EXPOSITION

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Galerie de Fra n c e

*M«9 Rue de l'Abbaye, Paris (Oe)

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Piopeity of The Hilla von Rebay Foundation

Randinsky

Il ne faut jamais désespérer de rien. On finit par tout savoir, serait-ce dans le domaine confus de la peinture. A la faveur d'une fragile accalmie, on peut enfin voir clair et connaître le fond de ces choses qu'on a si nécessairement subies. Profitons-en.

Il existe en France, deux passages ouverts au traditionnel et irrésistible « appel de l'Orient » : les brises de la Méditerrannée d'abord. Puis le vent tumultueux qui nous vient périodiquement de l'est pour nous remplir de rêves, ce vent qui nous emporte après avoir traversé avec profit la mystérieuse humanité russe et le dynamisme musical de l'Allemagne.

Le vent d'est a soufflé, ces dernières années sur la France. Certaine peinture s'en est bien ressentie.

Et voici que nous sommes à même aujourd'hui de connaître les sources spirituelles ou plastiques de ce mouvement, d'appré- cier l'œuvre de ceux qui, obéissant à des injonctions raciales et sentimentales impérieuses, prirent à un moment donné de sincères et fécondes initiatives.

Kandinsky est incontestablement un précurseur. Il est un des responsables de cet élan romantique qui vint disperser les fragiles constructions post-cubistes, pour instituer, à la place d'un ordre vidé, l'entraînante poésie d'un langage pictural essen- tiellement symbolique.

Nous avons connu Klee et ses pages nuancées couvertes d'une écriture supersensible. L'année dernière, nous avons vu les aquarelles de Kandinsky. Il nous montre aujourd'hui ses peintures, des œuvres pour la plupart récentes.

L'effort de Kandinsky présente une continuité parfaite, depuis le dynamisme expressif de sa première époque de Munich, en passant par les formations linéaires et géométriques du constructivisme, pour arriver à la libération complète de l'homme qui peut enfin exprimer sa pensée par la rythmique émouvante de signes, qu'il constitua lentement, comme une langue merveilleuse.

La signification de cet effort apparaîtra-t-elle assez claire- ment pour situer, comme il convient, l'œuvre de Kandinsky? Il faut le souhaiter.

Son art, fait de franchise totale, de rigueur non feinte et de scrupuleuse honnêteté, est un art austère, élevé, mystique, religieux presque, mais qui n'a pas perdu, au cours de sa trans- figuration, ce plaisir profond qui a sans doute présidé à sa naissance.

E. TÉRIADE.

Kandinsky et Vart abstrait

L'œuvre récente de Kandinsky pose le problème de l'art abstrait dans toute sa complexité. Des critiques très doctes, mais mal renseignés, voient dans l'art dit abstrait, la négation même de l'art. Or, l'art abstrait, tel qu'il a été posé par exemple chez nous par Picasso et Léger, ne signifie point abandon des moyens picturaux. Bien au contraire, une œuvre de ces artistes, tenue pour abstraite est pleine à craquer de peinture. Sont con- sidérées aujourd'hui comme abstraites, celles des œuvres des grands peintres, les signes du réel sont si profondément

étudiés et enchaînés avec une telle puissance, que ces enchaî- nements échappent à l'ordinaire qui se complaît exclusivement à l'apparence du réel et méconnaît l'action profonde que l'homme exerce sur le spectacle naturel par ses émotions et ses pensées.

Ainsi pour Kandinsky. Si la figuration littérale de la nature est depuis longtemps absente de son œuvre, celle-ci ne reste pas moins très concrète par les éléments de personnalité qui s'y trouvent à l'extrême de leur expression. Ce sont la valeur et l'intensité de ces éléments qui constituent l'essentiel de la peinture. A bien réfléchir, ce qui compte réellement chez un peintre, ce n'est nullement sa capacité de nous donner le spec- tacle littéral de l'objet, mais la profondeur de son esprit et la qualité de son émotion qui perçoivent le monde à travers un œil puissamment doué. Car, en peinture, on ne saurait perdre de vue à aucun moment, l'œil de l'artiste. C'est l'absence d'œil qui fait le peintre abstrait, alors même que celui-ci s'explique par les moyens les plus naturalistes.

D'où vient que l'art de Kandinsky, considéré généralement comme par excellence abstrait, comporte deux éléments qui le rendent essentiellement concret. Et d'abord l'œil de Kan- dinsky, un œil qui appartient exclusivement à sa race. D'ordinaire, on soutient qu'un art abstrait est un art d'aucun pays et d'aucune individualité. Or, l'art de Kandinsky est par excellence russe et essentiellement personnel. Si l'on étudie les tons de ses tableaux, on discerne tout ce qui distingue les coloristes de son pays depuis le temps éloigné des premières icônes jusqu'à nos jours. Que si, d'autre part, on rapproche ses œuvres récentes de celles de son époque « fauve », on cons- tatera qu'en dépit de la diversité de leur aspect, elles ne se déve- loppent pas moins sur le rythme d'une même personnalité.

Il est encore à observer en faveur de la qualité picturale de l'œuvre de Kandinsky, que les signes éparpillés sur ses toiles ne le sont pas au hasard de la fantaisie, mais en vue de constituer un organisme complet, fait autant de volonté que d'émotion.

Comment pourrait-on dès lors, considérer comme abstrait, c'est-à-dire amorphe, un art dont les éléments sont si bien accordés, l'esprit et la sensibilité ont trouvé pour chacun d'eux, les ajustements les plus heureux?

Christian Zervos.

Kandinsky et la peinture russe

« Si tu veux bien comprendre le peintre, va dans son pays. )> Cette phrase de Goethe s'adapte à Wassily Kan- dinsky mieux encore qu'à n'importe quel peintre de nos jours. Par tout son être artistique, et par la moitié de sa vie liée à la culture et à l'art allemand, ce peintre, père de peinture abstraite, et cela ne doit pas être oublié, est de naissance russe. C'est-à-dire de Moscou, la ville la plus fantastique, pleine d'âme, la plus pitto- resque, la ville de quarante fois quarante églises. Il porte en lui-même le monde des vieilles icônes russes, irréel et rayonnant, dont le mysticisme se retrouve dans le coloris, la couleur nette, la ligne, la silhouette et l'harmonie de la forme, et qui démontre en même temps la révélation de l'esprit et non pas de la matière.

Ici comme là, le « comment » est presque plus important encore que le « pourquoi » et chaque œuvre remplie de nouveau par des sons, des sons répétés, de l'ardeur contenue, d'un élan, d'un mouvement, est non seulement une direction divine, mais plutôt un monde de miracle, un miracle vivant dont la variété et « l'âme mystérieuse » se révèlent seulement dans l'enchaîne- ment de l'ensemble. On est élevé, comme là-bas, dans une atmosphère l'on est délivré du poids des choses matérielles, au delà des limites des choses matérielles, palpables ; on croit assister à un service divin, mais qui n'a pas lieu dans une église d'espace limité, mais dans le monde entier, dans l'univers.

Fannina Halle.

Il se dégage surtout de l'art de Kandinsky un sen- timent d'exaltation plastique qui dès les productions d'avant-guerre de l'artiste, faisait déjà prévoir la réac- tion romantique d'aujourd'hui, tout au moins dans ce qu'elle présente de plus strictement pictural.

Maurice Raynal.

BANDE NOIRE, 1927.

Notice biographique

en 1886 à Moscou, étudie le droit, attaché à la

faculté de droit de Moscou. 1896. Peintre élève de V école Azbée et de l'Académie de

Munich. 1903-1908. Voyages (Tunisie, Italie, France, Bel-

gique, Hollande).

1910. Passe à la peinture abstraite.

1911. Premier tableau abstrait.

1912. Fondation du Blauer Reiter. 1912. Série de gravures abstraites.

1914. Retour à Moscou.

1920. Professeur de science esthétique à V Université et

à V Ecole des Beaux Arts de Moscou. 1912. Retour en Allemagne.

1922. Professeur au Bauhaus de Weimar.

1923. Premier Vice- Président de la société anonyme de

New- York. 1926. Transféré à Dessau avec le Bauhaus.

Œuvres principales dans les collections d'Ams- terdam, Berlin, Brunswick, Chicago, Dresde, Essen, Gôteborg, Hambourg, Hanovre, Kioto, Copenhague, Londres, Moscou, New- York, Stockholm, Tokio, Vienne, Wieshaden, etc.

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