TE b À "o PE À SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. ANNÉE 1858. EXTRAIT DE L'INSTITUT, JOURNAL UNIVERSEL DES SCIENCES ET DÉS SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER. Are Section, —Sciences mathématiques, physiques et naturelles, Rue de Trévise, 45, à Paris. SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 1858. PARIS, IMPRIMERIE DE COSSON, RUE DU FOUR-SAINT-GERMAIN, 43, 1358. ” SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. SÉANCES DE 1858, Séance du 2 janvier 1858, BOTANIQUE. Des hémicarpelles des Borraginées et des La-* biées. — M. D. Clos, professeur à la faculté des sciences de Toulouse, adresse les remarques suivantes sur la communication faite à la Société dans la séance du 31 octobre 1857, par M. Germain de Saint-Pierre. Dans cette communication M. Ger- main de Saint-Pierre signalait une intéressante anomalie que lui avait présentée un pied de Myosouis cæspitosa dont l'ovaire était remplacé par deux feuilles dépassant la corolle et dépourvues d’o- vulés (voy. l'Institut, n°1245, du 11 noverbre 1857, p. 374); et il accompagnait la relation de ce fait dé réflexions qui sont l’objet de la note de M. Clos. Malgré l’analogie de la forme de l'ovaire des Borraginées avec l’ovaire des Labiées, disait M. Germain de Saint-Pierre, 07 continuait cependant à leur attribuer dans les traités des- criptifs un ovaire composé de quatre carpelles : j'ouvre, écrit M. Clos, la Flore de France de MM. Grenier et Godron (t 2, p. 507) et j'y lis aux caractères de la famille des Borraginées : ovaire supère, formé de deux feuilles carpellaires(i). Dès 1836 (4) Il est vrai que plus bas ‘ces auteurs ajoutent à tort selon nous : fruit formé de carpelles secs, etc, C Extrait de l'Institut, Are section, 1858. 4 6 M. Seringe considérait le pistil des Labiées et des Borraginées comme formé de deux carpelles (Voir son Mém. s. l'embryon des Labiées, p. 63 et 65 à la suite de la Monog. du genre Scu- tellaria par Hamilton), et nous-même, dans une note qui a été communiquée à la Société botanique de France dans sa séance du 10 juillet dernier,proposions d’appliquer aux parties du fruit des Labiées et des Borraginées le nom très convenable d’hémicarpel- les créé par M. Seringe. Aucun fait tératologique, ajoute M. Germain, n’était venu démontrer d'une manière évidente la structure réelle de l'o- vaire chez les plantes de cette familie (les Borraginées). Or, dès 1851, M. Wigand, analysant un ouvrage de M. H. Schacht sur le microscope, s'exprime ainsi: Quant aux Borraginées, je puis, d’après mon observation personnelle, établir la biparti- tion originelle de l'ovaire avec une cavité simple (Botan. Zei- tung,9° année, p. 618(1) ; et, dans un nouveau travail en date du 5 décembre 1856, sous ce titre: Beîträge zur Pflanzenterato- logie, ce même botaniste décrit un Symphytum officinale, L., . pourvu d’une corolle verte, d’un pistil à ovaire grossi, foliacé, bi- loculaire, avec deux ovules par loge. (Voir l'analyse de ce mé- moire dans le Builetin de la Soc. bot. de France, t, IV, n° 3, p. 227). En ce qui concerne le pistil des Labiées, je crois avoir été l’un des premiers à démontrer la nature dicarpellaire de cet organe (Voy. Bull. Soc. bot., t. IT, p. 169). J'ai cité quelques anomalies présentées par les fleurs du Sfachys sylvatica, L., dans lesquelles on voyait 6 hémicarpelles, tantôt libres, tantôt soudés 2 à 2 avee un style divisé au sommet en 3 branches. Cette communication provoqua la publication de faits du même genre dus, partie à M. J. Gay (2. c., p. 170), partie à M. Germain de Saint-Pierre (4. C., p. 258). Depuis lors, de nouveaux individus spontanés de la même es- pèce m'ont offert quelques autres faits analogues que je crois de- voir signaler. On sait que les faux verticilles du Séachys sylvatica, L. sont- de six fleurs, chaque pédoncule en portant une médiane et deux (1) Fur die Boragineen Kann ich nach eigener Beobachtung die ursprungs= liche Zweitheiligkeit des Ovariums mit einfacher Hæhle aussprechen. 1 latérales. Or, dans un de ces verticilles, une des fleurs médianes avait un calice à 7 divisions et 8 hémicarpelles réunis en 2 grou- pes égaux et distincts ; l’autre un calice à 8 divisions et 5 hémi- carpelles. Dans un autre verticille, une fleur médiane avait un calice à 9 divisions et au fond du tube 8 hémicarpelles en 2 grou- pes, les 4 de l’un étant plus petits que ceux de l’autre. Une fleur d’un autre verticille montrait un calice à 7 divisions et 7 hémi- carpelles ; une autre encore un calice à 5 divisions et 8 hémicar- peiles dont un plus gros occupant le fond du tube du calice, les 7 autres étant insérés sur les parois de ce tube. Dans un autre ver- ticille, le nombre des fleurs était réduit à 5, l’une d’elles résultant évidemment de la confluence de 2 autres. Son calice subrégulier, campanulé, était à 10 divisions et offrait au fond du tube 8 hémi- carpelles. - Dans tous les cas que je viens de citer la corolle et le style étaient tombés : cette coïncidence dans l’augmentation du nom- bre des hémicarpelles et des divisions calicinales est un fait qui mérite d’êtr> noté. Séance du 23 janvier 4858. HYDRAULIQUE. — M. de Caligny communique des expérien- ces sur le mouvement d’une nappe liquide relativement à un ap- pareil de son invention dont la description a été publiée dans /’1n- stitut, et sur lequel il donne de nouveaux détails. J'ai communiqué, dit-il, en 1845, des observations sur fa marche des filets liquides , d’où il paraît résulter qu’il suffirait’ pour l'écoulement de l’eau par un orifice disposé sur la paroi la - térale d’un canal bouché transversalement, que cet orifice eût la mêue largenr ét la même hauteur que ce canal, dans certaines circonstances. Gela semble d’ailleurs confirmer des expériences déjà anciennes. sur le bélicr hydraulique, pour lequel on à trouvé qu’il était inutile de donner à l’orifice de sortie en aval un dia- mètre intérieur plus grand que celui du corps de bélier, Ces ef- fets, pour être bien compris , exigent quelques explications qui serviront à en montrer l’usage. Les orifices dont il s’agit, pour les anciens bélicrs, étaient précé- dés d’une espèce particulière de renflemert dont aucun ouvrage sur lhydraulique n’a peut-être remarqué le genre particulier d'influence. Or il est essentiel de remarquer que si, en amont du genre d’orifices latéraux dont il s’agit, les filets liquides ne pou- 8 vaient pas s’infléchir d’une manière convenable, en vertu de cette espèce de renflement qui doit être par conséquent très utile, un orifice d’une section égale à celle du tuyau ou canal ne serait plus suffisant, à beaucoup près, pour débiter une quantité d’eau ana- logue à ce que débiterait un orifice latéral plus large. L'auteur a disposé sur la paroi d’un tonneau un tube en zinc horizontal d’une longueur convenable et de vingt-cinq millimètres de diamètre intérieur. Un autre tube horizontal de même diamèë- tre, bouché à son extrémité la plus éloignée, était successivement disposé sur le même axe à diverses distances du premier, On pou- vait d’ailleurs le retourner pour présenter à la veine liquide sor- tant du tonneau l'extrémité bouchée par un plan. Quand on dé- bouchait subitement le tube à l’intérieur du tonneau, le niveau du liquide baissait dans celui-ci. On mesurait avec une montre à se- condes la durée de l'écoulement entre deux points de repère dont l'un était à seize centimètres au-dessus de l’autre. On a pu obser- ver ainsi comment la résistance était modifiée par la distance à la- quelle la veine liquide venait frapper un même obstacle, placé suc- cessivement à des distances diverses de l’extrémité extérieure du tube sortant du tonneau. Il en résulte qu’il ne suffit pas, à beau- coup près, que la section anuulaire de sortie soit égale à la section du tube. Il ne suffit même pas encore que la section annulaire soit double ; mais, dans ce dernier cas, la résistance est déjà très diminuée. Enfin la durée de l’écoulement ne diffère plus que de quelques centièmes de celle de l'écoulement par le tube fixé au ‘ tonneau, l’autre tube étant entièrement ôté, quand ce dernier est encore à une distance du premier pour laquelle on observe encore un genre particulier de succion à contre courant, sur lequel re- pose l'appareil à élever l’eau de M. de Caligny, présenté à la So- ciété le 2 novembre 1850, et pour lequel le jury international de lexposition universelle de 1855 lui a décerné une médaille de première classe. Cependant la veine liquide ne se dilate pas d’une manière brusque, dès le point où elle quittele tube pour frapper en diver- geant l'obstacle qui lui est offert, à une certaine distance pour la- quelle la résistance est très diminuée. Mais on conçoit qu’il est utile que cette veine, avant de rencontrer l'obstacle particulier dont il s’agit puisse se dilater , selon certaines lois qui ne sont pas encore assez connues pour que l’on puisse donner exactement la É 9 forme , analogue à celle d’un pavillon de trompette , que le tube pourrait avoir, si l'on voulait rapprocher l’orifice de sortie de l'obstacle dont il s’agit sur le pourtour duquel la veine doit diver- ger. Cela justifie jusqu’à un certain point l’espèce de renflement disposé en amont de l’orifice principal de certains béliers hydrau- liques mentionnés au commencement de cette note, et pourra servir à lui donner une forme plus parfaite en montrant sur quel prineipe il doit reposer. Mais c’est particulièrement au perfectionnement de l'appareil de M. de Caligny, qui a fonctionné à l'exposition universelle, que les observations précédentes sont applicables ; car elles montrent, dit-il , combien il est essentiel qu’un tube vertical mobile qui, dans ce système , est alternativement ramené sur son siége, en vertu d’une espèce particulière de succion à contre courant, puisse s'éloigner alternativement le plus possible de ce siége dans les limites où cette succion se fait suffisamment sentir. L'auteur, en présentant cette remarque, croit pouvoir conclure qu'en don- nant au tuyau fixe de cette machine une longueur suffisante et en débitant des quantités d’eau convenables, it obtiendra un effet utile supérieur à celui qu’il a obtenu jusqu’à ce jour ; et que cet effet utile pourra atteindre un chiffre aussi élevé que celui de son moteur hydraulique à flotteur oscillant, reposant aussi sur un mode particulier de succion, mais dont les conditions sont très différen- tes, le but n’étant pas le même. Dans la séance du 19 décembre dernier, l’auteur à signalé une propriété de l'appareil, objet de cette note, consistant en ce qu'il peut, dit-il, le transformer en machine pour les épuisements, au moyen des vagues de la mer, en rendant toutes ses pièces fixes. Il entre aujourd'hui dans quelques détails sur ce sujet. IL insiste particulièrement sur la maniere d'obtenir une succion, au moyen d’une percussion de la manière la plus directe possible. Cela pro- vient de ce que le mouvement des filets liquides peut occasionner une non pression en vertu de la forme des excavations qui peuvent être creusées dans les rochers, et de la forme convenablement disposée des bords à l’intérieur et à l'extérieur de ces excavations, d’où le liquide en mouvement doit sortir, en agissant sur des cours d’eau. souterrains ou des tuyaux, par la force centrifuge résultant du mode de courbure des filets, même abstraction faite Extrait de l’?nstitut, 1e section, 1858, 2 40 de certains phénomènes analogues à ceux de la succion dans les ajutages. Les observations relatives à ce système, considéré d’abord seu- lement comme ayant pour but d’élever l’eau au moyen d’une chute d’eau, ne doivent pas être nécessairement sans doute toutes appliquées, dans tous les cas , au même principe considéré comme moyen de faire des épuisements par l'effet de la percussion des vagues dela mer, ou des courants d’eau quelconques frappant des surfaces fixes convenablement disposées pour chaque espèce de courant. L'auteur présente quelques exemples de l’inflexion des filets liquides sur des obstacles dans les courants permanents, et annonce qu'il reviendra prochainement sur ce sujet, espérant d’ailleurs pouvoir appliquer son système à faire des épuisements dans les marais de la Gamargue , quoique, en général , les flots de la Méditerranée ne soient pas très élevés près de cette localité. La puissance des flots, même peu élevés, étant presque indéfi- nie, on conçoit que le probléme consiste à trouver un moyen économique de les employer, tandis que , pour utiliser les chutes d’eau ordinaires, il faut plus particulièrement étudier les condi- tions qui permettent d’épargner le travail moteur, GÉOMÉTRIE, Sur la théorie des roulettes. — Au nom de M. Mannheim, lieutenant d'artillerie, M. Catalan a communiqué à la Société la note suivante : Théorème. « Lorsqu'une courbe plane A CB roule sur une droûte fixe E F, la roulette décrite par un point M, lié à la courbe roulante, a même longueur que la courbe G P H, lieu des projections du point M sur les tangentes à À CB. » Corollaires. I. Le limacon de Pascal, lieu des projections d’un point d’une circonférence sur les tangentes à cette courbe, a pour longueur le quadruple du diamètre. IL. La chaînette, engendrée par le foyer d’une parabole qui roule sur une droite, est rectifiable. TT. La spirale logarithmique est rectifiable; car, lorsqu'elle roule sur une droite, son pôle décrit une ligne droite. IV. Lorsqueila développante d’un cercie O roule sur une droite, le centre O décrit une parabole, Par conséquent, le lieu des pro- peson du point O sur les tangentes à la développante est recti- able, 44 V. La courbe élastique, engendrée par le centre d’un hyper- bole équilatère qui roule sur une droite, est rectifiable; car la lemniscate est rectifiable. VI. La courbe décrite par le foyer d’une ellipse qui roule sur une droite a même longueur que la circonférence décrite sur le grand axe comme diamètre, etc., etc. Séance du 6 février 1858 CHIMIE. Camphène, —M, Berthelot a fait dans cette séance la communication suivante : sk « Les relations qui existent entre l’essence de térébenthine et le composé cristallisé produit par son union avec l’acide chlorhy- drique et désigné sous le nom de campbre artificiel ont été l’ob- jet des recherches d’un grand nombre de chimistes. En effet, l’é- tude de ces relations paraît de nature à jeter quelque jour sur les phénomènes qui se passent dans la combinaison et sur la conser- vation plus ou moins complète des propriétés des corps généra- teurs au sein des combinaisons auxquelles ils donnent naissance. » On sait que le camphre artificiel se produit avec une extrême facilité et que son pouvoir rotatoire correspond presque exacte- ment à celui du carbure d'hydrogène au moyen duquel on le pro- duit : ces faits et quelques autres avaient conduit à penser que le monochlorhydrate cristallisé était constitué par le carbure lui- même, uni à l'hydracide,-sans être modifié. » La formation constante et simultanée d’un chlorhydrate li- quide isomérique , alors même que l’on opère avec un carbure homogène et défini par l'identité du pouvoir rotatoire des produits successifs de sa distillation , n’est pas un obstacle à la conclusion qui précède; car j'ai prouvé que le chlorhydrate liquide varie dans sa proportion et dans la valeur de son pouvoir rotatoire , suivant les conditions de l'expérience, ce qui autorise à l’envisager comme produit par une altération moléculaire du carbure générateur . » Toutefois, les expériences par lesquelles MM. Soubeiran et Capitaine ont cherché à dégager le carbure uni à l’acide chlorhy- drique dans le camphre artificiel n'ont pas confirmé les induc- tions relatives à la nature de ce carbure d'hydrogène, En effet, le carbure qu’ils ont obtenu en décomposant le camphre artificiel par la chaux est liquide (1) comme l’essence de térébenthine et iso- (1) M. Oppermann avait obtenu dans cette même réaction un carbure fu- sible à 40°, Li] 12 mérique avec elle ; mais il est privé du pouvoir rotatoire, ce qui l'en distingue d’une manière complète, Traité par l'acide chlo- rhydrique, il forme de nouveau et simultanément deux chlorhy- drates isomères, tous deux privés du pouvoir rotatoire, l’un cristallisé et analogue au campbhre artificiel, l’autre liquide. Ce carbure d'hydrogène n’est donc pas identique avec l’essence de térébenthine, et l'absence du pouvoir rotatoire ne permet pas d’ad- mettre sa préexistence dans le camphre artificiel. » Ainsi, le carbure d'hydrogène qui constitue l’essence de té- rébenthine, en traversant la combinaison, semble passer par une série successive de modifications isomériques , sans pouvoir être ramené soit au point de départ, soit du moins à quelque état fixe et déterminé propre à servir de base aux spéculations moléculaires, » C’est cet état fixe que j'ai réussi à obtenir à la suite de mes recherches sur les états isomériques de l’essence de térébenthine. » D'après ces recherches, l’essence de térébenthine etla plupart des carbures isomères sont modifiés soit quand on les chauffe isolé- ment au-dessus de 250°, soit surtout quand on les porte jusqu’à cette température avec le contact du chlorure de calcium ou d’au- tres chlorures terreux ou métalliques. — Or, ces deux conditions défavorables se trouvent réalisées dans la décomposition : par la chaux du monochlorhvdrate cristallisé d’essence de térében- thine. Pour les prévenir, il sémble nécessaire d’opérer cette dé- composition à une température inférieure ou tout au plus égale à 250°, et au moyen de la potasse ou de la soude qui n’altè- rent sensiblement l'essence, ni par elles-mêmes ni par les chlorures auxquels elles donnent naissance. Mais la potasse et la soude, chauffées en vase clos avec le camphre artificiel à une température voisine de 250°, ne l’attaquent que très imparfaite- ment, en raison de l’absence de dissolution réciproque. Les dissol- vants communs généralement usités, tels que l’alcool et les corps analogues, ne sauraient être employés, car la potasse et la soude des décomposent au-dessus de 200° avec dégagement d'hydrogène. »J’ai pensé que cette difficulté pourrait être tournéeen employant comme dissolvant commun de l’alcali et du camphre artificiel un acide organique, c’est-à-dire en employant un sel de potasse ou de soude convenablement choisi. L’acétate de soude qui se présente tout d’abord ne peut être mis en œuvre ; car l’acide acétique mo- difie isomériquement l’essence dès la température de 100°, mais 43 : on peut recourir soit au benzoate de potasse, soit aux sels de soude formés par les acides gras, c’est-à-dire au savon dessé- ché. On obtient ainsi un carbure cristallisé , tout-à-fait ana- logue par ses propriétés au camphre artificiel-dont il dérive, doué du pouvoir rotatoire et susceptible de s’unir de nouveau à l’acide chlorhydrique en ne donnant naissance qu’à un composé unique et défini, le camphre artificiel dont il dérive. Voici comment on opère : on chauffé le camphre artificiel avec 8 à 10 fois son poids de savon sec ou bien avec 2 fois son poids de benzoate depotasse dans des tubes scellés à la lampe, à une température comprise entre 240° et 250° et soutenue’pendant 30 à 40 heures au moins. Après refroidissement, on briseles tubes et on introduit le contenu de consistance gélatineuse dans une cornue tubulée ; on distille jus- qu’à ce que l'apparition de vapeurs blanches annonce que la sub- stance grasse est sur le point de se décomposer. On redistille le produit volatil; on met à part les premières gouttes qui distillent vers 160°, et on recueille séparément ce qui passe ensuite jusque vers 180°. Ce produit se prenden une masse cristalline, soit immé- diatement, soit au bout de quelques heures. On égoutte celte masse et on la comprime fortement entre des feuilles de papier buvard jusqu’à ce que le papier cesse d’être humecté. C’est le carbure d'hydrogène cherché, le véritable camphène. Le camphène renferme C =: 87,8 ; la formule C20H !6exige CG —88,2 H=—11,9 H=11,8 99,7 Il est solide, cristallisé, doué d’un aspect et de propriétés phy- siques tellement analogues à celles du camphre que de prime abord il serait impossible de l’en distinguer ; son odeur est ana- logue, mais beaucoup plus faible, souvent masquée par des traces de produits odorants développés durant sa préparation. Il fond à 45° et bout vers 160: il se‘sublime à la manière du camphre dans les vases qui le renferment. Il dévie à gauche le plan de: polarisation, mais dans une proportion beaucoup plus forte que l'essence de térébenthine, car son pouvoir rotatoire, déduit d’observations faites avec la solution du carbure dans 3 fois son poids d’alcool absolu, a été trouvé [x]r = —49°,1. Celui du carbure principal défini que j'ai isolé de l’essence de térében- thine du pin maritime, correspondante au camphène, est égal à — 32°,3. Th »On remarquera que le pouvoir rotatoire du camphène ne pré - sente aucune relation simple avec celui du chlorhydrate dont il dérive; la relation que l’on avait cru remarquer entre le pouvoir de ce dernier composé et celui de l'essence est donc acciden- telle. Du reste, un tel rapport ne se retrouve ni entre le pouvoir de l'essence du pin austral et celui de son chlorhydrate cristallin, tous deux lévogyres, ni entre ceux de l’isotérébenthine et de . sonchlorhydrate cristallisé, tous deux dextrogyres (1). _»fLecamphène est insoluble dans l’eau, peu soluble dans l'alcool ordinaire, très soluble dans l’éther et dans l’alcool absolu. Aban- donné au contact de l’air pendant 4 ans, il paraît n’éprouver au- cune altération et conserve ses propriétés, son aspect et son point dejfusion normal. Légèrement chauffé il absorbe le gaz iodhydrique et forme un composé liquide, lequel ne renferme probablement qu'un carbure modifié. » Le camphène agité avec de l'acide sulfurique concentré s’y délaye peu à peu avec une légère coloration jaunâtre ; bientôt surnagent quelques gouttelettes huileuses. Si l’on ajoute de l’eau au mélange, ou bien si on le broïe directement avec du carbonate de baryte, l’odeur du térébène produit de modification molécu- laire se développe aussitôt; il ne se forme pas de sel de baryte con- jugué stable, mais on observe quelques indices de son existence éphémère. » L’acide azotique résinifie le camphène, aussi bien qu’un mé- lange d’acide sulfurique et de bichromate de potasse; maisl’attaque du camphène par cesagents est plus lente et plus régulière que celle de l'essence de térébenthine. » Si l’on considère les grandes analogies physiques qui existent entre le camphène et le camphre ordinaire, on peut concevoir quelque espérance de changer le camphène en camphre par une oxydation ménagée : je poursuis ces expériences. » Le camphène se combine directement avec l’acide chlorhydri- que à la température ordinaire et régénère le camphre artificiel; 0sr,261 de camphre chauffés légèrement dans une petite cloche remplie de gaz chlorhydrique ont absorbé dans l’espace de quel- ques heures un volume de ce gaz pesant’ 05',0683, c’est-à-dire {1) Il est probable qu'il existe plusieurs variétés de camphène correspon- dantes à la multiplicité des camphres artificiels que je viens de rappeler, 45 26.2 p. 400. La formule G20H16HCI répond à une absorption de 26, 8 centièmes. » Le camphène dissous dans Palcool puissaturé de gaz chlorhy- drique se change entièrement en camphre artificiel', sans pro- duire de combinaison liquide : ce caractère l’éloigne tout à fait de l'essence de térébenthine, laquelle forme dans ces conditions un chlorhydrate sesquicarburé, 3C:0H8,2HCI, combinaison de bichlor- hydrate cristallisé, C?0H16,2HCI, et de monochlorhydrate liquide, C20H!6HCI. J’observerai que le camphène ne préexiste pas à l’état . de simple mélange dans l’essence de térébenthine, dont lacide chlorhydrique le séparerait sous forme cristalline en entrant en combinaison; car le pouvoir rotatoire du camphène est égal à 49e, celui du carbure principal défini contenu dans l'essence de téré- benthine à 32°; et celui de l’essence brute très voisin de ce dernier nombre. La proportion du camphène mélangé avec le carbure principal ne pouvait donc étre que très faible ; or 100 parties d’essénce peuvent fournir jusquà 110 parties de monochlorhy- drate solide, ce qui répond aux 86 centièmes du poids de l’essence. Cette dernière proportion indique même que l’on ne saurait con- sidérer le carbure principal comme formé par l'union intime du camphène apte à former un chlorhydrate solide avec un carbure isomère apte à former un chlorhydrate liquide ; car lerapportentre ces deux carbures devrait être au moins celui de 86 ; 14=6 : 1, relation trop compliquée pour être probable. -» L'action de l'acide chlorhydrique sur une solutionalcoolique de camphène est également contraire aux hypothèses précédentes. » La transformation complète du camphène en monochlorhydrate solide ou camphre artificiel achève d'établir que le carbure est bien réellement la base de ce chlorhydrate : l’analyse et la synthèse concourent à une telle conclusion. Elle est appuyée d’une manière remarquable par la conservation du pouvoir rotatoire et par l'ex- trême analogie de propriétés physiques qui existe entre le chlor- hydrate et le carbure d'hydrogène correspondant, et qui semble indiquer la permanence du groupement moléculaire du carbu: e au sein mêmé de sa combinaison. » — M. Berthelot a fait ensuite une autre communication rela- tive à l’action d’une dissolution alcoolique de polasse sur divers composés chlorés. L'action d’une dissolution alcoolique de Foie surles compo: 16 sés chlorés a ëté jusqu’à ces derniers temps assimilée en principe à l’action d’ure dissolution aqueuse de potasse , et les avantages que présente l'emploi du premier liquide ont été attribués uni- quement au contact simultané de la potasse et du composé chloré au sein d’un même menstrue. Dans ces conditions favora- bles, le composé chloré peut perdre plus aisément tout ou partie de son chlore sous forme de chlore, C'H{CI? + KO—C'H*CI+KCI+-HO ou même l’échanger contre de l'oxygène : CHCF+4KO—C?H0*,KO +AKCI. mais l'alcool ne semble pas intervenir. «Il n’en est pas toujours ainsi, dit M. Berthelot, et dans un grand nombre de circonstances, on peut reconnaître que l’alcool lui-même entre en réaction: tantôt il se combine à l’état nais- sant, tantôt il éprouve une décomposition complète. » J'ai établi ce rôle de l'alcool en montrant que la transformation de l’éther bromhydrique en éther ordinaire, sous l'influence d’une solution alcoolique de potasse, n’est pas due à un simple échange du brome contre l'oxygène : C*H5Br+KO—C{#H5O+-KBr, mais à l'intervention chimique de l’alcool : en effet, le poids d’éther or- dinaire formé est double de la proportion indiquée par l'équation précédente, et si l’on remplace l'alcool par la glycérine ou par la mannite on obtient des combinaisons particulières. » En étudiant l’action d’une dissolution alcoolique de potasse sur divers compusés perchlorurés, j’ai observé quelques phénomènes, dans lesquels l'intervention de l’alcool se manifeste d’une manière encore plus tranchée : car ce corps chauffé à 100° avec de la po - tasse et ces composés perchlorurés fournit du gaz oléfiant. » Ainsi, par exemple, si l’on chauffe à 100° pendant une semaine, dans des tubes fermés à la lampe, un mélange de potasse, d’alcool absolu et de perchlorure de carbone, C°Cl', ou de chloroforme, C2HCF, on obtient une certaine proportion de gaz oléfiant pur. » Le dernier fait s'accorde avec une expérience de M. Hermann d’après laquelle le bromoforme décomposé par une dissolution alcoolique de potasse à fourni un mélange de gaz oléfiant et d'oxyde de carbone (Ann. der Ch. und Pharm., XCY, 211, 4855). Seulement dans les conditions où je me trouvais, je n'ai pu observer la formation de l’oxyde de carbone, parce que sous A l'influence du temps, ce gaz est absorbé à 100c et changé en for - miate par une dissolution aqueuse où alcoolique de potasse. » La décomposition del’alcoo! sous l'influence de la potasse ct du composé chloré à une température aussi basse que 100 et la pro: duction du gaz oléfiant dans ces conditions est extrêmement cu- rieuse. Elle n’est pas due à l’action directe de la potasse sur l'alcool, car ces deux corps peuvent être chauffés ensemble, même à 200°, pendant plusieurs heures, sans éprouver d'action réciproque. On pourrait peut-être rattacher cette production de gaz oléfiant au défaut de stabilité de certaines combinaisons doubles qui ten- draient à se former entre l'alcool et les produits oxygénés dé- rivés du corps chloré par substitution ; mais je ne vois pas com- ment cette explication s’appliquerait aux faits suivants : » Si l’on chauffe à 400° pendant unesemaine une solution alcoo- lique de potasse avec du sesquichlorure de carbone, C{CI°, om avec du protochlorure, G*C!°, il se forme un mélange de gaz olé- fiant, C*H*, et d'hydrogène. » La production de cesdeux gaz, celle du dernier surtout, atteste le jeu de décompositions plus profondes et pluscompliquées qu’on n'eut été porté à le croire, dans la réaction d’un corps chlorésur une solution alcoolique de patasse. Ces décompositions sont en- core atteslées par d’autres phénomènes. » En effet, dans ces conditions, non-seulement le chlorure de car- bone, C?CI*, produit de l'acide carbonique, G?0* -_ » Le chloroforme C:HCB, de l'acide formique C2H0%,HO: » Le sesquichlorure de carbone, CCIf, de l'acide oxalique, G:05,2H0 (1). | DA . » C'est-à-dire les produits simples et stables de la substitu- tion du chlore par l'oxygène; mais en même temps prennent naissance divers liquides et surtout des substances insolubles, de nature humoïde, analogues à celles qui se forment dans la réaction des alcalis sur le glacose {2). Ces matières paraissent résul . A ter de l’action à l’état naissant exercé par l’alcali sur les principes (4) Le protochlorure de carbone, C*CG', a fourni également de l'acide oxalique. (2) Epuisée par l’eau et par l'acide chlorhydrique dilué, puis séchée dans le vide, la matière fouroie par le perchlorure de carbone, C2CI*, renfermait : C=—52,2; H—/,8; CI=12, 2; cendres—6,8 ; cellefournie par le sesqui- chlorure de carbone, G*CI", renfermait ; C—38,5 ; H—5,5; Cl=/,0: cen- dres—21 ,7 ë Extrait de l’Znstitut, 47° section, 1858. 3 æ Lo) trèsoxygénés et analogues laglycérinc etaux matières sucrées qui tendent à se former, en vertu de cette même substitution du chlore par l’oxygène, » Séance du 20 février 1858. CHiMie. Recherche et dosage de l'acide phosphorique.. — Voici le résumé d’une communication de MM. Damour et Henri Sainte-Claire Deville. Le dosage de l’acide phosphorique dans ses combinaisons exerce depuis longtemps la sagacité des chimistes : on sait que la présence de cet acide échappe souvent aux recherches analytiques ; on sait aussi combien il est difficile de le dégager de certaines substances avec lesquelles il est uni par de fortes affinités. Divers réactifs ont été successivement proposés pour reconnaître et doser les phos- phates ; on peut citer notamment : les sels de chaux; de magné- sie, de fer, de manganèse, d’urane, de mercure, d'argent, le molybdate d’ammoniaque, etc., etc. « Aux méthodes déjà connues et qui suivant les cas peuvent présenter des avantages réels, nous venons, disent les auteurs de la communication dont il s’agit ici, en ajouter une nouvelle qui nous paraît de nature à faciliter la recherche de l’acide phospho- rique, à lle dégager de ses combinaisons les plus stables, et, nous l’espérons aussi, à fournir un moyen de le doser exactement. » Dans le /cours d’un travail que nous avons entrepris en com- mun sur les'propriétés du cérium, du lanthane, du didyme et de leurs composés, nous avons reconnu que les sels de sesquioxyde de cérium pouvaient devenir un réactif commode pour manifester la présence de l'acide phosphorique. Lorsqu'on verse, en effet, du nitrate ou du sulfate acide de sesquioxyde de cérium dans la dissolution nitrique acide d’un phosphate, il se forme assez rapi- dement un volumineux précipité blanc ou légèrement teinté de jaune qui se dépose et reste insoluble dans la liqueur acide. C’est ainsi qu’en dissolvant dans l’acide nitrique du phosphate de chaux, ou bien du phosphate de fer, du phosphate d’urane, du phosphate d’alumine, et versant ensuite dans cette liqueur acide du nitrate ou du sulfate cérique acide, il se forme un précipité de phosphate cérique, tandis que la chaux, l’oxyde de fer, l’oxyde d’urane, lalumine, restent en dissolution dans la liqueur acide. » Cette réaction des sels cériques sur les phosphates s'exerce 19 de la même manière sur les arseniates, de telle sorte qu’on serait exposé à confondre ces différents composés si l’on n’avait pas déjà des méthodes qui permettent de les distinguer très nettement. » Nous espérons que le procédé que nous venons d’indiquer pourra trouver un utile emploi dans les recherches de chimie agricole où il est devenu si important de déterminer la présence, et, autant que possible, la proportion des phosphates contenus dans les terres, les amendements et les engrais. » En dissolvant certains échantillons de fer métallique dans l’a- cide nitrique, et traitant la dissolution par du nitrate cérique, nous avons obtenu un faible précipité floconneux indiquant ainsi, dans le fer, la présence d’un composé se » Nous nous bornons, pour le moment, à présenter ce sim- ple exposé des réactions des sels cériques sur les phosphates, nous réservant d'entrer dans plus de développements lorsque nou aurons complété nos recher ches sur ce sujet. » Séance du 27 février 1858. ANATOMIE COMPARÉE, — La note suivante sur l’encéphale du Caïnotherium commune, Brav., a été communiquée dans cette séance par M. Pierre Gratiolet. « En poursuivant mes recherches sur l'encéphale des animaux mammifères, j’arrivai bientôt à cette conviction qu’on ne pouvait a voir une idée exacte de la forme de leur cerveau que par des em- preintes fidèles de la cavité cranienne; je reconnus qu'il était possible d’assigner à l’encéphale des animaux qui composent un groupe naturel une figure définie et caractéristique, qui se modifie toutefois d’une certaine manière dont on trouve le plus souvent la loi en passant des plus grandes espèces aux plus petites; je re- marquai enfin que dans ces petites espèces les plis cérébraux lais- sent sur la boite osseuse des traces profondes, à tel point que chez ces animaux une empreinte intérieure du crâne devient la repré- senfation exacte et complète de leur encéphale et des circonvo- lutions qui en couyraient la surface. Ainsi, par une circonstance véritablement admirable, l'organe le plus important et le plus dé- licat de l’économie animale est, du moins dans les Mammifères et les Oiseaux fossiles, celui dont les traces se conservent le mieux, et tandis que nous ne pouvons juger que par analogie des viscères et de la constitution des autres parties molles, il nous est permis 20 de décrire avec la plus grande certitude les formes caractéristi- ques de leur cerveau, ce qui donne à l'étude des circonvolutions cérébrales une importance nouvelle que peu de personnes ont soupconnée. On comprendra d’ailleurs très aisément que la per- fection des résultats ayant pour condition l’état de conservation des crânes dont on dispose, il ne dépend de la volonté d’aucun anatomiste de multiplier à point nommé ses recherches et ses ex- périences, de manière à arriver à un système complet d’observa- tions en un temps déterminé. Ce nouveau desideratum de la mammologie paléontologique ne pouvant donc être comblé par les efforts d’un seul homme, il faut nécessairement faire appel à tous, et pour ne point perdre, en ce qui me concerne, des instants pré- cieux, j’aborde immédiatement la description complète de la con- figuration extérieure de l’encéphale d’un petit Palchyderme fossile, voisin des Anoplothères. C’est un premier tribut au- quel j’ajouterai successivement au fur et à mesure des occasions qui me seront offertes; mais je dois dire avant toutes choses que le travail m'a été rendu facile par la perfection des empreintes véritablement admirables que je dois à l’habileté de M. Sthal, chef de la section de moulage du Muséum. » L’encéphale du Caënotherium commune, Brav., dont je donne ici un dessin exact, est moins volumineux et surtout beau- coup moins large que celui du Lapin. Sa longueur totale est d’en- viron 46 millimètres, depuis le point le plus reculé du cervelet médian jusqu’à l’extrémité des lobes olfactifs. Dans cette somme, le diamètre antéro-postérieur du cervelet égale 10 millimètres. La longueur des. hémisphères cérébraux est de 30 millimètres. Celle de la partie des lobes olfactifs qui dépasse le cerveau est de 6 mil- limètres seulement. L'ensemble du cerveau proprement dit est fort allongé eu égard à sa largeur. Cette largeur en effet n’est que de 23 millimètres en arrière; elle diminue à mesure qu’on s’a- vance vers l'extrémité antérieure, dont le diamètre transversal est tout au plus de 11 millimètres. Les lobes olfactifs, presque entiè- rement à découvert, sont moins divergents que dans les petits Ruminants : leur racine est moins étranglée. L’atténuation des lobes antérieurs en avant, bien que fort apparente, est beaucoup moins marquée que dans les petits Chevrotains et dans les plus petites Antilopes, que distingue d’ailleurs une plus grande largeur du cerveau à sa partie postérieure. Le lobule du pli unciforme est 21 peu saillant, et la racine du lobe olfactif n’est point excavée par la saillie des voûtes orbilaires | comme on le voit dans les petits ani- maux que nous venons de nommer ici. » Ainsi, à tous ces égards le Caënotherium diffère absolument des plus petites Antilopes et des Chevrotains, sans en excepter le Moschus aquaticus, dont quelques naturalistes ont voulu le rap- procher, mais fort à tort selon nous; et s’il a quelques analogues dans le groupe des Ruminants tel qu’il est aujourd'hui conçu par jee z0ologistes, il faudra les chercher, non dans la division des Cerviens, mais parmi les Caméliens, qui offrent un type d'organisation cérébrale très distinct, et à certains égards semblable à celui des Pachydermes tridactyles, du moins au membre postérieur. » L'étude des circonvolutions exprimera | davantage encore ces différences d’une part, J jet d'autre part ce rapprochement. — L’étage / supérieur des circonvolutions, fig. 1 a, b, com- prend sur chaque hémisphère deux plis longi- iudinaux à peu de chose près parallèles. Cette disposition est fort différente de celle que pré- sente l'étage supérieur des circonvolutions des Chevrotains qui offre la forme d’untriangle à 18. 1 (1)+ : base large dont le sommet est dirigé en avant. L’étage inférieur, fig. 2. f,s He aussi beaucoup de la forme que présentent les vrais Ruminants. Chez ces derniers, de deux lobu- les qui le composent, le postérieur l’emporte con- stamment sur l’antérieur. L’inverse a lieu dans le (1) Explication des lettres de la figure 1.—a, b, plis parallèles de l'étage supérieur. €, d, étage moyen, e, étage inférieur. À, lobe olfactif, B; bulbe. C, lobe médian du cervelet, D, lobe latéral, E, lobule auriculaire, (2) Explication des lettres de’la figure 2. — A, lobe olfactif, B, bulbe, C, D, cervelet médian. E, cervelet latéral. e, lobule auriculaire, & , b, plis parallèles de l'étage supérieur, c, d, étage intermédiaire. f, lobule postérieur de l’élage inférieur, g, racine du lube olfactif, 22 Caïnotherium, ce qui le rend à Ja fois semblable aux Caméliens et aux Pachydermes à doigts pairs qui composent le grand genre Sus de Linné; mais l'existence de l’étage intermédiaire 4 le sé- pare clairement de ces derniers, pour le rapprocher au contraire des Chameaux. » L'examen du cervelet considéré.en général fournit des carac- tères non moins précis. — Dans tous les vrais Ruminanis, et n0- tamment dans les plus petits du groupe, le cervelet a une forme caractéristique fort aisée à définir. Le corps du lobe médian est très court d’avant en arrière et fort élevé. Sa direction est pres- que horizontale. Son vermis au contraire est vertical et deux fois plus long. Les vermis latéraux sont enroulés d’une manière assez compliquée, surtout dans les grandes espèces, mais ne présentent aucune trace du lobule auriculaire, — Le cervelet du Caïnothe- rium offrait une forme très différente ; en effet, la portion hori- zontale du cervelet médian est,dans l'empreinte que nous étudions ici,deux fois aussi longue que sa portion verticale,et se recourbant en avant s’enfonce sous le bord postérieur des hémisphères céré- braux. Le vermis est régulier et présente des indices de plis assez. nombreux. Les lobes latéraux, fig. 2. E, et fig. 4. D, forment deux masses symétriques très simples et présentent un petit lobule auriculaire, fig. 4. E, et fig. 2. e; cette configuration n’a évidem- ment aucun rapport avec celle que présente le cervelet des plus petits Ruminants vrais, tels que le Moschus javanicus par exem- ple.—Les tubercules quadrijumeaux étaient évidemment entière- ment recouverts par le cerveau, règle qui ne souffre d’ailleurs aucune exception parmi les Mammifères monodelphes hors de l’état fœtal. » Cette observation confirme l’idée que j'ai ailleurs énon- cée, savoir que, dans les groupes de Mammifères qui compren- nent à l’état vivant ou fossile des animaux gigantesques, toutes les espèces ont des circonvolutions, quelle que soit d’ailleurs l’exi- guité de leur taille. On peut faire encore une autre remarque : si un grand groupe naturel comprend plusieurs familles, dont les unes contiennent des espèces gigantesques, les autres n’en pré- sentant au contraire que de fort petites, les animaux pygmées des premières familles, parents si je puis.ainsi dire d'espèces géantes, _ont, quel que soit d’ailleurs le degré de leur petitesse, des circon- volutions plus compliquées que certains animaux beaucoup plus 2 23 grands en réalité, mais qui appartiennent à d’autres familles dont le type n’a jamais présenté que des réalisations médiocres. C’est ainsi que le Moschus moschiferus (Linn.), le géant du groupe des Chevrotains, a beaucoup moins de circonvolutions que le Quevey (Antilope pygmæa, Pall.) qui lui est très mférieur par la taille, mais qui est une Antilope. Je suis convaincu que l’étude de l’encéphale d’un animal encore plus petit (l’Æntilope spini- gera, Temm.) confirmera cette règle, que tous les faits qu’il m’a été permis d'étudier suffisamment confirment. » Séance du 20 mars 1858 MINÉRALOGIE OPTIQUE. Propriétés optiques biréfringentes des corps crislallisés.—M. Descloïzeaux avait communiqué l’an- née dernière à la Société l’extrait d’un premier travail sur les propriétés optiques biréfringentes des corps cristallisés ; dans une seconde communication faite aujourd’hui, il expose les nouveau x résultats auxquels il est parvenu en continuant ses recherches et en les étendant à un assez grand nombre de cristaux naturels ou artificiels. Dans l’extrait qui suit, l’auteur se contente de donner la valeur desindices qu’il a pu mesurer, et de présenter quelques remarques sur les corps pour lesquels la détermination incom- plète ou inexacte de la forme cristalline a été complétée et corrigée par l'examen des propriétés optiques biréfringentes. Parmi les corps biréfringents à un axe positif, M. D. n’en a trouvé que deux dont il ait pu déterminer les indices. Le premier est le sulfate de lanthane en pctites aiguilles inco - lores décrites par M. Marignac comme se rapportant à un prisme rhomboïdal droit voisin de 120, La forme doit en réalité être considérée comme hexagonale ; ses indices ordinaire et extraor- dinaire sont : o—1,564 ; 1, 969 pour les rayons rouges. Le second est la schéelite en petits cristaux transparents de Traverselle et de Framont. Les indices sont : w—1,918 à 4,949 ; —1,934 à 1,935 pour les rayons rouges. Parmi les corps à un axe négatif, voici ceux dont M. D. a dé- terminé les indices ou seulement le signe de la double réfraction. 4° Mimetèse : o—1,47h; &—1,465 pour les rayons rouges. Cristaux d’un jaune pâle en prismes hexagonaux, 2h . 2° Hédyphane, arséniate de plomb. Gristaux blancs. o—1 "h67; 22; ,163 pour les rayons rouges. 3° Arséniale de potasse en petits cristaux prismatiques carrés, parfaitement purs et transparents. w—1,564 ; «1,515 pour les rayons rouges. h° Bromate de didyme ; Marignac : prisme hexagonal régulier. 5° Saphir d’un bleu pâle. w—1,7676 à 1,7682 ; e—1,7594 à 4,7598 pour les rayons rouges. 6° Rubis d’un beau rouge. w—1,7674 ; e—1,7592. On voit que les indices du rubis sont très peu différents de ceux du saphir. 7° Wulfénite, plomb molybdaté. w—2,402 ; e—2,304 pour les rayons rouges. Ce minéral est une des substances assez rares dont les indices sont supérieurs à 2. 8° Tartrate d’antimoine et de strontiane cristallisé à chaud ; Ma- rignac. Prisme hexagonal régulier. w—1,6827 ; «—1,2874 pour les rayons rouges. J'avais espéré, dit l’auteur, rencontrer dans ces cristaux, comme dans le sulfate de strychnine octaédrique, la polarisation rota- toire; malheureusement il n’en est pas ainsi ; cela tient sans doute à ce que cette propriété y est peu développée et qu'elle y est même annulée par suite d’irrégularités analogues à celles du béryl, qui, dans certaines positions, donnent au cristal l'apparence d’une substance à deux axes. Les cristaux à deux axes dont M. D. a déterminé le sens de la double réfraction ou les indices sont les suivants : Cristaux positifs. 1° Calamine en petits cristaux de la Vieille-Montagne. «1,635 : B—1,618 ; y—1,615 pour les rayons jaunes; d’où l’on conclut : 2V—h5° 57; 2E—78020/, On a trouvédirectement : 2£—79030" environ. 20 Diopside très pur. «—1,7026; £—1,6798 ; y—1,6727 pour les rayons jaunes. On en conclut 2V—58°59"; 2£—111°34". On a trouvé directement 2£—111025". 3° Amphibole. Prisme rhomboïdal oblique de 124030’.pht— 40458". Plan des axes parallèles à g!. Bissectrice faisant un angle d'environ 75° avec une normale à 2! et un angle de 150°2’ avec une normale à p dans la hornblende. Ces angles paraissent être de 729 envi'on ct de 4470 dans la pargassite. L’angle extérieur des Ù 25 axes dans cette dernière variété est approximativement 2E—100° à 105. 4° Sulfate de Strychnine à 42 atomes d’eau. Prisme rhomboïdal oblique de 24°57' ; pm—93°4h"; pht—107°23', hémièdre. Cli- vage interrompu suivant la base. Plan des axes parallèle à la dia- gonale horizontale de la base, faisant un angle de 15°10’ environ avec une normale à [a base et un angle de 57°17’ avec une nor- male à Af, Bissectrice normale à la diagonale horizontale, faisant un angle d'environ 74°50’ avec la diagonale inclinée. 2£—16°30” à 17°, ÿy—1,594 pour les rayons rouges. La dispersion parallèle propre aux cristaux du système prismatique rhomboïdal oblique qui ont le plan de leurs axes parallèle à la diagonale horizontale de la base est des plüs marquées ; il est donc impossible de considé- rer la forme de ce sel comme dérivant du prisme rhomboïdal droit, ainsi que l’a fait M. Schabus. 5° Les cristaux de sulfite de soude fraîchement préparés offrent une dispersion très forte pour les axes des différentes couleurs, et ces axes sont beaucoup plus rapprochés que dans les cristaux déjà altérés à l’air. Vers 10° G., le plan des axes rouges est parallèle à 9! ; leur bissectrice fait un angle d'environ 22° avec une normale à ht et un angle de 108°24/ avec une normale à p. Le plan des axes violets est perpendiculaire au premier ou parallèle à la dia- gonale horizontale de la base ; leur bissectrice coïncide avec la bissectrice des axes rouges. Pour les rayons compris entre le vert et le bleu, les deux axes sont réunis-.en un seul. 6° Chlorure de cuivre ; CuCl-+-2Aq. Prisme rhomboïdal droit de 94°54"; clivage très facile suivant les faces #2 et suivant la base p; plan des axes parallèle à la base ; bissectrice parallèle à la petite diagonale de la base ; £—1,681 pour les rayons rouges. 7° Chlorure de baryum ; BaC14-2Aq, isomorphe avec le précé- . dent. Prisme rhomboïdal droit de 92051’; clivage facile suivant _p, assez facile suivant gt et hî. Plan des axes parallèle à la base ; bissectrice normale à gl. a—1,664 ; f—1,644; y—1,635 pour les rayons jaunes. On conclut de là : 2V—67°4"; 2E—130°22" M. Grailich a trouvé 128°6’. 8° Hureaulite. Prisme rhomboïdal oblique de 61°; phl— 90°33. Plan des axes parallèles à la diagonale horizontale de la base ; bissectrice faisant un angle d’environ 45° avec une normale Extrait de l'Institut, A'e section, 1858, 4 26 à A1 et un angle de 74°27’ avec une normale à p. Axes très écartés. 9° Tartrate d’antimoine et de chaux avec azotate de chaux; 4 (CaO Sb°05, CSH4010 + 6Aq)+-Ca O Az°0ÿ, Marignac. Prisme rhomboïdal droit de 123°56'; clivage facile parallèle à g*. Plan des axes parallèle à g! ; bissectrice normale à la base. «—1,6196 ; B—1,5855; y—1,5811 pour les rayons jaunes; d'où l’on conclut : 9V—40°11'; 2E—661; M. D. a trouvé directement 2E— 65°30/ à 66°. - Ce sel a été décrit par M. Rammelsberg comme cristallisant en prisme droit à base carrée, à cause de la presqu’égalité des angles pal et gtm et de l'hémiédrie habituelle à une des faces. Les corps négatifs dont M. D. a déterminé les propriétés opti- ques biréfringentes lui ont surtout été fournis par MM. Damour et Henri Sainte-Claire Deville, dont les recherches sur les compo- sés des oxydes de cérium, de lanthane et de didyme, poursuivies laborieusement depuis plus de deux ans, promettent une série de cristaux des plus intéressants pour la variété de leurs formes et de leurs propriétés optiques. Les principaux sels qui ont été re- mis par ces deux chimistes à M. Descloizeaux sont les suivants : Cristaux à un axe négatif. 4° Azotate de lanthane et de magnésie. Rhomboèdre obtus de 10907. Double réfraction énergique. 20 Azotate de lanthane et de manganèse. Rhomboëdre obtus de 109°7/, complétement isomorphe avec le précédent. Cristaux légè- rement rosés. Double réfraction énergique. 3o Azotate de lanthane et de zinc; complétement isomorphe avec les deux précédents. Cristaux à deux axes négatifs : 4° Azotate de lanthane et d’ammoniaque cristallisé au milieu de l’acétate de lanthane. Prisme rhomboïdal droit de 98°4h'; cris- taux incolores très aplatis suivant la base. Plan des axes parallèles à A1; bissectrice normale à la base; 2E—62° environ. 90 Azotatede lanthane etd’ammoniaque. Prisme rhomboïdal obli- que de 82048; pm—106°; phi—113°; clivage facile parallèle à la base, Plan des axes parallèle à la diagonale inclinée et à gt ; bissec- trice faisant un angle d'environ 33° avec une normale à p et un angle de 41002 avec une normale à h1.2E—80 à 10°. Les axes sont comme on le voit très rapprochés et lorsque leur plan coïncide avec le plan 27 de polarisation , les deux {systèmes d’anneaux se réduisent à une ellipse traversée par une croix noire dont les deux sommets sont notablement dissymétriques. 3° Azotate ammonicocéreux. Prisme rhomboïdal oblique a 82°50’ environ. pm—105°40"; ph'—113°; isomorphe avec le sel précédent. Plan des axes parallèle à la diagonale horizontale de la base faisant un angle d'environ 33° avec une normale à la base et un angle de 400° avec une normale à 21 ; bissectrice normale à la diagonale horizontale, faisant un angle d'environ 123° avec la diagonale inclinée en avant. 2E—26°10” pour les rayons rouges. Dispersion, horizontale indiquant lobliquité du prisme, aussi no- table que dans le suifate de strychnine à 12 atomes d’eau. Ce sel a le plan de ses axes perpendiculaire à celui du sel précédent; comme ils sont géométriquement isomorphes, leur mélange pro- duira peut-être des phénomènes intéressants à étudier. h° Sulfate de didyme rose. Prisme rhomboïdal oblique de B4°50/.pm—99c4l"; phi=—118°8", Marignac. Clivage très facile suivant la base. Plan des axes parallèle à la diagonale horizontale de la base, faisant un-angle d’environ 8° avec une normale à pet un angle de 53°52’ avec une normale à k!. Bissectrice perpendi- culaire à la diagonale horizontale el faisant un angle d’environ 820 avec la diagonale inclinée. L’angle apparent des axes dépasse 120. 5° Sulfate de dede te cérium. CeOSO®+34Aq, Marignac. Prisme rhomboïdal droit de 92°37. Cristaux ordinairement en octaèdres rhomboïdaux sous les angles de 114°12/, 1141010’ et 103014’. Plan des axes parallèle à la base. Bissectrice parallèle à la grande diagonale de la base, 6° Sulfate de cérium à chaud ; cristaux rosés. Prisme rhomboï- dal oblique de 70035’; pm—95°58 ; phl—100°22, les cristaux sont presque toujours hémitropes autour de At et offrent l’appa- rence de prismes rhomboïdaux droits terminés par un sommet té- traèdre. Plan des axes normal à g‘ faisant un angle d’environ a ae M : 3245" avec l’arête — €tun angle de 67057 avec l’arète == . Bis- sectrice normale à g!. 1° Acétate de lanthane. Prisme doublement oblique ; #h1— 130025"; 4A1—141056/; pm—117095 ; p{—11910/, Ces cris= 28 taux g’altérant facilement à l’air, on n’a pu encore déterminer la . position de leurs axes optiques. 8° Aiguilles rhombiques accompagnant quelquefois l’azotate double n° 2. Ces aiguilles se rapportent à un prisme rhomboïdal droit de 95°40’ environ dont les dimensions ne sont pas encore parfaitement déterminées. Leur composition et leurs propriétés optiques devront aussi être soumises à un nouvel examen. 9° Azotate de lanthane ; cristaux roses très aplatis ; prisme dou- blement oblique, m{—118°30"; pm—91930’ environ; p{—96035”, Ce sel demande aussi un nouvel examen pour en déterminer les propriétés optiques. Les cristaux qu’on en a obtenu jusqu'ici sont moins nets que ceux des autres sels de lanthane et de cérium. MATHÉMATIQUES. — M. Catalan communique les propositions suivantes, relatives à la {héorie des séries (1). Théorème I. Soit f(x) une fonction positive et infiniment dé- croissante, au moins à partir de x—0 ; soit F (x) la fonction pri- mitive de f(x); on aura, en désignant par S, la somme des pre- miers termes de la série f (1), (2), f (3)... : S, ZE (a41)—F(1), | 4 8, EF (x) — F(0). (a) Théorème I. $, > E(u+1)—A)+5] 04 f(x) à: SG] F—0-r(0-+rçi4-1)—70 | (8) + Loto] Théorème III. S, D F1) F1) (020) 1) dj), | C SC U PL) A1) 12) 55 f{a—1) o 7 +33 /(). (4) Quelques-unes de ces propositions sont connues; mais, comme on les démontrait ordinairement en employant le calcul intégral, il paraissait diffi- cile de les faire entrer dans l’enseignement élémentaire, 29 Remarques. T. Les formules (A), qui sont les plus simples et les plus évidentes, sont aussi celles qui donnent le moins d’ap- proximation. Le contraire a lieu pour les formules (C). Si l’on désigne par &, 6, y les limites des erreurs qui résultent de l’em- ploi de ces trois systèmes de formules, on a = ÉCRECI — Le (1) —F(0) | , pui [rt (+1) )rtu1) | CE [ro Es ru) |- ie — (1) | + 70 Hi rere0 | II. Si l’on applique les formules(C)à la formation du deuxième * million de termes de la série harmonique, savoir : 4 6 1 4 000 001 Er 2 000 000 ” l'erreur commise est inférieure à 0, 000 000 004. III. Le terme général d’une série ayant pour limite zéro, la somme d'un nombre indéfiniment grand (1) de termes peut avoir pour limite zéro, sans que la série soit convergentc. Séance du 3 avril 1858, CHIMIE. États du soufre. Leur préparation. Action de La chaleur, — M. Berthelot a communiqué à la Société, dans cette séance, la note suivante, relative à l’étude détaillée de la prépara- tion des divers états du soufre et à l’action qu’ils éprouvent de la part du temps et de la chaleur, c’est-à-dire à des faits connus d’une manière générale, mais dont l’examen plus approfondi n’est point sans quelque intérêt. « I. Soufre insoluble extrait de la fleur de soufre. — De toutes les variétés de soufre insoluble, c’est la plus facile à obte- nir ; elle peut être envisagée comme un type au point de vue de ses prépriétés et de ses réactions, car elle se trouve dans un état d'équilibre presque définitif. » 800 grammes de fleur de soufre sont broyés dis) un mortier (1) Indéfiniment grand signifie ici ; qui croît indéfiniment. 30 avec 500 à 600 grammes de sulfure de carbone, le tout est intro duit dans un ballon d’un litre et placé sur un bain-marie jusqu’à ce que le sulfure entre en ébullition. On enlève le ballon; on le laisse reposer pendant deux ou trois minutes et on décante sur un filtre sans plis le sulfure de carbone avec la portion de fleur de soufre demeurée en suspension. On répète trois à quatre fois cette série d'opérations dans la même journée, et on termine en jetant tout le soufre avec le liquide qui l’imprègne sur un filtre sans plis. Le lendemain, on détache le soufre resté sur le filtre, on le broie, on l’introduit de nouveau dans le ballon, et on recommence la même série de traitements que le premier jour. Au bout de six jours, le soufre ne cède pour ainsi dire aucune matière soluble au sulfure de carbone ; on le jette sur du papier buvard, et on le laisse se dessécher pendant un jour ou deux; puis on le replace dans le ballon; on le mouille avec 100 grammes d’alcool absolu et on fait bouillir le tout au bain-marie pendant un quart d’heure. Cette opération a pour but de transformer en soufre octaédrique, par une action de contact, une portion du soufre insoluble, moins stable que le reste et analogue au soufre insoluble extrait du sou- fre trempé. Au bout d’un quart d'heure d’ébullition, on décante l'alcool et on jette le soufre sur un filtre sans plis pour l’égoutter. On achève de le dessécher rapidement entre deux feuilles de pa- pier buvard, puis on l’introduit dans un ballon et on recommence à l’épuiser par le sulfure de carbone, en suivant la même marche que ci-dessus. — Cet épuisement est terminé au bout de trois ou quatre jours. On égoutte le soufre, on le sèche en le plaçant sur du papier buvard, puis on l’étend en couche mince entre deux feuilles de papier buvard et on le conserve à l'air libre pendant deux semaines, afin de laisser échapper les liquides volatils dont il est imprégné. Enfin on le sèche dans le vide à côté de l'acide - sulfurique et on le conserve dans un flacon bouché à l’émeri. » 300 grammes de fleur de soufre fournissent par ce procédé 15 à 80 grammes de soufre insoluble. > Voici quelques précautions qu’il est bon d'observer. —Le sul- fure de carbone du commerce, même rectifié, n’est point suffi- samment pur pour les épuisements ; car je n’ai point trouvé d’é- chantilllon tel que 10 grammes lévaporés dans une petite capsule ne laissassent aucun résidu : il reste en général quelques traces de soufre mou et visqueux, renfermant des matières étrangères ; o1 aussi est-il indispensable de redistiller soi-même le sulfure de carbone. — Il faut éviter l'emploi d’un sulfure de carbone con- tenant de l'hydrogène sulfuré, ce qui arrive parfois, parce que l'hydrogène sulfuré exerce une action nuisible. Enfin le sulfure de carbone doit être anhydre et conservé dans des flacons secs, autrement il s’altère et jaunit. » Le soufre insolable doit être très exactement dépouillé d’al- cool, car s’il en retient la moindre trace, il se modifie lentement par action de contact et repasse à l’état de soufre cristallisable. Dans une préparation où les traitements définitifs par le sulfare de carbone n'avaient pas été suffisamment prolongés, et malgré l'exposition à l’air libre pendant plusieurs jours, le soufre rete- nait encore des traces d’alcool presque impondérables : etccpen- dant leur action fut telle que les # de soufre se trouvèrent rame- nés au bout d’un mois à l’é tat de soufre cristallisable, «Ce fait prouve combien ces phénomènes sont délicats et sous la dépen- dance de circonstances qui peuvent demeurer inaperçues faute d'une attention suffisante. -» J'ai cherché à déterminer quelle sacre être l'influence du temps sur la conservation du soufre insoluble extrait de la fleur de soufre, Un échantillon préparé il y a deux ans renferme mainte- nant 33 centièmes de soufre cristallisable, Il serait intéressant de faire cet examen sur des échantillons plus anciens : malheureu - sement la découverte du soufre insoluble est trop récente pour le permettre ; mais on peut arriver au même but jusqu’à un certain point en étudiant des fleurs de soufre anciennes. Les résultats sont moins nets que s'ils avaient porté sur le soufre insoluble pur, car il se trouve intimement mélangé dans la fleur de soufre avec du soufre cristallisable : de plus, l’âge de la fleur de soufre repose seulement sur des témoignages, el on ignore à quelles influences il a pu être soumis. Toutefois sa conservation dans des collections présente des garanties qu’il est facile d'apprécier. Divers savants, MM. Bérard (de Montpellier), Stas, Ch. Deville, Guibourt, Bé- champ,Brame,Jacquelain, Personne, Riche, de Luca, Péan de Saint- Gilles, Deschamps, Barruel, ont eu l'obligeance de m'adresser des échantillons de soufre d'origine et de date diverses: je les prie de vouloir bien accepter ici l'expression de ma reconnaissance. » Voici les résultats : Fleur de soufre récente ; sur 400 parties, soufre insoluble 28 32 , Grésil pris au sommet du monticule qui se forme au-des- ; sous du gueulard (Bérard) (1857) 23 Id. pris à la base (id.) 24 Id, pris loin du gueulard (id.) 26 Id. pris dans l’axe du gueulard près du mur opposé (id.) 30 Fleur de soufre datant de plus de 7 ans (Riche) 25 Id. ide 40 ans (Péan de St-Gilles) 27 Id, id, A0 ans 2, Id. id. 12 ans (Biame) 46 Id. de 7 à 44 ans (Ch. Deville) 16 Id. 45 ans (Barruel) 23 Id. . 20 à 25 ans (Jacquelain) 22 Id. 48 ans (Deschamps) 47 Id. 16 ans (Stas) 42 Ide 80 ans (de Luca) 42,5 ."1d 38 ans (Slas) 17 Id. 30 à 50 ans (Béchamp) 45 “ On voit que le sens général de ces résultats indique une dimi- nution progressive de la proportion du soufre insoluble contenu dans la fleur de soufre, sous l'influence du temps : mais cette di- minution est lente. » II. Soufre insoluble extrait du soufre trempé. — Ce sou- fre se distingue du précédent par sa résistance moindre à l’action de la chaleur et à celle des agents modificateurs. Ainsi il suffit de le faire bouillir avec de l’alcoo! pendant quelques minutes pour le changer en soufre cristallisable, » Pour le préparer, on chaufle dans un creuset du soufre én canons jusqu’à ce qu'ilsoit fondu et ait dépassé la première pé- riode de fluidité, puis on Ie coule en filet très mince dans une terrine d’eau : on recueille les filaments, on les sèche avec du pa- pier buvard et on les broie dans un mortier avec du sulfure de carbone : cette opération se fait péniblement, en raison de l’élas- ticité du soufre. On introduit le tout dans un ballon et on fait bouillir au bain-marie pendant quelque temps. Le soufre , d’abord élastique, translucide et presque entièrement insoluble, devient opaque et durcit sous le dissolvant. On peut alors le broyer : on fait bouillir de nouveau avec du sulfure de carbone et on jette la masse sur un filtre sans plis. Le lendemain, on reprend le soufre, on le broie avec soin en le mélangeant avec du sulfure de carbone, on Je fait bouillir avec ce liquide, on décante sur un filtre; on 35 répète cette opération trois ou quatre fois par jour. Chaque soir, on jette la masse sur un filtre sans plis. Le lendemain, on la'détache, on la broie avec soin en la mélangeant avec du sulfure de carbone et on recommence. L’épuisement est très lent, et dure plus d’un mois, parce que le soufre demeure mêlé de soufre mou insoluble, lequel durcit progressivement en formant une petite partie de soufre cris- tallisable, Cette circonstance communique au soufre insoluble ex- trait du soufre trempé une certaine plasticité que ne possède pas le soufre insoluble de la fleur de soufre. Chaque matin, la masse du premier, qui se trouve sur le filtre, est agglomérée à la manière d’une masse d’argile desséchée, et il est nécessaire de la broyer de nouveau. En la détachant du filtre, il faut se tenir en garde con- tre son adhérence au papier et rejeter les portions que l’on ne peut détacher sans enlever quelque parcelle du filtre. » Quand l'épuisement est terminé, on égoutte le soufre sur le papier buvard, on l’abandonne à l'air libre pendant quelques jours et on l’enferme : il n’est guère possible d'obtenir ce soufre dans un état de pureté complète, car il est dans un état de trans- formation continue ; au bout de quelques jours, il contient déjà du soufre cristallisable. Il renferme d’ailleurs une petite quantité de soufre appartenant à la variété extraite de la fleur et susceptible de résister à l’action modificatrice de l’alcool. » 300 grammes de soufre trempé ont fourni 80 grammes de ce “soufre insoluble. » Voici deux expériences relatives à l'influence du temps : un échantillon pur, préparé il y a deux ans, contient maintenant 38 centièmes de soufre cristallisable ; ua échantillon de soufre trem- pé, préparé il y a un an, contenait à l’origine 20 centièmes de soufre insoluble ; il n’en renferme plus que 10 centièmes. » IIL. Soufre octaëdrigue.— La préparation du soufre octaé- drique au moyen du suliure de carbone est bien connue; mais je crois utile d'appeler lattention sur la circonstance suivante : ex- trait du soufre en canon, il retient dés traces de soufre mou susceptible de devenir insoluble ; 3 ou 4 cristallisations, au moins, sont nécessaires pour l'obtenir pur. » IV. Soufre amorphe des hyposulfiles. — Ce soufre peut affecter A états différents successifs : l’état liquide et soluble dans le sulfure de carbone ; l’état liquide et insoluble dans le même dissolvant ; l’état pâteux et insoluble : enfin l’état solide et inso- Extrait de l'Institut, Att section, 1858, 5 3h luble, — Quel que soit son état, € est la moins stable de toutes les variétés, car une tempé rature de 400 le transforme presque im- médiatement, aussi bien que la plupart des actions que l'on peut exercer sur lui. 41 se distingue très nettement du soufre du chlo- rure, lequel affecte les mêmes états avec une stabilité beaucoup plus grande. » L'expérience suivante suffit pour caractériser la préparation du soufre des hyposulfites : » 700 grammes d’ hyposulfite de soude ont été dissous dans 2 À litres d’eau, ct on a versé la liqueur froide dans un litre d’acide chlorhydrique pur et fumant. 4 heures après, on a agglomeré les fiocons de soufre avec une baguette et décanté le liquide aqueux encore trouble. On a lavé légèrement la masse molle de soufre précipité, et on l’a broyée avec du sulfure de carbone. » Une portion est demeurée insoluble ; elle pesait 43:r,5 ; une autre portion s’est dissoute, on à évaporé immédiätement la dis- solution sulfocarbonique, et on a obtenu du soufre huileux ; après refroidissement, on à agité ce dernier à plusieurs reprises avec du sulfure de carbone : la majeure partie est demeurée huileuse et insoluble. Elle pesait 34sr,7. Une portion s'était dissoute ; on a éva- poré sa dissolution, laissé refroidir et repris par le sulfure de car- bone : une portion est demeurée insoluble à l’état visqueux et opa- que; elle pesait 2#",3.0n a réitéré encore deux fois ces évaporations, traitements,etc.,et obtenu 0,9 dc soufre insoluble,et 32,7 de soufre en partie mou, en partie cristallisable. Toute cette série d'opéra- tions, effectuées aussi rapidement que possible, a duré une heure et demie. Elle à fourni sous forme insoluble la majeure partie du soufre des hyposulfites, comme le prouvent les nombres cités plus haut, et cela malgré l’intervention de la chaleur nécessaire pour chasser le dissolvant. ÊTe » Mais ce soufre est loin de se trouver dans un état définitif. En effet voici ce que les soufres de HU de précédente sont de- venus. » La portion primitivement insoluble n'est pas du soufre pur, mais un mélange de soufre, d’eau et de matière fixe montant à 7 centièmes el formé surtout par du chlorure de sodium. — Le len- demain, le soufre qu’elle renferme, traité par le sulfure de car- bone, lui a cédé les 26 centièmes de son poids, sur lesquels 4 sont devenus insolubles par refroidissement, ce qui réduit à 7 30 centièmes le soufre cristallisable régénéré dans ect iutersalle de temps. —On a traité lamasse par l’eau froide pour enlever les matiè- res salines, puis on l’a épuisée par le sulfure de carbone. —Le len- demain, une portion notable était redevenue soluble, et au bout de 5 jours la totalité de ce soufre ou sensiblement s’est trouvée changée en soufre cristallisable, en même temps toute sa masse a blanchi. » Le soufre huileux insoluble, au bout de 24 heures, est devenu solide. Il a cédé alors au sulfure de carbone 43 centièmes de sou- fre soluble, dent 3 centièmes sont redevenus insolubles par le fait de l’évaporation ; les autres 40 centièmes étaient déjà trans- formés, en soufre cristallisable. On a épuisé le soufre insoluble par le sulfure de carbone; mais le lendemain une portion était déjà devenue soluble, Au bout d’une semaine, ce soufre, malgré la formation d’un peu d'hydrogène sulfuré dû à la présence d’une trace de matière étrangère, est jaune et renferme encore un tiers de soufre insoluble. » Enfin les 38,7 demeurés solubles le premier jour, ont fourni le second jour 0,7 de soufre insoluble et 3,0 de soufre ociaédrique. » Ges faits, joints à ceux que j'ai publiésil y a un an sur la trans- formation du soufre mou des hyposulfites en soufre cristallisable au sein de sa dissolution sulfocarbonique,définissent les conditions de la formation du soufre insoluble des hyposulfites, Ils montrent que ce soufre doit être isolé et étudié immédiatement. » Du reste sa transformation sous l'influence du temps, bien que démontrée pär les faits précédents, n’est pas aussi complète qu’on pourrait le croire : en effet des échantillons de ce soufre, conservés à l’état brut et tout imprégnés de chlorure de sodium, renfermaient encore au bout d’un an, l’un 6 centièmes, un autre 25 et un dernier jusqu à CA centièmes de soufre insoluble. » V. Soufre amorphe extrait du chlorure de soufre. —Ce soufre peut affecter trois états successifs : l’état liquide et solu- ble dans le sulfure de carbone ; l’état mou et insolable, et l'état solide et insoluble, Sous ces trois états, il est beaucoup plus stable que le soufre trempé, lequel est plus stable que le soufre des hy- posulfites, ces divers soufres étant comparés dans des états cor- respondant(s. » Les conditions de la pr éparation du soufre insoluble extrait du chlorure de soufre sont définies par l’expérience suivante : » 4 500 grammes de chlorure de soufre du rommerce, d’une composition intermédiaire entre Le protochlorure etle perchlorure, ont été distribués dans 8 flacons de deux litres et demi chaque, à large ouverture. On a rempli les flacons d’eau ordinaire et on a agité vivement. La température ambiante était voisine de 0°. Deux fois par jour on renouvelle l’eau et l’on agite fréquemment. Au bout de 12 jours, les flacons renferment du soufre, en partie dur, en partie mou et visqueux, contenant un peu de chlorure non décomposé et d’acide sulfureux. Les dernières eaux de lavage présentent une odeur excessivement faible d'hydrogène sulfuré. » On détache le soufre, on l’égoutte sur du papier buvard, on le pèse : son poids s'élève à 440 grammes. Puis on le broïe avec du sulfure de carbone dans un mortier, et on fait bouillir le tout dans un ballon chauffé au bain-marie : il se forme ainsi un mé- lange émulsif entre le sulfure de carbone et le soufre encore hu- mide : on jette le tout sur un filtre sans plis. La filtration est très lente et fournit un liquide orangé. Le lendemain, le soufre est égoutté; on le détache des filtres et on répète la même série d’opé- rations les jours suivants. Bientôt le soufre devient tout à fait dur, et il s’en sépare quelques gouttelettes d’eau que l’on enlève avec soin. Chaque fois que l’on détache le soufre des filtres, il faut éviter de détacher avec lui le papier auquel il est adhérent, et perdre de préférence une portion du soufre en rejetant le filtre. — Au bout de 6 jours, le soufre est devenu plus cohérent et plus so- lide, il cesse de former une émulsion avec le sulfure de carbone. Il ne renferme plus que 2 ou 3 centièmes de soufre soluble, comme on peut le vérifier en 6pérant sur un échantillon pesé de quelques décigrammes. Avant de continuer le traitement, on réunit à ce soufre la portion insoluble fournie par la transformation du soufre tout d’abord dissous par les eaux mères. En effet, la première eau mère. abandonnée pendant 24 heures dans un flacon, a déposé spontanément 12 grammes de soufre insoluble ; la 2e et la 3e eau mère en ont fourni une petite quantité ; enfin, les 6 premières eaux mères évaporées au bain-marie ont fourni 155 grammes de soufre liquide, susceptible de se redissoudre dans le sulfure de carbone au moment où il vient d’être isolé. Ce soufre retient un peu de chlorure de soufre. Abandonné pendant deux ou trois jours sous une couche d’eau, il durcit et se change en partie en soufre insoluble, sans que son poids change de plus d’un centième. On l’a traité par le sulfure de carbone, de la même manière que 27 la masse prunitive, Au bout de 2 traitements, il était presque épuisé, et avait fourni 110 grammes de soufre insoluble et A3 gr. de soufre liquide soluble. On a réuni le soufre insoluble à la masse primitive et on a continué à traiter par le sulfure de carbone, en opérant de la manière suivante : —On broie le soufre avec da sulfure de carbone, on introduit le tout dans un ballon, on fait bouillir au bain-marie, on laisse déposer et on décante le sulfure surnageant. —A la fin de la journée, on jette toute la masse sur un filtre sans plis pour l’égoutter complétement. Le lendemain, on la trouve agglomérée, en raison dela plasticité que lui communique la présence du soufre mou insoluble. Ce soufre mou retarde beau- coup les traitements, en raison de la lenteur avec laquelle il ar- rive à son état de cohésion définitive, en fournissant du soufre solide insoluble et du soufre mou soluble, Au bout de trois mois, l'épuisement n’est pas encore terminé, et surtout le soufre n'a pas encore pris dans toute sa masse sa cohésion définitive : cepen- dant il ne renferme plus que des traces de soufre soluble ou susceptible de le devenir, et des traces presque impondérables de chlorure de soufre retenu. On le délaie alors dans 8 à 40 fois son poids de sulfurede carbone et on laisse digérer pendant 8 jours; on jette sur un filtre, et le soufre égoutté, puis exposé à l'air libre pendant une semaine, peut être conservé. Cependant il ne faut pas.oublier que le soufre insoluble du chlorure ne possède ses propriétés tout à fait normales que quand il a été conservé pendant quelques mois et épuisé de nouveau après ce laps de temps. _ » Dans l'expérience précédente, on a cherché à déterminer la proportion de soufre octaédrique formé durant les traitements. Pour atteindre ce but, il suffit d’évaporer à mesure les eaux mères successives depuis la 6e, et de réunir les résidus qu’elles laissent aux 43 grammes de soufre soluble extraits du soufre des premières eaux mères. — On abandonne le tout pendant quelques jours sous une couthe d’eau, puis on traite par le sulfure de carbone : on obtieñt ainsi une nouvelle proportion de soufre insoluble et 30 gr. de soufre cristallisable en gros octaèdres. Ces octaèdres sont oran- gés et imprégnés de soufre mou, dont la présence se manifeste d’une manière assez curieuse. En effet, les octaèdres placés sous l'eau ne tardent pas à se ternir et à devenir opaques : le soufre mou qui les imprègne se change en soufre insoluble en produisant un phénomène de pseudomorphose assez curieux ; on croirait voir o al JC des cristaux de soufre changés en soufre insoluble; mais la por- tion devenue insoluble est très faible Si l’on traite le tout par le sulfure de carbone, celui-ci évaporé fournit des cristaux octaédri- ques jaune citron, lesquels ne tardent pas à se ternir comme les premiers par suite de la transformation en soufre insoluble des traces de soufre mou qu'ils retiennent encore. Quoi qu’il en soit, on voit que les 440 grammes de soufre brut fournis par le chlo- rure de soufre ont fourni seulement 30 grammes de soufre cris- tallisable, le reste étant tout d’abord insoluble ou l’étant devenu ; ces 30 grammes représentent 7 centièmes seulement du poids du soufre total. On peut contrôler ce résultat en déterminant la pro- portion-de soufre insoluble fourni : 4° par le soufre brut primitif, et par les dépôts durcis fournis : 2° par les eaux mères successives, depuis la première jusqu’à la dernière; 3° par les eaux mères obte- nues en traitant les premiers dépôts par le sulfure de carbone ; lo par les eaux mères obtenues en traitant les dépôts durcis des eaux mères précédentes, On calcule ainsi la proportion du soufre . définitivement cristallisable par un procédé indépendant de toute perte de matière durant les expériences : le poids, calculé par cette voie, s’élève à 9 centièmes. » Bref, le soufre fourni par le chlorure de soufre est presque en- tièrement insoluble ou susceptible de devenir tel, pourvu qu’on l'isole dans un espace de temps assez court. Quant à la poriion cristallisable, on peut admettre qu’elle s’est formée en vertu de la stabilité prépondérante du soufre octaédrique, en partie durant l’'évaporation du dissolvant, laquelle n’est complète que par l’in- fluence soutenue d’une température voisine de 100, et en partie sous l'influence prolongée de la distension au sein d’un dissolvant. Cette dernière influence peut être établie d’une manière directe. A cet effet, on a pris une dissolution sulfocarbonique, renfermant 54 grammes de soufre mou extrait du chlorure et on l’a partagée en deux parties égales. L'une, contenant 27 grammes, a été évapo- rée immédiatement ; le produit abandonné sous une couche d’eau pendant 24 heures, a durci ; on l’a repris par le’sulfure de ca*- bone, et la portion soluble a été isolée par évaporation et traitée comme la première. Cette opération réitérée a formé finalement, au bout de quelque jours, 3 grammes de soufre octaédrique. L'autre portion contenant 27 grammes à été abandonnée à elle-même pendant 3 mois. Il s’en est séparé 4 grammes de sou- 39 fre insolubie, spontanément; au bout de 3 mois, on a soumis la liqueur aux mêmes opérations que ci-dessus et obtenu 12 gram- mes de soufre octaédrique. Ainsi le soufre mou du chlorure se change spontanément en soufre octaédrique au sein de sa disso- _ lution sulfocarbonique. J'ai établi ailleurs qu'il en est de même du soufre mou des hyposulfites ; mais le soufre mou du chlorure se change bien plus lentement et bien moins complétement que le soufre mou des hyposulfites. » Cette stabilité supérieure du soufre du chlorure se manifeste aussi dans les conditions de formation lente : en effet, j'ai prouvé que la décomposition lente des hyposulfites produit surtont ou même presque exclusivement du soufre octaédrique ; or du soufre provenant de la décomposition spontanée du chlorure sous des influences hygrométriques dans des vases mal bouchés conten:it encore, au bout de 7 ans, 50 centièmes de soufre insoluble ; un autre échantillon, 27 centièmes. » VI. Action de la chaleur sur les diverses variétés de soufre insoluble. — J'ai étudié cette action dans deux conditions trè: distinctes, fe J'ai maintenu à 00° les diverses variétés de soufre insoluble et déterminé la proportion de soufre insolable non trans- formé, au bout de divers intervalles de temps. 2° J'ai maintenu ces mêmes variélés à 1419, c’est-à-dire au voisinage de la tem - pérature de fusion du soufre octacdrique et examiné les dégage- ments de chaleur auxquels peut donner lieu la transformation des soufres insolubles en soufre cristallisable. » 1. Expériences faites à 1002. 100 p. soufreinso- Après Après 15 Après Après Après Ajn'5 luble extrait ÿ minules. 30 A 2 5 - dusoufre liquide minutes, ? Entière- minutes, heure, heures, heures. durci des hypo- ment sulfiles 16 transformé, D] » !) » dusoufre trempé 74,5 54 20 0,3 » » dela ( Acréchant, 88 60 54 23 44 Ge fleur | 2° échant, 88,5 74,5 » 31 95 4% Sul | eréch. 663 D rise 29) AN AS. Ut non ]|2ECch 57 | 30 27 15 13 ai » Ainsi le soufre des hyposulfites est changé complétement au bout d’un quart-d’heure : c’est le moins stable, Le soufre extrait du soufre trempé ne résiste qu’une heure. Le soufre extrait de fa 0 fleur-n’est pas encore complétement changé au bout de 5 heures, et présente une stabilité sensiblement différente selon les échan - üllons ; le premier avait été préparé selon la méthode décrite plus haut ; le second avait en outre éprouvé l’action des vapeurs d’al- cool pendant un mois, circonstance qui avait transformé en soufre cristallisable les ‘ de la masse. » Enfin le soufre extrait du chlorure, au moins aussi stable que celui de la fleur, présente une circonstance curieuse; sa trans- formation commence beaucoup plus vite, ce qui m@ paraît dû à la présence dusoufre mou insolubleet non arrivé à sa cohésion défini- tive dans l'échantillon employé , dont la préparation était récente. Sil’on compare la transformation du soufre du chlorure à la trans- iormation du soufre de la fleur, à partir de la fin du premier quart d'heure seulement, on remarquera que la transformation du premier soufre est en réalité plus lente que celle du second. » Le soufre insoluble,extrait du soufre huileux durci des hypo- sulfites porté à 100°, se transforme assez rapidement pour que l’on puisse constater les phénomènes calorifiques qu'il éprouve au même moment : dans une expérience, la température d’an thermomètre noyé dans la masse de ce soufre s’est élevée à 107°; le soufre s’était aggloméré, mais sans entrer en fusion. _« 2. Expériences à 4110. — Dans un tube de verre mince, on introduit quelques grammes de soufre et un thermomètre sensible. On place le tube dans un bain d’huile maintenu entre 411 et 112 degrés. Le soufre insoluble, extrait du soufre trempé, fond bientôt, et la température s'élève de quelques degrés au-dessus de la tem- pérature du bain, Au bout d’un quart d'heure, les deux thermo - mètres marquent la mêmetempérature.l.e soufre renferme encore 6 centièmes de soufre insoluble. » Le soufre insoluble, extrait de la fleur de soufre, se comporte de la même manière : seulement, le dégagement de chaleur est notablement plus intense et dure plus d’une demi-heure. Au bout d’une heure, le soufre renferme encore 9 centièmes de soufre insoluble. | » Le soufre insoluble, extrait réceminent du chlorure, se com- porte comme le précédent : le dégagement de chaleur est encore plus prolongé. Au bout d’une heure, tout est changé en soufre cristallisable. » Deux Causes peuvent concourir aux dégagements de chaleur RE observés dans les expériences précédentes : la transformation da soufre insoluble en soufre cristallisable, et aussi le dégagement de la chaleur retenue par le soufre mou qui n’a pas encore pris sa cohésion définitive. » Pour éliminer autant que possible le dernier phénomène, j'ai opéré avec du soufre insoluble extrait d’une fleur de soufre qui date de près de 50 ans. Ce soufre dégage également de la chaleur ; mais le dégagement est plus lent et semble moins considérable que celui qui répond à la fleur de soufre récente. — La tempé- rature de 110°, soutenue pendant dix minutes, l’agglomère sans le fondre, et il contient encore 83 centièmes de soufre insoluble. Au bout d'une demi-heure, à 111°, il n’est pas encore compléte- ment fondu et renferme 10 centièmes de soufre insoluble non transformé, » Séance du 8 mars 1858, Dans la dernière séance M. L. Foucault, cherchant à définir le pouvoir pénétrant de son dernier télescope de 32 centimètres de diamètre, a évalué à deux tiers de seconde la distance angulaire des dernières parties distinctement visibles au foyer de lin- stument. Ayant vérifié de nouveau les données relatives à cette détermination, M. Foucault à reconou qu'il a apprécié l’instra- ment un peu au-dessous de sa valeur. En réalité ce télescope dédouble la demi-seconde ou rend distinctement visible deux points écartés de la quatre-cent-millième partie de leur distance au miroir objectif. - Séance du 10 avril 1858. ZOOLOGIE. -— L'observation suivante relative à un fœ£us concu par une mule, a été communiquée par M. Pierre Gratiolet, « M. Paul Bert, à son retour d’un voyage en Afrique, a bien voulu me remettre un fœtus conçu par une mule qui mourut en avortant, dans la plaine du Hodna, près de Biskra. Il tenait ce fæ- tus de M. Schmitt, pharmacien de l'hôpital militaire de Biskra, “qui a constaté de visu ce fait intéressant. » Le phénomène de la conception chez les mules est en Europe extrêmement rare, etne l’est pas moins en Afrique, si l’on en juge par l’épouvante où le fait dont nous parlons jeta les Arabes. Ils crurent à la fm du monde, ct pour conjurer la colère céleste Extrait de l’Znstitut, 47€ section, 1858, 6 pratiquèrent de longs jeunes ; aujourd’hui encore, ils ne parlent de cet événement qu'avec une terreur religieuse. Ainsi voyons- nous de nos jours vivre encore en Afrique ces croyances qui dic- tèrent autrefois les livres bizarres de Julius Obsequens et de Con- rad Lycosthènes. Le gardien de la mule affirma à M. Schmitt que la mule avait été couverte par un chameau. Geci est une assertion d’Arabe qui, ainsi que M. Bert me l’a fait remarquer, ne mérite pas un examen sérieux. » CHIMIE. — Dans la séance du 40 avril, M. Wurtz a fait aussi communication suivante : Lorsque, par la réaction du charbon sur le phosphate acide de chaux, le phosphore est mis en liberté, il sabit l'influence de la chaleur rouge à laquelle cette réaction s’accomplit. J'ai cherché à le soustraire à cette influence en le mettant en liberté à la tempé- rature ordinaire. Il se présente, dans ce cas, avec les caractères du phosphore amorphe. — Voici le procédé qui a été employé : Dans du sulfure de carbone parfaitement sec, on dissout du phos- phore et de l'iode dans les proportions nécessaires pour former le composé Ph 12. La combinaison étant effectuée, on ajoute du mercure dans le rapport de 1 équivalent de ce métal pour 1 équi- valent d’iode. On abandonne le flacon à lui-même et on l’agite fréquemment. Peu à peu, à la lumière diffuse, ou dans l’obscu- rilé, on voit le mercure se convertir en iodure rouge, et une pou- dre rouge-brun est mise en liberté. Au bout de deux mois, on la recueille, et on la traite par l’iodure de potassium. Il reste une poudre brune. Projetée sur un charbon incandescent, cette subs- tance brûle avec un viféclat. Elle s’enflammie de même dans le chlore. L’acide nitrique, même très faible, l’'oxyde vivement. E; posée longtemps à l'air humide, elle finit par s’acidifier légère- ment. Elle est complétement insoluble dans le sulfure de carbone. En la distillant dans un courant de gaz hydrogène, on en retire de 50 à 80 pour 100 de phosphore ordinaire soluble dans le sul- fure de carbone. Cette subs'ance est du phosphore amorphe en- veloppant encore un peu d’iodure de mercure et mêlée à une petite quantité de mercure formé, sans doute, par l’action de l'iodure de potassium sur quelques traces d’iodures mercureux. L'auteur continue ses recherches : la présente note n’a pour but que de prendre date. Là Séance du 47 avril 1858. Dans la séance du 17 avril, M. Thenard a annoncé : — que, sous l'influence des sels de chaux ou d’alumine, la décomposition des feldspaths est singulièrement activée ; — que, par suite, si l’on fait bouillir pendant plusieurs jours du phosphate d’alumine avec de la couverte de Sèvres, on obtient du phosphate de po- tasse; — que le plâtre donne du sulfate de potasse ; — que le nitrate de chaux donne du nitrate de potasse. Ges expériences ont conduit M. Thenard à expliquer l’action du plâtre sur lés prai- ries artificielles ; le plâtre sert là d’agent assimilateur d’une plus grande quantité de potasse, substänce dont les prairies artificielles sont très avides. Du reste M. Thenard va continuer et développer ces observations, et les étendre à l’agriculture, comme il l’a fait pour les phosphates. — Mais on sait combien ces expériences sont longues. — La note que nous donnons ici n’est donc qu’une prise de date sur laquelle nous reviendrons en temps et lieu. Séance du 24 avril 1858. RÉSISTANCE DES SOLIDES. — M. de Saint-Venant présente les considérations et communique les résultats qui suivent, sur la position des points dangereux ou les plus exposés, dans la torsion des prismes ou cylindres ayant des bases de forme variée. Ces points, où commencerait la désagrégation qui précède la rupturé si la torsion excédait une certaine limite, sont ceux où le glissement que cette torsion détermine, c’est-à-dire l’inclinaison prise par les fibres ou arêtes longitudinales devenues des hélices, sur les éléments des sections planes transversales devenues des surfaces légèrement courbes, a la plus grande valeur possible. Il a été démontré par l’auteur (Mém. des Savants étr. ,t. XIV, et l'Institut, 1853, n° 1002, et 1855, n° 1124) que lorsque la section est une ellipse, ou un rectangle, ou un triangle équilaté- ral, ou une de ces courbes du quatrième et même du huitième degré, symétriques et égales dans deux sens rectangulaires, pour lesquelles les glissemerfs s’expriment en fonction entière des coor- données, ces points dangereux ou de plus grand glissement se trouvent aux endroits du contour les plus rapprochés du centre. ou de l'axe de torsion, et non pas, comme on Île pensait autre- fois, aux points les plus éloignés. | Mais cette loi ne saurait être générale, On démontre bien qu'aux ll extrémités des plus petits et des plus grands diamètres des sections symétriques le glissement est un maximum Où un minimum ; mais on démontre aussi qu'aux angles rentrants des sections, lors- qu'elles en offrent, les fibres ou arêtes restent normales à leurs éléments superficiels, en sorte que le glissement y est nul comme à leurs angles saillants ; d’où l’on peut inférer que lorsque les sections offrent des parties rentrantes arrondies mais d’une cour- bure très prononcée, le glissement doit y être un minimum et non un maximum, et qu’il doit y avoir, sur le contour, des points de plus grand glissement, intermédiaires entre ceux qui sont à la plus petite et ceux qui sont à la plus grande distance du centre. C’est ce que l’auteur de la communication a reconnu, par l’a- palyse, sur les courbes du quatrième degré symétriques par rap- port à deux droites rectangulaires, mais non égales dans les deux sens que ces droites déterminent. 1% Ces courbes, dont la figure = ci-contre offre à peu près tous 7 les types, sont représentés par l'équation suivante(/’Institut, n° 4124, et Sav. ctr., note de l'art. 404) : Cy2 +072 —n(b? — 0?) (y2—2° ) ny" —6y" 2 +24) (14) 207 où 20, 2c sont le plus grand et le plus petit diamètre, dirigés respectivement suivant les axes AUU des y et des z (en sorte que y2=—=b? pour. z=—=0 et ——c. pour y—0), et » un DOmREE qui doit rester compris entre 1/51 2 = il}; AI 0u ep De = TEE Pour que les courbes soient fer- mées. Les Rue de la partie supérieure de la figure sont rela- tives aux valeurs négatives de » ; celle qui enveloppe les autres $ c? répond à n— sa limite négative FONE Les courbes de la par- tie inférieure sont données par les valeurs positives de 7 ; celle V/2—1 qui enveloppe les autres répond à RE CE où l’équa- tion peut être écrite : 45 Cy—(v 2—1) 2027 [a (2-1) y —027=0 en sorte que le contour est formé alors par deux hyperboles qui se coupent, ct dont Îles asymplotes ont pour équation y = + (2-1; et z + (J/2—1)y. La courbe en & répond à «—V; et on a figuré, même, des courbes composées de deux orbes s€- parés, pour lesquelles le petit diamètre 2c est imaginaire, ou c?est négatif. Comme les courbes ovales de la partie supérieure de la figure n’ont pas de portion rentrante, les points dangereux ou de plus orand glissement, lorsqu'on les prend pour sections de prismes tordus, sont constamment aux extrémités du petit diamètre 2c. Il en est de même des courbes de la partie inférieure, répon- dant à > positif, quand le rapport — du plus petit au plus grand diamètre ne descend pas au-dessous d’une certaine limite qui diminue avec n. Mais si - est moindre que cette limite, les extrémités du petit diamètre deviennent des points de minimum du glissement. Les points de plus grand glissement ne passent pas pour cela aux ex- trémités du grand diamètre 20 ; ils se trouvent, au nombre de quatre, placés entre les premières extrémités et les secondes. La : Le L Q C Pour déterminer cette valeur-limite du rapport =, DENTS de laquelle le glissement.aux extrémités du petit diamètre cesse d’être uu maximum et devient un minimum parmi ceux qui ont lieu dans le voisinage sur le contour de la section, il faut exprimer que Je coefficient différentiel du second ordre du glissement par rap- port à l’abscisse y, pour des valeurs correspondantes de l’ordon- née z du même contour, passe d’une valeur négative à une valeur positive, c’est-à-dire est égal à zéro quand y—0, z°—=c°. Or, g étant le glissement, on a g°—g”+95", g’et g/” étant ses com- posantes ou projections suivant y et 3, déterminées par —g" (°c) = 0201 + (1422) (b®—c2)—in (3y°—2°)] g' (020?) —0y [4 — (1427) (b2—c°) Lin (y2—822)] où 6 est l'angle de la torsion par unité de longueur du prisme, À6 En ajoutant les carrés, et égalant à zéro après avoir différentié hr as deux fois par rapport à y, et remplacé ae Par sa valeur tirée 22) RUE AE À d.z° de l’équation du contour, puis faisant y—0, z?—c?, — 0, y \ c? on obtient entre et le rapport À l'équation du second degré : 2 (1 —15n + 38n°) Gé) a ue ) En (n+1)=0, d’où l’on tire successivement: Pour 7 —0,2071 ; 0,2: 0,1; 0,0827; us: 0,04; 0 C 503247; 0,320; 0,249; 0,2332; 0,192; 0,097; 0. Les points dangereux restent donc aux extrémités du petit diamètre 2c, ou aux endroits les plus proches de l’axe de torsion (qu’on suppose passer au centre de la section) tant que le rap- c port D des deux diamètres ne descend pas au-dessous de RUE MÉRITE rar Pa+6y2 valeur 0,207107. Quand » n’a que la valeur 0,1, ce rapport peut descendre à 0,249 ou au quart à peu près, etc. ou du tiers environ, » ayant sa plus grande c ' Lorsque 3 descend au-dessous de ces valeurs numériques, les quatre points dangereux sont plus ou moins à droite et à gauche des extrémités du petit diamètre 2c. Le carré de leur dbsise y es (+2) [0—e (1 L6p/2)1 lorsque x — 0,2071 —. vi, cette abscisse, ainsi que le plus grand glissement qui doit entrer dans l’équation de résistance permanente à la rupture, se déterminent par tâtonnement numérique quand » a une autre _ valeur. Quelques-unes des sections considérées iei peuvent avoir un intérêt pratique, car on peut leur assimiler plus où moins celles À'7 des rails de chemin de fer, qui sont soumis quelquefois à des efforts tendant à les tordre. Seance du À mai 1858, M. Léon Foucault fait connaître à la Société les résultats qu’il a obtenus en poursuivant ses études sur la construction des téles- copes en verre argenté. « Depuis le jour de ma première communication, dit-il, les quinze mois qui se sont écoulés ont montré que l'argenture sur verre se conserve bien et qu'on peut désormais l’introduire sans crainte dans la composition des grands instruments d’opti- que. D'ailleurs la réaction par laquelle le dépôt s'opère a été régularisée de telle sorte qu’il arrive bien rarement de manquer une pièce. » L’instrument présenté au commencement de l’année dernière et qui s’est conservé intact a 0",9 de diamètre réel et 0,50 de foyer. » M. Secrétan, qui avait exécuté le travail du verre, a abordé sans difficulté la construction d’un plus grand modèle qui pré- sente une ouverture réelle de 0",18 et une longueur focale de 1",50. Ces deux grandeurs de télescope sont actucllement dans le commerce. | » Ayant principalement pour but de réaliser les grands pouvoirs optiques au profit de lastronomie. physique, j'ai encore réussi avec le concours de M. Secrétan à me procurer deux miroirs de 0m,22 et 0,36 de diamètre, lesquels donnent de très bonnes images à la distance focale principale de 3,50, * » J’estime que ces images sont bonnes, parce qu’elles présen- tent le même caractère de netteté et de limpidité qui déjà consti- tuaient les qualités dominantes des instruments plus petits fondés sur-le même principe. Mais pour échapper aux appréciations va- gues qui laisseraient place aux illusions, j'ai voulu exprimer en nombres la valeur optique de ces deux miroirs considérés comme objectifs de télescope. » Supposant qu’une échelle, divisée en parties égales alternati- vement noires et blanches, s'éloigne jusqu’à ce que les parties examinées dans l'instrument se confondent les unes avec les au- tres, la distance de l'échelle au miroir, divisée par l'interv alle qui [a] O sépare es milieux de Geux parties homologues consécutives , donne la mesure absolue de la netteté ou du pouvoir pénéWrant. » C’est ainsi que j'ai reconnu que mon télescope de 0",32 montre distinctement les deux tiers de la seconde, ou, en d’autres termes,qu’il rend isolémentvisibles deux points écartés de la trois- cent-millième partie de leur distance au miroir. » La netteté ainsi définie rend les instruments comparables sans qu'il soit nécessaire de les essayer côte à côte ; il sera donc possible d'éviter l’équivoque et de suivre en connaissance de cause les progrès accessibles au nouveau système de télescope. » Séance du 15 mai 1858. RÉSISTANCE DES SOLIDES. — M. de Saint-Venant commu- nique quelques résultats relatifs à la lorsion d'un cylindre ou d'un prisme quelconque autour d'un axe extérieur, parallèle à ses arêles. Les forces à appliquer tangentiellement aux divers éléments superficiels des bases circulaires d’un cylindre droit pour le main- tenir tordu uniformément d’un bout à l’autre sont les mêmes, dit-il, soit que la torsion ait lieu autour de l'axe de figure ou au- tour dé tout axe parallèle, pourvu que cette torsion soit érès petile en sorte qu’on puisse négliger comme petites du second ordre les forces nécessaires pour féchir en même temps l'axe de figure en hélice lorsque l’axe de torsion ne se confond pas avec lui. Cette propriété n’est pas particulière au cylindre à base circu- laire. Elle a lieu pour un cylindre on prisme à base quelconque ; ec l’on démontre facilement, soit en faisant un calcul complet des forces pour le cas général des bases dont le plan se change par Id torsion en une surface qui a une coordonnée exprimable en fonc- tion entière des deux autres, soit en raisonnant sur les équations différentielles qui s'appliquent à des bases absolument quelcon- ques, que quel que soit l’axe, parallèle aux arêtes, autour duquel une petite torsion uniforme estopérée, les glissements, c’est-à- dire les inclinaisons prises sur les éléments des sections transver- sales primitivement planes par les fibres devenues des hélices, sont toujours les mêmes, et que, par conséquent, les forces tan- gentielles, qui sont proportionnelles à ces glissements, ont les mêmes intensités (toujours quand on néglige les petites quantités À - \ 4 ! « 4 A9 d’ordre supérieur) quel que soit l’axe autour duquel la torsion est supposée effectuée. On réalise facilement la torsion d’un prisme autour d’un axe extérieur en disposant symétriquement, de l’autre côté de cet axe, un deuxième prisme pareil au premier et en les unissant en- semble par plusieurs liens solides de manière qu’en se tordant simultanément ils se regardent toujours par les mêmes arêtes si- tuées toutes deux dans un plan passant par l’axe intermédiaire, et que cependant leurs sections et leurs fibres soient partout libres de s’incliner et de se courber. L’effort à faire est égal à la somme de ceux qu’il faudrait développer pour imprimer à chacun des deux prismes la même torsion autour d’un axe intérieur, car on démontre que les forces tangentielles on transversales qui font tordre uniformément et qui sont désignées par g'dw, g'do ou par £:,do, g,.dw à divers mémoires (surtout au t. XEV des Sa- vants étrangers) se réduisent à un couple. ou qu’on a constam- ment J&z,du—0, f/g,,dw—0 ; or le moment de ce couple est, comme on sait, le même autour de tous les axes perpendiculaires à son plan, qui est ici celui d’une des deux bases du prisme. — M. Léon Foucault annonce à la Société qu’il est parvenu à modifier la figure d’un miroir de verre primitivement sphérique, au point d’en faire approximativement le sommet d’un ellipsoïde de révolution dont les deux foyers comprennent sensiblement une distance de neuf mètres. Il en résulte qu’un télescope formé avec ce miroir et dirigé sur un objet placé à l’un des foyers donne à l’autre foyer une image totalement exempte d'aberration, bien que le miroir présente 24 centimètres de diamètre et que la distance du foyer le plus proche n’excède pas 1",10. Les images sont alors d’une si grande pureté et la mise au point tellement précise qu’on en doit conclure que la surface réfléchissante qui les engendre approche autant de lellipsoïde que les surfaces obtenues par les procédés ordisaires approchent de la sphère. Si l’on fait croître la distance des foyers, la surface se modifie encore et tend à se confondre avec celle du paraboloïde. Sans vouloir entrer dans les détails pratiques, M. Foucault dé- clare que c’est en retouchant la surface à la main et en suivant attentivement les changements progressifs des effets optiques, Extrait de l’Institut, 1'e section, 4858. 7 00 qu’il est parvenu à combattre l’aberration et à réduire la longueur du télescope à des proportions inusitées. Le miroir de verre une fois terminé, l’argenture neparaîtaltérer en rien les propriétés de la surface. Dans le but d'apprécier numériquement le pouvoir optique du nouvel instrument, on a constaté qu’il dédouble le 30° de milli- mètre observé à la distance de 10 mètres. Séance du 22 mai 1858. GécMÉTRIE. — M. Paul Serret communique à la Société quel- ques propositions, relatives à la géométrie de la sphère, et qui paraissent compléter la série des analogies déjà constatées entre les coniques planes et sphériques. « 4. Le lieu géométrique des points de la sphère dont les sinus des distances sphériques à un point et à un grand cercle fixes sont dans un rapport constant, est une conique sphérique dont l’un des foyers est au point fixe, et pour laquelle la polaire de ce der- nier coïncide avec le grand cercle directeur. » 2, Réciproquement, dans toute conique sphérique les sinus des distances sphériques d’un point quelconque de la courbe à l’un des foyers et au grand cercle qui est la polaire de ce foyer relativement à la courbe, sont dans un rapport constant. » Remarque. La perspective d’une conique sphérique sur le plan tangent à la sphère mené par l’un de ses foyers a même foyer que celle-ci ; sa directrice est la perspective du grand cercle directeur de la conique sphérique , et réciproquement. » 3. L'équation, en coordonnées polaires, d’une conique srhé- rique rapportée à l’un de ses foyers, est de la forme 1yp— Dire 1—e cos (wa) ; elle peut aussi s'écrire #9 p = mtgx - ntqy Hp, l'équation mtgx + ntgy +p —0 représentant le grand cercle directeur ; et réciproquement, toute équation, de l’une ou de l’autre forme représente une conique sphérique ayant l’un de ses foyers à l'ori- gine ; la proposition directe avait seule été établie par Gudermann. »h. Le lieu des points de la sphère également éloignés d’un point et d’un grand cercle fixes. est précisément la courbe qui a déjà reçu le nom de parabole sphérique, dont l’équation peut se ra- o1 mener à la forme {g? y—2p. {g x et dont le grand axe est égal à un quadrant. » 5. Le lieu décrit par le sommet d’un angle droit circonscrit à la parabole sphérique se compose de deux grands cercles, qui sont les cercles directeurs relatifs aux deux foyers. » 6. Le lieu des projections d’un foyer d’une conique sphérique sur les grands cercles tangents à la courbe est en général, une seconde conique sphérique : ce lieu peut se réduire à un grand cercle , mais n’est jamais un petit cercle de la sphère. » Seance du 29 mai 1858. GÉOMÉTRIE. — M. Catalan communique le théorème suivant : 1° Le lieu des points d’inflexion 1 des cycloïdes accourcies, en- gendrées par les points A du rayon OC d’un cercle roulant sur une droite XY, se compose de la double cycloïde qui serait en- gendrée par le point de contact C considéré comme appartenant au cercle décrit sur OG comme diamètre, ) 2° Cette double cycloïde, lieu des points d’iuflexion I, enve- loppe les «ycloïdes accourcies, engendrées par les points A. Séance du 3 juillet 1858. . M. Léon Foucault à communiqué, dans cette séance, de nou- veaux détails sur la construction des télescopes en verre argenté dont il a déjà entretenu plusieurs fois la Société. Dans une précédente séance, il a annoncé qu’en agissant sur un miroir de verre primitivement sphérique, il l'avait transformé sansen altérer le poli en ellipsoïde de révolution, fonctionnant sans aberration optique pour une distance finie. Depuis, M. Foucault a répété la même opération sur un autre miroir qu'il dit avoir changé en un sommet de paraboloïde fonctionnant comme miroir de télescope pour les objets situés à l’infini. Ge nouvel instrument a 24 centimètres de diamètre et 1 mètre de distance focale ; il montre distinctement des points distants les uns des autres de la deux cent cinquante millième partie de leur distance au miroir , d’où il suit que dans l’image focale les der- nières parties distinctes n’excèdent pas = de millimètre. Pour démontrer que dans un pareil instrument, dont la lon- gueur n’atteint pas cinq fois le diamètre du miroir, tous les rayons réfléchis concourent d’une manière efficace à la formation de-Pi- 92 mage focale, on peut recourir à une épreuve bien simple. Après avoir dirigé le télescope sur des objets d’épreuve convenablement choisis, on restreint par un diaphragme l’étendue de la surface libre de l'objectif, et ce changement, loin de produire un meilleur effet, en écartant les rayons nuisibles, compromet la qualité des images et fait disparaître des détails qu’on saisissait d’abord à miroir découvert. Ce résultat est du reste entièrement conforme aux indications de la théorie , car dans le système des ondulations la convergence d’un faisceau conique est d'autant plus exacte que les rayons extrêmes viennent se croiser sous un angle plus ouvert. Séance du 47 juillet 1858. NÉVROLOGIE. Connexions entre le pathétique et l'appareil lachrymal. — La communication suivante a été faite par M. Eu- gène Curie, « Swan a figuré dans son atlas sur le système nerveux un ra- meau allant du pathétique à la branche lachrymale de l’ophthalmi- que. Ce résultat a été contesté ; les uns n’ont pas admis ce ra- meau, les autres n’y ont vu qu’un filet de la cinquième paire. — Voici comment la chose se passe d’après mes observations : » Le nerf pathétique s’accole à la 5° paire au niveau de l'émis- 98 sion de la branche lachrymale. C'est une véritable fusion, en sorte que toute séparation est artificielle et qu’il serait par conséquent difficile d'affirmer que la glande ne reçoit pas de rameau du pa- thétique x. D'ailleurs, il est toujours possible de suivre un filet se rendant du pathétique sur le rameau lachrymal qui semble ainsi formé de deux filets, l’un provenant de la partie inférieure de la 5e paire, l’autre, xx, provenant de la partie supérieure et dont la continuation directe avec le pathétique paraît évidente. Ce rameau est quelquefois considérable, et alorson peut parfaitement distin- guer qu'il est absolument différent des rameaux rétrogrades que la 5° paire envoie au pathétique, ainsi que d’un filet de la 5° paire qui embrasse parfois le pathétique comme dans un anneau. » Ce n’est pas la seule connexion qui existe entre le pathétique et l'appareil lachrymal.En effet dit M. Curie, j’ai constaté l’existence d'un filet de communication que je crois constant entre le pathéti- que et la branche nasale de la 5° paire. Ge filet,xxx, croise supérieu- rement le muscle grand-oblique. Sa ténuité, son accolement con- tre le nerf frontal, quelquefois jusqu’au point de jonction avec le pathétique, et son application contre l’aponévrose orbitaire, expli- quent pourquoi il a échappé à l’attention des anatomistes. La plu- part du temps on doit le couper en ouvrant l’aponévrose orbitaire. » Voici maintenant quelques considérations physiologiques qui découlent des faits précédents. » La glande lachrvmale paraissait dépourvue de nerfs moteurs, et ce fait était en désaccord avec ce qu’enseigne la physiologie sur l’excrétion des glandes. Or, n’est-il pas curieux de voir le pathéti- que, par ses terminaisons au muscle grand-oblique et par les deux rameaux qu’on vient de décrire, présider à la fois dans la douleur à la position du globe oculaire, à l'excrétion des larmes et à leur écoulement, puisque le nerf nasal se distribue au sac et aux muscles qui l'entourent ? » Je sais qu’on a voulu contester que le muscle grand-oblique fût l’agent actif dans la position que prend l’œil dans la douleur; mais je crois au contraire qu’il faut lui maintenir cette attribu- tion. En effet, il ne saurait y avoir de doute au sujet de l'élévation en masse du globe oculaire. Le muscle grand-oblique élève le globe oculaire, le rapproche de la paroi interne, le fait saillir en avant et tend aussi à cacher l’œil derrière la paupière supérieure. 5, » Maintenant arrivons à la partie sérieuse de l’objection. Exé- cule-t-il un mouvement de rotation qui fait tourner la cornée en bas? Je ne pense pas que son insertion au globe oculaire soit assez postérieure pour obtenir à cet égard un effet sensible ; et d’ailleurs l'insertion secondaire à tout ce tissu fibreux qui entoure la partie postérieure du globe oculaire, doit largement compenser la petite action qu’il pourrait avoir en ce sens. » J'ai vainement cherché une relation entre la glande lachry- male et le ganglion ophthalmique ; quelques filets rétrogrades venant de ce gangiion m'ont seuls para avoir avec elle quelques connexions possibles, mais je n’ai pu les suivre assez loin. » M. Dubarry a montré sur une des pièces qu’il a présentées au Concours pour la place de prosecteur des hôpitaux un filet qui allait directement du ganglion à la glande ; malheureusement sa pièce était desséchée, et par conséquent n’était point suffisamment démonstrative. C’est ici le lieu de remarquer combien sont stériles pour la science ces névrologies desséchées qu'un vieil usage ad- met encore, et qui devraient être réprouvées, malgré l’incontesta- ble habileté dont les anatomistes qui suivent encore cette méthode de la dessiccation font preuve tous les jours. °» Encore un mot au sujet de l’appareil lachrymal : la glande reçoit-elle des filets du nerf maxillaire supérieur au moyen de l’anastomose établie entre le nerf et le filet lachrymal de la bran- che ophthalmique ? Il me semble qu'il peut y «voir des doutes à ce sujet. En effet, j’ai trouvé cette anastomose remplacée par deux filets provenant, l’un du lachrymal supérieur, l’autre de la bran- che du maxillaire supérieur ; ces deux filets, au moment de s’a- nastomoser, perçalent la paroi de l’orbite par deux trous séparés bien que très rapprochés. » Explication de la figure. Elle représente l’ensemble de l'œil droit vu de son côté interne, x. Nerf pathétique. xx. Filet de jonction qu’il envoie au rameau lachrvmal du nerf frontal v. xxx. Anastomose d’un filet interne du pathétique avec la branche nasale de l’ophthalmique. 99 Seance du 7 août 1858, ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — M. Trécul à communiqué, dans cette séance, des observations sur des cristaux organisés et vivants, dérivant d’une petite cellule et reprenant à la fin l’as- pect cellulaire. Ces corps singuliers se rencontrent dans l’albumen du Spar- ganium ramosum. Quand on étuaie sous le microscope la forme de cet albumen, on trouve qu'il est composé de deux sortes de grains. Les uns sont assez petits, de 0.,0075 de millimètre envi- ron, d'un volume assez régulier, globuleux ou ovoïdes , souvent atténués par un bout ; ils sont bleuis par l’iode ; ce sont des grains . d’amidon. Les autres grains sont beaucoup plus gros, de dimen - sion plus inégale, de formes plus variées. Tantôt ils sont simples ettantôt composés. Les grains simples ont assez souvent un contour hexaédrique, mais leurs arêtes et leurs angles sont obtus, arron- dis; ils ont fréquemment une cavité centrale assez étendue, qui rappelle celle d’une cellule à parois très épaisses. Les grains com- posés sont très irréguliers dans leurs formes ; ils paraissent consti- tués d’un agrégat de petites cellules dont les côtés libres saillants donnent à la masse un aspect mamelonné. Ces corps, à la première vue, ne frappent que par leur dimension beaucoup plus considé- rable que celle des grains d’amidon qui les environnent et dont ils sont couverts ordinairement. Ils donnent lidée de grains de fécule beaucoup plus volumineux que les autres. Mais lorsqu'on les examine, principalement sur le Sparganium natans, on est surpris de la régularité avec laquelle ces corps ou leurs agrégats sont revêtus par les grains de fécule. Ces derniers sont si pressés à leur surface qu'ils sont devenus polyédriques. Leur forme porte à croire qu'ils sont nés là, et ceite idée acquiert d’autant plus de vraisemblance que ces granules d’amidon sont atténués par l’ex- trémité qui touche le corps central auquel ils semblent attachés par cette pointe. Si l’on ajoute de la teinture d’iode, ils prennent une belle couleur jaune, plus ou moins foncée suivant la quantité d’iode ajoutée. L’addition d’un peu d’acide sulfurique légèrement dilué les gonfle en donnant plus d'intensité à la teinte. Hs ont alors toute la figure de cellules formées d’une membrane mince et remplies d’une substance jaunissant sous l'influence de l’iode 90 et de l'acide sulfurique. Get acide plus concentré finit par les dé- composer, en leur faisant subir la même altération qu'aux mem- branes cellulaires infiltrées de matières azotées. Il les transforme en un liquide d’apparence oléeuse, brun-jaunâtre, divisé en une multitude de gouttelettes. En remontant à l’origine de ces corps, on les trouve remplacés par de magnifiques cristaux, par des rhomboèdres à angles aigus et à arêtes tranchantes, ou par de belles plaques hexaédriques de la plus grande régularité, ou quelquefois un peu allongées, mais conservant toujours le parallélisme de leurs côtés deux à deux. Les rhomboèdres et les lames hexaédriques ont parfois au centre une petite cavité de forme variable, et les uns et les autres se groupent suivant les lois de la cristallographie. En examinant avec attention les lames, on s’aperçoit que leurs côtés ne sont pas ho- mologues ; ils sont alternativement inclinés vers l’une ou l’autre face de la lame, et cette inclinaison donne des angles égaux à ceux des rhomboèdres, en sorte que ces lames auraient pour forme pri- mitive le rhomboèdre. On acquiert cette conviction quand on voit les deux formes réunies, c’est-à-dire des rhomboèdres naissant des lames hexaédriques. Mais ce n’est pas là tout; ces jolis cristaux si réguliers perdent quelquefois en partie par la végétation leurs formes géométri- ques. Il n’est pas rare de trouver, en effet, des lames hexaédri- ques qui deviennent mamelonnées sur leurs deux faces, ou même sur deux ou trois de leurs côtés, les autres côtés restant géo- métriques. L'auteur a vu de ces mamelons qui étaient très volumineux et qui offraient une grande cavité à l’intérieur. On avait ainsi l'union en apparence monstrueuse d’une celiule et d’un cristal ; ce qui semble prouver que tout s’enchaîne dans la nature, puisque nous avons ici, dans un être vivant, la forme des êtres inorganisés. Poursuivant cette étude organogénique en prenant des fruits de plus en plus jeunes, M. Trécul a vu les cristaux d’abord grossiè- rement dessinés, limités par une membrane formant pour les rhomboëèdres une cellule elliptique, pour les lames hexaédriques une cellule cireulaire. On distinguait jusqu’à un certain point la formation de ces cristaux ; leurs formes primitivement irrégu- lières prenaient peu à peu de la régularité ; leurs arêtes et leurs 97 anoles d’abord mousses devenaient fortaigus. Quelques cellules de même nature, plus ou moins arrondies, étaient mêlées à celles qui subissent les modifications que l’on vient de décrire. Enfin, des fruits très jeunes ne donnèrent plus que des cellules ou mieux des vésicules globuleuses ou elliptiques, ayant des parois assez épaisses et une cavité relativement grande. Chez d’autres vési- cules moins âgées, beaucoup plus petites, la cavité se réduisait à un point noir central; chez d’autres moins avancées encore, cette cavité n’existait plus ; elles consistaient en un petit globule blanc et brillant, comme une sorte de nucléus extrêmement exigu. En résumé, les cellules de l’albumen du Sparganium ramo- sum. offrent l'exemple de cristaux qui commencent par être cha- cun une vésicule nucléaire ; et ces cristaux végètent à la manière des cellules ordinaires, présentant parfois des éminences cellue loïdes qui deviennent des cristaux semblables à eux; enfin ils perdent, en vieillissant, leurs formes géométriques pour reprendre l'aspect de cellules isolées ou groupées. ZooLoGiE. Structure des valves et du pédoncule de la Lin- gula anatina. — M. Pierre Gratiolet a communiqué à la Société, dans cette séance , la note suivante. « La forme générale des valves du têt en apparence corné des Lingules et des Orbicules a été assez bien indiquée par les au- teurs ; on sait qu’elles ne s’articulent point entre elles et, dans l’état de relâchement des muscles, un assez grand intervalle les sépare. Cette indépendance des valves , l'absence de toute char- nière, étaient des conditions indispensables pour une grande va- riété dans les mouvements, variété qu’explique d’ailleurs la com- plication du système musculaire. » (A). La structure de ces valves est très remarquable, surtout quand on se rappelle celle de la coquille des Térébratules. Elles sont composées de lames superposées, et chaque lame comprend deux feuillets, l’un corné, l’autre caleaire. La structure du feuillet corné est très difficile à démêler, l’œil n’y découvre que des fi- bres pâles, assez courtes, souvent interrompues. Elles ne sem- blent pas suivre la direction générale du feuillet, mais passer obliquement d’une de ses faces à l’autre. Leur diamètre dépasse rarement 0m, 001. » Les feuillets calcaires sont minces, très fragiles, d’une demi- Extrait de l’Institut, Are section, 1858, 8 98 transparence. On y retrouve aisément les perforations dont la coquille des Térébratules est criblée, mais réduites à une extrême petitesse ; jamais leur diamètre ne dépasse Omm,002. Ces perfo- rations se retrouvent aussi dans les feuillets calcaires du têt des Orbicules, mais avec une ténuité plus étonnante encore, leur dia- mètre ayant à peine ici 0"",0005. Dans la Terebratula australis, leur diamètre égale 0vm,05. Il est donc cent fois plus petit dans les Orbicules et vingt-cinq fois plus dans les Lingules. Les éléments prismatiques du têt des Térébratules se retrouvent aussi dans ces feuillets calcaires, mais presque invisibles à force de petitesse. » Il est incontestable que les perforations du têt servent dans les Térébratules à une respiration palléale extérieure. Ont-elles ici le même usage ? J'avoue n’oser rien décider à cet égard. Quoi qu'il en soit, leur existence dans les Lingules et les Orbicules est un curieux témoignage d’un plan général d’organisation dans les Brachiopodes. » (B). L'étude anatomique du pédoncule, à peine effleurée par Cuvier, a été faite avec un rare talent par M. Vogt ; j’y reviendrai cependant dans le but de donner à certains points une précision plus grande. » On connaît la forme du pédoncule des Lingules. C’est une sorte de massue fort allongée dont le manche se termine par un évasement. Deux parties essentielles le constituent : (a) l’enve- loppe cornée, et (b) une tige centrale, élastique et contractile à la fois. » (a). Structure de l'enveloppe cornée (Æornscheide , Vogt). Cette enveloppe est à peu près transparente dans l’état frais. Elle est légèrement teintée de brun dans la Lingula anatina : cette coloration manque dans d’autres espèces. Nous y distinguerons plusieurs couches, savoir : » «. L'enveloppe striée extérieure. Elle est formée par une membrane mince composée de fibrilles très pâles légèrement flexueuses, dont le diamètre maximum égale à peine 0wm,0035. Le tube qu’elle constitue est sillonné par des plis et par des stries _aonulaires; les plis sontirréguliers; lesstries, légèrement colorées en brun , sont parallèles et à peu près équidistantes. Elles doi- vent leur coloration à des granules très fins; des sillons irrégu- 99 liers divisent en très petites aréoles , disposées d’ailleurs sans au- cun ordre, les intervalles compris entre les stries. » 6, La couche fibro-cartilagineuse. Fort épaisse et transpa- rente, bien que légèrement teintée de brun, elle est essenticlle- ment formée de fibres plates, élastiques, circulairement disposées autour de l’axe du pédoncule ; le diamètre de ces fibres égale environ 0®®,001. Elles sont fort exactement parallèles entre elles et adhèrent fort peu l’une à l’autre ; aussi peut-on décomposer ad libitum l'enveloppe cornée, dont elles forment la plus grande part, en un nombre. pour ainsi dire indéterminé de couches minces et transparentes ; les couches les plus profondes sont par- courues dans le sens de la longueur du pédoncule par des fibres minces, transparentes et fort clairsemées. » y. L’enveloppe siriée intérieure. C’est une question très embarrassante, s’il faut considérer cette enveloppe comme faisant partie de l’étui corné, ou comme formant à la tige musculaire centrale une enveloppe spéciale. On peut la séparer avec beau- coup d’exactitude et l’isoler complétement, soit d'avec le tube corné, Soit d'avec le muscle intérieur ; mais cette séparation , fort aisée dans le premier cas, est difficile dans le second. Ce qui explique comment, quand la dessiccation ou un commencement d’imbibition cadavérique ont altéré le pédoncule et dissocié ses parties, elle se détache constamment du tube corné et reste collée sur le muscle intérieur ; ce qui s’explique d’ailleurs si l’on re- marque que les fibres qui composent ce muscle prennent leur insertion sur elle. » Elle est d’ailleurs, sauf un peu plus de transparence dans ses éléments, presque en tout semblable à l'enveloppe striée exté- rieure ; on y retrouve ces bandes annulaires séparées par des stries linéaires équidistantes. Les éléments de son tissu sont les mêmes. M. Vogt, dans son mémoire, a très bien décrit et figuré cette membrane , tabl. 1, fig. 4. Toutefois, les stries sont-elles peut-être trop rigoureusement accusées ; enfin il n’a pas fait men- tion des petites fibres flexueuses et des granules qui sont les élé- ments constitutifs de cette membrane. » (b). Muscle intérieur. Ce muscle est formé par des bandes longitudinales appliquées à la surface interne de l'enveloppe que nous venons de décrire, Ces bandes s’envoient réciproquement des 60 faisceaux intermédiaires et , comme M. Vogt l’a parfaitement re- marqué, laissent au centre du pédoncule un espace vide. Je soup- conne que cet espace est immédiatement limité par une mem- brane très fine, appliquée sur les faisceaux musculaires. Des plis, ou plutôt des rides très fines, mais assez apparentes sur l’arête de ces faisceaux, paraissent indiquer l'existence de cette mem- brane ; cependant il m’a été impossible d’en détacher des lambeaux assez distincts pour en étudier la texture. » M. Vogt a fort bien figuré l’ensemble de ces dispositions, tab. 1, fig. 2 et 5, et tabl. 11, fig. 20 de son mémoire. Il a éga- lement donné quelques détails intéressants, tabl. 1, fig. 6, sur les éléments fibrillaires qui composent ce muscle intérieur. « Ces fibrilles, dit-il, se montrent sous le microscope comme une foule de filaments entremélés, d’une extrême finesse et qui rappellent assez bien les fibres primitives des muscles involontaires chez des animaux plus élevés. » » Les fibres élémentaires que signale M. Vogt, dans ce pas- sage, sont plates, sèches, transparentes et légèrement jaunâtres ; leur diamètre est compris entre 0mm,004 et 0,006. Leur élasti- cité est fort apparente et se conserve indéfiniment ; mais je doute fort de leur contractilité. Il me semble plus exact de les considé- rer comme de minces filaments tendineux terminant les véritables éléments musculaires. » Ces éléments, dont n’a point parlé M. Vogt, se présentent sous la forme de cylindres à sommet conique, qui m'ont paru composés de fibrilles pâles et prodigieusement déliées. Le dia- mètre de ces cônes est compris entre 0m®,010 et Onm,020. Leur longueur totale égale en moyenne 0,120. Leur sommet se continue avec une fibre longue qui n’est rien autre chose que l’élément décrit par M. Vogt. » Il ne m'a pas été possible de mesurer la longueur totale de ces petits muscles élémentaires et de leur filament tendineux. L’extrême enchevêtrement des faisceaux s’y oppose. Il m’a paru que les extrémités se terminaient l’une: et l’autre dans la mem- brane striée interne de manière à déterminer d'espace en espace de petites courbures très rapprochées, dont la somme donne un déplacement effectif. » Tels sont, en général . les éléments qui composent le pédon- 61 cule ; je vais essayer maintenant de décrire ses rapports, soit avec la coquille, soit avec les corps externes. » (C). Des deux extrémités du pédancule, Pune est renflée et ent à la coquille, l’autre s’atténue d’abord de plus en plus et puis elle se termine par un évasement irrégulier qui adhère aux rochers ou à d’autres cerps extérieurs. » (a). Extrémité renflée. Le renflement qui la distingue tient à une épaisseur plus grande de tous les éléments en ce point. Vers son sommet, l’enveloppe cornée présente une petite ouver- ture au-dessus et au-dessous de laquelle se remarquent deux dépressions profondes où se logent les sommets des valves cuand l'animal les rapproche et les serre l’une contre l’autre. Un mince prolongement de muscle intérieur sort par cette ouverture et va se fixer à l'extrémité de la valve supérieure immédiatement au- dessous de son sommet. » Cuvier n’est eutré sur ce point dans aucun détail exact. Les deux valves, dit-il, n’engrènent l’une avec l’autre par » aucune dent ; elles ne sont pas non plus attachées par un li- » gament dorsal élastique capable de les ouvrir comme le sont » celles des Bivalves ordinaires. Mais elles sont suspendues l’une » et l'autre à un pédicule commun... etc. » (Sur la Lingule, page 3e) » Cette expression, « l’une et l’autre » indique que Cuvier admettait un rapport semblable du pédoncule avec les deux valves. » M. Vogt, dont l’exactitude est en général si grande, paraît partager l’opinion de Cuvier sur ce point, si l’on en juge par le passage suivant où il diten parlant des muscles intérieurs : « Sie » befestigedessich endiich an den inneren, einander Zugewandten » seiten des Schlosses», (4nat. der Ling. anat. page 3.) Il attribue enfin à ce muscle une certaine action sur les valves par suite de laquelle elles pourraient s'écarter l’une de lautre. » Or, voici les faits tels qu'ils sont en réalité : » L’enveloppe cornée enchâsse assez exactement le sommet de la valve supérieure, mais sans y adhérer. La valve inférieure peut s'appliquer contre elle , mais n’adhère point. Quant au muscle central, il n’a aucun rapport avec la valve inférieure. Le prolon- gement très-grêle qui sort par l'ouverture de l'enveloppe cornée Ÿ 62 s'engage au-dessus du bord supérieur du manteau entre ce bord et le sommet de là valve supérieure de la coquille, puis il se divise en quatre petits fascicules ; deux de ces fascicules se fixent symétriquement à un espace rugueux qui se voit immé- diatement au-dessous du sommet de la valve; les deux autres s’enfoncent dans le corps de l’animal ou plutôt dans la zone mus- culaire qui l’entoure. Rien du muscle ne va à l’autre valve. Il pe peut donc, en aucune facon, ouvrir la coquille. Mais il peut déterminer des oscillations en divers sens du corps de l’animal tout entier. » (b). L’extrémité inférieure ou adhérente du pédoncule est plus remarquable encore; elle se termine par une sorte d’évase- ment où l’enveloppe striée extérieure est molle, épaisse et toute chiffonnée. Le fond de l’évasement est largement ouvert et donne passage à une partie molle qu’on pourrait prendre au premier abord pour un ligament d’adhérence ; mais en y regardant de plus près, on y reconnaît une vésicule transparente à parois épaisses et résistantes, dont le collet se continue avec l’enveloppe striée interne. La couche musculaire qui s’amincit de plus en plus en pénétrant dans le collet s’y prolonge en une lame transparente formée de fibres plates dont le diamètre égale environ 0",008; ces fibres enveloppent d’anses fort élégantes le fond de la vésicule, Je n’ai pu découvrir dans ce fond même au moyen d'’injections poussées avec force aucun vestige d'ouverture. » L’extérieur de la vésicule est comme hérissé de cellules ou plutôt de fibres courtes au moyen desquelles elle adhère à la couche cornée; l’intérieur contenait une matière pulpeuse com- posée d’un amas de corpuscules, dont chacun examiné au micros- cope, est un embryon de Lingule. D’autres embryons se retrou- vent, mais en moins grande quantité, dans toute l’étendue du canal central du muscle pédonculaire, qui se continue librement avec la cavité de la vésicule. » De ces embryons, il ne restait que la coquille, dont les deux valves bien distinctes , allongées , pointues à leurs extrémités et très-finement striées , avaient à peu près 0,016 de longueur. Quelques-uns de ceux que j'ai observés portaient évidemment un pédicule très-fin ; ceux qui en mänquaient l'avaient sans doute 63 perdu. Ils étaient en moyenne plus développés que ceux qu’on observe assez souvent dans le corps de l'animal. » D'où provenaient ces embryons? Du corps de l’animal sans doute; mais par quelle voie ? Je me suis attaché à résoudre cette question , et j'y suis parvenu d’une manière très simple. Si l’on pousse avec précaution un stylet mousse , mais très-fin, dans le canal intérieuridu muscle pédonculaire, on le voit pénétrer peu à peu dans ce canal, s'engager au-dessous de la valve supérieure entre les deux faisceaux qui composent le muscle adducteur du sommet des valves, et pénétrer enfin dans le sinus viscéral au— .dessus de l'intestin et du mésentère qui l’unit aux deux cœurs. Les injections démontrent le même fait et d’une manière encore plus certaine. Ainsi la cavité du corps communique avec celle du pédoncule, et conséquemment les embryons peuvent passer facis lement dans celle-ci. Ils paraîtraient y subir une sorte d'incuba- tion ; en effet, on rencontre fréquemment des embryons dans le pédoncule de Lingules dont le sinus abdominal est vide, et dont les ovaires ne contiennent que des œufs. Mais par quelle voie les œufs sont-ils fécondés ? Par quelle voie les embryons sont-ils émis? Voilà ce que je n’ai pu jusqu’à présent décider. Quoi qu'il en soit, et si incomplètes que soient d’ailleurs les observations que j'ai pu faire, j'ai cru devoir les faire connaître dans le but de solliciter à cet égard les recherches d’anatomistes plus heureux ou plus habiles. » Séance du 30 octobre 1858, CHIMIE ORGANIQUE. Nouvelles expériences sur le trehalose. — Dans cette séance, qui était la séance de rentrée de la Société après les vacances, M. Berthelot a lu la note suivante : « L’an dernier, dans une communication faite à la Société de biologie et publiée, en premier lieu, dans ses comptes rendus (août 1851), j'ai décrit les résultats auxquels je suis arrivé en étudiant le tréhalose, principe sucré cristallisable renfermé dans une manne venue d'Orient. Vers la même époque, dans une note lue à l’Acadé- mie dessciencesde Berlinle Znovembre1857(V.lInstitut, n°1265, 31 mars 1858), M. Mitscherlich a décrit le mycose, principe su- cré contenu dans le seigle ergoté. Le tréhalose et le mycose sont 6l isomères et jouissent des mêmes propriétés générales soit au point de vue chimique, soit au point de vue physique. On peut se de- mander s'ils sont réellement distincts. En comparant leurs carac- tères d’après la description du mycose et l’examen d’un échan- tillon que l’illustre chimiste de Berlin a bien voulu m’adresser, j'ai été conduit à faire une étude plus particulière de certaines propriétés du tréhalose, et notamment de son état d’hydratation, de sa forme cristalline et de son pouvoir rotatoire : d'après cette étude, le tréhalose et le mycose présentent la plus frappante ana - logie ; la seule différence essentielle réside dans leurs pouvoirs rotatoires. — Voici les faits. » 4. Hydratation. — Le tréhalose, récemment cristallisé, peut se représenter par la formule C12H1#013. Il renferme 2 équiva= lents d’eau de cristallisation que l’on peut chasser par la chaleur sans altérer le principe sucré; 400 parties de tréhalose cristallisé perdent ainsi 9,7 parties d’eau : la formule exige 9,5. Le mycose présente la même composition et les mêmes phénomènes. » Abandonné à lui-même, au contact de l’atmosphère, avec le concours d’une température de 25 à 30 degrés, le tréhalose perd une certaine proportion d’eau, variable suivant les conditions de l'expérience, mais qui finit par s'élever à la moitié de l’eau de cris - tallisation. Aussi la détermination de cette dernière doit être faite sur un échantillon récemment cristallisé, sinon on obtient des nombres trop faibles, une portion de l’eau ayant déjà disparu : diverses expériences exécutées sur sept échantillons distincts, pré- parés séparément et conservés au contact de l’atmosphère ou dans des tubes mal bouchés, ont fourni, au lieu de 9,5 centièmes d’eau, 9,0 ; 8,8: 8,4; 17,43 6,5;.5,4, et enfin 5,0 seulement. Ce dernier nombre répondrait seulement à un équivalent. » Le mycose n’a pointété étudié au point de vue de sa déshy- dratation partielle à la température ordinaire. » Si l’on chauffe à 100 degrés le trébalose cristallisé, placé au fond d’un long tube, il entre en fusion au bout d’un certain temps. Mais si on porte lentement à 100° ou plus exactement à 97° le tréhalose contenu dans une capsule, il blanchit, devient opaque et se déshy- drate complétement sans entrer en fusion. Dans une expérience, au bout de trois heures la perte d’eau était égale à 9,7; elle n’a aug- 65 menté ni sous l'influence du temps à 97°, ni sous l'influence d’une température élevée progressivement jusqu'à 160° et maintenue pendant plusieurs heures. Le tréhalose ainsi déshydraté à 100 n’est entré en fusion ni à 1600 ni même à 180°; seulement à cette der- pière température il s'est coloré légèrement par suite d’un commen- cement d’altération, et a perdu encore trois millièmes d’eau. Entre ces deux phénomènes, fusion lente à 1000, ou déshydratation sans fusion, même à 180°, on peut observer tous les intermédiaires suivant le mode d'application de la chaleur. Si l’on chauffe rapi- dement le tréhalose, il peut fondre seulement à 120°, à 140, etc., après avoir perdu une certaine quantité d’eau, variable suivant la durée de la chauffe. Une fois fondu, la perte d’eau continue, avec formation de bulles plus ou moins boursouflées, et la matière de- vient de plus en plus pâteuse, sans toutefois passer de nouveau à l’état complétement solide. » Le mycose peut fondre à 1000, mais, d’après M. Mitscherlich, sans perdre son eau de cristallisation. Ce n’est qu’à une tempéra- ture plus élevée qu'il perd cette eau en présentant des phéno- mèênes fort analogues à ceux du tréhalose. IL paraît donc exister une différence entre la température de déshydratation du tréha - lose et celle du mycose. Toutefois cette différence est si légère, qu’elle disparaîtrait peat-être à la suite d’une étude comparative. » 2, Forme cristalline. — Le tréhalose cristallise en octaèdres rectangulaires et le mycose cristallise de la même manière. Voici les angles déterminés sur des cristaux de tréhalose extraits de trois préparations différentes exécutées à deux années d'intervalle : j'y joindrai les angles du mycose d’après M. Mistcherlich. Angle de deux faces octaédriques opposées par le sommet : A, 444045’ Tréhalose { 2. 141° 31° | Moyenne 144° 31'|Mycose 110°6/, 3. 141°46" Angles des deux autres faces octaédriques opposées au même sommet : 1. 63°/49" réa | 2, 64°19 Moyenne 63° 59°| Mycose 63° 28’ 3. 63° 50’ Extrait de l’Institut, 1'e section, 1858. 9 66 Angle de l’une des faces de première espèce sur son adjacente de seconde espèce : 6 1, 115°53' Tréhalose ! 9, 415°59/ ; Moyenne 115° 47 | Mycose 115° 32’ (calculé). (E 11530’ Calculé 415059" » Le tréhalose et le mycose présentent donc des formes cris- uallines sensiblement identiques : les différences ne sortent pas de l'ordre des différences observées entre les cristaux d’une même substance organique appartenant à deux préparations distinctes. » 3. Pouvoir rotatoire. — 2:",059 de tréhalose cristallisé, C!*H#0#, ont été dissous dans l’eau : le volume (V) de la Cis- solution était égal à 13ce,9. a;, déviation de la teinte de passage —-- 59° 0 l, longueur da tube = 200%: température 1150 » D'où le pouvoir rotatoire, rapporté à la teinte de passage (2); = « = + 199° pour le tréhalcse hydraté et +220 pour le tréhalose anhydre C*H"'0°". » Cepouvoir est exactement triple de celui du sucre de cannes. Il varie à peine sous l'influence de la chaleur, car la solution précédente, observée à la température de 60” dans les mêmes conditions, déviait de 57° au lieu de 59, et encore l'écart dimi- nuerait-il d’un degré environ, si l’on tenait compte de la dilatation du liquide. » Le pouvoir rotatoire paraît indépendant du temps écoulé depuis la dissolution opérée à froid, car il ne varie pas depuis le premier instant où on peut l’observer. » Si l’on opère avec du tréhalose récemment déshydraté sans fusion, le pouvoir rotatoire est également constant, quel que soit le temps écoulé depuis la dissolution ; en effet, une solution qui déviait de 27°2’, tout d’abord, a dévié de même de 2703’, vingt- quatre heures plus tard. » Le nombre indiqué plus haut + 220c pour le pouvoir rota- toire a été trouvé le même dans deux autres déterminations exé- cutées à deux années d'intervalle. En voici les données : 67 » I. p —08".,504 de tréhalose, renfermant 5,4 centièmes d’eau de cristallisation ; d’où poids réel — 0,477. M6 00, = =" 2200 » II. p—28".,000 de tréhalose, renfermant 5,0 centièmes d’eau de cristallisation ; d’où poids réel —1,900. V—15%,0, /—200, «;—<+5504", (a) ;— +219. » Ces deux résultats, obtenus tout d’abord et calculés dans l'hy- pothèse d’un état d’hydratation normal et égal à 9,7, avaient con- duil à un pouvoir légèrement distinct et égal à + 208°; mais j'ai depuis reconnu l'inexactitude de cette hypothèse, et déterminé directement la proportion d’eau contenue dans ces échantillons que j'avais conservés. » Le pouvoir rotatoire du tréhalose, qui vient d’être défini, s’écarte beaucoup de celui du mycose, car ce dernier, rapporté au sucre cristallisé, d’après M. Mitscherlich, est égal à +-17302/, tandis que celui du tréhalose cristallisé est de + 1990. Le premier est déduit d’une déviation égale à + 34°8'; observée avec une solution de tréhalose de même richesse, cette déviation aurait été égale à + 40°. La différence est de plus de 5°, ce qui dépasse beaucoup les limites d’erreurs expérimentales. Elle ne s'explique ni par la température de l’observation, ni par le temps écoulé de- puis la dissolution, toutes circonstances qui n’exercent guère d’in- fluence sur une dissolution de tréhalose. » On est donc conduit à admettre l'existence de deux corps presque identiques dans toutes leurs propriétés et même dans leur forme cristalline, mais distincts par la grandeur de leur pouvoir rotatoire. — Bien que cette conclusion s'accorde avec les faits observés dans l'étude des monochlorhydrates cristallisés d’es- sence de térébenthine , elle exige, je crois, une vérification plus . complète ; j'avais intention de préparer et d'étudier moi-même le mycose; mais ayant appris que M. Mitscherlich s’occupait lui- même de celte révision, j'ai cru convenable de me borner à sou - mettre le tréhalose à un examen plus attentif. » OPTIQUE MÉTÉOROLOGIQUE. Observation d’un soleil bleu. — M. Lissajous a communiqué à la Société dans cette séance la note suivante: M. Laugier, dans une note communiquée à l'Académie des 66 sciences de Paris, a donné la description du phénomène suivant observé par lui à l’île d'Ouessant, le 22 juillet 1854 : €. Au moment où le centre du soleil atteignait la ligne » parfaitement définie qui limitait l'horizon de la mer, la partie » supérieure du disque, la seule qui fût encore visible, se teinta » subitement en bleu... Ce phénomène persista tout le temps » qu’on vit la partie supérieure du soleil, » « Etant moi-même au bord de la mer à Benzeval (Calvados) pendant le mois d'août 1856, dit M. Lissajous, le souvenir de cetle observation me porta à examiner avec attention le soleil au moment où il disparaissait derrière la ligne d'horizon. Je reconnus ainsi qu'à l'instant où il n’y avait plus qu’un très petit segment visible, ce segment se colorait en bleu verdâtre, puis disparaissait, le phénomène durait à peine une seconde. Durant un séjour de six semaines ce fait ne sc présenta à moi que trois fois. Je pus néanmoins le faire observer à plusieurs personnes. — L'année suivante, pendant un séjour de quinze jours au bord de la mer dans le même lieu, je vis cette apparence quatre fois, et je pus le faire observer par un de mes collègues, M. Drion, professeur de physique au lycée de Versailles, et nous pûmes constater, en nous plaçant à des hauteurs différentes au-dessus du niveau de la mer, que le phénomène se produisait pour chacun de nous à des ins- tants différents. — Enfin cette année, pendant le mois d'août, la pureté exceptionnelle de lPatmosphère m’a permis de voir le soleil bleu un grand nombre de fois, et de reconnaître la cause de ce phénemène. Pour cela, il m'a suffi d'observer l’astre au moment de sa disparition à laide d’un télescope à miroir de verre argenté construit par M. Foucault. Cet instrument, parfaitement achro- matique, grossissait environ cent fois. Il m'a fait voir le soleil accompagné de franges irisées qui bordaient sa partie supérieure, absolument comme si cet astre eût été vu à travers un prisme d’un angle faible dont l’arête stringente eût été placée en haut. A me- sure que le soleil s’abaissait au-dessous de lhorizon, les parties les plus brillantes du disque étaient masquées par la mer, et il ne restait de visibles que les teintes comprisesentrele vert et le violet ; ces couleurs disparaissaient elles-mêmes au bout d’un temps très court. » J'acquis donc la certitude que le phénomène était dû simple - 69 ment à la dispersion produite par suite de la réfraction des rayons solaires à travers l'atmosphère, les teintes les plus réfrangibles ne devenant visibles pour l’œil qu’au moment où les couleurs les plus vives du disque solaire étaient masquées par l'horizon. » Ce phénomène n’a pas lieu quand le soleil'disparaît derrière un obstacle quelconque. En effet, la dispersion n’est sensible que dans le cas où l'épaisseur de la partie de l’atmosphère traversée par les rayons solaires est assez grande ; et comme cette épaisseur croit très rapidement à mesure que le soleil se rapproche de l’ho- rizon, On conçoit que la dispersion soit insuffisante dans toute autre. position. L’éclairement général du ciel serait aussi un obstacle à la perception de cette faible teinte. » L'observation ne peut pas se faire quand le ciel n’est pas suf- fisamment pur, car alors le pouvoir absorbant de l’atmosphère s'exerce de préférence sur les rayons les plus réfrangibles du spectre, et le soleil en atteignant l’horizon ne présente plus qu’une teinte rouge uniforme. Aussi l'intensité de la teinte bleue n’a-t-elle pas la même valeur aux différents jours. » Les jours les plus favorables sont ceux où il y a mirage à l’ho- rizon, le ciel étant d’ailleurs très pur, car alors on aperçoit au- dessous du soleil son image qui marche à sa rencontre, et, au dernier instant, l’astre et son image se colorent de la même teinte bleue, ce qui double l’étendue occupée par cette teinte, et rend par cela même le phénomène plus visible. vLefait dont nous venons de parler n’a évidemment aucun rap- port avec des apparences analogues produites lorsque le soleil était au-dessus de l'horizon, au sein de certains brouillards secs dont la teinte jaunâtre le faisait paraître bleu par effet de contraste. » Il est même probable, d’après les indications de M. Laugier, que le fait observé par lui n’était pas un simple effet de dispersion atmosphérique, et ne doit pas être confondu avec l’apparence es - sentiellement fugitive que nous avons signalée dans cette note. » S Séance du 20 novembre 1858. HYDRAULIQUE. — A. de Caligny a signalé dans cette séance quelques propriétés de sa machine hydraulique à cscillations indéfinies, pour laquelle l'Académie des sciences lui décerna le prix de mécanique, le 30 décembre 1839. L'auteur rappelle 70 qu’il a présenté à l’Académie des sciences, le 22 octobre 1855, un moyen de faire fonctionner les deux tuvaux d’ascension de cette machine, en employant une seule soupape, espèce de porte de flot d’une forme particulière , mue par un piston, alternative- ment poussé sur chacune de ses faces, en vertu de la baisse alter- native de la colonne liquide dans chacun des tuyaux d’ascension pendant que l’autre est plein ou à peu près. Pour ne laisser au- cun doute sur le degré de simplicité de cette modification du régulateur, il remarque aujourd’hui que l’appareil peut n'avoir en tout qu’une seule pièce mobile, quoique deux colonnes liqui- des oscillantes fonctionnent sur un même tuyau. Il suffit, dit-il, de concevoir l’axe de la soupape porte de flot prolongé suffisamment au delà de son enveloppe fixe. A cet axe est attaché une sorte de diaphragme, ou piston de pompe tour- nante , fonctionnant dans un espace angulaire disposé comme l'espèce de corps de pompe où les pistons des pompes dites /owr- nantes ont un mouvement alternatif. Chacune des faces de ce diaphragme pourra être alternativement pressée par l’eau conte- nue dans un des tuyaux d’ascension, pendant que l’eau sera con- venablement baissée dans l’autre. Il suffira pour cela que chacune des extrémités ou limites ouvertes de l’espace angulaire dans le- quel fonctionne ce diaphragme soit toujours en communication, l’une avec un seul des tuyaux d’ascension, l’autre seulement avec le second tuyau d’ascension. IL n’est pas à la rigueur indispen- sable que, dans chacune de ses positions d’arrêt, la soupape porte de flot soit retenue par un ressort, à cause d’une disposition par- ticulière de ce genre de soupapes depuis longtemps expliquée à la Société. Il ne paraît pas nécessaire qu’il y ait un semblable piston de pompe tournante à chaque extrémité de l’axe‘de la soupape, quoique cela ne fit encore qu’une seule pièce mobile dans tout le système. Enfin il n’est pas nécessaire que le piston frotte à son pourtour comme dans les pompes tournantes; il pourra rester un peu de jeu entre lui et les surfaces fixes, parce qu'il pourra s'appuyer sur des siêges dans ses deux positions de repos. Quant à la crainte qu’on pourrait avoir que l’eau ne tendit à se mettre de niveau dans les deux tuyaux d’ascension, pendant le jeu de ce régulateur, il suffit de remarquer qu’on peut donner à la soupape porte de flot une 71 forme telle que sa section ressemble à deux secteurs de cercle op- posés par le sommet ; de manière, en un mot, à faire en sorte queles deux tuyaux d’ascension ne communiquent pas ensemble, si l’on veut, ou ne communiquent que de la quantité qui sera reconnue sans inconvénient, soit à cause de la vitesse du jeu de la soupape, soit à cause des phénomènes de succion, etc. M. de Caligny fait ensuite observer que si en principe cette ma- chine peut, sauf lesrésistances passives, élever de l’eau, sans rétré- cissement des tubes d’ascension, à des hauteurs indéfinies, ou dé- pendant dela profondeur de l’enfoncement de la soupape au-des- sous du niveau du bief d’aval, on peut s’en servir pour comprimer de l’air etle faire entrer dans des réser voirs de grandeur convena- ble, au lieu d'élever de l’eau. Or, dit-il, au lieu d'élever de l’eau à une hauteur indéfinie, sauf les résistances passives, on peut s’en servir en principe pour comprimer de l’air à des tensions très grandes, dont la limite pratique ne peut être d’ailleurs indiquée à priori, à cause des secousses qui pourraient se présenter quand la tension aurait atteint une certaine force. M. de Caligny rappelle qu’en juin 1844, il a présenté à la Société les dispositions nécessaires pour transformer une colonne liquide oscillante en machine soufflante ou à compression d'air, et qu’on peut transformer en machine soufflante ou à compression d’air toutes ses machines hydrauliques à colonnes liquides oscil- lantes. Ceux de ces appareils, dit-il, qui ne peuvent fonctionner sans chasser alternativement une colonne d’air , alternativement contenue dans leurs tuyaux d’ascension, sont en principe des machines soufflantes par ce seul fait ; il suffit, dit-il, d’em- ployer à compriiner de Pair le travail employé à élever de l’eau. Seance du 11 décembre 1858. HYDRAULIQUE. — M. de Caligny a communiqué à la Société, dans cette séance, quelques observations sur les machines hydrau- liques à compression d’air, fonctionnant au moyen d'une chute d’eau. Sa communication du 20 novembre sur ceux de ces appareils dans lesquels la force vive s’emmagasine dans une colonne liquide, à chaque période, avant qu’il se soit fait un écoulement d’eau à 72 l'extérieur, avait principalement pour objet le cas des chutes motrices, petites ou médiocres. Il se présente, dit-il, une cir- constance intéressante dans le cas où une colonne d’eau, après avoir comprimé de l’air dans un réservoir avec soupape de rete- nue, etc., en montant dans la seconde branche d'un siphon ren- versé, sort au moyen d'une oscillation descendante sans retour sensible vers la première branche qui esten communication avec la prise d’eau motrice, lorsque cette oscillation descendante n’aqu’une profondeur ne dépassant point certaines limites. Ge cas est parti- culièrement celui où la chute motrice est assez grande pour qu'il ne soit pas indispensable de produire des oscillations qui, par la profondeur à laquelle elles font descendre le niveau, suppléent, en vertu d’un mode particulier d’oscillations accumulées, à la peti- tesse de la chute motrice au moyen de la dépense d’eau. On supposera, dans ce qui va suivre, que la colonne d’eau entrée pour refouler de l’air dans la seconde branche d’un siphon ren- versé est assez courte par rapport à la chute d’eau motrice. Si la communication, étant interrompue par un moyen quel- conque entre la seconde et la première branthe, est établie entre la seconde et une troisième branche débouchant dans le bief d’aval, il se présente une oscillation descendante qui vide la se- conde branche jusqu’à une certaine profondeur au-dessous du niveau du bief d’aval, la jonction de la seconde et de la troisième branche étant à une profondeur convenable au-dessous de ce dernier niveau. Or, si la baisse de l’eau dans l’oscillation descendante ne dé- passe point certaines limites, il se présente une circonstance inté- ressante, objet spécial de cette communication. La soupape, des- tince à laisser entrer de l’air à la place de la colonne liquide qui sort pendant cette oscillation descendante, se fermant en temps utile, le ressort de cet air résiste de manière à ne permettre en- suite à la colonne d’eau de la troisième branche de revenir en ar- rière que d’une quantité assez peu importante pour qu’il n’y ait pas trop à s’en préoccuper. Il résulte même de cette circonstance que pour les machines de ce genre employées à comprimer de l'air, le régulateur n’a pas besoin d'autant de précision que pour le cas où elles sont employées à élever de l’eau. Ainsi, quand même la vidange immédiate sur le niveau du bief d’aval ne ferait pas perdre 73 beaucoup plus de travail que ce système de vidange par oscillation descendante, il conviendrait de ne pas négliger l'avantage quel- conque provenant de cette oscillation, puisqu'elle ne complique en rien la construction de l'appareil. L’espèce particulière de suspension alternative dont on vient de parler n’oblige pas même à prolonger la troisième branche un peu au-dessus du niveau du bief d’aval, quoiqu'il puisse être pru- dent de le faire pour certaines conditions, dans le détail desquelles l’auteur ne croit pas nécessaire d’entrér en ce moment. Il est à remarquer, dit-il, que le délai pouvant provenir de ce mode de suspension alternative, permettra sans doute de diminuer les dimensions du système quelconque de piston, alternativement pressé sur les deux faces opposées, dont le jeu fera, dans diverses circonstances, fonctionner le régulateur par des moyens depuis longtemps expliqués à la Société, les dimensions de ce piston étant d’ailleurs, dans tous les cas, déterminées de manière à avoir, au besoin, égard au ressort de l’air dont il s’agit. Il est à peine nécessaire d’ajouter que la combinaison, objet de cette note, peut s'appliquer à d’autres inventions de M. de Cali- onv, il ne s’agit ici que d’un exemple particulier. — M. de Caligny a communiqué ensuite une modification de la soupape à double siége, connue sous le nom de soupape de Corn- wall, quand elle est employée, non comme dans ses expériences, à former une portion alternativement mobile d’un tuyau, sans aucun coude ni arrêt intérieur à l’époque où elle réunit deux tuyaux alternativement séparés, mais dans le cas où l’on veut s’en servir pour boucher alternativement un tuyau transversalement, ce qu'il paraît au premier aperçu difficile de faire, sans qu'il se présente un coude brusque à l’époque où ce tuyau cesse d’être bouché ainsi. M. de Caligny propose d'employer dans ce cas le système qu'il a présenté à la Société, le 28 juin 1851 ct le 23 octobre 18592, pour diminuer la résistance des coudes, au moyen de surfaces courbes concentriques, dans diverses circonstances où l’on n’aura pas à craindre que des lames posées comme il l’a expliqué n’ar- rêtent des herbes charriées par le liquide. Dans le cas dont il s'agit, ces lames seraient fixes, en laissant entre elles et la soupape Extrait de l’Institut, 17° section, 1858. 40 7l de Cornwall ou vanne cylindrique l'intervalle nécessaire à son jeu. MORFHOGÉNIE MOLÉCULAIRE. — M. M.-A. Gaudin a fait aussi la communication suivante. « Le directeur dela Smilhsonian institution,de Washington, m’ayant demandé une collection de mes molécules en relief pour la faire figurer dans ses galeries, l'exécution de cette commande a été pour moi la cause de nouvelles recherches qui m'ont fourni des preuves nombreuses de la vérité de ma théorie. Ceci me four- nit l’occasion de mettre sous les yeux de la Société quelques mo- lécules caraciéristiques. » En France, la théorie atomique est fort négligée, celle des équivalents domine partout, bien qu’elle soit insuffisante, à elle seule, pour établir le vrai poids des atomes, et par conséquent leur nombre vrai dans les formules, en tant qu’on vise à la connais- sance de la molécule réelle, c’est-à-dire à l'élément géométrique des cristaux. — Je puis former un exemple mémorable de cette lacune regrettable. » Il y à plus de vingt-cinq ans déjà, M. Dumas a déterminé la densité du chlorure et du fluorure de silicium. La première den- sité montre avec la dernière évidence qu’il existe autant de chlore dans un volume de chlorure de slicium que dans un volume de bichlorure d’étain, qui répond au bioxyde d'étain. » En présence d’un pareil fait, il n’était plus possible de consi- dérer la silice comme l’analogue de l'acide sulfurique non plas que des sesquioxydes d'aluminium, de fer, etc., elle devenait désormais Si O?, comme le deutoxyde d’étain, l’acide carbonique, l'acide sulfureux. l’eau, etc. » J'ai discuté à fond cette question dans un mémoire assez étendu qui a été inséré à cette époque dans les Annales de chi- mie et de physique; mais il a passé inaperçu ; si bien que tout récemment M. Marignac à uanné comme chose nouvelle la for- mule Si O? de la silice que je soutiens depuis vingt-cinq ans, en s'appuyant principalement sur les données expérimentales que nous devons à M. Dumas. » Ainsi, dans notre siècle de lumières, il a fallu vingt-cinq ans pour qu'on commence à apercevoir la portée d’un fait qui doit 79 transformer toutes les formules minéralogiques dans lesquelles la silice figure. » Sans parler des arguments fournis par la densité du chlorure de silicium, il est certain que la discussion étant portée sur les fa- milles si variées des feldspaths, des zéolites, des micas, etc. , on trouve très souvent 8 atomes d'oxygène pour la silice, quand il y en à 3 pour le sesquioxyde et 1 pour le monoxyde : c’est là une confirmation éclatante de l'induction fournie par la densité du chlorure de silicium. » Ma théorie fournit, il me semble, un élément tout nouveau, propre à nous fixer sur le véritable nombre atomique molécu- laire, c’est-à-dire sur le nombre vrai des atomes qui composent le solide géométrique régulier, qui est l'élément des cristaux. » Étant donnée la formule chimique, il s’agit de déterminer quelle est la molécule cristallisable ? C’est à peu près comme si l’on disait : étant donnée la formule chimique et la densité de iavapeur, quelle est la molécule en atomes? Quand on demande quelle est la molécule cristallisable, on pose pour condition que le polyèdre géométrique établi aura une relation directe avec la forme cris- talline du corps. » Eh bien, en suivant cette marche, j'arrive toujours à un groupement atomique wnique qui remplit toutes les conditions voulues; et pour écarter tout reproche d’arbitraire, je me suis attaché de préférence aux corps les plus complexes qui, hors d’une solution unique parfaitement régulière, ne permettent pas d’éta- blir un autre groupement symétrique. » Après avoir construit la chlorite hexagonale, qui est déjà un groupe fort remarquable, j’étais à la recherche d’une substance pierreuse qui fût l’analogue de l'acide stéarique ou des stéarates, lorsque je fis la remarque que l’hydrolite et l’herschélite cristalli- saient en prisme hexaédrique régulier comme l'acide stéarique: dans ce dernier minéral, analysé avec le plus grand soin par M. Damour, il se trouve 8 atomes d'oxygène pour la silice, 3 d'oxygène pour le sesquioxyde, 1 d'oxygène pour le monoxyde et 5 d'oxygène pour l’eau. » Le problème consistait donc à grouper ces nombres atomi- ques de facon à obtenir l’élément du prisme hexaédrique régulier. 76 En prenant la formule 1 fois, 2 fois, 3 fois, 4 fois et 5 fois, on ne peut former un groupement symétrique compatible avec le prisme hexaédrique régulier; tandis qu’en prenant la formule 6 fois, on obtient 48 pour l’oxygènc de la silice, 18 pour le sesquioxyde, 6 pour le monoxyde, 30 pour l’eau. En mettant seulement 31 pour l’eau au lieu de 30, on obtient en effet le groupe magnifique, que je mets sous les yeux de la Société : ilest composé de 61 axes paral- lèles entre eux, 6 graads axes d’aluminate de monoxyde à 7 ato- mes, 24 axes de silice à 3 atomes, et 31 axes d’eau à 3 atomes, représentant 207 atomes comme le stéarate monopotassique, et ayant absolument la même forme. » En cherchant comment je grouperais les atomes du métasta- nate de monoxyde d’étain hydraté découvert par M. Fremy, j'ai reconnu également que ce corps ne présentait qu’une solution, en effet : 5 (Sa' ©?) ES n' O' +4 (4° O1) montrent clairement que la molécule est carrée ; on a en effet : k (S n! ©?) + 4 (H° Of) + Sn° 0’, soit un axe à 5 atomes Sn? O*, analogue à l’alumine, entouré de 8 axes à 3 atomes qui forment un prisme carré bi-pyramidé. » Eu éliminant par la pensée les deux atomes d'oxygène extré- mes de l'axe médian à 5 atomes, il reste wn cube parfait, com- posé de 29 atomes, ayant à ses 8 angles solides un atome d’hydro- gène, au centre de ses 6 faces un atome d'’étain, à son centre de figure et au milieu de chacune de ses 12 arêtes un atome d’oxy- gène ; de sorte que dans ce seul groupement de 29 atomes, on voit wn assemblage solidaire et-intivisible de h5 axes de sy- métrie, Savoir : 16 fois l’eau, les 12 arêtes et les 4 diagonales du cube ; 14 fois le bioxyde d'’étain, les 12 diamètres des 6 faces et les deux extrémités du grand axe: 12 fois l’étain hydrogéné, les 13 diagonales des 6 faces. 3 fois le sous-oxyde d’étain, les 3 diamètres du cube. » Dans le cas du métastanate de potasse, un atome de potas- sium remplace l’un des deux atomes d'étain du grand axe, et 1 les axes de symétrie sont encore au nombre de 44, tout en don- nant la preuve que dass les axes principaux il peut y avoir des atomes correspondants, de nature analogue, mais non de méme poids. » Cette molécule est bien près du cube; cependant elle n’est pas cubique, tant il est vrai que le cube est rare, si même il existe, dans la multitude de polyèdres réguliers qui composent la série des corps cristallisables. » Je n’ai encore pu former un cube qu’en multipliant par 9 la formule 4A, 2B, correspondant aux bioxydes, aux bisulfures, aux bichlorures, aux bifluorures, etc. _ » Ce cube, que je mets sous les yeux de la Société, présente aussi un certain nombre d’axes de symétrie ou d'équilibre ; on en compte 9 figurant l’atome métallique entre deux atomes du mi- néralisateur, et 24 formés par un atome du minéralisateur com- . pris entre deux atomes de métal. » OPTIQUE DE L'OEIL. — M. Jules Regnauld a présenté l’analyse et les conclusions d’un travail sur la fluorescence des milieux de l'œil chez l'Homme et quelques Mammifères. L'auteur s’est proposé de constater expérimentalement la fluo- rescence des milieux de l’œil, phénomène devenu très probable pour quelques-uns d’entre eux, d’après les observations de MM. L. Foucault et Stokes. Il a choïsi comme source de radiation épi- polique le faisceau des rayons limites, violets-et: ultra-violets, obtenu au moyen d’un large prisme de Nicol, suivant le procédé indiqué par le premier de ces physiciens. De plus, dans les cas douteux , il fait arriver le soleil par réflexion totale sur un prisme rectangulaire de quartz convenablement taillé, et étudie les matières soumises à l'expérience en interposant entre elles ct l'œil de l'observateur un de ces verres jaunes que M. Stokes dé- signe sous le nom d’absorbin:s complémentaües. Le détail des précautions et du manuel opératoire soal insérés au mémoire que M. Jules Regnauld résume dans les conclusions suivantes : 1° Chez l’Homme et les Mammifères examinés jusqu’à ce mo- ment (Bœuf, Mouton, Chien, Chat, Lapin), la cornée est fluo- rescente, mais à un faible degré ; 2e Chez l'Homme et ces Mammifères le cristallin est doué au Ce! 78 plus haut degré des propriétés fluorescentes; chez ces animaux, aussi bien que chez plusieurs Vertébrés aériens, ces propriétés persistent dans les portions centrales du cristallin (endophacine de MM. Valenciennes et Fremy) conservées par voie de dessiccation à une basse température ; 3° Les portions centrales du cristallin de plusieurs Vertébrés et Mollusques aquatiques (phaconine des mêmes auteurs) sont pres- que totalement privées de la fluorescence ; h° Le corps hvaloïde ne présente qu’une très faible flu ores- cence due aux membranes byalines, car l'humeur vitrée ne la possède pas; 5° La rétine, comme l’a reconnu M. Helmholtz sur un œil hu- main dix-huit heures après la mort, possède une certaine fluo- rescence qui n’est nullement comparable pour l'intensité à celle du cristallin des Mammifères : 6” Enfin, pour revenir à l’origine et au principe de ce travail, l’auteur conclut que s’il faut placer dans un phénomène de fluorescence la source des accidents causés par les radiations fai- blement lumineuses de la lumière électrique, c’est dans l’action énergique produite sur le cristallin qu'il est naturel d’en chercher l’explication ; l’impulsion subie par la cornée ne doit pas néan- moins être négligée. 4 PA Séance du 18 décembre 4858. OPTIQUE MINÉRALOGIQUE. Propriélés optiques biréfrin- gentes cl forme cristalline de la liroconite. — M. Descloizeaux, dans la note suivante lue par lui devant la Société, expose un nouvel exemple de l'utilité et même de la nécessité que présente la détermination des propriétés optiques biréfringentes des cristaux naturels ou artificiels lorsqu’on veut connaître exactement leur forme géométrique. Il existe dans la nature un arséniate de cuivre et d’alumine connu sous le nom d’arséniate de cuivre octaédrique ou liroco-- nite, dont la composition peut être exprimée, d’après les analyses de M. Damour {1}, par la formule 2 Cu° (As Ph}5 + AIS (As Ph}5 L 32 Aq. (1) Annales de chimie et de physique, 3£ série, & xmr. 79 Ce minéral se présente en cristaux d’un beau bleu céleste qui affectent la forme d’octaèdres surbaissés à base rectangulaire. Les faces de ces cristaux portent presque toujours des stries fines ou de légères ondulations qui ne permettent d’obtenir leurs incidences qu’avec une approximation de quelques minutes ; c’est donc en se basant sur leur grande symétrie plutôt que sur des mesures très précises qu’on les a jusqu'ici rapportés au prisme rhemboïdal droit. Dans cette hypothèse. les octaèdres de liroconite peuvent êtreregardés comine une combinaison d’un prisme vertical #2 sous l'angle de 107° 5” avec un prisme horizontal a! remplaçant les angles solides obtus du premier, et faisant, avec les faces », des angles de 133° 54”. Les clivages les plus distincts ont lieu suivant les faces » ; on er cite aussi des traces suivant les faces a’ et même suivant la base du prisme qui serait tangente à l'arête aiguë de ces faces. Si les axes cristallographiques sont rectangulaires, les axes d’é- lasticité le seront également; par conséquent le plan des axes optiques devra coïncider, soit avec la base de la forme primitive, soit avec le plan vertical passant par la grande diagonale, soit enfin avec le plan vertical passant par la petite diagonale de la base. Or, si l’on pratique sur les angles solides obtus des octaè- dres de liroconile deux faces artificielles parallèles au plan qui comprend leurs arêtes verticales et leurs arêtes horizontales, on voit immédiatement, par l’inspection des courbes isochromatiques produites, en soumettant la plaque au microscope d’Amici, que cette substance possède deux axes de double réfraction très écar- tés, dans un plan perpendiculaire au plan de la lame et faisant avec , m ! ; une des arêtes verticales — un angle de 20° à 25° ; la bissec- m trice, de signe négatif, est également perpendiculaire au plan de la lame. Gette disposition des axes optiques montre d’une manière évi- dente que la forme de la liroconite ne peut pas être rapportée au prisme rhomboïdal droit, mais qu’elle appartient en réalité au prisme oblique symétrique. On obtiendra la forme primitive la plus simple possible, en plaçant devant soi les arêtes aiguës con- sidérées comme latérales dans le système du prisme droit, ce qui 80 donnera un prisme rhomboïdal de 72°55', offrant un clivage dif- ficile suivant une base dont l'inclinaison sur l’axe vertical, très voisine de 90», reste pourtant indéterminée. La détermination de cette inclinaison exigerait en effet la connaissance exacte des inci- dences entre les troncatures el, situées maintenant sur les angles latéraux de la forme primitive, et les faces m antérieures et posté- rieures ; or, d’après l’apparence habituelle des octaèdres de ‘i- roconile, ces incidences devant être presque identiques, leur dif- férence ne saurait être constatée que si les faces étaient beaucoup plus unies et plus miroitantes qu’elles ne le sont ordinaire - ment (1). Les phénomènes optiques de la Ziroconile offrent une nou- velle preuve de la séparation absolue qui existe entre les différents iypes cristallins auxquels on rapporte les formes de tous les cris- taux connus. On sait que ces types sont au nombre de six, et que quelques observateurs, pour expliquer les phénomènes d’isomor- phisme et de plésiomorphisme, ont cherché à réduire ce nombre à trois ou quatre seulement. Considérée d’une manière purement géométrique, l’idée de faire dériver les types obliques de types rectangulaires peut présenter une apparence de vérité; car il ne paraît pas impossible d'obtenir un rhomboèdre à l’aide de l’al- longement très-faible d’une des diagonales du cube, un octaèdre carré à l’aide d’un changement du même genre sur l'octaèdre (1) Contrairement à l’opinion généralement reçue, M. Breithaupt admet, dans son Traité de mincralogie, que les octaèdres de liroconite affectent une forme hémiédrique dérivée d’un prisme rhomboïdal droit: il base son opinion sur ce qu'on voit des angles rentrants dans quelques cristaux en apparence mâclés, et sur ce que l’arête d’intersection des faces désignées ici par e! est oblique, et non perpendiculaire à l’arête des faces m, avec laquelle elle ferait un angle de 86°. Cette obliquité, qui résulte forcément de la dis- position des axes optiques, n’est peut-être pas aussi forte que l'indique M. Breithaupt; malheureusement les cristaux que j'ai eus à ma disposition n'étaient pas assez nels pour m'en assurer. Autant que j'ai pu en juger sur ces cristaux, le plan des axes serait dirigé dans l’angle aigu de la section verticale parallèle à la diagonale inclinée de la base. Quant aux mâcles dont parle M. Breïithaupt, je n’en ai pas vu une seule dans une douzaine de lames que j'ai fait traverser par un faisceau de rayons parallèles et polarisés, D. sl régulier, etc. Ces passages semblent même indiqués dans les cris- taux voisins d’une forme limite, par une symétrie des modifica- tions analogue à celle que possède la forme limite elle-même ; c’est ainsi que le sulfate de protoxyde de fer a longtemps été re- gardé comme dérivant du rhomboëèdre, et la datholite comme appartenant au prisme rhomboïdal droit. Mais si l’on compare les propriétés optiques des six types cristallins de la minéralogie, on voit qu’elles sont complétement incompatibles et qu’il n’existe aucun passage d’un système à l’autre. Ainsi le rhomboëdre le plus voisin de 90° possède toujours un axe de double réfraction, tan- dis que le cube a la réfraction simple; le prisme rhomboïdal droit le plus rapproché du prisme carré peut avoir des axes optiques excessivement écartés, comme nous le montre la mésotype; le prisme oblique symétrique le plus voisin du prisme rhomboïdal droit, tel qu’est celui de là liroconite, possède des axes optiques ouverts dans un plan dont la direction s’écarte beaucoup de celle des axes cristallographiques. On conçoit, du reste, qu’il en doive être ainsi, et qu’il ne puisse pas en être autrement, Car le rapprochement ou même la presque identité que certains cristaux offrent avec les formes limites du cube, du prisme droit à base carrée, etc., n’existe qu’à une tem- pérature déterminée, et si l’on pouvait chauffer convenablement ces cristaux, on les verrait changer de figure et prendre des formes évidemment incompatibles avec les formes limites, puisque, des trois axes d’élasticité, deux au moins élant inégaux, la dilatation se répartirait d’une manière inégale suivant ces axes. HYDRAULIQUE. — M. de Caligny a présenté dans cette séance une note sur une combinaison de la soupape de Cornwall avec le tiroir dont il avait entretenu la Société le 20 juillet 1839; il a communiqué ensuite des expériences sur les ondes liquides. T. Dans les expériences répétées à l’École des mines en 1837, de- vant une commission de l’Académie des sciences, M. de Caligny mettait alternativement le tuyau vertical d’une de ses machines hydrauliques en communication avec un tuyau de conduite débou- chant par l’autre extrémité dans la prise d’eau, et avec un tuyau de décharge. Ces deux derniers tuyaux étant horizontaux, l’un était bouché par le tiroir, quand l’autre était ouvert. Extrait de l’Institut, 1'° section, 4858. 41 82 Ce tiroir se compose d’un bout de tuyau toujours ouvert à son extrémité supérieure, toujours fermé à son extrémité inférieure, et percé latéralement d’un orifice venant se poser alternativement devant l’un des deux tuyaux horizontaux dont il s’agit, selon que le tiroir est haussé ou baissé. Au-dessous de cet orifice un bout de cylindre plein prolonge le tiroir, de manière que le tuyau horizontal inférieur soit bouché pendant que l’orifice latéral se présente devant l’autre tuyau ho- rizontal. Il est à peine nécessaire d'ajouter que cetiroir est taillé de manière à permettre à l’eau de circuler autour de lui pour évi- ter le frottement qui résulterait sans cela de la pression latérale du liquide, sans cependant permettre d'écoulement aux endroits où il doit être alternativement interrompu. M. de Caligny rappelle qu’il a construit des tiroirs de ce genre, en disposant, aux hauteurs convenables, des pistons annulaires attachés extérieurement aux tiroirs. Mais les moyens de construc- tion ayant été très perfectionnés depuis l’époque où il présenta ce tiroir, il croit pouvoir aujourd'hui proposer une modification évi- tant toute espèce de frottement du tiroir contre des corps solides, ei sur laquelle il n’a peut-être pas assez insisté dans ses premières communications verbales, à cause des difficultés de construction qui pouvaient exister encore à cette époque déjà ancienne. Il propose, au lieu d'employer des pistons annulaires extérieurs avec garniture, de faire ces pistons entièrement métalliques , fon- dus tout d’une pièce avec le tiroir, et de tailler ces pistons par- dessus et par-dessous, de manière qu’ils puissent appliquer alter- nativement une surface conique sur un siége annulaire fixe taillé convenablement. Le mode de fermeture et les ajustages seront parfaitement analogues à ceux des soupapes circulaires en usage. La difficulté pratique consiste en ce que plusieurs de ces pièces annulaires, fondues avec le tiroir, devront en même temps porter sur plusieurs autres pièces annulaires, ou siéges fixés au bout de tuyau fixe où corps de pompe dans lequel joue le tiroir, et en ce que la fermeture devra se faire convenablement, non-seulement quand le tiroir sera à l’une des extrémités de sa course, mais quand il sera à l’autre extrémité, les faces opposées de ses pièces annulaires extérieures devant s’appuver contre les siéges fixes. Mais avec une 58 bonne exécution, l’auteur fait observer que ce moyen évite toute espèce de frottement du tiroir contre des corps solides, sauf celui des guides, et celui qui pourrait résulter des herbes dans les cir- constances où il n°y aurait pasmoyen de s’en débarrasser; qu'il per- met d’ailleurs de profiter de l’extrême précision que le principe de la machine à colonne d’eau lui a permis de donner au jeu du tiroir rappelé au commencement de cette note, par le mode d’action al- ternative des colonnes d’eau sur le fond du tiroir. Dans les expé- riences répétées à l'École des mines en 1837, c'était un contre- poids qui relevait le tiroir en temps utile. L'auteur rappelle qu’au lieu d’un contre-poids solide, on peut employer un contre-poids liquide; c’est-à-dire, soit une colonne d’eau dans un tube recour- bé, disposé au-dessous du corps de pompe dans lequel joue le ti- roir, soit tout simplement la pression de l’eau du bief d'aval au-dessous du tiroir. Les oscillations seraient alors combinées, ainsi qu’il l’a expliqué depuis longtemps à la Société, et l’a d’ailleurs rappelé d’une manière succincte dans sa dernière communication sur les machines soufflantes ou à compression d’air , auxquelles la disposition, objet de cette note, peut aussi être appliquée. La résistance de l’eau au coude brusque de ce tiroir pourra d’ailleurs être atténuée au moyen du système de lames courbes concentri- ques rappelé dans la dernière séance, Quant à l'emploi de ces lames pour diminuer aussi la résis- tance de l’eau dans les coudes brusques résultant de l’emploi des soupapes de Gornwail ou des vannes cylindriques, telles qu'elles sont indiquées dans là dernière séance, il est à peine nécessaire de rappeler que, dans les circonstances de ce genre, ce n’est plus à proprement parler de lames courbes qu’il s’agit, mais de sur- faces courbes de formes analogues à celles de pavillons de trom- pette rentrant les unes dans les autres. IT. M. de Caligny a communiqué aussi dans cette séance des expériences sur les ondes résultant, dans un canal, du mouvement vertical alternatif d’un corps solide. Il s'agissait de voir si, dans cette espèce d'ondes, appelées courantes, it y à ou il n’y à pas un mouvement de translation sensible. M. de Caligny rappelle que lorsqu'il présenta des expériencessar ces ondes à l’Académie dessciences, M. Arago remarqua principa- Sl lement dans son mémoire le fait nouveau du recul sur le fond ob- servé après le passage de plusieurs ondes. Mais ce mouvement n’é- tant que de quelques centimètres dans les circonstances où ces ex- périences furent faites, M. de Caligny a fait de nouvelles observa- tions sur un canal d’une beaucoup plus grande longueur, dont les dispositions particulières seront prochainement expliquées dans une note plus étendue. Ce n’est plus de quelques ondes, mais de plusieurs centaines d’ondes qu’il s’agit; de sorte que les déplace- ments étudiés ne sont plus de quelques centimètres, mais de plu- sieurs mètres, ce qui établit le phénomène d’une manière plus évidente. Cependant, comme les grains de raisin répandus sur le fond, quelque ronds qu'ils fussent, offraient une cause quel- conque de frottement ou même d’irrégularité dans les mouve- ments de va-et-vient, il était plus rigoureux d'observer les dépla- cements des corps légers répandus à la surface, tels que des brins d'herbe quand il ne faisait pas de vent. Or, soit qu’on observe le recul sur le fond, soit qu’on observe le déplacement en sens inverse à la surface, c’est-à-dire le mou- vement de progression qui se présente à la surface, on voit que le phénomène varie d'intensité selon la distance où les déplacements observés sont du point où les ondes sont engendrées par un mou- vement de va-et-vient vertical. Ces déplacements sont d’autant plus grands qu’on les observe plus près de ce dernier point. Il y a d’ailleurs lieu de croire qu’ils se compensent à peu près dans une certaine région du canal; car, à de grandes distances , ils ne sont plus assez sensibles pour qu’on soit certain de leur existence quant à présent. Or, cela n’aurait pas lieu s’il se faisait réellement un transport notable du liquide de la première partie du canal à celle où l’on n’observe pas de déplacement bien sensible après le passage des ondes. Les déplacements dont il s’agit diminuent même assez rapidement, à mesure qu’on les observe à des dis- tances très-différentes de l’origine du mouvement. Ainsi, dans des limites assez étendues, si l’on considère successivement à la surface les petits flotteurs à des distances diverses de cette ori- gine, les déplacements observés diminuent à peu près comme les termes d’une progression géométrique. Ils diminuent ensuite moins rapidement, mais, étant déjà beaucoup moindres, ils de- viennent moins faciles à observer. Quelques détails sur ce sujet se- 09 ront l’objet d’une prochaine communication. On peut dès aujour- d’hui remarquer que l’entraînement des corps flottants, même à des distances considérables, n’est plus une preuve de translation réelle dans tout l’ensemble de la masse liquide en ondalation, à cause des déplacements en sens contraire dans lés régions infé- rieures. — M. de Caligny a communiqué il y a longtemps à la Société des observations sur la comparaison des vitesses apparentes de ces ondes courantes avec celle des ondes appelées solitaires, qui, étant engendrées dans certaines conditions après les premières, par des moyens particuliers, finissaient cependant par les atteindre, et al- laient par conséquent plus vite. La grande longueur du canal sur lequel il a opéré depuis cette époque lui a permis de varier les observations, d’où il paraît ré- sulter que les deux espèces d'ondes ne vont pas plus vite l’une que l’autre quant à la translation apparente, dans le cas où, à force de patience, on parvient à leur donner sensiblement la même hauteur. Ce qui fait croire que les ondes solitaires vont en général plus vite que les autres, quand on expérimente sur un canal trop court, c’est qu’en se pressant de les produire, avant que les ondes courantes aient atteint l’autre extrémité du canal, on les fait plus fortes qu’on ne veut ; or, on sait que les ondes soli- taires plus fortes vont plus vite que ies plus faibles. Les phéno- mènes de recul au fond du canal et de progression à la surface se présentant avec plus d’intensité à de petites distances de l’origine du mouvement des ondes courantes qu’à des distances notables , cela peut servir à expliquer, selon M. de Caligny, pourquoi, dans les expériences des frères Weber, dont le canal était très court, le grand axe des orbites des ondes courantes dans les ré- gions supérieures était horizontal, au lieu d’être vertical comme dans les expériences qu’il a communiquées à la Société en 1842, et comme dans les observations faites en mer par feu M. Aimé, qui ne les avait d’ailleurs présentées qu'avec réserve, avant qu’elles eussent été confirmées par celles de M. de Caligny. ORNITHOLOGIE. Oiseaux des iles Sandwich. — Les obser- valions suivantes, sur l’ornithologie des îles Sandwich, ont été présentées dans cette séance par M. Pucheran. 06 « Depuis une dizaine d’années, j'ai porté fréquemment mon attention, dans les diverses tentatives de généralisation auxquelles je me suis livré, sur la détermination des caractères généraux propres aux diverses faunes de l’époque actuelle. Dans mes études relatives à cette question, je ne me suis habituellement occupé que des Mammifères, sans essayer de faire l'application aux autres classes du règne animal, même aux Oiseaux, des divers résultats que l'observation me permettait de constater. Si je me suis ab- stenu, dans ces diverses circonstances, c’est qu’il m’a paru à peu près démontré, d’après les faiis que je connaissais, que les con- clusions générales auxquelles j'avais été conduit en mammalogie ne présentaient point de résultats différentiels dans la seconde classe du règne animal. Je suis convaincu de cette coïncidence, non- seulement pour l’ornithologie africaine, mais encore pour celle des parties septentrionales de l’ancien et du nouveau continent. Quant à l’ornithologie de Madagascar, il nv’est impossible d’ad- mettre, dans l’état actuel de nos connaissances, que Les caractères généraux de ses Oiseaux sont les mêmes que ceux des Mammifères qui leur sont congénères. C’est une étude nouvelle à aborder, mais qui exigera, je le crains, de la part des zoologistes qui dé- sireront s'en occuper, des tentatives multipliées avant qu’il leur soit possible d’arriver à formuler un principe qui soit de nature à Jes satisfaire, » De même que pour Madagascar, le caractère général de la faune ornithologique des archipels de la Polynésie me semble devoir présenter, pour sa détermination, de sérieuses difficullés. J'ai cependant abordé la solution de ce problème, en 4847, pour la Nouvelle-Zélande (1), et je ne crois pas que les observations que j'ai faites à cette époque soient susceptibles d’être modifiées par les faits qui ont été ultérieurement découverts. Dans la pré- sente note, je vais m'occuper, sous le même point de vue, de la faune des îles Sandwich. » Comme la Nouvelle-Zéiande, l’archipel des îles Sendo ieh est à peu près entièrement dépourvu de Mammifères. Cette observa- tion est, du reste, généralement applicable aux divers archipels de la Polynésie. Le nombre des Oiseaux est de même fort peu con- (1) Revue zoologique, p. 389. 87 sidérable pour les îles Sandwich, et, en compulsant les diverses publications des ornithologistes de notre époque et de ceux du dix-huitième siècle, M. Hartlaub n’a pu dépasser le nombre de trente espèces (1). Parmi ces trente espèces, presque toutes (Buteo solitarius, Peale; Otus sandvicensis, Blox. ; Turdus sandvicencis, Gm.; Corvus havaicensis, Peale: Gallus bankiva, Tem., var.s Sérepsilas interpres, L. ; Totanus solitarius, Blox.; Porzana sandvicensis, Gm. ; Porzana obscura, Laih. ; Gallirula chloropus, L.; Fulica alaï, Peale; Bernicla sand- vicensis,Nig.; Anas boschas,L., var. Anas clypeata, L.), appar- tiennent à des genres à peu près cosmopolites. Nous devons ajouter que ce savant zoologiste n’admet qu’avec doute l'existence, dans les îles Sandwich, du Ptilopus holosericeus, Tem., et celle de l’Ardea exilis, Gm., signalée par M. Peale. M. Peale, au reste, hésite lui-même, en ce qui concerne cette dernière espèce, sur l'exactitude de sa détermination. Ajoutons, à notre tour, qu’il sera peut-être nécessaire d'ajouter à cette liste d'espèces le Rapace nocturne distingué, dans le Musée de Paris, par M. Charles Bona- parte (2), sous le nom de Brachyotus sandvicensis, à moins que cetle espèce ne constitue, ce qui est fort possible, un synonyme de celle décrite par Bloxam sous le nom d’'Ofus sandvicensis, rapprochement que je ne puis ni confirmer ni infirmer, ne con- naissant point cette dernière diagnose. Disons en outre que le Trichoglossus pyrrhopterus, Vigors, admis comme originaire des îles Sandwich, nous paraît, ainsi que nous l'avons dit ail- leurs (3), originaire du Brésil. » On trouve également dans lesîles Sandwich, indépendamment des espèces dont nous avons plus haut donné la liste, un certain nombre de types dont les formes rostrales sont assez particula- risées pour avoir donné lieu, de la part des ornithologistes mo- dernes, à la création d’un certain nombre de coupes génériques. Il en est ainsi des genres Drepanis, Hemignathus, Hima- tione, Moho, Psitlirostra, Loxops et Chasiempsis. C’est de (1) Cabanis, Journal fur Ornithologie, vol. II, p. 170. (2) Revue et Magasin de zoologie, 1854, p. 541. (3) Revue et Magasin de zoologie, 1853, p. 160. [efe) ces divers types, qui se trouvent n’habiter que dans cet archi- pel, qu’it nous faut essayer de déterminer le caractère le plus gé- néral. Or, par la comparaison de la presque totalité de ces gen- res, il est évident que, sous le point de vue de la forme de leurs becs, ils ontune tendance manifeste à l'incurvation et à l'allongement de la mandibule supérieure, de telle sorte qu’elle dépasse alors la mandibule ivférieure. Les Æimalione et Moho offrent cette par- ticularité de forme d’une manière moins visible , mais il est impossible d’en contester la manifestation dans Drepanis et sur- tout dans Hemignathus. Quoique appartenant à la section des Passereaux déodactyles conirostres, le genre Psittirostra repro- duit la disposition rostrale que nous venons d'indiquer, et on la constate aussi, beaucoup moins évidente, il est vrai, dans le genre Lozxops, lorsque l’on examine son bec de profil, en le comparant avec celui de Carduelis. On observe également que, dans le type polyuésien , la mandibule supérieure est moins droite et plus courbée. » Je ne puis rien dire du genre Chasiempsis, dont je ne con- pais pas une seule espèce; mais, d’après les détails le concernant et qui nous sont donnés par M. Cabanis (1), il paraît certain que les deux types (Chas. sandvicensis et Ch. obscura), qui en font partie, ne présentent point les formes rostrales que nous avons signalées plus haut. Je pense, au contraire, quoique ne connais- sant pas non plus cet Oiseau, que le Passereau décrit par M. Peale (2) sous le nom d'Entomyza (?) angustipluma ne forme pas une exception au principe que nous nous sommes permis de formuler. Le genre Entomyza ressemble beaucoup, en effet, à ceux des îles Sandwich, dont nous avons initialement cité les noms, et il n’est pas probable que M. Peale eût rattaché à ce type générique les individus soumis à son examen, si, quoiqu'il ne le fasse qu'avec doute, il n’eût pas trouvé convenable le rapproche- ment qu’il établissait. » Dans tous ces genres des îles Sandwich, les tarses sont élevés et assez forts, les doigts bien divisés, le pouce bien formé, très bien formé dans H0ho, les ongles moyennement développés et peu (4) 4rchiv. fur Naturgeschichte, etc., vol. 25, p. 207. (2) United Staded exploring Expedition, Mamm. and Ornith.,p. A7. 89 courbés, celui du médius plus fort que ceux des doigts latéraux, celui du pouce égal au moins à celui du médius, quand il ne le dépasse pas. Les ailes sont faiblement développées : il en est de même de la queue, excepté dans les individus du genre Hoho, dont les rectrices sont longues et douées de la forme étagée. Tou- tes les formes de ces genres indiquent en eux des habitudes ar- boricoles : ils se livrent, sans nul doute, à la marche; mais cet acte ne leur est pas évidemment habituel. Leurs narines sont dé- couvertes, creusées dans une fosse arrondie, et recouvertes d’une écaille. Dans le genre oho, celui de tous qui s’isole le plus de sescongénères, l’écaille existe également, maiselle’est allongée, et la narine linéaire. Sous ce point devue, par conséquent, ce genre pré- sente tout à fait les conditions offertes par les autres Melliphagidés. » Du côté de la couleur, celles qui sont le plus habituellement offertes par le plumage, dans ces divers genres, sont le rouge et le vert, avec leurs différentes nuances. La preinière teinte s’observe dans Drepanis vestiaria, dans Loxops coccinea, dans Himatione sanguinea ; la seconde dans Æimatione chloris, Himatione maculata, et dans le genre Psittirostra. Le noir est la couleur dominante dans les individus du genre Moho, mais le jaune re- paraît sur les plumes des hypocondres dans Certhia fasciculata. On aperçoit également du blanc à l'extrémité de certaines de ses rectrices, et des taches de cette couleur se trouvènt sur les bords des rectrices supérieures des ailes dans Æimatione maculata. Rappelons à cette occasion, comme s’harmonisant avec celle que nous venons d'énoncer, l’obser vation de M. de Müller (1) sur la présence, dans les révions les plus septentrionales, de la plupart des Fringillidés , dont la couleur est rouge intense ou rouge carmin. » Les conclusions que j'ai formalées plus haut sur le caractère général de l’ornithologie des îles Sandwich ne sont, je dois le ré- péter encore, vraiment applicables qu’aux genres spécialement originaires de cet archipel. Parmi les vingt-huit espèces, indiquées par M. Hartlaub et appartenant à d’autres genres dont l'habitat est moins restreint, il en est, sans nul doute, dont la mandibule su- périeure est incurvée, mais, pour savoir quel est le degré de cette incurvation dans les individus des îles Havaii, il serait nécessaire (1) Revue et Magasin de zoologie, 1855, p. 120, Extrait de l’Institut, 47€ section, 1858. 42 90 d’en avoir sous les yeux un certain nombre d'exemplaires : jus- qu'ici, malheureusement, il nous a été impossible de nous livrer à un semblable examen. » Tout en renvoyant à des circonstances plus favorables l'étude de cette dernière question , nous ne devons pas omettre de signa- ler ce fait intéressant de la rareté des types dont le régime est plus exclusivement végétal, soit parmi les genres , soit parmi les es- pèces d’Oiseaux originaires des îles Sandwich. Parmi les genres, nous ne voyons que Pséttirostra et Loxops. Quant aux espèces, ce n’est qu'avec doute que M. Hartlaub admet parmi elles le Pt. holosericeus, evil est fort probable que la variété de Gallus Bankiva , citée par cet ornithologiste , a été importée dans cet archipel. Tous les autres types spécifiques, sauf peut-être la Ber- nache, soit Passereaux des genres Corvus, Turdus, Chasiemp- sis, etc., soit Echassiers et Palmipèdes des genres Sirepsilas, Ardea, Totanus, Porzana, Gallinula, Fulica, Anas et KRhyn- chaspis, ou se nourrissent de matières animales, ou présentent un régime mixte d'alimentation. C’est maintenant aux zoologistes occupés de l’étude des Reptiles et Poissons et de celle des ani- maux invertébrés à tâcher de nous expliquer ce fait ; car nous ne voyons que deux espèces de Rapaces et les Corbeaux qui puis- sent se nourrir d'Oiseaux d’une certaine dimension et de leurs œufs ; les autres sont forcés de se contenter de proies moins vo- lumineuses. » Pour tâcher d'expliquer le fait général que nous venons d’ex- poser, nous sommes donc obligé de recourir à d’autres éclair- cissements que ceux qui nous sont donnés par l’ornithologie. Cette nécessité nous est fréquemment imposée en zoologie, lorsque nous essayons de fixer les caractères généraux des faunes : la cau- salité, Si nous pouvons nous servir d’une expression aussi pré- tentieuse, nous est souvent fournie par un ordre de notions qui sont du domaine d’une autre science. Ainsi, le caractère général de la faune africaine nous est expliqué par la structure géologique de cette partie de l’ancien continent. La botanique , en ce qui concerne la disposition rostrale des genres d’Oiseaux spécialement originaires des îles Sandwich, va nous offrir, à son tour, un fail qui ne peut être passé sous silence. C’est celui de la présence dans cet archipel, d’espèces gigantesques de Lobelias. Des co - JA rolles de ces végétaux, le Drepanis coccinea, d’après M. Peale (1), retire les Insectes dont il se nourrit, et son bec, ajoute ce zoolo- giste, est admirablement adapté à cet office. Ainsi agissent égale- ment les Aemignathus obscurus et Hemignathus lucidus (2). Il est probable que les autres genres, dont la forme en faucille des mandibules est moins marquée, offrent dans leurs habitudes quel- que similitude. Je me borne, en cette circonstance, à signaler le rapport qui existe entre ces deux faits empruntés à deux sciences différentes , sans chercher à déterminer en aucune façon quelle est la cause initiale de ce rapport. » Le mode d’incurvation de la mandibule supérieure, tei qu’on l’observe à l’état normal dans les Æemignathus, est excessive- ment rare dans les genres de la série ornithologique , et, dans certaines espèces, où il se manifeste quelquefois, il constitue une véritable anomalie. Il en est ainsi dans des individus de la famille des Corvidés, soit dans le Corbeau lui-même , soit dans le Freux. C’est une preuve, suivant nous, que , sous le point de vue de la disposition que nous signalons, une forme organique qui n’est qu’accidentelle, anormale dans certains types’, a de la tendance à devenir normale et à se produire régulièrement dans d’autres types originaires d autres pays. Nous pouvons citer, sous le même point de vue, le mode de coloration spécial à tant de Mammifères et d’Oiseaux africains, mode de coloration si voisin de lPalbi- nisme. En Afrique, cette coloration est l’état normal; elle consti- tue, dans les animaux d’autres régions, une véritable anomalie dont l'explication est restée insaisissable à toutes les investigations modernes. La zoologie, en cette circonstance, reproduit des faits de même nature que ceux qui nous sont offerts par l'étude des monstruosités animales. Rien de plus fréquent, en effet, ainsi que le savent les physiologistes, que de voir dans les observations téra- tologiques une disposition organique constituer une anomalie, accidentellement produite, par conséquent , dans un individu, tandis que, dans un autre groupe, cette disposition devient l’état normal et régulier. » (1) Revue et Magasin de zoologie, 1855, p. 152, (2) bid., p. 158. Paris.—linprimerie de Cossex et Comp., rue du Four-Saint-Germain, 45, (LS 1 1h 4 qi LL pA UN AU COS AVE ÿ si 14 Le L PEN) Va UE RTE LE Li tr) Ne Nr ra SES \! L À & ray \ LEE CAUSE LH AN TT. LA SOCIÉTÉ | PHILOMATHIQUE DE PARK. ANNÉE 1859. EXTRAIT DE L'INSTITUT, JOURNAL UNIVERSEL DES SCIENCES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER. 4:e Section —Sciences mathématiques, physiques et naturelles. Rue Gu Marché-St-Honoré, 7, à Paris. SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 1859. PARIS, IMPRIMERIE DE COSSON ET COïP., RUE DU FOUR-SAINT-GERMAIN, #8» 1859. = dE ER ( * ANSE , 76 S PS: “ray #0 bn AC TASER SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. SÉANCES DE 1859. Séance du 8 janvier 1859. GÉOMÉTRIE ET MÉCANIQUE. —M. de Saint-Venant met sous les yeux de la Société deux modèles en relief, l’un d’une surface à plus grande pente constante, l'autre de la surface: décrite par une corde v.brante transporlée d’un mouvement rapide per- pendiculaire à son plan de vibration. La surface d’égale pente du premier modèle est l’une des sur- faces développables dont il à entretenu la Société le 6 mars 1852 (1). La base horizontale ou directrice à laquelle le plan gé- uérateur , d'inclinaison constante, doit rester tangent, est, au lieu d’une courbe continue , un dodécaèdre inscriptible à une ellipse, en sorte que la surface est polyédrale et composée des plans passant par les douze côtés, et faisant tous le même angle (soit A5 degrés) avec l'horizon. On aperçoit ainsi, très facilement, la forme que doit avoir la surface lorsque la base est une ellipse ou une autre courbe fermée et continue. Elle se compose : 1° d’une partie, ou nappe inférieure , terminée ex haut à la courbe formée par les rencontres deux à deux des arêtes non contiguës ; 20 d’une partie supérieure de forme à peu près sem- (4) Voy. l’Institut, 1'° section, n° 952. Extrait de l’Institut, 1re seclion, 14859, . 4 6 blable, mais qui est en sens inverse et terminée en bas par une courbe analogue à celle dont on vient de parler, ayant de même deux points d'arrêt, et dont le plan est perpendiculaire au plan aussi vertical de celle-ci, qui limite la nappe inférieure ; 3° d’une partie, ou nappe intermédiaire , unissant les deux autres, et li- mitée haut et bas par conséquent aux deux courbes dont il vient d’être question, mais limitée latéralement par les quatre arêtesde rebroussemen! que déterminent par leurs rencontres les arêtes ou génératrices rectilignes contiguëés de la surface d’égale pente. Les coupes horizontales de ces diverses parties sont les courbes équidistantes à l’ellipse, qui ont été appelées oroëdes et étudiées surtout par MM. Catalan et Breton (de Champ). La partie inférieure donne pour coupes des courbes parallèles à l’ellipse; la partie supérieure, des courbes anti-parallèles ; la partie intermédiaire, des courbes à quatre points de rebroussement, séparant les por- tions parallèles des portions anti-parallèles. Le deuxième modèle est la reproduction de celui que Monge avait construit et déposé au cabinet de l’École polytechnique, mais qui ne s’y trouve plus (1). Les coupes de la surface modelée, par des plans parallèles à celui de vibration qui est supposé vertical, représentent les états successifs de la corde pendant le temps d’une vibration , temps au bont duquel elle reprend sa première forme. Cette forme initiale est supposée une ligne brisée, com- posée de deux droites de longueur inégale, situées dans un même plan vertical ; et on suppose que l’espace parcouru uniformé- ment par la corde, ou par ses deux points d'attache, dans un sens horizontal et perpendiculaire à sa direction , est égal à sa lon- gueur pendant le temps d’une demi-vibration. Les états successifs de la corde offrent aussi des lignes brisées, mais généralement composées de trois droites ; et la surface est polyédrale et formée, pour le temps d’une vibration , de deux parallélogrammes et six triangles. M. de Saint-Venant présente également à la Société l’épure de la surface courbe que décrirait la corde vibrante si l’état initial de celle-ci était une ligne composée de deux arcs de parabole se rac- cordant à leur sommet commun , situé au point le plus bas. Cette (4) Voyez, à la fin de son Analyse appliquée a la géométrie, le mémoire : Construction de l'équation des cordes vibrantes, 7 sur’ace à pour équation différentielle, quel que soit l’état initial , d?z UE dt? | dx?» 3 étant la petite dépression verticale subie par un point de la corde située à la distance x d’une de ses extrérhites, et £ le temps, représenté ici par la distance horizontale d’un point quelconque de la surface au plan initial de la corde. Les coupes par des plans parallèles à celui-ci, ou les états successifs de la corde , s’ob- tiennent facilement par le procédé qu’indique Monge, et qui four- nit la même chose que celui qui est donné par Poisson ( Méca- nique, 1833, n° 486), d’après d’Alembert. Cette surface, qui est du genre des surfaces profilées, peut être obtenue ou poussée en plâtre ou en argile, d’un mouvement con- ünu, en faisant mouvoir, sur une courbe fixe, dont le plan verti- cal est incliné à 45 degrés sur le plan primitif de la corde, une courbe mobile toute pareille, dont le plan vertical reste à angle droit sur le plan de la courbe fixe. Ces deux courbes s’obliennent l'une et l’autre très facilement en renversant la courbe de l'état inilial après avoir soudoublé ses ordonnées et réduit ses abscisses s Pt RON dans la proportion de 4 à 3 2—0,707107, puis répété la même courbe inversement à droite et à gauche. Séance du 5 fevrier 1859. ORNITHOLOGIE. Observations sur deux espèces de Passe- reaux originaires des Açores. — M. Pucheran a fait à Ja Société, dans cette séance, la communication suivante : « J'ai reçu, il y a quelques jours, de M. Morelet, zoologiste bien connu par ses voyages en Portugal, en Algérie, au Guati- mala et dans l’île de Cuba, quatre Passereaux qu'il a rapportés des Acores ; parmi eux se trouvent deux espèces qui me parais- sent de nature à intéresser vivement les ornithologistes. La première appartient au genre Fringilla, tel qu'il a été restreint et isolé par les auteurs modernes, la seconde au genre Bouvreuil. » 1. Les deux individus du genre Fringilla sont, l’un mâle et l’autre femelle, » Le mâle est gris-bleu foncé sur le dessus de la tête et du cou : ) à partir du bas du cou, la teinte vert-olive occupe le dos et les couvertures caudales supérieures dansleur partie la plus antérieure; dans leur partie la plus postérieure, elles sont noirâtres. Les rémi- ges sont noires en dessus et bordées de blanc : ce blanc est nuancé de vert olive, et cette dernière teinte devient d'autant plus saisis- sable que l’on se rapproche des secondaires. Les tectrices alaires supérieures sont d’an noir encore plus foncé ; elles présentent deux bandes transversales de couleur blanche: les taches qui forment la bande supérieure présentent une certaine étendue, mais la bande inférieure n’est formée que de simples lisérés de même couleur qui occupent l’extrémité des plumes. En dessous les ré- miges sont brunes, bordées en dedans de gris, et cette bordure devient de plus en plus blanche à mesure que l'on se rapproche des secondaires. {es tectrices alaires inférieures sont blanches également, et le bord de la première rémige est blanc, à ce niveau, avec des intersections de couleur noire, qui occupent, au reste, fort peu d’étendue. Le rachis de ces pennes est noir en dessus, simplement noirâtre en dessous. — Le roux clair, le blanc et le gris occupent les parties inférieures : la première couleur règne sur le menton, le devant du cou et le thorax, la deuxième sur Île milieu de l’abdomen, la troisième sur les hypocondres. Les cou- vertures caudales inférieures sont blanc roussâtre. — La queue est bifurquée; ses pennes médianes, de forme plus étroite, sont grises en dessus aussi bien qu’en dessous, avec un mince liséré blanchâtre en dehors. Une large tache grise se voit à la face in- terne de la rectrice la plus extérieure, laquelle est noire dans le reste de son étendue et présente un liséré blanc en dehors. Gette tache grise occupe moins d'espace sur la seconde rectrice : sur la seconde comme sur la première , la tache grise dont nous nous occupons est bordée de blanc en dedans. Les autres pennes cau- dales sont noires. En dessous règne sur toutes les rectrices le système de coloration que nous, venons de décrire : leur rachis est nettement noir, en dessus, sur les médianes, mais cette teinte est plus effacée en dessous. Sur les deux rectrices externes, il est, en dessus comme en dessous, de couleur blanche,excepté. à la base de ces pennes, où il est brunâtre, et dans une plus grande étendue sur la seconde que sur la première. -- Les narines sont bordées, en arrière, de plumes veloutées, dont la couleur est le noir 5 bleu. Le bec est gris-bleu en entier, sauf une petite tache blan châtre, au milieu, sur ses parties latérales ; une semblable se voit. en dessous, à la réunion du tiers moyen avec le tiers antérieur de la mandibule inférieure. Les tarses, les doigts et les ongles sont gris plombé. » La femelle de ce Pinson est brun olivâtre en dessus. Ses tec- trices alaires, ses rémiges et rectrices présentent une couleur noire plus effacée que celle de ces mêmes parties chez le mâle. Les deux pennes caudales externes offrent les mêmes taches grises, mais le iséré blanc qui les borde en dedans se trouve pus saillant chez la femelle. Les pattes sont colorées comme chez le mâle, mais le bec est plutôt brun eorné. » Si maintenant nous comparons ce Pinson avec les espèces qui se trouvent aux Canaries , telles que Fringilla canariensis, Vieill. ( Fringilla tintillon, Moq.) et Fringilla teydea, Moq., nous constatons les analogies et les différences que nous allons exposer. » Notre mâle ressemble au F. canariensis, que M. Harcourt a également rencontré à Madère , par le mode de coloration du dessus de la tête et du cou, par celui des parties inférieures, par les bandes blanches de ses tectrices alaires supérieures. Mais il en diffère par le vert de sa région dorsale, quoique l'un des indi- vidus de la galerie du Musée de Paris, un des types de Vieillot, présente dans cette région une teinte huileuse ; il en diffère encore par la moindre largeur de la bande blanche supérieure des tec- trices alaires, par les taches grises de ses deux rectrices externes _{ces taches étant blanches dans le F. canariensis), par la couleur de son bec, qui ne présente point les teintes jaunâtres du type des Canaries, de même que par la couleur de ses tarses et de ses doigts qui ne sont point jaune de corne. » Si nous comparons , en second lieu, ce même individu au Fringilla teydea, qui paraît uniquement séjourner aux Gana- ries , nous trouvons que, dans les deux espèces, les rectrices ex- ternes présentent du gris ; mais dans le }”. feydea celte même couleur s’apercoit sur les bandes des tectrices alaires supérieures, tandis qu’elles sont blanches dans notre individu des Açores. En outre, le F. teydea est, dans le mâle, d’un gris-bleu uniforme, et ne présente la couleur verte dans aucune partie de son plumage, Extrait de l'Institut, 1e section, 1859, 2 16 pas même sur le croupion. Les deux femelles offrent, il est vrai, beaucoup plus d’analugies ; mais, indépendamment des différences de teintes offertes par le becet les pattes, le thorax et le devant du cou n’offrent point, chez le F. leydea, les teintes rousses de notre exemplaire. » Par les teintes vertes de son manteau, notre mâle se rap- proche beaucoup, au contraire, du Fringilla spodiogenys, Bp. Mais chez ce dernier les rectrices sont, même chez la femelle, amplement tachées de blanc. Par ce dernier caractère, notre Fringilla cælebs s'éloigne également de notre type des Açores. Ajoutons que chez lui le vert du manteau présente une teinte hui- leuse, et que, dans les parties inférieures, il offre, de même que le Fringilli spodiogenys, une teinte plus briquetée. » Il est impossible enfin de confondre notre Pinson des Açores avec le Fringilla montifringilla. Par la couleur noire que pré- sente la gorge dans le mâle, ce dernier Passereau se distingue au premier coup d’œil de toutes les espèces du genre dont il fait partie. » Les détails comparatifs dans lesquels nous venons d'entrer nous paraissent légitimer la création d’une espèce nouvelle pour notre Pinson des Açores. Nous lui imposerons dès lors la déno- mination de Fringilla Moreletti, Nob. , dédicace qui rappellera aux Zoologistes les éminents services rendus à la science par M. Morelet dans ses divers voyages. Ajoutons à cette occasion que c’est pour nous un véritable bonheur d’avoir à décrire une sixième espèce du genre Fringilla, toutes ayant été, depuis Linné, introduites dans le Systema naturæ par des zoologistes de France. En toute artre circonstance, nous aurions procédé peut- être avec plus de lenteur et d'hésitation, mais, malgré toutes les recherches que nous avons faites pour constater que notre nou- velle espèce était inédite, la satisf.ction que nous avons éprouvée d'augmenter la liste des types de ce genre nous a vivement porté à ne pas différer plus longtemps l’exposé des résultats de nos ob- servations. » 2. Le second Passereau que M. Morelet nous a remis est un individu, de sexe femelle, du genre Bouvreuil. Sous le point de vue de la distribution géographique, la découverte aux Açores d'une espèce de ce genre constitue un fait intéressant, Je n’ai trouvé, en La effet, aucune cspèce de ce genre indiquée comme se trouvant aux Canaries dans le Voyage de MM. Webb ct Berthelot, dont la -parüe ornithologique a été rédigée per M. Moquin-Tandon. Toutes les recherches que j'ai faites, dans le même sens, dans les divers arlicles publiés récemment dans le Journal d'ornithologie , de M. Cabanis, sur les Oiseaux des Canarics , par M. Bolle, ont été également infructueuses. Un semblable insuccès a été le résultat de l'examen de la liste des Oiseaux de Madère, récemment publiée par M. Harcourt (1), et de celles dues antérieurement à MM. Jar- dine (2), et Heineken (3). » L’intérêt que présente la découverte du Bouvreuil d'Europe aux Acores par M. Morelet acquiert plus d'importance encore par celte circonstance que l'individu qui se trouve entre mes mains appartient à la grosse race dont M. de Sélys Longchamps a fait une espèce sous le nom de Pyrrhula coccinea. Or, il n’est aucun Zoologiste qui ne sache que la présence du Pyrrhula co: ci- rea dans les régions tempérées de l’Europe n’est pas constante, et que ce n’est que de temps à autre qu'elle paraît. On prétend bien qu’elle vient du nord de ce continent, mais le fait a encore besoin d’être mieux démontré. Je dois ajouter que notre individu des Açores a le bec plus gros que ceux des exemplaires du Musée de Paris, avec lesquels je l’ai comparé. Des recherches ultérieu- res prouveront, il faut l’espérer, quel est le degré d’importance et de fixité de ce caractère. » Qu'il me soit permis, en terminant, et à l’occasion de ces deux races de Bouvreuil, si semblables sous tous les points de vue, mais différents par la taille, de faire observer l'extrême ra- reté dans notre Europe, et même en Asie et en Afrique, des types non-seulement génériques, mais même spécifiques, dont le carac- ière initial de distinction consiste dans l'existence d’une taille amoindrie. Ils sont nombreux, au contraire, parmi les Mammi- fères de l'Amérique du Sud, ceux de la Nouvelle-Hollande et de Madagascar. L'ornithologie madécasse en offre également un cer- tain nombre d'exemples dans ses espèces. Si nous réfléchissons, (1) Proc. of the Zool. Soc. of London, 1851, p. 142. (2) Edinburgh Journalofnaturaland geographical science, vol, I, p. 241. (3) Zoological journal, vol, V, p. 70, 12 en second lieu, que, dans les diverses régions que nous venons de citer, la facne mammalogique présente dans les types qui la com- posent, comparés à ceux de l’ancien continent , un caractère de moindre perfection dans ses organismes, nous serons portés à penser que cette différence de taille entre des animaux si sem- blables à tous égards constitue probablement un symptôme de dégradation faunique. C’est aussi l'opinion à laquelle nous avons été conduit par les réflexions que nous avons faites à ce sujet ; mais, que cette opinion soit vraie ou fausse, il nous a paru utile de signaler une semblable coïucidence (1). » ANATOMIE COMPARÉE. — M. Gratiolet a communiqué aussi à la Société dans cette séance la note suivante sur l’encéphale de l'O: REODON GPACILIS (Leidy. The ancient Fauna of Nebraska. in Smiths. contr. 1852). « En communiquant à la Société (séance du 27 février 1858, v. l'institut, n° 1263) la description de l’encéphale du Caino - therium commune (Bray.), j'avais pris l'engagement de faire connaître l’encéphale des animaux fossiles qu’il me serait permis d'examiner à ce point de vue, en profitant de toutes les occasions qui me seraient offertes; ces occasions sont pour moi très rares ; quoi qu'il en soit, j’apporte comme un nouveau tribut à la Société la description de l'encépliale d’un autre Mammifère fossile, l'O- reodon gracilis (Leidy). J'ajoute à cette description deux Fan sans lesquelles elles demeureraient à. peu près inintelligibles ; ptut être trouvera-t-on trop succincts les détails dans lesquels je vais entrer ; mais j'aime par nature la concision, et je puis ajouter d’ailleurs que, loin d’avoir la prétention de bâtir un édifice, j’a- masse seulement des matériaux pour l'avenir. » La longueur totale de l’encéphale de l'Orcodon gracilis était d'environ 66 millimètres; dans cette somme les lobes oïfactifs (1) Je profiterai de l'occasion qni s'offre à moi, en celle circonstance, pour rectifier une des citations faisant parlie de la dernière communication que j'ai lue à la Société, Cette citation, qui se trouve à la dernière page du bulletin de la Sociélé philomathique pour 4858 (Institut, n°4206, p. 45, 2° colonne), indique les observations de M. Titian Peale comme ayant été insérées dans la Revue et le Magasin de zoologie. Je me bornerai à rappele' que la citation doit être ainsi faite : United Strates exploring expedition? Mam. and, Ornith. 45 figuraient pour 82,5, les hémisphères cérébraux pour 36m%,5, la masse cérébelleuse pour 21", Ces mesures sont indiquées par l'examen de la loge cérébelleuse qui est très développée d’arrière en avant, tandis qu’au contraire la loge cérébrale a une assez grande brièveté relative. » Les lobes olfactifs étaient très développés et leurs bulbes dépassaient l'extrémité antérieure du cerveau ; leur base épaisse et large embrassait un espace olfactif très saillant ; d’ailleurs leur face inférieure ne présentait en aucune manière au-déssus des orbites cette dépression qui rend si remarquable le cerveau des petits Ruminants tels que l’Antilope hemprichiana par exem- ple, et le Chevrotain de Java; derrière eux faisait saillie un globule unciforme assez court, mais en revanche assez massif. Fig. 1. ». La largeur du cerveau proprement dit était relativement assez grande; en arrière elle égalait 37,5; en avant, 25°" seulement ; vu d’en_haut, il offrait la forme d’un cœur tronqué vers sa pointe. Il ne présentait en conséquence ni cette atténua- 1ï tion en avant si marquée dans le cerveau des petits Ruminants, ni la courbure et l'allongement extraordinaires du cerveau du Cainotherium. » Les circonvolulions étaient peu compliquées, mais en revan - che fort épaisses et très nettement accusées. Elles formaient, sur chaque hémisphère, dans l’aire que circonscrivent comme un cadre le pli du corps calleux et le pli unciforme, deux étages distincts que séparait en arrière un petit lobule intermédiaire (fig. 2, E). » (a) L’élage inférieur (fig. 2, F)présentait quelques flexuo- sités qui rendent incertaine la distinction précise de ses deux lobules. De ces deux lobules toutefois l’antéricur l’emportait évidemment sur le postérieur, ce qui est un caractère du cerveau des Pachydermes. Fig. 2. » L’étage supérieur (fig. 2, D, B; fig. 1, D, C) comprenait es- sentiellement trois plis longitudinaux légèrement divergents en arrière, à savoir : 1° deux plis internes assez grêles, confondus en avant en un seul et à peu près parallèles à la grande scissure cérébrale; de ces deux plis, l’interne était étroit et déprimé; l’externe, saillant en arrière, était assez convexe; 2° wn troisième pli externe. Ce pli rappelle assez bien par ses proportions et sa direction générale un pli analogue des hémisphères du Caino- therium, il était épais, large et faisait une grande saillie au-dessus des autres plis à la surface du cerveau (jig. 4 et 2..., D). » (c) Le groupe intermédiaire (fig. À et 2.., F) était triangu- laire ; il séparait en arrière les deux étages dont nous venons de parler. Sa racine différait de celle du pli analogue qu’on observe 15 dans le Cainotherium, en tant qu’au lieu de s'attacher à l'étage inférieur, comme cela avait lieu dans ce dernier, elle s’unissait au contraire à l’étage supérieur; c'est là une particularité fort appréciable, et si elle est constante, elle pourra acquérir une certaine importance, » Nous ne pourrons ajouter ici que peu de détails sur les parties qui existaient sur la base du cerveau. Les bandelettes optiques convergeaient presque parallèlement. Le volume de la cinquième paire était considérable ; il m’a été impossible de me faire la moindre idée du corps piluitaire, de la protubérance ou du bulbe. » Le cervelel était, comme dans le fort dégagé du cerveau: sa forme était tout à fait caractéristique. Le lobe mé- dian, assez étroit en avant, se leriminait en arrière en un vermis énorme , proéminent, mais sans replis. Il est manifeste que les lobes latéraux étaient fort petits, mais qu’en revanche leurs'ver- mis avaient un assez grand développement. » J'ai essayé de rendre, dans les figures ci-jointes, la forme de cet énorme cervelet; elles permettront d'apprécier assez exacte- ment la capacité relative de la loge cérébelleuse ; il est évident qu’une telle forme ne convient à aucun Ruminant vrai et ne peut appartenir qu'à un Pachyderme , ou tout au plus à un Camelien. » J’insiste à dessein sur cette observation, parce que les Oréodons ont été considérés comme établissant un passage naturel entre le type des Pachydermes et celui des Ruminants. « L’Oréodon, dit » M.:Leidy, est un génre remarquable et très particulier de Ru- » minants ungulés, constituant un des chaînons nécessaires pour » combler l’êvidente lacune qui existe entre les Ruminants ac- » tuels et certaines formes très différentes de la même famille, » telles que les Anoplotheriums éteints. » Cette remarque, très juste si on l'applique seulement aux CAMELIENS, qui sont incon- testablement , selon l’expression très heureuse de M. Leidy, des Pachydermes ruminants, et une représentatiou actuelle des Anoplolheriums antiques , ne peut en aucune manière s'étendre aux Ruminants vrais , tels que les Bæufs, les Anfilopes , les Cerfs et les Chevrotains, qui constituent un groupe spécial, non moins par leur mode de ruminer que pi le type très tranché de leur organisation cérébrale, 16 » Jetermine ici ces remarques par une simple observation, c’est que la masse cérébelleuse est relativement beaucoup plus consi- dérable dans les petits Pachydermes que dans les grands. Le Rhi- nocéros et l’Hippopotame sont l’un et l’autre remarquables par la petitesse relative de leur cervelet. » Séance du A9 février 1859, M. Léon Foucault rend compte à la Société des recherches qu’il poursuit depuis quelque temps dans le but d’améliorer le microscope par l'intervention d’un miroir en verre argenté dont la figure est symétriquement modifiée par des retouches locales, de manière à corriger l’aberration de sphéricité des lentilles. Séance du 5 mars 18£9, M. Ducbartre a communiqué, dans cette séance, les résultats des vbservations qu'il a eu occasion de faire dernièrement au su- jet de la partie du fruit des vanilles dans laquelle réside le prin- cipe aromatique, c’est-à-dire au sujet de la pulpe des vanilles. Ses observations ont porté sur le fruit du Vanilla planifolia Andr., étudié frais avant son développement complet et sec à sa parfaite maturité. Elles lui semblent prouver que cette pulpe a une autre origine que celle qui lui a été assignée par Ch. Morren ®t par Splitgerber. Le premier de ces botanistes pensait que le tégu- ment externe des graines des vanilles devenait pulpeux, tandis que le second regardait la pulpe des fruits de ces Orchidées comme formée par la portion basilaire des funicules qui, selon lui, de- viendrait pulpeuse à la maturité. M. Duchartre a retrouvé dans les vanilles commerciales les graines parfaitement entières, recou- vertes d’un tégument consistant et, en outre, les funicules et les placentaires, sans doute plus ou moins déformés par la prépara- tion et la dessiccation, mais néanmoins encore fort reconnaissables. D'un autre côté, il a vu, sur le fruit frais et imparfaitement déve- loppé du J’anilla planifolia, que les trois espaces longitudinaux qui séparent les trois placentaires les uns des autres sont cou- verts d’une immense quantité de productions piliformes, telle- ment serrées les unes contre les autres qu’elles forment une couche continue. Cette formation, entièrement analogue à celle qui, dans les loges de l’orange et du citron, devient la pulpe, lui 47 semble avoir la même destination dans les fruits des vanilles. L'étude du fruit adulte de ces plantes, soit desséché pour l’her- bier, soit préparé comme l’est celui que nous apporte le com- merce, à confirmé à ses yeux l’exactitude de son opinion. HYDRAULIQUE. — M. de Caligny a communiqué aussi dans cette séance quelques détails sur une propriété de son bélier uni- valve, transformé en machine soufflante. jl suffit de se souvenir, pour l'intelligence de ce qui va suivre, que le bélier univalve, tel qu’il est dessiné dans les Annales des mines, année 1838, t. XIV, et tel qu'il a été exécuté en 1839, ainsi qu’on peut le voir dans l'extrait du procès-verbal de la séance du 21 décembre 1839, publié dans le journal l’Institut, est composé d’un siphon renversé ayant sur sa partie horizontale une soupape, seule pièce mobile du système ; el que cette soupape est beaucoup plus près de la branche formant tuyau d’ascension que de la branche débouebant dans le bief snpérieur ; qu’enfin la longueur développée du tuyau recourbé est assez grande par re port à celle du Puyau d’ascension. Supposons qu'une première fois l'eau soit montée jusqu’au sommet du tuyau d’ascension, comme dans le modèle fonction- -pant dont il s’agit, en vertu d’un écoulement préalable de l’eau motrice, par la soupape plongée à une profondeur convenable au- dessous du niveau du bief d'aval. Supposons ensuite provisoire- ment que l’on fasse fonctionner cette soupape par un moyen mé- caniqué quelconque, sans continuer à faire emmagasiner de Ja force vive dans la colonne liquide au moyen d’un écoulement im- médiat à l'extérieur, précédant chaque oscillation ascendante: mais qu’on veuille, au contraire, après chaque versement au som- met du tuyau d’ascension, produire une cause d’ascension ulté- rieure, en vidant à une profondeur convenable ce même tuyau par une oscillation descendante. Si entre le bief d’amont et la sou- pape le tuyau de conduite est assez long pour que l’eau qu’il con- tient résiste pendant un temps convenable par son inertie, il suffit d’ouvrir la soupape pour que, sauf les résistances passives, si le pied du tuyau d’ascension est enfoncé assez bas au-dessous du ni- veau du bief inférieur, la colonne liquide contenue dans ce tuyau se transporte dans ce dernier bief à la hauteur de son centre de gravité, Extrait de l'Institut, 1*° section, 4859, 3 18 Cela suppose que la profondeur de la soupape et sa distance au tuyau d’ascension soicnt réglées d’une manière convenable, ainsi que quelques autres détails dans lesquels on n’entre pas en ce mo- ment. Mais en ne considérant, pour simplifier, que l’oscillation dans la partie verticale du tuyau d’ascension, il est facile de voir que le principe de l’approfondissement du point de départ de l'os- cillation ascendante, en vertu d’une oscillation descendante qui précède celte dernière à chaque période, n’exige pas en principe que le siphon renversé ait une troisième branche, On conçoit que si la distance entre la soupape et le tuyau d’as- cension est convenable par rapport à l’amplitude de l'oscillation, iken résultera des effets analogues à ceux d’une troisième branche, en évitant un coude; mais aussi en privant généralement d’un clapet de sûreté, c’est-à-dire d’un clapet qu’il serait facile de mettre dans une troisième branche, si l’on craignait un retour trop prompt de l’eau du bief d’aval, pendant qu’on refermerait la sou- pape qui, pour de grandes dimensions, sera une sorte de soupape de Cornwall ou de vanne cylindrique. Mais ce retour qui pourrait être à craindre pour une machine élévatoire ne le sera que dans de certaines limites quand, au lieu d’élever de l’eau, l'appareil servira à comprimer de l'air, ainsi que cela a été expliqué dans l'extrait du procès verbal de la séance du 11 décembre dernier (publié dans le journal /’Instilut du 15 dé- cembre 1858, n° 1302, p. 408). En supposant même qu'on éprouvât à ce sujet quelques difficultés dans de premiers essais, il estclair que quelques tâtonnements dans la pose des soupapes à air suffiraient pour faire fermer ces soupapes assez vite, de ma- nière que le ressort de Pair pât bientôt résister à un retour assez sensible de l’eau dans les limites expliquées le 11 décembre. Ce qui précède suppose qu’on veut appliquer le principe de l’inertie d’une longue colonne liquide faisant fonction de sou- pape entre le bief d’amont et l’orifice d'évacuation de l’eau. Mais si l’on voulait disposer une seconde soupape pour diminuer la longueur de cette colonne, il est facile de voir que les principes de l'effet de la colonne d’air seraient les mêmes. L'auteur donsera prochainement des détails sur la manière de réunir les effets de l’oscillation descendante à ceux de la force vive acquise par un écoulement préalable à l'extérieur. Il ajoute 18 seulement aujourd'hui que ses soupapes cylindriques à axe bo- rizontal ou incliné peuvent fonctionner en vertu des phénomènes nouveaux de succion, combinés avec les pressions connues, qu’il a présentés depuis le 2 décembre 1850, pourvu qu'on dispose con- venablement les balanciers à contre-poius, ou les ressorts qui en tiennent lieu, et les surfaces qui doivent recevoir ces pressions conformément aux principes qu’il a communiqués à la Société pour le cas des soupapes à axe vertical. Séance du 12 mars 1859. M. Paul Serret communique le théorème suivant : Le lieu géométrique des centres des hyperboloïdes à une nappe qui passent par les quatre côtés d’un quadrilatère gauche est la droite qui réunit les milieux des diagonales du quadrilatère. Ce théorème, — qui comprend celui de Newton sur le licu des centres des coniques inscrites à un quadrilatère plan, — s'établit beaucoup plus facilement que ce dernier, soit par le calcul, soit par la géométrie. Au point de vue géométrique , il résulte à peu près immédiatement de celle observation évidente que le centre d'un hyperboloïde est à égale distance de deux plans tangents pa- rallèles quelconques. Séance du 26 mars 1859. ANTHROPOLOGIE. — M. A. Antelme a communiqué, dans celte séance, à la Société la note suivante sur les mesures céphalomé- triques et sur un céphalomètre de son invention. « Des déterminations exactes de la forme du crâne et des me- sures de sa capacité ne sont pas moins nécessaires au médecin qui étudie les altérations de l'intelligence et leurs rapports avec les prédispositions organiques qu’à l'anthropologiste qui cherche à distinguer par des caractères certains les différentes races qui peuplent la terre ; j’ajouterai qu’elles sont encore nécessaires au philosophe qui, en étudiant l'intelligence, ne dédaigne pas l'étude de ses organes imméliats. Ces considérations m’avaient porté il y a déjà bien des années à rechercher un moyen d'exprimer par des formes exactes el par des nombres les dimensions et les caractères divers que le crâne humain peut présenter. J'imaginai dans ce but et je Îis construire un céphaloméèlre qui fat présenié à F'Aca- 20 démie des sciences de Paris le 4 juin 1838. 11 fut indiqué par cette Académie à l'expédition scientifique d'Islande que dirigeait M. Gaymard. Des instruments furent construits aux frais de l’État sur les indications que j'avais fournies, et pendant le voyage ils furent mis en usage par deux membres de l’expédition, MM. Bra- vais et Martins ; ces messieurs prirent des mesures nombreuses dont le résultat n’a point été publié pur süite de l’état de santé de M. Bravais ; d’autre part, le mémoire que j'avais déposé à l’Aca- démie des sciences fut égaré par l’un des commissaires. J'avais quitté Paris à cette époque et, détourné par d’autres préoccu- pations, je ne donnai pas une suite immédiate à ces premiers travaux, » Je n’y reviendrais pas aujourd’hui après environ vingt ans, si lPimportance qu’on a attachée à des méthodes de mensura- tion crânienne qui ont été successivement proposées ne m'avait para un motif suffisant de rappeler un instrument qui a élé pour ainsi dire oublié et qui cependant me semble remplir plus complétement les indications de l’anthropologie que les pro- cédés et les appareils qu’on a préconisés depuis peu et qui ont même obtenu la sanction de rapports très favorables. Je ne ferai pas la critique de ces instruments ; les plus connus, celui de Mor- ton par exemple, et celui de M. Jacquart qui n’en est qu’un perfectionnement, ne donnent que la mesure de l'angle facial dont Blumenbach a fait avec tant de raison sentir l’insuffisance. M. Ch. G. Carus à proposé, en 1843, un procédé exact, mais d’un em- ploi difficile et borné, le moulage par le plâtre ou largile des courbes du crâne que l’on considère. Ce procédé n’a pas eu d’imi- tateurs à cause des difficultés qu’il présente, et d’ailleurs les ré sultats qu’il donne sont insuffisants. Le céphalomètre que je viens rappeler ici ne semblera donc point avoir perdu de sa valeur pri- milive, et comme je l’applique depuis longtemps déjà et que ces applications que je poursuis encore doivent servir de base à un travail que je prépare sur la céphalométrie des races et des aliénés, j'ai cru devoir m'adresser à la Société et la rendre juge &e ses avantages et surtout de la légitimité de son emploi. » Suivons sur la figure ci-jointe le détail de cet instrument : » À est un cercle métallique, léger, qu'on voit ici par la tran- che et qu’on assujettit autour de la tête au moyen de quatre vis 21 de pression. Ce cercle fixe sert de support à un demi-cercle mo— bile B. dont le diamètre est censé traverser la tête par les conduits auditifs et sert d’axe de rotation. Sa partie plate est fendue dans toute sa longueur pour donner passage à un curseur C, qu’on fait glisser, à volonté, à droite ou à gauche, d'une oreille à l'autre. Le @ D \e centre du curseur est percé d'un trou où s'introduit une broche graduée, destinée à la meñsuration. » Voici comment on procède à l’emploi du céphalomètre : » Le cercle fixe A étant placé à peu près comme on le voit dans la figure, on abaisse en avant le cercle mobile B jusqu’à ce que la broche graduée du curseur soit en regard des sourcils. Alors on prend exactement le niveau des conduits auditifs au moyen de deux petites broches qui glissent dans le sens de l’axe du cercle et s'engagent dans ces conduits. On ne serre les vis et on‘n’assu- jettit définitivement l'instrument qu'après avoir mis la tige gra- 29 duée, qui sert à la mensuration, au milieu des deux sourcils et bien exactement au niveau du bord supérieur de l'orbite. Ces trois points déterminent un plan qui sépare le crâne @e la face et coupe la tête en deux hémisphères, l’un crânien, l’autre facial. » Il est aisé de voir que la révolution du demi-cercle sur son axe décrit autour de la tête une sphère dont le rayon nous est connu ; que le centre de cette sphère est invariablement fixé en un point, loujours identique, de la base du cerveau, et qu’il suf- fira de mouvoir ce demi-cercle d’avant en arrière, de faire glisser le curseur de droite à gauche, et enfin d'évaluer la quantité dont s'enfonce Ja broche graduée au contact de la tête, pour avoir la longueur exacte du rayon céphalique en un point donné. » Pour que chaque point sur lequel on opère soit bien précisé, le cercle mobile porte, de droite à gauche, dans le sens de la mar- che du curseur, les divisions ordinaires du cercle ; puis un autre petit cercle, portant les mêmes divisions, a été fixé à angle droit par son centre sur le grand axe et tourne avec lui pour indiquer, en partant du bord supérieur de l'orbite, les degrés d'avant en arrière. Il résulte de cette disposition qu’on peut, en quelque sorte, désigner le degré de longitude et de latitude sous lesquels un rayon aura été mesuré. » Cela posé, les ressources qu’on peut tirer du céphalomètre sont faciles à comprendre : il suffira de porter la tige du curseur au point de départ et de relever le cercle mobile, de degré en degré, en prenant note chaque fois de la longucur du rayon qu'indique la broche, puis de reporter ces rayons sur le papier, pour avoir une coupe du crâne d’avant en arrière, telle qu’elle est représen - tée sur la figure. » Pour avoir des tranches transversales, il suffira de placer le curseur au milieu du front, en prenant comme point de départ le sinciput ou l’occiput, puis d'opérer de la même manière, en reportant sur le papier les rayons qu’on aura mesurés de droite à gauche et de gauche à droite. » Généralement ces coupes suffisent pour caractériser la confor- malion d’une tête. Cependant il est aisé de voir qu’on peut pro- céder d’après d’autres principes : on peut, par exemple, représen- ter le sphéroïde de la tête par un nombre céterminé de rayons pris sur les bosses frontales, pariétales, occipitales, etc., puis 28 comparer chacun de ces rayons à leur rayon moyen pris pour commune mesure. On pourra donc toujours, quel que soit le pro- cédé qu’on adopte, arriver à déterminer tous les cas individuels avec beaucoup de précision, on pourra les comparer entre eux et les représenter par des chiffres. ” » Mais abordons un second point de vue plus important encore; après avoir recherché les types individuels, élevons-nous à la considération du type général des races et du genre humain tout entier. » Jusqu'à ce moment la science, à cet égard, n'a rien établi de précis : s’agit-il de donner une idée de la forme crânienne qui caractériseune race, un peuple, un âge ou quelque prédisposition intellectuelle et morale, nous trouvons dans nos collections quel- ques individualités de choix, qu’on représente par des dessins arbitraires, et, dans les livres, les conceptions et les appréciations plus ou moins imaginaires des auteurs. Cette facon de procéder ne porte en elle aucun caractère vraiment scientifique. Un type ne doit rien avoir d’arbitraire, c’est la nature elle-même qu'il faut laisser parler, et c’est précisément ce but que nous poursui- vons par l’emploi du céphalomètre. » Supposons qu’on veuille établir le type de la tête d'homme et celui de la tête de femme, par une coupe antéro-postérieure : on prendra sur vingt, sur cent ou sur mille individus, la série des rayons qui déterminent cette courbe ; puis on fera la somme de chacun des rayons correspondants ; on la divisera par le nombre d'individus, et on aura alors la longueur des rayons moyens qui caractérisent le type rigoureux dérivé d’un grand nombre d'indi- vidualités. » Les contours du crâne, dans la figure représentée plus haut, sont le type de la tête d'homme déduit des moyennes fournies par l'étude de vingt individus. J'ai aussi déduit du même nombre d’individualités an type de la tête de femme ; dans l’impossibilité de multiplier ici les dessins, je me bornerai à traduire par des chiffres les résultats de l’observation. » Ces deux types, pour être comparables entre eux, doivent être ramenés à l'égalité des surfaces, tout en conservant l'inégalité des formes. Cela fait, le dessin indique immédiatement que la tête d'homme approche de la forme sphérique, tandis que celle de la 24 femine figure un ovoïde dont le grand diamètre est en arrière. Mais il est aisé de déterminer exactement ces rapports; il suffira de prendre le rayon qui approche le plus de la normale et qui divise le mieux la surface de la section antéro-postérieure en deux parties à peu près égales, soit celui qui correspond au 70° degré. Si on réprésente alors dans les deux sexes la partie frontale par 100, la partie occipitale sera de 106,85 chez l’homme et de 409,59 chez la femme. » Si la coupe de profil ne paraît pas suffisante pour exprimer la forme du crâne, on peut y joindre des coupes transversales. C’est ce-que j'ai fait pour compléter la comparaison des types dont il s’agit ici, et les résultats sont venus confirmer la première obser- vation. La section latérale, passant d’un conduit auditif à l’autre par les bosses frontales, étant représentée par 4100, la section occipitale passant par le 90° degré est représentée chez l’homme par 115,07 seulement, et chez la femme par 124,29. » Je n’ai pas parlé des mesures de la face, mais il est évident qu’on peut opérer de la même manière que pour le crâne : il suffit d’abaisser le cercle mobile au-dessous du bord supérieur de l'orbite. » Pour compléter l'étude des types de l’homme et de la femme, j'ai représenté la face par le triangle qu’on voit dans la figure et dont les angles correspondent au bord supérieur de l'orbite, au conduit auditif et au bord inférieur du menton. Ce triangle étant représenté par 400 dans chaque sexe, la surface du crâne donne seulement 318, 72 chez l'homme, tandis qu’elle est de 340, 52 chez la femme. » On trouve des rapports analogues entre le crâne et la face dans la comparaison des âges, et l’on voit la face s’accroitre dans des proportions très-grandes relativement au. crâne. J’en cite un exemple pris chez les animaux, celui de l’orang à trois époques différentes de la vie ; en représentant chez lui le crâne par 100 dans les trois âges, l'aire du plan médian de la face est de 59 chez les jeunes sujets, puis de 83 dans l’âge moyen, et enfin de 177 à l'état adulte. » Ces sortes de recherches sont extrêmement variées; ainsi, J'ai employé le céphalomètre avec beaucoup de succès à fixer par des contours et par des chiffres les curieuses observations de l’abbé 25 Frère sur les modifications que subit la tête avec les progrès de la civilisation de chaque peuple. MM. Ch. Martins et Bravais, ainsi que je l'ai déjà dit, ont aussi emporté dans l'expédition scientifi- que du Nord, ct pour servir à leurs recherches sur l’origine des Lapons, deux de ces instruments. Ils ont recueilli avec beaucoup de soin un grand nombre de mesures céphalométriques ; regret- tons que la santé de M. Bravais n’ait pas permis à ces savants de publier le résultat de leurs recherches. » Je borne ici ces remarques sur le céphalomètre. Les anthropo- logistes et les psychiâtres, auxquels cet instrument s'adresse plus particulièrement, apprécieront, je l’espère, l'utilité de son emploi; mais je le recommande aussi aux personnes qui attachent quelque importance aux études morphologiques et qui essayent de détermi- ner le type de la beauté humaine, non d’après les caprices de la mode ou de l'imagination des différents peuples,mais par une ob- servation intelligente et fidèle de la nature elle-même. Enfin, s’il ya entre les facultés de l’âme et la forme extérieure du corps un rapport que tout semble affirmer, ce rapport ne saura être rigoureusement démontré que lorsque l'on aura appliqué à son appréciation des procédés exacts et des mesures géométri- ques. » Séance du 2 avril 1859, CHIMIE MINÉRALE. — La note suivante sur les fluorures d’a- luminium simple et composé et les produits qui en dérivent a été communiquée, dans cette séance, par M. Henri Sainte-Claire- Deville. « Fluorure d'aluminium. — Dans une note publiée, il y à quelques années, dans les Annales de chimie et de physique, j'ai donné les propriétés et la composition du fluorure d’aluminiurm que j'ai préparé par un grand nombre de procédés différents qui donnent tons ce corps cristallisé en rhomboèdres très voisins des cubes : l’angle est de 88° 30/ ou 89°. Ces crislaux, comme tous les fluorures, sont peu réfléchissants, et on a grand peine à y trouver des facettes non striées et produisant des images nettes : de là aussi grande difficulté à les mesurer exactement. D'un autre côté, je n’avais obtenu jusqu'ici que des échantillons assez opa- ques pour ne pas permettre d'étudier sur eux l’action de la lu- Extrait de l’Institut, Arc section, 4859, 4 26 mière polarisée. Dernièrement j'en ai obtenu de tout à fait trans- parents et qui rétablissent parfaitement la clarté entre deux prismes de Nichol croisés. Jusqu’à cette expérience, j'avais pa admettre que ces cristaux étaient réguliers à cause de leur angle très voisin de 90° et parce qu'ils ne possèdent aucune facette dont on puisse déduire la forme primitive. » Cryolite. — J'ai eu aussi occasion d'examiner la composition de la cryolite et les produits de sa décomposition par la chaux. Je donnerai ici quelques résultats de mes analyses. On avait avancé que la cryolite, fluorure double d’aluminium et de so- dium, n'était pas entièrement attaquable par la chaux et suscepti- ble d’être transformée intégralement sous son influence et au con- tact de l’eau en alumine, soude caustique et fluorure de calcium. Cette opinion est erronée et vient sans doute de ce qu’on avait employé une quantité de chaux trop grande et déterminé la pré- cipitation, à l’état d’aluminate de soude, d'une partie de l’alumine dissoute par la soude. Après avoir analysé la cryolite au moyen de l’acide sulfurique, ce qui m'a donné des résultats que j'ai déjà publiés et qui conduisent à la formule Al Fl3,3 Na FI, j'ai essayé l'analyse par la chaux elle-même. » Pour cela on attaque à l’ébullition une partie de cryolite pul- vérisée par la chaux que donne, après sa calcination, une partie de carbonate de chaux, au moyen de 30 à 40 parties d’eau distillée. On fait bouillir pendant quelque temps, puis on décante sur un filtre en lavant le fluorure de calcium par l’eau bouillie et chaude. On sature la-liqueur par lacide nitrique, on l’évapore dans une capsule de platine tarée, que l’on chauffe gradueliement sur le bain de sable jusqu’à ce qu’étant couverte et bien chauffée, la matière qu’elle contient n’exhale plus l'odeur d’acide nitrique et même qu’elle commence à produire quelques vapeurs nitreuses. Alors tout le nitrate d'alumine a perdu son acide et en reprenant la matière par un peu de nitrate d'ammoniique et une goutte d’ammoniaque (dont l’edeur doit persister après un certain temps de contact avec la substance sèche) on est sûr de ne dissoudre que les sels alcalins. On décante la liqueur chaude, qui se sépare avec une grande facilité de l’alumine dense et grumeleuse qui reste dans la capsule et donton peut éviter facilement le transport sur le filtre dont on se sert par prudence. Une fois le lavage à 21 l'eau bouillante terminé, on chauffe la capsule de platine au rouge avec le filtre, si cela est nécessaire, et on pèse l’alumine. Le nitrate alcalin, traité par l’oxalate d’ammoniaque, donne une trace de chaux qui, on le sait, est insoluble dans les lessives caustiques. On évapore la liqueur filtrée dans une capsule de platine. A la fin on la couvre d’un entonnoir et on chasse le nitrate d’ammonia- que qui se transforme en protoxyde d’azote par la chaleur. On mouille le résidu avec quelques centimètres cubes d’eau, on y ajoute quelques grammes d’acide oxalique pur et un ou deux centigrammes d'acide tartrique (matières qui doivent brûler sans résidu). L’acide nitrique est presque entièrement ex- pulsé pentant l’évaporation. Le peu qui en reste, calciné au rouge avec l’oxalate et le tartrate de soude, se convertit en carbo- pate en même temps que ceux-ci. On peut peser, soit à l’état de carbonate de soude fondu, soit à l’état de sel marin desséché, la soude contenue dans la capsule tarée. Je me suis assuré que la cryolite ne renferme pas de potasse. On arrive par ces procédés aux résutats Suivants : Calculé. Aluminium. 12,7 12,8 13,0 Sodium 091,80 :31,61132,5 Eluor 22/5500 t55:08,0/1,5 100,0 100,0 100,0 nombres identiques avec ceux de Berzelius, et que j'ai obtenus par d’autres procédés. » En employant le molybdate d'ammoniaque, et mieux encore le nitrate cérique, je suis parvenu à extraire de la cryolite des quantités, très faibles, ilest vrai, mais déjà sensibles, d'acide phos- phorique (1. On expliquera ainsi le fait très curieux qui a été observé par M. Morin, à sa fabrique d’aluminium de Nanterre, où il prépare journellement de grandes quantités de chlorure double d'aluminium et de sodium avec de l’alumine extraite de la cryolite. Au moment où l'on fait entrer le chlore dans des cy- lindres chauffés au rouge et chargés avec un mélange d’alu mine, de sel marin et de charbon, il se volatilise du phosphore en quan- tités notables qu’on peut recueillir dans les appareils de condensa- tion destinés au chlorure double, (1) Voyez mon Traité sur l’aluminium (Peris, Bachelier), pag. 99. - 28 » Alumine exlraile de la cryclile. — On recoit actuelle- ment , de Copenhague, de l’alumine impurc provenant de la cryolite, et qui est très recherchée pour la fabrication de l’alumi- nium, parce qu’elle ne contient pas sensiblement de fer, quand elle est préparée avec de la cryolite bien blanche. Elle contient, d’après mon analyse : ATURURE AR RS Carbonate de chaux (1). . 0,7 Carbonate de soude.. . . 20,1 Eau ct acide carbonique... 34,4 100,0 » Cette alumine, préparée en faisant passer de l'acide carboni- que dans de l’alurinate de soude, est, en réalité, un carbonate double d’alumine et de soude que l’eau ne décompose qu'avec une très grande lenteur et jamais complétement. Ainsi un lavage pro- longé à l’eau tiède-ne lui fait perdre que 8,1 pour 100 de earbo- nate de soude, ce qui en laisse encore 12 pour 100 dans cette sorte d’alumine. » Je profiterai de cetté occasion pour faire remarquer que l’a- lumine contient des combinaisons presque indestructib'es par le lavage avec les matières solubles de toute sorte contenues dans les liqueurs d'où on la précipite à l'état gélatineux. Ce sont ces phénomènes d'adhésion que M. Chevreul attribue à une cffinité capillaire et qui mettent obstacle à toute précision et à toute certitude dans le mode commun d’analyse par les méthodes de pré- cipitation. » Séance du 30 avril 1859. PHOTOGRAPHIE. — M. Thenard communique à la Socièté l’expérience suivante : ; {4° En pleine nuit il a désinsolé une feuille de papier ordinaire, en l'exposant pendant une heure à la vapeur d’eau ; 2° Il a divisé ensuite la feuille détachée en deux parties : l’une (4) Avec des traces de phosphate de chaux. M. Persoz m’annonce qu'il a Lrouvé aussi du phosphate de fer dans la cryolite et certains aluminates du commerce, phosphate dont les propriétés sont masquées en partie par le dissolvant et qu’il met en évidence par des procédés nouveaux. D. 29 a été mise de côté pour servir de témoin ; la seconde, roulée sur elle-même, a été mise dans un tube de verre à l’une des extré= mités duquel on faisait arriver de l’oxygène ozoné. Au bout d’un quart d'heure, l'oxygène ozoné se faisant parfaitement sentir à l’autre extrémité , la feuille a Cté retirée. 3° Cette même feu'lle étant ensuite employée à la manière des papiers insolés de M. Niepce de St-Victor a de tout point produit les mêmes effets. La demi-feuille laissée pour témoin n’en a pro- duit ancun. &° Un papier au chlorure ou au nitrate d’argent, traité par l'ozone, n’a donné au contraire aucun résultat sensible. 5° Le papier ordinaire ozoné possède d’ailleurs toutes les autres propriétés des papiers insolés. 6° Un papier ozoné maintenu quelque temps dans une éprou- vette laisse dégager une odeur qui n’est pas celle de l'ozone, mais d’une matière essentielle : elle est d’ailleurs très fusible. Que conclure de À ? ajoute M. Thenard : — c’est que les phé- nomènes d’insolation décrits par M. Niepce sont des phénomènes chimiques, déterminés indirectement par la lumière, qui n’agit là que comme agent intermédiaire. Séance du 7 mai 1859. CHIMIE. Faits pour servir à l’histoire du chlorure zincique. — La note suivante a été communiquée à la Société par M. 3. Persoz. « On sait que le chlorure zincique partage avec beaucoup de chlorures métalliques la propriété de se volatiliser à une téem- pérature peu élevée; il était donc tout naturel d'admettre, confor - mément aux lois de Berthollet, que la préparation de ce composé pourrait se faire par voie de double décomposition, en distillant un mélange sec de sulfate zincique et d’un chlorure alcalin, le chlorure sodique, par exemple, la réaction devant avoir lieu sui- vant l’équation SO* ZnO + ClNa — NaO S03 + Zncl. » IL était d'autant plus intéressant de tenter cette réaction, que : le chlorure sodique est une matière première très abondante, et que le sulfate zincique est le produit secondaire de nombreuses opérations industrielles, et qu'il peut d’ailleurs être obtenu par l'oxydation directe de la blende SZn. 30 » Nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire d'appuyer sur les avantages qu'il y aurait à pouvoir fabriquer ainsi le sulfate sodique sans être obligé d'attaquer le sel marin par l’acide sulfurique, ce qui est toujours plus ou moins dispendieux , et obtenir en même temps un composé (le chlorure zincique) qui, soit à l’état anhydre, soit en dissolution, reçoit aujourd’hui les plus belles applications dans les arts et dans l’industrie. + Nous avons donc porté progressivement à la chaleur rouge- blanc dans des vases distillatoires un mélange intime à équivalents égaux de sulfate zincique et de chlorure sodique, lesquels avaient été préalablement bien desséchés. Or, l'opération ayant été pro- longée pendant plusieurs heures, la réaction n’eut pas lieu comme nous l’avions pensé, c’est-à-dire qu’il ne passa rien à la distillation. Nous retrouvâmes dans la cornue un composé cristallin repré- senté par les éléments employés (sulfate zincique et chlorure so- dique), mais nous ne saurions nous prononcer sur le véritable arrangement moléculaire de ce composé, qui se dissout dans l’eau avec la plus grande facilité. » Ayant donc échoué dans notre tentative avec le sel marin, nous songcâmes à lui substituer le ck/orure calcique. Nous reconnûmes que, dans ce cas, la double décomposition s’effectuait très facile ment; et, en effet, à la volatilité du chlorure zincique, cause dé- terminante de la réaction, d’après Berthollet, mais qui était cepen- dant insuffisante dans le cas précédent, vient s’ajouter ici l’infu- sibilité du sulfate calcique, cause non moins déterminante d’après le célèbre chimiste. » En distillant donc dans une cornue en grès munie d’une allonge et d’un récipient un mélange à équivalents égaux de chlorure calcique et de sulfate zincique, nous obtenons, après que toute l'humidité a été expulsée, un abondänt dégagement de vapeurs blanches très denses qui viennent se condenser sous forme d’un liquide visqueux, lequel prend presque aussitôt une consistance butyreuse. Ce produit est parfaitement blanc, si les matières employées ne renferment pas de fer. Dans le cas contraire, les premières parties qui passent à la distillation sont colorées en bren, suivant la proportion de fer qu’elles renferment, mais il arrive bientôt un moment où il ue distille que du chlorure zincique pur, 31 de sorte qu’en changeant lallonge on peut recueillir ce chlorure parfaitement pur (1). » Revenons maintenant à la double décomposition à priori, il semble qu’étant déterminée par la volatilité du CFZn et par l’en- Jusibilité du SOS Ca0, elle doive s'effectuer d’une manière com- plète et donner sensiblement la quantité de chlorure zincique indiquée par la théorie; l'expérience prouve qu’il n’en est pas ainsi, de telle sorte que 100 parties de mélange à équivalents égaux qui, théoriquement, devraient produire 49, 5 p. 100 de chlorare zincique, n’en donnent que 41 p. 100. Par exemple, dans une experience que nous avons faite sur un poids de 308 grammes de mélange qui devait donner suivant la théorie 153 gr. de chlorure zincique , nous n’en avons obtenu que 193 : diffé- rence, 30. Il y a donc environ < du chlorure qui reste fixé sur le sulfate calcique. En retirant de la cornue le résidu de la distillation, le pulvérisant et le traitant par l’eau, on retrouve à peu près tout le chlorure zincique qui manquait dans le produit de la distil- lation. » Ce résultat prouve que le sulfate calcique possède comme beau- coup d’autres corps le pouvoir de condenser et de retenir la vapeur de certains corps, à des températures bien supérieures à celles où cette vapeur se forme, de sorte qu’on ne peut rompre des attrac- tions de cette espèce qu’en ayant recours à l’action mécanique d’autres fluides élastiques. » ILest évident que,si la distillation dont nous parlons s’effectuait en présence d’un courant de gaz, toute là vapeur du chlorure zincique serait expulsée. C’est, du reste, par un phénomène du même ordre qu’on explique pourquoi le zinc et le potassium s’extraient plus facilement et en plus grande quantité, lorsque ces métaux sont mis en liberté en présence d’une vaste atmosphère d’un fluide élastique inerte. » De ce que nous venons de dire il ressort qu’en se mettant dans les conditions que nous avons exposées ci-dessus : » 10 On n'arrive pas à distiller du chlorure zincique en çalcinant (4) En traitant par l’eau le chlorure zincique chargé de fer, et en aban- donnant pendant quelques heures la solution à elle-même, elle ne tarde pas à se dépouiller complétement du fer qui se précipite à l’état d'oxyde ferrique rosé, P. 32 un mélange de sulfate zincique et de chlorure sodique, du moins dans les condilions que nous avons reatées. » 2° On réussit, au contraire, parfaitement en employant un mé- Jange à équivalents égaux de sulfate zincique et de chlorure calcique. » 3° La volatilisation du chlorure zincique formé n’est jamais complète par une simple distillation. » 4° Le procédé de fabrication du chlorure zincique:;tel que nous venons de l'indiquer, peut être suivi avec avantage dans toutes les localités où l’on peut se procurer avec abondance le sulfate zin- cique et le chlorure calcique. » Séance du 21 mai 1859. PHOTOGRAPHIE.—M.Maxwell Lyte faitpart à la Société des nou- veaux perfectionnements qu’il a apportés à la préparation des glaces, par l'emploi de la mélagélatine ; il annonce qu’une glace ainsi préparée peut conserver sa sensibilité, soit avant, soit après l'exposition dans la chambre noire , pendant un temps presque illimité. I. Préparation de la métagélatine. — Immergez 500 parties de gélatine dans de l’eau de pluie à la température del’air, et lors- qu’elle s’est bien ramollie, faitcs-la égoutter sur un tamis. Faites- la ensuite fondre sur un feu doux, dans un vase de percelaine ou de cuivre étamé, portez-la au point d’ébullition et ajoutez-y 100 parties d’acide oxalique pur. Retirez le mélange du feu, quand il aura bouilli une heure; versez-le dans une large bassine et jetez-y avec précaution, et lorsqu'il est encore chaud, une quantité de craie suffisante pour neutraliser l'acide qu'il contient. Pour sépa- rer le dépôt d’oxalate de chaux, il suffit de laisser reposer et de dé- canter la partie surnagcante au moyen d’un siphon, ou mieux en la filtrant à travers une étoffe de fil. On clarifie complétemerñt le liquide encore laiteux en le faisant bouillir avec 2 ou 3 blancs d'œufs eten le filtrant de nouveau. Sa couleur est alors celle du vin de Xérès.. On y mêle enfin le dixième de son poids d’alcoo! et on le verse dans des flacons bien bouchés où ii peut se conser- ver indéfiniment. , II. Nettoyage des glaces. — M. Maxwell Eyte se sert pour cette opération d’une dissolution de 200 grammes de sous-carbo- nale de soude ordinaire dans un litre d’eau ; il y plonge les glaces 33 pendañt une heure et les frotte ensuite avec un peu de tripoli en poudre : les ayant rincées enfin sous un courant d’eau, il les sèche en les essuyant avec des linges qui ont été netioyés au moyen d'une solution alcaline chaude, semblable d’ailleurs à celie qui a servi pour les glaces elles-mêmes. Les glaces doivent être neltoyées une heure avant leur emploi et tenues parfaitement sèches ; et le laboratoire dans lequel on les prépare doit être exempt de toute espèce de-vapeurs et parfaite- ment ventilé. Inutile, du reste, de faire remarquer que, par cela même que l'opération de les sensibiliser par ce procédé demande plus de temps que leur sensibilisation par le procédé ordinaire, le lieu où elle se fait doit être éclairé avec encore plus de précau- tions que d'habitude. Il faut n’y laisser pénétrer qu’une lumière Jaune parfaitement uniforme. III. Collodion ; son application. — Quant au collodion, il est assez difficile d'indiquer un moyen sûr d’en fabriquer qui donne constamment entre les mains du photographe un bon résultat. Tous les collodions réussissent quand ils ont été colorés par l'âge, no- tamment celui de M. Bertsch qui forme sur la glace une couche quelque peu pulvéralente. M. Maxwell Lyte recommande à ceux qui veulent en fabriquer eux-mêmes de se servir de préférence de la pyroxyline faite avec des acides à une température élevée. Les formules suivantes pour la composition du collodion lui paraissent les meilleures : En Hiver. En Été. Pyroxyline 8 Pyroxyline 8 Éther 800 Éther 700 Alcool absolu 200 Alcool absolu 300 Todure de cadmium 6,25 Iodure de cadmium 6,25 Bromure de cadmium 2,5 Bromure de cadmium 2,5 Ce collodion ne renferme qu’une faible proportion d’alcoo! ; son emploi exige donc de la précaution ; ainsi, la glace étant tenue sur le porte-plaque, il faut, lorsque le collodion dont on l’a re- couverte s’est écoulé par un coin, porter aussitôt ce coin dans une direction opposée, le coin qui était en haut se trouvant à son tour en bas. De cette manière la vapeur d’éther retourne, en quelque sorte, sur laglace etempêche que le pointsur lequel le collodion a été versé ne se dessèche avant que le coin par lequel il s’est écoulé Extrait de l'Institut, 1re section, 4859. 5 34 ne se trouve prêt à recevoir l’action des liquides sensibilisateurs. IV. Sensibilisation de la glace et application de la métagé- latine. — Cette double opération nécessite emploi detrois bains, dans lesquels la glace doit être passée successivement : 4° le bain ordinaire de nitrate d'argent; 2° un bain d’eau distillée ; 3° un bain composé de 250 parties (en volume) de métagélatine en dis- solution, de 5 parties d’acide lactique sirupeux (1), de 1000 par- ties d’eau et de 1 partie (en poids) de nitrate d’argent, La glace doit rester dans le premier bain de 5 à 10 minutes ; on la passe ensuite une ou deux fois (pas davantage) dans l’eau dis- tillée pour enlever le nitrate d'argent non combiné, et on la laisse enfin de 5 à 10 minutes dans le bain n° 3 en l’agitant fréquem- ment, afin que l'absorption de la métagélatine s’y fasse d’une ma- nière bien égale. Dans les temps froids et lorsque l’on désire donner aux épreuves négatives des tons plus intenses on peut ajouter au bain de métagélatine 5 parties d’oxymel. La glace, retirée de son dernier bain, doit être mise à égoutter pendant quelques minutes dans un endroit obscur, puis placée dans la boîte à sécher qui doit être faite d’un bois non résineux (2), être revêtue intérieurement de papier, et renfermer une petite capsule d'acide sulfurique que l’on renouvelle de temps en temps et à mesure qu'il absorbe l'humidité ainsi que d’autres produits gazeux qui pourraient se rencontrer dans l’atmosphère qui en- toure les glaces, tels qu’ammoniaque. chlore, acide sulfureux, hydrogène sulfuré, vapeurs d’essence de térébenthine, etc. V. Exposition ; développement de l’image; fixation, etc. — L'exposition dans la chambre noire de la glace sensibilisée doit durer plus ou moins, selon le mode de développement que l’on veut adopter. Ainsi, par exemple, pour une vue stéréoscopique prise avec un objectif à paysage de Ross et un diaphragme de 6 à (1) On pourrait au besoin remplacer l’acide lactique par 10 grammes d’acide acttique purifié du commerce ou par 5 grammes d'acide acélique cristallisable. La raison pour laquelle on donne ici là préférence à l’acide Jaclique, c’est qu’il n’a pas, comme l’acide acétique, le défaut d’être volatil et qu'il. ne produit pas des noirs aussi intenses. Dans tous les procédés secs, l’un peut être substitué avec avantage à l’autre. (2) Il faut rejeter en général de la construction de ces boîtes tous les bois odorants, ainsi que toute espèce de vernis, d'huile, etc. 39 7 inillimètres de diamètre, l'exposition doit être de quarante sc— condes à une minute, si l’on veut développer l’image par le sul- fate de fer, ou de trois minutes à trois minutes et demie, si l’on emploie l'acide pyrogallique. M. Maxwell Lyte a pour habitude de développer avec le sulfate de fer, jusqu’à ce que tous les dé- tails soient sortis, et il fait monter l’épreuve, si cela est nécessaire, avec un mélange de nitrate d'argent et d’acide pyrogallique. Voici, du reste, les liquides dont il se sert à cet effet : | N° 1. Sulfate de fer, 10 grammes. — Ac. acétique cristallisable, 20 cent‘ cubes. — Eau distillée, 500 » Ne 2. Acide pyrogallique (1), 1 gramme. — Ac. acétique cristallisable, 10 cent‘ cubes. — Eau distillée, 500 » N° 3. Nitrate d’argent, À gramme. — Eau distillée, 100 » On met d’abord un peu d’eau sur la glace de manière à la mouiller également partout; puis, l'ayant placée sur un pied, on y verse assez de solution no À pour la recouvrir; on rejette immédiate- ment ce liquide dans un verre où il a été probablement mis quel- ques gouttes du n° 3, puis on le verse et on le reverse sur la glace jusqu’à ce que tous les détails soient parfaitement développés. Aussiôt que ce résultat est produit, on place l'épreuve sous un filet d’eau , afin d'en enlever toute trare de la solution de fer, et si, alors, on le juge nécessaire, on colore l’épreuve en la traitant par la solution n° 2 à laquelle on a ajouté un peu de n° 3. Elle est ensuite fixée à la manière ordinaire, avec le cyanure de potas- sium ou l’hyposulfite de soude, puis enfin lavée, séchée et vernie. Séance du 2 juillet 1859. CHIMIE. Nouvelles observations sur les bases organiques dé- rivées de la liqueur des Hollandais. — M. S. Cloëz a lu à fa Société, dans cette séance, la note suivante : « J'ai communiqué anciennement déjà, à la Société, une note (4) Pour éviter la nécessité de peser constamment l'acide pyrogallique, on peut, ainsi que l’a conseillé M. Crookes, faire une solution de 10 grammes de ee corps dans 400 grammes d’alcoo! absolu ; 40 centimètres cubes de cetle so'ulion représentant 1 gramme d’acide solide. 6 relative à la production d’une nouvelle série de bases organiques résultant de l’action de l’ammoniaque et des bases volatiles sur les carbures d'hydrogène chlorés ou bromés. (L'Institut, 1853, p. 213.) J'aieu l'occasion, plusieurs fois depuis, de présenter ver- balement les résultats les plus importants de mon travail aujour- d'hui très étendu. » Je croyais être complétement maître de mon sujet, lorsque M. Hofmann a proposé une légère modification aux formules des bases dont je revendique hautement la découverte. J’espérais que mes observations relatives à la composition de la forménamine, de l’aceténamine et de plusieurs autres bases analogues (Compt. Rend., XLVI, p. 344) auraient pour effet de calmer l’impatience du chimiste anglais, et, dans cette persuasion, je m’occupais tran- quillement de l’analyse et de l’étude des nombreux composés nou- ‘eaux que je suis parvenu à produire et à séparer avec beaucoup de peine, lorsque M. Hofmann, sans avoir répondu à mes obser- valions, sans avoir discuté les expériences présentées à l'appui de ma manière de voir, est venu de nouveau proposer des noms dif- férents et des formules modifiées d’après une théorie préconçue, pour plusieurs des bases dérivées de la liqueur des Hollandais que j'ai obtenues et fait connaître depuis longtemps. » L'action de l'ammoniaque en excès sur l’éthylène bibromé produit plusieurs bases parmi lesquelles il s’en trouve une bouil- lant au-dessus de 300° et dont la composition est représentée par la formule C8 H10 Az°. Gette base sature un équivalent d’acide, et son chlorhydrate forme avec le chlorure de platine, un sel double formé de C8 H10 Az?, H CI PL CF. » La réaction qui donne naissance à cette base pour laquelle j'ai proposé le nom de diacétenamine en ce qu’elle représente 2 équivalents d’acétenamine, supposée anhydre, est représentée par l'égalité suivante : ; 2(C4H* Br?) + 5 Az H°— C° Hi° Az?, H Br + 3 (Az H° H Br). » La méthylamine, l’éthylamine, la butylamine, lPaniline agis- seni sur l'éthylène bibromé absolument comme l’ammoniaque ; ainsi l'on obtient : La diacétenméthylamine CMS PATÉR=— (CENT A7) La diacétenéthylamine CS HIS Az° = 2(C% H° Az) oi. La diacétenbuiylamine C3* H°*° Az? — 2(C'2 H°° Az) La diacétenaniline CHAHPA7I= PE (CHA 7) M is, de même que la production de la diacétenamine est accom- pasznée de celle de la forménamine C? H3 Az, HO, de l’acétena- mine C# H5 Az, HO. de même l’on obtient avec les bases vola- tiles autres que l’ammopiaque : Lo formenméthylamine C* H°Az HO ; — l’acétenméthylamine C° H7 Az,HO La formenéthylamine C° H7Az HO; — l’acétenéthylamine C$ H° Az,HO La formenbutylamine C° H°Az HO ; — l’acétenbutylamine C!°H'‘Az,HO La formenaniline C':H757; — l’acétenaniline C'SH° Az M. Hofmann donne à la formeneniline le nom de !#phényldiam - mine monocthylénique, et il représente sa composition par la formule C?8 H16 47°. » l’acétenaniline, connue et décrite depuis longtemps, est, pour le même chimiste, de la diphényldiammine diéthyléni- gie dont la formule est la même que la nôtre, sauf qu’elle est doublée. » Les mêmes rapprochements peuvent être faits pour les pro- duits de l’action de l’éthylamine sur l’ethylène bromé. » Le chimiste anglais admet l’existence d’un métal diatomique, l'échylène diéthyl-diammonium, dans la formenéthylamine ; et | représente la composition de cette base par la formule C'? H18 47° O?, différant de celle que nous avons proposée par un équivalent d'hydrogène en plus, outre qu’elle est doublée. » La base diéthylénique de M. Hofmann a la même composition que l’acvtenélhylamine, la formule est simplement doublée. » Il arrive fréquemment que plusieurs chimistes s’occupent d’un même sujet à l’insu l’un de l’autre; ce n’est pas le cas en ce qui nous concerne M. Hofmann et moi. Das la crainte d’être de- vancé on présente quelquelois des travaux incomplets, dont l’effet est d'engager la science dans une voie fausse ; pour éviter cet écueil, j’ai tenu à faire un travail aussi complet que l’état actuel de la science et mes faibles ressources me l’ont permis. » J'ai lieu de croire que les observations de M. Hofmann ten- dent seulement à appuyer sa théorie sur la constitution des bases dérivées de la liqueur des Hollandais; à ce point de vue, je ne peux que lui être reconnaissant de l’importance qu’il donne à mon travail; s’il en était autrement, s’il voulait s’attribuer la 38 découverte des faits qu’il interprète à sa manière, mon devoir serait de protester contre une façon d'agir dont on à eu jusqu ici fort peu d'exemples dans la science. » Séance du 16 juillet 1859, La note suivante, sur la composition chimique des valves de la Lingule, a été communiquée dans cette séance par M. S. Cloez. « Les enveloppes solides d’un grand nombre de Mollusques, de- signées vulgairement sous le nom de coquillages, diffèrent essen- tiellement par leur composition chimique des parties qui forment le squelette des animaux vertébrés. L'élément calcaire est, à la vé- rité, commun aux unes et aux autres; mais dans les coquilles la chaux est principalement à l’état de carbonate, tandis que dans les os elle se trouve en grande partie unie à l’acide phosphorique; c’est là la différence caractéristique qui a été constatée par un grand nombre de chimistes. » Les valves de la Lingule (Lingula anatina) font exception à cette règle. Elles contiennent en effet, comme les os, une grande quantité de phosphate de chaux et fort peu de carbonate; elles fournissent en outre à l’analyse presque la moitié de leur poids d’une matière organique azoto-sulfurée, analogue au cartilage, et tout à fait semblable à la substance cornée des écailles des Poissons. » L'analyse de ces coquilles ne présente aucune difficulté : on commence par les dessécher dans un couraut d’air sec à 100 de- grés, jusqu’à ce qu’elles ne perdent plus de leur poids. On déter— mine la proportion de l'acide carbonique en les traitant par l'acide chlorhydrique faible, dans le petit appareil communément em- ployé pour cet usage ; après vingt quatre heures de contact, la réaction est terminée. La matière organique, séparée des sels cal- caires, conserve la forme de la coquille ; on la retire du liquide, on lui fait subir plusieurs lavages à l’eau chaude, puis on la des- sèche à 100°, pour en déterminer ensuite le poids. Il est à remar- quer que l’on n'obtient par ce moyen qu’une partie de la sub- stance organique des valves; il s’en dissout toujours dans la liqueur acide une certaine quantité, qui est variahle, et d'autant plus grande que l'on opère à une température plus élevée et que le contact est plus prolongé. Pour avoir le poids total de cette ma- tière, il faut incinérer à blanc une portion des coquilles, peser le 39 résidu, lui restituer par le calcul l'acide carbonique dégagé. La différence entre le poids ainsi déterminé et celui de la coquille soumise à l’incinération représente d’une manière suffisamment exacte la quantité de l'élément organique, qui varie de 0,46 à 0,43, suivant l’âge de l’animal. La moyenne de quatre détermi- nations a été trouvée égale à 0,452. En traitant les valves par l’a- cide chlorhydrique, il reste seulement 0,226 d’une matière mem- braneuse, transparente et semblable à la chitine ; par un hasard singulier, il se trouve que l’acide dissout de la matière organique une quantité précisément égale à celle qui résiste à son action. » Les cendres de valves de Lingule se dissolvent: complétement dans l’acide chlorhydrique sans effervescence; la solution évapo- rée à sec laisse un résidu qui nest plus entièrement solub e dans l’eau acidulée ; il reste environ 0,001 de silice, provenant sans doute de la matière azoto-sulfurée. » Un essai préalable m'a montré la présence du fer en quan- tité notable dans les coquilles fraîches. On sépare ce corps sous forme de phosphate basique insoluble dans l'acide acétique, et on le dose ensuite à l’état de sesquioxyde ; à cet effet, on sursature la solution acide du résidu de l’incinération par lammoniaque, on ajoute à la liqueur touble de l'acide acétique en excès, de ma- nière à redissoudre le phosphate tricelcique, sans toucher au phos- phate de fer basique, que l’on recueille, et qu’on analyse à part; la quantité de fer trouvée, évaluée en sesquioxyde, est de 0,0085, représentant 0,0198, ou près de deux centièmes de phosphate de fer, 2 Fe° O° + 3 Ph O5. La présence du phosphate de fer ex- plique, jusqu’à un certain point, la coloration bleu-verdâtre se rapprochant de celle de la turquoise, que l’on aperçoit sur plu- sieurs endroits de la coquille, notamment vers la pointe ; le trai- tement par les acides fait disparaître cette coloration, mais elle persiste dans le produit de l'incinération, après l’addition de quelques gouttes d’acide azotique et une nouvelle application de la chaleur pour achever là combustion. » Après la séparation du phosphate de fer, l’acide phosphorique restant a été isolé des bases alcalino-terreuses, la chaux et la ma- gnésie, au moyen du perchlorure de fer et de l’acétate de soude. Le précipité, lavé, séché et calciné, a été pesé, le fer en a été ensuite retiré et dosé à l’état de sesquioxyde; la détermination de l’acide 40 phosphorique a été faite ainsi par différence. Dan: une autre ex- périence, le phosphate de fer avec excès d’oxyde à été reilissous dans l'acide chlorhydrique; la solution, additionnée d’acide tartri- que, puissursaturée par l’ammoniaque, a été précipitée par le sul- fate de magnésie ; les résultats obtenus dans ce second essai ont été de 0,005 plus forts que ceux du premier procédé. » La chaux restant dans la liqueur débarrassée de l’acide phos- phorique a été précipitée par l’oxalate d’ammoniaque et dosée à l’état de sulfate de chaux. » Quant à la magnésie elle à été retirée après la chaux'et peste sous forme de pyrophosphate. » La composition chimique de la Lingule se rapproche singulie- rement de celle des écailles des Poissons, déterminée depuis long- temps par M. Chevreul et vérifiée récemment par M. Fremy : elle a aussi beaucoup d’analogie avec celle de l’enveloppe des In- secs, telle qu’elle a été établie au commencement de ce siècle par Hatchett, L ne m'appartient pas de tirer les inductions phy- sivlogiques qui peuvent ressortir de cette comparaison. M. Gra- tiolet, à qui je dois les coquilles qui ont servi à mon analyse, est mieux que personne à même de faire saisir ces analogies et d’en développer les conséquences dans le travail d'ensemble qu’il fait sur plusieurs classes de Mollusques. r ss » Pour 100 parties les valves de Lingule séchées à 100 degrés contiennent : Matière organique azoto-sulfurée 45,20 Acide carbonique 2,94 — jhospliorique 22,75 — silicique traces Chaux 26,54 Magnésie 4,75 Sesquioxyde de fer 0,85 100,00 ou bien : Matière organique 45,20 Carbonate de chaux 6,68 Phosphate de chaux 42,29 — de maenésie 3,35 — de sesquioxyde de fer 1,98 Silice traces 400,00 4 » Les écailles de Lépisostée analvsées par M. Chevreul (His. naturelle des Poissons, par Cuvier, t. T, p. 479), renferment : Matière azotée 41,00 Matière grasse liquide 0,40 Sels desoude (chlorure, sulfate, carbonate) 0,10 Sous-carbonate de chaux 40,00 Phosphate de chaux des os 46,20 — de magnésie 2,20 Peroxyde de fer traces Perte 0,10 400,00 » Le test des Insectes, d’après Hatchett, contient : Substance d’un jaune clair analogue à un cartilage (chitine des chimistes modernes) 26 Phosphate de chaux 64 Carbonate de chaux 40 400 » La matière organique azoto-sulfurée, séparée des coquilles, res- semble à la plupart des substances azotées de l’organisation. Elle se comporte avec les réactifs acides et alcalins à peu près comme la chitine ; seulement elle se dissout bien plus facilement que cette substance dans l’acide chlorhydrique ; mais elle est comme elle à peu près insoluble dans la solution de potasse à la température de l’ébullition. Je ne me suis pas laissé entraîner à considérer cette matière comme une espèce chimique distincte et à lui donner un nom nouveau. À mon avis on ne doit regarder comme principes immédiats définis que les corps susceptibles de se combiner avec d’autres corps sans se modifier et de former des composés défini: qui sont soumis aux lois ordinaires de la chimie. Or, rien de sem- blable n’a lieu pour les éléments anaiomiques organisés des ani- maux et des végétaux. Que l’anatomiste et le physiologiste les étu - dient avec soin pour les distinguer et reconnaître le rôle qu’ils sont appelés à remplir dans l’organisation, c’est un point essen- tiel ; mais le vrai chimiste n’a rien à voir dans leur étude : il ne doit les admettre tout au plus que comme des matières premières pouvantservir à donner, par une altération plus ou moins profonde des corps qui présentent les caractères essentiels des espèces chi- miques définies, des principes immédiats proprements dits » Extrait de l’Institut Are section, 1859. 6 A9 Séance du 30 juillet 1859, ANATOMIE VÉGÉTALE. Faisceaux ligneux des Fougères: — M. Paul Bert a présenté à la Société dans cette séance la note suivante : « On enseigne généralement que les tubes vasculaires qui composent les faisceaux ligneux des Fougères appartiennent tous à la classe des vaisseaux scalariformes et des vaisseaux poreux. Hugo Mohl, Richard, de Mirbel, Adrien de Jussieu, M. Bron- gnjart et d’autres ont professé ou professent encore cette spinivn. Cependant, vraie sans doute pour la tige adulte des Fougères en arbre étudiées par Mohl(1), elle devient beaucoup trop exclusive sion veut l'appliquer aux pétioles et aux nervures des jeunes fron- des des autres Fiticinées. » Si l’on pratique, en effet, une coupe verticale dans une fronde encoreenroulée de Polypodium, d'Adianthum, de Pteris d As- plenium. de Dicsonia. etc., on v constate facilement l'existence de tous les ordres de vaisseaux, y compris les vraies trachées dé- roulables. 11 est même possible, en brisant l'extrémité du pétiole, de soutenir le fragment à l’aide des filaments spiraux sortis de leurs tubes, comme il arriverait d’une jeune tige de Vigne ou de Sureau. » Ces trachées, comme je l’ai particulièrement constaté dans le Potystichum Filix mas, le Polypodium vulgare, etc., sem- blent même exister seules au sommet de la fronde en voie de dé- veloppement. Bientôt , leur nombre absolu et relatif diminue, et l’on voit apparaître des vaisseaux spiraux annelés ou rayés, se mé- tamorphosant les uns dans les autres pour former des tubes mi:- tes de nature diverse suivant la hauteur. Les vaisseaux scaiari- formes qui, au dire de Mobhl (2), existeraient seuls dans les Fou- sères, sont au contraire fort rares à cette époque ; mais leur nom- bre augmente rapidement avec la densité du tissu, sans que j'aie pu voir nettement s'ils procèdent des autres vaisseaux, chose dou- teuse cependant, vu leur calibre généralement supérieur. Enfin, ils finissent par exister presque seuls dans les parties plus vieilles (3) De structura Filicum, dans Icones seleciæ plantarum cryptogami- earum (Martins, 4827, p. A7). À (2) Filicum vas omnia pertinent ad clanem scalariformium poroso- rumque:(loc. cit.) 43 de la plante, où se renconirent encore assez rarement quelques- uns de ces vaisseaux mixtes que Richard appelait spiro annulai- AE » Si quelques vaisseaux scalariformes et un grand nombre de spiraux, d’annelés, etc., procèdent des trachées, un plus grand nombre encore se développent au sein du tissu cellulaire avec la nature qu'ils conserveront plus tard ; ils apparaissent alors sous forme de fuseaux de longueur variable. » Si l'on écrase entre deux plaques de verre une lame mince de tissu contenant des vaisseaux de différents ordres, leur membrane tubulaire se brise et on les voit alors ou se disperser en anneaux isolés, ou se dérouler en spirale, comme pour témoigner du mou- vement en tourbillon qui les a formés ; mais il est toujours facile, a l’élasticité, à la longueur, à la régularité de la spire, de distin- guer les vrais fils libres des trachées d'avec les lanières plus ou moins fragiles des vaisseaux spiraux ou scalariformes. » J'ai vu des trachées à 1 ou 2 fils, généralement espacés dans leurs tours de spire, s’enroulant, ainsi que les vaisseaux spiraux simples, de bas en haut et de droite à gauche, chaque fois du moius que j'ai cherché leur direction. Lorsqu’elles font partie d’un faisceau vasculaire complexe, elles m'ont semblé occuper le plus souvent les parties centrales de ce faisceau. » Séance du 6 aout 4859. BOTANIQUE. Champignons. — MM. Labourdette et Champion ont communiqué, dans cette séance, à la Société, la note suivante sur l’/conographie des Champignons. « La mycologie s’appuie, dans les ouvrages systématiques, sur des caractères si subtils, que leur application aux déterminations immédiates est, pour ainsi dire, une chose impossible. Un être quelconque est d’abord conn& par sa physionomie ; c’est la phy- sionomie qui dicte les premiers jugements, et les caractères my- crographiques, malsré leur incontestable importance, ne sont après tout qu’un élément indispensable de critique. L'étude des sporules fournit sans doute un caractère précis du Champignon, mais ne donne aucune notion de sa forme et de son aspect : ce même aspect est cependant indispensable. C’est, quoi qu’on en dise, par là surtout que se révèlent l'espèce et le genre. Nous in A sistons d'autant plus sur ce point qu’on fait aujourd’hui un abus extrême, en botanique, de l'application des éléments microscopi- ques à la classification. Les considérer exclusivement dans la clas- sification des Champignons, en particulier, serait une erreur fâcheuse ; autant vaudrait-il essayer de classer les Mammifères par la considération de leurs globules du sang ou de leurs éléments Z00spermiques. » Un illustre zoologiste, M. Schlegel, a intitulé un livre célèbre d’erpétologie ; Essai sur la physionomie des Serpents. Nous croyons au’il est temps enfin de réaliser un essai sur la physionomie des Champignons. Comme l'ont d'ailleurs compris MM. Persoon et Léveillé, il faut les grouper selon les caractéres visibles de leur ensemble, selon leurs attitudes et selon les circonstances de leur développement, D'ailleurs, ces groupes indiqués par la physiono- mie scnt presque toujours d’accord avec les résultats que donne l'étude approfondie des éléments reproducteurs. L’un de nous (M. Labourdette) a eu depuis longtemps l’idée d’exécuter ce tra- vail de description et d’iconographie scientifique. Mais le crayon est impuissant à rendre les aspects si délicats des surfaces, la phy- sionomie se perd totalement dans ces images. Or, ce que le dessin ne peut faire ici, la photographie le donne, et M. A. Champion a bien voulu s'associer à cette œuvre pour la partie photogra- phique. » Nous avons l’honneur de présenter à la Société quelques épreuves de grandeur naturelle, qui feront mieux que des paroles ressortir l'importance de cette application de la photographie. Cette application a réclamé certaines modifications dans les pro- cédés opératoires que M. Champion fera ultérieurement connai- tre à la Societé. Pour le moment, nous avons voulu seulement lui soumettre ces premiers résultats. » Séance du 13 août 1859. CHIMIE. Propriétés oxydantes de l'essence de térébenthine. — M. Berthelot a communiqué à la Société dans cette séance les recherches suivantes sur ce sujet. «Un grand nombre de matières jouissent,au moment où elles s'oxydent, de la propriété de déterminer l'oxydation simul- tanée de certaines substances que l'oxygène de l'air, agissant 5 ‘isolément, serait impuissant à oxyder.Ces phénomènes d'oxy- dation indirecte semblent jouer un rôle essentiel dansles réac- tions sur lesquelles repose la photographie, et se retrouver fréquemment dans la végétation des plantes et dans la nutri- tion des animaux ; car tous ces phénomènes s’accomplissent à la température ordinaire et sans le concours des réactifs puis- sant que l’on est habitué à mettre en œuvre dans les labora- toires. C’est pour tâcher d'éclairer quelques points relatifs à cet or- dre si intéressant de phénomènes que j'ai entrepris des re- cherches sur les propriétés oxydantes de l’essence de térében- thine. Cette essence possède ces propriétés d’une manière très-marquée, et c’est en même temps un composé organique suffisamment défini pour se prêter à une étude précise. J’ai fait un grand nombre d'expériences dont plusieurs ont amené des résultats définitifs, tandis que d'autres sont encore trop incomplètes pour en parler ici. Voici les questions que je vais discuter aujourd’hui : 1° Quelles sont l'intensité et les limites des oxydations indi- rectes provoquées par l'essence de térébenthine ? 2° Dans quelles conditions l’essence peut-elle acquérir ou perdre ses propriétés oxydantes ? 3° Quelle est la relation véritable entre l'essence qui déter- mine l'oxydation et l'oxygène qui en est l'agent ? 12 I. — La décoloration de l’indigo est l'une des oxydations indirectes les plus frappantes parmi celles que l'essence de té- rébenthine est apte à provoquer. Elle a été découverte par M. Schônbein, qui a signalé également l'oxydation de l’acide sulfureux, celle de divers métaux, etc., sous cette même mfluen- ce. J'ai observé que cette essence peut oxyder aussi le pyro- gallate de-potasse, le sucre et probablement le mercure.Parmi ces divers phénomènes j'ai plus particulièrement examiné avec détail l'oxydation de l’indigo et celle du pyrogallate de potasse comme propres à servir de mesures pour en déterminer l'in tensité et Les limites. 1° Indigo. — On fait bouillir dans un matras une solution aqueuse et étendue de sulfate d'indigo avec de l'essence de térébenthine distillée depuis quelques semaines, on agite vi- 46 vement le tout; au bout de quelques minutes l’indigo se trouve décoloré. Si l’on opère avec une liqueur aqueuse à peine tein- tée de bleu, la décoloration est presque immédiate. J’ai cher- ché combien un volume déterminé d'essence pouvait déco- lorer de volumes d’une solution titrée d’indigo. On opère en ajoutant cette solution par petites quantités et en attendant sa décoloration complète avant d’ajouter une nouvelle propor- üon. L'expérience ainsi conduite se prolonge pour ainsi dire indéfiniment : la décoloration devient de plus en plus lente, sans Cesser pourtant de se produire et sans qu'il soit possible tout d’abord d’en assigner le terme, même au bout de plu- sieurs semaines. Or, l’expéfience ainsi prolongée comporte deux causes d'erreur fort graves. En effet, une ébullition d'aussi longue durée finit par volatiliser presque toute l’essence ; et le reste se résinifie d'autant plus vite que l'on opère à 1002. J'ai alors cherché si l'expérience pouvait se faire à froid, de façon à permettre de la prolonger sans fatigue et sans perte de matière. Or, il suffit d’agiter l'essence avec la solution d'indigo pour décolorer celle-ci. Au commencement de l’expé- rience, le temps nécessaire pour obtenir la décoloration est plus long qu'à 100°; mais cet inconvénient est bien vite com- pensé. Il n’est point nécessaire d’ailleurs d’agiter continuelle- mentle mélange, car la décoloration se faitd’elle-même au bout d'un certain temps. Ces faits posés, voici comment j’ai opéré : Dans un flacon de 10 litres j'ai introduit 5% d’es- sence de térébenthine rectifiéé depuis quelques semaines, 90 8'- d’eau et 100% d’une solution titrée d'indigo. Ces 100c exigeaient pour leur décoloration 50° de chlore (1), c’est-à- dire 25° d'oxygène. Le tout a été maintenu à une température comprise en- tre 20° et 30° pendant 8 mois : on ajoutaitl’indigo par frac- tion de 50%, ou moins, au fur et à mesure de la décolo- ration. Voici la marche de l'expérience commencée le 29 novem- bre 1858, terminée le 31 juillet 1859 : Au bout de 7 jours, 5°° d'essence ont décoloré 400°° de solu- (1) Déduit du volume de chlorure de chaux titré nécessaire pour produire la décoloralion de l’indigo, L7 tion d'indigo, volume équivalent à 100 d'oxygène, c'est-à- dire que, En 7 jours 1 volume d'essence a déter- miné l’absorption de 20 vol. d'oxyg. En 16 jours l'absorption s’élevaità 40 » En 25 » 60 » En 37 » 80 ÿ En 63 » 100 En 77 » 108 » En 160 We 135 : En 182 » . 146 » En 220 » 168 La décoloration n’a pu être poussée plus loin. À ce moment l'essence paraissait complétement résinifiée et avoir perdu tou- tes ses propriétés. On peut se demander si, dans les conditions de temps qui viennent d'être signalées, l’action seule de l’air et de la lu- mière ne serait pas efficace pour décolorer l’indigo. Pour ré- pondre à ce doute, j'ai versé dans un quart de litre d’eau une seule goutte de la solution d’indigo employée dans les expé- riences précédentes, et j'ai abandonné le tout dans des con- ditions d’aération et de lumière aussi identiques que possible avec celles où se trouvait l'essence sur laquelle j’opérais. La liqueur en demeura sans aucun changement pendant plu- sieurs mois (1). Pour se rendre un compte plus précis de l'oxydation de lindigo déterminée par l'essence de térébenthine, on peut comparer la proportion d'oxygène absorbée par l’indigo dans un intervalle de temps déterminé avee cet intervalle lui- même. (4) Au bout de ce temps, des moississures apparurent et la décoloration s’opéra en peu de jours. Je signale ce fait pour ne rien omettre. Mais c'est là un phénomène dû à une cause étrangère et qui ne se produit point quand le liquide est recouvert par une couche d'essence de térébenthine, Cepen- dant il paraît que d’autres observateurs ont remarqué la décoloration spon- tanée des solutions d’indigo sous l'influence de la lumière solaire. Ce point mérite d’être éclairci. 48 Temps. Volume absorbé. Volume absorbé en un jour. 7 jours (décembre) ; » 20 9:9 9 » 20 2,3 12 » 20 Al ST 26 jours (janvier) 27 0,85 14 » 6 0,43 83 jours (février, mars, avril) 27 0,31 22 jours (mai) 11 0,50 j 38 jours (juin, juillet) 22 0,58 On voit par là que l'absorption d’oxygene a été la plus ac- tive au début, que sa vitesse a décru rapidement, presque jusqu’au dixième de sa valeur primitive, puis, qu’elle a aug- menté de nouveau jusqu’à atteindre le cinquième de cette va- leur, moment où elle est parvenue à son terme définitif. — Il est possible que cette oscillation singulière soit due en partie à l’époque même des expériences commencées en hiver, pour- suivies au printemps, terminées en été, et sans que l’on ait pris de précautions spéciales pour éviter les variations surve- nues dans la température et dans la lumière ambiantes. Comparons encore la proportion d'oxygène ainsi absorbée par l'indigo sous l’influence de l'essence avec le poids de cette essence et avec son équivalent. 1 d'essence détermine l'absorption par l’indigo de 168°c d'oxygène. c’est-à-dire : 18: d'essence répond 05:,27 d’oxy- gène absorbé. Si l’on remarque que 1°° d'essence exigeraitpour être changé eneaueten acide carbonique 2litres d'oxygène, on reconnaît que la proportion d'oxygène absorbée par l’indigo s'élève au douzième de la proportion nécessaire pour brûler complétement l'essence, autrement dit, 1 équivalent d'essence de térébenthine C20H16 détermine l'absorption par l’indigo de 4,1 équivalents d'oxygène. Ces diverses formules donnent une idée exacte de l'intensité et des limites des propriétés oxydantes de l'essence de téré- benthine vis-à-vis de l'indigo. 2° Pyrogallate de potasse. — L’essence de térébenthine peut déterminer l'oxydation du pyrogallate de potasse; cette oxydation doit être effectuée à l’abri du contact de l'air, dont l'oxygène agit déjà sur sur le pyrogallate. L’oxydation de 39 ce principe par l’essence atteint au bout de quelques instants sa limite extrême, laquelle peut servir de mesure à la proportion d'oxygène actif unie à l'essence. J’y reviendrai tout à l'heure à ce point de vue. On voit par là que non-seule- ment l’essence oxyde dans une liqueur acide l’indigo, sub- stance non oxydable par l’oxygène de l'air; mais que cette même essence oxyde dans une liqueur alcaline l'acide pyro- gallique, substance oxydable par l’oxygène de l'air. 3° Mercure. — L’'essence active jouit également de la pro- priété d’émulsionner et d’éteindre le mercure par le fait seul de l'agitation. En même temps se développe une poudre noire qui semble formée par du protoxyde. Cette propriété est très-caractéristique ; c’est celle qui permet de reconnaître le plus rapidement si l'essence jouit des pro- priétés oxydantes. J'ai cherché à recueillir la poudre noire qui précède pour la soumettre à l'analyse. Dans ce but je l'ai isolée autant que possible par lévigation, puis je l’ai lavée à l’eau, à l’alcool et à l’éther, et enfin séchée à la température ordi- naire. Chauffée dans un tube, elle a dégagé du mercure métal- lique et une petite quantité d’acide carbonique. Ce gaz était sans doute produit par la réaction de l'oxygène fixé sur le mé- tal et de quelque matière organique non éliminée par les la- vages. Je n’ai point réussi à recueillir cette poudre noire en quantité suffisante pour la soumettre à un examen plus appro- fondi. La fixation de l'oxygène sur le mercure sous l'influence de l’essence de térébenthine, si elle était bien constatée, pour- rait être rapprochée de la formation du protoxyde de mercure signalée dans la préparation de l’onguent gris. On sait que cet onguent se prépare en broyant un mélange de mercure et d'axonge; or l’axonge renferme de l’oléine laquelle possède des propriétés oxydantes indirectes analogues à celles de l’es- sence de térébenthine. L’essence, apte àoxyder l’indigo, n’agit point sur la teinture de tournesol dans les mêmes conditions. Je n’ai pas observé davantage la formation de l’acide nitri- que sous son influence, en opérant soit avec de l’eau pure, soit avec un lait de chaux, toujours avec le concours du temps. 4 Sucre. En abandonnant dans un grand flacon une solu- tion étendue de sucre de cannes avec un peu de chaux éteinte, Extrait de l’Institut, 1e seclion, 4859. 7 ” 90 le tout placé sous une couche d’essence, j’ai obtenu une pro- portion notable d'acide oxalique. Une portion du sucre de cannes est demeurée inaltérée. L'expérience a duré 7 mois. II. — 1° Ilsuffit d'abandonner l'essence récemment distillée à elle-même dans un vase à demi rempli pour lui faire acquérir les propriétés oxydantes caractéristiques. 20 L'influence de la lumière solaire n’est nullement indis- pensable ; l’essence acquiert ces propriétés même dans l’ob- scurité relative d'une armoire fermée. 3° Le temps nécessaire n'est pas très long; car l’essence, privée de cette aptitude oxydante, ne paraît jamais l’être d’une manière absolue, toutes les fois que l’on opère au contact de l’air. Seulement, dans ces conditions, au lieu de décolorer à chaud l'indigo en quelques minutes, elle le décolore dans l’es- pace d’une demi-heure, d’une heure, ou tout au plus de quel- ques heures. Pour bien constater cette différence, il est né- cessaire d'opérer avec une proportion d'indigo tout au plus suffisante pour donner à l’eau une teinte bleuâtre à peine perceptible. La solution ainsi teintée est dans les conditions les meilleures pour accuser le phénomène cherché avec sensi- bilité. 4 L’essence douée des propriétés oxydantes les conserve pendant plusieurs années et probablement jusqu’à sa résinifi- cation totale. L’essence qui possède les propriétés oxydantes peut en être privée par plusieurs méthodes : 1° En la portant à la température de l’ébullition (160°). Comme, dans ces conditions, elle ne dégage point d'oxygène, il est probable que, par le fait de l'ébullition, elle s’unit d’une manière définitive à l'oxygène qu'elle renfermait jusque-là sous une forme transitoire. 2° En agitant l'essence dans un vase clos ou sur le mer- cure avec du pyrogallate de potasse : l’action est immédiate. 3° En agitant à froid ou à 100° avec un excès de teinture d’indigo l'essence contenue dans un vase scellé; il est néces- saire de prolonger l’action pendant une demi-journée ou même pendant un jour entier. L'essence dépouillée de ses propriétés oxydantes cesse o1 d'agir sur l’indigo, sur le mercure et sur le pyrogallate de: potasse, pourvu qu'elle n'ait pas le contact de l’air dans l'intervalle. Pour constater nettement cette inactivité 1l est nécessaire d'ouvrir sur le mercure les vases qui renferment l'essence rendue inactive et de transvaser celle-ci à l’abri de tout contact de l'air, par exemple à l’aide de la pipette Doyère. Si l’on veut éviter également le contact du mercure, on ouvre sur l’eau bouillie ou saturée d’acide carbonique pur, et on trans- vase dans des flacons ou dans des matras remplis d’acide car- bonique. J’a cherché s’il y avait quelque différence physique entre l'essence active et la même essence rendue inactive ; mais je n'ai trouvé aucune différence. Les pouvoirs rotatoires, notam- ment, sont les mêmes dans les deux cas. Voici les nombre observés, dans les mêmes conditions : Essence type «— 159,3; La même ayant oxydé l'indigo à 100° avec le con- cours de l'air —15°,0 La même ayant épuisé son action sur lindigo à 100° dans un matras scellé et devenue ainsi inactive m7 La même ayant épuisé son action à froid sur Pin- _ digo dans un matras scellé et devenue ainsi inactive —-15°,3. Cette identité de propriétés me paraît due à la circonstance suivante : la portion vraiment active de l'essence ne comprend point la totalité de la masse, mais seulement une fraction ex- cessivement minime. En effet, je montrerai plus loin que l’es- sence douée des propriétés oxydantes qui a été examinée ci-dessus renfermait seulement la moitié de son volume d'oxygène actif, c'est-à-dire -— de son poids ou :5 d’équi- valent. La diversité d’une portion de matière aussi faible n’influe pas suffisamment sur les propriétés physiques de l’ensemble pour devenir manifeste en les modifiant. III. -— Reste à examiner la nature véritable de l’action oxy- dante exercée par l’essence de térébenthine. On peut se poser à cet égard quatre questions principales : 52 1° L’essence s’oxyde pour son propre compte et, eu même temps qu’elle s'empare d’une portion de l’oxygène, elle en modifie une autre portion et lui communique les propriétés de l'ozone. C’est ce qui arrive, par exemple, avec le phosphore. — Ce serait cet oxygène demeuré libre, mais modifié, qui oxy- derait l’indigo. Mais l'oxygène uni à l'essence n’interviendrait pas dans le phénomène. 20 L’essence qui s’oxyde et l'oxygène auquel elle s’unit, avant de former une union définitive, Contractent une pre- mière combinaison définie, mais peu stable et transitoire. L’oxygène ainsi combiné peut se porter sur certains autres corps et les oxyder avec plus d'énergie que ne pourrait le faire l'oxygène libre. Dans cette explication le rôle de l'essence vis- à-vis de l’indigo serait le même que celui du bioxyde d’az te en présence de l'air vis-à-vis de l’acide sulfureux dont il dé- termine la transformation en acide sulfurique. 3° L’essence peut condenser l'oxygène d’une façon spéciale intermédiaire entre la dissolution et la combinaison, ce dont les globules du sang offrent un exemple incontestable. Cet oxygène peut redevenir libre par l'emploi des méthodes qui dégagent les gaz de leurs dissolutions. Il peut aussi exercer sur certains corps une action plus énergique que l’oxygène libre : on admet même cette activité propre dans l'oxygène des globules du sang, mais sans preuves suffisantes. 4° L'essence qui s’oxyde peut, au même moment, et par une sorte d'entraînement, déterminer l’oxydation d’un autre prin- cipe sans que l'oxygène libre soit modifié préalablement et sans qu'il s'engage d’abord dans une combinaison peu stable, ou dans une dissolution, intermédiaires obligés de son action. C'est ainsi que le chlore sec, incapable d'agir directement sur l'acide sulfureux sec, s’y combine cependant si l’on ajoute au mélange du gaz oléfiant avec lequel le chlore peut s'unir direc- tement. Les divers effets qui viennent d’être énumérés pourraient exister séparément ou se trouver réunis dans l’action oxy- dante exercée par lessence de térébenthine. Pour discuter ces divers problèmes, je me suis livré à un 29 grand nombre d'expériences dont je vais rapporter les plus décisives. Dans une première série d'épreuves, j'ai opéré les oxyda- üons avec le contact de l’air : Les résultats de cette série ont été rapportés plus haut. Plusieurs effets distincts s’y trouvent con- fondus, à savoir l'oxydation qui peut être produite par l'oxy- gène réellement condensé dans l’essence, qu'il y soit dissous ou combiné ; et celle qui peut résulter de celle de l'oxygène de l'air modifié au contact ou bien entraîné, ou bien enfin contractant avecl’essence une dissolution ou une combinaison transitoire. Voici comment j'ai cherché à démêler ces divers effets : J'ai déterminé d'abord le pouvoir oxydant de l’essence elle- même, indépendamment de toute action de l'oxygène de l'air. J'ai employé dans ce but l’indigo et le pyrogallate de potasse. Indigo. On prend un volume connu d’essence, 5°° par exem- ple, on l’introduit dans un matras dont le col étranglé sur un point se termine par une sorte d’entonnoir; on introduit dansle matras de l’eau distillée récemment bouillie; on fait arriver au fond du matras, sous la couche d’eau, à l’aide d’un tube effilé, 1 d’une solution titrée d’indigo ; on achève de remplir pres- que entièrement le matras avec de l’eau bouillie, en évitant avec soin de mélanger les liquides qu'il renferme ; on place le matras, sans l’agiter, dans un bain-marie dont on élève graduellement la température jusqu’à 100°; on l'y maintient pendant quelques minutes. Les liquides intérieurs se dilatent sans se mélanger sensiblement. Quand l’équilibre de tempéra- ture est suffisamment établi, on introduit dans le matras en- core un peu d'eau bouillie, de façon à amener le liquide jusque dans la partie étranglée; on fond aussitôt celle-ci au chalumeau, un peu au-dessus de la surface du liquide. On obtient ainsi un vase clos, renfermant de l'essence, de l’eau, de l’indigo, et privé d’air, si l’on excepte le volume insignifiant contenu dans l’effilure. D'ailleurs ce vase est complétement rempli-à 100°, et non à la température ordinaire, ce qui pré- vient tout risque de rupture due à la dilatation du liquide in- térieur, dans les expériences subséquentes. Enfin les précau- tions prises préviennent complétement ou à peu près toute 04 réaction préalable de l'essence et de l'indigo, réaction dans laquelle on pourrait suspecter l'intervention de Pair. Dans tous les cas, on dispose simultanément quatre ou cinq de ces matras contenant l’un : 1° de solution d’indigo titré, l'autre 4°, l’autre 8°, l’autre 12, le dernier 16‘, etc. Après avoir scellé les matras, on les chauffe à 100° et on les agite vivement. Au bout d’un certain temps la décoloration est com— plète dans plusieurs matras; elle est incomplète dans les au- tres. On prolonge pendant plusieurs heures, et on réitère l'épreuve le lendemain, de façon à acquérir la certitude que les derniers ne se décoloreront point par un contact ultérieur, quelque prolongé qu'il soit. — On obtient ainsi deux limites entre lesquelles se trouve compris le pouvoir oxydant de l’es- sence ; par exemple, il est compris entre 8‘ et 12€ d’indigo titré. Une nouvelle série, semblable à la première, mais dans laquelle on opère seulement sur 96, 10, 11cc, 12° d’indigo titré, permet d’assigner la limite à 1° près ; et on peut pousser plus loin encore l’approximation. On a reconnu que l'échantillon employé dans la plupart des expériences précédentes pouvait céder à l'indigo un volume d'oxygène précisément égal à la moitié du volume de l’essence active. Cette proportion varie avec les échantillons, comme on pouvait s’y attendre. En même temps que les essais précédents, on a fait une série d'expériences semblables exécutées à froid, avec des ma- tras remplis avec les mêmes précautions, mais à la tempéra- ture ordinaire et sans les porter jamaïs à 100°. Cette série conduit exactement au même résultat que la série précédente. Pyrogallate de potasse. Une autre série d'expériences des- tinées à mesurer les propriétés oxydantes de l'essence a été faite avec le pyrogallate de potasse. Trois procédés ont été ici employés : 1° On introduit sur le mercure dans une éprouvette graduée un vol. déterminé d’une solution concentrée d'acide pyrogal- lique, un fragment de potasse, puis un volume mesuré d’es- sence. On agite le tout pendant quelques minutes ; le pyro- gallate de potasse noireit aussitôt et s'empare de l'oxygène actif contenu dans l'essence. 99 Cela fait, on introduit dans l’éprouvette un volume connu d'oxygène et on détermine la proportion de cet oxygène qui se trouve absorbée, en agitant pendant un quart d'heure. On s'arrange à l'avance de façon à opérer sur un volume d'acide pyrogallique tel que la proportion non oxydée par l’es- sence soit faible, quoique très appréciable. L’oxygène ainsi absorbé en dernier lieu se compose de deux parties : une portion principale qui se combine au pyrogallate de potasse et une autre partie qui se dissout dans l'essence. - Une épreuve semblable opérée sans essence fait connaître la proportion totale d'oxygène absorbable par le volume employé d'acide pyrogallique. Cette proportion est difficile à mesurer avec la dernière précision parce que l'absorption de l’oxygène par les dernières portions d’acide pyrogallique est très lente; cependant l'incertitude est comprise entre des limites assez resserrées. Enfin dans une autre épreuve, on introduit sur le mercure un volume d'essence désoxydée par l'acide pyragallique et on détermine combien d'oxygène elle absorbe dans le même espace de temps et dans les mêmes conditions que la pre- mière épreuve. On établira plusloin que la proportion d'oxygène absorbée dans ces dernières conditions est simplement dissoute et peut être re- dégagée en opérant convenablement. C'est une fraction minime de la quantité précédente. Cela fait, on connaît trois choses : a. Le volume d'oxygène absorbable par l'acide pyrogallique employé ; b. Le volume absorbable dans les conditions de l'expérience par l'essence désoxydée ; c. Le volume absorbable par l'acide pyrogallique et par l’es- sence réunis, après que le pyrogallate de potasse a désoxydé l'essence. Si l’on retranche ce dernier volume de la somme des deux précédents, la différence représentera le volume d'oxygène cédé par l’essence au pyrogallate de potasse; sans être connu avec une extrème précision, comme on peut l'inférer des dé- tails ci-dessus, cependant ce volume est déterminé avec une approximation suffisante, et 1l a été trouvé sensiblement égal 90 au volume d'oxygène cédé par la même essence à la solution d'indigo, c’est-à-dire à la moitié du volume de l'essence em ployée. | Dans l'épreuve, telle qu’elle vient d’être décrite, le mercure se trouve en contact avec l'essence durant sa réaction sur le pyrogallate de potasse. Comme ce métal aurait pu prendre une portion d'oxygène pour son propre compte, j'ai jugé nécessaire de faire d’autres expériences dans des conditions différentes. 2° Dans l’une, j'ai opéré comme avec l’indigo, c’est-à-dire, j'ai introduit dans un matras la solution pyrogallique conte- nue dans un petit récipient; j'ai placé la potasse à côté; j'ai rempli le matras avec de l’eau bouillie, j'ai ajouté l’es- sence, etc., enfin j'ai scellé le matras; j'ai opéré à 100. J'ai agité pour mêler les produits, et quand la réaction a été ter- minée, j'ai ouvert le matras sur le mercure et déterminé la proportion d'oxygène libre que les liquides qu’il renfermait: étaient susceptibles d'absorber. D'où j'ai déduit comme ci- dessus l’oxygène cédé par l’essence au pyrogallate de potasse. 3 J'ai fait la même expérience à froid. Les résultats des expériences 2° et 3 se sont accordés avec ceux de l'expérience 1° etavec ceux des expériences faites avec l'indigo. Cet accord de tous les résultats est fort précieux dans des phénomènes aussi particuliers et aussi délicats. Il est nécessaire del’obtenir pour être autorisé à tirer quelque conclusion géné- rale relativement à l’état de l'oxygène condensé dans l'essence. Après avoir déterminé par les expériences précédentes la proportion d'oxygène apte à agir sur l’indigo, que renferme l'essence de térébenthine, je me suis demandé si cet oxygène y est simplement dissous comme dans l’eau, s’il s’y trouve dans un état intermédiaire entre la dissolution et la combinai- son, comme dans les globules du sang, ou bien s’il y est con- tenu dans une combinaison réelle, mais peu stable, tel par exemple que l'oxygène combiné au bioxyde d'azote dans l’a- cide hypoazotique. Voici les expériences que j'ai faites pour discuter ces ques- tions. J'ai d'abord tâché de dégager l'oxygène de l'essence, soit parla chaleur, soit en le déplaçant à l’aide d'un autre gaz. lo J'ai pris un certain volume d’essence oxydante, j'en ai 91 rempli entièrement un ballon, puis j'ai porté l'essence à l'é- bullition et recueilli sur le mercure les gaz dégagés. 100% d'essence ont aussi fourni 13% environ d'azote pur sensiblement exempt d'oxygène et d'acide carbonique. D'où il semblerait résulter que l'essence examinée ne renfermait pas d'oxygène simplement dissous; mais cette conclusion pour- rait être révoquée en doute, car l'essence, après avoir éprouvé l'ébullition (1602), avait perdu ses propriétés oxydantes. Ilserait donc possibleque sous l'influence de la chaleur l'oxygène sim- plement dissous fût entré en combinaison définitive. A la vérité l'essence chauffée seulement jusqu'à 100° conserve son acti- vité ; mais en la maintenant à cette température je n’ai réussi à en dégager aucun gaz en proportion sensible. 2° Reste la méthode de déplacement des gaz dissous dans l'essence par un autre gaz. J'ai pris 20° d'essence, je les ai introduits dans une éprouvette sur le mercure et je les ai agités avec 20° d'acide carbonique pur, puis j'ai enlevé le gaz avec une pipette Doyère et je l’ai remplacé par 20° nouveaux d'acide carbonique. J’ai encore agité, puis enlevé les gaz. Les premiers gaz enlevés ont été traités par la potasse pour absor- ber l'excès d'acide carbonique; après ce traitement , il est resté 1,6 de gaz, 1,6 Le pyrogallate de potasse a réduit le volume à RES Les derniers gaz enlevés, après l’action de la potasse, ont laissé seulement gs d'azote, exempt d'oxygène. En résumé les 20% d'essence ont dégagé 1°°,7 d’azote et 0c,1 d'oxygène dans les conditions décrites ci-dessus. Or, ces 20° d'essence pouvaient céder à l’indigo et. au pyro- gallate de potasse 10cc d'oxygène , C'est-à-dire 100 fois autant. On voit que cet oxygène n’est point susceptible d’être déplacé par l'acide carbonique. Ce caractère l’éloigne de l'oxygène condensé dans les globu- les du sang, car cet oxygène peut être déplacé par d’autres gaz. Cen’est pas tout: d’après les expériences de M. CL. Bernard, l'oxygène des globules peut être, en vertu d’une action spé- ciale, entièrement dégagé sous l'influence de l’oxyde de car- bone, même employé en petite quantité; j'ai essayé l’action Extrait de l’Institut, 17e section 1859, 8 08 de ce gaz vis-à-vis de l'essence de térébenthine, mais il nen a point dégagé plus d'oxygène que l'acide carbonique. C’est une nouvelle différence entre l'oxygène des globules du sang et l’oxygène uni à l’essence de térébenthine. 3° Avant d'admettre définitivement une telle différence en- tre l'oxygène des globules et celui de l'essence de térében- thine, j'ai cru nécessaire de faire une contre-épreuve et de m'assurer si l'essence peut dissoudre l'oxygène dans des con- ditions telles qu’elle puisse le dégager ensuite sous la seule influence du déplacement par l'acide carbonique. A cet effet j'ai pris 20° d'essence douée des propriétés oxydantes, et je les ai agités sur le mercure avec 20% d'oxygène ; j'ai enlevé l'excès de ce gaz avecune pipette Doyère, j'ai introduit 20 nou- veaux centimètres cubes d'oxygène et agité, puis sans attendre davantage, j'ai transvasé l'essence avec une pipette Doyère et je l’ai agitée à trois reprises successives avec son volume d’a- cide carbonique, et j'ai fait l'analyse des gaz dégagés. Le pre- mier gaz renfermait 2508 d'oxygène ; le deuxième Le) Je troisième Occ,1 En tout 3,8 J'ai fait encore l'expérience suivante. J'ai agité l'essence à olusieurs reprises avec un grand volume d'acide carbonique, afin d'éliminer les gaz qu’elle contenait. Elle a dissous à la place une proportion considérable d'acide carbonique; puis je l'ai agitée avec de la potasse pour éliminer l’acide carbonique; l’es- sence s’est ainsi trouvée purgée de tout gaz dissous. Alors je l'ai enlevée avec une pipette Doyère et je l'ai agitée avec de l’oxy- gène ; dans l’espace de quelques minutes elle en a absorbé 19 centièmes environ de son propre volume, ce qui s’acéorde sen- siblement avec le résultat précédent. Seulement il est néces- saire de ne point prolonger pendant plusieurs heures, ni sur- tout pendant plusieurs jours le contact de l'essence et de l'oxygène, parce que ce gaz finirait par entrer en combinaison chimique véritable, ets’absorberait d’une manière graduelle et continue pendant un temps fort long et en proportion consi- 29 dérable ; la portion ainsi combinée ne pourrait plus évidem- ment être déplacée de nouveau. On remarquera le procédé employé ci-dessus comme pro- pre en général à purger un liquide des gaz qu'il peut renfer- mer en dissolution sans recourir à l’ébullition. Il suffit de dé- placer ces gaz par l'acide carbonique employé d'une manière . réitérée, puis d’agiter le liquide avec la potasse qui enlève cet acide. On voit que la seule condition ici nécessaire c’est l’inso- lubilité dans le liquide de l'agent destiné à éliminer le gaz qu'il renferme en solution. Les faits que je viens d'exposer prouvent que l'essence peut dissoudre l’oxygène sans s'y combiner immédiatement et sans perdre aussitôt la propriété de le dégager par voie de dépla- cement. L'oxygène ainsi simplement dissous est distinct de l'oxygène doué des propriétés oxydantes vis-à-vis de l’indigo, car on a vu plus haut que, dans l'essence examinée, son volume n'é- tait guère que la = partie de l'oxygène actif. Ce dernier est d’ailleurs très supérieur au volume de l’oxygène simplement soluble; car l'oxygène soluble n’atteint pas le : du volume de l'essence ; tandis que l'oxygène actif peut s'élever à la +, Enfin l'oxygène actif se trouve dans l'essence avec des propriétés fort différentes de celles qu'il possède dans les globules du sang, car ce dernier est déplaçable par un autre gaz et l'oxygène actif de l'essence ne l'est point. L'oxy- gène actif contenu dans l'essence s’y trouve sans doute con- tenu dans une combinaison peu stable. Cette combinaison n'a pu être isolée de façon à acquérir une certitude complète re- lativement à son existence isolée. Mais on peut s’en former une idée par voie de comparaison. Le composé dont on peut à plus juste titre rapprocher cette combinaison serait l'acide hy- poazotique formé par l'union de l'oxygène et du bioxyde d'azote et apte à oxyder un grand nombre de corps que l'oxygène libre ne pourrait oxyder. On remarquera que l'essence peut contenir de l'oxygène sous trois formes : 1° De l'oxygène simplement dissous et déplaçable par un autre gaz : 60 20 De l'oxygène engagé dans une combinaison peu stable et apte à se porter sur certaines matières suroxydables, telles que l’ndigo et le pyrogallate de potasse ; 3 De l'oxygène définitivement combiné sous forme de composés résineux privés de la propriété d'agir sur l'indigo. Ces faits jettent beaucoup de lumière sur l’action oxydante exercée par l'essence non-seulement à l’état isolé, mais aussi avec le contact de l’air. En effet, l’action oxydante exercée dans ce dernier cas ne peut guère être envisagée comme un phénomène d’entraîne- ment pur et simple provoqué par l'oxydation simultanée de l'essence, car l'expérience prouve que l'essence oxydée jouit précisément des propriétés oxydantes voulues, ce qui autorise à la regarder comme l'intermédiaire nécessaire de l'oxydation. Cette conjecture fort vraisemblable expli- que tous les phénomènes sans autre hypothèse. Elle écarte également l'opinion d’après laquelle l'oxygène en agis- sant sur l'essence acquerrait les propriétés de l'ozone. C’est là une hypothèse qu'aucun fait connu jusqu'ici ne vient ap- puyer et qui n'est encore nécessaire à l'explication d’aucun phénomène. Mais le fait le plus saillant, celui d'un composé organique oxydable doué de propriétés oxydantes vis-à-vis d’au- tres composés organiques et apte à leur transmettre l'oxygène de l’air qu'ils n’absorberaient point directement n'en subsiste pas moins, avec des caractères nouveaux propres à le préciser et à lui assigner sa physionomie véritable. » Séance du 22 octobre 1859. CHimiE. — Dans cette séance, qui a été la premuère après deux mois de vacances, la Société a entendu la communica- tion suivante de M. Berthelot sur le protosulfure de carbone. «Il y a deux ans, M. E. Baudrimont annonça avoir découvert un nouveau gaz qui aurait échappé jusqu'ici aux recherches des chimistes, le protosulfure de carbone. En répétant les expériences de cet auteur, je n'ai point réussi à reproduire les mêmes résultats; mais, à la place du gaz nou- veau, j'ai obtenu seulement des mélanges variables de gaz déjà connus, tels que l’oxyde de carbone, l'hydrogène, l'air des ü1 appareils, etc., le tout chargé de vapeur de sulfure de car- bone qui communique à ces mélanges des apparences toutes particulières. Parmi les expériences que J'ai faites sur cette question, Je citerai seulement les suivantes; elles ont été exécutées sur un produit préparé par le procédé que M. Baudrimont avait dési- gné comme le plus favorable. {re expérience. Dans un tube de porcelaine rempli de pierre ponce et chauffé au rouge, j’ai fait passer lentement la vapeur du sulfure de carbone et j’ai recueilli les gaz sur le mercure. Durant cette opération l'air dilaté des appareils se dégage d’abord, puis viennent des gaz particuliers. Ils sont accompa- gnés par une proportion considérable de sulfure de carbone non décompose. J'ai fait l'analyse des gaz recueillis en dernier lieu et j'ai trouvé que ces gaz étaient formés par de l’oxyde de carbone pur, saturé de vapeur de sulfure de carbone. Leur composition a été déterminée conformément aux méthodes générales que j'ai données pour l'analyse des gaz carbonés. On isole un certain volume de gaz examiné, en se servant de la pipette Doyère ; on l’introduit dans un tube gradué, on le mesure et on y fait passer un petit fragment de potasse, une goutte d’eau, ce qui ne produit dans le cas présent aucune diminution de volume sensible (1), puis quelques gouttes d’al- cool ; la vapeur du sulfure de carbone est alors absorbée im- médiatement et complétement. On transvase le résidu gazeux, on le lave avec un peu d’eau pour enlever les vapeurs d’alcool et on le mesure. La diminu- tion de volume qu'il a éprouvée répond à la vapeur du sulfure de carbone. Le résidu gazeux est brûlé dans l’eudiomètre ; il fournit son volume d’acide carbonique en absorbant la moitié de son volume d'oxygène, nombres qui répondent à l’oxyde de car- bone. (1) Ceci prouve que le gaz analysé ne renfermait ni acide carbonique, ni acide sulfureux. Il en serait autrement si l’on opérait sur les premières parties recueillies, lesquelles ont éprouvé l’action de l'oxygène de Hais des appareils. 62 Voici les résultals numériques : (1) 108 volumes du gaz primitif, traités par la potasse hu- mectée d'alcool, se sont réduits à 63,5 volumes. (2) 21 volumes du gaz privé de vapeur de sulfure de car- bone ont été mélangés dans l’eudiomètre avec 5» volumes d'oxygène ; ce qui fait en tout 76 volumes. On a fait passer l’étincelle électrique dans ce mélange, et le tout s’est réduit à 65 volumes. On a introduit dans le tube un fragment de potasse humectée pour absorber l’acide carbonique, ce qui a réduit le gaz à 44 volumes. Enfin l’on a ajouté une solution concen- trée d'acide pyrogallique pour absorber l'oxygène excédant et déterminer, sil y avait lieu, le volume de l'azote. Celui-ci a été trouvé sensiblement nul. D'où l’on conclut. que le volume du gaz, privé de vapeur de sulfure de carbone, s'élevant à 21 Il a fourni un volume d’acide carbonique égal à 65 — 44 — AL Et la diminution totale, somme du gaz brülé et de l'oxygène employé à le brüler, était égale à 76 — 44 — AE Enfin le gaz était entièrement combustible, puisqu'il n’a point laissé de résidu d'azote. Ces nombres répondent à l’oxyde de carbone, car un volume de ce gaz égal à 21 produit un volume d’acide carbonique égal à 21 et une diminution totale égale à 32,5. Ils sont d'autant plus décisifs que l’oxyde de carbone est, avec l'hydrogène, celui de tous les gaz combustibles qui ab- sorbe le moins d'oxygène et qui donne lieu à la plus petite diminution totale. Un gaz CS exigerait 2 volumes d'oxygène et produirait une diminution totale égale à 3 volumes. 63 En résumé, d’après les résultats ci-dessus, 100 volumes du gaz analysé renferment : Vapeur de sulfure de carbone A1 100 Oxyde de carbone 29 Dans l’analyse qui précède, on a admis que la portion du gaz absorbable par la potasse humectée d’alcool est de la va- peur de sulfure de carbone. Cette opinion est conforme aux propriétés connues de cette vapeur et à sa présence nécessaire dans le gaz analysé; car ce gaz se dégage en présence d'un excès de sulfure de carbone liquide non décomposé, et il en est inévitablement saturé. Toutefois on a cru utile d'appuyer cette opinion par des épreuves numériques. Ces épreuves ont porté sur trois points, à Savoir : 1° Sur la saturation normale des gaz analysés par la vapeur du sulfure de carbone, dans les conditions des expériences ; 2° Sur l’analyse eudiométrique du gaz primitif, avant qu'il ait subi aucune espèce de traitement ; 3° Sur l’action que le protochlorure de cuivre exerce vis-à- vis du gaz primitif. 1° On isole un certain volume du gaz primitif, on le traite par la potasse humectée d’alcool. Dans le résidu lavé à l’eau et mesuré, on introduit une goutte de sulfure de carbone. Ce volume augmente aussitôt, et il redevient sensiblement égal, dans les mêmes conditions, au volume du gaz primitif avant qu'il ait subi aucun traitement. En effet, un volume du gaz primitif égal à 74 traité par la potasse et l'alcool s’est réduit à 44 L’addition du sulfure de carbone l’a reporté à 190 Cette expérience est décisive, car elle montre que le gaz primitif renferme une proportion de vapeur de sulfure de car- bone égale à celle qui peut le saturer dans les mêmes condi- tions. Or, le gaz primitif en est nécessairement saturé, d'après les circonstances mêmes de sa préparation. Donc la portion absorbable par la potasse humectée d’alcool représente uni- quement la vapeur du sulfure de carbone. 2° On arrive au même résultat par une autre méthode fondée sur les analyses eudiométriques comparées du gaz primitif et 64 du même gaz privé de la portion absorbable par la potasse et l'alcool. En effet, si l’on retranche les résultats de la seconde analyse de ceux de la première, on connaît immédiatement la propor- tion d'oxygène nécessaire pour brûler la portion absorbable par la potasse alcoolique. Or cette proportion correspond exactement au sulfure de carbone. Voici les nombres : Un volume du gaz primitif égal à 67 a exigé pour brûler un volume d'oxygène égal à 101. Ces 67 volumes se composent de 2 parties, à savoir, d’une portion absorbable par la potasse et l'alcool, laquelle s'élève à 2735 et d'une autre portion formée par l’oxyde de carbone pur, laquelle s’élève à 39,5. Ce volume d'oxyde de carbone s’unit à un vo- lume d'oxygène égal à 19,5 Donc la portion absorbable par la potasse et l'alcool à exigé pour brûler un volume d’oxy- gène égal à 101 — 19,5 — 81,5 Or, le tiers de ce dernier volume est égal à 272 c’est-à-dire sensiblement égal au volume 27,5 de la portion dont il opère la combustion. C’est précisément le résultat que doit fournir la combustion de la vapeur du sulfure de carbone Au lieu d'employer les résultats de cette analyse pour éta- blir la composition de la portion gazeuse absorbable par la potasse alcoolique, on peut au contraire s’en servir pour dé- montrer que ce réactif ne change point la nature du gaz qu'il n’absorbe point. En effet, la présence de la vapeur du sulfure de carbone étant admise comme un fait nécessaire et sa proportion étant déterminée par les premiers essais, on peut dès lors regarder comme connu le volume d'oxygène employé dans sa combus- tion et par suite le volume d'oxygène nécessaire pour brûler le gaz inconnu qui est mélangé avec cette vapeur. Appliquons ce calcul aux nombres de l’analyse ci-dessus : 4