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JE Creer ETUIENL 2 20 4 ' Ar na Upart UE ru pe im ñ . + ali} DER NE TOC QE il PLANTES be Ni je ci Lo Arte 52818 Le: pu 10 ONE n L dal dora HO r 1 Al) 2 HE rar j CE EN Vin nt PA MAIL RUEN { : AE ANR Ê ‘ ru 1e (HER EE ‘ | , 1 We Js on x AR / ve : NAME d ne Fo LT dede 2 ' », NT See # AU ‘ 4 : 4 à +0 ? " g para * d'en rau | À gta 4 hi) 281 ES ra ser in È MR CRE A « all. Ye a Fhéreil E n , DRE N Et r { 4 ‘ t } : Ce enter mn ..s dents à Pa L : — dn « N pc DETTE L kr : - L Ù d *£ 1 ‘ + pete tn (et al Luué p. , EL re DU UDC ALNE ACIER % Ve dah : 4 Map 2) Dole Par pe LU A D rh + ' i l CLP OT ad pr . ve e # + sur DUR | . } TON ve Jap 14 mais SEP Ron vs 4 * os Ho 1 de ire remet dr di9e 4 SLT "E . mer rdv (NRA v +, hé. il x Haiti QU CON £ | hr FE 4 sf 2 e LOMDE ay) , HOCAUCE Rte î A LE TE - ; û RTE) cm CANCRAUE ! . LE DD9 1928 Lori » PAPE Pr A \ M é A rat htet cartqér LE UOTE J k où 4 ‘ PAT NN 08 \ RATE qe A tu es ? 4 4 * 4 H . +4 Ver À 1 À 16 huh À : , : . 4 14 \ Hs 4 ; pa 2 A AE fi A] Ve D En or _ D LAN ent, Me NEA HN A Per AE ea es Tatx d Ever L 1 ' f . 1 Cd LEE A f\ { je A }-4er +# t : “ r AAA A ep pe QU ain VE AT “14 / mer MIT 4 VAE M 1 AN tie Pa Ti su PR Vu QE tnt LEON RONA AU CT HV Rr. 4 (HU TS ane n retar) tlien PU ne fe nt HA 4 in den ‘ 1" ds MPa 0 M4 LU Det lv CRE AA / mb DIE) DATE br LOFT Ron | ) PAR RIRE AUS rs K } ve L} 4 an nirEr nie AA à LH ape Î } ‘ % UPS RL CENT ONE ARTE TER » NY D io à Pre Dr PA DES BL , bts f se D l CAIN D m2 Un TO As oneur ‘ = ji TA MANU li ent “ 1 MUUU x es Ati tee pa gr w AMEL RAA | but Mere A \ ( Ÿ pat HIENAATE d 4 4 (EN d # 1 +4 vf VA: 6 VC à à “# 1 pratp 4 Fi UNE [NB TA EN RM ere k rat 0 reed à AURA \ L CreM nt F vf ee ht Ÿ ‘ + MNT Ü (ie ts ; Pile PEUT MONA , | ; Te rspmrnsee À à oies TRE 4 Mn rh + et 14+ AURA AE i° dy 24e Li CU deu , . 1er gr pi AU . 4 MONA SAN ; * AA re AUAEAAE au ré 1 #4 1] Y > A AN rh Mg den a 9 9 Ta « ! + | V / AE Pr Ar RES Fe L Ale do ed : TR , , : DATA N j dopeve« CRUE ARS uma 1 MA lt ; PP , : AIME TEA are ele dpi» À de phdtr Gran ds + % 0 er +4 4 ] UE A naar Ver 1 ‘ge | PA 4 à 0 0 AT prie ph Un À vtr ; ONE ETES ve rep 4 rh in, Ad sue 9 As gt our " ( | ;. Vi ‘ (Ta AN Dot , 4 a} £ EU + 4 CD … ll 0] . Fe 10 ! ia 4 otre brin a EEE Rens + EME EnE are À so 14 AU OA ! HÉCLX ù RUE Er tent pe ve a 1 s . : bytes À AL m. “’ AP à 1 nr , » AREA PE : Drap Va #4 s. f d2. PE Ed dar tgrum made 4 Dur OCEAN ETAT À 7 Nr Qt Eh D One Te plus di da beun vue A4 TA Wen 4 ' na ÿ gen. tonbanest ed : LD } le dore { Re ve Gi us (NES PONT md pm 4 Tips te . OUEN n 4 + * 1 y plaie: de 5 9 0 nd pe à PR ets 14: si Are nl d! Mau /JI-x AMAR; Lo PNEAr DETENTE ON TEA ESS See en | AAA 2 | L | | « “ 7 f * à # 1| | ue œ ee ? ( \MAD/U AU) C/AUA- VU RECL V TLC EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES DU Bite TRAVAILLEUR BT DU TALISMAN PENDANT LES ANNÉES 1880, 1881, 1882, 1883 Ouvrage publié sous les auspices du Ministre de l'Instruction publique SOUS LA DIRECTION DE A. MILNE-EDWARDS MEMBRE DE L'INSTITUT PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES DRAGAGES SOUS-MARINS PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE BRACHIOPODES PAR P. FISCHER LT b: P./ŒHLERT Membre de la Commission des dragages sous-marins, Membre de la Société géologique de France. PARIS G. MASSON, ÉDITEUR 420, Boulevard Saint-Germain 1891 OT ET 67 & Joilrslot | IL — (sept. 1891). ANS DIE NE AED IRON Les explorations faites en 1880, 1881 et 1882 à bord du Travailleur et celles accomplies en 1883 à bord du Talisman, ont été l'objet de rapports préliminaires où se trouvent indiqués les principaux résultats obtenus. Les collections considérables recueillies dans le cours de ces expéditions ont été confiées à divers naturalistes qui se sont chargés d'en faire l'étude et d'en publier la description complète. L'ouvrage formera au moins 4 volumes in-#, accompagnés de nombreuses planches noires ou en couleur et de gravures dans le texte. Afin que chacune de ces monographies puisse paraître aussitôt son achèvement, elles porteront une pagination spéciale, et l'ordre dans lequel elles devront être groupées dans les différents volumes, sera indiqué sur des titres définitifs distribués au moment où l'ouvrage sera terminé et destinés à remplacer les Litres provisoires. Il a paru à ce jour : Poissons, par Il.-L. Varzcanr, in-4 de 400 pages avec 28 planches. Prix. . . 50 fr. Brachiopodes, par MM. P. Fiscuer et D. P. Œurerr, 1 vol. in-# de 128 pages, avec planches MMS AN LR CR DT 2 RTE EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES DU TRAVAILLEUR ET DU TALISMAN BRACHIOPODES x M ibes CECI d Ps = : RE ——— | 1: L F | M t ‘ : {4 [l 1 | : | Li ll { » ê ; f F À I | 1 il CORBEIL. — IMPRIMERIE CRÉTÉ. EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES DU TRAVAILLEUR ET DU TALISMAN PENDANT LES ANNÉES 1880, 1881, 1882, 1883 L à | Ouvrage publié sous les auspices du Ministre de l'Instruction publique SOUS LA DIRECTION DE A. MILNE-EDWARDS MEMBRE DE L'INSTITUT PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES DRAGAGES SOUS-MARINS PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE BRACHIOPODES PAR P. FISCHER ET D. P: ŒHLERT Membre de la Commission des dragages sous-marins Membre de la Société géologique de France PARIS CAMES SOINS DIM EIUIR 420, Boulevard Saint-Germain 1891 EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES DU TRAVAILLEUR ET DU TALISMAN PAR PRAIS CHER LT DERNŒAPÈERM Membre de la Commission des dragages Membre de la Société géologique sous-marins. de France. AVANT-PROPOS La première expédition scientifique du Travailleur, en 1880, avait pour objectif l'exploration de la fosse du cap Breton, la recherche au nord de l'Espagne de dépressions sous-marines analogues à ce curieux accident séologique du littoral français, et l’étude de la faune profonde du golfe de Gascogne. En collaboration avec notre collègue et ami M. le marquis de Folin, nous avions, quelques années auparavant, donné des renseignements sur la zoologie de la fosse du cap Breton (1) et nous avions signalé l'existence, (4) Comptes rendus de l'Académie des sciences, vol. LXVIL, p. 1004 (1868); vol. LXXIL, p. 862 (4871); vol. LXXIV, p. 750 (1872); vol. LXXVI, p. 582 (1873). (TALISMAN. — Brachiopodes.) 1 Ÿ 2 BRACHIOPODES. dans ces parages, de nombreuses colonies de Brachiopodes (1) dont l’asso- ciation n'est possible qu’à une assez grande profondeur. | La commission des dragages sous-marins, encouragée par les résultats de sa première campagne de 1880, entreprit sur le 7ravailleur, en 1881, une deuxième expédition pour comparer la faune profonde du golfe de Gascogne et des côtes océaniques de la péninsule ibérique, avec celle de la Méditerranée. Parmi les résultats les plus intéressants de ce voyage de 1881, nous devons signaler la découverte, dans le golfe du Lion, d’une sta- tion où abondaient quelques Brachiopodes de la zone abyssale et qui n'avaient jamais été recueillis dans la Méditerranée. Durant la troisième expédition du 7ravailleur, en 1882, nous avons étudié plus spécialement les régions situées en dehors de la Méditerranée (Portugal, Maroc, Madère, Canaries), afin d’y retrouver les espèces com- munes avec cette mer et dont l’origine, par conséquent, devait être atlantique. Enfin l'expédition du Zalisman, en 1883, avait pour programme l’ex- ploration de la côte occidentale d'Afrique, de Gibraltar au Sénégal, des îles du Cap-Vert, des Canaries, des Açores et de la mer des Sargasses. Cest celle qui nous a procuré les plus riches moissons de Brachiopodes et qui nous à fait connaître les faits les plus importants relatifs à la distribution géographique et bathymétrique de ces animaux. Ces quatre expéditions se complètent et comprennent ainsi l'étude des animaux marins des grandes profondeurs inclus dans la région zoologique marine à laquelle E. Forbes a donné le nom de Province Lusitanienne, et qui a pour limites la Manche au nord, le Soudan au sud, la Syrie à l’est, et les diverses îles de l’Atlantide (Madère, Canaries, Açores) à l’ouest. La faune des petites profondeurs de cette province a été l’objet de tra- vaux nombreux, parmi lesquels nous citerons plus spécialement, au point de vue de la bathymétrie, les diverses notes de R. Mac Andrew. Mais les documents sur les animaux des grandes profondeurs de cette région se bornaient aux explorations du Porcupine (1870) sur les côtes du Portugal, du sud de l'Espagne ct de la Méditerranée ; de la Joséphine (1869) sur le (1) Magellania cranium, Terebratulina caput-serpentis, Mühlfeldtia truncata. Platidia Davidsoni, Megathyris decollata, Cistella cistellula, Crania anomalu. AVANT-PROPOS. 3 bane qui porte ee nom et qui est situé par le travers du délroit de Gibraltar; du Beacon (1841) dans la mer Egée; et du Challenger (1873) dans les parages du Portugal, des Canaries et des Açores. Le Washington (1881) a étudié la zone abyssale de la Méditerranée en même temps que le 7r«- varlleur. Le golfe de Gascogne avait été négligé par les naturalistes du Porcupine qui s'étaient bornés à quelques dragages profonds d’une part, au large des iles d'Ouessant et d'autre part, à l’ouest du cap Finistère. Le Challenger a suivi l'exemple du Porcupine. Nous devons à ces cir- constances d’avoir pu examiner seuls la faune abyssale du fond du golfe, de 1880 à 1883. Récemment, les expéditions de l’Arrondelle (1886, 1887, 1888) ont complété les résultats de nos recherches sur la faune du solfe, et ont fait connaître une partie de la population sous-marine des parages des Açores (1). En réunissant ces matériaux, il est possible aujourd’hui de se rendre compte de la distribution bathymétrique des animaux marins profonds de la province lusitanienne, dont l'étude donne déjà des résultats très inté- ressants. Nous pouvons aussi comparer la faune profonde à la faune super- ficielle et juger des différences qu’elles présentent au point de vue de l'extension des espèces. Ces questions, qui n'auraient pu être abordées il y a quelques années, seront examinées plus loin dans le résumé de cette publication. Récolte des Brachiopodes. — Toutes les espèces citées dans cet ouvrage ont été recueillies à de grandes profondeurs, et comme la plupart vivent dans les fonds coralligènes, leur récolte ne manque pas d’une certaine difficulté. Au début de nos opérations, on n’employait que la drague. Nous avons peu à peu renoncé à ce procédé. La drague, en effet, balaye très peu de surface ; elle se remplit rapidement de boue ou de sable et dès lors ne prend plus rien. Sur les fonds coralligènes, sa poche est mise en pièces, accident dont nous avons eu plusieurs fois à nous plaindre, particulièrement au nord de l'Espagne où les Brachiopodes abondent sur les Polypiers. (4) Nous avons donné la liste des Brachiopodes de l'Hirondelle dans le Bulletin de la Société zoologique de France vol. XV, p. 118, 1890. ee BRACHIOPODES. Le chalut au contraire, même lorsqu'il est endommagé, ramène tou- jours quelques spécimens des fonds coralligènes. Si les fonds sont sablon- neux ou vaseux, comme sur les côtes occidentales du Soudan, 1l permet de faire d'admirables récoltes. Il ne faut pas croire, en effet, que les Brachio- podes soient toujours fixés sur des coraux, et qu'ils ne vivent que sur les fonds de roche. Nous avons recueilli, en très grandes quantités, des Magellania, Terebratula et Rhynchonella qui adhéraïient à des débris de coquilles ou à des cailloux de faible dimension. Le chalut les enlevait avec le sable ou la vase qui étaient plus ou moins tamisés pendant la montée; et à l’arrivée à bord on trouvait les poches du filet remplies de Brachiopodes mélangés à des Holothuries, des Actinies et des Poissons. On n’a aucune idée de la profusion des Brachiopodes sur certains points des mers, et quand on a vu ce spectacle, on comprend ainsi le rôle consi- dérable que ees animaux ont joué dans les mers paléozoïques, en formant des bancs d’une étendue extraordinaire. Aujourd'hui, les Brachiopodes, peu nombreux spécifiquement, suppléent à cette indigence de formes par l'abondance des individus. Cette abondance ne nous frappe pas au même degré que celle des Mollusques marins, parec que les Brachiopodes vivent généralement à une profondeur assez grande que nos engins de pêche n’atteignent que dans des circonstances excep- tionnelles. Petit nombre d'espèces de Brachiopodes actuels. — Le nombre total des espèces que nous avons obtenues dans les quatre campagnes de 1880 à 1883 est seulement de 16. On pourrait trouver ce chiffre très peu élevé, si l'on ne tenait pas compte du petit nombre de formes actuelles de Brachio- podes. Ainsi le Challenger, qui a opéré de 1873 à 1876 des dragages dans les mers les plus importantes du globe, n’a rapporté que 34 espèces, parmi lesquelles un certain nombre ont été recueillies à de très faibles profon- deurs. Le Lightning et le Porcupine, de 1868 à 1870, ont dragué 22 espèces, mais leurs opérations ont été effectuées depuis les iles Færôe, jusqu’à la Méditerranée, et par conséquent dans trois provinces zoologiques marines distinctes (boréale, celtique et lusitanienne). AVANT-PROPOS. 5 Les expéditions du £lake dans la mer des Antilles n’ont rapporté que 13 espèces (W. H. Dall). Le nombre des Brachiopodes des mers d'Europe, du Spitzherg à la Médi- terranée, est de 29 (Kobelt). Enfin le nombre total des Brachiopodes connus à l’état vivant était de 140 en 1880, d'après Davidson, en comprenant même les principales races ou variétés. Dans l'ouvrage posthume de Davidson, publié de 1886 à 1888, on cite 130 espèces seulement; par conséquent l'étude plus approfondie des Brachiopodes actuels a permis à l’auteur d'opérer quelques réductions dans le nombre des formes spécifiques. ÉTUDE DES ESPÈCES Bien que la plupart des espèces que nous allons examiner soient déjà connues, l’abondance et le parfait état des matériaux que nous avons dragués nous ont permis d'étudier un certain nombre de détails qui avaient été négligés par nos devanciers. Nous avons pu aussi faire repré- senter les principales variations de ces Brachiopodes. Notre travail a exigé des comparaisons avec les types authentiques des auteurs et nous devons remercier de leur obligeance nos confrères MM. Edgar Smith, du British Museum de Londres, S. Lovén, du Musée de Stockholm, et W. H. Dall, du Wafional Museum de Washington. MM. Dautzenberg, Brachiopodes recueillis par S. A. le prince de Monaco durant les voyages de Guerne et Richard, en nous communiquant les de l’Airondelle, nous ont fourni de précieux documents pour la distribu- tion géographique de ces animaux; enfin nous avons eu recours aux lumières de nos amis MM. Douvillé et Munier-Chalmas. Genre CRANIA, Retzius. 1. Crania anomala, Müller, sp. (Var. furbinata, Poli). (PL I. fig. À a, b, o). 1776. Patella anomala, Müller, Prodr. Zool. Dan., p. 237, n° 2870. 1795. Anomia turbinala, Poli, Testacea utriusque Siciliæ, t. 11, p. 189, = pl. XXX, fig. 15. 1818. Crania personata, De Blainville, Dict. Se. Nat., t. XI, p. 312. Atlas Conchyl., pl. LXXXIV, fig. 2. 1828. — ringens, Hoeninghaus, Beitr.z. Monogr.d. Gattung Crania, p.3 et A4, fig. 29-27. S BRACGHIOPODES. 1828. Crania rostrata. Hoeninghaus, Peitr. z. Monogr. d. Gattung Crania, Ù p. 3 et 14, fig. 3 et 4. | 1819. Orbicula turbinala, Lamarck, Anim. sans vertèbres, vol. VI, 1"° parlie, p. 242. 187. Crania anomala, var. turbinata, Dall, Revis. of the Craniidæ and Discinidæ. Bul. Mus. Comp. Zool. Harvard Coll., vol. HE, p. 34. ISS6. rostrala, L. Joubin, Recherches sur l'anatom. des Brach. inarticulés. Arch. Zool. Exp'riment., 2% sér., t. IV, p. 161-303, pl. VII-XV. 1888. — turbinala, Davidson, On Recent Brachiopoda. Trans. Lin. Soc., 2° sér., vol. IV. Zoology, p. 188, pl. XX VII, fig. 14-23; pl. XVIII, fig. 1-4». Coquille de taille médiocre, très irrégulière, à contour subtrapézoïdal et à angles arrondis; bords antérieur et postérieur subparallèles : le bord postérieur, le plus court, avee une légère sinuosité médiane, correspondant à une faible dépression apico-marginale ; le bord antérieur moins flexueux ; bords latéraux un peu divergents et faiblement convexes. Commissure palléale infléchie. Test poneturé, épais, orné de lamelles concentriques d'accroissement. Coloration brunûtre. Valve ventrale entièrement fixée à un substratum et complètement plane, ou se modelant sur les aspérités des corps auxquels elle est attachée. A l'intérieur, elle est entourée par un renflement marginal s’abaissant brusquement du côté externe sous forme de falus et qui, très apparent sur les parties antérieures et latérales de la coquille, s’atténue le long du bord postérieur; on remarque en outre des granulations principalement visibles dans la région palléale, où souvent elles se groupent en séries rayon- nantes. L'unique valve ventrale que nous possédons de cette espèce, et qui est fixée sur un WäiAlfeldtia truncata,ne montre pas toutes les empreintes mus- culaires d’une façon distincte ; seules, les quatre insertions des adducteurs et celles du musele impair médian sont nettement visibles : les addueteurs antérieurs sont précentraux et contigus; les postérieurs, situés contre le bourrelet marginal, sont assez écartés les uns des autres et on aperçoit entre eux le muscle impair médian. Valve dorsale irrégulièrement conoïde, avec un sommet excentrique pointu, un peu recourbé du côté postérieur; bord palléal mince et tran- chant ; à l’intérieur, un petit bourrelet, très nettement accusé, accompagne ÉTUDE DES ESPÈCES. 9 le bord à une faible distance en reproduisant toutes ses sinuosités ; exté- rieurement à ce bourrelet, il existe une faible dépression dans laquelle s’emboite le renflement marginal de la valve opposée. Les deux angles postérieurs de la coquille sont occupés par deux grandes empreintes allon- gées, disposées obliquement, laissées par les adducteurs postérieurs; à chaque extrémité de celles-ci, du côté externe, se trouve accolée une petite empreinte due aux protracteurs de la valve dorsale. Sur la ligne médiane, dans l'intervalle séparant les adducteurs postérieurs, se montre l'insertion transverse peu apparente du musele impair médian; plus en avant, en se rapprochant du milieu de la valve, se trouvent deux autres empreintes im- portantes, arquées, de forme allongée, un peu plus petites que celles des adducteurs postérieurs, beaucoup plus rapprochées que ces dernières, et ayant une disposition oblique, inverse par rapport à celles-ci : ce sont les adducteurs antérieurs. À l’angle postérieur de ces empreintes, du eôté externe, on remarque l'insertion, petite et arrondie, des rétracteurs des bras, tandis qu’au-dessous et en avant de ceux-ci se trouvent Les très petites empreintes ovalaires et juxtaposées des protracteurs de ces mêmes organes; ces dernières empreintes sont reliées à l’extrémité antérieure des adduc- teurs sub-centraux par deux petites lignes courbes, circonserivant un espace bien défini, au milieu duquel s'élève une faible erèête triangulaire, étroite en arrière, élargie vers l’avant, qui commence entre les empreintes des adducteurs antérieurs et va se terminer contre celles des protracteurs des bras. Dans la majeure partie des spécimens que nous avons eus entre les mains, les empreintes musculaires étaient ordinairement très visibles, par suite des dépôts calcaires qui se produisent sur les surfaces d'insertion des muscles, dans la couche cartilagineuse qui leur sert de base : ces concré- tions sont souvent assez épaisses et se détachent parfois en blanc sur le fond brunâtre de la valve. Les muscles, au fur et à mesure de l’accroissement de la coquille, s’écartent de plus en plus de la partie initiale de la valve, lais- sant derrière eux une trace de leur marche qui est particulièrement appa- rente chez les adducteurs et le muscle impair médian. Dans la partie anté- rieure de la valve, on remarque une série de digitations, larges et assez courtes, aiguës à leur extrémité et indiquant la place et la forme des sinus vasculaires; ces digitations dont le nombre est variable (de 4 à 7 de chaque (TALISMAN. — Brachiopodes.) 2 10 BRACHIOPODES. côté) sont groupées en deux faisceaux qui se juxtaposent sur la ligne mé- diane et dont le contour est rendu très apparent par un sillon linéaire. Dimensions : Longueur 7 mm.; largeur 6,5 mm. Stations ©: 1. Travailleur, 1880. Dragage 22. — 31 juillet. — Profondeur 435 m. Fosse du cap Breton. a — 1881. Dragage 2. — 14 juin. — Profondeur 1,068 m. Côtes du Portugal. 3. — 1882. Dragage 8. — 12 juillet. — Profondeur 414 m. Golfe de Gascogne. À. — 1882. Dragage 22. — 20 juillet. — Profondeur 70 m. Côtes du Portugal. 5. Talisman, 1883. Dragage 156. — 30 août. — Profondeur 1,480 m. Golfe de Gascogne. Distribution géographique. —— La forme typique de ce Brachiopode vit dans les mers du Nord de l'Europe : sur les côtes de Norvège, des îles Bri- tanniques (Shetland, Hébrides), des îles Færôe. La variété /urbinata, décou- verte par Poli, est signalée dans un grand nombre de localités de la Médi- terranée : Italie, Sicile, Corse, Sardaigne, Roussillon, Provence, Tunisie, Algérie, côtes du Riff, Banc de l’Adventure, ete. Cette même variété se montre aussi sur quelques points de l’Atlantique: fosse du cap Breton (Landes), côtes des Asturies, baie de Vigo. Nous l’avons draguée sur le littoral du Portugal. Enfin une forme représentative très voisine provient de la mer des An- ülles. Elle a été décrite par W. H. Dall sous le nom de Crania Pourtalesi. Distribution bathymétrique. — Le Crania anomala typique vit sur les côtes de Norvège, de 37 à 576 mètres. Il a été dragué durant les expédi- tions du Lightning et du Porcupine, depuis les Færôe, les Shetland et les Hébrides jusqu'à l’ouest de la Manche, entre 164 et 1,261 mètres. La variété {urbinala aurait été obtenue dans la Méditerranée à des pro- fondeurs très variables. Ainsi Aucapitaine (1) l’indique sur les côtes d'Algérie, sur des rochers, par à, 7, 8, 9 et 10 mètres de fond seulement. Cette assertion devra être confirmée. Joubin, qui a étudié un grand nombre de spécimens vivants à Banyuls (Pyrénées-Orientales), donne pour limites de distribution bathymétrique 90 à 60 mètres. Les dragages du Porcupine dans la Méditerranée ont obtenu des Crania de 168 à 486 mètres; et ceux du Beacon dans la mer Égée, de 73 à 274 mètres. (1) Journal de Conchyliologie, vol. XI, p. 339, 1863. ÉTUDE DES ESPÈCES. 11 Dans l’Atlantique, la variété fwrbinatfa est signalée par 72-435 mètres dans la Fosse du cap Breton, et par 1,480 mètres dans le golfe de Gas- cogne. Sur les côtes du Portugal, elle a pour limites 70-1,068 mètres. En faisant abstraction provisoirement des profondeurs indiquées par Au- capitaine, on voit que notre Cranie commence à paraître dans la zone des Corallines et des Nullipores, qu'elle abonde dans la zone des Brachiopodes et des Coraux, et qu'enfin elle pénètre assez profondément dans la zone abyssale. Distribution stratigraphique. — Nous n'avons que très peu de rensei- gnements sur la présence de ce Brachiopode à l’état fossile. Philippi et Seguenza l'ont recueilli en Sicile près de Messine (Trapani, Gravitelli); Seguenza le cite dans les étages Zancléen et Astien de la province de Reggio (Calabre). Observations. — Le genre Crania est représenté dans les mers actuelles par un certain nombre de formes, qui, suivant les auteurs, ont été consi- dérées soit comme des espèces distinctes, soit comme des variétés d’une méme espèce, soit enfin comme étant le résultat de modifications sans importance. Autour du type, €. anomala de Müller, se groupent en un mot des espèces géographiques chez lesquelles il est assez difficile de trouver des caractères différentiels importants, d'autant plus que, dans une région déterminée, chacune de ces formes peut varier par suite de son mode de fixation qui influe considérablement sur les caractères extérieurs, et qu'avec l’âge 11 se produit des changements dans les dimensions des empreintes musculaires, dans leur relation, et dans les reliefs plus ou moins prononcés qu'elles laissent au fond des valves. A ces difficultés se sont ajoutées pour nous celles qui résultent de l'examen d’un petit nombre d'individus repré- sentés exclusivement par des valves dorsales. Toutefois, nous devons faire observer que ces spécimens, qui présentaient des modifications externes assez grandes, montraient toujours des caractères internes analogues. En comparant nos exemplaires avec ceux qu’on trouve dans la région médi- terranéenne, nous avons trouvé de tels rapports que nous avons cru devoir les désigner sous le nom de C. furbinata, qui a été créé par Poli (1) pour (4) Pozr, 1795, Test. utriusq. Sicil., t. IL, p. 189, pl. XXX, fig. 15. 12 BRACHIOPODES. ces formes, qui ne nous paraissent constituer qu'une variété géographique du type de Müller : €. anomala (1), dont elles ne se distinguent que par leur taille plus petite, leur valve dorsale parfois un peu moins conique, et à l'intérieur, par les impressions musculaires des adducteurs moins écartées. Hoeninghaus, dans sa monographie du genre Cramia (2), a pris comme caractère de différenciation spécifique le développement plus ou moins considérable, ou l'absence de la saillie médiane ou rostellun qui sépare les impressions des muscles adducteurs centraux; mais ce dernier cas est souvent le résultat de l'absence du plancher calcaire qui sert de base aux insertions musculaires; celles-ci paraissant alors s’insérer directement au fond de la valve dans une cavité profonde. Cette erreur lui a fait placer dans deux groupes distincts (rostello nullo et rostello integro) deux formes, C.ringens et C. rostrata, qui appartiennent à une même espèce ; de plus, ce même auteur indique que l’une d'elles, C. ringens, Hoeninghaus, 1828, dont les planchers musculaires sont défoncés, est synonyme de C. person- nata, Blainville, 1818, et de C. turbinata, Poli, 1795; c’est donc ce der- nier nom, dont la priorité est incontestable, qu'il faut garder. On ne peut invoquer contre cette manière de voir le mode de nomenclature de Poli, considérée par certains auteurs comme non-binominale, car dans son ouvrage sur les mollusques des Deux-Siciles, il prouve qu'il possède la notion exacte du genre et de l’espèce, distinguant nettement la valeur de ces deux termes et sachant grouper sous un même nom générique plusieurs formes analogues. Quant au nom spécial qu'il donne aux parties charnues de l'animal, et qui est indépendant des noms spécifique et générique, il ser- vait, dans la pensée de Poli, à indiquer un ensemble de caractères qu'il croyait retrouver dans plusieurs espèces et dans plusieurs genres. Si nous cherchons en dehors des mers d'Europe les autres formes de Crania signalées comme espèces, nous trouvons dans les mers du Japon une forme représentative, €. Japonica, À. Adams (3), que Davidson a dé- crite et figurée (4) et qui ne parait différer du C. anomala que par sa taille plus grande, son contour un peu subquadrangulaire, et par quelques (1) Müzcer, 1788, Zool. Danica, t. I, p. 4, pl. V, fig. 1-8. 2) HoeninGuaus, F.-W., 1828, Beit. z. Monog. d. Gattung Crania. 3 ) A. Apaus, 1863, Ann. and Mag. Nat. Hist., vol. XI, p. 100. ( ( (4) Davinsow, 1871, Proc. Zool. Soc., p. 314, pl. XXX, fig. 6. ÉTUDE DES ESPÈCES. 13 légères modifications dans les empreintes laissées par les muscles et les sinus vasculaires, différences ayant peu d'importance et qui peuvent être individuelles. M. Dall à aussi décrit, sous le nom de €. Pourtalesi (1), une forme qu'il considère comme une variété du Crarnia anomala, Müller, et qui provient des côtes de la Floride. Cette variété est principalement caractérisée par sa forme transverse, ainsi que par sa surface couverte de stries d’accroisse- ment très lamelleuses, et sur laquelle on observe parfois des indications de côtes rayounantes constituées par des rugosités disposées radiairement; de plus, à l’intérieur, les impressions musculaires postérieures sont plus petites et plus rapprochées que dans le €. anomala ; toutefois, l’auteur pense que son espèce « pourrait bienn'ètre qu’une variété fortement accusée » de cette dernière. Enfin, dans le €. Suessi (2), Reeve, trouvé près de Sydney, et connu seulement d’après cinq spécimens, l’ornementation due à des côtes rayonnantes parait très nettement indiquée et le crochet est plus subcentral et un peu ineurvé. Genre RHYNCHONELLA, Fischer de Waldheim. 2. Rhynchonella (Hemithyris) cornea, P. Fischer. (PI. I, fig. 2a-2u). 4870. ARhynchonella sicula, Seguenza, fide Jeffreys, Proceed. Royal. Soe., p. 152. 1878. — — — — Proceed. Zool. Soc., p. M3, pl. XXHI, fig. 5. 1880. — — Seguenza, fide Davidson, Voy. Challenger, Brachiopoda, p.2%. 1885. — cornea, Fischer in Davidson, 7rans. Linn. Soc. London, vol. IV, part 14, p. 21, pl. XXV, fig. 2-4. Coquille subtrigone, un peu plus haute que large, et dont le diamètre maximum est très rapproché du bord frontal; valves modérément pro- fondes, subégales, un peu comprimées, sans bourrelet ni sinus; angle apical aigu (60°); angles de la base à sommet arrondi; contours latéraux et frontal subrectilignes ou faiblement convexes; commissure palléale droite, parfois légèrement incurvée au front; région frontale anguleuse ; régions latérales un peu aplaties, surtout chez les adultes. Test fibreux (1) Dazz, 1871, Bul. Mus. Comp. Zool. Harvard Coll., vol. I, p. 35. (2) RxEvE, Conch. Icon. Monog. of Crania, pl. I, fig. 2. 44 BRACHIOPODES. mince, translucide, orné de stries rayonnantes régulières, fines et serrées, très peu apparentes, dont on compte environ 60 sur une longueur d’un centimètre ; des plis concentriques d’accroissement, bien accusés et nom- breux, traversent ces stries. Valve ventrale un peu plus profonde que la dorsale, à crochet court, faiblement recourbé, dont l’extrémité acuminée surmonte immédiatement un foramen anguleux, assez étroit, incomplet, à la base duquel se voient les deux pièces séparées et triangulaires du deltidium; côtés du crochet un peu carénés, circonserivant un petit espace subtrigone, aplati, ou même légèrement concave, dont le foramen occupe toute la hauteur. — A l’inté- rieur, dents saillantes, supportées par des cloisons rostrales peu dévelop- pées ; l'articulation semble être complétée, dans certains échantillons, par un épaississement des bords latéraux situé au premier tiers environ de la coquille, et qui constitue, à la valve ventrale, une sorte de dent allongée correspondant à une fossette de même forme à la valve opposée; doublure sous-cardinale mince. Les impressions musculaires situées dans la partie postérieure sont placées dans une dépression limitée par un épaississe- ment du test ; elles sont groupées comme il suit: dans la partie posté- rieure, au centre, les empreintes des adducteurs confluentes et presque complètement entourées par les impressions flabelliformes des diducteurs ; celles des pédonculaires ventraux, placées en arrière et de chaque côté des précédentes, en contact avec elles et touchant par leur bord externe la base des cloisons rostrales; enfin celles des diducteurs accessoires et des pédonculaires ventraux, très petites, placées dans la cavité cardinale. Il n'existe pas de septum. Les sinus vasculaires forment deux trones grèles, assez écartés, qui fournissent le long de leur parcours, du côté externe, rois ou quatre rameaux secondaires se rendant à la périphérie en se dichotomisant plusieurs fois. Pédoneule grêle, de longueur variable. Valve dorsale légèrement déprimée suivant la ligne médiane. — A l’in- iérieur, rebord interne des fossettes s'étendant en deux petites plaques hori- zontales, qui laissent entre elles un espace vide trilobé, constituant ainsi un plateau cardinal incomplet; ces plaques se prolongent en avant sous la forme de deux cruras courts et grèles, pectinés à leur extrémité et un peu ÉTUDE DES ESPÈCES. 15 divergents. Processus cardinal nul. Au fond de la valve on distingue un septum bien accusé qui part du sommet et ne dépasse pas en avant la limite des empreintes des addueteurs; ceux-ci ont quatre surfaces d’inser- tion nettement séparées, dont les denx antérieures sont de beaucoup les plus grandes ; les muscles diducteurs s’insèrent au sommet du plateau cardinal; les pédonculaires dorsaux sont fixés sur la partie interne du rebord des fossettes. Les sinus vasculaires offrent la même disposition qu’à l’autre valve; toutefois, leurs points de départ, au sortir de la cavité viscé- rale, sont plus rapprochés. Les bras étant déroulés ont une longueur de 5 à 6 centimètres. Forme typique. Forme allongée. Longueur. ... 36 millimètres. | Longueur. . .. 23 millimètres. Dimensions . . { Largeur..... 35 — Largeur... 18 — Épaisseur.. . 13 - Épaisseur. ... 41 — Stations : 4. Travailleur, 1881. Dragage 1. — 13 juin. — Profondeur 2,018 m. Au large du Cap Finistère. 9. Talisman, 1883. Dragage 38.— 27 juin. — Profondeur 1,050 m. Au large de Mogador. 3. — 1883. Dragage 52. — 26 juin. — Profondeur 1,180 m. Entre les Canaries et le Maroc. 4. — 1883. Dragage 53. — 27 juin. — Profondeur 865 m. Parages des Canaries. D. — 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Côtes du Soudan, 6. — 1883. Dragage 75. — 9 juillet. — Profondeur 822 m. Soudan. ve — 1883. Dragage 76. — 9 juillet. — Profondeur 1,435 m. Soudan Distribution géographique. — Cette espèce a été draguée pour la pre- mière fois par Jeffreys, durant l'expédition du Porcupine (1870), par le travers des îles d'Ouessant. Depuis cette époque, elle n’a été retrouvée que par les naturalistes du 7ravarlleur à l’ouest du eap Finistère (1881), et par ceux du Zalisman en dehors de la côte du Maroc, aux approches de Mogador, entre les Canaries et le Maroc, dans les parages des Canaries, enfin sur les côtes du Soudan, au S.-0. du cap Bojador. Sa distribution géographique parait done beaucoup moins étendue que celle des Wagellania septigera et M. (Macandrewia) cranium, qui l’ac- compagnent dans ses diverses stations. Au nord de la Manche, on ne l’a pas encore signalée, mais elle est rem- placée par une autre espèce du même genre, le Æ. psitlacea, Gmelin, essentiellement arctique, circumpolaire, et qui envoie des colonies sur les 16 BRACHIOPODES. deux versants du nord de l'Atlantique, d’une part, et du nord du Paci- fique, d'autre part. | Les individus de /?. cornea sont extrêmement nombreux sur les côtes du Soudan ; plusieurs fois ils remplissaient des fonds de chalut en compagnie du Magellania sepligera. Cependant, Jeffreys, en 1870, n’en avait pu draguer qu’un seul spécimen en bon état; et en 1881, nous n'avions éga- lement pu prendre qu'un individu vivant, mais de petite taille. Il ne fau- drait pas en conclure que l’espèce est plus rare dans les eaux de l’Europe que dans celles de l’Afrique, attendu que les naturalistes du Porcupine, comme ceux du 7ravailleur, employaient presque toujours la drague qui donne des résultats très médiocres, tandis que l'usage des grands chaluts, qui à été généralisé durant la campagne du Zalisman, a permis de recueillir en masses les animaux sous-marins. Distribution bathymétrique. — Nos renseignements sur ce point sont relativement limités, puisque le 2. cornea n'a été trouvé que dans sept dragages du Zravailleur et du Talisman, et dans un seul dragage du Porcupine. Sur le littoral du Maroc, du Soudan et au large des Canaries, le 2. cornea vit entre 698 et 1,435 mètres. A l’ouest du cap Finistère, le Zravailleur Va dragué par 2,018 mètres, c’est la plus grande profondeur connue pour cette espèce. Enfin, à l’ouest de la Bretagne, le Porcupine indique seulement 1,261 mètres. On peut donc provisoirement considérer ce Brachiopode comme pure- ment abyssal, puisqu'il habite toujours au-dessous de 500 mètres, limite inférieure de la zone bathymétrique des Brachiopodes et des Coraux. La constatation de ce fait a une certaine importance au point de vue du facies des dépôts fossilifères, où se montrent des formes sinon identiques, du moins très voisines par leurs caractères. Distribution stratigraphique. — Jusqu'à présent nous ne connaissons pas de fossiles rigoureusement identiques au /?. cornea. Nous n’aurions rien à dire sur sa distribution dans le temps, si Jeffreys n'avait pas identifié le Brachiopode qu'il dragua parle travers d'Ouessant, en 1870, avec une forme fossile de l'Italie méridionale, non décrite par G. Seguenza, mais répandue dans diverses collections sous le nom manuscrit de Æhynchonella Sicula. ÉTUDE DES ESPÈCES. 17 Jeffreys a pris le soin de figurer, à côté de la forme actuelle abyssale de l'Atlantique, la forme fossile typique dont il la rapprochait (1). Le type fossile nommé À. Sicula par Seguenza se rencontre dans le Pliocène italien, mais à deux niveaux géologiques distincts : à Reggio (Calabre) dans l'étage Astien ou Pliocène supérieur (2), et à Messine (Sicile) dans l’étage Zanceléen ou Pliocène inférieur. Les exemplaires fossiles figurés par Jeffreys et Davidson (3) diffèrent du À. cornea, par leurs valves plus aplaties, leur forme exactement trigone, sans sinuosités latérales, et leurs faibles dimensions (longueur et lar- geur 15 millimètres, au lieu de 36 et 35 millimètres pour le À. cornea). Malgré ces différences, les relations entre les deux espèces sont encore assez grandes pour que l’on puisse considérer le À. Sicula comme l’ancêtre probable du À. cornea, qui atteint actuellement son développement le plus complet sur le littoral occidental de l’Afrique et dont la taille moyenne est plus que le double de celle de l'espèce fossile. Rapports et différences. — Cette espèce n’est réellement très voisine que du À. Sicula, Seguenza, fossile d'Italie, dont nous venons de discuter les rapports et différences. Parmi les espèces vivantes du genre Aihynchonella, nous n’en connais- sons aucune qui appartienne au groupe du À. cornea, caractérisé par la forme trigone et l’aplatissement relatif des deux valves, par leur surface lisse en apparence, quoique très finement striée, par leur coloration jau- nâtre très pâle, presque transparente, par leur bord frontal à peine sinueux, par le faible développement du rostre de la valve ventrale, ete. On ne pourra done confondre notre espèce avec le À. psittacea des mers du Nord de l’Europe, dont le grand diamètre transverse est placé vers le milieu des valves, dont la valve ventrale est très convexe, dont l’ornementation est plus accusée, dont la couleur est noirâtre, dont le bord frontal est très sinueux, dont le rostre est très recourbé et très déve- loppé. À ces caractères extérieurs, nous pouvons ajouter, comme diffé- (4) On the Mollusca procured during the Lightning and Porcupine Expeditions 1868-1870. Proceed. of the Zool. Soc. London, pl. XXIII, fig. 10. (2) Secuenza, Le formazionti terziarie nella Provincia di Reggio (Calabria). Reale Academia dei Lin- cei, 1880, p. 287. (4) On Italian Tertiary Brachiopoda (The Geological Magazine, vol. VII, 1870, pl. XX, fig. 6). (TALISMAN. — Brachiopodes.) 9 18 BRACHIOPODES. reneiation, le groupement non identique des impressions musculaires, ainsi que la forme et la disposition des sinus palléaux. Observations. — Bien que cette espèce soit en général assez constante, elle présente parfois certaines variations assez divergentes du type. Nous figurons entre autres (PI. 1, fig. /) un spécimen allongé, térébratuliforme, remarquable par son contour ovalaire. L'inégalité dans le développement des parties latérales des valves amène aussi parfois une déformation dont nous donnons (PI. I, fig. 2) un exemple bien caractérisé (1). De même, la dépression de la valve dorsale peut s’exagérer dans certains cas et pro- duire une sorte de sinus. Les prismes qui donnent au test sa structure fibreuse sont nettement visibles à la surface interne des valves. La surface externe de celles-ci est fréquemment sillonnée par des perforations irrégulières, produites par des Algues perforantes, bien caractérisées et ne pouvant être, dans aucun cas, confondues avec des canalicules du test toujours absents chez les véritables Ahynchonella. Les individus que nous avons dragués étaient pourvus de leur animal. Ils arrivaient en général remplis d’eau; la commissure des valves était fermée et serrait étroitement les bras déroulés irrégulièrement au dehors. Les bras sont très longs et une partie de ces organes était par conséquent projetée extérieurement ou même amputée par les bords des valves. Les muscles se voyaient par transparence. Genre DYSCOLIA, P. Fischer et D.-P. OEhlert. 1890. Dyscolia, P. Fischer et D.-P. OEhlert, Journal de Conchyliologie, &. XXXVHE, p-#710; Coquille de grande taille, subtrigone, faiblement auriculée; valves convexes, sans pli ni sinus médian, ornées de côtes rayonnantes formant des zigzags très aceusés près du bord palléal. Crochet court, tronqué plus ou moins obliquement par un foramen cireulaire, séparé de la ligne cardi- (4) Ici l'asymétrie des deux parties latérales d'une même valve est accidentelle; mais elle devient spécifique chez quelques Rhynchonella des terrains secondaires (R. inconstans, Sowerby; R. Astieriana, d Orbigny; R. contorta, d'Orbigny; R. difformis, d'Orbigny) et même tertiaires R. Buchi, Michelotti; R. polymorpha, Massalongo). Dans tous les cas, qu'elle soit spécifique ou in- dividuelle,cette asymétrie est propre aux genres Rhynrhonella et Shreptis. ÉTUDE DES ESPÈCES. 19 nale par un deltidium concave, transversalement strié. À l’intérieur, 1l n'existe ni septum, ni plaques rostrales. Appareil brachial large et court. Pas de plateau cardinal proprement dit : le rebord des fossettes consti- tuant, comme dans les Zerebratula, deux plaques horizontales, un peu con- caves, d’où partent les cruras munis de pointes erurales rudimentaires, auxquelles font suite les branches descendantes; celles-ci, largement écartées, se réunissent par une bandelette arquée du côté ventral. Les muscles diducteurs s’insèrent au sommet de la valve sur une surface trans- verse, limitée antérieurement par une série de granulations irrégulières ; les pédonculaires dorsaux sont fixés sur le rebord interne des fossettes : les adducteurs antérieurs et postérieurs sont immédiatement superposés les uns aux autres, laissant entre eux un large espace libre au centre. Les bras sont représentés par un disque brachial subrectangulaire, un peu bilobé à l'avant et dépassant l'appareil apophysaire d'environ un tiers, en formant une courbe concave vers la valve ventrale; ce disque est bordé marginalement par une série de cirrhes assez longs. Sinus vasculaires formant à chaque valve quatre troncs principaux et quelques troncs accessoires, qui émettent latéralement, sur tout leur parcours, des digitations secondaires, et qui se dichotomisent et s’anastomosent près du bord palléal. Les glandes génitales, comprises entre les feuillets du manteau, ne pénè- trent pas dans les sinus vasculaires et se présentent sous la forme d’un réseau à larges mailles polygonales. Spicules très nombreux, à longues branches couvertes d’épines formant un véritable feutrage dans toute l'étendue des lobes palléaux. Test assez épais et très finement poncturé. Type : Zerebratulina Wyvillei, Davidson (Xeport on the Challenger Brachiopoda, 1880, p. 32, pl. I, fig. 1-2). Nous distinguons sous un nouveau nom générique cette grande espèce, qui possède des caractères assez importants pour devoir constituer un groupe particulier très distinct du genre T'erebratulina auquel Davidson l'avait rapportée. Tout d’abord nous signalerons l'absence de lobes bra- chiaux plus ou moins développés, remplacés par un disque brachial muni de cirrhes sur fout son pourtour, et qui, antérieurement, ne dépasse que faiblement la longueur de l'appareil, disposition qui n’est connue dans 20 BRACGHIOPODES. aueun des genres de la famille des Zerebratulidiæ, chez lesquels les lobes brachiaux, très importants, présentent des enroulements particuliers sui- vant les groupes. Ce trait si caractéristique des Dyscolia n'avait pu être constaté par Davidson qui n'avait eu à sa disposition qu’un seul spécimen dépourvu de ses parties molles; il signale seulement, d’après les notes prises à bord du Challenger par Willemoes-Suhm, la petitesse excessive de l’animal. Nous indiquerons encore comme caractère de différenciation entre les Dyscolia et les Terebratulina : la disposition des sinus vasculaires, la place des glandes génitales, l'abondance et la forme des spicules, ainsi que le développement rudimentaire des pointes erurales restant désunies et laissant l'appareil largement ouvert en arrière de la bouche. Sur les trois échantillons dont nous avons dégagé l’appareil, il n'existait aucune trace de la bandelette crurale figurée par Davidson, d’après l'unique exemplaire observé. De plus, la région cardinale, par suite de la forme et du développement interne du rebord des fossettes, ne ressemble nullement à ce qu’on observe chez les Zerebratulina, mais présente au contraire une grande analogie avec les types T'erebratula et Liothyrina :; comme dans ces genres, les muscles pédonculaires dorsaux s’insèrent sur le rebord interne des fossettes, au lieu de se fixer au fond de la valve comme dans les7'erebratulina et les Eucalathis. La disposition de la valve ventrale des Dyscolia est également semblable à celle des Terebratula et on y retrouve, comme dans ce dernier genre, un foramen entier avec un deltidium concave fermant complètement l'ouverture du côté cardinal; chez les Zerebratulina au contraire, les pièces deltidiales sont petites et large- ment séparées. Les Dyscolia, ainsi que nous l'avons dit, ont deux bras très courts et accolés l’un à l’autre sur la ligne médiane. On sait que chez tous les Brachiopodes, sauf dans le groupe des Zhecideidæ et des Megathyridæ, qui n'ont qu'un disque brachial intimement uni au lobe dorsal, chaque bras est constitué schématiquement par un tube creux dont la partie externe est munie, sur toute sa longueur, d’une crête semi-cartilagineuse dans laquelle est implantée une rangée de cirrhes et, parallèlement à celle-ci, d’une lèvre charnue : la rangée de cirrhes est séparée de la lèvre par une ÉTUDE DES ESPÈCES. 21 gouttière qui court depuis la base du bras jusqu’à l'extrémité de celui-ci, et qui est ordinairement cachée par le reploiement des cirrhes s’enroulant par-dessus la lèvre. Si l’on fait une section transversale d’un bras, on constate d’abord l'existence d’un canal central généralement très important et que nous dési- onerons sous le nom de canal brachial (1), puis celle d’un second canal, distinct du premier, toujours plus petit que celui-ci, placé à la base des cirrhes et connu sous le nom de canal des cirrhes (2). Ces deux canaux se retrouvent dans tous les bras des Brachiopodes. Une modification peut toutefois avoir lieu dans certains cas; en effet, si l’on examine la constitu- tion d'un bras de Zerebratulina, par exemple, dans une des parties latérales, là où le bras revenant sur lui-même forme un des deux grands lobes latéraux, on constate qu’extérieurement il existe bien deux rangées de cirrhes et deux lèvres indiquant nettement la marche descendante et ascendante du bras, mais une section transversale montre que le canal brachial, qui devait se répéter deux fois par suite de la marche rétrograde du bras replié sur lui-même, n’est plus représenté que par une seule cavité tubulaire résultant de la fusion des deux canaux; quant au canal des cirrhes, il reste différencié dans la partie ascendante aussi bien que dans la partie descendante. Si au contraire on fait une coupe vers la partie terminale des bras, au point où ils s’accolent pour former un petit lobe central spiralé à enroulement ventro-dorsal, on observe dans chacun de ceux-ci la présence d’un canal brachial distinct : les deux bras, reliés seulement par une membrane, sont done absolument séparés, s’enroulant côte à côte jusqu’à leurs extrémités qui sont juxtaposées, et chaque canal finissant en cul-de-sac. Dans les Jyscolia nous retrouvons une disposition analogue, mais avec deux bras très réduits et soudés l’un à l’autre sur la ligne médiane, de façon à former un disque brachial non lobé. Sur tout le pourtour de ce disque, qui dépasse environ de la moitié la longueur de l’appareil, on suit (1) Ce canal, connu depuis longtemps des anatomistes, a recu divers noms : c’est le {tube basi- laire du bras pour Gratiolet; le grand canal brachial pour Hancock; Morse le nomme sinus brachial et Joubin le désigne sous le nom de canal ‘de la lèvre, bien qu'il n’ait, ainsi que cet auteur le fait remarquer, aucun rapport direct avec cet organe. (2) Gratiolet le nomme canal postérieur ou canal latéral, et Hancock petit canal ou canal efférent. 22 BRACHIOPODES. très nettement, comme dans les bras des autres Brachiopodes : la lèvre charnue très développée, la gouttière assez profonde qui l'accompagne, et enfin, de l’autre côté de celle-ci, la crête semi-cartilagineuse portant les cirrhes, lesquels sont longs et déliés. Cette disposition s’observe tout au- tour du disque, s’interrompant seulement au milieu de la partie antérieure de ce dernier au point où finissent les bras; cette partie antérieure est rendue un peu bilobée par suite de la légère courbure que chaque bras décrit en se terminant. Si l’on fait une section transversale dans ce disque, un peu en avant de l'appareil calcaire, on voit tout d’abord deux grandes cavités CB, séparées par une ligne de soudure mé- diane; chacune de ces cavi- tés représente le canal du bras : la lèvre L, la gouttière G, et les cirrhes C, sont très nettement visibles, et à la base de ces derniers on voit un Fig. 1. — Coupe schématique du disque brachial de Dyscolia Wyvillei, passant {transversalement par l'extrémité de l’appa- petit canal CE, qui n’est autre reil brachial. — CB, canal brachial; CL, canal de la lèvre; : L, lèvre; G, gouttière ; C, cirrhe ; BT, bandelette transverse. QUE le canal des cirrhes ou canal efférent. Cette réduction des bras, qui, comme nous le répétons, est un fait absolument unique jus- qu'ici parmi les Brachiopodes, est d'autant plus remarquable qu'elle se rencontre chez une espèce d’une très grande taille, et que le dévelop- pement de ces organes, d’après ce que nous savons des autres Brachio- podes, doit avoir une importance considérable dans l’économie de lani- mal, puisque les diverses façons dont les bras se replient et s’enroulent, en remplissant la plus grande partie de la cavité palléale, ne sont qu'autant de moyens différents de mulüplier l'étendue de leur surface dans un faible espace. Dans les /yscoha au contraire, à part la petite saillie linguiforme du disque brachial, qui, comme nous l’avons vu, est très étroit et atteint à peine en avant le tiers de la longueur de la valve, la chambre palléale est presque complètement vide. Les caractères génériques sur lesquels nous venons d’appeler l’atten- tion sont d'une telle importance, et particulièrement la disposition des bras ÉTUDE DES ESPÈCES. 23 est si spéciale, qu’il nous semble nécessaire de considérer le genre Dyscolia comme constituant le type d’une famille distincte, celle des Dyscoliüide. 3. Dyscolia Wyvillei, Davidson, sp. (PL. 6, fig. 3a-3/). ASTS. T'erebratulina Wyvilli, Davidson, Proc. Roy. Soc., vol. XXVIT, p. 436. 1880. — Wycilli, Davidson, /ep. onthe Brach. Voyage of Challenger, vol. 1, p. 92, pl. L fig. 1-2. 1886. — _— Davidson, 7rans. of the Linnean Soc. of London. Monoy. of Recent Brachiop., vol. IV, part. 1, p. 32, pl. I, fig. 1-3. 1890. Dyscolia Wyvillei, P.FischeretD.-P.O0Ehlert, Journ.de Conchyl.,vol. XXXVHI, p- 70. 1890. —- — P. Fischer et D.-P. OEhlert, Bull. Soc. Zool. de France, vol. IV, p. 120. Coquiile de grande taille, épaisse, assez renflée, un peu plus haute que large, à peine auriculée et à centour subtrigone; bords latéraux faiblement convexes; angles frontaux largement arrondis; angle apical ouvert de 80°; ligne cardinale à peine anguleuse, presque droite; commissure palléale rectiligne. Région palléale constituée, chez les individus adultes, par un large méplat qui se creuse en son milieu suivant un angle rentrant corres- pondant à la ligne de commissure ; cette dépression angulaire se continue latéralement, devenant très accusée et très profonde, puis s'atténue gra- duellement et finit par disparaitre en se rapprochant des angles cardinaux. Cette particularité est la conséquence d’une disposition spéciale du bord des valves, dont la partie marginale se replie brusquement sur elle-même, en formant un angle droit à la partie antérieure, et un angle aigu sur les parties latérales. Valves régulièrement bombées, un peu comprimées au front, sans bourrelet ni sinus. Surface ornée de petites côtes rayonnantes, peu saillantes, ondulées, et séparées par des intervalles plans, cinq à six fois plus larges qu'’elles-mèmes; ces côtes augmentent par intercalation; au bord frontal on en compte environ douze sur une largeur d’un centimètre ; l’ondulation de ces côtes, très peu accusée dans la région postérieure, s’accentue progressivement de façon à constituer dans la région antérieure des ornements très caractéristiques. Ces côtes sont traversées par des stries d'accroissement irrégulièrement espacées, très inégales, qui augmentent 24 BRACHIOPODES. en nombre près du bord antérieur, et qui deviennent prédominantes sur la partie repliée des valves où elles sont très rapprochées et très nombreuses. Test épais, très finement poncturé; coloration blanc jaunâtre, parfois brune. Spicules en grand nombre, formant souvent plusieurs couches et constituant, dans toute l'étendue de la membrane palléale, un véritable feutrage. Les branches de ces spicules sont très déliées, inégales et s’anas- tomosent parfois près de leur point de départ; elles sont couvertes sur toute leur surface d’épines assez longues et irrégulières. Valve ventrale avec un crochet large, rendu très court par une troncature horizontale, au milieu de laquelle se trouve le foramen qui est circulaire ; deltidium de grande taille, triangulaire, concave, strié transversalement et limité latéralement par une arête aiguë formée par les côtés du erochet ; dents fortes, saillantes et coniques. Il n'existe ni septum, ni cloisons rostrales. Les muscles adducteurs, situés au centre, sont contigus et ont une surface d'insertion ovalaire allongée, presque linéaire ; les diducteurs, très développés, sont constitués par plusieurs faisceaux juxtaposés, groupés de chaque côté des adducteurs ; latéralement aux diducteurs et un peu en arrière de ceux-ci, se trouvent les pédonculaires ventraux, tandis que les ajusteurs et les diducteurs accessoires sont placés, comme toujours, dans la cavité umbonale et n’offrent rien de particulier. Les sinus vasculaires sont constitués par quatre troncs principaux et quelques branches accessoires ; les troncs principaux sont subparallèles, presque équidistants, les deux médians étant cependant un peu plus rapprochés. Ces sinus émettent de chaque côté, sur tout leur parcours, mais principalement du côté externe, des branches secondaires plusieurs fois dichotomes, qui parfois s’anasto- mosent entre elles et dont quelques ramilications remontent vers l'arrière. Vers leur extrémité, les quatre troncs principaux se subdivisent plusieurs fois et envoient de nombreuses digitations vers le bord palléal, qui est muni sur tout son pourtour de nombreuses petites papilles où on remarque une grande accumulation de spicules. Ces papilles se retrouvent également sur l’autre valve. Les glandes génitales, groupées de chaque côté des muscles, entre les feuillets du manteau, ne pénètrent pas dans les sinus; elles se montrent sous la forme d’un réseau brunâtre à larges mailles irrégulières. ÉTUDE DES ESPÈCES. 95 La valve dorsale, par suite du renflement de la partie umbonale, est pourvue d’un sommet saillant dépassant la ligne cardinale ; ce sommet est accompagné de chaque côté par des oreillettes petites, mais bien distinctes. A l'intérieur, le processus cardinal est constitué par une petite crête trans- verse, tuberculeuse, en arrière de laquelle viennent s’insérer les muscles diducteurs. Il n’existe pas de plateau cardinal proprement dit ; les rebords des fossettes se soudent postérieurement au bord de la valve sans le dé- passer, puis s'étendent vers l’intérieur sous la forme de deux plaques un peu concaves, laissant entre elles un large espace vide triangulaire; les parties internes de ces plaques se continuent sous la forme de deux cruras courts, plus ou moins convergents et munis de pointes crurales très rudi- mentaires. Au delà, les deux branches descendantes subparallèles, très courtes, se relient à l’aide d’une bandelette transversale pourvue, sur la ligne médiane, d’un petit pli convexe. Les bras offrent une disposition toute spéciale, étant réduits à un très petit disque soutenu sur la première partie de son parcours par l'appareil brachial qu'il dépasse en avant environ de la moitié de sa longueur ; ses côtés sont comprimés latéralement, tandis que sa partie antérieure, un peu bilobée, se relève vers la valve ventrale. Ce disque atteint à peine le tiers de la valve. À sa partie postérieure se trouve l'ouverture buccale, munie, avant, d’une lèvre charnue, très développée et un peu sinueuse au droit de la bouche, en arrière d’une rangée de cirrhes longs et grèles; cette lèvre libre et le bord portant les cirrhes sont séparés par une gouttière profonde et se continuent sur tout le pourtour du disque, se termi- nant en avant sur la ligne médiane, où leurs extrémités se juxtaposent en s’infléchissant légèrement vers l'arrière. La partie centrale du disque est formée par une double membrane accolée longitudinalement en son milieu, laissant, de chaque côté de cette soudure, deux larges cavités allongées constituant le canal brachial. Les muscles adducteurs, situés derrière l’appareil apophysaire, ont leurs surfaces d'insertion assez écartées de la ligne médiane ; les pédonculaires dorsaux s’attachent sur le prolongement interne du rebord des fossettes, et les diducteurs, ainsi que nous l’avons dit, sont fixés au sommet de la valve. La membrane palléale présente les mêmes caractères qu’à l’autre valve; TALISUAN. — Brachiopodes.) 4 25 BRACHIOPODES. les sinus vasculaires y sont également semblables; toutefois, les deux troncs médians sont moins écartés l’un de l’autre. Les glandes génitales forment, comme dans le lobe ventral, un réseau à larges mailles situé entre les feuillets du manteau, de chaque côté de la cavité viscérale. a h c l'ig. 2. — Spicules de Dyscolia Wyvillei grossis 56 fois. — 4, b, spicules ramifiés du manteau; c, spicules à un seul axe contenus à l'intérieur des cirrhes brachiaux. Les spieules, toujours très abondants dans toute l'étendue du manteau, se retrouvent pareillement dans la membrane du disque brachial, mais en grande quantité et avec une structure simplifiée, par suite du moins grand nombre des rameaux. Les cirrhes contiennent aussi des spicules couverts d'épines, à un seul axe, alignés longitudinalement et hout à bout comme nous le représentons figure 2 €. Le système nerveux est très apparent lorsque la membrane palléale est desséchée ; on distingue nettement, dans celle-ei, de nombreux filets ner- veux partant des ganglions sous-æsophagiens. Ceux-ci, situés en arrière de la bouche et des oviductes, sont constitués par deux ganglions placés trans- versalement, auxquels font suite deux ou trois petits bulbes allongés, dis- posés longitudinalement sur la ligne médiane. De ces centres nerveux partent des nerfs assez gros, se dichotomisant plusieurs fois en s’avançant vers le bord palléal; leur direction est indépendante de celle des sinus vasculaires dont ils croisent les troncs principaux et les branches acces- soires. Nous n'avons pu voir les ganglions sus-æsophagiens. Le manteau, contrairement à ce qui s’observe généralement chez les Brachiopodes, est peu adhérent au test, et lorsque l'animal est retiré de ÉTUDE DES ESPÈCES. 27 l'alcool, il se produit bientôt, entre la membrane palléale et le fond de la valve, des bulles d’air qui augmentent rapidement en nombre, par suite de l’évaporation du liquide, et qui détachent de grands fragments du manteau. Ce décollement de la membrane palléale a lieu principalement sur le pour- tour des valves. Dimensions : Longueur 55 mm.; largeur 47 mm.; épaisseur 26 mm. Stations : A. Travailleur, 1881. Dragage 42. — 16 août. — Profondeur 896 m. Nord de l'Espagne. 2. Talisman, 1883. Dragage 13. — 11 juin. -— Profondeur 1,216 m. Côtes du Maroc. 3. — 1883. Dragage 716. — 9 juillet. — Profondeur 1,435 m. Côtes du Soudan. Distribution géographique. — Cette espèce a été découverte durant le voyage du Challenger, dans la mer des Antilles, au large de la petite ile de Culebra, au N.-0. de l'ile Saint-Thomas. Elle était représentée par un spécimen unique. Depuis cette époque, les dragages du 7ravailleur dans le golfe de Gascogne avaient procuré une valve ventrale en mauvais état et quelques fragments. C’esten 1883 seulement que nous avons pu obtenir, à bord du Talisman, un certain nombre d'exemplaires bien conservés, munis de l’a- nimal, et provenant de la côte occidentale d’Afrique (Maroc et Soudan). Enfin, durant le voyage scientifique du yacht /’Arrondelle, ce grand Bra- chiopode a été trouvé dans la mer des Açores. Le Dyscolia Wyvillei est donc une de ces formes répandues dans PA- tlantique, au nord de l’Équateur, depuis les Antilles jusqu’au littoral occi- dental de l’ancien continent, avec une station intermédiaire dans les parages des iles de l’Atlantide. Distribution bathymétrique. — Jusqu'à présent le Dyscolia Wiyvillei paraitcantonné dans la zone abyssale. Voici, en effet, Les profondeurs de ses stations : 712 mètres aux Antilles, 736, 1,300 et 1,557 mètres aux Acores, 896 mètres au nord de l'Espagne, 1,216 mètres sur les côtes du Maroc, et 1,435 mètres sur celles du Soudan. Cette circonstance explique pourquoi l'espèce n’a pu être découverte qu’à la suite de dragages pro- fonds, tandis que plusieurs autres Brachiopodes, quoique très abondants dans la zone abyssale, se montrent dans des zones de plus faible pro- fondeur. —— EE 28 BRACHIOPODES. Distribution statigraphique. — Cette espèce n’est pas mentionnée à l’état fossile, mais elle est représentée dans l’élage Zancléen des environs de Messine (Trapani, Scirpi), par une forme extrêmement voisine que G. Se- œuenza a décrite (1) sous le nom de Zerebratula Guiscardiana, et que nous considérons sans hésitation comme l’ancètre du D. Wyviller. Il est à remarquer que le Z'erebratula Guiscardana n’a pas été retrouvé dans les couches zaneléennes des Calabres, qui ont fourni cependant des matériaux paléontologiques d’une grande richesse. Rapports et différences. — Une seule espèce actuelle, nommée par Jeffreys Z'erebralula subquadrata(2), nous parait appartenir au genre Dys- colia et doit être comparée au D. Wyvillei. Décrite et figurée d’après un spécimen unique dragué sur les côtes de Portugal, par 1000 mètres environ de profondeur, elle possède en effet un foramen circulaire, tronquant presque horizontalement le crochet et séparé de la ligne cardinale par un deltidium entier; de même, sa valve dorsale, par suite de l’existence de petites oreillettes, présente une ligne cardinale assez longue, très peu anguleuse, presque droite. La surface entière des valves est couverte, d’après Davidson, « de petits plis rayonnants, nom- breux, flexueux, fins, largement séparés et traversés par des lignes con- centriques d’accroissement. » Ces caractères sont évidemment moins accusés que dans le . Wyvillei, mais nous avons déjà fait remarquer que dans cette dernière espèce, c’est principalement près du bord palléal que la flexuosité des côtes rayonnantes s’exagère et devient particulièrement caractéristique ; tandis que dans la moitié postérieure de la coquille, ces ornements sont très faiblement ondulés. Le bord des valves n’est pas replié comme chez le D. Wyvillei. Enfin, la région cardinale présente les mêmes caractères que dans cette espèce, et l’appareil brachial y est de mème large et court. Le seul examen des figures ne permet pas de poursuivre davantage une comparaison entre les deux espèces, dont l’une (7. subquadrata) est incomplètement connue, puisque l’animal n’a pas été décrit. Nous avons seulement voulu montrer les rapports existant entre les deux formes, qui (1) Memorie della Societa Iluliana di scienze naturali, pl. IV, fig. 6-7, 1865. — Davinson, The geological Magazine, vol. VII, p. 370, pl. XVII, fig. 9, 4870. (2) Procced. of the Zool. Soc. London, p. 402, pl. XXI, fig. 4, 1878. ÉTUDE DES ESPÈCES. 29 pourront peut-être plus tard être réunies sous un même nom spécifique, mais qui, dans tous les cas, doivent être considérées dès maintenant comme appartenant au même genre. L'espèce fossile de Messine : Z'erebratula Guiscardiana, dont G. Seguenza nous a envoyé deux spécimens entiers et une valve ventrale, appartient cer- tainement au genre Dyscolia et se rapproche beaucoup du D. Wyvillei. Les caractères généraux de ces deux formes sont semblables, tels sont : la forme etle contour des valves ; leur mode d’ornementation si particulier, constitué par des côtes rayonnantes qui deviennent anguleuses près du bord palléal; enfin leur reploiement marginal déterminant l’angle caractéristique de la commissure palléale. Tout au plus peut-on signaler comme différences chez le Terebratula Guiscardiana : des dimensions plus faibles, la troncature moins horizontale du crochet et l’aplatissement médian de la valve dorsale ; mais ces diverses particularités qui paraissent correspondre à des mu- tations d’une même forme, ne nous semblent pas très importantes. Le del- tidium, le plateau cardinal et le processus, que nous avons pu voir sur l'espèce fossile, ont la même disposition que chez l'espèce vivante. A signaler enfin, mais à titre de curiosité, dans le terrain erétacé inférieur (Lower Greensand) d'Angleterre, une espèce assez rare, le Tere- bratula Lankesteri, Walker (1), très différente des Dyscolia par sa forme générale, mais qui, par son mode de développement et par l’aplatissement marginal des valves, offre quelques traits de ressemblance avec ceux-ci. Genre TEREBRATULINA, A. d'Orbigny. 4. Terebratulina caput-serpentis, Linné, sp. (PI. I, fig. 4a-4f, et pl. IT, fig. 4g-4h"). 1742. Terebratula oblonga, etc. Guallieri, /ndex Lestarum conchyl., pl. XCVI, fig. DB. 1767. Anomia caput-serpentis, Linné, Syst. nat., éd. XIE, p. 1153, n° 236. 1767. — pubescens, Linné, Syst. nat., éd. XII, p. 1153, n° 234. 1819. Zerebratula caput-serpentis, Lamarck, Aist. nat. des anim. sans vert., vol. VI, première partie, p. 247. 1830. Dellhyris spatula, Menke, Synopsis methodica molluscorum, p. 96. 1848. Terebratulina caput-serpentis, A. d'Orbigny, Ann. des sc. nat., vol. VII, p. 67, PIRE Se; (1) Geological Magazine, vol. V, p. #02, pl. XIX, fig. 2, 1868. D' +» 30 BRACHIOPODES. 1SSG. Zerebratulina caput-serpentis, Davidson, À Monog. of recent Brach. Trans. Linn. Soc. London,.2°sér., vol. IV, p.47; pl fe.12; pl. IV, fig. 4-11; pl. V, fig. 32-34. Coquille allongée, à valves peu bombées, faiblement auriculée, à con- tour plus où moins pentagonal, parfois subpiriforme; partie postérieure anguleuse ; partie antérieure avec un bord frontal très court, parfois un peu arrondi, plus ordinairement subrectiligne et limité par deux angles frontaux peu prononcés; parties latérales arrondies, devenant parfois un peu anguleuses chez les adultes; le diamètre maximum est situé vers le milieu des valves ou un peu en avant de celles-ci. Commissure palléale très faiblement sinueuse. Valves presque également bombes ; la ventrale, l'ig. 3. — Spicules de Terebratulina caput-serpenlis. — a, plaque spiculaire grossie 75 fois ; b, autre plaque grossie 112 fois. un peu plus profonde que la dorsale, est légèrement renflée près du crochet et un peu déprimée suivant la ligne médiane ; la valve dorsale, convexe dans la partie umbonale, est un peu comprimée latéralement, tandis que la partie médiane forme un méplat assez distinct qui, dans quelques cas, se creuse faiblement près du bord frontal de façon à donner naissance à deux rudiments de plis. Régions frontale et latérales tranchantes. Surface couverte de côtes rayonnantes, irrégulièrement saillantes, arrondies, dont le nombre augmente par l’intercalation de eôtes intermédiaires, apparais- sant à des distances variables et atteignant rapidement l'importance des premières ; on en compte de 8 à 10, simples et fortes, près du crochet, et 0 à 60 au bord palléal. La façon dont ces côtes se multiplient leur donne un aspect fasciculé ; elles ne sont que faiblement noduleuses chez ÉTUDE DES ESPÈCES. 31 l'adulte, tandis qu’au contraire ce caractère est très accusé chez les jeunes et reste toujours très apparent dans la région umbonale. Les côtes rayonnantes sont traversées par des stries d’accroissement nombreuses, dont quelques-unes, très accentuées, indiquent un arrêt dans le dévelop- pement de la coquille. Test opaque, assez épais et finement poncturé. Coloration d’un blanc jaunâtre, présentant parfois quelques taches rous- sâtres. — Spicules constitués par de larges plaques stelliformes, percées de nombreux trous ovalaires ou sub-arrondis, dans la partie centrale ; les bords sont disposés en expansions ramifiées et plus ou moins dichotomes. Valve ventrale avec un erochet très court, à peine incurvé, un peu comprimé latéralement et tronqué très obliquement par un foramen large, arrondi, incomplet, marginé par deux pièces deltidiales triangulaires. Dents de ferme allongée, faiblement divergentes, situées à la base des pièces deltidiales. Doublure sous-cardinale étroite. Les muscles et les sinus vasculaires ne laissent aucune empreinte sur la surface interne, qui est entièrement couverte par des côtes fines, nombreuses et très distinctes ; chacune d’elles se termine en arrivant au bord de la valve par un renfle- ment tuberculeux. Les muscles n’offrent aucun caractère particulier : les adducteurs, à insertions linéaires et centrales, sont accompagnés antérieurement par les diducteurs et latéralement par les pédonculaires qui sont très développés. Les sinus vasculaires sont constitués par deux sinus très larges, s’avan- cant jusqu'au delà du milieu de la valve et dans lesquels sont placées les glandes génitales ; ils laissent entre eux un espace ovalaire, et émettent, du coté interne, deux troncs convergents, qui se dichotomisent seulement en s’approchant du bord frontal; enfin, leurs bords externes envoient, vers le bord latéral, des digitations courtes et ramifiées. — Pédoncule court, dont l'extrémité externe est constituée par une série de filaments très déliés et nombreux. Valve dorsale auriculée, avec une partie umbonale renflée, et un som- met un peu acuminé faisant saillie à la base du foramen. A l’intérieur, il n'existe pas de plateau cardinal; le sommet de la valve est subrectangu- laire, par suite du développement des deux lamelles servant de rebord 32 BRACGHIOPODES, aux fossettes. Entre ces deux lamelles, qui sont très peu divergentes et très saillantes, et qui, par suite, contribuent à l'articulation de la coquille, il existe, à l'extrémité postérieure de la valve, une surface d'insertion trans- verse, indiquant la place des muscles diducteurs ; au-dessous de celle-ci se trouve un processus tuberculeux, faiblement allongé et peu accusé. De la base des lamelles qui constituent le rebord des fossettes, partent deux cruras convergents, assez longs, avec deux pointes crurales entièrement soudées chez l’adulte et transformées en une bandelette rubaniforme ; au delà, les branches descendantes sont très larges et se replient bientôt, en décrivant une courbe arrondie, puis se rejoignent à l’aide d’une bande- lette arquée vers la valve ventrale. Il n'existe ni septum, ni plaques fovéales, et la surface interne présente les mêmes caractères qu’à la valve opposée. Les muscles pédonculaires dorsaux, très importants, se fixent directement au fond de la valve, de chaque côté de la ligne médiane; leur insertion a lieu sur une surface allongée, qui s'avance jusqu’à la hauteur de la bandelette crurale. Du côté cardinal, cette surface est un peu élargie, par suite de l’existence d’un petit faisceau de fibres musculaires situé latéralement et se réunissant aux muscles principaux, pour se rendre à l'extrémité du pédoneule. Les quatre adducteurs sont disposés de chaque côté des pédonculaires dorsaux. Les sinus vasculaires sont constitués : 1° par deux petits troncs médians, srèles, rectilignes, subparallèles, partant directement de la cavité viscé- rale, ou se rattachant parfois, près de leur origine, aux grands troncs latéraux ; ils s’avancent, de chaque côté de la ligne médiane, jusqu’au bord frontal, où ils se ramilient; 2° par deux autres troncs latéraux, très vastes, dans lesquels sont logées les glandes génitales. Ces derniers émettent, à leur extrémité et du côté externe, des prolongements courts se dcootomisant près du bord palléal. Les bras offrent, d’une façon générale, la mère disposition que dans les Magellania, Macandrewia et Liothyrina ; les d'ux lobes latéraux descendent sur plus des quatre cinquièmes de la iongueur de la valve; la spire médiane est courte et s'enroule du côté dorsal, derrière la bandelette jugale. Dimensions : Longueur 46 mm.; largeur 12 mm.: épaisseur 6 mm. ÉTUDE DES ESPÈCES. 33 Var. D. germana. Nous distinguons sous ce nom une variété du T. caput-serpentis typique, qui est particularisée par sa taille plus grande, son contour plus régulièrement pentagonal et son bord frontal droit; de plus, à la valve ventrale, il existe un léger sinus, tandis qu’à la dorsale, la partie médiane est occupée par un méplat distinct, de chaque eôté duquel les parties latérales sont un peu comprimées. Côtes beaucoup plus nom- breuses (150 environ, au lieu de 50 à 60), plus fines, plus serrées et à peine granuleuses. Test plus mince. Coloration plus blanche. Cette variété pro- vient de la Praya (archipel du Cap-Vert). Dimensions : Longueur 24 mm. ; largeur 20 mm.; épaisseur 10 mm. Stations : 1. Travailleur, 1880. Dragage 22. — 31 juillet. — Profondeur 435 m. Golfe de Gascogne. 9: _ 1881. Dragage 1. — #4 juillet. — Profondeur 555 m. Méditerranée. 3. — 1881. Dragage 9. -- 6 juillet. — Profondeur 445 m. Méditerranée. 4, — 1881. Dragage 39. — 15 août. — Profondeur 1,226 m. Nord del'Espagne. 5) - 1881. Dragage 40. — 15 août. — Profondeur 392 m. Nord de l'Espagne. 6. — 1881. Dragage 42. — 16 août. — Profondeur 896 m. Nord de l'Espagne. 7 — 1882. Dragage 3. — 6 juillet. — Profondeur 512 m. Nord de l'Espagne. 8. — 1882. Dragage 8. — 12 juillet. — Profondeur 411 m. Nord de l'Espagne. 9. Talisman, 1883. Dragage 23. — 15 juin. — Profondeur 120 m. Cap Blanc (Maroc). 10: — 1883. Dragage 24. — 15 juin. — Profondeur 120 m. Cap Blanc (Maroc). He — 1883. Dragage 55. — 27 juin. — Profondeur 946-1,328 m. Parages des Canaries. 42. — 1883. Dragage 108.— 93 juillet. — Profondeur 105 m. La Praya (Archipel du Cap-Vert). Distribution géographique. — Linné, en caractérisant cette espèce, lui a donné pour habitat le littoral de la Norvège (Habitat in abysso maris Norvegici); en effet, elle est répandue depuis le golfe de Christiania jus- qu'au Finmark occidental, en comprenant les iles Lofoten. C’est sur les rivages du Finmark que convergent les T'erebratulina caput-serpentis, Linné, et septentrionalis, Couthouy ; mais la première espèce ne pénètre pas dans les eaux du Finmark oriental, où domine la seconde. Au nord de l'Europe, le 7. caput-serpentis manque sur les côtes d'Islande, du Spitzherg, de la Nouvelle-Zemble, ete.; mais il se rencontre sur celles des Iles Britanniques (Islande, Écosse, Hébrides, Shetland) et dans les parages des îles Færôe. Sa distribution, sur les côtes océaniques de France, est très intéres- (TALISMAN. — Brachiopodes.) ? 31 BRACHIOPODES, sante. On ne l'a pas recueilli dans la Manche, mais il n’est pas rare sur le littoral de la Péninsule armoricaine (côtes du Finistère, du Morbihan, îles d'Ouessant). Plus au sud, ce Brachiopode reparait dans la Fosse du cap Breton (Landes), attaché aux Polvpiers, Il paraît abonder au nord de l'Espagne, attaché également aux Dendro- phyllia et à d'autres Polypiers, et on l’a signalé sur quelques points de l’ouest de l'Espagne et du Portugal. Sa présence dans la Méditerranée est connue depuis le siècle dernier (Davila). Ses principales localités sont : le sud de l'Espagne, les Baléares, les côtes de Provence, la Corse, la Sardaigne, l'Italie, la Sicile, FAdriati- que, Malte, le bane de l'Adventure. Les dragages du Z'alisman ont montré que cette espèce s’étendait le long du littoral occidental du Maroc jusqu'au cap Blanc; et que d’autre part, elle vivait dans les parages des Canaries; enfin qu'elle était repré- sentée dans l'archipel du Cap-Vert par une variété intermédiaire entre le type et le 7”. septentrionalis, Couthouv. Quelques auteurs ont donné au 7, caput-serpentis une extension beau- coup plus considérable, en considérant comme des races locales les 7°. sep- tentrionalis, Couthouy, des côtes Est et Ouest de l'Amérique du Nord et des mers arctiques; 7. Cailleti, Crosse, des Antilles; 7. Japonica, Sowerby, du Japon, de Corée et de Chine, ete.; mais les caractères de ces diverses formes nous paraissent suffisants pour les distinguer du T. caput-serpentis. Distribution bathymétrique. — Le T. caput-serpenthis peut vivre à une très faible profondeur ; le fait a été constaté sur les côtes de Scandinavie, des Iles Britanniques et de l’ouest de la France. Il est rare cependant de recueillir de nombreux spécimens au-dessus de 20 mètres, et c’est à partir de 72 mètres de fond que ce Brachiopode devient le plus abondant. Sur les côtes de Norvège, on le trouve de 18 à 564 mètres ; dans le nord de l'Atlantique et au-dessus de la Méditerranée, les expéditions du Zalis- man et du Porcupine l'ont dragué de 73 à 2,157 mètres; celles du 7ra- vailleur et du T'alisman de 392 à 1,226 mètres; celles de l’Æirondelle de 135 à 300 mètres. D'après les dragages profonds dans la Méditerranée, ce Brachiopode vit ÉTUDE DES ESPÈCES. 39 de 109 à 192 mètres (Porcupine), et de 435 à 555 mètres (Travailleur). Les bateaux corailleurs l’obtiennent à une plus faible profondeur. Au sud de la Méditerranée nous l'avons pêché de 120 à 1,238 mètres sur les côtes du Maroc et dans les parages des Canaries. La variété germana vit dans l'archipel du Cap-Vert, à la faible profon- fondeur de 108 mètres. En résumé, cette espèce s'étend depuis la zone des Laminaires jusqu’à 2,157 mètres. La profondeur maximum a été observée à l’ouest de l'Irlande. Distribution stratigraphique. — Cette espèce parait avoir une distribu- tion très étendue dans les couches fossilifères. On peut établir son existence depuis le Miocène jusqu'aux dépôtsquaternaires les plus récents ; et d'autre part elle est représentée, dans l'Éocène et la Craie, par des formes très voisines qui ont évidemment un caractère ancestral. L'histoire paléonto- logique de ce type est done établie sur une série phylogénique des plus complètes. Comme toujours, les terrains tertiaires de l'Italie nous fournissent de nombreux documents à ce sujet. Ainsi dans la province de Reggio (Calabre), le Terebratulina caput-serpentis se montre dans le Pliocène inférieur ou Zancléen de S. Agata, Gerace, Valanidi; puis dans lPAstien de Reggio, Gerace, Siderno, etc. ; dans le Sicilien de Pantani, Villa San Giovanni; et dans le Quaternaire marin de Ravagnese et de Reggio. En Sicile, ce Brachiopode a une répartition analogue depuis le Zancléen jusqu’au Quaternaire. Ses principales localités sont : Messine, Arcile, Ibiso, Rometta, Gravitelli, San Filippo, ete. En Provence, on le signale dans le Pliocène d'Antibes et de Nice; en Algérie, dans le Pliocène de la province d’Alger, à Mustapha Supérieur et à Drariah. Il paraît rare dans le Crag Corallin de Sutton (Angleterre) et dans le Crag d'Anvers (Belgique). Il a été recueilli également dans des dépôts post-pliocènes de Gibraltar. Le 7. caput-serpentis se montre sur plusieurs horizons du Miocène au nord de l'Italie : à Dego (Miocène inférieur); à la Grangia, Gassino, Termo- foura (Miocène moyen) ; à Starzano dans le Tortonais, et à Marmorito, dans la province d’Asti (Miocène supérieur). Les auteurs le citent encore au nombre des espèces miocènes de la Morée, de la Sicile (à Oliva près 36 BRACHIOPODES. Sampierro, province de Messine), des Açores (à Santa-Maria), et de la Suisse. Les formes éocènes qui ont été rapportées parfois au 7°} caput-serpentis possèdent cependant des caractères suffisants pour en être distinguées. Ainsi les prétendus spécimens de Biarritz paraissent appartenir au 7. te- nuistriata, Leymerie ; et ceux du London-Clay au 7. striatula, Sowerby. Dans la formation crétacée (Cénomanien, Sénonien, Danien), on trouve des formes très voisines du 7. caput-serpentis et qu’on désigne sous le nom de 7°. striata, Wabhlenberg. Notre espèce a été placée au nombre des fossiles recueillis dans les dépôts glaciaires du Ayrshire, mais on peut se demander si la détermina- tion des spécimens de cette provenance est bien certaine et s'ils n’appar- tiennent pas plutôt au 7. septentrionalis, Couthouy, forme plus particu- lièrement arctique et qui a été déjà mentionnée dans les dépôts post- glaciaires de la Norvège. Rapports et différences. — Sans tenir compte des modifications que peut présenter le 7°, caput-serpentis, dans une même région, modifications qui ne constituent que de simples variétés, nous indiquerons les différences qui séparent cette espèce de celles qui la représentent dans d’autres loca- lités éloignées. Le 7. caput-serpentis se distingue du 7. septentrionalis, Couthouy, des mers arctiques et de la côte Est de l'Amérique du Nord, par sa taille toujours plus petite, son contour beaucoup moins régulière- ment ovalaire-arrondi, légalité dans le bombement de ses valves : en effet dans le 7”, septentrionalis la valve ventrale est presque plane, tandis que la dorsale, très renflée, est carénée à sa partie médio-longitudinale, au lieu de présenter un méplatplus ou moins aceusé, comme dans le 7°. caput-serpentis. De plus, dans cette même espèce, le foramen est sensiblement plus grand, et l’anneau brachial, plus large, ne devient complètement fermé que plus tardivement. Les côtes sont aussi beaucoup plus fines, plus nombreuses et plus régulières ; le test est plus mince et transparent ; la coloration plus blanche. Le 7”. caput-serpentis estégalement différent du 7°. Japonica, Sowerby : cette dernière espèce, de taille plus grande, étant plus allongée, relati- vement plus étroite, et d’une plus grande épaisseur; son bord frontal est ÉTUDE DES ESPÈCES. 37 excessivement court et ses côtes, plus fines et plus nombreuses, ne présen- tent pas l'aspect fasciculé qu’on trouve dans l'espèce des mers d'Europe. Enfin chez le 7”. cancellata, Koch, qui, lui aussi, atteint de plus grandes dimensions, les côtes rayonnantes sont très ténues et les valves, très renflées, ont un mode de plicature particulier, rendant sinueuse la commissure frontale. D'après la figure qu’en a donnée Davidson (1), le lobe médian des bras est très développé et descend beaucoup plus bas dans la valve, Observations. — Le Terebratulina caput-serpentis est une espèce très abondante, et dont l'extension géographique et bathymétrique est fort éten- due ; on peut ajouter qu'elle est assez polymorphe et que, dans une même localité, elle présente de telles modifications qu'on a pu établir des variétés dont la valeur, il est vrai, a été diversement appréciée, et qui ont été con- sidérées par les auteurs soit comme des races, soit comme des espèces distinctes. Certains échantillons en effet s’éloignent un peu du type par leur contour piriforme, la partie postérieure étant très allongée et anguleuse, tandis que la partie antérieure est courte et arrondie ; d’autres sont subpentago- naux, avec un bord frontal court, rectiligne, et des angles frontaux distincts (dans ce eas le diamètre maximum est situé vers le milieu de la valve); parfois aussi le front devient faiblement échancré au centre, par suite d’une dépression longitudinale médiane existant aux deux valves, et qui déter- mine l'existence de deux plis obsolètes. Lorsque ces caractères sont très ac- centués, on arrive à une forme nettement sillonnée à chaque valve, et pour laquelle on trouve, dès 1826, un nom spécial : Z'erebratula emarginata, Risso (2). C'est sans doute celte même variété qui a été désignée par Jeffreys, sous le nom de 7”. mediterranea (3), et qui a été figurée par Davidson (4). Ces modifications paraissent n'avoir qu’une importance secondaire chez les espèces de ce groupe, car, dans les mers du Japon, où on a trouvé une (1) Davipson, 1880. Zoology Voy. Challenger. Rep. Brachiopoda, pl. 1, fig. 16. — Davipson, 1887. Transact. Lin. Soc. London, 2° sér., Zool., vol. IV, part 2. Monog. Rec. Brachiop., pl. VI, fig. 7. (2) Risso, 1826. Hist. Nat. des princip. prod. Europe Merid. Mollusques, p. 388, pl. XIL, fig. 175. (3) Jerrreys, 1878. Mollusca of the Lighining and Porcupine Erped. (Proceed. Zool. Soc., 1878, p. 401). (4) Davinson, 1886. Transact. Lin. Soc, Lond., 2° sér., Zool., vol. IV, part 4. Monog. of Rec. Brach., pl. V, fig. 35-37. 38 BRACHIOPODES. forme représentative du 7. caput-serpentis des mers d'Europe, connue sous le nom dé 7°. Japonica, on a également rencontré un autre type, provenant de la baie de Sagami, et qui est très remarquable par son con- tour pentagonal allongé, son bord postérieur biplissé, et l'existence, aux deux valves, d'un sinus médian et de deux plis opposés. Davidson a déterminé ce Brachiopode comme 7. caput-serpentis, parce que, dit-il, «on ne peut le distinguer de lespèce de Linné » (1). Nous pensons, contrai- rement à l'opinion de Davidson, qu'il ne faut voir dans cette forme qu’une variété biplissée et à contour lobé du 7°. Japonica, et qu'elle n’est, par rapport au type, qu'une modification variétale, analogue à celle qui dis- tingue le 7’. emarginata du T. caput-serpentis. Cette tendance, dans les espèces de ce groupe, à une plicature des valves, est plus nettement accusée encore chez le 7°. cancellata, Koch, des mers d'Australie, et chez le 7. radiata, Reeve, trouvé dans le détroit de Corée et peut-être au cap de Bonne-Espérance. Les dragages du Z'alisman ont ramené, au large du cap Blanc, par 120 mèlres de profondeur, un très grand nombre de spécimens se rappor- tant à la forme typique, mais l'animal avait toujours disparu, en même temps que les valves étaient ordinairement dissociées et souvent même brisées. Chez ces échantillons, le contour un peu arrondi antérieurement est, dans son ensemble, soit subpiriforme, soit faiblement subpentagonal ; le test est toujours épais et de coloration jaunâtre ou parfois brunâtre ; au bord frontal, on compte environ une cinquantaine de côtes saillantes, tuber- culeuses et inégales. Le même dragage a ramené une série de Térébratulines vivantes ayant presque toutes la même taille et paraissant offrir des particularitées bien constantes. Cette variété, qu'on peut distinguer du 7. caput-serpents typique, est caractérisée par sa taille un peu plus grande, sa forme plus nettement pentagonale, plus large, et dont le diamètre maximum ne dépasse Jamais le milieu de la valve ; à la valve dorsale il existe un méplat très net; les côtes rayonnantes sont très fines, très serrées, peu saillantes, très faiblement tuberculeuses, régulières et nombreuses; on en compte (1) Davinson, loc. cil,, p. 34. ÉTUDE DES ESPÈCES. 39 une centaine au bord palléal. Son test, beaucoup plus mince que dans le T. caput-serpentis, est translucide et d’un blanc hyalin, lorsqu'il est débarrassé des Éponges qui couvrent ordinairement la surface des valves. Un spécimen dragué au large de Santiago possède les mêmes caractères, mais plus exagérés encore ; la taille est beaucoup plus grande et les côtes comptées au bord palléal s'élèvent au nombre de 150 environ. C’est cette variété que nous avons désignée sous le nom de germana. Par l'aspect de son test, sa grande taille, ses côtes longitudinales nombreuses, fines et à peine tuberculeuses, elle se rapproche du 7°, septentrionalis, mais elle n’a pas, comme ce dernier, un contour ovalaire, régulièrement arrondi antérieurement. Sa valve ventrale est profonde et non presque plane, et la dorsale a un méplat médian large et bien prononcé, tandis que dans le 7’. septentrionalis cette mème valve est carénée longitudinalement; enfin les côtes, quoique très fines, sont moins nombreuses. Cette forme paraît donc être, en quelque sorte, un type intermédiaire entre le 7. caput-serpentis typique, des mers d'Europe, et sa forme représentative le 7°, septentrio- nalis, des mers arctiques et de la côte orientale de l'Amérique du Nord, Les valves de la variété germana portent un revêtement tomenteux dû à la présence d’une Éponge à spicules siliceux. Le même fait a été déjà signalé par Linné, au siècle dernier, sur son Anomia caput-serpentis adulte, ainsi que sur le jeune qu'il appelle À. pubescens ; et par Gould plus récem- ment sur le 7”. septentrionalis. | Quelques auteurs avaient pensé que la surface tomenteuse des valves était épidermique et qu'elle constituait un caractère propre à cette dernière espèce, mais O.F. Müller (1), à propos de l’Anomia pubescens qu'il trans- porte dans le genre T'erebratula, a donné dans les termes suivants l’expli- cation rationnelle du revêtement tomenteux : « fomentum non omnes æqualiter vestit, Spongiam parasiticam suspicor. » L'examen microscopique que nous avons fait du {omentum des 7”, caput- serpentis et septentrionalis confirme la justesse de l’observation de O. F. Müller. (1) Zool. Dan. Prodr., p. 249, n° 5007 (1776). 40 BRACHIOPODES. * Genre EUCALATHIS (1), P. Fischer et D.-P. OEhlert. 1890. Z'ucalathis, P. Fischer et D.-P. OEhlert, Journal de Conch., t. XXXVIIL, p. 72. Coquille de petite taille, auriculée, à valves convexes, couvertes de plis rayonnants très accusés; crochet ventral à peine recourbé, tronqué plus ou moins obliquement; — à l'intérieur, il n'existe ni septum, ni plaques rostrales, ni plateau cardinal proprement dit; processus cardinal distinct, situé près du bord postérieur; rebords des fossettes bien déve- loppés, constituant deux plaques triangulaires relevées vers la ligne car- dinale ; de la base de ces plaques, largement séparées, partent deux eruras, courts et convergents, munis de deux pointes crurales désunies; branches descendantes se réunissant sous un angle obtus, en formant un petit pli coneave à leur point de rencontre. Bras peu développés, dépassant à peine la longueur de l'appareil brachial et disposés en deux lobes arron- dis, s’enroulant de dehorsen dedans, dans un plan transversalement oblique par rapport au fond de la valve dorsale. Cirrhes très longs. Muscles comme dans les Z'erebratulinu. Type : Zerebratulina Murrayi, Davidson, Æep. on the Brach. of Challenger, 1880, p. 39, PET fee Observations. — Nous réunissons sous le nom générique de Æucalathis, outre le type du genre, 7. Murrayr, Davidson, les deux espèces actuelles suivantes : 7”. {uberata, Jeffreys; T°. trigona, Jeffreys; et une forme nou- velle, £.ergastica, Fischer et Œhlert. Parmi les fossiles, nous crovons que le 7. Tauriniensis, Seguenza, du Miocène de Turin, doit être placé dans le même groupe générique et aussi, sans doute, le Zerebratula Deslong- champsi, Davidson, du Lias moyen. Ce groupe offre de grandes ressem- blances avec le genre T'erebratulina, dont il rappelle, sous certains rapports et à première vue, un des stades de développement. On sait, en effet, que les Térébratulines proprement dites sont earactéri- sées à l’âge adulte : extérieurement, par leurs côtes rayonnantes fines et nombreuses; intérieurement, par un appareil brachial court et assez étroit (4) ed, bien; xxalic, petit panier. ÉTUDE DES ESPÈCES. JA que la jonction des pointes crurales rend annulaire; de plus les bras sont composés de deux parties descendantes, s’avançant subparallèlement jusqu'à une faible distance du bord frontal, puis, se réfléchissant vers l'arrière pour se terminer au-dessous de la bouche en deux petites spires à enroulement ventro-dorsal. Dans le jeune âge, au contraire, l'aspect est tout différent : à l'extérieur, par suite de la grosseur des côtes souvent noduleuses et du grand développement des oreillettes; à l’intérieur, par la forme de l’appareil brachial large et court, à pointes crurales désunies, et par celle des bras constituant deux lobes allongés, disposés en fer à cheval, laissant entre eux un espace libre où se développera plus tard la double spire médiane à enroulement ventro-dorsal. Les Eucalathis ont donc quelques traits en commun avec les jeunes de Terebratulina, tels que nous venons de les décrire : on retrouve en effet, chez ces deux types, le même mode d’ornementation, le même développe- ment des plaques fovéales et la même disposition de lappareil brachial court et élargi, avec pointes crurales non soudées; mais si on les compare plus attentivement, on constate immédiatement des particularités impor- tantes permettant de les distinguer, par exemple le mode de réunion des branches descendantes qui, dans les T'erebratulina, formentà leur point de jonction un pli convexe qui persiste et s’accuse même dans l’âge adulle, tandis que ce pli est nettement concave dans les £ucalathis. Quant au mode d’enroulement des bras, il est très différent : ainsi dans les Z'erebratulina, dont le développement a été étudié d’une façon précise par Morse, le disque brachial donne d'abord naissance à deux lobes distincts, un peu écartés ; puis apparait, au-dessous de la bouche, une protubérance centrale qui formera plus tard la petite spire verticale médiane ; dans ce genre les bras se replient et s’enroulent perpendiculairement au fond de la valve ; dans les Eucalathis au contraire, les bras s’écartent dès leur point de départ et s’enroulent dans un plan transversalement oblique par rapport au fond de la valve dorsale, en formant deux spires courtes à enroulement interne. De plus, nous ferons remarquer que les spécimens que nous avons pu étudier paraissent certainement avoir atteint leur complet développement : l’épais- seur du test, avec le méplat palléal, l'usure du crochet et la solidité de l’appareil brachial, indiquent en effet un animal arrivé à l’état parfait, (TALISMAN. — Brachiopodes.) 6 42 BRACHIOPODES. tandis que chez les individus jeunes de Z'erebratulina caput-serpentis, Linné, et de 7”, septentrionalis, Couthouy, le test mince et fragile, l'appa- reil brachial frêle et le foramen présentent tous les signes caractéristiques des jeunes chez les Brachiopodes. Davidson, en publiant son Zerebratulina Murrayi, recueilli dans les dragages du Challenger (1), avait déjà hésité à considérer cette espèce comme un vrai Z'erébratulina; depuis, dans son travail posthume sur les Brachiopodes vivants (2), il dit que cette forme, ainsi que le 7”. uberata et quelques autres, n’ont pas encore une position générique certaine. Pour nous, en nous servant des figures données par Jeffreys et Davidson, nous croyons qu'il y a lieu de placer les 7. {uberata et T. Murrayi, dans le nouveau genre £ucalathis. Quant au 7. trigona, Jeffreys, trouvé à 950 mètres sur la côte du Portugal, il nous parait, autant par sa taille (2°° 1/2) etsa forme externe, que par le mode de plicature de son appareil, appartenir à un individu très jeune de Zerebratulina. Enfin, les 7. Cu- mingi, Davidson, des mers de Chine, et 7. abyssicola, Adams et Reeve, du cap de Bonne-Espérance, sont au contraire, autant qu’on peut en juger extérieurement, des Zerebratulina adultes; M. Dall (3) les a du reste rattachés au 7. Japonica, qui n’est qu'une forme représentative du 7. ca- put-serpentis, Linné. Il existe dans le Lias moyen une forme dont le système apophysaire rappelle un peu celui des £ucalathis et qui a été décrite par Davidson sous le nom de T'erebraltulina Deslongchampst (4); le type provient des couches à Cadomella de Normandie. Deslongchamps, qui a fait connaitre l'appareil de cette espèce, l'avait considérée tout d’abord comme apparte- nant au genre Z'erebratulina (5), mais depuis, ce même auteur (6) chan- geant d'opinion, supposa que dans cette forme l’appareil brachial n'avait pas (4) Davinson, 1880. Rep. on the Brachiopoda. Voy. of Challenger, Zool., vol. I, p. 39, pl. IT, fig. 1. (2) Davinson, 1887. Transact. Lin. Soc. of London, 2 sér., Zool., vol. IV, part. 1. Monog. Rec. Brachiop. p. 39, pl. VI, fig. 15-17. (3) Dazz, 1873. Proceed. Acad. Nat. Sc. Philadelphia. Cut. Rec. Spec. of the Class Brachiopoda, p. 1480. (4) Davinson, 1850. Ann. and Magaz. of Nat. Hist., 2° sér., vol. V. (5) Desconccuamwps, 1858. Bul. Soc. Lin. de Normandie, t. II. Mém. sur la couche à Leplæna, p. 164, pl. IV, fig. 1-3. (6) Desconcurawps, Paléont. franc., p. 55, pl. VIL, fig. 9 et 10; et p. 138, pl. XXXIIE, fig. 1-12. — Études critiques sur les Brachiopodes, p. 196. ÉTUDE DES ESPÈCES. 43 acquis son entier développement et qu'il représentait une phase évolutive de Xingena. Cette interprétation est basée sur la présence de tubercules couvrant entièrement la surface externe des deux valves, ornementation qui se retrouve chez le À. lima, type du genre, et aussi sur les caractères du crochet. Nous pensons, au contraire, que l'espèce en question est arrivée à son état parfait, et que son support brachial calcaire, dont la forme est définitive, ainsi que la disposition de sa région cardinale, la rapprochent du groupe des Z'erebratulina. On trouve aussi dans le Jurassique, de- puis le Bathonien jusqu'au Corallien inelusivement, une série d’espèces qui ont été réunies sous le nom générique de Pisculina, Deslongehamps (1), et dont l'appareil brachial n’est pas entièrement connu; mais tout porte à croire que ce genre appartient également au même groupe ; danstous les cas, la disposition du crochet ventral, avec une aréa nettement délimitée, l'apla- tissement de la valve dorsale, et la forme du processus cardinal bifide (2), constituent des caractères qu'on ne retrouve pas dans les £ucalathis. Nous pensons qu'il faut aussi rattacher au genre £ucalathis, une forme trouvée dans le Crag d'Angleterre et que M. Davidson a considérée comme un spécimen jeune de Zerebratulina caput-serpentis (3). Par le contour suborbiculaire de sa valve dorsale et la nature de ses côtes, elle diffère des formes jeunes de Z'erebratulina et paraît, au contraire, posséder les carac- tères externes des Eucalathis. C’est également au même genre que doit appartenir le T'erebratulina Tauriniensis, Seguenza (4); cette espèce, qui a été figurée de nouveau par Davidson dans son travail sur les Brachio- podes tertiaires de l'Italie (5), provient du Miocène moyen de Gassino, près Turin. 5. Eucalathis tuberata, G. Jeffreys, sp. (PI IT, fig. 5a-5f). 1878. Terebratula tuberata, Jeffreys, Proceed. of the Zool. Soc. London, p.401, pl. XXI, fig. 2. ) DesconGcuawps, Étud. crit. sur les Brach., p. 157. ) Douvicré, 1885. Sur quelq. Brach. du ter. jurass. Bul. Soc. Sc. nat. Yonne, vol. XXXIX, p. #5. ) Davinson, 1852. Paleont. Soc., vol. VI. Brach. rec. and tert., pl. I, fig. 15. 4) SEGUENZA, 1866, Piemontese Brachiop. Ann. del Accad. deg. Aspir. di Napoli, 3° sér., vol. VI, DÉTIENTSENIENICE (5) Davinson, 1870. Geol. Magaz., vol. VII, p. 400, pl. XIX, fig. 20-20. BRACHIOPODES. Be = 1880. Zerebratulina tuberata, Davidson, The Zool. of H. M. S. Challenger. Beport on the à Brachiopoda, p. 13. 1886. — — Davidson, À Monogr. of recent Brachiopoda. Trans. Linn Soc., vol. IV, part 4, p. 39, pl. VI, fig. 18-90. Coquille de très petite taille, généralement plus haute que large, subtri- gone, rendue un peu subpentagonale par la présence de petites oreillettes ; bord frontal faiblement convexe; angles frontaux arrondis; commissure palléale obtuse; ligne cardinale courte, subrectiligne, un peu anguleuse. Valves imégalement convexes; la ventrale, plus profonde que la dorsale, et particulièrement renflée dans la région umbonale; la valve dorsale présente une très légère dépression médio-frontale. Surface couverte de de 30 à 32 côtes rayonnantes, arrondies, alternes, très accusées, inégales, dont quelques-unes seulement remontent jusqu'au erochet, les autres apparaissant à des distances variables; ces plis sont séparés par des intervailes de moindre dimension qu’eux-mèmes : du côté ventral, les deux médians sont un peu plus forts que les autres et correspondent à un pli semblable situé dans l’axe longitudinal de la petite valve. La partie supé- rieure de ces côtes est denticulée par suite de la présence d’une série de petits tubercules très saillants, très rapprochés et disposés régulièrement suivant les lignes concentriques d’accroissement ; de chaque côté du crochet de la valve ventrale, ces tubercules deviennent plus proéminents, tandis que dans la région umbonale des deux valves, ils s’atténuent et disparais- sent. Test épais. Coloration d'un blanc jaunâtre. Valve ventrale dont la partie postérieure anguleuse forme un angle de 65° environ; crochet droit, avec un foramen sous-apical incomplet, situé à peu près dans le plan de la commissure des valves, occupant toute la hau- teur de l’aréa et largement ouvert à sa base qui est délimitée par le som- met de la valve dorsale ; aréa assez élevée, triangulaire, striée transversale- ment, avec deux petits relèvements anguleux de chaque côté du foramen ; doublure sous-apicale assez développée. Dents bien accentuées, presque parallèles au bord cardinal. Le fond de la valve est couvert de côtes rayonnantes, très peu accusées, correspondant aux plis externes, et se terminant par une rangée de très petits tubercules disposés sur le pourtour de la valve qui forme un léger méplat. ÉTUDE DES ESPÈCES. 45 Valve dorsale avec un contour rendu un peu subquadrangulaire par suite de la présence des oreillettes; crochet dominant un peu la ligne car- dinale; oreillettes légèrement déprimées; à l’intérieur, rebords des fos- settes très développés, s'élevant au-dessus de la ligne cardinale ; appareil apophysaire typique ; bras décrivant chacun un tour de spire, Girigés l’un vers l’autre, et situés dans un plan transversal, presque perpendiculaire au fond de la valve. ss Dimensions : Longueur 3 mm.; largeur 2,5: épaisseur 2 mm. O ? D , Stations : 1. Travailleur, 1881. Dragage 1. — 13 juin. -- Profondeur 2,018 m. A l'O. du Cap Finistère. de — 1881. Dragage 39. — 15 août. — Profondeur 1,226 m. Nord de l'Espagne 3. — 1881. Dragage 42. — 16 août. — Profondeur 896 m. Nord de l'Espagne. Distribution géographique. — Cette espèce a été trouvée par Gwyn Jeffreys sur les côtes du Portugal durant l'expédition du Porcuprine (1870). La drague n’en rapporta qu'un seul exemplaire. Mais le naturaliste anglais recut en communication un autre spécimen en bon état, obtenu antérieure- ment (1809) par l'expédition suédoise de la Joséphine sur le banc de la Joséphine, par le travers du détroit de Gibraltar. Comme on le voit ci- dessus, nous avons recueilli cette forme au N. et au N.-0. de l'Espagne. Distribution bathymétrique. — D'après le petit nombre de documents relatifs à la profondeur des stations de ce Brachiopode, on ne l’a dragué Jusqu'à présent que dans la zone abyssale. Le type de Jeffreys provient de de 1,453 mètres; les exemplaires de la Joséphine ont été ramenés de 621 à 785 mèlres ; et ceux du 7 ravailleur vivaient de 896 à 2,018 mètres de fond. Peut-être trouvera-t-on des exemplaires à une plus faible profondeur ; il se peut, en effet, que leur petite taille ait porté les naturalistes à les confondre avec des spécimens jeunes d’autres espèces d'£ucalathis ou même de Zerebratulina. Distribution stratigraphique. — Inconnue. Observations. — Davidson avait signalé cette espèce comme ayant été rencontrée par les expéditions françaises, mais nos spécimens ne paraissant pas répondre exactement aux descriptions et aux figures données d’abord 46 BRACHIOPODES. par Jeffreys (1), qui a eréé l'espèce, et par Davidson (2) qui l’a décrite à nouveau, nous avons eu recours à M. E. Smith, et à M. W.-H. Dall qui ont bien voulu comparer, avee les types du British Museum et avec ceux des collections du Srifhsonian Institution, nos spécimens de Æ'. tuberata, ainsi que ceux que nous décrivons ci-après sous le nom de Æ£. ergastica. D'après les renseignements qui nous ont été donnés, les plis de l’Æ. tube- rata, au lieu d'être au nombre de 20 comme l’indiquent les diagnoses et les figures, sont beaucoup plus nombreux : on en compte 32 sur la valve ventrale, et 30 sur la valve opposée; ils sont de mème plus saillants et cou- verts sur toute leur longueur d’une série de petits nodules très distincts, très rapprochés les uns des autres et s’accentuant dechaque côté du crochet, mais ne devenant jamais spiniformes comme dans la figure donnée par Jeffreys. Les spécimens trouvés par cet auteur étant un peu décortiqués, le dessinateur a dù problablement atténuer les caractères noduleux des côtes et a négligé les petits plis intermédiaires, tandis qu’au contraire il a exagéré les tubercules cardinaux dont il restait quelques traces plus évidentes. D'autre part, notre éminent confrère M. S. Lovén nous a communiqué un Brachiopode recueilli par l'expédition suédoise de la Joséphine, qu'il avait envoyé à Jeffreys et que celui-ci avait nommé : Zerebratula tuberata. Nous avons pu constater que cet exemplaire authentique était conforme à nos spécimens du nord de l'Espagne. Il porte environ 33 côtes rayonnantes, noduleuses, de longueur inégale par suite de la présence de plusieurs petites côtes intercalaires. Les nodules sont bien développés, saillants, nombreux, moniliformes. En tenant compte de ces rectifications, que nous devons à l’obligeance de MM. Smith, Dall et Lovén, on voit que notre espèce doit être identifiée avec le Zerebratula tuberata de Jeffreys, dont elle possède extérieurement tous les caractères; quant à l’intérieur, la disposition générale est semblable à celle que l’on retrouve dans tout le groupe des Æucalathis ; les bras, dont nous avons pu observer la forme, y présentent le même mode d’en- (1) JerrReys, Mollusea of the Lightning and Porcupine Exped. Proceed. Zool. Soc., 1878, p. 401, pl. XXIT, fig. 2: (2) Davinson, Monog. Rec. Brachiop. Trans. Lin. Soc. London, 2° sér., vol. IV, 1886, p. 39, pl. VI, fig. 18-20. ÉTUDE DES ESPÈCES. 47 roulement, celui-ci ayant lieu toutefois dans un plan un peu plus incliné par “apport au fond de la valve. L'E. tuberata ne peut être confondu avee l’£. Murrayi, dont il diffère par sa forme plus allongée, ses côtes plus nombreuses et plus nettement tubereuleuses, par son crochet entier et acuminé, et enfin par son foramen sous-apical triangulaire, non terminal ni arrondi comme dans P£. Murrayr. Quant au Z'erebratula trigona, Jeffreys, qui peut sous quelques rapports rappeler extérieurement l’£, {uberata, 11 possède des côtes beaucoup moins nombreuses et tuberculeuses, ses oreillettes sont à peine accentuées, et le crochet est tronqué au sommet par un foramen arrondi; d’ailleurs, ainsi que nous l'avons dit, nous pensons que cette forme n’est sans doute pas arrivée à son complet développement, et que devenue adulte, elle pourrait appartenir à un autre groupe générique. La forme de son appareil bra- chial semble confirmer cette hypothèse. Dans un récent travail, M. Marshall (1) a appelé l'attention sur quelques invertébrés trouvés sur les côtes du Lincolnshire; parmi ceux-ci se trou- vait un petit Brachiopode qui a donné naissance à des interprétations diverses, tant au sujet de sa provenance qu'à celui de sa détermination générique. Pour quelques naturalistes, cette forme devait appartenir à une espèce vivante, soit des côtes anglaises, soit exotique et ayantété ramenée avec le lest des navires; en même temps sa détermination restait problé- matique : les uns la rapportant au 7. fuberata, Jeffreys, les autres la con- sidérant comme distincte, et M. Marshall, qui appartenait à ces derniers, avait créé pour elle le nom de 7°. papillosa. L'année suivante, l’auteur lui- mème (2), d’après des échantillons auxquels étaient restés attachés des fragments de craie, reconnut avec M. Etheridge que cette forme provenait de galets arrachés au terrain Crétacé, et qu'elle n’était autre que le T'. striata de d’Orbigny, espèce très variable dont Davidson a pu suivre les modifications depuis le jeune âge jusqu’à l’état adulte. Dans tous les cas, la figure donnée par M. Marshall appartient certainement au genre T'ere- bratulina et ne peut rentrer dans la nouvelle coupe générique que nous avons proposée sous le nom de £ucalatlus. (4) MarsuaLz, Journal of Conchology, avril 4887, t. V, p. 186, pl. E, fig. 1-3. (2) MarsHALL, loc. cit., Ibid., janvier 1888, t. V, p. 278. 18 BRACHIOPODES. 6. Eucalathis ergastica, P. Fischer et D.-P. OEhlert. (PI. I, fig. Ga-6q.) 1890. Æ'ucalathis ergastica, Fischer et OEhlert, Journal de Conchyliologie, vol. XXXVIHI, pue: Coquille de petite taille, costulée, auriculée, subtrigone, un peu plus haute que large, anguleuse en arrière, élargie en avant, atteignant son maximum de largeur non loin du bord frontal; bord frontal faiblement convexe, presque droit; angles frontaux arrondis; commissure palléale subrectiligne, un peu sinueuse de chaque côté du crochet; région palléale nettement anguleuse jusqu'à la base des oreillettes ; ligne cardinale très courte, à peine arquée. Valves médiocrement convexes, un peu comprimées près du bord frontal, généralement subégales ; la ventrale parfois un peu plus bombée que la dorsale, Surface entièrement couverte de plis rayonnants anguleux, à sommet arrondi; ces plis Ÿ partent du crochet et sont au nombre de 18 à 22 nn — près du bord frontal : l'augmentation se produit par ZA suite d'intercalation de plis secondaires qui attei- ZINC gnent rarement l'importance des premiers. Tous ces D VAR G plis sont régulièrement et finement noduleux, earac- RAR SC (À tère qui s’accuse sur les côtés du crochet de la valve | ventrale où les nodules deviennent plus saillants. Fig. 4. — Spicules d'Euca- Stries d’accroissement nettes, très rapprochées et A US HN équidistantes. — Test épais, visiblement perforé. Coloration blanche. — Spicules très déliés, à bran- ches peu nombreuses. — Pédoneule court, terminé par des filaments nom- breux, cornés, fixés par chacune de leurs extrémités aux corps étrangers. Valve ventrale avec un crochet saillant, à peine incurvé, et très obliquement tronqué par un foramen incomplet marginé latéralement par les deux pièces du deltidium; ee crochet est arrondi au sommet par suite de la troncature du foramen ; côtés du crochet comprimés ; à l’intérieur, il n'existe ni cloisons rostrales, ni septum ; les dents sont fortes et proémi- nentes. Surface interne couverte de côtes rayonnantes correspondant aux intervalles des plis externes ; les côtes, beaucoup moins aceusées que celles ÉTUDE DES ESPÈCES. 49 de la surface, sont aplaties et divisées par un léger sillon médian ; ces caractères s’accusent près du pourtour de la valve qui est pourvu d’un méplat plus ou moins prononcé. Le groupe formé par les muscles pédon- culaires ventraux et les diducteurs, avec les adducteurs au centre, occupe au fond de la valve un large espace dont la limite antérieure s’avance au delà de sa première moitié. Valve dorsale transversalement ovale, avec un bord postérieur rendu subrectiligne par la présence de deux petites oreillettes situées de chaque coté du crochet, nettement déprimées, et plus développées que sur la valve opposée. A l’intérieur, processus cardinal constituant une petite apophyse subarrondie, parfois bifide ; le rebord interne des fossettes, qui contribue à l'articulation des valves, est très développé et se relève sous la forme de deux plaques triangulaires, très écartées l’une de l’autre et dépassant la ligne cardinale, en donnant ainsi à la partie postérieure de la coquille un contour sub-rectangulaire. Appareil brachial, s'étendant sur les deux-cin- quièmes environ de la valve. De la base des plaques constituant le rebord des fossettes, partent deux cruras larges, très courts, portant deux pointes crurales massives. Au delà de celles-ci, les deux branches descendantes décrivent deux courbes arrondies, puis convergent rapidement l’une vers l’autre et se rejoignent sous un angle très obtus, en formant à leur point de rencontre une étroite gouttière. Les quatre surfaces d'insertion des adducteurs sont très écartées et occupent l’espace situé derrière l'appareil apophysaire. Les bras forment deux lobes arrondis ne dépassant que faiblement l'appareil ; chacun de ces lobes est constitué par un tour de spire enroulé de dehors en dedans à peu près dans un même plan, oblique par rapport au fond de la valve. Cirrhes très longs, particulièrement ceux qui sont le plus rapprochés de la bouche. Dimensions : Largeur 7 mm.; longueur 6,5 mm.; épaisseur 4 mm. Stations : 1. Travailleur, 1881. Dragage 1. — 13 juin. — Profondeur 2,018 m. Au large du cap Finistère. 2. — 1881. Dragage 39. — 15 août. — Profondeur 1,226 m. Nord de l'Espagne. 3. — 1881. Dragage 42. — 16 août. — Profondeur 896 m. Nord de l Espagne. 4. Talisman, 1883. Dragage 10. — 10 juin. — Profondeur 717 m. Cap Spartel (Maroc). (TALISMAN. — Brachiopodes.) 7 0 BRACHIOPODES. 5. J'alisman, 1883. Dragage 65. —8 juillet. — Profondeur 782 m. Cap Bojador (Soudan). 6. — 1883. Dragage 66. — 8 juillet. — Profondeur 640 m. Cap Bojador. LE — 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Soudan. 8. — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Soudan. 9. — 1853. Dragage 75. — 9 juillet, — Profondeur 882 m. Soudan. Distribution géographique. — Cette nouvelle espèce, découverte durant les expéditions du 7ravailleur et du Z'alisman, paraît être assez abondante au nord de l'Espagne, dans les fonds coralligènes où prospèrent les Ampluhelia, et au large du cap Finistère. On la retrouve sur la côte occidentale d'Afrique, depuis le cap Spartel (Maroc), jusqu’au cap Bojador (Soudan), où elle vit en compagnie des Magellania septigera, Terebratula sphenoidea, Magellana cranium, Mühlfeldtia echinata et Rhynchonella cornea. Nous n'avons pas vu de spécimens provenant d’autres localités ; elle n'a pas été draguée aux Açores par le Challenger, le Talisman et l’Hirondelle. Distribution bathymétrique. — Nous n'avons recueilli ce Brachiopode que dans la zone abyssale, de 896 à 2,018 mètres, au nord et au nord- ouest de l'Espagne; et de 640 à 882 mètres, sur les côtes du Soudan. Distribution stratigraphique. — Inconnue. Rapports et différences. — L’'E. ergastica diffère de V£. Murrayi, Davidson (1), par sa forme plus allongée, et par ses côtes plus nombreuses et franchement noduleuses. Du reste, l'espèce de Davidson, trouvée à l'ile Kermadec et au sud des iles Fidji, appartient évidemment au même groupe, et parait être, dans l'océan Pacifique, une forme représentative de l£. ergastica, qui n'a été trouvé jusqu'ici que dans l'océan Atlantique. M. Dall, qui a bien voulu examiner l’Z. ergastica et le comparer aux formes affines, nous a écrit qu’il possédait un spécimen non encore décrit, provenant du golfe du Mexique, dragué par 292 brasses, dont la taille était identique à celle de notre espèce, mais, ajoute-t-il, les plis sont moitié plus nombreux et les granulations plus distinctes. L’£. ergastica diffère de l’£, tuberata qui lui est associé dans les mêmes localités, par sa taille (4) Davinson. 1878. Proc. Roy. Soc., vol. XX VII, p. 437. — 1880. Rep. on the Brach. of Challenger, p. 39, pl. IL, fig. 1. — 1887. Transact. Lin. Soc. Lond., 2° sér., Zool., vol. IV. Monog. of Recent Brachiop., part 1, p. 39, pl. VI, fig. 15-17. ÉTUDE DES ESPÈCES. 51 plus grande (7 millimètres de long au lieu de 3 millimètres); il est relati- vement plus court; son crochet, tronqué par un foramen terminal sub- circulaire, est beaucoup moins proéminent ; il n'existe pas d’aréa; enfin les plis sont moins nombreux (18 à 20 au lieu de 30 à 32) et beaucoup moins nettement tuberculeux ; à l’intérieur, le plan dans lequel s’enroulent les deux spires brachiales tend à se rapprocher du plan de la commissure des valves. Genre TEREBRATULA, Klein. 1. Terebratula (Liothyrina) vitrea, Born, sp. (PI. HI, fig. 7a-7h). 1767. Anomie de Mahon, Davila, Catal. syst. el raisonné des curiosités, etc., vol. I, p. 311, DIX here. MEN minorica, Favart d'Herbigny, Dictionn. d'hist. nat., vol. I, p. 30. 1778. — vilrea, Born, /ndex Musei Cæsar., p. 106. 1180: — — Born, Zestacea Musei Cæsar., p. 119. 4819. Zerebratula virrea, Lamarck, Hist. nat. des animaux sans vertèbres, vol. VI, 17° par- tie, p. 245. 1860. — — Reeve, Conch. Icon., pl. IT, fig. 8. 1879. Liothyris vitrea, Douvillé, Bul. Soc. géol. de France, 3° sér., vol. VIL p.265, fig. 6. 1887. Liothyrina vitrea, OEhlert èn Fischer, Manuel de Conchyl., p. 1316, fig. 1104. 18806. _—_ — Davidson, À Monog. of Recent Brach. Transact. Lin. Soc. of London, 2° sér., vol. IV, part. 4, p. 6, pl. I, fig. 1-12. Coquille souvent ovalaire, parfois subeireulaire, atteignant sa largeur maximum vers le milieu des valves ; bords latéraux régulièrement arrondis: bord frontal faiblement convexe, presque rectiligne; commissure palléale droite; régions latérales et frontale anguleuses; valves médiocrement et régulièrement bombées : la ventrale un peu plus profonde que la dorsale: chacune des valves présente, à sa partie médiane, un léger aplatissement, plus où moins distinct, remontant en se rétrécissant graduellement depuis le bord frontal jusque vers le milieu de la coquille et même au delà; sur- face lisse, avec de nombreuses lignes d’accroissement très ténues, entre lesquelles s’intercalent quelques stries plus accusées. — Test très finement poneturé, semi-transparent, lustré, généralemnt mince et fragile, mais s'épaississant considérablement avec l’âge, principalement dans la région cardinale. Coloration presque blanche. — Spicules étoilés avec des bran- ches ordinairement peu nombreuses (f1q4. 5, p. 52). 52 BRACHIOPODES. Valve ventrale avee un crochet médiocrement saillant, arrondi, recourbé et lronqué par un petit foramen circulaire, au-dessous duquel se trouve un deltidium surbaissé et concave. A l'intérieur, il n'existe ni cloisons ros- trales, niseptum; dents pelites et assez écartées ; aréa myophore occupant un espace triangulaire allongé, devenant nettement circonserit et très déprimé chez les individus âgés, par suite de l'accroissement successif du test dans la région postérieure; au centre, les adducteurs laissent deux petites empreintes étroites, de chaque côté desquelles se trouvent celles des adducteurs, beaucoup plus importantes, et qui les dépassenten avant; les pédonculaires ventraux s'insèrent latéralement et un peu en arrière des diducteurs. La cavité sous- cardinale est divisée par un court sillon mé- dian, s'étendant depuis le crochet jusqu'aux adducteurs ; de chaque côté de ce sillon, se voient les empreintes des diducteurs acces- Fig. 5. — Spicule de Terebratulu vitrea, grossi 100 fois. soires et celles de l’ajusteur ventral, dont la surface d'insertion est de forme transverse. On remarque, en outre, quatre sillons divergents, presque équidistants, partant du crochet et se prolongeant fort avant à l’intérieur de la valve, où ils indi- quent la place des sinus vasculaires principaux : les deux sillons médians limitent latéralement le groupe de muscles constitué par les adducteurs et les diducteurs. Nous n'avons pu voir nettement la disposition des rameaux secondaires des sinus. — Pédoncule court. Valve dorsale avec un plateau cardinal très incomplet, présentant une large échancrure centrale; ee plateau est constitué par deux petites plaques triangulaires horizontales, aplaties, un peu concaves et qui constituent la base des cruras; ces plaques, sans rebord interne bien apparent, sont posté- rieurement limitées par un relèvement du bord externe, légèrement saillant, soudé au bord cardinal, et en avant duquel sont creusées les fossettes qui sont très petites. Processus cardinal denticulé, devenant très proéminent et nettement bilobé avec l’âge. Appareil apophysaire ne dépassant pas le quart de la longueur de la valve; eruras assez longs, grèles, munis de pointes crurales larges et courtes; au delà de ces dernières, les branches m6 ÉTUDE DES ESPÈCES. 53 descendantes s’élargissent et deviennent un peu divergentes jusqu’à leur extrémité, où elles se replient doucement sur elles-mêmes et se réunissent à l’aide d’une bandelette un peu sinueuse, qui représente d’une façon rudi- mentaire, l'appareil ascendant et la bandelette jugale. Au fond de la valve, à peu près à la hauteur de la bandelette, se trouvent groupées les quatre empreintes des adducteurs ; les pédonculaires dorsaux sont situés sur le plateau cardinal, à la base des cruras; les diducteurs s’insèrent sur la partie postérieure du processus. La direction des sinus vasculaires princi- paux est indiquée par des sillons plus ou moins accusés. Dimensions : Longueur 27 mm.; largeur 23 mm. ; épaisseur 15 mm. Stations : - 1. Travailleur, A881. Dragage 1. — 4 juillet. — Profondeur 555 m. Golfe du Lion. À — 1881. Dragage 3. — 5 juillet. — Profondeur 1,160 m. Méditerranée. + — 1881. Dragage 5. — 5 juillet. — Profondeur 1,865 m. Méditerranée. 4. -- 1881. Dragage 19. — 43 juillet. — Profondeur 540 m. Corse. b) — 1881. Dragage 37. — 14 août. — Profondeur 400 m. Nord de l'Espagne. 6. — 1881. Dragage 40. — 15 août. — Profondeur 392 m. Nord de l'Espagne. 7 — 1882. Dragage 1. — G juillet. — Profondeur 564 m. Golfe de Gascogne. 8. — 1882. Dragage 2. — 6 juillet. — Profondeur 608 m. Golfe de Gascogne. 9° _ 1882. Dragage 3. — 6 juillet. — Profondeur 512 m. Golfe de Gascogne. 10. — 1882. Dragage 32. — 25 juillet. — Profondeur 440 m. Golfe de Cadix. 11. — 1882. Dragage 58. — 17 août. — Profondeur 440 m. Côtes de Portugal. 12. Zalisman, 1883. Dragage 65. — 8 juillet. — Profondeur 782 m. Cap Bojador. 13. — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Côtes du Soudan. 14. — 1883. Dragage 121. — 30 juillet. — Profondeur 633 m. Iles du Cap Vert. Distribution géographique. — Romé de Lisle, qui a rédigé le premier volume du catalogue de la collection Davila (1) publié en 1767, est le pre- mier auteur qui ait donné des renseignements sur l'habitat du Z'erebratula vitrea. L’exemplaire qu'il a vu et décrit provenait de Mahon (Baléares). Le nom d'Anomia minorica a mème été proposé pour ce Brachiopode par Favart d'Herbigny (2), en 1775. (4) Davila, dans la préface de son catalogue (vol. I, p. 5), est très explicite à ce sujet. Il dit qu'il a été aidé par M. de Romé de Lisle « qui à fait de concert avec moi toute la partie de l’histoire naturelle et une partie de celle des curiosités de l’art. » Nous relevons cette phrase, parce que plusieurs auteurs, et entre autres Moquin-Tavdon, attribuent à l'abbé Dugast la rédaction du premier volume (histoire naturelle) du catalogue de Dawvila. (2) Voici la diagnose latine de Favart d'Herbigny : « Anomiu minorica, lævis, convexa, in ambilu depressa, ex albedine satis pellucida et aliquando virescente. » Quoique cette diagnose ne soit pas faite dans la forme linnéenne, puisque les deux premiers mots « Anonnua minorica » ne sont pas BRACHIOPODES. [14 = Les recherches des naturalistes ont montré ultérieurement que le 7”, vitrea vivait sur plusieurs autres points de la Méditerranée, où il est recueilli surtout par les corailleurs : nous citerons parmi ces localités : la Provence, la Corse, la Sardaigne, la baie de Naples, la Sicile, la mer Egée, la Tunisie, l'Algérie, l'Espagne. L'expédition du Porcupine, en 1870, l’a dragué sur la côte du Riff (Maroc), au cap de Gata (Province de Grenade), au nord de l'Algérie et sur le bane de l’Adventure. Dans l’Atlantique, cette espèce a été obtenue par le Porcupine sur les côtes du Portugal et dans le golfe de Cadix. Les explorations du 7ravailleur et du Talisman ont beaucoup reculé les limites de cette distribution géographique, en constatant d’une part que le T'. vitrea remonte jusque dans le golfe de Gascogne (1), d’autre part qu'il descend jusqu’au cap Bojador (Soudan) et jusqu'à l'archipel du eap Vert. Si l’on admet que certaines formes de Brachiopodes considérées provi- soirement comme distinctes ne sont autre chose que des variétés ou races locales du 7. vitrea, l'extension de cette espèce serait énorme. Ces espèces très voisines sont : 1° 7, affinis, Calcara (Zerebratula vitrea, var. minor, Philippi) qui habite la Méditerranée, les côtes du Portugal, les Acores, l'ile Culebra (Antilles) et le cap de Bonne-Espérance ; 2° 7°. arctica, Friele, de l’île Jan Mayen; 3° 7. Davidsoni, À. Adams, du Japon; 4° 7. Cer- nica, Crosse, de l’île Maurice. Distribution bathymétrique. — Y est très difficile de connaître la limite supérieure du 7”. vitrea. Dans quelques cas, on l’a obtenu à une faible profondeur, adhérent à des coraux ou à des débris de roches rejetés par les corailleurs, après le triage. C’est ainsi que sur quelques points de VAI gérie, de la Corse ou de la Sardaigne, on a pu signaler son existence à 10 ou 12 mètres de profondeur. Mais sa profondeur moyenne, dans la Méditerranée, varie de 80 à 120 mètres; elle y peut atteindre de 540 à séparés des suivants par un point, elle est cependant égale à une foule de descriptions de Chemnitz qui sont déclarées suffisantes et valables, au point de vue de la priorité, par la plupart des auteurs. C’est donc par respect excessif de la forme que nous ne proposons pas de substituer au vocable vitrea, Born, celui de minorica, Favart, qui est antérieur, appuyé sur une diagnose latine et francaise, avec renvoi à une iconographie suffisante, celle de Davila. (1) D’après Reeve, cette espèce aurait été draguée à Vigo, par Mac Andrew, mais il est probable que cette citation est inexacte et que le Brachiopode de Vigo est un Magellunia cranium. ÉTUDE DES ESPÈCES. 53 1,865 mètres (Zravailleur, 1881), et jusqu’à 2,661 mètres au nord de l’Al- gérie (Porcupine, 1870). Dans l'Atlantique, nous l'avons trouvé de 392 à 608 mètres sur les côtes d'Espagne et de Portugal, et Jeffreys l’a dragué par 1,817 mètres dans les parages du Portugal. Enfin sur les côtes du Soudan et aux îles du cap Vert, sa distribution bathymétrique est de 633-782 mètres. En résumé ce Brachiopode, à l’état vivant, abonde surtout dans la zone des Brachiopodes et des Coraux, et dans celle des Abysses. Sa distribution parait être réglée par celle de certains Coralliaires (Den- drophyllia, Lophohelia, ete.) qui lui donnent attache. Distribution stratigraphique. — Nous considérons comme douteuse, au point de vue de la détermination, la forme fossile cataloguée sous le nom de 7. vitrea et provenant du Pliocène de Morée. La répartition stratigraphique de cette espèce est aujourd’hui bien établie, depuis le Pliocène inférieur jusqu’au Quaternaire marin supérieur, grâce aux travaux de G. Seguenza, qui en a recueilli des exemplaires dans le Zan- cléen inférieur de la province de Reggio (Calabre), le Zancléen moyen et supérieur desenvirons de Messine (Sicile), l’Astien, le Sicilien, le Quaternaire marin inférieur etle Quaternaire marin supérieur de la province de Reggio. Dans le Pliocène du nord de l'Italie, de la Provence, de l’Andalousie, le T'. vitrea parait manquer. Il est remplacé par de véritables Zerebratula du groupe ampulla, Brocchi. D'autre part, il existe dans le Pliocène de l'Algérie. La variété munor, Philippi (7. affinis, Calcara), parait avoir une distri- bution plus ancienne; elle apparait dans le Miocène de Malte (Davidson). Rapports el différences. — Nous examinerons plus loin, à propos du T. sphenoidea, Philippi, les rapports et différences de cette espèce avec le T. vitrea, Born. La variété minor du T”. vitrea, élevée au rang d'espèce sous les noms de T. affinis par Calcara, et de 7°. minor par Suess, a été d’abord signalée à l’état fossile par Philippi, puis trouvée à l’état vivant dans la Méditerranée. Cette forme diffère du 7. vitrea typique par sa taille plus petite, son con- tour plus ovalaire; mais l'appareil brachial est semblable. Davidson (1) a (1) Monogr. on recent Brachio,oda (Transuct. Linn. Soc. London, ? série, vol. IV, p. 9, pl. I, fig. 13, 1886). )6 BRACHIOPODES. eru devoir y rapporter des spécimens vivants dragués dans le détroit de Messine, la mer Egée, et sur les côtes du Portugal, près du cap Saint- Vincent. Parmi les individus obtenus par le 7ravailleur et le Talisman, nous n’en avons trouvé aucun se différenciant suffisamment du type pour être appelé T. affinis ou minor. Tout au plus pourrait-on considérer comme douteux quelques Brachiopodes à contour assez variable, recueillis dans le dra- gage », 1881, à la profondeur de 1,865 mètres (Méditerranée) et qui mon- trent parfois une pelite taille associée à un test épais, avec des empreintes musculaires profondément excavées et annonçant que l'animal avait atteint son complet développement. Mais on sait combien les conditions d'existence etla nature des fonds peuvent modifier le développement des individus d’une mème espèce. Il serait done imprudent d'établir une différenciation spéci- fique d’après des matériaux aussi insuffisants. Au surplus, Davidson, Jef- freys, Monterosato, partagent l’opinion exprimée au début par Philippi et sont portés à considérer la forme ##2n0r ou affinis comme une variété du 1 virenr Le 7. Davidsoni, À. Adams, découvert dans les mers du Japon, et étudié seulement d’après un petit nombre de spécimens, est une forme ovalaire, allongée, dont le maximum de largeur est reporté en avant. Avant de réunir cette espèce, comme variété, au 7’, vitrea, il serait nécessaire, comme l’a fait remarquer Davidson, d’en examiner une série assez importante. Enfin le ?”°, archica, Friele, de l’île Jan Maven, est suffisamment caractérisé par sa coquille globuleuse, son contour subcireulaire et son crochet très court. Ce serait la première espèce du sous-genre Ziothyrina qui ait été draguée dans les régions arctiques. Observations. — Le T. vitrea est assez variable de forme; les rapports entre sa longueur et sa largeur peuvent être modifiés de telle sorte que les valves montrent un contour orbiculaire ou ovalaire. Le test, en général très mince, fragile et transparent, prend aussi une épaisseur considérable chez certains spécimens, et devient même complètement opaque. C'est ainsi que les dragages 1, 1881 (Travailleur, Méditerranée) et 40, 1881 (Nord de l'Espagne) ont ramené un grand nombre de sommets de valves ventrales et quelques sommets de valves dorsales remarquables par lépais- ÉTUDE DES ESPÈCES. 01 sissement de la région umbonale où les impressions musculaires sont pro- fondément excavées. En mème temps, le foramen dont les parois sont nor- malement courtes devient presque tubulaire par suite d’un encroûtement calcaire, déposé circulairement. Le pédoncule étant alors plus grêle, les muscles pédonculaires ventraux s’amoindrissent, leur surface d'insertion se réduit et prend une forme linéaire; les muscles diducteurs, au contraire, obligés à des efforts plus considérables, prennent une grande importance, etélargissent leur surface d'insertion en se portant peu à peu en avant. Les empreintes des adducteurs sont confluentes et placées sur la ligne médiane en arrière des diducteurs. A la valve dorsale, chez ces individus à test épaissi, les adducteurs lais- sent également deux empreintes en creux, piriformes, allongées, nettement séparées par une crète septale. Concurremment le processus cardinal devient très saillant. Les T°. vitrea, affinis, Davidsoni, arctica, ainsi que quelques autres Bra- chiopodes : 7°. Cernica, Crosse, de Maurice ; 7. Moseleyi, Davidson, de Kerguélen ; 7. Bartletii, Dall, des Antilles; 7°, sphenoidea, Philippi, des mers d'Europe et de la côte O. d'Afrique, ete., constituent un groupe sous- générique naturel qui a été séparé à juste titre par M. Douvillé (1), du groupe Terebratula proprement dit, qui ne semble pas exister dans les mers actuelles. Le nom de Ziothyris proposé, en 1880, par cet auteur a dû être changé en celui de Liothyrina (2) pour éviter un double emploi, le même vocable ayant déjà été appliqué par Conrad (3) à un Mollusque pélécypode. Ainsi adoptée, cette coupure sous-générique sert à réunir des formes ayant en commun les caractères suivants : à l'extérieur, une surface lisse, non costulée ni biplissée ; une commissure palléale droite, sauf chez le T. Bartletti, Dall, qui possède un rudiment de bourrelet médian à la valve dorsale (4); à l’intérieur, un appareil brachial très court dont les branches ascendantes, ainsi que la bandelette jugale, sont représentées d'une manière (1) Bulletin de la Soc. géol. de France, 3° série, t. VII, p. 265, 1880. (2) Œhlert in Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 1316, 1887. (3) Appendix to Kerr’s, Geol. Report S. Carolina, p. 9, 1873. (4) Le Terebratula Wyvillei, Davidson, qui a été rapporté au sous-genre Liothyrina, ne paraît pas appartenir tout à fait au même groupe, malgré la forme de son appareil brachial. L'existence d'un sinus médian à la valve dorsale en fait, extérieurement, un représentant du groupe des Nu- cleatæ fossiles. (TALISMAN, — Brachiopodes.) 8 58 BRACHIOPODES. rudimentaire. Cette partie de l’appareil, dans les groupes des espèces qui se rattachent directement au 7’. vitrea, est constituée par une bandelette étroite, mais longue, par suite de la divergence des branches descendantes, tandis qu’elle est large et très courte, par suite du parallélisme de celles-ci chez le 7°. sphenoidea. 8. Terebratula (Liothyrina) sphenoidea, Philippi. (PI. II, fig. 8a-8m). 1844. Terebratula sphenoidea, Philippi, Ænum. Moll. Siciliæ, vol. Il, p. 67, pl. XVII, fig. 6. 1867. — Cubensis, Pourtalès, Contrib. Fauna Gulf-Stream. Bull. Mus. Comp. Zool., vol. I, p. 109. 1871. — — Dall, Xeport Brach. oblained by the United States Coast Survey Exped. Bul. Mus.Comp. Zool., vol, II, p. 3-9, pl. I, fig. 2. 1871. -- sphenoidea, Seguenza, Studii paleont. sui Brach. terz. dell Italia Merid. (Bull. malacol. Ital. vol. IV, p. A, pl. L, fig. 18-26). 1878. — vilrea, var. sphenvidea, Jeffreys, On the Mollusca procured during the Lightning and; Porcupine Expeditions 1868- 70. Proced. Zool. Soc., p. 404, pl. XXII, fig. 6. 1886. Liothyris sphenoidea, Davidson, À Monograph of recent Brachiopoda. Transact. of Linn. Soc. of London, 2 sér., vol. IV, p. 12, pl. IT, fig. 47-22. 1889. Zerebralula Cubensis, Dall, À prelim. catal. of Mollusks and Bra- chiop. of the Southeastern coast of the Uni- ted States, p. 28, pl. XXXIX, fig. 6 et 140. Coquille de forme allongée, un peu subtrigone, dont le maximum de largeur se trouve situé environ aux deux tiers de la longueur totale, et souvent même au delà ; bord frontal légèrement convexe; angles frontaux à sommet arrondi; commissure palléale latéralementsinueuse, subrectiligne au front; région frontale peu anguleuse chez les adultes, aiguë chez les Jeunes. Valves très inégalement convexes : la ventrale, la plus profonde, est particulièrement renflée dans la région umbonale; les parties latérales, par leur pente assez brusque, se distinguent neltement de la partie médiane qui est faiblement convexe dans la région frontale; il n'existe ni sinus ni bourrelet médian. Surface lisse avec des stries d’accroissement nombreuses et inégales, accompagnées de quelques fines côtes rayonnantes, obsolètes, ÉTUDE DES ESPÈCES. 39 particulièrement visibles sur les parties latérales des valves. Test assez mince, translucide, d’un blane jaunâtre. — Spicules formant des plaques profondément découpées, dont les branches, assez nombreuses, sont généra- lement élargies au point où elles se subdivisent en digitations secondaires. Valve ventrale avec un crochet bien développé, médiocrement recourbé, etun foramen circulaire, surmontant un deltidium concave, strié en travers, et en majeure partie caché par le sommet de la valve dorsale. — A l'inté- rieur, dents fortes et assez rapprochées; muscles disposés comme chez le T'. vitrea. Les sinus vasculaires sont rendus très visibles, sur les échantil- lons desséchés, par la présence de nombreux spicules accumulés sur leur parcours et donnant à ces vaisseaux un aspect blanchâtre qui les fait se déta- cher nettement sur le reste du manteau. Il existe quatre troncs principaux qui émettent latéralement, le long de leur parcours, des digitations très irrégulières se terminant en cul-de-sac; les deux trones médians, ordinairement les plus écartés, s'arrêtent non loin du bord frontal, où ils se divisent en rameaux , Fig. 6. — Spicule de Terebratula sphenoidea, secondaires, plusieurs fois dichotomes, grossi 52 fois. s’anastomosant entre eux et aussi avec les ramifications extrêmes des sinus latéraux; on remarque en outre deux sinus rudimentaires qui sortent latéralement de la cavité viscérale et dont les digitations terminales vont aboutir au-dessous des dents. Les glandes génitales, accolées aux parois latérales de la cavité viscérale, forment deux petites masses allongées, réticulées, visibles par transparence. Pédoncule très court, terminé, à son extrémité fixée, par une série de filaments cornés. Valve dorsale avec un processus assez saillant, transverse, linguiforme, servant de point d'attache aux muscles diduecteurs qui s'insèrent à son sommet, sur sa face postérieure. Appareil apophysaire étroit et court, à côtés subparallèles. Plateau cardinal constitué par deux petites plaques triangulaires (base des cruras) horizontales, nettement séparées par l’échan- 60 BRACHIOPODES. erure centrale; ces plaques, profondément concaves, sont limitées du côté de l’échancrurè par un relèvement de leur bord interne; postérieurement, leur rebord externe, très saillant, limite les fossettes. Cruras très courts ; pointes crurales de taille médiocre. Branches descendantes larges, d'abord subparallèles, puis devenant un peu convergentes jusqu’au point où elles se replient brusquement sur elles-mêmes, et où elles sont reliées par une bandelette courte et large coudée à angle aigu à sa partie mé- diane. La disposition des muscles n'offre rien de particulier à signaler. Les sinus vasculaires ont une disposition analogue à celle qu’on constate sur la valve opposée; toutefois les deux médians sont ordinairement plus rapprochés. Les glandes génitales situées, comme à l’autre valve, de chaque côté de la cavité viscérale, se présentent sous la forme de deux bandes sinueuses. Dimensions : Longueur 24 mm.; largeur 19 mm.; épaisseur 14 mm. Stations : 4. Travailleur, 1881. Dragage 1. — 13 juin. — Profondeur 2,018 m. A l'O. du cap Fi- nistère (Espagne). 2. -- 1881, Dragage 1. — 4 juillet. — Profondeur 555 m. Méditerranée. 9. — 1881. Dragage 37. — 14 août. — Profondeur 400 m. Nord de l'Espagne. A. -- 1881. Dragage 40. — 15 août. — Profondeur 392 m. Nord de l'Espagne. 5. -— 1882. Dragage 1. — 6 juillet. — Profondeur 56% m. Golfe de Gascogne. 6. — 1882. Dragage 2. — 6 juillet. — Profondeur 608 m. Golfe de Gascogne. 7e = 1882. Dragage 3. — 6 juillet. — Profondeur 512 m. Nord de l'Espagne. 8. — 1882. Dragage 19. — 19 juillet. — Profondeur 1,350 m. Portugal. 9e - 1882. Dragage 32. — 25 juillet. — Profondeur 440 m. Sud de l'Espagne. 10. — 1882. Dragage 70. — 28 août. — 1,000 m. Golfe de Gascogne. 11. Zalisman, 1883, Dragage 10. — 10 juin. — Profondeur 717 m. Cap Spartel (Maroc). 12. — 1883. Dragage 17. — 14 juin. -— Profondeur 550 m. Au large de Mazaghan (Maroc). 13. — 1883. Dragage 38. — 21 juin. — Profondeur 1,050 m. Au large de Mogador (Maroc). 14. _ 1883. Dragage 54. — 97 juin. — Profondeur 975 m. Parages des Canaries. 45. — 1883. Dragage 65. — 8 juillet. — Profondeur 782 m. Au large du cap Bojador (Soudan). 16. — 1883. Dragage 66. —8 juillet. — Profondeur 640 m. Cap Bojador (Soudan). ane — 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Côtes du Soudan. 18. — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Côtes du Soudan. Distribution géographique. — Si cette espèce ne parait pas dépasser au nord le golfe de Gascogne, ses limites au sud et à l’ouest ne sont pas encore lixées exactement. ÉTUDE DES ESPÈCES. 61 Elle a été draguée par le Zravailleur elle Talisman sur plusieurs points du golfe de Gascogne, au nord de l'Espagne, puis à l’ouest du cap Finis- tère, le long du Portugal et du littoral Atlantique du sud de l'Espagne. Dans la Méditerranée, elle a été recueillie presque à la même époque par le Zravailleur (juillet 1881) et le pyroscaphe italien Washington (août 1881). Le yacht l’Æirondelle en a dragué un exemplaire dans les parages des Acores (1888). Sa présence sur la côte occidentale d'Afrique a été constatée durant les opérations du Z'alisman (1883), depuis le cap Spartel (Maroc) jusqu'au cap Bojador (Soudan). Il est probable que ce Brachiopode s'étend encore plus vers le sud, puisque le Challenger Va obtenu au large de l’île de l’As- cension. Un des faits les plus remarquables de la distribution actuelle du 7°. sphe- noidea, est l'existence d’une colonie paraissant cantonnée dans la mer des Antilles. C'est là que le comte de Pourtalès, durant l'expédition du steamer amé- ricain Corwin, en 1867, a dragué des Brachiopodes vivant en abondance dans les parages de Cuba, et qu'il a décrits comme appartenant à une es- pèce nouvelle à laquelle il a donné le nom de Z'erebratula Cubensis. De- puis 1867, les expéditions du B#0bet du Blake ont retrouvé cette forme sur plusieurs points de la mer des Antilles, dans le voisinage de la Floride, des îles de Cuba, Barbades, Saint-Vincent, Martinique, Montserrat, Guade- loupe et Grenade. En résumé, le 7. sphenoidea est une forme limitée à l'Atlantique, habi- tant les régions profondes des provinces zoologiques marines Lusitanienne et Caraïbe, mais envoyant des représentants jusque dans la province afri- caine occidentale (ile de l’Ascension). Distribution bathymétrique. — Cette espèce vit généralement à une assez grande profondeur. Dans le golfe de Gascogne et sur les côtes océaniques de l'Espagne et du Portugal, elle est draguée de 392 à 2,018 mètres; dans la Méditerranée, de 396 à 555 mètres; sur la côte occidentale d'Afrique, de 640 à 1,050 mètres; dans les parages des Canaries, à 975 mètres; aux Açores, à 801 mètres; et à l’île de l’Ascension, à 767 mètres. 62 BRACHIOPODES. D'autre part, les profondeurs d'un grand nombre de ces stations, d'après les dragages opérés dans la mer des Antilles par les diverses expéditions américaines, varient de 146 à 731 mètres. On remarquera que sur les 18 dragages du 7ravailleur et du Talisman, 3 seulement n’atteignent pas 500 mètres; tandis que, dans la mer des An- tilles, cette profondeur de 500 mètres est rarement atteinte et dépassée. Le 7°. sphenoidea appartient done à la zone bathymétrique des Brachio- podes et des Coraux, ainsi qu à celle des Abysses. Il manque complète- ment dans les zones supérieures. Distribution stratigraphique. Le 7. sphenoidea a été décrit pour la pre- mière fois par Philippi, d'après des spécimens fossiles trouvés à Valle La- mato (Calabre). Les recherches des paléontologistes ont montré ultérieurement que cette espèce était répandue dans le Pliocène italien. Les couches où elle abonde appartiennent aux étages Zaneléen et Astien. En Sicile, ses principaux gisements sont : Gravitelli, Scirpi, Tremonte, Camaro, Scoppo, Valdina, etc. (province de Messine), appartenant d’après Seguenza au Zancléen moyen; et Rometta, Trapani, Scoppo, Gravitelli, Pie- trazza, etc. (province de Messine), appartenant au Zaneléen supérieur; en Calabre, elle provient de Reggio, Gerace, Valle Lamato, Cosentino, ete. (province de Reggio), appartenant à l'étage Astien. Seguenza (1) avait cru pouvoir distinguer le 7°. sphenoidea parmi les fos- siles du Miocène moyen de Turin et de Gassino, mais il a reconnu plus ré- cemment (2) que la valve qu'il avait examinée devait être rapportée au Magellania sepligera, où à une autre forme voisine. Rapports et différences. — Le T.sphenoïdea diffère du 7. vitrea par sa forme plus allongée, son contour un peu subtrigone, sa valve ventrale plus bombée et son foramen un peu plus grand; de même, à l’intérieur de la valve ventrale, les dents sont plus fortes et plus rapprochées; — à linté- rieur de la valve dorsale, les plaques triangulaires du plateau cardinal sont plus développées et plus concaves. L'appareil apophysaire est particula- (4) Intorno ai Brachiopodi miocenici delle Provincie Piemontesi (Ann. del Aspir. Natur. di Napoli, ser. 32, vol. VI; p.17, 1866): (2) Studii paleontologici sui Brachiopodi terziarii dell'Italia meridionale (Bull malac. Italiano, anno IV, p. 44, 1871). ÉTUDE DES ESPÈCES. 63 risé par sa forme plus étroite, à côtés subparallèles, et par ses branches descendantes convergeant vers l'avant et reliées entre elles par une bande- lette courte et large, repliée brusquement à sa partie médiane. La place des sinus n’est pas indiquée par des sillons à l’intérieur des valves. Observations. — De 1844 à 1878, le 7°. sphenoidea n'était connu qu’à l’état fossile; en 1878, Gwyn Jeffreys comparant les spécimens vivants dragués par lui sur les côtes du Portugal avec des fossiles pliocènes en- voyés par Seguenza, acquit la certitude que les uns et les autres apparte- naient à une même espèce. Il identifia également avec la forme fossile les exemplaires vivants des Antilles que le comte de Pourtalès et A. Agassiz lui avaient communiqués sous le nom de Z'erebratula Cubensis. Ces con- clusions paraissent fondées, et nous ne voyons aucun empèchement à réu- nir, sous une même désignation spécifique, des formes vivantes et fossiles entre lesquelles on ne peut constater des différences nettement tranchées. Mais, d'autre part, il nous est impossible de suivre Gwyn Jeffreyset David- son (o/in) en considérant les 7°. sphenoidea et Cubensis comme une variété du 7”. vitrea. Dall, en décrivant avec le plus grand soin le 7”. Cubensis et en le comparant avec le 7”. vtrea, a montré l’importance des caractères dis- tinctifs de ces deux espèces. Les individus fossiles (à en juger par les figures qu’en donne Seguenza) paraissent avoir été plus variables dans leur forme que les vivants, chez lesquels la taille peut changer, alors que les proportions relatives restent sensiblement les mêmes. L'appareil brachial présente une disposition très constante, sauf quelques rares exceptions chez lesquelles la bandelette qui relie les deux branches descendantes est plus longue et moins nettement plissée, indiquant ainsi les relations de cette espèce avec le 7°, vitrea. De mème que le Wagellania septigera, le T. sphenoïdea porte assez souvent un Verruca adhèrant à sa valve ventrale. Son pédoncule est fixé soit à des cailloux, soit à des polypiers, soit enfin à des valves de Pélécy- podes (Limopsis). 64 BRAGHIOPODES. Genre MAGELLANIA, Bayle. 9. Magellania septigera, Lovén, sp. (PI. IV, fig. 9a-9Jab; pl. V, fig. Jac-Jah). 1846. Terebratula septigera, Lovén, Index Mol. lit. Scand. occid. habit., p. 29. 1852. Waldheimixa — Gray et Woodward, Cat. of Brach. in the Brit. Museum, 1855. _ _ p. 59. Davidson, Ann. and Mag. of Nat. Hist., 2 sér., Vol XVI, pl eX Mig." 1878. — seplala, G.-0. Sars, Mollusca reg. arct. Norvegiæ, p. M, pl. I, fig. 2. 1886. -— — Davidson, Xecent Brachiopoda, p. 56, pl. XI, fig. 4 à 10. Coquille à contour assez variable, généralement subpentagonal, attei- gnant sa plus grande largeur près du bord frontal. Angles cardinaux très arrondis ; contours latéraux convexes; contour frontal subrectiligne; com- missures légèrement sinueuses. Région palléale franchement anguleuse au front, tendant graduellement à s’arrondir et même à devenir presque plane en remontant vers le cro- chet. Valves très inégalement développées, la ventrale étant beaucoup plus profonde que la dorsale. — Test mince, visiblement poneturé; surface lisse, ornée seulement de stries d’accroissement; coloration d’un blanc jaunâtre. La valve ventrale est bombée, surtout dans la région umbonale ; à partir du premier tiers, la valve subit un aplatissement médio-longitudinal, qui va en s'élargissant et en s’accentuant jusqu’au bord frontal, où il constitue une sorte de sinus large, peu profond, mais parfois très nettement marqué. Crochet gros, court, arrondi, assez recourbé vers la valve dorsale; ce cro- chet est entaillé à son extrémité par un large foramen circulaire, à la base duquel se trouve le deltidium qui constitue un triangle surbaissé, tronqué au sommet et largement échancré à sa base; au centre, sur la ligne médiane, dans l’emplacement de la suture, il existe un petit bourrelet. — A l’inté- rieur les dents sont saillantes, placées à l'extrémité anguleuse de la base du deltidium ; ces dents sont supportées, chezles jeunes, par des cloisons ros- trales, qui s’atténuent avec l’âge et disparaissent complètement chez l'adulte; 1l n'existe ni doublure sous-apicale, ni septum médian. Les im- pressions musculaires, qui sont très superficielles, se composent de deux didueteurs piriformes, accompagnés de chaque côté par les pédonculaires ventraux, situés à peu près sur la même ligne que ceux-ci; entre les diduc- ÉTUDE DES ESPÈCES. 63 teurs, et un peu en arrière, se trouvent deux petites impressions allongées et étroites, dues aux muscles adducteurs; au centre de la cavité apicale vient s'insérer le muscle ajusteur ventral, laissant une empreinte mé- diane, de forme transverse. — Les sinus vasculaires sont constitués par quatre troncs principaux : deux médians presque parallèles qui se dirigent directement sans se dichotomiser vers le bord frontal, leur extrémité seule se subdivisant deux ou trois fois ; et deux sinus latéraux qui prennent leur point d’origine plus en arrière; ceux-ci sont très divergents et émettent, du côté externe, de courts rameaux secondaires, plusieurs fois divisés. Ces sinus latéraux, un peu variables suivant les individus, ne sont pas non plus identiques l’un à l’autre sur une même valve; on remarque en outre, de chaque côté de la cavité viscérale, quelques courtes digitations. — Les glandes génitales forment, de chaque côté, une bande étroite et sinueuse qui est repliée sur elle-même et dont les deux extrémités libres descendent dans les troncs vasculaires principaux; la partie courbe remonte dans la cavité viscérale où on la voit par transparence. — Pédoncule généralement orêle et de longueur très variable ; chez quelques spécimens, il mesure jus- qu'à 1 centimètre et demi, tandis que chez d’autres, la fixation a lieu immé- diatement à la sortie du foramen. Valve dorsale régulièrement convexe suivant son diamètre longitudinal, et presque plane transversalement. Près du erochet, le bord de la valve se recourbe presque à angle droit pour rejoindre la valve opposée. Les parties latérales forment deux plis longitudinaux, obsolètes, divergents, plus ou moins accusés, entre lesquels s'élève, près du bord frontal, un ren- flement médian, large, mais peu élevé, donnant à la région frontale un aspect trilobé.— A l’intérieur, plateau cardinal complet, déprimé longitudi- nalement et acuminé en avant; ce plateau est constitué par la réunion de deux lames horizontales, partant du rebord saillant des fossettes et se rejoignant sur la ligne médiane, où la suture est accusée par un petit sillon linéaire. Processus cardinal presque nul sur la plupart des échantillons, chez lesquels on voit alors les muscles diducteurs venir s’insérer côte à côte au sommet un peu bifide du petit crochet qui termine la valve; dans d’autres cas, le processus est représenté par une petite proéminence arron- die. Le plateau cardinal est supporté par un mince septum médian, très (TALISMAN. — Brachiopodes.) 9 66 BRACHIOPODES. élevé près de son point de départ, puis s’abaissant graduellement jusqu'à son extrémité antérieure, située environ aux trois quarts de la longueur de la valve; son arête d’abord tranchante, se déprime ensuite et parfois même devient sillonnée. L'appareil brachial, chez l'adulte, est constitué par deux cruras courts, auxquels font suite deux lamelles descendantes assez grèles, rectilignes vues de face, un peu divergentes, et qui dépassent antérieurement l'extrémité du septum ; elles ont leur point d’origine de chaque côté de l’extré- mité anguleuse du plateau cardinal; les branches ascendantes sont rubani- formes, très larges, et se confondent avec la bandelette transverse, régu- lièrement arquée et un peu échancrée à la partie médiane sur ses bords externes et internes. — De chaque côté du septum médian, s’attachent au fond de la valve les quatre muscles adducteurs; ceux-ci sont placés par paires, immédiatement les uns au-dessus des autres, les antérieurs étant de beaucoup les plus grands; les pédonculaires dorsaux s’insèrent à la partie antérieure du plateau cardinal, de chaque côté du sillon médian. Les empreintes des diducteurs sont très visibles au sommet. Les sinus vas- culaires se composent de deux troncs médians, longeant le septum jusqu'à son extrémité, el s’en écartant ensuite pour envoyer près du bord quel- ques digitations; les sinus latéraux, très divergents, donnent extérieure- ment naissance à des rameaux secondaires: tantôt le premier sinus secon- daire nait loin de la cavité viscérale et fournit alors quelques branches à l'arrière ; tantôt il se détache du tronc principal dès le point de départ de celui-ci, et dans ce cas envoie ses ramifications particulièrement vers l'avant. Les glandes génitales, au nombre de deux, sont situées dans les sinus externes. Bras enroulés comme dans les autres espèces appartenant au même genre. Dimensions : Longueur 29 mm.; largeur 30 mm. ; épaisseur 21 mm. Stations : 1. Travailleur, 1881. Dragage 1. — 4 juillet. — Profondeur 555 m. Golfe du Lion. 2. — 1881. Dragage 42. — 16 août. — Profondeur 896 m. Golfe de Gascogne. 3. — 1882. Dragage 2. — 6 juillet. — Profondeur 608 m. Golfe de Gascogne. 4. — 1882. Dragage 3. — 6 juillet. — Profondeur 521 m. Golfe de Gascogne. à. — 1882, Dragage 19. — 19 juillet. — Profondeur 1,550 m. Côtes du Portugal. 6. -— 1882. Dragage 70. — 28 août. — Profondeur 1,000 m. Golfe de Gascogne. 1. Tl'alisman, 1883. Dragage 34. — 17 juin. — Profondeur 1,350 m. Cap Cantin (Maroc). ÉTUDE DES ESPÈCES. 67 8. Talisman, 1883. Dragage 52. — 96 juin. — Profondeur 1,180 m. Entre les Canaries et le Maroc. 9. — 1883. Dragage 53. — 27 juin. — Profondeur 912 m. Parages des Canaries. 10. _- 1883. Dragage 65. — 8 juillet. — Profondeur 782 m. Cap Bojador. 0 — 1883. Dragage 66. —8 juillet. — Profondeur 640 m. Cap Bojador. 12. — 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Côtes du Soudan. 13. — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Soudan. 14. _— 1883. Dragage 75. — 9 juillet. — Profondeur 882 m. Soudan. 15. — 1883. Dragage 76. —9 juillet. — Profondeur 1036-1435 m. Soudan. Distribution géographique. — Cette espèce a été découverte par $S. Lovén sur les côtes de Norvège. Ultérieurement, sa présence a été constatée de nouveau sur plusieurs points du littoral scandinave, depuis Bergen jus- qu'au Finmark (Danielssen). Elle ne parait pas vivre actuellement sur les rivages du Finmark oriental, notamment dans le Varanger-Fiord; et elle manque également dans la mer Blanche, au Spitzherg, à la Nouvelle- Zemble, en Islande, etc. Durant les expéditions du Porcupine, elle a été draguée dans les para- ges des Shetland, des Hébrides, entre les Hébrides et les Færôe. Plus au sud, les naturalistes anglais l’ont obtenue à l’ouest des iles d’Ouessant, puis dans les parages du cap Saint-Vincent (Portugal). Les voyages du ’ravailleur et du Talisman ont singulièrement aug- menté nos connaissances sur la distribution géographique de ce Brachio- pode. On l’a dragué dans le golfe de Gascogne, au nord de l'Espagne, sur les côtes du Portugal, dans le golfe du Lion (Méditerranée), sur Îles côtes du Maroc, du Soudan jusqu'aux environs du cap Bojador, enfin dans les parages des Canaries. Nous ne l’avons pas recueilli cependant dans la zone intertropicale. Dans la Méditerranée, il n’est représenté que par des valves isolées, tandis que sur la côte d'Afrique, où il abonde, le chalut en a rapporté une profusion d'individus vivants, attachés à de petites pierres, à des débris de coquilles ou à des fragments de Polypiers (Lophohelia). L'expédition de l’Airondelle Va obtenu dans les parages des Acores, en 1888. Les auteurs ont signalé quelques localités douteuses : ainsi la mer de Bebring et les Antilles. Il est probable que les prétendus A. sepligera du nord du Pacifique appartiennent au A. Raphaelis, Dall; et que ceux des 68 BRACHIOPODES. Antilles se rapportent à des variétés du W. Floridana, Pourtalès. Ces espèces ont vraisemblablement une origine commune, toutefois elles sont aujourd'hui suffisamment différenciées pour que leur distinction puisse être maintenue. G. O. Sars cite le AZ. septigera comme une forme d’origine arctique; mais H. Friele nous paraît avoir donné de bonnes raisons pour démontrer qu'elle est plutôt boréale. La liste de ses stations prouve également qu'elle vit profondément dans les provinces marines Celtique et Lusitanienne. Distribution bathymétrique. — Danielssen donne comme limites de la distribution bathymétrique du M. septigera, sur les côtes de la Norvège, 37 à 263 mètres. G. O. Sars indique, comme terme moyen, 188 mètres. Mais l'expédition norvégienne dans les mers du nord de l'Europe a montré qu'on draguait ce Brachiopode jusqu’à 753 mètres. Les naturalistes du Porcupine l'ont obtenu depuis 116 mètres (parages des Shetland) jusqu'à 1,325 mètres, à l’ouest de l'entrée de la Manche. Enfin les expéditions du 7ravailleur et du Talisman l'ont recueilli de 521 à 1,455 mètres. Ce dernier dragage est le plus profond de tous ceux qui nous sont connus relativement au /. septigera ; il est aussi le plus méridional sur la côte ouest d'Afrique. En acceptant comme exact le chiffre de moindre profondeur donné d'autre part par Danielssen, la distribution exacte serait de 37 à 1,435 mètres ; c'est-à-dire qu’elle comprendrait trois zones bathymétriques : celles des Corallines, des Coraux et des Abysses; mais c’est dans les deux dernières que l'espèce est surtout abondante. Distribution stratigraphique. — Les localités fossilifères où se montre le M. sepligera sont peu nombreuses au nord de l’Europe. M. Sars l’a trouvé cependant dans les couches quaternaires de Christiansund. En Italie, au contraire, la forme typique, appelée aussi #. Peloritana, Seguenza (1), est signalée sur plusieurs points : dans le Miocène de Serra- valle di Serivia (Piémont), dans le Pliocène inférieur de S. Filippo, Gra- vitelli, ete., près Messine ; dans le Pliocène supérieur (Astien) de Gallina, Gioiosa, Jonica, Riace, Gerace, Cosentino, ete. (Calabre) ; dans le Pleistocène (Sicilien) de Pantani, Villa San Giovanni (Calabre), etc. (1) Memorie della Soc. Ital. di Scienze Naturali, vol. I, p. 49, pl. VE, fig. 10, 1865. ÉTUDE DES ESPÈCES. 69 La variété fossile ou la mutation à laquelle Philippi a donné le nom de Terebratula septata (1), provient de l’Astien de la province de Reggio (Calabre), et de diverses localités pliocènes dans le voisinage de Messine (Sicile). Rapports et différences. — Le M. septigera, Lovén, fait partie d’un oroupe assez homogène, existant déjà dans le Pliocène d'Italie (AZ. septata, Philippi, et M. Peloritana, Seguenza) et qui est représenté actuellement par quelques espèces, telles que M. Floridana, Pourtalès, de la mer des Antilles, A. Raphaelis, Dall, et M. Mariæ, Adams, des mers du Japon. Quelques-unes de ces espèces (M. septata et Mariæ) ont été détachées de ce groupe et placées dans le genre Terebratella, par suite de la présence d’une soudure reliant l'appareil descendant au septum, de façon à consti- tuer une sorte de bandelette jugale ; toutefois ces deux espèces, tant par leurs caractères extérieurs que par la forme même de l'appareil brachial, ne nous semblent pas être de véritables Terebratella, mais plutôt des Magellania en train d'évoluer et s'étant arrêtées au stade dit {erebratel- hforme ; nous avons du reste plusieurs fois retrouvé cette disposition dans l'appareil du M. sephigera, chez des individus de grande taille paraissant bien adultes ; c’est pourquoi nous considérons les espèces précitées comme faisant partie du groupe du A. sephigera. En effet celui-ci constitue évidemment un type très proche allié de la forme tertiaire Â/. septata, Philippi, et certains auteurs (Gwyn Jeffreys, G. O. Sars) les ont même considérés comme une seule et unique espèce, tandis que d’autres au contraire (Davidson, Seguenza) les plaçaient dans deux genres différents, d’après la présence d’une courte bandelette jugale. La fixation de l'appareil au septum ne nous paraissant pas, dans ce cas, ainsi que nous venons de le dire, avoir une véritable valeur, nous indiquerons comme caractères distinctifs du A7. seplata : sa taille toujours plus petite, sa forme plus renflée et son bord frontal presque rectiligne, par suite de l'absence d’une dépression ventrale ou de renflements dorsaux distincts ; le contour palléal est également plus arrondi; le crochet plus long, plus recourbé, plus aigu et se terminant par un tout petit foramen. (4) Enumeratio Molluse. Sicil., vol. II, p. 68, pl. XVIL, fig. 7, 1844. 70 BRACHIOPODES. Le 1. Peloritana, Seguenza, ne serait, pour Davidson et Seguenza, qu'un synonyme de H. sepligera, Lovén. | Parmi les espèces vivantes, la forme des Antilles, 1. Floridana, telle qu'elle a été décrite et figurée par Dall (1) et par Davidson (2), se dis- tingue du 27. sepligera par son contour en général peu variable, nette- ment subtrigone et très large à la partie antérieure qui est plus renflée proportionnellement, par son bord frontal sinueux, par ses angles anté- rieurs aigus, ses régions latérales plus aplaties, et sa commissure palléale souvent très flexueuse ; à l’intérieur, par ses dents courtes et grèles, son pla- teau cardinal moins allongé, enfin, par son appareil brachial, dont les bran- ches descendantes, d’abord subparallèles, deviennent très divergentes. Les caractères du HW. Raphaehs, Dall, consistent dans sa taille plus grande, sa forme plus allongée, à côtés subparallèles, son maximum de largeur généralement situé vers le milieu de la coquille, sa coloration plus foncée et son mode de plicature marginale très accusé aux deux valves ; l'appareil est beaucoup plus long et dépasse l'extrémité du septum: les branches descendantes et ascendantes sont subparallèles ; enfin l’aréa viscérale est très grande et les impressions musculaires s’avan- cent jusque vers le milieu de la valve. Dans les mêmes mers du Japon on a également signalé une espèce décrite par A. Adams, sous le nom de Z'erebratella Mariæ et que l'on a continué à rapporter à ce genre par suite de l'existence d'une bandelette jugale. Jeffreys, Dall et Davidson la considèrent comme très rapprochée du M. septata. Nous avons noté, à l'égard de cette dernière espèce, le peu d'importance que l’on devait attacher à la soudure qui, à notre avis, parait être due à un état transitoire, et nous pensons que c’est aussi le cas du Terebratella Mariæ.Si, comme nous lecroyons, cette forme doit passer dans le genre Magellania, son nom spécifique devra être changé, puisqu'il a déjà été employé par d'Orbigny pour une espèce du Lias, appartenant au même genre. Dans tous les cas, l'espèce d'Adams se distingue du 4/. sephigera, par sa taille plus petite, sa forme plus allongée, ses bords latéraux légère- (1) Dazr, 1871. Brach. Exped. Pourtalès. Bul. Mus. Comp. Zool. Harvard College, vol. I, p. 12, Dei (2) Davinson, 1886. On recent Brachiopoda. Transact. Lin. Soc. Lond., vol. IV, p. 59, pl. XI, ©, À fig: Aa 5: ÉTUDE DES ESPÈCES. 71 ment convexes et subparallèles, ainsi que par le bombement plus prononcé de ses valves, particulièrement du côté dorsal. Observations. — Le M. septigera esttrès variable dans sa forme générale. Les échantillons les plus nombreux et les plus typiques sont un peu plus hauts que larges et à contour subpentagonal, avec une légère dépression ventro-marginale et trois plis plus ou moins accusés près du bord, à la valve dorsale. Certains spécimens s’allongent encore davantage, en même temps que leurs bords latéraux tendent à devenir parallèles; chez d’autres au contraire la largeur lemporte sur la longueur et la co- quille tend à devenir transverse. Chez les jeunes, depuis la taille de 4 millimètres jusqu'à celle de 15 millimètres, le contour est en général subarrondi ; à l'intérieur, les muscles pédonculaires ventraux s’avan- cent moins en avant que chez les adultes. Nous avons pu observer, sur quelques échantillons, les modifications que subit l’appareil dans son développement, et nous avons retrouvé les différents stades déjà signalés par Friele et que Deslongehamps et Davidson ont décrits et figurés à nouveau. Nous représentons seulement le stade dit férébratelhiforme (PL. IV, fig. aa, ab) qui est le plus persistant et le plus instructif au point de vue du groupe. Chez les spécimens ayant de 10 à 20 millimètres de long, l'appareil descendant, au-dessous des pointes crurales, s’élargit rapidement etse soude bientot au septum médian; à parlir de ce point les branches descendantes sont con- stituées par une lamelle étroitement repliée sur elle-même en forme de gout- tière et dont la partie externe persiste seule dans les appareils arrivés à leur complet état de développement. Sur les valves de cette espèce on trouve fréquemment une belle espèce de Cirrhipède sessile du genre Verruca, et qui parait différer de celle qui se fixe sur le Vagellania cranium dans les mers du nord de l'Europe. Il parait probable que Linné à connu cette espèce et qu'il l’a décrite sous le nom de Anomia terebratula (Syst. nat., ed. XIT, p. 1153, n° 237) en citant pour habitat la mer de Norvège. Il donne comme caractère la biplicature des valves qu'on ne trouve, parmi les formes de Norvège, que chez le Magellania septigera. 72 BRACHIOPODES. 10. Magellania (Macandrewia) cranium, O.-F. Müller, sp. (PI. V, fig. 10a-10s). 1776. Zerebratula cranium, Müller, Zoo!. Danicæ Prodromus, p.249, n° 3006. IST. — —- Montagu, Trans. Lin. Soc., vol. XI, p. 188, tab. XIIL, fig. 2. 1855. Waldheimia — Barrett, ep. Brit. Assoc. Glascow, p. 107. 1859. Macandrewia — King, Proceed. Dubl. Univers. Zool. and Bot. Assoc., vol. I, p. 261. 1886. — — Davidson, On Recent Brach., p. 61, pl. XI, fig. 11-93, et pl. XI, fig. 1-2. Coquille subovalaire, plus haute que large, à bords latéraux arrondis ; contour antérieur semi-circulaire chez les jeunes, devenant un peu sub- carré chez les adultes ; commissure palléale rectiligne ; valves modérément bombées, la ventrale un peu plus profonde que la dorsale; à partir du milieu de la coquille, les deux valves présentent chacune un très faible aplatissement médian, qui va en s’élargissant jusqu'au bord frontal, où il est limité latéralement par les deux angles antérieurs; région frontale anguleuse ; régions latérales un peu convexes ; coloration d’un blanc jau- nâtre ; surface lisse, avec des stries d’accroissement assez nombreuses. Valve ventrale avec un crochet très court, fort peu recourbé, à côtés à peine carénés, tronqué par un large foramen incomplet, arrondi au sommet et largement ouvert à sa base où s’avance l’umbo, légèrement saillant, de la petite valve. Il n'existe pas de deltidium proprement dit, mais on re- marque de chaque côté du foramen, touchant la ligne cardinale, deux petits espaces aplatis, triangulaires, déprimés, faisant partie du bord même de la coquille et qui jouent peut-être le rôle d’un deltidium rudimentaire. — A l'intérieur, dents saillantes, assez rapprochées, soutenues par deux cloisons rostrales un peu convergentes et ne dépassant pas les dents; ces plaques bordent latéralement la cavité pédonculaire qui est bien accusée et nettement délimitée ; immédiatement en avant de celle-ci sont groupées les principales impressions des muscles : au centre, les adducteurs, étroits, petits et allongés ; de chaque côté de ceux-ei, juxtaposés et les dépassant un peu antérieurement, se voient les diducteurs ; enfin, placés latéralement par rapport à ces derniers, se trouvent les pédonculaires ventraux, dont les impressions piriformes, qui sont de beaucoup les plus importantes, sont situées à peu près sur la mème ligne que celles des diducteurs, Dans la ÉTUDE DES ESPÈCES. 73 cavité pédonculaire, entre les deux plaques cardinales, le muscle ajusteur ventral s’insère sur une surface de forme transverse. Diducteurs acces- soires comme chez les vrais Magellania. A l’intérieur de la valve dorsale il n’existe pas de septum proprement dit; le plateau cardinal est très incomplet; les muscles diducteurs viennent se fixer directement au sommet de la valve, où ils laissent une petite empreinte transversale, en avant de laquelle s’étend une faible protubérance longitu- dinale médiane, très peu saiïllante, et plus ou moins apparente suivant les individus; le rebord des fossettes, très nettement accusé, se prolonge en deux plaques fovéales convergeant vers le fond de la coquille, où elles se soudent en laissant entre elles, dans la partie cardinale, un assez large espace; elles se prolongent ensuite, sur toute l'étendue du premier tiers de la valve, et souvent mème au delà, sous la forme de deux petites crêtes très alténuées, subparallèles, entre lesquelles se logent les deux empreintes étroites et allongées des muscles pédonculaires dorsaux, séparées par une petite crête médiane à peine distincte; au point où ces muscles vont s’in- sérer à la base du pédoncule, ils s’adjoignent de chaque côté un petit muscle accessoire qui se fixe sur la face interne du rebord des fossettes. De chaque côté des crêtes, et faisant suite aux plaques fovéales, se trouvent les deux paires superposées des adducteurs, la paire postérieure étant la plus petite. — L'appareil brachial est constitué par une étroite lamelle rubaniforme, gardant la même largeur sur presque tout son parcours et descendant jusqu'aux trois quarts de la longueur de la valve ; cruras courts et légèrement divergents ; à partir des pointes erurales, les deux branches descendantes décrivent de chaque côté une courbe faiblement et régulière- ment convexe, après quoi elles se replient doucement sur elles-mêmes pour former l’appareil ascendant, dont les branches latérales suivent une courbure analogue à celle des premières ; les branches ascendantes se re- joignent, environ à la hauteur du premier tiers de la valve, par une ban- delette transverse horizontale, portant aux deux extrémités de son bord postérieur, deux petits prolongements acuminés et dirigés vers l’ar- Hière: Dimensions : Longueur 19 mm. ; largeur 16 mm.; épaisseur 6 mm. Chez certains spéci- mens jeunes, les rapports dans les dimensions changent notablement; nous figurons un (TazismAN. — Brachiopodes.) 10 14 BRACGHIOPODES. échantillon (pl. V, fig. 105) ayant une longueur de 8 min., une largeur de 7 mm. et une épaisseur de 3 mm. Stations : 4. Travailleur, 1880. Dragage 10. — 26 juillet. — Profondeur 1,960 m. N. Espagne. DT — 1881. Dragage 1. — 4 juillet. — Profondeur 555 m. Méditerranée. Se -- 1881. Dragage 37. — 14 août. — Profondeur 400 m. N..Espagne. 4 _ 1881. Dragage 40. — 15 août. —— Profondeur 392 m. N. Espagne. 5. — 1882. Dragage 1. — 6 juillet, — Profondeur 56% m. Golfe de Gascogne. 6. — 1882. Dragage 2. — 6 juillet. — Profondeur 608 m. Golfe de Gascogne. Me —— 1882. Dragage 3. — 6 juillet. — Profondeur 512 m. Golfe de Gascogne. 8. — 1882. Dragage 21. — 20 juillet. — Profondeur 70 m. Iles Fariloes (Por- tugal). SE — 1882. Dragage 22. — 20 juillet. — Profondeur 70 m. Iles Fariloes (Por- tugal). 10. Zalisman, : 1883. Dragage 65. — 8 juillet. — Profondeur 782 m. Cap Bojador (Soudan). A1. — 1883. Dragage 66. — 8 juillet. — Profondeur 640 m. Cap Bojador (Soudan). 42. —- 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Soudan. 413. — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Soudan. Distribution géographique. — Le Magellania cranium a été décou- vert au siècle dernier sur les côtes de Scandinavie. Pendant longtemps on l’a considéré comme propre à cette région, jus- qu’au moment où l'emploi de la drague à démontré sa présence sur plu- sieurs points très éloignés dans les mers de l’Europe. Les expéditions du Travailleur, du Talisman et de l’A/batross permettent aujourd’hui d’avoir quelques nolions sur l'étendue de la distribution géographique de cette espèce, De nombreuses localités sont signalées sur le litloral de la Péninsule scandinave : principalement en Suède, dans le golfe de Bohuslan (Lovén), et en Norvège dans le golfe de Christiania (0. Sars), le Fiord de Bergen (Norman), entre Drontheim et le cap Nord(Mac-Andrew), aux îles Lofoten, sur le littoral du Finmark occidental et oriental, dans le Varanger Fiord (O. Sars), etc. Durant les expéditions du Lightning (1868) et du Porcupine (1869), plusieurs stations sous-marines comprises entre le nord de l'Écosse, les Hébrides, les Shetland d’une part et les iles Færôe d’autre part, ont été reconnues. En 1870, les naturalistes du Porcupine ont dragué cette espèce par le travers des îles d’Ouessant, à l'entrée de la Manche (Jeffreys). Sur le littoral de la France, le #. cranium n’a été rencontré que dans la Fosse du cap Breton et au large de l'embouchure de la Bidassoa (Fischer ÉTUDE DES ESPÈCES. 15 et de Folin). La côte du nord de l'Espagne, au contraire, avec son littoral rocheux, découpé, ses pentes rapides, et ses nombreux Coralliaires, parait très favorable à la multiplication de cette espèce. Elle a été trouvée à Gijon (Fischer et de Folin), à Vigo (Mac-Andrew), et dans un certain nombre de stations explorées par le 7ravailleur. Sur la côte ouest de la Péninsule ibérique, elle existe près desiles Fariloes et au large du cap Saint- Vincent (Portugal). Quelques exemplaires, privés de l'animal, ont été dra- gués dans le golfe du Lion (Méditerranée). Elle continue son extension au sud, le long du littoral du Maroc et du Soudan; elle arrive ainsi jusqu’au cap Bojador, par 25°,38 lat. N.; telle est du moins son extrème limite Sud, d’après les opérations du Z'alisman en 1883. Ce résultat était bien inattendu pour les naturalistes quiconsidéraient ce Brachiopode comme une forme arctique. Du côté opposé de l'Atlantique du Nord, le A. cranium, parait plus rare que sur le littoral européen; on l’a cependant dragué dans les parages de la côte E. du Groenland (Wallich), de la Nouvelle-Écosse (Jones), et plus récemment, l’A/batross l’a obtenu sur la côte Est de l'Amérique du Nord (Verrill). Ce Brachiopode occupe donc une grande partie de l’Atlantique du Nord, à l’est et à l’ouest. Les autres stations citées par les auteurs en dehors de l'Atlantique, pa- raissent, jusqu'à plus ample informé, très contestables : par exemple la mer de Behring (Woodward), le nord de l’Asie et le Japon (A. Adams). On remarquera que le À. crantum manque dans un grand nombre de localités de la province arctique, notamment en Islande, Spitzherg, mer Blanche, ete. On ne l’a pas trouvé jusqu’à présent dans le golfe du Mexique et dans la mer des Antilles. Distribution bathymétrique. — Comme la plupart des Brachiopodes, le M. cranium vit à une certaine profondeur. On ne l’a jamais recueilli vivant dans la zone littorale, pas plus que dans la zone des Laminaires. C’est seu- lement au-dessous de 30 mètres que l’on peut en obtenir quelques spéei- mens; mais de 100 à 600 mètres et au delà, la récolte est très fruc- tueuse. Les nombreux dragages du Lightning et du Porcupine montrent que cette espèce vit de 127 à 1,261 mètres de profondeur. Ce dernier chiffre a 76 BRACHIOPODES. été atteint dans un dragage opéré à l’ouest des îles d'Ouessant et vers l’en- trée de la Manche. Les profondeurs constatées par le 7ravailleur et le Talisman varient de 70 à 1,960 mètres. C’est dans le golfe de Gascogne, au N.-E. de Santander, que l’on a atteint la plus grande profondeur. Sur les côtes de Scandinavie, O. Sars donne comme limites bathymé- triques : 37 à 188 mètres ; et R. Mac Andrew, 64 à 365 mètres. Enfin, sur la côte E. de l'Amérique du Nord, on a obtenu des spécimens par 2,489-2,891 mètres de fond, durant une campagne de l’A/batross (Ver- rill). En résumé, le M. crantum habite trois zones bathymétriques : celle des Corallines, celle des Brachiopodes et des Coraux, et la partie supérieure de la zone abyssale, entre 500 et 2,900 mètres environ. Distribution stratigraphique. — Les dépôts fossilifères du nord de l'Europe sont pauvres en spécimens de Magellania cranium. C’est dans les couches quaternaires d’origine marine et actuellement soulevées de la Norvège et de la Suède (principalement à Uddevalla), qu’on a trouvé cette espèce (Sars, Crosskey et Robertson). Son histoire paléontologique, pour le Nord de l'Europe, s’arrète là, puisque dans les Crags d'Angleterre et de Belgique, il n’existe aucun Brachiopode identique ou mème voisin. I n’en est pas de même au sud de l'Europe. Il est probable qu’une espèce du Pliocène de l'Italie méridionale décrite par Philippi (1) sous le nom de T'erebratula euthyra doit ètre rapprochée ou même confondue avec le M. cranium. Jeffreys (2) s’est prononcé le premier pour la réunion des deux formes sous un seul nom et son opinion a été acceptée ultérieure- ment par Davidson (3) et d’autres naturalistes. Le type du Zerebratula euthyra de Philippi provient de Valle Lamato (Calabre) ; ultérieurement Seguenza (4) a donné la liste de quelques autres localités de la province de Reggio où il a recueilli cette espèce (Reggio, Gallina, Gioiosa, Jonica, Cosentino) et qu'il place sur l'horizon géologique (4) Enumeralio Molluscorum Siciliæ, vol. If, p. 68, pl. XVII, fig. 8, 1844. (2) British Conchology, vol. IT, p. 12, 1863. (3) The geological Magazine, vol. VIT, p. 403, 1870. (4) Le Formazioni terziarie nella provincia di Reggio (Culabria). — (Reale Accademia dri Lincei, 1880.) ÉTUDE DES ESPÈCES. 77 de l’Astien. Dans la Sicile, le AZ. euthyra se trouve à un niveau inférieur, dans l'étage Zancléen de Messine, qui correspond au Pliocène inférieur (Seguenza). Les spécimens de Messine se distinguent de ceux de la Calabre et des formes vivantes, par la présence d’une dépression médiane de la valve dorsale. L'appareil brachial du 4/. euthyra a été figuré par Suess qui le considère comme semblable à celui du #. cranium (Davidson). La taille du fossile d'Italie est un peu inférieure à celle de la plupart des M. cranium actuels. Ainsi la figure originale de Philippi, faite avec beaucoup de soin, mesure 17 millimètres de longueur, 15 millimètres de largeur et 7°",5 d'épaisseur. Or la longueur du A. cranium des îles Shetland est de 25 millimètres (Jeffreys), et celle des grands spécimens de Norvège atteint 28 millimètres (O. Sars). Mais il ne faut pas oublier que sur le littoral de l'Espagne, et notamment à Vigo, le A. cranium constitue une variété remarquable par sa faible taille. Mac Andrew et Jeffreys, frappés de cette particularité, que l’on constate d'ailleurs chez quelques espèces du nord de l’Europe, en ont conclu que les coquilles boréales qui envoient des colonies vers le sud de l’Europe, voient leurs dimensions diminuer progressivement du Nord au Sud. Dans ces conditions, la taille relativement faible du 42. euthyra fossile perdrait sa valeur comme caractère spécifique distinctif. On peut donc réunir le À. euthyra au M. cranium, quoique Seguenza reste dans le doute, en 1880, après avoir adopté antérieurement l’opinion de Jeffreys et de Davidson. D'ailleurs, et lors même que l’on découvrirait quelques faibles caractères distinctifs, les affinités des deux formes sont telles que, au point de vue de la filiation, le 47. euthyra du Zaneléen et de l’Astien, peut être considéré comme l’ancètre du M. cranium des plages soulevées de la Scandinavie, et de la forme actuelle répandue dans tout l'océan Atlantique du Nord. Il nous est impossible d'indiquer d’autres relations paléontologiques entre ce type et des formes plus anciennes, appartenant par exemple au Miocène. Les documents manquent. Seguenza signale le A7. cranium typique dans les dépôts quaternaires marins de la Calabre, à Reggio et Gallina. Tout porte à croire que cette 78 BRACHIOPODES. espèce vit encore dans la Méditerranée, quoique les dragages du Travail- leur n'aient procuré que des valves isolées. | Rapports et différences. — Nous avons discuté ci-dessus les relations du Magellania cranium avec le M. euthyra. Une autre espèce vivante décrite par Gwyn Jeffreys (1) sous le nom de Terebratula tenera, a été rap- portée au sous-genre Macandrewia par Davidson (2). Elle a été draguée au nord de l'Atlantique, entre l'Irlande etle Labrador, par 2,650 mètres, du- rant l'expédition du Valorous. Cette forme, d’après Jeffreys, diffère du AZ. cranium, par sa taille beau- coup plus faible, son test plus mince, son appareil brachial plus court, à branches descendantes plus fermées, à branches ascendantes plus écartées et réunies par une bandelette jugale régulièrement arquée ; enfin et surtout par la présence d’un septum bien apparent et oceupant le cinquième de la longueur de la valve. Nous ne pouvons nous prononcer sur la légitimité du classement de cette espèce dans le sous-genre Macandrewia, n'ayant vu aucun spécimen authentique. On n’en possède d’ailleurs que deux ou trois exemplaires en bon état. Observations. — Le M. cranium est une espèce dont la forme est très constante lorsqu'elle a atteint l’âge adulte ; chez les jeunes, le diamètre trans- verse est presque égal au diamètre longitudinal et le contour est subeireu- laire, à part l’angle formé par le crochet de la valve ventrale; à l’intérieur les modifications sont encore plus importantes : l’appareil subit en effet une série de modifications qui ont été décrites par H. Friele, mais que le manque d'échantillons de petite taille nous a empèchés d'examiner à nou- veau. Chez les individus les plus jeunes, mesurant 8 millimètres de long, nous avons seulement constaté une forme plus évasée de lappareil, et l'existence, le long des branches descendantes du côté interne, de deux petites pointes, dernières traces de la soudure de ces branches au pilier central qui a disparu; de plus, à l'extrémité antérieure de lappareil, au point où les branches descendantes se recourbent pour constituer l’appa- reil ascendant, il existe un groupe de petites épines cirrhiales très accusées (4) Annals and Magazine of natural history, September 1876, p. 250. (2) The Zoology of the Voyage of H. M. S. Challenger. Report on the Brachiopoda, p. 15, 1880. — A Monograph of recent Brachiopoda. The Transactions of the Linnean Society of London, vol. IV, p. 66, pl. XIT, fig. 6-10, 1886. ÉTUDE DES ESPÈCES. 79 dans le jeune âge et qui disparaissent presque complètement chez les adultes; de mème les plaques fovéales sont rudimentaires et ne se prolon- gent pas en avant. Le développement de l’appareil du M. cranium est analogue à celui des vrais Magellania ; le septum dorsal, qui existe dans ce dernier genre et au- quel se soude temporairement l'appareil, étant remplacé dans les Macan- drewia par un pilier septal qui joue le mème rôle, puis qui disparait chez les adultes. Quoi qu'il en soit, la coupe Macandrewia établie par King pour le M. cranium est basé sur des caractères importants : tels sont, à l'extérieur, la forme du foramen et l'absence de pièces deltidiales; à l’intérieur, la dispo- sition des plaques fovéales, l'absence d’un plateau cardinal proprement dit et la disposition des attaches musculaires. En effet, si l’on compare les WMagel- lania aux Macandrewia, on constate que dans les Magellania typiques, il existe un plateau cardinal bien développé sur lequel s’insèrent les muscles pédonculaires dorsaux, en même temps que ce plateau est supporté par un septum médian très apparent, de chaque côté duquel se trouvent réparties les impressions des adducteurs. Dans les Pacandrewia au contraire, où il n’y a pas de plateau cardinal complet, les muscles pédonculaires dorsaux des- cendent dans le fond de la valve, où leurs insertions constituent deux em- preintes allongées, situées entre le prolongement des cloisons fovéales, et dont la limite antérieure s’avance jusque vers le milieu de la longueur de la valve : ces muscles n’ont donc conservé de leur position normale que les deux petits muscles accessoires fixés sur le rebord interne des fossettes. Quant aux adducteurs, qui d'ordinaire sont étroitement concentrés au centre de la valve, de chaque côté du septum médian, ils ont été écartés par suite du déplace- ment des muscles pédonculaires dorsaux et se sont trouvés reportés laté- ralement de chaque côté des plaques fovéales. Quoique les Brachiopodes vivant à une profondeur assez considérable soient rarement chargés d’autres organismes animaux, le À]. cranium porte fréquemment sur une de ses valves un Cirrhipède sessile : le Verruca Strümia, O. F. Müller. Cette observation est due à O. F. Müller qui a figuré un spécimen de A]. cranium avec son Cirrhipède (1), provenant des côtes de Norvège. (4) Zoologia Danica, vol. II, pl. XCIV, fig. 1, 1789. 80 BRACGHIOPODES. Genre MÜHLFELDTIA (1), Bayle, 4880. 11. Mühlfeldtia truncata, Linné, sp. (PL. VIE, fig. 1a-11t). 1767. Anomia lruncata, Linné, Syst. nat., éd. XII, p. 1152, n° 229. 1780. — — Born, Zest. Musei Cæsar. Vindobon., p. 118, pl. VI, fig. 44. 1819. Zerebratula — Lamarck, Æist. nat. des anim. sans vert., vol. VI, 4r° partie, p- 2247. 1830. Orthis — Menke, Synopsis meth. conchyl., p. 96. 1839. Dellhyris — Anton, Verzeichn. der Conchylien, p. 22. 13544. Productus truncatus, Potiez et Michaud, Gal. des Moll., vol. Il, p. 28, pl. XLI, fig. 3-5. 1848. Terebratella lruncata, D'Orbigny, Ann. des Se. nat. Zool., t. VIII, p460 pl VI fig. 11, 49, 16, 37. 1851. Megerlia —— King, Permian Fossils, p. 145. 1862. Argiope Weinkauff, Journ. de Conchyl., vol. X, p. 305. 1870. Morrisia _ Aradas et Benoit, Ati dell Accad. Gioenia di Sc. nat. di Catania, p. 107. 1880. Mühlfeldtia — Bayle, Journ. de Conchyl., vol. XXVII, p. 240. 1887. Megerlia — Davidson, Aecent Brachiopoda, p. 103, pl. XIX, fig. 41-20. Coquille de taille médiocre, transversalement ovale ou subrectangulaire, parfois semi-circulaire, fixée par un très court pédoncule qui dépasse à peine les bords du foramen; valves inégalement bom- ALU VV bées. Ligne cardinale sub-rectiligne, égalant sou- nn: te vent le diamètre maximum de la coquille, quel- Fe D k quefois beaucoup plus courte ; angles cardinaux le he o ; Le a plus souvent arrondis, mais dans certains cas ter- CARS Ce minés à angle droit. Test épais, finement et très visiblement poncturé. Coloration d’un blane jau- Fig. 7. — Spicule de Mühlfeldtia truncata, grossi 10 fois. nâtre ou un peu fauve; surface externe ornée de fines côtes rayonnantes, nombreuses, un peu no- duleuses, dont le nombre s’aceroit fréquemment et à des distances varia- bles par intercalation; plis d’aceroissement plus ou moins nombreux. — Spicules en forme de plaques minces, déchiquetées sur les bords, présentant des trous de forme variable et quelques points spiniformes. (1) Nous avons adopté le nom de Mühlfeldtia proposé par Bayle, en 1880, pour remplacer le vocable générique Megerlia, King, 1850, qui avait été déjà appliqué à un Diptère par Robineau- Desvoidy en 1830. Bien que le genre de Diptère n'ait pas été accepté par les entomologistes, le nom Megerlia ne peut, en vertu des lois qui régissent la nomenelature, être employé de nouveau. ÉTUDE DES ESPÈCES. 81 r Valve ventrale plus bombée que la dorsale, carénée à sa partie médiane, depuis le sommet jusqu’au bord frontal. Crochet gros, très court, à peine recourbé et tronqué par un large foramen circulaire, formant, au milieu de l’aréa, une ouverture arrondie, béante, qui souvent même échancre un peu le sommet de la petite valve. Cette ouverture occupe au moins un tiers et quelquefois davantage de la longueur de l’aréa; celle-ci, nettement déli- mitée, est plane et constitue un triangle très surbaissé ; elle est couverte de stries transversales nombreuses, parallèles au bord cardinal; sur le bord du foramen, cette aréa se prolonge en deux petites pointes triangulaires, relevées obliquement, sur lesquelles se continuent les stries transverses, et qui jouent le rôle d’un deltidium rudimentaire. — A l'intérieur, dents assez fortes; cavité cardinale doublée à sa partie postérieure par une lamelle calcaire étroite et mince, striée longitudinalement et transversale- ment, soudée sur le bord du foramen, mais n’adhérant pas au fond de la valve; nous désignerons cette pièce, que l’on retrouve chez un grand nombre de Brachiopodes vivants ou fossiles, sous le nom de doublure sous-cardi- nale; une faible crête, légèrement bilobée, descendant à peine jusqu'au tiers de la coquille, sépareles empreintes musculaires qui sont réparties de la façon suivante : les deux empreintes des adducteurs, assez petites, sont situées immédiatement de chaque côté de la crète et assez rapprochées du sommet de la valve; latéralement, et les entourant presque, se trouvent les larges empreintes des pédonculaires ventraux, qui dépassent un peu la longueur de la crête septale et dont le contour est subarrondi; enfin, en arrière des adducteurs, et très près de ces derniers, se trouve sur une même ligne transverse la double empreinte des didueteurs. Les sinus vas- culaires sont constitués par deux troncs divergents, larges et courts, émet- tant latéralement quelques digitations; deux d’entre elles, plus accusées, re- montent vers les angles cardinaux ; deux autres se prolongent vers l'avant en convergeant l’une vers l’autre, laissant libre vers le eentre de la valve un large espace circulaire. — Les glandes génitales, formant deux masses dis- posées dans la partie élargie des sinus vasculaires, se détachent, par trans- parence, en couleur plus foncée. — Surface interne du test couverte de petites saillies allongées, disposées en lignes rayonnantes et principale- ment accusées sur le pourtour de la valve. (TALISMAN. — Brachiopodes.) 11 82 BRACHIOPODES. Valve dorsale médiocrement bombée, avec un sinus umbo-palléal s’ac- centuant en s'avançant vers le bord; méplat cardinal étroit, formant un angle aigu avec l'aréa ventrale. Le sommet de la valve, qui, comme nous l'avons déjà dit, est souvent entamé par le foramen, est en outre, par suite de la brièveté du pédoncule, généralement exfolié par le frottement de la coquille contre les corps étrangers. A l'intérieur, deux profondes fossettes dentales, bordées du côté interne par des apophyses saillantes, complètent l'articulation des valves; entre celles-ci il n'existe pas de plateau cardinal proprement dit, mais seule- ment un léger épaississement du test, d’où part un court septum médian, très net, dont l'extrémité donne naissance à un pilier septal; de ce pilier s'élèvent deux branches divergentes, en forme d’un V très ouvert, et aux- quelles viennent se fixer différentes parties de l'appareil brachial. A la base des apophyses qui limitent les cavités fovéales, s’insèrent deux cruras courts et grèles, munis de pointes crurales convergentes, au delà desquelles les branches descendantes deviennent rubaniformes, puis se soudent intérieurement aux extrémités des branches du pilier septal, jouant ainsi le rôle d’une bandelette jugale. Ces branches descendantes, arrivées aux deux tiers environ de la longueur de la valve, se replient brusquement sur elles-mêmes pour former l'appareil ascendant qui est constitué par deux lamelles très élargies, dont le rebord interne se soude entièrement avec l’âge à l'appareil descendant; à la hauteur de la bande- lette jugale, les branches ascendantes émettent un prolongement anguleux qui va s’unir étroitement aux extrémités de cette dernière, et ce mème niveau, elles se relient à l’aide d'une bandelette transverse étroite et sinueuse, qui complète ainsi l'anneau caractéristique du genre WiAlfeldtia. — Les bras, intimement liés à l'appareil, suivent son parcours dans sa partie descendante et ascendante, constituant ainsi deux lobes allongés, arqués l’un vers l’autre, et dont l'extrémité antérieure atteint et dépasse même les deux tiers de la longueur de la valve; ces lobes se terminent à la hauteur de la bandelette transverse par deux petites spires enroulées vers le fond de la valve. Cirrhes longs, grèles et très nombreux. Les muscles adducteurs laissent quatre empreintes distinctes, disposées ÉTUDE DES ESPÈCES. 83 de chaque côté du septum médian, en arrière du pilier septal; par suite de l’absence du plateau eardinal, les pédonculaires dorsaux s’insèrent à la base des cruras, contre le rebord interne des fossettes; enfin les mus- cles diducteurs principaux et accessoires viennent se fixer au sommet, sur une surface transverse. Les sinus vasculaires se divisent en quatre troncs : deux centraux, allongés, situés immédiatement de chaque côté de la crête médiane, et deux autres latéraux, beaucoup plus importants, massifs et festonnés sur leurs bords externes. Les glandes génitales suivent la direction des prin- cipaux troncs vasculaires. Surface interne du test couverte de petits tu- bercules allongés, souvent plus distincts qu’à la valve ventrale et très nettement accusés à la partie périphérique. Dimensions : Longueur 9 mm.; largeur 11 mm.; épaisseur 3,5 mm. Stations : 1. Travailleur, 1880. Dragage 22. — 31 juillet. — Profondeur 435 m. Fosse du cap Breton. 2. — 1881. Dragage 1. — 4 juillet. — Profondeur 555 m. Golfe du Lion. 3. — 1881. Dragage 9. — 6 juillet. — Profondeur 445 m. Méditerranée. 4. — 1882. Dragage 8. — 12 juillet. — Profondeur 411 m. Golfe de Gascogne. ù. — 1882. Dragage 12. — 13 juillet. — Profondeur 550 m. Golfe de Gascogne. 6. — 1882. Dragage 21. — 20 juillet. — Profondeur 70 m. Portugal. 1 — 1882. Dragage 22. — 20 juillet. — Profondeur 70 m. Portugal. 8. —— 1882. Dragage 47. — 4 août. — Profondeur 80 m. Canaries. 9. Zalisman, 1883. Dragage 23. — 15 juin. — Profondeur 120 m. Cap Blanc (Maroc). 10. _ 1853. Dragage 24. — 15 juin. — Profondeur 120 m. Cap Blanc (Maroc). Distribution géographique. — Ta Méditerranée paraît être actuelle- ment la mer où le J. fruncata est le plus répandu. Ses principales localités sont : les côtes orientales d’Espagne, les Baléares, le littoral du Roussillon et de la Provence, la côte occidentale d'Italie, la Corse, la Sardaigne, la Sicile, Adriatique, la mer Égée, la Tunisie, l'Algérie. On trouve ce Brachiopode attaché à des Polypiers (Dendrophyllhia, Amphheha), des Alcyonnaires (Corallium) et des rochers. Sur le littoral atlantique français, cette espèce parait plus rare et n’est guère rapportée que par les pêcheurs. On l’a recueillie sur la côte ouest de la Bretagne, dans les parages des îles d'Ouessant, de Noirmoutiers, et dans la Fosse du cap Breton (Landes) où elle est très abondante. 84 BRACHIOPODES. île ne parait pas dépasser la Manche au nord, quoique Turton l'ait citée de Torbay. Linné lui donnait pour patrie les côtes de Norvège, mais par suite d’une erreur évidente. Durant l'expédition du Porcupine (1870), elle a été draguée sur les côtes du Portugal, puis en dehors et en dedans du détroit de Gibraltar, au nord de la côte du Riff (Maroc), au cap de Gata (sud de l'Espagne), entre la Sicile et l’Afrique, et sur le banc de l'Adventure. Les naturalistes du Challenger l'ont retrouvée près des Canaries, où elle avait été déjà pèchée par Mae Andrew. Les campagnes du 7ravailleur et du Talisman ont permis de constater sa présence dans le golfe de Gascogne, sur les côtes du Portugal, au cap Blanc (Maroc), aux Canaries et dans la Méditerranée. En somme, elle s'étend verticalement de la Manche aux Canaries, en suivant le Httoral occidental, jusqu’au cap Blane au sud de Mogador (Ma- roc) d’une part, et aux Canaries d'autre part; et elle se distribue horizon- talement dans la Méditerranée, de Gibraltar à la mer Égée. Outre ces localités, qui sont indiscutables, le M. truncata vivrait dans d’autres parages, d'après les auteurs. Ainsi Jeffreys l'indique au cap de Bonne-Espérance, et à l'ile de la Réunion, où il a été décrit sous le nom de Worrisia gigantea par Deshayes; et Dall en a reçu quelques exem- plaires envoyés par Angas de la Nouvelle-Galles du Sud; mais les prove- nances de ces Brachiopodes si éloignés de leur centre de diffusion sont- elles bien exactes? Dans tous les cas, le Morrisia gigantea de Deshayes diffère du 47. trun- cata typique, par sa taille plus grande, par le nombre moins grand de ses côtes rayonnantes et par leur grosseur. D'autre part, les spécimens de M. truncata d'Europe se distinguent de ceux d'Australie par l'importance relative des trois lobes brachiaux : le lobe médian, assez proéminent chez les types européens, serait presque nul sur les individus australiens; en outre, les cirrhes des premiers seraient plus longs, beaucoup plus grêles et cinq ou six fois plus nombreux (1). Distribution bathymétrique. — Dans la Méditerranée cette distribution (4) Dazz, American Journ. of Conchology, vol. VI, p. 131, 1870. ÉTUDE DES ESPÈCES. 85 est assez variable; elle s'étend ordinairement de 16 à 200 mètres; mais ses limites en profondeur ont été portées, à la suite des explorations sous- marines, jusqu'à 486 mètres par le Porcupine et 555 mètres par le 7ra- vailleur (1881). Dans l'Atlantique, où le A. fruncata est plus rarement dragué à cause de l'absence de bateaux corailleurs, on l’obtient de 64 à 435 mètres dans la Fosse du cap Breton; à 550 mètres au nord de l'Espagne; de 70 à 993 mètres sur les côtes du Portugal; à 120 mètres sur la côte O. du Maroc; enfin de 60 à 137 mètres dans les parages des Canaries. Ce Brachiopode parcourt donc la partie inférieure de la zone des Lami- naires, la zone des Nullipores ou des Corallines, et la zone des Brachio- podes et des Coraux. Il se montre, mais exceptionnellement, à la limite supérieure de la zone abyssale, mais ne peut être considéré commie une des formes caractéristiques de cette division bathymétrique. C'est par excellence le compagnon du Corail. Distribution stratigraphique. — Le M. truncata est très répandu dans les dépôts fossilifères des contrées baïignées par la Méditerranée. Il parait débuter dans le Miocène de Malte, d’après Davidson, mais c’est à partir du Pliocène inférieur qu'il devient abondant; il s'étend ensuite jusqu'aux gise- ments quaternaires les plus récents. Au sud de l’Italie, il est cité par Seguenza dans le Zancléen de Messine (Sicile), l’Astien de Reggio, Gallina, Gerace (Calabre), le Sicilien de Pantani, Archi, Villa San Giovanni (Calabre), le Quaternaire marin de Reggio; et par Kobelt dans les couches du Pliocène supérieur de Tarente (Terre d’Otrante). En Provence, on l’a recueilli dans le Pliocène de Nice, d'Antibes et de la Théaulière. Il existerait aussi dans les gisements post-pliocènes de Gibraltar et de l'Algérie, et pliocènes de Sardaigne. Quelques auteurs ont identifié, avec ce Brachiopode, une espèce de Mühlfeldhia trouvée dans le Miocène moyen des environs de Turin (à Gas- sino et à la Grangia), et dans le Miocène supérieur des environs de Tortona ; mais on s'accorde aujourd'hui à considérer ces formes du nord de l'Italie comme distinctes et appartenant au . oblita, Michelotti. En effet leurs valves se distinguent de celles du M. tuncata par leur contour plus élargi et par l’absence complète de costulations longitudinales. 86 BRACHIOPODES. Le A. fruncata du Miocène du bassin de Vienne a été aussi identifié récemment avec le A7. oblita. Malgré les différences légères qui distinguent les formes miocènes des formes pliocènes et actuelles, les affinités sont telles entre les AZ. oblita et truncata, que rien ne s'oppose à cette conelusion que le AZ. oblita est l’an- cètre du #7. truncata. Par conséquent la filiation de ces Brachiopodes paraît bien établie depuis le Miocène moyen jusqu'à l’époque actuelle, sans déviations trop marquées. Rapports et différences. — On trouvera plus loin, à propos de l'étude des N. monstruosa et echinata, espèces du même groupe que le A. truncata, la discussion de leurs caractères distinctifs. Observations. — Cette espèce, bien que nettement caractérisée, est très polymorphe; sans parler des déformations accidentelles que subissent très souvent les valves et qui leur enlèvent la régularité de leur symétrie bilatérale, on rencontre des variations si notables que les termes extrêmes pourraient être considérés comme des variétés distinctes si on ne trouvait entre eux tous les intermédiaires qui les relient intimement. Les deux mo- difications les plus caractérisées correspondent à deux formes : l’une trans- verse, souvent subrectangulaire, avec angles cardinaux anguleux ou un peu arrondis, et chez laquelle la valve dorsale est moins renflée dans la région umbonale et munie de côtes rayonnantes très nettes, à peine inter- rompues par des stries d’accroissement peu apparentes; l’autre sub- arrondie, avec un angle apical plus fermé, une ligne cardinale moins longue et une surface entièrement couverte de lamelles d’accroissement, qui, par leur importance, tendent à atténuer la valeur des côtes rayon- nantes, souvent très obsolètes. Davidson a figuré concurremment (1) une forme transverse, subrectan- gulaire, draguée pendant l’expédition du Challenger, au large de Ténériffe, et un spécimen sub-arrondi provenant de la Méditerranée. Les dragages du Z'alisman et du Travailleur, qui ont fait connaître la présence du M. truncata sur un grand nombre de points, ont également prouvé que les deux formes en question se trouvaient associées dans une mème station. (4) Davipsow, 1887, Rec. Brach., pl. XIX, fig. 11-12. ÉTUDE DES ESPÈCES. 87 Au cap Blane, par 120 mètres de profondeur, cette espèce s’est montrée représentée par de très nombreux individus, les uns ayant un contour arrondi, les autres, qui sont les plus communs, ayant un contour trans- verse très nettement accusé. Ce fait s’est présenté de nouveau pour les échantillons dragués par 70 mètres de fond sur les côtes du Portugal. E. Deslongchamps a fait connaître le mode de développement de l’appa- reil brachial du A. fruncata, depuis la taille de 2 millimètres jusqu’à l’âge adulte. Contrairement à ce qui se passe chez les genres Wagellania, Macandrewra, Terebratella, où les branches descendantes apparaissent avant le développement complet des branches ascendantes, la partie cen- trale est constituée la première; elle consiste en une bandelette annulaire, soudée au fond de la valve par le pilier septal, et dans laquelle on distingue déjà la bandelette transverse et l'extrémité des branches descendantes. Cette portion de l’appareil estisolée au milieu de la valve, sansse relier aux cruras qui restent longtemps rudimentaires ; toutefois, lorsque ceux-ci s’accrois- sent, on voit bientôt apparaitre les pointes crurales, et c’est alors que la soudure a lieu entre les branches descendantes et l'appareil central. Nous avons figuré un spécimen de 4 millimètres de long chez lequel la réunion entre les cruras et la partie annulaire centrale ne s’est pas encore effectuée. 12. Mühlfeldtia monstruosa, Scacchi, sp. (PENVIL, fe 127-120); 1833. Terebratula monstruosa, Scacchi, Osserv. zool., If, p. 1, teste Philippi. 1836. — — Scacchi, Catal. conchyl. regni Neapol. quæ usque adhuc reperit., p. 8 (sine descript.). 1851. _ — Costa, Fauna del Reg. di Napoli, p. 43, pl. IX, fig. 4-5. 1870. Morrisia -- Aradas et Benoit, Atti dell” Accad. Gioen. di se. nat. di Catania, p. 107. 1887. Megerlia lruncata, var. monstruosa, Davidson, 7rans. Linn. Soc. London, vol. IV, part 4, p. 108, pl. XIX, fig. 21-22. Coquille présentant des déformations plus ou moins accusées qui rom- pent la symétrie bilatérale. Valve ventrale fortement et régulièrement bombée, sans trace de carène médiane ; côtes rayonnantes peu nombreuses, à peine apparentes ; 88 BRACHIOPODES, aréa linéaire très réduite ; foramen presque complètement reporté à la valve dorsale dont il échancre largement le sommet. Valve dorsale plane, souvent même irrégulièrement concave ; surface ornée seulement de stries lamelleuses d'accroissement. A l'intérieur, appa- reil brachial essentiellement semblable à celui du À. fruncata, n’en diffé- rant qu'en ce qu'il est beaucoup plus renversé en arrière, disposition qui provient de la déformation de la valve et du bombement plus ou moins irrégulier de sa face interne. Les dents, les fossettes et leur rebord, en un mot tout l’ensemble du plateau cardinal est atrophié. Dimensions : Longueur 9 mm.; largeur 11 mm. ; épaisseur 3,5 mm. Stalions : 1. Travailleur, 1881. Dragage 2. — 14 juin. — Profondeur 1,068 m. Côtes du Portugal. De —— 1882. Dragage 8. — 12 juillet. — Profondeur 411 m. Golfe de Gascogne. Distribution géographique. — Scacchi a découvert cette espèce sur les côtes de l'Italie méridionale en 1833 ; depuis cette époque elle a été indiquée par les auteurs dans les mêmes parages et en Sicile. D'après Gwyn Jeffreys, elle est associée au 47. fruncata dans toutes les stations où le Porcupine, en 1870, a dragué ce Brachiopode: c’est-à-dire au sud du Portugal, à l’est et à l’ouest du détroit de Gibraltar, au sud de la Sicile et sur le banc de l’Adventure. Les campagnes du 7ravailleur ont montré qu’elle existait également dans le golfe de Gascogne. D'après ces documents, on pourrait croire que le NW. monstruosa accom- pagne partout le M. fruncata, mais nous ferons remarquer que les spécimens dragués par le 7ravailleur étaient isolés ; et que d’autre part, dans les localités où foisonne le M. fruncata, comme le cap Blanc (Maroc) ou le détroit de la Bocayna (Canaries), nous n'avons pu reconnaitre un seul spécimen bien caractérisé du M. monstruosa. Nous nous demandons en conséquence, si l’on n’a pas confondu souvent avec le M. monstruosa, des individus de 47. fruncata à forme un peu anormale et à valves légère- ment asymétriques. Distribution bathymétrique. — Gwyn Jeffreys a fixé les limites d'habitat du M. monstruosa à 36-533 mètres. Les deux dragages du 7ravailleur où on l’a recueilli ont été opérés par #11 et 1,068 mètres. L'espèce parcourt ÉTUDE DES ESPÈCES. 89 done trois zones bathymétriques : celle des Corallines et des Bryozoaires, celle des Brachiopodes et des Coraux, et celle des Abysses; mais elle parait rare dans la dernière. De mème que chez le M. {runcata, sa distri- bution est en rapport avec celle des Polypiers sur lesquels elle est souvent fixée ; on la trouve aussi adhérente à des fragments de coquilles ou de roches. Distribution stratigraphique. — Seguenza cite le M. monstruosa au nombre des fossiles de la province de Messine, dans les sables pleistocènes de Trapani. Rapports et différences. — Scacchi, après avoir décrit cette espèce en 1833, se demandait, en 1836, si elle n’était pas une variété du HW. trun- cala, Linné. Philippi la considère comme une simple monstruosité du M. truncata, et cette opinion a été généralement acceptée par les auteurs : notamment par G.Jeffreys, Davidson, Monterosato, ete. Ce dernier (1) donne les raisons suivantes: que la monstruosité est produite par un raccour- cissement du pédoncule, obligeant les valves à reproduire les inégalités du substratum, comme on le voit chez les Anomia ; que par cela même, le foramen est reporté sur la valve dorsale chez les individus très déformés, tandis que chez ceux dont la déformation est moins accentuée, les valves dorsale et ventrale sont également entaillées pour le passage du pédoncule ; que l’ornementation et la sculpture de la valve ventrale sont plus marquées, comme chez les Mollusques Pélécypodes dont une des valves est libre et l’autre fixée. Nous croyons que l’on peut provisoirement considérer le M. mons- truosa comme une espèce. Nous avons déjà signalé, chez le A. {runcata, une grande variabilité dans la forme générale, et nous avons fait remarquer, en particulier, que la symétrie bilatérale était souvent détruite par suite de déformations individuelles. Dans le M. monstruosa, ces défor- mations s'exagèrent, deviennent permanentes et prennent une telle impor- tance qu’elles constituent des caractères spécifiques, auxquels s'ajoutent la taille moindre des valves, leur mode de bombement, leur système d’orne- mentation, la disposition du foramen, la réduction de l’aréa à l'extérieur, (4) Poche note sulla conchiologia mediterranea, p. #, Palermo, 1875. (TALISMAN. — Brachiopodes.) 12 90 BRACHIOPODES. et celle de l'ensemble du plateau cardinal à l'intérieur. Dans ces con- ditions, il nous parait bien difficile de voir dans le 1. monstruosa une malformation accidentelle du #/. #runcata. Observations. — Par ses dimensions, sa forme générale, son irrégu- larité et la position anormale de son foramen, le A. monstruosa présente quelques analogies avec le genre P/atidia, et notamment avec le P. David- soni, Deslongchamps, des mers d'Europe. Mais cette ressemblance, si souvent citée par les auteurs, est purement superficielle. Dès que l’on étudie les caractères de l’intérieur des valves, on s'aperçoit que les deux formes appartiennent à des genres différents ; il nous est donc impossible d'accepter l'opinion de Gwyn dJeffreys (1) qui avait conclu à leur identité. 13. Mühlfeldtia echinata, P. Fischer et D.-P. OEhlert. (PI. VIL, fig. 43a-139). 1890. Mühlfeldtia echinata, Fischer et OEblert, Journ. de Conchyl., vol. XXX VII, p. 73. Coquille transverse, plano-convexe, arrondie aux extrémités cardinales ; angle apical surbaissé; aréa située dans le plan de la commissure des valves ; foramen entaillant presque égale- \ ment le sommet de chacune de ces dernières. Test épais, présentant des caractères très L we ER ) ’ Ÿ É 7? différents sur les deux valves. Spicules plus AR étroits et plus découpés que ceux du 4/. a D rs truncala. C re À IQZ4 Valve ventrale non carénée, mais régu- lièrement bombée suivant la ligne mé- À à diane; couverte, sur sa face externe, d’é- pines nombreuses et très distinctes, recour- Fig. 8. — Spicules de Mühlfeldlia echinata, à . ; £ grossis 10 fois. bées vers l'avant, disposées d’une façon rayonnante et dont les séries sont inter- rompues par des lamelles d’accroissement très visibles et très rappro- chées, sauf dans la partie umbonale. (1) Proceed. of the Zool, Soc. of London, p. 412, 1878. ÉTUDE DES ESPÈCES. o{ Valve dorsale plane ou légèrement ondulée, ornée de stries d’accrois- sement lamelleuses, traversées par des plis rayonnants très obsolètes. Dimensions : Longueur 9 mm.; largeur 12 mm.; épaisseur 4 mm. Stalions : 4. Talisman, 1883. Dragage 65. — 8 juillet. — Profondeur 782 m. Cap Bojador. 2 — 1883. Dragage 66. — 8 juillet. — Profondeur 640 m. Cap Bojador. 3. — 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Côtes du Soudan. 4 — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Côtes du Soudan. Distribution géographique. — Ceite espèce n’est connue jusqu’à présent que sur la côte occidentale d'Afrique, dans les parages du cap Bojador. Sur ce point du littoral, le fond est composé de sables et de coraux, prin- cipalement de Zophohelia sur lesquels étaient fixés les divers Brachiopodes suivants : Magellania cranium, Magellania septigera, Rhynchonella cornea, Mühlfeldtia echinata. Distribution bathymétrique. — La profondeur à laquelle vit le M. echinata est de 640-782 mètres, par conséquent cette forme parait abyssale , mais nous croyons qu’on la trouvera ultérieurement dans la zone des Brachiopodes et des Coraux, lorsque ses caractères seront mieux connus. Distribution stratigraphique. — Cette espèce existe peut-être à l’état fossile dans l’étage Zanceléen (Pliocène inférieur) de Sicile et de Calabre. En effet, Seguenza (1) signale, sous le nom de NW. fruncata var. granulata, une forme intéressante, un peu plus petite que le M. truncata typique, et remarquable par sa surface granuleuse (2), dépourvue généralement de costulations rayonnantes qui sont cependant obsolètes sur quelques individus. D'après l’auteur italien, cette variété est très importante ct pourra même être différenciée spécifiquement du AL. truncata, Linné. Nous n’avons pas vu de spécimens fossiles de S. Agata, mais les ren- seignements que nous venons de citer nous font croire que la variété granulata de Seguenza pourrait bien se rapporter au A. echinata. (4) SecuENzA, Paleontologia malacologica del terreni del distretto di Messina. Brachiopodi, 1865, p. 65. — Le Formuzione terziarie nella Provincia di Reggio (Calabria). Reale Accademia dei Lincei, anno CCLXX VII, 1880, p. 190. (2) « Questa varieta sembre non differire in altro dalla var. À che nellu superficie sparsa di granuli rotondati ed iregolarmente disposti, e nella perforazione mollo distenta. » 92 BRACHIOPODES. Rapports et différences. — Cette espèce, dont les caractères internes et la disposition de l'appareil brachial sont identiques à ceux du Y. truncata, Linné, en diffère par la présence d’épines très distinctes couvrant la valve ventrale; son contour est plus transverse, son angle apical plus surbaissé, et la valve dorsale plus comprimée. Observations. — Le M. echinata n'a pas été trouvé dans les mêmes sta- tions que le 1. fruncata ; au contraire c’est dans les localités où l’on a ren- contrée surtout le Magellanmia septigera que ce Brachiopode parait plus par- üculièrement abondant; les individus sont fixés tantôt sur des Lophohelia, tantôt sur des valves de Wagellania. Genre PLATIDIA, Costa. 14. Platidia anomioides, Scacchi et Philippi, sp. (PL. VII, fig. 14a-14g). 1844. Orthis anomioides, Scacchi et Philippi, £numer. Moll. Sicil., vol. II, p: 69, pXVIPe"207 1844. Tercbratula appressa, E. Forbes, Report of Mol. Ægean Sea, in Rep. Brit.'Assoc., 1843, p. 193. 1852. Platidia anomioides, Costa, Fauna del regno di Napoli, p. 48, pl. I, fig. 4, et pl. I Pis, fig. 6. 1852. Morrisia sp., Davidson, Ann. and Mag. Nat. Hist., 2 sér., vol. IX, p. 371 (figure). 1852. Morrisia anomioides, Davidson, Proceed. of the Zool. Soce., p. 79, pl. XIV, fig. 29. 1887. Platidia anomioides, Davidson, 7ransact. Lin. Soc., 2% sér., vol. IV, Zool. Rec. Brackh., p. 152, pl. XXI, fig. 15, 16, 17, 18. Coquille de petite taille, plano-convexe, très peu épaisse, subcireulaire, ou parfois un peu transverse et subrectangulaire ; ligne cardinale droite, plus courte que la plus grande largeur de la coquille ; sommet formant un angle largement ouvert; angles cardinaux arrondis ; commissure palléale recliligne ; région palléale tranchante. Surface lisse, avec quelques lignes d’accroissement inégalement espacées et non saillantes ; test mince, semi- transparent, de couleur blanc jaunâtre, pourvu de perforations petites et nombreuses, disposées régulièrement suivant des lignes qui se coupent obliquement. Spicules présentant des formes très diverses suivant la place qu'ils occupent dans la membrane palléale; sur tout le pourtour, ils sont de grande taille, faciles à distinguer même à la loupe, et disposés en ÉTUDE DES ESPÈCES. 93 général d’une façon rayonnante ; ils sont grèles et pourvus de quelques digitations latérales très développées. En se rapprochant du centre, ils deviennent plus petits et plus nombreux, étant munis alors de 3 à 6 pointes aiguës, et forment une sorte d’auréole autour des glandes génitales ; dans l’axe de celles-c1, ils s'enchevêtrent et se soudent, en constituant une masse assez Compacte, au milieu de laquelle on ne distingue plus que les extré- mités de leurs pointes. Enfin, dans la membrane viscérale et dans la mem- brane brachiale, on trouve des spicules ayant la forme de plaques étoilées munies d’épines marginales aiguës et de perforations centrales résultant de la soudure des branches; ces spicules deviennent très abondants à la base des cirrhes où souvent ils se superposent. Le long de ces derniers, on constate la présence de concrétions calcaires de forme assez variable. Valve ventrale faiblement et régulièrement bombée; crochet petit, droit, peu saillant, un peu recourbé à son extrémité ; aréa triangulaire, étroite, surbaissée, très nettement délimitée, plane ou un peu concave, et située dans le plan de la commissure des valves. Le foramen, dont la partie pos- térieure anguleuse occupe toute la hauteur de cette aréa, entame profon- dément le sommet de la valve dorsale, sous la forme d’une échancrure semi- lunaire. Les bords de l’aréa ventrale sont relevés, de chaque côté du foramen, en deux petites plaques triangulaires, très étroites, jouant le rôle de pièces deltidiales. — A l’intérieur, les dents sont assez fortes et sont soudées au fond de la valve par deux cloisons rostrales très rudimentaires ; entre celles-ci, on remarque une doublure sous-apicale étroite, contiguë au fond de la valve, et portant un petit sillon médian; en avant, il existe une petite crête médiane, très ténue et très courte, de chaque côté de laquelle se trouvent les adducteurs. Pas de septum. Les empreintes musculaires sont re- portées assez haut dans la partie postérieure de la valve : les muscles pédon- culaires ventraux, situés en avant, sont très larges et leur contour antérieur est légèrement denticulé; entre ceux-ci sont placées les insertions linéaires des adducteurs, et enfin, en arrière, dans la cavité apicale, sont celles des diducteurs qui sont assez écartées et sub-arrondies. Les glandes génitales, comprises dans des sinus vasculaires, forment de chaque côté du groupe musculaire des ares dont la partie concave est interne. L'emplacement de la cavité viscérale est un peu excavé et forme une dépression subcireulaire, 94 BRACHIOPODES. nettement délimitée latéralement, au fond de laquelle se trouvent les insertions musculaires. Valve dorsale plane ou légèrement concave, largement échancrée au sommet par le foramen; les fossettes, peu apparentes, ontun rebord interne très développé, constituant deux apophyses saillantes qui s'élèvent de chaque côté-du foramen au-dessus de la ligne cardinale et qui, d’après leur situa- lion, doivent jouer un rôle dans l'articulation des valves. De la base de ces apophyses fovéales s'élèvent presque verticalement deux cruras longs et grèles, limités par deux fines pointes crurales, au delà desquelles les branches descendantes, minces et ténues, vont en convergeant rejoindre un pilier septal très élevé, auquelelles se soudent vers les trois quarts de sa hau- teur. Le pilier est constitué par une lamelle triangulaire remontant jusqu’au bord de l'échancrure; cette lamelle, peu épaisse, est arquée vers l'arrière et légèrement renflée au sommet, qui se termine par deux pointes diver- gentes courtes et assez massives, supportant la membrane brachiale médiane. De chaque côté de la bouche située entre les pointes erurales, les bras s’'écartent en décrivant une courbe arrondie, qui les ramène bientôt l’un près de l’autre, sur la ligne médiane, vers le centre de la valve ; de là, ils s’avancent parallèlement vers le bord antérieur, pour diverger bientôt et se terminer en décrivant un unique tour de spire à enroulement antéro- postérieur : leurs extrémités sont ainsi ramenées vers le centre de la valve, où elles se trouvent en face l’une de l’autre et assez écartées. Les bras, tout en restant dans le plan de la commissure palléale, décrivent done une série de sinuosités qu’on peut représenter schématiquement par deux SS tournés l’un vers l’autre : disposition qui leur donne l'aspect trilobé si souvent signalé par les auteurs et que la membrane brachiale tendue entre eux rend encore plus apparente. Avant de devenir contigus sur la ligne médiane, les bras subissent une torsion sur eux-mêmes, de telle sorte que, près de la bouche, les cirrhes sont dirigés vers la valve ventrale, tandis que sur les deux lobes antérieurs, ils s’enroulent vers le fond de la valve dorsale. Les cirrhes sont assez longs et leurs bases, très développées, constituent une série de cannelures particulièrement accusées sur les deux lobes ÉTUDE DES ESPÈCES. 95 antérieurs ; ces cannelures n'existent que sur le côté du bras opposé à la lèvre, de telle sorte que, par suite du mouvement de torsion de chaque bras, elles sont tournées du côté dorsal dans la partie postérieure, et du côté ventral dans la partie antérieure. Les muscles diducteurs s’insèrent sur le bord de la valve, à la partie médiane de l’échancrure du foramen; les adducteurs sont situés de chaque côté du pilier septo-brachial, et les pédonculaires dorsaux se fixent à la base des plaques formant les rebords des fossettes. Les glandes génitales, qui se détachent très nettement par suite de leur couleur brunâtre, sont dis- posées comme à la valve ventrale et forment deux arcs de cercle, à conca- vité interne, de chaque côté de la cavité viscérale. Dimensions : Longueur 6 mm.; largeur 7 mm.; épaisseur 2 mm. Stations : 1. Zravailleur, 1880. Dragage 9. — 21 juillet. — Profondeur 1,190 m. Golfe de Gascogne. 2. — 1881. Dragage 2. — 14 juin. — Profondeur 1,068 m. Côtes du Portugal. Ju — 1881. Dragage 37. — 14 août. — Profondeur 400 m. Nord de l'Espagne. 4. — 1882. Dragage 3. — 6 juillet. — Profondeur 512 m. Nord de l'Espagne. 5. Talisman, 1883. Dragage 10. — 10 juin. — Profondeur 717 m. Cap Spartel (Maroc). 6. — 1883. Dragage 65. — 8 juillet. — Profondeur 782 m. Cap Bojador. TT. — 1883. Dragage 73. — 9 juillet. — Profondeur 698 m. Côtes du Soudan. 8. — 1883. Dragage 74. — 9 juillet. — Profondeur 640 m. Côtes du Soudan. 9. — 1833. Dragage 75. — 9 juillet. — Profondeur 882 m. Côtes du Soudan. Distribution géographique. — L'aréa de distribution occupée par le Plahidia anomnoides parait ètre remarquablement étendue. Scacchi avait découvert son type sur les côtes de Sicile; ultérieurement les auteurs l’ont signalé sur divers points de la Méditerranée : dans la baie de Naples, la mer Égée, sur le littoral de la Corse, de la Provence, etc. L'expédition du Porcupine a montré que cette espèce vivait dans l’Atlan- tique du Nord, à une latitude assez élevée, à l’ouest des îles Shetland ; et que d’autre part, elle existait aussi dans les eaux du Portugal. Durant les voyages du Z’ravailleur et du T'alisman, nous l'avons draguée dans le golfe de Gascogne, au nord de l'Espagne, sur les côtes du Portugal, du Maroc et du Soudan. Les naturalistes américains, à la suite des recherches du Plake, ont con- staté sa présence dans la mer des Antilles près de Cuba, des Barbades, de la 96 BRACHIOPODES., Grenade, de Saint-Vincent, de la Floride. Elle a été aussi recueillie sur la côte Est de l'Amérique du Nord, dans les parages du cap Hatteras. Récemment W.H. Dall a annoncé (1) que des spécimens d’un Brachio- pode qui ne peut être distingué spécifiquement du ?. anomioules avaient été obtenus par Orcutt sur la côte Est d'Amérique (Californie). Enfin le Challenger en a dragué quelques exemplaires au sud de la mer des Indes, près des îles Marion et du Prince-Édouard, Distribution bathymétrique.— Le Platidia anomioides, dans la Méditer- ranée, parait être confiné dans la zone des Brachiopodes et des Coraux. En relevant les profondeurs indiquées par les auteurs, on trouve pour ses li- mites extrèmes 72 à 220 mètres. Au contraire, dans l'Atlantique, ce Brachiopode est le plus souvent abys- sal. Ainsi il vit à 400-1,190 mètres dans le golfe de Gascogne, à 1,068- 1,096 mètres sur les côtes du Portugal, à 530 mètres dans les parages des iles Shetland, à 717 mètres sur le littoral du Maroc, et à 640-882 mètres sur les côtes du Soudan. Aux Antilles, il a été dragué de 160 à 533 mètres; et sur le littoral de la Caroline du Nord, à 29 mètres seulement. Les spécimens de l'ile Marion ont été pêchés à 182 mètres. La profon- deur des exemplaires de la Californie n’est pas indiquée. On peut donc dire que cette espèce est commune dans la zone des Bra- chiopodes et des Coraux, ainsi que dans les couches supérieures de la zone abyssale. Sa présence dans la zone des Nullipores est exceptionnelle. Distribution stratigraphique. — Ta petite taille de ce Brachiopode, la minceur de son test et la difficulté de sa détermination ont dû empècher souvent les naturalistes de le distinguer dans les dépôts fossilifères. On le cite néanmoins dans le Miocène du bassin de Vienne, dans le Pliocène in- férieur (Zancléen) des environs de Messine, et dans le Zaneléen de la Ca- labre, à Gerace et à Valanidi. Une forme assez voisine a été décrite et figurée par Davidson (2) sous le nom d’Argiope Rovasendina. Elle provient de l’Oligocène de Monte Sgreve di Sant Urbano. ) Bulletin of the Museum of Comparative Zoology, vol. XL, n° 6, p. 204, 1886. ) Geological Magazine, p. 407, pl. XXI, fig. 14, 1870. l 2 f \ ÉTUDE DES ESPÈCES. 97 Observations. — Nous prenons, comme type de cette espèce, P. ano- mioides, la forme figurée et décrite en 1844 par Philippi (1), qui adoptait dans sa description un nom manuscrit de Scacchi, et nous pensons, contrai- rement à certains auteurs et en particulier à Davidson, que le Terebratula seminulum, décrit par Philippi en 1836 (2), ne peut être assimilé à la forme qui nous occupe. La disposition des bras, qui décrivent un disque transversalement ovalaire dans la figure typique (fig. 154), constitue un caractère différentiel qui a été très nettement reproduit par Monterosato (3). Ce Brachiopode, non seulement ne peut être confondu spécifiquement avec le P. anomioides, mais il nous parait appartenir à un autre groupe géné- rique, peut-être à celui des Cistella. Les spécimens dragués pendant les expéditions du 7ravailleur et du Ta- lisman sont assez rares; nous en avons trouvé quelques-uns fixés sur des Rlrynchonella cornea et sur des Terebratula (Liothyrina) sphenoidea (4) ; bien qu'un peu variables, ils offrent tous des formes assez régulièrement subeirculaires ; la valve dorsale est plane. Nous n'avons pas observé les variations indiquées par certains auteurs qui ont figuré des spécimens très transverses et d’autres très allongés, et parfois bilobés au front; de même nous n’avons pas constaté le renflement signalé généralement à la valve dorsale. Si l’on cherche à comparer la disposition des bras de Platidia avec celle qui caractérise les genres de la famille des Zerebratulidæ, tels que Terebra- tula, Magellania, Mühlfeldtia, où ces organes ont un grand développe- ment, on reconnait que, dans le genre qui nous occupe, il n’existe qu’une branche descendante et un rudiment de branche ascendante, le tout correspondant au lobe latéral brachial des genres précités, et que rien iei ne vient représenter la partie extrême des appendices brachiaux formant le double petit lobe médian à enroulement dorso-ventral. De plus, dans les (1) Purzrerr, 1844, Enum. Mol. Sicil., vol. Il, p. 69, pl. XVII, fig. 9. (2) Parzrppr, 1836, Enum. Mol. Sicil., vol. I, p. 97, pl. VL, fig. 15. (3) Monrerosaro, 1879, Journal de Conch., t. XXVIL, Not. sur les Esp. de Platidia, p. 307, pl. XI, fig. 3. (4) Cette espèce est presque toujours adhérente à des valves de Pélécypodes ou de Brachio- podes. Scacchi l'avait découverte fixée à l'intérieur d’un Pectunculus; Dall a remarqué que les spécimens de Californie s’attachaient à des Terebratula; et Davidson a trouvé les exemplaires des iles Marion sur des coquilles de Magellunia Kerguelenensis. (TALISMAN. — Brachiopodes.) 13 98 BRACHIOPODES. genres que nous venons d'indiquer, la forme générale de la coquille, plus ou moins biconvexe, rend assez spacieuse la cavité viscérale, de telle sorte que les bras peuvent se replier ets’enrouler perpendiculairement au plan de la commissure palléale, tandis que dans les ?/atidia, la valve dorsale plane et la ventrale faiblement bombée, ne laissant entre elles qu'un trop petit espace pour permettre ce mode d’enroulement, les bras sont forcés de se disposer parallèlement au plan des valves. On sait du reste que le mode d’enroulement des bras peut subir des modifications importantes, et il nous suffira de rappeler que dans le groupe des Brachiopodes pourvus d'un appareil brachial calcaire spiralé, les cônes peuvent être plus ou moins développés et avoir une direction très différente suivant les genres. C'est ainsi que dans certains cas, les valves étant très rapprochées par suite de la forme générale plano-convexe ou concavo-convexe de la coquille, les cônes sont très surbaissés et s’enroulent parallèlement au fond de la valve. Cette disposition, spéciale à la famille des Aoninckinidæ, peut sous ce rapport être comparée à celle des bras de Platidia, mais ne peut toutefois lui être identifiée, car, dans les genres qui appartiennent à cette famille, on voit que les deux spires ont un enroulement interne et qu'elles sont comprises entre les deux branches descendantes qui s’écartent dès leur point d’ori- gine, tandis que dans les ?/ahidia, ces deux branches descendantes, après s'être écartées, se rejoignent bientôt sur la ligne médiane : l’enroulement rudimentaire de l'extrémité du bras étant externe. La disposition des muscles mérite également d'appeler l'attention; c’est ainsi qu’on voit, à la valve ventrale, les diducteurs reportés très haut dans la cavité umbonale, et situés en arrière des adducteurs et des pédonculaires ventraux, contrairement à ce qu’on observe chez la majeure partie des Brachiopodes articulés; en outre, à la valve dorsale, il n’existe pas de pro- cessus cardinal saillant, et le sommet est largement échancré par le fora- men pédoneulaire. Ces deux différences amènent naturellement une modi- fication dans le jeu des muscles. En effet, lorsque les diducteurs agissent sur un processus cardinal faisant saillie en arrière de l’axe de rotation qui passe par les dents, le point fixe se trouve alors situé entre les points d’appli- cation de la force mouvante et de la force résistante: on est par conséquent en présence d’un levier du premier genre, et la traction des muscles diduc- ÉTUDE DES ESPÈCES. 99 teurs, en ramenant le processus cardinal vers le fond de la valve ventrale, produit, par suite d'un mouvement de baseule, le relèvement de la valve dorsale. Dans les ?/añidia, il en est tout autrement, et les diducteurs agissent comme un levier du troisième genre, par suite de la place qu'occupe l'insertion des diducteurs de la valve dorsale. En effet, cette insertion ayant lieu à la partie médiane de l’échancrure semi- lunaire, la force agissante se trouve ainsi placée entre le point fixe et la force de résistance, et le muscle, en se contractant, opère une traction directe sur la valve et la soulève. Pour obtenir ce résultat, il est indispensable que les diducteurs s’insèrent presque au sommet de la valve ventrale et qu'ils passent en dehors des dents, car c’est à cette seule condition qu'ils peuvent ouvrir la valve, autrement ils deviendraient de véritables adducteurs. L'effet pig. 9. — Coupe schéma- ; k e . tique des valves de Plati- deces museleshest d'autanteplus énergique, Que oi cnomioides, pour mon- trer les insertions et le leur insertion ventrale est située plus en arrière, et ue ? mode d'action des muscles que les dents et les fossettes sont plus saillantes à adducteurs et diducteurs, ns : les autres muscles ayant l'intérieur. été enlevés. — ad, adduc- Sn Ô : : : teurs ; did, diducteurs ; Les considérations qui précèdent sont aussi appli- 4, ent constituant le pivot \ Mar . - no à . autour duquel tourne la cables au genre Wählfeldha, dont certains échantil= | aorsale : sd, septum dorsal; ce, plan de sépara- lons sont également échancrés au sommet de la valve tion des valves. dorsale. Quant au nom générique de Platidia, Costa (1), il doit être conservé, ayant la priorité de quelques mois sur celui de Morrisia, Davidson (2), ainsi que ce dernier auteur l’a du reste lui-même reconnu, en 1869 (3). D'ailleurs, la description générique donnée primitivement par Davidson (4) pourrait prêter à une certaine ambiguïté, la diagnose se rapportant à une forme qui, d’après la figure, parait correspondre au P. anomioides, mais quin'est pas nommée; tandis que au contraire, l'espèce citée comme type et dont la description fait suite à la diagnose générique, est le ?. seminulum, oSTA, 1852, janvier, Fauna del reg. di Napoli, p. 48, pl. IL, fig. 4, et pl. II bis, fig. 6. AVIDSON, 1852, ai, Ann. and Mag. of Nat. Hist., 2° sér., vol. IX, p. 371. AVIDSON, 1869, Ann. and Mag. of Nat. Hist., 4° sér., vol. IT, p. 377. AVIDSON, 1852, Pr'oceed. Zool. Soc., p. 75, pl. XIV, fig. 29. SISIERS 100 BRACHIOPODES. Philippi, forme qui, comme nous venons de le dire, ne peut être certai- nement rapportée au même genre. Davidson a d’ailleurs rectifié cette erreur, car la même année il déerivit à nouveau son genre Morrisia, en prenant comme type le P. anomioides, dont il donne une diagnose et une figure très précises. 15. Platidia Davidsoni, E. Deslongchamps, sp. (PI. VIE, fig. 15a-154). 1855. Morrisia Davidsoni, E. Deslongchamps, Ann. and Mag. of Nat. Hist., 2° sér., vol. XVI, p. 443, pl. X, fig. 20 a-d. 1861. Zerebratula (Morrisia) Davidsoni, L. Reeve, Conch. Icon., pl. 40, fig. 42. 1867. Argiope (Zellania) Davidsoni, Weinkauff, Die Conchyl. des Mittelmeeres, vol. I, p. 290. 1870. Platidia Davidsoni, Dall, Amer. Journ. of Conch., vol. VI, p. 143. 1872. — — Fischer, Brach.des côtes océan.de France. Journ. de Conch., vol. XX, p. 160, pl. VI, fig. 3-9. 1878. Megerlia truncata, var., Jeffreys, Proceed. Zool. Soc. London, p. A2. 1879. Platidia Davidson, Monterosato, Note sur les espèces du genre Plati- tidia. Journ. de Conch., vol. XXVII, p. 306. 1887. — — Davidson, Zransact. Lin. Soc., 2° sér., vol. IV, Zool:mOnt Rec. PBrach ep 154 pl XXE fig. 23-27. Coquille plano-convexe ou concavo-convexe, transverse, subreetangu- laire, à angles cardinaux arrondis et à côtés subparallèles ; bord frontal généralement un peu sinueux; commissure palléale faiblement ondulée ; régions latérales et frontale anguleuses ; ligne cardinale subrectiligne, plus courte que la largeur maximum de la coquille. Surface ornée de lignes d’ac- croissement concentriques, lamelleuses, bien accusées; la valve ventrale, seule, est couverte de petites aspérités spiniformes, plus ou moins nom- breuses et irrégulières, visibles principalement dans la région postérieure. On observe aussi des traces de côtes rayonnantes presque indistinetes. Test assez mince, nettement poncturé. Coloration d’un blanc jaunâtre. Spicules à branches longues et grèles sur le bord du manteau, et devenant massifs dans la membrane palléale, où l’on rencontre des plaques denticulées sur les bords, avec quelques perforations centrales assez petites. Valve ventrale à sommet très surbaissé, avec un crochet court et une aréa très peu élevée. Dents petites, divergentes, soudées au fond de la valve par deux petites cloisons rostrales très rudimentaires. Cavité viscérale et NT NT mr me dl ad ble e ÉTUDE DES ESPÈCES. 401 muscles présentant les mêmes caractères que dans le ?. anomioides. Sinmus vasculaires, au nombre de deux, sinueux, divergents et renfermant les glandes génitales qui affectent égale- ment une forme sigmoïde. Valve dorsale largement échancrée au sommet, sans processus ni plateau cardinal; chaque fossette est limitée EX =, intérieurement par deux apophyses =f" Ÿ eZ EE = REA À _— très développées, libres, longues, in- JS ; Je Ne Sn curvées et s’élevant, de chaque côté CN du foramen, au-dessus de la ligne cardinale. Appareil brachial comme dans le P. anomioides ; les bras y dé- crivent des sinuosités semblables, Fig 10. — Spicules de Platidia Davidsont, mais leurs extrémités plus dévelop- ne 0 pées se prolongent sous la membrane brachiale en remontant vers la bouche. Les muscles diducteurs s’insèrent sur le bord de la valve, à la partie médiane de l’échancrure. Les adducteurs sont situés de chaque côté du septum médian, et les pédonculaires dorsaux à la base des cruras. Sinus et glandes génitales comme dans le P. ano- maoides. Dimensions : Longueur 6 mm.; largeur 6"%,1/2; épaisseur 1"",1/2. Stations : 1. Travailleur, 1882. Dragage 8. — 12 juillet. — Profondeur 411 m. Nord de l'Espagne. 2. Talisman, 1883. Dragage 55. — 27 juin. — Profondeur 1,238 m. Parages des Canaries. Distribution géographique. — Les documents relatifs à la répartition de cette espèce dans les mers actuelles sont très pauvres. Le type provient de Tunisie, où il a été dragué par des corailleurs (1). Dans l’Atlantique on en a trouvé quelques spécimens dans la Fosse du cap Breton. Les ex- péditions du Travailleur et de l’Hirondelle l'ont fait connaître dans le golfe de Gascogne; et celle du Z'alisman dans les parages des Canaries. Cette (1) Monterosato l'indique dans l'Adriatique et Jeffreys dans la mer Égée, mais sans références. 102 BRACHIOPODES. forme serait done limitée à la région géographique connue sous le nom de province Lusilanienne. Distribution bathymétrique. — La profondeur à laquelle habite ce Bra- chiopode à été établie dans le golfe de Gascogne, par quatre dragages à 90, 155, 145 et 411 mètres. Dans les parages des Canaries, elle serait plus considérable et atteindrait 1,238 mètres. L'espèce appartient donc à la zone des Brachiopodes et des Coraux, et peut envoyer des colonies dans la zone abyssale. Distribution strahigraphique. — Seguenza est le seul auteur qui ait re- connu le ?. Davidson à l’état fossile. Il l'indique dans les couches pliocènes de Trapani, près Messine. Rapports el différences. — Le P. Davidsont constitue dans le genre P/a- idia une seconde espèce distincte du type : ?. anomioides, Scaechi, et dont la taille est généralement plus grande; sa forme est subrectangulaire et son contour fréquemment irrégulier; la valve dorsale, presque tou- jours concave, présente souvent une surface ondulée; la valve ventrale porte des aspérités spiniformes plus ou moins nombreuses et quelques fines côtes rayonnantes. L’aréa ventrale est très surbaissée, de telle sorte que le foramen est presque entièrement reporté à la valve dorsale. A l’intérieur, les bras sont disposés comme dans le P. anomioides, mais ils paraissent plus longs, et leurs extrémités, après avoir décrit les deux lobes antérieurs, remontent vers l'arrière, en s’engageant sous la membrane brachiale. Observations. — Le Platidia Davidsoni a été successivement étudié par Davidson, par l’un de nous et par Monterosato. Quelques auteurs ont voulu y voir un Wühlfeldtia monstruosa, mais la disposition des bras et la forme de l'appareil montrent clairement la différence générique de ces deux Brachiopodes. Genre MEGATHYRIS, A. d'Orbigny. 16. Megathyris decollata, Chemnitz, sp. (PI. VII, fig. 16a-16). 1785. Anomia decollata, Chemnitz, Neues system. Conchyl. Cabinet, vol. VIT, p. %6, pl. LXXVIIT, fig. 705. 1788. — detruncata, Gmelin, Linn. Syst. Nat., ed. XIII, t. I, pars VI, p. 3347, n° 36. ÉTUDE DES ESPÈCES. 103 1826. Terebratula urna antiqua, Risso, Hist. nat. Europe mérid., p. 387, pl. XIT, hoem7e 1826. — cardila, Risso, Aist. nat. Europe mérid., p. 389, pl. XIE, fig. 180. 1842. Argiope decollata, Deslongchamps, Mém. Soc. Lin. Normandie, vol. VIF, p. 9. 1844. Orthis detruncata, Philippi, £num. Molluse. Sicil., vol. IT, p. 69-70. 1817. Megathiris detruncata, A. d'Orbigny, Annales des sciences nat., 3° série, vol. VIII, p. 252 et 268, pl. VII, fig. 26-27. 1870. Megathyris decollata, Dall, Amer. Journ. Conch., vol. VI, p. 145. 1887. Argiope decollata, Davidson, Zransact. Lin. Soc. Lond., ® sér., Zool., vol. IV. — Monog. of Recent. Brach., p. 128, pl. XXI, fig. 30-35. Coquille de petite taille, à contour assez variable, ordinairement trans- verse, quelquefois aussi haute que large; partie postérieure obtusément anguleuse; parties latérales et frontale régulièrement arrondies; angles cardinaux aigus; ligne cardinale droite correspondant en général à la plus grande largeur de la coquille ; commissure palléale subrectiligne ; région palléale anguleuse. Valves modérément convexes, la ventrale étant un peu plus bombée que la dorsale. Surface ornée de 10 à 14 plis correspondants arrondis, simples, séparés par des intervalles de même forme; les deux plis médians sont un peu plus forts et un peu plus écartés que les autres, et un petit ph, plus ou moins court, vient fréquemment s’intercaler entre eux. Lignes d’accroissement bien accusées. Test très épais, visiblement ponc- turé. Coloration d’un blanc jaunâtre, parfois grise. Valve ventrale avec un crochet saiïllant, plus ou moins proéminent, non recourbé, à côtés carénés, surmontant une large aréa aplatie, perforée dans toute sa hauteur par le foramen. Celui-ci, qui est incomplet, est li- mité : latéralement, par deux petites pièces triangulaires, obliquement re- levées, intimement soudées au bord de l’aréa et jouant le rôle de pièces deltidiales ; postéricurement, où il est largement ouvert, par le bord cardi- nal subrectiligne de la valve dorsale. Dents petites, s’allongeant parallèle- ment au bord de l’aréa; pas de cloisons rostrales; doublure sous- apicale très développée, soutenue par un septum médian tranchant, s’'avançant sur les trois quarts environ de la longueur, et accompagné, de chaque côté, par deux petites crêtes latérales très peu accusées. Le bord palléal forme un méplatlégèrement poncturé et nettement indiqué. Le fond de la valve est occupé par les larges empreintes des muscles pédonculaires 8 Ï 104 BRACHIOPODES,. ventraux, lobés en avant : le lobe interne étant délimité par la petite erête latérale dont: nous venons de parler; au centre, de chaque côté du septum, se trouvent ies adducteurs, dont les surfaces d'insertion sont allongées et très petites; enfin, les diducteurs se fixent en arrière de tous ces muscles, dans le fond de la cavité umbonale. Valve dorsale semi-cireulaire, très transverse, faiblement bombée, avec un bord postérieur subrectiligne, sans sommet saïllant; angles cardinaux parfois un peu déprimés; aréa linéaire, striée transversalement. À l'inté- rieur, les fossettes forment deux cavités allongées, parallèles au bord posté- rieur de la valve; celles-ei sont limitées, du côté interne, par un rebord bien développé, $e relevant en arrière sous la forme de deux plaques triangulaires ne dépassant pas la ligne cardinale et contribuant à l'articulation des valves ; ces plaques se soudent intimement au sommet de la valve et à la cavité umbonale, constituant ainsi un épaississement, ou plutôt une sorte de pla- teau cardinal étroit et transverse, au sommet duquel s’insèrent les muscles diducteurs, et au-dessous de ceux-ci, les pédonculaires dorsaux. Le bord de la valve s’aplatit en un méplat très distinet et assez large, d’où s'élèvent généralement 3 septums marginaux, plus rarement 5. Le septum médian, le plus développé, a la forme d’une lame triangulaire assez épaisse, soudée par sa base au fond de la valve et s’avançant jusqu'au milieu de celle-ci, après quoi il n'existe plus, dans la partie postérieure, qu'une petite crête peu élevée, qui va rejoindre l’épaississement cardinal. Les septums laté- raux atteignent la même hauteur que le septum médian, mais leur base est moins longue et leur sommet est recourbé vers l’intérieur; ces trois seplums sont ordinairement plus épais au sommet qu'à la base, et leur crète antérieure est ornée de denticulations très caractéristiques, au nombre de 3 à ». Très exceptionnellement, on remarque encore deux autres sep- tums latéraux, mais ceux-ci sont toujours rudimentaires, ou bien ne sont représentés que par de simples tubercules marginaux, qui eux-mêmes manquent dans la plupart des cas. L'appareil brachial, fixé directement au rebord des fossettes, et pourvu de deux pointes crurales convergentes très développées, est constitué par une bandelette rubaniforme, ayant à peu près la même largeur sur tout son parcours. Cette bandelette, ordinaire- ment libre à son point de départ, se soude presque aussitôt au fond de la ÉTUDE DES ESPÈCES. 105 valve, dont elle accompagne le bord, en se lobant quatre fois pour con- tourner les septums marginaux, auxquels elle adhère plus étroitement encore que sur tout autre point. Les bras, partant de la bouche située entre les pointes erurales, sont soutenus par la bandelette apophysaire, dont ils suivent les sinuosités, puis ils viennent aboutir sur la ligne médiane au sommet du septum central. Ces bras, bordés de longs cirrhes, sont inti- mement unis à la membrane palléale dorsale. Les muscles sont disposés comme il suit : les diducteurs s’insèrent au sommet même de la valve, sur une surface transverse très étroite ; les pé- donculaires dorsaux occupent, au-dessous de ceux-ci, deux petites cavités myophores un peu écartées l’une de l’autre; enfin, les adducteurs se fixent dans le fond de la valve, de chaque côté du septum médian, sous la forme de deux larges empreintes bilobées, dans lesquelles il est néanmoins facile, grâce à l’échancrure médiane correspondant à la saillie du septum latéral, de retrouver les quatre insertions dorsales des adducteurs, caractéristiques des Brachiopodes articulés. Dimensions : Longueur 5 mm.; largeur 6 mm.; épaisseur 3 mm. Stations : 1. Travailleur, 1881. Dragage 1 (2° série). — 15 juin. — Profondeur 120 m. Cap Blanc (Maroc). 2. — 1882. Dragage 22. — 20 juillet. — Profondeur 70 m. Côtes du Portugal. 3. — 1882. Dragage 53. — 10 août. — Profondeur 100 m. Parages des îles Désertes. 4. Talisman, 1883. Dragage 23. — 15 juin. — Profondeur 120 m. Au large du cap Blanc (Maroc). se — 1883. Dragage 24. — 15 juin. — Profondeur 120 m. Cap Blanc (Maroc). Distribution géographique. — Cette espèce a été décrite pour la première fois d’après des spécimens provenant de la Méditerranée. C’est en effet dans cette mer qu’elle paraît le plus abondante; on la trouve sur les co- raux ou les pierres. Elle est signalée par les auteurs sur les côtes du Roussillon, de la Provence, d'Italie, de Sicile, de Sardaigne, de Tunisie, de Corse, dans l’Adriatique et dans la mer Égée. D'autre part, elle a été retrouvée sur plusieurs points de l’Atlantique : dansles parages de l’île de Guernesey, dans la Fosse du cap Breton (Landes), (TALISMAN. — Brachiopodes.) 106 BRACHIOPODES. au nord de l'Espagne, sur les côtes du Portugal, du Maroc, des Canaries et de Madère. Elle est généralement associée au Müählfeldtia truncata, Linné. Nous ne la connaissons pas au nord de la Manche, sur les côtes de la Grande-Bretagne, mais elle a été draguée récemment dans les parages des îles Scilly (ou Sorlingues). Distribution bathymétrique. — Les limites de sa distribution sont bien connues pour les spécimens que l’on peut atteindre à une profondeur rela- üvement faible. Dans la Méditerranée, on ne trouve guère ce Brachiopode au-dessus de 30 à 55 mètres (golfe de Marseille) ; dans l'Atlantique, on ne le recueille pas au-dessus de 30 mètres environ (nord de l'Espagne, Guer- nesey). C'est entre 30 et 200 mètres qu'on l’a dragué le plus souvent, aussi bien dans la Méditerranée que dans l'Atlantique ; par conséquent l'espèce abonde dans la zone des Nullipores, ainsi que dans celle des Brachiopodes et des Coraux. Sa présence dans la zone abyssale parait exceptionnelle : Jeffreys l’a obtenue par 533 mètres sur les côtes du Portugal, et par 665 mètres sur le littoral du Maroc vis-à-vis Gibraltar. Nous avons dragué quelques valves isolées par 599 mètres dans le golfe du Lion; le fond était vaseux et ne convenait nullement au genre de vie de ces animaux. Nous ne croyons donc pas que cette espèce appartienne réellement à la population de la zone abyssale. Distribution stratigraphique. — Les paléontologistes croient pouvoir établir la filiation du Megathyris decollata, depuis l'Éocène jusqu’à l’époque actuelle. Les spécimens les plus anciens sont indiqués dans l’Éocène de Val di Scorvanto près Brendola. L'espèce est indiquée, plus haut, dans le Miocène inférieur de Santa Liberta (Vicentin). Dans le Miocène moyen, elle est plus répandue et citée à Turin, en Toscane, dans le bassin de Vienne (quoique les exemplaires de cette provenance décrits et figurés récemment par Dreger (1) ne soient pas absolument identiques aux formes actuelles), à Malte (2), etc. Dans le Miocène supérieur, elle se montre à Parlascio et Palazzo (Toscane). (1) Beitr. z. Paläont. Oster. Ung., vol. VIL p. 183, pl. I, fig. 1-5, 1888. (2) Il serait nécessaire d'établir la succession des assises tertiaires de Malte qui ne nous paraît pas suffisamment connue. ÉTUDE DES ESPÈCES. 107 Sa répartition dans les couches tertiaires de la Calabre est bien connue. Elle parcourt la série dans le Zancléen (à Terreti, Testa del Prato, Santa Agata, Valanidi, Gerace), l’Astien (Gerace, Gallina, Reggio, Siderno), le Sicilien (Pantani, Archi, Villa San Giovanni), et le Quaternaire ou Saharien (Bovetto, Musala, Reggio). En Sicile, elle se trouve dans les gisements de Monte Gibbio, Trapani, Tremonte, Scoppo, Palermo. Parmi les autres gisements de cette espèce, nous signalerons les couches Miocènes du bassin du Rhône, et Pliocènes de Nice, Chypre, Rhodes, Algérie, etc. Si toutes ces déterminations sont exactes, l'espèce a donc eu une longé- vité remarquable. Quant au genre Wegathyris, il parait avoir eu des repré- sentants dans la Craie blanche (W. cuneiformis, d'Orbigny) et la Craie de Maestricht (W. Davidsoni, Bosquet). Les espèces du Lias et de l’Oolite (M. Suessi, Deslongchamps ; W. oolitica, Davidson), signalées sous ce nom générique, sont très douteuses pour nous. Observations. — La disposition particulière des bras dans les Megathyris et les Cistella qui appartiennent à un même groupe, de même que dans le sous-genre Lacazella, seul représentant vivant de la famille des Thect- deidæ, a fait croire à certains auteurs que ces organes n'existaient pas réellement, et par suite, a fait donner à ces formes le nom erroné de Abrachiopoda. Cependant, si l’on n’observe pas d’appendices brachiaux libres, dans les genres cités ci-dessus, et en particulier dans les Megathyris dont nous avons seulement à nous occuper ici, on y retrouve cependant tous les éléments de ceux-ci, c’est-à-dire une lèvre, une gouttière, une rangée de cirrhes, ainsi qu’une lamelle calcaire ; mais, de même que cette dernière est collée contre le fond de la valve dorsale, et parfois fait corps avec elle, de même aussi, le bras est intimement soudé à la membrane palléale dor- sale ; d’après les coupes données par Shipley (1) et Schulgin (2), il semblerait même que le canal du bras disparait et qu’il n’existe plus que le canal des cirrhes; les deux bras sont distincts et ont chacun leur terminaison propre, située sur la ligne médiane, comme l’a observé Lacaze-Duthiers dans le (1) Smiezey, Miltheil Zool. Stat. z. Neapel, vol. IV. Struct. and Develop.of Argiope, pl. XXXIX, fig. 2, 3, 4, 6. (2) ScHuLGIN, Zeitsch. f. wissen. Zool., vol. #1. Ein Beit. z. Kennt. d. Brach., pl. IX, fig. 25. 108 BRACHIOPODES. Lacazella Mediterranea (1) et Shipley dans le Céstella Neapolitana (2). Le genre Megathyris doit être séparé du genre Cistella, avec lequel certains auteurs l'ont confondu, par suite de l'existence de caractères distincüfs suffisamment importants, tels que le nombre et la forme des septums, la disposition particulière des muscles. En distinguant ainsi ces deux groupes, on arrive à reconnaitre que les Wegathyris ne sont repré- sentés dans les mers actuelles que par une seule espèce (I. decollata), les autres formes tant anciennes que nouvelles considérées comme appartenant à ce genre par Shipley (3) et Schulgin (4) ne pouvant y être rapportées, mais offrant au contraire tous les caractères des Cistella. Ce dernier genre comprend des formes vivantes assez nombreuses et dont l'extension géographique est considérable. 1) Lacaze-Durmers, Ann. Sc. Nat. Zool., 4° sér., t. XV, Hist. de la Thécidie, p. 287. 2) Srpey, Mittheil. Zool. Stat. z. Neapel, vol. IV. Struct. and Develop. of Argiope, p. 500. 3) SHIPLEY, loc. cit., p. 494, 495. 4) ScuLGin, Zeits. f. Wissensch. Zool., vol. XLI, p. 121, 122, pl. VIIL, fig. 1-6. ( ( ( ( RÉSUMÉ A. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Comme nous l’avons déjà indiqué, les seize espèces de Brachiopodes que nous venons d'étudier ont toutes été trouvées dans une seule division zoologique marine : la province Lusita- nienne. Le tableau suivant indique la répartition de ces espèces : 1° sur les côtes atlantiques continentales de Ta région Lusitanienne, depuis le golfe de Gascogne jusqu'au Soudan; 2° dans la mer Méditerranée; 5° sur le littoral de la Norvège; 4 sur la côte Est de l’Amérique du Nord; 5° dans la mer des Antilles. Tableau A. GOLFE DE GAS- ; POGNE ÉDITER- x DE L AMÉ- PRE MÉDITER NORVÈGE. | AÇORES. ANTILLES. |[PORTUGAL,| RANÉE. RIQUE MAROC, DU NORD. |SOUDAN. CÔTE EST Crania anomala var. lurbinata. Rhynchonella cornea Dyscolia Wyvillei Terebratulina caput-serpentis. Eucalathis tuberata — ergastica Terebratula vitrea ...: . . . — sphenoidea . . Magellania septigera — cranium Mübhlfedtia truncata — mons{ruosa _— ECHINATA RE RE Platidia anomioides. . . . . .. (4) Crania anomalu typique. — (2) La lettre R indique que cette forme est représentative, c'est le Crania Pourtalesi. — (3) Terebratulina septentrionalis. — (4) Terebratulina Cailleti. — (5) Tere- bratula vitrea, var. minor = T. affinis. — (6) Terebratula Cubensis. — (7) Magellania Floridanu. 110 BRACHIOPODES. ixaminons successivement les résultats mis en [lumière par le tableau : 1° Les seize espèces sont toutes présentes sur le littoral continental atlantique de la province Lusitanienne. Il nous paraît logique d’en inférer que le centre de dispersion de ces espèces est bien atlantique, puisque la mer voisine (Méditerranée) n’en nourrit qu'une partie. Comme E. Forbes l'avait supposé, et comme nous croyons l'avoir démontré après l'expédition du Z’ravailleur dans la Méditerranée, en 1881, la Méditerranée actuelle n'est qu'un diverticule de la grande province marine lusitanienne. On a pu objecter qu'un certain nombre d'espèces n'étaient connues que dans les eaux de la Méditerranée, ce qui est exact en effet. Mais chaque jour, on découvre sur les côtes du Portugal, dans le golfe de Gascogne, sur le littoral occidental du Maroc, ou dans les parages des îles de l’Atlantide, des formes décrites à l’origine d’après des spécimens de la Méditerranée. C'est donc parce que ces différentes régions situées en dehors de la Médi- terranée n'avaient pas été suffisamment explorées, qu'on a pu croire à un cantonnement anormal d’espèces dites méditerranéennes. Dans cette mer, si riche d’ailleurs, se produisent des races locales, ou des variétés remar- quables, mais il faut chercher les origines de ces espèces dans l'Atlantique. 2° Le nombre des espèces que nous avons recueillies dans la Méditer- ranée s'élève à onze seulement. Les cinq Brachiopodes atlantiques, qui manquent jusqu’à ce jour dans les eaux méditerranéennes, sont : ÆAyn- chonella cornea, Dyscolia Wyvillei, Mühlfeldha echinata, Eucalathis tuberata et Eucalathis ergastica. semble donc que la Méditerranée ait été et soit encore le théâtre d’extinctions de colonies de Brachiopodes, et nous essaierons de montrer dans quelles circonstances se sont produites ces extinctions. Nous ferons remarquer en outre que nous n’avons pas recueilli à l’état vivant les Terebratula sphenoidea, Magellania septigera et Magellania cranium. 3° Nous avons relevé les noms des Brachiopodes communs au littoral Scandinave et à la province Lusitanienne; ils sont au nombre de quatre seulement : Crania anomala, Terebratulina caput-serpentis, Magellania cranium et Magellana sephgera. La Cranie de la Méditerranée est une variété du type, qui est Scandinave. Ces quatre espèces ont d’ailleurs une distribution géographique très étendue. RÉSUMÉ. all 4 La liste des Brachiopodes connus aux Açores est très sommaire ; elle se réduit à trois espèces fort intéressantes : Dyscohia Wyvillei, Tere- bratula sphenoidea et Magellana septigera, recueillies par l'expédition de l'Airondelle. H est à souhaiter que ces parages soient explorés de nouveau : leur position géographique entre l'Europe et les Bermudes rendra cette étude féconde en résultats. 5° Quelques-unes de nos espèces ont été signalées sur la côte orientale de l'Amérique du Nord. Comment s’est opérée cette diffusion? Dans un certain nombre de cas, on s'explique facilement la propagation d'espèces boréales par la Scandinavie, les îles Færôe, l'Islande, le Groenland, le Labrador, Terre-Neuve et la Nouvelle-Angleterre. C’est vraisemblable- ment ainsi que s’est propagé, jusqu'en Amérique, le Wagellania cranium et la forme de Z'erebratulina caput-serpentis à laquelle on a donné le nom de 7. septentrionalis. Mais la mème route n’a pu être suivie par le Platidia anomioides, espèce purement lusitanienne en Europe, et qui a pénétré aux Antilles, puis sur la côte Est d'Amérique, ainsi que d’autres formes lusitaniennes, par une voie encore obscure (courants froids à une époque ancienne ?). 6° On connait aujourd hui huit Brachiopodes des mers d'Europe repré- sentés dans les couches profondes de la mer des Antilles, soit par des formes identiques spécifiquement, soit par des formes très voisines et dont l’origine est probablement commune. Ces faits, qui résultent des travaux du comte de Pourtalès et de W. H. Dall, ont une portée considérable et concordent d’ailleurs avec des observations analogues dues aux natura- listes qui ont examiné les autres groupes d'animaux profonds obtenus prin- cipalement durant les travaux de dragages du H/ake. L'espèce de Cranie des Antilles est une forme représentative du Crania anomala, et qui a été décrite sous le nom de C. Pourtalesi, Dall; la Térébratuline est une forme représentative du Terebratulina caput-ser- pentis, décrite sous le nom de 7°. Caillen, Crosse; une des Térébratules est une variété, d’ailleurs méditerranéenne, du Zerebratula vitrea (T. affi- ris, Calcara) ; l’autre, quoique décrite sous un nom spécial (7. Cubensis, Pourtalès), ne diffère pas du 7°. sphenoidea, Philippi; lespèce de Magel- lama des Antilles (. Floridana, Pourtalès) est suffisamment distincte, 112 BRACHIOPODES. par sa forme, du #. septigera, Lovén, pour pouvoir être facilement reconnue, mais appartient au même groupe; le Plañha anonmnoides des Antilles est une faible variété du type méditerranéen. Une autre espèce bien intéressante de la faune méditerranéenne a été draguée aux Antilles : le Thecidea Mediterranea, Risso ; mais elle ne figure pas au nombre des Brachiopodes que nous avons obtenus durant les expéditions du 7ravail- leur et du Talisman. On peut donc dire, au sujet des Brachiopodes lusitaniens retrouvés aux Antilles, qu'il y a représentation plutôt qu'identité : ce qui prouve que la séparation des colonies lusitaniennes et caribéennes remonte à une époque assez reculée, pour que des races tranchées aient eu le temps de se constituer de chaque côté de l'Atlantique. Mais quand on examine les autres animaux marins profonds et qui sont communs à la mer des Antilles et à la province Lusitanienne, on trouve que leur nombre a beaucoup augmenté depuis la publication des maté- riaux recueillis par le Blake. Voici une liste des principales espèces de Mollusques vivant dans les grands fonds des deux côtés de l’Atlantique : mers d'Europe d'une part, côtes occidentales d'Amérique et mer des Antilles d’autre part, d’après les récents travaux de W. H. Dall (1) : Amussium Hoskynsi, Cuspidaria striata, Pecten imbrifer, Thracia phaseolina, Lima hians, Actæon exilis, Spondylus Gussoni, Scaphander punctostriatus, Modiola polita, T'aranis cirrala, Limopsis minuta, Oocorys sulcata, — aurila, | Dolium Crosseanum, Arca pectunculoides, Triforis perversa, Nucula Ægeensis, Cerithiopsis Metaxa, Leda Messaniensis, Eulima intermedia, Cryptodon flexuosus, Cocculina spinigera, Syndesmya longicallis, Solariella amabilis, Poromya granulata, Seissurella crispata, Verticordia acuticostata, Propilidiun ancyloide, Cuspidaria rostrata, Cranopsis Asturiana, = costellata, Dentalium agile. (4) Report on the Mollusca, part 1 et 2 (Bulletin of the Museum of Comparative Zoology at Harvard College, vol. XII, n° 6, 1886, et vol. XVIII, 1889). RÉSUMÉ. 113 Les Echinides de mer profonde, communs aux Antilles et aux mers d'Europe, sont également nombreux. La liste suivante est relevée dans les travaux d'A. Agassiz : Dorocidaris papillata, Arbacia pustulosa, Asthenosoma hystrix, Phormosoma placenta, — Uranus, Strongylocentrotus Drobachiensis, — lividus, Echinus esculentus, — aculus, — elegans, — Norvegicus, — Wallisi, Echinocyamus pusillus, Pourtalesia miranda, — Jeffreysi, Spatanqgus purpureus, Echinocardium cordatum , = flavescens, — pinnalifidum, Brissopsis lirifera, Ærope rosbrala, Brissus unicolor, Schizaster fragiles. Les mêmes résultats sont confirmés quand on examine la liste des espèces appartenant aux autres classes d'Échinodermes (Astérides, Ophiu- rides, Holothurides et Crinoïdes). La courte liste suivante est dressée d’après les travaux de Pourtalès, Lyman et A. Agassiz (1) : Pteraster mailitarts, Asteracanthion tenuispinum, Gorgonocephalus arborescens, Amphiuwa squamata, Echinocucumis typica, Cucumaria frondosa, Molpadia borealis, Astronyx Loveni, Rhizocrinus Lofotensis. D'autre part, les dragages profonds de l’A/batross sur la côte orientale des Etats-Unis ont montré également l'existence, dans ces parages, de nom- breuses formes profondes des mers d'Europe (2) : Pennatula aculeata, — borealis, Balticina Finmarchica, Bolocera Tuediæ, Sagartia abyssicola, Lophohelia prolifera, Desmophylhum crista-gatli, Psolus phantapus, Cribrella sanguinolenta, Pieraster militaris, Archaster arcticus, — Pareli, — tenuispinosus, Crangon vulgaris, Eupagurus Bernhardus, Capulus Hungaricus, Torellia vestita, Sequenzia formosa, Aclis Walleri, Leptochiton alveolus, (1) Bullelin of the Museum of Comparative Zoslogy, n° 9-13, 3° série, 4869. (2) Annual report of the Commissioner of Fish and Fisheries for 1883, by A.-E. Verrill. (TALISMAN. — Brachiopodes. L5 114 BRACHIOPODES. Eulima stenostoma, Cryptodon ferruginosus, Philine quadrata, Montacuta tumidula, Amphisphyra globosa, Malletia obtusa, Siphonodentalhum vitreun, Nucula tenuis, Xylophaga dorsalis, Limopsis minuta, Cuspidaria rostrala, Dacrydium vitreum, — obesa, Pecten fragilis. Pecchiolia abyssicola, | Il résulte de ces faits, que la faune profonde de la mer des Antilles et de la côte Est de l'Amérique du Nord montre beaucoup d’affinités avec les formes européennes profondes ou de moyenne profondeur; tandis que les faunes superficielles correspondantes sont très distinctes. Quelle est la raison de la discordance actuelle de ces faunes superficielles et de la concordance des faunes profondes? Nous ne pouvons invoquer ici que la diffusion, en Amérique et en Euroque, d'espèces vivant dans les couches froides du nord de l’Atlantique et qui se sont propagées par des courants froids plus ou moins profonds et occupant le fond des mers. Telle est l’ancienne hypothèse de Lovén, qui parait d’ailleurs concorder avec les faits. Elle explique notamment l'existence d’une faune profonde caracté- risée par quelques espèces scandinaves (fusus Bermoiensis, Sipho Islan- dicus, Lima excavata, Cuspidaria archica, Pecten seplemradiatus, ete.), et que nous avons trouvée jusque sur les côtes du Soudan (1), où elle con- traste singulièrement avec la faune superlicielle à caractère intertropical. Nous en avions conclu que la température de l’eau règle la distribution des animaux marins, plutôt que l'intensité de la lumière. B. DISTRIBUTION BATHYMÉTRIQUE. — Un simple coup d’æil jeté sur le tableau suivant (B) montre que les Brachiopodes sont les animaux qui s'adaptent le mieux à la vie dans les profondeurs de la mer. (4) P. Fiscuer, Comptes rendus de l’Académie des sciences du 24 décembre 1883. RÉSUMÉ. 115 Tableau B. ZONE ZONE ZONE ZONE ZONE TTO-/|DES LAMI-|[DES NULLI-| DES BRA- PRE LITTO-|DES LAMI-|DES NULLI-| DES BRA- | La pE RALE. NAIRES,. PORES. CHIOPODES 500-5000 m. 0. 0-98. 28-72 m. 72-500 m,. Crania anomala, var. turbinata Rhynchonella cornea Dyscolia Wyvillei Terebratulina caput-serpentis . . .... Eucalathis tuberata = ergastica Terebratula vitrea == sphenoïidea Magellania septigera — cranium — mons{truosa | — echinata Blade anomMOIdEs —- Davidsoni En effet, aueune de nos espèces ne vit dans la zone littorale de la pro- vince lusitanienne ; cinq espèces seulement (Crania anomala, Terebratu- una caput-serpentis, Terebratula vitrea, Mühlfeldtia truncata et Megathyris decollata) ont été signalées par les auteurs dans la zone des Laminaires ; huit dans la zone des Nullipores ; onze dans celle des Brachiopodes et des Coraux ; seize enfin dans la zone abyssale. Donc les espèces que nous avons draguées deviennent de plus en plus nombreuses à mesure qu’on descend vers les abysses, où toutes sans exception sont réunies, en supportant les conditions particulières de pression, d'absence de lumière et de compo- sition chimique de ces couches profondes. Cette propriété d’accommodation à la vie sous des pressions diverses a été déjà indiquée par Joubin, qui a vu des Wäÿhl/eldhia truncata et Crania anomala var. turbinata pèchés à d'assez grandes profondeurs (200 et 60 mètres) et vivant ensuite avec la plus grande facilité dans les cuvettes d’un laboratoire. Si les Brachiopodes en général habitent les eaux profondes, on est porté à conclure que leur abondance dans un gisement fossilifère indique que ce 116 BRACHIOPODES. dépôt s’est effectué profondément, du moins dans nos régions. Mais cette proposition n'est pas absolue sous d’autres latitudes où certains Brachio- podes vivent dans la zone littorale ou à la partie supérieure de la zone des Laminaires, par exemple : Araussina Lamarckiana, Magellania flavescens, Mühifeldhia sanquinea, Magasella Cumingi, Lingula anatina, Glottidia pyramidalis, ete. On remarquera que sur nos seize espèces, cinq sont exclusivement abyssales (Ahynchonella cornea, Dyscolia Wiyviller, Eucalathis tuberata, E. ergastica, Mühlfeldtia echinata). Ce fait nous parait avoir une certaine importance au point de vue de ses applications géologiques, dans le cas, par exemple, où l’on aurait à apprécier la profondeur probable à laquelle s'est déposée une couche fossilifère renfermant quelques représentants des espèces précitées. C’est précisément ce qui arrive aux environs de Messine, où Seguenza a recueilli dans son étage Zaneléen (Pliocène inférieur) les espèces suivantes (Dyscoia Guiscardiana, Müllfeldtia granulata et Rhyn- chonella Sicula) très voisines et par conséquent représentatives de nos formes abyssales nommées à l’état vivant : Dyscola Wyviller, Mühlfeldtia echinata et Rhynchonella cornea. Pour nous, c’est dans ces gisements du Zancléen de Sicile qu'on peut retrouver la faune des abysses de la Méditer- ranée, à l’époque du Pliocène inférieur. C. DisrriBurIoN STRATIGRAPHIQUE. — Le résultat dominant qui se dégage de l'étude de la répartition stratigraphique de nos seize espèces de Brachio- podes, est que treize d’entre elles sont fossilisées dans les dépôts pliocènes de l'Italie méridionale (Sicile et Calabre), où on les a trouvées soit iden- tiques, soit remplacées par des formes très voisines et appelées à juste titre représentatives. Rien n'empêche de considérer ces formes représentatives comme ancestrales des formes actuelles, ou comme des rameaux à peine divergents d’une souche commune. Les autres dépôts fossilifères pliocènes européens ne renfermant qu'un nombre très restreint de Brachiopodes communs avec ceux que nous exXaminons, il nous parait inutile d'en faire mention. RÉSUMÉ. 117 Tableau cC. ÉOCÈNE. MIOCÈNE. CHHORE QUATERNAIRE. Crania anomala, var. turbinata... .. < Hbynehonellé EOrRER NET NE. R (1) DÉCO AN LENS R (2) Terebratulina caput-serpentis. . . . ... < >< >< Bucalathis tuberala ere EEE — CRÉENT ee ce Hérebratula vire ee C. - X ? X XX — Ssphenoidea 2 2: - +... Le Masellamarseptigeras 24e X< | X (3) << —- CLAIR ES A a ee >< (2) >< Müunlfelduateuncala "0. an XX X< — MONSTEUOS PE Ce ; — echinala- 4... 1: >< Ù nn Davitsonies se Me - rec > Mésalhyris decolafa "#2. << > De (4) La lettre R indique que le fossile n’est pas absolument identique avec la forme vivante et qu'il peut être considéré comme une forme représentative. C’est ici le Rhynchonella Sicula. — (2) Dyscolia Guiscardiana. — (3) Magelluniu Peloritana et Magellania septalu. — (4) Magellania euthyra. — {5) Mullfeldtia granulatu. Cette faune pliocène de Brachiopodes présente quelques particularités intéressantes. D'abord, l'obscurité de ses origines dans les dépôts éocènes, où deux espèces seulement (T'erebratulina caput-serpentis et Megathyris decollata) sont représentées, et dont la première a certainement sa souche dans les terrains erétacés. Ensuite la rareté de types analogues ou iden- tiques dans les couches miocènes de l'Europe qui se sont déposées dans des mers peu profondes et relativement plus chaudes. Enfin la présence de types qui se sont éteints sur place durant ce Pliocène du sud de l’Europe, qui manquent par conséquent dans les eaux de la Méditerranée actuelle, et qui pourtant sont représentés aujourd’hui dans l'Atlantique. C’est ainsi que les Rhynchonella Sicula, Dyscolia Guiscardiania et Mühlfeldtia granulata, du Zancléen de Sicile, ont disparu de la Méditerranée, mais ont laissé des rameaux Consanguins dans l’Atlantique, où on les catalogue sous les noms 118 BRACHIOPODES. de Ahynchonella cornea, Dyscolia Wyvillei et Mühlfeldtia echinata. De même, les Magellania Peloritana, Magellania euthyra et Terebratula sphe- noidea, du Zaneléen de Sicile, aujourd’hui en voie d’extüinction dans la Méditerranée, abondent dans lAtlantique où ils sont connus sous les noms de Magellania septigera, Magellania cranium et Terebratula Cubensis. D'où provient l’extinction dans la Méditerranée pliocène ou actuelle, de ces espèces, abyssales pour la plupart, et prospérant dans l’Atlantique ? Nous pensons qu'elle est due à un changement important survenu après les dépôts pliocènes et qui a eu pour effet de modifier sensiblement la tem- pérature de la Méditerranée. La communication de l'Atlantique avec la Méditerranée a dû se rétrécir et se réduire aux dimensions actuelles du détroit de Gibraltar; la propa- gation des espèces abyssales, dont l’Atlantique est le grand réservoir, est devenue plus difficile par l’exhaussement du fond du détroit; la tempé- rature de la Méditerranée qui était assez froide sur certains points pour y permettre l'existence de mollusques relégués aujourd’hui au nord de l'Europe (Saxicava Norvegica, Mya truncata, Cyprina Islandica, Mactra solida, Tellina calcaria, Crenella decussata, Trichotropis borealis, Admete viridula, Buccinum Groenlandicum, ete.), et qui sont fossilisés dans le Pliocène de Ficarrazzi (1), s’est élevée sensiblement; les courants froids du littoral atlantique de l'Espagne et dont nous avons trouvé la trace dans des dépôts sous-marins au voisinage de Cadix (d'âge probablement quaternare etrenfermant des Wya truncataet Cyprina Islandica) ont pù être détournés ; en un mot la Méditerranée est devenue une mer se comportant comme si elle était fermée, à température de fond fixe et relativement élevée (+ 13° environ), bien différente par conséquent des eaux de PAtlantique où la température est décroissante et où les espèces abyssales vivaient à une température variant entre + 5° et 0°. Ces espèces abyssales n'ont pu supporter un changement de température aussi marqué. C’est donc avec le Plioeène que la Méditerranée prend son contour actuel, qu'elle est constituée avee ses véritables caractères et que l’ère moderne commence. Elle n'offre aueun rapport avec la mer falunienne du midi de CE (1) MoxrerosarTo, Bolletino del R. Comitato geoloyico, n°5 4 et 2, 1877. RÉSUMÉ. 119 l’Europe, où l'Atlantique communiquait avec ce qui constitue aujourd’hui la Méditerranée oceidentale, au moyen d’un large détroit dirigé de l’ouest à l’est par la vallée du Guadalquivir, et où d'autre part, l'océan Indien mélait ses eaux avec ce qui forme l’emplacement de la Méditerranée orientale. En résumé, on peut établir, d'après les documents paléontologiques, qu’il y a eu dans la Méditerranée un refroidissement durant la période pliocène, et que la température s’est relevée ensuite, durant la période quaternaire, pour devenir constante dans les grands fonds. Dans ces conditions, il est à croire que les formes abyssales de la Méditerranée s’y éteindront pro- bablement, et que plus on s’éloignera de Gibraltar vers l'Est, plus ces formes seront rares ou décroissantes. APPENDICE L'impression de ce mémoire était presque achevée, lorsque notre con- frère le marquis de Folin nous a communiqué une série importante de petits Brachiopodes qu'il avait triés dans des fonds de dragues et de cha- luts provenant de l’Expédition du Zalisman (1883), et qu'il examinait pour l'étude des Foraminifères. Nous y avons reconnu quelques espèces non cataloguées ci-dessus, et qui rendent nécessaire le présent appendice. Le nombre total des Brachio- podes des Expéditions du Travailleur etdu Talisman est, en conséquence, porté à vingt et un. En outre, l'envoi de M. de Folin nous a permis d'ajouter quelques nouvelles stations de Brachiopodes à celles que nous avions déjà relevées, et de donner des observations plus précises sur l’appareil d’une espèce intéressante et rare : l’£wcalathis tuberata. Genre DISCINISCA, Dall. 17. Discinisca atlantica, King, sp. en à 1868. Discina atlantica, King, Proceed. of nat. hist. Soc. Dublin, vol. V, p- 170-173. 1871. — — Dall, Bull. ofthe Mus. of comp. z00l. Cambridge, vol. HE, n° 4, p. 42. 1873. Discinisca — Dall, Proceed. of Acad. nat. sc., Philadelphia, p. 171. 1876. Discina — Jeffreys, Ann. and Mag. of nat. hist., # série, vol. XVIII, p. 252. 1878. — — Jeffreys, Proceed. of Zool. soc. London, p. 415. 1880. — — Davidson, Voy. of Challenger, Brachiopoda, p. 62. 1888. Discinisca — Davidson, Trans. of Linn. soc. London, 2 série, vol. IV, p. 200, pl. XX VI, fig. 18-22. Nous n'avons pas vu de spécimens de cette espèce, que Gwyn Jeffreys aurait reconnue parmi des coquilles de petite taille et probablement non adultes, qui ont été soumises à son examen par notre confrère le marquis APPENDICE. 121 de Folin. Les notes de Jeffrevs qui nous ont été communiquées par sa famille indiquent la présence du Discinisca atlantica dans les localités suivantes : Stations : 1. Talisman, 1883. Dragage 42. — 23 juin. — Profondeur 2,200 m. Au large d'Agadir (Maroc). 2. — 1883. Dragage 144. — 22 août. — Profondeur 2,995 m. Au nord de Saü- Miguel (Acores). Distribution géographique. — Cette espèce parait avoir été recueillie pour la première fois en 1862, à l’ouest de l'Irlande, par le capitaine Hoskyns, commandant le Porcupine, et chargé de travaux hydrographiques pour la pose du câble télégraphique entre l'Irlande et Terre-Neuve. L’Expédition du Valorous a montré que ce Brachiopode existait dans le nord de lAtlantique et jusque dans la baie de Baffin ; celle du Challenger, l’a retrouvé dans les parages les plus éloignés : dans l'Atlantique, entre les iles du Cap-Vert et l'ile Fernando de Noronha (Brésil) ; dans le nord du Pacifique, dans les mers du Japon, de l'Australie, des Célèbes, ete. D'au- tre part, Verrill l’a obtenu sur plusieurs points de la eôte Est de l’Améri- que du Nord, où on le drague depuis la mer de Baffin jusqu'au littoral de la Géorgie, et jusqu'au voisinage des Bermudes. En ajoutant à ces localités variées les stations du Z'alisman : côte occidentale du Maroc et Açores, on a un aperçu de la large répartition de l'espèce. Distribution bathymétrique. — Dans toutes les stations où la drague a ramené ce Brachiopode, la profondeur parait considérable : elle est de 2,267 à 4,389 mètres entre l'Irlande et Terre-Neuve au nord de l’Atlan- tique; de 1,260 à 2,652 mètres dans la mer de Baffin; de 3,383 mètres entre les iles du Cap-Vert et le Brésil; de 3,987 mètres aux Bermudes ; de 2,995 mètres aux Acores; de 2,200 mètres sur la côte du Maroc; de 2,288 à 3,696 mètres sur la côte de la Nouvelle-Angleterre; de 3,429 à 3,149 mètres dans le Pacifique. La distribution bathymétrique serait donc partout abyssale, à l'exception peut-être d’une seule station indiquée par le Challenger dans les parages des Célèbes et dont la profondeur est de 369 à 658 mètres. La plus grande profondeur (4,435 mètres) a été rele- vée par le Challenger. (TALISMAN. — Brachiopodes.) 16 129 BRACHIOPODES. Distribution stratigraphique. — Klle nous est inconnue. Cependant Jeffreys et Prestwich ont considéré comme très voisin du Discinisca atlan- tica, un fossile du Crag corallin de Sutton, dont la détermination a pré- senté beaucoup de difficultés : S. Wood, en effet, l’a nommé d’abord Discina Norvegica, Linné, puis D. fallens (1); Davidson après l'avoir consi- déré comme synonyme de l'Orbicula lamellosa, Broderip, a accepté pour cette forme fossile le nom de /). fallens, S. Wood, en reconnaissant ainsi qu'elle présentait des caractères distinetifs suffisants. Dans la partie infé- rieure du Miocène de Belgique (Etage diestien), Bosquet a signalé un Bra- chiopode du même groupe, décrit sous le nom de Hiscina Suessi, mais qui semble très différent du iscinisca atlantica. Genre NEATRETIA, P. Fischer et D.-P. OEhlert. 18. Neatretia gnomon, Jeffreys. 1869. Cryptopora (2) qgnomon, Jeffreys, Nature, vol. I, p. 136. 1869. Atrelia — Jeffreys, Proc. Roy. Soc., vol. XVIII, p. 421. 1873. Dimerella — Dall, Proceed. Acad. nat. sc. Philadelphia, p. 197. 1874. Atretia — Davidson, Brit. Brach. fos., vol. IV, p. 7, pl. I fig. 7-10. 1887. — —- Davidson, fecent Brachiopoda, p.173, pl. XXV, fig. 6-13. Coquille de petite taille, triangulairement ovalaire, comprimée, arrondie latéralement, légèrement flexueuse à la partie antérieure, anguleuse en arrière ; bord palléal tranchant; commissure sinueuse ; ligne cardinale étroite et arquée; valves inégalement bombées ; la ventrale, un peu plus profonde que la dorsale, est pourvue d’un large pli médian un peu aplati au sommet, commençant vers le milieu de la longueur de la valve et allant en s’élargissant jusqu'au front ; la dorsale avec une dépression correspon- dante relevant le bord frontal. Surface lisse, ornée de stries concentriques (4) Davidson, 1874, Suppl. to the Brit. tert. Brachiopoda, p. 12, pl. I, fig. 11 (Palæont. Society). (2) Le nom générique Cryplopora proposé par Jeffreys en 1869 est plus ancien que celui d'Afretia, mais il existait déjà dans la nomenclature zoologique un genre Cryptoporus établi en 1858 par Motschulsky pour un Insecte. C'est probablement pour éviler la confusion entre Crypto- pora et Cryploporus que Jeffreys à choisi le nouveau nom générique Atretia qui n’est pas plus heureux, car Cope avait institué en 1861 un genre Atretium, ayant le même radical et ne différent que par sa désinence. A l'extrême rigueur, Cryptopora et Atretia doivent disparaitre de la nomenclature, étant primés par Cryptoporus et Atreltum : en arrivant à cette nécessité, nous proposerons de remplacer ces dénominations d’un même Brachiopode par celle de Neatretia. APPENDICE. 123 d’accroissement (1). Test fibreux, imperforé, mince et transparent, avec des prismes de grande taille. Coloration blanche. Valve ventrale avec un crochet médiocrement saillant, acuminé, faible- ment incurvé, sous lequel se trouve un foramen triangulaire, marginé à « b e AN EAN : PEN (t / 1 4 / À \ Ne \ > / Der SK) Fig. 11. — Neatretia gnomon. — a, intérieur de la valve ventrale ; b, intérieur de la valve dorsale ; ce, valve dorsale vue de profil. Gros. 5/1. sa base par l’umbo de la valve dorsale, et latéralement par deux relève- ments du bord, triangulaires, étroits et allongés. À l’intérieur, immédia- tement à la base de l’ouverture, les dents très petites, sont supportées par des cloisons rostrales courtes et divergentes. Valve dorsale sans plateau cardinal; processus à peine saillant, trans- verse, placé immédiatement au bord postérieur et se reliant latéralement avec les rebords des fossettes où prennent naissance les deux cruras; ceux-ci grèles, divergents, s'étendent sur un cinquième environ de la longueur de la valve et, près de leur extrémité qui est tricuspide, ils opèrent un mouvement de torsion sur eux-mêmes. À la base du processus, il existe un petit renflement d’où part un septum subtriangnlaire mince, s’élevant graduellement, et dont le sommet tronqué suivant une ligne droite va rejoindre le fond de la valve dorsale; ce septum est profon- dément échancré à sa partie antérieure. Dimensions : Longueur à mm.; largeur 4 mm. 1/2; épaisseur 1 mm. 1/3. Stations : 1. Talisman, 1883. Dragage 42. — 93 juin. — Profondeur (2,200 m. Maroc, au large d'Agadir. de — 1883. Dragage 144, — 22 août. — Profondeur, 2,995 m. Au nord de Saô- Miguel (Acores). 3. _ 1853. Dragage 147. — 24 août. — Profondeur 4,060 m. Au nord des Acores. (1) Nous n'avons pas observé sur nos échantillons les côtes rayonnantes signalées par Jeffreys. 124 BRACHIOPODES. Distribution géographique. — Cette espèce parait propre jusqu’à présent à l'océan Atlantique, où elle a été draguée sur plusieurs points : au large de l'Irlande par le Porcupine; au nord de l'Atlantique et dans la mer de Baffin par le Valorous ; au large de Tromsô (Finmark), par l'expédition norvégienne de 1877 (Friele). Sur la côte orientale de l'Amérique du Nord, elle est aussi répandue depuis le Labrador jusqu’au détroit de la Floride (W. H. Dall). En 1884, Verrill a pu en draguer deux cent vingt-cinq exemplaires, presque tous vivants, sur le littoral de la Nouvelle-Angleterre. Le T'alisman a ajouté à ces localités les parages du Maroc et des Açores. Distribution bathymétrique. — Tous les documents relatifs à la distri- bution en profondeur indiquent que ce Brachiopode est abyssal. Dans le détroit de Davis et la mer de Baffin, sa profondeur est de 2,011 à 3,200 mètres ; au nord de l'Atlantique et au large de l'Irlande, de 2,267 à 2,052 mètres; au large du Finmark, de 1,188 mètres; sur la côte de la Nouvelle-Angleterre, de 2,789 à 2,915 mètres; sur la côte du Maroc, de 2,200 mètres ; enfin dans les parages des Açores, de 2,995 à 4,060 mètres. Distribution stratigraphique. — Inconnue. Observations. — En décrivant brièvement son Cryptopora gnomon (1), Jeffreys signalait comme caractères spéciaux, l'absence de perforations dans le test et l'existence d’un septum à la valve dorsale (2). La même année, il (3) cita de nouveau ce Brachiopode, mais en l'appelant Atretia gnomon, nom sous lequel il est plus généralement connu. Des spécimens de cette forme, très divers comme taille, mais présentant toujours les mêmes caractères, ont été de nouveau retrouvés, de telle sorte que ce type ayant été bien établi, et étant reconnu par tous les auteurs, il restait à savoir près de quel genre il devait être placé. Postérieurement à la création du genre Cryptopora (Atretia), M. Zittel a signalé (4) dans le calcaire triasique de Lupitsch, un Brachiopode de forme trigone et surbaissée, orné de côtes rayonnantes, avec une valve dor- sale comprimée portant un sinus médian, et munie d’une aréa possédant (4) Depuis cette époque, le nom de Cryptopora a été de nouveau pris par M. Nicholson (1874) pour un genre de Bryozoaires dévoniens; type : Cryptopora mirabilis. (2) Jeffreys, 1869. Nature, vol. I, p. 136. (3) Jeffreys, 1869. Porcupine Prelim. Notice, Proceed. roy. Soc. London, vol. XVIII, p. 421. (4) Zitlel, 1870. Paleont. Dunk. Meyer, t. XVII, p. 220, pl. XLI, fig. 24-27. 0 APPENDICE. 125 une large ouverture triangulaire sans pièces deltidiales, car nous ne pouvons donner ce nom à l’épaississement marginal des bords du foramen ; le test est imperforé et les eruras sont analogues à ceux des Rhynchonellidæ ; en outre, cette forme est caractérisée par l'existence d’un septum dorsal très déve- loppé, s'étendant du crochet au bord frontal et touchant au fond de la valve ventrale dans la moitié antérieure de la coquille, de telle façon qu'il divise la cavité interne en deux chambres distinctes. Par ce dernier caractère, le genre Dimerella, qui d’ailleurs appartient sûrement aux Rhynchonellidæ, mérite d’être rapproché de Veatrelia, mais on ne peut l'identifier avec lui, ainsi que l’a proposé M. Dall (1) qui désigne l’espèce de Jeffreys sous le nom de Dimerella gnomon (2). La forme générale et sur- tout le développement si caractéristique du septum dans Dimerella suffisent pour distinguer ces deux formes, dont l’une est triasique et l’autre vivante. Le rapprochement qui a été signalé entre Veatretia et le genre Mannia, Dewalque (3), par Davidson (4), ne nous parait pas admissible : les cruras dans le premier genre, se comportent comme dans les Rhynchonellideæ, et leurs extrémités denticulées, entièrement libres, ne vont pas rejoindre le sommet du septum; Mannia au contraire, par la disposition de ses cruras, parait être plutôt une forme voisine des Magas: la présence de deux la- melles divergentes s’élevant de l’extrémité du septum vient confirmer cette manière de voir, que l'absence de perforations, si le fait a été bien constaté, pourrait seule contredire. Nous admettons que Veatretia est un Brachiopode adulte, appartenant à la famille des Rhynchonellidæ, et devant se placer près du genre triasique Dimerella, dont il semble être un représentant dans les mers actuelles. Genre GWYNIA, King. 19. Gwynia capsula, Gwyn Jeffreys, sp. 1859. Terebratula capsula, Jeffreys, Ann. and Mag. of Nat. Hist., 3° sér. vol. IL, p. 43, pl. Il, fig. 7 a, b. (4) Dall, 14877. Index Brachiopod. (Bul. Unit. Stat. Museum, p. 26 et 78). (2) Dall, 14873. Catal. Rec. sp. Brach. (Proceed. Acad. Nat. Sc. of Philadelphia, p. 197). (3) Dewalque, 1868. Prod. Descript. Géol. Belg., p. 432. — Davidson, 1874, On the tert. Brach. Belg., (Geol. Mag., 2° sér., vol. IT, p. 156), pl. VIL, fig. 40-13). (4) Davidson, 1874, Brit. foss. Brach., vol. IV, p. 7, pl. E, fig. 7-10. 126 BRACHIOPODES, King, Proceed. Dubl. univ. zoo. bot. Assoc., vol. I, p. 258, fig. 1-5. 1859. Guwynia capsula, 1863. Argiope — Jeffreys, Brit. Conchol., vol. IT, p. 24. 1SS6. Wegathyris capsulata, Locard, Prodr. de Malacol, française, p. 598. 1887. Guwynia capsula, Davidson, On Recent Brachiop., p. 150, pl. XXI, fig. 28 a, b, c, et 29. 1) Coquille de très petite taille, Hinguiforme, presque équivalve, la valve ven- trale étant cependant un peu plus profonde que la dorsale; contours latéraux et frontal arrondis; commissure rectiligne ; charnière droite, au-dessus de laquelle s'élève le sommet de la valve ventrale, saïllant, acuminé à son « b ce d e Ja Ses NS D PAT RR A f / ) \ TRS + / Pen) } =— Fz- / | \ D \ | LE) HN à 2300) | LA SRE 2/4 \} — =— V Fig. 12. — Gwynia capsula. — a, vu du côté ventral; b, vu du côté dorsal; e, vu de profil; d, vu de front; 10 e, iutérieur de la valve ventrale; f, intérieur de la valve dorsale, Gros. 1. ) extrémité, avec une grande ouverture triangulaire qui en occupe toute la hauteur; à la base on voit la saillie du rebord des fossettes et le sommet du processus cardinal. Surface lisse avec quelques stries d’accroissement. Test très mince, avec des perforations très distinctes et assez distantes les unes des autres. A l’intérieur, bras directement fixés au fond de la valve et simplement , Ï arqués l’un vers l’autre. Dimensions : Longueur 1 mm. 3/4; largeur 1 mm. 1/5. Stations : 1. Talisman, 1883. Dragage 75. — 9 juillet. -— Profondeur 882 m. Côte du Soudan. Le — 1883. Dragage 147. 2% août. —- Profondeur 4,060 m. Au nord des Acores. Distribution géographique. — Cette espèce vit sur les côtes desiles Britanniques : à Weymouth et à Plymouth (Angleterre), dans la baie de Dublin et sur les plages du comté d’Antrim (Irlande). Elle parait assez commune à Jersey et à Guernesey (iles anglo-normandes). Dans ces diverses localités, elle est généralement fixée dans les cavités des vieilles coquilles APPENDICE. 127 bivalves (Pectunculus), où dans des amas de Bryozoaires calcaires (Lepralia). Sur le littoral de la Hollande, elle a été trouvée par Col- beau. En France, Jeffreys l’a draguée à Étretat (Seine-[nférieure) et Terquem en a obtenu quelques rares spécimens à Dunkerque. Nous croyons qu’elle n’a pas été signalée dans la Méditerranée. Sa présence sur les côtes du Maroc et des Açores peut paraitre au premier abord un peu surprenante, mais il ne faut pas oublier que ce Brachiopode, à cause de sa très petite taille, a pu échapper à l’attention des naturalistes qui ont exploré le sud- ouest de la France, le Portugal et la Méditerranée. Distribution bathymétrique. — D'après les documents fournis par Jeffreys, le Gwyria capsula est ordinairement obtenu par 32-45 mètres; il vit donc dans la zone des Corallines et des Nullipores. Mais il résulte des observations de Duprey que sur les côtes de Jersey, on peut en pècher quelques exemplaires à la limite inférieure de Ia zone littorale. D'autre part, les dragages du Z'a/isman montrant que cette espèce vit dans la zone des abysses, à 882 mètres et a 4,060 mètres, il en résulte qu'elle peut par- courir toute la série bathymétrique depuis la zone littorale jusqu’à la zone abyssale. Distribution stratigraphique. — Le Gwynia capsula à été (trouvé par Sars au nombre des fossiles des plages soulevées de Kirkoën, près Chris- tiania. Le dépôtde Kirkoën est considéré comme post-glaciaire. Observations. — Cette espèce, qui a été signalée pour la première fois par Jeffreys sous le nom de Zerebratula capsula, a été considérée par King, comme fournissant des caractères suffisamment distincts pour créer un genre auquel il a donné le nom de Giwynia; cet auteur prenait comme caractère principal la fixation directe des bras au fond de la valve dorsale. Depuis, Jeffreys ayant retrouvé la mème forme dans les dragages du Lightning et du Porcupine, admit que Gwynia n'était qu'un sous-genre de Megathyris (— Argiope) caractérisé par l'absence de septum. C'est sous ce nom que nous rencontrons cette espèce dans les ouvrages publiés par Jeffreys. Quant aux auteurs, ils ont conservé, ainsi que nous le faisons nous-mêmes, le nom de Gwyma, tout en faisant des réserves sur la va- leur de ce genre qui n’est sans doute qu’une forme jeune. Toutefois nous 128 BRACHIOPODES. ne croyons pas avec MM. Dall({) et Deslongchamps (2), qu'elle représente un des premiers stades du Wacandrewia cranium, étant donné que les spécimens de celui-ci ayant seulement 1 millimètre de long, possèdent déjà un appareil apophysaire bien défini. Nous ne croyons pas davantage que Gwynia soit un jeune de WMegathyris où de Cistella, suivant l'opinion émise par MM. Friele et Jeffreys; ce dernier pensait qu’elle appartenait au Cistella Neapolitana (3). Genre PLATIDIA, Costa. 20. Platidia (?) incerta, Davidson, sp. 1880. Magasella incerta, Davidson, Rep. on the Brach. Challenger, Zool., p. A7, pl. IV, fig. 6 a, b. 1887. — — Davidson, On recent. Brachiop., p. 101, pl. XVIIL, fig. 2, 3a. Coquille de petite taille, ovalaire, plus longue que large, arrondie anté- rieurement et latéralement, anguleuse postérieurement, atteignant sa plus grande largeur près du bord frontal; ecommissure rectiligne ; bord palléal a b C _ RTS T= ( D 1 | / —=\ / \ / / \/ \(< \ /. NA { / A@ | | | Y À | Eee | / | | | V |: | Fig. 13. — Platidia (?) incerla. — a, vu du côté dorsal; b, intérieur de la valve dorsale; e, valve dorsale vue de trois quarts. Gros. #. tranchant; ligne cardinale droite; valves également et faiblement con- vexes, sans pli médian ni sinus. Surface lisse. Test mince, traversé par de nombreuses perforations. Coloration d’un blanc jaunûtre. Valve ventrale avec un crochet droit et acuminé; le dessous de ce cro- chet est aplati en une sorte d’aréa, munie au centre d’un large foramen triangulaire qui en occupe toute la hauteur; ce foramen est limité latéra- (1) Dall, Index Class, Brach., p. 30. (2) Deslongchamps, Étud. Crit. Brach. nouv., p. 212. (3) Jetfreys, Brit. Conch., vol. IT, p. 22. APPENDICE. 129 lement par un étroit épaississement marginal, et antérieurement par les bords relevés des fossettes. A l’intérieur, dents petites, mais bien accusées et convergentes ; pas de cloisons rostrales. Valve dorsale avec un bord postérieur entier et un umbo très distinet ; à l'intérieur, appareil apophysaire comme chez Plata, mais s'étendant sur la moitié environ de la longueur de la valve; de plus le septum auquel viennent se souder les branches descendantes, au lieu de se terminer brusquement comme dans ce genre, s’abaisse graduellement et s’avance en avant au delà de l'appareil; l'extrémité libre du pilier septal est simple et non bifide. Dimensions : Longueur 3 mm. ; largeur 2 mm.; épaisseur 1 mm. Stalions 1. Talisman, 1883. Dragage 99. — 15 juillet. — Profondeur 2,233. Devant le banc d’Arguin (Soudan). F — 1883. Dragage 100. — 15 juillet. — Profondeur 2,324. Devant Arguin. 3. — 1883. Dragage 144. — 92 août. — Profondeur 2,295. Au nord de Sao Miguel (Acores). Distribution géographique. — Les seuls spécimens eonnus de cette espèce avaient été dragués par le Challenger à l'ouest de l'ile de Saint- Thomas (Antilles). Distribution bathymétrique. — Va profondeur à laquelle le Challenger a obtenu ce Brachiopode est de 713 mètres. L'espèce est done abyssale, et les dragages du Z'alisman lui donnent une extension plus considérable x en profondeur : de 2,324 à 2,995 mètres. Distribution stratigraphique. — Inconnue. Observations. — Nous désignons sous le nom générique de ?/atidia cette espèce, qui n'est peut-être pas une forme entièrement adulte, mais dont l'appareil brachial présente une telle ressemblance avec celui du Platidia anomioides, qu'il est naturel de l’en rapprocher; tout au plus pourrait-on objecter que le contour général n’est pas le même, étant transversalement arrondi dans les Platidia, tandis que dans le P. incerta il est ovale-allongé ; de plus, le sommet de la valve dorsale n’est pas échancré, l’appareil bra- chial et le septum s’avancent jusqu’au milieu de la valve; enfin le septum au heu de s'élever perpendiculairement est échancré à sa partie antérieure. (TALISMAN. — Brachiopodes ) an 130 BRACHIOPODES. Tous ces caractères n’ont du reste qu'une valeur secondaire et purement spécifique. Si l’on admet que ce Brachiopode n’est qu’un stade dans l’évolution d’une espèce, il nous parait impossible d'y voir une forme jeune de la famille des Magellanidæ; son septum médian n’a nullement les caractères du pilier septal indiqué dans les Magellania septigera et M. cranium, lorsque ces espèces sont très jeunes. Parmi les Brachiopodes dragués par le Challenger, Davidson a signalé une forme, trouvée près de l’île Saint-Thomas (Antilles), qui est analogue à la nôtre par la taille et par les caractères externes ; de plus, la disposi- tion de l’appareil brachial paraît être la même dans les deux cas. Davidson a cru devoir rattacher cette espèce au genre WMagasella, Dall, tout en émet- tant des doutes sur sa véritable place générique, et en indiquant qu’elle pourrait bien n'être qu'un état jeune du Z'erebratella dorsata. Dans sa monographie des Brachiopodes vivants, le même auteur a sim- plement reproduit la description et la figure du Wagasella incerta, mais il le réunit aux espèces douteuses du genre créé par Dall. Ce genre du reste a été diversement compris par les auteurs qui ont varié sur le choix du type et qui pensent qu’un certain nombre des espèces qui le composent doivent passer dans le genre Z’erebratella dont elles ne seraient que des indivi- dus incomplètement développés. Dans tous les cas, l'appareil brachial de notre forme ne rappelle en rien celui des individus très jeunes des Z'erebratella Evansi, T. flezuosa et Magasella Cumingü, tandis qu'il est semblable à celui des Plata. Genre CISTELLA, Gray. 21. Cistella cistellula, Searles Wood, sp. 1841. Zerebratula cistellula, Searles Wood, Ann. and Mag. Nat. Hist., vol. VI, p. 253. 1374. Argiope — Searles Wood, Suppl. Crag Mollusca, Pal, Soc., p. 170, pl. XI, fig. 4 a-d. 1850. Aegathyris — Forbes et Hanley, Brit. Moll., vol. 11, p. 361, pl. LVIL, fig. 9. 1858. Cistella — Woodward et Gray, Cat. of Brach. Brit, Mus., p. 114. 1887. Cistella — Davidson, On recent Brachiopoda, p. 139, pl. XXI, fig. 1-4. Les deux seuls spécimens qui ont été obtenus de cette espèce sont de APPENDICE. 131 très petite taille et transverses; par leurs contours, ils montrent l’extrème variabilité de cette forme ; dans l’un, la ligne cardinale correspond à la plus grande largeur de la coquille et les angles cardinaux sont aigus ; dans l’autre, ces mêmes angles sont arrondis et la ligne cardinale est moins éten- due. Comme dans le type, les valves sont lisses et d’une coloration blanc jaunâtre. L'intérieur de la valve dorsale montre la disposition caractéris- tique d’un septum longitudinal bien développé, à l’extrémité duquel vien- nent se souder les deux lamelles brachiales qui constituent un appareil apophysaire bilobé. Dimensions : Longueur 1 mm. 3/4; largeur 1 mm. 1/2; épaisseur 1/3 de mm. Stations : 1. Z'alhisiman, 1883. Dragage 63. — 7 juillet. — Profondeur 1,975 m. Au Sud de Fuertaventura (Canaries). 2 — 1583. Dragage 100. — 15 juillet. — Profondeur 2,324 m. Devant le banc d'Arguin (Soudan). as — 1883. Dragage 127. — 11 août. — Profondeur 2,195 m. Au Sud des Acores. 4. — 1883. Dragage 144. — 22 août. — Profondeur 2,995 m. Au Nord de Saû Miguel (Acores). Distribution géographique. — On connait sur les côtes de la Grande- Bretagne un grand nombre de localités où ce Brachiopode a été recueilli (iles Shetland, Orcades, Écosse, Irlande, Angleterre); il est signalé sur les côtes de Norvège à Bergen et Christiansund ; sur les côtes de France à Étretat (Seine-[nférieure), Port-en-Bessin (Calvados), et dans la Fosse du Cap-Breton (Landes). Dans la Méditerranée, les auteurs l’indiquent sur les côtes de la Corse, de la Sardaigne, de Malte, et dans la mer Égée, mais ces indications parais- sent douteuses parce qu’on a considéré cette espèce comme synonyme de quelques autres Brachiopodes méditerranéens, tels que Orthis lunifera, Phiippi; 0. seminulun, Philippi; 0. Neapolitana, Seacchi, ce qui n’est pas suffisamment démontré. Les stations où le Cestella cistellula a été obtenu par le Talisman : Ca- naries, côtes du Maroc et parages des Açores, étendent donc considéra- blement la limite de répartition géographique de cette espèce. Distribution bathymétrique. — Dans les mers d'Europe, la Costella cis- tellula vit à de faibles profondeurs : Jeffreys l’a dragué par 36-72 mètres ; e 132 BRACHIOPODES. d'autre part, nous avons constaté avee M. de Folin que dans la Fosse du Cap- Breton on recueillait cette espèce de 38 à 72 mètres. Par conséquent, ces dragages indiquaient que lespèce ne s’étendait pas au delà de la limite inférieure de la zone des Corallines et des Nullipores; mais les opérations du Z'alisman ont montré qu’elle pouvait vivre tout aussi bien dans la zone abyssale entre 1,975 et 2,995 mètres. Cette adaptation des Brachiopodes à toutes les profondeurs est un des faits les plus intéressants de leur histoire naturelle. Distribution stratigraphique. — Le type de l'espèce, comme on le sait, est fossile et provient du Crag corallin de Sutton. D’autres exemplaires fassiles ont été recueillis dans l’étage Sicilien (Pliocène supérieur) de Villa San Giovanni et de Reggio (Calabre), et dans des dépôts un peu plus anciens de la Sicile, à Rometta et Milazzo, près Messine, d’après Seguenza. Enfin ce Brachiopode a été reconnu dans les dépôts pleistocènes de Pile de Rhodes. NOUVELLES STATIONS D'ESPÈCES DÉJA CATALOGUÉES. EUCALATHIS TUBERATA (p. 45). 4. Talisman, 1833. Dragage 99. — 15 juillet. — Profondeur 2,333 m. Devant Arguin. > — 1883. Dragage 100. — 15 juillet. — Profondeur 2,324 m. Devant Arguin. 6. — 1883. Dragage 139. — 15 août. — Profondeur 1,257 m. Entre Pico et Saü Jorge (Acores). HE 1883. Dragage 14%. — 22 août. — Profondeur 2,995 m. Au Nord de Saû _ Miguel (Acores). EUCALATHIS ERGASTICA (p. 50). 10. Zalisman, 1883. Dragage 100. — 15 juillet. — Profondeur 2,324 m. Devant Arguin. 11. — 1883. Dragage 144. — 22 août. — Profondeur 2,995 m. Au Nord de Sao Miguel (Acores). OBSERVATIONS SUR L'APPAREIL DE L'Æucalathis tuberata. Les nombreux échantillons de cette espèce qui nous ont été envoyés par M. de Folin nous ont montré combien ses caractères sont constants, et nous ont permis de préciser la diagnose de l’appareil apophysaire. Celui-ci, fortement relevé du côté ventral, est constitué par deux longs cruras rectilignes, un peu convergents, avec des lamelles crurales étroites s’élargissant graduellement pour former deux pointes crurales obtuses et APPENDICE. 133 très courtes: immédiatement au delà de celles-ci, les branches descen- dantes se rejoignent sous un angle très ouvert en décrivant une courbe large et peu profonde. Par sa forme générale sub-carrée, cet appareil se différencie complètement de celui de l’Æ. ergastica, RS dont les contours sont arrondis; de plus, dans cette der- NN | nière espèce, il est situé dans le plan de la commissure | HAS | des valves; les pointes crurales sont saillantes, très W 7 ne / développées, aiguës, convergeant l’une vers l’autre et DCI nu très rapprochées du rebord des fossettes par suite de Fig: 15 — Fucaluthis tuberala. — Intérieur la brièveté des cruras ; enfin, les branches descendantes de la valve dorsale (Très grossi). sont plus longues. Entre les deux formes que nous venons de citer, il existe aussi exté- rieurement des différences très apparentes : nous rappellerons entre autres que la taille de l’Æ. tuberata est toujours plus petite que celle de PE’. ergastica et que son contour est plus subearré, principalement à la valve dorsale, ce qui résulte du développement des oreillettes visibles aux deux valves et de l’allongement de la ligne eardinale ; les côtes sont plus fines, plus nombreuses et couvertes de tubercules très nets et très serrés. REMARQUES SUR LA DÉNOMINATION GÉOGRAPHIQUE DE QUELQUES STATIONS DE DRAGAGES. Nous avons souvent indiqué comme stations de dragages les côtes du Soudan. Cette dénomination qui s’applique au littoral occidental de l'Afrique, depuis le Cap Bojador, au nord (2630 L. N.), jusqu’au cap Vert et au large de Dakar (Sénégambie), au sud, est employée dans ce sens sur les cartes marines. Au surplus, nous l'avons empruntée au rapport très intéressant dû à M. Th. Parfait, commandant le Z'alisman (1). Nous ferons remarquer seulement que le Soudan des hydrographes ne correspond pas exactement au Soudan des géographes qui se sont occupés de l’Afrique continentale. Nous avons dû accepter la terminologie em- ployée par les hydrographes. (4) Rapport sur lu campagne scientifique du Talisman en 1883 (Extrait de lu Revue maritime et coloniale, 1884). 134 BRACHIOPODES. RÉSUMÉ DE L'APPENDICE. Les cinq espèces que nous avons ajoutées aux seize précédemment signalées donnent lieu à quelques considérations générales. On remar- quera d'abord que quatre d’entre elles (iscinisca atlantica, Neatretia gnomon, Gwynia capsula, Cistella cistellula) vivent dans les mers d'Eu- rope; une seule (?/alidia incerta) n’est connue que dans les parages des Antilles. Sur les quatre espèces des mers d'Europe : une pénètre dans la Médi- terranée (Cstella cistellula); une a été draguée sur les côtes de Norvège (Gwynia capsula); deux ont été obtenues sur le littoral Est de l'Amérique du Nord (Weatretia gnomon, Discinisca atlantica). Les einq espèces paraissent habiter au voisinage des Açores. Comme on pouvait s’y attendre, ces cinq formes pénètrent dans la zone abyssale; trois y sont presque cantonnées (Weatretia gnomon, Discinisca atlantica, Platidia incerta), et deux ont une distribution verticale plus étendue puisque, dans les mers d'Europe, le Gwynia capsula se trouve à la limite inférieure de la zone littorale, et que le Cistella cistellulu se montre à la partie supérieure de la zone des Corallines. Enfin, aucune de ces espèces n’est représentée identiquement dans le Miocène, l’une d’elles (Cistella cistellula) est fossile dans le Crag d’Angle- terre et le Pliocène du sud de FItalie; une autre (Gwynia capsula) a été reconnue dans le post-glaciaire de Suède; enfin, une troisième (Discimsea atlantica) parait très voisine d’une espèce du Crag d'Angleterre. Les ori- gines du Veatretia gnomon et du Platidia incerta nous sont inconnues. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE I. Crania anomala, Müller, var. {urbinata, Poli. I Individu fixé sur une valve ventrale de Mühlfeldtia truncata, et un peu grossi. 1° Valve dorsale d'un spécimen un peu irré- gulier, vue du côté externe; gros. 2/1. 1° La même, du côté interne: mi, muscle impair ; adp, adducteurs postérieurs; ada, adducteurs antérieurs; pd, protracteurs de la valve dorsale; rb, rétracteurs des bras; pb, protracteurs des bras; sp, empreintes des sinus palléaux. fihynchonella cornea, P. Fischer. 2° Spécimen vu du côté ventral. Grandeur naturelle. 2? Le même, vu du côté dorsal. 2° Le même, vu de profil. 21 Le même, vu de front. 2° Deux individus fixés l’un sur l’autre. 2! Spécimen de forme allongée. 2 Individu jeune. Grandeur naturelle. 2" Spécimen de forme irrégulière. 2! Autre individu très surbaissé et de forme très irrégulière; valve dorsale. 2 Crochet grossi montrant la disposition du foramen et des pièces deltidiales. 21 Valve ventrale, vue du côté interne. 2® Portion de valve ventrale, vue du côté in- terne et montrant le crochet ventral grossi : ad, adducteurs; did, diducteurs; pv, pé- donculaires ventraux. 2 Crochet ventral renversé, pour montrer la soudure des dents au fond de la valve: do, doublure sous-apicale; ad, adduc- teurs; did, diducteurs; pv, pédonculaires ventraux; sp, empreintes des sinus pal- léaux. 2° Valve dorsale, vue du côté interne, un peu grossie. 2° Crochet dorsal grossi; ad, adducteurs: pd, pédonculaires dorsaux ; did, diducteurs. 21 Crochet dorsal renversé; mêmes lettres qu à la figure précédente. 2" Valve ventrale montrant par transparence les sinus palléaux injectés et les em- preintes musculaires : ad, adducteurs; did, diducteurs ; pv, pédonculaires ventraux; did', diducteurs accessoires ; pd, muscles du pédoncule. 2° Valve dorsale montrant par transparence les sinus palléaux injectés et les em- preintes musculaires : ad, adducteurs. 2° Fragment du test très grossi, montrant les prismes et la surface réticulée interne; gross. 35/1. 2" Fragment du test très grossi, montrant les perforalions dues à des Algues ; gross. 17/1. BRACHIOPODES. l'erebratulina caput-serpentis, Linné; var. germana, P. Fischer et D.-P. OEhlert. 4 Individu vu du côté ventral, un peu grossi. 4 Le mème, vu du côté dorsal. 4 Le même, vu de profil. 41 Le mème, vu de front. 4° Valve ventrale du même, vue du cûlé interne. 4 Valve dorsale du même, vue du côté in- terne. PLANCHE II. Terebratulina caput-serpentis, Linné, sp. 45 "EE Spécimen vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front, grandeur na- turelle. 4m Le même très grossi, pour montrer la disposition des côtes rayonnantes. 4 Valve ventrale vue du côté interne, gros- sie. 41 Valve dorsale vue du côté interne, grossie. 4 Valves ventrale et dorsale montrant la disposition des sinus palléaux. Valve ventrale, au fond de laquelle sont restés fixés les bras; p, pédoncule dont = l'extrémité externe est nettement filamen- teuse. 4° Groupe de trois spécimens de 7. caput- serpentis fixés les uns aux autres par leur pédoncule. 4" Spécimen de forme un peu raccourcie. 4" Spécimen de forme allongée. Art Jeune spécimen vu du côté ventral, du côté dorsal, de prolil et de front, très grossi. 4) Valve ventrale d’un jeune individu, vue du côté interne. E'ucalathis tuberala, Jeffreys, sp. >. Spécimen adulle vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front, très grossi. 5° Valve ventrale vue du côté interne. 5! Valve dorsale montrant la disposition des bras. PLANCHE IIT: Eucalalhis ergastica, P. Fischer et D.-P, OEhlert. 64 Spécimen adulte, très grossi, vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. 6° Intérieur d’une valve ventrale. 6! Intérieur d'une valve dorsale. 65 Valve dorsale montrant la disposition des bras. Terebratula (Lrothyrina) vitrea, Born, sp. 23 [ndividu vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. ® Valve ventrale à test très épais, à l'intérieur de laquelle les empreintes musculaires sont profondément excavées; ad, adducteurs; did, diducteurs; pv, pédonculaires ven- traux; sp, sinus palléaux. Crochet de la valve ventrale avec une partie des muscles; ad, empreintes des adducteurs; did, diducteurs coupés vers CA | le milieu de leur longueur; pv, pédon- culaires ventraux; pd, pédonculaires dor- saux coupés à leur extrémité. 7* Sommet d’une valve ventrale, provenant de la Méditerranée et montrant un proces- sus cardinal saillant, creusé au sommet pour l'insertion des diducteurs; ad, ad- ducteurs ; l'appareil brachial est brisé. 1" Sommet d'une valve dorsale montrant la disposition de l'appareil brachial. EXPLICATION DES PLANCHES. 137 Terebratula (Liothyrina) sphenoidea, Philippi, sp. 84 Spécimen vu du côté ventral, du côté 85 Appareil brachial grossi. dorsal, de profil et de front; grandeur na- | 8" Individu à contour un peu subtrigone. turelle. 8° Intérieur d'une valve ventrale. 8' Intérieur d'une valve dorsale. 8!" Intérieur des valves dorsale et ventrale montrant la disposition des sinus palléaux et les empreintes musculaires. PLANCHE IV. Magellania septigera, Lovén, sp. 9%b4 Spécimen de grande taille, de forme typique, vu du côté ventral, du côté dor- sal, de profil et de front. 9551 Autre spécimen de forme plus allongée, et dans lequel la plicature frontale est très accusée. 9:klm Autre spécimen de forme surbaissée. 914 Autre spécimen très allongé. 9"st2 Spécimen très renflé à côtés latéraux subparallèles. 9" Intérieur de la valve ventrale. 9* Intérieur de la valve dorsale. 9Y Appareil brachial d'un spécimen adulte, grossi. 9: Le même vu de côté. 9% Spécimen de 14 mm. de long, chez le- quel les branches descendantes et ascen- dantes sont soudées au septum médian. 9% Le même appareil, grossi à fois. PLANCHE V. Magellania septigera, Lovén, sp. 9% Appareil brachial d'un spécimen ayant 25 mm. de long, chez lequel la soudure existe encore entre le septum médian et les branches ascendantes et les branches descendantes. af Valves ventrale et dorsale vues à l'in- térieur, et montrant la disposition des si- nuspalléaux, des glandes génitales et des empreintes musculaires. 9% Crochet de la valve ventrale grossi; ad, empreintes des adducteurs ; did, emprein- tes des diducleurs; pv, pédonculaires ventraux; pd, pédonculaires dorsaux coupés vers le milieu de leur longueur; pv', pédonculaire ventral accessoire; ped, pédoncule; gg, glandes génitales; 4, prin- cipaux trones des sinus palléaux. 9%6E Intérieur d’une valve dorsale avec les bras; did, diducteurs fixés au sommet de la valve; pd, pédonculaires dorsaux fixés sur le plateau cardinal, de chaque côté de la ligne médiane. 9% Coupe schématique montrant la direction des muscles; mêmes lettres qu'aux figures précédentes. Magellania (Macandrewia) cranium, Müller, sp. 10% Spécimen vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. 10° Sommet des deux valves grossi. 10! Crochet de la valve ventrale grossi; pv', empreinte du muscle pédonculaire ventral accessoire. (TaLiSMAN. — Brachiopodes.) 105 Intérieur d'une valve ventrale montrant les empreintes des muscles et les glandes génitales, gg. 10" Intérieur de la valve dorsale. 10! Appareil brachial grossi. 10% Appareil brachial d'un spécimen mesu- 18 138 rant 10 mm. de long dans lequel on voit encore, fixées aux branches descendantes, deux apophyses triangulaires, dernières traces de la soudure de l'appareil au pilier septal, lequel à complètement disparu. 10! Crochet d’une valve dorsale, grossi, montrant la place des diducteurs did, en arrière d'une protubérance située sur la ligne médiane. 10% Crochet de la valve dorsale montrant BRACHIOPODES. les insertions des muscles adducteurs ad, et des pédonculaires dorsaux pd. 10° Coupe schématique montrant la direction des muscles ; mêmes lettres qu'aux figures précédentes. 10%»% Spécimen de petite taille et de forme transverse, vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. 10° Deux individus jeunes Mühlfeldtia truncata. fixés sur un PLANCHE VI. Dyscoha Wywillei, Davidson, sp. 324 Spécimen de forme typique vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. 3° sommet porté en avant et un peu grossi pour montrer la forme dorsale du foramen. 3! Crochet de la valve dorsale, avec un ap- pareil brachial de forme allongée; ad, ad- ducteurs; did, diducteurs; pd, pédoncu- laires dorsaux. 35 Autre crochet avec un appareil de forme subreclangulaire ; mêmes leltres qu'à la flgure précédente. 3" Intérieur de la valve ventrale montrant les nombreuses ramifications des sinus palléaux sp, et les granulations marginales du manteau; did, diducteurs ; gg, glandes génitales ; la membrane brachiale est con- tractée par la dessiccation; les cirrhes n existent plus. 3! Intérieur de la valve dorsale avec les filets nerveux n; db, disque brachial; b, bouche; ce, cirrhes; gæ, ganglions sous- æsophaziens ; pd, pédoncules dorsaux. 3° Le même vu de profil. 3! Intérieur de la valve ventrale montrant la disposition des sinus palléaux ; la mem- brane viscérale a été enlevée pour laisser voir les muscles. 3% Crochet de la même valve grossi; ad, em- preintes des adducteurs ; did, diducteurs ; pv, pédonculaires ventraux; pd, pédon- culaires dorsaux ; p, pédoncule. PLANCHE VII. Mühlfellitia truncala, Linné, sp. {be Spécimen de forme typique vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. 11° Intérieur de la valve ventrale, grossi; dse, doublure sous-cardinale; ad, ad- ducteurs; pv, pédonculaires ventraux; did, diducteurs; a, bord relevé de l'aréa. 11! Intérieur de la valve ventrale montrant les sinus palléaux sp; pv, pédonculaires ventraux restés en place et dont on voit les extrémités fixées au pédoncule ped ; ad, empreintes des adducleurs. 115 Intérieur de la valve dorsale; did, diduc- teurs; pd, pédonculaires dorsaux; ad, muscles adducteurs. 41% Appareil brachial grossi. 11 Le même vu de profil. {1% Intérieur de la valve dorsale avec les bras. Aime Spécimen à contour arrondi, sans côtes rayonnantes apparentes, et avec des lamelles d’accroissement très accu- sées. Lier Spécimen chez lequel les angles car- dinaux sont très développés. EXPLICATION DES PLANCHES. 139 11! Coupe longitudinale schématique, mon- trant la relation des muscles : ad, adduc- teurs ; did, diducteurs ; pv, pédonculaires ventraux; pd, pédonculaires dorsaux ; p, pédoncule; dse, doublure sous-cardi- nale: ps, pilier septal, 11" Spécimen jeune, chez lequel l'appareil est incomplètement développé. Mühlfeldtia monstruosa, Scacchi, sp. 12% Spécimen vu du côté ventral et du côté dorsal. 12° Intérieur de la valve ventrale du même spécimen. Mühlfeldtia echinata, P. Fischer et D.-P, OEhlert. 13% Spécimen vu du côté ventral, du côté dorsal, de profil et de front. 43° Intérieur de la valve dorsale. 13! Fragment de la valve ventrale, pour montrer la forme des épines qui couvrent la surface externe de cette valve. 135 Section longitudinale du test de la même valve. PLANCHE VIE. Platidia anomioides, Scacchi, sp. 142 Spécimen très grossi, vu du côté ven- tral, du côté dorsal, de profil et de front. 14° Intérieur de la valve dorsale, vue de face, grossie. | 14° Appareil un peu renversé en arrière pour montrer la facon dont les branches descendantes se soudent au septum, et la forme bifurquée de celui-ci. 145 Intérieur de la valve dorsale avec les bras. Platidia Davidsoni, Deslongchamps, 15° Intérieur de la valve ventrale; ad, ad- ducteurs; pv, pédonculaires ventraux. Grossi. 15° Intérieur de la valve dorsale vue de face. 15% Valve dorsale montrant les bras : 15° Appareil du même, très grossi, vu de trois quarts. mb, membrane brachiale; b, bouche; c, cru- ras; 499, glandes génitales. Megathyris decollata, Chemnitz, sp. 16%? Spécimen grossi, vu du côté ventral et du côté dorsal. 16° Intérieur de la valve ventrale; dsa, dou- blure sous-apicale. 164 Intérieur d’une autre valve ventrale avec les muscles pédonculaires ventraux pv, restés en place, et coupés à leur extrémité; ad, empreintes des adducteurs; did, em- preintes des diducteurs. 16° Intérieur d'une valve avec les adduc- teurs restés en place; pd, empreintes des pédonculaires dorsaux; did, empreintes des diducteurs. 16°5 Spécimen de forme transverse et à an- gles cardinaux nettement accusés. TABLE DES MATIÈRES ANANTEBROPOS eee M na dense emmener ocre cbrle-LLecE rte. C Net 1 ÉTUDE DES MESPECESS, = ec Me D Le DO D 200 HO 012 DO DO DRG-OE ñ 4. Crania anomala, Müller: .2..........:4.40. een eR eee RPM 2. Rhynchonella cornea, P. Fischer..:.::........-...4et4. +---teseneshenseenet en 43 3. Dyscolia Wyvillei, Davidson............ OU 2 sn no De oo 23 &. Terebratulina capul-serpentis, Linné.........................................s...e 29 5. Eucalathis tuberata, G. Jetfreys.-......:2.:.." 2. <.........teereneontenee 43 6. — ergastica, P. Fischer et D.-P. OEhlert................................. 48 7. Terebratula vien, BON. ---2---+ see. eee: Ne -CeE 51 8. — sphenvidea, Philippi-..-".-"-.-"---ceee-NEEE 0 EC 58 9. Mugellania sepligera, Lovén.......................-r-.escesse.ce.e: AS Dee re 64 40. — éranitume (MUC Ne Et CT Ce EC OO 72 14. Mühlfeldtia truncatu, Linné...............................-2sesscesrescsises 80 12. — MONS NASA MSCAC CRI eee Re ee CC CCE RE 87 43. — echinata, P. Fischer et D.-P. OŒhlert..................... ......... 000 14. Platidia anomioides, Scacchi et Philippi.......................... +... 92 15. — Daviisoni, E. Deslongchamps..............:-....... "0 100 16. Megathyris decolluta, Chemnitz.....................-..-....,..4.-.--.rer 102 RÉSUMER re ere Eee CC LS RE mn OA AE AE AO GE Mon Lei 60.0 109 Distribution géographique. ."".#-c0 TAPTE EEE RCE EC EC NEC EE CEE" EC EEETRCE 109 — bathymetRiquen MERE CCE CEE TETE CEECE 11% — stratigraphique. 20 CRT EEE TEE ACER 116 ADPENDICE ee ee sr me eme eee cet CC ee pe ECC EN CL E CEE CELL EEE 120 AT Discinisca atlantiea, TerEyS 2e C ere EE CET CEE EEE CEECNECECECEE CEE ECES 120 18. Neatrelia gnomonelireys. 2... Cr Te me EPEE CN CERN COLE 122 49. Guynia capsula, JeffReys..... 0" "CN EEE 123 20! Platidia(?)incerta, DAVIISON EEE TE CERN PSE RT RENE EE CESSE ECESE EE ECC 128 DANCistellaicistellula SNOOPER PE EEE CET ECC EEE CCC ECOLES Douce 130 NOUVELLÉS STATIONS D'ESPÈCES DÉJA CATALOGUÉES. ..... 2.00 ent 132 OBSERVATIONS SUR L'APPAREIL DE L'Eucalathis tuberata ......................... ss... 152 REMARQUES SUR LA DÉNOMINATION GÉOGRAPHIQUE DE QUELQUES STATIONS DE DRAGAGES .---..::-°: 133 RÉSUMBIDE D'APPENDICE.- 02 cerise ice: co ec Ce ECC NC EN UE ECS 134 SE XPLICATIONADES PLANCHES: - ce creme cree cie Ceci DT UNE CE COS 135 La LE :# . Expéd. du Travailleur et du Talisman. Brachiopodes PL. L C. Richard, ad nat,delet ith Imp. Edouard Bry (®-]1©_ Crama anomala, Müller var turbinata Pol — 2%-9° Rhynchonella cornea, Fisch \ 42- 4f Térebratuhina ‘caput-serpentis L., var. germana, Fisch. et Œhl Ch Richard.ad nat del et lith en ch10 a Br éd. du Travailleur-et du Talisman. Exp pre] 6 Ch. Richard, ad nat del et lith. ea, Born ue Vi Terebratuia h EN are ceh.et Œnl Terebratula sphenoïdea, Phlippi. il athis ergastuca, F' = Fucal m re) Expea. du Travailleur et du Talisman. Brachiopodes, PI IV Ch. Richard, ad nat del et lith 9? 9% Magellania septigera, Lovén. Expéd du Travailleur et du Talisman. 9 ac Ch: Richard, ad nat.del et Jith. JET Gen Magellania septigera, Lovén Bracmopodes mp. Fdouard B ry, Paris. ui 0* 10° Magellania eranium, Müller. A EL rachopode 5} Expéd. du Travailleur et du Talisman, C Richard, ad nat delet Hth. Soie Dyscolia Wiy villes, Davidson. Expéd. du Travailleur et du Talisman Ch. Richard, ad nat.del.et lith 1° 1? Mühlfeldtia Poonmeie dun M2 MoN monstruosa, Seac 158%-1585% M. echinata, Fischet Œhl. Brachio pod nh es PI Expéd. du Travailleur M Ch-Pichard, aë.nal = UŸ. Platidia anomioides, Scac. __ 152 qd P. Davidsoni, Desl 16EMIOS Megathyris decollata, Chemnitz. Brachiopodes, P 1 L El LI A LU 5 pe deg tot ol ip: À PP ANRT LE pr æ LA AUDE. + pen _ add 108 n ' ‘ ‘ LATE ré ee " ar arte des «ot du een te Dad C . ne quan nt à “mdr ne pete LEA LA + , dom: dés ‘ ui STORE A - re ÿ die. prénder rte IR 0 res firent Pb. [ , , von rer à CUT + ’ Fe em 7 0 « D ‘+ : ie Conquer PSN CE 2 en nee) F 2 w : : ñ PpsAiG + Ha0e 4 t e + “ [22 ph : : } F ! + e "1 or » CTCLIRA A4 ep 9 be due dr À ‘ Re re AA L va rt r pe ne tqs men om # 6 à ‘ rt ete dat gi eg ep een Lerr De modipe er ke tree Prune 1 . 2 [LA VAR RO D ET LR re Per Ntrieerents Dig LA Vrbmndee à #70 2. "+ cola haemogmes ent ue ce men Pr de re: 6 + he pa ten Der ., ” the Paradis rte date pn * d en en re ‘. ) « « pue ent mt # 0 (pr rite ar CRETE ‘ Pack pen ee : " Dhrn pepe ce Noam de qui AA Ar rate S ELA « CREER A RO REARRE Pa r PS PR ALES Les Bots ANA HART ES E E ee D nr g ee ee : “ û CCC TAC L En ur KA Loue ds ne don Apte de Det Horn AA, FA À put Cl M tee pdd enbetre vhhey md empigr ele n 9. rt ’ CLETEN CERN w-r plane aatbe | hmgedrgntt dur eat n° \ ” \ COCA ONE SU . v ! meet Panel: Ur pet 1 - i , n me ve ‘ CHLCI le pv RO) Fr) … h , 1 TAN LAN IA VE à seb CPC ti dd #44 Sete" à 3 #4 tte \wp me UN Me eg Ltd ae hr pur ni brique CEE RTS \ r ù CAPRCPOT LEURS PPT 'pnitra: « « M OPA RUN EN AAC k , 0 r 8 ÿ pi Me 1 Huet 20e) du . sn nl + RCA" a ‘ i Re peu À LP: te Vatidbe PT ep ca PAPA EN PEER EEE tag À A 4 Lans nn LE TR EN Lai h OPRONEPERERCORE Lits k , v cn Meter d Co ET sm dr eden jen de dt be dede pong + # ‘ se 0- ar ve men eue dt - te e La CANIN TURN LR LR CELA 4 m Lie # 4 , m. 4 RE nat d 4e. + . ll C , -# + UT A here a" #1 x À / ÿ L < D ve detns À Que de ae fr + 0 à 2 Tu 0Ë : pa à 1 M nee +4 BE Pt 14 - “ pt - : Le er r CORPORELS >; pee pret me + PPDA MEL ct ebrhenagint. yo tutre EP «barre “ 4: pu RE nr ner à DEL SRA : * ge Pr Ge pret D Gas ge ma had NP ETS s C2 ra aphée 4=4es 0 orme panbe er dope 07 1e en 22: ù pa. 6 de 9 1 #4 fred ne à RP ME ART A) 7e : ; à - f , re à CORP OCR + 4 pr nr , REC AL ei sera mie let Et à Û ; / OH Frattern ade 4 Per ne ge CEE RS “an n A CR RL AR IA Li neraremeeé We hottes ssh , : , pere nos Gaetan té dt be bb AE sos. vw hs 202 : Ppr 4 DCE CCR LA TN LIEU + , PTAL np à vopertemperen PAT ga À 8 De ec eee TS “ û + $ À LOU RAARIOLA LEURS LA * s k ‘ ee art s COCA A . te 2 mi 9e s + . 4 : DACCOOC n'ACrÉ ra s : pot peur pue ee Adi 29 frère « Fes + pet +009 4 06 br e ei 4 A re ee 1C Le 4 prime L U d 2. ’ 4 “ ‘ 4 ‘ ’ DFA Le bent 48 + aire 6 ht baies, NT SANS aveu ñ AT D hier : É % + pet ent h ] J gr i#r + n tanegts eh: bell € 0 nserT) PR PE RATE TT re ! } + tre 4 k + pion n , ; : NALAUE TIE k , Je + r Femme | Fe ? # en à A . + P x errrdeneatet , 1 rene _ - À po ps qe 9e8 e Re ho à al PEINE MOINE ST ETS n A dep td DA CNCA NE v AMEL AAA [mat PR IU + L LATE L pghai 07 arte À ? AA IE ner) da he hotte 1 AL he + - « 1 ps er ‘ 1 Ge WA D 4 Gb en PA À pa » TEL es + + eh Private Dr PP Pt PF 4 À " QT + qui EU anti 2 PES 1 M ‘ A tre « ÿ M 49 40e à Lame sy a : + : da « Temp n ei qe domeseneg mrhe" “ es ar dure x en . Re sac d qd POS L + Lente de ds + 7 amer a Cu É RTS ia noue, (CORNE EUR A T “ DRE pret à “ x . . te , A x « Et 67 « . L Pire pire Pr ns D f . . L LE mn Pa de hat-mt ê he ne * sé} A nee erene AR EE ES UT + pp CE en ob Ag PE EE el RTE El ant ete nie 4 De Dons un re tot dt 4: Nr eee den ep E Tr ee à tement ad Fer 1-1 298 , ‘ d NP ÈrE dheà éam ar a ai + seen dé dt : dd 2 A 1 * D) ya re 4j LA PC AUX ren EL pat . "D ; este ver a: APR PETER PARA £ 2 es D Ps dre a Pa : ed eee me pie + sh + . re ne TS PAM ES 2 Er Mer 01 Cas gro Are M # f PT +. 4 CA mas pris er Pause 2 ’ » “ : : : ivre 1 “ Us : . Let . ET L . = * ro + pe , : ere s nb à EE : h L'étape à 19 - + : ne : à PAR N ” TS PAL ROMANE ME OL TRE qe : DE Fit béerh-9t) r : 2 TEEN + w - " mb Qu 4 6e 2! # CS ee UPS rie - sp > L ‘ a met Les ni que rn que Le Serre een ses dbes ‘ + #+ Led ÿ H Era Pince rever cs. dr È À nm i 2e = um Dre e MCE : Là: 7 pe di diner d * 5 } Mari 4 4Ua : - 4 D Th Ve AU le PU AUTRE Ne dd tr Pan ae û Ce Te d ' “ - ' AREA En ge OT Alf DR arte 4 ; MU ; * (4 io der pese Den 0 ET CNE vor see QU RE A AA , : Nr D een ren en OA de ere ee AI LE Her ht ele 2e do by te +» Veste Le 1e € 1 VAT Lt Aer er me uH GUN at Ter À à Lo Mi nt WA ter ï cer nan pré ere EAU ont À à ner a RER er ao LT re AA FRE CITE RE Cp En ET EC es ï deg (+ c FAX À ÿ dt 4 a es £ VAL Ten “ r Al D Moheg cos Avr die MP nt de o'e pa 22 non éd one Pas FAR et career CAR A A re an Lt TE are nn A7 MEL RS “? LA Ad 0T * ’ + Ps > Lun rer = sn Ad, : Laney 2 at PR Te EU 18 Lors + £ : De 40 he ur è 2 ep aphaetod never nd pren nee mire À Poplotint 22 33. ” re A AMOSIELT QUE PACE EE TT 2 nA ni 4 Pat ever E ++ PAPA M ES ES wie È pren Lt ar RE dre rendre 1 D Der pe dpt ee” LEP ‘ , x Lies prete Le, ! Dre torsere CR A De / TRE DEA ne ù PEL dorer ae De bars CT rOt FR re = hp " À ; : mass rx p Ù ; . mir Diner ra Ds pra Duke, dd dorer reenahs rien où more te ts PTT ME sr ANA UTR ? > pr generee de Me ane rerenes NM RER dre CT re a dle ! - ane sr F- Pa AN Three datttet MA bn 4 Hyrinn 4 pare La na ee a le S “Am po * * à: > ne sont dar né ri 4 du 4 à * + . ru eee triverqet es KT Dee « + az : - Arret AA de : " | Ci k PARA te era v que D ur Re Pr ee LRO DRE Re: ‘ti IT n (eos the à À A ’ = RS Mr FN TEA res ge Er d- dis Horsiteeranes cp dr { Y ere # f w. : nos CCR TS s + LC rue » ‘ ar L an DS te panel ve pres : au D 6 Ted het - ; | ; en - ne res ur 1 + : CT ' COTE ù À ‘ t# Rnembnd ue donne dr Enr se es D Pa : . ; nes eomnpabe dureté Le À à NX : sisi Ÿ + nd pe ann me 0 de VE He #4 + Banque dès pape md ne nn * vit ! Las sethetent mr 2 n à ” " dvd ; s. 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