^-A^OFCAIIFO/ JU3IIYJ au fCAlIFOP^ ê^l le %^l l V? >&Aava8n^^'^ ^'^Aavaainv •'jujnviur ■vME UNIVERî/A «oajAiniijn> 'QUdlIVJiV)' ^OfCAllFO% ■•^mjmov^ '^^/smmiw ^ommni^ lOSANCElfj xWEUNIVERi/A >'' i UJliVJJU S -< ^ILIBRARYi?/;^ -s^lLIBRAR ^^' '^•^imhm^'^ ^'^m\m\^ ^vm\m. bLIBRARYQ vJFCALIFO/?,! 30 ^ ^' %0dllV3J0^ \\^mv/. UKKAt JÇ Jiliyj:!^' ■•CAllFO/?.j^ ^OFCALIfU ^ ^ '■'^^ iDnAnicy. University of California SOUTHERN REGIONAL LIBRARY FACILITY 305 De Neve Drive - Parking Lot 17 • Box 951388 LOS ANGELES, CALIFORNIA 90095-1388 Return this material to the library from which it was borrowed. .avjiaiH^ ^OÀdvaaii ^y, .j.joV' ^ -^UIBR/ it2 i ^^1 Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/etudephytogogOOIapi ÉTUDE PHYTOGÉOGRAPHIQUE DE LA KABYLIE DU DJURJURA INTRODUCTION Cette étude a été effectuée sur le terrain en 1906, 1907 et 1908, période pendant laquelle nous avons habité Tizi-Ouzou, c'est-à-dire au centre même de la Kabylie du Djurjura. Nos fonctions, qui nous appelaient à parcourir fréquemment les forêts de la région, nous ont permis de faire des observations répétées et de dresser une carte complète de la réparti- tion des formations végétales. La proximité d'Alger a facilité nos recherches dans les herbiers et les bibliothèques. Nous adressons à M. A. Maige l'expression de notre profonde gratitude pour les excellents conseils qu'il nous a prodigués et pour la bienveillante hospitalité que nous avons reçue au Laboratoire de botanique de l'Ecole supérieure des sciences d'Alger; nous le prions de vouloir bien accepter la dédicace de ce travail. MM. Battandier et Trabut nous ont fait bénéficier de leur connaissance approfondie de la flore de l'Algérie; grâce à leur obligeance, aucune détermination spécifique n'est demeurée douteuse. M. Corbière, de Cher- bourg, a guidé nos premiers pas dans la détermination des muscinées, et M. Bouly de Lesdain, de Dunkerque, a examiné tous nos lichens. -M. Ficheur nous a donné de précieux renseignements sur la géologie de la Kabylie. Nous lètw adressons ici l'expression de notre sincère reconnaissance. Nous exprimons aussi notre sympathie aux forestiers qui nous ont faci- 1 3030943 2 ÉTUDE PIIYTOGKOGRAniIQUE DE LA KAHYLIE DU DJURJURA lilé nos recherches et ù tous ceux qui nous ont accompagné dans des reconnaissances parfois pénibles. Nous prions enfin M. le Gouverneur général de l'Algérie de vouloir bien agréer nos remerciements; Fappui qu'il a bien voulu nous donner a grandement facilité l'impression des principales cartes jointes à ce mé- moire. Notre travail comprend trois parties : la première débute par un bref aperçu sur les divisions phytogéographiques de l'Algérie; elle est ensuite consacrée à la description orographique de la Kabylie du Djurjura, à l'é- tude de son sol et de son climat, puis, après une courte note historique, h l'énumération des subdivisions phytogéographiques que comporte cette région et des formations végétales qu'elle présente. L'étude détaillée des différentes formations est faite dans la deuxième partie, qui se termine par un chapitre consacré à la j)hénologie. La troisième partie comprend un résumé et des conclusions suivies d'une comparaison sommaire entre les formations végétales de la région étudiée et celles des pays d'Europe les plus voisins. Enfin, les contribu- tions apportées incidemment par cette étude au catalogue des plantes de la KaJjylie du Djurjura sont groupées dans un dernier chapitre. PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE PREMIER LES DIVISIONS Pli YTOGÉOGRAPHIQUES DE l'aLGÉRIE Les caractères généraux de la flore algérienne ont été exposés par Cos- son en 1878. Ce botaniste a divisé l'Algérie en quatre régions' : i" La région niéditeririnéenne ou Tell occupe le versant septentrional du vaste massif montagneux qui couvre cette colonie. C'est le pays de l'olivier. 2" Le versant méridional du massif forme la région saharienne ou Sahara algérien, caractérisé par la culture du palmier-dattier. Cette région se confond vers le Sud avec le Sahara proprement dit. 3" Les Steppes s'étendent Aers le faite du massif à une altitude de 700 à 1.100 mètres et constituent la région des Hauts Plateaux. C'est le pays de l'alfa. 4" Les chaînes de montagnes élevées diffèrent suffisamment des pays environnants pour former une région ])Otanique. Cette région monta- gneuse n'est plus, comme les précédentes, une région géographi([ue; elle est composée de bandes ou d'Ilots répartis dans les trois autres régions. Les montagnes se groupent toutefois en deux chaînes principales : l'Atlas saharien, ou Grand Atlas, qui s'étend sur la limite sud des Hauts Plateaux, et le Petit Atlas. Celui-ci occupe une partie du Tell et forme un bourrelet à la limite septentrionale des Hauts Plateaux ; de plus, il émet au Nord de M'sila une branche qui traverse les Hauts Plateaux en se dirigeant vers Batna; il en résulte que, dans la plus grande partie de la 1. Copsox. Le Règne végétal en Algérie, p. 2. 4 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE province de Constantine, les régions montagneuse et des Hauts Plateaux tendent à se confondre. La limite méridionale de la région méditerra- néenne y est également moins nette que dans les deux autres provinces. Les hautes régions montagneuses sont caractérisées par la forêt de cèdre. Cosson indique que les affinités des divers points de la région médi- terranéenne de l'Algérie se produisent surtout suivant la longitude avec les parties les plus rapprochées du continent ou des îles de l'Europe, tandis que dans les Hauts Plateaux et le Sahara les affinités suivant la latitude deviennent prédominantes*. ;M. le docteur Trabut a fait remarquer en 1888- que la région méditer- ranéenne ne constitue pas une division botanique assez uniforme. L'alfa est fréquent sur le littoral oranais, où il ne tombe que 386 millimètres d'eau par an; il fait au contraire défaut sur le littoral constantinois, qui reçoit 1 mètre d'eau et plus. Cet auteur distingue huit zones (non compris la région saharienne) : 1° Zone de l'Olivier : très étendue, se confond avec celle du Chêne- Liège, du Chamaerops, du Pin d'Alep. Altitude de 20 à 1.200 mètres. 2" Zone du Chêne-Liège : altitude 10 à 1.300 mètres; moyenne fréquente de 200 à 800 mètres. Pluies annuelles de 0'",50 à 1 mètre. ^Marais et lacs d'eau douce. 3" Zone du Palmier nain. Altitude de 10 à 1.200 mètres. Pluies annuelles de 0'",30 à 0'",40. Subdivision du Zizyphus Lotus L. Subdivision des grandes Ombellifères. Subdivision de VEryngiurn campestre L. 4** Zone à Othonnopsis cheirifolia J. Sp. et Rétama spherocarpa. Bois., plaines de l'Est. Altitude de 1.000 mètres, ^tarais, chotts ou lacs salés. 5" Zone du Pin d'Alep : 6° Zone du Belloot [Quercus ballota Desf.). Subdivision du CalUtris quadrivalvis Vent. Subdivision du Juniperus Oxycettrus L. Subdivision an Juniperus phœnicea L. Altitude 1.000 à 1.600 mètres (rarement 350 m. à 1.700 m.). 1. Cosson. Le Rè^ne végétal en Algérie, p. 8. ".;. Docteur L. Tuablt. Les Zones botaniques de l'Algérie. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 5 7° Zone du Cèdre (1.200 à 1.900 mètres). 8" Steppes (marais salés, chotts) : a) Steppe rocailleuse {Stipa tenacissinia L.). ., ( Steppe limoneuse {Artemisia llevba alba Asso.). ^ [ Steppe salée {Ilalop/njles). c) Steppe sablonneuse [Aristida pangens Desf.). d) Région des Dayas {Pistacia atlantica Desf.)- Enfin, M. le professeur Ficheur a démontré* que la distribution des régions forestières en Alo-érie est en relation étroite avec la constitution géologique des différents massifs montagneux. Nous avons cherché, en nous basant sur les travaux qui viennent d'être cités, sur la statistique météorologique^ et sur nos observations personnelles, à diviser TAlgérie, <|ui dépend elle-même de la région méditerranéenne, en domaines et secteurs\ 11 ne saurait être question ici d'un travail définitif, mais d'un simple aperçu qui nous permettra de préciser la situation phytogéographique de la Kabylie du Djurjura. Laissant de côté la région saharienne, nous diviserons la partie de la région méditerranéenne qui s'étend sur l'Algérie en trois domaines : le domaine mauritanien septentrional, le domaine mauritanien méridional, le domaine des hautes montagnes atlantiques . Les deux premiers présentent une saison sèche et chaude et une saison humide plus froide, mais le domaine septentrional est beaucoup mieux arrosé et a une saison sèche plus courte que le deuxième. Les écarts de température y sont moins considérables. Le troisième seul a des hivers rigoureux, il tranche nettement sur le surplus de la région méditerra- néenne et se rapproche de la région des hautes montagnes de l'Europe. 1. E. Ficheur. Relation entre la constitution s;éologique du sol et la distribution des boisements. '1. A. Thevenet. Essai de Climatologie algérienne. 3. La région botanique est une grande étendue de pays sur laquelle règne le même climat et qui est occupée par la même végétation (A. -P. de Candolle, 1815 ; Schouv, 1822). Elle peut être subdivisée en domaines [Provinz de Engler), circonscription basée sur les variations secondaires du climat dépen- dant ordinairement des conditions topograpbiques ou géographiques. Des caractères climatiques moins importants encore entrent en ligne de compte avec la considéra- tion des éléments floristiques pour diviser le domaine en secteurs. M. Christ préfère le mot section. Le district (M. Briquet, 1890; Bezirk de Engler) est une étendue moins considérable, souvent limitée par des accidents orographiques empêchant les migrations et favorisant l'endémisme, ou comprenant un massif montagneux de composition minéralogique déterminée, ou un pays distinct au milieu de plaines homogènes, etc. Les districts botaniques coïncident souvent en France avec les anciens pays. On peut aussi distinguer des sous-districts (MM. Briquet et Magnin, — L'nterbezirk). Le degré ultime de la série est la station. Le mot zone peut être réservé aux étages de végétation superposés en altitude (E. Boissier, 1839). La zone se divise en horizons (Flahaut, Premier Essai de nomenclature pliytogéographique, p. 165 et suiv.). 6 ETUDE PIIYTOGEOGRAPIIIQUE Les chutes de neige y sont abondantes, avec persistance de celle-ci sur le sol pendant plusieurs mois. Ce domaine dos hautes montagnes s'étend sur différents massifs entre 1.300 ou l.^iOO m. et les sommets les plus élevés; il est caractérisé par le cèdre et les pelouses pseudo-alpines. Le domaine septentrional comprend les régions qui reçoivent au mini- mum 0'",G0 (exceptionnellement 0'",50) de pluie par année. Il commence à rOuest vers Tenès et finit en Tunisie. Oran fî.^3■S ° >^t<^ \3---~'~ / ■ »-n Méridional Jïar ^^ -^B^. %u •ç^ v' GeryvWe ^ ^^ .->t-. "aDjelfa \^'^^^y 2:^jttrjtira occiilcn(al). La Kabylie septentrionale. — Au nord du Djurjura s'étend une vaste région formée par des micaschistes, des gneiss, des granulites gneissi- ques, des schistes micacés et des calcaires cristallins, ces derniers sou- vent en zones étroites. On rencontre çà et là des fdons de pegmatite et de granulite. Ce massif, connu sous le nom de massif ancien ou massif habijle, comprend la chaîne des Flissa et les contreforts du Djurjura. Les terrains cristallophylliens sont surmontés de formations schis- teuses appartenant peut-être au précambrien; ce sont des phyllades, des schistes argileux, des conglomérats et des quartzites. Ces terrains s'éten- dent cà et là sur les bords du massif ancien, et en particulier au Sud de 16 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPHIQUE celui-ci; ils forment des ilôts près de l'Isser et au Nord de Tizi-Ouzou. L'axe de la chaîne littorale appartient au crétacé, mais les formations ter- tiaires la recouvrent en grande partie. C'est tout d'abord l'oligocène marin ou dellysien, développé surtout à l'Ouest et au Sud de Dellys, dont la base présente des poudingues et des grès se désagrégeant assez facilement ; l'assise supérieure comprend des alternances de marnes et de grès. A l'Est de Dellys, le numidien domine avec un aflleurement danien, puis apparaissent les grès de Numidie dans la région de Mizrana. Entre le cap Tedlès et Port-Gueydon, le crétacé domine sur le littoral, le medjanien et le numidien sur les crêtes. Le premier est représenté par les argiles schisteuses et les quarzites du danien et par les argiles noires ou brunes intercalées de quartzites ferrugineux de l'infracrétacé (albien-aptien). Depuis Port-Gueydon jusqu'à la région sénonienne des environs de Bougie, ces formations crétacées se continuent, souvent recouvertes d'ilôts de grès de Numidie. L'éocène supérieur est très développé à l'Est d'Azazga ; il va se confondre avec les formations identiques de l'Akfadou et de Taourirt Iril. Les terrains miocènes se sont déposés dans un long canal qui s'étend vers l'Est jusqu'à Azazga; c'est dans ces terrains faciles à désagréger que se sont creusées les vallées du Sébaou et de l'Isser. Les poudingues et grès cartenniens bordent les dépressions; les marnes du cartennien occu- pent, avec les argiles bleues du sahélien, les vallées des deux fleuves. La dépression de Boghni Drà-el-Mizan est constituée par les argiles numidiennes. Les sables rouges que l'on rencontre- entre l'embouchure de Tisser et celle du Sébaou appartiennent au pliocène récent. Les roches éruptives constituent, également dans cette région, le mas- sif du cap Djinet : ce sont des andésites et labradorites miocènes; elles donnent naissance à un sol ingrat et sans profondeur. Les pointements de liparites sont assez fréquents, surtout dans la région de Bordj Menaïel, mais n'occupent pas une étendue importante. INDICES CALClMÈrRIQUES. — Les indices calcimétriques des dif- férents sols, ou taux pour cent de carbonate de chaux, ont été déterminés au calcimètre. Nous donnons ci-dessous les nombres extrêmes obtenus à l'aide d'échantillons de terre prélevés à 0'",10 de profondeur, séchés et passés sans l)royage au tamis de 10 fils par centimètre. Le nombre de nos dosages ayant été forcément limité (150 environ), ces chiffres ne doivent DE LA KABYLIE DU DJURJURA 17 pas être considérés comme un maximum de l'amplitude des variations de taux du calcaire dans les différentes assises. Pour quelques sols il n'a même pu être donné qu'un seul chiffre. Alluvions anciennes 0,10 à 0,15 p. 100 Sables rouges du pliocène 0,02 à 0,96 — Marnes et argiles du sahélien 18,06 — Argiles et grès de l'helvétien 0,60 — Marnes du cartennien 14,89 à 30,36 — Poudingues et grès du cartennien 0,03 à 0,06 — Oligocène lacustre ou bouïrien 0,10 à 57,81 — Marnes de l'oligocène marin ou dellysien 28,81 — Poudingues et grès de l'oligocène marin 0,02 à 2,95 — Grès de Xumidie 0,05 à 0,12 — Argiles avec lits de grès et de calcaire marneux du numidien inférieur. 0,08 à 12,10 — Argiles, schistes et grès du medjanien 0,08 — Poudingues et grès de Drà-el-Mizan 0,02 à 15,09 — Grès des Beni-Khalfoun 0,04 à 0,16 — Poudingues infranummulitiques 0,02 à 10,53 — Marnes, grès et calcaires à nummulites 0,02 à 32,32 — Argiles et quartzites du danien 0,07 à 0,43 — Marnes et calcaires du sénonien 31,5 — Argiles et quartzites de l'albien-aptien 0,09 à 4,3 — Calcaires du lias 0,63 à 0,77 — (La roche dose 70 p. 100 et plus de carbonate de chaux.) Phyllades et schistes argileux 0,02 à 0,07 — Calcaires bleus cristallins 0,09 à 0,20 — (La roche dose 75 p. 100 et plus de carbonate de chaux.) Micaschistes, gneiss, granulites gneissiques 0,02 à 0,18 — Andésites et labradorites miocènes 0,16 à 0,18 — Liparites quartzifères 0,10 — Nous avons en outre procédé à quelques recherches sur les modifi- cations que subit Findice calcimétrique en profondeur; deux ou trois échantillons ont été prélevés sur le même point à différents niveaux. La décalcification superficielle due à faction de l'acide carbonique dissous dans les eaux d'infiltration amène fréquemment une diminution de l'indice calcimétrique à la surface du sol; malgré cette action, les variations cons- tatées sont souvent peu importantes : ^, , , ^. ... ( à O-.IO de profondeur 0,05 p. 100 ^'•^^ 'i'^ ^""^^^'^ = jàO-,iO - 0,07 - Eboulis des grès de Numidie \ à O^jlO — 0,06 — sur le cartennien : | à O^jSO — 0,08 — Argiles du numidien j à O^jlO — 11,73 — avec lits calcaires : / à 0'°,50 — 8,20 — Argiles schisteuses ( à O^jlO — 0,08 — du medjanien : ( à 2 mètres — 0,15 — ,,..., ( àO°>,10 — 0,10 — Micaschistes: j à 0",50 - 0,10 - . ,. ., \ àOMO - 0,18 — Andésites: j à 0-,50 - 0,13 - 2 18 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPÎIIQUE D'autres fois, au contraire, les variations sont considérables; c'est sur- tout le cas pour les assises géologiques à faciès variable : ... , . . ( à O-^.lO de profondeur 0,08 p 100 Arg.les schisteuses , ^^ _ _ du niedjamen : / ., i^^jo _ 5,30 - ^, . , n • 1 M- * à C-.IO — 0,06 — tires de l)ra-el-Mizaii '■ , • r,^ on , nr. I a O^jJO — 4,90 — Etage des marnes, grès \ à 0"',10 — 0,40 — et calcaires à nummulites : ' à O^jSO — 9,20 — Argiles et quartzites ( à 0'°,10 — 4,30 — de l'albien-aptien : ( à 1 mètre — 9, 'Il — Climat. — Le climat de laKabylie du Djurjura a été étudié dans cinq sta- tions' : à Bougie (altitude 73 m.), à Dellys (altitude 59 m.), villes situées au bord de la mer; à Tizi-Ouzou (altitude 257 m.), près de la vallée du Sél)aou; à Fort-National (altitude 91G m.), dans le massif kabyle; à Drâ-el-Mizan (altitude 447 m.), presque au pied des pentes Nord du Djurjura. Il n'existe aucune observation faite au-dessus de i.OOU mètres, soit sur le Djurjura, soit dans les autres massifs montagneux. Nous donnons ci-dessous dans deux tableaux une analyse sommaire des résultats obtenus ; à défaut de stations situées entre les crêtes du Djurjura et les vallées de Toued Sahel et de l'oued Djemaà, nous résu- mons également les observations faites à Aumale (altitude 887 m.)-, soit à 30 kilomètres au Sud de Bouïra : Iluinîdité de l'air et pluies. STATIONS Dellys Bougie Tizi-Ouzou . , Fort-Xational Drà-el-Mizan . Aumale TENSION ABSOLUE DE LA VAPEUR d'eAU (Moyennes mensuelles extrêmes.) Févr. Janv mm. 8,1 . 7,2 ",1 5,ô 6,2 5 mm. Août 20,5 — 17,5 — 16,2 — 10,3 Juillet 16,2 — 10,3 HU.MIDITE RELATIVE (Moyennes mensuelles extrêmes.) p. 100. Févr. 85,1 Juillet 69,3 Janv. 77,4 Dec. 79,6 Janv. 87,9 Dec. 72,0 p. 100. Août 69,.-> Xov. 63,9 Août 58,9 Juillet 43,8 — 72.6 Août 37,1 EVAPORATION MOYENNE DES 24 HEURES^ (Moyennes mensuelles extrêmes.) Janv. Dec. Jan-\ 3,5 1,8 1,3 .\oût 6,3 Juillet 7,2 Août 8,1 Août 9,4 mm. 894,4 1.036,2 823,4 1.121,2 943,3 506,3 Des o])servations tliermométriques faites dans la grotte de Khaloua, 1. Théve.net. Essai de climatologie algérienne. 2. Les observations ont été faites : à Bougie, de 1879 à 1890; à Dellys, de 1885 à 1892; à Tizi-Ouzou et à Fort-National, de 1879 à 1894; à DrA-el-Mizaii, de 1S85 à 1890; àAumale, de 1875 à 189i. 3. Mesures faites à l'évaporomètre Piche, à 2"", 60 du soi, sous abri. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 19 située à 2000 mètres d'altitude près du pic Haizer, on peut déduire que la température moyenne annuelle de ces hauts sommets est voisine de 6 degrés'. Nous avons représenté le climat de clia- ({ue station par une figure hydrothermique. ^1. Raunki(«>r" appelle ainsi la réunion dans un même tableau graphique de la courbe des moyennes mensuelles de température et de la courbe des moyennes mensuelles des hauteurs de pluies. Les chiffres de la colonne verticale représentent à la fois les degrés centigrades et le nombre de centimètres d'eau tombée. En résumé, le littoral présente un climat sans variations brusques, les moyennes an- nuelles des températures maximas ne dépas- sent pas sensiblement 31" ; il ne gèle pas. La chute annuelle des pluies est voisine de 1 mè- tre; Tévaporation en 24 heures varie de 3 à G millimètres. Les vents dominants soufflent du Nord en été, du Nord-Ouest en hiver; c'est la région oîi le vent du Sud ou « siroco » fait le moins sentir ses effets. 1. MM. Racovitza et Jeannel ont trouvé 5°, 5 comme tempéra- ture de l'eau dans cette grotte en septembre 1906 [Biospeologica, Archives de zoologie expérimentale, 4^ série, t. VIII, p. 366). Nous avons observé la même température en août 1908, et noté d" comme température de l'air. — Le point d'observation est à 20 m. de profondeur environ; dans ces conditions, on admet que les oscillations de la température annuelle sont à peu près insen- sibles. Daubrée indique que la température moyenne d'une source est en général voisine de la température moyenne du lieu. Le renseig-nement donné par ces observations n'est qu'assez approximatif; Martel indique diverses causes d'anomalie [l'Ero- lution souterraine, p. 136). — Le refroidissement de l'air par 100 m. d'altitude varie suivant les conditions spéciales à chaque pays; il est de 0°,58 dans les Alpes, d'après Hann, de 0°,6l au Ventoux, d'après M. Flahaut; si nous adoptons le chitlre de 0'',60, nous trouvons 6°, 5 comme température moyenne annuelle pour l'altitude de 2.000 m. (en prenant comme base de calcul la température moyenne annuelle de Fort-National). 2. Raunkiœr. Types biologiques pour la géographie botanique. 3. Moyenne arithmétique des minimas et des maximas mul- tipliée par un coefficient de correction calculé d'après les dia- grammes obtenus à Alger, à l'aide d'appareils enregistreurs. 3.«3.l0lll ïa.iivjiïjKîx (» .-^ <;• [^ A M -3 M r> — =C O _C .„ ,3 _ = "^ «s •< "-5 rs «5 .3" T" "r" Ci CI ^ 00 lO t^ lO S331V1S);00 SYlilll'IK O O "-" t^ o 1 1 I ai in l~^ M M >3" ^ t^ T^l «1 05 «O t> .^ O 00 05 "1 t> ■5 I 11 S33XV1S.\;0D S3H-3H1XÏ SVli'lXYK .^ 1.0 ^ .à' *^ ** *3» l ta ^ 'M Ci ri .7- i ■^ > C 1 1 1 1 1 -^ 0 «0 i^ .» 0 =0 0 ô 0 ^ ; ^ 1 ' '' 1 1 < ■r. .S O Z "S - Q ;2 H i. a < 20 KTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE A mesure que Fou s'avance sur le continent, les saisons s'accentuent et la variation diurne devient plus considérable, les gelées apparaissent, la chute annuelle des pluies diminue. La présence des montagnes, celle du Djurjura en particulier, vient bientôt atténuer la chaleur de Tété et accentuer les rioeurs de l'hiver. La lame d'eau annuelle augmente à nouveau (l'^,12 à Fort-National). Les hauts sommets présentent certainement, suivant la règle générale, une atmosphère beaucoup plus sèche que la moyenne montagne^ mais les observations font défaut; déjà à Fort-National, à 916 mètres d'altitude, le taux de l'humidité est beaucoup plus faible qu'à Tizi-Ouzou, qui se trouve à 257 mètres, bien que la différence de latitude ne soit que de 5 minutes. Toutefois les pluies abondantes du printemps et de l'automne atténuent les effets de la sécheresse résultant de l'état hygrométrique de l'air en été. Au Sud du Djurjura, la chute des pluies diminue beaucoup, les vents humides du Nord ne font plus sentir leur effet; le « siroco » contribue au contraire à. produire une évaporation intense. L'état hygrométrique de l'air et la faible épaisseur de la lame d'eau annuelle concourent à établir un climat sec. HUMIDITE DU SOL. — La quantité d'eau que les sols peuvent céder à la végétation n'est pas proportionnelle à leur taux d'humidité; la question est beaucoup plus complexe, mais l'étude de la variation du coefficient d'eau dans un même sol avec les saisons, l'exposition et le type de végétation nous a paru présenter un certain intérêt au point de vue phytécologique. Pendant l'année 1907 nous avons recueilli des échantillons de terre sur 23 points, à douze reprises espacées d'un mois environ. Les prélèvements ont été faits à 0'", 10 de profondeur, en écartant à la main les éléments gros- siers. Les places d'expériences ont été choisies en des endroits peu expo- sés au ruissellement des eaux superficielles. La terre récoltée était aussitôt placée dans des flacons bien bouchés,, puis transportée à Fétuve à 110". La perte de poids était déterminée après, dessiccation complète, et le poids de l'eau p. 100 de terre sèche calculé. Les résultats sont consignés dans le tableau qui suit (pages 22 et 23). Dans la plupart des cas, les points d'expérience ont été groupés par deux, très rapprochés" et présentant une seule condition différente. Ex. : le point 6 se trouve en forêt, le point 7 est tout voisin, mais situé hors 1. On admet que si la tension de la vapeur d'eau est considérée comme égale à 1 au niveau de la mer, elle est égale à O^.TS à 1.000 m. d'altitude et à 0'",49 à 2.000 m. 2. Ce groupement est indiqué par les accolades placées dans la première colonne du tableau. DE LA KABYLIE DU DJUR.TURA 21 Dellys isliitude Sr) / ; \3 // 1 : A\. V ' x"^ ; i :^ 1 i liV \. >v '■ M /''I i M ~F| J ii/M 1 i i \% 1 K' ; : : 1 ; i ' ^^>5 \ i^ ! i i i/i M j J F M A r 1 j J A s 0 N D TiZI-0uZOUlalmudeZ5r") JFMAMJJASOND Fort-Nalional(3ltiiude9i6") JFMAMJJASOND JFMAMJJASOIMD Dra-el-Miian (aii,tuJe tu') \ ' — 'S \ '■ ^ i / / i ■ i 1 . : ■ : / : i ■ 1 / '• '■ \ \ 1 ■ ■ \ ' Aumale (aliituiie887~) JFMAMJJASOND J F MA r.lJJ ASOND l'igures hijdrolhcrmiques. 2i ÉTUDE PIIYTOGÉ OGRAPIIIQUE i Ibi'él, (le même pour les points 1-2, 14-15, 19-20. Les points 10 etUdiffè- roiil \ ai" Texposition, 21 et 22 par la nature du sol. c^ C •A 3 C O y. 7 P -1 Q H ■^■. C H y. O C BASF. GÉOLOGIQUE (débris végétaux et humus). ÉPAISSEUR DE l'iIU.MUS ET DES VÉGÉTATIO.N ë ~ •< X DÉliRIS VÉGÉTAU.X ■-'■ ■w :5:)0 ■^ \ ' Dollys. Nor d (jrés dellysit'ii. 2'^'" aiguilles, 1 ""humus. Forêt artificielle, cyprès et pins. } -^ — :{50 — 0 Végétation herbacée. — ir.o Est. Marnes numidiemies. 0 à 1 /2''" humus. Forêt artificielle : cypi-ès et pins. 1 ', — i:,() Sud-Est. 0 Végétation herbacée. •' — 'lôO Nord. Quarzites du danien. 0 Cistes. ( '•' — (;oo — Grès de Numidio. V'" débris, 2"" humus. Forêt d;^ chcne-liège. / 7 — (mO — — 0 Végétation herbacée. ( S Drà-el-M izan. 'i.->0 Ouest. Granulite giieissiquo. 1 2"" débris, 1"" humus. nroussnilles. ! 9 — 'i:>o — . 0 Végétation herbacée. i Kl — 'ir>o Noid. Phyllades. !■ "' débris, 1"" humus. Forêt de chêne-liège. / H — iôO Sud. — 1'" débris, 1'^'" humus. Forêt de chêne-liège. ( 11' — 300 Nord. Pou dingues cartenniens. l""l 2 débris, (>"" humus. Futaie dense. \V.i — 800 — — 1"" débris, (S"" humus. Forêt de chêne-liège. \'i — (i,-,0 Est. Grès des Deni-Khalfouu. 1"" débris, .")"" humus. Futaie peu serrée, sous bois dense. ].-, :.oo (pente forle 30 Û/«) 0 Végétation herbacée. le, — 200 Sud. Argiles et grès danien. 0 Broussailles. ( 17 Tizi-Oiizou. ■.\m Crète Poudingues cartenniens. 0 Cistes. 1 18 — .{(iO Crète. — Futaie et sous-bois clairs. ^ •'•• — :>(_io — Phyllades. 2"" débris, (i' '" humus. 1 2'""' débris, 2 "" humus. Futaie claire, sous -bois assez dense. /20 .")0(> _ — Sol peu profond. Cistes. 21 __ î'i^) — Poudingues cartenniens. 0 "",."> débris, 0' "',.-) humus. Futaie serrée. 22 ■jr.o _ .Micaseliistes. l 2"" débris, (>' ■" humus. Forêt de chêne-liège. •i;i — •J.")0 S.-W. .Marnes eartennii'nnes. 0 Végétation herbacée. Pluies à Tiz i-Ouzc u» en 1007 .. Total 8'i8""",0 1 . Nous devons ce 3 renseignomc its ù 1 (d)ligeance de M. le professeur Thévenet, direc leur du Service météore- Les résultats peuvent se résumer comme il suit : 1" Le sol reste plus humide au bord de la mer en été qu'à l'intérieur des terres, la différence est beaucoup plus considérable que ne semble Findi- DE LA KABYLIE DU DJUR.IURA 23 qiier Técart entre la chute des pluies clans chaque région. Elle tient évi- demment à une évaporation moins intense. POIDS Di: AT PO tu Inu de tkhke skci 31 •28 30 2 31 30 21 i 30 ].,■ 1er 30 janvior février mai's ni a I mai .1 " ' '1 juillet septemlire septembre novembre décembre décembre l;»o7 1:m)7 11)07 1907 1907 1907 1J07 1907 1907 1007 1907 1907 mm. inin. m m. m Ml iiiin. inin. niin. niiii. iiiiii. m 111 . m m. l8,(;o 18,4'.» 1(),31 12, (i3 11,82 10,12 9,72 9,39 18,26 13,39 17,18 12,63 22,o:> 20,47 18,11 17,30 12,61 8,25 7.97 5,61 20,64 22,03 20,56 17.30 21,80 17,31) 14,58 12,89 12,26 12,61 10.31 10.78 15.85 18,73 17,03 13,25 21,31 20,21 1G,24 18,70 14,67 7 ,45 10,48 ll,6'i 23,00 24,53 27,00 18, '.3 1 25,87 2('>,28 21,18 21,05 8,16 8,49 9,24 7,78 15,. 54 20,68 28,48 21,48 22,32 21,1)5 Kl. Il) 19,79 19,30 11,10 8,03 6,51 18,88 16,46 37,06 (.') 20,47 38,28 21), 5(; 28,77 29,15 l'j,73 7,81 7,97 9,02 30,82 30,23 31,71 32,63 23,54 21,54 Ki.Sl 10,99 7,76 4,98 5,45 4,07 16,70 10,23 10,92 12,12 32,:7 30,00 21,75 24,46 18,07 1>,84 7,16 7,89 20,25 33,75 22,82 24,20 21,7<.) 21,01) 10,45 18,29 11,83 7,90 7,95 5,94 12,62 17,67 15,73 13,69 17,71 13,70 7,(;7 12,36 <),S8 3,11 3,38 2,37 13,22 8,80 11,13 6,21 17, 3(; 11), 21) 13,35 15,13 9,46 6,33 6,2 i 5,33 15,32 12,07 12,27 8,00 1 23,211 17,71 11), 18 10,1)2 15,33 9,24 7,31 6,78 5.42 15,35 14,78 15. .56 9,77 ',),38 10,03 13,90 6,78 5,08 4,73 3,72 13,80 11,57 14,39 12, •i); 21,05 13,91 12,09 13,78 7,71 3,71 4,00 3,81 12.35 16,05 13,84 11,54 24,11 27,04 28,28 24,79 10,10 5,02 4,64 4,21 22,00 23,47 18,31 17,25 15,75 13.21 7,57 7,96 3,34 1,70 1.20 1,17 11,25 16,26 13,14 14,00 22,52 11), 80 12,fi2 18,05 8,78 6,C3 4,92 5,64 15.21 15,. 54 16,78 15.38 26,r.2 25,17 15,72 22,72 8,37 5,25 5,65 4,91 16,76 24,01 18,40 16,60 17,57 17,3'i 11,46 11,79 4,4S 3,28 3,49 3.55 15,71 15,78 17,29 13.66 ll,ii2 11,53 (;,33 8,53 5 , 7 4 3,23 3,15 2,25 5,62 17,26 19, .59 12,79 12,83 12,o:) 8,98 12,24 4,97 5,14 2,86 2,33 11,82 9,48 7,90 12,89 1 26,07 21, 1() 15,90 15,72 10,07 7,75 8,07 7,46 •19,00 25,27 22,81 25,00 janvier fé\ rier mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre 113,5 178 8^,5 74,5 10, «10 00,00 00,00 00,00 1.55,9 102,5 100,7 31,4 10 algérien. 2" Gomme il était facile de le prévoir, le sol est plus humide à Texposi- tion Nord qu'à l'exposition Sud. La différence, surtout sensible en hiver, atteint encore 3,5 p. 100 dans les phyllades en plein été. 24 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE DE LA KABYLIE DU DJURJURA 3" Au bord de la mer, en terrain gréseux, le sol de la forêt est moins humide en hiver que celui des pâturages voisins, il est au contraire plus humide en été. 4" A Tintérieur des terres le sol est toute Tannée plus humide en forêt que hors forêt, Fhumus exerce une action conservatrice de l'humidité très marquée. La diflerence a été voisine de 0,5 p. iOO d'eau par centimètre d'humus pour deux places d'expériences. 5° Les marnes et argiles présentent toujours un coefficient d'eau rela- tivement élevé, en vertu de leur pouvoir hygroscopique. L'influenceréo-ularisatrice de la forêt sur Fhumidité de ces terrains est o peu sensible. CHAPITRE III HISTORIQUE. — SUBDIVISIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUES DE LA KABYLIE DU DJURJURA. UNITÉS BIOLOGIQUES Historique. — En 1785, Desfontaines avait tenté vainement de pénétrer dans le Djiirjura; il dut limiter ses investigations à la vallée de l'oued Saliel. De 1834 à 1840, le médecin militaire Dufour explora les environs de Boghni, ses recherches furent continuées par Durieu de Maisonneuve de 1842 à 1844. C'est en 1851 que le Djurjura fut reconnu pour la première fois par Finterprète militaire Schousboë, qui en rapporta le Pa'onia Russi. 11 faut citer aussi les recherches effectuées de 1852 à 1854 par Martial de Brettes dans la région de Dellys et le Djurjura; mais l'exploration com- plète de cette chaîne ne fut faite qu'en 1854 par Cosson et Henri de la Per- raudière. Les botanistes se succèdent alors dans les montagnes de la Grande Kab3-lie : le docteur Paul tiares en 1858 et 18(36; M. Odon Debeaux, phar- macien militaire, en 1858; le docteur Thevenon, M. Durand (officier de bureau arabe), en 1860-1861 ; le professeur Lirou et Durando en 1862. Mais c'est Letourneux qui s'adonna le premier à l'étude de la géogra- phie botanique de cette région; il commença en 1861 au Taourirt Iril et à FAkfadou ses recherches sur la végétation de la Kabylie. Le catalogue' qu'il publia en 1871 avec le concours de Cosson est précédé d'un aperçu phytogéographique dans lequel il distingue quatre régions : les plaines, les contreforts, les forêts de chênes, le Djurjura, plus une zone maritime. M. O. Debeaux a pu])lié en 1894 une flore spéciale de la Kabylie du Djurjura- suivie d'un aperçu de la géographie botanique de ce pays. L'au- 1. A. Letourneux. Elude botanique sur la Kabylie du Djurjura. 2. 0. Debeaux. Flore de la Kabylie du Djurjura. Voir aussi : Docteur E. Tuabut. Sote sur les graminées du sommet du Djurjura (Bull. Soc. Botani- 2r, KTUDE PIIYTOOKOORAPIIIQUE leur, ainsi ([u'il rin(li([ne lui-mrnie, a puisé des indications dans rétiule de Letourneiix; il dislingue quatre régions: 1" La zone maritime sables et falaises du littoral); 2" La zone des plaines et des vallées inférieures; 3° La zone des contreforts ; 4° Le Djurjura avec ses trois zones : a) la zone inférieure (800 à l.iOOm.^; b) la zone moyenne 1 1.500-1. GOO m. i : forêts de chênes zéen et de chênes afarès ; c) la zone supérieure : pelouses, crêtes rocheuses et forêts de cèdres de l.GOO m. jusqu'aux plus hauts sommets. ]M. Debeaux relate enfin la dispersion des plantes de la Kabylie d'après leurs affinités géographiques et donne un taljleau général de la distribu- tion par famille des plantes observées. Cette région présente en commun avec : L'Eui'opr 40i espèces soit 27,0 p. lOO La région méditiTranéennc ([)kintes répandues dans toutes les contrées du bassin) , 449 — 26,2 — La Méditerranée occidentale 23i — 13,7 — L'Espagne, le Portugal l.")2 — 9 — L'Italie, la Sicile, la Sardaigne 71 — 4,1 — La région méditerranéenne orientale (Dalmatie, Grèce, Asie mineure, etc 45 — 2,5 — L Orient, l'Arabie, lEgypIe 19 — 1,1 — Le Maroc, 1 Algérie, la Tunisie 227 — 13,2 — et comme plantes spéciales ou communes à : La Kabylie, aux Babors et à l'Aurès 49 — 2,8 — Total 1.710 espèces. Les investigations sur la flore de la Kabylie du Djurjura ont donc été nombreuses, et l'exposé des affinités des espèces que Ton y rencontre a été fait. Le but de notre étude est différent ; nous rechercherons le carac- tère écologique* de la végétation, c'est-à-dire le rapport des plantes avec le milieu, et nous essayerons de préciser la physionomie des diff'érents groupes d'associations végétales qui peuplent la région que nous avons délimitée -. que de France, 1883). — Battandier. Considérations sur les plantes réfugiées, rares ou en voie d'extinC' iiofi'de la flore algérienne ^Congrès de Caen, 1891, Assoc. franraise pour l'avancement des sciences). 1. Le mot écologie ou œcologie (olxo;, demeure, Xôyo;, science), employé pour la première fois par Hœckel en 186G, puis adopté par W'arming en 1896 dans son Lerbuch der œkologischen Pflanzengeo- graphie, s'applique à tous les êtres vivants. l'Injtécologie est synonyme d écologie végétale, et dendré- cologie d'écologie forestière. 2. La géographie botanique peut être étudiée à trois points de vue : DE LA KABYLIE DU DJURJUHA 27 Subdivisions phytogéographiques. — La partie Nortl de la Kabylie (lu DJLirjura appartient au secteur numidien, la partie Sud au secteur du Tell méridional. Ces deux subdivisions dépendent du domaine maurita- nien septentrional. Les sommets du Djurjura font partie du domaine des hautes montagnes atlantiques. Domaine mauritanien septentrional. — Les modifications apportées au climat par la chaîne du Djurjura et ses prolongements amènent tout naturellement à prendre cette barrière montagneuse comme limite entre le secteur numidien et celui du Tell méridional. La flore des deux régions présente des difl'érences importantes, sur les- quelles nous reviendrons en étudiant les associations végétales; mention- nons seulement l'abondance du Piiius halepensis Mil. et celle des Cistus polyiuorpJuis Willk. et albidiis L., la présence du Juuiperus phœnicea L. et du Callitris quadrivalvis Vent, comme caractéristiques de la région méridionale. SECTEUR NUMIDIEN. — Nous avons appelé district de la Kabylie du Djurjura la partie de ce secteur qui occupe la région étudiée. Les formations crétacées qui s'étendent à l'Est de l'embouchure de la Soummam, presque jusqu'au bord de la mer, réduisent sur ce point le secteur numidien à une bande très étroite. Cet étranglement constitue une limite assez nette entre les districts de la Petite et de la Grande Kabylie. Vers l'Ouest, les grès de Numidie n'apparaissent importants qu'à l'Est de Dellys, et les terrains cristallophylliens caractéristiques de la Kabylie du Djurjura ne sont pas développés dans le pays de l'isser. Le palmier nain est très abondant dans ce dernier bassin; on est donc tenté de pren- dre la lione de partao-e des eaux de l'isser et du Sébaou comme limite du secteur numidien, mais elle n'est marquée que par une ligne de crête peu accusée, et, au point de vue orographique, la limite de la Kabylie se pla- cerait plutôt à l'Ouest du bassin de l'isser, sur la crête qui le limite de ce côté; le secteur numidien s'étendrait ainsi jusqu'au col des Ait Aïcha, à l" Les physionomistes cherchent à caractériser les contrées de la terre par la physionomie de la végétation et à établir le rapport entre les types, le sol et le climat. 2» Pour les phytogéographes floristiques, l'essentiel est la distribution des espèces. Leur système a des relations plus étroites avec la botanique qu'avec la géographie. 3° Une troisième théorie considère les choses au point de vue biologique ou écologique; elle voit dans le degré d'adaptation des plantes de telle région au sol et au climat, le caractère qui pourra servir à distinguer cette région des autres contrées de la terre (Rau.nkiœr. Types biologiques pour la géographie botanique, Acad. sciences de Danemark, 1905). Nous nous placerons surtout à ce dernier point de vue. 28 ÉTUDE PIIYTOGKOGRAPIIIQUE Mënervillc, qui conslilue topograpliiquemenl la porte do la Kabylie vers le Saliel algérois. Mais, de môme que nous prendrons les espèces sociales arborescentes pour caractériser les formations, nous devons tenir compte de leur répar- tition pour préciser les limites des subdivisions phytogéograpliiques ; or, à TEsl du cours de l'Isser les dunes et les sables pliocènes sont occupés par le chène-liège ou par l'olivier, avec les végétaux qui accompagnent d'ordinaire ces plianérophytes' en Kabylie; à l'Ouest, au contraire, appa- raît \e Pinus halepeiisis Mil. avec les Juiiiperus ])hœincea\i.^ Qiiercus cocci- fera L., Cistus albidas L., et quelquefois Callilris quadrivalvis Vent., asso- ciation que l'on ne trouve pas en Kabylie et qui est la résultante d'un climat plus chaud dû lui-même à l'éloignement des grands massifs montagneux. Plus au Sud, à l'Est des gorges de l'Isser, les aflleurements calcaires font apparaître le chêne vert au milieu des forêts de chêne-liège; à l'Ouest de ces gorges, c'est souvent le pin qui se présente dans les mêmes conditions, au lieu du Quc/'cus Ile.r. C'est donc l'Isser qui doit limiter le secteur numidien vers l'Ouest, et c'est pourquoi, dans le chapitre précédent, nous avons adopté le cours de ce fleuve comme limite occidentale de la région étudiée. Nous diviserons le district de la Kabylie du Djurjura en deux sous-dis- tricts. Le sous-district occidental, ou du Sébaou, est séparé du sous-dis- trict oriental par une ligne partant de l'extrémité occidentale du Djurjura, passant au Sud du Fort-National, puis près d'Azazga, et aboutissant à la mer un peu à l'Est de Port-Gueydon. Le sous-district du Sébaou comprend la vallée du Sébaou, une partie de celle de l'Isser et la dépression de Drâ-el-Mizan; c'est une région où les plaines ont une grande importance ; les montagnes y sont peu élevées (généralement moins de l.OUO mètres). Les grès de Numidieet les terrains anciens y existent, mais les formations miocènes y sont très développées. La végétation présente encore des affinités avec le secteur algérois; on rencontre dans une grande partie de cette subdivision le Chamœrops humilis L. avec \ Erophaca bœtica Bois. Le Genista ferox Pom. s'y étend assez loin du littoral (quelquefois 20 kilomètres), tandis qu'il est confiné au bord de la mer dans le sous-district oriental ou sous-district des mon- tagnes kabyles; le Vincctoxicuni officinale Mœnch. y fait défaut. 1. M. Raunkiœr appelle ainsi les plantes dont les bourgeons persistants sont placés sur des pousses perennantes à port dressé; cet auteur en distingue 15 types. Il n'existe pas de phanérophytes herba- cées sous le climat qui nous occupe. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 29 Le sous-district oriental ou des montagnes Jiabyles est l)caucoiip plus accidenté que le précédent; l'hiver y est plus froid, la saison sèche plus courte; il est en grande partie constitué par les grès de Numidie; les terrains cristallophylliens en occupent la partie occidentale. Les chênes à feuilles caduques y sont abondants; le Vincetoxiciun officinale Mœncli. y existe jusqu'au bord de la mer. On y rencontre également des espèces xérophiles adaptées au froid qui sont peu répandues dans le sous-district précédent; tels sont le Tliyntus niunidicus Poir., et l'espèce affine le Thf/nms habylicus Bau. h'Erica scoparia L. est confiné dans ce sous- district. Les Pliillyviva et le Pistacia Lentiscus L., abondants dans la région occidentale, font ici presque défaut. On pourrait même distinguer quatre subdivisions dans le district kabyle en divisant en deux chacun des précédents sous-districts, soit, de l'Ouest à TEst : 1'^ Le sous-district de l'isser, caractérisé par l'abondance du palmier nain; 2" Le sous-district du Sél^aou, renfermant encore un peu de palmier nain, mais présentant déjà quelques chênes afarès. Le Callitris quadri- valvis y est représenté par deux bouquets situés à peu de distance de l'embouchure du Sébaou, l'un à l'Est, l'autre à l'Ouest de celle-ci. 3" Le sous-district d'Akfadou, s'étendant vers l'Est jusqu'au méridien de la pointe Ksila, renfermant les forêts de Quercus afares et d'impor- tants massifs de Quercus Mirbeckii, pauvre en Philhjrœa et en Pistacia Lentiscus. 4" Le sous-district de Taourirt Iril, où les chênes à feuilles caduques sont beaucoup moins importants et oii apparaissent : les Genista ulicina Spach., Genista Vêpres Pom., aux altitudes peu élevées; YErica scoparia L., dans les stations siliceuses; VErica multiflora L., le Rhaninus oleoides L., etc., dans les stations calcaires de la région de Bougie. Mais il faut éviter, sous peine d'établir un système de subdivisions très compliqué, de baser la délimitation de celles-ci sur des caractères trop restreints; c'est pourquoi nous ne distinguerons sur la carte et dans ce ([ui suivra que les deux sous-districts tout d'abord indiqués. SECTEUR DU TELL MÉRIDIONAL. — Nous appellerons district bouï- rien la subdivision phytogéographique à laquelle se rattache la partie méridionale de la Kabylie du Djurjura, mais nous ne préjugerons pas des limites de ce district en dehors de la région étudiée. Nous n'y distingue- rons pas de sous-district; nous devons cependant mentionner un change- 30 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAl'lIK^UE ment dans la flore à ri^]st de l>ouïra : avec le pin d'Alep apparaît le lîclaiiia splicrocdi'pa Rois., déjà mentionné comme caractéristique des plateaux conslanlinois; le Cisliis polijniorphus Willk. , abondant vers l'Ouest jusque dans les premières forêts de pin, laisse ensuite dans celles-ci la priorité au Cislus albidus L. DoMAI^'E DES HAUTES MONTAGNES aïla>;tiques. — Les Dabors et le Djurjura forment, comme nous l'avons dit, une subdivision spéciale, que l'on peut appeler district du haut Allas kabyle. Ces deux massifs pré- sentent, outre les plantes propres aux montagnes de l'Algérie, des espèces des plaines et des coteaux du Nord de l'Europe et des espèces des mon- tagnes du Midi de l'Europe, mais leur flore n'est pas absolument iden- tique; les Babors possèdent des espèces qui font dc'daut dans le Djurjura; tels sont : Popnlus Tremula L. Campanula tricliocuhjcina Cyclamen repandum L. Abies niimiflica de Lannoy. Tenore. Lysiinachia Cousiniaua Viliiirniim Lanlanu L. Snxifraga baborensis Batt. Coss. Caluminlha baborensis Epiniedinm Perralderiannm Aspenila odorala L. Balt. Coss. Par contre, sur le Djurjura croissent les : Isalls Djnrjurx Coss. Rmnex obtiisifotins L. W'i-bascum kabijUanum. iJeb. Leonlodoii Djiirjiirx Coss. I/elianlheniuni caniim Dunal. t'va alpinaL.{l\!pe elvaw HJar- Mnllia gi/mnamlra Coss. Sed/im majellense l'en. ./"/'•{•). Pimpinella BatlandievL Clia- Erlniis alplnus L., var. allan- (iuHum ereclinn Iluds. bert. tiens. Tragopogon crocifolins L. (larlliamus slricliis Pomel. llieraciinn Jiinnile .Jacq. Nous attribuons à la liante région du Djurjura l'importance d'un sous- district dont les limites coïncident avec celles de la zone du cèdre; nous aurons à les décrire. Unités biologiques. — Les montagnes étaient couvertes de forêts à une é})oque récente, et elles sont encore aujourd'hui occupées en grande partie par ce type de végétation. Depuis très longtemps, au contraire, les cidtures ont modifié l'état primitif des plaines; on peut cependant éta- blir, par les vestiges de l'ancienne végétation, qu'elles n'étaient pas occupées par la forêt, pour la plus grantle partie du moins; mais ce n'est pas uniquement aux conditians topographiques qu'il faut attribuer cet état de choses, c'est surtout à la nature du sol. La comparaison de la carte géologique avec la carte botanique que nous avons dressée montre que la DE LA KABYLIE DU DJURJURA 31 forêt occupe les grès, les micaschistes, les calcaires compacts, les quar- tzites et les pliyllades, lorsque ces derniers ne sont pas intercalés d'une trop grande proportion d'argile. Les marnes et une grande partie des argiles sont, au contraire, occupées par des buissons. Ceux-ci sont souvent mélangés d'oliviers et de quel- ques autres arbres, mais l'aspect général n'est pas celui de la forêt; nous appellerons cet ensemble la formation de l'olivier des buissons. Les grès, certaines formations alluviales, etc., peuvent favoriser le développement de la-forêt dans la plaine; par contre, l'existence des. marnes dans la montagne y provoque jusqu'à une certaine altitude l'ins- tallation de l'olivier et des buissons. De simples modifications dans les conditions de substratum amènent donc un changement dans le type de végétation; car, si l'influence du climat sur les formations est de première importance, celle du sol suffit souvent à modifier leur nature, surtout dans des pays se trouvant, comme la Kabylie, à peu de distance des régions où la forêt fait place aux steppes. En général, d'ailleurs, la température fixe le caractère des flores, et l'eau détermine le caractère de la végétation; or, les marnes et argiles, bien qu'elles restent, d'après nos expériences, assez riches en eau pendant l'été, en mettent certainement fort peu h. la disposition des plantes. D'ailleurs la forêt algérienne, celle de chêne-liège surtout, représente en basse montagne, avec son sous-bois très développé relativement à la futaie, un acheminement vers les formations buissonnantes, de même que les buissons élevés auxquels se mêle l'olivier devaient avoir primi- tivement un aspect assez voisin de celui de la forêt. Le passage d'un type de végétation à l'autre est donc progressif; nous verrons que sur certains sols la transition est insensible, et la ligne de démarcation diffi- cile à tracer. La formation des buissons est elle-même sujette à des variations con- sidérables. L'association des lentisques arborescents parsemés de bou- quets d'oliviers présente un aspect dilférant beaucoup de celui des Zizyphus Lotus L. en touffes basses et espacées. Les forêts présentent trois types de formations distincts : 1" Groupe d'associations d'arbres non résineux à feuilles persistantes. a) Forêt de chêne-liège {Qiiercus Siiber L.)- 0) Forêt de cliène \Qvi {(Jaerciis Ilex L.). Les deux essences se mélangent à leur limite commune, surtout quand 32 ETUDE PIIYTOGKOGRAPIIIQUE la modificalion des éléments constilutifs de la forêt est amenée par le climat. 2" Groupe d'associalious d'arbres non résineux a feuilles caduques. c) Forêt de cliéne zécn {Qiierciis Mirbechu D. R.) / el souvent forêt de ces deux d) Forôt de cliône afarès {Qiierciis Afares Poin.) ) espèces en mélange. La forêt mixte, formée de chêne zéen et de chêne-liège, se présente aussi fréquemment; les chênes à feuilles caduques se mêlent rarement au chêne vert. 3° Groupe d'associations d'arbres résineux à feuilles persistantes. e) Forêt de pin d'Alep {Piinis lialepensis Mil.). f) Forêt de cèdre {Cedriis Libcinl iiarr.). Ces deux types de forêts, adaptés le premier aux régions chaudes, le deuxième aux régions froides, se présentent à des altitudes très diffé- rentes. Le pin d'Alep peut se mélanger au chêne vert et à l'olivier, mais on le rencontre très rarement avec les autres essences. Nous étudierons successivement : Les forêts de chêne-liège; Les forêts de chêne vert; Les forêts de chênes à feuilles caduques ; Les forêts de pin d'Alep ; Les forêts de cèdre; Les associations de l'olivier et des buissons ; Et les associations littorales. Le tableau qui suit renferme des données numériques sur le dévelop- pement relatif de chacune de ces formations en Kabylie; toutefois, les surfaces très restreintes occupées par les associations littorales n'ont pas été indiquées. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 33 DÉSIGNATION DES FORMATIONS SUPERFICIES OCCITEES PAR LES IiIFFÉRENÎES FuRMiTIONS (en km-) Dans le secteur numidien. Dans le secteur du Tell méridional. Totaux. Sous-district da Sébaou. Sous-district des montagnes kabyles. Totaux. Ghéne-lièg'e pur 308 39 15fi 489 25 18 857 41 30 174 117 10 y 43 974 51 39 217 — avec chêne vert — avec olivier Total pour le chêne-liège 568 53'i 1.102 119 1 . '281 Chêne vert pur 22 6 » 255 55 390 » 301 29 418 22 » 55(> 84 344 «; 59 k; 702 38 a fil 5 100 — avec chêne-liège — - avec pin d'Alep — avec chêne-liège et olivier Total pour le cliêne vert Chêne afarès (pur ou souvent avec chêne 338 7 i? 1 . 080 iii 1.521 (Qqs ha.) 1 1 » 44 99 Ci 44 100 » 2 21 » (Qqs ha.) 4fi 121 » Chêne zéen pur Total pour les chênes à feuilles caduques . . Pin d'\lep pur 2 î'iO 151 •23 i74 (Qqs ha.) » 2 -■2 2 144 14<; -■1 )) 7i 74 i4i 2 m 1.745 » i.-^.o » 1.895 B 52 1 1 2.41fi 1 1 . 74.5 1:')0 1.805 5-2> 2.4i7 Totauxpourle domaine mauritanien sep- 2.653 1 649 4.302 1.309 5.611 109 Domaine des hautes montagnes atlantiques. Total général i o.-sao DEUXIÈME PARTIE Nous devons rappeler ici la division des facteurs écologiques en trois groupes suivant la classification adoptée par M. Cl. Roux' : Ç a. Chaleur (tempéiature). ' I. Facteurs cli.matiques ) b. Eaux (pluies). \ ^ë^^^^s géographiques agis- OU MÉTÉOROLOGiQUEis. i c. Lumière. I ^""' *"*■ ^'^ gi-andes éten- y d. Air (état hygrométrique, vent, etc.). ' ^^^' ia. Relief (altitude, exposition). / b. Composition chimique (minéralogique, \ Agents topographiques va- ou GÉïQUES. \ , organique). ; riant d'une localité à l'au- / c. Constitution physique (perméabilité, i tre. V épaisseur, etc.). ' i Plasticité. Tempérament. Hérédité. 111. Facteurs biotiques ] / , Mycotiophisme (symbiose). ou Aîs'i.MÉs. { i V'e-Un ) ^oiïi°^cnsalisme. I Concurrence vitale. , c, . . . I \ Parasitisme. b. extrinsèques. < 4 ■ ^ \ Animaux. i Agent destructeur. — conservateur. — propagateur. Toutefois, nous trouvons plus commode, pour l'étude des différentes formations dans une région d'étendue assez restreinte, d'examiner pour chacune d'elles : 1° Son extension suivant les conditions météorologiques et celles du relief (facteurs du groupe I et a du groupe II ou facteurs climatiques généraux et locaux). 2° L'influence du substratum (facteurs b et c du groupe II ou facteurs géiques proprement dits). 3" Le rôle de facteurs biotiques (groupe 111). 1. Cl. Roux. Le Domaine et la Vie du sapin (Lyon, 1905). CHAPITRE PREMIER LES FORÊTS DE CHÊNE- LIÈGE ÇQiierctis Suber h.). Influence des facteurs climatiques et du relief du sol. — Il ressort (lu tableau qui précède que le chéne-liège occupe, ou occupait, d'après les témoins qui subsistent, 22 p. 100 environ de la superficie totale de la Kabylie du Djurjura; mais cette essence est très inégalement répartie dans les différentes subdivisions plivtogéographiques : elle occupe 14 p. 100 du district bouïrien, et 26 p. 100 du district kabvle (soit 21 p. 100 du sous-district du Sébaou et 32 p. 100 du sous-district des montagnes kaby- les;. Dans ces dernières subdivisions les conditions générales du climat permettent toujours finstallation de la forêt de chêne-liège ; l'altitude et la nature du substratum seuls limitent son extension. Dans la partie du Tell méridional qui nous occupe, on ne rencontre, au <'ontraire, la forêt de chêne-liège qu'aux deux extrémités; elle fait tou- jours défaut immédiatement au Sud du Djurjura proprement dit, même lorsque le substratum et l'altitude présentent les conditions optima. Il faut admettre que l'humidité n'y est pas suffisante. Nous avons déjà indiqué que l'effet des vents humides de la mer se faisait peu sentir au Sud de ces hautes crêtes. A Aumale, la chute des pluies descend à 0"\50, malgré une altitude de 887 mètres, tandis que l'évaporation atteint 9™", 4 en août, avec une humidité relative de .37,1 p. 100. Nous avons déjà mentionné aussi que le chêne -liège prospère en Algérie dans le secteur numidien, qui reçoit annuellement 0'",70 d'eau et plus (jusqu'à 1"\15 à Taher), tandis qu'il devient disséminé dans les régions moins arrosées, pour disparaître complètement dans le domaine méridional, sauf dans les montagnes de Tlemcen, oîi la lame d'eau annuelle dépasse 60 cm. La sécheresse exclut donc le Qucrcus Suber de ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAl'IIIQUE DE LA KABYLIE DU DJURJURA 37 la partie de la Kabylie séparée de la mer par des inonlagnes de plus de 1.600 mètres. Examinons maintenant le développement de la foret de chêne -liège aux différentes altitudes. Elle peut exister à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer; toutefois ce chêne supporte mal le voisinage immé- diat de la côte, son feuillage est très sensible aux actions salines. La ibrêt de chêne-liège s'étend jusqu'aux crêtes de la chaîne littorale, elle FiG. 5. — Forêt (Je chêne-liège à Mizrana, avec touffes r/'Aspliodelus microcarpus sur la lisière. n'atteint pas cependant le sommet du Tamgout (1.278 m.), qui est occupé par les chênes à feuilles caduques. Elle existe également sur les sommets des Flissa, mais au-dessus de 700 mètres elle est mélangée de chênes verts, sans que les modifications des facteurs écologiques, autres que l'altitude, paraissent pouvoir motiver cette apparition. Sur les contreforts de la région de Fort-National le chêne-liège est peu répandu; il s'y trouve généralement mêlé au chêne vert. Dans les Béni Khalfoun, le Quercus Siiber atteint les crêtes, mais au Tegrimount (1.028 m.) le Quercus Mirbeckii domine et, en se rapprochant du Djurjura proprejuent dit, le chêne-liège se mêle au Quercus lle.v pour 33 ÉTUDE P II Y T 0 G É O G R A I' II I Q U E ne plus consliliior (|Lie des îlots isolés dans la forêt de chêne vert entre 900 et 1.150 ni. sur les crêtes et dans les stations ensoleillées. Dans la région d'Akfadou on le rencontre aux expositions favorables jusqu'à 1.300 m., mais à cette altitude il n'est que sporadique, les chênes à feuilles caduques dominant; il ne constitue d'ordinaire l'ensemble de la forêt que jusque vers 1.000 m. 11 occupe également le Taourirt Iril et une partie importante des chaînons qui s'abaissent vers la mer au Nord de l'Akfadou du Taourirt Iril et de l'Arbalou. Le Quercus Suber déborde au Sud la ligne de crête séparant le secteur numidien et celui du Tell méridional pour s'étendre dans ce dernier sur la partie supérieure du versant Sud des Béni Khalfoun et du Taourirt Iril, et sur les chaînons qui prolongent ce dernier au Sud de l'Arbalou. En résumé, si le chêne-liège peut atteindre l'altitude de 1.300 m., la forêt uniquement constituée de cette essence est surtout répandue au-dessous de 1000 m., et les altitudes variant entre 600 et 800 m. paraissent les plus favorables à cette espèce*. Il est à remarquer que cette essence est mal adaptée aux régions où la neige est abondante, ses branches minces et cassantes sont fréquemment brisées par celle-ci, et c'est peut-être l'une des causes de son peu d'abondance dans les contreforts du Djurjura. Sauf aux altitudes élevées, l'exposition Nord et ensuite l'exposition Est sont les plus propices au Quercus Suber, évidemment parce que l'humi- dité y est plus grande. Influence de la nature du sol. — La forêt de chêne -liège ne se ren- contre jamais sur les calcaires ni sur les sols complètement argileux; ce lait explique son exclusion des calcaires cristallins, des calcaires du lias, des marnes et calcaires du sénonien, du numidien inférieur, des marnes intercalées de grès du dellysien supérieur, des marnes cartenniennes, des argiles et grès de l'helvétien et des marnes et argiles du sahélien. Les andésites et labradorites miocènes donnent un sol sec et sans pro- fondeur, sur lequel le chêne-liège ne paraît pas avoir existé. Nous ne l'avons pas non plus trouvé sur les liparites dans la région étudiée, mais cette roche n'y forme que des îlots de peu d'importance, isolés dans la région des oliviers. Au Nord de Ménerville, aux confins de la Kabylie, oîi 1. La forêt où le chêne-lièg-e domine s'arrètant vers 700 m. au-dessous de Fort-National et vers 900 m. sur le prolongement du Djurjura à l'Est de Drà-el-Mizan, il est intéressanlde calculer les tempé- ratures moyennes annuelles correspondantes. En admettant que le refroidissement de l'air soit de 0",6 par lOO m. d'altitude, on a pour l'altitude de 700 m., soit 200 m. au-dessous de Fort-National, 13°, 1 + 0,fi X 2 = 14°, 3, et pour l'altitude de 900 m., soit 450 m. au-dessus de Drâ-el-Mizan, 16°,4 — 0,6x4,5 = 13°,". DE LA KABYLIE DU DJURJURA 39 cette roche occupe une surface plus étendue, on y li-ouve fréquemment le chène-liège. Les schistes argileux et les grès rouges rapportés au carhonifère et au permien se présentent à des altitudes trop élevées. Les terrains oii Ton peut rencontrer la foret de chène-liège, quand le climat ou le relief ne s'y opposent pas, sont donc, dans Tordre stratigraphique : Alluvions. Sables rouges du pliocène. Miocène : Poudinguos et grès du cartennien. Oligocène : Poudingues et grès du dellysien (quelquefois aussi sur le bouïricn). I Grès de Numidie et éboulis de ceux-ci sur les argiles. \ Argiles schisteuses et grès du medjanien. EocÈNE. < Poudingues et grès de Drà-el-Mizan. I Grès des Béni Khalfoun et poudingues infranummulitiques. ( Marnes, grès et calcaires à nummulites. Argiles et quartzites du crétacé. Phyllades et schistes du précambrien. Micaschistes, gneiss et granulite gneissique. Nous examinerons ces différentes sortes de substratum, en commen- çant par les plus favorables à la forêt de chêne-liège. FiG. 6. — Foirt de clicne-liège sur les grès de Xumidie dans la chaîne lillorale. Le grès de Numidie donne un sol siliceux frais et profond (souvent 40 KTUDE PIIYTOGÉOGRAniIQUE l"\r)() et plus), présentaiU les conditions optima pour celte essence. Les matières organiques qui s'accumulent sur le sol se décomposent lente- ment, et par s uile l'humus forme une couche épaisse, favorable à la végé- tation forestière (0'",20 et au-dessus); le calcaire n'existe qu'à l'état de traces. Sur le littoral, la température moyenne du sol à 0'",10 de profon- deur n'est que de 10° en forêt au mois d'avril, alors que la température moyenne de ce mois est de 15" : c'est donc un sol très froid; ce qui s'ex- plique facilement par l'humidité qui y règne. Ces régions gréseuses sont souvent entourées de zones d'éboulis formées par le glissement des grès sur les argiles voisines, qui appartiennent soit au cartennien, soit surtout au numidien inférieur. Ces zones présentent un sol argilo-siliceux où le chêne-liège trouve encore des conditions favorables, sauf dans le cas où les argiles passant aux marnes renferment du calcaire. Même en l'absence de ce dernier, la végéta lion du chêne-liège devient moins vigoureuse au fur et à mesure que la proportion d'argile augmente. La granulite gneissique, les micaschistes granulitisés, ou gneiss, résul- tant de l'injection des granulites dans les micaschistes, forment dans les Flissa, et en particulier sur la plus haute crête de cette chaîne, qui domine directement le Sébaou, une région où les forêts tle chêne-liège présen- tent une végétation vigoureuse. Seul un petit chaînon voisin de Bordj ]Menaïel ne porte pas trace de cette essence. Sur ce point le gneiss est, d'après M. Ficheur, complètement modifié par la pénétration d'une roche granitoïde constituée presque exclusivement de feldspath et de quartz; il ne donne par suite qu'un sol très superficiel, peu propice à l'installation de la forêt; peut-être d'ailleurs d'autres causes, de nature biotique, sont- elles intervenues pour modifier la végétation de ce massif. Les micaschistes et les schistes micacés sont très propices à la végéta- tion du Qaercus Siiher, bien qu'il n'y présente pas un aussi beau dévelop- pement que sur les roches gneissiques. \ Les phyllades et schistes argileux, encore occupés par la forêt de chêne- liège sur le versant Nord, constituent souvent sur le versant Sud une région où l'olivier est abondamment répandu. Les calcaires cristallins qui se présentent en ilôts dans les terrains cristallophylliens amènent la présence, parmi les chênes-lièges, de bou- (juets de chêne vert, bien que l'on trouve souvent à côté de ces calcaires très durs un sol à indice calcimétrique très faible. Les calcaires anciens ne se rencontrent pas d'ailleurs sur de grandes étendues dans la ciiaîne des Flissa, et nous avons déjà indiqué que le J DE LA KABYLIE DU DJURJURA 41 chêne-liège était peu répandu dans les contreforts qui forment la majeure partie du massif ancien, à cause de la rigueur des hivers. Le grès des Béni Khalfoun, à ciment argileux, beaucoup plus friable que le grès numidien et intercalé de minces couches argileuses, donne un sol siliceux ou argilo- siliceux très favorable au chêne -liège; mais les poudingues infranummulitiques qui se trouvent à la base de ces grès renferment souvent, surtout dans les parties les plus voisines du lias, une forte proportion de calcaire qui provoque l'apparition du chêne vert. Les poudingues et grès du dellysien inférieur peuvent être occupés par des forêts de chêne-liège, souvent aussi on y rencontre la formation de l'olivier et des buissons, qui résulte peut-être, sur le versant Nord tout au moins, de la transformation d'anciennes forêts dont les derniers chênes- lièges ont disparu; toutefois, bien que cette assise soit surtout formée de débris de roches anciennes et pauvres en calcaire, elle présente sur cer- tains des points étudiés un sol à indice calcimétrique atteignant 3 p. 100 (exceptionnellement 8 p. 100 , ce qui suffit à expliquer l'exclusion du Quercus Siiber. Le chêne-liège est exceptionnel sur les formations du bouïrien, les dépôts les plus étendus se trouvant dans une région que nous avons indiquée comme ayant un climat trop sec. Les poudingues cartenniens peuvent être couverts de chêne-liège, les grès sont le plus souvent occupés par l'olivier; c'est un substratum peu humide ; de plus, les grès grossiers sont souvent intercalés de grès ten- dres argileux; c'est le cas sur le versant Nord des Flissa. Sur le medja- nien les parties où dominent les grès sont occupées par la forêt de chêne- liège, mais elle disparaît dès que les argiles dominent. On est quelquefois étonné de rencontrer sur ces argiles un maquis épais composé cVErica arhorea L., compagne ordinaire du Quercus Suber, par- semé de Pistacia Lentiscus L. et d'Olea europea L., et de n'y constater la présence d'aucun chêne-liège; ce fait s'explique souvent par la variation de l'indice calcimétrique en profondeur : c'est ainsi que dans le talus d'un chemin récemment ouvert au Sud-Est de Port-Gueydon, nous avons pu constater que dans cette association végétale les racines de bruyère ne dépassaient guère 1 m. en profondeur, tandis que celles de lenlisque, assez semblables à des câbles, descendaient obliquement jusqu'à plusieurs mètres. Or, jusqu'à 1 m. le taux de calcaire était de 0,07 à 0,08 p. 100, et au delà s'élevait, pour atteindre 5,30 p. 100 à 1"%50 de profondeur. L'ab- sence du chêne-liège, essence à racines pivotantes, est certainement due, 42 ÉTUDE PIIYTOGKOGRAPIIIQUE dans ces conditions, non à rinlervenlion de Thomme, mais à la présence du calcaire à une certaine profondeur. Les orès de Dra-el-Mizan ne sont occupés parle chêne-liège qu'en faible partie, à cause de la proportion de calcaire très variable qu'ils présentent. La forêt de Qucrcus Suber y est souvent parsemée de chêne vert, essence qui supporte bien le calcaire. Dans les échantillons de terre prélevés au pied des chênes-lièges on ne trouve que des traces de carbonate de chaux, tandis que ceux recueillis au pied des chênes verts présentent au con- traire des indices calcimétriques relativement élevés (jusqu'à 15 p. 100). Même lorsque l'échantillon de terre prélevé à 0"\10 de profondeur dans les chênes verts ne révèle que fort peu de calcaire (0,20 p. lOU dans l'une des expériences), on trouve dans la terre prélevée sur les racines mêmes de l'arbre, à 0'",30 ou 0"\40 de profondeur, un indice calcimétrique plus élevé ^5 p. 100). A partir de 800 m. cependant, l'apparition du chêne vert peut être due uniquement à l'altitude. Les grès de Drà-el-Mizan sont d'ailleurs souvent intercalés de couches marneuses défavorables à l'existence de la forêt, et c'est surtout sur les poudingues supranummulitiques situés à la base des grès que celle-ci se développe; mais ces terrains sont souvent à une altitude qui ne convient pas au Qucrcus Suber. L'assise des marnes, grès et calcaires à nummulites peut constituer, comme son nom l'indique, un substratum très variable; c'est seulement dans les parties gréseuses, en bordure des grès des Béni Khalfoun par exemple, que la forêt de chêne-liège se développe. Les argiles et quartzites de l'albien-aptien et celles du danien, d'aspect très semblable, ne constituent pas un sol favorable au Quercus Suber; cependant cette essence s'y développe quand les quartzites dominent, surtout sous le climat humide du littoral; mais les intercalations étant fréquentes et souvent accompagnées de calcaire, la végétation est très | variable sur ces assises. Sur plusieurs points de la chaîne littorale nous avons constaté que dans les terrains crétacés la limite entre la formation du chêne-liège et celle de l'olivier coïncide avec le niveau d'émergence des sources, c'est- à-dire avec la ligne de séparation des couches perméables et de celles (pii ne le sont pas : au-dessus du niveau de la nappe aquifère croît le chêne-liège, et au-dessous se développe l'olivier; cette observation con- firme l'importance du rôle de l'argile dans la délimitation des formations végétales. i DE LA KABYLIE DU DJURJURA 43 Les sables rouges du pliocène supérieur sont favorables à l'installation tlu chène-liège lorsque Tindice calcimétrique reste sensiblement inférieur à i p. 100; mais sur les points où le taux de calcaire atteint ou dépasse ce chiffre, comme il arrive lorsque ces sables passent aux marnes sableuses, le chène-liège parait n'avoir jamais existé. Les alluvions généralement déposées en bandes étroites le long des fleuves et isolées au milieu des régions marneuses peuvent, malgré cette situation, être pauvres en calcaire, car les éléments qui les composent proviennent surtout du massif ancien et des montagnes gréseuses, oîi les cours d'eau prennent naissance; mais elles sont généralement éloignées des forêts, et les espèces arborescentes sociales, telles que les chênes ou le pin d'Alep, ne paraissent pas les avoir primitivement occupées; seules quelques zones d'alluvions qui bordent des régions forestières sont encore en partie couvertes de Quercus Siiber; le cas se présente dans la région de Port-Gueydon, au bord de la mer, et sur le plateau du Hamza, près de Bouira. Les associations du chêne-liège et leur physionomie. — La descrip- tion des associations doit précéder l'examen des facteurs biotiques, car ces derniers apportent dans la physionomie et la composition de la forêt des modifications dont l'exposé ne saurait logiquement précéder l'étude des associations elles-mêmes. La forêt de chêne-liège se présente sous un aspect différent dans les régions littorales et dans les régions continentales. Dans les premières le Myrtiis communis L. est abondant, tandis qu'il fait complètement défaut dans les secondes. Son exclusion peut être due soit à la rigueur du cli- mat, à laquelle il faut attribuer son absence d'une grande partie du sous- district des montagnes kabyles, soit au défaut d'humidité; c'est cette der- nière raison qui limite son extension dans le sous-district du Sébaou. La limite supérieure du myrte se trouve généralement entre GOO et 700 m. dans le premier sous-district, il n'y atteint qu'exceptionnellement 800 m. ; dans le deuxième sous-district il existe jusqu'aux crêtes de la chaîne lit- torale, mais s'arrête vers le Sud au pied des Flissa, et ne s'avance dans le Tell méridional qu'à la faveur des vallées importantes. C'est également par suite du défaut d'humidité que le myrte ne s'étend pas en Oranie, même sur le bord de la mer. Nous étudierons successivement la forêt de chêne-liège dans ses deux faciès : l'un littoral, l'autre continental. /,', ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE 1° Faciès littoral. — Ce faciès se pi'ésenle sur les grès de Numidie, sur les éboulis de ces grcs sur les marnes, sur les poudingues et grès du dellysien, sur le medjanien, sur le crétacé faptien-alhieii et danien), sur les sables du pliocène et sur les alluvions anciennes. La région du mjrte comprend en outre, d'après les limites que lui assi- gne notre carte, (|U(d(|ues peuplements de cliène-liège situés soit sur les pliyllades et schistes du précambrien, tel est le cas du massiC des Aïssa Mimoun, soit exceptionnellement sur les micaschistes et les poudingues et grès cartenniens; mais ces associations du Quercus Suber se trouvent dans une région où le myrte est déjà peu répandu et est souvent même localisé dans les ravins; il n'imprime plus à la végétation son cachet spécial. Ces formations géologiques étant d'ailleurs presque complète- ment développées dans la zone où le myrte fait défaut, les forêts (|ui les couvrent seront décrites lorsque nous étudierons le faciès continental. Gomme précédemment, nous examinerons les différentes sortes de sub- stratum, en commençant par les plus favorables à la l'orèt de Quercus Suber. Grès de Numidie. — La forêt de chêne-liège présente sur les grès do Numidie trois étages' distincts : 1" ha futaie, qui forme Y étage dominant ou dôme; 2" Le sous-bois ou sous-étage; 3" Le tapis herbacé. Les /m«e.ç- s'élèvent dans le sous-bois et même jusqu'à l'étage dominant. Etage dominant. — Le dôme de la forêt est en général constitué en totalité par le chêne-liège; toutefois sur les versants septentrionaux le chêne zéen s'y mêle avec d'autant plus d'abondance que la station est plus humide et le sol plus profond; sur les bords des ravins et dans les dépres- sions, même à un niveau très voisin de celui de la mer, cet arbre à feuilles caduques peut, sur de petits espaces, former à lui seul le dôme de la forêt. Le Quercus Afares n'habite pas cette région; il faut cependant en citer une petite colonie dans le massif de Mizrana, entre 650 et 700 m. d'altitude. Le Quercus Suber rencontre ici, comme nous l'avons dit, des conditions oplima; sa végétation est luxuriante, les troncs sont denses, et la cime forme un couvert relativement épais eu égard au feuillage ordinairement 1. On appelle élage de végétation l'ensemble des liges qui étalent leurs cimes dans une même zone de hauleur. (Boppe. Traité de sylviculture, p. 155.) 2. Ce terme pourra paraître un peu emphatirpie, mais il a été adopté par M. Hardy dans son étude sur la Géograp/tie cl la Végclation du Languedoc, et par d'autres auteurs pour des régions analogues. i DE LA KABYLIE DU DJURJURA 45 léger qui caractérise cette essence. Ce chêne atteint souvent 15 à 18 m. de hauteur, exceptionnellement 20 m., les sujets de 3 m. de circonférence à la base sont assez fréquents, il en existe même qui atteignent 5 à 6 m. de tour. Nous n'avons pu déterminer exactement la longévité de cet arbre dans cette station, mais il en existe beaucoup de 150 à 200 et même 300 ans. Le Qiiercas Mirhechii, qui peut vivre au milieu de ces peuplements grâce à l'humidité ambiante, n'a plus à supporter les hivers rigoureux, et perd par suite presque totalement son caractère tropophile'; ses feuilles ne jaunissent qu'en décembre pour tomber en janvier. Par contre, il atteint rarement plus de 15 mètres de hauteur. Le Cerasus Ai'iujn Mœrich. se rencontre cà et là, surtout avec le Quercufi Mirbechii, mais il présente rarement un grand développement. Les autres arbres de la région littorale, tels que les Piiiiis Jialepeusis ^lil., Quercus Ilexh., Ccltis australis L., Ulmus campestrish., Fra.riiius oxyplujlla Bieb., font généralement défaut. Le Salir pedicellata Desf. se rencontre au bord des eaux, mais n'atteint pas de grandes dimensions. Sous-bois. — UErica orborea L. domine; il forme un fourré dense de 2'", 50 à 3 m. de hauteur au-dessus duquel émergent les tiges florifères de VArbutus Unedo L. ; il est en outre parsemé de toufl'es de Phillyrca latifolia L. et -P. média L., de Hliaimius alateriius L., de Viburnum Tiiius L., ce dernier dans les endroits les plus humides; au bord des clairières apparaît le Cratœgits monogyna Jacq. Souvent au-dessous de cet étage supérieur du sous-bois le Myrtus coiu- munis L. forme à son tour un étage inférieur qui n'atteint guère que les deux tiers de la hauteur du précédent. Le Cistus salviœfolius L. se rap- porte au même étage que le myrte et peut même quelquefois le dépasser. Dans les endroits moins abrités de la lumière on rencontre le Cytisus trifloi'us l'Her., atteignant la hauteur du myrte, et le Genista tricuspidata Desf. ; sur les points où accèdent plus largement encore les rayons du soleil, apparaissent les Daphne (jiiidium L., Cistus nionspeliensis L. et Lavaiidula Stœchas L. Le Pistacia Lentiscus L. et le Hubus discolor Weihe n'existent guère dans l'association qu'à la faveur de trouées accidentelles. Le Myrtus co))in/u/iis devient moins abondant à partir de 600 ou 650 m. ; 1. On appelle végétaux tropophiles ceux qui sont susceptibles de modifier suivant les saisons leur mécanisme d'absorption et de transpiration. Ex. : les arbres à feuilles caduques. (L. Malavialle. ■ L'Enseignement de la géographie, Bulletin de la Soc. languedocienne de géographie, t. XXVI, année 1903, p. 14.) /.r, ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE r. au-dessus de ce niveau, le Cytisjis trifloriis prend une place prépondé- rante. Dès que l'humidité augmente et que, par suite, le Qiiercus Mirbeckii commence à se mêler au Qucrcus Suber, VErica arhorea diminue pour laisser la place à un sous-bois souvent fourré de Pliillyrea média, dM/-- bulus Uiiedo, de Rhanuiiis nlaternus, au milieu duquel le Myrtus commii- nis devient moins abondant, et s'allonge en rameaux grêles cherchant à gagner la lumière. Le sous-bois cesse donc de présenter deux étages, et, en même temps que son aspect xérophile diminue par suite de la réduc- tion du fourré à aiguilles aciculaires, le sol se couvre d'un tapis de feuilles de Querciis Mirbeckii L. Mais si le chêne zéen devient prépondérant, lombre assez épaisse que son feuillage projette sur le sol s'oppose bien- tôt au développement d'un abondant sous-bois, le Myrtus communis dis- paraît à peu près complètement avec VErica arborea; l'arbousier subsiste avec le Vibiirimin Tiiius et le Rliamiius alalernus en touffes disséminées, mais c'est le Cytisus iriflorus qui acquiert le plus d'importance. Les Riis- ciis hypophyllum L. et Asparagus acutifolius L. se montrent çà et là, et quelquefois dans les bas-fonds humides le Laurus iiobilis L. Ij'Androsœ- nuim officinale Ail. affectionne le voisinage des sources. Enfin, au bord de la mer et jusqu'à une altitude voisine de 400 m., dans le sous-district du Sébaou surtout, le Quercus coccifera L. se mêle au peuplement. Nous retrouverons ce chêne à un niveau plus élevé (600 et même 700 m.) et avec des dimensions plus grandes dans d'autres formations, mais ici son extension et son développement sont limités parla végétation luxuriante des autres espèces. C'est seulement lorsque le chêne-liège disparaît accidentellement des grès de Numidie au bord de la mer que le Quercus coccifera L. constitue presque à lui seul la forêt. En général il demeure mêlé, à l'état buissonnant, aux espèces du sous-bois déjà citées, mais les actions destructrices contribuent également à le maintenir en cet état, car le chêne kermès atteint facilement, même dans cette association, 4 à 5 m. de hauteur et 0'",30 à 0"\40 de tour. A ces basses altitudes le sous-bois s'enrichit de quelques espèces : le Lavatera Olbia h.^Xe Cylisus candicansD. C, considéré en Algérie comme une espèce de montagne et dont l'installation dans cette station doit être attribuée à l'humidité ambiante, le Cytisus Unifolius Lam., espèce qui redoute le froid, car elle ne s'élève guère au-dessus de 400 m., enfin le ; Genisla fero.x: Poiret, qui appartient plutôt à la formation de l'olivier, mais ' qui se développe quelquefois dans les vides de la forêt. Lia/les. — Le Smila.r aspera L., très abondant, couvre souvent en partie DE LA KABYLIE DU DJURJURA 47 la cime des chènes-lièges, tandis que VHederalIellxh. se fixe plutôt autour des chênes zéen. Le Clematis cirrhosa L. peut aussi atteindre lehouppier des arbres, mais s'étale le plus souvent sur le sous-bois avec le Lonicera etrusca Savi, le Clematis flanimula L., ces derniers moins répandus. Le Rubia peregrina L. et le Tamus communis L. atteignent une moindre hau. teur et préfèrent Tassociation du Quercus Mirbechii. Tapis herbacé. — Sous le triple écran formé par la futaie et le double étage de bruyère et de myrte, le tapis végétal est très réduit. VAsplenium FlG. Clairière de la foret de chcne-liège, avec tapis de Pteris Aquilina. aciitum Bor. existe à peu près seul sous cet épais couvert; mais dès que le sous-bois devient moins dense, les Centaurea Tagana Brot., Eryngium tricuspidatum Desf., Galium elliplicumy^'iWà. et même le Piilicaria odora lleich. se développent; si le sous-bois fait défaut, le Pleris aquilina L. forme un tapis épais qui peut atteindre plus d'un mètre de hauteur; sur les crêtes sèches les parties peu ombragées sont recouvertes de touffes iVAfiipelodesnws teua.v Yahl. Les autres graminées de cette association l'réquentent en général les clairières. Il en est de même des trèfles, des Bellis, des Asphodelas microcarpus Yiv., Andryala integrifolia L. et Inula i'iscosa Ait. Certaines de ces espèces sont localisées près des sources ou dans les 48 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE endroits les plus humides; ce sont les Osmuiida regalis L., Haiiunculiis maci'ophyllas Desf., Orcliis latifolia L., Ficaria callhiefolia L., Boiijeania rcctaY{o\c\\. et Calystegia sylvatica Gris. \j(i Pol y podium vidgare L. a sa station sur les rochers humides ou sur les écorces moussues. Cette association du chêne-liège peut se résumer ainsi' : DOMINANTS ABONDANTS PARSE MES Quercus Suber L. Erica arborea L. Mijrltis commiinis L. ArbuUis L'nedo L. Ci/tisiis (ri/lorus l'IIer. Cistiis salvi.cfolius L. Lavandiila Slœchas L. Smilajc aspera L. Loniceva implexa L. Pteris uquilind L. Plagias virgalus D. G. Briza mcijcinia L. Centaurea Tagana Brolero. Calamintha Clinopodiain Benlli. Asplenium acuttim Bory. Galiiim ellipticum Willd. Erijiigiiim Iricuspidatiim Desf. Erijl/irœa Centaiirium L. Rail II ne iil II s chœrophijUos L. Selaginella denticulala Lx. Cyclamen africuniim Bois. Reut Leiicoïiim aiiliimnale L. Futaie ; Quevciis Mirbecidi D. R. Sous-bois : Phillyrea latifolia L. — média L. Rhamnus alalernus L. Genista triciispidata Desf. Daphne Gnidiiim L. Viburniim Tiniis L. Cislus monspcliensis L. Rusciis hypuphylliim L. Liaues : Clematis cirrhosa L. Rubia peregrina L. Asparagus acutifolius L. Iledera Ilelix L. Tapis herbacé : Ampelodesmos tenax Valil. JIolcus lanatus L. Asphodelas mieroearpiis \ï\ i'rginea marilima Bah. Liniini corijmbifevum Desf. Géranium Hoberlianum L. Thrincia tuberosa L. Saxifraga allantica B. R. Siniethis bicolorKnnlh. Plialaris cœrulescens Desf. Anagallis arvensis L. Trifolium anguslifoliiun L. Trifolium agraritim L. Cerasus Arium Mœncli CraLrgus monogyna .lacq. Rubus discolor A\'eilie. Calycotome spinosa Lam. Pislacia Lenliscus L. Salix pedicellata Desf. /?osa sempervirens L. Prunus insililia L. Lauriis nobilis L. Thymus numidicus Poir. Thymus kabylieus Bail. Androsœnium officinale Ail. Phillyrea angustifolia L. Lonicera etrusca Sanli. Clematis flammula L. l7o/« odorala L. Eadianlhe cœlirosa Fenzl. Poly podium viilgare L. Gladioliis byzanlinus Mill. Osmunda regalis L. Scilla numidica Poir. /n;f?a viscosa Ait. Erythrxa marilima L. l/ypericiim cilialum Lam. Trixago apula S ter. Serapias lingua L. Carer gluuca Mur. Liniim angustifolium L. 1. Dans ce tableau et dans ceux qui suivent, les plantes sont énuniérées dans chaque colonne autant que possible, par ordre d'importance numérique décroissante. Les muscinées et les lichens seuls ont été placés dans l'ordre de la classification; la détermination de Tordre de fréquence ne saurait résulter que d une étuJe plus détaillée de la répartition des espèces crj-ptogami(pies. DOMINANTS DE LA KABYLIE DU DJURJURA ABONDANTS 4 i t> • i-u tt x i i- • <• , .■ r\ ij . imii ■ • I 'Sui' les grès des beni Khalloun et les poudingues iiifra- la partie Ouest du secteur du lellmeri- < ,-.• i o T , I nummulitiques. dional. J o !• '. 1-. j -11- ■ 1- Sur 1 étage dit des marnes, grès et calcaires a /sunimu- lites aturica. Sur les phyllades et schistes du précambrien. Sur les micaschites, gneiss et granulites gneissiques. 2" Dans le sous-district des montagnes ka- . bvles et dans la partie Est du Tell méri- . Sur les grès de Numidie. dional. t 54 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE Tandis que dans la région du mvrte Taspect de la végétation varie peu dans un même terrain de l'Ouest à l'Kst, ici les caractères sont assez diffé- rents dans les deux sous-districts, et l'on peut distinguer dans ce faciès continental une association du cliène-liège à Pliillijrea et Pistacia Lentis- cus L. occupant le sous-district occidental, et une association à Vince- to.ricum officinale Mœnch. riche en Cyiisus Iriflorus l'Her. et pauvre en espèces arbustives, telles que les philarias et lentisques, occupant le sous- district oriental. Les terrains occupés par le chène-liège dans les deux subdivisions sont d'ailleurs complètement diflerents. En ce qui concerne le secteur du Tell méridional, il est naturel de rattacher au sous-dictrict correspondant du secteur numidien les loréts de chéne-liège situées près de la limite des deux secteurs sur le versant sud de la crête qui les sépare. Un fait assez général dans le sous-district du Sébaou est l'apparition de VAiieiuoiie pabnala'L. coïncidant avec la disparition du myrte. Micaschistes, gneiss, granulite gneissique, phyllades et schistes Dr PRÉCAMBRIEN. — - Lcs l'oclies granulitiques sont intimement liées au gneiss ; les micaschistes sont fréquemment granutilisés, souvent aussi ils passent aux schistes micacés, et ceux-ci aux phyllades. 11 n'est donc pas possible d'étudier l'aspect de la végétation sur chacune de ces roches ; il nous suffira de rappeler la remarque déjà faite à ce sujet : la forêt est de moins en moins luxuriante lorsqu'on passe des roches granulitiques aux schistes, puis aux phyllades. Le chêne-liège présente encore une belle végétation sur les versants Nord et Est, surtout à une certaine altitude; mais, même dans ce cas, il dépasse rarement 10 à 12 m. de hauteur, les arbres de 15 m. sont tout à fait exceptionnels; la circonférence maxima est de 3 m. Sur les versants chauds les arbres n'ont guère plus de G à 8 m. de hauteur, ils mettent fréquemment plus de 100 ans pour atteindre un mètre de tour, et ceux qui arrivent à deux mètres dépassent 200, quelquefois même 300 ans, ce qui est apparemment la limite extrême de longévité dans de telles conditions ; la cime est peu fournie, les arbres rarement serrés. Le Quercus //e.r api)araît çà et là sur ces terrains anciens mêlé au Quer- ciis Subcr : nous avons dit que sa présence était due tantôt à l'existence de bancs de calcaire cristallin, tantôt à un climat plus froid résultant de l'augmentation de l'altitude ou de la proximité des hautes montagnes. Le ()nci-('us Mirhcchji est très rare. DE LA KABYLIE DU D.TUR.IURA 55 L'aspect de Tassociation, comme celui de la futaie, varie beaucoup avec l'exposition : au Nord et à l'Ouest, où le couvert du dôme est encore assez épais, on trouve encore le Cerasus Avijiiu ]Mœncli., le Vibuniuni Tinus L., VAi-biitus Uiiedo L., le Riiscus hypophijllum L., le Pleris aquilina L., abon- dants. A part l'absence du myrte , la composition de l'association est analogue à celle déjà décrite pour les grès de Numidie ; VErica arborea L. peut atteindre encore 2 à 3 m. de hauteur, souvent d'ailleurs le Cytisus ti'iflorus l'Her. domine; quelques rares Pistacia Terebintlius L. k l'état de buisson se montrent d'ans les gorges du Sébaou, près de Tizi-Ouzou. On rencontre également dans le tapis herbacé, avec quelques Anémone palniata L., les espèces qui croissent sur les grès de Numidie; aux alti- tudes supérieures à 700 m. s'ajoutent çà et là le Tulipa celsiana Red., le Géranium atlanticum B. R. et le Polystichum aculeatum L. Les muscinées sont assez nombreuses; citons : MOUSSES HÉPATIQUES Ilypniim ciipi-cssiforme L. Fossomhronia angiilosa Ri:d. Seleropodiuin illecchritin Scinv. Reboulia IicmisplHrrica Riul. Eurtjncliium Stohesii B. E. Grimolclia dicholoma Riid. Camplotlicciiim aureiim Lag. Targionia InjpopInjUa L. Leucodon sciiiroïdes Scli. var. morensis. Bariramia slricta Brid. Pohjtriclnimjiiniperinum Villd. Pogonatiim nanuni P. B. Bryiim capillare L. Fiinaria calcarea Walli. Enlhoslodon Miistaphx Trab. Grimmia conunutata Hïib. Barhula ciim-ifoUa Brid. Barbiilu sqiiarrosa Brid. Triclioslomiim barhula. ScInv. iVeisia viridula Brid. Wchera Tozcri Sclip. qui croissent sur le sol ou les rochers, et Iloinalotheciiiin sericeum B. E. qui s'attache à l'écorce des chênes-lièges. Parmi les lichens nous avons récolté sur les rochers : Anaptycida ciliaris Kœrb. (var. crinalis) Pavniella tiUacen Aoli. Plijjscia piilrerulenta (var. renusla) Ach. et sur le sol : Cladonia fimbvlala {forme tubxfovmis) Hoffm. Peltigera nifescens Scluer. 5(3 ]•: T U D E P II Y T 0 G É 0 Cl R A P H I Q U E Alix expositions chaudes, au contraire, VOlea europea L. apparaît à Fétat buissonnant, et le Pistacia Lentiscus L. prend une place importante à côté de VErica arborea, grâce à la lumière plus abondante qui pénètre sous le couvert de la futaie; le sous-bois n'atteint plus que 1 à 2 m. de liauteur. Les espèces les plus hygrophiles disparaissent ou deviennent rares, le Cistiis polymorphus Villk, se montre quelquefois. L'association peut se représenter ainsi : DOMINANTS A r. 0 X D A N T S PARSEMES (tuercits Siiber. L. Erica arborea L. Pistacia Lentiscus L. Philh/rea média L. (Aslas monspeliensis L. Anagallis arvensis L. Chrysanlhemum Mijconis L. Asphodeliis microcarpus Viv. Biscutella hjrala L. Fedia cornucojii/e L. Selaginella denticiilata Lx. Thrincia tiiberosa L. Bellis sylveslris L. Merendera filifolia Gamb. Leucoium aiitumnale L. Bellis annua L. .\arcissus serolinus L, Futaie : Olea europea L. 8ons-boi^ : Larandula Slcrchas L. Genisia tricuspidata Desf. Califcolome spinosa Lam. Phillyrea latifolia L. Lîniies : Tapis herbacé : Ampelodesinos tenax Valil. Enjlhriîa Centaurium L. Arisarum vnlgare Targ. Toz. Romulœa bulbocodium Ser. et Maur. Ranuncuhis chœrophijllos L. Andropogon hirlus L. Anarr/iinum pedatum Desf. L'rginea mariliinu Bak. Senecio leucanlhemifolias Poir. Iris Sisyrincliium L. C.alamintha Clinopodium Benlli. Plagias virgaUis D. C, Pulicaria odora Reich. Simethis bicolor Kiintli. Tolpis umbellata Bert. Quercus Mirbec/di D. R. (rare). Pinus halepensis Mill. (rare). Daphne Guidium L. Cijlisus Iri/lorus l'Her. Hosa sempervirens L. Ononis hispida Desf. Rhamnus alaternus L. Arbutus L'nedo L. Cratiegus monogyna Jacq. Rubus discolor Weihe. Zizyplius Lotus L. Cislus salcia'fotius L. Cislus polymorphus Willk. Prunus insilitia L. Smilax aspera L. CAemutis cirrliosa L. Lonicera implexa L. Rubia peregrina L. Bryonia dioïca L. Ferula comniunis L. Convolvulus altliooïdes L. Hypericum australe Ten. HelianUtemum gultatum Mill. Gladiolus byzanlinus Mill. Plialangium algeriense B. R. Briza minor L. Convolvulus ienuissimus Siblli. et Sm. Scabiosa simplex Desf. Galiuni saccliaralum AU. Linaria refleja Desf. Erodium moschatum l'IIer. Scorzonera undulala Wahl. DachjUs glomerata L. Anthyllis Vulneraria L. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 57 ABONDANTS . PARSEMÉS Bromiis madritensis L. Liinodorum aborltvnm L. Trifoliiun agrarium L. Anémone, palmala L. Saxifraga allantica B. R. Logurus oratiis L. nannncnlns biillalm L. Anthoxanthum odoralum L. P/e7-/s aquilina L. Staclujs liirta L. Briza maxima L. Or/jts /Jo^^Za Poiret. Cyclamen ufricaniim Bois, et Melica ciliata L. Reut. TrifoUum Cherleri L. Campanula dichotoma Desf. Ajumi Ira L. ^ Orchis longicornu Poir. Ti-ifolium nigrescens Viv. Liniim angiistifoUnm L. Tetragonolobus bi/lorus Ser. Arum italicum L. Sherardia arvensis L. Ornilhopiis compressns L. Sedum cxvnleum Valli. Pisum elaliiis L. Géranium fioberlianum L. Ophnjs lentfiredinif'era ^^■ilkl. Medieago murex ^^'iIld. Centaurea Tagana Brotero. Eudianlhe cœli rosa FenzI. Enjthrx maritima L. thelippxa Muleli Reut. Calendula arvensis L. Cardamine hirsuta L. Lonas inodora Gœrln. Asplenium Tricliomanes Iluds. Celerach officinarum Willd. ^ir« cupaniana Gussonne. Anagramme leplophylla Link. Cytinus hypocislis L. Silène gallica L. Convoh'ulus cantabrica L. Colchicum aulumnalt L. Iris juncea Desf. Echinops spinosns L. Lamarlda aurea L. Paronychia argenté a Lam. Alraclylis gummifera L. Psoralea biluminosa L. Comme ou le voit, le tapis herbacé comprend un grand nombre de plantes héliophiles ; citons : YAnagallis arvensis, le Chrysanthemum Mycoiiis, \ Asphodelus microcai'pus, le Biscutella lyrata, le Fedia covnu- copiiv, VUrgiiiea maritima, le Feriila communis, VAutki/llis Vuliieraria, VAtractylis gummifera. Les mousses et les hépatiques surtout sont rares; le Cladonia rangiformis est commun sur le sol. Une faible partie des forêts de chêne-liège, reposant sur les terrains anciens, se trouve dans la région du CJiamœrops liumilis L.; on y trouve 58 KTUDE PIIYTOGEOGRAPIIIQUE également VErophaca hxlica Bois. On noie encore cà et là quelques touffes (le palmiers nains et de cette lëgumineuse en dehors des limites que nous avons assignées à leur aire, sur les schistes de la forêt de Bou- Mahni. Il faut attribuer ce fait à l'altitude peu élevée et à la présence de la dépression de Boghni-Drâ-el-Mizan qui, séparant ce massif de la chaîne du Djurjura, en adoucit le climat. Formations nummulitiques (étage des marnes, grès et calcaires à Niiin- imilitcs aturicd, poudingues infranummulitiques, grès des Béni Khal- ioun, poudingues et grès Vie Drà-el-Mizan). — On retrouve sur les grès des Béni Khalfoun une foret dont les chénes-liège rappellent la végéta- lion de ceux des grès de Numidie. Le chêne zéen est assez abondant soit dans les ravins, soit sur les sommets les plus élevés; le chêne | Afarès n'a dans cette région que quelques représentants (au Nord de Thiers); ils marquent la limite extrême de Faire de cette espèce vers l'Ouest \ Il existe çà et là, sur les points les plus élevés, quelques Pista- cia Terebinthus L. La végétation du sous-bois est loin de présenter un aspect aussi luxuriant que celle des arbres; nous attribuons ce fait à ce que les espèces ligneuses qui entrent d'ordinaire dans sa composition, n'allant pas chercher l'humidité à une profondeur aussi grande que ceux-ci, ne peuvent, malgré un sol propice, lutter avec avantage contre un climat déjà plus sec que celui du littoral. 11 faut admettre aussi que la forêt a dû, dans cette région assez cultivée, soufTrir beaucoup plus de la pré- sence de l'homme que dans la région peu habitée des grès de Numidie. Quoi qu'il en soit, le sous-bois est très réduit, le lentisque et le phi- laria existent bien, sur le versant Sud surtout, et l'arbousier dans les dépressions humides, mais ce qui imprime à la forêt son cachet tout spécial, c'est le grand développement de VAmpelodesmos tena.v Yahl. ou diss; il forme dans les stations les plus sèches un tapis à peu près continu; le palmier nain, également abondant, s'élève jusque vers 700 m. Le lentisque ne dépasse guère 800 m. dans la chaîne des Béni Khalfoun, les philaria et même l'arbousier y sont rares au-dessus de cette altitude. Sur le versant Sud apparaît le Cistus polymorphus Villk. abondant; le bord des chemins et les clairières sont couverts à'Hedijsai'uiu capita- tum Desf. 1. Nous avons trouvé à côté de ce bouquet d'Afarès un Qiiercus ntintidica Trab., arbre qui fuit défaut dans toute la Kabylie occidentale; ce fait vient à l'appui de l'opinion de M. le docteur Trabut, qui fait du chêne de Numidie un hybride du Quercus Afares et du Quercus Suber. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 59 A part cet envahissement du diss, la composition du tapis végétal est Fi G. 8. — Forêt de Mizrano. Chônes-liégc avec soiis-lxiis do bruyères el d'arbousiers. sensiblement celle décrite pour les terrains anciens; comme sur ceux-ci, elle varie beaucoup avec l'exposition. fiO KTUDE P II YTO GÉOGRAPHIQUE Sur les grès de I)i'à-el-Mizaii et les gi'ès à NummuUles alurica la végé- lalion est un peu moins vigoureuse; cependant le chène-liège atteint encore 12 et exceptionnellement 15 m. de hauteur. Lorsque, avec le cal- caire, le chêne vert se développe sur ces dernières formations géologi- ques, et surtout sur les poudingues infranummulitiques, le Juiiiperus O.vj/redrus L. fait son apparition avec le Polygala iiicœensis Ris. et le Glohularia Alypum L. Vers 900 m., à l'Est de Mouley-Yaya, on entre dans la région du Quercus Ilex ; les îlots de Quercus Suber que l'on rencontre encore cà et là au-dessus de cette altitude seront décrits avec les asso- ciations du chêne vert. Le chêne -liège est, dans la région des Béni Khalfoun, couvert de mousses et de lichens assez abondants. Nous avons récolté sur le liège comme mousses : llijpnum ciipressi forme L. Leucodon sciuroïdes Sclnvœgr. var. morensis B. E. Lepfodon Smilhii Mobr. Orlhotrichiim Lyelli H. et T. et comme lichens, abondants sur le tronc des arbres : l'snea hirta L. Ramalina calicaris Hoffm., var. Cladonia fimbviala, forme tiihx- E vernia prnnastri Ach. farlnacea. formis lîolTm. Anapbjchia ciliaris Kirrb. Pannelia acclabuhim. Duby. L'Evernie abonde également sur les branches. Oligocène bouïrien et alluvions anciennes. — • La forêt de chêne- liège qui s'étend à l'Ouest de Bouïra, un peu isolée des autres formations de cette essence, repose sur l'oligocène bouïrien et sur les alluvions anciennes du plateau du Hamza. Sa présence sur le premier de ces ter- rains, à rOuest du Djurjura, contraste avec celle des forêts de pins qui occupent la même assise au bas du versant méridional de cette chaîne ; ce fait vient à l'appui de ce que nous avons exposé au début du chapitre au sujet de l'influence des hautes crêtes du Djurjura sur le climat et la végétation de la région qui s'étend à leur pied vers le Sud. Le massif de Quercus Suber qui nous occupe présente aussi de nom- breux Quercus Mirbeckii; il s'étend en effet entre les vallées de deux importants cours d'eau, l'oued Djemàa et l'oued Dous, qui apportent une certaine humidité. Les philarias, le lentisque, l'arbousier, constituent le sous-bois; le diss n'est abondant que sur le versant ouest. Poudingues et grés du cartennien. — 'Ces assises s'étendent o-énéra- DE LX KABYLIE DU DJL'RJURA 61 lement en bandes étroites comprises entre les ibrmalions géologiques dont la végétation vient d'être décrite (terrains anciens, formations nummulitiques) et les marnes miocènes occupées par l'olivier et les buis- sons. G est un substratum sec sur lequel la forêt de chêne-liège est tou- jours claire et le sous-bois peu développé; les espèces herbacées de la région du chêne-liège s'y mêlent avec celles des associations de l'olivier et des buissons; ces dernières sont d'autant plus abondantes que la futaie est moins dense et que l'on se rapproche davantage de la lisière du boisement. Voici les termes les plus fréquents de l'association que présente ce suJjstratum : 1) 0 M I X A N T ! A- B 0 \ n A N T r A n S E M E S Querciis Suber L. (Ustus inonspeliensis L. Cdlycolome spinosa Lam. Pistacia Lenliscus L. Lavandiila Stœchas L. Phillyrea média L. Aspliodelus microcarpus Viv. Galiiim saccharatum Ail. Iris Sisyrinchiiim L. Tetragonolobus bijloriis Ser. Valerianella discoïdea Lois. Anagallis arvensis L. Fntaie : Olea europea L. Sons-bois Zizyphus Lotus L. Daphne Gnidium L. Tnpis herbacé : Bisculellu lyrata L. Arisarum viilgare Targ. Toz. l'ediu cornucopitV L. Bfllis anniia L. Hanunculiis chœrophyllos L. Medicago murex Willd. Chrijsantliemum Myconis L. Tlirincia tuberosa L. Scabiosa simplex Desf. ' Trifolium Cherleri L. Bellis sytvestris L. liomulea Bulbocodium Seb. Maur. L'rospermum Dalechampii Desl'. Seriola alnensis L. Scilla ttutumnalis L. Andryala siuuata L. Campanula dichotoma DesF. Poa bulbosa L. Cratagus monogyna Jacq. Rubus discolor "Weilie. Ericn arborea L. Asparagus albus L. Genista tricuspidala Desf. Opiirys (enihredinifera Villd. Orcliis longicornu Poir. L in aria rr/lexa Des T. Ecliium grandi/îorum Dosf. Scorzonera undulata Valil. Anthyllis lelruphylla L. Ornilhopus compressas L. Trifolium agrarium L. Linum angustifolium L. Pliagnalon saxatile Goss. Lotus edulis L. Picridium rulgare L. Sednm cxruleum V;ilil. Fumuna glutinosa Bois. Convolvulus tenuissimus Sibtli. et S m. Convolvulus cantabrica L. Silène gallica L. Trifolium angustifolium L. ErytJiriea marilima L. Senecio delphinifolius Valil. Il existe, au Nord des Béni Khalfoun, parmi les terrains cultivés, quel- c[ues lambeaux de grès de Numidie; ils sont aujourd'hui sans arbres, et il est impossible de savoir quelle a été leur végétation primitive; on ne C2 !•: 'ï U D E P II Y T 0 G i: 0 G R A P III Q U E rencoiilre la forêt de chêne-liège avec le faciès coiitinenlal, sur ces grès, que dans le sous-district des montagnes kaljyles et les parties avoisi- iiantes du secteur du Tell méridional. La végétation des arbres y est vigoureuse, le Quercus Saher a le même aspect que sur les grès de la région du myrte; le Quercus Mirheckii est souvent mêlé au peuplement, le Quei'cus Afares peut également exister à la limite supérieure de la forêt de chêne-liège. Dans ce cas on rencontre souvent les hybrides appelés par M. le docteur Trabut Quercus numi- dica et Quercus kabïjlica\ surtout dans la région de Tala Kitan (Akfadou). Le Cei'cisus Avium Mœnch. est sporadique; YAlnus giutiiiosa Gœrt. existe dans les bas-fonds. Le sous-bois est pauvre en espèces de grande taille, car le lentisque s'élève peu au-dessus de la limite du myrte, et les phi- larias deviennent rares. L'arbousier est généralement cantonné avec le chêne zéen. Dans le tapis herbacé les espèces de la région du myrte disparaissent peu à peu, à mesure que l'altitude augmente. Nous avons noté sur la crête du Taourirt Iril, station assez sèche, entre 800 et 1.000 mètres : D 0 M I M A X T S A B 0 X n A N •!' S PARSEMES (Jnevcus Siiher. Erica arborea L. (li/lisiis Iri/lorus l'IIer. (Usliis salviafolius L. Telragonolobiis bifloriis Ser. Ampelodesmos (enax Walil. Kryngium tricuspidatuin Desf. Aspliodeliis microcarpus Viv. PiiUcaria odora Reich. Pleris aquilina L. Hijoseris radiata L. Fntaie : Sous-bois : Lavandiila Stœchas L. Genista triciispidala Desf. Genista ulicina Spach. Cisliis monspeliensis L. Fiimana gladnosa Bois. Lianes : Tapis herbacé : nannnculus chfrvopJujUos L. Anlhoxanluni odoralum L. Airu cupaniana Gussonne. Lotus corniculalns L. Enilhraa Cenlaiiriam L. Sa./ifraga atlanlica B. R. Bellis sijlvestris L. Dapline Gnidiuni L. Craf.rgus mnnogyna Jacq. Cali/cotome spiiiosa Laiii. Phillyrea média L. TInjmiis numidiciis Poir. Tliijmus kabyUciis Batt. Rallia peregrina L. Lonicera iinpleua L. Fedia cormicopix L. Géranium hohemiciim Munb. Jiaminculus macrophylUis Desf. Slacliijs liirla L. Linum angustifoliiim L. Ilt/pericum perforalnm L. lianiincuhis blepitaricarpos Batt. 1. Ces arbres ont généralement 12 à 15 m. de hauteur; on cite toutefois un chêne kabyle qui atteint 28 m. de hauteur, et un autre qui a 4", 90 de tour. (H. Lei ebvke et E, Bûuvaist. Amciiageinent des forêts d'Akfaduu, des Béni Gltobri et du Tamgout.) DE LA KABYLIE DU DJURJURA 63 ABONDANTS PARSEMÉS Œnanlhe silaifolia M. Bieb. Scorzonera undiiluta Wa\\\. l'estiica carulescens Desf. Convolnilus Cantabvica L. Carej- gluuca'Slnxr. Iniila viscosa A'\l. Vulpia mijiiriis L. Erodiiim liolnjs Bert. Bellis anima L. Ilelianthemum gnUalum Mill. C.)jdamenafricanumBo\i.Y{e\i\.. Ihjpocltaris radicala L. Enjllii'aa marilima L. Dans les stations plus humides, avec le chêne zéen et Tarbousier appa- raissent le Ruscus Jiypophi/llum L., le Centaurea Tagana Brotero., le Viola odorata L., \q Poly podium vulgare L., \e Delphiiiium pentagynum Desf., et, à mesure que Ton s'approche de la foret de chênes à feuilles caduques, une proportion croissante des espèces que nous énumérerons en étudiant la forêt tropophile. Influence des facteurs biotiques. — L'essence sociale que nous avons indiquée comme étant la plus généralement mêlée au chêne-liège est le chêne zéen; c'est donc cet arbre qui entre le plus souvent en concurrence avec le Quercus Siiber. L'observation montre que, actuel- lement, partout où ces deux espèces sont voisines, le chêne à feuilles caduques prend rapidement l'avantage sur son concurrent, qui, bientôt privé de lumière et d'espace, dépérit rapidement. Tous les forestiers sont d'accord pour faire cette constatation : les uns en concluent que le climat d'Algérie est devenu plus humide, opinion que les observations météorologiques ne confirment pas; les autres admettent que le Quercus Mirbeckii, ayant des glandées plus abondantes que son congénère, se régénère plus facilement que lui dans les forêts incendiées. C'est en effet surtout dans celles-ci que l'envahissement se produit, mais il existe aussi ailleurs. En fait, cette lutte des Quercus Suber et Quercus Mirbeckii est analogue à celle qui se produit en France entre le hêtre et le chêne : le premier, ayant un couvert beaucoup plus épais que le second, parvient toujours à primer quand les conditions édaphiques sont favorables. En Algérie, le démasclaoe du chêne-lièg-e, c'est-à-dire l'enlèvement de l'écorce en vue de la production du liège, en a fait une proie facile pour les incendies; dépouillé de son écorce isolante, le Quercus Suber succombe infaillible- ment sous l'action du feu, et le Quercus Mirbeckii trouve ainsi l'occasion de s'installer sur un terrain devenu inoccupé. Dans les forêts non incendiées, le chêne-liège démasclé se trouve éga- O'i KTUDE PHYTOGÉOGRAPIIIQUE loiiiciil placé, par cel écorçage qui diminue sa vigueur, dans un état d'in- i'éri(jrité pour la lui le; le chêne zéen se développe, au contraire, rapide- ment, grâce à l'humus accumulé de longue date dans la foret de chène- liège. Ayant un couvert assez épais, il supporte facilement un peu d'ombre au début de son existence; il n'en est pas de même pour le Qiiercus Suber, dont le jeune plant ne saurait, dans aucun cas, se développer sous le couvert du chêne zéen'. Peut-être conviendrait-il de faire intervenir les mycorrhizes comme facteurs de celte lutle, ainsi que l'indique J\I. Cl. Roux pour la lutle du hêtre et du sapin-, mais cette étude nous aurait entraîné hors des limites que nous nous étions assignées. En résumé, l'envahissement des forêts de chêne-liège dans les stations les plus humides par le chêne zéen est plus le fait de l'homme qu'un phénomène naturel. Au lieu de voir dans cette substitution une démonstration de la théorie de l'alternance des essences, nous pensons avec M. Schœfl'er^ que la nalure, de même qu'elle met tout en œuvre pour cicatriser une lésion dans un tissu vivant, tend à combler les vides qui résultent d'actions destructrices, et pour ce forestier l'état normal de la forêt, en montagne surtout, est le mélange de plusieurs essences. L'accroissement de l'indice calcimétrique au-dessus de 1 p. 100, quel- quefois moins peut-être, place le chêne-liège dans une condition d'infé- riorité vis-à-vis de ses concurrents, ce qui ne veut pas dire qu'il ne puisse supporter un taux de calcaire plus élevé, car dans un boisement d'origine artificielle nous avons rencontré des chênes-liège d'une vingtaine d'an- nées dans un sol dosant à la surface 11 p. 100 de calcaire; il est vrai qu'à 0™,50 il n'en existait plus que 8 p. 100, mais à cette profondeur les radi- celles étaient déjà nombreuses. C'est là d'ailleurs un fait exceptionnel, et le Quercus Saher ne saurait exister dans de telles conditions sans l'inter- vention de l'homme. Dans l'état naturel des choses, dès que le taux de calcaire s'accroît, le j climat restant chaud, le pin d'Alep apparaît sur les sols légers et secs; l'olivier et les buissons, sur les sols les plus compacts. Si le climat est plus froid, l'olivier et le chêne vert se développent, et ce dernier seul si 1. Eli général, les essences à couvert léger produisent des jeunes plants qui demandent le plein découvert, tandis que les essences à couvert épais ont d.'s plants délicats, c'est-à-dire n'exigeant pas, redoutant même une lumière trop intense au début de leur existence. (Boppe. Traite de sylvicul- ture, p. 71.) 2. Cl. Roux. Le Domaine et la vie du sapin. 3. A. SciiŒFrER. De l'Alternance des essences (Revue des eaux et forêts, t. XLIV, année 1905, p. 659). DE LA KABYLIE DU DJURJURA Humidité Chèn»B à feuilles caduques l'hiver devient de plus en plus rigoureux. Le chêne zéen, bien qu'il puisse supporter le calcaire, apparaît surtout lorsque l'humidité augmente, le sol restant siliceux ou argilo-siliceux et profond. Il est à remarquer que le chêne vert et le pin, s'ils supportent bien le calcaire, n'en ont nullement besoin, et si le chêne-liège ne succombe pas dans la lutte avec ces deux essences, c'est, semble-t-il, parce que le pin craint les sols humides, et parce qu'il est, comme le chêne vert, moins bien armé que le chêne-liège pour résister à l'action des incendies. Ceux- ci, en effet, se sont produits de tout temps soit par le fait de la foudre, soit par celui de l'homme, et l'on peut admettre que le Quercus Siiber n'est qu'une variété du Quercus Ilex, mieux adaptée que ce dernier à la région des hauts sous-bois de bruyère, « dont la combustion rapide pendant les incendies dégage une chaleur intense. Il ne semble pas, en effet, que, si l'étui isolant formé par le liège protège l'ar- bre contre réchauffement en cas d'in- cendie, ce soit en même temps un revêtement d'une grande utilité contre l'évaporation, car l'air est plus humide dans la région du chêne-liège que dans celle du chêne vert; le liège présente d'ailleurs de nombreuses lenticelles qui permettent les échanges avec l'extérieur. Les conditions dans les- quelles s'exerce la concurrence entre le Quercus Suber et les espèces qui caractérisent les formations voisines peuvent être figurées comme nous l'indiquons ci-dessus' (fig. 9). L'augmentation simultanée de chaleur et d'humidité ne se produit pas sous le climat d'Algérie avec une intensité suffisante pour qu'une autre espèce vienne exclure le chêne-liège. De nombreux parasites animaux s'attaquent au chêne-liège-; la plupart d'entre eux n'ont pas sur l'existence des forêts de cette essence une 1. La direction des traits pleins terminés en flèche, par rapport aux deux axes rectangulaires figurés en pointillé, indique comment se produisent les transitions entre les différentes formations végétales. Les variations de température et d'humidité ne sont pas portées sur les deux axes en valeur absolue, mais simplement figurées le long de ceux-ci par des flèches pointillées qui indiquent une augmentation ou une diminution par rapport aux conditions de température et d'humidité constituant un optimum pour le chêne-liège. Lorsque la nature du sol joue un rôle important dans l'apparition d'une formation, elle est mentionnée, entre parenthèses, le long du trait plein correspondant. 2. A. Lamey. Le Chéne-Licge (p. 1G8-201). jr Chênes à feuilles caduque Fig. 9. Gf, KTUDK PIIYTOGKOGRAPIIIQUE influence suffisante pour (Hre cités ici; il est cependant nécessaire de nommer YOciieria clisparL., qui peut dépouiller la futaie de ses feuilles pendant plusieurs années successives sur des surfaces considérables. Les larves de Ceramhyx et celles du Cossus ligniperda Fabr. s'atta- quent au bois; mentionnons aussi le Zenzein pyrina L., récemment indi- qué par ^I. Lesne' comme causant des dégâts importants au chêne-liège en xA-lgérie. D'après M. Lanoir', le Platypus cylindrus Fabr, pourrait éga- lement compromettre des peuplements entiers. Nous ferons remarquer toutefois que les insectes lignivores ne s'attaquent pas aux arbres en bonne santés Le Crematogaster scutellaris Of. , très répandu, perfore uniquement l'écorce. La carie due à divers champignons existe fréquemment; elle est souvent le fait de l'homme. Enfin, M. Henriquet^ a reconnu la présence sur les feuilles du chène-liège, dans les forêts d'Azazga, de divers cham- pignons parasites. Mais c'est certainement l'action de l'homme qui a été la plus funeste à la formation du chêne-liège : sur 1.300 kilomètres carrés que celle-ci devait couvrir primitivement dans la Kabylie du Djurjura, 450 kilomètres carrés, soit un tiers environ de la surface primitive, subsistent encore aujourd'hui à l'état de forêts; le surplus est devenu maquis, pâtures ou terrains cultivés. Les cultures n'ont pas succédé au chêne -liège avec une importance égale sur tous les sols; les grès de Numidie, qui donnent un substratum froid uniquement siliceux et parsemé de rochers, ont été laissés en grande partie à la forêt ou tout au moins au maquis; il en est de même pour les grès des Béni Khalfoun, mais le défrichement a été plus intense sur les autres formations nummulitiques, sur les parties les moins rocheuses des grès du medjanien, du dellysien et du cartennien, et surtout sur les terrains anciens. Les schistes et les micaschistes sont aujourd'hui couverts de plantations considérables de figuiers et de vergers d'oliviers. Les formations crétacées présentent également des cultures arbustives et des champs de céréales, mais surtout des maquis 1. p. Lesne. Sur un Lépidoptère liétérocère nuisible au chêne- liège en Algérie (Comptes rendus Acad. des Sciences, 2 mars 1908). 2. Rei-ue des eaux et forêts, t. XLII, année 1903, p. 355. 3. C'est du moins l'avis d'Edouard Perris, qui a beaucoup observé les larves xylophages [Les Insectes du pin maritime, Ann. Soc. entoni. de France, 22 octobre 1851; Les Larves des coléoptères, 1877). L'en- lèvement industriel de l'écorce peut cependant placer temporairement le chène-lièg'e dans de mau- vaises conditions pour la résistance aux attaques des insectes. 4. Revue des eaux et forêts, t. X.X.WIII, année 1899, p. 83. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 67 et des pâtures. Les cultures de céréales, quelquefois la vigne, occupent les alluvions. Le défrichement brusque par le fer n'est cependant pas le plus fré- quent; la forêt n'est généralement détruite que progressivement par l'action combinée de l'homme et des troupeaux. L'homme s'empare des arbres pour ses besoins, la dent des troupeaux s'oppose à la régénération naturelle des peuplements, et la forêt fait peu à peu place au maquis; la bruyère subsisterait longtemps sans doute, mais l'incendie vient hâter sa destruction; le sol se tasse sous l'action du bétail, et finalement il n'est plus couvert que d'une courte végétation her- bacée. 11 suffit d'ailleurs d'observer la flore en s'éloignant de la forêt pour constater l'existence de zones successives présentant un état de dégra- dation de plus en plus avancé. Leur faciès varie avec le climat et les ter- rains, mais toujours l'arbousier disparait des premiers de l'association; nous citerons quelques exemples. Dans la forêt des grès de \umidie, en terrain humide, on rencontre tout d'abord^ en quittant la forêt, une association où domine le Cytisus triflo- riis riier., V Erica arborea L., le Cratœgus monogyua Jacq., le Rubus (Uscolor Weilie., le Centaurea Tagcina Brot., \ Eryngium tricuspidatum Desf., le Piilicaria odora Reich. ; quelquefois même le Ficaria calthœfolia L. existe encore çà et là avec les graminées déjà citées dans la descrip- tion de la forêt de chêne- liège. Plus loin, le Cistus moiispeliensis L. acquiert de l'importance avec le Lavandula Stœchas L., le Calycotoine spinosa Lam., le Daphiie Gnidiu/ii L., le Genista tricuspidata Desf. ; parmi les espèces herbacées abondent le Bellis aunua L., le Romiilœa Bulboco- diuin Sob. et ^Maur., V Asphodelus microcarpus Viv., Vliiula viscosa Ait., le Scilla aiitumnaUs L., le Narcissus serotiiias L. et VArisaruni bulgare Targ. Toz., avec çà et là des tapis de Pteris aquilina L. Si le sol est plus sec, le myrte n'existe déjà plus sous les chênes-lièges au bord de la forêt, la bruyère y forme seule le sous-bois avec quelques cistes et daphnés; en dehors de la futaie, \ Erica arborea L. existe encore en toufles basses, mais Jjientôt on ne voit plus que quelques lavandes avec des calycotomes et des asphodèles, puis un gramen courtement tondu. Les crêtes déboisées sont généralement couvertes d'un tapis épais iV Ampelodesmos teiia.r ^"ahl. Sur les grès du dellysien, dans la région du palmier nain, l'association qui succède à la forêt présente surtout les espèces suivantes : C8 I) 0 M I X A N T S ETUDE r 1 1 Y T 0 G !•: O G R A P 1 1 1 Q U E A II ON I) ANTS l' A n S E M K S (Us las mons])cUensis L. Chamurops humilis L. IHslacia Lentiscus L. Amplodesmos tenax VaLl. Erophaca b.rlica Boiss. Asphodelus microcarpiis Viv, Espèces ligneuses: Erica arbovea L. Calijcolome spinosa Lam. Espèces herbacées : Bellis anniia L. Fedin cornncopi.c L. Biscutella hjrala L. Raniinciilus chœrophyllos L. Philhjrea média L. Lavnndula Slrvchas L. (ienisla ferox l'oiret. Cislus salviii foliiis L. Cynoglossum pictiim Aïton. (ieranium Hobcrlianum L. Iris sisynjncliiiim L., etc. Sur le sol plus argileux provenant de la décomposition des schistes on trouve en outre abondants sur l'emplacement de la forêt détruite : le Convolvidus tricolor L., le Chlora grancUflora Viv., YAiithyllis Vulneraria L., le Stachys liirta L., le Pallenis spinosa Cass., VEchiam grandiflorum Desf., le Chrysanthemum Myconis L., le Thrincia tuberosa L., VAjuga Iva L. et le Ranunculiis hullatus L. L'incendie parcourt fréquemment la forêt sans la détruire, mais il y amène pour un certain temps une végétation à faciès plus xérothermique : le Clstas salviœfolias L. est remplacé par le Clstas inoiispelieiisis L., plus héliophile; VArbutus Uiicdo L. fait en partie place au Pistacia Lentiscus L.; VAmpelodesmos tenax YvAû. se développe abondamment aux exposi- tions chaudes. Souvent aussi l'homme, croyant améliorer la futaie, détruit le sous-bois; s'il n'arrache qu'en partie les souches des espèces arbustives, celui-ci se reforme assez rapidement; pendant quelques années seulement le Pla~ gins virgatus D. C, les cistes et les graminées se développent en abon- dance; mais si l'extraction de l'arbousier, des philarias, du myrte, etc., est complète, le Cistus salviœfolius L. s'installe sous la futaie épaisse, le Cistus monspeliensis partout ailleurs; la végétation prend sur ces der- niers points un aspect des plus xérothermiques, et le peuplement de chêne-liège se trouve placé dans des conditions Ijiologiques des plus défavorables. Les labours pratiqués sous la futaie lui sont également nuisibles. Nous aurions voulu étudier la succession des étapes suivies par la végétation pour la reconstitution naturelle de la forêt détruite, mais les champs d'observations nous ont manqué; nous avons constaté toutefois que dans les stations humides c'est le Ptcris aquilina L. qui reparaît le premier sur le sol abandonné par la charrue; dans les stations sèches, DE LA KABYLIE DU DJUR.IURA 69 le Cisfiis nwiispelieusis et le Calycotome spiiiosa Lam. forment assez rapidement un tapis complet, mais le retour de la forêt semble devoir être beaucoup plus long. RÉSUMÉ. — La forêt de Quercus Siiher présente généralement sous son couvert léger un sous-bois élevé de composition complexe où dominent V Erica arhorea L. et divers arbrisseaux à feuilles persistantes. La végé- tation herbacée n'est bien développée que dans les clairières. Les régions de la Kabylie où cette essence prospère présentent : 1" Une température moyenne annuelle variant entre 14" et 11'* environ ; les minimas extrêmes n'y dépassent pas — 5". Le chène-liège parait capa- ble de supporter des températures sensiblement plus basses; mais les neiges abondantes des zones froides causent un grand préjudice à sa cime. 2" Une laine d'eau annuelle variant de 0'",80 à 1 mètre et une humidité relative moyenne de l'atmosphère peu inférieure à 60 p. 100 pendant le mois le plus sec. On admet généralement que le minimum de pluie néces- saire est de 0'",60 par an, mais ce minimum paraît devoir varier suivant les conditions d'humidité de l'atmosphère. Cette (juantité serait peut-être insuffisante en montagne, oîi l'air est très sec en été, malgré des pluies a])ondantes au printemps et en automne. 3" Un sol siliceux, à la rigueur argilo-siUceu.r, un peu humide et assez profond, mais non mouilleux. CHAPITRE II LES FORÊTS DE CHÊNE VERT [Querctis II ex L.) Influence des facteurs climatiques et du relief du sol. — Le chêne vert trouve partout dans le district kabyle les conditions climatiques nécessaires à son existence; l'accroissement de l'altitude lui est favorable jusqu'aux limites du domaine des hautes montagnes atlantiques. On le rencontre encore dans ce dernier à l'état disséminé jusqu'à 1.600 mètres sur le versant nord et jusqu'à 1.700 mètres aux expositions plus chaudes. Dans le district bouïrien le Quercus Ile.r, comme le Quercus Suher, ne s'accommode pas du climat sec de la partie inférieure du versant méridio- nal du Djurjura. 11 n'apparaît dans cette région que vers 700 mètres et n'y constitue souvent la forêt qu'à partir de 800 mètres*, du moins au pied des crêtes atteignant 2.000 mètres; car, dès que, vers l'Est, celles-ci descen- dent à 1.800 mètres, le chêne vert, moins exigeant que le chêne-liège, peut s'installer jusqu'aux phis basses altitudes du district. Vers l'Ouest, l'abais- sement plus brusque de la chaîne et le changement de Ta nature du subs- tratum ne permettent pas de faire des constatations aussi précises. La région des forêts de pin d'Alep voisine de Bouïra est donc la seule qui, jusqu'à Faltitude approximative de 700 mètres, présente un climat défavorable au Quercus Ile.r. Influence de la nature du sol. — Le chêne vert, s'accommodant des sols les plus siliceux comme des plus calcaires, peut exister sur la plupart 1. La température moyenne annuelle à cette altitude est, en se basant sur la station d'Auniale et en suivant le mode de calcul précédemment adopté, de 13°,7 + 0,6=:14°,3, température égale à celle obte- nue pour la limite entre la forêt de cbène-liègc et celle du chêne vert sur le versant Kord du Djurjura. D après la station de Fort-National, la température moyenne annuelle serait, à 1.400 m., de 10°,1, et à 1.600 m. de8»,9. ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE DE LA KABYLIE DU DJURJURA 71 (les formations géologiques; toutefois les argiles et les marnes compactes semblent l'exclure; on ne le trouve pas sur les assises tertiaires qui pré- sentent ce caractère. Il est à remarquer cependant que cette essence existe quelquefois dans le sous-district des montagnes kabyles sur des sols argileux intercalés d'une rocbe plus dure, tels que ceux du numidien inférieur, qu'elle ne peuple pas sur le littoral, sans doute parce que la sai- son sèche est de moindre durée dans la région montagneuse. Nous devons ajouter, par anticipation, que les facteurs biotiques l'excluent de plusieurs autres formations géologiques; tels sont : les grès des Béni Khalfoun, entièrement occupés par les chênes-liège, les liparites, les andésites et les sables rouges du pliocène, qui constituent des îlots complètement isoh'S au milieu d'une région où le Qiiercus Ilex fait défaut. Les bandes de grès cartennien qui entourent les grandes dépressions du district kabyle ne se trouvent pas non plus à proximité de la région du chêne vert, sauf sur la bordure nord du massif kabyle; ils y sont occupés par l'olivier, et il est fort difficile de préjuger de leur état primitif. On rencontre donc le chêne vert sur : Les alluvions. Les calcaires sénonions. L'oligocène bouïrien et dollysicn. Les argiles schisteuses et qiiartzites de l'infracré- Les grès de Numidic et exceptionnellement sur le tacé. numidien inférieur. Les calcaires du lias. Les ai'giles schisteuses et grès du medjanien. Les 'grès rouges (permien) et schistes argileux Les poudingues et grès do Drà el Mizan. (carbonifère). Les calcaires à nummulites. Les phyllades, schistes argileux et conglomérats. Les marnes, grès et calcaires à Nummulites alu- Los micaschistes, gneiss, granulites gneissiques, rica. schistes micacés et calcaires cristallins. Les argiles et quartzites du danien. Le chêne vert existe dans les micaschistes, gneiss, granulites gneissi- ques et schistes micacés chaque fois que le climat en exclut le chêne- liège, c'est-à-dire dans presque tout le massif kabyle; nous avons vu d'au- tre part que la présence d'affleurements de calcaires cristallins au milieu des terrains anciens pouvait provoquer l'apparition du chêne vert dans la zone du chêne-liège. Le Quercus Ilex occupe également les phyllades et schistes argileux des contreforts du Djurjura, ne laissant à l'olivier seul que ceux de ces terrains qui sont situés sous un climat plus doux. Les associations de ce chêne s'étendent sur la partie des grès permiens et schistes carbonifères située en dehors du domaine des hautes monta- gnes atlantiques. Il en est de même pour les calcaires du lias, sauf dans la région chaude du littoral à l'Ouest de Bougie. Le chêne vert se dispute 72 ÉTUDE PIIYTOGKOGRAPIIIQUE avec rdivier la partie non occupée par le cliéne-liège do l'albien-aptien, (lu (lanien, du medjanien, de l'étage à NunimuUtes aliirlca, des grès de Drà-el-^li/.an et du dellysien. D'une façon gv'nérale, le Querciis Ile.r occupe les parties les plus froides, VOlea europii'a les plus chaudes. Lorsque le chêne vert s'abaisse au-dessous de 900 m. ou 1.000 m., l'olivier se mélange avec lui en proportion d'autant plus grande que le climat est plus chaud, sauf cependant sur les calcaires du lias, où l'olivier demeure peu répandu. Sur le sénonien et le bouïrien, quelquefois même sur l'infracrétacé, c'est le pin d'Alep, plus ou moins mêlé à l'olivier, qui fait suite au chêne vert dans les régions les plus chaudes; ces exceptions sont dues non aux for- mations géologiques elles-mêmes, mais aux conditions topographiques (|ui font régner un climat différent de celui du surplus de la Kabylie. Lo chêne vert occupe dans le district bouïrien les grès de Numidie, qui constituent des régions trop élevées pour le chêne-liège et trop sèches . pour les chênes à feuilles caduques. On le rencontre sur le numidien inférieur plus ou moins couvert d'éboulis des grès de Numidie dans la haute vallée du Sébaou et sur quelques points de la montagne, ainsi que nous venons de l'indiquer. Enfin, les alluvions anciennes du plateau du Ilam/a, près de Bouïra, sont peuplées de chêne vert quand elles ne sont pas propices au chêne- liège; le Quercus Ilex l'emporte complètement ici sur l'olivier, sans doute à cause des hivers qui sont assez froids sur ce plateau par suite de son altitude supérieure à 500 m. et de sa situation au pied des hautes cimes du Djurjura. Les associations du chêne-vert et leur physionomie. — Le chêne vert n'occupe pas seulement la basse montagne comme le chêne-liège, ni surtout les plaines et les vallées comme l'olivier, la région couverte par cette formation doit donc être désignée sous le nom de zone. La zone du chêne vert peut, d'après ce qui vient d'être exposé, se sub- diviser en deux horizons : un horizon supéi-ieur ou du Quercus Ilex; un horizon inférieur ou du Quercus Ilex et de VOlea europiva. La courbe de niveau qui sépare les <\e\\\ horizons est celle de 900 ou de 950 m. sur les versants Nord, de LOOO m. aux expositions chaudes. Dans les régions à hiver rigoureux, surtout dans le massif kabyle, il arrive fréquemment ■que le chêne vert ne se mélange d'une proportion notable d'olivier qu'à des altitudes plus basses. L'horizon inférieur est actuellement un pays agricole; l'homme a pro- DE LA KABYLIE DU DJURJURA 73 tégé VOlea curopœa, planté des figuiers et souvent détruit le cliène en grande partie; bien rarement le développement des vergers et des cul- tures a laissé persister la végétation spontanée; on peut encore observer (•à et là les espèces qui constituaient la végétation primitive, mais il n'est pas possible d'en reconstituer l'arrangement naturel. Déjà en 1871 Letour- neux constatait que cette région n'ollre au naturaliste que des récoltes peu abondantes'. Dans le voisinage du littoral, c'est-à-dire dans la région de Djeblaâ, entre le Taourirt Iril et le cap Sigli, on rencontre fréquemment le Quer- cus coccifera L. Cette espèce lait défaut dans le surplus de l'horizon infé- rieur du chêne vert, qui est caractérisé par l'abondance de Fra.xinus oxy- phijlla Bieb.; on ne saurait toutefois subdiviser cet horizon en deux sous-horizons basés sur cette caractéristique, car le Qiiercus coccifera s'élève jusqu'à 700 m. sur le versant Nord du Taourirt Iril, tandis que la région du chêne vert et de l'olivier descend souvent jusqu'à 200 m. dans la partie supérieure de la vallée du Sébaou où le chêne kermès fait défaut; il n'y a donc pas superposition des deux régions. On peut seulement dis- tinguer deux faciès, comme nous l'avons fait pour les associations du chène-liège, suivant que l'on y rencontre ou non le Myrtus communis. Vassociatioii du chêne vert, de l'olivier et du chêne kermès occupe le lias, le sénonien, le medjanien et surtout l'infracrétacé; toutefois une grande partie du lias, constituant l'Arbalou, se trouve dans l'horizon supé- rieur, et une partie du sénonien fait partie de la région du pin d'Alep. C'est l'olivier qui domine actuellement, à l'état de vieux arbres de ver- ger ; le chêne vert demeure çà et là par gros arbres isolés, conservés uni- quement parce qu'ils donnent des glands comestibles ; le chêne kermès existe à l'état de buissons, soit sur les crêtes que l'on ne peut cultiver, soit au bord des ravins ; quelquefois cependant il croit en arbre et peut atteindre 1",20 de tour et 7 à 8 m. de hauteur. Le pin d'Alep occupe généralement les marnes grises qui constituent çà et là des petits versants dégradés ou des berges abruptes. Il nous a semblé que ces stations ne lui étaient pas réservées uniquement à cause de leur sécheresse, mais aussi par suite de la facilité avec laquelle une espèce à semences légères et ailées peut s'installer naturellement dans de telles conditions. Au contraire, les glands qui tombent sur ces pentes escarpées roulent infailliblement jusqu'au bas du versant. 1. Letourneux. Etude botanique sur la KabyJle du Djurjura, p. 8. 74 ÉTUDE PIIYTOGKOGRAPIIIQUE Le pin se propage souvent aux abords de ces stations par petits bou- (|uets et par pieds isolés; ce fait s'explique encore par la facilité de dis- sémination de ses graines, mais il se présenterait sans doute moins fréquemment si la destruction de la végétation primitive n'avait facilité son extension. IjWlnus gliilinosa Gœrtn. croît au bord des ravins les plus impor- tants. On trouve encore çà et là quelques buissons et des plantes frutescentes ou grimpantes : Pistacia Lentisciis L. Erica arhorea L. C.istus monspeliensis L. Calycotome spinosn Lam. Philhjvea latifolia L. Philbjrea média L. Lavandula Stœchns L. C le ma lis flammulu L. Le Juiiipcrus O.ri/cedrus L. est rare, YOsyris alba L. confiné dans les thalwegs. Le Rétama spherocarpa Bois, se montre souvent sur les con- fins du secteur du Tell méridional. Parmi les plantes herbacées, les mauvaises herbes des cultures domi- nent; on rencontre les mêmes espèces que dans la formation de l'olivier. Mentionnons seulement comme abondants le Tolpis umhellata Bert. et le Chlora grandiflora Viv. Sur les calcaires sénoniens le chêne vert a été moins détruit; la proxi- mité de la région des pins et un indice calcimétrique élevé amènent quelques nouvelles espèces ligneuses ; nous avons rencontré au pied de l'Arbalou, sur le versant Ouest, avec le chêne vert, l'olivier et le chêne kermès : D 0 -M I N A N T S ABONDANTS PARSEMES Pistacia Lenlisciis L. Calycotome spinosa Lam. CÀstiis monspeliensis L. Genista tricuspidata Desf. Daphne Gnidium L. Cisliis albidus L. Rliamniis oleoïdes L. Spai'tiiimjiinceiim L. Jiiniperiis Oxijcedrns L. Juniperus pliœnicea L. Cvatxgus monogijna .lacq. Riibiis discolor\\eil\c. Anagijris fœlida L. Putoria calabrica Pers. Les espèces herbacées demeurent rares sur cette roche dysgéogène' ; le 1. Thur.viann a appelé dijsgéogènes les roches qui résistent énergiquement à la décomposition (cal- caires, basaltes, etc.); elles se laissent imbiber difficilement. Les roches qui se désagrègent facile - ment sont dites eugëogènes (sables, grès, granités, argiles); elles absorbent l)ien l'eau, donnent un sol meuble et profond {Essai de pliytoslatique appliquée à la chaiac du Jura et aux contrées voisines, Berne, 18'i9}. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 75 Fedia cornucopiie L., le Dellis aiiiiua L., le Chlora grandi flov a Viv., domi- nent avec le Vincetoxicum officinale ^lœnch., le Phloniis Bovei de Noë, VArisarum vulgare Targ., Toz., VAmpelodesmos tenax Yalil. On rencontre le chêne vert par bouquets sur quelques points de la chaîne littorale, mais sans le chêne kermès; il existe sur le medjanien au Sud de Port-Gueydon, par petits îlots sur le crétacé au Nord du vSébaou, et même exceptionnellement au-dessus de 800 m. sur les grès de Numi- die; enfin il occupe une bande de poudingues du dellysien au Nord de Tizi-Ouzou, sur une crête qui s'élève à 870 m. Nous avons déjà mentionné, au sujet des forêts de chêne-liège de la chaîne des Béni Khalfoun, l'existence du chêne vert sur le calcaire du lias, sur l'étage à Nummulites aturica, et surtout sur les poudingues supranum- mulitiques; ajoutons que l'humidité des gorges de Palestro amène dans cette station quelques plantes spéciales ou habitant généralement des sta- tions plus élevées, telles que le Saxifraga globulifera Desf., le Géranium atlanticum B. R., le Scolopendrium Heniionilis L., plante assez rare en Algérie. Le Juniperiis phœnicea L. se montre çà et là; le Chamœrops huniilis L. et VHedijsaruni capitatuni Desf., plantes des régions chaudes, sont abondants; VAntirrhinuni majus L., répandu dans les calcaires du district algérois, croît çà et là avec le Phlomis Bovei de Noë et de nom- breuses plantes de la région de l'olivier. Mais la formation du chêne vert et de Volivier est surtout développée dans le massif ancien et aux abords du Djurjura. Les contreforts de la région de Fort -National ne constituent plus aujourd'hui, dans l'horizon inférieur du chêne vert, qu'un immense ver- ger d'olivier, parsemé de vieux chênes verts, de micocouliers et surtout de o-rands frênes croissant vig-oureusement dont le feuillao-e fournit aux o o o habitants une réserve fourragère. UUlinus canipestj'is L. et YAlnus gliitinosa Gœrt. existent dans les ravins. Les pins sont localisés sur les pentes sèches les plus abruptes, généralement aux expositions chaudes. Le chêne-liège existe à ces mêmes expositions aux altitudes peu éle- vées; son apparition entraîne dans l'association des modifications assez importantes. Le lentisque s'élève jusqu'à 700, quelquefois 800 mètres. Cette association du chêne vert, de l'olivier et du frêne peut, dans son état actuel, être résumée ainsi: 76 DOMINA N T S ]•; T U D E P II Y T O G K O G R A P III Q U E A B 0 N ]) A N T S PARSEMES Olea europcvu L. Arbres : Fra.rinus oxijpltuUa Bicb. Quejxus Ilex L. Arbrisseaux, sous-arbrisseaux et plantes Cisliis monspcliensis L. fiosa sempervircns L. Lavandnhi Slœchas L. AnagalUs avvcnsis L. Chrijsanlhemum Myconis L. Bj-omus modritensis L. Galactites tomentosa M(pncli. Chlora grandiflora Viv. Bviza majcima L. Campaniila dicJio/oma Desf. \'iilpia geniculala L. Cratagus monogyna .]ac([. (lalycotome spinosa Lam. Pistacia Lenliscas L. (jcnista tricuspidata Desf. Lonicera eti'iisca Sanli. Vitis vinifera L. Plantes herbacées : Eudianthe cœlirosa Fenzl. v; aspera. Daclylis glomevata L. Selaginella deiiticiilala K. Liniim corymbiferum Desf. Andryala sinnata L. Tolpis iiinOellata Bert. Campaniila liapuncuhis !>. (lardiius pycnocephahis L. Cerinllie aspera Rotli. Lagurus o va lus L. Convoi riilas allhœoïdes L. Pislorinia Salzniani Bois. Hyoseris radiala L. Convolvulus Cantabrica L. Meniha Piilegiiim L. Silène inflata L. Trifoliuni agrarium L. Plagias virgalus D. G. Saxifraga atlanlica B. R. Beilis sylveslris L. lianunculus chœrophyllos L. Daucus Carota L. Mevendeva fUifolia Camb. Nepeta miiUibracleala Desf. Galiuin iiinelaniini L. Erijlluwa Cenlaiiriuni L. Origaniim glandulosuni Desf. Sinapis pubescens L. i^ort biilbosa L. Mulva nica-ensis Ail. Arisai'iim viilgareTuvg. Toz. Ilypericum perforaliim L. Malva sylveslris L. (^,>//iS aiislralis L. L'iniiis campcslris L. Alniis glulinosa Gœrln. Piniis halepcnsis Mil. grimpantes : Rnbus discoloi- Weilie. (Usliis salvia folius L. Daphne (jnidiiim L, C.ylisus Iri/loras l'Her. Uubia peregrina L. Clemalis flammiila L. Asparagus acnlifolius L. Prunus insilitid L. (Uenialis cirrhosa L. Bryonia diolca L. Smilax aspera L. //îzzZfl viscosa Ait. Scdum cœruleum Valil. Anarrhinuin pedalum Desf. Pallenis spinosa Goss. Paronychiu argentea Lam. Phagnalon saxalile Coss. Lamarliia aiirea L. Achillxa ligustica AU. PI a nia go major L. lianunculus riipeslris Guss. Liipinus angustifoliiis L. Emex spinosus Campdera. MelandriummacrocarpumB. R. Lacliica viniinea Bail. C.enlaurea calcilrapa L. Microlonchus salnianlicus D. G. Malva parviflora L. Kenlrophyllum lanalum D. G. Slierardia arvensis L. Ecliinops spinosus L. Psoralea biluniinosa L. Cirsium echiualum Desf. r/t'/« aUissiina Desf. Pliloinis crinila Gav. lOsyris alba L. lledera llelix L. lAs/j/eRiH/u Trichomanes IIucls. w^c^ez-flc/i o/ficinarum Wild. jÀsplenium aculivn Bory. \L'mbilicus vulgaris Bail. ICxilystegia sapium L. JMenlIia rolundifolia L. Tracheliuni cirruleum L. \.-lrfm//H?s mollis DE LA KABYLIE DU D.IUR.IURA 77 Le Samhuciis nigra L., le Lycliun curopœam L., sont fréquents près des villages. Avec le chène-liège apparaissent clans les stations humides et peu éle- vées, en particulier dans la vallée de Foued Aïssi, VArbatns Uiiedo L., le Pliillyrea latifolia L., YErica arborea L., et même le Myrtus conimuiiis L. \JEi-ytJirœa Centaurium L,, VEryngiuin triciispidatum Desf., le Scahiosa simplex Desf., sont abondants. Sur les poudingues et grès de Drâ-el-Mizan, aussi défrichés que les ter- rains anciens, on trouve le Phlomis Bovei de Noë, en abondance ; le Spar- tiini juuceuni L. se montre çà et là. Sur les calcaires nummulitiques les érables [Acer obtusatum Villd. et surtout Acer campestre L.) apparaissent au bord des chemins et des ruisseaux. Les autres régions géologiques, peu étendues, où Ton rencontre le chêne vert et l'olivier, sur les versants du Djurjura, sont également cul- tivées ; il est intéressant toutefois de noter que le lentisque atteint 900 m. sur le versant Sud de cette chaîne, he^ Pliillyrea et YErica arboreay sont plus répandus que sur le versant Nord; on y rencontre exceptionnelle- ment le palmier nain jusqu'à LOOO mètres. Vers l'Est, le Rétama sphero- carpa Bois, existe à l'état disséminé. Aux environs de Bouïra nous avons noté les IleliantJienium vii'gatum Pers. et i-ubellum Pers. Horizon supérieur. — Le chêne vert occupe indistinctement tous les sols existant sur les deux versants du Djurjura entre la limite supérieure de l'olivier et la limite inférieure du cèdre. Le pin et les autres arbres non résineux toujours verts autres que le Quercus llex sont éliminés par le climat. Nous aurons à rechercher les causes de l'absence des chênes à feuilles caduques. La forêt n'a pas également persisté sur tous les sols ; sur le versant nord on retrouve la futaie de chêne vert sur les poudingues et grès de Drâ- el-Mizan, à l'extrémité occidentale de la chaîne, et sur l'étage à Nunimu- lites aturica à Ait Ouabane. Les terrains cristallophylliens et primaires ne présentent plus que des lambeaux de forêt; ce sont le plus souvent des taillis dégradés, isolés au milieu des cultures et des plantations de figuiers. Les terrains liasiques, les calcaires nummulitiques, le numidien, ne portent que quelques arbres disséminés dans les pâtures. Les associations que l'on rencontre sur les poudingues et grès de Drà- el-Mizan et sur l'étage à Nummulites aturica sont analogues; ces deux sols sont, dans cette région, siliceux dans l'ensemble, mais présentent, disse- 78 ETUDE PIIYTOGEOGRAPIIIQUE minés dans la niasse, des éléments calcaires qui provoquent un enrichis- sement de la flore. Elles tiennent donc le milieu entre celles que l'on rencontre d'une part sur les terrains anciens, les schistes carbonifères, les grès permiens, les grès de Numidie, qui donnent des sols siliceux, d'autre part sur les cal- caires du lias et les calcaires nummulitiques. Nous donnerons comme type l'association du Qiiercus Ilex sur les poudingues et grès de Drâ-el-Mizan, puisque la vieille futaie y subsiste (|uelquefois encore. Le chêne vert atteint facilement dans cette station une dizaine de mètres de hauteur et une circonférence de 2 m. ; il lui faut environ 150 ans pour avoir ces dimensions. Exceptionnellement on trouve des arbres de 12 à 14 m. de hauteur et de 3 et 4 m. de circonfé- rence. Le couvert de ce chêne est plus épais que celui du Quercus Siiber. La forêt est dégradée par le pâturage; et bien que les espèces médi- terranéennes donnant un haut sous-bois aient disparu à cette altitude, il n'est pas douteux que le Cistiis saU'iœfolius L. et le Cijtisus triflorus THer., actuellement réduits à des touftes isolées de 0"\50 à 0™,80 de hauteur, constituaient, dans la forêt primitive, sinon un sous-bois épais, du moins un tapis plus continu. U Ampelodesnws tcnax Vahl. s'est, par contre, répandu. Le Galactites tomentosa Mœnch., le Carduus pijcnocepJialiis L., le Jiorago officiiialis L., VAncJiusa ilalica Retz., dont les graines ont sans doute été colportées par les troupeaux, se rencontrent jusqu'à 1..500 m., le Cichoriiim Iiitijbus L. et le Chlora graiidiflora Viv. jusqu'à 1.200 m. environ. Nous résumerons ainsi l'état actuel de cette association : DOMINA N T S Quercus Ilex L. Calycotome spinosa Lam. (jenisla Iricuspidala Desf. Cislus salviccfoluis L. Thymus linbylicus Balt. Thymus numidicus Poir. Ampelodesmos tenax Yahi. Pleris arjuilina L. Plagias virgalus D. C. ABONDANTS Futaie : Soiis-boi)^ : Daphne Gnidium L. Jniiipeius Oxycedrus L. Cylisus tri/lorus l'IIer. PARSEMES Cralœgas monogyna Jacq. Rubus discolor Weilie. Fumana glulinosa Boiss. Lavandula Slœchas L. Tapis lierbacé : Calaminlha (lllnopodium Bentli. Shernrdin arvcnsis L. EudianUie cœli rosa FenzI., var. Daacns Carota L. aspera. Géranium lucidum L. DOMINANTS DE LA KABYLIE DU D.IURJURA 79 A n 0 N D A N T s PARSEMÉS Selaginella denticulala K. Plilomis Boveide Noë. Origanum glandulosiim Desf. Linum coiymbifevum Desf. Andryala sinuala L. Sajcifraga globiiUfera Desf. Anlhemis kahylica Balt. (ialiiim ellipliciim Willd. Campanula Rapunciiliis L. Culananche crrnlea L. Galinin lunelanum L. Aspleniiim aciitum Bory. Laguriis ovalns L. DuctijUs glomerata L. Microloncliussalmaiiticus D. C. Vincetoxicum officinale Mœncli. Pistorinia Salzmani Bois., var. rubella. Erylhrxa Centaurium L. Vicia saliva L. Umbilicus viilgaris Balt. Ranunculiis charophyllos L. Fedia Caput bovis Pom. Teiicrium Poliiim L. Priza mujima L. Asperula hirsuta Desf. Erisymum grandifloriim Desf. Ornilhogallum iimbeUatiim L. Anthyllis Vulneraria L. Poa biilbosa L. Myosotis hispida Sclil. Linaria heterophylla Sehousb. Reseda alba L. Lotus corniculatus L. Anagallis arvensis L. Cyclamen a f?-icanum B. R. (leranium matv;c/loi'uni B. R. Inula viscosa Ait. Aspleniiim Trichomanes Iluds. Trifoliiini pralense L. Ophrys tentliredinifera Villd. ilirsinni Casabon.x D. C. Sednni cœruleani Valil. Galactites lomenlosa Mœncli. Silène Gallica L. Ficaria callh.rfolia L. (lentaurea piillala L. F>ianthus libiirnicus Brot. Senecio leiicanthemifolius Poir. Lactuca inlricata Pom. Teiicriuni habyliciim Batt. Chlora grandijlora Viv. Cardans pycnocep/ialus L. Dianthus longicautis Tenore. Eclnnops spinosiis L. Porago ofjicinalis L. Ancliusa italica Retz. Sinapis pubescens L. Conrolculus mauritaniens Bois. Ceterach officinarum Villd. Phalanginm algeriense B. R. Dianthella compressa Cl. Tnlipa celsiana Red. Lotus collinus ]\Iurb. Poteriam Magnolii Spach. Lactuca scariola L. Laminm flexuosum l'en. L'abondance du Leucodon sciuroïdes Schwœgr. sur les arbres est à noter. Ajoutons à cette liste VAtropa Belladotia L., que Ton rencontre excep- tionnellement dans les stations humides. Le Cistus monspeliensis L. fait défaut. Çà et là, aux expositions Sud-Ouest ou sur les crêtes secondaires bien ensoleillées, apparaît encore le Qiierciis Siiber mêlé au Quercus Ilex, ou même formant seul quelques bouquets jusqu'à l'altitude extrême de 1.200 m. Le chêne-liège n'est plus ici accompagné ni par VArbiitus Uiiedo L., ni par le Pistacia Lentisciis L., mais le Lavaiidula Stœchas L., peu commun avec le chêne vert dans cet horizon sur le versant nord, devient abondant dès qu'apparaît le chêne-liège. 80 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPHIQUE Les forêts qui couvraient jadis les terrains anciens étaient sans doute, d'après les débris qui subsistent, assez semblables à celle que nous ve- nons de décrire; le sous-bois devait comprendre de plus quelques Cijtlsiis candicans D. G. et Janiperus Oxycednis L. La vigne est abondante et paraît spontanée; les plantes calcicoles telles que le Convolvulus mauri- taniens Bois, font défaut, h' Acer monspeliense L. est rare. On rencontre çà et là des pâtures broussailleuses présentant surtout : DOMINANTS A 1! 0 N D A N T S PARSEMES Cahjcotome spinosa Lam. Genista (ricuspidata Desf. Thymus niimidicus Poir. Pleris uqiiilLna L. Andnjalu sinuala L. Bromiis madrilensis L. Melicu ciliata L. Lagurus ovalus L. (lardiius macrocephalus Desf. liriza maxima L. I/jjoseris radiuta L. Ampelodesinos teuax Yahl. Plantes ligueuses : Daphne Gnidium L. Cistiis salvi.rfolias L. Thymus habylkus Balt. Plantes herbacées î Vincetoxicum ofjlcinale Mœnch. Cirsinm C.astibonx D. G. EudianUie culirosa Fenzl.,var. aspei'a. Mentha Pulegium L. Carlina corymbosa L. Microlonchus salmanticus D. G. Tolpis umbellala Bert. Campanula Rapnnculus L. Scolymus grandiflorus Desf. Thopsia gnrganica L. Convolvulus Cantabrica L. Galium cllipticum Willd. Campanula dicholoma Desf. Cralxgus monogyna .Jacq. Luvandula Stocchas L. Slachys hii-ta Pom. CJilora grandi/loi-a Viv. CalaminthaClinopodiumBen[b. Verbascum Boerhaurii L. Galium tunetanum L. Asplenium aculum Borv. Ilypericum perforatum L. Pulicaria odora Reicli. Anarrhinum pcdatum Desf. Verbascum sinualum L. Kentvophyllum lanalum D. G. Centaurea Calcifrapa L. Echinops spinosum L. Saxifvaga globuUfera Desf. Le chéne-liège n'existe guère que jusqu\à 900 mètres; VErica arhorea L. l'accompagne généralement. Les schistes carbonifères et les grès permiens présentent également une végétation nettement silicicole; le Pleris aquilina L. se montre en tapis épais sur les schistes noirs, encore en partie occupés par la foret de chêne vert, à Ait Ouabane. Jj'Erica arhorea L. est abondant sur les grès permiens chaque fois que l'altitude le permet, avec le Pteris aquilina L., le Plagius virgatus D. C, VErythrœa Centaurium L. Les calcaires sont le plus souvent couverts de pâturages où domine VAmpelodesmos tenax Vahl. avec VAcantlnjllis numidica Pom., les Thymus numidicus Poir., Thymus kabylicus Batt., Thymus hirtus Vahl., le Calycolome spinosa Lam., le Daphne Gnidium L., le Prunus prostrata Lab. avec quelques touffes de Pistacia Terebinfhus L. et quelquefois des colonies de Santolina rosmarinifoUa L. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 81 Le pistachier térébinthe présente de nombreuses galles, souvent très apparentes, surtout celle du Pemphigus cornicularius Pass. Un certain nombre de plantes herbacées nouvelles apparaissent sur les calcaires; telles sont : le Calamintha alpina Lam., le Silène luolUssima Sibth. et Sm., VAlsine veriia\ix\\\., VAlyssuiii ntontaiium L., le Scorzoïiera coro/iopifolia Desf., le Salvia argentea L., le Vicia onohrychio'ides L., le Stachys circinnata Vller. , le Delpliiniuin Balansœ B. R. et même \ Ar- temisia Ahsinthium L. Le Convoh'ulus niaurilaiiicus Bois, est abondant. Il faut citer aussi quelques Tenus haccala L. que l'on rencontre dans les rochers près de Tizi N'Cheria à la limite orientale du Djurjura. Cette espèce est d'ordi- naire confinée dans la région du cèdre. Les stations humides des calcaires présentent avec le Laurus nobilis L., VHedera Hélix L., les Aspleiiium acutum Bory., et Trichomanes Huds., le Ruscus aculeatus L., le Calendula tomentosa Desf., quelques espèces échappées du domaine des hautes montagnes, telles que le Galium Per- ralderii Goss. et le Silène nwllissima Sibth. et Sm. Sur le versant Sud du Djurjura la forêt de chêne vert existe encore fréquemment, ressemblant à celle décrite pour les grès de Drâ-el-Mizan, avec une certaine abondance toutefois de Spartiuni junceuni L. et de Juniperus Oxycedrus L., ce dernier portant quelquefois X Arceuthohium O.rycedri M. B. Le pin d'Alep peut se présenter sporadiquement jusque vers 1.200 m. avec le Cistus nwnspeliensis L. ; ces deux espèces pénètrent donc à cette exposition dans l'horizon supérieur du chêne vert; le Lavan- dula Stœchas L. est beaucoup plus abondant que sur le versant Nord. On rencontre çà et là quelques Pistacia Terebinthus L., Acer ohtusatum Willd. et Cratœgus Azarolus L. L'absence de l'olivier et la localisation du ciste de Montpellier dans l'horizon supérieur, l'existence des érables, contribuent à y donner à la végétation un aspect moins xérophile que dans l'horizon inférieur; tou- tefois il faut remarquer que le frêne, qui influe beaucoup sur l'aspect de ce dernier, disparaît aux altitudes plus élevées. Mieux vaut donc dire que la végétation est xérophile dans la région du chêne Aert, mais que, sauf dans l'association de ce chêne avec le chêne kermès, elle perd l'aspect xérothermique qu'elle a dans la formation du chêne-liège; elle est à la fois adaptée à une atmosphère sèche et à un hiver froid. Influence des facteurs biotiques. — Nous avons dû tenir compte, dans 6 8'2 i;tude piiytogeograpiiique ce qui précède, tles modifications apportées pai- riioinme dans les asso- ciations du chêne vert; nous avons vu que les vergers d'oliviers, les j)lantations de figuiers et les champs cultivés avaient remplacé la forêt dans l'horizon inférieur, tandis que dans l'horizon supérieur les pâtures avaient pris une grande importance, avec quelques plantations de figuiers et quelques parcelles labourées. Sur 1.080 kilomètres carrés occupés par la zone du chêne vert dans le district kabvle, 30 kilomètres carrés à peine, soit 1/36, sont encore aujourd'hui couverts de forêts ; dans le district bôuïrien, sur une superficie de 441 kilomètres carrés attribuée au chêne vert, les forêts occupent encore 65 kilomètres carrés, soit 1/6 environ; cette dernière région est donc demeurée six fois plus boisée que la précédente; ce fait doit être attribué à ce que, le versant Sud du Djurjura étant moins abrupt que le versant Nord, la proportion des ter- rains à hautes altitudes, et par suite non cultivables, y est plus grande que sur ce dernier; de plus, le versant Sud touche déjà au pays arabe, qui possède une population beaucoup moins dense que le massif kabyle. 11 nous reste à étudier comment s'effectue la concurrence entre le Quercus llex et les essences sociales qui constituent les forêts des régions voisines. La question a déjà été examinée en ce qui concerne le chêné- liège. Le pin d'Alep l'emporte sur le chêne vert lorsque la chaleur aug- mente et que la chute des pluies diminue. L'olivier, qui a une région commune avec le Quercus llex, celle que nous avons appelée l'horizon inférieur de cette essence, lui cède la place à mesure que le climat devient plus froid. Quant aux chênes à feuilles caduques, le sol sans profondeur constitué I par les calcaires ne leur convient guère, mais leur exclusion des terrains anciens ne saurait s'expliquer par la nature du substratum. Letourneux avait déjà constaté* qu'à l'Edough, massif forestier voisin de Bône, où Ton rencontre des terrains anciens identiques à ceux de la Kabylie, le Quercus Mirhcckii est abondant, tandis que dans les contreforts du Djurjura on ne rencontre pas un seul chêne à feuilles caduques. 11 indiquait que peut- être ce fait était dû à la prédominance du Quercus llex remplacé dans l'Est par le Quercus Suber, moins réfractaire au progrès du Quercus Mir- heckii. Nous pensons que si le chêne zéen et le chêne vert s'associent moins que le chêne zéen et le chêne-liège, c'est non par suite d'une influence réciproque des deux essences l'une sur Taulre, mais surtout 1. Letocuneux. Etude butanique sur la Kabylie du Djurjura, p. 25. , DE LA KABYLIE DU DJURJURA 83 parce que ce dernier demande des conditions d'humidité plus voisines de celles exigées par les arbres à feuilles caduques. Nous avons vu qu'à Fort-National la moyenne mensuelle de la tension de la vapeur d'eau la plus élevée est de iU'""\3; elle se produit en juillet; la moyenne men- suelle de l'humidité relative la plus faible est de 43,8 p. 100; elle corres- pond au mois d'août. Or, à Bône, près de l'Edough, la tension moyenne de la vapeur d'eau est de 18™", 7 en juillet et 18'""\9 en août; la moyenne mensuelle de Thumidité relative la plus faible se produit en juillet, elle est de 70,4 p. 100. L'exclusion du Quercus Mirbeckii du massif kabyle, et a fortiori àv\ versant sud du Djurjura, s'explique donc facilement par la sécheresse de Tatmosphère; voici d'ailleurs la nature du milieu occupé par la forêt du chêne à feuilles caduques en Kabylie. Un climat plus froid ne se rencontrant ici que dans la haute montagne où l'atmosphère est très sèche, il ne se produit jamais simultanément un accroissement du froid et de Thumidité; il est probable qu'il aurait pour eft'et d'amener la présence de la forêt de chênes à feuilles caduques, puis- que ces chênes se montrent quelquefois dans les stations humides de la haute montagne. RÉSUMÉ. — La futaie de Quercus Ilex présente un sous-bois peu élevé comprenant surtout des genêts et des cistes, avec le Pistacia Lentiscus dans [l'horizon inférieur. 1° Les régions de la Kabylie où cette essence prospère surtout présen- tent une température moyenne annuelle qui parait varier entre 10° et i'i", mais le chêne vert suppoi'te quelquefois dans la région littorale un climat plus chaud. 2" Les chutes de pluies sont abondantes à Fort-National 1.121'"'", 2), mais le Quercus Ilex existe en Algérie dans des régions où la lame d'eau est beaucoup plus faible qu'en Kabylie, les pluies abondantes ne lui sont donc pas indispensables, et ce qu'il faut noter surtout, c'est la sécheresse de l'atmosphère dans la zone de cette essence ; il faut la considérer comme résistant beaucoup mieux à la sécheresse que le chêne-liège. 3" Le chêne vert accepte tous les sols, sauf ceux qui sont absolument marneux ou argileux sans inlercalation de bancs plus résistants. Il sup- porte mieux les argiles en montagne qu'aux basses altitudes, évidem- ment parce que la saison sèche y est plus courte. CHAPITRE III LES FORÊTS DE CHÊNES A FEUILLES CADUQUES (Quercus Mirheckii D. R. et Querciis Afares Fora ) Influence des facteurs climatiques et du relief du sol. — Nous avons déjà indiqué l'existence du chêne zéen dans les stations humides de la foret de chêne-liège; il se présente dans ces conditions à l'état dis- séminé ou par bouquets sur différents points de la Kabylie du Djurjura, en particulier au voisinage de la mer. Le chêne afarès n'existe, dans le sous-district du Sébaou, que sur deux points déjà mentionnés; par contre, il est abondant dans la Kabylie orientale. C'est dans cette dernière région que se trouvent les trois massifs importants de chênes à feuilles caduques; le premier vers le Nord occupe au Tamgout les sommets les plus élevés de la chaîne littorale, le deuxième fait partie de la forêt des Béni Ghobri; -le troisième, de beaucoup le plus important, couronne le massif de l'Akfadou. Ce dernier dépasse un peu vers le Sud la crête qui limite les deux secteurs pour s'étendre sur le secteur du Tell méridional, mais la majeure partie des forêts de Quercus Mirheckii et de Quercus Afares se trouve dans le sous-district des montagnes kabyles. Le massif des Béni Ghobri comprend surtout des chênes zéen; il commence à une altitude variant entre 500 et 800 mètres, suivant les conditions locales d'humidité; la cote la plus élevée est 890 mètres, et le chêne-liège y est également abondant. Sur le Tamgout, les chênes à feuilles caduques constituent la forêt à partir d'une altitude variant de 800 à i.OOO mètres; le point culminant atteint 1.278 mètres. Le chêne afarès domine sur le versant Sud du cône du Tamgout et sur un autre versant situé au nord du premier et égale- ment exposé au Sud. A l'Akfadou la forêt tropophile ne commence que vers i.lOO ou 1.200 mètres, rarement à 900 mètres. Les chênes à feuilles caduques sont fréquemment mélangés, mais le zéen domine dans les bas-fonds et sur les crêtes élevées au Sud du massif, l'afarès sur les ÉTUDE PIIYTOGÉOGRA'PHIQUE DE LA KABYLIE DU DJUR.IURA 85 versants chauds et les croupes sèches. Le point culminant atteint 1.64(3 mètres; vers cette altitude la période pendant laquelle les j)luies font défaut est assez courte; c'est sans doute pour cette raison que le zéen se suhstitue à Tafarès, sur les crêtes, au voisinage de 1.500 mètres. C'est donc sur les sommets de la moyenne montagne, entre 800 et 1.650 mètres, et surtout entre 1.000 et 1.400 mètres, que se présente la forêt de chênes à feuilles caduques. Ce sont évidemment les conditions d'humidité qui la confinent dans cette zone supérieure de la moyenne montagne. Non seulement la saison sèche y est courte, mais l'humidité atmosphérique, relativement faible comme nous l'avons vu, sur les flancs de la haute montagne, paraît être beaucoup plus grande sur les crêtes de la moyenne montagne. A défaut d'observations météorologiques, la présence d'abondants brouillards vient confirmer cette opinion. Nous verrons que le Qiiei'cus Mirbeckii existe encore jusque vers 1.800 mètres dans le domaine des hautes montagnes atlantiques, mais il y est exceptionnel. Les chênes à feuilles caduques, le chêne zéen surtout, existent donc en Kabylie à toutes les altitudes entre le niv^eau de la mer et 1.800 mètres, s'adaptant aussi bien aux climats chauds qu'aux climats froids; mais ils se confinent dans les stations les plus humides et ne constituent la forêt à eux seuls que dans des régions présentant une courte saison sèche et une atmosphère assez humide en été. Influence de la nature du sol. — La région des chênes à feuilles caduques est constituée, presque en totalité, par les grès de Numidie; cependant les grès du medjanien et les argiles du numidien inférieur recouvertes d'éboulis de grès s'y présentent quelquefois. Ce sont des assises que nous avons indiquées comme propices au chêne-liège; le zéen et l'afarès sont cependant moins exclusifs que leur congénère ; c'est ainsi que le Quercus Mirbeckii peut croître dans des sols à indice calci- métrique élevé, et c'est plutôt les propriétés physiques des sols calcaires que leur composition chimique qui paraissent exclure cette essence; elle manifeste, en effet, une préférence marquée pour les terrains profonds. Le sol qui provient de la désagrégation des grès de Numidie lui convient donc parfaitement, et la présence de ce substratum sur la moyenne mon- tagne contribue certainement beaucoup à y favoriser le développement de la forêt d'arbres à feuilles caduques. 86 KTUDE PIIYTOGEOGRAPIIIQUE Les associations des chênes à feuilles caduques et leur physiono- mie. — Dans le massif des Beiii (jhobri, la forêt se présente sous un aspect identique à celui que nous avons indi(|ué pour la forêt de chêne- liège et de chêne zéen; c'est surtout au-dessus de 800 m. que la forêt de chênes à feuilles caduques prend son caractère propre. Lé chêne zéen, plus élancé que dans la région du chêne-liège, peut atteindre 20 à 25 mètres de hauteur et 3 m. de tour. 11 existe des arbres présentant un âge voisin de 250 ans, mais la plupart sont beaucoup plus jeunes, par suite de circonstances que nous aurons à relater. Le chêne afarès dépasse rarement 18 à 20 mètres, il atteint assez fré- quemment 2"\50 de tour. Le Qucrcus Mirbechii, avec ses branches étendues, ses feuilles très dé- velop[)ées, présente un couvert plus épais que le Querciis Afares, dont les rameaux sont plus fastigiés et les feuilles plus étroites. Il en résulte que le chêne zéen entretient sous son feuillage une humi- dité constante. L'ombre qui y règne ne permet pas au sous-bois de se développer beaucoup; le sol est fréquemment couvert d'un épais tapis de feuilles mortes. Lorsque la futaie est un peu claire, le Cytisus triflorus l'Her. se développe en abondance. La lumière pénètre plus largement sous le couvert de l'afarès, la séche- resse y règne aussi davantage, et VEi'ica arhorea L. y est répandu jusqu'à 1.300 mètres. 11 résulte enfin de la disposition des branches de ces deux chênes que le zéen a davantage à souffrir du poids de la neige que l'afarès, d'autant plus qu'il perd ses feuilles après ce dernier; toutefois le Qucrcus Mi/-- becliii, grâce à ses rameaux plus flexibles, supporte beaucoup mieux que le Ouercus Suber les hivers de la montao-ne. On peut, au point de vue des associations, distinguer trois horizons : un horizon inférieur caractérisé par l'abondance de la bruyère et limité à sa partie supérieure par l'altitude de 1.300 mètres environ; un horizon moyen, formant transition, dans lequel les graminées abondent sous la futaie, la bruyère y devient rare; enfin V horizon supérieur, commençant vers 1.400 mètres, ou même plus bas dans les stations humides, s'étend sur les crêtes élevées de l'Akfadou et présente un certain nombre d'es- pèces généralement localisées dans la zone du cèdre'. L'afarès n'est abon- dant que dans les deux premiers horizons. 1. Il est à ifinarquor que lo Sorbus Aria Craiilz fait défaut; il est absolument spécial à la zone du cèdre. DE LA KABYLIE DU DJURJURA Horizon inférieur. — L'association est d'ordinaire la suivante lorsque le chêne zéen domine : DOMINANTS ABONDANTS PARSEMES Quercus Mii-becldi D. R. Cytisiis trifloriis l'Her. Galiiim eUipticum Willd. AnagalUs arcensis L. Pleris aquilina L. Plagias virgatns D. C. Pulicaria odora Reicli. Anlhoxantlium odoratiim L. Fntaie : SoDs-bois : Erica arborea L. Genisla (rkaspidata Desf. Daphne Gnidiiim L. Lacandula Stœchas L. Lianes : Jledera Hélix L. Tapis herbacé : Tolpis umhellata Bert. Asphodelus microcarpiis Viv. Bellis sjjlveslris L. Aspleniiim aciitiim Borg. Selaginella denliciilata Lx. Cynosiu'us crislatus L. Arisa?-ufn vulgare Targ. Toz. Allium li-i(jiu'lriim L. Dacbjlis glomcrata L. Aira Tenorii Guss. Polystichiim aculeatnm L. Rnnunculus macrophyllus Desf. Viola odora la L. Fedia cornucopix L. Raniinciilas rapeslvis Guss. Rubia peregrina L. Cyclamen africaniim Boiss. et KeuL Bviza maxiina L. Ficaria callhœfolia L. Géranium allanlicuni Boiss. et Reut. Cenlaurea Tagana Brotero. Liizula Forsleii D. G. JJypericiim perforalum L. Myosotis liispida Sclil. Géranium Roberlianum L. Fhalanffiiim algeriense B. R. Quercus Afares Pom. (jui-rcus Suber L. Alnus glutinosa Ga>rlner. Gerasus Aviam Mœncli. Rubus discolor Weilie. Thymus numidicus Poir. Arbulus i'nedo L. Gralxgus monogyna Jacq. (Uslns salviafolius L. Galycotome spinosa Lam. Lonicera etrusca Santi. Veronica arvensis L. Erythriva Genluurium L. Ornilliogallum umbellalum L. Galaminlha Glinopodium Benlli Scabiosa marilima L. Arislolochia Fonlanesi B. R. Sanicula europxa L. Potentilla micrantha L. Ampelodesmos tenax Valil. Arum ilalicum L. Acanthus mollis L. Vincetoxicum officinale Mœncli. Atliyrium filixfeminea Roth., Delphinium pentagynum Desf. Os manda regalis L. Anogramme leplopliylla Link. Phlomis Bovei de Noi'. Orcliis latifolia L. Lamiam flexuosum Ten. Lyllirum Grœfferi Len. Galacliles tomentosa Mœnch. Garthamus mullifidus Desf. Eudianthe cœlirosa Fenlz. Andryala sinaata L. Gampanula alala Desf. Sa.iifraga globulifera Desf. Potentilla fragariastruni L. . Girsium giganteum ."Sper. Ajuga replans L. h'Os/imnda regalis, le Lijthnim Grœfferi et le Campaimla alata sont localisés aux abords des sources ou dans les endroits mouilleux. Nous 88 ÉTUDE PII YTO GÉOGRAPHIQUE avons récolté dans cet horizon, près de Yakoiiren, le Carex olblensis ]ovA.^ (jiii n'était connu en Algérie que dans la région de Bône. Les mousses sont fréquentes sur le sol, les rochers et le pied des arbres. Citons : Vllypiium ciipressiforme L., VEurynclnum Slokesii B. E., le Miiinni iindulafuin Neck. et le Torlulalœvipila Brid. — \^' Ilomalothecium sericeuin B. E. et le Leucodoii sciurio'ides Schwicgr. abondent sur le tronc des arbres. Lorsque le chêne afarès domine, l'association se modifie; les principaux termes sont : D 0 M I N A N T S ADONDANTS PARSEMES Qiiercus A f ares Pom. Erica arlwrca L. Thumus niimidiciis Poir, Fiifnic : Quercus Mlrbecldl D. R. Sous-bois : Cylisiis triftoriis l'IIer. Cali/cotome spinosa Lam. Tapis herbacé : Piilkarw odorn Reicli. Linnria retkulala Desf. Pteris aquiliiut L. DacbjUs glome.ruta L. (ialiiini tnnelanum L. Staclnjs liirln L. Calamiiilhd Clinopod iiiin Gasliidinm lendigcriim L. Benlh. (ialiiim ellipticnm Wilkl. Briza maaciina L. Aira Tenorii Guss. Vnlpia sclucea Guss. Anllto.xunUiuni odoraliim L. Sediim ci'i-nleuiii Valil. Asplenium acntnm Borg. Tolpis uinhellata Rert. Erijtinwa Cenlauriuni L. Andrijala sinnata L. Plagias vir gains D. G. Ampelodcsmos lenax Valil. Evyngium Iricuspidalum Desf. CAslus salvix/oliiis L. Genisla tricuspidala Desf. Rubas discolor Weilie. Iniila viscosa Ait. Linum corymbiferum Desf. Eiidiaiilhe cœlirosa Fenzl. Eesluca crrulescens Desf. Origaniim glandulosum Mœncli. Alliuin pallens L. Phlomis Bovei de Noë. Teucriiim habyUcum. Balt. Galacliles tomenlosa Mci-ncli. Scabiosa mari lima L. Cavlhamus mulli/idus Desf. Deckerva racemosu Pom. Cenlaiivea Tagana Brotero. Menllia Piilegiiim L. Serralala flavescens Poir. Les mousses sont moins abondantes que dans l'association du chêne zéen, par contre la flore des lichens est des plus riches. Le tronc des afarès en est souvent complètement couvert, aux abords des clairière^ surtout; citons : lianialiiia calicaris Ilorfin. Anaplycliia ciliaris KoTb. Parinclia liliacea Ach. (très coiuimin). Parmrlia acelabuliim Duby (comiiuin). Caloplaca aiiranliaca Kœrb. Lecanora parella Nyl. (très com- mun). Perlusuriu Lapieana deLesdain (espèce nouvelle). Lecidea parasema D. R. (com- mun). Collema nigresccns, var. glaii- cocarpum Nyl. Horizon moyen. — Au-dessus de 1.300 m. la bruvère devient rare, elle DE LA KA13YLIE DU DJUR.IURA 89 existe cependant à Tétat disséminé; les espèces ligneuses sont peu aJjon- dantes sous la futaie, et les graminées dominent. Les perchis, composés d'un mélange de Querciis Afares et de Quercus Mirbechii, sont abondants dans cet horizon; le sous-bois se compose surtout de Cytisus trifîorus l'Her., de Genista trlcuspidata Desf., avec çà et là le Ruhus discolor Weilie. et quelques Erica arhorea L. Le Thymus luunidicus Poir. est abondant. Comme plante grimpante citons VI fédéra Hélix L., et comme espèces herbacées : DOMINANTS A 1! 0 M) A N T S C.ijnosiirns crislalus L. Palicaria odova Reicli. Briza maxiina L. Aspliodeliis microcarpiis Viv. Vulpia setacea Guss. Pou bulbosa L. Aira Tenorii Guss. /tacdjlis glomerala L. Galiain tiinetanum L. Calamiatha Clinopodiam Benlh. Linarla reticiilula Desf. Géranium atlanticnm Boiss. et Reut. Plilomis liovei de Noe. Ilypericiim per for aluni L. Eudianllie caiirosa FenzI. (var. aspera). .Egijlops orala L. Agrostis caslellana Boiss. et Reut. et dans les clairières le Cardiiiis macrocepJiahis Desl". Les espèces parsemées sont celles de l'horizon inférieur, auxquelles il faut ajouter, en approchant de 1.400 m., quelques plantes de l'horizon supérieur. Le Leucodon sciuroïdes Schwœgr. demeure abondant sur les arbres avec le Lecanora parella^^X.^ très répandu, et quelques Sticta pulmonacea Acli. Horizon supérieur. — h' Acer obtusattui/ Willd. et le Sorbus torminalis (^rantz., caractéristiques de cet horizon, dépassent rarement 7 à 8 mètres de hauteur; ils peuvent former un étage surmonté par le dôme des chê- nes, mais souvent aussi ils sont réduits à l'état de buissons. Le Genista tricuspidata Desf. occupe surtout les clairières avec le Cratœgus laciniata Ucr. ; il parait moins rechercher le couvert qu'aux basses altitudes. Les rares touffes A' Erica arborea L. que l'on rencontre souflrent visiblement des rigueurs du climat. L'if et houx existent, nous avons même observé accidentellement ce dernier dans l'horizon inférieur, mais en quantité insignifiante. VAiiipelodes/nos teiiax Yalil. fait complè- tement défaut; le Carduus macrocephalus DesL recherche les vides, où Y Arteiuisia Absinthium L. constitue également d'abondantes colonies. Les autres espèces herbacées, sauf le Polysticlium aculeatum L. et VAsple- itiuiii acutiim Bory., sont surtout répandues sur les points de la forêt où le sous-bois est rare; elles croissent généralement à l'état disséminé sur un tapis de feuilles mortes. 90 DOMINA N r S ÉTUDE P II Y T O 0 É 0 G R A P 1 1 1 Q U E A II O N I) A N T s PARSEMES Fntaic : Dôme. Qnercus Mirbec/ài D. R. Etage dominé. Polj/sdclium aculeatum L. Campanula Tracheliiim L. Phlomis Bovci de NoT'. Arteinisia Absinlldiim L. Acer ohlinalum ^^"illd. Sorbus lorininalis Cranlz. Sous-bois : Genisla Iricuspidala Desf. Cylisus tri/loriis l'IIer. Tapis herbacé : Pleris aqiiilina L. (kdaminlhuClinopodiumBenUi. Galiiim timelanum L. Geiim sylvalkum Pour. Géranium allanticum Boiss. et Peut. Gallium elliplicum Willd. Luzula Forsteri D. C. Daclj/lis glomerata L. Géranium Roberlianiim L. Polcntilla micranthu L. Luzula graca Kuntli. GeuJH urbanum L. Anlliriscus si/lveslris Iloffm. Carduus mucrocephalus Desf. Aira Tenorii Giiss. Cynosurus crislatus L. Rumex tityrsoïdes Desf. Bisculella lyrala L. Ilyoseris radiala L. Primula vulgaris Iluds. Arabis pseudolurritis Boiss. et Ileld. Arabis sagillala L. Cirsium Casabonx D. G. (Utrlina corymbosa L. Fnlicaria odora Reicli. Lamium /lexuosum Ten. Asplenium uculum Bory. Plagius virgalus D. C. Cyclamen africanum Boiss. et Reut. Galium Aparine L. Lamium longi/lorum Ten. Smyrnium rolundifoliaui. L. Cerasus A via m Mo-ncii. Lonicera etrusca Santi. Rubus discolor Weilie. Rubus numidicus Foclie. Cratu gus laciniata Veria. Genisla numidica Spacli. Ruscus aculeatus L. Laurus nobilis L. Erica arborea L. (rare). llex aquifolium L. (rare). Taxus baccala L. (rare). Senecio Perralderianus Cos. D. R. Cynosurus Balansx Coss. Trifolium pralense L. Bromus mollis L. Ilypericum perforulum L. Fesluca nionlana Marsli. Bieb. Campanula Ropunculus L. Bunium rnaurilanicum B. R. Linaria reticulata Desf. Erythrxa Centaurium L. Agropyrum panormilanum Bert. Lapsana communis L. Ilypericum montanum L. Géranium lucidum L. Asphodelus microcarpus Viv. Cynoglossum piclum Ait. Lmbilicus vulgaris Balt. Pelasiles fragans Presi. Sculellaria Columnx AU. Lalliyrus niger ^Yim. Veronicu serpyllifoUa L. Myosotis macrocalycina Goss. P/iysospermum aclexfolium Presl. Aslrocarpus Clusii J. G. Epipactis latifolia AU. Cephalantera xiphophyllum Reich. Agrimonia Eupatoria L. Potentilla replans L. JJeracleum algeriense Cos. Endymion cedretorum Pom. Aquilegiu vulgaris L. var. rjs- COSrt. P.voula corallina Relz. var. allanlica. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 91 Les mousses sont abondantes : VHypnum cupressiformc L. domine sur les rochers, accompagné de Vlsothecium mijurum Brid. Le Fontlnalis anlipijrctica L., var. rufcscens, tapisse le fond des ravins. Le Leucodon scuiroïdes Schwœgr. est commun sur le tronc des arbres avec les lichens; parmi ceux-ci, le Lecanora parella Nyl. abonde, et le Sticta pul- monacea Ach. prend un grand développement. La chute des feuilles donne à ces forêts un aspect xéropliile en hiver; il est au contraire hygrophile en été, mais il résulte de ce qui précède que l'association du chêne afarès présente un faciès moins hygrophile que celle du chêne zéen : non seulement les feuilles de Fafarès sont plus étroites et plus coriaces, mais les plantes qui croissent sous son couvert, la bruyère surtout, contribuent à accentuer ce caractère; enfin ce chêne demeure plus longtemps dépourvu de ses feuilles que le Quercus Mir- hechii. Le caractère tropophile de la forêt de chêne zéen, .surtout accentué aux altitudes élevées, diminue à mesure que l'on se rapproche du niveau de la mer; dans les stations chaudes cette essence conserve ses feuilles pendant presque tout l'hiver, rappelant ainsi la végétation de régions plus chaudes et constamment humides. Influence des facteurs biotiques. — Fréquemment les jeunes brins' de chêne zéen se développent nombreux sous le couvert peu épais de la vieille futaie d'afarès. Dans beaucoup de peuplements adultes formés des deux espèces en mélange, ce sont les afarès qui, d'après leurs dimen- sions, paraissent être les plus âgés. On peut expliquer ces faits en attri- buant à Fafarès, recouvert d'une écorce épaisse, une plus grande résis- tance au feu que son congénère; les incendies ont été importants vers 1871, et il est possible que l'absence des chênes zéen de fort diamètre, dans certains cantons, soit due à cette circonstance. Mais sur d'autres points où l'homme et les troupeaux ont plus récemment attaqué ou dégradé la futaie de Quercus Mlrbeckii, le Quercus Afarès a une tendance à prendre l'avantage. La succession des deux espèces dans ces condi- tions ne nous parait pas être un fait en faveur de la théorie de l'alter- nance des essences. 11 est évident, d'après ce qui a été dit du tempéra- ment de chacun de ces chênes, que le zéen peut se propager, grâce à l'humus accumulé par une génération d'afarès dans des stations jadis trop sèches pour permettre son développement. Par contre, l'afarès vient 1. Tout sujet né directement d'une graine porte en sylviculture le nom de brin de semence, ou sim- plement de brin. 1)2 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE s'installer dans les peuplements de chênes zéen dégradés. Nous croyons donc que la protection de la ibrèt doit amener l'extension du zéen au détriment de l'afarès. L'homme a souvent coupé des perches dans les peuplements de chêne zéen; il en résulte que des rejets mal venants et souvent aljroutis se déve- loppent sous le couvert de la futaie, d'où une modification assez fréquente dans l'aspect du sous-bois qu'il nous a paru nécessaire de signaler. Ail- leurs le sol est couvert d'un tapis de Genista tricuspidata bas et dense résultat d'un pâturage intensif qui a fait disparaître les espèces inermes et amené le développement d'un sous-bois hérissé d'épines. Assez rarement la forêt de chênes à feuilles caduques a été défrichéa par l'homme; elle a bien fait place çà et là, dans l'horizon inférieur, à des cultures de céréales et à des plantations de figuiers, mais plus fréquem- ment l'homme et les troupeaux l'ont transformée en pâtures par un3 destruction progressive. Celles-ci sont surtout abondantes aux altitudes élevées; nous y avons noté vers 1.400 mètres, avec quelques plantes fru- tescentes telles que le Cratœgus laciiiiata Ucr., le Genista tricuspidata Desf., le Thymus luimidicus Poir., les espèces herbacées suivantes : Pleris aquilinn L. Meniha Piilegiani L. Cirsiiim Casabon.x D. G. Arteinisia Absinthium L. Carlina coi-ijinbosa L. Hypericiim perfora tuin L. Cardiius macrocephaliis Desf. Ilieracium pilosella L. Phlomis Bovei de Noi'. Inula viscosa Ait. Briza maxinia L. Vincetoxicamof/icinaleUœncU. Cynosnriis cristatus L. Tolpis iimbellala Bert. Andnjala siniiala L. Vulpia setacea Guss. /Egijlops ovata L. Agrimonla Eupaloria L. Aira cupaniuna Guss. Microlonchiis salmanticiis D. G. Ciisciila planijlora^ Ton. Dans les stations humides croissent : le Ju/icns Fontancsii Gay. et le Juncus effusus L. ; les lichens se substituent aux mousses sur les rochers; citons : le Rhizocarpon geographicuiu Scha?r. La surface sur laquelle les boisements ont été détruits est de 50 kilo- mètres carrés environ; les 5/6 de la superficie totale attribuée à la région des chênes à feuilles caduques est donc encore en nature de forêt. Parmi les parasites nous citerons quelques cynipides qui provoquent des zoocécidies très apparentes : les galles du Cijnips tozce Bosc, Cijnips kollari RurL^ sont abondantes, et celles du Ci/iiips coriaria Hainch, défor- ment fréquemment les bourgeons, mais il n'en résulte pas un préjudice sensible pour la forêt. En lu: su mé, le (Juercus A/ares présente sous son couvert un sous-bois 1. Sur le Genisla tricuspidata Desf. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 93 de ])ruyère ou, aux altitudes élevées, un tapis de graminées, tandis que Tonibre plus épaisse de la futaie de Qiiercus Mirbeckii abrite un lapis de feuilles mortes parsemé de plantes recherchant l'ombre. A défaut d'ob- servations météorologiques faites dans la région des chênes à feuilles caduques, on peut dire : 1" Que ceux-ci prospèrent en Kabylie dans une région restreinte qui présente un clinial aussi fi-oid, mais plus humide que celui de la zone du chêne vert. 2" La saison pendant laquelle les précipitations atmosphériques font défaut doit être de courte durée, à moins que Thumidité atmosphérique ne vienne suppléer au défaut de pluie, comme cela se produit dans les sta- tions humides de la forêt de chêne-liège. 3° Ils exigent, le chêne zéen surtout, un sol siliceux assez profond et suffisant men t h utnide. CHAPITRE IV LES FORÊTS DE PIN d'aLEP {Piniis liaJepensis Mil.) Influence des facteurs climatiques et du relief du sol. — ■ Les forêts de pin d'Alep j)roprement dites sont très localisées dans la Grande Kabylie. Elles s'étendent sur le versant Sud du Djurjura, entre l'oued Sahel et l'altitude moyenne de 800 m. Nous comprendrons également dans la formation du pin d'Alep la région qui avoisine Bougie, mais sur ce dernier point l'olivier paraît toujours avoir existé en grande abon- dance, mélangé au pin. Le Pin us lialepensis forme enfin une petite zone forestière dans la région de la pointe Ksila. Nous avons indiqué précédemment que l'on rencontre çà et là dans certaines stations quelques bouquets de pin d'Alep, mais ils doivent être considérés comme se rattachant aux formations qui les entourent. Nous savons déjà que la présence de ce pin sur le versant Sud du Djurjura est le résultat des conditions topographiques qui font de cette région, exposée au Sud et séparée de la mer par les hautes crêtes du Djurjura, une zone chaude et sèche. La forêt de pin commence vers l'Ouest à la longitude de Tizi Djaboub, qui marque le début du Djurjura; elle s'étend vers l'Est jusqu'à la longitude du col de Tirourda, avec lequel la chaîne s'abaisse à 1.800 mètres. Vers le Sud, la forêt de Piiius /lalepensis conùinie en dehors des limites de la Kab3lie et forme de vastes massifs dans la partie du Tell méridional ([ui s'étend au delà de l'oued Sahel; les interruptions que l'on peut noter, dans les vallées surtout, sont dues à la nature du sol ou à l'action de l'homme. ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPHIQUE DE LA KABYLIE DU DJUR.JURA 95 Nous avons dit qu'au Nord, sur les pentes du Djurjura, la forêt du pin fait place au chêne vert à mesure que le climat devient plus rigoureux. Les environs de Bougie, au contraire, sont très humides; c'est à la fois au climat chaud et à la nature du sol que nous attribuons la présence du Pliius halepeiisis dans cette région; il laisse la place au chêne vert dans les mêmes conditions de substratum vers 550 mètres'. 11 faut admettre que c'est encore la douceur du climat qui iait succéder le pin au chêne vert à la pointe Ksila. Influence de la nature du sol. — Les pins du versant Sud du Djurjura occupent presque en totalité les atterrissements miocènes dits de Bouïra. Cette formation présente un taux de calcaire très variable, et le sol qu'elle constitue paraît propre à la croissance du chêne vert, et même sur cer- tains points à celle du chêne-liège; c'est donc uniquement aux conditions climatiques qu'il faut attribuer l'apparition d'une autre essence. Dans la région voisine de Bougie le su])stratum est constitué en majorité par les marnes et calcaires du sénonien, et dans le massif du Gouraya par les calcaires du lias; le chêne-liège est exclu par l'indice calcimétrique du sol, ou tout au moins par celui de la roche, et le chêne vert cède égale- ment la place au pin d'Alep, dans les régions calcaires, aux basses alti- tudes où ce dernier trouve des conditions climatiques optima. C'est donc le sol qui exclut le chêne-liège, et le climat qui assure la priorité au pin sur le Quercus lier. Seuls l'olivier et le chêne kermès peuvent croître et soutenir la concurrence vitale dans de telles conditions; c'est pourquoi nous rencontrons ici une association mixte présentant un aspect tout dillérent de celui des forêts sèches du versant Sud du Djurjura. A la pointe Ksila, la forêt de pin se développe sur le crétacé (albien- aptien); le taux de calcaire assez élevé sur ce point exclut le chêne-liège. Les associations du pin d'Alep et leur physionomie. — La futaie de pin d'Alep est généralement composée d'arbj-es de 7 à 8 mètres de hauteur, quelquefois de 10 et 12 mètres, très rarement de 14 mètres. L'as- sociation se présente sous deux aspects différents. 1° Faciès continental. — Sur le versant Sud du Djurjura, le chêne kermès fait complètement défaut, l'olivier ne se montre que rarement, et surtout à l'état de buisson. Au-dessus de 700 mètres, le chêne vert commence à I. La températm-e moyenne annuelle à celte altitude est de 17° (température de Bougie), moins 0,6x4, 75 = 14°, 2. 9G ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE se mêler au pin, en mémo temps le (le/tista Iricuspidata Dcsf. devient plus a])on(lant. Dans la partie occidentale du versant, les gymnospermes sont peu importants dans le sous-bois; seul le Juniperus Oxycednis L, est assez répandu. Dans la partie orientale ils sont plus communs, et aux basses altitudes le Juniperus pJiœnicea L. devient prépondérant; il forme même sur quelques points un boisement complet dominé par ([uelques pins; tel est le cas des escarpements de l'oued Dous ; le Callitris quadrivalvis existe également. Le Polycnenwn Foula iicsi B. 11., espèce des hauts pla- teaux, se montre dans les stations les plus sèches. Le Cistus polyjuo/phus V^iWk. est abondant à l'Ouest, tandis que le Cis- tus albidus L. domine vers l'Est à partir de ^laillot. Ces modifications dans la flore résultent sans doute de ce que la tem- pérature s'élève en même temps que la saison sèche devient plus longue, à mesure que l'on s'éloigne du plateau de Bouïra pour descendre dans la vallée. Partout les espèces frutescentes sont abondantes, et les espèces herba- cées rares ; l'aspect de la végétation est des plus xérothermiques. Les genévriers et le thuya dépassent sensiblement les autres espèces du sous-bois en hauteur; le chêne vert, quand il existe, est généralement buissonnant; il forme avec les lentisques et philarias des bouquets dis- séminés se développant surtout lorsque la lumière pénètre un peu plus abondamment sous la futaie. UErica arhorea L. est localisé dans quelques stations siliceuses. En dessous de ce sous-bois interrompu, les espèces frutescentes de laible taille forment un tapis continu : le romarin mêlé de globulaires en est l'élément principal, les touffes de diss et de palmier nain le dépassent çà et là. C'est surtout dans les clairières que les cistes deviennent abondants avec le Calycotome et les Fuiuana. Le Cistus salvuefolius L., qui exige une certaine humidité, n'existe pas. Le sol est généralement tapissé d'aiguilles de pin qui annihilent à peu près complètement la végétation herbacée ; dès que ce tapis disparait et que la lumière pénètre sous le couvert, le Psoralea et V Ebenus s'installent en nombreuses colonies. Nous résumerons ainsi ces associations, en dis- tinguant les deux étages du sous-bois : ABONDANTS DE LA KABYLIE DU DJURJURA DOMINANTS PARSEMES 97 Pinus halepensis Mil. Pistacia Lentiscus L. Phillyrea média L. Rosmariniis offlcinalis L. Cisliis albidiis L. Cistus pohjmorphiis Willk. Ampelodesinos tenax Valil. Psoralea bituminosa L. Ebenus pinnala L. Futaie : Sous-bois Juniperus Ojijcedrus L. Jiiniperus phœnicea L. Tapis frutescent : Chamtxrops humilis L. Calycotome spinosa Lam. Rétama sphxrocarpa Bois. Fiimana glu/inosa Bois. Globularia Alypum L. Cistus monspeliensis L. Tapis lierbacé : Erythrcea Centaurium L. Anthémis tiiberculaia Boiss. IJelichrysum FonUinesi Gamb. Scleropoa rigida h. Polygala monspeliaca L. Seriola irtnensis L. Imita viscosa L. Kxleria phleoides Vill. Gaslvidium lendigerum L. Quercus Ilex L. Quercus Ilex L. Oteu europxa L. (Mlitris quadrivttlvis VenI, Arbutiis Unedo L. Cistus Clusii Dun. Fiimana calycina Claus. Genista tricnspidata Desf. Spartium juncenm L. Polycnemon FontanesiB. R. Galium campestre Schousb. Leucoïum autumnale L. Coronilla scovpioides Kocli. Anthyllis tetraphytla L. Atractylis cespitosa Desf. Lygeum Spartum L. /?«<« chalepensis L. Teucriumpseudo-chamœpitysh. Linum corymbiferum Desf. Le tapis d'aiguilles de pin est quelquefois couvert de lichens; citons le Cladonia endivieefolia Diks. 2° Faciès littoral. — • Sur les calcaires du lias et les marnes et calcaires du sénonien de la région de Bougie, les pins n'existent plus que sporadi- quement par bouquets, principalement sur les crêtes et en général sur les points non occupés par l'homme ; ils ont, à plus forte raison, disparu des environs immédiats de Bougie et du Gouraya, qui a du être fréquem- ment incendié; mais il est évident que le Pliiiis halepensis constituait le fond de la végétation primitive ; le Quercus coccifera, qui rejette vigou- reusement de souche, s'est, au contraire, perpétué partout où le défriche- ment n'a pas été complet; quant à l'olivier, il a été tout particulièrement protégé et s'est largement multiplié. Les traces de l'ancienne végétation que l'on rencontre encore çà et là présentent les espèces ligneuses suivantes dans les marnes et calcaires du sénonien : 98 DOMINA N T S !•; T U D E P 1 1 Y T O G É O G R A P II I Q U E A n 0 N' I) A N T s PARSEMÉS Olca eiiroputi L. (juerciis (• oc ci fera L. JHslacia Lenlisciis L. Cisliis monspclicnsis L. Ericii inulli/loru L. Cahjcotome spinosa Lam. Cerafonifi Silif/ita L. Putoria Calnhrica Pers. liliomniis oleoules L. Teiicrinin frullcans L. Cilobiilnria Atijpum L. Jiiniperus Oxijcednis L. Crodvgiis Azarolas L. Philbjrea média L. Myriiis cominiinis L. Daphne (inidium L. Anugijris fuiida L. Parmi les plantes herbacées, on trouve mêlés aux mauvaises herbes des cultures : D 0 M r N A N T S ADONDANTS PARSEMES Convolruliis mauritaniens Bois. Convolriilns allliieoldes L, Clilora graitdi/lora L. Ileliehrysum Fonlanesi Camb. Teucrium Folium L. CoroiiUla juncea L. Phagnalon sordidnm D. G. Aipenila Itirsula Desf. Dans les calcaires compacts, représentés surtout par le lias, Tassocia- tion primitive a été moins complètement détruite; cilons : DOMINA N T S ABONDANTS PARSEMES (^iierciis coccifera L. Olea ciiropiva L. (lisliis monspeliensis L. Erica muUillora L. Espèces ligneuses Ceratonia Siliqtia L. Pislacia Leutisciis L. Pliilhjrea média L. (ilobiilaria Alypum L. liliamniis oleoldes L. Teucriam friilicans L. Calijcolome spinosa Lam. Kspèees herbacées : (loronilla juncea L. Ampelodesmos lenajc Xahl. (^onvolvulusînauritanicusBois. F.onvolvulus Cantabrica L. (]onvolvulus aUhœoïdes L. lleliclirijsnm Fonfanesi Camb. Phagnalon sordidum I). G. Andropogon liirlus L. Myrlus communis L. Celtis ansiralis L. Crattigus Azarolus L. Juniper us Oxycedrus L. Lavandula multifida L. Bupleuruni frulicosuni L. Lonicera implexa L. Smilax aspera L. Jasminum frulicans L. Prasium majus L. Chamscrops humilis L. OrnithogaHum orabicum L. Allium roseum L. Sedum muUiceps Goss. D. R. Sedum aeruleum Valil. /{«<« chalepensis L. Galinm brunnaum ]Munby. Les environs de Bougie se trouvent en dehors de la région du palmier nain, et c'est accidentellement que cette espèce existe sur les rochers de Gouraya; le même fait se reproduit dans des zones très variées; c'est DE LA KABYLIE DU DJURJURA 99 ainsi que nous avons rencontré cette espèce sur les rochers liasiques à 850 mètres d'altitude, sur le versant Nord du Djurjura. FiG. 9. — Forêt de pin d'Alep à Abvid Gtiiril (forêt d'Azroul. L'association du pin, de rdivier et du kermès est, même dans son état actuel, des plus caractéristiques; c'est la seule qui, en Kabylie, com- prenne VErica multiflora. La forêt de pin de la pointe Ksila est beaucoup moins remarquable; elle 100 ÉTUDE PHYTOGÉOGRAPHIQUE se présente avec les espèces de la région voisine peuplée de chênes verts et d'oliviers ; les modifications des conditions de végétation sont donc suffîsantos pour provoquer sur ce point un changement dans la distri- bution des arbres, mais non pour modifier la répartition des espèces de dimensions moindres ; ce fait vient justifier le choix des végétaux les plus apparents pour caractériser les formations ; non seulement ils don- nent au paysage son aspect propre, mais ils sont les plus sensibles aux variations des facteurs écologiques. Influence des facteurs biotiques. — Le feu se propage très rapide- ment dans les boisements de pin d'Alep, mais le massif se reforme assez facilement après l'incendie ; au bout de quelques années le sol est géné- ralement couvert d'un fourré complet de jeunes conifères. Toutefois, l'anéantissement de la forêt peut devenir définitif si un nouvel incendie survient avant que les jeunes arbres aient pu fructifier; encore suffit-il souvent de quelques porte-graines disséminés aux environs pour régé- nérer peu à peu la futaie, si de nouvelles causes de destruction n'inter- viennent pas. Le pin, dont la souche ne forme pas de rejets, remédie à cette cause d'infériorité par une fructification abondante et par la grande facilité avec laquelle ses graines ailées se disséminent. Il est à présumer que les incendies successifs et un pâturage intensif ont détruit la forêt sur les calcaires dominant Bougie, terrains suscepti- bles seulement de donner des pâtures, tandis que la pioche et la hache ont surtout contribué à la faire disparaître des terrains marneux voi- sins, généralement cultivables. Un tel fait ne saurait surprendre dans une région depuis aussi longtemps habitée. Au pied du Djurjura, sur les atterrissements miocènes, la forêt a été moins profondément atteinte; les deux extrémités Est et Ouest de la région du pin y ont toutefois été défrichées, et sur les lisières méridio- nale et septentrionale on a souvent substitué à la futaie quelques cultures ou de simples pâtures où croissent encore des touffes de lentisque, de retam, de romarin et surtout du diss. Les incendies sont encore assez fréquents dans les forêts qui ont per- sisté; VAnipclodesmos tenax\iA\\. se développe beaucoup après le passage du feu, mais peu à peu le couvert de la jeune pineraie vient réduire son importance et ramener l'association à l'état normal. Les forêts de pins occuj)ent aujourd'hui dans cette région 80 kilomètres DE LA KABYLIE DU DJURJURA' ' lOl carrés sur 144 qu'elles ont dû couvrir, soit les 4/7 environ de la surface primitive. Les forêts résineuses du littoral n'existant plus qu'à l'état de lambeaux, la surface actuellement couverte de pins, dans l'ensemble de la Kabylie du Djurjura, n'est plus, par suite, que les 2/5 de ce qu'elle était primiti- vement. Le pin peut entrer en concurrence avec le chêne vert et avec l'olivier; la nature du sol aussi peut lui permettre de se substituer au cliéne-liège. Il est à remarquer que le pin n'entre pas en concurrence avec le chêne - liège sur les sols siliceux; il est localisé dans le secteur numidien, sur les sols défavorables à ce dernier. De l'absence du pin dans les forêts du chêne-liège il faut conclure que le Qiiercus Siiber n'est pas ici dans des conditions limites, et qu'il y trouve un milieu plus propice que dans le Midi de la France. A mesure que l'on s'avance vers l'Ouest, en dehors du secteur numidien, Thumidité décroît, et l'on rencontre également en Algérie des forêts oîi le chêne-liège et le pin d'Alep se mêlent. Dans la région étudiée, comme en Languedoc, le romarin est un fidèle compagnon du pin d'Alep'. Ex RÉSUMÉ : 1" La forêt de pin d'Alep est très localisée dans la Kabylie du Djurjura; elle s'y présente dans les parties les plus chaudes [tempéra- ture moyenne annuelle supérieure à i4''). Cette essence peut cependant supporter accidentellement un climat assez froid, tel que celui de Fort- National. 2" Elle peut occuper les contrées humides du district kabyle, quand la nature du substratum exclut le chêne-liège; mais elle est surtout déve- loppée dans les régions trop sèches pour les chênes. 3" Elle peut exister sur des sols très ingrats et de composition chimique très variable. 1. Hardy. La Géographie et la Vcgétatlon du Languedoc, p. 149. CHAPITRE V LES FORÊTS DE CÈDRE iCedrus Liixini Barr.) Influence des facteurs climatiques et du relief du sol. — La zone du cèdre occupe les sommets de la chaîne du Djurjura; ses limites cor- respondent à celles- du domaine des liantes montagnes atlantiques. Elle commence à F Ouest au Djebel Haizer, et se prolonge vers l'Est jusqu'à TAzerou N' Tohor; les dernières traces de la forêt de cèdre se trouvent à deux kilomètres à l'Est de ce pic, mais les pâturages qui s'étendent jusqu'à Tizi-N'Tizi doivent être rattachés à cette zone : les espèces qui les constituent et l'absence de VAmpelodesmos tenax ValiL, répandu dans toute la région du chêne vert, le démontrent nettement. La zone du cèdre est de toute part entourée par celle du Quercus Ilex; ce dernier se mé- lange quelque peu au Cedi-us Libani sur les confins des deux forma- lions. La limite inférieure de la forêt de cèdre se trouve à une altitude varia- ble avec l'exposition et le relief du sol. A l'exposition Nord, elle coïncide sur les flancs du Haizer avec la courbe de niveau 1.450 m. environ, quel- quefois 1,400 m. dans les ravins. Au centre de la ciiaine, la limite de la zone du cèdre, sur le versant septentrional, correspond en général aux grands escarpements qui carac- térisent cette partie (bi Djurjura; elle se trouve donc à une altitude qui atteint et dépasse souvent 1.700 m., si l'on se base sur le niveau du som- met de la muraille rocheuse. Vers l'Est, le massif du Djurjura est, comme nous l'avons indi(pié, formé d'une double chaîne : la forêt de cèdre descend jusqu'à 1.400 m. sur le versant Nord de la vallée d'Aït-Ouabane, qui sépare les deux chaînes; mais ce résineux se mêle encore au chêne vert plus bas dans la vallée. ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE DE LA KABYLIE DU D.IURJURA 10.? Dans le ravin de Tirourda il descend jusqu'à 1.300 m. La limite de la région du cèdre s'abaisse donc dans les Aallées secondaires*. Sur le versant Sud, le Cedrus Libaiii descend jusqu'à 1.500 'm. envi- ron sur les escarpements pierreux que domine le pic du Haizer, mais la limite se trouve à 1.400 m. dans le massif du Taouialt, où de nombreux cèdres se mêlent même au chêne vert jusc(u'à 1.300 m. En résumé, le cèdre, dont la limite inférieure pourrait atteindre 1.200 m. d'après M. le docteur Trabut, se maintient sensiblement plus haut dans le Djurjura. M. Lefebvre dit, au sujet des forêts de cette essence dans le Djurjura^ : « Les lambeaux des anciens massifs occupent les deux versants de la ligne de faîte, du pic de Haizer au col de Tirourda, en formant entre 1.500 m. et 2.000 m., à la limite supérieure de la végétation forestière, une bande ininterrompue de 60 kilomètres de longueur. » Nous ne pensons pas qu'il faille placer à 2.000 m. la limite de la végé- tation forestière dans le Djurjura. Il existe, en effet, sur cette chaîne des sommets élevés où la forêt fait défaut, mais il n'en résulte pas qu'elle n'y a pas existé et qu'elle ne pourrait encore s'y développer, (irisebach admet que, pour un arbre, la période végétative ne peut s'abaisser au- dessous de 3 mois; nous sommes très loin de cette limite sur les som- mets du Djurjura, où la période de végétation atteint près de 6 mois. MM. Stebler et Schroter indiquent' qu'en Suisse la zone subalpine s'ar- rête à une altitude supérieure, variant entre 2.300 à 2,600 m.; elle ne saurait se terminer plus bas en Algérie; or le Djurjura ne dépasse pas 2.308 mètres. D'ailleurs le cèdre peut non seulement se présenter à l'état isolé jusqu'à 2.164 m., comme l'indique M. Britsch*, mais il constitue encore dans ces conditions des lambeaux de boisements, vestiges d'anciennes forêts; citons celui qui, à cette altitude, recouvre un éperon du Tachgagalt, et un autre assez bien conservé sur le sommet du Tcennad 2.134 m.). Sur le versant de Lalla-Kredidja, la forêt n'atteint plus 2.000 m., il est vrai, mais il existe au-dessus de ce niveau des arbres isolés et de vieilles souches de cèdres; la tradition nous apprend d'ailleurs que cet arbre croissait jadis jusqu'au- dessous du pic. Le fait que l'extrême pointe d'une montagne n'est pas 1. Il en résulte que la limite supérieure de la zone du chêne vert, située immédiatement au-dessous, passe par un maximum dans les vallées. M. G. Bonnier a déjà fait cette remarque pour la zone alpine inférieure {Végé/atian de la l'allée de Cltanionix : Revue de botanique, t. \" , p. 154). 2. Henri Lefebvre. Les Forêts de rAlgcrie, p. 414. 3. Les Plantes fourragères alpestres, Berne. 1896, p. 22. 4. Rapport inédit cité dans les Forêts de l'Algérie, p. 414. lOfi ETUDE PHYTOGÉOGRAPIIIQUE couverte d'arbres n'implique nullement qu'elle s'élève au-dessus de la zone de végétation forestière, mais simplement que les vents violents qui ])attent le sommet s'opposent mécaniquement à la croissance des phané- rophytes. 11 existe de nombreux exemples; mentionnons seulement que ce lait se produit dans la région des chênes h feuilles caduques, sur la pointe cUi Tamgout d'Azazga, qui ne s'élève qu'à 1.278 mètres, La zone forestière du cèdre s'étend donc jusqu'aux sommets les plus élevés du Djurjura. Nous ne pouvons par suite qualifier d'alpines les pelouses qui occu- pent les parties déboisées et non complètement rocheuses des crêtes de cette chaîne. M. Flahaut* appelle prairies pseudo-alpines les pelouses qui occupent beaucoup de sommets situés en dehors de la zone alpine et dont la végétation forestière est exclue, actuellement du moins. Par suite du défaut de longs chaumes et de la présence de buissons et de plantes suffrutescentes dans la formation qui nous occupe, nous choi- sirons, pour nous conformer aux définitions généralement adoptées-, l'expression de pâturages pseudo-alpins. Influence de la nature du sol. — La plus grande partie de la zone du cèdre est constituée par les calcaires du lias. Elle comprend égale- ment, sur divers points, des affleurements des schistes et des grès que nous avons déjà cités comme se rapportant au carbonifère et au permien. L'étage des marnes, grès et calcaires à nummulites existe au Taouialt, à Aït-Ouabane et sur le versant Sud de Lalla-Kredidja; les calcaires num- mulitiques forment sur le versant Nord du Haizer une chaîne secondaire en partie occupée par le Cedrus Libani. Entre le massif principal et cette crête moins élevée, les grès et poudingues de Drâ-el-Mizan constituent, aux Beni-Kouffi, une région forestière dont la partie supérieure, seule située dans la région du cèdre, est connue sous le nom de Drâ-IngueP. Enfin, à l'extrémité orientale de la zone, a l'Est de l'Azerou-N'Tohor, on rencontre les argiles et grès du medjanien. Ce sont les calcaires du lias qui forment les grands escarpements du versant Nord du Djurjura; la forêt ne saurait exister sur cette immense muraille, que jalonne seulement çà et là un buisson ou un arbre rabou- 1. Les Limites supérieures de la végélation forestière et les Prairies psendo-aljunes en France (Revue des eaux et forêts, t. XL, année 1901, p. 385 et 417). ti. DutDE. Manuel de géographie botanique, p. 279. 3. Dru Inguel signifie crête des cèdres. DE LA KABYLIE DU DJURJURA 105 gri, mais on ne la retrouve pas non plus sui' la plupart des sommets ou des croupes calcaires, où il ne reste le plus souvent que des arbres isolés, FiG. 10. Cèdre en candélabre arec sous-bois de lioux. quelquefois des lambeaux de forêts comme ceux que nous avons signalés ; des boisements clairs, mais assez étendus, se rencontrent sur le versant Sud de la chaîne. La crête du Haizer présente un aspect tout particulier; elle est per- 106 ÉTUDE PII YTOGÉO GRAPHIQUE forée de nombreux avens, appelés Tessereft par les indigènes, sortes de puits dans lesquels les neiges s'accumulent et persistent souvent durant tout l'été. Ces stations sont très spéciales. Les terrains primaires sont également peu boisés, et le medjanien ne porte que des pâtures. Les plus beaux massifs de cèdre sont localisés sur Fétage des marnes, grès et calcaires à nummulites et sur les grès et poudingues de Drà-el-^Slizan, qui constituent, sur les points occupés par la forêt, un substratum en général siliceux; on y rencontre cependant de nombreux fragments de calcaire, soit inclus dans la roche, soit à l'état d'éboulis. On représente en général le cèdre comme une essence recherchant le calcaire; en réalité, il existe fréquemment sur ce substratum, parce que les calcaires occupent souvent la crête des hautes montagnes de l'Algérie, oîi le climat localise cette essence; mais il préfère de beaucoup les sols meubles et profonds au substratum sec et superficiel que lui fournit le calcaire ; l'abondance du carbonate de chaux ne paraît pas non plus lui être indispensable au point de vue chimique, car il prospère fort bien sur les grès rouges du permien, à peu près dépourvus de calcaire, quand les actions biotiques ne viennent pas s'y opposer. Les associations du cèdre et leur physionomie. — Dans sa jeunesse le cèdre a un port conique; il est surmonté dune ilèclie qui peu à peu s'infléchit jusqu'à ce que la cime prenne la forme tabulaire caractéristi- que de cette essence dig, lli. Les branches, relevées au début, s'abaissent par la suite vers le sol; les plus longues présentent fréquemment une inclinaison voisine de 40 p. 100. Cette disposition paraît permettre à la neige de glisser jus- qu'au sol sans briser les rameaux. La plupart des arbres portent des feuilles courtes, arquées, munies de deux raies glauques qui leur donnent un aspect argenté; d'autres ont des aiguilles droites d'un vert assez clair. Cosson a démontré' que cette différence dans l'aspect des feuilles était due à des circonstances locales. En général, les individus abrités présentent des feuilles vertes et droites, tandis que celles-ci deviennent glauques chez les arbres adultes exposés à l'influence des vents et de la chaleur. On trouve même quelquefois les deux sortes de feuilles sur un même pied. 1. Cosson. yote sur le cèdre d'Algcrie (Bull. Sjc. bot. de France, séance du 28 mars 1856). DE LA KABYLIE DU DJUR.IURA 107 Level' cite clans l'Aiirès des cèdres de 38 mètres de hauteur et 5 m. de tour; l'un d'eux avait 305 ans. Cet arbre pourrait, d'après M. Lefebvre-, atteindre 40 mètres de hauteur et 9 mètres de tour, mais on ne le ren- contre pas avec de telles dimensions dans le Djurjura, où la hauteur moyenne des arbres est de 10 h 15 mètres; les plus hauts ne dépassent guère 18 mètres. Les sujets de 2'", 50 de tour ont un âge variant de 180 à 300 ans; les plus gros atteignent 4 à 5 mètres de circonférence et envi- ron 500 ans d'âge. 1° Les associations du cèdre sur les calcaires. — Les pâturages pseudo- alpins occupent la majeure partie des crêtes calcaires. On y aperçoit çà et là quelques vieux cèdres souvent mutilés, ou quelques bouquets de cette essence au milieu d'amoncellements de rochers; les arbres morts sont nombreux. Il est à remarquer que les cèdres se trouvent surtout sur les points où il existe, parmi les calcaires, des traces des poudingues et grès de Drâ-el-Mizan, qui ont ajouté au sol des éléments siliceux. Çà et là on rencontre le Junipenis coiuiiuinis L.; il l'orme vers 1.800 mètres de véritables buissons, mais sur les hautes crêtes, à 2.000 mètres, il ne constitue plus que de larges plaques étroitement appliquées sur le sol. Le Cratœgus lacinata Ucr., bien défendu par ses robustes épines, atteint souvent 3 à 4 m. de hauteur et 1 m. de tour. Le Prunus prostrata Lab. s'étale sur les rochers ou forme de petits buissons. Le Cai-duiicellus atrac- iylohles Coss. et Kr. constitue souvent un tapis dense et bien armé sur de grandes étendues, tandis que le Bupleuruiu spinosum L. f. affecte plutôt la forme en coussinet. \^ Euphorhia luteola Coss. présente de nombreuses colonies; les fétuques ovines et autres graminées, beaucoup plus abon- dantes que dans les formations déjà étudiées, forment, dans les intervalles restants, des touffes serrées à feuilles généralement courtes et étroites. Le Vicia giauca Presl., assez rare, et VOdoiitites Lapiei Batt., assez répandu en automne, s'abritent d'ordinaire dans les touffes du Carclun- cellus atractyloïdes Coss. et Kr. Le Scabiosa crenata Cyr. se rencontre sur les affleurements marneux, qu'il tapisse quelquefois à lui seul de ses souches épaisses; le Rumex scutaLus L., var. induratus, est fréquent sur les éboulis. Les cuscutes sont assez répandues; on rencontre les Cuscuta ohtu- scita Trab. et scahrcUa Trab. sur le Bupleuruiu spiuosum'^. Les espèces 1. E. Level. Notice sur les forets de cèdre du département de Constai.iiiie, p. 5. 2. H. Lefebvre. Les Forets d'Algérie, p. 408. 3. Les Cuscutes du nord de l'Algérie (Bull. Soc. bot. de France, t. LIV, p, xxxviii). 108 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE suivantes croissent dans les stations humides : le Lamium longiflorum Ten., le Barbarea vulgaris Reich., le Luzula grœca Kunth., le Senecio Perralderianiis Coss., les Ranuuculus aurasiacus Pom. et inillefoliatus Vahl., le Ficnria calthœfolia h., VAlopecurus pratensis L., le Valeriana tuberosa L., le Carex cllvisa Huds. et le Caleiidula tomentosa Desf. L'association des pâturages pseudo-alpins se résume ainsi : DOMINANTS AliONDANTS PARSEMES Arbres et buissons : Prunus proslata L'ab. CardunceUus atraclyloïdes Coss. et Kral. Dupleurum spinosum L. fils. Festuca algei'iensis Trab. Festuca atlantka Duv. J. Festuca duriascula L. Fesluca lœvis Hack. Bromus squarrosus L. Carduus macrocephalus Desf. Acanthyllis numidica Pom. Helianthemum vulgave Pars. Lotus corniculalus L. Anagallis linifolia L. Thymus hirtus Valil. Fou bulbosa L. Vincetoxicum officinale Mœncli. Daclylis glomerata L. Calamintlia alpina Lam. Tapis herbacé : Linaria heterophylla Desf. Foa Djurjurx Trab. Sinapis pubescens L. Poa trivialis L. Asperula hirsnta Desf. Seduni dasyphyllum L. Tulipa celsiana Red. Sedum album L. (]ynosurus elegans Desf. Trisetum flavescens L. Lamium longiflorum 'Yen. Géranium Hobertianum L. Onosma ecliioïdes L. Artemisia Absintliiam L. Convolvulus mauritaniens Bois. Lolium perenne L. Leontodon Djurjuric Coss. D. R. Plilomis Bocei de NoO. Arabis albida Ster. Silène atlantica Coss. D. R. Matlia gymnandra Coss. Thlaspi Tinnœanum Huet. Anthoxantum odoralum L. Odontiles Lapiei Batt. Slachys circinnata l'Her. Polygonum avicnlare L. Géranium pyrenaïcum L. Barbarxa vulgaris Reicli. Ilordeum murinum L. Bromus erectus L. Linaria reflexa Desf. Berberis hispanica B. R. Juniperus communis L. Cratxgus laciniata Ucr. /?osffl sicula Tratt. y?osa Pouzini Trait, iîosffi canina L. Cedrus Libani Barr. Taxas baccata L. /Jiôes Uva-crispa L. Daphne oleoïdes Scli. (rare). Dianthus libnrnicus Brot. Senecio Perralderianas Coss. Rumex induratus B. R. Campanula macrorhiza J. Gay. Carex divisa Huds. Ranunculus aurasiacus Pom. CardunceUus pinnatus D. C. Alopecurus pratensis L. Catananche montana Coss. Inula montana L. Ilordeum bulbosum L. Armeria allioïdes Boiss. Bromus tectorum L. ^t'cna bromoïdes Gouan. Scrophularia lievigula Valil. IIolcus lanatus L. Doronicum atlanlicum Cliab. vlreno macrostachya Bal. Taraxacuni obovatum D. C. Linaria marginata Desf. Romuira (sp. n.) Asphodelus luteus L. Pimpinella Baltandieri Cliab. Brassica Gravinx Ten. Allium pallens L. Alyssum alpestre L. Jurinxa humilis D. G. Polycarpon Bivonx Gay. Ficaria calthxfolia L. Calendula tomentosa Desf. Cerastium atlanlicum D. R. DE LA KABYLIE DU DJURJURA ABONDANTS PARSEMÉS 109 k Cynoglossum nebrodense Guss. Riimex luberosus L. Uieraciiim pilosella L. Luziila grœca Kunlh. Taraxucum inxejuilobum Pom. Selinopsis montana Goss. D. R. Bellis sylvestris L. Kœleria cristala L. Lepidium humifusum L. Viola Munbyana B. R. Ant/iemis punclafa Desf. Cuscuta obtusata Trab. Cuscula scabrella Trab. Polygala nicxensis Risso. • Scabiosa crenata Gyr. Alsine verna L. Scorzonera coronopifolia Desf. Sedum amplexicaiile D. G. Aceras pyramidalis Reich. Valeriana tuberosa L. Thalictrum minus L. Linaria flexiiosa Desf. Ranunculus millefoliatus Valil. Phalangium algeriense B. H. Cerastium Boissieri Gren. Fhleum Boœhmeri Wib. Arabis pseudolun-itis B. II. Aquilegia viilgaris L. Vicia glauca Presl. Herniaria hirsnta L. Rares. HeUantlie.miim caniim Dun. Anthyllis monlana L. Hieracium hiimile' Jacq. Ephedi-a nebrodensis Tim. Asplenium liula-muraria L. Epilobium virgaliim Pries. Quelques espèces paraissent absolument localisées sur les plus hauts sommets : tels sont le Bunium Chaberti Batt., V Œthionema Thomasianum Gay., V Erodium cheilanthifoliuni Bois., que l'on ne rencontre qu'à la pointe de Lalla-Kredidja, et VAstragalus depressus L., récolté au piton du Haizer par M. Battandier. IJ Homalothecium sericeiun B. E. existe çà et là, surtout dans les sta- tions humides; les mousses sont abondantes près des sources avec le Veroiiica Beccabunga L.; citons le Philoiwtis foiitana Brid., les Bryum fallax^ Millde et turbiiiatum Schw. Les lichens crustacés sont nombreux 1. Hieracium nouveau pour l'Algérie, déterminé par M. Arvet-Touvet. 2. Espèce nouvelle pour l'Algérie, signalée dans une note de l'auteur sur la phytécoîogie de la région orientale de la Kabylie du Djurjura. (Comptes rendus Acad. des sciences, 23 mars 1908.) 110 KTUDH PIIYTOGÉOGRAPHIQUE sur les blocs calcaires; le Vei-i-iicdi-ia purpiirascens HofFn. frappe surtout les yeux par sa teinte. I^e Lecaiiord varia Ach. se développe sur le bois des cèdres morts. Les dépressions qui jalonnent ces pelouses, en particulier les Tesse- reft du massif du Hai/.er, sont entourées de rochers, souvent escarpés, sur lesquels on rencontre des plantes ligneuses qui font défaut dans les pâturages, tels sont : le Sorbus Aria Grantz,, VAmelaiichier viilgaris Mœnch., le Rhaninus alpiiia L., le Loniccra habylica Rech., le Cotoneas- ter Fontanesi Spach. Les Tessereft, grâce à la neige qui y demeure toute l'année et qui fond peu à peu en été, présentent une atmosphère froide et humide, l'ombre y règne d'ailleurs constamment, et il en résulte une flore remarquable; on peut citer, pour les phanérogames : le Ribes petrœum Wulf,, commun à cette station et aux forêts humides de la même zone; le Sedinn magel- leiise Ten., le Galiuni Perralderii Coss., le Poa alpina L. (non var. Djur- Jurn' ., le Solidago Virga-aurea L., le Cephalaria niaurilaiiica Pom., qui sont là mêlés aux espèces des pâturages, surtout à celles qui recher- chent les stations humides : le Lamium longiflorum Ten. et le Ranuncu- lus aurasiacus Pom. en particulier. Sous l'influence de ce milieu, les individus peuvent modifier leur aspect; les plantes ligneuses telles que le Rerberis hispanica B. Px., le Sorbus Aria Gr.,le Ribes petrœum Wulf., le Prunus prostrata Lab., se présentent fré- quemment avec des feuilles larges et molles; ce dernier perd même en partie le tomentum de la face, inférieure du limbe; nous avons noté un sorbier dont les feuilles, très minces, atteignaient 0'",16 sur 0'",13, alors que les dimensions ordinaires sont, dans les autres stations, de 0'",09 sur 0"\06. Le Senecio nebrodensis L. acquiert quelquefois de grandes feuilles arrondies qui donnent à la plante un aspect tout à fait spécial (var. : lati- folia). Nous avons découvert dans cette même station une variété du Poli/s- tichuni aculeatum L. dont M. le docteur Trabut a fait le Potystichum [aculealum] Djurjura', diflerant du type par ses frondes à bords plus parallèles et simplement pennatiséquées. Le Lamium longiflorum Ten. accroît les dimensions de ses fleurs, qui atteignent fréquemment 35 mm., alors qu'elles arrivent rarement à 30 mm. dans les autres stations; elles sont, dans les Tessercft, fréquemment blanches avec une tache violette sur chaque lèvre et des stries de même couleur à la gorge; on peut en DE LA KABYLIE DU DJURJURA 111 l'aiie la variété nivalis. Les expériences de M. Gurtei' ont montré que la diminution de lumière atténue le nombre et les dimensions des fleurs; c'est sans doute à l'humidité qu'il faut attribuer ce grand développement des pétales. Les l'ougères et les muscinées abondent; citons parmi les premières, outre le Polystichum aculeatnm L. déjà mentionné : le (jjstopteris fragilis Bernh., V Aspleniiim Trichomanes Huds., le Nephrodium pallidum Bory. Parmi les muscinées notons : IJracInjt/iecinm rehdimim B. E. Hoinalollieciiini sericeum B. E. Mniiim morginalum P. de B. * Eunjnciniim praiongum B. E. Pseiidoleskeu alrovirens B. E. Plagiochila inlerrupta Duni. * Euninclniun piliferum B. E. ' var. Perrahlieri Bescli. Madollieca porella Nées. * Eanjnclnum slrigosuin Iloffm. linjiim cxspititiiim L. Heboulia Iiemispluvrica Raddi. Tiinmia megapoliluna Iledw. Mniiim slellure Iledw. (abon- (abondant). danl). * Parmi ces espèces, cinq- sont nouvelles pour l'Algérie. IS Endocarpon miuiatunï Ach. est un lichen assez commun dans ces dépressions. Les grands escarpements calcaires du versant Xord présentent égale- ment des stations bien abritées du soleil, mais moins humides et surtout moins froides en été que les Tessereft; on y rencontre, avec une partie des espèces déjà citées, VAcer nwnspessulanuni L. et VAcer obtusatuin Willd., qui paraissent redouter le climat des hauts sommets; le Daphne Laureola L. est assez répandu. L'association comprend surtout : DOMINA N T S ABONDA X T S PARSEMES l 'incetoxiciim officinale M(pncl Eupliorbia liileola Coss. Saxifraga globuHfera Desf. Sedum dasi/phijllum L. Arbres et buissons : Friiniis proslrala Lab. /^e/'fcertsAtspa/ucft Bois. et Reut. Cratagus laciniala Ucria. Acer monspessulanum L. Tapis : A r ternis ia Absinllnum L. Daclijlis glomeruld L. Fliloniis Bovei de Noë. (lardiius macrocephaliis Desf. Scvophuluria hvvigata Vaiil. Silène inollissima Siblli.et Sm. 1. CuRTEL. Recliercltes physiologiques sur la fleitr (Thèses de Paris, 1895)). '1. Espèces marquées d'un astérisque. 3. VAcer opulifolium n'a pas jusqu'ici été signalé dans le Djurjur que VAcer obtusalum et nous parait localisé sur le versant Nord du Acer ohlnsaliim Willd. Daphne Laureola L. lihamnus alpinu L. Riiscus aculealiis L. Sorbus Aria Crantz. Acer opulifolium Villars'. Sambucus Ebulus L. Géranium molle L. Lamium longi/lorum Ten. Géranium Roberlianum L. Campanula Traclieliumlj. (var. parviflorai. Galium FerrahUerii Coss. Silène allanlica Coss. D. R. Lappa minor D. G. Asperiigo procumbens L. a: il est d'ailleurs moins répandu Haizer. I 1)2 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE Le Lappa et VAsperugo existent à l'entrée des grottes ou abris sous roches situés au pied de l'escarpement et où s'abritent les troupeaux. Les graines en ont sans doute été apportées par le bétail. L'entrée des grottes présente les mêmes fougères que les Tessereft (sauf le Polystl- cJiin)} Djurjurœ) et quelques mousses, principalement : Eiirynchiiim prulongum B. E. Tinimia megapolilana Iledw. Bryum Donianum Grev. Eurynchium pumilum B. E. Pseiidolesha atrovirens B. E. Trichoslomum nilidum Sclip. Homalolhecium sericeiim B. E. (var. Perraldieri Bescli.)- Trichostomum crispulum Brun. (abondant). Ilomalia Insitanica Schp. Itebouliu hemispliœrica Raddi. Les lambeaux de forêt que l'on rencontre en terrain calcaire sur le versant nord ne présentent plus évidemment l'association primitive ; les espèces inermes, ou non vénéneuses, ont en partie disparu; le sous-bois fait à peu près défaut, il est représenté seulement çà et là par des touffes de Rosa, de Berberis hispanica B. R., et quelquefois de Daphne Laureola L. Le tapis est surtout constitué par VAcantliyllis iiumidica Pom., VEu- phorbia luteola Goss., le Bupleuruni spinosum L. f,, le Carduus macro- cephalus Desf., le Carduiiccllus alraclijloides Cos. Lx. entre lesquels s'abritent des touffes de graminées appartenant aux espèces déjà citées pour les pâturages; çà et là croissent le Vincetoxicum officinale Mœnch., VArtemisia Absinthium L., le Phlomis Boveï de Noë, V Asperula hirsuta Desf., le Coiivolvulus inauritanicus Bois., le Teucrium Chamœdrys L., V Hieracium pilosella L., le Calamintha alpinct Lam., quelquefois même le Senecio Perraldei-iaiuis Co^s. D. R., et jusque vers 1.800 mètres l'il^- phodelus microcarpus Viv. Sur le versant méridional les cèdres, souvent clairsemés parmi les rochers, présentent des troncs courts. Le Jasione sessiliflora B. R. et le Delphinium Balansœ B. R., peu répandus à l'exposition Nord, y sont assez fréquents ; enfin certaines espèces de la zone du chêne vert, qui font absolument défaut dans le domaine des hautes montagnes atlanti- ques sur le versant Nord, croissent sur les pentes méridionales, sous le couvert des cèdres; ce sont surtout : yAmpelodcsmos tenax Valil., le Daphne Gnidiuvi L. et le Calycotome spinosa Lam. 2'^ Les associations du cèdre sur les grès. — C'est sur ce substratum, comme nous Tavons indiqué, que l'on rencontre les forêts de cèdres les mieux conservées. Sur le vers.\nt septentrional elles se réduisent à deux, fort remarquables d'ailleurs, l'une à Aït-Ouabane, sur l'étage des marnes, grès et calcaires à Niunmulites aturica, l'autre au Drà-Inguel, sur les poudingues et grès de Drà-el-Mizan. DE LA KABYLIE DU DJUR.IURA 113 La fort't d'AU-Ouabaiie s'étend sur le versant Nord de la deuxième chaîne du Djurjura, un peu à l'Ouest du col de Tirourda. La première ligne de crête du Djurjura a dû protéger pendant longtemps cette forêt contre l'action des indigènes, et, malgré les abus dont elle a aujourd'hui à souffrir, on retrouve encore vers 1.700 mètres une zone où la végétation a en grande partie son aspect primitif. Letourneux mentionnait déjà en 1871 ce coin de forêt où le pied iiiisse sur le terreau noir et sur les débris accumulés des arbres morts de vieillesse ' . • Les érables et les sorbiers se mêlent au cèdre; le chêne zéen est fré- quent, grâce sans doute à l'épaisse couche d'humus qui conserve au sol une humidité suffisante. Sous cette futaie de cèdre et de tropophytes le Hibes petrœum Wulf. forme çà et là des touffes épaisses, ailleurs le Physospermum acteœfolium Presl. ou le Knautia arvensis Kock. consti- tuent un tapis parsemé de Pœonia corallina Retz. Bien que le calcaire n'existe souvent qu'à l'état de traces, à la superfice du moins', \ llex aquifolium L. est peu répandu, tandis que le Taxus baccata L. est assez fréquent avec le Daphne Laureola L. Les espèces épineuses, telles que le Berberis hispanica B. R. et le Carduus macrocephalus Desf., habitent les clairières. Fréquemment les érables et les sorbiers sont réduits à l'état de buis- sons; les avalanches et les chutes de pierres y contribuent, mais l'homme en est la cause principale. L'association de ce type spécial de vieille forêt se résume ainsi : DOMINANTS ABONDANTS PARSEMÉS Futaie : Cedviis Liboni Barr. Quercus Mirbeckii D. R. Tarus baccata L. Acer obtusatuin AVilld. ' Soibus Aria Grantz. Cerasus Avium Mœncli. Sorbus torminalis Grantz. Sons-bois : Daphne Laureola L. Juniperus communis L. Lonicera arborea Bois. llex Aquifolium L. Crata^'gus laciniata Ucria. Rhamnus alpina L. Jiibes pelrxum ^Vulf. Berberis hispanica Bois. Reut. Cotoneaster Fontanesii Spach. Ruscus aculealus L. Ametanchier vulgaris Mœncli. 1. Etude botanique sur la Kabylie du D/urj'ura, p. 14. 2. 0,17 p. 100 d'après un dosag-e effectué au calcimètre. 3. Cet érable se présente souvent à .\ït-Ouabane avec des pétioles et des l'amules très velus; nous I IVi DOMINA N T S ÉTUDE PII YTO GÉOGRAPHIQUE A H 0 M) A N T s PARSEMÉS Arlemisia Ahsinf/iiiim L. l'hysospermum aclcxfoliiim Presl. Knaiitia arvensis Kock. Tapis herbacé : Uyoseris radin ta L. Vinceto.ricum officinale ]M(rncli. Lamium longi/lonim Tcm. Pieonia corallina lietz. Geum sylvaUcum Poir. Phlomis Borei de Noë. Daclylis glomerata L. Senecio Perralderianus Goss. D. R. Saxifraga glohulifera Desf. Galium tiinetanum L. (var. glu- berrimiiin). Arabis alhida Stev. Calananclie cœrulea L. Geum urbanum L. Asperula hirsiila Desf. CalaminthaClinopodium Benlh . Galium lucidum Ali. Saxifraga atlantica B. R. Inula montana L. Polystichum aculcatum L. Fi'cjfl onobri/cJiio'ides L. Anfliemis kabijlica Batt. rjo/ffl Munbyana B. R. Helianlhemum vulgare Pers. Anlhyllis Vulnevaria L. Silène atlantica Goss. D. R. Tiilipa celsiona Red. (kirdiiiis macrocephalas Desf. Jlypericiim montnnum L. Galium erectum Iluds. HelyclirisumlacteumCoss.h.TX. Myosotis macrocalycina Goss. Armeria longearistata Bois. TioZa sylvestris Lam. Géranium malvaflorum Bois. Ferula sulcata Desf. Phalangium algeriense B. R. Hanunculns aurasiacus Pom. Pyretlirum corymbosum L. (var. /lc/«i//e«e.) Scutellaria Column,r Ail. Endymion cedretorum Pom. l'.ephalantera xipliophyllum Reicli. Specularia falcala L. 17cm atlantica Pom. \epeta multibracteala Desf. Grupina intermedia MuU. C.uscuta scabrella Trab.' Melica uni/lora Retz. A'e7'a7i^/lus divergentes que celles du type ; les pétioles sont gros et velus. 1. Sar Arlemisia Abslntliium. Cette cuscute a déjà été signalée en Tyrol sur un Arlemisia ; c'est, semble-t-il, la première fois que le fait est constaté en Algérie. DE LA KABYLIE DU DJURJUHA 115 Dans les stations plus sèches, on voit çà et là le Gcnista tricuspidata Desf. jusqu'à 1.700 mètres avec quelques Cytisus triflorus l'Her. Les plantes herbacées sont peu denses sur le tapis d'aiguilles; on y rencon- tre surtout VHijoseris radiata L., le Potentilla micrantha L., VHieracium pilosella L. ; les clairières présentent des tapis de Pteris aqidlina L. et parsemés : Phlomis Boveî de Noë. Linaria heterophylla Desf. Bellis sylvestris L. Erisymum grandifloriim Desf. Plycholis atlanlica Com. Gagea foliosa Rœm. Scli. Géranium molle L. Anthémis kabylica Batt. Asperula hcrigala L. Campanula Rapuncnlus L. Origaniim glandnlosum Desf. Saxifraga atlantica B. R. Limodorum aborlivum L. Homulxa (sp. n.). Tlilaspi Tinnxnniim Iluet. Buniiim alpiniim Wal. et Kit. Cirsium Casabonœ D. G. (^Mrdiius macrocephalus Desf. Silène gallica L. Lactiica inlricata Pom. Linaria virgata Desf. Bupleiiriim Coliimnx Guss. Géranium malvciflorumBois. B. Planlago Coronopus L. (forme) Cyclamen africanum Bois, et Reut. Microlonchus salmanticiis D. G. Plantago maarilanica B. R. h'Hi/periciim Naudianum Goss., les Viola sylvestris Lam. et Munbyana B. R., le Campanula alata Desf. et le Brunella Algeriensis de Noë sont localisés dans les stations humides. Une seule station, isolée sur un piton, dominant le surplus de la forêt (1.880 m.\ présente encore quel- ques Pœonia corallina Retz, et HelicJirysum lacteum Goss. D. R. Les mousses et les lichens les plus fréquents et les plus apparents sont : .M U s C I N É E s LICHENS Sur l'écorce des cèdres : Plerogynandrumfiliformelledw (aboudant). Leucodon sciuroïdes Schwœgr. (abondanlj. Sur le sol : Mnium rostratum Scinv. Pellia epipfiylla Corda. Parmelia tiliacea Ach. Près des sources et ruisseaux : Parmelia acetabulum Duby. Parmelia sulcala Nvl. Pliyscia pulverulenia (var. re~ nusta Ach.). Ceratodon purpureus Brid. Grimmia commalala Hûb. (abondant). Barbula subulata P. de B. (var. integrifolia Boui). Hypnum commiilatum Hedw. Rhynchostegium rusciforme Weis. Sur le versant Sud du Djurjura la forêt de cèdre se rencontre égale- ment sur l'étag-e des grès, marnes et calcaires de l'éocène moven; elle est I 116 ÉTUDE PIIYTOGKOGRAPIIIQUE surtout développée clans ces conditions au Taouialt; mais l'association est moins caractéristique (\ui\ Aït-Ouabane, par suite de la présence d'une grande quantité àWiiipclodesmos tena.r Vahl. dans le tapis végétal. On rencontre çà et là quelques Acer obtiisatuni ^Villd., dominés par les cèdres, et dans le sous-bois beaucoup de Genisla iricuspidata Desf. avec le Daphnc Laurcola L., et quelquefois le Sanibiicus Ehiilus L. La forêt de cèdre a été complètement détruite sur les grès rouges, qui lui offrent cependant un substratum des plus favorables. Sur certains affleurements de cette roche, dans les Beni-bou-Addou, la forêt tend même à se reconstituer : les jeunes cèdres, constamment abroutis, se développent en buissons avec quelques houx au milieu d'un tapis de (jcnistd Iricuspiddia qui succède à VAiicatlnjlUs et aux autres espèces qui recouvrent les calcaires. On ne doit pas s'étonner de trouver confinées sur les sommets les plus froids de la haute montagne des forêts toujours vertes, d'aspect xérophile, et assez semblables à celles que forme le pin d'Alep sur les versants les plus chauds, car l'atmosphère des hautes régions est très sèche en été, et l'abaissement de la température rend l'eau inutilisable pour les végétaux en hiver. Le cèdre, avec ses aiguilles courtes, est bien fait pour supporter la radiation et l'évaporation intense de la haute montagne. La résine qu'il contient augmente sans doute sa résistance au froid'; il est toutefois facile d e comprendre qu'il soit beaucoup moins adapté que le Larix europœa D. C, avec lequel on le confond facilement en été, aux températures les plus basses, puisqu'il ne perd pas comme lui ses feuilles en hiver. Influence des facteurs biotiques. — Le cèdre n'a peut-être jamais formé des forêts bien épaisses sur les assises calcaires du Djurjura, il y a du moins été beaucoup plus répandu. Les habitants du pays reconnais- sent qu'il y a cinquante ans seulement, le cèdre était plus abondant qu'au- jourd'hui. A vingt années de distance, M. le professeur Ficheur a constaté sur certains points un recul sensible de la forêt. Vraisemblablement toute la haute chaîne calcaire, exception faite pour les escarpements, était cou. verte de forêts au moins aussi bien peuplées que les lambeaux de boise- ments qui subsistent, ces derniers étant eux-mêmes visiblement dégra- dés, et les parties les moins peuplées devaient tout au moins présenter l'aspect de près-bois. 1. Drude. Manuel de giograpliie botanique, p. 70. DE LA KABYLIE DU D.IUR.IURA 117 En général d'ailleurs les forêts de la haute montagne sont peu serrées; Fi G. 11. — Ccdre tabulaire . on l'explique souvent en disant que les arbres y ont un besoin plus impé- rieux de lumière. M. le docteur Frankhauser* fait observer que c'est peu 1. La Végctatio7i arborescente à la limite siipcrieure (Journal forestier suisse, 1" janvier 1901). 118 ÉTUDE PHYTOGÉOGRAPIIIQUE plausible, étant donné la forte insolation de ces régions; la raison prin- cipale résulterait bien plus, d'après cet auteur, « du fait que seul ce grou- pement des arbres permet de satisfaire à leurs exigences vis-à-vis de la chaleur ». Le nerprun des Alpes, l'amélanchier, le cotoneaster, le chèvrefeuille, le groseillier, aujourd'hui retranchés sur les rochers, ont dû constituer un sous-bois aux forêts disparues. Les érables et les sorbiers pouvaient, comme actuellement à Aït-Ouabane, se mêler à la futaie. Le chêne zéen n'a sans doute jamais existé en aljondance sur le sol sans profondeur recouvrant les rochers calcaires. La disparition de la futaie a été suivie de la retraite vers les cavités humides des végétaux herbacés à feuilles molles et larges; ils ont fait une large place aux espèces épineuses. Ces espèces du sous-bois et du tapis végétal ne croissent plus, il est vrai, sous les boisements de cèdre existant encore en calcaire, mais nous avons indiqué que ces forêts sont en voie de disparition, et les feuillus ont les premiers succombé. Il faut remarquer en effet, comme le dit M. Mathey', que ce n'est pas le pin qui s'avance le plus vers les steppes de la Laponie, mais le bouleau; que c'est le hêtre, et non pas l'épicéa, qui termine les chaumes vosgiennes et les plateaux jurassiques; que c'est le hêtre et le sorbier, et non le sapin, qui surmontent les croupes du Plateau central. Partout où la végétation forestière s'avance très haut sur les ver- sants des Alpes, les bois-limites sont formés de peuplements d'abord pleins, puis égrenés. Des arbres solitaires noyés au milieu de clairs taillis feuillus surmontent l'édifice. Ce n'est donc pas davantage la forêt du cèdre seule qui a dû couronner le Djurjura; et en étudiant l'aspect de celle-ci sur les grès, on est amené à conclure que le type de forêt de Drâ- Inguel est un intermédiaire entre la pâture et la forêt primitive, assez bien représentée à Aït-Ouabane. Les feuillus ont à peu près disparu de Drâ- Inguel; nous n'y avons trouvé qu'un chêne zéen et quelques arbrisseaux, ces derniers protégés par le houx; de ce fait le terreau noir et humide a fait place à un humus sec et à un épais feutrage d'aiguilles mortes, dans lequel les jeunes semis de cèdres ne trouvent même pas l'humidité néces- saire pour subsister; la forêt, ne se régénérant plus, est destinée à p érir On a donné plusieurs explications de la disparition du cèdre que l'on constate sur toutes les hautes montagnes d'Algérie, mais qui est très 1. \. Matiiet. Le Pâturage en forêt, p. 105-107. i DE LA KABYLIE DU DJURJURA 119 accentuée sur le Djurjura. Pour les uns, cette espèce serait en voie de disparition naturelle, pour d'autres le climat des montagnes d'Algérie se serait modifié. Il est à remarquer que la substitution, dans l'associa- tion, des espèces xéropliiles à d'autres plus liygropliiles, des plantes épineuses aux types inermes, avant la disparition de la futaie elle-même, ne se produirait pas si la cause résidait dans la tendance propre du cèdre à disparaître. Le climat s'est évidemment modifié depuis la fin de l'époque glaciaire, mais il est douteux qu'il ait beaucoup changé pendant la période qui coïncide avec la rétrogradation du cèdre, si ce n'est peut-être par ce fait même de la disparition de la forêt, car cette dernière, qui est constituée d'après les exigences du climat, réagit aussi sur lui. L'observation fait d'ailleurs rapidement découvrir d'autres causes, qui ressortent déjà de ce qui a été exposé : les espèces ligneuses feuillues ne se sont pas loca- lisées uniquement dans les stations les plus humides, on les retrouve en général dans les stations difficilement accessibles; quelques rares espèces existent même encore sur les pelouses, mais elles sont ou complètement abrouties, ou protégées par des touft'es de genévriers ou de plantes épi- neuses. La forêt du cèdre n'a pas rétrogradé uniformément, soit dans la partie inférieure de sa zone, soit au contraire sur les plus hauts sommets; elle a surtout résisté dans les stations les moins abordables. On la retrouve sur le versant Sud partout où une large bande de forêts de chêne vert l'a protégée; sur le versant Nord la forêt de chêne vert a pu jouer le même rôle à Aït-Ouabane et à Drâ-lnguel; ailleurs les lambeaux de forêts, ceux du Tcennad et du Tachgagalt par exemple, n'ont résisté plus longtemps qu'à la faveur d'escarpements rocheux qui en rendent l'accès difficile. En un mot, le cèdre et son association primitive ont tout d'abord dis- paru des lieux les plus fréquentés; c'est donc l'homme et les troupeaux qui ont ruiné ces forêts. Cependant, durant certains hivers rigoureux (1879-80 surtout) des peuplements entiers de cèdre ont péri ensuite de la gelée; ce fait a surtout été observé dans l'Aurès, mais il paraît s'être pro- duit éoalement en Kabvlie dans les Beni-bou-Addou. Nous avons cons- taté que les arbres morts se trouvent dans les régions où le sol a été le plus dégradé par les troupeaux. Il a été à tel point endommagé que l'on a quelquefois attribué la mort des cèdres à cette circonstance que leurs racines se trouvaient en grande partie hors de terre. On peut donc admettre que la destruction du cèdre par le froid est encore une consé- 120 KTUDE PHYTOGÉOGRAPIIIQUE DE LA KABYLIE DU DJURJURA ({ueiice de la diminution progressive du manteau végétal, de la suppres- sion de l'humus et du défaut de protection des racines par le sol. C'est, en un mot, un résultat indirect du pâturage. Partout où le cèdre trouve protection, il se développe avec vigueur : à la limite inférieure de son aire il se multiplie fréquemment dans les cépées de chêne vert. Sur les pelouses, les rares jeunes cèdres qui exis- tent encore sont d'ordinaire abrités dans les touffes de genévrier; quel- quefois longtemps maintenu à l'état buissonnant par Vabroutissement, le I jeune arbre ne s'élance et ne forme une tige vers le centre du buisson que lorsque celui-ci est devenu assez large pour que le bétail ne puisse en atteindre le centre. La suppression de ces causes de destruction serait vraisemblablement suivie de la réinstallation de la forêt de cèdre et de feuillus sur les cimes du Djurjura. Un dixième à peine du domaine de ces hautes montagnes est encore aujourd'hui occupé par la forêt : environ 10 km- sur 109. Le cèdre n'a rien à redouter des autres espèces arborescentes sociales répandues en Kabylie ; il n'entre en concurrence qu'avec le chêne vert à la limite inférieure de son aire ; le chêne zéen a dû avoir plus d'impor- tance qu'aujourd'hui dans la zone du cèdre, mais il ne peut remplacer ce dernier sur les sommets les plus élevés ni dans les stations les plus sèches. Ex RÉSUMÉ, le cèdre est localisé sur les sommets du Djurjura, géné- ralement au-dessus de l'altitude de 1.400 m.; la forêt normale de cette essence présente un certain nombre d'espèces à feuilles caduques, mais elle est le plus souvent en voie de disparition; les causes de ce phéno- mène se rattachent toutes plus ou moins directement à l'homme. 1° Cette zone est froide en hiver, tempérée en été ; elle doit présenter une température moijennc annuelle variant entre ij'^ et 10'^; d'après M. Le- febvre, le thermomètre ne descendrait pas au-dessous de — 74" ou — 15" dans le domaine du cèdre en Alo-érie'. 2° La saison estivale, sans pluie, est courte, mais l'atmosphère est //-es sèche. Le repos hivernal dure près de 6 mois. 3° Le cèdre préfère les sols profonds, mais il supporte les sols calcaires les plus ingrats. 1. n. Lefebvke. Les Forêts d'Algcrie, p. 407. CHAPITRE VI l'olivier et les buissons. — LES ASSOCIATIONS LITTORALES L'olivier et les buissons. Influence des facteurs climatiques et du relief du sol. — Cette région ne présente, au point de vue ]>otanique, qu'un médiocre intérêt; l'homme a apporté de longue date de telles modifications à l'état naturel de la végé- tation, qu'il est souvent difficile de se rendre compte de ce qu'il a pu être. L'olivier dépasse exceptionnellement l'altitude de 900 m. ou 1.000 m.; nous avons précédemment choisi celte limite de végétation pour établir une ligne de démarcation entre les deux horizons du chêne vert. Toutes les contrées de la Kabylie situées au-dessous de ce niveau présentent un- climat favorable à VOlca eiiropœa, mais il subit la concurrence des autres phanérophytes qui l'excluent, comme nous l'avons vu, d'une partie impor- tante de la basse montagne, soit parce qu'ils sont mieux appropriés aux conditions météorologiques, comme c'est le cas pour le pin sur le versant Sud du Djurjura et pour les chênes dans d'autres régions, soit parce que le substratum les favorise, comme il arrive en particulier sur les grès. 11 en résulte que l'olivier et les buissons occupent surtout les plaines et les vallées; c'est pourquoi on rencontre peu cette formation dans le sous-district des montagnes kabyles, dont le i/ii" seulement lui appar- tient, tandis qu'elle couvre plus des 3/5 de la superficie du sous-district du Sébaou et les 2/5 du district bouïrien. Elle s'étend au total sur 2.400 km^ environ dans la Kabylie du Djurjura. Influence de la nature du sol. — Nous avons indiqué' que les marnes et une grande partie des argiles étaient occupées par l'olivier et les buis- ]. Première partie, ch. m, Unitcs biologiques, p. 33. 122 KTUDE PIIYTOGEOGRAPIIIQUE sons; ces terrains, malgré leur apparente richesse en eau pendant Tété, en mettent très peu à la disposition des plantes, par suite de leur pouvoir hygroscopique. C'est à cette cause que nous avons attribué la substitu- tion des buissons aux formations forestières dans de telles conditions de substratum. Les assises géologiques occupées par cette formation de buissons peu- vent, d'après leurs caractères physiques, être réparties en trois groupes, de moins en moins favorables à la végétation ligneuse : 1° Terrains présentant, en sous-sol, une roche compacte (andésites, phyl- lades, certains schistes et grès), ou terrains comprenant une proportion importante de silice (bouïrien, alluvions). 2" Terrains où les argiles et marnes sont intercalées d'un élément plus résistant, tel que lits de grès, schistes, quartzites, plaquettes calcaires; ce sont : certains schistes, les argiles schisteuses et quartzites de Falbien- aptien, les argiles et quartzites du danien, les marnes nummulitiques avec lits de calcaire et de grès, les o-rès de Drâ-el-Mizan alternés de marnes grises, les argiles schisteuses du medjanien, les argiles du numidien infé- rieur intercalées de grès, de quartzites et de calcaires marneux, les cou- ches supérieures du dellysien où les grès micacés alternent avec des marnes feuilletées, et certaines parties argilo-siliceuses de l'helvétien. 3" Terrains complètement argileux : marnes du cartennien, argiles déli- tescentes de Thelvétien et marnes du sahélien. Cette classification n'est pas absolument rigoureuse, car certains ter- rains présentent des faciès variés; mais dans l'ensemble les terrains des deux premières catégories constituent un substratum solide, tandis que ceux de la troisième forment des assises peu rigides, souvent même instables. Cette différence paraît inlluer beaucoup plus sur l'aspect et sur le développement de la végétation que la proportion de calcaire. Les associations de l'olivier et des buissons et leur physionomie. — 1" Les le/'/'ains coiisliiudiil un sabsLi-dtuin iii^iile, formés par les assises géologiques mentionnées dans les deux premiers des trois groupes que nous venons d'établir, présentent sur les quelques points où une végéta- tion voisine de l'état primitif s'est conservée, une grande abondance de lentisque, à l'état de grands buissons, avec lesquels croissent l'olivier et les philarias. Dans les stations où le calcaire est rare ou fait défaut, en sur- face du moins, VErica arborea L. se mêle à l'association, jusqu'à devenir dominant sur certains points; dans ce cas l'olivier est moins abondant, DE LA KABYLIE DU DJUB.TDRA 123 et la formation prend l'aspect du maquis. Le PopiiJiis alha L. existe çà et là dans les vallons, le Cdlis aiislraJis L. se montre surtout sur les affleu- rements rocheux des crêtes, dans les parties les plus gréseuses le Cera- tonia Siliqua L. est commun. Le Myrlus coiuniunis n'est pas exclu de la région des buissons, mais il y est strictement localisé dans les stations les plus humides. Nous donnons comme type l'association que l'on rencontre sur les marnes numidiennes, assise qui occupe une surface importante dans la région littorale. DOMINANTS ABONDANTS PARSEMES Olea europœa L. Fistacia Lentiscus L. Cislus THonspeliensis L Arbres : Ceralonia Siliqua L. Populiis alba L. (lellis aiislralis L. Fraainus oxyphylla Bieb. Buissons et plantes frutescentes : Erica arborea L. (ienisla ferox Poir. Cahjcolome spinosa Lam. Anagallis arvensis L. Fedia corniicopiai L. Silène: fuscata Desf. Iniilu viscosa Ait. Aspliodelus microcarpus Viv. Evax pygnuea D. C. Chrysanlhemnm Myconis L. Iledysarnm flexiiosiim L. (ialaclites tomentosa Mœncli. liellis anima L. Daphne (iiiidium L. Asparagus albas L. Plantes herbacées : Biscutella hjrata L. Scandix Peclen Veneris L. Thrincia luberosa L. Convolrulus tricolor L. Loliiim perenne L. Urginea muntirna Bak. Scolyinus hispanicus L. Cerinlhe aspera Roth. Andryala siniiata L. Borago olJicinalis L. Sondai s tenerrimus L. Urospermum Dalechampii Desf. Lagiiriis ovatus L. Linaria re/lexa Desf. liumex hiicepintlophoriis L. Arisariiin vulgure Targ. Toz. Aiichiisa italica Retz. Chlora grandiflora Viv. Ceniaiirea calcitrapa L. Convolvulus arvensis L. Anthyllis Viilneraria L. Chamarops huinilis L. (dans sa zone). Rubiis discolor Weihe. Cralicgiis monogyna Jacq. Clemalis cirrhosa L. Rosa semprrrirens L. Clemalis /lammula L. Myrliis coinmiiiiis L. Ononis nionoplnjlla Desf. Anagyris fœlida L. Tliymelœa hirsula L. Anthyllis telraphyllu L. Cenlaurca piiUata L. Géranium lloberliaiium L. Convolvulus ull/ixotdes L. Senecio delphinifolius Valil. Alliuin triquelrum L. Fallciiis spinosa Gass. Carduus pycnocephalus L. Sonchus asper L. Scolynius grandiflorus Desf. Erviim pubescens D. G. Stacliys liirla L. Cichorium Inhjbus L. Convolvulus canlabrica L. Arum italicum L. Eufragia viscosa Renth. Mercurialis anniia L. lianunciilus macrop/iyllus Desf Lotus coriiiculatus L. Linum corymbiferum Desf. Trixago apula btev. 124 ETUDE PIIYTOGEOGRAPIIIQUE A II 0 N I) A N T S I' A R S E M E S Tapis herbacé : Iris Sisyrinchiiim L. Celsin crelica L. Bellis sylvesfris L. Malope malaclioïdes L. Scilla antamnalis L. Calendula arvensis L. Iledypnoïs pohjmorpha D. Dactijlis glomerala L. Adonis microcarpa D. G. Dttucus muricotus L. LdVdtern ti'imestris L. Trifolinm agrarium. L. Tolpis umbcliala Bert. ^fjgylops ovala L. Scolijmus maculatus L. Andropogon hirliis L. Salvid clandeslina L. Arnmi Visnaga Lam. Alyssum marilimum L. lùhinops spinosus L. Festuca cxrulescens Desf. Atractylis giimmifi'va L. Centaurea niceensis Ail. Scabiosa mariliina L. Erythrxa ramosissima Pers. G. Gulium tiinetanumlj. Scropfiularia canina L. Picridiuin viilgnre Des!'. Rhaponlicum acaule D. G. Aspernla liirsula Desf. Solcnanlhus lanatus D. G. Nigella Damascena L. Kentropliyllumlanatum D. G. Allium roseum L. Reseda alba L. Scrop/mlaria Lrvigata Valil. Anarrhiniim pedalam DesF. Allium chanvi'inoly L. Slierardid arrensis L. Sei'iola .rlnensis L. Carlina ktnatd L. Cdlendiila dlgerieiisis Boiss. cl Reut. Sonchus oleraceus L. Orobduclie condensata Moris Scilki lingiilala Poir. Phlomis crinila Gar. Erriim piibescens D. G. Anacyclus clavatus Pers. Sediim altissimiim Poir. Aristolochia longa L. Le Pitloria cahihi-ica Pers. existe rà et là dans les marnes, surtout dans la région orientale. Les stations humides présentent spécialement : Epilobiiirn telragoniim L. Erylhrsu spicata L. Periderea fiiscdta ^^"ebb. Ficaria callh.vfolia L. Lythrum Gi'xfj'eri Lam. Lorsque l'ombrage est demeuré suffisant, les orchidées se montrent assez abondantes; ce sont d'ordinaire : Opiirys fiiscd Lk. Acerns longibractedla Reicli. Orrliis longicruris Lk. Opiirys Spcciilnm Gav. DE LA KABYLIE DU DJURJUKA 125 Sur les crêtes assez élevées, VAiiipclodcsmos Icna.r \'ahl. peut prendre un grand développement au détriment des espèces ligneuses. Cette même association subsiste sans grande variation sur les autres terrains qui viennent d'être mentionnés. Sur le crétacé, souvent peu calcaire, VEiica nihorca L. se présente plus abondamment; le myrte existe çà et là avec le lentisque, les phila- rias, le calycotome, le Lavaudula Stœclias L., mais l'arbousier fait tou- jours complètement défaut. l^'Aïupelodesiuos tenax Vahl. est d'ordinaire peu répandu. Le Pteris aquilina L. se montre au bord des ravins. Il est à remarquer que le Cistus inoiispcUcnsis L. est particulièrement abondant sur le danien avec le lentisque. Les andésites portent les mêmes espèces, mais la végétation est beaucoup plus pauvre et plus clairsemée sur ce sol sec et sans pro- fondeur. Le medjanien, grâce à des bancs de grès assez importants, présente une végétation à aspect moins xérotliermique ; l'aubépine y est quelque- lois très abondante, dans la rég^ion littorale surtout. 11 faut noter qu'un peu à l'Ouest de Port-Gueydon, dans le bassin de l'oued Mleta, le Cor tara myrtifolia L. existe fréquemment sur ce terrain; il occupe surtout les berges des ravins. Cette espèce est rare dans le surplus de la Kabylie ; nous en avons trouvé quelques touffes au Nord de Thiers et près de Tizi-Ouzou; les auteurs n'en signalent que deux sta- tions peu importantes (Chellata [Lirou], — Aït-Daoud près Aït-Ouabane [Letourneux]). Le grand développement de cette espèce dans un seul petit bassin qui ne présente pas de conditions biologiques bien spéciales amène à supposer que cette espèce n'y est que subspontanée. Mentionnons encore l'abondance des scorpiures [S. veriuicuhita L., .S". sulcata L.) sur les formations nummulitiques de la région des gorges de Palestro, et celle du Thapsia garganica L. sur les parties de la chaîne des Béni Khalfoun occupées par l'olivier. Le dellysien et l'helvétien sont très cultivés. Sur les phyllades, les schistes et les grès appartenant à la formation de l'olivier et des buissons, la végétation perd encore de l'aspect xérophile que lui donnait la grande abondance des cistes et se rapproche de celle des forêts de chênes; on rencontre même quelquefois dans les stations humides le Viburniim Tiiius L. et le RJianinus alaternus L. Les Phillijrca, le Lavaudula Stœchas L., le Pteris aquilina L., le Rosa sempcrvirens L., sont fréquents avec le Bellis sylvcstris L., VErythrœa Ceiitaurium L., les Narcissus serotinus L. 126 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE et c'icgans Spach., le Hdnuiwuliis hullatus L.; les muscinées deviennent également répandues, citons : Homalothecium sericeum 13. E. Eiirynchium circinnatiim B. E. liarbula cuneïfolia 15rid. Barbula ambigua 13. E. Targionia hypophylla L. Parmi les lichens, le Cladonia rangiforniis Hoffm. est abondamment développé sur le sol dans les stations sèches, tandis que le Cladonia fimhriata (l'orme tiibœfonuis) HofFm. est localisé dans les endroits hu- mides. C'est surtout sur ces terrains qu'il est difficile de déterminer les limites de la région du chêne et de l'olivier, mais l'arbousier nous a paru faire toujours défaut dans la formation des buissons. Dans jle secteur du Tell méridional, l'olivier se retrouve surtout sur le medjanien, le crétacé et une partie du bouïrien ; dans cette région, le Juuiperus O.rycedrus 1^., et quelquefois le Jasminum fruticans L., vien- nent s'ajouter aux buissons qui accompagnent l'olivier; le Cratœgus Aza- rolus L. est assez répandu vers l'Est, où le Plunibago europœa L. abonde également. Le Jitnipcriis O.rycedrus existe dans le district kabyle, mais il est can- tonné sur quelques îlots de marnes intercalées de grès, au Nord de Tizi-Ouzou en particulier. Les formations géologiques qui viennent d'être étudiées occupent des pentes plus ou moins rapides. Le fond des vallées constitué par les allu- vions est très cultivé, accidentellement seulement on y rencontre quel- ques parcelles aujourd'hui abandonnées par l'homme. Même sur celles-ci les cultures anciennes ont fait disparaître la végétation ligneuse, qui devait être assez développée, car les arbres qui croissent d'ordinaire au A'oisinage des cours d'eau d'une part et l'olivier et les buissons d'autre part, trouvaient là un sol plus profond et plus frais que sur les assises précédemment énumérées. Quelques stations sont demeurées très boisées il est vrai, le massif de Tineri, situé à l'Est de Boghni sur les alluvions anciennes, par exemple; c'est une véritable forêt de gros oliviers dont on attribue, sinon la création, du moins l'aménagement aux Romains; mais là encore 1 le tapis végétal spontané a été détruit. Il nous a donc iallu nous borner à cataloguer les espèces rencontrées DE LA KABYLIE DU DJURJUHA 127 sur les terrains non actuellement cultivés, mais fréquemment parcourus par le bétail. Sur 1rs alhivions anciennes la végétation herbacée de printemps diffère beaucoup de celle d'automne ; l'association présente d'abord l'aspect d'une prairie, puis presque toutes les plantes inermes se dessèchent, formant un tapis jaunâtre sur lequel se développent des végétaux épi- neux. Dans les formations forestières, le couvert des espèces ligneuses met en partie le tapis herbacé à Taljri des grandes sécheresses estivales ; ici leur effet est des plus marqués. DOMINANTS A li 0 N I) A N T S PARSEMES Hiihiis discolor Weihe. Plantes ligncnses : Zizyphus Lotus L. Calycolome spinosa Lam. Sniilax aspera L. Tapis herbacé, an printemps Periderea fuscata Webb. TrifoHiim nigrescens Viv. Aira cupaniana Guss. Trifoliam resupinatum L. Lolium prrenne L. Melilotus Iciosperma Poni. Bisculella lijrata L. Medicago murex Gren. et Godr. Melica ciliala L. Galactites tomentosa Mœnch. Vulpia ligusiica Ait. Ranunculus chœvophyllos L. Linaria reflexa Desf. Bromus madrilensis L. Thrincid luberosa L. Slierardia urvensis L. liuniex bucephalophorus L. Fedia cornucopùv L. Vulpia geniculala L. Anagallis (n-rensis L. Euphorùia helioscopia L. Paronycliia argenlea Lam. Stachys arvensis L. Erodinm moschatam l'Her. Trifolium agrarium L. Centaurea pullula L. Tetragonolobus biflorus Sev. Poa annua L. Echiuin grandi floram Desf. Ilypericuin auslrale Ten. Lavalera tri/neslris L. Convolvulus Iricolor L. Olea europ.ra L. Daphne (Inidium L. Asparagus acutifolius L. Anagyris fœtida L. Cardamine hirsula L. Galium saccharalum Ali. Brassica asperifolia Lam. Scorpiurus sulcala L. Planlago Be.Uardi AU. Silène tridentala Desf. Crépis taraxacifotia Tliuil. Linum anguslifolium L. Opiirys Spéculum Cav. Orchis papilionacea L. Scorpiurus vermiculafa L. Géranium molle L. Ornilliopus compressus L. Trifolium slellatum L. Myosotis hispida Sclil. Bromus macrostacUys Desf. Capsella Bursa pastoris Mœnch. Calamintha heterotricha Bois. et Reut. Serapias occultata Gay. Ileliotropium europ^xurn L. Aristolochia longa L. Plautago Lagopns L. Bromus maximus Desf. Bupleurum protractum L. Trifolium Jaminianum Bois. lianunculus muricatus L. Ranunculus macrophyllus Desf. Anlhyllis Vulnernria L. \'icia sicula Presl. Lamium maurilanicuni Gand. \'icia salira L. 128 ÉTUDE PIIYTOGÉOGRAPIIIQUE A I( 0 N D A N T S PA R S E M É S Tapis herbacé, an pHiifemps : Corlliamiis miilli/ùltis Desf. Brassica nmplexicauUs Coss. SUichys Uirta L. JJypericiim ciiiatum Lam, Broiniis mollis L. Laf/iynis Ocliriis L. Calendula arvensis L. OniùliognJiim arahiciim L. Senecio ilelphinifoliiis Valil. lirachypodiiim dislaclnjum L /Egilops ovata L. TiUaa mitscosa L. Trifoliiim tomenlosiim L. Echiiim UuUcum L. Trifolium Cherleri L. llyosciamiis niger L. Dactylis glomerata L. Reseda luteola L. Ilordeiim miiriniim L. Poa liiridlis L. Arum arisariim Targ Toz. Scier opoa rigida L. Rupislrum Linnœunum B. R. Danois maximus Desf. Celsia crelica L. Borago ofjlcinalis L. Chrysanthemum segetiim L. En été on distingue surtout dans le tapis herbacé : DOMINANTS A II ON I) AN T S PARSEMÉS Eryngium tricuspidalnm Desf. Daucus maximus Desf. Scolymiis grandiflorus Desf. Centanrea pullata L. Andryula sinuala L. Scolymiis hispaniciis L. Echiiim grandi/lornm Desf. /H7//a viscosa Ait. Cichoriiim Iiitybus L. Carlina racemosa L. Verbasciim siniiatiim L. FaUenis spinosa Coss. Ilelminthia echioides L. Paronychia argenlea Lam. Carlina lanala L. En automne apparaissent : le LcuciViiuu autuiunale L., le Mevendera filifolia Camb., le Siiuethis bicolor Kuntli., le Narcissiis serotiiius L., le Ranunculus hiiIJatus L., le Bellis sijlvestris L., puis le Narcissus Tazetta L. Le Xanthiiim antiquorum Wair. et le Datura Stramoniuni L., se développent surtout dans les alluvions cultivées. Dans la vallée de Toued Sahel le Rétama spJiœrocarpa lîois. est abondant; en outre on ren- contre çà et là le Rosmariiius offîcinalis L., le Spartium juiiceum L., le Cratœgus AzaroUus L. et le Juniperus phœnicea L. ; parmi les plantes herbacées, le Plantago aJbicans L. est très répandu; VOnopordon macra- caniJium Schousb., le Plilomis Herha venti L., le CatamancJie lutea L., sont pUis abondants que dans le district kaljyle ; le Cijnara carduuculus \j. existe cà et là avec quelques plantes des régions sèches, telles que : le Staticc Thouïni Viv., le Mattliiola t/'isiis R. Br., VErijugium i/ici/'o- Uiim Desl'. , le Celsia hetonicœfolia Desf. — Vlmperala cylindvica P. B., DE LA KABYLIE DU DJUR.TURA 129 plante des sables du littoral, se rencontre également sur les bords de Foued Saliel, Tort loin de son embouchure. Quelques allleurements gypseux sont couverts (ÏAlffp/ej- Ildlimiis L. Sur les alliwions récentes situées à cpielques mètres seulement au- dessus du niveau des cours d'eau, l'humidité persiste davantage en été, et le tapis végétal peut rester vert en. permanence. C'est la station des Ulmiis caïupestris L., Fraximis oxijphijUa Vent., Populas alba L., Salix pedicellata Desf., et quelquelbis Sali.r purpui-ea L. Le Populus nigra L. est rarement spontané. L'Osi/ris alba L. est abon- dant, VEquisetum allissimam R. Br. croit parmi les touffes de Rubiis dis- col or Weihe. Aux espèces herbacées déjà citées s'ajoutent: \e Dipsacus sylvestris L., XErythrœa spicata L., le Mentha rotundifolia L., le Raminculus luacro- pJiyUus Desi'., le Ve/bena offîcinaUs L., VEupJiorbia pubescens Vahl., le Scirpnis Iwlosclueniis L., le Senecio erraticns Bert., le Vicia siciila PresL, VEpilobiiuu leti'agonuni L., le Hiiiuex gloiueratiis Murr., le Cyperus lon- gus L.; çà et là, les graminées se développent en prairie; ajoutons à celles déjà citées les Phalaris, très abondants [Pli. triincata Guss., Pli. cœrulescens Desf.), et le Polypogoii monspeliense L. 2° Les tei-rains qui ne constituent pas un substratuni /-igide, c'est-à-dire les terrains complètement argileux ou marneux, sont les plus cultivés avec les alluvions. Ils ne portent généralement pas d'arbres; le manque de consistance d'un tel sol, son dessèchement pendant l'été, paraissent suffire à expliquer ce fait; les grands buissons eux-mêmes sont rares; les parcelles non cultivées présentent surtout des jujubiers en touffes larges et basses entre lesquelles se développe un tapis herbacé. L'olivier et le lentisque se montrent çà et là dans les talus, sur les petits afïleurements de calcaire et de grès. Ces essences ont sans doute été en partie enlevées, car leur destruction est plus aisée que celle du jujubier. Ce dernier donne à la végétation de ces assises un aspect des plus xérothermiques. Le tapis végétal, vert pendant la saison des pluies, ne présente que des plantes sèches en été. DOMINANTS ABONDANTS PARSEMÉS Plantes ligueuses : Zizyphiis Lotus L. Asparagus albus L. Calijcoloine spinosa Lam. IJO 1) 0 M I N \ N T S K T U D E P 1 1 V T O G !•: O G H A 1> II I Q U E A BON DANTS PARS K M E S Asplindclits microcarpiis Viv FedUi torniicopix L. Silène fnscala Desf. Perùlerea ftiscala ^^■ebb. Tapis véj;étal : llelminlhia eclnnïdes L. Svolj/miis maciilatds L. L'rginea maiilima P.ak. Bellis (inniKi L. l'.erlnllie (ispei-a Rolli. Arisariim riilgare Targ. Iteseda alOa L. Senecio delphinifolins "\'al Andvyula sinuata L. Scorpiiiriis sulcata L. Ainmi Visnaga Lam. (jalacliles tomen/osa M(i>ncli. liorago <)//icinalis L. Arum ifu/iciim L. . Dauciis inuximns Desf. l'oz. PoUcnis spinosa Cass. Cichoriiim Iiihjbiis L. AlraffijUa giimmifero L. Salvia clandeslinu L. Lavulera triineslris L. Pliloiais crinitd Cav. Linaria spiiria L. auxquels se mêlent les graminées des alluvions anciennes. Le Peruh-rcd fnscdld Webb. forme tapis dans les stations les plus humides. Influence des facteurs biotiques. — L'aspect de la végétation des marnes et des alluvions varie naturellement beaucoup avec les cultures; les vignes et les vergers de figuiers, qui sont labourés au printemps seulement, se couvrent, dans le courant de l'hiver et au début du prin- temps, d'un tapis rouge de Silène fuscata Desf. et de Fedia cormicopiœ L. Aux céréales (orge et blé) se mêlent de nombreuses espèces; Letour- neux a donné une liste' que nous modifierons peu; ce sont surtout des Ombellifères : llidol/ia segeliim Moris. Ainmi inajiis L. Amini \'isnuga Lam. Daucus ma.rimus Desf. JJaiiciis aureiis Desf. Daiiciis miiricaliis L. Ftijchotis ummoïdes Kocli. se mêlent aux épis; au-dessous, dans l'épaisseur des récoltes, se cachent Tiirgenia Jatifolia HofTm. Scandix Peclcn Veneris L. Bifora teslic.iilata HofTm. (lopuoplnjUiim pevegrinum L. Eri/ngiiim dic/iotomiim Desf. Les graminées sont également nombreuses, on trouve en abondance les Loliiini perenne L. Loliiim teniiilentiim L. Anllio.iantluim odoratiim L. Plidlaris caruiriensis L. Plialaris brucliijstachys Link. Ldgiinis ordlds L. (idslridldiii lendigernm L. Cijnodon dactijJon L. Triseliim panicedin Lam. (lynosnrds crisfatus L. Clinosarus ecliiiidlus L. Mrlica cilUttd L. Jlrizd iiULiiiUd L. JJdvlylis glomeratd L. Bronids nidxinids Desf. Bronids macrostacinjs Desf. Bronids mollis L. l'esldCd dVdndinaced Sclireb. \'iilpia geiiicdldtd L. Scleropod rigidd L. .Egilops ovula L. 1. Etude boianif/ue sur la Kabylic du Djiujura. p, 7. DE LA KABYLIE DU DJUIUURA Les autres lamilles présentent : l:]! Salriu bicolor Desf. fallenis spiiiosa Gass. Scabiosa marilima L. Ancliusa italica Relz. Teiicriinn resiipinaliirii Desf. ^((tc/ii/s Diiriiil de Noë. Cenldin-ea pulUiUi L. Srohjiniis /nspuniciis L. Scolymtis grand i/loriia Desf. MiixcfirL cuniosiim Mi II. Raniinciiltis anensis L. En nn mot, c'est la culture des céréales qui forme actuellement le carac. tère saillant de cette région; il faut y mentionner quelques vergers dV)!!- FiG. 12. — Oliviers à Tineri. A'iers, de figuiers, d'orangers même et de nombreuses haies à^Opiuilla Ficus indica Haw. La vigne occupe souvent les alluvions, et les sols sili- ceux ou argilo-siliceux appartenant aux grès de Drà-el-Mizan, au carten- nien et à l'helvétion. Le long des routes et des vallées, les plantations à'Eucalijplus, de Ca- siiariiia et àWcacia ont également modifié l'aspect du paysage. Le SdU.r (ilba L. a été planté au bord des cours d'eau; VAnindo doiiax L. forme dans les bas-fonds humides d'épais fourrés. En résumé, 1" la région de l'olivier et des buissons présente en général, en Kabylie, une température moyenne annuelle variant entre 15" et ITy); les minimas extrêmes n'y dépassent pas — 5», mais l'olivier croît mêlé aux 132 ÉTUDE riIYTOGÉOGRAPIIIQUE chênes sous un climat plus Iroid ; il disparaît à Taltitude de Fort-National, où la température moyenne annuelle descend à l.T, et les minimas extrêmes à — 7". 2" La lame d'eau annuelle peu I être faible et Vatmosplièrc très sèche; les conditions limites ne sont pas atteintes en Kabylie. 3° Les terrains argilo-siliceux et les marnes intercalées de lits de grès on de calcaire sont surtout occupés par l'olivier et les grands buissons. Les marnes et argiles non rigides leur sont peu favorables. Le Zizy- p/iiis Lotus L. y domine. Les associations littorales. Eaux douces. — Nous avons déjà mentionné, en décrivant les diffé- rentes formations, les plantes des stations humides. Dans la région des chênes et du cèdre les cours d'eau importants font défaut; on y rencontre surtout des ravins, presque tous à sec en été, et il n'y a pas d'associations littorales proprement dites. Dans la région du pin l'eau manque le plus souvent, et les sources elles-mêmes sont rares. C'est seulement dans la région de l'olivier que Ton peut citer des cours d'eau importants tels que le Sébaou, l'Isser et l'oued Sahel, mais encore faut-il remarquer que ces fleuves, qui déposent, dans la partie inférieure de leur cours et à leur embouchure, les terres constamment arrachées à leurs berges dans la montagne, n'ont pas, de ce fait, un lit ni des rives assez stables pour présenter une riche flore; le Sébaou a, en certains points, un lit de 1 kilo- mètre de largeur; il en occupe à peine le dixième en dehors des crues, mais le surplus n'est qu'un tapis de sable, et les plantes ligneuses qui gar- nissent actuellement les berges ont presque toutes été plantées. Les arbres et buissons des bords des 'cours d'eau sont ceux déjà cités pour les alluvions récentes; il faut y ajouter : le Neriuni Oleander L., extrêmement abondant dans le lit des oueds, aussi bien dans la basse montagne, jusque vers i.OOO mètres, que dans la plaine, VAlnus gluti- nosa Gœrtn., généralement confiné dans la région montagneuse, et les tamarins 'T. gallica J. Gay. et africana L.u très répandus. Parmi les plantes herbacées il y a lieu d'ajouter à celles déjà mention- nées VApiuni nodiflorum Reich., les Lythruni Salicaria L., L. Grœfferi Len., L. hyssopifoUa L., L. Salzmani Jord., le Phragmites coniniunis Trin., le Typha'angustifolia L., ([uelques joncées et cypéracées telles que les Cyperus longus L., C. rotuudus L., C. flavescens L., le Scirpus holos- DE LA KABYLIK DU D.IURJUHA 133 chœnus L., très commun, V Elcoclidris ixihislris L., les Jitncns (icutiis L., /. hiifonius L., /. hiniprocdi'pus Ehr., /. i>laiicns Elir., /. cffusus L., /. Fontduesii Gay., /. foUosus Desf. ; ces trois derniers croissent surtout dans la montagne. Le Fimhi-j/stilis diclioloma L. est localisé dans la basse vallée du Sébaou. Le Scirpus l((citstfis L. peuple souvent les mares où abondent également les Hanunculus aquatilis L. et tricopJnjUus Chaix. Le Laui-entia Michelii D. G. et surtout le Triglochin laxiflorum Guss. sont plus rares. Le Polygoniun ainphibiiini L, est localisé dans les eaux stagnantes qui persistent en été ; les Isoëtes velata A. Br. et Duriœi Bory existent dans quelques marécages de la montagne. VAlisiua plautago L., le Nasturtium officinale L., WFnantJic globii/osa L. et anoiuala Cos. Dur., le Scroplmlaria auriculaUt L., le Vcionicd (inagallis L., le Scirpus niariliiuiis L., le GJyceria spicatiis Guss., le lianunculus ophioglossifolius L. abondent dans les fossés. hWdiaiit/iutii CapiUus Veneris L. est très répandu dans les sources. Le Myriophylliuii i'erticiUatiun L., le Lenina minor L., le Potamogeton polygonifolius Pour, sont rares, le CallitricJie vernalis Kutz. et le Potaïuogeton natcins L. sont plus répandus. Le Piliilaria minuta D. R. a été signalé dans la vallée de risser. Bord de la mer. — La flore lialophile est très réduite entre Bougie et Dellys, car la côte est généralement rocheuse, et, bien que les cordons littoraux ne présentent jamais une grande hauteur, ils établissent une différence de niveau suffisante pour soustraire les plantes à l'influence des eaux salées. On rencontre çà et là au voisinage de la mer : VArtemisia arhorescens L., le Lotus cytisoïdes L., VAstericus maritimus Mœnch., le (ilaucium luteum Scop., le Plantago coronopus L., le Picridium vulgare L., le Cakile maritima L. Près de Dellys et de Bougie, VEcballium ela- terium Rich. est abondant; à Bougie le Nicotiana glauca Grah. est sub- spontané. M. Debeaux^ cite comme spéciales aux falaises qui avoisinent ces deux villes : le Genista salditana Pom. fou Genista fero.r Poir., var. salditana), le Sedum multiceps Dur., le Bupleurum plantagineum Desf., le Crépis Clausonis Pom., VAmbrosia maritima L., le Calamintha ner- vosa Pom., le Cyclamen saldense Pom., VAllium trichocnemis Gay., le Romuhva Rouyana Batt. et le Pennisetum asperifolium Desf. Çà et là les cordons rocheux sont interrompus par de petites plages où le Vitex Agnus castus L. croit en abondance avec le lentisque, le 1. Flore de la Kabylie du Djurjura, p. 4W. 13't ÉTUDI'] PIIYTOGKOCHAPIIIgUI': DE LA KABYLIK DT D.IUR.n T.A raroubier, le Pliill ijrca nicdid L., VOsjjris aUxi L,, et plus près de la mer le Salsold Kdli L., le Mdllhiold li-iciisix'ddid M. Bi-. cl autres espèces que nous allons retrouver dans les dunes. Dunes. — A Fouest de Dellys la plage est continue, bientôt même elle est bordée de petites dunes. Une première dune de 4 à 5 m. de hauteur se forme souvent à 40 ou 50 m. du bord de la mer, généralement couverte de tourtes de Diotis cdiulidissiiud Desf. et àWinmojjJuId dreiuirid L. Der- rière elle s'étend une large bande, qui atteint quelquefois 300 m., faible- ment mamelonnée, mais couverte de petits monticules dus à la j)résence des végétaux qui retiennent le sable; ce sont surtout, avec VAnnuopJiild, les Atrdcl ijlis gmniijifci'd L., EryngiuDi in(irilii)iuiii L. et Pdiivralhun nui- /■/'f/'/i/iin/ \j. Les autres espèces sont groupées par colonies tantôt de Cype- riis sclicuiuo'ides Gris., tantôt de Rniue.r biiccplidlopJioriis L. ou à'Euphorbid PdTdUds L. ; çà et là s'étend un tapis rouge de Silène colovdtd Poir. En s'éloignant de la mer les espèces ligneuses commencent à apparaître, le Pistdcid Lcntiscus L. forme, sous l'influence des vents violents, de grands dômes arrondis quelquefois entourés de tamarins. Enfin, à la limite des formations géologiques plus anciennes, que le sable a envahies, il se forme une dune de 6 à 8 m. de hauteur couverte de végétaux ligneux; le lentis- que domine, toujours accompagné des J^liiUi/rea nicdid L., Tdnidris afri- cdna L. et même des Olcd eurojxed L., Myrius coni munis L., Cdlycotome spinosd Lam.; cà et là VEjdtedra frdgilis Desf. dépasse les touffes de len- tisque, et les Sniild.i' dspcrd L. et Lonicerd impJexd L. grimpent sur les buissons. Les plantes herbacées les plus répandues sont : LoUis crelicus L. Imperata cjiliiuh-ica L. Armeria hœlica Boiss. Eclnum sabiilicoliim Pom. Senecio leiicun/liemifolUis Poir. Marntbiiim vulgarc I>. Ononis rariegala L. /leflijpnoïs polijmorplia l). C. Ciiscii/n planijlora l'en, (sur Areiiaria s/xUlnilala Desf. (jlanciuin liitenm ^cop. Lotus). Les tapis de Koniga nuiritinia Rob. Br. et de Calendula d/rensis L. sont fréquents au voisinage des dunes et des plages. CHAPITRE Vil NOTES PHÉXOLOGIQUES GÉNÉRALiTKs ; FRONDAISON. — Les espèces ligneuses du Tell présentant ■en grande majorité un feuillage persistant, les forêts de cette région con- servent toute Tannée un aspect verdoyant; il existe cependant, même sur le littoral, un certain nombre d'arbres et arbrisseaux à feuilles caduques, ]nais, Fhiver étant peu rigoureux, ils ne restent dépouillés de leur fron- daison que pendant une période assez courte. A mesure que l'on s'élève p. I à XI.). ÉTUDE PHYTOGÉOGRAPIIIQUE DE LA KABYLIE DU DJURJURA l'.7 Nous avons vu que lePiniis luilcpcnsis était également localisé aux faibles altitudes dans la région étudiée et qu'il cédait bientôt la place au Qiiercits lier sur le versant de la montagne, mais c'est le pin qui, en Algérie, se développe dans les stations les plus sèches. L'atmosphère est sans doute moins humide dans la moyenne montagne, occupée parle chêne vert, qu'à la base des versants peuplés de résineux, mais ces derniers occupent tou- jours les régions oii la saison sèche est le plus longue et oii les précipita- tions atmosphériques sont le plus faibles. C'est surtout l'abaissement de la température qui paraît faire succéder le Quercus llcx au pin d'Alep. Le chêne vert s'arrête en Provence vers i.OOO m., rarement il atteint L400 m.; cette dernière altitude est, au contraire, sa limite générale en Kabylie, où il atteint quelquefois 1.700 mètres. Des deux côtés de la ^Méditerranée les essences à feuilles caduques apparaissent à mesure que Ton s'élève dans la montagne, mais à des alti- tudes bien différentes. Le Sorbus Aria, VAmelaiichier viilgaris, localisés sur les sommets du Djurjura, croissent en Provence avec le Quercus pubescens dans les ravins de la basse montagne. Il en est de même pour d'autres espèces : Vllcliantemum vulgare, qui existe dans le Var entre 300 et 600 m., et le Juniperus coiiiiuuius, qui se rencontre un peu au-dessus, n'apparaissent en Kabylie cpie dans le domaine des hautes montagnes. Nous avons cherché, dans le tableau qui suit, à étendre la comparaison à d'autres régions de l'Europe, et en particulier aux chaînes de montagnes qui les sillonnent. (Voir page suivante.) On voit que l'olivier monte relativement haut sur les montagnes kabyles; ajoutons que sur l'Etna il s'arrête en dessous de 700 m., en Dalmatie à 450 m., en Lycie à 500 m., en Cilicie cà 600 mètres'. La limite extrême du châtaignier sur l'Etna serait à L300 m. ; c'est celle du chêne-liège en Algérie. La région du chêne vert en Kabylie correspond généralement en alti- tude à celle du hêtre dans le midi de l'Europe. Les chênes à feuilles caduques sont beaucoup plus localisés en Algérie qu'en France; leur limite supérieure est à peu près la même dans le Djurjura et les Pyrénées, mais les espèces diffèrent. La zone du cèdre correspondrait en partie à celle du sapin, la présence d'un Abies dans les Babors vient le confirmer, bien que dans la Sierra Nevada on rencontre, à partir de L400 mètres, une région de forêt de pin 1. Drude. Manuel de gcographie botanique, p. 367. ■■ , o , ^ /, 1 o c 0 o 5 -î = -a :- = c •a ^ s" ô c '-C S ". o o o ~ — _ ^ i 2 ci ■r. c. c u •5, c .^ 0 "3 ô Z - '^ S -T^. ç 3 2 5 G .= c; ^ S 3 C3 -^ ^< 1 ^ ■ r. — — ^ 3 0 '^ r = E 0 0 -~. 3 ^ o o ^ 0 Cl ^ »'. •"" ^ o 0 Cl Cl Cl' ci ■/-. 0 J. H ■î .- o ce .'^ -3 'Ti y, .S M C, 1. 73 - .^ c '3 — ^ .L X = W w C 5 c i ^ .s l| .2 0 3 1^ '1/ '4; tJO - -Oi ~ ^ -1) " o ■ ' 0 ''* ï-- CJ — U m ^ -i -Î3 ,-i. :^ J. ;" ■ r. *~ '^ „■ 3 C S ^ ^ n rr :2 ^ ^^ ^ X o m sr I. ,— ,^ — o 7 ^ — jC "O ÎC 0 '^ y. c •/- ,- <=■ 3 '^ t; k: S :. c :^ w 3 C >; -W c^ _ o 5 ^' '9 "t;; c ;|]^" ■g ■■5 i p . -s =ç .s îr è; '^. -5 •- 7 ^ - _5d ^ = 0 ^ ^ — ■jJ ~ 1 1" %%% S o 2 ~ -"S S" .«j ": — ^ ^ 5 5' M^ '^ =- j. ~= - 7^ '^— r^ s "^ - . ' _• ^ C: i î^ "en c ^' c z c .'^ " ^ cr — ^^ s -._ ^ 1=; a il 5 £ -w •/. < **£=- = ■^ c 'S .i o <= o t -■;:: 1 1=1 1 g r '^ i '' a. 1 '■- - ^ ^^ ^ = v^ o - 3 <£ . 0 --7- .3 0 ^ 0 0 ■— ^ Vf --» ^ ^ 0 g. Il "5 s ^ S C 5 3 5 K 3 15 -; ^ 1 ^ = 1 = . ï 3 S . è 3 3 ? c ~ S .2- g. Ci c: •- « i '-^ •- -r 1! 5 i ^2 c 0 r Q S h T" ^ ^ == '3 ^ 0* .^ ç. ^1 5 "S "^ N ■; J a c j 'ë ■^ c •- • t£ =: -^ ^ -^ r 3 ■5 - -5 0 - à II j; c ~ <:- 5" 0 ■" a 3 ^ £ r'^ 2 .- 0 — 3 • Uî 2 l--- 5 "T3 '^ •= c ë: o C 3 = X. / Itioui asseg c 3 C — — '- •i 5 -2 'S -■ cr 0 g •aufieîuoui aiiua Sow •aufieîuom 8 îtlBH fc. 0 0 s:i>:o7. •oufie ÉTUDE PHYTOGÉOGRAPIIIQUE DE LA KABYLIE DU DJUR.IURA IV.i sylvestre avec des espèces telles que les Taxas, Sorha.s Aria, Acer opuli- folinni, représentés dans le Djurjiira. On ne saurait d'ailleurs établir une équivalence complète. Il est admis que la zone subalpine est caractérisée en France par Fépicea et le pin à crochet, mais qu'elle ne s'étend pas intégralement aux forets de sapin et de pin sylvestre ; ces dernières se rencontrent souvent dans cette zone, mais sont susceptibles de descendre beaucoup plus bas. Le caractère subalpin de la zone du cèdre paraît toutefois incontestable. Nous établirons une comparaison entre quelques-unes des espèces à feuilles caduques qui, d'après M. Flahaut', caractérisent la flore subalpine au voisinage de sa limite supérieure, dans les montagnes de France, et les espèces qui y correspondent en Algérie. FRANCE K A H Y L I E Populus Tremula. Manque sur le Djurjura (existe aux Babors). Berberis vulgaris. Berberis hispanica. Rhamnus alpina. Existe sur le Djurjura. Amelancliier vulgaris. — — Sorbiis Aria. — — Cotoneasfer vulgaris. — — Bibes Uva crispa. — — Lonicera avril fea. Lonicera kabylica [arborea). Daphne Mezereiim. Manque. » Daphne Laiireola. L'existence sur le Djurjura d'espèces qui habitent les plaines ou les basses montagnes de France n'enlève pas aux sommets de cette chaîne leur caractère subalpin, pas plus que la présence d'espèces alpines ne permet d'y reconnaître l'existence d'une zone des pâturages alpins, dans le sens précis du terme. En résumé, comme il fallait s'y attendre, les arbres méditerranéens toujours verts s'élèvent beaucoup plus haut en Kabylie que dans l'Europe méridionale, et ils s'y substituent en grande partie aux essences à feuilles ) Form != -< -n «— » a s t( H a « M M «s H M fi O e s e> «> a s 'vK ^ UNIVERSITV OF CALIFORMA LIBRARY Los Angeles Tliis book is DUE on the last date stamped below. I PLE^SE DO NOT REMOVE THIS BOOK GARD -î^lLIBRARY6;, ^% ^ n X -a : 1 7D 3AINa-3ftV c