V'/i i^.. 10»: --^f:^ :5^ HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. I^okA vs, v^tH-OY^o^^^ i\o' i&M 23 190, MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE TOME II Maurice Leriche. — Les Poissons paléocènes de la Belgique. — 1902. O. Abel. — Les Dauphins longirostres du Boldérien (Miocène supérieur) des environs d'Anvers. Deuxième partie. — 1902. A.-C. Seward et E.-A.-N. Arber. — Les Nipadites des couches éocènes de la Belgique. — 1903. J. Lambert. — Description des Échinides crétacés de la Belgique. — i. Étude monographique sur le genre Echinocorys. — 1903. BRUXELLES POLLEUNIS &. CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES URSULINES, 37 EXTRAIT DES MÉMOIRES MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE LES POISSONS PALÉOCÈNES BEXjiC3-IQ,TJE Maurice LERICHE LiCENClK ÈS-SCIENCES NATURELLES, PnÉPAHATEllB A l' M N 1 V E R S 1 T K DE L IL L E ANNÉE I902 ^ BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES URSULINES, 37 Wu 23 \h\jb EXTRAIT DES MEMOIRES MUSÉE ROYAL DUISTOIRI] NATURELLE DE RELGIQUE LES POISSONS PALÉOCÈNES BELC3-IQ,TJE Maurice LE RICHE Licencié ès-sciences naturelles, Préparateur a l' Cnm versité de Lille ANNÉE I902 BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEUR 37, RUE DES URSULINES, 37 TABLE DES MATIERES Introduction HISTORIQUE FAUNE ICHTHYOLOGIUUE DE L'ÉTAGE MONTIEN I . — Scapanorhynchus subulatus :2. — OdoHtaspis macrota 5. — Odontaspis Brontii . 4. — Lamna appendiculata 5. — Lepidosteus, sp. Résumé et Conclusions FAUNE ICHTHYOLOGIQUE DE L'ÉTAGE HEERSIEN L — Sables dOrp-le-Grand \. 2. 5. 4. o. 6. 7. 8. 9. iO. 11. — 12. — Résumé II. — Marnes de Gelinden FAUNE ICHTHYOLOGIQUE DU LANDÉNIEN INFÉRIEUR 1 . — Acanthias minor . 2. — Squatina prima 3. — Myliobatis Dixoni . 4. — Notidanus Loozi . O. — Synechodus eocœnus 6. — Cestracion, sp. — Acanthias orpiensis — Acanthias minor — Squatina prima — Notidanus Loozi — Scyllium Vincenti — Ginglymostoma trilobata — Odontaspis macrota — Odontaspis Rutot. — Odontaspis cuspidata — Elasmodus, sp. — Lepidosteus, sp — Avilis danictts PAGES 5 7 10 11 H H 11 12 TABLE DES MATIÈRES 7. — Scyllium VijicenH . 8. — Odontaspis macrola !). — Odontaspis Rutoti . 10. — Odotitaspis cuspidata 11. — Odontaspis crassidens 12. — Lumna Vincenti 13. — Lamna verticalis i 4. — Ot'idus obliquiis 15. — Oxyrhina nova K). — Ischyodtis Dolloi 17. — Edaphodon Buchlandi 18. — Edaphodon lci)tognathus . 10. — Elasmodtis Hunterl •20. — Albula Oirem 21. — Oiolithus (MoHocentris) intcger 22. — Ei/ertonia, ."îp. Résumé et Conci.usion.s Tableau comparatif des faunes ichthyologiques du Heersien el du Latidéiiieii inférioiir Thanétien des Bassins de Paris et de Londres, et du Paléocène de Copenhague FAUNE ICHTHYOLOCIQUE DU LANDÉNIEN SUPÉH1EU15 1. Amia (Pappichthysj Barroisi 2. _ Amia, sp. 5 — Lrpidostcus siiessoniensis Résumé ht Conci-usions Résumé généual . Tableau générai, dks iîspéciîs du Pai.éocéne bki.ge. Belgique, di: PAGES 31 51 51 51 52 INTRODUCTION Appelé, par la Direction du Musée, — à la suite de mes publications sur les Poissons paléocènes du Bassin de Paris ('), — à étudier la Faune ichthyologique correspondante de la Belgique, je viens faire connaître, dans ce mémoire, les résultats de mes recherches. La Faune dont il s'agit avait été abordée antérieurement par T. C. Winkler, G. Vincent (jadis Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle) et M. A. Daimeries, Professeur à l'Université de Bruxelles. En dernier lieu, elle a retenu l'attention du regretté Raymond Storms, qui en avait entrepris l'étude, à la demande de M. Louis Dollo, Conservateur au Musée, avec l'autori- sation de la Direction de l'Etablissement. La mort surprit Storms, prématurément, avant qu'il pût achever son œuvre. La Belgique perd, en lui, un Ichthyologiste démérite, qui a contribué, d'une manière honorable, à augmenter les connaissances sur le passé de son pays. ... C'est donc, surtout, à une revision que j'ai eu à me livrer. Aussi nai-je été amené à signaler, dans ces pages, que trois espèces nouvelles. Mon travail est, dès lors, un Catalogue critique (avec figures des formes inédites ou insuffisamment décrites) des Poissons montiens, heersiens et landéniens de la Belgique. Avant d'entrer en matière, je suis heureux d'exprimer, ici, mes sentiments de recon- naissance envers la Direction du Musée pour la bienveillance qu'elle m'a témoignée et les facilités qu'elle m'a accordées dans l'exécution de ma tâche. Je remercie, également, M. Dollo, sur la proposition de qui j'ai été appelé à m'occuper des Poissons tertiaires belges, du concours qu'il m'a prêté par ses conseils, et de la peine (') M. Leriche. Faune ichtlnjulocjîqiie des Sahlen à Unios et Térédines des enriroiis d'Epfrnaij (Manie). Annales de LA Société géologique du Nohd, T. XXIX, 1900, p. 173-19(j. — M. Leriche. Sur quelques éléments nouveaux pour la faune ichtliyoloijique du Moutien inférieur au Bassin de Paris. Ann. Soc. géol du Nord, T. XXX, 1901, p. 153-161. 6 MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE qu'il a prise de composer mes '^ planches expliquées « d'après le système déjà employé dans les Mémoires du Musée. Je remercie, de même, M. A. Rutot, Conservateur au Musée, des données stratigra- phiques qu'il a eu l'obligeance de me communiquer sur l'Eocène inférieur de la Belgique, dont il fait, comme on le sait, une étude approfondie depuis de longues années. Lille, octobre 1902. HISTORIQUE L'étude de la faune ichthyologique du Paléoeène belge a déjà fait l'objet de plusieurs travaux. 1. T.-C. Winkler. — En J8G9, Winkler (^) décrivait, des Marnes de Gelinden, les restes d'un Poisson qu'il désignait sous le nom de Sinerdis heersensis. Dans un Mémoire ultérieur (-), il distinguait, en outre, dans l'Étage heersien, les espèces suivantes : OsjiEuoiDES Belgicus, Wiiiklcr. Cycloides iNCisus, Winkler. Otodi's Rutoti, Winkler. Otodus parvus, Winkler. Otodus striatus, Winkler. 7. IjAmna elegains, Agassiz. 8. Lamna cuspidata, Agassiz. 9. Galeocerdo maretseksis, Winkler (^). 10. NoTiDANus ORPIENSIS, W^lnklef. 11. Trigoinodus PRiMus, Winkler. 6. Otodus macrotus, Agassiz. 2. G. Vincent. — Quelques années plus tard, G. Vincent (*) signalait, dans le Tiiffeau de Lincent (Landénien inférieur) : 1. Lamna elegans, Agassiz. 2. Otodus Rutoti, Winkler. 3. Otodus striatus, Winkler. 4. OxYRHmA Winkleri, Vincent. 5. NoTiD.\Nus Loozi, Vincent. {') T.-G. Winkler. Description (Viin Criiioïde et d'un Poisson du système heersien. Archives du Musée Teyler, Vol. II, p. 301, PL XXXVIII, Fig. 6et7. (^) T.-G. V\^iNKLER. Mémoire sur quelques restes de Poissons du système Jieersien (Extrait, 1874). Archives du Musée Teyler, Vol. IV, 1878, p. 1-15, PI. I. (") M. Daimebies a montré que cette espèce Jevail disparaître, comme étant fondée sur des débris remaniés d'un Corax crétacé. (A. Daimeries. An.nales de la Société royale malacol. de Belgique, T. XXIIl, 18SS, Bulletin des Séances, p. XLVl). (■•) G. Vincent. Description de la faune de l'étar/e Landénien inférieur de Belgique, I" partie (Description de la faune du Tuffeau de Lincent). Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XI, 1870, Mémoires, p. l;23-126. 8 MAURICE LERICHE. — LES POISSONS 3. A. Daimeries. — Enfin, dans une série de notes, M. Daimeries (') a fait quelques additions aux listes des Poissons du Heersien et du Tuffeau de Lincent, et indiqué plusieui's formes nouvelles. Malheureusement, ces notes n'ont jamais été suivies du travail descriptif annoncé par l'auteur à différentes reprises. De l'ensemble des notices de M. Daimeries, on peut établir les listes suivantes : 1. — Poissons de l'Étage Heersien (Zone à Cijprinu Morrisi). Elasmobranches . 1. AcvMiiiAs CuKi'i.M, Daimeries. 2. AcvMiuAS IlEMNEyuiNi, Dalinciies. 3. Sqlatina piïima, Winkler. 4. (JiNdiAiMosTOMA MINUTA, lUilmeries. .j. NoTiDANUs LooAi, Vincciit. 6. IhiiODis, sp. 7. ScvLi.iuM ViNCKNTi, Dalmcrics. 8. Lamna elegans, Agassi/.. 9. Lamna cuspidata, Agassi/.. 10. Odontaspis Rutoti, Winkler. ] \. Odoistaspis stkiatus, Winkler. 12. Odontaspis MACuoTiis, Agassi/.. 15. Otodi's pakvus, Winkler. 14. Û.vYKiuNA WiNKLERi, Vlneent. 15. OxYRHiNA L.EviGATA, Dainiciics. 1(5. Glyphis ORPiENSis, Dalnicries. Holocéphale. 17. Edapiiodon, sj). Téléostomes. 18. OsHEiioiDE.s BELCicis, Winklei' 19. Cycloiues iNcisi's, Winkler. 20. Smeeiidis MEEitsiE.%si,s, Winkler. 21. SpiiiEuonu.s, sp. Ichthyodorulite. 22. (lol.l.oIlllYNClllS, sp. 2. — Poissons du Tuffeau de Lincent (Landénien inférieur). Elasmobranches. 1. AcANTHiAs Hekneç,)! iM, Itainieiics. 2. NoTiDANUs Loozi, Vineent. 5. ScYLLiuM ViNCKNTi, Dainiciics. 4. Lamna elegans, Agassi/.. 5. Odontaspis Kutoti, Winkler. 6. Odontaspis sthiatus, Winkler. 7. Otodus pakvus, Winkler. 8. OxYRniNA WiNKLERi, Vincent. 9. Carciiarodon obliquus, Agassi/.. Téléostome. 10. Smu:i:ri)Is iilehsiensi.s, Winkler. Tel était l'état de nos connaissances sur la faune ichthyologique du Paléocène belge, au moment où la Direction du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique me fit (1) A. Daimeries. Notes ichllii/ologiqiies. Ann. Soc. boy. malacol. de Belgique, ï. XXII [, 1888 et XXIV, 1889 : Notes I (Si/stème landénien), T. XXIII. Bull, des séavces, p. xlii-xliii; Noies II (Systèmes landénien et heersien), id., id., p. xlv- XLViii; Notes III, id., id., p. ci-civ; Notes IV, T. XXIV. Bull, des séances, p. v-x; Notes V, id., id., p. xxxix-xliv. PALEOCENES DE LA BELGIQUE 9 l'honneur de me confier la revision des Poissons tertiaires conservés dans les Galeries de rÉlablissement. Avant d'aborder l'examen des ditïérentes espèces, je rappellerai que le Paléocène de la Belgique comprend trois étages, qui sont, en allant de bas en haut et du plus ancien au plus récent : 13. Landénien, Dumont, 1849. 2. Heersien, Dumont, 1851. 1. Montien, Dewalque, 1868. FAUNE ICHTHYOLOGIQUE DE L'ÉTAGE MONTIEZ Les travaux de MM. Ru tôt et Van den Broeck ('), Conservateurs au Musée, ont montré qu'il y avait lieu de distinguer, dans la masse du Tuffeau de Ciply, considérée d'abord comme maestrichtienne, deux parties : l'une, inférieure, peu épaisse, incontesta- blement crétacée ; l'autre, beaucoup plus développée, renfermant la faune du Calcaire grossier de Mons. La première partie est désignée sous le nom de Tuffeau de Saint-Sym- phorien; la seconde constitue le Tuffeau de Ciply proprement dit. (') A. RuTOT et E. Van den Broeck. Résumé de noureUes recherches dans le Crétacé supérieur des environs de Mons. Annales DE la Société géologique de Belgique, T. XII, 1 884 1885. Bull, des séances, p. 201-211. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. Sur Vâge tertiaire de la masse principale du Tuffeau de Ciplij. Ann. Soc. géol. de Belgique, T. XIII, 1885 1886. Mémoires, p. 3-13. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. Note préliminaire sur l'âge des diverses couches confondues sous le nom de Tuffeau de Ciply. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XX, 1885. Bull, des séances, p. xciiixcvi. — A. RuTOT et E. Van den Broeck, Sur l'âge tertiaire du Tuffeau de Ciphj. Ann. Soc roy. malacolog. de Belgique, T. XX. Bull, des séances, p. cviiicx. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. Nouveaux documents relatifs à la détermination de la masse principale du Tuffeau de Ciply. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XX. Bull, des séances, p. cxiii-cxvu. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. Résultats de nouvelles recherches relatives à la fixation de l'âge de la masse princi- pale du Tuffeau de Ciply. Ann. Soc. géol. de Belgique, ï. XIII. Mémoires, p. 94-98. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. Sur les relations stratiyraphiques du Tuffeau de Ciply avec le Calcaire de Cuesmes à grands Cérilhes. Ann. Soc. géol. de Belgique, T. XIII. Mé.moires, p. 99-124. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. La géologie de Mesvin-Ciphj. Ann. Soc. géol. de Belgique, T. XIII. Mémoires, p. 197-260. — A. RuTOT et E. Van dkn Broeck. La géologie des territoires de Spiennes, Saint-Symphorien et Havre. Ann. Soc. géol. de Belgique, T. XIII. Mémoires, p. 306-335. — A. RuTOT et E. Van den Broeck. Documents nouveaux sur la base du terrain tertiaire en Belgique et sur l'âge du Tuffeau de Ciply. Bulletin delà Société géologique de France, 3" série, T. XV, 1886, p. 157-162. — A. RuTOT. Montien et Maestrichtien. Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie, ï. VIII, 1894. MÉMOIRES, p. 187-194. MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 11 Ce dernier a fourni un petit nombre d'ichthyolites qui appartiennent aux espèces suivantes : 1. — Scapanorhynchus? (Odontaspis) subulatus, Agassiz, 1844. Parmi les dents attribuables à cette espèce, les unes, roulées, ont pu être empruntées aux teiTains sous-jacents ; les autres, parfaitement conservées, doivent être considérées comme contemporaines du dépôt qui les recèle. Localité : Ciply. 2. — Odontaspis macrota, Agassiz, 1843. Sous le nom de Lanina elegans, cette forme a déjà été signalée dans le Calcaire grossier de Mans ('). Elle est représentée, dans les collections du Musée, par un certain nombre de dents dépourvues de leur racine, mais bien caractérisées par les stries de leur face interne. Localité : Ciply. 3. — Odontaspis Bronni, Agassiz, 1844. Des dents, à peu près complètes, montrent bien les caractères à'Odontaspis Bronni : La couronne ne décrit qu'une faible courbure sigmoïdale ; sa face interne est complètement lisse ; sa face externe porte, près de la ligne de base de l'émail, qui est droite, de petits plis irréguliers et obsolètes. Il existe deux paires de denticules latéraux. Les denticules de la première paire sont élancés et bien développés ; ceux de la seconde paire sont très petits. La racine présente, à la face interne, un sillon médian, dans lequel s'ouvre le foramen nutritif. Localités : Ciply, Mons. D'après M. Daimeries (^), Odontaspis Eutoti, Winkler, existerait également dans le Montien d'Obourg. 4. — Lamna appendiculata, Agassiz, 1843. A cette espèce, si répandue dans les Terrains crétacés, doivent être attribuées plusieurs dents, dont le bon état de conservation ne permet guère d'expliquer, par un remaniement, leur présence dans le Tuffeaii de Ciplij. Localité : Ciply. (1) Briart et ConNET, in A. Rutot. Note sur l'extension de ' Lamna elegans ,, Ag., à travers les terrains crétacé et tertiaire. Ann. Soc. céol. de Belgique, T. II, 1874-1875, p. 36. (-) A. Daimeries. Notes ichthyologiques, 11 (Systèmes landénien et heersien). Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIII, 1888, p. xLvm. 12 MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS 5. — Lepidosteus, sp. Le genre Lepidosteus (= Clastes) est apparu presque simultanément, en Europe et en Amérique, à la fin de la période crétacique ou à l'aurore des temps tertiaires. Il a laissé, dans les couches garumniennes du Portugal, de nombreux restes que M. le D'' Sauvage, de Boulogne-sur-Mer (*), a décrits sous les noms de Clastes lusitaniens et de C. pusttdosus. D'autre part, sa présence a été signalée, aux États-Unis, dans l'Étage de Fort-Union (^). Il est intéressant de constater qu'à peu près à la même époque, ce genre vivait déjà dans nos régions : son existence, dans le Tiiffeau de Ciphj, est accusée par une écaille. Localité : Mons. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 1. — En résumé, la faune ichthyologique du Montien belge comprend : 1. ScAPANOKlIY^cnlIS?(0DO^■TASl'IS)s^Il(Ul.vTLIs, Ayiissiz. 4. Lamna appendiculata, Agassiz. 2. Udomaspis MAcnoïA, Agassi/,. o. Lkpidosteus, sp. 3. Udoniaspis Hlu^^M, Agassiz. D'après M. Daimeries, il conviendrait d'ajouter à cette liste, Odontaspis Eutoti (*). 2. — La faune ichthyologique du Montien belge a de grandes analogies avec celle du Calcaire à Lithotkamnium (Calcaire pisolithique) du Bassin de Paris. On trouve, comme éléments communs aux deux faunes : Scapanorhiinchiis (Odontaspis) suhulatus, Odontaspis macrota, Lamna appendiculata. Comme la faune ichthyologique du Calcaire à Litliothamnium, celle du Montien belge offre un mélange de formes crétacées et tertiaires : les premières sont représentées, dans le Tiiffeuu de Ciply, par Scapanorhynchiis ? (Odontaspis) subulatus, Odontaspis Bronni et Lamna appendiculata; les secondes, par Odontaspis macrota et? Odontaspis Rutoti. De plus, le genre Lepidosteus, qui va prendre un si grand développement pendant l'époque éocène, vient encore accuser, par sa présence, les affinités tertiaires de cette faune. (I) H. E. Sauvage. Note sur les Lépidostéidh du hi-rain garumiiieit du Portugal Bui.L. Soc. géol. de Franck, 3= sér. T.XXV, 1897,p.92-96, PI. II. — H. E. Sauvage. Vertébrés fossiles du Portugal : Contributions à l'élude des Poissons et des Reptiles du Jurassique et du Crétaci(jue [DmEC-rion des travaux géologiques du Portugal, Lisbonne, 1897-1898), p. 37-38 et 45, PI. IX, Fig. 1-41 et 45. (•-) E.-D. CoPE. The Vertehrata of tlie Cretaceous Formations of the West. Report of the United States Geological, SuRVEY of the Territories, Vol. II, 1875. p. 27-28, PI. XLII, Fig. 8. {") M. Piiem, Professeur au Lycée Henri IV, à Paris, a indiqué les différentes espèces d'Elasmobranches qui ont été rencontrées dans le Tuffeau de Maestricht et de Folx-les-Caves (F. Pbiem, Sur des dents d'Elasmobranches de divers gisements sénoniens, Villedieu, Meudon, Folx-les Caves, Bull. Soc. Gf.ol. de France, 3" sér., T. XXV, 1897, p. B.5). C'est, sans doute, par inadvertance que M. Priem, dans son Résumé de la répartition des Élasmobranches dans le Sénonien, joint le Tuffeau supérieur de Ciply aux précédents, et le cite comme ayant fourni les mêmes espèces. PALEOCÈNES DE LA BELGIQUE 13 Mais, tandis que dans le Montien belge, les espèces crétacées et tertiaires semblent avoir sensiblement la même importance, les premières conservent encore sur les secondes, dans le Calcaire à Lithotlianmiiim, une prépondérance marquée. La connaissance de la faune ichthyologique justifie donc l'attribution du Calcaire à Liihothamniiim au Montien (*); elle montre, en outre, que ce Calcaire doit constituer, à la base de l'étage, un horizon inférieur au Tuffeau de Ciply proprement dit. CJ Munier-Chalmas. A^o/f préliminaire sur les assises montiennes du Bassin de Paris. Bvll. Soc. GféoL. de France, 3« séi'., T. XXV, 1897, p. 89. FAUNE ICHTHYOLOGIQUE L'ÉTAGE HEEIISIEN Le Heersien présente deux niveaux fossilifères : les Sables inférieurs cVOrp-le-Grand et les Marnes de Gelinden. J'étudierai séparément la faune ichthyologique de ces doux horizons. I. - SABLES D'ORP-LE-GRAND C'est sur la faune riche et variée des Sables d'Orp-le-Grand que l'attention des paléichthyologistes qui se sont occupé du Paléocène belge a d'abord été attirée. Malheu- reusement, les travaux qui ont été publiés sur ce sujet laissent beaucoup à désirer, soit par la figuration défectueuse des espèces, soit par la pénurie, ou même le manque absolu, de descriptions pour les formes nouvelles. EL ASMOBR ANCHES ORDRE DES SELACHII. — SOUS -ORDRE DES TECTOSI'OXDYLI FAMILLE DES SPINACID^ Genre ACANTHIAS, Risso. 1. — Acanthias orpiensis, Winkler, 1874. PI. 1, Fig. 1-8. 1874. NoTiDANt's ORPIENSIS, Wliikler (/j«/>). T.-d. \\u\k\ev, Mêinoire sur quelques restes de Poissons du système heersien ('). Archives du Musée Teyleii, vol. IV, 1878, p. 12, pi. I, n-. 13-15 {non fig. IG, 17). (') Des tirés à part de ce travail ont été distribués par l'auteur en 1874. MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 15 1888. BiFORisoDus MAJOc, Daiincries. A. Daimcries, Notes ichlhyulogiqucs, I et II. Ann. Soc. liOV. IIALACOL. DE BELGIQUE, t. XXIII, BuLL. DES sÉAMucs, p. xLiii el xLvi (noiii seiilemeni). 1888. AcAMMiAS CiiEPiM, Daimcrics. A. Daimorics, Notes ichthyologiques, III, id., id., p cm. 1889. Carciiauias (ScoLl()DO^)o^.l'll•^slS(7)«r«j. A.-S. Woodward, Catalogue of tfie fossil Fislies ni Ihc liritish Muséum, t. I, p. 436. 1899. AcAiNTHiAS oiiPiENsis. A. -S. Woodward, Notes on the leeth of Sliarlis and Sliutcs f'rom english eocene formulions. I'i;oci'.i:niM;s oi* the Geologists' Association, vol. XVI. |). :2, pi. I, (ig. 2 (? fig. 1). 1901. AcANTiiiAS oiiPu:.\sis. F. Priem, Sur les Poissons de l'Eocène inférieur des environs de Reims. Bull. Soc. géol. de Fuance, 4' sér., I. 1, p. 481, pi. XI, (ig. 21, 22. Sous le nom de Notidamis orpiensis, Winkler a confondu deux espèces, de taille fort différente, que M. Daimeries a le premier distinguées, d'abord sous les noms de Biforisodiis major et de B. minor, puis sous ceux d'Acanthias Crepini et à\A. Hennequini. On doit cependant réserver le nom spécifique primitif à la plus grande de ces espèces {Acant/iias major Daimeries) ; c'est elle, en effet, qui est la plus directement visée dans la description de Winkler. Les dents à'Acanthias orpiensis indiquent une espèce de grande taille ; elles sont longues et relativement épaisses. La couronne est très surbaissée; sa pointe est plus ou moins redressée. Son bord antérieur, tranchant et très faiblement arqué, porte des crénelures obscures et irrégulières. Au bord postérieur, une encoche profonde détermine un mamelon, dont le bord, rectiligne ou très légèrement convexe, est grossièrement crénelé. Le prolongement de l'émail, à la face externe, est large et arrondi à son extrémité. Celui de la face interne surplombe, à son extrémité, le foramen nutritif. La racine est épaisse. Localité : Orp-le-Grand. Les dents de TÉocènc de Gassino (Piémont) que M. Bassani (') a rapportées à VAcaiit/iias orjiiensls, me semblent devoir appartenir à une espèce différente. D'après le même auteur (^), l'espèce du Paléocène belge se retrouverait dans le Stampien d'Ales (Sardaigne). Une aussi grande extension verticale est bien douteuse. {') F. Bassani. La iuiofaima dil mlcure eoceiiko di Gassino in Piemonle. Atti della reale Accademia delle Scienze FisicHE E Matematiche di Napoli, 2' sér., Vol. IX, n" 13, 1899, p. 27, PI. Il, Fig. 18 £0. (-) F. Bassani. Nuore osservazioni paleonluloyiche sul bacino stanipiano di Aies in Surdegna. Rendiconto Accad. Sci. Fis. e Matem. di Napoli, sér. 3», Vol. VII, 1901, p. 262 16 MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS 2. Acanthias minor, Daimeries, 1888. 1874. NoTiDAKus or.piENSis, NVinklor (pars). 1888. BiFOitisonus miinor, Daimeries. 1888. Ac.\>Tiii\s Hkmnkquini, Daimeries. PI. I, Fig. 9 Ui. T.-C. Wiiii^ler, Mémoire sur quelques restes de Poissons du système heersien. Archives du Musée Teylek, vol. IV, 1878, pi. I, fig. 16, 17 (non lig. 13-15). A. Daimeries, Aotes icinhi/ologiques, 1 et II. Ann. Soc. ROY. MALACOL. DE BELGIQUE, t \^XIiI, Bl'LL. DES SÉANCES, p. \iMi et xi,v-\i,vi (nom seuiemenl). A. Daimeries, ^'otes ichlhyohijiques, lit, id., iil., |i. cii. 1889. Carcharias (Scoliodon) orpiensis f/xn-sj. A. -S. Woodward, Cutal. foss. Fislies, t. 1, p. iôG. Cette espèce ne saurait (Hre confondue avec la précédente ; elle s'en distingue aisément par sa taille beaucoup plus petite et par plusieurs caractères de la couronne. Celle-ci a sa pointe plus recourbée et ses bords complètement lisses ; le bord antérieur est plus convexe ; le mamelon postérieur est élevé, et son bord est arrondi. Cette forme rappelle, de très près, celle du Tuffeau de Maëslricht, qu'Agassiz (*) a désignée sous le nom de Corax appendiculatus. La dent figurée par Agassiz, et que M. A. S. Woodward (^) regarde, avec doute, comme une dent postérieure de Corax 2)ristodont us, Agassiz ou de Pseudocorax affinis, Agassiz, appartient bien, en effet, au genre Acanthias; elle ne semble guère différer des dents à'Âcanthias minor que par les crénelures de ses bords. Localité : Orp-le-Grand. 1873. Scaldia"; 1871. TuiGO^ODUS PRIMl'.' 1886. SyUATlNA PRIS FAMILLE DES SQUATINID.E Genre SQUATINA (Aldrov.vndi) DuxMéril 3. — Squatina prima, Winkler, 1874. PI. 1, Fig. 18-20. G. Vincent, Fossiles reriieillis dans les sahles heersiens d'Orp leGrand. A.>îi. Soc. ROY. JIALACOI,. DE BelCIQUE, t. Vlil, Bl I.I.. DES SÉAKCES, p. xi.v (nom seulement). T. -G. Winkler, Mémoire sur quelques reslea de Poissons du système heersien. Archives nu .Musée Ti.vi.ei!, vol. IV, 1X7K, p. 13, |)1. I, fig. 18-21. Noelling, Vorlegung einige.r fossiler llaifischzahne. Sitzungs- Behichïe der Gesellschaet Naturforschendeu Freunde, année 188G, p. 11). (1) L. Agassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, T. III, p. 227, PI. XXVIa, Fig. 18-20. (^) A.-S. Woodward. Calai, foss. Fishes, T. I, p. 423. PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 17 1888. Rhina WiiNKLEiii, Daimeries. A. Daimerles, Noies ichthyologiques, I et II. Am. Soc. Koy.MAhxcoL. DE Belgique, t. XXIII, Bull, des sé.\nces, p. xliii et xlvi (nom seulement). 1889. Squatina prima. A. Daimeries, Xolvs icht/iyologiques, IV, id., t. XXIV, Bull, des SÉANCES, p. VII. 1899. Squatina, sp. A. -S. Woochvard, Notes on the teeth of Sharks and Sluiles from mijlish eocene formations. Proceed. Geol. Assoc, vol. XVI, p. i, pi. I, lig. 0-5. 1901 . SQUATl^A Gaudkvi, Prieni. F. Prieni, Sur les Poissons de fÈocène inférieur des environs de Reims. Bull. Soc, géol. de France, i" sér., t. I, p. 482, pi. XI, lig. 23, 24. Les dents de cette espèce sont absolument méconnaissables dans les figures qui accompagnent la description de Winkler. C'est ce qui explique pourquoi plusieurs auteurs ont rapporté, à l'espèce du Paléocène belge, des formes qui en sont distinctes (*), ou ont décrit, comme espèce nouvelle, des dents qui doivent lui être attribuées (^). Les dents de Squatina prima sont beaucoup moins trapues que ne l'indiquent les figures de Winkler. Leur couronne est élancée, droite ou légèrement renversée vers l'intérieur ; elle ne présente pas la courbure si prononcée que leur donnent les reproductions de Winkler. L'émail se continue, de chaque côté de la couronne, en une petite bandelette mince et tranchante. La racine est large, basse, excavée à sa face basilaire. Quelques vertèbres de Squatina, rencontrées dans les sables heersiens, doivent sans doute être attribuées à S. prima. Localité : Orp-le-Grand. SOUS-ORDRE DES ASTEROSPONDYLI FAMILLE DES NOTIDANID.E Genre NOTIDANUS, Cuvier. 4. — Notidanus Loozi, G. Vincent, 1876. PI. I. Fig. n. 1876. Notidanus Loozi. G. Vincent, Description de la faune de l'étage Landénien inférieur de Belgique, l'« partie (Description de la faune du Tuffeau de Lincenl). Ann. Soc. roy. MALACOL. DE BELGIQUE, t. XI, MÉMOIRES, p. 126, pi. VI, lîg. 5. 1886. Notidanus Loozi. A. -S. Woodward, On Ihe Palœontology of the Selachian Genus Notidanus, Cuvier. Geological Magazine, new séries, déc. III, vol. III, p. 25S. (') F. Bassani. La ittiofauna del calcare eoce.iiico di Gassino in Piemonte. Atti realb Accad. Sci. Fis. e Matem., 2" sér., Vol. IX, n» 13, p. 29, PL II, Fig. 22, 23. (■-) F. Phiem. Bull. Soc. Géol. de France, 4" sér., T. I, p. 482, PI. XI, Fig. 23 et 24. 18 MAURICE LERICHE. — LES POISSONS Le type de l'espèce a été recueilli dans le Tiiff'eau de Lincent; c'est une dent incomplète de la mâchoire inférieure. Une dent presque entière, ayant vraisemblablement appartenu à la mâchoire supérieure, est représentée PI. I, Fig. 23 ; elle provient des sables heersiens d'Orp-le-Grand. Dans cette dent, les cônes de la couronne ont les bords tranchants ; ils sont presque aussi bombés à la face externe qu'à la face interne. Les cônes secondaires, réduits ici à trois, mais dont le nombre pouvait s'élever à quatre ou cinq, décroissent régulièrement d'avant en arrière; ils sont fortement recourbés dans cette dernière direction. Les denticules du bord antérieur du cône principal, au nombre de quatre, acquièrent un développement considérable; ils atteignent, presque, les dimensions des cônes secondaires; ils diminuent graduellement d'arrière en avant. La racine est fortement comprimée. Localité : Orp-le- Grand. FAMILLE DES SCYLLIID^ Genre SCYLLIUM, Cuvier. 5. — Scyllium Vincenti, Daimories, 1888. PI. I, Fig. 31-3(3. 1888. Galeocerdo Vi^cf.nti. A. Daiineries, Soti-s ichlhi/olofjitjiics, I vt II. .\n>. Soc. uoy. malacoi. de Belgique, l. Wlll, Bii.i.. des séances, p. xuii et xlv-xlvi (nom seulement). 1889. ScYLLiL'M ViKCENTi. A. Daimeries, .\ul('s ichllujologiiiKus, V, id., t. \\[V, Bull, des séances, p. XLI. Les sables heersiens d'Orp-le-Grand ont fourni de nombreuses dents de Scyllumi, qui doivent, toutes, être rapportées à une même espèce. C'est évidemment cette espèce que M. Daimeries a voulu désigner. Les dents de Scyllium Vincenti sont assez trapues. Leur couronne, très épaisse à la base, présente un cône principal relativement bas et généralement accompagné de deux paires de denticules latéraux, petits et obtus. La base de l'émail est, à la face externe, renflée et finement striée; elle porte parfois, à la face interne, quelques petits plis irréguliers. Les branches de la racine sont très divergentes ; elles sont séparées par un profond sillon. Loca?/a ki.egans. 1876. Otodis striatus. 1883. Lamna elegans. 188Î). Odontasi'is ei.egans. 1889. Lamna macrota. 1891. Odontaspis elegans. 1893 Odontaspis macrota, vur. rossica, Jai.kei 1899. Odontaspis ei.egans. 1899. Odontaspis macrota. 1899. Odontaspis elegans. 1899. Odontaspis elegans. R.-W. Gil.ljcs, i(l.,id.,p.i>00,pLXXVI,lig-. 143, 144. H. Le Hon, Pri'liminuin's d'un Méitititfc sur les Poissons terliaires de Belgique, p. 1:2. T.-C. Winkler, Mémoire sur quelques restes de Pois- sons du système AperA«Vn. Archives du Musée Teyler, vol. IV, 4878, p. 8, pi. I, fig. 7 9. T.-C. Winkler, M., i(l., p. 9. T.-C. Winkler, i(L, id., p. 9. T.-C. Winkler, Deuxième Mémoire sur des dents de Poissons fossiles du terrain hruxellien{^), id., p 24. A. Kiitol, Description de la Faune de l'Oligocène inférieur de Belgique. Ann. Soc. koy. malacol. de Belgique, t. XI, Mémoires, p. 29, pi. I, fig. 2. G. Vincent, Description de la Faune de l'étage Lan- dénien inférieur de Belgique, l" partie (Description de la faune du Tuffeau de Lincent), id., id., p. 123, pi. VI, lig. 4. G. Vincent, id., id., p. 123, pi. VI, lig. 2. F. Noetling, Die Fauna des samidndischen Tertidrs. Auiiandluncen zi r geoi.ogisciien Specialkarte von Pkeussen und den TnïiRiNGisciiEN Staaten, vol. VI, 3" part., p. 61, pi. IV, fig. 1-9. A. -S. VVoodward, Catal. foss. Fislies, t. I, p. 361. A. -S. Woodward, id., id., p. 402. A. -S. Woodward, Aotes on some Fisli-remuins from Ihe Lower Terliary and Upper Cretaceous of Belgium, collected by M' A. IJouzeau de Lehaie. Geological Magazine, new ser., déc. III, vol. VIII, p. 103. . 0. Jaekcl, llnter-tertiure Selacliier aus Siidrusslund. Mémoires du Comité géologique russe, vol. I\, n" 4, p. 11 et 29, pi. 1, lig. 8-17. A.-S. Woodward, Notes on the irrlh of Sliarks and Skates from english eocene fonnulioiis. Proceed. Geol. Assoc, vol. XVI, p. 8, pi. I, fig. 13-18. A.-S. Woodward, id., id., p. 9, pi. I, lig. 19, 20. F. Bassani, La ittiofauna del calcare eocenico di Gassino in Piemonte. Atti reale Accad. Sci. Fis. E Mat. di Napoli. vol. IX, 2" sér., n" 13, p. 13, pi. I, lig. 1-17. F. I*ricm, Sur des Poissons fossiles éocènes d'Egypte et de Boumanie. Bull. Soc. oéol. de France, 5" sér., I. XXVII, p. 243, pi. II, fig. 7. 1) Des tirés à part de ce travail ont été distribués ])ar l'auteur en 187t. PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 1901. Odontaspis macrota. 1901. Odomasi'is elega>s. 1901. OdOMASPIS MACIiOTA. 1901. Odomaspis klkga.xs. 1901. Lam.na striata. M. Leriche, Sur quelques éléments nouveaux pour la faune ichlhyologique du Montien ijiférieur du Bassin de Paris. Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXX, p. 136, pi. V, fig. 13-lS. C-R. Eastman, in Marvland Geological Survey, Eocene, p. 104, pi. XIV, lig. 2, 3. C.-R. Eastman, id., p. lOo, pi. XIV, fig. 4. F. Priera, Sur les Poissons de rÉocène inférieur des environs de Reims. Bull. Soc géol. de France, 4« sér., 1. 1, p. 483, pi. XI, fig. 27, 28. F. Priem, id., id., p. 484, pi. XI, fig. 29, 30. a d'abord décrit, sous le nom cVOtodus niacrotus, les dents latérales de cette espèce, dont il a ensuite fait connaître les dents antérieures, sous le nom de Lamna elegans. Cette dei-nière dénomination doit donc passer en synonymie. Toutefois, M. A. -S. Woodward (^) la réserve pour des dents caractérisées par leur forme plus élancée, et dont le type a été figuré par Agassiz (^). Si la distinction établie par M. A. S. Woodward, entre Odontaspis elegans et 0. macrota, peut être faite sur un petit nombre de dents, elle devient impossible, même pour les dents latérales, lorsqu'on est en présence d'un grand nombre de matériaux. Si l'on ajoute, à cela, le fait que les dents des deux formes précitées coexistent, presque toujours, dans les différentes assises du Tertiaire inférieur, on pourra se convaincre de la nécessité de les réunir, au moins pour le moment, sous une même dénomination. D'autre part, il n'y a pas lieu de maintenir l'espèce décrite par Winkler, sous le nom d'Of-odus striatîis. Les dents de cette forme ne diffèrent pas de celles à'Odontaspis macrota ; leur réunion, à Odontaspis elegans, a d'ailleurs été déjà proposée par M. A. S. Woodward (^). Localité : Orp-le-Grand. 8. — Odontaspis Rutoti, Winkler, 1874. PI. I, Fig. 40-4i. 1874. Otodus Rutoti. 1876. Otodu.s Rutoti. T.-C. Winkler, Mémoire sur quelques restes de Poissons du système heersien. Archives nu Musée Teyler, vol. IV, 1878, p. 4, pi. I, fig. 3, 4. G. Vincent, Description de la faune de l'étage Landénien inférieur de Belgique, 1'^ partie (Description de la faune du Tuffeau de Linccnt). Ann. Soc. ROY. MALACOL. DE BELGIQUE, t. XI. MÉMOIRES, p. 124, pi. VI, fig. 1 (aj-aj, bj, bo, Ci-r^, di-d3) non fig. le. (') A.-S. Woodward. Proceed. Geol. Assoc, Vol. XVI, p. 9. (2) L. Agassiz. Poiss.fvss., T. III, p. 369, PI. XL h, Fig. 24. P) A.-S. Woodward. Geol. Magoz., 1891, p. 105. MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS Odoîntaspis Rutoti. 1889. Odontaspis Rutoti. 1899. OnoNTASPis Rutoti. 1901. Odontaspis Rutoti. A. Daimeries, Noks ichlhyolugiques, IL Ann. Soc. rov. malac.ol. de Relgiquiî, t. XXIII, RULL. DES .SÉANCES, p. XLVII. A. -S. Woodward, Calai, foss. Fishes, 1. I, p. 3til. A. -.S. Woodward, Notes on the teeth of Shurhs and Skalca from eitglish eocene formations. Proceed. Geol. Assoc, vol. XVI, p. 7, pi. 1, fig. 10, 11. F. Priem, Sur les Poissons de FEocène inférieur des environs de Reims. Bull. Soc. GÉOL. DE France, 4-sér., l. I, p. 483, pi. XI, fig. 25, 26. Cette espèce est l'une des plus caractéristiques du Paléocène. Ses dents sont robustes. La couronne a sa face interne complètement lisse et fortement convexe. Ses bords, très tranchants, présentent parfois quelques créaelures à la base; ils décrivent, dans les dents antérieures, une courbure sigmoïdale très nette. Il existe deux ou trois paires de denticules latéraux, très élancés et très acuminés. Les denticules de la première paire acquièrent souvent un développement remarquable. A la face externe, la ligne de base de l'émail forme un angle légèrement rentrant ; elle porte de nombreux petits plis verti- caux, très serrés, qui, en se détachant de la couronne, donnent naissance à une ligne ininterrompue d'épines très acérées. La racine est épaisse ; ses branches, allongées, atteignent, parfois, presque la longueur de la couronne. Le foramen nutritif s'ouvre, à la face interne, dans un sillon superficiel. Localité : Orp-lc-Grand. 9. — Odontaspis cuspidata, Agassiz, 1844. 1844. Lamna cuspidata. 1844. Lamna denticulata. 1844. Lamna (Odontaspis) Hopei. 1844. Lajina (Odontaspis) duuia. 1849. Odontaspis cuspidata. 1871. Lamna (Odontaspis) cuspidata. 1871. Lamna (Odontaspis) Hopei 1874. Otodus parvus. 1874. Lamna cuspidata. 1889. Odontaspis cuspidata. 1899. Odontaspis cuspidata. L. Agassi/, Poiss. foss., t. III, p. 290, pi. XXXVIIa, lig. 45-50. L. Agassiz, id., id., p. 291, pi. XXXVII«, (ig. o1-u3. L. Agassi/., id., id., p. 293, pi. XXXVIIa, fig. 27-30. L. Agassi/, id., id., p. 293, pi. XXXVIIa, fig. 24-26. R.-W. Gibbes, Monograph of the Fossil Squalidœ of the United States. JouiiN. Acad. Natuii. Sci. Piiiladelpiiia, 2" sér., vol. I, p. 197, pi. XXV, lig. 103, 106 (? fig. 104, 105). H. Le Hon, Préliminaires d'un Mémoire sur les Poissons tertiaires de Belgique, p. 5 et 10. II. Le Hon, id., p. 12. T.-C. Winkier, Mémoire sur quelques restes de Poissons du système heersien. Archives du Musée Teyler, vol. IV, 1878, p. 7, pi. I, fig. 5, (i. Ï.-C. Winkier, id., id., p. 10. A. -S. Woodward, Catal. foss. Fishes, t. I, p. 568. A. -S. Woodward, Notes on the teeth of Sharks and Skates from english eocene formations. Proceed. Geol. Assoc, vol. XVI, p. 7, pi. I, lig. 12-14. PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 23 1899. Odotaspis Hopei. F. Bassani, La iltiofauna del calcare eocenico di Gassino in Picmonle. Atti reale Accad. Sci. Fis. e Matem. di Napoli, 2" sér., voL IX, n» 13, p. 15, pi. I, fig. 18-23. 1901. ? Odomaspis cuspiDATA. C. R. Easinian, in Maryland Geol. Surv., Eoccne, p. 105, pi. XIV, fig. 1 (non fig. (5). Cette forme est moins commune, dans les sables heorsiens, que les deux espèces précédentes. liCS petites dents que Winkler a désignées sous le nom d'Otodus parviis, et que Dames (') a ensuite réunies à Lamna (Odonfaspis) verticalis, Agassiz, me semblent devoir être considérées comme des dents des coins de. la gueule à!Odontaspis cuspidata. Localité : Orp-lc-Grand. Genre OXYRHINA, Agassiz. Les matériaux étudiés ne m'ont pas permis de constater, d'une façon certaine, l'existence du genre Oxyrhina dans les Sables à Cyprina Morrisi. M. Daimeries (^) y signale, cependant, Oxyrh'ma Winkleri, Vincent (= 0. nova, Winkler) (^) et 0. Iseviyata, Daimeries. HOLOCEPHALES ORDRE DES CHIALEROIDEI FAMILLE DES CHIM.ERID.E Genre ELASMODUS, Egerton. 10. — Elasmodus, sp. Je me borne à signaler, sous le nom cVE/asmodas, sp., une dent mandibulaire gauche, trop incomplète et trop mal conservée pour recevoir une dénomination spécifique. Localité : Orp-le-Grand. (') W. Dames. Ueber eiiie tertiàre Wirhelthierfaiwa von der westliclten Insel des Birket-el-Qwun im Fajun (Aegi/pten). Sitzungsberichte der kôniglich preussischen Akademie der Wissenschaften zv Berlin, année 1883, p. 146. (-) A. Daimeries. Notes ichthi/ologiques, IL Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIII. Bull, des séances, p. xlvi. P) Voir p. 34. 24 MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS TÉLÉOSTOMES ORDRE DES ACTIXOPTERYGII. — SOUS-ORDRE DES .ETHEOSPOXDYLI FAMILLE DES LEPIDOSTEI D.E Genre LEPIDOSTEUS, Lacépède. 11. — Lepidosteus, sp. 1874. TiticHiuiiiDKs sAcnTii)i;.\s, Winklek [pars]. T.-C. Winkler, Deuxiàne Mémoire sur des dents de Poissons fossiles du terrain brnxvUicn. Arciiivks du Mlske Tkyli:u, vol. IV, 1878, p. 59. 1888. Tiii(;iiiL'uii)i:s (na'ii;.>sis, Daimeries. A. Daimerics, Notes iclithyoloyiqucs, l. A.'^^. Suc. uov. MALACoi, DE Belgique, t. WIll, Buix. des séances, l>. xLin (nom seulement). Il existe, dans le Heersien d'Orp-le-Grand, de petites dents allongées, coniques, finement striées à la base, et plus ou moins nettement terminées, au sommet, en fer de lance. Winkler les rattachait à son Trichiuridcs sagittidens, espèce du Bruxellicn établie sur des dents, que M. Hilgendorf (') reconnut pour être semblables à celles des Lepidosteus. Les mêmes dents heersiennes, probablement remaniées à la base du Landénien inférieur, sont désignées, par M. Daimeries, sous le nom de Trichiurides orpiensis. Localité : Orp-le-Grand. SOUS-ORDRE DES OSTARIOPHYSI FAMILLE DES SILURID.E Genre ARIUS, Cuvier et Valenciennes. 12. — Arius danicus, Koken, 1891. Fig. 1, % dans le texte. 188<>. Otolitiius (iNCEKT.E SEDis) CI'. cuAssus. E. Koken, in .\. von Koencn, Paleodinc ron Kopenluujen. Al!HA>DLl'>GE> DER KÔMGLICnE> GeSELLSCIIAI T DEli WlS- SENSCnAFTEN IV GÔTTIINGKIV, Vol. XXXII, p. lUi, |)I.V, fig. 29. (1) la Dames Ueher Aricisfrodon, Debey. Zeitsciirift der Deutschen geologisc.he;j Gesellschaft, Vol. XX.XV, p. GG9 (en note). PALÉOCÈNES DE LA. BELGIQUE 25 1891. Arius DAMCUS. E. Kokejn, Neue Unkrsuchungen un tertiâren Fisch- Ololilhen. H. Zeitschrift der Deutschen geolocischen Gesellschaft, vol. XLIII, n. 81, (ig. 1 clans le texte. § ( • Les sables heersiens d'Orp-le-Grancl ont fourni des otolithes présentant la forme générale de ceux que M. E.-T. Newton (*) a reconnus pour appartenir à des espèces du genre Arius. Ces otolithes heersiens sont régulièrement ovalaires 2 2a 2fi et symétriques ; la face interne, très convexe, est ta ^fc. complètement lisse ; la face externe est ornée de ' ^^ stries concentriques d'accroissement, croisées par Faces eiternes. rrofUs. Faces internes. deS CÔtCS radlairCS obSolètCS, pluS marquéeS du F.G. 1/2.- Arius danicus.Koken,1891.-Heersien. CÔté ventral que du CÔté dorsal. Cette forme du Heersien belge est très voi- LocalUé : Orp-le-GianJ. r,p.: Musée de Copenhague. ^ine de Celle du Paléocène de Copenhague, que „ , „ M. Koken a décrite sous le nom d'Otolithiis otolithes. — GranJeur naturelle. (incertse sedis) cf. crassus ; elle s'en distingue, à peine, par son galbe plus régulièrement ovalaire et moins anguleux. Je ne pense pas qu'une distinction spécifique puisse être faite entre ces deux formes. Localité : Orp-le-Grand. Plusieurs espèces de Téléostomes sont encore indiquées par des fragments d'otolithes indéterminables. Les Sables à Cijprlna Morrisi d'Orp-le-Grand ont aussi fourni : 1° Des écailles cycloïdes isolées, que Winkler a décrites sous les noms à'Osmeroides helgicus (^) et de Cijcloides incisus (^). 2° De nombreuses vertèbres de Téléostomes, dont la plupart semblent devoir être attribuées à Smerdis? heersensis, Winkler (*). 3° Enfin, quelques rayons de nageoires, qui paraissent être analogues à ceux dont il sera question plus loin (p. 46). (') E.-T. Newton. A Cjutrihitlionto the Histoi-ij of Eocene Siluroid Fislies. Prgceedings of the Zoologigal Society op LoNDON, 1889, p. 204. (-) T. -G. Winkler. Mémoire sur quelques restes de Poissons du si/slèine heersien. Archives du Musée Teyleh, Vol. IV, p. 2, PI. I, Fig. 1. (3) T.-G. Winkler, id., id., p, 3, PI. I, Fig. !2. (*) T.-C. Winkler. Description d'un Crinoïde et d'un Poisson du système heersien. Archives du Musée Teyler. Vol. II, p. 301,PI.XXXVIII, Fig.6, 7. 26 MAURICE LERICHE. — LES POISSONS PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE RÉSUMÉ La liste suivante comprend les divers éléments qui, à l'heure actuelle, constituent la faune ichthyologique des Sables (heersiens) à Cyprina Morrisi : Elasmobranehes. Holocéphale. 1. AcANTHlAS ORPIE?iSIS, WillklCF. dO. El.ASMODl'S, Sp. 2. AcANTiuAS MiNoii, Daiiiierles. 3. Squatina prima, Winkler. Téléostomes. 4. NoTiDANus IjOozi, G. Vincent. 0. ScYLLiUM ViNCENTi, Daimeries. 11. Lepidosteus, sp. G. GiNGLVMOSTOMA ïRiLonATA, Lcriclie. 12. Aiuus danicus, Koken. 7. OnoNTASPis MACROTA, Agassiz. lô. OsMEROiDES BELGicus, Winkler. 8. Odontaspis Rutoti, Winkler. 14. Cycloides incisi's, Winkler. 9. Odontaspis cispidata, Agassiz. 15. Smerdis? iieersensis, Winkler. D'après M. Daimeries, il faudrait ajouter à cette liste : 1. (;l^(,l,vMOSTOMA jiiNtTA, Daimeries ('). ."i. Gi.ypius okpii:>.sis, Daimeries (^i. -2. llYiioinis, sp. (^) (= Syneciiodus) ('). (>. Ei)apii()1)I).>, sp. (-). 3. OxYRHiNA WiNKi.Eiii, Vincent H 7. Spii.ercidus, sp. (-). (= 0 NOVA, Winkler) {*). 8. CoELOuuvNcnus, sp. (^). 4. OxYRniNA L.'EviGATA, Daimerics (-). II. - MARNES DE GELINDEN La faune ichthyologique des Marnes de Gellnden est relativement pauvre. Les espèces que ces marnes ont fournies, jusqu'ici, sont : 1. OnoNTAspis jiAi;uoTA, Agassiz. 4. Cycloides i>cisus, Winkler. 2. Odonlaspis HiTOTi, Winkler. 5. Smekius'.'' m eusi-nsis, W'inkler. 3. OsMEKOiDEs belgicus, Winkler. On y a en outre trouvé quelque:à vertèbres d'Elasmobranches, du type astérospondyle, et des vertèbres de Téléostomes. Toutes ces formes sont déjà connues dans les Sables à Cyprina Morrisi. (') A. Daimeries. Noies ù-hthyologiques, 11 (sous le nom de Kliimi minuta, non Ginglymostoma minuta, Forir). Ann. soc. ROY. MALACOL. DE BELGIQUE, T. XXIH. BuLL. DES SÉANCES, p .XLVi. — Notes ichthijologiques, V, id., T. X.XIV. Bull. DES SÉANCES, p. XL. {'') A. Daimeries. Notes ichlliyologiques, II. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIII. Bull, des séance.s, p. XLvi. P) Voir p. 29 30. {*) Voir p. 34. FAUNE ICHTHYOLOGIQLTE LANDÉNIEN INFÉRIEUR Les recherches faites, jusqu'ici, sur la faune ichthyologique du Landénien inférieur de la Belgique, n'intéressent guère que la Hesbaye. On n'a encore signalé, dans le Landénien inférieur du Hainaut, qu'un très petit nombre d'espèces : Odontaspis macrota, 0. Rutoti et Otodiis obliqmis. Les matériaux que j'ai examinés accusent cependant une faune riche et variée. 11 n'y a pas lieu d'étudier séparément la faune ichthyologique du Landénien inférieur, dans la Hesbaye et dans le Hainaut. J'indiquerai la distribution géographique de chaque espèce, dans l'une et dans l'autre province. Je me bornerai, de plus, à mentionner simplement les espèces dont la description et les références ont été données au chapitre précédent. ELASMOBRANCHES ORDRE DES SELACHIL — SOUS-ORDRE DES TECÏOSPONDYLI FAMILLE DES SPINACID^. Genre ACANTHIAS, Risso. 1. — Acanthias minor, Daimeries, 1n Magazine of Natlual Histouy, 6""sér., vol. I, p. 41, pi. I, fig. 1-4, fig. 1 dans le texte. A.-S. Woodward, Catal. fuss. Fishes, I. I, p. 109, fig. 4 dans le texte. A.-S. Woodward, Notes on tlie tvvth of Sliarks ami Skates from english eocene funnations. I*it0(;Ei;D. (Ikol. Assoc, vol. XVI, p. 4. L'apparition de cette espèce si commune dans rÉocène moyen de l'Angleterre, de la Belgique et du Nord de la France, doit être reportée à l'époque du Landénien inférieur ('). Les sables inférieurs d'Erquelinnes ont en effet fourni deux pavés dentaires, à peu près complets, qui montrent parfaitement les caractères de l'espèce. Ces pavés sont très massifs ; leur surface coronale est arquée transversalement. Les dents latérales sont beaucoup plus 1889. Mvi.ioiiATis iiixo> Myi.iohatis dixom. (') D'après M. Priem (F. Priem, Sur les Poissons de l'Éocène inférieur des environs de Reims. Bull. Soc. Géol. de France, 4" sér., T. I, 1901, p. 480), Myliobatis Dixoni existerait probablement dans le Cernaysien des environs de Reims. PALEOCENES DE LA BELGIQUE 29 longues que larges. Dans les dents médianes, le rapport du diamètre longitudinal au diamètre transversal est, pour les deux pavés, supérieur à 1/5; il est de 1/4 dans le plus grand pavé; il atteint presque 1/3 dans l'autre. M. A. -.S. Woodward a montré que ce rapport variait avec l'âge, et était d'autant plus petit que l'individu était plus âgé. C'est ce que confirme l'examen des exemplaires du Landénien belge. Hainaiit : Erquelinnes. SOUS-ORDRE DES ASTEROSPONDYLI FAMILLE DES NOTIDANID^E Genre NOTIDANUS, Cuvier. 4. — Notidanus Loozi, G. Vincent, 1876. p. 17. Ilaiiiaut : Erquelinnes. Hesbaije : Lincent, Orsmael. FAMILLE DES CESTRACIONTID^ Genre SYNECHODUS, A. -S. Woodward. 5. — Synechodus eocaenus, Leriche, 1902. (ESPÈCE NOUVELLE). PI. I, Fig. 24-26. Le genre Synechodus a été créé pour des dents d'Hybodontes, assez répandues dans les Terrains crétacés. Sa présence vient d'être signalée dans l'Eocène inférieur du Maryland (^). Il est intéressant de le retrouver dans le Paléocène belge. L'existence d'Hybodontes tertiaires semble, cependant, avoir été déjà constatée, à plusieurs reprises, en Belgique et en France. Dès 1888, on voit, en etïet, figurer le genre Hijhodiis dans la liste que M. Daimeries (^) donne des Poissons de la zone à Cijprina Morrisi. Quelques années plus tard, M. Malaquin (^) signale, dans les sables landéniens de Vertain (Nord), des dents qu'il rapporte, avec doute, à un Hybodontide. Enfin, tout récem- (>) G.-R. Eastman, in Marïland Grol. Surv., Eucene, 1901, p 102-103, PI. XIV, Fig. 5. (■') A. Daimeries. Notes ichtliyologiques, II, Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIII, 1888, Bull, des séances, p. XLV. (3) A. Malaquin. Sur la présence de Vertébrés dans VEocène inférieur du Nord de la France. Ann. Soc. géol. du Nord, T. XIX, 1891, p. 316. 5. - 1902. 30 MAURICE LERrCHE. — LES POISSONS ment, M. Priem (') a trouvé, clans la collection des Poissons tertiaires du D"' Lemoine (^), deux dents d'Hybodonte, « d'origine douteuse, ressemblant beaucoup à celles du genre Sijnechodus, et provenant peut-êtr-e du Cernaysien «. Dans ces trois cas, il s'agit, sans aucun doute, du genre Syneclwdus, et vraisemblablement de l'espèce du Landénien belge. Celle-ci possède des dents de taille relativement grande. Dans les dents de la partie antérieure de la mâchoire (PI. I, Fig. 24 et 25), le cône principal est flanqué de deux paires de cônes accessoires très développés. Tous ces cônes sont légèrement renversés vers l'intérieur ; ils sont bien dégagés, élancés, assez fortement bombés à la face externe, striés verticalement sur les deux faces. Dans les dents plus postérieures, le cône principal s'incline latéralement en arrière, et les cônes accessoires décroissent progressivement. Une de ces dents est figurée sous le n° 26 de la planche I ; un seul de ses cônes accessoires est conservé : il est très petit et obtus. La racine est très massive. 11 n'est guère possible de comparer la forme du Landénien belge à celle de FÉocène du Maryland {Synechodus Clarki, Eastman), qui n'est établie que sur une dent roulée, incomplète et dont les caractères spécifiques sont effacés. Hainaid : Erquelinnes. Heshaije : Orsmael. Genre CESTRACION, Cuvier. 6. — Cestracion, sp. PI. I, Fig. 27-29. On ne connaît encore qu'un très petit nombre de représentants tertiaires du genre Cestracion. Ce dernier a été récemment signalé, par M. A. S. Woodward (^), dans l'Eocène inférieur d'Angleterre. Il existe également dans le Paléocène belge. Le Musée royal possède quatre dents latérales de Cestracion, dont deux proviennent des sables du Landénien inférieur d'Erquelinnes; les deux autres ont été recueillies au même niveau, à Orsmael. L'une des dents d'Erquelinnes (PI. I, Fig. 27) est entière ; elle s'atténue légèrement à ses extrémités, qui sont tronquées ; elle porte une crête longitudinale, peu saillante, de laquelle partent, en avant et en arrière, de nombreux petits plis, qui s'anastomosent de façon à former un réseau, dont les mailles deviennent très fines en se rapprochant des bords de la couronne. Le second exemplaire d'Erquelinnes (PI. 1, Fig. 28) n'est qu'un fragment de dent, où (1) F. Priem. Sui- les Poissons de l'Éocine inférieur des environs de Reims. Bull. Soc. ckol. de France, ¥ séc, T. I, p. 480 (en note). (-) Cette collection est conservée au Muséum d'Histoire naturelle, à Paris. (3) A.-S. Woodward. Notes on the teetli of Sharks and Skates from english eoceiie formulions. Proceed. Geolog. Assoc, Vol. XVI, p. 7, PI. I, Fig. 9. PALÉOGÈNES DE LA BELGIQUE 31 la couronne, régulièrement bombée, présente un sillon longitudinal, médian, très super- ficiel. L'ornementation ne persiste que dans la moitié interne de la couronne, elle est identique à celle de la première dent. Des deux dents d'Orsmael, l'une possède la forme générale et les dimensions du premier exemplaire d'Erquelinnes ; ses ornements ont presque complètement disparu. L'autre (PI. I, Fig. 29) est très petite; elle est remarquable par la proéminence, très accusée, de sa crête longitudinale. Il sera nécessaire d'attendre la découverte de nouveaux matériaux avant de tenter la dénomination spécifique de toutes ces dents. FAMILLE DES SCYLLIID^ CxENRE SCYLLIUM, CUVIER 7. — Scyllium Vincenti, Daimeries, 1888. P. 18. Heshaye : Orsmael. FAMILLE DES LAMNID^ Genre ODONTASPIS, Agassiz 8. — Odontaspis macrota, Agassiz, 1843. p. 19. Hainaut : Galonné, Chercq, Erquelinnes, Saint-Sjmpliorien. Hesbaye : Orp-le-Grand, Orsmael. 9. — Odontaspis Rutoti, Winkler, 1874. p. 21. PI. I, Fig. 37-39. Hainaut: Galonné, Chercq, Erquelinnes, Nalinnes. Hesbaye : Jauche, Oplieylissem, Orsmael, Wansin. 10. — Odontaspis cuspidata, Agassiz, 1844. p. "2-1. Hainaut : Ghercq, Erquelinnes, Saint-Symphorien. Hesbaye : Jauche, Lincent, Opheylissem, Orsmael, Wansin. MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS 11. — Odontaspis crassidens, Agassiz, 1843. 1843. Lamna 1849. Lamna CRASSIDENS. CRASSIDENS. L. Agassi/., Poiss. fuss., t. III, p. "2!V2, pi. \X\V, lig. .S-2L 15.-W. Gibbes, Monugruph of Ihe Fossil Sgualidœ of (lie l'nitcil JouKN. Ac.AD. Naïlir. Sci. Philadelphia, 2'^ sér.,vol. I, p. l'JT, pi. fig. H6-118. G. Gemmellaro, /{«c/iCTcAe sui pesci fossili délia Sicilia. Atti dei.l' Aix GioENiA Di SciENZE Naturali, 2" sép., vol. Xlli, p. ")Is fui; vvikulv.ndisciie Natl IN WiiBTTKMBERG, vol. XXXV, p. L'iô, |)1. H, lit,'. G4-G8. 1889. Odontaspis? crassidens. .\.-S. Woodward, Calai, foss. Fislirs, I. I, p. ")7r>. 1857. Lamna crassidens 1879. Lamna ckassidi,' Slales. XXVI, A DEMI A VI a, SSl' COtl RKUNDE L'existence de cette espèce, dès le Landénien inférieur, est indiquée par plusieurs dents très caractéristiques. Celles-ci sont robustes ; elles possèdent une couronne trapue, lisse, très convexe à la face interne. La face externe est à peu près plane dans les dents latérales ; elle est fortement bombée dans les dents antérieures, qui présentent, de plus, une courbure sigmoïdale bien marquée. Il existe une paire de denticules latéraux, petits et acuminés, flanqués extérieurement d'un aiguillon très délicat et très acéré. La racine est épaisse; ses branches sont très divergentes. Hainaut : Erquelinnes. 1874. OroDi'S Vix.ENTi. 1889. 1897. VlNCE.MT. VlNCEMI. 1898. Lamna serra 1899. Lamna Vincenti. 1899. Lamna Vincenti. 1901. Lamna Vincenti 1901. Odontaspis cispidata. Genre L.4.MNA, Cuvier. 12. — Lamna Vincenti, Winkler, 1874. T. -G. Winkler, Deuxième Mémoire sur des dents de Poissons fossiles du terrain bruxellien. Archives du Musée Teyler, vol. IV, 1878, p. 25, j.l. II, lig. 9, 10. A. -S. Woodward, Calai, fuss. Fishes, t. I, p. 405. K. Pricin, Sur les Poissons de VÉocine du Mont Mokatlam [Egypte). Bui.l. Soc. (,ÉOL DE France, a"" sér., I. XXV, p. 212, pi. VII, fig. 1-3. r. Priem, Sur la faune ichthi/ologique des assises montiennes du Bassin de Paris et en particulier sur Pseudolates lleberti, Gervais. sp. Bci.t.. Soc. GÉOL. DE France, 3" sér., t. XXVI, p. 399, pi. X, fig. 1-5. .\.-S. Woodward, .\otes on the teeth of Sharks and Skates from english eucene formations Proceed.Geol. Assoc , vol. XVI, p. 10, pi I, fig 21,22. F. Priem, Sur des Poissons fossiles éocènes d'Égijpte et de lioumanie. Bull. Soc. GÉOL. de France, 3<' sér., t. XXVII, p. 242, pi. II, fig. 2-4. M. Leiiche, Sur quelques éléments nouveaux pour la faune ichlhijologique du Monlien inférieur du Bassin de Paris. Ann. Soc. céol. dl Nord, 1. XXX, p. 159, pi. V, fig. 16, C.-B. Eastman, in Maryland Cculogical Surreg, Eocene, pi. XIV, fig. 6. PALEOCENES DE LA BELGIQUE 33 Cette espèce, dont le type provient du Bruxellien, a été récemment signalée dans le Montien inférieur du Bassin de Paris (*). 11 est donc naturel de la retrouver dans le Landénien inférieur. Hainaid : Erquelinnes. Heshaye : Orsmael. 13. — Lamna verticalis, Agassiz, 1844. 1844. L.4.MNA (Odomaspis) vluticalis. L. Agassi/., Puiss. foss., l. III, p. ±)i, \)\. WXVIln, fig. ,"1, 3-2. 1883. Lam.^a (Ouo.masi'Is) verticalis. W. IJanies, Ueber eine krliare Wirbdlhivrfauna von der wesHichen Insel des Birkel- cl-Qurun im Fajum (Aegypten). Sitziingsbeuiciitiî DER KÔMGLICH PREUSSISCIIEN AkADEMIE DER WlSSENSCIIAFTEN ZU Berm.n, 1883, l'= part,, p. 145, pL III, fig. 8 (? 9, 10). 1891. La>i.\a VERiicALis. A. -S. WoodwarJ, Nvtcs on some Fish-remains from the Lower Tcrliary and Upper Crvtaceous of Belgium colkcted hij M. A. Hoii/.eaii (le Leliaic. Geological Magazine, new ser., déc. III, vol. VIII, p. 106, pi. III, lig. 2. 1897. Lamna verticalis. F. l'riem, Sur les Poissons de l'Éocène du Mont Mokaltam (Egypte). Bl LL. Soc. GÉOL. DE FRANCE, 3« séf., t. XXV, p. 213, pi. VII, fis 4. Hainmit : Erquelinnes, Nalinnes. Hesbaye : Orsmael. 14. — Otodus obliquas, Agassiz, 1843. 1843. Otodiis obliqlus. L. Agassiz, Poiss. foss., t. III, p. 267, pi. XXXF, pi. XXXVI, fig. 22-27. 1844. Otodus lanceolatus. L. Agassiz, id., id., p. 269, pl. XXXVlI, fig. 19-23. 1849. Otodus orliquus. R.-W. Gibi^es, Monograph of the Fossil Squulidœ of the United States. JouRN. Acad. Nat. Sci. Philadeli'hia, 2" sér., vol. I, p. 199, pi. XXVI, fig. 131-137. 1883. Garciiarodon orliquus. F. Noelling, Die Faana des samiândischen Terliars. Armand, geol. Si'EciALK. Preussen und TiiÙRiNG. Staaten, vol. VI, 5° parL, |). 84, pi. VI, fig. 4 6. 1889. Lajina(?) obliqua. A. -.S. Woodward, Calai, foss. Fishes, t. I, p. 404. 1899. Otodus obliquus A. -S. Woodward, .\otcs on the leelh of Shurks and Skales from english eocene formations. Proceed. Geol Assoc, vol. XVI, p 10. 1901. Otodus orliquus. C -l\. Eastman, in Maryland Geol. Surv., Eocene, p. 106, pl. XV, i'ig. 1-4. Les figures d'Agassiz rendent très exactement la forme des dents de cette espèce. Ces dents ne sont pas rares dans le Landénien inférieur de la Belgique : les sables marins d'Erquelinnes en ont fourni un certain nombre, admirablement conservées. Hainaiit : Ciply, Erquelinnes, Saint-Symphorien. (') M. Leriche. Sur quelques éléments nouveaux pour la faune khtlujoloijique du Moiiticn inférieur du Bassin de Paris. Ann. Soc. géol. du Nord, T. XXX, p. 159, Pl. V, Fig. 10. 34 MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS Genre OXYRHINA, Agassiz. 15. — Oxyrhina nova, Winkler, 1874. PI. I, Fig. 45.^8. 1874. OxYiiniivA nova. T.-C. Winkler, Deuxième mémoire sur des dents de Poissons du terrain Bruxellim. Archives du Musée Tsyleh, vol. IV, 1878, p. 22, pi. Il, fig. 8. 1870. OxYr,iii>A Wi.NKLEUi. G. Vincent, Description de la faune de l'étage Landénien inférieur de Belgique, 1" partie (Description de la faune du TuD'eau de Lincent). Ann. Soc. kov. MALACOL. nE BELGIQUE, t. XI, MÉMOIIIES, p. 125, pi. VI, fig. 3. Les dents cVOxijrhiiia nova dénotent une espèce de petite taille. Leur couronne, très grêle, s'élargit brusquement à la base ; elle présente, dans les dents antérieures, une courbure sigmoïdale bien prononcée. La racine forme, à la face interne, une saillie très accentuée, divisée par un profond sillon médian ; ses branches sont fortement comprimées à leur extrémité. Je considère la dent décrite par G. Vincent, sous le nom d' Oxyrhina Winkler i, comme une dent latérale d'O. nova. Hainauf : Erquelinnes. Heshaye : Orsmael. HOLOCÉPHALES ORDRE DES CHBLEROIDEI FAMILLE DES CHIM^ERID^: Genre ISCHYODUS, Egerton. 16. — Ischyodus Dolloi, Leriche, 1902. (ESPÈCE NOUVELLE). PI. I, Fig. 49,50, et Fig. 3 dans le te.\le. Fig. 3. — Ischyodus Dolloi. I,ei iche, 1902. — Landénien inférieur. Localité : Erijuelinnes. Tjipe : Musée de Bruxelles. Dent palatine droite, vue par la face orale. Grandeur naturelle. ta. — Triturateur antéro-mterne. ip. — Tritoratenr postéro-interne. e. — Tritarateur exterce. m. — ïrituiateur médian. Jusqu'ici, on ne connaissait pas, au genre Ischija- diis, de représentants tertiaires. Un certain nombre de dents palatines, plus ou moins complètes, trouvées dans les sables du Landénien inférieur d'Erquelinnes, semblent devoir lui être attribuées. Ces dents, relati- vement petites, montrent, en etFet, à la face orale, les quatre triturateurs caractéristiques des Ischyodus. Ces triturateurs sont étroits et allongés. Le triturateur postéro-interne est le plus grand ; le triturateur médian, très étroit, n'est souvent séparé des triturateurs postéro- interne et externe, que par une mince cloison. L'extré- mité antérieure du triturateur externe détermine une PALEOGENES DE LA. BELGIQUE 35 saillie sur le bord oral, qui devient alors sinueux. Il existe, entre l'extrémité postérieure du triturateur externe et le bord oral, un petit triturateur accessoire. La rainure de la face supérieure des dents palatines est large et profonde. Hainaut : Erquelinnes. Cette espèce est dédiée à M. le Conservateur Dollo, qui a étudié les Reptiles (Cliampsosaurus, Lytoloma) et les Oiseaux (Gasfornis) du Landénien de la Belgique. Genre EDAPHODON, Ruckland. 17. — Edaphodon Bucklandi, Agassiz, 1843. PI. I, F\g. .51. 1843. Edai'Hoix.n Bucki.a.ndi. L. Agassiz, Poisx foss., t. III, p. ."31, pi. XL d, iig. 1-4, 9-12, 19-"24. )' Ei).\i'ii((D()> EUKvr.NATMus. L. Agiissiz, ïd., id., p. 552. 1850. Ed.\i'ho[k)n luitvoATiius. F. Dixon, Geology and Fossils ofSussex, p. 111 (2«édiL, 1878, p. 250 el 251), pi. X, fig 18, 19, 22, pi. XII, «g. 5. 1885. Ed.\i'hodo> BiCKLANDi. F. Noclling, Die Fauna des samUindischen Tertiârs. Abhandl. geol. Specialk. Preussen ind Thïiring. Staaten, vol. VI, 3° pari., p. 3, 1-1. I, fig. 1. 1891. Edaphodon Bucklandi. A.-S. Woodward, Calai, foss. Fishes, t. II, p. 80. Une dent mandibulaire droite parfaitement conservée et à peu près complète, a été trouvée dans le tufFeau de Chercq. Elle montre bien les caractères de l'espèce : Elle est robuste et pourvue d'un bec proéminent. Sa face sympbysaire occupe plus du tiers de la surface interne. Le triturateur du bec, très petit, a une structure lamel- leuse; la structure des autres triturateurs est tubuleuse. Le triturateur médian couvre plus des deux tiers de la face orale. Un triturateur très étroit et allongé, situé sur le bord sympbysaire, n'est séparé du triturateur médian que par une mince cloison. Hainaut : Chercq. 18. — Edaphodon leptognathus, Agassiz, 1843. 1843. Edaphodon leptognathus. L. Agassi/., Puiss. foss., t. 111, p. 332, pi. XL d, (ig. 5-8, 13-18. 1847. Edaphodon. P. Egcrlon, On tlie Nomenclature of Ihe Fossil Chimœroid Fislies. Quat. JouRN. geol. Soc. of London, vol. III, p. 3S1, pi. XIII, fig. 2,3. 1830. Edaphodon leptogn.\thus. F. Dixon, Geology and Fossils of Susse.r, p. V et lli (2" édit., 1878, p. 250 et 2511, pi. X, (Ig. 20, 21. 1891. Edaphodon leptogn.4thus. A. -S. Woodward, Calai, foss. Fishes, l 11, p. 81, (ig 8, dans le lexle. 189G. Edaphodon leptogn.vthus. A. -S. Woodward iw H. Woodward, .4 Guide la Ihe fossil Reptiles and Fishes in Ihe deparlment of Geology and Palœonlology in Ihe Brilish Muséum (Nalural Ilislory), 7" édil., p. 94, (Ig. 128, dans le lexle. 36 MAURICE LRRIGHE. — LES POISSONS On doit vraisemblablement rapporter, à cette espèce, une dent mandibulaire droite, incomplète, qui se distingue des dents mandibulaires (ïEdaphodon Bitcldandi par sa forme beaucoup plus élancée. Hainaut : Erquelinnes. Genre ELASMODUS, Egerton 19. — Elasmodus Hunteri, Egerton, 1843. 1843. Elasmodus Huxtkiu. P. Egerton, On somc ncw specics of Fossil (^himaruid Fislies, wilh remarks on their (jcneral a/pniiies. Proceed. Gkoi.. Soc. of Loado.n, vol. IV, p. l.j(). 1847. Ei.ASMonis IUimkiu. i'. Egerton, On Ihe Nomenclature of tlic Fossil Chimœroid Fishes. Quat. JOURN. (iEOI.. Soc. OF Lo.NDON, VOl. Ili, |). 351. 18S0. Elasmodus IIuntkri. F. Dixoii, i^.euhMji/ and Fossils of Sussvj; p. Hl (2« édit., 1878, p. 250 et 231), pi. \, tig. Il, 12. 1852. Elasmodus Huîstkri. P. Egerton, lirilish fossils. Mkmoirs oftiie Gf,olo(;ical Suuvey of tue Umted Klngdom, (léc. VI, 11° 1, pi. I. 1885. Elasmodus IIumeri. F. Noclling, Die Fauna des samliindischen Terliiirs. AnllA^DL. r.uoL. Si'ECLVLK. pRi:u.ssEiN UKD Tnîiiîi.Nr.. Staaten, vol. NI, 3'' |):iil., p. Il, |)1. I, lig.2,3, pi. lUig.li. 1891. Elasmodus Hunteri. A. -S. Woociwîirri, Calai, foss. Fishe.^, I. Il, p. 8i». Plusieurs dents mandibulaires à' Elasmodus, malheureusement privées de leur partie externe, ont été rencontrées dans le Landénien inférieur du Hainaut. L'une d'elles, provenant des environs de Tournai, montre encore son caractère spécifique, qui consiste dans l'égalité du diamètre transversal des deux bandes longitudinales, respectivement formées par le triturateur médian et par l'espace qui sépare celui-ci du bord sjmphysaire. Hainaut : Erquelinnes, environs de Tournai. De petits piquants de nageoires dorsales do Chiméridés ont été trouvés dans le Landénien inférieur d'Orsmael. TÉLÉOSTOMES ORDRE DES ACTIXOPTERYGIL — SOUS-ORDRE DES ISOSPOXDYLII FAMILLE DES ALBULID^ Genre ALBULA (Gronow) Bloch et Schneider. 20. — Albula Oweni, Owen, 1845. 1844. PisoDus Oweni. L. Agassiz, Poiss. foss., vol. II, 2« part., p. 247 (nom seulement). 1845. PisoDus OwEM. R. Owen, Odonlographij , p. 158, pi. XLVII, (ig. 3. 1854. PisoDus Oweni. K. Owen, Catalogue of llic fossil Reptiles and Pisces in thc Muséum of the Pioi/al Collège of Surgeons, p. 167. PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 37 -1891. PisoDus OwKNi. A. S. Woodward, Noies on some Fish-remains from the Lower Tertiary and Upper Crelaceous of Belgium, collecled by M. A. Hoiizeau de Lehaie, Geolo- GiCAL Magazine, new. ser., déc. III, vol. VIII, p. 108, pi. III, fig. 3-5. 1893. PisoDus OwENi. A. s. Woodward, fle.scripitow of the Sludl of Pisodus Owcni, an Albula-tike Fish of the Eocene pcriod. A.>nals and Magazine of Natural History, 6" sér., vol. XI, p. 357, pi. XVII. I90I. Albula OwENi. A. S. Woodward, Catal. foss. Fishcs, t. IV, p. GO, pi. IV. Deux petites dents trouvées, l'une, dans le Landénien inférieur du Hainaut, l'autre, dans le Landénien inférieur de la Hesbaye, sont identiques à celles qui, chez Albula Oweni, garnissent la face orale du parasphénoïde. Hainaut : Erquelinnes. Orsmael. SOUS-ORDRE DES ACANTHOPTERYGII FAMILLE DES BERYCID^ 21. — Otolithus (Monocentris) integer, Koken, 1885. Fig. 4, dans le texte. 1885. Otolithus (Ai-ogoninarum) integer. E. Koken. in A. von Koenen, Ihber cinc Paleocune Fauna von Kopcnhagen. Abiianul. Kônigl. Gesellsch. Wissensch. Got- TiNGEN, vol. XXXII, p. 114, pi. V, fig. 27. 1891. Otolithus (Monocentris) INTEGER. E. Koken, Neua Untersuchunt/en an tertiaren Fisch-Otolithen. Zeitschr. deutschen geol. Gesellsch., vol. XLIII, p. 119, fig. 13, dans le texte. On doit rapporter, à cette espèce du Paléocène de Copenhague, plusieurs otolithes d'assez grande taille, provenant du Landénien inférieur de la Hesbaye. Ces otolithes sont ovalaires et comprimés. Leur face externe est plate, et même un peu concave, dans la partie dorsale; elle est bombée dans la partie ventrale. Leur face interne est légèrement convexe. Le sulcus acusiicus{^) atteint presque le bord postérieur ; grâce à une évagination de la portion antérieure de son bord ventral, ses deux parties, Yostium et la caiida, sont nettement délimitées. L'ostium est large ; la cauda est étroite et allongée. La crista superior, qui longe le bord dorsal du sulcus, fait assez fortement saillie. La crête qui limite le bord ventral de la cauda, est plus effacée ; elle se prolonge sur le bord inférieur de l'ostium. Fig. 4. — Monocentris integer, Koken, 18S5. — Landénien inférieur. Localité : Wansin. Ti/pe : Musée de Copenhague. Otolithe, vu par la face interne. (') Pour la nomenclature des différentes parties de l'otolithe, voir E, Koken, Ueber FischOlolithen, insbesondere iiber diejenigen der norddeutschon Oligocitii-Ablagerwiç/en. Zeitschr. d. deutsch. geol. Gesellsch,, Vol. XXX VI, p. 525. MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS Une très légère différence, dans les dimensions de l'ostium, s'observe entre les otolithes du Landénien belge et ceux du Paléocène de Copenhague. Cet ostium est sensi- blement plus grand chez les premiers que chez les seconds. Cette différence ne saurait cependant justifier l'attribution des otolithes belges à une espèce particulière. Hesbaye : Wansin. FAMILLE DES LABRID^ Genre EGERTONIA, Cocciii. 22. — Egertonia, sp. Fig. 5, dans le texte. j^f. Un fragment de pharyngien, où les dents offrent cotte €KÉâ ^i^â disposition en piles, si remarquable chez les Labridés, a été ^^^^ ^KS^ trouvé, avec un certain nombre de dents isolées, dans les sables Face orale. rrofli. du Laudénicn inférieur d'Erquelinnes. Toutes ces dents sont plus ou moins régulièrement circulaires et sensiblement égales. Il s'agit donc d'une forme du genre Egertonia; ses restes sont malheureusement trop fragmentaires et trop peu nombreux pour se prêter à une détermination spécifique. Hainaid : Erquelinnes. Le Landénien inférieur du Hainaut et de la Hesbaye a enfin fourni des vertèbres indéterminées de Téléostomes. FiG. 5. — Egertonia. sp. Landénien inférieur. Localité : Erquelinnes. Pharyngien (fragment). Grandeur naturelle. RESUME ET CONCLUSIONS 1. — En résumé, la faune ichthyologique du Landénien inférieur belge se compose des éléments suivants : Elasmobran ches . 1. Ac.itsTHiAS BiiNOR, Daiineries. 2. Squatina prima. Winklcr. 3. Myliobatis DixoNi, Agassiz. 4. NoTiDANUs Loozi, G. Vincent. 5. Synechodds eoc.emjs, nov. sp. 6. Cestracion, sp. 7. ScYLLiu»! ViNCENTi, Daimeiies. 8. Odomaspis m.vcrota, Agassiz. 9. Odontaspis RuTOTi, Winkler. 10. Odontaspis cuspidata, Agassiz. H. Odontaspis cuAssiDENs, Agassiz. 12. Lamna ViNCENTi, Winkler. 13. Lajina VERTicALis, Agassiz. 14. Otodis oitLiuurs, Agassiz. 15. OxvRMi.NA NOVA, Winklcr. Holocéphales. l(i. IsciiYODis 1)01.1.01, Lericlie. 17. Edai'HOdon Bii.KLAM)!, Agassiz. 18. EdAPIIODON LEPTOCJINATllU.S, Agas! 19. Elasmodus HiNTEKi, EgeHon. Téléostomes. -20. Ai-RLiLA ovvKM, Owen. 21. MOINOCEMRIS INTEGER, Koksn. 22. Egertonia, sp. PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 39 2. — D'après M. Daimeries, il conviendrait d'ajouter à cette liste : i. AcAMHiAS ORPiE>sis, Winkler ('). 5. Smeudis (?) iieersensis, Wiiikler (*). 2. GiNOLYMOSTOMA MINUTA, Daimcries f). 6. Spei/erodus, sp. (^). o. OxYRHiNA L.EviGATA, Daimeries (^). 7. Ancistrodon landinensis, Daimeries ('). 4. OSMEROÏDES, sp. (^). Comme on le voit, la faune ichthyologique du Landénien inférieur ne diffère pas notablement de celle du Heersien. Ces faunes sont essentiellement marines. Quelques formes d'eaux douces ou côtières [Lepidosteus, sp., Arius daniciis, Koken), viennent seule- ment donner, aux dépôts heersiens, un caractère un peu plus littoral. La comparaison de la faune ichthyologique du - Heersien- Landénien inférieur « belge avec celles des Sables de Bracheux du Bassin de Paris, des Thanet sands du Bassin de Londres, et du Paléocène de Copenhague, révèle des analogies intéressantes qui sont mises en évidence dans le tableau suivant : (') A. Daimeries. Notes ichthyologiques, I (sous le nom de Biforisodus major). Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIII, Bull, des séances, p. xliii. — Notes ichthyologiques, III, id., id., p. cm. (-) A. Daimeries. Notes ichthyologiques, /(sous le nom de Rhina minuta, non Ginglymosloma minuta, Forir). Ann. Soc. ROY. malacol.de BELGIQUE, T. XXIII, BuLL. DES SÉANCES, p. XLIII. — Notcs ichlhyologiqiies, V, id.,T. XXIV, Bull. des séances, p. XL. (^) A. Daimeries._ A'oifs icltthyologiques, I. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIII, Bull, des séances, p. xliii. {^) A. Daimeries. Notes ichthyologiques, I. Ann. Soc. rot. malacol. de Belgique, T. XXIII, Bull, des séances, p. xliii. — Notes ichthyologiques, II, id., id., p. XLV. (5) A. Daimeries. Notes ichthyologiques, IV. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, T. XXIV, Bull, des séances, p. vi. TABLEAU COMPARATIF DES FAUNES ICIITHYOLOGIQUES du Heersien et du Landénien inférieur de la Belgique, du Thanétien des Bassins de Paris et de Londres, et du Paléocène de Copenhague. NOM DES ESPECES BELGIQUE BASSIN DE PARIS BASSIN DE LONDRES COPENHAGUE Heersien. Landénien inférieur. Thanétien (i) Tlianetsandsc-') Paléocène (■>) AcANTHiAS OKPiKNsis, Wiiikler + + • AcANTiiiAS MINOIS, Duimcries ^- + Squatina prima, Winkler -h + + Myliobatis Uixoni, Agassiz Notidanus Loozi, G. Vincent + + + Synechodus EOC/EKi's, Lericlic . + Cestracion, sp + ScYLLiuM ViNCENTi, Daiineries + GlNGLYMOSTOMA TRILORATA, LerlcllC H- Odontaspis macrota, Agassiz Odointaspis RuTOTi, Winivier + + + + Odontaspis cuspidata, Agassi/. + I + + OuoNïASPis CRASsiDENs, Agassi/. 1 Lamna Vincenti, Winkler -H -1- Lamna veuticalis, Agassiz + Otodus OBLiguus, Agassiz + •H OxYRHiNA nova, Winklcp + IscnvoDus Doi.u», F.,ericlie Edapiiodoin Bucklandi, Agassiz + + Epaphodon leptognatiius, Agassiz + Elasmodus HuNTERi, Egcilon + Elasmodus, sp. ... + 1- î OSMEROIDES RELGICUS, WinklCP Cyci.oides incisus, Winkler 4- -1- + + -f- Otolithus (Monocentris) inteoer, Koken. . . OtOLITIIUS (HOPLOSTHETHIS) L.ACINIATUS, Kokeil . + Otolithus (Trachini) seelandicus, Koken. . . Otolithus (Gadidarum) ponderosus, Koken . . -|- Otolithus (Merluccius) ralticus, Koken . . . 1- Otolithus (inc. sedis) conciiaeformis, Koken . -1- Egertonia, sp 1 Smerdis? heersensis, Winkler .... (1) Celte liste des Poissons du Thanétien du Bassin de Paris est établie d'après un récent travail de M. Priem (F. Priem, Sur les Poissons de l'Éocène inférieur des environs de Beinis, Bull. Soc. Géol. France, 4'- sér., t. I, 1901, p. «T-Mi), et d'après les matériaux conservés dans les collections de l'Université de Lille. Je n'ai pas compris, dans cette liste, les espèces, de provenance inconnue, citées par M. Priem : Aetobalis irregtdaris, Aga.ssiz, Oxyrhina Desori, Agassiz, Carcliarodon auriculatus, Blainville, Guleocerdo latidens, Agassiz. Ces espèces ont pu être recueillies dans l'Yprésien ou dans le Lutétien. (■-) Liste établie d'après M. A.-S. Woodvvard ( A.-S. Woodward. Ilotes on the Teeth of Sharks and Skaies from English Eocene Formations. Phoceed. Geol. Assoc, vol. XVI, 1899, p. 13). (^) D'après M. Koken (m A. von KŒNEN.Paieocâ/ie von Kopenhaaen. Auhandl. Kô.nigl. Gesellsch. Wissensch. Gôttingen, Tol. XXXII, 1885, p. llSllb). MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS PALEOCENES DE LA BELGIQUE 41 Ainsi donc, la faune ichthyologique du « Hersien-Landénien inférieur « belge renferme tous les éléments de la faune ichthyologique du Thanétien des Bassins de Paris et de Londres; elle possède, en outre, deux des espèces de la faune si spéciale du Paléocène de Copenhague ('). 0) Des dents de Squales, en général, incomplètes, ont été trouvées dans le Paléocène de Copenhague. M. von Koenen (loc. cit., p. 111-112) les rapporte, avec doute, à des espèces du Paléocène belge [Lamna elegans, Agassiz, Otodus Eutoti. Winkler, 0. slriatus, Winkler, Oxijrhina Winkleri, Vincent). 11 serait nécessaire de soumettre ces dents à un nouvel examen. FAUNE ICHTHYOLOGIQITE DU LANDÉNIEX SUPÉRIEUR Les ichthyolithes du Landénien supérieur se répartissent en deux groupes : Le premier groupe comprend des restes, roulés et rubéfiés, qui sont empruntés aux couches sous-jacentes (Landénien inférieur, Heersien, Crétacé). Ces restes entrent parfois, pour une large part, dans la constitution du gravier de base du Landénien supérieur. Les éléments du second groupe, généralement mieux conservés, sont propres aux couches qui les recèlent. Ce sont les seuls qui nous intéressent dans ce chapitre. Ils appar- tiennent aux espèces suivantes : TÉLÉOSTOMES ORDRE DES ACTINOPTERYGIL — SOUS-ORDRE DES PROTOSPONDYLI FAMILLE DES A.MIAD.E 1. — Amia (Pappichthys) Barroisi, Lcriche, 1900. PI. H. 1900. Pappichthys Bakhoisi. M. Lericlie, Faune ic/ilhi/uluijiquc des Sables à Unios et Têrcdines des environs d'Epernay (Marne). Ann. Soc. Géol. du Noiid, I. \X1X, p. 18î), pi. II, lig. -1, 3-16, fig 5 dans le texte. 1901. Amia (Pappichthys) Barroisi. F. Priem, Sur les Poissons de l'Éocène inférieur des environs de Reims. Bull. Soc. géol. de Franck, 4« sér., t. I, p. 488, pi. X, fig. 14-16. Le Landénien supérieur du Hainaut et de la Hesbaye renferme de nombreux restes à' Amia, dont la presque totalité se rapporte à une espèce [A. Barroisi, Lerichej des Sables à Unios et Térédines des environs d'Epernay (Marne). Mais, tandis que, dans le Bassin de Paris, cette espèce ne semble pas avoir dépassé la taille de Y Amia calva actuelle, elle a pu MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS PALEOGENES DE LA BELGIQUE atteindre, en Belgique, des dimensions beaucoup plus considérables. C'est ce qui ressort nettement de l'examen des figures 6-11 (PL II), qui représentent une série de dentaires arrivés à différents degrés de développement. Ces dentaires sont trapus, arqués et terminés, distalement, en biseau. Sur leur face externe, couverte de rugosités irrégulières, s'ouvrent d'assez nombreuses pustules, qui sont disposées sur une courbe, dont le sommet atteint presque le bord oral. Le sillon de la face interne est très large ; son bord supérieur reste horizontal sur presque toute sa longueur. Les alvéoles dentaires sont contiguës ; celles de la partie proximale sont sub-circulaires ou sub-quadratiques ; celles de la partie distale, à partir du point de courbure du dentaire, sont fortement comprimées et ovalaires. Les maxillaires ne présentent généralement que leur partie proximale (PI. II, Fig. 1-3). La ligure 4 représente une pièce qui appartient à une partie un peu plus reculée du maxil- laire, et qui montre, au bord supérieur, l'excavation destinée à recevoir le supramaxillaire . Les alvéoles dentaires, disposées en une seule rangée, sont, en général, très petites, ovales et contiguës. Les os de la tête et les pièces operculaires (PI. II, Fig. 5), presque toujours très fragmentaires, ont leur face externe couverte de fortes rugosités longitudinales. Les vertèbres ont un galbe régulier. La position relative, dans la colonne vertébrale, des vertèbres abdominales figurées dans la Planche II, est indiquée dans le tableau suivant, qui donne, pour chacune d'elles, le rapport de l'axe transversal aux axes longitu- dinal et vertical, ramenés à I. Nos des Fig. d2 13 14 15 16 17 18 Dans les vertèbres abdominales, le rapport de l'axe transversal à l'axe longitudinal décroît donc régulièrement, d'avant en arrière, et le galbe de ces vertèbres, elliptique dans la partie antérieure de la colonne vertébrale, devient presque circulaire dans les dernières vertèbres abdominales. L'insertion des neurapophyses, dans la partie abdominale de la colonne vertébrale, se fait, comme chez tous les Amia, sur deux vertèbres successives. C'est sur la vertèbre postérieure, que se trouve, dans la partie la plus antérieure de la colonne vertébrale, la plus grande surface d'insertion. C'est le contraire pour les autres vertèbres abdominales. Hainaut : Erquelinnes. Hesbaye : Orsmael. Rapport de l'axe transversal Uappor de l'axe transversal à l'axe longitudinal. à l'axe vertical. 2.7o 1.46 2.6 ... 1.48 2.5 ... 1.4 2.4 ... 1.26 2 1.33 1.9 ... 1.15 1.7 ... 1.05 MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS 2. es postérieures. Face iDfu'rîeare. FiG. 6, 7. — Amia. sp. — Landénien supérieur. Localité : Erquelinnes. Vertèbres abdominales. Grandeur naturelle. Amia, , 7, dans le texte. Les vertèbres figurées sous les n"^ 6, 7 (dans le texte) se distinguent de celles de l'espèce précédente par leur contour plus anguleux, sub-pentagonal. D'autre part, un fragment de dentaire provenant du Landénien supérieur d'Erquelinnes, diffère des dentaii'es à'Aniia Barroisi par son ornementation, qui consiste en rugosités longitudinales. Ces restes (vertèbres et dentaire) rappellent une forme du Conglomérat de Cernay (Spar- nacien inférieur), que M. Priem (*) a récemment décrite et appelée Amia rohusta. En l'absence de matériaux plus complets, je me borne à signaler ces restes sous le nom d!Amia, sp. Hainaiit : Erquelinnes. SOUS-ORDRE DES .«THEOSPOXDVLI FAMILLE DES LEPIDOSTEID^ Genre LEPIDOSTEUS, Lacépède 3. — Lepidosteus suessionensis, Gervais, 1852. PI. m. 1852. Lepidosteus (?) suessionensis P. Gervais, Zoologie et paléontologie françaises. Explicalion des plunclies LU à LXVI, p. 4, pL LVIK, iig. Ô-S. 1839. Lepidosteus (?) sue.ssionensis. P. Gervais, id., (2« édit), p. 517, pi. LVIII, (ig. 3 5. 1874 Lepidosteus suessionensis. 1876. Lepidosteus M.4ximii.i.4m. 1884. IjEpidosteus. 1893. Lepidosieus suk.ss()>(ie>sis. P. Gervais, Présence du genre Lepidostée parmi les fossiles du Bassin de Paris. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LXXIX, p. 846. G. Vasseur, Sur la couche à Lépidostées de l'argile de Neau/les- Saint-Marlin, près Gisors. Bui.u. Soc. cÉoi.. de Kiiance, 5° sér., t. IV, p. 295, pi. VI, fig. 1-21. A. Riitot, Quelques mots sur les nouvelles découvertes d'Erquelinnes. AnN. Soc. KOY. MALACOL. DE BELGIQUE, t. XIX. BuLL. DES SÉANCES, p. XV (nom seiilemenl). L. Dollo, Sur le Lepidosteus suessoniensis. Bulletin scientiitqui; France et Belgique, t. XXV, p. 193. (') F. Priem. Sur les Poissons de l'Éochie i 485, PI. X, Fig. 1-13 et Fig. 1-3 dans le texte. iférieur des eiiriroits de Tiei. Bull. Soc. géol. de France, 4' sér., T. PALÉOGÈNES DE LA. BELGIQUE 45 1900. Lepidosteus suessio.nk.>si.s. M. Leriche, Faune ichthyologique des Sables à Unios et Térédines des environs d'Épernai/ (Marne). Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXIX, p. 188. |)l. II, Hg. 17-41, Kg. 4, dans le texte. 1901. Lepidosteus slessio>ensis. F. Priein, Sur les Poissons de l'Eocène inférieur des environs de Reims. Bill. Soc. géol. de Fii.4nce, 4° sér., t. I, p. 489, pi. XI, lig. 1-S. Les nombreux restes de Lepidosteus que l'on rencontre dans le Landénien supérieur du Hainaut et de la Hesbaye sont malheureusement très fragmentaires. Ces restes comprennent : 1" Des fragments de mâchoires (PI. III, Fig. 1-4). 2° Des dents isolées, striées à la base et terminées, plus ou moins nettement, au sommet, en fer de lance [Trichiurides de Winkler) (PL III, Fig. 5-8). 3° Des os du crâne (PI. III, Fig. 9). 4° Des vertèbres (PI. III, Fig. 10-18). 5° Et surtout des écailles (PL III, Fig. 19-38). Tous ces restes ne peuvent être distingués de ceux de Lepidosteus suessionensis, Gervais, du Sparnacien du Bassin de Paris, et, jusqu'à preuve du contraire, ils devront être attribués à cette espèce, qui pouvait atteindre, comme le montre le fragment de dentaire figuré sous le n° 2 de la Planche III, une très grande taille. Les marnes sableuses qui forment, à Erquelinnes, le sommet du Landénien supérieur, ont fourni un fragment de cuirasse de Lépidostée (PL III, Fig. 38), dans lequel les écailles ont à peu près conservé leurs relations naturelles. Ce fragment de cuirasse devait appartenir à la partie dorsale du corps située un peu en avant de la nageoire dorsale. Il montre deux écailles de la ligne médio-dorsale, et, de part et d'autre, des écailles latérales, dont quelques-unes sont restées en connexion. Toutes ces écailles sont lisses. J'ai d'ailleurs déjà montré (') que, chez Lepidosteus suessionensis, les écailles sculptées devaient être confinées à la partie tout à fait antérieure du tronc. Ce fait est encore confirmé par l'étude des nombreux matériaux belges. C'est encore à Lepidosteus suessionensis que l'on doit vraisemblablement rapporter les écailles trouvées par M. Malaquin (^) dans le Landénien supérieur de Vertain (Nord). Hainaut : Erquelinnes. Hesbaye : Orsmael. (') M. Leriche. Faune ielithi/ologiqiie des Sables à Unios et Térédines des environs d'E/jernay (Marne). Ann. Soc. GÉOL. DU Nord, T. XXIX, p. 191. (-) A. Malaquin. Le Conjphodon Gosseleli (n. sp.) et la Faune de VÉocèae inférieur (Landénien-Tlianélien) de Vertain. Ann. Soc Géol. du Nord, T. XXVIII, 1899, p. 259. 7. - 1902. MAURICE LERIGHE. — LES POISSONS SOUS-ORDRE DES ACANTHOPTERYGII «J'ai rapporté à la famille des Siluridés ('), puis rapproché du genre Pimeloâus (^), des rayons épineux de nageoires dorsales, que l'on rencontre dans les Sables à Unios et Térédines des environs P,g g d'Épernay (Marne). Cette attribution semblait justifiée par le grand Acanthoptérygien. — développement de ces rayons et par le fait qu'ils se maintenaient Landénien supérieur. ^^^^^ ^^^ proportions à peu près constantes. Localité : OvsameX. ,, ,, , i t t- • Préopercule vu par la ^^ semblables rayons sont communs dans le Landenien supe- face externe. rieur. Mais, l'étude des nombreux matériaux belges montre que ces ran eurna uie e. rayons très développés ne constituent que le dernier terme de séries de rayons, d'abord très courts et trapus, puis devenant de plus en plus élancés. On serait donc en présence de rayons de nageoires d'Acanthoptérygien. Cette dernière attribution semble être corroborée par la découverte, dans les mêmes couches, de préopercules d'Acanthoptérygien (Fig. 8, dans le texte), profondément dentelés au bord postérieur. Des interépineux ainsi que de nombreux rayons de nageoires pectorales, provenant, sans aucun doute, de la forme qui possédait les rayons de nageoires dorsales, dont il vient d'être question, ont aussi été rencontrés dans le Landenien supérieur belge. RÉSUME ET CONCLUSIONS 1. — La faune ichthyologique du Landenien supérieur, contrairement à celle du Landenien inférieur, est essentiellement d'eau douce (^). Ses éléments, peu nombreux, sont déjà connus dans le Bassin de Paris : L Amia (Pappichthys) Barroisi, Leriche, caractori.se, aux environs d'Épernay, les Sables à Unios et Térédines. 2. Lepidosteus suessioiiensis, Gervais, se rencontre à tous les niveaux du Sparnacien. (') M. Leriche. Faune iclithi/olor/iquc des Sohies à Unios et Térédines des environs d'E/ieriiai/ (Mai)u'). Ann. Soc. géol. DU Nord, T. XXIX, 1900, p. 180, PI. I, Fig. 7-12. (-) M. Leriche. Contribution à l'Étude des Siluridés fossiles. Ann. Soc. géol. du Nord, T. XXX, 1901, p. 165. (^) L'Acanthoptérygien représenté, dans le Landenien supérieur belge, par «es rayons de nageoire?, ses interépineu.x et ses préopercules, est également une forme d'eau douce. La Collection Dutemple, conservée au Musée géologique de l'Université de Lille, a fourni, tout récemment, une pièce provenant des marnes lacustres du Sparnacien inférieur du M' Bernon, près Epernay (France), et comprenant deux rayons de nageoires épineux, articulés sur un interépineux. Ces rayons de nageoire et cet interépineux sont identiques à ceux du Landenien supérieur belge. PALEOCENES DE LA BELGIQUE 47 2. — Il existe donc, jusqu'ici, une analogie complète entre la faune ichthyologique du Landénien supérieur de la Belgique, et celle du Sparnacien du Bassin de Paris. RÉSUMÉ GÉNÉRAL Les résultats consignés dans les pages précédentes permettent de distinguer, dans le Paléocène belge, trois faunes ichthyoïogiques distinctes : La première, — la plus ancienne, — constituée par un mélange de formes crétacées et tertiaires, caractérise le Montien ; elle rappelle, avec des affinités tertiaires un peu plus accentuées, la faune ichthyologique du Calcaire à Lithothamnium du Bassin de Paris. La seconde, formée par un ensemble d'espèces exclusivement tertiaires et essentiel- lement marines, est commune aux étages Heersien et Landénien inl'érieur ; elle correspond à la faune ichthyologique des Sables de Bracheiix du Bassin de Paris, des Thanet sands du Bassin de Londres, et à celle du Paléocène de Copenhague. Enfin, la troisième, essentiellement d'eau douce, otfre, par la présence des genres Amia et Lepidosteus, un cachet américain remarquable. Elle caractérise le Landénien supérieur, et correspond exactement à la faune ichthyologique du Sparnacien du Bassin de Paris. TADLEAU GÉXÉKAL DES ESPÈCES 1)1 PALÉOCÈXE BELGE NOMS DES ESPECES. Montien. Heersien. Landénien inférieur. Landénien supérieur. ÉLASMOBRANCHES AcANTHiAs ORi'iKNsis, Winklei" AcANTiiiAS »Il^OR, Dîiinieries . Squatika prima, Winkler. MVLIOBATIS DiXONI, Agussiz . NoTiDANus Loozi, Vincent. . Sykechodus eoc/Ems, l>eriche Cestracion, sp ScYLLiiiM ViNCENTi, Daiinepies GiNGl.YMOSTOMA TU1L0HATA, I.Criclie ScAl'A^ol!HYMCnus? (Odontaspis) SUnil.ATLS, Odontaspis Bhonm, Agassiz . Odontaspis macrota, Agassi/.. Odontaspis Hutoti, Winkler . Odontaspis cuspidata, Agassiz Odontaspis crassidens, .\gassi/. Lamna ai'pendicui.ata, .Agassiz Lamna ViNCENTi, Winkler . Lamna yerticalis, Agassi/.. Otodus obliquls, Agassiz. . Oxyrhina nova, Winkler . HOLOCÉPHALES Isciivoni s Ddi.i.oi, Lericlie Ei)APiioi)0> Hi'CKi.AM)!, Agassiz . Edaphodon leptognatius, Agassiz Elasmodus Hunteri, Egerlon. Elasmodus, s|) TÉLÉOSTOMES Lepidosteis suessionensis, Cervais . Lepidosteus sp Lepido.stkus sp Amia (PappiciitiiysI Barkoisi, Lericiie Amia sp Albula Oweni. Owen OsMERoiDEs BELGicus, Winkler . . Cycloides incisus, Winkler . . . Arius damcus, Koken MoNOCENTBis iNTEGER, Koken. . . Egertonia, sp. . Smerdis? heersknsis, Winkler . Mém. Mus. roy. Hist. Nat. F. int. F. ext. F. ext. F. int. F. int. F. int. F. ext. érieures. Lalcrales postérieures. Lalcrales déplus en plus postérieures. Dcrn. lat. Acanthias orpiensis. Winkler, 1874. — Heersien. Localité : Orp-le-Grand. — Type : Musée royal d'IIisioire naturelle de Bruxelles. i. ♦ i. ▲ Landcnien inférieur. — Orsmael. Land. inf. — E'rquel. «> A « Orp-leGran Type : ▲ Ai W Ui i I F. exi. F. exr. F. ext. Oern. lat. F. int. Acanthias miuor, Daimeries. 18SS. — Heersien. Localité : Orp-le-Grand. — Type : Collection Daimeries (Bruxelles). 27 28 29 3g' Localité : Krquelinnes. Localité : Orsinael, Cestracion, sp. — Landénien inférieur. Dents, vues par la face orale. — Ces dents sont conservées au royal d'Histoire naturelle de Belgique, à Bruxelles. 37 37(1 . 37/. Ginglymostoma trilobata. Leriche, 1902. — Heersien. Loca/j/e; Orp-le-Grand. Type : Musée de Bruxelles. Dent de la mâchoire supérieure. ue par la face interne Grandeur naturelle. Squatina prima, Winkler, 1874. — Heersien et Landén: en nfér e ir. Localités : Orp-le-Grand, Erquelinnes et Orsmai 1 Type : Musée royal d'Histoire naturelle de Bru '61 iia iib 3i' ii'a 32 620 ia' iz'a Si iia Dent antérieure. .. . . Dents de plus en plus latérales Synecbodus eocœmis, Leriche. 1902. Landénien inférieur. Type : Musée de Bruxelles. ^ 0dé AAi" A A Face interne. Face externe. Profil. Face interne. Face externi . Galonné . .._ Galonné.. Landénien inférieur. Landénien infé 36' 3û'a F. int. F. Dents encore et de plus en plus latérales. .-.. Scyllium 'Vincenti, Daimeries, 1S88. — Heersien. Localité : Orp-le-Grand. — Type .- Collection Daimeries (Bruxelles). H 1^ *k A ^ Erquelinnes. Type ; Musée de Bruxelles. Dents palatines droites, vues par la face À l k Chercq. . _.- Landénien inférii F. int. F.'ext. Dents lald-rales antèr. A k F. int. Dent lat. posl. F. ext. F. 'int. F. éxt. .. Dent antérieui PrtJfil. Coin de .Heersien. — Orp-le-Grand., Dents Ju coin de la gueule. Heersien. — Orp-le-Grand. Edapbodon Bucklandi, L. Agassiz, 1843. — Landénien inférieur. Oxyrhina nova, Winkler, 1S74. — Lan- Localité : Calonne. ~ Type : British Muséum. dénien inférieur. Grandeur naturelle. Type .- Collection E. Vincent (Bruxelles). Odontaspis Rutoti. Winkler. uS;.;. - Heersien et Landénien inférieur. Localités .- Orp le Crand. Calonne et Cliercq. Grandeur naturelle. Grandeur naturelle. Type .- Collection E. Vincent (Bruxelles). Type : Musée royal d Histoire naturelle de Bruxelles. Lagaert, Phoio. CHONDROPTÉRYGIENS. - GENRES : ACANTHIAS, SQ.UATINA, NOTIDANUS, SYNECHÛDUS, CESTRACION, SCYLLIUM, GINGLYMOSTOMA, ODONTASPIS. OXYRHINA, ISCHYODUS, EDAPHODON. MAURICE LERICHE. - POISSONS PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE. Mém. Mus. roy. Hist. Nat. Belg. — T. II, 1002. PI. II. Faces alvéolaires. Faces externes. Droits. Maxillaires (Grandeur naturelle). — Erqiielinnes Faces externes. Gauches. externe. interne. Grandeur naturelle. Opercule gauche. — Orsmael. Dentaires droits. - Erquelinnes. Grandeur naturelle. Dentaire droit — Orsmael. Grandeur naturelle. 10 lOfl ici Faces externes. Faces internes. ^m Dentaires gauches. - Erquelinnes. Face inférieure. iffc. Grandeur naturelle. Faces alvéolaires. Face postérieure. Face supérieure. Basioccipital. — Erquelinnes. m Q» 4k Grandeur naturelle. Ces figures sont rangées, de haut en bas, dans l'ordre que les pièces occupent, d'avant en arrière, dans la colonne vertébrale. — Elles sont de grandeur naturelle. Faces poster. ■Vertèbres abdominales antér i6 m m Faces poster. Ces figures sont rangées, de haut en bas, dans l'ordre que les pièces occupent. \6a dans la colonne ver- tébrale. — Elles sont de grandeur naturelle. Faces super. Vertèbres abdominales poster. — Erquelinnes. (% Face posté- Face infé- rieure. ig iqA Demi-vertèbre caudale. — Erquelinnes. Grandeur naturelle. Lagaert, Photo. AMIA (PAPPICHTHYS) BARROISI, Leriche, 1900. — LANDÉNIEN SUPÉRIEUR. Type de l'espèce : Musée de l'Institut géologique de l'Université de Lille. MAURICE LERICHE. - POISSONS PALÉOCÈNES DE LA BELGIQUE. Mém. Mus. roy. Hist. Nat. Belg. — T. II, 1902. PI. III. I Face orale. Maxillaire. Erquelinnes. Face externe. Fac Dentaire. — Erquelini Individu de grande taille t i i Face orale. Face orale. Erquelinnes. Orsmael. 5 Erque- linnes. Orsmael. Dents isolées. i g qa lo Face post. Face inf. Face ant. Basioccipital. — Erquelinnes. Erquelinnes. Crâne. 4Rà iFfe Il 12 i3 i3a Face inf. Face inf. Face ant. Face sup. Orsmael. Erquelinnes. Erquelinnes. Vertèbres abdominales antérieures. ^ 4^ 2» m I A 14 14a i5 16 17 17a 18 Face post. Face inf. Face inf. Face inf. Face post. Profil. Face inf. Vertèbre abdominale Vertèbres abdominales Erquelinnes. Orsmael moyenne. — Erquelinnes. postérieures. — Orsmael. Vertèbres caudales. 15^ ^^ Orsmael. Erquelinnes. Gauche.- F.ext. Gauche. - F. ex Précaud. ant. Précaud. post. ^ >l^ Orsniiael. Gauche.— F.ext. Précaud. post. Erquelinnes. Gauche. -F.ext. Précaud. post. Orsmael. Gauche. - F.ext. Précaud. post. Gauche Erquelinnes. Gauche. — F.int, Précaud. post. Ligne latérale. 26 Erquelinnes. Gauche.— F.ext, Précaud. post. Orsmael. Gauche.— F.ext. Caud. ant. Écailles des flancs. Erquelinnes. Groupe d'écaillés de la même région (située, dorsalement, un peu en avant de la nageoire dorsale), pas très écartées de leurs connexions naturelles. Orsmael. Gauche. — F.ext. Caud. post. é^ Orsmael. Droite. — F. ext Précaud. ant. Orsmael. Droite. - F. ext. Précaud. post. Orsmael. Droite. - F. ext. Précaud. post. Orsmael. Droite. — F. ext. Précaud. post. Orsmael. Droite. - F. ext, Caud. ant. Erquelinnes. Droite. - F. ext. Caud. post. Orsmael. Droite. - F. ext. Caud. post. LEPIDOSTEUS SUESSONIENSIS, Gervais, i852. — LANDENIEN Type de l'espèce : Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. figures de cette planche sont de grandeur naturelle. — Les vertèbres et les écailles se su chez l'animal. Écailles des flancs. Lagaert, Photo. SUPÉRIEUR. vent dans l'ordre qu'elles occupaient MAURICE LERICHE. - POISSONS PALEOCENES DE LA BELGIQUE. ' EXTRAIT DES MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'IIISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU ROLDÉRIEN (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS PAR O. ABEL Docteur en Philosophie, Privat-Docent a l'Université de Vienne, AU Service I. R. d'Autriche ANNÉE I902 - BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES UKSULIINES, 37; LES DÂ[JPHI[\S LONGIROSTRES DU ROLDÉRIEN (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS O. ABEL Docteur en Philosophie, Phivat-Docent a l'Université de Vienne, Géologue au Service I. R. d'Autriche. ANNÉE I902 BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES URSULINES, 37 DEUXIÈME PARTIE TABLE DES MATIERES PAGES Introduction 105 DESCRIPTION DES CRANES DES DAUPHINS LONGIROSTRES D'ANVERS (suite) . . 105 III. — EURHINODELPIIIS LONGIUOSTRIS, DU BuS, 4872. 1. — Caractères de l'espèce. 4. — Susmaxillaire .............. 105 2. — Prémaxillaire 408 5. — Nasal 410 4. — Frontal 4 44 5. — Lacrymal 412 6. — Jugal 112 7. — Interpariélal .............. 442 8. — Pariétal 4 42 9. — Squamosal . . . .. .. .. . . .143 40. — Susoccipital 4 43 H. — Exoccipital . . . . . . . . . . . . . 445 42. — Vomer 146 15. — Mésethmoïdo et Pré.spliénoïde . . . . . . . . . . 417 14. — Basispliénoïde et Basioccipital . ........... 447 45. — Alisphénoïde 148 10. — Orbitosphénoïde 149 47. — Palatin 449 48. — Ptérygoïde 120 49. — Périotique 121 20. — Tympanique 123 24. — Mandibule 123 22. — Dents. 126 2. — Description des individus. Individu 1 427 Individu II 429 Individu m 451 Individu IV 432 Individu V. .............. . 457 Individu VI 158 Individu VII 139 Individu VIII 140 Individu IX 140 Individu X 442 Individu XI 442 Individu XII 444 Individu XIII 444 Individu XIV 444 Individu XV 444 Individu XVI 143 Individu XVII 44o 102 TABLE DES MATIÈRES IV. — EllRHlNnDEI.PHIS CRISTATUS, DU ?>IS. 1872. i. — Caractères de l'espèce. i. — Susmaxillaire 2. — Prémaxillaire 5. — Nasal. 4. — Frontal 8. — Lacrymal 6. — Jugal. 7. — Inlerpariélal 8. — Pariétal 9. — Squamosal . 10. — Susoccipital . 11. — Exoccipilal . 12. — Vomer lô. — Mésethmoïde et Préspliénoïde ^/^ — Basispliénoïde et Rasioocipital 13. — Alispliénoïde 10. — Orbitosphénoïd 17. — Palatin 18. — Ptérygoïde . li). — Mandibule . 20. — Dents. 2. — Description des individus Individu L Individu IL Individu III. Individu IV. Individu V. Individu VI. Individu VII. Individu VIII. LES TROUS DE LA BASE DU CRANE D'EllRniNODELPIIIS — Foramen olfaclorium — Foramen opticum . — Foramen lacerum anterius — • Foramen rotundum — Foramen ovale — Foramen carolicum — Mealus auditorius inlernus — Foramen lacerum médium — Foramen lacerum posterius — • Foramen condyloideum . — Foramen magnum. SUR LES CAUSES DE L'ASYMÉTRIE DU CRANE DES ODONTOCETES INTRODUCTION La deuxième partie de mes recherches sur les Dauphins longirostres du Boldérien (Miocène supérieur) des environs d'Anvers comprend la fin de la description des crânes de cet intéressant groupe d'Odontocètes, — et, notamment, celle du crâne lYEurhinodelphis longirostris, du Bus, ainsi que celle du crâne A' Eurhinodelphis cristatiis, du Bus. L'asymétrie, bien connue, du crâne des Odontocètes, qui se manifeste aussi dans les genres Cyrtodelphis et Eurhinodelphis, m'a amené à rechercher la cause de cette singularité, à laquelle la dernière section du présent mémoire est consacrée. Un troisième mémoire, relatif au reste du squelette, paraîtra ultérieurement. Mais, conformément à l'avis de la Direction du Musée, je pense qu'il convient d'attendre, pour le publier, les résultats de nouvelles fouilles projetées, qui, par la découverte et l'extraction méthodique de squelettes entiers, permettraient d'exclure toute hypothèse dans l'attri- bution des colonnes vertébrales aux crânes. Le progrès rapide de mes études, cette fois encore, n'a été rendu possible que par l'extrême bienveillance de la Direction de l'Etablissement, à laquelle je suis heureux d'exprimer, ici, mes sentiments de vive gratitude. Je suis, de même, particulièrement reconnaissant à M. Louis Dollo, Conservateur au Musée, qui, lui aussi, m'a aidé, de toutes manières, pendant mon séjour à Bruxelles. D'autres naturalistes m'ont également prêté un appui amical par leurs communi- cations. Ce sont : M. G. A. Guldberg, Professeur à l'Université de Christiania ; M. B. Hatschek, Professeur à l'Université de Vienne ; M. W. Kûkenthal, Professeur à l'Université de Breslau; M. L. von Lorenz-Liburnau, Conservateur au Musée impérial et royal d'Histoire naturelle, à Vienne; M. K. A. von Zittel, Professeur à l'Université de Munich. Qu'ils veuillent bien accepter mes sincères remerciements. Vienne, mars 1902. DESCRIPTION DES CRÂNES DES DAITPHIXS LONGIROSTRES D'ANVERS (SUITE). EURHINÔDELPHID.E, Abel, 1901 EURHIXODELPHIS, du Bus, 1867. EURHINODELPHIS LONGIROSTRIS, du Bus, 1872. i. EuiiHiNODELPiiis LONGIROSTRIS. Dti Biis, Biill. de l'Ac. roij. d. Sciences de Belgique, 41" ann. 2« t. XXXIV, 1872, p. 491. Du Bus, Journal de Zoologie, t. XII, Paris 1873, p. 97. Gervaiset Vaii Beneden, Ostéographie, p. 493, pi. LVIII, fig. i 2. EuRHiNODELi'His AMBiGuus. Dii Bus, /. c, 1872, p. 491. Du Bus, /. c, 1873, p. 97. Gervais el Van Beneden, /. c, p. 493. 3. Priscodeli'hinus MORCKuoviiîKSis. Du Bus, /. c, 1872, p. 49o; l. c, 1873, p. 101. Gervais et Van Beneden, /. c, p. 495. 4. PRISCODELI'HINUS ELEGANS. Du Bus, /. C, 1872, p. 496; /. c, 1873, p. 101. Gervais et Van Beneden, /. c, p. 495. 5. Priscodelphinus pulvinatus. Du Bus, /. c, 1872, p. 496; /. c, 1873, p. 102. Gervais el Van Beneden, /. c, p. 495. 1. Susmaxillaire. Comme chez Eurhinodelplùs Cocheteuxi, les Susmaxillaires ne prennent, dans l'espèce qui nous occupe, qu'une part restreinte à la formation du rostre, dont presque les trois cinquièmes sont constitués uniquement par les Prémaxillaires. 106 LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN De plus, le rôle que les Susmaxillaires jouent par rapport aux Prémaxillaires dans la composition du rostre est beaucoup moindre que chez Eiirhinodelphis Cocheteuxi. C'est ce qui ressort des chiffres ci-après : r> I M E ]>r s I o TV s (en ceDtimètres) Eurhinodelphis Cochetexixi, nu Bus Crâne ! (Type : n" 5^252) Eurhinodelphis longirostris, du Bus Crâne I (Type; n" 5249) Longueur du rostre (incomplet) Longueur du rostre (complété) Longueur des Susmaxillaires, de la ligne préor- bitaire à leur extrémité antérieure : Susmaxillaire droit Susmaxillaire gauche Largeur du rostre à la hauteur de la ligne préorbitaire Largeur du rostre à l'extrémité antérieure des Susmaxillaires 102 52.8 51.8 15.5 2.8 87 91-9G 38.6 9 2.8 11 résulte de là que : En estimant la partie absente du rostre, chez Eurhinodelphis longirostris (crâne I), de 4 à 8, au maximum à 9 centimètres, le Susmaxillaire occupe, sur le rostre, une longueur de 38.6 (39 centimètres en chiffres ronds) par rapport à la région rostrale antérieure de 52 centimètres à 57 centimètres, qui n'est formée que par le Prémaxillaire ; ce qui donne, pour le Susmaxillaire, un peu plus des deux cinquièmes de la longueur du rostre, soit exactement fl. Si nous établissons les mêmes chiffres proportionnels, entre la longueur de la partie du rostre qui est formée à la fois par le Susmaxillaire et le Prémaxillaire, et celle qui n'est formée que par le PrémaxUlaire, pour Eurhinodelphis Cocheteuxi (crâne I), nous devons conclure que le rostre doit être amené à une longueur de 156 centimètres, tandis que, dans son état actuel, il ne mesure que 87 centimètres. Il faudrait donc admettre que 69 centimètres au moins du rostre à' Eurhinodelphis Cocheteuxi (crâne I) ont disparu ! Comme cela est très peu probable (étant donnée la conformation de l'extrémité anté- rieure du rostre de l'exemplaire à'Eîirhinodelphis Cocheteuxi dont il s'agit ici, nous pouvons à peine admettre plus de 15 centimètres manquants, — voir p. 82), il faut en conclure une différence très importante entre Eurhi>wdelphis Cocheteuxi et Eurhinodelphis longirostris, qui consiste en ce que le Susmaxillaire du premier prend une part beaucoup plus grande (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 107 à la formation du rostre que celui du second ('). Si nous complétons encore le rostre de ïEurhinodelphis Cocheteuxi de 15 centimètres, la longueur de la partie formée par le Susmaxillaire et le Prémaxillaire est, par rapport à la longueur totale du rostre, comme 53 est à 102, tandis que les chiffres correspondants, chez Eurhinodelphis longirostris , sont comme 38.6 est à 96. Donc, tandis que chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, un peu plus de la moitié du rostre est formée par le Susmaxillaire, chez Eurhinodelphis longirostris, le Susmaxillaire ri'en occupe qu'un peu plus des deux cinquièmes. Une différence aussi importante existe dans le rapport entre la largeur du rostre à la hauteur de la ligne préorbitaire et sa largeur à l'extrémité antérieure des Susmaxillaires. Chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, nous trouvons, pour la première, 15.5 centimètres ; chez Eurhinodelphis longirostris, 9 centimètres ; tandis que la seconde est de 2.8 centi- mètres pour les deux. Ceci nous montre que le rétrécissement du rostre se fait beaucoup plus vite chez Eurhi- nodelphis Cocheteuxi que chez Eurhinodelphis longirostris. Il suffit de jeter un coup d'œil sur les PI. VI et XI pour se convaincre de ces rapports. Les sutures prémaxillo-susmaxillaires suivent, chez Eurhinodelphis longirostris, la même direction que chez Eurhinodelphis Cocheteuxi. Le Susmaxillaire s'effile par devant et, en descendant vers le bas, sa pointe antérieure s'enfonce sous le Prémaxillaire, où elle se trouve un peu en dehors de la gouttière alvéolaire. La limite entre le Susmaxillaire et le Prémaxillaire est toujours caractérisée par la présence d'alvéoles dans le premier et par leur absence totale chez le dernier, ce qui prouve qu'ici aussi, comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, le Susmaxillaire seul portait des dents fonctionnelles. Tandis que la forme du Susmaxillaire, dans sa partie rostrale, ne montre pas de divergences dignes d'être notées par rapport à Eurhinodelphis Cocheteuxi, l'aile orbiiaire, et notamment son contour supérieur dans la région nasale, sont un peu différemment conformés (voir PI. XII). La suture prémaxillo-susmaxillaire monte, légèrement arquée, sans subir un change- ment de direction à angle droit comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi (voir PI. VII). Dans le voisinage du point le plus élevé du crâne, le Susmaxillaire s'enclave, chez les deux formes, dans la région la plus élevée du Prémaxillaire : mais, chez Eurhinodelphis Coche- teuxi, cette région indique en même temps la partie la plus haute du Susmaxillaire, tandis que celle-ci se trouve, chez Eurhinodelphis longirostris, près du contact avec le Susoccipital. Cette divergence n'a, d'ailleurs, aucune importance. Elle est la conséquence d'une compression différente du crâne, et, comme celle-ci varie beaucoup individuellement, la (1) Lorsque du Bus admet (Bull: Acad. d. Scienc. de Belg., 37« année, 2" sér., t. XXIV, 1S67) que le Susmaxillaire iï Eurhinodelphis Cocheteuxi occupe les trois cinquièmes du rostre, c'est qu'il considère le rostre comme étant complet. 108 O. ABEL. — LES DA.UPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN délimitation des ailes orbitaires en est aussi fortement influencée. Ceci nous montre également qu'il est impossible d'établir des espèces sur des portions isolées de crâne. Qu'on se souvienne, notamment, des variations individuelles des régions nasale et frontale. Par contre, nous avons pu reconnaître qu'il existe une différence très importante dans le rapport entre le Susmaxillaire de la région rostrale et le rostre entier. A cette différence il faut encore ajouter celle du nombre des dents : chez Eurhinodelphis longirostris, nous avons, dans chaque Susmaxillaire, 50 à 60 alvéoles ; tandis que, chez Eurhinodelphis Cochetetixi, il n'y en a que 37 à 40. La différence est donc à peu près de 20 alvéoles pour chaque Susmaxillaire. Une telle divergence ne peut pas être regardée comme sexuelle ou individuelle. Elle démontre la distinction spécifique des deux groupes de formes du genre Eurhinodelphis : une plus grande, Eurhinodelphis Cocheteuxi; et une plus petite, Eurh inodelph is long irostris . 2. — Prémaxillaire. Le sillon à arêtes vives du Prémaxillaire, qui forme le prolongement de la gouttière alvéolaire du Susmaxillaire, commence immédiatement contre la suture prémaxillo- susmaxillaire. Chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, ledit sillon est très étroit, atteignant à peine 1 millimètre de large (voir p. 14), mais il s'élargit progressivement (voir fig. 15, p. 67), et atteint même, vers l'extrémité brisée du rostre (crâne I, n° 3252, PI. VIII), dans le type de cette espèce, à peu près 3 millimètres de large. Chez Eurhinodelphis longirostris (PI. XIII), le sillon prémaxillaire est, au contraire, à son maximum de largeur près de la suture prémaxillo-susmaxillaire, et il se rétrécit visiblement vers le devant; l'extrémité antérieure n'a plus que I millimètre de large. Fig. 18. — Eurhinodelphis longirostris, du tius. — Boldérien (Miocène supérieur). Localité : Anvers. — Figure originale, Crâne XII (n° 344S du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique). — Grandeur naturelle. Coupe transversale dans la région antérieure du rostre. — Pour montrer : que cette région est uniquement constituée par le Prémaxillaire, — qui contient le prolongement de la gouttière alvéolaire du Susmaxillaire, sous forme d'une rainure dentaire rudimentaire, encore en connexion avec le canal dentaire, — rainure, pourtant, si étroite à son extrémité libre que des dents, même atrophiées, auraient difficilement pu y être logées, — lesdites dents atrophiées étant, à cause de cela, seulement implantées dans la gencive. PMX. — Prémaxillaire. (MIOCÈNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 109 Pas plus que pour EurhinodelpJiis Cocheteuxi, on ne peut admettre, pour Eurhinodelphis longirostris, que des dents fonctionnelles se soient trouvées dans le sillon prémaxillaire; il est bien encore relié au canal dentaire, mais il est absolument trop étroit pour avoir pu porter des dents ; en outre, il devrait montrer des traces de racines, et elles n'existent pas. Il est infiniment probable que le revêtement cutané prémaxillaire contenait des dents rudimentaires, comme c'est le cas dans certains Ziphioides, notamment chez le genre vivant Mesoplodon, pour le Susmaxillaire. Les Prémaxillaires se réunissent en avant sur la face supérieure du rostre et se séparent seulement au devant de la ligne préorbitaire sur une distance qui correspond à peu près à la longueur du crâne, mesurée jusqu'à ladite ligne préorbitaire. Dans cette fente, on voit d'abord, par devant, la région creusée en forme de barque du Vomer, dont la plus grande partie était remplie par le Mésethmoïde cartilagineux ; puis, par derrière, vient la portion ossifiée du Mésethmoïde. A peu près à l'extrémité antérieure du Mésethmoïde osseux, les Prémaxillaires se rapprochent de nouveau, sans cependant se toucher, puis s'éloignent latéralement très fort des narines, pour former un orifice triangulaire avec la partie du Mésethmoïde qui s'élève verticalement et qui est placée transversalement par rapport à l'axe longitudinal du crâne. Les Prémaxillaires atteignent leur plus grande largeur près de l'extrémité antérieure de cet orifice triangulaire, le gauche étant plus large que le droit ; sur le type, la différence est de 2 millimètres ; chez Eurhinodelphis Cocheteuxi (Type, PI. VI), au contraire, le Prémaxillaire droit est le plus large. Comme chez presque tous les Odontocètes, le Prémaxillaire droit est, chez Eurliiiio- delphis longirostris aussi, plus étiré vers le sommet du crâne. Dans l'espèce en question, la disposition des trous sous-orbitaires est très semblable à celle qu'on observe pour Eurhinodelphis Cocheteuxi. Des deux côtés, en arrière de la ligne préorbitaire, se trouve un grand foramen, qui se dirige d'arrière en avant, vers le bas et en dedans. Exceptionnellement, il y a encore un trou sous-orbitaire plus petit (PI. XI). Il se trouve toujours dans une gouttière qui est plus ou moins développée et qui se dirige, de la suture avec la grande aile orbitaire du Susmaxillaire, en avant et en dedans (comparer PI. XI et XII). La suture prémaxillo-susmaxillaire se continue, de la face supérieure du crâne, sur le rostre, comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi. Elle se trouve dans un sillon assez profond (notamment sur le crâne IV, n° 3235), mais ce sillon se sépare bientôt de la suture prémaxillo-susmaxillaire sur le rostre, où il se dirige en avant, parallèlement au bord externe, devenant graduellement moins profond, et disparaissant, sur le type, à 13 centimètres de l'extrémité antérieure brisée du rostre. Tandis que la largeur des Prémaxillaires paraît être soumise à des différences sexuelles et à des différences d'âge dans la région mésethmoïdale, et que la largeur de la fente interprémaxillaire diminue aussi avec l'âge, la position et la forme de la partie 110 O. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN rugueuse surélevée (qui est située latéralement et en dedans du trou sous-orbitaire) sont très constantes. Nous avons déjà parlé, jadis, de cette rugosité, en nous occupant de VEurhinodelphis Cocheteuxi (p. 68). Elle est nettement séparée du reste de la surface du Prémaxillaire ; de plus, elle est lanciforme et concave. Derrière elle, le Prémaxillaire est faiblement excavé ; cette excavation est particulièrement nette sur le crâne IV (n" 3235, Type du Priscodelphinus morkhoviensis). Sur la face inférieure du crâne, les Prémaxillaires sont encore visibles, en dehors de la région antérieure du rostre, comme limites latérales de la partie antérieure de cette fente qui laisse apercevoir le Vomer libre (PI. XIII). La partie postérieure de ladite fente est contournée par les Susmaxillaires. Sur le crâne I (PI. XII) une cassure du rostre nous montre nettement les rapports de grandeur entre le canal dentaire et la gouttière alvéolaire rudimentaire. 3. — Nasal. 11 est difficile de choisir un tj'pe normal pour les Nasaux, vu la grande différence de forme de la région nasale, d'individu à individu, par suite de la variation dans l'intensité du chevauchement des os de la face et de l'occiput. On peut dire, toutefois, que, dans l'espèce qui nous occupe, les Nasaux sont généralement des os allongés, ovales, bombés, dont l'axe longitudinal est perpendiculaire au plan médian du crâne; il faut, en outre, remarquer que le Nasal droit est toujours plus étiré, mais, par contre, toujours plus étroit que le gauche. Nous reviendrons, plus tard, d'une manière détaillée, sur ce phénomène d'asymétrie. Par devant, les Nasaux sont généralement limités par la plaque verticale du Mésethmoïde. Cependant, sur l'un des fragments de crâne (crâne III, n° 3250), ils sont séparés de cette plaque par une bande intercalée, qui est formée par les Frontaux ; ils sont, ici, tout à fait rudimentaires et se trouvent dans deux creux pyramidaux des Frontaux ; en pareil cas, ils ont très souvent disparu lors de la fossilisation (Exemples : Cyrtodelphis sidcatiis, du Boldérien d'Anvers, Individu II, n° 3247, PI. V, Fig. 2, p. 54 ; — Eurhino- delphis Cocheteuxi, Individu II, n" 3256, p. 83 ; Individu IV, n° 3232, p. S7 ; — Eurhinodelphis longirostris , Individu III, n°3250; — Eîtrhinodelphis cristatus, Individu I, n° 3234, PI. XV, Fig. I, perdu à gauche; Individu III, n° 3243, etc.). En général, les Nasaux sont limités : latéralement, par les Prémaxillaires ; et, en arrière, par les Frontaux. Cependant ces limites varient beaucoup, par suite de l'état rudimentaire desdits Nasaux. Les variations suivantes sont particulièrement remarquables. On voit (PI. XI), sur le crâne I choisi comme type (n" 3249), que les Susmaxillaires forment, en arrière des Prémaxillaires, la délimitation latérale des Nasaux. Derrière eux, (MIOCÈNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 111 les Frontaux sont tellement refoulés par le Susoccipital fortement prolongé en avant qu'ils ne sont visibles que comme de petits champs triangulaires entre celui-ci et les Nasaux, dans les interstices dus à la forme ovale de ces derniers. Dans un autre cas, les Nasaux sont si refoulés dans les Frontaux, qu'ils touchent à peine encore les Prémaxillaires (crâne V, n° 3244). Sur le même fragment de crâne, les Nasaux envoient, des deux côtés, une petite apophyse, dirigée en avant, entre le Mésethmoïde, le Frontal et le Prémaxillaire. Une semblable apophyse se trouve dans Nasaux d'un fragment de crâne iVEurlimo- delphis cri status (crâne V, n° 3237). Je n'ai pu observer, sur aucun crâne d'Eur/imodelphis longirostris, une forme parallélipipédique oblique comme celle qui existe chez Eurhinodelphis cristatus. En outre, la surface des Nasaux n'est jamais plate et en pente par devant; mais, en général, les Nasaux sont, comme je l'ai dit plus haut, de forme ovale et bombés, bien que variant à l'excès. La forme des Nasaux n'est pas du tout appropriée à servir à la distinction des espèces, à moins qu'on ne veuille l'employer arbitrairement pour la création de tout une série d'espèces. — Comparer, à ce propos, ce que j'ai dit pp. 34 et 54 sur les variations de la région nasale chez les Cétacés ('). 4. — Frontal. Les Frontaux ne présentent pas de divergences particulièrement remarquables par rapport à ceux d^Eurhinodelphis Cocheteitxi, si nous ne nous occupons pas de celles qui proviennent des variations individuelles du chevauchement des os du crâne. La plus forte poussée du Susoccipital en avant a pour conséquence qu'ils ne frangent pas d'une bande étroite, comme chez la plupart des Odontocètes, le bord postérieur des Susmaxillaires, mais qu'ils disparaissent tout à fait latéralement et qu'ils ne sont visibles, et encore d'une manière très restreinte, que dans la région médiane ; sur le crâne I (PI. XI et XII), les Frontaux ne deviennent apparents, sur le côté, sous le Susmaxillaire, qu'à l'endroit où l'apophyse postorbitaire s'avance fortement vers le bas à la rencontre du Squamosal. La suture interfrontale a parfois disparu, par suite de la synostose progressive des os de la tête (PI. XI, XIV, Fig. 1). Dans ce dernier crâne, les Frontaux occupent un espace assez important entre le Susoccipital et les Nasaux. (') Il est instructif de comparer les variations des Nasaux chez Simia satijnis avec les variations des mêmes os chez les Odontocètes. — E. Selenka, Die Rassen, Schàdel iiml Bezahnung des Orang-Utan. Wiesbaden, 1898 (Menschenaffen, 1. Liefg.) — " Les termes extrêmes de ces formes locales ont déjà le caractère d'espèces nouvelles, mais, comme elles sont toujours, sous beaucoup de rapports, reliées aux autres variétés par des formes intermédiaires, on ne peut pas encore les considérer comme fixées... — Les Nasaux sont les os les plus variables du crâne de l'Orang ,. (Comparer iig. 56« à fig. 74.) 16. — 1903. 112 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDÉRIEN Par contre, les Frontaux tiennent beaucoup plus de place dans la cavité crânienne et s'avancent, des deux côtés du Susoccipital, assez loin en arrière. L'ouverture crânienne la plus antérieure, qui est fermée par la plaque verticale du Mésethmoïde et qui a une forme ogivale, est limitée par les Frontaux (PI. XIV, Fig. 2). Sur la face inférieure du crâne, les Frontaux sont visibles au plafond des orbites. Ils rencontrent, par devant, le Lacrymal et le Jugal, puis le Ptérygoïde, et forment la paroi latérale de la cavité nasale. 5. — Lacrymal. Comme la continuation de mes recherches sur les crânes des Eurhinodelphides du Musée de Bruxelles me l'a démontré, il existe, chez ces Dauphins, un Lacrymal isolé du Jugal. Mais, tandis que cette autonomie a pu être observée nettement sur plusieurs crânes de VEurhiiiodelphis cristatus, où le Lacrymal est séparé du Jugal par une suture foliacée, le premier de ces os est toujours soudé au second dans les crânes à'Eurhinodelphis longirostris, de sorte qu'on ne peut tracer exactement leurs limites chez cette dernière espèce. Cependant, il est fort probable que le Lacrymal existe également ici sous la forme d'une lame mince située entre le Susmaxillaire et le Frontal. Il en est de même pour Eurhinodelphis Cocheteuxi. 6. — JugaL Le Jugal, de même que chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, n'est pas visible quand on regarde le crâne de dessus, parce que les ailes orbitaires sont fort élargies. Sur quelques crânes, de maigres restes de l'arcade zygomatique subsistent, et ils témoignent que cette arcade était très faible. 7. — Interpariétal. L'interpariétal n'est libre sur aucun des crânes ùi^ Eurhinodelphis longirostris. Dans quelques cas, il se pourrait qu'il ne fût pas synostosé avec le Susoccipital, mais avec les Frontaux (comparer crâne IV, PI. XIV, Fig. 1). 8. — Pariétal. Les Pariétaux sont bien conservés dans la plupart des crânes, quoique vers le milieu de la fosse temporale, oi^i l'os est le plus mince, ils soient régulièrement brisés. A l'extérieur du crâne, on observe comment les Pariétaux s'intercalent vers le haut, entre le Susoccipital (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 113 et le Frontal de la même façon que chez EurJnnodelpJiis Cocheteuxi, tandis qu'à l'intérieur on les voit prendre une plus grande part à la composition de la boîte crânienne. En arrière, le Pariétal est limité par le Susoccipital ; en dessous, par le Squamosal et l'AIisphénoïde ; au devant, par le Frontal. 9. — Squamosal. Les Squamosaux de VEurliinodelphis longirostris ne diffèrent guère, en général, de ceux de YEurhinodelphis Cocheteuxi. Ils sont situés entre l'Exoccipital, le Pariétal et l'AIisphénoïde. Leur partie la plus importante est l'apophyse zygomatique, c'est-à-dire cet os recourbé, en forme de croissant, qui, par devant, s'articule avec le Jugal et qui porte la surface articulaire pour la Mandibule. De même que chez Etirhinodelphis Cocheteuxi, la forme de l'apophyse zygomatique est, ici aussi, soumise à certaines variations. L'apophyse postglénoïde a, parfois, la même grandeur que l'apophyse zygomatique, mais elle est d'ordinaire plus petite. Les dépressions situées au-dessus de l'apophyse postglénoïde, pour le conduit auditif externe, sont habituellement séparées par une crête oblique plus ou moins développée ; les deux fosses varient beaucoup en étendue et en profondeur. Elles sont môme quelquefois infundibuliformes. On voit combien on doit être prudent dans l'emploi de simples variations de forme pour la distinction des espèces, par le développement très différent de l'apophyse zygoma- tique chez deux individus de Phocœna communis, Lesson, conservés au Musée de Bruxelles (PI. XVII, Fig. 7et8). Or, nous trouvons de semblables variations sur la plupart des os du crâne, et sur ceux des extrémités et de la colonne vertébrale; je me réserve de parler en détail de ce dernier point dans le troisième fascicule de mon travail, en traitant du squelette axial des Eurhinodelphides. Bien que la délimitation des espèces soit toujours arbitraire (voir p. 64), la comparaison de multiples individus permet cependant de fixer, dans une certaine mesure, l'amplitude de leurs variations, et il est regrettable que de semblables études n'aient été faites que pour quelques rares groupes d'animaux. 10. — Susoccipital. La forme générale de cet os est très semblable à celle de l'os du même nom chez Etirhinodelphis Cocheteuxi. Cependant, ses limites dans la région frontale varient assez bien ; le bord supérieur en contact avec les Frontaux et qui se glisse par dessus ceux-ci d'arrière en avant, comme on peut l'observer sur des crânes brisés, s'arrête parfois (et ceci 114 0. ABEL. - LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN est le cas le plus fréquent) aux Frontaux eux-mêmes; mais, parfois aussi, le Susmaxillaire est tellement refoulé en arrière, qu'il atteint le bord antérieur du Susoccipital, et il arrive même que le Susoccipital rejoint les Nasaux (PI. XI). Le bord antérieur du Susoccipital est, d'ordinaire, régulièrement convexe par devant ; il y a, cependant, des formes qui ont une échancrure médiane du bord antérieur, échancrure dont le développement varie. Voir, par exemple, le bord antérieur du Susocci- pital du crâne IV (n° 3235, PL XIV, Fig. 1). Vu de profil, le Susoccipital présente ordinairement un contour convexe, mais parfois la partie supérieure de l'os est renversée, par suite de la poussée des os de la face vers l'arrière, et l'os acquiert ainsi un contour concave. Ce dernier type de Susoccipital conduit déjà vers le Susoccipital de YEurhinodeJphis cristatus, lequel est toujours renversé et à pente raide, tandis que les formes typiques ont un Susoccipital assez fortement et régulièrement convexe, et qui n'est pas renversé en arrière. Le Susoccipital varie aussi dans le développement de cette gouttière longitudinale qui commence comme une dépression au-dessus du grand trou occipital, pour se continuer de là vers le haut comme un sillon médian plus ou moins large. Elle disparaît ensuite, en s'atténuant graduellement au bord supérieur du Susoccipital, contrôles Frontaux; ou bien, en cas de renversement du Susoccipital, elle est remplacée par une crête médiane, qui se prolonge jusqu'au bord antérieur de l'os (PL XVII, Fig. 1). Des deux côtés de cette gout- tière, sur la face externe du Susoccipital, celui-ci est bombé. S'il y a une crête médiane (donc, sur la partie supérieure renversée), on peut observer, des deux côtés, un creux en forme de fosse. La gouttière située dans le plan médian est, tantôt, nettement délimitée, large et profonde ; tantôt, mal séparée des régions latérales bombées, étroite et peu concave. Sur un crâne, la crête longitudinale manque entièrement sur la face supérieure; sur un autre, elle occupe une plus grande étendue, de telle sorte que la gouttière disparaît presque complètement; sur un troisième, on peut observer la crête seulement sur la partie la plus élevée de la région renversée (PL XIV, Fig. 1); sur un quatrième, le Susoccipital est abso- lument plat. 11 est probable que les différences d'âge et de sexe jouent ici un grand rôle. La gouttière (et la saillie médiane comme continuation supérieure de celle-ci vers le haut), correspondent à une crête se projetant, dans le plan médian, à l'intérieur de la cavité crânienne. Cette crête s'enfonce entre les hémisphères cérébraux de devant et en haut vers l'arrière et en bas; elle est falciforme (Faux du cerveau. — A. Gerstacker, Das Slielett des Dôglings, Hyperoodon rostratus. Pont., Leipzig 1887, p. 8; désignée, dans la première partie de ce mémoire, sous le nom de crête occipitale interne, p. 73 et suivantes). Elle est très mince chez Eiirhinodelphis lomjirostris, de même que chez Eurhinodclphis cristatus, et s'avance beaucoup plus dans la cavité crânienne que chez Eurhinodelphis Cocheteuxi (comparer Fig. 17, p. 73). On peut considérer comme une différence importante entre (MIOCENE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 115 cette dernière espèce et les deux espèces plus petites cVEurhinodelphis, que la faux du cerveau y est très épaisse à la base et s'amincit ensuite rapidement, tandis que, dans EurhinodelpJns longirostris et dans Eurhinodelphis cristatus, la lame osseuse est déjà très mince à sa racine et ne se rétrécit plus beaucoup ensuite, se projetant vers le bas comme une lame d'épaisseur à peu près égale. Il est, par contre, douteux que la longueur relative doive être considérée comme importante. Pour établir ceci, il faudrait faire une étude comparative sur des espèces vivantes, ce qui ne m'a été possible que dans des limites assez restreintes. J. F. Meckel [System der vergleichenden Ânatomie II, 2, p. 592) dit que, dans les cas qu'il a observés, la partie supérieure de la faux du cerveau n'était que faiblement reliée au Susocciptal, et il pense qu'elle a une origine autonome. Avec l'autorisation de M. le Conservateur L. von Lorenz, j'ai pu faire pratiquer une coupe médiane du ci'âne d'un DelpJiimis lencopleurus du Musée impérial et royal d'Histoire naturelle de Vienne, crâne dans lequel la crête occipitale interne était exceptionnellement développée, et voici ce que j'ai constaté. Au-dessus du foramen magnum commence la cloison osseuse verticale près de l'extrémité supérieure de la fossette vermienne. Son bord inférieur s'avance presque horizontalement (faiblement arqué) vers le devant, mais se redresse alors presque subitement vers le haut. Ladite crête s'étend sous le Susoccipital, puis, plus loin, sous les Frontaux, et encore le long de la paroi crânienne antérieure, vers le bas, mais n'y formant qu'une crête courte et étroite, tandis que la partie qui sépare les lobes temporaux fait une plus forte saillie dans la cavité crânienne. 11. — Exoccipital. Tandis que, chez Eurhinodelphis Cochetetixi, le grand trou occipital est plus haut que large et que les bords internes des condyles occipitaux, fortement convexes, divergent à peine vers le haut, la forme du grand trou occipital varie assez chez Eurhinodelphis longirostris; il y est plus large que haut et les bords internes des condyles divergent plus fort vers le haut. Le grand trou occipital a une tout autre forme chez Eurhinodelphis cristatus, comme nous le verrons plus tard. Malgré ce que je viens de dire, je n'ose pas attribuer une trop grande importance à ces différences, puisque, chez divers individus de Phocsena coinmunis, les grands trous occipitaux varient aussi beaucoup. Il est, pourtant, curieux que la clôture du grand trou occipital vers le haut se fasse graduellement par un contour curviligne chez Eurhinodelphis Cocheteu.ri (PI. IX, Fig. I), tandis que, chez Eurhinodelphis longirostris, de même que chez Eurhinodelphis cristatus, la partie moyenne de l'arc est fermée par un arc surbaissé. Je n'ai pu trouver de transitions entre ces deux types. 116 0. ABEL. - LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN A l'intérieur de la cavité crânienne se trouve la fossette vermienne, au-dessus du grand trou occipital; elle est séparée ici des fosses cérébelleuses par des crêtes paravermiennes obliques, dirigées vers le haut et en dehors (fig. 16, p. 73), et non pas, comme chez Eurhinodelphis Cocheteiixi, par des crêtes paravermiennes légèrement en pente vers le bas. La hauteur et la position du grand trou occipital paraissent beaucoup plus impor- tantes. Nous trouvons, parfois, les condyles occipitaux faisant une forte saillie (PI. XII) et placés assez haut sur le crâne, comme chez Eurhinodelphis (7oc/?f^f^«a-/, mais, parfois, ils sont situés plus bas (PL XVII, Fig. I) et ne s'avancent pas trop. La situation plus ou moins élevée paraît, pour autant qu'on peut en juger par le genre Eurhinodelphis, être en rapport avec le chevauchement plus ou moins accusé des ,os de la face et de l'occipital sur le crâne proprement dit. Chez Eurhinodelphis cristatus (PL XII) nous trouvons les condyles plus bas que chez Eurhinodelphis longirostris (crâne IV, Type du Priscodelphinus morckhoviensis, PL XVII, Fig, 1), espèce chez laquelle la compression du crâne par le chevauchement des os de la face et de l'occiput atteint son point culminant. L'apophyse paroccipitale est, comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, enroulée en cornet, et n'embrasse pas le Tympanique. Elle ne sert qu'à l'attache de l'appareil hyoïdien, c'est-à-dire du Stylohyal. La forme de cette apophyse peut surtout être bien observée sur le Type (PL XIII). Elle y est très semblable à celle de V Eurhinodelphis Cocheteuxi (PL VIII). La différence consiste en ce que les évidements en forme de cornet ont leurs axes longitudinaux qui convergent par devant chez Eurhinodelphis Cocheteuxi (PL VIII), tandis que, chez Eurhinodelphis longirostris (PL XIII), ces mêmes axes divergent assez fort dans la même direction. Entre l'apophyse paroccipitale, et le condyle occipital il y a une dépression percée par le trou condylien, par où sort l'Hypoglosse. 12. — Vomer. Le développement de cet os ne ditfère pas sensiblement de celui de V Eurhinodelphis Cocheteuxi. Ici, aussi, le Vomer forme une grande partie du rostre; tandis que le Vomer contribue, dans le Type, à peu près sur une longueur de 14 centimètres, à la formation de la base du crâne, sa partie rostrale atteint presque 20 centimètres (PL XIll). Chez l'animal vivant, le Vomer, dans sa dépression en forme de barque, reçoit le Mésethraoïde ; mais, comme celui-ci reste cartilagineux dans sa région antérieure, on voit, à l'état fossile, le Vomer, sur la face supérieure du crâne, dans la large fente formée par les Prémaxil- laires. Sur la face inférieure du crâne, le Vomer est visible à deux endroits : d'abord, dans le rostre (par une fente qui est toujours formée en avant par les Prémaxillaires et en arrière par les Susmaxillaires) et, ensuite, dans la région palatine, où le Vomer se dresse d'abord en carène, et passe ensuite en une large lame concave, qui s'étale en arrière sous (MIOCÈNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 117 le Mésethmoïde, le Présphénoïde et la partie antérieure du Rasispliénoïde. Sur le côté, il joint les Ptérygoïdes. Bien qu'il ne soit habituellement pas visible entre les Palatins, il le devient cependant dans un cas (Individu III, n° 3250), où la suture interpalatine n'existe que dans le tiers antérieur de ces os. 13. — Mésethmoïde et Présphénoïde. Ces deux os sont ordinairement synostosés ; mais, dans un cas, sur le crâne II (n° 3238), on voit une suture distincte à l'extrémité postérieure du Mésethmoïde : ici, le Mésethmoïde et le Présphénoïde étaient donc séparés. Le Mésethmoïde ferme d'une lame verticale l'orifice le plus antérieur de la cavité crânienne, orifice qui est délimité par les Frontaux. C'est la lame qui correspond à la lame criblée de l'anatomie humaine. Entre celle-ci et les bords des Frontaux se trouve, des deux côtés, un trou assez grand qui peut être particulièrement bien observé sur le crâne V (n° 3244, PI. XVII, Fig. 2). La ressemblance curieuse dans le développement de ces trous avec ce qu'on voit chez les Physétérides, qui sont les seuls de tous les Odontocètes possédant des nerfs olfactifs à l'état adulte, sera mise en évidence quand il sera question de ce reste de crâne, et aussi plus tard, à propos des trous de la base du crâne dans le genre Enrhinodelphis ; ces trous ne sont certainement pas autre chose que les ouvertures pour les nerfs olfactifs. Par devant, la lame verticale se continue, en une forte crête osseuse, laquelle sépare les deux moitiés de la cavité nasale et qui, au-devant de celles-ci, s'élargit en un os résistant, qui s'enfonce dans le creux en forme de bateau du Vomer. Suivant l'âge, cette partie est plus ou moins ossifiée; sa surface est grêlée, parfois convexe, parfois concave, son extrémité antérieure est ordinairement hémisphérique là où elle passait à la partie cartilagineuse, aujourd'hui disparue. Le Mésethmoïde n'est visible que sur la face supérieure du crâne. Sur la PI. XIV, Fig. 2 (crâne IV, n" 3235), le Mésethmoïde est, pourtant, visible à l'intérieur du crâne comme clôture antérieure de la cavité crânienne, par suite de la perte de la paroi droite de la fosse temporale. Le Présphénoïde, qui est toujours recouvert, dans toute son étendue, par le Vomer placé sous lui, n'est visible qu'à l'intérieur de la cavité crânienne. Il est relié aux Ptérygoïdes, qui en descendent latéralement, et aux Orbitosphénoïdes, qui en montent latéralement. 14. — Basisphénoïde et BasioccipitaL Le Basisphénoïde est, ici aussi, entièrement soudé avec le Basioccipital; il est en contact, par devant, avec le Présphénoïde par une synchondrose ordinairement très visible. 118 O. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Dans sa partie antérieure, le Basisphénoïde est recouvert par la large lame postérieure du Vomer. Les ailes latérales du Basisphénoïde et du Basioccipital réunis, très développées et qui descendent obliquement vers le dehors, se continuent, par devant, dans les apophyses latérales des Ptérygoïdes. Le Basisphénoïde est percé par le canal carotidien, qui est presque toujours nettement visible. Ce canal traverse la suture alisphénoïdo-basisphénoïdale. Il perce le Basisphénoïde obliquement, étant dirigé en arrière, vers le bas et vers le dehors. A cause de cela, il n'est pas visible sur la face inférieure du crâne. Parfois, on peut bien suivre les limites du Basioccipital vers les Exoccipitaux. On voit, alors, que la suture basioccipito—exoccipitale, à partir de l'extrémité postérieure des ailes basioccipi taies, se dirige vers le haut et en avant, pour s'infléchir ensuite à angle aigu et former avec sa symétrique une languette qui s'arrête brusquement devant le grand trou occipital. Tout cela se voit le mieux sur le crâne III (n° 3250) ; aussi, mais moins nettement, sur le Type (crâne I, n° 3249; PI. XIII). Ordinairement, la suture basioccipito-basisphénoïdale a disparu, mais on en devine encore la place, parce que les Exoccipitaux sont placés un peu moins haut que le Basiocci- pital, de telle sorte que celui-ci ressort davantage, lorsqu'on observe le crâne de dessous. 15. — Alisphénoïde. La situation des Alisphénoïdes est la même que chez Eurhinodelphis Cocheteuxi; ils partent latéralement du Basisphénoïde et se recourbent assez fort vers le haut, en se réunissant par devant avec l'Orbitosphénoïde, puis, eu dehors, avec le Squamosal et le Pariétal. La suture squamoso-alisphénoïdale se dirige obliquement de devant et du dehors, en arrière et à l'intérieur. Il n'est pas possible de voir de quelle manière le trou grand rond perce l'Alisphénoïde, parce que la région qu'il traverse a toujours disparu. Par contre, on voit, sur deux crânes, l'Alisphénoïde percé par le trou ovale ; dans l'un des cas (crâne H, n° 3238), il est séparé du trou déchiré antérieur par un pont osseux formé du bord postérieur de l'Alisphénoïde ; dans l'autre cas (crâne IV, n" 3235), il est en communication avec le trou déchiré postérieur. Comme la comparaison avec de multiples individus d'espèces vivantes le montre, la disposition des foramina qui traversent l'Alisphénoïde (c'est-à-dire : devant, le trou grand rond ; derrière, le trou ovale) varie beaucoup et ne peut être employé comme caractère spécifique. On peut reconnaître que la compression du crâne, par suite du chevauchement des os de la face et de l'occiput, a quelque influence sur la position des foramina dans la région orbitosphénoïdo-alisphénoïdale ; par suite du télescopage des os du crâne, général chez les (MIOCÈNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 119 Odontocètes, l'Alisphénoïde perd graduellement ses perforations, et le trou grand rond se confond avec la fente sphénoïdale, le trou ovale avec le trou déchiré postérieur. La fente sphénoïdale est toujours située entre l'Alisphénoïde et l'Orbitosphénoïde. C'est une grande ouverture, de contour irrégulier, dont on ne peut fixer exactement les limites, par suite de la mauvaise conservation des Orbitosphénoïdes. 16. — Orbitosphénoïde. Ces os sont sensiblement plus petits et plus délicats que les Alisphénoïdes. Tandis que ces derniers se rattachent au Basisphénoïde par leur bord le plus étroit, les Orbito- sphénoïdes sont fixés par leur bord le plus large au Présphénoïde. Sur l'un des crânes (crâne IV, n° 3235, PI. XIV, Fig. 2), on voit comme l'Orbitosphénoïde droit est recouvert complètement par une mince lame du Ptérygoïde. Dans tous les autres cas, les Orbitosphénoïdes, abstraction faite de leurs attaches présphénoïdales, ont disparu à cause de leur fragilité, due à leur nature lamelleuse. 17. — Palatin. La forme des Palatins de YEurhinodelfhis longirostris est très dilférente de celle des Palatins de VEurhinodelphis Cocheteuxi, mais moins de celle de Y Eurhinodelphis cnstatus. Chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, ces os ont une forme extrêmement caractéristique : pour cette espèce, le bord extérieur des Palatins est toujours un petit V ouvert anté- rieurement, et il y a un ressaut en arrière de chaque côté (comparer crâne I, PL VIII et PI. IX, Fig. 1 ; crâne III, PL X, Fig. 2; et p. 77-79). Chez Eurhinodelphis longirostris, au contraire, le bord externe des Palatins ne porte jamais de ressaut, mais passe graduellement en arrière; il n'y a, non plus, jamais de V par devant, entre les extrémités de ces os, et ceux-ci se joignent étroitement, finissant antérieurement, soit en arc, soit en pointe (comparer PL XVIII, Fig. 1 et 2). Les Palatins sont, généralement, appliqués l'un contre l'autre sur toute leur étendue, le long de la ligne médiane, mais il arrive aussi qu'une ouverture reste parfois entre eux, de sorte que le Vomer fait hernie par celle-ci. Lorsque la suture interpalatine est ininterrompue, on ne commence à apercevoir le Vomer que dans sa partie en crête, qui forme la cloison des fosses nasales. La surface des Palatins est très lisse dans la partie encadrée par les Ptérygoïdes, notamment par les sinus postpalatins, tandis que leur région médiane et leur région antérieure sont rugueuses. Dans les cas où les attaches du sinus postpalatin ne sont pas très nettes, l'absence des rugosités donne un bon moyen pratique d'établir ses limites. 17. — 1902. 120 0. ABEh. — LES DAUI^HINS LONGIROSTRES DU BOI.DÉRIEN En outre, la partie rugueuse est toujours convexe, la partie lisse, correspondant au sinus, toujours excavée. Ceci se voit fort bien sur le crâne IV (n" 3235, PI. XIV, Fig. 2), lequel est très bien conservé. Les Palatins offrent donc un excellent caractère pour séparer Enrhinodelplns longi- roslris, iVEurliinodelp/ns Cocheteuxi et im EurhinodelpMs cristatus. Cette dernière espèce, proche parente à'Eîirhinodelphis longirostris, s'en distingue par l'existence d'un V antérieur et par les bords extérieurs rcctilignes des Palatins ; elle montre aussi plus fréquemment une fente interpalatine. 18. — Ptérygoïde. Comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, les Ptérygoïdes sont, ici aussi, des os très délicats et très fragiles, et dont, à cause de cela, la plus grande partie disparaît dans la fossi- lisation. A deux endroits seulement des restes des Ptérygoïdes sont généralement conservés : l'un se trouve latéralement et extérieurement au Palatin, se pose comme lame mince sur. le Susmaxillaire et touche au Frontal; l'autre forme la partie antérieure des ailes latérales qui sont constituées par le Basisphénoïde et par le Basioccipital (les Orbitosphénoïdes sont recouverts par un prolongement supérieur de cette dernière apophyse ptérygoïdienne) (PI. XIV, Fig. 2). Les attaches des sinus postpalatins varient beaucoup et sont aussi, parfois, asymé- triques; on peut juger du degré de leur variation par les figures de la région palatine de deux individus différents; mais il y a des transitions variées entre ces deux termes de déve- loppement. Sur le crâne IV (n° 3235, PI. XVIII, Fig. 2) et sur le crâne II (n° 3238), l'attache du sinus postpalatin gauche est plus reculée en arrière, de telle sorte que, de ce côté, une partie plus étendue du Palatin reste libre. Dans les régions des Palatins et des Susmaxillaires qui sont encadrées par les sinus postpalatins, on peut distinguer les deux divisions suivantes, très différentes de grandeur, comme chez Ewhinodelphis Cocheteuxi. La plus grande de ces divisions (par exemple, au n" 3235) commence à. cette partie du Palatin où la fente interpalatine s'ouvre largement en arrière pour laisser apparaître le Vomer. De là, sa limite, légèrement arquée, se dirige vers le bord externe du Palatin, croise celui-ci et, assez loin en avant de l'extrémité antérieure du Palatin, se recourbe en arrière et se dirige vers le Jugal. La seconde division, plus petite, qui est embrassée par les attaches du sinus postpalatin, commence au même endroit que la première division, mais se tourne immédiatement vers le dehors, en haut et en arrière. Une crête, déjà formée par le Palatin et qui sert d'attache au Ptérygoïde, se continue vers le haut, devenant toujours plus haute et plus forte, sur la lame par laquelle le Ptérygoïde s'appuie sur le Susmaxillaire ; nous nous trouvons donc ici (MIOCENE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 121 tout à fait dans le même cas que chez Eurhmodelphis Cocheteuxi (comparer PI. VIII et X, Fig. I et 2). La délimitation de la lame ptérygoïdienne dont il vient d'être question n'a pas été tracée, ni sur la reproduction photographique de la face inférieure du crâne à'Eurhi- nodelphis longirostrîs (PL XIII, XIV, Fig. 2), ni sur les esquisses schématiques (PI. XVIII, Fig. I et 2), car il était impossible de le faire d'une manière certaine. Mais il est sûr que les régions lamelleuses par lesquelles les Ptérygoïdes se rattachent aux Palatins ont la même position et la même signification que chez Enrhinodelphis Cocheteuxi. 19. — Périotique. Les Périotiques, tous deux très bien conservés (ils mesurent 36.5 millimètres de long, Crâne XI, n° 3447, PI. XVII, Fig. II et 12), sont formés d'une grande partie centrale hémisphérique et de deux parties latérales. La position des Périotiques par rapport à la capsule crânienne est la suivante : Le Périotique étant vu de l'intérieur de la cavité crânienne, la partie rentlée se trouve en dedans, les deux apophyses, dont la postérieure est reliée au Tympanique, sont en dehors. La portion renflée est percée par un très grand orifice infundibuliforme qui repré- sente le conduit auditif interne. Le diamètre longitudinal de l'orifice semi-lunaire est de 10 millimètres; le diamètre transversal est de 6.5 millimètres. Près de l'extrémité posté- rieure du conduit auditif interne et en dedans de celui-ci, du côté de la cavité crânienne, s'ouvre un second petit oriiice, de 4 millimètres de diamètre, dans le Rocher. La face externe du Périotique doit être orientée comme suit : Le Rocher, sphérique, est dirigé vers l'intérieur du crâne ; l'apophyse postérieure, élargie en forme d'aile, et l'apophyse antérieure, épaissie en forme de bouton, vers l'extérieur. Sur cette face externe, tournée vers le bas, se trouvent : 1° la fenêtre ovale, fermée par l'étrier; 2° la fenêtre ronde; et 3" le canal de Fallope (d'après Flower). Ces orifices sont disposés de telle sorte que la fenêtre ovale se trouve au milieu de la surface de l'os. La fenêtre ronde se trouve en arrière et en dedans de la fenêtre ovale ; le canal de Fallope, partant du rocher par un orifice placé en dehors et tout contre la fenêtre ovale, et passant près de cette fenêtre, se dirige obliquement en arrière et vers l'intérieur du crâne, et sort du Périotique en arrière de la fenêtre ronde ('). (') L'orientation des Périotiques, dans le travail de J. Probst (Uchei- die Ohrenknochen fossiler Cetodoiiten aus der Molasse von Baltringen, OALaupheim, — Jahresh. des Ver. k. vaterland. Naturkunde in Wûrttemberg, 1888, p. 46, PI. Ml), est absolument inexacte. Probst appelle face interne la face tournée vers la caisse chez l'animal vivant; et face externe la face opposée. Sur la PI. I, les Fig. 1, 3, 5, sont, comme l'auteur le dit e.xpressénient, des vues externes ; et les Fig. 2. 4, 6, des vues internes. Puis, plus loin, Probst ajoute que la face externe " se reconnaît faci- lement à un grand orifice ovale et qui est appelé la fenêtre ovale ,. Or, la ' fenêtre ovale , de Probst n'est pas autre chose que le conduit auditif interne. 122 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN La région antérieure du Périotique, qui se trouve en dehors et latéralement au Rocher, est très compacte. Sa forme est la suivante. Si on regarde le Périotique du côté de la caisse tympanique, on voit s'élever latérale- ment, à la sortie du canal de Fallope, une masse osseuse compacte, semblable à une poignée de béquille courte et grosse, ou à un turban double, dont les extrémités sont effilées et tournées vers le spectateur; cette partie du Périotique est fort concave en son milieu (A). Eurhinodelphis longirostris, du Bus. — Boldérien (Miocène supérieur). Localilé : Canal d'HerenUials, près d'Anvers. — Crâne XI (n" 3i47 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique), — Grandeur naturelle. Périotique droit, vu de dessous. — Fig. 1 1, PI. XVII, un peu schématisée. — Région antéro-externe. — Région plus petite, située obliquement au- dessous de la précédente, et en forme de poignée de béquille. Région pétreuse. Région postérieure en connexion avec le Tympanique. Fenêtre ovale. Fenêtre ronde. Canal de Fallope. Sur cette partie se pose obliquement une autre partie plus petite, également très compacte, dirigée vers l'intérieur du crâne, et qui a également la forme d'un bout de béquille court, gros et très fort (B). Ici aussi les extrémités sont tournées vers l'observateur (du crâne vers le bas) ; la partie externe effilée est plus forte que celle située en dedans et se trouve à peu près dans l'axe de la partie plus grande en forme de béquille, axe qu'on doit se représenter comme passant par les extrémités de cette partie. L'apophyse postérieure du Périotique (D), qui est reliée à l'extrémité postérieure du Tympanique, est élargie en forme d'aile, plate et assez mince, de telle sorte que les bords ont été plus ou moins brisés lors de la fossilisation. Sur cette partie se trouvent, sur la face tournée vers la caisse, des crêtes osseuses qui s'emboîtent dans les creux correspondants de l'apophyse qui part du Tympanique. Mais, tandis que ces crêtes osseuses sont très (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 123 délicates dans les Périotiques d'autres formes de Cétodontes, elles sont assez fortes chez Eurhinodelphis longirostris et se trouvent plus isolées. Sur le Périotique du Béluga leticas, dont je donne le dessin comme terme de compa- raison, on voit que les crêtes osseuses montrent une disposition nettement rayonnée et on doit regarder la fenêtre ovale comme le centre de radiation (comparer PI. XVII, Fig. 10). Chez Eurhinodelphis longirostris les rayons ont la même origine. On peut voir nettement que la partie moyenne de l'apophyse périotique postérieure est un peu bombée vers le haut, sur la face tournée vers la caisse, sans y former cependant une carène. Le prolongement le l'apophyse postérieure est également très faible et n'atteint nullement le développement qu'on voit chez quelques Physétérides (^). Le bord antérieur de l'apophyse postérieure qui limite le canal de Fallope est un peu arqué vers le haut et renflé en bourrelet vers l'extrémité du canal. Le canal de Fallope fait le tour de l'apophyse dans laquelle est enchâssée la fenêtre ovale. L'étrier a, naturellement, disparu dans la fossilisation ; on peut se rendre compte de sa position par rapport au Périotique intact à l'aide de la figure ci-jointe de l'étrier d'un Béluga leucas (PI. XVII, Fig. 10). La fenêtre ovale est plus petite que la fenêtre ronde; la première a 3 millimètres, la seconde, 4 millimètres suivant son plus grand diamètre. 20. — Tympanique. Sur le crâne IV (n° 3235) le Tympanique gauche est conservé, mais, malheureusement, en fort mauvais état. Il est solidement tixé au Périotique, lequel est encore uni au.\ os du crâne (PI. XIV, Fig. 2, BT.). 21. — Mandibule. 11 y a assez bien de fragments de Mandibule, et ils permettent de reconstituer l'os entier d'une manière assez satisfaisante. Les rameaux libres du maxillaire passent graduellement dans la région symphysienne, au lieu d'en être nettement détachés, comme, par exemple, chez Pontoporia ou Platanista. (') Gervais et Van Beneden. Ostéographie, PI. XIX, Fig. 2 (Organe de l'ouïe de Hyperoodon roslmtus) ; W.-H. Flower, Eiitleitiing in die Osteologie der Siiugethiere, p. 304; VV.-H. Flower. On the Osteologij of the Cachalot. Trans. Z. S. VI, p. S'il ; W.-H. Flower. On the récent Ziphioid IVhales. Trans. Z. S. VIII, PI. XXIX (Organe auditif de Berardius Arnuxi et à'Hgperoodon rostratus), p. 219. 124 O. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Ils sont percés : le droit, de 13 alvéoles; le gauche de 14; mais on ne peut préciser le nombre d'alvéoles sur la région symphysienne. Il n'est pas possible de dire, non plus, si la portion de la Mandibule placée sous le Prémaxillaire édenté portait des dents, ou si elle n'en avait pas ; il se peut que la Mandi- bule ait été armée de dents pointues et coniques jusqu'à son extrémité antérieure, tandis que la partie des Prémaxillaires qui la surmonte n'avait qu'une gouttière avec dents rudimentaires. Ce serait donc, ici, comme chez le Plujscter macrocephalns ; il est vrai qu'on ne peut rien affirmer positivement. Il est, d'autre part, fort peu probable, vu la gracilité de la Mandibule vers son extré- mité antérieure, qu'elle ait eu une ou plusieurs dents développées d'une manière excessive, comme nous le voyons chez les Ziphioïdes. Les alvéoles sont fort rapprochées dans la partie postérieure des rameaux mandibu- laires libres ; elles s'éloignent toujours davantage vers le devant, mais, cependant, se rapprochent de nouveau avec le début de la symphyse. Dans la proportion que croît la force des cloisons osseuses qui séparent les alvéoles avant le commencement de la région symphysienne pour diminuer de nouveau graduelle- ment dans cette région, les dimensions des alvéoles augmentent vers le devant, pour diminuer ensuite dans la région symphysienne. Afin de mieux expliquer ce rapport, nous donnons ici les mesures de l'épaisseur des différents ponts osseux entre la 1" et la 23° alvéole du rameau mandibulaire droit (^Ettrhinodclphis long irost ris, Individu IX (n° 3E39) (comptées en commençant par derrière). COMMENCEMENT DE LA SYMPHYSE i 1 I 2 I 3 I 4 I 5 I 6 I 7 I 8 I 9 1 10 1 11 1 12 13 1 14 I 15 I IG I 17 I 18 I 19 I 20 I 21 I 22 l.o|l.o|l.o|l.5| 2 |2.4!3.o|3.o|3.5|5.o|5.o|4.o|4.o|4.o|4.o|3.8|3.8|3.8|3.5|3.o|3.o|2.6 Sur un crâne (lH Ëurhinodelphis loiifjirostris (Individu IV, n" 3235, PI. XIV, Fig. 2), on voit que les alvéoles dentaires du Susmaxillaire droit sont également très étroites au début et qu'elles deviennent plus grandes vers le devant, comme c'est d'ailleurs tout naturel; le diamètre des alvéoles, de même que la force des cloisons osseuses entre celles-ci, augmentent cependant, ici, jusqu'à la 10° alvéole. Puisque nous devons nous représenter les distances des dents dans la Mandibule comme correspondant à celles du Susmaxillaire, il en résulte une anomalie, sans grande importance cependant ; sans parler des alvéoles du Cyrtodelphis sidcatus, qui montrent aussi des variations analogues par rapport à leurs distances et à leur accroissement, on peut constater des variations de même nature chez les Cétacés actuels. La direction des racines dos dents mandibulaires mérite aussi notre attention. — Dans la Mandibule (Individu IX, PI. XVII, Fig. 4) dont nous avons donné, plus haut, les (MIOGKNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 125 dimensions des cloisons alvéolaires, les dents postérieures des rameaux libres sont inclinées par devant; cependant les racines se penchent bientôt de moins en moins, et les racines de la lO à la 12^ dent sont presque verticales. Mais, à partir du commencement de la symphyse, donc de la 13^ dent, la direction des alvéoles change encore; les racines sont d'abord faiblement inclinées en arrière, puis de plus en plus. 11 en résulte donc que les dents les plus fortes, placées au début de la région symphysiennè, sont enfoncées verticalement dans la Mandibule, tandis que celles des dents sijmphysiennes décroissant en avant sont inclinées en arrière dans la Mandibule, et les dents des rameaux libres qui décroissent en arrière sont inclinées en avant. L'angle de la symphyse mandibulaire est arrondi sur la face supérieure, mais il paraît aigu sur la face inférieure, par suite d'un foramen impair médian, qui entre dans la symphyse, foramen que nous avons déjà rencontré au même endroit chez Cyrtodelphis sulcatus (0. Abel, Unterstichungen iiber die fossilen Platanistiden des Wiener Beckens, Denkschr. d. k. Akad. d. Wiss. WiEN, 1899, vol. LXVIII, PI. II, Fig. 5, 6 ; PI. IV, Fig. I, 2; p. 859.) La face externe de la région symphysienne présente un sillon longitudinal, le sillon mentonnier, qui est plus ou moins développé. Sur la face supérieure de la région symphysienne se trouve un sillon médian, plus ou moins profond, au milieu duquel la suture intersemimandibulaire reste visible comme une ligne fine et nettement marquée ; sur la face inférieure, la suture intersemimandibulaire a, par contre, ordinairement disparu. Le condyle de la Mandibule est puissant, et profondément et fortement excavé. Les rameaux mandibulaires libres, qui étaient extrêmement délicats, avaient une forme qui sera décrite brièvement d'après l'Individu X (n° 2501). Il est très compréhensible que la plus grande force de la mastication se concentre dans la région la plus résistante de la Mandibule, région qui se trouve, ici, au commen- cement de la symphyse. Nous trouvons les racines implantées de la même manière chez Cyrtodelphis sulcatus, Gerv. Les éléments que j'avais à ma disposition en publiant mes Untersuclmngen iiber die fossilen Platanistiden des Wiener Beckens (Denksch. d. Mat. Nat. Cl. d. K. Akad. D. Wiss., Vienne, vol. LXVIII, 1899) autorisaient l'opinion que Cyrtodelphis était un Odontocète homodonte polyodonte, qui avait déjà traversé la phase hétérodonte, et j'ai aussi exprimé cette opinion p. 39 de la première partie de ce travail. Une nouvelle découverte, celle d'une Mandibule de Cyrtodelphis sulcatus, faite près d'Eggenburg, par M. Krahuletz, et que j'ai mentionnée p. 55, démontre que les racines des dents étaient fortement recourbées en arrière dans la région de la symphyse, donc comme chez Eurhinodelphis longirostris. D'autre part, tout récemment, mon ami, le D'' G. dal Piaz, a décrit quelques restes de Cyrtodelphis sulccdus de la Mollasse de Belluno [Di alcuni resti di Cyrtodelphis sulcatus dell' arenaria miocenica di Belluno. Pal^ontographia italica, 126 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Pisa, vol. VII, 1901, pp. 287-292, PI. XXXIV), et il résulte de ce travail que Cijrtodelphis doit être classé comme hétérodonte, puisque les dents mandibulaires antérieures sont comprimées bilatéralement et lanciformes, et quelles ditFèrent ainsi complètement des dents mandibulaires postérieures, dents dont la couronne est ramassée, recourbée en arrière et épaissie à la base. — On voit, en outre, très nettement (PI. XXXIV, Fig. 5) la singulière courbure de la racine, tandis que la couronne est presque verticale. On doit, par conséquent, considérer Cyrtodelpliis comme une forme intermédiaire entre les Squalodontides, hétérodontes typiques, et les Delphinides, plus récents, qui sont homodontes polyodontes. Vus de côté, les rameaux mandibulaires atteignaient à peu près leur plus grande hauteur au-dessous de l'orbite ; le prolongement en ligne droite du sillon mentonnier de la région symphysienne vers l'arrière, passerait à peu près par le centre du condyle de la mandibule. A partir de cette ligne, les rameaux mandibulaires, laminiformes descendent assez bas, ce qui donne au contour inférieur de ces rameaux un profil curviligne concave. Vus d'en haut, les rameaux mandibulaires ne se présentent pas comme des branches rectilignes divergeant de plus en plus en arrière, mais ils se recourbent fortement vers l'intérieur, ce qui donne une courbe comme celle que avons vue chez un autre Odontocète à longue symphyse : Ci/rtochlphis sulcatus (0. Abel, L c, PI. IV, Fig. 1, 2, p. 859). Seulement, ici, la forme remarquablement elliptique provenait de la compression du crâne, qui rapprochait encore davantage les rameaux mandibulaires, sans cela déjà si fortement recourbés vers le dedans ; mais, à la Mandibule d'Anvers, cette compression n'existe pas, car, en général, les restes de crânes ne sont pas écrasés. 22. — Dents. Sur les restes des crânes des 17 individus à'EurhinodeIphis longirostris du Boldérien d'Anvers les dents ont toutes disparu, à l'exception d'une seule se trouvant in situ : preuve que les dents étaient très légèrement implantées dans les avéoles. La dent en question (PI. XVII, Fig. 5) appartient à l'Individu VI (n° 3239), que du Bus avait désigné sous le nom de Priscodelphinits puîvinatns. Elle se trouve dans la portion libre du rameau mandibulaire droit; par suite du voisinage de la symphyse, elle n'est pas implantée très obliquement; sa racine n'est fortement recourbée vers le devant que dans sa partie la plus inférieure ; les limites de la dent et de l'os sont marquées en couleur blanche sur la figure. La couronne est légèrement inclinée en arrière ; la courbure n'en est pas dirigée de devant en arrière, mais de dehors en dedans, la face externe convexe, la face interne un peu concave. L'émail est d'un noir brillant, entièrement lisse. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 127 A la base de la couronne, un bourrelet. — La coupe de ladite couronne est ovale. La longueur de la dent entière est de 24 millimètres, la longueur de la couronne de 13 millimètres, le diamètre du bourrelet basilaire de G millimètres. Individu I. N" 3249 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PI. XI, XII, XIII. — Type de YEurhinodelphis longirostris. Localité : 4'' Section, Anvers, janvier 1862. DIMENSIONS Longueur totale (ciàne incomplet) 106 centimètres Longueur du rostre (incomplet) 87 „ Largeur du rostre (ligne préorbitaire) 9 Diamètre bizygomatique 20 5 Hauteur du crâne 15 Longueur du Susmaxillaire (incomplet) 54 „ Longueur du Prémaxillaire (incomplet) 97 „ Nombre d'alvéoles dans chaque Susmaxillaire (appioximatit,) GO , Le crâne est bien conservé. La partie la plus antérieure du rostre manque, mais, comme elle n'est pas bien grande, on peut évaluer la longueur totale du crâne à 1 m. 10 ou 1 m. 15 (maximum). Malgré cela, l'état de conservation de ce crâne. Type de VfJurhinodelphis longirostris, du Bus, est très inférieur à celui du Type d'EurhinodelphisCoehetetixi, du Bus. L'extrémité antérieure des Susmaxillaires, qui s'intercalent en forme de coins, entre les Prémaxillaires, sur la face inférieure du rostre, n'est bien conservée que du côté gauche. La PI. XIII montre la face inférieure de l'extrémité antérieure du Susmaxillaire, tandis que, sur la PI. XII, nous pouvons aussi en observer la face interne. Celle-ci devient visible dans l'ouverture que produit la cassure de l'extrémité antérieure du Susmaxillaire droit; la suture prémaxillo-susmaxillaire est indiquée en blanc dans sa partie antérieure; la portion postérieure, par contre, n'a pas été marquée, mais on peut la suivre facilement à la loupe. Le bord du Susmaxillaire droit est assez abîmé, tandis que celui du gauche est presque complètement intact. Sur ce crâne, asymétrique comme tous les autres, le Prémaxillaire droit s'élève un peu plus haut que le gauche. De même, les Nasaux ovales, étirés, sont de grandeur inégale ; celui de droite a 36 millimètres de long, et celui de gauche 30 millimètres ; par contre, le Nasal gauche est plus large et mesure 23 millimètres, celui de droite 21 millimètres. L'asymétrie est, en outre, indiquée, sur le crâne dont nous nous occupons, par le fait que, du côté gauche, un plus grand morceau triangulaire du Frontal devient 18. - 1902. 128 O. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN visible, entre le Susmaxillaire, le Susoccipital et le Nasal, par rapport au coté droit. Le Prémaxillaire a, dans la région mésethmoïdale, à l'endroit le plus large, 3S millimètres <à gauche, et seulement 36 millimètres à droite. Puis, l'échancrure préorbitaire droite se trouve un peu plus en avant que la gauche; enfin, la narine gauche se trouve plus bas que la droite. L'extrémité antérieure ossifiée du Mésethmoïde n'atteint pas la ligne préorbitaire, mais est approximativement à 24 millimètres en arrière de celle-ci. Une portion relati- vement grande du Mésethmoïde était donc cartilagineuse. A peu près sur la même ligne que l'extrémité antérieure de la région ossifiée du Mésethmoïde se trouvent les grands trous sous-orbitaires des Prémaxillaires. A droite, il y a, en arrière, le grand foramen, et, plus en dedans, un second foramen plus petit, qui manque au Prémaxillaire gauche. Les grands trous sous-orbitaires sont disposés assez symétriquement sur les ailes orbitaires du Susmaxillaire. A cause de plusieurs fractures dans la région occipitale, on peut voir (PI. XI) une partie de l'intérieur de la cavité crânienne, mais il n'y a rien de particulier à y observer. Le développement de la région frontale est, par contre, très remarquable. Les Frontaux sont presque complètement refoulés, sur la face supérieure du crâne, par les Susmaxillaires, fort prolongés en arrière, et par le Susoccipital. s'avançant par devant; ils ne sont visibles que dans les interstices entre les Nasaux et le Susoccipital, sous forme de petites parties triangulaires. Le Susoccipital est bombé, et seulement excavé sur la ligne médiane, à laquelle correspond, à l'intérieur de la cavité crânienne, la crête occipitale interne. En général, la boîte crânienne n'est pas fort comprimée, mais légèrement bombée. Les condyles occipitaux, très proéminents et formés par les Exoccipitaux, sont remarquables. La crête transversale qui occupe le point le plus élevé du crâne, est formée, ici. presque exclusivement par les Nasaux ; elle a, à peu près, 69 millimètres de long et 12 millimètres de large. Chez VEiirJnnodelpJiis cristatus, la crête transversale du sommet du crâne est presque tranchante, par le fait que les Nasaux et les Frontaux forment un plan incliné en a^vant. La position de la fosse temporale et des orbites est en rapport avec la faible com- pression de la boite crânienne. Comme chez Etirhinodelphis Cocheteuxi, la fosse temporale se trouve ici plus haut que les orbites ; le bord externe de la région très élargie des Susmaxillaires et des Frontaux, qui forment le plafond de la fosse temporale et de la cavité orbitaire, descend très obliquement à partir de l'endroit où il rencontre le Pariétal. Au-dessus de l'apophyse postorbitaire, la ligne monte, légèrement arquée, pour former le contour supérieur de l'orbite. PI. XII, sur le crâne, vu de profil, on remarque, en outre, que le Susmaxillaire n'est pas fort rentlé au-dessus des orbites, en comparaison de ce qui existe chez Eurliinodclpliis (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 129 Cocheteuxi et chez Eiirhinodelphis cristahis ; cependant, comme ce renflement est plus marqué sur d'autres crânes d'Enrliinodelphis lottgirostns, il constitue peut-être un caractère sexuel secondaire. L'apophyse zygomatique est beaucoup plus forte que l'apophyse postglénoïde. Les contours des Palatins sont, malheureusement, peu nets, comme on le voit PI. XIII ; on y trouve, cependant, que le caractère essentiel des Palatins à'Eiirhinodeîphis lonc/irostris {coïm^a.rer PI. XVIII, Fig. 1, figure schématique des Palatins du crâne H, n" 3238) existe ici aussi, c'est-à-dire le contact des extrémités antérieures, sans former un V tel que celui qu'on observe chez Eurhinodelphis Cocheteuxi et chez Eurhinodelphis cristatus. Le Lacrymal est uni au Jugal sans suture apparente. Les apophyses latérales des Ptérygoïdes, vers les Palatins comme vers le Vomer (en dessous du Présphénoïde), sont bien conservées ; par contre, les contours des sinus post-palatins des Ptérygoïdes sont difficiles à suivre. Par suite de son mauvais état de conservation, on ne peut pas observer les foramina de l'Alisphénoïde. Les alvéoles du Susmaxillaire sont très serrées. Par suite de la fracture de beaucoup de cloisons interalvéolaires, on ne peut pas déterminer le nombre exact des dents ; cependant, il y en avait soixante, à peu près, dans chaque Susmaxillaire. La perte complète des dents prouve, comme nous l'avons également vu chez Eurhi)wdelpliis Cocheteuxi, qu'elles n'étaient que légèrement implantées dans les alvéoles. Individu IL N" 3238 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire Naturelle de Belgique. — PI. XVIII, Fig. I. Localité : Anvers, 18G1. Ce crâne, qui n'est pas très bien conservé, répond, dans ses caractères les plus impor- tants, au type de Y Eurhinodelphis longirostris. Les Susmaxillaires ont, par devant la ligne préorbitaire, un grand trou sous-orbitaire, ce qui produit une légère concavité du bord externe des Prémaxillaires. Les Prémaxillaires sont perforés, chacun, par un grand et profond foramen sous-orbitaire ; en dedans de celui-ci, il y a un faible renflement en forme de bouton sur la partie rugueuse des Prémaxillaires, à la hauteur de la ligne préorbitaire. Comme sur les autres crânes du genre Eurhinodelphis, ces régions rugueuses, qui existent des deux côtés, ont un contour cordi- forme, à pointe dirigée par devant, et tranchent, par l'irrégularité de leur surface, sur le reste du Prémaxillaire. Bien marqué sur d'autres crânes de Y Eurhinodelphis longirostris, le renflement n'est que faiblement indiqué sur celui-ci. Les Prémaxillaires sont fort épaissis au-devant des Nasaux. 130 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Les Nasaux sont très petits et peu différents l'un de l'autre par la taille, bien que le droit soit un peu plus long, et ils sont disposés symétriquement. Les Frontaux sont fort endommagés sur la ligne médiane, et il n'est pas possible d'établir d'une manière certaine leurs limites vers les Nasaux et le Susoccipital. Par contre, les larges ailes orbitaires, sous les Susmaxillaires, sont bien conservées, la gauche un peu plus complètement que la droite. Les bords externes des ailes orbitaires convergent par devant. Du Susoccipital, un petit fragment est seul présent; il s'appuie contre l'aile du Frontal droit, au-dessus de la fosse temporale. L'apophyse zygomatique du Squamosal est un peu plus forte dans sa partie anté- rieure, mais l'apophyse zygomatique elle-même a presque la même épaisseur que l'apophyse postglénoïde. Les dépressions de la région postérieure de l'apophyse zygomatique sont très nettement marquées, mais se réunissent, parce que la cloison osseuse qui les sépare, ordinairement très développée, est ici faiblement accentuée. Ce pont osseux est en outre fort oblique. L'apophyse zygomatique du Squamosal est en contact avec l'apophyse post-orbitaire du Frontal. Du Basioccipital, il ne reste que l'épanouissement aliforme en contact avec l' Exoc- cipital gauche. La suture présphénoïdo-basisphénoïdale est encore très visible. Latéralement au Basisphénoïde, une petite portion de l'Alisphénoïde est conservée. L'Alisphénoïde gauche permet de reconnaître que le trou ovale était séparé du trou déchiré postérieur, et qu'il s'ouvrait au bord postérieur de l'Alisphénoïde. Le Présphénoïde, ainsi que les Orbitosphénoïdes ont disparu. Le Présphénoïde n'était pas synostosé avec le Mésethmoïde, mais on voit, au contraire, les traces distinctes d'une suture à l'extrémité postérieure du Mésethmoïde. On peut constater très nettement comment le Mésethmoïde s'enfonce dans le creux du Vomer et s'intercale entre les Palatins, vu que le rostre est fendu dans le plan médian. On peut, de même, très bien étudier, par suite de cette séparation, les connexions des Palatins avec les Susmaxillaires. Les Palatins se terminent par devant en un contour curviligne à sommet anguleux ; leur bord externe n'est pas rectiligne, mais légèrement arqué ; chez Eur/nnodelphis cristatus, le bord externe des Palatins est, par contre, presque droit. Les attaches des sinus post-palatins des Ptérygoïdes sont très asymétriques ; du côté gauche, une bande plus grande des Palatins reste libre, parce que l'attache du sinus gauche est plus refoulée en arrière et vers le dehors. Les Palatins sont en contact sur la ligne médiane. La fente qui s'ouvre sur la face inférieure du rostre, par devant les Palatins, pour montrer le Vomer, est limitée : dans sa partie antérieure, par les Prémaxillaires; dans la partie postérieure, par les Susmaxillaires. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 131 De la lame basilaire du Vomer, sous le Présphénoïde et le Basisphénoïde, un petit morceau subsiste encore sous ce dernier. Du Jugal, il ne reste, des deux côtés, que des fragments insignifiants, entre le Sus- maxillaire et le Frontal ; il paraît être complètement synostosé avec le Lacrymal. Les Orbites sont remarquablement petites ; l'apophyse post-orbitaire du Frontal est très développée. On peut évaluer à GO le nombre des dents de chaque Susmaxillaire de ce crâne. Individu IIL N° 3250 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : 4" Section, Anvers, 21 septembre 1862. Les dimensions de ce crâne médiocrement conservé, sont approximativement les mêmes que celles du Type. Les dimensions exactes ne peuvent être données à cause de l'état de conservation. La région frontale oifre plus dïntérêt, parce qu'elle nous donne quelques renseigne- ments sur les connexions des os du crâne. Les Frontaux portent deux fosses, en forme de pyramide, pour les Nasaux, qui ne sont pas en contact avec le Mésethmoïde. Ce dernier s'intercale, en forme de coin, sous les Frontaux, et s'étend, sous ceux-ci, jusque près du sommet de la fosse pyramidale pour les Nasaux. Cet agencement du Mésethmoïde et des Frontaux n'a pu être observé d'une manière aussi marquée sur aucun autre crâne. La limite postérieure des Nasaux bombés est en mauvais état; on peut admettre cependant que, jadis, les Frontaux formaient une bande étroite, entre les Nasaux et le Susoccipital; les Frontaux touchent ce dernier le long d'une suture qui descend brusque- ment en arrière. Le bord externe des Susmaxillaires est fort arqué. Sur la face inférieure, le Vomer devient visible dans une fente, limitée d'abord par les Prémaxillaires, ensuite par les Susmaxillaires. Entre les Palatins se trouve une fente le long de la ligne médiane, qui n'est fermée que dans son tiers antérieur, et qui reste ouverte, par derrière, comme sur quelques palais à'Eurhinodelphis cristatas, laissant apparaître le Vomer. Le Basioccipital et le Basisphénoïde sont très excavés et leurs ailes latérales descendent presque verticalement. Ce crâne-ci est le seul de tous les crânes à'Eurhiuo- delplils sur lequel on peut observer la languette basioccipitale entre les Exoccipitaux. Ces derniers sont perforés, dans l'enfoncement qui se trouve entre l'apophyse paroccipitale et l'aile descendante du Basioccipital, par un foramen qui correspond au trou condylien. 132 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN En outre, il y a un petit orifice vasculaire sur la ligne médiane, dans la suture interexoccipitale, sous le grand trou occipital ; j'ai également observé cet orifice sur plusieurs crânes de Delphimis delphis. Les ailes latérales du Basisphénoïde sont, chacune, percées d'un petit foramen dont je n'ai pu trouver la signification morphologique; des deux côtés, se rattachent à ces ailes les apophyses ptérygoïdes, qui sont en relation, parleur face interne, avec le Présphénoïde et la large lame basilaire du Vomer ; celle-ci est nettement séparée du Présphénoïde, placé au-dessus d'elle. L'apophyse paroccipitale est fortement enroulée en cornet ; l'apophyse postglénoïde est presque aussi forte que l'apophyse zj^gomatique. Un petit fragment de l'Alisphénoïde gauche est seul conservé ; la partie antérieure de la région du Mésethmoïde ossifiée, enfoncée dans le Vomer, a disparu. Les dents étaient un peu plus rapprochées que chez Friscodelpliiiius morckhoviensis, du Bus (= EurhinodelpJiis long irost ris, crâne IV, n° 3235). Sauf les divergences mentionnées ci-dessus, le crâne correspond absolument au Type n" 3249. Individu I"V. N" 3235 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PL XIV, Fig. I et 2; PI. XVII, Fig. 1 ; PL XVIII, Fig. 2. — Type du Friscodelphimis morckhoviensis, du Bus. Localité : 3* Section, Anvers, 4 juin 1861. Pricodklimii.m's moeu;kiiovie>sis, Du Bus, Bull, de l'Ac. roy. des Se. de Belgique, 41" ann., 2° sér., t. XXXIV, 1872, p. 495. Du Bus, Journal de Zoologie, t. XII, Paris, 1875, p. 101. Gervais et Van Beneden, Osléographie, p. 4!)o. DIMENSIONS Longueur totale (crâne incomplet) 36 i cenlimèlres Longueur du rostre (incomplet) 20.4 , Largeur du rostre (ligne préorbitaire) 10.6 „ Diamètre bizygomalique 18.5 , Hauteur du crâne 11.5 , Largeur maximum des narines 3.0 , Longueur du Nasal gauche a.i , Longueur du Nasal droit 2.7 , Largeur du Nasal gauche 2.0 , Largeur du Nasal droit 1.8 , Angle occipital 106° (MIOCENE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 133 Ce crâne manque, malheureusement, delà partie rostrale antérieure, si caractéristique du genre Ewhinodelphis. Malgré cela, les autres caractères de cette pièce, extrêmement bien conservée, ne laissent pas le moindre doute qu'elle appartient au genre EtirJnnodel- phis; et elle doit être attribuée à Eiirhinodelphis longirostris à cause de la structure de la région palatine. Sur la face supérieure du crâne, les Susmaxillaires sont, comme d'habitude, étirés en de larges ailes orbitaires, remarquables par le fait que leurs bords externes, renforcés, divergent légèrement en avant, au lieu de converger comme c'est ordinairement le cas chez Eurhinodelphis longirostris. En cela, ce crâne se rapproche déjà du type d'Eurkinodelphis cristatus, chez lequel la région orbitaire du Susmaxillaire est fort développée par devant et forme un vigoureux bourrelet au-dessus de l'orbite. De même que sur ce crâne-ci, les bords susmaxillaires des ailes orbitaires divergent aussi chez Eurhinodelphis crislatus vers l'avant. Bien que l'apophyse préorbitaire soit fort saillante ici, elle ne donne pas naissance, comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi (PI. VI, côté droit), à une échancrure préorbitaire profonde et resserrée, mais l'entaille est large et évasée comme sur le Type de YEurhino- delphis longirostris (PI. XI et XIII). Cependant, il n'est pas possible d'attribuer une grande importance à cette différence, parce qu'on peut observer, chez plusieurs Odontocètes, que l'échancrure préorbitaire est diversement développée des deux côtés du crâne. Les ailes orbitaires sont perforées, en leur milieu, par un grand trou sous-orbitaire. Entre l'apophyse préorbitaire épaissie et le Prémaxillaire, il y a, sur le côté gauche du crâne, une fosse profonde qui n'est que faiblement indiquée sur le côté droit. Le long de la suture prémaxillo-susmaxillaire, il y a un sillon qui se continue sur la partie rostrale. Ce sillon, très fréquent chez les Odontocètes, est soumis, ici, à certaines modifications que nous allons examiner de plus près. Comme on peut très bien s'en rendre compte sur l'excellente photographie PL XIV, Fig. 1, latéralement et en dedans du grand trou sous-orbitaire du Susmaxillaire gauche, commence une gouttière peu profonde, ayant à peu près I centimètre de large, qui se perd insensiblement au niveau de la ligne préorbitaire. Cette gouttière n'existe pas du côté droit; on remarque, par contre, de ce côté, un sillon peu profond qui descend de la région orbitaire vers le rostre; ce sillon s'élargit presque aussitôt et se confond avec la suture prémaxillo-susmaxillaire à G centimètres environ de la ligne préorbitaire. Ledit sillon est relativement très profond (presque 3 millimètres) et il continue à peu près jusqu'à l'extrémité binsée du Susmaxillaire, accompagné d'un sillon à bord également tranchant, mais qui commence assez loin par devant sur le rostre. Sur le côté gauche du rostre, on voit également un profond sillon à bord tranchant, entre le Susmaxillaire et le Prémaxillaire, et qui est presque aussi marqué que celui du côté droit. On peut très bien étudier son parcours, PL XIV, Fig. I. Le Prémaxillaire de ce crâne se distingue également de celui d'autres individus par le i34 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN développement extraordinaire des sillons vasculaires. Déjà, près de rextrémitc supérieure des Prémaxillaires, se forme, dans le voisinage du bord externe, une gouttière, d'abord peu profonde, se tournant vers le dedans en s'approfondissant de plus en plus, pour recevoir, dans la région de l'extrémité antérieure ossifiée du Mésethmoïde, à peu près au milieu du Prémaxillaire, le grand trou sous-orbitaire, qui perce le Prémaxillaire d'arrière en avant et en dedans. A partir de là, la gouttière, continuant des deux côtés, se divise en plusieurs branches, et elle est encore visible tout près du bord interne du Prémaxillaire, à l'extrémité antérieure brisée de celui-ci. En dedans de cette gouttière, les Prémaxillaires se creusent, dans leur partie la plus large, en forme de fosse ovale; la droite est plus petite, mais plus profonde que la gauche. Ces cannelures, qui donnent un aspect très caractéristique au crâne, ne me semblent pas avoir une importance morphologique particulière ; je les considère comme provenant de l'âge plus avancé de l'Individu IV, ce qui ressort avec certitude du degré de soudure des os du crâne. On peut se rappeler, à ce propos, la variabilité des sillons mentonniers, c'est-à-dire des sillons vasculaires latéraux de la Mandibule des types à longue symphyse (Cyrtodelfhis , Acrodelphis, Pontoporia, Inia, Platanista, etc.). Ici aussi, l'asymétrie du crâne est la plus forte dans la région nasale. La narine droite est tant soit peu plus large que la gauche, et, comme on le voit par les dimensions données plus haut, le Nasal droit est 3 millimètres plus long et 2 millimètres plus étroit que le gauche, phénomène qui se produit souvent chez les Odontocètes. Ensuite, le Prémaxil- laire droit est plus long et s'élève plus haut sur le crâne. A l'endroit le plus large, le Prémaxillaire droit est plus étroit que le gauche, comme nous l'avons déjà observé sur le crâne I (n° 3249), où la différence est de 2 millimètres. Les Frontaux se touchent, sans suture apparente, sur la ligne médiane, et forment une surface assez large, un peu concave vers le haut. Leur face visible est plus rugueuse que celle des os de la face. Ils sont fortement refoulés vers le Susoccipital, et, à l'endroit où on devrait supposer l'existence d'un Interpariétal, c'est-à-dire sur la ligne médiane, ils font une forte saillie en arrière et produisent ainsi un renversement du Susoccipital, comme c'est le cas chez Eurhinodelphis cristatus (ici, toutefois, à un plus haut degré). Le Susoccipital (PI. XVII, Fig. 1), est excavé sur la ligne médiane, en une gouttière qui correspond à la crête occipitale interne, et il est bombé des deux côtés de cette gouttière. Il en va tout autrement, pourtant, dans la région la plus élevée. Ici, on voit un bourrelet au lieu de la gouttière, et, des deux côtés de ce bourrelet, il y a une fosse. La présence de ces deux fosses a même été considérée par du Bus comme un caractère spécifique pour distinguer ce crâne-ci de ses autres espèces de Priscodelphimis (/. c, p. 496); mais, outre que ces fosses existent, bien que moins marquées, chez le Type de VEurhinoh delphis Cocheteuxi (PI. IX, Fig. 1), nous les trouvons aussi sur de nombreux autres crânes d! Eurhinodelphis longirostris et d! Eurhinodelphis cristatus. La face inférieure du crâne, qui permet aussi de voir l'intérieur de la cavité (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 135 crânienne, nons donne de précieux renseignements. Pour mieux montrer ses caractères, le crâne a été représenté obliquement; on voit ainsi la fosse rhinencéphalique et la clôture de l'orifice le plus antérieur du crâne, clôture qui est formée par la lame criblée du Mésethmoïde (PI. XIV, Fig. 2). La forme des Palatins est ce qu'il y a de plus remarquable ; ils se distinguent des Palatins typiques par une largeur beaucoup moindre. PI. XVIII, Fig. 2, nous représente le schéma de la région palatine. Comme les sutures ne sont pas très distinctes, par suite de la synostose très avancée des os du crâne, le trajet de la suture palato-susmaxillaire est, en partie, complété PI. XIV, Fig. 2. On voit, cependant, très nettement que les Palatins ne se touchent pas par devant en forme d'M, mais de A, donc sans laisser entre eux le V caractéristique pour YEurhinodelphis cristatus. La forme est en pointe de lance ; elle est beaucoup plus étroite que sur le crâne I (n° 3249) ou sur le crâne II (n° 3238). A partir de l'endroit où le sinus postpalatin du Ptérygoïde coupe le Palatin du côté droit du crâne, la limite entre le Susmaxillaire et le Palatin est indécise. Particulièrement gênante est une cassure, qui, du point en question, se dirige vers le dehors, en arrière et en haut, et vient recouper l'extrémité du Palatin dans la paroi antérieure des choanes (PI. XIV, Fig. 2). Il n'y a pas de cassure du côté gauche du crâne, mais bien la suture palato-susmaxillaire (marquée en blanc), ce qui rend possible la délimitation de cette suture sur la moitié droite. Sur la ligne médiane, il n'y a pas de fente entre les Palatins, qui sont appliqués l'un contre l'autre dans toute leur longueur. Les attaches des sinus-postpalatins des Ptérygoïdes sont assez asymétriques, comme on le voit sur la photographie et sur le schéma ; le sinus droit s'avance plus vers le dehors et en arrière, de sorte qu'une bande plus étroite du Palatin était libre du côté droit, à l'état intact. Sur le crâne II (n° 3238) une bande un peu plus large du Palatin reste aussi découverte du côté gauche. Bien que le Palatin diffère un peu, ici, de la forme typique qu'on rencontre chez Eiirkinodelphis longirostris, on ne peut méconnaître les caractères communs : l'absence du V antérieur que nous rencontrons chez Eiirhinodelphis Cocheteuxi et Eurhinodelphis cristatus. Il faut encore y ajouter le bord externe curviligne à courbure régulière qui se distingue absolument de celui à ressaut de YEurhinodelphis Cocheteuxi et de celui presque rectiligne de YEurhinodelphis cristatus. On peut citer aussi la suture interpalatine ininterrompue, tandis que, chez Eurhinodelphis cristatus, il y a plus fréquemment un hiatus entre les Palatins. Le Vomer s'applique, sous forme d'une large lame, sur la partie antérieure du Basisphénoïde et couvre tout le Présphénoïde. Il se termine, en arrière, par une ligne dentelée irrégulière. Il est presqu'inutile de mentionner que les variations dans le développement de la ligne postérieure de délimitation de cette partie du Vomer n'a pas d'importance morphologique. 136 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Les Ptérygoïdes s'appliquent, laminiformes, latéralement, contre le Vomer et le Présphénoïde, qui en sont complètement recouverts, de sorte que lesdits Ptérygoïdes arrivent en contact avec le bord antérieur des Alisphénoïdes. La délimitation de cette région des Ptérygoïdes, située entre le Frontal, le Susmaxil- laire et le Palatin, est assez incertaine, raison pour laquelle on ne l'a pas indiquée en blanc. Par contre, les limites des sinus-postpalatins des Ptérygoïdes ont été tracées (PI. XI V,Fig. 2). Le bord postérieur de l'Alisphénoïde est perforé par le trou ovale, lequel communique avec le foramen lacerum médium ; ce cas ressemble à celui que nous ofFi-e un crâne d'Eurhinodelphis cristatus (crâne IV, n° 3242; PI. XVII, Fig. 3). Le trou grand rond, ou le bord postérieur du foramen, est formé par le bord antérieur de l'Alisphénoïde. On ne peut donc pas parler d'une perforation proprement dite. L'Exoccipital est percé par un grand trou condylien. La surface du Mésethmoïde n'est pas grêlée, mais elle est bombée ; la limite antérieure de la partie ossifiée se trouve au niveau de la ligne préorbitaire. Le Mésethmoïde est très développé et rétrécit les fosses nasales, qui paraissent, ici, beaucoup plus petites que chez d'autres formes. Mais ce caractère peut être également une consé- quence de l'âge plus avancé, car, alors, les parties du Mésethmoïde qui sont ordinairement cartilagineuses s'ossifient. A l'intérieur de la cavité crânienne, on voit le Mésethmoïde comme une lame ovale et concave, qui correspond à la lame criblée ; elle n'est pas perforée, mais on voit, de chaque côté, entre elle et le Frontal, une petite fente, laquelle servait, sans aucun doute, de passage au nerf olfactif; elle n'était pas aussi développée que sur le crâne V (n° 3244), type du Priscodelphinus pulvinatus, du Bus. L'orifice formé par les Frontaux, et correspondant à la fosse rhinencéphalique, se termine en haut par un arc ogival. Du côté gauche, le Périotique et le Tympanique sont encore solidement attachés au crâne, et, vu l'état de conservation de celui-ci, on pourrait diâicilement les en détacher. Le Tympanique est assez endommagé par devant et vers le dehors. Le Lacrymal est entièrement soudé avec le Jugal. De l'arcade zygomatique, les attaches sont préservées. Les os des régions inférieure et postérieure du crâne sont en assez bon état ; l'apophyse zygomatique du Squamosal est courte et ramassée. Il faut encore remarquer qu'en beaucoup d'endroits le crâne porte des concrétions pyriteuses, fait qui se présente très fréquemment dans les restes d'Odontocètes d'Anvers. Une série de caractères indique, comme nous l'avons vu, l'âge avancé de l'Individu IV. Il occupe une position intermédiaire entre le Type à!Eurhinodelphis'longirostris et celui à'Eurhinoddphis cristatus, sans, cependant, se rapprocher d'une autre forme intermédiaire, le PriscodelpJdnus produdiis, du Bus [Eurlniiodelphis cristatus, crâne III, n° 3243). Mais il y a trop peu de raisons pour autoriser une séparation spécifique. La petitesse du crâne est peut-être due à une différence sexuelle. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS Individu V. N° 3244 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PL XVII, Fig. 2. Localité : Fort n° 4, Vieux-Dieu, Anvers, septembre 1863. Priscodelphinus elegans. Du Bus, IîuU. de rAcad. roi/, d. Se. de Belgique, 4l''ann., 2" sér., t. XXXIV, 1872, p. 496. Du Bus, Journal de Zoologie, t. XII, 1875, p. 101. Gervais et Van Beneden, Ostéographie, p. 49S. Ce fragment de crâne (région frontale), ainsi que les deux Squamosaux (avec les portions des Exoccipitaux, du Basioccipital et du Basisphénoïde y attachés) ont porté du Bus à séparer ces restes comme une espèce spéciale ; cet auteur fait, toutefois, ressortir la ressemblance des Squamosaux avec ceux du Priscodclpltinus morckhoviensis, de sorte que la distinction spécifique repose uniquement sur la forme différente des Nasaux. Or, comme nous l'avons déjà montré plusieurs fois, c'est précisément la région nasale qui varie le plus chez les formes dont nous nous occupons. Nous pensons donc qu'il n'y a pas de raison pour maintenir ici une espèce distincte et qu'on peut joindre l'animal en question à YEiirhimdelphis lonc/irostris, du Bus. Sur la face supérieure du crâne, les Nasaux ne touchent les Prémaxillaires que sur un très petit espace, et sont limités, en arrière et latéralement, par les Frontaux, qui supportent les Nasaux dans une dépression profonde. Par devant, le Mésethmoïde est en contact avec les Nasaux. A part la différence de taille, — le Nasal droit a 22 millimètres de large à son bord mésethmoïdal antérieur; le gauche, 19 millimètres — les deux Nasaux sont entièrement semblables. Leur forme est celle d'une corne d'abondance dont la pointe est glissée par devant entre le Mésethmoïde et le Frontal, qui est situé latéralement. Sur beaucoup de crânes, où les Nasaux ne sont que légèrement posés dans les fosses, ordinairement pyra- midales, des Frontaux, ils ont disparu dans la fossilisation. Les Prémaxillaires manquent, mais on en aperçoit encore les attaches dans les Frontaux et les Susmaxillaires. Du côté droit, le Prémaxillaire se posait presque à plat sur le Susmaxillaire. Le contact avec les Nasaux était très restreint. Des Susmaxillaires seuls, des restes de la région orbitale sont conservés. L'orifice fissiforme entre les Frontaux (fosse rhinencéphalique), qui se trouve à l'intérieur du crâne, a la forme d'une ogive et n'est pas complètement fermé par le- Mésethmoïde ossifié; sur les bords de la clôture des fosses nasales formée par le Mésethmoïde, il y a, des deux côtés, une petite fente qui s'ouvrait au dehors dans la cavité olfactive sous forme d'un orifice de forme ovale (PI. XVII, Fig. 2). Ces 138 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN ouvertures servaient, évidemment, au passage des nerfs olfactifs, encore fonctionnels. Il est à remarquer que l'ouverture droite est plus grande que la gauche. Nous trouvons donc, ici, le même cas que W. Kùkenthal et Th. Ziehen (') ont observé, à l'occasion de leurs excellentes recherches sur le système nerveux central des Cétacés, dans le cerveau de VHyperoodon rostratus, où le nerf olfactif droit était également plus développé que le gauche. La largeur en était, à droite, de 1 millimètre; à gauche, pas tout à fait un demi-millimètre. Dans l'espèce qui nous occupe, les nerfs olfactifs ont, certainement, été aussi de différentes forces : le trou olfactif droit a 5 millimètres de large; le gauche, 3 mm. 5; le grand axe des deux orifices de forme ovale est, par contre, égal et mesure 8 millimètres. La partie antérieure de l'apophyse zygomatique du Squamosal est épaissie et un peu plus forte que l'apophyse postglénoïde. Sur le Squamosal, il y a deux fosses séparées par un pont osseux, pour le conduit auditif externe. Un assez grand fragment du Basioccipital est conservé. Le Basisphénoïde est complet. A celui-ci se trouvent encore fixés les fragments des Alisphénoïdes. Individu 'VI. N° 3239 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PI. XVII, Fig. 5. Localité : 4" section, Anvers, 1801. PuiscoDELi'iii.Ms l'ULViNATUs. Dii Hiis, BuU. rfc C Ac . roij. d. Se. de lichjiqiic, il" iinii., i' sér., (. \\\IV, 187-2, p. 4!)(;. Du Bus, Journal de Zoologie, t. XII, Paris, 1873, p. 102. Gervais et Van Beneden, Ostéographie, p. 493. Le rostre, ainsi que la boîte crânienne, sont fort abîmés. Du premier, il ne reste, pour ainsi dire, que la partie inférieure, et, du côté gauche, un fragment plus grand avec le Susmaxillaire. Des Frontaux, il n'y a que de petits l'ragments de la région élargie. Les Palatins ne peuvent être délimités d'une manière certaine; le gauche est mieux conservé que le droit, et il montre les caractères du Type à'EurhmodelpJns longirostris. Les apophyses des Ptérygoïdes sont un peu mieux préservées ; elles n'atteignent pas l'extrémité antérieure des Palatins. Le bord antérieur, c'est-à-dire l'attache du sinus CJ VV. KÛKENTHAL et Th. Ziehen. Ueber dus Centraliiervensi/stem der Cetaceen nebst U iitersuchungen iiber die vergleichende Auatomie des Gehirns bei Placentaliern. III Theil. \V. KOkenthal. Vergl. anal, uud entwickelungsgesch. Untersnchiingen an WaUhieieii. Denkschr. d. math, naturw. Ges.Jena, III Bd., I. Abth., p. 87-130, Taf. V. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 139 postpalatin des Ptérygoïdes, est arqué par devant, comme d'habitude. La partie gauche, seule, du canal du Vomer est conservée. Il y a un petit fragment du Basioccipital en connexion avec l'Exoccipital. De l'Alisphénoïde, il ny a qu'un morceau sans importance. Les deux Squamosaux ont perdu leurs apophyses postglénoïdes. Du Susoccipital, il ne reste qu'une petite partie au-dessus du grand trou occipital. La fossette vermienne est très visible ; par contre, les crêtes paravermiennes sont difficiles à suivre sur cet exemplaire. Les deux condyles exoccipitaux existent. Outre ces restes, il y a plusieurs fragments importants de la Mandibule. Particuliè- rement remarquable est un fragment du rameau libre droit, avec une dent in situ, dont la racine est à découvert par suite de la fracture de sa paroi externe (PI. XIII, Fig. 5). On y voit comment la racine s'enfonce dans la Mandibule, en s'inclinant par devant, et que la partie la plus inférieure de la racine fait même un angle obtus ouvert en arrière avec la partie supérieure, tandis que les alvéoles suivantes s'enfoncent verticalement dans la Mandibule (voir la description du maxillaire inférieur n" 3258). La dent a une longueur totale de 24 millimètres, la couronne 13 millimètres. Le diamètre du bourrelet basilaire de la couronne est de 6 millimètres. La dent est d'un noir brillant; sa coupe transverse est un ovale allongé; elle est légèrement recourbée en dedans. La couronne, comme la racine, a une position oblique par rapport à la Mandibule, et elle est justement inclinée en arrière de la même quantité dont la raciiie l'est en avant. En outre, nous avons encore le condyle droit de la Mandibule de l'Individu VI ; il est bien conservé, et on voit qu'il est fortement excavé et relativement puissant. Individu VIL N° 3251 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de e. Localité : 4« Section, Anvers, 31 octobre 1862. Ce fragment de crâne a 90 centimètres de long; une grande partie du rostre est conservée. Les Susmaxillaires existent encore, outre leur région rostrale, dans ces portions qui forment les lames montantes verticales de la région nasale. La plus grande partie du Mésethmoïde existe; il ne manque que l'extrémité antérieure de la partie ossifiée. Les fosses nasales, et les os qui les limitent, sont en assez bon état. Les Palatins étaient probablement arrondis en avant ; ils ont une forme analogue à celle du Type. 140 0. ABEL. - LES DAUPHINS LONQIROSTRES DU BOLDERIEN Le canal du Vomer est visible sur une assez grande étendue, entre les Prémaxillaires, sur la face supérieure du crâne. Le Susmaxillaire droit renferme 54 alvéoles. Individu VIII. N" 3225 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : A^ Section, Anvers, 16 août 1862. Ce fragment de rostre d'un crâne très voisin du Type a 42 centimètres de long ; il mesure 11 centimètres de large, entre les échancrures préorbitaires. Le rostre est brisé en arrière de la ligne préorbitaire. Sur la face inférieure, le Vomer devient visible, dans une fente, comme c'est très régulièrement le cas ; les bords de cette fente sont formés : en avant, par les Prémaxillaires ; en arrière, par les Susmaxillaires. Sur la face supérieure, la fente, d'habitude largement ouverte entre les Prémaxillaires, est, ici, très étroite, et elle est même fermée à 9 centimètres en avant de la ligne préorbitaire. Nous trouvons une disposition semblable sur le petit crâne (Individu IV, n" 3235, Type du Priscudelphinus morchhoviensis), auquel le présent rostre correspond très bien pour la taille. Comme les Palatins sont entièrement fermés et que le V antérieur manque, on doit probablement rapporter le crâne à Y Eurkinodelphis longirostris. Individu IX. N° 3258 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PL XVII, Fig. 4. Localité : 4' section, Anvers, 21 septembre 1862. Du Boldérien d'Anvers, le Musée possède une Mandibule isolée, qui a appartenu certainement à un Odontocète à longue symphyse. Et on ne peut guère la comparer qu'à Eurhinodelpins lonyiru.'itris ou à EnrJiiiiodelphis cristatus, puisque Cijrtodelphis sulcatus a une structure toute dilTérente, et puisque Eurhinodelplds Cocheteuxi est beaucoup plus grand. Mais, des deux espèces en question, on ne connaît que peu de restes de Mandibules trouvés avec des crânes déterminables ; il n'y a même qu'un fragment, long à peu près de (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 141 11 centimètres, qui se rattache au crâne de YEiirhinodelphis Jongirostris, décrit par du Bus sous le nom de Priscodelphinus pulvinatus {Gi'àne VI, ij° 3239, PI. XVII, Fig. 5; voir DU Bus, Bull. del'Acad. roy. d. sciences de Belgique, XXXIV, 1872, p. 496). Ce fragment provient de la région de la symphyse. En dehors de cette pièce, il y a encore un second fragment de la même région, et, enfin, la naissance de la symphyse avec des restes des rameaux mandibulaires libres, plus une dent et le condyle droit. Maintenant, ces divers restes ont une telle ressemblance avec la pièce n° 3258, que je n'hésite pas à joindre celle-ci à EtirkinodelpJiis longirostris. Voici ses principaux caractères : L'angle symphysien est arrondi sur la face supérieure de la Mandibule, tandis que son sommet n'est pas émoussé sur la face inférieure. Ce fait est, comme je l'ai montré ailleurs [Denkschr. k. Akad. d. Wiss., Vienne, 1899, LXVIII Bd., p. 859), le résultat de la présence d'un trou impair à la naissance de la symphyse, sur la face inférieure, par quoi les rameaux semblent se réunir sous un angle aigu. Il en est de même chez Cyrtodelphis sulcatus, Gerv. (Abel, l. c., PI. II, Fig. 5-6, PI. IV, Fig. 1-2). Les faces latérales de la Mandibule sont légèrement excavées sur les rameaux libres, et ces dépressions, peu profondes, se prolongent, recevant les trous mentonniers, dans la région symphj'sienne, à l'état de sillons mentonniers, comme c'est le cas chez toutes les formes à longue symphyse. La symphyse elle-même est marquée, au-dessus et au-dessous, par une ligne très âne et très nette. Les rameaux libres sont conservés sur une longueur d'à peu près 15 centimètres. La longueur du fragment entier est de 33 centimètres, mesurée sur la ligne médiane. Bien que la plus grande partie de la région du rameau gauche qui se trouve entre la gouttière alvéolaire et la symphyse manque, les alvéoles sont très visibles, et il est même possible de suivre ainsi plus sûrement les divers modes d'implantation des racines des dents. Les dents commencent déjà sur les rameaux libres : il y en a 12 alvéoles sur le droit, et 13 sur le gauche. Au commencement de la gouttière alvéolaire, elles sont très serrées et très petites, et elles augmentent progressivement de volume vers l'avant. Vu le plus grand nombre de dents sur le rameau gauche, les cloisons intéralvéolaires sont beaucoup plus minces de ce côté. Dans la partie postérieure des rameaux libres, les alvéoles sont fortement inclinées par devant, tandis que, dans la région de la symphyse, elles sont très obliques en arrière. Seules les lO*", 11" et 12" alvéoles (en comptant d'arrière en avant) sont enfoncées presque verticalement. Mais j'ai déjà parlé de cela en détail à propos de l'étude de la Mandibule à'EurJnno- delphis longirostris. Sur la face inférieure, les rameaux sont aplatis immédiatement en arrière de la sym- 142 0. ABEL. - LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN physe, mais cet aplatissement disparaît bientôt, car les rameaux libres, un peu concaves seulement (à cause des sillons mentonniers), ne tardent pas à se rencontrer par devant sous un angle aigu. A cause de cela, la coupe transversale de la Mandibule est trapéziforme près de l'origine de la symphyse, comme, par exemple, chez Acrode/phis Krahulefzi, Abel, mais elle devient triangulaire dans la région symphysienne antérieure. Individu X. N° 3501 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : Anvers, 18(31. Une seconde branche mandibulaire du Boldérien est aussi très importante, parce que les rameaux libres y sont bien conservés. Le rameau droit est surtout en bon état : il a 26 centimètres de long; à gauche, il ne reste que 12 centimètres; la largeur de la Mandi- bule est, à la naissance de la symphyse, de 4,2 centimètres, tandis que celle du fragment précédemment décrit est de 5 ceniimètres. Ce dernier montre, en général, des dimensions un peu plus grandes, sans qu'il puisse toutefois être comparé aux Mandibules à' Eurhinodelphis Cocheteuxi. La face supérieure est détériorée, et on ne peut compter que 1 1 alvéoles, qui sont disposées dans une gouttière tournée vers l'extérieur. L'angle symphysien est arrondi en haut, comme dans la pièce précédente, et vif sur la face inférieure, par suite de l'existence d'un foramen impair à la naissance de la symphyse; les rameaux divergent en arrière dans les mêmes proportions qu'au n" 3258. Vu de côté, le profil inférieur de la Mandibule n'est rectiligne que dans la région symphysienne. La face externe est excavée en forme de gouttière ; du bord externe libre descend un sillon dans lequel s'ouvre le premier trou mentonnier, à l'origine de la symphyse, et, 3.5 mil- limètres plus en avant, le second trou mentonnier. En arrière, la face latérale des rameaux mandibulaires augmente rapidement en hauteur, et, vu de côté, le bord inférieur du rameau libre paraît fort concave. Dans sa partie la plus postérieure, il atteint une minceur pour ainsi dire lamellaire. La longueur de la Mandibule entière peut être évaluée de 80 à 85 centimètres environ. Individu XI. N° 3447 du Registre des Ossements fossiles du Musée d'Histoire naturelle de Bel- gique. — PI. XVn, Fig. 6, 11, 12. Localité : Avant-fossé en face de la fabrique établie sur le canal d'Hérenthals, 18G1 (?). (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS i43 EuRiimoDELPHis AMBiGuus. Dii Biis, Bull. dc l'Ac. roy. d. Se. dv Belgique, 41^ ann. t. XXXIV, 1872, p. 491. Du Bus, Journal de Zoologie, t. XII, Paris, 1873, p. 97. Gervaiset Van Beneden, Ostéographie, p. 493. Ces restes sont les plus importants parmi ceux que du Bus a groupés en une espèce autonome à'Eurhinodelphis. La preuve qu'ils appartiennent à Eurhinodelphis, c'est la façon dont se fait le passage du Susmaxillaire denté au Prémaxillaire édenté, transition qui se produit tout à fait comme chez Eurhinodelphis Cocheieuxi et Eurhinodelphis longirostris. Ce qui a motivé la création de Y Eurhinodelphis amUguus, c'est, tout d'abord, la gran- deur moindre des divers restes de mâchoire et les alvéoles plus espacées. Mais ces carac- tères ne peuvent pas avoir grande importance si nous pensons que, chez Cyrtodelphis sulcatus, de telles variations sont aussi très fréquentes, sans qu'il soit possible de fixer certains Types et de les séparer comme espèces particulières. On pourrait, d'ailleurs, attribuer la grandeur moindre de la plupart des exemplaires nommés Eurhinodelphis ambigiius à leur jeune âge plutôt qu'à des différences sexuelles. Et il faut encore ajouter que du Bus lui-même a désigné comme Eurhinodelphis ambiguus des fragments de dimensions plus grandes, comme, par exemple, celui dont il s'agit ici. Il en résulte que cet auteur n'attache pas beaucoup d'importance à la différence de taille. La région de la symphyse dont il est question (Pi. XVII, Fig. 6) correspond effectivement très bien avec la Mandibule n° 3258 (PI. XVII, Fig. 4), tant pour la grandeur que pour la distance des alvéoles. Ce fragment a 20.8 centimètres de long. Sur le rameau droit, il a 23 alvéoles ; sur le gauche, 22. Le diamètre de ces alvéoles est, en moyenne, de 5 millimètres. La gouttière alvéolaire est fortement tournée en dehors. Sur la face inférieure de ce fragment on reconnaît à peine la symphyse. Sur la face supérieure, par contre, la ligne de séparation des deux rameaux mandibulaires est très visible, comme une ligne médiane fine et bien marquée, dans une gouttière peu profonde. Correspondant à leur position par rapport à l'origine de la symphyse, les alvéoles sont inclinées en arrière. Les sillons mentoniers sont très développés et accompagnent les deux rameaux mandibulaires sur la face externe. Outre ce fragment de Mandibule, il y a encore deux Périotiques, dont il a été question en parlant des caractères de l'espèce, et un fragment de rostre, pas très grand, qui comprend une partie du Prémaxillaire gauche. 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Individu XII. N" 3448 du Registre des ( >ssements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — Déterminé par du Bus comme EitrJiimxh'lphis amhiguus? Localité : Anvers, 1861-18G3. Fragment long à peu près de 25 centimètres et qui montre le passage des Susmaxil- laires aux Prémaxillaires. Les alvéoles dentaires sont petites et très espacées. Individu XIII. N° 3493 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — Déterminé comme Em-Jiinodelphis ambigiius par du Bus. Localité ; Amers, 1861-1863. C'est aussi un fragment de rostre de 25.5 de long. La suture prémaxillo-susmaxil- laire y est très visible. Les alvéoles sont un peu plus grandes que dans l'Individu précédent et passent graduellement à la gouttière profonde du Prémaxillaire, de telle sorte qu'il semble que les petites dents les plus antérieures aient été enfoncées dans le Susmaxillaire par la pointe de la racine seulement. Individu XIV. N° 3494 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — Déterminé par du Bus comme EnrhinodelpJiis ambigiius? Localité : Anvers, 1861-1863. Encore un fragment de rostre de 17 centimètres de long. Ou y voit nettement le passage du Susmaxillaire au Prémaxillaire. Les alvéoles du Susmaxillaire sont plus petites que pour le n° 3448, et moins espacées. Les différents restes de Y Eiirhinodelphis amhiguus, du Bus, varient donc aussi considérablement, de sorte que les différences avec le Type, plus grand, perdent de leur valeur. Eriger chaque fragment de rostre en une espèce particulière serait une complication inutile, et non justifiée. Individu XV. N° 3495 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — Eurhinodelphis ambigims, du Bus. Localité : Anvers 1861-1863. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 145 Ce fragment fut déterminé par du Bus comme Eurhinodelphis amhigims. L'extrémité antérieure du rostre est conservée; elle n'est formée que par les Prémaxillaires et possède, à l'état rudimentaire, les gouttières dentaires caractéristiques des Eurhinodelphides. Il y a, en outre, un morceau avec alvéoles, provenant du Susmaxillaire droit. Il est cepen- dant fortement abîmé. Puis, la région orbitaire gauche du Frontal, du Susmaxillaire et du Prémaxillaire est encore préservée, mais les Nasaux sont perdus. Les dimensions n'atteignent pas tout à fait celles du crâne IV (n" 3235, Priscodel- phiinis viorkhoviensis, Type de du Bus), qui appartient à V Eurhinodelphis longirostris. Les caractères des parties connues justifient l'opinion qu'il s'agit ici, aussi, comme pour les autres restes de Y Eurhinodelphis amhigniis, du Bus, de formes jeunes de VEurhi- nodelphis longirostris. La grande délicatesse et la fragilité des os l'indiquent, de même, tout spécialement. (?) Individu XVI. N° 3612 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité: (?) 4" Section, Anvers, 1861-1863. Peut-être faut-il joindre à \ Eurhinodelphis longirostris huit fragments d'une espèce plus petite à' Eurhinodelphis. Le plus important de ces fragments a 31.3 centimètres de long et fait partie de la moitié droite du rostre. Il est composé du Susmaxillaire et du Prémaxillaire, et provient de cet endroit où le Susmaxillaire cède la place au Prémaxillaire dans la formation de la région antérieure du rostre. On aperçoit, sur un petit espace, et mal délimitées vers le Prémaxillaire, les alvéoles des dents fonctionnelles, tandis qu'à partir d'ici, vers le devant, on ne voit, sur le Prémaxillaire, que la gouttière alvéolaire à bords tranchants. L'individu était probablemement jeune. (?) Individu XVII. N° 3245 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Lom/i^e .• Anvers, 1861-1863. De cet individu il n'y a, non plus, qu'un morceau du rostre, qui, d'après sa taille, appartient à une petite espèce du genre Eurhinodelphis; il n'est pas possible de l'attribuer, d'une manière certaine, k Y Eurhinodelphis longirostris. Des fragments des Susmaxillaires droit et gauche, ainsi qu'une partie de la région palatine, sont conservés ; la face 146 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN supérieure du rostre est perdue, sauf trois fragments insignifiants du Susmaxillaire. Il y a, en outre, un fragment de la boîte crânienne. On n'aperçoit, malheureusement, pas les caractères distinctifs des Palatins, et on ne peut pas observer l'extrémité antérieure de ceux-ci. Les dimensions du crâne correspondent à celles du crâne n° 3225. EURHINODELPHIS CRISTATUS, du Bus, 1872. 1. Priscodeli'iuinus ciusTATUS. Du Bus, Bull, (h' l'Ac. rtu/. d. Sciences de Helgique, Al' uiin., "2" sér., t. XXXIl, 187^2, p. 497. Du Bus, Journal de Zoologie, t. XII, Paris, 1873, p. 102. Gervais et Van Bencdcn, Ostéographie, p. 49o. 2. PiuscoDELPiuMis pRODi'CTi's. Du Bus, /. c, 1872, p. i!l2. Du Bus, /. c, 187.3, p. 89. Gervais et Van Beneden, /. c, pi. I.VIII, lig. ,">, p. i94. 1. — Susmaxillaire. Le passage de la région dentée du rostre, qui n'est formée que par le Susmaxillaire, à la partie non dentée, qui n'est formée que par le Prémaxillaire, ne peut être constatée nettement sur aucun des crânes de cette espèce. Dans l'un d'eux, seulement, qui représente le Type du PriscodelpJiinus prodiidus, du Bus, on croit distinctement observer que la suture prémaxillo-susmaxillaire se dirige vers le bas à partir de la large gouttière longitudinale du rostre, comme chez Etirhinodelphis Cocheteuxi et chez Eurhinodelphis longirostris. Il est donc clair que l'extrémité antérieure du Susmaxillaire, de même que dans les deux autres espèces A' Eurhinodelphis, se termine en coin vers le Prémaxillaire, et qu'ainsi l'opinion de du Bus, prétendant que Priscodelphimis se distingue d'Eurhino- delphis par la structure de son rostre, n'a plus de valeur. Comme nous l'avons déjà dit plus haut (p. 61), il n'y avait, d'ailleurs, pas le moindre motif d'attribuer plus de dix soi- disant bonnes espèces, au genre Priscodelphinus fondé par Leidy. Nous reviendrons encore là-dessus en parlant de la colonne vertébrale. Mais, comme Priscodelphitius proditdus, donc notre Individu 111 (n" 3243), est aussi rapproché du Type d' Eurhinodelphis cristatus que de celui d^ Eurhinodelphis longirostris, on peut en conclure que, chez le Type d' Eurhinodelphis cristatus, le passage de la partie du rostre formée uniquement par le Susmaxillaire à celle qui est formée seulement par le Prémaxillaire se fait de la même manière que dans les autres espèces d'Eurhinodelphis. Voici les caractères par lesquels le Susmaxillaire du Type (Individu II, n° 3241) se distingue des autres espèces : Le bourrelet orbitaire, qui est peu développé chez Eurhinodelphis Cocheteuxi et (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 147 Eurhinodelphis longirostris, a ici un développement considérable, et il constitue l'un des caractères les plus tranchés du crâne, avec la forte compression et la pente raide de la crête transversale du sommet du crâne. Chez Eurhinodelfhis Cocheteuxi (PI. VII), la région orbitaire du Frontal est beaucoup plus épaisse que la partie du Susmaxillaire qui se trouve directement au-dessus de la cavité orbitaire. Chez Eurhinodelphis longirostris (PI. XII), l'épaisseur des deux os est à peu près égale au-dessus de l'orbite. Mais, chez Eurhinodelphis cristatus {P\. XVI), le Susmaxillaire est, au même endroit, au-dessus du milieu de l'arc orbitaii'e, deux fois et demie plus épais que la région orbitaire du Frontal. Le développement exceptionnellement fort de cette partie du Susmaxillaire est d'autant plus remarquable que, chez Ihjperoodon roslratus, nous trouvons, au même endroit que dans l'espèce dont il s'agit, une haute crête, qui atteint parfois 49 centimètres (mesurée du bord inférieur du Susmaxillaire) ('). Le grand développement de la région orbitaire du Frontal rappelle beaucoup le bord susorbitaire d'Hyperoodon rosfratits, lequel est fortement plié en arc et épaissi en bourrelet. Comme il est important, pour la question de la distinction des trois espèces d'Eurfdno- delphis, de savoir si le développement exceptionnellement fort des bourrelets orbitaires des Susmaxillaires ne représente pas un simple caractère sexuel, nous allons donner ici le résultat des recherches de Gerstacker sur les changements du crâne d' Hyperoodon avec l'âge. J.-E. Gray (The Zoology of H. M. S. Erebus and Terror, Vol. I, Cetaceous Animais, p. 27. PI. IV), établit, d'abord, une espèce propre, V Hyperoodon latifrons; plus tard, même, un genre propre, Lagenocetus, sur un très grand crâne d^ Hyperoodon provenant des Iles Orcades. Avec son opinion (J.-E. Gray, On the Arrangement of ihe Geiaceans. P. Z. S. LoNDON, 1863, p. 200), que le crâne du British Muséum représente un genre spécial, Gray resta, cependant, isolé, car tous les Cétologues qui se sont occupés de ce sujet étaient d'avis de le réunir à YHyperoodon roslratus. La création du nouveau genre avait été faite surtout à cause des crêtes maxillaires exceptionnellement hautes. D. F. Eschricht [Zoologisch-anatomisch-physiologische Vntersu- chungen liber die nordischen Wallhiere. I, Bd., Leipzig 1849, p. 52), déclara, cependant, que tous les vieux crânes d' Hyperoodon, du sexe mâle, ont la même crête maxillaire élevée. Gerstacker [Bas Skelett des Dôglings, p. 23) croit qu'il n'est pas douteux que, pour des crânes de la conformation du Lagenocetus latifrons, Gray, il s'agisse simplement de crânes d' Hyperoodon très âgés, et que le sexe n'y joue aucun rôle. Il résulte, en etfet, des dimen- sions publiées de six crânes différents, que la hauteur de la crête susmaxillaire est en rapport direct avec l'augmentation de la taille (Gerstacker, Das Skelett, etc., p. 24). (1) A. Gerstacker, Daa Skelelt îles Dôijlings, Hi/peroodon rostratua {Pont.). Eiii Beitray ziir Osteologie (1er Cetiiceen und zur vcrglekhenden Morplwloyie der WirheJsuule. Leipzig, G. F. Winler 's Veilag, 1887, p. 5. 148 0. ABEL. - LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Si, dans notre cas, on fait abstration à^EnrJiinodelphis Cochetettxi, à cause de ses dimensions plus grandes, et si on compare seulement Eurhinodelphis longirostris et Eurhinodelphis cristatus, dont la grandeur est à peu près égale, la question se posera de savoir si Eurhinodelphis cristatus, avec sa crête susmaxillaire plus développée, ne repré- sente pas des individus plus âgés à' Eurhinodelphis longirostris, ou bien s'il représente peut-êti*e uniquement un des deux sexes. En ce qui concerne la première de ces questions, on doit y répondre que des crânes à' Eurhinodelphis cristatus, provenant d'individus certainement jeunes (sutures du crâne ouvertes, les épiphyses des corps des vertèbres libres) possèdent également une forte crête susmaxillaire, tandis que de vieux individus à'Eurhinodelphis longirostris (sutures du crâne oblitérées) n'ont jamais une crête susmaxillaire aussi élevée qu' Eurhinodelphis cristatus. En ce qui concerne la seconde question, on peut y répondre avec certitude qu^il ne peut s'agir de différences sexuelles. Tout d'abord, le développement de la crête du crâne, laquelle est exceptionnellement élevée, et sa pente raide en avant et vers l'occiput sont déjà des différences importantes. Et il faut y ajouter la compression, en général, plus forte des os du crâne, et la forme différente des Nasaux. Bien que, comme nous l'avons déjà dit plusieurs fois, et comme nous le répétons ici, les variations des Nasaux ne peuvent constituer des caractères spécifiques, la forme générale de ces os rudimentaires est, cependant, très différente chez Eurhinodelphis cristatus et chez Eurhinodelphis longirostris. Dans la première de ces espèces, elle est toujours parallélipipédique, les Nasaux sont plats et descendent en pente par devant; tandis que, dans la seconde espèce, ces os sont de forme ovale, leur face supérieure est horizontale et ils sont fortement bombés. A tout cela, il faut encore ajouter la forme différente des Palatins. Si on considère, en outre, (|ue la vertèbre cervicale, qui a été trouvée avec un crâne à' Eurhinodelphis longirostris, diffère considérablement de la vertèbre correspondante à' Eurhinodelphis cristatus, on peut bien dire qu'il ne saurait pas être question d'une simple différence sexuelle entre Eurhinodelphis longirostris et Eurhinodelphis cristatus, mais que les deux groupes de formes représentent des branches différentes, bien que proches parentes, du genre Eurhinodelphis. Par suite de la forte compression du crâne d'Eurhinodelphis cristatus, la région postérieure et supérieure du Susmaxillaire élargi e.st soumise à des modifications par rapport à Eurhinodelphis longirostris. La partie la plus élevée des Susmaxillaires est étirée en une pointe étroite, en pente raide vers l'arrière et dirigée vers le haut. Le bord posté- rieur se tourne ensuite très obliquement en arrière et vers le dehors, descend alors presque verticalement, pour se replier de nouveau presque à angle droit par devant, et pour former, avec le Frontal élargi, le toit de la fosse temporale, dont le bord supérieur se trouve plus bas que le bord supérieur de l'Orbite. Par conséquent, le bord externe de la région orbitaire du Susmaxillaire se tourne fortement vers le haut et se termine, par devant, au Lacrymal, intercalé en forme de coin entre le Susmaxillaire et le Frontal. (MIOCÈNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 149 2. — Prémaxillaire. L'extrémité antérieure du rostre n'est, malheureusement, conservée dans aucun spécimen à'EwMiiodelphis cristatus, de sorte qu'on ne peut que par analogie émettre l'opinion que la région antérieure du rostre, qui n'est formée que par le Prémaxillaire, était privée de dents et n'avait qu'une gouttière alvéolaire rudimentaire. Nous avons déjà dit, en parlant du Susmaxillaire, que l'extrémité antérieure du rostre est formée par les Prémaxillaires, à l'exclusion des Susmaxillaires. Comme le Susmaxillaire, le Prémaxillaire s'étend aussi plus haut sur la moitié droite du crâne que sur la gauche. A en juger d'après les restes que nous possédons, le droit doit avoir été plus large que le gauche vers l'extrémité antérieure de la région mésethmoïdale ossifiée, absolument comme nous l'avons vu chez EuyliinodeJphis longirostris. 3. — Nasal. Bien que la forme des Nasaux varie beaucoup, on voit, cependant, que, chez Eurhino- delphis cristatus, à la différence de ceux d^ Eurhvnodelphis longirostris, ils ne sont pas de forme ovale et bombée, mais ils sont toujours parallélipipédiques, plats et à face supérieure penchée en avant. Le Nasal droit est toujours plus grand que le gauche; la largeur du Nasal droit (largeur qui correspond à la longueur chez Eurhinodelphis longirostris) est plus grande que celle du gauche, mais, en règle générale, la longueur (qui correspond à la largeur chez Eurhinodelphis longirostris) est alors aussi plus grande sur le droit que sur le gauche (comparer PI. XV, Fig. 1). Les Nasaux du crâne V (n° 3237) offrent une variation remarquable. Leur bord postérieur ne forme pas une ligne légèrement échancrée en arrière, comme sur le Type (crâne 1, n° 3234, PI. XV, Fig. I), mais ils divergent très fort, en arrière, à partir de la ligne médiane. Les bords antérieurs sont ici aussi concaves, mais ils se prolongent laté- ralement et extérieurement en une petite apophyse obtuse, telle que nous l'avons trouvée, toutefois plus développée, chez Eurhinodelphis longirostris (crâne V, n° 3244, Type du Priscodelphinus pidvinatus, du Bus, PI. XVII, Fig. 2). Nous rencontrons une semblable apophyse, un peu moins forte, sur le crâne I (n° 3234, PL XV, Fig. 1), où le Nasal s'enchâsse, de plus, en arrière et vers le dehors, dans le Frontal, par une apophyse en forme de crochet. 4. — Frontal. 11 y a peu de chose à dire des Frontaux. Le long du bord externe du crâne, ils deviennent visibles de la même façon que chez Eurhinodelphis longirostris. Ils accom- 150 0. ABEI.. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN pagnent généralement le bord externe des Susmaxillaires à partir des Nasaux jusqu'au point où les Pariétaux s'intercalent, en une bande très droite, entre le Susoccipital et les Frontaux, à l'extrémité postérieure et supérieure de la fosse temporale, mais ils sont parfois tellement chevauchés par le Susoccipital et les Susmaxillaires, intimement appliqués l'un contre l'autre, qu'ils deviennent presque invisibles (comparer PI. XV, Fig. 1). L'apophyse postorbitaire, très vigoureuse, touche l'apophyse zygomatique du Squa- mosal, et, à partir d'ici, les Frontaux s'épaississent à vue d'œil, en formant le plafond, fortement bombé, de l'orbite. Sur la face interne du crâne, les Frontaux jouent un rôle beaucoup plus important que sur la face supérieure (PI. XV, Fig. 2). Le Susoccipital recule, par contre, très fort, et la cavité crânienne est formée, pour la plus grande partie, par les Frontaux, tandis que le Susoccipital s'intercale en forme de languette entre les deux Frontaux jusque près de la fosse rhinencéphalique. Je donnerai les limites exactes des Frontaux à l'intérieur de la cavité crânienne en parlant de l'Individu L Nous dirons seulement ici encore que, des deux côtés de la cavité crânienne et obliquement au-dessus des Frontaux, il y a une ligne en forme dé suture qui ne peut être que la ligne de jonction de deux centres d'ossification. 5. — Lacrymal. Flower (') considère la présence ou l'absence d'un Lacrymal fonctionnel isolé comme un caractère systématique important (p. 113). Cet éminent Cétologue distingue trois familles d'Odontocètes : I. l'iiYSETERn).E 1. Physelerinœ. Lacrymal soudé. â. Ziphiinœ. Lacrymal libre. II. Pi.ATAMSTiD.E. Lacrymal soudé au .liigal. IIL Dici.iMiiNiD.E. Lacrymal soudé au Juj^al. Mais, chez les Delphinides, le Lacrymal n'est pas toujours complètement soudé au Jugal. C'est ce que prouve, par exemple, un crâne de Belmja leucas conservé au Musée de Bruxelles. Le Lacrymal y est très nettement isolé du Jugal, et il en est séparé par une (') VV. H. Flower. Description of the Slcehton of Iiiia geoffrensis and of the Skull of Pontoporia Blainvillii, with remarks on the Systematic Position of thèse Animais in the Order Cetacea. Transactions Zool. Soc. London, 1866, VI, Part. III, p 87-1 16, PI. XXV-XXVIII. — Gerstacker [SkeUtt des Doglings, p. 14) a tort de dire que Flower nie la présence du Lacrymal cliez les Delphinides; Flower est seulement d'avis que, dans cette famille, il est toujours soudé avec le Jugal (" lachrymal bone not distinct from the Jugal,); alors, Gerstacker devrait dire aussi que, d'après Flower, le Présphénoïde manque aux Odontocètes, parce qu'il est régulièrement synostosé, chez eux, avec le Mésethmoïde (à de rares exceptions près), de telle sorte qu'on ne peut pas apercevoir la suture (Flower, Einleitung in die Osteologie der Sâugethiere, Leipzig, 1888, p. 195 et suiv.). (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 151 suture foliacée (PI. XVII, fig. 9). Il en est de même sur un crâne conservé à l'Institut zoologique de l'Université de Vienne. Il est, toutefois, exact que, chez les Ziphiinœ, le Lacrymal est toujours franchement isolé. Nous devons une description détaillée de cet os, chez Hyperoodon rostratus, à Eschricht ('); il y ajoute que l'on peut facilement se persuader de l'indépendance du Lacrymal sur tout crâne de cet animal. Le Jugal y a, à sa partie la plus antérieure, un fort appendice lamelliforme, et, en outre, un gros tubercule ovoïde, en contact, par devant, avec l'épaisse apophyse orbitaire du Susmaxillaire et, par derrière, avec l'apophyse antérieure du Frontal. Le Lacrymal lamelliforme s'intercale entre ces deux dernières parties, de manière à entourer le Jugal en forme de demi-gaine. Gerstâcker {t. c, p. 15) modifie cette donnée en disant que le Jugal ne prend pas son origine sur la face inférieure de la lame (Lacrymal) épanouie en tubercule, mais directement sur le Susmaxillaire, et qu'il ne se soude que plus tard, et sur un petit espace, avec la région lacrymale antérieure. Le Jugal est relié au Lacrymal de la même manière chez Lagenorhynchus (Gerstâcker, p. 15); de même, aussi, chez Globiocephalus mêlas. « Es verhalt sich demnach in allen Fâllen das wirkliche Os jugale d. h. die knôcherne Brûckenverbindung zwischen der Maxille und dem Schlâfenbein, der Hauptsache nach gleich und nur seine Verbindung mit dem (Meckel'schen) Thrânenbein (malar bone Flowers) ist je nach den Gattungen eine graduell verschiedene. " Chez Eurhinodelphis cristatus, le Lacrymal est, de même, nettement séparé du Jugal (PI. XV, Fig. 2). On y voit, par suite du jeune âge de l'Individu, que le Lacrymal est séparé du Jugal par une suture foliacée, qui, du côté gauche, est deux fois aussi grande que du côté droit. Cette suture foliacée se distingue par la grande quantité de plis osseux parallèles, qui s'emboîtent dans des rainures correspondantes du Jugal. Ces crêtes et ces rainures se dirigent un peu en arrière et vers le dedans. Le Lacrymal gauche est, en partie, brisé, et on reconnaît ainsi qu'il est en contact avec le Frontal, aussi par une suture foliacée, dont les crêtes suivent la même direction que celles de la suture foliacée avec le Jugal. En dedans, il est sous le Susmaxillaire, mais on observe, dans un autre crâne (PI. XVI), vu de côté, qu'il s'intercale vers le dehors, entre le Frontal et le Susmaxillaire; au-dessous, le Jugal s'y attache régulièrement. Nous avons fait remarquer, plus haut, que Flower se sert à tort de l'isolement du Jugal et du Lacrymal comme caractère systématique, parce que, non seulement chez les Ziphnme, mais aussi chez les Delphinidœ, le Lacrymal reste, parfois, du moins partielle- ment, séparé. Cependant, l'autonomie du Lacrymal chez Eiirhinodelpliis cristcdus, le fort bourrelet susmaxillaire, la structure de la région nasale et la forte compression du crâne, indiquent, ') D. F. EscHRicHT. Zoulogisch-anatumisch-phijsiologiache Vntersuchungen iiher die nordischen Walthieie, I, p. 44. 21. - 1901 LES DAUPHINS LONQIROSTRES DU BOLDERIEN selon moi, une proche parent é avec les Physeteridœ, spécialement avec les Ziphiiiicis. La colonne vertébrale marque aussi, comme nous le verrons ultérieurement, des caractères de Physétéride, tandis qu'il n'existe pas de proches rapports de parenté entre Eurhinodelphis et les Platanistides, avec lesquels le genre avait étéréunijusquà présent. 6. — Jugal. Comme nous venons de le voir, le Jugal rencontre le Lacrymal le long d'une suture foliacée bien développée. En règle générale, l'apophyse épaissie, enfoncée comme un coin entre le Frontal et le Susmaxillaire est seule conservée, tandis que la pointe zygomatique a toujours disparu. 7. — Interpariétal. L'Interpariétal n'est séparé sur aucun des crânes qui nous occupent, et il est proba- blement uni au Susoccipital par suite de l'âge ; sur l'un des crânes (n° 3240), il paraît être soudé avec les Frontaux. 8. — Pariétal. Comme dans les deux autres espèces (\: Eurhinodelphis, ici aussi, le Pariétal est entiè- rement refoulé sur le côté, et il ne forme qu'une petite partie de la fosse temporale, où il occupe, sur la face externe du crâne, un très petit espace entre le Susoccipital, l'Exoccipital, le Squaraosal, l'Alisphénoïde et le Frontal. Tandis que la paroi de la fosse temporale est extrêmement délicate et lamelleuse aussi longtemps qu'elle est formée par le Pariétal, l'apophyse du Pariétal située vers le haut, entre le Susoccipital et le Frontal (PI. XV, Fig. 2), est assez forte. L'extrémité supérieure, par laquelle le Pariétal touche le Susoccipital, est la plus épaisse, comme aussi l'extrémité inférieure reliée à l'Alisphénoïde, tandis que la partie intermédiaire est plus faible. Sur la face interne de la cavité crânienne, le Pariétal n'occupe également qu'un très petit espace. 9. — Squamosal. La position du Squamosal et ses relations avec les os voisins sont, dans les traits essentiels, les mêmes que pour les deux autres espèces d^ Eurhinodelphis. L'Exoccipital s'emboîte, en forme de languette, dans la région temporale du Squamosal; une fosse rugueuse, profonde, pour le conduit auditif externe, .se dirige du bas et en arrière vers le haut et le devant. L'apophyse zygomatique, arrondie, est généralement plus faible que l'apophyse postglénoïde, également arrondie ; la cavité glénoïde est spacieuse et profonde. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS i53 Sur l'un des exemplaires (Individu III, n° 3243), l'apophyse postglénoïde est un peu plus forte que l'apophyse zygomatique; de même, dans l'Individu V (n° 3237) ; de même, encore, dans l'Individu VI (n° 3240); dans l'Individu II (n° 3241) (PI. XVI), seul, l'apophyse postglénoïde est moins développée que l'apophyse zygomatique. 10. — Susoccipital. Le Susoccipital est toujours en pente raide, et il se renverse en arrière à son extrémité supérieure. Ce renversement est ordinairement très considérable (PL XVI). Pourtant, il est plus faible sur l'un des exemplaires (Individu III, n° 3243, Type du Priscodelphinns produdus, du Bus). Tout le long du Susoccipital, il y a une gouttière médiane, qui, dans la partie renversée, est remplacée par une crête, tout à fait comme nous l'avons vu chez Eurhino- delphis longirostris (crâne IV, n° 3235, Type du Friscodelphis morckhoviensis, du Bus). Des deux côtés de la gouttière, le Susoccipital est bombé, et il est excavé de part et d'autre de la crête médiane. FlG. Eurhinodelphis cristatus. du Bus. — Boldérien (Miocène supérieur). Localilé (Anvers). — Crâne I (n° 3234 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique). — Grandeur naturelle. Coupe à travers la crête occipitale interne. — Pour montrer la grande hauteur et la minceur de la crête osseuse qui part du .Susoccipital (SO) pour se loger entre les hémisphères cérébraux. Dans la cavité crânienne, la gouttière correspond à la faux osseuse du cerveau, entre les deux hémisphères cérébraux. Celle-ci est très haute (Fig. 20), et s'avance presque de 30 millimètres vers l'intérieur. A son origine, contre le Susoccipital, elle n'a pas plus de 3 millimètres d'épaisseur ; elle conserve cette épaisseur sur une certaine distance ; puis, elle se renforce vers l'extrémité libre où elle n'atteint pourtant pas plus de 4 millimètres d'épaisseur. Cette faux osseuse du cerveau, ou crête occipitale interne, s'étend entre les Frontaux jusque dans la région de la fosse rhinencéphalique. 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN 11. — Exoccipital. Dans ses traits essentiels, la forme de cet os est pareille à celle de l'os correspondant des deux autres espèces à^Eurlnnodelphis. Il ne reste donc à parler que des condyles occipitaux. Les grands axes des condyles occipitaux ne sont pas dirigés comme ceux d'Eur/iino- delphis Cochetetixi ou ceux à' Eurhiiiodelphis longirostris, mais ils divergent vers le haut, de telle sorte que la partie supérieure du grand trou occipital, entre les condyles occipitaux, est beaucoup plus large que la partie inférieure. Le grand trou occipital atteint donc sa largeur maximum dans son tiers supérieur, et non pas vers le milieu, comme chez EurJiinodelphis CocJieteuxi (PI. IX, Fig. 1). Cependant, étant données les fortes variations des condyles occipitaux chez Phocœna commimis, variations dont il a déjà été question en parlant de l'Exoccipital à'Enrhino- delphis longirostris, je ne crois pas qu'on doive attacher beaucoup d'importance aux différences de forme du grand trou occipital chez les diverses espèces ^ EurhinodelpJùs. 12. — Vomer. Comme chez Eurhinodelphù longirostris. 13. — Mésethmoïde et Présphénoïde. L'extrémité antérieure de la région mésethmoïdalo ossifiée est généralement bien conservée. Elle se trouve dans un plan qui couperait transversalement les Palatins par le milieu. La surface terminale est rugueuse, fortement convexe. La partie postérieure du Mésethmoïde, qui se dresse verticalement et qui correspond à la lame criblée, ferme l'orifice antérieur du crâne, qui est formé par les Frontaux, comme chez Eurhinodelphis Cocheteuxi et Ewhinodelphis longirostris. 14. — Basisphénoïde et Basioccipital. Le Basisphénoïde est séparé du Présphénoïde par une suture, qui est quelquefois très visible. La forme et la délimitation de cet os sont les mêmes que dans les autres espèces dH Eurhinodelphis. (MIOCENE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 155 15. — Alisphénoïde. L'Alisphénoïde, fixé latéralement au Basisphénoïde, se dirige vers le haut et vers le dehors, comme un os fort et en forme de crochet (PI. XVII, Fig. 3). Par devant, il limite, avec rOrbitosphénoïde, la grande et irrégulière fente sphénoïdale (foramen lacerum anterius), qui se confond, à son bord postérieur, avec le foramen rotundum ; la position de ce dernier se reconnaît facilement au contour de son bord postérieur, qui est formé par r Alisphénoïde, et qui est arrondi en demi-ovale (i). Le bord postérieur de l'Alisphénoïde est perforé par le grand trou ovale (2), lequel, ne se confond pas, ici, avec le foramen lacerum médium, mais en est séparé par une lamelle osseuse, d'ailleurs mince. Derrière celui-ci se trouve le grand foramen lacerum médium (4), (entre le Squamosal, l'Exoccipital, le Basioccipital et l'Alisphénoïde), qui est ouvert, dans sa partie postérieure, vers le foramen lacerum posterius (5). A l'endroit où l'Alisphénoïde rencontre le Basisphénoïde, s'ouvre le foramen caroti- dicum (3), qui se dirige obliquement, de dessous et en dehors, vers le haut et en dedans. L'Alisphénoïde se termine, vers le Squamosal, par une suture oblique, qui, venant de devant et du dehors, se dirige en arrière et en dedans. 16. — Orbitosphénoïde. Le plus souvent, la partie basilaire, seule, contiguë au Présphénoïde, est conservée, sans qu'on puisse exactement fixer la position du foramen opticum. Chez Eurlnnodelphis cristatus, ces os sont aussi beaucoup plus petits et plus faibles que les Alisphénoïdes. 17. — Palatins. La structure de ces os diffère de celle qu'on voit chez Eurhinodelphis Cocheteuxi et chez Eurhinodelphis longirostris, et ils fournissent un bon caractère distinctif. Le point le plus important est la manière dont se réunissent les extrémités antérieures des Palatins. Comme on peut le voir dans les figures schématiques 3 et 4, PI. XVIII, il y a, ici, un petit V antérieur, par suite de l'ouverture de la suture interpalatine, et qui, sur le crâne II (n° 3241), a 7 millimètres de haut. Le bord externe des Palatins, vers les Suxmaxillaires, est presque rectiligne, et non pas convexe, comme chez Eurhinodelphis longirostris. Sur le crâne II, la longueur des Palatins est de 56 millimètres. Sur le crâne III (n° 3243, Type du Priscodelphinus productus, du Bus), nous trouvons également le V antérieur développé, comme dans le Type ôi! Eurhinodelphis cristatus (crâne II). Le bord externe, vers le Susmaxillaire, est, ici aussi, presque rectiligne. La suture interpalatine est parfois ininterrompue (crâne III, n° 3243), parfois ouverte LES DAUPHINS LONOIROSTRES DU BOLDÉRIEN 18. — Ptérygoïde. Les apophyses des Ptérygoïdes vers le Présphénoïde (comparer PI. XVI, pt), ainsi que les attaches lamelliformes, pour les sinus postpalatins, à peu près comme chez Enrhino- delphis longirostris. Les lignes d'attache, en forme d'arc, des sinus postpalatins sur les Palatins varient beaucoup. On voit deux cas extrêmes de leurs variations dans les figures schématiques 3 et 4 de la PI. XVIII. 19. — Mandibule. De la Mandibule, il n'y a qu'un petit fragment, sans importance, de la région symphy- sienne, avec quelques grandes alvéoles. Ce fragment appartient au crâne II (n°3241). 20. — Dents. Il ne reste, malheureusement, qu'une dent, dans le Susmaxillaire gauche de l'Indi- vidu III (n° 3243, Type du Priscodelphinus productus, du Bus). Une partie de la couronne est brisée ; on peut, cependant, reconnaître qu'elle correspondait, à l'état complet, dans ses caractères essentiels, à la dent d'Eurhinodelphis longirostris (Individu VI, n° 3239, PL XVII, Fig. 5). Du Bus en dit : " Sa couronne est assez mince, courbée, déprimée d'avant en arrière ; sa racine est taillée en biseau à son extrémité. " Individu I. N° 3234 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PI. XV, Fig. 1 et 2. — Type de YEurhinodelphis cristatus. Localité -.1 4" Section, Anvers, 1801-1803. On a trouvé, avec le crâne, une grande partie de la colonne vertébrale, ainsi que des côtes. Les vertèbres cervicales sont au complet; des vertèbres dorsales, le Musée possède de la première à la sixième et la huitième, soit, en tout, quatorze vertèbres en bon état. Il y a, en outre, la seconde côte (droite et gauche), la troisième gauche, la quatrième droite, ainsi que la septième et la huitième côtes gauches. Nous parlerons, ultérieurement, en détail, de ces restes, et nous ferons seulement remarquer, ici, que la colonne vertébrale .se distingue absolument de celle à'Eurliinodelphis Cocheteuxi, au point que, abstraction faite du crâne, elle autorise seule la séparation à'Eurhinodelphis cristatus et à! Eurhinodelphis Cocheteuxi. Quoiqu'on ne puisse dire que le crâne de l'Individu I à'Eurhinodelphis cristatus soit bien conservé, si on le compare à ceux des autres espèces du mêuie genre que renferme le (MIOCÈNE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS i57 Musée de Bruxelles, il appartient, pourtant, aux pièces importantes des riches collections de ce Musée. C'est un crâne d'animal non adulte, ce que montrent les sutures crâniennes ouvertes et ce que confirment les épiphyses vertébrales isolées. Vu de profil, ce crâne montre la forte concavité du Susoccipital, si caractéristique, et qui est due au refoulement des os de la face en arrière. Ce Type d'Occipital mérite le nom de « renversé ", absolument comme on le dit d'un plissement dans des massifs monta- gneux. Des Susmaxillaires, il ne reste, pour ainsi dire, que les grandes et larges ailes orbi- taires et temporales, qui laissent apparaître, à gauche, le Frontal, vu de dessus, à deux endroits ; dans les deux interstices des Susmaxillaires, on peut très bien observer la suture foliacée du Frontal et du Susmaxillaire. Un peu latéralement et au-dessus de l'échancrure préorbitaire, le Susmaxillaire gauche est fort épaissi et étiré en une pointe obtuse ; vers l'extérieur, cet épaississement est limité par un bord abrupt, de telle sorte qu'au bord externe de l'aile orbitaire, une surface plane est nettement marquée. Vers le plan médian du crâne, la surface des Susmaxillaires est excavée pour la réception des Prémaxillaires, qui ont presque entièrement disparu. Deux petits fragments se trouvent sur le Susmaxillaire gauche, dans la région des narines, et un troisième, dans une position analogue à droite. Par suite de l'absence des Prémaxillaires, on peut aisément observer les connexions des Susmaxillaires avec les os de la région nasale. Comme c'est toujours le cas chez les Odontocètes, le Susmaxillaire droit monte plus haut que le gauche, et il est considérablement élargi à l'endroit où s'étalait la partie la plus élevée du Prémaxillaire. L'asymétrie est particulièrement marquée sur ce crâne; elle est, d'ailleurs, beaucoup plus accentuée chez Eurhinodelphis cristatus que chez les deux autres espèces du genre Enrhuiodelphis, et elle paraît être en rapport immédiat avec la compression plus forte du crâne. On peut observer, ici, que le Susmaxillaire droit touche directement, par son bord postérieur, la moitié droite du Susoccipital, sans que, comme c'est ordinairement le cas, le Frontal soit intercalé au-devant de ce dernier comme une bande intermédiaire. Le Frontal est seulement visible, à droite, sur un petit espace, et comme une bande mince, entre le Susmaxillaire et le Susoccipital. A l'endroit, où, dans le crâne intact, le Prémaxillaire s'élevait le plus en arrière et vers le haut, le Susmaxillaire touche directement le Susocci- pital, sans rien laisser voir du Frontal, à cet endroit, sur la face supérieure du crâne. Cette structure n'est, sans doute, pas un caractère important, et qui confirmerait la séparation de YEurldnodelpliis cristatus des autres espèces à'Em-hinodelphis, mais c'est seulement la conséquence d'un recul et d'une compression individuellement plus forte de la région moyenne du crâne, ce qui est particulièrement le cas chez EiirJdnodelpIiis cristatus. Par contre, on voit, du côté gauche, entre le Susmaxillaire et le Susoccipital, une bande plus large du Frontal. Elle paraît aussi avoir été visible à cet endroit dans le crâne 158 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN intact. Cependant la délimitation exacte des os est bien difficile, parce que le bord antérieur du Susoccipital est fort endommagé. Et, en raison du mode de conservation, l'asymétrie paraît encore plus forte, PL XV, Fig. 1, que ce n'est le cas en réalité. Le Nasal droit seul est conservé. Il était, en comparaison de l'empreinte qui existe entre le Mésethmoïd'e, le Prémaxillaire gauche et le Frontal, pour le Nasal gauche, un peu plus fort que ce dernier. Sa surface est irrégulièrement quadrangulaire. De même que les Frontaux, qui se trouvent derrière lui, il descend en forte pente devant, ce qui donne un tranchant accusé à la crête trans verse du sommet, qui, contre la région postérieure des Frontaux, est formée par le bord antérieur du Susoccipital. La dépression en forme de fosse, pour les Nasaux,, est constituée presque exclusivement par les Frontaux ; la paroi externe de la cuve nasale est même soutenue, dans un but de consolidation de l'union avec le Frontal, par une lame de celui-ci qui monte verticale- ment, le Nasal étant pourvu en dehors et en arrière d'une espèce de crochet, à cette même fin. Nous avons déjà rencontré plus haut de semblables apophyses des Nasaux chez EurhinodeljjJiis longirostris [n" 3244, Type du Priscodelphinus elegans, du Bus); mais là, elles étaient placées en avant et vers le dehors. Nous trouverons encore une apophyse analogue dans le crâne V (n° 3237). La forme générale des Frontaux est très remarquable. Ils font saillie comme des sortes de boutons à l'endroit le plus élevé de la région moyenne de la crête transversale, et ils se rencontrent, sur la ligne médiane, en une suture rectiligne qui ne correspond pas au plan médian du crâne, mais qui est fortement déviée vers la droite. Comme je l'ai déjà fait ressortir, l'asymétrie de ce crâne-ci est si accusée que le plan vertical qui passe par la crête occipitale interne (faux osseuse du cerveau) et le milieu de la distance entre les bords externes des ailes orbitaires rencontre exclusivement le Frontal et le Nasal du côté droit; le prolongement de la faux osseuse du cerveau, qui descend du Susoccipital entre les hémisphères cérébraux, divise à peu près en deux le Frontal et le Nasal droits. Il ne peut, d'ailleurs, pas être question, ici, d'une déformation; il s'agit réellement d'une asymétrie particulièrement forte. Le Susoccipital, qui est encore visible sur la face supérieure du crâne, est fortement excavé. Le milieu de l'os, qui est indiqué par la faux osseuse du cerveau, pourrait avoir été indiqué, sur la face supérieure, par une dépression médiane, comme nous l'observons sur le crâne à'Eurhinodelphis longirostris (Type, crâne IV, n° 3235, PL XVII, Fig. 1). A juger d'après les fragments que nous possédons, le Susoccipital formait un peu bour- relet, sur la face externe, des deux côtés de la crête occipitale interne, ce qui fait paraître les deux excavations latérales encore plus profondes. Du côté gauche, le Mésethmoïde devient visible à l'endroit où était le Nasal disparu. De ce même côté, on voit encore un petit morceau du Lacrymal, dans l'échancrure préorbitaire. L' Interpariétal ne paraît pas être synostosé avec les Frontaux, mais avec le Susoccipital. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 159 Examinons, maintenant, la face interne du crâne. L'intérieur de la cavité crânienne a plus d'importance, parce que, d'abord, les limites du Lacrymal, qui est généralement synostosé avec le Jugal, peuvent y être exactement fixées, et, en second lieu, parce que les sutures des os du crâne en général ne sont pas encore fermées, par suite de la jeunesse de l'Individu. Des deux côtés du crâne s'intercale, en forme de coin, entre le Susmaxillaire et le Frontal, un os lamelliforme, lequel se distingue par le fait que, sur sa face inférieure, se trouve une région nettement délimitée, couverte de nombreuses rides et rainures parallèles. La structure de la surface de cet os ne peut ère comparée qu'à celle que nous trouvons, par exemple, entre le Susmaxillaire et le Frontal, dans la région orbitaire, c'est-à-dire, à une suture foliacée ; à cause de cela, l'os plat qui est intercalé entre le Susmaxillaire et le Frontal ne peut représenter autre chose que le Lacrymal, qui touchait donc au Jugal, disparu, par une suture foliacée. Du côté gauche, la suture foliacée du Lacrymal a, à peu près, le double de la grandeur qu'elle a du côté droit (comparer PI. XV, Fig. 2), mais il est possible que l'état de conservation y soit pour quelque chose. La cavité crânienne présente encore toute une série d'autres points remarquables. Il faut citer, avant tout, la crête occipitale interne (faux osseuse du cerveau), qui est extrême- ment développée. Cette crête est curieuse par le fait que, comme cloison séparant les deux hémisphères cérébraux, elle s'avance, de la face interne du Susoccipital jusqu'à 30 millimètres plus bas. L'épaisseur de cette cloison n'est que de 3 millimètres à sa base, et cette épaisseur ne change presque pas jusqu'au bord inférieur de la crête. Ce bord infé- rieur n'est pas aussi fort courbé que le Susoccipital, mais seulement falciforme, presque rectiligne dans sa partie moyenne. La crête occipitale interne commence par une plaque triangulaire, qui prend déjà naissance au bord supérieur du grand trou occipital ; cette plaque porte la fossette vermienne (comparer p. 73, Fig. 16, II, et PI. IX, Fig. 2). Elle est tout autrement conformée que chez Eiirhinodelphis CocJieteuxi, mais on ne doit pas attacher une bien grande importance à cette diiférence, puisque chez les divers individus à' Eîirhinodelphis CocJieteuxi, de même que chez Eurliinodelphis longirostris et chez EurJiinodelp/iis cristatus, on peut observer d'assez fortes variations dans le développement de la fossette vermienne, variations qui dépendent évidemment de l'âge. En comparant la Fig. 2 de la PI. XV avec la Fig. 2 de la PL IX, on doit remarquer que, dans la première de ces figures, on voit la cavité crânienne de dessous, et, dans la deuxième, on la voit de devant, raison pour laquelle les fosses cérébelleuses ne sont pas visibles. On n'y aperçoit que les racines des sinus latéraux, qui, de l'Exoccipital, se dirigent par devant et vers le bas, sans qu'il ait été possible de représenter le contour entier des fosses cérébelleuses. Le bord inférieur delà crête occipitale interne se continue vers le devant, entre les hémisphères cérébraux, s'éloignant, en même temps, toujours davantage du Susoccipital, et elle se termine, au delà de l'endroit où les Frontaux se séparent en ogive, dans la paroi 22. - 1902. 160 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN antérieure du crâne. C'est l'orifice qui est fermé par le Mésethmoïde (lame criblée), et le long des bords duquel les nerfs olfactifs pénètrent dans les fosses nasales. Les deux branches de l'arc de cet orifice, branches qui se rencontrent en pointe vers le haut, sont très asymétriques, de telle sorte que l'arc du côté droit étant en retrait, fait paraître tout l'orifice fortement refoulé vers la droite (PI. XV, Fig. 2). . On peut très bien suivre les sutures entre le Susoccipital et les deux Frontaux. Le Susoccipital s'avance beaucoup sur la ligne médiane et y forme un lobe assez symétrique, qui s'intercale entre les Frontaux. Partant du point où le Pariétal, le Frontal et le Susoccipital se rencontrent du côté gauche, nous voyons le Frontal gauche fortement étiré en arrière et terminé, vers le Susoccipital, par une ligne arquée. Ensuite, la suture fronto-susoccipitale se dirige vers le devant et latéralement, pour se tourner, enfin, vers l'extrémité antérieure de la crête occipitale interne. Cette partie de la suture s'avance plus en arrière, du côté gauche, de sorte que le Frontal est refoulé un peu plus en arrière du côté gauche que du côté droit : à part cela, le trajet de la suture est presque symétrique des deux côtés. Nous voyons donc combien l'extension des Frontaux et du Susoccipital, sur la face interne du crâne, diffère de celle de la face externe, où les Frontaux ne sont presque pas visibles ; comme nous l'avons constaté, ils y sont presque entièrement recouverts, d'une part, par les Susmaxillaires et les Prémaxillaires rejetés en arrière, et, d'autre part, par le Susoccipital se portant en avant. Les Pariétaux ne sont pas, à beaucoup près, aussi régulièrement développés que les Frontaux, sur la face interne du crâne. Nous pouvons suivre très exactement, du côté gauche, les sutures entre les Frontaux, les Alisphénoïdes et, en partie aussi, le Susoccipital. Les Pariétaux touchent, par leur bord supérieur, presque exclusivement, les Frontaux, par lesquels ils ont été, comme nous l'avons vu (p. 34), chassés de la face supérieure du crâne, dans la direction des fosses temporales, au cours du développement phylogénique, lors du recul des narines vers le haut et du développement de la crête transverse du sommet. Les Pariétaux forment, ici, sur un certain espace, la paroi latérale de la cavité cérébrale, et ils sont étonnamment minces à cet endroit, comme c'est généralement le cas chez presque tous les Odontocètes. Du côté droit du crâne, la région moyenne du Pariétal manque, là où il touche le Frontal ; on peut, néanmoins, en marquer la limite, en se basant sur la suture fronto- pariétale absolument nette. La suture pariéto-alisphénoïdale est presque symétrique ; mais le Pariétal droit s'avance, cependant, beaucoup plus fort en arrière que le gauche, ce qui produit une assez forte asymétrie de cette partie du crâne. Les Alisphénoïdes sont très compacts et enfoncés en forme de coin entre les Pariétaux (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 161 et les Frontaux. Il n'est pas possible de fixer la position des foramina qui perforent l'Alisphénoïde (f. rotundum et ovale). Le Frontal droit a partiellement disparu dans la région orbitaire, de sorte qu'on aperçoit (PI. XV, Fig. 2), la face inférieure du Susmaxillaire droit avec la suture foliacée susmaxillo- frontale. On voit, en outre, sur la face inférieure du crâne, les Susmaxillaires représentés par des fragments isolés et peu importants, dans la région palatine et latéralement aux Lacrymaux. Les Palatins sont complètement perdus. Essayons maintenant de donner un aspect d'ensemble de l'intérieur de la cavité crânienne. Marchant d'arrière en avant, nous trouvons, d'abord, les Exoccipitaux, auxquels s'attache, en avant, le Susoccipital. Une lame osseuse, dirigée verticalement vers le bas, la crête occipitale interne, sépare les hémisphères cérébraux, et s'étend jusqu'à la fosse rhinencéphalique; ici, les Frontaux se séparent, et l'orifice ainsi produit est fermé par la lame criblée de l'Ethmoïde. La paroi latérale de la cavité cérébrale est formée par les Pariétaux, qui ne sont que partiellement conservés. A l'endroit où les Frontaux, par suite de la saillie du Susoccipital et des Pariétaux, paraissent le plus étroits, on voit, des deux côtés, mais à droite beaucoup plus distincte- ment, une ligne dentelée, passant transversalement au-dessus du Frontal, et allant du Pariétal au Susoccipital ; cette ligne a entièrement le caractère d'une suture. En examinant cet endroit de plus près, on voit que la partie antérieure du Frontal a été refoulée par-dessus la partie postérieure; on peut observer ceci très distinctement PI. XV, Fig. 2, au moyen d'une loupe, grâce à l'excellente photographie. Comme il ne saurait exister aucun doute quant à la délimitation des Frontaux, il ne peut s'agir ici que d'une suture entre deux régions du Frontal ossifiées par deux points d'ossification différents. Individu II. N° 3241 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. - PL XVI. Localité: 4' Section, Anvers, 1861-1863. Ce crâne est fort abîmé ; seul, le côté droit, représenté dans la figure, est mieux conservé. Comme la plus grande partie du rostre manque, il est impossible d'observer le passage, si caractéristique pour le genre Eurhinodelphis, de la région dentée du rostre dans la région non dentée. Ce qui donne un aspect spécial au crâne, c'est, outre la position de la fosse temporale 162 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN et la forte compression, l'énorme épaississement du Susmaxillaire au-dessus de l'orbite. Dans la région nasale, le crâne est très étiré vers le haut. Les Prémaxillaires sont médiocrement conservés ; il n'y a rien de particulier à en dire. Le Mésethmoïde est en bon état. Son extrémité antérieure, ossifiée, se trouve dans un plan transversal, qui, mené perpendiculairement au plan médian, passerait par le milieu des Palatins. La surface de cette extrémité est, comme d'habitude, rugueuse et hémi- sphérique. On voit le Vomer, sur une grande étendue, sur la face supérieure comme sur la face inférieure du crâne; la fente dans laquelle il apparaît sur la face inférieure du crâne est limitée, en avant, parle Prémaxillaire; en arrière, parle Susmaxillaire. Les Frontaux ont des fosses très profondes pour les Nasaux, et descendent obliquement en pente par devant, comme nous l'avons vu pour le crâne I décrit précédemment. Par devant, le Mésethmoïde s'y rattache étroitement; par derrière, ils touchent le Susoccipital, le long d'une suture descendant en forte pente par devant. Les Frontaux accompagnent le bord externe de l'aile supérieure élargie du Susmaxillaire, comme une bande étroite de largeur assez égale, et ils augmentent seulement rapidement d'épaisseur vers la paroi antérieure de la fosse temporale, pour former l'apophyse postorbitaire, qui touche l'apophyse zygomatique du Squamosal. La position de la fosse temporale est très remarquable. Son bord supérieur, formé par le Frontal, se trouve plus bas que le bord supérieur de l'orbite. Le plan vertical, mené par la crête transversale du sommet du crâne, passe à peu près par le milieu de la fosse tempo- rale et l'apophyse pcstglénoïde du Squamosal, tandis que le même plan, chez Eurliinodelpliis CocItetcHxi et chez EurJiinodelphis longirostris, coupe l'apophyse postorbitaire du Frontal et l'apophyse zygomatique du Squamosal. Cette disposition est le résultat de la forte compression du crâne et du refoulement plus considérable en arrière des os de la face chez Eurhinodelphis cristatus que dans les autres espèces à'Ewliinodelphis. Le Lacrymal n'est pas encore complètement soudé au Jugal. Ijes apophyses de la région zygomatique du Jugal sont conservées. Le Susoccipital prend une part prépondérante à la formation de la crête transverse du sommet du crâne, et il est fortement renversé en arrière. Les sutures limitrophes vers le Pariétal droit et le Frontal droit sont visibles ; une grande partie de la région postérieure de la voûte crânienne manque. Les condyles occipitaux et les Exoccipitaux eux-mêmes sont en assez bon état- La limite entre l'Exoccipital et le Squamosal est fortement refoulée en arrière, autre résultat de la compression plus forte du crâne. Les Squamosaux sont en bon état; l'apophyse zygomatique est plus forte que l'apo- physe postglénoïde. La cavité glénoïde est fortement excavée. Les Palatins laissent apparaître, entre eux, par devant, un petit V (comparer la figure (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 163 schématique 4, PI. XVIII), trait caractéristique de YEurhinodelphis cristatus. Ils sont courts et larges. La suture susmaxillo-palatine est rectiligne. Vers le devant, ils sont accolés quelque temps, puis ils s'écartent, pour laisser apparaître le Vomer, sur la ligne médiane. Les apophyses ptérygoïdes ne sont pas très nettes ; on voit, cependant, qu'elles se touchent presque au milieu, à l'endroit où les Palatins s'étendent le plus en arrière dans le plan médian. L'Alisphénoïde et l'Orbitosphénoïde droits sont bien conservés. On peut suivre la fissura sphenoïdalis ; on voit, en outre, que l'Alisphénoïde est perforé, près du bord posté- rieur, par le foramen ovale, qui était séparé du foramen lacerum médium par un mince pont osseux. Bien que ce pont osseux ait disparu dans sa partie moyenne, ses attaches ont, néanmoins, été conservées, et elles prouvent que le foramen ovale ne se confond pas avec la fissure postérieure. Le foramen lacerum médium + posterius est très long, étroit et va obliquement, de devant et de dehors, en arrière et en dedans. Latéralement au foramen ovale se trouve le foramen caroticum. L'angle occipital — cet angle qui est formé par le plan tangent au Susoccipital et un plan passant par les échancrures préorbitaires avec la crête transverse comme sommet, — mesure 93°. De la Mandibule, il n'y a qu'un petit fragment de la région symphysienne avec andes alvéoles. )Sa longueur est de 10.5 centimètres. Individu III. N° 3243 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PI. XVIII, Fig. 3 (figure schématique delà région palatine). Localité : A" Section, Vieux-Dieu, Anvers, l" octobre 1861. Priscodelphinus l'RODUCTUS. Du Bus, UiiU. de l'Ac. roy. d. Se. de Belgique, 41" ann., ^2= sér., t. XXXIV, 1872, p. 492-495. Du Bus, Journ. de ZooL, t. XII, 1872, p. 98. Gervais et van Beneden, Ostéographie, p. 494, pi. LVIll, iig. 3. DIMENSIONS Longueur totale 65 centimètres. (D'après du Bus, 63 centimètres). Longueur du rostre (incomplet) 45 , Largeur du rostre (ligne préorbitaire) 12 , Diamètre bizygomatique 22 „ Longueur du crâne 20 , Hauteur du crâne 16 , 164 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDÉRIEN Ce crâne est bien conservé, et important, parce qu'il montre la région du rostre où se fait le passage des Susmaxillaires aux Prémaxillaires. La compression plus forte du sommet du crâne, ainsi que la forme des Palatins, déterminent ce crâne comme Eurliinodelphis cristatus; il n'existe pas de raisons sérieuses de l'isoler en une espèce particulière. Du Bus est d'avis que la partie antérieure du rostre n'est pas formée par les Préma- xillaires. Mais un examen approfondi montre, cependant, que la limite entre le Susmaxil- laire et le Prémaxillaire se dirige de la gouttière longitudinale du rostre vers le bas et vers le dehors, absolument comme pour le genre Eurhinodeipkis. Nous avons déjà vu (comparer p. 6\) qae Priscodelp/iinus producfus doit être rangé dans le genre Eurliino- delphis. Nous avons, en outre, fait remarquer que Priscodelphinus productus ne devait pas être réuni à Eurhinodeipkis Cocheteiixi, mais à Eurhinodelphis longirostris. Mais cette répartition s'appuyait sur l'hypothèse qu'il n'y avait que deux, espèces dans le Boldérien d'Anvers : Eurhinodelphis Cocheteuxi et Eurhinodelphis longirostris. Or, l'étude de nou- velles pièces a fait voir qu'il faut distinguer trois espèces d^ Eurhinodelphis dans le Boldérien d'Anvers : Eurhinodelphis Cocheteuxi, Eurhinodelphis longirostris et Eurhinodelphis cristatus. Priscodelphiuus productus, qui a une structure intermédiaire entre le Type d' Eurhinodelphis longirostris et celui à' Eurhinodelphis cristatus, sera désormais rangé dans Eurhinodelphis cristatus, à cause de la forme de la crête transverse du sommet du crâne et des Palatins, bien que la forme de la première ait déjà une tendance très escarpée chez quelques individus à' Eurhinodelphis longirostris (Type de Priscodelphinus morckhoviensis, du Bus). J'ai supprimé l'espèce de du Bus, parce que, en agissant autrement, on serait forcé, logiquement, d'établir une espèce propre pour chaque crâne, vu la grande variation individuelle chez les Etirhinodelpliides. On ne peut observer, sur ce crâne-ci, l'endroit où se fait le passage de la gouttière alvéolaire fonctionnelle du Susmaxillaire à la gouttière rudimentaire du Prémaxillaire, mais il est plus que probable que le Prémaxillaire était privé de dents, absolument comme dans toutes les autres espèces à! Eurhinodelphis. Les bords externes de la région orbitaire des Susmaxillaires sont presque parallèles, et seulement légèrement arqués. Les Prémaxillaires sont perforés, des deux côtés, par un grand trou sous-orbitaire, et réellement étranglés entre les Nasaux et les Susmaxil- laires. Les Frontaux et les Nasaux, qui sont fortement resserrés, forment, avec le bord supérieur des Susmaxillaires et de l'Occipital, une crête transverse qui ne représente, pourtant, pas un bourrelet aussi élevé que dans le Type (crânes I et II). On peut reconstituer la forme des Nasaux perdus, d'après les dépressions qu'ils occupaient dans les Frontaux. C'étaient des os allongés et étroits, dont le droit a dû être un peu plus long que le gauche; leur surface a probablement été parallélogrammique. La suture interfrontale n'est presque plus visible, à cause de l'âge. L'Interpariétal n'est pas visible, non plus. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 165 Le Susoccipital descend, en arrière, en forte pente, sans, cependant, subir un renver- sement aussi fort que dans le Type à' Enrhinodelphis cristatus. Les Alisphénoïdes et les Orbitosphénoïdes sont mieux conservés à droite qu'à gauche. La région du Vomer qui reliait la partie placée sous le Présphénoïde et la cloison nasale perpendiculaire est perdue. La suture présphénoïdo-basisphénoïdale n'a pas encore complètement disparu par la synostose. L'apophyse postglénoïde du Squamosal est plus développée que son apophyse zygoma- tique. Nous avons déjà vu (pp. 72, 88, 92), en parlant du Squamosal à'Ktirhinodelphis Cocheteuxi, combien cet os est variable avec l'âge. Comme exemple de cette grande variabilité du Squamosal, j'ai fait représenter (PI. XVII, Fig. 7 et 8) deux Squamosaux droits provenant de deux individus différents de P/wca?«ffl cow?w«h?s; un Paléontologiste qui ne posséderait que ces deux os en ferait certainement deux espèces, tandis qu'ils ne représentent que des variations individuelles. Un petit fragment de l'arcade zygomatique est conservé. Les attaches des Ptérygoïdes vers les Palatins ne se voient pas nettement. Celles vers les Susmaxillaires et celles vers les Frontaux sont indistinctes aussi. Les Palatins offrent la forme caractéristique de l'espèce cristatus : ils forment un V en avant, au lieu de se rejoindre en un contour curviligne arrondi comme dans le Type à' EurhinodelpJiis longiroslris. Par contre, en arrière du V, la suture interpalatine est ininterrompue. Les bords externes des Palatins sont presque rectilignes. Les Lacrymaux sont entièrement soudés avec les Jugaux. La suture squamoso- exoccipitale est visible des deux côtés. Sur la face externe du Squamosal le conduit auditif externe est séparé en deux fosses profondes. Le Périotique et le Tympanique sont perdus des deux côtés. Il reste une dent dans le Susmaxillaire gauche, mais elle est malheureusement fort abîmée; la plus grande partie de la couronne est perdue. On reconnaît, cependant, grâce au dessin du crâne publié dans VOstéographie par Gervais, que cette dent était longue, étroite et pointue, et qu'elle correspondait parfaitement à la dent à'EiirhinodelpJiis longiroslris (n" 3239, Type du Priscodelpkinus pidvinatus, du Bus). Individu IV. Crâne n° 3242 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — PI. XVII, Fig. 3. Localité : ? 4" Section, Anvers, 1861-1863. Ce reste de crâne doit être placé ici, à cause de sa crête transverse extraordinairement escarpée et de la forme de ses Palatins. 166 0. ABEL. — LES DAUPFIINS LONQIROSTRES DU BOLDÉRIEN Il y a aussi un fragment de Susmaxillaire droit de la région rostrale, avec des morceaux du Vomer sur la face interne de l'os. La forme du Palatin gauche, qui est assez bien conservé, est très caractéristique et correspond parfaitement à celle du Type. On y voit que les Palatins ne se rejoignaient pas complètement sur la ligne médiane, mais qu'ils étaient séparés par une fente au fond de laquelle apparaissait le Vomer ; devant, les extrémités des Palatins montrent le V caractéristique de \ EurJiinodelphis cristatus. Il y a encore des fragments, moins importants, du Susmaxillaire et du Frontal droits, de la région occipitale ; puis, un petit morceau de l'épanouissement aliforme du Susmaxil- laire droit au-dessus de l'orbite. Les Exoccipitaux, les deux condyles et les deux apophyses paroccipi taies sont bien conservés. Le Squamosal gauche, avec l'apophyse postglénoïde, et le Squamosal droit, avec son apophyse zygomatique entière, sont préservés. Il n'y a que des fragments des Pariétaux ; un plus petit, du côté gauche, et un plus grand, du côté droit. Le Basioccipital et le Basisphénoïde sont présents avec les ailes latérales qui en descendent. La partie droite de la base du crâne, dans la région alisphénoïdale, qui est représentée PI. XVII, Fig, 3, est importante. Tandis que l'Alisphénoïde gauche est assez médiocrement conservé, le droit montre très clairement et distinctement la sortie des nerfs crâniens par le foramen rotundum (i) et le foramen ovale (2). On voit, d'abord, au bord antérieur de l'Alisphénoïde, contre l'Orbitosphénoïde, le bord postérieur du foramen rotundum, qui ne se confondait donc pas encore complètement avec la grande fissure sphénoïdale ; derrière ce foramen, on remarque que l'Alisphénoïde est perforé par le grand foramen ovale, lequel n'est pas uni au foramen lacerum médium, mais en est séparé par une solide lame osseuse, laquelle est formée par l'Alisphénoïde. En dedans du foramen ovale, il y a, à la base de l'Alisphénoïde, contre le Basi- sphénoïde, un petit orifice en forme de fente (3), qui sert au passage de l'artère carotide et qui représente le foramen caroticum. Derrière le foramen ovale se trouve, dans la base du. crâne, un orifice irrégulier, plus grand, qui est limité en avant par l'Alisphénoïde, latéralement et extérieurement par le Pariétal, et derrière par l'Exoccipital. C'est le foramen lacerum médium (4), qui est placé obliquement en arrière et vers le dedans. On aperçoit, cependant, entre ces deux orifices, un étranglement, très net, formé : devant, par une apophyse de l'Alisphénoïde saillant en arrière; et, derrière, par une apophyse, sorte de bourrelet, de l'Exoccipital, saillant par devant. Le trou condylien (6) s'ouvre dans la dépression de l'Exoccipital, entre l'apophyse paroccipitale (pp) de l'Exoccipital et le Basioccipital. C'est l'endroit où nous trouvons cet orifice chez tous les Odontocètes. [MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS Individu V. N° 3237 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : ? 4« Section, Anvers, 1861-1863. Le crâne est réduit à plusieurs fragments. Les deux Prémaxillaires de la région ros- trale sont partiellement conservés ; vers le crâne proprement dit, il n'y a que de médiocres restes de ces os. Les ailes orbitaires des Susmaxillaires sont bien conservées. Il y a, également, les deux Nasaux, qui sont parallélipipédiques et qui descendent obliquement en avant ; leur angle antéro-externe est étiré en pointe latérale, comme nous l'avons vu chez Eiirhinodelphis longirostris (crâne n° 3244, Type du Priscodelphimis elegans, du Bus, PL XVII, Fig. 2). Les bords externes des Nasaux divergent en arrière et se terminent, par devant, presque en ligne droite. Du Mésethmoïde, il ne reste que la partie postérieure. Les Frontaux ne sont pas synostosés sur la ligne médiane. Bien que le crâne paraisse être symétrique sur la face supérieure, on voit, cependant, en l'examinant de plus près, que la voûte crânienne est déjetée vers la gauche, de telle sorte que le plan médian passant par le centre du grand trou occipital et la ligne médiane du rostre ne rencontre que les os de la moitié droite du crâne, et que les sutures entre les os pairs se trouvent entièrement du côté gauche ; de même, la partie postérieure du Mésethmoïde est fortement déplacée vers la gauche. Il ne reste qu'un fragment du côté droit du Susoccipital, qui est adhérent au Frontal, et fait supposer un fort renversement du Susoccipital. Les Palatins offrent la forme caractéristique pour Etn-Itinodelp/iis cristatus, dans le développement d'un V antérieur, qui est, toutefois, plus petit que d'habitude. Les Palatins se rejoignent complètement le long de la ligne médiane, et ils laissent seulement apercevoir, entre eux, le Vomer dans leur partie postérieure, sur une petite distance. Le Basisphénoïde est partiellement caché par la large lame du Vomer, et le Présphé- noïde en est complètement recouvert. Aux deux Squamosaux conservés l'apophyse postglénoïde est plus développée que l'apophyse zygomatique. Individu VI. N° 3240 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : 4« Section, Anvers, 1861-1863. 168 0. ABEL — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Ce crâne, fortement asymétrique, est, malheureusement, mal conservé. Le rostre manque complètement, et il n'y a que des restes de la boite crânienne. Le Nasal gauche et les deux Frontaux sont présents; l'Interpariétal paraît être synostosé avec les Frontaux. Du Mésethmoïde il n'y a que la partie qui se trouve devant le Nasal, cette partie qui forme la lame verticale ascendante devant l'orifice le plus antérieur du crâne. Les Prémaxillaires sont enclavés entre les Nasaux, les Frontaux et les Susmaxillaires; les ailes orbitaires sont très médiocrement conservées. Les Lacrymaux et les Jugaux manquent. Le Susoccipital est fortement renversé en arrière, raison pour laquelle je place le crâne dont il s'agit avec EarhinodeJphis cristatiis. Outre les fragments en connexion avec les Frontaux et les Pariétaux, il y a encore une partie du Susoccipital (de la région au-dessus du grand trou occipital). Des Pariétaux, il reste encore les coins supérieurs, intercalés entre le Susoccipital et les Frontaux. Les condyles occipitaux sont fort endommagés ; le droit manque entièrement, et, du gauche, il reste à peu près la moitié. L'Exoccipital gauche est séparé du Squamosal par une suture ; les apophyses parocci- pitales sont fort usées. L'apophyse postglénoïde du Squamosal est plus développée que l'apophyse zygoma- tique. Les deux fosses qui se trouvent sur la face externe de l'apophyse zygomatique sont fortement creusées en entonnoir. Il ne reste du Basioccipital qu'une partie do l'aile droite descendante ; l'Alisphénoïde droit est fort endommagé et on n'y retrouve pas la disposition du foramen rotundum et du foramen ovale. (?) Individu VIL N° 3497 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : 4*^ Section, 18G1-1863. Nous avons, ici, la partie médiane de la région frontale ; les Nasaux sont perdus. Il y a, en outre, des restes des larges parties supérieures des ailes temporales, ainsi que de petits fragments des régions supérieures des Prémaxillaires des deux côtés. Le Susoccipital manque complètement, et on peut seulement suivre, mais distinctement, la suture fronto-susoccipitale, qui descend, en pente rapide, par devant; il est donc probable que ce crâne-ci doit également être placé dans l'espèce cristatus. Il y a trois fragments insignifiants de la région rostrale antérieure. La taille correspond parfaitement à celle du crâne III. (MIOCENE SUPERIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS (?) Individu VIII. N° 3443 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Localité : 3° Section, Anvers, avril 1862. Peut-être ce reste appartient-il à Eurhinodelphis cristatus; mais comme il n'y a que le Squamosal droit et l'Exoccipital du même côté, une détermination certaine est impossible, malgré l'analogie de forme et de grandeur. LES TROUS BASE DU CRANE D'EURHINODELPHIS 1. — Foramen olfactorium. L orifice le plus antérieur du crâne à'Eitrhinodelphis est formé par l'écartement des Frontaux, qui dessine une ogive contre les fosses nasales. Ce grand orifice est fermé par une lame du Mésetlimoïde, qui monte vertictilement et qui correspond à la lame criblée de l'os ethmoïde humain. Cette lame n'est pas perforée chez Eurhinodelphis ; mais, des deux côtés, là où elle touche les bords de l'orifice que les Frontaux ont lais.sé libre, se trouve un foramen, qui met en relation la cavité crânienne avec les fosses nasales. La disposition de ces foramina ne laisse aucun doute qu'il .s'agit, ici, d'ouvertures pour le passage des nerfs olfactifs, nerfs qui ri'existent, chez les Delphinides actuels, qu'à l'état fœtal, mais qui, par contre, restent encore, à l'état adulte, chez les Physétérides. Les Fhysétérides sont certainement, en général, plus spécialisés que les Delphinides, et, néanmoins, nous trouvons, chez eux, les nerfs olfactifs à un état plus primitif. Nous avons, ici, un nouvel exemple de ce que L. Dollo, dans son excellent mémoire " Sur la Phyloçjénie des Diptieustes « (Bull. Soc. belge de Géologie, etc., t. IX, 1895, p. 88), a appelé « le chevauchement des spécialisations » : " En réalité, d'une manière géné- rale, il est toujours extrêmement rare qu'on puisse mettre la main sur les véritables termes de la descendance en ligne directe, — à cause de Yinsuffisance des documents paléontologiques, — et du chevauchement des spécialisations. Hipparion a dépassé le stade Equus, pour la dentition ; Equus a dépassé le stade Hipparion, pour les membres. - (') Et, de même (L. Dollo, Les ancêtres des Marsupiaux étaient-ils arboricoles? MiSCELLANÉES BIOLOGIQUES, DÉDIÉES AU PrOF. A. GlARD, A l'oCCASION DU XXV^ ANNIVBR- (') Sur les relations A' Equus et d' Hipparion, voir : M. Pavlow. Études sur l'Histoire paléontologique des Ongulés. Bull. Soc. Imp. Nat. Moscou, 1888, n° 1. 11. Le développement des Equidse. 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDÉRIEN 171 SAiRE DE LA FONDATION DE LA Station zool. DE WiMEREUx, Paris, 1899, p. 189) : « ... en d'autres termes, que les Marsupiaux n'avaient pas encore atteint le stade placentaire, quoique, pour nombre d'organes, il eussent plus évolué que beaucoup d'Euthériens. « Dans la remarquable description que Flower (') donne des Ziphioides vivants, nous trouvons (p. 220) ce qui suit pour la disposition des foramina olfactoria chez Berardius Arnuxii .• « A very small hole, 1/4 inch from the middle line, and 3 inches in front of the suture between the presphenoid and basiphenoid, and passing through the posterior latéral expansion of the mesethmoid which corresponds to the cribriform plate of other mammals, to the nasal passage, may be an oïfaciory foramen. A similar foramen has been noticed in Ziphius by Fischer and exists on a larger scale in Phijseter. " Flower (^) s'exprime encore, sur la sortie des nerfs olfactifs, chez Physeter macroce- phalus (p. 316) : « On the right side, the foramen is smaller, and, owing to the conformation of the bones, the canal runs a much shorter course, opening rather behind the upper margin of the blowhole, between the frontal and the ethmoid. This would probably allow the exit of a small olfactory nerve, distributed in the simplest possible manner on the mucous membrane of the air-passage. « Tout récemment, Kûkenthal et Ziehen (^), dans leurs belles recherches sur le système nerveux central des Cétacés, nous ont donné des renseignements détaillés sur les nerfs olfactifs rudimentaires des Delphinides et des Physétérides. Chez Hyperoodon rostratus, ces deux anatomistes trouvèrent les nerfs olfactifs nettement développés ; mais le droit était plus fort que le gauche, il avait 1 millimètre de large, tandis que le gauche n'avait que 0"""5 ; ils paraissaient être rudimentaires. Chez Eurhinodelphis longirostris, on voit aussi très bien cette asymétrie des nerfs olfactifs. Ici, de chaque côté de la lame verticale du Mésethmoïde, un nerf olfactif sortait du crâne et l'orifice, pour celui-ci, est plus grand du côté droit que du gauche; pour une longueur égale, 8 millimètres de haut, le foramen olfactorium ovale a 5 millimètres de large, à droite, et 3 millimètres, à gauche. Sur le crâne de Squalodon Ziiteli, Paquier (■*), de Bleichenbach sur la Rott (*) W.-H. Flower. On the i-ecent Ziphioid Whaîes, with a Description of the Skeleton of Berardius Arnuxii (Read 7th nov. 1871). Vol. VIIl des Transactions Zool. Soc, Londres, pari. 3, sept. 1872, p. 203-234, PI. XXVll-XXJX. (■) W.-H. Flower. On the Osteologij of the Cachalot or Sperm-Whale (Phi/setermacrocephahis). (Read 14"' nov. 1867). Vol. VI des Trans. Zool. Soc, Londres, part. 6, p. 309-372, PI. LV-LVL (^) W. Kûkenthal et Th. Ziehen. Uber das Centralnervensi/stem der Cetaceen nehst Untersuchunt/en iiher die verglei- chende Anatomie des Gehirns bei Placentaliern {3" partie de : Vergleich. Aiiatom. und entwickeluitggeschichlliche CIntersuchungen an Walthieren de W. Kûkenthal). Denkschr. der med. naturw. Gesellsch., lena, III" vol., 1" partie, pp. 87 et 130, tabl. V. (*) V. Paquier. Étude sur quelques Cétacés du Miocène, Mémoires de la Soc. Géol. de France; Paléont., T. IV, Mém. nMS. (L'année dernière, je n'avais à ma disposition qu'un moulage appartenant au Musée royal d'Histoire Naturelle de Belgique; comparer p. 76 du présent travail). 172 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN Bavière), qui se trouve au Musée national de Bavière, la partie antérieure du crâne est très bien conservée. Grâce à l'obligeance de M. K. A. von Zittel, Professeur à l'Université de Munich, j'ai pu examiner ce crâne, lors de mon séjour en cette ville, au point de vue des foramina olfactoria, et je les ai effectivement trouvés symétriques, mais disposés comme chez EurhinodelpJiis longirostris. La perte des nerfs olfactifs est, certainement, une conséquence de l'adaptation à la vie aquatique ; les Delphinides n'ont pas de nerfs olfactifs à l'état adulte, bien qu'ils possèdent des nerfs olfactifs rudimentaires à l'état fœtal. Ils manquent, notamment, chez Béluga leucas, chez Phocsena communis et chez Delphimis adultes; on les a, cependant, trouvés sur des foetus de Béluga et de Delphimis, et, d'après Kûhenlhal et Ziehen ('), l'embryon de Dauphin a des nerfs et des lobes olfactifs très nets. L'existence de nerfs olfactifs bien développés chez Eurhinodelphis et la présence de rudiments indiscutables chez Hyperoodon, ainsi que l'existence de foramina olfactoria chez Berardius et chez Physeter, confirment les rapports de parenté qui existent entre les Physétérides et les Eurhinodelphides. 2. — Foramen opticum. Bien que la mauvaise conservation des Orbitosphénoïdes ne permettent pas de se rendre compte si des foramina optica ont existé chez Eurhinodelphis, il est, cependant, probable que les foramina optica ne se confondaient pas avec la fissura sphenoïdalis, car ils sont développés séparément dans la plupart des crânes d'Odontocètes. Ainsi, le foramen opticum est séparé chez Phocseua communis (n" 3118 du Registre des pièces anatomiques du Musée de Bruxelles; exemplaire adulte c?, Elbe); toutefois, la limite entre la fissura sphenoïdalis et le foramen opticum n'est formée que par une mince cloison de l'Orbitosphénoïde. Ce serait donc à tort qu'Huxley (") dit de Phocxna : « only two pair of foramina are visible in the base of the skuU ». Gerstâcker (^) mentionne le contraire, en ajoutant que, chez Delphinus, la séparation est beaucoup plus solide et plus large. Chez Inia Geoffrensis, le pont osseux entre la fissura sphenoïdalis et le foramen opticum est encore beaucoup plus fort (Crâne du British Muséum). D'après Flower (*), le foramen opticum est petit chez Physeter macrocephalus. Ceci est remarquable, mais nous ne trouvons malheureusement pas de renseignements à l'etîet de savoir s'il existe des différences de grandeur entre les orifices des deux côtés ; car on ne (1) W. KûKENTHAL, h c, 2" partie, p. 328. Consulter ce travail pour le reste de la bibliographie. (") T.-H. Huxley. Anatomy of Verlebrated Animais, p. 403. C*) A. Gerstâcker. Das SkeleU des Doglings, Hyperoodon rostralus (Pont). Leipzig, 1887, p. 10. (*) W.-H. Flower. Trans. Zool. Soc. VI, p. 316. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 173 sait pas encore si le Phjseter macrocephalus est vraiment borgne de l'œil gauche, comme le rapportent beaucoup de baleiniers. Nous reviendrons, d'ailleurs, sur ce point dans le chapitre sur l'Asymétrie chez les Cétacés. 3. — Foramen lacerum anterius. Chez EurhinodelpJiis, il y a, entre l'Alisphénoïde et l'Orbitosphénoïde, un orifice irré- gulier, qui correspond, évidemment, à la fissura sphenoïdalis qu'on observe chez tous les Odontocètes. La forme, la grandeur et la délimitation de cet orifice sont souvent très différentes des deux côtés du crâne. L'orifice représente un canal collectif pour des nerfs qui se rendent dans l'orbite. Ce sont les nerfs de la troisième paire (Oculo-moteur commun), la quatrième (Pathétique), la sixième (Oculo-moteur externe) et la première branche du cinquième nerf (Trijumeau). Parfois, quand le foramen rotundum est confluent avec le foramen lacerum anterius, la deuxième branche du Trijumeau sort aussi par cet orifice; mais jamais cet orifice ne se confond avec le foramen ovale. 4. — Foramen rotundum. Chez Eurhinodelphis, l'Alisphénoïde est perforé par deux orifices, mais il arrive parfois que l'orifice antérieur, le foramen rotundum, se confond avec la fissura sphenoïdalis, et le postérieur, le foramen ovale, avec le foramen lacerum médium. Le foramen rotundum traverse l'Alisphénoïde, de telle manière que la moitié, ou un tiers, de l'orifice se trouve dans le bord antérieur de l'Alisphénoïde. On voit ce foramen très distinctement (il sert de passage à la deuxième branche du Trijumeau) sur un reste de crâne d^Eurhinodelphis cristatus, qui est représenté PI. XVII, Fig. 3 (i). On y constate comment la limite postérieure du foramen rotundum est formée par une échancrure de l'Alisphénoïde. Importante est l'assertion de Flower (*), d'après laquelle la grande fissura sphenoïdalis se divise en trois orifices séparés, chez Phijseter macrocephalus, pendant le jeune âge : le premier de ces orifices correspondrait à la fissura sphenoïdalis, le suivant au foramen rotundum et le dernier au foramen ovale. Je crois, néanmoins, qu'ici aussi, comme chez tous (') Ibidem, p. 317. " In Ihe young skull the division of this canal , (i. e. belween tlie orbitosphenoid plate and the presphenoid), " inlo Ihree branches takes place close to the cranial cavity. The first represenls Ihe sphenoidal fissure; the second and third, which perforate the alisphenoid, represent the foramen rotundum and foramen ovale respectively. , 174 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN les autres Odontocètes, le foramen postérieur se confond avec le foramen lacerum médium ; seul l'orifice antérieur de l'Alisphénoïde, le foramen rotundum, se réunit souvent avec la fissure sphénoïdale. Ceci est ordinairement le cas chez les Delphinides dont le crâne est à parois minces. D'après GersLacker ('), la chose a lieu pour Fhocsena, Delphinus, Globioce- plialus, Lacjcnorhynchus, tandis que Hijperoodon, dont le crâne a des parois épaisses, possède un foramen rotundum séparé. Cependant, il y a, aussi, parfois, un foramen rotundum séparé chez les Delphinides dont le crâne est à parois minces, comme j'ai pu l'ohserver chez Delphinus delphis (n° 273 p du Registre des Pièces anatomiques du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique) ; ici, l'Alisphénoïde est perforé, en son milieu, par le foramen rotundum. Dans beaucoup de cas, on peut encore apercevoir, au moins, la limite postérieure semi-circulaire du foramen rotundum, représentée par le bord antérieur échancré de l'Alisphénoïde. 5. — Foramen ovale. Le grand foramen, qui perce l'Alisphénoïde, se trouve chez Eurhinodelphis, à la même hauteur, derrière le foramen rotundum. Il a 10 millimètres de long et 7 millimètres de large, dans un fragment de crâne bien conservé, qui est représenté PI. XIII, Fig. 3. Il se confond très souvent avec le foramen lacerum médium situé en arrière. C'est le cas dans un crâne d'Eurhinodelp/iis Cocheteuxi (n° 3255), et chez un crâne à'Eurhinodelphis longirostris (n° 3235). Par contre, il est séparé chez Eurhinodelphis longirostris (n" 3238) et Eiirhinodelphis cristattis [n° 3242). Chez les Odontocètes, le foramen ovale est très souvent séparé du foramen lacerum médium. C'est ce qui arrive chez Berardhts Armixi, décrit par Flower, et dont il dit : « the foramen ovale, for the third division of the fifth, forms a distinct perforation through the alisphenoid, about 0.3 inch in Diameter « [l. c, p. 220). Nous le trouvons encore séparé chez Hyperoodon rostratus (d'après Gerstacker, /. c, p. 10); — puis, chez Inia Geoffroijensis, original du British Muséum, représenté PI. I, Fig. 6, PI. II, Fig. 5, PI. III, Fig. 3; on voit très bien, ici, le foramen ovale du côté gauche; PI. IV, Fig. 2); — ensuite, chez Delphinus leiicopleiiriis (collections du Musée impé- rial d'Histoire naturelle de Vienne); — ensuite, chez Delphinus delphis, où il se trouvait directement au bord postérieur de l'Alisphénoïde (même collection) ; — enfin, chez Delphinus delphis (n° 273 p du Registre des Pièces anatomiques du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique), etc. Par contre, il paraît être confondu avec le foramen lacerum médium chez Phoceena communis, par exemple (n° 311 y du Registre des Pièces anatomiques du Musée royal C) A. Gerstacker. Dus SJcehtt des Diiglitigs, Hi/peroodon rostralus (Pont.). Leipzig, 1887. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 175 d'Histoire naturelle de Belgique, adulte, c?, Elbe) ; il semble en être de même dans le crâne de Physeier macrocephalus décrit par Flower. Ceci serait, comme nous l'avons déjà dit, le seul cas où il se confond avec le foramen lacerum anterius ; le foramen rotundiim se déplace toujours vers le devant, tatidis que le foramen ovale a une tendance à se confondre avec le foramen lacerum médium; c'est une conséquence de la compression du crâne des Odontocètes. D. F. Eschricht (*) dit que, chez les Mysticètes, le passage pour la troisième branche du Trijumeau et pour un fort plexus veineux se trouve entre l'Alisphénoïde et le cartilage du rocher, tandis que la première et la deuxième branche du Trijumeau sortent par la grande fissura sphenoidalis. Ce qui prouve que la disposition de ces foramina qui perforent l'Alisphénoïde varie extrêmement, c'est que, sur un jeune crâne de Physeier, la fissura sphenoidalis, le foramen rotundum et le foramen opticum existaient comme trois orifices séparés l'un de l'autre, tandis que, sur le vieux crâne qui a servi de base à la description des Trans. Zool. Soc. VI, l'Alisphénoïde n'est pas perforé, et la position du foramen rotundum et du foramen ovale n'a pas pu être déterminée d'une manière précise. Tout au contraire, chez Globiocephalus mêlas, Flower (') dit que le foramen ovale est confondu avec le foramen lacerum médium; pourtant, dans un vieux crâne de la même espèce, le foramen ovale était limité derrière par un pont osseux formé par la tente du cervelet ossifiée. Je puis confirmer ces variations dans la limite de mes observations ; citez Eurhinodel- phis, aussi, les variations dans la position des foramina rotundum et ovale possèdent seidement le caractère de variations individuelles. 6. — Foramen caroticum. A la limite entre l'Alisphénoïde et le Basisphénoïde, il y a, très régulièrement, un foramen, lequel représente l'ouverture d'un canal qui traverse le Basisphénoïde de bas en haut, en avant et en dedans ; l'orifice d'entrée de ce canal se trouve près du milieu du Basi- sphénoïde. C'est, évidemment, le canal pour la Carotide, et il correspond parfaitement, par sa position, au canal carotidien, qui occupe absolument la même situation chez Physeter macrocephalus, Berardius Ariiuxii et Globiocephalus mêlas (comparer aux descriptions de Flower). Ce canal est toujours séparé du canal pour la deuxième et pour la troisième (1) D.-F. Eschricht. Zoologisch-anaiomisch physiologische Untersuchungen uber die nordischen Walthiere, T. I, Leipzig, 1849, p. 117. (-) W.-H. Flower. Einleitung ht der Osteologie der SSugethiere, Leipzig, 1887, p. 196. Ce passage : ' Der vordere Theil der Oeffnung (zwisi;lien Ali-iphenoid, Scheilelbein, Exoccipilale, Basioccipitale und Basispliennid) enlspricht dem foramen lacerum médium nebst foramen rotundum, der hintere dem foramen lacerum posterius , doit, certainement, être attribué à une faute d'impression, car, immédiatement avant, l'auteur dit que le foramen rotundum se réunit à la grande fissura sphenoidalis. Il faut, évidemment, lire ovale, au lieu de rotundum. 24. — 1902. 176 O. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN branche du Trijumeau, de sorte que le foramen caroticura n'est jamais confondu avec le foramen rotundum ou avec le foramen ovale. Chez Enrhinodelplds cristatus (PL XVII, Fig. 3), le foramen caroticum est placé exactement en dehors du foramen ovale. * 7. — Meatus auditorius internus. Le Périotique est perforé par un grand orifice ovale, sur la face sphérique du rocher tournée vers la cavité crânienne. L'axe longitudinal de cet orifice est toujours dirigé vers l'extrémité antérieure du Périotique, donc obliquement vers le dehors. Par cet orifice, le nerf de la septième paire (Facial) et celui de la huitième (Acoustique) entrent dans le Rocher ; le premier traverse l'os et sort par le foramen styloraastoïdien, mais le nerf acoustique se divise à l'intérieur du Périotique (Flower, Einleiimuj in die Osleohgie, p. 115). Au bord postérieur du Rocher se trouve l'orifice pour l'aqueduc du limaçon (Eschricht, l. c, p. 118). 8. — Foramen lacerum médium. Ce grand orifice irrégulier, qui s'étend du bord postérieur de l'Alisphénuïde oblique- ment en arrière et à l'intérieur vers le Basioccipital, est, comme nous l'avons déjà dit, souvent confondu avec le foramen ovale, mais il est très rare qu'il ne se confonde pas aussi avec l'orifice qui s'y rattache par derrière, le foramen lacerum posterius: C'est, cependant, le cas pour un crâne à'Eiirhinodelpkis Cochetetcxi (n" 3255), où le foramen lacerum médium, qui est uni au foramen ovale, est séparé du foramen lacerum posterius par un pont osseux fort et large ; celui-ci s'étend entre le Pariétal et le Basioccipital, et la plus grande partie en est formée par ce dernier. Le foramen lacerum médium est également séparé du foramen lacerum posterius chez Etirhinodelphis longirodria (n° 3235), ce qui est très apparent PI. XIV, Fig. 2; mais, ici aussi, il est confondu avec le foramen ovale. Par contre, il est uni au foramen lacerum posterius chez Eurhinodelphis lonyirostris (n° 3238), comme on le voit très bien sur la moitié gauche du crâne. De même, il est relié au foramen lacerum posterius chez Eurhinodelphis cristatus (n" 3242, PL XIII, Fig. 3) ; mais, ici, une saillie de l'Alisphénoïde s'avance vers l'arrière, et une autre de l'Exoccipital vers l'avant, de telle sorte qu'on peut se rendre compte des contours des deux orifices. 9. — Foramen lacerum posterius. Celui-ci est toujours plus petit, chez Eurhinodelphis, que le foramen lacerum médium qui le précède; il est particulièrement petit chez Eurhinodelphis Cocheteuxi [a" 3255). On (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 177 peut très bien observer ses dimensions chez Eurhiiiodelphis cristutus [if 3242), PI. XVII, Fig. 3. Cet orifice, de forme irrégulière, souvent de grandeur très différente dans les deux moitiés du crâne, est limité : derrière, par l'Exoccipital; latéralement et en dedans, par le Basioccipital ; devant, par l'Alisphénoïde ; et, en dehors, par l'Alisphénoïde et le Pariétal. Chez PJwceeiia, le foramen lacerum posterius est plus grand que le foramen lacerum médium (n°311 y du Registre des Pièces anatomiques du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique; exemplaire du Musée impérial d'Histoire naturelle de Vienne; dans le premier exemplaire, il est uni au foramen lacerum médium, mais caractérisé, comme orifice indépen- dant, par deux saillies osseuses qui s'avancent à la rencontre l'une de l'autre ; il est séparé dans le deuxième exemplaire). Ici, le foramen caroticum se trouve latéralement en dedans, entre le foramen lacerum médium et le foramen lacerum posterius, et non pas, comme chez Eurhinodelphis cristatus, presque exactement à côté du foramen ovale et devant le foramen lacerum posterius. Cet orifice sert de passage au nerf de la neuvième paire (Glossopharyngien), à celui de la dixième paire (Pneumogastrique) et à celui de la onzième paire (Accessoire de Willis). 10. — Foramen condyloïdeum. L'Exoccipital cVEîrrhùiodelphis est perforé par un grand foramen, dans l'entaille qui se trouve entre l'apophyse paroccipitale et l'aile descendante du Basioccipital ; ce foramen est très visible PI. VIII [Eurhinodelphis Cocheteuxi), PI. XIV, Fig. 2 {Kurhinodeli)his longi- rostris) et PI. XVII, Fig. 3 [Eurhinodelphis cristatus). Il sert de passage au nerf de la douzième paire (Hypoglosse). 11. — Foramen magnum. Par cet orifice, la moelle épinière sort du crâne. Sa forme est très variable; plus ovale, et plus haut que large, chez Eurhinodelphis Cocheteuxi, il s'élargit, chez Eurhinodelphis longirostris, et il est, enfin, chez Eurhinodelphis cristatus, beaucoup plus large que haut dans son tiers supérieur, tandis qu'en même temps, les bords internes des Condyles occipitaux divergent vers le haut. Ces différences de forme, si remarquables qu'elles puissent être, ne peuvent servir pour des distinctions spécifiques, vu la grande variabilité des divers individus d'une seule et même espèce, comme cela se voit chez Phocmna communis; elles ne représentent évidemment que des variations individuelles. SUR LES CAUSES L'ASYMÉTRIE DU CRÂNE DES ODONTOCÈTES Nous sommes accoutumés à voir dotés de formes symétriques, non seulement la plupart des plantes, et tout particulièrement les plantes à fleurs, mais aussi la plupart des Métazoaires, et de cette accoutumance dépend essentiellement notre sentiment du beau. D'une part, nous voyons prédominer la symétrie rayonnée chez les animaux fixés au fond de la mer, ou chez ceux qui flottent passivement dans le Plancton, tandis que, d'autre part, les formes possédant des mouvements propres, libres, ont la symétrie bilaté- rale (^). Là où cette identité des deux moitiés latérales est troublée chez un Animal, cela nous paraît extraordinaire et contre nature, probablement parce que nous éprouvons l'impression que cette inégalité empêche la locomotion sûre, régulière et rapide de l'animal ("j. Parmi les faits les plus remarquables d'asymétrie chez les Vertébrés, il faut citer les Pleuronectides et les singulières déformations du crâne des Odontocètes. Une aussi remarquable variation devait attirer l'attention de bonne heure. En effet, une ancienne légende Scandinave (^) parle déjà d'un Cétacé ayant un œil unique, et beaucoup de baleiniers ont l'habitude d'attaquer le Cachalot du côté gauche, le croyant borgne de ce côté (*). Bien qu'il ait été établi que l'œil gauche du Cachalot est plus petit que le (') J. Walther. Ueber die Lebemweise fossiler Meerestliiere. Zeitschr. der dei/tsch. geol. Ge3., 1897, pp. 209-273. — Sur la transformation à' Helei-opsammia Michelin!, corail solitaire, par syrahiose avec Aspidosiphon, d'un animal à syméU'ie rayonnée en un animal à symétrie bilatérale, et sur le môme fait chez un corail colonial tertiaire, comparer pp. 220-221. — ' Ici 8 individus on été forcés, tout mécaniquement, de s'orienter les uns contre les autres d'après la symétrie bilatérale, par suite du mouvement de reptation d'un ver enfoncé dans leur base. , (^) H.-G. Bronn. Morphologisclie Sttidieii iiber die Geslaltungsgesetze der Nalur/corper iiberhaiipl itiid der organischen insbesondere. — Leipzig et Heidelberg, 1858, pp. 70 et 73. (') L.-J. Debes. Natiirliche und polilische Historié der Iiisel Fdrije. — Kopenhagen et Leipzig, 1757, p. IGO. (■*) Hans Egede. Del gnmie Groelands ntje Perlustration Eller Naturel Historié, etc. — Copenhague, 17il. — Edition française, Copenhague et Genève, 17(53, p. 55 : " Il paraît n'avoir qu'un œil, quoiqu'il en ait deu,\; mais le gauche est si petit qu'on ne peut guère l'apercevoir, ce qui fait que les Groenlandais peuvent aisément en venir aux prises avec lui, en l'attaquant du côté où il n'a presque point d'oeil. „ — Comparer, sur le même sujet, F. Cuvier, De V Histoire naturelle O. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN 179 droit (^), on n'a cependant pas soumis l'œil du Fhi/seter macrocephalus à un examen appro- fondi dans des temps plus rapprochés de nous. J. F. Meckel (^) s'est déjà occupé de l'asymétrie des Cétacés, et il a réuni beaucoup d'observations précieuses. Plus récemment, M. Weber [^), F. 0. Guldberg (*) et G. A. Guldberg (^) ont étudié cette question; cependant, même après les recherches les plus récentes, la question de l'origine de l'asymétrie du crâne des Odontocètes ne paraît pas résolue d'une manière satisfaisante. Chez les Invertébrés, un dérangement de la symétrie bilatérale n'est pas rare. W. Marshall (") a réuni ces cas dans un travail d'ensemble. Nous trouvons de l'asymétrie dans la coquille chez quelques Brachiopodes ('), chez tous les Gastropodes (^), chez des Cétacés, ou recueil et examen des faits dont se compose l'Histoire naturelle de ces animaux. — Paris, 1836, p. 228 : ' D'autant plus que l'un d'eux, le gauche, pavait être constamment dans un état d'imperl'eclion ou d'oblitération qui le rendrait à peu près inutile. , (') D'après une communication du professeur Guldberg, de Christiania, auquel j'exprime, ici, mes meilleurs remer- ciements. Le professeur Kûkenthal, de Breslau, considère comme peu probable que Physeter macrocephalus soit effecti- vement borgne d'un œil. Les différences des yeux chez Hyperoodon rostatiis concernent la grandeur, ou de légères différences dans la largeur de la fente de la paupière, mais absolument rien de ce qui pourrait indiquer des différences fonctionnelles. (-) J.-F. Meckel. System der verglcichenden Anatomie, II» part., 2" section. Halle, 1S25, pp. 5S6-589. — J.F. IMeckel. Anat. physiol. Beobachtungcn, 1822, pp. 259-271. (') M.WEBeR.Studien ilber Sàugethiere. Ein Beitray zur Fraye nuch dem Urspning der Cetaceen. Iéna,I886, pp. 181-183. (*) F.-O. Guldberg. UOer die Zirkularbeivegiing ah tierische Grundbewegung, ihre Ursnche, PhdnotnennUtdt und Bedeiituiig. Biolog. Centralblatt, XVI, 1896, pp. 779-783. — Le mouvement circulaire des animaux (qui ne doit pas être confondu avec le ' mouvement de manège , produit par les lésions cérébrales) est causé, d'après Guldberg, par la structure asymétrique des organes de locomotion. (•') G.-A. Guldberg. Ueber die morpliologische und functionnelle Asymmetrie der Gliedmassen heim Menschen und den hôheren Vertebraten. Biolog. Centralblatt, XVI, 1876, 22» cah , pp. 806-813. — G.-A. Guldberg. Études sur la Dyssymétrie morphologique et fonctionnelle chez l" Homme et les Vertébrés supérieurs. Saeraptrïk af Universitetets Festskrift TiL Hans .Majestaet Ko.ng Oscar II in Anledning af Kegjerinos-jubilaet, 1897, 92 pp. (de nombreuses indications bibliographiques). (") W, Marshall. Ueber die Asymmetrie im Kôrperbau. der Tiere, besonders der Schollen und ihrer Verwandten. HuMBOLDT, Mon.-vtsschrift F. D. CES. Naturw., V., Stuttgart, 1886, pp. 241-254. (") Par exemple, cliez Reficiduria inaeqnivalvis, Gemm. — G.-G. Gemmellaro. La fauna dei Calcari con Fusulina délia Valle del Fiitme Sosio nella prov. di Palermo, fasc. 4, part. 1, Palermo, 189S-1899. (^) J. Thiele. Ueber die Kurperform der Gastropoden. Archiv. f. Naturg., 67, Jahrg., 1901, Beiheff, p. 9. — J. Thiele. Ueber die phyletisclie Entstehung und Formentwickelung der Molluskenschale. Biolog. Centralblatt, XXI, 1901, p. 276. Sans aucun doute, les Gastropodes enroulés en spirale proviennent de types ii coquille symétrique bilatérale, en forme décalotte, qui ne s'enroula que plus tard (Fissurellidx). ' Kehrt ein Gastropod zurfrei schwimmenden Lebensweise zuriick, so kann sich die Schale der syinmetrischen Form vvieder nâhern, aher nicht in ihren, ersten Windangen, welche dem alten Zuge folgend, einen spiralgethûrinten Nucleus inmitten der weilen Scheibe der spâteren Umgânge bilden. Manche Schnecken haben als fast festsitzende Thiere eine napffôrinige Schale, aber in keinem Falle ist dièses urspriing- lich und die spiraligen Anfangswindungen verrathen einen vorhergehenden Abschnitt der Entwicklungsgeschichte. , (E. KOKEN. Ueber die Entwickluny der Gastropoden, rom Cambrium bis zur Trias. N. Jahr. Beil. B. VI, 307-308. Cette trace de l'Évolution passée, c'est ce que M. le Conservateur Dollo a appelé Irréversibilité de l'Eculution, c'est-à-dire l'impossibilité de retourner exactement à un stade antérieur du développement phylogénique (Bull. Soc. belg. Géol., 1893, VII, p. 164). L'idée de M. Marshall (/ c, p. 24^) que Chiton doit être regardé comme un Gastropode rétrograde n'est pas .justifiée par les faits. — Comparer, à cet égard, A. Hyatt (Proc. Am. Assoc, XXI.K, Boston, 1881). 180 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN les Bivalves, chez les Céphalopodes (par exemple : Cochloceras, Bhabdoceras, Anisoceras, Turrilites) (^), chez les Crustacés (^), particulièrement chez les Bopyriens {^), et chez quelques Insectes. Parmi les Poissons, les Pleuronectides sont célèbres par le singulier déplacement des yeux (*). Il est moins connu que, parmi les Batraciens, le Protée (^) possède des poumons disposés asymétriquement ; de même, chez les Ophidiens (*), les organes intérieurs sont disposés d'une manière asymétrique. La cause on est l'étroitesse et le prolongement énorme du corps. Il faut remarquer aussi l'inégalité des deux moitiés latérales des vertèbres chez quelques Dinosauriens, par exemple Diplodocus; J. B. Hatcher a parlé de ce cas tout récemment dans son excellent travail sur le genre en question ('). Le développement inégal des ovaires chez les Oiseaux est un fait connu. W. Marshall a communiqué des cas de déviation de la symétrie bilatérale dans le bec des Oiseaux (^]. L'asymétrie du squelette des extrémités existe chez presque tous les "Vertébrés supérieurs, à l'état plus ou moins marqué. G. A. Guldberg (") a réuni ces faits dans un travail d'ensemble. Si nous examinons les Mammifères, nous nous rappelons de suite le fait déjà connu des Romains sous le nom de droitier chez l'homme ; de même que le gaucher, plus rare. Le droitier est, évidemment, la conséquence de l'usage du bras droit, continué à travers les (') Criocerns Roemeri, Neumayr et Uhlig; en outre, Hoplites tuherculaliis, Soworby (G. C. Chick. On a âefonned example of Hoplites tuberculatas, J. Sow. sp., front the Gaiilt of Folkestone. Geol. Mac, 1898, p. 5tl. — V. Uhlig remarque, dans son compte rendu de ce mémoire, que cette asymétrie ne parait pas être rare du tout chez les Ammonites. Neues Jahrb., 1901,1). (2) W. Marshall. Veher die Asijmmetrie, etc., p. 24i. (^) R. Walz. Ueber die Familie der Bopyriden mit besonderer lieritchsiihiigwuj der Faiiiia der Adria. Arbeit. a. d. zooL. Inst. d. Univers. Wien u. d. zool. Station m Triest, 1882, IV, p. 5. — Les femelles, qui sont parasites dans la cavité branchiale d'autres Crustacés, sont asymétriques de telle sorte que les parasites de la cavité branchiale gauche sont recourbés vers la droite; inversement, ceux de droite le sont vers la gauche. (') St. R. Williams. Changes accompanying the migration of the eye and observations on the traetus opticus and tectiim opiiciim in P^eudopleuronectes americanus. Bull. Mus. Comp. Zool. Harvard Collège, Cambridge, Mass. XL, 1902, p. 1-57 et 5 pi. — G. B. Reichert. Ueber den asyinmetrischen Bau des Kopfes der Pleiironectiden. Arch. Anat. Phys., 1874, p. 196-216, PI. 5-6. — R. H. Traquair. On Asymmetry of the Pleuronectidae, as elucidated by an exaniination of the Skelelon ofthe Turbot, Halibut andPlaice. Trans. Linn. Soc. Lo.ndon, 1865, XXV, p. 263-296, PI. 29-32. p) D'après une communication du D'' Werner, de Vienne, à qui j'adresse ici mes meilleurs remerciements. (^) L'asymétrie concerne les poumons, les reins et les organes sexuels. Ou bien l'organe manque tout à fait dans une des moitiés du corps, ou bien les deux organes sont placés l'un derrière l'autre. C) J.-B. Hatcher. Diplodocus, Marsh. Ifs Osteology, Taxonomy and probable Habita, leilh a restoration of the Skele- lon. Memoirs of the Carnegie Mus., vol. I, n" 1. Pittsburgh, 1901, p. 12, PI. V, VI, VIII-X. (") Anarhynchus frontalis, un petit oiseau de rivage de la Nouvelle-Zélande, dont le l)ec est courbé à environ 4.5° vers la droite, et notre ' Kreuzschnabel. „ C) G.-A. Guldberg. Études sur la dyssymHrie morphologique et fonctionnelle, etc. (Ihristiania, 1897. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 181 âges, tandis que le bras gauche servait de bouclier du côté du cœur. L'asymétrie corporelle de l'homme se transmet et peut déjà être observée chez des nouveau-nés ('). Le visage de l'homme est aussi presque toujours asymétrique, et un visage absolument régulier est très rare. C. Hasse (^) a mentionné que même les traits, réguliers en apparence, des chefs-d'œuvre plastiques de l'antiquité, comme par exemple de la célèbre Vénus de Milo, sont remarquablement asymétriques. Chez rOrang-Outang, la partie faciale du crâne, parfois aussi l'occiput, de très vieux mâles est déviée vers la droite (^). Chez les Pinnipèdes et les Siréniens, les variations de la symétrie bilatérale du crâne sont plus fréquentes. Chez les premiers, ce sont particulièrement : Trichechus rosmarus (*), Zalophits GiUespn {^), Otaria jubata {^) çX Eumetopias Stelleri ['') qui ont le crâne dévié, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. Parmi les Siréniens, Rhijtina Stelleri {^) a le crâne asymétrique; chez HalifJieriiim Schinzi (®) et Metaxytherium Krahideizi ('"), les deux moitiés du sternum sont remarquable- {}) P. Harting. Uehei- eine sich durch Vererbwiff fortpflanzende Asymmetrie des menschlichen SkeleU. Jenaische Zeitschr. F. Naturw. V, 1S70, pp. 1101 12. A la naissance, les humérus droits sont déjà un peu plus lourds que les gauches. (-) C. Hasse. Gesiclitsasymmetrlen, etc. Abchiv. f. Anat. und Physiol., An\t. Abth , 1887, pp. 119-126. (3) E. Selenka. fi«s«c)i, Sf/i(«W und Bczalinuiiff des Orang-Utan. — Wiesh^den, 1898, Menschenaffen, l'" livraison. Les crânes que repié^entent les figures 38-43 montrent très distinctement ce déplacement. L'occiput est asymétrique Fig.41 (vieux mâle de la race Dadap), Fig. 42 (vieux mâle de la race Gennepai) et Fig. 43 (vieux mâle delà race Batangtu). J'ai pu observer le même fait sur un crâne d'Orang du Musée impérial et royal d'Histoire naturelle de Vienne. J'exprime ici mes remerciements à M. le Conservateur D' L. von Lorenz, qui a mis la belle collection des Mammifères à ma disposition. (*) Les Cl ânes conservés au Musée impérial et royal d'Histoire naturelle de Vienne et au Musée zoologique de l'Uni- versité de Vienne montrent une déviation de la voûte crânienne, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche. M. le Conservateur DoUo a eu la grande obligeance d'examiner, à cet effet, les pièces du Musée de Bruxelles ; le même fait existe sur ces crânes. Je remercie, ici, M. DoUo de son obligeance. (^) Chez un individu (cf ad.), mort au Jardin zoologique de Vienne et conservé au Musée impérial et royal d'Histoire naturelle et provenant de la Californie, le crâne était fortement dévié vers la droite. C^} Comparer H. Burmeisïer. Uiber die Ohieiirobben der Ostkiiste SUdatiierilicis. Halle'sche Zeitschk. f. d. ces. Naturw., Berlin, 186S, XXXI, pp. 294 .301. — H. Bubmeister. Mittheilung iiber die Ohrenrobben der Ostkiiste Siidamerikas. Monatsberichte k. preuss. Akad. d. Wiss., 18G8, Berlin, pp. 180-182. C) Snc Eumelopias Stellei-i, comparer J.- A. Allen, On the Eared Seals (Otariidae), with detailed descriptions of the Norlh Pacific Species. Bull, of the Mus. of Comp. Zooi.ogy at Harvard Collège, Cambridge, Mass , Vol. 11, 1870-1871, n° 1, pp. 1-108,3 plates. — PI. I, Fig. 4 représente un crâne d'Eumetopias Stelleri fortement inéquilatéral. — p. 3: " The great degree of asymmetry, especially in the skuU, seen in thèse animais, is sufficient to indicate clearly that an unusually great tendency to individual variation in thèse animais is to be naturally expecteJ. , Comparer, ensuite, P.-J. van Beneden. Description des ossements fossiles des environs d'Anvers, V" part., 1877. Pinni- pèdes ou Amphitériens. (*) Crâne du Musée impérial et royal d'Histoire naturelle de Vienne. (^) R. Lepsius. Halitherium Schinzi, die fossile Sirène des Mainzer Beckens. Abh. d. mittelrhein. geol. Ver., 1" vol., Darmstadt, 1882, p. 141, labl. VI, Fig. 62, 63. 73-75. (1") Les sternums de trois individus, dont deux Manubriuras et un Corps uni à l'apophyse ensiforme, de ce Sirénien miocène des Horner Schichten des environs d'Eggenburg (Basse-Autriche), qui ont été découverts récemment et montrent une asymétrie remarquable. 182 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDÉRIEN ment inégales, fait qui se présente, d'ailleurs, chez beaucoup de Mammifères, bien que, nulle part, l'asymétrie ne soit aussi forte que chez les Siréniens tertiaires que je viens de citer. Livingstone (*) dit que le lion saisit toujours sa proie avec la patte gauche. Nous trouvons un pendant chez les Équidés, dont on sait que les chevaux sauvages galopent de préférence à gauche et que, même les purs-sangs, ont l'articulation du pied gauche plus développée (^). Nous trouvons, encore, un fait très remarquable dans toutes les races canines ('). A part le port oblique de la queue, qui est tournée, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche (et non pas sans exception vers la gauche, comme Linné le veut, prétendant y l'econnaître un caractère distinctif du chien et du loup), tous les chiens ont la marche oblique en commun. La marche oblique du chien consiste dans la position oblique de l'axe longitudinal du corps par rapport à la direction du mouvement, tandis que, dans la course du loup, du chacal et du renard, l'axe du corps est parallèle à la direction du mouvement (*). II faut, en plus, mentionner le développement inégal des deux moitiés du crâne du lapin à longues oreilles, qui a été décrit par Darwin (^). Ce cas est d'un très grand intérêt, parce qu'il montre que l'oreille dressée, ou l'oreille pendante, correspondent à des modifications notables du crâne. Même la Mandibule en est influencée, et les arcades zygomatiques ne sont pas tout à fait symétriques. Enfin, on peut encore attirer l'attention sur le développement asymétrique de l'andouiller du bois du Renne (*). Tantôt c'est le bois droit, et tantôt le gauche, qui est plus développé. Mais, dans aucun autre groupe de Mammifères, nous ne trouvons une asymétrie du crâne aussi régulière et aussi constante que chez les Odontocètes. C'est exclusivement chez (') Mentionné par G. -A. Guldbebg {I. c. Christiania, 1897, p. 24). ('-) Schwarznecker's Pferdezucht, III" édition, Berlin, 1894. — K. Heuss. Massuml Oewichlsbestiiiimungen iiber die morphologische Âsymmetrie der Extremililtenhiochen des Pferdes iimi anderer Perissodacttjlen. Eine osteologische Sliidie. — Disseitationsschrift, Paderborn, 1898, p. 9.— Un résumé de la bibliographie la plusimporlanle se rapportant il ce sujet est jointe à ce dernier travail. Cj L. Beckmani», Ge.ichichte iind Bescht-eibung der Rasaen des Hundes. 1" vol., Brunswick, 1894, p. 53. Dans la marclie du cliien, la patte de derrière soulevée n'entre point dans l'empreinte de la patte de devant corres- pondante, mais elle se déplace latéralement à la patte de devant qui est resiée en arrière et elle est po^ée en avant et à coté de la trace de celle-ci (fig. 19 et 20). Celte particularité est diCficilement une conséquence de la domestication, puisqu'elle est commune à toutes les races, à la plus grande comme à la plus petite. — D'après Beckmnnn, les grands animaux domestiques et les cerfs ont aussi une marche oblique temporairement, à cause de la position oblique de la croupe, notamment pendant les premières années de la vie. (*) Ibidem, p. 14. (6) Ch. D.irwin. Das Variiren der Thiere iind rftanzen. Traduit par .(.-V. Carus. T. I. 2' éd., Stutlgart, 1886, p. 130, Fig. 11. (") R. Lydekker. The Deer of ail Laiids, a Uistory of the family Cervidae, liviiig and extinct. l.ondon, 1898, PI. I. The Skandinavian Reindeer. L'andouiller droit est plus petit et s'écarte horizontalement, le gauche est beaucoup plus grand, élargi en forme de pelle et disposé verticalement. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS ceux-ci que les os du crâne ne sont pas symétriques, tandis que le crâne des paraît absolument symétrique bilatéralement. Dans ce dernier groupe, l'asymétrie se réduit à la couleur différente de la peau des deux moitiés du corps, des fanons et, parfois aussi, à l'inégalité des deux hémisphères cérébraux [Megaptera boops) (*). Balxnoptera physalus (^) est d'un gris-brun clair, ou d'un brun sépia, au-dessus, et ordi- nairement aussi du côté gauche, de la Mandibule. Les fanons de Balasnoptera miisculus (^) sont tous bleu-gris à gauche, tandis qu'à droite les premiers sont blanc-jaunâtre (comme chez Balsnoptera rostrata) ; plus en arrière, chaque fanon a des rayures alternativement claires et foncées ; et elles se présentent de telle sorte que les premiers fanons de cette région ont des rayures plutôt jaunes, les derniers plutôt bleu-gris ; en arrière du milieu de la partie du maxillaire qui est garnie de fanons, ceux-ci deviennent bleu-gris. Par contre, chez les Odontocètes, il n'y a que le crâne et les vertèbres cervicales (*j qui offrent de l'asymétrie. Si nous examinons chez quelles formes l'asymétrie est la plus forte, il en résulte ce qui suit : Le représentant le plus ancien qui soit connu jusqu'ici des Odontocètes, Zeuglodon (Éocène), ne présente pas de trace d'asymétrie. Ce n'est que chez Squalodon (d'abord dans l'Oligocène) que l'inégalité des moitiés du crâne est faiblement développée. Chez Phocs-.na et Neomeris, deux formes primitives, — comme cela résulte des derniers restes de l'Hétéro- dontie, de l'armure dermique rudimentaire le long du dos et des bords antérieurs des nageoires, ainsi que de la structure de la boîte crânienne (^), — le crâne est également peu asymétrique ; cependant, on voit déjà, chez Phocxna, Neomeris et Squalodon, que la poussée est dirigée du côté gauche. L'asymétrie du crâne est beaucoup plus marquée chez tous les véritables Delphinides, tels que : Delphimis, Tiirsiops, Lagenorhynchiis, Sotalia, etc., et il suffit de feuilleter YOstéographie de P. Gervais et P. J. Van Beneden (*) pour se convaincre de cet état de choses. Cette asymétrie devient particulièrement forte chez le Narval, dont les individus (') D.-F. EscHRiCHT. Ni Tai'ler til Ophjsnlng af Hvaldi/reiis htjgning. Vidensk. Selsk. Skrift. IX, 1, labl. III, Copen- hague, 1869. (') W. KûKENTHAL. Die WuU der Arhtis., 1900. Fauna artica, p. 193. P)G.-O.Sars. Chriatiania's Vidensk. Selshahs Forhandl.,\8SO, n" 12. — M. Weber. Sludien Uber Saligethiere. Ein Beitrag zur Frage nach dem Ursprxing der Cetaceen. léna, 1886, p. 181. (*) Il en est ainsi chez Monodon monoceros. La figure d'un Allas excessivement asymétrique d'un individu du Musée de Bruxelles, ainsi que des vertèbres asymétriques du cou d'Eurhinodelphis, seront publiées ici ultérieurement. L'asymétrie se rapporte aux grandes surfaces articulaires pour les condyles occipitaux et dépend évidemment de la forme asymétrique de ceux-ci. — A. Gerstâckeb. Das Skelelt des Dijglings, Hyperoodon rostratus, Pont., Leipzig, 1887, traite aussi de l'asyméti ie de la colonne vertébrale. (^) P. 36, Comparer 0. Abel. Ueber die Hautbepanzerung fossihr Zahnwale. BeitrXge zur Palaeontologie und Géologie Oest.-Ung. und d. Orients, XIII, 1901, p. 311. (*) P. Gervais et P.-J. van Beneden. Ostêographie des Cétacés vivants et fossiles, Paris, 1880. 25. — 1902. 184 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN mâles possèdent une forte défense dans le maxillaire supérieur gauche, tandis que celui du côté droit en est dépourvu. L'asymétrie est encore plus forte chez le Dauphin du Gange, le Plaianista gangetica. Inia est moins asymétrique, et Pontoporia présente encore moins de déviations de la symétrie bilatérale. Ces trois formes à long rostre offrent une forte courbure du museau, qui, chez Platanista et Inia, va jusqu'à faire tordre la partie antérieure vers la gauche, de telle sorte que les dents les plus antérieures de la moitié droite sont placées plus haut que celles du côté gauche ('). On peut observer le même fait que chez les Platanistides, bien que moins nettement, chez d'autres Odontocètes à museau plus court. L'asymétrie est cependant de beaucoup la plus forte chez les Physétériens. On peut déjà noter une déviation considérable de la région supérieure moyenne du crâne vers la gauche dans le genre miocène supérieur Eurhinodelp/iis (Boldérien d'Anvers), qui doit être considéré comme le précurseur des Physétériens, plus spécialisés (^). Ceci augmente encore chez les Physétériens et atteint son point culminant dans les divers genres de Ziphiinés. Si nous examinons attentivement la position des narines, et le refoulement des os de la face vers le haut et en arrière qui en résulte, nous constatons le fait surprenant que l'asy- métrie du crâne est la plus forte chez les formes où les narines sont placées le plus haut, comme chez Plaianista et les Ziphiinés, tandis que les formes chez lesquelles les narines sont placées plus en avant ne présentent aucune déviation de la symétrie bilatérale, comme Zeiiglodon, ou seulement une déviation moindre, comme les formes plus élevées à voûte crânienne faiblement voûtée : Phocsena, Neomeris, Pontoporia, Argyrocetus (*) (Patagonie, Miocène), Cyrtodelphis (*) (Miocène), etc. On peut en conclure avec certitude que l'asymétrie du crâne doit être en rapport immédiat avec le refoulement des narines vers le haut et en arrière. Nous voyons, en effet, que, chez les individus jeunes de ces formes qui deviennent fortement asymétriques avec l'âge, on ne peut observer qu'une faible asymétrie du crâne, ou biftn pas d'asymétrie du tout (^). Chez ces jeunes individus les narines se trouvent très en avant du crâne, et elles ne montent que pendant le cours du développement de l'individu, (1) Comparer PI. I. (") Comparer p. 39. P) R. Lydekker. An.d. Mus. d. La Plata. Palaeontol. abcentina, II, 1893, PI. V, Fig. t. (■*) 0. Abel. Untersuchuugm liber die fossilen Platanistiden des Wiener Bec/cens. Denkschriften d. kais. Akad. D. WissENSCH., I.XVIII, 1899, p. 839. {^) Alb. Cahissos. Zur Anatomie des Hyperoodon diodon. Bihang till k. Svenska Vet. Akad. Handlinoar, T. XIII, Afd.4, N° 7, Slockholm, 1888. T. I. (MIOCENE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 185 répétant, de cette manière, le développement phylogénique ('). L'asymétrie du crâne augmente dans la même mesure que le recul des narines. Le déplacement des narines, tel que nous le constatons chez les Odontocètes, est une adaptation à la vie aquatique. Par le déplacement des narines vers le sommet du crâne, et par la direction verticale des fosses nasales, la distance que doit parcourir l'air pour pénétrer dans les organes respiratoires devient plus courte (^); il est, d'ailleurs, dans l'intérêt de l'animal de ne laisser passer qu'une petite partie de la tête hors de l'eau, afin de pouvoir disparaître le plus vite possible à l'approche d'un ennemi. Pour ces raisons, les narines sont remontées jusqu'au sommet du crâne. Chez les Mysticètes, dont le crâne n'offre pas une asymétrie plus grande que celle du crâne des autres Mammifères, les narines sont situées beaucoup plus en avant que chez les Odontocètes vivants, et la voûte crânienne est excessivement plate. Ainsi s'explique, maintenant, très simplement, l'absence d'asymétrie dans ce groupe, qui représente un type de Mammifères sans parenté avec les Odontocètes, leur ressemblant seulement par conver- gence, à peu près comme c'est le cas entre les Nomartha et Xenarthra chez les Édentés. Il nous reste à dire pourquoi le recul des narines et le chevauchement sous forme d'os écailleux du Frontal, du Susmaxillaire et du Prémaxillaire contre le Susoccipital, qui est en rapport immédiat avec ce recul, a pour conséquence la contraction du crâne. Avant d'essayer de répondre à cette question, il est nécessaire d'attirer l'attention sur le fait, très remarquable, que la narine externe qui se trouve dans la peau, ne participe pas à l'asymétrie, mais qu'elle reste sur la ligne médiane. « L'influence de la force inconnue qui occasioime l'asymétrie n'agit donc que sur les os du crâne, et non pas à la surface du corps (^). » Il en résulte qu'on ne doit chercher la cause de la contraction asymétrique des os du crâne que dans le rapport réciproque de ces derniers. Par le glissement, vers le haut, des Frontaux, des Susmaxillaires et des Prémaxil- laires vers le Susoccipital, deux os pairs et un os impair sont pour ainsi dire enclavés. Les Pariétaux, qui, chez les types primitifs des Odontocètes, touchent encore l'Inter- pariétal sur la ligne médiane, sont écartés de leurs connexions et refoulés vers le bas dans les fosses temporales, par la poussée en arrière des os de la face et celle du Susoccipital qui agit en avant. On peut aussi observer ce fait chez l'embryon ; même chez une forme aussi fortement asymétrique à l'état adulte que Hyperoodon rostratus, les Pariétaux et les Frontaux forment, d'abord, de larges bandes plates ; l'Interpariétal est encore enclavé, . au début, entre les Pariétaux. (•) W. KûKENTHAL. Vergleichend-aiiatoiuische iind entivicklungsgeschichtliche Untersuchungen an Walti Denkschr. d. med.-nat. Ges. zu Iena, 1893, III, p. !231. (") W. KÛKENTHAL. Dk WuU dcf Arktis, 1900, p. 194. (^) W. KÛKENTHAL, VergL-aitat. und enlwicklungsgesch. Unters. an Walthieren, II' part., p. 342. 186 0. ABEL. — LES DAUPHINS LONaiROSTRES DU BOLDERIEN Dans la suite du développement, tant phylogénétique qu'ontogénétique, l'Interpariétal s'atrophie et se soude, tantôt avec les Frontaux, tantôt avec le Susoccipital (c'est-à-dire avec l'extrémité antérieure de ce dernier, qui se termine en pointe). Les Nasaux sont, pour ainsi dire, soulevés hors du crâne, dégénèrent et deviennent de petits os réniformes ou noueux, qui se trouvent dans des fosses entre les Frontaux, les Susmaxillaires et les Prémaxillaires. Ils sont, en règle générale, chez beaucoup de formes vivantes, si mal joints aux autres os du crâne qu'ils se perdent facilement lors de la macération ; dans beaucoup de formes fossiles, — je rappelle seulement le cas de Cyrto- delphis et d'Eurhinodelphis, — ils ont disparu par la fossilisation (*). La raison de l'asymétrie du crâne des Odontocètes paraît être que les Nasaux et l'Interpariétal deviennent rudimentaires. Quand des éléments du squelette deviennent rudimentaires, il arrive fréquemment que la réduction est irrégulière dans les deux moitiés du corps. Mais quand, comme ici, les productions rudimentaires sont tellement enclavées entre d'autres os, une compression plus forte des os du crâne doit essentiellement déranger la symétrie, et l'asymétrie s'étendra alors aussi aux parties voisines du crâne. Le Susoccipital oppose un obstacle mécanique très considérable aux os qui poussent en arrière. Il arrive ainsi que le bord antérieur du Susoccipital est renversé en arrière, comme nous pouvons l'observer chez les Eurhinodelphides et les Physétériens. Le recul des narines en arrière et vers le haut était utile aux Odontocètes, et, à l'ori- gine, l'asymétrie du crâne ne dérangeait pas l'ensemble de l'organisation. Ainsi, ces faits d'adaptation à la vie aquatique devinreiU héréditaires et se développèrent davantage, et, ainsi aussi, s'explique facilement la régularité de la déviation du crâne vers la gauche. Mais, chez les Physétériens, phylogéniquement plus spécialisés, des organes plus importants furent, finalement, entraînés par l'asymétrie croissante. Il a été question plus haut, de l'œil gauche de Phijseter marrocep/ialus. Les baleiniers le croient borgne de cet œil ; provisoirement, il est seulement établi, d'après une communication de l'excellent cétologue G. A. Guldberg, de Christiania, auquel j'exprime ici mes remerciements pour ses renseignements obligeants, que l'œil gauche de Phijseter macrocephalus est plus petit que l'œil droit; c'est, en tous cas, déjà un préjudice sensible dû à l'asymétrie du crâne qui s'étend. Les nerfs olfactifs, qui manquent aux Delphinides adultes, et qui n'existent donc chez eux qu'à l'état fœtal, sont asymétriques chez les Eurhinodelphides et les Physétérides. Chez Eurhinodelphis crisfatus la partie du Mésethmoïde qui ferme l'ouverture antérieure du crâne, est perforée de deux orifices qui doivent être considérés comme foramina olfactoria (*). A hauteur égale de 8 millimètres, l'orifice ovale droit a 5 milli- (') PI. V, fig. 2, p. 5i, Ci/rtodelphis sulcatus, etc. (2) N" 32i4 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. (MIOCÈNE SUPÉRIEUR) DES ENVIRONS D'ANVERS 187 mètres de large, le gauche 3 millimètres. De même, chez Hyperoodon (^) vivant, le nerf olfactif droit a 1 millimètre de large, le gauche i millimètre. On peut ajouter qu'il s'agit ici d'un cas typique de " chevauchement des spéciali- sations « (^). Les Odontocètes plus anciens, comme Squalodon le prouve, possédaient encore des nerfs olfactifs à l'état adulte (^), mais les Delphinides et les Platanistides ont complète- ment perdu ces nerfs à l'état adulte (*) ; pourtant, on a pu démontrer leur existence dans les embryons de Delphinides. Chez les Eurhinodelphides et les Physétérides, qui. repré- sentent un degré supérieur d'évolution à celui des Delphinides, les nerfs olfactifs existent, par contre, encore à l'état adulte, bien que déjà fortement réduits. De même, Hipparion a parcouru le stade Equus, par rapport à la dentition ; Equus a se le stade Hipparion, par rapport aux extrémités (^). Si nous examinons les modifications qu'offre le crâne asymétrique des Odontocètes nous constatons essentiellement ce qui suit : L'asymétrie est la plus forte dans la région nasale et dans la région frontale postérieure ; le museau est tourné vers la gauche, le plus fort chez Platanista, Inia et Pontoporia ; les parties susoccipitales sont moins influencées par la contraction, et il en est de même pour le plan de l'occiput. La base du crâne montre rarement une déviation de la symétrie bilatérale ; J.-F. Meckel (®) n'a observé qu'une seule fois, chez Tursiops tursio, l'asymétrie des Ptérygoïdes, qui consistait en ce que la partie inférieure de l'apophyse de l'aile droite était plus courte. J'ai pu constater une asymétrie plus forte sur un crâne de la même espèce qui se trouve au Musée zoologique de l'Université de Vienne (') ; ici, la face inférieure était légèrement déviée vers la droite. La crête transverse du crâne est très souvent plus élevée et plus rejetée en arrière à droite. Pareille chose n'arrive jamais du côté gauche du crâne. Le déplacement des deux narines sur la moitié gauche du crâne est en rapport avec ce développement inégal. Les Nasaux sont, presque toujours, de grandeur inégale sur lez crânes fortement (') W. KûKENTHAL und Th. ZiEHEN. Uebev das Centra! nervensi/slem der Celaceen. Denkschr. der med.nat. Ges zu Iena, III, 1" partie, p. 87. ('-) L. DoLLO. Sur la Phyloyénie des Dipneustes. Bull. Soc. belge de Géologie, de Paléont. et d'Hïdrol., IX, 1895, Mémoires, p. 88. (^) J'ai pu étudier les originaux de Squalodon Zitteli qui se trouvent au Musée royal de Bavière à Munich. (*) W. KûKENTHAL, /. c, I, 1889, p. 1 16. — II, 1893, p. 328. — Chez les Myslicètes, le nerf olfactif est plus fort à l'état adulte que chez Hyperoodon (l. c, p. 134). (S) L. DoLLo, l. c, p. 88. (^) J.-F. Meckel. System der vergleichenden Anatomie, II« part., 2' section, Halle, 1825, pp. 587-588. C) J'exprime mes plus vifs remerciements à MM. les Professeurs B. Hatschek et C. Grobben, qui m'ont permis d'étudier les richesses du Musée zoologique de l'Université de Vienne. 188 O. ABEL. - LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDERIEN asymétriques ; de grandeur assez égale sur les crânes faiblement voûtés et, à cause de cela, moins asymétriques. En général, le Nasal droit est plus grand, et parfois même double du gauche. On peut souvent observer que, sur des Nasaux de grandeur à peu près égale, le droit est plus étroit et plus long, le gauche plus large et plus court, donc plus cari-é ; c'est, par exemple, le cas dans presque tous les crânes â^ Eurhinodelpkis. La narine externe droite est généralement plus petite que la gauche, mais elle est placée plus haut. La plus grande partie de la narine droite est parfois placée tout à fait sur le côté gauche de la tête. Le Mésethmoïde est coupé en deux moitiés de grandeur inégale, par une crête médiane ; celle de droite est ordinairement plus grande. La largeur des os de la mâchoire supérieure varie beaucoup dans la région sus- orbitaire et nasale, notamment celle des Prémaxillaires. Le nombre de dents est rarement égal dans les deux moitiés des mâchoires chez les Odontocètes polyodontes. Il est clair que la cause qui provoque l'asymétrie du crâne des Odontocètes ne peut pas être mise en rapport avec la couleur inégale des deux côtés de la peau et des fanons chez les Mysticètes. La locomotion par la nageoire caudale (') ne peut pas être considérée comme étant la source proprement dite de l'asymétrie, ainsi que Kiikenthal (^) le suppose. D'ailleurs, les eiTorts qui ont été faits pour trouver la cause de l'asymétrie ont échoué ('), parce qu'on s'est etforcé de comparer avec l'inégalité des deux moitiés du crâne des Odontocètes les formations asymétriques les plus diverses des Mammifères, formations qui sont, évidemment, d'une nature toute différente. On pourrait s'étonner qu'une cause, apparemment aussi peu importante que la réduction des Nasaux et de l'Interpariétal jointe à la compression du crâne, ait pu amener des asymétries aussi importantes que celles des Ziphiinés ou de Platanista. On doit, cependant, se rappeler que le non-usage de l'oreille de l'un des côtés a suffi, chez le lapin, à oreilles mi-pendantes, pour modifier très sensiblement, non seulement le crâne, mais aussi le maxillaire inférieur. (') Comparer, sur la natation des Cétacés, J. Mûrie, P. Z. S., London, 1865, pp. 209-210. — J.-B. Pettigrew. On the Mechanical Appliaiices by which Flight is attained inthe Animal A7//jr(fo»i. Transactions Linnean Soc. London, XXVI 1870, pp. 197-277, PI. XII-XV. — P. 207 : " In the Whale, Poipoise, Dugong and Manatee the movemenls are slrictly ana- logous to those of the flsh, the only différence being that the tail acts from above downwards, or vertically, instead of from side to side, or laterally. , Comparer, en outre, p. 264. (2) W. KÛKENTHAL, l. C, p. 342. (3) w. Haacke. Schijpfung der Thierwelt, p. 253. ' Die Asymmetrie der Zahnwale ist zurûckzulûhren auf Unsymme trischwerden des Kôrpers infolge von " Gefûgezuchtwahl ,. , Mém. Mus. ro.v. Hist. Nat. Belg. — T. II. 1902. Eurhinodelphis longirostris, lai: 3 ,, S y 1 > z -T3 N Q, ;_ ^ w Q '5b S S ^ S 6 w .2 'S 2 "-' ^ s c 1 1 00 W Q S 1 1 § ■« à Z o "^ ë u ^ m "" ïï -0) -- =- « s 3 s 0 il oP " C ^ 3 CAl 1 00 Z " '« 1 1 h Q. 5 ù ni- co p 1 ll^tci ^ <3 Q > CL. ^ ^ 3 00 3 ë"^ „ « g ^ 3 -H S § « g S S S i P .S Q " "? Te S Ô ■■ 3 c ■" « il 1 ^ " O -13 1 3 S S - .1 - 1 P > § ë":S Si X w ■2 a. d Mus- roy. Hist. Nat. Eelg. — T. EURHINODELPHIS LONGIROSTRIS (EURHINODELPHIS LONGIROSTRIS + EURHINODELPHIS AMBIGUUS .- PRISCODELPHINUS PRODUCTUS - PRISCODELPHINUS ELEGANS) ET EURHINODELPHIS CRISTATUS. ■^ -^ V ♦ > O. ABEL. - LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDÉRIEN DES ENVIRONS D'ANVERS. Mém. Mus. roy. Hist. Nat. Belg. - T. II, 1902. FiG. 1. — Localité : Anvers. — Crâne II (n° 3238 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique) : palatins, vus par la face inférieure. — Grandeur naturelle. — Figure schématique. Pour montrer : les palatins appliqués l'un contre l'autre jusqu'à leur extrémité antérieure, — et le contour externe parabolique du complexe formé par ces deux os. Eurhinodelphis longirostris, du PL, — Palatin. V. — Voraer, CH. FiG. 2. — Localité : Anvers. — Crâne IV (11° 3235 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique) : palatins, vus par la face inférieure. — Grandeur naturelle. — Figure schématique. — Type du Priscodelphinus morckhoviensis, du Bus. Pour montrer : les palatins plus grêles que dans le type d'E. longirostris (crânes I et II) et étirés en pointe antérieurement, — l'insertion asymétrique des sinus postpalatins, le gauclie plus écarté de la suture interpalatine, — celle-ci se prolongeant, en avant, jusqu'à l'extrémité des palatins, — et le bord externe en partie concave de ces derniers. . — Boldérien (Miocène supérieur). Clioanes. X-X. — Insertion du sinus post palatin. FiG. 3. — Localité : Anvers. — Crâne III (n° 3243 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique) : palatins, vus par la face inférieure. — Grandeur naturelle. — Figure schématique. — Type du PriscodcJphhius productus, du Bus. Pour montrer : le bord externe, rectiligne, des palatins, — ceux-ci, grêles, — séparés, en avant, par les susmaxillaires, les sutures palato- susmaxillaires formant, ici, un V, — et les palatins étant, d'ailleurs, en arrière, appliqués l'un contre l'autre sur une grande longueur. Eurhinodelphis cristatus, du Bus. PL. — Palatin. V. FiG. 4. — Localité : Anvers. — Crâne II (n° 3241 du Registre des Ossements fossiles du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique) : palatins, vus par la face inférieure. — Grandeur naturelle. — Figure schématique. Pour montrer : le contour extérieur des palatins, rectiligne en arrière, curviligne en avant, — les palatins séparés antérieurement, les sutures palato-susmaxillaires dessinant, ici, un V, — les mêmes os séparés aussi en arrière, et laissant, à cause de cela, le vomer visible entre eux, — et la forme ramassée desdits palatins. - Boldérien (Miocène supérieur). Vomer. CH. Choanes. Malvaux. Ziuco. 0. ABEL. LES DAUPHINS LONGIROSTRES DU BOLDÉRIEN DES ENVIRONS D'ANVERS. EXTRAIT DES MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE LES NIPADITES COUCHES ÉOCÈNES DE LA BELGIQUE A. C. SEWARD University Lecturer en Botanique E. A. N. ARBER University Demonstrator en Paléobotanique, a Cambridge ANNEE I903 BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES URSULINES, 37 EXTRAIT DES MÉMOIRES MUSÉE ROYAL D'IllSTOIliE NATURELLE I>E RELGIQUE LES NIPADITES COUCHES ÉOCÈNES DE LA BELGIQUE A. C. SEWARD University Lecturer en Botanique E. A. N. ARBER University Demonstrator en Paléobotanique, a Cambridge ANNÉE I903 BRUXELLES POLLEUNIS &. CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES URSULINES, 37 LES NIPADITES COUCHES ÉOCÊNES DE LA BELGIQUE par A. C. SEWARD University Lecturer en Botanique et E. A. N. ARBER University Demonstralor en Paléobotanique, à Cambridge. La répartition des Nipadites dans la série géologique belge nous est indiquée de la manière suivante par M. A. Rutot, Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles : « Les fruits de Nipadites ont une extension stratigraphique notable dans la suite des étages éocènes de la Belgique. » On en a recueilli depuis le sommet de rÉocène inférieur jusque dans rÉocène supérieur. r Dans rÉocène inférieur, ils ont été trouvés dans l'assise inférieure de l'Étage paniselien, notamment au Mont Panisel près de Mons, à Flobecq dans la Flandre orientale et aux environs de Thourout dans la Flandre occidentale. r> Dans rÉocène moyen, les plus nombreux exemplaires proviennent de la moitié supérieure de l'Étage bruxellien, et on les rencontre particulièrement abondants aux environs de Bruxelles, sur la rive droite de la Senne. Ils sont accompagnés de nombreux fragments de bois silicifié ayant flotté et souvent entamés par les Tarets, le tout associé à de nombreux spécimens de la faune marine de l'Étage bruxellien. Des carapaces d'une Tortue terrestre (Emys Cuvieri) et d'une Tortue fluviatile (Triomjx bruxellensis) ont aussi été rencontrées au même niveau. 4 A. G. SEVVARD ET E. A. N. ARBER. — LES NIPADITES " L'Étage laekenien paraît avoir fourni, à son tour, quelques spécimens de NipadUes dans les couches de la citadelle de Gand et l'on en a trouvé un échantillon de petite taille dans le gravier, base du Ledien, à SaintGilles-lez-Bruxelles. - Enfin, dans l'Éocène supérieur, les sables de Jette, appartenant à l'Etage wenimelien et s'étendant au N.-O. de Bruxelles, ont permis d'en recueillir un unique spécimen, « Toutes les couches éocènes, ayant fourni des fruits de Nipadites en Belgique, sont sableuses, d'origine marine et elles ont été déposées dans des golfes dépendant du Bassin de Paris. « La plupart des spécimens, décrits dans le présent Mémoire, faisaient partie de la Collection Le Hon qui se trouve aujourd'hui au Musée de Bruxelles, Leur principal intérêt réside dans l'évidence, qu'ils fournissent, de l'abondance en Europe, pendant une partie reculée de la Période tertiaire, d'une classe de plantes maintenant confinée sous des latitudes plus méridionales. En 1784, Burtin (*) a décrit comme Noix de Coco certains fruits fossiles des couches éocènes de Woluwe, près de Bruxelles. Quelques années auparavant, Parsons (*) avait déjà mentionné, dans le London Clay de l'île de Sheppey, de semblables fruits éocènes, pour quelques-uns desquels Bowerbank devait proposer plus tard le nom générique de Nipadites dans le but d'indiquer qu'ils semblaient presque identiques aux fruits du Palmier actuel, Nipa fruticans. Un résumé des travaux dont les Nipadites ont été l'objet a paru dans un Mémoire récent de A. B. Rendle (^) sous le titre de « Revision of the genus Nipadites Bowerb ". Il nous permet de passer rapidement en revue les principales recherches faites antérieurement sur ce sujet. Dans le premier volume de ses - Organic Remains of a former World ^, Parkinson [*) a figuré des végétaux fossiles provenant de Sheppey et les a comparés au genre Cocos. La noix, ainsi nommée et représentée dans sa PI. VII, Fig. 3. est fort analogue au spécimen belge que nous reproduisons PI. III, Fig. 14. C'est simplement le moule interne de l'intérieur d'un carpelle. Brongniart (**), dans son - Prodrome d'une histoire des Végétaux fossiles ", a adopté le nom de Cocos pour les spécimens décrits par Burtin et Parkinson et qu'il nomme respectivement Cocos Burtini et C. Parkinsonis; il y ajoute toutefois une troisième espèce, C. Fattjasii, qui cependant, ainsi que Rendle l'a suggéré, n'est probablement pas du C) Burtin. (1784.) C) Parsons. (1757.) (3) Rendle. (93.) («) Parkinson. (11.), p. 448, PI. VI et VII. (!*) Brongniart. (28.), p. 1"21 et 138. DES COUCHES ÉOCÉNES DE lA BELGIQUE 5 même genre que les autres types. Le même auteur se servit aussi de la désignation de Pandanocarpum pour un fruit provenant de Sheppey, mais il y renonça plus tard (*) pour adopter celle de Nipadites de Bowerbank. En 1837, Bronn (^) substitua le nom de Cocites à celui de Cocos de Brongniart et mentionna les deux espèces Cocites Burlini et C. Parkinsonis, mais ultérieurement (') il reprit à son tour le genre Nipadites de Bowerbank, nom dont Unger se servit également (*). Ce fut en 1840 que Bowerbank créa le nom générique de Nipadites pour divers fruits provenant du London Glay et que la mer avait rejetés sur la plage de Sheppey. Il est d'accord avec Brongniart sur la ressemblance de ces fossiles avec les fruits du genre récent Pandanus, mais leur similitude plus grande encore avec les fruits de Nipa l'engagea à abandonner le nom de Pandanocarpum de cet auteur pour une appellation exprimant l'affinité plus probable de la forme éocène. Il établit en outre l'intéressant parallèle entre les embouchures de certains fleuves tropicaux où flottent les fruits de Nipa, et le delta tertiaire représenté par le London Clay de Sheppey. Bowerbank a décrit les formes suivantes de Nipadites, dont beaucoup, à notre avis, n'ont pas droit à un rang spécifique : Nipadites umbonatis BowerbanU, p. 9, pi. I. ELLIPTICUS Bow., |). Il, pi. Il, lig. 1-5. — CRAssus Bow., p. 12, pi. II, fig. 4 et S. — coKDiFoiiMis Bow., p. 15, pi. II, (Ig. 6-10. — pRUNiFORMis Bow., p. 14, pi. Il, fig. 11 et 12. — ACUTUS Bow., p. 14, |)1. m, lig. 1-5. — CLAVATus Bow., p. 15, pi. Hl, iig. 4-6. — LANCEOLATus Bow., p. 16, pi. III, fig. 7 et 8. PARKINSONIS Bow., p. 16, pi. IV. — TURGIDIIS Bow., p. 21, pi. V. GIGANTEIS Bow , p. 22, pi. VI, fig. 1. — sEMiTEREs Bow., p. 25, pi. VI, lig. 2-4. — PYRAMiDALis Bow., p. 24, pi. VI, fig. o et 6. Une communication importante fut faite en 1852 sur les Nipadites à la Société géolo- gique de Londres par Sir Charles Lyell (^). Il y décrivait et figurait plusieurs spécimens appartenant au capitaine Le Hon qui les avait recueillis dans des sablières de Schaerbeek, faubourg septentrional de Bruxelles. Ces fossiles avaient été rangés par Bowerbank dans quatre de ses espèces : Nipadites turgidus, N. giganteus, N. lanceolatus et N. Parkinsonis. (1) Brononiart. (49.), p. 88. (2j Bronn. (37.), p. 861. (3) Bronn. (48.), p. 813. (<) Unger. (50.), p. 329. (6) Lyell. (52.). 6, A. C. SEWARD ET E. A. N. ARBER. — LES NIPADITES Lyell cite l'opinion de Sir Joseph Hooker qui pense que les spécimens, nommés N. turgidus et N. giganteus devraient être appelés N. Burtini Brongn., et il ajoute que beaucoup des espèces de Bowerbank avaient été établies sur des différences correspondant à des états de croissance plutôt qu'à des caractères spécifiques ('). Lyell donne de bons dessins du Nipadites Burtini. Il mentionne dans beaucoup d'exemplaires la texture fibreuse du péricarpe et l'absence de graines comme des caractères qu'ils partagent avec les fruits de l'actuel Nipa fruiicans. Le Nipadites lanceolatus Bow. est considéré comme type distinct (^), mais nous sommes incapables de reconnaître quelque différence essentielle entre les fruits ainsi nommés et un exemplaire du Nipadites Burtini, tel que celui figuré PL XIX, Fig. 1 dans le mémoire de Lyell. Un type de fruit plus allongé, identique à celui de notre Fig. 3, PI. I, est aussi rapporté par le même auteur au Nipadites Parlcinsonis; les motifs, invoqués pour le séparer spécifiquement de N. Burtini, nous paraissent insuffisants. Les couches de Schaerbeek d'où proviennent la plupart des fruits belges, forment la partie supérieure des Sables bruxelliens qui sont eux-mêmes considérés par les géologues belges comme constituant la base de l'Éocène moyen (*). Dans son « Catalogue of British Fossils -, Morris (■•) a énuméré pour les Nipadites douze types spécifiques, extraits de la Monographie de Bowerbank. Eh 1858, Massalongo créa le genre Palwokeura pour quelques fruits des couches tertiaires de la province de Vérone. Mais la comparaison de ses dessins avec notre Fig. 5, PI. II démontre l'identité des fossiles italiens et belges. Les Fig. 1 et 2 de la PI. III de Massalongo représentent un moule interne comme celui de notre Fig, 6, PI. IL La coupe d'un moule, figurée par l'auteur véronais dans sa PI. IV, ne donne aucune trace d'embryon, de même que des coupes similaires, que nous avons faites sur les éléments de Bruxelles, ont établi que leurs moules ne fournissent aucun indice sur la structure des graines. Dans la « Flora tertiaria italica -, Meschinelli et Squinabol (*) conservent les noms générique et spécifique de Massalongo pour les spécimens d'Italie qu'ils classent dans la famille des Pandanacées. Un exemplaire de Nipadites, provenant du Bassin de Paris, fut décrit en 1866 par Watelet (^) sous le nom de N. Heberti. Son dessin figure un moule interne portant une cicatrice circulaire assez large et semblable à celle de notre Fig. 6, PI. IL (•) Lyell. (52.), p. 34-5. (2) Lyell. (52.), PI. XL\, Fig. 3 et 4. (3) MouRLON. (80.), p. 226; (81.), p. 166. — RuTOT. (83.), pp. 97 et 191. (*) Morris. (54.), p. 13. (°) Meschinelli et Squinabol. (92.), p. 160. («) Watelet. (66.), PI. XXIX. DES COUCHES ÉOCÈNES DE LA BELGIQUE 7 Dans un Mémoire sur la « Phytopalœontological Investigations of the fossil Flora of Sheppey », publié en 1879 dans les « Proceedings of the Royal Society of London », Ettingshausen (*) réunit, comme synonymes de Nipa Burtini Brongn., plusieurs des noms spécifiques de Bowerbank, mais il conserve quatre autres espèces : N. ellipticvs, N. lanceolatus, N. Parhinsonis et N. semiteres. Le maintien de la plupart de ces noms nous semble inutile et insuffisamment appuyé par des faits de nature taxonomique. Ettingshausen préfère aussi réunir les fossiles au genre récent Nipa, tandis que, tout en reconnaissant la ressemblance frappante entre les types tertiaires et le type encore existant, nous restons convaincus que le meilleur parti est le maintien de la dénomination proposée par Bowerbank, parce qu'elle exprime le fait que les spécimens ne sont pas récents, mais fossiles et que, en outre, elle ne nous engage pas par l'admission définitive d'une identité générique qui n'a pu être prouvée. Le travail le plus complet et le plus satisfaisant sur le genre Nipadites est celui de Rendle (^). Cet auteur fait un résumé critique delà bibliographie antérieure et discute les caractères peu concluants sur lesquels beaucoup d'espèces de Nipadites ont été établies, en attirant spécialement l'attention sur les variations considérables de grandeur et de forme qu'offrent les fruits d'une même inflorescence de Nipa fruticans. Il fournit, en terminant, un intéressant appoint à nos connaissances sur les fruits fossiles du Sud de l'Angleterre par l'étude des spécimens découverts par M. Clément Reid (^), à Bracklesham et West Witte- ring dans le Sussex, et à Hengistbury Head dans le Hampshire. Ces nouveaux fruits concordent en effet par leur taille et leur forme avec les grands exemplaires belges. NIPA FRUTICANS Thunberg. Le nom de Nipa fruticans fut créé en 1782 par Thunberg et la diagnose primitive a été complétée en I8I9 par Houton la Billardière (*). Sir Joseph Hooker (*) donne, dans la « Flora of British India », la description suivante du genre Nipa : « Palmier non arborescent, croissant en massifs. Feuilles pennatiséquées ; » folioles lancéolées, plissées. Fleurs monoïques; les mâles réunies en chatons sur. les » branches du spadice, les femelles groupées en une masse globuleuse terminale ; périanthe » glumacé. Fleurs femelles : sépales 6, rudimentaires ; staminodes 0; carpelles 3 à sommets » libres portant chacun une ligne stigmatique oblique; ovules 3, dressés. Fruit grand, » globuleux, formé par la réunion d'un grand nombre de carpelles obovoïdes, à section (■) Ettingshausen. (79.), p. 393. (2) Rendle. (93.), (94.) (3) Rendle. (93.), p. 147, PI. VI. (*) Houton la Billardière, (19.) (^) HooKKH (94.), p. 424. Voyez aussi Drude (89.), dans Engler et Pmntl. 8 A. C. SEWARD KT E. A. N. ARBER. — LES NIPADITES y> hexagonale et à cavité unique, monospermes, à stigmates infra-apicaux, à péricarpe « charnu et fibreux, à endocarpe spongieux. Graine dressée, otFrant un sillon sur une de » ses faces, à tégument coriace, visqueux intérieurement et adhérent à l'endocarpe, à hile « large; à albumen compact, creux ; à embryon basilaire obconique. " L'aspect du Nipa fruticans, la seule espèce actuelle du genre de Thunberg, est bien représentée par la photographie reproduite ici, PI. I, Fig. 1, Nous la devons à notre ami M. Yapp du S'-John's Collège, à Cambridge, et elle a été prise à Trengganu sur la côte orientale de la Péninsule malaise. Les feuilles de ce palmier caractéristique atteignent une longueur de 5 à 10 mètres. Son inflorescence femelle, consistant en une masse sphérique, compacte de fruits, a la grosseur de la tête d'un homme. La photographie, PI. I, Fig. 4, a été prise sur un spéci- men du British Muséum, provenant de Singapore. Cette inflorescence presque sphérique a 24 centimètres de long et 23 centimètres de large. Chaque carpelle mesure généralement de 9 à 10 centimètres de long et est recouvert par un péricarpe dur d'un brun foncé. 11 est réuni à l'axe de l'inflorescence par une base graduellement rétrécie et terminée supérieu- rement par une éminence brusquement arrondie portant les restes persistants d'un large stigmate. (PI. III, Fig. 12; PI. II, Fig. 8 etD.) Le fruit complet dont la partie supérieure est représentée ici, Fig. 8 et 0, PI. II, a 9.5 centimètres de long. Le spécimen provient d'une inflorescence de Malacca qui se trouve dans un des Musées du Jardin royal de Kew. Le fruit est uniloculaire et contient un à trois ovules dont un seul peut arriver à maturité. Mais, dans chaque inflorescence, il y a plusieurs carpelles qui restent petits et aplatis et qui ne produisent pas de graines. Notre Fig. 17, PI. III, montre un carpelle isolé en section longitudinale et de grandeur naturelle. L'extrémité la plus étroite était attachée au pédoncule ; le centre de l'extrémité supérieure arrondie porte un petit stigmate conique. La cavité séminale est garnie d'un tissu fibreux de couleur brune, auquel fait suite un noyau dur et ligneux (que notre dessin représente par une bande claire) présentant, au sommet du court pédoncule, une lacune par laquelle le système vasculaire se distribuait aux ovules. (Cf. PI. II, Fig. 7.) La partie externe est principalement formée de fortes fibres recouvertes superficiel- lement d'une couche polie, membraneuse et d'un brun foncé avec des côtes saillantes en nombre variable. Comme Rendle l'a fait remarquer, la forme de l'extrémité distale des carpelles du Nipa fruticans fournit un caractère de diagnose important, puisque la partie terminale libre n'est pas influencée par la pression des fruits voisins. D'un autre côté, le nombre de côtes, d'angles ou autres caractères dépend dans une forte mesure de la position de chaque fruit dans l'inflorescence. Lorsque nous fixons notre attention sur les limites étendues de ces variations dans la forme et la grandeur des carpelles de Nipa fruticans, il semble évident que les nombreux DES COUCHES EOCÈNES DE LA BELGIQUE 9 noms spécifiques, introduits par Bowerbank et par d'autres auteurs pour les Nipadites, donnent une fausse idée du nombre de types spécifiques que l'on rencontre dans les dépôts tertiaires. Car c'est vraiment une tâche irréalisable de décider où il y a lieu de tracer une ligne de séparation entre les espèces d'après des fruits fossiles isolés et souvent imparfaits. Aussi sommes-nous disposés à aller plus loin que Rendle et à grouper les fruits belges en un seul type : Nipadites Burtini Brongn. NIPADITES BURTINI Brong. 1784. Cocos sp. Burtin, p. 118, pi. XXX a. 1828. Cocos BuKTiiNi Brongniart, p. 121. 1837. Coches Burtini Bronii, p. 861. 1840. Nipadites giganteus Bowerbank, p. 22, pi. VI, fig. 1. — N. TURGiDus, ibid., p. 21, pi. V. 1845. BuRTiNiA C0C01DES Uiiger, p. 187. 1849. Nipadites Burtini Brongniart, p. 88. 1830. BuRTiNiA cocoiDEs Uiigcr, p. 539. — Nipadites giganteus ibid., p. 329. — N. TURGIDUS ibid., p. 329. 1852. Nipadites Burtini Lyell, p. 345, pi. XIX, iig. 1. 1852. BuuTiNiA cocoiDEs Ettingsliaiisen, p. 9. — Nipadites Bovverbankii ibid., p. 8. 1855. Pal.eoreuka Pellegrimana Massalongo, p. 15. 1870-72. Nipadites Burtini Scliimper, p. 479. 1879. NiPA Burtini Ettingsiiausen, p. 393. 1879. Nipadites Burtini Saporta, 225, (?) (ig. 44. 1893. Pal/Eokeuka Pellegriniana Mescliinelli et .Squinabol, p. KM. 1895. Nipadites Burtini Rendle, p. 149. DESCRIPTION DES SPECIMENS FIGURES Pl. I, FiG. 2. — Ce spécimen est l'un des meilleurs de la collection et peut être considéré comme l'exemplaire typique du Nipadites Burtini. Le fruit a 12 centimètres de long et 10.5 centimètres de large. Il est à l'état de moule siliceux placé librement dans la matrice. Comme la plupart des autres spécimens, sa section est piano-convexe. Sa surface présente trois carènes proéminentes ou côtes longitudinales en saillie; l'une, visible sur le côté gauche de la photographie, a la forme d'une bordure marginale aplatie s'étendant le long d'un des bords du fruit. En outre, aux trois carènes les plus saillantes, il faut ajouter deux arêtes moins accusées, dont 2. - 1903. 10 A. G. SEWARD ET E. À. N. ARBER. — LES NIPADITES l'une se trouve au centre de notre photographie Fig. 2. Le sommet a la forme d'un cône large et court, semblable à celui de notre Fig. 5, PI. II. La face figurée du fruit est blanchâtre et montre clairement une structure fibreuse. Le fruit, représenté par Rendle et provenant du Sussex (*), est sans aucun doute spécifiquement identique à celui de notre Fig, 2. Pl. I, Fig. 3. — Ce spécimen montre un type de fruit plus long et plus étroit : 21 centimètres de long et 9.5 centimètres de large. Il sera, pensons-nous, considéré sans peine comme une simple variation de forme du Nipadites Burtini. Il a trois côtes saillantes et quelques arêtes moins distinctes. Une des côtes princi- pales forme à gauche le bord du fruit et on en voit une autre près du centre de la figure. Le sommet n'est pas bien conservé ; il présente un aspect quelque peu tuberculiforme, certainement dû à des perforations du péricarpe par des animaux que MM. Dupont et Rutot, conformément à l'opinion de Lyell (^), considèrent comme des Tarets. Nous avons examiné des fruits du Nipa récent très semblables de forme à celui de cette Fig. 3 et provenant d'inflorescences où la plupart des fruits sont d'un type plus large que dans notre Fig. 2. La forme de fruit figurée ici peut être comparée aux Nipadites giganteus {^) et N. lanceolatiis (*) de Bowerbank. Comme dans la plupart des spécimens, le fruit est plus plat sur l'un des côtés. Pl. II, Fig. 5. — Vue du sommet d'un grand fruit, aux ^;, de la grandeur naturelle. L'umbo terminal s'y montre comme une large pyramide avec trois côtes longitudinales et des plis transverses irréguliers. Le sommet est plus symétrique que dans l'espèce récente, ainsi que le montrent les Fig. 8 et 9. Ce spécimen, extraordinairement large, a 15 centimètres de largeur. La structure de son péricarpe se voit clairement et les trois côtes de l'umbo stigmatique supérieur se prolongent sur la surface du fruit. La Fig. 11, PL II, donne la vue latérale du même spécimen. Pl. II, Fig. 6. — Extrémité inférieure d'un moule interne montrant la cicatrice circulaire. Celle-ci a la forme d'une protubérance hémisphérique, légèrement en saillie et entourée d'une dépression circulaire. Une semblable cicatrice ou hile, provenant d'un spécimen de Bruxelles, est figurée par Lyell dans sa Pl. XX. Fig. 8 (^). En coupe, le moule (•) Rendle. (93.), Pl. VI. (2) Lyell. (52.), p. 345 et 346. C) Bowerbank. (40.) Pl. VI, Fig. («) Ihid., Pl. m, Fig. 7. (') LïELL. (52.) DES COUCHES ÉOGÈNES DE LA BELGIQUE 11 est piano-convexe ; il a 10 centimètres de long sur 9 centimètres de large. Des canaux sinueux, dus à un animal perforant, contournent sa surface. Une partie du péricarpe de ce spécimen est conservée. Elle est en forme de coupe avec cicatrice circulaire correspondant à celle du moule interne, mais que la figure ne montre pas. Pl. 11, FiG. 7. — Spécimen imparfait, semblable au Nipadites lanceolatus de Bowerbank. Il est long de 8 centimètres et large de 3 centimètres. Sa forme aplatie et ses dimensions plus faibles indiquent probablement un des carpelles avortés de l'inflorescence, dont les fruits mûrs et fertiles devaient atteindre des dimensions analogues à celles des Fig. 5et 11, Pl. II. L'extrémité la plus amincie est probablement la base du fruit, et la dépression centrale peut être comparée au sillon analogue du fruit récent de la Fig. 17, sillon au travers duquel les faisceaux vasculaires passaient du pédoncule au carpelle. Une partie du péricarpe se voit dans la même Fig. 7. Pl. II, Fig. 10. — Forme de fruit plus petite, longue de 7.5 centimètres et large de 5 centimètres. Elle contient un moule interne. Ce spécimen est semblable à celui de la Fig. 7, avec cette exception qu'il a primitivement contenu une graine. Pl. II, Fig. II. — Vue latérale du grand fruit dont le sommet est représenté Pl. II, Fig. 5. Le moule interne est visible à l'endroit où le péricarpe est brisé. Pl. III, Fig. 13. — Vue latérale d'un fruit écrasé, large de 12 centimètres et long de 17 centimètres. Il montre une carène proéminente descendant vers le centre de l'exemplaire ; les deux bords sont formés par les deux carènes. La section est piano- convexe, mais le côté convexe, que la photographie représente, a été écrasé de chaque côté de l'arête médiane. L'umbo est très imparfait. Pl. III, Fig. 14. — Moule interne, long et large de 9 centimètres avec section piano-convexe. Il porte deux profondes rainures marginales et quatre autres sur la face convexe. A l'extrémité étroite, il y a une dépression comme dans le spécimen Fig. 6. Pl. III, Fig. 15. — Spécimen plus imparfait, long de 15 centimètres et large de 10.5 centimètres. Sa forme est intermédiaire entre celle des spécimens Fig. 2 et 3. Le moule interne est visible en un point, ainsi que du côté opposé à la face figurée de l'objet. Pl. III, Fig. 16. — Fruit plus petit, long de 10 centimètres et large de 6 centimètres. Le péricarpe, étant brisé, laisse voir le moule interne. Une carène proéminente se montre près du centre de la partie supérieure du péricarpe. 12 A. G. SEWARD ET E. A. N. ARBER. — LES NIPADITES Autres spécimens de NIPADITES BURTINI se trouvant dans la collection. N° 1. Spécimen analogue à celui de la PI. III. Fig. 16. N° 2. Fruit avec trois côtes saillantes et à section piano-convexe. Intermédiaire entre les spécimens Fig. 2 et Fig. 16. N° 3. Spécimen semblable à celui de la PI. III, Fig. 10. N" 4. Moule interne avec une partie du péricarpe adhérente. N° 5. Très grand fruit aplati, de 13 centimètres de large et 16 centimètres de long. N° 6. Partie d'un fruit plus petit. N° 7. Empreinte imparfaite d'une partie de fruit. N" 8. Empreinte d'une des faces d'un fruit du type le plus grand. N°' 9 et 10. Parties de fruits. N° 11. Empreinte d'un spécimen analogue à celui de la Fig. 2, PI. I. N° 12. Empreinte d'un fruit. N° 13. Moule détaché. C'est la partie basale d'un moule interne, montrant les tubes des Tarets qui l'ont attaqué; ces tubes rayonnent de l'une des extrémités. N" 14. Empreinte d'un fruit. N° 15. Spécimen imparfait d'un très grand fruit,. N° 16. Probablement un très grand spécimen de Nipadites Burtini. N° 17. Forme plus petite que dans les Fig. 7 et 10. PI. II. N° 18. Spécimen encroûté de même type que dans Fig. 2, PI. I. N° 19. Partie de l'extrémité inférieure du péricarpe du fruit dont le moule est figuré PI. Il, Fig. 6. N" 20. Moule interne coupé transversalement. DES COUCHES EOCÈNES DE LA BELGIQUE CONCLUSIONS Des végétaux fossiles, représentés surtout par des fruits et pouvant être rapportés au genre NipadHes de Bowerbank, ont été signalés en Belgique, en Angleterre, en Italie et en France. La ressemblance générale de leur morphologie avec les fruits du genre monotype Nipa fournit de sérieux arguments en faveur de la proche parenté entre les formes européennes de l'Epoque tertiaire inférieure et le type récent. L'espèce Nipa fruticans croît aujourd'hui depuis les Sunderbunds ou région méridio- nale du Delta du Gange jusqu'à Ceylan et la Péninsule de Malacca ; de là elle s'étend à travers l'Archipel malais jusqu'en Australie. Elle occupe une position quelque peu isolée parmi les Palmiers actuels. De même que beaucoup de types végétaux qui se sont conservés dans les régions chaudes du Globe comme survivants isolés, le Nipa fruticans fournit un chaînon avec le passé où des plantes, maintenant de distribution comparativement restreinte et d'afiBnités spéciales, jouaient un rôle prépondérant dans la végétation de latitudes plus septen- trionales. La description, que sir Joseph Hooker a faite dans ses ~ Himalayan Journals » (*), des îles marécageuses des Sunderbunds, sur les côtes desquelles croît le Palmier nain Nipa, donne indubitablement un tableau exact de l'aspect des bords des rivières européennes éocènes soumises aux marées. Sur ces rivières, les fruits mûrs d'un type éteint de Nipa doivent avoir abondamment flotté avant d'être enfouis, avec d'autres épaves animales et végétales, dans les sédiments des deltas ou des côtes. Une autre conclusion se présente naturellement. Les conditions climatériques, qui sont aujourd'hui favorables au Nipa fruticans, devaient se reproduire dans les régions européennes où les Nipadites ont été trouvés. C'est cependant une supposition peu prudente d'admettre a priori que des espèces proches parentes réclament des conditions climatériques identiques ou même analogues. Mais, dans le présent cas, des faits connexes, observés chez d'autres organismes, rendent la conclusion extrêmement probable. Le manque de connaissances encore précises, sur la distribution géographique et les affinités des Angiospermes tertiaires, rend fort désirable un examen critique embrassant les (') Hooker. (91.), p. 1 et Seward. (98.), p. 63. 14 LES NIPADITES DES COUCHES EOCENES DE LA BELGIQUE nombreux restes de Palmiers fossiles signalés dans les terrains européens. Le présent travail n'ajoute que peu de chose à ce que nous savons de l'histoire géographique des Palmiers. Cependant les éléments dont nous nous sommes servis fournissent des dates précieuses dans le passé reculé d'une classe de plantes qui, dans les dernières années, a été délaissée par les paléobotanistes. En finissant, nous désirons exprimer nos remerciements à la Direction du Musée de Bruxelles pour son obligeance à nous donner toute facilité dans l'examen des spécimens qui se trouvent dans cette Institution, et à M. Rutot, Conservateur au même Musée, pour les renseignements stratigraphiques précis qu'il a bien voulu nous fournir. Nous sommes aussi reconnaissants au Directeur des Jardins royaux de Kew et au Conservateur du Département botanique du British Muséum pour leur empressement à nous laisser examiner les spécimens de Nipa que ces Institutions possèdent. BIBLIOGRAPHIE BiLLARDiÈRE, H. La (19). Mémoire sur le palmier Nipa. Mém. du Mus. d'Hist. nat., t. V, p. 297. Paris, 1819. A history of the fossil fruits and seeds of the Londori Clay. Loiidon, 1840. Prodrome d'une histoire des végétaux fossiles. Paris, 1828. Tableau des genres des végétaux fossiles. Extrait du Dictionnaire d'Histoire naturelle, t. XIII, p. 49. Paris, 1849. Lethœa geognostica, 1. 1. Stuttgart, 1837. Index palœontologicus. Stuttgart, 1848. Oryctographie de Bruxelles, 1784. Palmae. (Engler and Prantl, Die natilrlicheii PflamenfamiUen, t. II, pt. m. 1889). Ettingshausen, C. von (79). Report on Phytopalseontological investigations of the fossil Flora of Sheppey. Proc. R. Soc. London, t. XXIX, p. 388. 1879. Himalayan Journals. London, 1891. 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HooKER, SirJ. D. (91). HooKER, Sir J. D. (94). Lyell, Sir C. (52). Parkinson, J. (11). Parsons, j. (1757). RendlE; a. B. (93). BIBLIOGRAPHIE RuTOT, A. (83). Explication de la feuille de Bruxelles, pp. 97 et 191. Carte géologique de la Belgique à l'échelle du 20000°. Bruxelles, 1883. Saporta, Comte de (79). Le Monde des Plantes, etc., p. 225, fig. 44. 1879. ScHiMPER, W. p. (70-72). Traité de Paléontologie végétale, t. II. Paris, 1870-72. Seward, a. g. (98). Fossil Plants for Students of Botany and Geology, t. I. Cambridge, 1898. Unger, F. (45). Synopsis Plantarum fossilium. Leipzig, 1845. — (50). Gênera et species Plantarum fossilium. Vindobonœ, 1850. Watelet, Ad. (66). Description des Plantes fossiles du bassin de Paris. Paris, 1866. Mém. Mus. roy. Hist. Nat. Belg. —T. II. 1902. PI. I. FiG. 1. — Nipa fruticans. — Époque actuelle. Tréngganu (côte orientale de la Péninsule Malaise). — Groupe bordant une rivière. — Photographie de M. Yapp. FiG. 3. — Nipa dites Burtini. — Bruxellien (Eocène moyen) ^, Lnealilé : Schaerbeek (Bruxelles). — Echelle : ?. — ;. Musée de Bruxelles. FiG. 2. — Nipadites Burtini. — Bruxellien Eocène moyen) Locnlilé : Schaerbeek (Bruxelles). — Giaiideur naturelle. — Musée de Bruxelles. Lagaert, Photo. FiG. 4. — Nipa fruticans. — Époque actuelle. Localité : Singapore. — Inflorescence femelle. — Echelle Photographie du spécimen du British Muséum. A. C. SEWARD & E. A. N. ARBER. — NIPA ^- NIPADITES. Mém. Mus. roy. Hist. Nat. Belg. — T. Il, 1902. PI. II. FiG. 8. — Nipa fruticans. — Époque actuelle. r^ ^ ^ Vue latérale de la région apicale d'un fruit isolé. S '^,' Grandeur naturelle. FiG. 5. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité :Schaerbeek (Bruxelles). — Échelle: ï. — Musée de Bruxelles. FiG. 9. — Nipa fruticans. — Époque actuelle. Vue terminale de la région apicale d'un fruit isolé. Grandeur naturelle. FiG. 6. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen) Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Grandeur naturelle. — Musée de Bruxelles. FiG. 10. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Grandeur naturelle. Musée de Bruxelles. Péricarpe Gouttière par '/f laquelle les faisceaux vasculaires passent du pédoncule au carpelle. FiG. 7. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen) Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Grandeur naturelle. — Musée de Bruxelles. Lagaert, Photo. FiG. 11. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Echelle : ;. — Musée de Bruxelles. A. C. SEWARD & E. A. N. ARBER. — NIPA & NIPADITES. Mém. Mus. roy. Hist. Nat. Belg. — T. II, 1902. PI. m. iG. 12. — Nipa fruticans. Époque actuelle. Fruit isolé. — Echelle : j if 4 FiG. 13. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité : Saint-Gilles (Bruxelles). - Fruil avorté et écrasé. — Echelle : FiG. 14. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Moule interne du fruit. — Echelle : V\ \ / Miuile interne, visible ici, et sur la face opposée (non représentée). FiG. 15. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Fruit, légèrement réduit. FiG. 16. — Nipadites Burtini. — Bruxellien (Éocène moyen). Localité : Schaerbeek (Bruxelles). — Fruit. — ■ Échelle : |. Gouttière par yV laquelle les faisceaux vasculaires passent du pédoncule au carpelle. VV*,/ Lagaert, Photo. FiG. 17. — Nipa fruticans. — Époque actuelle. Coupe longitudinale d'un petit fruit. — Grandeur naturelle. A. C. SEWARD & A. E. N. ARBER. — NIPA ^ NIPADITES. EXTRAIT DES MÉMOIRES DU MUSËE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE T. II DESCRIPTION DES ÉCHINIDES CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE ])riiici|mlement de ceux conservés au Musée royal de Bruxelles PAR J. LAMBERT Etude I monographique sur le Genre Echinocorys ANNÉE 1903 BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEURS 37, RUE DES URSULINES, 37 EXTRAIT DES MEMOIRES MUSÉE ROYAL D'IIISTOmE NATURELLE DE BELGIQUE DESCRIPTION ÉCHINIDES CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE principalement de cenx conservés an Musée royal do Bruxelles PAR J. LAMBERT Etude X monographique sur le Genre Echinocorys ANNÉE I903 BRUXELLES POLLEUNIS & CEUTERICK, IMPRIMEUR 37, RUE DES URSULINES, 37 TABLE ALPHABÉTIQUE (Nota. — Les Genres et Espèces admis sont en caractères gras, les Synonymes en italique.) Atianchites Lamarck, \80\, Genre; Syn. Echinocori/s 34 — carinatîis De^rance {non Lamarek);Syn. E. ridgaris Var. striata . . 55, 109, 139 — carinatus R\sso (non L:imavck, nec Delvance) 97, 112 — conca va CaiuWo 110 — jEwc^esà' Sorigiiet (individus anormaux) 17, 97, 120 — (/Zo6osa Catullo 110 — hemisphasrica Brongniart, Syn. E. vulgaris Var. striata .... 56, 109, 137 — nnnorAeB\a\nv\\\e,Syn.Galeolapapillosa 36, 39, 112 — ovatus Lamavck\ ^yn. E. ovatus Leske 69, 107 — peixonkus Yia^eiiov^ ; Sya. E. perconicus 83, 116 — rotmidatus R\sso {nomen nudum) 97, 112 — rustica Defrance [nomen nudum) 96 — semiglohus Bory ; Syn. Galeola papillosa 39, 1 10 — sfeWa Risso (n'est pas un Echinide) 97, 112 — striata Y av. elato-depressa?>ov\gne\. {non Gx:a\.e\on'g);?)yn. E. conicus . 120 — tiiherculata Defrance; Syn. Stenonia tuherculata. Ananchitidse A. Gras, Famille 32 Ananchitinx spec. Jimbo, est un Homœaster 46 Ananchitis Mercati, 1719, désigne des Stegasfer 35 — Pline, nom d'une gemme antique (diamant) 35 — ovata Ooster 124 Ananchgtes Lamarck, 181Q, Genve; Syn. Echinoconjs 34 — acHininatus Qnenstedl; Syn. E.acuminatus 93, 126 a«a/is Rœmer; Syn. 0 ff aster pilula. — assulatus Quenstedt; Syn. E. assulatus 93 — Bayfieldi Forbes {nomen nudum) 121 — èicor(^ate Lamarck; Syn. Collyrites bicordata. — carinata Lamavck; Syn. Collijritescarinata 56 — cinctus '^oïion; Syn. Holaster cinctus. — concavus Gatullo, probablement un Hoîaster 118 — conica Agassiz; Syn. E. conicus 66, 116 — conoideus Goldfuss ; Syn. E. conoideus 78, 1 1 1 — — Grateloup (hok Goldfuss), Variété elato-depressa . . . 114 TABLE ALPHABETIQUE Ananchytes conoideus Porllock (itou. Go\dïuss);Syn. E. oratHs . — coravium Lamarck; Moule A'Holuster d'origine inconnue. — — Grateloup {no7i Lamarck) Syn. Micraster corcolumbarium. — corculum Goldfuss; Syn. Galeola papillosa — — Grateloup (non Goldfuss) ; Syn. E. Duponti . — cordata Lamarck; Syn. Cardiaster ananchytis. — — Grateloup {non Lamarck); Syn. Micraster tercensis. — crassissima Agassïz; Syn. E.conoideus — criicifer Morton; Syn. Lychnidius crucifer. — dejjressus Ekhwald; Syn. E. de2}ressus — elliptica Lamarck ; Syn. Collyrites elliptica. — — Grateloup {non Lamarck) — fimbriatus Morton; Syn. Holaster cinclus. — gibbaV.3imac!:c\\Syx\. E.gibbus — GravesiiXiesov ; 'èyn. E. Gravesi — hemisphœrica Grateloup {non Brongniart) ; Syn. E. Duponti . — hemisphericus A. Gras (non Brongniart) pour le Dysaster ririts, espèce néocomienne de Genre incertain. — intumescens Phillips (nomen niidiim) — latissima Rœmer; Syn. Pseudananchis latissima . — modicus Quenstedt — nodosus Quenstedt — obliqua Nilsson — orbicularis Blanckenhorn (espèce douteuse) . — oraZis Clarck; Syn. /J. oi-a//s — ovata Lamarck ; Syn. E. ovafus — — Bronn (non Lamarck); Syn. E. Duponti — — Forbes (Espèces diverses) .... — ovatus Portlock (non Lamarck); Syn. E. conicus . — perconicus Quenstedt {non Hagenow), paraît un Galeola — pillula Lamarck ; Syn. Offantei- pilula . — piisfulosa Lamarck ; Syn. E. pustulosiis . — — Grateloup (non Lamarck) ; Syn. E. Coiteaui — pyramidatHs Portlock; Syn. E. pyramidatits . — quadriradiafiis Agassiz (espèce supposée) . — reyidaris Arnaud; Syn. E. Arnandi — semiglobus Lamarck; Syn. Galeola prqnllosa . — — Grateloup (non Lamarck); E. Cotteani . — — Agassiz et Desor {non Lamarck) ; Syn. E. sulcatus — spatangiformis Rœmer (probablement un Holaster) — spatangus Lamarck; Syn. Micraster coratiguinum. — striata Lamarck (1" type); Syn. E. rulgaris Var. striata — sinaia Lamarck (2" type) ; Syn. /!^. ///M((s — — Var. subglobo.sa Goldfuss — — Var. marginata Goldfuss; Syn. E. marginatus 117 39, 112 79, 116, 140 91 114 59, 108 48, 119 114 97, 112 117 127 126 112 97 94, 134 69, 108 82, 115 121 66, 117 127 45 96, 108 114 71, 117 113 79, 131 36, 39, 108 114 119 117 53, 108 53, 59, 108 62, 111 72, 111 TABLE ALPHABETIQUE Ananchytes strîata Var. subglohosa Grateloup [non Goldfuss); Syn. E. Arnaudi — subglobosus Lamarck (nomen nudmn) — — Desor; Syn. E. sulcatus — — Yoïb&s;'àYn. Holaster subglohosiis — sulcatus Goldfuss {testa); Syn. E. sulcatus — — Go\à{\iss {nucleus); ?>yï\. E. beJgicus — — Agassiz {non Goldfuss) ; Syn. E. Dupont i — — Var. limbata, Syn. E. ovatus — tenuituberciilatus Leynierie; Syn. E. tenuituberculatus — tuberculata Des Moulins {non Defrance) ; Syn. E. sulcatus Anancites Lovén, Genre; Syn. Echinocorys — ovata Lovén Brontia Olearius, Genre; Syn. Echinocorys — ovalis Lhwyd (Moules). Cidaris-assulata Olearii Klein .... Corculum Pomel, Genre; Syn. Galeola . — typicus Pomel; Syn. Galeola papillosa Duncaniaster Lambert, Genre Duncaniaster Australiae Duncan {Holaster) . Echinites Gesner — galeatus Morton — niendorpiensis Melle .... — ur sinus Schlotheim .... Echinocorydss Wright (Famille); Syn. Anatichitidse Echinocorynse Lambert (Sous-Famille) . Echinocorys Breynius, Genre .... — acuminatus Quenstendt {Ananchites). — aqu/tanicus Seunes Var. non décrite ni figurée — Arnaudi Seunes. — assulatus Quenstedt {Ananchites) — Beaumonti Bayan — belgicus Lambert — carinata Bayle; Syn. E. striatus . — ciplyensis Lambert . — complanatus Zarecznego {Ananchytes) — conica Bayle; Syn. E. pyramidatus — conicus Agassiz {Ananchytes) — — Vav.fastigata. — — Var. lata — — Var. minor — conoideus Goldfuss {Ananchytes) — Cotteaui Lambert — — Var. delumhata — depressus Eichwald . — Douvillei Seunes 88, 111 80, 111 83, 116 71 86, 121 89, 115 34 129 99 101 102 36, 40 39, 129 33 32 99 101 102 96 32 32 34 93 131 79, 131 93 66, 125 80, 135 53, 56, 128 28, 76 135, 141 128 66, 71, 128 23,66,116,119,139 67 67 67 78, 111, 140 84, \m 85 92, 131 6 TABLE ALPHABETIQUE PAGES Echinocorys ditbia Leske; Syn. Galeola papillosa 106 — Duehesnei Lambert 94, 134 — Duponti Lambert 81, 139 — elatodepressus Arnaud {uon Aiianclu/tes Grateloup). . . . 138 — ferescutatus Arnaud • 138 — fonticola Arnaud 63, 135 — gibbus Lamarck(^«(mc//(/^^s) 17,20,25,59,108,141 — — Var. brevis 61 — Var. costulata 61 — — Var. inaxima 60 — — Var. oviformis 61 — — Var. turrita 60 — Grasanus d'Orbigny; Syn. Di/saster hemisphœricus A. Gras, espèce néocomienne de Genre incertain. — Graves! Desor (^Hrt/ic/iytes) 12.19,23,48,119,140 — Heberti Seunes 65, 132 — Lamberti Gaulliier 93, 132 — limburgicus nov. var 75 — raarginatus Goldfuss (Ananchytes Var.) 72 — mattseensis Laube (Oolaster) . 87, 137 — iiiiiuduncnsis Lambert; Syn. E. nieudonen.iis 133 — raeudonensis Lambert 17,20,77,134,140 — )ior. spec 23 — orbis Arnaud 68, 129 — ovalis Clark (.4««H£7ii/te) 94 — ovatus Leske 17,69,105,140 — —de Blainville [non Leske) ; Syn. meudouensis .... 77 — ■ — Var. humilis 74 — — Var. petasata 74 — — Var. porosa 75 — — Var. Quenstedti 75 — papiUosus d'Orbigny; Syn. Galeola papillosa 40, 122 — perconicus Hagenow (Ananchites) 83, 116 — poMerosidcutufi Valette; Syn. E. conicus 138 — pyramidatus Portlock (.4>îrt»c%te) 71,117,121,129 — pyrenaicus Seunes 12, 14, 92, 131 — scutatus Leske 58, 105 — — Parkinson (ho?î Leske); Syn. £^. y«///am .... 51, 107 — sewfyo/jii.s- Cotteau; Syn. £'. Co^eaMi 84, 127 — sphœrieus Schluter {Offaster) 47, 125, 137 — stellaris nov. var. 86 — striatus Lamarck (Ananchytes) 26, 53, 108 — — Var. dedivis 57 — subglobosus Goldfuss (4«anc/((//es Var.) 62, 111 — sulcatus Goldfuss (.-Ijiawc/iy^ei-) 88, 111 TABLE ALPHABETIQUE 7 PAGES Echinoeorys tenuituberculatus Leymerie {Ananchytes) 86, 120, 128 — tercinns (lo\.{ea.\\ {nomen nudum) 127 — vulgaris Breynius 12,17,51,102,139 — — Var. decUvis 57 — — Var. tercensis Cotteau {nomen nudiim) 125 — — Bayle (non Breynius); Syn. E. meudonensis. ... 77, 128 — — Var. rotundata Stolley (Var. indescp.) 135 — — Ya.r. subconica Lambert; Syn. E.conicus .... 66, 137 Echinocori/ta [quasi marmoreus) BTeynius;Syn. E. sulcatus 88, 102 Echi)iocoryfes Leske, Variante du Genre Echinoeorys 34 — minor Leske 39, 106 — ovatus Leske ; Syn. E. ovatus 69, 105 — 'pustidosus'L&ske;mo\x\esàeYE.vidgaris 95, 105 — quaterradiaim Leske, espèce supposée 95, 106 Echinus duhius GmeVm; Syn. Galeola pcqiillosa 106 — miiior Gmelln; Syn. Galeola papiîlosa 106 — ovatus GmeVm; Syn. E. ovatus 106 — papillosus Gmelin; Syn. Galeola papiUosa 39, 106 — p)ustuIosus GmeVin; Syn. E. piisttdosHs 106 — scufatus GmcYm; Syn. E. soitatiis 106 — sadatus-major ScMotheim; Syn. E. sulcatus 109 — scM•(*). Ces stries, au nombre de quatre par interambulaere, partageraient chaque aire en cinq tranches verticales. Lamarck a assimilé à ce type une forme différente à base étroite et marge arrondie, qui ne présente plus que trois stries par interambulaere, soit quatre tranches verticales (Encyclopédie, PL 154, Fig. 11). Quant au néoiype de la Craie de Picardie, conservée au Muséum, il diffère peu du précédent. J'en possède un autre de la Craie de Sens, qui présente des stries verticales analogues, au nombre de quatre par interambulaere. Ces stries, très fugaces, ne correspondent pas aux sutures; elles se trouvent à une certaine distance de l'extrémité des plaques et forment une sorte de veine, paraissant tenir à une différence de densité du spath calcaire. D'autres fois elles coïncident avec les sutures et le centre très bombé des plaques. Si ces stries ne sont pas de simples accidents de fossilisation, elles ne correspondent en tous cas qu'à des anomalies d'ordre purement individuel. En dehors des stries verticales que l'on observe fort rarement, les aires interambula- craires présentent souvent, surtout chez les Echinocorijs de la Craie supérieure, des çtries en zig-zag. Ces stries se dirigent obliquement presque du centre d'une plaque à une autre ; elles consistent en une très légère dépression de la surface, uniformément recouvertes par la granulation générale. Je ne saurais en indiquer l'origine. Ces stries occupent seulement le centre de l'aire interambulacraire, coupent obliquement les sutures, mais sont si peu apparentes, si atténuées sur la plupart des individus, qu'on ne saurait légitimement invoquer ce caractère pour la distinction des espèces. Je ne les ai jamais observées que sur les aires 1 et 4. Quelques individus de la Craie phosphatée de Belgique, appartenant à Echinocorijs ciplyensis, présentent un intéressant état de décortication du test, et permettent ainsi d'observer la structure de leurs plaques. On remarque alors que l'accroissement de celles-ci a dû s'opérer surtout par adjonction de couches successives sur les bords de l'assule et par sa surface externe. En effet, au-dessous de la surface qui porte les tubercules et les granules, on peut observer une couche lisse, plus dure que le reste de la plaque et formant (') Walch. Recueil des Monumens des catastrophes que le Globe, etc. T. Il, p. 1, p. 155. Nuremberg, 28 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES en quelque sorte émail [épitest], plus solide et plus résistante dans ses parties latérales que verticales, en sorte que cette couche disparaît d'abord sur les parties adorales et aborales de l'assule et que la partie résistante constitue deux triangles opposés, parfaitement réguliers. Là où l'épitest a été enlevé, on remarque aux bords de l'assule des lamelles successives parallèles aux sutures, avec une partie centrale homogène, correspondant à la jeune plaque. Ces lamelles successives, plus nombreuses sur les côtés, démontrent que l'accroissement des assules, chez l'espèce observée, s'est produit davantage sur les côtés que verticalement. Le mode de développement a dû être d'ailleurs en principe le même pour les plaques ambulacraires que pour les interambulacraires. FiG. 21. — Plaque interradiale de l'aire 2, grossie de quatre diamètres, d'un Echinocorys ciplyensis de la Craie phosphatée P. de Ciply, montrant les lames corticales d'accroissement de la plaque. 7. — Tubercules. Les tubercules des Echinocorys sont sujets à d'assez notables variations dans leur développement, et ceux de la face supérieure ont été assez facilement caducs. Ces tubercules sont irrégulièrement semés sur presque toute la surface du test, à l'exception des aires périplastronales, qui en sont complètement dépourvues. En dessous, ils sont rares au voisinage du péristome, très abondants, serrés et particulièrement développés sur le plastron, les interradiales postérieures, ainsi qu'à l'ambitus. En dessus, les tubercules sont bien moins nombreux, espacés, irréguliers et ordinairement très peu saillants, sauf chez certaines espèces de la Craie à Micraster. Chaque tubercule est constitué par un cône arrondi dont le mamelon bien développé est perforé, avec col profondément crénelé. La base du cône est entourée d'un scrobicule peu profond et nettement limité à la face inférieure, superficiel en dessus, où il tend à se laisser envahir parles granules. Cotteau a donné, dans ses Échinides de la Sarthe, un bon grossissement (PI. L, Fig. 4) d'un tubercule de la face supérieure à scrobicule vaguement limité. Tout le surplus de la surface du test est couvert d'une granulation fine et homogène. Les granules forment à la face inférieure, où les tubercules sont plus serrés, de pseudo- cercles scrobiculaires. En dessus, ils sont comme les tubercules facilement caducs. CRETACES DE LA BELGIQUE Radioles. Les radioles des Echinocorys sont depuis longtemps connus et dans ses Échinides fossiles de l'Yonne, Cotteau a donné une figure grossie d'un petit radiole pris au-dessus de l'ambitus (Pi. 81, Fig. 2). J'ai retrouvé depuis dans la Craie de Sens des individus remarquables par la conservation de ces organes de vestiture ; l'un présente encore adhérente au test une partie de ses radioles tant de la face supérieure que de la face inférieure. Sur cet individu, de 46 millimètres de longueur, ils sont en forme de fins bâtonnets mesurant jusqu'à 5 millimètres de longueur, sur un diamètre de 0 mm. 17; ils sont presque tous cylindriques, aciculés et couverts de fines stries longitudinales; seuls les radioles de l'extrémité du plastron sont spatuliformes, comme ceux de beaucoup de Spatangidss. Ceux de la face supérieure sont à peine moins longs que ceux de l'ambitus. Comme l'a dit Cotteau, la collerette est nulle, le bouton assez développé, l'anneau saillant, fortement strié et la facette articulaire est crénelée. Les granules paraissent avoir porté "eux-mêmes de petits bâtonnets cylindriques, courts, striés en long, sans bouton apparent; ils ont été eux-mêmes très bien figurés par Cotteau. 9. — Fascioles. En réalité, il n'y a pas de vrais fascioles chez les Echinocorys. Il en existe seulement des traces chez les jeunes de V Echinocorys vulgaris, variété striata, et chez YEchinocorys meudonensis. C'est alors ce que j'ai appelé un fasciole diffus, en forme d'écusson sous-anal, semblable à celui diUrechinus ; mais l'organe est le plus souvent atrophié et manque complètement. Il en est de même, d'ailleurs, chez Urechinus Naresi vivant, dont l'individu figuré par Al. Agassiz (Voyage of Challenger) PI. XXX^, Fig. 10, 12, 13 est pourvu d'un fasciole en écusson sous-anal, tandis que les autres individus de la même planche et la plupart de ceux de la PI. XXX sont absolument adètes (*). 10. — Sphérides et Pédicellaires. Malgré toutes mes recherches, je n'ai pu découvrir à la surface d'aucun Echinocorynse, alors même que le test était parfaitement conservé, aucune trace de Pédicellaires. Si ces frêles organes ont existé, ils auraient donc constamment échappé à la fossilisation. On sait que les Sphérides laissent à la surface des ambulacres des traces durables ; il (1) Il est d'ailleurs remarquable que les individus fascioles sont très déprimés et semblent spécifiquement différer des individus galéiformes, adètes. 30 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES CRETACES DE LA BELGIQUE était donc intéressant de les rechercher sur les Echinocori/nse. Je les ai, en effet, trouvées bien développées chez Offaster; mais, malgré l'examen d'un nombre considérable d'individus, je n'ai pu apercevoir aucune empreinte de Sphéride sur de vrais Echinocortjs. Il faut en conclure, ou que le mode d'attache des Sphérides chez YEchinoconjs n'était pas de nature à laisser d'impression sur le test, ou que ce genre était réellement dépourvu de ces singuliers organes. Ce fait est d'autant plus intéressant à signaler que des traces très nettes de Sphérides existent, non seulement chez le genre voisin Offaster, mais chez Galeola. Les empreintes des Sphérides sont cependant un peu moins accentuées chez Galeola que chez Offaster. La figure ci-dessous doit être comparée avec celles 35, 43, 48, 63, 64 et 65 (PI. III, IV, V et VII) des Études sur les Echinoidées de M. Lovén. FiG. 22. — Plaques périplaslronalesde l'ambulacre V d'un Galeola papillosa Klein du Sénonien N de Saint -Agnan (Yonne), grossies de 6 diamètres, montrant en avant les pores ronds, disposés par paires et que sépare un granule saillant, puis au milieu une dépression, avec pores microscopiques irréguliers, correspondant probablement à des cavités de Spérides. CHAPITRE II SYNOPSIS QUELQUES GENRES ET ESPÈCES SOUS-FAMlLLE DES ECHINOCORYN^ Le genre EcJiinocorijs peut être considéré comme le type de ce groupe établi par moi sur ce caractère qu'il a ses cinq ambulacres semblables. Mais, comme une partie des genres à'Echinocorynse présente un péristome invaginé à la base du sillon antérieur, on peut immédiatement la placer dans une section particulière, comprenant Lampadocorys et ses dérivés, Lampadaster, Stegaster, Tholaster, genres complètement étrangers à la Belgique et dont nous ne nous occuperons pas ici. Même après cette séparation, on se trouve encore en présence de deux types de genres assez dilFérents : 1° Echinocorys adète à périprocte infère, 2° Offaster cyclodesme, à péri- procte postérieur. Ces deux types sont d'ailleurs étroitement reliés par Galeola, lequel, malgré son périprocte infère, semble plus près à'Offaster que d^ Echinocorys. Offaster, avec son péristome à fleur du test, est cependant lui-même très voisin de Tholaster et de Stegaster, en sorte qu'il forme comme un trait d'union, reliant ensemble tous les Echino- corynss. Il y a plus, Offaster rattache cette sous-famille à celle voisine des Ilolasterinae, dont l'ambulacre impair est différent des autres, puisque ce seul caractère le sépare de Cibaster. 32 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES FAMILLE DES ANANCHITID^, A. Gras, 1848. SYNONYMIE : EcHiNor.ouYD.E, Wriglil, 1856. — Holasterdées (pars), Piclet, 1887. Echinide atélostome (*), méridosterne (^), subpétalé ou apétale, avec apex allongé. SOUS-FAMILLE ECHIXOCORYN.î:, Lambert, 1901. Comprend tous les Ananchifidm dont les cinq ambulacres à plaques biporifères, sont semblables. On peut les diviser en sections ou tribus, suivant que le périprocte est postérieur ou marginal, ou bien suivant que le péristome est invaginé dans un sillon, ou plus ou moins à fleur du test. Aucune de ces subdivisions n'est entièrement satisfaisante et il paraîtra toujours difficile de mettre dans des tribus distinctes Off aster et Galeola, bien que l'on prenne en considération la position du périprocte, Offasler et Stegaster bien que l'on s'attache à l'invagination du péristome. Les genres à périprocte postérieur sont Lampadocorys Pomel, Stegaster Pomel, Tholaster Seunes, Offaster Desor et le genre nouveau Duncaniaster {'), dont les deux derniers ont leur péristome à fleur du test. Les genres à périprocte marginal sont Pseuda- nanchis Pomel, Lampadaster Cotteau, Echinocorijs Breynius et Galeola Klein; le second a seul son péristome enfoncé dans un sillon de la face inférieure. Je ne m'occuperai d'ailleurs (') Atélostome, dépourvu de mâchoires. (-) Méridosterne, dont les pièces sternales sont successives, le lalirum n'étant en contact qu'avec une seule pièce. (■'') Duncaniaster, Lambert, lS9fi. Test ovoïde très légèrement sinué à l'ambitus, avec périprocte postérieur, ambu- lacres à larges pores ronds, assez serrés; péristome à fleur du test: pas de fasciole. Type unique D. AusfraJix Duncan {Holaster) de l'Éocène d'Australie. Ce nouveau genre que j'ai dédié au savant paléontologue anglais, est au premier abord assez voisin à'Holaster, bien qu'il en diffère absolument par l'absence complète de sillon à la face supérieure et par son ambulacre impair semblable aux autres. Chez H. cordatus lui-même, du Valengien, les pores de l'ambulacre impair ne sont pas semblables il ceux des autres et le sillon antérieur est visible en dessus. J'avais autrefois raUaché ce type australien à Lampadoconjs, mais le péristome de ce dernier, enfoncé dans un sillon, est trop différent pour que ce rapprochement puisse être maintenu. OffaUer diffère du nouveau genre, tant par la présence d'un fasciole marginal, que par la hauteur de ses plaques et l'écartemenl de ses pores. Certains Sternolaxis offrent aussi des rapports théoriques avec notre nouveau genre ; mais les espèces à pores microscopiques elles-mêmes, avec leur plastron très étroit, leurs plaques sternales et épisternales successivement alternes, en rangée unique, ont une physionomie tout à fait différente. Elles ont d'ailleurs les pores de leur ambulacre impair encore plus petits et autrement disposés que ceu.\- des autres ambulacres, en sorte que ce ne sont pas des Echinoconjnse, mais bien des Holasterinie. Voir Duncan : Echinodennata of the Australian Cainozoic [Teitiary] Deposits. Q. J. G. S. Vol. XXXIll, p. 51, PI. III, Fig. 12, 13, 1876. La face inférieure non figurée ressemble beaucoup à celle d'un Echinocorijs. Voir Bittner : Echiniden des Tertiars von Australien, p. 20, PI. III. Fig, 3, 1892. Le genre Duncaniaster a été proposé par moi en 1896, dans ma Note sur quelques Échinldes crétacés de Madagascar. Bull. Soc. Géol de Fr., 3« sér., T. XXIV, p. 317. CRETACES DE LA BELQIQUE 33 ici ni des genres qui présentent ce caractère, ni de ceux à périprocte postérieur, complète- ment étrangers à la Belgique, mais seulement de ceux qui présentent les rapports les plus directs avec EcJiinocorys. Genre PSEUDANANCHIS. Pomel, 1883. synonymie : Ananchytes (f»ar5), Coquand, 186:2. — Holaster (pars), Péron, 1866. — Pseudaisanchis, Pomel : Gênera des Echinides viv. et l'oss., p. 45, 1885. Test de grande taille, ovoïde, à cinq ambnlacres semblables, formés de plaques basses; pores des parties subpétaloïdes bien développés, allongés; bord antérieur sinueux; péri- procte infra-marginal ('). Type unique : Pseudananchis Algirus Coquand [Ananchytes) de l'Albien de Bou- Thabeb et du Cénomanien de Sétif, ou d'Aumale (Algérie). Voir : Coquand : Géol. et Paléont. de la province de Constantine, p. 240, PI. XXVI, Fig. 1, 2, 1862. Cette espèce a été depuis reportée par M. Peron dans le genre Holaster (^), puis décrite et figurée par M. Gauthier sous le nom à^ Holaster sylvaticus (*), bientôt réuni au type par MM. Gauthier lui-même (*) et Coquand (^). On en voit à l'École des Mines de Paris un individu provenant de Domaquia (Espagne). Le genre Pseudananchis doit être considéré comme la souche de la sous-famille des Echinocorynse. Il diffère à'Echinocorys seulement par les traces de son sillon antérieur, indiqué par la flexion du bord et par le plus grand allongement de ses pores ; car la posi- tion un peu plus marginale du périprocte et le faible développement de l'apex ne sont pas des caractères distinctifs entre le type algérien et certaines espèces à'Echinocorys. Lampa- docorys s'en éloigne par son péristome enfoncé dans un sillon et son pé'^iprocte postérieur, Duncaniaster par ce dernier caractère et la forme arrondie de ses pores, Galeola enfin par ses petits pores ronds et ses hautes plaques. En raison de la légère sinuosité de son bord antérieur et de son périprocte plus marginal, ce genre s'éloigne moins que les Echinocorys du groupe de l'ancêtre Holaster. On pourrait donc, en résumé, le considérer comme une forme primitive d' £"(?// /«oco?'//s à faciès {') Il me paraît aussi superflu de répéter les caractères de la Famille et de la Sous-famille pour chaque genre que de répéter, comme on le fait trop souvent, les caractères génériques pour chaque espèce. Les seuls caractères génériques utiles sont ceu.\ qui distinguent les genres d'une même famille entre eux, comme les seuls caractères spécifiques utiles sont ceux qui distinguent entre elles les espèces d'un même genre. Le surplus des descriptions peut sans inconvénient être le plus souvent retranché, car la clarté d'une diagnose est en raison de sa concision. (2) Peron. BuU. S. G. J. F., 2=. T. XXIII, p. 697, 1866. (3) CoTTEAU, Peron et Gauthier. Echinides foss. de V Algérie, fasc. 3, p. 66, PI. V, Fig. 1, 2, 1876. (*■) Op. cit., 4' fasc, p. 84, 1878. (^) Coquand Etudes suppl. sur la Paléont. algérienne, p. 286, 1880. 5. — 1902. 34 .1. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES plus méridional et plus littoral. On sait en effet que d'une façon générale, les pores des Echinides atélostomes semblent rétrograder vers une simplicité et une uniformité primitive avec l'adaptation aux régions profondes et que la température peut être considérée comme jouant dans cette régression un rôle prépondérant. Genre ECHINOCORYS, Breynius, 1732. SYNONYMIE : Galea, Klein, 1734. — Echinocorys et Echinocorytes, Leske, 1778. — Ananchites, Lamarck, 1801 {non Ananchitis Mercali, 1717). — Ananciivtes, Lamartk, 18ltî ('). — Oolaster, Laube, 1869. — Anancites, Lovén, 1885. Test ovoïde, complètement dépourvu de sillon antérieur; ambulacres semblables, formés de plaques basses avec pores elliptiques, parfois arrondis, s'ouvrant vers le centre des plaques dans la partie subpétaloïde, toujours bien apparente ; péristome subréniforme sans sillon et périprocte inframarginal. Type : Echinocorys vtdgaris Breynius, de la Craie à Micraster coranguinum de Gravesend (Angleterre). Breynius : Schediasma de EcMnis, p. 58, Tab. 111, Fig. 1, 2. Ce genre paraît dériver de Pseiidananchis de l'Albien, qui en diffère par son sillon antérieur obsolète et ses ambulacres à pores très allongés. Galeola a des plaques très hautes et de petits pores ronds, espacés, qui lui donnent une physionomie bien différente. Lmn- ixidaster enfin est un genre Malgache à péristome invaginé dans un sillon. Le premier Echinocorj/s se serait montré dans une couche du Planer de Rheine, que . Schlùter attribue, mais avec doute, au Cénomanien ; d'autres se rencontrent, d'après MM. Hébert et A. Rowe. dans le Turonien supérieur à Mie. Leskei de Normandie et d'Angleterre ; les espèces de ce genre ne se sont toutefois développées que dans le Sénonien ; . elles remontent jusqu'au Danien et une dernière a été rencontrée dans l'Éocène de la Haute-Autriche. Luidius, dès 1G99, décrivait et figurait une forme de ce genre sous le nom à'Echinites (jaleatus; mais la figure donnée par cet auteur, comme celles plus anciennes de Laet (1647), d'Aldrovande (1648), même de Plot (1676) et de Lister (1678), comme celles plus récentes de Morton (1712) et de Melle (1718) sont encore fort défectueuses. Breyn a donc institué en 1732 pour ces oursins son genre Echinocorys, qui est la gréco-latinisation des termes employés avant lui pour les désigner. Ce nom a été adopté depuis par Leske, Parkinson, d'Orbigny, Wright, Cotteau, etc. Klein, dont l'ouvrage est presque contemporain de celui de Breynius, donnait, en 1734, à ces mêmes oursins le nom de Galea; et Lamarck a (') L'orthogiaphe primitive a été suivie par Defrance, de Blainvilie, Sorignel, Quensledt et M. A. Gaudry; on ne peut comprendre pourquoi Lamarcli lui en a substitué une autre, évidemment erronée, en 1816. CRETACES DE LA BELGIQUE 35 eu le grave tort, en 1801, de substituer à ces dénominations connues et acceptées son genre Ananchites. Les Echynocorijs sont, d'ailleurs sans rapports avec le prétendu genre Ananchitis Mercati, 1719, essentiellement créé pour un Stegaster. Les auteurs, assez nombreux, qui ont proposé un rapprochement entre les deux genres, n'avaient sans doute jamais ouvert le Metallotheca vaticana (Romge, 1719, p. 316). Il est superflu de remarquer que nos oursins n'ont probablement rien de commun avec la gemme antique, nommée par Pline Ananchitis [Hist. nat. lib., 37, § 73). On chercherait vainement à établir des divisions génériques sur la forme plus ou moins allongée ou arrondie des pores, l'amplitude des variations individuelles de ce caractère en indiquant la fragilité. 11 en est de même du sillon qui relie les pores, très net chez certaines espèces, il s'atténue chez d'autres, pour disparaître complètement chez quelques-unes, en sorte qu'il existe au sujet de ce caractère une gradation insensible entre les extrêmes. Comme je le disais, il y a quatre ans, dans ma Note sur les Échinides de la Craie de Ciply [Bull. Sac. belge de GéoL, Paléont. et Hijdrol., T. XI, p. 38, 1898), on a longtemps admis dans ce genre un grand nombre d'espèces assez mal caractérisées et dont quelques- unes étaient évidemment sans valeur. Forbes, en 1852, et d'Orbigny, en 1853, prirent alors le parti de les réunir toutes ou presque toutes en une seule et leur opinion fut long- temps suivie; mais petit à petit on a rétabli quelques espèces nouvelles et on se trouve encore aujourd'hui en présence d'un nombre assez considérable d'Eckinocorijs, dont certains n'auraient dû être signalés qu'à titre de variété. Toutes ces formes déjà signalées et d'autres que je fais connaître ici ne constituent pas également pour moi de véritables espèces. Elles représentent seulement des états plus ou moins fixes parmi les innombrables mutations à travers les âges et les espaces d'un type qui s'est prodigieusement multiplié dans les mers de la fin du Crétacé. Le nom de Variété leur conviendrait bien, s'il ne s'agissait que de modifications locales. Mais entre les diverses formes d'Echinocorgs il y a quelque chose de plus, une sorte de spécialisation vague de caractères d'une certaine importance, comme ceux tirés, non seulement de la forme générale, souvent si différente, mais encore de la disposition des plaques et des pores. Cependant toujours quelques individus se séparent de leurs voisins, rappellent l'ancêtre, annoncent un dérivé, ou rattachent une forme à l'autre, avertissant le paléontologiste que le lien d'étroite parenté qui les unit tous n'a pas encore été rompu. Dans ces conditions, ne distinguer au milieu de cette diversité de races que l'unité de l'espèce est un système commode, qui dispense d'aborder un des problèmes les plus délicats fournis par l'étude des Échinides. Transformer les races en espèces sans tenir compte de la masse des individus dissidents, c'est d'autre part fausser les rapports des êtres, faire une œuvre vaine, trop contraire à la nature des choses pour pouvoir être d'une application pratique. Il m'a paru préférable et plus utile de chercher à reconnaître les diverses formes et de les grouper sous divers noms comme Variétés; puis, de réunir celles-ci sous quelques dénominations spécifiques, en tenant compte des caractères les plus importants et des rapports probables de filiation. 36 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES On peut cependant grouper à part quelques espèces de la fin du Crétacé, remarquables par la forme plus haute de leurs plaques ambulacraires, leurs pores par conséquent plus écartés, souvent arrondis. Ces espèces elles-mêmes ne sauraient d'ailleurs être confondues avec Galeola; elles ont leur test plus épais, leurs plaques ambulacraires moins hautes surtout près de l'apex, où ces plaques restent plus larges que hautes; leurs pores sont plus développés et s'ouvrent plus loin de la suture adorale ; elles sont dépourvues de traces de Sphérides. Toutes les espèces de ce groupe sont de petite et rarement de moyenne taille. La description des espèces et des variétés du genre Echinocorijs formant l'objet spécial de cette monographie, je les donnerai dans le chapitre suivant. Genre GALEOLA, Klein, 1734. SYNONYMIE : EcHiNocoKYS [pars], Leske, 1778. — Ananchytes {pars), Lamarck, 1816. — Offastek (pars), Schliiter, 1869. — CoRCULUM, Pomel, 1883. La réintégration dans la méthode du genre Galeola nécessite quelques explications. Klein a figuré en 1734, sous le nom de Galeola papillosa, un moule siliceux de la Craie des environs de Dantzig, de petite taUle, à face inférieure à peu près plane, large, avec marges anguleuses, étroites, face supérieure subrostrée en arrière et carène postérieure obtuse. Les ambulacres très étroits sont composés, d'après la disposition des pores, de plaques hautes, peu nombreuses et ne se serrant pas près du sommet [Naturalis disp. Echinod., p. 28, PI. XVI, Fig. G. D.). Leske a réuni l'espèce à d'autres sous le nom d'Echinocorytes minor, mais en la distinguant comme variété papillosa. Bruguières a reproduit la figure de Klein à la planche 155 (Fig. 2, 3) de l'Encyclopédie méthodique. C'est cette espèce, ainsi figurée, dont Lamarck, en 1818 [Anim. s. vert., III, p. 27), a fait son Ananchytes semiglobns. Goldfuss. dans son grand ouvrage sur les Pétrifications de l'Allemagne, décrit et figure en 1826 (p. 147, PI. 45, Fig. 2), un Ananchytes corculum de Coesfeld, qui ne diiïère réellement par aucun caractère important de l'espèce de Klein. De Blainville donne, en 1830, le nom d' Ananchites minor à \ Ananchytes semiglobus de Lamarck ; puis Grateloup, en 1836, commence la série des assimilations, en réunissant à l'espèce de Lamarck une forme plus grande de Tercis, non figurée, mais certainement différente, bien qu'en ait pensé Des Moulins. Agassiz et Desor, en 1847, réunissent, il semble avec raison, Y Ananchytes corculum Goldfuss à Y Ananchytes semiglobus Lamarck. Malheureusement, ils ne se sont pas contentés d'opérer cette réunion ; ils ont en outre assimilé aux types des individus divers de Tercis, de Suède et de Danemark, dont ils firent exécuter des moulages : R. 58 — S. 72 — T. 9. Le premier est une forme analogue à celle de Tercis, dont l'original, conservé à l'École CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 37 des Mines, proviendrait de Monlaud (Isère). S. 72 ne m'est pas connu; quant à T. 9, il reproduit assez exactement une forme particulière de petit Echinocorys {Echinocorys depressiis), mais j'ignore sa provenance. Cette réunion de formes diverses, indiquées par des mentions de localités, n'a d'ailleurs pas grande importance; elle est restée néces- sairement sans influence sur les caractères des types qui pour Agassiz et Desor demeuraient en somme ceux de Leske et de Goldfuss. D'Orbigny, en 1850, a admis les réunions proposées par les auteurs du Catalogue raisonné; puis, en 1853 [Paléont. franc. Crét., VI, p. 69), il rétablit VEckinoconjs papillosiis; mais il le connaissait bien mal et ne lui trouve aucun caractère propre. Il le cite d'ailleurs de diverses localités et confond avec le type des formes différentes de la Manche, des Landes, de Ciply et de Suède. Puis il figure l'espèce (PI. 808, Fig. 4, 6) sous le nom ^Echinocorys semiglohis, en se bornant d'ailleurs à copier les figures de Goldfuss. Ainsi pour d'Orbigny, comme pour Agassiz et Desor, Galeola papillosa Klein = Ananchytes semiglobus Laimarck = Ananchytes corculiim Goldfuss. Pictet, en 1857, déclare encore qu'il faut réunir les Ananchjtes semiglobus et Ananchytes corculum. Desor cependant a cherché dans son Synopsis à établir une distinction entre ces deux espèces, et il a réuni à sa Variété subconique de Y Ananchijtes ovata non seulement le Galeola papillosa Klein = Ananchytes semiglobus Lamarck, mais encore toute une série de petits Echinocorys de l'Eure, de la Charente-Inférieure, des Landes, de Belgique, de Danemark et même de la Scaglia d'Italie. Tous ces individus, fort dissemblables, ont constitué pour lui une espèce unique et il n'a même pas cherché à légitimer leur assimilation au type de Dantzig, ni à prouver que ce dernier aurait été différent de celui de Coesfeld. Il se borne à afiirmer cette ditférence et à faire de Y Ananchytes corculmn une espèce à part. Le raisonnement de Desor est vicieux : il veut en effet prouver que Y Ananchytes corculum est différent de Y Ananchytes semiglobus, parce qu'il diffère d'une troisième forme confondue avec la seconde espèce; mais il a omis de prouver l'identité de ces deux dernières. Schluter, en 1869, rejette Y Ananchytes corculum, Goldfuss, dans le genre Offaster et paraît admettre son identité avec YEchinocorys papillosus, Leske, mais il se refuse à restituer à l'espèce ce dernier nom, sous le prétexte que dans la Figure de Leske la région anale et le bord antérieur ne seraient pas conservés. Le savant Professeur en a probable- ment jugé ainsi sur des Figures mal enluminées de Leske; mais les Planches gravées reproduisent très nettement la courbure du bord antérieur et l'empreinte du périprocte chez le Type de Dantzig. Le motif allégué ne me paraît donc guère décisif. M. Schluter continue à citer son espèce à la fois en France, en Allemagne, en Pologne et en Suède. Mais l'année suivante, il sépare les petits individus de Suède et de Danemark, confondus à tort par Desor avec Y Ananchytes semiglobus, et les assimile à Y Ananchytes sulcatus, Goldfuss. Quenstedt s'est livré à son tour (1874) à une étude de ces petits Echinocorynse, mais les individus figurés de la Craie du Mecklenbourg ont tous leurs rapports avec l'espèce danoise et s'éloignent sensiblement des Types de Dantzig et de Coesfeld. Cet auteur 38 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉCHINIDES ne sépare d'ailleurs pas ST[>éc\û({ueïneniAna>ichi/tes corculuw, GokUass, an Gnieola papillosa, Klein. Cotteau, en 1877, réunit les Echinocorijs surbaissés des Pyrénées à YEchinocorijs semiglobus Lamarck, parce que ces individus pyrénéens correspondaient à la diagnose du Catalogue raisonné, à certaines localités qui y étaient indiquées et au moule R. 58, mais ils ne correspondaient pas au Type de l'espèce de Lamarck, et ainsi l'argument présenté perd toute sa valeur. Cotteau critique la réunion proposée par d'Orbigny de YAnancJn/tes semiglobus Lamarck, à VEchinocorys papillosus Leske, ce rapprochement étant, dit-il, trop incertain et les Figures de Leske pouvant se rapporter aussi bien à YEchinocorijs corculum, ou tout autre espèce à'Echinocorys qu'à celle des Pyrénées. Il sufBt cependant de comparer les Figures de YEchinocorys du Tuco et des autres localités énumérées avec les Figures de Leske pour prouver qu'il n'y a aucune identité entre elles. Au contraire, l'identité du Type de Klein et Leske et de YAnanchytes corculum, déjà reconnue par Agassiz, d'Orbigny et Quenstedt, est des plus évidente. Cotteau continue d'ailleurs à réunir les petits Echinocorys de Suède et de Danemarck, avec ceux des Pyrénées. Depuis lors, Pomel, en 1883, a créé pour YAnanchytes corculum, son genre nouveau Corculum, et, bien que je l'ai critiqué en 1887, je dois reconnaître que ce genre est suffi- samment distinct tant VEchinocorys que à'Offaster, pour mériter d'être génériquement distingué, mais le nom proposé par Pomel était inutile, puisque l'on avait déjà celui de Galeola Klein, maintenu comme sous-genre par Gmelin, réintégré par Parkinson et par Quenstedt, dès avant la publication du Gênera. En résumé, j'estime, avec Agassiz, d'Orbigny et Quenstedt, qu'il y a identité entre YAnanchytes corculum Goldfuss, et le Galeola papillosa Klein, et je maintiens à l'espèce le nom le plus ancien, adopté par Leske, Gmelin, Parkinson, d'Orbigny et Quenstedt. J'estime, en outre, avec Pomel que cette espèce constitue un genre particulier et je lui maintiens le nom primitif de Galeola. Quant aux formes assimilées, je pense avec M. Schlûter que celle de Suède et de Danemark doit être rapprochée de YAnanchytes sulcatus Goldfuss; celle des Charentes est devenue YEchinocorys orhis Arnaud; celle encore différente des Pyrénées devra recevoir un nom nouveau {Echinocorys Cotteaui). Dira-t-on que le genre Galeola de Klein, comprenant plusieurs espèces, était vague, incertain et ne saurait être accepté, bien qu'il ait été mentionné par divers auteurs (Gmelin, Parkinson, Quenstedt) et que le terme Corculum, mieux caractérisé, devrait lui être préféré ? Je constate d'abord qu'avec un pareil raisonnement, la loi de priorité serait toujours inapplicable, car il est certain que les anciens auteurs. Leske, Lamarck, Gray, etc., n'ont pas apporté à leurs descriptions cette minutieuse exactitude des modernes et que tout genre, plus tard démembré, pourrait recevoir ce reproche, être considéré comme vague et incertain par le seul fait qu'il a compris, à l'origine, des espèces dont on a fait plus tard des genres divers. Peut-on, d'ailleurs, sérieusement reprocher à Klein une confusion encore et sciemment commise par Lamarck, qui ne séparait pas les futurs Collyrites de ses Anan- CRETACES DE LA BELGIQUE 39 chytes? Il suflSt, selon moi, pour la validité du genre que l'espèce Type, ou l'une des premières citées, ait eu des caractères différents de ceux attribués aux autres genres, et cela alors même que ces caractères n'auraient pas été spécialement mis en lumière par le créateur du genre. Or, le Galeola papillosa est si bien dans ce cas que les modernes ont voulu créer précisément pour lui le genre Corcidmn. Ce dernier tombe donc nécessairement en synonymie. Voici maintenant la diagnose du genre Galeola : Echinocori/nw de petite et moyenne taille, allongé, subconique, à base plane et presque complètement dépourvu de sillon antérieur. Ambulacres composés de pores ronds, très petits, situés à la base de plaques presque aussi hautes que larges et ne se serrant pas vers l'apex. Périprocte inframarginal. Traces de fossettes des Sphérides en dessous, dans les aires péi'iplastronales. Type : Galeola papillosa, Klein, de la craie à Adinocamax quadratiis. Ce genre, qui a des rapports avec Echinocorys, en diffère par la plus grande hauteur de ses plaques ambulacraires et la position de ses petits pores, presque microscopiques, plus rapprochés de la suture adorale. Galeola a aussi des analogies i-emarquables avec Offaster, bien que ce dernier, à test plus épais, soit un cyclodesme, dont le périprocte est postérieur. On connaît deux autres espèces de Galeola, l'une Galeola Gauthieri de la craie à Magas pumilus, l'autre Galeola cuneata des calcaires de Gan. GALEOLA PAPILLOSA, Klein, 1734. PI. I, Fig. 3 à 6. SYNONYMIE : Galeola papillosa Klein, IS'aturalis dispositio Eclnnodermatum, p. 28, lab. XVI, f. c. D. — 1754. Galeola papillosa Klein, Ordre naturel des Oursins de mer, p. 82, 85, lab. XVI, f. c. (err. typ. t. IX, r. B. - 1754. {Zout egels Ktioeslaglige) Van Pheisum, Bricf aan Cornélius Nozeman, p. 50. — 1774. EcHiNOCORYTES MiNOR, vor. PAPILLOSA Leskc, Additameuta ad Kleinii disp. Echinod., p. 185, tab. XVI, L C. D. - 1778. EcHiNoc.oRYTES HiNOR, imr . DLBiA LesUe, op. cit., p. 184, lab. XLIV. f 5. 1778. EcHiNus (Galeola) papillosus Gmelin, Sysl. nat., t. 1, pari. VI, p. 5186. — 1789. Bruguières, Encyclop. method., lab. 155, f. 2, 5. — 1791. Galeola papillosa Parkinson, Organic Remains, t. III, p. 22. — 1811. Ananchytes semiglobcs Lamarck, Hisl. nat. des anim. s. vert., t. III, p. 27. — 1816. Ananchites semiglobosus Bory de Saint-Vincent, Expl. des pi. de l'Encyclopédie, pi. 155. — 1824. Ananchytes corculum Goldfuss, Petrefacla Germaniœ, p. 147, pi. XLV, fig. 2. — 1826. Ananchites minor de Blainville, Dict. Se. nat., t. LX, p. 187. — 1850. Ananchites MINOR de Blainville, Manuel d'Aclinologie, p. 205. — 1834. 40 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉCHINIDES Ananchytes SEMiGLOBUs (purs) Des Moulins, Études sur hs Echinides, p. 374. — 1837. Ananchytes couculum (pars) Des Moulins, op. cit., p. 376. Ananchytes semiglobi's M. Edwards, Nouv. éd. de iMinurck : .Aiiim. s. vert., I. 111, p. 521. — 1840. Ananchytes corculum M. Edwards, op. cit. Ananchytes corculum Rœmer, Norddcutch. Kreideyebirge, p. 5S. — 1840. Ananchytes corculum Reus, Versteinerung . d. Biihtnisch Kreideform, t. II, p. 5(3. — 184S. Ananchytes semiglobus (pars) Agassiz et Desor, Catalogue raisonné des Echinodermes, p. 130. — 1847. Ananchytes semiglobus d'Orbigny, Prodroine de Paléont., t. il, p. 268. — 1830. Ananchites semiglobus Sorignet, Ouisins foss. de l'Eure, p. 73. — 1830. Ananchytes corculum Giebel, Ikutschlands petrefacten, p. 529. — 1832. Echinocorys l'Ai'iLLOSus (pars) d'Orbigiiy, Paléont. franc. Cret., t. VI, j). 69. — 1835. EcHiNocoRYS semiglobus d'Orbigny, op. cit., pi. 808, lig. 4, 6. Ananchytes semiglobus Pictet, Traité de Paléont., t. IV', p. 191. — 1837. Ananchytes ovata, var. subconique [pars) Desor, Synopsis des Ecliin. foss., \). 552. — 1837. Ananchytes corculum Desor, op. cit., p. 352. Ananchytes papillosus Diijardin et Hupé, Hist. nat. des Zooph. Echinod. p. 590. — 1862. Offaster corculum Scliliiler, Foss. Echinod. des MJrdlichen Ih'ut.-ichtunds, p. 10. — I8(i9. Galeola papili.osa Quenstedt, Die Echiniden, p. 393. — 1874. Offastek coucui.um Colleau, Études sur les Echin. foss. du dêp. de l'Yonne, I. Il, p. 475, |)!. 71, fig. 4, 7. - 1878. Corculum typicus Pomel, Gmera des Echin. viv. et foss., p. 48. — 1885. Offaster corculum Lovén, On Pourtalesia, p. 92. — 1885. Offaster corculum Lambert in Pérou, llisl. terr. d. Craie, p. 259. — 1887. Offaster corculum Fric, Stud. Bohmisch Kreideform., IV Teplilzer Scli., p. 100, lig 129. — 1889. Offaster corculum Stolley, Die Kreide Schleswig-Holsteins, p. 265. — 1891. Offaster corculum Lambert, Études morphol. sur le plastron des Spatangides, p. 23. — 1895. Corculum corculum Lambert, op. cit., p. 45. Offaster corculum Schlïiter, Echinod. foss. de V Mkmagne du Nord, p. 3. (Traduction H. Fortin). — 1895. Offaster corculum Stolley, Die obère Kreide v. Litneburg und Lugerdorf, p. 147. — 1890. Espèce de moyenne taille (longueur 39 millimètres, largeur 30, hauteur 26), ovoïde, rétrécie en arrière ; face supérieure assez haute, renflée, carénée dans la région postérieure ; face inférieure plane à marges arrondies, légèrement déprimée en avant du péristome, et plastron très peu saillant. Péristome assez éloigné du bord, tranversalement allongé. Périprocte assez grand, arrondi, inframarginal. Apex subcentral, allongé, asymétrique par suite du développement de la génitale antérieure droite. Ambulacres semblables étroits, composés de plaques hautes, surtout au voisinage de l'apex, où elles deviennent presque régulièrement pentagonales et au moins aussi hautes que larges. Pores arrondis, très petits, rapprochés et obliques entre eux, disposés par paires qui s'espacent à partir de l'ambitus ; ils s'ouvrent à la base des plaques et l'interne atteint la suture adorale à la face inférieure. Tubercules petits, crénelés et perforés, épars et non scrobiculés en dessus, plus serrés, plus développés et légèrement scrobiculés au-dessous de l'ambitus et sur le plastron, manquant sur les aires ambulacraires périplastronales et CRETACES DE LA. BELGIQUE 41 sur l'area infraanal. Granules intermédiaires, fins, homogènes, assez espacés en dessus, plus serrés en dessous. Pas de fasciole. Radioles inconnus. A la face inférieure les plaques ambulacraires périplastronales montrent des impressions centrales analogues à des fossettes de Spérides, mais moins apparentes sur le type belge que sur celui de l'Yonne. Ce type belge, que je viens de décrire, représente très bien la forme commune de l'espèce, susceptible d'ailleurs de varier un peu dans sa physionomie générale et certains de ses caractères. Ainsi l'apex est régulièrement symétrique, toutes les fois que la génitale antérieure droite reste médiocrement développée. Le péristome, subcirculaire chez les jeunes, s'allonge plus ou moins transversalement selon les individus. La légère dépression qui existe en avant du péristome, atfecte plus ou moins la marge. Plusieurs individus ont leur test moins renflé en dessus et présentent une forme surbaissée qui pourrait servir à caractériser une variété particulière. Plus rarement le test s'élève, les flancs sont plus déclives et l'on arrive à une variété subconique, facile à confondre avec certains petits Echinocorijs, si l'on ne tenait compte de la position plus marginale du périprocte, surtout de la forme des plaques ambulacraires et de la disposition pour ainsi dire inverse de ses pores, puisque ceux-ci se serrent près de l'apex chez Echinocorijs, tandis qu'ils s'espacent chez Galeola. Le plus grand Individu que j'ai sous les yeux atteint 43 millimètres de longueur, le plus petit 24, les autres oscillent entre ces chiff'res. Les dimensions de la variété surbaissée sont : longueur 35 millimètres, largeur 29, hauteur 21 ; celles de la variété subconique : longueur 37 millimètres, largeur 30, hauteur 29. Le type décrit, portant dans la collection du Musée royal de Bruxelles le n° 5498, provient de la Craie d'Obourg et de la localité d'Obourg. Tous les autres Individus que j'ai sous les yeux sont d'Harmignies, du même niveau stratigraphique (partie supérieure de la Craie à Bel. qiiadrata). — C'est au même niveau que l'espèce se rencontre à Coesfeld (Westphalie) où avait été recueilli le type de Goldfuss ; M. Schlûter la cite également à Darup et dans d'autres localités d'Allemagne, de Suède et de Pologne ; mais comme il confondait avec notre espèce les Holaster senonensis et H. rostratus, même probablement certains Echinocorijs, ces citations demanderaient à être confirmées. Cotteau, qui avait omis de mentionner cette espèce dans sa note sur les Échinides crétacés du Hainaut, bien que le type décrit ici lui ait été communiqué par M. Cornet, l'a plus tard signalée aux environs de Mons et à Ilred (Hanovre). M. StoUey l'indique dans la Craie du Slewig-Holstein et dans celle de Lunebourg, M. Fric dans ses Teplitzer Schisten (Bohême). Dans l'Yonne, elle a été recueillie à Michery, Sens, Saint-Aignan et Vallery, toujours dans les couches supérieures de la Craie à Bel. quadrata, où elle se rencontre surtout un peu au-dessous des premières assises à Magas pumilus. On la retrouve en Seine-et-Oise à Val-Saint-Germain et Vetheuil. 48. J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES GALEOLA GAUTHIER!, Lambert {Of aster), 1887. PI. I, Fig. 7 à 11. J'ai établi cette espèce dans ma description de quelques Échinides de la Craie de l'Yonne, parue dans l'Histoire du terrain de Craie de M. Peron (p. 260) ; elle n'a encore été figurée qu'une fois par MM. de Lapparent et Fritel (Foss. caractéristiques des terr. sédimentaires, II. foss. second., PI. XX, Fig. 7, 8. — 1888], sous le nom d'Offaster pibda. De plus petite taille que la précédente, elle la représente dans la Craie à Magas pumilus de Meudon et de Montereau, et a été bien souvent confondue soit avec le Galeola papillosa, soit avec VOffasier pilula. Ce dernier se distingue cependant à première vue par la présence habituelle d'un fasciole et surtout par son périprocte plus élevé, franchement postérieur. Le Galeola Gaidhieri se distingue de Galeola papillosa par sa petite taille (longueur 20 millimètres, largeur 17, hauteur 15), sa forme moins allongée, subglobuleuse, sa face inférieure moins plane, son péristome arrondi, à fleur de test et plus rapproclié'du bord, surtout son périprocte situé plus haut, réellement marginal, bien que par suite de l'obli- quité du test sous la carène, l'ouverture regarde encore en dessous. Quoique le Galeola Gauthieri soit dépourvu de sillon antérieur et de dépression antépéristomienne, la courbe régulière de sa marge s'infléchit légèrement en avant comme chez les autres espèces du genre. La saillie de l'extrémité de la carène donne aussi, malgré la hauteur relative du périprocte, à la partie postérieure du test un aspect subrostré caractéristique. Enfin les ambulacres, dans leur partie périplastronale, montrent des impressions au centre des plaques, impressions que je considère comme des fossettes de Sphéridos. L'apex est très étroit et très allongé ; les plaques ambulacraires, plus hautes que larges, près de l'apex, ont presque conservé leur forme primitive hexagonale ; il en est d'ailleurs de même des plaques interradiales très hautes en dessus. M. Cotteau connaissait notre Galeola Gauthieri et il l'a signalé dans ses Études sur les Echinides fossiles du département de l'Yonne (II, p. 484), en le réunissant à VOffasier pilula, comme variété de Meudon, à périprocte presque marginal. J'ai expliqué qu'il était aujoui'd'hui impossible de maintenir ce rapprochement et que ces individus de Meudon, n'appartenant pas au même genre, devaient être séparés des Offaster. Mais, à la suite de sa description de VOffasier corculum, mon savant ami a décrit un petit oursin recueilli par M. Hébert à Pont-sur- Yonne et qui paraît bien identique à mon Galeola Gauthieri. Si cette identité venait à être démontrée, elle prouverait que l'espèce a fait son apparition, dans la Craie même à Actinocamax quadratus, bien qu'elle y soit très rare et se soit seulement développée dans la Craie à Magas pumilus. Cette constatation pourrait d'ailleurs entraîner une conséquence fort importante, relativement à la réinté- gration possible du Holaster senonensis d'Orbigny. II importe à ce sujet de remarquer d'abord que Holaster rostratus Deshayes, espèce simplement manuscrite en 1840, et portée à ce titre sans description ni figure au CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE .43 Catalogiis sijstematicus (Moule Q. 4), rejetée en 1847 par Desor dans la synonymie du Holaster piltila, est restée, jusqu'en 1858, purement nominale. Desor a donc, selon moi, méconnu les règles de la méthode en prétendant, dans le Synopsis, ressusciter cette espèce aux dépens du Holaster senonensis d'Orbigny, décrit et figuré depuis cinq ans. On ne pouvait,d'autre part, si l'espèce de d'Orbigny était réellement distincte de V Off aster pilida, la réunir à Holaster rostratus, puisque ce dernier avait été proposé exclusivement pour une forme de la Craie blanche de Beauvais, certainement identique à VOffaster pilula. D'où cette conclusion que VOffaster rostratus Desor serait différent du Holaster rostratus Deshayes et ne pourrait être partiellement maintenu comme espèce distincte qu'en le limitant à l'individu des environs de Sens et en lui restituant le nom à'Offaster senonensis d'Orbigny. Il faut d'ailleurs reconnaître que d'Orbigny, pour donner plus d'importance à sa nouvelle espèce, avait lui-même induit Desor en erreur par son assimilation à VHolaster senonensis de vrais Offaster pilula comme le moule Q. 4 du Catalogiis sijstematicus, VAnan- chytes pihila de Forbes et un moule siliceux de la collection Cotteau (PI. 822, Fig. 11). Cependant le vrai type de l'espèce, celui figuré à la Planche 822, Fig. 1 et suivantes de la Paléontologie française, semble être autre chose. La Figure 4 donne à peu près le profil de mon Galeola Gaulhieri ; le test est toutefois moins élevé et le périprocte est situé plus haut. Ce dernier caractère est encore plus accentué à la Figure 0, qui ne ressemble plus du tout à mon espèce. Dans ces conditions, en dépit de la description donnée par d'Orbigny, n'ayant pas à ma disposition le type de son Holaster senonensis, il ne m'a paru possible, quant à présent, ni de le réunir simplement à VOffaster Gauthieri, ni de le séparer d'une façon certaine de VOffaster pilula. J'&i donc été amené, tout en rappelant une difficulté, déjà signalée par M. Schlûter en 1869 ('), à préciser seulement le point du débat, en laissant pour ainsi dire provisoirement les choses en l'état. Mais si l'on vient un jour à réunir mon Offaster Gauthieri à VHolaster senonensis, ce dernier devra prendre le nom de Galeola senonensis d'Orbigny [Holaster] avec la synonymie suivante : Holaster SENONENSIS (pars) d'Orbigny, Pal. franc. Cret., VI, p. 118, pi. 822, 18o3. [Synoti. loc. Kent et Sussex et fig. H exclusis). Offaster rostratus (pars) Desor, Synopsis des Echin. foss., p. 534, tab. 58, fig, i, 2, 18o8 {twn Holaster rostratus, Desiiayes. — 1840). Holaster senonensis Scliliiter. Echinod. des Niirdlicfi. Deutschlands, p. 25i. — 18G9. Offaster corculum [var.) Colteau, Echin. foss. du dép. de l'Yonne, II, p. 478. — 1878. Offaster Gauthieri Lambert in Péron, Ilist. terr. de Craie, p. 260. — 1887. Offaster pilula de Lapparent et Frilel, Foss. caract. des terr. sédim. il, pi. XX, fig. 7, 8. — 1888. Holaster senonensis Schlùler, Echinodermes foss. de l'Allemagne du Nord (traduction Raoul Forlin), . p. 6. — 1895. (M Schlûter. Echinodermen des Nordliclieii Deutsclilcindf, Ext. Verh. d. nat. Jahrg . XXVI, III. Bd. VI), p. 233 et 234. Traduction française par Raoul Forlin, p. 6. — Le Havre, 1895. J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉCHINIDES GALEOLA CUNEATA, Seunes [Offaster], 1889. Grande espèce décrite et figurée par M. Seunes sous le nom à'Offaster cuneatus dans le second fascicule de ses Échinides des Pyrénées occidentales (p. 30. — Bull. S. G. d. Fr., 3", XVII, p. 806). Par sa forme large, mais rostrée en arrière, sa face inférieure plane, l'absence de fasciole connu et surtout son périprocte bas, marginal et regardant en dessous, elle rentre plutôt dans le genre Galeola. Comme les autres espèces du genre, elle est dépourvue de sillon antérieur, mais en avant la marge s'infléchit d'une façon caracté- ristique. Elle se distingue toutefois facilement de ses congénères par sa taille et les petits pores l'onds ambulacraires qui s'ouvrent sensiblement au milieu des plaques, en tous cas bien plus loin de la suture que chez G. papillosa et G. Gaidhicri. Cette espèce paraît rare ; elle n'a encore été rencontrée que dans le Danien inférieur de Gan, à Gan et Estialescq (Basses-Pjrénées) Œyregave (Landes). Genre OFFASTER, Desor, 1858. Après ce qui vient d'être dit de ce genre et des formes voisines, il ne me paraît pas inutile d'en donner ici une nouvelle diagnose : Echinocoryme de petite taille, subglobuleux, avec ambulacres semblables, formés de hautes plaques, où s'ouvrent de très petits pores près de la suture adorale ; sillon antérieur très atténué, nul en dessus. Péristome à fleur du test; périprocte postérieur. Un fasciole marginal. Fossettes de Spérides aux aires ambulacraires périplastronales. Type : Offaster pilida, Lamar ck [Aiianclnjtes) du Sénonien supérieur (Campanien). Ce genre parfaitement caractérisé et sur lequel j'aurai l'occasion de revenir plus tard, ne saurait être confondu avec aucun autre. Cibasfer en diffère par son ambulacre impair différent des autres, Steyasfer par son péristome invaginé, Tholaster adète, par son profond sillon antérieur. Galeola, également adète, par son périprocte inframarginal, Duncaniaster enfin par ses ambulacres à plaques basses et l'absence de fasciole. Le fasciole est d'ailleurs chez Offaster jusqu'à un certain point instable; mais on sait qu'il en est généralement ainsi chez les premiers types fasciolés d'un groupe. Ainsi Micrasler Mkhelini du Turonien inférieur est ou n'est pas fasciole suivant les individus ; normalement adète, Epiaster merklanensis présente parfois un fasciole sous-anal. Chez Offaster pilula les individus bien conservés et dépourvus de fasciole constituent une exception. Plusieurs prétendus Offaster appartiennent à d'autres genres. Il en est notamment ainsi des trois congénères attribués par Desor à son Offaster pilula. Le grand Offaster sphcericHS, Schlûter, a tous les caractères d'un véritable Echinocorys. Les espèces à péristome invaginé, comme Offaster caucasiens, Dru, sont des Steyaster et nous venons de CRETACES DE LA. BELGIQUE 45 voir q^aVf aster cuneatus, Seunes, était un Galeola. On ne doit en réalité maintenir dans le genre Off aster que les trois espèces suivantes : OFFASTER PILULA, Lamarck [Anancliytes], 1816. Pour la synonymie et la description de cette espèce je ne puis que renvoyer à ce que Cotteau en a dit, en 1878, dans ses Études sur les Échinides fossiles du département de l'Yonne (II, p. 479), en observant pour la Synonymie que les citations relatives à Offaster rostratus auraient dû être suivies de la mention {pars) et en retranchant la Variété de Meudon dite à périprocte marginal. D'ailleurs cette espèce, qui n'est pas rare dans la Craie de Belgique, sera l'objet ultérieurement d'une étude détaillée et il m'a paru superflu d'insister ici sur elle. Signalé par M. Barrois dans la Craie à Marsupites d'Angleterre, \ Offaster pilula est surtout abondant à la base des couches à Adinocamax quadratus ; il est plus rare dans les couches supérieures de la même zone, dans la Craie de Meudon et dans celle de Spiennes. OFFASTER POMELI, Munier Chalmas, 1884. Cette espèce, établie par M. Munier Chalmas, et figurée par M. Dru dans sa Géologie de la région du Bechtaou (PL V, Fig. 11, 14), n'a jamais été décrite (') et je n'ai fait que la mentionner dans mes Oursins de la Craie de l'Yonne (^). Elle est remarquable par sa petite taille (longueur 15 millimètres, largeur 14, hauteur 13), son test épais, sa forme globuleuse très convexe en dessous ; son sillon antérieur atténué, mais infléchissant cependant nettement le bord et restant sensible bien au-dessus de l'ambitus. M. Dru a bien dit dans sa Note (sous la p. 64) que la face inférieure de cette espèce était moins remplie que celle du Offaster pilula, mais cette énonciation, contredite par l'examen des figures, notamment de la Figure 14, m'a paru être le résultat d'une erreur matérielle. Le type figuré, que j'ai pu examiner à la Sorbonne, provenait de la Craie à Bel. quadrata de Guerne (Seine-et-Oise). J'ai retrouvé l'espèce au même niveau à Saligny, près Sens, où elle est très rare. OFFASTER MEUNIERL Seunes, 1889. Je ne connais pas en nature cette espèce établie par M. Seunes dans le deuxième fascicule de ses Échinides des Pyrénées occidentales (fiî<^/. 8. G. d. Fr., 3% XVII, p. 804, PL XXIV, Fig. 1, 2, 1889), mais ce que dit son auteur de sa taille, de son test mince, (1) Ext. Bull. s. G. d. Fr., 3», III, 1881. (2) m Péron : Histoire du terrain de Craie, p. 263, 1887. 46 .1. LAMBERT. - DESCRIPTION DES EGHINIDES CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE de sa forme un peu déprimée vers l'apex et surtout de la disposition de ses pores ambu- lacraires, ouverts près du centre des plaques, me fait hésiter sur le point de savoir s'il convient réellement de la rapporter au Genre Offaster. Je n'ai cependant pas cru pouvoir modifier ici l'attribution proposée par mon savant confrère, après son étude de nombreux individus du Danien des Basses-Pyrénées et des Landes. Beaucoup d'auteurs ont encore rapporté à la famille des Ananchitidœ, en les rapprochant d'Echinoconjs, les genres Jeronia, Seunes, et Stenonia, Desor. C'est là, selon moi, une erreur et je n'hésite pas à rejeter ces deux genres, à apex compact, dans ma famille des Œropidse. M. Seunes avait, il est vrai, en 1888, figuré l'apex de Jeronia comme allongé ; mais il résulte de ses dernières explications et des figures données par lui en 1891, que l'apex n'est pas réellement allongé. La génitale antérieure a son pore rejeté à gauche, dans la suture, et ce pore entame un peu les plaques interradiales de l'aire 3. Il y a seulement fusion des deux génitales antérieures en une seule par suite sans donte du développement latéral des hydrotrèmes, mais les trois génitales restent en contact et l'apex est compact. Ce que l'on a quelquefois pris pour une complémentaire est, selon moi, une des plaques de l'aire interambulacraire et n'appartient plus à l'apex. En résumé, il faut modifier la diagnose générique de Jeronia, en ce qui concerne l'apex, de la manière suivante : Appareil apical compact, composé de cinq ocellaires et de trois génitales seulement, par suite de la fusion en une seule des plaques 2 et 3 et du développement latéral des hydrotrèmes. Les pores génitaux, s'ouvrant le plus souvent dans la suture externe, entament les plaques interambulacraires ; celui de la génitale antérieure est rejeté à gauche ('). M. Jimbo a décrit et figuré un oursin provenant du terrain crétacé du Japon et qu'il signale comme Ananchijtinariim spec. xndet. (Beitragezur Kenntniss der fauna der Kreide- formation von Hokkaido, p. 45, taf. IX, f. 8, lena, 1894); mais cette espèce n'appartient pas à la famille des Ananchitids. Son apex est compact, et elle doit être rejetée dans ma famille des Œropidie, où elle paraît constituer une espèce nouvelle du genre Tunisien et Malgache Homœaster, Pomel. (') Pour admettre quatre génitales dans l'apex de Jeronia, il faut supposer que la moitié de l'aire 3 a été privée de tout contact avec l'ocellaire IV, sans relation avec une plaque neurale, ce qui, dans l'état de nos connaissances, constituerait une sorte de miracle physiologique. L'interprétation que je propose est d'ailleurs conforme à ce que l'on sait de l'apex de Pliolanipas et de Tiistomanthus. CHAPITRE ITI DESCRIPTION ESPECES DU GENRE ECHINOCORYS Je suivrai autant que possible pour ces descriptions l'ordre straiigraphique de l'appa- rition des espèces. L'ordre chronologique de leur établissement par les auteurs sera subor- donné à la nécessité de ne pas séparer les groupes qui me paraissent les plus naturels. Je ne donnerai ici pour chaque forme qu'une synonymie très sommaire, indispensable pour la faire bien comprendre, renvoyant au chapitre suivant la plupart des difficultés relatives à certaines interprétations et les discussions d'intérêt en quelque sorte archéologique. ECHINOCORYS SPH^RICUS, Schluter [Off'aster], 1869. SYNONYMIE : Offaster SPH.4ÎR1CUS ScliluleP, Fossile Echinodermen des nôrdlicheti Deutschlands (Ext. Verli. d. nat. Yen. jahrg. XXVI. HI. Folge VI. Bd.), p. 231, lab. I, (ig. \. — 1809. Offaster sph.bricus Schluter, Echinod. foss. de l'Allemagne du Nord. Traduclion de la Note précédente, par R. Fortin, p. 4, pi. I, fig. I. — 189S. Assez grande espèce, presque régulièrement sphérique, à base très étroite et bords largement arrondis, établie en 1SG9 par M. Schliiter dans un ouvrage très intéressant dont M. Fortin a eu, en 1895, l'excellente inspiration de nous donner une édition française. Le péristome transverse s'ouvre dans une dépression sensible du test; cette dépression se prolonge en avant et entame le bord, sans cependant se poursuivre jusqu'à l'ambitus, ni constituer un véritable sillon. Le périprocte est marginal, ouvert un peu au-dessus de la base. Les ambulacres, à partie subpétaloïde assez allongée, sont composés de petits pores ronds, serrés, non conjugués. On ne remarque en dessus aucune trace de carène postérieure. 48 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES En raison de la hauteur relative de son périprocte, de sa dépression antépéristomienne, qui entame le bord, et de ses pores ronds, cette espèce ne saurait être confondue avec aucune autre. Ses rapports les plus remarquables sont cependant avec la Variété sphéroïdale de VEchinoconjs Graves}, mais ce dernier a sa base moins rétrécie, son périprocte un peu plus bas, ses pores transverses et il manque de toute amorce de sillon antérieur. Cette espèce n'est pas, selon moi, un Off aster, car elle n'en a ni les hautes plaques, ni le périprocte franc'nement postérieur, ni les pores ouverts près des sutures adorales, ni enfin le fasciole marginal. L'auteur a bien signalé pour son espèce un léger sillon antérieur, qui échancrerait faiblement l'ambitus ; mais la figure ne reproduit pas ce caractère et montre seulement une dépression antépéristomienne de la face inférieure. Cette dépression et le fait d'avoir un périprocte plus marginal que les autres Echinocorys ne m'ont pas paru constituer des motifs suffisants pour séparer l'espèce de M. Schliiter de ce dernier genre, ou justifier l'établissement d'un nouveau. On n'oubliera pas d'ailleurs que certains Echinocorys ont leurs pores arrondis et que ce caractère ne peut suffire pour rejeter une espèce parmi les Off aster. U Echinocorys sphxriciis forme un type très intéressant, dont les caractères archaïques: élévation relative du périprocte et disposition arrondie des pores, coïncident précisément avec l'époque reculée de son apparition, en sorte que l'on pourrait le considérer comme la forme primitive du genre, s'il ne s'agissait pas d'un genre déjà très évolué et dont certaines espèces paraissent avoir eu aussi des relations avec une forme différente, encore plus ancienne : Psetidananchys. M. Schliiter a indiqué son espèce comme recueillie dans le Plilner, près de Rheine sur l'Ems et l'attribue avec doute à l'étage Cénomanien. Il est probable qu'elle est moins ancienne et proviendrait seulement du Turonien. ECHINOCORYS GRAVESI, Desor (Ananchytes), 1847. PI. I, Fig. 12 à 15. SYNONYMIE : Ananchytes Graves» Desor; Catal. raisonné des Echinod., p. 130. — 1847. EcHiNOconvs vuLGARis, Variété (iibhis (purs) A. Howc (non Lamarck) : The zones of the Wfn(e Clialk of ihe Englis/i Coasi. I, Kent and Sussex, p. 308, 313. — l!)00. Cette espèce, qui n'a jamais été figurée, a été établie par Desor avec la diagnose suivante : R. 66. R. 91. Sa forme rappelle un peu celle de Y Ananchytes ovata, mais la base est excessivement étroite. Craie blanche de l'Oise. Recueillie par Graves et dédiée à ce géologue, elle doit s'orthographier Gravesi et non Gravesii. Elle n'a été longtemps connue que par les moulages qu'en avait fait exécuter Desor. Ces moules, d'ailleurs assez dissemblables, représentent, l'un R. QQ, un individu de taille CRETACES DE LA BELGIQUE 49 moyenne, à base rétrécie et convpxe en dessus, l'autre R. 91, un petit oursin subglobuleux, à peu près semblable à ceux que l'on recueille dans la Craie à Micraster decipiens de Dieppe. Dans ces conditions et en présence de la concision exagérée des diagnoses données par Desor, n'ayant sous les yeux aucun des types de la collection Graves, ni aucun bon individu de la Craie de l'Oise, je donne ici la description de l'espèce d'après un plésiotype de la Craie de Dieppe. Longueur : 38 millimètres, largeur 35, hauteur 30. Test de petite taille, subglobuleux, à base elliptique, rétrécie, avec bords arrondis et plastron assez saillant; carène postérieure assez accentuée à l'ambitus, atténuée en dessus. Ambulacres étroits composés de pores inégaux, les internes elliptiques et les externes allongés, par paires disposées un peu en circonflexe, en sorte qu'on les prendrait pour ceux d'un Holaster si l'on n'avait sous les yeux qu'un fragment de test. Périprocte ovale, peu développé, marginal, s'ouvrant dans le bord, un peu au-dessus de la base, mais à la face inférieure et seulement un peu moins bas que chez d'autres espèces. Péristome subcircu- laire, transversalement allongé, médiocrement développé, assez éloigné du bord, ouvert dans une légère dépression de la face inférieure, dépression qui s'étend en avant jusqu'au bord, mais sans l'entamer, ni former de sillon. Apex allongé, mais relativement étroit. Tubercules petits, épars, facilement caducs en dessus. Cette petite espèce, la première apparue dans le bassin anglo-parisien, est extrêmement intéressante en raison de ses caractères archaïques, de certains rapports avec l'antique Pseudananchtjs et en même temps avec YEc/iinocori/s sphœricus. surtout par des variations de formes qui semblent annoncer dès l'époque du Micraster decipiens des Variétés ou des espèces, destinées à se réaliser seulement bien plus tard, lors du dépôt des diverses assises de l'étage Sénonien. Sur les points des départements de la Seine-Inférieure et du Pas de- Calais, où l'espèce est le moins rare, à côté du plésiotype ci-dessus décrit, on trouve une forme commune de plus forte taille (longueur 50 millimètres, largeur 46, hauteur 35) se distinguant par sa base plus large et plus plane, ses lianes moins convexes et sa moindre hauteur. Cette forme commune se retrouve dans la Craie d'Abbeville (Somme). Parmi les formes plus ou moins aberrantes que L'on rencontre avec les précédentes on peut encore signaler : 1° Une forme carénée et subconique, de taille très variable. Individu A. Longueur 3G millimètres, largeur 31, hauteur 30. — Individu B. Longueur 48 millimètres, largeur 42, hauteur 39. En raison de son test plus allongé, de sa base plus large et de sa carène postérieure plus accentuée, saillante jusqu'au sommet, cette Variété semble former passage au type de VEchinocortjs vidgaris, tout en montrant des rapports avec YEch inoconjs coniciis ; 2° Une forme ovoïde, de moyenne taille (longueur 49 millimètres, largeur 41, hauteur 34), élargie en arrière, très régulière, avec sommet en arc surbaissé, montre certains rapports généraux, déjà signales par Desor, avec YEcItinocorijs meudonensis (pour 7. — 1902. 50 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉCHINIDES Desor son Ananchytes ovata); mais elle en diflEere profondément par l'étroitesse de ses ambulacres, ses petits pores transverses et son apex très allongé et très étroit; 3° Une forme sphéroïdale, de taille médiocre (longueur 49 millimètres, largeur 44, hauteur 39), courte, sans carène postérieure, présente même souvent en dessus un apla- tissement postapical, qui se retrouvera un jour chez les Eckinocorijs coniciis et Echinocorijs ovatus Var. humilis. Cette Variété est surtout remarquable par sa forme générale offasté- rique et elle se rapproche ainsi jusqu'à un certain point de YOff'asfer sphxricus Schliiter. Toutes ces formes, qui se rencontrent dans les mêmes couches, malgré des dissem- blances, comme on le voit, assez considérables, présentent cependant une physionomie particulière commune, résultant des contours arrondis de la marge, du peu de développe- ment de l'apex et de leurs ambulacres très étroits avec pores inégaux, assez nettement disposés en circonflexe. J'indiquerai d'ailleurs, en décrivant les autres espèces, leurs rapports et différences avec celle-ci. L'EcJiinocori/s Gravesi, comme la plupart de ses congénères, a été l'objet de nombreuses confusions et l'on trouve souvent mélangés sous ce nom dans les collections des individus tout à fait différents, appartenant à la forme gibbeuse de X Echinocorijs vulgaris [Echinocorys scidatm) (*), ou aux Echinocorys gibbus et Echinocorys meudonensis. Mais ces individus n'ont de commun avec notre espèce que l'exagération du rétrécissement de la base et la présence de la gibbosité antérieure qui en résulte. Un moule siliceux provenant d'Angleterre et qui pourrait appartenir peut-être à YEchinocorys Gravesi, a été dès 1734 figuré par Klein sous le nom de Galeola undosa et plus tard confondu par Leske avec son Echinocorytes viinor, dont le type est, comme nous l'avons vu, très différent. Mais l'identité avec nos Echinocorys Gravesi des deux figures de Klein, qui semblent avoir été dessinées d'après des individus différents, l'un (tab. XVII, Fig. a) avec test, l'autre (Fig. b) à l'état de moule, est pour moi trop problématique pour qu'il m'ait paru possible de réintégrer dans la Méthode le nom proposé par l'un des fonda- teurs de l'Échinologie. M. A. Rowe, qui cite cette espèce sur divers points de l'Angleterre, ne l'a pas distinguée du Echinocorys yibbus de la Craie à Bélemnites. Ces individus anglais, de la zone à Micraster decipiens, paraissent identiques à ceux de Normandie, et comme eux ils se distinguent par leur petite taille, leur base à bords plus arrondis, leurs ambulacres plus étroits, plus aigus au sommet, composés de petits pores plus nettement transverses et un peu en circonflexe. Mais en Angleterre l'espèce aurait apparu plus tôt qu'en France et elle serait déjà très répandue dans le Turonien supérieur à Eolaster plantis (^). Sorignet a cité dans l'Eure en 1850 un Ananchites Gravesii et cette détermination ayant été confirmée par une mention au Synopsis, il y a tout lieu de la considérer comme exacte (^) ; mais n'ayant (') Je l'avais moi-même autrefois confondu avec ceUe forme (Stratigraphie de la craie siipt'rieure, par de Grossouvre, chap. IV, p. 263, Paris, 1895). (■-) A. Rowe. The zone of the White ChaJk of the English Coast, p. 308, Londres, 1900. i?) Sorignet. Oursins fossiles du département de l'Eure, p. 74, 1850. — Uesor. Synopsis des Échinides foss., p. 330, 1858. CRETACES DE LA BELGIQUE 51 pu la contrôler, j'ai omis à dessein de faire figurer la description de Sorignet en synonymie. L'Echinocortjs Gravesi est assez répandu dans la Craie à Micraster decipiens de la Normandie, particulièrement à Dieppe (Seine-Inférieure). On le retrouve, au même niveau, à Elnes, près Lumbes, et à Fruges (Pas-de-Calais), à Abbeville (Somme). M. de Grossouvre me l'a communiqué de la Craie à Inoceramiis involidus de Lézennes et du Blanc-Nez ; ce géologue paraît l'avoir recueilli également à Vandhuile et à Marcoing (Nord). Sous le nom à'Echinocorys ffibbus, M. A. Rowe a cité l'espèce dans la zone à Micraster decipiens du Kent, de Sussex et de Dorset, et aussi dans la zone à Holaster plamis. J'en ai sous les yeux un individu de la Craie à Micraster decipiens de Douvres. Dans l'Yonne, où l'espèce est rare, je l'ai rencontrée à Verlin dans mon assise G. (') et à Rosoy dans l'assise H. VEcIiinocorys Gravesi a aussi été cité dans l'Oise et dans l'Eure à Vernonnet. On doit lui rapporter des individus conservés à l'École des Mines de Paris et provenant de Dieulelit (Drôme) et de Drap, près Nice (Alpes-Maritimes). Enfin M. de Riaz l'a retrouvé à Gorbio, associé à Micraster decipiens, Micraster corbaricus et Micraster Leskei, dans une couche de marne grise chloritée, qui, d'après ses fossiles, occupe le même niveau stratigraphique que la Craie G à Micraster decipiens du bassin de Paris. ECHINOCORYS VULGARIS, Breynius, 1732. Pl.I, Fig. 1,2, 16et 17. SYNONYMIE : EcHiNOcoRYs VULGARIS Breyiilus, Schediasma de Echinis, p. 58, tab. III, lig. 1, 2. — 1732. EciimocORYS SCUTATUS Parkinson l-non Leske), Organic rcmains of a former Wurld, III, p. 29, pi. II, lig. 4. - 1812. A>AscHYTES ovATA [purs] Forbcs, Mcm. of Ihe Geol. Surcey, Dec. IV, pi. VI, fig. 1,2. — 18o2. EcHiNOCORYS VULGARIS {pars) Wright, Monograph. of the Brit. foss. Echinod. Cret., I, p. 528, pi. 77, fig. 1. — 1882. La forme typique, figurée par Breyn, est celle que l'on rencontre ordinairement dans la Craie à Micraster coramjuiniim du Kent, Ecliimcorys cretse fodinis iuxta Gravesand agri Cantiani; j'en donne la description d'après un individu de cette localité que je dois à la libéralité de M. A. Rowe; il est sans doute de taille sensiblement plus grande que le type, mais on reproduit très exactement la forme et les caractères. Test subhémisphérique, un peu plus long que large, à face supérieure élevée, renflée et à base plane avec bords étroits, faiblement arrondis. Les flancs forment depuis la marge jusqu'à l'apex une courbe assez régulière, et la rencontre de leurs plans convexes détermine en arrière une carène saillante, remontant jusqu'à l'apex. Ambulacres proportionnellement étroits, à partie subpétaloïde assez courte, formée de paires de pores serrés ; ces pores sont (1) Pour la valeur slratigraphique de ces lettres, voir le tableau de répartition au chapitre V. 52 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES elliptiques, transverses, faiblement conjugués. Përistome oblong, transverse, peu éloigné du bord et ouvert dans une légère dépression du test; périprocte ovale, inframarglnal, s'ouvrant à l'extrémité d'une légère saillie du plastron. Tubercules relativement très déve- loppés en dessus, avec granules intermédiaires abondants, moins facilement caducs que chez les autres espèces. Cet individu mesure 65 millimètres de longueur, sur 54 de largeur et 52 de hauteur, tandis que le type n'avait que 40 millimètres de longueur. Comme YEchinocorys Gravesi, YEchinocorys vulgaris est assez variable dans sa forme générale, plus ou moins élevée, allongée, carénée, renflée, gibbeuse, déclive, conique ou surbaissée. Les Variétés les plus importantes sont déterminées par la convexité ou la décli- vité des flancs, combinées avec l'étendue relative de la face inférieure, la saillie de la carène et la forme du sommet. Le plus souvent, en efïet, les flancs sont remarquablement déclives ; la face inférieure est alors relativement très large, à marge étroite et anguleuse. Si le sommet, peu élevé, demeure simplement convexe, on se trouve alors en présence d'une forme surtout abondante dans la Craie à Micraster cormiguinum et qui doit, selon moi, retenir le nom de Variété striata. Les caractères principaux restant les mêmes, si le sommet s'élève et devient conique, une Variété nouvelle se produit, à laquelle on pourrait donner le nom de dcdivis, en réservant celui de pyramidata au type de Portlock, de la Craie h Bélemnitelles d'Irlande. Ces Variétés ont reçu, lorsque la carène postérieure est très saillante, les noms de Anan- chites carinaius Defrance {non Lamarck) et d'Ananchytes hemisphœrica Brongniart. Mais ces dernières mutations sont en réalité de trop faible importance pour qu'il y ait lieu de continuer à les désigner chacune par un nom particulier. Plus rarement les flancs de YEchinocorys vulgaris deviennent convexes; la base est alors relativement étroite, à marge plus étendue et l'apex forme une légère saillie en écusson. Cette Variété, très bien figurée par Klein et par Leske, devra conserver le nom de scutata. Bien que probablement dérivé de Y Echinocorys Gravesi, Y Echinocorys vulgaris, même en y comprenant les Variétés qui viennent d'être mentionnées, s'en distingue assez facile- ment par sa base plus large, sa marge plus étroite, surtout en avant, ses ambulacres à pores elliptiques, plutôt transverses qu'en circonflexe. J'indiquerai d'ailleurs plus loin les carac- tères qui permettent de séparer les Variétés declivis et scutcda des EcJiinocorys pyramidatus et Echinocorys gihbus. Il suffit de remarquer ici que les individus bien conservés de YEchinocorys vulgaris et de ses Variétés se distinguent facilement de ceux des autres espèces par la grosseur relative de leurs tubercules et leurs granules serrés, plus difficile- ment caducs à la face supérieure. C'est à YEchinocorys vulgaris que l'on doit rapporter le moule en plâtre M. 24, dont l'original, de la Craie du Boulonnais, a été identifié à tort à Y Ananchitcs carinata Defrance [non Lamarck). Je rapporte également à YEchinocorys vulgaris un moule siliceux, d'ailleurs CRÉTACÉS DE LA. BELGIQUE 53 mutilé et en mauvais état, tîguré par Klein sous les noms de Galea teeniis laceris et dont Leske a fait plus tard son Echinoconjtes pusfulosus, bien qu'il ait douté de sa validité et compris que les petites saillies du moule, n'étaient que la matière de remplissage des pores : pori... m pttstulam midati sunt ('). La forme typique de MEchinoconjs vulgaris a été recueillie en Angleterre, principale- ment dans la Craie à Micraster coranguinum de Gravesend ; on la retrouve au même horizon en Normandie, à Elbeuf (Seine-Inférieure), comme dans les assises supérieures de la Craie à Micraster coranguinum de l'Yonne, à Paron, Sens, Courtois et Pont-sur- Yonne. Enfin je puis la signaler dans les Pyrénées, à Rennes-les-bains, où elle accompagne le Micraster corbaricus, et en Savoie, à La Pointière. Variété: ECHINOCORYS STRIATA, Lamarck {Ananchj-tcs], 1816. PI. II, Fig. 1. SYNONYMIE : (Echinite ovoïde) Walcli, Recueil des Monumens des catastrophes, elc, H, sec. 1, p. 1.55, pL E. I. a, fig. 4. — 1768. EcHi>ocoRvs .scuTATUs, var. {non lypus) Leske, Addit. ad. Klein, nat. disp. Echinod., p. H2, lab. i'2, fig. 4. — 1778. A>.4>CHYTES STRi.vTA Lamapck ipl. Encycl. et nucleis exclusis), llist. nat. des Anim. s. vert. III, p. 2o. — 1816. Ananciiites cakinata Defrance {non Lamarck), Dict. Se. nat. II, Supp., p. 41. — 1816. Akanchytes iiEMisi'HOiînicA Brongniart, Env. de Paris, p. 15, pL XV, fig. 8. — 1822. — CAKINATA Sorignet {non Lamarck), Ours, foss., p. 74. — 1850. EcHiNOCORYS VULGARIS {pars) d'Orbigny, Paléont. franc. Crél. VI, p. 62, pi. 8O0, fig. 2. — 1853. Ananciiytes caiunata Desor [non Lamarck), Synopsis des Echin. foss., p. 331. — I808. EcHiNOCORYS VULGARIS (pars) Cotleau, Echin. du dip. de la Sarthe, p. 301, pL LI, lig. 1. — 1860. — CARiNATA Defrance {non Lamarck). Bayle, Foss. principaux des terr., pi. 155, fig. 3, 4. — 1878. Ananciiytes carinata Lambert [non Lamarck), Echin. de la Craie de Ciply, p. 39. — 1898. L'interprétation exacte du type et surtout sa synonymie raisonnée donnent lieu à de véritables difficultés qu'il faut essayer d'abord de trancher. Lamarck a, en effet, confondu sous le nom à! Ananciiytes Mriata deux formes bien distinctes, parce que pour lui le caractère de son espèce résidait essentiellement dans certains accidents de fossilisation [striis verticalihus) , qui affectent les formes et les espèces les plus diverses. J'estime cependant qu'un nom, même impropre, doit être conservé, toutes les fois qu'on peut régulièrement l'appliquer à un type défini. Malheureusement Lauiarck a (') Leske. Additamenta ad KJeinii disp. Echinod., p. 116, ou Jacobi Theud. Klein Nat. disp. Echinod., p. 180. Gel important ouvrage a en effet été publié, en même temps, en deux éditions avec litres différents. 54 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES établi deux types pour son espèce : le premier est la Figure 4, tab. XLII de Leske ; le second est représenté par les Figures 11, 12 de la Planche 154 de l'Encyclopédie. Le premier est une forme hémisphérique à large base, bords étroits et gros tubercules ; il est originaire de la Craie d'Angleterre ('). Le second est une forme subglobuleuse, à base rétrécie, bords largement arrondis et petits tubercules, que l'on ne saurait distinguer de VAnanchjtes yihha de Lamarck. La figure de l'Encyclopédie n'a évidemment été séparée de YAnancliijtes gibha qu'en raison de ses stries verticales, mais comme elle appartient réelle- ment cà une autre espèce de Lamarck, on ne saurait la prendre comme type sans confondre les deux formes et supprim.er VAnanchytes striata par voie de réunion à Y Ananchijtes gibba. Or j'estime qu'en cas d'existence de plusieurs types, les anciennes espèces doivent être interprétées, plutôt dans le sens de leur maintien que de leur suppression ; car la pensée dominante de l'auteur a été de créer une espèce, bien plus que de l'étendre à des formes disparates, se confondant avec d'autres. Lamarck, il est vrai, paraît avoir identifié à son Ananchytes striaia un fossile de Picardie, trouvé, dit-il, dans le canal. C'est probablement cet individu qui figure dans les collections du Muséum sous le nom (}i Ananchytes striata et qui est devenu le type du moule en plâtre T. 2. 11 appartient à la forme de la figure de l'Encyclopédie et ne saurait en conséquence être distingué davantage diÇiY Ananchytes gibba. On ne peut, à mon avis, conclure de ces confusions que \ Ananchytes striata tombe simple- ment en synonymie de VAnanchytes gibba, puisque le type du premier est essentiellement la première figure citée, celle de Leske, Variété pour cet auteur de son Echinocorys sctitatus, mais que Lamarck a entendu élever au rang d'espèces, sous le nom nouveau de striata. Peu importe que ce nom ait été mal choisi et motivé surtout par un accident de fossilisation. Il y a lieu simplement, entre les formes diverses réunies par Lamarck sous le nom d\Anan- chytes striata, d'opérer une disjonction. La première forme citée restera le type de l'espèce, la seconde et l'individu de Picardie sont rejetés dans la synonymie de ÏEchinocorys gibbus[^). (') C'est par erreur et sur la foi de Grateloup que j'ai dit en 1895 : L'AnancJnjles striata est une forme spéciale à la Craie de Dax (Stratig. Craie sup., p. 263). L'opinion de Grateloup (Oursins foss., p. 61) ne saurait prévaloir contre les affirmations très netles de Walcli et de Leske. (-) On a fait à ce mode d'interpréter les espèces d'Échinides de Lamarcli une objection grave en remar(|uant que l'illustre Naturaliste était avant tout un observateur, que par conséquent il avait principalement en vue, lors de l'établissement de ses espèces, les individus cités de son cabinet ou d'une collection; que les références à des figures d'ouvrages déjà publiés n'étaient données qu'à tilre secondaire, à litre en quelque sorte de renseignement et ne sauraient prévaloir sur les indications fournies par les localités et les mentions de collections. Le raisonnement est spécieux et d'une portée trop générale pour ne pas être sérieusement discuté. Certes, je n'entends pas placer Lamarck au rang d'un simple compilateur, comme Gmelin; l'illustre Professeur du Muséum était, au contiaire, un savant et patient observateur de la Nature. On ne faurait nier cependant que pour être complet il ait, dans son grand ouvrage des Animaux sans vertèbres^ parfois sacrifié à l'usage et mentionné certaines espèces uniquement sur la foi da figures tout en leur appliquant, avec ce singulier mépris des droits d'aulrui dont il a donné un si funeste exemple, des noms nouveaux et différents. Je sais bien qu'en ce qui concerne ces espèces, on peut dire que la question d'interprétation ne se pose pas. Mais, pour les autres, ne voit-on pas que le système préconisé n'irait à rien moins qu'à la suppression de presque toutes les espèces établies par Lamarck, donc manifestement à l'enconlre du but que l'on veut atteindre? En général, en effet, quand un auteur pour établir une espèce, renvoie à une figure préexistante, c'est qu'il entend faire CRETACES DE LA BELGIQUE 55 Si l'on adopte cette manière de voir, qui me paraît seule conforme aux règles d'une saine interprétation de la pensée de Lamarck, on reste encore ici en présence d'une nouvelle difficulté. En effet, Y Ananchyles striata a été établi dans le tome III des Animaux sans vertèbres de Lamarck, publié en août 1816 ; or, la même année, Defrance créait dans le Supplément du tome II du Dictionnaire des Sciences naturelles son Ananchites carinatus, qui n'est pour moi qu'une Variété de V Ananchites striata. Dans ces conditions il est difficile de dire à qui appartient la priorité; mais, suivant la méthode adoptée par Cotteau, il me paraît plus sage de la laisser à celui des deux auteurs qui a le mieux fait connaître son espèce. Or Lamarck a renvoyé pour la sienne à des figures (Fig. 4, tab. XLII de Leske), tandis que Defrance n'a fourni qu'une vague diagnose en deux lignes ('), donnée d'après un moule siliceux, qui provenait de Champignelles (Yonne). On doit donc préférer le nom donné par Lamarck. La figure originale de YEchinoconjs striât us a été donnée par Walch, qui le décrit comme ovoïde, convexe, élevé et pourvu de stries verticales fines et presque imperceptibles, exagérées par le dessinateur sur la figure. Ces stries, déjà exagérées par Hofler, le conti- nuateur de Knorr, ont encore été accentuées sur la reproduction donnée par Leske, dans l'édition enluminée de ses Additamenta. Il en résulte que le caractère sur lequel insistait principalement Lamarck était en partie artificiel et en somme beaucoup moins important que la forme générale hémisphérique, à base plane et large, avec bords très étroits et que le développemejit des tubercules. Variété subhémisphérique, à base très large, plane et bords étroits ; face supérieure de celte figure le type de son espèce, autrement celle-ci rentrerait dans la catégorie des nomina niida, car une simple diagnose, insuffisante pour faire reconnaître une espèce, n'a pas plus de valeur qu'un nom de collection. Pourquoi ce qui est vrai pour les modernes ne le serait-il pas pour Lamarck V Que pouvait bien importer à ses contemporains qu'il eût telle ou telle espèce dans son cabinet? En quoi ce fait pouvait-il leur permettre de reconnaître et de distinguer ces espèces ? Leur vague origine pouvait-elle les renseigner davantage? 11 en est tout autrement de la référence à une figure connue qui permet de suite et à tous d'apprécier la création nouvelle. Pour le public, pour les savants étrangers, pour la postérité, cette figure est le seul type possible de l'espèce. L'adoplion comme type d'espèce d'un individu de collection non figuré rendrait d'ailleurs toute vérification et tout contrôle impossible, car il est exceptionnel qu'un individu soit revêtu d'un numéro d'ordre indélébile, se rapportant à un catalogue ou à un ouvrage publié; pour les étiquettes, on sait avec quelle facilité elles se détachent; celles de Lamarck n'étaient d'ailleurs pas collées aux individus et trop longtemps elles ont pu être transposées au hasard. On n'ignore pas, en effet, quelles vicissitudes ont éprouvé les collections de Lamarck avant de rentrer dans le grand Établissement scientifique français. Il résulte de ces faits que la plupart des espèces en question, si l'on adoptait le système que je combats, n'auraient plus aucun type certain et devraient être considérées comme nulles. Or c'est là un résultat contre lequel je proteste absolument. Je maintiens donc, que pour la désignation du type d'une espèce créée par simple diagnose, avec mentions de figures préexistantes et de localités ou de collection, aucune incertitude n'est possible : le type est nécessairement la figure qui seule a pu permettre et permet encore aujourd'hui de connaître et distinguer l'espèce. (') Dict. Se. nat., T. II, Siipp , p. 41 : Celte espèce, dit Defrance, porte une carène depuis le sommet jusqu'à l'anus, et ses ambulacres sont très marqués. Cette si courte diagnose ne permettait guère de la reconnaître et de Blainville, en 1830 déclare ignorer ce qu'est l' Ananchites can'naliis de Defrance {op. cit., T. LX, p. 187). 56 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES élevée, obtuse au sommet, à flancs un peu déclives et carène postérieure assez saillante ; ambulacres étroits, avec pores serrés, inégaux, allongés et faiblement conjugués au voisi- nage de l'apex ; ce dernier est très allongé, très développé, souvent bossue ; les tubercules nombreux, sont saillants et très apparents ; le péristome subcirculaire, peu éloigné du bord, s'ouvre dans une légère dépression qui n'atteint pas la marge ; le périprocte inframarginal s'ouvre à l'extrémité d'une saillie, en forme d'écusson, de l'extrémité du plastron. Comme tous les Ecltinocorys, celui-ci varie un peu dans sa forme, surtout dans sa hauteur relative, le déveleppement de son apex et la saillie de sa carène. Chez beaucoup d'individus, en effet, la forme est un peu plus allongée, les flancs sont plus déclives et la carène devient très saillante. C'est pour un moule en silex de cette forme que Defrance avait établi son Ananchites carinahis {non Lamarck). En 1822, Brongniart en a figuré un autre, recueilli dans l'argile à silex des environs de Joigny, sous le nom à'Aiianchytes hemisphse- rica. On est d'ailleurs resté fort longtemps dans l'ignorance de ce que pouvait bien être V Ananchijtes carinatus de Defrance. Agassiz a voulu le réintégrer, en 1840, en lui donnant pour néotype son moule M. 21 de la craie du Boulonnais. Cette interprétation est d'ailleurs inadmissible, puisque le moule M. 24 ne diffère pas, ainsi que nous l'avons vu, delà forme typique de VEchinocorys vulgaris. Dans le Catalogue raisonné, VAnancJiyfes carinatus n'est plus, et avec raison, considéré que comme une Variété de YAnanchytes siriafa, mais on lui rapporte à tort un Ananchytes elato-depressa de Tcrcis qui est absolument différent. Dans le Synopsis, Desor donne, en 1858, une nouvelle et courte diagnose de YAnanchytes carinata, d'après des individus de l'Oise qui paraissent, en effet, avoir été identiques au type de l'Yonne. Bayle, en 1878, a voulu réintégrer dans la méthode un Echinocorys carinata Defrance pour un individu de la craie de Brighton (Angleterre), très probablement différent du type et qui ne se distingue pas suffisamment de YEchinocorys striatits, pour en être séparé. J'ai moi-même eu le tort, dans mes Echinides de la craie de Ciply, de préférer le nom de Defrance à celui de striata, sans remarquer qu'il y avait déjà un Ananchytes carinata créé par Lamarck pour un fossile jurassique. L'apex, généralement très étendu, peut occuper chez quelques individus la plus grande partie de la face supérieure; il est souvent remarquablement bossue, comme celui de l'indi- vidu figuré dans la Paléontologie française, PI. 805, Fig. 2. — Les sillons verticaux, si apparents sur le type et qui lui ont valu son nom, ne sont généralement pas visibles. On les observe cependant sur la plupart des individus de Gravesend et on les retrouve sur d'autres, de la Craie de l'Yonne. J'ai notamment sous les yeux un individu de la craie L de Pont-sur- Yvonne, qui montre ces stries verticales très nettes et à peu près disposées comme elles le sont sur le type de Walch, en sorte que l'on peut dire que cette forme à'Echinocorys mérite réellement bien son nom. Chez certains Echinocorys striatus, le test plus court s'élève un peu, en même temps les flancs deviennent plus déclives, donnant naissance à une forme subconique, particulièrement répandue dans la craie d'Angleterre et que je désigne sous le nom de Sous-Variété, declivis. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 57 D'autres fois le test est remarquablement surbaissé et même, chez certains moules siliceux, la forme devient subrostrée en arrière. Mais ces mutations sont reliées par trois caractères toujours fort apparents : étendue de la base, étroitesse du bord, développement des tubercules. La Sous- Variété declivis est, comme je l'ai dit, remarquable par l'extrême déclivité de ses flancs, son test est plus court et son apex subconique. Assez rare dans le bassin de Paris, elle est au contraire assez commune en Angleterre où M. Rowe, la confondant avec \ Ananchytes 'puramidatus Portlock, l'a signalée comme caractéristique de la zone à Marsupifes tesUidinarins des falaises de Kent, de Sussex et de Dorset. Ce géologue a bien voulu m'en communiquer quelques individus ; l'un est particulièrement remarquable par son sommet élevé, pointu, et les tubercules bien développés de sa face supérieure ; mais en même temps sa base plane est très large et se raccorde à la face supérieure par une marge très étroite, anguleuse. Or, ces caractères ne conviennent pas à YAnanchytes pyratnidatus de la craie à Bélemnites d'Irlande, qui n'est d'ailleurs connu que par le profil donné aux planches VI de Forbes et 77 de Wright ('), mais ce profil montre une espèce évidemment différente, plus régulièrement pyramidale, à sommet encore plus pointu et apex plus étroit, plus central, à face inférieure moins large, se reliant à la face supérieure par une marge bien plus étendue, régulièrement arrondie. 11 suffit de comparer la figure 1 de ma planche II, la figure 4 de ma planche IV et le profil de Forbes pour constater qu'il n'y a pas lieu de confondre l'espèce des couches à Micraster coranguinum et à Marsiipites testtidina- rius avec celle des couches à Belemnitella mucronata. L'Eckinoconjs striafîis, tel que je le comprends, est la forme caractéristique de la craie à Micraster coranguinum et surtout de la zone à Marsupites. Je ne l'ai pas encore rencontré dans la zone à Micraster decipiens et il est très rare dans les premières assises de la zone à Actinocamax quadrahis. Cette Variété, en raison de sa répartition stratigraphique, présente donc pour le géologue un intérêt tout particulier. J'ai recueilli \ Echinocorys striatiis dans la craie sénonienne de l'Yonne, dans l'assise J, aux Clérimois, dans l'assise L, à Sens, Paron, Saint- Martin -du -Tertre, Courtois, Villenavotte, Pont-sur- Yonne et Villiers-Louis, dans l'assise M, à Sens, Soucy et Saligny. Je connais aussi cette Variété de la Craie à Micraster coranguinum de Chalons-sur-Marne et de Beauvais, de la Craie phosphatée de Breteuil (Oise), de la Craie à Actinocamax quadratus de Muizon (Marne), de la Craie à Marsupites de Gravesend (Angleterre). M. de Grossouvre me l'a communiquée d'Hardivilliers et de Saint-Brice. M. Savin vient de la retrouver à La Pointière (Savoie). Elle paraît rare en Belgique, et je n'en connais qu'un Individu, d'ailleurs trop mutilé, pour être d'une détermination bien rigoureuse; il a été recueilli à Frameries dans la Craie de Saint- Vaast. J'ai rencontré la forme surbaissée dans (1) Forbes. Geol. Survey. Un. Kingd., Dec. IV, PI. VI, Fig. 4, et Wright. Monog. brit. foss. Echiiioâ. Cret. J, PI. 77, Fig. 2. 8. - 1902. 58 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES l'assise J à Sens et dans l'assise L à Sens, Cornant, Saint-Martin -du-Tertre et Pont-sur- Yonne (Yonne). Les moules siliceux sont fort abondants dans les argiles à silex de l'Yonne ; l'un de ceux que j'ai sous les yeux montre les empreintes d'assules intérieure- ment concaves, qui lui donnent une trompeuse ressemblance avec le moule de VAiHinchytes sulcatus Goldfuss. Quant à la Sous-Variété de forme conique, dedivis, je l'ai recueillie dans l'assise J de Saint-Bond, à Sens, dans la Craie L de Villenavotte (Yonne) et M. A. Rowc me l'a commu- niquée de Margate (Angleterre). Cet auteur l'a d'ailleurs signalée sur divers points de la Craie à Marsupites des comtés de Kent, Sussex et Dorset, sous le nom à'Echinocorys pyra- midatus [non Portlock). 1! Echinocorys striatus doit se retrouver sur un grand nombre d'autres points en France, en Angleterre et probablement en Allemagne, mais je ne saurais citer aucune de ces localités sans une revision préalable des individus conservés dans les diverses collections. Variété : ECHINOCORYS SCUTATUS, Leske, 1778. SYNONYMIE : Galea VERTir.E scuTATO Klciii, Naluralis disp. Eclnnoderm., p. il, Uih. W, lig. A, H. — 1754. EcHiNocoKYS SCUTATUS Leskc, Addit. ad Kleinii disp. Echinod., p. III, lalj. XV, lig. A, B. — 1778. — vuLGARis [pars) Cotteaii, Echin. du dép. de la Sartlic, p. ÔOl, pi. L, fig. 5, o. — 1860. Il y a lieu d'ajouter <à cette synonymie : Ananchytes ovata [pars] Forbes, Geol. Survey of the Unit. Kingdom. Dec. IV, pi. VI, fig. 8. — 1832. EcHiNOcoRYS vuLGARis (pars) Wright, iVonoj. 0/ Apex allongé, occupant à peu près le cinquième de la longueur totale, légèrement » excentrique en avant. « Ambulacres légèrement saillants, relativement étroits : la largeur de deux assules à " l'ambitus est de 21 millimètres. — Pores très rapprochés au sommet, fortement « conjugués, en ligne horizontale au début et devenant subcirconflexes en se rapprochant " de l'ambitus, où ils sont percés vers le quart inférieur de l'assule qui les porte, en s'écar- y tant de plus en plus dans le sens vertical. Sur une longueur de 45 millimètres à partir r> de l'apex, on compte 52 paires de pores et 16 seulement sur une même longueur, du point » précédent à la base; le sillon de conjugaison unit les pores par leur sommet et laisse « libre leur moitié inférieure. t J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES « Rapports et différenes. — Echinocori/s fonticola à raison de sa taille ne peut être rapproché que de EcJnnocori/s Heherti Seunes, mais il en diffère au premier aspect par sa forme allongée, ovoïde, tandis qu'elle est verticalement subcjlindrique chez Echinocorijs Heherti. n Le type de YEchinocorys fonticola a été recueilli à Hontarède, carrière de Tercis, dans la zone à silex cariés du Campanien supérieur. Il a été retrouvé dans la Charente à Saint-Médard de Barbézieux et dans la Charente-Inférieure à Talmont, toujours dans le Campanien supérieur. r< L'exemplaire de Saint-Médard présente à l'ambulacre impair une monstruosité, et les zones porifères se referment à 17 millimètres de l'apex pour se rouvrir ensuite. DIMENSION DU TYPE EN MILLIMÈTRES : Longueur Hauteur Largeur Longueur de l'ambulacre III . Nombre des paires de pores Largeur à l'ambitus . Largeur de Tinterambulacre . Dislance du périslome au bord Distance du péristome au périprocle Rapport à la longueur 98 72 . . . . 0.734 87 . 0,897 104 70 21 26 26 . . . 0,265 58 . . . . 0,591 Des considérations générales ne me permettant pas de séparer complètement Y Echinocorys fonticola du Type Echinocorijs gibbus, j'ai dû ne lui attribuer ici qu'une valeur de Variété ; mais je dois faire immédiatement remarquer que M. Arnaud ne partage pas mon opinion et regarde son Echinocorys fonticola comme une espèce véritable. Chacun reste donc libre d'en faire, suivant ses idées personnelles sur les variations des Echinocorys, une espèce ou une Variété. M. Arnaud n'ayant comparé son espèce qu'avec YEchinocorys Heherti, il me paraît utile de rechercher ici ses rapports et différences avec d'autres formes de la Craie du Nord. Echinocorys fonticola est en effet particulièrement voisin du Echinocorys suhglohosus , dont il diffère par ses ambulacres plus aigus au sommet quoique également larges, surtout par ses pores beaucoup plus serrés près de l'apex. En effet, à forme et taille égale, on compte pour une même longueur de 30 millimètres à partir de l'apex, 38 paires de pores chez YEchino- corys fonticola et 30 seulement chez YEchinocorys suhglohosus. Comme on le voit, la valeur de YEchinocorys fonticola comme espèce dépend surtout de l'importance que l'on accorde à la multiplication et à l'allongement des pores des régions périapicales. Si, comme je le pense, ces caractères sont seulement en relation avec la température ou la profondeur des eaux où vivait l'oursin, on ne saurait distinguer spécifiquement les individus avec ambulacres composés de pores plus larges, plus serrés et CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE .65 plus nombreux. Je reconnais, d'ailleurs, que mon opinion est encore à l'état d'hypothèse non vérifiée. ECHINOCORYS BEAUMONTI, Bayan, 1870. Espèce géante, dont le type, unique à ma connaissance, appartient aux collections de* l'Ecole des Mines de Paris ; elle a été établie par Bayan dans sa note sur les terrains tertiaires de la Vénétie (Bull. S. G. d. F., 2' série, t. 27, p. 485 — 1870), avec la diagnose suivante : Grande espèce de la taille des grands individus de la Craie supérieure d'Angoumé près Tercis et se distinguant immédiatement de toutes les espèces connues par l'apex beaucoup moins allongé et l'étroitesse des ambulacres. Scaglia; Chiampo. ECHINOCORYS HEBERTI Seunes, i8qi. Cette espèce géante, autrefois confondue par MM. Hébert et Arnaud avec Y Echinocorys Beaimionti Bayan, a une forme très voisine de celle de V Echinocorys gihhiis, surtout de la Variété suhglobosa. Elle est très haute, renflée, à flancs convexes et base très rétrécie avec bords arrondis; le péristoine s'ouvre dans une dépression sensible du test. Les ambulacres, aigus au sommet, s'élargissent sur les flancs et sont composés de pores transverses, subégaux, conjugués sur une très grande hauteur; il n'y a pas de carène postérieure. Le type décrit et figuré par M. Seunes (Echinides crét. des Pyrénées Occidentales, 3, p. 52. — Ext. Bull. S. G. d. P., 3^ série, t. IX, p. 26, PL IH. Fig. 3 et PL IV, Fig. 2 — • 1891) est exceptionnellement élevé. Celui que j'ai sous les yeux est plus subglobuleux; il mesure : longueur 108 millimètres, largeur 97, hauteur 95. Cette espèce est voisine de YEchinocorys Beuumonti, mais en difl'ère par ses pores ambulacraires moins inégaux et ses zones interporifères moins étroites ; cependant, comme il est facile d'observer des difl"érences analogues et aussi étendues sur uue série Ôl Echinocorys snhglohosus de Belgique, il est très possible que l'on arrive à réunir les deux espèces lorsqu'on pourra les étudier avec des matériaux plus étendus ('). L' Echinocorys Heherti est également voisin par sa forme des grands individus de YEchinocorys subglohostis, mais il en difl'ère par l'absence plus complète de sa carène postérieure, son apex propor- tionnellement moins développé et surtout ses ambulacres à partie subpétaloïde proportion- nellement bien plus étendue. Il est d'ailleurs à remarquer que cette partie importante de l'organe ambulacraire est toujours plus développée chez les formes méridionales. Cette espèce n'est connue que de la craie de Tercis, où elle a été recueillie dans les (') Il y a même lieu de remarquer combien sont différentes sous le rapport de la largeur des ambulacres, les deux figures données par M. Seunes ; les postérieurs sont d'un tiers plus larges à la PI. 111, qu'à la PI. IV. 9. - 1902 66 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES carrières d'Angoumé, à la base du Maestrichtien d'après M. Arnaud (Bull. S. G. d. F., 3^ série, t. XXV, p. 680 — 1897). M. Fallot l'a signalée à Villagrains près Bordeaux (ibid., t. XX, p. 354). ECHINOCORYS CONICUS, Agassiz (Anancliytes), 1847. PI. IV, Fig. 1, 2 et PI. V, Fig. 6. SYNONYMIE : Bruguièrcs, Encyclopédie méthodique, pi. 15i, (ii(. 14, 15. — 1"9I. Ananchytes Pi;sTULO.s.\ {pars, specim. jun. non typus) Lamarck, Uist. nat. des unim. s. vert , IIF, p. 2o. - 1816. — coNicA Agassiz, Catal. System., p. 2 — nomen nudum. — 1840. — ovATUs Porllock {non Lamarckj, Geology of Londonderry, p. 354, pi. XVIII, fig. 2. — 1843. — coMCA Agassiz, Catal. raisonné, p. 136. — 1847. — — Sorignel, Ours. foss. de l'Eure, p. 74. — 18u0. — nvATA, vur. E. Forbes, Mem. Geol. Surv. of the Unit. Kingdom, Dec. IV, pi. VI, fig, 5 et 6. — 1853. — (iiBiiA Quenstedt [non Lamarck), Die Echiniden, p. 51)1, lalj. 80, lig. 1. — 1874. EcniNOcoRYs vui.GAïus {pars) Wright, Monog. on the Dril. foss. Echinod. Cret. I, p. 328. — 1878. — pYiîAMiDATis Wright {non l'ortlock). Op. cit., pi. 77, lig. 3, 6. — V11LGAUI.S {pars) Cotteau, Etudes sur les Échin. foss. du dép. de l'Yonne, p. 470, pi. 71, lig. 1. — 1878. — — var. c().M)idi:a Lanii)ert {non Ananchytes conoideus, Goldluss). Notice stralig. sur l'Étage Sénonien aux env. de Sens, p. 5o et tableau, 1878, et Étage Turonien du dép. de l'Yonne, p. 20. — 1882. — COMCA Lambert {in do Grossouvre), Stratigraphie de la Craie super., ch. IV, p. 264. — 1893, — vuLGARis, var. suiicoNiCA Lambert, Note sur les Echin. de la Craie de Ciply, p. 43. — 1898. La synonymie de cette espèce est, comme on le voit, fort embrouillée et j'avoue l'avoir moi-même longtemps très mal comprise. La faute en revient surtout à L. Agassiz, qui a proposé son nom sans description ni figure et n'a donné de son espèce en 1847 qu'une description trop concise, en sorte que cette forme a pu être facilement confondue avec d'autres. Bayle, notamment, ayant donné en LS78 une figure de son Echinocorys conicus, j'avais cru devoir suivre une interprétation qui me paraît aujourd'hui purement arbitraire et trop en contradiction avec la diagnose primitive et la tradition pour être suivie. Il est incontestable, en effet, que la forme figurée par Bayle (Foss. princ. des terr. PI. 154, Fig. 1, 2) pyramidale et aiguë au sommet, ne peut être considérée comme conique et turritée, qu'elle correspond plutôt à l'AnancJiyles pyramidattis qu'à V Ananchytes conicus tels que Forbes les a compris en 1853. J'estime donc qu'il y a lieu de comprendre YEchinocorys conicus de la manière suivante, en prenant pour néotype l'individu de la Craie de Michery, cité dans mes précédents travaux : CRETACES DE LA. BELGIQUE 67 Test de moyenne taille (longueur 50 millimètres, largeur 44, hauteur 46) subconique, à base plane assez large et bords arrondis ; face supérieure très haute, turritée, à flancs subconvexes, sommet excentrique en avant et carène postérieure atténuée, remplacée près de l'apex par une dépression plus ou moins sensible. Ambulacres très étroits, à sommet aigu, composés de pores petits, faiblement transverses et en circonflexe lorsque le test est parfaitement conservé ; autrement ils paraissent arrondis, non conjugués. Apex tendant à se bossuer; péristoine arrondi, peu éloigné du bord, à fleur du test. Tubercules très petits, épars et facilement caducs. Cette espèce, comme les autres, varie dans sa taille, sa hauteur proportionnelle, l'étendue de sa base, toujours un peu moins large que l'ambitus, la saillie de sa carène. Ainsi j'ai sous les yeux un individu de Harmignies particulièrement élevé et qui mesure : longueur 50 millimètres, largeur 44, hauteur 52. Un autre de Soucy (Yonne) atteint : longueur 70 millimètres, largeur 60 et hauteur 62. Les principales variétés sont la forme élargie des couches inférieures kAdmocamax qtiadratus et celle de petite taille, si fréquente dans la Craie de Belgique. I. Variété Lata. La forme élargie est d'ordinaire d'assez forte taille (longueur 60 millimètres, largeur 53, hauteur 45) et proportionnellement moins haute; bien que relativement rare, elle est cependant intéressante en raison de ses rapports plus étroits avec la Variété ère^;is de YEvhinocorijs gibhns; elle semble indiquer, au moment où apparaît YAciinocamax quadrafus, la possibilité d'une filiation entre les deux formes. C'est à cette Variété qu'appartiennent les individus figurés par Quenstedt, sous le nom à^Aiiancites gihha, de la Craie de l'Yonne (Die Echin. PL 85, Fig. 1) et par Cotteau dans ses Études sur les Echinides de l'Yonne (PI. 81, Fig. 1). II. Variété Minor. La forme de petite taille, si abondante en Belgique dans la Craie d'Obourg, présente elle-même des Sous-Variétés remarquables : A. Forme normale, à sommet élevé et comprimé. B. Forme surbaissée (PL III, Fig. 7 à 9), à carène plus saillante, bien que toujours atténuée près de l'apex. La taille varie entre 33 et 45 millimètres de longueur et 28 à 38 de largeur et de hauteur. Ces petits individus ressemblent un peu à des Galeola, mais leurs petites plaques ambulacraires serrées les en distinguent. Les petits Echhwcortjs Gravesi, également voisins, sont plus rostres en arrière et surtout leur péristome, plus transverse, s'ouvre dans une sensible dépression du test ; leurs ambulacres sont composés de pores plus allongés, en circonflexe. C. Forme tronquée, à sommet occupé par un large apex bossue, avec ocellaires saillantes et génitales déprimées (PL IV, Fig. 3). III. Variété Fastigata (PL III, Fig. 5). Forme pyramidale, à apex élevé et flancs déclives, avec base très large et tout à fait plane. 68 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES 1! Echinocorys commis, pour la première fois figuré à l'état de moule siliceux dans l'Encyclopédie, est resté une des espèces les plus méconnues. Lamarck le confondait avec d'autres en le rapportant à tort à Y EcJiinoconjs pustulosus Leske, devenu son Ananchytes fiistulosa. Portlock ne le distinguait pas de YEcJtinocorys ovatus et Agassiz, qui en 1840 en avait fait exécuter le moule M. 1, d'après un individu de provenance inconnue, attend sept années pour le caractériser par ces deux mots : conique et turrité, qui ne peuvent guère, en effet, s'appliquer qu'à lui. 11 le cite alors de Picardie et de Meudon et lui réunit une forme encore aujourd'hui mal connue, subconique d'après les figures et recueillie au Mutterschwandenberg (Unterwalden). Ce rapprochement me paraît un peu douteux (*). Depuis, Forbes et Wright ont confondu les Anaiichyies conica et pyramidatus. Bayle parait les avoir imités et c'est un véritable Echinocorys pyramidatus qu'il a figuré sous le nom ai Echinocorys conica. UEchinocorys conicus est surtout caractéristique des couches supérieures de la Craie à Bel. quadrata et la forme typique a été recueillie à Muizon (Marne) dans l'assise M, à Michéry, Pont-sur- Yonne, Misy (Yonne) dans l'assise N, en Angleterre dans le comté de Kent, en Pologne à Swanowice, à Lagerdorf (Allemagne) et dans l'assise P à Meudon, où elle est rare. Elle est fréquente en Belgique, à Harmignies et à Obourg, dans la Craie d'Obourg ; plus rare à Ciply, elle se retrouve aussi à Angoumé, près de Tercis, dans le Campanien supérieur. La Variété large a été rencontrée aux Clérimois (Yonne) dans l'assise M, à Michéry dans l'assise N et en Belgique dans la Craie d'Obourg. La Variété de petite taille est apparue à Obourg dans la Craie de Trivières ; elle abonde sous diverses formes à Obourg et Harmignies dans la Craie dite d'Obourg ; on la retrouve à Orp-le-grand. Moins répandue dans l'Yonne, elle a été cependant rencontrée au Chapitre, commune de Champigny et à Saint- Aignan. La Variété fastigata, beaucoup plus rare, a été trouvée à Harmignies dans la Craie d'Obourg et à Villethierry (Yonne) dans la craie N. ECHINOCORYS ORBIS, Arnaud, i883. PI. I, Fig. 18 à 20. SYNONYMIE : Echinocorys oruis Arnaïul, in Colleau, Ecliinidcs du Sud-Ouest de la France, p. 142, pi. VIII, (ig. 1-4. — 1885. — — Arnaud, Argiles harriolées de Tries. Bill. S. G. d. F., 5<> scr., t. XV, p. 19. — 1887. — — Seunes, licch. yéul. sur les lerr. second, de la rèijion sous-pyrénéenne, p. 180. — 1890. (') Il est cependant fort difficile d'opérer acluelleinent une séparation et le mieux est de lais.ser provisoirement cet Echinocorys alpin, avec Y Echinocorys conicus, en lui réunissant un autre individu subconique, peu différent, conservé à l'École des Mines de Paris et provenant d'Entremont (Savoie). Les Individus des Alpes suisses portent dans la série des moules d'Agassiz les notations 14 et 15. CRÉTACÉS DE LA. BELGIQUE 69 Cette petite espèce, parfaitement décrite et figurée dans l'ouvrage de Cotteau, est remarquable par sa taille, sa forme subglobuleuse, ovale, arrondie en avant, à peine rétrécie en arrière, son sommet légèrement excentrique en avant, sa base étroite à bords arrondis, son péristome à fleur du test et ses ambulacres, formés dans leur partie subpéta- loïde de pores inégaux, transverses, conjugués. La granulation du test est fine et plus homogène que chez la plupart des autres espèces. Cotteau n'ayant comparé l'espèce de M. Arnaud qu'avec son EcJihwcorys semiglohus du Danemark, qui est YEchinocorys sulcatus Goldfuss, n'avait pas eu de peine à trouver des différences importantes entre deux espèces aussi dissemblables. Il est bien plus facile de confondre VEchinoeonjs orbis avec YEchinocorys Gravesi, ou surtout avec YEchinocorys conicus. Variété minor. On peut encore le rapprocher de YEchinocorys Cotteaui, mais ce dernier plus surbaissé a ses flancs moins convexes, sa base plus large et son péristome plus enfoncé. Echinocorys orbis se distingue aussi de YEchinocorys Gravesi par son péristome à fleur du test ; il a en outre ses ambulacres plus larges, composés de pores plus inégaux, disposés par paires transverses et non en circonflexe. La Variété minor de YEchinocorys conicus, surtout dans sa forme surbaissée, a des rapports indiscutables avec Y Echinocorys orbis, mais s'en distingue par son test beaucoup moins subglobuleux, a sommet plus élevé, ses pores plus étroits et sa granulation moins dense et moins homogène. VEchinocorys orbis n'est pas une espèce spéciale au Campanien des Charentes et de la Dordogne ; il se retrouve en Belgique dans la Craie d'Obourg, à peu près au même niveau stratigraphique. Les pores ambulacraires de ces individus belges sont peut-être un peu plus petits et un peu moins allongés que ceux des individus du Sud-Ouest de la France, mais ces ditîérences ne dépassent pas celles que l'on observe chez beaucoup d'autres espèces entre divers individus de même forme et du même horizon. L'espèce est donc connue du Campa- nien (P* et P^ de M. Arnaud) à Mirambeau, Mortagne-sur-Gironde (Charente-Inférieure), Chalais (Charente), La Massoulie (Dordogne), Tercis (Landes) et en Belgique, à Harmignies, dans la Craie N d'Obourg, où elle paraît rare. Les individus du Musée royal de Belgique portent la mention I. G. 6435. ECHINOCORYS OVATUS, Leske, 1778. PI. IV, Fig. 6, 7 et PI. V, Fig. 1, % SYNONYMIE : [Echiniles galeali) Melle, De Echinitis Wagricis, p. 14, fig. 1. — 1718. — — Melle, De lapid. fig. agri lilt. lubecensis, p. 26, lab. IV, lig. 1. — 17'20. Galea vektice-nudo, Wagrica Klein, Nalur. disp. Echinoderm., p. 27. — 1734. EcHiNOCORYTES ovATi S Leske, Additamenta ad Kleinii disp. Echinod., p. 178, tab, LUI, (Ig. 3. — 1778. Bruguières, Encyclop. méthodique, pi. lo4, fig. 13. — 17!ll. Ananchites OVATUS (pars) Lamarck, Système des anim. s. vert. p. 347. — 1801. 70 J. LAMBERT. ~ DESCRIPTION DES EGHINIDES Ananciiytes ovatus Lamarck, Hist. nat. desanim. s. vert. III, p. 2S. — 1816. — — Goldfuss, Petref. Germaniœ, p. 145, lab. XLIV, fig. 1. — 1826. — — Porllock, Geol. uf Londonderry, p. 3.'J4, pi. XVII, (ig. 3. — 1843. — ovATA Ziltel, Traiti' de Paléont. (éclil. franc.), p. 540, fig. 3i)9. — 1883. Test subconique allongé, souvent de grande taille (longueur : 100 millimètres; largeur : 80 ; hauteur : 78) à base large, plane, à peine plus étroite que les flancs et bords arrondis ; face supérieure assez haute, à sommet subcentral, relativement aigu et carène postérieure bien apparente, sans être saillante; les flancs subconvexes ont, en raison de la forme du sommet, une tendance à devenir déclives. Ambulacres plus ou moins étroits, à partie subpétaloïde longue, composés de pores transverses assez serrés. Sutures des assules ordinairement assez apparentes. Péristome réniforme, transverse, très développé, assez éloigné du bord et s'ouvrant dans une sensible dépression du test. Périprocte ovale, h l'extrémité d'une saillie postérieure du plastron en forme d'écusson, entouré par un pseudo-fasciole ditFus, plus apparent que chez d'autres Ecliiiiocorys. Le plastron est remar- quablement étroit. Tubercules peu développés, très petits à la face supérieure et facilement caducs. Apex étroit, relativement peu allongé, en sorte que si l'on prolongeait les axes des ambulacres, ceux-ci aboutiraient tous à peu près au même point central, ce qui n'a jamais lieu chez YEchinocorijs vidgaris. Cette espèce, plus facile à reconnaître par sa physionomie générale qu'à bien limiter, a été confondue par presque tous les auteurs avec VEc/iinocorijs vulyaris. Elle en diffère cependant par l'aspect de sa face inférieure toujours plus allongée, plus étroite en arrière, sa forme plus régulièrement ovoïde, son péristome plus développé et sensiblement plus éloigné du bord, ses flancs moins cylindriques, son apex plus petit, moins allongé, et ses petits tubercules à peine scrobiculés en dessus. Chacun de ces caractères pris isolément serait sans doute de peu de valeur, mais leur ensemble imprime à chaque espèce une physionomie particulière, suffisante pour la distinguer, et ce n'est pas sans raison que des esprits aussi sagaces que Leske, Lamarck et Goldfuss s'étaient refusés à les réunir. Sans doute, parmi les si nombreux Echinocori/s de la Craie du Hainaut, on trouve quelques formes de passage; mais ces individus, très embarrassants, je le reconnais, sont fort rares et ne peuvent prévaloir contre ce fait de la fixation pendant un long temps et en des lieux éloignés des caractères indiqués, chez une masse d'individus. Comme les autres espèces, YEc/iinocorus ovatus est sujet à d'assez nombreuses variations. A côté du type de grande taille, déjà passablement figuré par Leske et dont Goldfuss a donné des figures, qui doivent être considérées comme caractéristiques de l'espèce, l'on rencontre quelques individus plus élevés et d'autres moins hauts, surbaissés, etc. Certains sont encore plus aberrants et constituent des Variétés plus importantes que je mentionnerai à part, comme je l'ai fait pour les principales Variétés des espèces précédentes. Le Type de Leske a été dessiné d'après les figures de Melle, représentant un individu CRETACES DE LA BELGIQUE 71 des environs de Lubeck ; mais Leske a corrigé ces figures originales d'après un individu peut-être différent de Goslar. Le Néotype de Goldfuss, beaucoup mieux connu, provenait de Coesfeld (Westphalie) ; mais l'espèce est également citée de Haldem et de Ciply. Elle se retrouverait en Irlande, d'après les figures de Portlock. Un des individus de Ciply, conservé à l'Ecole des Mines de Paris, porte la mention : Ananchtjles sidcatus Var. iimhata Goldfuss ; cet individu n'a d'ailleurs aucun rapport avec VEchinocorys sidcatus et Goldfuss n'a pas créé de Variété limbata. J'ai indiqué les différences très saillantes qui permettent, selon moi, de distinguer facilement VEchinocorys ovatus de VEchinocorys vidgaris. On ne saurait davantage le confondre avec les Echinocorys glhhus et Echinocorys conictis. Le premier a sa base rétrécie, ses flancs convexes, sa carène obtuse et nulle en dessus; son péristome est plus déprimé. Le second est remarquable par sa forme courte, sa face inférieure légèrement bombée, son péristome à fleur du test, plutôt arrondi que réniforme. Les principales Variétés de VEchinocorys ovatus peuvent se rapporter aux formes suivantes : I pyramidale, II émarginée, III en dôme, IV surbaissée, V multiporifère, VI à péristome éloigné du bord. Celles qui s'éloignent le plus du Type sont les Variétés marginata, limburgicus et ci2)lyensisis que je n'aurais pas hésité à séparer comme espèces, si trop d'individus n'établissaient une transition entre elles et le Type. Des individus de VEchinocorys ovatus plus ou moins typiques ont été recueillis à Harmignies dans la Craie d'Obourg, à Heure-le-Romain et au nord ouest d'Aubel, dans la Craie de Nouvelles. Beaucoup atteignent une très grande taille et leur forme élevée est un peu plus subconique que le Type de Coesfeld. Cette forme typique est très rare dans la Craie de Meudon ; j'en ai cependant sous les yeux un individu recueilli à Bougival. M. Rowe vient de me la communiquer de la zone à Belemnitella miicronata de Norwich. La plupart des individus de moyenne taille ont leurs bords plus larges et plus arrondis; ils sont abondants ainsi à Harmignies dans la Craie d'Obourg et le Muséa royal de Bruxelles en renferme d'autres recueillis dans la Craie à Magas d'Harmignies, Heure-le-Romain (Voir PI. V, Fig. I, 2) et Orp-le-Grand. Cette forme n'est pas rare dans la Craie de Meudon et je la possède de Bougival, Port-Marly (Seine-et-Oise) et de Montereau (Seine-et-Marne). I. Variété : ECHINOCORYS PYRAMIDATUS Portlock [Ananchytes), 1843. PI. IV, Fig. 4, 5. SYNONYMIE : Ananchytes PYRAMIDATUS Porllock, Gcology of Londonderry, p. 355. — 1843. — ovATA, var. E. (pyramydata) Forbes, Mem. of the Geol. Surv. of the Unit. Kingdom, Dec. IV, pi. VI, (ig. 4. — 1853. Echinocorys vulgaris [pars] Wriglit, Monog. on the Brit. foss. Kchinod. Cret. I, p. ô'28. — 1878. PYRAMIDATIS Wllgllt, Op. Cit., pi. 77, fig. 2 (Excl. fig. 8). — COMCA Bayle, Foss. princip. des terr., pi. CLIV, fig. 1,2. — 1878. — VULGARIS, var. co.MCA Lambert, Note sur les Echin. de la Craie de Ciply, p. 42. — 1898. 72 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES Test de moyenne taille, longueur 70 millimètres, largeur 55, hauteur 55, régulièrement conique, à sommet pointu, central et carène postérieure assez saillante ; flancs plus ou moins complètement déclives ; base large, subplane, à bords arrondis. Ambulacres étroits, aigus au sommet, à partie subpétaloïde longue, avec pores ovales, transverses, assez rapprochés. Apex étroit, central. Péristome réniforme bien développé, assez éloigné du bord. Tubercules petits, peu apparents. Cette Variété m'a paru ne constituer qu'une forme conique de VEchinocori/s oratus, dont elle se rapproche par ses caractères essentiels ; elle en diffère par ses flancs plus déclives, son sommet plus élevé et pointu, sa carène postérieure un peu plus saillante. UEchino- corys conicus, avec lequel Bayle l'a confondu, m'en paraît bien différent par son sommet excentrique en avant, son apex plus développé, sa carène remplacée ordinairement en dessus par une dépression postapicale ; son ambitus plus circulaire, un peu gibbeux en avant, sa face inférieure plus plane, avec petit péristome subcirculaire, bien plus près du bord. Le type figuré par Bayle exagère la forme pointue du sommet ; il est d'ailleurs peu différent des autres individus de Ciply. Chez quelques individus les flancs sont tout à fait déclives, comme sur le profil du type irlandais, donné par Forbes. J'ai sous les yeux un individu de cette forme provenant d'Harmignies et de l'assise dite d'Obourg; il mesure en longueur 70 millimètres, largeur 58, hauteur 60 ; mais tous les individus ne sont pas aussi élevés et beaucoup montrent une forme surbaissée qui fait transition à YEchinocorys ovatiis. Si le sommet devient obtus, on passe alors à une Variété qui rappelle YEchinocorys striatus des couches à Micraster coranyuinum ; mais un examen attentif ne permet pas de les confondre. UEchinocorys pyratuidahis a toujours en effet ses bords plus arrondis, son péristome plus développé et plus éloigné du bord, son apex plus étroit ; enfin il reste dépourvu des tubercules saillants caractéristiques de YEchinocorys striatus. VEchinocorys pyramidatus est assez fréquent à Harmignies dans la Craie d'Obourg ; il est plus rare à Nouvelles dans l'assise à Magas pitmilus ; mais on le rencontre assez fréquemment dans la Craie de Spiennes, à Ciply et à Spiennes ; il existe également dans la Craie phosphatée de Ciply. Dans le bassin de Paris l'espèce n'a guère été signalée qu'à Meudon, où elle est assez rare. J'en ai recueilli un seul Individu de forme surbaissée dans l'Yonne, <à Michery, assise N. II. Variété : ECHINOCORYS M.-VRGINATUS Goldfuss {AnancJiylcy , Variété^ 1826. PI. V, Fig. 3, 4. SYNONYMIE : Ananciiytes striatus Lamnrck, vur. marginata Goklfuss, Pclrc/. f.crmaniœ. p. 140, p!. U, fig. 3 cl. f. — 1826. Test de taille variable mesurant, chez un individu de la Craie d'Obourg à peu près sem- blable au type de Goldfuss, C5 millimètres de longueur, sur 55 de largeur et 50 de hauteur. CRÉTACÉS DE LA. BELGIQUE 73 Forme haute, cylindrique, à base très plane, étendue et bords étroits, anguleux, avec dépression péristomienne peu profonde ; face supérieure assez haute, en dôme régulier, subhémisphérique, dont les flancs, d'abord verticaux, s'infléchissent ensuite vers l'apex en courbe parabolique ; la carène postérieure est obtuse et atténuée. Les ambulacres, à partie subpétaloïde plus longue que chez d'autres espèces, sont relativement étroits et formés de pores elliptiques, transverses, non conjugués. Péristome transversalement oblong, très peu développé et faiblement éloigné du bord. Périprocte marginal, ovale, s'ouvrant à l'extrémité d'une saillie en écusson du plastron et bien visible lorsqu'on regarde le test en arrière. Tubercules peu développés, surtout en dessus, où ils paraissent avoir été facilement caducs ; granules intermédiaires très fins, épars. La saillie du bord antérieur qui a valu son nom au type de la Variété de Goldfuss, paraît exceptionnelle ; on ne la trouve sur aucun des très nombreux individus que possède le Musée royal de Bruxelles et j'estime qu'elle doit être considérée plutôt comme une anomalie individuelle. La taille est assez variable : plusieurs ne mesurent que 52 millimètres de longueur, sur 40 de largeur et 48 de hauteur, tandis que d'autres atteignent 92 millimètres de longueur, sur 70 de largeur et 55 de hauteur. Ces dimensions suffisent pour montrer que la forme elle-même varie et que le test est plus ou moins haut et plus ou moins allongé. Quand le test s'allonge, la carène postérieure devient plus saillante : mais ces variations n'ont d'autre importance que celle de modifications individuelles. Les autres caractères tirés de la forme plane de la base, de Tétroitesse des bords et de la longueur des ambulacres, surtout de la petitesse relative du péristome, restent constants et suflisent pour distinguer l'espèce. L'Echinocorys Gravesi a. sa face inférieure un peu convexe, etc., YEchimcorijs vulgaris et ses variétés ont des tubercules sensiblement plus gros et plus solides. UEchinocorys marginatus est assez voisin de forme du profil donné, dès 1G99, par Lhwyd d'un Echinocorys de Gravesend, désigné sous le nom d'Echinites galeatus vulgaris, et j'avais même d'abord pensé à lui donner ce nom de galeatus qui aurait rappelé la première mention scientifique d'un Echinocorys. Mais ne connaissant pas cette forme de Gravesend en nature et alors qu'aucune bonne figure n'en a jamais été publiée, il m'a paru plus sage de ne pas proposer un rapprochement beaucoup trop hypothétique. Exceptionnellement quelques individus de la Craie d'Obourg présentent une carène postérieure plus saillante et un sommet plus élevé, subconique ; ils oflrent alors une grande ressemblance avec le Type de Y Echinocorys ovaftis et montrent un véritable passage d'une forme à l'autre. L'Echinocorys marginatus parait dériver d'une forme plus ancienne, intermédiaire entre VEchinocorys vulgaris et la Variété striata et il semble pouvoir être considéré comme la souche de Y Echinocorys ovatus. Il est assez fréquent en Belgique, à Harmignies, surtout dans l'assise dite de la Craie d'Obourg, mais il est rare au niveau de la Craie de Trivières. Je rapporte à la même forme un individu de la Craie M de Pont-sur- Yonne, près Sens. 10. - 1902. 74 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES III. Forme en dôme, Variété petasata, présente un test régulièrement hémisphérique à large base, des ambulacres étroits et un péristome peu développé. Un individu de Galoppe mesure 77 millimètres de longueur sur 02 de largeur et 50 de hauteur. Cette forme, très voisine de YEchinocoryfi marginatus, en diffère un peu par son test plus large en arrière, plu court, en dôme plus régulier, non cylindrique. Deux Individus du Musée royal de Bruxelles ont été recueillis à Galoppe et à Helderen dans la Craie de Nouvelles, un autre à Glons dans la Craie de Spiennes. Enfin un moule siliceux de la Craie de Kunraad paraît devoir être rapporté à cette Variété, qui serait ainsi surtout caractéristique des assises supérieures du Campanien. IV. Variété : ECHINOCORYS HUMILIS, n. var. PI. III, Fig. 10, II. Test surbaissé de moyenne taille (longueur (33 millimètres, largeur 52, hauteur 44), large, un peu rétréci en arrière, à base plane et bords arrondis ; face supérieure surbaissée et cependant encore légèrement subconique ; carène postérieure s'élevant peu au-dessus de l'ambitus, atténué ou nul à l'approche du sommet; apex central, étroit. Ambulacres étroits, à pores assez serrés, subarrondis. Plastron assez saillant en arrière. Péristome réni- forme, très large et éloigné du bord. Tubercules petits, peu saillants. Cette forme n'est en réalité qu'une exagération de certaines Variétés de VEchiiiocori/s ovatiis et s'en distingue surtout par le léger méplat postapical qui remplace en dessus la carène. Si je la signale à part, c'e.st surtout en raison de sa large extension géographique et du passage qu'elle semblerait établir entre V Ech'uiocorys ovatus et VEchinocorys meudo- nensis. Ce dernier se distingue toutefois assez facilement par sa base plus étroite, ses ambulacres plus larges à pores moins nombreux, son sommet plus obtus, son péristome moins développé. UEcJnnocorys conicus, même dans sa Variété élargie, est plus arrondi, moins rétréci en arrière ; il a sa base plus plane avec un péristome beaucoup plus petit, plus subcirculaire; sa face supérieure est plus haute, son sommet plus excentrique en avant et ses ambulacres plus étroits ont leurs pores plus arrondis. — On doit encore comparer cette Variété à la forme que j'ai appelée brevis de Y Echinocorys gihhuts; cette dernière a sa base bien plus large, ses bords moins arrondis, étroits en avant, son plastron moins saillant, son péristome bien moins grand et plus rapproché du bord. Tous les individus de la Variété humilis de VEchinocorys ovatus ne sont d'ailleurs pas de forme également surbaissée. Quelques-uns sont un peu plus renflés, plus hauts, et leur méplat postapical s'atténue ou disparaît. Ces individus peuvent cependant encore se distin- guer de VEchinocorys ovatus par leur base à bords plus arrondis et leur test un peu moins allongé. Ils se différencient toujours de VEchinocorys meudonensis des mêmes couches par leur base moins rétrécie, leur apex plus court et leurs ambulacres beaucoup moins larges. Le Type de la Variété humilis provient de la Craie à Baculites du Cotentin, de CRETACES DE LA BELGIQUE 75 Fresville (Manche). On la retrouve dans la Craie de Meudon et aussi au même niveau dans le Campanien de Caillau (Charente-Inférieure). Je l'ai recueilli aussi à Port-Marly (Seine- et-Oise) et à Montereau (Seine-et-Marne). On la rencontre en Belgique dans la Craie à Magas de Nouvelles et, au même horizon, à Harmignies et Heure-le-Romain, plus rarement à Harmignies dans la Craie d'Obourg. C'est donc une des formes qui a la plus large extension géographique. V. Forme mulliporifère, Variété POROSA. PI. V, Fig. 7. Test de forme surbaissée, remarquable par ses ambulacres très étroits, très aigus au sommet et composés de pores extrêmement serrés et nombreux, dont la disposition lui donne une physionomie bien différente de celle des autres Variétés. Je la coimais seulement de la Craie de Coesfeld (Westphalie). VI. Forme à péristome très éloigné du bord, Variété QUENSTEDTI. PI. V, Fig. .5. Test surbaissé, de moyenne et assez grande taille (longueur 80 millimètres, largeur 67, hauteur 42), voisin de celui de la Variété kumilis par sa forme générale, à base cependant plus large, bords moins largement arrondis, carène postérieure moins atténuée, mais surtout remarquable par la plus faible excentricité de son péristome, ouvert dans une dépression plus sensible du test et éloigné du bord d'environ 27 % de la longueur, tandis que cet éloignement varie pour les autres Echinocorys entre 15 et 20 % seulement. Le Type de cette Variété est pour moi un individu de la Craie de Haldem ; je lui rapporte un autre trouvé en Belgique, à Harmignies, dans la Craie d'Obourg. Quenstedt a figuré (Die Echiniden, PI. 84, Fig. 53 et 58) deux individus appartenant évidemment à cette Variété, sous le nom à'Anauchi/tes ovatvs. L'un provenait du Planer de Lemforde et l'autre de la Craie du Mecklembourg. Il serait possible que son Ananchijtes assulatus [o^. cit., PI. 85, Fig. 3), de la Craie de Lunebourg, appartienne aussi à cette Variété ; ses ambulacres paraissent cependant plus larges. VII Variété : ECHINOCORYS LIMBURGICUS [n. var.) PI. VI, Fig. 7, 9. Cette Variété s'éloigne sensiblement du Type. Encore plus surbaissée que les précédentes, elle est remarquable par sa large base, ses bords très étroits, ses flancs presque nuls, s'infléchissant immédiatement vers l'apex. A la face inférieure, le plastron est assez saillant, surtout à la partie antérieure de l'écusson anal ; le péristome réniforme est bien développé et s'ouvre dans une assez forte dépression du test. En dessus, la forme est 76 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉGHINIDES subconique, l'apex subcentral, étroit; la carène postérieure, plus ou moins nette, s'atténue vers le sommet, mais n'est jamais remplacée par une sorte de méplat, comme chez la Variété humilis; les ambulacres étroits sont composés de pores arrondis, très rapprochés dans la même paire, nettement conjugués. Les plaques du test ont leur suture ordinairement - bien nette ; les tubercules, assez profondément scrobiculés en dessous et sur les bords, sont rares et peu saillants en dessus. Cette forme, caractéristique de la Craie à McKjas du Limbourg, est en quelque sorte intermédiaire entre Y EcJiinocorys ovatiis Leske et mon Echhwconjs Duponti. Si elle a plutôt la forme du premier, surtout celle des Variétés porosa et Quensledti, elle se rapproche certainement du second par certains détails de ses caractères ; mais elle est toujours plus surbaissée et ses plaques n'ont pas la convexité de celles du Echinocorys Duponti. Quant à la Variété Quenstedti, elle se distingue bien facilement de VEchinocorys limhimjicus par la moindre excentricité de son péristome, comme la Variété porosa s'en distingue par l'entassement exceptionnel de ses pores près de l'apex. Tous les individus de YEchinocorys limburgicus que j'ai sous les yeux sont conformes au Type décrit et figuré. Un seul s'éloigne des autres par sa forme subpentagonale, ses ambulacres légèrement saillants vers l'apex, ses bords plus arrondis, un peu déprimés en avant du péristome. Je ne puis voir dans les caractères de cet Individu isolé que la manifestation de variations individuelles. L'EcJiinocorys limburgicus est assez abondant dans la Craie à Mayas pumilus du Limbourg, à Galoppe et Slenaken; il a été retrouvé au même niveau à Schneeberg près Vaals. VIII. Variété : ECHINOCORYS CIPLYENSIS Lambert, 1898. Dans ma Note sur les Échinides de la Craie de Ciply, en 1898, j'ai pour la première fois séparé cette forme à titre de Variété (p. 42, PL V, Fig. 15, 10). Sans méconnaître ses rapports, déjà indiqués, avec certaines mutations de YEchinocorys ovatus, il me paraît aujourd'hui préférable de la mentionner à part, cai- il est probable qu'on arrivera à la considérer comme une espèce particulière. Test de forme hémisphérique, un peu déclive en arrière, à base presque plane, avec bords arrondis et légère saillie du plastron ; carène postérieure très atténuée à l'ambitus, nulle en dessus. Ambulacres très larges, l'impair un peu moins développé que les autres, tous à partie subpétaloïde longue et sommet obtus, composés de pores elliptiques, conjugués. Péristome médiocrement développé, réniforme, assez éloigné du bord, ouvert dans une dépression assez profonde de la face inférieure. Apex allongé, un peu bossue, légèrement excentrique en avant. Tubercules peu développés. Cette forme, qui rappelle un peu par la largeur de ses ambulacres YEchinocorys meudonensis, en diffère très nettement par la longueur de leur partie subpétaloïde et par la largeur de sa base. La Variété hmnilis de YEchinocorys ovatus en est peut-être plus voisine, CRETACES DE LA BELGIQUE 77 mais avec sa face supérieure, moins régulièrement convexe, elle a ses bords toujours plus arrondis et surtout ses ambulacres bien moins larges, étroits et aigus au sommet. VEchinocori/s cipJijensis reste jusqu'ici caractéristique de la Craie de Spiennes, où il n'a été rencontré que dans la Craie phosphatée de Ciply. ECHINOCORYS MEUDONENSIS Lambert, 1895. PI. VI, Fig. 1, 2. SYNONYMIE : Ananchitks ovatus de BIninville («ow LamarcU), Dkt. Se. mit., t. GO, p. 187. — Zoophytes, pi. XII, Cl.— 1850. — — de Bliiinvillc {non Lainarck), Manud d' .Aclinoloyic, p. 205, pL XV, fig. 1. — 1834. EciiiNOCORYS vuLGARis [pars] d'Orbigiiy, Paléunt. Franc. Cret. VF, p. 6îi. pi. 80.j, lig. 1. — 1835. ANA^'CHïTEs ovATA {purs) Desop, Synopsis des Echinides foss., p. 330, pi. 38, f. 6. — 1858. Ananchites ovatus {pars) Qiienstedt, Die Echinidm, p. 594, pi. 80, f. 7 — 1874. EcHiNOcoRYS VULGARIS Baylc, Foss. princip. des lerr., pi. 153, fig. 1, 4. — 1878. — Mi-.uDONENsis Lambert (m de ' sér., t. XVI, p. 813, PI. XXXI, Fig. 1, 1888) me dispensent de décrire ici bien longuement une espèce que j'ai d'ailleurs déjà moi-même signalée dans la Craie phosphatée de Ciply (Note sur les Echinides de la Craie de Ciply, p. 44, PI. III, Fig. 7-8). De moyenne taille, hémisphérique, à base presque plane, mais avec plastron saillant et bords arrondis, Y Echinocorys Arnaudi est surtout caractérisé par ses très larges ambulacres, à pores conjugués, espacés et irréguliers. Il diffère du Echinocorys conoideus, 80 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES non seulement par sa taille moindre et sa forme plus basse, avec face inférieure à bords arrondis, mais surtout par ses larges ambulacres à pores profondément conjugués, irréguliers, plus espacés. Cette espèce, comme les autres, varie d'ailleurs dans sa forme générale et à côté des individus hémisphériques à sommets convexes, on en trouve d'autres assez élevés, subconiques et de plus forte taille, que l'on ne saurait cependant séparer du Type. Il est à peu près certain que cette espèce était connue de Grateloup, qui l'a sans doute fort mal décrite à la page 60 de son Mémoire sur les Oursins fossiles, sous le nom de Ananchytes striaia Variété suhglohosa, mais qui en a donné une ligure reconnaissable, quoique médiocre, à sa planche II (Fig. 9). Localités. — M. Seunes cite cette espèce à Angoumé, Tercis, Heugas, Rivière (Landes), dans des couches qu'il rapporte à l'étage Danien, mais que M. Arnaud avait placées, d'après l'ensemble de leur faune, beaucoup plus bas, dans le Campanien supérieur. On retrouve l'espèce à Ciply également dans le Campanien supérieur, dans des couches bien inférieures à l'étage Danien, puisqu'elles en sont séparées par tout le sous-étage Maestrichtien. ECHINOCORYS BELGICUS Lambert, 1898. SYNONYMIE : Ananchytes sulcatus (pars) Goldfuss, Pelref., p. 146, pi. 45, lig. 1, b, €. — 1826. EcHiNocoRYs BELGICUS Lambert, Aote sur les Echin. de la Craie de Ciply, p. 45, pL IV, (ig. t), 10. — 1898. Test de moyenne taille épais, clypéiforme, à base très large, subconcave, surtout près du péristome, avec plastron assez saillant et bords faiblement arrondis, étroits; face supérieure surbaissée, subconique, à assules bombées et sutures très apparentes ; apex central, bossue; péristome assez grand, réniforme, éloigné du bord, et ouvert au fond d'une sensible dépression ; large périprocte. Ambulacres, à partie subpétaloïde longue, assez larges, aigus au sommet, composés de petits pores allongés, en circonflexe, assez serrés, profondément conjugués. Tubercules épars, peu saillants. Le moule de cette espèce, très facile à distinguer de ceux de ses congénères, a déjà été figuré par Goldfuss, qui l'attribuait à tort à une espèce différente, son Ananchytes sulcatus. Les ambulacres sur le moule sont relativement très étroits, ce qui s'explique par l'épaisseur du test. Les pores, en efïet, s'ouvrant obliquement et en s'écartant du centre de l'aire à travers les plaques, peuvent former à l'extérieur deux séries très écartées tout en étant très rapprochés à l'intérieur. h'Echinocorys helgicus, que sa forme et ses caractères ne permettent pas de confondre avec ses congénères, peut être considéré comme surtout caractéristique de la Craie phosphatée de Ciply. Un moule a été rencontré à la base de cette assise, dans le poudingue CRETACES DE LA BELGIQUE 81 de Cuesmes (N" 1, G. 5454 du Musée royal de Bruxelles). Un autre a même été trouvé un peu plus bas dans la couche à Magas de Galoppe ; c'est probablement de ce niveau que provenait le moule siliceux de la Craie d'Aix-la-Chapelle, figuré par Goldfuss et rapporté par erreur à son Ananchjtes sulcatus de la Craie de la Baltique. ECHINOCORYS DUPONTI, Lambert. PI. VI, Fig. 3 à 6. On a cru longtemps que \ Echinocorijs sulcatus était une espèce du Duché de Juliers et du Limbourg. Goldfuss, en effet, après avoir donné la description de cette espèce, la citait seulement dans la Craie de Maastricht et d'Aix-la-Chapelle. C'était cependant urie erreur. Le célèbre auteur allemand avait en réalité établi la description de son Ananchytes sulcatus sur l'individu par lui figuré (Tab. 45, Fig. 1, a, c), conservé au Musée de Bonn, et qui prove- nait de Stevensklint. Mais Goldfuss a eu le tort grave de ne pas indiquer cette origine de son type et de lui réunir, sans examen suffisant, des individus très défectueux d'Aix- la-Chapelle et de Maestricht, lesquels appartenaient à une tout autre espèce. M. le Professeur Schliiter, mieux placé que personne pour contrôler les affirmations de son illustre compatriote, a reconnu que les individus du Limbourg cités par Goldfuss étaient deux moules à peu près indéterminables, fixés à la même planchette qu'un Stenonia tuhercu- lata de la Scaglia. Mais le type de \ Ananchytes sulcatus, l'original des figures 1, a, c de la planche 45 provenait de la Craie de la Baltique et, d'après son étiquette, de Stevens- klint ('). Il suffit d'ailleurs de se reporter à la description de Goldfuss pour reconnaître qu'elle ne peut s'appliquer à aucun des Echinocorys du Limbourg, tandis qu'elle convient très parfaitement à ceux du Saltholmkalke. Il existe cependant à un niveau sensiblement infé- rieur, dans la Craie à Magas de Galoppe, un Echinocorys à assules saillantes, rappelant tout à fait la physionomie de V Echinocorys sulcatus; mais il en diffère très nettement par ses ambulacres, composés de plaques basses et de pores très serrés près de l'apex, tandis que chez l'espèce de Goldfuss les plaques sont hautes et les pores écartés. Cet auteur dit, en effet, que les pores de son Ananchytes sulcatus sont proportionnellement peu nombreux et espacés près du sommet, en sorte que trois plaquettes ambulacraires correspondent à une plaque interambulacraire : poris amhdacrorum verticem versus remotis. Or cette disposition caractéristique de Y Echinocorys de la Craie de la Baltique ne se retrouve sur aucun indi- vidu connu du Limbourg ou du Juliers. VEckinocorys que l'on rencontre dans la Craie à Magas de Galoppe et de Slenaken et que Goldfuss paraît avoir confondu avec son Ananchytes sulcatus, doit donc recevoir un nom nouveau et je suis heureux de pouvoir le dédier au savant Directeur du Musée royal de Bruxelles. (1) ScHLÛTER. BericM liber eine Geognoslisch-paîeont. Eeise in SudUsch. Schweden, n. Jahrb. fur Min., 1870, p, 960. 11. — 1902. 82 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES Test de moyenne taille (longueur 55 millimètres, largeur 47, hauteur 36), hémisphé- rique, avec sommet subcentral à faible convexité. Plaques légèrement bombées avec sutures très distinctes ; carène postérieure atténuée. Face inférieure très large, à bords étroits et plastron saillant. Ambulacres étroits, à partie subpétaloïde peu distincte, composés de plaques basses, serrées près du sommet, avec petits pores arrondis, rapprochés, à peine conjugués. Péristome réniforme, bien développé, un peu enfoncé et assez éloigné du bord; périprocte ovale, assez grand, inframarginal. Tubercules assez gros et fortement scrobiculés à la face inférieure, surtout sur le plastron et les aires interambulacraires; mais ils sont au-dessus de l'ambitus rares, épars et moins nettement scrobiculés. Cette forme typique est d'ailleurs rare dans le Limbourg. U Ecltinocorys Duponti se distingue facilement de YEcJiinoeorys ciplyensis par ses ambulacres bien plus étroits et son plastron plus saillant. Chez les Variétés surbaissées de YEcliinocorys vulgaris, la base est toujours plus plane, le péristome moins développé, l'apex moins central; les pores, moins arrondis, sont plus développés, les tubercules plus saillants en dessus. La Variété humilis de YEchinocorys ovatiis présente peut-être avec VEchinoconjs Duponti des rapports plus étroits ; mais elle a sa base moins large, ses bords plus arrondis, son plastron moins saillant, ses tubercules de la face inférieure moins gros, moins réguliers, bien moins fortement scrobiculés. Les confusions singulières dont notre espèce a été l'objet m'obligent à rappeler combien elle diffère de YEchinocorys sulcatus des calcaires de Saltholm par la forme basse de ses plaques ambulacraires et le plus grand nombre de ses paires de pores. Ainsi chez Echino- corys sulcatus la largeur de chaque plaque est inférieure au double de sa hauteur, tandis que cette largeur chez Echinocorys Duponti est plus du triple de la hauteur. Si je compare Echinocorys sulcatus avec un jeune Ecliinocorys Duponti, je trouve en dessus chez le pre- mier 20 plaques au lieu de 30 chez le second, et sur une égale longueur de 10 millimètres à partir de l'apex, Echinocorys sulcatus a dix paires de pores, tandis que Echinocorys Duponti en compte IC. Malgré une certaine analogie de forme extérieure, on ne saurait donc confondre ces deux espèces. Echinocorys Duponti a un assez large développement géographique. Bronn, dès 1837, paraît en avoir figuré un individu de la Craie de Rucken sous le nom Ôl Ananchytes ovata (Letheageognost., PL 39, Fig. 22). Mais l'espèce paraît surtout se retrouver dans la Craie de Tercis (Landes). Les individus de la région pyrénéenne ont sans doute leur carène postérieure un peu plus saillante, leurs tubercules de la base moins fortement scrobiculés, leurs ambulacres naturellement composés de plaques plus serrées, avec pores plus ellip- tiques, mais ces différences m'ont paru trop faibles pour légitimer une séparation. On retrouve d'ailleurs à Tercis à peu près les mêmes variations de forme que dans le Limbourg, bien que la convexité des plaques de la Variété de Tercis soit plus marquée. La plupart des géologues qui se sont occupés de la Craie du Sud-Ouest de la France, ont méconnu cette espèce et paraissent Lavoir confondue avec YEchinocorys semiylohus CRETACES DE LA BELGIQUE 83 Cotteau, ou même avec VAnanchytes semiglobus Lamarck, qui est cependant un Galeola bien différent et spécial à la Craie du nord. D'autres semblent l'avoir confondu avec Y Echinocorijs sidcatus du Danien de la Baltique. Peut-être ces confusions ont-elles entraîné ces géologues à beaucoup trop rajeunir la Craie des Pyrénées occidentales. Leur Danien inférieur à Pacliijdiscus colligatus (-= PacJiijdisais fresvillensis Seunes) ne correspondrait pas, selon moi, à cet étage, mais, inférieur au véritable Maestrichtien, il serait de l'âge de la Craie du Cotentin, c'est-à-dire d'une assise immédiatement supérieure à la Craie de Meudon et correspondant à celle de Spiennes. Echinocorijs Duponti ne se rencontre, en Belgique, que dans la craie grise à Magas de Slenaken ; il y est rare. Agassiz, en 1840, avait signalé, non sans un point de doute, YEchmocorys sidcatus dans la Craie de Tours {Catal. system., p. 2) ; mais il suffit de se reporter au type de la collection Michelin pour reconnaître qu'il faut lire Tercis au lieu de Tours et que l'indi- vidu en question appartient réellement à la forme pyrénéenne de VEchinocorys Duponti. ECHINOCORYS PERCONICUS, Hagenow [Ananchytes], 1840. PI. VI, Fig. 10. Cet Echinocorys se distingue facilement de ses congénères par la forme pointue et acuminée de son sommet apical. Il est également remarquable par sa base large et plane, avec bords étroits, ses ambulacres très peu développés, aigus vers l'apex, son périprocte dans un rostre postérieur et le faible allongement de son apex. Ses rapports paraissent être surtout avec VEchinocorys Duponti et la Variété limbiir- gica de YEchinocorys ovatus. Il diffère cependant du premier par sa forme subconique, ses flancs plus déclives et ses plaques non convexes, du second par ses ambulacres, plus aigus et moins larges, et des deux par son sommet acuminé. Les individus que j'ai sous les yeux présentent des caractères constants et sont bien semblables au type de Rugen, tel qu'il a été établi et décrit par Hagenow dans la deuxième partie de sa Monographie der Rûgen'schen Kreide-Versteinerungen (p. 653), puis figuré pour la première fois par Quenstedt, en 1874 (Die Echiniden, p. 599, PI. 85, Fig. 15). Pictet a simplement cité l'espèce dans son Traité de Paléontologie (T. IV, p. 191, 1857). Y! Echinocorys perconicus a été recueilli avec la Variété limburgica de YEchinocorys ovatus dans la Craie à Magas du Limbourg, à Galoppe et Heure-Ie-Romain. Le type de l'espèce était de la Craie de Rugen. 84 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES ECHINOCORYS COTTEAUI, Lambert, n. sp. PI. IV, Fig. 8. SYNONYMIE : Ananchytes sEMiGLOBi's (pars) Agassiz et Desor, Catal. raisonné, p. 136. — 1847. EcHiNOcoRYS vuLGARis (pars) Colteau et Leymerie, Calai, des Echin. foss. des Pyrénées, p. 35. — 18S6. — — — Cotle'Mi, Echin. foss. des Pyrénées, p. 15. — 1863. — SEMIGLOBUS CoUeau (non ^4. semiglobus Lamarck), Echin. de la Colonie du Garumnien, p. 62, pi. V, fig. 14, 18. — 1877. — — Leymerie, Descr. Géol. et Paléont. des Pyrénées de la II"- Garonne, p. 798, Atlas, pi. V, fig. 6. — 1881. Ananchytes — Arnaud (tion Lamarck), Bull. S. G. d. E., 3« sér., t. XV, p. 20 et 21 . — 1887. EcHmocoRYS — Cotteau, Bull. S. G. d. F., 3« sér., t. XV, p. 662. — 1887. — — Sennes, liech.géol. sur les terr. second, de la rég. sous-pyrénéenne, p. 194. — 1890. — — Arnaïul, Huit. S. G. d. E., 5» sér., t. XXV, p. 680. — 1897. Cette espèce, longtemps mal définie, n'est exactement connue et limitée que depuis l'excellente et très ''complète description avec figures, donnée en 1877 par Cotteau. Malheureusement, après avoir reconnu ses caractères propres, Cotteau a voulu l'identifier à X Ananchytes semiglobus de Lamarck, exclusivement créé pour Y Eehinoconjtes minor de Leske, forme très différente de la Craie du Nord, qui avait déjà reçu et doit conserver le nom de Galeola papillosa Klein. La proposition de Cotteau était d'autant plus inacceptable que lui-même avait reconnu l'impossibilité d'identifier sérieusement son espèce au Galeola pajnllosa; aussi pour légitimer sa manière de voir avait-il été obligé d'admettre un Anan- chytes semiglobus Agassiz, ayant pour type exclusif le moule R. 58 et complètement différent de celui de Lamarck. Agassiz, cependant, n'avait pas indiqué que ce moule représentât mieux son espèce que les moules S. 72 et T. 9. Il y a plus, l'original de R. 58, de la Craie de Montaud (Isère), était absolument inconnu de Lamarck. L'assimilation proposée manquait donc de base ; elle était erronée et dangereuse parce qu'elle confondait des formes de deux horizons, l'un déterminé (zone à Act. quadratus), et l'autre qui ne l'était qu'imparfaitement (la Colonie du Tuco). A tous points de vue, cette assimilation doit donc être abandonnée. Il y a d'ailleurs plus de dix ans que M. Seunes a élevé sur l'exactitude du rapprochement proposé par Cotteau des doutes parfaitement fondés (Rech. géol. sur la rég. sous- pyrénéenne, p. 194) ('). Dans ces conditions, je n'hésite pas à donner au Type de l'Echynocorys semiglobus Cotteau {non Ananchytes semiglobus Lamarck), le nom nouveau à'Echinocorys Cotteaui. (') CoUeau lui-même m'avait d'ailleurs exprimé depuis des doutes sur l'identilé de l'espèce des Pyrénées et de celle du Danemark. CRETACES DE LA BELGIQUE , 85 Test de petite taille (longueur, d'après un individu de ma collection, 46 millimètres, largeur 39, hauteur 31), ovale, surbaissé et subconique en dessus, subrostré en arrière, mais avec carène postérieure nulle ou très atténuée et sommet subcentral ; base large, plane, à bords très arrondis. Péristome très développé, assez enfoncé, éloigné du bord ; périprocte inframarginal. Ambulacres convergents, de médiocre largeur, à pores ellip- tiques, par paires peu serrées, non conjugués. Tubercules petits, rares, souvent caducs. Cette espèce n'a que des rapports éloignés avec VEchinocorys Dtiponti, plus caréné en arrière, à plastron plus saillant, base plus large, bords étroits, face supérieure moins surbaissée, plaques convexes, et tubercules scrobiculés, mais serrés à la face inférieure. Elle est peut-être plus voisine de YEchinocorys orbis Arnaud. Cotteau n'ayant comparé ce dernier qu'à X Ananchytes semiglohtis Agassiz [non Lamarck) de la Craie de Danemark, n'a pas eu de peine à signaler des différences entre deux espèces aussi dissemblables; mais il n'a rien dit des caractères qui permettraient de séparer son Eehinocorys semiglobus de la Haute-Garonne de VEchinocorys orbis. On peut remarquer cependant que l'espèce du Campanien des Charentes a une forme plus subglobuleuse ; sa base est plus rétrécie, son péristome beaucoup moins développé, ses ambulacres, à partie subpétaloïde plus longue, sont composés de pores plus serrés et par conséquent bien plus nombreux, la granulation de son test est plus fine et plus serrée. Tous les individus de VEchinocorys Cotteaui ne sont d'ailleurs pas aussi renflés que le type figuré par Cotteau et que l'individu identique ci-dessus décrit. Dans la Haute- Garonne surtout, on trouve des individus plus larges, beaucoup plus déprimés (longueur 45 millimètres, largeur 40, hauteur 25), à bords moins largement arrondis et qui ressemblent surtout à VEchinocorys pyrcnaicus, avec lequel on ne saurait d'ailleurs les confondre, en raison des ambulacres si différents des deux espèces. On peut distinguer ces individus surbaissés sous le nom de Variété delumbata. II me semble bien difficile de ne pas rapporter encore à VEchinocorys Cotteaui, malgré son apex un peu plus développé, un petit Eehinocorys provenant de la Craie phosphatée (assise de Spiennes) d'Orp-le-Grand (Belgique). J'estime d'ailleurs, avec M. Cotteau, qu'il y a lieu de rapporter encore à notre espèce un individu du terrain crétacé de Montaud (Isère), qui est conservé à l'École des Mines de Paris et a servi de type au moule R. 58 d' Agassiz. Je n'en sépare pas non plus certains Eehinocorys très déprimés, de forme large et surbaissée, que l'on recueille à Gorbio près de Nice. On voit quel large horizon géographique occupe VEchinocorys Cotteaui, à un niveau qui, sans doute, peut varier un peu, mais ne serait pas inférieur à la ligne de propagation des Pachydiscus colligatus et Pachydiseus nenbergicus et s'élèverait souvent à celui du Naidilus Da>iieus. Localités : Saint-Marcet, Le Tuco près Caseneuve (Haute-Garonne) ; Tercis, Bédat, Angoumé, Œyregrave, Rivières (Landes); Bidart, Sauveterre, Orriule, Estialescq, Gan (Basses-Byrénées); La Ruère (Ariège) ; Gorbio près Nice (Alpes-Maritimes); Montaud (Isère); Orp-le-Grand (Belgique). 86 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES Variété : ECHINOCORYS STELLARIS, n. var. PI. V, Fig. 8. On trouve à Tercis et aux environs de Dax certains Echinoconjs très voisins sans doute de VEchinocorys Cotteaui, mais plus larges, à bords moins arrondis, à face supérieure subconique plus déclive, avec apex plus étroit, en sorte que les cinq ambulacres paraissent converger vers un même point. Ces ambulacres sont beaucoup plus étroits et composés de pores plus serrés, bien plus nombreux ; la surface du test est couverte d'une fine granula- tion très dense. C'est peut-être cette forme que M. Arnaud a désignée, dans sa collection, sous le nom à!Echinocorys pijramidalis, qui ne me paraît pas pouvoir être maintenue, puisqu'il y a déjà un Echinocorys pyramidatus, Portlock, 1843; ce nom de pyramidalis n'a d'ailleurs pas été publié à ma connaissance ('). ECHINOCORYS TENUITUBERCULATUS, Leymerie (Ananchytes), i8.^i. SYNONYMIE : ÂNANCiiYTEs ovATA, vur. TENuiTiBEiicuLATA Leymerie, Méin. Soc. Gvol. de Fr., 2» sér., t. IV, n° 3, p. 199, pi. XI, r. 5. —1851. — TENUITUBERCULATUS Leymerie, Descr. yéol. et paléont. des Pijrénées de la Il'^-Garonne, p. 772, Allas, pl.N, lig. 3. - 1881. Test d'assez grande taille, subconique, à base plane et large, avec bords arrondis ; carène postérieure peu saillante, très atténuée au voisinage de l'apex. Péristome médiocre- mement développé, assez éloigné du bord, ouvert dans une sensible dépression ; périprocte inframarginal, arrondi, petit. L'espèce se distingue surtout des autres par la finesse et le nombre de ses tubercules et par ses ambulacres de largeur médiocre, mais très longs, dont la partie subpétaloïde atteint presque le bord et par ses pores elliptiques profondément conjugués. Si la description originale de Leymerie, qui n'entendait faire de cet oursin qu'une nouvelle Variété de VAnanchytes ovata, laissait beaucoup à désirer, les figures qu'il en a données indiquent cependant bien la physionomie et les caractères de l'espèce. (Mémoire sur un Nouveau Type Pyrénéen parallèle à la Craie. — Mém. S. G. d. F., 2" sér., T. IV, n° 3, p. 199, PL XI, Fig. 5, 1851.) Les caractères des ambulacres en particulier ne permettent de confondre cette espèce avec aucune autre. Leymerie la citait de Gensac et Monléon (Hautes-Pyrénées), Tercis, Laroque (Landes) et Bidart (Basses-Pyrénées). M. Seunes la place avec VEchinocorys Arnaudi à l'horizon (') M. Arnaud vient de publier son Echinoconja pyramidalis, dont il fait une Variété du E. Cotteaui, dans sa note sur Les Echinocorys de Tercis, analysée au Chapitre suivant. (Note ajoutée pendant l'impression.) CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 87 caractérisé par les Pachydiscns coUigatiis et Pachjdiscus neuhergicus, dans son Danien qui, selon moi, correspond seulement au sommet du Campanien. Je crois devoir encore rapporter à cette espèce les Echinocorys conoïdes que l'on rencontre dans la Craie de Caillau près Talmont (Charente-Inférieure). Leur face inférieure est sans doute moins finement granuleuse, leur péristome semble un peu plus éloigné du bord, leur apex est plus large et bossue; mais les ambulacres sont également longs, prolongés presque jusqu'au bord et composés de pores très profondément conjugués. En l'absence de matériaux d'étude suffisamment étendus, il m'a donc paru préférable de ne pas séparer des formes que relient des caractères communs aussi importants. Ces Echinocorys ont été rapportés par M. Cotteau (Echin. du Sud-Ouest de la France, p. 142, 1883) et M." Arnaud (Bull. S. G. d. F., 3^ sér., T. XV, p. 829 et 908, 1888) à Y Echinocorys ruJgaris ; mais cette attribution est tout à fait impossible à maintenir et les Echinocorys de Caillau que j'ai sous les yeux (longueur 72 millimètres, largeur 58, hauteur 57), avec leurs longs ambulacres à porcs profondément conjugués, leur plastron saillant et leur péristome éloigné du bord, ne sauraient être rapportés à l'espèce des couches à Micraster coranguinuni d'Angleterre telle que l'ont figuré Breynius et les auteurs anglais et que nous l'avons décrite et limitée ci dessus. ECHINOCORYS MATTSENSIS, Laube {Oolaster), 1869. Test d'assez forte taille : longueur 104 millimètres, largeur 85, hauteur 54, subconique, à sommet central et complètement dépourvu de carène postérieure; base subconcave, à plastron bombé, avec bords arrondis, sinueux en arrière. Ambulacres étroits, composés de pores très petits, arrondis, égaux, très serrés et nombreux, ouverts par conséquent dans des plaques très basses. Péristome réniforme, assez développé et éloigné du bord ; péri- procte arrondi, inframarginal ; apex étroit, faiblement allongé. Laube a cru pouvoir créer pour cette espèce un genre particulier, caractérisé par sa forme subcirculaire, déprimée, ses pores arrondis très serrés et son périprocte moins infra- marginal que celui de V Echinocorys ovatus ; mais tous ces caractères se retrouvent, même exagérés, chez Echinocorys pyrenaicus, dont les petits pores ronds sont seulement plus espacés. Les pores ne paraissent d'ailleurs pas plus serrés chez Echinocorys mattsensis que chez beaucoup d'autres véritables Echinocorys, notamment que chez la Variété stellaris de ['Echinocorys Cotteaid dont l'espèce de Laube rappelle beaucoup la forme. Il suffit de lire l'intéressant mémoire dont cette espèce a été l'objet (') pour se convaincre que l'auteur n'a créé son nouveau genre Oolaster qu'en obéissant à des considé- rations étrangères à la zoologie, parce qu'il a pensé qu'un Echinocorys ne pouvait pas être (') Ueber Oolaster ein neues Echinoiden-Geschlecht aus den eocanen Ablagerungen von MaUsee in Oberosterreich. (N. Jahrb. f. Min, 186'J, p.451,Taf. VI, f. 1, 3.) 88 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES Eocène. Ces considérations sont pour moi sans valeur. Laube a d'ailleurs été dans l'impos- sibilité de relever, pour distinguer son genre Oolaster à'Echinocorijs, aucun caractère de quelque valeur. Il dit que son espèce est plus déprimée et plus basse, que son appareil apical est peu développé, que ses paires de pores sont serrées et non obliques, que son périprocte est plus marginal que celui d'un Echinocorys. Or, nous venons de voir en exami- nant les diverses espèces du genre que la Variété surbaissée de Y Echinocorys Coiteaui est encore plus déprimée ({wqY Oolaster mattsensis; que les Echinocorys ovatusNaxiéié humilis et Echinocorys Cottemii Variété stellaris ont leur apex au moins aussi étroit que celui de Y Echinocorys mattsensis ; que les pores sont très serrés chez certaines Variétés de Y Echino- corys ovatiis, de Coesfeld -, nous verrons qu'ils sont arrondis chez Echinocorys sulcatus et ronds chez Echinocorys pyrenaicus. Enfin le périprocte est encore moins inframarginal chez Echinocorys perconicus et Echinocorys Gravesi. L'Oolaster mattsensis est donc un véritable Echinocorys, ainsi que l'a déjà indiqué M. Ziltel dans son Traité de Paléontologie (T. I, p. 541) et Duncan dans son Gênera (p. 206, 1889). L'espèce n'est connue que par le type unique rencontré dans les couches éocènes de Mattsée (') dans la Haute-Autriche et conservé dans les collections de l'Institut impérial et royal polytechnique de Vienne. Les espèces à'Echinocorys qui me restent à étudier semblent former dans le genre une section à part, remarquable par la hauteur de ses plaques ambulacraires et l'écartement de ses paires de pores. On ne saurait cependant les confondre avec Galeola, à test moins épais et dont les plaques ambulacraires, bien plus hautes, sont perforées par de plus petits pores, qui ne se serrent jamais en se rapprochant de l'apex. ECHINOCORYS SULCATUS, Goldfuss [Ananchytes], 1826. PI. VI, Fig. 11 à 14. SYNONYMIE SOMMAIRE : EciiiNOCoiivTA [quasi marmorcus etc.) Breynius, De Polythalamiis Schediasma de Echinis, p. 58, lab. 111, fig. 5, 4. — 1732. Ananchytes sulcata Goldfuss, Petref. Germaniœ, p. 146, tab. 4S, f. 1, a, b, c. — 1820. EciiiNoconYS suLCATcs d'Orbigny, Paléonl. franc. Ciel. VI, p. 70, pi. 809. — 1853. Ananciiytes — Sciiliiler, Bcricht iïb. einc geug. paleont. Reise im Sudl. Schwcdeti, p. 960. — 1870. — si'LCATA Lundgren, Om AnanchijU's sulcala Aflry. iir Geol. Forening., Slockholm, Forliandl. n" 102, Bd. VIII, II. 4, p. 282. — 1883. (') Mallsee est un nom de pays que l'on ne doit pas traduire. La traduction française du Traité de Paléontologie de M. Ziltel, en indiquant que le Type du genre Oolaster provient de l'Éocène de la Mer Morte, semble lui attribuer pour origine une région de la Palestine ! ! CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 89 Voir dans ce dernier ouvrage la synonymie complète de l'espèce, en observant que les citations de Cotteau 1877 et Leymerie 1881 ne s'appliquent qu'à la seule mention des localités danoises, la description et les figures ayant pour objet une espèce différente, E. Cotteaui ci-dessus décrit. 11 y a lieu d'ajouter à cette synonymie les mentions suivantes : EcHiNOCORYTES MiNOR, var. UNDOSA (pars) Leske {non Klein), Addit. ad Kkinii disp. Echinod., p. 184. — 1778. EcHiNus (Galeol^) undosus {pars) Gmelin {non Klein), Syst. nat., t. I, pars VI, p. 3186. — 1789. Ananchytes turerculata {pars) Des Moulins {non Defrance), Etudes sur les Echinides, p. 374. — 1837. — SULCATA (pars) Agassiz et Desor, Calai, rais, des Echinod., p. 136. — 1847. Ananchites sulcatus Quensledt, Die Echiniden, p. 597, pi. 85, fig. 10, 12. — 1874. Galeola papili.osa {pars) Uiiensledt {non Klein), Die Echiniden, tab. 85, fig. 13. Ananchytes sulcata de Morgan, Méni. sur les terr. Crét. de la Scandinavie, p. 14, 40. — 1882. — - Lundgren, Bull. S. G. d. F., Z' sér., t. X, p. 458. — 1882. — — de Lapparent, Traité de Géologie, p. 976. — 1883. — — Munier Clialmas et de Lapparent, Bull. S. G. d. F., 5« sér., I. XXI, p. 470. — 1893. — SULCATUS Scliliiler, Ueber einige baltisch Kreide Echiniden, p. 899. — 1897. — — Hennig, Faunan i Skanes yngre Krila, p. H. — 1898. J'ai expliqué plus haut (voir p. 38 et 81) quelles confusions Goldfuss avait commises au sujet de cette espèce, dont le type est de la Craie de la Baltique et non, comme on l'a cru longtemps par suite d'une mention erronée des Petrefacta Germanise, de Maastricht ou d'Aix-la-Chapelle. J'ai créé d'ailleurs pour des individus différents de ces dernières localités VEchinocorijs Duponti. La petite taille de VEcJntiocori/s sulcatus paraît avoir été connue de Breynius, puis confondue par Leske avec son Echinoconjfes minor. Plus tard encore des individus, appar- tenant certainement à YEcltinocorys sulcatus et provenant de la Craie de Suède et de Dane- mai'k, ont été connus d'Agassiz, de Desor et de Cotteau, mais furent confondus par eux avec des formes différentes de la Craie du Nord {Galeola papillosa) ou de celle des Pyrénées {Echinocorys Cotteaui) sous le nom d'Echinoco>-ys semiglobus Agassiz et Cotteau [non Lamarck). V Echinocorys sulcatus n'est le plus ordinairement représenté que par des individus de petite taille ; ceux qui atteignent la dimension du type de Goldfuss, ou de l'individu figuré par Quenstedt (PI. 85, Fig. 10), sont exceptionnels et paraissent au premier abord si diffé- rents que l'on hésite à les considérer comme appartenant à la même espèce. Certains auteurs les ont d'ailleurs séparés, et Quenstedt a même rapproché quelques individus de petite taille du Galeola papillosa, cependant génériquement distinct. Malgré la note et les observations si précises, données en 1870 par M. le professeur Schlùter, j'aurais été moi-même tenté de séparer les individus de petite taille des grands, et j'aurais éprouvé, pour caractériser cette espèce, un grand embarras, si le savant natura- 12. - 1902. 90 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES liste de Copenhague, M. le docteur Mortensen, n'était venu à mon aide en me communi- quant une bonne série d'individus de Saltholm. Je suis heureux de pouvoir ici lui adresser mes publics et sincères remerciements. J'ai pu alors constater à mon tour que l'on était bien en présence d'une espèce unique, ordinairement représentée par des individus de petite taille, et alors souvent un peu plus allongés, subrostrés, mais se reliant insensiblement par d'autres à des individus de taille parfois encore plus forte que celle du type de Goldfuss. Voici d'après Goldfuss et M. Schlûter à peu près la description du type : Echinocorijs de moyenne taille (longueur 58 millimètres, largeur 49, hauteur 38), ovale, à face supérieure hémisphérique, en arc surbaissé vers l'apex, carène postérieure obtuse. Le sommet est un peu en arrière de l'apex. Face inférieure large et plane avec une légère saillie du plastron et bords arrondis peu étendus. Ambulacres composés de plaques proportionnellement peu nombreuses, assez espacées près du sommet pour que trois plaquettes ambulacraires seulement correspondent à une plaque interambulacraire ('). Les plaques interambulacraires sont elles-mêmes plus hautes que chez la plupart des autres espèces, notamment que celles de YEchinoconjs ovattis, mais la différence est surtout sensible pour les ambulacres. Le périprocte est faiblement rostre, plutôt inframarginal que marginal. Le péristome réniforme est bien développé et assez enfoncé. Les tubercules sont assez gros, peu nombreux, mais bien scrobiculés à la face inférieure ; ils sont plus petits, plus rares, toujours scrobiculés et plus facilement caducs en dessus. Comme le disent les auteurs cités, un des caractères originaux de l'espèce réside dans la forme de ses plaques extérieurement convexes, séparées par des sutures déprimées, bien distinctes. Je dois à l'obligeance de M. Mortensen un individu de Saltholm de taille encore plus grande que le type. Il mesure 65 millimètres de longueur, 00 de largeur et 45 de hauteur. Ses plaques sont assez hautes et convexes dans les deux aires ; on en compte de l'apex au bord, 12 interambulacraires et 24 ambulacraires; mais ces dernières diminuent de hauteur proportionnelle en s'approchant de l'apex, en sorte que les plaques interambulacraires correspondent successivement à une et demie, deux, deux et demie et trois plaques ambu- lacraires; les pores, très rapprochés l'un de l'autre, sont étroits, arrondis et conjugués; la partie subpétaloïde de l'ambulacre est très courte ; l'ambulacre lui-même est assez large, obtus au sommet et présente une zone interporifère plus de deux fois aussi large qu'une zone porifère. L'apex est très court, par suite du peu de hauteur des ocellaires paires anté- rieures et des génitales postérieures. Les pores péribuccaux, moins nombreux que chez d'autres espèces, le sont cependant plus à cette taille que ne l'a indiqué Lovén. Le test est très épais et mesure de 3 à 4 millimètres. (') Selon M. Schlûter, les plaques, au milieu des flancs, auraient presque la même hauteur dans chaque aire, et, au voisinage de l'apex, on ne compterait même que deux plaques ambulacraires pour une interambulacraire. D'après les figures de Goldfuss et les grands individus de Saltholm que j'ai sous les yeux, la description de Goldfuss serait plus exacte. Les comparaisons avec VEchtnocorijs ovatiis données par M. Schlûter n'ayant pas été faites sur des individus de même taille, perdent beoucoup de leur valeur. CRETACES DE LA BELGIQUE 91 Les petits individus de 36 millimètres de longueur, 31 de largeur et 26 de hauteur, ou un peu au-dessus de cette taille, sont beaucoup plus fréquents et mieux "connus. Ils présentent les mêmes caractères généraux que les grands exemplaires ; leur périprocte est seulement un peu plus marginal; leurs pores ambulacraires sont proportionnellement un peu plus développés, plus elliptiques près de l'apex, enfin le nombre des plaques, de l'apex au bord, est naturellement moindre : 9 interambulacraires et 18 ambulacraires, mais la propor- tion reste identique. Les tubercules scrobiculés de la face inférieure sont proportionnel- lement plus gros chez ces petits individus que chez les adultes. Quelques personnes ont confondu le Galeola papillosa avec ces jeunes Ecliinocorijs sulcattis; les deux espèces, qui appartiennent à deux genres différents, sont cependant bien distinctes. Les plaques ambulacraires du Galeola sont proportionnellement bien plus hautes, surtout vers l'apex, ses pores sont de simples petits trous ronds, microscopiques, homo- gènes de l'apex au péristome; son test plus mince est plus rostre en arrière, non parqueté; ses tubercules scrobiculés de la face inférieure sont bien moins développés. J'ai indiqué plus haut les différences profondes qui séparent YEchimcorys sulcatus de l'espèce du Limbourg, avec laquelle il a été plusieurs fois confondu, et que j'ai nommée : Echinocorys Duponti. C'est à tort aussi, comme je l'ai démontré, que XEchinocorys sulcatus a été parfois cité dans la Craie des Pyrénées. Quant au moule T. 9, dont j'ignore la provenance et que Desor rapportait à son Echinocorys semiylohus, il est plus rostre, plus surbaissé que \ Echinocorys sulcatus et je pense qu'il serait préférable de le rapporter à l'espèce suivante, 1] Echinocorys sulcatus est considéré comme caractéristique du SaltholmkaLke, que l'on rapporte au Danien; il est en effet surtout fréquent dans l'île de Saltholm; on le retrouve dans celle de Sulton, en Scanie à Annetorp et le type était de Stevensklints. M. Quenstedt a aussi signalé l'espèce dans le Mecklenbourg, notamment dans la Craie de Satow. ECHINOCORYS DEPRESSUS, Eichwald [Anancliytes], i866. SYNONYMIE : Ananchytes sf.miglobus [pars) Agassiz et Desor [non Lamarck). CaUd. raisonné des Echinid. , p. 13G. — 1847. — DEPRESSUS Eichwald, Lethea rossica II, p. 262, lah. XVI, f. 18. — 18GG. — DEPRESSA Arilluila, Kreidefossilien des Kaukasus, p. 5, lab. I, f. 4. — 1899. Je ne connais pas en nature cette petite espèce (longueur 32 millimètres, largeur 27, hauteur 20), surbaissée, plane en dessous, à bords étroits, convexe en dessus et subrostrée vers le périprocte. Elle est voisine par sa forme à la fois de l'espèce précédente et du Galeola jMpillosa, mais diffère de ce dernier par les caractères génériques déjà ci-dessus indiqués : moindre hauteur des plaques ambulacraires au voisinage de l'apex, pores plus développés et plus serrés vers le sommet, test plus épais, etc. Echinocorys depressus diffère 93 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES de Echinocorys stilcatus par son test plus surbaissé, sa face inférieure plus large, à bords plus étroits, ses pores paraissant plus petits et plus serrés ; il se rapproche aussi un peu ^ EcJiinocorijs pjrenaicus, mais ce dernier plus large, plus déprimé, a son sommet plus central et sa marge encore plus étroite, tranchante. Le moule T. 9, dont l'origine ne m'est pas connue, m'a paru devoir être rapporté plutôt à cette espèce qu'à la précédente. U Echinocorys depressus a été recueilli à Kremenetz et Carassonbazar dans la Craie de Grodno. M. Anthula l'a signalé aussi à Schamkal-Dag, dans la Craie à Coraster du Daghestan. ECHINOCORYS PYRENAICUS, Seunes, i8SS. Cette espèce, établie par M. Seunes dans le premier fascicule de ses Échinides crétacés des Pyrénées occidentales (Bull. S. G. d. F. 3° sér. XVI, p. 814, PI. XXXI, Fig. 2), est remarquable par sa forme large, déprimée, subrostrée en arrière et sa marge presque tranchante. Les pores ambulacraires sont ronds, très petits, disposés par paires, bien espacées dès le sommet. C'est, de tous les Echinocorys, celui qui par ses ambulacres se rapproche le plus de Galeola ; mais il en diffère par ses pores moins distants près de l'apex, ouverts plus loin de la suture adorale et sa forme beaucoup plus déprimée. M. Arnaud a recueilli deux individus de cette espèce encore munis de leurs plaques buccales ; l'un a été décrit et figuré par Cotteau (Échinides nouveaux ou peu connus, 2^ sér., p. 151, PI. XIX, Fig. 9, 10, 1891); le péristome de l'autre a été reproduit ci-dessus (p. 14). U Echinocorys pyrenaicus a été recueilli à Bedat, Tercis, Çalonque-Rivière, Pouillon (Landes) et à Callosa (Espagne), dans des couches attribuées à l'étage Danien. ECHINOCORYS DOUVILLEI, Seunes, 1891. Établie par M. Seunes dans le troisième fascicule de ses Échinides crétacés des Pyrénées occidentales (Bull. S. G. d. F., 3" sér., XIX, p. 25, PI. II, 1891), cette espèce est remarquable par sa forme subcirculaire, sa grande taille, son sommet subconique, son aspect parqueté, son périprocte tout à fait inframarginal. Ses pores ambulacraires très petits, sont ronds et disposés dès le sommet par paires assez espacées. Elle ne saurait être confondue avec aucun autre Echinocorys de la région pyrénéenne, mais offre des rapports évidents avec les grands individus de VEchinocorys sulcatus. Ces derniers sont cependant toujours hémisphériques, à sommet non subconique et ont leurs porcs proportionnellement moins espacés près de l'apex. VEchinocorys Deuvillei a été recueilli à Gan, dans des couches à Coraster, attribuées à l'étage Danien. CRETACES DE LA BELGIQUE 93 Après cet examen des diverses espèces à! Echinocor'i/s d'Europe, il me reste, pour compléter ce chapitre, à mentionner quelques formes qui ne me sont connues que d'après les ligures données par leurs auteurs, puis à passer rapidement en revue les rares espèces exotiques, à énumérer enfin les espèces prétendues, établies sur des anomalies individuelles, ou par de simples noms, sans descriptions ni figures. A. - ESPECES D'EUROPE ECHINOCORYS ASSULATUS, Quenstedt {Anancliytes), 1874. Cette espèce, établie dans le Die Echiniden de Quenstedt (p. 592, Tab. 85, Fig. 3), provient de la Craie blanche de Lunebourg ; elle se distinguerait de ses congénères par l'extrême réduction de la partie subpétaloïde de ses ambulacres, composés de pores arrondis, très serrés, presque microscopiques. Cette disposition insolite des pores n'est même pas sans me laisser quelques doutes sur l'attribution générique exacte de cet Échinide, fort mal connu encore par la figure incomplète qui en a été donnée. Cette espèce est d'ailleurs sans rapports avec le Cidaris assidata de Klein (Tab. VIII, Fig. G) qui est peut-être YEchinoconjs sulcatus, ni même avec YEchinocorys indéterminable figuré sous ce nom (Tab. VIII, Fig. H). ECHINOCORYS ACUMINATUS, Quenstedt [Ananclixtes], 1874. Cette espèce de la Craie de Neinstedt, établie aussi dans le Die Echiniden (p. 598, Tab. 85, Fig. 19) est trop insuffisamment connue pour que l'on puisse s'en faire une idée exacte. Malgré la petitesse de son périprocte, représenté comme marginal, il serait possible qu'avec des matériaux plus étendus on vint à la réunir un jour à YEchinocorys gibbus. B. — ESPÈCES EXOTIQUES ECHINOCORYS LAMBERTI, Gauthier, 1889. Espèce encore mal connue, établie sur un individu unique, déformé, provenant du Sénonien du Djebel Bou-Gafer (versant occidental), en Tunisie. D'après M. Gauthier elle se distinguerait de toutes les espèces connues par le nombre de ses pores ambulacraires très serrés, qui seraient au nombre de 65, à la face supérieure, 50 pour la partie subpétaloïde et 15 jusqu'au bord. Malheureusement ces nombres ne dépassent que de très peu ceux des plaques ambulacraires de certaines espèces, comme Echinocorys Heherti, qui en a 58 à la face supérieure, et Echinocorys fonticola quelques-uns de plus. Il n'en est pas moins intéressant de constater que la règle énoncée relativement au nombre des plaques porifères 94 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES des Echinocorys trouve ici sa confirmation, et que ce nombre augmente avec la température du climat. On voit de suite quelle serait l'importance de ce fait, s'il venait à être établi sur un plus grand nombre d'observations, puisqu'il peut conduire à la fois à la connaissance des conditions bathymétriques d'existence d'une forme crétacée et peut-être, par voie de conséquence, à la révélation des conditions climatériques de cette antique période. UEcJiinocorys Lamherti a été créé par M. Gauthier dans la Description des Echinides fossiles de la Tunisie (p. 8, Paris, 1889). Il n'a malheureusement pas été figuré. ECHINOCORYS DUCHESNEI, Lambert, 1896. Grande espèce subpentagonale, renflée, hémisphérique en dessus, à base large, plane, avec bords anguleux; test mince; ambulacres droits, très étroits et aigus au sommet, com- posés de pores arrondis, égaux et très serrés; péristome et apex inconnus ; périprocte ovale, inframarginal. Par sa forme générale et celle de ses ambulacres cet Echinocorys diffère de toutes les espèces connues. h'Ecliinocorys Beaumonti, qui s'en rapprocherait le plus, est de forme plus élevée et a sa face inférieure beaucoup moins large. Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, le nombre des plaques porifères ambulacraires est très élevé chez cette espèce d'une région tropicale. ISEchinocorys Diichesnci a été, en effet, recueilli à Ambohimarina, près Diégo-Suarez (Madagascar), dans le Sénonien à Guettaria Hocardi et Lampadaster Grandidieri. J'en ai donné la description dans ma Note sur quelques Echinides crétacés de Madagascar (Bull. S. G. d. F., 3* sér., T. XXIV, p. 329, 1896). Malheureusement l'espèce m'a été communi- quée, alors que les planches étaient déjà dessinées, et n'a pu être figurée. ECHINOCORYS OVALIS, Clark [Ananchytes), iSgS. Cette petite espèce a été établie par M. Clark dans son excellent ouvrage : The mesozoic Echmodermata oh the United States (Bull, of the Unit. Stat. Geol. Survey, N° 97, 1893, p. 74, PI. XXXVI). Surbaissée, large, ovale, arrondie en avant, rétrécie en arrière, à base large et plane, avec saillie de l'extrémité du plastron, elle est subcarénée et rostrée en arrière; son périprocte arrondi est peu développé, son péristome assez éloigné du bord. Les ambulacres paraissant étroits sont composés de pores elliptiques, en circonflexe, disposés par paires très rapprochées, mais non conjugués entre eux. UEchinocorys ovalis rappelle un peu par sa forme surbaissée V Echinocorys mattsensis de l'Éocène, mais il n'en a ni la forme ovale, élargie en arrière, ni les ambulacres à pores ronds. Il est en réalité plutôt voisin de VEchinocorys Cotteaui, surtout de la Variété sur- baissée ci-dessus décrite; il en diffère cependant par les bords moins arrondis de sa face inférieure et la forme de ses pores, encore plus serrés, plus allongés et nettement disposés CRETACES DE LA BELGIQUE 95 en circonflexe. Par sa forme générale Echinocorys pyrenaicus se rapproche peut-être encore davantage de VEcJiinocorys ovalis, mais les deux espèces, appartenant par leurs ambulacres à deux sections différentes, ne sauraient être utilement comparées. h' Echinocorys ovalis a été recueilli dans le terrain crétacé supérieur de Vincentown (New-Jersey). C. — ESPÈCES NOMINALES Galea niendorpiensis Klein, 1734 [Natur. disp. Echinod., p. 27). — Espèce nomi- nale, créée sur l'inspection de la figure 7, Tab. II, publiée en 1720 par Melle et avec la diagnose suivante : quatuor ordinihus geminatis et inmctatis. C'est-à-dire que Klein caracté- risait son espèce par la présence de quatre ambulacres seulement, composés dans chaque portion de l'aire d'un seul pore rond par plaque. C'était une interprétation erronée d'une figure assez grossière de YEchinites niendorpiensis de Melle, lequel avait probablement ses pores disposés par paires très rapprochées, en sorte que le dessinateur ne les a indiqués que par un seul point, de même qu'il a figuré par un seul point les paires de pores, situées au delà des pétales, chez le Gibbaster de la figure 4 de la même planche. Quant à l'absence d'un ambulacre, non signalée par Melle, c'est le résultat d'une simple méprise de la part de Klein. Melle, en effet, avait figuré, à l'appui de sa théorie sur la formation des silex, un moule siliceux agathisé, moitié opaque et moitié transparent. Dans la figure, représentant l'individu de trois-quarts, on ne voit naturellement que quatre ambulacres directement ; le cinquième n'est vu que par transparence, mais il est indiqué par de très fines hachures, qui ont évidemment échappé à Klein ; et ce dernier, s'imaginant que l'ambulacre antérieur gauche, vu par transparence, faisait défaut, a institué son espèce sur cette méprise. L'erreur a été suivie par Leske, qui, en reproduisant la figure de Melle, à la planche LIV de ses Additamenta (Fig. 1 et p. 118), n'a plus indiqué les légères hachures dessinant le cinquième ambulacre. Il n'a donc pas hésité à lui maintenir le rang d'espèce sous le nom à'Echinocorytes qiiaterradiatus , qui doit rentrer dans le néant dont il n'aurait jamais dû sortir. Galeola undosa Klein, 1734 {Natur. disp. Echinod., p. 28, Tab. XVII, Fig. «, Z*). — Petite espèce de la Craie d'Angleterre, de la forme de Y Echinocorys vidgaris, avec ambulacres composés de très petits pores très serrés. Elle n'appartient donc pas au genre Galeola, tel que je le comprends, mais est un véritable Echinocorys. Il m'a été impossible d'identifier exactement l'individu figuré par Klein, moule siliceux, revêtu de son test seulement en dessus, avec aucun des petits Echinocorys connus de la Craie d'Angleterre ou même du continent. Peut-être s'agit-il seulement d'un jeune de X Echinocorys vidgaris. Dans le doute, l'espèce m'a paru devoir être au moins provisoirement supprimée. Echinocorytes pustulosus Leske, 1778 [Additamenta ad Kleini disp. Echinod., pp. 180-118, PL XVI, Fig. A, B). — Nom proposé par Leske pour désigner une catégorie 96 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES de moules à'Echinocorys, mentionnés par Klein sous un vocable plurinominal : Gaîea txniis laceris olim variolatis (Nat. disp. Echinod., p. 27, Tab. XVI, Fig. A, B, 1734). L'espèce était fondée sur une erreur d'observation et la croyance que les pores étaient remplacés chez elle par des saillies. Le savant auteur des Additamcnta avait cependant compris que les prétendues saillies n'étaient que la matière de remplissage des pores : pori... in pustulam miitati. On s'étonne qu'après cette remarque il ait maintenu une espèce évidemment sans valeur. Leske semble avoir seulement trouvé commode ce nom pour désigner tous les moules en silex alors connus, quelles que soient leurs différences. C'est ainsi qu'il assimile au fragment figuré par Klein des formes complètement différentes figurées par Plot, Morton, Melle, etc. Aucune de celles-ci ne m'a paru suffisamment caractérisée pour servir de type à une forme déterminée, qui aurait conservé le nom de piistulosus. Lamarck paraît avoir conservé un Ananchytes pustulosa en prenant pour type de sa description les Figures 14 et 15 de la Planche 154 de l'Encyclopédie, c'est-à-dire une forme inconnue de Leske et, selon moi, spécifiquement différente. Je ne pouvais donc maintenir dans la méthode une espèce pustulosa, différente de celle de Leske, et j'ai dû rejeter en partie l'espèce de Lamarck dans la synonymie de YEcliinocorys conicus Agassiz [Ananchytes). Echinites ursinus Schlotheim, 1813. — Il paraît, d'après la synonymie de VEchino- corys vulyaris donnée par d'Orbigny, que Schlotheim aurait appliqué ce nom (Jahrb. 1813, p. 110) à une forme voisine de VEchinocorys ovatus. Schlotheim, qui la cite lui-même dans son Die Petrefactenkunde (p. 310, 1820), l'assimile confusément aux E. scutafus et E. ovatus de Saltholin. Ananchites rustica Defrance, 181G. — Espèce probablement nominale, attribuée à Defrance par divers auteurs, notamment par Agassiz, d'Orbigny, Desor et tous ceux qui depuis ont aveuglément copié ces derniers. h'Anandiites rustica paraît avoir été en effet à l'origine un simple nom de collection, sans doute donné par Defrance à certains Echinocorys, plus ou moins voisins de YEcliinocorys gihbus. On voit ce nom mentionné d'abord par Schlotheim en 1820 (Die Petrefactenkunde, p. 321), puis par Agassiz en 1847 (Catal. raisonné, p. 136), mais sans renvoi à un ouvrage déterminé. C'est d'Orbigny, en 1853, qui porte pour la première fois, en .synonymie de son Echinocorys vulyaris, la mention d'un Ananchites rustica. Defrance, 1816, id., p. 41 (Paléont. franc. Crét. VI, p. 62). Cette mention, id., p. 41, se rapportait à l'ouvrage cité immédiatement avant, c'est-à-dire au Dictionnaire des Sciences naturelles, T. II, Suppl., p. 41. Or cet id. malencontreux n'était qu'un lapsus échappé à la plume de d'Orbigny, car il n'existe au Dictionnaire des Sciences naturelles aucune trace à'Ancmchites rustica. Desor, rencontrant la mention erronée de d'Orbigny, s'est imaginé compléter une référence en citant la prétendue espèce de Defrance et en ajoutant le renvoi à la page 41 du Supplément du tome II du Diction- naire (Synopsis, p. 331). Il est curieux de constater que depuis lors tous les auteurs, même les plus sérieux, se sont recopiés de confiance, en établissant leur synonymie sans avoir la simple curiosité de se reporter à l'ouvrage original. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 97 Ananchites carinatus Risso, 1826 [Rist. nat. des princip. productions de l'Europe mérid... de Nice et des Alpes marit., T. V, p. 282). — Cette espèce, certainement ditférente de Y Ananchites carinatus Defrance et probablement de V Ananchites carinata Lamarck, est impossible à reconnaître avec la diagnose insuffisante de son auteur. On peut seulement conjecturer qu'il s'agirait plutôt d'un Holaster ou d'un Cardiaster que d'un Echinocorys. Ananchites rotundatus Risso, 1826 [op. cit., Hist. nat. Europe mérid., T. V, p. 283). — Autre espèce non figurée, dont l'interprétation est aussi à peu près impossible. La diagnose semble même se rapporter mieux à un Discoïdes qu'à un Echinocorys. Ananchites Stella Risso, 1826 (o^, cit., Hist. nat. Europe mérid., T. V, p. 283, PI. VII, Fig. 39). — Il s'agit d'une production marine, indiquée comme fossile, mais qui n'est même pas un Échinide. Ananchites intumescens Phillips, 1829 [Illust. ofthe Geol. of Yorkshire, p. 191). — Espèce nominale proposée sans aucune description ni figure. Ananchites Eudesii Sorignet, 1850 [Oursins fossiles de deux arrondissements du département de l'Eure, p. 71). — Espèce créée sur une anomalie de l'apex assez fréquente chez les Echinocorys et que j'ai trouvée chez plusieurs espèces. Par suite du développement de la plaque criblée, les plaques suivantes sont rejetées en arrière et ne correspondent plus avec celles du cô.té opposé. Les ocellaires paires antérieures se trouvent ainsi faire respec- tivement face à des génitales. On ne saurait fonder une espèce sur de simples anomalies individuelles de cette nature. Ananchites orbicularis Blanckenhorn, 1890 [Bas Eocan in Syrien. — Zeitschr. d. Deutsch. geol. Gesellschaft. Jahrg. 1890, p. 317). — Espèce non figurée, créée pour un moule en silex recueilli en Syrie par M. Livonian et considéré comme éocène ; ce qui pourrait bien être le résultat d'une erreur d'observation stratigraphique (Voir Gauthier : art. Échinodermes : Annuaire géol. universel, T. VII, 1890, paru en 1892, p. 1068). CHAPITRE IV TABLEAU SYNONYMIQUE DES DIVERSES ESPÈCES D'ECHINOCORYS ET DE GALEOLA DÉCRITES OU ÉTUDIÉES PAR LES AUTEURS J'ai examiné le plus grand nombre d'ouvrages et de figures qu'il m'a été possible, et j'ai cherché à rapporter les espèces décrites ou étudiées par les auteurs, à celles ci-dessus énumérées, toutes les fois que j'ai cru raisonnablement pouvoir le faire. La liste suivante est cependant incomplète et n'ayant pas à ma disposition, en province, tous les ouvrages dans lesquels se trouvent mentionnés des Echinocorijs, j'ai dû omettre plusieurs citations, ou en reproduire sur la foi d'autrui. J'indiquerai d'ailleurs toujours l'auteur auquel une citation est empruntée quand je n'ai pu contrôler moi-même le texte ou les figures originales. Certaines personnes donnent, des espèces qu'elles étudient, des synonymies très étendues et reproduisent toutes les mentions possibles, même de simples noms relevés dans des listes. Cet exemple ne m'a pas paru devoir être suivi ici. Ce serait faire nn vain étalage d'érudition que de rappeler des mentions qui échappent par leur nature à toute interpré- tation et ne peuvent être utilement vérifiées. Je me suis donc uniquement préoccupé ici des ouvrages contenant sur les Echinocorys et les Galeola des figures, des descriptions, ou des renseignements intéressants, renvoyant pour le surplus aux synonymies très complètes par MM. Cotteau, de Loriol et Wright, dans les ouvrages suivants : Cotteau : Echinides du département de la Sarthe. — Paris, Baillière 1860, p. 301. De Loriol : Echinologie helvétique, IP partie : Echinides de la Période crétacée. — Genève, Georg., 1873, p. 308. Wright : Monograph on the fossil Echinodermata from cretoceous formations vol. L — London, Paleontograph. Society, 1882, p. 328. J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉGHINIDES CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 99 Je suivrai pour l'examen des ouvrages analysés l'ordre chronologique, suivant l'usage constamment adopté en matière de synonymie. Je terminerai ce chapitre par un essai d'interprétation des moules jadis exécutés sous la direction de M. Agassiz par les soins de l'Administration du Musée de Neuchâtel. 1565. (Echinites) Conrard Gesner : De rerum fossilium, lapidum et gemmarwn, etc., p. 166 verso, Fig. 2 et p. 167 rect. (Cet ouvrage est plus connu sous le titre de : De figuris lapidum). — La figure de Gesner est très imparfaite et l'on pourrait être tenté de l'attribuer à un Comdus; cependant ce que nous dit l'auteur de sa taille s'accorde mieux avec l'interprétation proposée ici et qui est conforme à la tradition (de Laet, Leske). En effet, cette figure, ayant été reproduite par Aldrovande, a été ensuite rapportée par Leske à son Echinocorys ovatus. L'auteur semble avoir interposé les chiffres de ses figures et c'est évidemment à la seconde que s'applique cette primitive description comparative, altior et turbinatior. L'origine de cet Echinites est inconnue et il est impossible de l'assimiler avec certitude à une espèce déterminée. Il n'y pas de motif bien sérieux pour le séparer de YEchinoconjs ovatus. Peut-être cependant la forme très anguleuse des bords tendrait-elle à le rapprocher surtout de YEchinocorys viilgaris, var. striata. C'est à l'occasion de cette espèce que Gesner a créé le terme Echinites, qui dans sa pensée ne s'applique pas à un genre particulier, mais est appelé à désigner un oursin fossile. Le mot a été conservé avec cette acception par tous les anciens auteurs et par Leske lui-même, bien que ce dernier l'ait aussi employé avec un sens générique restreint, à mon avis tout à fait inacceptable ('). 1624. Brontia Adam Olearius : Gottorsische Kunstkammer .... Schlesivig, p. 33, Tab. XX [Teste Klein : Natural disp. Echinod., p. 20). 1647. De Laet : De gemniis et lapidibus, pp. 161, 162, 163. — L'auteur, après avoir discuté sur les noms de Chelonitis, Brontia et Omhria, a pris le parti de n'en donner (1) Le genre Echinites Leske, 1778, tombe en majeure partie en synonymie des genres Echinoconus Breynius, Conulus et Discoïdes Klein; il ne saurait donc être conservé qu'en le limitant à la deuxième espèce décrite, c'est-à-dire en le considérant comme identique au genre plus moderne Hohctypus d'Agassiz, et en le comprenant tout autrement que ne l'a fait Duncan dans sa fâclieuse tentative de réintégration. 100 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES aucun aux individus par lui figurés. Les deux premières figures représentent des moules en silex et ne sont pas mauvaises pour l'époque ; celle de la page 161 se rapporterait assez bien à la Variété petasata de YEchinoconjs ovatus; celle de la page 162 serait plutôt ['Echinocorys gibhis. Les Figures de la page 163 sont plus confuses et d'une interprétation à peu près impossible. Aucune localité n'est indiquée. 1648. Echinites Aldrovandus : Muséum nietaUiaim. — Bononiœ, pp. 454 et 455, Fig. 3, 5, et 10. — Ces figures sont trop mauvaises pour être d'une interprétation certaine, et Leske lui-même n'a pas osé en proposer pour les figures 3, 4. Je crois devoir imiter sa réserve. La Figure 5 était rapportée par le savant commentateur de Klein à son Echinoco- rytes minor, mais elle est trop défectueuse pour pouvoir être correctement interprétée. Quant à la figure 10, c'est une reproduction un peu agrandie de celle de Gesner, dont il vient d'être ci-dessus question. 1676. Echinites [radiorwn pundis, etc.) Plott : Natiiral histonj of Oxfordshire, etc., Oxon, § 36, Tab. II, Fig. 14. — Moule siliceux beaucoup plus rétréci en arrière que ceux des espèces connues et qu'il serait présomptueux d'attribuer plutôt à YEchinocorijs vulgaris qu'à VEchinocorys ovatus. Klein en avait fait une espèce particulière sous le nom de Galeola Ploti ; Leske l'a réuni à son Echinocorytes pustidosus. Echinites {pundis p-ominentibus) Plott : op. cit., Tab. III, Fig. 1,2. — Moule en silex, allongé, rappelant un peu la forme de VEchinocorys meiidonensis, provenant, comme le précédent, des environs d'Oxfort, réuni par Klein à son Galeola Ploti et par Leske à son Echinocorytes pustidosus, mais ne pouvant être correctement interprété. 1678. Echinites [radiorum pundis, etc.) Lister : Historiœ Animal. Anglim très tradatus. Londini, p. 225, tit. 29, Tab. VII, Fig. 29. — Reproduction de l'espèce de Plott. Tab. II, Fig. 14. Echinites {pundis prominentibus) Lister : op. cit., Tab. VII, Fig. 30. — Reproduction de l'espèce de Plott, Tab. III, Fig. 1, 2. 1681. (Helmet stone) Grew : Mus. regalis Soc. London, p. 259 {Teste Leske, pp. 179 et 182). CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 101 1G99. Echinites galeatus vulgaris Lhwyd : Lithop. brit. Ichnograp. London, p. 46, N° 951, Tab. VIII. — Forme hémisphérique à base large, plane et bords anguleux, de la Craie de Gravesend (Kent). A défaut d'individus identiques de Gravesend, je n'ai pas osé rapporter cette espèce, dont l'auteur a plutôt donné un profil qu'une figure, à l'une des Variétés de VEchinocorys vulgaris, de préférence à l'une de celles de YEchinocorys gibhtis. Breyn l'avait réuni à son Echinocorys vulgaris et Leske à une Variété de son Echinocorys scutaius. Brontia ovalis Lhwyd : op. cit., N° 954. — L'auteur donne ce nom de Brontia ou Ombria aux moules en silex figurés par Plott. Ce terme Brontia, emprunté à Pline, employé par Agricola, prêtait déjà à une regrettable confusion du temps de Gesner. Mercati en faisait un Echinoconiis et Aldrovande une géode. Lachmund a le premier figuré sous ce nom, en 1669, un Echinoconus et probablement un Conodypeus. En admettant que ce terme puisse être retenu, il ne saurait donc s'appliquer à un Echinocorys. Quant au terme Ombria, Gesner l'avait, dès 1565, appliqué à un moule en silex paraissant représenter un Pltymosoma. 1705. (Helmetstone) Hook : The posthumons Works. London, p. 284, Tab. II, Fig. 4, et Tab. III, Fig. 7 {Teste Leske, pp. 179 et 182). 1712. Echinites galeatus Morton : [The Natural hist. of Northampton-shire. London, p. 335, Tab. X, Fig. 12.) — Moule en silex vu en dessus et par conséquent d'une interpré- tation assez difiicile, mais paraissant assez exactement se l'apporter à YEchinocorys vulgaris. Leske l'a rapporté avec d'autres moules en silex à son Echinocorys ptistulosus (Addit., p. 180). 1716. Scheuzer : Muséum diluvianum, p. 88, N°' 851-854 (Tes^e Leske : Addit., p. 117). 1717. Hellwings : Lithographia Angerburgica. Regiomenti, p. 70, Tab. VIII, Fig. \% [Teste Leske : Addit., p. 182). 102 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES 1718. Echinites galeati Melle : De Echinitis Wagricis. I.ubecae, p. 14. Tab., Fig. 1, 7^ 8. Le.s figures 7 et 8 représentent un moule en silex, à pores très écartés en dessus, et d'une interprétation bien difficile ; Leske l'a cependant rapporté à son Echinocorytes pusfidosus. Quant à la figure 1, elle a bien la physionomie de VEcJiinocorys ovatus, auquel Leske la déjà rapporté (Addit., p. 179). Echinus {marinus petrificatus) Mylius : Memorahilium Saxonias fiiihterranex, pars II, Leipzig, p. 167, Tab. B, Fig. G, 7, 8. — Figures trop défectueuses pour pouvoir être correctement interprétées. 1720. Echinites galeati Melle : De lapidihus fiyuratis agy-i litorisque Luhescensis. Lubecaî, p. 26, Tab. IV, Fig. 1, 7 S. — Simple reproduction de la planche de 1718. Echinites niendorpiensis Melle : op. cit., p. 28, Tab. II, Fig. 7 est, d'après l'auteur, un moule de son Echinites (jaleatus en silex agathisé, à demi translucide. La figure, d'ailleurs médiocre, ne représente donc l'ambulacre IV que vu par transparence. Les auteurs subséquents ont cru qu'il y avait atrophie de cet ambulacre et ont fait de cet individu une espèce ou un genre; (^ eut Y Echinocorytes quaterradiatus àe Leske (Addit., p. 118). 1732. Echinocorys vulgaris Breynius : Dissertafio physica de Polythalamiis. De Echinis et Echinitis Schedinsma, Gedani, p. 58, Tab III, Fig. 1, 2. Individu de Gravesand (Kent), Type du genre Echinocorys; il est subhémisphérique, à base plane et bien tubercule en dessus (Voir la reproduction, PI. I, Fig. 1 et 2). — Leske en a fait une Variété de son Echinocorys ovat-us (Addit., p. 177). Echinocoryta quasi marmoreus, etc. Breynius : op. cit., Ta)o. III, Fig. 2, 3. — Petit moule en silex, de provenance inconnue, mais semblable à ceux des petits Echinocorys sulcatus de la région Baltique. Leske l'a confondu avec d'autres, sous le nom A' Echinocorytes minor (Addit., p. 183). 1734 (>). Cidaris-assulata Olearii Klein : Naturalis dispositio Echinodermatum. Gedani, p. 20, § 28, Tab. VIII, Fig. H. G. — Le premier est un fragment, d'origine inconnue, beaucoup trop incomplet pour pouvoir être interprété ; le second, de la Craie d'Angleterre, (•) La classification si remarquable proposée par Klein, qui est le vrai fondateur de la science Echinologique, s'impose même à ceux qui font dater l'Histoire naturelle de 175S, puisque cette classification a été soigneusement rééditée par Leske en 1778. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE i03 est lui-même en fort médiocre état. Il est impossible de comprendre pourquoi Klein a détaché ces deux individus de son genre Galea, pour les reporter parmi ses Cidaris, qui sont sans aucun rapport avec eux. Leske, dans son Commentaire, a signalé l'erreur et expliqué que ces individus devaient être reportés dans les Galea à^ Klein (Addit., p. 146). Klein assimilait à son Cidaris-assjilata Olearii le Brontias favogineiis de Worm, qui paraît être auti'e chose. Galea vertice-scutato Klein : op. cit., p. 27, § 63, Tab. XV, Fig. A. B. — Grand Echinocorys de la Craie d'Angleterre, qui doit son nom à la forme dn son apex. En raison du rétrécissement de sa base et de ses tubercules assez saillants en dessus, j'ai cru devoir le rapporter à la grande Variété de Y Echinocorys vuUjaris de la Craie à Micrader coran- gtiinuni. Leske en a fait le Type de son Echinocorys scidatiis; mais Lamarck le rattachait avec doute à son Ananchytès yihha. Galea vertice-nudo Klein : op. cit., p. 27, § 74. — L'auteur en signale deux Variétés : a. Wagrica. — C'est le grand Echinocorys de Lubeck, figuré par Melle et dont Leske a fait son Echinocorys ovatus. b. Niendorpiensis. — C'est le moule en silex translucide de Melle, dont Klein n'a pas su distinguer l'ambulacre IV vu par transparence. Galea Tœniis... variolatis Klein : op. cit., p, 27, § 65, Tab. XVJ, Fig. A. B. — Moule en silex, mutilé et mal conservé, paraissant appartenir à VEchinocorys vidgaris. Leske en a fait son Echinocorytes piistulosus et Lamarck son Ananchyfes pustulosa. Galeola papillosa Klein : op. cit., p. 28, § 67, Tab. XVI, Fig. C. D. — Petit moule en silex des environs de Dantzig, remarquable par sa forme surbaissée, un peu rostrée et l'écartement de ses pores à la face supérieure, surtout près de l'apex, caractères qui ne permettent pas de le séparer de ce que Goldfuss a plus tard nommé Ananchyfes corcidum. Leske en a fait le Type de son Echinocorytes minor et Lamarck celui de son Ananchytes semiglobus. (Voir la reproduction PI. I, Fig. 3). Galeola undosa Klein : op. cit., p. 28, § 68, Tab. XVII, Fig. a. b. — Petit Echi- nocorys de la Craie d'Angleterre, à bords plus arrondis et pores bien plus serrés' que le précédent avec lequel Leske l'a confondu, évidemment à tort, sous le nom cV Echinocorys minor. C'est simplement un jeune de VEchinocorys vulgaris. Galeola Plotii Klein : op. cit., p. 28, Note. — Espèce établie pour les moules en silex figurés par Plott, en 1676, mais d'une interprétation correcte à peu près impossible. IT35. Bytemeister : Bibliotltecse appendix, seii catal. appar. curios, etc. Tab. XXIIl, Fig. 270. [Teste Leske, qui le rapporte avec doute à son Echinocorytes ovatus. Addit., p. 180.) 104 .T. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES 1740. Bromel : Mineralogia et Lithographica Suecana, p. 51, Fig. Probablement YEch inocori/s sulcatus. 1754. Klein : Ordre naturel des Oursins de mer et fossiles, Paris. — Cette édition du Naturalis dispositio Echinodermatiim de 1734, avec traduction française, attribuée à La Chesnaye des Bois, reproduit les descriptions et une partie des figures de l'édition latine, au.x pages et planches suivantes : Cidaris-assulata Olearii, p. 58, Tab. V, Fig. A et Tab. IV, Fig. i. Galea vertice-scutato, p. 80, Tab. VllI, Fig. F. Galea vertice-nudo, p. 80. Galea tœniis variolatis, p. 80, Tab. VllI, Fig. G et IX, Fig. A. Galeola papillosa, p. 82, Tab. XVI, Fig. C (err. typ. IX, Fig. B). Galeola uudosa, p. 82, Tab. IX, Fig. C (err. typ. IX, Fig. D). Galeola Plotii, p. ^l. 1758. Schreber : Lithographia Halensis, p. 41. {Teste Leske, qui rapporte l'espèce citée à son Echinocorytes pustulosus. Addit., p. 182.) 1764. Echinites ovalis Isevis Abilgaards : Beschreibung von Stevens Klint, etc. Leipzig, p. 22, Tab. II, Fig. 1, 5. {Teste Leske, qui le rapporte à une Variété de son Echinocori/s scutatus. Addit., p. 177.) 1767. Davilla : Catalogue systémat ique et raisonné des curiosités de la Nature et de l'Art, Paris, 111, p. 179, n° 219. [Teste Leske, qui dit que cet auteur aurait réuni toutes les espèces alors connues en une seule. Addit., p. 178.) 1768. (Echinite ovoïde) Walch : Recueil de Monumens des Catastrophes, etc. Nuremberg, T. II, Sec. 1, p. 153, Tab. E, 1, Fig. 3, 4. — Moule en silex très écrasé et impossible à interpréter. Leske l'a reproduit Tab. XLII, Fig. 2, 3. (Echinide ovoïde, convexe et élevé) Walch, op. cit., p. 155, Tab. E. I. a, Fig. 4, de la Craie d'Angleterre. C'est la forme hémisphérique à base large et plane et tubercules sail- sants de la Craie à Micraster coranguinum. Les stries, d'après le texte, ont été sur la figure CRETACES DE LA BELGIQUE 105 exagérées par le dessinateur. Leske Ta rapporté à titre de Variété à son Echinoœnjs scutahis et Lamarck en a fait le Type de son Ananchijtes striata. (Echinite ovale, assez élevé) Walch : op. cit., p. 156, Tab. E. I. a, Fig. 5. — Moule en silex provenant d'Angleterre. Probablement une Variété surbaissée de VEchinocorys vulgaris; Leske l'a réuni à son Echinocorys ovatus (Addit., p. 179). 1774. (Ocean-egels Vyfblad) Van Phelsum : Brief aan... Cornélius Nozeman. Rotterdam, p. 37. — L'auteur mentionne sous ce nom le type de la Fig. A. B, PI. XV de Klein, dont Leske a fait son Echiyiocorys scutatus. (Zout-egels Knoestagtige) Van Phelsum : op. cit., p. 37, pour le Galeola papillosa Klein. (Zout-egels Gevlambe) Van Phelsum : op. cit., pour le Galeola imdosa, Klein. 1778 (•). Echinocorys scutatus Leske : Jacobi T/ieodori Klein JSaturalis dispositio Echino- dermatmn. Lipsiœ, p. 175, Tab XV, Fig. A. B (^). — A pour type le Galea vertice-scutato de Klein. J'en ai fait la Variété scutata de V Echinocorys vulgaris. Leske lui rapporte, comme Variété, le Type de la Fig. 4, Tab. E. I. a de Walch, refiguré par lui Tab. XLII, Fig. 4 et devenu le Type de VAnanchytes striata Lamarck. Ces deux formes ne sont d'ailleurs pour moi que des Variétés de VEchinocorys vulgaris. Leske rapporte encore à son Echinocorys scutatus l'Echinite ovoïde de Walch (Tab. E. I, Fig. 3. 4) qu'il a fait reproduire à sa Tab. XLII, Fig. 2, 3 et qui est selon moi d'une interprétation impossible. Echinocorytes ovatus Leske : ojj. cit., p. 178, Tab. LUI, Fig, 3. Le type figuré a été dessiné d'après les Figures de Melle et surtout des individus des environs de Leipzig, circa Goslar. Il est devenu l'un des types de VAnanchites ovatus de Lamarck. Klein lui rapporte le moule en silex figuré par Walch (E. I. a, Fig, 5), refiguré à sa Tab. XLII, Fig. 5, et qui paraît devoir être plutôt réuni à VEchinocorys vulgaris. Echinocorytes pustulosus Leske : op. cit., p. 180, Tab. XVI, Fig. A. B. — Créé pour le Type du Galea tœniis variolatis de Klein. Leske y rapporte la plupart des moules (1) Leske a réédité en tète de son ouvrage le Naturalis dispositio Echiiwdermattim de Klein ; mais il m'a paru superflu de reproduire ici toutes les mentions des Galea et Galeola, déjà données à l'année 1734. (") 11 y a de cet ouvrage deux éditions parues simultanément et ne différant que par le titre et la pagination. Celle citée comprend une réimpression du Naturalis disjwsitio de Klein et compte 278 pages. L'autre, sans cette réimpression, a pour tilre : M. G. Leske.,. Additamenta ad J. T. Klein Naluralem dispositionem Echinodermatum, avec 214 pages. Ce titre sert de sous-titre à l'autre édition, qui est la plus ordinairement citée. 14. - 1902. 106 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES en silex alors figurés par les auteurs. Son espèce est, en effet, mal caractérisée et semble destinée à comprendre tous les moules siliceux qui ne se rapportaient pas exactement à d'autres. Le type tombe en synonymie de YEchinocorys vvlgaris Breymus. Echinocorytes quaterradiatus Leske : op. cit., p. 182, Tab. LIV, Fig. 1. — Créé pour VEchinUes niendorpiensis de Melle, que Leske a mal reproduit, en omettant de dessiner l'ambulacre vu par transparence. Is'est probablement qu'un moule de YEchi)WCor\js ovatus. Echinocorytes minor Leske : op. cit., p. 183, Tab. XVI, Fig. C. D. — Essentiel- lement créé pour le Galeo/a papillosa de Klein. Ce lype est désigné aussi sous le nom de Yanéié papillosa. 11 a reçu depuis les noms cVAnanchytes senriglobiis Lamarck et à'Anan- chytes corcubim Goldfuss. La Variété undosa de Leske, p. 183, Tab, XVII, Fig. a, b, correspond exactement au Galeola undosa de Klein. Leske lui rapporte \ Echinocorytes quasi-7Ha)'nioreus de Breynius, qui est certainement autre chose et représente le jeune de YEchinocorys sulcatus de Danemark. Echinocorys dubia Leske, op. cit., p. 284, Tab. XLIV, Fig. 5. — Leske semble avoir pris pour un pore unique les deux très petits pores de cette espèce, qui ne paraît différer par aucun caractère de quelque importance du Galeola papillosa. 1789. Echinus scutatus Gmelin : Systema NaturiÊ, I, pars VI, p. 3184. — L'espèce est comprise comme YEchinocorys sctdaius de Leske et renferme le type de YEchinocorys mdyaris Breynius. Echinus ovatus Gmelin : op. cit., p. 3185. — L'espèce correspond à YEchinocorys ovatus de Leske, mais comprend en outre le Bioidias faiogimvs, qui est autre chose et probablement le Stenonia tuberculata des modernes. Echinus pustulosus Gmelin : op. cit., p. 3185. L'espèce correspond à YEchinocorys pustnlosiis de Leske. Echinus quadriradiatus Gmelin : op. cit., p. 3186. Pour YEchinocorys quaterra- diatus de Leske, espèce reposant sur une fausse interprétation d'une figure de Melle. Echinus minor Gmelin : op. cit., p. 3186. Pour YEchinocorys minor de Leske et le Galeola papillosa de Klein. Echinus papillosus Gmelin : op. cit., p. 3186. L'auteur a fait de la Fig. C. D. Tab. XVI de Leske une espèce particulière, sans remarquer qu'elle était déjà le Type de l'espèce précédente. Echinus undosus Gmelin : op. cit., p. 3186. Pour le Galeola undosa de Klein, jeune de YEchinocorys vulyaris. Echinus dubius Gmelin : op. cit., p. 3186. — Pour YEchinocorys duhius de Leske, qui ne diffère pas spécifiquement du Galeola papillosa Klein. CRETACES DE LA. BELGIQUE 1791. Bruguières : Enci/clopédie Métliodiqne. Vers EcJiinodermes, PI. 154 et 155. PL 154. Fig. 11 12. — Forme gibbeuse, à base rétrécie et bords arrondis, avec tubercules, non apparents en dessus. Lamarck, en raison de ses stries verticales, l'a réunie à son Ananchytes striata dont le type est cependant différent. Fig. 13. — Copie de V Echinocorys ovatus Leske. Fig. 14, 15. — Moule siliceux, plus tard confondu par Lamarck avec son Ananchytes pustidosa, et paraissant oiïrir les caractères de ce que Agassiz devait plus tard nommer Ananchites conicus. Fig. 16, 17. — Copie des figures A. B. Tab. XVI de Klein. PL 155. Fig. 1. — Copie de la figure 1 Tab. LIV de Leske. Fig. 2, 3. — Copie assez grossière des figures C. D. Tab. XVI de Klein. 1801. Ananchites ovatus Lamarck : Système des Animaux sans vertèbres. Paris, p. 548. Lamarck confond sous ce nom, avec le type de YEchinocorys ovatus de Leske, le moule en silex mutilé dont Leske avait fait son Echinocorys pustulosus. (Tab. VIII, Fig. G. de Klein, édit. franc.). 11 indique l'espèce comme fossile des environs de Paris. 1812. Echinocorys scutatus Parkinson : Organic remains of a Former World, III, p. 21, PI. 11, Fig. 4, de la Craie de Kent, présente bien les caractères de YEchinocorys vulgaris, mais ne saurait être confondu avec le type de YEchinocorys scutatus Leske, subglobuleux, à base rétrécie. Echinocorys ovatus Parkinson : op. cit., p. 22. Echinocorytes quaterradiatus Parkinson : op. cit., p. 22. — L'auteur anglais suppose avec raison que l'espèce ne repose que sur l'interprétation erronée d'une figure. Galeola papillosa Parkinson : op. cit., p. 22. — Remarquable par l'écartement de ses pores. Galeola undosa Parkinson : op. cit., p. 22. 1813. Echinites ursinus Schlotheim : in Jahrb., p. 110. {Teste d'Orbigny). 108 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES 1810. Ananchytes ovata Lamarck : Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres, Paris, t. III, p. 25, n" 1. — Le Type est la figure 3 de la Tab, LUI de Leske, reproduit dans l'Encyclopédie Méthodique, PI. 154, Fig. 13. L'espèce est signalée à Meudon. Ananchytes striata Lamarck : op. cit., p. 25, n° 2. — Le type de l'espèce est la Fig. 4. Tab. XLII de Leske, qui en faisait une simple Variété de son Echinocorys scutatus. Lamarck lui a réuni le type des fig. 11, 12 de la PL 154 de rEncyclopédie et un individu à peu près semblable recueilli en Picardie. Mais cet individu et la figure de l'Encyclopédie, ayant, aux stries verticales près, tous les caractères de V Ananchytes gihha, doivent lui être réunis et ne peuvent rester confondus avec le véritable Ananchytes striata, à large base et gros tubercules, de la Craie d'Angleterre, figuré par Walcb et Leske. Ananchytes gibba Lamarck : op. cit., p. 25, n° 3. — Créé pour un individu fossile de Normandie, auquel ont été identifiés par Lamarck divers moules en silex, notamment celui reproduit par Agassiz sous la notation T. 1. Lamarck n'a rapporté que sous toutes réserves, an? à son Ananchytes gihha YEchinocorys scutatus de Leske (Tab. XV, Fig. A. B.) qui, malgré une forme analogue, semble en différer par le développement de ses tubercules. Quant aux individus de cette espèce portant des stries verticales, Lamarck les confondait avec son Ananchytes striata, dont le type à large base et gros tubercules est bien différent de YAnanchytes gihha à base rétrécie, flancs convexes, paraissant lisses. Ananchytes pustulosa Lamarck : op. cit., p. 25, n" 4. — L'auteur confond sous ce nom divers moules en silex préfigurés; mais le type de l'espèce reste évidemment rjE/c/^wo- corijtes pustulosus Leske, ei YAnanchytes pusiîdosa tombe en synonymie de YEchinocorys vulgaris Breynius. Le spécimen jimius, que Lamarck rapportait à son Ananchytes pusttdosa, semble plutôt un moule en silex de YAnanchytes coniciis Agassiz. Ananchytes semiglobus Lamarck : op. cit., p. 27, n" 10. — Le type est le Galeola papillosa Klein, dont Leske avait voulu faire son Echinocoryfes niinor. Rien ne justifie le changement de nom proposé par Lamarck. Lamarck a en outre établi un Ananchites stihglohosus, espèce non publiée. D'après certains cartons du Muséum, on a groupé sous ce nom neuf moules en silex, dont un petit, à pores espacés, paraît appartenir à YEchinocorys sidcatus; la plupart des autres seraient des Echi)iocorys gihhus. Tous semblent avoir été ultérieurement réunis à YAnanchytes pustulosa. Galerites semiglobus Lamarck : op. cit., p. 22, n° 12. — Créé essentiellement pour le moule en silex de YEchinocorys ovatiis Leske (Tab. XLII, Fig. 5.), de la Craie d'Angle- terre. Lamarck confondait avec ce type un grand oursin des environs de Plaisance, ni décrit, ni figuré. Grateloup a confondu de son côté avec l'espèce de Lamarck une forme toute différente du Miocène de Montfort, qui est le Bypsoclypeus semiglobus. CRETACES DE LA BELGIQUE 109 Ananchites ovatus Defrance : Dictionnaire des Sciences naturelles, T. II, Supplem. p. 40. — Cité à Meudon, Bougival et Mantes. Ananchites carinatus Defrance : op. cit., p. 41. — Moule en silex de Champignelles (Yonne), remarquable par la saillie de sa carène postérieure et paraissant une simple Variété de VEchinocorys vulgaris. Le même nom à'Ananchytes carinata était en même temps donné par Lamarck à un Collijrites, figuré par Leske (Tab. LI, Fig. 2, 3), et avec lequel le savant Professeur confondait un Holaster des environs du Mans (Anim. s. vert. III, p. 26, n" 6). Le nom proposé par Defrance faisant double emploi dans le même genre ne peut à aucun point de vue être maintenu et Bayle a proposé à tort sa réinté- gration. 1820. Echinus scutatus major Schlotheim : Die Petrefactenkunde, Gotha, p. 309, de Saltholm. Les individus désignés appartiennent certainement à VEchinocorys sulcatus et n'ont aucun rapport avec la synonymie donnée. Echinus scutatus minor Schlotheim : op. cit., p. 310. — Cité de Coesfeld et Aix-la-Chapelle. La synonymie donnée indique que l'auteur confondait des formes très différentes. (Ananchita pustulosa) Catullo : Memoria sopra gli Animali marini nella provincia Veronese. Append. I. — Giorn. di Fis. Chim. di Pavia Bim. IV, 1820. {Teste Catullo : Append. II, p. 8). 1821. Echinocorys ovatus Mantell : Geological trans., III, p. 201. {Teste d'Orbigny) (*). 1822. Ananchites ovata Brongniart : Description géologique des environs de Paris, pp. 15 et 390, PI. V, Fig. 7 A. B. C. D., cité à Meudon et Bougival. Ananchites hemisphaerica Brongniart : op. cit., pp. 15 et 390, Fig. 8 A. B. C. des environs de Joigny (Yonne), est un moule en silex de moyenne taille, que l'auteur rapproche de \ Ananchytes pustulosa Lamarck. L'espèce de Brongniart ne paraît pas différer de Y Ananchites carinata Defrance {non Lamarck), ni par conséquent de VEchinocorys vulgaris Breynius. Echinocorys scutatus Mantell : The foss. of the Soidh Doivns, or illustrations of C) Cotteau a copié celte indication, mais Wright indique la page 205 et comme année de publication seule- ment 1829. no J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES the Geologij of Sussex, p. 191. — Cité à Lewes et Brighton (Sussex). Le type serait la Fig. 4, Pi. 11 de Parkinson, par conséquent rjEcZ/mocor^s vulgaris. Ananchytes ovata Parkinson : Outtines of Onjctology, p. 144. Ananchytes striata Parkinson : op. cit. — A pour seul type la Figure 4, Tab. XLII de Leske. C'est l'interprétation de l'espèce de Lamarck ci-dessus proposée. Ananchytes gibba Parkinson : op. cit., p. 144. Ananchytes pustulosa Parkinson : op. cit., p. 144. Ananchytes semiglobus Parkinson : op. cit., p. 145. L'auteur reproduit en outre PI. 11, Fig. 9 et 12, le Galeola undosa de Klein. Ananchites globosa Catullo : Appendice 2° alla memoria sopra gli animait inarini, etc., p. 8. Espèce établie dans un premier appendice; je ne la connais pas. Ananchites concava Catullo : op. cit., PI. Vil. Cet Echinide a son apex évidemment compact et n'est pas un Ec/iinocorgs. 1824. Ananchites striata Bory de Saint- Vincent : Tableau Encyclopédique et Méthodique des trois règnes de la Nature. Vers, Coquilles, etc. T. I, p. 143. (Explication des planches de l'Encyclopédie). Pour les Fig. 11, 12 de la PI. 154. L'individu figuré n'est qu'un exemplaire à stries verticales de V Ananchites gibba. Ananchites ovata Bory de Saint- Vincent : op. cit., pour la Figure 13, PI. 154, copie du tj'pe de Loske. Ananchites pustulosa Bory de Saiut- Vincent : op. cit,, pour les Figures 14, 15 de la PI. 154. Individu de petite taille différent du type. L'auteur rapporte à la même espèce les Fig. IG, 17 de la même planche, copies du type de Leske. Ananchites semiglobus Bory de Saint- Vincent op. cit., pour les Fig. 2, 3 de la PI. 155, — La Fig. 1 de la même planche est rapportée à un Ananchites ? Ananchytes ovata Deslongchamps : Mollusques et Zoophytes, T. II, p. 61, n" 1. {Teste Cotteau). Ananchytes striata Deslongchamps : op. cit., p. 62, n° 2. Ananchytes gibba Deslongchamps : op. cit., p. 62, n° 3. Ananchytes pustulosa Deslongchamps : op. cit., p. 62, n° 4. Ananchytes semiglobus Deslongchamps : op. cit., p. 63, n" 10. 1825. Ananchytes ovatus Desnoyers : Mémoire sur le Cotentin, p. 27. {Teste d'Orbigny). Echinocorys ovatus Gray : An attempt to divide the Echinida, etc. Annals of Philo- sophy n. ser. vol. X, 2«-' p. 429. La citation se rapporte au type de Leske. CRETACES DE LA BELGIQUE 1826. Ananchytes ovatus Goldfuss : Petrefada Miisei TJniversitatis Beçjisg Borussics Rhenanœ Bonnensis. Dusseldorf, p. 145, Tab. XLIV, Fig. 1 ('), de la Craie de Coesfeld, est identique au type de YEchinocorys ovatus Leske. Ananchytes conoideus Goldfuss : op. cit., p. 145, Tab. XLÏV, Fig. 2, de la Craie d'Aubel (Limbourg), type de l'espèce. Ananchytes striatus Goldfuss : op. cit., p. 145 et 140. L'auteur confondait les Ananchytes striata Lamarck, Ananchytes gihba Lamarck et Ananchytes hemisphœrica Bron- gniart en une espèce unique, à laquelle il laisse le nom de la première ; mais il en modifie complètement la diagnose et cette espèce, elata, clorso subretuso, devient pour lui ventricosa, c'est-à-dire qu'elle prend la diagnose de ï Ananchytes gihha, dorso ventricosa retusa. Cette interprétation de l'espèce de Lamarck pouvait paraître d'autant plus légitime, que cette espèce avait été établie sur deux types différents n'ayant de commun que la présence de stries verticales accidentelles. Goldfuss a choisi pour l'espèce le second type, c'était parfaitement son droit du moment qu'il réunissait ensemble les deux espèces striata et gibba. Mais si l'on veut aujourd'hui les distinguer comme je le propose, il faut nécessairement reprendre pour V Ananchytes striata le premier type, celui des figures de Walch (E. I. a, F. 4) et de Leske (Tab. XLII, F. 4) de la Craie d'Angleterre, et YAnanchjtes striata Goldfuss = Ananchytes striata Lamarck {pars) rentre dans la synonymie de YEchi- nocorys gihbus — Goldfuss a distingué de son espèce deux Variétés : 1° Spécimen subglobosum p. 146, Tab. XLIV, Fig. a, b, c, qui diffère sensible- ment du Type de Y Ananchytes gibba par sa taille et la largeur de ses ambulacres, en sorte que l'on pourrait en faire une espèce particulière qui doit retenir le nom donné par Goldfuss, YAnanchytes snbglobosus de Lamarck n'ayant jamais été publié et ayant été appliqué aux formes les plus diverses. 2° Varietas marginata, p. 146, Tab. XLIV, Fig. d, e, f. Cette forme, absolument différente de la précédente et caractérisée par sa large base avec bords étroits, parfois saillants en avant, n'a aucun rapport avec YAnanchytes gibba; elle rappelle plutôt la forme de certains Ananchytes striata, mais ne saurait selon moi leur être réunie. Ses véritables affinités sont avec YEchinocorys ovatus auquel je la rattache, à titre de Variété. Goldfuss cite ces deux Variétés sans distinction à Aix-la-Chapelle, Maestricht et Quedlinburg. Ananchytes sulcatus Goldfuss : op. cit., p. 146, Tab. XLV, Fig. 1, a,b, c. L'espèce est citée de Maestricht et d'Aix-la-Chapelle. M. Schluter a prouvé depuis longtemps que c'était là une erreur et que le type de l'espèce provenait de Stevensklints. Il est très C) Le grand ouviage de Goldfuss, dont la première partie contenant les Echiuides a paru en 1826, porte deux titres, dont le second : Petrefada Germanise tain ea quse in Museo Vniversitatis Beyise, etc., est le plus connu, et l'ouvrage est ordinairement cilé simplement sous le nom de Petrefada Germanise. 112 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES diiFérent des formes à assules convexes que l'on peut rencontrer à un niveau bien inférieur dans la Craie du Limbourg et caractérise le Danien de la région Baltique. Goldfuss rapportait au type de son espèce un moule de forme surbaissée (Tab. XLV, Fig. 1, d, e), tout à fait différent et qui provenait probablement du Limbourg. Un moule tout semblable a été retrouvé en Belgique dans le Poudingue de Cuesmes et se rapporte certainement à mon Echinocorys helgicus. Ananchytes corculum Goldfuss : op. cit., p. 147, Tab. XLV, Fig. 2, delà Craie de Coesfeld. Cette espèce, pour la première fois réellement bien décrite et figurée avec le test par Goldfuss, ne saurait cependant être distinguée des moules en silex préfigurés par Klein et Leske ; elle doit reprendre le nom de Galeola papillosa. 1828. Ananchytes obliqua Nilsson : AntecLninf/ar, etc., 4" hiiftet, p. 171 [Teste Lund- gren). 1829. Ananchytes ovatus Phillips : lilustmtiuiis of t/ie Geologi/ of Yorkshire, p. 119. Ananchytes hemisphœricus Phillips : op. cit., p. 119. Ananchytes intumescens Phillips : op. cit., p. 119. Sans description ni figure, nomen nuclum. Une deuxième édition de cet ouvrage, avec les mêmes mentions, a paru en 1835 (l'-^part., p. 91.) Ananchytes obliqua Hisinger : Esquisse d^un Tableau des pétrifications de la Suède, p. 20. [Teste Lundgren). 1830. Ananchytes ovatus Hartmann : Foss. du Wurtemberg, p. 48, n° 5. [Teste Cotteau). Ananchites ovatus de Blainville : Dictionnaire des Sciences naturelles, T. GO, p. 187, Zooph. PI. XII, Fig. 1. Cette figure est la première représentation de l'espèce de Meudon, à larges ambulacres, à laquelle j'ai donné le nom à'Echinocorgs meudonensis. Ananchites striatus de Blainville : op. cit., p. 187. Ananchites pustulosus de Blainville : op. cit., p. 187. Ananchites minor de Blainville : op. cit., p. 187. Pour Y Ananchites semiglobus Lamarck, auquel l'auteur restitue le nom donné par Leske, sans remonter jusqu'à Klein, ni adopter le nom proposé par ce dernier. Les Ananchytes carinatus Risso [non Lamarck, nec Defrance), Ananchytes rotundatus Risso et Ananchytes Stella Risso, ne sont pas des Echinocorys. U Ananchytes carinatus Defrance est rejeté dans la synonymie de Y Ananchytes pustulosus. CRETACES DE LA BELGIQUE 113 Echinus ovatus Cuvier : Le Bègue Animal (2^ édition), T. III, p. 236, pour l'indi- vidu figuré par Brongniart. Echinus scutatus Cuvier : op. cit., p. 230, pour le moule indéterminable figuré par Walch(E. I, a, Fig. 1, 2). Echinus pustulosus Cuvier : op. cit., p. 236, même type que celui de Leske. Echinus papillosus Cuvier : oj}. cit., p. 236, même type que le Galeola papillosa Klein. Echinus quadriradiatus : op. cit., p. 236, pour le Galea niendorpiensis de Klein. 1831. Ananchytes carinatus Bronn : Italiens Tertiàr-Gebilde, p. 133, de Nice? Ananchytes ovata Hisinger : Tableau des Pétrifications de la Suède, p. 24. {Teste de Loriol.) 1834. Ananchites ovatus de Blainville : Manuel d'Actinologie, p. 205, PI. XV, Fig. 1. Reproduction de la Fig. de la PI. XII du Dictionnaire des Sciences naturelles ; représente mon Eckinocorijs meudo)ien.sis. Ananchites striata de Blainville : op. cit., p. 205, comprend les deux types déjà confondus par Lamarck: Ananchites pustulosus de Blainville : op. cit., p. 205, même type que YEchinocorys pustulosus de Leske = Echinocorys vulgaris. Ananchites minor de Blainville : op. cit., p. 205; a pour type le Galeola papillosa Klein. Ananchites gibbus de Blainville : op. cit., p. 205, est compris comme par Lamarck. Les trois dernières espèces sont placées dans un sous-genre différent des deux premières, sous le nom YEchinocorys. 1835. Ananchytes ovata Agassiz : Prodro?ne d'une Monographie des Radiaires (Mém. Soc. d'Hist. nat. de Neuchatel, T. I), p. 183. Ananchytes gibba Agassiz : op. cit. Ananchytes hemisphœrica Agassiz : op. cit. Ananchytes pustulosa Agassiz : op. cit., considéré seulement comme un moule de Y Ananchytes ovata, Ananchytes quadriradiata Agassiz : op. cit. Espèce imaginaire, considérée comme une monstruosité. Ananchytes ovata Grateloup : Mém. de Géo-Zoologie sur les Oursins fossiles. (Ext. 15. - 1902. 114 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, T. VIII), p. 59 (*). L'auteur confond certainement plusieurs formes sous ce nom. Ananchytes striata Grateloup : op. cit., p. IG2, PI. II, Fig. 9. L'espèce est singuliè- rement comprise, comme elle l'avait été par Goldfuss, et l'auteur lui identifie des individus de Tercis évidemment différents, paraissant identiques à la forme dont M. Seunes a fait son Echinocorys Aniaudi. Ananchytes gibba Grateloup : op. cit., p. 163, limité à la Variété marginata de Goldfuss et par conséquent très différent du type de Y Ananchytes gibba. On ne saurait dans ces conditions dire si l'individu de Tercis, que Grateloup avait en vue, se rapporte plutôt à YEcJiinocorys ovatiis qu'à une autre espèce. Ananchytes elliptica Grateloup {non Lamarck), op. cit., p. 61. La forme de la Craie de Tercis mentionnée sous ce nom par Grateloup est certainement sans rapport avec le type jurassique ; mais, en l'absence de figure et de description complète, il est impossible de se faire une idée de l'espèce de Grateloup. Ananchytes semiglobus Grateloup : op. cit., p. 62. L'espèce de Tercis, Angoumé, Rivières, Saint-Marcet, que Fauteur confond avec Y Ananchytes semiglobus de Lamarck, est complètement différente ; elle est devenue le type d'un Ananchytes semiglobus nouveau, mentionné ultérieurement par Desor et Cotteau, dont j'ai fait YEchinocorys Cotteatii et bien distinct de l'espèce de Lamarck qui est le Galeola papillosa. Ananchytes hemispherica Grateloup : op. cit., p. 62. Cette espèce n'a aucun rapport avec le type de Brongniart ; elle serait plus voisine du Ananchtjtes sidcattis Goldfuss que Grateloup veut lui réunir, mais en diffère par ses pores plus nombreux et plus serrés. J'ai créé pour cette forme, à assules convexes, de Rivière et Tercis, mais qui se retrouve dans le Limbourg, mon Echinocorys Duponti. Ananchytes conoidea Grateloup : op. cit., p. 63, PI. II, Fig. 8. L'espèce figurée sous le nom de Variété elato-depressa, conique, élevée, lisse, parquetée, de Dax, ou de Tercis, n'a aucun rapport avec Y Ananchytes conoidea de Goldfuss et s'en éloigne à première vue par la hauteur de ses plaques ambulacraires. Elle n'est guère comparable sous ce rapport qu'au Echinocorys Douvillei, mais n'en a pas la forme et devra probablement, mieux connue, constituer une espèce nouvelle. Ananchytes pustulosa Grateloup : op. cit., p. 63, PI. II, Fig. II, 12. La forme de Tercis, Rivière, Dax, Angoumé, est certainement différente du type de l'espèce de Leske, et, d'après les figures, elle représente seulement le moule de YEchinocorys Cotteaui. Ananchytes corculum Grateloup : op. cit., p. 65, PI. II, Fig. 19. L'individu de Rivière n'a aucun rapport avec Y Ananchytes corcidum de Goldfuss, et il paraît plutôt voisin de Y Echinocorys Duponti. (1) Il existe une certaine incertitude sur la date de cet ouvrage indiqué comme publié en 1836 et portant cependant à la page 87 la date d'août 1830. Des Moulins en ayant rendu compte en 1837, il est certain que l'ouvrage était publié dès avant celle date. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 115 1837. Ananchytes ovata Des Moulins : Etudes sur les Ecliinides (Fasc. III). p. 3G8, n° I. Ananchytes conoidea Des Moulins : op. cit., p. 370, n° 2. L'auteur lui réunit à tort VAnanr/n/fes carhiatus de Defrance et un Galerites {Conuliis) de Dax. Ananchytes striata Des Moulins : op. cit., p. 370, n" 3. Comprend des formes fort diverses, appartenant à des espèces différentes, à côté du vrai type de Lamarck et de la figure de Walch (E. I, a, Fig. 4). Ananchytes gibba Des Moulins : op. cit., p. 372, n" 4. Comprend aussi des formes très diverses, comme V Echinocorys scutatus Leske, la Variété marginata de Goldfuss et des individus de Ciply et de Dax qui ne devaient pas être identiques au type. Ananchytes pustulosa Des Moulins : op. cit., p. 372, n° 5. L'auteur déclare n'avoir pu se faire une idée précise de cette espèce, à laquelle il rapporte des moules divers d'Angleterre, de Dantzig, de Dax et de Vérone. Ananchytes hemisphœrica Des Moulins : op. cit. p. 374, n° 6. L'auteur a commis à l'occasion de cette espèce la plus extraordinaire confusion, en réunissant au type de Brongniart, de Joigny, Variété de VEchinocori/s vulgaris, non seulement le moule du Ananchytes sidcatus Goldfuss, qui est mon Echinocorys helgicus, mais des espèces appar- tenant à des genres tout à fait étrangers, comme le Clypeus hemisphœricus de Leske, à apex compact, lequel est à rejeter dans la synonymie des Conoclypeus. Ananchytes tuberculata Des Moulins {non Defrance) : op. cit., p. 374, n° 7. Des Moulins a confondu avec le type de l'espèce, qui est du Vicentin et appartient au genre Stenonia, V Ananchytes sidcatus de Goldfuss et aussi mon Echinocorys Dupont i. Ananchytes semiglobus Des Moulins : op. cit., p. 374, n° 8. Des Moulins a confondu avec le type de l'espèce, qui est le Galeola papillosa, V Ananchytes semiglobus Grateloup [)ton Lamarck) qui est mon Echinocorys Cotteaui. Ananchytes corculum Des Moulins : op. cit., p. 376, n° 9. L'auteur réunit au type, qui est le Galeola papillosa, des individus divers, notamment Y Ananchytes corculum Grate- loup qui paraît un jeune de mon Echinocorys Duponti. Ananchytes ovata Bronn : Lethea Geognostica. Stuttgart, p. 622, Tab. XXIX, Fig. 22. Le type figuré semble s'éloigner un peu de V Echinocorys ovatus et avec ses assules subconvexes se rapprocherait plutôt de VE. Duponti. Une 2' édition de cet ouvrage a paru en 1852. Ananchytes ovata Hisinger : Lethea Siiecica, p. 93, Tab. XXVI, Fig. 3 [Teste Lundgren). 1839. Ananchytes ovata Geinitz : Caract. der Schichten der sachs. Kreidegeh., p. 91 [Teste de Loriol). 116 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉCHINIDES Ananchytes ovata Agassiz : Descrqd. des Echinodermes foss. de la Suisse (l"'^ partie), p. 30, Tab. IV, Fig. 4, G. L'auteur réunit toutes les espèces en une seule et figure un individu subconique du Mutterschwandenberg. 1840. Ananchytes ovata Agassiz : Catalogus systematicus Edypornm Echinodermatum foss. Musei Neocomiensis, p. 2, de la Craie de Meudon. Ananchytes carinata Agassiz : op. cit., de la Craie du Boulonnais. Ananchytes crassissima Agassiz : op. cit., de Picauville. Ne me parait pas différer de VEc/iiiiocorijs conoidens. Ananchytes conica Agassiz : op. cit., de la Craie blanche de France. Espèce nouvelle, alors nominale. Ananchytes sulcata Agassiz : op. cit., de la Craie de Tours ? Erreur typographique. Tours a été inscrit pour Tercis. L'individu signalé, différent du type de Goldfuss, correspond à mon Eclmioconjs Diiponti. Ananchytes ovata Dujardin : 2'' édition des Anini. sans vertèbres de Lamarck, t. III, p. 316. Ananchytes striata Dujardin : op. cit. Ananchytes gibba Dujardin : op. cit. Ananchytes pustulosa Dujardin : op. cit., p. 317. Ananchytes semiglobus Dujardin : op. cit., p. 319. Voir au sujet de ces espèces les observations relatives à la P® édition de 1816. Ananchytes ovatus Hagenow : Monographie der Rugen'schen Kreide- Versteine- rungen (fasc. 2), p. 653. Ananchytes perconicus Hagenow : op. cit. Espèce nouvelle décrite, mais non figurée et seulement représentée par Qiienstedt en 1874. Ananchytes conoideus Hagenow : op. cit., p. 654. Ananchytes striatus Hagenow : op. cit. Ananchytes sulcatus Hagenow : op. cit. Ananchytes corculum Hagenow : op. cit. Ces quatre dernières espèces sont interprétées d'après Goldfuss, mais l'identité des individus de Rugen avec V Ananchytes sulcatus est indiquée comme douteuse. Ananchites ovatus Milne Edwards : Le Règne Animal de Cuvier (Édition avec Planches), — Les Zoophytes, p. 30, PI. XVII, Fig. 1, de la Craie de Meudon. Ananchytes ovata Rœmer : Versteinerungen des Norddeidschen Kreidegebirges, p. 35. Ananchytes sulcata Rœmer : op. cit. Ananchytes corculum Rœmer : op. cit. Ces trois espèces sont interprétées d'après Goldfuss. CRETACES DE LA. BELGIQUE 117 Ananchytes spatangiformis Rœmer : op. cit., p. 35, Tab. VI, Fig. 19, de Coesfeld. Bien que cette espèce ait son périprocte supramarginal, comme elle est complètement dépourvue de sillon antérieur, on peut se demander si elle appartient encore au genre Echinocorys. Elle a cependant plutôt la physionomie d'un Holaster. Ananchytes latissima Rœmer : op. cit., p. 35, Tab. VI, Fig. 17. M. Elbert vient de changer son nom en celui de Credneriana et propose d'en faire le type d'un genre Eolasteropsis. L'espèce me paraît rentrer plutôt dans le genre Pseudananchijs ; il ne faut pas la confondre avec Holaster latissimus Agassiz. 1841. Ananchytes ovata Hisinger : Fdrteckning a en geognost petrefac. samling fran Sverige och Norge, p. 53 [Teste Lundgrenj. 1842. Ananchytes ovata Geinitz : Carackterisk. petrefac. Kreidegebirges, p. 91 [Teste Cotteau). Ananchytes ovatus Leymerie : Méfn. sur le terr. Crétacé du Dép. de l'Aube (Mém. Soc. Géol. de Fr, 2« Ser., T. V, 1), p. 23, cité à ViUenauxe. 1843. Ananchytes conoideus Portlock : Report on tke Geology of Londonderry. Dublin. p. 354, PI. XVIII, Fig. 1. Le type figuré ne paraît pas différer de YEchinocorys ovatus et n'est certainement pas l'espèce de Goldfuss, Echinocorys conoideus. Ananchytes ovatus Portlock: op. cit., p. 354, PI. XVIII, Fig, 2 et PI. XVII, Fig. 3. Le type figuré PI. XVIII ne paraît pas pouvoir être distingué de VEc/iinocorys conicus; il est plus court, plus conique et avec sommet plus excentrique en avant que YEchinocorys ovatus. L'individu de la PI. XVII, en partie à l'état de moule, me semble identique à celui de la planche suivante. Ananchytes sulcatus Portlock : op. cit., p. 354. Non figuré et trop insuffisamment décrit pour que l'on puisse s'en faire une idée, mais ne paraît pas être le véritable Echino- corys sulcatus. Ananchytes pyramidatus Portlock : op. cit., non figuré et insuffisamment décrit. On n'a pu se faire une idée de cet Echinocorys qu'en 1852, lorsque Forbes a donné le profil du type. (Geol. Surv. of Unit. Kingd. Dec. IV, PI. VI, Fig, 4.) Ananchytes conoideus Morris : Catalogue of British foss ils, p. 48, d'après Portlock. Ananchytes hemisphoericus Morris : op. cit., d'après Brongniart. 118 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES Ananchytes intumescens Morris : op. cit., d'après Phillips. Ananchytes ovatus Morris : op. cit., comprendrait les Ananchytes pustulosa et Anan- cliytes semiglohiis ! ! Ananchytes pyramidatus Morris : op. cit., d'après Portlock. Ananchytes striatus Morris : op. cit., d'après Goldfuss. Dans la t' édition du même ouvrage, parue en 1854, il n'est plus fait mention de YAnanchytes intumescens et toutes les espèces sont réunies avec les Ananchytes corculum Goldfuss et Echinocorys scutatus Parkinson sous le nom à' Ananchytes ovatus (page 71). Ananchytes ovata Sismonda : Memoria Geo-Zooloyica sugli Echinidifoss. del contado di Nizza, p. 13. L'auteur réunit sous ce nom tous les Echinocorys alors connus et même d'autres genres, comme YAnanchytes concava Catullo. 1844. Ananchytes ovatus .Manlell : The medals of Création, I, p. 352, lign. 70, Fig. 2. Figures d'une interprétation difficile, mais paraissant se rapporter plutôt à Y Echinocorys vulgaris qu'au E. ovatus. 1845. Ananchytes ovata Reuss : Die Versteitierungeu der Bôhmischen Kreide formation, p. 56; signalé dans le Planerkalk de Hundorf et Bilin et dans le Pliinermergel de Priesen. Ananchytes corculum Reuss : op. cit., du Planerkalk de Pokratitz. 1846. Ananchytes conoidea Catullo : 3Iem. Geog., p. 126 [Teste Cotteau). Ananchytes ovata Pictet : Traité élém. de Paléont. Vol. IV, PL V, F, 3. Ananchytes ovata Geinitz : Grundriss der Versteinerungen , p. 332, PI. XXII, Fig. 19. Copie de la ligure d'Agassiz. (Echinod. foss. de la Suisse, PL IV, F. 4.) Ananchytes subglobosus Desor : Sur leterr. Z)a«?e« (Bull. S. G. d. F. 2" sér., T. IV), p. 179. L'espèce, attribuée par l'auteur à Lamarck, n'a jamais été publiée par ce savant. Les individus de Danemark signalés, appartiennent sans doute au Echinocorys sulcatus. 1847. Ananchytes ovata Agassiz et Desor : Catalogue raisonné des Echinides, p. 135. Tous les individus signalés aux localités n'appartiennent pas à l'espèce telle que l'a figurée Goldfuss. Ananchytes gibba Agassiz et Desor : op. cit. L'espèce paraît bien comprise comme elle l'avait été par Lamarck; les auteurs portent en synonymie un Ananchytes rustica Defrance, qui est un nom de collection, jamais décrit, ni figuré. CRETACES DE LA BELGIQUE 119 Ananchytes striata Agassiz et Desor : op. cit. Les auteurs confondent sous ce nom les formes les plus diverses, notamment les individus de l'espèce précédente pourvus de stries verticales, rj?(a«c/iES ECHINIDES P. 93. — Echinocorys conoideus. Inscrit au Catalogiis system. comme Type de VAnanchytes crassissima Agassiz. du Calcaire à Baculites de Picauville (Manche), il est rapporté dans le Catalogue raisonné au Ananchytes semiglohtis Agassiz [non Lamarck). Il représente un individu très défectueux, de moyenne taille, rappelant XAnandiytes conoideus Goldfuss, auquel il me paraît préférable de le rapporter. Q. 11. — Echinocorys meudonensis. Porté au Catalogiis system. comme Ananchytes ovata Lamarck, de la Craie blanche de Meudon. De moyenne taille, il diffère du véritable Echinocorys ovatus Leske par son apex très développé, sa base rétrécie et surtout ses larges ambulacres. Q. 67. — Echinocorys ovatus. Ananchytes ovata Lamarck, de la Craie blanche de Meudon, d'après le Caial. System. Forme assez élevée, à ambulacres étroits, identique à YEchinocorys ovatus Leske. R. 58. — Echinocorys Cotteaui. Inscrit au Catalogue raisonné sous le nom à' Ananchytes semiglohus, semble provenir de Tercis. Cette forme peut être considérée comme le type du Ananchtjtes semiglobus Agassiz, Desor, Cotteau, très différent du vrai Ananchytes semiglobus Lamarck = Galeola pavillosa Klein. D'après une Note manuscrite de Michelin, le type de ce moule serait un Echinocorys de Montaud (Isère), d'ailleurs identique à celui de Tercis. R. 66. — Echinocorys Gravesi. Ananchytes Gravesii Desor, de la Craie de l'Oise, d'après le Catalogue raisonné. Individu de petite taille, à base rétrécie, dessus très convexe. C'est la forme normale de la Craie à Micraster decipiens de Dieppe, qu'il ne faut pas confondre avec YEchinocorys gibbus. R. 91. — Echinocorys Gravesi. Inscrit au Catalogue raisonné comme Ananchytes Gravesii Desor, de la Craie de l'Oise. Individu plus petit et plus subglobuleux que le précédent. S. 72. — Echinocorys spec. Ce moule, inscrit au Catalogue raisonné comme Ananchytes semiglobus, de localité non précisée, ne saurait être avec certitude attribué à une espèce déterminée. En tous cas ce ne serait pas Y Ananchytes semiglobus Lamarck = Galeola papillosa Klein. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 141 T. 1. — Echinocorys gibbus (Type). Ananchyfes gibba Lamarck, des environs de Paris, d'après le Catalogue raisonné. Reproduction du moule en silex, qui a servi de type à l'espèce de Lamarck ; il aurait été trouvé à Beauvais. T. 2. — Echinocorys gibbus. Moule provenant de Picardie, attribué parle C&ialo^ue raisonné kY Ananchjtes striata Lamarck, et correspondant en effet à un individu ainsi déterminé par Lamarck, mais identique au type de son Ananchijtes gibba. T. 2 est un Ananchytes gibba à stries verti- cales, caractère individuel, sans valeur, et reste très différent du type de Y Ananchytes striata figuré par Walck et Leske. T. 9. — Echinocorys depressus. Inscrit au Catalogue raisonné comme Ananchytes semiglohis, de localité non précisée, peut-être de Danemark; n'est cependant ^a?, Y Ananchytes semiglohis Lamarck, à plaques plus hautes. Ce petit moule en silex, plus surbaissé, plus subconique que le Echinocorys sulcatiis, ne paraît pas différer de YEckinocorys dep-essus Eichwald, V. 38. — Echinocorys ovatus Variété ciplyensis. Ce moule porte sur son étiquette : Ananchjtes sulcatus Variété limbata Goldfuss, de la Craie de Ciply. Forme circulaire, subconique, à larges ambulacres et assules légèrement saillantes avec sutures bordées. Goldfuss n'a pas établi de Variété limbata. CHAPITRE V CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES ECHINOCORYS Avant de résumer en quelque sorte les pages qui précèdent dans un coup d'œil d'ensemble sur la masse des individus qui composent le genre Echinocorys, je crois devoir brièvement rappeler ici comment je comprends les divisions principales des terrains qui les renferment. J'estime en effet que la Stratigraphie et la Paléontologie se doivent prêter de mutuels secours, car l'on comprend mieux une espèce si l'on sait que par rapport à d'autres elle a joué dans le temps le rôle de souche ou de dérivé (*). {') Ce chapitre était complètement rédigé et le manuscrit remis à l'imprimeur avant la publication du grand Mémoire de M. de Grossouvre : Recherches sur la Craie supérieure. Bien que j'accepte presque complètement la classification de mon savant confrère, je n'ai pas cru devoir remanier mon texte et mes tableaux, ni modifier ce que j'avais écrit ici. Il me paraît suffisant de faire remarquer que M. de Grossouvre rattache au Turonien supérieur, ou Angoumien, mon assise F., qu'il limite le Santonien aux assises J. L. en admettant au-dessous un sous-étage Goniacien, comprenant mes assises G. et H. Comme nous étions pleinement d'accord sur la succession réelle des couches, ce sont là simples questions d'accolades et il sera facile au lecteur d'y suppléer au besoin. Pour les assises supérieures, sans prétendre que celle de Spiennes, R. constitue un sous-étage particulier, je continue à la considérer comme plus récente que la Craie de Meudon P. et de même âge que le Calcaire à Baculites du Cotentin, par conséquent comme supérieure à la Craie de Nouvelles, qui doit elle se paralléliser avec celle de Meudon. Le Maestrichtien, même en le limitant au tufeau à Heinipneules de Maestricht, n'a guère que la valeur d'une assise, mais c'est une assise supérieure à celle de Spiennes. Quant à la Craie danienne de la Baltique, doit-on la placer au niveau du Tufeau de Giply et du Calcaire de Mons, ou bien à celui du Maestrichtien, ou encore en faire un étage intermédiaire? C'est une question qui ne paraît pas encore définitivement résolue et que pourrait seul trancher l'argument paléontologiquo. Malheureusement on n'est pas encore fixé sur le point de savoir si le Tngre Krita de Faxô, à Na'dilus danicus, ne renferme pas aussi des Scaphilis et Baculites. C'est-à-dire que l'on ne connaît pas encore la durée de l'existence du Nautilus danicus, dont on a voulu faire le fossile caractéristique des premiers dépôts Tertiaires (Monlien). Or, rien ne prouve que ce Nautile soit un bon caractéristique^ qu'il n'ait pas vécu pendant plusieurs assises, comme BelemniteUa inucronata, laquelle a prolongé son existence pendant le dépôt des assises M. N. P. R. et le Maestrichtien. Dans ces conditions, j'ai provisoirement considéré le Danien de la Baltique comme un étage disliaet à physionomie crétacée. J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉGHINIDES CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 143 Pour simplifier la nomenclature des assises, je les ai souvent désignées par une lettre. Le fond de cette classification est emprunté à mes précédents travaux sur la Craie des environs de Sens, région classique pour l'étude de l'étage Sénonien (*) ; et il m'a paru que l'emploi des mêmes lettres pour désigner les assises de même âge de la Craie de Belgique était de nature à faciliter singulièrement les synchronismes. Mais quelques observations préliminaires sont indispensables à ce sujet. Dans le bassin de Paris, la série, très complète pour le Turonien et le Sénonien inférieur ou Santonien, s'arrête à la Craie à Magas pumilus de Montereau et Meudon, de même âge que la Craie belge à Magas pumilus de Nouvelles. On a donc aux environs de Sens la série des assises suivantes : ] Zone à Magas pumilus, de Montereau. Zone ù Galeola papillosa, de Micliery. Zone à Offaster pilula, de Soucy. Zone à Marsupites ornatus, de Sens. Zone à Cunulus albogalcrus, de Paron. Zone à Inoceramus involutus, de Maillot. Zone à Tercbratula semiglobosa, de Rosoy. Zone à Micraster icaunensis, de Villeneuve-sur-Yonne. Étage Turonien. E. Zone à Holastcr planus, d'Arnieau. J'ai porté dans ce tableau l'assise E, représentant le Chalk rock à Holaster planus, ^axce qu'en Angleterre YEchinocorys apparaît avec une certaine abondance à ce niveau (^). La zone F de craie sans silex, à Micraster très voisin du M. brevis, a une individualité très marquée et correspond très exactement à la Craie de Vervins de M. Barrois. Avec quelques formes turoniennes comme Micraster Leskei et Ammonites Prosperiatius elle en renferme d'autres qui lui sont propres : Epiaster Renati, Micraster heonensis, Ammonites Neptuni. L'assise supé- rieure de la Craie à Micraster decipiens est surtout caractérisée par ses grands Inoce- rames, l'abondance de 1'/. involutus et la présence de V Ammonites tridorsatus, Variété dont M. de Grossouvre a fait son Feroniceras Moureti. Je crois devoir réunir, pour l'établis- sement de synchronismes à grandes distances, mon ancienne assise I à l'assise J, qui se Assise à g \ Bclemiiilella mucronata P. 1 ! (SO -) \ sa Assises à N. .2 '3 Adinocamax quadratus U (70 n.) ( M. O ( Assises à , L. '^ Micraster corail guimim (70 -) ' J. o d bD .2 Assises à | H. -W 1 Micraster decipiens a 1 (50 -) ' G. ,^ 1 Assise à 1 Micraster brevis ' F. 1 (30 "J (') Lambert. Notice stratigraphique sur V Étage Sénonien aux environs de Sens. Auxerie, 1878. Note sur l'Étage Turonien du département de l'Yonne (Tableau PI. IV). Auxerre, 1882. (2) Le fragment cité par M. Rowe, beaucoup plus bas, dans l'assise à TerebratuUus g'racJZîS est douteux et l'on ne saurait en faire état. (Zones of the White Chalk of the English coast I, p. 325.) 144 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ECHINIDES trouve ainsi renfermer à sa base le gigantesque Inoceramus digitatus et au-dessus le Conuliis alboqalerus. Il me paraît également préférable de réunir mes anciennes assises K et L en une seule, caractérisée par la présence de plaques de Marsupites et l'abondance de la Variété striata de VEchmocorys vulgaris. Je rapporte toutes ces assises au Sénonien inférieur ou Santonien, comprenant pour moi le Coniacien de Coquand ('). L'identité de certaines formes d'Ammonites établit en effet le synchronisme des assises F de la Craie du Nord avec K de la série des Charentes et de H avec L de M. Arnaud, en sorte que J et L de la Craie du Nord correspondraient seules au Santonien proprement dit des Charentes ; S. G. H. rentreraient dans le sous-étage Coniacien; mais il m'a paru dangereux de multiplier ainsi les sous-étages et j'ai préféré réunir ces deux subdivisions du Sénonien inférieur sous le nom unique de Santonien. L'assise supérieure à Adinocamax quadratiis N est aujourd'hui bien connue sous le nom de Craie de Michery avec Echinoconjs conicus, Galeola papillosa, Micraster Schroderi, tandis que l'assise inférieure M renferme surtout les Variétés hrevis et turrita de YEchino- corys qibbus, VO/faster pilula et le Micraster fasligahis. J'ai réuni en une seule sous la lettre P les deux assises qui se partageaient la Craie à Magas pumiliis, parce que 0 de mes anciens tableaux correspond surtout à une modification lithologique sans grande importance. Ces trois assises M. N. P. constituent le sous-étage Campanien, ou Sénonien moyen des environs de Sens et du bassin de Paris. En Belgique, le Santonien n'est représenté que par la Craie de Saint- Vaast, mais dans le Limbourg et le Hainaut le Sénonien à Belemnites ou Campanien est très déve- loppé; on y trouve à la base, la Craie de Trivières et de Hervé M, au-dessus la Craie d'Obourg N, puis la Craie à Magas pumilus de Nouvelles P, comme dans le bassin de Paris. Mais on trouve au-dessus des assises plus récentes, inconnues dans le bassin de Paris : la Craie de Spiennes et la Craie à silex du Limbourg d'une part, la Craie phosphatée de Ciply et celle de Kunraad d'autre part, c'est-à-dire quatre modifications lithologiques qui doivent être groupées en une assise unique sous le nom de Craie de Spiennes. D'où les synchronismes suivants : i ^• Craie de Spiennes. Campanien. \ P. N. Craie de Nouvelles. Craie d'Obourg. M. Craie de Trivières. Santonien. L. Craie de Saint- Vaast. Au-dessus du Campanien R viennent le Poudingue et le Tufau à bryozoaire du Maestrichtien, qui composent le Sénonien supérieur, mais en Belgique ne contiennent pas à!Echinocor.ys. (') Je comprends donc le Santonien, comme le comprenait M. de Mercey. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 145 En Angleterre les choses se passent à peu près comme dans le bassin de Paris. La Craie du Cotentin plus récente que celle de Meudon, correspond à celle de Spiennes (*). Dans les Cliarentes les Echimcorijs ne se rencontrent que dans le Campanien, dont les trois assises paraissent correspondre à celles M, N, P, du bassin de Paris. Le synchronisme de la Craie Pyrénéenne avec les assises de la Craie du Nord est plus difficile à établir. J'estime d'ailleurs que l'on a beaucoup trop rajeuni une partie de la Craie des Pyrénées. En tous cas l'horizon du Pachydiscus colligatus établit un point de repère précis et cette espèce démontre que les calcaires à Stegaster, qui la renferment, se placent sur le même horizon que la Craie du Cotentin et que celle de Kunraad dans le Limbourg, donc que la Craie de Spiennes. Le Danien inférieur de M. Seunes (^) serait donc encore du Campanien. Son Danien supérieur, ou Garumnien, pourrait être du Danien inférieur, mais je considère comme plus probable son assimilation au Maestrichtien. Quant au Danien supérieur ou Montien, on n'y a plus rencontré aucun Echinocorys et le genre paraît avoir à cette époque définitivement émigré vers l'Est, s'il est vrai que Y Echinocorys mattseensis soit bien éocène. Ces préliminaires posés, on peut constater que les Echinocorys se répartissent dans les diverses assises conformément aux indications du tableau ci-contre (^). Les 27 espèces à' EcJiinocorys ci-après décrites paraîtront à bien des personnes trop nombreuses, surtout si l'on y ajoute les 20 Variétés signalées. Cependant, si l'on réfléchit que ce genre, ayant vécu pendant l'immense espace de temps qui s'est écoulé depuis le Turonien jusqu'à l'Éocène inclusivement, est répandu dans le monde entier et surtout dans les régions les mieux explorées du globe, on devra constater que ce nombre d'espèces est bien inférieur à celui fourni par d'autres genres, comme Micraster, ou Heniiaster. Les formes des couches extrêmes, les premières espèces apparues dans le Turonien ou le Santonien inférieur, comme celles des assises supérieures au Campanien sont peu nom- breuses. Dans l'assise à Micraster coranguinum, si les individus se sont déjà singulièrement multipliés, les formes variées se relient trop étroitement entre elles pour constituer des espèces distinctes. C'est seulement dans le Campanien que celles-ci deviennent plus nom- breuses et présentent une multiplicité de mutations bien faite pour dérouter l'observateur. Le genre atteint en effet son maximum de développement dans la Craie de Meudon ou de Nouvelles ; il est encore représenté à l'époque de la Craie de Spiennes par huit espèces ; d'où il suit que les Echinocorys sont particulièrement caractéristiques du Campanien. Ils (') Ce synchronisme est rendu éviilent par la présence des mêmes Céphalopodes : Bacidites anceps, Hamltes cijUn- draceus, Scaphiles comtrictus, PacJiydiscub- colligatus, P. neubergicus, j^autilus Ileberti, tandis qu'il n'existe aucun rapport entre la Craie du Cotentin et celle de Nouvelles et que cette dernière est identique à celle de Meudon. (2) Seunes. Recherches géol. sur les terr. secondaires et l'Eocène inf. de la région sous-pyrénéenne, p. 182 et suiv. Paris, 1890. {?) Considérant le Tuffeau de Maestricht et le Poudingue de la Malogne comme supérieur à la Craie de Spiennes, de Ciply et de Kunraad, je maintiens le sous-étage Maestrichtien, au-dessus du Campanien. 19. — 1902. REPARTITION DE QUELQUES « ECHINOCORYNiE a 13 El - SÉNONIEN ! NOMS DES ESPÈCES Santonien Campanien 1 1 Mie. decipiens Mie. coranguin J. 1 L. Ad. qu ad rata M. ! N. 1 Bel. mucronata 1 P. i R. 1 Galeola papillosa — Gauthieri — cuneata echinocorys spyericus — Gravesi -i- + + + ■ + + + + + + + + + + -1- + + + + + + + + + 1- 1- -f -h + + + -1- + -1- + + + ■1- + + + + + + ^- + + + + + + + + V. STRIATA V. SCUTATA — GIBBUS V. MAXIMA V. TURRITA V. BREVIS V. OVIFORMIS .... V. COSTULATA .... V. SUBGLOBOSA .... V. FONTICOI.A .... ORBIS — Heberti — CONICUS V. MINOR V. FASTIGATA .... — OVAÏIIS V. PYRAMIDATA .... V. MARGINATA .... V. PETASATA .... V. HUMILIS V. POROSA V. Ql'ENSTEDTI .... V. CYPLIENSIS .... V. IIMBIIRGICA .... — MEUDONF.NSI.S — CONOIDEUS — Arnaudi — BEEGICU.S DUPONTI — PEBCONICUS COTTEAII V. STELLARIS .... — TENUITUBERCULATIS . . . — MATTSEENSIS PYRENAICUS — DOUVILLEI — DEPRESSUS SULCATUS ' + Espèces : I 2 I . I d. I 2. I 1. I 1. I 4. I 5. I 10. 1 8. I 5 I 1 I 1 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES ÉGHINIDES CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE 147 deviennent brusquement fort rares dans le Sénonien supérieur ou Maestrichtien et se can- tonnent à cette époque dans quelques localités privilégiées. Il en est de même aux époques suivantes, où se réduisent à l'unité, d'abord les espèces, enfin dans l'Eocène les individus connus eux-mêmes. Beaucoup d'espèces sont spéciales à des faciès de régions déterminées, en sorte que si l'on envisage seulement celles de la craie blanche on n'est plus en présence que d'une dizaine de formes réparties entre les diverses assises du Sénonien inférieur et moyen et dont chacune franchit plus ou moins les bornes; soit 7 pour la Craie de Nouvelles, 5 pour chacune des assises de Spiennes R, et d'Obourg N, 4 pour la Craie de Trivières M, une ou deux pour les autres assises. Si cependant l'on observe avec plus de soin les caractères des individus de manière à les grouper en Variétés, on voit que bien peu de ces dernières traversent trois assises et que beaucoup restent caractéristiques de celles où on les a recueillies. Quant à ces variétés, elles ne sont pas innombrables, car jamais la nature ne réalise la totalité des mutations possibles, mais elles se sont chacune détachées de leur tronc par des modes plusieurs fois répétés et suivant un même processus. Ce fait bien compris facilite l'étude des variétés et permet de se rendre mieux compte des affinités qui existent entre plusieurs. En eifet, chez des espèces différentes, deux variétés de même mode établissent entre les premières des rapprochements qui peuvent parfois devenir embarrassants. Suivant que l'on observe la forme du test, celle du sommet, ou des flancs, on remarque pour ainsi dire chez chaque espèce les variations suivantes : Courte, ou allongée. Haute, ou surbaissée. Subglobuleuse, ou déclive, Subconique ou hémisphérique. On comprend de suite que si l'on compare la forme surbaissée de deux espèces on sera tenté de trouver entre ces dernières des rapports beaucoup plus étroits que si l'on compa- rait les types entre eux. Il en est particulièrement ainsi si l'on compare la Var. brevis de X Echinocorys gihhus avec la Var. humilis de VEchinocorijs ovatiis. Les affinités peuvent alors devenir telles que l'attribution d'un individu à l'une ou à l'autre deviendra un problème fort délicat dont la solution nécessitera un examen minutieux. Ces difficultés ont vivement frappé certains observateurs et elles ont pu les conduire à proposer la réunion des muta- tions de même mode pour constituer ainsi des espèces à plus longue existence ; mais il est facile de constater qu'un pareil système aboutit à la création de sections artificielles, et il n'a pas peu contribué à répandre cette opinion que YEchinocorys, échappant à la règle commune, ne présenterait que des variations indéfinies et insaississables. Beaucoup à'Echmocorys offrent une forme pyramidale. Ils se montrent ainsi dans les 148 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES couches à Micraster corangnhmm, dans celles à Adinocamax qiiadratus et aussi dans la craie à Belemnitella mucronata. On a voulu les réunir tous en une espèce. C'est selon moi une erreur; l'examen des ambulacres, du péristome, des bords de la base, des tubercules, démontre que cette forme pyramidale de la craie à Mie. coranguinum , la Variété ci-dessus désignée comme declivis a ses véritables affinités bien plus avec Y EcJiinocorys vulgaris qu'avec la forme pyramidale Var. fastigata de l'assise N., laquelle se rattache par insen- sibles transitions au type de VEchinocorys conicus. La forme pyramidale de la Craie de Meudon et de Nouvelles, Var. pyramidaia, malgré ses bords arrondis, se relie bien mieux à V Echinocorys ovatus qu'elle accompagne partout qu'à la Var. fastigata dont elle diffère par sa marge, son péristome et ses ambulacres. Un examen attentif prouve également que les formes subglobuleuses de la Craie du Nord, Echinocorys Gravesi, Echinocorys gibbiis, Echinocorys meudonensis n'ont pu dériver directement les unes des autres. Malgré les rapports du dernier avec certaine Variété de Y Echinocorys gihhus, il se relie évidemment trop à Y Echinocorys ovatus pour ne pas être spécifiquement séparé de la Var. suhglohosa. La confusion des Echinocorys Gravesi et Echinocorys gihhus, séparés par toute la période de la craie à Micraster coranguinum, ne serait d'autre part possible qu'en négligeant des caractères importants tirés de la disposi- tion du péristome, de la longueur des ambulacres et de la disposition des pores. On me reprochera peut-être, en sens contraire, de n'avoir pas toujours attaché à la longueur de la partie subpétaloïde des ambulacres et à l'allongement concomitant des pores une valeur spécifique. Mais, comme je l'ai déjà dit, ce caractère m'a paru être surtout en relation avec les conditions en quelque sorte climatériques de l'existence des individus. Car, plus on passe du Nord au Sud, plus, pour une forme donnée, ce caractère s'accentue. J'ai d'ailleurs cherché à compter les pores d'un grand nombre d! Echinocorys. Or si l'on peut ainsi arriver à les séparer en groupes divers, c'est seulement lorsque les différences constatées sont considérables et en relation avec d'autres caractères [Echinocorys sulcatus, etc.). Dans les autres cas l'on aboutit à des conclusions contradictoires et trop variables d'un individu à un autre pour que le nombre relatif des pores puisse être considéré comme une de ces modifications, déjà fixées et transmissibles, constitutive de l'espèce. Dans la Craie du Nord le genre Echinocorys est apparu d'une façon normale, au milieu du Sénonien inférieur à Micraster decipiens, avec YEchinocorys Gravesi. Cette forme, dont on peut chercher l'origine du côté de Echinocorys sphiericus de Planer, s'est lentement répandue. Probablement apparue en Angleterre dès le Chalk Rock à Micraster Leskei et Holaster planus (*), elle est devenue caractéristique des couches à Micraster decipiens AqIa (1) N'ayant pas eu l'occasion de voir moi-même ces individus Turoniens du Chalk rock, on comprend que je ne les rapporte que sous toutes réserves kVEchhwcori/s Gracesi. D'après M. Rowe, ils seraient identiques à son Ec/imocorv« gihbtis de sa zone à Micraster cortestudinarhim; or ce dernier, qui n'est pas le vrai Echinocorys gibhus, m'ayant paru devoir être rapporté à VEchinocorys Gravesi, il est probable que les individus Turoniens appai tiennent à la même espèce. CRETACES DE LA BELGIQUE 149 légion anglo-normande, en se propageant rapidement vers l'Est, par les départements du Nord et de l'Aisne, ne gagnant le Sud du bassin qu'à l'époque du développement de Vlno- cermnus involutus ('). Certains individus ont cependant été portés vers le Sud-Est jusque dans les fonds voisins de l'Ile provençale ; mais il n'est pas encore possible aujourd'hui de bien apprécier le temps de cette migration. L'élargissement de la base, chez certains Echinocorys Gravesi et la saillie de la carène permettent de saisir pour ainsi dire le passage de cette forme à VEchmocorys vidgaris. Le développement si remarquable des tubercules chez ce dernier ne s'est d'ailleurs pas opéré en un jour et les individus de la base des couches à Micraster coranguiniim ont encore leurs tubercules médiocres. C'est progressivement que se sont affirmés les caractères du type, à base large et plane, face supérieure haute et carénée, tubercules scrobiculés nombreux et saillants en dessus. Avec l'extension prise par cette espèce, partout caractéristique de la craie à Micraster corangninum, des Variétés se sont formées, soit par exagération des caractères du type et déclivité des flancs, Var. decUvis, soit par régression atavique et rétrécissement de la base, Var. sctdata, soit par une plus faible convexité du sommet, Var. striata. Au moment où se propage Actinocamax quadratiis, de nouvelles transformations se produisent et l'on voit surgir à la fois plusieurs formes nouvelles. L'une, Echinocorys gibbus est une modification encore peu profonde de l'espèce primitive ; cet Echinocorys semble d'ailleurs n'avoir que progressivement repris sa forme globuleuse et la Var. brevis, un peu plus ancienne, a pu lui servir de souche ; elle permet de mieux saisir une transition entre le type et YEchinocorys vidgaris. Quant aux Variétés oviformis, subglobosa, fonticola et à VEchinocorys Heberii lui-même, ils dérivent évidemment de la forme dite gibba. UEchinocorys coniciis paraît être une adaptation à des couches un peu plus profondes de la même Var. brevis du Echinocorys gibbus. Du moins les choses se passent-elles comme si le type et ses Var. minor et Var. fastigata se rattachaient encore au même groupe. Il est difficile de ne pas voir dans VEchinocorys orbis une mutation de la Variété minor, malgré les différences profondes qui séparent les deux types. Un peu plus tard, on voit apparaître une forme, d'abord répandue dans la Craie du Nord-Est, mais qui bientôt se propage de tous côtés, en même temps que le Belemnitella mucronata. C'est YEchinocorys ovatus. L'étendue de sa base, surtout chez ses premiers représentants, sa carène souvent saillante, la répétition chez lui de variations apparues chez Y Echinocorys vidgaris, permettent de le considérer comme un dérivé probable de ce dernier. (') M. Barrois a bien cité dans son Turonien VEchinocorys gibbus, probablement mon Echinocorys Gravesi, à Prisées, Nampcelle, Marfontaine et Lislet, aux environs de Vervins, mais l'on sait que cet auteur rajeunissait beaucoup le Turonien et que sa craie de Vervins correspond à mon assise F. (Terr. crétacé des Ardennes, p. 409, 1878). Un long séjour dans l'Est de la Champagne m'a permis de constater dans cette région la présence de cette craie F, au-dessus de l'assise à Micraster Leskei, dans toute la bordure orientale, à Monlhois, Yalmy, etc., et c'est certainement à ce niveau qu'a été rencontré VEchinocorys signalé par M. Barrois à la page 427 de son mémoire. 150 J. LAMBERT. — DESCRIPTION DES EGHINIDES Toutes les variétés de Y Ecliinocorys ovatus lui sont trop étroitement subordonnées pour que le lien de filiation qui les unit puisse être discuté. Parmi ces Variétés Vhumilis et la limbitrcjica sont particulièrement intéressantes, parce qu'elles relient en quelque sorte le type à deux espèces : Echimcorys meudonensis, et Ecliinocorys Duponti, dont le dernier pourrait bien à son tour être considéré comme la souche de VEchinocorys sulcatus. Mais ici les intermédiaires manquent puisque, dans la Craie du Nord, nous ne connaissons pas VEchinocorys maestrichtiens. Il faudrait aller chercher ces intermédiaires dans la région pyrénéenne et il est plus sage de laisser à l'avenir le soin de préciser les relations philogé- niques de VEchinocorys sulcatus. Quant à l'espèce éocène, il est impossible de nier ses affinités avec YEchinocorys Cotteaui, et ce dernier semble dériver directement du type Echinocorys Graves i par Echinocorys orbis. Ces considérations que m'inspire l'étude des nombreux matériaux de toutes prove- nances sur lesquels a porté mon examen paraîtront peut-être à certains esprits singulière- ment hasardées. J'ai pensé cependant devoir les formuler parce que j'ai lieu de les croire fondées et parce qu'elles expliquent la manière dont j'ai réparti en espèces et variétés les innombrables individus connus du genre Ecliinocorys. Enfin ces considérations doivent, dans mon esprit, servir de point de départ à des recherches ultérieures pour nous conduire à une plus exacte connaissance du développement de la vie à la surface du globe et à une plus claire compréhension de l'œuvre admirable du Créateur. Dans le tableau théorique ci-contre les espèces ont été placées au point où elle atteignent leur maximum de développement. Les lignes ponctuées circonscrivent les prin- cipaux groupes spécifiques. La hauteur des étages et assises est seulement proportionnelle au nombre des formes à'Echinocorys qui y sont inscrites. CRÉTACÉS DE LA BELGIQUE PLANCHE I EXPLICATION DE LA PLANCHE Figure 1. Echinocorys vulgaris Breynius, vu en dessus. Copie de la figure originale du Schediasma de Echinis, Tabula III. Fig. \. Le même vu en dessous. Copie de la figure 2. Tuh. III de Breynius. Galeola papillosa Klein, moule siliceux vu de trois-quart. Copie de la figure C. Tah. XVI du yiuturalis disposido Echinodermatum, montrant l'écartement des pores en dessus. Galeola papillosa Klein, de la Craie d'Obourg N; individu vu de coté, du Musée royal de Belgique (I. G. 5496j. Le même vu en dessous. Autre individu suboonique, de la même espèce, de Ilarmignies N, vu de profil (I. G. 6512). Galeola Gauthier! Lambert, de la Craie de Meudon P, vu en dessus, ma collection. Le même, vu de profil. Le même, vu en dessous ; (le sinus du bord antérieur n'a pas été sullisamment indiqué). Le même, vu par derrière. Sommet d'un ambulacre du même grossi. Echinocorys Gravesi Desor [Ananchyles], forme commune de la Craie d'Elnes (Pas-de- Calais), vu de profil ; ma collection. Le même vu en dessous. Individu de petite taille de la même espèce, vu en dessus, de la Craie îi Micrasirr decipiens de Dieppe ; ma collection. Le même vu en dessous. Echinocorys vulgaris Breynius, de la Craie l'i MicrasUr corunguinum de Gravesend (Kenl), vu de profil ; ma collection. (Les tubercules sont très saillants.) Le même, vu en dessous. Echinocorys orbis .\rnau(l, de Ilarmignies, Craie d'Obourg N, vu de profil. Individu du Musée royal de Belgique (S. I. 6455). Le même, vu en dessus. Le même, vu en dessous. Mém. Musée roy. Hist. nat. Belgique T . L1902 Planchi n "^•«^k^ V ■;■': ÎA /^ / % :^ïx. H. : ^ Eghinogorys et Galeola du Sénonien delà Belgique, etc. PLANCHE II EXPLICATION DE LA PLANCHE Figuie 1. — Echinoeorys vulgaris Vaiiété striata, du Sénonien L, de Sens, vu de profil; ma collet'lion. I) 2. — Echinoeorys gibbus Variélé brevis, de Harmignies, Craie d'01)0urg, N, vu en dessus; individu du Musée royal de Belgique (I. G. 645S]. » 3. — Echinoeorys gibbas Variélé oviformis d'Obourg, Craie de Trivières, M, vu en dessus; individu du Musée royal de Belgique (I. G. 6762). )) 4. — Le même, vu en dessous. » 5. — Le même, vu de profil. » G. — Echinoeorys gibbus Lamarck {Ananchi/ti's) de Harmignies, Craie d'Obourg, vu de profil ; Musée loyal de Belgicpie il. G. 6433). 1) 7. — Echinoeorys gibbus Variélé subglobosa, de la Craie à Magas de Nouvelles, vu en dessus ; ma colleclion. » 8. — Le même, vu de profil. Mém. Musée roy. Hist. nat. Belgique _T . L1902. Planche à / Eghinocorys du Senonien delà Belgi que.etc. PLANCHE III EXPLICATION DE LA PLAiNCHE Figure i. — Echinocorys gibbus Vnriété brevis, vu de profil. Le même qiie celui lig. 2, pi. II. Face inlérieure d'un autre individu de la même variété, de la Craie M, de Subligny, près Sens; ma colleclion. Echinocorys fonticola Arnaud, vu en dessus, du Campanien de Tercis, Hontarède; ma collection. Le même, vu de profil. Echinocorys conicus Variété fastigata, de Ilarmignies, Craie d'Obourg N; Musée royal de Belgique (1. G. 6433). Le même, vu en dessous. Echinocorys conicus Variété minor, de Harmignies, Craie d'01)ourg, vu de profd ; Musée royal de Belgique (1. G. 643i)). Le même, vu en dessous. Le même, vu en dessus. Echinocorys ovatus Variété humilis, de la Craie à Baculites de Fresville (Manche), vu de profil ; ma colleclion. 11. — Le même, vu en dessous. Comparer ces deux figures avec celles i et 2. Mem. Musée roy. Hist. nat. Belgique T.I 1902, Planche II ] ^=:~î:it 10- -^•=-?^^ ^^ffiiifitiiî^ /■ X' ♦ > ©#'■ / / .,^^^ ' ECHINOGORYS du Senonie-n delà B el gique. etc. PLANCHE lY EXPLlGATlOî^ DE LA PLANCHE Figure 1. — Echinoeorys conieus Agassiz (Anunchytes) de Harmignies, Craie d'Ohourg, vu de protil ; Musée royal de Belgi(]ue (I. (J. ()435). )) 2. — Le même, vu en dessous. I, 3. _ Aiilre individu de la Variété minor, du même gisement et remai^cjuahle par son large apex. » 4. — Echynocorys pyramidatus l'ortiock, vu de |)rolil, de Harmignies, Craie d'Obourg; Musée royal de Belgique (I. G. 0512). I) 5. — Le même, vu en dessous. » 6. — Echinoeorys ovatus Leskc, forme haute, vu de profd, de Harmignies, Craie d'Obourg; Musée royal de Belgique (I. G. 0512). » 7. — Le même, vu en dessous. (Les pores péristomaux n'ont pu être exactement rendus.) I) 8. — Echinoeorys Cotteaui Lambert, de la Craie phosphatée d'Orp-le-Grand, vu de profil ; Musée royal de Belgique (I. G. 3455). Mem. Musée roy. Hist.nat. Belgique _T . 1.1902 Planche IV. m Eghinogorys du S enonien de la Belgique PLANCHE y EXPLICATION DE LA PLANCHE Figure i. Echinocorys ovatus Leskc, forme ù bords arrondis de la Craie à Magas pumilus; individu de Heure-le-Romain, vu do profil ; Musée royal de Belgique (I. (î. 6521). Le même, vu en dessous. Echinocorys marginatus Goldfuss [Varietas], vu de profil, de Harmignies, Craie d'Obourg; Musée royal de Belgique (I. C. (i435). Le même, vu en dessous. Echinocorys ovatus Variété Quenstedti, vu en dessous; individu de Harmignies, Craie d'Obourg; Musée royal de Belgique. (I. C. 6312). Echinocorys conicus Agassi/. {Ananclnjlcs); néotype de la Craie de Michery (Yonne), vu de profil; ma collection. Ambulacre de l'Echinocorys ovatus Variété porosa, pour montrer sa forme aiguë vers l'apex et la disposition des pores ; individu de la Craie à B(7('hi/(!7('//« fyi(«(/r« "f? \ k Imp J Mitiot . Pans Eghinogorys du Sénonien et du Danien. a iiU44 yjfd z ^s- - , ■ "^"Wf^- <^ -''^^^f^ SJ ^ .--^ 'y> ^^^ 1 ^ v/°^ "- '^4:^''^ tl f'i\ >i^^..^ A'., .4> . ^--JT- ■^n^.^ .^ *rr7 -NT Sî