% Lire easanens à p! une pu À ". HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY 14, 7Q2 Éschamqu Seplmber 29, 1g20-Uetober LH Ifal. Aie > oc pe RC LR Par Xe, : 2 QT EVE PTE er, St Pre ès L . e . “2 £ =. MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE TOME VII G. GILSON. — Le Musée d'Histoire Naturelle Moderne; sa Mission, son Organisation, ses Droits. — 1914. A. MEUNIER. — Microplankton de la Mer Flamande. Première partie : Les Dia- tomacées : le genre ‘“ Chaetoceros ,, Ehr. — 1913. A. MEUNIER. — Microplankton de la Mer Flamande. Deuxième partie : Les Dia- tomacées (suite), le genre ‘ Chaetoceros ,, excepté. — 1915. BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE 4129, RUE DE LOUVAIN, 112 Wa DONACAEUT FUP À NEIGE CG EU ET M ITINEM A en na rue dET &E° JU ne Hot s MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE TROMPrATUR LA À | | D! | | li TOME VII. — FASCICULE 1 LE Musée D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE SA MISSION, SON ORGANISATION, SES DROITS par G. GILSON Directeur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 1914 DisTRIBUÉ LE 20 MAI 1914. 4 « * ‘ : + : ” La à d x ; y à ' . \ =. . < * To RARE LI EEE: + AUCICCE KI EUME DL ELNSEUINEN ET 7 # D" «= EE: AT # : TÔT: 4 mA Jen | dE NTALRE : è : DT s LA RE ARMES 4 ] VF , A2 LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE SA MISSION, SON ORGANISATION, SES DROITS MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE TOME VII. — FASCICULE 1 a LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE SA MISSION, SON ORGANISATION, SES DROITS par G. GILSON Directeur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 1014 DisTRIBUÉ LE 20 MAI 1914. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION. I. - LE MUSÉE MODERNE. Pages. REMARQUE . ; à 3 à è : : : : s 1O II. — DIVERSES CATEGORIES DE MUSÉES. I. Le Musée des œuvres de l’homme . ; x : , NI 2. Le Musée des productions de la Nature . - : : it III. — LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE EN GÉNERAL. I. Mission de l’Histoire naturelle . : AR 3 à 12 2. Division du travail et spécialisation . k : : ; 12 A. — DrvisioN DE L' HISTOIRE NATURELLE EN branches. : 12 B. — DrvisiON DES BRANCHES EN spécialités AU GRÉ DES SPÉCIALISTES : - ; : : : ; : : 13 3. Inconvénients de la division et de la spécialisation : T2 4. Remèdes à ces inconvénients : . : : : : L 14 A. — Les TRAVAUX COMPARATIFS ET SYNTHÉTIQUES : - 15 B. — Le MusÉE D'HISTOIRE NATURELLE. : : : à 15 5. Fonction spéciale du Musée d'Histoire naturelle : : 15 A. — La CENTRALISATION : ; ‘ ; : à ; 15 B. — La CONSERVATION. ; à ; ; ; : : I5 VI IE TABLE DES MATIÈRES Pages. Importance et nécessité de l'organisme répondant à cette fonction . : : x ; : : ; ; 16 A. — PRINCIPALES OPÉRATIONS DE L' HISTOIRE NATURELLE ; 16 B. — TABLEAU DE LA SUBDIVISION DE CES CHAPITRES . : 17 C. — NÉCESSITÉ D'UN ORGANISME IMPERSONNEL, AUTONOME, CENTRALISATEUR ET CONSERVATEUR . : ; ; : 19 Programme du Musée d'Histoire naturelle . à à 23 À. — FONCTION GÉNÉRALE : . ; ; : ; : : 23 Le L'exploration 5 5 : : D c à 6 23 2. L'étude : : ° é : c c : ; 26 3. - L'exposition . . : ; : : 0 : : 217 B. — FONCTION SPÉCIALE : : : : ; ; : : 28 1. La centralisation . o c : : . 0 : 29 2. — La conservation . : c : : B : : 31 REMARQUES. REMARQUES CONCERNANT L'EXPLORATION . : ; ; : 33 a. — Les annotations : : : : 5 : : : 33 b. — L'enlèvement des objets ou leur maintien en place . : 25 c. — Ampleur nécessaire de l'exploration et de La réunion des matériaux . à : : ; : - : s 36 d. — Mesures à prendre en vue de pousser Plus loin les observations commencées IN SITU : : 2 à : 43 e. — Outillage et installations nécessaires à l'exploration. 5 46 Laboratoires mobiles . . . . . . . . . 46 Laboratoires fixes . . 5 : : c : - : : 46 Laboratoires lacustres où fluviaux . . . . . . . 46 Outillage spécial des explorations maritimes . . . . . . 46 Navires : : : 5 o : : : : Ô SI Laboratoires maritimes . . . . . . . . . 53 TABLE DES MATIÈRES 2. REMARQUES CONCERNANT L'ÉTUDE a. — La rigueur et la précision dans les conclusions b. — Le Musée étudie des objets, mais ne cultive aucune branche de la Science pour elle-même. 3. REMARQUES SUR LA CONSERVATION a. La conservation n'est assurée que par une spécialisation parhculière et une solide organisation . b. — En principe, tous les matériaux d'exploration doivent étre conservés 8. Limites du champ d’exploration du Musée. : À. — Dans LE TEMPS B. — Daxs L'ESPACE. I. — Le Musée universel. 2. — Le Musée régional. 3. — Limites de la région. 9. Le Musée régional doit posséder une annexe compa- rative : 10. Le Musée régional concourt au progrès de la Science universelle. 11. Le Musée scientifique régional n’est pas une institu- tion réservée aux professionnels : il renseigne le Public en l’instruisant dans une certaine mesure . : À. — LA COLLECTION PUBLIQUE RÉGIONALE. B. — LA COLLECTION PUBLIQUE COMPARATIVE C. — COLLECTION D'INTRODUCTION A L'ÉTUDE DE LA COLLECTION RÉGIONALE . REMARQUES : a. — L'isolement de la collection régionale doit être complet b. — Une certaine tolérance est admissible dans la composition des collections comparatives. 74 VII TABLE DES MATIÈRES Pages. ce. — Certaines considérations extrinsèques peuvent conduire un Musée d'État à ajouter à sa collection non régionale des parties qui ne sont pas strictement exigées par les études comparatives : : : : 3 x 5 : : 82 D. — LES COLLECTIONS PUBLIQUES, RÉGIONALE, COMPARATIVE ET INTRODUCTIVE, DOIVENT ÊTRE EXPLIQUÉES . : : : 84 E. — LEs EXPLICATIONS DOIVENT ‘ÊTRE ADAPTÉES A UN TYPE UNIQUE DE VISITEURS . : 3 : 3 : x ; 84 F. — CARACTÈRE DES EXPLICATIONS . : ; 2 : : 85 G. — ORDRE ET PROGRAMME A SUIVRE DANS LES EXPLICATIONS . 87 REMARQUE . : ; : : 3 : ; : : 98 12. La collection publique du Musée d’exploration régional ne peut s’adapter aux besoins de l’enseignement régulier. 100 13. Rang du Musée parmi les institutions scientifiques . RC 14. Le Musée régional doit être une Institution d’État . . 104 A. — L'ÉTAT DOIT FAVORISER L'INVESTIGATION SCIENTIFIQUE, C'EST-A-DIRE LUI FOURNIR DES MOYENS DE DRAVATL NE L'EX- PLORATION DU TERRITOIRE EST LA PREMIÈRE A MÉRITER CETTE « FAVEUR » . . . . : . . . . . 104. B. — L'ETAT DOIT INSTITUER LUI-MÊME L'EXPLORATION DU TERRI- TOIRE : : à ï À ; ù : ; > : 105 1. — C’est un devoir envers la Science. : ; ; ; 105 2. — C’est aussi un devoir envers le Peuple. . : : : 106 15. Les Musées locaux. : à ù ; \ ; : _…TO7 16. Les Musées spéciaux. . ; , ; à : OT 17. Les Musées coloniaux . x k , S à : Cr2 REMARQUES. : À 120 18. Le Musée anthropologique. . à : ; A k TA REMARQUE . : : À : : : ; : : RTL TABLE DES MATIÈRES 19. Les Musées économiques REMARQUES. : . 20. Que doivent faire les Musées qui jusqu'ici n’ont pas pris le caractère de Musées d’exploration régionale ? 21. Organisation du Musée d’exploration régional : A. — CoNDITION DU MUSÉE DANS LES SERVICES DE L'ÉTAT . B. — ORGANISATION DU MUSÉE. 1. — Base de cette organisation. 2. — La Direction. 3. — Les Explorations 4. — Les Collections a. Il existe des collections distinctes. b. Subdivision des collections 1. — Division des collections d'exploration : base vartable Le] . — Division des collections systématiques et éthologiques : base chronologique 3. — Division du dernier groupe chronolo- gique : base systématique. 4. — Division des collections comparatives : base systématique 5. — Dépendances de la Direction a. Les conservatoires. b. Les collections détachées. 1. — La collection systématique régionale. — Non publique Le] . — La collection éthologique régionale. — Non publique 3. — La collection régionale systématique et éthologique. — Publique ces collections Spécialess eZ collection systématique Ccompara- tive. — Non publique. TABLE DES MATIÈRES 2. — La collection systématique compara- tive. — Publique. ; : : : 3. — D'autres collections qui seratentéven- tuellement mises à part (collections locales, explorations faites à l'étranger par des Belges, etc). d. Le Secrétariat e. La Bibliothèque f. Les Bureaux de la Direction C. — LE CONSEIL DE SURVEILLANCE D. — PERSONNEL : ; : : ; ; ; Nécessité d’un stage I. — Personnel scientifique a. Le Directeur. ; , : ; 4 b. Les Chefs d'exploration REMARQUE . ; ; : : c. Les Naturalistes et Aides-naturalistes 2. — Personnel auxiliaire a. Les Bibliothécaires . ï : ; b. Les Conservateurs : ; c. Les Agents d'administration 3. — Personnel technique : : , : 4. — Personnel de surveillance : . = : E. — ASsISTANCE EXTÉRIEURE : ; ; : 1. — Collaborateurs externes. 2. — Les Correspondants du Musée 3. — Les agents temporaires. 4. — Le prêt à l’extérieur : 3 . ; F. — LEs INSTALLATIONS Pages. IAI IAI 141 142 144 144 144 145 146 140 146 148 148 149 150 HOT 152 no? 153 154 154 156 156 157 157 TABLE DES MATIÈRES XI IV. — LE MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE. Pages. I. Origine et développement . : à ; : Por) 2. Condition présente à : : ; ; ; : ROZ A. — ORGANISATION à TOR ; ; : : ! 183 B. — LocaL ET INSTALLATIONS à à à no I. — L'édifice , à z s : ; : : 3 183 2. — Locaux de travail et d'étude . - : . ; : 1OI C. — AMEUBLEMENT. , à : : ; : : OT REMARQUE . ; à ; ; : ; : T0 D. — COLLECTIONS . 3 ; à à : : ic 1. — Les Collections régionales : - : - : c 194 2. — Les Conservatoires. . : c : : c - 195 3. — Les Collections comparatives. . . . : . 197 4. — La Collection introductive . : : . : : 200 E. — DÉPENDANCES DU MUSÉE. 2 ) : : 5 ; 200 Le laboratoire maritime d’Ostende. Les navires prêtés par l’Administration de la Marine : l’aviso Ville d'Anvers, le remorqueur n° 1 d’Ostende, la vedette à vapeur Narval. F. — ÉTABLISSEMENTS ADJUVANTS . ; : à à UN 202 G. — PUBLICATIONS . à . : £ ; : : 207 Annales Ê . Ê ‘ . - - c : : 207 Mémoires ; : : . 4 : : . ; ë 21© 3. Avenir . : ; 3 : : ; - x L 2 Ti A. — LE MUSÉE NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE DOIT DEVENIR UNE INSTITUTION TRIPLE . : ; à k , À 2TT B. — LE MusÉE cOLONIAL D'HISTOIRE NATURELLE DEVRA AUSSI COMPRENDRE TROIS PARTIES. s : ë à à : 216 C. — LE MUSÉE ANTHROPOLOGIQUE DOIT ÊTRE MÉTROPOLITAIN ET COLONIAL ; : ; : : ; ; 3 ; 216 D. — L'InsrrruT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE : : E. — ORGANISATION FUTURE DU MUSÉE NATIONAL ZOOLOGIQUE. 1. — Les Règlements : . 2. — Le local et les installations . : : 3. — Les Publications ‘ : V. — RÉSUMÉ GÉNÉRAL. A. — LE MUSÉE D'EXPLORATION RÉGIONAL k B. — LE MUSÉE RÉGIONAL DE BELGIQUE. : ; C. — LE MUSÉE COLONIAL , ; : : ; D. — LE Musée ANTHROPOLOGIQUE . ; : E. — L'INSTITUT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE ; ; : VI. — REMARQUES FINALES. PRINCIPALES QUESTIONS DU PROGRAMME DE TRAVAIL DE L HISTOIRE TABLE DES MATIÈRES TABLEAU SYNOPTIQUE. NATURELLE [ee] A [e2) INTRODUCTION Le premier chapitre de la Sczence sociale de Herbert SPENCER est humoristique et empreint d'observation vécue. On y voit d’abord, au cabaret du village, l’ouvrier pérorant en fumant sa pipe et décidant quelles mesures le Parlement doit prendre. Puis c’est le fermier qui, tout en arrosant un marché, jure en frappant du poing que les mesures prises par l'État en cas d'épidémie sont insuffisantes. Ensuite, passant à des milieux plus relevés, l’auteur montre partout la tendance étrange des hommes à exprimer les opinions les plus catégoriques sur les choses qu'ils connaissent le moins. Qui n’a entendu, avec amusement, des hommes d’ailleurs très circonspects au sujet des choses qu'ils connaissent à fond, exprimer sans hésitation des avis tranchants sur des matières compliquées dont ils n’ont qu'une connaissance imprécise et superficielle? Laissons aux psychologues le soin d'étudier cette curieuse propension, liée à celle que nous avons tous de croire simples les choses que nous connaissons peu. De loin une chaîne de montagnes n’est qu'une croupe ondulée; de près c’est un amas convulsionné d’'escarpements, un dédale de vallées, de pics et de gouffres. Critiquer de loin dénote un défaut de sens commun. Mais nous n’allons pas nous lancer dans une critique de l’art de critiquer. Seul le sort de la chose critiquée nous occupe ici. Quiconque agit est critiqué. Tout travail méritoire est décrié; toute œuvre sérieuse est tournée en dérision. On s’en console en pensant « qu'on ne jette des pierres qu'après les arbres qui portent des fruits », ainsi que nous le disait, après des jours de lutte, le Professeur THouLET, l’un de nos maîtres les plus vénérés. INTRODUCTION N] Au surplus, tout est critiquable, parce que rien n'est parfait, et la critique compétente est salutaire. Le critique dangereux et malfaisant n'est pas celui qui sait, c'est celui qui ne sait pas. Car si ce dernier manque de bon sens, 1l peut avoir de la verve, et il n'y a pas de sot plus incommode que celui qui a de l'esprit. Tête baissée, il s'élance, frappe d’estoc et de taille, pérore avec toutes les riches ressources de la parfaite ignorance, et prouve, à sa propre satisfaction, que l'œuvre de sa victime ne vaut absolument rien. Il est vrai que tôt ou tard, quelque athlète impatienté se dresse et lance le hâbleur les quatre fers en l'air dans la poussière ! Mais souvent il est trop tard, le mal est fait, la chose est ruinée. Il est donc pratique de se prémunir contre la critique ignorante en se faisant connaître et comprendre, sinon de la foule, du moins des hommes spécialisés et de ceux dont c'est le métier de renseigner. Or le Musée compte parmi les Institutions à la fois les plus en vue et les moins comprises. C'est assez dire qu'il est de celles que tout le monde croit simples et se juge à même de critiquer. Aussi la critique incompétente s’est-elle donné libre cours sur le chapitre des musées, et le Musée de Belgique en a beaucoup souffert. Elle a sévi contre lui parfois avec véhémence dans la presse et jusqu’au sein du Parlement. Certains ont déclaré que la visite des musées ne produit pas au point de vue de l'instruction du Peuple tous les effets qu'on en attendait; que le visiteur, écrasé par des collections grandioses, mais morcelées, d'objets extraordinaires, disparates et bariolés, se trouve dans le cas de l’enfant que l’on a comblé de jouets : 1l n'apprécie plus la valeur des choses et ne fixe plus sérieusement son attention sur rien. On a dit que ces institutions n'atteignent leur but, ni au point de vue du Public, ni à celui de la Science; que les millions accordés aux musées seraient plus utilement employés à créer de multiples écoles, des laboratoires, des bibliothèques, des instituts spéciaux, voire même des jardins publics et des parcs nationaux; que tel musée devrait comprendre des « groupes pittoresques », des collections anatomiques, des préparations microscopiques et des microscopes, des panopticums et des cinémas scientifiques! etc., etc. Ces critiques, et bien d'autres que l’on entend couramment, contiennent un fonds de vérité à côté de remarques inacceptables. Mais, en général, elles pèchent par la base en négligeant de préciser d’abord ce que doit être et ce que doit produire la chose qu'elles blâment, le musée dont elles traitent, et elles O3 INTRODUCTION confondent des choses bien différentes. Il semble, à les entendre, qu'il n'y ait qu'une seule espèce de musées servant à tout, et dans lesquels la Science et la pédagogie se confondraient en une regrettable mésalliance! Il serait intéressant, pour un humoriste, de rassembler tout ce qui a été dit et écrit depuis cinquante ans sur le Musée d'Histoire naturelle ‘de Bruxelles, par exemple, et d'essayer, à l’aide de ces matériaux disparates, de dresser le plan d'un 1. — LA CHUTE DES ANGES REBELLES. — Bruxelles. Musée ancien de peinture. Tableau de Breughel. La photographie ne rend pas toute justice à l’étonnant réalisme zoologique de ces monstres composites. musée donnant satisfaction à tous les vœux émis, à toutes les critiques et à toutes les suggestions formulées. Le résultat de cette tentative serait non pas une hydre, un monstre polycéphale, mais un chaos fantastique et incohérent comme ce tableau connu de BREUGHEL, représentant la Chute des anges rebelles, réalisation du cauchemar d’un grand observateur de la Nature, où tout est naturel, rien n’est inventé, mais tout est hors de place. L'un est un beau tableau, mais quel musée serait l’autre! INTRODUCTION Il n'y a pas de raison pour que cette critique s'amende, car le Musée, loin de se simplifier, devient une institution de plus en plus complexe, de moins en moins à la portée du Public, même lettré. C'est partiellement en vue de prendre à l'égard E la critique mal informée, mais désireuse de savoir, une mesure générale de renseignement que nous nous décidons à publier cette étude sur les musées en général, à laquelle nous ajoutons une notice sur le Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. © Mais notre but principal est de soumettre à la critique compétente des natu- ralistes spécialisés en muséologie /a concephion nouvelle du Musée d'Historre naturelle qui, dès aujourd’hui, est la base de toute l'organisation et du fonction- nement de notre grande Institution nationale. Car, si la critique inconsidérée est comme un de ces miroirs bosselés offrant à QUI, Sy contemple, des traits faussés et distordus, la critique sérieuse sait au contraire montrer des défauts réellement existants. Les musées ont des torts très réels; mais la critique ne les connaît mi ne les comprend guère. D'abord, ils ont celui de ne pas éclairer la critique en négligeant de lui indi- quer leur but et leur programme, en vue de lui permettre d'apprécier leurs efforts. Mais, chose bien plus grave encore, beaucoup de musées seraient fort en peine de le faire, tant leur mission est mal définie et leur programme vaguement établi. Il règne une véritable crise des musées. C'est peut-être, en partie, une crise d'abondance : on admet comme un dogme que les musées sont utiles, nécessaires, et on en crée partout. Il ya des musées d'État, des musées de province, des musées de ville, des musées d'université, des musées de collège, des musées privés, etc. Ils sont souvent de dimensions colossales, merveilleusement construits, admirablement meublés, et richement dotés. Beaucoup souffrent d’une véritable pléthore et sont encombrés d'objets précieux, souvent accumulés dans des oubliettes profondes. Mais c’est surtout une crise de désorientation ou de manque d'orientation : on ne définit pas assez nettement la mission du Musée, le rôle qui lui revient dans l'économie générale du travail scientifique, et on ne précise pas suffisamment le programme spécial des musées en particulier. Telle est la cause du malaise qui règne dans certains musées sous une apparence d'extraordinaire prospérité, mais qui dans d’autres prend le caractère du marasme. Le remède s’en indique de lui-même : il faut que tout musée ait wne mission définie et un programme adapté à son but, INTRODUCTION 5 Nous croyons utile de développer assez en détail notre conception présente de la mission générale des musées, résultat d'études et d'observations faites au cours de notre longue et intime association au travail et aux luttes du véritable fonda- teur de ce Musée de Belgique qui, en dépit d’oppositions violentes et de règlements défectueux, est parvenu à se donner un programme défini, et à en exécuter d'importantes parties. Nous tenterons d'indiquer d’abord la mission du Musée d'Histoire naturelle moderne dans la grande entreprise de la découverte de la Nature. Ce Musée doit être un organisme centralisateur et conservateur doté d'un programme comprenant trois opérations nécessaires l'Exploration, l'Etude, l'Exposition. Ainsi conçu, il doit jouer un rôle important dans la Science en lui fournissant un moyen de remédier aux inconvénients de la spécra- lisation et de la division du travarl. Mais il faut encore qu'il soit régrona/, parce qu'un Musée d’explo- ration universelle est impossible. Telles sont les thèses que nous développons dans cette étude, et notre désir est à la fois de signaler le remède du malaise régnant et d'obtenir pour notre propre édification le bénéfice de la critique salutaire, c'est-à-dire de celle qui est le fait d'hommes compétents et renseignés. | Nous dirons ce que le Musée a été dans le passé, ce qu'il doit être, ce qu'il sera dans l'avenir. Nous préciserons son but, sa mission, son rôle dans la Science et dans l'Etat. Nous proposerons un plan général de son organisation, nous indiquerons ses besoins et nous réclamerons pour lui le rang auquel il a droit parmi les institutions scientifiques. Tout cela ne s'expose pas en une page. Le Musée, de loin, paraît simple : ce n'est qu'un bâtiment. De près, sa partie publique se révèle déjà d'une grande complication, et sa partie fermée, ses locaux de conservation et de travail forment un labyrinthe qui surprend le visiteur admis. Mais l'étude et la discussion de sa mission et des détails de son organisation est une tâche bien plus complexe encore que la description de ses installations. Le simple effleurement de quelques chapitres nous a conduit à l'élaboration d'un livre trop compendieux, à consulter plutôt qu’à lire. Et cependant, nous voudrions demander à nos critiques éventuels de nous lire jusqu’au bout! Faveur bien difficile à obtenir aujourd’hui, car on ne lit plus, Ô INTRODUCTION on écume. Bien souvent la bonne substance fuit et se perd en traversant le crible de la critique volage qui s'étonne de n'y trouver que paille folle. Cependant, le sacrifice de cette lecture. accompli, le critique se sentirait plus à l'aise non seulement pour rendre justice à l'ensémble de notre étude, dont il saisirait bien, alors, la portée et l'esprit, mais aussi pour en signaler les points faibles et indiquer avec équité et précision tant les choses acceptables qu'elle peut contenir que les idées à rectifier ou même à réformer de fond en comble. Malgré la longueur de cette étude, nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet; il est bien des points que nous n'avons pas abordés pour ne pas l'allonger davan- tage; et nous nous sommes abstenu de prévenir certaines objections afin de laisser plus libre cours à la critique à laquelle nous faisons appel. Nous nous sommes exprimé sur toutes les parties de notre sujet avec une entière indépendance, parce que l'honnêteté scientifique nous impose de dire notre pensée sans compromission, même quand nous prévoyons une opposition puissante et la chance d'être battus! La perspective de déplaire parfois à nos meilleurs amis ne pouvait nous arrêter : devant la vérité, l’homme de science n'a ni père, ni mère, ni frères, ni amis. Mais la sincérité de sa parole ne blesse Jamais personne. Au surplus, nous espérons que ceux qui pensent autrement que nous sur quelque point prendront la plume et nous diront leur avis avec une sincérité égale à la nôtre. Nous prions le lecteur de ne point considérer tout ce que nous avons écrit comme nous appartenant en propre. Sans pouvoir remonter à l’origine de toutes nos pensées pour déterminer ce qui est strictement notre propriété, nous sentons souvent que nous devons beaucoup aux autres. « Il y a dans la pensée de chacun de nous », dit René Doumic, « beaucoup plus de la pensée d’autrui que de la nôtre. » Comment dire la part qui revient, dans notre conception actuelle du Musée et des rapports des branches de la Science avec lui et entre elles, aux deux grands maîtres qui, dans des voies diverses, nous ont prodigué les avis de leur science et de leur expérience : Jean-Baptiste CarNoy et Édouard Duponr ? Et comment aussi mesurer celle qui est due à l’admirable personnel scientifique du Musée, aux chers collègues avec lesquels nous vivons dans une communion de pensée si étroite que nous nous considérons ici, au sujet de la plupart des points, encore plus comme leur interprète que comme leur guide? INTRODUCTION f En livrant à la publicité ces pages, fruit de longues méditations, nous adressons aux maîtres disparus un souvenir ému et aux collaborateurs du présent un chaleureux remerciement, tant pour l’aide qu'ils nous ont prêtée dans ce travail que pour le zèle et l'abnégation avec lesquels tous peinent et luttent pour l’achè- vement du monument grandiose que la Belgique élève à la Science universelle, en révélant au monde l’évolution de la Nature dans les limites de son territoire depuis les temps les plus reculés de l’histoire de la Terre. 1e LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE SA MISSION, SON ORGANISATION, SES DROITS I. — LE MUSÉE MODERNE O Musa, tu che di caduchi allori Non circondi la fronte in Elicona . .. .. Ger. lib. Le Musée, dans l'antiquité grecque, était le temple des Muses, mousewy, lieu consacré aux Muses. On s’y réunissait pour s'occuper d'art et de poésie, pour discourir et discuter, et même on y enseignait, à Athènes, au sommet de l'Hélicon, à Alexandrie. Sans doute, on commença de bonne heure à y rassembler des œuvres d'art ou même des objets simplement intéressants et curieux. C'était donc, primitivement, un lieu de réunion, un local, rien de plus. Mais le sens des mots s'altère au cours de l'évolution des choses et des idées. Aiünsi l’Académie, Axaènue, dans les temps reculés de l'époque héroïque, n'était qu'un lieu, un jardin près d'Athènes. Plus tard on donna ce nom à une illustre compagnie : l'École de Platon, qui se réunissait sous les bosquets de cet antique jardin d'Akademos, devenu propriété de la République; et aujourd’hui chacun sait que l’Académie est une /zs#{ution officielle et non plus un local ni une école philosophique. De même le Musée, après avoir été le nom d’un temple, devint celui de toute collection d'objets réunis dans un local pour y être exposés à la contemplation des passants. Puis les collections devinrent des centres d'étude, et, aujourd’hui, le Musée est devenu une {nstitution d'étude. Le Musée moderne est une Institution consacrée à la recherche, à l'étude et à l'exposition d'objets matériels. 10 G. GILSON Ce n'est ni un simple édifice ni une collection quelconque : c’est une Institution autonome, active et progressive, chargée d'une mission créatrice, dotée d'un programme méthodiquement conçu, tendant vers un but nettement défini. Il suit de là que ceux qui se représentent le Musée comme un organisme administratif simplement dépositoire, conservatoire et dormant, se font une idée très fausse du Musée moderne. REMARQUE. — Certains établissements s'intitulant Musées ne sont, encore de nos jours, que des locaux contenant des collections : on y accumule, mais on n'y étudie pas. Ce sont de simples magasins de « curiosités », vestiges, dirait-on, d'une époque où l'homme observait déjà curieusement le monde qui l'entoure et accumulait pêle-mêle le beau et l'étrange, mais où l’investigation de la Nature se faisait encore sans ordre et sans méthode. Ces musées surannés sont dangereux : mal armés pour le travail si difficile de l'identification des objets et de leur interprétation, 1ls enseignent trop souvent l'erreur, et maint objet d'une haute valeur scientifique y dort comme sous la pierre tombale d'une concession à perpétuité. D'autres ont dépassé ce stade primitif : on v étudie beaucoup, surtout en systématique, mais sans plan de travail bien défini. Si certains d’entre eux méritent le nom d'institution scientifique, ils encourent toutefois le reproche de n'avoir point suivi d'assez près l'évolution des voies, moyens et méthodes de la recherche scientifique et de la diffusion de la connaissance. Ce sont aussi des restes du passé, mais d'un passé moins reculé. Il en est parmi ces derniers qui croient pouvoir assumer à la fois deux rôles et se consacrer à deux buts distincts : l'avancement de la Science et sa diffusion. Mais c'est là une erreur de méthode que Sir William FLOWER appréciait déjà sévèrement en 1898. La recherche pour l'avancement de la connaissance précède l’enseignement; elle ne peut se combiner avec lui sans lui abandonner une partie de sa puissance d'action. A côté des universités et des instituts spéciaux, institutions consacrées avant tout à la diffusion générale de la connaissance et au recrutement de l’armée des pionniers spécialisés, 1l y a place pour une institution d'un autre ordre consacrée avant tout à l'avancement de certaines parties de la Science et ne s’occupant point de ce recrutement en dehors de ses propres besoins. Cette institution, c'est le Musée moderne, consacré essentiellement aw progrès de la Science, mission qui implique la conservation des résultats acquis. Nous verrons plus loin que les institutions didactiques peuvent et doivent faire de l'investigation. De son côté, le Musée peut et doit réaliser latéralement un genre particulier de diffusion de la connaissance. Mais il ne peut enseigner. On ne peut lui imposer l’entrave d'un labeur pédagogique même d'ordre supérieur. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE a Jet II. — DIVERSES CATÉGORIES DE MUSÉES Suivant la nature des objets qu'ils recherchent, étudient et font connaître, il y a lieu de distinguer deux groupes de musées : I. Le Musée des œuvres de l’homme Tels sont les musées archéologiques et historiques qui recherchent, étudient et conservent les objets sortis de la main de l’homme dans le passé, en vue de reconstituer aussi fidèlement que possible le tableau des conditions de la vie humaine aux diverses phases de l’évolution. Tels sont encore ceux qui réunissent les objets créés ou façconnés par l’homme dans des voies spéciales du domaine de l’utile, les produits et l'outillage des branches diverses de l’industrie ou de l'application des sciences : Musées économiques, techniques, industriels, commerciaux, sanitaires, militaires, etc. Tous doivent, en étudiant les étapes du passé dont ils recherchent et conservent les témoins, tendre en même temps au progrès de la Science ou de ses applica- tions. S'ils ne tendent qu'à la diffusion de la connaissance pure ou appliquée, ils ne méritent pas le nom de Musée scientifique; ce sont de simples collections pédagogiques : fout Musée scientifique est une institution progressive. Le Musée d'art se range aussi dans cette catégorie. Il est consacré à la réunion, à la conservation et à l'exhibition des créations de l'esprit humain dans le domaine du beau, et à l'étude de l’évolution de l'esthétique. La question de sa mission, de son programme, de son organisation, de ses variétés diverses, est encore largement ouverte à la discussion. Elle sort de notre compétence; nous n'en parlerons pas davantage. 2. Le Musée des productions de la Nature C’est le Musée d'histoire naturelle. Consacré à l'avancement de la connaissance de la Nature, 77 est essentiellement progressif. C'est uniquement de ce Musée que nous traitons dans les pages suivantes, et D ) pour mieux déterminer le type nouveau d'institution progressive que nous croyons nécessaire au développement de la Science et destiné à y jouer dans l'avenir un rôle important, nous y ajoutons une courte notice sur le Musée Royal d'Histoire Naturelle de Belvique, qui représente une première tentative de réalisation de ce gique, P type. 12 G. GILSON III. — LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE Dans le but de préciser la fonction spéciale qui doit être celle de cette Institu- tion, nous tenterons d’abord d'indiquer les limites de son immense domaine en rappelant la mission de l'histoire naturelle, dont il est le principal pionnier, et déterminant les grandes subdivisions de son programme excessivement complexe. 1 Mission de l’histoire naturelle L'histoire naturelle a pour mission d'observer la Nature pour la comprendre et La révéler aux hommes. On peut la considérer comme une vaste entreprise organisée par l'homme avide de connaître ce qui existe hors de lui et en lui-même, comme une organisation désormais puissante et systématisée, chargée d'une mission de découverte et de renseignement. , Elle étudie la Nature non seulement dans l'espace mais encore dans /e temps, et c'est pour cela qu’elle s'appelle /’Ærstorre naturelle. Sa tâche est immense et ardue entre toutes, car la Nature inextricable ne cède ses secrets qu'un à un et ne les livre qu'au travail sagace, persévérant et métho- dique. 2. Division du travail et spécialisation La grandeur de cette tâche et sa complexité ot imposé à la recherche la divr sion du travarl et la spécialisation. À. — DIvisION DE L'HISTOIRE NATURELLE EN branches Le naturaliste, incapable d’embrasser la Nature entière, s'assigne un pro- gramme limité, et.se spécialise, soit dans l'étude d'un seul genre d'objets faite à divers points de vue, soit dans celle d'objets divers faite à un seul point de vue. Les études spécialisées dans l'une ou dans l’autre de ces voies constituent les diverses branches des sciences naturelles, que l'esprit humain, toujours porté à classer les choses en catégories, a définies et dénommées, mais sans parvenir à leur assigner dans tous les cas des limites nettes. Ainsi la botanique étudie, à des points de vue divers, un seul genre d'objets : les végétaux; — mais la limite du type végétal n’est pas nette. La chimie, au contraire, étudie des objets divers au seul point de vue de la com- position élémentaire de leur substance et de ses variations; elle recherche aussi LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 13 les lois chimiques, c'est-à-dire celles des rapports mutuels des éléments consti- tutifs de toute substance; — mais la distinction entre le point de vue chimique et le point de vue physique devient de moins en moins tranchée, à mesure que la connaissance générale de la matière progresse. | La division des branches de l'histoire naturelle est donc plus ou moins subjec- tive et conventionnelle, et leurs limites manquent souvent de netteté. C’est là un défaut du plan général de la division du travail. Il n’a guère d'importance. B. — DivisioN DES BRANCHES EN spécialités AU GRÉ DES SPÉCIALISTES Mais il ne suffit pas que les branches de l'étude de la Nature se soient définies et délimitées, il faut que tout travailleur s'attache à une fraction restreinte de chacune, parce que les forces et les facultés de l’homme sont limitées. Le chimiste s'adonnera à l'étude d’un groupe de corps ou de questions, et le botaniste ou le zoologiste se spécialiseront soit dans une catégorie de recherches d'anatomie, d’histologie, de physiologie, etc., soit, en systématique, dans l'étude d'un groupe, d'une famille, parfois d’un seul genre. Chacun d'eux trouvera dans son domaine spécial assez de travail pour occuper entièrement sa carrière, et ce n'est qu'après des années de labeur quil deviendra we autorité dans sa spécialité, c'est-à-dire qu'il sera suflisamment au fait des causes d'erreur pour que ses travaux ne contiennent qu'un minimum dinexactitudes tolérable. Devenir une autorité dans un département de la connaissance, telle doit être la première ambition du pionmier de l’histoire naturelle, et s'il y arrive dans une mesure éminente, 1l aura bien mérité de la Science. Mais on ne devient une autorité que dans une spécialité restreinte, à cause de la limitation des forces et des facultés. Il y a donc beaucoup de spécialités et encore plus de spécialistes. 3. Inconvénients de la division et de la spécialisation La division du travail poussée trop loin et laissée sans correctif, avec la spécia- lisation qu’elle implique, entraîne cependant des inconvénients graves : l'éparpil- lement des efforts, la dissémination des matériaux, l'émiettement des descriptions, la minimisation des conclusions. Cet obstacle est sérieux : il nuit d’abord à la bonne marche de l’investigation, qui elle-même doit être comparative et exige des connaissances étendues pour ne point faire fausse route: mais, surtout, il contrecarre le travail de la généralisation, c'est-à-dire le développementde la Science elle-même. 14 G. GILSON Nous traversons une période d'activité scientifique intense, — qu'on nous passe cette banalité. Un nombre immense de chercheurs bien ou mal outillés travaillent avec ardeur, et un courant ininterrompu de publications hétéroclites sort des presses comme un torrent mugissant au bruit duquel l'oreille s'habitue. Parfois quelque importante découverte en émerge, illuminant l'horizon d'un éclair passager, et le courant régulier des trouvailles menues continue sa marche monotone. Le grand nombre des travaux et leur faible envergure sont la consé- quence de la division et de la spécialisation, qui sont des maux nécessaires. La plupart de ces travaux sont utiles, — il est rare qu'un mémoire exposant des recherches personnelles ne contienne rien de bon, — beaucoup sont très méritants et représentent, dans leur modestie et leur effacement, une somme de travail et d'érudition infiniment supérieure à celle qui, autrefois, sufhisait à donner à un « scavant» une position éminente. Les faits bien notés qu'ils contiennent ont toujours leur valeur, il n'en est pas de trop minimes. Leur accumulation constitue la base de la comparaison et apporte à la connaissance de plus en plus de précision. Ce qui est fâcheux, ce n’est donc pas la division et la spécialisation elles-mêmes, — elles sont au contraire indispensables dans certaines limites, — mais c’est /e manque de synthèse des résultats atteints par les efforts spécialisés. Ce défaut provient de ce que, fort souvent, les esprits portés vers l'analyse, les pionmers bien doués au point de vue de la recherche, ont peu d'aptitude ou peu de tendance à comparer et surtout à formuler des généralisations inductives, tandis que, d'autre part, les esprits plus compréhensifs et plus synthétiques ne sont pas tou- jours des chercheurs passionnés n1 des analyseurs sagaces. Trop souvent ils se contentent de s'emparer des résultats obtenus par d’autres. Or, s'étant peu mis en contact avec la Nature elle-même et peu heurtés aux causes d'erreurs, ils sont fréquemment imbus de notions erronées, et, manquant de critique, ils basent leurs généralisations sur des données fautives, douteuses, mal choisies ou mal inter- prétées. Enfin nous avons mentionné /4 dissémination des matériaux. Les innombrables travailleurs spécialisés ne sauraient obtenir par eux-mêmes toutes les productions naturelles dont l'étude doit être faite. Et s'ils v arrivaient, chacun dans sa partie, ces matériaux se trouveraient encore disséminés dans des collections variées et menacés de destruction. Ils ne constitueraient jamais les ensembles durables d'objets bien préparés, bien conservés et bien documentés qu’exigent les études comparatives et les travaux de synthèse. 4. Remèdes à ces inconvénients Cependant il s'en faut que les deux tendances — l'analytique et la synthé- tique — s’excluent absolument. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE I (Sani A. — LES TRAVAUX COMPARATIFS ET SYNTHÉTIQUES Aussi voit-on paraître de temps à autre des études comparatives et des travaux de synthèse bien faits, qui viennent remédier aux inconvénients de la division disséminante et de l’ultraspécialisation. Il convient de fournir à ce genre de travaux toute l'assistance possible. B. — Le Musée D'HISTOIRE NATURELLE Or, il existe un moyen de favoriser à la fois les recherches analytiques et les études synthétiques : c'est la réunion des productions de la Nature par une exploration systématique suivie de leur étude confiée aux meilleurs spécialistes invités au travail par une Institution à la fois exploratrice, centralisatrice, coor- donnatrice des résultats et conservatrice des documents et matériaux. Ce moyen prend donc la forme d’une institution spécialement organisée, puissante et efficace : c’est le Musée d'Histoire naturelle. 5. Fonction spéciale du Musée d'Histoire naturelle La mission générale du Musée est l'avancement de la connaissance de la Nature. En cela il ne se distingue pas du travailleur individuel : il n’est qu'un pionnier puissamment armé. Mais tout se précise et s'ordonne systématiquement et 1l s'établit aujourd’hui que le Musée doit jouer un rôle spécra/ et assumer une mission bien déterminée. Cette mission particulière consiste à remédier aux inconvénients de la division du travail el de la spécialisation, et particulièrement à la dispersion des eflorts et à la dissémination des matériaux et des documents. Elle comprend deux fonctions distinctes : la Centralisation, la Conservation. A. — La CENTRALISATION comporte elle-même deux actes distincts : la réunion des objets dont l’ensemble constitue la Nature; la concentration des efforts spécialisés sur ces objets afir d'obtenir que leur étude soit faite avec compétence à Zous les points de vue de l'histoire naturelle et de favoriser, par la constitution d'ensembles d'objets analysés, les études compa- ratives et les travaux de synthèse. B. — La CONSERVATION porte aussi sur deux éléments distincts : les obyets ; les documents concernant tant leur découverte que le travail déjà exécuté à leur sujet. 1Ô G. GILSON Cette conservation assure la continuité indéfinie de l'investigation, évite d'inutiles recommencements et préserve la Science d'irréparables pertes. Centraliser, c'est-à-dire concentrer sur des ensembles d'objets l'ensemble des efforts spécialisés de l'histoire naturelle, qui com- prennent l'exploration, l'étude et l'exposition, et favoriser ainsi la comparaison, la synthèse, la généralisation; Conserver les matériaux et les documents de ce travail; telle est la fonction spéciale que doit assumer le Musée d'Histoire naturelle moderne. La wvission du Musée est donc conforme à celle de l’histoire naturelle elle- même : éfudier la Nature pour la comprendre et la révéler aux hommes. Mais il joue dans l'accomplissement de cette mission générale le rôle parti- culier d'organisme autonome constitué en vue de répondre à deux besoins de la parfaite méthode : la centralisation des efforts spécialisés et des matériaux, et la pérennisation des objets et des documents en vue de la continuation ininterrompue des recherches analytiques et des études synthétiques. 6. Importance et nécessité de l’organisme répondant à cette fonction. Nous voudrions montrer l'importance et la nécessité du rôle centralisateur et conservateur que le Musée doit jouer dans le « grand œuvre » de la découverte de la Nature. Dans ce but, nous commencerons par présenter sous une forme synoptique, le plan d'action de l'histoire naturelle considérée comme une institution tendant à renseigner l'homme, comme une vaste entreprise commencée dès l'enfance de l'Humanité, mais qui, dans les temps modernes, {end à s'organiser systéma- tiquement, en vue de réduire, par la coordination d'efforts méthodiquement dirigés, le déchet inévitable du travail. Nous nous sommes efforcé de grouper dans un ordre logique toutes les recherches faites et à faire dans la voie de l'observation et de l'induction, et d'en dresser un tableau susceptible de recevoir autant d’intercalations que l’on voudra pour en détailler davantage les parties ou pour les compléter. À. — PRINCIPALES OPÉRATIONS DE L'HISTÔIRE NATURELLE 1. — La première notion que l’histoire naturelle ait à déterminer est celle de l'exrstence ou de l'absence d'êtres matériels distincts. À Ja notion de l'existence se rattachent celle de l’unicité ou de la pluralité, LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 17 celle de la rareté ou de l'abondance, et celle, plus déterminée encore, du nombre exact des objets. 2. — Puis, les êtres étant découverts et comptés, elle les étudie non pas dans leur essence qui échappe à l'observation, mais comparativement, dans leurs rapports; son travail se réduit en définitive à noter des ressemblances et des différences. Prenant donc ces objets d'abord individuellement, puis par groupes et enfin dans leur ensemble, elle les examine comparativement dans leur zature, dans leur origine et dans leur #7. 3. — Elle précise aussi les relations des êtres entre eux, c'est-à-dire les relations de l'être avec son szrlieu et avec les autres êtres occupant ce milieu. 4. — Enfin, elle observe la variation que peuvent présenter l'être, le milieu et leurs rapports. Existence ou absence; nombre; 2° Nature; AMOrener A VEN 5° Relations; 6° Variation. Telle est la tâche générale de l'histoire naturelle et telles en sont les principales parties. Celles-ci se subdivisent à l'infini. B. — TABLEAU DE LA SUBDIVISION DE CES CHAPITRES Nous avons tenté non pas de dresser le programme complet des subdivisions de ces chapitres fondamentaux, mais d'indiquer les principales branches et les principaux groupes de questions qui, à l’époque actuelle, se rattachent à chacun d'entre eux. Le tableau complexe de ces subdivisions, résultat de cette tentative d'une extrême difhiculté et peut-être téméraire, est reporté à la fin de l'ouvrage, parce que l'intercalation d'un synopsis aussi détaillé eût été de nature à dérouter le lecteur en détournant son attention de l’enchaînement des idées que nous nous efforçons de lui exposer avec suite ("). Au surplus, nous l’avons dressé pour notre usage personnel et en vue de donner à l'ensemble de nos études et de nos recherches un cadre dans lequel toute infor- mation ou toute question qui vient à se poser trouve une place préparée d'avance. Nous n'ignorons pas que ce tableau n'est ni complet ni parfait. Il est imparfait dans bien des parties, comme c'est le sort de tout effort tendant à réduire la () Voir à la fin, après le chapitre du Musée royal de Belgique. Co 18 G. GILSON Nature ou la Science à un système préconçu de casiers. Il suffit à notre but. On pourra très aisément y faire, dans toutes ses parties, les modifications désirables pour l'adapter à d'autres sujets que cette étude du Musée. D'ailleurs, nous ne pré> tendons nullement l'imposer; nous ne le présentons qu'à titre d'exemple. Libre à d'autres de répartir différemment la série des opérations de l’histoire naturelle. Ce qui est nécessaire, c'est d'avoir un programme et d'y être fidèle. Un programme défectueux vaut mieux que pas de programme. Notre désir est d'attirer sur ce point l'attention des naturalistes et surtout des débutants en ‘biologie. Que ces derniers ne se méprennent point sur notre intention : nous n entendons pas, en leur présentant ce tableau, les obliger à l'apprendre par cœur, ou leur demander de l'avoir toujours en poche et de le consulter chaque fois qu'ils captureront un insecte ou découvriront un fossile 7x situ! Nous les engageons simplement à s’en composer un semblable, adapté à leurs besoins personnels, de le méditer parfois et de le consulter de temps en temps, afin de s’habituer à respecter dans leurs classements /es rapports naturels des choses et de suivre dans leurs études un ordre et une méthode réellement philosophiques. On remarquera que, si imparfait qu'il soit, notre tableau-programme, a l’avan- tage d'embrasser l’ensemble de l'étude de la Nature, de cette tâche immense dont nous n'avons pas toujours la grandeur présente à l'esprit, parce que, pionniers vertueusement préoccupés de la recherche, nous nous limitons très étroitement à l'étude de quelque recoin de l'édifice, ou bien parce que, en pédagogues atteints de l’inévitable déformation professionnelle, nous n'envisageons que les points de vue stéréotypés de l’enseignement classique. Il est bon cependant de sortir parfois de notre recoin ou de quitter notre chaire, pour jeter un regard sur l’ensemble de l'édifice colossal dont nous sommes les simples maçons, afin d'en mesurer les dimensions et de saisir l'agencement de ses parties. L'immensité de l’œuvre nous apparaît alors, et, pour peu que nous ayons le sens de la juste proportion des choses, nous prenons conscience de la faiblesse de notre effort personnel, et cela est de nature à nous rendre modestes, à nous épargner bien des illusions et des désillusions, et à nous éviter de tomber dans le travers grotesque, mais très répandu, de pontifier avant l’âge, avant la paracméose (') ! Faisons remarquer que notre tableau synoptique, simple tentative de classe- ment des opérations de l’histoire naturelle, ne peut donner qu'une première impression de la complication de la tâche : il n’en mesure nullement la grandeur. À la notion de la complexité du programme de travail due au nombre presque infini des questions qui peuvent se poser, doivent s'ajouter celle de l'énormité du nombre des espèces, celle de l’inextricable variété des formes, et celle, plus terrible encore, de la complication de tous les éléments constituants; car, dans l'immense Nature, rien n'est simple, toute structure est un dédale et tout phéno- (») Voir ce terme dans le tableau, à la fin. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 19 mène est une combinaison de facteurs souvent multiples et parfois très divers. Et ce n’est pas tout : armée de données positives, résultant d'efforts méthodi- quement organisés et conduits avec la plus grande précision, l'histoire naturelle procède à des comparaisons, à des coordinations, à des généralisations inductives, qui doivent toujours être empreintes de la plus extrême rigueur. Elle peut méme, se basant sur ces dernières, tenter de formuler des principes. Ceux-ci, toutefois, ne seront comptés comme vrais que si leurs déductions concordent avec les données de l'observation. Il n'est point fait de place, dans le tableau, aux sciences déductives, parce que le raisonnement déductif ne peut avoir pour point de départ, en sciences naturelles, que des généralisations inductives. La connaissance de la Nature, étant fondée sur des constatations, des comparaisons et des inductions, ne peut être divisée qu'en chapitres correspondant à des catégories d'observations et d'inductions, et l’on ne peut rattacher que secondairement à certains de ceux-ci les hypothèses de travail et les raisonnements déductifs. C. — NÉCESSITÉ D'UN ORGANISME IMPERSONNEL, AUTONOME, CENTRALISATEUR ET CONSERVATEUR Or, en présence de ce labyrinthe aux mille bifurcations semées d'obstacles décevants, l’homme, entraîné par une éducation philosophique à organiser systé- matiquement ses entreprises et à procéder en toute chose avec 1néthode, reste frappé, d’une part, de la nécessité de la division et de la spécialisation qui seules rendent l'effort compétent et eflicace, et de l’autre, de celle de l’union, de la coordination des efforts spécialisés et de la concentration des résultats. Mais comment réaliser cette convergence, nécessaire pour éviter l'éparpillement, l’inutilisation, le déchet? Ce n'est certes pas par le procédé naïf et failli de l'association de quelques per- sonnes désireuses de travailler en commun; car, en Science comme en Art, la collaboration dans le sens de travail en commun également partagé, est excep- tionnelle, éphémère, et fragile. On ne peut espérer de réaliser par elle la concen- tration nécessaire à l’ensemble de l’entreprise. L'union des personnes ne peut aboutir. Seule la coordination du travail spécialisé, dans les cadres d’un programme répondant à l’ensemble des chapitres de l’histoire naturelle, peut conduire au succès dans une mesure satisfaisante, et cette coordination n'est réalisable que par une Institution impersonnelle, autonome, puissamment organisée, durable, et dont les membres #rès spécialement choisis travaillent suivant des règles fixes et dans les voies strictement tracées d’un programme rationnellement conçu. Cette Institution, c’est le Musée d'histoire naturelle. Cessant partout d'être un simple conservatoire ou une simple installation 20 G. GILSON confortable pour travailleurs individuels, il doit passer à l’état d'organisme bien coordonné qui, sans prétendre au monopole, devienne le type principal de l'institution progressive consacrée exclusivement au progrès de la connaissance de la Nature, et jouant dans sa poursuite un rôle à la fois 2rvestigateur, centra- lisateur et conservateur. Il faut donc que la notion ancienne, mais encore très répandue, qui fait du Musée d'histoire naturelle un établissement servant uniquement à la dffusion de la Science dans le Peuple, fasse place à cette idée bien différente : le Musée est une Institution essentiellement progressive, consacrée à la recherche pour l'avancement de la Science, affranchie de toute fonction pédagogique et de toute préoccupation étrangère à l’investigation de la Nature, et jouant un rôle important dans l’accomplissement de la mission nécessairement spécialisée, mais hautement humanitaire, de l’histoire naturelle. Cependant le Musée progressif bien compris fait au Peuple une large part des résultats de son travail et peut exercer, sans fausser son programme, une action didactique particulière, puissante, mais fragmentaire et systématisée à un point de vue différent de celui de la pédagogie : /e Musée renseigne, mais n'enseigne pas. — PÉTS JIMALVAU x 2. — Exploration des stations préhistoriques Fouilles du Trou-Magrite, à Pont-à-Lesse,. Cliché L, Van Bollé. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 3. — Exploration des stations préhistoriques. Extraction d'un ossement de Bœuf à la base des limons quaternaires. Carrières du Hainaut, à Soignies. — Cliché L. Van Bollé. 4. — Exploration de la Mer. — Dragage. Emploi du laveur-trieur, instrument spécial. 21 »2 G. GILSON 5. — Exploration polaire arctique. — La Belgica bloquée dans les glaces de lamer de Kara. Expédition du duc d'Orléans en 1907. Commandant A. de Gerlache. 6. — Exploration polaire antarctique — Sondage avec prise de température dans la banquise antarctique. Hivernage de la Belgica. LÉ MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE LAS) [#8] 7. Programme du Musée d’histoire naturelle À. — FONCTION GÉNÉRALE Le programme du Musée consacré à l'étude de la Nature comprend trois séries d'opérations correspondant aux trois parties de la mission de l’histoire naturelle : l'exploration, l'étude et l'exposition. Ce programme général n’est point propre au Musée : un naturaliste isolé, une institution privée quelconque pourraient tout aussi bien se l'assigner; mais rappe- lons que le Musée doit, en outre, avoir une fonction spéciale qui consiste à centraliser et à conserver. Disons d'abord un mot de chacune des trois grandes divisions du programme de travail répondant à la fonction générale du Musée d'histoire naturelle; puis nous passerons à celui de sa fonction spéciale. 7. — Exploration de l’Escaut maritime. Recherches de l’Alderia scaldiana, curieux gastéropode nudibranche adapté à la vie semi-terrestre. Ile de Saeftingen. 1. — L’exploration L'observation des objets constitue nécessairement la première opération d'un travail de sciences naturelles. Mais il ne suffit pas au Musée tel que nous le concevons de se procurer d'une G. GILSON 8 — Exploration entomologique-éthologique, Nid de! Formica ruta, bouleversé en 1911 et reconstitué en 1913, Francorchamps. — Cliché G. Gilon. 9. — Exploration de la Mer. La vedette Varval. Recherche des civelles, larves de l’anguille, qui arrivent au printemps des profondeurs de l’Atlantique et pénètrent dans les fleuves et canaux. Canal d'Ostende à Bruges. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 25 façon quelconque les objets à observer. Il faut les voir avant tout dans leurs conditions naturelles de milieu. On se gardera bien de les enlever dès le premier instant de leur découverte : il faut noter d'abord les conditions de leur existence ou de leur gisement, et consigner avec précision foutes les circonstances de leur trouvarlle ou de leur capture. K faut examiner l’objet 22 situ, étudier son milieu, et ses rapports avec ce milieu. 10. — Exploration des gîtes fossilifères des terrains primaires. Recherche des fossiles dans une carrière du calcaire dinantien, à Falisolle. — Cliché L, Van Bollé. Ces observations faites et ces annotations prises, on pourra enlever les objets, avec toutes les précautions nécessaires à leur conservation, pour les rassembler 4 20 G. GILSON et constituer des collections, des ensembles comparatifs destinés à des recherches ultérieures, à des observations plus délicates ou d’un autre ordre que celles que l’on a pu faire sur place. On ne saurait être assez pénétré de la nécessité et de la difhculté de ce premier travail : la recherche des objets et leur première étude 7x situ. C’est une entre- prise considérable, une tâche très ardue, un travail scientifique d’une extrême importance, car bien souvent la première observation des objets ne peut plus se refaire plus tard. C'est assez dire qu'il ne peut être confié à des subalternes et que la réunion des objets par des équipes d'ouvriers ou de préparateurs, quelque entraînés qu'ils soient, n'est pas de l'exploration; ce n’est que le dernier acte de la recherche. Seul un naturaliste de profession est à même de répondre aux besoins d’explo- ration d’un Musée moderne. Et sa tâche ne sera bien accomplie que s’il possède un éempérament «explorateur, curieux, méthodique, minutieux, sagace, passionné pour la recherche et infatigable, la sczence d'un érudit, s'assimilant aisément les travaux des autres, et la mentalité d'un vrai savant, capable de voir large et de haut, de saisir les rapports des choses, de comparer avec justesse, de conclure avec rigueur. Méthodiquement organisée et conduite par des naturalistes consommés, à la fois savants et hommes d'action, cette première série d'observations prend le nom d'exploration scientifique. L'exploration est donc l'étude méthodique de la Nature sur place, suivie, s'il y a lieu, de l'enlèvement non moins méthodique des objets. Notons que l'explorateur doit veiller lui-même à la disposition, très métho- dique aussi, des matériaux recueillis, dans des conservatoires bien organisés, ainsi qu à celle de toutes les archives de son travail, en vue des études ultérieures. Telle est l'exploration qui doit occuper avant tout un Musée d'histoire naturelle. Elle constitue le premier chapitre des études sans fin dont la suite est attendue des spécialistes capables de les envisager, dans l'avenir, à tous les points de vue de l’histoire naturelle, Elle doit être méthodique, documentaire, conservative et menée avec une grande précision et une extrême rigueur. 2. — L'étude. Les objets une fois découverts, documentés, préparés et conservés, le Musée procède à leur mise en valeur, c’est-à-dire les soumet à une étude plus zinutieuse encore que celle qu'on a pu faire #7 situ et dont le but est de déterminer défini- tivement leur nature, d'établir leur position systématique, ou de fixer leur signification éthologique. Elle réclame souvent une nouvelle préparation plus délicate que la première. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 27 Cette étude fait partie de la fonction des naturalistes de l’Institution. Mais ils n'y sufhsent pas toujours et c'est pour cela que le Musée recourt à l'assistance de nombreux savants étrangers. Ensemble ils s'efforcent de fixer la position naturelle des objets dans la série des êtres et d'en déterminer la signification à la lumière des connaissances du temps, ou bien d'en comprendre les conditions d'existence, d'en étudier l’éthologie, etc. 11. — Exploration ornithologique-éthologique. Nid de foulque. Avant son enlèvement, la pièce a été photographiée en couleur au procédé Lumière et ses conditions d’environ- nement ont été notées et consignées par plusieurs autres photographies. Après dessiccation, on a restitué artificiellement la couleur aux matériaux du nid, d’après la plaque. — Cliché L. Van Bollé. 3. — L'exposition Enfin le Musée a encore pour devoir non seulement de conserver les objets qu'il a recueillis et étudiés et auxquels la précision de son travail et la documen- tation scrupuleuse qui les accompagne donnent désormais une valeur inestimable, mais encore de les faire connaître, c'est-à-dire de /es exhiber dans un état de conservation aussi parfait que possible et de /es expliquer. a) Il les présente d’abord, dans leur ensemble et avec tous les résultats consignés de ses investigations, au Public sczentifique spécialisé. Ses collections d'étude, ses archives, ses documents et ses publications spéciales sont disposées, avant tout, en vue du travail des spécialistes, des professionnels de la Science, de ceux qui se consacrent à son avancement. G. GILSON. D [e 2] Les trésors du Musée ne sont donc pas nécessairement tous exhibés dans des locaux ouverts au public en général. Ils peuvent l'être aussi dans des locaux fermés, destinés aux seuls spécialistes. On voit que nous prenons le terme exposition dans un sens très large. b) Cependant, le Musée a aussi des devoirs à remplir vis-à-vis du Public général, parce que le trésor qu'il gère, le monument scientifique qu'il élève, fait partie du patrimoine de la Nation et parce que sa connaissance et sa jouissance ne peuvent être réservées à quelques initiés constituant une élite spécialisée. Il sélectionne donc dans ses collections générales certains objets judicieuse- ment choisis parmi ceux dont l'étude est suffisamment mûre et qui sont suscep- tibles d'une démonstration élémentaire, et il les expose dans des locaux ouverts au public, accompagnés d'explications adaptées aux besoins du visiteur lettré mais non Spécialisé. Ces objets constituent la collection publique. L'explication est un élément nécessaire de cette exhibition sélective. Le Public a droit à l'explication non moins qu’à l’exhibition, et, pour qu'il en tire le profit désirable, il faut que la notice explicative soit portée par l’objet. Un étiquetage numéroté correspondant à un catalogue, même explicatif, ne peut convenir, ou, du moins, ne peut sufhre. L'objet doit être expliqué à l'instant où 1e visiteur l’aperçoit. L'explication sur l'objet fait du Musée un livre toujours ouvert dans lequel l'illustration est exactement placée à la page du texte qui en traite. On ne peut demander plus au Musée d'exploration. Si ses explications sont claires et bien adaptées à un type important de visiteurs, V'Institution peut considérer cette partie de sa mission comme accomplie. B. — FONCTION SPÉCIALE DU MUSÉE : CENTRALISATION ET CONSERVATION Ainsi donc le programme répondant à la fonction générale du Musée d’histoire naturelle comprend, comme celui de l'étude générale de la Nature, trois séries d'opérations : le Musée observe, c'est-à-dire explore; il étudie ses matériaux; il fait connaître ses objets et les résultats de ses études. Mais, nous l'avons déjà dit, ce programme peut être aussi celui de tout pionnier individuel, quelque étroitement spécialisé qu'il soit, Or nous avons vu que la fonc- tion spéciale et caractéristique du Musée est de centraliser les efforts spécialisés s exerçant dans la voie de l'exploration, de l'étude et de l'exposition, puis de conserver les matériaux et toute la documentation de leur découverte et de leur étude. C'est ce qu'auront toujours présent à l'esprit non seulement la Direction du Musée, mais aussi chacun des pionniers de l’Institution dont toute l'activité doit revêtir un caractère particulier, centralisateur et conservateur. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 29 1. — La centralisation Le Musée doit centraliser l’exploration, l'étude et l’exhibition afin qu'elles portent non sur des objets isolés mais sur des ensembles, et qu'elles se fassent suivant des procédés uniformes permettant la comparaison nécessaire à la déter- mination des êtres et de leurs rapports, ainsi qu'à la démonstration de ces rapports. a) Il importe d'abord que l'exploration d'une région donnée soit centralisée, c'est-à-dire dirigée par un centre unique, organisateur d'un plan d'ensemble, unificateur des méthodes et coordonnateur des résultats. b) De plus, toute éfude de sciences naturelles étant comparative, il faut que les objets transportables soient réunis en un même centre et mis à la disposition des naturalistes collaborateurs sous forme d'ensembles documentés, aussi importants que le comportent les limites de la région explorée et sa richesse en productions naturelles. La centralisation des collections est indispensable aux études comparatives nécessaires à l'identification des objets, à la fixation de leur signification scienti- fique et à la confection des listes critiques. Elle ne l’est pas moins aux études éthologiques, c’est-à-dire à la détermination des rapports de l'être avec son milieu, parce que cette étude doit être systéma- tique, aussi complète que possible et non pas seulement épisodique et anecdo- tique. | | Ajoutons que la centralisation des Zvres contenant la somme des connaissances déjà acquises est aussi nécessaire à l'étude que le rapprochement des objets : une bibliothèque très complète doit être réunie au Musée même, car au cours du travail le livre requis doit être fourni instantanément à toute réquisition et un personnel formé de bibliologues entraînés doit aider les naturalistes dans les recherches bibliographiques. Mais le rôle centralisateur du Musée comprend encore, au point de vue de l’éfude, une autre tâche, très importante et très difhicile : c'est de veiller à ce que cette étude de fous les objets soit faite, dans la mesure du possible, à ous les points de vue auxquels la Science du moment peut envisager les choses. Aïnsi, il ne lui sufhira pas qu’un animal donné, obtenu par l'exploration, soit simplement déterminé par l'indication du nom de son genre et de son espèce, fournie par un spécialiste. I1 faudra éventuellement que cette détermination ait été bien discutée et peut-être sera-t-il nécessaire, pour fixer sa position systématique, de faire une révision approfondie de plusieurs groupes voisins. Cela fait, 1l con- viendra d'apprécier quels sont les autres points de la connaissance générale des ‘ êtres dont l'étude est nécessaire, — ou plutôt opportune à un moment donné, — 30 G. GILSON car nul ne pensera qu'il soit obligatoire d'épuiser immédiatement pour chaque forme d'êtres l'ensemble écrasant des recherches possibles à tous les points de vue de l'histoire naturelle. Le choix des études à faire dépendra d'une infinité de conditions tenant, d'une part, à la nature de l'objet et aux exigences des in- vestigations nécessaires, et, de l’autre, aux circonstances du Musée lui-même, à l'état de ses crédits et surtout à l'existence ou à l'absence de collaborateurs spécialisés dans telle ou telle direction des branches de la Science auxquelles il s'agirait de recourir. Telle est l'une des fonctions principales de l'organisme centralisateur : fatre converger vers chaque objet tous les efforts possibles et disponibles à un moment donné, dans chacune des voies de la Science et remé- dier ainsi, dans la mesure des forces humaines, à la dilapidation d'énergie scientifique et à la perte, à l'abandon de matériaux précieux qui sont, l'une et l’autre, la conséquence du défaut d'organisation, du manque de centralisation des efforts. C'est dans l'exercice de cette partie de sa tâche centralisatrice que le Musée éprouve le besoin de recourir à un guide du genre de celui que nous avons tenté de nous donner à nous- même en dressant l’essai de tableau synoptique des opérations de l’histoire naturelle, reporté à la fin de l’ouvrage. C'est en exécutant ce travail de centralisation des matériaux et de concentration des efforts que le Musée trouvera l’occasion de faire de la comparaison, de la synthèse et de la géné- ralisation, et même de passer du domaine de l'induction à celui de la déduction, ou qu'il procurera cette occasion aux savants compara- teurs et généralisateurs, en leur soumettant des matériaux d’une qualité et d’une opulence que 12. — Exploration de la mer. nul travailleur isolé ne parviendrait jamais à Pièce de bois couverte d’actinies. Côte belge. réunir. c) Enfin l'exposition, comprise ainsi que nous l’avons énoncé plus haut, doit être centralisée dans un même local, pour que le Public y ait sous les yeux le tableau résumé, le plus complet possible, de la Nature, à chacun des stades de l’évolution de la Terre, que l’on distingue dans l’histoire d’une région donnée. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE (#2) a La centralisation est donc nécessaire pour l'unification des méthodes et pour les besoins de la comparaison et de la synthèse. La Science et le Public profiteraient peu d’une exploration morcelée, d’études fragmentaires, isolées, et d'une exhibition répartie dans une série de collections et d'institutions distinctes. Ajoutons que, pour que son action centralisatrice soit parfaite, le Musée doit être wnique. Il faut que, dans le domaine de son activité, 11 n'existe qu'un seul centre d'exploration, d'étude et d’exhibition, un seul foyer d'irradiation des efforts et un seul siège de reconcentration de leurs résultats. Nous verrons plus loin quelles limites il convient d'imposer à ce domaine dont le Musée doit centraliser l'exploration, l'étude et l’exhibition. 2. — La conservation Les objets doivent être conservés; c’est élémentaire. Les uns méritent de l'être parce qu'ils sont précieux par eux-mêmes, rares ou même uniques. Leur destruction constituerait une perte scientifique grave, parfois irréparable. | D'autres, qui paraissent n'avoir aucune valeur intrinsèque, doivent être con- servés, soit parce que les études auxquelles ils ont donné lieu et la documentation qui les accompagne leur assignent désormais une grande valeur scientifique, soit simplement parce qu'il faut que la collection des formes d'une région demeure rassemblée, centralisée et reste, au complet, à la disposition du Public studieux, général ou spécialisé, du présent et de l'avenir. Mais ce n'est pas tout : la notion de l’exploration méthodique d'une région, suivie de l'étude minutieuse des objets recueillis, à tous les points de vue de l'histoire naturelle, a remplacé celle de la simple collection systématique. Ce changement fondamental a introduit dans toute l’organisation du Musée un esprit nouveau, et l'accomplissement de sa fonction de conservation, en particulier, s’en est trouvé profondément affecté. a) Cet esprit nouveau exige la conservation cz totalité des objets méritant le nom de 7zatériaux d'exploration. T1s sont précieux parce qu'ils sont documentés, et, pour ce genre d'objets, on ne saurait être assez circonspect en matière de mise au rebut. Rien n’est plus dangereux que les éliminations effectuées sous l'empire des théories du moment ou d'interprétations purement personnelles. Toute prèce d'exploration bien documentée a sa valeur : l’objet sans intérêt aujourd'hui peut devenir demain révélateur et décisif. En outre, il faut tenir compte, en systématique, de l'importance qu'à prise 32 G. GILSON aujourd'hui l’éfude des vartétés. La notion de l'espèce s'est singulièrement modi- fiée, et la connaissance des types très polymorphes exige de grands nombres d'individus. L'individu isolé ne suffit plus aux nécessités d'une collection scien- üifique. De plus, l'étude de la répartition des objets dans l’espace: et dans le temps réclame la conservation de volumineux matériaux, car tout objet dont le gisement sera pointé sur les cartes ou les coupes stratigraphiques doit être conservé comme pièce de conviction, sinon pour d’autres raisons. Enfin la notion du ombre des objets réunis dans une station où un gisement donnés a souvent une grande importance en exploration, et la conservation en bloc, outre les autres nécessités auxquelles elle répond, a encore l'avantage de fixer ce nombre sans laisser place au doute ultérieur. b) Mais il ne suffit plus que /es objets soient simplement mis à l'abri de la destruction : l'esprit nouveau exige qu'il soit pris des mesures efficaces assurant la conservation zon seulement des objets mais encore des archives et documents concernant leur découverte et leur étude et constituant, comme leur certificat d'origine, leur extrait de naissance, leur état civil. En effet, s’il est vraisemblable que les savants des temps futurs porteront leurs recherches sur des objets nouveaux, voisins des nôtres dans les mêmes catégories, il est certain qu'ils feront /a révision de ceux-là mêmes qui servent aux nôtres : ls les soumettront inévitablement à de nouvelles investigations, à la lumière des progrès continus de toutes les sciences, contrôleront nos résultats, les corrigeront, les compléteront, et, se plaçant à des points de vue nouveaux, ils poseront à la Nature des questions nouvelles et pousseront la connaissance de ces mêmes objets beaucoup plus loin. La marche en avant de la connaissance se fait par étapes. Mais pour que la reprise qui suit les arrêts se fasse sans déchet, il faut que les auteurs d’une explo- ration ou d'une investigation quelconque s'attachent à transmettre aux chercheurs de l’avenir le jalonnement qu'ils ont suivi, et à leur fournir des points de repère bien déterminés. Loin d'appréhender la critique, ils tiendront à honneur de lui offrir des bases précises, en indiquant exactement à leurs successeurs non seule- ment leurs conclusions mais encore leurs méthodes et en veillant à ce que les objets mêmes de leurs recherches leur soient transmis bien conservés, bien décrits et bien documentés, munis de leur certificat d'identité. C’est un devoir scientifique aujourd'hui pour tout pionnier de la Science que de prendre des mesures assurant l’exact et facile raccordement des recherches de l'avenir avec celles du passé. Ce devoir implique une certaine abnégation, une dose notable d'un certain altruisme chevaleresque. Il peut en coûter à celui qui aime le succès, de fournir des armes à la critique, de livrer lui-même à des successeurs qui pourraient être LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 33 des concurrents peu délicats, armés de données nouvelles, les moyens de contrôler tout à leur aise ce dont la découverte ou l'interprétation a coûté de longs et pénibles efforts. Mais cette perspective n'arrête pas les hommes qui vivent pour la Science, et elle ne les empêche pas de s'imposer spontanément cette obligation. Quant à ceux qui vivent de la Science, et dont l'unique souci est celui d’une vaine et fragile notoriété de publiciste, ils se gardent, naturellement, de fournir à la critique des jalons de contrôle, de peur de voir trop tôt ramenées à de justes proportions des publications à effet, ou même réduites à rien des conclusions hâtives ou fondées sur l'à-peu-près. Mais leurs procédés seront dévoilés tôt ou tard; ils tomberont dans le mépris et l’oubli, alors que le travail honnête, poussant la conscience jusqu’à l’héroïsme, restera estimé même de ceux qui, dans l'avenir, en corrigeront les défauts et en dévoileront les erreurs. Les Musées, institutions impersonnelles, ne tomberont point dans de telles défaillances ; ils veilleront, sans relâchement, à la stricte observance de ce devoir : la conservation intégrale des documents du travail. Aïnsi la fonction conservatrice du Musée d'histoire naturelle comprend non seulement la conservation de fous les matériaux, mais encore de /ous les docu- ments d'une exploration ou d'une recherche quelconque, scientifiquement conduite. Il résulte de tout celà qu'un Musée d'avancement scientifique doit posséder, . outre ses galeries d'exhibition, de vastes conservatoires pour ses objets docu- mentaires et ses archives. REMARQUES 1. REMARQUES CONCERNANT l’exploration : a) Les annotations On ne saurait consigner dans les carnets d'exploration trop de données docu- mentaires, de temps, de lieu, de conditions physiques, de rapport avec le milieu et avec les autres êtres, etc. En fait, on prend toujours trop peu de notes au cours d’une expédition; c'est la remarque que l'explorateur fait bien souvent lorsqu'il se met à l'étude des objets recueillis, surtout si celle-ci ne peut se faire que longtemps après l'exploration, alors que le souvenir des détails s'est effacé de la mémoire. G. GILSON 13. — Exploration de la mer. Détermination précise de la position du navire au moment d’une observation faite en vue d’une côte, à l’aide de deux angles horizontaux pris simultanément au sextant sur trois points distincts. 14. — Exploration de la mer. Divers instruments d’océanographie : bouteille de Pettersson, sondeur-collecteur, filet de Nansen LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE [eE) On Il est clair que la série des annotations à prendre n'est pas toujours la même pour toutes les catégories d’explorations. Ainsi dans une exploration maritime on note toujours le temps, date et heure, le lieu, déterminé le plus exactement possible par des moyens appropriés aux circonstances, la profondeur, la salinité et la température de l’eau, l'état hygro- métrique, la pression atmosphérique, la direction et la vitesse du vent, l'état du ciel et de la mer, le cap du navire, la dérive, la direction et la vitesse du cou- rant, la direction réelle de la marche, etc., etc. Les explorations terrestres s'imposent un plan différent d'observations usuelles, et leur programme variera encore dans de larges limites suivant le but de chacune. Une exploration paléontologique, par exemple, n'insistera guère sur les conditions atmosphériques, mais prendra toutes les annotations nécessaires pour fixer exactement la localité, la situation dans le plan horizontal, le niveau du gisement, ainsi que la position de l'objet trouvé, la nature du milieu qui l'entoure 72 situ, l'inclinaison des couches et toutes les données stratigraphiques utiles, etc. Au contraire, un explorateur éthologiste notera toujours avec soin toutes les observations météorologiques usuelles, outre la série des observations spéciales propres à chaque genre d'objets. Mais 1l est indispensable que toute exploration spéciale se dresse d'avance un programme normal d'observations à faire régulièrement en toute localité et à l'instant où un objet quelconque est observé ou recueilli. Des formules imprimées doivent être dressées et reliées, sous une forme portative, en carnets d'exploration. L'expérience nous à appris qu'il est utile que plusieurs explorateurs soient chargés des mêmes annotations, surtout quand le travail se fait dans des condi- tions difhciles ou dangereuses. Rentrés d'expédition, les explorateurs doivent s'occuper sans retard de mettre en ordre leurs annotations, de les compléter, de les développer en y ajoutant toutes les remarques faites à leur sujet et l'indication d’autres recherches à faire, ainsi que de disposer non moins méthodiquement les objets dans des conserva- toires bien organisés, avec toute leur documentation, en vue des études ulté- rieures, Le pointement des observations sur des cartes et des coupes stratigraphiques ou bathymétriques se rattache au chapitre des annotations. On ne saurait exagérer l'importance des méthodes graphiques qui parlent à l'œil et rappellent sans imposer d'effort l'état d'une chose à un moment donné et ses variations dans l’espace et dans le temps. b) L’enlèvement des objets ou leur mnaïntien en place Remarquons qu'il y a des cas dans lesquels il est impossible d'enlever les q CRC objets, et d'autres dans lesquels il est préférable de ne pas le faire mais d’en 20 G. GILSON assurer simplement la conservation sur place dans leurs conditions d'environne- ment. On se borne alors à transporter au Musée des photographies, des dessins, des moulages et toute la documentation des objets. Dans ces cas, lé Musée doit signaler ces objets à l'Etat et obtenir de lui les mesures nécessaires à leur conservation, à la préservation de leur site ou à l'établissement de réserves, tantôt restreintes à un bois, un vallon, une falaise, tantôt comprenant de vastes étendues, comme les parcs nationaux des Etats-Unis, du Canada et de la Nouvelle-Galles du Sud. Il va de soi que le Musée doit intervenir aussi dans la surveillance des réserves éventuellement décrétées. 15. — Objets à préserver. Sapinière de Sainte-Ode contenant un grand nombre de nids énormes de Formica ruya. Ces nids ont parfois 2 mètres de hauteur. — Cliché Severin, Mais dans les cas normaux, il faut recueillir les objets et non les abandonner dans leur milieu naturel, afin de les sauver de la destruction qui menace toute chose et en vue de constituer la collection d'exploration d'où l’on pourra détacher plus tard les collections systématiques et éthologiques régionales. c) Ampleur nécessaire de l'exploration et de la réunivn des matériaux Conduite par la grande Institution qui nous occupe, l'exploration doit présenter. un caractère d'ämpleur, d'opulence même, qui étonne parfois les non-initiés. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 16. — Localités intéressantes. Vallée du Rabais. Ancienne carrière; falaise iurassique très riche en fossiles. — Cliché: Severin. 17. — Photographies d'objets 27 situ. Falaise du Rabais. Une ammonite en place dans la roche iurassique. — Cliché Severin. 37 G. GILSON af lobe ( À : 4 \ « 11 limites des Comm NS ===== chemins , rUuIS5Seaux Av bois 2 SUR SBa SANTE T ES) 0 À À | KILL \VARDE ZM 18. — Localités à préserver à cause de leur intérêt scientifique. Réserve projetée des Fagnes de la Baraque Michel, point culminant de la Belgique. Le quadrillé indique la surface à réserver, dont une partie appartient à l'Etat. Faune et flore subalpines. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 19. — Localités à préserver. Le Noir Flohay, pineraie intéressante’dans la réserve proictée de la Baraque Michel. Flore et faune subalpines. Voir la carte — Cliché Severin. 20. — Localités à préserver. Clairière et ruisseau:dans la réserve projetée de la Baraque Michel, sur le territoire de Hockay. Flore et faune subalpines. Hiver. Voir la carte. — Cliché Severin. a ep] 40 G. GILSON 21. — Localités intéressantes. Phénomènes exerçant une influence sur la flore et la faune: incendie des tourbières dans les hautes Fagnes de la Baraque Michel. Le feu couve parfois dans le sol tourbeux pendant de longs mois et finit par occasionner des incendies de forêt. — Cliché Severin, 1911. 22. — Localités intéressantes. Phénomènes exerçant une influence sur la flore et la faune. Sapinière des environs de la Baraque Michel, atteinte par l’ignition du sol tourbeux. Les racines étant brûlées. les troncs sont ren- versés par le vent. — Cliché Severin, 1911. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 23. — Localités intéressantes. Colline; des environs de Virton, dont le versant méridional présente une faune entomologique remarquable. — Cliché Severin. 24. — Localités intéressantes. Vue étendue dans les dunes de La Panne. Conditions très spéciales de milieu. — Cliché Severin. 41 GILSON 42 G. « ” = MP GR EME 7 KR MEME AMEL TE CITÉE: do Me RE ERA; PA C4 RE DT Dove GT EITUE mr Me te Un * sat mt de 5 1 25. — Matériel enlevé en bloc pour la mise en observation. Débris végétaux flottés, recueillis le long de la ligne de mer haute, sur les points eulminants de l’île de Saeftingen, après une marée de vives eaux. — Cliché L. Van Bollé. — sens PA FE DÉTENTE past EE Er ee LE DO rem BRURRCUE RE MRRRNEENERENENEN NES BSRRERN: MSANSEUREERENENBANRRAËNERE MAUQUdQUU | TES Fa DT OT TETE F—— LEE pus CSUEUUUUÉ TU LOU LUUEU AT pe HET ue EUUUUE TITIT neueugl || ae AI LR AU AUTRENTHA BORNE E UE UEREUR UE D | pALATs D ROUUUUENLUR EL L'ETRE UUEUUE LRUNEUUR ER | LERQLER pm" " "7 l BURRENSRRURNNRENNE 26. — Insectes sortis des matériaux ci-dessus après 120 jours d'observation en cage de tulle. Beaucoup appartiennent à des espèces non signalées dans la région, — Cliché L. Van Bollé. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 43 Elle doit satisfaire aux exigences de la recherche analytique, qui réclame souvent aujourd hui de grands nombres de spécimens, de riches collections, et à celles des études comparatives et synthétiques, qui exigent des ensembles aussi complets que possible d'objets du même ordre, d'importantes statistiques, de grandes séries d'observations portant sur de longues périodes et sur de vastes étendues. Seul un Musée d'État, une Institution puissante et spécialisée pour l’explora- tion, est capable de donner à tout cela l’ampleur exigée par la Science moderne. d) Mesures à prendre en vue de pousser plus loin les observations commen- céesS IN SITU ‘ Souvent le travail, même de première observation, est trop difhcile et trop délicat pour pouvoir se faire ou, du moins, s'achever 7% situ. On emporte alors dans les ateliers, les laboratoires, les salles d'élevage du Musée, non seulement l'objet trouvé, mais encore une grande masse du milieu qui l'entoure, et on met dans cet enlèvement toute l'ampleur qui doit caractériser une exploration scientifique. L’extraction, la préparation, la recherche des objets délicats ou des formes très petites, l'élevage des formes de développement se font mieux, dans bien des cas, au Musée même ou dans les installations accessoires où adjuvantes dont il est parlé plus loin. Ainsi un fossile découvert au cours d'une exploration ne sera pas toujours isolé sur place et enlevé : on emportera plutôt avec lui, par des procédés particuliers, une masse du sédiment qui l’enferme, et on expédiera le tout au Musée, où on prendra, dans des ateliers spéciaux, les mesures nécessaires pour l'en extraire, l’imprégner d'une substance durcissante et le monter définitivement. De même, on ne cherchera pas toujours sur place l'ensemble des petits animaux qui habitent un tronc d'arbre vermoulu ou parasité : on transportera dans les salles d'élevage tout le tronc, parfois même avec une partie du sol sur lequel il gît, le tout bien emballé. Là, on le recouvrira d’une cage en verre ou en tulle et chaque jour on recueillera les êtres qui en sortent. Il est souvent nécessaire aussi d'installer dans des aquariums ou des bassins d'élevage des masses de matériaux dragués, en mer ou en eau douce, afin de recueillir les petites formes qui s'en dégagent et, plus tard, celles qui sortent des œufs ou des larves capturés avec eux. On voit que l'exploration se prolonge souvent au delà de l'observation faite in situ, par des travaux d'ordre expérimental relevant également de l'exploration et de l'étude : des élevages, des mises en observation, nécessaires les uns et les autres aux recherches éthologiques, à la détermination des formes larvaires et embryonnaires livrées par l'exploration, ou des formes adultes qui ne sont déterminables que sur le vivant, ou même, enfin, à la récolte de certains objets de petite taille nécessitant l'emploi du microscope. 28. — Exploration de la mer. zouée d’épave, levée après quatre années de mer. Couverte d'animaux :'tubulaires,"actinies astéries, annélides, moules, Panopaea plicata. Côte belge en face de Spanjaards Duin LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 29. — Accumulation de restes d'animaux sur la plage après une tempête, à La Panne. Lanice conchilega, Lagis Koreni, Mactra subtruncata, Tellin'solidula,'Natica Alderi, ete. — Cliché Severin. 30. — Animaux vivants 27% s2/u. Grandes accumulations de petits gastéropodes en certains points des rives du Bas-Escaut qui ne sont couverts que lors des hautes marées de vives eaux : Peringia (Hydrobia) ulvae et Retusa obtusa. —Cliché Severin. 45 46 G. GILSON Il faudra donc au Musée moderne non seulement des conservatoires d'objets. fixés, mais encore des /aboratoires, des élevoirs, des aquariums d’eau douce et d'eau de mer, des {errariums, et, dans certains cas, des parties de ces installations pourraient être ouvertes au Public. e) Outillage et installations nécessaires à l'exploration L'observation 7 situ et les opérations qu'elle nécessite, ainsi que celles du prélèvement, de la préparation et de l'expédition des objets, réclament souvent un outillage compliqué et volumineux. Laboratoires mobiles Il est parfois possible de transporter cet attirail sur les lieux de travail ou dans leur voisinage. Tels sont les laboratoires ambulants dont l'outillage bien conçu est ingénieusement disposé dans des caisses d'exploration que l’on expédie vers toute région soumise momentanément à une investigation méthodique, où l’on s'installe dans quelque local improvisé. Il faut prévoir les moyens de transport appropriés aux conditions des localités où‘il s'agit de faire parvenir l'outillage nécessaire pour le travail et pour l'enlèvement des objets volumineux : crics, rou- leaux, chariots, camions automobiles, pompes, moteurs portatifs, etc. Laboratoires fixes Mais le besoin d'installations plus importantes et fixes se fait aussi souvent sentir, particulièrement pour les études éthologiques ou pour les explorations prolongées dans une région donnée, éloignée des voies de communication. Laboratoires lacustres où fluviaux L'exploration des flores et des faunes aquatiques exige absolument des laboratoires stables dans lesquels on trouve le nécessaire pour les études qui doivent se faire immédiatement après la capture, mais surtout pour les élevages ultérieurs. Telles sont, par exemple, la station lacustre de Plün, en Holstein, et la station biologique du lac-étang d'Overmeire, en Flandre. Mais ce sont surtout les explorations maritimes qui demandent un outillage compliqué et des installations importantes. Outillage spécial des explorations maritimes Le travail en mer rencontre des’difficultés spéciales. La recherche, la capture et l'étude des trois groupes éthologiques que l'on appelle le plankton, le nekton et le benthos, veulent des moyens spéciaux: la détermination des conditions du milieu marin et de leurs variations en réclame d’autres. L'exploration maritime n'est pas seulement un travail harassant portant sur de vastes étendues de fond LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE A7 31. — Exploration des eaux douces. Station biologique d'Overmeire. Pêche planktonique. Filet d’Apstein., — Cliché L. Van Bollé. 32. — Exploration des eaux douces. Station biologique d'Overmeire. Salle des aquariums. — Cliché L. Van Bollé. G. GILSON SM MATVAUS 33. — Exploration de la mer. Observations éthologiques. Observations éthologiques. Côte belge entre Heyst et Zeebrugge. L’estran couvert d'innombrables tas de déiections de l’Arenicola marina, annélide menant une existence analogue à celle du lombrie ou ver de terre et ayalant continuellement comme lui d'énormes quantités de sable, pour utiliser les particules alimentaires qui y sont contenues. Mer basse. — ClichéL. Van Bollé. 34. — Exploration de la mer. Observations éthologiques. L’estran à mer montante par forte brise. Ressac, grands rouleaux de lames battant l’estran et y rendant la vie impossible, sauf pour les formes arénicoles. — Cliché Severin, LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 49 000700000007 CO 35. — Exploration de la mer. | Instrument spécial « le sondeur-collecteur armé et suspendu à un davier tournant. 36. — Exploration de la mer. Instrument spécial : le sondeur-collecteur. Rentrée de l’instrument déclenché : le plateau est tombé sur le récipient rempli d’un sédiment très mou, yase grise. 50 G. GILSON et sur d'énormes volumes de pleine eau, mais encore une lutte contre des difh- cultés et des dangers de toute sorte. Son outillage doit être puissant et adapté aux conditions spéciales régnant dans l'aire maritime où elle doit s'exercer. Ainsi, sur une côte rocheuse, où l'amplitude des marées est considérable, la flore et la faune littorales sont généralement riches et l'exploration des parties découvertes à mer basse fournit souvent d'abondantes récoltes; on peut y faire aisément, presque sans outillage, des recherches éthologiques du plus haut intérêt. C'est dans les localités de ce genre que doivent s'installer les stations zoologiques à but didactique, où le débutant cherche à se familiariser avec des types faciles de tous les groupes. 37. — Exploration de la mer. Instrument spécial : le sondeur-collecteur repris à bord. Quant aux côtes basses, couvertes d'alluvions, sableuses ou vaseuses, elles sont toujours pauvres en animaux et en plantes. Elles ne comprennent guère que des formes spéciales adaptées soit à la vase, soit au sable. | Ainsi, sur un estran sableux, le choc violent des lames détruit tous les êtres qui ne parviennent pas à y trouver un lieu de fixation ou un abri résistant, à moins qu'ils ne soient adaptés à la vie arénicole, c'est-à-dire capables de vivre enfouis dans le sol comme les lombrics terrestres. (Fig. 33 et 34.) Dans ces condi- tions, les brise-lames et autres ouvrages d'art, les ports et autres entrées fournissent seuls des représentants des groupes non adaptés à ces conditions monotones, et le EE EN 2 LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 51 naturaliste n'y trouve qu'une faune et une flore pauvres et peu variées; la recherche y nécessite un outillage plus complexe. Mais, dans tous les cas, l'exploration des parties qui n'émergent pas, c’est- à-dire au delà de la laisse de basse mer, ne peut se faire qu'à l'aide de navires armés de dragues, de filets et d'engins spéciaux. Navires Le Musée devra donc posséder, pour l'exécution de ses explorations maritimes, qui comptent parmi les parties les plus importantes, les plus nécessaires de son programme, des navires adaptés aux conditions du travail à accomplir. Il faudra des canots lécers pour travailler entre les rochers, d’autres, à fond plat, pour débarquer sur les côtes sableuses ou les bancs. Un navire plus grand, mais encore de dimensions restreintes et de faible tirant d’eau, sera nécessaire pour l'exploration des eaux côtières peu profondes et semées d'obstacles, récifs ou bancs. Enfin, un navire équipé en vue des voyages de plusieurs jours est indis- pensable pour le travail de haute mer. Ajoutons, au sujet de l'instrument principal des explorations maritimes, une remarque qui rencontrera l'assentiment de tout naturaliste expérimenté en ce genre de travaux. Il est indispensable que le navire employé pour un travail suivi soit à l'entière et absolue disposition du chef de l'exploration. Il doit être, sinon construit spécialement, du moins aménagé en vue de son but et pourvu de toutes les dispositions, de tous les engins nécessaires. Un navire prêté par l'État, par une marine militaire par exemple, peut être utilisé tant bien que mal pour une expédition donnée, pour un travail temporaire déterminé. Mais on ne peut songer à pousser activement l'exploration nécessaire au Musée d'un pays maritime qu'avec un navire toujours prêt à prendre la mer, entièrement libre de ses mouvements et à bord duquel tout soit subordonné au travail scientifique. Celui-ci, très difhcile par lui-même, est trop exposé à d'innombrables causes d'arrêt, et le temps des naturalistes d'avant-poste est trop précieux, pour qu'on puisse songer à faire servir l'outil essentiel du travail à plusieurs choses en même temps. Des naturalistes peuvent prendre passage sur un navire de l'État en service et faire quelques observations; ou bien s'embarquer sur un navire pêcheur et ramas- ser quelques animaux au levé du chalut, ou profiter des moments d’inaction du personnel pour jeter une drague et recueillir quelques objets. Mais tout cela relève de l’excursion et n’a rien de commun avec l'étude méthodique, ni surtout avec l'exploration proprement dite. Pour celle-ci, l'adaptation des engins et du personnel, et l’absolue disponibilité de toutes choses à tout instant sont indispensables. Mieux vaut pour l'explorateur un navire défectueux, vieux, inélégant et inconfortable, mais qu'il peut adapter 52 G. GILSON aux nécessités du travail et dont il est le maître, qu'un yacht luxueux à bord duquel il n’est qu'un passager. | l Enfin, si un Pays veut prendre part aux recherches océaniques qui s'organisent aujourd'hui internationalement, il doit armer un navire spécial, pourvu de tout l'attirail nécessaire pour lesitravaux en eau profonde, et consacrer à ce but des crédits suffisants. 38. — Exploration de la mer. Instrument spécial : le filet à ressorts destiné à la capture des animaux semi-planktoniques sur les mauvais fonds. — Sa mise à la mer à bord de l’aviso Ville d'Anvers. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 53 x Sans doute de telles expéditions paraissent à première vue sortir d'un pro- gramme régional ; mais 1l faut se garder de considérer les mers éloignées comme aussi étrangères à une région maritime étudiée que le sont les étendues de terre également distantes d’une région terrestre. L'étude des conditions physiques de l'océan et de leurs variations est indispensable à la connaissance de celles qui règnent dans les mers intérieures et les eaux côtières, et ce n’est pas seulement à titre comparatif que l'exploration de l'océan intéresse l'étude des eaux plus pro- ches des côtes, mais à titre de source de renseignements directs sur les variations des conditions physiques et biologiques qui s'y produisent et qui ont une influence immédiate sur le régime hydrographique et la biologie d'une région marine quelconque choisie comme aire d'exploration, ainsi que sur le climat des régions terrestres voisines. Laboratoires maritimes Ce n'est pas tout : quelque bien installé et outillé que soit un navire scienti- fique, l'exploration maritime, et tout spécialement celle des eaux baignant les côtes d'une région étudiée par un Musée, réclame impérieusement un laboratoire à la côte même, avec les installations nécessaires pour les recherches, les élevages et les études qui ne peuvent se faire qu’au voisinage immédiat de la mer. 39. — Exploration de la mer. Instrument spécial : le filet à ressorts; sa rentrée, à bord du Remorqueur n° 1 d’Ostende. G. GILSON 40. — Exploration de la mer. Instrument spécial : le filet à ressorts; masse de schizopodes dans le récipient du fond. 41. — Exploration de la mer. Pêche crevettière avec filet à planches. Rentrée du sac. MAL AU LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE U1 Ut 43. — Exploration de la mer. 42. — Exploration de la mer. Chalut à fers déchinants montrant les fers, pre- Instrument spécial: chalut à gaule, à fers déclinants. nant leur position parallèle à la gaule. 44. — Exploration de la mer. Instrument spécial. Pêche au chalut à fers déclinants. Rentrée du sac facilitée par l'application des fers contre les parois, la gaule se plaçant contre la lisse de bastingage. 50 G. GILSON 45. — Exploration de la mer. Chalut à planches. 46. — Exploration de la mer. Chalut ordinaire, à fers non déclinants. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE un NI En résumé : le musée d'exploration bien outillé possédera toujours : a. un attirail ambulant pour les études temporaires à terre : engins de capture, laboratoire portatif, moyens de transport variés, néces- saire de campement, etc.; b. des laboratoires fixes établis en des localités bien choisies, où l’on prévoit que l'exploration devra se perpétuer, tant pour l'investigation de la localité elle-même, que pour l'étude et la mise en observation de matériaux envoyés d’autres localités explorées. Parmi ces succursales fixes du musée se rangent en premier lieu les stations lacustres et les laboratoires maritimes que tout Musée doit posséder pour ses propres besoins. Les laboratoires maritimes doivent posséder des navires appro- priés au programme du Musée et à la nature de la région à explorer : canots, navires côtiers, navires de haute mer à rayon d'action médiocre, navires océaniques, si le Pays veut v consacrer les moyens nécessaires. Les laboratoires côtiers forment une partie constituante nécessaire de l'outil- lage du musée d’un pays maritime. Ils lui servent à l'exploration de la mer voisine, partie très importante de son activité. 47. — Exploration de la mer. Drague à anses avec tablier protecteur métallique pour l’emploi sur les fonds pierreux. G. GILSON 48. — Exploration de la mer. Instrument spécial : le laveur-trieur; traitement du contenu de la drague sous un iet d’eau dans l'appareil à quatre tamis. 49. — Exploration de la mer. Drague à anse avec sa herse. Premier triage du produit de dragage, après lavage. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 59 Ces laboratoires sont donc, comme le musée lui-même, exclusivement consacrés à la recherche. Sans doute, ils doivent être Losprtalriers pour la recherche scientifique, — c'est là un devoir général du musée. Mais on ne peut les charger d'aucune fonction péda- gogique de nature à contrarier leur activité. Cependant il n'y aurait éventuellement que peu d’inconvénients à ce qu'on y ajoute, en annexe bien séparée, des installations destinées au travail des débu- tants se consacrant aux études supérieures de biologie. Ils peuvent même se char- ger de fournir des matériaux de cours aux établissements d'instruction. Mais tout cela nécessiterait, bien entendu, des locaux et un outillage supplémentaires, ainsi que des crédits spéciaux; et des dispositions strictes devraient être prises pour éviter toute entrave à l'exploration du musée dont l'importance est prépondé- rante parce qu'elle est d'intérêt scientifique et national immédiat. 2. REMARQUES CONCERNANT L'ÉTUDE a. La rigueur et la précision dans les conclusions Le musée peut se livrer au sujet de ses propres matériaux à toutes les opéra- tions qui sont du domaine de la connaissance, dans la mesure qu'il juge opportune, à une époque donnée, pour chacun des aspects de l’histoire naturelle. De temps à autre, en possession de séries de faits bien constatés, il pourra comparer ces faits entre eux et avec d'autres, les coordonner et en tirer sans effort des conclusions immédiates : si les séries sont sufhisantes et les rapports certains, celles-ci se dégagent d’elles-mêmes. Ses naturalistes peuvent même — faisant prudemment un pas de plus — tenter de formuler des généralisations, énoncer des aperçus synthétiques, dont il est per- mis de déduire d’autres données qu'il faudra toujours soumettre à des recherches de contrôle. Mais pour le musée encore plus que pour les chercheurs individuels, tout ce travail consécutif à l'étude positive des productions naturelles réclame une grande rigueur. On mettra un soin extrême à bien marquer le degré de certitude qui s'attache aux résultats de la recherche, à distinguer nettement le fait et la conclusion directe de la simple hypothèse et surtout de ce qui n'est que supposi- tion ou impression personnelle, car l'avis du premier analyseur des matériaux, comme celui de l'explorateur, a toujours une grande valeur aux yeux du continua- teur. Il est de nature à l'influencer dans un sens déterminé, et parfois plusieurs générations se succèdent avant qu'une observation suggestive fasse découvrir que ce qui passait pour une donnée positive n'était qu'une interprétation négli- gemment présentée comme une constatation. Sans doute, en présence de faits dont les rapports sont énigmatiques, le natu- 00 G. GILSON raliste peut parfaitement se poser des questions et, n'en trouvant pas la réponse, émettre des hypothèses en vue d'orienter la recherche ultérieure. Mais il faut toujours en cela s'imposer une extrême circonspection et réagir contre le procédé des hypothèses en cascade et ces énervantes discussions qui rappellent parfois le souvenir des plus mauvaises époques de la philosophie, dont les élucubrations demeurent l'opprobre de l'esprit humain. C'est surtout en abordant les tentatives de généralisation qu'il convient de pousser la prudence jusqu'à la méfiance. Seuls les naturalistes doués à la fois d'érudition, d'un fonds de critique basé sur la connaissance personnelle de la Nature et d'aptitudes synthétiques, peuvent se les permettre. Cependant le désir de donner satisfaction à l'aspiration commune des esprits vers la généralisation conduit souvent, même les érudits, à énoncer prématu- rément des formules brèves et à présenter hâtivement comme des « lois de la Nature » ce que dans certaines écoles d'autrefois ont eût appelé modestement des « philosophèmes », simples doctrines que l’on veut établir et qu'on livre à la discussion. Cette tendance se répand au point d'envahir jusqu'aux écrits des débutants les plus falots. Rien n'est plus difficile que d'énoncer des formules vraiment générales, parce que la Nature est inextricable. Tout phénomène naturel et surtout biologique est une résultante complexe dont il est impossible de déterminer toutes les compo- santes, — sans parler de la variation de ces composantes dans le temps. Il vaudrait peut-être mieux en biologie ne pas imiter l'exemple des sciences physico- chimiques, moins compliquées, et d'éviter le terme grandiloquent de lois pour désigner la modeste et provisoire expression synthétique de quelques faits notés mais toujours incomplètement analysés. Car le désir de généraliser, de légiférer, avant d’avoir maîtrisé l'étude de tous les facteurs, conduit le plus souvent à des formules trop étroites qui ne valent que jusqu'au jour où la découverte d’un fait ne s'y encadrant pas fait tomber la « loi » dans l'oubli. Mais cette découverte se fait parfois attendre et les idées demeurent faussées pendant de longues périodes, tandis que la recherche s’égare dans des voies sans issue. Sans doute, certaines de ces expressions synthétiques, même trop étroites, portent la marque du génie. Telles les lois de MENDEL. Mais elles sont aussi rares que le génie lui-même. Les naturalistes de musée doivent avoir, à un plus haut degré encore que les hommes d'enseignement, le souci de donner à leurs écrits un caractère de grande précision, et le désir de contribuer à la fonction de centralisation ne doit jamais les entraîner en dehors des limites de la science vraiment positive. On ne saurait assez protester contre le manque de rigueur des auteurs qui, escomptant la faveur dont jouissent, avec raison du reste, en pédagogie et en vulgarisation les formules commodes et les schémas approximatifs, présentent LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 61 audacieusement comme vérité bien établie, dans des travaux d'avancement, de simples conceptions hypothétiques méritant à peine de fixer un instant l’attention des pionniers, gent sceptique qui échappe souvent à la badauderie scientifique. Un physicien français des plus distingués, H. BouassE, s'exprime avec humour au sujet de la tendance à dogmatiser à propos de tout, qu'il considère comme un fléau : « Je sais bien, » dit-1l, « qu'il est pénible dé résister à la tenta- » tion d’être génial à peu de frais en appliquant à tous les phénomènes certaines » lois limites qui ne conviennent strictement à aucun ('). » Il s’agit de thermodynamique. S'il se fût agi de biologie, l’auteur eût pu constater que lorsqu'une formule y est réellement générale, elle n’est le plus souvent qu'un solennel truisme, une vérité de La Palisse, et, donnant libre cours à sa verve satirique, il eût montré que bien souvent les soi-disant « lois » ne sont pas la voix de la Science, mais le simple écho de celle des ciceroni de son temple. b. Le smusée étudie des objets, mais ne cultive aucune branche de la Scrence bour elle-même L'exploration complète d'une région, même très limitée, est une entreprise considérable, et l'étude des objets documentés et préparés qu'elle fournit est plus complexe encore, parce que les points de vue auxquels doit se faire cette étude sont multiples. Toutes les branches de la biologie et même de toutes les sciences naturelles peuvent être non seulement mises à contribution, mais encore requises d'avoir à chercher la solution de questions nouvelles. Est-ce à dire que toutes les branches doivent trouver une place dans le musée d'histoire naturelle et que toutes doivent y être installées et cultivées pour elles- mêmes ? Certes non. Le musée ne s'occupe d'aucune branche pour elle-même. Il étudie des oôyets à la lumière des connaissances de l’époque, et, pour les besoins bien définis de cette étude, 27 met toutes les sciences à réquisition. Mais il se garde d’usurper le programme d'aucune d’entre elles. C’est en dehors de lui que toutes les branches doivent trouver leurs centres de travail. Il recourt à elles, mais 1l ne les cultive pas pour elles-mêmes et ne les héberge pas. Vouloir faire du musée une immense et complexe institution comprenant des centres indépendants de recherche générale, expérimentale et spéculative, pour toutes les subdivisions de l'encyclopédie des sciences, ce serait fausser sa mission dans ce qu'elle a de spécial et de caractéristique : ce serait rassembler des spécia- (°) H. BouassE, Cours de thermodynamique. 62 G. GILSON listes travaillant à leur guise, alors qu'il faut rassembler des objets et charger des spécialistes d'en faire l'étude, conformément à des règles tracées. Les études du musée doivent se restreindre aux objets recuerllis par ses explo- rations et, occasionnellement, à certains swatériaux nécessaires à l'inter- prétation de ces objets. Toute étude sortant de ces limites, fût-elle de nature à réaliser un grand progrès scientifique, est étrangère au but de l'Institution et sort des limites du travail que le musée est en droit d'attendre de son personnel. 3. REMARQUES SUR LA CONSERVATION a. La conservation n'est assurée que par une spécialisation particulière et une solide orcanisation Cette fonction du musée est loin d'être aussi simple et facile qu’on se l’imagine. Elle pourrait faire l'objet d'une étude spéciale. Nous n'ajouterons qu'une chose à ce qui en a été dit plus haut : c'est que seule une institution spécialisée et puis- samment orgamisée est capable d'accomplir convenablement la fonction de conservation. La connaissance des procédés convenant à chaque genre d'objets est de celles qui ne s’enseignent guère et qui ne s'acquièrent pas en peu de temps. Elle se transmet dans une institution par tradition, d'âge en âge, et en progressant sans cesse. L'outillage nécessaire ne s’improvise pas non plus. Il n'est parfait que là où son emploi est continu et prévu pour une durée notable dans l'avenir. La surveillance des pièces doit être continue. Un personnel spécial, bien formé et bien entraîné, est nécessaire. Enfin tout cela exige des crédits qui s'élèvent rapidement, dès qu'une collection prend un certain développement. C'est la difhculté de réunir ces diverses conditions de conservation qui fait que bien des musées sont dans un état déplorable. Que de fossiles mal extraits, mal conservés, s’effritant, mal montés; que de vertébrés mal empaillés, infestés de parasites; que d'insectes attaqués par les anthrènes; que d'objets en bocaux déformés et défraîchis, et surtout quelles monta- gnes de matériaux non préparés et dépérissant, ne trouve-t-on pas dans les musées insufhisamment spécialisés et armés! Que de pièces précieuses pour l'exploration et fragiles ne voit-on pas, dans certaines collections universitaires, passer sans aucun fruit par les mains des élèves et périr misérablement! Que de pertes sont à déplorer, qui eussent été évitées si les objets étaient tombés aux mains d’un grand musée centralisateur et bien ordonné! Car en ceci ce sont les petits musées qui sont les grands coupables, et l'incapacité de conser- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 63 ver les objets est l’un des plus sérieux griefs que l’on puisse faire à la plupart des musées privés, des musées de Ville, de Collège où même d'Université. Sans doute, il y a d'honorables exceptions, mais leur rareté confirme cette règle que nous nous permettons de formuler : Za conservation exige une spécialisation el une puissante o1gantsation. b. Æn principe, tous les matériaux d'exploration doivent être conservés Cette formule étonnera peut-être ; car l'esprit nouveau du musée d'exploration est loin d’avoir remplacé l’ancien esprit du musée systématique. Certains trou- veront excessif de donner cette ampleur au travail. D'autres, tout en admettant qu'il est dangereux d'éliminer même les objets qui ne servent qu'à déterminer l'environnement, le milieu, seront effrayés de la difhculté de la tâche : la manipu- lation des grands nombres, leur tabulation, leur analyse, leur étude à tous les points de vue opportuns de l’histoire naturelle ne sont guère du goût de l’ama- teur, et dans beaucoup de professionnels il y a un amateur qui sommeille. Nous ne jugeons pas utile de discuter ici cette thèse ; des savants distingués, des explorateurs de premier ordre sont de notre avis et cela nous suffit ; car nous sommes de ceux qui pensent que la discussion produit peu et que seul l'exemple entraîne la conviction. Cependant nous ferons une remarque au sujet de ce qu'il faut, dans un cas donné, comprendre sous le nom de watériaux d'exploration, dont l'enlèvement et la conservation sont obligatoires. Le principe qui doit guider le musée en cette matière est fort simple : est matériel d'exploration ce que l'explorateur juge tel. Le choix de ce qui est à emporter est donc laissé au jugement, au bon sens du naturaliste à la hauteur de sa tâche. Mais si cet explorateur est vraiment imbu de l'esprit nouveau du musée d'exploration, s'il est assez méfiant au sujet de ses propres impressions, assez sceptique au sujet de ses interprétations personnelles, assez convaincu de la nécessité de préparer les voies aux travailleurs de l'avenir, il est certain qu'il aura une saine tendance à donner à ses travaux et à la réunion de ses matériaux cette grande ampleur que nous ne cesserons de recommander parce que nous pensons que la sécurité de la Science en dépend. Ceci conduit à la dernière objection des opportunistes : on sera encombré ! Donc la crainte de l'encombrement devrait arrêter la marche de la Science, ou, du moins, la modifier fondamentalement! Za Science doit s'adapter au local et aux moyens qu'on veut bien lui donner! Rien de plus simple! Eh bien! non. Cette règle est inacceptable. Si les besoins de la Science, c'est- à-dire de la recherche, dépassent les moyens dont elle dispose, 1l faut augmenter ces moyens, coûte que coûte. Lorsque les locaux du musée seront pleins, on agrandira le musée, mais on n'arrêtera pas le travail et on ne le faussera pas. 04 G. GILSON 50. — Exploration de l’Escaut maritime. Observations éthologiques. Schorre de l'ile de Saeftingen, avec Aster et Salsola. Conditions de vie de l’Alderia scaldiana. Le nudibranche était très abondant, surtout au pied des Aster. 1912. — Cliché Severin. 51. — Exploration de l’Escaut maritime. Fossé d'écoulement des eaux de marée haute qui, seules, y pénètrent. Autre habitat de l’Alderia scaldiana : contre la berge à droite, sur de grandes plaques vertes gaufrées, formées d'Enteromorpha. We de Saeftingen. 1912. — Cliché Severin. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 52. — Exploration de la mer. Observations éthologiques. L’estran, près de La Panne, couvert d’une immense quantité de coquilles : Macb'a subtruncata, solida et stultorum, Tellina solidula. Donax venustus, Syndosmia alba, ete. 1911. — Cliché Severin. 53. — Exploration de l’'Escaut maritime. Observations éthologiques. Les moulières des environs de Philippine. — Zélande. 1912. — Cliché Severin. 00 G. GILSON Plutôt que de l'arrêter on encombrera les salles publiques et on les fermera; puis on construira des baraquements hideux mais pratiques, à la grande colère de l'Art et de l'Esthétique! Tant mieux! L'Art et l’Esthétique ont du souffle, ils savent crier et le Public les écoute. Le Public, l'Art et l’Esthétique s'en mêlant, on finira par donner à la Science, encombrante, leslocaux et les moyens qu'à elle seule, elle réclamerait peut-être en vain. Et, si on les lui refuse, ce n’est pas une raison pour que ses adeptes tran- sigent et consentent, par mauvaise complaisance, à ce que la Science réduise son travail en quantité et en qualité, et déclarent que tout est pour le mieux! On ne cessera ni d'exposer les besoins du travail, ni de réclamer tous les moyens nécessaires; et si, à un moment donné, le travail est arrêté, le Public en saura la cause et en Le cap Gris-Nez. Limite sud de la Mer Flamande et de la Manche. attmibuera 2 LR $ qe Localité zoologique intéressante. Faune littorale. Pêches pélagiques de droit. Les naturalistes qui n’au- nocturnes : civelles ou larves d’anguille, Leptocephalus Morrisi, £ : 5 E Re ront cessé mi de travailler, ni de réclamer, seront à l’abri de tout reproche. La Science n’est pas opportuniste, elle est intransigeante. Elle subit l’inévitable, mais elle ne capitule point. Ainsi, plutôt que de risquer l'abandon d'objets précieux et révélateurs, ou la perte irrémédiable d'une donnée dont l'absence peut fausser entièrement un chapitre de l'étude de la Nature, on recueillera et on conservera fout ce qui sera Jugé nécessaire, au moment de l'exploration; et si on n'y met une grande ampleur, on en éprouvera fatalement d'amers regrets au cours de l'étude ultérieure. 54. — Localités intéressantes. — Exploration de la mer. c. Toute opération ne se rattachant pas à l’une ou à l'autre des fonctions générales du Musée : l'exploration, l'étude et l'exhibition, ou de ses fonctions spé- ciales : la centralisation et la conservation, constitue une excursion hors des limites de la mission du Musée dans le plan général de la coordination des efforts. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 67 8. Limites du champ d'exploration du Musée Le domaine de l’histoire naturelle n’a de limites fixées n1 dans le temps ni dans l’espace. A. — Dans Le TEMPS La Science écrit l’histoire de la Nature. Elle l’observe dans le présent, mais pour la comprendre, elle doit aussi fouiller le passé et tenter de reconstituer le tableau des grandes étapes qui se sont succédé depuis l’origine des mondes. Mais qu'est-ce que le présent ? Une phase insaisissable, sans durée, — car ce qui a duré est passé, — une ligne sans largeur, simple limite toujours fuyante de deux abîmes adjacents : l'avenir vide, indéfini, possible, et le passé plein de souvenirs. L'homme vit quelque temps. Son individualité résiste au renouvellement incessant de ses molécules, à la variation continue de sa forme. Son existence s'étend sur une série de phases évolutives. Il appelle « présent », dans un langage conven- tionnel et imprécis, un groupe de phases voisines de la limite, en decà de l'avenir. C'est durant ce groupe de phases rattachées entre elles par sa mémoire qu'il observe la Nature dite « présente ». Toute observation, toute expérience transgresse sur une série de phases et le travail de la Science chevauche sur le passé, qu'elle a vu s'accomplir, et sur l'avenir, qu’elle escompte. Les phases précédentes expliquent les phases subséquentes; le passé ancien fournit la clef de l'énigme du passé moins ancien qu'on appelle le présent. Mais, d'autre part, l'observation du présent permet seule d'interpréter les restes altérés des périodes écoulées, fixés pour un instant dans le tourbillon de la transformation universelle. L'étude de l'actuel est la base de la paléontologie et celle du passé indique l’enchaînement des causes qui déterminèrent les états actuels. Le Musée d'histoire naturelle ne pourra donc se limiter à l'étude de la Nature présente, car l’origine des êtres lui resterait cachée. Son exploration comprendra la recherche des restes des périodes passées que le jeu des forces naturelles n'a pas encore décomposés, afin d'en dresser l'inventaire, de les préserver de la destruction totale et de faire jaillir de leur étude le plus de lumière possible sur l'état de la Nature aux époques successives du passé, depuis les temps les plus reculés. La limite pratique de son champ d'étude dans le temps sera donc celle qu'atteint, dans sa région, la paléontologie descriptive et stratigraphique. BE DANS L'ESPACE L'Æistoire naturelle n'a point de limites dans l’espace. Son activité rayonne depuis l'atome, l'ion, l’électron, jusqu'aux espaces interstellaires sans frontière. 68 G. GILSON Elle s'enfonce dans l'abime de la petitesse et s'élance dans l’abîme de l'immen- sité. Mais, le Musée, tout en restant en contact étroit avec la science spéculative, doit, pour des raisons d'ordre purement contingent, restreindre son travail aux objets concrets, nettement délimités dans l’espace, auxquels sont applicables la mission et le rôle spécial qui lui reviennent dans le plan général de la recherche scientifique méthodiquement organisée. Bien plus, sous peine d'être un musée très défectueux et d’'éparpiller ses forces, il doit se restreindre aux objets qui occupent une partie limitée de la Terre, à l'exploration, l'étude et la démonstration des objets d'une régton. Nous allons dire un mot de cette nécessité et des limites qu'il convient d'assi- gner à la région d'action du Musée d'histoire naturelle. 1. — Le Musée universel Le Musée d'histoire naturelle universel, c’est-à-dire réunissant la collection complète de toutes les productions naturelles du Globe, répondrait au type le plus centralisateur du genre d'institution qui nous occupe : ce serait l'idéal du musée. En pratique c'est une utopie : il est irréalisable. Sa conception n'a pu prendre naissance qu'à une époque déjà lointaine, où la Terre n'était que très partiellement découverte et ses productions superficiellement analysées. La Nature apparaissait infiniment moins vaste et moins riche qu'elle ne s'est révélée depuis, et le domaine de l’histoire naturelle ne se présentait pas encore comme un labyrinthe immense, sans limites et d'une effroyable complica- tion. Enfin la recherche scientifique, encore peu systématisée, n'était pas régie par des programmes méthodiques dans lesquels tout s’enchaîne et subdivisés à l'infini en paragraphes correspondant à des points de vue autrefois insoupçonnés et qui vont sans cesse se subdivisant et se multipliant. A cette époque, le Musée universel a pu se présenter comme l'idéal vers lequel devait tendre tout musée. Cependant, dès le milieu du XIX* siècle, on commençait à entrevoir le caractère utopique d’un musée complet de la Nature; et en 1861, RICHARD OWEN ne parle déjà plus que d'un « more or less complete epitome of the three kingdoms of Nature (1) ». Aujourd'hui la vanité d’un tel idéal n'échappe guère à l’homme qui réfléchit. Un musée à programme universel resterait, en fait, toujours fragmentaire. Même s'il ne s'agissait que d’accumuler des objets, il n’y aurait nul espoir d'arriver jamais au dernier numéro du catalogue de la collection complète des êtres. (1) R. OWEN, On the Extent and aims of a national Museum. London, Saunders, 1862. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 69 Mais supposons que, par impossible, le plus grand musée du monde, armé des moyens les plus puissants, parvienne à s'enrichir au point d'approcher de la réali- sation d'une réunion complète de la série des êtres. Ce musée seraitimmanquablement défectueux au point de vue de la méthode.Son désir immodéré de la quantité le conduirait inévitablement à sacrifier la qualité. Tout d'abord il ne pourrait donner à ses immenses collections ce caractère qui seul peut en faire des trésors scientifiques : /a documentation rigoureuse et détatllée. Car la première opération nécessaire à la documentation sérieuse d’un musée scientifique manquerait à son programme, ou, du moins, elle ne serait pratiquée que très fragmentairement : c’est l'exploration méthodique, minutieuse, faite par des naturalistes consommés, veillant eux-mêmes à la notation scrupuleuse de toutes les circonstances de l'observation. Et il faut noter que l'exploration ne doit pas porter seulement sur les terres et les mers actuelles, mais sur les restes de toutes les périodes géologiques qui se sont succédé depuis des temps fabuleusement anciens! Il est à peine nécessaire de dire que le projet de soumettre la Terre entière à une pareille analyse dirigée par un seul centre ne mérite pas un instant de considération. La méthode, bien plus commode, de l'achat fait à d’autres musées, à des mar- chands de curiosités, à des voyageurs quelconques ou à de vagues amateurs, serait largement pratiquée dans un musée à tendance universelle. Mais cette méthode ne peut remplacer l'exploration screntifique, c'est-à-dire faite par des hommes de science, et la récolte confiée à des équipes de prépara- teurs ou de chercheurs, si entraînés qu'ils soient, ne le peut pas davantage : la Nature est trop pleine d'imprévu et de pièges pour que même le pionnier joignant à une haute culture scientifique et à une profonde érudition une grande expérience de l'exploration, puisse espérer de toujours échapper à l'erreur et de ne jamais laisser inaperçu le détail décisif et révélateur. Un Musée ne doit accepter qu'avec une grande méfiance un objet qui n'a pas été recueilli par ses propres agents et documenté au moment même de sa trouvaille. Nous avons vu que toute exploration doit être non seulement méthodique et d'une précision rigoureuse, mais encore aussi complète que possible, car une investigation incomplète peut conduire à des conclusions erronées et constitue un danger pour la Science. Enfin rappelons aussi ce que nous avons dit plus haut de l'ampleur nécessaire de l'exploration. Or, quel musée pourrait songer à se procurer ainsi, par exploration, tous les produits naturels du Globe, alors que cette tâche est déjà presque excessive quand il ne s’agit que d’une fraction limitée de la surface ? 70 G. GILSON Ce musée ne serait, dans la plupart de ses parties, qu'un vaste magasin, une accumulation d'objets dont la récolte n'aurait pas eu la valeur d'une observation scientifique rigoureuse et dont l'origine et la signification resteraient toujours sujettes à suspicion. En outre, les matériaux d'exploration et tous leurs documents doivent être conservés ex entier, en vue des travaux de contrôle et de revision de l'avenir. Nous avons vu qu'un musée comprenant les besoins de la Science actuelle et prévoyant ceux de la Science de l'avenir doit posséder, outre les locaux ouverts au public, d'énormes magasins, ou conservatoires, dans lesquels sont conservés, classés et inventoriés avec méthode tous les objets méritant le nom de watériaux d'exploration : fossiles, entiers ou fragmentaires, échantillons de terrains et de fonds marins, pièces éthologiques, préparations microscopiques et anatomiques, notes, croquis, photographies, etc., etc. Faut-il ajouter qu'un musée à programme universel ne pourrait aborder l'étude des rapports de l'être avec son milieu, et des variations de ces rapports; que l'analyse de ses matériaux et l'étude de tous les problèmes qui les touchent récla- meraient la collaboration exclusive de plus de savants spécialistes qu'il ne s’en révèle en plusieurs siècles, et enfin que l’emmagasinement et l'exposition de la multitude des objets exigeraient des kilomètres de galeries et des crédits immenses ? Et quelle Direction serait capable d’unifier, de coordonner l'activité d'un tel monde et d’en faire un organisme efhicace de centralisation scientifique ? Fragmentaire en dépit des plus puissants moyens d'action, une entreprise aussi téméraire serait inévitablement entachée d’un manque de cohésion, outre les autres vices fondamentaux que nous venons d'indiquer. Répétons-le encore : un musée ne doit pas seulement accumuler, il doit explorer, documenter, étudier, identifier, conserver, exposer en expliquant, déter- miner les rapports des êtres avec leur milieu et entre eux, les observer à l’état de vie, faire de l’expérimentation, de l'élevage, etc., etc. Et toutes ces parties du programme se #ennent et sont nécessaires les unes aux autres. Le musée qui l'oublierait tomberait, dans un avenir prochain, dans la catégorie des institutions surannées, pour aboutir à une fin peu honorable. Un musée d'histoire naturelle universel qui serait réellement scientifique, c est-à-dire documenté, étudié et expliqué, conformément aux méthodes modernes, est une utopie, une entreprise surhumaine. Tout en étant centralisateur, le Musée est soumis lui-même à la loi de la limita- üon du travail : il ne peut tout centraliser, il doit limiter non seulement la série des points de vue auxquels il fait l'étude des objets, mais encore son aire d'action dans l’espace. Il doit se spécialiser dans l'étude centralisatrice des objets fournis par une partie restreinte de la Terre. ve ne 2 nn LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE el 0 2 — Le Musée régional De ces considérations est née la conception du musée régional qui, au lieu d’embrasser la Nature entière, restreint ses explorations, ses études et ses expo- sitions expliquées, à une portion limitée de la surface de la Terre. Organisé suivant le plan ébauché plus haut, doté de ce vaste programme de travail, il soumet cette région déterminée à l'exploration la plus détaillée, la plus minutieuse possible. Puis il fait des matériaux recueillis l’objet d’études appro- fondies en s'adressant aux meilleurs spécialistes du temps, choisis sans aucune considération de nationalité, — car la Science est internationale, — mais en tenant grand compte d’autres conditions, car #n grand savant peut être un fort mauvais collaborateur. . Il va sans dire qu'il prend les mesures nécessaires à la conservation des maté- riaux de sa région et à leur documentation en vue de la reprise ultérieure de leur étude, et quil choisit parmi eux des objets susceptibles d'une démonstration et d'une explication élémentaires, pour les exposer et renseigner ainsi le Public, dans une mesure judicieuse et rationnelle, sur les productions de la région à tous les âges de la Terre. Il recueille donc et étudie, avant tout, les objets régionaux. Mais nous verrons plus loin qu'il ne se désintéresse nullement de la Nature des autres parties du Globe et nous dirons dans quelle mesure son programme lui-même le conduit à s'en occuper. 55. — Exploration des gisements préhistoriques. Station de l’Oevelberg, au premier plan. Station du Rotselacrenberg-Oues', au fond. Wezemael,. { G. GILSON 56. — Exploration des gisements préhistoriques. Station du Wiingaardberg. — Wezemael. 57. — Exploration des gisements préhistoriques. Station du Rotselacrenberg-Est. — Wezemael. ve em DE a re LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 7 2] 3. — Limites de la région La portion restreinte du Globe à laquelle le musée régional consacre son activité n'a en profondeur d'autres limites que celle des explorations paléontologiques. Il n'en est pas de même ex surface. Ici il s'agit de déterminer l'étendue de son aire, d’en fixer les limites, et la question de la base qu'il convient de donner à cette délimitation est sujette à discussion. Cette base n'est pas nécessairement la même dans tous les cas. Ainsi une île d'étendue modérée ou un ensemble d'îles peut fort bien constituer l'aire d'action d'un musée, et la délimitation de sa région ne présente dans ce cas aucune difhculté. Mais sur les continents il sera parfois nécessaire de subdiviser une contrée trop vaste ou trop riche en productions variées et d'en assigner les divisions chacune à un musée particulier. On pourra parfois s'arrêter aux limites naturelles d’aires physiquement très distinctes. Ainsi dans certains grands pays possédant une région montagneuse et une région désertique, on pourrait songer à organiser deux Musées correspondant à chacune de ces régions physiques, ou bien, dans d’autres cas, on pourrait séparer les musées des bassins de certains grands fleuves, etc., etc. Mais dans tous les cas où l’on voudra baser une délimitation sur les bornes d’une région physique de la surface, des difhcultés surgiront, et elles provien- dront surtout du fait que les limites de l’aire des terrains profonds correspondant à des périodes passées de l’histoire de la Terre, sont en discordance avec celles des régions physiques superficielles ou modernes. Puis les aires de distribution des divers groupes d'êtres vivant simultanément sont loin d'être concordantes. Bref, il sera généralement impossible, hors le cas des îles, de baser sur des con- sidérations d'ordre physique la limite en surface de la région d'un Musée qui doit explorer et étudier toutes les couches géologiques et tous les groupes d'êtres. Dans presque tous les cas il sera préférable de s'en tenir à des limites poli- tiques, aux frontières nationales ou provinciales. Bien d'autres considérations d'ordre pratique conduisent à cette conclusion; mentionnons seulement la difficulté que présenterait souvent l'exploration en pays étranger, où non seulement ferait défaut l'appui de l'Etat pour obtenir des autori- sations de recherche ou même, éventuellement, des expropriations, mais où toute investigation pourrait même être interdite à des non-nationaux. Il va de soi pourtant que l’on ne peut pas obliger l'exploration à respecter la ligne de bornage avec la rigueur d'une administration douanière! L'important est que la région soit d’une étendue limitée en rapport avec la I0O 74 G. GILSON puissance des moyens du musée qui centralise son exploration, son étude et son exposition. Mais, disons tout de suite que ces moyens d'action doivent être puissants, car la région doit être vaste. La multiplication des musées à aire restreinte, la création de musées locaux Où SpéCIaux mal COMPTIS, serait décentralisatrice, disséminatrice et nuisible aux études comparatives. Nous revenons plus loin sur ce sujet. 9. Le Musée régional doit posséder une annexe comparative Tout en se maintenant strictement dans les limites de son programme, le musée d'exploration régional possède un certain nombre d'objets n'appartenant pas à sa région. Ce sont pour lui de simples moyens de travail, au même titre que les instru- ments et les livres. Ils répondent aux besoins de l'étude. En effet, toute étude de sciences naturelles étant comparative, un musée qui n'aurait rien de comparatif ne serait pas scientifique. L'idée même du classement est basée sur la comparaison, sur la détermination des ressemblances et des différences. L'étude des formes propres à une région donnée doit tenir soie de l'ensemble des connaissances les concernant et réclame souvent des investigations sur des formes étrangères. Le musée doit alors : soit transporter ses propres matériaux là où l’on possède les objets de compa- raison, les types ou les séries importantes; soit obtenir ces objets en prêt; soit enfin les Poser par achat, don, ou dépôt c ou même par exploration, car il peut aller jusqu'à se permettre sele-c en pays étranger lorsque les nécessités nettement définies du travail régional l’exigent. Les objets de comparaison qu'il aura dû acquérir devront toujours être tenus à part et constituer des collections spéciales, des collections de comparaison. Celles-ci doivent être installées tout à fait en dehors de la collection principale, dont elles ne peuvent constituer qu'une annexe. Quelque importance qu’elles puissent prendre, elles ne sont que des satellites gravitant autour de la collection centrale régionale et sont subordonnées à son service. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 75 10. Le Musée régional concourt au progrès de la Science universelle Bien que restreint à une région, ce musée est essentiellement une institution d'avancement scientifique; il est à l'avant-garde de l’armée des pionniers, puisqu'il considère l'exploration et l'étude, qu'elles se fassent sur le terrain, en mer ou dans les laboratoires, comme la partie principale de sa tâche. Toute observation, toute exploration, même de simple contrôle, faite avec précision et bien documentée, a une valeur scientifique, et de son fait, le musée est associé au progrès, à la marche en avant. Mais son concours à l'avancement général de la Science est plus direct : toute limitée qu'elle soit à une aire géographique bornée, l’activité du musée régional ne peut manquer d'apporter des faits nouveaux, des observations inédites enrichis- sant le trésor des données positives qui forment la base de la Science universelle. Ses études comparatives, même restreintes aux formes régionales, le conduisent souvent directement à l'énoncé de notions générales, à des conclusions d'un intérêt supérieur, et même à des conceptions nouvelles d'ordre spéculatif. Enfin nous avons vu que l'étude même des objets régionaux le conduit parfois à soumettre à des études préalables, ou à des revisions, l’ensemble des formes d'un groupe et à en faire progresser la connaissance générale, pour les besoins de l'identification des objets régionaux ou pour la fixation de leur valeur comparative et de l'intérêt scientifique qui s’y attache. On peut ajouter que sa méthode spéciale de conduire l'étude de la Nature et les points de vue particuliers d’où il est amené à envisager les problèmes et à aborder leur examen, le mènent parfois à poser des questions nouvelles ou à les formuler autrement, donnant ainsi matière à recherche aux savants spécialisés en systéma- tique, en éthologie, en morphologie, en anatomie, en histologie, en cytologie, en physiologie, en paléontologie, etc., c'est-à-dire en une foule de branches dont il attend des lumières sans accaparer le domaine d'aucune. Enfin, sa fonction spéciale de centralisation répond à un besoin de la Science umverselle, et la /#itation de son aire d'action n’a d'autre but que d’en faire un instrument de centralisation réellement efficace : /4 centralisation elle-même est soumise à la loi de la division du travail. Le musée régional concourt donc au progrès de la Science universelle. Il échappe victorieusement au reproche « d’étroit particularisme national » qu'on lui a fait parfois, faute de connaître et de saisir toute l'extension du vaste programme de sa nouvelle conception. 76 G. GILSON un. Le Musée scientifique régional n’est pas une institution réservée aux professionnels : il renseigne le Public en l’instruisant dans une certaine mesure A. — LA COLLECTION PUBLIQUE RÉGIONALE Sans doute le premier devoir du musée régional, institution d'avancement scientifique, est d'explorer sa région, puis d'assurer la conservation des objets recueillis, de les étudier avec l'aide de nombreux spécialistes, et de publier les résultats de cette étude pour les faire connaître aux savants d'avancement et d'enseignement. Telle est, en effet, la mission qui lui donne le rang élevé qu'il occupe dans la Science. Mais cette partie fondamentale de sa tâche accomplie, 1l lui reste une obligation à remplir à l'égard du Public dont il tient son mandat et qui supporte les frais de ses travaux. C'est celle de lui faire retirer des résultats de son activité un avantage plus direct, plus à la portée de tous, que la simple satisfaction d’avoir pu contribuer à ériger à la Science un temple mystérieux où seuls les initiés auraient accès pour y travailler à son avancement et y réaliser des progrès qu'ils resteraient seuls à connaître. Cet avantage direct est tout indiqué : c'est l'obtention de renseignements précis sur les productions naturelles du pays. Il a été dit, et nous venons de le répéter, que la tâche principale du Musée est d'explorer le pays, de conserver tous les matériaux d'exploration et de les étudier en s’entourant de toutes les lumières du temps. C’est là un travail hautement scientifique et trop spécial pour que l'on puisse songer à y associer le Public général et: même à lui en exhiber fous les objets, à en exposer ‘ous les résultats. Mais lorsque son travail d'exploration et d'étude est terminé, et alors seule- ment, le Musée se trouve en état de prendre en vue de l'information et de l'instruction du Public, c'est-à-dire des on spécialisés, les mesures les plus rationnelles et les plus efficaces. Bien plus, lui seu7 est armé pour renseigner, parce qu'il est seul à explorer avec suite l’ensemble de la région, et cette considération suffit à lui faire un devoir d'y procéder dans la mesure la plus large qui puisse demeurer compatible avec les nécessités de la recherche, — celle-ci primant toujours le reste et ayant toujours droit à la part principale des moyens d'action disponibles, crédits, temps et forces. Faisant donc parmi les produits de son exploration du pays un choëx judicieux d'objets susceptibles d'une démonstration élémentaire, il les expose et les explique. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 77 Répétons ici ce que nous avons dit plus haut : il se garde d'exposer fous ses matériaux d'exploration et s'abstient de livrer à l’exhibition publique ce qui dans les trésors scientifiques qu'il possède, n'est compréhensible et appréciable que pour les naturalistes spécialisés. Ces masses de matériaux écraseraient les objets réellement intéressants pour le visiteur ordinaire, détourneraient son attention, le fatigueraient, l’éloigneraient : out l'inutile est nuisible. Cette dernière formule, capitale en pédagogie, s'applique d'autant plus néces- sairement à l'exposition sélectionnée en vue de renseigner le Public que, d'autre part, l'esprit nouveau régnant dans l’'Institution naissante, impose à la collection d'exploration, base de toutes les autres, une formule opposée : fous les matériaux d'exploration doivent être conservés. B. — LA COLLECTION PUBLIQUE COMPARATIVE Nous avons dit que le musée régional doit posséder une collection de maté- rlaux de comparaison. Cette collection doit comprendre, comme la collection régionale, deux parties : a) L'une est formée de matériaux d'étude, d'un intérêt trop spécial pour que le Public puisse retirer du fruit de son exposition. Elle est donc conservée dans les parties non publiques. b) L'autre comprend les objets étrangers qui peuvent au contraire intéresser le Public non spécialisé et qu'il y a utilité à lui exposer, ex vue de l'aider à comprendre la collection régionale. 1 y a lieu de disposer celle-ci de façon que le visiteur en retire le plus de bénéfice possible. Cette partie comprendra les pièces ayant le plus de rapports avec les objets régionaux exposés. Leur explication s'attachera à la mise en relief de ces rapports et tendra à faire acquérir au Public une connaissance des objets régionaux qui, sans cesser d'être élémentaire, sera plus scientifique parce qu'elle sera compa- rative. C: — COLLECTION D'INTRODUCTION A L'ÉTUDE DE LA COLLECTION RÉGIONALE Après avoir présenté au Public une collection sélective et expliquée des objets régionaux ainsi qu'une collection comparative nettement satellite de la première, un musée donné peut encore — s'il le juge convenable et compatible avec l'accomplissement de sa tâche principale qui est l'avancement de la Science — faire un pas de plus dans la voie de la diffusion : il peut s'occuper discrètement de diriger le visiteur dans l'examen des collections publiques. Il peut prendre certaines mesures en vue de l'aider à saisir le sens des termes spéciaux et néces- sairement un peu techniques, dont l'emploi est inévitable dans les explications G. GILSON I tendant à lui faire apprécier la valeur scientifique des objets qu'on lui montre et l'intérêt des particularités sur lesquelles on attire son attention. On pourra done prendre à part, soit dans la collection comparative, soit parmi les espèces vulgaires du pays, certains types représentatifs et s'en servir pour mettre en évidence quelques caractères saillants des principaux groupes repré- sentés dans la collection régionale. On arrivera ainsi à donner au visiteur une notion différentielle très sommaire de l'organisation des êtres et à lui faire saisir la nature de ce qu'on appelle un porifère, un polype, un crustacé, un brachiopode, un reptile, un mammifère, etc. — données générales gze la collection compara- tive et la collection régionale supposent connues. Il sera parfois possible de démontrer et d'expliquer ces « caractères saillants » d'un groupe à l’aide d'une seule espèce choisie comme type. Mais, plus souvent, on se trouvera mieux de choisir, pour les divers caractères du groupe, les espèces chez lesquelles chacun est le plus net et le plus aisément démontrable. REMARQUES : a) l'isolement de la collection régionale dort être complet. Pas d'empiétement, pas de mélange. Le principe de la séparation absolue des collections régionales doit être appliqué avec une rigueur inflexible. IL s’agit de faire l'inventaire de la Nature dans une région donnée, et il est aussi important de marquer nettement et ostensiblement ce qui manque à cette Nature locale que d'en exposer les éléments constituants. Y ajouter, c’est fausser la notion de la productivité de la région à une époque donnée de son histoire. b) Une certaine tolérance est admissible dans la composition des collections comparatives. Strictement, ces collections ne devraient comprendre que ce qui est réellement utile à l'étude des objets régionaux. Mais cette limite n’est pas toujours nette et elle peut être dépassée sans grand inconvénient, pourvu que ce soit dans une mesure restreinte et pour des motifs bien spécifiés. Souvent, dans les collections comparatives, l'abondance ne nuit pas. Le choix des objets à exhiber peut donc se faire de la façon la plus large, pourvu qu'il tende toujours à donner au visiteur une base sérieuse de comparaison. Mais ce choix maintenu dans une mesure rationnelle ne peut cesser d’être métho- dique, et adapté aux circonstances. Celles-ci conduisent à accorder davantage à tel groupe ou à restreindre tel autre. Ainsi la faune de la région belge comprend des mammifères vivants et fossiles; LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 79 il est donc naturel que cette classe soit représentée dans la collection comparative par des formes bien choisies en vue de donner une idée assez complète de /a vartahion du type mamimifère dans le temps et dans l’espace. Un ordre remarquable de mammifères, celui des Proboscidiens ou éléphants, manque à la faune belge moderne; mais il était représenté par plusieurs espèces à l'époque quaternaire et d'énormes quantités de leurs restes ont été mises au Jour dans les limites de notre territoire. Une étude de ce groupe pourra être faite dans la partie comparative à l’aide des squelettes, des moulages et des spécimens en peau que possède la collection, de façon à mettre en évidence l’origine du groupe et sa différenciation dans le temps, et en vue de préciser la position systématique des formes qui ont existé autrefois dans les limites de notre région. (Fig. 58 et 59.) D'autre part la division des antilopes manquant totalement à notre faune, on se gardera d'encombrer les galeries d’une grande collection de ces animaux et d'y consacrer des crédits importants. Cependant il convient que ce groupe intéressant de mammifères soit représenté dans la collection comparative, et sa présence v est d'autant plus justifiée que des restes d’antilopides ont été trouvés, ailleurs, dans certains terrains représentés dans la stratigraphie de la région. De même les principaux groupes d'oiseaux peuvent être représentés dans la collection comparative, même en dehors de ceux du pays, mais ce serait tomber dans une grave erreur que d'y installer d'interminables séries d'espèces exctiques. Le simple bon sens est un guide suffisant dans cette matière. L'essentiel est que la collection comparative ait un but bien défini et que /e choix des objets soit toujours subordonné à ce but. Rien dans le musée ne doit être un hors-d'œuvre, tout doit y avoir une place justifiée soit par les nécessités de l'éude des objets régionaux, — pour la partie non publique, — soit par celles d’une exp/ication très élémentaire mais très scientifique, c'est-à-dire comparative, des collections régio- nales, pour la partie publique. Mais dans ces limites il y a encore place pour des collections comparatives très considérables, car les rapports entre les divers groupes d'êtres sont multiples et rien n'oblige à s’en tenir à un choix très étroit de rapports tout à fait immédiats. Les rapports indirects ou un peu éloignés sont parfois très intéressants et très importants à signaler. Ces principes sont loin d’être mis en pratique dans tous les musées. Trop souvent, en visitant les galeries de certains musées n'ayant pourtant d'autre but reconnu que la diffusion de la connaissance, on est surpris et attristé du choix étrange des objets et de l'absence d'idée directrice et de programme rationnel. Les objets semblent pris au hasard des occasions, ou bien sélectionnés parmi les plus gros ou les plus fantastiques, et non pas en vue de ren- seigner sérieusement ou d'instruire méthodiquement le visiteur. mais de procurer “[NqIpUEUL ef 9P 19 S2MOMQUI 19 S2IMOQANS SAAISIIUL SOP “SOMb[OUL SP 9ONPEIÉ UONEOIJIPOU E[ AIIUOU SO[OXNAL 0P 09S0JL NE UE 1 98 : 2, $ 6 9S ‘onbodg 91109 0p Soyon0) So[ Suep 3 ueuyd9[9,[ 2P SIOAIP S9180p S0p & JULYDOIAAUI 9S SOUMOJ 9P 9MYS 9 £ KO “osIIRID9dS Juowommey 244} 29 9P 9[PASQOUE QUAI] E[ & IUBUHIETIUL 9S 19 1 212, RS Le ae de 911 1UOS SJUQLASSO SANO 19 IEUIOIEND 2NbOdY,[ & N99A 1UO À so2odso simoisnjd seu ffjonie 2$[0q une} E[ SUEP SQIU9SQ1doi SNJÉ JUOS ou SUEHdY? 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GILSON aux directeurs de l'établissement la satisfaction naïve et inférieure d’étonner, d'éblouir ou d’effrayer, et l'on se prend à désirer la venue d’un moderne RABELAIS ou d'un nouveau SWIFT, pour rappeler ces augures au sérieux en dévoilant à leur Public que, d'une part on le traite en enfant, et que de l’autre on ne lui donne pas ce à quoi il a droit : des renseignements positifs et comparatifs sur les produc- tions de sa région. 60. — Salle des collections préhistoriques comparatives, pour l'étude des matériaux préhistoriques de la Belgique. Cliché L. Van Bollé. c) Certaines considérations extrinsèques peuvent conduire un Musée d'Etat à ajouter à sa collection non régionale des parties qui ne sont pas strictement exigées par les études comparatives. En effet, un musée ancien peut, à l'époque de son entrée dans la voie des réformes, posséder d'importantes accumulations d'objets de toute provenance. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 83 Or, il lui sera toujours administrativement difcile de s'en défaire. D'ailleurs, une épuration de cet héritage du passé devrait tenir compte des nécessités comparatives de l'avenir, que l’on ne peut exactement prévoir. Il est donc plus pratique de conserver au moins une partie de ces matériaux et de les loger dans l'annexe comparative, à côté des séries de formes réel- lement nécessaires à l'étude des espèces régionales. Mais il peut aussi exister des motifs d'ordre scientifique pour ne point se dessaisir de certains matériaux non strictement nécessaires à l'étude des formes de la région. Tel est le cas d'importantes collections d'êtres appartenant à des groupes très riches en espèces, comme les insectes, les mollusques, les oiseaux, etc. Il est de l'intérêt de la Science que ces collections demeurent intactes et continuent même à se compléter, lorsqu'elles contiennent de longues séries d'espèces constituant des ensembles comparatifs précieux. Le but ultime de l'activité de tout musée étant le progrès de la Science universelle, c'est toujours un devoir de conserver et de gérer soigneusement des matériaux comparatifs d'une haute valeur, surtout si leur origine est bien établie, et de les tenir à la disposition de tous les naturalistes de tous les pays. (Voir plus loin ce qui est dit du prêt extérieur.) Mais tout ceci s'applique presque uniquement aux musées anciens. Les musées de fondation récente ne pourront que rarement se proposer de créer des collec- tions universelles de groupes, et, en aucun cas, il ne peut leur être permis de le faire avant d’avoir poussé fort loin l'exploration de leur propre région; car c'est là leur principal devoir national et c’est aussi le premier travail que la Science universelle est en droit d'attendre d'eux. Enfin un musée d'État ne peut guère se refuser à recevoir dans sa partie non régionale certaines collections recueillies dans des contrées ou des mers étran- gères, par des explorations conduites par des nationaux, lorsque ces expéditions ont produit des résultats scientifiques importants, même si leur intérêt comparatif pour la région n'est pas très grand. Elles font réellement partie du patrimoine scientifique du pays et c'est au Musée national d'histoire naturelle qu'elles doivent trouver leur place, avec tous leurs documents et même avec l'outillage des expéditions, tant comme trésors scientifiques que comme trophées nationaux. Mais on aura soin de tenir ces collections spéciales tout à fait à part. Nous ne pouvons terminer ces remarques sans insister encore sur l’absolue nécessité qu'il v a de donner à toutes les collections non régionales admises éventuellement dans le musée régional, une position bien détachée, nettement secondaire, latérale, annexielle. Trop rapprochées, ou simplement trop peu séparées des objets régionaux, ces collections constitueraient un voisinage dangereux, risquant de fausser ou n 04 G. GILSON d'obseurcir la notion de la distribution géographique des êtres et celle de la com- position de la Nature dans la région. L'idée du musée régional recourant aux formes étrangères pour les besoins de ses études est conforme à la méthode scientifique. Mais sa réalisation cesserait de l'être si le mélange des objets et des outils comparatifs pouvait altérer le caractère purement régional de la collection. Il faut donc éviter absolument que la possession d'un outillage comparatif vienne donner prise à la critique des adversaires de l’idée régionale qui tireraient parti du mélange pour déclarer illusoire la différence entre le musée se disant régional, mais admettant des objets étrangers, et un musée du type ancien, mixte et composite. D. — LES COLLECTIONS PUBLIQUES, RÉGIONALE, COMPARATIVE ET INTRODUCTIVE, DOIVENT ÊTRE EXPLIQUÉES Rappelons une chose qui a été dite plus haut : tout objet exhibé doit être accompagné d'une explication mettant en relief ce qu'il présente de plus intéres- sant. L’exhibition sans explication est vaine, inutile et irrite à juste titre le visiteur sérieux et intelligent. E. — LEs EXPLICATIONS DOIVENT ÊTRE ADAPTÉES A UN TYPE UNIQUE DE VISITEURS L'explication d’un même objet peut se faire de bien des manières différentes : on peut, en expliquant, se placer à des points de vue variés. Il est donc non seulement possible, mais obligatoire, d'adapter son discours au public spécial auquel on parle. Le Musée devra, dans la rédaction de ses explications, tenir compte des besoins et des aptitudes des personnes auxquelles il s'adresse. Cela est élémen- taire; et, puisque le public qui traverse les Musées forme un ensemble des plus hétéroclites, 1l serait oiseux de s'attacher à démontrer qu'on ne peut s'adresser à la fois à toutes les catégories de cette multitude bariolée. Le Musée doit s'adresser en particulier à une seule de ces catégories, judicieusement choisie. Il faut donc qu'il prenne à part dans la foule de ses visiteurs un seul type de culture intellectuelle, et qu'il adapte aux lumières et aux besoins de ce type unique le chozx des objets à exposer et surtout la forze et le fond de ses textes explicatifs. Quelle sera cette catégorie spécialement élue? a. Il est clair que ce ne peut être la catégorie la plus nombreuse de la popula- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 85 tion : celle du citoyen, de tout rang social, dont l'instruction ne dépasse pas le degré des études élémentaires. Car le Musée, instrument de recherche et de centralisation scientifique, ne peut descendre à ce niveau enfantin de la connais- sance sans compromettre l’accomplissement de sa fonction et sans sacrifier les besoins, plus élevés, de la Science et des catégories de citoyens mieux partagées au point de vue de la culture générale. Il ne faut jamais faire descendre le plus apte et le mieux armé au niveau du moins apte ou du moins armé. Ce serait sacrifier l'intérêt de la communauté qui gît dans le progrès. Mais il faut employer des moyens spéciaux pour élever les derniers au niveau le plus proche de celui des premiers. b. D'autre part, il ne peut pas davantage s'adapter aux besoins et aux aptitudes du visiteur déjà spécialisé dans une des branches de la Science, car celui qui est spécialisé dans une autre branche s'en plaindrait autant que celui-ci qui ne se spécialise pas du tout. De plus, ce serait empiéter sur le domaine de certaines grandes institutions tout différemment orientées : les Umiversités et les Instituts didactiques spécialisés. c. Il s'adresse donc au vistéeur lettré, d'une culture intellectuelle supérieure, mais zou Spécralisé en science, et 1l s'efforce de répondre aux besoins de rensei- gnements de cette importante catégorie de citoyens. C’est le seul choix rationnel à faire, car, d'une part, le visiteur qui est lettré ne ürerait qu'un mince profit d'une exposition choisie et expliquée en vue des moyens intellectuels de celui qui ne l’est pas ou peu, et, de l’autre, le visiteur médio- crement lettré pourra toujours profiter dans une très large mesure des textes destinés à une catégorie supérieure, s'ils sont rédigés simplement, avec clarté et sans pédanterie. C'est, du reste, le citoyen bien lettré mais non spécialisé en science, qu'il convient surtout de renseigner sérieusement, car c'est lui qui exerce l'action la plus puissante sur le Peuple. Il y a dans cette catégorie nombreuse, répandue dans tous les milieux et influente, des hommes qui peuvent continuer dans Îles rangs du Peuple la diffusion des connaissances acquises et y travailler à leur vulga- risation, — mission que le Musée d'avancement scientifique ne peut songer à remplir lui-même. EAN CARACTÈRE DES EXPLICATIONS Le but des explications de la collection régionale exposée est donc de 7eyser- gner le visiteur, lettré mais non spécialisé, au sujet des productions de son pays aux divers âges de la Terre. Elles ne se bornent pas à répondre d'avance aux questions toujours très simples, parfois naïves et souvent hors de propos, que pose spontanément le 86 G. GILSON public général fréquentant les galeries d'histoire naturelle. Il serait absurde, en effet, de considérer ceux que l'on doit instruire, comme capables de connaître et de bien formuler les questions que pose la Science à un stade donné de son développement. Bien poser les questions, c'est déjà faire preuve de science. Mieux les poser, c'est réaliser un progrès scientifique. 61. — Collection systématique et éthologique publique de la région belge. Époque actuelle. MorLuscaA. Anodonta cygnea, cellensis, piscinalis, anatina et complanata. Une Anodonta cygnea ouverte pour montrer les organes de la cavité palléale dont l'étude faitpartie de l’examen extérieur de l'animal. — Cliché L. Van Bollé, Les explications s’attacheront donc avant tout à apprendre au public quelles sont les questions qu'il convient de poser au sujet de chaque objet, dans l'état actuel des connaissances, lui signaleront certaines réponses déjà faites à ces questions, et attireront ainsi son attention sur cer{aines parties de l'organisation des êtres et de /eurs conditions d'existence, présentant un intérêt scientifique général et accessibles à la démonstration élémentaire. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE ) CORDRE ET PROGRAMME A SUIVRE DANS LES EXPLICATIONS On fera bien d'adopter un Plan uniforme comprenant toujours la revision des mêmes points. : Il est clair, toutefois, que l’on n'insistera pas toujours également sur tous les points de ce programme de direction. Ainsi le simple bon sens indique qu'il ne faut pas traiter de la même facon un reptile fossile et un insecte actuel. Le choix des points à traiter doit se faire avec jugement. CATEPTICT IA" MYIDAE 5 T5, MAL-\SA US 62. — Collection systématique et éthologique publique de la région belge. Époque actuelle. MorLzLuüscA. Cardin norvegicum, papillosum, aculeatum, echinatum, minimum, nodosion, exiguum, fasciatum, edule, tuber- culatum. À gauche, le genre Cardium edule et norv. montrant le pied étendu. À droite, le genre Mya arenarit et b'uncata. Mya arenaria montrant le pied et le siphon étendus. Pièces disséquées montrant le manteau, les muscles adducteurs antéricur et postérieur et le muscle rétracteur du siphon, ainsi que les organes de la cavité pall’ale, la structure du siphon et les relations de ses deux canaux avec la cavité palléale et avec la cavité épibranchial:. Autre pièce, au milieu, montrant, én haut, le siphon rétracté. En dessous, étude de la face interne de la coquille ; impressions musculaires, ligne palléale avec sinus. Mya truncata, siphon étendu. Sphaenia Binghami. — Cliché L. Van Bollé. Mais autre chose est d’écourter, de modifier ou d'adapter rationnellement un programme défini posé d'avance, ou de ne pas avoir de programme du tout et de S8 G. GILSON rédiger au hasard de la plume des morceaux de style, variés pour chaque objet, satisfaisants peut-être pour le lecteur littéraire et fantaisiste, mais ridicules aux veux des hommes de science pour lesquels cu/fure signifie avant tout méthode. Il va de soi que c'est dans les formes de l'époque actuelle que l’on trouvera matière aux explications les plus complètes et les plus détaillées, tant pour l'étude de l'organisation que pour celle des conditions d'existence. sr PHOLES _ 63. — Collection systématique et éthologique publique de la région belge. Époque actuelle. MoLLuscA. A gauche : Pholas candida. Pièce éthologique : morceau de tourbe avec pholades en place. Coquille. Siphon en extension. En dessous : Pholas dactylus : coquilles, À droite : Pholas crispata : coquille. Siphon étendu. Pièce éthologique morceau de tourbe avec pholades en place Pholas parva : coquille. — Cliché L, Van Bollé. Pour fixer les idées, nous indiquerons la manière dont nous concevons le plan de l'explication d'un type animal de la collection régionale ; mais notons bien que ce plan n'est qu'un guide dans lequel on ne choisira le plus souvent que quelques points à mettre en relief. Après avoir indiqué le nom scientifique et, s’7/ y a lieu, le nom vulgaire de l’objet, l'explication signale à l'attention du visiteur certaines particularités de 4 LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 89 : l'orgamsation du type choisi et certaines conditions de son existence qui pré- sentent un intérêt scientifique et qui sont susceptibles d’une démonstration élé- mentaire. istHE OS GSTAEA ÆDULIS à ne don 6 64. — Collection systématique et éthologique publique de la région belge. Époque actuelle. MoLrLcuscA. Ostrea edulis L. Cavité palléale ouverte; dissection. Coquilles : variétés. Pièce éthologique : crabe tourteau Cancer pagurus L. portant une huître ; cas fréquent occasionnant la formation d’une variété de coquille. — Cliché L, Van Bollé. On commencera toujours par attirer l'attention sur les particularités exté- rieures de l'être, puis on passera à l'étude de certaines parties internes, sur la disposition desquelles l'examen extérieur fournira déjà d'utiles indications. Il est à recommander de faire porter d'abord l'examen extérieur sur les cinq points suivants : La forme, contour extérieur ; Parcouleur: La division en parties, Les dépressions, — ou les orifices; Les saillies, — ou les appendices. 00 G, GILSON 65. — Exploration entomologique. Observations éthologiques. Photographie 2x situ. Grillon champêtre, Gryllus campestris L. stridulant à l’entrée de sa caverne. Vestibule exempt de végétation devant l’orifice. Virton. — Cliché Severin. 66. — Exploration de la Mer. Côte belge, près de Heyst. — Observation éthologique Photographie in situ. Dômes de sable aggloméré couronnant le trou des Petricola pholadiformis L, curieux bivalve arrivé d'Amérique vers 1894 et acclimaté sur la côte est de la Mer Flamande. Chaque dôme est percé de deux trous, parfois unis, correspondant avec les deux tubes siphoniens de l'animal. L'un sert à l'entrée de l’eau de respiration et l’autre à sa sortie. Cette portion du sol marin a été durcie et transportée au Musée. — Cliché L. Van Bollé. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE OI Puis, après ce coup d'œil général, on reprend à part chaque point et on y ajoute la mention de certaines particularités plus ou moins marquées et variables, rellesque.: La dimension; La subdivision des parties; L'aspect, les détails de surface; Pardureté: Le poids ou la densité; La sonorité; L'odeur; La température. Après cela on passe à l'étude de l'organisation interne, S'il y a lieu, et on aura soin de diviser cette étude aussi méthodiquement que l'examen extérieur. 67. — Exploration entomologique. — Collection systématique et éthologique publique de la région belge. Époque actuelle. Phases du développ ment et pièces éthologiques : Protoparce convoluuli L. Deilephila galii Rott. Hyloicus pinastri L. Deilephila euphorbiae L. — Cliché Severin. Mais, tandis que dans l'enseignement spécialisé de la Zoologie on s’eflorce de faire l'étude anatomique complète du type choisi à l’aide de dissections mul- tiples, pratiquées par l'élève lui-même, au Musée on ne pourra, en général, qu'effeurer, par l’exhibition de quelques pièces conservées, certains points de 92 G. GILSON l’organisation qui présentent dans l'objet examiné un intérêt spécial et sur les- quels il est jugé utile d'attirer l'attention, particulièrement en vue de l’éthologie. Car on ne peut songer à faire faire par le visiteur non spécialisé l'étude de tous les systèmes d'organes, l'analyse anatomique complète d'un animal, qui réclame une formation préalable. Le tenter conduirait vite à empiéter sur le domaine de la pédagogie spécialisée. Nous jugeons inutile d'insister. Après ce coup d'œil sur l’organisation de l'animal, on peut en faire connaître l'origine, dans l'espace et dans le temps, et passer à l'étude de ses conditions de milieu, que l'on appelle é/ologre. L'éthologie ou étude des mœurs des êtres vivants, de leur mode de vie et de leurs rapports avec le milieu et avec les autres êtres, fournit à l'explication mainte occasion de fixer l'attention du visiteur. Aussi l'exhibition publique doit- elle présenter, toutes les fois que la chose est possible, des objets saisissant sur le fait la particularité de vie ou de mœurs qui est de nature à intéresser, et tirer le plus grand parti possible de cette source inépuisable de remarques instructives et utiles. Cependant, l'étude éthologique complète d'un être exige tout autant de prépa- ration spécialisée que celle de l’organisation et même beaucoup d’autres connais- sances en plus, y compris toute la physiologie. On n'essaiera donc point de pro- céder, dans la collection publique, à cette étude complète qui doit faire l'objet de mémoires spéciaux et on se bornera à y prendre à part quelque épisode intéres- sant, de nature à captiver l'attention du visiteur, même le moins attiré vers les études d'histoire naturelle. Ces traits choisis se rattacheront toujours à certains chapitres importants de l’éthologie et, entre autres, à ceux qui sont indiqués dans le tableau ci-dessous : A. — RAPPORTS AVEC LE MILIEU Aire eau. 1. Vature du milieu ambiant | (e) {Information que l'être obtient sur ce qui se passe dans le milieu — système nerveux — organes des sens — activité psychique. Locomotion dans ce milieu. | Alimentation. — Nature des aliments. — Moyens de se les procurer. Respiration dans le milieu aqueux ou gazeux. . Excrétions déversées dans le milieu extérieur. Reproduction. — Conditions adaptées au milieu. OO IV OC Ur R OC Développement. — Rapports avec l'extérieur avant et après la nais- sance. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 93 9. Protection contre les agents extérieurs nuisibles. — Organes ou dispositions servant à ce but. — Abris, nidification, hibernation, etc. 1o. Action de l'être sur le milieu. 11. Action du milieu sur l'être. — Formation des variétés. — Evolution — variation — adaptation, etc. B. — RAPPORTS AVEC LES AUTRES ÊTRES Zsolement. Parastitisme. Soctabrlité. Concurrence vitale. Association. ÆHostilité, offensive et défensive. Syzrbiose. Mimétisme. 13 14 11 68. — Pièces éthologiques. Coquilles de mollusques perforées par les Natiea : 1. Mactra solida L. — 2. Id. — 3. Id. — 4. Macoma (Tellina) tenuis Dal. : perforées par la Natica monilifera Lmk. — 5. Macoma (Tellina) balthica (solidula) L. — 6. Tellina Jabula Gronov. — 7. Donax vittatus Da Costa. — 8. Mactra subtruncata Da Costa. — 9. Syndormia alba Woodw.— 10. Montacula ferruginosa Montagu. — 11. Cardium edule L. — 12. Saxicavella (Panopaea) plicata Montagu. — 13. Gibbula (Trochus) tumida Montagu. — 14. Natica nitida (Alderi) Don : perforées par la Natica nitida. 94 G. GILSON Le caractère de toutes ces explications doit être essentiellement positif : elles insistent surtout sur des données de fait et, sans s’interdire de coordonner et d'interpréter les faits, elles n'abordent qu'avec circonspection les théories et les thèses. Lorsqu'elles touchent à l’organisation des êtres, elles traitent surtout de leurs caractères extérieurs, aisément démontrables. Cependant, elles ne reculent point devant l'étude élémentaire d’un organe interne, /orsque sa connaissance est nécessaire à la compréhension d'une particularité remarquable de l'éthologie, et elles n'hésitent pas à recourir à la dissection, à l'exécution de sections minces d'objets vivants et fossiles, ou à tout autre mode de préparation réclamé par la démonstration à faire, ainsi qu'à des dessins ou à des photographies. Aüïnsi, pour faire comprendre comment la Vahca nitida Don. (Aldert), petit gastéropode très commun, parvient à percer d’un trou régulièrement circulaire les coquilles les plus dures pour en dévorer l'habitant, 1l faudra montrer en microphotographie la radula (Kg. 69), sorte de râpe garnie de dents, qui arme la bouche de ce grand destructeur de mollusques (fig.68, 69 et 70). Autre exemple : la Seiche, — Sepra officinalis fig. 71, — inquiétée par un ennemi, lui lance une bouffée d’eau noire et s'enfuit laissant l’autre entouré d’un nuage aveuglant. Cette scène s’observe dans les aquariums. Il faudra montrer une pièce disséquée exposant à la vue la volumineuse glande qui produit 70 — Natica nitidabon. la substance noire, et une autre expliquant la disposition du nn elle. siphon qui lance l’eau noircie ainsi que celle de la cavité palléale (fig. 71), qui est simple et démonstrative au point de vue de la compré- hension des mouvements respiratoires et de la locomotion. Faisons remarquer, au sujet des données éthologiques, que les pièces nécessaires à leur démonstration ne s'obtiennent pas toujours sur commande et que l’occasion favorable se fait souvent attendre longtemps. Les explorateurs doivent s'imposer pour règle de ne jamais négliger cette occasion lorsqu'elle se présente, même pour les objets les plus communs. Tel est le type d'explications que l’on pourrait appliquer aux formes animales de la collection régionale. Il est évident qu'il faudra l'adapter et le plus souvent l’écourter. 434 LT} YiHiY ais 69. — Objet éthologique. Natica nitida Don. Radula ou râpe buccale disséquée. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 95 Ainsi, dans un groupe donné on pourra choisir une forme type et la traiter suivant ce plan d’une façon assez complète. Mais il serait absurde de recommencer tout le programme pour les formes voisines dans le même groupe. L'étude de celles-ci sera dans ce cas fortement abrégée. Souvent on se contentera d'indiquer un ou plusieurs caractères permettant de différencier l’une de l’autre les espèces représentées dans une faune, ainsi que les différences éthologiques, souvent consi- dérables même entre espèces très voisines. fonce) Tube urinairei2 jeue aqgai 71. — Pièce éthologique. Sepia officinalis L. La Seiche. La cavité palléale est ouverte pour montrer les organes qui y font saillie ainsi que les rapports du siphon avec elle. ñ Des exigences ou des dificultés spéciales s'indiquent aussi d'un groupe à l'autre. Ainsi on ne peut songer à démontrer les caractères différentiels et 96 G, GILSON souvent microscopiques de nos innombrables espèces d'insectes, tandis qu'on peut v songer pour celles de certains groupes de crustacés. | Les objets fossiles ne permettent jamais les mêmes développements que les formes vivantes. Mais, d'autre part, dans l’indigence de la matière, on attribuera souvent de l'importance à des détails qui paraîtraient infimes et oiseux s’il s’agis- sait de formes vivantes. L'induction permettra fréquemment de reconstituer une partie de l’éthologie des fossiles. L7 72 et 73. — Objets éthologiques. Tronc d’épicéa rongé par les cerfs. Celte décortication, Rameau de Pinus sylvestris attaqué par la Retinia resinella Linné. lorsqu'elle s'étend sur tout le pourtour, fait périr l'arbre. La larve de ce microlépidoptère se développe dans l’intérieur C’est surtout en hiver que le cerf se livre à ces dépréda- d'une masse de résine dont elle a provoqué l’écoulement et qui tions. Forêt de Hertogenwald.— Cliché Severin. prend la forme d’une bulle ou fausse galle. Campine. — Cliché Severin. Mais dans tous les cas, même les plus écourtés, il y aura toujours possibilité de se guider sur le plan que nous venons d’esquisser. Les explications de la collection introductive seront d'un autre type, déjà indiqué plus haut à propos de la composition de ces collections. * 0 rte Mr genre sn S er LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 97 On voit que le musée progressif, même régional, peut faire, sans infidélité à son programme, une bien large part à la diffusion des connaissances acquises au sujet des productions de sa région aux divers âges de la Terre. Tout en restant avant tout une institution progressive, le musée peut donc exercer sur le Peuple une action didactique considérable. 74. — Photographie 2» situ. Documentation éthologique. Le sol d’un bois d’épicéa ionché des restes de cônes coupés et épluchés par les écureuils, Scüurus vulgaris Linné, qui en recherchent les graines. Francorchamps. — Cliché'Sevecrin. La visite du musée expliqué renseigne le Public et l'instruit. Elle lui fait con- naître certaines données positives, lui montre comment on analyse des faits et comment on tire de leur comparaison des conclusions immédiates, et lui signale certaines questions que la Science se pose, et certaines réponses que la somme des connaissances actuelles permet déjà d'y faire. Toutefois cette action didactique ne saurait être que latérale, distincte de l’enseignement classique des sciences et toujours fragmentaire, parce que tout, en lui, est régional et gravite dans un rayon très court autour des productions d’une seule région. Mais un Musée d'exploration, une Institution d'avancement, évite avec soin de s'aventurer trop loin dans cette voie dangereuse et de se laisser entraîner au delà des limites de ce qui est compatible avec le parfait accomplissement de sa mission principale. L'avancement de la Science a le pas sur sa simple diffusion et réclame, avant tout, l'application des forces, des lumières et des crédits de l’Institution. 13 08 G. GILSON Le Musée régional montre donc ce que produit la région à tous les âges de la Terre. Il aide le visiteur à comprendre son exhibition en l’expliquant et en lui mon- trant, à part, des objets de comparaison. Il peut même y ajouter une collection introductive à l'étude des objets régzonaux. Mais il ne peut aller au delà. Si l'on désire faire davantage pour le Public non spécialisé, si on veut, en l'instruisant, le former à la méthode scientifique, dans la mesure possible en dehors des écoles où l'action constante du maître, le travail personnel et la manipulation des objets s'ajoutent à la simple contemplation de pièces expli- quées, il faut créer, dans les principaux centres du pays, des Institutions didac- tiques d’un type particulier, comprenant une collection élémentaire didactique ou d'initiation (1). REMARQUE Sans doute, les conférences que l'on donne dans certains Musées ont quelque utilité. Elles suppléent périodiquement à l'absence des explications permanentes, et c'est dans les Musées non expliqués que l’idée en a pris naissance. Mais elles ne peuvent remplacer les notices explicatives, source de renseignements, confé- rences permanentes, toujours à la disposition du Public qui peut les relire et les consulter à tout instant. Quant aux cours publics approfondis sur divers groupes d'objets, qu'organisent divers Musées, ils nous apparaissent aujourd'hui comme des survivances d’une période de l’évolution scientifique dont nous ne comprenons plus clairement les conditions et les besoins. Ils relèvent de la pédagogie, empiètent sur le domaine des Universités et détournent les Musées de leur mission fondamentale qui est l'avancement de la Science (2). Leur utilité nous échappe parce que, de nos jours, celui qui a besoin de renseignements complets et détaillés sur un groupe d'êtres, est généralement une personnalité du monde scientifique spécialisé, et qui, par suite, n'éprouve aucune difficulté à se procurer ces renseignements dans les traités, monographies et mémoires spéciaux. Sans doute ces conférences sont souvent très bien faites, très scientifiques et fort intéressantes, mais, si elles con- tiennent quelque chose d’original, elles méritent de faire l'objet d'une publication qui comptera parmi les ouvrages à consulter sur le sujet. Au surplus, les explications n'interdisent pas les conférences, au contraire. Si des conférenciers le désirent, le Musée leur permettra de réunir dans les galeries (1) Voir G. GiLsON, Ze Musée Propédeutique. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE ZOOLOGIQUE ET MALACOLO- GIQUE DE BELGIQUE, t. XLIV, 1909. (2) Voir sur ce sujet : R. BLANCHARD, Le Muséum doit-il étre un établissement d'enseignement? REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 30 mai 1900. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 99 publiques des groupes de visiteurs, choisis ou non choisis, et de discourir devant eux en toute liberté. Il pourra même permettre à des membres de son personnel de se livrer individuellement à cet exercice méritoire, à la condition expresse de n'y rien consacrer du temps n1 des moyens qu'ils doivent au travail. Mais il ne peut songer à organiser lui-même cet enseignement populaire. Ce serait ajouter une fonction accessoire au programme écrasant de sa véritable mission, et nous ne saurions nous empêcher de penser que le savant personnel des Musées ferait infiniment mieux de consacrer à l'exploration, à l'étude des collections et à leur explication, ainsi qu'à la publication de beaux travaux, le temps et l'effort qu'absorbent leurs cours publics, intéressants mais peu néces- saires et peu fréquentés. Vox in deserto clamantis. S'ils épargnaient en vue de cela leurs forces, leurs talents, leur génie, il en résulterait un plus grand bien pour la Science. Et quant au Peuple, qui a des droits sur les trésors scientifiques nationaux, 1l retirerait bien plus d'avantage d'explications permanentes accom- pagnant les objets. Sans doute il faut répandre les connaissances scientifiques et s'en servir pour apprendre au Peuple à regarder, à réfléchir, à devenir plus penseur et moins jouisseur. Mais est-il méthodique, économique et judicieux d'interrompre la recherche et de livrer les pionniers au surmenage pour haranguer la foule mo- derne, curieuse mais distraite par mille impressions faciles et violentes, qui s'arrête, un soir, pour dévisager, critiquer et même applaudir un savant? Non certes : L'homme n'écrit rien sur le sable A l'heure où passe l’aquilon. L'effet ne vaut pas l'effort. La place du savant est aux avant-postes et le confé- rencier professionnel le remplace avec avantage à la tribune de la vulgarisation, même de la haute vulgarisation. Il y a là une question d'adaptation proportion- nelle des moyens à la fin, qui se résout négativement. Que l’on fonde, si l’on veut, des musées énormes, que l’on exhibe au public des collections d’une opulence aveuglante; cela n'est pas très difhcile : il ne faut guère que de l’argent. Mais la Science et le Peuple ont droit à mieux que cela : il leur faut un musée d'exploration détaillée, jouant un rôle important dans la découverte de la Nature et renseignant comparativement sur les productions de la région. Entreprise extrêmement ardue! Qu'on se garde donc de distraire de leur tâche les savants pionniers dont le travail est impayable; qu'on charge de la mission inférieure de la vulgarisation d’autres savants dont l’activité est moins précieuse et dont, par suite, l’utilisation pour cet office est moins dispendieuse. Et puis, le Musée à tant à faire en lui-même pour remplir la grande mission qui est sa raison d’être et que nous avons définie plus haut! Tâche écrasante, labeur gigantesque, interminable, que rien ne devrait distraire ni contrarier, mais 100 G. GILSON qui ne sera compris et apprécié que lorsqu'on aura changé la mentalité du Public routinier à force de lui crier dans l'oreille ces mots cent fois répétés : Exploration ! Exploration ! Exploration ! Alors on finira peut-être par s'apercevoir que le Musée a quelque chose à faire et qu'il n'y à pas lieu de lui chercher des besognes pour lui faire jouer un rôle utile. En résumé, un Musée ze doit pas organiser des conférences; il peut les permettre. Mais il a l'impérieux devoir d'exposer des objets, régionaux et comparatifs, et d'expliquer les objets qu'il exhibe. 75. — Photographie #x7 situ. Documentation éthologique. Toile orbiculaire d’une Epeira à laquelle l’araignée avait déjà fait subir des réparations (en haut, à gauche). Procédé spécial : la toile a été saupoudrée de poudre de riz très fine pour la rendre photographiable. Forêt de Soignes. — Cliché Severin. 12. La collection publique du Musée d’exploration régional ne peut s'adapter aux besoins de l’enseignement régulier Cette thèse n'a guère besoin de démonstration, surtout pour celui qui, s'étant heurté aux difhcultés de l'organisation d’une œuvre scientifique ou didactique, a réfléchi à ce genre de questions. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE IO1 Tout se précise : les notions, les termes, les instruments, et tout s'organise, c'est-à-dire que des combinaisons de plus en plus savantes tendent à l'application de plus en plus adéquate des moyens à leur fin, à leur adaptation de plus en plus étroite à la poursuite d'un but déterminé et, ainsi, à la réduction du déchet, en substance, en temps et en force. Or une chose ne peut être adaptée à deux buts distincts, parce qu'une double adaptation n'est qu'une deri-adaptation. Un instrument peut servir à d'autant moins de choses diverses qu'il est disposé avec plus de précision pour servir à un objet déterminé. Une chose est d'autant moins adaptable qu'elle est plus adaptée. Nous dirons quelques mots de l’application de ce principe à la question des Musées, ou plutôt de celle de leurs collections publiques, car il ne peut être question d'adapter à quoi que ce soit d'étranger la collection d'exploration; celle-ci ne peut exister que pour elle-même. La collection publique du Musée régional doit être sélectionnée dans le but bien déterminé de faire connaître les productions de la région, et son explication doit être bien adaptée aux besoins intellectuels et aux aptitudes d’un type repré- sentatif du public général : le visiteur lettré mais zou spécialisé. Le choix des objets et leur explication doivent être rigoureusement adaptés à ce but et non à demi adaptés. De son côté, une collection drdactique doit être sélectionnée dans le but nettement précisé de faire connaître tous les objets dont traite un cours sur une branche déterminée. Cette collection doit être bzen adaptée aux besoins intellec- tuels et aux capacités d’un public très spécial : l'étudiant spécza/isé dans une branche donnée. Elle ne peut lui être à demi adaptée. D'une part, l'étudiant spécialisé a droit à une collection rationnellement sélec- tionnée, correspondant à un ensemble bien coordonné de leçons résumant fout l'enseignement d'une branche spéciale, c'est-à-dire répondant à ses besoins d’infor- mation spéciale sur l’ensemble des objets de oute provenance qui constituent un groupe naturel. Mais, d'autre part, le Public non spécialisé a plus de droit encore à une collec- tion et à une explication bien adaptées l’une et l’autre à ses besoins d'information générale sur les productions du pays. Sans doute, l'étudiant spécialisé en sciences naturelles tirera de ses visites au Musée de l'exploration nationale autant et même plus de renseignements que les non spécialisés. Mais il n'y trouvera pas ce qu'il est en droit d'exiger à l'Université où 1l s'attend à jouir des moyens les plus parfaits d'une pédagogie au courant des idées les plus modernes. Il n'y trouvera ni matériaux de manipulation, n1 ce satellite obligatoire d'un cours de science : la collection spécialement constituée, corres- 102 G. GILSON pondant à des leçons bien coordonnées, complète comme le cours lui-même et aussi dégagée que lui des superfétations contrariant la mise en lumière des données essentielles. Si l'étudiant spécialisé y trouvait tout cela, le Peuple en souffrirait, car ses intérêts seraient sacrifiés, par ce défaut d'adaptation, à ceux du citoyen spécialisé, déjà si avantagé par la jouissance de tous les moyens de la pédagogie spéciale qu'il doit trouver dans l'établissement qu'il fréquente, si celui-ci est une institu- tion qui se respecte. 76. — Exploration de la mer. Objet 7 situ. Photographie documentaire. Banc d'argile émergé par suite de l'érosion de l’estran, près de Zecbrugge. Observation éthologique : la partie supérieure de ces bancs est criblée de trous de pholade : Pholas dactylus L. et candida L, bivalves qui vivent aussi dans les bancs de tourbe sous-marine. Certains partisans du Musée à double usage penseront peut-être que la partre comparative du Musée régional et, surtout, sa collection introductive pourraient être adaptées aux besoins de l’enseignement classique. Mais il n’en est rien. La juste mise au point de la collection publique d'un Musée d'exploration régional est difficile; son adaptation à un type bien choisi de visiteurs est chose délicate. Mais, difhcile ou non, le Public a droit à cette adaptation et c'est en vue de la réaliser le mieux possible que le Musée régional doit rendre publique une partie de ses collections comparativès spécialement sélectionnée et la faire servir à faciliter la compréhension des collections nationales. Il ne faut donc pas EE I UNS RS LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 103 plus détourner de son but spécial cette collection explicative que la collection régionale elle-même. La même considération s'oppose à ce que la co//echon introductive à la visite des collections régionales soit adaptée à autre chose qu'à son but propre. Cette collection ne peut nullement avoir pour but d'enseigner l’histoire naturelle au Public non spécialisé, parce que ce serait tendre à le spécialiser et que l’ensei- gnement spécialisé a bien d’autres exigences et réclame bien d’autres moyens : les études préliminaires, les exercices manipulatifs, l’action personnelle du maître. Au surplus, cette collection d'introduction étant elle-même régionale, est nécessairement d'un caractère aussi fragmentaire que la collection régionale elle-même, et cela suffit à en faire un instrument tout aussi impropre à servir d’auxiliaire à un cours. Citons en terminant un passage de Sir WirriAaM FLOWER : « Je pense, dit » l'illustre chef du Musée d'Histoire naturelle de Londres, que la principale cause » de l’échec de la majorité des Musées, celle qui fait qu'ils n'accomplissent pas » la fonction qu’on peut légitimement en attendre, c'est qu'ils confondent presque » toujours les deux objets distincts qu'ils peuvent accomplir (l'avancement et la » diffusion de la Science) et qu'en essayant de combiner les deux en une même » exhibition, 1ls n'accomplissent, en définitive, ni l’un ni l’autre (1). » Or le Musée d'exploration régional, organisme de centralisation, est une Insti- tution bien plus spécialisée et, par suite, encore infiniment moins adaptable à un but étranger au sien, que les Musées dont parlait FLOWER. 13. Rang du Musée parmi les Institutions scientifiques Il ressort de ce qui a été dit de la mission du Musée et des fonctions de son personnel scientifique, que l’Institution occupe en Science un rang élevé, une position parfaitement égale en dignité à celle des Institutions les plus considérées dans la Société intellectuelle moderne. Mais il est bon de préciser que ce rang lui vient de son caractère d’/rs#tution d'avancement. Le progrès de la Science occupe la première place, sa diffusion la deuxième. Le travail pour le progrès de la connaissance est ce qu'il y a de plus noble et de plus élevé en Science. La pédagogie vient après. | S1 les Universités atteignent à ce rang, ce n’est nullement parce qu'elles enseignent, mais parce qu'elles sont des centres de progrès scientifique. À défaut de cela, elles ne seraient que des écoles d’un degré supérieur. () W. H. FLOWER, Æssays on Museums, etc. London, Mac Millan, 1898. 104 G. GILSON Aussi longtemps que les Musées n’ont été que des établissements d’exhibition, ils sont restés bien en dessous de ce niveau. Mais le Musée d'exploration, consacré tout spécialement et uniquement à l'avancement de la Science, est, de sa nature, au moins leur égal. Et même si l’on considère qu'il est exempt de toute préoccupation utilitaire d'ordre pédagogique et qu'il rend en outre à la Science d’incalculables services par sa fonction centralisatrice et conservatrice, on est conduit à lui donner le pas sur toutes les Institutions consacrées à la diffusion de la connaissance. 14. Le Musée régional doit être une Institution d’État A. — L'ETAT DOIT FAVORISER L'INVESTIGATION SCIENTIFIQUE, C EST-A-DIRE LUI FOURNIR DES MOYENS DE TRAVAIL, ET L'EXPLORATION DU TERRITOIRE EST LA PREMIÈRE A MÉRITER CETTE « FAVEUR ». Un Gouvernement doit favoriser la Science, c'est entendu. Mais « la Science » est un de ces mots dont on a si horriblement abusé qu'ils ont presque perdu leur signification primitive et qu'il devient nécessaire de spécifier le sens qu'on leur attribue. Les pionniers de la Science ont vu son nom servir de réclame à tant de choses peu recommandables, qu'ils ne l’entendent plus prononcer sans une certaine appréhension quand il désigne autre chose que le but de leurs efforts. Pour eux, «la Science », cela veut dire le progrès de la Science, l'avancement de la connaissance, le travail sur les chantiers de la recherche. La Science qui ne progresse plus appartient à l'histoire : il n’y a plus rien à faire pour elle. De même le savant qui abandonne les avant-postes, entre dans le passé : il n’a plus de besoins scientifiques. S'il a du mérite, — et des protections, — il obtiendra un jour une place confortable au Panthéon national. Mais le pays doit reconnaître ses services avant qu'il n’en arrive là, et il n'y a qu’une seule manière sérieuse de le récompenser, c’est de lui fournir /e s0yen de travailler encore davantage. Tout le reste est vanité. C'est vanité que de combler les hommes de Science des faveurs et des honneurs que briguent surtout les parasites de la Science. Le savant n’en a que faire. C'est vanité aussi que de favoriser les œuvres scientifiques de façade : exposi- tions, congrès, entreprises de librairie, etc., édifices en toile peinte derrière laquelle règne le vide. Scientia horret a vacuo. Vanité, au point de vue de l'intérêt de la Science, mais nous admettons qu'il y a d’autres points de vue louables. Le progrès de la Science, voilà ce qu'un Gouvernement doit favoriser. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 105 L'investigation, le labeur des pionniers obscurs, qui ne désirent qu'une chose : les moyens de travail, parfois même la simple permission de travailler, — voilà ce qui représente la Science digne de l'assistance de l'État, et l'exploration du territoire national est la première des investigations qu’il devra favoriser, c'est- à-dire doter des moyens de travarl. 77. — Exploration de la mer. Épave antique couverte d'animaux inférieurs, désensablée par l'érosion de l’estran et émergée en vives eaux. Entre Heyst et Zeebrugge. B.— L'ÉTAT DOIT INSTITUER LUI-MÊME L EXPLORATION DU TERRITOIRE Mais l'État ne doit pas seulement favoriser l'exploration du territoire, il doit l'instituer lui-même, et il ne peut en laisser la charge à l'initiative privée, mais il doit la confier à un organisme centralisateur unique : le Musée régional d'histoire naturelle. I. — C’est un devoir envers la Science La Nature entière doit être étudiée, analysée. Toute la surface du Globe doit être minutieusement explorée à tous les points de vue de l’histoire naturelle. Nul territoire ne peut rester inexploré, parce que la connaissance de toute portion de la Terre fait partie du patrimoine scientifique de l'Humanité. L'exploration du I4 100 G. GILSON territoire national est donc un devoir impérieux pour un pays qui a conscience de la haute mission de la Science et qui veut occuper une position honorable parmi les nations cultivées. Ce n'est pas tout : le Musée universel, type idéal de l'organisme centralisateur, étant irréalisable, des organismes d’exploration régionale doivent être créés, et seul l'État est en mesure de donner à ceux-ci la force et l'ampleur nécessaires pour les rendre efficaces au point de vue de la centralisation. C'est là pour l'État un autre devoir envers la Science universelle : il lui doit de créer dans sa région et d'y entretenir l'organisme qu’elle réclame pour remé- dier aux inconvénients de l'extrême division du travail et de l’ultraspécialisation. Ajoutons à cela deux remarques appuyant encore notre thèse : Seul l'État jouit de l'autorité nécessaire pour rendre le travail possible dans certaines localités, ou pour l’imposer d'office dans certaines circonstances : travaux publics ou privés, visite des domaines nationaux ou particuliers, expropriations, conservation de sites ou de stations, etc. Ensuite, lui seul aussi peut donner à l'œuvre la pérennité nécessaire, assurer la conservation intégrale des collections et des documents qui doivent être trans- mis aux générations futures et les préserver à perpétuité contre la dispersion inévitable que subissent tôt ou tard les collections privées. 2. — C’est aussi un devoir envers le Peuple Enfin l'État doit aux citoyens de les renseigner complètement sur l'ersemble des productions du territoire et 11 doit les leur montrer sous forme d'ensembles méthodiquement recueillis et rationnellement disposés et expliqués. Il ne peut laisser ce soin à des personnes privées travaillant chacune à sa guise. Le Musée d'exploration régional compte parmi les entréprises qui doivent être centralisées dans les mains du Gouvernement et constituées en Institutions d'État puissamment outillées. Ici une objection ne peut manquer de se dresser : l'État, dont l’inaptitude comme organisateur, commerçant ou industriel est notoire (1), va-t-il se révéler bon explorateur ? Évidemment non. Aussi doit-il bien se garder de se faire explorateur ou directeur de musée. Nous dirons un mot, plus loin, de l’organisation qu'il doit donner au Musée d'exploration pour éviter d’en faire un simple rouage administratif, c'est-à-dire de le condamner à l’immobilité et à la stérilité. (x) Voir à ce sujet : A. PIERRARD, directeur général de l'Administration de la Marine, Les Chemins de fer, etc. Extrait des Etudes sur la Belgique. Conférence faite au VIe Cours international d'expansion commerciale. Anvers, 1912. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 107 15. Les Musées locaux L'idéal de l’organisation centralisatrice et conservatrice qui doit contrebalancer les mauvais effets de la spécialisation et de la division du travail, ce serait le Musée universel, le Musée d'exploration complet et parfait. Cet idéal est irréalisable. 78. — Musée local de Spa, en relation avec le Musée royal d'Histoire naturelle. Partie de la collection de la faune locale. — Cliché G, Renuart. Les Musées régionaux, en unissant leur travail centralisateur grâce à une entente interrégionale, peuvent très bien arriver au même but et ils ont en outre l'avantage de faire connaître aux habitants de chaque région les productions naturelles de la contrée qu'ils habitent. Mais il faut que le Musée régional reste une Institution puissante explorant une région sufhsamment vaste. Car si on multipliait ces Institutions en subdivi- 108 G. GILSON sant leur domaine, on arriverait à des Musées subrégionaux, provinciaux, can- tonaux, etc., etc., et leur but serait manqué, faussé'; on retomberait par une autre voie dans la dissémination, la dispersion, l'insuffisance des moyens, l'insécurité de la conservation. 2 manie na êu Borne Tete DT Peur 4Px sésrrez LE RR van REA 79. — Musée local de Spa. Fiore locale, — Cliché G. Renuart. Les Musées locaux compris comme le Musée d'Histoire naturelle régional, seraient décentralisateurs et contrecarreraient l’action du Musée général de la Nation ou de la région, ce qui est inadmissible. Cependant nous reconnaissons qu'il ne serait pas sans intérêt pour les habitants d’une sous-région où même d’une localité de voir réunies et expliquées les pro- ductions naturelles de leurs environs. Une apparence de conflit s'élève donc ici entre les intérêts locaux et l'intérêt général de la Science et de la Nation. S'il y avait conflit réel, il va sans dire que l'intérêt général devrait primer l'intérêt local. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 109 Mais l'opposition de ces intérêts n'est que superficielle et plus apparente que réelle. Une entente est possible sur ce terrain. Aux hommes éclairés, désireux de procurer à leurs concitovens l'avantage d’une exposition locale, scientifiquement expliquée, des produits naturels de leur région, nous ferions la proposition suivante : Le Musée local se ferait le représentant du Musée régional dans sa contrée. Pénétré de la nécessité de la centralisation régionale, il s’organiserait sur un plan conforme à celui du grand Musée, mais adapté à des circonstances spéciales et à un but subordonné. Son premier travail serait donc l'exploration de la contrée. Il l’exécuterait dans la mesure de ses moyens, suivant un programme de travail discuté et adopté en commun avec le Musée régional. Celui-ci ne s’interdirait pas, du reste, de conduire lui-même dans la localité les explorations qu'il jugerait nécessaires. Le Musée local fournirait au Musée régional des matériaux et des documents de cette exploration. Mais ceci ne l’empêcherait nullement de constituer, dans ses propres installations, la collection locale à peu près complète. Sans doute, certains objets représentés par un seul exemplaire ou par plusieurs exemplaires incomplets ou très différents, devraient être envoyés au Musée national, en vue de la centralisation qui prime tout parce qu'elle est le but. Mais ce cas ne se présenterait guère qu'en paléontologie. Le Musée national ne retiendrait ces objets qu'en dépôt et aurait soin d'indiquer que le Musée local en reste proprié- taire. Une reproduction graphique ou un moulage de ces pièces figurerait dans ce dernier, avec la mention : « L’original est déposé au Musée national. » Mais, outre la collection d'exploration, le Musée local organiserait et dévelop- perait largement une collection spéciale introductive à l'étude de la collection locale. Ainsi organisé, le Musée local ne constituerait nullement une concurrence au Musée régional et, loin de le contrecarrer dans sa mission centralisatrice, 1l coopérerait au contraire à son développement. Le titre de « correspondant du Musée national — ou régional — » pourrait être accordé à ceux d’entre ces Musées qui présenteraient un caractère sérieux, qui auraient donné des preuves sufhisantes d'activité et de vitalité, et dont le per- sonnel, imbu de l'esprit et de la méthode du Musée d'exploration, mériterait la confiance du Musée régional au même titre que ses propres explorateurs. Ajoutons ici encore une remarque : un Musée strictement local serait nécessairement très fragmentaire. Ainsi la collection des animaux d'une loca- lité littorale de la Mer Flamande ne comprendrait guère que des formes marines; la faune terrestre ÿ serait pauvrement représentée. Au contraire, une localité des Ardennes, beaucoup plus riche en animaux terrestres, ne pourrait montrer à ses visiteurs aucune espèce marine. Il est clair qu'avec de telles 110 G. GILSON lacunes le procédé que nous avons appelé la co/lechion comparative ne sufhrait pas à donner au public la connaissance très élémentaire mais très scientifique qu'il est à la fois si nécessaire et si difhicile d'inculquer aux non-spécialisés. La collection introductive dont nous avons parlé n'y sufhrait pas même. C’est dans ces conditions qu’on pourrait songer à fonder, à côté du Musée strictement local, correspondant du Musée national, une collection d'initiation du genre de celle que nous avons appelée propédeutique (1). Une douzaine de types d'animaux, par exemple, bien choisis à des degrés divers de l'échelle, y seraient étudiés analvyti- quement dans leur organisation élémentaire et dans leurs rapports avec leur milieu et avec les autres formes vivantes qui l’habitent. On insisterait sur les groupes représentés dans la faune locale, et ainsi la position naturelle d’un animal et ses relations avec les autres êtres seraient toujours au moins élémentairement indiquées et expliquées à un public préparé dans toute la mesure qu'il est possible d'atteindre par des movens extrascolaires. Le visiteur serait pourvu d'une base de comparaison. Nous avons insisté quelque peu sur la question des Musées locaux, pour montrer que le Musée régional d'exploration nécessaire à la bonne marche de l'avancement de la Science, tout en étant centralisateur, n’est pas absorbant. Il ne prétend pas monopoliser absolument toute la tâche de l'exploration et toute l'exposition des productions de la région. Remarquons cependant encore que s'il centralise, c'est pour des raisons supérieures, pour l'avancement de la Science, tandis que des Musées locaux, trop restreints, trop nombreux et, par suite, deve- nant disséminateurs et décentralisateurs, ne pourraient se prévaloir de motifs d'ordre aussi élevé. Ils encourraient le reproche de nuire au progrès scienti- fique et même, par une conséquence de cela, de comprendre à rebours les intérêts intellectuels des habitants de leur propre région. Car ceux-ci réclament un Musée national centralisateur, au même titre que ceux des autres localités du pays. Nous ne nous imaginons pas toutefois que les esprits éclairés, capables de placer l'intérêt général au-dessus de l'intérêt local, sont assez nombreux, même dans les milieux très cultivés, pour que la notion supérieure de la centralisation, remède à la spécialisation et à la division excessive, soit destinée à être comprise et acceptée partout où 1l existe des collections locales ou des collections spéciales quelconques. A côté d'hommes éclairés, il se rencontrera des gens obstinés, imbus de l'esprit de clocher ou d'école, ou bien cherchant uniquement à créer pour leur ville, leur institut, leur collège, « une attraction » ou une réclame, et incapables (1) G. GILSON, Loc. cil., p. 44. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE III d'apprécier, d'une part, la grandeur du Musée national et, de l'autre, la maigreur inévitable et souvent lamentable d’une collection privée formée de bribes isolées et de matériaux bariolés. Ceux-là ne manqueront pas d'accuser le Musée régional de faire de l'accapare- ment et ils lui feront une réelle mais vaine concurrence. Nous ne chercherons pas à les convertir à des sentiments plus justes et plus élevés. Leurs Musées végéteront et la Science y perdra quelques miettes, — elle est si habituée à subir des pertes! Mais les hommes passent et le Musée reste. Le Peuple veut le progrès de la Science, et le Musée d'exploration régional, instrument de progrès, durera autant que le Peuple. Les successeurs de ces génies locaux, plus éclairés qu'eux, réformeront un jour leur édifice mal conçu, et, lorsque les premiers seront morts et enterrés, le Musée régional, à coup sûr destiné à leur survivre, se chargera de leur rédiger une épitaphe dépouillée de toute exagération et reposant sur la base scientifique de la comparaison. 16. Les Musées spéciaux La conception du Musée d'exploration régional n'exclut pas celle d’une infinité d'autres moyens partiels de centralisation scientifique. Ainsi, on peut concevoir des Musées se limitant soit à un groupe systéma- tique : les insectes, les mollusques, etc., soit aux formes d’une époque géolo- gique donnée : le Quaternaire, le Cénomanien, le Houiller, etc. Ces derniers pourraient en collectionner soit tous les matériaux d'exploration, soit seulement les fossiles, les minéraux, etc., se borner à une aire donnée ou s'étendre à toute la surface du Globe. Les premiers pourraient faire de leurs objets une étude complète, morphologique, systématique, éthologique, ou bien se restreindre à l'étude d’un seul trait de leur organisation, la coquille, par exemple, pour en noter les variations dans diverses régions de la Terre, ou bien dans la succession des temps. Le Musée océanographique fondé par le Prince de Monaco est un exemple remarquable de Musée spécial. Le Musée zoologique de Tring, propriété de W. de Rothschild, en est un autre. Il existe des collections partielles faites dans un but bien défini, qui présentent un caractère hautement scientifique et peuvent rendre de très grands services. Ainsi, il en est une qui nous a vivement frappé, non seulement par sa richesse, mais encore et surtout par son organisation : c'est la collection de mollusques de notre savant compatriote M. DAUTZENBERG, dans laquelle l'espèce n'est pas représentée par une pièce isolée, bien choisie à la mode des collec- tions d'amateurs, mais par un grand nombre d'individus d'origines diverses et 112 G. GILSON toujours soigneusement documentés. La systématique, l'étude de la distribution géographique, celle des variations d’après les conditions d'existence et la localité, trouvent dans les collections exceptionnelles de ce genre une mine inépuisable de recherches variées. D'une facon générale, on peut dire que les collections partielles sont d'autant mieux organisées et d'autant plus utiles qu’elles sont plus limitées dans leur aire, leur groupe ou leur point de vue. La plupart des collections spécialisées ordinaires s'encadrent naturellement dans le vaste programme du Musée d'Histoire naturelle régional appuyé de sa collection comparative. Elles peuvent être considérées comme des parties déta- chées, comme des chapitres traités à part, de sa partie régionale ou de sa partie comparative, et elles pourraient y rentrer soit en bloc, soit par parties. Elles rendent surtout des services en l'absence soit d'un Musée régional, soit d’une partie comparative donnée, dans un Musée régional existant. De même que les Musées locaux, ces Musées spéciaux ont droit à l'existence, à la condition expresse qu'ils soient imbus de l'esprit du Musée régional, c’est- à-dire convaincus de la nécessité de travailler à la centralisation des efforts spécialisés et d'assurer la conservation des matériaux et des archives, nécessité qui domine dès aujourd'hui tous les autres besoins généraux de la Science, et il va sans dire qu'ils devraient être absolument exempts de toute intrusion de l'élément pédagogique. Si ces Institutions se révélaient nuisibles à l'organisme centralisateur et conser- vateur, il faudrait les combattre. Mais elles peuvent, au contraire, coopérer à l'œuvre, en dépit du désavantage dans lequel les place le fait de n'être point Institutions d'État, au point de vue de l'exploration, de la conservation, de l’exhi- bition, de la collaboration, des crédits et autres moyens d'action. En définitive, certaines d’entre les collections spéciales existantes ont atteint par leur richesse, leur organisation, la science de leurs directeurs, une position éminente. Elles peuvent parfaitement coexister avec les Musées régionaux et sont réellement utiles à la Science. D'autre part, 1l en est un bon nombre, à côté de celles-là, qui sont plutôt tolé- rables que désirables. 17. Les Musées coloniaux La colonie comme la métropole doit posséder plusieurs musées, distincts par leur but particulier, qui les rangera toujours dans l’une ou dans l’autre des deux grandes catégories que nous avons indiquées au début de ce travail : le Musée des œuvres de l’homme et le Musée des productions de la Nature. LÉ MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 113 Nous dirons un mot de ce dernier, parce que la nécessité d’un Musée d’explo- ration colonial est impérieuse. Une colonie est un pays en voie d'organisation. Tout y est nouveau et en formation; il v règne beaucoup d’inconnu, et le besoin d’information s'y fait sentir avec plus d'urgence encore que dans la métropole. L'organisation de l'exploration y est donc la première de toutes les nécessités. Il va de soi que les expéditions du début doivent être des reconnaissances avancées dont la mission est de fournir les premiers renseignements géographiques, de lever les premières cartes, d'installer les premiers postes. La conduite de ces expéditions plus ou moins guerrières réclame une spéciali- sation toute particulière. Nous voudrions savoir, disons-le en passant, si l’on trouve ce spécialiste-là plus communément que le naturaliste-explorateur. Quoi qu'il en soit, si ce dernier s’est parfois révélé capable de jouer le rôle du premier, la réciproque est impossible. Mais, la prise de possession accomplie, il faut organiser sans retard une explo- ration méthodique rigoureuse, l'exploration scientifique de la région. Celle-ci ne peut être confiée qu'à des naturalistes, c’est-à-dire à des hommes spécialisés dans l’étude de la Nature et entraînés à ce travail plein d'obstacles et de causes d'erreurs. Le géologue, le zoologue, le botaniste, l'anthropologue sont autant d'unités nécessaires à un service d'information coloniale systématiquement organisé. Bien que spécialisés chacun dans une branche particulière, ils seront capables de recueillir une foule de renseignements exacts même en dehors de leur domaine spécial, parce qu'ils sont entraînés d'avance à l'exploration méthodique, familia- risés avec les difhcultés de la recherche et mis en garde contre les pièges que tend la Nature à l'explorateur improvisé : le naturaliste commence à découvrir là où l’homme non spécialisé finit de regarder. Que d'entreprises coloniales, commerciales ou philanthropiques ont abouti à de coûteux et lamentables fiascos parce que la réalité ne correspondait pas à l'infor- mation fautive ou insufhsante sur laquelle on était parti! Z'explorahion avant l'exploitation, telle est la formule qu'il faut toujours avoir présente à l'esprit et dont il faut refuser absolument de se départir. Elle est de simple bon sens, son application est la condition s27e qua non du succès et le seul garant contre les entreprises des intrigants toujours prêts à « organiser », mais rarement à partir eux-mêmes. . L'exploration s'impose. Elle doit être scientifique ou elle n’est rien, et elle doit être spécialisée parce qu'elle est scientifique. Le premier venu ne s'improvise pas explorateur. L'habit ne fait pas le moine et le casque colonial ne fait pas plus l'explorateur que le diplôme ne fait le naturaliste. Une formation préalable, un entraînement prolongé sont nécessaires, et la spécialisation est indispensable en T5 Lua/aba 8"30 NIEMBAKUNDA € LUANZA LUKONZOLWA e g° MOBANGA e KILWA (Molinga) e ’ ue CARTE BATHYMÉTRIQUE 37 3 71 DU | LAC MOERO: 2 Fe d'après les sondages de la Vie da 5 akwe MISSION STAPPERS en novembre et décembre 1911 ÉCHELLE: 1: 500.000 9°30 Profondeurs exprimées en mètres ÿ CARTE DRESSEE PAR LE D! STAPPERS à Ÿ NN 80. — Exploration méthodique d’un lac. Les chiffres, de 1 à 36 avec un point noir,findiquent les stations hydrographiques : profondeur, température, salinité, plankton, sédiment, dragage. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 81. — Exploration méthodique d’un lac tropical. — Mission STAPPERS. Lac Morro. Congo belge. Rive occidentale à Lukonzozwa. — Végétation de la grève. Renflouement de la barge échouée — Cliché Stappers. ES TS MAL IX 82. — Exploration méthodique d'une rivière. — Mission STAPPERS. Rive de la Luaruca à KasexGa. — Filet triangulaire pour la capture des êtres vivant à la surface. — Cliché Stappers, 110 G. GILSON exploration comme en toute chose. Le simple bon sens, la vulgaire honnêteté, le souci le plus élémentaire des responsabilités prescrivent d'explorer sérieusement au préalable, de prendre en vue de cela des mesures effectives et surtout de confier Les explorations à des explorateurs : qui veut la fin veut les moyens. Que faut-il donc penser de ceux qui confient de prétendues explorations, préli- minaires d'une exploitation, à des personnes sans aucune préparation : c'est un agent commercial, un fonctionnaire, un militaire, voire même un marin ou un avocat! Pourquoi pas? l'un vaut l’autre en fait de bonnes intentions; mais ni l’un ni l’autre n'est préparé à l'exploration ni entraîné dans aucune spécialité. L’échec de ceux qui entreprennent sous de tels auspices des expéditions commerciales ou civilisatrices ne nous inspire nul sentiment de commisération : le succès est pour les gens qui ont de l'esprit et qui s’en servent! Dans le domaine scientifique, les pertes subies pendant la période de première installation des coloniés sont plus sérieuses encore que dans celui de la finance ou de la philanthropie et dues à la même incompréhension des méthodes. L'auteur de ces lignes se mit autrefois à la disposition de l'État Indépendant du Congo en présentant un plan d'exploration scientifique. On lui répondit « Pensez-vous que l'État a besoin de savoir le nom de tous les coléoptères d'Afrique ? » Quelques années après, un Anglais — un naturaliste (1) — découvrait l'Okapi en plein territoire de l'État Indépendant. C'était un « coléoptère » de belle dimension ! Ce n’est là qu'un exemple entre mille. Il explique pourquoi le Musée du Congo n'est pas le premier Musée africain du monde, ainsi qu'il conviendrait. Et il rend compte aussi de bien des échecs subis par des administrations d'État et par des entreprises privées. Disons à la décharge de ceux qui dirigèrent les entreprises de la première heure, sans même songer à la nécessité de l'exploration scientifique, que le véritable explorateur, à la fois homme de science et homme d'action, est aussi rare que le vrai naturaliste. Comme on naît poète, on naît naturaliste ou explo- rateur; on ne le devient pas. Mais, s'il y a peu de naturalistes méritant réelle- ment ce titre fort compréhensif, il y a beaucoup de savants de cabinet, et il en est parfois qui, au lieu de rester chez eux.et d'y rendre d'immenses services à la Science, se croient une vocation d'explorateur et s'en vont dans la brousse chercher « la petite bête » vivante ou fossile. Ils ont déprécié le métier et confirmé le préjugé qui considère tous les naturalistes comme des maniaques, piliers de bibliothèques ou de musées, et bons tout au plus à compulser des bouquins, à (1) Sir HARRY JOHNSTON. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 77 empailler des oiseaux, à monter des squelettes, à faire des coupes microto miques ou à piquer des insectes. La notion des connaissances générales et des aptitudes multiples du naturaliste explorateur n'est pas plus répandue que celle de la signi- fication et de la mission du Musée moderne. Faut-il donc démontrer la nécessité pour une colonie de posséder une 7nstitu- tion d'exploration? Personne ne contestera cette nécessité. Cette Institution doit être une école d'exploration pour toutes les spécialités répondant aux besoins urgents d'information sûre. Elle devra explorer systématiquement, scientifique- ment, conserver les produits, les étudier, les faire connaître. Difhcile mission, que l'étendue des territoires, leur richesse, leur sauvagerie, leur condition hygié- nique, etc., rendent à la fois plus laborieuse, plus fascinante, plus urgente, et aussi plus nécessaire aux branches appliquées, à l'exploitation, c’est-à-dire à l’utilisation des données de fait bien constatées. C'est à l'État d'organiser cette Institution, ce Musée d'exploration colonial, pour toutes les raisons mentionnées au sujet du Musée régional métropolitain, et cette nécessité est plus urgente encore parce que le besoin d'information est plus grand et la région moins connue, et aussi parce que l'État doit rester maître dé faire entreprendre telle exploration plutôt que telle autre, suivant les besoins du moment dans la voie des applications. Et il reconnaîtra tôt ou tard que l’explora- tion scientifique, la seule efhicace, est toujours, en fin de compte, la plus écono- mique. Ajoutons que si c'est pour la métropole un devoir, envers la Science univer- selle, de posséder un organisme explorateur de son territoire qui soit en même temps une Institution centralisatrice des efforts spécialisés, c'est une obligation plus impérieuse encore pour la colonie. Nous n'insisterons pas, le sujet est vaste et ce n’est pas ici le lieu de l’épuiser. Tout ce que nous avons dit du Musée d'histoire naturelle en général s'applique au Musée colonial aussi bien qu'au Musée métropolitain, et il en résulte que la possession d'un musée actif, organe et école d'exploration, Institution d'avance- ment scientifique, centralisant les efforts spécialisés, coordonnant les résultats, conservant les objets, s'impose impérieusement à toute colonie; #a1s 27 faut absolument que cette Institution réponde au type nouveau, au Musée d'explora- lon régional que nous nous sommes efforcé de définir et qui est adaptable aux conditions les plus diverses. Comme le Musée métropolitain, le Musée colonial devra donc être confié à un Directeur assumant toute la charge de l'exploration, de l'étude et de la conser- vation, mais donnant délégation à des naturalistes pour l'exécution de missions bien définies, d'exploration ou autres. Ceux qui auront su organiser et mener à bonne fin une de ces missions dans le milieu colonial seront chargés de l’organi- sation et de la gestion des collections d'exploration du Musée de la colonie. 118 G. GILSON MALVAUX 83. — Exploration méthodique d’un lac tropical. — Mission STAPPERS. Rive occidentale du lac TanGanika : baie de Vua. — Côte d’érosion. Le steamer Alexandre Delcommune employé par l'expédition, — Cliché Stappers. MALVAUX 84. — Exploration méthodique d’un lac tropical. — Mission STAPPERS. Pêche à la senne sur la côte occidentale du lac TanGanikA. Baie de Kirewa. Côte alluviale sans végétation. Au fond, à droite, le mont Rummi. — Cliché Stappers. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 119 ETS MAL VAUX 85. — Exploration méthodique d’un lac tropical. — Mission STAPPERS. Rive occidentale du lac TaxcanixA. Plage alluviale à Kiewa. Pas de végétation. Lames battant l’estran par une forte brise de l'Est. Grands rouleaux, spectacle rappelant la côte belge de la Mer du Nord. Période des vagues, 5//. — Cliché Stappers. 86. — Exploration méthodique d’un lac tropical. — Mission STAPPERS. Rive occidentale du lac Taxcanika. Sud de Para. Côte d’érosion, Végétation. — Cliché Stappers. 120 G. GILSON Seuls, après leur retour, ils seront à même de diriger l'étude de leurs matériaux, et surtout la continuation des explorations qu’ils auront mises sur pied dans une région donnée ; et il est à désirer qu'ils retournent périodiquement eux-mêmes dans cette région. Les Chefs d'exploration du Musée colonial seront donc, comme ceux du Musée métropolitain, des naturalistes complets, ayant fait leurs preuves non seulement dans le domaine de l'érudition, mais encore dans celui de l'exploration, de la recherche 7x situ, et non des savants de cabinet. Si excellents systématistes qu'ils puissent être, ceux-ci ne pourront jamais être appelés aux positions de Chefs d'exploration, pour toutes les raisons que nous donnons plus loin en traitant de l'organisation du Musée régional en général. Il est évident que le Directeur étant lui-même l'explorateur principal, ne peut avoir comme collabo- rateurs immédiats que des explorateurs confirmés. REMARQUES : a. Nous n'avons parlé que du Musée colonral scientifique, bien que le Musée colontal économique présente aussi une grande importance pour un Gouvernement colonial, C'est pénétré de cette importance que nous nous sommes décidé à traiter succinctement, plus loin, du Musée économique en général. Mais l’accomplisse- ment de la mission de ce Musée spécial est tellement soumis à l'acquisition préa- lable des données scientifiques, qu'il était nécessaire de traiter d'abord à part l'exploration scientifique pour elle-même, et de reprendre ensuite l’examen de l'exploration économique qui en est une dépendance. b. En parlant du Musée colonial, nous n'avons eu en vue que le Musée d’explo- ration de la colonie par la métropole. Au début d'une colonisation, il ne peut. être question d'autre chose. Plus tard, lorsque la colonie devient un pays bien organisé, civilisé et peuplé, elle peut éprouver la nécessité de fonder elle-même un Musée. Ce sera évidem- ment un Musée d'exploration continue organisé comme celui de la métropole elle-même, c'est-à-dire comprenant une partie régionale et une partie compa- rative, si le climat permet la conservation de tous les objets. Peut-être récla- mera-t-elle, outre sa collection comparative, une collection métropolitaine svn- thétique. Nous n’examinerons pas ce cas particulier de la question des Musées. Mais, quoi qu'il arrive, la métropole continuera à entretenir son Musée colo- nial, régional et comparatif. c. On se demandera peut-être si un pays possédant une colonie doit organiser deux Musées comparatifs, ou bien un seul servant à la fois pour la métropole et pour la colonie. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 121 Nous préférons, pour notre part, le premier système, parce qu'il est le plus conforme à l'esprit nouveau de l'organi- sation de l’étude dela Natureet dela dif- fusion systématique de la connaissance. Le Musée comparatif sert à l'étude et à l'explication des objets régionaux. Chaque Musée régional doit donc avoir sa collection comparative. On objectera les doubles emplois. Sans doute, il faut tâcher de les éviter. 51 donc les deux Musées ne sont pas très éloignés l’un de l’autre, ils pourront sans beaucoup d’inconvénients se par- tager le travail et renvoyer le visiteur à celui des deux Musées qui contiendra les pièces de comparaison d'un groupe donné. S1 au contraire ils sont très éloignés, on devra souvent se résoudre à répéter les objets de comparaison, car, dans ce cas, un Musée comparatif combiné, à la fois métropolitain et colonial, serait 87. — Exploration méthodique d’un lac. ) q , . . NAS VY DFRCG nécessairement trop distant de l’un ou Mission STAPPERS. A Rive occidentale du lac Moero. Pirogue monoxyle. de l’autre, ou peut-être de tous deux. LC Ne 18. Le Musée anthropologique L'Anthropologie est une de ces branches qui étudient un seul objet à des points de vue divers et dont nous avons parlé plus haut. Elle étudie l’homme pour le révéler à lui-même. Or l'homme est un animal : l'anthropologie se rattache donc à la zoologie, au même titre que l'hippologie, la cynologie ou toute autre étude spéciale s'occupant d'une espèce prise en particulier. Cependant, dire que l'anthropologie n'est que l’histoire naturelle de l'homme, serait méconnaître l'importance de cette science et refuser à son nom la com- préhension de tout ce qu'elle embrasse. Car, si l’homme est un animal, c'est une espèce très particulière, tout à fait exceptionnelle et unique, qui peut être envisagée à des points de vue très divers, dont beaucoup ne se rattachent point à l’histoire naturelle dans le sens ordinaire du mot : la sociologie et la linguistique en sont des exemples. 16 122 G. GILSON En outre, la plupart des branches de l’étude de lFhomme procèdent avec une minutie inconnue dans celle des autres formes et beaucoup comportent un pro- gramme infiniment plus chargé, plus subdivisé. C'est assez dire que son domaine est immense et que la spécialisation dans ce domaine lui-même est absolument nécessaire. Tout anthropologue doit posséder un fonds très sérieux de connaissances scien- tifiques variées. Il doit être instruit en sciences naturelles et très particulièrement en zoologie, faute de quoi il lui manquerait toujours la notion précise de la posi- tion de son sujet dans la Nature et de ses rapports avec les autres êtres. Comment connaître l’homme, sinon par comparaison ? 1 ETES MALVAN = 88. — Observations ethnographiques. — Mission STAPPERS. Préparation du sel par la méthode des indigènes Balubas, aux salines de Nganza, près de Lusaka. — Cliché Stappers. Cette base acquise, il lui faut encore s’assimiler au moins les éléments de toutes les branches que l’on rattache à l'anthropologie, et elles sont multiples : l’anato- mie, l'embryologie, la physiologie, la psychologie, l'ethnologie, l’ethnographie, la craniologie, l'anthropométrie, la préhistoire, la linguistique, ... et bien d’autres. Après cela, il doit songer à se spécialiser dans l’une de ces branches. En fait, les anthropologues ainsi préparés, ainsi armés, sont plutôt rares. L’Anthropologie est une Science jeune. Elle sort à peine de cette phase pen- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 123 dant laquelle une branche naissante est très accessible à l'amateurisme (1). Cepen- dant elle a dépassé ce stade et cessé d’être une « science d'agrément »! La masse de faits et de données inductives sur laquelle elle repose n’est plus guère à la portée du simple lettré non spécialisé. La science de l'homme traverse la période critique à laquelle le manque de centralisation se fait nettement sentir. Sans doute il y a déjà d'excellentes écoles d'anthropologie. Mais cela ne suffit pas. Espérons que l’on comprendra bientôt que le développement d’une science réclame deux choses distinctes, inégales et consécutives : la recherche, tendant directement à l'avancement de la connaissance et impliquant la conservation de l’acquis et son exposition, puis, après, la diffusion, l’enseignement élémentaire et approfondi. À côté des écoles d'anthropologie, institutions didactiques, il faut donc des Instituts de recherche, avec musée assumant une mission générale d'exploration, d'étude et d'exposition, et une mission spéciale de centralisation et de conser- vation. Il est clair qu'une branche aussi spécialisée, aussi complexe et rendue aussi vaste par la multiplicité de ses points de vue ne pourrait être laissée à l’état de simple dépendance de la Zoologie, même si elle ne s'étendait pas en dehors du domaine de l’histoire naturelle. Si celle-ci lui fournit une base indispensable, elle n’est point en mesure de lui livrer une infinité de données qui ne sont pas de son ressort. Vemo dat quod non habet. Il n'y a pas à hésiter : si l’on veut faire sortir l'anthropologie de la condition de malaise indéniable dans laquelle elle végète malgré l’activité fiévreuse d’une pléiade de savants, il faut lui donner l'autonomie qui sauve. Et, répétons-le, il ne suffit pas de créer des écoles, il faut des Instituts d'avancement, organismes de recherche, d'étude, d'exposition, chargés de centraliser et de conserver, et exempts de tout labeur et de toute préoccupation pédagogiques : il faut fonder des Instituts anthropologiques complets, avec une partie physique comprenant toutes les spécialités se rattachant à l’histoire naturelle, et avec un musée d'exploration régional et une collection de comparaison. L'anthropologie n'a pas seulement droit à l'existence, elle est nécessaire. L'homme doit connaître l’homme : Vosce £e ipsum. REMARQUE. L'enseignement élémentaire et approfondi de l'anthropologie doit trouver sa (1) Ceci soit dit sans vouloir décourager les amateurs. Ils ont le droit de s'intéresser à toutes les branches et peuvent leur rendre des services. Mais une science encore mal établie a le plus pressant besoin de pionniers tout spécialement préparés par une solide formation scientifique générale et sérieusement spécialisés dans l’une de ses branches secondaires. 124 G. GILSON place dans les Universités. En Belgique, elle figure déjà, mais accessoirement, au programme du doctorat non légal en Sciences géographiques. Mais elle mérite de constituer un doctorat spécial, et cette création nouvelle est vivement à désirer en vue du recrutement du personnel voué à une branche destinée à prendre un grand développement. 19. Les Musées économiques Nous avons vu quels sont les principaux points de vue auxquels se place l'histoire naturelle dans son étude de la Nature et quelles sont les catégories de données positives ou interprétatives qu'elle fournit à l’homme au sujet des productions naturelles. Mais il est un point de vue auquel l’histoire naturelle ne peut se placer, parce qu’il ne fait pas partie du programme de ce qu'on appelle la Science pure, qui n'est que la Science tout court : c'est celui de l’utilisation de ces productions. Cependant, c'est de ce point de vue avant tout autre que l’homme a envisagé presque toutes choses au début. Les points de vue scientifiques ne l'intéressèrent que lorsqu'il fut devenu philosophe. Il a commencé par rechercher empiriquement les substances qui peuvent lui servir et la manière de les utiliser. Puis il a appris à tenir compte des données acquises, dans sa recherche des matières utilisables et dans la manière d'en tirer le parti le plus économique, c'est-à-dire en épargnant le mieux possible la substance, le temps et le travail. Aujourd'hui les avantages de la zé/hode, qui est caractéristique du travail de la Science, se sont tellement imposés que l'application des données scientifiques à la recherche ou la récolte, à l'emploi et à la préservation des productions naturelles est devenue un arf autonome, c’est-à-dire, d’après la définition de l’Aca- démie, une méthode de faire une chose selon certaines règles. Cet art, on peut l'appeler l’économie, dans le sens un peu particulier d'art de bien appliquer les données de la Science à la recherche ou la récolte, à l’utilisation et à la préser- vation des productions naturelles, c'est-à-dire, plus brièvement, l'art d'appliquer la Science à l'exploitation de la Nature asservie par l'homme à ses besoins et à ses fantaisies. De même qu'il s'est créé des instituts scientifiques consacrés à l'avancement de la connaissance de la Nature, il s’est fondé des Instituts économiques destinés à l'avancement de l'art de l’exploiter. Ce sont les Musées économiques. Les recherches du musée économique se font soit 22 situ, — et alors c’est l'exploration économique, — soit au laboratoire. Ainsi, par exemple, un explorateur, agent du musée économique, découvre dans une région tropicale une plante qui lui semble exploitable. Il note ses LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 125 conditions d'existence, et, peut-être, de culture et d'utilisation par les indigènes. Cette plante est envoyée au laboratoire et soumise à une étude botanique, chimique et technique. On détermine sa position systématique, ce qui peut déjà fournir des indications analogiques sur son utilité, et guider la chimie dans ses analyses. On fait ensuite des essais de culture, de germination des graines, d'extraction de produits utiles, etc. On reprend les observations commencées par l’explora- tion au sujet de ses conditions d'existence et de ses ennemis naturels, et on étudie les moyens de protection et de défense. Enfin, le mode d'emploi de la plante ou de préparation des produits qu'elle contient, en vue de l’usage lui-même, ou de la conservation, fait encore l’objet d'études et d'expériences variées. Les données obtenues fournissent alors de nouvelles et précieuses indications pour la culture, la récolte, l'expédition, etc., de la plante, dans les pays dont le sol, le climat, les conditions économiques, etc., permettent son exploitation. Ceci n’est qu'un exemple. Chaque genre de production comporte des nécessités spéciales de recherche et d'expérimentation. Le programme du musée économique devra se limiter : il ne peut guère com- prendre l'exploration de toutes les catégories de productions naturelles de la Terre entière. Certains musées ne s'occuperont que des végétaux, d'autres seule- ment des minéraux. Les uns se limiteront à certaines catégories de produits les bois, les matières textiles, etc., sans se limiter à une région. D'autres, au contraire, seront restreints à certaines aires, et encore limités, ou non, à certaines catégories d'objets. Certains s'organiseront tout spécialement en vue de tel chapitre du programme théorique, tel que la recherche et l'étude de nouveaux produits naturels utili- sables ou bien seulement l'étude des meilleures méthodes de les utiliser, etc. Il est un point de vue qui a pris une importance économique supérieure à tous les autres : c'est celui de l'étude des moyens de défense et de protection contre des formes hostiles, animales ou végétales, insectes, cryptogames, bactéries, sporozoaires, etc., qui nuisent soit à certaines productions d’une contrée, soit aux conditions générales de son exploitation. Ce sont ces derniers instituts, spécialisés dans la voie de la protection et de la défense, qui ont rendu, dans ces dernières années, les plus grands services, — des services immenses, car le bénéfice résultant de leur activité se chiffre dans cer- taines parties du monde, non par des millions, mais par des milliards. Il va sans dire que ces instituts doivent procéder dans toute leur activité suivant la méthode du musée moderne qui tend à systématiser toute chose et à rendre économique l'activité elle-même des institutions, en préparant d'avance un programme rationnel, scientifique et adaptable. L'exp/oration, l'éfude et l'exposition doivent former la base de leur plan de travail, et, en tant qu'institu- 120 G. GILSON tions d'État, durables et désireuses de servir la Science universelle, ils doivent s'assigner aussi une mission centralisatrice et conservatrice. Ajoutons que si certaines administrations techniques peuvent demander des recherches et des remèdes aux spécialistes et doivent se tenir au courant des résultats de la recherche en vue de la prise des mesures immédiates d'application, les instituts de recherche ou Musées économiques doivent être aussi libres dans leur travail, aussi indépendants des services administratifs, que le Musée d'histoire naturelle lui-même. Il semble que les musées économiques généraux consacrés à l'étude scienti- fique de tout ce qui touche à l'exploitation des produits naturels doivent arrêter leur programme de travail à la préparation première des produits. Ils suivent donc leurs objets depuis leur découverte ou leur récolte jusqu'au moment où ils sont livrés, à l’état de matière première déjà plus ou moins ouvrée, à l'industrie proprement dite. | Celle-ci peut, en outre, fonder des 2nstituts techniques spéciaux s’occupant des méthodes de traitement de ces matières premières jusqu'à leur livraison au consommateur. Cependant une grande latitude doit être laissée aux instituts économiques pour déterminer, à l’occasion de chaque production en particulier, le point où leur intervention doit s'arrêter et passer le reste de l'étude d’une matière première à l'industrie ou au musée technique. Il est presque superflu de dire qu'un musée économique doit exposer les matériaux de ses explorations et de ses études et les faire connaître aux spécia- listes d’abord, mais aussi au public général, dans des collections sélectionnées à son intention et expliquées en vue des besoins d’un type bien choisi de visiteurs. Enfin, ajoutons que beaucoup d'instituts économiques comprennent, en même temps que des installations de recherche et d’exhibition, un musée commercial et un bureau de renseignements. L'organisation des instituts économiques ne peut nous occuper dans cet aperçu cursif. Notons simplement que leur personnel doit comprendre des hommes capables d'appliquer les données scientifiques, c'est-à-dire naturalistes, pour connaître et comprendre ces données, et /echniciens, pour s'occuper de leur appli- cation avec une certaine compétence ; ou, du moins, l'établissement doit posséder à la fois des naturalistes, botanistes, zoologistes, minéralogistes, chimistes, plus ou moins spécialisés en technique, et des techniciens non dépourvus de contact avec les Sciences naturelles. Il est aisé de tirer de ces notions générales une conclusion pratique : c'est que le Musée économique doit être une institution distincte et autonome. Vouloir en faire une partie constituante ou même une annexe du Musée d'histoire naturelle, même colomial, serait tomber dans une erreur de méthode et méconnaître les véritables intérêts de l’un et de l’autre. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 127 Le Musée d'histoire naturelle ne peut accepter aucune charge étrangère à son programme. Celui-ci n’est que trop chargé ; il est écrasant et tout est urgent dans son exécution. S'il consacrait du temps, des forces, des crédits à l'étude de l’ex- ploitation de la Nature, ce ne pourrait être qu'aux dépens de l’accomplissement de quelque partie de son programme d'exploration. La Science a sufhisamment souffert de la tendance vulgaire à tout mélanger, à tout confondre, à tout frelater. « Chaque chose à sa place », doit être la formule directrice de toute organisation, aujourd'hui que toute chose commence à avoir une place. De son côté, le Musée économique, chargé d'une mission bien définie et nette- ment distincte de celle du Musée d'histoire naturelle, doit posséder aussi une orga- nisation bien adaptée à ses besoins et, par conséquent, bien différente, et une complète liberté d'action. Ce n'est pas la connaissance complète de la nature, de l'origine et de la fin des choses qui l’intéresse, c’est l'application des connaissances de tout ordre à l’utilisation des produits naturels. Il n’a pas à s'occuper de centralisation et de conservation scientifiques, mais de centralisation et de conservation techniques. Son personnel doit être en grande partie technique pour être capable de faire de l'application, ce qui n’est pas le cas du personnel du Musée d'histoire naturelle. Son outillage doit être entièrement différent. Sans doute les naturalistes des instituts économiques, explorateurs ou travailleurs de laboratoire, auront souvent l’occasion d'ajouter aux connaissances scientifiques et de travailler, sur un point donné, au progrès de la connaissance générale de la Nature. De leur côté, les naturalistes au cours de leurs recherches feront bien des remarques utiles au point de vue économique; mais s'ils s'attachent à faire l'étude approfondie d'une chose au point de vue appliqué, ils manquent à leurs devoirs professionnels. Il va sans dire qu'une grande tolérance est désirable sur ce chapitre de la direction des musées; mais en principe il convient que le naturaliste fasse part à l’'économiste de ses remarques susceptibles d'application, et que l'économiste communique au naturaliste ses observations occasionnelles et les indications de recherches à faire qui se sont révélées à lui au cours de ses travaux. Des relations suivies peuvent donc exister entre les deux catégories d'institu- tions. Mais elles doivent conserver le caractère de rapports de contiguïité, sans aucun empiétement. Il est bon de noter ici, comme au sujet des institutions d'enseignement, qu'un mur — mitoyen, peut-être, mais très élevé et très épais — doit exister entre elles. La séparation nette est la condition du bon voisinage et du bon travail. C'est pour conduire le lecteur à cette conclusion pratique importante que nous avons parlé un peu longuement des musées didactiques et des musées économiques, 128 G. GILSON dont l'étude ne fait pas partie du cadre de ce travail, mais que certains ont voulu introduire dans le Musée d'histoire naturelle, du temps où la mission supérieure de celui-ci n'était pas nettement définie. REMARQUES : 1. — C'est aussi la notion de l'importance d'un musée économique pour un Gouvernement colonial qui nous a décidé à traiter cursivement de ce genre d'institution qui ne se range pas directement dans la catégorie des Musées scientifiques. La mission et le caractère de ces deux institutions étant précisés, nous pensons qu'il est superflu de démontrer une fois de plus que l'exploration scientifique de la colonie est d'une absolue nécessité, non seulement au point de vue de la dignité nationale, mais encore à celui de l'exploitation même des productions naturelles. Car si l'exploitation économique est basée tout entière sur l’applica- tion des données de la Science pure, il est évident qu'il faut donner à celle-ei l’occasion, non seulement de renseigner celle-là sur les problèmes que rencontre directement l’entreprise de l'exploitation de la Nature, mais encore de lu révéler ceux qu’elle ne saurait prévoir et d'ouvrir des horizons vers lesquels les préoccupations étroitement utilitaires ne conduisent point et qui cependant peuvent recéler des trésors. Ainsi, à la considération de la nécessité de l'exploration scientifique pour elle- même, s'ajoute celle de son utilité immédiate; car sans elle l'exploitation écono- mique ne pourrait pas marcher, mais seulement ramper péniblement; elle se trouverait rapidement arrêtée et ne pourrait être que boiteuse, aveugle et exposée à de dangereuses erreurs, à de lamentables insuccès. 2. — On fait parfois valoir, en vue d'introduire les recherches et les études appliquées dans le programme des instituts et des musées scientifiques, que l'investigation faite dans un but d'application conduit souvent à des décou- vertes intéressantes pour la Science pure. Le cas des sporozoaires est souvent cité. Sans doute, le désir de combattre les maladies causées par ces êtres a conduit plusieurs savants à s’en occuper activement, et leurs recherches ont fait progresser la connaissance du groupe plus rapidement peut-être que si cette recherche n'avait pas eu ce caractère d'urgence que lui donnaient les réclama- tions des médecins et des agriculteurs: Cependant cette investigation figurait au programme de l'histoire naturelle et elle se serait faite en son temps. D'autre part, si les naturalistes qui ont entrepris l'étude des sporozoaires en vue de trouver le moyen de les combattre, n'avaient eu pour guide les données fournies par les observations faites antérieurement sur la structure, le mode de reproduc- tion et les migrations d'autres formes voisines, il est fort peu probable qu'ils | LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 129 auraient compris et suivi aussi rapidement et aussi sûrement le cycle du dévelop- pement des espèces pathogènes, ainsi que les particularités de leur éthologie. L'entomologie éthologique a rendu cent fois des services du même genre en indiquant le cycle évolutif d'espèces voisines des formes nuisibles dont on cherche à saisir le stade critique auquel l’homme peut efficacement intervenir pour détruire l'ennemi. Ces considérations peuvent être de nature à décider les musées à s'engager dans la voie des études éthologiques qui font partie de leur programme, mais nullement à laisser là leurs recherches scientifiques, pour s'adonner aux investi- gations d'ordre appliqué. 3. — Enfin, remarquons que l'application des données scientifiques, branche nouvelle et très importante, a besoin de diffusion et de recrutement, c'est-à-dire d'un enseignement spécialisé. Il semble que des études universitaires, au moins élémentaires, doivent procurer à cet enseignement une base solide, généralisée, préférable, au point de vue de la formation scientifique et de la culture générale, à celle que pourraient fournir des études trop tôt spécialisées. Mais la partie spéciale, approfondie de cet enseignement doit au contraire se donner dans des instituts bien autonomes, distincts des Facultés, complètement séparés, ou tout au plus annexés à une Université. Mais, si développés que puissent être ces instituts didactiques de sciences natu- relles économiques, — zoologie économique, botanique économique, etc., — ils ne suffisent plus : il faut, en outre, des institutions non didactiques, consacrées exclusivement à la recherche dans les voies de l'application, conduites par des hommes bien préparés, et exemptes de toute dérivation pédagogique de leurs moyens de travail. Il est encore bien d’autres variétés d’instituts scientifiques ou mixtes, et en particulier des instituts médicaux ou autres, du type de l’Institut Pasteur de Paris, et s'occupant à la fois d'investigation, de Science pure et d'application. Beaucoup ajoutent à leur travail de recherche et d'application une fonction pédagogique : ce sont des écoles en même temps que des centres spéciaux de recherche. Nous ne pouvons songer à les passer tous en revue. La plupart travaillent activement dans ces diverses directions et rendent de grands services. Mais il n'en est pas moins vrai que la réunion de missions de nature diverse est un défaut de méthode, auquel on ne se résigne que pour des motifs d'opportunité. Il y a moyen de travailler, avec des connaissances et du courage, même dans de mauvaises conditions d'organisation. Le succès de certains de ces Instituts ne prouve pas que nous ayons tort de défendre le principe de la séparation de ces 17 130 G. GILSON trois choses : l'investigation, l'application, la diffusion. Nous savons bien que le système du mélange a partout de nombreux partisans; mais c'est un effet d'atavisme inconscient et non une tendance rationnelle et voulue vers le progrès. Nous persistons donc à soutenir que la meilleure organisation est celle qui applique la formule : « une place pour chaque chose »; et nous continuons à penser que si les Instituts mixtes, venant à disposer de tous les moyens néces- saires, pouvaient adopter le principe de la séparation et de la spécialisation dans chacune des trois voies, il en résulterait un surcroît d'activité scientifique et un grand avantage à la fois pour la Science, pour l’enseignement et pour l'application. 20. Que doivent faire les Musées qui jusqu'ici n’ont pas pris le caractère de Musée d’exploration régionale? Il serait inconsidéré de faire aux anciens Musées le reproche de n'avoir pas devancé l’évolution de la Science et fait preuve d'un sens prophétique invraisem- blable en s’attribuant, avant l'heure, une mission qui aujourd’hui même ne fait que se définir et poindre à l'horizon comme l'aurore d'une ère nouvelle. Ces Institutions ont été de leur temps et ont joué un rôle immense. Les mérites et l'utilité des admirables collections générales des grands Musées tels que Paris, Londres, Berlin, Washington, sont indiscutables et la valeur de leurs séries est incalculable. Il n’est question ni de contester les éminents services rendus par ces glorieuses Institutions, ni d'ignorer l’eflort colossal qu'elles accomplissent. Cependant, l’évolution continuant sa marche, il est à souhaiter qu'elles ne s'endorment point sur leurs lauriers : une phase critique de l’évolution des méthodes est atteinte. Répétons ce que nous avons dit plus haut : nous traversons une crise des Musées et il n'est pas un Musée qui n'ait, en cette période de transition, quelque chose à mettre au point dans l’ensemble de son organisation. Chaque Musée examinera son cas particulier. Beaucoup jugeront opportunes trois mesures générales et décideront 1° D'afirmer leur caractère d'institution d'avancement, en précisant leur mission et formulant leur programme de travail; 2° De s'affranchir de toute servitude à l'égard de la pédagogie, car sacrifier l'avancement de la connaissance à sa simple diffusion est un crime de lèse- Science, la pédagogie n'étant pas la maîtresse de la Science, mais sa servante : Paedagogia Scientiae ancrlla ; 3° D'organiser la chose que nous regardons comme supérieure à tout : l’exp/o- ration régionale suivie de l'étude, de la publication et de l’exhibition dirigées en LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 131 vue de l’accomplissement d’une mission spéciale de centralisation et de conservation. Si les grandes et anciennes [Institutions appliquaient leurs puissants moyens d'action à l'exploration détaillée de leur région, la Science pourrait en espérer d'admirables résultats. Rien ne les empêcherait, du reste, de continuer à gérer et à augmenter les grandes séries qu'elles ont entreprises et de pousser activement la détermination et l'étude de leurs énormes accumulations de matériaux. Mais elles devront chercher à remplacer partout l’objet d'origine douteuse par une pièce munie d'un état civil et s'inspirer en tout de Z'esprit nouveau d'un musée d'histoire naturelle. Alors la possession d'une collection régionale d'exploration, jointe à celle de leurs immenses séries, leur permettra d'atteindre la réalisation d’un « more or » less complete epitome of Nature » infiniment supérieure à l'idée que s’en faisait RicHARD OWwEN en 1861 (1) et d’un « copious store-house » plus conforme aux besoins de la Science moderne que celui dont parlait, en 1846, le Congrès des États-Unis, dans l'acte de fondation de la SMrTHSONIAN INSTITUTION (2). 21. Organisation du Musée d’exploration régional Il n’est pas possible de tracer un plan complet d'organisation convenant à tous les Musées et pouvant s'appliquer dans toutes les circonstances. Cependant il est quelques données de principe, convenant à toutes les condi- tions, sur lesquelles nous croyons pouvoir attirer l'attention, en indiquant une manière d'organiser un Musée d'exploration régional, qui nous paraît applicable au plus grand nombre des cas. r A— CONDITION DU MUSÉE DANS LES SERVICES DE L'ETAT Les rapports des Musées avec les Services administratifs doivent être aussi restreints et aussi stmplifiés que possible. Nul chef d'Institution scientifique ne nous contredira sur ce point. L'Administration a pour fonction de veiller à l'observation de certains règle- ments, d'assurer l'application des crédits à l’objet prévu par la loi, et rien de plus. Cette mission très honorable, mais très ardue pour qui prend à cœur les devoirs de son état, ne doit en rien gêner le fonctionnement d'un Institut scientifique ou (1) R. OWEN, /oc. cit. (2) R. RATHBUN, Xeport of the U. S. National Mussum, 1912. 132 G. GILSON technique, pourvu que l'emploi des moyens de travail soit laissé à la décision des personnalités compétentes de l’Institution elle-même. Mais en pratique il est très rare que cette nécessité soit comprise et que les Services administratifs sachent s'abstenir soit d’entraver, d'arrêter ou de stériliser par inertie le travail spécialisé, soit de le perturber par d'sncompétentes 1nterven- ions et d'arriver, dans les deux cas, à fausser le vœu de la loi et à frustrer la Nation de l'effet qu’elle attend de l'emploi de ses moyens. En fait, il existe à peu près partout une tendance des Administrations à empiéter sur le domaine fermé de la Science, à régenter le personnel des Instituts de recherche de la même manière que celui des bureaux, à opposer au travail producteur l’entrave terrible du contrôle incompétent, rigide, inerte et improductif. Seuls les chefs administratifs réellement distingués savent sélec- tionner l'homme compétent et actif, puis, lui endossant toute la responsabilité, s'attacher à l’assister dans la recherche scientifique en lui fournissant les moyens d'action, en écartant de sa voie toutes les causes de perte de temps et de forces, et à jouer ainsi, sans sortir de leur sphère d'action, un rôle noble, intellectuel et utile. Mais la présence de tels chefs à la tête des Services est une contingence plutôt exceptionnelle. Et puis les hommes passent, mais l'Administration reste, et si le progrès de la Science dépendait de cette contingence il subirait de longues périodes de stagnation et de ruine. Aussi, en disant, plus haut, que le Musée doit être une Institution d'État, étions-nous loin de demander qu'il devienne un simple rouage administratif. Une indépendance presque complète, telle que celle dont jouissent les Musées américains, avec une entière liberté d'action de la Direction dans l'emploi des moyens de travail, est incontestablement la condition la plus favorable à son développement et au progrès de la Science. Cette délégation de pouvoirs donnée à une seule personne choisie comme compétente et chargée ainsi d'une grave responsabilité, constitue la seule méthode pratique d'obtenir une consécration réellement efficace des moyens de la Nation à un de ces buts déterminés et voulus de tous, mais dont la poursuite exige des connaissances si spécialisées que le citoyen même lettré ne peut exercer sur elle un contrôle absolu. Cependant, en nos pays vieillis et souvent esclaves de mesquines traditions, une reconnaissance aussi complète des droits de la Science paraîtra peut-être excessive. L’habitude de soumettre une Direction sczentifique ou technique compétente à un contrôle administratif incompétent est encore trop invétérée ; son caractère 1rrationnel est trop rarement démasqué et ses effets sont trop timi- dement critiqués par les hommes d’études absorbés par d'autres soucis. Beaucoup d’esprits timorés et mal informés appréhendent donc les inconvé- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE Dre ments admimstrahifs de la liberté d'action laissée aux chefs des Institutions de recherche, même dans les limites d'un règlement détaillé et malgré la surveillance générale d'un Conseil. Et, chose étrange, ces défenseurs de l'ordre semblent trouver négligeables les maladresses phénoménales, les erreurs prodi- gieuses commises — avec sang-froid, nous le reconnaissons, et avec une impec- cable correction de procédure — par les Administrations à tendance inter- ventionniste ou par les Commissions! D'autre part, les avantages screntifiques résultant d'un droit de décision instantanée et d'emploi immédiat des moyens de travail ne les frappent guère, et le sens de la responsabilité d’un homme investi de larges pouvoirs, tel que le juge unique ou le chef d'Institution de recherche, n’est pour eux qu'un vain mot! Sans doute, le mauvais choix d’un chef entraîne des conséquences fâcheuses et dans le cours des temps ce malheur ne peut manquer de se produire. L'histoire du développement des Institutions présentera donc des périodes brillantes et des périodes obscures; mais aucun mal bien grave n'est à craindre, car un chef capable de désorganiser une Institution bien assise se rendrait vite impossible. Mais si, au contraire, au lieu de donner à une Institution active une Direction personnelle, on la soumet à une Commission ou à une Administration, hydres aux cent têtes entre lesquelles la responsabilité se partage et s'émiette, on peut être assuré d'un résultat perpétuellement nul ou mauvais. Car le travail de cette catégorie d'organismes est, de son essence, médiocre, à moins qu'il ne soit au-dessous de toute critique. Rien de supérieur n’en est attendu, et l'immobilisation, la stérilisation sont le résultat ordinaire de leur intervention intempestive et injustifiable dans le fonctionnement d'une [Institution de Science. Sous le régime de l'autonomie avec chef unique, une Institution de recherche profite de l'application constante de toutes les forces de sa Direction, dont la responsabilité est nominativement engagée, et du personnel groupé par elle et aussi intéressé qu'elle à la bonne marche de l'œuvre commune. Si des erreurs se commettent, elles sont isolées, temporaires : le défaut passager du moment est inhérent à la personnalité qui passe. Au contraire, sous le régime administratif ou comitaire, le travail, impersonnel de sa nature, sera toujours médiocre et tardigrade, et l'Institution végétera, embourbée sinon complètement stérilisée, et exposée aux aléas les plus impré- vus, aux périls les plus graves : le défaut, perpétuel, est 1nhérent au système. Tout cela s'applique aux Institutions de recherche, d'avancement scientifique en général, et aux Musées d'exploration en particulier. Nous n'entendons traiter d'aucune autre, et si nous avons touché à ce chapitre du grand problème général du fonctionnarisme, c’est qu'il est d'une extrême importance pour ces Institutions au sujet desquelles il se résume dans cette question : Comment un Ministre 134 G. GILSON dégage-t-1l sa responsabilité au sujet d’un travail scientifique ou technique qu'il doit faire exécuter ? Est-ce en déléguant ce travail à un 4ozme donnant des garanties sufhsantes de compétence et d'activité, qu'il investit de sa confiance et qu'il contrôle lui-même? Ou bien est-ce en chargeant de son exécution un organisme impersonnel, Commission ou Administration, dont le zèle est partagé et la responsabilité dispersée ? Ou bien enfin est-ce en adoptant le système hybride, fort en faveur, de la nomination d'un chef unique mais dont l'activité est subordonnée à l'appréciation incompétente d'un service administratif? Nous laissons au lecteur le choix entre ces trois systèmes ! Dans l'attente d’une évolution complète de la mentalité des milieux dirigeants de la Société au sujet de ces questions, c'est le devoir de la Direction des Musées de réclamer énergiquement, inlassablement, une grande autonomie, un isolement bien net, « a splendid isolation, » parmi les Services publics, afin d'échapper dans la plus large mesure possible, en tout temps et sous tous les régimes politiques, aux ingérences dans le travail, aux influences étrangères à la Science, aux inter- ventions dans le choix du personnel, et afin d'éviter aussi l’entrave désespérante de la lenteur et de l'inertie proverbiales des Administrations, causes de tant de désastres scientifiques. B. — ORGANISATION DU MUSÉE 1. — Base de cette organisation Les anciens Musées, dormantes nécropoles, étant des Institutions purement systématiques, se divisaient systématiquement, c'est-à-dire se découpaient en sections correspondant chacune à un groupe de la classification des êtres. C'était /a systématique qui y dominait, qui en réglementait toute l’organisation et qui fournissait la base de leur subdivision. L'exploration n’était pas même un rouage normal du Musée, et, si elle v rendait occasionnellement quelques services, c'était simplement en fournissant à la systé- matique les espèces que celle-ci cherchait à se procurer par tous les moyens. Mais les temps sont changés : c'est l'exploration qui doit aujourd’hui constituer la fonction primordiale du Musée. La systématique ne sert plus à l’Institution d'exploration que pour différencier les uns des autres les types d'êtres traversant en même temps que nous la période de l’évolution universelle que nous appelons le présent et les vestiges de ceux qui nous ont précédés dans le passé. Devenue la servante de l'exploration qu'elle commandait autrefois, elle ne peut plus prétendre imposer au Musée un découpage conforme aux casiers du catalogue des LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 135 êtres, qu'elle s'efforce de dresser. Seules certaines parties de ses collections doivent être divisées systématiquement. L'exploration : voilà la base de toute l'organisation et de la subdivision du Musée régional. Le Musée ne se divise donc plus comme ses collections systématiques, mais comme son activité. Il ne répartit pas cette activité, une fois pour toutes, comme les Administrations, en compartiments fixes ou sections adinistrées par des fonctionnaires, mais en #/1ss1ons distinctes, appelées Explorations et exécutées par des naturalistes, et ces missions sont limitées dans le temps et évoluent à mesure qu'elles progressent. L'ensemble du Musée doit être un mécanisme d'une grande souplesse et d’une grande élasticité, toujours adaptable à des conditions nouvelles de travail. Le Musée comprend une partie centrale et des parties radiales en nombre indé- terminé. La partie centrale, c'est la Direction avec ses dépendances. Les parties radiales sont les Explorations : s'irradiant de la Direction dont elles reçoivent leur programme et qui veille à l'unification, elles font converger vers elle les résultats de leur travail en vue de la centralisation des efforts, et de la conservation des matériaux et des documents. 2. — La Direction Institution active et progressive, le Musée travaille, par la centralisation et la conservation, à l'édification du monument de la connaissance positive de la Nature dans sa région et à la constitution des collections documentées nécessaires pour révéler cette connaissance au Public scientifique et au Public général. Cette tâche, si colossale qu'elle paraisse, doit être aux mains d’un seul. Car 27 s'agit de centraliser l'exploration, l’étude et l'exposition, et il serait incohérent de commencer par décentraliser la commande du mécanisme centra- lisateur en la confiant à une Commission ou à quelque autre organisme polycé- phale à responsabilité dispersée. « L'administration et la direction scientifique du Musée sont donc confiées à un Directeur (1). » La nécessité d’une Direction personnelle ne peut faire l'ombre d'un doute. Elle s'impose pour l'exploration, pour l'étude et pour l'exposition, sur lesquelles la Direction doit exercer une influence unificatrice, régulatrice et protectrice. Chaque Exploration a son but et un programme bien défini, mais qui est loin de répondre à un chapitre complet du plan de travail idéal de l’histoire naturelle ; (1) Article 2 du Règlement organique du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. 136 G. GILSON la marche de chacune d'elles rencontre des obstacles variés, dépendant les uns de la Nature, les autres de l'explorateur. Il faut que l’Institution sache toujours où en est l'exécution de son programme, qu'elle ait conscience de ses progrès et de ses besoins, qu'elle soit informée des dangers qui trop souvent la menacent et vigoureusement défendue contre ces dangers. Enfin, même si tous les programmes partiels étaient complets, si tous les explorateurs étaient parfaits, si toutes les influences extérieures étaient favorables, si l'exécution n'était entravée ni par des adversaires, ni par des ignorants domi- nateurs, ni par des jaloux, si la marche de l'institution ne réclamait ni études d'ensemble, ni arrangements ou combinaisons en vue de la méthode ou de l’éco- nomie, 1l y aurait encore cent autres raisons pour lui imposer l'autorité unique et personnelle, qui est plus indispensable encore à l’ensemble qu'à chacune des parties. Les hommes unissant leur travail vers un but donné ont besoin d'un chef chargé de la difhcile mission de diriger et de coordonner les actions individuelles en vue du but tout en veillant aux besoins de tous. Un équipage sans chef imprime au navire d'absurdes bordées et le conduit à sa perte. Quant au système de l’impersonnalité de la Direction et de Son attribution à une Commission, nous n’en examinerons pas même l'idée. Une Commission bien constituée peut rendre de grands services d'abord comme appareil enregistreur, puis comme organisme de contrôle, veillant à l’observance des règles établies et couvrant la responsabilité de l'autorité. Mais lorsqu'il s’agit d'exécuter, de créer en science ou en art, il est aussi absurde d'y recourir qe de confier l'exécution d'un tableau à un comité de Pannes. Cependant, il est évident qu'un Directeur ne peut songer à exécuter à lui seul toute cette tâche écrasante. La tenter serait oublier la nécessité de la division du travail et perdre de vue la limitation des forces humaines. La mission spéciale du Musée n’'exige pas qu'un seul homme exécute tous les efforts, mais qu'il travaille à centraliser ceux d’une pléiade de naturalistes. Le Directeur répartit l'exécution du programme de travail de l’Institution en une série de tâches diverses; il accomplit lui-même une partie de ces tâches et délègue des naturalistes pour l'exécution des autres. Il décide l’organisation des Explorations au moment opportun et leur assigne un programme bien déterminé. Il confie chacune à un explorateur capable de la conduire avec méthode, science et énergie, et d'organiser l’étude des objets recueillis et des données obtenues. Il reste en contact ininterrompu avec tous ces foyers d'activité. Son action se fait sentir en tous les points du Musée. Il veille à l'exécution du programme de LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 137 chaque exploration et, éventuellement, à l'accélération ou au ralentissement de leur activité. Il s'attache à soutenir, à outiller, à préserver le travail de chaque pionnier, à encourager les initiatives opportunes, à arrêter celles qui sont intem- pestives, à réclamer la persévérance, à secourir les défaillances, à mettre en relief les mérites de chacun, à faire concourir toutes les bonnes volontés et toutes les forces au but supérieur qui est le progrès de la connaissance par le succès de l'Institution. Il veille surtout à la coordination du travail, à l'unification des méthodes, aux besoins de l’ensemble, aux moyens de faire concourir toute chose au but spécial de l’entreprise qui est la centralisation des efforts et la conservation de l’acquis, base du progrès ultérieur. Cela n'implique nullement que le Directeur fait tout, mais seulement qu'il sait tout ce qui se fait. La Direction n'assume pas une omniscience qui serait un prodige et ne cherche pas à réglementer jusqu'aux moindres détails. Elle laisse à chacun, dans les limites de son ressort, la liberté d'action et d'initiative nécessaire au travail scientifique et recourt pour ses propres informations aux lumières de la spécialisation; mais d’autre part, elle fait peser sur chacun le sentiment d’une sérieuse responsabilité et l'obligation de se soumettre à certaines règles néces- saires au bon ordre de l’Institution, à la bonne marche de son travail et à la sauvegarde de la responsabilité du Directeur. Mais en dehors des missions d’explorations définies, c’est-à-dire de ces portions de sa tâche qu'elle délègue à d’autres, tout en en suivant de près l'exécution, la Direction a dans ses attributions immédiates certaines fonctions spéciales et la gestion entière de certains compartiments du Musée, fonctions pour lesquelles elle réclame toutefois la coopération active et volontaire des Chefs d'Exploration et de tout le personnel. En principe, toutes les collections, tous les matériaux dépendent immédia- tement de la Direction. Cela est absolument nécessaire pour de multiples rai- sons, y compris la responsabilité du Directeur et la nécessité fréquente d’une mesure coupant court à toute compétition et à tout conflit entre membres du personnel. 3. — Les Explorations Ce terme est pris ici dans un sens un peu particulier. Les Explorations sont des missions comprenant avant tout l'observation de la Nature 27 situ, mais embrassant aussi l'étude des objets recueillis — que celle-ci soit faite par l'explorateur lui-même ou par des collaborateurs en rapport avec lui — et des travaux se rattachant à la conservation et à l'exposition. IS 138 G. GILSON Une Æxploration est confiée à un Chef d'Exploration. Chaque Æxploration reçoit un programme bien précis, variable de l’une à l’autre. L'élaboration de ce programme sera subordonnée, pour chacune, à l'opportunité, et dépendra d’un ensemble de conditions initiales, de temps, de lieu, de personnes, de moyens. Certaines Æxplorations auront pour but l'étude de fous Les êtres habitant une région ou une localité, ou bien de certains êtres seulement, ou celle des restes de ceux qui y ont exrsté à une époque donnée. D'autres ne rechercheront que les êtres vivant dans un milieu déterminé, en une ou plusieurs localités. D'autres enfin ne s’occuperont de leur objet qu'à un point de vue particulier. Et l’on peut concevoir encore d’autres genres d'exploration. Voir plus loin, comme exemples, celles qui figurent actuellement au programme d'action du Musée de Beloique 0 | Il importe que le programme de travail de toute Exploration soit parfaitement conforme au plan fondamental de l’activité du Musée et que les Chefs d’Explo- ration chargés par la Direction d'accomplir ce programme demeurent en contact ininterrompu avec elle. Chacune disposera d’un personnel, d'instruments, d'installations, de locaux en rapport avec les nécessités du travail à exécuter à un moment donné, tant sur le terrain — ou, pour mieux dire, dans le milieu naturel — qu'au Musée même. Chacune aussi jouira d’un certain espace dans les conservatoires pour y ranger ses matériaux en bon ordre. L'importance des missions d'exploration sera fort inégale : 1l v en aura de grandes et de petites, de courtes et d’interminables. 4. — Les Collections a. Il existe des collections distinctes. Il ressort de tout ce qui précède que l’ensemble des matériaux d'histoire naturelle possédés par le Musée d'exploration doit être réparti en collections distinctes, mises à part conformément aux besoins de l'exploration, de l'étude et de l'exposition. L'exploration primant tout dans l’Institution aura les premiers droits sur les matériaux. Tout objet régional appartient depuis son origine à une exploration spéciale. Mais les nécessités de l’éfude sont souvent liées à celles de l'exploration : on pourra donc détacher certains objets des collections d'exploration pour constituer des collections:isolées nécessaires, soit pour l'étude, soit à la fois pour l'étude et l'exploration elle-même; exemples : une collection systématique, une collection éthologique, etc. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 139 En outre, les nécessités de l'exposition exigent la constitution d’une collection publique, chronologique, systématique et éthologique. Nous avons dit, en parlant des conservatoires, que tout objet détaché continue à appartenir à sa collection d'exploration. Enfin les nécessités de la comparaison imposent la possession d’une collection annexe : la collection comparative, comprenant surtout des objets étrangers à la région, mais dans laquelle il ne sera nullement interdit d'introduire des objets régionaux en vue de compléter des séries comparatives, à condition que les mèmes espèces se trouvent avant tout représentées dans la collection régionale. Ces collections comparatives destinées à l’étude fournissent aussi les matériaux d'une collection distincte exposée au public. b. Subdivision des collections. 1. — Division des collections d'exploration : base variable. Les collections d'exploration, avec leurs documents, seront divisées et disposées dans les conservatoires conformément aux exigences spéciales du travail et de l'étude. Aucune règle fixe ne peut être formulée à leur sujet, sauf celle-ci : c’est que les documents doivent être répartis de la même manière que les matériaux et conservés dans le voisinage le plus proche possible des objets. 2. — Division des collections systématiques et éthologiques : base chronologique. 50 Les collections systématiques et éthologiques régionales, publiques ou non publiques, seront divisées chronologiquement, c'est-à-dire que l’on séparera les objets appartenant à chacune des époques que la Géologie distingue dans l'histoire de la région. . — Division du dernier groupe chronologique : base Systématique. 4 217 q Dans la dernière subdivision de ces groupes chronologiques, qui représente la collection d'une époque, le classement sera, au contraire, systématique. 4. — Division des collections comparatives : base systématique. Les collections de comparaison tout entières — partie publique et partie d'étude — seront divisées systématiquement et non plus chronologiquement, bien que l'étiquette de toute pièce fossile v incluse doive indiquer le niveau, c'est-à-dire l’époque à laquelle elle appartient. 140 G. GILSON 5. — Dépendances de la Direction a. Les conservatoires. Tout objet d'exploration à son arrivée au Musée doit être remis au conserva- teur compétent pour être inscrit immédiatement à l'inventaire après un premier examen et, éventuellement, pour subir une première préparation sous les ordres du Chef d'Exploration; puis il est introduit dans un local spécialement disposé, appelé conservatoire. Les conservatoires sont donc des locaux dépendant de la Direction, mais ils sont divisés en sections, et la gestion de la section correspondant à une exploration peut étre confiée en délégation au Chef d'Exploration. Un fonctionnaire spécial appelé Conservateur est chargé de la surveillance et de l'entretien de chaque section de conservatoire. Il est responsable de cette fonction envers la Direction, qui procède à des inspections périodiques, et envers le Chef d'Exploration délégué. L'établissement des conservatoires a pour but d'assurer le bon ordre et la conservation des objets, de concentrer la responsabilité de leur conservation sur une seule personne, de prévenir la formation d’ « oubliettes » et d'éviter l'abandon des objets non analysés et leur ensevelissement indéfini dans des locaux privés ou écartés, ainsi que la dispersion de leurs documents. Les ateliers, laboratoires et cabinets d'étude ne doivent contenir à un moment donné que les objets actuellement à l'étude entre les mains des spécialistes internes ou externes. b. Les collections détachées. En dehors des matériaux d'exploration déposés dans les conservatoires, il ya dans un Musée plusieurs collections formées d'objets prélevés dans ces mêmes matériaux et rassemblés dans un but particulier. Telles sont : | 1. — La collection systématique régionale, — non publique. Elle est formée d'objets simplement détachés de la collection des matériaux de diverses explorations, pour les besoins des études systématiques et morpho- logiques. 2. — La collection éthologique régionale, — non publique, détachée des mêmes matériaux pour l'étude des rapports de l'être avec son milieu. 1 3. — La collection régionale systématique et éthologique publique, formée d'objets sélectionnés dans les deux précédentes, en vue des besoins du Public lettré mais non spécialisé. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE I41 D'autres prélèvements encore pourront être faits dans les matériaux régionaux à des points de vue particuliers. Ex. : collection d'une faune locale, d'un intérêt spécial, collections d’aires spécialisées ou spécialement explorées du terri- loire, etc. ECS collections spéciales. Ce sont des groupes d'objets n’appartenant pas aux collections d'exploration et constituant l'annexe comparative. Telles sont : 1. — La collection systématique comparative non publique, compre- nant surtout des objets utiles à l'étude des matériaux régionaux, — auxquels s'ajoutent souvent des objets hérités des périodes passées du développement du Musée qui ne sont pas drectement utiles à l'étude des objets de la région, mais qui peuvent y contribuer indirectement. 2. — La collection systématique comparative publique, destinée à aider le public non spécialisé à comprendre les explications de la partie régionale. 3. — D'autres collections qui seraient éventuellement mises à part. Telles seraient : la collection publique introductive, destinée à donner au public nôn spécialisé des notions générales sur les groupes représentés dans la collection régionale ; des collections recueillies au cours d’explorations conduites à l’étran- ger par des nationaux, et qui ont produit des résultats intéressants pour la Beence, etc. Toutes ces collections spéciales, et d’autres que l’on pourrait former sans sortir du programme du Musée, se rattachent uniquement à la Direction, bien que la coopération de tout le personnel puisse être nécessaire à leur formation et à leur entretien. Il peut y avoir des conservateurs chargés seulement du soin des collections déta- chées ou spéciales, publiques ou non, et dépendant uniquement de la Direction. Remarquons qu'aucune des collections d'objets régionaux détachés et réunis sous la gestion immédiate de la Direction n'a d'existence autonome. Toute pièce détachée d'un conservatoire de la partie régionale continue à faire partie des matériaux d'une exploration, et son étiquetage permet toujours de l'y faire rentrer, si les besoins de l’étude viennent à le réclamer. Mais aussi longtemps que ces objets sont détachés, ils relèvent de la Direction seule, et c'est à elle que les Chefs d'Exploration s'adressent éventuellement pour les reprendre en étude. d. Le Secrétariat. Le Directeur peut éventuellement s'adjoindre un secrétaire scientifique, s'il 142 G. GILSON éprouve le besoin d'être assisté dans l’accomplissement de sa tâche, et particu- lièrement pour la correspondance scientifique, les rapports avec les collaborateurs externes, la tenue des inventaires, l'élaboration des catalogues et les publications du Musée. Ce fonctionnaire pourra être choisi dans le personnel scientifique de l'Institution ou en dehors de lui. Ses bureaux se rattachent également aux dépen- dances de la Direction. 89. — Explorations conduites à l’étranger par des nationaux. La Belgica dans les glaces antarctiques. Photographie prise pendant la nuit polaire. Longue pose, clair de lune. La Belgica est le premier navire qui hiverna dans l'Antarctique. e. La Bibliothèque. C'est le plus indispensable des instruments de travail du Musée. Tout ouvrage concernant l'étude de la Nature devrait y être représenté. C’est là une utopie, mais cela veut dire qu'un Musée nouveau doit consacrer une part importante de ses crédits de fondation à l’achat d’une bibliothèque et réserver une partie de son budget annuel pour la compléter, non seulement par l’achat des livres nouveaux et l'abonnement aux périodiques, mais pour le complément pro- gressif du fond de publications anciennes, qui dépend des occasions. Le classement de la bibliothèque mérite sérieuse considération. Ce n'est pas ici le lieu de traiter cette difhcile question. Notons seulement qu'un classement [LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 143 décimal ou non, jugé bon pour une bibliothèque publique générale, n’est pas celui qui convient à un Institut de recherche. Les nécessités du travail courant du Musée doivent guider dans le choix de la place à donner à certains ouvrages qui peuvent se classer différemment suivant les divers sujets qui y sont traités et, dans la solution de multiples difhcultés que rencontrent ceux qui s'efforcent de donner à une bibliothèque particulière l’organisation procurant à ceux qui s'en servent le maximum de facilités. 5° 90. — Explorations conduites à l’étranger par des nationaux. Bathymétrie de la Mer du Groenland. Nouveaux sondages effectués par la Belgica. — Expéditions du duc d'Orléans. — | Commandant A. de Gerlache. 144 G. GILSON La Bibliothèque doit être desservie par un personnel spécialisé, rattaché à la Direction, et posséder une salle de lecture, vaste, bien éclairée et confortable, divisée en compartiments où chacun puisse travailler dans le silence et abandonner en toute sécurité ses livres et ses notes pendant les moments d'interruption. On arrivera ainsi à réduire à un minimum la sortie des ouvrages et à éviter leur séjour prolongé dans les laboratoires et les cabinets d'étude. f. Les Bureaux de la Direction. Ce sont les Services consacrés au travail administratif : comptabilité, corres- pondance, calculs, statistiques, inventaires, paiements, écritures diverses, etc. CE CONSEIL DE SURVEILLANCE. Il est indispensable que ia responsabilité du Directeur soit couverte par un organisme de surveillance, une sorte de « Board of Trustees » contrôlant ses finances et veillant à ce que l’activité du Musée reste conforme à son but et à ce que les prescriptions du règlement soient observées, mais sans pouvoir d'initiative dans le travail de l’Institution. Il surveille mais ne gouverne pas et surtout ne dirige pas, car une direction ne peut être que l'œuvre d’un homme et cet homme porte toute la responsabilité. Il n'est pas indispensable que tous les membres de ce Conseil de surveillance soient des hommes de science et surtout il n’est pas nécessaire qu'ils soient spé- cialisés dans aucune des branches ayant des liens avec son activité. Il est même parfaitement admissible que plusieurs soient choisis parmi les personnalités non scientifiques mais hautement lettrées, occupant des positions élevées, exemptes de tout préjugé et de toute prévention d'école et d’une réputation personnelle au-dessus de toute suspicion. Mais il faut absolument qu'ils soient instruits du caractère très spécial de l’Institution moderne centralisatrice, qu'ils en comprennent parfaitement la mission et soient décidés à rester en communauté ._de vue avec la Direction chargée de l’accomplir et à lui accorder tout appui, aussi longtemps qu'elle s'abstiendra elle-même de tout oubli et de tout écart. D. PERSONNEL. On ne peut songer à dicter des règles absolues au sujet de la composition du personnel. Mais, étant donné le caractère spécial d'un Musée d'exploration, il est clair que l’organisation de ses cadres présente aussi des exigences spéciales. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 145 Nous ne ferons qu'indiquer les catégories dont la création nous semble répondre le mieux aux besoins d'une Institution d'avancement. La question du personnel est de la plus haute importance pour l’Institution d'un caractère nouveau, tout particulier, qui nous occupe et dont les exigences ne cadrent guère avec les habitudes et l'esprit des Services administratifs. L'agent du Musée, à tous les degrés, constitue un rouage important du mécanisme. Ses défauts peuvent entraîner l'arrêt de l’ensemble ou d'une partie et causer des pertes incalculables. Le choix des employés de tout grade est donc une affaire extrêmement sérieuse. On tiendra compte dans ce choix, non seulement des aptitudes d’un sujet à accomplir le travail spécial qu'on attend de lui, de son instruction, de son intelligence, de son activité, mais encore et surtout de son caractère. Un“habile préparateur, capable d'exécuter des chefs-d'œuvre, un savant distingué, auteur de mémoires remarquables, peuvent devenir de terribles nuisances, des causes d'arrêt, de dilapidation d'énergie et de pertes scientifiques dépassant de loin l'importance du gain que pourrait fournir l'application de tous leurs moyens au parfait accomplissement de leur fonction. Tout cela s'applique à n'importe quelle institution scientifique ou technique, dans une certaine mesure. Mais pour le Musée d'exploration, institution active et progressive, la question du personnel est vitale, et les conditions de caractère individuel y dominent tout, parce que cette institution n'est pas une simple réunion d'individualités, mais un mécanisme bien coordonné qui réclame des agents non seulement habiles, mais encore capables de comprendre la grandeur de l’entreprise, de s'y consacrer corps et âme, de mettre leur fierté dans le succès de l'œuvre, et de savoir accepter des sacrifices quand sa bonne marche en réclame. Nécessité d'un stage. Sans doute l'agent modèle à la fois habile, capable et animé de pareils sentiments est une perle rare ; mais l'expérience prouve qu'il existe, et ces deux considéra- tions indiquent la nécessité d’une extrême circonspection dans le choix de tout le personnel. L'établissement d'une période d'observation s'impose absolument d'un bout à l’autre de l'échelle. Nul ne peut y échapper. Le stage ne donne pas une garantie absolue de la parfaite aptitude scientifique ou technique, ni du caractère d'un agent, mais il constitue un minimum en fait de mesures de sécurité. Il ne faut pas oublier que le Musée doit être une institution d'Etat. Or ce qui fait que le Service de l'Etat est une lourde et maladroite machine, travaillant avec un déchet colossal, c'est en grande partie son incapacité à sélectionner son personnel. 19 146 G. GILSON Une entreprise privée met à l'épreuve une série d'employés et s’en débarasse successivement jusqu'à ce qu'elle ait trouvé celui qui peut fournir le maximum de rendement, tout en donnant des garanties morales sufhsantes. L'ayant trouvé, elle lui assigne un salaire encourageant qui lui assure le bénéfice de toute l’activité d'un homme capable. A l'Etat, au contraire, un agent en dessous du médiocre, une fois nommé, est inexpulsable s'il n'a commis des actes considérés administrativement comme des crimes. Or le mauvais employé peut devenir non seulement inutile, mais extrêmement nuisible. Il importe d'empêcher le loup d'entrer sous un déguisement dans une bergerie d’où 1l est si difhcile à déloger. I. — Personnel scientifique a. Le Directeur. Tout d'abord, il est clair que la direction devra être confiée à un Directeur et non à une Commission d'administration; nous avons touché à ce point plus haut et fait remarquer que, puisqu'il s’agit de centraliser le travail, 1l serait incohérent de commencer par décentraliser la commande du mécanisme. Il faut que le Directeur jouisse d’une grande liberté d'action dans l’utilisation des crédits et de tous les moyens de travail, et d'une grande autorité comme délégué du Gouvernement. Le succès d’une entreprise scientifique est à ce prix, car la recherche, l'exploration surtout, est pleine d’imprévu et souvent une décision immédiate est nécessaire. Nous avons dit plus haut quels doivent étre son rôle et ses attributions. b'APesiChefs déexploration: Les Chefs d'exploration, sont chargés avant tout d'exécuter, avec des aides, le travail sur le terrain, d'en classer les matériaux à la suite d'un examen prélimi- naire, d'en faire l'étude avec l’aide de spécialistes, de les inventorier, d'en faire publier, par des spécialistes aussi, les listes critiques, de travailler à la création des collections systématiques et éthologiques, et de publier ou de faire publier des mémoires éthologiques, de collaborer à la constitution, à l'étude, à la gestion des collections publiques régionales, comparative et introductive, ete., etc. Ils sont en tout les collaborateurs de la Direction qui assume ainsi qu'il a été dit plus haut, une fonction coordonnatrice et centralisatrice. On voit que les Chefs d'exploration constituent les principales colonnes du LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 147 Musée nouveau. Si restreinte que puisse être une exploration spéciale, leur tâche deviendra écrasante s'ils la poussent avec ardeur, avec le feu sacré du véritable curieux de la Nature. Ceux-là seuls qui ont mené avec succès une exploration spéciale pourront aspirer à occuper ces positions difhciles. Car c'est en explora- tion, et pas ailleurs, qu'on se révèle — ou non — à la fois bon organisateur, homme d'action et homme d'étude, c'est-à-dire homme de science complet, capable d'effectuer du travail intellectuel au milieu des fatigues, des privations, des dangers et des luttes inséparables de l’investigation sur Terre et sur Mer, dans les laboratoires, les navires, les bois, les marais, les champs ou les monts, aussi bien que le labeur ,aride peut-être mais confortable, de l'étude, de la com- paraison, de la méditation, de la discussion ou de la description, dans le silence du cabinet et des bibliothèques. C'est l’homme capable de faire tout cela, l’érudit pourvu de connaissance pratique, le savant bon organisateur et homme d'action que l’on pourra croire capable aussi d'assumer une partie importante de l’activité du Musée nouveau, du Musée d'exploration, et c'est lui qu'il faudra choisir pour cette fonction, si toutefois 1l consent à accepter une position réclamant une abnégation scientifique capable de tous les sacrifices, y compris même celui des résultats de son travail et, peut-être, l'abandon des recherches personnelles. Sans doute, la Science est une marâtre. Elle ne promet pas le bonheur à l'Humanité et, quant à ses adeptes, elle exige qu'ils en oublient jusqu'à la notion et s’en désintéressent. Mais le Musée, l'organisme centralisateur, est plus exigeant encore : non seulement 1l n'offre pas à ses serviteurs la fortune que procurent l’industrie et le commerce à l’homme intelligent et actif, mais il va jusqu'à contrecarrer l'ambition scientifique, même celle qui est considérée comme légitime. Exigeant l'application exclusive de toute leur activité, il leur rend difhcile l'édification de ces réputations bien réussies, sinon durables, qui réclament non seulement du talent et de l’habileté, mais encore du temps pour « se produire » sur la scène, conférencer, rédupliquer ses écrits, se créer de belles relations et exécuter les marches, démarches et contremarches à ce indispensables. Disons cependant qu'une réaction se dessine : les réputations réclamières sont déjà dépréciées dans les milieux scientifiques et la notoriété y est considérée comme « la fiente de la gloire ». Les mérites d’un homme de Science ne s'apprécient plus uniquement sur la base des longues séries de publications, mais aussi sur celle d’autres services rendus à la Science, et le dévouement à l’organisation centralisatrice des efforts spécialisés sera de ceux-là quand le caractère hautement scientifique et l'importance humanitaire de cette Institution naissante seront plus connus et mieux compris. Les collaborateurs principaux de la Direction reçoivent dans plusieurs Musées 148 G. GILSON le nom de conservateurs. Ce titre défectueux ne présentait guère d'inconvénient dans l’ancienne constitution des Musées, presque exclusivement systématiques. Mais dans le Musée d'exploration il est tout à fait inadéquat et très fâcheux, parce qu'il accrédite la notion répandue, — et compatible, du reste, avec l'ancienne idée du. Musée, — qui fait de leurs fonctions une simple tâche de conservation, une paisible sinécure, position de tout repos, décernable comme récompense de fin de carrière à quelque bon fonctionnaire amateur d'oiseaux, d'insectes ou de coquilles, à quelque vénérable savant de cabinet ou à quelque vétéran de l’enseignement. Le titre de Chef d'exploration, en dissipant toute équivoque, écartera des positions supérieures du Musée ceux qui n'ont point fait de rudes campagnes sur le sentier de la guerre des conquêtes de l’homme sur la Nature. REMARQUE Nous avons dit qu'une exploration est une mission. Sa durée est limitée dans le temps. S'il y en a de pratiquement interminable, 1l en est d’autres qui seront très courtes. Il va sans dire que la position de chef d'exploration doit être stable, définitive. Un chef d'exploration qui aurait terminé sa mission serait chargé d'en entreprendre une autre. Bien plus, plusieurs explorations à programme peu étendu pourront être confiées simultanément à un même chef. c. Les Naturalistes et Aides-naturalistes. Il est clair que les Chefs d'exploration ont besoin d'une assistance sérieuse et active dans l’accomplissement d’une tâche aussi rude, ardue et complexe. Rappelons ici les deux principes fondamentaux de la bonne assistance : le premier devoir de l'assistant est de ne pas contrecarrer le travail de celui qu'il assiste ; le deuxième est de l’assister. Les adjoints ou assistants des chefs d'exploration pourraient porter le nom de Naturalistes et d'Ardes-natur alistes. : Leurs fonctions seraient de seconder les chefs d'exploration dans l'ensemble de leurs travaux. Ils pourraient se spécialiser les uns dans l’éthologie, les autres dans l’étude de certains groupes d'objets suivant les nécessités de l'Exploration à laquelle ils appartiennent. Certains d’entre les naturalistes et aides-naturalistes pourraient s'adonner spécialement à la systématique et prendre charge, sous l'autorité immédiate de la Direction, de certaines parties de la collection systématique formée de parties LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 149 détachées des explorations dont 1l à été traité plus haut, ainsi que des parties correspondantes des collections comparative et introductive. Chacun d'eux, sans Jamais perdre de vue le rôle élevé qu'il joue dans l'ensemble admirable dont 1l fait partie intégrante, arrivera à se créer une sphère d'action sufhsamment personnelle pour y trouver l'entière satisfaction du travail accompli, de l'organisation réussie, de la découverte obtenue, et cette émotion supérieure que donne la course enfiévrée sur la piste de l'inconnu, dont la fascination fait que le naturaliste ne sait plus jouir de rien, pas même de ses propres découvertes : 1l court sans arrêt vers l'horizon qui recule. Tous les membres du personnel scientifique ont le devoir de se tenir en contact avec les centres principaux de la recherche scientifique, avec les laboratoires, universitaires ou autres, avec les personnalités faisant autorité dans les diverses branches et même avec les simples pionniers isolés ou associés qui s'adonnent aux spécialités morphologiques, anatomiques ou cytologiques, systématiques, chimiques, physiologiques, paléontologiques, géologiques, etc., etc., en un mot aux multiples subdivisions du travail spécialisé. Il n'est guère besoin de dire que le contact est nécessaire à chacun en parti- culier non seulement parce que le travail trop individualisé est lent et parfois stérile, mais encore parce que, si la solitude est nécessaire à l'étude, l'isolement est néfaste, car il fausse les idées et conduit à l’arriérisme avant l’âge. Mais le contact est au moins aussi nécessaire à l’Institution elle-même. Sans contact elle ne saurait ni explorer, ni étudier, ni exposer efficacement et confor- mément à la Science du temps. Mais surtout elle ne saurait remplir sa fonction spéciale et principale : la centralisation. Il ne sufhit pas que le Directeur et les Chefs d'exploration entretiennent des relations étendues. 11 faut que les contacts avec le monde des pionniers, des comparateurs, des généralisateurs, avec les savants d'avancement et les savants d'enseignement, soient multiples et forment un réseau serré. C’est donc aussi par les naturalistes et les aides-naturalistes, et par tous les pionniers du Musée puis- samment aidés par la collaboration étrangère, que ce réseau peut s'établir, pour le plus grand bien de la Science en général. 2. — Personnel auxiliaire En dehors des fonctionnaires constituant son personnel scientifique, le Musée doit posséder des catégories d'agents chargés d’autres fonctions importantes dans l'économie générale de l’Institution. Eur charge exige une base sérieuse de culture et d'instruction fournie par des études Hors ou équivalentes et même, pour certains postes, des études 150 G. GILSON universitaires spécialisées dans d’autres branches que les sciences naturelles, — linguistique, mathématiques, ou autres études supérieures, commerciales tech- niques, etc. Cet élément comprend les Briblzothécaires, les Conservateurs et les Agents d'Administration. a. Les Bibliothécaires. Nous avons dit que le Musée d'exploration doit posséder une importante biblio- thèque et que celle-ci doit recevoir un classement spécial adapté aux besoins spéciaux d'une institution de recherches. Le parfait bibliothécaire s’efforcera non seulement de bien organiser cet outil mais encore d'aider les naturalistes à en tirer tout le parti possible et à réaliser une grande économie de temps et de labeur. Pour cela il se tiendra en contact ininterrompu avec eux, et ces rapports lui permettront en outre d'assurer, de concert avec la Direction, l'accroissement rationnel nécessaire du fond originai- rement acquis. Les naturalistes du Musée devront trouver dans le personnel de la bibliothèque non pas de simples employés leur apportant le livre demandé, mais des collabo- rateurs-bibliographes, coopérant à leurs travaux, avec un grand dévouement et une grande abnégation. Le Chef d'exploration devrait pouvoir demander au bibliothécaire d'aider les naturalistes en faisant dresser des listes bibliographiques, des séries complètes de fiches, sur des sujets donnés. Bien plus ceux c1 devraient trouver dans le personnel bibliographique l'assistant capable de bien faire une recherche analytique, c’est-à-dire de fournir le résumé sommaire de ce qui est écrit sur un point donné dans la série complète des ouvrages qui en traitent, soit ex professo, soit accessoirement. Or ce travail exige non seulement la compréhension générale des termes de la langue, mais la connaissance des choses, qui, si élémentaire qu'elle soit, ne s’acquiert, en sciences naturelles que par le contact direct avec la Nature. Il y a ici une grande difhculté : d’une part le Musée d'exploration ne réclame pas de ses bibliographes une science fort étendue en histoire naturelle, mais du soin, de la précision, du dévouement, et des connaissances scientifiques très élémentaires; mais d'autre part il exige que ces connaissances soient acquises par le contact de la Nature elle même, qui seul en ces matières forme le jugement et la critique. Il ne peut se contenter de l’érudition de gavage qui est celle de beaucoup de bibliothécaires même diplômés et considérés comme aptes au service des grandes bibliothèques publiques. Nous nous gardons de dire que le bibliothécaire doit être choisi parmi les LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE ISI pionniers, les naturalistes s’adonnant à la recherche. Un bon naturalistes peut être un mauvais bibliographe et quant au pionnier spécialisé, 1l est à craindre qu'il ne soit un mauvais bibliothécaire, peu disposé à se livrer au travail d'inscription et de mise en fiches qui est la première besogne du métier et encore moins à consa- crer un temps précieux aux recherches scientifiques des autres. On voit que si le bon bibliothécaire est partout difhcile à trouver, le choix de celui d'une institution de recherche est une affaire très sérieuse et trop importante pour que l’on puisse s'abstenir d'y procéder par voie de sélection, dans une série de candidats pris en stage sans aucune promesse de nomination. La question des aptitudes naturelles et du caractère présente ici une importance toute spéciale. Prévenons une objection que pourrait nous faire quelque critique étranger au monde des laboratoires et des explorations : nous ne disons pas que le naturaliste ne doit plus rien lire et qu'il peut se borner à consulter les fiches préparées par son bibliothécaire ! Il devra toujours lire énormément; mais grâce à la collabora- tion intelligente, compétente et dévouée de ses bibliographes, il sera exempté de bien des recherches stériles et il pourra donner d'autant plus de temps non seule- ment à ses travaux mais encore à la lecture des ouvrages qu'il doit approfondir pour bien s'assimiler l'esprit des travailleurs qui l'ont précédé et l’état des con- naissances et des méthodes du temps passé. L'assistance du bibliographe- naturaliste le guidera dans le choix de ce qui mérite une lecture complète et attentive. becs Conservateurs. Chaque « Exploration » doit posséder un Conservateur. Sa fonction répond à son titre : il est chargé d'assurer, sous les ordres soit immédiatement de la Direc- tion, soit du Chef d'Exploration délégué, la conservation des matériaux et des documents et archives de l'exploration à laquelle il est attaché. C’est lui qui reçoit les matériaux d'exploration à leur arrivée au Musée, dirige les préparateurs dans l'exécution des mesures immédiatement nécessaires à leur conservation, les range et les classe dans les conservatoires suivant Îles indi- cations du Directeur ou Chef d'exploration. Nul objet n'entre au Musée sans que le conservateur indiqué n'en fassé la réception et ne lui donne un numéro, et nul objet n'en sort ou n'est déplacé dans les conservatoires ou les collections détachées sans qu'il n'en inscrive la mutation, qu'elle soit temporaire ou définitive, afin de couvrir sa responsabilité. Il est dépositaire des carnets d'exploration qu'il classe et numérote et dont 1l fait les extraits nécessaires à la documentation méthodique des objets. Il est chargé de la tenue des inventaires et de la confection des catalogues et remplit 152 G. GILSON les fonctions de secrétaire du chef d'exploration, notamment en ce qui se rapporte aux relations de celui-ci avec les collaborateurs externes. En outre, il assume la responsabilité de la surveillance des collections et d’une partie des locaux qui lui est assignée. Les surveillants de la partie qui lui est confiée sont sous ses ordres. Il signale à la Direction toute réparation devenue nécessaire dans le matériel ou les bâtiments. Il est rationnel de n'accorder un Conservateur spécial qu'à une grande explo- ration. Si la Direction était amenée à organiser de petites explorations un même conservateur pourrait assumer le service de plusieurs à la fois. Certains conservateurs ne dépendent que de la Direction; ils sont chargés surtout du service des collections détachées et spéciales. Le conservateur est donc un tvpe particulier de fonctionnaire non spécialisé en Science bien que rien ne s'oppose à ce qu'il soit spécialiste en un groupe systématique restreint. Il est tout à fait nécessaire dans l’organisation d’un Musée d’exploration régional pour assurer la sécurité des objets et des documents, leur maintien en bon ordre et, en général, pour l’accomplissement régulier de la mission conser- vatrice de l'Institution. Il pourra être aidé par des Asszslants-conservateurs. La fonction du conservateur est une mission de confiance. c. Les Agents d'administration. Ils comprennent les fonctionnaires attachés à la Direction, secrétaire parti- culier du Directeur, comptables, commis. Leurs fonctions sont variées suivant les circonstances : correspondance, comptabilité, bibliothèque, calculs, travaux de statistiques, écritures, paie- ments; "etc: 3. — Personnel technique Il comprend les ?réparateurs et les Aides d'exploration ou de laboratoire. Ces agents doivent être formés dans le Musée même, car celui-ci doit veiller lui-même au recrutement de son personnel technique. Les Apprentis appartiennent à cette classe, et la formation de ceux-ci fait partie de la tâche des agents techniques et autres. L’aptitude à former des apprentis est, du reste, précieuse, “et ceux d'entre les préparateurs qui la possèdent doivent être classés au-dessus des autres, car celui-là seul qui connaît bien son métier est capable de l'enseigner à d’autres, et s’il v réussit il prouve, en outre, qu'il possède à un haut degré les qualités du caractère du bon employé. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 15 Si le stage est nécessaire à tous les degrés, il est absolument indispensable pour le personnel technique, qu'il s’agit de former non seulement au métier, mais à la discipline et à l'esprit de l'Institution. Ce n'est que dans le cas, tout à fait exceptionnel, d'une urgente nécessité de connaissances techniques spéciales que l’adjonction d’un agent non formé dans l'établissement pourrait devenir désirable, et 1l faudrait bien se garder alors de l’exempter du stage. L'obligation de celui-ci doit être absolue et sans exception. Le temps passé en stage pourra, du reste, être homologué, en cas de nomination définitive. La fonction de ces agents est l'exécution de tous les travaux d'exploration, de préparation, de montage, de conservation nécessaires au Musée. Leur travail s'exécute toujours sous la surveillance immédiate et la direction incessante du personnel scientifique. Cette catégorie d'agents constitue l’un des éléments les plus importants du personnel. Un bon préparateur, rara avis, peut rendre d'immenses services. Le type du bon préparateur se rencontre : il est non seulement actif et débrouillard, mais encore et surtout attentif à la parole des chefs, infatigable et dévoué. Il s'intéresse à son travail et, s’il a du bon sens, il est modeste et met son orgueil à exceller dans sa profession qu'il aime. Mais le bon sens est rare et l'ambition ne l’est point. Quiconque a dirigé un laboratoire ou un Institut aura rencontré ce type d'agent laborieux, intelligent, rempli de qualités, mais gâtant tous ses mérites par une intolérable présomption. Sa formation umilatérale ne lui donne ni le fonds de connaissances, ni l’afhnement du sens de la proportion des choses qui, à tous les degrés de la culture, sont nécessaires à l'homme pour apprécier à peu près justement sa propre valeur rela- tive. 1l a donc une tendance à se croire très fort et même savant. Bientôt 1l se plaint des chefs qui l'ont le plus encouragé, devient malcontent, rend de moins en moins de service, et met sa position en péril, alors qu'il eût pu être un bon préparateur estimé et honoré de tous et traité en ami par ses chefs. Le parfait préparateur n'existe peut-être pas, mais le bon préparateur, avec quelques défauts, existe. S'il est exempt de sotte ambition, il faut lui passer bien des choses et le traiter comme le plus méritant des auxiliaires. 4. — Personnel de surveillance Toute Institution ouverte au Public doit avoir un personnel chargé d'assurer la sécurité des objets exposés. Suivant les circonstances, on jugera s’il y a lieu de charger de cette fonction des membres du personnel technique, ou bien de créer une catégorie à part d'agents sans connaissances techniques, mais chargés uniquement de la police et de l'entretien des locaux et meubles. 20 154 G. GILSON Ce dernier système n'est pas sans inconvénients. Il semble que les longues heures que le surveillant passe dans l'inaction ou dans l'exécution d’un travail dont on n'aperçoit aucun résultat matériel durable, ont sur son moral une action fâcheuse et lui impriment une déformation professionnelle dont la caractéristique est le mécontentement. Ceux qui résistent à cette influence étrange ainsi qu'aux hâbleries des meneurs montrent qu'ils ont réellement en eux l’étoffe d'un bon agent et peuvent être choisis pour des postes de confiance. E. — ASSISTANCE EXTÉRIEURE Il se manifeste dans tous les Musées, même du type ancien, des nécessités d’un caractère absolument temporaire. L'étude de certaines collections restreintes, par exemple, exige parfois des connaissances très spécialisées que ne possède aucun membre du personnel. Faut-il nommer chaque fois un naturaliste inamovible pour effectuer ce travail ? Évidemment non, car le spécialiste capable est peut-être unique au monde, et rien ne prouve qu'il n’est pas spécialisé au point d’être incapable de rendre d'autres services. Peut-être même est-il indésirable pour de multiples raisons et peut-être aussi ne désire-t-il nullement devenir fonctionnaire de l'État. Et puis après lui ce serait un autre. S'il fallait nommer tous les spécialistes nécessaires, il y aurait bientôt au Musée une armée de gens inoccupés avant terminé le travail qui a réclamé leur adjonction au personnel et passant leur existence dans de confortables sinécures. Ce système ne mérite pas un instant de considération : la réduction du personnel à un strict minimum déterminé par les circonstances s'im- pose pour bien des motifs. La solution naturelle de la difhculté est aisée : il faut recourir à l'assistance temporaire de spécialistes étrangers à l’Institution. 1. — Collaborateurs externes Nous avons dit plus haut, et nous ne saurions assez le répéter, que le Musée doit posséder de vastes relations dans le monde des naturalistes. I1 le doit pour le principe et pour les besoins de la centralisation autant que pour faire face aux nécessités immédiates du travail de recherche et d'analyse qui réclament souvent les lumières de ceux dont le nom fait autorité dans leur spécialité. Ceux-ci, très souvent, sont heureux de pouvoir disposer pour leurs propres travaux des matériaux bien documentés que le Musée leur soumet, et chacun trouve son avantage dans la transaction. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 155 Grâce à cette collaboration étrangère, le Musée peut espérer une prompte étude des matériaux recueillis qui, dans tant d'institutions, s'accumulent en masses énormes, sans détermination. Ensuite, sans augmenter son personnel fixe, il arrive par la collaboration externe à concentrer les efforts d’un grand nombre de spécialistes sur des maté- riaux centralisés eux-mêmes, conditions d'étude d'où naissent souvent des travaux de comparaison et de généralisation. Grâce à elle, il accomplit, dans une large mesure, l'une des principales parties de sa mission : la centralisation. Il n’est donc pas nécessaire que le Musée compte dans les rangs de son personnel ordinaire et fixe, tous les spécialistes compétents dans l'étude de ses matériaux, et 1l n’est pas indispensable non plus qu'il trouve en lui-même tous les hommes de synthèse capables de comparer les résultats des travaux analytiques, d'en tirer des conclusions judicieuses et de formuler des généralisations. 11 peut demander aussi à des savants ne faisant pas partie de son personnel de l'aider dans cette partie de sa mission. Il suffit donc que l'Institution trouve en elle-même quelques hommes bien armés en fait d'information générale et bien doués de cette faculté d'assimilation qui permet d'apprécier non seulement la valeur des recherches analytiques, mais encore celle des travaux de synthèse, même en dehors des branches que l'on spécialise soi-même. Au surplus, les travaux synthétiques dont il s’agit sont toujours publiés, et c'est leur auteur et non le Musée qui en assume la responsabilité. La vraie difhculté réside dans le choix des collaborateurs, tant analystes que synthétistes. On ne peut espérer l'infaillibilité dans ce choix et des mécomptes sont inévitables. Mais /a conséquence des erreurs dans le choix d'un personnel fixe sont infiniment plus graves. Disons en passant qu'il est souvent plus difficile à un Directeur de Musée d'écarter les collaborateurs cherchant à s'imposer mais indésirables, pour des raisons scientifiques ou autres, que de trouver celui auquel les portes de l’Insti- tution peuvent être ouvertes sans péril. La rémunération du travail des collaborateurs externes est une question que l'on pose souvent au sujet de ce système d'étude que le Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique a été l’un des premiers à pratiquer largement. Voici la solution qui lui est donnée dans cette Institution : en principe, le travail scientifique, quel qu'il soit, y est considéré comme inévaluable en argent; il n’est donc pas payé. L'avantage de pouvoir disposer des matériaux pour les faire servir à des publications, faites principalement dans les Mémoires du Musée, est considéré par les deux parties contractantes comme une rémunération sufhsante dans la plupart des cas. Lorsque le Musée appelle à lui des savants éfrangers à l'Institution, il ne paie donc pas leur travail, mais il ne peut accepter non plus qu'ils s'imposent des sacrifices d'argent à son profit : il se borne à les dédommager de leurs dépenses par l'octroi d'une somme fixe par jour, pour frais de séjour, outre le remboursement du prix de leur voyage en 1° classe. 156 G. GILSON Cependant, lorsque l'assistance demandée d’un naturaliste externe implique uniquement ou principalement un grand travail de triage et l'analyse de volumi- neux matériaux peu intéressants pour ses propres études, une certaine rétribution peut lui être proposée. Elle n'est pas calculée par vacations de travail, mais est attribuée globalement à l'exécution d’une tâche déterminée et soldée à la termi- naison de celle-ci. 2. — Les Correspondants du Musée Le titre honorifique de « Correspondant du Musée » pourra être décerné par le, Gouvernement, sur la proposition du Directeur, appuyée par le Conseil de surveillance, aux collaborateurs étrangers au Musée, qui auraient rendu à l’Insti- tution des services éminents. 3. — Les agents temporaires Des nécessités temporaires d'ordre technique peuvent également se manifester. En outre, il peut devenir nécessaire à un moment donné de renforcer la main- d'œuvre ordinaire en vue d'accélérer l'exécution d’un travail extraordinaire d'exploration ou d'installation. Il faut donc que la Direction puisse recourir, sans entraves, à l'emploi d'agents spéciaux, salariés jusqu'à terminaison d’une tâche donnée. 4. — Le prêt à l’extérieur La pratique du « prêt à l'extérieur » fait à des collaborateurs externes est absolument indispensable au fonctionnement de l’Institution. Si elle présente certains dangers que l'expérience réduit à fort peu de chose, il faut se dire que la perte de quelques objets est largement compensée par la rapidité de l'étude. En effet, malgré l’annotation la plus détaillée, les objets perdent de leur valeur documentaire par le temps, les données les plus nettes étant souvent celles qui ne sont fixées que dans la mémoire de l'explorateur, et la mémoire ne dure pas toujours, mi l'explorateur non plus. En outre, le rapprochement des objets, nécessaire pour la comparaison, rend trop de services au point de vue de la centralisation pour que les Musées ne se prêtent point avec complaisance à la communication de tout ce qui est transpor- table, et enfin, même en dehors de tout bénéfice direct pour eux-mêmes, ils doivent y consentir dans une large mesure par simple respect pour le principe de la solidarité scientifique et de l'association en vue de la centralisation des efforts spécialisés. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 157 C'est un crime de lèse-science que de refuser à un homme d'étude, fût-il un concurrent ou même un ennemi, l'objet ou le livre nécessaire à un travail tendant à réaliser un progrès. Toutefois les objets très précieux ne pourront sortir sans absolue nécessité et en tout cas un envoi d'objets même peu précieux ne se fera jamais qu'à des per- sonnes au sujet desquelles on possède les renseignements les plus sérieux et les meilleurs (1). F. — LES INSTALLATIONS Ce sujet a été traité dans bien des publications. Nous ne songeons pas à le reprendre ici, car le plan général du Musée nouveau étant éminemment adaptable, la discussion des installations, plus adaptables encore, qui répondent à ses besoins dans des cas divers, nous entraînerait au delà des limites que nous nous sommes imposées. Cependant nous indiquerons, sous une forme brève et partiellement tabulaire, quelques dispositions et installations qui prennent dans le Musée d’ex- ploration régional une importance suffisante pour nous décider à les signaler à l'attention des personnes que les circonstances conduisent à s'occuper de ce genre de questions. 1. — Construction spéciale. — Rappelons d’abord qu'il est essentiel que l'édifice soit construit spécialement pour le Musée. Il est invraisemblable qu’un ancien bâtiment adapté à un autre but réponde exactement aux nécessités spéciales d’un Musée, même du type purement exhibitif, que nous considérons comme suranné. C'est assez dire qu'un Musée du type nouveau exige absolument une construction minutieusement étudiée et étroitement adaptée à chaque cas particulier d’appli- cation du plan fondamental, et il est élémentaire que cette étude ne peut être laissée à un architecte quelconque; elle nécessitera la sérieuse collaboration d’un naturaliste explorateur et bon organisateur avec un architecte de grand talent, capable d'adapter aux besoins d’une institution d’un type nouveau les exigences de son art... et disposé à le faire! 2. — Situation. — Bâtiment isolé dans un vaste espace ouvert. Entouré d’une large zone de protection afin d'éviter tout voisinage dangereux ou fâcheux : indus- tries, écoles, murs élevés nuisibles à l'éclairage, etc. Grillage entourant au voisi- nage immédiat des murailles. Pas de façade sur un passage public sans cette barrière protectrice. (1) Voir G. SEVERIN — Ze Congrès d'Entomologie. — Bruxelles, 1911. 158 G. GILSON à, — Divisions. Parties centrales et parties latérales ou radiales. | Bureaux et salles de travail de la Direction. Salle du Conseil. Parloirs. Salles des rayons. | Bibliothèque .. "Salle dédectuse Bureaux des bibliothécaires. a) Parties centrales " | Salles régionales. Galeries d’exhibition ! Salles comparatives. | Salles d'exhibitions spéciales. | | Conservatoires | . En partie dans les sous-sols, ou MSalles déle dans des pavillons séparés. Pour chaque service Salle de déballage des matériaux. Ateliers ; préparation, montage, etc. Laboratoires. Cabinets d'étude. Parloirs. bDSPFartiesmlatérailes ou locaux des divers | services d'exploration. Constructions aussi incombustibles que possible. Ascenseurs. Conciergeries. 4. — Dépendances dans les terrains réservés. Pavillons séparés pour les manipulations incommodantes ou dangereuses et l'emmagasinement des substances inflammables. Installation photographique. Usine de chauffage. Installation pour élevages, en plein air ou en serre. Bassins, rocailles, cultures diverses, etc. Habitations pour le directeur et pour plusieurs autres fonctionnaires, particu- lièrement des conservateurs, — en dehors des murs pour éviter les risques d'incendie et d’autres inconvénients. Cette mesure est nécessaire pour assurer la sécurité de l'institution et la stricte observance des règlements. On ne peut songer à laisser l'immeuble et les trésors qu'il contient à la garde d'agents subalternes pendant l'absence des chefs. Répétons que nous ne présentons ce plan d'organisation du Musée que comme un type, un simple exemple, bien que nous le considérions comme adaptable à la majorité des Musées. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 159 IV. — LE MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE SON ORIGINE, SA CONDITION PRÉSENTE, SON AVENIR I. Origine et développement Il existe quelques notices peu approfondies sur l’histoire du Musée royal. Toutes se répètent et paraissent se rattacher à celle qui fut publiée en 1880 dans les annales de l'Exposition de Bruxelles où le Musée avait exposé des documents. Ces notices contiennent certaines erreurs et sont incomplètes. Nous nous étions proposé de les compléter et de les améliorer en remontant aux sources. Mais nous reconnûmes bientôt que ce travail, pour être bien fait, exigerait de longues recherches dans les archives de la Ville de Bruxelles et dans celles de l'État, travail qui sortirait de notre compétence et réclamerait un temps que nous devons à des investigations d'un autre ordre. D'autre part, les quelques indications que nous avons recueillies nous ont montré qu'il y a dans le sujet matière à une étude historique qui ne manquerait pas d'intérêt, parce que les recherches qu'elle nécessiterait fourniraient en même temps des données permettant de préciser l’état des études d'histoire naturelle dans notre Pays à la fin du XVIII: siècle et de retracer les progrès qu'elles y firent ensuite, surtout sous l'influence de la France, devenue alors le principal foyer des connaissances scientifiques. Déjà nous devons à notre savant collègue M. G. Des MAREZ, archiviste de la Ville de Bruxelles, d'intéressants renseignements pour lesquels nous tenons à le remercier 1c1. Nous espérons qu'il se décidera quelque jour à mettre au service de cette recherche les ressources de sa profonde érudition et les importantes archives dont il a charge, et à publier une histoire documentée des origines et du premier développement de notre Musée national. Nous nous bornerons donc à un très bref rappel des principales phases du développement de l’Institution, depuis son origine jusqu'à nos jours. En 1769, l'Impératrice MARIE-THÉRÈSE avait fondé à Bruxelles une Société littéraire, « dans la vue de faire revivre les Sciences et les Lettres dans les provinces des Pays-Bas ». Trois ans après, le 16 décembre 1772, cette Société fut érigée par lettres- "9[I0{ UBA TL AUDIT — ‘2ANEICAUO) JS9 9[[21NIBU 911014, P apn9 21n0 Onb 22414 ‘XNEUOISQI XNELIQJEU SOP 9PMI9,[ R SOILLSSOIQU JUOS MD ‘UOIFQU LI & SOIQAUEIIQ SUON9I[[00 XNE 9)MIESUOD 1S9 9[[H V9SNU UP ONA U9 9JIMAISUO) 919 Sed E,u 19 AUUYIDUL JS9 9091JIP9,[ 2P AULIPAIU 91NIEA ET ‘2sSstd np SOS SOSIOAIP XNE 9ANJEN E] 2P NP9[{U) 2[ JUOLWOAIPUISBU I9NJ1SUOIDD 2p U2£OU 2[ HONONPUI,[ & JUOSSIUINOF XNEHAIEU OP SONO1B XNOP S09 O[GUISUT *SII[dWODUT JUOWAU IX SANOÎNO] “SO[ISSOF S2]S21 SO[ 10)91dIOIUI,P JUOIOULO OLA 9P SUOIJIPUOD SANO[ 9P 2PNI9,[ 19 SO[[ONJOE SAUMOF S2P UOIJEAIIS(O,[ ANEN E[ 2P 2410)SIU,[ ANS JUOUBIISUII SONDISO[OJUOH[EA SUOID9[[OD S9[ IS SONb1S0[0H19 SUONESIISOAUL SP SIEINSYI XNE S9[{ELSIP 2984dS9,[ 1n0]} 19 22UPHIOAUE,[ 2100] IOPAODIE,p ONA U9 79 S02994S9,p SOLHIYS S9S 9Pp 2[{UIIPISUO9 SN[d Ua UOISU2)X9,[ 2p 2Sne2 e Jied & OSLIA91 159 À ‘PNS O[IL,[ SUEP 99S0AX9 ANDISO[OUOIUI 9H9S ET AP AU] LOIUIOP ‘onbod9 91191) ‘o[n9S ouOpou onboOd9,[ 0p S2IBUOISAI SONbIS0[0419 19 SONbDAEUWYISAS SUOID9[[09 S9[ EAPUQIIUOD PAIOU [IUT ‘sonbod9 SapuVif XNE JUEPUOASOIIOD SIO1[EA UD SOY9SIAIP JUOS À SAJ[ES SOIT *210DU9 9JUISYIA À DOUPSSIEUUOI US AND SNJEIU SO[ 294 ‘UOISH [SUP 21MIEN EI 2P 2[[ONpUIS UONIN{OA9,[ IUOIONUOUU SO[IA ‘SÉUII SOP UOISS99NS E[ SUEP 03[0q UOIS9I E[ Op SUONONPOIA no SonbISO[OJUOYIEA SO[EUOISOI SUON90[[09 XN O9A1ISQ BIOS NS O[IL,[ ‘D0HIPAI OP IUOLWOAQUOL,[ SQAdY “0JINIJSUOD SE JS2,U ‘oJIOIp ER ‘PIOU o[IR/T *080)9,[ & IUOS SHIGOMOAUL S9[ {09SSNEHI-0P-Z0I 0[ JUOANIIO À S9IGIMOA SOT ‘98[0Q DILONLMOY NP SUONPNPOIA S9[ OAIp-L-I1S9,# ‘SO[EUOISHI SUON99([09 SO[ SONO) IMYPANOÏNE JUOIIUOD ‘OUONES & ‘PNS O[IU/T *9AOU9EUL 99HIP9] 2P JU9S91d Je) ‘AT2INIEU OJOISIH,P [EÂOI 29SNN — ‘10 APTE GS A EN PT EN … . 12 e CAN LI LE LS Se LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE I6I patentes datées de Vienne « en corps permanent sous le titre d'Académie Impé- riale et Royale des Sciences et Belles-lettres » (1). Cette Académie posséda bientôt une collection d'instruments de mathématiques et de physique et d'objets d'histoire naturelle, car, dès 1785, l'Abbé Man en écrit ce qui suit : « L'Académie des Sciences et Belles-lettres de Bruxelles possède un commencement assez considérable d'un cabinet d'Histoire naturelle : il vient en grande partie de la munificence de S. M. l'Empereur et Roi (Joserx IT) qui lui fit présent d'une partie de la riche collection du feu Duc CHARLES DE LORRAINE. » Ces objets furent déposés d’abord dans une chambre du rez-de-chaussée de l’ancienne Bibliothèque Royale construite par PHiztppe IV et située rue d'Isabelle, « mais, » dit l'Abbé MANN, « l'humidité de cette place a obligé de les transporter Hileursss > [Is furent portés à l'Abbaye de Coudenberg : « les morceaux de ce Cabinet, sujets à dépérir par l'humidité, sont actuel- lement déposés dans une salle de l'Abbaye de Coudenberg jusqu'à ce que l’Académie ait une place ailleurs pour les loger (1) ». Ces objets constituèrent le pre- mier noyau de notre grand Musée, et l'Abbaye de Coudenberg — et non celle de Cortenberg, comme le disent les notices — doit en être considérée comme le premier berceau. Elle s'étendait entre la 92 — Façade de la Trésorerie du Ministère des Colonies, ACTES reste de l’abbaye de Coudenberg, qui fut le premier logement du Place Royale actuelle et le Palais Cabinet d'Histoire naturelle de l’Académie impériale. — Cliché Royal. Il en reste l’église Saint- L, Van Bollé. Jacques ‘sur Coudenberg et quel- ques constructions fragmentaires, entre autres une façade Louis XVI située (1) L'Abbé MANN, Abrégé de l'histoire ecclésiastique, civile et naturelle de la Ville de Bruxelles. Bruxelles, chez Lemaire, 1785, 2me partie, p. 62. 21 162 G. GILSON rue de Namur. Ce reste de la grande Abbaye est aujourd'hui la Trésorerie du Ministère des Colonies. Nous en reproduisons une photographie. L'Abbé Man, membre distingué de l'Académie de MARIE-THÉRÈSE, fut chargé d'administrer ce Cabinet, en même temps que celui des instruments de mathéma- tiques et de physique. C'est Fa lui qu'on doit ces quelques renseignements sur la fondation de ce qu'il appelle « un commencement assez con- sidérable d'un Cabinet d'Histoire naturelle ». Malheureusement il ne donne aucune indica- tion sur la composition de ce Cabinet. Il est certain, toutefois, que ce premier noyau n'avait guère d'importance, car DE BOUBERS, en 1782, ne le cite qu'après avoir parlé avec éloge du Cabi- net de BURTIN : « la seule collection (d'histoire » naturelle) qui soit à Bruxelles et qui mérite le » nom de Cabinet est celle de M. Bürrin, » médecin, demeurant marché de la Chapelle, » c'est même la plus nombreuse et la mieux » faite de celles qui soient dans les Pays-Bas » autrichiens ».…. Après cela seulement il mentionne la collec- tion de l'Académie, « où 1l y a un commence- ment de tout (1) ». Auteur de l'Histoire di Brurelles ct premier organi-… NOUS 18nO0rOns Combien de temps la scolies sateur du Cabinet de Physique et d'Ilistoirenat "tion de l’Académie resta logée dans labhavetie relle de l'Académie fondée par Marie-Thérèse, e 2 Coudenberg. L'Académie elle-même disparut sans être officiellement supprimée, lors de la Révolution française. « L'Académie Impériale et Royale des Sciences et Belles- » lettres, fondée par MARIE-THÉRÈSE », dit MAILLY, « avait suspendu ses séances » pendant la première invasion française. Lors de la seconde elle venait d'entrer » en vacances, et l’on n’entendit plus parler d'elle (2). » Mais dès 1795 1l se fonda à Bruxelles une Société d'Histoire naturelle, et au nombre de ses membres ordinaires nous remarquons les frères DEKIN, dont l’un, ADRIEN, fournit quelques détails sur les vicissitudes subies pendant ces temps troublés par les collections de la défunte Académie, dans une lettre intéressante conservée aux archives de l'Hôtel de ville. 93. — L’Abbé Man, (1) DE BouBERs, Description de la Ville de Bruxelles. Bruxelles. Se vend chez de Boubers, imprimeur-libraire, rue d’Assaut. 1782. (2) Ep. Maizzy, Mémoires de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. T. XI, 1887. « » >» > > >» > >» > > > > >» LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 163 « Le Cabinet d'Histoire naturelle, » écrit-il aux Bourgmestre et Échevins, a eu pour noyau celui de la ci-devant Académie des Belles-lettres, Arts et Sciences de Bruxelles, Cabinet qui, abandonné un instant à l'entrée des armées françaises, a subi des soustractions et des enlèvements de toute espèce. Il fut ensuite augmenté par les divers objets que les amis des Arts et des Sciences, membres des autorités alors existantes, sentant leur utilité et leur prix pour l'instruction, firent réserver dans la vente du mobilier national de toutes origines. Lors de l'établissement de l'Ecole centrale dans les bâtiments de la ci-devant Cour. tous ces objets y furent réunis, afin d'y être arrangés pour l'instruction et, à la même époque, le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris ayant été autorisé à délivrer des collections pour les Ecoles des départements, en expédia une assez riche en coquilles, madrépores, minéraux, etc., pour l'École de Bruxelles, sans qu'aucun objet de ce genre ait été enlevé des Cabinets de Louvain. » 94. — Musée royal d'Histoire naturelle. L'ancien local, Palais de Nassau. — Cliché L. Van Bollé. Il résulte de là que la collection de l'Académie passa de l'Abbaye de Couden- berg au Palais de l'ancienne Cour, ou mieux au Palais de Nassau, mais nous ne savons pas si ce transfert se fit avant ou après la disparition de l'Institution. Un détail assez curieux révélé par cette lettre de DEKIN, est le fait que l'ancien Musée contenait des pièces venues du Muséum de Paris ! 164 G. GILSON Remarquons que HENNE et WaurERs (1) disent expressément que les cabinets de physique et d'histoire naturelle avaient été formés des debris de ceux de l'ancienne Université de Louvain et de l’Académie des Sciences et des Lettres. Mais ils n'étayent sur rien cette assertion contradictoire aux termes de la lettre de DEKIN, répétée cependant par Mary à la page 10 de son travail précits. Quoi qu'il en soit, nous retrou\ons cette collection après la chute du premier Empire et la fondation du Royaume des Pays-Bas, toujours installée dans l’ancien Palais de Nassau, place du Musée, où elle devait rester jusqu’en 1891. Elle fut ouverte au Public dès 1814, car les archives de la Ville de Bruxelles possèdent des exemplaires d'un règlement de police, sous forme d’afhche, daté du 29 novembre 1814. Elle resta la propriété de la Ville jusqu'en 1842. À cette époque, une convention entre la Ville et l'État rendit celui-ci propriétaire des col- lections communales. Ce fut là un heureux événement qui fait époque dans l’histoire du Musée. Le fait de devenir Musée d'État lui ouvrait un grand avenir. Il lui promettait une autonomie plus grande et des moyens d'action plus puissants, et le préparait à devenir ce qu'il est aujourd'hui : le Musée de la Nation, l'Institution exploratrice du territoire chargée de renseigner les Belges sur les productions naturelles de leur ré- gion et d'apporter la contribution de la Belgique à l’œuvre interna- tionale de l'exploration universelle et de la centralisation. D LEONE Q DIN ENS RE ETES; Nous allons tenter de montrer Premier directeur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, : £ en PT comment 1l se développa graduel- lement, et comment il prit à un moment donné un Caractère particulier pour assumer une mission nationale et devenir enfin l'organisme bien défini dont nous cherchons à préciser le rôle scientifique et social. (1) A. HENKE et A. WAUTERS, /Zistoire de la Ville de Bruxelles. P. 375. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 165 Ce fut seulement en 1846 que le Musée reçut une organisation interne lui assu- rant un développement continu. Sa direction fut confiée au vicomte Du Bus DE G1ziGNIEs. Son personnel à cette époque n'était guère important : il comprenait, outre le Directeur, un secrétaire desservant en même temps le Musée de Peinture, un préparateur et deux huissiers. Le vicomte Du Bus, ornithologiste distingué, s’occupa d’abord de la collection d'oiseaux. Celle-ci prit, dès lors, une extension que les idées modernes en fait de programme taxeraient d'exagérée. Cependant l'acquisition d'un bon nombre de mammifères et celle de plusieurs collections d'insectes remédièrent un peu au caractère unilatéral de ce développement. De plus, lorsque, en 1860, les travaux militaires d'Anvers et d’autres, éventrant les couches quaternaires et tertiaires, mirent au jour d'immenses quantités d’ossements fossiles, surtout de Cétacés, Du Bus comprit tout l'intérêt de ces découvertes et s'occupa très activement de les faire recueillir et transporter au Musée. Il projetait d'en faire publier la description, et c'est particulièrement en vue des nécessités de leur étude compa- rative qu'il acquit un bon nombre de squelettes de Cétacés, de Siréniens et de Pinnipèdes. Mais la mort l’empêcha de mener à bonne fin cette entreprise impor- tante qui fut reprise plus tard. On voit que, grâce à l’activité de Du Bus, le Musée, devenu institution d'État, prit déjà un grand développement. Il s'enrichit énormément par voie d'achat, et par des dons successifs faits par des particuliers. On sentait que le jeune Musée devait beaucoup acquérir pour pouvoir entrer en comparaison avec les grandes Institutions de l’étranger. Mais que fallait-1l acquérir? De grands nombres d'objets pour constituer de longues séries d'espèces, ou bien des objets moins nombreux, mais choisis à un point de vue spécial et représentatifs soit des principaux groupes d'êtres, soit des groupes, existant dans la région belge? On ne saurait dire laquelle de ces orienta- tions fut adoptée, car on ne retrouve aucune trace de programme défini. L'ère des musées à programme net et bien délimité n'était point ouverte ou l'était à peine. Et d’ailleurs, combien de Musées, aujourd’hui, n'ont pas dépassé ce stade! L'arrivée d'Épouarb Duroxr en 1868 à la direction marque pour le Musée de Belgique le début d'une ère nouvelle et un changement complet d'orientation. Dupoxr était l'élève du célèbre géologue D'Omazius D'HALLOY, l'un des pères de la Géologie. _ D'Omaraius, bien que naturaliste avant tout, avait pris une part active au gou- vernement du Pays qu'il avait vu naître à l'indépendance. Convaincu de la vitalité de la jeune nation dont plusieurs doutaient encore, il employait tous les moyens de persuasion pour pousser la Belgique à scruter ses archives historiques, à réunir ses trésors artistiques, à analyser ses ressources scientifiques, en un mot à 166 G. GILSON s'explorer, pour se révéler tout cela à elle-même et s'affirmer aux yeux du Monde dans tous les domaines. Explorer le territoire : cette idée du maître devint la préoccupation dominante de l'élève. Explorateur par tempérament, DuponrT se mit à l'œuvre avec ardeur, et, après avoir conquis le grade de docteur en sciences natu- relles à l'Université de Lou- vain, il s’adonna corps et âme à l'étude de la Géologie de la Haute Belgique. Puis il entreprit avec l'assistance de l'État l'exploration des cavernes dont ses travaux dans la région calcaire lui avaient fait connaître un grand nombre. Ses décou- vertes et les études qu'il en fit sont aujourd'hui classi- ques et comptent parmi les documents les plus impor- tants de la connaissance de l'Homme d'avant l’histoire écrite. C'est au cours de ces tra- vaux qu'il lui apparut claire- ment que l'explorahion est inséparable de la collechon 96. — D'OMALIUS D'HALLOY, et que le Musée doit être Promoteur de l'exploration régionale belge. — Buste du Musée royal d’Ilistoire naturelle, — Cliché L. Van Bollé. la réunion des matériaux de l'exploration du Pays, accompagnés des objets de comparaison étrangers qui sont nécessaires à l'étude des productions du territoire national. Aussi introduisit-il cette notion dans le rapport qu'il remit au Ministre de l'Intérieur, le 6 mars 1868, en posant sa candidature à la succession de Du Bus. Ce rapport contient ces mots : « On chercherait à donner avant tout à ce Musée » un Caractère national en y réunissant les animaux vivants et fossiles de notre » Pays. » Et, plus loin, au sujet des objets exotiques que possédait déjà l’Insti- tution, 1l ajoute : « C’est un fonds indispensable à tout grand Musée. On ne » l’augmentera successivement que dans la mesure de ce qui serait jugé néces- » saire pour l'intelligence comparative des collections nationales. » LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 167 Ces paroles définissent nettement la mission d'un Musée d'État moderne. Elles contiennent en germe l'idée du Musée d'exploration régional, idée qui, dans sa simplicité, était un trait de génie. Le Ministre Eupore PIRMEZ, éminent homme d’État et personnalité d’une haute intellectualité, com- prit toute la portée scienti- fique et sociale de l'orienta- tion nouvelle que le jeune naturaliste proposait de donner, à l’Institution et, faisant sien son plan de ré- forme et de développement futurs, il chargea Düupoxr de l’accomplir en l'appelant à la Direction. Nous n'entreprendrons pas de retracer ici la car- rière de ce savant. Elle fera l'objet d’une notice biogra- phique qui sera publiée plus tard. Dire de lui qu'il imprima à l'Institution un essor extra- ordinaire serait exprimer trèsimparfaitement le carac- reset létendue - de son œuvre. Sans doute, les collec- tions s'accrurent énormé- ment sous sa direction, et le Musée prit des propor- tions imposantes. Mais il fit : - . — ÉpouarD DupoNT plus que l’accroître, il en a a. Directeur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique qui donna ; fit un type nouveau de à l’Institution le caractère d’un Musée régional d’exploration. Musée, définit ce que doit être le programme d’un Musée d'État et, joignant l'exemple à la doctrine, 1l réalisa superbement le premier type du Musée d'exploration régional. De 1868 à 1875, ses efforts se concentrèrent sur la formation d'un personnel de naturalistes et de préparateurs, sur la mise en ordre des collections existantes, sur le complément de celles-ci, sur plusieurs explorations relatives à la faune vivante, à la flore houillère, etc. 168 G. GILSON En 1869, le Mammouth trouvé près de Lierre fut reconstitué et les ossements quaternaires de la Basse-Belgique furent déterminés et installés. De 1870 à 1872, ce fut le tour des produits des fouilles effectuées dans les cavernes, Ces matériaux considérables figurent avec honneur dans les collections du Musée, à titre de documents d'exploration .ostéologiques et surtout étholo- giques concernant les races humaines primitives qui habitèrent nos contrées depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'époque, préhistorique encore, où le métal fit nettement son apparition (1). Ils sont extrêmement précieux, car ils constituent les principales archives permettant de reconstituer, au moins partiellement, le tableau des conditions de vie de l'humanité primitive qui occupait notre territoire en ces temps lointains. En outre, ils permettent parfois de reconstituer les faunes qui se sont succédé dans les mêmes localités. Ces collections, soigneusement documentées et étiquetées, forment un ensemble admirable. Elles constituent un type supérieur de collection d'exploration dans laquelle fout est conservé, rien n'est abandonné mi rejeté comme pièce double, car l'explorateur, différant en cela du simple collectionneur ou du savant à thèses, conserve ous les objets méritant le nom de matériaux d'exploration, parce que, instruit par ses propres erreurs passées, 1l est devenu sceptique au sujet de son aptitude à saisir exactement la signification complète d'une pièce et à prévoir toute la valeur qu'elle pourra prendre ultérieurement. Il ne collectionne pas seulement pour lui-même et pour le présent, mais aussi en vue des progrès ultérieurs de la connaissance et pour ses successeurs. De plus, 1l sait que la notion du ombre des objets réunis en un point donné se révèle souvent d'une haute importance. De 1872 à 1875, les ossements des Cétacés d'Anvers furent étudiés et prirent également place avec d’autres riches collections réunies par des Sociétés belges dans les galeries de l’Institution. De riches gîtes d'ossements fossiles furent ensuite activement explorés. Citons seulement celui de Bernissart avec ses célèbres Iguanodons et une série d’autres Vertébrés remarquables et de végétaux, ceux de Baudour et de Ciply avec leurs Mosasauriens, et les deux Hainosaures, types gigantesques nouveaux et uniques, et plusieurs autres qui, tout en donnant moins, exigèrent aussi bien des travaux. Les produits de ces gîtes, extraits du sol par des procédés imaginés ou habilement pratiqués par le personnel du Musée, furent transportés à Bruxelles et y firent l'objet d’études, de reconstitutions et de descriptions. Mentionnons, à ce propos, que dès cette époque les ateliers du Musée, et (x) Par suite d’un accord reposant sur des bases purement conventionnelles, les objets appartenant à l’époque du bronze sont remis au Musée du Cinquantenaire. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 169 particulièrement les ateliers de paléontologie, étaient remarquables. Les efforts de DupoxT pour la formation du personnel technique portaient leurs fruits. Les procédés d'extraction des fossiles à l’aide du plâtre et de solidification par la gélatine, universellement répandus aujourd'hui, y furent pratiqués pour la première fois. Bien des méthodes de montage et de préparation y furent inven- tées, et c'est à l'ensemble des efforts du personnel technique et scientifique qu'est due l'admirable collection de vertébrés fossiles, reptiles, cétacés, siréniens, les uns montés, les autres conservés en position de gisement, qui peuplent, dans le Musée actuel, la galerie nationale des vertébrés. Il y a lieu aussi de signaler le caractère particulier que prirent bientôt toutes les collections exposées au Public : elles sont non seulement étiquetées, mais expliquées. Cette mesure n'était prise dans aucun Musée autrefois. Elle se répand aujourd'hui. Duponr fit faire un grand pas au développement du type moderne du Musée public en entamant et poussant activement la tâche considérable de l'explication de grandes collections, qui est plus laborieuse et plus difhcile qu'on ne pourrait se l'imaginer. Pour bien des objets, l'explication sérieuse et réel- lement scientifique exige de longues études et équivaut à un mémoire personnel très condensé. Elle est pourtant nécessaire, car elle seule peut procurer au Public général tout l'avantage de la collection régionale renseignant sur les productions du Pays. Le Jardin Botanique de Bruxelles, propriété d’une société privée, fut racheté par l'État, et le Gouvernement y fit placer les herbiers qui étaient conservés au Musée, y compris le célèbre herbier de Marrius. La direction de ce Jardin fut adjointe à celle du Musée en 1875 et DuponrT le soumit aussitôt à une complète ‘réorgamisation. [1 y exécuta de grands travaux et fit étiqueter toutes les plantes en y joignant, comme il l'avait fait au Musée pour les animaux, une planisphère indiquant l'aire géographique de chaque espèce. Il se proposait d'entreprendre plus tard, en temps opportun, une exploration botanique de la Belgique et d’en concentrer les produits, non pas seulement en un herbier, mais aussi en culture au Jardin Botanique. Mais des difhcultés administratives le décidèrent à renoncer à cette direction et à abandonner cette partie du programme général de l’explora- tion du territoire. Le Pays possédait une carte géologique dressée par ANDRÉ Dumoxr, l’un des savants les plus distingués que la Belgique ait produits. Mais cette carte à l'échelle du 160.000 remontait à 1842. Son explication avait été interrompue par la mort de son auteur. Le Gouvernement résolut d’en faire dresser une nouvelle et décida qu'elle serait exécutée par le Musée, que le Directeur serait responsable de son unité scientifique, et qu'elle serait publiée à l'échelle du 20.000 et par voie monographique; les exécutants devaient être chargés chacun, non du levé de feuilles, mais d'un groupe de terrains déterminé, dans l'étude 22 170 G. GILSON duquel chacun se spécialiserait. Cette publication revenait en définitive à adjoindre à l'exploration géologique et à la conservation des matériaux l’exé- cution des documents graphiques nécessaires aux descriptions stratigraphiques et à l'étude de la répartition des terrains. Re 98. — Salle des Vertébrés belges. Deuxième palier secondaire : Wealdien. — Le groupe de dix Iguanodons montés, de Bernissart. Le sujet du milieu est un /guanodon Mantelli, les autres sont des 1. Bernissartensis. — Don du Conseil d'Administration du charbonnage de Bernissart. — Cliché L. Van Bollé. Le travail commença en 1877. Trois feuilles, chacune d'une contenance de 8 kilomètres carrés, figurèrent à l'Exposition de Paris avec d’autres publications du Musée. Il devait y en avoir 430, in-plano, chacune étant accompagnée de textes et de coupes. Le Gouvernement, se basant sur des considérations d'ordre appliqué, exigeait que la Carte figurât à la fois le sol et le sous-sol. Ce problème cartographique très ardu ne fut résolu qu’en 1882. Mais le procédé adopté fut la gravure sur cuivre, qui est dispendieuse, et cet inconvénient fournit à des oppo- sants l’occasion d'ouvrir une campagne d’une violence extrême contre l’entreprise de la Carte. L'étude des documents concernant cette campagne est fort intéres- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE JAI sante. Elle montre que l'intérêt de la Science fut loin d'être le seul mobile des attaques dont cette entreprise fut l’objet et qui d'abord rendirent le Gouverne- ment hésitant, puis conduisirent le Parlement à refuser la continuation des crédits. L'œuvre de la Carte tomba ainsi; les travaux, déjà fort avancés, furent arrêtés et le 99. — Salle des Vertébrés belges. Les deux Hainosaures, reptiles gigantesques trouvés l’un à Ciply, l’autre à Baudour. Les seuls exemplaires connus de l’espèce. Dons de M. L. Bernard et de M. Passelecq. — Cliché L. Van Bollé. contrat pour l'impression fut rompu. Six ans après, une nouvelle Carte fut entre- prise et dirigée par un comité sur des bases inverses de celles du premier travail. La Direction du Musée n'y intervint plus. Nous nous abstiendrons de toute appréciation concernant les actes des personnes impliquées dans cet étrange épisode de l’histoire du Musée. Il serait trop difhcile d’assigner à chacun la part de responsabilité qui lui revient, et la Science n'aurait rien à gagner à une réouverture de débats irritants. Un pli déposé en lieu sûr contient tous les docu- ments concernant cette affaire. Ils permettront à ceux qui, dans cinquante ans d'ici, ouvriront ce pli de juger avec ce recul, s/ne ira nec favore, les mobiles et les procédés de l'attaque et de la défense. 172 G. GILSON Nous n'émettrons pas non plus d'appréciation au sujet de la valeur scientifique comparative de la nouvelle Carte. Cette valeur est inégale. Mais fût-elle dans toutes les parties égale à celle de l'ancienne, nous ne pourrions nous empêcher de penser que l'interruption de la première Carte fut une calamité pour la Science. Sans doute, la Carte n’eût point été parfaite; bien des corrections eussent dû y être apportées à la lumière des observations faites après sa publica- tion. Mais elle eût aussi fourni, à coup sûr, d'importantes données exactes. Elle eût certes été terminée en peu d'années, et, même avec des points faibles, elle eût présenté aux études ultérieures une base fort utile. La nouvelle Carte produira- t-elle davantage? N'a-t-elle point de défauts et aura-t-elle coûté moins cher? L’'ex- ploration générale du Pays eût sans aucun doute profité davantage d'une révision géologique faite par un personnel rattaché au Musée lui-même, et le trouble apporté dans le développement de l'Institution au cours de luttes aiguës qui durèrent bien des années, eût été évité, si elle avait pu se poursuivre paisiblement. C'est à ce point de vue que nous envisageons la question, parce qu'il nous paraît supérieur à tout autre. Aujourd'hui l’Institution ne comprend plus de département géologique. Elle possède des géologues qu’elle charge d’explorations partielles et d'études néces- sitées par la détermination de l’âge et des conditions éthologiques d'objets appartenant au passé de la Terre. De plus, elle reste en contact et en bons rapports avec les géologues belges, qui heureusement sont nombreux et comptent dans leurs rangs d'éminentes personnalités. Mais elle n'assume plus l'exploration géologique complète du territoire. Ainsi donc le Musée d'histoire naturelle a déjà subi depuis son origine deux amputations : la Botanique et la Géologie en ont été séparées et confiées à des Institutions séparées, le Jardin Botanique et le Service géologique, qui fonc- tionnent désormais séparément et se développent à leur guise. Cependant l’Insti- tution tient à conserver les végétaux fossiles, parce qu'ils constituent des waté- riaux d'exploration et fournissent des documents précieux pour l'étude des condi- tions de milieu que rencontraient les êtres vivants aux divers âges du passé. Bien d’autres difhcultés vinrent, à diverses périodes de sa carrière, contrecarrer l'activité de Duponr. Mentionnons seulement les différends parfois aigus qui s'élevèrent entre lui et le personnel scientifique du Musée. Sans doute, les naturalistes qui l’entouraient voulaient, en principe, le progrès de la Science et désiraient travailler au développement de l’Institution. Mais plusieurs, surtout parmi les plus anciens, entendaient le faire à leur guise. Or Duüpoxr avait déclaré que le Musée ne doit pas être une réunion de natu- ralistes individuels « chargés de tirer parti des collections de l'État, dans la LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 173 mesure où leurs goûts et leurs connaissances les y portent (1) », et conduisant sans règle unificatrice un travail conforme à leurs « convenances personnelles » ! Dès l'instant où le Musée avait reçu un programme défini, il fallait, en effet, que toutes les activités tendissent le plus directement possible à son accomplisse- ment rapide et répondissent aux besoins urgents de la Science et du Peuple. Aussi, rempli de son idée du Musée régional, qu'il savait féconde, et prêt lui- même à tous les sacrifices, DUPONT réclamait de ces fonctionnaires l'exécution de certaines tâches nécessaires au développement régulier de l’Institution, et parfois peu conformes à leur manière, assez étrange, de concevoir les obligations de leur charge. Mais, peu convaincus de l'excellence de l’idée nouvelle, les fonc- tionnaires en question n'étaient guère disposés à changer l'orientation de leurs travaux individuels pour s'adonner à ceux qu'exigeaient les explorations et les études entreprises par le Musée. Nous ne tenterons pas d'exposer quel était l’état des esprits dans le Musée à cette époque, parce que cela exigerait de longs et fastidieux développements. Remarquons simplement que l’idée de DuPponT ne prit que progressivement la forme bien définie d’un Musée consacré à l'exploration détaillée du territoire ; — du reste, aujourd'hui même, nous la trouvons encore en voie de se préciser et de s'adapter. Au début, il ne parlait que de « réunir les animaux vivants et fossiles » de la région (2). Puis, en 1871, après une période de mise en ordre, de première organisation du personnel et de tâtonnements, 1l parle, dans son rapport sur l’année 1870, de faire du Musée « un vaste laboratoire d'histoire naturelle (3) ». Il semble que la notion de l'exploration méthodique, avec observation des objets 27 situ en vue de l'étude de leurs rapports avec le milieu, ne s'était pas encore bien déterminée dans son esprit. | Ce n’est qu'en 1880, dans une notice sur le Musée royal d'Histoire naturelle, qu'il mentionne expressément comme faisant désormais partie du cadre du Musée « l'exploration scientifique approfondie de notre territoire... » Remarquons en outre que l’idée du Musée d'exploration est de celles qui ne s exposent pas en une phrase. S'il est parfois possible de les condenser dans un énoncé lapidaire, celui-ci n’est d'ordinaire qu'une aride formule n’'entraînant pas nécessairement la conviction de ceux qui n'ont point vécu l'histoire de l'idée et (1) E. Dupont, Discours prononcé à l'assemblée générale de la Société Entomologique de Belgique. 25 sep- tembre 1870. (2) Duponr, Rapport au Ministre de l'Intérieur. 6 mars 1868. (3) Duronr, Rapport annuel de la Direction du Musée pour l’année 1870. — 26 janvier 1871. 174 G. GILSON qui n'ont point passé par toutes les phases du travail mental et expérimental dont son auteur ne fait que résumer les résultats ultimes en quelques paroles. Un simple énoncé, même soutenu par un exposé explicatif, n'entraîne pas nécessairement l'adhésion immédiate de tous les esprits. Au surplus, se faire comprendre des hommes, les convaincre, leur faire partager des vues qui n'ont pas pris naissance dans leur cerveau, c’est la chose la plus difhcile du monde. Dupoxr le savait, et, au lieu de discuter, il marchait de l'avant, espérant que tous, vieux et jeunes, voyant les résultats s’accuser graduellement, se rangeraient bientôt autour de lui pour travailler à l’œuvre commune et y trouveraient plus de satisfaction, plus de mérite et plus de gloire que dans l'exécution de simples travaux descriptifs. Mais il n'obtint ce résultat que partiellement et seulement vers la fin de sa carrière. Il est étrange et intéressant, au point de vue psychologique, de noter que des savants distingués ayant vécu pendant bien des années aux côtés de DuPonT ne parvinrent jamais à saisir l’idée si simple qui devait faire son chemin et s'imposer malgré tout. C’est ainsi que PREUDHOMME DE BORRE, conservateur au Musée et entomologiste distingué, n’hésita pas à soutenir, dans une brochure publiée en 1889, que le rôle du Musée doit être passif!!! « Qu'un Musée d'Histoire natu- > relle, dit-il, soit appelé par son développement à un rôle considérable mais » simplement passif, cela n’a peut-être pas besoin d’être discuté (1)! » Il n'est pas une seule fois question dans cet écrit de l'avancement de la Science! Et cependant son auteur, étant naturaliste, en était certainement partisan; bien plus, en fait, il y avait travaillé activement lui-même. Par contre, il y est parlé de « liberté scientifique », — dans le sens de travail sans aucune réglementation, — et, au fond, la thèse de PREUDHOMME DE BORRE était que les fonctionnaires du Musée sont nommés pour travailler individuellement, chacun à sa guise, en « fonctionnaires libres », et non pour unir leurs efforts en vue du progrès de la Science par le succès de l’Institution. Il y a dans tout cela une aberration que nous ne chercherons pas à expliquer; ce n'est pas le seul côté irrationnel que présente l’histoire de ces temps agités. Ce défaut d'entente fut le pire de tous les obstacles que DuponT rencontra sur son Chemin. Il fut obligé, pour obtenir l'exécution de travaux devenus indispensables, de faire appel à l'article 2 du Règlement organique qui confère au Directeur une autorité inséparable de la responsabilité qui lui incombe. Mais l’action contrariante de quelques-uns ne se borna pas à opposer l'inertie (1) PREUDHOMME DE BoRRE, Pourquoi je me suis démis des fonctions de Conservateur, etc. Bruxelles, Mon- nom, 1889. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 175 et le mauvais vouloir aux efforts du Directeur et à publier des pamphlets. On alla jusqu'à réclamer du Gouvernement une réforme du Règlement dans le sens de l'octroi d’une entière liberté aux naturalistes donnés comme collaborateurs à la Direction, et tendant à la constitution des sections systématiques en autant de petits Musées aussi indépendants que possible, et de la réduction de la Direc- tion à une sorte de vague bureau administratif dénué de toute action centralisatrice. Au surplus, c'était bien la décentralisation que l’on voulait, en vue des « con- venances personnelles » de chacun, et on ne faisait pas même l'honneur d’une mention à la notion de la centralisation des efforts et des matériaux, si nécessaire au progrès de la Science. On ne mentionnait pas davantage l'exploration, mais on confirmait au contraire la suprématie de la systématique en consolidant les sections établies sur des groupes définis de la classification des êtres. La mission spéciale, nationale et scientifique, du Musée nouveau échappait encore complètement aux auteurs de ce projet, car on doit admettre que s'ils l'avaient comprise, s'ils se l’étaient sérieusement assimilée, nul d’entre eux ne se fût refusé à s'imposer les sacrifices qu’entraîne l’union des efforts pour une idée. Les vues de ces réformateurs trouvaient de l'écho dans certains milieux admi- nistratifs; aussi, lorsque DUPONT partit pour son voyage d'exploration géologique au Congo, on profita de son absence pour élaborer un programme de réformes du Règlement d'ordre intérieur réalisant un mouvement sérieux dans cette voie rétrograde. Ason retour d'Afrique, DuroNT déclare ces tendances néfastes et ce projet inacceptable. Cependant les partisans de cette réforme réussirent à « faire passer » un arrêté mimistériel altérant le Règlement d'ordre intérieur (12 mars 1890). Les attributions du Directeur s'y trouvaient notablement modifiées, les sections systé- matiques confirmées et l'exploration du territoire encore soigneusement passée sous silence. Cette tentative de réforme à tendance antiprogressive fit passer le Musée par l’une des crises les plus périlleuses de son histoire. En tant que mesure prise d'office, sans collaboration du Chef directement intéressé, elle apparaît à celui qui l’'examine sans parti pris et avec le recul des années, comme un phénomène administratif aberrant et inexplicable. Sans doute elle donnait une certaine satis- faction à quelques naturalistes individualistes et elle trouvait de l'appui dans certains « bureaux » parce qu’elle était conforme à ce qu'on appelle « l'esprit administratif » et qui n’est que l'esprit de la mauvaise administration. Mais si elle n'avait été arrêtée, si elle avait pu s'étendre, elle eût abouti promptement à figer l'Institution à l’état de Musée quelconque, à l'immobiliser sur la voie du progrès, et à l'empêcher de réaliser un type nouveau d'Institution d'avancement destiné à rendre à la fois à la Science et au Pays d'incalculables services. Dupoxr fit remarquer que cet arrêté, mal étudié, était en opposition avec le 176 G. GILSON Règlement organique, et exposa ce qu'il présentait de fâcheux, de contraire au programme supérieur de travail, à la mission si rationnelle que le Musée avait su se donner en dépit d'oppositions de toute nature et après tant de luttes, parfois homériques. Il fut décidé que l’on apporterait dans l'application des règles tous les ménagements nécessaires et que le Directeur préparerait un projet de réforme de l'organisation du Musée, — ce qui était juste et raisonnable, car le règlement d'une Institution qui évolue et progresse doit évoluer et progresser aussi. 100, — Exploration géologique. Récif corallien de Boussu-en-Fagne montrant deux massifs coralliens, d'âge frasnien, en position fortement redressée. Au sommet, récif à Acervularia ; à la base, récif à Pachystroma. ; Ces récifs évoquent l'œuvre d'Énouarn Dupowr, qui, le premier, établit, de façon précise, la nature récifale des masses de calcaire construit, isolées au sein des schistes frasniens, dans la piaine des Fagnes; ce qui l’amena ensuite à des conclusions analogues, concernant le calcaire massif (Waulsortien) qui, dans le terrain dinantien de la région de Dinant, apparaît au-dessus du calcaire de Tournai. — Cliché Devaivre. Il ne fut point donné à Duponr d'effectuer cette réforme dont la tendance doit être progressive. La rude tâche de l'élaboration d'un règlement rajeuni fait partie de l'héritage qu'il nous a laissé. Heureusement les temps sont changés. Le personnel scientifique formant bloc, LE LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 177 travaille dans la voie nouvelle avec ardeur et avec un grand désir de coopérer au progrès de la Science par le progrès de l'Institution. Et, d’autre part, c'est sans crainte que le Musée attend une réforme sérieuse et progressive, car il se sent soutenu par l’action éclairée de hautes personnalités administratives qui savent apporter des tempéraments et des correctifs aux règles défectueuses et surannées, et préserver la Science et l’Art des torts immenses que peuvent leur causer l'étroitesse de l'interprétation des lois et la rigidité bureaucratique de leur application. 101. — Salle des Vertébrés belges. Préhistoire de Belgique. Collection des cavernes de la Haute Belgique. A droite, collections de la Moyenne et de la Basse Belgique. — Cliché L. Van Bollé. Tandis que se déroulaient les événements que nous avons relatés Jusqu'ici, DuponT continuait avec une constance inébranlable à consacrer son activité au développement des parties du Musée qui avaient résisté au démembrement du Musée primitif. L'exécution des premières feuilles de la Carte, qu’il dirigea person- nellement, valut au Musée de volumineux matériaux des terrains dévoniens moyens et du calcaire carbonifère qui, à la suite de ses études, prit le nom de Dinantien. Ces levés lui firent découvrir l’origine corallienne de nombreux amas de calcaires dévoniens et dinantiens et la conformité de leur constitution avec celle des roches coralliennes actuelles. 178 G. GILSON Il fit exécuter dans les ateliers du Musée des plaques minces de grande dimen- sion, extrêmement utiles pour l'étude de ces roches. Ce procédé fut appliqué ensuite à d’autres roches formées de débris organiques ou tout au moins con- tenant des restes d'êtres vivants. Le Musée possède maintenant une remarquable collection de ces plaques. 102. — Plaques minces, les unes transparentes, les autres opaques. Calcaire dévonien d'âge frasnien, à Sh'omatactis et à Acervularia, — Cliché Severin. Au cours de ces travaux, la notion de l'importance scientifique et de l'intérêt national du Musée d'exploration s'aflirmait de plus en plus et sa mission se précisait de mieux en mieux. La nécessité et en même temps la difhiculté et l'immensité des études éthologiques et de l'exposition de leurs résultats appa- raissaient de plus en plus clairement. Des explorations à caractère surtout éthologique furent entreprises. Citons l'exploration des gîtes de silex taillés paléolithiques et néolithiques, celle des couches géologiques de diverses stations, l'exploration entomologique, celle des eaux douces et enfin l'exploration de la mer qui baigne nos côtes. C'étaient celles qui devaient non seulement enrichir certaines parties de la collection régionale encore faiblement représentées, mais surtout déterminer les conditions de vie des êtres et réunir les matériaux et les documents nécessaires à l'étude de ces conditions et à leur démonstration dans les galeries publiques. L'accroissement considérable des collections ne tarda pas à nécessiter l'exten- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 179 sion des locaux. Les salles occupées par le Musée dans l'ancien Palais de Nassau furent bientôt encombrées. On construisit alors des annexes appliquées contre l'une des faces du bâtiment ancien. Chose à peine croyable, cette extension fut élaborée et exécutée, non par la Direction, mais par un service administratif, sans qu'il fût tenu compte des observations du Directeur ! Curieux exemple de l'ingé- rence d'un service incompétent dans la gestion d’une Institution scientifique et de l'intolérable mépris d'une administration inintellectuelle pour les nécessités du travail des pionniers. Au surplus, ces annexes défectueuses devinrent elles-mêmes insufhisantes et la nécessité du déplacement de toute l’Institution s'imposa bientôt impérieusement. Un différend s'éleva alors entre le Gouvernement et le Directeur du Musée. Celui-ci soutenait l'absolue nécessité de construire, non pas un édifice quelconque adaptable à l'ancienne idée du Musée, celle du simple magasin de curiosités, mais un bâtiment conforme au plan tout particulier du Musée de l'exploration de la Belgique. Sa disposition devait encadrer parfaitement la collection et les installa- tions de travail répondant à la conception nouvelle de la mission des Musées. En un mot, Duponr réclamait un local adapté aux besoins d’une organisation préconçue et scientifiquement ordonnée, et demandait que, renonçant aux anciens errements, on cessât d'obliger l’Institution, dont la mission nationale autant que scientifique s'imposait de plus en plus, à s'accommoder, en se déformant, à la disposition d'un logement quelconque. Mais cette idée si juste ne fut guère comprise, ou, plutôt, les droits supérieurs de la Science ne furent point reconnus. Ils le sont rarement, malgré la ronflante phraséologie à laquelle ils prêtent matière. Il fut donc décidé que l'on ne construirait point, mais que l’on « aménagerait » quelque bâtiment existant. En 1880, le Ministre de l'Intérieur et de l’Instruction publique fit décréter la translation du Musée royal d'Histoire naturelle au Parc Léopold, et son installa- tion dans un bâtiment, construit pour un couvent, qui avait été utilisé comme local d'administration et comme restaurant public par la Direction de l’ancien Jardin zoologique racheté par l'État. On fit réfectionner ce bâtiment à grands frais (1) et sans que la Direction intervint dans ce travail. Le Musée dut se transporter loin du centre de la Ville et subit les arrêts d'activité et les risques variés inséparables d'un transfert, sans obtenir aucune compensation sérieuse de ces désavantages et inconvénients. Car le nouveau local non seulement ne répondait pas au plan de structure spéciale de l'Institution, mais encore était en dessous de tout ce qui, de longue date déjà, s'établissait dans (1) Ces frais dépassèrent la somme prévue pour un projet de construction nouvelle! 180 G. GILSON les Musées étrangers. Sans doute ce local était plus grand que l’ancien, mais il était encore très insuffisant pour le présent et ne prévoyait aucune réserve pour les énormes accroissements qui s'annonçaient déjà comme imminents dans l'avenir. Le Roi Léoporp IT inaugura personnellement les nouvelles installations, le 22 juillet 1891. Nous remarquons dans le discours qui lui fut adressé par le Directeur à cette occasion, ces paroles : « Nos installations actuelles ne répon- » dent pas elles-mêmes aux besoins de l'Institution. Monsieur le Ministre de » l'Intérieur et de l’Instruction publique nous a déjà montré que cette question » est l’objet de son active sollicitude et les déclarations qu'il vient de faire à » Votre Majesté, en termes si précis et si bienveillants pour l’Institution, ne » laissent pas de doute que les mesures nécessaires pour remédier à cet état de » choses seront prises sans tarder. » On voit que le transfert du Musée n'avait nullement mis fin aux soucis de Duroxr ni à ses efforts pour obtenir des installations permettant le développement de sa grande œuvre et dignes du Pays. Heureusement des jours meilleurs allaient s'ouvrir. L'exposition des trésors découverts sur le territoire belge, déjà mieux étalés et mieux expliqués qu'autre- fois, avait frappé non seulement l'esprit des Ministres et du Souverain lui-même, mais aussi l'opinion publique dont la Presse se faisait l'écho. Le Directeur fut autorisé sans tarder à présenter le projet d’un plan général d'installation du Musée, dans lequel le bâtiment récemment aménagé devait être conservé et affecté uniquement à la collection de comparaison, tandis que les collections nationales et coloniales seraient installées dans de nouvelles constructions annexées à l’ancienne. DuPonT se mit à l’étude avec l’aide d’un de nos architectes les plus éminents, M. E. JANLET. De cette collaboration sortit un plan présentant le caractère très particulier d’être scientifiquement approprié aux besoins d’une Institution scientifiquement conçue : c'était désormais /e Palais de l'exploration et non plus celur de la systématique. Le plan Duponr-JANLET comprenait l’édification de deux ailes latérales de 90 mètres de longueur, se rattachant perpendiculairement aux extrémités de l’ancien bâtiment et limitant entre elles et celui-ci une sorte de préau. Fig. 132. Le bâtiment central ancien devenait le Musée de comparaison et les deux ailes latérales étaient consacrées à l'exploration. Divisée systématiquement comme les anciens musées, la Collection de comparaison pouvait, pour le moment, s'accom- moder de la disposition de l’ancien bâtiment, qu'il sufhrait d'améliorer plus tard, surtout au point de vue de l'éclairage et de l’ameublement. Les deux ailes latérales, au contraire, devaient recevoir une disposition parti- culière en rapport avec l'ordonnance du travail d'exploration lui-même. Chose étrange, tout convaincu qu'il était de la grandeur de l’entreprise, LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE I8I DuponT -— et tous ceux qui l’entouraient en étaient au même point — mesurait encore mal à cette époque les nécessités du grand Musée de l'exploration de la petite Belgique. Une seule des deux ailes, dans le projet primitif, devait contenir les collections belges, l’autre était destinée aux produits de l'exploration du Congo. Les trois vaisseaux réunis devaient constituer un ensemble remarquable par son unité, rationnellement divisé et grandiose : l'aile Sud, c'était la Belgique; l'aile Nord, c'était le Congo; le bâtiment central, c'était le trait d'union entre les deux : la collection des objets de comparaison nécessaires à l'étude des produits belges et des produits africains. Mais, plus tard, dès le début des travaux de construction et surtout au cours des années qui suivirent la première installation, l'insuffisance de l'aile Sud, affectée seule à la Belgique, devint manifeste. Nous eûmes avec Duronr, dès l’époque du transfert, des rapports hebdoma- daires au cours desquels l’intercalation des matériaux de l’Exploration de la Mer qui nous était confiée fit l’objet d'études prolongées. La question du développe- ment ultérieur des collections de Vertébrés et d’Invertébrés, vivants et fossiles, se présentait, au point de vue des locaux, comme un problème extrêmement difcile, que cette intercalation d'objets nouveaux et nombreux compliquait encore. Nous en vinmes rapidement à la conclusion que le jour où l'exploration du Pays prendrait tout son développement et occuperait dans le Musée la place qui lui revient, l’exhibition et l'explication de ses matériaux, devenues réellement éthologiques, exigeraient non seulement toute l'aile Sud et toutes les annexes latérales dont la construction était prévue, mais encore toute l'étendue de l'aile Nord. Dès lors, il fallait renoncer au Congo. D'ailleurs, il devenait évident que le Musée de l'exploration de la Colonie, tout en pouvant profiter, pour son organisation première, de l'expérience acquise par le Musée de la Métropole, devait constituer une Institution séparée et autonome. Heureusement la construction du Musée colonial de Tervueren fut décidée peu après et toute velléité de faire du Musée du Congo une partie du Musée Royal de Belgique disparut de l'esprit du Roi LÉoPoLp. Mais il résulta de cette heureuse circonstance une conséquence fâcheuse : ce fut que la construction de l'aile Nord fut remise indéfiniment. Tous les matériaux belges durent être accumulés dans l'aile Sud. Le Musée de l'exploration est donc, encore une fois, installé provisoirement, et aujourd'hui la perspective d'un nouveau déménagement au moins partiel s'ouvre déjà devant lui. Disons cependant que cette fois la disposition des objets de la collection publique est telle que le transfert d'une partie d'entre eux pourrait se faire avec moins de risques et de difhicultés que précédemment. Mais, nonobstant cette perspective encore fâcheuse d'un nouveau travail 182 G, GILSON stérile et harassant pour le personnel de l’Institution, les amis du Musée peuvent espérer et se réjouir. Un immense progrès est réalisé : le principe de l'exploration comme fonction primordiale et dominante du Musée est inébranlablement établi et celui de la construction et des installations spécialement adaptées, celui de l'explication générale et éthologique de la collection publique, et enfin celui de la collaboration externe ne le sont pas moins solidement. Désormais l’Institution nationale n'a plus à craindre de catastrophes ni de cabales l’écartant de sa voie. Elle n’est plus exposée qu'à se voir infliger des retards et des périodes d'arrêt. Mais le Public, mieux éclairé qu'autrefois par la contemplation des parties découvertes du trésor national, saura mieux aussi reven- diquer ses droits à la jouissance du reste, et le personnel du Musée, uni dans la poursuite de l’idée, saura le guider dans la voie de cette revendication, comme il le cuide dans celle de la connaissance de la Nature qui l'entoure, le nourrit et l’'émerveille. 2. — Condition présente C'est le propre des institutions d'avancement scientifique de n'être jamais terminées, parce que la Science est infime et la recherche interminable. Mais, en général, l’évolution graduelle de ces institutions finit par sortir de la période des tâtonnements et des réformes pour entrer un jour dans celle du développement régulier, et l’on reconnaît que ce stade est atteint lorsque l'insti- tution possède : I. une définition nelte de sa mission ; 2. un plan de travail prévoyant ‘un développement régulier par simple croissance et bifurcation de toutes ses divisions ; 3. une o7gantsation interne répondant à toutes les parties du plan; 4. un commencement d'exécution de ce plan, sufhisant pour en confirmer le caractère pratique ; 5. un /oca/ et des installations adaptés aux besoins du présent et adaptables à ceux de l'avenir. Le Musée de Belgique touche à cette phase, mais il ne l’a point encore atteinte. Sa mission est définie, son plan d'organisation fondamentale est élaboré, des parties importantes de son programme de travail sont amorcées par l'exécution de belles explorations, et déjà les fragments de ses collections d'exploration, d'étude et d'exhibition publique qui sont constituées, le placent au rang des Musées les plus importants. Mais, comme la plupart des Institutions anciennes qui ont évolué graduelle- LE MUSEE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 153 ment, il compte dans son histoire des faux départs dont les conséquences nécessitent encore des réformes. Son organisation et ses installations sont encore loin d’être en parfaite harmonie avec les données fondamentales du plan exposé plus haut, et répondent fort imparfaitement aux besoins de sa mission et de son programme. A. — ORGANISATION Les règlements actuellement existants établissent que le Musée est divisé en huit sections, à savoir : 1 section : Mammifères. 2° section : Oiseaux. section . Reptiles. Accction : Poissons. 5° section : Animaux articulés. 6° section : Mollusques et Zoophytes. Hsection : Ferbiers. 8 section : Minéraux et Roches. Le personnel prévu par ces règlements comprend : I. Un Directeur auquel sont confiées l'administration et la direction scientifique ; Des Conservateurs chargés de gérer une section, et des Conservateurs adjoints; , Des Aiïdes-naturalistes ; 4. Des Agents non scientifiques : Contrôleurs des ateliers, Commis aux écritures, Dessinateurs, Préparateurs, Aïdes-préparateurs, Surveil- lants et Concierges. LS] [e2] Les Conservateurs peuvent être chargés, ad interim, d'une ou de plusieurs sections autres que celles dont ils sont titulaires. Les Aïdes-naturalistes peuvent aussi se voir confier une section 44 1ntertm. Ajoutons que — sans que son règlement l’établisse, — le Musée entretient des rapports suivis avec un grand nombre de collaborateurs étrangers et que l'envoi d'objets soumis à leur examen est entré dans la pratique courante de l’Institution. PE OCATEED INSTALLATIONS 1. — L'édifice Nous avons dit dans l'aperçu historique que les collections furent transportées en 1891 au Parc Léopold et installées dans des locaux anciens, simplement 184 G. GILSON aménagés, et que de 1895 à 1905 il fut ajouté à ces locaux une aile nouvelle, l'aile Sud, première amorce d'un bâtiment symétrique à deux ailes, et dont la partie médiane comprendra la partie ancienne modifiée. L'aile Sud, nouvelle, loge aujourd'hui exclusivement les productions du terri- toire Belge. C'est la Galerie nationale. Le bâtiment ancien ne contient plus que les collections comparatives, plus une partie des collections d’Articulés belges maintenue provisoirement au voisinage immédiat des matériaux de comparaison. Cette partie ancienne de l'édifice ne présente rien de particulier en fait de disposition ou d'ameublement. Disons même qu'au point de vue de l'éclairage, de l'aérage et de la sécurité, certaines parties sont très défectueuses et en dessous de toute critique. 103. — Intérieur de l’extrémité nord de l’ancien bâtiment. Partie des collections entomologiques. Installations défectueuses au point de vue de l'éclairage, etc. Cliché Severin. L'aile Sud ou galerie nationale est, au contraire, extrêmement remarquable. Construite en vue de son but d’après les idées de Dupoxr et les plans de JANLET, elle constitue un modèle d'heureuse disposition, et si elle n’est pas absolument exempte de tout défaut, sa construction et sa disposition méritent cependant de fixer l'attention de quiconque s'intéresse à la question des Musées. Cependant nous nous abstiendrons d’en donner ici une étude détaillée, parce que 6 ‘SUONBPUOJ *G — ‘SOIIOJLIOQE] 10 SUISESEUL ‘SHI[OJE : SUIBMOINOS F — SAIFOMOA ‘E — ‘PMII,P SJOUIQRO 9 XNVOINY ‘& — 'SOIAOMOAUT T — ‘S9#VI9 So[ SnO] L SJISSO90NS SIOI[EA U9 UONISOdSIG ‘2#[0q OHO[ES PNS I 9P 9[BUIPNJISUOT UO129S ‘2flO1N)EU 2110JSIF,p [PÂO1 99Sn — ‘For 186 G. GILSON cela a déjà été fait dans des publications spéciales (1). Bornons-nous à signaler très cursivement les traits les plus saillants de la disposition de cette partie de l'Institution, en laissant complètement de côté les particularités qu'elle présente au point de vue de la construction et de l'architecture, pour ne nous placer qu'au seul point de vue de l'installation d'un Musée. Fo FE 105. — Salle des Invertébrés belges. A gauche : collection des plaques minces; au milieu, collection éthologique des Insectes, Arachnides et Myriapodes belges; à droite, sur les gradins, collections systématiques et éthologiques des autres Invertébrés de Belgique. — Cliché L. Van Bollé. Le caractère qui frappe le plus celui qui étudie l'édifice, non en simple curieux, mais en homme de Musée, c'est une remarquable adaptation aux besoins d'un Musée régional. L'aile Sud est un vaste local long de 84 mètres et large de 30 mètres au rez-de- chaussée. (1) À. B. MEYER, Sfudies of the Museums, etc. Smithsonian Institution, n° 133. Washington, 1905. — _. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 187 Elle comprend quatre niveaux ou étages distincts : 1. Les sous-sols, qui contiennent des salles de travail, des laboratoires, des ateliers de montage et des magasins. Î 2. Le rez-de-chaussée, affecté à l'exhibition des Vertébrés belges. po £ “ vin 4 CEN pz > » 4 1 2 ETS LMAUMAUE: à 106. — Salle”des Vertébrés belges.’ Vue générale. — Cliché L: Van Bollé.' 3. L'entresol, qui ne comprend que les cabinets de travail, la bibliothèque et les bureaux de la Direction. Ces locaux sont compris sous les gradins qui à l'étage supérieur supportent l’ameublement des collections d’'Invertébrés. Cette disposition réalise d’une façon très heureuse l’utilisation des locaux en soupente qui dans les établissements d’exhibition demeurent très souvent sans emploi. Remarquons dans le dessin figure 107, que chaque cabinet possède une énorme 188 G. GILSON baie de fenêtre donnant sur le vaste préau. Tous sont également bien éclairés et pourvus de tout ce qui est nécessaire à l'étude. 4. L'étage supérieur, consacré aux Invertébrés. L'édifice présente à tous les niveaux une disposition en paliers successifs se succédant dans le sens de sa longueur, c'est-à-dire dans la direction Est-Ouest. Fig: 104: L'ensemble — des sous-sols aux toits — épouse ainsi la déclivité du terrain qui le porte. Mais cette disposition en paliers est voulue, et elle eût été réalisée 107. — Musée royal d'Histoire naturelle. Section transversale de l'aile Sud, galerie belge. Noter la position des’ bureaux et cabinets d’étude sous les gradins de l'étage. même si le sol n'avait pas présenté cette pente. Un palier correspond à une ère géologique, bien que parfois il y ait plusieurs paliers pour une même ère. On ren- contre donc en allant de bas en haut, c’est-à-dire de l'Est vers l'Ouest, le palier moderne et quaternaire, le palier tertiaire, cénozoïque; deux paliers secondaires, mésozoïques. Après cela, celui qui cherche le palier de l'ère primaire ou paléo- zoïque se heurte à un mur : ce palier n’a pas été construit et l’on a remis à plus tard l'achèvement de l'extrémité Ouest de l'aile, à cause de certaines difficultés éprouvées dans l’achat du terrain nécessaire. Malgré les instances du Directeur, ce terrain ne fut point acheté. On ferma l'édifice en élevant au bout un mur provisoire. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 189 C'est là un des épisodes les plus regrettables de l'étrange histoire du Musée de Bruxelles. Le système des paliers a l'avantage d'indiquer nettement la répartition chrono- logique de la collection des productions du territoire et d'en consacrer le principe. On pourrait lui reprocher peut-être de ne pas permettre aisément l'accroissement des collections au delà d’une certaine limite. Mais cet inconvé- nient a été prévu et l'agrandissement de la surface horizontale peut se faire par la construction d’annexes latérales à côté de chaque palier. TEEN x ? Ü : MONTRENT r 2 es = - sa én = A + 108. — Collections entomologiques et salle de travail. Ancien! bâtiment. Installations défectueuses. — Cliché L. Van Bollé. L'éclairage {des {salles [est brillant : la lumière vient à la fois des côtés et du haut. C’est surtout en vue du bon éclairage des pièces que l’on a proserit l'expo- sition de tout objet ‘entre les fenêtres dans des meubles adossés au mur. Tous les meubles, tous les objets sont jisolés, loin des murs, dans l’intérieur du local, et 190 G. GILSON les murs sont percés des plus larges baies possibles. Fig. 98, 99, 1or et 106. En fait, tout est fenêtre, à part les piliers nécessaires au soutènement des parties supérieures. La salle inférieure, consacrée aux Vertébrés, est éclairée par le haut sur la moitié de son étendue. L'autre moitié, couverte d'un étage, ne l'est que latérale- ment, mais la lumière y est excellente. Les agrandissements qui seront nécessités dans l'avenir se feront par extension de la partie sans étage. Fig. 107. 109. — Atelier de paléontologie. Ouverture des gaines de plâtre contenant des ossements saisis ?n situ avec le sédiment qui les entoure. Six de ces blocs de plâtre se voient au premier plan. A droite, des crânes de Rhinocéros et de Mammouth découverts à Hofstade. — Cliché L. Van Bollé. Dans la vaste salle de l'étage supérieur, qui loge tous les groupes d’Inverté- brés, c'est une autre disposition qui est adoptée : la disposition en gradins s’y ajoute à la partition transversale en paliers. Fig. 105. Chaque palier est divisé en gradins regardant vers le Sud. Les meubles placés sur ces gradins reçoivent : des flots de lumière, d’abord par d'énormes baies ouvertes dans le mur Sud qui leur fait face, et ensuite par de larges lanterneaux percés dans la toiture. Ts LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 191 2. — Locaux de travail et d’étude Nous avons dit que la plupart des cabinets d'étude sont disposés dans l’entresol. Il en est de même de la bibliothèque, qui y est toutefois à l’étroit. Les sous-sols de la même aile contiennent de vastes ateliers très bien condi- tionnés et des magasins moins satisfaisants, mais convenables. Certains ateliers ont été transformés récemment en laboratoires, mais cette partie des installations reste fort défectueuse. Les sous-sols de l’ancien bâtiment sont en voie de réfection; des laboratoires y sont installés et le reste sera disposé en conservatoires et salles d'élevage. PMALVAUX 110. — Un des ateliers de montage. — Cliché L. Van Bollé. C. — AMEUBLEMENT Trois règles sont observées dans sa disposition générale : 1. Pas de meubles contre les murs entre les fenêtres. Tout meuble doit être en face d’une source de lumière. 192 G. GILSON [ee] Le moins de parties opaques possible, dans la construction des armoires : du verre partout où il est possible d'en mettre. 3. L'ouverture des meubles rendue difficile et autant que possible nécessitant la présence de deux personnes ; — mesure de sécurité non seulement contre le vol, mais encore contre le dérangement des objets ou la transposition des étiquettes. Certaines parties de l’ameublement sont d’une construction intéressante, ima- ginée dans le Musée même. Telles sont certaines armoires vitrées de la salle des Vertébrés et les dressoirs de la collection éthologique des Insectes, Myriapodes et Arachnomorphes de Belgique, avec une curieuse disposition intérieure pour rece- voir les matériaux d'étude. Fig. 111. Les meubles de la collection entomologique systématique et comparative sont également d'un modèle nouveau et original. 111. — Salle des Invertébrés belges. Collections entomologiques éthologiques. — Cliché Severin, Plusieurs séries de meubles possèdent une fermeture particulière, dissimulée, qui malgré l'absence de serrure assure mieux que beaucoup d’autres la préserva- tion du contenu. Ces modèles originaux ont été adoptés par des Musées étrangers qui les ont adaptés à leurs besoins et parfois dotés de perfectionnements ultérieurs; ceux-ci, à leur tour, seront un jour repris au Musée de Bruxelles et améliorés à nouveau. Tel est le sort de tous les progrès réalisés par l’ingéniosité humaine ! Le principe qui a présidé à la construction de l'édifice domine aussi l'ameuble- LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 193 ment : si le Musée doit être fait pour les collections qu'il doit abriter, le meuble aussi doit être fait à la mesure de l'objet. Or la subdivision des collections ne présente aucune symétrie et les dimensions des objets sont très variées. L'ensemble de l'’ameublement devait donc être aussi dissymétrique que les collections elles- mêmes et les dimensions des meubles non moins variées. Cependant cette dissymétrie et cette variété de dimensions y ont été aussi atténuées que possible. Elles n'excluent nullement une grande unité de plan. Aussi l'aspect de l’ensemble est-1l loin d'être déplaisant. Fig. 106. La salle des Invertébrés est disposée, avons-nous vu, en gradins. Là, les objets étant généralement de petite dimension, on a pu adopter une disposition générale de l’ameublement régulière et symétrique : des meubles vitrés occupent toute la longueur des paliers, parallèlement, dans le sens de la longueur du bâtiment. Les objets destinés au public y sont disposés sous la glace horizontale qui ferme le haut du meuble. Le dessous est occupé par des collections d'étude non exhibées au public. Fig. 61, 62, 63, 64 et 105. _ La majorité des objets se prêtent à ce mode d'exhibition; mais 1l en est qui réclament une position verticale du bocal qui les contient, et d'autres qui sont trop volumineux pour être logés dans les meubles des gradins. Aussi a-t-on réservé une pièce à l'extrémité Est pour y installer tous ces objets : c'est la salle des objets hors cadre. REMARQUE À l'étage, comme au rez-de-chaussée, l’inachèvement de l'édifice est venu jeter une perturbation dans l'ordonnance générale des collections. Les énormes collections de l'ère primaire ont dû être reculées d'un palier et se trouvent superposées au deuxième palier de l'ère secondaire de la salle du rez-de-chaussée. Il en résulte, outre ce défaut, que les collections minéralogiques belges, auxquelles un emplacement avait été réservé à l'extrémité Est, n'ont pu être exposées Jus- qu'ici et restent relécuées hors des galeries publiques. Ajoutons que l’entresol, tronqué comme tout l'édifice, n'a pu donner à la bibliothèque les installations qui seraient nécessaires aux conditions du travail bibliographique des membres de l’Institution et des collaborateurs externes. D'NCOLrECEIONS Nous avons dit que les matériaux du Musée doivent se répartir en collections distinctes répondant aux besoins particuliers de l'exploration, de l'étude et de l'exposition (p. 138). 25 194 G. GILSON En fait, les matériaux du Musée de Bruxelles dans l’état actuel de l’Institution, sont distribués en deux groupes d'inégale importance : les Collections régionales et leur Annexe comparative. Mais l'insuffisance des locaux n'a pas permis jusqu'ici de donner à ces deux parties une organisation conforme au plan exposé plus haut. Les objets sont aujourd'hui répartis en quatre groupes imparfaitement constitués. 1. — Les Collections régionales C'est la réunion des productions du territoire de la Belgique et des eaux maritimes qui en baignent les côtes. Le principe de leur division fondamentale est chronologique : on a réparti les objets en groupes appartenant à chacune des étapes que la géologie distingue dans l’histoire du territoire belge, ou, plus exactement, en groupes stratigra- phiques, ce qui est à peu près mais non absolument la même chose, puisque le synchronisme des couches n'est pas toujours nettement déterminé. Mais chaque groupe correspondant à une époque ou à une assise est divisé systématiquement. En principe, il y a donc autant de collections systématiques qu'il y a d'époques distinctes (1). En fait, on s'est écarté de ce plan, pour des motifs d'ordre pratique, en plusieurs points. D'abord, dans chaque époque, on a pris à part les Vertébrés, pour les réunir dans la grande salle du rez-de-chaussée, agrandie par une annexe latérale sans étage. Il n’a été fait exception que pour l’époque Wealdienne : on a réuni près des reptiles de Bernissart tous les restes d'êtres vivants, animaux et végétaux, de cette localité, en vue de reconstituer à l’aide de ces vestiges d'une faune et d'une #ore très riches et très intéressantes, le tableau de la vie à l’époque et à l'endroit où vivaient les Iguanodons. Il est évident que cette disposition est la plus scienti- fique. Mais elle présente des difhcultés pratiques et n'a pu être généralisée jusqu'ici, toujours pour la même raison : l'insuffisance des locaux. (1) En pratique, il n’est pas toujours possible de distinguer autant de groupements systématiques, faunes ou flores, qu’il y a d'assises superposées de dernier ordre, c'est-à-dire d'époques successives distinctes, caracté- risées par des conditions géogéniques propres. On est parfois obligé, dans la collection destinée au public, d'exposer la série des êtres d’une assez grande époque en un seul groupement systématique, sans tenir compte des petites subdivisions stratigraphiques ni des facies locaux ; on veille alors à ce que l'étiquette de chaque objet porte l'indication exacte de l’assise, du massif, de la localité. Mais dans la collection systématique scientifique, c’est-à-dire non publique, comme dans la collection d'exploration elle-même, il faudra nécessairement séparer autant de groupements systématiques qu'il y a d'assises de dernier ordre, correspondant à des subdivisions du temps, et même, qu'il y a de facies locaux et de localités importantes. ————————. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 195 Toutes'les autres formes animales et végétales sont réunies dans la salle en gradins du deuxième étage de l'aile Sud, qui est appelée Salle des Invertébrés. Un autre écart à la règle est à signaler : les nombreux squelettes de Vertébrés modernes étrangers ou régionaux, au lieu d’être placés chacun à la place réservée à l'espèce dans les groupes systématiques belges et étrangers de l'époque actuelle, ont été réunis dans la salle dite des squelettes et moulages. On trouve dans cette salle, située au premier étage de l'ancien corps de bâtiment, une accumulation d'objets hétéroclites : dés squelettes d'espèces de la faune belge actuelle, des squelettes’ d'espèces actuelles étrangères, des moulages d'espèces fossiles étrangères, et, en outre, des parties de la collection des reptiles, batraciens et poissons étrangers actuels. Cette salle constitue le principal reste de l’organisation ancienne qu'il n'a pas été possible, jusqu'ici, de faire rentrer dans le plan nouveau, moderne. Enfin, les vastes collections entomologiques, tout en étant nettement séparées en partie régionale et partie comparative, forment aussi un compartiment tout à fait séparé, au lieu de se trouver intercalées à leur place dans les séries modernes régionale et comparative. Il va de soi que tous ces écarts seront redressés le jour où l'achèvement de l'édifice rendra possible l'application parfaite du programme qui répond à notre plan fondamental de l’organisation du Musée régional. L'agrandissement de la partie annexe sans étage (voir fig. 107), de la salle des Vertébrés, permettra d'exposer en un seul ensemble systématiquement dressé, toute la série des êtres appartenant à une même époque. 2. — Les Conservatoires L'idée de la réunion de tous les matériaux de l'exploration régionale en collections répondant à chacune des explorations, est récente et n'est encore que très partiellement appliquée. Un autre système avait paru applicable, à une phase précédente du développement de l'idée régionale : celui de la réunion de fous les objets dans les salles publiques. Les pièces choisies pour l’exhibition étaient mises en évidence, et le reste, compris sous le nom de 72atériaux d'étude, était disposé soit en dessous, soit au voisinage immédiat des objets d'exhibition. Le but de cette disposition était surtout d'éviter le morcellement des matériaux concernant chaque espèce. Ce fut l'un des derniers grands tâtonnements de l’évolution du Musée. Mais il fut reconnu, depuis, que ce système ne pouvait s'appliquer qu'à certaines parties des collections. Il eût donné à d'autres une apparence confuse et désordonnée. En outre, on vit que la répartition d'objets tous régionaux, mais d'origines 190 G. GILSON diverses, dans les cadres d'une collection sys/ématique, avait pour mauvais effet de morceler les ensembies constituant le trésor documenté de chacune des explo- rations, ce qui constitue un défaut bien plus grave encore que la séparation de matériaux d'origine diverse concernant une même espèce. Le seul système appli- cable est celui qui consacre la permanence des collections d'exploration, amendé par celui du détachement, toujours révocable, des pièces nécessaires à la consti- tution d'une collection systématique. Celle-ci est indispensable pour les besoins des études morphologiques et systématiques, et c'est elle aussi qui doit fournir la sélection d'objets d’exhibition destinée au Public. Une collection éthologique doit aussi être constituée au moyen des matériaux d'exploration en vue de cette catégorie spéciale d’études. On en détachera les pièces qui peuvent utilement figurer à côté des spécimens représentant les espèces dans la collection publique, car il convient que celle-ci soit à la fois systématique et éthologique. Mais, jusqu'ici, ces principes n'ont pu être appliqués que partiellement : un certain nombre d'espèces seulement sont accompagnées de pièces éthologiques et d'explications appropriées, et l'installation des conservatoires n’est qu'amorcée; elle est arrêtée par suite du manque des locaux nécessaires. On trouve donc, encore aujourd'hui les matériaux d'exploration et les collections dites « d'étude », soit accumulés dans les magasins, les ateliers ou même les cabi- nets d'étude, soit placés sous les objets exposés, dans des meubles dont la partie supérieure seule est exhibitive. (Exploration des cavernes, préhistoire de la Basse- Belgique, Invertébrés actuels et fossiles.) En fait, trois explorations seulement jouissent actuellement d'un conservatoire : l'exploration de la Mer, l'exploration entomologique-éthologique et l'exploration ornithologique-éthologique, mais leur organisation n’est pas définitive. Seul l'achèvement complet du corps de bâtiments central et de l'aile Nord permettra d'organiser l’ensemble du Musée conformément à son plan fondamental. C'est alors seulement que l’on pourra songer à donner à toute la co//ection exhibée au Public un caractère éthologique, soit par de simples explications renseignant sur les rapports de l'être avec son milieu, soit en y ajoutant des objets démontrant et expliquant ces rapports. Jusqu'ici, le nombre des objets d'exhibition ainsi étudiés éthologiquement est encore restreint. Citons parmi eux les collec- tions préhistoriques (éthologie des races humaines primitives), certains vertébrés fossiles, d'importantes parties de la collection des insectes belges et des autres Invertébrés terrestres, marins ou fluviatiles. On voit que l’organisation des collections d'exploration, partie fondamentale de l'Institution, est arrêtée par suite du manque de locaux appropriés, pour les conservatoires. Le développement du Musée royal d'Histoire naturelle se trouve, de ce fait, gravement entravé. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 197 3. — Les Collections comparatives Elles comprennent tous les matériaux non belges que le Musée s’est procurés pour les besoins de l'étude des objets belges ou qu'il a hérités des temps anté- rieurs à la définition de sa fonction d'institution consacrée à l'exploration de la Belgique, et de la mission centralisatrice limitée du Musée régional. Ces objets sont rassemblés dans l’ancienne partie de l'édifice. Ils offrent des pièces de valeur. Les collections entomologiques, riches en types, comptent parmi les plus considérables et les mieux étudiées du monde. Le classement de ces collections comparatives est purement systématique; il n y a, en effet, pas de raison d'y appliquer une division chronologique, et l'étude des affinités des groupes et de la phylogénie réclame au contraire le rapprochement des formes apparentées. 112. — Installations portatives. Moteur à air chaud de Henric, actionnant deux pompes. Cette machine n’exige qu’une simple lampe à pétrole. — Cliché L. Van Bollé. L'explication de ces collections, qui doit s'attacher à la mise en relief des rapports morphologiques et autres des espèces belges avec les autres formes des groupes, n'est guère qu'amorcée. Citons comme exemple la collection du groupe des éléphants et des formes fossiles considérées comme voisines et phylogéné- tiquement apparentées. Fig. 57 et 58, pp. 71 et 72. Décantation du 114. — Laboratoire maritime d’Ostende.: plankton recueilli par la méthode de Gran. — Cliché L. Van Bollé. Porrrmnenur eneneeenn 115. — Laboratoire maritime d’'Ostende. Local des bassins d'expérience. — Cliché L. Van Bollé. 116. — Laboratoire maritime d’'Ostende. Salle des filtres et aquariums. — Cliché L. Van Bollé. 200 G. GILSON 4. — La Collection introductive Enfin, il n'existe qu'un rudiment de collection introductive destinée à aider le visiteur à saisir la valeur scientifique et l'intérêt comparatif des productions du sol belge. Trop de travaux plus essentiels réclament toutes les forces vives de l’Institu- tion pour qu'on puisse en ce moment songer à en pousser activement l'exécution. Nous n'entrerons ici dans aucune description des collections existantes, parce que ce sera l’objet des Guides résumés dont la publication est projetée. E. — DÉPENDANCES DU MUSÉE Nous avons dit, pages 43 et suivantes, qu'un Musée doit posséder certaines installations externes pour faire face à des nécessités particulières de l'exploration et de l'étude, et nous avons mentionné les laboratoires d'exploration, volants ou fixes, et leur outillage. Le Musée de Bruxelles est encore très mal pourvu sous ce rapport, et ses explorateurs n'ont disposé que de movens rudimentaires et improvisés pour exécuter une somme considérable de rudes travaux. L'exploration éthologique des formes terrestres ne possède qu'un outillage portatif, laboratoire de campagne qu'on installe comme on peut près des locaux de travail et son transport impose souvent aux naturalistes et à leur personnel de pénibles efforts. L'exploration de la Mer, après s'être accommodée pendant dix ans de réduits provisoires, dispose maintenant d’un petit laboratoire installé dans une huîtrière, grâce à l’obligeance éclairée des propriétaires(1). Les réservoirs et parcs rendent de grands services; un local avec bassins d'expérience et aquariums y a été construit et de petites installations de travail y ont été aménagées. Fig. 113 à 117. L'outillage marin comprend un remorqueur à roues, fig. 118, très ancien mais assez bien adapté aux besoins du travail dans la région côtière ; il est mis obligeamment à la disposition du Musée par le Ministère de la Marine pendant les mois d'été. L'aviso garde-pêche « Ville d'Anvers », navire beaucoup plus grand, fig. 119, mais très Incommode pour le travail, est employé, sans interruption de son (1) MM. STRACKÉ, RAU et Cie, , LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 20I service de surveillance, pendant une semaine, tous les trois mois, pour l'exécution de certains travaux dans toute l'étendue de la Mer Flamande, et spécialement pour les recherches se rattachant à l'Exploration internationale de Q FIS )'MALVAUX 4 117. — Laboratoire maritime d’Ostende. Salle des filtres et aquariums. — Cliché L. Van Bollé. la Mer. Celles-ci se font en connexion avec le Conseil international de Copenhague. 26 À TE JMS YAUX 118. — Exploration de la mer. Le remorqueur n°1, d'Ostende, mis à la disposition du Musée royal d'Histoire naturelle, par le Ministère de la Marine. — Cliché Lebon. 119. — Exploration de la mer. L’aviso garde-pêche Ville d'Anvers au large, rentrant son ancre. Croisières trimestrielles de l'Exploration internationale, LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 20 (8) Enfin une vedette à vapeur, propriété du Directeur, est employée pour le travail tout à fait côtier et pour les recherches dans les ports, canaux et Hivicres lg. 120. Ajoutons qu'une flottille de bateaux de pêche, pontés et non pontés, concourt régulièrement aux travaux. Fig. 122 et 124. 120. — Exploration de la mer. Étude des conditions hydrographiques et bactériologiques du port d’Ostende. La vedette à vapeur Narval. Emploi de la bouteille de Pettersson. F. — ÉTABLISSEMENTS ADJUVANTS. L'Institution a pu disposer souvent d'installations privées qui ont été géné- reusement mises à sa disposition. Nous mentionnerons les principales : La Station biologique d'Overmeire, Flandre orientale, fondée par le Docteur E. Rousseau, Conservateur adjoint au Musée royal d'Histoire naturelle. Elle est installée au bord d’un petit lac-étang, dans une région très intéressante dont le Musée conduit une exploration détaillée. Fig. 31 et 32. 2. Le Musée communal de Spa. Type du Musée local, fondé par M. le Docteur RENUART, Collaborateur du Musée royal. Fig. 78 et 79; 3. L'aquarium de Bruxelles. Les réservoirs d’eau de mer et d'eau douce, ainsi que les locaux de travail, sont obligeamment mis à la disposition du Musée et des naturalistes en général par MM. les Barons A. et C. GoFrINET. Fig. 128 et 129; 4. L'aquarium maritime d'Ostende, propriété de M. LeBon. Ses locaux de travail et ses réservoirs ont rendu, depuis quinze ans, de grands services aux ETS J MALVAUYX 121. — Exploration de la ‘mer. Le bateau-phare West Hinder (), à bord duquel des observations océanographiques sont faites régulièrement plusieurs, fois par semaine, Un matelot, debout au haut du mât, soutient un fil pour mesurer la hauteur exacte du voyant au-dessus de l’eau, en vue de la détermination des positions de travail au voisinage du navire, à l’aide d'angles verticaux. 122. — Exploration de la mer. Type de cotre d'Ostende, — Le premier navire employé au début de l'exploration. (1) Abordé par un steamer et perdu corps et bien le 15 décembre 1912. + 123. — Exploration de la mer. Instrument spécial : planktomètre à siphon. Sa mise à l’eau à bord du bateau-phare West Hinder 124. — Exploration de la mer. La pêche crevettière à l'embouchure de l’'Eseaut, £ 125, — Exploration de la mer. Scène d'exploration : débarquement sur le sable et travail .de triangulation. 126. — Exploration de la mer. Scène d'exploration : débarquement en canot sur un bane. Ile de Saeftingen, bas-Escaut. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 207 naturalistes et en particulier au Musée pour ses recherches sur la faune et ses études sur les variations de la condition de l’eau littorale; 5. La station de recherches relatives à la pêche, installée dans l'École libre de pêche d'Ostende. Très curieux Musée maritime, avec laboratoire de recherches chimiques et biologiques, tenu à la disposition du Musée roval, par son fondateur, M. H. Pyre, Aumônier de la Marine et Collaborateur du Musée de Bruxelles. 127. — Exploration de la mer. Scène de travail en mer : accostage du bateau-phare West Hinder. Au fond, la malle de Flessingue. CG PUBLICATIONS Le Musée a publié depuis 1877 quatorze volumes de ses Annales, et de 1882 à 1888 cinq volumes de son Bulletin. Cette dernière publication a cessé de paraître depuis 1888. Enfin, six volumes de ses Mémoires ont paru. La publication du septième marquera une notable amélioration de la forme typographique et une sensible modification de programme. Liste des travaux publiés dans les Annales et dans les Mémoires : Annales. Tome I. — Description des ossements fossiles des environs d'Anvers. 1 partie : Amphithériens, par P.-J. VAN BENEDEN. ETS J:MALVAUX 128. — Aquarium de Bruxelles. Mis à la disposiuon du Musée royal par MM. les barons Gorriner, pour les mises en observation, élevages, ete. Salle publique. P 22 129. — Aquarium de Bruxelles Locaux de’ travail et réservoirs. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 209 Tome II. — Faune du Calcaire carbonifère de la Belgique. 1° partie : Poissons et genre Nautile, par L.-G. DE KONINCK. Tome III. — Conchyliologie des terrains tertiaires de la Belgique. 1° partie : Terrain pliocène scaldisien, par H. Nysr. Tome IV.— Description d'ossements fossiles des environs d'Anvers. 2° partie : Cétacés (Balénides), genres Palænula, Balæna et Pal«- notus, par P.-J. VAN BENEDEN. Tome V.— Faune du Calcaire carbonifère de la Belgique. 2° partie : Céphalopodes (suite), par L.-G. DE KonINCK. Tome VI. — Faune du Calcaire carbonifère de la Belgique. 3° partie : Gastéropodes, par L.-G. DE KONINCK. Tome VII. — Description des ossements fossiles des environs d'Anvers. 3 partie : Cétacés (Balénoptères), genres MWegaptera, Balænoptera, PBurtinopsis et Erpetocetus, par P.-J. VAN BENEDEN. Tome VIII. — Faune du Calcaire carbonifère de la Belgique. 4° partie : Gastéropodes (suite et fin), par L.-G. DE KONINCK. Tome IX. — Description des ossements fossiles des environs d'Anvers. 4° partie : Cétacés (suite des Balénoptères), genre P/esriocetus, par P.-J. VAN BENEDEN. | Tome X.— Les Arachnides de Belgique. 1 partie : Aétidæ, Lycoside, Oxyopidæ, Sparassideæ et Thomiside, par L. BECKER. Tome XI. — Faune du Calcaire carbonifère de la Belgique. 5° partie : Lamellibranches, par L.-G. DE KONINCK. Tome XII. — Les Arachnides de Belgique. 2° et 3° parties : Æresidæ, ÆEpeiridæ, Utloborideæ, Theridionide, Pholcidæ, Ennyoidæ, Agelenidæ, Dictynidæ, Scytodidæ, Dysde- ridæ, Avicularideæ, Chernetes, Opiliones, par L. BECKER. Tome XIII. — Description des ossements fossiles des environs d'Anvers. 5° partie : Cétacés (suite des Balénoptères), genres Ayphicetus, Æeterocetus, Mesocetus, Zdiocetus et Zsocetus, par P.-J. VAN BENEDEN. Tome XIV.-— Faune du Calcaire carbonifère de la Belgique. 6° partie : Brachiopodes, par L.-G. DE KONINCK. 210 G. GILSON Mémoires. Tome I. — Flore Wealdienne de Bernissart, par A.-C. SEWARD. Exploration de la Mer sur les côtes de la Belgique, par G. GiLsoN. Les Dauphins longirostres du Boldérien (Miocène supérieur) des environs d'Anvers, par O. ABEL. Les Coprolithes de Bernissart. I. Les Coprolithes attribués aux Iguanodons, par C.-E. BERTRAND. Tome II. — Les Poissons paléocènes de la Belgique, par M. LERICHE. Les Dauphins longirostres du Boldérien (Miocène supérieur) des environs d'Anvers, II, par O. ABEx. Les Nipadites des couches éocènes de la Belgique, par A.-C. SEWARD et ARBER. Description des Echinides crétacés de la Belgique. I. Etude mono- graphique sur le genre Æchinocorys, par J. LAMBERT. Tome III. — Les Insectes houillers de la Belgique, par A. HANDLIRSCH. Les Odontocètes du Boldérien (Miocène supérieur) d'Anvers, par OABEr Les Poissons éocènes de la Belgique, par M. LERICHE. Les Spongiostromides du Viséen de la Province de Namur, par G. GüRICH. Tome IV. — Exploration de la Mer sur les côtes de la Belgique, par G. GiLsoN. Description des Ammonitides du Crétacé supérieur du Limbourg belge et hollandais et du Hainaut, par A. DE GROSSOUVRE. Végétaux houillers du Hainaut, par R. Kipsrox. Tome V.— Études sur les Végétaux fossiles du Trieu de Leval (Hainaut), par 1ÉNUENEUT SE Les Fossiles du Jurassique de la Belgique, par H. Joy. Pélécypodes du Montien de la Belgique, par M. CossManx. Les Poissons oligocènes de la Belgique, par M. LERICHE. Tome VI. — Les Faunes conchyliologiques du terrain houiller de la Belgique, par WHEELTON Hip. Les Poissons wealdiens de Bernissart, par R.-H. TrAQUAIR. La Faune du Gedinnien inférieur de l'Ardenne, par M. LERICHE. Révision des Scaphopodes, Gastropodes et Céphalopodes du Montien de Belgique, par M. Cossmanx. “ e > et pp LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE HU Tome VII. — Le Musée d'Histoire naturelle moderne, par G. GiLsoN. Microplankton de la Mer Flamande : 1“ partie. Le genre Chaetoceros, par ArPH. MEUNIER. On voit que nous étions justifié à dire, au début de ce paragraphe, que le Musée régional de Belgique n'est pas loin d'atteindre cette période du développement des institutions d'avancement que l’on peut appeler le stade de l'accroissement régulier. Il est à la veille de sortir de la période des essais et des recommen- cements. Sa voie est nettement tracée; mais de grands obstacles s'opposent encore à son entrée dans cette avenue sans détours et sans ornières. De sérieuses réformes, de grands travaux d'achèvement doivent encore s’accomplir dans son organisation et ses installations avant qu'il atteigne, non pas l’âge adulte, — l'acméose, — car une institution d'avancement reste toujours jeune et crois- sante, mais l’2ébéose, — la jeunesse, — phase du développement des êtres vivants qui commence à la terminaison de leur dernière #7é{amorphose (1), alors que tous leurs organes essentiels sont établis et que leur croissance se poursuit sans écarts et sans réformes. 3. Avenir Nous avons retracé cursivement l'histoire du Musée et montré qu'après une série d'étranges vicissitudes, s'étendant sur plus d’un siècle, il est près d'atteindre le terme de la période des tâätonnements et des réformes successives, pour entrer dans celle du développement régulier. Tel un navire polaire engagé dans la banquise aperçoit un jour à l'horizon les eaux semées des derniers glaçons et, au delà, la mer libre. Il nous reste à dire ce qu'il faudra réaliser pour lui faire traverser une dernière phase critique dans laquelle il se voit encore exposé à de funestes retards et même à des blessures dont il pourrait garder des traces irréparables. A,“— LE MUSÉE NATIONAL D HISTOIRE NATURELLE DOIT DEVENIR UNE INSTITUTION TRIPLE Rappelons avant tout que le Musée de Belgique a subi de terribles amputa- tions. La Botanique et la Géologie, c'est-à-dire, d'après les idées d'aujourd'hui, (1) Voir ces termes dans le tableau synoptique, à la fin. _ Il vu AM CM y 130. — Musée royal d'Histoire naturelle. Vue idéale ‘de l'édifice achevé. L’aile Sud, à gauche, et la partie centrale, ancienne, existent seules aujourd’hui. L’aile Nord, à droite, est à construire. Vue sur le Pare Léopold. — Projet JANLET. 131. — Musée royal d'Histoire naturelle. Nouveau bâtiment central, à construire devant l’ancien. Vue sur la rue Vautier, — Projet Janzer. Voir figure 132. /UaW/)EG 7CSAN0N/ RKKKK JUSUJE Ut RSR RS ES KKKKKK \ NS EN ù NT OTE LE ÉTAT TR DA TATRRT M TN TL ET BE LA LL “JAINYf J91014 — ‘9A9U9 991JIP9,] 9P UE[d ‘OT[21n)eu 2J1IOJSIH,P [PAO1 29SNJ] — ‘2E1 [l 1 Î 1 1 [l fl] 1] RAAAARARL 1 l LU il, CZ LL Z, Z nn mr mr [ 19 PLLSTIA ATEN EL Pa LATINE DANMIANMennr autr DNA NL EEE RAR CHALET RTS NS NN ot NS | ; esseq ANO N g AN09 Ne =, ur mr Re 214 G. GILSON l'exploration botanique et l'exploration géologique, lui ont été successivement enlevées. La Direction d'alors ne s'est ni révoltée ni découragée : les temps étaient durs, les luttes ardentes ; l'incendie et la mutinerie régnaient à bord du navire échoué, presque en perdition. On dut faire la part du feu et jeter une partie de la cargaison. Ainsi allégé, il a repris fièrement sa route et rien, désormais, ne pourra l'arrêter. Ces sacrifices, si douloureux qu'ils aient été, furent un bien, non seulement parce qu'ils sauvèrent l'Institution dans des crises pleines de périls, mais parce qu'ils allégèrent d'un fardeau surhumain les épaules de son chef. Sans doute, D'OMaALIUS D'HALLOY avait rêvé l'exploration complète du territoire. Dupoxr dressa avec précision le plan de cette triple exploration et il en fit la mission du Musée national dont il devint ainsi le véritable fondateur. Il comptait mener à bien l'exploration zoologique, botanique et géo-minéralogique de la Belgique. Cela ressort du texte de la décision ministérielle du 4 avril 1868, dont cet extrait, d'un style un peu archaïque, est inscrit sur une table de marbre, à l'entrée du Musée : « Le Musée royal d'Histoire naturelle a un caractère essentiellement national. >» Son attribution fondamentale est la réunion et l'étude des représentants des » {rois règnes de la Nature avant existé ou existant encore en Belgique. » Les collections étrangères à notre territoire sont principalement composées » des éléments nécessaires à l'étude comparative des collections nationales. » Mais un homme de génie peut concevoir et fonder, sans en mesurer tout l'avenir, une œuvre si féconde et si grandissante que bientôt il se trouve impuis- sant à la mouvoir. Nous avons l’intime conviction que si sa charge était restée triple, le Musée aurait passé moins heureusement le cap des tempêtes et qu'il aurait encore aujourd'hui bien de la peine à s’afhrmer au monde et à faire entendre sa voix pour revendiquer hautement ses droits et en appeler à la Science et au Peuple. Restreint à la Zoologie, il a pu embrasser d’un regard tout son domaine et, peu à peu, à force de s’analyser tout en croissant, de s'organiser tout en luttant, et d'étudier ses rapports avec les autres organismes scientifiques, il est arrivé à se connaître et à comprendre le rôle qui lui revient et cette mission dont la défimi- tion précise équivaut à la découverte d'un mécanisme nouveau et puissant que la Science ne peut plus négliger. Aiïnsi consolidé, il pourrait, aujourd'hui, jeter de sa position désormais inex- pugnable un coup d'œil en arrière, rappeler ses origines et élever la voix pour reprocher aux hommes du passé de ne l'avoir point compris, d’avoir rompu son élan primitif en le tronquant et d'avoir détourné ses parties amputées de la seule voie dans laquelle elles puissent espérer de rendre à la Science les services qu'elle est en droit d’en attendre. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 215 Mais il préférera diriger ses regards vers l'avenir. Il ne réclamera plus la reconstitution de l'organisme triple, autrefois commencé : cette réunion rétro- active ne produirait plus qu'un monstre. Loin de nous la pensée de reprendre ce qui a été enlevé et de réunir, encore une fois, sous une même Direction les trois explorations zoologique, botanique et géo-minéralogique. La direction d’une seule de ces explorations est devenue un écrasant fardeau et celui qui accepterait de tout diriger entreprendrait une œuvre dépassant les forces humaines. Il ne dirigerait plus rien. Ce qu'il faut, c'est donner aux deux institutions, botanique et géo-minéralo- gique, une complète autonomie, les armer pour l'exploration, et les organiser sur le plan exposé plus haut, en adaptant celui-ci aux exigences de chacune. C'est très facile, car ce plan est éminemment adaptable. Chacune doit devenir une institution régionale investie d'une mission générale d'exploration, d'étude et d'exposition, et d'une mission spéciale de centralisation et de conservation, mais avec un programme de travail distinct, spécial pour chacune. Le Musée national d'Histoire naturelle de Belgique doit donc être une vaste Institution comprenant trois divisions distinctes : l’Exploration zoologique, l’'Exploration botanique, l’Exploration géo-minéralogique. Chacune de ces divisions doit constituer une institution séparée, :1dépendante, ayant son Directeur, son Personnel, ses Collections, ses Crédits et son Conseil de survetllance. On ne peut songer à les installer toutes trois, ni même de réunir deux d’entre elles, dans un même local. Un isolement matériel complet est de rigueur, pour beaucoup de raisons, et, entre autres, en vue du maintien des bons rapports, car les relations journalières entre les personnels d'institutions diverses finissent presque toujours mal. En outre, chacune exige un local spécialement construit, répondant parfaitement à des exigences particulières, diverses et prévues. Mais s'il n'est plus désirable aujourd’hui que les trois Institutions unifiées soient réunies sous une même Direction, il serait rationnel et utile cependant que des relations assez étroites soient établies entre elles, afin qu’elles puissent occa- sionnellement se porter un mutuel secours en unissant leurs efforts lorsque l'intérêt de la Science vient à le réclamer. Une exploration géologique, par exemple, pourrait intéresser en même temps la zoologie et la botanique des périodes passées. Elle pourrait être entreprise en commun. Mais les matériaux recueillis, au lieu d’être simplement partagés, constitueraient une collection d'exploration. Il faudrait décider d’un commun accord laquelle des trois Institu- 210 G. GILSON tions en aurait le dépôt. Toutefois, on pourrait en détacher, pour les besoins de l'étude et de l'exposition, certaines pièces intéressant plus particulièrement les deux autres Institutions, mais sans qu'elles cessent pour cela d’appartenir à la collection d'exploration unique et indivise confiée à la garde de la première. L'union ne pourrait avoir que de bons effets, pourvu qu'elle respecte la complète autonomte des trois Znshtutions. Cette condition est essentielle. Nous ne voyons qu'une seule disposition unitive qui puisse être efficace sans diminuer l'indépendance absolument indispensable des trois Institutions : c’est la constitution du Conseil général des Musées d'Histoire naturelle, dont nous par- lons plus loin. B. — LE MUSÉE coLONIAL D'HISTOIRE NATURELLE DEVRA AUSSI COMPRENDRE TROIS PARTIES Il semble que le Musée de la Colonie ne puisse échapper à une organisation semblable à celle du Musée national, c'est-à-dire à la division en trois Institutions distinctes, zoologique, botanique et géo-minéralogique. Le même Conseil général établirait un lien entre ses trois divisions et avec les trois divisions du Musée national. C. — LE MUSÉE ANTHROPOLOGIQUE DOIT ÊTRE MÉTROPOLITAIN ET COLONIAL Nous considérons la nécessité de l'autonomie du Musée anthropologique en général comme un principe accepté. Mais ici se pose une autre question : un pays possédant une colonie doit-il avoir un Musée anthropologique métropolitain et un Musée anthropologique colonial distincts et séparés ? Cela dépend des pays. Nous ne ferons pas la révision de toutes les régions du Globe pour rechercher dans quels pays neufs la métropole présente assez d'intérêt anthropologique, et surtout ethnologique, pour nécessiter un Institut spécial, distinct d’un Institut colonial. Disons un simple mot du cas de la Belgique. L'intérêt de la région est loin d’être nul au point de vue anthropologique, malgré l’exiguité du territoire. Sans doute sa population actuelle est excessivement mêlée. C'est le produit d'innombrables croisements, à tel point qu'y parler de races correspondant aux divers idiomes en usage constitue un abus de mots. Il n’y a plus de races. Mais son sol est riche en vestiges de groupements ethniques primitifs, de peuples divers qui se sont succédé, et dont l'étude est du ressort soit de la LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 217 paléontologie, soit de l'archéologie. C'est même une des terres classiques des études préhistoriques. Un Institut d'anthropologie y doit exister : le Peuple a droit à connaître, entre autres choses, ce que la Science a exhumé de données positives au sujet de ses origines. Toutefois un Institut purement national ou du moins sa partie ethnogra- phique ne pourrait avoir que des dimensions modestes. Mais le petit pays de Belgique a acquis en Afrique un territoire immense, habité par des races nombreuses, extrêmement intéressantes et en danger d'extinction ou de transformation rapide. La création d'un sérieux organisme d'exploration anthropologique — disons ethnographique — s'y impose impérieu- sement et avec une urgence alarmante. Déjà bien des pertes irréparables sont consommées. C'est un devoir envers la Science de faire l'étude de ces groupes en voie de disparition ou de civilisation, et manquer à ce devoir ou tarder à l’accomplir serait un crime de lèse-Humanité. Que faire dans ces conditions? Faut-il créer deux Instituts anthropologiques, l’un national relié au Musée royal métropolitain, l’autre colonial relié au Musée royal colonial? Il nous paraît qu'à la question formulée de ce point de vue dominant, la réponse n'est pas douteuse : il y a lieu de créer un seul Institut anthropologique, solidement établi, à la fois national et colonial. Nous laissons à d’autres, plus compétents, le soin d'étudier l’organisation à donner à cette Institution nouvelle, nationale et coloniale. Cependant 1l nous semble que cet Institut devrait comprendre trois parties : a. Une partie générale, faisant l'étude de l'Homme à tous les points de vue. Elle aurait une annexe publique, sélective, destinée à aider le Public à com- prendre les expositions régionales et comparatives, et correspondant à notre collection introductive et peut-être à une section de notre « Musée propé- deutique » ; b. Une partie régionale, divisée en partie régionale métropolitaine et une ou plusieurs parties régionales coloniales, suivant que la Colonie aura été divisée ou non en régions d'exploration distinctes; c. Une partie comparative, comprenant les objets nécessaires ou très utiles à l'étude des objets anthropologiques régionaux, métropolitains où coloniaux. Celle-ci, comme la collection comparative régionale des autres branches, com- prendrait une partie publique. Quoi qu'il en soit, nous insistons encore sur un point déjà signalé plus haut : l'Institution doit être #x organisme d'avancement scientifique et non pas une école. 28 218 G. GILSON De plus, elle doit, pour remplir son rôle avec le maximum d'efficacité, se constituer sur le plan qui s'impose pour le Musée d'Histoire naturelle et tendre : à la centralisation des efforts d'exploration, d'étude et d'exposition, ainsi qu’à la conservation des objets, des documents et des résultats de tout le travail. A cette condition, inflexiblement imposée, le Musée royal d’Anthropologie pourrait faire partie de l’Institut royal d'Histoire naturelle de Belgique, compris dans le sens étendu que nous exposons plus loin. Répétons qu'une complète autonomie lui est aussi nécessaire qu'aux autres sections. Mais son caractère à la fois national et colonial, ainsi que les besoins de ses parties éthologiques et paléontologiques, lui imposent la nécessité d’entre- tenir des rapports avec tous les autres Musées. C’est encore le Conseil général des Musées qui pourra l’unir aux autres Institutions d'Histoire naturelle, tout en lui garantissant cette parfaite autonomie. C'est surtout au point de vue de l’exploration que des relations suivies doivent exister entre toutes ces sections, nationales et coloniales. Nous allons dire un mot de l’organisme, à créer, qui sera capable d'établir entre les divers Musées le trait d'union rendant ces rapports possibles sans en enchevêtrer l’organisation. D. — L'INSTITUT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE C'est le nom que nous proposons de donner à l’ensemble des sept Musées nationaux et coloniaux, autonomes mais reliés entre eux par l'unité de but, de programme général, d'organisation intérieure et entretenant des rapports suivis sans empiétements. Ces sept sections se grouperaient comme suit : 1. Le Musée zational d'Histoire naturelle. 1 : Zoologie. 2 : Botanique. 3 : Géo-minéralogie. 2. Le Musée colontal d'Histoire naturelle. 1 : Zoologie. 2 : Botanique. 3 : Géo-minéralogie. 3. Le Musée zational et colonial d'Anthropologie (1). (1) L'enseignement élémentaire et approfondi de l'anthropologie doit trouver sa place dans les Univer- oo _— PR LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 219 L'union nécessaire entre ces sept Musées serait établie par le Conseil général des Musées d'Histoire naturelle. Ce Conseil serait composé des sept Directeurs des Musées et des Présidents des sept Conseils de surveillance, sous la présidence du Ministre ou de son délégué, choisi parmi les personnalités les plus versées en muséologie. Ce Conseil de quinze membres serait un organisme purement régulateur. Il ne s'occuperait que de questions générales, veillerait à ce que rien dans l'adaptation du plan fondamental aux nécessités particulières de chaque Institution ne prenne le caractère d’un écart, et déciderait en dernier ressort dans les cas de contesta- tion ou de désaccord entre les Directeurs des divers Départements. Le Conseil général n'aurait pas plus de droit d'initiative que les Conseils de surveillance, mais il aurait un droit de ve/o qu'il exercerait chaque fois qu'une mesure prise ou proposée par un Directeur serait jugée contraire à la mission générale ou spéciale de l'Institution. Il veillerait donc surtout à ce que les Musées conservent en toute chose le caractère d'institution d'exploration, consacrée au progrès de la Science. Ajoutons, comme remarque finale, que les sept Conseils de surveillance pourraient avoir des membres communs; nous n'hésitons même pas à le recom- mander, car il serait peut-être difhcile de trouver, dans un petit pays, quarante personnalités suffisamment renseignées dans les diverses branches et aptes à rem- plir leur délicate fonction avec la hauteur de vues désirable. INSTITUT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE | D Musée national Musée colonial Musée à la fois national et colonial Musée national zoologique. | Musée colonial zoologique. | Musée anthropologique. Musée national botanique. Musée colonial botanique. Musée national géo-minéra- | Musée colonial géo-minéra- logique. logique. sités. Cette branche figure déjà, mais dans une mesure insuffisante, au programme du doctorat non légal en Sciences géographiques. Mais elle mérite de constituer un doctorat spécial, et cette création est vivement à désirer en vue du recrutement du personnel voué à une branche destinée à prendre un grand développement. G. GILSON © © [e] CONSEIL GÉNÉRAL DES MUSÉES ROYAUX D'HISTOIRE NATURELLE Composition Le Ministre des Sciences et des Arts; Les sept Directeurs des Musées ; Les sept Présidents des Conseils de surveillance. E. — ORGANISATION FUTURE DU MUSÉE NATIONAL ZOOLOGIQUE Cela dit, passons à l’organisation qui, dans un avenir prochain, doit devenir celle du Musée actuel, c'est-à-dire du Musée national d'Histoire naturelle de Belgique, 1* Département : Zoologie. Rappelons que nous avons esquissé plus haut un plan d'organisation faisant face aux nécessités principales du travail d’un Musée d'exploration en général. Nous avons montré aussi que l’organisation actuelle du Musée de Belgique est loin de répondre à ce plan idéal, puisque sa division est fondée sur la base surannée de la systématique. Il est évident que l’ancien Règlement organique doit être réformé dans ses parties vieillies et, quant au Règlement d'ordre intérieur, il demande un remaniement complet. En outre, le local et les installations réclament de grands travaux d’achè- vement et d'adaptation que nous avons déjà indiqués en jetant un coup d'œil sur le passé de l’Institution et sur son état présent. 1. — Les Règlements Le Règlement organique du Musée fut établi par l'arrêté royal du 10 juillet 1869 et le Règlement d'ordre intérieur par arrêté ministériel, signé E. PIiRMEZz, du 11 juillet de la même année. Ces règlements étaient de leur temps, car à cette époque le classement des productions naturelles absorbait toute l’activité muséaire, et personne ne pouvait prévoir que la systématique fût destinée à perdre un jour ses droits souverains dans l’organisation d'un Musée. Les anciens Musées ne s'élevaient pas au-dessus du niveau de magasins scien- tifiques, souvent bien ordonnés, hébergeant des travailleurs individuels spécialisés dans l’étude d’un groupe et dont toute l’activité était absorbée par le classement des êtres et tendait, dans les grandes Institutions, à réunir et à cataloguer la collection complète des productions de la Nature. L'exploration ne jouait aucun rôle dans l’activité de l'institution, la systématique y dominait tout. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 221 Survint Duponr avec l’idée de l'exploration régionale et du Musée tendant non plus à réunir les innombrables et interminables séries d'espèces habitant le globe, mais à fouiller méthodiquement une étendue limitée de sa surface, à en étudier, in situ d'abord, en en déterminant les conditions de milieu, et ensuite au Musée, toutes les productions et à les réunir en les expliquant. La systématique était dès lors menacée de se voir reléguée à l'arrière-plan, ravalée au rang de branche auxiliaire, chargée seulement de fournir le nom et la position naturelle des êtres à l'Exploration. Car à cette époque elle était loin d'être devenue ce qu'elle est aujourd'hui : l'étude fort intéressante — bien que très spéciale — des rapports naturels, des affinités des êtres, rapports qui ne se déterminent qu'avec le secours de toutes les branches morphologiques et de l’éthologie. Après avoir été la citadelle de la systématique, le Musée allait donc devenir celle de l'exploration. Cependant DuPoNT ne trouva pas encore les anciens règlements trop incompa- tibles avec la nouvelle idée du Musée, parce que l’article 2 du Règlement organique lui assurait une liberté d'action suflisante pour lui permettre de diriger l'activité de l’Institution vers un but supérieur, et de lui faire jouer un rôle à la fois plus scientifique et plus directement utile à la Nation. Il eût du reste été prématuré, à cette époque, de tenter de donner au Musée une autre base de division que le classement des groupes, et, même avec un sens prophétique de l'importance scientifique réservée dans l’avenir à un organisme de centralisa- tion, nul n’eût réussi à faire accepter une réforme aussi subversive des idées du temps. Nous avons retracé plus haut les difficultés qu'il rencontra au sein même de l’Institution et les tentatives qui furent faites par certains fonctionnaires pour obtenir une réforme tendant non seulement à la décentralisation complète du Musée, mais à la confirmation du caractère essentiellement systématique de sa base d'organisation, alors qu'il eût fallu renverser complètement cette base pour installer à sa place l'exploration qui doit dominer. C'est cette nouvelle réforme qu'il s'agit de réaliser en rajeunissant complè- tement les règlements. Le détail nouveau du règlement doit faire l’objet d’un rapport au Ministre et ne peut trouver sa place ici. 2. — Le local et les installations Sans doute le Musée — comme nous avons pu le dire sans truisme au début de cette étude — n'est plus un simple édifice, un lieu dans lequel on conserve et on expose des objets, des « curiosités », des « raretés ». Mais cela n'empêche que le local qui héberge l’Institution si complexe qui porte l de Belgique. ke lle 30 novembre 1913 doc >= e ( 1e (l d Histloire naturelle, cotes gu èr | 3 34 40 41 41 43 44 Pr avion énib les Lignes de drlagages et d'etude du fond TS Bllanik EXPILOR A MIONCDE LA MER Musée| Royal FIRE 2 A G. GILSON ou de fragments de la description générale de la Nature ‘dans les limites de notre territoire. Ces mémoires se placeront à des points de vue très variés. Il est à désirer qu'ils envisagent séparément les objets, le milieu, les rapports de l'objet avec son milieu. Mais il n’est guère possible d’assigner d'avance à toutes les catégories de travaux un programme fixe et une ordonnance déterminée. On s’efforcera d'y introduire le plus d'uniformité possible. Les mémoires qui sont aujourd'hui en préparation ou en perspective comprennent : 1. des comptes rendus d'exploration ; 2. des descriptions de parties limitées de la région; 3. des recherches spéciales sur le milieu et sur les variations des conditions physiques ou biologiques qui y règnent ; 4. des listes critiques d'espèces régionales, avec bibliographie et synonymie ; 5. des revisions de groupes systématiques entiers, justifiées par les nécessités de la classification des formes régionales ; 6. des exposés de recherches éthologiques variées. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 2 LS] VI V. — RÉSUMÉ GÉNÉRAL A. — LE MUSÉE D'EXPLORATION RÉGIONAL Un Musée régional, doté d'un programme conforme au plan général exposé plus haut et de moyens proportionnés à sa tâche, atteindra dans une large mesure, le but fondamental de sa mission, qui est de concourir à l'avancement de la Science : a) par l'exploration, l'étude et l'exposition, limitées à une région mais cherchant la lumière dans la comparaison; b) par la centralisation des matériaux et des efforts spécialisés dans ces trois directions; c) par la conservation à perpétuité des résultats et des documents, en vue de la continuation indéfinie de la recherche. Le Musée organise l'exploration, étudie la Nature 7» sifu, indique à l'État les sites scientifiques à préserver, transporte dans ses locaux les matériaux amovibles, les prépare, les dispose méthodiquement. Il reprend ensuite leur étude avec l’aide des spécialistes, fait connaître aux savants les résultats de cette étude par des publications, conserve les objets réunis, sous forme d’ensembles systématiques, avec tous les documents d'exploration et d'étude, et les livre, bien avérés, aux recherches comparatives et aux spéculations des philosophes de la Nature. Il centralise les matériaux et les études, unifie les méthodes, rend plus efficaces les efforts si débiles et si courts des individus, en les unissant et en donnant de la | continuité à la recherche, en parant d'avance aux besoins de la Science de l'avenir. | Ses naturalistes parcourent les campagnes, les bois, les montagnes et les prairies, fouillent les carrières, les tranchées et les mines, explorent les eaux douces et marines, travaillent dans les laboratoires, les ateliers, les bibliothèques. Ce sont les pionniers, peinant pour la grande entreprise de la découverte de la Nature. L'œuvre est immense, et la part accomplie en une vie est minime : ays longa, vita brevis. Chacun apporte sa pierre à l'édifice, puis disparaît, et d'autres sur- gissent. Mais si les hommes passent, le Musée reste. Forteresse inébranlable, il conserve et gère le trésor scientifique de la Nation. Il le préserve de la destruction qui le menace toujours, soit qu'il reste inexploré, soit qu'il se dissémine dans les collections privées, dispersées tôt ou tard aux quatre vents du ciel, dans le désastre final de la mise à l’encan. Placé au seuil de l’abîme du Passé dont il recueille les vestiges, 1l assure dans G. GILSON Lo © (ee) l'Avenir la continuité de la recherche, et, par la conservation documentaire des résultats acquis, il consolide l'édifice du travail accompli, base nécessaire sur laquelle la Science se dresse pour s'élever toujours plus haut. Mais, en outre, et tout en consacrant avant tout son activité à la poursuite de ce but supérieur, il arrive à concourir très efficacement, dans les limites indiquées plus haut, à /a diffusion de la Science, fonetion secondaire mais nécessaire et très noble encore. Il n'oublie donc pas le Peuple, car il lui procure ce qu'il n'avait Jamais obtenu jusqu'ici : des renseignements exacts sur les productions naturelles de sa région, à l’aide de collections spécialement sélectionnées à son intention et expliquées dans un langage simple mais scientifique, par comparaison avec la Nature de tous les temps et de tous les lieux. Le visiteur, guidé par des textes concis quoique détaillés, très élémentaires quoique très scientifiques, y trouvera des renseignements précis sur le monde qui l'entoure. Il y verra tous les êtres revivre dans les collections systématiques et étholo- giques, grâce à l'explication bien adaptée qui accompagne les objets et sans laquelle les Musées ne sont que de lugubres nécropoles. Et bientôt il se passionnera pour l'étude du milieu dans lequel il vit, de son Pays, de ses bois, de ses campagnes, de ses ezux douces et marines, de la structure et de l’éthologie des êtres animaux et végétaux qui les habitent ou les ont habités autrefois. Suivant pas à pas les efforts de ceux qu'absorbe entièrement la découverte de la Nature, il trouvera celle-ci toute remplie de poignantes énigmes et, en communion de pensée avec eux, il se réjouira de lui voir arracher la solution de quelques-unes d’entre elles. Bien plus, il y gagnera en formation intellectuelle générale, car, en s’y familia- risant avec les procédés d'observation précise, d'analyse méthodique, de logique rigoureuse et d'induction prudente des naturalistes sans idées préconçues et sans préjugés d'école, il apprendra à observer par lui-même, à voir ce qu'il regarde, à analyser ce qu'il voit, à comparer, à différencier, à coordonner, à conclure... à suspendre son jugement. S'1l est naturaliste, même spécialisé, il tirera encore grand profit de la visite des collections publiques, car elle lui révèlera bien des choses intéressantes dont l'enseignement spécial, synthétique et éclectique dans chaque branche, n’a pas mission de lui parler. S'il est artiste ou littérateur, il y acquerra sans effort, sans études spéciales, une formation particulière qui le mettra en mesure de produire, de créer sans fausser la Nature, et il s'enrichira d’un fonds imaginatif d'une puissance et d'une richesse que rien n'égale, car la variété, la somptuosité du monde réel, pour qui sait l’ob- server, dépassent tout ce que l'imagination de l’homme peut inventer de factice. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 229 Enfin, s'il est publiciste et vulgarisateur, le visiteur du Musée apprendra à ménager dans ses écrits la patience et les nerfs des naturalistes, et à cesser d'exciter leur hilarité en prenant l’huître pour un crustacé ou le Pirée pour un homme. On voit que, si son programme est bien conçu et bien appliqué, le Musée d'Histoire naturelle régional rend à la Nation des services de l’ordre le plus élevé en rassemblant et mettant en valeur son patrimoine scientifique et l’aidant ainsi à jouer, dans l'alliance des hommes pour l'avancement de la Science, le rôle qu'un Pays ne peut négliger sans déchoir. Répétons-le encore : sans rien abdiquer de sa qualité d'Institution d’avan- cement, il contribue puissamment aussi à la diffusion de la Science; il renseigne le Public non spécialisé et lui démontre les choses de sa région à l’aide de mé- thodes qui lui en rendent la connaissance accessible. S1 la collection publique, choisie avec jugement, est expliquée avec méthode, avec clarté et sans pédanterie, il n’est citoyen si peu éclairé, si déshérité, qui, visitant ses galeries, en apparence réservées aux lettrés, ne s’estime bien renseigné sur les productions naturelles de son pays et ne se sente, en en sortant, à la fois plus instruit et plus penseur. Associés au labeur de ceux qui étudient la Nature pour la comprendre et pour la leur révéler, fräppés de la difhculté de la recherche de la Vérité et de la multiplicité des causes d'erreur, les hommes se voient comme des enfants perdus dans la nuit au fond d’un abîme : ils se prennent la main pour y marcher, et, s'entr aidant, ils deviennent plus amis, plus tolérants et meilleurs. La Science qui les guide acquiert des droits à leur respect. B. — LE MUSÉE RÉGIONAL DE BELGIQUE Aucune région terrestre n'est dépourvue d'intérêt : la Science fait surgir des trésors de la terre la plus banale. Mais on peut dire que la Belgique est une région privilégiée. Assise sur le bord du plissement hereynien, groupe orographique d'une haute antiquité, elle possède dans les limites restreintes de son territoire des témoins importants de la plupart des grandes phases de l'histoire de la Terre. Des gîtes fossilifères d'une grande richesse y ont été découverts et des restes admirables des faunes disparues y ont été mis au Jour. D'autre part, la grande diversité des couches affleurantes y a entraîné le déve- loppement d'une flore et d’une faune modernes très variées. Enfin, sise près du seuil méridional de la mer du Nord, elle voit ses côtes baignées par des eaux unissant à la faune propre de cette mer, celle de la Manche, dont les courants lui apportent même des formes atlantiques. G. GILSON 136. — Exploration de la mer. ai d’un engin dans les lagunes de l’estran. Côte belge, près d’Ostende. 137. — Exploration de la mer. Raccommodage d’un chalut déchiré par une épaye. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 231 Toutes les grandes catégories d’êtres, depuis le minéral jusqu’à l’homme, y sont représentées. Ses savants en ont fait une terre classique de la Géologie, de la Paléontologie, de la Préhistoire, de l'Entomologie, de la Cytologie. 138. —- Exploration de la mer. Pêche expérimentale au petit chalut. Durée : une heure; à 10 milles au large de la côte belge. L'exploration de ce territoire sera répartie entre trois [Institutions distinctes et autonomes, correspondant aux trois groupes classiques de l'histoire naturelle, chacune avec son programme propre adapté à son objet spécial : le Musée zoologique, le Musée botanique, . le Musée géo-minéralogique. Si un Musée expliqué est un livre illustré par les objets eux-mêmes, le Musée 2 G. GILSON de l'exploration de la Belgique sera comme une belle page, ouverte et commentée, du grand livre de la Nature. C. — Le MUSÉE COLONIAL C'est une obligation pour un Gouvernement colonial de fonder nor seulement un Musée économique, mais encore un Musée d'exploration scientifique. ETS JMALVAU x 139. — Exploration de la mer. | Triage des crevettes et recherche du Nka edulis Risso. | C'est un devoir envers la Science et envers le Peuple qui désire connaître. La mission de ce Musée est la même que celle du Musée métropolitain et son organisation doit avoir des bases identiques, ce qui n'empêche nullement d'en adapter les détails aux nécessités particulières de la région. C'est assez dire que le Musée colonial d'Histoire naturelle devra comprendre les trois divisions correspondantes à celles du Musée national : le Musée colonial zoologique, le Musée colonial botanique, le Musée colonial géo-minéralogique. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE [LS] #2] es] D. — LE MUSÉE ANTHROPOLOGIQUE Il nv a pas lieu de séparer l'anthropologie belge de l'anthropologie coloniale. Le Musée anthropologique sera donc à la fois national et colonial. Il aura deux régions à explorer : la Métropole et la Colonie. I] devra posséder, comme les autres Musées, une partie comparative, comprenant tout ce qui est nécessaire à l'étude de l’homme, dans les deux régions, et c'est dans cette partie que l'on traitera les données les plus générales de la Science anthropologique. EE L'INSTITUT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE Enfin les sept Musées autonomes doivent constituer un ensemble grandiose : PINSTITUT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE, avec un Conseil général des Musées d'ÆHistoire naturelle établissant un lien entre toutes les Institutions, sans nuire à leur indépendance. VI. — REMARQUES FINALES LE MOUVEMENT SCIENTIFIQUE BELGE EN HISTOIRE NATURELLE L'Institut royal d'Histoire naturelle, comme moyen de donner à ce mouve- ment une trrpulsion nouvelle. Nous avons exposé des considérations de rapports naturels des choses et d'ordonnance méthodique du travail, qui réclament la fondation d’une organisation centralisatrice et conservatrice dans chacune des branches de l'exploration, de la Métropole et de la Colonie, et la réunion de toutes ces institutions autonomes en un faisceau puissant d'activités investigatrices au service de la Science pure, guide et mentor des branches d'application. Parmi ces considérations, il en est qui sont de simple opportunité et concer- nent seulement notre Pays. Mais d’autres sont d'ordre purement abstrait et s'appliquent à tous les temps et à tous les lieux. Elles méritent d'attirer l'attention des Chefs de toute Nation qui désire occuper dans la Science un rang élevé. La Belgique est de celles-ci. L'effort qu'elle a réalisé en Science depuis son éveil à l'indépendance est honorable. Il n'est pas inférieur à celui d’autres pays d'importance comparable et ne le JO G. GILSON © #2] pu cède qu'à celui des grandes et anciennes associations humaines, héritières d'insti- tutions puissantes qu'un pays jeune doit fonder, de ressources qu'il doit se créer, de traditions qui doivent s'établir, d’une mentalité large proportionnée à de larges frontières et modelée par l'usage de larges moyens. Grand pays, grand esprit ! La Belgique, le plus grand des petits pays, est en voie de se comprendre et d'acquérir une mentalité de grand pays. Elle en a le désir, et vouloir grandir dans le domaine intellectuel et moral, c'est presque être grand. L'effort scientifique réalisé est honorable. Cela veut dire qu'il n’est pas insuff- ‘sant, — car cela ne serait pas honorable, — mais cela ne veut pas dire qu'il est loin de la limite de l’insufhsance. Honorable n'est pas assez : il faut que le mouvement scientifique belge soit supérieur en éclat, héroïque en labeur. Tel qu'il est, il ne peut satisfaire ceux qui connaissent le génie de la Nation, sa puissance de production, son origi- nalité d'invention, sa capacité de travail et d'abnégation. L'activité intellectuelle dans les pavs belges, depuis le milieu du XVIII: siècle, n'a pas eu l'ampleur que l’on pouvait en attendre. Plusieurs, recherchant les causes qui ont empêché ce pays plein de vitalité et de ressources, de donner tout ce dont il est capable, en attribuent une bonne part à l'influence néfaste de la domination autrichienne qui, en lui imposant un gouvernement étranger, en écartant l'élément indigène, à part quelques familles nobles, de toute participation aux affaires générales, imprima au Peuple un caractère d'individualisme utilitaire, une mentalité étroite, mesquine et micromane, dont quatre-vingts ans d'autonomie ne l'ont pas entièrement relevé. La Belgique a produit en Science; elle cite des noms glorieux, des entreprises hardies, des fondations généreuses. C'est bien, mais est-ce assez? Voilà la question. Qui donc est juge en cette matière? Est-ce la petite presse ou les manuels d'école primaire qui chantent les gloires sans mélange du bon peuple, dans la louable intention de lui donner de l'assu- rance et du cœur ? Ou bien est-ce la classe mieux informée qui, jugeant froidement, par comparaison, trouve dangereux de lui cacher ses points faibles ? « Seules les forces intellectuelles et morales d'une Nation fécondent sa pros- périté. » Ces nobles paroles du Roi des Belges, prononcées en une circonstance solen- nelle, reflètent la pensée d’une élite. Cette élite sait qu'elles sous-entendent plus qu’elles n'expriment et qu’elles ne contiennent pas seulement un vœu platonique de voir la Nation faire plus et mieux en Science et en Art, mais encore un appel à toutes les énergies, à toutes les bonnes volontés en vue d’un effort et la promesse de suprêmes encouragements au travail contre l'inertie, à la droiture contre l'intrigue, aux œuvres sérieuses contre les entreprises de façade, à l’idéalisme contre l’utilitarisme qui n’apprécie la valeur des choses qu’en francs, en tonnes ou en chevaux-vapeur. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 2 [#5] our Il faut donc que chacun s'attache à développer tout ce qui, dans sa sphère d'action, peut concourir à donner au mouvement scientifique une impulsion nou- velle. Nous laissons à d'autres, plus compétents en ces matières et mieux en situation pour en traiter, l'étude approfondie des mesures à prendre en vue d'obtenir davan- tage dans le domaine de la production scientifique. Absorbé par l’organisation et l’achèvement de notre grand Musée, nous consa- crons à la recherche et non à l'étude de questions de cet ordre, le peu de temps libre qui nous est laissé. Mais sans en faire une étude spéciale, nous ne sommes pas sans y avoir pensé. Il y a lieu, dans l'examen des devoirs de l'Etat dans le domaine de la culture scientifique, de distinguer les deux mêmes choses que nous avons séparées dans l'étude de la mission d'un Musée : l'avancement de la Science et sa diffusion. Il semble que dans un système de gouvernement, la diffusion, c’est-à-dire l'enseignement, doit occuper l'Etat en premier lieu, parce que sans instruction il n'y a pas de Science. Mais le souci de favoriser l'avancement de la connaissance doit suivre, de très près, dans les préoccupations des chefs d’un État et avec un caractère d'extrême urgence, car une nation qui s'abstiendrait de prendre une part active au progrès de la Science n'aurait plus qu'un enseignement de seconde main et bientôt suranné ; elle végéterait dans le mépris. Sans enseignement pas de Science, mais sans Science vivante pas d’ensei- gnement vivant. Au point où en est la Belgique, il faut sans aucun doute améliorer sans cesse l’enseignement à tous les degrés, la diffusion de la connaissance. Mais cela ne suffit plus : il faut activer le travail de recherche, développer largement les organismes consacrés à l'avancement de la Science. Nous nous permettons de signaler très cursivement, d'une part à ceux dont ce sujet pourrait tenter la plume et, de l’autre, à ceux qui président aux destinées intellectuelles du Pays, que toutes les mesures capables de donner au mouvement scientifique un surcroît d'activité se rangent en trois catégories que l’on peut dénommer : la suggestion, l’occasion, la délégation. La suggestion. — Il est évident que la simple mise en évidence, par tous les moyens, de tout ce qui appartient à la Science est de nature à attirer l’homme vers elle. La parole, l'enseignement, la conférence, le livre illustré, les exhibitions, les Musées, excitent l'intérêt, éveillent la curiosité et le désir de savoir. Mais en outre, et ceci est bien plus important au point de vue qui nous occupe, la mise 236 G. GILSON 140. — Exploration de la mer. Désagréments du métier : orage brusquement menaçant; rentrée des 141. — Exploration de la mer. Un coup de mer à l’avant. instruments. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 237 en évidence du #avarl scientifique lui-même éveille le désir de travailler aussi. C'est une pensée de cet ordre qui nous a guidé dans le choix de la plupart des illustrations de cette étude. La vue du travail suggère le travail, car le travail est beau. Il est la joie de la vie, et le travail scientifique est la joie de la Science, il est la Science elle-même. C'est la vue du travail qui suggère des travaux, des recherches, des explorations pour arracher quelque chose à l'inconnu, et qui suscite des vocations scientifiques. La vue de la recherche fait comprendre qu'au delà du connu il y a l'inconnu immense, infini, fascinateur, plein de trésors et de merveilles; elle éveille les enthousiasmes en montrant les pionniers au labeur et les explorateurs ‘en route, comme les Argonautes à la conquête de la Toison d'Or. L'occasion. — Il faut ouvrir des labora- toires de recherche, entreprendre des explorations, fonder des Instituts spéciaux, | des temples de la Science vivante, afin de | multiplier les occasions de travail scienti- fique. On y admettra ceux qui pensent avoir un désir sérieux de travailler et qui font preuve d’une préparation suffisante. On les y soumettra à un stage de travail assez rude pour éliminer les moins aptes qui souvent se font illusion au sujet de leurs propres aptitudes et dont l'enthou- siasme, trop platonique, ne résiste pas à l'épreuve d'énergie, de patience et de constance qui est le pons asinorum d'une vocation scientifique. Ceux en qui se révèle 142. — Exploration de la mer. l'étofte d'un pionnier y seront reçus en Chaloupe coulée sur un bane. Côte belge. qualité d'hôtes ou même de collaborateurs. La délégation. — Nous prenons ce terme, faute d'un meilleur, pour indiquer des missions de recherche ou d'exploration scientifique confiées par l'État, par un Institut spécial ou par un Mécène privé, à des naturalistes ayant fait leurs Preuves et bien choisis à tous les points de vue. Or, une mission implique un salaire, et la délégation pour une mission continue d'avancement scientifique, réclamant la consécration absolue et exclusive de toutes les forces d'un homme, exige, au moins au même titre qu'une foncton pédagogique, une rémunération suffisante pour faire face à toutes les nécessités 238 G. GILSON de la vie. La délégation donnée pour un travail déterminé à des hommes sérieu- sement éprouvés implique donc l'octroi, non seulement des moyens de travail, mais encore de moyens d'existence conformes à toutes les exigences sociales, car : primum est vivere, deinde philosophart. On multipliera les emplois scientifiques et on les confiera à des hommes sufisamment éprouvés pour ne pas avoir à craindre leur transformation en frauduleuses sinécures. Il faut donc montrer la Science, ses découvertes, ses enseignements, ses applications, son travail, créer des instituts de recherche, des explorations, fonder des emplois d'investigation scientifique pure, non handicapés par la pédagogie. 143. — Exploration de la mer. Désagréments du métier : perte totale d’un chalut de grand modèle. On jette un grappin pour tenter de le repêcher. Vains efforts. \ Ces trois groupes de moyens, à coup sûr, activent la production scientifique ; l’occasion et la délégation agissent aussi par suggestion. Ils concourent indubitablement à élargir et à élever la mentalité du Peuple, à tous les degrés de la culture, | Devenu plus observateur et plus penseur, il sera moins utilitaire, moins terre à terre, moins jouisseur. Il comprendra non seulement que la Science doit être tenue en honneur, mais encore que la vie doit avoir un idéal. À quoi servirait-il de lui prêcher cette nécessité sans l'y avoir préparé par la suggestion et par l'exemple ? La Belgique dispose-t-elle dans une mesure suflisante de ces divers moyens LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 220 d'incitation au travail scientifique, de l'outillage et de l’organisation nécessaires ? Autre question que nous osons à peine nous permettre d’effleurer ici. Elle possède des Académies, des Sociétés scientifiques, des Universités, des Musées, des Instituts spéciaux. Dans les Académies et les Sociétés, on parle (1), on discute, on se dispute, on ouvre des concours, on distribue des prix: C'est bien, cela répond à divers desiderata, cela suggestionne, cela opère un certain triage, un certain classement des travaux produits, — mémoires ou livres, — cela fournit certaines occasions de travail, certains movens, certains encouragements. Mais si c'est bien, c'est unilatéral et insufhisant. Le rôle de ces organismes, utiles du reste, est limité; 1l ne faut pas se l’exagérer ni leur demander ce qu'ils ne peuvent donner. Ce rôle n'a plus l'importance énorme qu'il avait autrefois, parce quil a surgi d’autres institutions scientifiques qui sont les véritables chantiers du travail d'investigation. Rappelons encore ici les paroles de CH. SEDGWICK MIiNoOT, que nous aimons à citer et que l’on ne saurait assez répéter : « La Science vit dans les laboratoires (2), et lorsqu'elle est morte, nous l’ensevelissons décemment dans un livre. » Les Académies, les Sociétés s'occupent non exclusivement mais très principalement de Science morte ou mourante. La formule de MiINOT contient une tendance à les considérer comme les croque-morts de la Science, transférant ses restes embaumés des labora- toires actifs et animés, où elle vit, dans la morne solitude des bibliothèques, où elle repose; rôle funèbre mais bien utile, salutaire, honorable. Nous n'allons pas aborder la tâche excessivement délicate de faire l'examen de conscience des Académies et des Sociétés de Belgique, ni de rechercher si elles ont accompli leur mission honorablement ou supérieurement, si elles occupent toutes, parmi les Institutions similaires du Monde, une place honorable ou une place brillante, si elles ont su éviter à un degré éminent ou seulement à un degré honorable l'esprit de coterie dont aucune association humaine n'est tout à fait exempte et qui éloigne beaucoup de travailleurs. C’est à elles-mêmes qu'il incombe de procéder scrupuleusement à cet examen en vue de faire mieux. Bornons-nous à répéter que, même accompli à la perfection, le rôle de ces orga- nismes est devenu secondaire et simplement adjuvant du travail scientifique. Mais cela est déjà fort important, nous le disons avec insistance, afin que quelque critique à la tête légère ne vienne pas dire que nous traitons les Acadé- mies et les Sociétés d'organes surannés, parce que nous nous permettons de préciser à quoi elles peuvent encore servir, aujourd'hui. (1) D’après M. PAuL APPEL, président de l’Académie des Sciences de Paris, on parle même trop dans certaines académies. (Voir Æevue scientifique, 24 janvier 1914.) (2) Ajoutons : et dans les explorations, — cela est compris dans la pensée du savant professeur de Boston. 240 G. GILSON Les Universités ont été, et sont encore pour beaucoup de branches, les prin- cipaux foyers du travail scientifique. Tout cours y possède des salles de travail pour les étudiants et un laboratoire de recherche pour le professeur et ses disciples-collaborateurs. Grâce à cette organisation, la Science qu'on y enseigne est de la Science vivante et non de la Science exhumée. C’est dans les Universités que s'effectue le recrutement le plus actif, non seulement des lettrés et des hommes de carrières dites libérales, mais encore des pionniers de la Science. Noter que si les Universités doivent marcher dans la voie de l'avancement scientifique, c'est pour bien remplir leur mission, qui est didactique avant tout, c'est-à-dire une mission de diffusion et de recrutement. Sans se tenir en contact actif, en coopération continue avec la recherche, elles seraient incapables de faire de la bonne diffusion et indignes de le tenter. Elles ne peuvent assumer par elles-mêmes une fonction centralisatrice et conservatrice. Cependant leurs laboratoires, leurs séminaires peuvent jouer un rôle de centres secondaires. De plus, leurs maîtres sont conduits, par les néces- sités mêmes de la pédagogie, à faire de la synthèse, c'est-à-dire de la centrali- sation, non des efforts ni des objets, mais des résultats de la recherche. Mais au point de vue du simple progrès de la Science, elles ne représentent m1 la seule ni la meilleure organisation d'avancement : le labeur pédagogique qui est leur raison d’être est très absorbant, souvent écrasant, et la part d'énergie et de temps qu'il absorbe est soustraite à la recherche. Il y a donc lieu de créer des organismes exclusivement consacrés à l'avan- cement et exempts de toute dérivation pédagogique de l'énergie dispomible. Cette nécessité se fait sentir de plus en plus. Déjà les pouvoirs publics et des person- nalités privées généreuses et éclairées ont fondé des Instituts remarquables (1). Ceci nous ramène à la question des Musées examinés comme moyen d'incitation au travail, comme organismes capables de contribuer efficacement à donner au développement du mouvement scientifique du Pays une impulsion nouvelle. Ce qui en a été dit plus haut à d’autres points de vue nous permet ici d’être bref. Sans doute un Musée quelconque, même de la catégorie la plus surannée, (1) On pourrait encore mentionner ici les Congrès. Ils ont joué un rôle notable, mais leur importance est bien réduite aujourd’hui. Les grands congrès auxquels le premier venu s'affilie en payant une taxe relèvent plutôt du tourisme que de la Science. Ils ont l'inconvénient de fournir de trop belles occasions aux bavards et aux intri- gants. Les pionniers, dont le temps est précieux, les fuient. Une institution nouvelle tend à les remplacer; ce sont les réunions formées de spécialistes, en petits groupes, sans discours ni banquets! Cependant les grands congrès peuvent encore rendre certains services, quand il s’agit de réaliser des accords internationaux. Les vœux qu'ils émettent sont invoqués par les Gouvernements, s'ils sont favorables à leurs intentions... et négligés s'ils ne le sont pas! La Belgique a réuni un grand nombre de Congrès et certains ont eu de bons résultats. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 241 inconscient de sa mission, et sans programme, jouera toujours un certain rôle, par suggestion, en montrant des objets, par occasion, s'il y a seulement deux ou trois personnes qui y travaillent, et par délégahion, si quelques naturalistes laborieux y trouvent des positions rémunérées. Quelle sera donc la puissance d'action, à tous les points de vue, du grand Institut royal d'Histoire naturelle, avec ses sept divisions actives ! Chacune est essentiellement consacrée à l'avancement de la Science. Chacune possède une mission bien définie et un programme bien adapté. Toutes travaillent à l'exploration d’une région limitée, à l'étude comparative et à l'exposition des résultats et des objets, et cette région, c’est le Pays lui-même, la Belgique, qui intéresse l'habitant avant toute autre, et sa Colonie. De plus, le rôle, nouvellement défini, qu’elles jouent en Science leur donne une extrême importance, comme moyen de centralisation des objets et des études, portant remède à la division du travail et à la spécialisation, et de conservation méthodique des objets et des documents. Elles contribuent ainsi très puissamment au développement de la Science universelle en Histoire naturelle. Et sans se départir de ces hautes fonctions scientifiques, elles renseignent, instruisent et forment intellectuellement le Peuple, par l'explication d’exhi- bitions judicieusement choisies et installées. Elles recrutent elles-mêmes leur personnel parmi une pléiade de clients, d'hôtes, de collaborateurs indigènes ou étrangers qu'elles n'introduisent éven- tuellement dans les cadres de l'État qu'après épuration par le feu du travail lui-même, et seulement pour les besoins bien définis d’explorations actives, rendant ainsi impossibles les sinécures, écartant les quémandeurs incapables ou insufhisamment entraînés, les candidats rentiers de l'État, qui sont souvent la plaie des Instituts richement dotés, mais à programme mal défini et à recrute- ment laissé à l'arbitraire. Quel autre organisme serait capable de développer une puissance comparable et de faire tendre aussi directement, aussi efficacement, au développement du mouvement scientifique les moyens que la Nation voudra consacrer à ce but élevé, plein de promesses ? Tout cela, dira-t-on, va coûter bien cher! Erreur : la Science est accoutumée à se contenter de peu; elle ne demande que des murs nus, des instruments, des livres pour effectuer son travail, et plus d’une fois celui-ci a rapporté à un pays des centaines de millions. Mais si le placement ne rapportait rien, il faudrait encore donner à la Science ce qu'elle réclame, ce qu’elle mérite, parce que celui qui honore la Science s'honore : Æonos in honorante. 242 G. GILSON Espérons que, la culture progressant, on verra un jour des hommes politiques demander au Parlement des crédits pour des œuvres scientifiques et se réclamer dans les réunions électorales de leur zèle pour la Science. Nous déposons la plume, effrayé de l'avoir tenue si longtemps et d’avoir, avec tant de hardiesse et de faiblesse, traité un sujet si grand, si ardu et si complexe, Fatigué nous-même, nous songeons avec anxiété au lecteur que nous avons entretenu de tant de choses arides et poussé sans répit, comme les chevaux du coche, Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé !... Nous avons tenté de révéler au Pays, qui l’ignore trop, le Musée où plane le grand esprit scientifique et patriotique des b'OmaLius et des DuPoNT. Puis nous avons montré que le Musée royal d'Histoire naturelle actuel, qui est si près d'atteindre la dernière phase de son glorieux développement, ne peut être qu'un des trois Départements d’une Institution grandiose, dont les autres éléments existent, dissociés et désorientés, mais réorganisables : l'INSTITUT ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE. Puissent ces pages fixer un instant l’attention de ceux dont dépend l’achève- ment de ce monument élevé à la Science nationale autant qu'à la Science univer- selle, et qui ont la charge et le souci de préparer à l’activité scientifique de la Belgique de larges voies pour l'Avenir. Ostende, le 15 avril 1914. = — LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 243 TABLEAU SYNOPTIQUE PRINCIPALES QUESTIONS DU PROGRAMME DE TRAVAIL DE L' HISTOIRE NATURELLE Rappelons que nous n'entendons présenter ce synopsis que comme un aperçu cursif sur la tâche immense de l'Histoire naturelle. C’est un simple exemple de ces tableaux-guides que nous conseillons aux naturalistes de dresser pour leur usage personnel, en les adaptant aux besoins particuliers de leur spécialité. Il énumère les principaux points sur lesquels le naturaliste peut avoir à porter son attention au cours de ses études et de ses méditations. On y tient compte surtout de l'étude des êtres vivants. Ce tableau a été reporté ici pour éviter une interruption trop marquée de l'étude générale du Musée. Il se rattache au Chapitre III, page 17. I. — EXISTENCE OÙ ABSENCE. NOMBRE Existence ou absence des êtres, dans l’espace et dans le temps. Leur abondance relative. Leur nombre. Cette recherche se place au point de vue : a) De l’objet; b) De l'espace; c) Du temps. Les principales questions à ces divers points de vue peuvent se rattacher aux suivantes : À. — ETANT DONNÉ UN OBJET INDIVIDUEL 1. En quels instants du | Exemple : Durée de l'existence d’un temps a-t-1l existé? Un animal. Date de sa nais- individu et position de sance et de sa mort. cette période dans le cours des temps. 2. En quels points de l’es- | Exemple : | Localité et variation de lieu. pace a-t-il existé à divers | Un animal. Lieu d’origine. instants du temps ? Déplacements. Lieu de mort. B. — ETANT DONNÉ UN TYPE D'OBJETS, UNE ESPÈCE 1. En quels points de l’es- | Exemple : Distribution géographique pace ce type a-t-il existé | Dans quelles régions de la de l'espèce à une période à un instant donné du terre le Mammouth a-t-1ù donnée. temps? existé à l’époque quater- naire ? 244 2. En quels instants du temps ce type a-t-il existé en un point donné de l’espace ? G. GILSON Exemple : Durant quelle période du Quaternaire le Mammouth a-t-il existé sur le territoire de la Belgique? C. —- ÉTANT DONNÉ UN POINT DE L'ESPACE : 1. Quels sont les objets qui ont existé en ce point à un instant donné du temps? 2. Quels sont les types qui y ont existé pendant toute la durée du temps? Exemple : Quelles espèces de mammi- fères ont vécu sur le terri- toire belge avant le Quater- naire ? Exemple : Quelles sont les espèces de crocodiliens qui ont habité le territoire belge ? Extension chronologique de l'espèce dans une région donnée. Éventuellement : apparition, apogée, déclin, disparition. Faune, flore, liste minéralo- gique d'une période en une région. Liste complète des formes d'un groupe signalées en un lieu depuis les temps les plus reculés. D. — ETANT DONNÉ UN INSTANT OU UNE PÉRIODE DU TEMPS : Quels sontles objets qui ont existé en cetinstant dans l'ensemble des points de Exemple : Quelles sont les espèces de crocodiliens qui ont existé Faune, flore, liste minéralo- gique, complètes ou par- tielles, d’une période sur la terre entière. l’espace ? sur la terre entière à l'époque wealdienne ? E. — ETANT DONNÉ L'ENSEMBLE DES POINTS DE L'ESPACE : Quel est l’ensemble des objets quiont existé dans l'ensemble des instants du temps? Exemple : Quelles sont toutes les espè- ces de crocodiliens qui ont vécu sur la terre entière depuis la première appa- rition du type jusqu’à nos jours? Liste complète des formes constituant chaque groupe zoologique, botanique, mi- néralogique. Catalogue gé- néral de la Nature. Appa- rition de chaque groupe, apogée, déclin, disparition. En fait, on ne traite pas strictement de points, — localités sans étendue, — ni d’instants, — phases sans durée, — mais de régions et de périodes. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 245 II — NATURE I. — NOTIONS RÉSULTANT DE SIMPLES IMPRESSIONS SENSORIELLES. A. — Notions acquises par plusieurs sens : 3 ; Grandeur relative de la portion de l’espace Dimension à occupée par les objets comparés. | Contour général dans les trois dimen- Forme. RS à er Vel l sions de l’espace. Sens musculaire. ne . | Exemple : éfres vivants. Division en parties Pie $ Régions. discernables ( Organes. t au moins par un Here Cellules. l Parties de cellules. Contact. Luminosité. Couleur. Chaleur. B. — Notions acquises par un seul sens. Odeur. Saveur. Sonorité. Dureté ou résistance en général. Poids ou autre tendance au mouvement. Pression. 2. — NOTIONS RÉSULTANT DE LA COMPARAISON D'IMPRESSIONS SUCCESSIVES, c'est-à-dire de la constatation de variations dans l’espace et dans le temps et d'un certain travail psychique. HONTE Élasticité, etc. État physique Liquide » Viscosité, tension superficielle, pouvoir | osmotique, etc. CÉSAR RERMERREN Élasticité, diffusibilité, etc. Translation globale. Mobilité . . £ Déformation. Théorie des gaz, agents physiques. Tout Vibration est mouvement : attraction, répulsion, chaleur, lumière, électricité, radioacti- ( Ur vite, etc. 246 G. GILSON Corps simples. combinaisons. | Hypothèses modernes sur la constitution de la matière : électrons, ions, atomes, molécules, éther. Composition chimique. mélanges. Corps composés. Structure complexe, variée. Elle est le siège d'une grande activité : elle échange continuel- lement des molécules avec le milieu ambiant, — aussi l'être vivant n'est-il jamais identique à lui-même à deux instants successifs. Ces molécules en passant lui cèdent de l'énergie dérivée surtout de l’énergie solaire. Chargée d'énergie latente, elle est irritable, c’est-à-dire que des causes agissant comme forces de décharge y produisent des modifications, mouve- ments ou autres phénomènes pouvant se propager de proche en proche. Interruptibilité des échanges vitaux. Expériences de BECQUE- REL : réfrigération à — 253° et réviviscence (1). La matière vivante se différentie graduellement, c’est-à-dire se modifie chimiquement ou structuralement. Signification et siège du travail appelé différentiation : mitochondries, ergastoplasme, etc. Malgré le renouvellement de ses molécules, elle subit une usure inexpliquée : sénescence ou ultradifférentiation. Son activité se ralentit, son irritabilité faiblit, l'arrêt total suivi de la décomposition se produit fatalement, à moins que ne sur- vienne un phénomène aussi mystérieux que la nécessité de l'arrêt : la réjuvénescence. Caractères tout parti- culiers observés dans la matière vivante. Autre particularité caractéristique de la matière vivante : elle est divisée en agglomérations autonomes dont toutes les énergies se combinent en une résultante paraissant agir comme d’un centre organique régulateur des mouvements et du développement. Ces masses distinctes, d’une complexité et d’un volume extré- mement variables, sont des #zdividus, unicellulaires ou pluricellulaires. Ces masses individuelles diffèrent de tout autre amas de matière, non seulement par les propriétés générales de la matière vivante, mais encore : a) Par leur constitution composite ; b) Par leurs mouvements, internes ou externes; c) Par leur origine, aux dépens d’un ou de plusieurs autres individus typiquement semblables, mais individuellement différents, — propriétés héréditaires; d) Par leur croissance et leur différentiation graduelles ; (1) Au laboratoire de M. KAMERLINGH ONNEs, à Leyde. (Comptes rendus Acad. des Sciences, 1909, 148.) Différentes autres observations depuis. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 247 e) Par leur pouvoir d'engendrer d’autres individus typiquement semblables, mais individuellement différents; f) Par leur caractère inéluctablement éphémère : même si la réjuvénescence vient sauver leur substance de la décomposition et du retour en bloc au monde minéral, les 2rdividualités doivent s’éteindre (voir plus loin Origine et Fin); g) Enfin certaines formes vivantes perçoivent les modifications de leur substance produites par les forces de décharge agissant sur des parties spécialement différentiées appelées centres nerveux et rapportent la cause de ces modifications aux objets extérieurs : loi d’extériorisation. Ces centres sont le siège de phénomènes compliqués, réceptifs et émissifs, — activité psychique. Etablissement d’un rapport de connaissance entre l'individu et son milieu. Tentatives récentes pour expliquer mécanique- ment la conscience. Nécessité d'un substratum autonome pour la percep- tion des impressions, l’extériorisation, la localisation vraie et enfin pour la commande libre des mouvements. II. — ORIGINE 1. — ORIGINE GÉOLOGIQUE DES ESPÈCES CHIMIQUES, MINÉRALOGIQUES, LITHOLO- GIQUES. — Question de la transmutation. 2.— ORIGINE DE LA SUBSTANCE VIVANTE. Question de la génération spontanée. 3. — ORIGINE DE L'INDIVIDU VIVANT. L'individu naît d’un ou de plusieurs autres individus. Deux ou plus de deux individus uni- Un seul individu unicellulaire naît de la cellulaires naissent de la division fusion de plusieurs autres : fécondation, d’un seul individu mixie, question de l’autogamie — SCHIZOGÉNÈSE. — ZYGOGÉNÈSE. m0. Le nouvel individu né par Schizogénèse ou par Zygogénèse se divisera en deux ou plus de deux cellules, c'est-à-dire s’éteindra comme indivi- dualité cellulaire, mais donnera naissance, en s’éteignant, à deux ou plus de deux individus qui se‘partagent sa substance. Schizogénèse réitérée. Série de générations successives. Caractère éphé- mère de toute individualité. 248 G. GILSON Résultats de la Schizogénèse. RE Individus unicellulaires vivant | Individus isolés, ou bien restant unis et leur lignée formant descolonies plus ou moins dissociables : — PROTISTES: a Individus reproducteurs peu différentiés, destinés à se séparer des autres : — GONOCYTES. | Destinés à reproduire l'individu multicellulaire on par Schizogénèse. Parthénogénèse. | Autogamie. | Ces données sur l’origine des êtres vivants sont nécessaires pour faire comprendre la signifi- cation comparative d’un individu multicel- lulaire. (par Zygogénèse. Séparation d'un groupe multicellulaires, les cellules restant unies en colo- nies non dissociables, compre- nant deux sortes d'individus : a 3 : Individus somatiques, plus dif- férentiés, incapables ou rare- ment capables de survivre à la séparation : — SOMATOCYTES. | Non destinés à reproduire l'individu multicellulaire, mais engendrant par Schizogénèse d'autres somatocytes se multipliant jusqu'à une dernière géné- ration qui se différentie plus profon- dément et qui doit périr par arrêt des phénomènes vitaux ou nécrothanasie. | Cependant ce pouvoir reproducteur n’est pas anéanti dans les somatocytes, il n’est qu'inhibé : ils peuvent reproduire l'individu multicellulaire par deux procédés : RATES 2 Auto-réjuvénescence spéciale d’un seul somatocyte initial dont la lignée forme une nou- velle colonie, un nouvel individu : CLADOGÉNÈSE. BLASTOGÉNÈSE. ITS Dans les deux cas, il peut y avoir réappa- rition de gonocytes dans le nouvel individu. I de somatocytes, — bourgeons, tubercu- les, bouture, greffon, — prenant la forme d’unnouvelindividu: LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 249 La genèse d'un individu umicellulaire, protiste, œuf fécondé, gonocyte ou somatocyte, entraine donc toujours l'extinction d’une ou de plusieurs individualités cellulaires initiales. La genèse d'un individu multicellulaire par O/astogénèse implique également l'extinction d'au moins une individualité cellulaire initiale. Seule la cladogénèse n’entraîne pas l'extinction d’une individualité initiale : un grand nombre de nouveaux individus peuvent se former par simple séparation de groupes de somatocytes. Noter que la formation d’un individu multicellulaire, coloniecomprenant des cellules diffé- rentiées dans lesquelles le pouvoir reproducteur est plus ou moins inhibé, implique toujours la formation d'une dernière génération de somatocytes condamnés à la sénescence et à la nécrothanasie — sauf réjuvénescence éventuelle. AE | En général : évolution des êtres. 4. — ORIGINE DE L'ESPÈCE . des NO DR | En particulier : phylogénèse d’une espèce donnée. Evolution sur place. == ORIGINE DES FLORES ET FAUNES ? Expansion radiée. LOCALES ET RÉGIONALES. Transport, migration. Ù IV. — FIN Le terme « fin » répond ici à l’idée de simple terminaison et non à celle d’une finalité, d'un but vers lequel tendrait un effort dirigé par une volonté. Pas de finalisme, pas de téléologie dans les sciences d'observation pure, car quelque nécessaire qu'ait été à l'origine de la matière l'intervention d’un premier moteur, perturbateur initial de limmobilité dont, en vertu de l'inertie, rien ne sort spontanément, tout, dans la Nature, paraît être évolution, dégradation, mouvement se continuant en vertu de la même inertie, par le jeu naturel de forces déchaînées #7 principio. Fin de la matière On admettait que tout tend au repos et que le passage à l’état solide était le sort inéluctable de la matière, la fin naturelle, le repos final des mondes. Rien ne se crée et rien ne se perd, était la formule universellement adoptée. Mais si les hypothèses basées sur l'étude de la radio-activité répondent à la réalité, la matière se dématérialise et une nouvelle formule doit remplacer l’ancienne : « Rien ne se crée, mais tout se perd (1). » C'est-à-dire que la Nature retourne à l’éther impondérable dont un choc extranaturel avait mis au moins une partie en vibration. L’éther, s’il existe, est le commencement et la fin de la Nature. (1) G. LE Bon, L'évolution de la matière. CG LS) 250 G. GILSON Mais on va plus loin encore : la dégradation radioactive ne serait pas un retour définitif à l'état inerte; on parle de conservation de l'énergie solaire et cosmique, de reformation de nouvelles nébuleuses et de nouveaux mondes destinés à se dégrader à leur tour et ainsi d’un éternel recommencement conciliable avec la notion de l'impossibilité du mouvement perpétuel, parce que inertie ne signifierait pas repos, et, encore une fois, rien ne se perd! Se non è vero. Mais si la fin de la matière en général échappe à l'observation positive autant que son essence et son origine, il est des oets que nous voyons réellement finir. Fin des êtres AÀ.-— ÊTRES NON VIVANTS. Objets d’une constitution relativement simple, en apparence immuables, ne semblant pas se modifier et ne paraissant pas devoir finir, à moins qu'une cause étrangère ne vienne agir sur eux. Notion différente, récemment formulée, de la dégradation radioactive : tout se perd, tout est destiné à la dématérialisation ou, du moins, au retour à l'état d’éther. B. — ETRES VIVANTS. Objets d’une constitution complexe, se modifiant continuellement depuis leur naissance jusqu'à leur fin : différentiation, déclin, sénescence, arrêt suivi de la désagrégation inévi- table à moins qu’il ne survienne une influence inexpliquée produisant la réjuvénescence qui sauve la substance de la décomposition, mais qui implique le répartissement ultérieur de cette substance en un ou plusieurs individus nouveaux. La substance vivante finit par la décomposition, si la réjuvénescence ne survient pas, et celle-ci entraîne l'extinction d’une ou de plusieurs individualités. L'individu vivant finit, même si la réjuvénescence survient pour sauver la substance du moment, d’une désintégration profonde, et du retour en bloc au monde minéral, sous l’action de causes externes, — bactéries, etc. L'individualité est chose très réelle mais difficile à définir. C’est une résultante paraissant agir comme une force régulatrice à partir d’un centre coordinateur et transformateur des forces apportées par le torrent des molécules dans une masse individuelle. Si on divise cette masse, on provoque la formation de deux centres, on suscite à la vie deux indivi- dualités nouvelles : embryons, ou adultes, division expérimentale ou spontanée, polypes, planaires, annélides, etc. Dans ses variétés supérieures, la masse se souvient de ses impressions passées et commande des mouvements en les coordonnant en vue d’un résultat déterminé et particulièrement en vue de la défense de l'individu et de l’espèce. L'individu est quelque chose d’autonome dans le monde, mais il doit inévitablement finir. Rien ne le préserve de l'extinction, mais il peut finir de deux manières : par arrêt des mécanismes producteurs de l'énergie et dispersion complète des molécules qui le constituent à un moment donné, ou par une partition automatique donnant naissance à plusieurs individualités nouvelles, à deux masses individuellement distinctes de lui, bien que lui ressemblant typiquement (1), et continuant de s’assimiler des molécules, ou enfin par fusion de plusieurs individus formant une individualité nouvelle totalement différente de celle des éléments fusionnés, qui s’est éteinte. (1) Expériences récentes de METSCHNIKOFF. (La Nature, 23 août 1913.) LE MUSEE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 2 1. — lin variée de l'individualité vivante. Si on appelle {hanasie l'extinction de l'individu, on peut appliquer aux divers modes de 2. cette extinction les trois termes suivants : a) Arrêt des phénomènes vitaux, aboutisse- ment naturel de la sénescence, décompo- sition et retour de la substance constituante du moment au monde minéral. C'est la mort, laissant un cadavre. d) Fin d’un seul individu, unicellulaire ou mul- ticellulaire, par division, naturelle ou artifi- cielle, en plusieurs individualités distinctes de la première. Les molécules constituantes de l'individu se répartissent autour de deux ou plus de deux centres nouveaux : l’indi- vidu se divise en plusieurs autres possédant entre eux sa masse pendant quelque temps, mais bientôt celle-ci sera remplacée par d’autres molécules. En outre, cette sub- stance va s’émietter dans la masse énormé- ment croissante de toute une lignée de descendants. (Ceux-ci toutefois lui ressemble- ront sans lui être identiques, mais pourront s'en écarter graduellement par évolution. c) Fin simultanée d'au moins deux individus unicellulaires par fusion. Suppression des deux individualités précédemment distinctes et apparition d’une seule individualité tota- lement distincte de chacune, bien que possé- dant des caractères latents de l’une et de l’autre Cet individu de fusion a toujours une existence éphémère : il est destiné à s’étein- dre par schizothanasie, c'est-à-dire en engen- drant de nouveaux individus schizogéné- tiques. — lin de l'espèce, ou forme des ëtres saisis à une phase donnée de l’évolution. Nécrothanasie. Fin naturelle des cellules soma- tiques de dernière génération et des gonocytes restés sans réjuvé- nescence et sans zygothanasie. Fin de l'individu multicellulaire ; —— ses gonocytes féconds y échappent. Fin accidentelle pos- sible pour tout individu. Schizothanasie. Fin d’une cellule quelconque par division en plusieurs individua- lités cellulaires distinctes. Fin de certains individus multicellu- laires : scissiparité, division expé- rimentale, polypes, turbellariés, annélides, etc. Plantes. Zygothanasie. Fin des gamètes ou gonocytes zygogénétiques par fusion. Ex- tinction de leurs individualités. Formation d’un seul individu appelé zygote, totalement dis- tinct des deux premiers, destiné à la schizothanasie et donnant soit des individus unicellulaires non nécrothanasiques, soit des individus multicellulaires dont certains somatocytes seront né- crothanasiques. Par évolution graduelle, variation dans la lignée. Par extinction complète. Inadap- tabilité. Formes gigantesques ou aberrantes, etc. 252 G. GILSON V. — RELATIONS A. — RELATIONS DES ÊTRES ENTRE EUX DANS LE TEMPS Précession. Simultaneite. Succession. B. — RELATIONS DES ÊTRES DANS L'ESPACE 1. — Rapports statiques. Air. Contact complet. . | ; Eau douce — salée. a) Rapports de l'être avec la substance ambiante. Sol ou autre substance. Eau (flottaison). Contact partiel b) Rapports de l'être avec les autres êtres occupant le milieu. Distance mesurée par comparaison avec l'écart de deux points déterminés choisi 1) Rapports de situation . , comme unité conventionnelle. Orientation angulaire par rapport à d’autres objets, mesurée en degrés. 2) Rapportsderessemblanceou de | Application de ces notions différentielles : différence, àde multiples points rapprochement des objets comparables, de vue. Notions différentielles séparation des objets disparates. Notion ressortant de la comparaison de l'espèce à un moment donné du temps. des impressions sensorielles ou Parti à tirer de la connaissance des sérums de l'étude des variations et pour l’étude de la spécificité, etc. Etablisse- d'un travail psychique. Voir ment des groupes naturels. Systématique. page 245. Branches comparatives de la biologie, etc. L 2. — Rapports dynamiques. Attraction ourépulsion. à Lumière. Actions mécaniques. 1) Relations physiques ou échange Chal Influence des forces de vibrations. : ao physiques sur les Electricité. actions chimiques. Radioactivité. Transformation des vibrations. Effet produit par elles sur les corps. Effet sur les corps chargés d'énergie latente, en particulier les êtres vivants. (Voir plus loin.) LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 253 Réactions variées se produisant dans la Nature, entre corps mis en contact : OXY- dation, réduction, sulfuration, hydratation, 2) Relations chimiques ou échange déshydratation, double décomposition, etc., de substance. et phénomènes physiqueslesaccompagnant : solution, ionisation, précipitation, cristalli- sation, dégagement de chaleur, lumière, électricité, dégradation radioactive, etc. 3. — Rapports organiques — spéciaux à la matière vivante. Nulle — vie fixée. | Passive — parasitaire, transports, etc. MIBÉOCOMOUON EU. : . : . +» ] aquatique. Active 4 terrestre. aérienne. Variation provoquée dans un être (per- | Sensibilité générale. ception) par une va- b) Connaissance . . . . . . .{ riation se produisant dans un autre. Sensibilité spéciale (organe des sens). Activité psychique. C. — RELATIONS D'ÉCHANGE ENTRE L'ÊTRE VIVANT ET LE MILIEU 1. — Échanges physiques. a) Action du milieu sur l'être. Actions mécaniques. Influence spéciale de la lumière dans l'élaboration, la transpiration, la coloration. Rayons ultraviolets. Influence de la lumière, de la chaleur, de l'électricité et d’autres radiations sur les réactions intracellulaires, sur { Thermorégulation. le fonctionnement des organes, sur la croissance, etc. Adaptations, etc. | Tropismes. b) Action de l'être sur le milieu. Actions mécaniques diverses. Luminosité, phosphorescence. Élévation de la température (fermentation, etc.). Muscles. Phénomènes électriques . . \) , ! Organes électriques. | Radioactivité. 254 G. GILSON 2. — Échanges chimiques. a) Action du milieu sur l'être Apports de substance. Anhydride carbonique. Minérale . Sels — eau. limentation. à . PHDPAREES Dissoute — Saprophytisme. Organique : Microphagie amibienne. Solide. Macrophagie et digestion. | Air libre — respiration aérienne. Respiration. Apport d'oxygène. RÉ ere : De PP ŸE Air dissous — respiration aquatique. b) Action de l'être sur le milieu. Anhydride carbonique de la respiration. Oxy- gène de l’élaboration. Résidus de digestion, excrétions, sécrétions, produits génitaux, Déversement de substance. . . progéniture, cadavres après la nécrotha- nasie, parties putrescibles et parties per- sistantes, ligneuses, calcaires, siliceuses ou minéralisables — fossiles. Constructions : abris, nids, pièges, etc. D. — RELATIONS AVEC LES AUTRES ÊTRES VIVANIS Isolement. Association. Commensalisme. Parasitisme. Symbiose. Concurrence. Hostilité. Protection. VI. — VARIATION 1. — VARIATION DES ÊTRES EN NOMBRE Dans le temps. Dans l’espace. 2. — VARIATION DES ÊTRES DANS LEUR NATURE Etres non vivants. Variation sous l’action d’une cause externe. Autodégradation radioactive. LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE 2 [Sa UT Etres vivants. Variation moléculaire : pp ne : ôle des mitoc dri ; Différentiation de la substance vivante RO1e des mitochondries, etc Oose . . . Période ovulaire. Embryose . > embryonnaire. Hébéose. . » post-embryonnaire a)Dansle temps ; 7 ne ve jusqu'à l’état adulte. à diverses périodes Acméose. . » adulte. de l'existence. | Paracméose . » de déclin. Variation | En taille . Nécrose . . » cadavérique — décom- de ou en position par des causes l'individu. { structure. étrangères. b) Dans l’espace en diverses Variétés régionales ou locales. régions. Variation { En richesse des et en moe » PE 4 > o A groupes. (composition. Dans l’espace. Caractères des faunes des régions diverses. Dans le {emps. Développement, apogée, déclin. de VARIATION DES ÊTRES DANS LEUR ORIGINE Variation dans les conditions géologiques de la formation des espèces minérales. Variation dans les conditions d’origine des étres vivants. Schizogénèse. Génération agame. 4 Blastogénèse. LUE Cladogénèse. Génération . . .| En NE : Zygogénèse. Géneranion sexe Variation des conditions accessoires de la génération : oviparité, viviparité. | Anamorphose — développement direct. Paramorphose — écart de l’anamorphose ou formation d’une Développement . larve adaptée à certaines conditions de vie. Métamorphose — retour à la forme anamorphique et achèvement. | Catamorphose — régression ontogénique. Ex. : Tuniciers. 256 G. GILSON. — LE MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE MODERNE IE V'ARIATION DES ÊTRES DANS LEUR FIN A Fin par l’action d’une ( Etres non vivants. Fi cause étrangère. | Êtres vivants. 11n . A de Etres non vivants. | Dégradation radioactive. edit Fin par des causes Schizothanasie. internes. Êtres | Zygothanasie. vivants |} Nécro- | accidentelle. thanasie } normale, —somatocytes seuls. Modification du milieu et inadaptabilité. Dans le temps . Extinction. Évolution graduelle. Fin des espèces et des groupes. de des aires par différence des Dans l’espace . E El a Ê conditions de milieu — barrières. Ro — VARIATION DES ÊTRES DANS LEURS RAPPORTS A. — Variation des rapports chronologiques B. — Variation des rapports dans l’espace. 1. — Variation des rapports statiques. a) Variation des rapports de l'être { Passage de l’air à l’eau, de l’eau douce à l’eau avec la substance ambiante. salée et vice versa, etc., à diverses périodes. b) Variation des rapports d’un être avec les autres êtres. Le mouvement est une variation de la Mouve- distance ou de l'orientation angulaire. rapports Re : : ments. Mesure de cette variation dans un temps de situation. ; $ donné — vitesse. 1) Variation des 2) Variation des rapports de ressemblance et de différence. — Évolution. 2. — Variation des rapports dynamiques. 1) Variation du mouvement. Variation de la pesanteur et des actions mécaniques : 2) Variation dans les conditions | De la lumière — nuit, jour, etc. des échanges physiques. De la chaleur — saisons, etc. Électricité — décharges. Radioactivité. 3) Variation dans les conditions des échanges chimiques. Ionisation. Réactions se passant dans la Nature. 3. — Variation des rapports organiques. Variation dans les conditions de la locomotion, de la connaissance, des échanges physiques et chimiques et des relations avec les autres êtres vivants. hp È—————— < AVI 7 cr se MÉMOIRES 04 ou LD HISTOIRE. NATURELLE DE REUEIO Li Û ! . (are Le | CHIC RE "k TOME VII. — FASCICULE 2 HUM PAR ALPHONSE MEUNIER DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES PROFESSEUR D£ BIOLOGIE A L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN # a LA Me) PARTIE Le CbuRe “CHAETOCEROS,, EHR. -avec 7 planches hors texte BRUXELLES IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE RHÉGIOUR À 12, rue de Louvain, 112 1913 MOREL DISTRIBUÉ LE 25 FÉVRIER 1914 re: « H CNT CAMSATIGERE 13 MN: Lan æ LE DR RES 0 LM 1 ATT PVR OR Ni. LS SLAM : Pr à AS TRES MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE TOME VII. — FASCICULE 2 MICROPLANKTON DE PAPER FLAMANDE PAR Alphonse MEUNIER ière PARTIE LE GENRE “CHAETOCEROS,, EHR. avec 7 planches hors texte BRUREREES HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 1013 DISTRIBUÉ, LE INTRODUCTION DÉFINITION DU TITRE. Précisons le sens attribué dans ces pages au terme microplankton, qui n'a pas toujours recu des auteurs une signification bien définie, et délimitons le groupe des organismes qui font l’objet des recherches dont nous commencons la publication. Nous rangeons dans le microplankton uniquement des formes unicel- lulaires. Quelque minime que soit sa taille, un être multicellulaire n'appartient donc jamais au microplankton, et, d'autre part, il ne suffit pas qu’une cellule libre ou une colonie d'organismes unicellulaires atteigne un volume considérable pour que nous les rangions dans le macroplankton. | Telle est la signification que nous attachons au terme; elle n’est pas absolument conforme à l'usage terminologique d’après lequel les termes contenant les radicaux micro ou macro indiquent respectivement des objets invisibles ou visibles à l'œil nu; mais elle nous semble ration- nelle, parce qu’elle évite l’écueil de séparer, pour la seule considération du volume, des formes voisines et d’en réunir d’autres qui n’ont entre elles aucun lien. Le terme Protistes ne pouvait nous servir, car il désigne l’erxsemble des êtres unicellulaires, alors que nous n’entendons traiter que de ceux dont l'existence présente au moins une phase planktonique. 4 INTRODUCTION. Le microplankton est donc l’ensemble des protistes, tant protophytes que protozoaires, qui présentent au moins une phase planktonique. On remarquera que cette définition ne nous interdit pas d'étudier des organismes unicellulaires fixés, pourvu qu’une forme de leur cycle évolutif puisse se rencontrer dans le produit des pêches planktoniques. De même nous pouvons faire une place au moins provisoire à des formes unicellulaires planktoniques qui évidemment manquent d’auto- nomie sous cet aspect, aussi longtemps que les organismes auxquels elles se rattachent, à titre d'œuf, de kyste, ou de spore, ne sont pas connus, quand bien même ceux-ci pourraient être multicellulaires. MATÉRIEL D'ÉTUDE. Ainsi que l’indique le titre de ce mémoire, notre matériel provient de la partie sud de la mer du Nord, comprise entre le 52° degré de latitude et l'entrée de la Manche, région resserrée, bien caractérisée à divers points de vue; mais dont la désignation est restée fort incom- mode jusqu’au jour où M. Gilson, éprouvant continuellement cette difficulté au cours de ses explorations, lui donna le nom de Her flamande qu’elle porte aujourd’hui. Disons cependant que nos objets ne proviennent pas tous du large : un bon nombre de pêches ont été faites dans le bas Escaut, dans les canaux maritimes et dans les eaux des Polders, c’est-à-dire dans des annexes saumâtres de la mer flamande. Tels sont les matériaux dont le Musée royal d'Histoire naturelle nous a confié l'étude, avec la mission de dresser, pour les principaux groupes, la Liste critique des espèces, c'est-à-dire : un inventaire accompagné des indications bibliographiques et synonymiques, ainsi que d’une des- cription diagnostique et surtout iconographique; car si la classique diagnose est souvent insuffisante pour l'identification des formes INTRODUCTION. 5 macroscopiques, elle l'est presque toujours pour celle des protistes, et seul le recours à un bon dessin permet de les différencier et d’en déter- miner sûrement l'espèce. DIvisION DE LA MATIÈRE. La diversité des organismes du microplankton est très grande. Protophytes et Protozoaires s’y coudoient presque toujours et donnent lieu à des associations variées, complexes, étranges, caléido- scopiques, vraies mosaiques vivantes dont il importe de débrouiller les figurants. C’est spécialement le cas pour le plankton de la zone littorale de la Belgique où, en toutes saisons, les espèces les plus diverses entrent en concurrence. Les prises d’échantillon y révèlent toujours une grande richesse de formes différentes si non toujours une grande abondance d'individus. Sans attacher plus d'importance qu’il ne convient à la nature végétale ou animale des nombreuses espèces qu’on y peut identifier, il importe néanmoins, dans un but d'harmonie avec les classifi- cations régnantes, de les départager entre ces deux catégories maîtresses, dominées par leurs conditions essentielles d’existence l’une plasmodome, édificatrice de matières organiques aux dépens du monde minéral, l’autre plasmophage, destructrice de ces matières organiques, après assimilation. Il est de plus naturel de nous attacher d’abord à ceux de ces organismes qui, par leur puissance créatrice 1llimitée, peuvent réaliser la synthèse organique des éléments minéraux avec la force vive de la radiation et remplir les mers de cette manne flottante dont s’alimentent, en dernière analyse, les formes animales qui, des plus petites aux plus grandes, se servent à leur tour d’aliment réciproque. (Q INTRODUCTION. C'est là ce que l’on pourrait appeler la prairie flottante des eaux : océans, mers, lacs; source d'aliments inépuisables pour les organismes d'ordre animal, protozoaires et métazoaires, qui se livrent eux-mêmes à l’âpre lutte pour l'existence en s’entre-dévorant. Ces protophytes sont pour la plupart des Algues dont les Phéophy- cées ou Algues brunes comprennent le plus grand nombre des espèces planktoniques. Celles-ci sont représentées principalement dans les eaux de la mer flamande par des Diatomacées et des Péridiniacées dont nous ferons une étude détaillée. — Nous attacherons moins d'attention aux Flagellates et aux Silicoflagellates dont les formes peu variées seront mentionnées en appendice, en même temps que les rares Chlorophycées et d’autres organismes incertae sedis que l’on rencontre également d’une facon accidentelle. Nous ne parlerons pas expressément des Bactériacées qui, à l’état fixé par les réactifs, se refusent à toute diagnose spécifique, n1 des formes mycologiques, des Chytridiacées notamment, que l’on n’observe qu’à l'état parasitaire et dont 1l sera fait mémoire à propos des espèces parasitées. C’est après cette revue des protophytes que nous passerons aux pro- tozaires dont le nombre, dans nos eaux flamandes, est assez limité si l’on excepte, parmi les Infusoires, les Tintinnides représentés par plusieurs espèces et le Voctiluca miliaris dont l'abondance est parfois excessive. Les Foraminifères ne s’observent communément qu’à l’état de tests vides tenus en suspension, au même titre que les particules minérales, dans nos eaux toujours limoneuses, à cause de leur nature littorale et de leur faible profondeur. Quant aux Radiolaires, ils font, peut-on dire, complètement défaut, le milieu ne leur convenant sans doute pas. L'étude de ces différents groupes ressortit à une technique propre et à une bibliographie spéciale. C’est pourquoi nous comptons les traiter séparément dans autant de découpures du présent travail. | MICROPLANKTON DE ANR R RP ANANDE FAMILLE I. — DIATOMACÉES Par leur abondance habituelle dans les produits de pêche au filet fin, autant que par leur caractère d'organismes plasmodomes et conséquemment aussi par leur rôle nutritif vis-à-vis d'autres organismes plasmophages, protozoaires et métazoaires, les Diatomacées tiennent une place prépondérante dans le monde du Microplankton. C’est la raison qui désigne d’abord à notre attention cette famille de protophytes. SOUS-FAMILLE |. — ARAPHIDÉES Mais parmi les Diatomacées il en est qui, mieux que d’autres, sont adaptées à la vie libre et errante, à cause soit de leur faible silicification, soit de leurs grandes dimensions, soit encore des particularités favorables à la flottaison de leur groupement en colonies légères et à grande surface de sustentation. Ce sont les Araphidées, c'est-à-dire : les Crypto-Raphidées de VAN HEURCK, les Centricae d'autres auteurs. TRIBU I. — CHÉTOCÉRÉES Cette aptitude à flotter librement dans l’eau est surtout l'apanage des Chéto- cérées, dont les différents genres sont tous planktoniques ; mais 1l en est un qui, sous ce rapport, prime tous les autres : c'est le genre (Chaetoceros, genre aussi riche en espèces qu'homogène dans ses caractères essentiels. Nous voulons en faire l'objet de ce premier mémoire, tant à cause de la place prépondérante que ses représentants détiennent dans les associations planktoniques que de la difh- culté de les en démêéler et de les distinguer entre eux. 8 ALPH. MEUNIER. LE GENRE ‘: CHAETOCEROS ,, GENRE CHAETOCEROS EHRENBERG Généralités. A lire les magistrales publications de VAN HEURCK : Synopsis des Diatomées de Belgique, 1880-1885, et 7raité des Diatomées, 1899, on pourrait croire que le genre CAaetoceros n'est représenté dans les eaux belges que par un très petit nombre d'espèces. Dans l’Af/as du Synopsis, il en reproduit quelques-unes figurées par GRUNOW, d’après des spécimens d’origine étrangère; mais dans le texte il n’en réserve que deux qu'il décrit comme étant d’origine belge : Ch. armatus WESTENDORP et Ch. Wigharmii BRIGHTWELL. Dans sa Ælore des Algues de Belgique M. DE WiLbEMAN, qui se fait simple- ment l’écho de son prédécesseur, ne signale non plus que ces deux noms. Dans le 7raité, qui est une refonte du Syzopsis, avec une meilleure mise au point, eu égard à la Belgique, VAN HEURCK en signale trois dont les figures reprises du Syzopsis sont incorrectes ou mal interprétées et dont les détermi- nations sont fautives. 1° Ch. armatum WEST. dont les figures, planche 18, figure 603, ont été faites sans doute sur des objets déformés et rendus méconnaissables. 2 Ch. Wighamii BRIGHT. pl. 18, fig. 604, dans laquelle on ne peut voir que l'espèce désignée maintenant sous le nom de Cx. danicum CL. 3° Ch. paradoxum CL. var. Æibenii GRUN. pl. 35, fig. 916. Cette forme, qui a une réalité objective, semble avoir échappé jusqu'ici aux observations des Planktonistes du Nord. Evidemment l'attribution en est fautive, car 1l faut y voir une sorte de Pheoceras GRAN. de la section des Boreales OST. et non pas une variété de Ch. paradoxum CL. qui serait référable aux /7yalochaetae GRAN, si l'espèce visée par CLEVE avait été conservée sous le nom de paradoxum. I] y aura lieu de lui reconstituer un état civil. Il y a, sous ce rapport, dans l’œuvre du grand diatomiste belge, une lacune MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 9 qui ne peut s'expliquer sufhsamment ni par l'état peu avancé de cette partie de la science algologique, car des publications importantes sur la matière avaient déjà vu le jour à l'étranger avant 1899; n1 par l'absence de matériaux d'étude, car nous avons repéré nous-même plusieurs espèces de Chaetoceros qui auraient pu être mentionnées, dans les produits de pêches effectuées par lui, bien avant cette époque, sur le littoral et dans le bas Escaut et qu'il a eu l'obligeance de nous communiquer à vue. La cause en est plutôt dans l'habitude qu'avait Van HEURCk de n'’attacher guère d'importance à l'examen des matériaux à l’état naturel et d'en différer l'étude jusqu'après traitement par des procédés violents, macération ou incinéra- tion, qui mettaient en meilleure posture les espèces fortement silicifiées, les espèces d’eau douce particulièrement, qui sollicitaient davantage son attention. Cette technique, qu'il expose longuement dans son 7Yatté, pages 65 et suivantes, est absolument préjudiciable à beaucoup d'espèces marines moins silicifiées et ‘particulièrement aux CAaetoceros. Celles-ci n'ont généralement rien à gagner à ces manipulations savantes qui leur feraient perdre leurs meilleurs caractères : endochrôme, forme des colonies, mode de groupement des frustules, etc. Elles s’étudient beaucoup plus facilement à l’état naturel, simplement fixées par un réactif conservateur approprié, ou, pour les plus délicates, après coloration par le bleu de méthylène qui en accuse certains détails. Il est même curieux de constater que c'est précisément cette facilité d'étude qui les a fait tenir à l'écart et en a retardé la connaissance. En fait, le nombre est grand des espèces de CAaetoceros qui habitent normale- ment la mer flamande ou qui y sont amenées parfois par des circonstances exceptionnelles. Néanmoins cette impression ne résulterait pas de l’examen d’un échantillon de pêche pris au hasard des circonstances. Trop souvent, en effet, on se ferait une opinion toute contraire. Il y a des saisons mortes pour les Chaetoceros, bien qu'il soit rare qu’elles abandonnent complètement nos côtes. Il y a aussi des périodes d’abondance ; mais, même dans les moments favorables, ces espèces ne constituent jamais, comme il arrive dans d’autres mers, l'élément exclusif ou seulement prédominant des prises de plankton. De nombreuses autres espèces s'y coudoient généralement et augmentent la difficulté des recherches par la confusion de leur mélange. De plus, les produits de pêche au filet fin sont souvent souillés par des matières limoneuses, dont l'abondance tient au caractère littoral de toute la mer flamande et à sa faible profondeur, autant qu'au voisinage de l'embouchure de plusieurs fleuves et à l'intensité des courants qui s’y produisent. Ce n’est donc que grâce à des recherches longtemps continuées sur des matériaux 2 10 ALPH. MEUNIER. largement répartis dans le temps et dans l’espace que nous avons pu repérer un bon nombre d'espèces, dont la liste pourra sans doute s’allonger encore plus tard de plusieurs unités. Nous les tenons | 1° Des pêches hebdomadaires réalisées par le personnel du bateau-phare du West-Hinder, depuis le début de l'exploration entreprise par le Prof' G. GILson, pour les besoins du Musée; 2° Des pêches effectuées par M. Girsox lors des croisières trimestrielles inter- nationales à bord de l'aviso l7//e-d'Anvers; 3° Des pêches faites méthodiquement, en des endroits déterminés, à l’occasion d'expériences instituées par le même, en vue de préciser certains faits océanogra- phiques ; 4° Des pêches exécutées accidentellement, au hasard des lieux et des circon- stances ; 5° Des pêches entreprises par feu M. Van HEURCK dans le bas Escaut et sur’ plusieurs points du littoral ; 6° Des pêches effectuées par M. Coor, pharmacien à Nieuport, dans les nom- breux canaux qui sillonnent le bassin de l’Yser; 7° Enfin des produits prélevés par nous-même sur différents points du littoral et dans les eaux saumâtres des Polders. De ces nombreux matériaux, les plus précieux sont les produits de pêche du West-Hinder, car ils permettent de porter un jugement sur les fluctuations saisonnières des éléments planktoniques. Malheureusement ces produits ont dû être soumis à un tamisage dans l’eau pour en séparer les parties les plus grosses, et ce traitement a été fort dommageable à la plupart des espèces dont les colonies fragiles ont été émiettées et ont perdu leurs meilleurs caractères spécifiques. Aussi est-ce dans des échantillons qui ont été soustraits à ces malen- contreuses manipulations qu'il a fallu chercher des spécimens complets, propres à l'étude et à la figuration. La grande ressemblance des Chaetoceros, organismes construits tous sur un plan très simple, exclut la possibilité d'en faire discerner les espèces par les données d'une simple diagnose. ÎT faut en plus l’appoint de bonnes figures capables d'en fixer la physionomie, en déterminant dans chaque cas la valeur exacte des termes descriptifs. Nous nous sommes efforcé de réaliser ce desideratum dans les planches qui accompagnent ce mémoire. Il y a lieu de faire remarquer que les figures ont toutes été exécutées à un grossissement uniforme d'environ 500 diamètres. Cette circonstance permettra de faire d'emblée la comparaison des objets au point de vue de leurs dimensions réelles. Celles-ci varient souvent beaucoup dans MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. II les représentants d'une même espèce; elles sont d’ailleurs toujours trop petites pour pouvoir être traduites utilement à l'imagination par des données métriques. SUSLENAMIQUE On peut définir les Chaetoceros : des Diatomacées formées de deux valves elliptiques, généralement symétriques, pourvues chacune de deux soies et grou- pées le plus souvent, par soudure des soies des frustules contigus, en colonies rubanées, droites, tordues, courbes ou spiralées. La multiplication s’en fait par division transversale. La reproduction en est assurée soit : 1° par des spores quiescentes, appelées aussi endospores ou endocystes, 2° par des auxospores qui reconstituent l'espèce dans ses dimensions normales, et 3° par des microspores ou spores d’essaimage dont on ignore encore l’évolution. SOUS-GENRE I. — PHEOCERAS GRAN. Chromatophores nombreux, distincts, dispersés dans le protoplasme et jusque dans les soies qui sont d’un calibre assez gros. Pas d’endospores connues. Ch. atlanticum CLEVE. (PI. I, figures 1 et 2.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1875a. Ch. atlanticum CLEVE (°), p. 11, pl. 2, fig. 8. 1881. Ch. atlanticum var. tumescens GRUN., dans le Synopsis de Van Heurck. PI. LXXXI, fig. 6 1886. Ch. dishar CASTRACANE, p. 76., pl. 8, fig. 6. 1895. Ch. compactum SCHÜTT, p. 46, pl. V, fig. 23. 1910. Ch. atlanticum MEUNIER, p. 216, pl. XXIV, fig. 1 à 3. CARACTÈRES. — Colonies en chaînettes peu longues généralement, différen- ciées aux extrémités par l'orientation des soies. Celles-ci sont toutes maintenues dans le plan sagittal, insérées un peu en retrait sur le bord des frustules et croisées () Voir, à la fin de ce fascicule, l’index alphabétique des auteurs cités et le titre des publications dont il est fait ici mention. 12 ALPH. MEUNIER. obliquement sur les lignes latérales de la chaînette, où elles présentent un certain élargissement. Elles se montrent faiblement barbelées à sec et se terminent brièvement en pointe émoussée. On observe, en outre, une petite épine au milieu de chaque valve. FIGURES. — La figure 1, planche I, en reproduit un fragment de chaînette en vue sagittale : c#, chromatophores; #, noyau; /, foramen; ep, épine terminale des alves: d, épaississement des soies vers le niveau de leur soudure. La figure 2 en montre une vue valvaire, avec les soies maintenues dans le plan sagittal. OBSERVATIONS. — Cette espèce ne s'observe qu'accidentellement dans la mer flamande, en dehors de son aire d'habitation qui est plus boréale. C'est le seul représentant de la section des Af/anticae OsT. reconnue jusqu'ici dans nos eaux. Celles qui vont suivre appartiennent aux Poreales Osr. Ch. criophilum CASTRACANE. (PI, ne 2405) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1886. Ch. criohhilum CASTR., p. 78, avec figure. 1897. Ch. peruvianum V ANHÔFFEN, p. 260, pl. 3, fig. 5 à 7. 1901. Ch. criohhilum JOÜRGENSEN, p. 20, sans figure. 1904. Ch. criophilum GRAN, p. 532, fig. 3. 1910. Ch criophilum MEUNIER, p. 215, pl. XXIV, fig. 8 à 14. CARACTÈRES. — Colonies en chaînettes droites; frustules à ceinture nulle ou rudimentaire formés de valves dissymétriques : l'une fortement bombée, l’autre plus aplatie. Soies longues et fortes, insérées en retrait sur les bords des valves et dirigées toutes vers la même extrémité de la colonie. Amincies près de leur base, elles s’élargissent plus loin et se montrent fortement spinuleuses sur toute leur longueur. Foramens très dissymétriques, toujours visibles. FIGURES. — La figure 3 en reproduit un bout de colonie montrant les relations de soudure existant entre les frustules et l’orientation des soies. Celles-c1 sont très longues et ont dû être écourtées. — c4, chromatophores; 7, noyau; J, foramen. La figure 4 en donne la vue valvaire bombée. La figure 5 en montre un fragment de colonie plus petite, avec foramens, 7, plus étroits. OBSERVATION. — Cette espèce, qui appartient aux mers boréales, n'est que rarement observée dans la mer flamande, à l'état sporadique. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. I [#3] Ch. boreale BaAILEY. (IREM 28 10) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1854. Ch. boreale BAILEY, p. 8, fig. 22 et 23. 1873a. Ch. boreale var. Brightwellit CLEVE, p. r2, fig. 7a. 1897a. Ch. boreale CLEVE, p. 20, pl. I, fig. 1. 1897a. Ch. boreale var. Brightwellii CLEVE, p. 20, pl. I, fig. 2. 1904. Ch. boreale GRAN, p. 533, fig. 5. 1910. Ch. boreale MEUNIER, p. 214, pl. XXIV, fig. 4à 7. CARACTÈRES. — Chaînettes fortes et droites; frustules à valves semblables, dépourvus de ceinture apparente. Soies fortes, longues, spinuleuses, très diver- gentes, mais maintenues dans des plans presque perpendiculaires à l'axe longitu- dinal de la colonie. Foramens assez larges, légèrement rétrécis au centre. FiGures — Figure 9, vue sagittale d’un fragment de colonie; c4, chromato- phores; #, noyau; f, foramen. Figure 10, vue valvaire d’un frustule montrant la divergence des soies. OBSERVATION. — Cette espèce est très rare dans la mer flamande; elle ne s’y observe qu'accidentellement, comme les deux précédentes. Ch. Convolutum CASTRACANE. (PI. I, fig. 6à 8.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1886. Ch. convolutum CASTRACANE, p. 78, avec figure. 1910. CA. convolutum MEUNIER, p. 218, pl. XXIV, fig. 17 à 19. CARACTÈRES. — Chaïînettes droites, assez grêles, plus ou moins tordues sur l'axe, formées de frustules à peine dissymétriques, dont les soies se tordent à leur base sur leurs voisines et sont ainsi ramenées du côté du frustule auquel elles appartiennent. Ces soies, d'un calibre uniforme, se voient très légèrement bar- belées à sec. Ceinture visible d'environ un tiers de la longueur du frustule. Foramen circulaire, très étroit. FIGURES. — Figure 6, fragment de chainette; c4, chromatophores; #, noyau ; j, foramen. 14 ALPH. MEUNIER Figure 7, vue valvaire montrant la direction des soies à leur origine, entre deux cellules sœurs. Figure 8, spécimen montrant le faible écart observé parfois entre les deux valves d'un frustule, l’une étant légèrement plus bombée que l’autre. OBSERVATIONS. — Peu d'espèces ont donné lieu à des vues si différentes, à défaut pour celle-ci, sans doute, d’avoir été figurée adéquatement par son auteur qui en indique le caractère sans le traduire en fait. Nous ne saurions v rattacher la forme à laquelle GRAN attribue ce nom, sans en montrer non plus le caractère essentiel de l’entortillement caractéristique des soies contiguës — 1994, page 520, figure 1 &, b, c, qu'il reproduit en 1905 dans Nordisches Plankton, page 69, figure 82. — Seule la figure 1, à, laisse deviner ce caractère qui n'apparaît pas du tout dans la figure I, &. Cette espèce, que nous n'avons jamais vue en ‘abondance nulle part, n'apparaît que très exceptionnellement dans nos eaux belges. Ch. densum CLEvE. (PI. I, fig. 14 à 18.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1873a. Ch. boreale var. Brightwelli CLEVE, pro parte, pl. IL, fig. 7. 1897a. Ch. boreale var. densa CLEVE, p. 20, pl. I, fig. 3 et 4. 1901. Ch. densum CLEVE, P. 290. 1904. Ch. densum GRAN. p. 531, fig. 2. 1910. Ch. densum MEUNIER, p. 217, pl. XXIV, fig. 15 et 16. CARACTÈRES. — Colonies fortes, souvent longues, droites, parfois légèrement tordues sur l’axe longitudinal. Frustules très rapprochés, ne laissant entre eux qu'un foramen linéaire, difhcilement perceptible pour peu que l’objet ne soit pas convena- blement placé. Ceinture bien distincte, large d'environ un tiers de la cellule. Soies insérées un peu en retrait sur les bords légèrement émoussés des valves et diver- gentes toutes du plan sagittal, mais plus ou moins convergentes vers les termi- nales qui se rapprochent de la direction de l'axe longitudinal de la colonie. 11 arrive qu'on y peut distinguer de très fines barbelures. FIGURES. — La figure 14 reproduit un fragment terminal de colonie; ck, chro- matophores; #, noyau; /, foramen. La figure 15 en est une vue valvaire prise entre deux cellules contiguës, pour en montrer la divergence habituelle des soies vis-à-vis du plan sagittal. La figure 16 en montre une cellule terminale, vue de côté, pour en faire voir la direction des soies terminales, qui sont ici très faiblement barbelées. La figure 17 en donne une cellule solitaire. La figure 18 en reproduit une colonie réduite à deux frustules. Les soies en ont été intentionnellement écourtées. ( ——_—— MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 15 OBSERVATIONS. — C'est, parmi les P#eoceras, l'espèce la plus constante et la plus répandue dans les eaux marines belges. On l'y rencontre à peu près en toutes saisons, mais avec plus d’abondance au printemps et en automne. Ch. Eibenii (GRUNOW) obrs. (PM emranrs ec PIVIL, fo c56.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1881. CA (paradoxus CLEVE, var.?) Eïbenii GRUNOW, dans le Synopsis de VAN HEURCK, pl. LXXXII, fig. 9 et 10. 1899. Ch. paradoxum CLEVE, var. Etïbenis GRUNOW, dans le Traité de VAN HEURCK, pl. 35, fig. 916. CARACTÈRES. — Chaînettes fortes, longues, droites, souvent brisées. Frustules volumineux, à deux valves égales, dont le sommet un peu ombiliqué au milieu présente une très petite pointe qui n’est visible, en raison de sa situa- tion, qu'avec beaucoup d'attention. Ceinture visible, large d'un tiers du frustule. Soies fortes, à section Zexagonale, très faiblement barbelées sur les arêtes, acco- lées à leur voisine près de leur base, qui est en retrait sur les bords aigus des valves, et divergeant ensuite fortement : les unes restant sensiblement dans le plan sagittal, les autres prenant une direction perpendiculaire à ce plan. Il en résulte que les colonies prennent généralement, sous le couvre-objet, une position oblique qui contrarie l’observation normale. Les foramens sont assez ouverts et de forme elliptique. C’est là son meilleur caractère différentiel d'avec l'espèce densum, avec laquelle il lui arrive d'être mélangée. MicrOSPORES. — Dans les produits de la croisière du mois d'août 1908, nous avons observé la subdivision du protoplasme en 2, 4, 8, 16 et 32 fragments qui semblent devoir s'individualiser pour jouer le rôle de microspores. Nous n'en connaissons n1 le mode de mise en liberté, ni le rôle ultérieur. FiGures. — La figure 11 en reproduit un fragment de colonie en vue sagittale ; ch, chromatophores; #, noyau; #, foramen ; ep, épine terminale des frustules. La figure 12 en est une vue valvaire prise entre deux cellules contiguës. ep, épine terminale, au fond d'une petite dépression. Ê La figure 13 en reproduit l'aspect en vue latérale. On remarquera la forme hexagonale de la section des soies. La figure 56 de la planche VII en montre les progrès de la subdivision du Hoopläsme en 2 4, en 4, 0,.en8,.c, en 10, d, en 32, c, fragments, en vue, croyons-nous, de la formation de microspores. On remarquera que les fragments de même ordre renferment chacun un nombre égal de chromatophores. 10 ALPH. MEUNIER. OBsERVATIONS. — C'est dans les ouvrages de VAN HEURCK que nous trouvons le seul document figuré qui nous paraît pouvoir être rapporté à l'espèce en ques- tion. Nous n'en trouvons aucune autre évocation ailleurs. Sans doute, l'attribution de cette figure faite par GRUNOW à une variété de Ch. paradoxum Cr. est évidemment fautive ; car c’est une sorte de Pheoceras bien caractérisée qui traduit des caractères intermédiaires entre ceux de CA. boreale et ceux de CA. densum, deux espèces avec lesquelles elle a peut-être été confondue. Dix ans d’ observation nous ont convaincu de sa spécificité. Après l'avoir figurée dans l’Af/as de son Synopsis, VAN HEuRCk n’en fait pas mention dans le texte du même ouvrage. Il la reprend plus tard dans son Traité, page 422, en des termes qui laissent supposer qu'il l’a observée lui-même dans les eaux du bas Escaut, où elle est réellement assez fréquente. C'est la plus grande des espèces de la mer flamande, où on la rencontre fréquemment, mais avec moins de régularité que l'espèce densum. Ch. danicum CLEVE. (PI -trona 20) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1881. Ch. Wighami, dans Synopsis de VAN HEURCK, pl. LXXXII, fig. r (non BRIGTHWELL). 1889. Ch. danicum CLEVE, P. 55. 1893. Ch. boreale SCHÜTT., p. 19, fig. s (non BAILEY). 1896. Ch. boreale SCHÜTT., p. 87, fig. 144 A. 1894. Ch. danicum CLEVE, p, 12. 1899. Ch. Wighami dans Traité de VAN HEURCK, p. 422, pl. 18, fig. 604 (non BRIGHTWELL). CARACTÈRES. — Frustules isolés ou groupés en colonies courtes. Valves large- ment elliptiques, ceinture étroite, foramen nul ou peu apparent. Soies naissant du sommet aplati des valves et disposées de façon que les quatre d'un même frustule y forment deux couples qui se croisent sous un angle plus ou moins ouvert. Ces soies, plus ou moins longues, droites ou flexueuses, sont garnies de spinules jusque près de leur origine. Là elles s’accolent avec celles du frustule voisin sans se croiser avec elles. Les terminales sont parfois dirigées obliquement vers l'extrémité de la colonie ou vers les deux bouts des frustules, lorsque ceux-ci sont libres. Ces derniers sont très communs. Ils proviennent de ‘la dislocation facile des colonies qui, par le fait même, ne se montrent toujours constituées que d’un très petit nombre de frustules. Les cellules ainsi mises en liberté, par émiettement spontané où mécanique des colonies, gardent leurs soies dirigées perpendiculaire- ment à leur axe, le plus souvent. FIGURES. — Figure 19, vue un peu oblique d'un frustule isolé. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 17 Figure 20, reproduction d'un fragment de colonie. Les soies sont sensiblement perpendiculaires à l’axe de la colonie. Figure 21, autre aspect d'un groupe de deux frustules; c#, chromatophores. Figure 22, vue valvaire d’un frustule isolé, avec ses chromatophores, c4. Figure 23, aspect des soies terminales dans un fragment de colonie. Figure 24, vue valvaire d'un frustule isolé, à soies plus longues. Figure 25, vue sagittale d'un frustule à soies plus divergentes. Figure 26, aspect valvaire d'un frustule très tordu dont les deux paires de soies prennent une direction croisée, presque perpendiculaire. OBsERVATIONS. — Cette espèce se pêche communément dans nos eaux pendant les mois d'août à novembre. Les soies en sont généralement assez courtes et tra- pues; moins longues et moins grêles en tout cas que dans d’autres milieux marins. On la rencontre particulièrement dans l'Escaut maritime, où les cellules sont généralement plus fortes. SOUS-GENRE II. — HYALOCHAETE GRAN. Soies plus minces, dépourvues de chromatophores; ceux-ci, confinés dans le corps de la cellule, sont en nombre limité. Spores quiescentes généralement connues. Groupe A. — Phaneroleucitae ('). Deux ou plusieurs chromatophores assez gros, individualisés et distincts du reste du protoplasme. (*) Voir MEUNIER, A1PH., Microplankton des mers de Barents et de Kara. Bruxelles, 1910. (Campagne arctique de 1907 du duc d'Orléans.) Nous reprenons ici la subdivision du sous-genre //ya/ochacle GRAN., en Phaneroleucitae et Cryptoleucitae, déjà utilisée dans ce précédent travail, pages 219 et 230, jugeant inopportun de suivre OSTENFELD dans le démembre- ment de ce sous-genre en de nombreuses sections insuffisamment dominées par un ensemble de caractères saillants et constants. La série des espèces rencontrées dans la mer flamande présente, du reste, trop de lacunes pour qu’il soit possible de modifier avantageusement l’ébauche de classification tentée par cet auteur et déjà partiellement remaniée par GRAN dans MVordisches Plankton. 18 ALPH. MEUNIER. Ch. decipiens CLEVE. (PLAT Ge 210020) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1873. Ch. decipiens CLEVE, p. 11, pl. I, fig.5. 1880. Ch. decipiens, v. concreta GRUNOW, dans CLEVE et GRUNOW, p. 120. 1883. Ch. concretum ENGLER., P. XI. 1897a. Ch. decipiens GRAN., p. 13, pl. I, fig. 2 et 3 et pl. TITI, fig. 34. 1904. Ch. decipiens GRAN., p. 535, pl. . ” 1-6. 1910. Ch. decipiens MEUNIER, p. 219, pl. XXV, fig. 12 à 17; pl. XX VII, fig. 45; pl. XXVIIT, faute CaRACTÈRES. — Cette espèce est remarquable à première vue par la soudure intime de la base des soies contiguës, sur une certaine longueur, pendant qu'elles se croisent, en dehors de la ligne latérale. Les chromatophores sont pariétaux, larges, en nombre variable de quatre et plus. Les foramens sont plus ou moins ouverts, sans étrangiement médian. Les soies, lorsqu'elles sont suffisamment développées, témoignent d’une fine structure interne qui les fait paraître délicate- ment ponctuées. Elle se présente en colonies bien délimitées, terminées par des soies différen- ciées, sinon par leur grosseur, du moins par leur direction toujours plus ou moins inclinée vers l’axe longitudinal ou parfois même tout à fait parallèle à cet axe. Les soies latérales sont peu écartées du plan sagittal, ce qui fait que les colonies se présentent très bien sous le couvre-objet. Les dimensions des frustules sont très variables, les rapports de leurs axes étant inversement proportionnels. Les aspects des colonies sont ainsi très divers. SPORES. — On ne lui connaît pas de spores quiescentes. MicRoOsPORES. — D'autre part GRAN, dans Fauna artica 1904, p. 536, pl. XVII, fig. 2 à 6, y a observé des phénomènes de subdivision répétée du cytoplasme qui semblent devoir aboutir à la formation de microspores, conformément à ce que nous venons de signaler nous-même, plus haut, dans CA. Ærbenii nobrs. C'est là peut-être un mode de reproduction en usage surtout chez les espèces dépourvues d'endospores, mais que nous avons observé toutefois également, en 1910, dans C4. snitra Bairey, p. 224, pl. XXV, fig. 4 et dans C4. contortum SCHÜTT, p. 229, pl. XX VI, fig. 1; deux espèces dont les endocystes sont parfaite- ment connus. Nous en signalerons encore un autre exemple ultérieurement dans C#. Wers- Flog ir. FiGures. — La figure 1 en montre la forme la plus ordinaire, atteignant parfois d'assez grandes dimensions, dans la reproduction d’une partie de Saone dont les | MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 19 soies terminales sont ramenées à peu près suivant l’axe longitudinal. — cz, chro- matophores; /, foramen large. Les figures 2 et 3 en montrent la forme étroitement lancéolée des valves et le faible ÉCartement des soies ordinaires du plan sagittal. La figure 4 est d’une colonie à éléments plus étroits, mais plus longs et à fora- mens, /, très ouverts. — c#, chromatophores. La gure 5 en reproduit un très petit spécimen. La figure 6 en reproduit une variété que nous n'avons guère observée que dans les produits de pêche de la croisière de novembre 1910. Les soies en sont exCcep- tionnellement courtes et les colonies elles-mêmes très brièvement développées. La figure 7 en donne une vue valvaire, avec les soies plus recourbées en dehors du plan sagittal. La figure 8 en montre un fragment de colonie à foramens, 1 très étroits, parti- cularité que les auteurs signalent comme propre à une variété /zermalis qui est fort rare dans les eaux flamandes. La figure 9, enfin, reproduit la première subdivision d'une cellule dont les soies terminales, figurées d’un côté seulement, sont tout à fait dans l'axe de la colonie qui est en voie de développement. — #, noyau divisé; ck, chromatophores. OBSERVATIONS. — Cette espèce, assez souvent rencontrée dans les pêches plank- toniques de la mer flamande, y subit certaines années des éclipses presque totales. Nous ne l'y avons jamais vue sous les formes plantureuses qu’elle revêt dans les mers boréales; mais la structure interne, finement ponctuée, des soies s’y accuse généralement davantage. Ch. mitra (Balzey) CLEVE. (PIN ooïet nr) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1844. Dicladia capreolus EHRENBERG. Nom donné aux spores quiescentes. 1856. Dicladia mitra BAILEY, p. 4, pl. L, fig. 6. 1873a. Dicladia groenlandica CLEVE, p. 12, pl. I, fig. 10 1886. Chaeloceros Dicladia CASTRACANE, p. 81, pl. XIX, fig. 7 et 8. 18964. Ch. mitra CLEVE, p. 8, pl. IL, fig. 1-2. 1809. Ch. Dicladia VAN HEURCK. Traité, p. 426, fig. 144, dans le texte. 1905. Ch. smitra VAN BREEMEN. 1906. Ch. Lorenzianum VAN BREEMEN, p. 4, pl. L, fig. 2 1910. Ch. mitra MEUNIER, p. 223, pl. XX, fig. 1 à 7. CARACTÈRES. — Cette espèce, peu connue des eaux belges, a beaucoup d'ana- logie, à l'état stérile, avec CA. dectpiens, par sa grande taille, le nombre et L aspect de ses chromatophores, l'ouverture lancéolée de ses foramens; mais elle s’en dis- dingue facilement toutefois par la soudure étroite des soies qui se croisent briève- ment, dès leur base, sur la ligne latérale, et leur écartement plus grand du plan 20 ALPH. MEUNIER. sagittal. Les soies sont marquées extérieurement de faibles épaississements assez rapprochés, visibles seulement à sec. Spores. — Elle s'en distingue encore mieux par ses endocystes dont la forme rappelle celle d'une mitre dont les deux lobules sont surmontés d’un appendice que couronne un bouquet de ramifications dichotomiques de plus en plus ténues et aboutissant à la paroi de la matricule. La ceinture en est large et limitée par de faibles étranglements. FiGures. — Figure 10, vue sagittale d'un fragment de colonie en fructification, avec deux spores, sf, dont la valve primaire bilobée, v, etla valve secondaire, 7", fort déprimée. — ck, chromatophores; 7, noyau; /, foramen Figure 11, vue valvaire montrant la direction des sotes. OBSERVATIONS. — C'est une espèce qui ne paraît pas communément dans les eaux flamandes. Nous ne l'y avons rencontrée qu'un très petit nombre de fois. Ch. Lorenzianum GRUNOW? var. forceps nobrs. (PLAP Ge r21a%78) BIBLIOGRAPHIE. 1863. Ch. Lorenzianum GRUNOW, p. 157, pl. XIV, fig. 13. 1881. Ch. Lorenzianum VAN HEURCK, Synopsis, pl. LXXXIT, fig. 2. 1897a. Ch. Lorenzianum CLEVE, p. 21, pl. I, fig. 13 à 15. 1905. Ch. Lorenzianum KARSTEN, p. 167, pl. XXXI (XII), fig. 6. CARACTÈRES.— Frustules toujours isolés, dans la variété que nous signalons, à valves légèrement concaves, terminées par des soies courtes qui sont disposées à angle droit sur leurs bords et maintenues dans le plan sagittal, en y manifestant une légère courbure. Les soies sont pourvues d'une structure interne analogue à celle de CA. deci- piens, résultant, à l’intérieur des soies, de plusieurs rangées de points alternants, parfaitement visibles dans l’eau. ENDocysrEs. — Les spores quiescentes ont leur valve primaire surmontée de deux lobules arqués, terminés par des bouquets de ramifications dichotomiques qui se regardent vers l'intérieur de la matricule, comme les deux branches d’un forceps. FIGURES. — Les n* 12, 14 et 18 en reproduisent des spécimens stériles, de grandeur différente, en vue sagittale. Dans le n° 14 se voient les débris contractés de l’endochrome devenu indiscernable. La figure 13 en est une vue valvaire. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 21 La figure 15 en reproduit une cellule fertile, pourvue de son endocyste. Celui-ci est formé de deux valves : la primaire, v, ornée de deux lobules dont les extré- mités ramifiées convergent en manière de forceps ; la valve secondaire, 7', de forme bombée. La figure 16 est une vue latérale de la précédente. La figure 17 montre la valve primaire, v, incomplètement formée, d'une endo- spore en voie d'élaboration. OBSERVATIONS. — C’est une espèce rencontrée en août 1904 dans les pêches du West-Hinder, et en 1906, lors de la croisière de septembre, dans des conditions de rareté relative qui en rendent l'observation difhcile Par la forme bilobée de la valve primaire de sa spore, elle se rapproche aussi bien de l'espèce szrtra que de l'espèce Zorenzianum, à laquelle CLEVE attribue le même aspect. Par la structure de ses soies, elle rappelle davantage cette dernière; mais, outre que nous ne connaissons pas celle-ci sous forme dissociée, nous ne pouvons pas non plus lui attribuer la forme si spéciale des spores dont les deux lobes simulent une pince à sucre. Ce n'est donc qu'avec doute et jusqu’à plus ample information que nous rappor- tons la forme ici décrite à l'espèce Lorenzianum, qui paraît BOpTe à des mers plus chaudes. On verra plus tard s’il n’y a pas lieu d'en faire une espèce distincte Ch. forceps, plutôt qu’une variété à frustules solitaires de C4. Lorenzianum. Ch. teres CLEVE. ŒIL fig #10 2027;) BIBLIOGRAPHIE. 18960. Ch. teres CLEVE, D. 30, fig. 7. 1897a. Ch. teres CLEVE, p 22, pl. Il, fig. 10. 1897a. Ch. teres GRAN, p. 13, pl. LIL, fig. 35 et 36. 1910. Ch. leres MEUNIER, p. 226, pl XXV, fig. 8 à 11. g CARACTÈRES. — Frustules presque cylindriques, disposés en série droite, avec des foramens étroits, en fente. Chromatophores nombreux, pariétaux. Soies latérales longues, insérées sur l'extrême bord des frustules, soudées sur la ligne latérale de la colonie et très divergentes du plan sagittal. Soies terminales peu ou pas différentes des autres, mais dirigées plus parallèle- ment au grand axe de la colonie. Les unes et les autres ornées de petits épaississe- ments régulièrement espacés et visibles seulement à sec. SPORES. — Les spores quiescentes se produisent au milieu des matricules. Elles ont leurs deux valves nues : la première plus bombée, la seconde beaucoup moins généralement. Celle-ci porte parfois une rangée de ponctuations périphériques et exceptionnellement, sur son bord, une frange de fibrilles. FiGures. — Figure 19, reproduction d'une extrémité de colonie : c4, chroma- tophores; 7, foramens très étroits ; sp, spores quiescentes. 22 ALPH. MEUNIER. Figure 20, vue valvaire optique montrant, outre la forme à peu près circulaire de la valve, la divergence des soies. Figure 21, formation de la valve primaire, v, d'une spore, sp, avec le cyto- plasme, ch, qui s s'y ramasse. Figure 22, vue À une spore avec ses deux valves, 2 et v!, et l'endochrome, c4. Figure 23, vue de face de la valve inférieure d’une spore. Figure 24, vue latérale d'une spore plus bombée et pourvue d’une frange sur la face inférieure. OBSERVATIONS. — Cette espèce, qui s’observe surtout en février et mars, res- semble trop, par ses caractères végétatifs, à sa congénère C4. Weissflogii, pour qu'il soit possible de l'en distinguer sûrement lorsque les spores font défaut. L'une et l’autre ont des frustules presque cylindriques, caractère qui les a fait réunir par OSTENFELD dans sa section des Cy/ndricae. Ch. Weissflogii SCHÜTT. I AT Go 254,387) BIBLIOGRAPHIE 1895. Ch. Weissflogii SCHÜTT., p. 44, fig. 17 a, 6. 1897a. Ch. Weissflogii CLEVE, p. 22, pl. IL, fig. 7 à 0. CARACTÈRES. — Les caractères végétatifs sont les mêmes que dans la précé- dente; mais les colonies y affectent de plus grandes variations de calibre. SPORES. — Les spores quiescentes en sont très différentes, mais ressemblent davantage à celles de C4. seiracanthum GRAN, avec lesquels on pourrait les confondre à première vue. Valve primaire soulevée en dôme dans son milieu, au-dessus de la partie cylin- drique à laquelle elle se rattache par une portion plus ou moins étranglée et en tout cas dépourvue des piquants qui ornent le dôme; tandis que la partie cylin- drique est relevée d'une couronne de soies raides, appliquée contre la paroi de la matricule. Valve secondaire presque plane, d’ abord nue, mais ornée plus tard, sur le milieu légèrement bombé, de quelques piquants divergents, dont l'observation est rendue dificile par la frange de soies parallèles, très fines, qui s ‘appliquent inférieurement sur le pourtour cylindrique de la spore et s'accolent aussi à la paroi interne de la matricule. Microspores. — Cette belle espèce paraît aussi susceptible de produire des microspores, conformément à la figure 38, dans laquelle on voit la subdivision du protoplasme en huit parties, que nous prenons pour des étapes de l'évolution de spores d’essaimage. FiGurEs. — La figure 25 en montre un fragment de spécimen fertile, avec deux spores dont les Ales v et v', portent respectivement la couronne de soies, a, et la frange inférieure, 6. Le frustule supérieur, qui est stérile, est figuré avec son cytoplasme et ses nombreux chromatophores pariétaux, c4. RE RCE HS DES 3) ZE MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. LS) #2] La figure 26 en reproduit une vue valvaire optique, avec la disposition des soies latérales. La figure 27 en montre un frustule dans lequel le cytoplasme, cy, se ramasse dans la valve primaire de la spore, avant la production de la valve secondaire, qui s'accuse déjà en 77. La figure 28 en donne la vue sagittale d'une spore mûre. — 7, valve primaire, avec sa ‘garniture de piquants, a; v', valve secondaire, ornée de sa frange, 6. La figure 29 en reproduit la vue valvaire au sein de la matricule. — sp, spore. Les figures 30 et 31 en montrent deux spores de types un peu différents, com- plètement mûres, au sein de leur matricule. Mêmes désignations que pour la figure 28. “0 figure 32 est la reproduction d’un fragment de colonie réduite aux dimen- sions les plus petites. La figure 33 montre les valves primaires déjà formées, sous lesquelles se ramasse le cytoplasme, cy, de la matricule, dans lequel on discerne les chromato- phores, c#, et le noyau, 7. La figure 34 laisse voir des spores d'un type plus surbaissé. Ba figure 35 en reproduit un spécimen fertile de petites dimensions, dont la figure 36 rend l'aspect en vue valvaire. “A figure 37 montre l'aspect d’un fragment de colonie, en vue latérale. La figure 38,enfin, montre les subdivisions du protoplasme amenées par la pro- duction des fausses membranes, 77, en vue, croyons-nous, de la formation de microspores. Cette espèce est donc à ajouter à celles déjà mentionnées plus haut, p. 18, comme susceptibles de cette production. OBSERVATIONS. — Cette espèce s'observe assez fréquemment dans la mer fla- mande, mais ne peut guère se distinguer de CZ. {eres, quand elle n’est représentée que par des spécimens stériles. A l'état sporifère on la distingue des fragments également fertiles de CX. serra- canthurr par l’étroitesse des foramens interfrustulaires. Quant aux spores com- plètement mises en liberté, elles demandent un examen attentif pour être discernées de celles de cette autre espèce, qui se présentent parfois aussi dans cet état d'isolement. Ch. contortum SCHUTT. CMS er a Tr) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1888. Ch. species SCHÜTT., pl. II, fig. 4. 1894. Ch. compressum CLEVE, p. 12, pl. II, fig 12, non LAUDER. 1895. Ch. compressum SCHUÜTT.,p 43, pl. V, fig. 16a et à. 1895. Ch. contortum SCHÜTT., p. 44 1895. Ch. medium SCHÜTT., p. 43, fig. 15. 1896a. Ch. contortum CLEVE, p. 6. 1897a. Ch. contortum GRAN ., p. 14, pl. IL, fig. 32. 1910. CA. contortum MEUNIER, p. 227, pl. XX V, fig. 17 à 27 et pl. XXVI, fig. t. le] 24 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Colonies droites, mais plus ou moins tordues sur l'axe longitu- dinal. Frustules munis de nombreux chromatophores petits et pariétaux. Soies insérées en retrait sur le bord des valves : les unes, ordinaires, assez minces, dirigées perpendiculairement à l’axe de la colonie; les autres, anormales, plus fortes, onduleuses et recourbées d'un même côté avec leurs contiguës du frustule voisin. SrorEes. — Les spores sont à deux valves lisses, peu bombées, la primaire un peu plus que la secondaire et surmontée d’un étui qui résulte d'un épaississement de la paroi de la matricule. FiGures. — Figure 1, fragment de colonie tordue, montrant une cellule pour- vue de ses chromatophores, c4; des spores, sp, surmontées de leur étui, x; des soies anormales, sa. Figure 2, vue valvaire montrant la disposition des soies ordinaires. Figure 3, autre fragment stérile de colonie formée de cellules plus longues et présentant des foramens plus ouverts, f. Figure 4, fragment de colonie tordue, avec foramens plus étroits. — sp, spores complètes : ve valve primaire d’une spore en voie de formation. Figure 5, vue valvaire d’un frustule de la figure précédente. Figure 6, fragment de colonie à peine tordue, montrant deux groupes con- tigus de soies anormales, sa, et remarquable par des éléments plus courts, séparés par des foramens plus étroits. Figures 7, 9 et 11, fragments de colonies analogues à la précédente et repro- duisant plutôt des spécimens du type compressum. Figure 8, vue latérale d’un fragment de colonie du même type. Figure 10, vue valvaire avec disposition des soies anormales. OBSERVATIONS. — Nous groupons sous la dénomination commune de CX. con- tortum les variantes décrites par SCHÜTT sous des appellations différentes de Ch. contortum, compressum et medium, mais qui ne nous paraissent pas spéci- fiquement distinctes. Nous trouvons en effet dans nos matériaux les formes contorturm rattachées par des transitions insensibles aux formes compressum, remarquables par leur aspect plus trapu, leurs frustules moins hauts, leurs foramens plus étroits, la torsion moins accusée des colonies. Celles-ci sont toute- fois de loin les plus répandues dans nos eaux. Nous ne l'y avons jamais vue produire ses auxospores que nous avons tant observées dans les produits planktoniques des mers de Barents et de Kara et que nous avons figurées dans le mémoire y relatif, planche XX V, figures 23 à 26. Ch. armatum WESTENDORP? (PI VII Vie mm ora Es) BIBLIOGRAPHIE. Ch. armatum WESTENDORP, repris de TRANS. Mic., Soc. VII, fig. 151, pl. 7, fig. 12, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. LXXXI, fie. 1 à 4 et Traité, p 421, pl: 18, fig. 693. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 25 CARACTÈRES. — Colonies assez larges, mais courtes, d'apparence disloquée, formées d'un petit nombre de frustules étroitement groupés, sans foramen inter- cellulaire visible et porteurs de soies fines, courtes, diversement orientées. Cette espèce ne nous est apparue que revêtue d’un enduit granuleux, très adhérent, qui empêche de saisir le contenu des frustules sans l'usage préalable d'un éclaircissant énergique. Ce n'est qu'alors qu'on peut apercevoir ce que nous prenons pour des chromatophores d'une forme spéciale, reproduite dans nos figures. Ceux-ci sont au nombre de deux dans chaque frustule, l’un cachant l'autre dans la vue sagittale. Spores. — Nous ne lui connaissons pas de spores. FiGures. — Figures 30 à 33, vue sagittale de divers fragments de colonie entourés d’une gaine granuleuse, g, rendue transparente par l'usage du chloral concentré. — CA, chromatophores figurés sous leur aspect le plus habituel. Figure 34, vue valvaire optique d’un frustule montrant la disposition des deux chromatophores pariétaux autour du noyau, #. Figure 35, reconstitution d’une colonie supposée dégagée de son revêtement granuleux. OBSERVATIONS. — Nous n'avons rencontré cette curieuse espèce que dans les produits d’un coup de filet donné sur le bord de la mer, à Ostende, en février 1910. Elle y est fort abondante, mais toujours enveloppée d'un enduit qui en rend les caractères fort difficiles à saisir et même problématiques. Malgré la déformation manifeste de l’objet figuré dans VAN HEURCK, défor- mation due à l'incinération de cet objet très peu silicifié, et la destruction du contenu cellulaire due à la même cause, nous croyons devoir y rapporter notre espèce, trouvée également sur le littoral immédiat. Nous devons remarquer toutefois que nous n'avons pas trouvé sur nos spéci- mens les piquants aigus figurés par Van HEURCK autour des soies et suggestifs probablement du nom d'arrratum. Si ces piquants n'étaient que le fruit d'une illusion d'optique résultant des circonstances de l’incinération de l’objet figuré, le nom d'armatum conviendrait peu à cette espèce, qui nous paraît au contraire très mal défendue. Nous regrettons que des recherches faites pour nous procurer cette espèce dans des conditions plus favorables à l'étude soient restées infructueuses. Ch. didymum EHRENBERG. IE fe 12 4826.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1845. Ch. didymum EHRENBERG, p. 45 (spores quiescentes). 1881. CA. gastridium EHR. dans Synopsis de VAN HEURCK, pl. LXXXIIPIS, fig. 1-2. 1889. Ch. mamillanum CLEVE, p.55. 1894. Ch. didymum CLEVE, p. 14, pl. I, fig. 3 et 4. 1897a Ch didymum GRAN. p. 16, pl. I, fig. 8 à 10. 1901. Ch. protuberans SCHÜTT., dans APSTEIN, p. 41, non LAUDER. 1905. Ch. did) mum KARSTEN, p. 168, pl. XXXII (KIT), fig. 11, 11@ et 110. 26 AIPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Colonies droites, rigides, non tordues, de longueur très variable. Frustules à valves concaves, pourvues au milieu d'une protubérance hémisphérique, remplie d'une substance hyaline, homogène. Chromatophores de forme spéciale, au nombre de quatre, disposés par paires aux deux extrémités de la cellule. De chaque paire de chromatophores;, un seul est visible en vue sagittale, l’un cachant l’autre. Soies accolées dès leur base, sur la ligne latérale ou à quelque distance en dehors de cette ligne, et déterminant alors des foramens très larges. Soies ordinaires finement barbelées, les terminales plus fortes, plus manifes- tement spinuleuses, d’une courbure plus accusée. SPORES. — Spores quiescentes géminées, ornées de soies spéciales, courtes, courbes, lisses, épaisses à leur base, atténuées à leur extrémité. GRAN, dans Wordisches Plankton, p. 79, réunit sous la même désignation spécifique les deux formes assez différentes qu'on y distingue. a) Variété genuina. — A soies accolées sur la ligne latérale. (FIGURES 12 à 28.) FIGURES. — Figure 12. Portion de chaînette forte dont les soies terminales, s4, sont visiblement barbelées, même vues dans l’eau; les autres le sont aussi, mais ne traduisent ce caractère qu'à sec; #, noyau; c#, chromatophores; , foramen. Figure 13. Vue valvaire montrant la forme écrasée des valves et les filaments gommeux, sg, qui irradient souvent autour de la soudure des soies. Figure 18. Portion de chaînette à frustules plus longs, mais aussi plus étroits, et séparés par des foramens, /, très ouverts. Outre les soies terminales, s£, on en voit d’autres, s/!, déjà différenciées des soies ordinaires et destinées sans doute à deve- nir terminales après décollement. — cZ, chromatophores; #, noyau. Figure 19. Vue valvaire montrant les chromatophores, c#, géminés dans chaque valve, réunis par le pyrénoïde qui occupe la protubérance valvaire centrale. Figure 22. Fragment de chaînette à foramens plus étroits; c#, chromato- phores; #, noyau. Figures 25, 26 et 27. Vues latérale, sagittale et valvaire d'une chaînette à" foramens très étroits et montrant les chromatophores sous ces trois aspects. Figure 28. Vue sagittale d'un fragment de chaînette réduite aux dimensions presque minimales. Les spores affectent des aspects différents et présentent des rapports différents avec les cellules stériles. Elles s'observent généralement à l’état libre, géminées et complètement déga- gées des matricules qui leur ont donné naissance. Les figures 14, 15 et 17 en reproduisent des spécimens de calibre différent. La figure 16 en montre un spécimen anormal, par suite d’un arrêt de dévelop- pement sans doute. La figure 20 reproduit deux couples de spores rattachées par les membranes de deux des cellules génératrices. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 27 La figure 21 en donne un couple incomplètement développé, encore engagé dans une partie des matricules. La figure 23 montre deux spores séparées par un frustule resté étranger à leur production. La figure 24 en présente enfin un couple à développement inégal, dont l’un des membres est moins avancé que l’autre et est encore inclus dans la cellule géné- ratrice. b) Vartété anglica (GRUNOW). — A soies accolées loin de leur base et en dehors de la ligne latérale. (FIGURES 29 à 36.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1881. Ch. furcellalum v. anglica GRUNOW., dans VAN HEURCK. Synopsis, pl. LXXXII, fig. 3. 1897a. Ch. didymum v. longicruris CLEVE, p. 21, pl. I, fig. 11 1901. Ch. longicrure OSTENFELD et SCHMIDT, p. 154. 1902. Ch. anglicum OSTENFELD, P. 233 Figures 29, 30 et 31. Différentes vues d'un même spécimen : 29, sagittale ; 30, valvaire; 31, latérale, un peu oblique. Figures 32 et 33. Formes les plus courantes : à soies terminales droites, sé, figure 32: à soies terminales courbes et plus différenciées, figure 33- Figures 34, 35 et 36. Spécimens variés présentant d'une façon exagérée les caractères particuliers à la variété. On remarquera, entre les figures S5Ct20, l'énorme disproportion des dimensions de hauteur et de largeur des frustules. OBSERVATIONS. — Les représentants de la variété genuina s'observent couram- ment dans la mer flamande, particulièrement en septembre. Ceux de la variété anglica y sont be eaucoup moins répandus et ne s'observent qu'à l’état sporadique Nous en avons même rencontré jusque dans les eaux légè- rement saumâtres de la crique de Nieuwendam. Groupe B. — Cryptoleucitue. Un ou deux chromatophores confondus avec le cytoplasme. Ch. cinctum GRAN. ANS ta re) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1897a. Ch. cinctum GRAN., p. 24, pl. IL, fig. 23-27. 1900. Ch. incurvum JORGENSEN, p. 13, non BAILEY. 28 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Petite espèce dépourvue de caractères végétatifs saillants et difhcile à reconnaître quand les spores font défaut. Frustules petits, à section sagittale rectangulaire, à chromatophore unique, diffus, à ceinture inapparente et à foramens linéaires. Les soies ordinaires sont fines, dirigées perpendiculairement à l’axe et fort divergentes entre elles. SPORES. — Spores géminées, produites dans des cellules jumelles, intimement réunies par des soies plus fortes, soudées sur un certain parcours et récurvées plus loin en sens inverse, de manière à former ceinture autour des bases rappro- chées des deux spores. FIGURES. — La figure 1 en reproduit un fragment de chaînette stérile; c4, chromatophore. La figure 2 en est une vue valvaire optique montrant la divergence des soies dans un plan transversal à l’axe de la chaînette. La figure 3 en montre l'élaboration des spores aux dépens de cellules jumelles. La figure 4 en donne l'aspect des spores mûres, sp, en place, dans un fragment de colonie fertile. La figure $ reproduit la même étape dans une chaînette exceptionnellement étroite. Les figures 6 et 12 en représentent des spores géminées, devenues libres, en vue sagittale. Les figures 7, 8, 9, 10 et 11 en donnent différents aspects, en vue valvaire. OBSERVATIONS. — Nous considérons cette petite espèce comme rare dans les eaux de la mer flamande, au moins à l’état sporifère. Elle peut en effet passer inaperçue à l'état stérile. Ch. Scolopendra CLEVE. (PEN ie 126202) BIBLIOGRAPHIE. 1896d. Ch. Scolopendra CLEVE, p. 30, fig. 1897a. Ch. Scolopendra GRAN., p. 2 19008. Ch. Scolopendra GRAN., p,. 122, pl. IX, fig. 23-24 1901. Ch. Scolobendra OSTENFELD, p. 295. CARACTÈRES. — Colonies de petite taille, faibles, souvent rendues onduleuses par pression sous le couvre-objet, où on les reconnaît facilement par leur position latérale, qui est la plus stable et conséquemment la plus habituelle. Cette position est en effet commandée par la direction des soies, qui est perpen- diculaire au plan sagittal. Ces soies sont en outre garnies, à une certaine distance de leur base, de nombreux appendices très ténus et très courts, qui retiennent une substance mucilagineuse. Les frustules présentent une ceinture nettement délimitée. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 29 SporEs. — Les spores géminées se produisent ici aussi dans des cellules sœurs, dès la division qui leur a donné naissance. Les soies plus fortes, mais plus courtes que les ordinaires, sont soudées à leur base et courbées ensuite d'une façon ana- logue à celles de l'espèce précédente, mais sans déterminer une ceinture aussi complète; car elles présentent, vers leur extrémité, une flexion en sens contraire de la courbure initiale. Fiqures. — La figure 13 en donne la vue latérale d’un fragment de colonie, dans sa position habituelle. On remarquera son analogie avec un mille-pattes ou avec un scolopendre, que son nom suggère. La figure 14 en montre la vue valvaire optique, avec l'orientation spéciale des soies, toutes perpendiculaires au plan sagittal. La figure 15 en reproduit un fragment de colonie sporifère. On y voit les cellules sœurs, issues d’une dernière division, étroitement unies, sans foramen intermédiaire et pourvues de soies courbes, lisses, plus courtes que les autres. Dans certains de ces couples de cellules sœurs, les spores géminées, sp, sont déjà formées. La figure 16 en montre une spore isolée, en vue latérale un peu oblique. La figure 17 en fait voir une autre en vue sagittale un peu oblique. Les figures 18, 19 et 20 en sont des vues valvaires diverses. La figure 20 en particulier pourrait être confondue avec les vues similaires de l’espèce cinctum, si l’on ne remarquait la courbure inverse de l'extrémité des soies. OBSERVATIONS. — Cette espèce, très rare dans la mer flamande, ne paraît s’y observer qu'accidentellement. Ch. furcellatum Barrey. (PAIN 2104 2/7.) BIBLIOGRAPHIE. 1856. Ch. furcellatum BAILEY, pl. I, fig. 4. 1880. Ch. furcellatum CLEVE et GRUNOW, p. 120, pl. VII, fig. 136 et 137. 1896a. Ch. furcellatum CLEVE, p. 7, pl. I, fig. 6 et 7. 1897a. Ch. furcellatum GRAN., p. 25, pl. IV, fig 48-49. 18970. Ch. furcellatum GRAN., p. 19, pl. I, fig. 15 et 16 1910. Ck. furcellatum MEUNIER, p 240, pl. XX VII, fig. 11 à 16 et pl. XXVIIT, fig. 2 et el [#2] CARACTÈRES. — Colonies difficiles à distinguer de celles de C. cinctum quand les spores font défaut. Elles en reproduisent les caractères généraux. Spores. — Celles-ci, au contraire, offrent un excellent caractère distinctif par leurs soies presque droites, soudées assez longuement à leur base et séparées plus loin sous un angle très aigu. Ces spores sont également géminées et formées, comme celles des deux espèces précédentes, dans des cellules jumelles. 30 ALPH MEUNIER. FIGURES. — La figure 21 en montre un fragment de colonie sporifère, avec des spores, sp, en situation normale et, plus haut, deux cellules jumelles, unies intimement par des soies parallèles, dans lesquelles auraient pu se produire des spores également. La figure 22 en est une vue valvaire montrant l'allure des soies ordinaires. Les figures 23 et 25 en reproduisent des spores géminées, devenues libres, en vue sagittale. Les figures 24 et 26 en donnent des vues valvaires. La figure 27 en montre une spore isolée de sa voisine. OBSERVATIONS. — Cette espèce est très rarement rencontrée dans les eaux flamandes, même à l'état de spores, forme sous laquelle elle est moins sujette à passer inaperçue. On remarquera que les quatre dernières espèces dont il vient d’être question : didymum, cinctum, Scolopendra et furcellatum, ont toutes pour caractère commun la gémination des spores. De ce chef, elles pourraient être réunies dans une section commune si la forme si spéciale des chromatophores de l'espèce d'dymum n'en brisait l’'homogénéité. Ch. constrictum, GRAN. (PI. IV, figures 28 à 32.) BIBLIOGRAPHIE. 1897a Ch. constrictum GRAN. p. 17, pl. I, fig. 11 à 13. PI. IL, fig 42. CARACTÈRES. — Colonies rubanées, droites, assez rigides, à soies terminales différenciées et paraissant finement barbelées à sec. Frustules à valves concaves, laissant entre eux des foramens lancéolés ou très faiblement étranglés au milieu. Chromatophore diffus, particulièrement ramassé contre les deux valves. Ceinture assez large, limitée par des sillons profonds. Soies ordinairement divariquées, accolées sur le bord même des valves, au niveau des lignes latérales de la colonie. SPORES. a matricule, avec deux valves inégalement bombées et garnies l’une et l'autre de piquants nombreux, mais très faibles. FIGURES. — Figure 28. Vue sagittale d'un fragment de colonie qui synthé- tise les caractères de l'espèce. — ck, chromatophore ; #, noyau; sé, soies termi- nales; 54, soies latérales différenciées comme les terminales. Les autres, quoique plus minces, accusent néanmoins une fine structure qui ne devient visible que dans les pr éparations en voie de dessiccation. — , foramen ; s, sillons limitant la ceinture; sp, spores quiescentes; v, valve primaire; v', valve secondaire. Figure 29. Vue latérale de quelques frustules vides. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 31 Figure 30. Vue sagittale d'un fragment de colonie plus étroite, avec des spores en voie d'évolution, représentées seulement par la valve primaire, v. Figure 31. Vue valvaire, montrant l'orientation des soies. Figure 32. Etapes du développement des spores, sp. — v, valve primaire; v', valve secondaire. OBSERVATION. — Cette espèce est fort rare dans nos eaux. Ch. coronatum GRAN. CMP guess 3344) BIBLIOGRAPHIE. 1897a. Ch. coronatum GRAN. p. 22, pl. I, fig. 28-31. CARACTÈRES. — Colonies droites, de dimensions moyennes, formées de frus- tules à valves concaves qui se touchent par leurs angles, en ménageant des foramens lancéolés. Ceinture large. Soies divariquées, accolées dès leur origine, sur la ligne latérale de la colonie. Soies terminales peu différentes des autres, si ce n’est par leur direction. Chromatophore diffus, étendu à toute la cellule. SPORES. — Les spores quiescentes sont très caractéristiques. Exemptes de piquants sur la partie convexe des deux valves, les spores, formées au milieu des cellules mères, sont logées dans une gaine qui les dépasse des deux côtés et qui revêt intérieurement la membrane des matricules. Du côté de la valve primaire, cette gaine s’infléchit d’abord vers l’intérieur, en se plissant, et ne se rattache que plus haut à la membrane de la matricule, sous la forme d’une zone étroite dont le bord supérieur est crénelé. Du côté opposé, elle s’accuse davantage comme un épaississement uniforme de la matricule. Sa structure est ainsi plus compliquée que celle que lui assigne l’auteur de l'espèce. FiGurEs. — Figure 33. Vue sagittale d’une portion terminale de chaînette. — ch, chromatophore; #, noyau; /, foramen; sp, Spore; 7, y valve primaire, surmon- tée des plissements qui la’ rattachent à la zone c; v', valve secondaire, rattachée à la gaine, g. Figure 34. Vue valvaire, montrant l'allure des soies divariquées. Figure 35. Vue latérale d’une colonie fertile. Mêmes désignations que pour la figure 33. Figure 36. Portion terminale d’une chaînette plus étroite. Même légende encore. Figure 37. Formation de la valve primaire des spores. En voie d'élaboration en a, elle est complètement formée en 6. Figures 38 et 39. Vues obliques de la valve primaire, prises sous des incidences [ee ALPH. MEUNIER. (#2) diverses. — c, désigne la couronne, à bord supérieur crénelé, qui surmonte les plissements que la gaine subit dans sa partie inférieure. Figure 40. Aspect fréquent des frustules sporifères brisés au niveau de la zone c, dont on saisit bien alors les crénelures terminales. Figure 41. Aspect sagittal de deux frustules sporifères de grandes dimensions. Même légende que dans la figure 33. Figure 42. Aspect valvaire de la spore. La projection des plissements incurvés de la gaine supérieure y dessine des stries mal délimitées qui rayonnent briève- ment vers l’intérieur. Figure 43. Vue stéréoscopique d'une spore complète, dégagée de sa matricule. — c, zone supérieure en forme de couronne; g, gaine inférieure. OBSERVATIONS. — Cette espèce n'est jamais commune dans le plankton de la mer flamande. Elle s'y montre toutefois régulièrement vers le mois de septembre, époque à laquelle la gestation des endospores la signale à l'attention d’une façon plus spéciale. Ch. seiracanthum GRAN. (PI. IV, figures 44 à 51.) BIBLIOGRAPHIE. 1897a. Ch. seiracanthum GRAN., p. 21, pl. IL, fig. 39 à 41. 1905. CA. seiracanthum KARSTEN, p. 168, pl. PI. XXXIIT (XIV), fig. 15. CARACTÈRES. — Colonies droites, comparables pour les dimensions à celles de la précédente, mais s'en distinguant par la forme des foramens, qui sont plus larges et légèrement étranglés au milieu, comme dans l'espèce diadema, avec laquelle elle offre beaucoup d’analogie d’ aspect, à l'état stérile. Un seul chroma- tophore diffus autour d'un noyau clair, assez gros. Ceinture distincte. Soies diva- riquées, croisées à peu de distance de leur origine et insérées sans retrait notable sur le bord des valves. SPORES. — Les spores ne sont pas sans analogie avec celles de l'espèce Wezss- flogti, dont un peu d'attention suffit toutefois à les distinguer. La valve primaire, plus ou moins renflée, est couverte de piquants longs et ténus. La valve secondaire, d'abord nue, ne se renfle guère que dans sa partie médiane et ne s'orne que plus tard de piquants qui n'apparaissent que sur le bouton central, lorsque celui-ci, comme il arrive souvent, proémine au-dessus d'un étranglement plus ou moins marqué. Du côté de la valve secondaire, des fibrilles très délicates descendent du bord de l'anneau en s'appliquant contre la paroi de la matricule. . FiGurEs. — Figure 44. Vue sagittale d'une partie de colonie stérile. — #, noyau; J, foramen. Figure 45. Vue valvaire montrant les soies divariquées. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDXE. Le) eS) Figure 46. Vue sagittale de deux frustules en possession de la valve primaire, v, des spores, mais dépour vus déjà de leur portion externe. Les piquants sont encore très courts sur le sommet des valves. — 7, noyau, dans le cytoplasme rassemblé sous la valve primaire des spores. Figure 47. Vue sagittale de valves primaires de spores entièrement incluses dans leurs génératrices. Les piquants ont ici tout leur développement. Figure 48. Vue sagittale des frustules en possession de spores dont les valves secondaires, v', sont encore nues. Figure 49. Deux portions de frustules munies de spores complètement développées et ornées de piquants déliés sur les deux valves. Les valves secondaires, 2’, sont ici légèrement bombées; #, fibrilles appliquées contre Ja paroi interne de la matricule. Figure 50. Spore libre. — v, valve primaire ; v', valve secondaire; #7, fibrilles descendant du bord de l'anneau. La valve secondaire est ici fortement relevée en bouton central qui porte seul des spinules. Figure 51. Spore complète encore engagée dans sa matricule du côté de la valve secondaire. Elle présente sensiblement le même aspect que la précédente. OBSERVATIONS. — Nous n'avons rencontré cette espèce en assez grande abon- dance, à l’état fertile, que deux ou trois fois dans l’espace de dix ans. Peut-être est- elle plus fréquente en réalité à l’état stérile et a-t-elle été confondue avec C4. diadema, avec laquelle elle présente alors de grandes analogies d'aspect. Ch. diadema ÉEHRENBERG. (PL. V, fig. 1 à 0.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1854. Syndendrium diadena EHRENBERG, pl. 35. A. XVIII B, fig. 13. 1881. Ch. dislans v. subsecunda GRUNO W, dans le Synopsis de VAN HEURCR, pl. LXXXIT'", TMONE7/e 1883. Ch. paradoxum v. Lüdersii ENGLER, p. 11. 1888. Ch. shecies SCHUTT, p. 37. 1894. Ch. curviselum pro parte CLEVE, p. 12, pl. I, fi 1895. Ch. paradoxum SCHUÜTT, p. 37. 1895. Ch. Clevei SCHUTT, p. 40. fig. 8a, b. 1896. Ch. Groenlandicum CLEVE, p. 7, pl. IL fig. 3à5. 1896. Ch. Ralfsii SCHÜTT, p. 53, fig. 636, non CLEVE 1897a. Ch. diadema GRAN, p. 20, pl. IL, fig. 16 à 18. 1899. Syndendrium diadema EHRENBERG, dans VAN HEURCK, Traité, p. 427, fig. 146, dans le texte. Spore. 1910. Ch. diadema MEUNIER, p. 232, pl. XX VI, fig. 15 à 23. CARACTÈRES. — Colonies droites, rigides, longues, généralement terminées par des soies différenciées, plus fortes et légèrement barbelées. Un 34 ALPH. MEUNIER Frustules rectangulaires, en vue sagittale, à ceinture visible, à valves un peu renflées au milieu, à soies insérées un peu en retrait sur les bords arrondis des valves, soudées à leurs voisines à quelque distance de leur origine et divariquées après leur soudure. Foramens de forme oblongue, un peu rétrécis au milieu. Chromatophore unique, diffus ; noyau petit, central. SPORES. — Spores quiescentes caractérisées par leur valve primaire assez peu renflée, mais surmontée d’excroissances en nombre variable, qui se terminent par des ramifications dichotomiques de plus en plus ténues et aboutissant enfin à la paroi de la matricule. Valve secondaire légèrement renflée vers son milieu et complètement nue. FIGURES.— Figure 2, vue sagittale d’un fragment de colonie stérile; cz, chroma- tophore ; #, noyau; f, foramen; sé, soies terminales; s7', soies destinées à devenir terminales. Figure 1, vue valvaire, montrant la direction des soies en dehors du plan sagittal. Figure 3, vue sagittale d’un fragment de colonie sporifère. On y distingue des spores achevées, SP) avec leur valve primaire, v, et leur valve secondaire, v'. On 4 assiste, en outre, à l'élaboration, dans deux autres frustules, de la valve primaire d’autres spores dont on voit poindre les excroissances. Figures 4, 5 et 8, vues sagittales de spores isolées portant un nombre variable d'excroissances. Figure 6, vue latérale d’une portion de colonie sporifère à différents degrés de développement. Figure 7, vue sagittale d’un fragment de colonie moyenne qui synthétise les caractères de l'espèce, sous ses dimensions les plus usuelles dans nos eaux. Figure 9, fragment de dimensions plus restreintes d'une colonie également spori- fère, dans laquelle les spores n’ont qu'un nombre très limité d’excroissances valvaires, deux ou trois. OBSERVATIONS. — Les spores connues et décrites avant l'espèce qui les produi- sait expliquent la fausse attribution qui en a été faite. C'est, en outre, une espèce de grande extension dont la synonymie compliquée accuse la notoriété ancienne et Îa grande dispersion. Elle est aussi des mieux représentées dans la mer flamande. Ch. laciniosum SCHüTT. (PI. V, fig. 10 à 14.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1894. Ch. distans CLEVE, p. 14, pe II, fig. 3, non 18730. 1895. Ch. laciniosum SCHÜTT, p. 38, fig. 5 a, b, c. 18960. Ch. commutatum CLEVE, p. 28, fig. 9, 10. 1897a. Ch. laciniosum GRAN, p. 17, pl. L, fig. 4 à 7. 1910. Ch. laciniosum MEUNIER, p. 235, pl. XX VI, fig. 24 à 31. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. Us Ui: CARACTÈRES. — Chaînettes droites, formées de frustules distancés, qui ménagent entre eux des foramens presque aussi grands qu'eux-mêmes. Le protoplasme n'y forme habituellement qu'une masse peu dense, accumulée, avec le noyau, contre l'une des deux valves. Valves notablement déprimées vis-à-vis de la base des soies, mais présentant, d'autre part, au moins dans les spécimens larges, un léger renflement central que l'on ne trouve pas dans les échantillons plus étroits. SPORES. — Les spores, placées vers le milieu des matricules, sont glabres sur les deux valves et dépourvues de tout appendice; la valve primaire est plus rebondie que la secondaire FiGures. — Figure 11, vue sagittale d’une portion terminale de colonie assez large, avec des cellules végétatives : c4, chromatophore; #, noyau; et d’autres sporifères : sp, spores; 7, valve primaire; v', valve secondaire. Figure 10, vue valvaire de la colonie. Figure 12, vue latérale d'un fragment de colonie fertile, montrant l'orientation des soies terminales. Celles-ci ne sont différenciées des autres que par leur direction. Figure 13, vue valvaire d'une colonie plus étroite. On y voit, outre des spores, sp, le noyau central, #, au milieu du chromatophore, ch, ‘également adhérent aux deux valves d’un frustule végétatif. OBSERVATION. — Cette espèce est fort rare dans la mer flamande. Nous l'avons trop peu observée pour pouvoir la distinguer de C%. breve, du même auteur, si toutefois cette dernière a une réelle valeur objective Ch. holsaticum SCHüTT. (CA PESTE VA CA) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE 1895. Ch. holsaticum SCHÜTT, p. 40, fig. 9 &, 6. 1895. Ch. leve SCHÜTT, p. 39, fig. 6 a, b. 1896. Ch. balticum CLEVE, p. 28, pl. I, fig. 2 1900. Ch. Granit CLEVE, p. 23, fig. 7 etS. 1901. Ch. balticum OSTENFELD, p. 298. 1902. Ch. leve GRAN, p. 170. 1904. Ch. holsaticum GRAN, P. 540. CaRACTÈRES. — Colonies droites, assez fragiles, à frustules rectangulaires, séparés par des foramens larges, de forme rectangulaire aussi. La désagrégation facile des chaînettes en montre souvent les individus isolés. Chromatophore unique et noyau central. 30 ALPH. MEUNIER. Soies ordinaires ténues et divariquées; soies terminales assez rapprochées de la direction de l'axe des chaînettes. SPORES. piquants lent 7 accusés toutefois sur a "are primaire que sur la valve secondaire. FIGURES. — La figure 15 en reproduit une partie terminale de colonie en vue sagittale. On y remarque un couple de spores achevées, sp, avec leurs deux valves, v et v', et un autre représenté seulement par les valves primaires, 2. La figure 14 en montre une vue valvaire. La figure 16 en représente une portion sporifère d’une colonie plus étroite. La figure 17 en donne une colonie courte, limitée des deux côtés par des soies terminales. — n, noyau; Ch, chromatophore diffus dans le cytoplasme plus dense sous les deux valves. La figure 18 reproduit, vers le haut, un frustule sporifère assez large et, vers le bas, des frustules végétatifs plus larges que longs. je figure 19 montre un frustule terminal isolé et pourvu d'une spore. La figure 20 en donne la vue valvaire de la spore. OBSERVATION. — Cette espèce, plus propre aux régions du Nord, ne s’observe dans nos eaux qu'à l’état sporadique. Ch. Schüttii CLEVE. (PL. V,ig."27 à 30, etipl VI, fe. va 6°) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1888. Ch. species SCHUTT. pl. I, fig. 2 à 3. 1894. Ch. Schütlii CLEVE, p. 14, pl. I, fig. 1. 1896. Ch. paradoxum Schüttii SCHÜTT, p. 93, fig. 63A. 1897a. Ch. Schüttii GRAN, p. 19, pl. I, fig. 19, 20. 1897a. Ch. Wüllei GRAN, p. 19, pl. I, fig. 47. 1910. Ch. Schüttii MEUNIER, p. 236, pl. XX VI, fig. 32 à 35 rl CARACTÈRES. — Colonies droites, à frustules quadrangulaires qui se touchent par leurs angles aigus et ne laissent entre eux que des foramens très étroits. Chromatophore unique, diffus; ceinture étroite. SPORES. — Spores quiescentes, globuleuses et épineuses sur les deux valves. Nombreux sont, dans nos matériaux, des CAaetoceros qui joignent à ces caractères communs d’autres particularités d'aspect, auxquelles il paraît difhcile d'attribuer une valeur spécifique, mais dont on peut tenir compte pour les distinguer comme variétés distinctes. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 37 Variété genuina. Soies terminales plus fortes, très divergentes d’abord de l'axe longitudinal de la colonie et prenant plus loin, après une courbe assez brusque, une direction presque parallèle à cet axe. Nous y rattachons les spécimens reproduits dans les figures 21 à 26, pl. V. Ficures. — Figure 21, vue valvaire montrant l'allure des soies ordinaires. Figure 22, vue Tatérale de quelques cellules vides. Figure 23, vue sagittale d’une colonie de grandes dimensions, qui synthétise les caractères de la variété : sé, soies terminales; s/!, soies Est aees à devenir ter- minales; c#, chromatophore; 7, NOYAU ; he foramen ; sp, Spore, avec valve pri- maire, v, et valve secondaire, 7’. Figure 24, vue valvaire de la spore. Figure 25, vue latérale, un peu oblique, d'une portion terminale de colonie sporifère. — 7, valve primaire; 7, valve secondaire. Figure 26, vue sagittale d’une colonie formée de deux frustules seulement. Variété Willei (GRAN). (PI Ve: 27 à 30.) _Soies terminales à peine plus fortes que les autres et divergentes sous un angle aigu. Figure 27, vue sagittale d'une grande colonie sporifère avec chromatophore, ch, souvent dégarni vers le milieu, où se loge le noyau », surtout lorsque celui-ci se ‘divise, nd. Les spores, sp, sont aussi à deux valves épineuses, v et v'. Figure 28, vue sagittale d'un fragment terminal de colonie sporifère. Figure 20, vue sagittale d’une portion terminale de colonie très étroite. Figure 30, autre vue sagittale d’une portion terminale de colonie de dimensions [e] moyennes. — Même légende. Variété circinalis, var. nov. (PI. VL fig. rà6)) Soles toutes recourbées en cercle autour de la colonie, les terminales comme les autres. PLANCHE VI, figure 1, vue valvaire. Figure 2, vue sagittale d'un exemplaire stérile. — cA. chromatophore diffus. Figure 3, vue latérale d’une portion fertile de colonie. — sp. spores en for- mation. Figure 4, vue sagittale d'une colonie renfermant des spores complètes et d'autres en voie de formation. 3 ALPH. MEUNIER. Figure 5, vue latérale d’un fragment de colonie pourvue de spores plus relevées. Figure 6, vue sagittale d’une colonie de faible calibre. OBSERVATIONS. — L'’étroitesse de la ceinture, l’exiguité des foramens et l’iden- tité des spores, spinuleuses sur les deux valves, sont autant de caractères com- muns qui nous forcent à considérer ces diverses modalités comme des variantes d'un même type spécifique, malgré l'allure des soies qui sont loin d’affecter toujours la forme et la courbure que les auteurs accordent à l'espèce et que nous ne constatons que dans la variété genuina. On remarquera que nous avons cru devoir y rapporter les formes attribuées à l'espèce W7//e7 GRAN, que son auteur a pu considérer comme autonome avant d'en avoir pu observer les spores. Toutes ces variétés du type C4. Schüétit se rencontrent fréquemment dans les eaux belges. Ch. dipyrenops 52. 707. (PIN ie 72) CARACTÈRES. — Nous donnons ce nom à une forme de Chaetoceros facile à reconnaître à ses deux chromatophores pourvus chacun d’une sorte de pyrénoïde et dont la position respective varie à l’intérieur des frustules. Ceux-ci sont dis- posés en chaînette droite, assez fragile. Ils se touchent par les angles saillants de leurs valves concaves et déterminent entre eux des foramens fusiformes de l'extrémité desquels des soies assez minces et non structurées divergent dans des directions variées. La ceinture, assez large, ne s'observe qu'avec difficulté dans les spécimens les plus grands. SPORES. — Spores globuleuses, à deux valves presque également bombées et ornées de courts piquants, comme dans l’espèce précédente. FIGURES. — Figure 7, vue valvaire, avec l'orientation des soies, à leur naissance. Figure 8, vue sagittale d’un fragment de colonie, montrant la disposition variée des chromatophores, cA. Figure 9, vue sagittale d’une portion de colonie large dont les chromatophores occupent tous une position latérale. — #, noyau. Figure 10, colonie plus étroite chez laquelle les chromatophores occupent des positions variées, en rapport sans doute avec les phénomènes de division. Figure 11, colonie fertile dans laquelle on assiste à la formation des spores, avec l'entrée des deux chromatophores, ck, sous la valve primaire, v, on y observe en outre des spores parachevées, sp, et les chromatophores de cellules végéta- tives. Figure 12, vue latérale d'un fragment terminal de colonie, avec des spores, sp, et l'aspect des chromatophores, sous cette incidence. OBSERVATION. — Cette espèce n'est pas sans analogie avec une autre, MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. #8) \O Ch. tetras, créée par KARSTEN, 1906, pag. 167, pl. XXXII (XIII), fig. ro et 10 a, et caractérisée, à l’état normal, par quatre chromatophores du même aspect que dans la nôtre. Cet auteur n'en signale pas les spores, ce qui nous empêche d'urger davantage la comparaison; mais il lui assigne du reste d’autres caractères accessoires que nous ne retrouvons pas dans notre dp)renops. Celle-ci n'est pas rare dans certains échantillons de plankton originaires du littoral belge. Ch. simile CLEVE. BIBLIOGRAPHIE. 1806b. Ch. simile CLEVE, p. 30, pl. I, fig. 1. 1897a. Ch. simile GRAN, p.15, pl. IV, fig. 55. 1910. CA. sénile MEUNIER, p. 245, pl. XX VII, fig. 37, et pl. XX VIII, fig. 4. CARACTÈRES. — Cellules libres ou groupées en colonies linéaires, généralement courtes. Frustules à ceinture étroite, très rapprochés, ne laissant entre eux que des foramens étroits, qui semblent coupés en deux par le renflement médian des valves qui se touchent au centre. Soies ordinaires émergeant du sommet des angles et se soudant un peu en dehors de la ligne latérale, pour garder ensuite une direction droite qui s'écarte fort peu du plan sagittal. Soies terminales rarement observables, s’inclinant davantage dans la direction de l'axe longitudinal de la colonie. | Deux chromatophores diffus, plus condensés sous les deux valves. SPORES. — Spores globuleuses, garnies de pointes courtes sur les deux valves. FIGURES. — Figure 13, vue valvaire montrant l'allure des soies, peu divergentes du plan sagittal. Figure 14, vue sagittale d'une portion de colonie stérile. — ck, chromato- phores; f, foramen. Figure 15, vue sagittale d'un fragment de colonie sporifère. — sp, spores; v, valve primaire; v', valve secondaire. Figure 16, vue sagittale, avec formation des spores, sous la valve primaire, 7, desquelles on voit se condenser le cytoplasme, c#. Figure 17, vue sagittale d’une partie terminale de colonie sporifère, formée de cellules plus hautes, mais moins larges. OBSERVATIONS. — Cette espèce ne s'observe qu'exceptionnellement dans les eaux belges. 10 ALPH MEUNIER. Ch. anastomosans GRUNOW. (P1 VI. fig. 18 à 23.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1883 Ch. anastomosans GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. LXXXII, fig. 6-8, 1897a Ch. externum GRAN, p. 25, pl. IT, fig. 44-45. 1897a. Ch anastomosans CLEVE, P 20. 1901. Ch. anastomosans OSTENFELD, P. 295, fig. 8. CARACTÈRES. — Cellules quadrangulaires, douées de deux chromatophores diffus appliqués contre les valves. Celles-ci ne se touchent pas directement dans les colonies fragiles auxquelles elles donnent naissance. Séparés par des foramens étroits et linéaires, les frustules ne se rattachent que par l'intermédiaire des soies fines, jointes par des travées très courtes, à une notable distance de leur point d'émergence. SPORES. — Les spores sont centrales, plus ou moins renflées et armées de piquants courts sur les deux faces. FiGurEs. — Figure 18, vue valvaire, montrant l'allure des soies qui se profilent l'une sur l’autre depuis leur insertion jusqu’à l’endroit où elles se rattachent pour diverger ensuite. Figure 19, aspect sagittal d’un fragment de colonie stérile; c4, chromato- phores. Figure 20, formation des spores dans des frustules dont le cytoplasme, ck, se collecte sous les valves primaires déjà réalisées. — , foramen. Figure 21, autre vue sagittale montrant des spores, sp, avec leurs deux valves, v etv', en même temps qu'un frustule stérile avec son contenu. Figure 22, vue sagittale d'une colonie de calibre plus petit. Ce spécimen montre des spores mûres et d’autres en voie de formation. Figure 23, vue d'une colonie stérile dont les cellules ont été dérangées de leur position naturelle par des pressions exercées sous le couvre-objet. OBSERVATIONS. — Cette espèce n'apparaît que rarement dans les produits planktoniques; mais elle est alors assez largement représentée. Ch. crinitum SCHUTT. (PI. VI, fig. 24 à 30.) BIBLIOGRAPHIE. 1895 Ch. crinitum SCHUÜTT. p. 42, fig. 12 a-d. 1901. Ch. crinitum OSTENFELD, p. 298, fig. 10. 1910. Ch. crinitum MEUNIER, p. 243, pl. XX VII, fig. 24-25. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. AI CARACTÈRES. — Colonies droites ou fréquemment tordues sur leur axe longitu- dinal, formées de cellules quadrangulaires, habituellement plus larges que hautes, qui se touchent directement aux angles, sur une certaine étendue. Soies fort minces, émergeant des angles des valves et fortement divariquées dans toutes les directions. Foramens linéaires, très étroits et limités à la portion des valves où celles-ci ne sont pas soudées. Dans les chaînettes larges, les frustules paraissent striés transversalement sur les bords latéraux, où cette striation se traduit, en coupe optique, par des renfle- ments marqués sur la ligne latérale. Chromatophore unique, diffus, dense. SPORES. — Spores assez plates, formées d’une valve primaire peu renflée et hérissée de piquants et d'une valve secondaire moins convexe encore, quireste glabre. FiGures. — Figure 24, vue valvaire en coupe optique. Figure 25, vue sagittale d’une colonie stérile de taille moyenne montrant l'aspect assez fréquent du cytoplasme dans lequel se distinguent des corps de forme régulière, x, dont nous ignorons la signification. — 74, noyau récemment divisé; z, ponctuations visibles sur les bords latéraux des frustules. Figure 26, vue sagittale d’un fragment de colonie formée de frustules beaucoup plus larges que hauts, entre lesquels s’aperçoivent à peine les foramens. Figure 27, vue sagittale d'une colonie fertile dans laquelle on observe des spores complètes, sp, et d'autres réduites encore à la valve primaire, 2. — / foramen. Figure 28, vue sagittale d'un fragment de colonie de petites dimensions et à caractères beaucoup moins accusés. On y remarque encore, dans le cytoplasme, les corps énigmatiques, x. Figure 29, coupe valvaire optique, montrant le cytoplasme partiellement échappé en forme de hernie, Z; ce que nous prenons pour un effet du réactif fixateur. Figure 30, vue latérale d’une colonie dont tous les frustules présentent cette saillie herniaire du protoplasme, 4, d'un même côté de la face sagittale. OBSERVATIONS. — Ce n'est qu'avec hésitation que nous rapportons l'espèce ici décrite à CA. crinitum Scaurr. Celle-ci n’a été que fort sommairement figurée et par SCHUTT lui-même d’abord, et par OSTENFELD plus tard. Nous ne trouvons pas dans leurs descriptions les traits qui nous ont le plus frappé dans notre espèce. Il se peut que l'assimilation manque réellement de fondement. L'espèce que nous avons en vue est assez commune dans nos échantillons de la mer flamande, où elle paraît bien dans son milieu. Ch. subtile CLEVE. QAENIGie a5e) BIBLIOGRAPHIE. 18960. Ch. subtile CLEVE, p. 30, pl. I, fig. 8. 1901. CA. subtile OSTENFELD, p. 296, fig. 9 a-b. 1910. Ch. subtile MEUNIER, p. 242, pl. XX VII, fig. 15. 42 ALPH. MEUNIER CARACTÈRES. — Frustules étroits, associés en colonie droite, sans foramens visibles et porteurs de soies ordinaires dirigées vers l’un des bouts de la colonie, où s'observent des soies terminales plus longues, plus fortes et dirigées presque parallèlement au grand axe. SpoREs. — Les spores, qui sont globuleuses et couvertes de piquants sur les deux valves, n'ont pas été observées dans nos matériaux. FiGure. — Figure 31, vue sagittale d'un fragment de colonie. OBSERVATIONS. — Cette espèce est très rare dans les produits planktoniques de la mer flamande. Nous ne l’y avons observée qu'à de rares intervalles. Ch. Wighami BRIGHTWELL. (GLEN PTE EME ;) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1856. Ch. Wighami BRIGHTWELL, p. 108, pl. VII, fig. 19 à 36. 1896. Ch. bottnicum CLEVE, dans AURIVILLIUS, p'rdpliee 1897a. Ch. biconcavum GRAN, p. 27, pl. IL, fig. 46. 1897a. Ch. Wighami GRAN, p. 2;, pl. IV, fig. 50. 1910. Ch. Wighami MEUNIER, p. 244, pl. XX VII, fig. 26. CARACTÈRES. — Colonies droites, courtes, formées de frustules à valves con- caves qui se touchent par leurs angles, en ménageant des foramens fusiformes. Soies très fines, s’écartant peu du plan sagittal dans lequel elles se dirigent vers les deux extrémités libres de la colonie qui n’est pas pourvue de soies terminales. différenciées. SPORES. — Les spores que nous n'avons jamais vues se forment, dit-on, au milieu des frustules et ont au moins la valve primaire munie de piquants, sinon les deux. FIGURES. — Figure 32, vue sagittale d’une colonie de petites dimensions. Figure 33, vue sagittale d’une ‘colonie de dimensions plus grandes. Figure 34, vue valvaire, optique, montrant la faible divergence des soies vis- à-vis du plan sagittal. OBSERVATIONS. — Cette forme nous a paru fort rare dans nos échantillons. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 4 #3] Ch. debile CLEvE. (PI. VII, fig. 1h11.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1894. Ch. debile CLEVE, p. 13, pl. I, fig. 2. 1895. Ch. debile OESTRUP, p. 456, pl. VII, fig. 80. 1805. Ch. vermiculus SCHUTT, p. 39, fig. 7 a-c. 1910. Ch. debile MEUNIER, p. 242, pl. XX VII, fig. 19 à 23. CARACTÈRES. — Colonies souvent très longues, contournées en spirale sur plu- sieurs tours et à soies toutes rejetées en dehors. Frustules à valves planes ou, lorsqu'elles sont larges, très légèrement relevées dans leur milieu, de manière à ménager des foramens à côtés parallèles ou un peu étranglés dans leur milieu. Chromatophore unique, diffus. SPORES.—Spores glabres, présentant sur chaque valve deux bosses plus ou moins marquées et offrant en outre, sur la valve primaire, deux travées qui se rendent obliquement vers les angles de la matricule. FIGURES. — Figure 1, vue stéréoscopique d’un fragment de colonie spiralée. Figure 2, vue latérale d’un fragment de colonie montrant l'orientation des soies du côté extérieur de la spirale. Figure 3, vue valvaire optique d’une cellule dans la position qu’elle prend lors- que la colonie est disloquée. Figure 4, vue sagittale de quelques cellules d'assez grande taille montrant les foramens, }, légèrement étranglés et le cytoplasme, c4. Figure 5, vue sagittale de quelques cellules beaucoup plus étroites avec des foramens, /, à bords parallèles. Même légende. Figure 6, vue de quelques cellules sporifères. — sp, spores, les unes figurées vides, les autres pourvues de leur contenu, ch; #, travées surmontant la valve primaire. Figure 7, vue de cellules dans lesquelles les spores ne sont encore représentées que par les valves primaires, v, déjà munies de leurs travées caractéristiques. Figure 8, quelques cellules exceptionnellement larges et courtes, avec l'aspect écrasé qu'y prennent les spores. — 7, valve primaire; 7’, valve secondaire; #, tra- vées caractéristiques. Figure 9, ro et 11, vues de cellules sporifères empruntées à des colonies de plus en plus étroites et chez lesquelles les spores deviennent plus globuleuses, en per- dant leurs bosselures sur la valve inférieure. OBSERVATIONS. — Cette espèce est la plus répandue dans les eaux belges. C'est aussi la plus constante, car on peut dire qu'elle n'y fait jamais défaut, si ce n'est pendant les mois d'avril, mai et juin. 44 ALPH. MEUNIER Seulement les formes larges, comme on les trouve plus communément dans les mers boréales, y sont assez rares. Elle n'affecte généralement dans la mer flamande que des dimensions d’un calibre moyen ou même petit. Ch. curvisetum CLEVE. (ŒIL Vie 1212 227) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. IR89. Ch. curvisetum CLEVE, p.55. 1889. Ch. species indetermata SCHUTT., pl. XIV, fig. 1 à 7. 1893. Ch. secundum SCHUTT, p. 25. 1894. Ch. curvisetum CLEVE, p. 12, pl. I, fig. 5. 1895. Ch. Cochlea SCHUTT, p. 41, fig. 11. 1897a. Ch. curvisetum GRAN, p. 22, pl. IL, fig. 22. PI. IL, fig 43. 1897a. Ch curvisetum CLEVE, p. 20, pl. I, fig. 16. 1 CARACTÈRES. — Colonies courbes ou contournées en spirale, à soies rejetées en dehors et produisant, en vue latérale des colonies, le même aspect que la pré- cédente. Elle s’en distingue par la forme des foramens qui vont de la forme losangique jusqu'à la forme arrondie en passant par celle d'une ellipse élargie en son milieu, ce qui est dû à une légère flexion du milieu des valves. Les soies s’insèrent sur les bords mêmes des valves qui se touchent. Le chromatophore est diffus dans toute la cellule. SPORES. — Les spores sont formées de deux valves glabres qui restent au sein de la ceinture épaissie des matricules. FIGURES. — Figure 12, vue latérale d'un fragment de colonie. Les soies en ont. été écourtées. Figures 13 et 22, vues valvaires optiques montrant l'allure des soies dans un plan perpendiculaire à l'axe de la colonie. Figures 14, 15, 16, 17 et 21, vues de face d'échantillons stériles, de calibres différents, montrant la forme des foramens et l'aspect grumeleux des chromato- phores. Figures 18 et 20, aspect des spores, les unes imparfaites, les autres achevées, mais ne présentant encore l’épaississement de la ceinture de la matricule, e, que du côté de la valve primaire. Figure 19, vue sagittale d’une série de frustules fertiles dont les spores, sp, se révèlent manifestement engainées des deux côtés dans la ceinture épaissie des matricules, e. — v, valve primaire; 7!, valve secondaire; , foramen. TETE mens MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 45 OBSERVATIONS. — Bien que beaucoup moins fréquente que la précédente, cette espèce est assez commune dans certains échantillons de plankton de la mer fla- mande. Les spécimens de dimensions moyennes ou petites y sont plus souvent représentés. Ch. radians ScHürr. (PI. VII, fig. 23 à 25.) BIBLIOGRAPHIE. 1805. Ch. radians SCHÜTT, p. 41, fig. 10 a-@. 1897a. Ch. sociale GRAN, p. 26, pl. IV, fig. 54. 1910. Ch. radians MEUNIER, p. 247, pl. XX VII, fig. 32. CARACTÈRES. — (Colonies productrices d’une matière mucilagineuse dans laquelle restent englués les frustules groupés en rangées recourbées dans le plan sagittal et disposées autour d’un centre commun en masses irrégulièrement sphériques. Les cellules présentent entre elles des foramens assez larges mais légèrement étranglés au centre. Des quatre soies contiguës entre frustules voisins, les unes, externes à la courbure, divergent l’une de l’autre sous un angle aigu, tandis que des deux internes l’une garde communément une direction droite et centripète, pendant que l’autre subit une forte flexion qui la ramène vers l'extérieur. L'endo- chrome est diffus. SPORES. — Les spores nous ont toujours paru écrasées et formées de deux valves également lisses, tandis que SCHüTT, l’auteur de l'espèce, les déclare épi- neuses. FiGurEs. — Figure 24, vue valvaire de frustules isolés montrant la direction habituelle des soies. Figure 23, vue sagittale d’un fragment de colonie stérile. Figure 25, vue sagittale d’une portion de colonie sporifère. — sp, spores; ch, chromatophore. OBSERVATIONS. — Cette espèce n'est pas rare dans nos eaux belges. Bien qu'elle se montre rarement à l’état sporifère, nous devons faire remarquer que les spores ne nous ont jamais paru épineuses, pas plus dans des matériaux plus polaires que dans ceux de la mer flamande. Tout au plus les avons-nous vues légèrement verruqueuses sur la valve primaire. Nous nous demandons conséquemment si l'observation de SCHÜTT n’est pas erronée dans sa portée générale, ou si nous nous trouvons en présence d’une modalité déterminée par l'ambiance. 46 ALPH. MEUNIER. Ch. sociale LaAUDER. (PI. VII, fig. 26 à 20.) BIBLIOGRAPHIE: 1864. Ch. sociale LAUDER, p. 77, pl. VII, fig. r. 18964. Ch. sociale CLEVE, p. 9, pl. IL, fig. o. 1910. Ch. sociale MEUNIER. p. 249, pl XXVII, fig. 33-36. CARACTÈRES. — Colonies productrices de mucilage comme la précédente et disposées généralement en masses globuleuses par des soies très minces orientées comme il a été dit plus haut. Seulement les frustules sont généralement moins larges, plus longs, plus arrondis en section transversale et séparés par des fora- mens plus étroits, non étranglés dans leur milieu. SPORES. — Spores petites, globuleuses, glabres sur les deux valves. L'espèce se présente sous des états divers d’agrégation dont on peut faire des variétés. Variété solitaria, en frustules dissociés, avec soies orientées toutes du côté externe et de longueur sensiblement égale. Variété flabelliformis, en frustules dissociés, mais restant néanmoins réunis en masses flabelliformes par des soies radiales plus longues. Les frustules ainsi agrégés sont généralement morts. Variété congesta, en frustules associés en colonies rubanées, diversement contournées et maintenues en pelotons de forme irrégulière par des soies plus longues, à orientation radiale. C'est la forme végétative par excellence de l'espèce. Les frustules en sont vivants pour la plupart. FIGURES. — Figure 26, masse flabelliforme de frustules dissociés, mais restant unis par des soies radiales plus longues que les autres. — Vartété flabelliformis. Figures 27 et 28, frustules isolés en vue valvaire, à soies toutes de même longueur et plus ou moins manifestement orientée du même côté. — Variété solitaria. Figure 29, fragment de colonie sporifère, en vue sagittale. — sp, spores. OBSERVATIONS. — Cette espèce est assez commune dans nos eaux, particulière- ment sous la forme #abelliformis, forme qui attire vivement l'attention. La variété so/itarria, souvent très abondante aussi, n'apparaît bien que dans des préparations desséchées. Ch. ceratospermum OSTENFELD. (PI., VIT, fig. 36.249) BIBLIOGRAPHIE. 1910. Ch. ceratoshermum OSTENFELD, p. 278. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 47 CARACTÈRES. — Colonies droites, généralement courtes, par le fait de la disso- ciation facile des frustules. Ceux-ci sont à valves concaves et déterminent des foramens fusiformes légèrement rétrécis au centre. Les soies sont courtes, brus- quement tronquées au bout; elles restent sensiblement dans le plan sagittal. La ceinture est étroite. SPORES. — Les spores sont caractéristiques de l'espèce; elles en suggèrent le nom. Elles portent, en effet, généralement sur la valve primaire, deux cornes obliques qui se rendent vers les angles des matricules comme les appendices du même genre que l’on observe dans les spores de l'espèce debrle. On y voit en outre souvent des épines très courtes, en nombre variable. Nous y distinguons deux modalités que nous acceptons provisoirement comme deux variétés d'une même espèce à cause de l’analogie des caractères des spores, mais que la diversité profonde des formes végétatives semble devoir distinguer spécifiquement. Variété major. (Fig. 36 à 42.) Frustules larges, à soies manifestement creuses et courtes. FiGures. — Figure 36, vue sagittale d’un fragment de colonie formée de frus- tules végétatifs, c4, chromatophores. Figure 37, frustules en voie de division. — c#, chromatophores; /, foramen développé; f’, foramen naissant, entre deux cellules jeunes. Figure 38, vue sagittale d’un fragment de colonie sporifère dans laquelle les spores ne sont représentées que par la valve primaire, v, déjà surmontée des cornes caractéristiques. Figure 39, coupe valvaire optique, montrant l'orientation des soies. Figure 40, colonie sporifère avec spores complètes. — 7, valve primaire; v', valve secondaire. Figure 41, matricule pourvue d’une spore en formation, dont la valve primaire est encore dépourvue d'appendices. Figure 42, spores à valve primaire surmontée de petits piquants. L'une des deux ne porte qu'une des deux cornes habituelles. Nous n'avons jamais vu, dans cette variété, des cornes développées sur la valve inférieure. Variété minor. (Fig. 43 à 49.) Cellules plus petites, le plus souvent dissociées; foramens plus étroits; soies grêles, proportionnellement plus longues. FIGURES. — Figures 43 et 44, vue sagittale de cellules isolées ou groupées par deux. 48 ALPH. MEUNIER. Figure 45, matricule pourvue d'une spore, sp, complète, exempte de tout appendice. Figure 46, valve primaire d'une spore dépourvue d'appendice. Figure 47, Spore à valve primaire surmontée de deux cornes. Figure 48, spore dont les deux valves sont pourvues d’une paire de cornes. Par contre, nous n'avons jamais observé, dans cette variété, des piquants développés sur la valve primaire. Figure 49, vue valvaire optique, montrant la direction des soies dans le plan sagittal. OBSERVATIONS. — Ces deux variétés, si tant est que ce soient deux variétés d'une même espèce, ne nous sont connues que des eaux à peine saumâtres du canal de Nieuport à Furnes. Elles se trouvent réunies dans des produits plankto- niques prélevés dans ces eaux le 24 avril 1907, où le rapprochement accentue leurs caractères différentiels. Nous ne les avons jamais rencontrées dans les eaux marines. Ch. exospermum 52. 707. (PI. VII, fig. 50 à 53 et 56, 57.) CARACTÈRES. — Petite espèce formée de cellules isolées ou groupées en petit nombre, se touchant par leurs bords et déterminant entre elles des foramens losangiques moins longs que les valves. Les soies grêles, raides et assez longues, paraissent soudées à leur origine et divergent assez peu du plan sagittal, en s'incurvant vers les deux extrémités des frustules. Le cytoplasme est rare et forme un chromatophore diffus. SPORES. — Les spores se forment en dehors des cellules, où elles apparaissent fixées sur le flanc de la matricule vidée de toute trace de protoplasme, à la façon des auxospores de l'espèce contortum, mais sans augmentation de calibre. La valve primaire, en forme de dé à coudre, épaissit d’abord sa membrane; la valve secondaire s'établit plus tard en prenant la forme d’un opercule légèrement bombé en son milieu. FIGURES. — Figures 50 et 51, vue sagittale de deux groupes de deux cellules: montrant l'allure des soies et le foramen, en forme de losange étroit, entre les cellules contiguës. Figure 52, cellule stérile, libre, plus grande, montrant mieux l'aspect échancré des valves aux extrémités du frustule. Figure 53, vue valvaire optique, montrant la divergence des soies vis-à-vis du plan “sagittal. Figure 56, vue sagittal d'un frustule libre, plus petit, ne montrant pas la parti- cularité présentée dans la figure 52. Figure 57, vue sagittale d'un frustule sporifère. La spore, sp, apparaît extérieu- rement, la valve primaire appliquée contre la paroi de la cellule génératrice. OBSERVATIONS. — Nous tenons cette espèce de la crique de Nieuwendam, un MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 49 bras mort de l'Yser, où nous l'avons trouvée en abondance dans un produit de pêche du 18 juin 1907. Nous l'avons revue à l’état sporifère dans le canal de Nieu- port à Furnes. Nous ne sommes pas absolument certain de l'identité spécifique des spécimens des figures 56 et 57 et de ceux des figures 50 à 53. C'est leur mélange intime dans des produits de pêche exclusifs d’autres espèces de Chaetoceros qui nous porte à les considérer comme des modalités d'une même espèce. Nous considérons celle-ci comme propre aux eaux légèrement saumâtres. Ch. filiforme MEUNIER. (CARNET) BIBLIOGRAPHIE. 1910 Ch. filiforme MEUNIER. p. 252, pl. XXVIL, fig. 31. CARACTÈRES. — Colonies étroites, droites, illimitées, dépourvues de foramens visibles, garnies de soies grêles et courtes qui ne deviennent bien saisissables qu'à sec. SPORES. — Les spores nous sont inconnues. FiGurE. — Figure 54, vue sagittale d’une colonie. OBSERVATIONS. — Cette petite espèce n'a été que rarement observée dans le plankton marin. Peut-être sa petitesse la dissimule-t-elle souvent. Ch. tenuissimum sp. nov. (PL. VI fig. 55.) CARACTÈRES. — Cellules géminées ou libres, de très petites dimensions, pour- vues de soies courtes, disposées dans le plan sagittal. SPORES. — Spores inconnues. FiGurE. — Figure 55, vues sagittale et valvaire de frustules isolés. OBsERVATIONS. — Cette espèce, extrêmement petite, dont les spécimens figurés ont été choisis parmi les plus grands, ne nous est connue que de l'huîtrière Stracké, à Ostende, où nous l'avons trouvée en abondance au mois d'août 1912. = LISTE ALPHABÉTIQUE DES ESPÈCES CITÉES CHAETOCEROS. anastomosans GRUNOW. anglicum ÜSTENFELD . armatum WESTENDORP ? . atlanticum CLEVE. balticum CLEVE biconcavum GRAN boreale BAILEY bottnicum CLEVE . Les synonymes sont imprimés en caractères plus petits. Pages. Planches. ceratospermum OSTENFELD . 46 var. major var. minor. cinctum GRAN. Clevei SCHÜTT . cochlea SCHÜTT commutatum CLEVE . compactum SCHÜTT . compressum SCHÜIT. concretum ENGLER constrictum GRAN contortum SCHÜTT convolutum CASTRACANE coronatum GRAN. crinitum SCHÜTT criophilum CASTRACANE. curvisetum CLEVE danicum CLEVE 27 VII Figures. 9 et10 36 à 49 36 à 42 43 à 49 1 à 40 28 à 32 AS ami 6 à 8 33 à 43 24 à 30 3 à 9 12 à 22 19 à 26 debile CLEVE decipiens CLEVE . densum CLEVE. diadema EHRENBERG . dicladia CASTRACANE . didymum ÉHRENBERG var. anglica (GRUNOW) . var. genuina GRAN . dipyrenops nobis. dispar CASTRACANE distans var. subsecunda GRü- NOW. distans CLEVE . Eibenii (GRUNOW) nobis exospermum nobis . externum GRAN filiforme MEUNIER. furcellatum BAILEY . gastridium EHRENBERG . Granii CLEVE groenlandicum CLEVE holsaticum SCHÜTT . laciniosum SCHÜTT . leve SCHÜTT. longicrure OSTENFELD ET SCHMIDT . Lorenzianum (GRUNOW) ? var. forceps nobis . Planches. VII IL IV II Figures. 11 à 43 »6 80 à 53, 36, 37 bb) 91 à 27 14 à 20 10 à 43 12 à 18 Lis] 5 LISTE ALPHABÉTIQUE DES ESPÈCES CITÉES. Pages. Planches. Figures. Pages. Planches. Higures. mamillanum CLEVE . . . 95 sociale LAUDER . . . . . 46 VII 96 à 29 medium SCHÜTT . . . . . 23 var. congesta nobis. . . 46 VII 9%6a mitra (BAILEY) CLEVE. . . . 19 II A10etil var. flabelliformis nobis. 46 VII 96h var. solitaria nobis. . . 46 VII 27 et928 d SCHÜTTS 77 33 PRESS LE subtile CLEVE . . . . . . A VIS 1 paradoxum CLEVE. . . . . A5 paradoxum Schüttii SCHÜTT . 36 tenuissimum nolis 1m LP 49 VII 55 parade Am ANAL JORBETANUES teres CLEVE. . + . . . . A Il 192% CLERC CN EN ER T0) peruvianum VANHÔFFEN . . . 12 j : vermiculus SCHÜTT . . . . 43 protuberans SCHÜTT . . . . 925 Weissflogii SCHÜTT ME 07 II 95:à 306 radians SCHÜD AO NII) A2 Ralfsii SCHÜTT c 44 Wighami BRIGHTWELL . .: . 49 VI 39 à 34 Willeil GRAN 20 RE 36 Schüttii CLEVE. . . . . . 36 V2 10 var. circinalis nobis . . 37 VI IEC DISESEUS var. genuina nobis. . . 37 V 91 à 26 | capreolus EHRENBERG. . . . 49 var. Willei (GRAN) . . . 37 V 927 à 30 | groenlandica CLEVE . . . . 49 Scolopendra CIEVE . . . . 28 IV 14 à 20 mitra BAILEY . . . . + «+, 49 secundum SCHÜIT . . . . 44 seiracanthum GRAN. . . . 32 IV 44 à 51 SENDENPAIL simile CLEVE . . . . . . 39 VI 13 à 17 | diadema EHRENBERG. . . . 33 Apstein, C. Aurivillius, C. Bailey, J. Brightwell, Th Castracane, EF. Cleve, P. T. INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS CITÉS 1901. 1909. 1895. 1854. 1856. 1856. 1858. 1886. 18734. 1873 6. 1881. 1889. 1894. 18964. 18968. 1897. 1900. 1901. — Plankton in Rügenschen Gewässern. Kiel. Wässenschafthiche Meeresuntersuchungen… Abt. Kiel, N. F., Bd 5. — Chaetoceros gracile SCHÜTT und CAhaetoceros Vistulae n. sp. Kiel Zbidem, Bd 11. — Das Plankton des Baltischen Meeres. Stockholm. Bihang till K. Sv. Vet.-Ak. Handl. Bd 21, Afd. IV, n°8. — Notes on new species and localities of microscopical organisms. Washington. Srnithsonian Contrib. to Know/., vol. 7.. — On microscopic forms in the Sea of Kamtschatka. New Haven. American ÿournal of Sc. and Arts, ser. 2, vol. 22. — On the filamentous longhorned Diatomaceae, London. Quarterly Journal of microscopical Science, vol. 4. — a) Remarks on the genus Æhzzoso/enix of EHRENBERG. 6) Further observations of the genera 7Yriceratiurm and Chaetoceros. London. Tbidem, vol. 6. — Report on the Diatomaceae collected by H. M. S. Challenger during the years 1873-1876. Report of the Chall. Exped. Botany, vol. 11. — On Diatoms from the Arctic Sea. Stockholm. Bihang t. K. Sv. Vet.-Akad. Hand!., Bd |, n° 13. — Examination of Diatoms found on the Surface of the Sea of Java. Stockholm. Zbidem, Bd I, n° r1. — On some new and little known Diatoms. Stockholm. Kongl. Sv. Vet.-Akad. Handl., Bd 18, n°5. — Pelagiske Diatomeer fran Kattegat. Kjôbenhavn. Det videnskabelige Udbytte af Kanonbaaden Fauchs Togter ti de danske Have. — Planktonundersôkningar, Cilioflagellater och Diatomaceer. Stockholm. Bihang t. KX. Vet.-Akad. Handl., Bd 20, Afd. III, n° 2. — Diatoms from Baffin’s Bay and Davis Strait. Stockholm. Ibidem, Bd 22, Afd. III, n°4. — Planktonundersôkningar, Vegetabiliskt Plankton. Stockholm. Tbidem, Bd 22, Afd. III, n° 5. — A Treatise of the Phytoplankton of the Northern Atlantic and its Tributaries. Upsala. — Notes on some Atlantic Plankton-Organisms. Stockholm. Kongl. Su. Vet.-Akad. Handl., Bd 34, n°1. — The seasonal distribution of atlantic Plankton-Organisms. Gôteborg. 54 LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS CITÉS. Cleve, P. T. et Grunow, A. 1880. — Beitrage zur Kenntniss der arktischen Diatomeen. Stockholm - Kongl. Sv. Vet,-Akad. Handl., Bd 17, n'2. Engler, A. 1883. — Ueber die pelagischen Diatomeen der Ostsee. Berlin. Berichte der deutschen bot, Gesellsch. Bd I. Ehrenberg, ©. 1854. — Mikrogeologie. Leipzig. Gran, H. 1897. — Protophyta : Diatomaceae, Silicoflagellata and Culioflagellata. Christiania. Den Norske Nordhavs-Expedition 1876-1878, Heft XXIV. 1900. — Bemerkungen über einige Planktondiatomeen. Christiania. Nyt Magasin for Naturvidenskaberne, Bd 38. 1902. — Das Plankton des norwegischen Nordmeeres von biologischen und hydrogra- phischen Gesichtspunkten behandelt. Bergen Report on Norwegian Marine and Fishery investigations, O1. 2, n° 5. 1904. — Die Diatomeen der arktischen Meere. 1. Teil : Die Diatomeen des Planktons. Jena, Fauna Arctica, Bd III, Lief. 3. 1905. — Diatomeen. Kiel und Leipzig. Nordisches Plankton. Dritte Lieferung, Bd XIX. Diatomeen. Jôrgensen, E. 1901. — Protistenplankton aus den Nordmeere in den Jahren 1897-1900. Bergen. Bergens Museums Aarbog /or 1900, n° 6. Karsten, G. 1906. — Das Phytoplankton des Atlantischen Oceans nach dem Material der deutschen Tiefsee-Expedition, 1898-1899. Jena. Wissenschaflliche Ergebnisse der deutschen Tiefsee- Expedition, auf dem Dampfer « Valdivia » 1898-1899, Bd II, Teil 11, Lief. 2. Lauder, H. 1864. — a) On new Diatoms. 6) Remarks on the marine Diatomaceae found at Hongkong with descriptions of new species. London. Transactions of the Microscopical Soerety vo]. 12, pp. 6 et 75. Meunier, Alph. 1910. — Microplankton des Mers de Barents et de Kara. Bruxelles. Campagne arctique de 1907 du Duc d'Orléans. Oestrup, E. 1905. — Marine Diatomeer fra Oestgrôuland. Kjôbenhavn. Meddelelser om Grünland, 18. Ostenfeld, C. 1901. Jagttagelser over Plankton-Diatomeer. Christiania. Nyt Magasin for Naturvidenskaberne, Bd 39, Heft 4. 1902. — Marine Plankton Diatoms. Copenhague. Jos. Scamipr : Flora of Koh-Chang. Part. 7. Reprinted from Botanik Tids- skrift, VO]. 25. 1903. — Phytoplankton from the sea around the Faerôes. Copenhagen. Botany of the Facroës, vol. II. 1912. — À revision of the marine species of Chaetoceros Ehr. Sect. Simplicia ost. Copen-. hague. Meddelelser fra Kommissionen for Havundersôgelser. Série : Plankton, Bd w. n° IO. 1913. — De danske farvandes Plankton. Mémoires de l'Académie royale des scicnces et des lettres de Danemark. Copen- hague, 7° série [Section des sciences], t. IX, n° 2. LISTE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS CITÉS. 55 )stenfeld, C. og Schmidt, J. 1001. — Plankton fra det Rôde Hav og Adenbugten. Copenhague. Videnshabelige Meddelelser fra den naturhist, etc. >auisen, ©. 1904. — Plankton-investigations in the waters round Iceland in 1903. Copenhague. Meddelelser fra Kommissionen for Havundersôgelser. Série : Plankton, Bd I. 1905. — On some Peridineae and Plankton-Diatoms. Copenhague. Zbidem. Schrüder, B. 1900. — Das Phytoplankton des Golfes von Neapel. Berlin. Mittheilungen aus der zoologischen Station su Neapel/, Bd 14. Schütt, F. 1888. — Ueber die Diatomaceengattung Chaetoceros. Berlin. Botanische Zeitung, 1888. 1889. — Ueber die Auxosporenbildung der Gattung Chaetoceros. Berlin. Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd 7, p. 361. 1893. — Das Pflanzenleben der Hochsee. Kiel und Leipzig. 1895. — Arten von Chaetoceros und Peragallia. Ein Beitrag zur Hochseeflora. Berlin. Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, Bd 13. 1896. — Bacillariales. Leipzig. ENGLER und PRANTL : Natürliche Pflanzenfamilien, 1. Teil, Abt. 18. Van Breemen, P. 1905 — Plankton van Noordzee en Zuiderzee. Leiden. 1906. — Bemerkungen über einige Planktonformen. Te Helder. \ Verhandelingen uit het Rijksinstituut voor het onderzoek der ee. Eerste deel, V. L Van Heurck, H. 1880-1885. — Synopsis des Diatomées de Belgique. Anvers. 1899. — Traité des Diatomées. Anvers. Vanhôffen, E. — Die Fauna und Flora Grônlands. Berlin. ER: Grônland-Expedition der Gesellschaft für Erdhunde zu Bertin, Bd II. 4 | Le "AL ne < À, cn. Lu FENTE Arr Au, Ü 1 NA 4 1" i (Le EE TABLE DES MATIÈRES Zntroduction Définition du titre . Matériel d'étude Division de la matière _ SOUS-FAMILLE I. — ARAPHIDÉES. __ TRIBU |. CHÉTOCÉRÉES. GENRE CHAETOCEROS EHRENBERG. GÉNÉRALITÉS SYSTÉMATIQUE SOUS-GENRE PHEOCERAS GRAN. Ch. atlanticum CLEVE Ch. criophilum CASTRACANE. Ch. boreale BAILEY. Ô Ch. convolutum CASTRACANE Ch. densum CLEVE. ; Ch. Eibenii (GRUNOW) nobis . Ch. danicum CLEVE SOUS-GENRE HYALOCHAETE GRAN . GROUPE À. lPhaneroleucitae. Ch. decipiens CLEVE Ch. mitra (BAILEY) CLEVE 17 18 19 TABLE DES MATIÈRES. Ch. Lorenzianum GRUNOW? var. forceps nobis . . , nr Ch. teres CLEVE . L ‘ - 3 ; Ë : 2 ; ; Ch. Weisflogii SCHÔET | Ch, contorlumSCAUTI CO D - Ch. armatum WESTENDORP? | LP Ch. didymum EHRENBERG . ; s : . ; : : À GrourE B. Cryptoleucitae. Ch. cinctum GRAN. ; : : à : ; : É : : Ch. S:olopendra CLEVE. ; : : ; : SL ; ; Ch furcellaiun BALE. ; AE: 2 Ch. constrictum GRAN . : : : : : ; Ch. coronatum GRAN . : : ; Ë à ; , : 3 Ch. seiracanthum GRAN : : $ : : : ; ; : Ch. diadema EHRENBERG . 2 : : Ë 5 : : 7" Ch. laciniosum SCHÜTT . ; ; ; À : x : ; 4 Ch. holsaticum SCHÜTT . ; 5 : s ; . : Ch. Schüttii CLEVE . : . : ; ÿ : ‘ : s Ch. dipyrenops nobis . : : : : 4 : à 2 5 Ch. simile CLEVE . s : ; ; . : : à : . Ch. anastomosans GRUNOVW . 1 : : 5 : à : : Ch. crinitum SCHUIT . : : : 0 : ; 3 : ; Ch. subtile CLEVE . : : ; < : : : - Ch. Wighami BRIGHTWELL . : ; : > RU 2 ’ Ch. debile CLEVE . ë : : : : ù ; à : ; Ch. curvisetum CLEVE . : : : ; ; À : À 5 Ch. radians SCHÜTT . ; : ; QU : ; ; Ch. sociale LAUDER ; : : : : : à ; : : Ch. ceratoshermum OSTENFELD . : ; : à : ; ’ Ch. exoshermum nobis . ; : s : 3 : ; 3 Ch. filiforme MEUNIER. . < ; RE LR 0 - - Ch. tenuissimum nobis . ; : 0 ‘ : : : F LISTE ALPHABÉTIQUE DES ESPÈCES . : ; ; : : : : INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS CITÉS. ê : < : : PLANCHES AVEC EXPLICATION SOMMAIRE DES FIGURES. c à £ Me LL te tee HAE DU JE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE ae CAIERIDEE TRES, Le TOME VII. — FASCICULE 3 DE ER FLAMANDE … Alphonse MEUNIER : 2me PARTIE | LES DIATOMACÉES (SUITE) * (Le GENRE CHAETOCEROS EXCEPTÉ) avec 7 planches hors texte BRUXELLES 112, rue de Louvain, 112 à ï ar f un 4 4 14 ; w ” d 2 « 2 … ‘SAP AG " : ‘ D p , 4 * è*, : s dE A 1 | YRAÎBES XE0I00S MO EUR , CeRMB6CIATI AN à { x C3 CPR , 7" r , “ 0 v L û de : A *, > - : s PRE 7. hr ÿ * Le e * | mn ' # De É 4 J ; p , 4 VF ns "A 2% A" J « £ d #° “ Cr « . È : + - ' Le 22 al Ai] . A % 17 PE n 4“ + . #à ar . & 4, 1 . k à à ù » ‘ à + d à \i * *4 7 s (à ) Flu : NE CV] Pr) f + "4 ; 4, + À ” ; po ” ' 27, . | “ A CUS « u ï : * k et. : - { : t { _ " Ô ‘ l 214 À - \ » " MÉMOIRES DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE TOME VII. — FASCICULE 3 _ MICROPLANKTON DE LA POP PELAMANDE PAR Alphonse MEUNIER . 2e PARTIE LES DIATOMACÉES (SUITE) (LE GENRE CHAETOCEROS EXCEPTÉ) avec 7 planches hors texte BRUXELLES HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE 112, rue de Louvain, 112 1915 PRÉLIMINAIRES Dans la première partie de ce travail « Le Genre Chaetoceros Ehr. ("), nous avons pris soin d'indiquer les raisons qui nous portaient à traiter d’abord les organismes végétaux du microplankton rencontrés dans les eaux marines des côtes belges Nous y avons annoncé l'intention de commencer par les Diatomacées, microphytes dont les nombreuses espèces constituent généralement la partie la plus importante des produits de pêche au filet fin. Nous faisions remarquer en outre que ces dernières étaient surtout des Araphidées, mieux adaptées à la vie planktonique, par leur apti- tude à flotter, et que parmi celles-ci, les chétocérées étaient tout spécia- lement privilégiées sous ce rapport. C’est dans ce groupe que nous avons rencontré tout d’abord le genre Chaetoceros EHrENBERG, dont les espèces sont toutes éminemment douées sous le rapport de la flottaison. La difficulté de recherche, d'analyse et d'identification qu'elles pré- sentent sous leurs multiples aspects nous a amené à traiter séparément celles dont nous avons rencontré des représentants dans les eaux de la Mer flamande. En raison de leur nouveauté relative dans le domaine des connais- () MEUNIER, ALP., Microplankton de la Mer flamande. 1e partie. Le genre Chaetoceros ÊEHRENBERG. 4 PRÉLIMINAIRES. sances algologiques, il y avait lieu de préciser leurs caractères distinc- tifs, de discuter leur synonymie et d'établir leur fréquence relative dans nos eaux. Nous désirions ainsi combler la lacune importante que Van HEuwrcx a délibérément, semble-t-1l, laissé subsister dans son 7raité des Diato- mées, au point de vue de la florule belge Maintenant que le terrain est déblayé de ces formes aussi encom- brantes par leur nombre qu’intéressantes par leurs caractères subtils et leurs modalités variées, nous pourrons continuer la revue des autres Diatomacées, en nous appliquant surtout à faire connaître les particu- larités d'aspect ou d'étapes évolutives dont nos matériaux nous ont fourni des exemples. Ce sera l’objet de cette deuxième partie. MICROPLANKTON DE PMVEEI REAMANDE TRIBU I. - CHÉTOCÉRÉES (suite) GENRE BACTERIASTRUM SxapBortr. CARACTÈRES. — Frustules cylindriques, munis sur leurs extrémités de soies en nombre variable, également distancées et dirigées perpendiculairement à l'axe des colonies qu'elles réalisent par l'intermédiaire de ces soies. Celles-ci se soudent entre frustules voisins sur un certain parcours et reprennent leur liberté plus loin. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux. Bacteriastrum varians LAUDER. CENTS Re na 7) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1864. Bacteriastrum varians LAUDER, p. 8, pl. 3. 1883. Bacteriastrum varians LAUDER, dans VAN HEURCK, Synopsis, p. 195, pl. 80, fig. 3 à 5. 1899. Chaetoceros (Bacteriastrum) varians VAN HEURCK, Traité, p. 422, pl 18, fig. 605. 1901. Bacteriastrum varians var. borealis OSTENFELD, P. 293. CARACTÈRES. — Colonies formées de frustules cylindriques, de longueur inver- sement proportionnelle à la largeur, réunis par soudure locale des soties dont les parties libres sont faiblement divergentes entre elles. D'abord ondulées dans le jeune âge, celles-ci se rectifient plus tard. Les terminales sont un peu plus fortes, courbées toutes dans le même sens et dirigées par leur partie terminale vers l'extrémité de la colonie. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux. Le noyau est central. Ô ALPH. MEUNIER ENDOSPORES. — Des spores quiescentes s'observent fréquemment. Formées généralement par couples dans des cellules sœurs, elles se montrent, à maturité, formées de deux valves inégalement bombées dont la primaire est hérissée de fines épines et entourée, à la périphérie d'une sorte de gaine appliquée contre la membrane de la matrice, sauf à son sommet libre, où elle s'infléchit légèrement vers l'intérieur. Leur développement suit une marche parallèle, en opposant leurs valves secondaires. MicrosPOREs. — Nous avons observé, en outre, des phénomènes de division intracellulaire que nous croyons pouvoir interpréter comme conduisant à la formation de microspores dont la destinée reste inconnue. On voit, en effet, le contenu cellulaire se diviser en 2, en 4, en 8, en 16 parties équivalentes renfer- mant chacune un noyau et un nombre égal de chromatophores. Nous ignorons si la subdivision est poussée plus loin et si elle aboutit réellement à la produc- tion d'organes de reproduction destinés à être mis en liberté comme spores d'essaimage. Ce fait est à rapprocher de ceux que nous avons signalés antérieurement dans plusieurs espèces de Chaetoceros : Ch. Ebenii et Werssflogii en 1914 et Ch. mitra et contortum en 1910, après GRAN, qui avait remarqué des phénomènes semblables dans CX. decipiens en 1904. FIGURES. — Figure 1. Portion de colonie montrant l'enchaînement des frustules et leur contenu cellulaire. Celui-ci est chargé de nombreux chromato- phores périphériques, cz. Les soies jeunes s7, qui apparaissent lors de la division cellulaire, sont plus courtes et se montrent ondulées dans leur partie libre. Plus tard, elles s’allongent en perdant leurs ondulations. Figure 2. Vue valvaire montrant la distribution des soies projetées sur un plan perpendiculaire à l'axe de la colonie. — #, noyau central; c#, chromatophores périphériques. Figure 3. Vue analogue de l'extrémité d'une colonie montrant la projection des soies sur un plan. Figure 4. Coupe longitudinale optique d’une colonie formée de cellules plus larges mais moins longues — 7, noyau; c#, chromatophores pariétaux; #4, divi- sion récente du noyau; s/, soies jeunes formées entre les deux cellules sœurs. Figure 5. Phases diverses de la production des spores quiescentes. En haut, formation de la valve primaire, v, dans deux cellules contigués; au milieu, spores complétées par la production de la valve secondaire, v'; et l’appa- rition de la gaine, x, autour de la valve primaire; c4, chromatophores; en bas, enfin, spores mûres, figurées vides, avec la garniture d’épines, e, sur la valve primaire et la gaine qui l'entoure. On remarquera que ces spores sont généralement disposées par couples symé- triques, à moins que l’une des deux cellules sœurs ne soit frappée d’avortement. Figure 6. Fragment de colonie plus étroite, mais formée de frustules plus longs. Entre des cellules ordinaires, en voie de division normale, #4, on en voit d’autres qui présentent des phénomènes de division interne, amenant la produc- tion, l'une, de quatre, l’autre, de huit fragments, #7, destinés à d'autres subdivi- sions ultérieures. D MICROPLANKION DE IA MER FLAMANDH. 7 — Figure 7. Autre fragment de colonie dans lequel on voit deux frustules où la subdivision interne a été poussée jusqu à seize segments, #7. Les autres frustules sont en voie d'évolution et de division normales; 7, noyau; ck, chromatophores. OBSERVATIONS. — Bien que cette belle espèce soit très affine aux Chaetoceros, on ne peut pas, comme le voulait Van HEURCK, la réunir à ce genre déjà très complexe sans briser l’homogénéité de ce dernier. Il vaut mieux lui faire, dans la . nomenclature, une place à part légitimée par sa forme réellement cylindrique et ses nombreuses soies. C’est la seule espèce connue dans nos eaux. Souvent très abondante dans le microplankton de la Mer flamande, elle apparaît surtout pendant les mois d'été, de juillet à octobre; mais il lui arrive aussi de faire défaut, au voisinage de West-Hinder pendant toute une année. GENRE RHIZOSOLENIA (EHRENBERG) BRIGHTWELL. CARACTÈRES. — Cellules longues, cylindriques, droites ou courbes, générale- ment associées en colonies plus ou moins fragiles. Les valves portent un prolon- gement excentrique ou tout au moins une petite soie latérale qui laisse son empreinte sur la partie correspondante de la cellule voisine. La membrane est _peu silicifiée. Le pourtour cylindrique des frustules est orné de détails de . structure variables et plus ou moins visibles dans l'eau. Les chromatophores sont généralement nombreux et pariétaux. Spores et auxospores connues dans _ certaines espèces seulement. Rhizosolenia Stolterfothii PERAGALLO. (PI. VIIL, fig. 8 et 0.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1870. Eucampia striata STOLTERFOTH., p. 835. 1887. Pyxilla Stephanos HENSEN, p. 88, pl. 5, fig. 36? 1888. Rhizosolenia Stolterfothii PERAGALLO, pl. 6, fig. 44. 1892. Rhizosolenia Stolterfothii PERAGALLO, p. 108, pl. 1, fig. 17 et 18. 1893. ÆHenseniella Stephanos SCHÜTT 1902. Rhizosolenia Stoller fothii BERGON, p. 62, pl. 1, fig. 1 à 8. 1910. Rhizosolenia Stolterfothii MEUNIER, p. 257, pl. XXVIIL fig. 28. CaracrTÈREs. — Cellules cylindriques, arquées, terminées par un disque plan . au-dessus de l’arête circulaire tronquée. Colonies spiralées, à spires rapprochées, 8 ALPH. MEUNIER. souvent nombreuses, résultant de la juxtaposition bout à bout des frustules. Ceux-ci sont pourvus à leurs extrémités d'une petite soie excentrique qui s'applique près de l'organe similaire du frustule voisin sur la partie déclive de celui-ci et n’est bien visible que lorsqu'il en est détaché et apparaît librement sur les cellules terminales ou désagrégées. Paroi cellulaire garnie d’anneaux incom- plets, la plupart du temps bien visibles dans l’eau. Noyau pariétal; chromato- phores nombreux, pariétaux également. Pas d’endospores ni d’auxospores connues. FiGurEes. — La figure 8 en montre un fragment de colonie de grandes dimensions dont deux frustules seulement ont été figurés : l’un vide, pour en laisser voir les anneaux extérieurs; l’autre pourvue de son contenu; #, noyau; ch, chromatophores. La figure 9 reproduit un fragment analogue de dimensions plus restreintes. OBSERVATIONS. — Cette espèce est constante dans la Mer flamande où elle occupe une place très importante dans le phytoplankton. Elle y est souvent très commune et lutte de fréquence avec sa congénère Æ4. Shrubsolei CLEVE. Dans les produits de pêche du West-Hinder, elles coexistent presque toujours, mais généralement avec prédominance marquée de l’une sur l’autre, indépendamment des saisons. Rhizosolenia Shrubsolei CLEVE. PI VITE te ro ar, etpl 1 0872) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1881. Rhizosolenia Shrubsolei CLEVE, p. 26 1883. Rhizosolenia Shrubsolei VAN HEURCK, Synopsis, pl. 79, fig. II à 13. 1892. Rhuzosolenia Shrubsolei PERAGALLO, p. 114, pl. 5, fig. 8et 9 1892. Rhizosolenia atlantica PERAGALLO, p. 114, pl. 5, fig. 4 et 5. 1899. Rhizosolenia imbricata BRIGHTWELL var. Shrubsolei VAN HEURCK, Traité, p. 415, pl. 33, fig. 886. 1910. Rhizosolenia Shrubsolei MEUNIER, p. 256, pl. XXVIIL, fig. 23 et 24. CARACTÈRES. — Frustules droits, cylindriques, tronqués en biseau aux extré- mités et terminés par une petite pointe qui surmonte elle-même une dilatation arrondie et transparente. Cytoderme garni de lignes obliques qui se coupent en déterminant des sortes d'écailles suivant lesquelles la membrane se brise aisément. Ces écailles sont elles-mêmes striées finement, mais ces détails ne se voient pas toujours aisément dans l’eau. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 9 Colonies droites, résultant de la soudure des frustules suivant leur face biseautée sur laquelle ils impriment réciproquement une empreinte durable après leur isolement. Noyau souvent ramené contre la paroi cellulaire au sein d’une masse de cyto- plasme central. Chromatophores petits, nombreux. | AuxosporEs. — Nous n'avons eu à relever, au cours de nos longues observa- tions, que quelques rares cas de formation d’auxospores dans cette espèce si commune cependant dans les eaux belges. Celles-ci se forment sur le flanc de frustules arrivés à leurs dimensions minimales et s’y observent implantés perpen- diculairement sur le cytoderme de la cellule génératrice, en présentant d'emblée les caractères d’une cellule régénérée. Frqures. — La figure 10 reproduit un fragment de colonie d'assez fort calibre. — En x, la soudure de deux frustules suivant leur sommet tronqué en biseau. On y voit, en outre, les détails de structure du cytoderme tels qu'ils apparaissent ANSeC. La figure 11 en donne un fragment analogue, mais de dimensions plus ordinaires et orienté autrement. La figure 12 est la reproduction d’un spécimen isolé, de dimensions maximales, et pourvu de son contenu : #, noyau; c, chromatophores. La figure 37, planche IX, enfin, donne l'aspect d'une auxospore, asp, en place, sur le cytoderme vide de la cellule génératrice. OBSERVATIONS. — Comme il a été dit plus haut, cette espèce rivalise d'abon- dance avec la précédente dans les eaux du littoral belge. Parfois elles entrent en concurrence, parfois l’une abonde à l'exclusion plus ou moins complète de l'autre, sans que cette substitution concorde avec les saisons. Elles ne font, peut-on dire, jamais défaut simultanément au voisinage du West-Hinder. Rhizosolenia setigera BRIGHTWELL. CPI ie a 16, étpl IX, fo.38) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1858. Rhizosolenia setigera BRIGHTWELL, p. 95, pl. 5, fig. 7. 1883. Rhizosolenia setigera BRIGHTWELL, dans VAN HEURCK, Synopsis, p. 194, pl. 78, fig. 6 à 8. 1883. Pyxilla? baltica GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 83, fig. 1 et 2 (endospore). 1887. Rhizosolenia setigera HENSEN, p. 85, pl. 5, fig. 38. 1887. Rhizosolenia setigera BRIGHTWELL, dans VAN HEURCK, Traité, p.414, pl. 17, fig. 602. 1900. Rhizosolenia Hensenii SCHÜTT, p. 510, pl. 12, fig. 25 à 27. 1910. Rhizosolenia setigera MEUNIER, p 253, pl. XXVIUL, fig. 13. Le] 10 ALPH. MEUNIER CARACTÈRES. — Frustules longs, peu silicifiés, en forme de cylindre droit terminé par deux prolongements excentriques, coniques, que termine une soie pleine et longue. Celle-ci est parfois fine, très longue et flexible à l'extrémité, parfois, au contraire, elle est plus courte, plus trapue, rigide, plus épaissie sur les deux tiers inférieurs ou seulement vers le milieu et prend alors la forme d’une alène. Les détails de structure du cytoderme sont insaisissables dans l’eau; on ne remarque pas non plus de traces d'empreinte laissée par le frustule contigu. Les cellules issues de divisions répétées restent assez longtemps associées en colonie par persistance plus ou moins durable du cytoderme des cellules mères. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux; le noyau est aussi générale- ment blotti contre la paroi. ENDospoREs. — Les spores quiescentes résultent, comme nous l’avons signalé ailleurs (1910) à propos de l'espèce Styliformes BRIGHTWELL, d’une rénovation cellulaire, en forme de cylindre court, inséré dans la matricule et inégalement bombé aux deux extrémités. On n'y observe qu'un nombre réduit de chromato- phores. Ces productions sont très rares dans nos matériaux. FIGURES. — La figure 13 en reproduit un spécimen isolé, large mais très court, terminé par des soies robustes. Figure 14. Fragment de colonie montrant les extrémités de deux cellules sœurs maintenues en contact par le cytoderme de la cellule dont elles dérivent. Figure 15. Partie d'un frustule terminée par une soie en alène. Figure 16. Spécimen libre de dimensions minimales, terminé par des soies longues, grêles et flexibles. Figure 38, planche IX. Aspect d’une endospore, sp, logée dans sa matricule. OBSERVATIONS. — Cette espèce est beaucoup plus rare dans nos matériaux que les deux précédentes. On l'y observe cependant en spécimens assez nombreux vers la fin de l'été, en septembre, et elle y persiste jusqu’en mars avec diminution progressive des individus. Rhizosolenia robusta NoRMAX. (PI. VIII, fig. 19 à 21.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1861. Rhizosolenia robusta NORMAN, dans PRITCHARD, p. 866, pl. 8, fig. 42. 1892. Rhizosolenia robusta PERAGALLO, p. 109, pl. 1, fig. 1 et 14; pl. 2, fig. 1 et 2. 18934. Rhizosolenia sigma SCHÜTT, p. 22, fig. 12? 1899. Rhizosolenia robusta NORMAN, dans VAN HEURCK, Traité, p. 414, pl. 33, fig. 883. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. IT CARACTÈRES. — Frustules grands et gros, peu silicifiés, en forme de cylindre souvent un peu aplati, terminé par deux prolongements coniques, courbés, que surmonte une petite pointe implantée sur le sommet un peu épaissi des valves. Aspect variable suivant l'orientation des frustules, le degré de courbure de leur axe et leur étape d'évolution au sortir du cytoderme de la cellule mère. Membrane ornée d'anneaux transversaux incomplets sur le corps du frustule et de stries longitudinales convergentes sur la partie conique qui les termine. Chromatophores très petits, fort nombreux, pariétaux, plus ou moins groupés suivant les lignes qui décorent la membrane cellulaire. Noyau volumineux, central, maintenu en place, au sein de cytoplasme péri- nucléaire, par de nombreux cordons protoplasmatiques, ou ramené sur un point de la paroi, par rupture d’une partie de ces cordons. Endospores inconnues. Fiqures. — La figure 19 en reproduit un specimen vu un peu obliquement et de dimensions assez petites. Le noyau, , y est devenu pariétal. Figure 20. Coupe longitudinale optique de deux frustules issus d’une division récente. On y voit la position normale du novau, #, qui est central; les cordons cytoplasmatiques qui le maintiennent en place et la position pariétale des chromatophores, ch. Du frustule inférieur le sommet seul a été figuré, faute de place, pour montrer les rapports des deux cellules sœurs dans le cytoderme, cd, de la cellule mère. Figure 21. Aspect extérieur d’un frustule aux deux cônes terminaux diverse- ment inclinés sur l’axe longitudinal, ce qui lui vaut une forme sigmoïde. OBSERVATIONS. — Cette espèce peut être considérée comme rare dans nos eaux malgré sa fréquence exceptionnelle dans des circonstances déterminées. Elle n'apparaît, en effet, dans nos parages qu'à des intervalles distancés par des éclipses complètes. Ce sont les produits des croisières trimestrielles de novembre qui nous en ont parfois présenté d'assez nombreux exemples pêchés au voisinage de nos côtes. Rhizosolenia fragilissima BERGON. (MIA ie -net2) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1900. Leptocylindrus danicus SCHÜTT, p. 504, pl. 12, fig. 13 à 24 et 33 (non CLEVE). 19024. Rhizosolenia fragilissima BERGON, p. 49, pl. 1, fig. 9 et 10. 1903. Rhizosolenia delicatula OSTENFELD, p. 568, fig. 123 (non CLEVE). CARACTÈRES. — Frustules cylindriques, peu silicifiés, réunis en colonie droite, fragile, par une étroite surface de contact, au sommet arrondi des individus. 12 ALPH. MEUNIER. Cette surface est limitée d'un côté, vers le milieu de la valve, par une très courte soie qui se croise avec sa voisine du frustule contigu et s'y loge dans une faible dépression. Ces soies occupent donc le fond d’une sorte de sinus inter- frustulaire qui ne s'observe bien qu'entre ceux des frustules qui sont orientés convenablement pour présenter cette particularité de profil, car on pourrait ne pas la remarquer quand elle se montre de face. Quant à l'observation des soies elles-mêmes, elle n’est guère possible que sur les bouts libres des frustules. Chromatophores nombreux, allongés, pariétaux, radiants autour du noyau qui est, lui aussi, pariétal. Ce grand nombre de chromatophores est le caractère distinctif Le plus apparent d'avec l'espèce suivante #4. delicatula CLEVE qui n’en présente jamais qu'un nombre beaucoup plus limité. Pas de spores connues, si ce n’est une forme d’'auxospore douteuse signalée par BERGON. FiGurEs. — La figure 1 en reproduit un fragment de colonie d'assez fort calibre. — c4, chromatophores minces, allongés, nombreux, convergents vers le noyau, #. — nd, division du noyau et du frustule en même temps; s, soies courtes, croisées au fond du sinus interfrustulaire. La figure 2 donne la reproduction d’un fragment de calibre plus petit et plus ordinaire. — s, soies terminales; c4, chromatophores; #, noyau. OBSERVATIONS. — Cette espèce se montre couramment dans le voisinage du West-Hinder vers le mois de mars; mais elle n'y est jamais très abondante. Nous l'y avons observée plusieurs fois en beaux exemplaires, beaucoup plus grands que ceux de l'espèce suivante, avec laquelle le nombre, l'aspect et la dis- position des chromatophores ne permet pas de la confondre. Rhizosolenia delicatula CLEvE. (PI. IX, fig. 3à8)) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1900. Rhizosolenia delicatula CLEVE, p. 28, fig. 11. 19034. Rhizosolenia delicatula BERGON, p. 51, fig. rc, d. 1910. Rhizosolentia delicatula MEUNIER, p. 257, pl. XXVIIL, fig. 25 à 27. CARACTÈRES. — Frustules cylindriques, très peu silicifiés, groupés en colonie fragile, par leur soudure suivant une surface presque plane ménagée à leur sommet. Une courte soie latérale émerge de chaque valve et croise sa voisine du frustule contigu. Bien qu'elle soit un peu plus longue que dans l'espèce précé- dente, elle ne se montre bien visible qu'au bout libre des frustules, MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 13 La très faible silicification du cytoderme permet la gélification partielle de celui-ci et amène fréquemment sa déformation. Chromatophores peu nombreux, quatre à huit généralement, pariétaux, assez volumineux, souvent aplatis mais d'aspect variable suivant l’état de végétation et aussi sans doute suivant le mode de fixation des spécimens recueillis. Noyau pariétal, tenant sous sa dépendance les chromatophores qui sont rattachés par des cordons au cytoplasme périnucléaire. FiGures. — La figure 3 en reproduit un fragment de dimensions presque maximales, dont les chromatophores, c4, affectent la forme d'une croix ou celle dela lettre x. Nous leur avons fréquemment observé cet aspect exceptionnel dans des produits bien fixés ; mais nous ne saurions dire s'ils ont subi une influence défor- matrice de la part des réactifs employés ou s'ils répondent à des conditions spéciales du milieu dans lequel les spécimens ont végété. — s, soies terminales des frustules; 7, noyau. Figure 4. Déformation fréquente des frustules, due, sans doute, à la faible silicification du cytoderme qui se brise ou plutôt se dissout, en y, et permet ainsi la courbure de ceux-là. Les chromatophores, c}, peu nombreux, ont ici leur aspect le plus habituel. Figure 5. — Aspect différent des chromatophores, cÆ, dans un autre fragment de colonie. Ces organes sont ici plus gros, aplatis, plus ou moins irréguliers sur les bords, autour d’une partie centrale plus dense. Figure 6. Fragment de colonie de frustules plus petits. Ceux-ci présentent des chromatophores en petit nombre, orientés autour du noyau. Figures 7, 8, 9. Divers frustules isolés présentant des corpuscules anormaux qui nous paraissent être des chromatophores isolés ou groupés à deux ou plusieurs au sein d’un protoplasme bien délimité, 0, de nature parasitaire; celui d'un O/pidium, sans doute, bien que nous n’en ayons jamais vu la forme enkystée ni assisté à la formation des zoopores. Nous comptons revenir plus tard sur ces productions énigmatiques que nous ne pouvons pas considérer comme de simples produits d’altération du cytoplasme après la mort des frustules. OBSERVATIONS. - /hizosolenia delicatula est une espèce habituelle du micro- plankton de la Mer flamande. Rarement en quantité excessive comme nous l'avons vue dans un des produits de pêche de la croisière d’août 1909, elle s’y observe cependant avec régularité, principalement dans les mois de juillet à novembre, dans les environs du West-Hinder et aussi ailleurs, au voisinage des côtes. 14 ALPH. MEUNIER. Rhizosolenia longiseta O. ZAccHaRIras. (PIX, He, roet dr) BIBLIOGRAPHIE. 1893. Rhizosolenia longiseta O. ZACCHARIAS. Ploen. Forsch.-Ber. CARACTÈRES. — Frustules libres ou géminés, très délicats, terminés excentri- quement par de fins prolongements creux, diversement mais légèrement courbés vis-à-vis de l'axe longitudinal. Le cytoderme, peu silicifié, ne traduit aucune structure visible dans l’eau. Les cellules sœurs s’observent souvent associées au sein de la cellule mère, avec leurs soies terminales projetées sur le corps de leur jumelle. FIGURES. — La figure 10 en montre deux frustules jumeaux encore sertis dans le cytoderme de leur cellule mère commune. La figure 11 en reproduit un frustule de dimensions normales. OBSERVATIONS. — C'est une forme planktonique d’eau douce que nous signa- lons néanmoins ici pour combler une lacune du 77uzté de VAN HEURCK. Nous l'avons maintes fois pêchée au filet fin dans les étangs de Groenendael et dans ceux de Vieux-Héverlé lez-Louvain. Trop délicate pour résister au traitement énergique que VAN HEURCH faisait subir à ses matériaux d'étude, elle a dû lui échapper comme les deux espèces précédentes ÆAizosolenia delicatula et fragtlissina. GENRE ATTHEVA West. CARACTÈRES. - Frustules en forme de cylindre aplati, annelés latéralement. Valves elliptiques, munies de deux cornes creuses aux extrémités. Attheya Zacchariasi BRUN. (Pl'VITT he /r7et 168) BIBLIOGRAPHIE: 1894. Attheya Zacchariasi BRUN. Berichte der Biol. Station Ploen., p. 52, pl. 1, fig. 11 a, 6. 1898 Attheya Zacchariasi O. ZACCHARIAS Biol. central., vol. XVIII. CARACTÈRES. — Frustules très délicats, peu silicifiés, difficilement perceptibles MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 15 dans l’eau ; mais bien visibles à sec et se présentant alors en vue sagittale surtout. Le corps se montre alors garni de deux séries transversales qui alternent entre elles et se recoupent sur la ligne médiale du frustule. Les cornes terminales sont creuses, assez longues et peu divergentes de l'axe longitudinal de la cellule. É FiGurEes. — La figure 17 en donne une vue sagittale d’un specimen d'assez grandes dimensions, chez lequel l’annélation transversale devient indistincte vers lercentre. La figure 18 en reproduit deux frustules géminés, encore réunis dans le cyto- derme maternel. OBSERVATIONS. — C’est encore une forme planktonique d’eau douce que nous tenons de plusieurs étangs du centre de la Belgique, à la suite de recherches au filet fin. Comme elle n'est pas figurée par VAN HEURCK, qui la mentionne néanmoins dans son 7Yatté, page 426, il nous à paru utile, au point de vue de la florule belge, de la signaler ici, au milieu des Chétocérées marines malgré la différence de son habitat. C'est, à n'en pas douter, la technique violente suivie par VAN HEURCK qui l’a privé de l'observation personnelle de cette délicate espèce, car celle-ci n’est pas très rare dans nos eaux. GENRE DITYLIUM Barrey CARACTÈRES. — Frustules en forme de prisme ou de cylindre irrégulier, fron- cés vers les bouts et limités par des surfaces planes, plus étroites, de forme polygonale, dont le pourtour porte une frange d'appendices disposés en palissade. Du milieu de l'aire centrale s'élève une soie forte, rigide, droite, qui ne sert toutefois pas à retenir les frustules en colonie. Chromatophores nombreux, pariétaux. Ditylium Brightwellii (West) GRUNOw. (PI. IX, fig. 27 à 33.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1858. Zriceratium undulatum BRIGHTWELL, p. 153, pl. 8, fig. 1, 3 et 4. 1860. Triceratium Brightwellii WEST. p. 149, pl. 8, fig. 1, 5 et 8. 1885. Ditylium Brighwellii (West) GRUNOW, dans AS HEURCK, Synopsis, p. 196, pl. 114, fig. 4, 8 et 9. 1899. Ditylium Brightwellir (West) GRUNOW, Traité, p. 424, pl. 17, fig. 606 et fig. 141 dans le texte. 16 ALPH. MEUNIER. CaRACTÈRES. — Frustules prismatiques, aux angles arrondis ou presque cylin- driques, de deux à six fois plus longs que larges. Sommets rétrécis, froncés, garnis d'une palissade d'appendices disposés autour d'une aire terminale, presque plane, ornée de ponctuations rayonnantes. Stylet terminal, droit, rigide. Corps de la cellule peu silicifié, porteur d'anneaux incomplets, assez distancés, souvent visibles, même dans l’eau. Chromatophores nombreux, pariétaux. Noyau central ou ramené contre la paroi par rupture des cordons cytoplasmatiques. FIGURES. — La figure 27 en montre un spécimen type de grandes dimensions. — p, fibrilles disposées en palissade. Figure 28. Spécimen complet, beaucoup plus long que large, avec ses chroma- tophores, ch, et Son noyau, 7. Figure 29. Vue valvaire, avec les ponctuations rayonnantes autour du stylet terminal, et la palissade de fibrilles vue en projection. Figure 30. Phase de division, montrant les deux cellules sœurs au sein du cytoderme maternel. Figure 31. Phase de division avortée par résorption de l’une des deux cellules filles et le maintien d’une seule cellule jeune, 7, au sein de la matricule. Figure 32. Petit spécimen parasité par O/pidium phycophagum. Ce dernier est représenté par deux exemplaires : l’un, 0, représenté par un zoosporange déjà vidé de son contenu par l'ouverture qui perce le cytoderme; l’autre, 0’, en voie de développement végétatif, au milieu des restes du cytoplasme de l'hôte. Figure 33. Autre aspect d'un sporange ouvert, 0, d'Ofpidium fhycophagum, choisi parmi les nombreux spécimens de Ditylium Brightwellis qui semblent parfois sujets à une épidémie parasitaire. OBSERVATIONS. — Cette espèce est commune dans les eaux marines belges. On l'y rencontre plus ou moins abondamment presque toute l’année. Toutefois, nous avons constaté qu'au voisinage du West-Hinder, elle subit une éclipse presque complète pendant les mois d'avril à août. Nous l'avons vue maintes fois soumise à une sorte d’épidémie de parasitisme de la part d’un Olpidrum. Cette chrytridiacée se traduisant sous des phases analogues et souvent en même temps dans un grand nombre de diatomacées planktoniques : Thalassiosira, Lauderia, Dei. os, Ditylium, Eucampia, Licmophora et Naviculées diverses, nous avons proposé (1910) de la désigner du nom de O/pr- dium phycophagum, pour marquer son identité probable, malgré la diversité de ses hôtes. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 17 TRIBU II. — BIDDULPHIÉES Ce n'est pas le lieu de chercher à délimiter rigoureusement l'extension de cette tribu, encore moins d'en discuter l'opportunité. Cette division n’a guère de base naturelle. Nous l’ envisageons comme un expédient de classification et nous comptons y rapporter des Diatomacées qui ont des analogies même vagues avec les Brddulphia et présentent généralement comme celles-ci des protubérances valvaires par lesquelles se touchent les éléments des colonies auxquelles elles donnent souvent naissance. Nous y rangerons même des espèces dépourvues de ces protubérances, comme Sfrepfotheca tamesis, par exemple, mais qu'il serait difficile de placer dans d’autres groupements, à moins de multiplier ceux-ci d'une façon excessive et de leur enlever conséquemment leur caractère synthétique. GENRE CERATAULINA PÉRAGALLO. CARACTÈRES. — Cellules cylindriques, peu silicifiées, dont les valves un peu bombées sont surmontées de deux petits prolongements tronqués, par lesquels les frustules se soudent en colonies souvent longues, mais fragiles. À chaque prolongement est adossé, du côté extérieur, une très petite soie dont la partie émergeante se soude latéralement au frustule voisin, en y cotoyant l'organe similaire de celui-ci. Cerataulina Bergonii PÉRAGAILO. (PI. IX, fig. 34 à 36.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1889. Zygoceros pelagicum CLEVE, P. 54. 1892. Cerataulina Bergonii PÉRAGALLO, p. 7, pl. 1, fig. 15 1894. Cerataulina Bergonii CLEVE, p. 11, pl. 1, fig. 6. 1896. Cerataulina Bergonii SCHÜTT, p. 95, fig. 165. 1900 Cerataulina Bergonii SCHUTT, p. 508, pl. 12, fig. 45 et 47. 1902. Cerataulina Bergonii BERGON, p. 86, pl. IT, fig. 9 à 11. 1903. Cerataulina Bergonii OSTENFELD, p. 570, fig. 126. CARACTÈRES. — Outre les caractères du genre, dont elle est le seul représen- tant connu, on peut noter la faible torsion des colonies due à ce que les protubé- rances valvaires ne se tiennent pas rigoureusement dans un même plan sagittal. 3 18 ALPH. MEUNIER. Les valves présentent, à égale distance des deux protubérances, une légère dépression très localisée et soulignée d'un faible renforcement de la paroi; elles ne présentent pas d'autre structure visible dans l’eau. Il en est de même de la partie suturale qui est longue et exempte aussi.de sculptures. Chromatophores nombreux et pariétaux. Noyau central. FIGURES. — Figure 34. Fragment de colonie de calibre moyen. — c#, chroma- tophores; #7, noyau; s, soies adossées aux prolongements terminaux des valves. Figure 35. Spécimen plus grand, libre, vu de face. Figure 36. Vue oblique d'un autre frustule isolé. — s, soies. OBSERVATIONS. — Cette espèce est très répandue dans la Mer flamande. Elle y est presque constante en toutes saisons, mais se montre cependant plus rare en juin et en janvier dans les pêches hebdomadaires pratiquées au voisinage du West-Hinder. Il est étonnant que VAN HEURCK qui a connu cette forme ne l'ait pas indiquée comme s'étendant aux eaux belges. Il la possédait cependant dans de nombreux produits de pêches effectuées dans le bas-Escaut. Par les petites soies qu’elle porte sur les prolongements des valves, cette espèce pourrait se réclamer du groupe des Chétocérées; mais par ces prolonge- ments eux-mêmes elle se rapproche bien plus des Biddulphiées. GENRE LITHODESMIUM EHRENBERG. CARACTÈRES. — Valves triangulaires, à pourtour ondulé, donnant naissance à des frustules prismatiques, cannelés. Ceux-ci restent unis en colonies droites, par des membranes réticulées qui, par leur insertion sur le bord des valves, ferment extérieurement les larges foramens interfrustulaires. Les valves, légèrement relevées aux trois angles, portent en leur milieu faiblement bombé, un stylet de la longueur des membranes latérales. Lithodesmium undulatum EHRENBERG. : (PIX 02 40205) BIBLIOGRAPHIE. 1840. Lithodesmium undulatum EHRENBERG, pl. 4, fig. 13. 1883. Lithodesmium undulatum V AN HEURCK, Synopsis, p. 202, pl. 116, fig. 8 à 11. 1899. Lithodesmium undulatum V AN HEURCK, Traité, p. 465, fig. 190 dans le texte et pl. 19, fig. 627. CARACTÈRES. — Outre les caractères génériques exposés plus haut, on peut MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 19 signaler les ponctuations rayonnées de la valve qui débordent sur les extrémités des flancs de celle-ci. Le reste de la zone suturale ne présente que de très fines ponctuations, invisibles dans l’eau, que nous nous sommes dispensé de figurer. La membrane qui surmonte les bords des valves présente, au contraire, une structure réticulée très distincte. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux; le noyau est central. FiGures. — Figure 23. Vue valvaire, abstraction faite de la membrane struc- turée qui se dresse sur le pourtour de la valve et qui ne pourrait être figurée qu en projection. On y voit la ponctuation radiée autour du stylet central, qui n'est lui-même représenté qu’en projection, sous la forme d’un point plus accusé. Figure 24. Fragment de colonie, en forme de prisme triangulaire, cannelé, posé à plat sur l’une de ses trois faces, de manière à présenter les deux autres en vue oblique. On remarquera les membranes structurées qui surmontent les frustules et les tiennent réunis en filament, bien plus que les stylets qui s'élèvent du centre des valves et qui souvent se touchent à peine par leur sommet. La face suturale ne paraît pas structurée dans les conditions ordinaires d’obser- vation, si ce n'est aux deux extrémités où elle accuse une faible striation ponctuée. Figure 25. Petit fragment de colonie de deux frustules seulement, vu normale- ment à l’une des faces du prisme triangulaire. Mêmes observations que pour la figure précédente. Figure 26. Vue sagittale d’un fragment de spécimen plus petit, dont les frustules sont pourvus de leur contenu et dont l’un a été l’objet d’une division récente. — ck, chromatophores nombreux appliqués contre la paroi des cellules; n, noyau; 24, noyau récemment divisé et dédoublement consécutif de la cellule mère en deux cellules filles dont les dimensions sont encore très réduites. Entre ces dernières se développent les membranes réticulées qui ferment le foramen intercellulaire. OBSERVATIONS. — Cette belle espèce apparaît parfois en assez grande abon- dance dans les eaux belges, particulièrement vers les mois de septembre et octobre, dans les environs du West-Hinder. En général, elle est constante dans ces eaux en colonies disséminées. Elle devient néanmoins parfois dominante dans les échantillons de pêche provenant des côtes anglaises, qui sont générale- ment peu riches en espèces. GENRE BELLEROCHEA Van HEURCK CARACTÈRES. — Colonies rubanées, formées de frustules soudés à la fois par leur milieu et par leurs extrémités un peu relevées au delà d’une légère dépres- sion. Valves de forme elliptique ou de forme triangulaire, à côtés déprimés et onduleux. Cellules toujours plus larges que hautes. 20 ALPH. MEUNIER. Bellerochea malleus (BRIGHTWELL) VAN HEURCK. (PI. IX, fig. 18 à 22.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1838. Triceratium malleus BRIGHTWELL, p. 154, pl. 8, fig. 6 et 7. 1883. Bellerochea malleus VAN HEURCK, Synopsis, p. 203, pl. 114, fig. 1. 1897a. Bellerochea malleus CLEVE, pl. 2, fig. 20. 1809. Bellerochea malleus VAN HEURCK, Traité, p. 464, fig. 195 dans le texte. CARACTÈRES. — (Colonies très stables, grâce à l'étendue des surfaces de contact entre les frustules. Valves le plus souvent elliptiques, parfois triangu- laires, à surface lisse, mais ornées tout autour des bords d’une rangée de ponctua- tions déterminées par l'insertion de très petites soies qui établissent la liaison entre les frustules voisins. Ces soies sont difficiles à percevoir en dehors des foramens intercellulaires qui existent près des deux ou des trois extrémités des éléments associés. Des stries transversales s'observent sur les faces suturales de ces derniers. Les frustules, de forme elliptique, laissent voir souvent une petite échancrure médiane. La silicification de la membrane est faible, circonstance qui lui permet de se colorer vivement en violet, sous l’action du bleu de méthylène. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux; le noyau est central. FiGures. — Figure 18. Vue sagittale d’un fragment de colonie rubanée, formée d'éléments de forme elliptique. — c4, chromatophores; #, noyau central; nd, noyau qui vient de se diviser, entraînant la production de deux cellules filles, dont on aperçoit déjà les deux nouvelles valves intérieures. On remarquera, sur les bords des frustules, les nombreuses petites soies particulièrement visibles au niveau des foramens qu'ils voilent extérieurement. Remarquons, en passant, que ces foramens sont beaucoup moins ouverts et moins étendus qu'ils ne sont dessinés dans la figure de VAN HEURCK. } Figure 19. Vue latérale d’un fragment de colonie analogue au précédent. On distingue mieux, sous cet aspect, les fines soies qui rattachent extérieurement les frutules entre eux. Figure 20. Vue valvaire d’un frustule de forme elliptique, atténué aux deux bouts. On n'y remarque aucun détail de structure. Figure 21. Vue sagittale d’un petit fragment de colonie constituée de frustules triangulaires de la forme de la figure 22, qui en montre la vue valvaire: La colonie se développe donc en un filament à trois côtes saillantes dont deux lui servent d’assiette stable et la troisième est vue en projection sur le corps du filament Les détails de structure sont les mêmes que dans la variété précédente. Figure 22. Vue valvaire d’un frustule triangulaire. Les contours en sont plus ou moins régulièrement sinueux. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 21 OBSERVATIONS. — Cette forme est, d'une manière générale, plutôt rare dans les produits planktoniques de la Mer flamande. Ses apparitions en certaine abondance sont surtout estivales. On ne la rencontre qu'à l’état de colonies plus ou moins fragmentées ; jamais à l'état de frustules dissociés. GENRE STREPTOTHECA SHRUBSOLE. CARACTÈRES. — Les caractères du genre n'étant connus que de l'unique espèce qui le représente, nous les rappellerons ci-après. Streptotheca Tamesis SHRUBSOLE. (AMD ETES) BIBLIOGRAPHIE. 1890. Séreplotheca Thamensis SHRUBSOLE, p. 259, pl. 13, fig. 4 et 6. 1807a. Streptotheca Tamesis CLEVE, p. 25, pl. 2, fig. 10. 1899. Séreptotheca Tamesis VAN HEURCK, Traité, p. 463, fig. 194 dans le texte. 1902. Streptotheca Thamesis BERGON, p. 83, pl. IL, fig. 8. CARACTÈRES. — Cellules très aplaties, quadrangulaires, soudées bout à bout en un filament résistant, plus ou moins fortement tordu sur son axe. Le cytoderme très peu siliceux se colore intensément en violet en présence d’une solution de méthylène. Valves difciles à voir de face, très étroites, à surface inégale, dont les légers dénivellements de l’une entrent adéquatement dans ceux de la cellule voisine et y adhèrent sur toute son étendue. Face suturale fortement développée et striée ou plissée transversalement. Chromatophores nombreux, rayonnants autour du noyau central. Ficure. — Figure 17. Vue stéréoscopique d’un fragment de colonie. ch, chromatophores; #, noyau. En @, les stries transversales du cytoderme ont été figurées ; en à, les parois ont été ‘laissées lisses, comme elles apparaissent vues dans l'eau. OBsERvATIONS. — Cette forme aberrante de Diatomacée s’observe régulière- ment dans nos eaux marines, pendant les mois d'automne et d'hiver principale- ment; mais elle n'y est jamais en grande abondance. ALPH MEUNIER. LS] LS] Malgré son peu d'analogie avec la forme des Biddulphiées, nous la glissons dans ce groupe, à défaut de lui trouver des affinités meilleures. GENRE EUCAMPIA EHRENBERG. CARACTÈRES. — Frustules dissymétriques, associés en colonies planes, spiralées , 2 , ARTE 2 par deux protubérances terminales, laissant entre elles une dépression qui ménage un foramen très apparent. Eucampia Zzodiacus EHRENBERG. (PIE He 2 267) BIBLIOGRAPHIE. 1839. Eucampia zodiacus EHRENBERG, p. 71, pl. 4, fig. 8. 1883. Eucampia zodiacus VAN HEURCK, Synopsis, p. 203, pl. 95, fig. 17 et 18. 1899. Eucampia zodiacus VAN HEURCK, Traité, p. 461, fig. 191 dans le texte, et pl. 19, fig. 628. 1902. Eucampia zodiacus BERGON, p. 81, pl. IL, fig. 4 à 7. CARACTÈRES. — Frustules disposés en colonie spiralée dans la direction du plan sagittal et formant souvent plusieurs tours de spire, que les heurts disloquent aisément. Face connective en forme de trapèze, à côtés obliques échancrés, ornée de stries tranversales dans la partie connective et d’une très fine structure ponctuée dans les parties valvaires. Valves ovales elliptiques, allongées, déprimées au centre, où elles portent un nodule central, relevées aux deux extrémités pour former deux protubérances, à surface lisse, par lesquelles s'établit la soudure entre les cellules contiguës. Chromatophores assez gros, allongés, nombreux, pariétaux, rayonnants plus ou moins autour du centre. Noyau central rattaché au cytoplasme pariétal par des ee protoplasmatiques. Foramen fusiforme, avec une légère dilatation locale au milieu. FIGURES. — Figure 12. Fragment de colonie de petites dimensions, en vue sagittale. En 4, deux cellules pourvues de leur cytoplasme, dans lequel on observe de nombreux chromatophores rayonnants, c4, et le noyau, #. En 6, deux cellules supposées vides et montrant la décoration extérieure du cytoderme. En c, cellule envahie par un Olprdium phycophagum enkysté, 0. Figure 13. Fragment de colonie de grandes dimensions, en vue sagittale, MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 23 présentant, en à, des frustules avec leur contenu : c4, chromatophores ; 7, noyau; en b, l'aspect extérieur du cytoderme; en c, des frustules occupés par des kystes en formation de Olpidium, au milieu des débris du cytoplasme. Figure 14. Frustules de calibre moyen, en voie de division, marquée en à, par la division du noyau, 24, et l'apparition de deux nouvelles valves internes. Figure 15. Vue valvaire, portant au centre un petit nodule et ornée partout de stries ponctuées, très serrées, sauf sur les deux protubérances latérales par lesquelles se fait la soudure des frustules contigus. Figure 16. Coupe transversale optique, montrant la disposition intracellulaire des chromatophores pariétaux et du noyau central. OBSERVATIONS. — Nous considérons le champignon parasite signalé ici comme identique à la Chytridiacée signalée plus haut dans Ziéy/ium 2 ightwellir et pour laquelle nous avons proposé le nom de O/pidium phycophagum, pour l'avoir rencontrée dans de nombreuses formes de Diatomacées planktoniques. Nous en verrons plus loin d'autres exemples. Eucampia zodiacus est presque constante dans les eaux avoisinant le West- Hinder, mais s'y présente en proportion très variable. C’est en tous cas une des espèces les plus caractéristiques du microplankton de la Mer flamande. Elle est loin de présenter le caractère de rareté que lui assigne VAN HEURCK dans son Traité. GENRE BIDDULPHIA Gray CARACTÈRES. — Genre très vaste et polymorphe, englobant des formes à face suturale généralement quadrangulaire, mais à valves variables, orbiculaires, elliptiques, triangulaires, quadrangulaires, etc., à bords entiers ou ondulés, ordi- nairement renflées dans la partie médiane, montrant, aux extrémités, des appen- dices obtus et souvent aussi des piquants ou des soies de longueur variée qui contribuent à maintenir les éléments en colonie plus ou moins fragile. Le détail des caractères spécifiques fera mieux comprendre le polymorphisme du genre. Biddulphia Smithii (Rarrs) VAN HEURCK. (PIX Lena) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1853. Eupodiscus ? radiatus W. SMITH, Synopsis I, pl. 30, fig. 255 (non Baïley\). 1859. Biddulphia radiata ROPER, p. 19, pl. 2, fig. 27 à 29. 1861. Cerataulus Smithii RALFS, dans PRITCHARD, p. 847. 1883. Biddulphia Smithii VAN HEURCK, Synopsis, p. 207, pl. 105, fig. 1 et 2 1899. Biddulphia Smithii VAN HEURCK, Traité, p. 474, fig. 202, dans le texte. et pl. 21 fig. 641. 24 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Valves à peu près circulaires, surmontées de deux prolonge- ments coniques, entièrement couvertes d’une structure réticulée et présentant, en outre, deux soies courtes, submarginales, qui alternent avec les prolonge- ments. Zone connective finement réticulée comme les valves, mais avec une disposition plus régulière des mailles. Frustüles généralement peu allongés, tordus sur leur axe longitudinal, rarement réunis par plus de deux. FIGURES. — Figure 1. Vue valvaire à surface réticulée, montrant en projection les deux prolongements coniques et les deux soies submarginales qui alternent avec eux. Figure 2. Vue suturale montrant la torsion du frustule et le développement des appendices. Figure 3. Autre vue suturale d'un spécimen plus étroit mais plus longuement développé. OBSERVATIONS. — Dans les produits de pêche planktonique de la Mer flamande cette espèce est généralement enrobée dans une espèce de mucus auquel adhèrent des particules étrangères qui en cachent les caractères et parfois même la dissimulent complètement. Elle n’est jamais abondamment répandue; elle n'apparaît qu'en spécimens clairsemés, mais se montre presque en toutes saisons. Biddulphia mobilensis (BAILEY) GRUNOW. (PI. X, fig. 4à 8.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1850. Zygoceros mobilensis BAILEY, p. 40. 1856. Biddulphia Baileyii W. SMITH, Synopsis IL, p. 50, pl. 45, fig. 322. 1883. Biddulhhia mobiliensis GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 101, fig. 5 et 6 (pas 4), et pl. 103, fig. A. 1885. Biddulphia Baileyii VAN HEURCK. Texte du Synopsis, p. 205. 1899. Biddulphia Baileyii VAN HEURCK, Traité, p. 473, pl. 20, fig. 636. 1900. Biddulphia mobilensis BAYER, p. 698. CARACTÈRES. — Diatomée de grandes dimensions habituellement, à membrane délicate, peu siliceuse, d'aspect quadrangulaire, en vue suturale et rappelant la forme d’un coussinet rembourré modérément. Valves longuement lancéolées, prolongées aux extrémités par deux protubérances séparées elles-mêmes, par une dépression, de la partie centrale un peu surélevée qui porte deux soies fortes, longues, arquées, diversement orientées et plus ou moins distancées l'une de MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. LS] [Sa l'autre. Entre les valves et la membrane connective, il n'y a qu'une faible dépression inhérente à la valve. Toute la surface du cytoderme est ornée d’une très délicate structure réticulée en quinconce. Les jeux de lumière qui s'y produisent leur font présenter les riches couleurs de l’arc-en-ciel, quand on les examine à sec sous un faible grossissement. Le milieu de la valve est surmonté d'une frange de courtes fibrilles serrées, difficilement visibles dans l’eau, mais évidentes à sec. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux ; le noyau est central. Les frustules sont généralement disposés en colonie rubanée, ne présentant qu'un petit nombre d'individus associés, tant par les soies qui s’entrecroisent entre les cellules contiguës que par la persistance de la membrane suturale des cellules mères autour des cellules filles. Il y a lieu, nous semble-t-1l, d'y distinguer deux variétés. L'une, que nous avons spécialement visée dans la description qui vient d’être faite et que nous appellerons major ; l’autre, notablement plus petite, caractérisée par une plus grande dépres- sion des valves au-dessus de la membrane suturale, des protubérances valvaires plus effilées, un rapprochement plus marqué des soies qui hérissent les extrémités de la partie médiane, renflée, des valves. Nous en ferons la variété 77707. Voir les figures 7 et 8. Ficures. — Figure 4. Vue suturale d'un spécimen type. Aspect extérieur très finement réticulé en quinconce. Quatre soies, s, coudées, insérées sur le sommet des valves et séparées des protubérances, pr, par une dépression. Frange de fibrilles, f, insérée sur le milieu des valves. Figure 5. Vue sagittale de deux cellules associées en colonie rubanée et main- tenues en relation par la persistance de la membrane suturale de la cellule mère. — ch, chromatophores; 7, noyau; }, frange développée au sommet des valves. Figure 6. Vue valvaire d'un frustule d’assez grandes dimensions. On remarquera la ligne médiane, onduleuse, surmontée de la frange terminale, ÿ, qui n’est vue ici qu'en projection. 7, protubérances valvaires. Ces figures se rapportent à la variété 72aor. Les deux suivantes visent la variété #27n07. Figure 7. Vue sagittale d’un spécimen minuscule. Figure 8. Vue sagittale d’un spécimen plus grand. — c#, chromatophores; », noyau. On remarquera l'étranglement des valves sous les deux cornes latérales, pr; la ténuité de celles-ci, leur direction plus oblique; la forme droite des soies Mnnales. Ge OBsERVATIONS. — Cette espèce, autrefois constante toute l’année dans la Mer flamande et spécialement abondante pendant l'automne, est devenue inconstante et beaucoup moins abondante depuis l'apparition dans les mêmes eaux de l’ espèce B. Sinensis GRÉVILLE, il y a une bonne dizaine d'années. On dirait qu'une certaine incompatibilité existe entre l'espèce indigène et sa concurrente exotique. Les deux variétés de 2. mobrlensis coexistent souvent dans les produits de pêche, mais avec prédominance marquée de la variété 714707. 4 26 ALPH. MEUNIER. Biddulphia Sinensis GRÉVILLE. (RE ET ie, cr et 12.) BIBLIOGRAPHIE. 1866. Biddulhhia Sinensis GRÉVILLE, p. 81, pl. 9, fig. r6. 1901. Biddulhhia Sinensis OSTENFELD et SCHMIDT, p. 152, fig. 6 1902. Briadulphia Sinensis OSTENFELD, p. 243, fig. 21. CARACTÈRES. — Cette espèce a beaucoup d’analogie avec la précédente. Même forme en coussinet quadrangulaire, à angles saillants, à parois peu déprimées au-dessus de la membrane suturale. Cytoderme peu siliceux, chargé d’une structure réticulée, régulière et très fine, dans laquelle la diffraction des rayons lumineux crée, à sec, le vif polychroïsme de l’arc-en-ciel. Cette structure n'est visible dans l’eau que sur le sommet des valves; ailleurs, elle n'apparaît qu'à sec etse montre extrêmement délicate. La différence la plus sensible consiste dans un grand rapprochement des soies et des protubérances valvaires et la séparation de ces deux groupes d'organes par une dépression du milieu de la valve; circonstance qui crée un vaste foramen entre les frustules réunis en colonie rubanée. Ajoutons que les protubérances valvaires ont une terminaison plus fluette, au-dessus de leur base qui porte en même temps l'insertion des soies. Celles-ci sont fortes, longues et léscèrement arquées. Elles sont assez souvent multipliées. C’est un accident que nous avons maintes fois observé et que nous avons reproduit dans le spécimen de la figure 12. Les chromatophores sont nombreux, petits, pariétaux. Le noyau est central, entouré de cytoplasme et rattaché par des cordons à la périphérie. FiGures. — Figure 11. Vue faciale d'un spécimen de dimensions assez petites, dans sa position d'équilibre stable. — c4, chromatophores; #, noyau; pr, protu- bérances valvaires; s, soies très rapprochées des protuberances et Eee sur la base de ces dernières. ; Figure 12. Production de déux cellules sœurs aux dépens d’une cellule mère dont la membrane suturale sert à les tenir ensemble. L'une, @, a été figurée avec sa décoration cytodermique ; l’autre, b, montre son contenu et ses chromato- phores; pr, protubérance valvaire; s, soie y annexée. On voit, en x, la multipli- cation anormale des soies entre les deux valves nouvelles. OBSERVATIONS. — Cette belle et grande espèce, autrefois inconnue dans la Mer flamande, y à fait son apparition 1l y a plus de dix ans, vers 1902. Depuis lors elle s'y maintient et s y est propagée, au préjudice, semble- t-il, de l'espèce mobilensis, qui est passée au second rang au point de vue de |’ abondance et de la vigueur de ses représentants. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 27 Biddulphia granulata Roprer. (PI. X, fig. 9 et 10.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1840. Denticella turgida EHRENBERG, pp. 13 et 207. 1859. Biddulphia granulata ROPER, p. 13, pl. 1, fig. 10 et 11, et pl. 2, fig. 12. 1861. Biddulphia turgida RALFS, dans PRITCHARD, p. 840. 1888. Biddulphia granulata N AN HEURCK, Synopsis, p. 206, pl. 90, fig. 7 et 8, et pl. 1or, fig. 4. 1809. Biddulphia granulata V AN HEURCK, Traité, p. 473, pl. 20, fig. 637. 1910. Biddulphia granulata MEUNIER, p 287, pl. XXXI, fig. 20 à 23. CARACTÈRES. — Frustules généralement isolés ou réunis par deux, de dimen- sions moindres que les précédentes et à membrane mieux silicifiée, plus résistante. Valves elliptiques, terminées par deux protubérances fortes et assez longues, au-dessous desquelles il se produit une dépression notable vis-à-vis de la mem- brane suturale. Deux soies fortes, arquées, distancées l’une de l’autre, occupent le sommet légèrement bombé des valves. Celles-ci présentent une texture réticulée qui s'étend sur la membrane suturale en y prenant une disposition plus régulière et qui est parfaitement visible partout même dans l’eau. Les valves portent, en outre, une foule de petits piquants disséminés, particulièrement apparents sur le sommet. Les chromatophores sont plus gros et moins nombreux que dans les deux espèces précédentes s0b1/ensrs et Sinensis. Le noyau est central. FiGures. — La figure 9 donne une vue synthétique de l'espèce. En #, on voit la structure du cytoderme et ses divers appendices. En à, on peut se rendre compte de l'aspect du cytoplasme avec les chromatophores volumineux, c4. La figure 10 en est une vue valvaire montrant l'aspect spécial de l'espèce. OBSERVATIONS. — Nous avons maintes fois surpris cette belle espèce en travail de régénération d’une cellule initiale agrandie au sein d’une auxospore. Ces spécimens ont alors un développement sutural très réduit relativement aux grandes dimensions des valves. Nous avons constaté trop tard que nous avions négligé d'en figurer un exemple. Sans être jamais abondante, cette espèce, toujours facile à reconnaître par sa taille et sa configuration, s'observe, peut-on dire, dans tous les produits de pêche planktonique de la Mer flamande. Malgré sa rareté relative, elle en est un des éléments les plus constants en toutes saisons et dans toutes les parties des eaux marines belges. 28 ALPH. MEUNIER. Biddulphia rhombus (EHRENBERG) W. SMITH. (PI. X, fig. 13 à 15.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1844. Denticella rhombus EHRENBERG, P. 70. 1856. Biddulphia rhombus W. SMITH, Synopsis, p. 49, pl. 45, fig. 320. 1883 Biddulphia rhombus VAN HEURCK, Synopsis, p. 205, pl. 99, fig. 1 à 3 1800. Biddulphia rhombus VAN HEURCK, Traité, p. 472, pl. 20, fig. 634. 1899. Biddulphia rhombus var. Trigona VAN HEURCK, Traité, p. 472, pl. 20, fig. 635 1900. Biddulphia rhombus BAYER, P. 704. 1910. Biddulphia rhombus MEUNIER, p. 288, pl. XXXI, fig. 24 à 26. CARACTÈRES. — Forme massive, ramassée, généralement plus large que haute, à valve bombée au milieu et relevée, à chaque extrémité, d’une protubérance forte mais courte. Un étranglement notable s'observe latéralement en dessous de ces protubé- rances et contre la membrane suturale. La membrane, assez épaisse, est décorée d'une structure alvéolaire grossière et porte, en outre, sur les valves, un petit nombre de piquants peu proéminents et irrégulièr ement distribués. On y distingue deux variétés : l’une, à valves rhombo-elliptiques, variété typica; l'autre, à valves triangulaires arrondies, variété #rigona CLEVE, cette dernière beaucoup plus rare que l’autre dans nos matériaux. Les chromatophores sont assez gros et pariétaux. Les frustules sont souvent agrégés en colonies zigzaguées par adhérence de l’une ou l’autre des protubérances à sa contiguë du frustule voisin. Cette espèce est souvent recouverte, dans la Mer flamande, d’un enduit muqueux, auquel adhèrent des particules de toutes sortes qui en enlaidissent l'aspect. FiGures. — La figure 13 donne la vue sagittale d’un spécimen de la variété Éypica. La figure 14 est une vue valvaire d’un spécimen de la même variété. La figure 15 reproduit l'aspect valvaire d'un frustule de la variété 4gona. — pr, protubérances; s, soies valvaires. OBSERVATIONS. — Æiddulphia rhombus s'observe aussi en toutes saisons dans les eaux belges, mais jamais en quantité bien considérable. Il lui arrive, toutefois, de constituer l’un des éléments prépondérants du plankton, en mélange avec d’autres espèces variées, également bien représentées. Es MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE 29 Biddulphia laevis EHRENBERG var. #1n07. (PIX H9 r6let 17.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1843. Biddulphia laevis EHRENBERG, p. 122. 1844. Odontella polymorpha KÜTZING. 1861. Cerataulus laevis RALFS, dans PRITCHARD, p. 847. Cerataulus laevis À. SCHMIDT, Atlas, pl. 116, fig. 13 à 15. 1883. Cerataulus polymorphus VAN HEURCK, Synopsis, pl. 104, fig. 3 et 4, et pl. 105, fig. 3 et 4, var. minor. 1899. Biddulphia laevis VAN HEURCK, Traité, p. 474, pl. 20, fig. 639 et 640. 1900. Biddulphia laevis BAYER, p. 712. CARACTÈRES. — Les notes suivantes ne visent que la variété nor, la seule rencontrée dans nos matériaux d'étude. Valves largement elliptiques ou même suborbiculaires, relevées aux extré- mités du grand axe par deux protubérances très courtes, à sommet obtus et lisse. Le reste est très finement réticulé et parsemé de fines ponctuations à peine visibles. Frustules assez hauts présentant une très faible dépression près de la zone suturale. Celle-ci porte des stries longitudinales, délicates, ponctuées en quin- conce, peu discernables dans l’eau. Les frustules adhèrent généralement par l’un de leurs angles seulement et forment ainsi des colonies zigzaguées. Cette variété se distingue du type par ses valves plus aplaties, ses protubé- rances plus effacées, ses formes extérieures moins différenciées. Ficures. — Figure 16. Vue latérale d’un spécimen de la variété 1707. Figure 17. Vue valvaire. pr, protubérances. OBSERVATIONS. — Nous considérons cette forme comme très rare dans les eaux marines belges, où nous n'avons eu que de très rares occasions de l’observer à l’état planktonique. Elle est beaucoup moins rare dans les eaux saumâtres du littoral. Là, elle se montre fréquemment en longs filaments zigzagués et fixés à une extrémité. Nous n'avons pas observé une seule fois la variété type dans les milliers d'échantillons soumis à l'examen. 30 ALPH. MEUNIER. Biddulphia aurita (LYNGBYE) BRÉBISSON. (PI. X, fig. 18 à 2z.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1819. Dialoma aurilum LYNGBYE. 1830. Odontella aurila AGARDH, p. 56. 1838. Biddulhhia aurita BRÉBISSON, p. 12. 1556. Briddulhhia aurita NW. SMITH, p. 49, pl. 45, fig. 319. 1885. Biddulphia aurita V AN HEURCK, Synopsis, p. 205, pl. 98, fig. 4 à 12. 1899. Biddulhphia aurita VAN HEURCK, Traité, p. 471, pl. 20, fig. 631. 1900. Biddulhhia aurita BAYER, p. 690. 1910. Biddulphia aurita MEUNIER, p. 286, pl. XXXI, fig. 14 à 10. CARACTÈRES. — Frustules souvent groupés en colonies rubanées, très longues. Valves elliptiques, fortement rétrécies au-dessus de la zone suturale, bombées au milieu et surmontées, aux extrémités, de deux fortes proéminences atténuées au sommet, entre lesquelles se profilent deux ou trois soies insérées assez près du centre. Membranes vigoureusement réticulées, à mailles disposées en séries conver- gentes vers le sommet, sur les valves; en séries longitudinales moins accusées sur la zone suturale. Frustules de dimensions très variables : tantôt assez grands et bien structurés extérieurement; tantôt de calibre fort réduit et paraissant hyalins dans l’eau, tant les détails de structure sont atténués. Ces derniers se rapportent à la variété minima GRUNOW. FIGURES. — Figure 18. Deux frustules réunis par la membrane suturale de leur cellule mère. Fragment d'une longue colonie rubanée. Les dimensions figurées ici sont maximales pour les représentants de l'espèce observés dans la Mer flamande. Figures 19 et 20. Frustules de dimensions plus réduites et offrant des proémi- nences valvaires plus frustes. La structure réticulée de la membrane v est moins apparente. Figures 21 et 22. Aspects variés de la variété wzinima GRUNoWw. Ces petits spécimens paraissent hyalins dans l’eau, mais présentent néanmoins, à sec, une structure réticulée, très fine, du même genre que dans les individus plus grands. OBSERVATIONS. — Cette espèce ne paraît pas se trouver dans les eaux belges comme dans son milieu naturel. Les grandes formes associées en colonies linéaires y sont très rares et n'apparaissent dans les échantillons de produits de pêche que par intermittence et d'une manière accidentelle semble-t-il. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 31 Biddulphia aurita ne prend jamais chez nous les grandes dimensions, les formes opulentes que l'on observe dans les mers boréales et qui, par diminution du calibre tranversal, aboutissent à ces frustules étroits, mais relativement très longs et terminés par des proéminences courtes que nous avons figurés planche XXXÏI, figures 17 et 19, dans notre publication de 1910. La plupart des spécimens observés ici sont isolés où géminés, petits, apauvris, couverts d'un mucus qui les dissimule souvent à l'observation. Ils rentrent dans la variété winima GRUNOW. Ils semblent être le fait d'une dégénérescence de l'espèce qui ne s’'accommode que péniblement d’un milieu qui ne répond guère à ses exigences. Même sous ces formes réduites, elle s’observe rarement sur la plupart des points de la Mer flamande. Ce n’est guère que sur le littoral qu'elle paraît plus constante, mais à l’état disséminé. Biddulphia vesiculosa (AGARDH) BoYEr. SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1824. Diatoma vesiculos& AGARDH, p. 7. 1839. Amphitetras antediluvianum EHRENBERG. 1883. Zriceratium (Odontella) antediluvianum VAN HEURCK, Atlas, pl. 109, fig. 4 et 5. 1885. Biddulphia antediluviana V AN HEURCK, Synopsis, p. 207, pl. 100, fig. 4 et 5. 1899. Biddulhhia antediluviana VAN HEURCK, Traité, p. 475, pl. 21, fig. 642. 1900. Biddulphia vesiculosa BOYER, p. 716. CARACTÈRES. — Valves carrées, plus où moins concaves sur les bords, dépri- mées au centre, faiblement relevées aux angles, qui paraissent lisses dans l’eau, mais portent, en réalité, de fines ponctuations en lignes convergentes vers le sommet. Le reste du frustule est tout couvert de grosses ponctuations distancées et disposées en séries plus ou moins rayonnantes sur les valves, en séries longitudi- nales sur la membrane connective. La corfiguration extérieure varie d’un spécimen à un autre. On les trouve le plus souvent à l’état isolé, très rarement à l’état de colonies zigzaguées. Ficures. — La figure 23 donne la vue suturale d'un spécimen de dimensions moyennes. La figure 24 reproduit la vue valvaire du même. OBSERVATIONS. — Nous avons rencontré trop rarement 2. vesiculosa dans les 32 ALPH. MEUNIER. produits de pêche de la Mer flamande pour être autorisé à la considérer comme une des formes planktoniques habituelles de ces eaux. Les rares spécimens observés n'étaient que des capsules vides, rendues flottantes par le mouvement des eaux, au même titre que des grains de sable. C'est, en effet, dans les sédiments minéraux recueillis en mamière de plankton près des côtes anglaises, toujours si pauvres en organismes. que nous l'avons le plus observée. Elle se montre aussi bien rare dans les eaux saumâtres du littoral. Nous n'en avons jamais observé la variété pentagona (Amphypentas EHREN- BERG) dans les eaux belges. Biddulphia Biddulphiana (Surrx) Boyer. (Pl He 2507) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1808. Conferva Biddulphiana SMITH, Engl. Bot., pl. 1762. 1831. Biddulphia pulchella GRAY, p. 204. 1856. Biddulhhia pulchella W. SMirH, Synopsis IL, p. 48, pl. 44, fig. 321. 1885. Biddulhhia pulchella VAN HEURCK, Synopsis, p. 204, pl. 97, fig. 1 à 3 1899. Biddulhphia pulchella VAN HEURCK, Traité, p.470, pl. 20, fig. 630. 1900. Biddulphia Biddulhhiana BOYER, p. 694. CARACTÈRES. — Valves pourvues de sillons qui correspondent à des épaissis- sements internes de la membrane, en forme de côtes, et qui s'étendent même à travers la membrane connective. Ces valves, parfois irrégulièrement tubercu- leuses, sont renflées vers le milieu, où elles portent deux ou trois soies courtes et rapprochées, et sont, en outre, surmontées aux deux extrémités de leur grand axe de proéminences arrondies, dont le sommet est couvert de fines ponctuations rayonnantes. Ailleurs, le cytoderme est sculpté de grosses ponctuations à dispo- sition radiale, sur les valves, longitudinale sur la partie suturale. Cette dernière est limitée de part et d'autre par une forte dépression valvaire et cela contribue beaucoup à augmenter le relief de cette curieuse espèce et à en favoriser le polymorphisme apparent. FIGURES. — Figure 25. Vue stéréoscopique d'un spécimen; côté sutural, pr, protubérances valvaires latérales; s, soies terminales. Figure 26. Vue d’une valve irrégulièrement tuberculeuse. Figure 27. Vue d'une autre valve régulièrement divisée en cinq parties inégales par quatre dépressions transversales. OBSERVATIONS. — La grande rareté de cette espèce dans nos produits plankto- MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDHE. 2» [#2] niques nous défend de la considérer comme un des constituants habituels de ces produits. Elle n’est, au même titre que 2. vesiculosa, qu'une forme accidentelle transportée par les courants marins comme particule sédimentaire. Nous ne l'avons pas rencontrée dans les eaux saumâtres du littoral belge. Biddulphia alternans (Baizey) VAN HEURCK. (EX ge 28/à 20;:) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1850. Zriceratium alternans BAILEY, p. 40, fig. 55 et 56. 1883. Biddulphia alternans V AN HEURCK, Synopsis, p. 208, pl. 113, fig 4et 7. 1899. Biddulphia alternans VAN HEURCK, Traité, p. 475, pl. 21, fig. 644. 1900. Biddulphia alternans BOYER, p. 710. CARACTÈRES. — Valves triangulaires, aux trois angles arrondis, très légère- ment relevés et plus finement structurés que la partie centrale, laquelle est traversée de quelques côtes incomplètes et irrégulières. Faces connectives à sculptures finement celluleuses, orientées longitudinale- ment. Dimensions peu variables, assez petites; frustules associés en petit nombre en colonies irrégulières par adhérence de l’un ou l’autre de leurs angles. Ficures. — Figure 28. Vue valvaire. Figure 29. Vue suturale de deux frustules issus d’une division récente et encore maintenus en contact par la membrane connective de la cellule mère. Figure 30. Spécimen adulte, en vue suturale. OBSERVATIONS. — Sans être jamais très abondante, 2, allernans S'observe couramment dans les produits planktoniques des eaux belges, à l’état vivant, surtout pendant les mois d'automne. Elle est plus rare, souvent même absente, à d’autres époques de l'année. 34 ALPH. MEUNIER. Biddulphia reticulum (EHRENBERG) BOYER. (PL. X, fig. 3r.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1844. Triceratium reticulum EHRENBERG, p. 88. 1854. Zriceratium sculptum SHADBOLT, p. 15, pl. 1, fig 4. 1856. Triceratium punctatum BRIGHTWELL, p. 275, pl. 17, fig 18. 1885. Biddulphia sculpta V AN HEURCK, Synopsis, p. 208, pl. 109, fig. 7 et 8. 1899. Biddulphia sculpta VAN HEURCK, Traité, p. 276, pl. 21, fig. 645. 1900. Biddulphia reticulum BOYER, p. 724. CARACTÈRES. — Forme et dimensions analogues à 2. alternans. Distincte de celle-ci principalement par l'absence de nervures parcourant les valves. Sculptures plus irrégulières sauf sur les trois protubérances, où les ponctuations convergent aussi vers les sommets. FIGURE. — Figure 31. Vue valvaire. OBSERVATIONS. — Cette espèce nous a paru extrêmement rare dans le plankton de la Mer flamande. Nous n’en avons identifié que très peu de spécimens; peut-être d’autres ont-ils été confondus, à un examen rapide, avec l'espèce précédente. Biddulphia favus (EHRENBERG) VAN HEURCK. (PL Me e2 EL) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1839. Zriceratium favus EHRENBERG, pl. 4, fig. 10. 1883. Triceratium favus V AN HEURCK, Synopsis, Atlas, pl. 107, fig. 1 à 4. 1885. Biddulhhia favus VAN HEURCK, Synopsis, texte, p. 208. 1899. Biddulhphia favus VAN HEURCK, Traité, p. 475, pl. 21, fig. 643. CARACTÈRES. — Frustules grands, triangulaires, généralement isolés. Valves légèrement convexes, relevées aux trois angles de saillies finement ponctuées jusqu'au bout. Structure large, alvéolaire, à mailles hexagonales disposées en séries parallèles MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. [#2] UT aux côtés du triangle. Face suturale peu développée, présentant une zone connective délicatement striée en longueur. Fiqures. — Figure 32. Vue suturale, suivant un des trois côtés du triangle. Figure 33. Vue valvaire; pr, protubérances terminales. OBSERVATIONS. — Forme à peu près constante dans tous les produits plankto- niques mais représentée toujours par un petit nombre de spécimens seulement, souvent morts et soulevés du fond comme sédiment. TRIBU III. — MÉLOSIRÉES Nous entendons désigner, sous cette étiquette globale, ce groupe conven- tionnel de Diatomacées qui, par leur forme cylindrique et leur cohérence habituelle en colonies linéaires, rappelle l'aspect bien connu des Aelosira propre- ment dits. Nous n'entendons pas légitimer cette subdivision des Araphidées, encore moins l'extension que nous lui donnerons. Nous la croyons simplement utile, dans cet exposé fragmentaire qui ne saurait prétendre à le rigueur systématique, pour fixer l'esprit par l'évocation d’une forme caractéristique bien connue. GENRE MELOSIRA AGARDH CARACTÈRES. — Valves circulaires, planes ou convexes, souvent munies de petites dents à la jonction des frustules qui sont réunis en filaments plus ou moins longs. Melosira Borreri GRÉVILLE. (PI. XI, fig. 1 à 7.) BIBLIOGRAPELTE. 1856. Melosira Borreri W. SMrrH, Synopsis IL, p. 56, pl. 50, fig. 1885. Melosira Borreri VAN HEURCK, Synopsis, p. 198, pl. 85, fig. 5 à 7. 1809. Melosira Borreri VAN HEURCK, Traité, p. 441, pl. 18, fig. 610. 1899. Melosira Borreri KARSTEN, p. 183, fig. 207 (auxospores). 1910. Melosira Borreri MEUNIER, p. 272, pl. XXX, fig. 22 à 24. 30 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Frustules cylindriques placés bout à bout en longues séries. Dimensions longitudinales et transversales très variables, en rapport inverse. Valves à parois épaisses, amincies près de leur bord, garnies partout d'un très fin réticulum difficilement visible dans l’eau et relevé de ponctuations disséminées, plus fortes, mais absentes sur l'aire centrale suivant laquelle les frustules s'accolent. Chromatophores nombreux et pariétaux. AUXOSPORES. — Organes de régénération cellulaire volumineux, sphériques. Dans leur sein s’élaborent successivement les deux valves de la cellule initiale d'une nouvelle ligne phylogénique, dont la première, tournée vers la partie de la cellule mère qui y reste adhérente, garde une forme hémisphérique; tandis que la seconde s 'aplatit davantage en adoptant la forme des cellules qui dériveront des segmentations ultérieures. FiGures. — Figure 1. Aspect d’un fragment de colonie filamenteuse, munie d'une auxospore sphérique, asp, au sein de laquelle se sont élaborées successive- ment les deux valves d’une cellule ramenée à à ses dimensions maximales : 7, valve primaire qui garde sa forme hémisphérique; v', valve secondaire plus aplatie. L'auxospore garde sa membrane propre en contact avec la moitié de la cellule mère, c2, qui lui a donné naissance. On: remarquera, entre deux cellules sœurs, en dessous du chiffre 1, la saillie légère et déchiquetée vers l'extérieur de la ceinture de division. C’est un carac- tèretde l'espèce. Figure 2. Vue valvaire d’un frustule de dimensions maximales. Figure 3. Vue d'un fragment de colonie, dans laquelle il a été fait abstraction des détails de structure extérieure, pour en noter plus clairement le contenu, les chromatophores, ch, surtout. La colonie amplifiée, à droite, par subdivision de la cellule régénérée qui s’est formée dans l’auxospore, asp, garde ses rapports de soudure avec le filament primitif par l'intermédiaire de la moitié de la cellule mère, c#, qui s'est vidée de son cytoplasme. En c, on voit la ceinture ou membrane connective au sein de laquelle s'est accomplie la première division de la cellule régénérée. Figure 4. Frustules réduits aux dimensions minimales. En &, vue interne, avec les chromatophores, c4; en b, vue extérieure. — c, membrane suturale qui. grandit en vue de permettre la subdivision prochaine des frustules. Cette mem- brane est toujours mince et a le calibre extérieur des frustules. Figure 5. Coupe optique d’un frustule dont l'accroissement en longueur de la membrane suturale, c, indique une division prochaine. — c, chromatophores pariétaux. Figure 6. Coupe longitudinale optique de deux frustules en voie de division, par formation de valves jeunes, v7, à l’abri de la ceinture, c, étirée. Le phéno- mène est moins avancé dans la cellule de droite que dans l’autre. Figure 7. Vue valvaire d'un spécimen de dimensions moyennes. OBSERVATIONS. — Nous tenons Aelosira Borreri comme espèce saumâtre MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 37 plutôt que marine, bien que les pêches du littoral en recueillent parfois des chaînettes assez longues. Plus souvent cependant ce sont des spécimens isolés ou géminés qui se sont laissés entraîner par les flots. Melosira Jurgensii AGARDH. (XI is read.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE 1824. Melosira Furgensii AGARDH, p. 0. 1856. Melosira subflexilis W. SmirH, Synopsis IT, p. 57, pl. 51, fig. 331. 1883 Melosira Furgensii VAN HEURCK, Synopsis, p.199, pl. 86, fig. 1 à 0. 1899. Melosira Furgensii VAN HEURCK, Traité, p. 442, pl. 18, fig. 612 et 613. 1910. Melosira Furgensii MEUNIER, p. 272, pl. XXX, fig. 25. CARACTÈRES. — Frustules généralement plus longs que larges, à valves assez épaisses, amincies sur les bords, de forme hémisphérique au sommet et agrégées en longues colonies linéaires, souvent par l'intermédiaire d’un tampon gommeux interposé entre les éléments. Extérieur couvert de ponctuations délicates, invisibles en milieu liquide. Dans les colonies de petites dimensions, les frustules présentent souvent des valves dissemblables : l’une, arrondie au sommet, l’autre, plane. On remarque même, interposés entre les autres, des frustules cylindriques, aux deux valves aplaties au sommet et qui prennent de ce chef l’aspect propre à l'espèce varians. AUXOSPORES. — Ces organes affectent la forme d’un sphéroïde de révolution aplati aux deux pôles. La cellule régénérée qui s'y développe les remplit complè- tement et en prend la forme; figure 12. Par ses grands écarts de dimensions, les variantes d'aspect des frustules et l’épaississement variable des valves, cette espèce se montre très polymorphe. C'est ce que nous avons cherché à traduire dans un choix de figures. FiGures. — Figure 12. Fragment de colonie productrice d’une auxospore, asp, dans laquelle la cellule régénérée est déjà en possession de ses deux valves. Celles-ci restent courtes, brièvement hémisphériques, à membranes uniformé- ment épaisses jusqu'au bord de contact, en attendant les phénomènes de division ultérieure. On voit, en c#, la valve adhérente de la cellule mère qui s’est vidée pour produire l’auxospore. Figure 14. Fragment de colonie filamenteuse présentant, à l'extrémité d'une série de frustules réduits aux dimensions minimales, une autre série d'éléments plus grands issus de la cellule initiale formée dans l’auxospore, 4sp, et présentant les caractères normaux de l'espèce. En c, frustules allongés par le développe- #2] O0 ALPH: MEUNIER. ment d'une large membrane suturale, en vue d’une division prochaine. En à, frustules issus d’une division récente et figurés avec leur contenu cellulaire dont les chromatophores sont verruqueux. Dans la partie mince de la colonie, on voit des frustules porteurs de valves dissemblables, à sommet arrondi en &, aplati en b, et d’autres à deux valves également aplaties au sommet. Cette différence de forme dans des éléments d’un même filament mérite d’être soulignée. Figure 13. Fragment de colonie dont les frustules présentent, sous des dimen- sions plus grandes, les mêmes caractères hybrides : en a, valves arrondies; en b, valves planes; en g, tampon gommeux interposé entre des éléments contigus de la colonie. Figure 11. Fragment de colonie de frustules de dimensions moyennes et à différentes étapes de développement. Figure 10. Fragment de colonie de dimensions assez grandes, figuré, en a, avec le contenu cellulaire; en 6, à l'état vide et présentant, en g, un tampon gom- meux formé déjà entre les deux valves en formation d'une frustule en division. On remarquera que la résistance de ce tampon provoque le fléchissement vers l’inté- rieur des bords des valves jeunes, encore flexibles. Figure 8. Fragment de colonie d'une variété dont les valves, à membrane inégalement épaissie, présentent les extrémités développées en cône tronqué extérieurement, ce qui donne aux frustules une section longitudinale de forme octogonale. C'est la variété oc{ogona GRUNOW. En a, vue extérieure avec contenu cellulaire; en à, vue extérieure des frustules vides; en c, coupe longitudinale optique, avec les chromatophores pariétaux et l'aspect octogonal des frustules; #, tampon gommeux interfrustulaire. Figure 9. Forme exceptionnelle de Aelosira dont la forme extérieure des frustules est bien octogonale, mais dont le bord des valves ne présente pas l’amin- cissement caractéristique de l'espèce Yurgensir. Figurés en vue stéréoscopique, en &; en coupe longitudinale, en b; c'est ici que les frustules traduisent le mieux cette particularité qui nous fait douter de la légitimité de la place que nous faisons occuper ici à cette forme anormale. OBSERVATIONS. — Cette espèce étant propre aux eaux saumâtres, où elle est très abondante, et fixée aux objets submergés, ne saurait se rencontrer qu'excep- tionnellement dans le plankton marin et spécialement dans les eaux littorales. Melosira nummulus 52. 7. (PL XL, fig. xs 2227) CARACTÈRES. — Valves minces, d'épaisseur partout égale, courtes, présentant, au-dessus d’une partie cylindrique brièvement développée, un fond courbe d'autant plus surbaissé que les frustules sont plus larges. Ceux-ci sont disposés en longues colonies linéaires par l'intermédiaire de tampons gommeux disséminés. La membrane est finement ponctuée, mais paraît lisse dans l’eau. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. O2 \O L'espèce ne diffère guère de sa congénère M. numunuloïdes AGARDH, que par l'absence de membrane annulaire développée obliquement sur la déclivité des valves. Les chromatophores sont peu nombreux. AuxosPporEs. — Ces organes sont sphériques et produits, comme toujours, par vidange de la cellule mère, dont les deux valves s’écartent et dont l'une reste adhérente à la membrane sporangiale. Au sein de celle-ci s’élabore d’abord la valve primaire, du côté de l’adhérence à la colonie ancienne, puis, du côté opposé, la valve secondaire du frustule régénéré. FiGures. — Figure 15. Fragment de colonie de grandes dimensions. Les frus- tules sont réunis ou bien par la membrane suturale des cellules mères, ou bien par des tampons gommeux, g. Cellules à différentes étapes de leur développement. Figure 16. Aspect d'une membrane sporangiale, asp, adhérente à l’une des valves de la cellule génératrice. Figure 17. Formation de la valve primaire, v, de la future cellule régénérée et agrandie. Figure 18. Formation de la valve secondaire, 7’, dans une auxospore similaire. Figure 19. Première division de la cellule initiale d'une lignée ramenée aux dimensions maximales. Figures 20, 21, 22. Fragments de colonies de calibre plus petit. En a, cellules figurées avec leurs chromatophores; g, tampon gommeux servant de trait d'union entre les cellules débarrassées de la membrane suturale de leur matricule OBSERVATIONS. — Melosira numumnulus nobris est une espèce d’eau saumâtre rencontrée abondamment dans les eaux du bassin à flot de Nieuport. Elle passe accidentellement dans les eaux marines du littoral, d'où le filet planktonique en ramène parfois des fragments de colonie. C'est avec l'espèce A. hyperborea que nous lui voyons le plus d’aflinités. Peut-être certains y verront-ils une modalité de cette dernière adaptée à un autre milieu et à d’autres conditions d'existence. Melosira nummuloïdes (DILLWYN) AGARDH. (PIX es 42E) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1809. Conferva nummuloïdes DiLLWYN, p. 43, pl. B. 1824. Melosira nummuloïdes AGARDH, p. 8. 1856. Melosira nummuloïdes W. SMITH, Synopsis IT, p. 55, pl. 49, fig. 3209. 1885. Melosira nummuloïdes VAN HEURCK, Synopsis, p. 198, pl. 85, fig. 1 et 2. 1899. Melosira nummuloïdes VAN HEURCK, Traité, p. 440, pl. 18, fig. 608. 1910. Melosira nummuloïdes MEUNIER, p. 273, pl. XXX, fig. 27. 40 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Frustules très analogues ou même identiques à ceux de M. nummulus, mais pourvus, sur la déclivité du sommet des valves, d’une lamelle annulaire insérée obliquement et à courbure légèrement sphérique, en sens inverse de celle de la valve. Membrane couverte de très fines ponctuations, visibles à sec, mais d'apparence hyaline dans l’eau. AUXOSPORES. Ces organes se forment comme dans l'espèce précédente et ont la même évolution. FIGURES. — Figure 23. Fragment de colonie de grandes dimensions, dont les éléments se présentent à différentes phases de leur développement. — g, tampon gommeux. Figure 24. Autre colonie de dimensions moindres. En a, éléments pourvus de leurs chromatophores; en b, figurés vides; g, tampon gommeux interfrustulaire. Figure 25. Premières subdivisions de la cellule régénérée dans l’auxospore, asp. OBSERVATIONS. — Comme la précédente 7. nummulus, cette espèce est d’eau saumâtre, abondamment répandue même sur les objets immergés du littoral et souvent entraînée par les flots, mais ne trouvant pas au large des conditions favo- rables d'existence et coulant rapidement au fond comme sédiment. Melosira varians AGARDH. 1 XL fo 26%430;) BTBPTIOGRAMPELTE 1830. Melosira varians AGARDH, p. 64. 1885. Melosira varians VAN HEURCK, Synopsis, p. 198, pl. 85, fig. 10, 11, 14 et 15. 1899. Welosira varians VAN HEURCK, Traité, p. 441, pl. 18, fig. 611. 1910. Melosira varians MEUNIER, p. 273, pl. XXX, fig. 26. CARACTÈRES. — Frustules cylindriques, à fond plat et conséquemment large- ment unis en filaments linéaires, sans l'intermédiaire de tampons gommeux. Valves finement ponctuées à sec, mais paraissant hyalines dans l’eau. AUXOSPORES. — Ces organes proviennent ici d’un renflement elliptique d’une cellule génératrice qui reste en liaison avec ses voisines, au sein de la colonie. Il s'en forme souvent des séries continues ou discontinues dans un même filament. C'est dans ces renflements que s’élaborent successivement les deux valves de la cellule régénérée, qui engagent une partie amincie et arrondie au sommet dans l'intérieur de la portion restée mince de la cellule génératrice. Les divisions ultérieures de la cellule initiale ou régénérée produisent des valves à fond plat. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. AI Ficures. — Figure 26. Fragment de colonie présentant les diverses phases de la régénération d'une cellule de dimensions maximales aux dépens de frustules de dimensions minimales. De gauche à droite, production de l’auxospore, asp, qui, après développement complet, produit d'abord la valve primaire, 7, et plus tard la valve secondaire, v', de la cellule régénérée. On remarquera que les deux valves engagent un appendice terminal arrondi dans la partie étroite de l’auxospore et que celle-ci n’est que le résultat de la transformation morphologique d’une cellule végétative qui se renfle dans sa partie médiane. Figure 27. Première segmentation de la cellule régénérée, dont on observe les deux valves initiales, v et v', aux deux extrémités de la lignée agrandie. On notera que les deux premières cellules formées se préparent elles-mêmes à une division ultérieure, par l’accroissement déjà marqué de la membrane suturale. Figure 28. Fragment de colonie de grandes dimensions. En 4, les chromato- phores ont été figurés; en à, on voit l'aspect des frustules vides, vus dans l’eau. Figure 29. Vue valvaire, à sec, présentant des ponctuations plus grosses dissé- minées au milieu d’autres, beaucoup plus fines et plus denses. Figure 30. Fragment de colonie de dimensions ordinaires où moyennes, présen- tant des frustules à différentes étapes de leur croissance. OBSERVATIONS. — Bien que cette espèce soit d'eau douce, on en retrouve parfois des fragments dans la Mer flamande, où les cours d’eau, fleuves et canaux la déversent accidentellement. Comme elle n'y fait pas souche, ses représentants y disparaissent rapidement. Melosira Westii W. SMITH. (PIFXT he: 27 4 32) BIBLIOGRAPHIE. 1856. Melosira Westii W. SMITH, Synopsis II, p. 59, pl. 52, fig. 333 1885. Melosira Westii VAN HEURCK, Synopsis, p. 198, pl. o1, fig. 11 et 12. 1899. Melosira Westii VAN HEURCK, Traité, p. 441, pl. 18, fig. 609. CARACTÈRES. — Les frustules, constitués par deux valves en forme de cônes tronqués réunis par leur base, sont relevés d’une côte circulaire vers le milieu de leurs parties déclives et sont ombiliqués au sommet. Les paroïs sont épaisses et paraissent hyalines dans l'eau. Frustules isolés ou géminés, de dimensions assez peu variables. Fieures. — Figure 31. Frustules géminés, vus de côté et figurés par transpa- reñce, de manière à permettre de se rendre compte de la structure hyaline et de la conformation des valves. — 0, ombilic terminal. Figure 32. Vue de l'extérieur d'un frustule isolé, de calibre un peu plus fort. Figure 33. Vue valvaire du même, avec l'ombilic terminal, o, vue de face. 6 42 ALPH. MEUNIER. OBSERVATIONS. — M]. Westii paraît se multiplier très peu dans la Mer flamande, car, bien qu’elle y soit constante et qu'elle soit essentiellement marine, on ne l’observe jamais qu'en très petit nombre d'exemplaires. Elle ne tient donc qu'une place très effacée dans les produits des. pêches planktoniques. Melosira crenulata KUTZING. (PIX gr 38) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1844. Melosira crenulata KÜTZING, p. 35, pl. 2, fig. 8. 1856. Melosira orichalcea W. SMITH. 1885. Melosira crenulata V AN HEURCK, Synopsis, p. 199, pl. 88, fig. 3 à 5. 1899. Melosira crenulata V AN HEURCK, Traité, p. 443, pl. 19, fig. 618. CARACTÈRES. — Colonies linéaires, rigides, formées de frustules cylindriques d'assez petites dimensions. Valves à fond plat, présentant des dentelures visibles entre les frustules, en vue latérale, et à bord marginal marqué d’un faible sillon. Chromatophores souvent allongés, peu nombreux. FIGURE. — Figure 38. Vue d’un fragment de colonie. En a, contenu cellu- laire ; en b, dentelures visibles sur le sommet plat des valves. OBSERVATIONS. — Forme d’eau douce, fortuitement entraînée dans l’eau de mer par les fleuves et canaux qui s'y déversent. Très rarement reprise en eau marine par le filet fin. Melosira arenaria MooRE. (PlXITII, fge'ret 2 BIBLIOGRAPHIE. 1843. Melosira arenaria MOORE, dans RALFS, Annales XII, pl. 0, fig. 4. 1885. Melosira arenaria V AN HEURCK, Synopsis, p. 200, pl. 90, fig. 1 à 3. 1899. Melosira arenaria VAN HEURCK, Traité, p. 443, pl. 19, fig. 621, à gauche, CARACTÈRES. — Frustules de grandes dimensions, toujours plus larges que hauts, étroitement adhérents en colonie linéaire. Valves à parois épaisses, MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 43 à disque couvert de stries rayonnantes et à côté orné de fines ponctuations en quinconce. FiGures. — Figure 1. Fragment de colonie vu latéralement. On notera l'adhérence des frustules suivant toute la largeur du disque des valves. L'aspect de ces dernières n’a été rendu qu'approximativement, tel qu'on le voit dans l’eau. Figure 2. Aspect du disque valvaire, avec sa structure rayonnante, devenant ponctuée au centre. OBSERVATIONS. — M. arenarta est une espèce d’eau douce très rarement repêchée des eaux marines belges où elle a été amenée en qualité de particule sédimentaire. GENRE PARALIA HEIBERG. CARACTÈRES. — Cellules brièvement cylindriques, réunies en colonies rigides, à cytoderme épais et largement aréolé à l'extérieur, à cavité cellulaire réduite et arrondie aux deux bouts. Paralia sulcata (EHRENBERG) CLEVE. RIRE 034 4037) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1840. Gallionella sulcata EHRENBERG, pl. 3, fig. 5. 1844. Melosira sulcata KÜTZING, p. 55, pl. 2, fig. 7. 1856. Orthosira marina W. SMITH, Synopsis II, p. 59, pl. 53, fig. 338. 1863. Paralia marina HEIBERG, P. 33. 1873a. Paralia sulcata CLEVE, p. 7. 1885. Melosira sulcata VAN HEURCK, Synopsis, p. 201, pl. 91, fig. 15 et 16. 1899. Melosira sulcata VAN HEURCK, Traité, p. 444, pl. 19, fig. 624. 1910. Paralia sulcata MEUNIER, p. 274, pl. XXX, fig. 29 à 32. CARACTÈRES. — Frustules brièvement cylindriques, bien silicifiés, réunis en colonies rigides et cassantes. Membrane inégalement épaisse, réduisant la cavité cellulaire et donnant à celle-ci une forme lenticulaire ou sphérique. Décoration extérieure très accusée et se traduisant sous la forme de mailles alternes dont les travées se rattachent à la surface interne des valves. [l en résulte une certaine difficulté à en reconstituer l'aspect véritable, en vue latérale et plus encore en vue valvaire. 44 ALPH. MEUNIER. AUXOSPORES. — Les auxospores se produisent, comme dans beaucoup de Melosira, par agrandissement sphérique du contenu d’une cellule génératrice et la formation ultérieure d'une cellule régénérée dont les deux valves appa- raissent successivement. FiGures. — Figure 34. Fragment de colonie de grand calibre, vu par transpa- rence. Figure 35. Vue valvaire. Figure 36. Autre fragment de colonie, de dimensions moindres, dont la cavité des frustules est à peu près sphérique. Figure 37. Aspect d’une auxospore, asp, adhérente d’un côté à l’une des valves de la cellule génératrice. — v et v', les deux valves de la cellule régénérée dépourvues jusqu'ici de la décoration qu’elles prendront plus tard, sans doute après la première division. OBSERVATIONS. — Forme très répandue dans la Mer flamande, où elle est constante et se retrouve, peut-on dire, dans tous les échantillons de pêche planktonique, mais jamais en grande quantité d'exemplaires. Les colonies sont souvent mortes et flottent à la façon d'un sédiment léger. GENRE SKELETONEMA GRÉVILLE. CARACTÈRES. — Frustules cylindriques, bombés légèrement aux deux bouts'et groupés en colonie linéaire par l'intermédiaire de fibrilles nombreuses, assez longues, insérées sur le pourtour périphérique des valves et disposées parallèle- ment à l'axe longitudinal de la colonie. Skeletonema costatum (GRÉVILLE) CLEVE. (PI. XI, fig. 39 à 41.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1866. Melosira costala GRÉVILLE, p. 77, pl. 8, fig. 3 à 6. 1878. Skelelonema costatum CLEVE, p. 18. 1883. Skeletonema costatum V AN HEURCK, Synopsis, pl. 91, fig. 4 et 6. 1893. Skelelonema costatum SCHÜTT, p. 568, pl. 30, fig. 1 et 2. 1898. Skeleltonema costatum KARSTEN, pl. 1, fig. 1 à 7. 1899. Skelelonema costatum VAN HEURCK, Traité, p. 437, pl. 33, fig. 889 et 890. 1900. Skeletonema costatum SCHÜTT, p. 482, pl. 12, fig. 1 à 10. 1910. Skeletonema costatum MEUNIER, p. 259, pl. XX VIII, fig. 33 à 36. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 45 CARACTÈRES. — Colonies droites, rigides, formées de cellules cylindriques, à valves arrondies au sommet et ST ONILES d’un cercle de soies rapprochées, grêles, droites, qui s'unissent à celles des éléments contigus en formant un cylindre à der -voie, du même calibre que les frustules. LE parois latérales de ceux-ci sont dépourvues de tout détail de structure visible. Ficures. — Figure 39. Fragment de colonie de grandes dimensions, à cellules courtes. Figure 40. — Fragment de colonie de calibre moyen. — En 4, cellules adultes; en à, cellules provenant d’une division récente. Figure 41. — Fragment de colonie de très petit calibre. Le corps des cellules y est très allongé pour en compenser l’étroitesse, conformément à la loi de constance de volume. OBSERVATIONS. — Cette forme s'observe régulièrement, à l'état disséminé, dans les eaux marines de la côte belge, en toutes saisons, mais plus spécialement pendant les mois d'hiver et de printemps. Ce n'est qu ‘exceptionnellement qu'elle devient assez nombreuse pour constituer un des produits importants des pêches planktoniques. GENRE GUINARDIA PERAGALLO. CARACTÈRES. — Frustules volumineux, cylindriques, vivant isolément ou groupés en série linéaire. Parois minces, annelées sur la face latérale, exemptes de structure visible sur la face valvaire, mais présentant sur celle-ci une légère ondulation qui aboutit à un mucron rudimentaire, à peine indiqué par une flexion locale du bord de la valve. Guinardia flaccida (CASTRACANE) PERAGAILO. (P1. XL, fig. 42 à 44.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1886. Rhizosolenia? flaccida CASTRACANE, p.72, pl. 29, fig.4(frustule déformé par écrasement). 1887. Pyxilla baltica HENSEN, p. 87, pl. 5, fig. 33 et 34. 1889. Rhizosolenia Castracanei CLEVE, p. 2. 1892. Guinardia flaccida PERAGALLO, p. 107, pl. 1, fig. 3 à 5. 1894. Guinardia flaccida CLEVE, p. 15, pl. 2, fig.1 1804. Henseniella baltica SCHÜTT, dans DE TONI, Sylluge Algarum I, 3, p. 1425. 1896 Guinardia baltica SCHÜTT, p. 84, fig. 138. 1899. Guinardia flaccida VAN HEURCK, Traité, p. 417, fig. 135, dans le texte. 1902. Guinardia flaccida BERGON, p. 78, pl. 2, fig. 1 à 3. 46 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Les caractères du genre Guinardia s'appliquent à l'espèce flaccida, la seule connue. Dans les frustules réunis en colonie, les valves des éléments contigus s'adaptent adéquatement sur toute leur surface. Les chromato- phores sont nombreux et tapissent intérieurement la paroi; le noyau est central, au milieu d'une petite partie de cytoplasme qui se rattache par des cordons rayon- nants au cytoplasme périphérique. FiGures. — Figure 42. Vue latérale d’un frustule de grandes dimensions. — ch, chromatophores; #, noyau central. En x, échancrure locale, bordée d'un faible éperon. Figure 43. Coupe transversale optique, passant par le noyau central, », maintenu en position par des cordons protoplasmatiques rayonnants. — <4, chro- matophores blottis contre la paroi. Figure 44. Fragment de colonie linéaire de calibre plus petit. — #, noyau; nd, noyau en division; x, échancrures unilatérales des valves contiguës qui s'engrènent mutuellement. OBSERVATIONS. — La forme cylindrique de cette espèce et le groupement habituel de ses frustules en colonie linéaire nous la font placer ici parmi les Mélosirées, bien que l’annélation des valves pourrait lui revendiquer une place ailleurs. Nous l'avons trouvée constante dans les pêches planktoniques effectuées hebdomadairement au voisinage du West-Hinder; elle est moins constante ailleurs, si ce n’est près des côtes belges où elle se traduit comme l’un des éléments les plus caractéristiques du plankton, presque en toutes saisons. GENRE LEPTOCYLINDRUS CLEvE. CARACTÈRES. — Cellules cylindriques, longues, étroites, à parois hyalines, peu silicifiées, disposées en filaments souvent longs. Leptocylindrus danicus CLEVE. (PL XIF ig- 06472) BIBLIOGRAPHIE. 1889. Leptocylindrus danicus CLEVE, p. 54. 1894. Leptocylindrus danicus CLEVE, p. 15, pl. 2, fig. 4 et 5. 1910. Leptocylindrus danicus MEUNIER, p. 258, pl. XX VIII, fig. 31 et 32. CARACTÈRES. — Cellules cylindriques, toujours plus longues que larges, forte- MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 47 ment rattachées les unes aux autres en colonie linéaire. Valves dépourvues de toute sculpture, indistinctes de la membrane connective, à fond plat, à bords émoussés, sauf d’un côté où se traduit une légère saillie locale. Chromatophores plus ou moins nombreux, pariétaux, souvent orientés autour du noyau qui est lui-même pariétal. Ficures. — Figure 1. Fragment de colonie de dimensions maximales. — ch, chromatophores disséminés, mais manifestement orientés autour du noyau, x, en &, et plus étroitement rassemblés, en 0. É Figure 2. Autre spécimen à chromatophores, c#, plus minces, d'aspect plus ou moins cruciforme. Figure 3. — Spécimen de petit calibre. OBSERVATIONS. — Espèce assez commune dans la Mer flamande, mais dispa- raissant parfois pendant des saisons entières. Plus abondante en été et en automne. Leptocylindrus belgicus sp. 707. (PI. XII, fig. 4.) CARACTÈRES. — Frustules extrêmement étroits (2 microns de large en moyenne), disposés en colonie droite, rigide, exempte de toute différenciation perceptible. Chromatophores peu nombreux, allongés dans le sens longitudinal des frustules. Figure 4. — Fragment de colonie de dimensions ordinaires. OBSERVATIONS. — Par sa ténuité extrême, cette petite forme a pu passer longtemps inaperçue. On la confondrait aisément avec des fragments de soies de Chaetoceros densum, espèce de Phaeoceras à soies fortes dans lesquelles se dissé- minent des chromatophores, si l’on ne remarquait les cloisons transversales qui limitent ici les frustules disposés en colonie linéaire. Nous l'avons observée d’une façon intermittente, pendant plus de dix ans, dans les produits planktoniques de la Mer flamande. Elle s’y montre, particulièrement en été, en spécimens clairsemés. GENRE LAUDERIA CLEvE. CARACTÈRES. — (Cellules cylindriques, groupées en colonie linéaire par l'appoint tout au moins de soies gommeuses qui laissent leur empreinte d'inser- tion sur la face valvaire. Celle-ci est circulaire et présente d'un côté, vers le bord, une faible épine oblique. La face suturale est généralement annelée d’une façon apparente. 48 ALPH. MEUNIER. Les chromatophores sont nombreux et pariétaux; le noyau est maintenu au milieu de l’une des valves par un cordon cytoplasmatique qui traverse la cellule suivant son axe longitudinal. Lauderia borealis GRAN. (PI: XIL, fig. s à 11.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1807a. Lauderia annulata CLEVE, pl. 2, fig. 13 à 15. 1899. Lauderia annulata V AN HEURCK, Traité, p. 418, fig. 136, dans le texte. 19000. Lauderia borealis GRAN, p. 110, pl. 9, fig. 5 à 9 CARACTÈRES. — Cellules cylindriques, réunies en colonie linéaire par contact immédiat des éléments contigus suivant une aire circulaire de leurs valves et subsidiairement par de nombreux filaments fugaces, de nature gommeuse, visibles sur leur zone périphérique. Vues de face, les valves se montrent couvertes, sur leur pourtour, de fines ponctuations réparties irrégulièrement sur leur partie déclive. On en observe également un certain nombre vers leur milieu, portion légèrement concave. Les valves sont, en effet, un peu renflées, à partir d'une petite distance du bord et légèrement déprimées au milieu, ce qui ménage un étroit foramen entre les frustules contigus. Chromatophores nombreux parfois disséminés sur toute la paroi interne, mais souvent ramassés contre les deux valves, aux extrémités du gros cordon cyto- plasmatique qui traverse longitudinalement le frustule. SPORES. — Nous ne lui connaissons pas de spores quiescentes, ni d’auxospores, malgré les innombrables spécimens observés, en toutes saisons, pendant une période de plus de dix ans. PARASITISME. — Par contre, elle est souvent la proie d'un parasite : O/pidium phycophagum, déjà signalé dans d'autres Diatomacées planktoniques. FiGures. — Figure 5. Fragment de colonie de calibre assez fort. — c#, chro- matophores pariétaux disséminés sur toute la paroi interne du frustule; à, cordon cytoplasmatique axial; d, frustule en division; s, soies fugaces étirées entre les frustules voisins. Figure 6. Vue valvaire, avec la distribution des chromatophores, c4, sous cet aspect. Figure 7. Vue d’une valve vide portant l'empreinte de l’épine délicate, x, et. les ponctuations irrégulièrement disséminées sur une zone submarginale et au milieu. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 49 Figure 8. Autre vue d'un fragment de colonie montrant, en 4; l'aspect intérieur des frustules dont les chromatophores, ch, sont plus ou moins groupés sous les deux valves, à l'extrémité de l'axe cytoplasmatique, a, et, en à, la déco- ration annelée des frustules, à l'extérieur. — s, soies gommeuses HR les frustules entre eux. Figure 9. Coupe longitudinale optique de quelques éléments, montrant la forme réelle des frustules et les foramens étroits, /, qu'ils ménagent entre eux. a, axe cytoplasmatique rattaché aux deux groupements subvalvaires des ohne tophores. — $, soies gommeuses. Figure 10. Vue synthétique du développement de Ofpidium phycophagum, dans une collection de frustules choisis et rapprochés artificiellement. En a, invasion du parasite, 0, dans un frustule dont le cytoplasme présente déjà des effets de plasmolyse. — ch, chromatophores. En à, disparition progressive des chromatophores, sous l’action du parasite, 0, qui grandit. En cet en 4, aspects variés du parasite 0, avant son enkystement. En e, enkystement du parasite, 0, qui s’entoure d’une membrane propre. En deux parasites dans un même frustule; l’un, o, en voie de développement, l'autre, 0’, déjà enkysté. En p, deux Olpidium, o, également développés dans un même frustule. En x, kyste de Olpridium, 0, dans lequel s'opère la formation des zoospores. En z et en #, kyste vidé de ses zoospores et conservé comme membrane zoosporangiale ouverte à l'extérieur par un petit orifice circulaire. En 7, deux kystes en présence dans un même frustule "un, o est encoreen voie de développement, tandis que l’autre, 0', s'est déjà vidé de ses ZOOSpores. Figure 11. Vue valvaire d'un frustule envahi par trois parasites, 0, 0’, 0", à diverses phases évolutives. OBSERVATIONS. — Cette espèce est l’une des plus caractéristiques du micro- plankton des eaux marines du littoral belge. Elle y devient prédominante pendant les mois de janvier à avril, mais n’en disparait presque jamais complète- ment. On peut s'étonner de ne l'y rencontrer Jamais qu'à l’état végétatif. Lauderia borealis est très souvent sujette à une sorte d'infection épidémique de la part de O/pidium phycophagum, qui atteint la plupart des individus. Il nous a semblé intéressant, eu égard au développement excessif de cette Chytridiacée, d'en reproduire Les principaux aspects chez cet hôte privilégié. GRAN l'a appelée Olpidium Laudertae; désignation trop particulariste, si l’on tient compte de son extension, sous la même forme spécifique, crovons-nous, à un grand nombre d’autres Diatomacées. 50 ALPH. MEUNIER. Lauderia glacialis (GRUNOW) GRAN. (PI. XII, fig. 46 à 50.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1884. Podosira hormoïdes var. glacralis GRUNOW, p. r08, pl. 4, fig. 32. 1896. Podosira glacialis CLEVE, p. 12, pl. 2, fig. 17 à 20. 1900b. Lauderia glacialis GRAN, p. 111, pl. 9, fig. 10 à 14. 1905. Podosira glacialis JORGENSEN, p. 97, pl. 6, fig. 7. 1910. Lauderia glacialis MEUNIER, p. 269, pl. XXIX, fig. 63 à 66, et pl. XXX, fig. 5 à 9. CARACTÈRES. — Cellules cylindriques, courtes, à valves légèrement bombées, à partir de leur extrême bord marginal. Colonies résultant de frustules non soudés immédiatement les uns aux autres, mais maintenus vaguement en relation, : à distance les uns des autres, par des filaments muqueux, fugaces, très difficiles à percevoir et fragiles à l'excès. Valves circulaires, garnies de ponctuations disséminées à distance sur toute la surface, mais plus rapprochées vers la périphérie qu’au centre. Ces ponctuations sont sans doute en relation avec les filaments muqueux qui tiennent les frustules en colonies lâches, faciles à dislo- quer. ENDosPoREs. — Productions lenticulaires résultant d'un phénomène de régé- nération cellulaire et formées de deux valves qui se produisent successivement en englobant tout le cytoplasme de la cellule génératrice. Les valves ainsi formées sont ornées d’un réticulum extrêmement fin et portent, tout autour du disque, une couronne de piquants courts et délicats. Fiqures. — Figure 46. Vue suturale d’un frustule de grandes dimensions. Figure 47. Vue valvaire du même. Figure 48. Vue d'un frustule en voie de régénération cellulaire et en posses- sion de la valve primaire, v, d’une endospore. Figure 49. Frustule pourvu d’une endospore complète, dont les deux valves, v et v', présentent par leur rapprochement la forme d’une lentille. Figure 50. Vue de face d’une valve d’endospore. OBSERVATIONS. — La rareté des circonstances dans lesquelles nous avons pu observer cette forme, plutôt boréale, dans les eaux belges, nous fait croire qu'elle n'est pas habituelle dans nos parages. Peut-être, cependant, le tamisage auquel les prises de plankton ont généralement été soumises pour en isoler les éléments les plus gros, est-il pour quelque chose dans la dislocation des colonies et l'isolement consécutif des frustules. Ceux-ci, à l’état disséminé, attirent beaucoup moins l'attention que les colonies et peuvent passer inaperçus. Néan- moins, nous tenons cette forme comme très rare dans nos eaux. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 51 GENRE THALASSIOSIRA CLeve. CARACTÈRES. — (Cellules cylindriques, courtes, réunies en colonie par un cordon muqueux axial qui les tient à distance. Thalassiosira Nordenskiôldii CLEVE. CHERE Te E12 022) BIBLIOGRAPHIE. 1873a. T'halassiosira Nordenskiôldii CLEVE, p. 6, pl. 2, fig. 1. 1883. T'halassiosira Nordenskiôldii VAN HEURCK, Synopsis, pl. 83, fig. 0. 1897a. Thalassiosira Nordenskiôldii GRAN, p. 28, pl. 4, fig. 50. 1897. Thalassiosira Nordenskiôldii V ANHÔFFEN, pl. 3, fig. 20 à 22. 1899. TZhalassiosira Nordenskiôldii V AN HEURCK, Traité, p. 436, fig. 161, dans le texte. 1910. Thalassiosira Nordenskiôldii MEUNIER, p. 265, pl. XXIX, fig. 33 à 44. CARACTÈRES. — Frustules petits, cylindriques, courts, à bords rabattus suivant une zone marginale déclive, sur laquelle se trouvent insérées de nombreuses petites épines disposées en couronne. Le milieu des valves est déprimé en fossette et porte au centre un filament muqueux assez rigide qui groupe les frustules en colonies souvent très longues. Les valves paraissent hyalines dans l’eau et ne présentent qu'une couronne d'épines submarginales. Les chromatophores sont nombreux, petits, pariétaux; le noyau est central, logé dans un cordon axial de cytoplasme. SPORES. — Les endospores se rencontrent fréquemment. Elles se forment simultanément dans deux cellules sœurs et produisent d’abord leur valve primaire du côté des valves anciennes des frustules et plus tard leur valve secondaire, symétrique à la première, du côté opposé. Ces valves, bombées et légèrement déprimées en leur centre, englobent tout le cytoplasme de la cellule génératrice et donnent à la spore quiescente une forme lenticulaire. Leur structure finement réticulée, en mailles hexagonales, leur donne à peu près la physionomie bien connue, mais en modèle réduit, de Coscinodiscus excentricus. FiGuREs. — Figure 12. Fragment de colonie d'assez grandes dimensions, dont plusieurs éléments proviennent d’une division récente. — /#, funicule muqueux servant de trait d'union entre les frustules. Vue extérieure. Figure 13. Coupe longitudinale optique d'un fragment de colonie, révélant la 52 ALPH. MEUNIER. forme octogonale de la section des frustules et la dépression des valves dans leur milieu. — c4, chromatophores. En «&, cellule adulte; en 4, cellule récemment divisée. Figure 14. Vue valvaire, avec la disposition des chromatophores, ch, vus sous cette incidence, et le noyau, 72. Figure 15. Vue d'une valve, avec projection de la couronne de petites épines insérées sur la zone déclive de la périphérie. Figure 16. Vue de face d'une valve d’endospore. Figure 17. Vue extérieure de frustules présentant des endospores en voie d'élaboration. — sp, spore complètement développée, avec ses deux valves; v, valve primaire; v', valve secondaire. Dans les deux autres frustules, les endospores n'ont encore formé que leur valve primaire, v. Figure 18. Coupe longitudinale optique de cellules en voie de sporification. — sp, Spore complètement formée au sein de sa matricule, avec ses deux valves, v et v', et son contenu cytoplasmatique. — v, valve primaire d’autres spores en voie de formation dans deux couples de cellules sœurs. Figure 19. Vue valvaire d’une spore de petites dimensions. Figure 20. Fragment de colonie de calibre moyen, en coupe longitudinale optique. Figure 21. Fragment analogue, en vue extérieure. Figure 22. Vue valvaire de calibre minimal. Figure 23. Fragment de colonie, à frustules très rapprochés et de petites dimensions. OBSERVATIONS. — Espèce particulièrement abondante, au voisinage du West- Hinder, de février en avril, plus rare pendant. les autres mois d'hiver, absente pendant les mois chauds. Elle fait généralement défaut au voisinage plus immé- diat du littoral, à l’époque des croisières trimestrielles de février, mai, août et novembre. Thalassiosira rotula MEUNIER. (PI. XII, fig. 24 à 30.) BIBLIOGRAPHIE. 1910. Z'halassiosira rotula MEUNIER, p. 264, pl. XXIX, fig. 67 à 70. CaRACTÈRES. — Frustules cylindriques, courts, plats, rabattus légèrement sur les bords et porteurs, sur la partie cylindrique, d'un anneau fort, d'épaisseur inégale sur son pourtour et souvent isolé dans les préparations. Valves décorées de ponctuations distancées irrégulièrement sur toute la surface, plus denses à la périphérie qu'au centre. Les individus sont reliés entre eux par un fort funicule muqueux qui donne de la rigidité aux colonies qui en résultent. Celles-ci font l'effet d'un ensemble de petites roues pleines, serties sur un essieu commun. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. [821 [#3] Chromatophores pariétaux ; noyau central, fixé dans un cordon axial du cyto- plasme. Endospores inconnues. FiGures. — Figure 24. Aspect extérieur d’un fragment de colonie. — fx, funi- cule ; c, anneau. Figure 25. Aspect valvaire d'un frustule, avec ses chromatophores, c4, et son noyau central, #. Figure 20: Vue d'une valve, à sec, avec ses ponctuations disséminées sur toute la surface, plus denses à la périphérie. Figure 27. Aspect d’un anneaü isolé, vu à plat, dans la position qu'il prend naturellement dans les préparations. Cet anneau est toujours plus développé en épaisseur d'un côté que de l’autre; mais cette épaisseur a été un peu exagérée dans la figure. Figure 28. Frustules un peu plus petits, les uns figurés vides, les autres avec leur contenu cytoplasmatique, cA. Figure 29. Coupe longitudinale optique d'une portion de colonie. — 7, noyau fixé dans le cordon central de cytoplasme; 4, phénomène de division d’un frustule. Figure 30. Diverses phases de division cellulaire, présentées en coupe axiale optique et montrant la naissance du foramen, /, qui produit la disjonction des cellules filles, au centre d’abord, et se maintient plus tard sous la forme d’une légère dépression du milieu de la valve. — fu, funicule. OBSERVATIONS. — Espèce caractéristique du microplankton de la Mer flamande, d'où elle n’est absente que pendant les mois les plus chauds, juin, juillet, août. Pendant le reste de l’année on l’observe en plus ou moins grande quantité. Nous ne l'avons jamais vue former des spores quiescentes. Nous avons dit, ailleurs, les raisons qui nous avaient induit à désigner d'abord cette espèce sous le nom de 7%. gravida CLEVE, dans le dépouillement des pêches exécutées à l’occasion des expéditions périodiques pour l'exploration de la Mer du Nord. Cette dernière espèce est étrangère à nos eaux. Thalassiosira decipiens (GRUNOW) JÔRGENSEN. ET e-321252") SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1873. Coscinodiscus excentricus À. SCHMIDT, pl. 3, fig. 38. 1887. ZT'halassiosira gelatinosa HENSEN, p. 87. 1897a. Coscinodiscus excentricus var. catenala GRAN, P. 30. 1897a. Coscinodiscus excentricus Var. gelatinosa CLEVE, P. 25. 1900. Thalassiosira gelatinosa GRAN, p. 116. 1900. Coscinodiscus gelatinosus LEMMERMAN, P. 377 1905. Z'halassiosira decipiens JoRGENSEN, p. 96, pl. 6, fig. 3 54 ALPH. MEUNIER. CARACTÈRES. — Frustules cylindriques, courts, à valves planes au milieu, déclives à la périphérie et ornées sur le bord de très petites épines, assez fugaces et difhiciles à saisir dans l’eau. Face suturale avec quelques anneaux faiblement accusés. Valve décorée d’un réseau de mailles égales, visibles dans l’eau et disposées comme dans Coscino- discus excentricus. Cet aspect est propre à induire en erreur quand on n’a devant soi que des individus isolés. Normalement, ceux-ci sont réunis en colonie à la faveur d’un funicule muqueux, long, flexible, peu visible et facile à détruire. Chromatophores nombreux et pariétaux; noyau central, logé dans un cordon axial du cytoplasme. Endospores inconnues. FiGurEs. — Figure 31. Fragment de colonie dont les individus très distancés sont réunis par un funicule délicat et flexible, fx. Figure 32. Coupe longitudinale optique d'un frustule. — ck, chromatophores; n, noyau central. Figure 33. Aspect de la valve et de son réseau de mailles égales, orientées comme dans Coscinodiscus excentricus. Figure 34. Vue valvaire d’un frustule, avec ses chromatophores, ck, et son noyau, #2. OBSERVATIONS. — Cette forme de Diatomacée nous a paru assez rare dans nos échantillons. Peut-être y est-elle moins exceptionnelle en réalité; mais comme ces produits ont été presque tous soumis à un tamisage violent dans l’eau, 1l se peut que les colonies aient été disloquées et que les frustules isolés aient été pris, dans des observations cursives, pour de petits individus de Coscinodiscus excentricus. Sa grande analogie avec cette dernière et la difhiculté réelle de les débrouiller l'une de l’autre se révèlent très bien dans la synonymie par laquelle elle a passé dans le cours du dernier quart de siècle. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. un un GENRE HYALODISCUS EHRENBERG. CARACTÈRES. — Frustules lenticulaires, à valves orbiculaires bombées, mar- quées dans leur milieu d'un ombilic très distinct et découpées, dans une large zone marginale, en rayons égaux, décorés eux-mêmes de fines stries décussées. Hyalodiscus stelliger Bairey. (PI. XII, fig. 25 à 41.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1855. /lyalodiscus stelliger BAILEY, p. 10. 1856. Podosira maculata W. SMITH, Synopsis, IT, p. 54, pl. 40, fig. 328. 1875. Æyalodiscus stelliger À. SCHMIDT, pl. 3, fig. 26. 1883. //yalodiscus stelliger V AN HEURCK, Synopsis, pl. 84, fig. 1 et 2. 1899. Æyalodiscus stelliger VAN HEURCK, Traité, p. 440, fig. 173, dans le texte, et pl 22, fig. 650. 1910. ÆZyalodiscus stelliger MEUNIER, p. 282, pl. XXXI, fig. 28 et 20. CARACTÈRES. — Frustules lenticulaires, formés de deux valves courbes, à membrane épaisse, dont l'aire centrale, aux contours déchiquetés, est irrégulière- ment ponctuée, tandis que le reste, une large zone marginale, est divisé en un nombre variable de compartiments rayonnants dont chacun porte un réseau de mailles disposées en quinconce. Membrane suturale développée au moment de la division et longtemps persistante entre les deux cellules sœurs pour les tenir géminées ou, plus rare- ment, réumies en colonie courte. Cette membrane est épaisse, mais transparente et porte de nombreux anneaux équidistants. Chromatophores nombreux, pariétaux, de forme variable suivant les conditions de végétation ou l’action des liquides fixateurs employés. Noyau central, maintenu en place par des cordons cytoplasmatiques rayonnants qui se rattachent à la périphérie. FiGurEs. — Figure 35. Vue de côté d'un couple de frustules réunis par une ceinture persistante, c. — 0, ombilic vu en section, au sommet des valves. Dimensions à peu près maximales. Figure 36. Vue de face d'une valve, avec son aire centrale, ou ombilic, o, irrégulièrement ponctuée et la zone marginale divisée en compartiments rayon- nants. Ceux-ci sont couverts d’un réseau de mailles disposées en quinconce et en lignes parallèles à l’un des côtés de chaque secteur. 50 ALPH. MEUNIER. Figure 37. Vue valvaire d'un frustule pourvu de son contenu : c4, chromato- g / ) phores; #, noyau central. Figure 38. Coupe longitudinale optique d'un couple de frustules réunis par la ceinture, c, à l’abri de laquelle la division de la cellule mère s’est produite. — ch, chromatophores pariétaux; 7, noyau central. On remarquera que l’ombilic est déterminé par l'aire de contact des cellules filles. Figure 39. Couple de frustules restés inclus dans une ceinture propre à une division antérieure à celle qui leur a donné naissance immédiatement; celle-ci est engaînée dans la première, dont le calibre est notablement plus grand. Figure 40. Couple de frustules de dimensions minimales. Figure 41. Vue valvaire des mêmes. OBSERVATIONS. — //yalodiscus stelliger est une des espèces les plus caracté- ristiques et des plus constantes du microplankton de la Mer flamande. On l'y observe en toutes saisons, à l’état plus ou moins disséminé, jamais en grande quantité. Hyalodiscus subtilis BaAILEY. (PIC ho 421e1042)) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1844. Cyclotella scottica KUTZING. 1855. /lyalodiscus subtilis BAILEY, p. 10, fig. 12. 1883. /Zvalodiscus scotticus GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 84, fig. 15 à 18. 1899. /7valodiscus subtilis BAILEY, forma minor, VAN HEURCK, Traité, p. 449, pl. 35, fig. 917. CARACTÈRES. — Très petite forme, de même aspect extérieur que la précé- dente, mais à valves paraissant hyalines, autour de l'aire centrale, qui est relati- vement grande. FIGURES. — Figure 42. Aspect latéral d'un couple de frustules. Figure 43. Vue valvaire. — 0, ombilic. OBSERVATIONS. — Cette petite forme paraît très rare dans les eaux belges. Nous n'en avons remarqué qu'un petit nombre d'exemplaires, toujours vides et qui semblent avoir été ramenés du fond par les remous et les courants à la façon d'autres produits sédimentaires. | | | | MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 57 TRIBU IV. — EUPODISCÉES. Valves rondes ou très largement elliptiques, munies d’un ou de plusieurs _ocelles ou de cornes très courtes, obtuses, simulant des ocelles. GENRE AULISCUS (EHRENBERG) BAILEY. CARACTÈRES. — Frustules cylindroïdes, à valves largement elliptiques, munies vers les extrémités du grand axe de deux ocelles plats et ornées, sur les bords, de sortes de plissements à disposition plus ou moins radiante. Auliscus sculptus (W. Surrx) RALFS, var. cælata BAILEY. (PI. XIL, fig. 5.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1853. Eupodiscus sculptus W. SMITH. 1855. Auliscus cœlatus BAILEY, p. 6, fig. 3 et 4. 1861. Auliscus sculptus RALFS, dans Pritchard, p. 845, pl. 4, fig. 3. 1883. Auliscus sculptus VAN HEURCK, Synopsis, pl. 117, fig. 1 et 2. 1899. Auliscus sculptus VAN HEURCK, Traité, p. 482, pl. 21, fig. 646. CARACTÈRES. — Valves suborbiculaires, à surface mamelonnée, marquée, dans la direction du grand axe, de deux petits cercles hyalins, ocelles, placés au sommet de légères protubérances. Vers les ocelles convergent des plissements qui portent de la périphérie et d’autres qui prennent naïssance dans le voisinage de la partie centrale, qui est hyaline. C’est vers cette même région centrale que convergent d’autres plissements qui s'élèvent des côtés et se perdent bientôt en un réseau de mailles irrégulières qui occupe une dépression subcentrale de la valve. FiGurEe. — Figure 51. Vue valvaire d'un spécimen d'assez grandes dimensions. OBSERVATIONS. — L'individu figuré semble se rapporter à la variété cæ/ata (Auliscus cælatus BAïILEY), par le réseau de mailles qui entrecoupe la direction des plissements qui se rendent vers le centre. C'est une espèce très rarement rencontrée dans les produits planktoniques des eaux belges. Elle nous à paru moins rare dans les eaux saumâtres du littoral. C'est toutefois d'ici que nous semblent provenir les quelques échantillons que nous avons observés en mer pendant une période de dix ans. 8 58 ALPH. MEUNIER. GENRE EUPODISCUS EHRENBERG. CARACTÈRES. — Valves orbiculaires, bombées, à structure cellulaire compli- quée et munies de un ou de plusieurs ‘appendices dressés, disposés sur la zone submarginale. Eupodiscus argus (EHRENBERG). (PI. XII, fig. 44 et 45.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1839. Zripodiscus argus EHRENBERG, P. 159, pl. 3, fig. 6 a-c. 1853. Eupodiscus argus W. SMITH, Synopsis 1, p. 24. 1853. Æupodiscus argus VAN HEURCK, Synopsis, p. 209, pl. 117, fig. 3 à 6. Aulacodiscus argus À. SCHMIDT, Atlas, pl. 107, fig. 4. 1899. Eupodiscus argus VAN HEURCK, Traité, p. 487, pl. 21, fig. 647 et fig. 222 a et b, dans le texte. CARACTÈRES. — Frustules grands, lenticulaires, renflés, formés de deux valves appliquées sur une partie cylindrique généralement assez courte. Valves épaisses, munies, vers la périphérie, de trois à cinq protubérances également distancées, en forme de massue. Structure compliquée, à larges alvéoles distancées, disposées radialement et brochant sur une striation fondamentale, par l'intermédiaire de grosses ponctuations. FIGURES. — Figure 44. Vue valvaire d'un frustule à trois protubérances. Figure 45. Vue suturale d'un autre frustule à quatre protubérances. La symétrie que l’on observe ici dans la position des protubérances des deux valves n'existe pas toujours; c’est plutôt un cas accidentel. OBSERVATIONS. Cette belle et grande espèce est constante dans les eaux belges, mais ses représentants sont toujours clairsemés. Beaucoup sont vides et soulevés par le mouvement des eaux comme le fin gravier. | MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 59 TRIBU V. — HÉLIOPELTÉES. Valves divisées en compartiments rayonnants, alternativement élevés et déprimés. GENRE ACTINOPTYCHUS EHRENBERG. CARACTÈRES. — Valves généralement circulaires, ondulées, à compartiments triangulaires, successivement élevés ou surbaissés, à structure alvéolaire et à ombilic polygonal central. Frustules disciformes, ondulés, à face suturale étroite. Actinoptychus undulatus (Baizey) Rarrs. (PER ie 27207) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1842. Actinocyclus undulatus BAILEY, pl. 2, fig. 11. 1843. Actinoptychus bilernarius EHRENBERG, P. 166. 1861. Actinoptychus undulatus RALES, dans Pritchard, p. 839, pl. 5, fig. 88. 1883. Actinoptychus undulatus VAN HEURCK, Synopsis, pl. 22°", fig. 14, et pl. 122, fig. 1 à 3. 1899. Actinoptychus undulatus VAN HEURCK, Traité, p. 496, fig. 232, 233, 234, dans le texte, et pl. 22, fig. 648. CARACTÈRES. — Frustules à valves circulaires, divisées en six compartiments alternativement relevés et déprimés, ménageant au centre une aire hyaline de forme hexagonale et décorée, sur les compartiments, d’une couche alvéolée à grandes mailles hexagonales et d’une autre finement ponctuée, à ponctuations en quinconce. Le milieu de chaque compartiment relevé porte un petit appendice, près du bord externe. La face suturale est ondulée et ces ondulations sont en harmonie avec les compartiments des valves. Les dimensions des frustules sont très variables. Auxospores. - Les auxospores affectent la forme d'une lentille très renflée et à bords arrondis. C’est au sein de cette grande cellule à membrane faible et hyaline que s'élabore la cellule régénérée, dont les valves présentent d’abord la texture décrite comme type d'un genre nouveau, sous le nom de /ebya, en 1886, avant qu'on en connut le véritable caractère. 60 ALPH. MEUNIER. Cette forme « Zebya » est uniformément décorée d’une simple couche d’alvéoles irrégulières, un peu plus grandes seulement autour du point central, à défaut d’une seconde à structure finement ponctuée sous-jacente. La surface est . ondulée et présente trois secteurs relevés et connivents largement au centre, qui alternent avec trois dépressions limitées à la partie submarginale et forment comme des sinus arrondis dans les angles du triangle central. Le milieu des secteurs en élévation porte une épine marginale. Voir figure 6. Cette forme, interprétée par Van HEuUrRCK comme valve intérieure de Ac#- noptychus undulatus, est plutôt la forme initiale d’une lignée phylogénique, dont les deux valves ont d'abord l'aspect de /ebya, mais dont les valves des produits de division prennent l'aspect normal de Ac#inoptychus undulatus, si bien que les produits de la première subdivision ont deux valves dissemblables : une de Debya et une de Actnoptychus. Les dimensions de cette forme intéressante mais fugitive sont donc toujours maximales, car elle ne se représente pas dans les produits de subdivisions subsé- quentes de la cellule régénérée. FiGurEs. — Figure 3. Vue d’une valve de dimensions moyennes entourée d'une membrane, #7, fine, déchiquetée, de nature muqueuse, provenant d’une gélification de la membrane suturale de la cellule mère. Figure 4. Vue latérale d’un frustule montrant la forme ondulée de la zone sutu- rale et les renflements alternatifs des compartiments valvaires. — e, appendice émergeant du milieu des compartiments surélevés, près du bord. Figure 5. Vue valvaire d’un frustule de grandes dimensions provenant d’une des premières subdivisions de la cellule régénérée par voie d’auxospore. Trois des six compartiments ont seuls reçu la figuration du système de fines striations qui broche partout sur la structure alvéolaire de la valve, mais qui ne devient visible qu'avec un changement de mise au point. Figure 6. Valve d’une cellule régénérée par voie d'auxospore — forme /ebya — avec sa structure irrégulièrement réticulée jusqu’au centre et les dénivelle- ments de sa surface, sous forme de trois secteurs déprimés, logés entre les bras de trois travées relevées qui confluent au centre et aboutissent, vers la périphé- rie, à autant d’appendices submarginaux, e. Figure 7. Aspect latéral d’un frustule régénéré au sein de la membrane hyaline, #7, de l’auxospore, asp. Les deux valves de cette cellule ont la structure de la figure précédente. Elles sont d’abord très peu silicifiées et se déforment facilement sous la moindre pression. Plus tard, elles deviennent plus rigides, en se silicifiant davantage, particulièrement lorsqu’ on les trouve associées à une valve du type Actinoptychus normal, après division de la cellule initiale d'une lignée. C'est évidemment, à notre avis, une observation de ce genre qui a fait prendre, par VAN HEURCK, la forme Debya pour une valve intérieure de Actinoptychus undulatus RaALrs, lorsqu'il dit, dans son 7Yatté, page 495, qu « il possède un exemplaire où cette valve intérieure s'aperçoit nettement à travers la valve normale ». Ces valves de type différent sont toutes deux externes; mais tandis que l’une, celle du type Pebya, remonte à la cellule initiale, l’autre, celle du type Ac#nopty- chus, résulte d’une division de cette cellule initiale. La faible épaisseur de ces MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDH. 61 premiers produits de division, qui ont d’abord une grande surface valvaire, explique très bien l'erreur d'interprétation de ce minutieux et sage observateur. Si celui-ci s'était plus appliqué à observer ses matériaux frais, à l’état naturel au lieu de les soumettre au préalable à l’incinération, il n’est pas douteux qu'il aurait observé l’auxospore, qui ne peut supporter ces manipulations, et y aurait reconnu le facies particulier de la cellule régénérée. : C'est là un cas curieux de dimorphisme valvaire dans l'évolution d’une espèce de Diatomacée. La connaissance plus étendue des formes initiales de ces orga- nismes fournirait sans doute d’autres exemples analogues. OBSERVATIONS. — Espèce constante dans les eaux belges, mais très rare pendant les mois les plus chauds : juin, juillet, août, plus ou moins bien repré- sentée tout le reste de l’année, jamais commune. Il est à remarquer qu'elle produit souvent sur nos côtes, particulièrement en octobre, des auxospores dont 1l est facile d'observer les phénomènes de produc- tion de la cellule régénérée et des premières subdivisions de celle-ci. Actinoptychus splendens (EHRENBERG) RaLrs. (PI. XIII, fig. 8 et 9.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1844. Æalionyx splendens EHRENBERG. 1854. Actinophaenia shlendens SHADBOLT, p. 94, pl. 6, fig. 18. 1861. Actinoptychus shlendens RALFS, dans Pritchard, p. 840. 1883. Achinoptychus splendens VAN HEURCK, Synopsis, p. 211, pl. 119, fig. 1, 2 et 4. 1899. Actinoptychus shlendens VAN HEURCK, Traité, p. 497, pl. 22, fig. 649. CARACTÈRES. — Valves circulaires, divisées en compartiments de nombre variable, douze à vingt, alternativement surélevés et défléchis, autour d’une aire centrale hyaline de forme étoilée. Structure double, d'aspect réticulé, à mailles hexagonales à la surface, d'aspect finement ponctué, à ponctuations en quinconce, en dessous. Les secteurs en saillie se relèvent insensiblement du centre vers la périphérie et portent, en leur milieu, une épine submarginale. La face suturale est ondulée, en harmonie avec l'allure des secteurs. Les ondu- lations sont donc beaucoup plus nombreuses, mais moins accusées que dans l'espèce précédente. FiGures. — Figure 8. Vue de face d'une valve de dimensions moyennes. — e, épine submarginale s’élevant du milieu des secteurs en saillie. Figure 9. Vue suturale d'un couple de frustules provenant d’une division récente. — e, même légende que plus haut. 62 ALPH. MEUNIER. OBSERVATIONS. — Sans être rare, Actinoptychus splendens est beaucoup moins répandue dans nos eaux que Actinoptychus undulatus. On l’observe aussi réguliè- rement pendant les mois moins chauds, mais en spécimens plus disséminés. Beaucoup d’entre eux n'apparaissent qu'à l’état vide, en qualité d’épaves flottantes, relevées du fond, en même temps que d’autres sédiments légers, par l'agitation des flots. TRIBU VI. — COSCINODISCÉES. Valves généralement rondes ou elliptiques, rarement allongées, semi-lunaires [e) D ) ou cunéiformes, à structure ponctuée ou celluleuse partout uniforme, munies parfois de petites épines, toujours dépourvues d’ocelles. GENRE ACTINOCYCLUS EHRENBERG. Valves à ponctuations partout uniformes, disposées en séries rayonnantes d'inégale longueur, laissant ordinairement des espaces hyalins subulés et présen- tant un pseudo-nodule submarginal. Actinocyclus Ralfsii (W. SuirH) Razrrs. (PI. XIII, fig. 1oet 11.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1856. ÆEupodiscus Ralfsii W. SMITH, Synopsis Il, p. 86. 1861. Actinocyclus Ralfsii RALFS, dans Pritchard, p. 835, pl. 5. 1803. Actinocyclus Ralfsii VAN HEURCK, Synopsis, p. 215, pl. 123, fig. 6. 18900. Actinocyclus Ralfsit RATTRAY, p. 155. 1899. Actinocyclus Ralfsii VAN HEURCK, Traité, p. 523, pl. 23, fig. 658 et fig. 270, dans le texte. CARACTÈRES. — Valve circulaire à membrane épaisse, plane dans sa partie médiane, courbe sur le bord, garnie d'un pseudo-nodule submarginal et de nombreuses petites épines marginales soulignant les faisceaux de ponctuations radiantes, qui n’aboutissent pas toutes au centre et laissent conséquemment des MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 63 lignes hyalines rayonnantes de longueur inégale, à partir du centre, où l’on ne voit que quelques ponctuations éparses. La bordure déclive est plus finement radiée. La diffraction et la dispersion des rayons lumineux, qui en traversent la fine texture, y déterminent des phénomènes d’iridescence très sensibles à un faible grossissement. FiGures. — Figure 10. Vue valvaire. — #, pseudo-nodule. Figure 11. Vue latérale d’un frustule de même dimension. — e, épines margi- nales. OBSERVATIONS. — Nous n'avons pas rencontré dans le microplankton de la Mer flamande la forme typique, représentée par VAN HEURCK, de cette espèce. Celle que nous figurons s'en rapproche par l'éparpillement des ponctuations centrales et l'apparition de travées hyalines rayonnantes; mais celles-ci ne sont pas aussi manifestement marquées que dans la figure de Van Heurcx. L' aspect, à un faible grossissement, est cependant assez différent de l'espèce suivante, Achnocyclus Ehrenbergrii, pour légitimer une distinction entre les deux, qui est peut- -être plus apparente que réelle et que nous ne trouvons pas opportun de discuter 1c1. Cette forme est en tous cas plus rare que la suivante, avec laquelle elle se trouve fréquemment mélangée. Actinocyclus Ehrenbergii Rarrs. (PEU HE r21etrr3") BIBLIOGRAPHIE. 1861. Actinocyclus Ehrenbergii RALFS, dans Pritchard, p. 834. 1883. Actinocyclus Ehrenber gii V AN HEURCK, Synopsis, p. 215, pl. 123, fig 7. 18900. Actinocyclus Ehrenbergii RATTRAY, p. 173. 1899. Actinocyclus Ehrenbergii VAN HEURCK, Traité, p. 523, pl. 23, fig. 650. CARACTÈRES. — Valves pareilles à celles de l'espèce précédente, mais à ponc- tuations plus rapprochées et ménageant des stries hyalines moins larges, plus courtes, subulées vers le centre et dessinant, à un faible grossissement, plusieurs Zones concentriques. La figure que nous en donnons ne traduit pas assez ce caractère. On observe très fréquemment des spécimens dont les valves sont parsemées de taches hyalines plus ou moins abondantes. La réfraction des rayons lumineux qui traversent la trame délicate de ces objets y détermine des phénomènes d'irisation très vive, où dominent les teintes du vert au violet, en passant par le bleu, qui, g généralement, est le plus largement représenté. 64 ALPH. MEUNIER. FiGurEs. — Figure 12. Vue valvaire d’un spécimen de dimensions moyennes. — n, pseudo-nodule. Les stries hyalines subulées n’y apparaissent pas avec assez d’évidence. On remarquera les taches qui parsèment la surface de la valve et qui ne consti- tuent qu’un caractère accidentel. Figure 13. Vue valvaire d'un spécimen de petit calibre. — #7, pseudo-nodule. OBSERVATIONS. — Dans la mesure de nos observations, nous devons émettre des doutes au sujet de la distinction réelle des deux formes A. Ralfsii et Ehren- bergii. Ne sont-ce pas plutôt deux variantes extrêmes d'un même type spécifique dont l'aspect varie d’après la dimension, l'épaisseur de la membrane, la profon- deur des ponctuations, le rapprochement variable de celles-ci et, conséquem- ment, l’accentuation des stries hyalines rayonnantes et leur effet optique à un faible grossissement? Ces particularités influent aussi sur la nature des teintes d'irisation et leur distribution sur les différentes aires concentriques de la valve. Sous ce dernier rapport, on trouve tous les intermédiaires dans une collection de spécimens soumis à l'observation dans les mêmes conditions d’enrobage. Quoiqu'il en soit, cette dernière forme A. Æhrenbergir est en tous cas plus commune que la précédente dans les eaux belges, où les produits de pêche planktonique en présentent souvent des spécimens plus ou moins nombreux, indépendamment des saisons. GENRE COSCINODISCUS EMHRENBERG. Valve disciforme, ponctuée ou celluleuse, dépourvue de côtes, de cloisons ou d’appendices quelconques, sauf parfois quelques dents minuscules. Coscinodiscus radiatus EHRENBERG. (PI, XIII, fig. 19 à 24.) BIBLIOGRAPHIE. 1839. Coscinodiscus radiatus EHRENBERG, p. 148, pl. 3, fig. 1 a-c. 1902 Coscinodiscus radiatus GRAN, p. 166. 1905. Coscinodiscus radiatus JÜRGENSEN, p. 92. 1910. Coscinodiscus radiatus MEUNIER, p. 276, pl. XXX, fig. 38 à 40. CARACTÈRES. — Valves plates à structure alvéolaire manifeste, dont les mailles généralement hexagonales et rayonnantes ont sensiblement la même grandeur sur toute la surface de la valve, sauf sur le bord de celle-ci, où elles MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 65 deviennent notablement plus petites. Dans les petits spécimens la disposition rayonnante des alvéoles est moins accusée. La vue suturale, qui est très étroite dans les grands individus, s’élargit notablement dans les plus petits et se montre alors ornée de cercles distancés. Frqures. — Figure 19. Vue valvaire d’un spécimen de grandes dimensions. Figure 20. Vue suturale de deux frustules issus d’une division récente. Figure 21. Vue valvaire d'un spécimen beaucoup plus petit, dont les mailles beaucoup plus grandes au centre ont perdu leur disposition rayonnante. Figure 22. Vue suturale du même. Figure 23. Individu réduit aux dimensions minimales. Figure 24. Vue suturale, très élargie, du même. OBSERVATIONS. — Sous ses formes grandes et moyennes, c'est une des bonnes espèces de la Mer flamande. On l'y rencontre régulièrement en quantité dans le plankton, sauf pendant les mois les plus chauds : juin, juillet, août, où elle est plus rare, si ce n’est sur le littoral immédiat. Coscinodiscus oculus iridis EHRENBERG. (PI. XIII, fig. 18.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1883. Coscinodiscus radiatus, var. oculus iridis VAN HEURCK, Synopsis, p. 217. 1884. Coscinodiscus radiatus, var. borealis GRUNOW, pl. c, fig. 1. 1899. Coscinodiscus radiatus, var. oculus iridis VAN HEURCK, Traité, p. 530. 1902. Coscinodiscus oculus iridis (sensu stricto) GRAN, p. 168. 1904. Coscinodiscus oculus iridis GRAN, p. 519, pl. 17, fig. 17 à 19. 1905. Coscinodiscus subbulliens JÜRGENSEN, p. 94, pl. 6, fig. 2 1910. Coscinodiscus oculus iridis MEUNIER, p. 275, pl. XXX , fig. 35 à 37. CARACTÈRES. — Valves circulaires, renflées, grandes, solides, à structure alvéolaire, à mailles hexagonales sensiblement égales, disposées radialement et dessinant, en outre, des courbes héliçcoïdales qui se recoupent en tous sens. Rosette de mailles plus grandes au centre. Pas d'iridescence. À La profondeur des alvéoles, corrélative de l'épaisseur de la membrane, fait prendre à celle-ci des aspects différents suivant la mise au point. Au fond de chaque alvéole on aperçoit un petit trou rond et, si l'on abaisse davantage l'objectif, on voit se dessiner une structure très finement ponctuée, qui tient au renforcement lumineux des nœuds des mailles. | Bande suturale épaisse, marquée d’un couple d’anneaux sur la partie cylin- drique de chaque valve. 9 66 ALPH. MEUNIER. FiGurE. — Figure 18. Vue valvaire, à structure alvéolaire profonde, dont le fond des alvéoles apparaît comme une grosse ponctuation. OBSERVATIONS. — Cette espèce ne s’observe qu'assez rarement dans le plankton des eaux belges. On la distingue aisément de la précédente par la forme bombée des valves et leurs dimensions plus grandes. Nous y rattachons la forme Asteromphalus, qui s'en distingue à peine dans les observations cursives faites sur le frais. Coscinodiscus excentricus EHRENBERG. (PI XIIT Ho 25iet20) BIBLIOGRAPHIE 1839. Coscinodiscus excentricus EHRENBERG, P. 146. Coscinodiscus excentricus À. SCHMIDT, Atlas, pl. 58, fig. 46 à 49. 1883. Coscinodiscus excentricus VAN HEURCK, Synopsis, p. 217, pl. 130, fig. 4, 7 et 8. 1899. Coscinodiscus excentricus VAN HEURCK, Traité, p. 531, pl. 23, fig. 666. 1910. Coscinodiscus excentricus MEUNIER, p. 277, pl. XXX, fig. 41 à 43. CARACTÈRES. — Valves circulaires, plates, pourvues sur le bord d’une cou- ronne de petites épines peu visibles dans l’eau et couvertes, sur toute la surface, d'un réseau de mailles assez fines, hexagonales, non radiantes. Celles-ci sont engendrées par plusieurs systèmes de lignes plus ou moins Courbes et excen- triques qui se coupent sous des incidences variables, mais rapprochées de 60°. Paraît jaunâtre à un faible grossissement, par diffraction des rayons lumineux. Frustules isolés ou géminés, cylindriques, discoïdes, à valves un peu chan- frénées sur les bords. Bande suturale dépourvue de structure remarquable FrGures. — Figure 25. Vue valvaire de dimensions ordinaires. Figure 26. Vue suturale de frustules géminés, issus d'une division récente. OBSERVATIONS. — Bonne espèce de l1 Mer flamande, au même titre que C. radiatus, qu'elle accompagne toujours ct lutte d'abondance avec elle. Rappelons qu'elle peut être confondue, dans ses petits représentants, avet Thalassiosira decipiens, dont la structure est sensiblement la même. Notons encore que la rectification accidentelle des lignes excentriques qui se coupent pour former les alvéoles engendre la forme C. lineatus EHRENBERG, qui perd ainsi la spécificité que lui accordent beaucoup d'auteurs, VAN HEURCK, entre autres, 7ratté, page 532. Nous avons signalé, en outre, en 1910, l’analogie fréquente entre cette dernière forme et etais échantillons de Coscinosira polychorda (GRAN), page 281, pl. XXXI, fig. 4. Mais cette espèce n'existe pas dans nos eaux. a MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 67 Coscinodiscus lacustris GRUNOWw. (EE RNIT He ra et rs.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1853. Cyclotella punctata W. SMITH. 1884. Coscinodiscus lacustris GRUNOW, p. 33, pl. D, fig. 300 1885. Coscinodiscus lacustris VAN HEURCK, Synopsis, p. 218, Atlas supplément, pl.C, fig. 42. 1899. Coscinodiscus lacustris VAN HEURCK, Traité, p. 533, pl. 23, fig. 660. 1910. Coscinodiscus lacustris MEUNIER, p. 274, pl. XXX, fig. 33 et 34. CARACTÈRES. — Valves orbiculaires, à surface ondulée, à bord muni de très petites épines rapprochées, peu visibles. Ponctuations fines, disposées en séries radiantes, divisées dichotomiquement. Zone suturale cylindrique, droite. FiGures. — Figure 14. Vue valvaire d'un spécimen de grandeur moyenne. Hieure.15. Vue suturale, laissant voir l’ondulation des valves qui n’entraîne pas l’ondulation de la zone connective OBSERVATIONS. — Espèce d'eau saumâtre, très fréquente sur le littoral belge. Les pêches planktoniques effectuées sur les côtes maritimes la reprennent très souvent en quantité dans les eaux salées, où elle continue à végéter quelque temps. Coscinodiscus subtilis EHRENBERG. (SO EME EE) SMNONVMMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1841. Coscinodiscus subtilis EHRENBERG, p. 412, pl. 1, I, fig. 18, pl. 3, VIE, fig. 4. Odontodiscus subtilis, d'après une plaque microscopique de J. D. MôLLER. 1884. Coscinodiscus subtilis GRUNOW, p. 29, pl. C, fig. 26. 1885. Coscinodiscus subtilis VAN HEURCK, Synopsis, p. 218, pl. 131, fig. 4. 1899. Coscinodiscus subtilis VAN HEURCK, Traité, p. 532, pl. 34, fig. 9o1. CARACTÈRES. — Valves circulaires, bombées, décorées d'alvéoles petites qui prennent, dans certains milieux d' enrobage, l'aspect de ponctuations disposées en séries fasciculées, toutes parallèles, dans “chaque fascicule, à la ligne médiane de celui-ci. On en connaît dans nos eaux deux variétés qu'il n'est pas toujours aisé de distinguer, à frais, au cours des observations planktoniques. Var. VNormannii GREGORY, à valves dépourvues d'épines près du bord. 68 ALPH. MEUNIER. Var. Æofhit GRUNOW, à valves pourvues, au bord, d'épines très petites, placées au milieu de chaque fascicule. FiGures. — Figure 16. Vue valvaire, avec l'aspect alvéolaire qu’elle présente en milieu peu réfringent. Figure 17. Autre vue valvaire prenant un aspect ponctué dans un milieu très réfringent. L'exécution graphique de ces figures manque du réalisme qu'il est difhcile de leur donner à cause de la finesse des détails. OBSERVATIONS. — Cette espèce est assez rare dans les eaux belges, comme forme planktonique vivante. On l'observe plus fréquemment à titre d'épave sédi- mentaire, dans les eaux troublées par les remous. Coscinodiscus concinnus W. SurrH. PRIE ie sotetaue) PBTIBELOGRAPEANME 1856. Coscinodiscus concinnus W. SMITH, Synopsis IT, p. 85. 1858. Coscinodiscus concinnus ROPER, p. 20, pl. 3, fig. 12. 1883. Coscinodiscus radiatus, var. concinnus VAN HEURCK, Synopsis, p. 217. 1899. Coscinodiscus radiatus, Var. concinnus VAN HEURCK, Traité, p. 531. 1902. Coscinodiscus concinnus GRAN, p. 168. 1903. Coscinodiscus concinnus OSTENFELD, p. 566, fig. 122. 1905. Coscinodiscus concinnus JORGENSEN, P. 93. 1910. Coscinodiscus concinnus MEUNIER, p. 278, pl. XXX, fig. 44. CARACTÈRES. — Espèce très grande et aussi très fragile. Valves circulaires, renflées, couvertes d'un très fin réseau de mailles disposées radialement autour d'une aire centrale marquée de mailles plus grandes, mais parfois plus ou moins Re Petites épines submarginales séparant des fascicules de rangées de mailles Face suturale cylindrique, hyaline, marquée de quelques anneaux peu accusés. Chromatophores petits, nombreux, pariétaux. FIGURES. — Figure 30. Vue suturale d'un spécimen de dimensions ordinaires. 3 P Figure 31. Vue valvaire du même. — e, épines submarginales. OBSERVATIONS. — Espèce assez rare dans la Mer flamande, où ses apparitions 3 sont intermittentes, particulièrement dans les eaux du littoral. On l'y observe parfois en quantité, principalement dans l’Escaut. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 69 Sa fragilité ne va pas jusqu'à ne la présenter généralement qu'en fragments, comme dit VAN HEURCK; mais la vérité est qu'elle résiste difficilement aux manipulations de laboratoire. Dans les produits bien fixés de pêche planktonique, les spécimens gardent bien leur intégrité de forme, mais leurs grandes dimensions font qu'ils s'écrasent aisément sous le couvre-objet. Coscinodiscus Granii Goucx. (PI. XIII, fig. 27 à 20.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE 1894 Coscinodiscus concinnus MIQUEL, pl. 8, fig. 10 et 13, non W. SMITH. 1903. Coscinodiscus nov. spec. GOUGH, Bulletin du Conseil permanent international, 1902- 1902, 10; p 224: 1905. Coscinodiscus Granti GOUGH, dans « The Marine Biological \ssociation’s international Investigations », Report I. CARACTÈRES. — Frustules en forme de coin, grâce à l'inégalité de largeur de la zone suturale et au renflement excentrique de deux valves dont le point culmi- nant est plus rapproché du côté le plus large de la bande suturale. Valves circulaires, fragiles, assez grandes, couvertes d'un fin réseau de mailles disposées radialement et groupées, à la périphérie, en fascicules dont la distinction est soulignée par autant de petites épines. Les mailles centrales sont un peu plus grandes. L'aspect valvaire est analogue à celui de C. Concinnus, bien que la structure en soit généralement plus fortement accusée. Néanmoins, la ressemblance est assez grande pour expliquer la méprise des auteurs qui ont identifié les deux espèces. Les dimensions de C. Granit sont cependant plus petites et l'examen de la face suturale sufht dans tous les cas à lever les doutes. Chromatophores nombreux et pariétaux. FIiGurEs. — Figure 27. Aspect d’une valve circulaire, ornée d’une structure finement réticulée, à mailles plus grandes au centre, plus petites ailleurs, et formant à la périphérie des fascicules de rangées radiantes dont la distinction est marquée par de petites épines, e. Figure 28. Vue suturale d’un spécimen de petites dimensions, montrant son profil cunéiforme et la disposition interne des chromatophores, c4. Figure 29. Frustules géminés, issus d’une division récente et maintenus ensemble par les bandes suturales, c, dépourvues d'anneaux, de la cellule mère. — €, épines submarginales. OBSERVATIONS. — Assez commune dans les eaux belges pendant les mois d'automne et d'hiver; cette espèce est parfois abondante, mais il lui arrive aussi de subir des éclipses totales. 70 ALPH. MEUNIER SOUS-FAMILLE Il. — RAPHIDÉES et SOUS-FAMILLE III. — PSEUDO-RAPHIDÉES. Les Diatomacées de ces deux sous-familles ou, si l’on veut, des Pennatae d'autres auteurs, sont-pour la plupart, comme on sait, des organismes d’eau douce. L'adhérence d’un grand nombre d’entre elles à des objets immergés leur enlève tout caractère planktonique. D'autres espèces sont libres; les unes vivent au fond des eaux peu profondes, sur le sol, ou forment, à la surface, une sorte d'écume de couleur brune où elles sont soulevées et soutenues par d’autres algues, particulièrement des Cyanophy- cées; des Oscillariées notamment. Leurs petites dimensions habituelles, leur silicification intense les ramènent au fond, des eaux dès qu'elles manquent d’un flotteur étranger de quelque nature que ce soit. Un petit nombre seulement, grâce à des artifices de groupement en colonies, peuvent mener la vie errante en pleine eau et méritent le nom d'organismes planktoniques. Parmi ces dernières, un certain nombre sont exclusivement marines et ne s’observent jamais que dans les eaux salées. D'autres sont saumâtres et sont faci- lement entraînées dans le grand réservoir marin par l'écoulement des eaux qui constituent leur milieu normal. On rencontre même accidentellement des espèces: d'eau douce dans le milieu marin, où elles ont dévalé avec les cours d'eau. Sur le littoral, particulièrement au voisinage des fleuves et des canaux, on rencontre assez bien de ces formes dont on ne saurait dire toujours si elles sont là dans leur milieu naturel ou si elles n’y constituent que des produits d'importa- tion. Aussi ne mentionnerons-nous que celles qui se retrouvent le plus habituel- lement dans les produits de pêche planktonique exécutée plus au large de la Mer flamande, sans nous enquérir des circonstances qui les y ont amenées. Aussi bien ces espèces ont, pour la plupart, été décrites par H. Van HEURCK. Nous ferons connaître celles qui lui ont échappé et nous rappellerons les autres en signalant, à l'occasion, des particularités de structure plus ou moins intéressantes. GENRE STAUROPSIS MEUNIER. Nous avons proposé ce genre, dans un précédent travail, en 1910, pour grouper certaines formes planktoniques qui restent associées en ruban, à la façon des #ragtilaria et qui présentent des caractères hybrides de Stauroneis et de Navicula. Leur caractère le plus apparent est la présence, sur les valves, d'un trait plus MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE,. 71 fort qui coupe transversalement le raphé, en formant avec lui une croix centrée bien distincte, mais non soulignée par une aire hyaline ni par un épaississement notable de la membrane. Tout le reste de la valve est couvert de stries délicates transversalement disposées. [1 n'y a donc pas de stauros, au sens vrai du mot. Stauropsis membranacea (CLEVE) MEUNIER. CPPEINE Ge 1 40 :) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1897a. Navicula membranacea CLEVE, p. 24, pl. 2, fig. 25 à 28. 1910 Sfauropsis membranacea MEUNIER, p. 319, pl. XXXIII, fig. 37 à 40. Oo CARACTÈRES. — Colonie rubanée de cellules d'aspect rectangulaire, associées par le milieu de leur face valvaire, qui a la forme d'un fuseau aux extrémités subaiguës. Cette face laisse voir, même dans l'eau, le raphé coupé transversale- ment par une strie médiane assez forte : un pseudo-stauros. La fine striation qui couvre le reste de la valve n'apparaît qu'à sec. Vers les angles des frustules, on aperçoit, à l’intérieur, un réseau réfringent, à mailles petites et irrégulières, d’une substance qui paraît être de même nature que la membrane cellulaire elle-même et qui résiste comme elle à l’action des dissolvants du cytoplasme. Noyau central, maintenu en place par un cylindre de protoplasme dense, disposé perpendiculairement au plan sagittal de la colonie, suivant le petit axe des frustules. D'autres cordons protoplasmatiques plus ténus parcourent la cavité cellulaire, au sein d'un liquide abondant. Chromatophores en forme de rubans étroits, méandriques, plissés, souvent ramifiés, au nombre de quatre, fixés contre la paroi suturale des frustules et disposés par couples de chaque côté du plan sagittal. Ceux qui sont visibles d’un côté de la cellule ont leurs symétriques du côté opposé. PHÉNOMÈNES DE CYTODIÉRÈSE. — Au moment de la division cellulaire, les chromatophores qui, dans la cellule au repos, présentent leur maximum d’expan- sions méandriques, se contractent beaucoup et se disposent en deux rubans longi- tudinaux aux côtés du noyau en division, de manière à réduire momentanément à deux le nombre des rubans dans chaque cellule fille. Plus tard chacun d'eux s’allonge, redevient méandrique et subit enfin une division transversale qui rend aux cellules leur aspect primitif. FIGURES. — Figure 1, pl. XIV. Fragment de colonie rubanée montrant : En @&, une cellule au repos, avec quatre chromatophores rubanés, très déve- loppés en de nombreux méandres, dont deux seulement visibles du côté de 72 ALPH. MEUNIER l'observateur. Les deux autres leur sont symétriques et sont situés du côté opposé. En à, une cellule en division, avec, du côté visible, deux chromatophores longitudinaux, contractés, trapus, rapprochés du centre du frustule et s’ y côtoyant longuement avant de rejeter leurs bouts libres vers l'extérieur. nd, noyau en division dont les produits sont déjà séparés par les nouvelles valves cellulaires ébauchées. En c, deux cellules filles issues d'une division récente et présentant dans chacune d'’ elles, du côté reproduit, un seul chromatophore. Celui-ci prend déjà de l'extension en formant des anses qui sont symétriques dans les deux frustules par rapport au plan de leur division. Cet élément se subdivisera plus tard à son tour transversalement pour rendre aux cellules adultes l’aspect qu’elles présentent en «a. Il est bien entendu que les chromatophores figurés ont leurs similaires du côté opposé qui n'a pu être reproduit sans amener de la confusion dans les dessins. nd, noyau divisé; c, chromatophore; x, réticulum réfringent qui s’observe toujours sous les angles des frustules. Figure 2. Coupe optique transversale d’une cellule adulte montrant, outre les méandres des chromatophores blottis contre la membrane, le noyau central, , et le réticulum réfringent développé sous les angles subaigus, x: Figure 3. Fragment de colonie de deux cellules adultes plus larges et moins longues que les précédentes, conformément à la loi de tendance à la persistance du volume, qui s'applique d’une manière générale à toutes les Diatomacées. Figure 4. Vue valvaire, avec le raphé longitudinal coupé en son milieu par une forte strie qui s'aperçoit dans tous les milieux. On y remarque, en outre, d’autres stries plus faibles, serrées, parallèles à la ligne médiane, qui n'appa- raissent qu'à sec. Figure 5. Vue latérale d’une cellule dépourvue de son contenu. — s, pseudo- stauros visible même sur les frustules observés dans le milieu conservateur des pêches planktoniques. OBSERVATIONS. — Cette intéressante espèce est seule représentative dans nos eaux belges du genre Séauropsis que nous avons proposé, en 1910, pour grouper d'assez nombreuses espèces propres aux mers boréales et que les auteurs rappor- tent soit au genre Sfauroneis, soit au genre Vavwrcula, sans bonnes raisons sufh- santes. C'est une des bonnes espèces planktoniques de la Mer flamande, où elle s'observe souvent en assez grande abondance, surtout pendant les mois d'hiver. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 7 Les] GENRE NAVICULA (sENsu LATo) Bory. Valves semblables, divisées symétriquement par le raphé, à trois nodules en ligne droite, dont un médian. Frustules libres ou réunis dans une substance muqueuse, rarement réunis en bande. Endochrome divisé en deux lames reposant sur chacun des côtés de la zone. SOUS-GENRE SCHIZONEMA AGARDH. Navicules non libres. Frustules naviculacés, renfermés dans des tubes ou des frondes mucoso-gélatineux. Schizonema mucosa Sp. nov. (PI. XIV, fig. 6 et 7.) C’est à ce groupe de Schizonema que nous croyons devoir rapporter, sur l'avis de VAN HEURCK auquel nous nous sommes référé à ce sujet, la petite forme planktonique dont il y a lieu de dire un mot ici, eu égard à la place qu’elle occupe dans les eaux marines belges et à l'absence de son signalement chez les auteurs antérieurs. Disons d’abord que cette petite forme ne se signale à l'attention que par la forme de ses colonies. Celles-ci, très petites, libres, globuleuses ou verruqueuses, comprennent un nombre restreint d'individus de dimensions sensiblement égales dans une même colonie, mais de dimensions variables d’une colonie à une autre. La gangue mucoso-gélatineuse, qu'elles forment et dans laquelle se déve- loppent en tous sens les individus généralement associés par paires, est ferme, coriace, élastique, difficile à déformer sous la pression, plus difhcile encore à attaquer par des réactifs capables de la faire disparaître, sans attaquer en même temps le cytoderme des frustules' qui, étant presque dépourvu de silice, est d'une fragilité extrême. Ceux-ci ont une forme elliptique et paraissent dépourvus de structure visible. L'incinération, de même que Île traitement par l'hyposulfite de potasse sur le porte-objet, n'a pour résultat que de déformer les colonies, sans fournir des éléments d'appréciation sur la structure du cytoderme de cet organisme insaisis- sable autrement que sous la forme coloniale. Aussi, est-ce sous cette forme que nous le reproduisons dans les figures 6 et 7, de manière à marquer les écarts de grandeur des frustules agrégés. 10 74 ALPH. MEUNIER. FIGURES. — Figure 6. Fronde de dimensions moyennes, avec individus de dimensions presque maximales. Figure 7. Fronde très petite, avec individus de dimensions minimales. OBSERVATIONS. — Les colonies de cette curieuse espèce paraissent particuliè- rement abondantes, dans les eaux marines belges, dans la dernière moitié de l'année. Elles constituent alors parfois un des éléments importants des pêches planktoniques. Il n'y a pas lieu de tenir compte d’autres espèces de Schizonema, dont les frondes fixées aux brises lames, aux digues ou aux estacades sont accidentelle- ment arrachées, lors des gros temps, et que l’on peut souvent repêcher sur le littoral immédiat. Ces fragments doivent tomber assez vite au fond des eaux, car. on ne les retrouve jamais flottants au large. SOUS-GENRE NAVICULA (SENSU STRICTO). Naviculées à frustules libres, non renfermés dans des frondes mucoso-gélati- neuses. Nombreuses sont les espèces de Vavicula marines, d'eau saumâtre et même aussi d'eau douce, que l'on rencontre accidentellement dans les pêches de plankton. Elles y sont néanmoins toujours très rares et ne contribuent jamais à donner un facies particulier aux produits planktoniques. Grâce à la longue durée de nos observations, nous en avons toutefois recensé un nombre considé- rable. Mais, comme ces espèces sont parfaitement connues d'ailleurs et ont été minutieusement décrites par VAN HEURCK, dans son traité des Diatomées, il serait vain d'en faire à nouveau l'exposé. Aussi bien, elles n'ont pas le caractère planktonique qui pourrait leur revendi- quer une place ici. Remuées par les flots, entraînées par les courants violents, elles flottent à la façon des fines particules minérales dont l'abondance caractérise, presque en tout temps, les produits de pêche au filet fin de la Mer flamande. Les eaux peu profondes ; y sont rarement dépourvues de toute trace de matières sédimentaires. Mais c’est particulièrement dans la partie ouest, du côté qui regarde l'Angleterre, que ces mauvaises conditions s'exagèrent. Là, les pêches au filet fin ne ramènent guère que des produits limoneux, du sable, des formes sque- lettiques d'organismes morts, des excréments de petits crustacés et de rares organismes vivants, vraiment planktoniques. C'est parmi ces produits hétérogènes que se signalent le plus aisément les formes variées de Navicules et autres, réduites le plus souvent à l'état de cyto- derme vide et traitées comme matière sédimentaire. Nous nous sommes contenté d'en figurer trois Lypes, appartenant aux espèces marines, et choisis parmi les plus remarquables, pour ménager dans nos planches la place qui revient aux espèces plus essentiellement planktoniques. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 75 Pour les autres, nous renvoyons au magistral ouvrage de VAN HEURCK, où on les trouvera systématiquement classées et décrites. Navicula crabro EHRENBERG. (PL. XIV, fig. 8.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1854. Vavicula crabro EHRENBERG, pl. XIX, fig. 20. 1883. Vavicula crabro VAN HEURCK, Synopsis, pl. 9, fig. r. 1895. Diploneis crabro CLEVE, I, p 100. 1899. Vavicula crabro VAN HEURCK, Traité, pl. 3, fig. 144. CARACTÈRES. — Valve grande, panduriforme; raphé entouré d’une zone hyaline ; nodule médian carré, robuste ; sillons étroits, très rapprochés, droits, un peu infléchis aux extrémités. Côtes divergentes à la partie médiane, radiantes aux extrémités, présentant entre elles deux rangées de ponctuations. FiGure. — Figure 8. Vue valvaire. OBSERVATIONS. — Les produits de pêche planktonique présentent accidentelle- ment des formes qui se rattachent au type V. crabro et qui diffèrent par des particularités de forme et de structure. Nous en figurons un seul spécimen type d'assez grandes dimensions, négligeant les autres modalités diverses signalées du reste par VAN HEURCK, dans son traité. Navicula Smithii BRÉBISSON. CRIE IV 90) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1853-1856. Vavicula Smithii W. SMITH, Synopsis, vol. IT, p. 92. 1883. Vavicula Smithit VAN HEURCK, Synopsis, pl. 9, fig. 12 et supplément fig. 1899. Vavicula Smithii VAN HEURCK, Traité, p. 107, pl. 4, fig. 151. 1910. Vavicula Smithii MEUNIER, p. 351, pl. XXXVI, fig. 21. LS) #2) CARACTÈRES. — Valves largement elliptiques, à extrémités obtuses, un peu arrondies. Nodule médian grand, nodules terminaux n’atteignant pas l'extrémité de la valve. 76 ALPH. MEUNIER. Raphé entouré d'une zone hyaline assez large, bordée à son tour de sillons plus larges au centre que vers les extrémités. Côtes rayonnantes bien marquées, séparées par deux rangées de ponctuations. Ficure. — Figure 9. Vue valvaire. OBSERVATIONS. — On ne peut considérer cette espèce ni les formes voisines comme un élément constitutif habituel du plankton de la Mer flamande; on ne l'y rencontre, en eflet, qu'à titre exceptionnel, de même que la précédente N. crabro et la suivante W. Lyr a. Navicula Lyra EHRENBERG. (PI. XIV, fig. 10.) BIBLIOGRAPHIE. 1844. Vavicula Lyra EHRENBERG, dans KÜTZING, Bacillares, p. 94, pl. XX VIII, fig. 55. 1883. Vavicula Lyra VAN HEURCK, Synopsis, pl 10, fig. 1 et 2 1899. Vavicula Lyra VAN HEURCK, Traité, p. 202, pl. 4, fig. 161. CARACTÈRES. — Valves elliptiques, à bords latéraux parallèles et à terminaison triangulaire, marquées des deux côtés du raphé de striations presque perpendicu- laires, formées de fines ponctuations et interrompues, de chaque côté, par un sillon hyalin incurvé vers le milieu, où il rejoint l’espace staurosiforme qui se développe au niveau du nodule médian. Ces sillons convergent, d'autre part, vers les extrémités qu'ils n'atteignent pas. FIGURE. — Figure 10. Vue valvaire. OBSERVATIONS. — Nous avons reproduit l’une des nombreuses formes simi- laires que l’on observe accidentellement dans nos échantillons, à cause de sa physionomie un peu particulière. Nous ne la croyons pourtant pas distincte pour cela des variantes possibles de cette espèce, dont les spécimens plus normaux s'observent aussi rarement. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDH. 77 GENRE TOXONIDEA Doxkxin. Valves allongées, convexes, à côtés non symétriques; à stries décussées. Raphé arqué, à convexité dirigée vers le côté convexe de la valve. Frustules libres. Toxonidea insignis DONKIN. ŒIEIV fe or 14) BIBLIOGRAPHIE. Toxonidea insignis DONKIN, Micr. Journal, VI, fig. 21, pl. IL, fig. 2 1883. Zoxonidea insignis VAN HEURCK, Synopsis, pl. 17, fig. 10. 1899. Zoxonidea insignis VAN HEURCK, Traité, p. 247, pl. 5, fig. 256. CARACTÈRES. — Valves excentriques, à bord dorsal fortement convexe, à bord ventral droit ou très légèrement concave, à extrémités diminuées-rostrées. Raphé très arqué, divisant la valve en deux parties très inégales, chargées l’une et l’autre de stries décussées qui atteignent le raphé. Frustules plus renflés du côté dorsal qui abrite le noyau. Deux chromatophores rubanés, contournés au voisinage du noyau, dans leur partie médiane, et épanouissant leurs deux bouts vers les extrémités respectives de la cellule. FiGures. — Figure 11. Vue d’un des côtés d’un frustule, avec son contenu cytoplasmatique, ses deux chromatophores, cz; son noyau, #. Figure 12. Vue ventrale d’un frustule vide, montrant la forme étroitement linéaire de ce côté, en projection sur le renflement du côté dorsal. Figure 13. Vue de l’autre côté du frustule de la figure 11, montrant l’autre aspect des circonvolutions des chromatophores, cA; n, noyau. Figure 14. Vue valvaire. Aspect extérieur du cytoderme, avec son raphé arqué et les striations décussées qui le recouvrent. OBSERVATIONS. — Bien que assez rare dans les échantillons planktoniques de la Mer flamande, cette espèce en fait réellement partie. On l'y observe, en effet, en pleine végétation, témoignant ainsi d'une parfaite adaptation au milieu péla- gique. GENRE PLEUROSIGMA W. SMITH. Frustules naviculacés allongés, à valves plus ou moins sigmoïdes. Raphé plus ou moins sigmoiïde aussi. Stries décussées ou rectangulaires, atteignant à peu 7 ALPH. MEUNIER. près le raphé. Zone connective droite. Individus généralement libres, rarement renfermés dans des tubes muqueux. Nombreuses sont les formes de P/eurosigima que le filet fin ramène du large au milieu d'autres espèces vraiment planktoniques. Les unes y sont assez communes, les autres y apparaissent rarement et plusieurs parmi celles-ci, qui ne peuvent pas être identifiées à première vue, ne peuvent pas non plus, à cause de leur rareté dans le magma au sein duquel elles se trouvent, être traitées comme il Le faudrait pour mettre en évidence leurs caractères spécifiques. Qu'il nous suffise de repérer ici celles dont l'apparition dans nos échantillons est la plus commune et qui traduisent directement leurs notes caractéristiques, même dans l’eau, au cours des observations rapides. Pleurosigma balticum W. Surrx. (PER Gr EE7) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE 1853. Pleurosigma balticum W. Su1rH, Synopsis Brit. Diat. I, p. 66, fig. 14. 1883. Pleurosigma balticum VAN HEURCK, Synopsis, pl. 20, fig. 1. 1894. Gyrosigma ballicum CLEVE, Synopsis, [, p. 118. 1899. Pleurosigma balticum VAN HEURCK, Traité, p. 256. pl. 7, fig. 272 CARACTÈRES. — Valves peu sigmoïdes, atténuées, obtuses aux extrémités. Raphé plus sigmoïde. Stries longitudinales et transversales également espacées, bien visibles, même dans l’eau. Fr “ustules orands, libres. Deux chromatophores en forme de plaque déchiquetée et perforée, appliqués contre les faces suturales et débordant sur les valves. FIGURES. Figure 15. Vue valvaire d'un frustule pourvu de son contenu. — ch, chromaroghores vus par leur tranche; 7, noyau central. Figure 16. Vue suturale, montrant de face l'un des deux chromatophores, sous la forme d’une plaque déchiquetée sur les bords et perforée. — 7, noyau. Figure 17. Vue valvaire ornée d'un double système de stries perpendiculaires l’un à l’autre, aux deux côtés du raphé, 7. OBSERVATIONS. — Cette espèce, qui est si commune sur le littoral belge, est cependant assez rare comme forme planktonique au large. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE 79 Pleurosigma elongatum W. Surr. (PL: XIV, fig. 18 à 20) BIBLIOGRAPHIE. 1852. Pleurosigma elongatum W. SMITH, p. 6, pl. L, fig. 1853. Pleurosigma elongatum \\. SMITH, syn. Brit. . I, p. 64, pl. 20, fig. 190. 1883. Pleurosigma elongatum VAN HEURCK, Synopsis, pl. 18, fig. 7. 1890. Pleurosigma elongatum V AN HEURCK, Traité, p. 253, pl. 6, fig. 262. CARACTÈRES. — Valve lancéolée, sigmoïde, à stries croisées obliquement, à raphé passant à peu près par le milieu de l’ organe. Chromatophores en rubans diversement contournés et plissés, disposés sur la zone suturale. FiGures. — Figure 18. Vue valvaire d’un frustule, présentant l'aspect de ses deux chromatophores, cA, disposés sur les deux côtés et entourant le noyau, #, de leurs deux grandes anses médianes. Figure 19. Vue latérale d’un frustule en voie de division, montrant les deux produits de la subdivision du chromatophore tourné vers l'observateur. Nous avons négligé à dessein la figuration du second couple situé en dessous, sur le côté opposé. igure 20. Vue valvaire extérieure, montrant le système de stries obliques, qui décorent la valve, et le raphé qui la parcourt en tenant son milieu. OBSERVATION. — Cette espèce s'observe aussi fréquemment que la précédente dans nos échantillons de la Mer flamande. Elle est généralement en plein état de végétation et témoigne ainsi de son accoutumance à la vie pélagique. Pieurosigma decorum W. Surrx. (PIX Mig. 27.) BIBLIOGRAPHIE. 1853. Pleurosigma decorum W. SMITH, syn. Brit. Diat., p. 63, fig. 106. 1883. Pleurosigma decorum V AN HEURCK, Synopsis, pl. 19, fig. 1 1890. Pleurosigma decorum V AN HEURCK, Traité, p. 254, pl. 6, fig. 260. CARACTÈRES. — Valve étroitement lancéolée, fortement sigmoïde, à extré- 80 ALPH. MEUNIER. mités efhlées. Raphé fortement sigmoïde, partageant les extrémités de la valve en deux parties très inégales. Stries décussées, se coupant sous trois directions. FIGURE. — Figure 21. Vue valvaire. OBSERVATIONS. — Plus rarement observée que les précédentes, si ce n'est à l'état d'épave remuée par les eaux comme sédiment. Pleurosigma Hippocampus W. SurrH. (PI XIV, 822) BIBLIOGRAPHIE 1853. Pleurosigma Hiphocampus W. SMITH, syn. Brit. Diat., p. 68, fig. 213 1883. Pleurosigma Hiphocampus VAN HEURCK, Synopsis, pl. 20, fig. 3. 1899. Pleurosigma Hippocampus VAN HEURCK, Traité, p. 255, pl 7, fig. 270 CARACTÈRE. — Valve étroitement lancéolée, sigmoïde, beaucoup plus petite que les précédentes et couverte de stries perpendiculaires. Raphé médian. FIGURE. — Figure 22. Vue valvaire d'un frustule pourvu de 4 chromatophores longitudinaux, issus d’une division préalable à la division du frustule. — #, noyau. OBSERVATIONS. — Signalée fréquemment et peut être confondue souvent avec d’autres espèces présentant des dimensions et un facies analogue, dans le milieu conservateur, et non toujours expressément déterminées. Pleurosigma Fasciola W. Surrx. (PIX 9.237) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1853. Pleurosigma Fasciola W. SMrrH, syn. Brit. Diat., p. 67, fig. 211. 1383. Pleurosigma l'asciola VAN HEURCK, Synopsis, pl. 21, fig. 8. 1804. Gyrosigma Fasciola CLEVE, Synopsis, I, p. 116. 1899. Pleurosigma Fasciola VAN HEURCK, Traité, p. 258, pl. 7, fig. 281. CARACTÈRES. — Valve étroite, lancéolée dans sa partie médiane, à extrémités longuement acuminées-rostrées, fortement sigmoïdes, à rostres très étroits. Raphé centré. Stries perpendiculaires. Chromatophores rubanés, latéraux. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 8I Ficure. — Figure 23. Vue valvaire, avec l’endochrome, ck, et le noyau, 7. OBSERVATION. — Bien que cette espèce soit très commune dans les eaux saumâtres du littoral, il est rare d'en trouver des spécimens dans les produits de pêche planktonique au large. Pleurosigma angulatum W. Suirx. CHINE Ie 241et 25) B'RBIETOIGRANPIENRE 1853. Pleurosigma angulatum W. SMITH, syn. Brit. Diat. [, p. 65, fig. 205. 1883. Pleurosigma angulatum V AN HEURCK, Synopsis, pl. 18, fig. 2 à 4. 1894. Pleurosigma angulatum CLEVE, Synopsis, I, p. 40. 1899. Pleurosigma angulatum V AN HEURCK, Traité, p. 251, pl. 6, fig. 257, 258 et 250. CARACTÈRES. — Valves largement lancéolées, faiblement courbées, sigmoïdes, à partie médiane un peu anguleuse. Raphé faiblement sigmoïde. Stries décussées. Deux chromatophores latéraux, rubanés, à circonvolutions nombreuses vers le centre, particulièrement quand les phénomènes de divison sont proches. FIGURES. — Figure 24. Vue valvaire de la variété Aesfuartii, plus petite, à extrémités un peu diminuées-rostrées. — ch, chromatophores; #, noyau. Figure 25. Vue valvaire de la variété quadraturm, plus grande, plus large et plus quadrangulaire. OBSERVATION. — Ces deux variétss se rencontrent abondamment dans les eaux du littoral, là où elles jouissent d’un calme relatif, comme dans Îles ports et les bassins de chasse. On s'étonne de les voir s’écouler si peu au large. GENRE SURIRELLA Turpin. Valves cunéiformes, réniformes, elliptiques ou linéaires, parfois tordues, munies de côtes courtes ou atteignant le pseudo-raphé et d'une carène submargi- nale plus ou moins grande. Pseudo-raphé linéaire ou lancéolé, parallèle dans les deux valves. Face suturale montrant des ailes produites par la carène. Endo- chrome formé de deux lames appliquées sur les valves. II 82 ALPH. MEUNIER. Surirella gemma EHRENBERG, (PI. XIV, fig. 26.) BIBLIOGR'APATE" 1840. Surirella gemma EHRENBERG, p. 76, pl. 4, fig. 5. 1883. Surirella gemma VAN HEURCK, Synopsis, pl. 74, fig. 1 à 3. 1890. Surirella gemma VAN HEURCK, Traité, p. 372, pl. 13, fig. 582. CARACTÈRES. — Valves largement elliptiques, à côtes peu distantes, atteignant la ligne médiane, qui est étroite, et déterminant des compartiments inégaux occupés par de fines striations parallèles. Face suturale cunéiforme; ailes margi- nales très réduites, à peine visibles. Fiqure. — Figure 26. Vue valvaire. OBSERVATION. — Espèce marine, très répandue sur tout le littoral belge d'où elle est souvent entraînée par les flots et peut être repêchée au filet fin au large, mais généralement à l’état d'épave. Surirella ovalis BRÉBISSON. (PI. XIV, fig. 27.) BIBLIOGRAPHIE. 1883. Surirella ovalis VAN HEURCK, Synopsis, pl. 73, fig. 6. 1899. Surirella ovalis VAN HEURCK, Traité, p. 373, pl. 13, fig. 587. CARACTÈRES. — Petite forme, à valve ovale, à côtes marginales assez longues, convergentes vers le centre hyalin. Fines striations parallèles aux côtes. Vue suturale cunéiforme. FIGURE. — Figure 27. Vue valvaire de la variété ovata KÜTZING. OBSERVATIONS. — Cette petite forme s'observe fréquemment dans les produits planktoniques de la Mer flamande, mélangée à d'autres variétés de la même espèce. C'est la plus constante du genre Surrrella. Nous y avons aussi rencontré plusieurs fois S. s#zatula TURPIN, mais nous ne l'avons pas figurée, considérant sa présence dans le plankton comme trop acei- dentelle. Il en est de même de S. fastuosa EHRENBERG et de S. 7obusta EHRENBERG. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 83 GENRE LICMOPHORA AGARDH. Valves plus ou moins cunéiformes, à stries perlées, à pseudo-raphé bien apparent. Frustules cunéiformes, montrant des cloisons internes et fixés à d’autres objets, avec ou sans stipe. Endochrome granuleux, épars à la surface interne des frustules. Plusieurs espèces habitent nos eaux saumâtres et même nos eaux marines, fixées sur les corps immergés : jetées, estacades, etc., et même sur des organismes macroplanktoniques ; il est étonnant que les pêches au filet fin n'en retrouvent pas plus souvent dans les eaux du littoral, tout au moins. Les rares spécimens rencontrés sont difhciles à déterminer à cause de leur isolement des colonies dont ils faisaient partie et de l'impossibilité, vu leur rareté au milieu du fouillis d’autres formes, de les traiter convenablement pour mettre en valeur leur caractère spécifique. Nous avons, néanmoins, figuré l'espèce anglica GRUNow, figure 28, pour en montrer un frustule parasité par un Olpidium, 0, que nous considérons, jusqu'à plus ample information, comme identique à celui qui s'attaque à beaucoup d'autres Diatomées marines. Nous reproduisons, en outre, Z. Lyngbyr GRUNOW, figures 29 et 30, montrant, d'une part, un frustule en vue latérale, pourvu de son endochrome granuleux et, d'autre part, la vue valvaire. GENRE GRAMMATOPHORA EHRENBERG. Face latérale rectangulaire, allongée, à angles arrondis, montrant deux paires de fausses cloisons généralement ondulées ou courbées et aussi deux rudiments de cloisons provenant d’un prolongement interne des valves. Valve linéaire ou elliptique, en général, finement ponctuée, à pseudo-raphé difficilement visible, mais munie de nodules terminaux. Frustules réunis en colonies zigzaguées. Endochrome granuleux, épars. Les deux espèces de ce genre qui sont communes dans les eaux saumâtres de la Belgique ne sont pas réellement planktoniques, mais s'observent, néan- 84 ALPH. MEUNIER. moins, accidentellement dans les produits de pêche au filet fin : assez souvent Gr. marina KÜTZING var. vulgaris où Gr. oceanica var. vulgaris GRUNOW, figure 32, dont les colonies abondent dans certaines eaux du littoral. ét, plus rarement, G7. serpentina EHRENBERG, figure 31. GENRE ACHNANTHES Borx. Valves naviculoïdes dissemblables, à raphé droit. Valve supérieure n'ayant qu'un pseudo-raphé sans nodules, valve inférieure ayant un vrai raphé et des nodules médian et terminaux. Frustules à face suturale courbée en genou; individus solitaires, géminés ou réunis en bande et fixés souvent par un stipe visible. Endochrome formé de deux lames dont l’une, très épaisse, est appliquée contre l’une des deux valves, tandis que l’autre, plus mince, reste indépendante. Plusieurs espèces de ce genre s’observent accidentellement dans le micro- plankton de la Mer flamande, particulièrement les plus grandes : A. longipes AGARDH et À. drevipes AGARDH, qui, même à l’état de grande rareté, se font remarquer, à première vue, au milieu du fouillis des formes vraiment plank- toniques. Nous avons figuré À. /ongipes AGARDH, figure 33, l'espèce la plus fréquem- ment observée. Elle diffère de sa congénère par la présence, entre les côtes transversales, de deux rangées de perles, au lieu d’une seule. GENRE RHABDONEMA KürzInG. Valves lancéolées ou linéaires, à pseudo-raphé distinct, à extrémités générale- - ment lisses, munies de côtes ou de perles robustes. Face suturale montrant de nombreuses fausses cloisons. Frustules réunis en filaments rubanés et courtement stipités. Par leur stipe, les espèces du genre sont forcément sédentaires, maïs leurs éléments dissociés, isolés ou encore groupés en série, s’observent parfois dans les eaux au large, où ils Hottent momentanément et peuvent être repêchés. Nous ne figurons que À. minutum KUTzING, figures 34 à 36, pl. XIV. K MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. (0) un Ficures. — Figure 34. Fragment de colonie rubanée, présentant, en 4, un individu normal; en &, un individu en division, en d. Figure 35. Vue valvaire. Figure 36. Coupe transversale optique montrant les fausses cloisons internes. GENRE STRIATELLA AGarDH. Valves lancéolées, munies d'un pseudo-raphé ordinairement apparent, dépour- vues de côtes, mais très finement striées. Face suturale montrant un grand nombre de cloisons. Frustules associés par un angle, en colonie zigzaguée et longuement stipitée. Endochrome granuleux, rayonnant autour du noyau. L'espèce S. unipunctala AGARDH, que nous avons reproduite, figures 37 et 38, s'observe assez souvent dans le microplankton recueilli au voisinage de la côte. La faible amarre, qui la fixe aux corps immergés du littoral et des canaux qui y déversent leurs eaux, est très fragile et les flots la soutiennent assez longtemps, à cause de sa grande surface, sans doute, et de sa légèreté relative. Ficures. — Figure 37. Aspect latéral d'une portion de colonie munie de son stipe, 2, et pourvue, en a, de son contenu : chromatophore, c#, et noyau, ”, en à, figurée vide. Figure 38. Vue valvaire, avec son aspect dans l'eau. GENRE NITZSCHIA GruNow (sensu lato). Le genre Wiézschia, dans lequel certains auteurs tels que VAN HEURCK, à la suite de GRUNOW, font rentrer le genre Bactllaria, qui ne s’en écarte que par la centricité de la carène, renferme quelques espèces vraiment planktoniques, dont l'abondance est parfois considérable dans les produits de pêche au filet fin. Valves munies d'une carène à points carénaux courts ou prolongés en côtes courtes. Carènes des deux valves opposées diagonalement. Endochrome composé d'une seule lame interrompue partiellement ou entière- ment au niveau du noyau central. Frustules libres (Wzfzschia, sensu stricto), rarement réunis en forme de copeaux /Bactillaria) ou renfermés dans des tubes ou des frondes mucilagineuses 86 ALPH. MEUNIER. {Homæocladia), exceptionnellement à valve très longuement rostrée et à carène très excentrique {Vrtzschiella). Nous ferons de ces subdivisions du genre Wrfzschia (sensu lato) autant de sous-genres distincts. SOUS-GENRE BACILLARIA GMEL. Carène centrique ou presque centrique, à points non allongés. Frustules droits. Striation très visible. Bacillaria paradoxa GMEL. (PI. XIV, fig. 39 et 40.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1880. Vilzschia paradoxa GRUNOW, p. 85. 1883. Bacillaria paradoxa V AN HEURCK, Synopsis, pl 61, fig. 6 et 7. 1899. Bacillaria paradoxa VAN HEURCK, Traité, p. 392, pl. 16, fig. 518. CARACTÈRES. — Valves étroitement rectangulaires, à extrémités faiblement rostrées. Carène à peu près centrale. Frustules réunis en copeaux de forme irrégulière et changeante, par glissement des individus les uns sur les autres. FIGURES. — Figure 39. Aspect d’un fragment de colonie, où les individus, placés en vue latérale, montrent leur glissement les uns sur les autres. En 4, frustules pourvus de leur endochrome; en b, spécimens vides, vus dans l’eau. Figure 40. Vue valvaire. OBSERVATIONS. — Il est rare que Ë. paradoxa fasse complètement défaut dans les produits de pêche au filet fin, en dehors de ceux prélevés pendant les mois les plus chauds de l’année. Par la grande surface des colonies et l’enroulement de celles-ci à la façon de copeaux de bois, cette espèce présente de larges contacts avec l'élément liquide et lui permet de flotter librement. On la rencontre jusque dans les eaux saumâtres du littoral, en particulier dans la crique de Nieuwendamme, bras mort de l’'Yser. SOUS-GENRE NITZSCHIA (sensu stricto) HASSAL. Les caractères sont ceux du genre exposés plus haut. Nous n'avons dans nos eaux marines qu'une espèce de Vrézschia véritablement planktonique. C'est VW. sertata. D'autres espèces s'observent accidentellement MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 87 dans les produits de pêche au filet fin; mais il est évident que ce sont des trans- fuges d'eau saumâtre ou même d’eau douce, qui ne peuvent s'adapter aux eaux marines et n’y font pas souche. Nitzschia seriata CIrEvE. (PL'XIV, fig. 4r et 42.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE 1883. Mitzschia seriata CLEVE, pl. 38, fig. 75. 1887. Synedra Holsatiae HENSEN, p. 91, pl. 5, fig. 50. 18976. Nitzschia fraudulenta CLEVE, p. 300, fig. 11. 1910. Nit:schia seriata MEUNIER, p. 334, pl. XXXIV, fig. 38 à 40. CARACTÈRES. — Frustules en forme de fuseau, à extrémités pointues, réunis en colonie filiforme, par soudure l’un à l’autre d'une petite partie de leur extré- mité. Fiqures. — Figure 41. Vue latérale d'un fragment de colonie filiforme. Figure 42. Vue sagittale d'un fragment analogue. OBSERVATION. — Cette délicate espèce est assez commune dans le micro- plankton de la Mer flamande, particulièrement à la fin de l'hiver, du moins au voisinage du West-Hinder. On la rencontre aussi dans les eaux saumâtres du littoral, dans la crique de Nieuwendamme, par exemple. SOUS-GENRE NIIZSCHIELLA RABENHORST. Valves à carène très excentrique et à extrémités longuement rostrées. Nitzschiella longissima Rarrs. (PI. XIV, fig. 43 à 46.) BIBLIOGRAPHIE. 1883. Vitzschiella longissima V AN HEURCK, Synopsis, pl. 70, fig. 1 à 8. 1899. Vitzschiella longissima VAN HEURCK, Traité, p. 404, pl. 17, fig. 568. 1910. Mitzschiella longissima MEUNIER, p. 337, pl. XXXIV, fig. 41 à 46. CARACTÈRES. — Valves lancéolées, à rostre très long, égalant ou dépassant la 88 ALPH. MEUNIER. longueur de la partie plus large de la valve. Carène très excentrique Présente plusieurs variétés établies sur la direction des rostres valvaires. FiGures. — Figure 46. Variété #yprca, à rostres dirigés en ligne droite. Figure 45. Variété Closterium W. SMITH, à rostres incurvés du même côté, en forme de croissant, à la façon de la plupart des Closterium. Figures 43 et 44. — Variété reversa W. SMITH, à rostres courbés en sens inverse. OBSERVATIONS. — Sous ses trois variétés, cette espèce s'observe fréquemment dans nos échantillons, mais en petit nombre de représentants, la plupart du temps. Il faut du reste assez d'attention pour les déceler au milieu des nombreuses autres formes planktoniques, qui se rencontrent habituellement dans les produits de pêche du littoral. On les observe également dans les eaux saumâtres, au voisi- nage de la mer. SOUS-GENRE HOMŒOCLADIA AGARDH. Nitzschia vivant dans des enduits muqueux. Homœæocladia delicatissima (CLEVE) MEUNIER. ŒL XI ie 471 BIBLCIOGRAPHIVE: 1897a. Nitzschia delicatissima CLEVE, p. 24, pl. 2, fig. 22. 1910. /7omæocladia delicatissima MEUNIER, p. 340, pl. XXXIV, fig. 34. CARACTÈRES. — Frustules petits, très étroits, dépourvus de caractères structu- raux visibles dans l’eau. Espèce remarquable surtout par son commansalisme habituel avec Phaeocystis, dans les paquets visqueux duquel on la rencontre presque exclusivement en abon- dance. Se distingue beaucoup mieux par son habitat spécial que par ses caractères spécifiques propres. FIGURE. — Figure 47. Aspects variés, valvaires et latéraux. OBSERVATIONS. — Nous considérons cette espèce comme appartenant au sous- genre Æomæocladia, parce que, indépendamment de ses rapports intimes avec les flocons visqueux de Phaeocystis, elle apparaît parfois, mais rarement, en dehors de cette gangue gommeuse et semble, même alors, engagée elle-même dans un thalle muqueux très difhcile à saisir à frais. Son abondance est en rapport étroit avec celle de son commensal habituel, et celui-ci forme souvent la grande masse des produits de pêche au filet fin. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 8) GENRE SYNEDRA EHRENBERG. Valves très allongées, plus ou moins lancéolées ou linéaires, parfois un peu courbes ou ondulées, munies d’une ligne médiane hyaline ou d’un espace blanc parfois peu distincts ; fréquemment munies d'un pseudo-nodule médian et souvent de nodules terminaux très petits et peu visibles. Stries transversales, jamais de côtes tranversales. Frustules sessiles sur d’autres végétaux. Endochrome formé de deux lames dentelées sur les bords ou divisées en lanières et reposant par le milieu sur les valves. Synedra Nitzschioïdes GRUNOW. (PI. XIV, fig. 48 à 50.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1862. Synedra Nitzschioïdes GRUNOW, p. 403, pl. 5, fig. 18. 1883. T'halassiothrix Nitzschioïdes GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 43, fig.7 et 10. 1886. T'halassiothrix curvata CASTRACANE, p. 55, pl. 24, fig. 6. 1894. T'halassiothrix Frauenfeldii CLEVE, p. 6 (non GRUNOW). 1899. Z'halassionema Nitzschioïdes GRUNOW, dans VAN HEURCK, Traite, p. 310. 1900. Z'halassiothrix Frauenfeldii var. Nit:schioïdes JÜRGENSEN, p. 21. 1905. Zhalassiothrix Frauenfeldii var. Nitzschioides JORGENSEN, p. 102, pl. 6, fig. 11. CARACTÈRES. Valve linéaire à extrémités obtuses. Pseudo-raphé très large. Valves montrant, sur les bords, de grosses perles bien visibles. Frustules à face latérale rectangulaire, réunis en filament zigzagué ou disposés en étoile. FiGures. — Figure 48. Vue d’un fragment de colonie, montrant, en à, l'aspect de l'endochrome et, en 6, les frustules vides. Figure 49. Vue valvaire. Figure 50. Aspect de la variété curvata CASTRACANE. En à, cellules pourvues de l’endochrome; en à, cellules vides. OBSERVATIONS. — Quel que soit le nom que l'on assigne à cette espèce, elle est bien connue de tous les planktonistes et se montre particulièrement abondante dans les produits de pêche au filet fin de la Mer flamande. Par la disposition de ses frustules en colonies étoilées, elle présente à l'élément liquide une grande surface de contact, ce qui lui permet de flotter aisément, contrairement aux autres espèces qui ont besoin de s'établir sur d’autres objets immergés. 12 90 ALPH. MEUNIER. Nous ne considérons pas comme spécifiquement distincte la forme légèrement courbée qui lui est souvent mélangée (fig. 50) et dont CASTRACANE a fait son Thalassiothrix curvata. Tout au plus est-ce une variété. On observe aussi accidentellement Synedra ulna EHRENBERG, d’eau douce, Synedra fulgens W. SMITH, d'eau marine, Synedra affinis KÜTzING, d'eau saumâtre, Synedra pulchella KüTrzING, d’eau saumâtre, qui ne font jamais partie essentielle du microplankton proprement dit. GENRE PLAGIOGRAMMA GRÉVILLE. Valves ayant à la partie médiane un espace hyalin généralement transversal, souvent munies au milieu d’un pseudo-ocellus ou munies de deux côtes robustes se montrant en saillie sur la face suturale; extrémités hyalines, stries ponctuées. Frustules réunis en bandes. Plagiogramma Van Heurckii GRUNOW. (PI. XIV, fig. 51 à 54.) BIBLIOGRAPHIE. 1883. Plagiogramma Van Heurchkii GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 36, fig. 4. 1809. Plagiogramma Van Heurchii VAN HEURCK, Traité, p. 338, pl. 10, fig. 391. CARACTÈRES. — Valve étroitement lancéolée, à extrémités un peu rostrées, lisses, à bande transversale hyaline, étroite, renflée, bordée des deux côtés de stries formées de petites ponctuations. Face latérale insensiblement contractée à partir du milieu jusqu’en dessous des extrémités qui sont dilatées-tronquées. La vue latérale laisse.voir, d'un côté des frustules dissociés, deux fines baguettes qui s’articulent sous la dilatation des extrémités et qui se projettent en dehors comme deux ressorts servant, semble-t-il, à l’'écartement des individus voisins de la colonie rubanée. FiGuREs. — Figure 51. Vue valvaire d'un individu pourvu de son endochrome. Vu dans l’eau. Figure 52. Vue suturale d’un spécimen avec ses deux tiges latérales qui se détendent vers l'extérieur. Ces tiges très fines paraissent être de nature gommeuse. Figure 54. Vue sagittale d'un fragment de colonie rubanée. En &, avec endo- chrome; en 6, abstraction faite du contenu cellulaire. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. OI OBSERVATIONS. — Fréquent dans les produits microplanktoniques de la Mer flamande, mais difhicile à observer dans les observations cursives. Van HEURCK ne fait aucune allusion à la présence des deux fines baguettes valvaires dont la détente provoque la dislocation naturelle des colonies. Cela constitue cependant le trait le plus caractéristique de l'espèce à frais. Mais la solubilité de ces délicats appendices, dans les réactifs employés pour le nettoyage des frustules, empêche leur conservation dans le montage des prépara- tions que l’on veut conserver. On peut signaler aussi 2/7. Gregorianum GRÉVILLE, qui est beaucoup plus rare et qui ne s'observe bien qu'après traitement des produits et montage de ceux-ci en préparation soit dans le styrax, soit dans la bromonaphtaline. Nous ne l'avons pas figuré. Voir Van HEurcK, Traité, p. 338, pl. 10, fig. 390. GENRE CAMPYLOSIRA GRUNOw. Valve cymbelliforme à extrémités rostrées, à bord dorsal arqué, à bord ventral légèrement concave, couverte de ponctuations éparses, sans pseudo-raphé apparent. Face connective arquée, contractée sous les extrémités. Frustules réunis en bandes parfois très longues. Campylosira cymbelliformis (A. SCHMIDT) GRUNOW. (PI. XIV, fig. 55 et 56.) SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. Synedra arcus var. minor GRUNO W. Synedra cymbelliformis À. SCHMIDT. Dimeregramma arcus W. ARNOTT. 1883. Campylosira cymbelliformis VAN HEURCK, Synopsis, pl. 45, fig. 43. 1899. Campylosira cymbelliformis VAN HEURCK, Traité, p. 327, pl. 11, fig. 457. CARACTÈRES. — Caractères du genre, dont l'espèce cyrbelliformis est seule représentante. FIGURES. — Figure 55. Vue valvaire. Figure 56. Vue sagittale d’un fragment de colonie. En 4, avec endochrome; en à, frustules vides. OBSERVATIONS. - Communément présente, en petite quantité, dans les produits planktoniques de la Mer flamande. S'observe en colonies rubanées assez difhciles à saisir, si l’on n'y prête attention. 92 ALPH. MEUNIER. GENRE CYMATOSIRA GRruNow. Valve lancéolée, à grosses ponctuations. Face frontale rectangulaire-ondulée. Frustules en bandes. Cymatosira belgica GRUNOW. BIBLIOGRAPHIE. 1883. Cymatosira belgica GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 45, fig. 38 à 41. 1899. Cymatosira belgica VAN HEURCK, Traité, p. 327, pl. 11, fig. 456. Valve lancéolée, insensiblement atténuée jusqu'aux extrémités qui sont : subaiguës, à gTOSses ponctuations éparses, mais laissant généralement un pseudo- raphé plus ou moins large. Frustules rectangulaires, en bandes courtes, à face suturale contractée sous les extrémités. Nous n'avons pas figuré cette petite espèce, qui n'est pas fréquente dans nos échantillons et qui ne s’observe bien que sur des préparations montées de manière à traduire ses caractères. GENRE FRAGILARIA LynGBYE. Valves symétriques dépourvues de côtes. Frustules rectangulaires réunis en longues colonies rubanées. Fragilaria striatula LYNGBYE (PI. XIV, fig. 57 et 58.) BIBLIOGRAPHIE. 1819. Fragilaria striatula LYNGBYE, Hydroph. dan., p. 183, pl. 63. 1883. l'ragilaria striatula VAN HEURCK, Synopsis, pl. 44, fig. r2. 1899. Fragilaria striatula V AN HEURCK, Traité, p. 324, pl. 30, fig. 842. CARACTÈRES. — Valve étroitement lancéolée, à extrémités un peu rétrécies, pseudo-raphé très étroit. Stries très délicates. Frustules quadrangulaires allongés, à zone connective plissée, réunis en longues bandes extrêmement faciles à se déformer, à peine siliceux. (V. H.) Un seul chromatophore interrompu vers le milieu par le noyau. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. @) [#S] FIGURES. — Figures 57 et 58. Fragments de colonies de grandeur différente, vus dans l’eau. OBSERVATIONS. — Les colonies rubanées de cette espèce sont assez fréquentes dans beaucoup de nos échantillons. Elles sont toujours muqueuses à l'état naturel et portent accolées à leur surface des particules étrangères, qui en masquent les caractères. Ceux-c1 sont difhciles à saisir même après traitement par l’hypochlo- rite de potassium; ils ne résistent pas à l’incinération. GENRE RAPHONEIS EHRENBERG. Valve lancéolée ou elliptique à stries transversales, moniliformes, générale- ment radiantes, très distinctes, ou plutôt creusées d’alvéoles disposées de la même façon que les perles apparentes en milieu réfringent. Pseudo-raphé plus ou moins distinct. Face latérale étroitement linéaire. Frustules souvent disposés en colonies rubanées, courtes et fixés aux objets flottants. Raphoneis amphiceros EHRENBERG. (PI. XIV, fig. 59 à 61.) BIBLIOGRAPHIE. 1844. Raphoneris amphiceros EHRENBERG, Bericht der Berl. Ac. 1883. Raphoneis amphiceros VAN HEURCK, Synopsis, pl. 36, fi:. 22 et 23. 1899. Raphoneis amphiceros VAN HEURCK, Traité, p. 330, pl. 10, fig. 304. 1910. Raphoneis amphiceros MEUNIER, p. 295, pl. XXXII, fig. 33 à 35, formes excentriques vues dans l’eau. CARACTÈRES. — Valve largement lancéolée, à extrémités rostrées et parfois subcapitées, stries plus ou moins courbées, radiantes, formées, en milieu réfrin- gent, de grosses ponctuations ou, en milieu aqueux, d'alvéoles placés à distance égale et formant des lignes longitudinales presque droites, la médiane et parfois les plus voisines de celle-ci écourtées. Fiqures. — Figure 59. Vue valvaire de la variété rAombica GRUNOW, à valve plus courte, plus renflée, à extrémités faiblement ou à peine rostrées. Figure 60. Vue valvaire de la variété #yprca. Celle-ci est à son tour susceptible de plusieurs variantes dans la forme et dans l’arrangement des perles ou plutôt des alvéoles. Figure 61. — Vue latérale de la même. OBSERVATIONS. — Cette espèce, sous ses deux variétés principales, est très répandue dans les produits planktoniques de la Mer flamande. Elle n’en est, peut-on dire, jamais complètement absente. Sujette à de nombreuses variations de 94 ALPH. MEUNIER. forme et à des irrégularités de structure, elle est, de plus, souvent atteinte de déformations tératologiques. Raphoneis Surirella GRUNOW. (PI. XIV, fig. 62.) BIBLIOGRAPENNTE” 1883. Raphoneis Surirella GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 36, fig. 26 et 27. 1899. Raphoneis Surirella VAN HEURCK, Traité, p. 330, pl. 10, fig. 397. 1910. Raphoneis Surirella MEUNIER, p. 296, pl. XXXIL, fig. 36, vu dans l’eau. CARACTÈRES. — Valve étroitement elliptique ou faiblement lancéolée, à extré- mités obtuses, à pseudo-raphé étroit, linéaire, à extrémités seules dilatées ou à pseudo-raphé très large, contracté seulement à la partie moyenne (var. australis). Stries faiblement radiantes, à grosses ponctuations ou à gros alvéoles formant des lignes longitudinales plus ou moins courbes. FiGurE. — Figure 62. Variété australis, à pseudo-raphé très large, contracté seulement à la partie moyenne. Aspect en milieu réfringent. Vue valvaire. OBSERVATIONS. Faute de place, nous n'avons pas figuré la variété type. Les deux variétés de cette espèce sont aussi assez répandues, mais moins abon- dantes, toutefois, que celles de la précédente, dans les produits nncroplankto- niques. On les rencontre aussi communément dans les eaux légèrement saumâtres du littoral. Raphoneis belgica GRUNOW. (PI. XIV, fig. 63 et 64.) BIBLIOGRAPHIE. 1883. Raphoneis belgica GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 36, fig 25, 29 et 30. 1899. Raphoneis belgica V AN HEURCK, Traité, p. 330, pl. 10, fig. 396. CARACTÈRES. — Valve de forme très variable, généralement étroitement lancéolée, à extrémités rostrées ou simplement obtuses. Stries ponctuées droites, toutes d'égale longueur, aboutissant à un pseudo-raphé étroit. FiGures. — Figure 63. Vue valvaire d'un spécimen à extrémités rostrées. Figure 64. Vue valvaire d’un exemplaire à extrémités obtuses. OBSERVATIONS. — S'observe souvent en mélange avec les deux précédentes ; moins abondante toutefois que Æ. ampliceros, l'espèce la plus commune. MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. GENRE ASTERIONELLA HassaLr. Valves étroites, linéaires, à extrémités inégalement capitées. Face connective linéaire, à extrémités inégalement renflées ou l’une des déux seulement renflée. Asterionella Kariana GRruNow. (BEN he" 6cret(66) BIBLIOGRAPHIE. 1880. Asterionella Kariana GRUNOW, dans CLEVE et GRUNOW, p. 110, pl. 6, fig 121. 1883. Asterionella Kariana V AN HEURCK, Synopsis, pl. 52, fig. 4 et 5. 1904. Asterionella Kariana GRAN, p. 543, pl. 18, fig. 13 CARACTÈRES. — Frustules soudés, par la partie élargie de leur base, en colonie spiralée, qui décrivent des tours de spire sur un assez grand rayon. Ces frustules, élargis dans leur partie inférieure et brusquement étranglés immédiatement après, sont de nouveau dilatés dans leur partie moyenne et s'atténuent enfin légèrement vers leur extrémité supérieure. Plusieurs chromatophores. Fiqures. — Figures 65 et 66. Vue de deux fragments de colonies spiralées en vue connective. En d, figure 65, frustule en division. OBSERVATIONS. — Cette espèce, inconstante dans nos eaux, s’observe néanmoins dans beaucoup de nos échantillons, bien que VAN HEURCK ne la signale pas comme belge. Elle est toujours assez rare et n'arrive Jamais à constituer une partie importante des produits planktoniques. Dans le voisinage du West-Hinder, elle se montre particulièrement pendant les mois de février et mars, avec sa congénère À. /aponica. Asterionella japonica CLEVE. (PI. XIV, fig. 67 et 68.) BIBRIOGRAPEATE 1882. Asterionella japonica CLEVE, dans CLEVE et MOELLER, n° 307. 1886. Asterionella glacialis CASTRACANE, p. 50, pl. 14, fig. 1. 1897c. Asterionella spatulifera CLEVE, p. 101. 1900. Asterionella japonica CLEVE, p. 22. CARACTÈRES. — Frustules disposés en colonies spiralées, dessinant des tours plus étroits. Ces frustules sont de forme triangulaire à la base, filiformes plus haut. 96 ALPH. MEUNIER. Les valves ont une extrémité dilatée-arrondie et se montrent étroitement linéaires ailleurs. Un seul chromatophore généralement ; deux dans les cellules en voie de division. FIGURES. — Figure 67. Fragment de colonie spiralée, en vue suturale. En à, frustule en division. Figure 68. — Vue valvaire, avec chromatophore vu de face. OBSERVATIONS. — À. 7aponica est l’une des espèces les plus constantes et des plus abondantes dans le microplankton de la Mer flamande. Elle en est souvent l’un des facteurs principaux par la quantité de ses colonies. Il est étonnant que VAN HEURCK ne l'ait pas signalée dans son traité, bien qu'il l’ait eue abondamment sous la main dans ses récoltes de l’Escaut. Il est vrai, d’autre part, que le cytoderme peu siliceux de À. 7aponica“et surtout de À. Æariana n'a pas pu résister au traitement violent auquel il soumettait ses récoltes. Asterionella formosa HassaLz var. gracillima (Hantsch) GRUNOW. (PI. XIV, fig. 69 et 70.) BIBLIOGRAPHIE. Asterionella gracillima HANTSCH. Asterionella formosa HASSAL var. gracillima GRUNOW, dans VAN HEURCK, Synopsis, pl. 51, fig. 22, et dans VAN HEURCK, Traité, page 321, avec figure dans le texte, 77. CARACTÈRES. — Frustules disposés en colonies étoilées. En vue suturale, ils sont linéaires, élargis aux deux extrémités. Les valves sont aussi longuement linéaires, étroites dans leur partie médiane, un peu élargies à leurs deux extré- mités et arrondies au sommet. FIGURES. — Figure 69. Fragment d’une colonie étoilée, en vue suturale. En a, cellule avec chromatophore; en 6, frustules vides. Figure 70. Vue valvaire. 2 OBSERVATION. — Espèce d'eau douce et saumâtre, rencontrée accidentelle- ment dans le milieu marin, où elle ne se reproduit pas. Il nous semble pouvoir clôturer ici le dénombrement des espèces de Diato- macées trouvées habituellement à l'état planktonique dans les eaux de la Mer flamande. | Sans doute, nous y avons surpris accidentellement bien d’autres espèces. Nous pourrions citer des représentants des genres : Azzphora, Cymbella, MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE. 97 Amphiprora, Synedra, Isthinia, Hantschia, Nitzschia, Cyclotella, Cocconers, Scoliopleura, Campylodiscus, etc., représentants bien connus d’ailleurs et mani- festement étrangers au milieu duquel le hasard du coup de filet les a retirés, comme des épaves des florules d’eau saumâtre et même d’eau douce entraînées du littoral dans le grand réservoir marin. Chaque cours d’eau, chaque ruisselet même, amène des spécimens des régions qu'il draine et mêle ces formes disparates aux espèces propres au milieu marin. Mais nous serions inexcusable de leur décerner un faux brevet d'indigénat marin en les étudiant ## exéenso. Elles l'ont été, du reste, à un autre point de vue par H. Van HEurCKk, avec un luxe de précision qu'il serait difhicile d’égaler. Toutefois, dans une mer étroite comme celle dont nous analysons la florule, la délimitation des formes franchement planktoniques n’est pas aussi nette qu’elle pourrait l'être au large des océans. Bien des espèces du littoral peuvent passer accidentellement dans les eaux marines et y conserver quelque temps du moins leur vitalité. Nous n’aurions donc pas pu faire abstraction de certaines d’entre elles sans dénaturer le caractère littoral de l’objet de notre étude. Aussi, prions-nous le lecteur de ne pas trop urger le sens du mot plankton qui paraît dans le titre de ce travail, mais d'y introduire l’atténuation que la chose comporte. Note additionnelle sur Coscinosira polychorda GRAN. GENRE COSCINOSIRA GRAN. Colonies pareilles à celles de Thalassiosira, mais dont les individus sont réunis, non plus par un seul funicule axial, mais par plusieurs petits cordons mu- queux qui sont régulièrement disposés à quelque distance du centre des frustules. Coscinosira polychorda GRAN. SYNONYMIE ET BIBLIOGRAPHIE. 1897a. Coscinodiscus polychordus GRAN, p. 30, pl. 2, fig. 33, et pl. 4, fig. 56. 19008. Coscinosira polychorda GRAN, p. 115. Nous avons avancé, plus haut, page 66, que Coscenosira polychorda GRAN 13 98 MICROPLANKTON DE LA MER FLAMANDE — ALPH. MEUNIER. n'existait pas dans nos eaux. C’est une erreur; car depuis l'impression de ces lignes, il nous est arrivé d’en surprendre des spécimens authentiques dans les produits de la Croisière XXXV, B.:, n° 1333, en particulier. Nous l'avons d’ailleurs décrite dans notre travail de 1910, page 280, et figurée Planche XXXI, figures 2 à 6. On pourra s’y référer. CARACTÈRES. — On sait que les colonies de cette espèce ont beaucoup d’ana- logie avec celles de 7alassiosira, mais qu’elles s’en distinguent aisément par la présence de plusieurs funicules disposés en cercle, à quelque distance du centre des frustules, au lieu d’un seul. Les individus sont cylindriques, assez hauts. Leur valve circulaire et plane pré- sente une fine structure alvéolaire qui rappelle celle de Coscinodiscus excentricus ou de 7halassiosira decipiens et qui peut affecter la disposition plus régulière observée dans Coscinodiscus lineatus EHRENBERG, quand les funicules sont au nombre de six. Dans ce dernier cas, en effet, les stries qui ornent la valve, entrecroisées toutes sous un même angle de 60°, lui assurent une maillure hexagonale régulière et uni- forme qui en fait disparaître la distinction des secteurs que l’on observe dans l'hypothèse d’un autre nombre de funicules. Voir pl. XXXÏI, fig. 4. C'est l'insertion, à distance régulière, des cordons muqueux sur la valve qui détermine la direction des stries et, quand leur nombre est différent de six, ces dernières ne sont plus dans le prolongement l’une de l’autre, à travers tout l’or- gane et celui-ci est visiblement décomposé en autant de secteurs distincts qu'il y de funicules. Voir pl. XXXI, fig. 2 et 3. OBSERVATIONS. — Il est probable que nous avions eu l’occasion antérieurement d'observer cette intéressante espèce essentiellement planktonique ; mais l’état de nos matériaux toujours tamisés au préalable dans l’eau, assez violemment pour les les séparer des éléments plus grossiers des prises brutes de plankton, nous l’a sans doute présentée à l’état de colonies dissociées. La rupture facile, dans ces conditions, des funicules, simples cordons muqueux, nous en a fait prendre, sans doute, les éléments dissociés pour des frustules de l’une ou l’autre des espèces rappelées tantôt, dans l'observation rapide des très nombreux échantillons qui ont fourni matière à cette étude. Nous considérons néanmoins l'espèce comme assez rare dans la Mer flamande, car la hauteur relativement grande des frustules isolés aurait dû nous les signaler, même à défaut du caractère plus tangible qu'ils revêtent dans leur groupement colonial. LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES CITÉS Les synonymes sont imprimés en caractères plus petits. ACHNANTHES BORY. . Ach. brevipes AGARDH Ach. longipes AGARDH ACTINOCYCLUS ÉHRENBERG Act. Ehrenbergii RALFS. Act. Ralfsii RALFS. Act. undulatus BAILEY ACTINOPTYCHUS EHRENBERG . Act. biternarius ÊHRENBERG. Act. splendens RALFS Act. undulatus RALFS ACTINOPHAENIA SCHADBOLT Act. splendens SHADBOLT AMPHITETRAS ÊHRENBERG. Am.antediluvianum ÊHRENBERG AMPHIPRORA EHRENBERG . AMPHORA EHRENBERG. . . . ARAPHIDÉES (suite) . ASTERIONELLA HASSsAaL Ast. formosa HAssaL. var. gracillima GRUNOW. Ast. gracillima HANTSCH . Ast. japonica CLEVE . Ast. glacialis CASTRACANE Ast. Kariana GRUNOW Ast. spatulifera CLEVE ATTHEYA WEST. . . . Att. Zacchariasi BRUN Pages. Planches. XIV XIII XIII XIII XIII XIV XIV XIV XIV VII Figures. 33 42 et 13 10 et 11 8et 9 D et 69 et 70 69 et 70 67 et 68 65 et 66 17 et 18 AULACODISCUS EHRENBERG Aul. argus À. SCHMIDT AULISCUS BAILEY . Aul. cælatus BAILEY . Aul. sculptus RALFS . var. cælata BAILEY BACILLARIA GMEL . . . Ba paradoxa GMEL BACTERIASTRUM SHADBOLT Bac. varians LAUDER. BELLEROCHEA VAN HEURCK Bel. malleus VAN HEURCK BIDDULPHIÉES BIDDULPHIA GRAY . Bid. alternans VAN HECRGK. Pages Planches. 58 DB Bid. antediluviana VAN HEURCK. 31 Bid. aurita BRÉBISSON Bid. Baileyii W. SmirH Bid Biddulphiana Boyer Bid. favus VAN HEURCK Bid. granulata ROPER Bid. laevis ÉHRENBERG var. minor. Bid. mobilensis GRUNOW var. major var. minor. . . . Bid. pulchella GRAY . Bid. radiata ROPER XII XII XIV VIII IX Figures d1 ol 39 et 40 98 à 30 18 à 2 DES D} 39 et 33 9 et 10 16 et 17 16 et 17 4 à 8 4 à 6 1et 8 100 Bid. reticulum BOYER Bid. Bid. Bid. Bid Bid. Bid. rhombus W. SMITH sculpta VAN HEURCK. Sinensis GREVILLE . Smithii VAN HEURCK turgida RALFS vesiculosa BOYER CAMPYLODISCUS EHRENBERG CAMPYLOSIRA GRUNOW. Camp. cymbelliformis GRUNOW CENTRICAE (suite) . CERATAULINA PERAGALLO. Cer. Bergonii PERAGALLO CERATAULUS EHRENBERG . Cer. laevis RALFS. Cer. polymorphus VAN HEURCK. VAT MINOR Cer. Smithii RALFS CHAETOCEROS ÉHRENBERG. Ch. varians VAN HEURCK CHÉTOCÉRÉES (suite) COCCONEIS GRUNOW CONFERVA . Conf. Biddulphiana SMITH . Conf. nummuloïdes DILWYN COSCINODISCÉES. COSCINODISCUS EHRENBERG Cosc. concinnus W. SMITH. Cosc. excentricus EHRENBERG. var. catenata GRAN . . var. gelatinosa CLEVE . Cosc. gelatinosus L'EMMERMAN . Cosc Granii GOUGH . Cosc. lacustris GRUNOW. var. Normannii GREGORY var. Rothii GRUNOW . . Pages. 34 28 34 26 93 97 31 97 91 91 2 17 17 Planches. X X XIV IX XIII XIII XIII XIII ligures, 31 13 à 15 11 et 12 ba & 93 et 24 Jo et )6 34 à 36 30 et 31 95 et 26 27 à 29 14 et 15 LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES CITÉS. Pages. Planches. Figures. Cosc.oculus iridis ÊHRENBERG. 65 Cosc. radiatus EHRENBERG . . 64 var. asteromphalus. . . 66 var. borealis GRUNOW . . 65 var. concinnus VAN HEURCK 68 var.oculusiridis VAN HEURCK 65 Cosc. subbulliens JÜRGENSEN . 65 Cosc. subtilis ÊHRENBERG . . 67 COSCINOSIRA GRAN. . 66-97 Cosc. polychorda GRAN. . 66-97 CYCLOTELLA KÜTZING . . . 67-97 Cyc. punctata W.SMITH . . 67 Cyc. scottica KÜTZING. . . . 56 CYMATOSIRA GRUNOW . . . . 92 Cym. belgica GRUNOW . . . 92 CYMBELLA AGARDH . . . . 96 DEBYA PANTOCKSEK + . . . (60 DENTICELLA ÉHRENBERG . . . 27 Den. turgida EHRENBERG. . . 27 Den. rhombus EHRENBERG . . 98 DIATOMA LE CANDOLLE. Dia. auritum LYNGBYE . . +. 30 Dia. vesiculosa AGARDH. . . 31 DIMEREGRAMMA RALFS. Dim. arcus W. ARNOTT . . . 9 DIPLONEIS EHRENBERG. Dip. crabro CLEVE. . . . . 75 DITYLIUM BAILEY «15 Dit. Brightwellii GRUNOW . . 19 EUCAMPIA ÉHRENBERG . . . 29 Euc. striata STOLTERFOTH . « 7 Euc. zodiacus EHRENBERG . . 22 EUPODISCÉES. . . 57 EUPODISCUS ÉHRENBERG 2072000 Eup. radiatus W. SmirH. . . 923 Eup. sculptus W. SMITH. . . 7 XX XIII XIII IX IX 18 19 à 24 16 et 17 97 à 33 12 à 16 LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES CITÉS. Eup. argus W. SMITH . . . Eup. Ralfsii W. SMITH . FRAGILARIA LYNGBYE . Frag. striatula LYNGBYE. GALLIONELLA EHRENBERG. Gal. sulcata FHRENBERG. . GRAMMATOPHORA ÉHRENBERG. Gra. marina KÜTZING. . . Gra. oceanica GRUNOW. var. vulgaris . Gra. serpentina EHRENBERG GUINARDIA PERAGALLO Gui. baltica SCHÜTT . Gui. flaccida PERAGALLO GYROSIGMA HASSAL Gyr. balticum CLEVE . . Gyr. Fasciola CLEVE . . . . HALIONYX ÉHRENBERG. Hal. splendens ÉHRENBERG HANTSCHIA GRUNOW . HÉLIOPELTÉES . . HENSENIELLA SCHÜTT. Hen. baltica SCHÜTT Hen. Stephanos SCHÜTT . HOMŒOCLADIA AGARDH. Hom. delicatissima MEUNIER . HYALODISCUS EHRENBERG Hya. stelliger BAILEY . . . Hya. subtilis BAILEY. Hya. Scotticus GRUNOW. +. . ISTHMIA AGARDH . . . . LAUDERIA CLEVE . . . Laud. annulata (LEVE . Laud. borealis GRAN. D8 84 18 Pages. Planches. XII XIV XIV XIV XI XIV XII XII XII ligures. 44 et 45 »1 et 58 31 42 à 44 41 39 à 41 42 et 43 Laud. glacialis GRAN. LEPTOCYLINDRUS CLEVE . Lep. belgicus sp. nov. Lep. danicus CLEVE . Lep. danicus SCHÜTT. LICMOPHORA AGARDH . o Lic anglica GRUNOW Lic. Lyngbyi GRUNOW LITHODESMIUM ÉHRENBERG . Lith. undulatum EHRENBERG MELOSIRA AGARDH. Mel. arenaria MOORE. Mel. Borreri GREVILLE Mel. costata GREVILLE Mel. crenulata KÜTzING. Mel. hyperborea . Mel. Jurgensii AGARDH . var. octogona GRUNOW . Mel. nummuloïdes AGARDH Mel. nummulus sp. nov. Mel. orichalcea W. SMITH . Mel. sulcata KÜTZING. Mel. subflexilis W. SMITH . Mel. varians AGARDH. Mel. Westii W. SMITH . MÉLOSIRÉES NAVICULA Bory Nav. crabro EHRENBERG . Nav. Lyra EHRENBERG Nav. Smithii BRÉBISSON Nav. membranacea (CLEVE NITZSCHIA s. str. HASSAL Nitz. delicatissima CLEVE . Nitz. fraudulenta CLEVE Nitz. paradoxa GMEL. 5 à 41 | Nitz. seriata CLEVE . Pages. d0 46 47 46 11 83 Planches. XII XII XII XI XI XIV XIV XIV XIV IOI Figures. 46 à 50 4 28 29 et 30 23 à 26 let 2 LA 38 8 à 14 8 et 9? 93 à 25 45 à 22 26 à 30 31 à 33 10 Al et 42 102 LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES CITÉS. Pages. Planches. Figures. NITZSCHIELLA RABENHORST . . 87 Nitz. longissima RALFS. . . 87 var. Closterium W. SmirH. 88 var. reversa W. SMITH . . 88 VAT ÉVDICAN CRT 108 ODONTELLA AGARDH. Od. polymorpha KÜTZING . . 2 Od. aurita AGARDH . . . 30 ODONTODISCUS EHRENBERG. Od. subtilis MÔLLER . . . 67 OLPIDIUM (passim) ORTHOSIRA THWAITES. Ort. marina W. SMITH . . . 43 PARALIA HEIBERG . . . . . 43 Par. marina HEIBERG. . . . 43 Par. sulcata CLEVE . . . . 43 PENNATAE . . . . 70 PLAGIOGRAMMA GREVILLE . . 9Ù Pla. Van Heurckii GRUNOW . 90 Pla. Gregorianum GREVILLE . 91 PLEUROSIGMA VW. SMITH . . . 77 PL. angulatum W.SmTrH . . 81 var. Aestuarii. . . . . 81 var. quadratum eo O1 PI. balticum W. SMITH . . . 78 PI decorum W. SmirH . . . 79 PI. elongatum W. Smirn . . 79 PI. Fasciola W. SMITH . . . 80 PI. Hippocampus W. SmirH . 80 PODOSIRA ÊHRENBERG. Pod. glacialis CLEVE. . . . 50 Pod. hormoïdes GRUNOW . . 50 var. glacialis GRUNOW . . 50 Pod. maculata W. SmiiH . . 55 XI XIV XIV XIV XIV XIV XIV XIV XIV XIV 43 à 46 45 43 et 44 46 34 à 37 Di à 04 24 et 25 24 95 15 à 47 2 18 à 20 29 Pages. PSEUDO-RAPHIDÉES. 70 PYXILLA GREVILLE. Pyx. baltica HENSEN 2) Pyx. Stephanops IENSEN . . 7 RAPHIDÉES . . . . 70 RAPHONEIS EHRENBERG . . . 93 Rap. amphiceros EHRENBERG . 93 Rap. belgica GRUNOW. . . . 9,4 Rap. Surirella GRUNOW Ba m0) RHABDONEMA KÜTZING . . . 84 Rab. minutum KÜTZING. . . 84 RHIZOSOLENIA BRIGHTWELL . 7 Rhi. atlantica PERAGALLO . . 8 Rhi. Castracanei CLEVE. . . 45 Rhi. delicatula CLEVE . . . 12 Rhi. flaccida CASTRACANE . . 45 Rhi. fragilissima BERGON . . 11 Rhi. Rhi. var. Schrubsolei VAN HEURCK 8 Hensenii SCHÜTT . . . 9 imbricata BRIGHTWELL. . 8 Rhi. longiseta ZACCHARIAS . . 14 Rhi. setigera BRIGHTWELL . . 9 Rhi. Shrubsolei CLEVE . Rhi. sigma SCHÜTT . . . . 140 Rhi. Stolterfothii PERAGALLO . 7 Rhi. robusta NoORMAN. . . . 10 SCHIZONEMA AGARDH . . . . 73 Sch. mucosa 5p. nov . . . . T3 SCOLIOPLEURA GRUNOW . . . 97 SKELETONEMA GREVILLE . . . 44 Ske. costatum CLEVE . . . 44 STAUROPSIS MEUNIER . . . . T0 Sta. membranacea MEUNIER . 71 STREPTOTHECA SHRUBSOLE . . 91 Str. Tamesis SHRUBSOLE. . . 21 Planches. XIV XIV XIV XIV IX IX XIV XI XIV IX Figures 59 à 61 63 et 64 62 34 à 36 4 et 2 10 et 11 13 à 16 38 10 à 12 37 8et 9 19 à A 6 et 7 17 LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES CITÉS. STRIATELLA AGARDH . Stri. unipunctata AGARDH . SURIRELLA TURPIN Sur. gemma ÉHRENBERG Sur. fastuosa ÉHRENBERG Sur. ovalis BRÉBISSON . . Sur. striatula TURPIN . . Sur. robusta EHRENBERG . SYNEDRA EHRENBERG Syn. affinis KÜTZING . Syn. arcus GRUNOW var. minor GRUNOW Syn.cymbelliformis À. SCHMITH Syn. fulgens W. SuiTH Syn. Holsatiae HENSEN . Syn. pulchella KÜTZING . Syn. Nitzschioïdes GRUNOW var. curvata CASTRACANE Syn. Ulna ÉHRENBERG . . THALASSIONEMA GRUNOW. Tha. Nitzschioïdes GRUNOW THALASSIOSIRA CLEVE. Tha. decipiens JORGENSEN . Tha. gelatinosa HENSEN . 85 85 81 82 82 82 82 82 89 90 91 91 91 90 87 90 89 89 90 89 D3 Pages. Planches. XIV XIV XIV XIV XII Figures. 31 et 38 26 27 31 à 34 Tha. Nordenskiôldii CLEVE Tha. rotula MEUNIER. ,. . . THALASSIOTHRIX CLEVE. Tha. curvata CASTRACANE . Tha. Frauenfeldii CLEVE. var. Nitzschioïdes JÜRGENSEN Tha. Nitzschioïdes GRUNOW. TOXONIDEA DONKIN. Tox. insignis DONKIN. . . . TRICERATIUM ÊHRENBERG. Tri. alternans BAILEY. . . Tri. antediluvianum BAILEY. Tri. Brightwellii WEST . . . Tri. favus ÉHRENBERG . Tri. malleus BRIGHTWELL. Tri. punctatum BRIGHTWELL. Tri. reticulum EHRENBERG Tri. sculptum SHADBOLT. . Tri. undulatum BRIGHTWELL TRIPODISCUS ÉHRENBERG. Trip. argus ÊHRENBERG ZYGOCEROS EHRENBERG. Zyg. mobilensis BAILEY. Zyg. pelagicum CLEVE Pages. Planches. pl 31 XII XII XIV 103 Figures. 19-à-93 24 à 30 11 à 14 Agardh, C. A. Apstein, C. Aurivillius, C. W.S. Bailey, J. W. Bergon, P. Boyer, Charles. Brébisson, Alph. de. Brightwell, Th. Brockmann, C. LISTE BIBLIOGRAPHIQUE 1824. — Systema algarum. Lundae. 1830-1832. — Conspectus criticus Diatomacearum. Lundae. 1901. — Plankton in Rügenschen Gewassern. Kiel. Wissenschaftliche Meeresuntersuchungen… Abt. Kiel, N. F. Bd 5. 1896. — Das Plankton des Baltischen Meeres. Stockholm. Bihan till X. Sv. Vet.-Akad. Handl., Bd 21, Afd. IV, n° 8. 1842. — American Bacillariae. New Haven. American fournal of Science and Arts, vol. 42 et 43. 1854. — Notes on new species and localities of microscopical organisms. Washington. Srnithsonian Contrib. to Knowl., vol. 7. 1855. — New species of Diatomaceae. London. 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Tbidem, 1844, p. 182. — Neue Untersuchungen über das kleinste Leben als geologischer Moment. Berlin. Tbidem, 1845. Mikrogeologie. Leipzig. Mikrogeologische Studien über das kleinste Leben der Meerestiefgründe aller Zonen und dessen geologischen Einfluss. Berlin, 1873. Abhandl. d. Akad. d. Wissensch., 1872. Report on the Plankton of the English Channel in 1903. The Marine Biological Associations International Investigations. Report 1. Protophyta : Diatomaceae, Silicoflagellata und Cilioflagellata. Christiania. Den Norske Nordhavs-Expedition 1876-1878, Heft 42. Bacillariaceae vom kleinen Karajakfjord. Stuttgart. Bibliotheca botanica, Heft 42. Hydrographic-biological studies of the North Atlantic Ocean and the coast of Nordland. Christiania. Report on Norwegian Fishery and Marine-Investigations, NOÏ. I, n° 5. Bemerkungen über einige Planktondiatomeen. Christiania. Nyt Magazin for Naturvidenskaberne, Bd 38. Diatomaceae from the Ice-floes and Plankton of the Arctic Ocean. Christiania. The Norwegian North Polar Expedition 1893-1606. Scientific Results edited by Fridthjof Nansen, vol. 4, n° 11. Das Plankton des norwegischen Nordmeeres von biologischen und hydrogra- phischen gesichtspunkten behandelt. Bergen. Report on Norwegian Marine- and Fishery-Investigations, vol. 2, nc. Die Diatomeen der arktischen Meere. 1. Teil : Die Diatomeen des Plankton. Jena. Fauna Arctica, Bd Ill, Lief. 3. 108 Gran, H. H. Greerileaf, R. C. Gregory, W. M. D. Greville, K. K. Grunow, A. Heiberg, P. A. C. Hensen, V. Jôrgensen, E. Karsten, George. 1905. 1865. 1857. 1865. 1866. 1862. 1863. 1867. 1868. 1884. 1863. 1887. 1900. 1001. 1905. LISTE BIBLIOGRAPHIQUE. — Diatomeen. Kiel und Leipzig. Nordisches Plankton, XIX. — On a new species of Vifzschia. Boston. Proceedings of Boston Society Nat. Hist., 1865, p. 107. — On new forms of marine Diatomaceae found in the Firth of Clyde and in Loch Fyne. Edinburgh. 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TABLE DES MATIÈRES Préliminaires. TRIBU I. — CHÉTOCÉRÉES (suite) . GENRE BACTERIASTRUM SHADBOLT. B. varians LAUDER . GENRE RHIZOSOLENTIA (EHRENB.) BRIGHTWELL. R. Stolterfothii PERAGALLO . R. Shrubsolei CLEVE. R. seligera BRIGHTWELL R. robusta NORMAN . R. fragilissima BERGON. RÀ. delicatula CLEVE . R. longiseta O. ZACCHARIAS. GENRE ATTHEYA WeEsr. A. Zacchariasi BRUN GENRE DITYLIUM Barrey D. Brightwellii (NEST) GRUNOW TRIBU Il. — BIDDULPHIÉES GENRE CERATAULINA PERAGALLO. . C. Bergonii PERAGALLO. Pages. Planches. ©) [821 our VIII VAUT IX IX 15 Figures. SARA 114 TABLE DES MATIÈRES GENRE LITHODESMIUM EHRENBERG.. L. undulatum EHRENBERG . GENRE BELLEROCHEA VAN HEURCK B. malleus (BRIGHTWELL) VAN HEURCK GENRE STREPTOTHECA SHRUBSOLE . S. Tamesis SHRUBSOLE . GENRE EUCAMPIA EHRENBERG. Æ. zodiacus EHRENBERG. GENRE BIDDULPHIA Gray . Smithii (RALFS) VAN HEURCK . mobilensis (BAILEY) GRUNOW . Sinensis GREVILLE . granulala ROPER. TIR . rhombus (EHRENBERG) W. SMITH laevis EHRENBERG Var. minor . aurita (LYNGBYE) BRÉBISSON . vesiculosa (AGARDH) BOYER . . Biddulphiana (SMITH) BOYER . alternans (BAILEY) VAN HEURCK . reticulum (EHRENBERG) BOYER . B. favus (EHRENBERG) VAN HEURCK à © © à © © & à © to TRIBU III. —- MÉLOSIRÉES . GENRE MELOSIRA AGARDH. M. Borreri GREVILLE M. furgensii AGARDH M. nummulus sp. nov. Me M. nummuloïdes (DILLWYN) AGARDH MW. varians AGARDH. M. Westii W. SMITH. MW. crenulata KÜTZING M. arenaria MOORE . Pages. Planches. 18 18 19 20 21 IX IX IX Dé Dé Dé pd Dé pd Dé bd Dé bé bé ba XI XI XI XI XI XI XI XIII Figures. 23 à 26 18 à 22 17 T2, T0 INA 4 à 8 11 et 12 go et 10 13 à 15 16 et 17 18 à 22 23 et 24 25 4827 28 à 30 31 32 et 33 1487 8 à 14 15 à 22 23 à 25 26 à 30 31 et 32 38 r'et_2 D TABLE DES MATIÈRES. GENRE PARALIA HEIBERG P. sulcata (EHRENBERG) CLEVE GENRE SKELETONEMA GREVILLE. S. costatum (GREVILLE) CLEVE . GENRE GUINARDIA PERAGALLO G. flaccida (CASTRACANE) PERAGALLO. GENRE LEPTOCYLINDRUS Creve L. danicus CLEVE L. belgicus sp. nov. GENRE LAUDERIA CLEVE L. borealis GRAN. , L. glacialis (GRUNOW) GRAN GENRE THALASSIORA CLEVE . T. Nordenskiôldii CLEVE T°. rotula MEUNIER . ERA ED PSE T'. decipiens (GRUNOW) JORGENSEN . GENRE HY ALODISCUS EHRENBERG IT. stelliger BAILEY . 1. subtilis BAILEY TRIBU IV. — EUPODISCÉES GENRE AULISCUS (EHRENBERG) BAILEY. À. sculptus (W. SMITH) var. cælala BAILEY . GENRE EUPODISCUS EHRENBERG.. Æ. argus (EHRENBERG) . Pages. 43 43 44 44 45 45 46 46 47 47 48 50 Planches. XI XI XII XII XII XII XII XII XII XII XII XII XII 115 Figures. 34 à 42 à eu LS] D 35 à 37 à 41 44 OU) GSMES) [e) 41 42 et 43 44 et 45 116 TABLE DES MATIÈRES. TRIBU V. — HÉLIOPELTÉES GENRE ACTINOPTYCHUS EHRENBERG A. undulatus (BAILEY) RALFS A. splendens (EHRENBERG) RALFS . TRIBU VI. — COSCINODISCÉES GENRE ACTINOCYCLUS EHRENBERG . A. Ralfsii (W. SMITH) RALFS A. Ehrenbergii RALFS GENRE COSCINODISCUS EHRENBERG. C. radiatus EHRENBERG . C. oculus iridis EÉHRENBERG . C. excentricus ÊÉHRENBERG C. lacustris GRUNOW. C. subtilis EHRENBERG . C. concinnus W. SMITH . C. Granit GOUGH SOUS-FAMILLE II. — RAPHIDÉES SOUS-FAMILLE III. — PSEUDO-RAPHIDÉES GENRE STAUROPSIS MEunIer. S. membranacea (CLEVE) MEUNIER. GENRE NAVICULA (sensu lato) Bory. SOUS-GENRE SCHIZONEMA AGARDH . S. MuUCOSa Sp. nov. SOUS-GENRE NAVICULA (sensu stricto) N. crabro EHRENBERG N. Smithit BRÉBISSON N. Lyra EHRENBERG Pages. Planches. 59 59 59 6I 62 62 62 63 64 64 65 66 67 67 68 69 70 70 70 71 73 73 73 74 75 75 70 XIII XIII XIII XIII XIII XIII XIII XIII XIII XIII XII XIV XIV XIV XIV XIV Figures. 10 et I1 12/0118 19 à 24 18 25 et 26 14 et 15 16 et 17 30 et 31 27 à 29 6et 7 10 TABLE DES MATIÈRES. 17 Pages. Planches. Figures. GENRE OXONTDEANDONKEN "0 77 TÉRUISIONIS D ONKINS NU NAN TE NL MAINS NIT AN TA GENRE PPEUROSIGMA MW SMITE NN UN 77 POI CUT SNETE NE M NO NT TS A XIV. 15 à 17 ROUTINE SN 0 XIV T8 2 20 ARIOCCO NN SMITE O XIV 0 27 PHP Po AMDUSNN SMITH 80 XIV 27 PNG S CO ANNE SMILE EU ST NT 80 XIV 23 OCR IN SMITE ON MN CN. Cr XIV 24'et 25 GENRE SURIRELLANDURPN un Un NNS SULENMOPEARENBERG NU EN EN R LUXIV. 226 SAOUISIBREBISSON SR XIV 77 GENRES ETOMOBEOR AN GARDE SX IV 28 2 30 GENRE GRAMMATOPHORA EHRENBERG, . . 83 XIV 3ret 32 GENRE PAC ENN ANDRE SS BORN Si XIV GENRE RHABDONEMA KüTzING D NN CT ROUINENRS 11250 GENRES IR PME PE NNGARDE XIV 37 c038 GENRE NITZSCHIA Grunow (sensu lato) . . . 8 SOUS-GENRE BACILCEARTANGMEL 686 EDG AGOXG GMEL OUT RU DOC CIN ER 0'et 10 SOUS-GENRE NITZSCHIA (sensu stricto) HASSAL. . 86 NSP CTENVIE SE 87 (XIV AT et 42 SOUS-GENRE NITZSCHIELLA RABENHORST . . . 87 PNAUOTOSSMARALES ER C7 XIV 751216 SOUS-GENRE HOMŒOCLADIA AGARDH . . . . 88 H. delicatissima (CLEVE) MEUNIER. . . . . 88 XIV 47 118 TABLE DES MATIÈRES. Pages. llanches. Figures. GENRE SYNEDRA"EERRENBERG NP S. Nitzschioïdes GRUNOW "ONE GX IN SR GENRE PLAGIOGRAMMA GREVILLE : . . . 9 * 2 P. Van HeurckiiGRONOW. 0 NN 90 XIV 51 à 54 GENRE CAMPYLOSTR A GROUNON CT C. cymbelliformis (A. SCHMIDT) GRUNOW . . . o1 XIV 55et56 GENRE CYMATOSTRANGRUNON C. belrica GRUNOW ON ET NRC TR T0 GENRE FRAGILARIA ÉYNGBYE TER FE. striatula LYNGBYE O2 IN RE OR GENRE RAPHONEIS EHRENBERG . . . . . 93 R. amphiceros EHRENBERG 02 COX IN ON En R. Surirella GRÜNOW RO RO REINE KR. belgica GRUNOW +: © ce ON TE GENRE ASTERIONELEAN ESS A. Kariana GRUNOW CN INR EE A. japonica CLEVE . . . A. formosa HASSAL var. gracillima (HANTSCH) GRUNOW … 2. : + OM ES OO EC RE 95 XIV 67et68 NOTE ADDITIONNELLE SUR Coscinosira polychorda . . . 97 LISTE ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES CITÉS. 99 LISTE: BIBLIOGRAPHIQUE OR EI 0 TABLE DES MATIÈRES MON Re PLANCHES AVEC EXPLICATION SOMMAIRE DES FIGURES . 120 » ni " ol La: Li) .. ï te Ê # mis” PLANCHE I. :URES. Men eRre atlanticum CLEvVE — Fragment de chaînette en vue sagittale. — cz, chromato- phores; x, noyau; j, foramen; ep, épine terminale des valves; d, épaississement des soies au niveau de leur soudure A Ro le, Lo RARES - 2: — Vue valvaire, avec les soies maintenues dans le plan sagittal. . . . . . . . 3. Chaetoceros criophilum CastTrACANE — Bout de colonie montrant les relations de soudure existant entre les frustules et l'orientation des soies, qui ont dû être écourtées. -- ck, chro- matophores ; 2, noyau; /, foramen. . UE TONER Den 4. — Vue d’une valve bombée, portant ses deux soies à: à: = … : Se 5. — Fragment de colonie plus petite, avec foramens, }, plus étroits. . . . TIR EC 6. Chaetoceros convolutum CASTRACANE — Fragment de chaînette en vue sagittale. — ck, chroma- tophores; 2, noyau; f foramen. . . : > SR Bo me ou LN 0 7. — Vue valvaire, montrant la direction des soies à leur origine, entre deux cellules contiguës 8. — Spécimen montrant la faible différence que l’on observe parfois entre les deux valves d’un même frustule. L'une est légèrement plus bombée que l’autre. . . . ONE Use 6 9. Chaetoceros boreale Baizey — Vue sagittale d’un fragment de colonie. — ck, chromatophores; n, noyau; /, foramen. . . CO io bn ue ‘ui g.c6 © 0 10. — Vue valvaire d’un frustule montrant la divergence des soies. . . . . . : 11. Chaetoceros Eïbenii (GRUNOW) nobis. — Fragment de colonie en vue sagittale. - cz, chromato- phores; », noyau; 7, foramen; 4, épine terminale des frustules. : ; 12. — Vue valvaire prise entre deux cellules contiguës. . : . . . . . © ; T3 EN VA SDECHENMUe ACTA 5 UN RE RCE 14. Chaetoceros densum CLEVE — Fragment terminal d’une colonie en vue sagittale. — ck, chro- matophores; #, noyau; 7, foramen. . . RE UD 2 0 Goo 15. — Vue valvaire prise entre deux frustules contigus, montrant la divergence habituelle des soies vis-à-vis du plan sagittal . . . . . . CT ec On oc à ‘o 16. — Vue latérale d'un bout de colonie, montrant la direction des soies terminales en dehors du planisapittal CESISOIES SON AIDIEMENTMPATDE LEE 17. — Vue sagittale d’une cellule solitaire. . Del Ge ne TE ose PMR br 0 18. — Vue sagittale d'une colonie naissante, réduite à deux cellules DM RO TOO 0 - c 19. Chaetoceros danicum CLEvVE - Vue oblique d’un frustule isolé. . . . . . . . . . .… . 20. — Vue sagittale d’un fragment de colonie à soies sensiblement parallèles . - Be 21. — Autre fragment à soies plus divergentes; c4, chromatophores. . ee AT ee 22. — Vue valvaire d’un frustule; cz, chromatophores . . . de D 23. — Extrémité d’une colonie à frustule terminal tordu et pourvu de soies plus obliques. . 24. — Vue valvaire d'un frustule isolé, à soies plus longues. ne 2 Cr IE 25. — Vue sagittale d’un frustule à soies plus divergentes. D D OC en ut c 26. — Aspect valvaire d’un frustule très tordu, dont les deux paires de soies se croisent sous un angle très ouvert Paces. 11 » » » 13 » 14 » AMeunier ad nak del #sculp. PLANCHE Il. Ficuues. Chaetoceros decipiens CLEVE — Vue sagittale d’une extrémité de colonie dont les soies terminales 2, 21. 7. 3. PLANCHE IL. sont dirigées suivant l’axe longitudinal. Les soies suffisamment déveluppées présentent une fine structure interne. — ck, chromatophores; j, foramen large. . . .… ., er Ce Deux vues valvaires, montrant la forme étroitement lancéolée des frustuies et le EE écarte- ment des soies ordinaires du plan sagittal. € rer REC NE EE dm A € Colonie formée d'éléments plus étroits, mais plus longs et à foramens, 7, très ouverts. . . Spécimen de très petites dimensions, à soies courtes, les terminales arquées. w à è Varièté à colonies exceptionnellement courtes et à soies peu développées. La structure interne de ces dernières est bien apparente ie OR CINE Le ER: Vue valvaire de la même variété. . . . AS Me ; DD os oc = Fragment, en vue sagittale, d’une autre variété remarquable par l’étroitesse de ses fora- mens, f; ch, chromatophores. . . 0 : : UE Are : 5 Première division d’une cellule solitaire Aou ls soies Sets, Fine d'un côté rte ment, sont dirigées suivant l’axe de la colonie naissante. 4 : _ … … … … … + à à Chaetoceros mitra (BAILEY) — Vue sagittale d’une colonie en fructification, avec deux spores, sh, symétriquement placées dans deux cellules sœurs. — Voirtexte . . . CAGE 0 Vue valvaire, montrant la direction des soies et la délicate structure interne sd celles-ci. . Chaetoceros Lorenzianum GRUNOW ? var. forceps nobis. — Vue sagittale, avec soies finement structurées à l’intérieur . . . . En a en nn M à — Vue valvaire d’un autre spécimen. ) a D : SEM EE + — Vue sagittale d'un spécimen montrant les bre contractés de ENTOCTOME EEE — Vue sagittale d’une cellule fertile, pourvue de son endocyste, sp. — 7, valve primaire sur- montée de deux lobules dont les extrémités convergent comme les deux branches d’un forceps. 4. à ets UN OP RE CN RE — Vuerlatérale de la precedente RC — Vue sagittale d’un frustule pourvu de la valve primaire, v, d’une endospore. . . . . . — Vue sagittale dun spécimentdespetites UNENSIONS NT Chaetoceros teres CLEVE — Reproduction en vue sagittale d’une extrémité de colonie pourvue de spores quiescentes, . . PT TU 0 cc dE ë 5 PE EN, DS Vue valvaire montrant, outre la forme à peu près circulaire de la aire la roots des soies. Vue latérale d’un ere dans lequel on assiste à la formation de la valve primaire, 7; d’une spore, sp; avec le cytoplasme, c2; qui s’y ramasse, en vue d'élaborer la valve secon- daire MT TE OR RE ANR EE Ga Mo RE : J'TE Vue sagittale d’une spore avec ses deux AIRE. vet 2 et TS. Dh . Vuesvalvaerdinne Spore dUICOTÉMNICNEUTE RP Vue latérale d’une spore plus bombée du côté supérieur et pourvue d’une frange de Ébiles AUNCOTEMIIÉTIENT CR TT DR Che ON 0 Chaetoceros Weissflogii ScHüIT — Vue sagittale d’un fragment de spécimen fertile, avec deux spores, sp, symétriques, dont les deux valves, v et 7', portent respectivement la couronne de sojies 2 ietlatfransedefibcilles PASUTIlaRTeAUEE Muealyairelo pique PER PHONE EN Frustule dans lequel le cytoplasme, cy, se ramasse sous la valve primaire de la spore. CT Vue sagittale d’une spore mûre et devenue libre . . A PRE 8 lo ge —C Vue valvaire d’une spore, au sein de sa matricule. Côté supérieur. . à. à: + … … + Aspects de spores complètement mûres, dans leur matricule. . . . D Tr eo Mo lcs cn Vue sagittale d’un fragment de colonie de très petites dimensions ; cz. OSE Conan — Phase d'élaboration des spores. — Voir texte. . . MATE POP roios:dD 0e + Spores d'un type plus surbaissé du côté de la valve primaire . . . . . . . . . Spécimen fertile de petites dimensions; sp, spore. RP RS Lo Muesvalvairedenapreécedente Sp ISDOLRE RE Vue latérale d’un fragment de colonie; c2, chromatophores +. De A OR Me À À Phase de subdivision du protoplasme, avec formation de membranes transitoires, 77, en vue, croyons-nous, de la formation de microspores. . . . . . . . CRC CEE PAGes. 19 » » » » » » » 20 » 20 » » » » » » 21 22 » » » » 22 23 » » » » » » » » » » » SA ee \ CS id © in na O2 à PLANCHE III Ficures. 1. Chaetoceros contortum SCHüÜTT — Fragment de colonie tordue, montrant une cellule pourvue de ses chromatophores, cz; des spores, sp, dont la valve primaire est surmontée d’un étui, xides sotes’anormales; 7 ET 2. — Vue valvaire, avec orientation des soies ordinaires. . EE 0 MO 0 3. — Autre fragment stérile de colonie formée de cellules plus longues . . . . . . . . 4. — Fragment de colonie tordue, avec foramens plus étroits. — sh, spores; v, valve primaire. 5. — Vue valvaire d’un frustule de la figure précédente; «4, chromatophores. . . . . . . . 6. — Fragment de colonie à peine tordue, montrant deux groupes rapprochés de soies anor- males, :$2 4 2 au is CN RS NT CT I ES 7. — Fragment analogue au précédent et rappelant plutôt le type compressum 2 LE 8 — Vue latérale d’un fragment du même genre; spores, vers le haut . . . . DU 9. — Fragment plus large du même type compressum . . … . CIS DE CA ne 10. — Vue valvaire, avec orientation des soies anormales, sa. RE 1 O0 GS Lo à 11. — Spécimen de dimensions minimales . . ; | : 9 = abc 12. Chaetoceros didymum EHRENBERG var. genuina. — Vue sagittale d’une portion de chaînette dont 14, 22. les soies terminales, s/, sont visiblement barbelées. — #7, noyau; «4, chromatophores; f, foramen RE y un on 1e ©. 0, © Vue valvaire, montrant la forme longuement elliptique des valves et les filaments gommeux, Sp, quiirradient souyentautour dela soudure desis0ies—".. 15, 16, 17. — Spores géminées d'aspect et de dimensions variables. . . PS 0 0 — Vue sagittale d’un fragment terminal, plus étroit. — Voir texte . . … . … … … … … Vue valvaire d’un frustule du même, montrant les chromatophores, ck, géminés sous chaque valve, réunis par le pyrénoïde qui occupe la protubérance valvaire, centrale Suror nE Deux couples de spores rattachés par les membranes de deux des cellules génératrices . . Couple de spores incomplètement développé, encore engagé dans une partie des matricules Vue sagittale d'un fragment de chaînette à foramens plus étroits; c2, chromatophores; M, MOYAU su ie de 0 6 NT A 0 CCC TR RE . . Deux spores séparées par un frustule resté étranger à leur production DD To Co tip à Couple de spores à développement inégal, dont l’une est moins avancée et encore incluse dans la cellule génératrice . . . . - TR ET Dan Go, Do'ds a Vue latérale d’nn fragment de colonie large, montrant les chromatophorés, c#, sous cet aspect Muelsagittale d'un/spécimenanalote Vue valvaire d’un frustule du même. — ck, chromatophores . . . RE PT UT Vue sagittale d’un spécimen aux dimensions presque minimales . . . . . = : Chaetoceros didymum EHRENBERG var. anglica GRUNOW — Vue sagittale d’un fragment terminal despécimentde grandes idiMensIOnS DR CRT DT UT TS 31.—Vuevalvaire dumêmeetvuelatérale un peu oblige __—_.].—_._Z_p_ZLZZLELEELELEELEL —.. Vuelsapittale dininispécimentaisoiestenminales, SArOITeS Vue sagittale d’un spécimen à soies terminales courbes et plus différenciées . . . . . . Vue sagittale d’un fragment de spécimen présentant, d’une façon exagérée, les caractères PATHCUNETS AN AVAL SENS RNES Autre spécimen à frustules à la fois plus hauts et moins larges. . . . . . . . . . Autre spécimen remarquable par la forme raccourcie des frustules . 4 . . . . . . . Pacrs. 24 » » » » » » » » » » » » L v l' Î ; N RS TO 2 £ V \ à À. Meunier ad nat. del#sculp. PLANCHE IV. | Ficures. 1. Chaetoceros cinctum GRAN — Vue sagittale d’un fragment de chaînette stérile : «4, chromato- phores . . de el GS ON OMR TE OC TC RTC TE 2. — Vue valvaire, avec le soies latérales Mrones PES LT US CRE 3. — Vue sagittale d’un fragment de colonie fertile, montrant Do ten des spores géminées . 4, 5. — Autres spécimens pourvus de spores géminées mûres, sp. — 7, foramen visible entre des cellules dues à des divisions antérieures . . . . . . . RO io 5e «0 6. — Vue sagittale de spores géminées devenues libres. , . . . RNA 7 à 0 7, 8, 9, 10, 11, — Vues valvaires de diverses spores géminées de grandeur téreute) 4 lire MOOERC 12. — Vue sagittale d’un couple de spores d'assez petites dimensions. . , . . . . .… , . . ‘ 13. Chaetoceros Scolopendra CLEVE — Vue latérale d’un He de colonie dans sa position habi- tue ee EN RTE RENE UE 2 OUT Tai de, Ai ln 0 14. — Vue valvaire ssiere, montrant l'orientation Ho dESSOICS ET 15. — Vue latérale d’un fragment de colonie sporifère. — sp, spores. +: … … … … > … 16. — Mue latérale, un peu oblique, de spores géminées, à l'état libre 17. — Vue sagittale, un peu oblique, d’un couple analogue ET Lo ME AN 18, 19,20. - Vue valvaire de couples de spores d'aspect varié. — Voir texte +: … … … … … … 21. Chaetoceros furcellatum BAILEY — Vue sagittale d’un fragment de colonie sporifère, avec des Spores géminées, sp, ensituation normale. NOIMEXE ER 22... — "M Vuevalvaire montrantlallure des /SO1ESIOEdIRAÎTES CE 23, 25. Niue sapittale de COUPIES CIS DOTE SE 24,20. =Niuevalvaire de SpOTESIREMINÉES RE CRE 27 — Vuelsapittale dunelsporeisolée des A VOIS ER 28. Chaetoceros constrictum GRAN — Vue sagittale d'un fragment de colonie qui synthétise les caractères dellespece —NOUNMEX OR 29. — Vue latérale de quelques frustules vides to a o : 5 FREE NE 30. — Vue sagittale d’un fragment de colonie plus étroite, avec de spores en voie d'évolution, représentées seulementpamlasvalVe DEMAITC PR 31. — Vue valvaire, montrant l'orientation des soies. . . . LAS cet er offert DR RCE 32. — Étapes du développement des spores, sp; — v, valve primaire; v/, valve secondaire. . . . 33. Chaetoceros coronatum GRAN — Vue sagittale d’une portion terminale de chaînette type. . AE Vue valvaire montrant Ia ldiVereenCellESISOIES EN 2 Vue tlatéralediune COLONEL 20 PortiontenminaleldiinelChaMEtEDIUS ÉTOILE RE 37. — Étapes de formation de la valve primaire des spores. — Voirtexte . . . . . . . 38 et 39. — Vues obliques de la valve primaire, prise sous des incidences différentes . . . . . . . 40. — Aspect fréquent des frustules sporifères, brisés au niveau de la zonec . . . . . . . +. 41. — Vue sagittale de deux frustules sporifères de grandes dimensions. . . . . . . . . . 42. — Aspect valvaire de laspore . . Po Ge à A CS CE D 43. — Vue stéréoscopique d’une spore complète, dégagée # sa saone M Gb. oo cat Gt 0 44. Chaetoceros seiracanthum GRAN — Vue sagittale d’une partie de colonie stérile, — cz, chroma- TOphore; 7,NOVAUS ES MOLAINED CN 4 Nlucrvalyaire montrantlesiS01es VARICES NE 46. — Vuesagittale de deux frustules en possession de la valve primaire, v, des spores. Voir texte 47. — Vue sagittale Je frustules sporifères, pourvus des valves primaires, v, des spores. . . . . 48. — Vue sagittale de frustules pourvus de spores dont les valves secondaires, 7’, sont encore nues. 49. — Deux portions de frustules munis de spores complètement développées et pourvues d’une frange de fibrilles, Z, du côté inférieur . . RE M DO CON AT OT. on 50. — Spore complètement libre, complète, d’une ne SECHE à à à CRAN 0 Le 51. — Spore complète, encore engagée dans sa matricule du côté de sa valve Rate En à à PAGes. f d'esE de H. Delfosse Lik. PLANCHE V. Ficures. 1. Chaetoceros diadema EHRENBERG — Vue valvaire montrant la direction des soies en dehors du plan sagittal. 4 se 2 OO EC 2. — Vue sagittale d’un fragment de colonie stérile. — c4, chromatophore; », noyau; j, foramen; st, soies terminales; s/!, soies destinées à devenir terminales à: : : ._ .__ 3. — Vue sagittale d'un fragment de colonie sporifère. On y distingue des spores, sp, achevées, avec leur valve primaire, 7, et leur valve secondaire, v'. On y assiste, en outre, à l'élabora- uon derlaivalve pPiimaiTeldaUtTES SPOTES SC Nr 4 ets. — Vue sagittale de spores libres, de grandes dimensions … »; + à: __: 6. — Vue latérale d’une portion de colonie sporifère dont les endospores présentent divers degrés dedéyelOPREMENT ETC Ode © ME à 7. — Vue sagittale d’un fragment terminal de colonie, qui synthétise les caractères de l'espèce sous ses dimensionsilesiplus habituelles dans nOS EAUX 8 — Vue sagittale d’une endospore libre. . . . AE EDS nc RP en ORNE 9. — Vue sagittale d’un fragment terminal de dimensions plus réduites, dans laquelle les spores n’ont qu’un nombre très restreint d’excroissances valvaires, zou 3 . . RE Po LEe 10. Chaetoceros laciniosum SCHÜTT — Vue valvaire. . . . . . . BU DE do cr 11. — Vue sagittale d'une portion terminale de colonie assez large, avec des cellules végétatives : ch, chromatophore; x, noyau; et d’autres sporifères : sp, spores; 7, valve primaire; v!, valve secondaire, toutes deux également nues. . . . . Re EE dE 7e 12. — Vue latérale, un peu oblique, d’un fragment de colonie fertile, montrant l'orientation des SOIESNCRMIDAlES ES sent te CEE Dee 13. — Vue sagittale d’une colonie plus étroite. On y voit, outre des spores, sp, le noyau central au milieu du chromatophore, c4, également adhérent aux deux valves d’un frustule végétatif 14. Chaetoceros holsaticum SCHÜTT — Vue valvaire . . . . . . 5 5 & 15. — Vue sagittale d’une partie terminale de chaînette. On y remarque un couple de spores achevées sp, et un autre représenté seulement par les valves primaires, v nc 16. — Vue sagittale d’une partie sporifère d’une colonie plus étroite . . . . . .… … … … 17. — Colonie courte limitée des deux côtés par des soies terminales . . . . . . . . 18. — Fragment de colonie formée, vers le haut, de frustules sporifères assez longs, et vers le bas, de frustules végétatifs plus courts . … à: … … = : NOM EME OU 19. — Vue sagittale d’un frustule terminal isolé et sporifère. . PT nn e 20, .….— "Vue valyaire dUNE/SPOTE TE 21. Chaetoceros Schüttii CLEVE var. genuina nobis. — Vue valvaire . . . . . . . . . . 22. — Vue latérale d’un fragment de colonie; c2, chromatophore. . CT OR 23. — Vue sagittale d’une colonie de grandes dimensions, qui synthétise les caractères de la variété. 24. — Vue valvaire d’une spore . SR I SOC EE 25. — Vue latérale d’une partie sporifère et terminale d’une colonie. . . . . ‘Us ti 26. — Vue sagittale d’une petite colonie formée de deux frustules seulement . . . . . ,. . . 27. Chaetoceros Schüttii CLEVE var. Willei (Gran) nobis. — Vue sagittale d’une colonie. . . . 28. — Vue sagittale d’un autre spécimen dont les soies terminales font un angle plus aigu. . . . 29. — Vue sagittale d’une partie terminale de colonie de petites dimensions . . . . . . . . 30. — Vue sagittale encore d’une portion terminale de colonie sporifère . . . . . . . . . PAGES. 34 34 » » » 35 » » » » { À. Meunier ad nat. del. w sculp. 4. # 1 » PLANCHE VI. PLANCHE VI. JRES. ce Schüttii CLEVE var. circinalis nobis — Vue valvaire optique d’un frustule, montrant lañformeirecourbée des iSOIES CE 2... —" Vuc/sapittale Un SPÉCIMENS 3. — Vue latérale d’une portion de colonie sporifère 4. — Vue sagittale d’une colonie sporifère. — sp, spore; v, valve primaire; v!, valve secondaire . . 5. — Vue latérale d'un fragment de colonie fertile. Même légende . . . . . . . . 6. — Vue sagittale d’un spécimen de petites dimensions . .., 8 RARE TE TARA 7. Chaëtoceros dipytenopsS TObis UE LVAIVAITE 8 — Vue sagittale d'un fragment de colonie stérile. — ck, chromatophores . . . . . : 9 — Vue sagittale d’une portion de colonie large. — c4, chromatophores; #, noyau; j, foramen 10 — \Vuesanittale dunspécinentplus petit MèmeleLEnT EE 11. — Vue sagittale d’un spécimen sporifère de dimensions ordinaires +. . . . . . . . . . 12. — Vue latérale d'un spécimen similaire au précédent. Même légende . . . . . . . . . 13. Chaetoceros simile CLEVE — Vue valvaire, montrant les soies sensiblement dans le plan sagittal . de — Nue sanitale un frapmentuelcolonte SÉDIEESC Vue Sapittale dbnifragMmentdecolOntE SPOTICTE EES E 16. — Vue sagittale d’un autre fragment fertile. — «4, chromatophores; v, valve primaire dans laquelleisiensarellelcHtOpIAS ME CA o 17. — Vue sagittale d’un fragment terminal de colonie sporifère n à RE 18. Chaetoceros anastomosans GRUNOW — Vue valvaire, montrant l'orientation des soies . 19. — Vue sagittale d’un fragment de colonie stérile. — ck, chromatophore . . . . . . . . DO MTS EEE ACTE ENTIES à à à à à à à à à © à à à à 0 21. — Autre vue d’un fragment pourvu de spores complètes, sp. . . . . . , AND AIRES 22. — Vue analogue d’un spécimen plus petit. Mêmes désignations . . . . . . . . . . . 23. — Vue sagittale d’une colonie dont les frustules sont dérangés de leur position normale . . . 24. Chaetoceros CriniCUnn SCHUTRViUe VAL 25. — Vue sagittale d’un fragment de colonie stérile. — x, corps de nature énigmatique observé souvent dans le cytoplasme bien fixé; z, striation visible sur les bords des frustules; nd, noyau nouvellement divisé. . . . ob a os con @ D 26. — Vue sagittale d'un fragment de colonie de grandes dimensions . . . . . . . . . . 2 Vue Sanittale dUNIfrAPMENNSPONÈTE CEE 28. — Vue sagittale d’un spécimen très petit, avec les corps énigmatiques, æ. + «+ «+ «+ + … - 29. — Vue valvaire montrant le cytoplasme sorti partiellement du frustule, sous forme de hernie, X. 30. — Vue latérale d’un fragment de colonie dont tous les frustules présentent cet accident. . . 31. Chaetoceros subtile CLEVE — Vue sagittale d’un fragment terminal de colonie stérile . . . . 32. Chaetoceros Wighami BRIGHTWELL — Vue sagittale d'une colonie de petites dimensions. — F, foramen.. 225 go un CON RAR PIN TR ET TT 33. — Vue sagittale d’une autre colonie stérile de dimensions plus grandes. , . . . . . . . DM ANTON AIO DIET CS CEE MANTESS © 5 à à à à à 0 à à à » 6 6 0 ce PAGES. XX ui ENT M ® x?) Ni \ AMeuñier ad nak. del, # soubp. D (y PLANCHE VI. FIGURES. 8. 9,10 et PLANCHE VII. . Chaetoceros debile CLEV£ — Vue stéréoscopique d'une colonie spiralée Vue latérale d’un fragment de colonie Vue valvaire d’un frustule isolé Vue sagittale de quelques frustules d’une Le d'a assez Re Eliane . Vue analogue prise dans une colonie de dimensions plus petites . Vue EE de quelques frustules fertiles de grandes dimensions. — sp, spore ; ", valve secondaire; /, travées surmontant la valve primaire . primaire ; Phase de a des spores dans un spécimen de grand calibre Quelques cellules fertiles de très grandes dimensions. Même légende que plus haut . Et — Frustules sporifères pris dans des colonies de calibre plus petit 12. Chaetoceros curvisetum CLEVE — Vue latérale d’un fragment de colonie enroulée v, valve 13. — Vue valvaire d’un frustule isolé . . . DA En ie SN CS 0 0 . 14, 15, 16 et 17. — Vues sagittales de divers inements de colonie de dimensions variées . : 18. — Vue sagittale d’un spécimen fructifère, dont les spores, sp, sont surmontées d’une gaine, €. 19. — Vue de frustules sporifères de grandes dimensions, où l’on voit les spores engainées des deux côtés dans un épaississement, £, de la ceinture de la matricule . de ; - 20. — Frustules pourvus de la valve primaire des spores seulement. Mêmes désignations 2 21. — Vue sagittale de quelques frustules stériles de petites dimensions . L 22. — Autre vue valvaire d’un frustule isolé . . 23. Chaetoceros radians SCHÜTT — Vue sagittale d’une portion de colonie stérile 24. — Vue valvaire de cellules isolées . . . . —.— : 25. — Portion de colonie sporifère. — sp, spores; À pins. Vue SALE : 26. Chaetoceros sociale LAUDER — Vue d’un paquet flabelliforme de frustules associés en #, dissociés en 6 — var. flabelliformis. . . . A ADD oo 27 et 28. — Vue valvaire de frustules isolés — var. Solitarin CS LE Ou 0 29. — Vue sagittale de quelques cellules sporifères. — sp, spores. . . 30. Chaetoceros armatum \WESTENDORP ? — Vue sagittale d’un petit fragment de colonie entouré d’une substance granuleuse très adhésive. g. — ch, chromatophore 31, 32 et 33. — Vue sagittale d’autres fragments de dimensions variées . 34. 35 — Reconstitution d’un fragment de colonie supposé dégagé de l’enduit qui le recouvre . . 36. Chaetoceros ceratospermum OSTENFELD var. major. — Vue sagittale de quelques frustules végétatifs . . . : Ne D à 100 «0 Dr ; . . 37. — Vue de cellules en voie de division. — Voir texte Mi: : : : 38. — Quelques cellules en voie de sporification. — 7, valve primaire des spores. 5 ° 39. — Vue valvaire.. . . En RS ne UD MA à : . . 40. — Quelques cellules pourvues de spores mûres, 5p. : Ne 41, — Valve primaire d’une spore encore dépourvue de tout appendice. . . 42. — Spores pourvues de travées et de piquants sur leur valve primaire, v 43 et 44. — Var. minor. — Vue sagittale de cellules stériles : 0 . 45, 46, 47 et 48. — Différents aspects de frustules sporifères. — Voir teste 5 £ . 49. — Vue valvaire : : . 50, 51 et 52. Chaetoceros exospermum nobis — \'ue sagittale de cellules isolées ou géminées Vue valvaire optique d’un frustute montrant la disposition des nono on ch. 53. — Vue valvaire. : EE U o 56 à gauche. — Autre vue Hrale dune ee lee. 57 — Frustule isolé flanqué d’une spore extérieure, sp. . . 54. Chaetoceros filiforme MEUNIER — Aspect d’une colonie, en vue sagittale 55. Chaetoceros tenuissimum nobis.— Vue sagittale et valvaire. . . . 56 à droite. — Chaetoceros Eibenii (GRUNOW) nobis. — Vue sagittale d’une colonie présentant des . . . phénomènes de subdivision répétée du cytoplasme, en vue de la formation de microspores. LOUVALI. Lith. H.Delfosse. \ nr \/ EN EAU : ATUU + | 4 À Meruer out ral. del. Y scup. PLANCHE VIIL. PLANCHE VIII. Grossissement : 500 diamètres. Ficurss. 1. Bacteriastrum varians LAUDER — Portion de colonie, montrant l’enchaînement des frustules et leur contenu cellulaire. — 57, soies ondulées, jeunes; c, chromatophores . . . 0 2. — Vue valvaire, avec projection des soies sur un plan perpendiculaire à l’axe de la Étoste 72, 1OVAUHIZ/Z2, CHEOMAOPROTES PÉTIDRÈTIQUES CT 3. Vue analoguedel'extremité diUnE COLONE Si bu à © - » 41. — Fragment de calibre à peu près minimal . . . 5 © 5 SR eu ET OC » . Guinardia flaccida (CASTRACANE) PERAGALLO — Vue DIeAle d'un Re de grandes Mc ons. 46 " — Coupe transversale optique passant par le noyau central + à à: … » 44. — Fragment de colonie de calibre plus petit. — Voirtexte . . . . …_ …._ . … … … … : » ne ZSTRSNTIRNAMNTIEE STONE ANT lil eg LLTIITR 1 Î [M ÿ [PS LP eng) Ft La Pl il a TT) 1 1h à 1 $ À Meurir ad nat. del. # sculp H. Dolfosse Lühk. Louvair. Reprodion État Sean Malraux st PLANCHE XII. PLANCHE XII. Grossissement : 500 diamètres. FiGures. Pages. 1. Leptocylindrus danicus CLEVE — Fragment de colonie de dimensions maximales . . . . . . 47 2. — Autre spécimen à chromatophores plus minces, d'aspect cruciforme. . . . . . . . . » 3. — Spécimen de petit calibre . . . . . . RÉ N R PNEES nD ts » 4. Leptocylindrus belgicus sp. 207. — Fragment de denses ordinates CR CT EUR. 47 5. Lauderia borealis GRAN — Fragment de colonie de calibre assez fort . . . . . . . . . . 48 6. — Vue valvaire avec les chromatophores, cz, sous cet aspect . . . . .°. . . . . . . » 7- — Nue d’une valve vide, avec l'empreinte, d'une épine (délicate » 8. — Autre vue d'un fragment de colonie. — Voirtexte + à: à 49 9. — Coupe longitudinale optique de quelques éléments . . . . . . . . . D 6. 5 w » 10. — Vue synthétique du développement de O/pidium phycophagum dans une co oe de frustules choisis et rapprochés artificiellement. — Voir texte . . . . . . . … … … .… .… . » 11. — Vue valvaire d’un frustule envahi par O/pidium phycophagum . . : . . . . . . . . » 12. Thalassiosira Nordenskiôldii CLEVE — Fragment d’une colonie /#, funicule . . . . . . . SI 13. — Coupe longitudinale optique d’un fragment de colonie . . . . . Dù 6 à © © à » 14. — Vue valvaire, avec la distribution des chromatophores, cz, sous cette incidence. — 7, noyau . 52 15, 1 Vue valvaire d'un frustule MO NN ON ET TT TE TT » 16. -— Vue de face d’une valve d'endospore. . . . . : D TON ge a » 17. — Vue extérieure de frustules présentant des cniernores en voie d'élaboration . . . . . . » 18. — Coupe longitudinale optique de cellules en voie de sporification . . . . . . . . . . » 19. — Vue valvaire d'une endospore de dimensions réduites » 20. — Coupe longitudinale optique d’un fragment de calibre moyen . . . . . . . . . . . » CS /Frapmentanalos le MNUElER ERIEUTE ee RE OS RC » 22 Vueivalvaire dun frustule de[calibre mInNTAl EE » 23. Fragment de colonie, à frustules rapprochés et de petit calibre é ‘a ne le Do » 24. Thalassiosira rotula MEUNIER — Vue extérieure d’un fragment de colonie. — funicule Me 53 25. — Vue valvaire d’un frustule avec ses chromatophores, cz. . . REED ot à le » 26. — Vue d’une valve à sec, avec ses ponctuations disséminées sur toute la surface . . . . . . » 27. — Aspect d’un anneau isolé, vu à plat . . . OU D) CUS © © à » 28. — Fragment de colonie plus petite, sous diférents aspects CNT CC RC RCE » 29. — Coupe longitudinale optique d’un fragment de colonie DT AR TONER DES Lo 5 6 » 30. — Diverses phases de la division cellulaire, en coupe axiale optique, . . . . . . .… .… . » 31. Thalassiosira decipiens (GRUNOW) JORGENSEN. — Fragment de colonie. — f#, funicule . . . . 54 32. — Coupe longitudinale optique d’un frustule. — x, noyau; ck, chromatophores . . . . . . » 33. — Aspect extérieur d’une valve . . . . a Co Ce ho dos 0 à » 34. — Vue valvaire d'un frustule avec ses Sono en e. CHSONMOVAU 7 RC » 35. Hyalodiscus stelliger BAILEY — Vue de côté d’un couple de frustules. — 0, ombilic . . . . . 55 36. — Vue valvaire d’un frustule de grandes dimensions. -- 0, ombilic . . . ne PT CO de » 37: — Vue valvaire avec chromatophores, ck, et noyau central, 2: - 56 38. — Coupe longitudinale optique d’un couple de frustules +... » 39. — Couple de frustules restés inclus dans une ceïnture, c, propre à une division antérieure. . . 40. — Couple de frustules de dimensions minimales. — 0, ombilic . . . . . . . . . . . » 41. — Vue valvaire des mêmes . ÉTAT n'a DUT T 0 QD 0 9 » 42. Hyalodiscus subtilis BAILEY — Free latéral d’un cop de rene. A nd Co oO 56 PP NU VAE = Cole. 5 © à à à DNS CURE PE TETE » 44. Eupodiscus argus (EHRENBERG) W. SmiTrH — Vue Sale re d'un Dustule nn ln » 45. — Vue suturale d'un autre spécimen. . . . . . RDC 7 Se A à Doro go 6 58 46. Lauderia glacialis (GRUNOw) GRAN — Vue suturale d'un Foctule RP One en 1 +0 50 A7 NT EVA IV AIT dUMÈME EP Le a de D 7 cn © 0 » 48 — Vue d’un frustule en voie de rénovation cellulaire pour Dee une endospore . . 5 » 49. — Frustule pourvu d’une endospore complète. — z et 7!, ses deux valves . . . . . . . . » 50 Muedelface d'uneyalye d'endospore ____..—_—_Ln_n_Lnn_n_Lnnrn ARRET AO ten ee DO Ni VE » 51. Auliscus sculptus (W. SMITH) RALFS var. cæ/ata BAILEY — Vue Haas RE D 6) Dao) co oi 57 À. Meunier ad nat. del. scup. PLANCHE XIII. PLANCHE XIII. Grossissement : 500 diamètres. Ficures. 1. Melosira arenaria MOORE — Fragment de colonie. Vue latérale. . . . . . . . . . . . 2 PASpectidudisquevalvaire AveCISalS tic ture TAVONNANTE NC 3. Actinoptychus undulatus (BAILEY) RALFS Vue d’une valve de dimensions moyennes. — &, épines. 4. — Vue latérale d’un frustule montrant la forme ondulée de la zone suturale . . . . . . 5. — Vue valvaire d'un frustule de grandes dimensions — e, épines. . . . . . . . . .- 6. — Forme Debya. Valve d’une cellule régénérée par voie d’auxospore. — Voir texte. . . . . 7. — Aspect latéral d’une cellule régénérée au sein de la membrane hyaline, #2, de l’auxospore, asp. = Voiriterte se ER EN ET 8. Actinoptychus splendens (EHRENBERG) RALFS — Vue de face d’une valve de dimensions MOVENNES 2" ÉDIDES CN ET SE 9. — Vue suturale d’un couple de frustules provenant d’une division récente. . . . . . . . 10 Actinocyclus Ralfsii (W. Sm1iTrH) RALrFS — Vue valvaire. — », pseudo-nodule. . . . . . . 11. — Vue latérale d’un frustule de mêmes dimensions. — e, épines marginales . . . . . . . 12. Actinocyclus Ehrenbergii RALFS — Vue valvaire. — #7, pseudo-nodule . . . . . . . . . 13. — Vue valvaire d’un specimen plus petit. — 7, pseudo-nodule M 14. Coscinodiscus lacustris GRUNOW — Vue valyvaire . . . . . . . . Ron lo ns Vue SUtUrale du MÈME NN CR Re NRC CE TR TE 16. Coscinodiscus subtilis EHRENBERG — Vue en milieu peu réfringent . . . . . . . . . . 1 Autre Spécimen ue en MITEUNTOEININPE NES EE 18. Coscinodiscus oculus iridis EHRENBERG — Vue valvaire. . . . . . . . . . . . . 19. Coscinodiscus radiatus EHRENBERG — Vue valvaire . . . . . . . . . . . . . . 20. Vue suturalede deux frustules issus dune dVISIONTÉCENtC ES 2 NUE VAlyAaiTe dURISDECINENIPIUSIDE NE EE 22. — Vue suturale du même MR LRO PR RSR OS ci Gt -0o à © 0 2 IR I VIAU TÉAEAUE TM EN SION SENIDINALES EE ENT EM CS OO CR ENSMEN SN CS SNS 5 À à © Oo © à © à à à 6 à à 25. Coscinodiscus excentricus EHRENBERG — Vue valvaire . . . . . . . . . . . . . . TON NUL TOOLS ELEMENTS LM © à à à pe à à 4 à à à » 6 6 à «à 27. Coscinodiscus Granii GOUGH — Vue valvaire. — +, épines submarginales. . . . . NAS 28. — Vue suturale d’un petit spécimen, avec ses chromatophores € . . . . . . D à « 29. — Vue suturale de frustules géminés, issus d’une division récente. — c, cytoderme la cellule LC CU CU OU 0 67 mot gs à 7 8 @ % à 9 30. Coscinodiscus concinaus W. SMITH — Vue suturale. — e, épines submarginales . . . . . BA Vue valvaire du:même 2 SC RC TC PR » AN À. Meuruer ad nat del. y scup H. Deifo. Lou PLANCHE XIV. PLANCHE XIV. Grossissement : 500 diamètres. FIGURES. , PaGes. 1. Stauropsis membranacea (CLEVE) MEUNIER — Fragment de colonie, — Voir texte . . . . . 71 2... Coupe Optique; Trans versale, UDCUSEUIE 72 3. — Autre vue d'unifragmentde cOlONE CCC CT ETES » 4,15 =. Vues wvalvaire etsuturale d'UNATUSUIEVITE EN ON EC » 6. Schizonema mucosa sp. 207. — Fronde de dimensions moyennes . . . . . . . . . . . 74 7. — Fronde très petite, avec individus de dimensions minimales . . . + . >: . … … : » 8:-Navicula crabro FHRENBERG = MUe VAlyaire NT 75 9..Navicula SMITHIIBREBISSON VUE val VAI 75 10 /Navicuia LL Yra lEHRENBERG NUE VAIVAITO EE 76 11, 12,13, 14. Toxonidea insignis DONKIN — Aspects divers. — Voir texte . . + TO 7h 15, 16, 17. Pleurosigma balticum W. SMITH — Aspects divers . . . . . . . . . … … . . 78 18, 19, 20. Pleurosigma elongatum W. Surrx — Aspects divers . . . . . . . . . Ô. 79 21. Pleurosigma decorum W. SMITH — Vue valvaire . . . . . . . . : LCR: LE 80 22. Pleurosigma Hippocampus W. SmirH — Vue valvaire, avec chromatophores, ch . . . . . . 80 23. Pleurosigma Fasciola W. Smirx — Vue valvaire, avec chromatophores, 4 . . . . . . . . 81 24, 25. Pleurosigma angulatum W. SMITH — 24, var. Asstuarti; 25, Var. quadratum = . . . . . 81 26. Surirella gemma EHRENBERG = Vue valare "€... 82 27. Surirella oValis BRÉBISSON = NUeVAl AIT 82 28. Licmophora anglica GRUNOW — Vue suturale, avec Olpidium . . . . . . . . . . . . 83 29, 30 Licmophora Lyngbyi GRUNOW — Vues suturale et valvaire en se Aer CC OT TE 83 31. Grammatophora serpentina EÉHRENBERG — Vue suturale . . . . ,. . . . . . . . . K4 32. Grammatophora marina k ÜTZING — Vue suturale RC SD ef D 7 cite 84 33. Achnanthes longipes AGARDH — Vue suturale . cp um 5 + o 84 34, 35, 36. Rhabdonema minutum KüTzING — Aspects divers . . . . . . . DES SN 84 37, 38. Striatella unipunctata AGARDH — Vues valvaire et suturale . . . . . . . . . . . 85 39, 40 Bacillaria paradoxa GMEL — Fragment de colonie et vue valvaire . . . . . . . . 86 41, 42. Nitzschia seriata CLEVE — Fragments de colonie en vues suturale et valvaire . . . . . . 87 43, 44, 45, 46. Nitzschiella longissima RALFSs — Formes variées. . . . . . .._ _.._ …. … … … | 88 47. Homæocladia delicatissima (CLEVE) MEUNIER RC 0 hp 0 6 à 0 88 48, 49, so. Synedra Nitzschioïdes GRUNOW — Aspects Variés. 89 51, 52, 54. Plagiogramma Van Heurckii GRUNOW — Aspects variés «+ . . . . . . . . . . 90 55, 56. Campylosira cymbelliformis GRUNOW — Fragment de colonie et vue valvaire. . . . . . gt 57, 58. Fragilaria striatula LYNGBYE — Fragments de colonie . . . . . . . . . . . . 93 59, 60, 61. Raphoneis amphiceros EHRENBERG — Aspects divers . . . . . . . . . . . . 93 62. Raphoneis Surirella GRUNOW — Vue valvaire … _. _—__E._E Ze ZE... Z—_ _.:__._ —. 94 63, 64. Raphoneis belgica GRUNOW — Formes diverses PR A es. MON LU) G cee, (0 94 65, 66. Asterionella Kariana GRUNOW — Fragments de colonie. . . . . . . . . . . . . 95 67, 68. Asterionella japonica CLEVE — Fragment de colonie et vue valyvaire . . . . . . . . . 96 69, 70. Asterionella formosa HASssAL var. gracillima GRUNOW . . . . . . . . . . . . . 96 | À H | | S A 1 109: SC di. ad, ral. Gurer 4 M À. LE di F CRE POELE * d LEE» ANNALES DU MUSÉE ONT PARU : Tome I. — DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES DES ENVIRONS D'ANVERS, par P -J. Van BENEDEN. Première partie : Amphithériens Un volume in-folio de 88 pages avec cartes et figures dans le texte et un atlas de 18 pages in-plano. Prix : trente francs. Towe II. — FAUNE DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. Première partie : Poissons et genre Nautile, par L.-G. ve Koninex. Un volume in folio de 152 pages avec figures dans le texte et un atlas de 31 planches in-folio. Prix : quarante francs. Tome II — CONCHYLIOLOGIE DES TERRAINS TERTIAIRES DE LA BELGIQUE. Première partie : Terrain pliocène scaldisien, par H. Nyst, précédée d’une introduction de stratigraphie paléon- tologique (57 pages), par M. E. Van pe Brorcx. Un volume in-folio de 318 pages de texte et un atlas de 28 planches in-folio. Prix : quarante francs. Toue IV. — DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES DES ENVIRONS D'ANVERS, par P.-J. Van BENEDLEN. Deuxième partie : CÉTACÉS (Balénides). Genres Balaenula, Balaena et Balaenotus. Un volume in-folio de 83 pages avec figures dans le texte et un atias de 39 planches in-plano. Prix : cinquante francs. To V. — FAUNE DU CALCAIRE CARBONIFÉRE DE LA BELGIQUE. Deuxième partie : Céphalo- podes (suite), par L.-G. ne Konixex. Un volume in-folio de 133 pages avec figures dans le texte et un atlas de 19 planches in-folio. Prix : vint-cinq franes. Towe VI. — FAUNE DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. Troisième partie : Gasté- ropodes, par L.-G. be Koninck. Un volume in folio de 170 pages de texte et un atlas de 21 planches in-folio. Prix : trente francs. Tome VIT. — DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES DES ENVIRONS D’ANVERS, par P.-J. Van Benepen. Troisième partie : CETACES (Balénoptères). Genres Megaptera, Balaenoptera, Burtinopsis et Erpetocetus. Un volume in-folio de 88 pages avec figures dans le texte et un atlas de 70 planches * in-plano. Prix : cent francs, Toue VIII — FAUNE DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. Quatrième parlie : Gasté- ropodes (suite et fin), par L.-G. ne Konixex. Un volume in-folio de 256 pages de texte et un atlas de 36 planches in-folio. Prix : cinquante francs. Tome IX. — DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES DES ENVIRONS D'ANVERS, par P.-J. Van BENEDEN. Quatrième partie : CÉTACÉS (suite des Balénoptères). Genre Plesiocetus. Un volume in-folio de 40 pages et un atlas de 30 planches in-plaño. Prix : quarante francs Tone X. —LES ARACHNIDES DE BELGIQUE, par L. Becker. Première partie : Atlidae, Lycosidae, Oxyopidae, Sparassidae et Thomisidae. Un volume in-folio de 246 pages avec figures dans le texte et un atlas de 27 planches in-folio, coloriées. Prix : cinquante francs. Tome XI. — FAUNE DU CALCAIRE CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. Cinquième partie : Lamel- libranches, par L.-G. DE Konincx. Un volume in-folio de 280 pages de texte et un atlas de 41 plan- ches in-folio. Prix : cinquante francs. Tome XII. — LES ARACHNIDES DE BELGIQUE, par L. Becker. Deuxième et troisième parties : Æresidae, Epeiridae, Uloboridae, Theridionidae, Pholcidae, Enyoïdae, Agelenidae, Dictynidae, Drassidae, Scytodidae, Dysderidae, Avicularidae. CHerNetTEs, Opiciones. Un volume in-folio de 506 pages avec figures dans le texte et un atlas de 43 planches in-folio. Prix : cent francs. TonE XIE. — DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES DES ENVIRONS D’'ANVERS, par P.-J. Van = BENEDEN. Cinquième partie : CÉTACÉS (suite des Balénoptères). Genres Amphicetus, Heterocetus, Mesocetus, Idiocetus et Isocetus. Un volume in-folio de 140 pages et un atlas dé 75 planches in-plano. Prix : cent francs - Tone XIV. — FAUNE DU de CARBONIFÈRE DE LA BELGIQUE. Sixième partie : Brachio- podes, par L.-G. be Konincx. Un volume in-folio de 154 pages de texte et un atlas de 31 planches . in-folio. Prix : Re francs. us BULLETIN DU MUSÉE Cinq ‘volumes — 1882-1887. — Tomes 1 à 4, 12 francs par volume; Tome 5, 6 francs. _N. B. — Ces publications ont cessé de paraître et ont été remplacées par les MÉMOIRES. Tone I. {so fasc. Dme » 5e » Ame » TonE Il. ANA ASC: 9Dme » ge » Ame » Tome IT. Ac fase. Dme » ge » AO) Tome IV. AS PISC" Jme » gme » Ame » Tome V. AC fase. DEN me » Anne) Tome VI. Ar fasc. 9m » AO Ane » Tome VII. 4e fase. J9me » ze » — À. C. SEwaro. — La Flore wealdienne de Bernissart . 4 : 6 1900 — G. Gizson. — Exploration de la Mer sur les côtes de la Belgique. . - 1900 — O0. ABEL. — Les Dauphins longirostres du Boldérien (Miocène supérieur) des environs d'Anvers. | . : : ; x , À 1901 — C.E. BertTrann. — Les Coprolithes de Bernissart. I. Les Coprolithes attribués aux Iguanodons . 5 UE : 5 . à 1903 — M. Lericxe. — Les Poissons paléocènes de la Belgique ; : : . 1902 — 0. ABeL. — Les Dauphins longirostres du Boldérien (Miocène supérieur) des environs d'Anvers. II ; . . : ; 1902 — À. C. Sewanp et Arger. — Les Nipadites des couches éocènes de la Belpidé : > 1903 — J. LAMBERT. — Description des Échinides crétacés de la Belgique. I. Étude monographique sur le genre Echinocorys . ; 3 ; 1903 — À. Hanocirscn. — Les Insectes houillers de la Belgique . à ; s , 1904 — O. ABeL. — Les Odoncètes du Boldérien (Miocène supérieur) d'Anvers . 1905 — M. LERICHE. — Les Poissons éocènes de la Belgique . : 3 ; 3 1905 — G. GÜRICH. — Les Spongiostromides du Viséen de la Province de Namur . 1906 — G. GILsON. — Exploration de la Mer sur les côtes de la Belgique . à ; 1907 — À. DE GRossouvre. — Description des Ammonitides du Crétacé supérieur du Limbourg belge et hollandais et du Hainaut . $ ; - Ç 1908 — R. Kipsron. — Les Végétaux houillers du Hainaut à ‘ 1909 — J. LAMBERT. — Description des Échinides crétacés de la Belgique. Il. Échinides de l’Étage sénonien. ; : . : à . ; 1911 — P. Marry. — Étude sur les Végétaux fossiles du Trou de Leval (Hainaut) . 1907 — H. Jouy. — Les Fossiles du Jurassique de la Belgique . : : ; 1907 — M. Cossmann. — Les Pélécypodes du Montien de la Belgique . _. . . 4908 — M. Lericxe. — Les Poissons oligocènes de la Belgique. « : : : 1910 — R. H. Traquair. — Les l’oissons wealdiens de Bernissart . F $ i ; 1911 — WgeLron Hip. — Les Faunes conchyliologiques du terrain houiller de la Belgique. 1912 — M. LERICHE. — La Faune du Gedinnien inférieur de | Ardenne . s 1912 — M. Cossmann. — Scaphopodes, Gastropodes et Céphalopodes du Montien de Bel- gique . 5 : : : : : é à 4 1913 — G. Gicson. — Le Musée d'Histoire Naturelle Moderne, sa Mission, son Orga- nisation, ses Droits ; À à à , À 1914 — À. Meunier. — Microplankton de la Mer Flamande. Première partie : Les Dia- tomacées : le genre Chaetoceros : : > : 1913 — À. Meunier. — Microplankton de la Mer Flamande. Déuriène partie. Les Diatomacées (suite), le genre Chaetoceros excepté - x 1915 LISTE DES MÉMOIRES PARUS N. B. — La couverture de chaque volume des Mémoires, portant une table, est remise régulièrement avec le dernier fascicule. HE tie ELLES MR Le EP D GE Te be ST mr . = = RP Dom EEE DIT RS TT nn … , nent er EP PT TT es ER ee 2 LR en RE 2 PR rer de Dear HR