+ Hgl1 S19N1419S 1VOILVWAHILVW Presented by Prof. Emil Staomm in memoriam 1985 es nou- | les plus Lä CVULLLVX ES EUJIN RER St PIOpPOSE E melti à la portée de chacun les principes fondamentaux et les faits essen- tiels dans toutes les branches du savoir humain. Elle permettra par ses exposés accessibles, clairs et précis, aux personnes instruites que les nécessités de la vie ont obligées à se spé iser, d'étre au courant des plus récentes acquisitions sa à ‘ science et de l'érudition moderne. Les ouvrages de la COLLECTION PAYOT sont conçus de manière à fournir, dans toutes les matières, à la fois une initiation pour les jeunes gens, une lecture d'un passionnant intérêt pour le grand public cultivé et un précis pour les spé- cialistes eux-mêmes. Ne 1. Ésouarr Monrer, Professeur de langues orientales à l'Université de Genève, ancien Recteur. L’Isiam. . Came Mhucram. Les États de la Peinture Francaise de 1859 à 1220. ; N° 3-4. René Canar, Prof, de rhétorique sup'° au Lycée Louis-le-Grand. La Littérature Francaise au XIX° siècle. Tome 1 (180-1852) — Tome Il (1852-1900”). Ne 5. Louis Leser, Membre de l'Institut, Profess" au Collège de France. Les Anciennes Civilisations Slaves. N° 6. Pauz Arre. Membre de l'Institut, Recteur de l'Université de Paris. Éléments de la Théorie des Vecteurs et de la Géométrie analytique. N Ne 7. ve Cane. Le Grande Guerre (NI4 190 Aa Histoire militaire. E N° 8. Henri CorpiEer, Membre de l'Institut. La Chine. \/ N° 9 ERNEST BABELON, Membre de l'Institut, Conserv’ du cabinet des Médailles, Professeur au (Collège de France. Les Monnaies Grecques. Aperçu historique, N° 10. Grorces MATISSE, Docteur ès-sciences. LE MOUVEMENT SCIENTIFIQUE CONTEMPORAIN EN FRANCE. — I. Les Sciences Naturelles. Ne 11. D’ PIERRE BouLan, Chef du Service de radiologie et d'électrothérapie , à l'hôpital de Saint-Germain. Les Agents Physiques et ia Physiothérapie. N° 12. Hr des à l'Université — CE QU'IL EST. Histoire de la RMODYNAMIQUE. ofesseur à l’École de l’Afriquz=. culture, Membre Y, Directeur de s Vins. uséum d'Histoire N° 17. L. en Syrie. La N° 18. D” ondant de l’Ins- N° 19. H. cuipture recque. N° 20. H. Anpoyer, Membre de l'Académie des Sciences et du bureau des longitudes, Professeur à la Sorbonne. L’Œuvre Scientifique de Laplace. Ne 21. JEAN BEcQUEREL, Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle. Exposé élémentaire de la Théorie d’Einstein et de sa généralisation, suivi d’un Appendice à l’usage des ma- thématiciens. Nes 23-24. Maurice Croiser, Membre de l'Institut, Administrateur du Collèzse de France. La Civilisation Hellénique. APERÇU HISTORICUE. N°: 25-26. ÉTIENNE GiLsON, Chargé de Cours à la Sorbonne, Directeur d'Etu 'es à l'Ecole pratique des Hautes Etudes Religieuses. La Philosophie au Moyen Age. M. JEAN BECQUEREL M. Jean BECQUEREL appartient à une famille Fe PR : fils d'Henri Becquerel, l'illustre auteur de la découverte de la radioactivité, petit-fils d'Edmond Becquerel et de Jamin, arrière-petit-fils d'Antoine-César Becquerel, il est né à Paris le 5 février 1878. Il sortit de l’École Polytechnique en 1899 dans le corps des Ponts et Chaussées, où il a actuellement le grade d'ingénieur en chef. En juillet 1903 il fut nommé assistant, puis en 1909 FM seur au Muséum National d'Histoire Naturelle, titulaire de la chaire de Physique dans laquelle quatre Becquerel se sont succédé de père en fils depuis sa fondation (1838). Répétiteur de physique à l’École Polytechnique (1911), il a rempli à cette École les fonctions d’examinateur . temporaire (1919-1920) et de professeur temporaire (1920-1921). Il est lauréat de l’Académie des Sciences (prix Rivot, prix Hughes). M. Jean BECQUEREL, soit seul, soit en collaboration avec le professeur Kamerlingh-Onnes (de Leyde) ou avec M. Louis Matout, assistant au Muséum, a effectué de nombreuses re- cherches sur l'absorption de la lumière, les phénomènes optiques et magnéto-optiques aux très basses températures, la phospho- rescence, les phénomènes galvano-magnétiques. Il a publis ses travaux dans les comptes rendus de l’Ac. des Se., les C. R. de l'Ac. des Sc. d'Amsterdam (en collaboration avec le Prof. Kamerlingh-Onnes), le bulletin du Muséum, les Ann. de Ch. et de Phys., le Radium, etc. Depuis quelques années, il s'est principalement consacré à l'étude de la théorie d'Einstein ; jugeant nécessaire de dé- fendre et de propager les idées nouvelles, il expose cette théorie à son cours du Muséum. æ COLLECTION PAYOT JEAN BECQUEREL PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE LES IDÉES NOUVELLES SUR LA STRUCTURE DE L'UNIVERS EXPOSÉ ÉLÉMENTAIRE DE LA THÉORIE D'EINSTEIN ET DE SA GÉNÉRALISATION SUIVI D'UN APPENDICE À L'USAGE DES MATHÉMATICIENS Avec 17 figures dans le texte. PAYOT & C", PARIS 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1922 Tous droits réservés. MATH & STAT ———— TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION. PREMIÈRE PARTIE LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT CHAPITRE PREMIER. — LES NOTIONS ANCIENNES D'ESPACE ET DE TEMPS. Systèmes de coordonnées, p. 11. = Le groupe de transformations de la cinématique classique (groupe de Galilée), p. 16. — Les invariants fon- damentaux (temps absolu, espace absolu), p. 18. — Les bases de la dynamique newtonienne, p. 22. — Le principe de relativité de la mécanique newto- nienne, p. 24. CHAPITRE II. -- LA RECHERCHE DU MOUVEMENT ABSOLU. L'EXPÉRIENCE DE MICHELSON. LE PRIN- CIPE DE RELATIVITÉ.. ; L'expérience de Michdhon. P. Es _ LS con- traction de Fitzgerald-Lorentz, p. 31. — Le point de vue d'Einstein, p. 33. CHAPITRE III. — L'INVARIANCE DE LA VITESSE DE LA LUMIÈRE. \ 1 T2 Le temps et la bés P. 34. ne Le vi- tesse de la lumière est une constante universelle, p. 36. 34 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays Copyright 1921 by Payot & C* TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE 1V.— LA TRANSFORMATION DE LORENTZ. RELATIVITÉ DE L'ESPACE ET DU TEMPS.. Le groupe de Lorentz, p. 38. — Les lois de la mécanique doivent être compatibles avec celles de l'électromagnétisme, p. 40. — L'espace et le temps relatifs, p. 43. — La loi de composition des vitesses, p. 44. — L'expérience de Fizeau (entraînement des ondes), p. 45. CHAPITRE V. — L'UNIVERS DE MINKOWSKI. Union de l'espace et du temps, l'Univers quadri- dimensionnel, p. 48. — Propriétés des couples d'évé- nements, p. 50. — La contraction des longueurs, p. 52. — La dilatation du temps, p. 53. — Les lignes d'univers, p. 53. — Le temps propre, p. 55. — La loi d'inertie, p. 59. CHAPITRE VI. — DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ.. La masse fonction de la vitesse, p. 60. — L'é- nergie et ses diverses formes, p. 62. — L'inertie de l'énergie, p. 64. — Conséquences de l'inertie de l'énergie, p. 66. — La matière réservoir d'é- nergie, p. 68. — Unification des principes de la dyna- mique : conservation de l'impulsion d'Univers, p. 69. CHAPITRE VII. — VÉRIFICATIONS EXPÉRIMENTALES. Les vitesses des électrons, p. 74. — Loi d’ac- croissement de la masse avec la vitesse, p. 74. -— La structure des raies spectrales, p. 75. — Signifr- cation de l'expérience de Michelson, p. 75. DEUXIÈME PARTIE LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉ ET LA GRAVITATION CHAPITRE VIII. — LE CHAMP DE GRAVITATION ET L'UNIVERS RÉEL. Les systèmes galiléens, p. 71. — Lx ER de l'énergie, p. 79. — L'équivalence entre un champ de gravitation et un champ de force d'inertie 38 60 74 4 TABLE DES MATIÈRES (la gravitation est une action de proche en proche ; égalité de la masse pesante et de la masse inerte ; le boulet de Jules Verne; le principe d'équivalence), p. 80. — L'univers n'est pas euclidien, p. 85. — Le principe de relativité généralisé, p, 86. CHAPITRE IX. — LES COORDONNÉES DE GAUSS.. Le temps et les longueurs dans un champ de gra- vitation, p. 89. — Les surfaces et les coordonnées de Gauss, p. 91. — Extension de la théorie de Gauss, p. 96. — Courbure de l'Univers réel, p. 100. CHAPITRE X. — LA LOI DE LA GRAVITATION (EINS- TEIN). . Nature de la eo P. 101. = Le tenseurs, p. 103. — La forme tensorielle des lois est exigée par le principe de relativité, p. 103. — La loi de la gravitation dans le vide, p. 105. — La loi de gra- vitation dans la matière, p. 108. — La loi de New- ton est une approximation, p. | 10. CHAPITRE XI. — APPLICATIONS ET VÉRIFICATIONS DE LA LOI D'EINSTEIN. Le champ de gravitation ds centre ”. p. 112. — Le mouvement des planètes (le déplace- ment du périhélie de Mercure), p. 113. — La dé- viation d'un rayon lumineux par le soleil, p. 113. — Le déplacement des raies spectrales, p. 117. CHAPITRE XII. — LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS. HYPOTHÈSES COSMOLOGIQUES.. L'espace fini bien qu'illimité, p. 118. — L'Uni- vers d'Einstein, p. 121. — L'Univers de de Sitter, p. 123. — L'accélération et la rotation, p. 124. — La structure d'Univers et l'éther, p. 125. CONCLUSIONS GÉNÉRALES, p. 127. APPENDICE A L'USAGE DES MATHÉMATICIENS LL — RELATIVITÉ RESTREINTE. Note 1. — Sur l’invariance de la distance spatiale de deux événements simultanés 89 101 112 118 134 TABLE DES MATIÈRES Note 2. — Sur les équations de la dynamique classique. . Note 3. — Sur l'expérience de Michelson et la contraction de Fitzgérald-Lorentz. , Note 4. — Remarque sur la mesure SPA PAEx Note 5. — Établissement des formules du groupe de Lave: Note 6. — La loi de composition des vitesses. Note 7. — La contraction des longueurs et la dilatation du temps. Invariance de M ervohune notion smiel s$ 140. Note 8. — Sur le temps propre. Note 9. — La loi d'inertie. Note 10. — I. Le champ STE PASFESS Invariance de la charge électrique, p. 144. — er de l'effet Doppler, de l'aberration de la lumière et de la pression de radiation, p. 144. IL Dynamique de la relativité. La masse fonction de la vitesse (loi 3 Lorentz-Einstein), p. 146. — L'inertie de l'énergie (énergie cinétique, éner- gie rayonnante, perte de masse d'un corps qui rayonne, énergie potentielle de l'électron), p. 148. — L'impulsion d'Univers et sa conservation, p. 151. RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE Note 11. — Les tenseurs.. . Quadrivecteurs, p. 153. — jy PET # 154. — Multipli- cation des tenseurs, p. 155. — Contraction, p. 155. — Caractère tensoriel, p. 156. — Tenseurs PS ES p. 156. — Tenseurs associés, p. 157. — Longueur gé- néralisée, condition d'orthogonalité, p. 157. — Densité tensorielle, p. 158. — Symboles de Christoffel, p. 159. — Dérivée covariante, p. 159. — Formules utiles, p. 160. — Divergence, p. 161. — Le tenseur de Rie- mann-Christoffel, p. 162. Note 12. — Gravitation et dynamique. . Loi de la gravitation dans le vide, p. KÉ. == Théoe fondamental, p. 164. — Equations des géodésiques, p. 164. — Le tenseur impulsion-énergie ou tenseur matériel, p. 166. — La conservation de l'impulsion- énergie, p. 167. — La loi de la gravitation dans la 146 163 6 TABLE DES MATIÈRES : matière, p. 167. — Les équations de l’hydrodyna- mique, p. 169. — Les forces, p. 170. — La loi d'Einstein contient toute la dynamique, p. 171. — La loi de Newton, p. 172. — Propagation de la gravita- tion, P- 172. Note 13. — Le champ de gravitation d’un centre matériel. Expression de ds°, p. 173. — Interprétation physique et réponse aux objections de M. Painlevé, p. 174. — Mouvement des planètes, p. 176. — Propagation de la lumière, p. 177. — Ralentissement du temps et dépla- cement des raies spectrales, p. 177. Note 14. — Les lois générales de l’électromagnétisme. . , Généralisation des équations de Maxwell-Lorentz, p. 178. — La conservation de l'électricité, p. 183. — Le ten- seur d'énergie électromagnétique et la loi générale de conservation, p. 183. Note 15. — La courbure de l’espace et du temps. La courbure non nulle dans le vide, p. 184. — L'é fermé, p. 186. — L'Univers cylindrique d'Einstein, p. 187. — L'Univers hyperbolique de de Sitter; la barrière du temps, p. 189. Note 16. — Généralisations de Weyl et d’Eddington. NL Théorie de Weyl, p. 190. — Théorie d'Eddington, p. 195. Théorie géométrique de l'Univers, p. 196. — Identif- cation des grandeurs physiques et des grandeurs géo- métriques, p. 198. — L'électron, p. 203. — Conclu- sions, p. 204. 173 178 184. CR INTRODUCTION Presque tout le monde a entendu parler de la révolu- tion qui, depuis quelques années, a bouleversé les notions jondamentales sur lesquelles reposaient la mécanique et la physique. Je me suis efforcé, dans ce petit livre, d'exposer les grands traits de la nouvelle théorie avec le minimum de calculs, presque sans calculs, en admettant seulement que le lecteur possède les notions les plus élémentaires de géométrie et d'algèbre. J'ai fait suivre cet exposé d’un appendice où les personnes familiarisées avec le calcul dif- férentiel trouveront une sorte de précis de la théorie ma- thématique. En 1905, un jeune physicien de génie, ALBERT EiNSTEIN, pour expliquer l'échec de toutes les tentatives destinées à mettre en évidence le mouvement absolu de la terre dans l'espace, a eu l'audace d'abandonner les idées basées sur les apparences les plus familières. Il a déve- loppé sa théorie en deux grandes étapes : la relativité res- treinte au mouvement en ligne droite avec vitesse constante, et depuis 1912 la relativité généralisée. S'étant élevé au- dessus de Copernic, de Galilée, et de Newton, Einstein a découvert la véritable loi de la gravitation, qui contient en elle les principes généraux de la mécanique, et a été con- duit à une impressionnante conception de l'univers. 8 INTRODUCTION On s'imagine à priori que { l’espace » dans lequel on observe la matière et dans lequel on mesure des distances - est quelque chose d’absolu. On croit aussi que ( le temps » est universel et absolu, que la simultanéité de deux événe- ments a un sens bien défini ; on ne voit aucun lien entre l’espace et le temps, qui apparaissent comme deux indivi- dualités bien séparées. Ces notions doivent être abandonnées aujourd'hui. L’es- pace et le temps ne sont ni absolus ni indépendants : ils sont unis et forment un Univers à quatre dimensions, qui seul possède une individualité ; en termes plus précis : chaque observateur décompose l'Univers en “ espace Ÿ et en € femps », et deux observateurs en mouvement l’un par rapport à l’autre font deux décompositions différentes. Chacun connaît, au moins un peu, la géométrie d'Eu- clide ; nous verrons qu'en toute rigueur l'espace-temps n'est pas régi par les lois de cette géométrie, telles qu'on peut les étendre à une multiplicité à quatre dimensions. Une sphère, un ellipsoïde, eic., constituent des surfaces courbes auxquelles la géométrie euclidienne du plan ne s'applique pas : de même l'Univers possède une courbure. Cette courbure se manifeste à nos yeux par le phénomène de la gravitation universelle ; elle se traduit à nous par l'existence d’une force d'inertie qui nous a donné l'illusion d'une force attractive émanant de toute matière et agissant à distance sur toute matière. Il n'y a plus, comme dans l’ancienne mécanique, de masse invariable caractérisant une quantité déterminée de matière. La masse se confond avec l'énergie ; elle varie avec la vitesse et elle est relative à l'observateur car ilny a pas de vitesse absolue, toutes les vitesses de translation étant relatives. INTRODUCTION 9 Enfin l'Univers ne doit pas être infini dans toutes ses dimensions, et la quantité totale de matière existante doit être limitée. La mécanique classique garde son importance parce qu'elle constitue une approximation plus que suffisante * dans la pratique, et en général satisfaisante en astronomie et en physique. Mais il est nécessaire de savoir que les notions d'espace et de temps sur lesquelles elle a été fondée sont inexactes, et d'expliquer certains écarts constatés entre les faits expérimentaux et les prévisions déduites des anciennes lois. On doit répandre les idées nouvelles. Loin de conduire à une complication de la science, elles révèlent une admi- rable harmonie, une merveilleuse synthèse des lois natu- relles par laquelle on aperçoit pour la première fois les liens qui unissent des phénomènes qu'on pouvait croire indépendants. La principale difficulté qu'on rencontre dans le dévelop- pement de la théorie de la relativité vient de la répugnance à abandonner des idées acquises, et de l'étonnement où l’on se trouve plongé devant certaines conséquences qui, par leur étrangeté, choquent ce que l’on considérait comme le bons sens. Je demande au lecteur d’avoir le courage, en abordant cette étude, de renoncer résolument à toute idée préconçue. | Pour la rédaction de cet opuscule, j'ai eu recours aux mémoires de M. Einstein, aux conférences de M. P. Lan- gevin qui a introduit en France les idées nouvelles et a beaucoup contribue à leur développement, enfin aux ouvrages de M. Éddington. PR à KT PREMIÈRE PARTIE LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT CHAPITRE PREMIER LES NOTIONS ANCIENNES D'ESPACE ET DE TEMPS L'analyse des conceptions anciennes d'espace et de temps, sur lesquelles sont fondées la géométrie et la méca- nique rationnelle, nous conduira à l'expérience célèbre par laquelle Michelson avait pensé mettre en évidence le mou- vement absolu de la terre dans l’espace. J'admettrai que le lecteur possède les bases de la géo- métrie d'Euclide (lignes droites et lignes courbes, droites parallèles, droites perpendiculaires l’une sur l’autre, angles, etc...) : ces bases sont d’ailleurs presque intuitives. Je rappellerai seulement ce qu’on entend par ‘* système de coordonnées ”, en priant les lecteurs qui seraient peu fami- liarisés avec les mathématiques de ne pas s'effrayer de l’aridité du début de ce chapitre. Il suffit d'un peu de ré- flexion pour reconnaître qu'il s'agit de notions très simples, et ces notions sont indispensables pour la compréhension de la théorie d'Einstein. SYSTÈMES DE COORDONNÉES. — Supposons qu une figure géométrique soit dessinée sur une feuille de papier plane. Si nous voulons préciser la forme de cette figure, il “ 12 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT nous faut un moyen de repérer la position de chacun de ses points ; d'une ten façon générale, l'étude des figures 0 io de qu'on peut tracer sur. x un plan exige quon ait un moyen de Fic. 1. désigner sans ambi- guïté un point quel- conque de ce plan : on y parvient à l’aide d'un système de coordonnées. Nous pouvons, par exemple, marquer un point O sur la feuille de papier et tracer, dans une direction d'ailleurs arbitrairement choisie, une droite Ox passant par ce point (fig. 1). Joignons au point © le point À que nous voulons repérer, puis mesurons la distance OA et l'angle que for ment les droites OA et Ox; ces deux grandeurs, dis- tance OA et angle xOA sont dites ‘ cocordonnées du point À ”: elles déterminent entièrement la position de ce point car, le ‘ pôle ” O et l'axe Ox ayant été choisis une fois pour toutes, à chaque groupe de deux coordonnées cor- respond un point du plan et un seul. Ces coordonnées sont appelées coordonnées polaires. Un autre système de coordonnées, dont nous ferons constamment usage, est celui des coordonnées cartésiennes rectangulaires. Par un point fixe O, appelé origine des coordonnées, traçons deux droites rectangulaires Ox, Ow qui seront les axes de coordonnées (fig. 2). Nous pouvons repérer tout point du plan par sa position relativement à ces axes : en effet, du point À: abaissons, sur ces deux axes, deux perpendiculaires; nous déterminons ainsi la projection B; du point considéré sur l'axe Ox, et sa pro- - LES NOTIONS ANCIENNES D ESPACE ET DE TEMPS |3 jection C1 sur l'axe Oy ; les distances x; — OB, et y — OCà, comptées sur chacun des axes à partir de l'ori- gine O (positivement dans un sens, négativement en sens opposé), sont les coordonnées cartésiennes du point Ai. Prenons maintenant un second point À>, de coordonnées TNA AES | VOS HAS | O RD 1 p: Fic. 2. x2 et y2, et proposons-nous d'exprimer la distance des deux points À, et À> en fonction de leurs coordonnées : d’après le théorème de Pythagore (le carré construit sur l’hypoté- nuse d'un triangle rectangle est égal à la somme des carrés construits sur les deux autres côtés), on a AA;= AD + A;D° 14 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT ou, en désignant par / la distance AA: des deux points, (1) P = (x — x) + (ye — y). Dans ce système de coordonnées, le carré de la distance de deux points est égal à la somme des carrés des diffé- rences de leurs coordonnées. La géométrie des figures tracées sur notre feuille de papier plane est à deux dimensions, puisque deux coordon- nées (deux quantités variables d’un point à un autre) sont nécessaires et suffisantes pour déterminer la position d'un point du plan. Un plan est une ” multiplicité bidimension- nelle ” *, Passons maintenant à la géométrie des figures tracées, non plus seulement sur un plan, mais dans l’espace ; 1l nous faut introduire une troisième dimension : à la longueur et à la largeur vientse Z joindre la hauteur. Prenons dans l’espace un plan de référence P (repré- senté en perspec- tive sur la figure 3). Dans ce plan nous pouvons, comme précédemment, Fic. 3. choisir un point origine © et deux axes de coordonnées Ox, Oy. Soit À; un point quel- conque de l’espace ; de ce point abaissons une perpen- 1. Il en est de même, d'ailleurs, d'une surface courbe, mais la géométrie des surfaces courbes n’est plus la géométrie d'Euclide. Nous reviendrons plus tard sur cette question. LES NOTIONS ANCIENNES D'ESPACE ET DE TEMPS Î|5 diculaire AM; sur le plan P; le point A: est entière- ment défini par les coordonnées x: et y: de sa projec- ton M, sur le plan, auxquelles il faut joindre sa distance z—= AM; au plan (considérée comme positive d'un côté du plan et comme négative du côté opposé). Le point A: a donc trois coordonnées x1, y:, z1 (coordonnées carté- siennes rectangulaires) : en d’autres termes, l’espace est une ” multiplicité tridimensionnelle ” La construction que nous venons de faire revient à la suivante : par un point © de l'espace, choisi comme origine des coordonnées, nous faisons passer trois plans rectangu- laires xOy, xOz, yOz qui se coupent suivant les droites rectangulaires Ox, Oy, Oz. Les distances x1, y1, z1, d'un point À; de l'espace aux trois plans yOz, xOz, xOy, choi- sis une fois pour toutes, sont les coordonnées cartésiennes de ce point. Par une extension facile de la formule (1), le carré de la distance de deux points A; et A> de l'espace a pour expression, en fonction des coordonnées x1, y1, z1 et x2, yo, z> de ces deux points (2) F — (2 er, x) 3 (y2 — y} TT: (22 HE z)°.] Un premier système de coordonnées Oxyz ayant été choisi et tous les points de l’espace ayant été d’abord rap- portés à ce système, nous pouvons changer de système en adoptant ensuite un second système O'x y z. Supposons que ce second système soit immobile par rapport au pre- mier. Six quantités sont nécessaires et suffisantes pour déf- mir la position relative des deux systèmes d’axes : ce sont trois longueurs (les coordonnées de l’origine O’ du second système prises dans le premier système) qui déterminent la » position relative des deux origines O et O, et trois angles 16 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT qui définissent l'orientation relative des axes des deux sys- tèmes. En géométrie analytique, on établit les formules qui permettent, connaissant ces six quantités, de passer d'un des systèmes à l’autre, c'est-à-dire d'exprimer les coor- données nouvelles x’, y ,z d’un point en fonction des coor- données anciennes x, y, z du même point (et inverse- ment). Tous les systèmes de coordonnées (en nombre infini) immobiles les uns par rapport aux autres, constituent, à vrai dire, un seul et même système de référence (terme à retenir pour la suite), car on peut les supposer tous liés à un même corps de référence rigide. Par exemple, pour les phé- nomènes terrestres, 1] est naturel de prendre la terre comme corps de reférence et d'adopter un système quelconque de coordonnées lié à la terre’. LE GROUPE DE TRANSFORMATIONS DE GALILÉE. — Supposons maintenant que, connaissant les coordonnées d'un point dans un premier système de coordonnées S (Oxyz), on demande les coordonnées du même point de l'espace dans un second système S' (O'x'yz) en mouve- ment par rapport au premier système. Ici s'introduit une notion nouvelle : mouvement signifie changement de position, et ce changement implique la notion de ‘ temps ”. Considérons un système S' (O'xyz) en mouvement rectiligne et uniforme par rapport au système S (Oxyz) c'est-à-dire se mouvant comme un ensemble rigide, par rap- port à S, en ligne droite et avec une vitesse constante v. 1. Il est vrai que la terre, dont l'écorce présente des marées, n'est pas un corps rigide, mais précisément on évalue les oscillations de l'écorce terrestre en les rapportant à un corps de reférence fictif supposé rigide, le géoïde. pr La s 4 LES NOTIONS ANCIENNES D'ESPACE ET DE TEMPS |] Pour n'envisager que le cas le plus simple, nous suppose- _rons que les axes des x et des x’ sont confondus et paral- lèles à la direction de la vitesse (fig. 4), que les axes des y et des y, des z et des z sont pa- rallèles, et quon compte le temps 4 à partir du moment où les deux origi- nes O et O' sont en coïncidence. Les formules de transformation ME CAE TEE 7 sont évidentes: ’ pendant le temps f, bit PRES EURE le point O' s'est PA ho déplacé, à partir Le, du point O, de la longueur vf (par définitionmêmede Éd. la vitesse qui est égale au quotient du trajet parcouru par le temps employé à le parcourir) : donc, à l’époque f, la coordonnée x’ d’un point, quel qu'il soit, est inférieure à la coordonnée x du même point dans le système S, de la longueur parcourue par © c’est-à-dire de vf; d'autre part les y et les z restent constamment égaux aux y et aux z; on a donc (avec cette disposition particulière des axes des deux systèmes S et S') Là , L24 tiligne et uniforme. Nous pouvons donc donner à la loi de Galilée la forme suivante : entre deux événements concer- nant un mobile sur lequel n'est appliquée aucune force, la ligne d'Univers la plus longue est précisément la ligne d'Uni- vers de ce mobile : ou encore, /a loi d'inertie est la loi du temps propre maximum. Le mouvement rectiligne et uniforme joue, dans l'Uni- vers de Minkowski, le rôle que joue la ligne droite en géo- métrie euclidienne, avec cette différence que la ligne d'Uni- vers qui se traduit à nous par ce que nous appelons l'état de mouvement rectiligne et uniforme entre deux événe- ments est la ligne d'Univers la plus longue, alors qu'en géo- métrie la ligne droite tracée entre deux points est la ligne la plus courte. Cependant, dans un cas comme dans l’autre, on peut donner un même énoncé (voir appendice, note 9) et la ligne du point matériel libre, dans un Univers régi par les formules de Lorentz, peut être quahfiée de droite d'Univers, car elle présente une analogie frappante avec la droite de la géométrie euchidienne. ”, Ds. CHAPITRE VI DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ À la cinématique définie par le groupe de transforma- tions de Lorentz, qui remplace la cinématique ancienne basée sur le groupe de Galilée, correspond une dynamique nouvelle, qui, fait remarquable, est plus cohérente et plus simple que la dynamique newtonienne. Nous nous borne- rons ici à indiquer les résultats. Un aperçu général de la théorie est donné dans la note 10 de l’appendice. LA MASSE FONCTION DE LA VITESSE. — Dans la dynamique ancienne, la masse newtonienne d'une portion de matière est une grandeur invariable (chap. 1). Dans la dynamique nouvelle, deux observateurs en mouvement l'un par rapport à l'autre ne doivent pas attribuer la même masse à une même portion de matière, La masse d'un corps est relative comme sa vitesse, et dans un système de référence déterminé, la masse augmente avec la vitesse, Si l’on conserve la définition de la masse (coefficient d'inertie) donnée au chapitre 1, on trouve qu'il faut envi- sager deux masses : une masse longitudinale, qui intervient si la force agissante (et par suite l'accélération) est dirigée parallèlement à la vitesse acquise ; une masse transversale dans le cas où la force agit normalement à la trajectoire ; ces deux masses augmentent avec la vitesse de la portion de matière RS ÉT DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ 6 considérée, mais suivant des lois différentes ; elles ne sont égales que si la portion de matière est au repos. Une autre définition de la masse permet de ne conser- ver qu une seule masse. Supposons qu une force F constante agisse pendant un temps { sur une portion déterminée de matière, initialement au repos; au bout du temps { cette force a imprimé à la matière une vitesse v. Le produit de la force F par le temps { est ce qu'on appelle l'impulsion communiquée à la portion de matière : divisons cette impul- sion par la vitesse, nous obtenons la masse maupertui- sienne m — Le produit mv, égal à l'impulsion Ff, se U nomme encore quantité de mouvement. La masse est donc définie comme coefficient de propor- tionnalité entre l'impulsion communiquée et la vitesse acquise, comme capacité d'impulsion et non plus comme coefficient d'inertie. Dans l’ancienne dynamique, il y avait identité entre les deux définitions ; dans la dynamique de la relativité, la masse maupertuisienne se confond avec la masse newtonienne transversale, mais non avec la masse newtonienne longitudinale. Nous appellerons donc dorénavant ‘ masse ” la capacité d impulsion qui est indépendante de la direction suivant laquelle la force agit sur la portion de matière. On démontre que cette masse croît avec la vitesse v suivant la loi extré- mement simple (15) m— æ (2 U | — a mo est une constante, la masse pour x — | ou v — 0, , - AE , cest-à-dire la masse initiale ou masse au repos; c'est la 62 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT valeur vers laquelle tend la masse quand la vitesse tend Vers Zéro. Supposons que la vitesse d'un corps, mesurée dans un système de référence déterminé, aille constamment en aug- mentant ; à mesure que v tend vers la vitesse c de la lumière, % tend vers zéro et m croit indéfiniment ; la masse de toute portion de matière serait infinie si cette portion de matière était animée de la vitesse de la lumière. On voit - encore de cette manière que la vitesse de la lumière est une vitesse limite qu on ne saurait communiquer à aucune particule matérielle, car 1l faudrait fournir une énergie infimie. L'ÉNERGIE ET SES DIVERSES FORMES. — On appelle travail le produit d'une force par le déplacement de son point d'application dans la direction et le sens de la force, et énergie toute cause de production de travail ou inverse- ment tout résultat de la transformation d'un travail. Le tra- vail et l'énergie ont même mesure : dans le système C. G.S. (centimètre, gramme, seconde), l'unité est l'erg : c’est le. travail accompli par une force égale à une dyne (la 981" par- tie du poids du gramme) pour un déplacement de | centi- mètre dans la direction et le sens de la force. On distingue deux catégories d'énergie : l'énergie ciné- lique et l'énergie potentielle. L'énergie cinétique est l'énergie de mouvement. Uncorpsen mouvement possède, de ce fait, de l'énergie cinétique. Enméca- nique classique, l'énergie cinétique d'une portion de matière (point matériel) de masse m et de vitesse v est sa force vive mov’, et l'énergie cinétique d'un système matériel est la 2 somme \ mo des forces vives des différents points maté- 0 4 4 L - | DYNAMIQUE DÉ LA RELATIVITÉ 65 . e A] - A riels qui composent ce système. Nous verrons bientôt que ‘ . . LEA ” . = L cette expression ancienne de | energie cinétique n'est valable que comme approximation, L'énergie potentielle est de l'énergie en réserve, en puissance. Un exemple fera comprendre : si l’on soulève un objet, on dépense du travail ; ce travail n’est pas perdu, ilest transformé en énergie potentielle ; en effet si on lâche De l'objet, celui-ci tombe ; il y a donc quelque chose qui se transforme en énergie cinétique qui peut elle-même pro- duire du- travail. Dans la nature, l'énergie se présente sous des formes variées. Tout champ de force renferme de l'énergie locali- sée dans chaque élément de volume de l'espace. ÉNERGIE ÉLECTROSTATIQUE. — Si l’on met en pré- sence un certain nombre de corps électrisés, ceux-ci exer- cent des forces les uns sur les autres ; le système possède de l'énergie potentielle ; on modifie cette énergie en chan- geant les distances des charges électriques, c’est-à-dire en dépensant (ou au contraire en récupérant) du travail. Ainsi ün champ électrique, c'est-à-dire une portion d'espace où s exercent des forces électriques possède une énergie poten- tielle, et l'on démontre que cette énergie est localisée dans chaque élément de volume du champ. ÉNERGIE MAGNÉTIQUE. — De même, chaque élé- ment de volume d'un champ magnétique renferme de l'énergie, mais cette fois c'est de l'énergie cinétique, car tout champ magnétique est produit par des charges (élec- trons) en mouvement (même un aimant renferme des charges en mouvement), et l'on sait aujourd'hui que l'énergie ma- gnétique nest autre chose que l'énergie cinétique de ces charges, qui est extériorisée dans |’ espace environnant, -ÉNERGIE DU CHAMP DE GRAVITATION.— Les 64 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT corps s’attirent et un système matériel possède, de ce fait, une énergie potentielle. ÉNERGIE CHIMIQUE. — Un système de deux corps susceptibles de s'unir possède de l'énergie potentielle, qui peut être transformée en chaleur et en travail lors de la combinaison de ces corps. L'énergie des explosifs est encore une forme d'énergie chimique. ÉNERGIE CALORIFIQUE. — Enfn la chaleur est une des formes de l'énergie : c'est l'énergie (cinétique) du mouvement des molécules qui composent la matière. CONSERVATION DE L'ÉNERGIE.— Un principe fon- damental est celui de la conservation de l'énergie. Chaque fois que de l'énergie ou du travail se transforme, il y a production d'une énergie égale ou d’un travail équivalent. Voici deux exemples : quand on soulève un poids, l'ac- croissement d'énergie potentielle (énergie de gravitation) est égal au travail dépensé, Quand un corps perd sa vitesse par suite d'un frottement, toute son énergie cinétique se transforme en une quantité égale d'énergie calorifique, ou en une quantité égale d'énergie calorifñique et d'énergie électrique (due à l’électrisation par frottement). L'énoncé exact du principe est le suivant. L'énergie totale d’un système matériel isolé (c'est-à-dire qui n’échange aucune énergie ni aucune matière avec l'extérieur) reste constante au cours des transformations que subit ce système, L'INERTIE DE L'ÉNERGIE. — Une des conséquences les plus remarquables de la théorie de la relativité est que la nolion de masse n’est pas distincte de celle d'énergie. On démontre en effet les résultats suivants : 1° L'énergie cinétique acquise par une particule maté- DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ 65 rielle, de masse au repos mo et de masse m pour une vitesse v, s'obtient en multipliant la variation de masse (m — mn) par le carré de la vitesse de la lumière, C'est seulement en première approximation (pour les vitesses faibles) que cette énergie est égale il mov” (force vive dans la mécanique classique). - 2° L'énergie rayonnante (chaleur rayonnante, lumière, ondes hertziennes) possède une masse. Une quantité d’éner- gie W a une masse égale au quotient de cette énergie par le carré de la vitesse de la lumière : | Mm—= C 3° Un corps qui rayonne (ou qui absorbe) de l'énergie, chaleur, lumière, etc.…., éprouve une perte (ou une augmen- tation) de masse égale au quotient de l'énergie rayonnée LA 1 ’ . "x (ou absorbée) par le carré de la vitesse de la lumière. En DT , . d'autres termes, en vertu du résultat qui précède, la masse de l'énergie rayonnée (ou absorbée) se trouve perdue (ou acquise) par la matière. 4° On sait que la matière est constituée par des cor- puscules électrisés auxquels on a donné le nom d'électrons. M. Langevin a établi que l'énergie (potentielle) totale d'un électron au repos est égale à la masse au repos de l'élec- tron, multipliée par le carré de la vitesse de la lumière. Ce résultat s'étend à toute la matière, si, comme on a toutes raisons de le penser, la matière est entièrement formée d'électrons positifs et négatifs. Réumissant tous ces résultats, les conclusions suivantes .. _ simposent: Toute variation d'énergie (potentielle ou cinétique) d’un 5. BECQUEREL 66 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT système (formé de matière, champs électromagnétiques, rayonnements, etc.) est accompagnée d'une variation de masse de ce système, égale au quotient de la variation d'énergie par le carre de la vitesse de la lumière. Toute forme d'énergie possède de l’inertie ; la masse de la quantité d'énergie W est se F r * a Toute masse m représente une énergie totale mc. QUELQUES CONSÉQUENCES DE L'INERTIE DE L ÉNERGIE (M. Langevin). — l° VARIATION DE LA MASSE AVEC LA TEMPERATURE. — Une quantité d'eau dont la masse est égale à | gramme à la température de 0° doit avoir à 100” une masse plus grande. La différence (5.10 ‘* gramme) est d’ailleurs insensible. Malgré la petitesse de ceteffet, l'exemple fait comprendre que la notion de masse cesse de se confondre avec celle de quantité de matière. 2° REACTIONS CHIMIQUES. — De la chaleur étant mise en jeu dans les réactions chimiques, comme cette chaleur a une masse, la masse du composé n'est pas rigoureusement égale à la somme des masses des composants. Par exemple, lorsque 2 grammes d'hydrogène s'unissent à 16 grammes d oxygène, il se dégage sous forme de chaleur une énergie égale à 2,87. 10" ergs. On n'obtient pas 18 grammes d'eau, mais 12 2.8] . 10 —= 3,2, 10°" gramme en moins. 9.10" 3° TRANSFORMATIONS RADIOACTIVES. — Dans les transformations radioactives, l'énergie libérée est consi- dérablement plus grande que dans les réactions chimiques. Par exemple, la masse globale de l'hélium et du plomb engendrés par transformation complète d'une certaine DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ 67 quantité d'uranium est certainement inférieure de plus D. see TO de .. à la masse de cette quantité d'uranium. 10000 Prout a émis l'hypothèse que les divers atomes sont construits à partir d'un élément primordial, l'hydrogène. Cette hypothèse de l'unité de la matière est de plus en plus confirmée par les découvertes récentes” : par exemple, Sir Rutherford a montré que le choc d’une particule 4 (atome d'héhum lancé par un corps radioactif) contre un atome d'azote peut détacher de celui-ci un atome d'hydrogène. D'après la mécanique ancienne, la masse d'un atome quel- conque devrait alors être un multiple exact de celle de l'atome d'hydrogène, c'est-à-dire que les poids atomiques, calculés en prenant pour unité celui de l'hydrogène, devraient être des nombres entiers. C'est la loi de Prout, qui est effec- - tivement à peu près vérifiée car les poids atomiques sont voisins de nombres entiers ; cependant il subsiste des écarts : Lithium 6,94, bore 10,90, carbone 11,91, etc. M. Langevin a proposé l'explication suivante : la for- mation des atomes (par désintégration radioactive ou par un processus inverse non encore observé, mais qui s'est né- cessairement produit dans la formation des atomes lourds) a été accompagnée de variations d'énergie interne par émis- sion ou absorption de rayonnement. La masse de l'énergie rayonnée ou absorbée est la cause des écarts”, et ceux-ci + I est probable que le noyau atomique de l'hydrogène est l'électron positif, de masse | 700 fois plus grande que la masse de l'électron négatif. On a toutes rai- sons de penser que l'atome d'hydrogène est formé d'un électron positif et d'un élec- tron négatif gravitant autour du premier. 2. 11 faut toutefois noter que d'autres écarts sont dus à l'existence de mélanges de “corps isolopes, ayant mêmes propriété; chimiques mais des poids atomiques diffé- rents. Tel est le cas, par exemple, pour le chlore (35,5) qui est un mélange de deux corps de poids atomiques 35 et 37. | 68 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT sont tels que les énergies mises en jeu seraient du même ordre de grandeur que celles observées au cours des trans- formations radioactives. LA MATIÈRE RÉSERVOIR D'ÉNERGIE. — Soient m, la masse au repos d'un corps, m sa masse pour les observa- teurs relativement auxquels 1l possède la vitesse v ; l'énergie totale du corps, pour ces observateurs, est : tre AN V es : c* 0 = me + mb + rit) a TES Le second terme et les suivants (en nombre infini), qui contiennent les puissances supérieures de v, représentent l'énergie cinétique due à la vitesse 0 (relativement aux observateurs considérés). Cette énergie croît indéfiniment lorsque la vitesse v tend vers la vitesse de la lumière. Pour les faibles vitesses elle se réduit pratiquement au second terme mov” (expression ancienne de la force vive). Le premier terme moc° est l'énergie que renferme la matière au repos; c'est la somme des énergies cinétiques et potentielles des particules électrisées (électrons) qui, en- dernière analyse, composent la matière. Cette énergie est fantastique! un seul gramme de matière, quelle que soit la” nature de celle-ci, correspond à la présence d'une énergie interne égale à 9.10" ergs, énergie qui permettrait de. soulever trente millions de tonnes au sommet de la tour Eiffel, LOS un. DYNAMIQUE DÉ LA RELATIVITÉ 69 Presque toute cette énergie interne appartient aux noyaux atomiques, qui sont des mondes insensibles à la plupart des actions que nous pouvons produire . Une très faible partie de l'énergie des noyaux est libérée spontané- “ment dans les transformations radioactives. Une portion d'énergie beaucoup plus petite encore, provenant, non plus des noyaux des atomes, mais des électrons qui gravitent autour de ces noyaux est dégagée dans le rayonnement (chaleur rayonnante, lumière, rayons X) ou mise en jeu dans les réactions chimiques. é LE PRINCIPE DE LA CONSERVATION DE LA MASSE SE-CONFOND AVEC LE PRINCIPE DE LA CONSERVATION DE L'ÉNERGIE. — Dans un système isolé, les diverses parties échangent de l'énergie entre elles; les masses individuelles des corps ne se conservent donc pas; seule la masse de l’ensemble reste invariable. Le prin- cipe de la conservation de la masse n'est pas distinct du principe de la conservation de l'énergie, puisque la masse de toute substance mesure son énergie totale, UNIFICATION DES PRINCIPES DE CONSERVATION DE LA MASSE, DE L'ÉNERGIE ET DE LA QUANTITÉ DE MOUVEMENT. — (CONSERVATION DE L'IMPULSION D'UNIVERS. — Dans la mécanique classique, en plus des deux principes de conservation de la masse et de l'éner- gie, qui apparaissaient comme distincts, mais qui deviennent identiques dans la dynamique nouvelle, il existe un troisième principe : celui de la conservation de la quantité de mou- vement d'un système isole. Nous avons vu que la quantité de mouvement d'une par- ticule de matière est le produit mu de la masse de cette }. Sauf cependant aux rayons & (expériences récentes de Sir Rutherford). | Er 70 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT particule par sa vitesse. C’est une quantité orientée comme la vitesse, un vecteur. Tout vecteur peut être représenté géométriquement par une portion de droite OM (fig. 11) ayant la direction Z et le sens du vec- longueur OM est proportionnelle à la grandeur du vec- teur, On peut pro- jeter le vecteur en OA, OB, OC sur les directions des axes de coordon- nées ; l'ensemble des trois vecteurs Fic 11. OA, OBXOEe qui sont les com- posantes du vecteur OM, est entièrement équivalent à ce vecteur OM. C'est ainsi qu'on décompose les déplacements rectilignes en géométrie, les vitesses en cinématique, les forces et les quantités de mouvement en dynamique. Par la construction inverse, on peut composer en un vecteur unique OM trois vecteurs OA, OB, OC de même nature : dirigés parallèlement aux axes de coordonnées. Considérons un système de points matériels; projetons sur les axes de coordonnées les quantités de mouvement de tous les points, puis ajoutons toutes les composantes suivant Ox, toutes les composantes suivant Oy, toutes les compo- santes suivant Oz, nous obtenons trois grandeurs G;, G,, G; qui sont les composantes d’un vecteur: la quantité de mouvement du système matériel. Nous avons ainsi composé teur, et dont la. DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ 71 en un vecteur unique l'ensemble des vecteurs quantités de mouvement de tous les points matériels du système. Le principe de la conservation de la quantité de mouve- ment affirme que dans un système de points matériels isolé _ qui évolue, la quantité de mouvement de l'ensemble reste la même, c'est-à-dire que les projections G;, G,, G, restent constantes dans un même système d'axes de coordonnées. Lorsque, dans un même système de référence, on change d'axes de coordonnées, les composantes d'un vecteur quel- conque prennent de nouvelles valeurs; 1l est évident que les composantes d'un vecteur se transforment suivant la même loi qu'une distance orientée (déplacement rectiligne) puisqu un vecteur se représente géométriquement par une portion de droite dirigée. Réciproquement, trois grandeurs physiquement de même nature (homogènes) qui, dans un changement d'axes de coordonnées, se transforment comme les composantes d'un déplacement rectiligne, constituent les trois composantes d'un vecteur d'espace. Nous allons généraliser ces notions et les étendre à l'Espace- Temps. Au lieu d'une distance, considérons un intervalle d'Univers s BL + CT” X1, Yi, Zu, L13 X2, y», 22, > étant les coordonnées d'espace et de temps des deux événements origine et extrémité de l'intervalle s. De même que la distance de deux points À et B est orientée dans l'espace, de même l'intervalle qui sépare deux événements est orienté dans l'espace-temps. X2 —— X4, Ye — Yi, Z> — Z1 sont, comme en géométrie, les composantes, suivant les axes de coordonnées, de la dis- 72 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT tance spatiale des deux événements ; quant à (—#), nous pouvons dire que c'est la composante de l'intervalle suivant le temps. Par conséquent x> —x1, y2—— yi, z2 — 21, c(b 4) sont les composantes d'espace et de temps de la portion de droite d'Univers qui sépare les deux événements. Une por- tion de droite d'Univers, ou ce qui est la même chose un déplacement rectiligne effectué d'un mouvement uniforme est un vecteur d Univers à quatre dimensions, un quadri- vecteur. Par extension des propriétés des vecteurs de l'espace, lorsque quatre grandeurs physiquement de même nature se transforment, dans un changement du système de référence, comme les composantes d'une portion de droite d'Univers, c'est-à-dire (dans le cas de la relativité restreinte et avec la disposition d’axes adoptée) conformément aux formules de Lorentz, ces grandeurs constituent les composantes d'un quadrivecteur. = Un fait remarquable est que les trois composantes d'espace de la quantité de mouvement d'une portion de matière et sa masse multipliée par la vitesse de la lumière (c’est-à-dire son énergie totale divisée par la vitesse de la lumière) sont quatre grandeurs jouissant de la propriété pré- cédente. Ce sont les composantes d'un quadrivecteur, l’im- pulsion d'Univers. Ce vecteur d'Univers a ainsi pour composantes d'espace les trois quantités de mouvement suivant les directions des trois axes de coordonnées, et pour composante de temps l'énergie (divisée par c) qui n’est pas orientée dans l’espace mais qui est orientée suivant le temps. La quantité de mouvement et l'énergie (ou la masse) d'un système matériel apparaissent donc comme des gran- ed nt... dns nn. © DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ 73 deurs inséparables, et les trois principes de la mécanique ancienne se réduisent maintenant à un principe unique : la conservation de l'impulsion d'Univers. Alors que la quantité de mouvement et l'énergie, consi- -dérées séparément, ne se conservent que dans un même système de référence et changent d’un système de référence à l'autre, l'impulsion d'Univers a un sens absolu, indépen- dant du système de référence. On voit que seul l’ensemble des principes de la dynamique est absolu. Loin de compliquer les lois de la nature, le principe de relativité, par sa puissance de simplification, conduit à une synthèse sur la beauté de laquelle il serait superflu d'in- sister. CHAPITRE VII VÉRIFICATIONS EXPÉRIMENTALES LES VITESSES DES ÉLECTRONS. — La théorie de la relativité affirme que la vitesse de la lumière ne peut pas être dépassée. Cette affirmation est la base même de la théorie, car c'est elle qui entraine la négation du temps absolu. Les vitesses les plus rapides que nous connaissions sont celles des particules £ (électrons) émises par les corps ra- dioactifs. Danysz a montré que ces particules présentent toute une série de vitesses et il est remarquable que ces vitesses convergent vers la vitesse de la lumière, allant jus- qua 297000 kil/sec. sans pouvoir atteindre 300000 kil./sec. VÉRIFICATION DE LA LOI D'ACCROISSEMENT DE LA MASSE AVEC LA VITESSE. — Les expériences de M. Kaufmann et de M. Bücherer sur les rayons 5 des corps radioactifs et surtout les mesures très précises de MM. Ch.-Eug. Guye et Lavanchy sur les rayons catho- diques (formés d'électrons animés de grandes vitesses) ont prouvé que la masse de l'électron augmente avec sa vitesse, conformément à la loi prévue m— —: Dans ces VÉRIFICATIONS EXPÉRIMENTALES 75 dernières expériences la loi est vérifiée jusqu'à des vitesses allant jusqu à la moitié de la vitesse de la lumière. LA STRUCTURE DES RAIES SPECTRALES. — L'expé- rience prouve que les raies du spectre de l'hydrogène ne sont pas simples: chacune d'elles est en réalité constituée par une série de composantes extrêmement rapprochées, dont deux sont particulièrement intenses. Un modèle d’atome, proposé par M. Bohr (un seul électron négatif tournant autour d'un électron positif dans le cas de l'hydrogène) rend compte du spectre de l’hydro- gene, mais l'application de la dynamique classique conduit à prévoir seulement des raies simples. M. Sommerfeld a établi que la dynamique de la relati- vité rend compte exactement, qualitativement et quantitative- ment, de la structure complexe des raies de l'hydrogène ainsi que de la structure des spectres de rayons X. On peut considérer comme établi que la mécanique nouvelle est seule applicable aux mouvements intra-atomiques. C'est la une des plus intéressantes vérifications du principe de relativité. LA SIGNIFICATION DE L'EXPÉRIENCE DE MICHELSON. — On présente souvent l'expérience de Michelson comme la base du principe de relativité et beaucoup de personnes objectent qu'il est scabreux de bâtir une pareille théorie sur une expérience dont le résultat a été négatif. Il est essentiel de faire remarquer que ce n'est pas sur l'expérience de Michelson qu'il faut fonder la théorie de la relativité. Cette théorie est basée sur les formules de Lorentz, c'est-à-dire sur les lois de l’électromagnétisme car les formules de Lorentz sont implicitement contenues dans 76 LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT les équations de Maxwell : c'est le fait que ces lois ont été vérifiées par des expériences d'une extraordinaire préci- sion et doivent être conservées quand on change de système de référence qui est la base inébranlable de toute la théo- rie. L'expérience de Michelson a joué un rôle considé- rable, parce qu'elle a d’abord appelé l'attention sur la dis- cordance entre l'expérience et les prévisions déduites des lois de la mécanique ; on a ensuite reconnu les causes pro- fondes de ce désaccord. Si maintenant on donne à l'expé- rience de Michelson son véritable sens, on constate qu'elle vient simplement se joindre aux autres vérifications expéri- mentales. La relativité généralisée et la loi de la gravitation d'Ein- stein nous apporteront des vérifications plus remarquables encore que celles qui viennent d'être indiquées. _ DEUXIÈME PARTIE LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉ ET LA GRAVITATION CHAPITRE VIII LE CHAMP DE GRAVITATION ' ET L'UNIVERS RÉEL LES SYSTÈMES GALILÉENS. — Une conception fonda- mentale est à la base de la théorie de la relativité res- treinte : celle du mouvement rectiligne et uniforme. Mais tout état de mouvement étant relatif, comment attribuer un sens absolu à l'état de mouvement rectiligne et uniforme? On imagine bien un mobile en translation uniforme dans un système de référence considéré, par con- _ vention, comme immobile; on conçoit que deux systèmes de référence soient en mouvement rectiligne et uniforme lun par rapport à l'autre. Existe-t1l un criterium qui per- mette de décider si un système envisagé isolément est ou non en translation umiforme ? On voit quil est nécessaire de préciser les conditions de validité des principes et des lois précédemment exposés. Voici comment on doit résoudre la question. /Vous sup- …. posons qu on puisse trouver un système dans lequel la loi « d'inertie de Galilée (chap. 1) soit vérifiée : dans ce sys- … tème, défini par un corps de référence, une particule maté- |: rielle est au repos ou se déplace d'un mouvement de. trans- 2 + | EC 1 78 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION lation uniforme par rapport au corps de référence (ou par rapport à des axes liés à ce corps) si l’on ne fait agir aucune force sur elle. Dans un tel système, appelé système galiléen, on peut adopter les coordonnées habituelles d'es- pace et de temps (trois axes rectangulaires pour repérer les positions et un phénomène périodique servant d'horloge pour mesurer le temps) et ces coordonnées sont dites coor- données galiléennes. S il existe un système gahléen, il en existe une infinité d'autres : ce sont tous ceux qui sont animés Par rapport au premier (et les uns par rapport aux autres) d'un mouve- ment de translation uniforme, sans rotation. Ce que nous avons appelé système en translation uni- forme, ou encore système non accéléré estce que nous appe- lons maintenant système galiléen. La théorie de la relativité restreinte n'envisage que des systèmes galiléens : elle affirme que dans tout système galiléen la lumière se propage avec la même vitesse dans toutes les directions (propagation iso- trope), que cette vitesse est une constante universelle, que dans chaque système on peut faire une mesure optique du temps (chap. 111), queles lois de l’électromagnétisme (équa- tions de Maxwell) sont rigoureuses, que les formules de transformation des coordonnées galiléennes sont celles de Lorentz, que les lois des phénomènes physiques restent les mêmes quand on change de système galiléen. Un espace-temps qui jouit de la propriété de contenir dans toute son étendue une infinité de systèmes galiléens est un Univers de Minkowski (chap. V). Nous dirons qu'il est ‘ euchidien ” à cause de l’analogie entre la ligne d'Uni- vers qui correspond au mouvement rectiligne et uniforme et la ligne droite dans l'espace de la géométrie euclidienne (p. 59) et parce que, comme l'espace de la géométrie, il # PRET -_ CHAMP DE GRAVITATION ET UNIVERS RÉEL 79 est homogène, c'est-à-dire jouit des mêmes propriétés dans toute son étendue. Comme l'espace de la géométrie, cet Univers est infini. Une question capitale se pose maintenant: l'Univers réel est-il euclidien? L'existence de la gravitation, que nous ävons totalement négligée jusqu'à présent, ne vient-elle pas détruire l'homogénéité, qui est caractéristique de l'Univers de Minkowski ? A PESANTEUR DE L'ÉNERGIE. — Chacun sait qu'aux environs de toute matière règne un champ de gravitation, “C'est-à-dire qu'en tout point de l' espace s “exerce une force, la pesanteur, qui agit sur toute portion de matière, On appelle intensité du champ de gravitation ” ou intensité de la pesanteur en un point la force qui s'exerce en ce point sur une masse matérielle égale à l'unité de masse ; “cette intensité dépend des masses environnantes (les corps sont plus légers sur la lune que sur la terre). D’après la vieille loi de Newton, deux particules matérielles de masses m et m s'attireraient proportionnellement : à leurs masses et en raison inverse du carré de leur distance r, de sorte que da force F aurait pour expression F — e mm Tr” G étant une constante, la constante de la gravitation (égale à 6,7. 10 ‘) dans le système centimètre-gramme-seconde IE CG: S.). u En un point situé à la distance r d'une particule unique de masse m, l'intensité de la Prier due à cette parti- cule foie agissant sur la masse m — |) serait Gr LT Tr 80 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION « La gravitation, qui agit sur toute portion de matière, - agit-elle aussi sur l'énergie? la pesanteur est-elle, comme l'inertie, une propriété de l'énergie 2 lorsque la masse inerte d'un corps change avec son énergie interne, en est:il de même de sa masse pesanle 2 L'expérience répond par l'affirmative. Supposons qu'une perte d'énergie, et par suite de masse, par rayonnement, ne s'accompagne d'aucune variation de poids. Il en résul: terait qu’une certaine quantité d'uranium et l'ensemble des produits de sa transformation, hélium et plomb, auraïent des poids égaux mais des masses différentes. Or les expé- riences de M. Eotvôs ont démontré (avec une précision qui atteint le vingt-millionième) qu’en tout lieu il y a pro- portionnalité entre la masse et le poids : la direction de la verticale, qui est celle de la résultante du poids et de la” force centrifuge proportionnelle à la masse (force d'inertie due à la rotation de la terre), est en effet la même pour tous les corps. e “ Nous sommes amenés à conclure que l'énergie rayon- nante, en particulier la lumière, doit être pesante puisqu'elle a une masse. Par suite un rayon lumineux doit s'incurver dans un champ de gravitation. | L'ÉQUIVALENCE ENTRE UN CHAMP DE GRAVITATION ET UN CHAMP DE FORCE DU À UN ÉTAT DE MOUVE- MENT ACCÉLÉRÉ. — Les résultats qui précèdent entrai- nent de graves conséquences. Pour un observateur lié à la terre, un mobile lancé et abandonné à lui-même n'obéit pas à la loi galiléenne d'iner- tie, puisqu'il est dévié par la pesanteur: nous voyons qu'il en est de même pour lalumière, ce qui implique que la vitesse de la lumière ne reste pas rigoureusement constante. CHAMP DE GRAVITATION ET UNIVERS RÉEL 81 sur tout le parcours d'un rayon lumineux, contrairement au principe fondamental de la constance de cette vitesse. La même conclusion s'applique partout où règne un champ de gravitation, c'est-à-dire dans l'Univers tout entier; d'aucun système naturel on ne peut voir — du moins sur une grande étendue — un mobile abandonné à lui-même où même un rayon lumineux se propager suivant un mou- vement rectiigne et uniforme ; aucun mouvement n'est con- forme à la loi d'inertie de Galilée. Mais, pensera’ le lecteur, ce n'est pas étonnant : la loi de Galilée s'applique, dans un système galiléen, au mobile sur lequel n’est appliquée aucune force; or dans un champ de gravitation une force attractive s'exerce sur le mobile. Nous allons, avec Einstein, être conduits à une toute autre interprétation : si la loi d'inertie de Galilée n'est pas satisfaite, ce n'est pas parce qu'un mobile subit une force attractive sil y a un champ de gravitation, c'est parce qu'on ne peut pas trouver un système galiléen. Nous allons mon- trer, en effet, que la force de gravitation ne doit pas être considérée comme une force appliquée à un corps: c'est une force d'inertie absolument de même nature que celle Qui apparaît dans un système accéléré, c'est-à-dire dans un système non galiléen (voir fin du chap. 1) : il en résultera que dans une région où règne un champ de gravitation il n'existe pas de système de référence qui soit gahléen dans toute l'étendue du champ. Nous allons analyser des notions qui nous paraissent évi- dentes parce que nous y sommes habitués, et c'est précisé- ment parce que nous y sommes trop habitués que personne, avant M. Einstein, n'avait eu l'idée de les approfondir. D EA GRAVITATION EST UNE ACTION DE PROCHE EN PROCHE. — A la question pourquoi un 6. BECQUEREL ri 82 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION objet soulevé puis abandonné à lui-même tombe-t-il 2 chacun est tenté de répondre : ‘* parce qu'il est attiré par la terre ”. La physique moderne doit formuler autrement la réponse. Le développement, dans le domaine de l’électromagné- tisme, de la théorie des actions de proche en proche non instantanées a conduit à la théorie de Maxwell, vérifiée par l'expérience, et au principe de relativité restreint (voir chap. IV). Une conception semblable doit être admise" pour la gravitation : l’attraction de la terre sur l'objet qui tombe est un effet indirect; la propriété d'agir sur une” masse matérielle ou sur un rayon lumineux appartient, en réalité, au champ de gravitation, c'est-à-dire à l'Espace- Temps qui se trouve modifié au voisinage de la matière : ce n'est pas une action à distance, directe et instantanée, pro- duite par un corps attirant. 2° ÉGALITÉ DE LA MASSE PESANTE ET'DE-EA MASSE INERTE.— Le champ de gravitation possède une À propriété extrêmement remarquable qui n'appartient pas 4 aux champs électrique et magnétique. Alors que dans un même champ électrique des charges différentes prennent des accélérations différentes, dans un champ de gravitation l’accélération acquise par un corps ne dépend ni de l'état physique, ni même de la nature du corps. Zous les corps, qu'ils soient lourds ou légers, tombent avec la même vitesse si les conditions initiales sont les mêmes. L'accélération est indépendante de la force qui s'exerce sur le corps (indé- pendante de son poids). Ce fait, si familier, est extraordinaire, Pour les faibles vitesses, on a la loi du mouvement de Newton force — masse inerte >< accélération CHAMP DE GRAVITATION ET UNIVERS RÉEL 83 1 d Le . c'est-à-dire que la masse inerte (masse au repos) est une constante propre au corps accéléré. Si la force est le poids, on a force — masse pesante >< intensité du champ. L4 f AE “ La masse pesante étant également une caractéristique du corps. On a donc : masse pesante accélération — >< intensité du champ. masse inerte Puisque l'expérience prouve que, dans un même champ de gravitation, l'accélération est indépendante du corps, le masse pesante rapport : est une constante pour tous les masse inerte corps et si l'on choisit les unités de façon que ce rapport soit égal à 1, la masse pesante est égale à la masse inerte, Il y a longtemps que la mécanique a enregistré ce ré- sultat, mais personne ne l'avait interprété. L'interprétation est celle-ci : la même qualité de la matière se mamifeste, selon les circonstances, soit comme inertie, soit comme pe- santeur: en termes plus précis : LA FORCE DE GRAVI TATION‘EST UNE FORCE D'INERTIE. Avec M. Einstein, imaginons une portion d'espace vide, si loin des étoiles et de toute matière qu'il n’y ait plus de champ de gravitation et que nous soyons dans le cas idéal où la loi galiléenne d'inertie est applicable. Il est alors pos- … sible, dans cette portion d'Univers, de choisir un système . galiléen. Dans ce système supposons une chambre isolée à l'intérieur de laquelle se trouve un observateur: pour cet q P % 84 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION homme il n'y a pas de pesanteur, pas de direction privi-. légiée. Supposons maintenant que, par un câble fixé à un cro- chet au milieu de la toiture de la chambre, un être exté rieur se mette à tirer avec une force constante. Pour un observateur immobile dans le système galiléen, la chambre va prendre un mouvement uniformément accéléré et sa vitesse croîtra d'une facon fantastique. Mais toute autre. sera l'opinion de l’homme enfermé dans la chambre: l'accé- lération va projeter cet homme sur le plancher, pour lui il y auraun haut” et un bas ” comme dans une chambre sur la terre ; 1l constatera que tous les objets tombent avec une même accélération ; sa première impression sera quil. se trouve dans un champ de gravitation. À la réflexion, il se demandera pourquoi il ne tombe pas en chute libre, ce qui ferait disparaître la pesanteur. Cherchant ce qui se passe, 1l découvrira le crochet et le càäble tendu : cette fois tout sera clair pour lui, il se dira : ma chambre est suspendue, au repos, dans un champ de gravitation. Cet homme est-il dans l'erreur ? nullement : il a parfai- tement le droit de considérer sa chambre comme immo- bile, bien qu'elle soit accélérée relativement à l'espace gali- léen. On voit que la possibilité de cette interprétation repose sur la propriété fondamentale d'un champ de gra- vitation, de donner à tous les corps la même accélération, c'est-à-dire sur l'égalité de la masse pesante et de la massé inerte. 3" LE BOULET DE JULES VERNE.— Au lieu d'ima- giner que la chambre de l'observateur est loin de toute matière, supposons-la, au contraire, en chute libre (sans rotation) dans le champ de gravitation d'un astre. La: CHAMP DE GRAVITATION ET UNIVERS RÉEL 85 pesanteur y sera supprimée puisque tous les objets seront - soumis à la même accélération que la chambre en tombant avecelle, Pour l'observateur de la chambre, il n'y aura plus mi haut ni bas, et un mobile libre sera au repos ou animé d'un mouvement rectiligne et uniforme ; ce mobile se con- formera à la loi de Galilée ; un système de référence hé à la chambre sera donc un système galiléen (bien que pour “un observateur situé sur l'astre sur lequel tombe la chambre ce système soit accéléré) et l’homme de la chambre con- sidérera | Univers comme euclidien dans son voisinage. 4 LE PRINCIPE D'ÉQUIVALENCE. — Ainsi, d'une part l'emploi d'un système de référence en mouvement accéléré dans un Univers euclidien équivaut à créer un certain champ de gravitation dans lequel ce système pourra être considéré comme immobile; d'autre part, l'emploi d'un système de référence lié à un corps en chute libre dans un champ de gravitation revient à supprimer ce “champ. En tout point d'espace 1l est donc impossible de se prononcer entre les deux hypothèses suivantes: 1° il existe “un état de mouvement accéléré sans champ de gravitation ; #2” le système est au repos mais il y règne un champ de “gravitation s exerçant sur toute portion d'énergie. En un mot il est impossible de distinguer un champ de force d'inertie dû à un état de mouvement et un champ dé gravitation. Il y a équivalence, selon l'expression d'Einstein, qui appelle champ de gravitation tout champ de force, que ce champ soit dû à un état de mouvement du “système de référence ou au voisinage de masses matérielles, L'UNIVERS RÉEL N'EST PAS EUCLIDIEN. — Pour un “observateur en chute libre, dans un boulet de Jules Verne, le champ de gravitation n’est supprimé que localement. 86. RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION 4 C'est seulement dans une région peu étendue (théorique- ment infiniment petite) que l'Univers est euclidien pour cet observateur. Le champ de gravitation subsiste à dis- tance, parce que l'intensité de la pesanteur n'est constante ni en grandeur ni en direction; en supprimant le champ en un point, on l'accentue ailleurs: par exemple, relative- . ment à un observateur qui tomberait en chute libre sur la Terre, le champ de la pesanteur serait doublé dans la région symétrique par rapport au centre de la Terre. Dans la nature, aucun champ de gravitation n'est uniforme ; aucun système de référence ne peut annuler un champ de gravitation dans toute son étendue. Il est impos- sible de trouver un système de référence dans lequel la lumière ait une propagation rigoureusement isotrope, dans lequel la loi d'inertie de Galilée puisse être rigoureusement apphquée. En un mot le système galiléen est théorique- ment imaginable, et l'esprit le conçoit aisément parce que c'est le système le plus simple — de même que la géomé- trie euclidienne est la plus intuitive — mais ce n’est qu'une fiction et l'Univers réel, envisagé dans son ensemble, n'est pas euclidien. LA GÉNÉRALISATION DU PRINCIPE DE RELATIMITÉ. — Puisque nos postulats fondamentaux ne sont pas rigoureusement vrais dans l'Univers réel, faut-il donc consi- dérer le principe de relativité comme une abstraction en dehors des réalités? Doit-on renoncer à cette admirable synthèse et considérer l'invariance des lois de la nature comme une simple approximation 2 Faut-il penser que cette invarlance ne serait exacte qu'à la limite, dans un Univers euclidien et en n'envisageant que des systèmes de réfé- rence galiléens 2 | | “CHAMP DE GRAVITATION ET UNIVERS RÉEL 87 se | = Doit-on, au contraire, étendre le principe de relativité au cas de l'Univers réel et de système de référence absolu- ment arbitraires 2 - M. Einstein n’a pas hésité. Il a érigé en principe l’affrr- mation suivante : Tous les systèmes de référence sont équivalents pour formuler les lois de la nature : ces lois sont ‘covariantes ””" vis-à-vis de transformations de coordonnées arbitraires. Cu généralisation s'impose. En effet toutes les lois de notre science sont basées sur la constatation de coïncidences absolues dans l Univers. Dans le langage de la relativité, ces Coïncidences sont des intersections de lignes d'Univers, abso- lues et par suite indépendantes de tout système de coor- données. Il est donc certain que les lois de la nature doivent pouvoir s exprimer sous une forme intrinsèque, une forme qui reste la même quel que soit le système de réfé- rence, quelles que soient les coordonnées choisies pour repérer les événements. Ïl fallait néanmoins une certaine audace pour généraliser ainsi le principe de relativité, car les observations les plus familières semblent contredire cette généralisation. Par exemple : dans un véhicule, un voyageur a été jeté à terre par suite d'un coup de frein trop brusque ; il paraît diff- ile de persuader à ce voyageur que les lois des phéno- Mmènes sont les mêmes dans un système de translation uniforme et dans un système accéléré. Voici l'explication : dans tout système de référence règne un champ de force, un champ de gravitation (au sens généralisé d’Einstein) ; les grandeurs caractéristiques de ce champ interviennent 5% l'expression des lois ; c'est lui qui se manifeste par les - 1. Cela signifie que si ces-lois sont données dans un système de référence, elles “sont données en même temps dans tout autre système, quel qu'il soit. t Le. [ 88 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION effets mécaniques de l'accélération. Dans le cas idéal du système galiléen, ce champ est nul: c’est précisément l'annulation du champ de force qui se traduit par la loi d'inertie de Galilée et qui caractérise le système galiléen : les lois générales doivent alors prendre, dans ce cas parti- culier, une forme simplifiée, disons plus exactement une forme dégénérée. Par exemple, les équations de Maxwell sont la forme dégénérée d'équations générales (auxquelles M. Einstein a pu remonter) où intervient le champ de gravitation: fait remarquable, les lois de l'électromagné- tisme sous leur forme la plus générale sont d'une extrême simplicité ; elles apparaissent à l'esprit comme plus claires que les lois de Maxwell (appendice, note 14). C’est sous la forme dégénérée que ces lois ont été établies expéri- mentalement, parce que sur la terre le champ de gravita- tion (pesanteur et force centrifuge) est trop faible pour que son influence sur les phénomènes électromagnétiques ait pu être constatée. Les lois de Maxwell et les formules de Lorentz (qui sont la conséquence de ces lois) doivent être rigoureuses dans un Univers euclidien, et si l'on prend des coordonnées galiléennes: on voit par la que la théorie de la relativité restreinte reste intacte, mais elle correspond à un cas idéal: celui où le champ de gravitation serait nul. En résumé Les équations qui expriment les lois physiques doivent pouvoir être écrites de manière à conserver la même forme dans un champ de gravitation quelconque c’est-à-dire quand on change d’une manière arbitraire le système de référence. Cette condition de covariance limite considérablement les formes possibles pour les lois de la nature, bite te ft déut.s mag * x LS CHAPITRE IX LES COORDONNÉES DE GAUSS LE TEMPS ET LES LONGUEURS DANS UN CHAMP DE GRAVITATION. — Dans un Univers de Minkowski, ima- ginons un système galiléen S, puis prenons un second système S formé par un disque plan dont le mouvement, par rapport à S, est une rotation autour d'un axe normal au plan du disque, passant par le centre de ce disque, ei fixe dans le système S. Un observateur situé excentrique- ment sur le disque éprouve l'effet d'une force agissant radialement vers l'extérieur ;: cette force est interprétée par un observateur immobile par rapport au système S comme un effet d'inertie (force centrifuge), mais l'observateur entraîné avec S peut considérer son disque comme immobile et attribuer la force à un certain champ de gravitation. Ce champ possède d'ailleurs une structure fort différente de celle du champ qui s'exerce au voisinage d'une masse atti- rante, mais en vertu du principe d'équivalence nous l’appe- lons quand même champ de gravitation ou, si l’on veut, champ de gravitation géométrique. Supposons que l'observateur de S' prenne deux hor- loges identiques marquant toujours la même heure tant qu on les laisse au même point; il place l’une au centre du disque et l’autre à une distance r du centre ; ces horloges ne vont pas rester synchrones. Examinons-les, en effet, du OÙ RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION système galiléen S, de façon à appliquer les résultats de la relativité restreinte ; celle qui est au centre est immobile, l’autre est en mouvement: le temps propre de cette der-. mère est donc plus court que le temps du système galiléen, qui est le temps au centre. Si, au bout de quelque temps, on ramène au centre du disque l'horloge qui a séjourné à | la distance r, on constate qu'elle retarde sur celle du centre, Comme à chaque distance au centre correspond un temps propre, iln y a aucune synchronisation possible pour les horloges du système S'; on ne peut pas définir un temps valable pour le disque lout entier, c'est-à-dire mesu- rable par des horloges immobiles par rapport à ce disque. La même difficulté se présente pour les coordonnées d'espace. Imaginons qu'en appliquant sur la périphérie du disque une règle très courte prise pour unité de longueur, on marque deux points À, B et que le rayon soit mesuré avec la même règle unité. Pour un observateur placé au centre du disque (immobile et par conséquent appartenant au système galiléen) le rayon du disque n'est pas changé par la rotation, mais la longueur AB qui est parallèle à la vitesse est plus courte que si le disque ne tournait pas (contraction des longueurs): l'observateur est donc conduit à considérer la circonférence, qui contient un nombre déter- miné de fois la longueur AB, comme plus courte, et 1l trouve que le rapport de la circonférence au diamètre est inférieur au nombre 7. La géométrie de ce disque nest plus euclidienne. Cet exemple fait comprendre que, d’une façon générale, dans un champ de gravitation géométrique (dû à un état de mouvement accéléré) on ne peut plus définir les coor- données habituelles d'espace et de temps. En vertu du principe d'équivalence il en est de même dans un champ % LES COORDONNÉES DE GAUSS 9] de gravitation permanent (dù au voisinage de matière) c'est-à-dire dans un univers non euchidien. Dans un univers non euchdien, il n'y a plus de coordonnées galiléennes, car la possibilité de choisir de telles coordonnées est caracté- ristique d'un univers euclidien. — En présence de cette difficulté, M. Einstein a résolu la ‘Guestion par une admirable extension de la théorie des surfaces de Gauss. LES SURFACES ET LES COORDONNÉES DE GaAUSS. = Hout au début du chapitre 1 nous avons, pour définir ce “quon entend par système de coordonnées, envisagé une surface plane. Supposons maintenant une surface courbe qui ne soit pas développable sur un plan, par exemple la surface de la terre que pe simplifier nous supposerons rigoureusement sphérique ; si l’on s'interdit d'aller d'un point à l’autre de la ne en quittant celle-ci, c'est-à-dire si lon ne considère que les points situés sur la surface “même, celle-ci constitue, comme le plan, une multiplicité à deux dimensions — deux coordonnées, la longitude et ia latitude définissent la position d'un lieu sur la terre — mais “la géométrie de cette surface n'est plus la géométrie d'Eu- “chde: 1 ny a plus de l'gnes droites sur la sphère, et la “plus courte distance d'un point à un autre est un arc de «crand cercle; on ne peut plus se servir de coordonnées - cartésiennes rectangulaires. On voit que pour repérer les événements dans l'Univers 3 réel, non euclidien, où il n y a plus de coordonnées rigou- “reusement galiléennes, nous nous trouvons, avec quatre k ‘dimensions au lieu de deux, dans la même situation que le géomètre qui veut repérer les points sur une surface courbe sans sortir de cette surface. 92 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION Gauss a montré qu'il est possible dénoncer les lois de” q P la géométrie d'une surface courbe quelconque (sphère, ellip- soïde, etc.) sous une forme indépendante du système de coordonnées. On comprend qu'en ajoutant deux dimen- : se eR sions on pourra, par une généralisation de cette théorie, énoncer les lois de l'Univers non euclidien à quatre dimen- sions. Gauss est parti de l'idée qu'il doit être possible, par des opérations de géodésie sur la surface, de mettre en évi- dence la courbure de celle-ci en faisant simplement des opérations locales d’arpentage, par les procédés habituels. de la géométrie euclidienne du plan. En effet, en tout point d'une surface, 1l existe un plan fangent et dans une. étendue limitée la surface peut être confondue avec son plan tangent: ceci est d'autant plus exact que l'étendue envi- sagée autour du point est plus petite, et devient rigoureux à la limite, pour une étendue infiniment petite. Traçons sur la surface une famille de courbes arbi- traires x1 (fig. 12) ; désignons chacune de ces courbes parun chiffre et figurons les courbes x — |, Æ,=7 x1—2.… entredeux Z = 2 de ces courbes, on peut imaginer une X=.$ infinité de courbes représentant tous les Eur) \ nombres compris PR entre les deux nom- FE Mers bres entiers qui dé- É signent les deux Fic. 12. courbes envisagées. Ces courbes sont seulement assujetties à la condition de ne Ÿ LES COORDONNÉES DE GAUSS 93 pas se couper, de façon qu'il ne passe qu ‘une des courbes x par chaque point ; de la sorte, à chaque point de la surface correspond une coordonnée x; bien déterminée. — Jraçons de même une seconde famille de courbes x, les courbes x: coupant les courbes x:1. Chaque point de la Surface est maintenant entièrement défini par les valeurs de ses deux coordonnées x1 et x. Deux points P et P° infiniment voisins ont pour coor- données respectives x1 et x», xi + dxi, xt dx Les ‘coordonn£es de Gauss reviennent, en somme, à un numéro- tage, à la coordination de deux nombres, faite de manière que deux points infiniment voisins soient représentés par ‘des nombres infiniment peu diffé- rents. Dans une étendue infiniment petite autour d'un point P, nous confondons la surface avec son plan tangent et les courbes avec Jes lignes droites qu leur sont tangentes (fig. 13); nous sommes ainsi ramenés, en chaque point, à un système de coordonnées rec- ilignes mais obliques ; une formule bien connue de la géométrie eucli- “dienne donne la distance d/ du point de coordonnées x1, x> au point infiniment voisin de coordonnées Rd. + de dl = gudxi + giedxidx» 1 gaidx dx: ni S>dx; 5 -- D Ed + 2gdridrs + godr: # ? parce que ga — gi. E. O4 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION Si l'on s'est donné les courbes x1 et les courbes x, on. peut, en chaque point P, de coordonnées x: et x», mesurer avec une règle les distances (21) (21) GD" qui séparent le point P de trois points extrêmement voi- sins de lui P', P”, P” (fig. 14) et corres- P : pondant à des valeurs connues des différences LA 1 SN / > 4 Ÿ pt P de coordonnées (2x1), (2x2), etc... : toutes” fa ces grandeurs étant exfrémement petites ‘ | . . L nous pouvons pratiquement les considérer Fic. F4. comme infiniment petites, c'est-à-dire écrire | (D) — (dl), etc et appliquer, pour les trois distances, la formule (17). Nous avons donc trois. équations permettant de calculer g11, gi, g» qui sont ainsi « | obtenus par des mesures ordinaires d'arpentage. Conformément à la géométrie euclidienne ordinaire, les g sont bien déterminés en chaque point; ils sont indé- pendants des points P', P”, P” choisis pour les mesures d'arpentage. Mais, Las point P à un autre, les g sont variables : ce sont des fonctions des coordonnées x1 et x (c’est-à-dire des grandeurs qui dépendent des valeurs de x, et x2). C'est seulement dans le cas d’une surface eucli- dienne qu'on peut trouver des lignes xi et x> telles qu'on ait (18) dl = dxi + dx; c'est-à-dire PULL Ï, gris 0 en tout point. C'est ainsi que dans le plan, on peut prendre pour x: et x des droites rectangulaires, c'est-à-dire em-. ployer des coordonnées cartésiennes rectangulaires |chap., équation (1)|. L'équation (18) est caractéristique d'une surface euclidienne. ù Dans le cas général, les g étant en chaque point des | fonctions de x: et x», l'arpentage permet de calculer les. LES COORDONNÉES DE GAUSS 95 . get de déterminer comment ils varient en fonction des coordonnées. Gauss a montré que la géométrie d'une sur- face est entièrement déterminée quand on connaît ces - fonctions et que les lois de cette géométrie s'expriment d'une façon indépendante des coordonnées. Il est évident que la distance d/ de deux points déterminés, infiniment voisins l'un de l’autre, est un invariant, c'est-à-dire a une valeur indépendante du système de coordonnées, puisque cette distance peut être assimilée à un, élément de ligne droite dans le plan tangent. Considérons maintenant deux points P,; et P: et une ligne courbe quelconque tracée sur la surface entre ces points: la longueur de l'arc de courbe entre P, et P2 est (comme nous l’avons dit p. 54) l'intégrale P2 dl: l'arc de courbe élémentaire dl, assimilé en chaque e/ P1 point de la courbe à un élément de droite dans le plan tangent en ce point, est donné par la formule (17); il a une valeur indépendante des coordonnées choisies : l'inté- grale, c'est-a-dire la longueur de l'arc de courbe est, par suite, un invariant pour toute transformation de coordonnées. Sur toute surface, il existe des lignes de plus courte distance qu'on nomme les géodésiques (sur le plan ce sont les droites, sur la surface d'une sphère ce sont les grands cercles, etc..). Si l'on exprime mathématiquement qu'une ligne jouit de la propriété d'être la plus courte entre deux | quelconques de ses points, c'est-à-dire que l'intégrale | dl “ (où maintenant l'en ne spécifie plus les deux points P, et P;) est minimum, on obtient une équation qui est l'équation générale des géodésiques. Dans un changement du sys- : , 4 … tème de coordonnées, l'équation des géodésiques reste la … même, à condition, bien entendu, que les g aient les nou- ? . 96 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION velles valeurs g correspondant aux nouvelles coordonnées x et x. Les propriétés des géodésiques sont exprimées sous une forme indépendante du système de coordonnées; il devait bien en être ainsi car la propriété de longueur minimum qui les caractérise est absolue ; elle est évidem- ment indépendante du fait qu'il plait au géomètre d'adop- ter telle ou telle décomposition de la surface en mailles à deux dimensions. On peut aller plus loin et caractériser l'individuahité 7 la surface en chaque point; 1l existe, en effet, un élément qui s'exprime au moyen des g et de ce qu'on nomme en mathématiques leurs dérivés premières et secondes. Cet élément est. invariant, c'est-à-dire a une valeur numérique indépendante du système de référence employé; c'est la courbure lotale (19) RÉnis RiR> R; et R> étant deux rayons de courbure qu'on appelle les rayons de courbure principaux. Pour un plan, Riet R;: sont infinis et la courbure totale est nulle en-tout point. Pour un cylindre, l'un des deux rayons de courbure est infini (à cause des génératrices rec- tilignes) et l’on a encore R —0,. Si l’on suppose R constant et négatif on a les lois de la géométrie de Lobatchefski. Si R est constant et positif, on a la géométrie de Rüe- mann, applicable à la surface d'une sphère. Q EXTENSION DE LA THÉORIE DE GAUSS. — Dans l'Univers réel, nous ne pouvons plus employer des coor- données galiléennes; puisque nous ne pouvons plus déf- LES COORDONNÉES DE GÂÀUSS 97 ir les coordonnées habituelles d'espace et de temps, de me qu'en géométrie des surfaces courbes, 1l n'y a plus e coordonnées cartésiennes rectangulaires. Ç En géométrie, on décompose une surface courbe en mailles bidimensionnelles, avec des coordonnées x1, x2 arbitraires. De même l'Univers peut être décomposé en cellules quadridimensionnelles, avec quatre coordonnées itbitraires x1, x>, x:, x. Dans le cas général, il n’y a plus ni longueurs ni temps; x1, X2, X:, X: sont quatre ” coor- données d Univers ”. La méthode est calquée sur celle de Gauss, avec deux Mébions de plus. Au lieu de deux familles de courbes x; et x, on a quatre familles d' “ espaces ” (non Eichdlièns) tridimensionnels X1X2XS Max, XiX2X4, XX: ; en chaque point d'Univers, ou évé- nement, se coupent quatre espaces. [| ne faudrait pas croire qu'une pareille coordination nait pas de sens, les coordonnées ne signifiant plus rien au point de vue des longueurs et du temps. Nous avons en “effet insisté sur le fait, qui est la base même de la généra- lisation du principe de relativité, que les réalités physiques correspondent aux rencontres de lignes d'Univers de por- ions de matière ou d'énergie. Ces rencontres s'expriment ‘par des valeurs communes des coordonnées, quel que soit J choix de ses coordonnées ; tous les systèmes sont donc LE bons pour exprimer les lois de la nature, et la lescription de l'Univers peut se faire en coordonnées arbi- traires, tout comme la géométrie des surfaces ; peu importe ue ces coordonnées ne soient ni des longueurs ni des ps. Le principe de relativité généralisé peut maintenant lénoncer : Tous les systèmes de Gauss ( généralises) sont équivalents pour formuler les lois de la nature. - lient-on cependant à conserver les notions d'espace et Je + 7. BECQUEREL 98 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION ‘de temps? on peut le faire et l'on devra le faire dans toutes les applications physiques. Dans un système galiléen, on pourrait prendre un corps de référence invariable (inva- « riable dans un même système) par rapport auquel on repé- rerait les longueurs, et des horloges synchrones pour mesu- rer le temps; dans un champ de gravitation, où il ny a plus de corps invariable ni d'horloges synchrones, on eni- sagera comme corps de référence des corps non rigides auxquels seront liées des horloges de marche arbitraire (assujetties seulement à la condition que les indications observables d'horloges infiniment voisines diffèrent infiniment peu), ou si l’on veut un système formé d'un réseau arbi- traire à trois dimensions, avec des horloges aux nœuds du réseau pour donner l'heure dans chaque cellule. De pareils systèmes de référence, qui non seulement sont en mouve- ment arbitraire mais changent de forme arbitrairement dans le champ de gravitation sont les ‘” mollusques ” d'Einstein. Le mollusque est un système de Gauss généralisé, mais on conserve les notions d'espace et de temps, chaque point du mollusque étant considéré comme point d'espace, chaque point matériel par rapport à lui étant considéré comme au repos, tant que ce mollusque sert de système de référence. | La généralisation de la théorie de Gauss peut se résu- mer dans le tableau suivant : ; À SURFACE COURBE, NON EUCLIDIENNE MUDeux dimensions. Décomposition en failles bidimensionnelles arbitraires. Le - Dans une étendue infiniment petite ‘autour de chaque point, la surface peut être remplacée par son plan tangent. À Es Li à … Dans le plan tangent, la géométrie euclidienne du plan est applicable, par suite : … La distance élémentaire d/ de deux “points infiniment voisins ne dépend pas du système de coordonné:s (est un _invariant). … Cette distances s'exprime par la formule : dB giidxi 7 7 gizdxidx> + geidexy + g22dx3 ‘ avec g21 — Lie de sorte que les quatre g se réduisent à trois. a La géométrie euclidienne est caracté- | risée par le fait qu'on peut trouver des systèmes de coordonnées dans lesquels g ont les valeurs conitantes gui — ges — |, giz = 0 . Il existe des lignes de plus courte dis- (telles que /d! soit minimum) lées géodésiques. La courbure totale s'exprime en tion des g et de leurs dérivées pre- et secondes ; cette courbure est n invariant. 4 L: LES COORDONNÉES DE GAUSS 99 UNIVERS NON EUCLIDIEN Quatre dimensions. Décomposition en cellules quadridimensionnelles arbi- traires. Dans un domaine quadridimensionnel infiniment petit autour de chaque point- événement, l'Univers peut être remplacé par son Univers euclidien tangent, qui est un Univers de Minkowski. Cet Univers tangent est (dans une étendue suffisamment petite) l'Univers de tout observateur en chute libre, rap- portant les événements à un système de référence qui lui est lié. Dans l'Univers euclidien tangent, la relativité restreinte est applicable, par suite : L'intervalle élémentaire ds entre deux événements infiniment voisins ne dépend pas du système de coordonné>s (est un invariant). Cet intervalle s'exprime par la formule : ds” — gyidxi + gisdx;dxs + gizdxidx3 nn le > gisdxi : axce Buy — Sun de sorte que les seize g se réduisent à dix. La relativité restreinte (Univers eucli- dien) est caractérisée par le fait qu'on « + peut trouver des systèmes de coordonné:s dans lesquels les g ont les valeurs - constantes Bai ge Es |. gas — | guy = 0, sixÆo (a, = 1,2, 3,4) en tout événement. (coordonnées galiléennes). Il existe des lignes d'Univers de plus grande longueur (telles que /ds soit maximum) appelées géodésiques. Il existe un invariant qui s'exprime en fonction des g et de leurs dérivées pre- mieres et secondes. On l'appelle courbure totale d'Univers en chaque point- événement. 100 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION Une différence se remarque entre les propriétés géomé- triques d'une surface et celles de l'Univers. Dans le cas d’une surface, dl, qui est le carré d'une longueur, est une quantité toujours positive ; dans le cas de l'Univers, ds” peut être post- tif ou négatif; si ds est positif, l'intervalle ds représente un temps multiplié par c ; si ds” est négatif, l'intervalle représente une longueur dans l'espace, Sur une surface euclidienne dl° est la somme de deux carrés (dl — dx —+- dx"); dans l'Univers euclidien de Minkowski, ds s exprime au moyen de quatre carrés (ds — — dx; > — dx; + dxs avec dx, = cdt) mais les carrés des trois composantes d'espace sont précédés du signe —, alors que le carré de la compo- sante de temps a le signe +: cette différence de signe est, suivant l’expression de M. Eddington, le secret des dif- férences que présentent les manifestations de l’espace et du temps dans la Nature ” Lorsque ds représente l'arc de courbe élémentaire (c'est- à-dire infiniment petit) d’une ligne d'Univers, ds est tou- jours positif (deux événements infiniment voisins sur une ligne d'Univers forment un couple dans le temps; voir p. 51) et ds est le temps propre élémentaire multiplié par c ; ce n'est pas une distance spatiale, La propriété de maximum des géodésiques d'Univers (au lieu de minimum comme en géométrie) est la conséquence de ce fait, Malgré cette différence l'analogie de propriétés, d'une part entre le plan et l'Univers de Minkowski, d'autre part. entre une surface courbe et l'Univers réel, est telle que nous avons le droit de dire que l'Univers de Minkowski est eucli- dien et que l'Univers réel est courbe. IP SR A Pr fe k { PET CHAPITRE X LA LOI DE LA GRAVITATION (EINSTEIN) NATURE DE LA GRAVITATION. — Les grandeurs £.. (u, =], 2, 3, 4) qui interviennent dans l'expression du carré de l'intervalle élémentaire et qui, dans le cas général, sont variables d'un point d'Univers à un autre, sont lesgran- deurs caractéristiques du champ de gravitation (au sens généralisé d'Einstein). Ce sont ces dix potentiels de gravi- tation qui doivent figurer dans l'expression des lois phy- . siques pour conserver à celles-ci leur forme, quel que soit le système de référence. ; Dans le cas particulier d'un Univers euclidien, et si de plus les coordonnées sont galiléennes. les 9,, ont en tout point-événement les valeurs constantes : £ DA — Dao — gas — — |, gu — |], Sur — 0 si ! est différent de *. et le champ de gravitation disparaît; c'est le cas étudié en relativité restreinte. Les formules de transformation des coordonnées galiléennes — de celles-là seulement — sont les formules de Lorentz. Un champ de gravitation, au sens généralisé, comporte un certain arbitraire puisqu'on peut le modifier à volonté par le choix des coordonnées, dont les s,. dépendent. Néan- moins 1] y a une chose indépendante de tout choix de coordonnées : c'est la sfructure géométrique de l'Univers ; Le ? 102 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION à cette structure correspond un champ de gravitation per- manent, connexe de la présence ou du voisinage de la ma- ère, auquel se superpose un champ de gravitation géomé- trique introduit par le choix du système de référence. Puisque, dans le voisinage de masses matérielles, tous les corps prennent la même accélération malgré leurs poids différents, il faut porter son attention, non pas sur la pre- tendue force attractive ”” qui est variable avec le corps, mais sur l'état de mouvement, c'est-à-dire sur la ligne. d'Univers qui, étant la même pour tous les corps placés dans les mêmes conditions initiales, doit être une caracté- nistique de l'Univers lui-même. C’est bien une caractéristique de l'Univers car il est facile de démontrer que c’est une géodésique (voir tableau p. 99). Dans un Univers euclidien, et en coordonnées galiléennes, le mouvement d'un mobile abandonné à lui-même serait rectiligne et uniforme, la ligne d'Univers serait une droite d'Univers, ligne qui jouit de la propriété de longueur maxi- mum (p. 57); toujours dans un Univers euclidien, rem- plaçons les coordonnées galiléennes par des coordonnées arbitraires, c’est-à-dire introduisons un champ de gravitation géométrique quelconque ; il est bien évident, puisque l'élé- ment de ligne ds a une longueur indépendante du système de coordonnées, que la propriété de longueur maximum est conservée, Alors, le principe d'équivalence (p. 85) nous permet d'affirmer qu'il en est de même dans un champ de gravitation permanent, c'est-à-dire que dans l'Univers réel, non euclidien, la ligne d'Univers d'un mobile abandonné à lui-même est encore la ligne de longueur maximum, c'est-à- dire celle des géodésiques qui est déterminée par les condi- tions initiales du mouvement: c'est là l'énoncé le plus géné- ral de la loi d'inertie. LA LOI DE LA GRAVITATIION (EINSTEIN) 103 On voit bien maintenant qu'il serait faux de dire : la force de gravitation est une force attractive; un corps abandonné à lui-même n'a pas un mouvement conforme à la loi d'inertie par ce qu'il subit une force appliquée. Cette ancienne conception est inexacte car un corps abandonné à lui-même est un mobile libre et se meut toujours suivant la loi d'inertie, mais cette loi n'est plus celle de Galilée puisque dans un champ de gravitation permanent, c'est-à- dire dans l'Univers non euclidien, il n'y a plus de système gahléen, plus de droites d'Univers. La structure géométrique de l'Univers est liée à la pré- sence de la matière et plus généralement de l'énergie. La courbure imposée par cette structure aux géodésiques, lignes d Univers des mobiles libres, se traduit dans nos observa- tions par un état de mouvement accéléré; le champ de gra- vitation est un champ de force d'inertie, mais cette force nous a donné l'illusion d'une force attractive appliquée, parce que, en fait, elle possède à nos yeux une telle appa- rence et que la loi de Newton, qui exprime cette préten- due force attractive, s’est trouvée être une excellente approximation dans la pratique. LES TENSEURS. — Dans la théorie de la gravitation, l'intervalle élémentaire dont le carré (voir tableau, p. 99), qui est une grandeur indépendante du système de coor- données (x1, x», x:, x1), s'exprime par : dÿ = gudxi + godxidx> + … + gudxi joue un rôle fondamental. On est conduit, de plus, à envisager des êtres mathé- matiques appelés fenseurs (appendice, note 11). Un ten- -seur est un ensemble de grandeurs de même nature insé- 104 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION parables les unes des autres qui sont dites ” composantes A du tenseur ”. Le ‘calcul différentiel absolu ”, créé par Riemann et Christoffel, développé par MM. Ricci et Levi-Civita (antérieurement à la théorie de la relativité) donne les règles (voir appendice) qui permettent de définir les tenseurs et de calculer les composantes d'un tenseur dans un nouveau système de coordonnées lorsqu'on connaît ces « composantes pour un premier système et que, bien entendu, la transformation de coordonnées qui relie les deux systèmes est donnée. | La propriété fondamentale des tenseurs est la suivante: » quand foutes les composantes d’un tenseur sont nulles (ou sont respectivement égales aux composantes d'un autre tenseur) dans un système de coordonnées, elles sont encore toutes nulles (ou égales aux composantes de l’autre tenseur) dans tout autre système de coordonnées, arbitrairement choisi. C’est là une propriété qui donne une individualité « propre à un ensemble de grandeurs possédant le caractère M tensoriel. Par suite, une loi formulée par l'annulation d'un ten- seur (annulation de toutes ses composantes) ou formulée par l'égalité de deux tenseurs est indépendante de tout sys- tème de coordonnées. Le principe de relativité exige que toutes les lois puissent être mises sous la forme tensorielle. Il en résulte immédia- tement que la vieille loi dela gravitation, la loi de Newton, ne peut pas être rigoureuse, car on ne peut pas la mettre sous la forme requise. LA LOI DE LA GRAVITATION. — La structure d'Uni- vers, en présence d'une distribution donnée de matière, est absolue, car elle ne saurait être changée par le fait qu'il à LA LOI DE LA GRAVITATION (EINSTEIN) 105 plait au mathématicien d'adopter tel ou tel système de coordonnées, Par suite, lorsque les potentiels de gravitation g,, chan- gent avec le choix (arbitraire) du système de coordonnées, les valeurs de ces potentiels doivent rester compatibles avec une même structure d Univers. C'est dire que les g, sont nécessairement assujettis à certaines liaisons. Les équations les plus générales exprimant les liaisons qui doivent exister entre les dix potentiels de gravitation pour que ceux-ci, dans un changement arbitraire de coor- données, se modifient en restant compatibles avec une même structure d'Univers (quelle que soit d’ailleurs celle-ci) doivent être, comme toutes les lois physiques, des relations tensorielles. Ces relations constituent la loi de la gravitation. £ . " Pour résoudre ce problème, M. Einstein n'a eu que les données suivantes : 1° À distance infinie de toute matière (ou de tout rayon- nement) l'Espace-Temps doit être euclidien. 2° La loi de conservation de l'impulsion et de l'énergie sous sa forme (tensorielle) la plus générale doit être satisfaite, Il est remarquable que ces conditions aient sufh pour dé- terminer la loi. PRE PA" GRAVITATION DANS LE, VIDE:— Le tenseur fondamental de l'espace-temps est formé par les g,; 1l a pour composantes les seize re / \ git g12 13 gi tenseur g,, | . #0 2 Pr S 51 32 33 34 VD Das Dis Sas 106 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION mais ce tenseur est symétrique (gs: — gr, gui = gas, etc.) de sorte qu'il n'y a que dix composantes pouvant prendre des valeurs différentes. À partir de ce tenseur fondamental, on forme un autre tenseur, appelé tenseur de Riemann-Christoffel. dont les composantes ont une expression très compliquée (voir note | 1) ; nous désignerons ce tenseur par la notation abrégée R:: les lettres :, *, 5, 2 mises en indices désignent l'un quelconque des indices |, 2, 3, 4; ces mêmes indices 4, », : figurent aussi parmi les indices des g et parmi ceux des Rp AE qui interviennent dans l'expression développée de R;.-. Nous ne pouvons guère expliquer en langage ordi- naire pourquoi 2 est écrit en haut alors que les trois autres indices sont écrits en bas: disons seulement quil existe deux lois de transformation des composantes tensorielles lorsqu'on change de coordonnées: la loi-de contrevariance et la loi de covariance: quand un indice est de caractère contrevariant, on l'écrit en haut, quand :1l est de caractère covariant on . l'écrit en bas. Comme dans le cas du tenseur g, mais avec deux indices de plus, pour chaque valeur 1, 2, 3, 4 des indices on a une composante du tenseur, de sorte qu'en donnant successivement à toutes les lettres 1, , 5, 2 chacune des valeurs 1, 2, 3, 4 et faisant toutes les combinaisons pos- sibles, on obtient 256 composantes. On démontre que l’annulation de ce tenseur, c'est-à-dire l'annulation de toutes ses composantes est la condition nécessaire et suffisante pour que l'espace-temps soit euclidien. (20) Le 0) Les 256 équations représentées symboliquement par PO ET LA LOI DE LA GRAVITATION (EINSTEIN) 107 cette formule se réduisent d’ailleurs à 20 équations distinctes. Ce n'est pas la loi cherchée puisque l'Espace- Temps n'est pas euclidien dans son ensemble, mais la loi R:,—0 convient dans une région de l'espace située à l'infini de toute masse ; 1l faut donc chercher une relation tensorielle plus générale, comportant la précédente comme cas particulier, cest-a-dire qui se trouve satisfaite lorsque R:.. = 0, Partant du tenseur R:, à quatre indices (du quatrième ordre), on peut construire un tenseur du second ordre, c’est- à-dire à deux indices (seize composantes) en imposant la condition que les indices 5 et : soient toujours les mêmes (opération qu'on nomme contraction) : ce nouveau tenseur, que nous désignerons par R:, est le tenseur de Riemann- Christoffel contracté ; à l'aide de ce tenseur contracté, on peut enfin former un tenseur d'ordre nul (une seule compo- sante): or tout tenseur d'ordre nul est un invariant. L'in- variant en question, R, se trouve être une généralisation de la courbure de Gauss (p. 96), on peut donc l'appeler cour- bure totale d'Univers. La lo R=O0, c'est-à-dire l'annulation de la courbure totale en tout point-événement ne saurait convenir non plus, car c'est une loi trop générale, insuffisante pour déterminer un champ de gravitation. On n’a donc pas le choix, car pour que R:., = 0 soit une solution particulière, il n'y a qu'une loi générale possible, l'annulation du tenseur contracté (21) R.—0. C'est la loi générale de la gravitation dans le vide (appendice, note 12). _ Le tenseur R,,, étant symétrique (R, = R:;) n'a que 108 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION dix composantes distinctes; l’annulation des composantes donne donc dix équations. Mais on constate que six seulement de ces équations sont indépendantes :. c'était à prévoir parce que dix équations indépendantes détermineraient les dix g, dans l'expression du carré de l'intervalle ds”, et par conséquent spécifieraient non seulement la structure de l'Espace-Temps mais encore le système de coordonnées. Or. ce système doit rester arbitraire ; 1l est quatre fois indéterminé. puisqu il y a quatre coordonnées ; il faut donc qu'il y ait entre les g. quatre relations qui soient des identités (appendice, note 12). | En définitive la loi de la gravitation dans le vide comporte six conditions. C'est une restriction considérable imposée aux géométries de l'Univers. LOI DE LA GRAVITATION DANS LA MATIÈRE. — Les équations résumées par R:.— 0 décrivent les propriétés les plus générales de la structure géométrique de l'Univers aux points où1ln y a ni matière n1 énergie électromagnétique, c'est-a-dire dans ce que nous appelons le vide. Il reste à résoudre un problème fondamental : la matière subit l'action d'un champ de gravitation mais nous savons qu'elle est aussi la source d'un champ de gravitation ; c'est ce qu'il s'agit d'exprimer. En d'autres termes, :l s’agit de déterminer la loi qui doit remplacer la loi d'attraction proportionnelle àa la masse et inversement proportionnelle au carré de la distance, la vieille loi de Newton que Poisson a traduite analytiquement par uñe équation locale, c'est-à-dire par une équation valable en chaque point d'espace: dans cette équation intervient la densité de la matière au point considéré. La densité en un point est le rapport de la masse contenue dans un volume d'espace infiniment petit, à ce volume lui- Fe. # À LA LOI DE LA GRAVITATION (EINSTEIN) 109 même: c'est la masse par unité de volume. Or la masse, Cest l'énergie divisée par la constante c”, et nous avons vu (p. 72) que l'énergie est inséparable de la quantité de mou- vement. Mais l'énergie et la quantité de mouvement ne Suflisent pas, dans le cas général, pour constituer un tenseur : il faut y + des grandeurs qui expriment les courants de matière, en d'autres termes, les courants de quantité de de mouvement, On forme ainsi un tenseur, le tenseur maté- mel ou {enseur impulsion-énergie que nous désignerons par TL. (seize composantes) dont dix seu'ement sont distinctes Car il est symétrique. C'est ce tenseur qui doit remplacer la densité qui figurait seule dans l'ancienne théorie: signalons d'ailleurs que la composante T';; de ce tenseur est, dans tous les cas où la matière est animée de vitesses faibles par rapport à la vitesse de la lumière, considérablement plus grande que les autres composantes, et serait précisément égale à la densité de la matière, si l'on pouvait employer des coordonnées rigoureusement galiléennes. On démontre (voir une démonstration intuitive dans l'appendice, note 12) que, pour que la loi générale de con- servation de l'impulsion-énergie et que la loi de la gravita- tion dans le vide R,,— 0 soient satisfaites, 1l doit y avoir, “à un facteur constant près, égalité entre le tenseur T,, et | LA e e LA LA le tenseur Re, 80kR (R est l’invariant dont il a été “question plus haut, la courbure totale de l’espace-temps). On doit donc avoir en tout point 2 Rs R = — Te {x étant une constante universelle, & 110 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION Cette loi peut encore se mettre sous la forme suivante (3), Re Te el) T étant un invariant qu'on construit à partir de T,,, et qu on trouve égak à Z£, £o étant la densité au repos de la matière au point considéré, c'est-à-dire la denfité qui serait mesurée par un observateur immobile par rapport à la matière .. Dans le vide T,, et T sont nuls, puisqu'il n'y a pas de matière et l'on retrouve bien la loi dans le vide R.. = 0. LOI DE NEWTON. — Si, dans les dix équations repré- sentées par (22) ou (23), obtenues en donnant aux indices 4. et ” les valeurs |, 2, 3, 4 (les seize équations se réduisent à dix parce que les tenseurs sont symétriques : RS a: Ka et T., = T.,) on négligeles quantités qui pratiquement sont très petites, on trouve, en première approximation mais non comme loi exacte, la loi de Newton, et la constante z se trouve déter- minée en fonction de la constante connue G quiintervient dans l'expression de l’ancienne loi. LA DYNAMIQUE. — Nous avons dit que, dans le vide, les dix équations R,, — 0 se réduisent à six conditions, à cause de quatre identités qui correspondent à la quadruple indéter- mination des coordonnées. En tout point où il y a de la matière présente, les quatre mêmes identités sont encore vérifiées, car elles résultent de la définition mathématique du tenseur R,.. Comme, d'autre part, la loi de la gravitation exprimée par (22) ou (23) traduit une relation entre R.. et T,., les quatre identités se transforment en quatre équations “ entre les grandeurs qui 1. La densité varie avec la vitesse, puisque la masse et le volume dépendent de la vitesse. 2. Les équations sont des relations entre des grandeurs inconnues et des gran- | 508 He | EAN | L c LA LOI DE LA GRAVITATION (EINSTEIN) 111 forment le tenseur impulsion-énergie., Le degré d'indéter- mination des coordonnées, c'est-à-dire le nombre de dimen- sions de l'Univers impose donc à la matière un nombre égal de conditions qui doivent être nécessairement remplies. Il se trouve que ces quatre conditions constituent la loi fondamentale de conservation de la quantité de mouvement et de l'énergie (voir appendice, note 12). Si l'on demandait la loi d'Einstein est-elle bien d'ac- cord avec les lois de la mécanique ” il faudrait répondre : c'est elle qui résume la dynamique tout entière. Cette loi contient. sous sa forme la plus générale, la loi de conser- vation de la quantité de mouvement, de l'énergie et de la masse ; on démontre (voir note |2) qu'elle contient la loi du mouvement du mobile libre (la ligne d'Univers du mobile libre est une géodésique) : c’est la loi de l'inertie car gra- vitation et inertie sont une seule et même chose. Elle contient toute la dynamique du point matériel. deurs connues ; ce sont des conditions imposées aux grandeurs inconnues, ces conditions, si elles sont sufhñsantes, déterminent les inconnues. Dans une identité, les deux membres expriment une seule et méme chose et peuvent se ramener à une même expression ; autrement dit les termes d'une identité se détruisent deux _à deux. CHAPITRE X1 APPLICATIONS ET VÉRIFICATIONS . DE LA LOI D'EINSTEIN LE CHAMP DE GRAVITATION D'UN CENTRE MATÉRIEL. — La loi d'Einstein a permis de déterminer l'expression de l'intervalle élémentaire ds qui sépare deux événements inf- niment voisins dans le champ de gravitation produit par un centre matériel, c’est-à-dire l'expression de l'élément de temps propre | dt = ds |: Cette expression (note 13) a été donnée c en fonction de coordonnées aussi voisines que possible de coordonnées polaires euclidiennes (voir p. 12), et qu'on peut assimiler pratiquement à des coordonnées euclidiennes, tant que la déformation (par rapport à un espace-temps euclidien) de l'Univers est faible ; elle s'applique dans un système de référence lié au centre source du champ de gravitation . Dans un champ non statique, c'est-à-dire si l'on suppose que le centre matériel est en mouvement dans le système de référence employé, on trouve que les petites déforma- tions de l'Espace- Temps, c'est-à-dire les effets de gravitation, se propagent avec la vitesse de la lumière. Voilà résolu un. problème qui avait pendant bien longtemps préoccupé les physiciens et les astronomes. » 1. Voir dans l'appendice (note 13) une remarque sur une objection récemment - faite par M. Painlevé. à à (4 x | APPLICATIONS DE LA LOI D'EINSTEIN 113 EE MOUVEMENT DES PLANÈTES. — PREMIÈRE VÉRIFIC. ATION : LE MOUVEMENT DE MERCURE. — Si lon détermine les géodésiques de l'Espace-Temps ayant l'élément d'arc calculé ainsi qu ïl a été dit plus haut, on cbtient le mouvement des mobiles libres dans le champ de gravitation d'un centre. Au lieu d'une ellipse fixe pour la trajectoire des planètes (mouvement conforme à la loi de Newton) on trouve une ellipse qui tourne lentement dans son plan (appendice, note 13). Le calcul numérique montre que pour les planètes autres que Mercure, l'écart entre les prévisions conformes à la loi de Newton et celles qui résultent de la loi d'Einstein est très faible, de l'ordre de grandeur des erreurs d'observation. Mais pour Mercure, dont l'orbite a une forte excentri- cité et qui est près du Soleil, si l'on introduit dans la for- mule les valeurs connues de la masse du Soleil, du grand axe et de l'excentricité de l'orbite, et de la durée de révo- lution de Mercure on trouve une rotation de périhélie (point le l'orbite le plus rapproché du soleil) de 42,9 secondes d'arc par siècle. Depuis que Leverrier a établi la théorie de Mercure, en tenant compte des perturbations dues aux autres pla- nètes, de Vénus en particulier, le désaccord entre les prévisions de la mécanique newtonienne et les observations est précisément 43 par siècle, écart qu'on n'avait pas réussi à expliquer. La nouvelle mécanique céleste basée sur la loi d'Eins- tein se développe actuellement, en particulier en ce qui concerne la théorie de la Lune. —. SECONDE VÉRIFICATION. — DÉVIATION DE LA LUMIÈRE. — La ligne d'Univers d’un rayon lumineux est ‘une géodésique de longueur nulle, puisque ds est constam- 8 BECQUEREL 5 PET NEA re Le ; 114 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE + NT ment nul pour la lumière (p. 57). La trajectoire d'un rayon | lumineux s'obtient en écrivant cette condition. On trouve (note 13) que si un rayon lumineux se dirige ; sur le centre matériel (propagation radiale) la vitesse de la lumière diminue à mesure que centre, et le même résultat serait exact pour un mobile animé d'une vitesse très voisine de la vitesse de la lumière: c'est uné passant transversalement, la wi- tesse en un point de ce rayon est tance de ce point au centre ma- tériel est moindre ; il en résulte que tout se passe comme si le HER un espace euclidien, un milieu réfringent réparti en couches concentriques dont l'indice de réfraction augmenterait à mesure que la distance au centre serait plus petite ; il est facile de voir Fic 15. que la trajectoire s'incurve en donnant toutes les apparences d’une attraction de la lumière par le centre (fig. 15). Ces résultats montrent qu'il est, au fond, inexact de qualifier le centre matériel de ‘* masse attirante ”. La ma- tière est un centre de déformation de l'Espace- Temps et l'effet produit sur un mobile nous apparaît, selon la gran- deur et l'orientation de la vitesse, soit sous l'aspect d'une la lumière se rapproche de ce - véritable répulsion. Pour un rayon d'autant plus faible que la dis- LL. à __/|/ rayon lumineux traversait, dans * “ APPLICATIONS DE LA LOI D'EINSTEIN |15 attraction, soit sous l’ aspect d'une répulsion. Nous sommes in des idées newtoniennes. Il'est essentiel de remarquer que les résultats qui pré- cèdent sont établis dans un système de référence lié au centre matériel et en prenant comme coordonnées des coordonnées aussi voisines que possible des coordonnées “euclidiennes (coordonnées devenant d’ailleurs euclidiennes à distance infinie du centre). Il n'en reste pas moins vrai que l'observateur en chute libre (c’est le cas de l’observa- teur terrestre dans le champ de gravitation du Soleil, car la Terre est en chute libre), faisant avec des règles et des horloges, dans son voisinage immédiat, la mesure de la vitesse de la lumiere, confondrait l'Univers réel avec l'Umvers euclidien tangent et trouverait toujours dans toutes les directions une vitesse égale à la constante c ; la variation de vitesse ne peut apparaître que si l'on envisage une très grande étendue du champ de gravitation. Le calcul montre que pour un rayon venant de très Join, et parvenu très loin du centre après être passé à la distance minimum R de ce centre, la déviation totale de ce rayon est » M étant la masse du centre, et G la - CR constante de la gravitation. Cette déviation est exactement “double de celle qui résulterait de la loi de Newton, appli- … quée à un mobile de vitesse initiale c. Pour un rayon passant tangentiellement au bord du soleil, on trouve 1”,74: ainsi * une étoile, vue près du bord du Soleil, doit être déviée vers l'extérieur du Soleil, de 1”,74 à partir de sa position normale sur la sphère céleste. Malgré la petitesse de l'effet, l'exactitude de ce résultat a été vérihée par les astronomes de Greenwich et d'Oxford, au cours de l'échipse totale de Soleil du 29 mai 1919. La se pe L. , &. 116 REÉLATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION zone de totalité traversait l'Atlantique, commençant au Brésil et finissant en Afrique. Une première expédition (MM. Crommelin et Davidson) se rendit à Scbral au Brésil, et prit une dizaine de photographies pendant les cinq minutes que dura la totalité de l'éclipse. Deux mois après, la même région du ciel fut visible de nuit et fut photographiée avec les mêmes appareils pour permettre la comparaison ; on trouva que les déplacements des étoiles sont bien, comme le prévoit la théorie, en raison inverse de la distance au centre du Soleil, et les déplacements ramenés à ce qu'ils seraient au bord même du Soleil, ont donné une moyenne de 1”,98. L'autre expédition (MM. Ed- dington et Cottingham), installée dans l'ile du Prince (golfe de Guinée), a trouvé une moyenne de | ,60. La moyenne des deux résultats, | ,79, concorde remarquablement avec la valeur prévue par Einstein. La déviation observée ne peut d'ailleurs pas être attri- buée à une atmosphère ou à de la matière cosmique entou- rant le Soleil jusqu'aux distances pour lesquelles les mesures ont été faites, car le pouvoir absorbant et la densité d'une telle atmosphère auraient affaibli notablement l'éclat des étoiles ; d'autre part, des comètes suivies dans la même région n'ont manifesté aucun ralentissement, TROISIÈME VÉRIFICATION:— LE DÉPLACEMENT DES RAIES SPECTRALES. — La formule qu donne l'expression de ds dans un champ de gravitation permet d'établir que, si deux horloges identiques sont placées, l’une sur la lerre où le champ de gravitation est faible, l’autre sur le Soleil où le champ est intense, pour l'obser- vateur situé sur la Terre l'horloge solaire a une marche plus lente que l'horloge terrestre (note 13). On démontre que ce résultat entraine la conséquence Æ APPLICATIONS DE LA LOI D'EINSTEIN 117 suivante. Considérons une des vapeurs lumineuses présentes sur le Soleil; les raies spectrales de cette vapeur doivent, dans le spectre solaire, nous paraître déplacées vers le rouge, par rapport à la position des raies de la même vapeur dans le spectre obtenu au laboratoire. Ce déplace- ment est très faible (0,01 1 unité d’Angstrôm pour le milieu du spectre). M. À. Pérot, ayant comparé dans le spectre solaire et dans le spectre obtenu au laboratoire les positions de raies du cyanogène et du magnésium, a établi qu'après correc- tions de déplacements dus à des causes connues, 1l subsiste un écart égal, dans les limites d'approximation des mesures, à celui prévu par Einstein. Le même résultat a été obtenu par MM. Buisson et Ch. Fabry pour de nombreuses raies du fer. CHAPITRE XII LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS. — HYPOTHÈSES COSMOLOGIQUES L'ESPACE FINI BIEN QU'ILLIMITÉ. — L'ancienne con- ception de l'espace infini comporte des contradictions connues depuis longtemps. Doit-on admettre que dans cet espace infini la matière est répandue partout avec une den- sité moyenne constante (l'unité de volume étant prise suffisamment grande) ? Ce serait admettre une quantité infinie de matière : on peut démontrer que dans cette hypothèse la loi d'Einstein, comme celle de Newton, conduirait à des résultats contradictoires. Doit-on admettre que l'Univers a une sorte de centre près duquel la densité de la matière est maximum et autour duquel la matière se raréfie jusqu'au vide complet ? La ma- tière formerait une île dans l'espace infini. Mais alors toute énergie rayonnante sortie de cette île se propagerait à l'infini, sans retour, et se dissiperait ; la matière elle-même se disperserait, comme l'atmosphère d'un astre qui s'éva- pore peu à peu dans l'espace. Il faudrait admettre que, puisque l'Univers n'est pas mort, la matière n'existe que depuis un temps limité, ce qui recule toutes les difhicultés et n'en résout aucune, Pour un homme intelligent qu'on aurait laissé dans | l'ignorance de la forme de la Terre, la disparition pro- | ; au lieu de Po 2 SR= AT, + b. | 4 … LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS Î|19 gressive d'un navire sous l'horizon serait une révélation : ayant compris que la surface est courbe, cet homme envi- sagerait la possibilité d'une surface finie, d'un monde fermé. Pareille révélation est donnée par la théorie d'Eins- tein, par le simple fait qu'un rayon lumineux ne se pro- page pas nécessairement en ligne droite dans le vide, par la notion de courbure de l'Univers. On supprimerait les difiicultés de l'ancienne conception en admettant que l'espace est fini bien qu'illimité, comme la surface d'une sphère qui ne comporte pas de bornes puisqu'on peut en faire le tour indéfiniment. Le temps seul resterait infini. Ce nest pas la une hypothèse arbitraire. M. Einstein a établi, par des considérations basées sur la théone de l'élec- tromagnétisme (voir cette théorie dans l’appendice, note 14), sur les propriétés du tenseur d'énergie électromagnétique (qu'on doit ajouter au tenseur d'impulsion-énergie maté- rielle quand il y a un champ électromagnétique) sur la théorie électronique de la matière, que la loi de gravitation quil avait primitivement donnée — celle que nous avons admise jusqu'à présent — doit être corrigée (note 15). R», étant, comme précédemment, le tenseur seur de Riemann- Christoffel contracté (p. 107), posons R:: A? Ness À _ étant une constante universelle, d'ailleurs ‘ extrémement petite. La loi dans le vide doit être (24) D Of aulieude R,, —=0 “ét la loi, en tout point où se trouve de la matière ou de , = é ë 2 - l'énergie électromagnétique s'exprime par (25) MR RE NT, 120 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION R' étant l'invariant R—4%, et T,, le tenseur total d'énergie (tenseur matériel + tenseur d'énergie électro- magnétique). Une modification radicale est la conséquence de la nou- velle loi. Alors que dans la loi primitive la courbure totale R était nulle dans le vide ‘, et égale à 720 (50 densité propre)“ dans la matière, maintenant la courbure dans le vide est la « constante Ro— 4} et la courbure dans la matière est = R= Ro + XPo. Mais, à part ce qui vient d'être dit, rien n'est changé à la théorie, où il suffit de remplacer R:. par R:. et R par R'=R—4}. La nouvelle loi entraine, comme la précédente, la conservation de l'impulsion et de l'énergie. D'ailleurs le terme correctif Ag», étant très petit, on peut le supposer nul dans toutes les applications astronomiques. Les vitesses relatives des astres sont toujours extrème- ment petites par rapport à la vitesse de la lumière. Cette remarque nous permet d'envisager un système de référence relativement auquel la matière est en moyenne au repos et dans lequel les vitesses individuelles sont faibles. Dans ce système la matière est quasi-stationnaire. Adoptant ce système, si l’on cherche l'aspect d'ensemble de l'Univers, en négligeant les perturbations locales dues à la distribution irrégulière de la matière (comparables au relief du sol par rapport à la forme d'ensemble de la terre), la nouvelle loi comporte deux solutions données, l'une par M. Einstein, l’autre par M. de Sitter (note 15). Dans l’une comme dans l’autre la ‘coupe à temps constant ” est un espace à cour- bure constante positive. L'espace est fermé. 1. Une courbure totale nulle ne signifie pas que l'Univers n'est pas courbe car la courbure totale peut être nulle sans que les rayons de courbure principaux soient tous infinis. ind DE LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS lÎ2] L'UNIVERS D'EINSTEIN. — Pour mieux comprendre, considérons d'abord une surface courbe au lieu d’un espace courbe. Imaginons des êtres infiniment plats, entourés d'objets tout en surface, assujettis à vivre sur la surface d'une sphère (fig. 16) sans avoir la perception d’une troi- sième dimension d'espace. Confondant en chaque point P la surface de leur monde sphérique avec le plan tangent PT, ils imagineront la géométrie plane (celle d'Euclide) et penseront d'abord que T leur univers s'étend à l'infini. Ils appelleront ” hgne droite ” le plus P court chemin d'un point à un autre. S ils portent ATÈPLE SMERN autour d'un mêmepoint p P, dans toutes les direc- tions, des longueurs égales, ils construiront P un cercle, et tant que le rayon sera petit, ils trouveront que le rap- u port de la circonférence Le au diamètre est un Fic. 16. nombre indépendant du rayon % — 3,1415..... Cependant, s'ils tracent des cercles de ‘ rayons ” de plus en plus grands PP;, PP: etc. — ce qu ils appellent rayon étant un arc de grand cercle puisqu'ils restent sur la surface — ils constateront que le rapport de la circonférence au diamètre devient inférieur à 7 et diminue à mesure que le rayon augmente, enfin que la circonférence elle-même décroit et finit par se réduire à un . ! . . 5 point P — le point antipode, Les mathématiciens de ce 122 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION monde comprendront que leur univers est courbe ; ils dédui- ou , Va À ront de leurs mesures d’arpentage que c'est une surface à - LEE constante positive finie bien qu'illimitée, limitant n hypercercle ” à frois dimensions dont ils pourront Éliie le rayon. Ajoutons une dimension, nous pouvons concevoir l PE sphérique. Cet espace est difhcile à se représenter ; il n'a abso- lument rien de commun avec l'intérieur d’une boule limitée par une surface sphérique dans l’espace à trois dimensions ; il limite une hypersphère dans un espace à quatre dimen- sions comme une surface sphérique limite une sphère ordinaire. Dans l'espace courbe qui limite une hypersphère, portons à partir d'un point, dans toutes les directions, des longueurs égales mesurées sur des fils tendus, nous obte- nons une sphère. À partir du même point portons des lon- gueurs de plus en plus grandes, nous obtenons d'abord des sphères de surfaces croissantes, puis une sphère | ; maximum (pour la longueur D r étant le rayon de l'hypersphère) ensuite les sphères décroissent — comme les cercles de l'exemple précédent — pour se réduire au point antipode à la distance 7r. Dans l'Univers d'Einstein, l’espace est sphérique ‘ mais le temps n'a pas de courbure, il est rectiligne : l'Espace-7 emps est cylindrique. Cette hypothèse constitue un retour à l’espace absolu et au temps absolu; la séparation entre l'espace et le temps est rétablie, parce que la direction des génératrices du cylindre donne un {emps d'Univers absolu. Mais c’est un absolu dont nous n'avons pas connaissance en toute rigueur, car, pour tout observateur en mouve- |. Ou elliptique, mais nous ne parlerons que de l'espace sphérique. “. LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS 123 ment par rapport à l'ensemble de la matière mondiale, l'espace et le temps restent unis suivant la conception de Minkowsk: : le temps que nous mesurons, variable d'un système à l'autre, variable d'un point à un autre dans un champ de gravitation, n'est pas ce temps absolu ; toutefois l'écart est bien faible, il ne serait notable que si l'on par- venait à réaliser des vitesses considérables relativement à l'ensemble de la matière mondiale. Une conséquence curieuse est que les rayons lumineux émanés d'un point, après s'être concentrés au point antipode, pourraient se concentrer de nouveau au point de départ, qui ne serait plus d'ailleurs le point occupé par la source de lumière car celle-ci se serait déplacée pendant le temps — des billions ou des trillions d'années peut-être — que demanderait la lumière à faire le tour de l'Univers. Beau- coup d'étoiles ne seraient que des fantômes d'un passé très reculé. Mais cette conception est peu vraisemblable; :l est bien probable que la lumière serait absorbée dans un pareil voyage, car il y a toujours des traces de matière répandues dans l'espace. L'UNIVERS DE DE SITTER. — Dans la solution de M. de Sitter la coupe à temps constant est encore un espace à € dE p sphérique, mais il y a aussi une courbure du temps. L'Uni- vers est hyperbolique. Il n'y a plus de temps d'Univers absolu; l'espace et le temps restent unis: c'est la relativité dans P e temp toute sa plénitude. - Une conséquence remarquable de la courbure du temps + est que le temps qui s'écoule entre deux événements se - produisant, relativement à l'observateur, en un même point pue ace, paraît à cet observateur d'autant plus long que pace, p P g q point est plus voisin d'une certaine zone où le lemps esl 124 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION stationnaire (l'observateur ne perçoit pas le temps propre de cette zone, parce que ce temps et le sien sont orthogo- naux) (note 15). Mais ceci n’est qu'un point de vue relatif à l'observateur et ne signifie pas que le cours du temps soit arrêté dans cette zone: si l'observateur s'y transportait, 11 trouverait que la Nature y est aussi active que partout ailleurs, et c’est son ancienne demeure qui lui paraîtrait immobilisée dans un repos éternel. La lumière elle-même demanderait un temps infini pour parvenir à la zone du temps stationnaire; alors, plus de fantômes d'étoiles, car 1l y a la barrière du temps; pour l'observateur, jamais un mobile, jamais un rayon de lumière ne franchiront cette barrière. Et pourtant, si l'observateur pouvait mesurer la vitesse d'un mobile à mesure quil s'éloigne, il trouverait que cette vitesse (et à fortiori celle de la lumière) croît indéfiniment ! Ce serait, pour l'homme auquel il manque une dimension pour percevoir directement la courbure, l'illusion complète d'un Univers infini dans l'espace comme :l est infim dans le temps. On se demande si les déplacements des raies spectrales des nébuleuses spirales (mondes extrêmement lointains), déplacements qui ont presque toujours lieu vers le rouge, ne seraient pas la manifestation du ralentissement appa- rent du temps, c'est-à-dire de la courbure du temps qu pourrait se manifester sur de si grandes distances. L'ACCÉLÉRATION ET LA ROTATION. — Nous avons déjà insisté sur le fait que toute accélération semble pos- séder un caractère absolu. L’explication est la suivante: les lignes d'Univers naturelles, ou géodésiques, ont une signi- LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS Î25 fication absolue: elles sont déterminées par la structure géométrique de l'Espace-Temps. En tout point-événement, il existe un Univers tangent, l'Univers euclidien de l'obser- vateur en chute libre ; dans un système de référence lié à cet observateur, ou dans un système en translation uni- forme par rapport à lu, les géodésiques peuvent être à très peu près confondues avec des droites d'Univers dans une grande étendue. Le mouvement de translation uniforme na aucun caractère absolu puisqu'il conserve aux géodé- siques leur forme rectiligne ; il ne peut pas être déterminé par rapport aux géodésiques. Âu contraire toute accéléra- tion (et en ‘particulier toute rotation) par rapport à ces lignes d Univers a une réalité objective. C'est cette réalité qui est observée avec le pendule de Foucault qui permet de constater la rotation de la terre. LA STRUCTURE D'UNIVERS ET L'ÉTHER. — L'Univers possède une structure géométrique connexe de la présence de matière ou d'énergie électromagnétique, puisque le champ de gravitation qui règne au voisinage de la matière (ou de l'énergie) n’est autre chose qu’une déformation de l’Espace- Temps. Si l'on cherche à préciser la relation qui doit exister entre la structure de l'Espace-Temps et la matière, deux points de vue opposés peuvent être envisagés. |” On peut attribuer à la matière, ou plus exactement aux électrons qui la composent, un rôle primordial. Ce point de vue paraît conforme à la conception de l'Univers cylindrique d'Einstein, car il résulte des formules de la solution d Einstein que la courbure d'ensemble de l'Univers est déterminée par la quantité totale de matière existante ; on trouve que le rayon U de l'Univers est lié à la masse 126 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION totale M de la matière mondiale par la relation (UT Re (z est la constante de la formule 22, p. 109). de sorte que, si par un miracle de la matière venait à être créée dans l'espace existant, le volume de cet espace aug- menterait ; la matière crée, en quelque sorte, l'espace qui la contient, et sil ny avait pas de matière, il n’y aurait pas d'Univers. 2° Une autre théorie, soutenue par M. Eddington, est la suivante : ‘ Je préfère, dit M. Eddington, regarder la x Ce . . matière et l'énergie, non pas comme des facteurs produi- sant les différents degrés de courbure de l'espace, mais comme des éléments de perception de cette courbure. ” Cette manière de voir est en accord avec la solution de de Sitter, car dans cette solution il n'y a aucune relation entre le rayon d Univers et la masse totale de la matière. L'Univers a une courbure naturelle; la matière n’est pas la cause de la courbure d'ensemble; elle correspond à des sortes de montagnes ou de rides, irrégularités locales par lesquelles l'Univers est bien moins altéré que ne l’est la terre par le relief du sol. D'après cette théorie on pourrait concevoir un Univers vide de matière. Dans cette hypothèse de la courbure naturelle, les lois générales sont des identifications de grandeurs physiques avec des grandeurs géométriques, et on peut les considérer comme des définitions de grandeurs physiques. Si la courbure totale est 4 et si, de plus, le tenseur R:, est nul, nous disons qu il y a le vide : cette structure géométrique se manifeste à nous sous un aspect particulier que nous appelons le wide. . - . . 1 . S1 la courbure totale est encore 47, mais si R:, n'est plus jun dt s'y Sté ot à _ LA COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS Î27 nul, nous disons qu'il y a de l'énergie rayonnante; si enfin la courbure totale est différente de 4 nous sommes en pré- sence d'une structure géométrique que nous appelons matière, et ce que nous appelons densité propré n'est autre chose que l'invariant géométrique — (R — 4x). 7 Le rôle primordial est attribué à l'Espace-Temps, dont les divers degrés de courbure nous apparaissent sous des aspects que nos sens distinguent les uns des autres, et auxquels nous avons donné les noms de vide, rayonnement, matière. Cette manière de voir nous paraît trés séduisante par sa logique et sa simplicité”. C’est un retour à l'hypothèse d’un ‘ substratum univer- sel ”, de l'éther par conséquent, mais cet éther est bien différent de celui des anciennes théories. L'espace vide de matière n’est pas amorphe, car la théorie de la relativité, qui ramène la mécanique et la physique à la géométrie de Riemann, prouve que l'Univers possède des propriétés métriques en relation avec la matière présente ou avoisinante, Ces propriétés sont précisées, dans chaque système de référence, par les valeurs des dix potentiels 2,» du champ de gravitation et aussi, d'après une générali- sation due à M. Weyl, par les valeurs de quatre grandeurs “qui constituent les composantes d'un quadrivecteur, le _ potentiel électromagnétique. On doit, aussi bien dans l'hypothèse cosmologique - d Einstein que dans celle de de Sitter, écarter la concep- ; s : ton que | espace serait physiquement vide, au sens du néant absolu ; 1l faut, non pas supprimer l'éther, mais donner une . Signalons qu'avec cette interprétation une difculté se présente au sujet du pr de moindre action. Toutefois cette difficulté semble pouvoir disparaître dans les extensions de la théorie d'Einstein dont il sera question plus loin. 128 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION forme nouvelle à la notion du substratum universel : l’éther de la relativité n'a rien de commun avec le milieu quasi- matériel admis autrefois : c'est ‘un milieu privé de toutes les propriétés mécaniques et cinématiques, mais qu: déter- mine les phénomènes mécaniques et électromagnétiques É (Einstein). D'après Einstein, l’éther ‘ détermine les relations métri- ques dans le continuum spatio-temporel, par exemple les possibilités de configuration des corps solides aussi bien que les champs de gravitation ”. Deux extensions successives de la théorie d Einstein, dues à M. Weyl et à M. Eddington, paraissent appor- ter un complément fondamental. Grâce à l'union, en une géométrie unique, du champ de gravitation et du champ électromagnétique, on peut concevoir que les électrons (et par suite la matière) soient des états particuliers de la structure d'Univers, de l'éther au sens qu'on doit attribuer aujourd'hui à ce mot. En résumé l'espace possède des propriétés physiques, et l’on peut exprimer ce fait en disant qu'un éther ” existe. Mais ‘* cet éther ne doit pas être conçu comme étant doué de la propriété qui caractérise les milieux pondérables, c’est-à-dire comme constitué de parties pouvant être suivies dans le temps: la notion de mouvement ne doit pas lu être appliquée ” (Einstein). On peut dire encore, avec M. Eddington, que l'éther est incapable de créer une division de l'Univers en espace et en temps. CONCLUSIONS GÉNÉRALES La loi de la gravitation est maintenant connue : elle englobe toute la dynamique et bouleverse les anciennes conceptions. Jusqu à la découverte d'Einstein, non seulement on ignorait Ja loi exacte, mais on était bien loin de soupçonner la mature du champ de gravitation : on est certain aujourd hui que ce champ est la manifestation du caractère non eucli- dien de la structure géométrique de l'Univers. L'Univers est caractérisé, en chaque point-événement, par ses propriétés géométriques, hées à la présence ou au voisinage de la matière. L'espace n'est ni un vide amorphe, m l'éther quasi-matériel de l’ancienne physique, et il ne doit pas être infini. Le temps est l'aspect d'une des dimensions de la mul- tiplicité quadridimensionnelle qui constitue l'Univers; il reste très mystérieux. S'il existe un système de référence privilégié auquel est lié un ‘* temps d'Univers absolu ” (hypo- thèse d'Einstein), ce temps absolu n'est pas, en toute rigueur, celui que nous percevons et que nous pouvons “mesurer; pour nous il y a toujours, suivant la conception de Minkowski, union de l'espace et du temps : la division de l'Univers en espace et en temps n'est possible qu'en choisissant convenablement les coordonnées, et elle est Hate à l'observateur. 9. BECQUEREL | : 130 CONCLUSIONS GÉNÉRALES Toutefois, les phénomènes de la Nature ont un caractère absolu, parce qu'ils sont déterminés par des coïncidences absolues dans l'Espace- Temps, des intersections de lignes d'Univers. Il y a des réalités que la science peut atteindre: elles se traduisent par des lois qui s'expriment à l'aide d'équations intrinsèques, de relations fensorielles où tout système de coordonnées a disparu. Cependant la théorie de la relativité ne remonte pas aux causes profondes des phénomènes; elle ne fait pas connaître la nature du substratum universel. C'est une description en langage mathématique, une interprétation géométrique des lois physiques et une magnifique synthèse de ces lois. C’est, dit M. Eddington, ‘la science de la structure et non celle de la substance ”. La mécanique et la physique sont ramenées à la géc-. métrie non-euclidienne de Riemann, ou plus exactement à la géométrie plus générale encore de MM. Weyl et Ed- dington (note 15); c'est là le fond de la théorie. Dans la géométrie, on groupe dans un tenseur des grandeurs insé- parables les unes des autres, et l'annulation d'un tenseur (ou l'égalité de deux tenseurs) exprime une propriété intrin- sèque de l'Univers. En mécanique et en physique, on forme des tenseurs avec des grandeurs que nous révèle notre science expérimentale; la théorie de la relativité afhirme que les tenseurs mécaniques et physiques fondamentaux doivent être égalés à certains tenseurs de la géométrie rlemannienne, Les tenseurs mécaniques et physiques sont égaux à des tenseurs géométriques : cela ne saurait être mis en doute, mais comment faut-l comprendre ces égalités ? S'agit-il d'‘" éguations ” ou d’‘ identités ” à La loi de la gravita- tion, celles de l'électromagnétisme sont-elles des conditions ; CONCLUSIONS GÉNÉRALES 131 imposées par la Nature aux relations entre la matière et l'Espace- Temps, ou ne sont-elles que des identifications de l'aspect physique et de l'aspect géométrique des propriétés d'une même entité 2 Si l'Espace-Temps et la matière sont - deux entités distinctes, les lois fondamentales sont des équa- - tions. Mais si l'on admet, avec M. Eddington, que les par- ticules qui, en dernière analyse, constituent la matière ne sont autre chose qu'une structure géométrique d'Univers, la matière cesse d'être une entité primordiale, les tenseurs mécaniques et physiques deviennent des tenseurs géomé- triques vus sous un aspect relatif à notre interprétation de - la Nature, relatif à notre entendement. Admettons cette conception. Est-ce dire que la loi de la gravitation est complètement subjective ? Non pas, au fond, car il existe un théorème de géométrie, qui se traduit par les quatre identités dont nous avons parlé (p. 108): c’est là une propriété intrinsèque de la multiplicité quadridimensionnelle qui constitue l'Univers, c'est une vérité objective. Mais la loi de conservation de l'impulsion-énergie et la loi de la gravitation sont des aspects subjectifs de cette vérité. L'homme _ arecherché ce qui, dansla N ature,se présente ases yeux comme permanent : 1l a trouvé les lois de conservation de la masse, de l'énergie, de la quantité de mouvement: par synthèses successives, 11 a été conduit à identifier les grandeurs phy- siques qu on peut grouper dans le tenseur matériel T., avec celles qui constituent un tenseur géométrique, le tenseur à R: és à 2 - plus haut exprime précisément les propriétés de permanence : … cest la loi de la gravitation, d'où découle toute la dyna- | _ mique. On ne peut pas prétendre que la Nature force la 3 matière à suivre cette loi, car c'est nous qui définissons la g.R'(éq. 25, p. 119) dontle théorème mentionné 132 CONCLUSIONS GÉNÉRALES matière de façon que cette loi soit satisfaite: ce que nous. avons appelé tenseur matériel ou tenseur impulsion-énergie * n'est pas autre chose qu'un certain tenseur d'Univers conser- vatif; notre loi de conservation ainsi que notre loi de la gravitation n'expriment, au fond, que des identités. Nous avons fait allusion à deux généralisations succes- sives de la théorie d'Einstein. Ces généralisations (Weyl et Eddington) complètent la théorie d’Einstein sans l’alté- leur intérêt est considérable. Partant des propriétés « géométriques les plus générales que doit posséder un uni- vers quadridimensionnel, M. Eddington a montré qu'il doit exister deux catégories de propriétés qui correspondent à ce que les mathématiciens peuvent appeler la non-intégra- bilité de la direction et la non-intégrabilité de la longueur: il doit en résulter, à nos yeux, deux catégories de phéno- mènes, deux champs de force de natures differentes. La quadruple indétermination des coordonnées doit se traduire par quatre formules qui expriment une loi de conservation : mais ce nest pas tout: l'indétermination du système de mesures, c'est-à-dire l'indétermination de l'unité choisie en chaque point pour la mesure des intervalles, doit donner une autre loi de conservation. C’est exactement ce que l'expérience nous révèle. Nous connaissons deux champs de force : le champ de gravita- tion et le champ électromagnétique; la conservation de » l'impulsion-énergie est une loi expérimentale qui s'exprime par quatre équations; l'autre loi, bien connue, est celle de la conservation de l'électricité. Quelle que puisse être, dans l'avenir, l'évolution des idées, l'union de l'espace et du temps, l'inertie et la pesan- teur de l'énergie, la loi de la gravitation, la dynamique de la relativité, la courbure de l'Univers, les lois générales de LB 6 slt ads AN TS Pre EE: à - Hal. CONCLUSIONS GÉNÉRALES 133 RL “sn : r l'électromagnétisme sont des résultats, presque tous dus au E s . , . . \ . génie d Einstein, qui resteront acquis à la science. La théorie actuelle pourra être retouchée ou plutôt com- plétée, surtout en ce qui concerne les hypothèses cosmo- logiques, la généralisation de la théorie d'Einstein et l'in- terprétation philosophique des lois. Mais ce quon peut affirmer, c'est qu'un retour en arrière, vers les idées encore enracinées dans quelques esprits, est une chose impossible. APPENDICE LL — RELATIVITÉ RESTREINTE. Note 1 (p. 21). SUR L'INVARIANCE DE LA DISTANCE SPATIALE DE DEUX ÉVÉNEMENTS SIMULTANÉS. Soient Xiy1Z1, X2y2z> les coordonnées d'espace de deux événements simultanés dans un premier système S, et soient xiyizi, xiyoz: les coordonnées des deux mêmes événements dans un second système S . La distance spatiale est donnée par les équations: ex). Ads y) +(2—2) dansle système S, = x) + y —yi) + (2 — 2) dans le système S’. L'application des formules du groupe de Galilée donne [—T ; le temps s'élimine parce que, la simultanéité étant supposée absolue, les événements se produisent à la même | époque { dans les deux systèmes. Note 2 (p. 24). SUR LES ÉQUATIONS DE LA DYNAMIQUE CLASSIQUE. r , : , 4 m étant la masse d’un point matériel; X, Y, Z et X, / 1 _. Y , Z désignant les composantes de la force F dans les 1. Un exposé d'ensemble beaucoup plus complet se trouve dans les ouvrages suivants : H. Weyl Raum, Zeit, Materie : Eddington, Espace-T'emps-Gravitation, trad. ‘par J. Rossignol (Hermann, éditeur); Max von Laue, Die Relativitats- theorie: Jean Becquerel, Le principe de relativité et La théorie de la gravilation Gauthier- Villars, éditeur). RELATIVITÉ RESTREINTE 135 / à 2 3: r « “systèmes S et S non accélérés, les équations du mouvement s'écrivent DUox mr 7 uns ee, d’x' _X, m d'y EN 4 de — Z" (système S ) E dE dt 7 dé Pivec la relation Re ENV 72 XV E72 Les équations fondamentales ont la même forme dans les deux systèmes; on peut les résumer par la relation vectorielle TIMES HO — “ . où tout système de coordonnées a disparu. Note 3 (p. 31). E SUR LA CONTRACTION DE FirzceraLp-LoRENTz. Soient lle trajet optique OM, de la lumière entre la “ face semi-argentée de la lame A et le miroir M; / le trajet OM: entre la lame et le miroir M:; si le bras OM, est * parallèle au mouvement absolu de la terre, le temps que met la lumière à aller de O au miroir M, et à revenir en 9 est j | l es L:.2 DD € TU Le temps employé pour parcourir le bras OM, aller et retour, est lb — RE ° Ve RE D 136 APPENDICE Pour que 4 —= B, il faut et 1l sufht que l / v” CE EN à Pr [ \ c° Note 4 (p. 37). REMARQUE SUR LA MESURE DU TEMPS. En disant que les observateurs ont des horloges étalons identiques, nous supposons qu'ils mesurent le temps en prenant comme étalon de temps la période d'un même phénomène, en choisissant un phénomène qui ne soit pas déterminé par des conditions spéciales à un système par- ticulier : par exemple, un pendule ne pourra pas servir d'étalon universel, parce que sa période d'osallation est déterminé par la pesanteur; mais on pourra adopter la période d'une radiation émise par un corps et prendre pour unité de temps, dans tous les systèmes, un même multiple de cette période. Note 5 (p. 39). LE cRouUPE DE LORENTZ. Soit un même événement noté x, yo, 20, l par les observateurs du système S et noté x, y, z, & par les observateurs du système S en translation uniforme avec la vitesse 0 par rapport à S. Cherchons les fonctions /i, f:, Le satisfaisant aux relations x SES = f(x — X0, YU Yo, Z "20, Dre li) o PRES fus ASE X0,.Y 7 Y0, ZT AGE to). Si l'on suppose la combinaison de l'espace et du temps homogène, ces formules doivent s'appliquer quel que soit RELATIVITÉ RESTREINTE 137 LT r[r d ! f ! l'événement de référence (xo, Yo, Zo, bn) ou (x, Yo, Zo, bi), et - l'on trouve aisément la forme des fonctions: considérons | sis événements (indices 0, 1, 2), nous aurons Xi — x = fix — HOT UQ ZE TT AT fo) de x — fixe — X-Y3 7 Yi, 2 721, b — li), X25-:X0 fre AO US Ho, 22077 tee, és: lo). D'où DAC. ao. etce..) — fix: — x1, etc...) + fi — x0, etc...) | équation fonctionnelle qui montre que fi est une fonction linéaire et homogène de ses arguments ; il en est de même de f f3, f.. +3 Prenons maintenant comme premier événement l'émis- sion d'un signal lumineux en O et O à l'origine des temps; au bout du temps £, pour l'observateur du système S, le signal lumineux est sur la surface de la sphère du système S. M t:z "ct — 0! la vitesse de la lumière étant une constante universelle, pour l'observateur du système S , le signal est au bout du temps { sur la sphère du système S nh >. "4 Sr, #” PR RE L 5 x +y+z— ct} —0, Si x,y,2z,t, x,y,z,{ sont les coordonnées d'un même appareil qui reçoit le signal (second événement), on a by tz-cÉ—=Nx +y +z— ct") —=0. Les lois des phenomènes ne devant pas changer quand on passe de S à Set réciproquement, on a nécessairement À = | et Ge +y +2 — CP =x + y +z—6cf. CT not py dites ec LE RÉ RUES 138 APPENDICE La disposition d'axes choisie exige que : | quelsquesoient yetzonaitàlafoisx —=Oetx== ét « (522) — x,zet{ — y —=0ety=0 ! — x,yett — z.—0étz 0 Les relations linéaires et homogènes qui donnent x, y, z,t en fonction des x, y, z, { contiennent dans le cas général 16 coefhcients fonctions de v; avec la disposition envisagée, en vertu des conditions (5-2) il ne reste que 7 coefficients : on les calcule aisément d’après l’identité (5-1) et l’on trouve les formules de Lorentz. Note 6 (p. 44), LA COMPOSITION DES VITESSES. Différencions les équations de Lorentz = VUE vd): dy = di: CE JL ( d= (dt + +) - 2 £ / Divisant les trois premières de ces équations par la der- nière, nous obtenons h AE 1 0 +0; J dt 1 + 2x C D HR ni. (6-1) La ] + ?2x C MES dE ER = Tr dt + V0» RELATIVITÉ RESTREINTE 139 En particulier si, comme nous l'avons supposé dans le texte, 0 est parallèle à v, on a (6-2) nn — se Note 7 (p. 52). CoNTRACTION DES LONGUEURS ET DILATATION DU TEMPS. Soient x1, x2 et x1, x les abscisses des deux extrémités de la tige dans les systèmes S et S ; la première des formules de Lorentz D a (x — ot) 4 - appliquée aux deux points extrémités de la tige, à un même instant t du système S, donne x1) MAT Et |A |. 2 L : 4 x ! D'autre part, considérons une horloge du systeme S et deux événements infiniment voisins se produisant sur cette horloge ; nous avons : invariant ds — c'df* = cd — dx” avec dx — vdi. D'où (7-2) = à. z Soit maintenant une tige infiniment courte dirigée paral- lèlement à la vitesse, immobile dans le système S et de longueur dx dans ce système; considérons deux événe- ments infiniment voisins concernant cette tige: d'après (7-1) 140 APPENDICE et (7-2), l'observateur du système S mesure : dE AN ee Z On a donc (7-3) dxdt = dx'df'. INVARIANCE DE L'HYPERVOLUME D'UNIVERS. — Avec des tiges de longueurs au repos dx, dy, dz dirigées paral- - lèlement aux axes, formons un parallélipipède rectangle, immobile dans S’; soit df un intervalle de temps infiniment court marqué par une horloge au centre de parallélipipède: comme, avec notre choix d’axes, dy — dy et dz—dZ, nous obtenons (7-4) dxdydzdt — dx dy dz dt ou encore en prenant comme coordonnée de temps la lon- gueur u — ct (7-5) dxdydzdu — dx dy dz du. Note 8 (p. 57). SUR LE TEMPS PROPRE. Considérons deux mobiles M; et M: en coïncidence absolue aux événements À et B, et ayant, entre ces évé- nements, des lignes d'Univers différentes. Supposons que M, soit en translation uniforme ; M; a alors nécessairement subi une accélération entre les deux événements considé- rés. Repérons les événements dans un système S (en trans- lation uniforme) lié à M. Prenons deux époques { et {+ dt du temps du système S, comprises entre les époques {, et {, auxquelles se pro- RELATIVITÉ RESTREINTE 14] duisent, toujours dans le système S lié à M, les événements A et B. Aux époques t et {+ dt, le second mobile M: est _ repéré LU, 2 1: x + dx, y + dy, z + dz, t-+ di dans le “ système S; ces coordonnées déterminent, sur la ligne d'Uni- - vers de Mb, deux événements infiniment voisins dont l'inter- . valle est ds; on a ds —— dx — dy — dé + c'df P mails on à auss! ds — cdi, _ par conséquent Ë (8-1) ? ee 1cdt, ou dt = dt ( + =/ BE | € } Les mobiles M: et M> étant en coïncidence absolue - aux événements À et B, nous obtenons, par intégration, = (8-2) Pa l'"2d. CS . A Plus le mouvement de M: aura été accéléré, plus, par - conséquent, les vitesses par rapport à M; seront grandes - puisque la durée totale 4, — 1, est fixe, et plus le temps . propre total sera court. En d'autres termes, entre deux événements déterminés, . la plus longue ligne d'Univers est celle qui correspond au mouvement rectiligne et uniforme. Note 9 (p. 59). LA LOI D'INERTIE. Une fonction a une variation nulle lorsqu'elle passe par un 142 APPENDICE minimum ou par un maximum. Donc, pour la ligne géomé-" trique la plus courte on à © | dl 0, et pour la ligne d'Univers la plus longue ona + - (9-1) à | &—0 Dans un cas comme dans l’autre, l'énoncé sous forme de loi d'action stationnaire est le même. La formule (2- D). est l'expression intrinsèque, indépendante de tout système « de coordonnées, de la loi d'inertie. À Note 10. I. — LE cHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE. Dans un système de référence S, soient au point x, y, z et à l'instant {: X, Ÿ, Z les composantes de la force électrique. L, M, N les composantes de l'induction magnétique, l la densité de charge multiphée par 47, w,, w,, w. les compo- santes de la vitesse de la charge supposée en mouvement (courant de convection). Les équations de Maxwell-Lorentz s'écrivent 1ôL 02520 C Ôf dy Ôz 1oM_oX _?Z Ô/ "à ù share _1oN_aY 0x c Ôt Ôx dy Div, (L, M, N) = °E+ MP g dx 0y Ôz RELATIVITÉ RESTREINTE 143 | 1 /oX ON M ot A “à | 04 ; dy OZ FLOY - ZORATON OAI TRS So) 12, M Pr À 04 22 TE 0x Ô Div. (X, Y, Z)— ete P dy Ùz Dans un système de référence S' animé de la vitesse v par rapport à S, ces équations doivent être remplacées par des équations de même forme. Adoptons la disposition d’axes pré- cédemment considérée ; le calcul montre que ces équations restent les mêmes si les nouvelles grandeurs (lettres accen- tuées) sont liées aux anciennes par les relations suivantes : l° Les formules de Lorentz pour les transformations d'espace et de temps ; 2° Les formules (6-1) de composition des vitesses pour les w; 3° Les formules suivantes, pour la transformation des grandeurs électriques et magnétiques. = pe. | U (10-3) \ M. 2 (» c 7) (Z=1(2+ M) E,\ c 4 PURE a. (10-4) D" c7 Én=1(n- De : CAN C 144 APPENDICE À #005) PL ( me p Z x a) Cette dernière formule donne immédiatement un ré- sultat fondamental. Soit e la charge de l'élément de volume d'espace, on a p— fe, pi: 4 RTE dx dy dz de (10-5) on déduit e dxdydzdt — edx dy dz' dt ou e—e d'après (7-4). La charge électrique est un invariant. b) Les formules (10-3), (10-4) montrent qu'un champ électrique et un champ magnétique n'ont pas d'existence absolue. Par exemple, ce qui est un pur champ magnétique dans un système est un champ mixte (électrique et magné- tique) dans un autre système : ceci fait comprendre l’action d'un champ magnétique sur une charge en mouvement, car, alors que dans le système de l'observateur, 1l existe un pur champ magnétique, dans le système de la charge, il règne un champ électrique qui agit sur elle. On retrouve facilement, d'après ces formules, la loi de Biot et Savart et la loi de l'induction, qui ne subissent aucune correction dans la théorie nouvelle. c) Appliquées aux ondes lumineuses, les formules de transformation permettent d'établir la théorie exacte de l'effet Doppler et de l'aberration de la lumière. Les anciennes formules ne constituent que des approximations; les formules exactes sont : RELATIVITÉ RESTREINTE 145 l— — cos? (10-6) 1 — ÿ ———- Ji-< \ AU , U ce ee — (10-7) cos? — - £ 12 Cos 2 c Y est la fréquence propre de la source et ’ la fréquence * apparente pour l'observateur. 2 est l'angle de la vitesse v et du rayon lumineux dans le système S de la source, g est l'angle de la vitesse v et du rayon reçu par l'obser- vateur. L'énergie lumineuse se transforme suivant la même loi que la fréquence, Η— cos2 (10-8) D FN RENE Vire On trouve enfin l'expression de la pression de la lumière sur un réflecteur intégral, animé de la vitesse 0 par rap- port à l'observateur. 10-9 2 — 5 (10-9) “re se » c À étant l'amplitude des ondes, pour l'observateur. 10. 2ECQUEREL 146 APPENDICE II. — DYNAMIQUE DE LA RELATIVITÉ. |” LA MASSE EST FONCTION DE LA VATESSE. — Dans un système S, un point matériel est supposé en. mouvement avec la vitesse v à l'instant £. Introduisons un second système S' animé de la vitesse 0" par rapport à S. Dans S’, à l'instant considéré, le mobile a une vitesse nulle ; pendant le temps infiniment court qui- suit, nous pouvons dans le système S' appliquer les équa- tions de la dynamique classique puisque le mobile part du « repos dans ce système. ù Soient mo la masse imitiale ou masse au repos du point matériel; F;, F,, F2, les composantes, mesurées par un observateur du système S', de la force que subit ce point: nous avons LEE d'y PE d'z 10-10 HR pe 6 2. — FANS (10-10) m ae ma, mes Pour avoir les équations de la dynamique dans le système d'x d'y S, il faut chercher comment se transforment UE UE d'z ! ! ! ° s L L * a et F;, F,, F: en fonction des mesures faites dans le système S. Adoptons la disposition d’axes habituelle, en prenant Ox / \ \ et Ox parallèles à v. Les formules de Lorentz permettent Je 4 2 Æ d'x de calculer —% ::: en fonction de v et de —::: dt dt dx. 71 ste “1.0 en tenant compte de ce que — v à l'instant { considéré. On trouve dt ao) Lx—Tdx, du RELATIVITÉ RESTREINTE 147 Pour obtenir la transformation des F;, F,, F2 nous considérons le cas d'une force électrique ; supposons que dans S règne un champ électrique X, Y, Z; pour les observa- teurs de ce système, 1l s'exerce sur une particule de charge e une force Fe EX, F,—= eY Free Appliquons (10-3), en y faisant M — N — O, et re- marquons que e est un invariant : nous obtenons CO12) F:—F. Fy=— Fri phase v4 substituant dans (10-10) les valeurs de l'accélération (10-11) et de la force (10-12) il vient Dr. mo d'y —_ Fe md z pp. | 10-13 à | : \ ) dt 4x dt a dt | mi 3 | Bien qu établies dans le cas particulier de la force éice- trique ces équations s'appliquent à une force quelconque, car si une force mécanique (par exemple la tension d'un ressort) fait équilibre à l’action exercée par un champ électrique, c'est un fait sur lequel tous les observateurs doivent se trouver d'accord. Il est donc nécessaire que les composantes de la force mécanique se transforment comme celles de la force électrique. ni à " mo On trouve ainsi une masse longitudinale —- et une mo masse transversale » la masse étant définie comme coef- ficient d'inertie. Mais les équations (10-13) peuvent s’écrire : 148 APPENDICE _ (DD ES d md) —F d{mdy\__F d/md\_ | A 2 dt ä 2 2) Ÿ mr a dt ) Fe sous cette forme symétrique, la restriction due au choix particulier des axes est levée; les équations sont absolument générales. F,dt, F,dt, F;dt sont les composantes de l'impul- sion dG ; on a donc, en intégrant et prenant la quantité de mouvement nulle au repos (10-15) m y—G Œ ; S : _ : m la masse définie comme capacité d'impulsion est ——- 2° L'INERTIE DE L'ÉNERGIE. — Multipliant les équa- tions (10-14) par dx, dy, dz et ajoutant, on obtient d| ie —= Kmc) = F,dx + F,dy + F,dz = aW e | dW étant l'énergie fournie au point matériel. On a donc (10-16) mc = WE La variation de masse est proportionnelle à la variation d'énergie cinétique. a) Masse de l'énergie rayonnante. — Considérons un train d'ondes planes tombant normalement sur une surface noire S. L'énergie 2 W absorbée pendant le temps ?{ exerce F une pression ÿ — (égale à la densité de l'énergie) : Sc2t elle communique au corps absorbant une impulsion mn Katie "+ 2e RELATIVITÉ RESTREINTE 149 L'énergie rayonnante W possède donc une quantité de mouvement G — —— c'est-à-dire une masse (capacité d'im- C + On a la relation (10-16) avec une constante c _ nulle. …. b) Un corps qui rayonne éprouve une perte de masse égale à la masse —; de l'énergie rayonnée W. — Prenons c un cas simple : une lame plane normale à Ox rayonne par ses deux faces, avec la même intensité, des ondes planes se propageant de part et d'autre normalement à son plan. Dans un système de référence S par rapport auquel - elle était immobile avant de rayonner, la source envoie, de part et d'autre, des quantités de mouvement électroma- gnétiques égales et opposées ; elle reste donc immobile, Soit W une certaine quantité d'énergie rayonnée | “ni de chaque côté), mesurée par un observateur du système S. Pour un second observateur S animé, par rapport à la source, d'une vitesse v parallèlement à Ox, l'énergie se transforme d’après (10-8) (où 2 — 0 et 2 — 7). Cet observateur mesure _ dans le sens opposé. dd R # ble à: be nd ET à Q [ÈS] Fe 150 APPENDICE La quantité de mouvement qui s’est propagée, pour S, dans le sens de v est Horn MEME ENESS C C Z (— ») est la vitesse de la source pour S’. D’après la con- servation de la quantité de mouvement, — quantité de mouvement perdue par la lame. Comme la vitesse n a pas changé, cette variation provient d'une varia- tion de masse de la lame Ï + pour l'observateur S' 4 OC et La lame a donc éprouvé une perte de masse au repos — précisément égale à la masse de l'énergie rayonnée. c c) L'énergie potentielle totale d’un électron est égale à 2 2 . sa masse au repos multipliée par c. (M. Langevin). — Assimilons l'électron à une sphère de rayon a possédant une charge superfcielle e. L'énergie potentielle du champ électrostatique À est : à à : k 2 Dr 72 WW: ! IN —=É£- 2-0 DES EI he. L a F RELATIVITÉ RESTREINTE 151 * Soient 5 —-—. la densité superfcielle de charge, p la — Ta . pression de Poincaré, nécessaire à admettre pour expliquer _ que la charge ne se dissipe pas. La pression p fait équilibre à la tension 275 résultant de la répulsion mutuelle des élé- - ments qui composent la charge. On a donc - [len résulte une énergie potentielle W2 égale au pro- duit de p par le volume de l'électron. US — LS Fa p a CR ee 3 6 a L'énergie potentielle totale de l'électron au repos est t ainsi 9 “ Or la masse de l’électron est k. “ mc — W. c 3 D OC ralbation. — Dans tous les cas où l’on peut calcu- ler l'énergie totale W d'un système, on la trouve égale à mc. On est donc conduit à généraliser et à donner les lois énoncées page 66. e —— ; on à par suite a 3° L'IMPULSION D'UNIVERS. — Soit dt Ta de =) Les dérivées lemps propre d'un point matériel (d dx dy d cd d: d= d: d: 152 APPENDICE se transforment comme les composantes dx, dy, dz, cdt d'un déplacement élémentaire, puisque d° est un invariant: Ce sont donc les composantes d'un quadrivecteur, la vitesse généralisée. Multiplions par l’invariant m0 (masse au repos) les com- posantes de ce quadrivecteur ; nous avons les composantes de l'impulsion d'Univers. (10-19) _m dy, ,& d Les trois premières composantes (composantes d'espace) sont les composantes de la quantité de mouvement ; la quatrième (composante de temps) est l'énergie divisée par c. La conservation de la quantité de mouvement et la con- servation de l'énergie qui, pour un système de points ma- tériels isolé, s’écrivent : (10:20) 2G,=Cr, 2G,=C:, 2G.=C EM se résument maintenant dans l'affirmation que la somme des vecteurs impulsions d'Univers, somme entendue au sens géométrique reste constante dans un système matériel isolé. Elle est indépendante du système de référence, alors que la quantité de mouvement et l'énergie varient d'un système de référence à un autre. Le principe de la conser- vation de l'impulsion d'Univers a seul un sens absolu. PR RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 153 RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE Note 11. LES TENSEURS. | TRANSFORMATION DU DÉPLACEMENT ÉLÉ- MENTAIRE. — Passons d'un système de coordonnées (xs, x, 23, x) à un autre (x, x, x, x) l'élément de ligne se transforme d'après les quatre équations Hi D us VE de + du UE qu dx dx dx qu'on résume sous la forme abrégée ER ris (11-1) de — D du v = 3 étant le même indice dans les deux membres et la som- mation étant faite, pour chaque indice 5, en remplaçant y successivement par |, 2, 3, 4. 2° QUADRIVECTEURS. — Tout groupe de quatre quan- tités À’ qui se transforment suivant la même loi que les dx, (11-2) Am VX À; constitue un quadrivecteur ou fenseur de premier ordre contre- variant. On met l'indice en haut (sauf pour dx’ qui est cependant contrevariant). 154 APPENDICE Tout groupe de quatre quantités B, (indice en bas) qui se transforment suivant la loi | eve (11:3) B.— ) 55 B. L constitue un quadrivecteur ou {enseur de premier ordre covariant. On voit facilement que (11-4) E AB, — AB, — invariant. Ün invariant, appelé aussi scalaire. est un tenseur d'ordre nul. Remarque. — La sommation est faite par rapport à l'indice qui figure deux fois sous le signe ©. Cet indice n’a pas de signification propre puisque dans l'expression com- plète d'une même composante on lui donne successivement les valeurs 1, 2, 3, 4 : on l'appelle indice muet. La lettre qui le désigne peut être à volonté remplacée par une autre pourvu que la nouvelle lettre ne figure pas déjà dans le terme considéré. Dans la suite nous supprimerons le > ; il sera sous-entendu quon doit toujours sommer par rapport aux indices muets, faciles à reconnaître d'après ce qui vient d'être dit. _3° TENSEURS D'ORDRE SUPÉRIEUR. — Seize gran- deurs qui se transforment suivant la loi CPAS dx: A’ (EË sous-entendu) Oxu dx, um y sont les composantes d'un {enseur du second ordre contre- variant. RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 155 Seize grandeurs qui se transforment suivant la loi (11.6) Ar À, dx Ôx- forment un tenseur du second ordre covariant. On généralise aisément pour définir des tenseurs d'ordre n. Un tenseur d'ordre n possède 4° composantes (dans une multiplicité à 4 dimensions). Un tenseur qui par- ticipe à la fois des deux modes de transformation est dit mixte : 1l est contrevariant vis-à-vis de certains indices et covariant vis-à-vis des autres. 12 __ dxe Oxu VX p Ex. : A = 2 Ty ES As. Ôxe dXS dx- Un tenseur tel que À: — A: est dit symétrique par rapport à !z et . Un tenseur tel que À, — — À... est dit symétrique gauche par rapport à ! et ”. Un tenseur symétrique gauche d'ordre 2 possède six composantes distinctes (au signe près); il n y a pas de tenseur symétrique gauche d'ordre supérieur à quatre (du moins dans une multiplicité quadridimensionnelle). 4 MULTIPLICATION. — Si l’on multiplie deux à deux les composantes d'un tenseur d'ordre net celles d’un tenseur d'ordre n , on obtient un tenseur d'ordre nn. Ex.: A. B'—=TS. 5° CONTRACTION. — Partant d'un tenseur mixte, on peut former un tenseur d'ordre inférieur de deux unités en égalant un indice de caractère covariant et un indice contre- variant. Ex. : soit À;,,; imposons la condition 5 — +, nous obtenons À’. qui n'est plus que du second ordre et peut se 156 APPENDICE représenter par À. Une multiplication suivie de contraction se nomme multiplication interieure. 6” PROCÉDÉS POUR RECONNAITRE LE CARAC- TÈRE TENSORIEL. — a) Lorsqu'un groupe de quantités A(u%... 28...) déterminées par n indices est tel que (147) AU JB — invariant pour un choix arbitraire d'un tenseur B;:'° à n indices. dont n covariants et n contrevariants, on peut afhrmer que Au. 20...) est un tenseur contrevariant d'ordre n et covariant Tr ordre ñn. Ex. : Si A(uY)B*C'— invariant, A(:%) est un tenseur A, ce résultat est encore exact si pour un quadrivecteur quel- conque B* le produit intérieur A(:)B*B’ = invariant, à condition que Au) — A»). b) Un groupe de quantités dont le produit intérieur par un quadrivecteur arbitraire est un tenseur est lui-même un tenseur. Ex.: si A(uv)B' est un quadrivecteur covariant, A(u») est un tenseur covarlant. 7° TENSEURS FONDAMENTAUX. — Dans l'expression de l’invariant ds (1 1-8) ds” me g,dx, dx, dx, est un quadrivecteur covariant arbitraire ; donc d'après l’une des règles précédentes g,,, qui est symétrique, est un tenseur covariant. C'est le tenseur covariant fondamental. Le tenseur contrevariant fondamental g,, s'obtient en écri- vant le déterminant des g., formant le mineur de chacun des #. et divisant ce mineur par la valeur g du déterminant. RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 157 D'après une propriété des déterminants on a: (11-9) gg — 1 ou 0 selon que # — * ou 4 F *. Posons g,,8 — g., g, est le {enseur mixte fondamental. Il jouit de la propriété d'avoir les mêmes composantes (égales à | pour 4 —Y et à O pour z ») dans tous les systèmes. Remarquons qu'en contractant ce tenseur nous obtenons CMETOD NN gi — gi + g2 + g + gi — 4. Remarquons aussi que g, est un opérateur de substitution, car MD A — A: 0 + 0-0. 8° TENSEURS ASSOCIÉS. — Les trois tenseurs fon- damentaux permettent de transformer les tenseurs par multiplication intérieure, c'est-à-dire de construire de nou- veaux tenseurs en faisant passer à volonté un indice de bas en haut et inversement. Les trois tenseurs contreva- riant, mixte et covariant (11-12) A”, A, =g,,A”(zestindicemuet), ÀA,, — g,.A' sont dits tenseurs associés. Tout tenseur d'ordre pair permet de former un invariant appelé invariant contracté : il suffit d'amener la moitié des indices en haut, la moitié en bas et de contracter complè- tement. 9° LONGUEUR GÉNÉRALISÉE. CONDITION D'OR- _ THOGONALITÉ. — Dans la théorie vectorielle ordinaire (3 dimensions) le produit scalaire de deux vecteurs À et B est : (H°13) AB, + AB, + AB. = AB. 158 * APPENDICE Le carré de la longueur d'un vecteur est le produit scalaire du vecteur ir par lui-même. Deux vecteurs sont ortho- | gonaux si À, Pour les Re PRES te en coordonnées arbitraires, le scalaire (11-14) A, AB" est la généralisation du produit scalaire (11-13). 4 Le carré de la longueur généralisée d'un quadrivecteur - A“(ou À.) est le scalaire | (FH15) = AA! = gs, AA) a AS et la condition d'orthogonalité de deux quadrivecteurs (A., B: ou A*, B*) est (11-16) : A,B:=0. . ou . A'B,—0: 1 10° DENSITÉ TENSORIELLE. — Le déterminant g des « 2. est toujours < 0; considérons \’ — g ; on démontre que: . dis : (11-17) V — gdw = invariant (do — dxidx:dx:dxi). | En coordonnées galléennes, gu — go = ga = — |, ? gu= +1, gw—=0(2Æv); V—g=]I] et l'invariant V— gdw — dx.dy.dz.cdt (élément d'hypervolume, voir « note 7). +: Soit T;;: un tenseur, on appelle densité tensorielle | l'expression n (11-18) Vel On peut toujours choisir les coordonnées de façon « qu'en tout point-événement Ÿ — g — |, Ce choix simplifie « souvent les calculs. | L À | RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 159 11° SYMBOLES DE CHRISTOFFEL. — Nous ferons usage des : Hab ! 10 1 { k > (11- 19)| ? ? FE ee d Ja 8 }(pasdesommation). 0x, dx ox ( RPG E u (11-20) ) 7} Frs té (sommation par rapport à l'indice muet +), Les grandeurs représentées par les symboles sont nulles en coordonnées galiléennes (les g,, sont constants). Ces symboles sont symétriques en : et v. Î[l faut noter que ce ne sont pas des tenseurs. 12° DÉRIVÉE COVARIANTE. — La dérivée d'un scalaire est un quadrivecteur covariant, mais la dérivée d'un quadrivecteur n'est pas un tenseur. Soit un quadrivecteur covariant À,, on démontre que les quantités DA, __ (ur) (11-21) 2 CRE LA { À constituent un tenseur covariant, appelé dérivée cova- riante de AÀ.. De même (11-22) A est la dérivée covariante du quadrivecteur A* contrevariant. Généralisation. — Soit un tenseur quelconque, Af,, par exemple; sa dérivée covariante est le tenseur : 160 APPENDICE (11-23) ; LP RS 7 SCOR 2.22 A ur SL # } : (A 2 l " (A: ] (LL a | At \ 12% = = ie ni © La dérivée covariante remplace, dans les équations ten- sorielles exigées par le principe de la relativité, la dérivée « ordinaire qui en est la forme dégenérée, en coordonnées gali- « léennes (car en coordonnées galiléennes les symboles de Christoffel sont nuls). Supposons qu'on déplace un vecteur suivant un certain contour. Dans un espace euclidien et en coordonnées gali- léennes, la condition nécessaire et sufhsante pour que le vecteur reste de même longueur et parallèle à lui-même é dA* [02 ne : pendant le déplacement est ere 0 our 0) - Cette 0x, Nr | condition étant la forme dégénérée de l'équation tenso- rielle A —0 (ou A, — 0) nous dirons que l'annulation de la dérivée covariante d'un quadrivecteur en tout point d'un contour exprime un déplacement sans variation absolue ” (Eddington) ou un ‘ déplacement parallèle ” (Weyl) bien qu'il ne puisse, en général, être question de parallélisme au sens de la géométrie euclidienne, 13° QUELQUES FORMULES UTILES. — On démontre dg"* == — g g‘dg et dg: mt. Luugadg"", (l 1-25) A° dgu: ENT A::dg° " DL R TRS = RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 161 (11-26) d(logg) = — gudg" — g'dg…. 0) HE, (11-27) ; Dre + e dry 14 DIVERGENCE. — Dans la théorie vectorielle ordi- naïre, on appelle divergence le scalaire D ue ou 22. is Ôy 0z dx. La généralisation est immédiate. Pour un quadrivecteur contrevariant, la divergence est la dérivée covariante con- tractée A}, (scalaire). Introduisant la densité tensorielle, et tenant compte de (11-27) (11-29) dot — db" 54 dx La divergence d'un tenseur du second ordre est, de _ même, la dérivée covariante contractée : c'est un quadri- vecteur, a) Tenseur mixte À,.— La divergence est A;, (Y devient indice muet) OA (a y.) OA)" A; TRS PRET A ou DUAT (un (11:31) Me FC D dx, ( E expression qui, Lorsque À, est symétrique, se simplifie Éd LR ne de +’ do? | (132) &, — Loge re Tu Lot FT 2 dx Ôxs 2 0x y 11. BECQUEREL 162 APPENDICE b) Tenseur contrevariant A. — La divergence est” A; en introduisant les densités tensorielles, on trouve 4 db” ( 2 et linéaire par rapport aux dérivées secondes. 2° THÉORÈME FONDAMENTAL. — La divergence du tenseur * Fu R, 2 g,R est identiquement nulle, ce qu'on peut écrire : | OR 12-2 Ro EX | 2 dxs Ces quatre identités (2 — 1, 2, 3, 4) sont celles qui réduisent à 6 le nombre des conditions exprimant la loi de la gravitation dans le vide (Ch. X, p. 108). 3° ÉQUATIONS DES GÉODÉSIQUES. — Soit A’ le Û dx; LR | : vecteur contrevariant - Sa dérivée covariante est 5 (423) :A = 2 (as) J jé] de. Ôxe \ ds) 5 ds Li RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 165 Eee). IA: di Multiplions par A°— pa nous obtenons s 2 ET HA (124) AA TE + xs 4 (264 dx dre d 5 \ ds ds Le premier membre étant un tenseur, 1l en est de même du second. Ce tenseur s'annule en coordonnées galiléennes : è rs . ’ 14 PR d X LE pour tous les points d'une géodésique car alors = —0 et s 47: ET , = 0 ; par suite l'annulation de ce tenseur représente les équations d'une géodésique dans un Univers euclidien quelles que soient les coordonnées. , x : : ,, : Û A D'après le principe d'équivalence, il en est de même dans un champ de gravitation permanent. L'équation géné- rale est donc (12-5) (4 équations: 5 — 1, 2, 3, 4). Il est à remarquer que le principe d'équivalence n'est autre chose que l'affirmation de l'existence d’un Univers tangent. Il résulte de là qu'il y a nécessairement équivalence entre un champ de force géométrique dans un Univers euchidien et un champ de gravitation permanent pour les lois qui ne font intervenir que les 2, et leurs dérivées premières, mais qu'il n'y a plus nécessairement équivalence pour les lois faisant intervenir les dérivées des g,, d'un _ ordre supérieur au premier. __ 4° LOI DE LA GRAVITATION DANS LA MATIÈRE. . — Les équations! R.. — 0, qui expriment la loi {dans le 166 APPENDICE vide, remplacent Se de Re. AO — A () potentiel newtonien. e NE , . : ‘7, . . Ê Ë Il s'agit maintenant de trouver Me qui doit rem- placer l'équation de Poisson 1 AQ — 4;Gs (: densité, G const. de la gravit. newt.). La densité est l'énergie par unité de volume divisée par c. Or l'impulsion-énergie trouve son expression la « plus générale dans un tenseur qui précisément se réduit à © dans le cas de la matière au repos, en coordonnées gahiléennes. C’est ce tenseur qui doit remplacer £. a) Le tenseur impulsion-énergie. — Les trois tenseurs d'impulsion-énergie associés ont pour expressions 2 dx, dx, (126) TE pes ds ds (2, densité au repos ou densité propre) dx: dx, (237) To, = gas T7 = guPo | ds ds Le. ON dx; dx- (12-8) 4: — Fe PRELONS ds FE LasQy20 7. = (ÿ deal ds ds T*’ et T., sont symétriques. En coordonnées galiléennes x1, X>, x, Xi —= ci, les composantes de T, sont les suivantes. ; re | | | 7, HU y [ha PUx, EL 'Æ FUx,Ux re Æ PUx,Ux, Vie FUx, (e C C C A ] ] cire ] ] 4 Te Pr x, Se Pr, 7 PO 4 ge: È C C C pts?" Lr . TRANS + F , RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 167 (129) 1 ÿ. Pr EEE 2 > PUx,Ux, PNR PRUR,. 7 2 5 MOMCRN FUx C C . C C ah Fe 2 ; IT FÜüs, EAP Ds Eh 4-7 F C C C Ux,» Ur, Ux, Sont les composantes de la vitesse v de la matière au point x:, x2 x, © est sa densité, égale à hey 5) b) La loi de conservation de l’impulsion-énergie. — En coordonnées galiléennes l'expression de la loi de conserva- tion s'écrit (12-10) ed) re indice muet). Ces quatre équations (2— 1, 2, 3, 4) ne sont autres que les équations bien connues de l'hydrodynamique en l'absence d'un champ de force et dans les milieux depour- vus de frottement. Nous remarquons que l'équation (12-10) est la forme dégénérée de l'équation tensorielle (12-11) T6; Cette équation tensorielle est donc l'expression générale de la loi, dans un Univers non euclidien, Nous avons d'ail- leurs déja dit que l'annulation de la divergence exprime la conservation. c) La loi d'Einstein. — Du fait que les tenseurs T, et v ] | v . . R;, ——g,R ont tous deux une divergence nulle, il ne ] 168 APPENDICE résulte pas forcément que ces tenseurs sont égaux (à un facteur constant près). Cependant si, avec M. Eddington, nous posons en principe que tout tenseur physique est l'aspect sous lequel nous apparaît un tenseur géométrique d'Univers, et si nous considérons la loi de conservation de l'impulsion-énergie comme une loi expérimentalement établie et rigoureuse, T, doit être identifié avec un tenseur con- servatif; comme le plus simple des tenseurs conservatifs est L % L, . L . R. re .R, nous sommes conduits à écrire 2 Gt PRET | | z constante universelle quitte à vérifier ensuite par l'expérience les conséquences de cette loi. C'est la loi d'Einstein, mais Einstein a suivi pour l'établir une marche différente. Il a mis R., — 0 sous la forme des équations classiques de Lagrange, a reconnu que certaines quantités #, (au nombre de seize, mais en formant pasunten- seur) représentent une forme d'énergie, l'énergie de gravi- tation, et a ajouté simplement le tenseur impulsion-énergie T, à l'énergie de gravitation (il a remplacé #, par £ + T.), Il a ainsi obtenu la loi précédente. Cette loi impose la conservation de l'impulsion-énergie car, la divergence du premier membre étant identiquement nulle, la divergence du second membre est nulle, Cette loi se déduit aussi du principe d'action station- naire (méthode de MM. Hilbert et Lorentz). La loi de la gravitation peut encore se mettre sous RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE _ 169 d’autres formes DD) R.— > gR=— AT. Multiplions par g“”; remarquant que #,,g* 4 (11-10), nous obtenons (12:14) Rx T 0, (T's | car on voit facilement, d’après (12-9), que (12-15) " TT = TT HT HT HT xp ps valeur indépendante du système de coordonnées, puisque c'est un scalaire. Remplaçant, dans (12-13), R par ZT, la loi s'écrit | | | (12-16) R ——,(T,.— | a T) | | 5° LES ÉQUATIONS DE L'HYDRODYNAMIQUE. — . En mécanique classique, les quatre équations de l'hydrodyna- * mique dans un champ de force peuvent se mettre sous la - forme suivante, où £F,,... sont les composantes de la force . s'exerçant sur l'unité de volume. D (Cr Fr PF.0 19 0x; de C CG (12-17) en coordonnées galiléennes. En réalité il ny a plus de telles coordonnées, mais c'est un fait dont on ne tient pas compte. Les équations rigoureuses sont les équations T0, . qui s'écrivent d'après (11-31) 170 APPENDICE om NN es (12:18) ES nt M X (densité tensorielle). Ce sont les quatre conditions (= 1, 2, 3, 4) auxquelles | la matière doit satisfaire ; elles déterminent l'impulsion et « l'énergie communiquées à la matière par le champ de force. | Pour les comparer aux équations anciennes, comme en pratique l'Univers est presque euclidien et que les vitesses sont faibles, nous pouvons prendre des coordonnées très « voisines des coordonnées galiéennes, les choisir de manière que V —g— 1 et admettre que T, se réduit à T;: nous | obtenons l’approximation faite en nées ordinaire ê F 12-19 no lp 29 T4) TER Les forces. — Comparant (12-19) et (12-17) nous voyons que les trois symboles se 7e 7 multiphiés par —c sont les composantes de la force principale, la “ force d'inertie de la mécanique qui produit une action proportionnelle à l'énergie (masse): la mÉCANNS newto- - . , l ET | I a Fe f "1e * v{ nienne néglige en général les autres ” forces ” . qui sont liées aux autres composantes du tenseur T, c LS aux quantités de mouvement et aux tensions internes. Nous pouvons aussi écrire T,, sous la forme (11-32), et faire V—£8 — | nous obtenons, en première appro- ximation 7: ] Op, (12-20) EE — —p <<. 0x, 2 0x RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 171 De sorte que ay : lOgu dou Vdgu Ps r-/0ou dou dc F:,, Fes PE it28 £ ) Eu, 8: | 2 \0xi dx Vxs Si {2 est le potentiel au sens de la mécanique classique, on à 2 et si, à l'infin D — 0 et g,, — 1 (valeur galiléenne) () (12-21) ere c 6” LA LOI DU MOUVEMENT DU POINT MATÉRIEL LIBRE EST CONTENUE DANS LA LOI DE LA GRAVI TATION. — Si l'on adopte des coordonnées devenant galiléennes à l'infini, on trouve aisément que les équations des géodésiques se réduisent en première approximation aux équations du mouvement de la vieille mécanique, et l'on obtient en même temps (12-21), relation que nous venons de déduire de la loi de conservation, c'est-à-dire de la loi de la gravitation qui implique la conservation du tenseur T.. Ce résultat laisse penser qu'il ny a pas indépendance entre la loi de la gravitation et la loi suivant laquelle un mobile libre a pour ligne d'univers une géodésique. On peut le voir de différentes manières : voici une démonstra- tion due à M. Jacques Rossignol. Prenons des coordonnées telles que Ÿ —--g — |, on a OT, TR Le — À = M LE in —— 0 0x, 20%, 172 APPENDICE explicitant F, et T*, on obtient AN (as æ)+ SEE \ af i \ dx: dx: > 27 donc les raies du spectre solaire (et des spectres stellaires) doivent être légèrement déplacées vers le rouge. Note 14, LES LOIS GÉNÉRALES DE L'ÉLECTROMAGNÉTISME. |” GÉNÉRALISATION DES ÉQUATIONS DE MAX- WELL. — Dans la théorie ordinaire (Univers euclidien et RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 179 coordonnées galiléennes) on a les équations de Maxwell- Lorentz (note 10). Nous allons chercher la forme {enso- rielle générale dont elles sont une forme dégénérée. Soient Gu1, G>, G: les composantes du potentiel vecteur (unités électromagnétiques) et ! le potentiel scalaire (uni- tés électrostatiques) de la théorie habituelle, En vue de la généralisation, posons — — DT Gu, . — Go, 73 + Gs, px —= Ù, On a, avec cette notation (formules connues) Ô2 do, ÔGo do a nr dx 0x1 dxs dx eic: Ecrivons maintenant les équations de Maxwell-Lorentz (note 10) en désignant par u, v, w les composantes de la densité de courant (unités électromagnétiques) et P la den- sité de charge (unités électrostatiques), (l'unité de charge étant choisie de façon que le facteur 47 disparaisse). Nous avons [0 û 0x Üxe Ôxs x (1 43) X4 X3 0x1 noY x: dx dx: bis A SE oM, ON 0x: dx dx 180 APPENDICE 0X ON M La dx, A Ôx> Fi Te UT NS (14-4) dx, dx ur 02 ON 2 OS REPOS UT US DX' GONE Or P i dx Ùx2 Des OR Soit maintenant un quadrivecteur covariant £, (arbitraire pour le moment) nous pouvons former sa dérivée covariante 2u», la différence (145) ee, = ES est un tenseur symétrique gauche, et d'après sa formation, nous avons les identités : (46) ‘Euh, île =ÿ UY> dx dx, € re , Puisque F,…, étant symétrique gauche, na que 6 com- posantes distinctes, au signe près, Posons : Fi Fr =X Fs = —Fs=k Fos = — Po Fr = Fis = M EF =—Fe=2 Fr =— Fa puis donnons à }, , 5 les valeurs suivantes RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 181 Sd: -uvezd4 LEZ MER 2 3, 4; (29,0 les identités (14-6) se trouvent être précisément les for- mules (14-3). De plus, les composantes du champ élec- tromagnétique sont formées à partir du potentiel vecteur (changé de signe) et du potentiel scalaire (éq. 14-2) exactement comme les composantes de F,, sont formées à partir de 2, (14-5). Nous pouvons donc interpréter le premier groupe de Maxwell : les composantes du champ électromagnétique constituent un tenseur symétrique gauche PU ON. MX RÉ Es CURE D. AR à —X—Y —Z O formé à partir d'un qguadrivecteur potentiel 2, dont les com- posantes d'espace (changées de signe) sont les compo- santes du potentiel vecteur et dont la composante de temps est le potentiel scalaire de la théorie ordinaire. On peut vérifier, en transformant les composantes du tableau (14-7) suivant la loi de transformation des compo- santes d'un tenseur covariant, et en passant d'un système galiléen à un autre système galiléen, qu'on trouve bien les forces électrique et magnétique du second système telles quon les obtient en relativité restreinte. Lies forces élec- trique et magnétique constituent donc bien un tenseur. Le tenseur contrevariant associé F“*’ permet d'exprimer le second groupe de Maxwell (14-4): ce groupe s'écrit, en effet, 182 APPENDICE RL dF'* RUE PR = u de LES dx F” PL) 2 dF”* Ki —= 0 (14- 8) _ 7 dx 31 32 0 34 dF FORT DER TES de ANT dx: aa 42 d +3 | a ES 0xs dF:" 4 ou F AL DU EF dx, ce qui prouve que u, v, w, | sont les composantes d'un dF*+ U X dégénérée de la divergence F°” qui est un quadrivecteur contrevariant. Le quadrivecteur J* est le ceurant. Ses composantes d'espace constituent le courant de convection et sa compo- sante de temps est la densité de charge. En résumé les équations de Maxwell s'écrivent quadrivecteur contrevariant J* car est la forme F.. — Ju 0 ps dx. OX ARE La première équation est sous la forme requise par le < él es PNY 4 La LA M principe de relativité: la seconde est la forme dégénérée de F} —J#. Les équations générales valables dans un Univers euclidien en coordonnées arbitraires, valables aussi ris ul, mététit RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE : 183 dans un Univers non euclidien par application du principe i ; d'équivalence, sont u \ “70 do, (14-10) MO 0e, 2° LOI DE LA CONSERVATION DE L'ÉLECTRI- CITÉ. — La dernière de ces équations s'écrit d'après (11-33), F*’ étant symétrique gauche. ; Fa £ pe” — an dx d'où l'on tire ù {+ dF2 L— — HE () Ôx ue AUS Tr f f . de car ‘”’ étant symétrique gauche, — i 0: ‘RE , \ { TAC æ donc J, — 0 (d'après 11-29). de en coordonnées galiléennes, cette équation devient Ou Ôp 0 | oP (14-11) Rs OÙ dx dy Ôz C 0 semblable à l'équation de continuité de l'hydrodynamique, elle exprime la conservation de l'électricité. 3° LE TENSEUR D'ÉNERGIE ÉLECTROMAGNÉ- TIQUE ET LA LOI GÉNÉRALE DE CONSERVATION DE L'IMPULSION-ÉNERGIE. — Par application et géné- ralhisation tensorielle des Expressions qui donnent les com- posantes de la force mécanique s'exerçant sur l'unité de volume contenant charges et courants, ainsi que le travail accomphi par le courant dans l’unité de temps, on démontre 184 APPENDICE , . 7 . qu'il existe un tenseur d'énergie L(— FF=+ Le FF) ELA HAE dont la variation compense la variation du tenseur ma- tériel (14-13) ES + Te 0 ce qui exprime la loi générale de conservation de l'impul- sion-énergie. Dans l'expression de la loi de la gravitation, E, s'ajoute à T.. Mais l'énergie électromagnétique ne modifie pas la courbure totale R car l'invariant contracté E — E est nul. La courbure R est toujours égale à xT — xs, C'est la un fait capital qui montre que la matière ne peut pas être formée uniquement à partir du tenseur F,, ce tenseur ne contribuant pas à la constitution de la densité matérielle. Note 15. La COURBURE DE L'ESPACE ET DU TEMPS. |” LA COURBURE NON NULLE DANS LE VIDE. — C'est précisément le fait que l'énergie électromagnétique n'influe pas sur la courbure fotale qui nécessite une modi- fication de la loi de gravitation admise jusqu'ici. Toutes les équations où intervient la densité de la matière sont des équations macroscopiques car la matière est supposée continue. Si nous voulons écrire les équations microscopiques, nous devons faire disparaître le tenseur matériel T, (qui correspond à l'aspect macroscopique de a: y è la matière) et ne conserver que le tenseur E, qui sera RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 185 alors le tenseur exprimant l'énergie du champ des électrons. D'après la loi (12-12) la formule microscopique serait, en tout point L (15-1) as Re — fe, " 2 ‘ L'invariant contracté E° étant nul, celui du premier : | SC x Sex membre R; — ne g,R——R devrait aussi être nul, en tout point ; alors, dans la matière, la valeur moyenne de R serait nulle elle aussi, et comme cette valeur moyenne est égale à x2, 1l n y aurait pas de matière ; résultat absurde. Il faut donc remplacer (15-1) par une formule dans laquelle le scalaire du premier membre soit nul, On n’a pas le choix, il faut écrire (15-2) Re gR= —E, cette équation exprime la loi de la gravitation, E, étant le tenseur d'énergie du champ électromagnétique des électrons. Si l'on forme la divergence des deux membres de (15-2), on trouve la relation (153) SERRES ni à 4 dx, e Partout où J*—©Q c'est-à-dire en dehors des lignes d Univers des électrons, la courbure totale est constante : celte courbure est donc la même dans le vide et aux points où se trouve de l'énergie libre (énergie rayonnante.) Mais la courbure dans le vide n'est pas nulle car R—0 dans le vide, où E, = 0, entrainerait R, —0 (ou R., — 0) 186 APPENDICE et par suite la loi (12-12) seule compatible avec R:, = 0 +1 dans le vide; on retomberait sur la loi qu'il faut préci- sément modifier. D'après (15-2) la loi dans le vide s'écrit Î Rr == 00 4 8: ou en appelant Ri la courbure dans le vide et posant R, —= 4 i (1 5.4) Hs =— Re F7 ho — 0 avec 2.70 mais très petit, loi déjà indiquée note 12. La loi macroscopique de la matière considérée comme : € ’ . . f . continue s obtient immédiatement en remplaçant dans toute la théorie précédemment donnée R' par R, et R par PE RAI ER -R: La divergence de Re ue nulle, et ce tenseur doit être identifié avec T, pour satisfaire la loi de conservation. La loi de gravitation dans la matière devient RCE RO ARLLES : l ÿ (15-5) R;, — uv TN Su —1[Te 2580 ; \ et la densité (au repos) est L (R— R;) au heu de k R} 2 % 2" L'ESPACE FERMÉ. — Cherchons maintenant quel peut être l'aspect ultra-macroscopique ou cosmique de l'Univers, en accord avec la loi (15-5). Prenant comme unité. de volume un espace suffisamment grand (par ex. :. g,R est identiquement - nat à ae clé doté Pa, ge e + n. LI RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 187 1000 parsecs-cubes), soit : la densité moyenne de la matière, densité que nous supposerons constante. Nous pouvons, dans cet aspect d'ensemble, ne tenir compte que de la distribution générale de la matière, et faire abstrac- tion des irrégularités locales. Les vitesses relatives des astres étant toujours très petites par rapport à la vitesse de la lumière, nous pouvons envi- sager un système de référence dans lequel la matière est en moyenne, au repos. L., se réduit sensiblement à PRET ++ ttpe Les équations (15-5) s’écrivent : { F5 \ R—(i+%) ge —0 (15.6) : si l'on na pas Z—Y—4 " R:, — F; is re) Lis —= — Agup. Prenant la position de l'observateur comme origine des coordonnées et adoptant des coordonnées sphériques, ces équations comportent deux solutions, dans chacune des- quelles la coupe à temps constant est un espace à courbure constante positive. 3° L'UNIVERS D'EINSTEIN. — Soit U le rayon de courbure. La solution d'Einstein est : (157) ds — —U|dy +- sin (40° +- sin” 6d2°)| +- c'df.. avec (15-8) 22 2. 188 APPENDICE t est un temps d Univers absolu. L'espace et le temps sont séparés. Le terme d'espace est dé = U\df + sin” (d0° + sin” 0d2°)| extension, avec une dimension de plus (coordonnée £) de l'élément de ligne sur la surface d'une sphère ordinaire (fig. 17). dû = U"|df? + sin db” (5 angle azimuthal). , \ «se k L'espace à courbure constante positive a deux formes Fic: 17. possibles, l’espace sphé- rique de Riemann et l’espace elliptique de Newcomb. Adoptant l'hypothèse de l’espace sphérique, dont le vo- lume total est 27° U, la masse M tofale de la matière mondiale’ serait M—=2rU%, d'où l'on déduit, d'a- près (15-8) (159) U= = —M. 4 Le rayon d'Univers serait déterminé par la quantité to- tale de matière. Comme ce rayon n'est sans doute pas inférieur à 10° cm., ce résultat nécessite l'existence de quantités de matière considérablement supérieures à celles que nous connaissons. RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 189 4 L'UNIVERS DE DE SITTER. — La seconde solu- tion de (15-6) est (15-10) 18 | ARS dÿ = — U|df" + sin (49° + sin 0d2")| + c* cos ydf.. avec (15-11) > — Ve U° Cet Univers est profondément différent de celui d'Eins- tein. g.;, étant égal à cos” (au lieu de la constante 1) l'espace et le temps restent unis, et 1l y a une courbure du temps. De plus 2 — 0 montre que la courbure d'ensemble de l'Univers n'est pas conditionnée par la matière mondiale (pas plus que le rayon de la terre ne dépend des accidents du sol). La matière intervient seulement pour produire des perturbations locales que nous négligeons ici, n’envisageant que la forme d'ensemble, La zone du temps stationnaire. — Pour un point fixe dans l'espace (par rapport à l'observateur dont la position est prise pour origine des coordonnées), on a dy —=0, d—0, ? — 0 et (15-12) ds = cos /cdt OU AE Près de l'observateur 7 — 0 et dt — d:; t est le temps de l'observateur. Mais loin de lui, l'élément de temps propre ds 17 , est dt —= — alors que l'élément de temps de l'observateur c est toujours df. Dans la zone r — 1 JU tes le temps 190 APPENDICE est stationnaire pour l'observateur car dt est infiniment grand” par rapport à ds. Note 16. GÉNÉRALISATIONS DE WEYL ET D EDDINGTON. |" THÉORIE DE WEYL. — Dans la théorie d'Einstein, l'électricité n'est pas rattachée à une propriété géométrique de la structure d'Univers, qui est entièrement représentée par les dix potentiels de gravitation g…. M. H. Weyl a uni, dans une même géométrie, le champ de gravitation et le champ électromagnétique. Le développement progressif de la théorie de la relati- vité a consisté dans la suppression des axiomes et des res- trictions non nécessaires. Or, jusquà présent, 1l subsiste une hypothèse arbitraire : nous avons admis qu'on peut toujours, en des points d'Univers différents, employer la même unité de mesure pour la comparaison des intervalles. À première vue cela paraît évident : en ur point d'Uni- vers À, nous définissons une unité de longueur en choisis- sant une règle étalon, et cette règle sert aussi pour la me- sure optique du temps si nous prenons comme unité naturelle la vitesse de la lumière ; 1l semble donc quen transportant en un autre point B une copie exacte de l'éta- lon choisi en À, on puisse, en B, mesurer les intervalles élémentaires et faire la comparaison avec les intervalles mesurés en À. Sans doute, nous pouvons opérer de la sorte si deux copies exactes de l’étalon transportées de À en B par des chemins différents sont toujours identiques en B. Or, rien ne prouve à priori, qu'il en soit ainsi, et si la longueur n'est pas intégrable, nous ne pouvons pas obte- nir sans ambiguïté en B une longueur que nous puissions RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 19] considérer, par définition, comme représentant la même unité quen À. L'intégrabilité de la longueur (généralisée : voir note 11. n° 13) est la restriction qui subsiste et qu'il faut sup- primer. Le champ de gravitation correspond à la non-intégra- bilité de la direction. Soit en effet A* un quadrivecteur : faisons-lui décrire un circuit fermé par ‘ déplacement parallèle ” (note 11, n° 16) c’est-à-dire tel que la dérivée covariante À° soit constamment nulle. (16-1) 2A° )” {A0 X La variation de ce vecteur est Ar — fe fe {Ad Posons dS° = — dS°'—= dx,dx;: dS est un tenseur symétrique gauche qui fait correspondre à l'aire élémentaire une direction positive de parcours sur le contour qui la limite, ce D" hé ATEN OS à 25.) ï F ee 0 "Là (162) 3A'— | R:,A‘S À Oo? | de même A = [ f Ri-AAS” k La condition nécessaire et sufhisante pour que la varia- “ tion soit nulle est que le tenseur de Riemann-Christoffel soit nul, c'est-à-dire que l'Univers soit euclidien. La non- 192 APPENDICE intégrabilité de la direction caractérise donc le champ de gravitation. De même, la non-intégrabilité de la longueur doit carac- tériser un champ d'une autre nature. Ne serait-ce pas le champ électromagnétique ? Puisque nous ne sommes pas certains qu'on puisse déf- nir une unité valable en tous les points, nous devons définir une unité en chaque point-événement de l'Univers; nous appellerons jauge l'unité d'intervalle choisie en chaque point. Le système de jauges est arbitraire comme le sys- tème de coordonnées : il faut, dans le cas le plus géné- ral, diviser l'Univers en cellules par un système quelconque de coordonnées et dans chaque cellule infiniment petite adopter une jauge. Les jauges sont seulement soumises, à la condition d'être infiniment peu différentes dans deux cellules infiniment voisines, ce qui est possible car l'ambi- guité disparait à la limite pour un déplacement infiniment petit. Lorsque les jauges étaient supposées les mêmes par- tout, dix mesures d'intervalles ds autour d'un point per- mettaient de déterminer les dix £:, et de décrire le champ de gravitation ; maintenant |4 mesures vont être nécessaires pour déterminer les g., et 4 ‘ potentiels ” supplémentaires qui paraissent bien correspondre aux composantes du qua- drivecteur potentiel électromagnétique. Les 14 potentiels g, et 2: définissent la géométrie du système de coordon- nées et du système de jauges, et contiennent en eux la structure de l'Univers. Faisons décrire à un vecteur AÀ;, par déplacement pa- rallèle, un contour ferm£ infiniment petit, limitant dS" ; d'après (16-1) sa variation est (163) dA, — = R:,, A.dS" — : R....AtdS, » RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 193 dAÀ, est orthogonal à A,, parce que, R.:: étant symétrique gauche en et£,ona (164) A’dA, — a R...A'A"dS" — 0. La longueur généralisée du vecteur n'a pas changé, seule sa direction a varié. C'est la restriction admise dans la théorie d'Einstein. Supprimant cette restriction, nous devons remplacer R: par un tenseur d'un type plus général *R... Or on peut écrire | | APR Le (CR. —"R:) sym.gaucheen et, (16-5) : Pésde— ; CR, + Ross) sym. en 4 et £. (166) 4A,—L*R...A"as" —1(B..+-F..)AtS". | NA 2 | | Comme la variation doit être annulée quand on décrit le circuit une seconde fois en sens inverse du premier par- cours, fous ces tenseurs doivent être symétriques gauches en ’ et 5. Soit / la longueur généralisée de À, ; on voit que (EE dl) = (A, + dA.)(A*: + dA*) = PF + 2A*dA,. COPA 'R:.A'AUdS" — F,..A"AdS". M. Weyl a adopté une limitation : 1l a supposé que F.. est décomposable en g,:F..; 2° que F,; est le rotation- nel d'un vecteur. D'après la première condition, (16-7) devient (168) 241—F.{(3.A"A9)dS" = F,ldS”, 13. BECQUEREL 194 APPENDICE > dl est donc proportionnel à / et indépendant de la direction du vecteur. Les différentes surfaces limitées à un même contour devant conduire à une même valeur de ©A,, l'intégrale de surface doit porter sur un rotationnel, d'où la seconde con- dition de Weyl. Soit maintenant une règle extrêmement courte, de lon- gueur généralisée / (note 11). Déplaçons-la de dx, dx, dx:, dx1. F,; étant le rotationnel d'un vecteur, nous pou- vons écrire (16-9) . = sidi oodis + made 2 0 les 24 étant quatre fonctions de point, qui sont les compo- santes d'un quadrivecteur d'Univers. Comme les 2, les 2, dépendent d'une propriété intrin- sèque de l'espace-temps et du système employé. De même que les #,, ne peuvent pas prendre des valeurs complète- ment indépendantes (loi de la gravitation), de même les 2, doivent satisfaire une loi. Intégrons (16-9), nous avons a (1 6-10) log te | 21dxi ne 2dx2 + osdx3 17 dx, la longueur sera indépendante du chemin suivi (inté- grable) si le rotationnel des 7, est nul (condition d'intégra- bilité) (16-11) _ A | À Ôx, OX Faisons l'hypothèse que les 2, représentent le potentiel électromagnétique (à un facteur constant près); l'annulation RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 195 du rotationnel exprime, d'après (14-10), que le champ électromagnétique est nul. Si cette condition est réalisée, les g, suffisent pour déterminer la structure de l'Univers. Dans le cas contraire la structure est exprimée par 14 po- tentiels, les 2, qui décrivent les propriétés gravifiques, les :, qui décrivent les propriétés électromagnétiques. La loi des 2, est trouvée : c'est la généralisation tenso- rielle des équations de Maxwell. L'union de cette loi et de celle de la gravitation constitue la loi générale de la struc- ture d'Univers. Changer de système de jauges, c'est ajouter au second membre de (16-10) une fonction de point arbitraire, ou ajouter au second membre de (16-9) une différentielle totale, Les 2, ne sont donc déterminés qu'à des fonctions z, près, pourvu que ces fonctions soient telles que :;dx, soit une différentielle exacte. Cette indétermination du système de jauges ne modifie en rien le rotationnel de sorte que Les forces électriques et magnétiques sont indépendantes du système de jauges. Nous avons vu que la quadruple indétermination des coordonnées conduit à quatre identités qui ont pour consé- quence la conservation de l'impulsion-énergie. De même, l'indétermination du système de jauges entraîne une loi supplémentaire de conservation : c'est la conservation de l'électricité (note 14, n° 2). 2” GÉNÉRALISATION D'EDDINGTON. — La limita- tion de Weyl a pour but de donner un caractère absolu à la longueur nulle, de manière que la lumière ait une trajec- toire bien définie (intervalle constamment nul). Cependant M. Eddington a réussi à supprimer cette . dernière restriction. Dans la théorie d'Eddington, la varia- … tion d'un vecteur par déplacement parallèle dépend non 196 APPENDICE seulement du chemin suivi, mais de l'orientation du vecteur. pendant son déplacement. L'Univers n'est assujetti qu'à une condition : celle de posséder une structure géomé- trique ; c'est le moins qu'on puisse supposer, et l'on ne sau- rait s'élever à un plus haut degré de généralisation. Théorie géométrique. — Prendre au système de coor- données signifie choisir 4 familles d'espaces pour diviser l'Univers en cellules; dans chacune de ces familles, chaque espace peut être caractérisé par un nombre, Un déplace- ment dx, est donc un vecteur absolu, puisqu'il peut s'ex- primer par des nombres purs, indépendants de tout système de jauges. M. Eddington a montré qu'en supprimant toute restric- tion, et conservant seulement la condition (évidemment nécessaire) que l'Univers ait une structure géométrique, et possède en chaque point un Univers euclidien tangent, la formule (16-2) est remplacée par (16-12) 2A*— 5} (RE AUS" où R;,, tenseur de Riemann-Christoffel généralisé, est absolu, c'est-à-dire indépendant de tout système de jauges. Dans ce tenseur, les symboles de Chnistoffel du tenseur ordinaire sont remplacés par des symboles généralisés, qui sont absolus, parce qu'ils s'introduisent sans que le système de jauges intervienne. On a (uv) (uv : (16-13) Bree HS. / S,, étant un tenseur symétrique en % et (non absolu). Contractant “R?,,, on obtient la généralisation de R... # 7 * » Les deux tenseurs absolus "R;,, et ©R,, traduisent les Ç + RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 197 propriétés intrinsèques du continuum. On n'en voil pas d'autres jouissant des mêmes proprietes. Pour introduire les 2,, 1l faut adopter un système de jauges. Nous définissons la longueur / d'un déplace- ment À* par (16-14) Den ATA”. l est un invariant à l'égard du système de coordonnées ; 2, est un tenseur symétrique. Un système de coordonnées étant adopté, les A sont des nombres purs ; mais / dépend, ‘par les g,…, du système de jauges; la longueur n'est pas un invariant absolu, c'est une convention purement géomé- trique. Posons (16-15) La = Don _et soit Z:, la dérivée covariante du quadnivecteur 7,. On peut écrire (l 6-16) B.. IT er Ry FE —— | R;. FES R, | 2 2 (16-I 7) R. —— Bi ue | 2e B,, est symétrique et F,, symétrique gauche. On dé- montre que ds, Vo, OISE, — 0. — 9, —"*—-" (rot. de 9). 0x, dx J. Les tenseurs B.. et F,, sont des tenseurs absolus. Le tenseur R:, se divise de même en deux ten- seurs (16-19) Bu FF le premier symétrique gauche en {: et ?, le second symé- 198 APPENDICE trique en {4 et ?, symétriques gauches tous deux en Y et 3. | Mais aucun de ces tenseurs n'est absolu, car les Su» Inter- viennent pour abaisser l'indice £. La variation d'un vecteur est ainsi mise sous la forme (16-6) et l'on a la formule (16-7), sans aucune restriction. Invariants absolus. — Il n'existe pas de fonction inva- riante absolue des potentiels, mais on peut trouver des den- sités invariantes absolues. RV— 35 CRÉROV— 5 RLÉRIV FF Ve, g CRI V— 8 *R étant le scalaire g“*R... Il existe peut-être encore une densité invariante absolue dérivée de “R:,5002. Le nombre des caractères d'Univers distincts dont les combinaisons peuvent s'exprimer par des nombres purs, indépendants de tout système de coordonnées et de jauges ne dépasse probablement pas 6. Weyl a fait remarquer que c'est seulement dans un Uni- vers à nombre pair de dimensions que les tenseurs fonda- mentaux donnent naissance à des densités invariantes abso-. lues. On ne saurait imaginer un univers à nombre impair de dimensions, car il n'aurait aucun caractère absolu. En plus de ces densités absolues, qui sont des caracté- ristiques absolues de l'Univers en chaque point, il y a un invariant absolu simple lié à un déplacement A“ : c'est "RAA? : d'autres combinaisons plus compliquées pourraient être imaginées, IDENTIFICATIONS PHYSIQUES. — Le système de jauges naturel. — Si nous voulons que la longueur EL - ne « bn D RE RENTE RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 199 (form. 16-14) cesse d'être une convention géométrique pour devenir une entité physique, il faut que ° soit un invariant absolu. Or il n'existe qu'un invariant absolu lié « L “ ét | à un déplacement A* et qui soit une forme quadratique : * Due A - 17 cest R..A’A’. Nous sommes donc conduits à considérer cet invariant comme donnant une mesure naturelle de la longueur et nous devons poser | (620) 3.ArA— LR. AA = BArA’ | D'où (16-21) B,, — Aguv, À étant une constante universelle, qui nous laisse d’ailleurs libres d'adopter telle unité de longueur que nous voulons en un point d Univers déterminé. Le choix étant fait en un point, les jauges en tous les points sont fixées par (16-21). La différence qui sépare B.. du tenseur R: de la théorie d Einstein provient des termes issus de S.. Nous allons voir que ce tenseur S,, détermine les phénomènes électroma- gnétiques ; plus le champ électromagnétique est faible, c'est- à-dire plus l'espace est vide, plus B.. est voisin de R... Dans le vide, l'équation fixant le système de jauges est (16-22) Ru. — du —0. C'est précisément la loi de la gravitation d'Einstein, qui est obtenue ainsi par des considérations aussi générales que possible, absolument indépendantes de celles qui ont été exposées précédemment. Ce résultat nous montre que, dans le vide, l'Univers est effectivement jaugé conformément au système de jauges naturel, ou encore qu'en transportant les VA Fr 200 APPENDICE étalons d’un point à un autre pour la comparaison des intervalles on emploie, dans le vide, le système naturel. Propagation de la lumière. — Une perturbation lumi- neuse issue d'un point occupe dans l'univers un cône qui doit satisfaire une équation de la forme (16-23) axdx,dx, — 0, Comme ce cône est bien déterminé et na aucun rap- port avec un système quelconque de coordonnées ou de jauges, 1] est nécessaire que a. soit un tenseur absolu : ce ne peut être que R: On a donc (16-24) “R..dxidx, = B:,dxidx, = 0. Nous voyons que, dans la théorie d'Einstein, où la pro- pagation de la lumière s'exprime par ds — g,,dx,dx, — 0, l'Univers est jaugé conformément à l'équation (16-21), par- tout où la lumière se propage, c'est-à-dire en tout point (sauf à l'intérieur de l’électron). À pourrait être une fonc- tion de point, mais la loi de la gravitation dans le vide nous montre que cest une constante. Le fait que, dans nos observations, la lumière a une propagation parfaitement définie prouve que nous effectuons nos mesures avec le système de jauges naturel. Il est vrai que dans un champ électromagnétique :l existe une ambi- guité concernant la longueur, mais cette. ambiguïté dispa- rait pour un déplacement infiniment petit, et si nous trans- portons nos étalons d’un point à un autre dans un domaine très petit pour comparer des intervalles, nous employons le système naturel à une quantité du second ordre près. Eddington a donc réussi à supprimer la difhculté qui avait conduit Weyl à poser Fyss — gueFr. La longueur Tu PES £ LE ED A Less æ RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 201 nulle peut ne pas rester nulle par déplacement parallèle ; peu importe, puisque le cône lumineux est défini par la seule équation invariante absolue qu'on puisse former. La courbure constante. — Prenant les scalaires des deux membres de (16-21), on a, en tout point = R—A\ qui, dans le vide, devient == AK; Il est évident que À n'est pas nul, car il n'y aurait plus de système de jauges naturel. Nous sommes donc directe- ment conduits à la conception de la courbure constante et de l'espace fermé. La constance de la courbure est impo- sée par la condition qui détermine le système de jauges : cela revient à dire que le système naturel consiste à prendre pour jauge en chaque point le rayon de courbure d'Univers; ou encore que tout objet est une portion déterminée et constante de l'Univers; que tout électron doit avoir pour rayon une fraction constante du rayon de courbure d'Uni- vers au point où 1l se trouve. Si le rayon d'Univers chan- geait d'un point à l'autre — par rapport à un sur-étalon que . nous ne saurions d ailleurs imaginer — l'électron, nos instru- ments, nous-mêmes, tout changerait dans le même rapport ; par conséquent le rayon de courbure doit nous apparaître comme constant. "R a la même valeur partout. Si l'on conserve le point de vue de la théorie d'Einstein, en séparant le champ de gravitation et le champ électromagnétique, et si l'on appelle ‘courbure le scalaire R qui ne fait pas intervenir les S’., on doit considèrer les électrons comme des déformations locales. L . . pa L'électron devient une région de forte courbure, bien que, 202 APPENDICE avec le système naturel, *R ait la même valeur que dans le vide. Cela signifie que les S°, qui font différer B..(—= 45.) de R:. doivent être considérables dans l'électron: autrement dit, le champ électrique doit y être colossal. Matière et électricité. — Pour identifier la substance” contenue dans l'espace, nous devons chercher les tenseurs géométriques qui correspondent aux tenseurs physiques. Ces tenseurs n'ont d'ailleurs pas besoin d'être absolus car nous utilisons le système de jauges naturel (aux faibles erreurs près dues à l'ambiguïté résultant de la non-intégra- bilité des longueurs) et nous n'avons aucune raison de pen- ser que les lois de notre science se conserveraient toutes dans un système de jauges arbitraire. Tout d'abord, rien n'est changé à la loi de la gravitation dans la matière, car la généralisation de W/eyl-Eddington n introduit pas de nouveau tenseur à divergence nulle auquel on puisse identifier T.. Le tenseur F.. des forces électrique et magnétique doit satisfaire le premier groupe des équations de Maxwell généra- lisées, et ces équations deviennent des identités (14-6) si F,, est le rotationnel d'un vecteur. Nous voyons qu'il ny a qu'un seul tenseur géométrique que nous puissions iden- tifier avec le tenseur des forces électrique et magnétique, c'est celui que nous avons précisément désigné par F,. (16-17). Le vecteur 7:. dont F, est le rotationnel, est le potentiel. Le vecteur courant-densité de charge doit satisfaire à la loi expérimentale de conservation de l'électricité. Il faut donc que J} —0; cette équation devient une identité si J' est la divergence d'un tenseur symétrique gauche con- trevariant ; nous devons donc identifer J" avec la divergence RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE 203 : & de F*’; nous obtenons ainsi le second groupe de Maxwell. ‘ … L'électron. — Nous avons vu (note 14, n° 3) qu'il “ est impossible de construire un électron et par conséquent de la matière à partir du champ électromagnétique seul ; on sait d'ailleurs que l'électron ne peut exister qu'en admettant des forces de cohésion non-maxwelliennes (pressions de Poincaré). Si l’on admet la continuité dans la structure géométrique de l'Univers, 1l est possible de calculer en chaque point le scalaire T du tenseur total d'énergie c'est-à-dire la densité de substance ”. L'expression est d'ailleurs assez compliquée. Le résultat intéressant est le - suivant: 1l est permis de penser que les forces de cohésion, jusqu'alors mystérieuses, qui permettent l'existence de l'électron sont les S;, qui ajoutées aux composantes js }* du champ de gravitation constituent les forces absolues T L , sl (éq. 16-13). L'union du tenseur de gravitation g., et du tenseur d'électricité S;, (ou plutôt d'un tenseur 7, à partir duquel sont formés La S;.) ou plus bles si l'on admet la restriction de Weyl, l'union de g,, et de 2, suffit pour rendre compte de l'existence des électrons et de la matière, alors que le champ de gravitation et les forces maxwelliennes F,, ne suffisaient pas. * Le potentiel électromagnétique a en lui quelque chose de fondamental qui disparaît quand on en prend le rotation- nel pour obtenir la force électromagnétique observable (Eddington). Toutefois dans le problème de la matière, 1l ne parait _pas exact de supposer une structure d'Univers continue, car . l'expérience nous a révélé l'étrange loi des quanta. Les += » “ NT AE De (TA 204 APPENDICE lois du continu ne sont probablement pas applicables à l'électron, mais on ne voit pas où intervient une disconti- nuité dans la constitution de l'électron. Les généralisations de Weyl et d'Eddington comple- tent la théorie d'Einstein sans l'altérer. On peut, dans la description géométrique de l'Univers, considérer séparé- ment le tenseur B., (ou g..) qui décrit le champ de gra- vitation et le tenseur F,, qui décrit le champ électromagné- tique : c'est ce qu'avait fait Einstein: |” “” intervalle ” d'Einstein est absolu, puisque c'est l'invariant absolu B., dx:dx. L'œuvre d'Einstein reste donc intacte; elle nest atteinte en rien par l'ambiguïté que l'existence du champ électromagnétique apporte dans la comparaison des longueurs. BIBLIOGRAPHIE ÉORENTZ — EiNsTEIN — Minkowskir. — Das Relativitatsprinzip ; nouvelle édition (Teubner). Ce livre contient les plus importants mémoires originaux. À. EinstTEIN. — La théorie de la relativité restreinte et généralisée, mise à la portée de tout le monde. Traduit par M'* J. Rouvière. L'éther de la relativité, traduit par M. Solovine. P. LanceviN. — L'évolution de l'espace et du temps (Scientia, 1911). 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CHARTRES. = IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT. 4 ET PAYOT & C'', 106, Boulevard Saint-Germain, PARIS-V{. — e ‘ | ÉMILE MEYERSON | | , DE LEXPLICATION + DANS LES SCIENCES _2 vol. moensemble.. . . . . . . . . . 40Ofr. Expliquer les phénomènes, expliquer l'univers, est le but suprême de la science, comme de la philosophie elle-même. Mais il y a antino- mie entre l'instrument de notre connaissance, la raison, qui ne peut 1 r , ,- ch. ’ . . - procéder que par le moyen de l'identité, et la réalité du monde, qui échappe perpétuellement à l'identification et dont l'essence est d’être irrationnelle. La réalité nous est-elle donc insaisissable 2 Tel est le L « . 7, . A . problème capital que pose et qu'élucide avec profondeur M. Emile - MEYERsOoN dans son livre De l'Explication dans les Sciences qui | devra désormais servir, pour employer une expression de l'auteur dans « sa préface, de « prolégomènes à toute métaphysique ». (La Nature.) PAYOT & Cie, 106, Boulevard Saint-Germain, PARIS-VI:, | D' ACHALME Directeur de Laboratoire à l'Ecole des Hautes-Études. LES ÉDIFICES PHYSICO-CHIMIQUES TOME I L'ATOME SA STRUCTURE, SA FORME Un volume in-8 avec gravures de M. Raoul LECLERC. : : : 5 02 0000 …Un livre excellent, clair et hardi. On y trouvera les derniers progrès que nous devons à Perrin, à Weiss, à J.-J. Thomson. On y trouvera davantage: un essai de concrétisation. L'ensemble de ce volume constitue un tout séduisant, rationnel, propre à faciliter la spé- : culation scientifique ou philosophique et bien adapté à nos connaïis-B} sances. (L'Action Française.) = LA « COLLECTION PAYOT » S'EST ASSURÉE DE | LA COLLABORATION DE MM. à HENRI ANDOYER, Membre de l’Institut, Professeur à la Sorbonne. | PAUL APPELL, Membre de l'Institut, Recteur de l'Université de Paris. LEC'E. ARIES, Correspondant de l'Institut. AUGUSTE AUDOLLENT, Doyen de la Faculté des Lettres de Clermont. ERNEST BABELON, Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France. JEAN BABELON, Aïitaché au Cabinet des Médailles. E. BAILLAUD, Membre de l'Institut, Directeur de l'Observatoire de Paris. LOUIS BARTHOU, de l'Académie Française, ancien Président du Conseil, Ministre de la Guerre. JEAN BECQUEREL, Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle. PAUL RARURREE, Docteur ès Sciences chargé d'Enseignement pratique à la Sorbonn HENRY BÉRENCER, Sénateur. A. BERTHOUD, Pro'esseur à l'Université de Neuch'tel. GABRIEL BERTRAND), Professeur à la Sorbonne et à l'Institut Pasteur. MAURICE BESNIER, Professeur à l'Université de Caen. G. BIGOURDAN, Membre de l'Institut, Astronome de l'Observatoire de Paris, F. BOQUET, Astronome de l'Observatoire de Paris. Abbé J. BOSON, Docteur en Philologie orientale. D" PIERRE BOULAN. PIERRE BOUTROUX, Professeur au Co'lège de France. EDMOND BOUTY, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. E. BRANLY, Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut Catholique. ÉMILE BRÉHIER, Maître de conférences à la Sorbonne. BRETIGNIÈRE, Professeur à l'École nationale d'Agriculture de Grignon. M. BRILLOUIN, Professeur au Collège de France. - BUSSARD), Professeur à l’École nationale d'Horticulture de Versailles. RENÉ CANAT, Docteur ès Lettres, Professeur de Rhétorique supérieure au Lycée Louis-le-Grand. D CAPIFAN, Membre de l'Académie de Médec ne, Professeur’ au Collège de France, Professeur à l' École d ‘Anthropologie. J. CARCOPINO, Ancien Membre de l'École de Rome, Professeur à la Sorbonne. A. CARTAULT, Professeur à la Sorbonne. EUGÈNE CAVAIGNAC, Professeur à l'Université de Stras!-ourz. G. CHAUVEAUD), Directeur de laboratoire à l'École des Hautes-Études. HENRI CHERMEZON, Docteur ès Sciences, Chef de travaux à la Faculté des Sciences de Strasbourg. C' DE CIVRIEUX. D" G. CONTENAU, chargé de Missions archéologiques en Syrie. HENRI CORDIER, Membre de l'Institut, Prof® à l'École des Langues orientales. M. COURANT, Professeur à l'Université de Lyon. MAURICE CROISET, Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France. ÉDOUARD CUQ, Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté de Droit. L. DAUPHINÉ, Docteur ès Sciences, chargé d'Enseignement pratique à la Sorbonne. P. DECHAMBRE, Membre de l'Académie d'Agriculture. MAURICE DELACRE, Membre de l'Académie Royale de Belgique, Professeur à l'Université de Gand. 2. M. DELAFOSSE, ancien Gouverneur des Colonies, Professeur à l'École coloniale. Comte DELAMARRE DE MONCHAUX, Président de la Section d'Aviculture de la Société des Agriculteurs de France. COLLABORATEURS DE LA « COLLECTION PAYOT» | CH. DEPÉRET, Membre de l'Institut, Doyen de la Faculté des Sciences de Lyon. G. DESDEVISES DU DÉZERT, Professeur à l'Univ. de Clermont-Ferrand. : à CH. DIEHL, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. G.DOTTIN, Correspondant del'Institut, Doyen de la Faculté des Lettres de RE ALBERT DUFOURCQ, Professeur à l'Université de Bordeaux. CH. DUGAS, Professeur à l'Université de Montpellier. JEAN DUHAMEL, Secrétaire du Comité Central des Houïillères de France. Comte P. DURRIEU, Membre de l'Institut, Conservateur honoraïre au Louvre’ RENÉ DUSSAUD, Conservateur au Louvre, Professeur à l'École du Louvre. JEAN DYBOWSKI, Membre de l'Académie d'Agriculture. CAMILLE ENLART, Directeur du Musée de Sculpture Comparée. C* ÉMILE ESPÉRANDIEU, Membre de l'Institut. P. FABIA, Correspondant de l’Institut, Professeur à l'Université de Lyon. HENRI FOCILLON, Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Lyon. G.FOUGÈRES, ancien Directeur de l'École d'Athènes, Professeur à la Sorbonne. A. GASTOUÉ, Professeur à la Schola-Cantorum. E.-F. GAUTIER, Professeur à la Faculté des Lettres d'Alger. : PROSPER GERVAÏS, Président de l'Académie d'Agriculture. ÉTIENNE GILSON, Professeur à l'Université de Strasbourg. CHARLES GIRARD, Membre de l'Académie d'Agriculture. PAUL GIRARD, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne GUSTAVE GLOTZ, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne PAUL GOUY, Directeur de « La Viticulture exportatrice ». A. GRENIER, Professeur à l'Université de Strasbourg. PIERRE GRILLET, Agrégé de l'Université. GEORGES GROMAIRE, Professeur au Lycée Buffon. A. GUILLAND, Professeur à l'École Polytechnique de Zurich. J HATZFELD, Professeur à l'Université de Bordeaux. L HAUTECŒUR, Professeur à l'Université de Caen. PRE HENRI HAUVETTE, Professeur à la Sorbonne. FÉLIX HENNEGUY, Membre de l'Ins'itut, Membre de l'Académie de Médecine. HENRI HITIER, Membre de l'Académie d'Agriculture. JOSEPH HITIER, Professeur à la Faculté de Droit de Paris et à l'Institut national agronomique. PIERRE JOUGUET, Correspondant de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. KAYSER, D* des Laboratoires de Fermentation à l'Institut national agronomique. G. LACOUR-GAYET, Membre de l'Institut, Professeur à l'École Polytechnique. A. LACROIX, Secrétaire Perpétuel de l'Académie des Sciences. HENRY LAFOSSE, Membre de l'Académie d'Agriculture. L. DE LAUNAY. Membre de l'Institut, Professeur à l'École des Mines. G. LE CARDONNEL. HENRI LECHAT, Correspondant de l'Institut, Professeur à l'Université de Lyon. E. LECLAINCHE, Membre de l'Institut, Inspecteur général au Ministère de l'Agriculture. G. LE GENTIL, Professeur à la Sorbonne. Becqueral, Jean _ Expose elementaire de 1a theorie d'Einstein et de sa generalisation. pr