pe fo Le dates SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. ANNÉE 1861. EXTRAIT DE L'INSTITUT, JOUBNAL UNIVERSEL DES SCIENCES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE ET A L'ÉTRANGER. 17e Section.—Sciences mathématiques, physiques et naturelles. Rve du Marché-St-Honoré, 7, à Paris. SU (Ds — F- f 1 a JL @ % BL à SNS SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. À a Mi EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT L'ANNÉE 1861. re Pi RE NE à PARIS, | IMPRIMERIE DE COSSON ET COMP.. RUE DU FOUR-SAINT-GERMAIN, 44 1861. f SEP 07 108 LIBRARIES ar nsreau À CinrAnO:) é SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS. SÉANCES DE 1861. Séance du 12 janvier 1861. GÉOMÉTRIE. — M. Catalan a fait à la Société dans cette séance la communication suivante : Soient m, p, q et & des nombres entiers, tels que l’ôn ait = pm, Le m, Mm—2k= 9%; Soit, dans le développement de (1+4-1)", S: la somme des termes de rangk+1,ktp+1;:k+12p+Tl,..Ona T T 2% T pr T cas" cos q — + cos — cos 29 — À... cosn — cospq — DE Aa À d. to a =, 9m En particulier, la fonction contenue dans le premier membre se réduit à p. m(m—1)… —— + 1) AS AE DO RARE Par exemple, , lorsque £+p surpasse m1. 1% Ar _. Ole nel _£T Dé FC + cost3 ii cos 4" cos’ 11 —+ cost8 7 cos 7r— g13" 256: Extrait de l’Institut, Are section, 1864. 4 6 CHIMIE ORGANIQUE. Nouvel acide obtenu par l'oxydation de la nitrobenzine. — MM. S. Cloëz et Ernest Guignet ont fait aussi dans cette séance la communication suivante, relative au nouvel acide qu'ils ont obtenu et dontils décrivent les pro- priétés. La nitrobenzine est oxydée à l’ébullition par une dissolution de permanganate de potasse, comme nous l’avons annoncé dans une précédente communication. [Il se forme du carbo- nate, de l’oxalate et du nitrate de potasse, plus un sel de po- tasse contenant un acide particulier très peu soluble dans l’eau. . Cet acide se précipite quand on ajoute de l’acide chlorhy- drique à la dissolution séparée par filtration de l’oxyde de manganèse. Quand on fait bouillir de la nitrobenzine avec une dissolu- tion de permanganate de potasse, il se produit des soubre- sauts assez violents qui rendent l’opération un peu difficile à conduire. Aussi avons-nous cherché à remplacer le perman- ganate par un autre agent d'oxydation. Un mélange d’acide nitrique et de bichromate de potasse attaque facilement la nitrobenzine à la température de l’ébul- lition, qui cette fois a lieu sans le moindre soubresaut. Il faut avoir soin de mettre la nitrobenzine en grand excès. L’opéra- tion est terminée quand la couleur orangée du bichromate a complétement disparu pour faire place à la couleur verte du nitrate de chrome. C’est sans doute à cause de la solubilité de la nitrobenzine dans l'acide nitrique que l’oxydation par l'acide chromique du bichromate peut s’opérer plus facilement que parle permanga- nate. En effet, si l’on remplace l’acide nitrique par l'acide sul- furique étendu d’eau, qui ne dissout presque pas de nitroben- zime, la réduction du bichromate n’est complète qu'après plu- sieurs jours d’ébullition. Le produit de la réaction est d’ailleurs de même qu'avec l’acide nitrique. Le nouvel acide, étant soluble à chaud dans la nitrobenzine, se dépose, par le refroidissement, en petits cristaux blancs qui restent en suspension dans l'excès de nitrobenzine em- ployée dans la réaction. On sépare cette nitrobenzine et on l l'agite vivement avec un excès d'ammoniaque qui dissout ie nouvel acide, plus un acide formant un sel jaune foncé, qui ressemble beaucoup à l’acide picrique. La dissolution ammoniacale est précipitée par l'acide chlorhydrique. Le nouvel acide se dépose, on le lave à l’eau distullée afin d'enlever le selammoniac et en même temps l’a- cide jaune qui l'accompagne. La dissolution de nitrate de chrome est traitée de la même manière, elle donne aussi une certaine quantité du même acide. Voici quelles sont les principales propriétés de ce nouveau produit : Il est incolore, d’une saveur acide et un peu amère; il se présente en fines aiguilles groupées irrégulièrement. Il est fu- sible à une température peu élevée et volatil sans résidu ; il cristallise très nettement, par sublimation, en aiguilles bril- lantes et flexibles. Très peu soluble dans l’eau froide, plus soluble dans l’eau bouillante, il se dissout aisément dans l’al- cool, l’éther, la nitrobenzine. Il est soluble à chaud dans l'acide acétique et cristallise par le refroidissement. Plusieurs analyses exécutées sur divers échantillons du nou- vel acide provenant soit de l’action du permanganate, soit de celle du bichromate de potasse sur la nitrobenzine, nous ont conduit à la formule : C18 H7 (Az O#) O6. Les analyses ne s'accordent pas avec la formule de l’acide nitrophénique, ni avec celle de l'acide nitrobenzoïque dont les propriétés présentent une certaine analogie avec celles de notre nouvel acide. Pour établir la formule avec certitude, nous nous occupons d'analyser le sel d'argent et d'étudier les transformations que les agents d’oxydation ou de réduction pourront faire subir à ce nouveau produit. Si nos expériences ultérieures confirment la formule précé- dente, le nouvel acide devrait être regardé comme un produit d’oxydation de l'acide nitrocinnamique : C!8 H7 (Az O4) O4, Nous avons d’ailleurs opéré sur la nitrobenzine du com- merce; et l'acide que nous avons étudié peut provenir de l'oxydation d’un corps étranger contenu dans ce produit. Séance du 26 janvier 1861. Percement du mont Cénis. —M. de Caligny a annoncé dans cette séance, d’après des lettres qu'il a reçues de Piémont, de Suisse et de Savoie, que les machines à comprimer de l’airau moyen des chutes d’eau établies pour le percement du mont Cénis sur le versant italien ont donné un résultat satisfaisant, ou que du moins on en a essayé cinq avec succès. Déjà M. Daniel Colladon, de Genève, lui avait écrit, le 12 décem- bre dernier, qu'on était content du peu de réparations qu'avait entrainées le jeu prolongé du premier compresseur mis en essai. On lit d’ailleurs dans le journal l’Italiano du 23 décembre : « Dalla parte di Bardoneche sono gia montati cinque compres- » sori, chevennere sperimontati, ed 1l cui risultato non poteva » essere piu soddisfacenti, » d’après un rapport de M. l’ingé- nieur en chef Ranco, du 29 novembre dernier. Mais sur le versant français les machines ne sont pas encore montées, et M. de Caligny croit devoir critiquer la disposition d’après laquelle, au lieu d'appliquer directement des compresseurs à une chute d’eau, il est vrai beaucoup moins grande que celle du versant italien, on commence par élever de l’eau avec des pompes mues par des roues hydrauliques, pour former une chute motrice factice égale à celle de ce dernier versant. Il soutient que cela est une faute grave, qu’on aurait facilement évitée, en choisissant pour le versant français une autre de ses machines à comprimer de l’air au moyen des chutes d’eau. On a adopté, dit-il, pour Bardonèchele principe d’oscillation dans un siphon renversé à trois branches. M. de Caligny croit que le principe d’oscillation à écoulement extérieur avant chaque période aurait été d’une application très facile à la chute d’eau dont il s’agit pour le versant français, d'autant plus que le Sy ane est si simple qu'il peut même n'avoir à la rigueur qu'une seule pièce mobile, sauf les soupapes à air. CHIMIE. — M. d’Almeida a fait aussi dans cette séance la communication suivante : La propriété que possède le zinc amalgamé d’être presque inattaqué par l’acide sulfurique étendu d’eau est expliquée 9 généralement par une homogénéité de la surface du zinc ré- sultant de l’amalgamation. Toutefois cette homogénéité est difficile à comprendre. Ajouter un métal étranger, ce n’est pas enlever les impuretés existantes, c'est en introduire dans toute la masse, c’est provoquer une atiaque plus vive. Et si le zinc amalgamé résiste, l'aluminium amalgamé, loin d’être rendu inattaquable par les agents chimiques, devient, par le fait même de son amalgamation, analogue à un mélal alca- lino-terreux. Une autre théorie qui rendrait compte de la propriété du zinc amalgamé consiste à adinettre qu'il est préservé par une couche d'hydrogène du contact de l’acidé. Daniell, dans son mémoire sur la pile, fait cette supposition. Cette note a pour but de faire connaître des observations et des expériences nouvelles sur ce sujet. 1. En réalité, si l’on considère une lame de zinc amalgamé plongée dans l'acide sulfurique étendu, on reconnaît la pré- sence d’une couche d'hydrogène entourant le zinc. Il suffit de jeter les yeux sur cette lame pour s'en convaincre : le gaz se forme en‘bulles assez grosses pour qu’on les aperçoive. Ces bulles se dégagent peu à peu, et à mesure que l’une d'elles s'élève, de petites bulles la remplacent, grossissent et montent à leur tour après avoir atteint des dimensions suffisamment considérables. Lorsque l'acide sulfurique n'est pas très étendu, les bulles grossissent vite et se dégagent assez promp- tement. Enfin, lorsque par un moyen mécanique les bulles d hydrogène sont enlevées, de nouvelles se forment immédia- timent. Ainsi le zinc amalgamé est attaqué par l’acide sulfurique étendu, et ilest à penser que l'hydrogène adhérent le protége contre le contact de l'acide et ralentit l'attaque. Malgré tout, cette protection n’est pas complète, 2. Cette adhérence de l'hydrogène pour le zinc amalgamé semble résulter de l’'amalgamation, car elle a lieu avec tous les métaux amalgamés. On le reconnaît en décomposant l’eau et en prenant pour électrode négative une lame soit de cuivre, soit de plomb, soit de tout autre métal amalgamé d'avance. Extrait de l’Institut, A"° section, 1861. 2 10 L'hydrogène ne s'en détache que pémiblement et en grosses bulles. 3. On le démontre aussi en formant une pile dont le cuivre est amalgamé. Sur le cuivre l'hydrogène reste à mesure qu'il s’y développe et la pile s'arrête presque entièrement. 4. Le même effet est produit si l’on construit une pile avec du mercure purifié qui remplace le cuivre : l'hydrogène reste sur le mercure. 5. À quoi cette adhérence tient-elle ? C’est une adhérence du gaz pour les surfaces qui ne présentent aucune aspérité ou du moins aucune arête vive et saillante. Ces surfaces re- tiennent l'hydrogène. 6. On le démontre en contruisant une pile avec du zinc amalgamé et avec un métal poli, tel que l'argent, tel que le papier d’étain ; l'hydrogène reste adhérent sur le métak poli et la pile s'arrête. 7. Le zinc ordinaire parfaitement poli retient l'hydrogène comme le zinc amalgamé. Il n’est dès lors attaqué que lente- ment, du moins dans les premiers instants. À mesure que l'attaque a lieu, le métal se creuse peu à peu, les aspérités se ferment, se multiplient; l'hydrogène ne reste plus adhérent et le zinc est attaqué. C’est pour cela que, dans la préparation de l'hydrogène avec des lames de zinc, le dégagement est lent au début : les lames polies retiennent l'hydrogène et sont protégées. 8. Le zinc pur est très difficilement attaqué par l’acide sul- furique étendu. La même théorie en rend compte. En effet, le zinc pur s'attaque avec une telle régularité que sa surface devient polie, au point que, tout d’abord, on pourrait croire qu'il est tout fraichement amalgamé. On voit en même temps les bulles de gaz y adhérer et préserver le métal. De tout cela il résulte que le zinc amalgamé est très bien attaqué par l'acide sulfurique étendu d’eau ; mais l'hydrogène développé par suite de l'attaque est retenu à la surface et forme un vernis protecteur. 11 Séance du 16 février 1861. Paysique. — M. du Moncel a communiqué à la Société, dans cette séance, les résultats de ses recherches sur la déter- mination des constantes voltaiques. Dans un mémoire présenté à l'Académie des sciences dans sa séance du 11 février (1), j'ai démontré, dit-il, que, quand on emploie pour la détermination des constantes vol= taïques des boussoles rhéométriques à multiplicateurs, il faut faire subir aux formules ordinaires donnant la valeur ces con- stantes une correction en y introduisant un facteur £ dépen- dant du nombre de tours de l’hélice du multiplicateur. Alors les formules deviennent IL'(r—7) ,__tE en 1 HO. Toutefois, en attribuant à £ une valeur exclusivement en rap- port avec le nombre des ‘spires des hélices du multiplicateur, il serait difficile d'expliquer la valeur de la même quantité déduite de l'expérience et de la formule k va If: 17 (= (à (QE r”) ONCE TMREAN qui est toujours moins grande que celle qui résulte du rap- Ne p ni d nr, En effet, la moyenne des valeurs de 2 fournies par l'expé- rience a été 1,54 pour l’hélice de 50 tours comparée à l’hé- lice de 24, et 2,35 pour l’hélice de 100 tours comparée à l’hé- lice de 24. Or les rapports réels de ces hélices, eu égard à leur nombre de tours, sont, dans le premier cas, 2,08, dans le second, 4,17. Une différence aussi considérable prouve né- cessairement qu'il existe dans les effets des multiplicateurs sur l'aiguille de la boussole une cause particulière qui tend à af- faiblir l'augmentation de force produite par la multiplication (1) Voir l’Institut, n° du 44 février 4864. - , 12 des spires. Quelle est cette cause? C’est ce que nous allons examiner. Si l’on considère que l'hélice galvanométrique de 24 tours est la première enroulée sur le cadre du multiplicateur, que celle de 50 tours est enroulée en second lieu, enfin que celle de 100 tours enveloppe le tout, et qu'entre ces différentes hélices se trouve interposée une feuille assez épaisse de pa- pier isolant, on comprendra facilement que la distance moyenne des spires de chaque hélice par rapport à l'aiguille aimantée est différente pour chaque multiplicateur, et comme les forces électro magnétiques sont évidemment proportion- nelles aux carrés des distances, on aura par ce seul fait un décroissement de force assez marqué d’une hélice à l’autre qui devra heureusement être corrigé dans la formule donnant la : valeur de I, et qui pourra être d’ailleurs imputé au facteur t. Car si nous représentons par d ce nouveau coefficient, la for- mule donnant la valeur de [' sera t'E E ë (HÉRSRRE RPENTE (Ar pa} es Re Nat Supposons, pour fixer les idées, que la distance moyenne. des spires de la première hélice à l'aiguille aimantée soit & millimètres, que la distance moyenne des spires de la deuxième hélice soit 9 millimètres, enfin que cette distance soit pour la troisième hélice 11 millimètres. Comme l’action du courant s'effectue en dessus et en dessous de l'aiguille, les effets pro- duits seront doublés et devront être inversement entre eux 1 (832)2.:1(9 X 2), PI 0)2) c'est-à-dire: : : 256: 324 : 484. Par conséquent, pour que les effets des multiplica- teurs soient comparables, il faudra que le facteur £ soit divisé, 324 ASH 324 1 eo ARE pour la seconde hélic?, par DIX pour la troisième par DB6 ? ce qui donne, dans le premier cas, {= 1,58, dans le second cas t=9,91. Ces chiffres ne sont pas tout à fait semblables à ceux déduits de l'expérience, mais ils s’en rapprochent assez pour qu'on ne doive pas attribuer les légères différences que 13 l’on remarque à d'autres causes que celles qui sont la consé- quence de mesures approximatives. Quoi qu'il en soit, c'est toujours aux chiffres donnés par l'expérience qu'il faut s’en rapporter de préférence, car on ne peut faire entrer dans les calculs toutes les irrégularités de construction qui se présentent dans un instrument. D'ailleurs le facteur t, intervenant dans le dénominateur de la fraction exprimant la valeur de I comme multiplicateur de p, se trouve encore modifié quand on le déduit de l'intensité des courants comme cela arrive par l'emploi de la formule ÈS Xr/r (IT) SUR Il (ue 1”) Quant à la résistance intérieure de la pile, elle est toujours invariable, quel que soit le multiplicateur que l’on emploie, car dans l'expression _ Létrp) —Ié(rte) RE — "7; : tI—ir la quantité £ disparaît, et cette valeur ne peut même varier avec les multiplicateurs que par la quantité p, qui est toujours tellement petite relativement aux quantités r et r', qu’elle E s’efface naturellement. Il en résulte que les rapports TR qui expriment la valeur de [I peuvent être représentés par des fractions ou par des nombres fractionnaires, suivant l’instru- ment que l’on emploie, et qu'ils ne peuvent fournir de résul- tals comparables que quand on fait intervenir le facteur t. De là vient le désaccord apparent entre les chiffres donnés par les différents physiciens, et ce motif à lui seul montre la né- cessité qu'il y a de ramener l'évaluation des constantes au cas où le rhéomètre se compose d’un circuit faisant une seule révolution autour de la boussole. Toutefois nous devons dire que, pour la détermination des résistances R, la méthode d’Ohm est défectueuse quand on emploie des résistances r et r' considérables, parce que ces résistances s’effacent de- vant les résistances additionnelles, et les moindres erreurs d'observation frappent tellement les calculs qu’une variation : 14 d'une ou deux minutes dans l'intensité du courant entraîne souvent des différences de plusieurs centaines de mètres. El serait donc mieux de déterminer expérimentalement ces ré- sistances par la méthode du galvanomètre différentiel en introduisant dans le circuit les résistances r, r’, et de déter- miner les forces électromotrices par la formule ordinaire corrigée Hu LR +7 Ho) —— t : Dans ce cas, la valeur de £ pourrait être déterminée plus simplement; car, dans l’équation LR +") 7 E—Ip ? la quantité I » pouvant être négligée, on obtient pour deux multiplicateurs la relation suivante : ee EE 7 I(R+rE qui est du reste . même que celle que nous avons déjà donnée en cherchant à obtenir cette relation au moyen de la formule ee, r +): Séance du 23 février 4861. GÉOMÉTRIE. — Une note de M. Abel Transon fait connaître les propriétés générales d’un ensemble de droites menées par tous les points de l’espace suivant une loi quelconque. Si X, Ÿ, Z représentent les cosinus des angles que faitavec les trois axes une droite menée par le point x, y, 3, on recon- naît premièrement que les droites ainsi construites peuvent toujours se répartir, et cela d’une infinité de manières diffé- rentes, en groupes normaux à des surfaces distinctes. Secon- dement, pour exprimer la situationrespective de celles de ces droites qui se rapportent à des points infiniment voisins, il faut avoir présente la loi de coordination des lignes infiniment voi- 15 sines, normales à une même surface.Or, si À N estlanormale d’une surface au point A, les normales relatives aux points très voisins de A rencontrent toutes deux droites, qu’on peut ap- peler leurs directrices, qui sont élevées perpendiculairement à AN, etsituées dans deux plans perpendiculaires entre eux. — Ce beau théorème est de Sturm (Comptes rendus, t.xx. 1845). — Cela posé, soit O un point de l’espace, et OO’la droite me- née par ce point conformément à la loi des trois cosinus X, Y, Z. On trouve qu'il y a toujours un cône du second degré ayant son sommet en O, la ligne O0” étant une de ses arêtes, et dont la forme est pour le reste dépendante des fonctions X, Y,Z. Il ÿ a aussi toujours un paraboloïde hyperbolique dont O0’ est une génératrice et dont un des plans directeurs est perpendiculaire à cette même ligne O0”. — Ce cône et ce paraboloïde servent à définir comme il suit la coordination des droites du système relatives à tous les points voisins de O. Il suffit de concevoir un angle dièdre droit ayant O0’ pour arête, et pivotant sur cette ligne. Dans chacune de ses positions, cet angle interceptera deux arêtes du cône et deux génératrices du paraboloïde. — Soit P le plan des deux arètes du cône : soient D et D: les deux génératrices correspondantes du para boloïde. — Les droîtes du système, issues de tous ces points in- finiment voisins de O qui sont situés dans le plan P, ont entre elles et avec OO" Les relations d’un groupe de lignes infiniment voisines normales à une même surface; D, et D: sont les deux directrices de ce groupe. Séance du 2? mars 1861. Percement du mont Cenis. — M. À. de Caligny a adressé, dans cette séance, une nouvelle note relative à cette opération et faisant suite à sa communication du 26 janvier dernier. Il y expose des considérations sur les effets de la chaleur dans les siphons renversés à trois branches, qui fonctionnent au mont Cenis. Pour savoir, dit-il, quelle quantité de travail peut être ab- sorbée par suite du développement de chaleur ou d’autres phénomènes, tels que l'électricité, etc., dans l’action des co- 16 lonnes liquides en mouvement, sur l'air qu'elles comprimeni, il n’est pas nécessaire de prendre les précautions, difficiles peut-être à combiner avec les travaux existants, que pour- rait occasionner l'étude de ce qu'après un certain temps de- viennent ces phénomènes, au moins ceux de la chaleur. Pour ne parler que de ces derniers, il propose de les étu- dier à l’origine, c’est-à-dire de déterminer, autant que pos- sible, le degré de chaleur de l’air comprimé dans les tuyaux qui communiquent des machines comprimantes avec le grand récipient d'air. S'il y a quelque erreur dans crtte mesure, elle paraît devoir être plutôt en moins qu’en plus; on en tiendra compte. Or, si l’on connaissait ce degré de chaleur et la densité de l'air comprimé, on chercherait d’abord à y appliquer, au moyen du caleul, les résultats, ou, si l’on veut, les hypothèses sur l'équivalent mécanique de la chaleur, proposés par M. Séguin, et développés, d’après divers auteurs, dans le Traité de phy- sique de l’École polytechnique, par M. Jamin, professeur à cette école, t. 2, 1859, p. 432 à 440. Supposant, en nombre rond, que le travail absorbé pour élever à trente degrés au moins au-dessus de la température extérieure l'air comprimé à six atmosphères ne diffère pas beaucoup d'un quart du travail théorique nécessaire pour comprimer cet air à six at- mosphères et le refouler dans le grand récipient qui doit le contenir, il sera facile de voir si cette hypothèse s'accorde avec l'effet utile qui sera mesuré. On aura donc un moyen de contrôler ou la mesure de cet effet utile, ou les hypothèses sur l'équivalent mécanique de la chaleur, de manière au moins à resserrer les chances d'erreur entre certaines limites. Dans le cas où, par exemple, on prétendrait que l'effet utile serait de soixante-douze pour cent du travail moteur dépensé par la chute d’eau, l'hypothèse précédente conduirait d’abord à un déchet de dix-huit pour cent, quant à la partie du déchet attribuée au développement de chaleur dans l’air comprimé, _si toutefois cet effet utile était en air comprimé supposé ensuite refroidi à la température de l’air extérieur. Il ne resterait donc que dix pour cent afin d'expliquer 17 toutes les autres causes du déchet, et comme ce serait proba- blement trop peu, on en conclurait déjà qu'il serait probable- ment nécessaire ou de recommencer l'expérience, ou de con. clure que l'hypothèse ci-dessus relativement à la quantité de travail perdue parle développement de chaleur dans l'air com- primé serait inexacte. Il est bien entendu que ces chiffres n'ont ici pour but que d'expliquer la pensée de M. de Caligny, relativement à des ex- périences sur la chaleur, qu’il propose de faire au mont Cenis; et que d’ailleurs :l n’attache à ces chiffres aucune importance sérieuse, dans l’état actuel de nos connaissances. Mais ils suf- firaient pour faire concevoir comment on peut parvenir à des limites évidemment assez tranchées pour en tirer des conclu- sions utiles à la physique et à l'industrie, en profitant, même avec quelques chances d'erreur, de la possibilité de faire des observations sur une si grande échelle. On peut d’ailleurs, dit-il, arriver, par voie d'exclusion, à quelque chose de plus positif, en étudiant les autres causes de déchet, dont plusieurs peuvent être observées directement. D'ailleurs, ses études sur les frottements et autres résistances passives des grandes colonnes liquides oscillantes trouveront ici une nouvelle application et auront une occasion d’être dé- veloppées, quand on connaîtra bien la durée et la course de chaque oscillation. On sait que, dans la séance de l’Académie des sciences du 19 janvier 1857, M. Poncelet a déclaré lui-même que les phé- nomènes de la chaleur, de l'électricité, etc., devaient désor- mais être considérés dans l’étude de la percussion des corps; mais qu'on n'avait jusqu'alors, à ce sujet, que des données très incomplètes. Il est donc utile de signaler l’occasion qui se présente au mont Cemis. Cela est d'autant plus opportun, continue M. de Caligny, que, dans les Reluzionitechniche intorno al perforamento delle Alpi, la question de la chaleur n’a pas été suffisamment trai- tée, même abstraction faite des considérations précédentes. Ainsi, l’effet utile calculé pour trois premières séries d'ex- périences (voir les deux premières lignes de la page 49 du rapport dont il s’agit) aurait été sensiblement diminué si l’on Extrait de l’Institut, 1"e section, 1261. ô 18 avait attendu que l'air comprimé füt refroidi. Je me permiet- trai, dans les intérêts mêmes de la commission qui a fait cé rapport, de faire l'observation suivante: Dans deux ensembles d'expériences rapportées à la pagé précitée et à la précédente, on voit que la quantité d'air com- primé à chaque période est moindre dans la dernière série d'observations que dans les trois précédentes. La commission (p. 49) attribue principalement ces différences notables à la difficulté de faire les lectures sur le tube indicateur pendant qu'il y a du mouvement. Mais les différences s'étant présentées deux fois dans le même sens, et étant trop grandes pour ne pas attirer l'attention, il est intéressant d’en signaler une autre cause, en montrant que cela ne parait pas devoir infirmer uu résultat définitif. En effet, la commission a déclaré ne s'arrêter définitivement qu'à l’ensemble des quutre observations faites sans que la machine s’arrêtât, la première et la dernière lectures étant faites pendant l’état de repos. IL s’est donc passé un certain temps entre l’époque où la machine a été arrêtée à Saint- P.erre d’Arena, et celle où la dernière lecture a été faite. Pendant ce temps, l'air comprimé aura pu se refrotdir par tout l'ensemble des parois du grand récipient. Il a, par conséquent, diminué de volume, et il n'est pas étonnant que le volume d’air comprimé à chaque période, dans la dermière série de pé- riodes de la machine, soit moindre que pour les trois pre- mières séries. En cherchant à y appliquer le calcul, au moyen des expé- riences de M. Regnault sur la dilatation de l'air et sur les effets de la vapeur d'eau mêlée à l'air, M.de Caligny confirme son assertion, autant qu'il peut le faire d’après ce qui est dit dans le rapport, où les données relatives à la chaleur ne sont pas, selon lui, assez développées, ce qui est une raison de plus, pour lui, de fixer ses idées sur les bases objet de cette note. Il annonce en terminant que, d'après un journal de Turin, du 31 janvier dernier, cinq compresseurs font marcher, depuis le 15 janvier, un perforateur du côté de Bardonèche, sur le versant italien du mont Cenis. Il annonce aussi, d’après un 19 journal allemand, du 21 février, qui cite une lettre écrite de Turin par un ingénieur, et datée du 30 janvier, qu'on «a » constaté un effet utile en air comprimé disponible de soixante- » dix pour cent au moins, mais on a lieu de croire qu'il y a » plus.» M. de Caligny, en annonçant purement et simple- ment ce résultat, sans pouvoir en garantir l'exactitude, re- marque d’ailleurs que, d'après cette lettre, l'air n'aurait été comprimé qu'à cinq atmosphères dans les expériences dont elle parle. Il s’agit, quant à l’objet de cette note, de savoir si l'effet utile a été mesuré au moyen de volumes d’air encore échaujfé ou déjà refroidi. La lettre dit qu'une partie de la con- duite d'air était encore ensevelie sous les neiges. Si l’on trouve le travail absorbé par la production de cha- leur notablement moindre que dans l'hypothèse ci-dessus, ce sera une raison de plus pour penser qu'on a bien fait de ne pas élargir la chambre de compression de l’air, comme on aurait pu essayer de le faire pour diminuer les vitesses de la colonne liquide comprimante, la production de chaleur étant fonction de ces vitesses selon une loi qui n’est pas assez con- nue. Cette remarque, ajoute M. de Caligny, montre que la méthode, objet de cette note, aurait, par cela seul, des con- séquences pour l'industrie, en permettant d'étudier les meil- leures conditions du système, ete. PALÉONTOLOGIE. Faune carcinologique des terrains quater- maires. — M. Alphonse-Milne Edwards a présenté sur cette faune les remarques suivantes. En examinant les Crustacés fossiles qui se rencontrent dans les diverses couches de l’époque quaternaire, et principale- ment dans le Midi, j'ai été frappé, dit-il, du nombre des es- pèces actuelles que l’on y retrouvait. Tous les Crustacés fossiles que ces couches ont fournis ont pu jusqu’à présent être identifiés avec ceux qui vivent aujourd’hui sur les mêmes rivages. Pour les Mollusques, il n’en est pas de même. Ainsi sur 124 espèces on en a signalé 39 qui ont complétement disparu, et 9 qui ont émigré dans d’autres mers. Près de Pa- lerme, au mont Pelegrino, on trouve un assez grand nombre de carapaces de Crabes dont les couleurs ont été à peine al- térées ; J'y ai constaté l'existence du Haïa squinada, si com- 20 aun dans la Méditerranée, du Gonoplax rhomboides, de l’Ilia Nucleus, de la Calappa granulata, du Xantha floridus. En France, près de Nice, à la presqu'île de Sainte-Hospice, on retrouve ces mêmes espèces, et, de plus, Risso y a signalé l’Eriphia spinif ons et le Pagurus Bernhardus. — Dans des couches très-remarquables que l’on doit rapporter à l'époque quaternaire, et qui existent sur les rivages de l’Asie depuis la mer Rouge jusqu’au Japon, on trouve un nombre considé- rable de Crustacés brachyures, dont quelques-uns appartien- nent à des espèces éteintes, tandis que d’autres habitent en- core les mêmes parages. Depuis longtemps déjà on connaissait dans les collections un grand et beau Crabe provenant de ces localités. Desmarest le décrivit sous le nom de Portunus leu- codon, nom qui lui fut conservé par M. Reuss, dans son bel ouvrage sur les Crabes fossiles. Mais j’ai pu me convaincre que cette dernière espèce n'était que nominale, et qu'il y avait identité spécifique entre elle et la Scylla serrata (Forskal) - ou Portunus tranquebaricus (Fab.) qui abonde aujourd’hui dans les mêmes mers. On rencontre également dans ces cou- ches une petite espèce actuelle de Leucosiens, l’Ixa camali- culata. On avait cru retrouver dans les terrains pliocènes ou ter- tiaires supérieurs quelques Crustacés de notre époque. Ainsi M. Eug Sismonda avait signalé dansles marnes subapennines du Piémont des pinces appartenant au Pagurus striatus de Lamarck; mais, après un examen minutieux du fossile, j'ai pu m'’assurer quil ne pouvait être confondu avec l’espèce vivante; cependant, en raison de l’analogie qu'il offre avec elle, je l’ai désigné sous le nom de Pagurus substriatus. En Afrique, M. Deshayes a rencontré dans les assises pliocènes inférieures des environs d'Oran un magnifique spécimen de Crabe ayant beaucoup de rapports avec le Platycarcinus Ed- wardsit, qui habite aujourd'hui les côtes du Chili; mais ce fossile s’en distingue par plusieurs caractères importants et doit former une nouvelle division spécifique sous le nom de Platycarcinus Deshayesi (A. Edw.). Ainsi, les espèces de notre époque, autant que l’on peuten juger dans l’état actuel des connaissances carcinologiques, ne 21 paraissent pas avoir dépassé l’époque quaternaire, puisque toutes celles des terrains tertiaires en sont bien distinctes. GÉOMÉTRIE. — M. Mannheim a communiqué aussi dans cette séance les résultats suivants : 1. Une transversale tourne autour d’un point fixe O et re- monte en À, A,...., des courbes données (A), (A)... on prend sur cette transversale un point M tel que NEA dans la première équation, on à E Has ET (= — r) où E—, E+FP(R—R). S1 l’on considère que les variätions de la résistance R s’effa- cent devant la valeur de » par rapport à l'intensité du courant à He I ane qui est constatée, on en conclut que le rapport —— est bien } voisin de l’unité, et que par conséquent la nouvelle force électromotrice E' se trouve augmentée, eu égard à ce qu'elle aurait été, sans l’accroissement de la résistance R, de la quantité L'(R'— R) quantité d'autant plus forte que le circuit extérieur est plus résistant, mais qui est toujours beaucoup moins forte que celle correspondant à l’accroissement de R. Cette augmentation de la force électromotrice est-elle réelle ou bien n’est-eile que la conséquence de l'application des formules de Ohm aux données fournies par l'expérience? C'est ce qu'il est bien difficile de décider à priori. M. Ja- cobi, tout en croyant que la force électromotrice se trouve augmentée avec la résistance du circuit extérieur, pense que cette augmentation est forcément amplifiée par l'application des formules d'Ohm, et il le démontre même mathématique- . ment au moyen d'un Calcul facile que j'ai rapporté dans mon Etude sur les lois des courants (page 35). Voici pourtant une. 29 expérience qui semblerait indiquer que cette augmentation de la force électromotrice est bien réelle. Si on oppose l’un à l’autre deux couples de Daniell le plus égaux possibles et qu'on interpose dans le circuit un galva- nomètre sensible, on pourra, en modifiant la hauteur des liquides, les disposer de manière à ne fournir aucun courant différentiel. Si on fait l'expérience avec deux éléments dont les vases sont incrustés et qu'après avoir obtenu l’inertie de l'aiguille du galvanomètre à zéro, on remplace l’un des vases poreux incrustés par un vase poreux neuf, la résistancé du couple sur lequel on aura fait la substitution sera augmen- tée, ainsi que je l’ai démontré dans un mémoire présenté à l’Académie des sciences l’année dernière, et on verra immé- diatement l'aiguille du galvanomètre dévier sous l'influence du courant différentiel issu de l'élément le plus résistant et dont la force électromotrice se trouve ainsi accrue. Voici maintenant ce qui résulte pour les piles de Daniell de l'intervention des courants locaux dont nous avons parlé. Quand les bulles de gazexistent dans les interstices du dépôt rugueux, elles constituent pour ces courants locaux une résistance qui di- minue considérablement leur intensité, et comme ces courants locaux sont nuisibles, l'intensité de la pile en profite. Quand, au contraire, on fait disparaître ces bulles par l’agitation du zinc, ces courants deviennent plus nuisibles, et, en diminuant l’in- tensité du courant, attribuent à la quantité R, la seule variable dans cette circonstance, une valeur plus grande que cèlle qu’elle avait primitivement. Ce qui prouve la vérité de cette explication, c’est qu’un élément Bunsen ayant un zine bien amalgamé ne perd pas de son intensité par suite du mouve- ment communiqué à celui-ci, pas plus qu’un élément Daniell dont le zinc est amalgamé et sans dépôts (1). Du reste, voici une expérience qui ne peut guère laisser de doute sur le rôle de la polarisation dans les phénomènes que nous avons rapportés. Ayant, après un certain temps d’inter- ruption du courant de l’électromoteur, fermé le circuit à tra- (1) Avecun élément de cette nature dont la solution de sulfate de zinc à dé filtrée E = 9035, R = 668, 30 vers les deux couples dont il s’agissait de mesurer la résis- tance par la méthode du galvanomètre différentiel, j'ai obtenu pour un certain sens du courant une résistance représentée par 8 tours + du rhéostat; mais le courant ayant été fermé pendant douze heures, cette résistance s’est trouvée portée à 13 tours +. Après une nouvelle interruption du circuit et un renversement du sens du courant de l'électromoteur, cette résistance au bout de quelques minutes est revenue à 8 tours du rhéostat; puis, au bout d’une heure, elle était de nouveau portée à 13 tours. En renversant encore le courant, elle est reve- nue après quinze minutes à 8 tours; puis, au bout de 15 autres minutes, à 13 tours. Or, le rôle du courant de l'électromoteur dans ces effets de polarisation étant exactement le même que celui d’un élément quelconque à travers les parties semi- liquides, semi-métalliques, qui composentsa résistance propre, on peut en conclure que c’est bien à un effet de polarisation qu'il faut attribuer la diminution d'intensité d’une pile après une fermeture prolongée de son circuit. Séance du 9 mars 1861, CHIMIE. Faits pour servir à l'histoire de l'aniline. — MM. Persoz, Victor de Luynes et Salvétat ont fait à la Société dans cette séance la communication suivante : Dans la séance du 20 septembre 1858, M. Hofmann adressait à l'Académie des sciences une note intitulée : « Re- cherches pour servir à l’histoire des bases organiques ; » note dans laquelle il avait particulièrement en vue l'action du bichlorure de carbone (chloride carbonique, Berzelius) sur l'aniline. [1 constate d'abord que l’aniline et le bichlorure de carbone ne réagissent pas l’un sur l’autre à la température ordinaire, et qu’au bout de quelques jours de digestion à la température de l’eau bouillante, la réaction est loin d'être achevée ; et «cependant en soumettant un mélange de 1 par- tie de bichlorure de carbone et de 3 parties d’aniline, les deux corps à l’état anhydre, pendant à peu près trente heures à la température de 170 à 180, le liquide se trouve transformé en une masse noirdtre ou molle et visqueuse, où dure et cas- À 31 sante, selon le temps et la température. » Il ajoute : « Cette masse noirâtre adhérant avec beaucoup de persistance aux tubes dans lesquels la réaction s’est effectuée, est un mélange de plusieurs corps. En épuisant par l'eau, on en dissout une partie, une autre restant insoluble à l’état de résine plus ou moins solide. » Par suite du traitement qu'il fait subir à la partie soluble, à l'effet d'isoler la base qu'il recherche, M. Hofmann est conduit à dire : « Des lavages par l'alcool froid et une ou deux cristallisations dans l’alcool bouïllant rendent le corps parfaitement blane et pur, une substance très soluble d’un cramoisi magnifique restant en dissolu- tion. » Il ajoute encore : « La portion de la masse noirâtre qui restait insoluble dans l'eau se dissout très facilement dans l’acide chlorhydrique. Elle est précipitée de nouveau de cette solution par les alcalis à l’état de poudre amorphe d’un rouge sale, soluble dans l’alcool qu’elle colore d’un riche cramoisi. » On a cru pouvoir s’appuyer sur l'indication de cette colora- tion cramoisie pour attribuer au savant chimiste anglais la découverte de la matière tinctoriale que MM. Renard et Franck, de Lyon, ont désignée sous le nom de fuchsine. Les recherches que nous poursuivons ne nous permettent pas d'admettre cette identité et déjà, soit au Conservatoire des arts et métiers, soit dans le supplément du Dictionnaire des arts et manufactures, nous avons dit qu'il n’y avait pas de similitude à établir entre la matière cramoisie signalée par M. Hofmann et le rouge de Lyon. M. Hofmann ayant annoncé un travail plus étendu au su- jet de l’action des différents réactifs sur l’aniline, nous n’a- vons nullement l'intention de nous placer sur un terrain qu'il exploite avec tant de succès. Mais les études qui nous occu- pent depuis longtemps nous ont conduits à des faits qui nous paraissent de nature à être immédiatement livrés au public dans l'intérêt de la science et de l’industrie. Comme point de départ nous rappellerons que la matière tinctoriale rouge de Lyon est complétement soluble dans les alcalis, vis-à-vis desquels elle se comporte comme un vérita- ble acide au même titre que l’acide carthamique ; qu’elle se combine en effet à l'ammoniaque, à la potasse, à la soude, à 32 la baryte, à la strontiane, pour former avec ces bases des combinaisons solubles avec lesquelles nous avons teint, dans les nuances les plus pures, en faisant usage de dissolutions préparées depuis plus de huit mois, préalablement saturées par les acides étendus. La teinture s’effectue très facilement en présence des acides étendus. Ce fait n’a rien d’extraordi- naire, puisqu'à chaud comme à froid cette couleur, une fois dissoute par un alcali, reparaît toujours quand on vient à sa- turer par l'acide acétique. Enfin, c’est cette propriété générale qui nous a servi à extraire une même matière colorante de tous les produits livrés au commerce sous des noms très divers. En nous plaçant dans des conditions d’expérience indi- quées par M. Hofmann, nous avons vu, ainsi qu'il l’a ob- servé : 1° Que la matière ncirâtre obtenue par l’action de la cha- leur sur un mélange de 3 parties d’aniline et de 1 de bi- chlorure de carbone se sépare, par un lavage à l’eau, en deux parties, l’une très soluble et l’autre d’un aspect beaucoup plus foncé qui reste pour résidu; 2° Que la partie soluble, précipitée par la potasse, donne un produit oléorésineux qui, recueilli, lavé avec la potasse, bouilli avec la potasse diluée, lavé, desséché et enfin traité par l'al- cool, donne la base cristalline qu'il a fait connaître et une so- jution colorée en cramoisi plus ou moins intense et plus ou moins pure, suivant les conditions de l'opération; 30 Que la partie insoluble dissoute dans l'acide chlorhydri- que et précipitée par la potasse contient, non pas, comme l'avait supposé M. Hofmann, la même matière colorée que celle dont nous venons de parler, mais une matière violette que nous sommes portés à regarder comme formée par le mélange de deux principes, l’un rouge et l’autre bleu ; 4° Quant à la matière cramoisie, comme elle résiste à l’ac- tion prolongée des alcalis bouillants, on ne peut la rapprocher de l'acide fuchsique ; et si, dans l'expérience de M. Hofmann, et dans les conditions dans lesquelles il s’est placé, cet acide pouvait prendre naissance, on ne le retrouverait que dans les eaux alcalines dans lesquelles il n’existe pas, si ce n’est en 33 quantités infiniment petites, et qu'on ne peut déceler que par des méthodes très délicates. Encore faut-il que certaines cir- constances de masse, ou de surface de chauffe ou de tempé- rature, ou de durée de l'opération, permettent à cette matière tinctoriale de se développer ou de se conserver. En effet, en chauffant pendant trente heures le même mé- lange qui nous avait donné vers 170° des colorations très sen- sibles de cramoisi, soit dans la partie soluble, soit dans le ré- sidu, nous avons vu que cette coloration n'existait plus dans les produits obtenus à la température de 180. Ce résultat n’a rien d'étonnant, puisque, comme nous nous en sommes assurés, un mélange de 3 parties de fuchsine et de 10 parties de chlorure de carbone dans les conditions in- diquées ci-dessus, ne fournit plus que des liquides colorés en jaune clair ; toute matière rouge a disparu. Il y a plus : c’est qu’en modérant la température, la durée de l'expérience et les proportions respectives d’aniline et de bichlorure de carbone, nous avons préparé des matières cer: tainement plus riches en principes colorants que celles que M. Hofmann avait eues sous la main. La fuchsine existe bien alors, mais à la condition qu'on ait su saisir le moment auquel elle prend naissance. Elle est accompagnée d’ailleurs de la matière rouge de M. Hofmann, qui est dominante, beaucoup plus stable, et qui se distingue par son insolubilité dans la potasse. Ces observations nous ont naturellement conduits à savoir ce que deviendrait, dans les conditions de l'expérience de M. Hofmann, le mélange du bichlorure d’étain et d’aniline qui fournit sous la pression ordinaire le rouge de Lyon. 9 gr. de bichlorure d'étain et 16 gr. d’aniline, chauffés pendant trente heures dans un {ube scellé à 1800, n'ont plus fourni ni du rouge ni du violet, mais un bleu très-vif et très- pur, qui n’exige qu'un traitement par l'eau pour teindre les fibres animales en nuances dont l'éclat ne laisse rien à dési- rer. Ce bleu, qui résiste aux acides, fonce par les alcalis faibles et passe au groseille violacé par les alcalis concentrés. L'in- dustrie ne peut manquer d’en tirer parti. Extrait de l’Institut, 1'escclion, 4€61. 5 94 Ilest bien entendu que les expériences qui précèdent ne portent que sur l'emploi du bichlorure de carbone qui colore l'aniline seulement dans un tube scellé, sous la pression cor- respondante à la température de 180°. Ce chlorure ne donne sous la pression ordinaire aucune coloration, alors que le ses- quichlorure de carbone réagit dans les expériences de Lyon comme agent de transformation. Les faits qui précèdent nous conduisent à admettre qu'il n'y a aucune espèce d'analogie entre le rouge de M. Hofmann et le rouge de Lyon. En effet, ce dernier est soluble à froid dans les alcalis, tandis que le rouge de M. Hofmann,non-seu- lement résiste à froid à l’action des alcalis, mais ne se dissout méme pas dans une solution bouillante de potasse. De plus la réaction du bichlorure de carbone sur l’aniline exige l’in- tervention d’une pression supérieure à la pression ordinaire, et l’action prolongée de la chaleur, tandis que le rouge de Lyon se produit sous la pression ordinaire, dans un espace de temps qui ne dépasse pas une demi-heure; bien plus, Paction prolongée de la chaleur et l'excès de précision empêchentla production de ce rouge quise trouve alors remplacé, comme nous l’avons dit plus haut, par un bleu qui s’ajoute à la série très-remarquable des riches couleurs dérivées de l'aniline, MéTÉOROLOGIE. Sur la présence de l'acide nitrique libre et des composés nitreux oxygénés dans l'air atmosphérique. — M. S. Cloëz a fait aussi à la Société, dans cette séance, une communication sous le titre précédent. La présence du nitrate d'ammoniaque dans l’eau de pluie, a-t-il dit, est un fait incontestable, admis aujourd’hui par tous les chimistes. L’atmosphère content, en outre, une quantité variable, quoique toujours très minime, de vapeur nitreuse ou d'acide nitrique libre, dont on peut constater facilement la présence au moyen de quelques réactifs; ce point, important pour la théorie de la nitrification, n’a pas encore été établi positivement; la question en elle-même est pourtant assez simple, et elle me paraît complétement résolue par plusieurs observations que j'ai faites dans le cours de mes recherches 35 expérimentales sur la nitrification, entreprises en 1854 au Muséum, et poursuivies depuis lors sans relâche. I. En faisant passer par aspiration un volume considérable - d’air atmosphérique, puisé à un mètre environ de la surface du sol, à travers un tube en verre dans lequel on place une petite bande de papier de tournesol, à l’abri de la lumière, on voit souvent le réactif coloré passer du bleu au rouge pelure d’oignon ; ce phénomène est fréquent, sous le climat de Pa- ris, à certaines époques de l’année; on l’observe principale- ment au commencement et vers la fin de la saison froide; ce qui me fait croire qu'il a une relation directe avec le degré de la température. On peut remplacer dans cette expérience la bande de papier bleu par une dissolution aqueuse très sensible de tournesol, contenue dans un tube à boules, et préservée des rayons lumineux. Quand l'air est acide, la co- loration rouge caractérisant les acides énergiques apparaît promptement. Cette coloration se distingue, par sa nuance, de celle qui est produite par l'acide carbonique de l’ar; elle persiste, d’ailleurs, après que le liquide a été chauffé jusqu’à l'ébullition. IL. L'observation précédente démontre dans l'air la présence d'un corps acide différent de l'acide carbonique; mais elle ne prouve absolument rien quant à sa nature; on arrive à des résultats certalus, sous ce rapport, en faisant passer, toujours par aspiration, 15 à 20 mètres cubes d’air dans une dissolu- tion titrée de carbonate de potasse pur; on doit faire cette expérience de préférence au mois de novembre ou au mois de mars, aux époques où l’on est à peu près sûr de trouver sous notre climat un acide libre dans l'air atmosphérique. Ordinai- rement, la solution perd une partie de son alcalinité; on constate dans la liqueur la présence du nitrate de potasse en quantité notable; on y trouve des traces de chlorure, mais elle ne contient pas de sulfate. IIT. La présence du nitrate de potasse dans la liqueur al- caline n’est pas due exclusivement à l’acide nitrique libre de l'air ; elle peut être attribuée en partie à la décomposition du ES 36 nitrate d'ammoniaque contenu dans l’atmosphère; on s'assure du fait en faisant arriver l'air, à sa sortie du tube à potasse, dans un second tube semblable contenant une quantité déter- minée d’acide sulfurique faible; on trouve constamment dans ce dernier tube un peu de sulfate d’ammoniaque. Il est évi- dent que cette même cause, c’est-à-dire la décomposition du nitrate d'ammoniaque, concourt à la diminution de l’alcalinité de la solution de potasse titrée. IV. Les expériences précédentes se trouvent confirmées quand on tamise l’air humide à travers une longue colonne de carbonate de plomb pur; en opérant sur 40 à 50 mètres cubes d’air, on obtient du nitrate de plomb cristallisable, dont l'origine est due à l'acide nitrique libre; la lixiviation du car- bonate de plomb doit être faite à froid, pour éviter la décom- position du nitrate d'ammoniaque. Y. Enfin il existe un dernier moyen de reconnaître dans l'atmosphère des traces de composés nitreux oxygénés ou d'acide nitrique libre; il consiste dans l'emploi du papier ioduro-amidonisé, proposé par M. Schônbein pour déceler l'oxygène naissant ou l'ozone qu’il suppose exister dans l’air ; ce réactif est infiniment plus sensible que le papier de Does sol à l'action des composés nitreux; l'air, additionné de 0,60005 de son volume de vapeur nitreuse, colore pour ainsi dire instantanément le réactif ozonométrique dans des condi- tions où le papier de tournesol n'éprouve aucune modifica- tion. Je n’ai pas cru toutefois pouvoir employer le réactif ioduré pour résoudre la question que je m'étais posée ; malgré sa sensibilité extrême, je n’aurais pu en Ureraucun parti; j'ai mieux aimé avoir recours à des réactifs moins sensibles, mais dont les indications sont plus certaines. VI. J'ai constaté que l’air, additionné de vapeur nitreuse, en réagissant sur l'iodure de potassium déplace de l'iode, et donne en même temps naissance à un composé salin ayant une réaction faiblement alcaline qui persiste en présence de l'iode libre, mais qui disparaît sous l'influence d'un excès d’air nitreux. Ce fait singulier, produit par l'air nitreux, aussi bien 37 que par l'air supposé contenir de l'ozone, s'explique aisément en admettant dans les deux cas la formation momentanée d’une petite quantité de nitrite de potasse, dont la réaction est en effet manifestement alcaline. Quelle que soit d'ailleurs la véritable cause du phénomène, la conséquence qui en résulte est la même : c'est que les observations ozonométriques faites d’après le procédé imaginé par M. Houzeau sont aussi inexactes que toutes celles qui ont été exécutées auparavant avec le réactif de M. Schônbein. La production du nitrite de potasse par l’action de la vapeur nitreuse sur l'iodure dé po- tassium fait disparaître plusieurs anomalies étranges que les partisans de l'ozone atmosphérique n’ont jamais pu expliquer. Dans cette nouvelle manière de voir, on n’est plus forcé d’a- bord d'admettre l'existence de la potasse libre en présence de l’iode ; on est en outre dispensé de croire que l’azote de l’air et l'oxygène ozoné ou à l’état naissant, tel qu'il a été obtenu par MM. Fremy et Ed. Becquerel, peuvent rester à l’état de simple mélange, sans se combiner, sans produire immédiate- ment de la vapeur nitreuse. VIT L'existence reconnue de l'acide nitrique libre dans l'atmosphère rend compte de la présence de lammoniaque dans certains échantillons de rouille, et de son absence à peu près complète dans d’autres; il est très probable que l’ammo- niaque existant dans l’oxyde de fer formé à l'air libre est le résultat de la combinaison de l'azote provenant de la réduc- üon de l'acide nitrique avec l'hydrogène produit simultané- ment par la décomposition de l’eau. S'il en est ainsi, on conçoit que la rouille formée dans de l’air humide débarrasse de vapeurs acides ne doit pas contenir d’ammoniaque. VIII. La formation de la patine sur les cloches et Les statues en bronze non recouvertes de vernis est due en grande partie encore à l'acide nitrique libre de l'air ; en examinant une malière de couleur vert sale, formée sur une cloche suspendue en l'air etexposée aux intempéries de l'atmosphère depuis 1793, j'ai reconnu la présence certaine de l'acide nitrique. Le défaut d’une quantité suffisante de matière ne m'a pas permis d'en faire une analyse exacte. 38 IX. Les conséquences résultant de l'existence des composés nitreux libres dans l’atmosphère sont importantes pour l’agri- culture ; elles servent à expliquer notamment les bons effets de l'opération de l’écobuage avec combustion, préconisée par le marquis de Turbilly et exécutée par lui avec un grand succès. Cette pratique agricole, dont M. Chevreul a donné récemment la théorie et dont il a fait ressortir les avantages, est, à notre avis, beaucoup trop négligée aujourd’hui ; nous croyons utile de consigner ici notre conviction à cet égard, dans le but surtout d'appeler l’attention publique sur un sujet aussi intéressant. CHIMIE AGRICOLE. —Lanotesuivantesur les produits du cu- rage et du faucardement des cours d'eau a été communiquée aussi par M. Hervé Mangon. Il existe en France, non compris les fleuves ou rivières na- vigables, 200 000 kilom. environ de cours d’eau d'intérêt secondaire. Le quart au moins de ces cours d’eau, soit 90 000 kilom., devraient être curés chaque année. En éva- luant à 0,050 le volume de vase à extraire par mètre cou- rant, Ce qui n’a rien d’exagéré, ôn trouve que le volume des curages annuels s’élèverait à 2500 000%. Ce chiffre indique assez l'intérêt pratique que présente l'examen de ces produits. La composition des vases extraites de nos cours d’eau est nécessairement en rapport avec la constitution géolozique des terrains qu'ils traversent, et leur étude peut éclairer beaucoup de points douteux de la géologie agricole. I] serait trop long de reproduire en détail les analyses d’une centaine d’échan- tillons de vases dont j'ai déjà fait l'examen, et dont quelques- unes. ont même été publiées depuislongtemps.Jediraiseulement que les vases provenant des curages de nos cours d'eau, ex- posées à l'air pendant quelques jours, ne renferment plus que 5 à 10 p. 100 d’eauet que, dans cet état, elles dosent de 0,35 à 0,95 p. 100 d’azote, immédiatement assimilable pour la majeure partie. Ces produits du curage des cours d'eau constituent par conséquent une source véritablement importante de matières fertilisantes dont l'emploi, du reste, se répand rapidement 39 depuis quelques années parmi les cultivateurs de nos petites vallées. . Mais ces matières terreuses, qu'il faut enlever périodique- ment du lit de nos ruisseaux pour assurer leur libre écoule- lement, ne sont pas, à beaucoup près, Le produit le plus inté- ressant de nos eaux courantes et stagnantes. Presque partout, en effet, une végétation énergique se développe dans les ruisseaux, les canaux et les fossés d’écou- lement, et rend nécessaire, une ou deux fois par an, l’opéra- tion du faucardement, destinée, comme on sait, à couper et à enlever les végétaux aquatiques qui ne tarderaient pas, sans cette précaution, à envahir età obstruer complétement le lit de ces cours d’eau. Dans certaines localités, les végétaux aquatiques ainsi obte- nus sont soigneusement recueillis etemployés comme engrais. Dans d'autres pays, au contraire,de beaucoup lesplusnombreux, on n'en fait encore malheureusement aucun usage, et leur en- lèvement est, pour les riverains, une lourde Charge sans au- cune compensation. Ces végétaux ont cependant une grande valeur agricole, ils peuvent fournir un engrais supplémentaire d'autant plus précieux qu'il n'apporte avec lui aucune graine de mauvaises herbes, et je ne doute pas qu'ils ne puissent, à l'intérieur des terres, jouer un rôle aussi important que celui des warechsdans l'agriculture de notre littoral. Les végétaux aquatiques offrent, en effet, des moyens puis. sants et économiques de fixer et d'extraire les matières ferti- lisantes qui, sans eux, s’écouleraient en pure perte avec les eaux que l’agriculture n’emploie pas en irrigations. L’eau versée sur nos prairies fournit du foin que l’industrie de l’homme transforme en viande, en fumier et partant en froment. La même eau, employée à développer des plantes aquatiques fournirait également des éléments de fertilité fa- ciles à transformer en nourriture à l'usage des hommes et des animaux. On comprend dès lors tout l'intérêt de l'étude de ces plantes, si négligée jusqu’à! présent, au point de vue de la pratique agricole. Les plantes aquatiques exposées à l'air et au soleil après avoir été retirées de l’eau abandonnent rapidement de 70 à 40 90 p. 100 d'humidité. Après cette première dessiccation elles retiennent encore de 12 à 3 p. 100 d’eau qu'une température de 100° peut seule leur enlever. Simplement desséchées à l'air, les plantes aquatiques con- tiennent de 1 à 3,3 p. 100 d’azote, selon leur âge, leur espèce etsurtout leur provenance ; employées comme engrais, à l’état frais, elles sont donc en général plus azotées que le fumier de ferme ordinaire. De nombreux essais ont, en effet, démon- tré qu’elles exercent une action fertilisante des plus éner- giques. La proportion et la composition des cendres des plantes aquatiques varient naturellement suivant leur espèce, leur âge et la nature des eaux où elles se développent. Dans l’im- possibilité de reproduire les nombreux chiffres des tableaux d'analyses, on se bornera à citer quelques faits. Les cendres des plantes aquatiques renferment générale- ment de l'acide phosphorique; j'en ai trouvé dans toutes les plantes de la Bonde (Eure), dans la Fléchière de la Seine, etc. Au contraire, dans les eaux très pures et dans le sol siliceux des landes de la Gironde, cet élément disparaît pour ainsi dire d'une manière complète. C’est à peine si quelques plantes comme la Renoncule aquatique, le Potamogeton natans, ete., parviennent à en fixer de très faibles quantités. La chaux, très abondante dans les cendres des plantes des eaux calcaires, dis- paraît aussi presque complétement dans les plantes des eaux des terrains siliceux. Les quelques chiffres suivants donneront une idée de ces variations : Potamoge{on pictinatum, Lemna ménor. DeclaBonde Deslandes De l'Eure, (Eure). . (Gironde), Matières combustibles, non compris l'azote 61,8 69,5 61,1 Azote, 2,0 19 3,6 Silice, 6,0 14,1 6,7 Chaux, 19,1 0,8 M 0808 Acide phosphorique, 1,0 » 14 Autres produits minéraux, 16,6 1377 19,3 100,0 , 100,0 100,0 41 Les Lentilles d'eau (Lemna minor), qui vivent à la surface du liquide et n’enfoncent point leurs racines dans le sol lui- même, montrent bien nettement la fixation des éléments fer- tilisants de l’eau par les plantes aquatiques. Ce petit végétal est riche en cendres et celles-ci renferment une assez forte proportion d'acide phosphorique. L'agriculteur, quine doit négliger aucune source d'engrais, remarquera d’ailleurs que certaines plantes aquatiques, et surtout les Lentilles d’eau, sont habitées par un nombre im- mense de Lymnées, de Planorbes et d’autres petits animaux dont le poids s'élève quelquefois à 12 p. 100 de celui du vé- gétal et dont les débris ajoutent à ceux de la plante leurs élé- ments de fertilité. En résumé, les végétaux aquatiques, au point de vue de la pratique agricole, fixent dans leur organisme des éléments de fertilité qui, sans eux, se perdraient dans les eaux non uti- lisées en irrigation. Il est vivement à désirer de les voir uti- liser d’une manière plus générale qu'on ne le fait encore aujourd’hui. Au point de vue scientifique, les variations considérables que l’on remarque dans la composition des plantes aquatiques et la possibilité de modifier les liquides où elles se dévelop- pent offrent des moyens faciles d’études intéressantes sur l’in- fluence que les milieux ambiants peuvent exercer sur la con- stitution des végétaux. Seance du A6 mars 1861: HyprAULIQUE. — M. de Caligny a communiqué dans cette séance la traduction de divers extraits d’un mémoire publié en italien par M. Sommeiller, ingénieur en chef chargé des tra- vaux du percement du mont Cénis, et il a fait à cette occasion quelques remarques. Dans ce mémoire, M. Sommeiller dit (p. #1) : « .. Donc no- » {re compresseur à pour caractère essentiel, fondamental » Vemploi de la force vive de l’eau, laquelle, si l’on veut » la mettre entièrement à profit, exige que la colonne com- » primante soit, dans toute sa Docu, c'est-à-dire depuis Extrait de l’Institut, 1° section, 1864, 6 _ 42 LL » la chambre de compression jusqu’au réservoir alimentaire, » d’une section égale, et que la compression soit directe. IL » résulte de ce principe que dans la compression la éension » acquise par l'air est nécessairement toujours plus yrande » que la pression hydrostatique de la colonne comprimente, » et d'autant plus grande qu'on veut l'air à une tension plus » élevée... » M. de Caligny fait observer, relativement à ce passage, que M. Sommeiller ne l’a pas tout à fait compris. | C'est seulement pour les cas analogues à ceux des expé- riences telles qu’elles ont été faites à Saint-Pierre d’Arena, que la tension de l'air est nécessairement plus grande que la pression hydrostatique de la colonne comprimante. Elle peut être aussi petite qu'on le veut dans beaucoup de cas, et même, à la limite, les appareils de M. de Caligny ne sont plus que des appareils à élever de l’eau, qui ne peuvent, il est vrai, marcher qu'en soufflant de l'air, ce qui est une propriété bien caractéristique. M. de Caligny rappelle aussi des expériences qu'il à de- puis longtemps communiquées à la Société, notamment le 19 juin 1841 et qui ont été publiées dans l’Institut, sur les résistances passives résultant des variations des diamè- tres des tuyaux de conduite, expériences qui montrent dans quelles limites ces diamètres peuvent varier sans qu'il en résulte une perte de force vive dépassant une quantité donnée. D'après cela, quoiqu'il ait en général pres- crit de donner autant que possible une section constante à ses. tuyaux (comme on peut le voir par la planche du résumé de ses expériences sur une branche nouvelle de l'hydraulique, antérieures à 1850, publiées dans le Technologiste de 1850, à partir du numéro de juin, p. 495), il résulte cependant des considérations nouvelles sur la chaleur présentées par lui-dans l'avant-dernière séance, qu'on ne sait pas encore d'une ma- nière assez positive s’il ne sera pas utile d'élargir dans cer- taines limites, sans doute très restreintes, la chambre de com- pression de l'air, quoique, dans l’état actuel de la science, et à cause d'ailleurs de la simplicité qu en résulte dans la 43 construction, on ait judicieusement agi en s’en tenant aus prescriptions générales qu’il a données sur l'égalité des sec- tions. M. Sommeiller, dans son mémoire précité, p. 44, dit: « Dans la colonne (tromba) Piatti-Hall, la chute est propor- » tionnelle à la tension. » Dans le compresseur, la chute est proportionnelle au lo- » garithme hyperbolique de la tension. . » Si de l’éxamen du principe nous venons à celui de l’eftet, » les résultats seront également différents... » Il ajoute en note au bas de la page : «Dans ce calcul, on » ne tient pas compte de la hauteur de la chambre de con:- » pression. » , M. de Caligny fait d’abord observer qu’il n’est pas néces- saire de faire cette dernière remarque, sauf les résistances passives, quand on vide cette chambre de compression au moyen d’une oscillation descendante, par une troisième bran- che de son siphon renversé, plongée au-dessous du niveau du bief d'aval, comme elle l’est maintenant au mont Cénis, où l’on verra si, avec une troisième branche aussi courte que celle qui est posée, on peut facilement étudier cette oscil- lation. Quant à la proportionnalité de la chute au logarithme hy- perbolique de la tension, M. de Caligny fait observer que cela est vrai (toujours, bien entendu, sauf les résistances passives), pour le cas expérimenté à Saint-Pierre d’Arena; mais il n’est pas du tout nécessaire, dit-il, d’avoir des chutes si grandes lorsqu'on laisse la force vive se développer alternati- vement, par un écoulement convenable à l'extérieur, comme dans le bélier hydraulique, mais sans aucun choc brusque, mal- gré des dimensions qui peuvent être très grandes, à cause des propriétés de la vanne cylindrique ou de la soupape de Corn- wall, qu'il a communiquées à la Société, le 3 mars 1842. (Voir le journal l’Institut, même année, p. 76.) Aussi M. de Caligny a exposé, dans la séance du 26 janvier dernier, la faute d'installation faite, selon lui, par les ingé- nieurs sardes sur le versant français, sans doute parce qu'ils 44 n'ont pas compris la généralité de son idée sur l'emploi des vannes cylindriques, etc, Seance du 23 mars 1861. M. L. Foucault a signalé en peu de mots à l'attention de la Société, dans cette séance, l'avantage qu’il y a dans les moteurs électriques, à fermer le circuit de chaque électro- aimant sur lui-même, au moment précis où on l’isole du courant de la pile; par ce moyen on fait disparaître lé l’étincelle d’extra-courant et on utilise mieux la force vive du courant moteur. Séance du 30 mars 1861, Percement du mont Cénis. — Dans cette séance M. Anatole de Caligny a communiqué des observations sur la disposition des vannes cylindriques dans les siphons renversés à trois branches qui fonctionnent à Bardonèche. M. Fourneyron, dit-l, paraît être le premier qui ait appliqué les vannes cylindriques aux moteurs hydrauliques proprement dits, c'est-à-dire dans les turbines qui ont été ensuite dispo- sées à diverses hauteurs dans un tuyau descendant du bief d'amont au bief Éarhl En 1839 et en 1842, à cette dernière date surtout, j’ai fait des expériences sur un Le hydraulique à flotteur oscillant de mon invention, qui a été l’objet de deux rapports favora- bles à l'Académie des sciences, le premier par M. Coriolis en son nom et en celui de MM. Cordier et Poncelet, le second par M. Lamé en son nom et en celui de ces deux savants académi- ciens.Danslesexpériencesrépétées en présence de MM. Poncelet et Lamé, ainsique de beaucoup d’autres savants, aux bassins de Chaillot, sur un tuyau de 40 centimètres de diamètre, je me servis assez en grand d'un genre particulier d'écoulement par une vanne cylindrique, et par un fuyau annulaire formé de l’espace compris entre le tuyau vertical fixe et le flotteur cylindrique à extrémités coniques, qui était lui-même fixe pen- dant l'écoulement de l’eau du bief supérieur dans le système, de sorte que le flotteur, pendant l'écoulement dont il s’agit, présentait, par la forme de son extrémité inférieure; une véri- table poupe. C'est bien, quoique sans flotteur mobile, le genre 45 d'écoulement qui introduit l’eau motrice dans les siphons renversés à trois branches dé mon invention, (els qu'ils sont exécutés au mont Cénis, où la poupe est une pièce absolu- ment fixe. On a d’ailleurs adopté pour la partie supérieure de la pièce fixe, sur laquelle fonctionne dans l’intérieur du tuyau d'arrivée la vanne cylindrique d'introduction de l’eau, le cône à génératrice curviligne disposé à la partie centrale comme dans diverses turbines, ainsi que a prescrit pour les cas analogues, d’après l'exemple de ces turbines, dans une note présentée à l’Académie des sciences, le 20 août 1855, sur le système suivant. Une note publiée dans le journal l’Institut, à l'extrait du procès-verbal de la séance de la Société du 28 juin 1851, ren- ferme la description d’une disposition qui n’a pas encore été appliquée au mont Cénis, mais qu'il serait encore temps d'y appliquer; il est donc intéressant de montrer dans ‘quelles liites elle pourrait être utile, non-seulement pour cette loca- lité, mais d’une manière plus générale. Les dispositions des pièces fixes de la vanne cylindrique d'admission me paraissent bien dessinées par les ingénieurs sardes, conformément aux principes recommandés dans mes mémoires. Les courbures paraissent aussi arrondies qu’elles peuvent l'être, et l’égalité des sections est bien observée. Ces courbures sont disposées de manière à présenter sensiblement les mêmes causes de résistance à la flexion des filets liquides que s'ils coulaient dans un tuyau ordinaire à coude arrondi, dont le rayon de courbure extérieure serait égal au double du diamètre de ce tuyau. Je dois donc convenir que, pour celte première vanne telle qu'elle est établie, je ne suis pas assez sûr, pour de tels arron- dissements, qu'il fût très utile d'y adapter les surfaces courbes concentriques au moyen desquelles je diminue considérable- ment la résistance de l’eau dans les coudes où il n’y a d’ar- rondi que la courbure extérieure. I1 est d'ailleurs trop tard. . Mais la disposition de la vanne cylindrique d'évacuation n’est pas la même, et l’on peut faire à ce sujet des remarques inté- ressantes. Daos une lettre du 20 janvier 1859, adressée à M. Ménabréa, LA) croyant les travaux plus avancés qu'ils ne létaient, j'avais donné un croquis d’après lequel on enfoncerait convenable- ment la partie inférieure du siphon renversé au-dessous du niveau du bief d’aval, et l’on disposerait sur la partie inter- médiaire une troisième branche verticale, au sommet de la- quelle serait une soupape annulaire de Cornwall. Cette dispo- sition générale est précisément celle qui a été adoptée, sans que j'aie pu savoir à quelle époque, ce qui est d’ailleurs peu important pour moi après tout ce que j'avais publié. L’expé- rience seule pouvait montrer s’il valait mieux employer une vanne cylindrique qu'une soupape de Cornwall qui, dans le cas dont il s’agit, est l'expression de la même idée quant aux mouvements de l’eau. Aussijene me suis pas prononcé sur ce choix dans mes mémoires, au moins pour le cas des grandes chutes. Les ingénieurs sardes, après avoir, à ce qu'il paraît, essayé d’abord des soupapes de Corawall, préfèrent les vannes cylindriques. Un long usage montrera encore mieux le choix qui devra être fait pour ces mouvements très répétés et très ra- pides, où il faut tenir compte des détériorations pouvant résul- ter du frottement dans l’eau contre des parois fixes. Mais le point sur lequel je désire en ce moment fixer l’at- tention. à cause d'une faute qui a été faite, selon moi, c’est la disposition d'une espèce de chapeau en fonte au sommet de la troisième branche, au-dessus de la vanne cylindrique d'éva- cuation, qui se lève alternativement dans celte pièce fixe fer- mée au sommet à travers lequel passe une tige. D’après la disposition que j'avais proposée, la soupape de Cornwall ou la vanne cylindrique devrait être disposée autour d’une rondelle fixe au-dessous de laquelle on disposerait le cône central à génératrice curviligne, el les surfaces courbes concentriques destinées à diminuer la résistance de l’eau ainsi que les chances d'ébranlement qui peuvent en résulter. Dans la construction telle qu’elle est faite, l’eau en sortant du système perd de la force vive en tournoyant dans le chapeau en fonte qui la recouvre. On pourrait aussi diminuer les résistances qui en résultent en disposant un cône renversé, d’ailleurs analogue à celui du dessus du siége de la vanne cylindrique d'admission. Mais on va voir, pour l’un et l’autre cas, une conséquence in- 47 téressante de l'effet des surfaces concentriques dont il s'agit. Le but qu’on doit se proposer n’est pas seulement de dimi- nuer la résistance de l’eau par l'emploi de ces surfaces con- centriques, mais de faire en sorte, même toutes choses égales d’ailleurs quant à la résistance, de diminuer les courses ou levées de ces grandes vannes cylindriques, pendant lesquelles il y a des étranglements variables ; parce que plus ces courses seront diminuées, plus il sera facile de faire fonctionner ces vannes assez vite pour diminuer l'importance de la durée de ces étranglements, par rapport à la durée totale de chaque oscillation de compression de l’air ou d'évacuation de l’eau. Or, comme il paraît qu’on a au mont Cénis des eaux de sources qui ne gèlent jamais et ne charrient point d'herbes, etc., l'in- convénient que, dans d’autres cas, pourraient avoir ces surfa- ces concentriques, ne semble pas exister pour les compres- seurs hydropneumatiques dont il s’agit, dans cette localité. Au reste, il ne s’agit pas seulement du mont Cénis, mais des autres circonstances où ces compresseurs pourront être appli- qués; or, quand il y aura des chutes moins grandes qu'à Bar- donèche, l’oscillation de vidange sera plus importante à étudier dans ses détails. Daws les circonstances où la hauteur de la chambre de com- pression ne dépassera pas certaines limites quand l’oscillation de vidange sera finie, si l’orifice de l'évacuation de l’eau ne se referme pas assez vite pour empêcher le retour de l’eau qui se sera déchargée au bief d’aval, le ressort de l’air présentera à cette époque un moyen intéressant de diminuer cet inconvé- nient, en résistant à la manière de celui d’une cloche à plon- geur ; etmême la compression de cet air ne sera pas perdue pour l'effet utile (voir dans le journal l’Institut l'extrait du procès- verbal de la séance du 11 décembre 1858). Ilest, d’après cela, plus intéressant d'étudier les moyens de faire ouvrir vite la vanne d'évacuation de l’eau que ceux de la faire fermer vite, ce qu'on ne paraît pas avoir bien compris. —- On a entendu aussi dans cette séance la note suivante de M. Pasteur : Sur les prétendus changemen!s de forme et de végétation des cellules de levüre debière suivant les conditions extérieures de leur dév-loppement. 48 On sait que Leuwenhoeck a décrit le premier les globules de levüre de bière, et que M. Cagniard-Latour a découvert leur faculté de se multiplier par leur bourgeonnement. Cette produètion végétale si intéressante a été Le sujet d’une foule de travaux de la part des chimistes et des botanistes. Ces derniers, depuis MM. Turpin et Kuütsing, ont été à peu près unanimes à regarder la levûüre de bière comme une forme de développement de divers végétaux inférieurs, notamment du Penicillium glaucum. Les études à ce sujet qui paraissent avoir eu le plus de faveur dans ces dernières années appar- tiennent à MM. Wagner, Bail, Berkeley, Hofmann. Les re- cherches de ces habiles botanistes ont agrandi et confirmé les observations anciennes de MM. Turpin et Kütsing. Tout ré- cemment, M. Pouchet a émis les mêmes idées en les précisant encore sur certains points. Je me suis préoccupé depuis longtemps de cette importante question qui touche de si près à la nature intime de lalevüre de bière, et à ces phénomènes de polymorphie des végétaux inférieurs auxquels se rattachent la plupart des travaux remar- quables de M. Tulasne. Mais je suis arrivé à des résultats tout à fait négatifs, je veux dire qu'il m'a été impossible de voir la levûre de bière se transformer en une Mucédinée quelconque, etréciproquement je n'ai pu arriver à faire produire aux Mucé- dinées vulgaires la plus petite quantité de levûre de bière. Séance du 6 avril 1861. * CHIMIE. — Communication a été faite à la Société dans cette séance de nouvelles recherches sur les amalgames métalliques et sur l'origine de leurs propriétés électrochimiques, par M. Jules Regnauld. L'auteur ayant étendu à un grand nombre de métaux ses recherches sur la relation qui existe entre le rôle électrochi- mique des amalgames et les phénomènes thermiques accom- plis au moment de leur formation, résume son travail dans les conclusions suivantes : 1° Toutes les fois qu’un métal est amalgamé, sa position dans l'échelle des affinités subit une modification. 2° La résultante peut être de sens contraire, même pour des 49 métaux voisins, car elle dépend à la fois de la fonction chimi- que du métal et de sa chaleur latente de fusion. 3° Lorsqu il se produit un abaissement de température pen- dant la combinaison du métal avec le mercure et que, partant, la chaieur de constitution de l’amalgame est plus grande que celle du métal, ce dernier s’élève dans l’ordre des affinités positives. 4° Dans les cas où l’ensemble des phénomènes est inverse, c'est-à-dire, quand il y a dégagement de chaleur pendant la formation de l’alliage, le métal amalgamé devient électronéga- tif par rapport au métal libre. MATHÉMATIQUES. Théorie des nombres. — M. Catalan a fait aussi cette communication : 1° La série récurrente dont les termes initiaux sont À, = 0, As— — 929, À, = 3r, et dont le terme général est donné par la relation A1 + QAn2 — 7 Ai3 0, jouit de cette propriété : La fonction A, est ou n’est pas divi- sible par n, suivant que n est ou n'est pas premier. 2° Si l’on remplace q et r par des nombres entiers conve- nablement choisis, on obtient une infinité de séries récur- rentes numériques, qui paraissent jouir de la même propriété. Par exemple, si l’on prend qg = r — 1, les nombres entiers SU C6 PU HEANARE A. sont divisibles par 2, 3, 5, 7, ..…. 53, tandis que les nombres entiers À, À, As, As, ...…. As ne sont pas divisibles par l'indice correspondant. Séance du 13 avril 1864, Écluses de navigation. — M. de Caligny a communiqué dans cette séance un résultat pratique obtenu en Belgique par l'emploi d’un moyen qu'il rappelle comme ayant été de- puis longtemps proposé par lui pour remplir les écluses de navigation par un tuyau de conduite d’une grande section et d’ure grande longueur, débouchant dans l’enclave des ports d’aval, au lieu des tuyaux d’une petite longueur et d’une section moindre qui débouchaient très près des portes d’a- mont, comme au Canal de Briare. Il fait la remarque qu’il a eu quelque peine à faire admete Extrait de l’Institut, 17e section, 4864, 7 50 tre l'utilité d’une grande longueur dans les tuyaux de ses co- lonnes liquides oscillantes. On s’imaginait que cette longueur devait avoir pour résultat d'augmenter le frottement; tandis que, si la longueur des surfaces frottantes est augmentée, Les vitesses de la colonne liquide frottante sont diminuées à cause de l’augmentation des effets de l'inertie de l’eau. Il avait démontré par l’expérience et le calcul que, sauf pour le cas des vitesses trop petites, la somme totale des résistances pas- sives était diminuée par la longueur de la colonne oscillante, au moins dans des limites très étendues pour les grands dia- mètres. Il ne croit pas que personne lui conteste la priorité des expériences à ce sujet. Quant aux applications aux écluses de navigation, il renvoie plus spécialement à diverses notes pubhées dans le journal l'Institut sur ses communications à la Société philoma- thique.notamment dans l’année 1844 et surttut ie 14 décembre (p. 424), parce qu'on explique bien dans cette dernière com- mentle tuyau doit déboucher dans la partie d’aval de l’écluse et dans le bief d'amont. Un ingénieur en chef belge, M. Maus, membre de l’Acadé- mie des sciences de Bruxelles, auquel M. de Caligny avait fait part de ses idées à ce sujet depuis deux ans, à Mons, lui a communiqué, à Versailles, le 6 de ce mois, le résultat suivant. Il a disposé le tuyau de conduite débouchant par une extré- mité dans le bief d’amont, et par l’autre dans l'ecluse, bien entendu dans la partie d'aval de cette écluse. Mais il n’a pas osé, à cause de considérations locales relatives à la solidité des constructions dans un mauvais terrain, le faire déboucher tout à fait dans l’enclave des portes d’aval, de sorte que son extrémité est plus gênée qu'elle ne devrait l'être par la pré- sence de bateaux dans l’écluse. Malgré cette circonstance défavorable, le tuyau en maçon- nerie ayant quatre mètres de section, le remplissage s’est fait plus vite que par les moyens ordinaires quand on a ouvert la porte de flot de ce tuyau; et, en vertu de la vitesse acquise, l’eau est montée dans l’écluse au-dessus du niveau du bief d’a- mont. Il en est résullé que les portes d'amont se sont ouvertes d’elles -mêmes, et que le bateau est entré de lui-même dans le bief d'amont. On sait que ces deux manœuvres, la dernière surtout, pre- naient du temps, étaient assez pénibles, et que l'ancienne manière d'ouvrir les portes d'amont tendait à les détériorer ; o1 tandis que maintenant les pressions qui les ouvriront s’exer ceront avec plus de régularité. M. Maus a observé en grand un phénomène que M. de Ca- ligny avait, dit-il, observé dans diverses circonstances, et qu'il a décrit dans des mémoires déjà anciens. Quand on a ouvert la porte de flot de ce tuyau, située pro- visoirement vers la partie d’aval, la pression de l’eau du bief d’amont étant d’abord employée à vaincre l’inertie de la co- lonne liquide, on s’en est aperçu à la manière dont s’est com- portée l’extrémité d’aval de cette colonne, qui s’abaisse par suite d’une diminution momentanée dans les pressions de ce côté. M. de Caligny a proposé à M. Maus, dans une lettre du 11 avril, de faire l'expérience suivante. On fermerait les deux extrémités de l’écluse au moyen de poutrelles, de manière à pouvoir ürer le bateau un peu en amont afin de démasquer complétement l’orifice du tuyau dans l’écluse. On observe- rait ensuite plusieurs oscillations au-dessus et au-dessous du niveau du bief d’amont, après avoir au besoin fait baisser le niveau de ce bief si les bajoyers de l’écluse ne s'élèvent pas assez haut au-dessus de ce niveau ; les poutrelles étant, bien entendu, entassées jusqu'au niveau de ces bajoyers. On aurait ainsi un moyen : 1° d'étudier sur une très grande échelle les coefficients des résistances passives dans les oscillations de l'eau, et pour des surfaces frottantes en maçonnerie ; 2° comme la longueur du tuyau resterait la même, tandis qu'à chaque oscillation la hauteur de l’eau diminuerait dans l'écluse, on aurait un moyen d étudier directement l'influence du rapport de la longueur du tuyau à la hauteur de l'éclusée. M. de Caligny avait, dit-il, prescrit de donner aux tuyaux de conduite de ses colonnes liquides oscillantes des longueurs telles qu’on ne fût. sauf ce qui va être dit, arrêté que par la dépense dans la détermination de “es longueurs, quant aux limites dont il s’agit, pour les écluses où les vitesses seront toujours grandes. L’augmentation de ces diamètres peut com- penser la diminution de vitesse provenant de ces longueurs, relativement à la durée totale de l'opération. On aura ainsi un moyen direct d'étudier dans quelles linutes il est assez utile d'augmenter ces longueurs sans faire des dépenses exagérées, et sans trop augmenter la difficulté quelconque provenant de la manœuvre des portes de ces grands tuyaux. Il rappelle qu’il a proposé de faire faire au besoin diverses espèces de circuits à 2 ses tuyaux de colonnes oscillantes pour les écluses. Il ajoute que M. Maus ayant compris l'utilité de ces circuits, il espère qu'il construira un tuyau à circuits d'assez grand diamètre d’ailleurs pour essayer de remplir, même par une seule oscil- lation, un bassin d'épargne existant près d'une des écluses de Belgique. M. de Caligny rappelle à ce sujet ses communications des 18 mai, 9 novembre, 16 novembre, etc., de l’année 1844, en renvoyant aux notes publiées dans le journal l’Institut. Quoique l'observation, objet de cette note, semble intéres- ser bien plus directement l’économie de temps que celle de l’eau dont il ne paraît pas qu'on ait besoin à cette écluse, M. de Caligny a proposé à M. Maus de disposer le système de fermeture à la partie d'amont du tuyau, afin de pouvoir pro- fiter de la vitesse acquise pour relever dans l’écluse une cer- taine quantité d’eau du bief d’aval, au moyen d'une porte ou d’une sorte de vanne cylindrique, etc., s’ouvrant et se fermant aux époques convenables. Au reste, à partir de l'instant où M. de Caligny a appris que l'administration des ponts et chaus- sées de France, sur le rapport du conseil général des ponts et chaussées, venait d'autoriser des expériences sur sa machine proprement dite relative aux écluses, il s’est borné à recom- der plus spécialement à M. Maus ses idées sur les moyens de faire entrer ou sortir l’eau des écluses par des tuyaux en ma- connerie d’une grande longueur. C’est ce qui explique pourqaoi il lui reste à faire quelques observations sur la manière dont un de ces tuyaux a été construit. Seance du 20 avril 1861. CHIMIE MINÉRALE. — M. Henri Sainte-Claire Deville a com- muniqué, au nom de M. Damour, le résultat de quelques analyses qu’ils ont faites en commun sur différents minéraux contenant du niobinm. Dans le niobite de Chanteloubé (Limousin), MM. A. Damour et H. Sainte-Claire Deville ont trouvé, en outre du fer, du man- ganèse et de l’étain, une petite quantité de tungstène et un acide niobique dont les propriétés sont telles qu'il pourrait être confondu avec l'acide dianique de M. de Kobell. Avec quelques précautions faciles à trouver, on parvient à dissoudre entière ment cet acide métallique au moyen de l’étain pur et de l'acide chlorhydrique en formant une solution d'un beau bleu. Cette couleur est, d'après de M. de Kobell, un caractère distinctif de l'acide dianique. La même observation s'applique à l’acide 53 extrait du niobite du Groënland, si bien que ces deux miné- raux devraient porter le nom du nouveau métal de M. de Kobell. Les auteurs pensent néanmoins qu'il serait plus sage de considérer jusqu’à nouvel ordre le nouvel acide comme étant /a mod'fication bleue des acides du niobium, si bien décrite dans la belle monographie que M. H. Rose a publiée sur ce métal. Cette assertion devient très probable- ment vraie, puisqu'en recherchant l'acide dianique dans l’euxénite où M. de Kobell lui-même en a trouvé, les auteurs ont obtenu un acide qui n’est pas différent de l’acide niobique extrait des minéraux du Groënland et du Limousin. On doit conelure de ces recherches, ou que ces matières sont exclusi- vement composées du nouvel acide dianique, ou que celui-ci est identique avec l’un des acides du niobium de M. H. Rose. C'estl’opinion à laquelle s’arrêtent les auteurs de ce travail qui, n'ayant pas eu entre les mains le nombre des matériaux né- cessaire à la solution de la question, ne la traitent qu'avec beaucoup de réserve. PaysioLo@re. Observations sur le mode de production de la voix chez les Oiseaux à long cou. — Sous ce titre, M. Pu- cheran a communiqué aussi à la Société, dans cette séance, la note suivante : La production de la voix est, dans la classe des Mammifères, difficile chez les espèces dont le cou est très allongé. Il en est ainsi chez les Cerfs, Antilopes et Solipèdes. Chez la Girafe, dont la région cervicale égale le tronc en longueur, si même elle ne le dépasse, cette fonction de la phonation peut être considérée comme tout à fait annihilée, car nous ne croyons pas qu'un seul observateur aït constaté, dans les individus de ce genre, la production du son vocal. De même que chez les Cerfs, les Antilopes et les Solipèdes, la voix se produit très difficilement chez les Oiseaux à long cou, quel que soit l'ordre de la classe ornithologique à la- quelle ils appartiennent. Il nous a été facile de constater ce fat par des observations nombreuses et fréquemment répé- tées, dans la ménagerie du Muséum de Paris. Les mêmes obser- vations nous ont permis de porter notre attention.sur les diverses attitudes et les divers actes qui, dans tous ces types, précèdent et accompagnent la production du son vocal. Lorsqu'un Oiseau, dont la région cervicale présente un cer- tain degré de longueur, se borne à pousser un simple cri, ce cri n’exige de sa part que la contraction des muscles abdomi- 94 naux. Mais, lorsque le cri initial est prolongé et continué, lorsque d’autres sons lui succèdent, l’Oiseau se fixe sur ses pieds et se met au repos : le bec et la tête sont projetés soit en avant, soit en haut, le cou s’allonge, les muscles abdomi- naux se contractent, et cette contraction est parfois suivie de mouvement d’élévation et d'abaissement dans les rectrices et les tectrices caudales inférieures. D’autres fois, enfin, la man- dibule inférieure s'élève et s’abaisse, la supérieure partageant l’état de fixité de la tête, du cou et des pattes. Ces divers actes indiquent suffisamment le mode de pro- duction du son vocal dans les diverses espèces (Paon domesti- que, Pintade plitorynque, Grue d'Europe, Grue d° Montigny, Ibis sacré, Oie domest que, Oie d'Egypte, Goelands, Mouet- tes, Mi an royal, Pigargue d'Errope, Serpentaire d’'Abys- sinie) qu'il nous a été permis d'étudier sous ce point de vue. Les pattes et les membres inférieurs, étant fixés, fournissent aux muscles abdominaux, pour leurs contractions, qui parais- sent très énergiques, un point d'appui convenable sur les os pelviens. L'air est alors expulsé des sacs aériens auxquels M. Sappey a donné le nom de réservoirs abdominaux. I l’est également, sans nul doute, mais d’une manière moins immé- diate, de ceux de ces sacs que cet observateur a désignés sous le nom de réservoi's diaphrag'atiques. En insufflant ces ré- servoirs, soit pendant la vie, soit après la mort, M. Sappey est, en effet, parvenu à reproduire la voix et le chant de l'espèce d'Oiseau soumise à son expérimentation (1). Au sortir de ces divers sacs aériens et des poumons, l'écoulement de l’air s’o- père avec plus de vitesse, par suite de l’étroitesse du tuyau vocal, déterminée par l'allongement du cou et de la projection, soit en avant, soit en haut de la tête et du bec : par suite de celte étroitesse, les ondes sonores sont également produites avec plus de facilité. Tous les physiologistes ont signalé que, chez l'Homme, l’acuité du son vocal coïncide avec l'allongement et, par suite, l’étroitesse de la trachée. Les observations qui précè- dent nous ont donné occasion de constater le mème fait, et de le constater sans avoir besoin de recourir à l’expérimentation. Tous les sons vocaux émis par les diverses espèces dont nous avons plus haut cité les noms sont essentiellement rauques et d’une extrème acuité : ils le sont surtout chez la Grue de (4) Recherches sur l'apparcil respiratoire des Oiseaux, p, 56, Chine désignée par le prince Charles Bonaparte sous le nom d’Antigone Montignyesa. Mais, quelque intenses qu'ils soient, ils cessent très promptement, particularité très facile à expli- quer lorsqu'on réfléchit à la fatigue que déterminent, chez ces animaux, d'une part, les diverses attitudes que nous avons exposées, et, d'autre part, l'énergie de contraction de leurs muscles abdonunaux. Chez une des espèces que j'ai observées, le Milan royal, la voix est cependant assez agréablement flûtée ; mais, quoiqu’elle porte un cou médiocrement allongé, elle est bien fixée sur son perchoir, bien immobile, lorsqu'elle fait entendre son chant, toujours abaïissant et élevant sa mandi- bule inférieure. Nous avons rarement constaté ce fait dans les autres types soumis à notre observation. Nous en dirons au- tant du battement des ailes contre les parois latérales du tho- rax : ajoutons qu'il nous est impossible, pour le moment, de déterminer l'influence de ce mouvement sur la production des sous vocaux. Quoi qu’il en soit, les divers faits que nous venons de signa- ler nous semblent de nature à démontrer que dans les divers Echas:siers, Palmipèdes, Gallinacés et Rapaces dont les noms sont cités plus haut, les réservoirs aériens abdominaux rem- plissent, pour la production des sons vocaux, l'office de souf- flet, attribué, chez l'Homme, par tous les physiologistes, à l'organe pulmonaire. Ajoutons, en terminant, que, quoique certaines de nos ohser- vations aient porté sur des espèces dont le cou est peu allongé (Milan royal, Pygargue d'Europe, Aigle d'Algérie), et que l'une d’entre elles émelte un son vocal essentiellement doué d'intonations flûtées, il nous paraîtrait hasardé de conclure que le chant est, chez les Oiseaux chanteurs par excellence, produit de la manière que nous venons d'exposer. C’est, dès lors, un sujet d'études que nous recommandons aux zoolo- gistes qu se trouveront placés dans des circonstances plus favorables que celles où nous nous sommes trouvé jusqu'ici. Quant à nous, si l’occasion s’en présente plus tard, nous nous garderons bien de la négliger. Séance du 27 avril 1861. PHysiQuE. — La note suivante sur la théorie des condensa- teurs cylindriques a été communiquée à la Société dans cette séance, par M. J.-M. Gaugain : Je me suis occupé dans une première série de recherches 96 (Acad. des sc., séance du 18 février 1861) des condensateurs cylindriques concentriques, c'est-à-dire des condensateurs que l’on obtient en mettant en présence deux cylindres de même axe et de diamètres différents; j'ai déterminé la relation très simple qui existe entre la charge de cette espèce de con- densateur et les rayons des cylindres qui constituent ses armures. Les nouvelles expériences dont je vais indiquer les résultats ont eu pour but de résoudre un autre probième ; je me suis proposé de rechercher suivant quelle loi la charge varie, lorsque les diamètres des cylindres armures restent constants et qu'on se borne à faire varier la distance de leurs axes en les maintenant toujours parallèles l’un à l’autre. Les résultats exposés dans ma première note ont une cer- taine importance au point de vue philosophique, en ce sens qu’ils tendent à justifier les vues de M. Faraday ; mais ils ne suffisent pas cependant pour démontrer que la théorie ordi- naire de l'influence doit être définitivement abandonnée. J'ai constaté que dans le cas des condensateurs cylindriques con- centriques les résultats de l'expérience s'accordent très exac- tement avec une formule qui peut être déduite à priori de la théorie d'Ohm ; mais j'ignore à quelle formule conduirait dans le même cas la théorie de Poisson et il n’est pas absolument impossible que, malgré la différence de leurs principes les deux théories conduisent fortuitement à la même loi dans un cas particulier. Il y a même une raison de croire qu'il pour- rait en être ainsi dans le cas considéré. En effet, l’un des ca- ractères qui distinguent le plus nettement la théorie de M. Fa- raday de l’ancienne théorie, c’est que, dans la première, l’in- fluence se propage généralement en lignes courbes,et que dans la seconde elle s'exerce toujours en ligne droite; or, dans le cas particulier des condensateurs cylindriques concentriques ce caractère distinctif disparaît ; il résulte de la symétrie de la figure que dans l’une comme dans l’autre théorie l’influence doit se propager exclusivement en ligne droite. Il ne semble donc pas impossible que les deux théories conduisent aux mêmes résultats. D’après cette considération, j'ai cru qu'il se- rait intéressant d'opérer sur des condensateurs dont la dis- position ne füt pas symétrique, etj'ai entrepris d'établir empi- 97 riquement la loi des éondensateurs cylindriques excentriques. Pour de tels appareils, l’influence doit se propager en lignes courbes suivant la théorie de M. Faraday, elle doit s'exercer en ligne droite suivant la théorie ordinaire, et il paraît bien peu probable que les deux théories aboutissent à la même loi mathématique. La méthode expérimentale dont j’ai fait usage est extrême- ment simple : j'ai pris deux tuyaux de métal, l’un de 10m, l’autre de 80"" de diamètre, tous deux de la même longueur (1*), et j'ai placé le plus petit dans le plus grand; les axes ont été maintenus parallèles dans toutes les expériences, mais placés successivement à différentes distances l’un de l’autre,et pour chaque position J'ai déterminé la charge que prenait le cylindre intérieur lorsqu'il était mis en rapport avec une source constante et que le cylindre extérieur communiquait avec le sol; j’ai exécuté cette détermination au moyen de l’é- lectroscope à décharges, dont j'ai fait un si fréquent usage dans mes précédentes recherches. Voiæ les résultats obtenus dans une série d'expériences. Distance des axes Charges du cylindre intérieure gum 1000 175» 1137 20 1155 23 1241 25 1310 27 1482 30 1724 Si l’on prend pour abscisses les excentricités et pour ordonnées les charges correspondantes, on peut construire la courbe des charges et il ne reste plus qu'à rechercher si la relation que cette courbe représente s'accorde ou non avec la théorie d’Ohm. Pour résoudre cette question j'ai eu recours à une méthode indirecte qui dispense de tout calcul. Si l’on imagine que les armures cylindriques du condensa- teur employé dans les expériences dont je viens de parler soient séparées, non plus par de l’air, mais par un milieu con- Extrait de l'Institut, A*e section, 1861. 8 58 ducteur, et si l’on suppose que ces armures deyenues des électrodes soient maintenues à des tensions différentes, il est clair qu'il y aura un flux transmis d’un cylindre à à l’autre et la grandeur de ce flux sera liée à la distance des axes par une relation qui sera d'accord, on n’en peut pas douter, avec la théorie d’Ohm. Si donc on construit empiriquement la courbe qui représente les flux en fonction de l’excentricité, on pourra ‘considérer cette courbe comme étant l'expression rigoureuse dela théorie, et s’il arrive qu’elle coïncide avec la courbe des charges fournie par la précédente série d'expériences, il en résultera nécessairement que la loi des charges est elle-même conforme à la théorie d'Ohm. Tout se réduit donc à détermi- ner expérimentalement la courbe des flux. Pour arriver à cette détermination, j'ai successivement employé deux méthodes complétement différentes; J'ai opéré d’une part sur une dissolution de sulfate de cuivre, et de l’au- tre sur un liquide que l’on a coutume de classer parmi les corps isolants, sur l'huile d'olive. Les courbes des flux four- nis par les deux sériés d'expériences ont été identiques l'une avec l'autre et identiques avec la courbe des charges précé- demment obtenue. Ainsi la résistance à l'influence est expri ‘mée par la même loi que la résistance à la conductibilité dans le cas des condensateurs cylindriques excentriques comme dans le cas des condensateurs cylindriques concentriques. Le procédé d’expérimentation que je viens d’indiquer peut être appliqué aux condensateurs de toutes formes et je me propose de m’en servir pour exécuter encore de nouvelles vé- rifications ; mais dès ce moment il me paraît à peu près cer- tain que, conformément aux vues de M. Faraday, la même théorie, la théorie d’Ohm régit à la fois les phénomènes d’in- fluence et les phénomènes de propagation. Depuis que j ai terminé Les expériences qui font l’objet de cette note, M. Blavier a eu l’obligeance de me faire connaître la formule théorique qui représente la résistance d’un anneau compris entre deux cylindrs excentriques. Voici cette for- mule : elle se déduit facilement de la théorie de la propaga- tion dans un plan que M. Kirchoff a établie en partant des prin- cipes posés par Ohm: ” Lt) Rare (Rp )(R Er 2) (er) Re) Re? 02 V (RE E)(R pr 2)(Rrpe)(R = 4) p représente la résistance, R et r les rayons des cylindres, & l’excentricité, & est une constante. Je me suis assuré que cette formule représente d’une ma- tiere satisfaisante les courbes que je suis parvenu à trater empiriquement soit par l'étude des flux, soit par l'étude des charges. p=k log HYDRAULIQUE. — M. de Caligny a communiqué aussi dans cette séance une note sur quelques propriétés du système d’é- cluses de navigation à colonne oscillante dont il a déjà bien des fois entretenu la Société. (Onrenvoie au besoin, pour abréger, aux notes publiées sur ce sujet dans l’Institut, notam.. ment à celle du 14 décembre 1844, p. 424.) Dans la séance du 13 de ce mois, dit l’auteur de cette note, j'ai communiqué des expériences faites en Belgique sur une manœuvre de ce système permettant d'ouvrir les portes d’a- mont, et de faire passer le bateau montant de l'écluse dans le bief d'amont au moyen du seul mouvement d’une grande co- lonne liquide oscillante. Il est évident, dit-il, qu’à l’époqueoù l’écluse se vide, on peut aussi faire ouvrir d’elles-mêmes les portes d'aval, en profitant du mouvement acquis de l’eau dans le tuyau de vidange pour faire baisser le niveau de l’eau dans l’écluse au-dessous de celui de l’eau du bief d’aval, de ma- nière à faire ouvrir ces portes en vertu de la pression de l’eau de ce dernier bief. Mais on ne voit pas d’abord aussi bien comment le bateau descendant peut sortir de lui-même du sas pour eutrer dans le bief d’aval. En effet, si, quand l’écluse se remplit, le bateau montant est tout naturellement repoussé dans le bief d'amont en vertu de l’exhaussement du niveau de l’eau dans l’écluse, c'est d’abord un abaissement de niveau qui se présente dans l’écluse quand elle se vide comme on vient de expliquer. Mais il y a lieu, dit-il, d'espérer que l’eau du bief d’aval se précipitant ensuite dans l’écluse, en vertu même de cet abaissement qui fera ouvrir les portes d’aval, il résultera du mouvement acquis pendant cette rentrée un exhaussement au-dessus du niveau de ce même bief, et, par 50 suite, une cause pour repousser le bateau descendant hors de l’écluse dans ce bief, en supprimant la main-d'œuvre comme pour le bateau montant. Cependant, s’il est utile de signaler cette idée th‘orique, il est plus nécessaire que pour le bateau montant d'étudier la manœuvre par expérience avant de pou- voir apprécier dans tous ses détails le résultat pratique. Pour le cas de la vidange, le tuyau peut être considéré comme ayant deux buts à obtenir, abstraction faite de son utilité pour épargner l’eau, qui a été expliquée dans d’autres communica- tions : 1° la vitesse acquise de l’eau qu’il contient sera em- ployée à faire baisser le niveau de l'eau dans l’écluse au-des- sous de celui du bief d’aval, pour obtenir les effets dont on vient de parler; 2o il est utile, abstraction faite de tout effet du genre de ceux qui font l’objet de cette note, que l’eau puisse rentrer au besoin du bief d'aval dans l’écluse par ce tuyau quand le bateau sort de cette écluse, afin de diminuer la ré- sistance éprouvée par ce bateau dans le cas où il n’y aurait pas un exhaussement de niveau suffisant pour le pousser tout naturellement en dehors. Il est clair qu’abstraction faite de tout exhaussement de ce genre, si l’eau pouvait revenir der- rière le bateau pendant qu'il pousse celle qui est devant lui, cela diminuerait la résistance. Mais l’auteur convient que si le tuyau restait ouvert pendant toute la manœuvre, et si l’eau d’aval qui doit faire exhausser le niveau de l’eau dans l’écluse y trouvait une issue pour s'échapper, quoique cette issue eût une section moindre que l’écluse, il serait difficile de préciser le résultat de ces effets avant d’avoir fait l'expérience. Au reste, ajoute M. de Caligny, il suffit, pour montrer en quoi consiste le principe, de supposer lo qu’on empêche les portes d’aval de s'ouvrir avant que la vitesse soit éteinte dans le tuyau de vidange ; 2° qu on ferme alors ce tuyau; 3° qu’on laisse les portes d'aval s'ouvrir; 4° qu'on laisse l'exhausse- ment se produire dans l’écluse comme cela a été expliqué ci- dessus ; 5° que si cet exhaussement n’est pas suffisant pour faire sortir le bateau de l’écluse, on n’ouvre pas le tuyau dont il s’agit avant que le niveau soit redescendu dans l’écluse à la hauteur de celui du bief d’aval. Si l’on craignait qu'il n’y eût un mouvement trop fort dans 61 l'écluse, pour le cas où l’on attendrait, avant de laisser ouvrir les portes, que la vitesse fût éteinte dans le tuyau de vidange, il suffirait de faire observer que ces effets ne devront sans doute, en général, être produits qu'au moyen d’un restant de travail disponible, qui serait perdu à partir du moment où, pour abréger la manœuvre, on cesse de faire fonctionner l’ap- pareil proposé par M. de Caligny pour épargner l’eau dans le service des écluses de navigation, le tuyau de vidange restant alors ouvert. Au reste, il ne s’agit que de l'exposition sommaire d’un principe sur lequel l'auteur reviendra ultérieurement. Il ajoute que dans des expériences en grand sur ce système, qu’on monte en ce moment par ordre du ministre des travaux publics, il compte profiter de la vitesse acquise de ses lubes mobiles oscillants et de leurs balanciers pour les faire accro- cher alternativement à des déclics, de manière à obtenir des levées plus grandes avec moins d’étranglaments des veines liquides. Si cela semble au premier aperçu devoir trop dimi- nuer la force de succion qui doit ramener alternativement ces tubes sur leurs siéges, il y aura égard soit au moyen de flot- teurs disposés à l'extrémité de chaque balancier opposée à chaque tuyau, soit au moyen d’un levier coudé d’une manière analogue à ce qu'il a dit dans son mémoire sur une machine à flotteur oscillant publié en 1847 dans le Journal de mathé- matiques pures et appliquées de M. Liouville. Séance du L mai 1861, Dans une autre communication faite dans cette séance, M. de Caligny a indiqué un moyen qui dispense de manœu- vrer la porte de flot du tuyau de vidange d’une écluse de na- vigation, à l’époque où l’on veut que le bateau sorte de lui- même de cette écluse dans le bief d'aval, selon ce qu'il a dit dans la séanse précédente. Si, en vertu du mouvement acquis de l’eau dans ce tuyau . de vidange, le niveau est baissé assez au-dessous de celui du bief d’aval, pour que l’eau de ce bief fasse ouvrir les portes d'aval, et qu’à cette époque le mouvement soit éteint dans ce tuyau, il n’est pas nécessaire de fermer ce dernier, par lequel 62 l’eau du bief d’aval peut rentrer dans l’écluse en même temps que par les portes dont il s’agit. Le gonflement de l’eau dans l’écluse qui doit suivre l’abaissement dont on vient de parler n’én Sera sans doute que plus régulier s'il résulte d’une affluence du liquide par les deux extrémités du sas. Mais en supposant l’exhaussement de l’eau dans l’écluse devenu suffisant pour repousser le bateau dans le bief d’aval, sans qu’un autre moteur soit nécessaire à celte époque, il faut voir s’il n’y a pas d’inconvénient à laisser alors ouvert le tuyau dont il s’agit. Si l’eau pouvait y reprendre, en vertu même de cet exhaussement, un mouvement de dedans en dehors de l’écluse, vers l’époque où le niveau dans cette écluse serait re- descendu à la hauteur de celui du bief d’aval, on peut deman- der si le bateau, dans le cas où il ne serait pas encore entré dans le bief d’aval, ne serait pas obligé de repousser de l’eau devant lui, sans qu'il en revint derrière lui par ce tuyau, dont Veau serait en mouvement en sens contraire de celui qui serait le plus favorable à la sortie du bateau. M. de Caligny, après avoir fait les diverses observations qui précèdent, ajoute qu'il suffit sans doute de donner à ce tuyau üne assez grande longueur, s’il est supposé débouchant par üne extrémité dans l’éciuse près des portes d’amont, et par Vautre dans le bief d’aval. Le but de cette longueur est, dit-il, d'essayer de faire en sorte que le mouvement de l’eau, arrivant par ce tuyau à l'époque où elle coule de dehors en dedans de l’écluse, ne soit pas éteint avant l'époque où il faudrait précisément rouvrir ce tuyau, dans le cas où il aurait été fermé. Il y a lieu d'espérer que si ce tuyau était assez long, le mouvement de l’eau dans le sens voulu durerait plus que cela ne serait indispensable; et que s’il durait encore au moment où l’on vient de dire qu'il faudrait rouvrir le tuyau dans le cas où ce dernier aurait été fermé, ce mouvement serait une très bonne chose, puisqu'il amènerait dans le sens voulu de l’eau dont on aurait eu à vaincre l’inertie dans le cas où elle serait partie du repos. Il ne s’agit dans cette communication que de l’exposé d’un principe nouveau. Il faudra, dit lui-même l’auteur, voir si dans la pratique il ne résultera aucun inconvénient pour les 63 bateaux de la manière dont l’eau entrera par les portes d’ava. devenues automatiques ; de combien il sera nécessaire defaire baisser le niveau de l’eau dans l’écluse ; et, par suite, de com- bien il sera nécessaire d'approfondir cette écluse pour que cette baisse momentanée de niveau ne fasse pas toucher le fond par les bateaux; enfin de quelle longueur on -pourrait se contenter pour le tuyau destiné à produire les effets d'inertie dont on vient de parler. Quant à la baisse du niveau dans l’écluse, lorsqu'on aura reconnu celle qui sera suffisante, il sera d'autant plus facile de l'obtenir avec précision si l’on veut, que le tuyau dont il s’agit pourra être celui d’un appareil depuis longtemps communi- qué à la Société par M. de Caligny comme pouvant servir à re- lever au bief supérieur une partie de l’éclusée. Or, il suffira d'arrêter le jeu de la machine proprement dite, quand il res- tera dans l’écluse la quantité d’eau nécessaire pour produire, par un écoulement abandonné à lui-même, la dénivellation dont on aura reconnu qu’on peut se contenter au-dessous du niveau de l’eau du bief d’aval. Séance du 18 mai 1861. OPriQuE.—M.P. Desains a rappelé à la Société une commu- nication déjà ancienne, dans laquelle il avait exposé les résul- tats obtenus par lui en faisant tomber sur une lame de spath d'Islande une nappe conique de rayons lumineux. La lame de spath est terminée par deux faces parallèles entre elles, et perpendiculaires à l’axe de la nappe conique in- cidente. En ces conditions, si la face d'incidence est perpendiculaire à l’axe du cristal, ou obtient à l'émergence deux nappes lumi- neuses coniques dont les sections droites sont deux cercles concentriques. Si la lumière incidente est polarisée, ces deux cercles pré- sentent Chacun deux points complétement noirs, situés aux extrémités d'un diamètre. Le diamètre, qui dans l’un des anneaux passe par ces points noirs, est perpendiculaire à celui qui joint les points obscurs du deuxième anneau. 64 Gi les faces d'incidence et d’'émergence sont parallèles à l’axe, on obtient un cercle et une ellipse concentriques et se coupant en quatre points. Si lalumière incidente est polarisée, et si l’on faittourner son plan de polarisation, le cercle et l’ellipse disparaissent alterna- tivement. Dans le cas général où la face d'incidence a une position quelconque par rapport à l’axe du cristal, le cercle et l'ellipse subsistent, mais ils ne sont plus concentriques. M.P. Desains a mis sous les yeux de la Société des épreuves photographiées de ces phénomènes ; 1l les a obtenus avec l’obligeant concours de M. Bourbouze. : PALÉONTOLOGIE. Sur une ancienne station huntaine, avec sépulture contemporaine des grands Mammifères fossiles ré- putés caractérishques de la dernière période géologique. — M. Ed. Lartet a lu à la Société, dans cette séance, la note suivante : La découverte première de cette sépulture remonte à plu- sieurs années; elle est due à un ouvrier terrassier, J.-B. Bon- nemaison, qui, en abattant, aux environs d’Aurignac (Haute- Garonne), un talus de terre meuble amoncelée au pied d’un escarpement de roche calcaire, se trouva tout à coup en pré- sence d’une grande dalle appliquée verticalement contre une ouverture cintrée. Cette dalle retirée lui laissa apercevoir, dans une sorte de niche ou grotte peu profonde, une grande quantité d’ossements et plusieurs crânes humains. L'ordre d’enlever ces ossements pour les réensevelir au cimetière de la paroisse fut donné par M. le docteur Amiel, maire d’Auri- gnac; mais, avant d'en faire opérer la translation, ce médecin instruit constata qu'il s’y trouvait des restes de dix-sept indi- vidus. Certaines formes lui parurent rapportables à des fem mes, tandis que d’autres parties de squelettes attestaient, par leur état d’ossification incomplète, la présence de sujets n’ayant pas dépassé la limite de l’adolescence. On recueillif, avec ces débris humains, quelques dents de Mammifères car- nassiers ou herbivores, et dix-huit petits disques ou rondelles percées dans leur milieu, sans doute pour en faciliter l’assem- 65 blage en bracelet ou tout autre ornement; quelques-uns de ces disques, d'une substance compacte et blanchâtre, furent envoyés à M. Leymerie, professeur de géologie à la faculté des sciences de Toulouse, qui a bien voulu récemment les mettre à ma disposition. J'ai cru reconnaître que ces objets de parure avaient été fabriqués avec la partie épaisse du têt d’une coquille marine du genre Cardium, et ce premier aperçu : a été confirmé par l’examen plus décisif qu’a bien voulu en faire M. Deshayes. Me trouvant de passage à Aurignac, en octobre dernier, les circonstances de cette découverte me furent rappelées par M. Vieu, conducteur des ponts et chaussées, avec de nouveaux détails qui me décidèrent à visiter l'emplacement de la sépul- ture et à y faire quelques recherches. Les premiers coups de pioche appliqués dans la grotte, à l’endroit même où gisaient les squelettes, amenèrent au jour une dent et quelques os humains (1), un bois de Renne, plusieurs os entiers de grand Ours des cavernes, des dents de Cheval, d’Aurochs, etc., des silex taillés, et, de plus, une portion de bois de Renne SOi- gneusement travaillé et façonné en arme appointie par un bout, tandis que l’autre extrémité, coupée en bec de flûte, pa- raissait destinée à être emmanchée. En dehors de la grotte ou cavité sépulcrale et à la base d’un remblai de terre meuble accumulée sur un espace de quelques mètres carrés, se mon- trait, en affleurement, une assise noirâtre dans laquelle je distinguai de nombreux débris de charbon mêlés de cendres et de terre de même nature que la terre végétale à l’entour. El fut aisé d'extraire de cette couche quelques dents d'Aurochs, de Renne et plusieurs os en partie calcinés. Dès lors l'exploration régulière et complète, tant de l'intérieur de la grotte que de (a) Sur une dixaine d'os humains qui étaient restés engagés dans la terre meuble de la sépulture, il n’y en a aucun qui puisse être attribué à des sujets de taille gr ande ni même moyenne, L'auteur croit devoir ajouter, sans cependant en tirer dès à présent aucune inductior, que tout ce qu’il a ob- servé, jusqu’à ce jour, d’osscments d'Homme strictement rapportables à cette première phase de la période humaine, provenaient d'individus de petite taille. Extrait de l’Institut, 4° section, 1864, 9 66 ses abords, fut résolue et achevée, en deux reprises, après plusieurs jours d’un travail exécuté par des ouvriers intelli- gents et constamment sous ma surveillance. Ces fouilles ont donné les résultats suivants : La couche de cendres et de charbon, dont l’épaisseur va- riait de quinze à vingt centimètres, s’étendait sur une espèce de plate-forme de cinq à six mètres carrés de superficie, jus- qu'à l'entrée de la grotte, mais sans y pénétrer. Elle renfer- mait une grande quantité d’ossements, quelques-uns carbo- nisés, d'autres simplement roussis par un chauïfement peu intense, et le plus grand nombre n’ayant pas subi l’action du feu Il y avait aussi beaucoup d’ossements et des parcelles de charbon disséminés dans une partie du remblai de terre meuble qui recouvrait la couche de cendres. Dans l'une et l’autre assise, les ossements d Herbivores se sont montrés dans une proportion numérique plus forte que ceux des Carnassiers. Parmi ces derniers, j'ai pu constater la présence des espèces suivantes : grand Ours des cavernes (Ursus spelœæus), autre Ours de moindre taille (U. arctos?, Blaireau, Putois, Loup, Renard, Hyène (H. spelæa), grand Felis des cavernes (F. spe- læa), Chat sauvage (F. catus ferus). Les Herbivores étaient représentés par un nombre à peu près égal d'espèces: Éléphant (El. primigenius), Rhinocéros (Rh. tichorhinus), Cheval, Ane, Cerf commun, Cerf gigantesque (Megaceros hibernicus), Renne, Chevreuil, Aurochs (Bison eu- ropœus). La présence du Chien domestique, que j'ai pu con- stater dans d’autres stations remontant à une haute antiquité, ne se révèle ici par aucune circonstance même d’évidence in- directe. Les os d'Herbivores, particulièrement ceux à cavités mé- dullaires, étaient cassés et fragmentés dans un plan uniforme et visiblement à l'intention d'en extraire la moelle. Plusieurs présentent des entailles et des traces de râclures produites par des instruments tranchants. Un grand nombre laissent égale- ment apercevoir l’empreinte énergique des dents d’un grand Carnivore, la Hyène probablement, qui s'était attaquée jus- qu'aux diaphyses des os très épais et très compactes de Rhi- nocéros et d’Aurochs. Du reste, la rencontre, dans les cendres ca ns me. 67 mêmes du foyer, de coprolithes d'Hyène, témoigne que ces animaux venaient, pendant l'absence de l'Homme, se nourrir des restes de ses repas. C’est aussi à la voracité des Hyènes qu’il faut attribuerla disparition presque totale des vertèbres et des os spongieux d'Herbivores, tandis que ceux des Carnassiers paraissent avoir été respectés par elles. L'état de bonne con- servation comparative des os des Carnassiers ferait également supposer que les corps de ces animaux avaient été entraînés là par l'Homme principalement en vue d'utiliser leur four- rure (1), peut-être aussi pour les faire figurer dans certaines consécrations funéraires ; car il ne faut pas oublier que, dans le substratum de terre meuble resté dans la grotte, sous l’em- placement des sépultures, il s’est trouvé beaucoup d’os entiers de grand Ours, de Loup, de Renard, comme aussi de Cheval, d'Aurochs, de Renne, etc. On a pu recueillir dans les cendres du foyer, et tout à l’entour, une centaine d’elats de silex, la plupart façonnés dans letype - désigr.é par les archéologues sous le nom de couteaux. Il y avait aussi d’autres silex arrondis et taillés à facettes multiples; on a supposé que ce devaient être des projectiles dont le choc était rendu plus dangereux par les saillies anguleuses ména- gées à leur surface. Tous ces objets doivent avoir été taillés sur place, car on a retrouvé à côté les noyaux des blocs sili- ceux desquels avaient été détachés de nombreux éclats. Un morceau de roche très dure et étrangère à la localité offre certains détails de foime qui semblent destinés à en faciliter la manœuvre pour la retaille du tranchant des silex (?). D'autres objets travaillés en os et surtout en bois de Renne unt aussi été recueiliis en grand nombre. On y distingue des flèches à tête lancéolée, sans aileron ni barbe récurrente, comme en portent celles d’un âge un peu plus récent. Un poinçon, fait d’une perche de Chevreuil à tissu très compacte, est soigneusement effilé et appointi, de façon à bien percer (1) On remarque cependant surun fragment de bassin de jeune Ursus spelœus des stries nombreuses qui sembleraient avoir élé produites par l’action répétée d’un outil tranchant dont on se serait servi pour en détacher les chairs, 68 les peaux que l’on voudrait rejoindre par une couture. Un autre outil à pointé également très aiguë, mais plus raccourcie, pourrait être considéré comme un instrument de tatouage. Plusieurs lames en bois de Renne, polies sur les deux faces, ressembleraient, d’après M. Steinhauer, l'un des conserva- teurs du musée d’antiquités de Copenhague, qui les a vues chez moi, aux lissoirs encore employés aujourd’hui par les Lapons pour rabattre les coutures grossières par lesquelles ils rejoignent les peaux de Renne. Une autre lame en bois de Renne présente, sur l’une de ses faces planes, de nom- breuses raies transverses, également distancées entre elles, avec une lacune d'interruption qui les divise en deux séries ; sur chacun des bords latéraux de ce morceau ont été entail- lées de champ d’autres séries de coches plus profondes et ré- gulièrement espacées; on serait tenté de voir là des signes de numération, exprimant des valeurs diverses ou s’appliquant à des objets distincts ; serait-ce une marque de chasse, comme l’a pensé M. Stéinhauer ? Enfin une canine d’Ursus spelœus, percée dans toute sa longueur, sans doute pour en faciliter la suspension comme ornement, nous montre un travail plus compliqué, un premier essai de l’art appliqué à la réprésen- tation de formes animales; on y reconnaît une imitation très imparfaite de la tête d’un Oiseau. En résumé, la découverte faite à Aurignac nous fournit le premier exemple rigoureusement constaté d'une sépulture hu- maine évidemment contemporaine des Hyènes, du grand Ours des cavernes, du Rhinocéros et de plusieurs autres es- pèces éteintes, si souvent qualifiées d’antédiluviennes. La réunion sur ce point de tant de restes d'animaux divers est indubitablement due à l'intervention exclusive de l'Homme. La preuve que ces animaux y ont été entraînés après avoir été ré- cemment abattus résulte de ce que les os de Rhinocéros, d’Au- rochs, de Renne, etc., étaient nécessairement encore à l'état frais lorsqu'ils ont été rongés par les Hyènes, après avoir été fragmentés par l'Homme (1). La disposition des lieux et la di- (4) L'examen chimique que M. Delesse à bien voulu faire des os d’Aurignac fournit aussi un excellent moyen de contrôle pour la question de contem- poranéité. Les auaiyses rigoureuses qu’il en a failes ont démontré que les os pe + 69 tection des pentes ne permettent pas d’ailleurs d'admettre l'apport de ces débris par des agents naturels ; et toute autre explication resterait logiquement insuffisante. Une autre conclusion importante ressort de l'ensemble des faits observés à Aurignac. C’est que, depuis le moment où l'Homme a véeu là en antagonisme direct avec ces grandes espèces éteintes dont notre imagination est habituée à repor- ter l'existence dans des temps très reculés, il ne s’est produit, dans cette région, aucune grande invasion aqueuse , aucun bouleversement physique de nature seulement à apporter le moindre changement dans les accidents topographiques du ni Il a suffi, en effet, pendant la longue série de siècles écoulés depuis l'abandon de cette sépulture, d’une simple dalle de quelques centimètres d'épaisseur pour la mettre à l'abri de toute atteinte extérieure : et c’est sous un mince re- couvrement de terre meuble que se sont conservés les débris des derniers repas funéraires, aussi bien que les produits va- riés d’une industrie grossière, dans lesquels notre esprit cher- che à ressaisir quelques treits de mœurs d’une race humaine qui fut peut-être la plus anciennement établie dans notre Eu- rope occidentale. L'auteur a mis ensuite sous Les yeux de la Société d’autres objets travaillés, provenant de stations humaines un peu moins anciennes que celle d’Aurigoac; entre autres , des figures d'animaux gravés avee la pointe du silex sur os et sur bois de Cerf, et dans lesquelles on retrouve, avec des lignes de profil de plus en plus correctes, une première application des artifices du dessin , par l'emploi de hachures dans l'indication des ombres. Le raccordement synchronique de ces œuvres d'art antéhistorique avec certaines espèces animales successi- vement disparues sera exposé dans un travail avec figures présentement em voie de publication. Séance du 25 mai 1861. GÉOLOGIE. Considérations théoriques sur les phénomènes de de Renne, d'Aurochs, de Rhinocéros, eïc., avéient retenu précisément la même proportion d'azote que ceux d'Homme provenant du même gisement. x 70 X la période quaternaire. — M. Scipion Gras a présenté à la Société dans cette séance la note suivante : La plus intéressante de toutes les périodes géologiques est certainement la dernière, celle que l’on s’accorde aujourd’hui à nommer quaternaire. Elle offre cela de piquant qu'étant très rapprochée de nous, puisqu'elle a précédé immédiate- ment l’ordre actuel des choses, elle a été remplie par des phénomènes qui sont précisément les plus étonnants et qui s’éloignent le plus de ce qui se passe actuellement à la surface de la Terre. Ainsi, elle nous offre des nappes de cailloux rou- lés qui, sans aucun doute, ont été charriés par des eaux courantes et qui cependant couronnent des collines isolées, hautes de 200 à 300 mètres au-dessus des rivières les plus rapprochées. C'est à cette époque que des quartiers de rocher d’un volume quelquefois énorme ont été transportés à 10 ou 12 myriamètres des points où ils étaient en place et déposés sur des hauteurs, apres avoir traversé des vallées profondes. On a imaginé bien des systèmes pour se rendre compte des phénomènes quaternaires, et si jusqu'à présent on en a été peu satisfait, c’est probablement parce qu'ils étaient en- core plus extraordinaires que les faits mêmes qu’il s'agissait d'expliquer. On a peut-être trop oub ié que la nature n'em- ploie que des moyens simples; ce qui n'empêche pas qu'ils ne soient féconds et qu'ils ne réalisent les effets les plus gran- dicses, et c’est surtout en cela qu'ils sont admirables. Nous croyons que tous les phénomènes quaternaires ont été le ré- sultat d’une cause géogénique peu compliquée, qui paraît avoir joué autrefois un grand rôle et dont on observe encore au- jourd’hui des restes affaiblis. Avant de le montrer, nous allons rappeler en peu de mots quels sont les principaux monuments qui nous restent de celte période. Ils consistent en dépôts de transport, qu! par leur gisement contrastent avec ceux de no- tre époque,et en érosions qui élonnent l'imagination par leurs proportions gigantesques. Les dépôts de transport quaternaires, auxquels, conformé- ment à l'usage, nous conserverons le nom de diluvium, sont au nombre de quatre qui nous paraissent tous bien distincts 71 sous le rapport de l’âge. En voici le tableau, en commencant par les plus anciens : 1° Diluvium des vallées ou inférieur. Ce terrain est carac- térisé par son gisement; il occupe le fond des vallées, oùilest en partie caché sous les alluvions modernes. Souvent on le voit sortir de dessous ces alluvions et s'élever à droite ou à gauche à une hauteur considérable. On remarque ordinaire- ment dans son sein des blocs volumineux, de beaucoup supé- rieurs à ceux que les eaux actuelles peuvent rouler. Dans le bassin de Paris, le diluvium inférieur occupe la partie la plus basse de la vallée de la Seine, où il se distingue facilement des alluvions actuelles par ses cailloux granit ques et ses gros quartiers de grès et de poudingue. Dans le Bas Dauphiné, il présente une puissance énorme, égale sur quelques points à plusieurs centaines de mètres; il renferme près de Lyon de gros blocs anguleuxet, en même temps, des cailloux finement rayés, comme ceux qui sont au-dessous des glaciers; ce qui semble indiquer que ceux-ci avaient alors dans les Alpes une extension bien plus grande que de nos jours, et que par con- séquent Le climat était tout diflérent. Le commencement de la période quaternaire aurait donc été une époque glaciaire. En outre, on observe avec les blocs anguleux et les cailloux rayés des restes de corps marins qui, d’après leur ban état de conservation dans quelques lieux, paraissent contemporains du dépôt. Leur présence est une preuve d’une invasion des eaux de la mer à cette époque, ce qui est confirmé par beau- coup d’autres observations. 2° Diluvium des plateaux. Ce diluvium consiste en une nappe argilo-sableuse, habituellement colorée en rouge ou en jaune par de l’oxyde de fer et mêlée quelquefois de caïtloux quartzeux. Aux environs de Paris, on l’observe à la surface des plateaux les plus élevés qui dominent le cours de la Seine. Il est assez peu connu : Alexandre Brongniart en a dit à peine quelques mots dans sa Description géologique des environs de Paris; M. de Senarmont est le géologue qui en a parlé avec - le plus de détal!s ; quoi qu’il er soit, son existence est certaine. Dans la vallée du Rhône et dans celle de la Saône, ce dilu- vium couvre de vastes surfaces, en se maintenant à une grande 12 hauteur au-dessus des rivières; presque partout,on peut con- stater sa superposition immédiate sur le diluvium inférieur. 3 Diluvium des terrasses. Ce terrain diluvien est par sa position topographique intermédiaire entre les deux précé- dents; il recouvre les terrasses, qui ne sont autre chose que les anciens lits des rivières lorsqu'elles coulaient à un niveau supérieur à leur lit actuel. On y distingue en général deux as- sises dont la plus ancienne est caillouteuse et la plus récente ar- gilo-sablonneuse ; presque toujours l’une et l’autre renferment beaucoup d'oxyde de fer. Ce terrain de transport est repré- senté à Paris par celui que l’on a nommé quelquefois diluvium rouge; c’est une couche de cailloux siliceux et de sable ferru- gineux, qui recouvre les plaines basses à droite et à gauche du cours de la Seine. Sur les bords du Rhin, la partie argilo- sableuse de ce dépôt a une puissance ct une étendue consi- dérables; elle est connue depuis longtemps sous le nom de lehm. Dans la vallée du Rhône, le lehm est remplacé par un gravier siliceux rougeâtre, qui borde le fleuve presque jusqu’à la mer. Il est facile de s’assurer dans l'Alsace et dans le Dauphiné que le diluvium des terrasses ne s’est formé qu'après des éro- sions profondes, qui ont entamé les deux premiers terrains de transport; en sorte qu'il y a eu pour le sol deux époques dif- férentes de dénudation. Les vallées ont été creusées une pre- mière fois, tout à fait au commencement de la période qua- ternaire ; puis comblées presque en totalité par une grande quantité de matières meubles; puis creusées une seconde fois. Cette dernière érosion, ayant été intermittente, a donné lieu à la création des terrasses qui sont, comme nous l’avons dit, d'anciens lits étagés. 4° Blocs erratiques superficiels. Ces blocs manquent en France dans les pays de plaine ; on ne les rencontre que dans le voisinage des hautes montagnes et particulièrement autour des Alpes. Ce sont des quartiers de rocher d’un volume en général considérable, que l’on observe sur des points plus ou moinsélevés, bien loin de leur point de départet au delà de val- lées larges et profondes qu'ils ont dû nécessairement traverser. La plupart des géologues pensent aujourd'hui qu'ils ont été 43 transportés sur le dos d’anciens glaciers ; mais alors il faut admettre que notre climat avait éprouvé à cette époque, de même qu’au commencement de la période quaternaire, un refroidissement extraordinaire, et qu’il était devenu analogue à celui des contrées boréales. La cause d’un pareil refroidis- ment est restée inexpliquée. Les blocs erratiques reposent sur tous les terrains, même sur les terrasses diluviennes les plus basses. Il n’est pas douteux, d’après leur indépendance com- plète de gisement, que leur dispersion n’ait été le dernier des phénomènes quaternaires. En faisant abstraction des blocs erratiques superficiels pour ne considérer que les trois premiers diluviums, on peut résu- mer de la manière suivante la succession des phénomènes qui les ont produits : d’abord, ainsi que nous l’avons déjà dit, il y a eu des vallées creusées tout à fait au commencement de la période quaternaire; après, ces vallées ont été remplies jus- qu’à une grande hauteur par un premier terrain de transport, celui que nous avons nommé diluvium inférieur ; plus tard, un second terrain de transport s’est étendu transgressivement sur le premier et sur les hauteurs environnantes, c’est le di- luvium des plateaux ; enfin les vallées comblées par ces deux terrains ont été déblayées à la suite de grandes érosions : celles-ci, ayant été successives et interrompues par intervalles, ont créé d'anciens lits à la surface desquels s’est déposé le diluvium des terrasses. Cette succession de phénomènes est un fait indépendant de toute hypothèse et susceptible d’être constaté rigoureusement par l'observation. Nous croyons qu'on peut l'expliquer d'une manière plausible en admettant qu'il y a eu pendant la période quaternaire, comme pendant les périodes géolog ques précédentes, des mouvements oscil- latoires de l’écorce du globe. On peut se faire une idée claire de pareils mouvements en supposant qu'une certaine étendue de nos continents s’abaisse pour se rapprocher du centre de la Terre, ou, ce qui revient au même, que le niveau des mers environnantes s'élève ; que les eaux, après avoir atteint une certaine hauteur, y restent stationnaires; puis qu’elles dé- croissent successivement jusqu’à ce qu'elles soient rentrées dans leur premier lit. Quelle a*été la cause de ces anciennes Extrait de l’Institut, Are section 41264, 10 14 oscillations ? Nous n’en savons absolument rien , mais on doit les considérer comme un fait prouvé par l'observation. Aïnsi il est incontestable qu'il y a des contrées, le bassin de Paris par exemple, où des terrains marins alternent avec des ter- rains d’eau douce, ce qui ne peut bien s’expliquer que par des envahissements et des retraits successifs des eaux de la mer, ou, en d’autres termes, par des oscillations de la croûte ter- restre. Il est à remarquer que ces mouvements oscillatoires ne sont pas complétement étemts aujourd’hui. On sait depuis -Tongtemps que le sol de la Scandinavie n’est pas rigoureuse- ment stable. En prenant pour repère le niveau de la mer, on s’est aperçu qu'il s'élevait lentement dans certaines régions et qu'il s’abaissait dans d’autres. Il est vraisemblable qu'avec le temps ces mouvements changeront de sens. Pour montrer que les phénomènes diluviens peuvent être rattachés aux anciennes oscillations de l'écorce du globe, il est d'abord nécessaire de rappeler que, dès le commencement de la période quaternaire, les circonstances physiques à la surface de la Terre étaient à très peu près ce qu'elles sont aujourd'hui. Ainsi à cette époque les montagnes avaient déjà acquis toute leur hauteur; leur forme et leur contour étaient définitivement arrêtés. Leurs sommités les plus élevées étaient donc couronnées de neiges éternelles et donnaient naissance à des glaciers. Ceux-ci avaient un mouvement progressif dans les hautes vallées et transportaient des moraines. Il y avait alors des torrents, des rivières torreutielles et des fleuves ayant les mêmes bassins que les nôtres et coulant exactement dans le même sens. Par suite, il se produisait des atterrisse- ments semblables à ceux que nous observons. D’autre part, il ne se formait plus dans le sein des mers, si ce n’est peut- être accidentellement et sur des espaces très restreints, de ces puissants dépôts de sédiment, de nature calcaire, marneuse ou arénacée, dont on voit de si fréquents exemples jusqu’à la fin de la période tertiaire. -Puisqu’il y a eu tant de similitude entre les conditions phy- siques de la surface terrestre pendant les temps quaternaires et de nos jours, il y a un moyen simple de s’assurer si en effet les phénomènes diluviens peuvent s'expliquer par un mouve-" de SU 4 75 ment oscillatoire des mers, c’est d'examiner ce qui arriverait si un pareil mouvement avait lieu sous nos yeux. Il est clair que s’il doit donner naissance à des terrains de transport ana- logues à ceux que nous avons distingués plus haut sous les noms de diluvium des vallées, de diluvium des plateaux et de diluvium des terrasses, il deviendra extrémement pro- bable que ces divers diluviums ont été produits autrefois par une cause pareille. Nous allons donc examiner quelles seraient les conséquences d’une oscillation moderne. Si le niveau de la mer s’élevait peu à peu, il est évident que les atterrissements qui se forment aujourd'hui à l'embouchure de tous les fleuves s’avanceraient progressivement dans l’in- térieur des terres, et que, en supposant le mouvement ascen- sionnel des eaux assez lent pour permettre aux alluvions d'acquérir une grande épaisseur en s’aceumulant, le fond des vallées serait entièrement comblé jusqu’à une hauteur consi- dérable. Il est également certain que les alluvions déposées ne $e composeraient pas seulement de sable et de limon, mais de cailloux de diverses grosseurs qui pourraient être très volu- mineux s’il y avait des affluents torrentiels. Comme les cours d’eau secondaires sont régis exactement par les mêmes lois que les rivières où ils portent leurs eaux, l’atterrissement des vallées principales remonterait le long des vallées latérales. Il se formerait donc dans chaque bassin un vaste dépôt de sable ét de gravier dont le caractère le plus constant serait d’occu- per en tout lieu les parties les plus basses du sol. Ce terrain de transport des vallées serait excessivement puissant dans le voisinage des hautes montagnes, si les eaux devenues station- naires formaient pendant longtemps un lac ambiant; car les torrents, qui auraient leur source dans les hauteurs environ- nantes, y transporteraient de tous côtés une grande masse de débris. Si, à la même époque, la température des lieux était assez basse pour que les glaciers pussent descendre au ni- veau de ce lac et y pénétrer, on y trouverait pêle-mêle des cailloux roulés ordinaires, des galets finement striés comme ceux des glaciers, enfin de gros blocs anguleux comme ceux des moraines. Nous ajouterons que, la nappe d’eau étant salée, il est vraisemblable que sur quelques points, là où les circon- 16 stances seraient favorables à l’entretien de la vie, on verrait des animaux marins apparaître et se propager. Passons maintenant à la seconde phase du phénomène, et supposons que la mer commence à se retirer. Ce retrait aura pour premières conséquences les trois faits suivants. D'abord, le sol des vallées enseveli jusque-là sous une grande hauteur d’eau en sortira peu à peu. Les parties supérieures voisines des hautes montagnes seront les premières émergées ; puis les autres paraîtront successivement. En second lieu, comme rien n'aura été changé à la pente générale du sol, les eaux commenceront à se mouvoir suivant cette pente; il s’établira des courants qui, partant du sein des montagnes où ils auront. leur source, suivront la direction des vallées déjà en partie émergées, pour se rendre à la mer. En troisième lieu, comme le fond des vallées aura été comblé jusqu'à une grande hauteur par les atterrissements formés pendant la période d’ascension des eaux, les courants qui parcourront les vallées immédiate- ment après leur émersion, couleront nécessairemert à un ni- veau très élevé. Ils ne suivront nullement la ligne de l’ancien thalweg du sol, mais ils divagueront soit à droite, soit à gau- che, et couvriront les plaines supérieures ou plateaux envi- ‘ronnants, dans le sein desquels l'ancien thalweg avait été creusé. Comme tous les courants charrient des matières et qu'ils les déposent dès que leur puissance d'entraînement éprouve une diminution notable à la suite des crues, il se formera nécessairement à cette époque une couche plus ou moins épaisse de sable et de gravier, qui s’étendra transgres- siv.-ment à la fois sur l’ancien atterrissement et sur le sol élevé dont celui-ci aura atteint le niveau. Cette nappe sablo-caillou- teuse sera un véritable ferrain de transport des plateaux, relativement au fond primitif de la vallée. Les eaux conti- auant à baisser, un autre phénomène ne tardera pas à se pro- duire. Dès que le sol des vallées aura atteint par le fait de son émersion toujours croissante une hauteur un peu notable au- dessus du niveau de la mer, les eaux courantes jusque-là su- perficielles commenceront à s’encaisser, soit dans le sein des alluvions précédemment déposées, soit même accidentellement dansles terrains voisins, s'ils sont peu résistants. Cet encais- 77 sement, qui fera des progrès incessants au fur et à mesure de l’abaissement de là mer, aura lieu en vertu de causes diamé- tralement opposées à sale qui agissaient pendant la période de son ascension. En effet, lorsque la mer s'élevait, elle barrait successivement à diverses hauteurs le lit des cours d’eau, ce qui provoquait nécessairement la formation d’un atterrisse- ment; ces barrages venant à disparaître, les eaux devront dé- faire ce qu’elles avaient fait, et par conséquent entraîner les matières déposées. Le même principe peut être énoncé, en d’autres termes encore plus généraux, par la phrase suivante, qui exprime une loi fondamentale des rivières torrentielles : « Le lit d’un cours d’eau dont le régime moyen est supposé » constant, tend sans cesse vers un certain état permanent ou ) d'équilibre, et finit avec le temps par l’atteindre. Si l’on » trouble cet équilibre en modifiant momentanément, soit le » régime des eaux, soit les conditions physiques du sol, dès » que la cause modifiante aura disparu, le lit redeviendra » exactement ce qu'il était auparavant. » IL résulte de cette loi que lorsque, au retour de son excursion dans le sein des terres, la mer sera rentrée dans ses anciennes limites, toutes les vallées auront repris ou reprendront peu à peu, par l’ac- tion des eaux courantes, exactement la même pente et la méme . profondeur qu’elles avaient auparavant. Supposons maintenant que l’abaissement de la mer, au lieu de s'être opéré d'une manière continue, at éprouvé plusieurs intermittences durant lesquelles le niveau des eaux restait sen- siblement constant. Il est aisé de voir que, pendant ces épo- ques, le creusement du sol ayant été suspendu, les eaux auront coulé sur le même plan incliné. Les vallées offriront donc des traces de plusieurs anciens lits étagés ou, en d’autres termes, des terrasses indiquant le niveau successif des rivières. Puis- que ces terrasses auront été d'anciens lits, elles seront recou-- vertes d’une certaine épaisseur de matières alluviennes. On aura donc un fer: ain de transport des terrasses. Cet exposé nous paraît suffisant pour montrer qu’une oscil- lation terrestre, qui arriverait à l’époque actuelle, produirait un diluvium des vallées, un diluvium des plateaux et un diluvium des terrasses, lout à fait semblables sous le rapport 78 du gisement à ceux que nous présente la période quatefnaire. Pour que cette conformité fût vraie à tous les points de vue et s’étendît jusqu'aux moindres détails, il faudrait admettre qu'une oscillation moderne serait accompagnée, lorsque com- mencerait le retrait de la mer, de nombreuses sources ferru- gineuses qui communiqueraient une teinte généralement ocreuse aux dépôts.formés à cette époque."If faudrait aussi supposer que, en même temps que la mer sortirait de son lit, il y aurait de grands changements météorologiques d’où il ré- sulterait des cours d’eau plus considérables et un climat plus froid. Nous croyons en effet que le volume des rivières ac- tuelles, même au moment de leurs plus fortes crues, n’est pas en rapport avec l’immensité des dépôts et des érosions qua- ternaires. Il ést encore plus évident qu’une extension extraor- dinaire des glaciers ne pourrait avoir lieu qu'à la suite d’un abaissement notable de la température moyenne de nos con- trées. La première hypothèse, celle de l’apparition de sources ferrugineuses et de leur dépôt ocreux, n’a absolument rien d invratsémbfable. Il existe de pareilles sources de nos Jours, etilserait peu étonnant que, venant du sein de la terre, elles augmentassent en nombre et en volume à la suite d'une per- turbation de la croûte du globe. Quant à l'augmentation du volume des eaux courantes et à l’abaissement de la tempé- rature moyenne, Nous avouons sans peine que l’on ne voit pas nettement pourquoi ces deux faits coïncideraient avec un chan- gement dans le niveau des mers. Au reste, il n’y a rien d'é- tonnant à ce qu'il en soit ainsi, puisque nous sommes dans une ignorance complète sur la nature de la cause elle-même qui a déterminé les oscillations. Il est vraisemblable que sis jamais nous parvenons à pénétrer cette cause, nous aperce- vrons en même temps comment elle a pu modifier profondé- ment les climats à la surface du globe. Pour compléter notre exposé théorique, il nous reste à quelques mots des blocs erratiques superficiels dont la disper- sion a été le dernier des phénomènes quaternaires. Nous par- tageons l’opinion de la plupart des géologues, qui attribuent leur transport à des glaciers, cette hypothèse étant la seule qui puisse raisonnablement expliquer tous les détails de leur 19 gisement. Nous croyons aussi que cette seconde époque gla- ciaire a été produite par des causes analogues ou identiques avec celles qui avaient occasionné la première. Or, l’on a vu qu'au commencement de la période quaternaire l’abaisse- ment de la température moyenne avait coïncidé avec un grand mouvement de la croûte terrestre; il est donc naturel d’ad- mettre qu'il en a été de même à la fin. Seulement, pour rester d'accord avec les faits, il faut supposer que cette dernière oscillation a eu lieu en sens contraire de la précédente. Le sol déjà émergé se serait élevé jusqu'à une grande hauteur; puis, par un mouvement rétrograde, il aurait repris peu à peu son ancienne position. S'il en a été ainsi, aucun terrain de sables et de caillouxroulés, actuellement visible, n’a pu se for- mer à cette époque, et la principale preuve de son existence a dû être cette multitude de blocs erratiques qui, par leur éloignement des points d’où ils sont partis et leur gisement à de grandes hauteurs, constituent, dans tous les cas, un des faits les plus extraordinaires et les plus dignes d'intérêt qu 7 y ait en géologie. P Séance du A7 juin 1861. M. de Caligny a communiqué dans cette séance des rensei- gnements sur l’état des travaux de percement du mont Cénis, et des observations sur les effets obtenus. — Il a signalé aussi * une nouvelle propriété des écluses de navigation. Des renseignements officiels ont enfin, dit-il, été donnés à la chambre des députés de Turin par le ministre des travaux publics, M. Peruzzi, dans la séance du 26 avril, sur l’état actuel de ces travaux. Toutes les machines sont montées sur le versant italien, et, d’après le discours de M. Peruzzi, travaillent parfaitement, au point qu’on a pu faire en vingt-quatre heures deux mètres et demi de galerie d’une section de trois mètres de haut sur deux mètres environ de large. Du côté de la Savoie, on monte les machines, et l’on croit que dans très peu de temps elles se- ront installées. Le ministre explique ensuite les raisons pour lesquelles les frayaux n'ont pas marché plus vite; de sorte que les quinze à 80 seize cents mètres exécutés jusqu'alors ne l'avaient été que par les moyens ordinaires. Îl ajoute qu’on espère faire par vingt-quatre heures une longueur de trois mètres de gagné, de chaque côté des Alpes. M. de Caligny donne ensuite des rense‘gnements cote qui lui ont été communiqués sur l’accident dont parle la Ga- zetta di Torino du 31 janvier, comme étant arrivé à l’un des tuyaux d'un des compresseurs hydropneumatiques dans le mois d'octobre. On lui écrit que cette rupture n’a pas eu une grande importance, et qu elle est arrivée parce que les vannes d'admission et de vidange, quoique étant manœuvrées par des lames qui étaient calées sous des angles différents, sur un même arbre de transmission, n'avaient pas cependant un mouvem nt assez solidaire. [| est arrivé qu’une vanne de vi- dange ne s’est pas bien fermée ; la vanne d'admission s'étant ouverte, l eau s’est écoulée par la vanne de vidange et a pris une énorme vitesse qui a causé la rupture d’un tube du compresseur. Le tube a été changé, et l’on a, à l’aide d’une espèce d’encliquetage, empêché la vanne d'admission de s'ouvrir avant que celle de vidange fût fermée; cela a suffi, à ce qu'on assure. Depuis lors les compresseurs auraient tou- jours fonctionné sans inconvénient, et leur solidité serait par- faite. Cet accident montre cependant une fois de plus, selon M. de Caligny, que c’est toujours une bonüe chose de disposer ce genre d'appareils de manière que rien de semblable ne puisse arriver, quand même on le voudrait. Il rappelle à cette occa- sion la disposition de l'espèce de tiroir combiné avec une vanne cylindrique de manière à ne former qu’une pièce, qu'il a communiqué à la Société, le 20 juillet 1839 (voir l'Institut, n° 293, p. 271), où l'on explique qu’un bout de tuyau ouvert par le sommet, bouché par le fond, mais percé latéralement, met alternativement en communication le tuyau vertical d’as- cension avec le tuyau d'admission et le tuyau de vidange qui sont horizontaux et superposés. Quant aux coudes brusques résultant de cette disposition et qui ont longtemps embarrassé l’auteur, il rappelle que dans sa communication du 28 juin 1851 (l'Institut, n° 916, p. 237), il a indiqué un moyen d'en 81 diminuer l'importance, au moyen de lames courbes concen- triques. Dans le modèle objet de cette ancienne communica- tion de 1839, et qui est conservé, on avait mis ces deux tuyaux parallèles à une distance l'un de l’autre plus grande que leur diamètre, afin d'empêcher au besoin qu'ils ne pussent jamais communiquer entre eux. M. de Caliguy ajoute que le même genre d'effet, sauf une dif- férence dans la disposition des coudes, aurait pu être obtenu au moyen d’une vanne cylindrique ouverte à ses deux extrémités comme un simple tuyau rectiligne, mais ayant uue hauteur au moins triple du diamètre de ces tuyaux horizontaux supposés d’égal diamètre, plus la hauteur nécessaire pour obtenir de bonnes fermetures alternatives. Dans le premier cas, celui du tiroir bouché par le fond, il rappelle qu'on a l'avantage de pouvoir faire manœuvrer cette pièce d'elle-même, en vertu du principe de la machine à co- lonne d’eau, la pression agissant par-dessus quand on veut qu il descende, et un contrepoids solide ou liquide le relevant en temps utile; de sorte qu'il n’y a qu'à làcher des déclics aux époques convenables. Mais pour des cas analogues à celui dont il s’agit, le volume d’eau descendu à chaque période pendant la baisse de cette espèce de piston, ou relevée pendant que celui-ci remonteraii, pourrait être une cause de difficulté, pour le cas surtout où il ne s'agirait pas seulement de com- primer de l’air à de faibles tensions. Si donc il s'agissait, comme au mont Cénis, de comprimer de l'air à des tensions élevées, la disposition de la vanne cylindrique dont on vient de parler, n'ayant pas le même inconvénient, paraîtrait devoir être signalée, selon M. de Caligny, toutes choses égales d’ail- leurs, d’autant plus qu'elle pourrait, dit-il, être manœuvrée précisément au moyen du même principe, C'est-à-dire au moyen d'un piston disposé au-dessous d’elle et qui lui serait couvenablement attaché. Or ce piston pourrait être d’un assez petit diamètre pour qu’on n’eüt pas à s'embarrasser autant de ce qui vient d'être dit, quant au volume d’eau suivant ou pré- cédant ce piston. ; M. de Caligny rappelle, comme il l’a expliqué dans ses mémoires manuscrits, et d’ailleurs aussi dans un mémoire im- Extrait de l’Institut, 4r° section 4364. 41 82 primé intitulé : Résumé succinct des expériences de M. Anatole de Caligny sur une branche nouvelle de l’hydraul que, publié dans le Technologiste de 1860, avec figures, p. 499,que, pour le tiroir mentionné ci-dessus comme ayant depuis longtemps été communiqué à la Société, les pressions peuvent être faci- lement équilibrées autour de l'axe, à la hauteur de chaque tuyau horizontal, de manière qu'on n’ait pas de frottement bien sensible à vaincre entre corps solides. Il en résulte, dit- il, que si l’on employait seulement la vanre cylindrique ci- dessus, en équilibrant de la même manière que pour les tiroirs les pressions latérales par la liberté laissée à l’eau de circuler dans des retraites fixes à la hauteur de chaque tuyau horizon- tal, on aurait très peu de frottement à vaincre pour manœu- vrer cette vanne cylindrique, de sorte qu'un piston de petit diamètre serait bien suffisant. Il n’en faudrait pas moins tenir compte : 1° de ce que pen- dant qu'il s’abaisserait, dans le cas où l’eau qui descendrait au-dessus de lui viendrait directement du bief supérieur, il y aurait quelque peu de force vive engendrée en vertu de la descente de cette eau, et qu’il serait prudent d’y avoir égard au moyen d’un petit matelas d'air; 2° de ce que cette même quantité d'eau devant être ensuite relevé ée et refoulée sur l’air qui doit être comprimé, la compression de ce dernier com- mencerait en vertu même de ce refoulement; de sorte que si le volume de cette eau n’était pas assez diminué par le dia- mètre du piston, il pourrait en résulter une difficulté qui ne s’est pas présentée pour la machine simplement élévatoire, même quand le piston avait une section égale à celle du tuyau vertical, comme dans les expériences répétées devant une commission de l’Académie des sciences, à l'École des mines de Paris, en 1837. Quant à la chance d’un petit coup de bélier dont il vient de parler, M. de Caligny ajoute que cela dépend de la combimai- son de colonnes liquides oscillantes qui serait employée. Ainsi il n’est rien arrivé, même sans matelas d'air, aux fra- gîles tuyaux de zinc employés à l’ expérience qui vient d’être rappelée comme ayant été répétée à l’École des mines. Il n'a parlé de l'accident déjà ancien arrivé au mois d’oc- 8 tobre au mont Cénis, que pour avoir une occasion de déve- lopper les propriétés des tiroirs à piston et à pression latérales équilibrées dont il s’était occupé déjà en 1834, mais qu'il avait longtemps un peu trop négligés, dit-il, pour l'étude des soupapes tournant autour de leur centre de figure. On crai- gnait que dans l’eau ces tiroirs ou les vannes cylindriques analogues ne durassent pas longtemps en marchant conti- nuellement. Or il paraît que cette crainte doit être aujourd’hui bien atténuée, au moins pour certaines eaux, surtout depuis qu’au mont Cénis on a préféré les vannes cylindriques aux soupapes de Cornwall pour fonctionner cependant continuel- lement. D'ailleurs, en faisant les observations générales ci- dessus, M. de Caligny n’entend point blâmer l’espèce d’encli- quetage, dont il n’a pas suffisamment connaissance, qui est maintenant employé au mont Cénis pour empêcher les vannes d'admission et de vidange d’être ouvertes en même temps. Il s’agit sans doute, selon lui, d’un de ces détails très secon- daires qui ne changent rien au principe susceptible d’être appliqué de plusieurs manières. — Dans la mème séance du 1° juin, M. de Caligny a com- muniqué une propriété des longs tuyaux ou aqueducs, au moyen desquels il a proposé de vider et de remplir alternati- vement une écluse de navigation en se servant des bassins d'épargne existant près de certaines écluses, d’une manière plus avantageuse qu'on ne le faisait avec des tuyaux courts. Les moyens de faire ouvrir d’elles-mêmes les portes de ces écluses et d’en faire sortir d'eux-mêmes les bateaux, dont il a entretenu la Société dans les séances des 13, 27 avril et 4 mai derniers, peuvent être essayés aussi, dit-il, quand on se ser- vira de ces tuyaux des bassins d'épargne. Il suffira de mettre ces tuyaux alternativement en communication avec les biefs d’amont et d’aval, aux époques convenables, quand chaque oscillation du bassin d'épargne sera finie dans un sens ou dans l’autre. _ Puysique. Électricité. — M. Th. du Moncel a communiqué aussi à la Société dans cette séance la note! suivante sur les transmissions électriques à travers le sol : x Dans une note présentée à l'Académie des sciences le 84 27 mai dernier, j'avais signalé la présence sur certaines lignes télégraphiques de courants telluriques dus à l’action seule de deux plaques de fer enterrées aux deux extrémités de la ligne dans des terrains différemment humides, et je démontrais que ces courants intervenant dans les transmissions électriques provoquaient certaines réactions qui devaient être prises en considération dans la pratique de la télégraphie électrique. De nouvelles expériences m'ont démontré que ces réactions n'étaient pas les seules à intervenir dans les effets que j'avais signalés, et que les dimensions relatives des plaques les unes par rapport aux autres exerçaient une influence des plus mar- quées. Mes expériences, comme je l'ai déjà dit dans ma première note, ont été faites sur une ligne télégraphique de 1735 mè- tres de longueur, munie de 20 fils conducteurs de 3 millimè- tres de diamètre. Une première série a été faite en prenant comme plaques de terre : 1° les conduites d’eau du quartier de Grenelle ; 2° une plaque de 60 décimètres carrés de sur- face, enterrée près de la Seine. Une seconde série a été faite avec deux plaques de tôle de 60 décimètres carrés de surface enterrées à 890 mètres l’une de l’autre. Enfin une troisième série a été faite en prenant d’un côté la conduite de gaz, de l’autre la conduite d’eau. Hi La détermination de la résistance du sol dans la première série d'expériences a fourni en moyenne 62,58 tours de rhéostat, c’est-à-dire environ 2 150 mètres, lorsque le courant tellurique s’ajoutait à celui de la pile et que le pôle positif de celle-ci était en communication avec la plaque de 60 décimè- tres carrés. Avec la disposition inverse de la pile, cette résis- tance a été représentée en moyenne par 79,03 tours de rhéo- stat (2715 mètres). La seconde série a donné en moyenue 117,02 tours de rhéostat (4019 mètres) quand le courant tel. lurique marchait dans le même sens que celui de la pile. 118,58 tours (4073 mètres) avec la disposition contraire de la pile. Enfin la troisième série a donné 6,8 tours (233 mètres) quel qu'ait été le sens du courant. Tous ces chiffres ont été déduits d'expériences faites après dix minutes de fermeture du courant à travers les circuits. Ces différences considérables 89 de la résistance du sol dans ces différentes séries d’expé- riences n’ont d’ailleurs rien de surprenant, puisque, d’après la théorie d'Ohm, la résistance du sol est en raison inverse de la surface des plaques servant à la transmission électrique. Mais ce qui est curieux et fort important pour les consé- quences pratiques qu'on peut en tirer, c’est la différence con- sidérable de la résistance du sol que présente la première série d'expériences suivant la disposition de la pile dans le circuit. Sans doute l'intervention du courant tellurique peut entrer pour quelque chose dans le phénomène, mais elle ne peut l’ex- pliquer entièrement, puisque la même différence existe aussi bien quand le courant tellurique est fort que quand il est faible, et que d’ailleurs elle ne se retrouve plus dans la seconde série d'expériences. Depuis longtemps j'avais reconnu avec les courants induits de la machine de Ruhmkorff la différence considérable qui txiste entre des décharges provoquées d’une petite surface conductrice à une grande, suivant que le pôle positif est en communication avec l’une ou l’autre de ces surfaces, et j'avais pensé qu'un effet du même genre pouvait être en jeu dans les expériences aujourd'hui en question. Effectivement, la con- duite de gaz placée à une extrémité de la ligne télégraphique alors que l’aufre extrémité communique à une plaque de 50 décimètres carrés représente un circuit composé d’une partie bonne conductrice et d’une partie mauvaise conduc- trice mises en relation par l'intermédiaire de deux lames mé- talliques , dont l’une est excessivement grande par rapport à l’autre. Or, il s agissait de savoir si un circuit ordinaire mi- parti liquide, mi-parti métallique, placé dans ces conditions, présenterait les mêmes effets. Pour m'en assurer, j'ai immergé dans un baquet plein d’eau une plaque de tôle de 60 centimètres de longueur sur 20 de largeur, roulée en cylindre, et au centre de ce cylindre j'ai plongé une petite lame de mème métal de 73 millimètres sur 98 ; j'aiinterposé ce système dans le circuit d’un élément de Daniell complété par une boussole des sinus de M. Bréguet, et j'ai obtenu les résultats suivants, en ayant soin de laisser 86 le courant interrompu pendant cinq minutes entre chaque ex- périence : Le courant allant de la petite plaque à la grande , son in- tensité au moment de la fermeture du circuit a été 3405 — apres 10 minutes de fermeture du circuit 3292, Le courant allant de la grande plaque à la petite, son in- tensité au moment de la fermeture du circuit a été 29015; — après 10 minutes de la fermeture du circuit 23024 Une deuxième série d'expériences m’a donné : 1° Au moment de la fermeture du courant, la petite plaque élant positive, 39° — au bout de 10 minutes de fermeture du courant 3215, 2° Au moment de la fermeture du circuit, la grande plaque étant positive, 9280 — après 10 minutes de la fermeture du circuit 292018" On voit par ces chiffres que dans les circuits ordinaires mi-partis métalliques mi-partis liquides, comme dans les cir- cuits terrestres, la résistance de la partie non métallique est bien différente suivant que le courant passe de la petite sur- face conductrice à la grande ou de la grande à la petite. Dans le premier cas, non-seulement elle est notablement diminuée, mais encore les effets nuisibles de la polarisation avec la pro- longation de la fermeture du courant sont beaucoup moins marqués et beaucoup plus stables. Cela tient évidemment à ce que le dépôt de bulles d'hydrogène qui résulte de l’action du courant et qui se porte toujours en grande partie sur la plaque électro-positive est d'autant plus considérable que la surface de cette plaque est plus grande. La conclusion pratique de ces différents phénomènes, c'est que si on doit, dans les transmissions télégraphiques, tenir compte du sens du courant tellurique pour établir la com- munication de la pile avec le sol, il faut surtout examiner les dimensions relatives des plaques de communication. Si l’une est constituée par une conduite d'eau ou de gaz, tandis que l’autre ne sera qu’une plaque de tôle ou de fonte, le pôle né- gatif de la pile devra toujours être mis en communication avec la conduite de gaz ou d’eau, quel que soit d’ailleurs le sens du courant tellurique. On pourrait toutefois concilier sûre- 87 ment les deux effets en prenant pour la petite plaque de com- munication métallique une lame de zinc qui fournira toujours un courant tellurique dans le sens de celui de la pile, quel que soit leterrain dans lequel elle sera enterrée. Dans le cas où l’on peut avoir des conduites d’eau ou des conduites de gaz aux deux extrémités de la ligne, condition la plus avantageuse de toutes , la disposition de la pile par rap- port aux plaques de communication ne pourrait être com- mandée que par le sens du courant tellurique; mais sur des lignes un peu longues, il n’y aurait aucun avantage à ce choix, en raison de la présence des courants accidentels atmosphé- riques, qui, étant de sens variable et d’une intensité souvent plus forte que le courant tellurique, détruiraient tous les avan- tages de la combinaison Séance du 8 juin 1861. IcHTHYOLOGIE. Baudroie. — M. Jourdain a communiqué dans cette séance la note suivante sur l'appareil veineux rénal-hépatique de la Baudroie commune (Lophius piscato- rius, L.). Dans nos recherches sur la veine porte rénale, nous avons décrit chez certains Poissons un arc veineux simple ou multiple établissant une communication large et facile entre le système afférent du rein et celui du foie. Sur la fai de Jacobson, nous avions rattaché à ce type particulier la veine porte rénale de la Baudroie; mais, en l’absence de recherches personnelles, nous avions été forcé de nous borner à une simple indication. De- puis la publication de notre mémoire, nous avons eu l’occasion d'examiner ce Poisson curieux, et nous nous empressons de compléter cette partie de notre travail. Rein. — Les reins de la Baudroie s’éloignent beaucoup de la forme typique de l'organe urinaire chez les Poissons osseux et cartilagineux ; nousne connaissons guère que ceux des Plec- tognathes qu'on puisse leur comparer. Les reins de la Gre- nouille considérablement grossis en donnent une idée assez exacte. Ils sont aussi singulièrement réduits dans leurs dimen- sions, et, avec M, Hyrtl(Das uropoëtische System der Knochen- 58 fische, Denks. d. Kais. Akad. der Wissenschaft. Mathem. Natur. CI. Zweiter Band., p. 67, 1851), on peut les considérer comme réduits à la partie cervicale; dans une Baudroiïe de 1",50 de longueur, ils mesuraïient environ 12 centim.. Ils sont appliqués des deux côtés des premières vertèbres abdominales sur les plans musculaires dorsaux. Leur extrémité antérieure repose sur la ceinture thoracique. Un vaste réservoir lympha- tique occupe une partie de leur face inférieure. Veine porte rénale. — La circonscription de la veine porte rénale est très étendue : les reins reçoivent en effet quatre veines principales. Le tronc afférent le plus volumineux est celui que nous nommons veine latérale. 11 naît de la nageoire caudale elle- même. D'abord sous-cutané, il remonte sur les côtés de la queue, et disparaît ensuite dans l'épaisseur du muscle dorsal, dont il reçoit toutes les branches. À peu de distance de l’ex- trémité postérieure. du rein, il pénètre dans la cavité abdomi- nale, fournit une grosse branche hépatique que nous décrirons plus bas, et s'enfonce dans le rein parle bord externe de cet organe. Ce vaisseau peut être considéré comme la veine cor- respondant à cette branche particulière de l’arière axillaire que Stannius (Muller’'s Arch., 1848, p. 401-402) a mentionnée sous le nom d’artère latérale, bien qu’il soit séparé de cette dernière par une couche musculaire assez épaisse. La seconde veine afférente externe est formée par l’axillaire. Celle-ci naît de la nageoïire pectorale et des os carpiens qui lui servent de pédicule. Elle traverse le muscle abdominal, dont les faisceaux antérieurs lui fournissent des rameaux, pénètre dans l’abdomen en suivantune direction transversale, etatteint le bord externe du rein, dans un point plus rapproché de l’ex- trémité antérieure que de l'extrémité postérieure de cet or- gane. La veine afférente antérieure peut recevoir le nom de bran- chiale supérieure. Elle provientde la réunion de deux branches principales : 1° les veines supérieures des ares branchiaux (veines de Duverney partim) et les rameaux venus des mus- cles pharyngiens supérieurs; 2° la veine hyoïdienne supé- rieure, laquelle reçoit les rameaux d’une partie du sac bran- 89 chial et ceux de la face interne de l’'opercule. La veine bran- chiale, très flexueuse, accompagne la jugulaire et s’enfonce dans le rein à côté eten dehors de la veine afférente ou car- dinale postérieure. La veine afférente postérieure possède une origine assez complexe. Elle est constituée en arrière par les veines rectales postérieures. Ces veines, qui s’anastomosent assez largement avec les rectales antérieures, affluents de la veine porte hé- patique, s’unissent à des rameaux de la paroi abdominale voi- sine de l’anus. Le tronc auquel elles donnent naissance est encore grossi par les veines vésicales et génitales postérieures, et se partage en deux branches. Chacune de ces dernières s’accole au bord interne de l’uretère qui lui correspond, et l'accompagne jusqu’au rein. Les différents vaisseaux afférents du rein s’abouchent dans l'intérieur de cet organe, et c’est de ce réseau veineux que partent les branches excessivement nombreuses qui s’épuisent dans la substance rénale. Arc rénal-hépatique. — Nous venons de voir que chacune des veines latérales de la Baudroie se divise en deux branches, un peu avant d'atteindre le rein. Nous avons indiqué le mode de terminaison de la branche rénale, il nous reste maintenant à suivre le trajet de la branche hépatique. Cette branche volumineuse se dirige transversalement de dehors en dedans. La droite reste courte ; la gauche passe au- dessous de la colonne vertébrale, au niveau de l'insertion postérieure des deux muscles sous-vertébro-pharyngiens, et se réunit à sa congénère. Ainsi se trouve constituée une arcade veineuse considérable qui joint, comme un pont, les deux veines latérales, et qui, à droite de la colonne vertébrale, donne naissance à un gros tronc veineux qu'on peut appeler tronc commun de l’arc rénal-hépatique. C’est dans l’arc trans- verse que viennent déboucher les veines génitales anté- rieures. Le tronc commun de l’arc rénal hépatique passe au- dessus de l’œsophage , contourne le bord droit de ce conduit dont le séparent les artères cœliaque et mésentérique, puis se Extrait de l’Institut, 1"e section, 4564. 12 YO glisse d'avant en arrière le long du tronc de la veime porte hépatique, dans lequel il s'ouvre à plein canal. Au niveau de l'œsopliage, le tronc de l’arc rénal hépatique reçoit les veines œsophagiennes supérieures; dans le reste de son parcours, on n'y vuit déboucher aucune autre veine. Veine rénale efférente. — Les branches efférentes du rein se réunissent en un tronc volumineux, la veine rénale effé- rente ou cardinale postérieure, qui se place dans une scissure occupant l'extrémité antérieure de la face inférieure du rein. Presque immédiatement après sa sortie de l'organe urinaire, la cardinale reçoit la jugulaire antérieure et donne naissance au canal de Cuvier, lequel contourne l'œsophage et présente une longueur inaccoutumée. Nous trouvons donc chez la Baudroie uue disposition de l'arc rénal-hépatique dont les autres Poissons ne nous ont point encore offert d'exemple. On se rendra compte de cette forme particulière et des autres que nous avons décrites dans notre mémoire, en remarquant que les variations topogra- phiques d'une veine sont en grande partie subordonnées à des raisons de proximité et de proportion relative des parties, et en considérant la présence d’un seul arc anastomotique comme le mode le plus simple de communicatien entre le système rénal ei le système hépatique. Dans le Congre et dans l’Anguille, le corps entier a subi une élongation, C'est-à-dire qu'il y a, dans un même organe et dans une direction donnée, lendauce à la répétition de parties similaires. La succession sériale des arcs anastomotiques que préseutent ces Poissons est, en grande partie sans doute, une conséquence de cette tendance naturelle. Dans la Carpe et dans la Tanche, où les reins s'étendent jusqu à la partie la plus reculée de la cavité abdominale, c'est dans ce point que se détache l'arc anastomotique; aussi le voyons-nous ou se perdre dans les masses hépatiques pos- térieures ou former l’origine de la veine porte hépatique. Dans la Baudroie, enfin, les reins, réduits à leur partie céphalique, se trouvent en rapport avec le foie ; on s'explique donc tout naturellement pourquoi l’are rénal-hépatique vient 91 s'ouvrir dans le tronc même de la veine porte, à peu de dis- tance de l’entrée de celui-ci dans la glande hépatique. GÉOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE. Des rentres organiques dans l'Europe occidentale à l’époque kimméridienne. — Voici l'analyse d’une communication faite également dans cette séance par M. Contejean. Il est généralement admis que dans les temps géologiques anciens notre globe offrait une remarquable uniformité dans sa population; qu'à ces époques reculées, où l'effet encore sensible de la chaleur centrale entretenait une température à peu près constante, les mêmes êtres se rencontraient dans les mers sous les latitudes les plus diverses; que les terrains appartenant à une même période se ressemblaient partout ou ne variaient que dans des limites fort étroites. De là cette ten- dance, si habituelle de nos jours, à considérer comme géné- raux les faits qu’on a observés soi-même, à comparer et à rap- procher ce qui est dissemblable, et à vouloir tout rapporter à des localités typiques, choisies parmi celles qu'on connaît le mieux. Préoccupé de ces doctrines au début de mes recher- ches, je ne tardai pas, dit l'auteur, à m'apercevoir que dans ia riche localité de Montbéliard, dont j'ai étudié avec beau- coup de soin les terrains jurassiques supérieurs, un grand nombre de faits se présentaient en désaccord avec les idées reçues. Je voulus d’abord connaître ces terrains dans le plus grand détail, et les explorer sans aucun parti pris, sans me préoccuper aucunement de ce qui avait été constaté ailleurs, puis je cherchai à étendre à d’autres contrées les divisions que j'avais reconnues comme naturelles pour les environs de Montbéliard. Les dépôts kimméridiens du Jura, de la Lorraine, de l'Angleterre, de la Normandie et de l’Aunis présentèrent de telles dissemblances, qu'il me fut impossible d'appliquer à l’une quelconque de ces contrées les divisions établies pour chacune des autres, et je dus conclure contre cette prétendue uniformité dans les terrains et dans la répartition des faunes, au moins en ce qui concerne une partie de l’époque iuras- sique. C’est du résultat de mes recherches que je demande à la Société la permission de l’entretenir. 92 Exposons d’abord en quelques mots la composition de l’é- tage kimméridien à Montbéliard. Cet étage renferme 10 sous-groupes, qui se succèdent de la manière suivante en allant de bas en haut. 1. Calcaire à Astartes. — C’est un calcaire blanc, un peu crayeux, dont la puissance est d'environ 15 mètres. Les prin- cipaux fossiles sont : Nerinea Bruntrutana Th., Astarte gre- garea Th., A. polymorpha Contej., Pecien Beaumontinus Buv., Ostrea solitaria Sow. 2. Calcaire à Natices. — Calcaire enfumé gris ou brun, très compacte. Puissance, 15 mètres. Fossiles caractéristiques : Natica grandis Munst., N. turbiniformis Rœm., Ceromya excentrica Voltz. sp., Astarte gregarea Th., A4. polymorpha Conte]. 3. Marnes à Astartes.—Marnes bleues alternant avec quel- ques assises calcaires et des lumachelles pétries de débris. Epaisseur, 30 mètres. Fossiles caractéristiques : Seularia mi- nuta Buv.. Pholadomya striatula Ag., Astarte gregarea Th., A. polymorpha Contej., Pecten Beaumontinus Buy. 4. Calcaire à Térébratules.—Calcaire gris ou jaunâtre assez clair, moyennement compacte. Puissance, 20 mètres. Fossiles caractéristiques : Pholadomya striatula Ag., Ph. Protei Brg. spc., Ceromya excentrica Voltzsp., Pecten Beaumontinus Bur., Terebratula carinata Leymer. 5. Calcaire à Cardium. — Calcaire blanc, crayeux ou ooli- thique, d'aspect corallien. 18 mètres. Fossiles caractéristiques : Nerinea Gosæœ Ræœm., N. Bruntrutana Th , N. Moseæe Desh., Cardium corallinum Buv., Ostrea Bruntrutana Th., O. Vir- gula Defr. sp. 6. Calcaires et marnes à Ptérocères.— Calcaires jaunâtres ou gris clair, compactes, avec quelques assises marneuses très- fossilifères intercalées à la partie supérieure. Puissance, 60 mètres. Fossiles caractéristiques : Natica hemisphærica Rœm., Plerocera Thirriæ Contej., Pholadomya Protei Brg. sp., Ceromya excentrica Noltz sp., Ostrea solitaria Sow., O. Bruntrutana Th. 1. Calcaire à Corbis. — Calcaire blanc ou jaunâtre, crayeux ou spathique. i2 mètres. Fossiles caractéristiques : Nerinec 93 depressa Voltz, MNatica macrostoma Rœm., Corbis subela- thrata Th. sp., Trigonia Parkinsoni Ag., T. Alina Conte). 8. Calcaire à Mactres.—Calcaires blanes ou jaunâtres com- pactes, avec quelques assises marneuses subordonnées. Puis- sance, 26 mètres. Fossiles caractéristiques : Panopæa V'oltzii Ag. sp., Pholadomya acuticosta Sow., Macira Saussuri Brg., sp., Pecten Flamandi Contej., Ostrea Virgula Defr. sp. 9. Calcaires et marnes à Virgules. — Calcairesjaunes com- pactes alternant avec des marnes très-calcairres remplies de lumachelles à Virgules. Puissance, au moins 27 mètres. Fos- siles caractéristiques : Ammonites longispinus Sow., Pano- pœa Voltziü Ag. sp., Pholadomya acuticosta Sow., Trigonia Thurmanni Contej., Ostrea Virqula Defr. sp. 10. Calcaire à Diceras.—Calcaires blancs compactes. Épais- seur connue, 15 mètres. Fossiles caractéristiques : Nerinea Brunirutana Th., Pholadomya acuticosta Sow., Ceromya orbicularis Rœm. sp., Diceras suprajurensis Th. , Rhyxcho- nella inconstans Sow. sp. Ici se termine à Montbéliard la série jurassique, mais à Be- sançon, à Salins, et dansla Haute-Saône, on trouve encore lés calcaires portlandiens, dont les assises moyennes sont eriblées de perforations et comme cariées. On les a divisés en un cer- ain nombre de sous-groupes, qu'il n’est pas dans notre but d'examiner en ce moment. Les fossiles caractéristiques sont : Ammoniles gigas Ziet., Nerinea grandis NVoltz, N. trinodosa Voltz, N. subpyramudalis Munst., Trigonia gibbosa Sow., Cardium Verioti Buv. Nos sous-groupes 1, 2, 3, offrant une grande similitude de faune et beaucoup de caractères communs, je les réunis en un seul groupe I, que j'appelle groupe astartien; par des motifs semblables, je réunis les sous-groupes 4, 5, 6, en un groupe IT, le groupe ptérocérien, et les sous-groupes 7, 8, 9, 10, en un groupe II, le groupe virgulien. Pour des raisons que je n’exposerai pas ici, je rattache les calcaires portlandiens à l'étage kimméridien, dont ils forment le groupe IV, que j’ap- pelle groupe nérinéen. _ Examinons maintenant les rapports ou les dissemblances 94 qu'offriront les mêmes terrains dans les autres parties de la France. Le kimméridien et le portlandien de la Meuse nous sont bien connus, grâce aux beaux et consciencieux travaux de M. Buvignier. Ce géologue divise son étage supérieur en 3 groupes, le 10°, le 11e et le 12e de son terrain jurassique ; ce sont : les calcaires à Astartes, dont la puissance est de 140 mètres, les marnes kimméridiennes, dont la puissance est de 80 mètres, et les calcaires portlandiens ou de Barrois, dont la puissance est de 180 mètres. La comparaison avec le kim- méridien de Montbéliard amène aux conclusions suivanies : 1° L’étage jurassique supérieur ou étage portlandien de ia Meuse commençant à une assise marneuse évidemment kin- méridienne, avec Ostrea deltoidea Sow., O. Brun rutanu Th., Astarte gregarea Th., etc., et reposant directement sur l'oo- lithe corallienne avec Nérinces, Turbo, Diceras, Car dium co= rallinum Leymer., etc., notre sous-groupe Î du calcaire à Astartes n’est pas représenté dans la Meuse. 20 Vers le milieu de l'étage, une série d’assises d’un cal- caire blanc, crayeux ou oolithique, rempli de Trochus, de po- lipiers, de Nérinées, avec Cardium crallinum Leymer.. cor- respond évidemment, par sa faune et son niveau, à notre sous-groupe 5 du calcaire à Cardium. Les assises inférieures sont peut-être les équivalents de nos sous-2roupes 2 et 3 du calcaire à Natices et des marnes à Astartes, mais l’ordre de succession des assises et la manière d’être des faunes sont tellement différentes, qu’il est impossible d'établir un rappro- chement précis. 3° La partie supérieure des calcaires à Astartes de M. Bu- vignier, qui succèdent immédiatement aux calcaires blancs, et qui renferment : Péerocera Thirriæ Conte], Pholatomya Protei Brg. Sp., Ceromya excentrica Noltz sp., Thracia su- prajure:sis Desh., etc. représentent bien nos calcaires et mar- nes à Ptérocères (sous-sroupe 6): mais, comme ils sont immé- diatement surmontés des argiles à Gryphées Virgules (croupe 11 de M. Buvignier), tellement identiques avec celles de Mont- béliard, que la même description pourrait suffire pour les deux contrées, les sous-groupes intermédiaires si caraeté- 95 risés du calcaire à Corbis (7), et du calcaire à Méctres(8) n’exis- tient pas dans la Meuse. 4° Les calcares portlandiens (groupe 12 de M. Buvignier) ressemblent beaucoup à ceux de Besançon et de la Haute- Saône, et présentent à leur partie moyenne les mêmes assises cariées ; mais la distribution des fossiles est assez différente, et les grosses Ammonites ainsi que les Nérinées, si caractéris- tiques daus le Jura, font ici absolument défaut. 5° Le groupement et l'association des fossiles ne sont pas les mêmes dans ies deux contrées. L'Ostrea deltuidea Sow., si répandu dans le bassin anglo-parisien, n’a jamais été ren- contré à Montbéliard ni dans le Jura; l’'Ostrea Srunirntana Th., très abondant dans la Meuse. dès la base de l'étage, ne devient nombreux dans le Jura qu’à partir du calcaire à Car- dium, où apparaît seulement l’'Ostrea Virgula Defr., fréquent à tous les niveaux dans le bassin de Paris. Nous venons en outre de constater l’absence des Nérinées et des grosses Am- monites dans les assises portlandiennes. Les terrains jurassiques supérieurs de la partie occidentale du bassin de Paris ont été étudiés en Angleterre, au Havre, dans le bas Boulonnais, etc., mais principalement dans les lo- calités classiques de Portland et de Kimmeridge. [ls sont plus simples dans leur composition que ceux de la Meuse ei de Montbéliard. Leur comparaison avec le kimméridien de ces deux contrées dorne les résultats suivants : 1° Le groupe astartien, si développé dans le Jura et même dans la Meuse, n’existe pas ou est rudimentaire. 20 Notre groupe ptérocérien, si nettement caractérisé dans le Jura, mais déjà confondu avec le précédent dans la Meuse, est ici encore moins distinct, de telle sorte que sa place ne sau- rait être désignée dans l'étage. 3° Notre groupe virgulien atteint sa plus grande puissarce en Angleterre, où il a jusqu'à 160 metres d'épaisseur. Il ré- sume, en quelque sorte, les caractères de tousnossous-yroupes, dent 1l réunit les fossiles. Néanmoins, au cap de la Hève, par exemple, jai pu constater une véritable interversion dans l'ordre des faunes. En effet, les fossiles les plus carectérisii- 96 ques de nos marnes à Virgules : Osfrea virgula Defr. sp, Trigonia muricata Rœm., Pholadomya acuticosta Sow., Gervilia kimmeridienses D'Orb., Trigonia suprajurensis Ag , Terebratula subsella Leymer., de grands Ostrea Bruntrutana Th. etc., pullulent dans l’assise marno-calcaire à grands Os- trea deltoidea Sow. mise à découvert à la basse mer, et sont fort rares ou n’existent pas dans les bancs marneux qui la surmontent au pied des falaises de la Hève, où j'ai trouvé en abondance : Pterocera Thirriæ Contej., Natica hemisphærica Rœm., Pholadomya Protei Brg. sp., Ostrea solilaria Sow. et de petits Ostrea Bruntrutana Th., tous fossiles caractéristi- ques de nos marnes à Ptérocères. 4e Les calcaires portlandiens de la Meuse et du Jura n'exis- tent pas au cap de la Hève, ‘et sont représentés en Angleterre et dans le bas Boulonnais par des sables et des calcaires, dont la puissance totale varie de 15 à 50 mètres. 5° Il n’existe aucun niveau coralligène à Nérinées compa- rable à notre calcaire à Cardium et au calcaire oolithique blanc de la Meuse. 6o L’'Ostrea deltoidea Sow. est très répandu; l'O. Virqula Defr. sp., qui pullule dans la Meuse et le Jura, devient rare dans certaines localités de l'Angleterre ; les Nérinées man- quent dans les assises portlandiennes, où les grandes Ammo- nites sont peu abondantes. 1° Beaucoup plus simple que dans l’est, l'étage jurassique supérieur n'est plus composé que de trois termes principaux : 1° un calcaire à Astartes rudimentaire ou nul; 2° des argiles à Gryphées-Virgules très puissantes etrenfermant toute la faune ; 30 des sables et des calcaires portlandiens non constants. Dans certains cas, l'étage peut même être réduit aux seules argiles à Virgules. Dans le bassin du À d'onest qui nous reste à examiner, M. Coquand divise son étage kimméridien du département de la Charente en trois sous-groupes : 1° le calcaire à Astartes, 20 les assises à Ptérocères, 3° les assises à Ostrea Virgula. Les calcaires à Astartes ont 35 à 40 mètres d'épaisseur. Ils reposent sur l’oolithe corallienne. On y trouve, mélés à d’au- tres fossiles, l’Astarte gregarea Th. ; puis l'4mmonites Eri- 97 nus d'Orb., le Panopea donacina Ag. sp., le Terebratula subella Leym., caractéristiques d: nos sous-groupes su= périeurs. Les assises à Ptérocères, dont la faune est assez aualogue à celle de notre sous-groupe 6, ont une épaisseur de 10 à 12 mètres, et représenteit assez bien notre groupe ptérocérien, dont le développement est de 98 mètres à Montbé- liard. Eiles sont mal séparées des assises à Ostrea Vergulu, épaisses de 70 mètres, qui se rapportent exactement à notre 9e sous-groupe des calcaires et marnes à Virgules, et renfer- ment les mêmes fossiles, les mêmes lumachelles tout petries d'Huîtres-Virgules. L'étage portlandien de M. Coquand est formé à la bise d'assises sableuses, et à la partie supérieure de bancs calcaires correspondant aux sables et aux calcaires de Portland. bailleurs les fossiles y sont peu nombreux; nous y remarquons plusieurs espèces du portlandien de la Meuse. Le bassin du sud-ouest ne ressemblait donc pas à ceux dont nous venons d'esquisser les principaux caractères. Sous cer- tains rapports 1l se rapproche du bassin oriental, mais il se rattache également à la manière d’être occidentale du bassin anglo-parisien. C’est avec la partie orientale du même bassin qu'il a le moins d’analogie. Les calcaires à Astartes, qui man- quent ou n'existent qu'à l'état rudimentaire en Angleterre et en Normandie, ont ici une grande importance; les calcaires à Ptérocères sont presque aussi distincts qu'à Montbéliard; les assises à Virgules ressemblent à celles de la Lorraine et du Jura; et, d’un autre côté, les sables et Les calcaires port- landiens, analogues par la faune à ceux de la Meuse, rappel- lent davantage par leur nature minéralogique ceux de l’An- gleterre et du bas Boulonnais. Il n'existe point de zone coralligène comparable à notre calcaire à Cardium. L'Ostrea delluidea Sow. manque comme dans le bassin oriental; l'Ostreu Virgula Defr. sp. pullule à tous les niveaux marneux supérieurs ; enfin les grosses Ammonites et les Nérinées font défaut dans le portlandien. On voit par cet exposé rapide combien était diverse la ma- nifestation de la vie organique aux époques géologiques anciennes, et à quel degré peut varier la composition d’un terrain et l'association des fossiles d’un même étage. Je crois Extrait de l'Institut, 4re section, 1861, 45 98 donc avoir établi que dans l’ouest de l’Europe certains ter- rains (et notamment les terrains jurassiques supérieurs) sont tellement dissemblables, même à des distances très rap- prochées et souvent dans le même bassin, qu'il est im- possible d'appliquer à une région les divisions établies pour une région voisine ou même pour une autre partie du même bassin. Si maintenant, recherchant dans chaque région les localités les plus riches en fossiles et celles où l'étage est le plus com- plétement développé, et établissant pour ces localités des divisions naturelles en groupes, sous-groupes, etc., suivant la nature des faunes, nous essayons d'étendre ces divisions de proche en proche, nous reconnaîtrons que les tÿpes pris à Montbéliard où à Porrentruy pour le bassin oriental se sui= vent à Besançon, à Salins, dans le Jura bernois el soleurois, et en général dans tout le bassin, en se dégradant çà et là et en perdant de leur rettelé à mesure qu'on s'éloigne des cen- tres; mais partout où une assise peut être reconnue, elle se trouve au même niveau relatif, occupe la même place dans l'étage et renferme les mêmes débris organiques là où elle est fossilifère. De même, les divisions kimméridiennes établies pour le centre du département de la Meuse sont ap- plicables à l'Aube, à la Haute-Marne, aux Ardennes, et en général à toutle bord oriental du bassin anglo-parisien,mais ne conviennent plus à lAngleterreet à la Normandie, et ne peu- vent davantage s'étendre au Jura ni au bassin du sud-ouest. De même, enfin, les groupes et les sous-groupes du kim- méridien des deux Charentes ne sont plusapplicables en dehors du bassin du sud-ouest. À l’époque kimméridienne, la France offrait donc quatre centres ou groupements organiques principaux : 1° le centré franc-comtois pour le bassin oriental, dont les types existent à Montbéliard et à Porrentruy; 2° le centre lorrain, pour la moitié orientale du bassin anglo-parisien, dont le type doit être pris dans le centre du département de la Meuse; 8 le centre anglo-normand, pour la moitié occidentale du même bassin, dont le type doit être cherché en Angleterre et en a9 Normandie ; 4° le centre breton, pour le bassin du sud-ouest, dont le type existe dans les deux Charentes. De ces faits on peut conclure que, dans l'étude des terrains anciens, et en particulier des étages jurassiques supérieurs, il faut découvrir, dans chaque région, la localité la plus riche, la plus variée tant sous le rapport de la faune que sous celui de la composition minéralogique; rayonnant en 0, Un et par suite, cette expression 4? et les suivantes #41 ui+2 seront les fermes généraux d'autant de séries convergentes. 2° La somme algébrique #, est de signe contraire à S,_4, et l’on aura : lim (Sn_1 + ?n) = quantité finie. Ces deux théorèmes m'ont conduit au système de formules : lim (Sn 1 + Pn) est compris : LP, Ve Lentre Sn—1 + ?n + nn a de (4 Vn+1 ul ] n 1) v! u et Sn—1 ke Pn + TMEG — ; À î n+1 Ÿ — À) - n n+1 de CL TA à st ï Sn—1 est compris : LE 1° entre im (Sn—1+°n) — Pn — nn u : nt us u, it 2 v} U et lim (Sn 1 + ?n) — ?n — TA 9 1 Una Un Vn+1 NS 29 L3 e L1 e LD L2 L] L] e e L] ° e e e e L e Dans ces formules, lim (S;_1 + #,) représente une valeur par- ticulière f (a) d’une certaine fonction (connue ou inconnue) f (x), qu'il est permis de supposer développée en une série générale qui deviendrait la série proposée W +U2+U3+ °°: par l'hypothèse x — a. Soit, pour exemple, la série4 +i + : Hocses + L Ho... On est conduit ici à prendre i—1, et à faire v, = nLn, va =n. On trouve en effet : lim (= )=0 lim | — (n+1) 0; | — 98 — puis : Lim |nLn—(n+4)L ( +4) 2] On trouve ensuite : puis 1 n+1 Vn+1 ñn : LU) à n+1 M D D Ce lim | 4 0; n ji n 1—L(1+ ï) mais 4 \a+1 r RE —L(1+- à (Hs) prets) lin reel : { o —=+#1; “ 1—1(i+;) d’où il suit que : un x [1 — L (1 +] est le ferme général d’une série convergente. On trouve d’ailleurs : A nLn Un A A dire [ln — (0 +4) L +4) Et ei] Un : puis : 2H vf) ini[n— (+1) EE 5) 2 n Un 1—L(i +7 nr À mr, —L{1 Ir | cn Lu ( l y } DIR QUES Avec toutes ces données, les formules (1) deviennent : lim (Sn—1 + ?n) est COMpris : 1° entre : Sn—1 — Ln +4 — L{1+; = et Sn init) af) ay lim (Sn—1 + #n) est compris : entre S19 — L20 +1 — L20 (21 — L20), Pour #7 — 20, il vient : et 1—20 (L21—L20) . 20(21L22+20L20—41L2 ) entre + 0.58240.. et 0.58419... * Siy—L20+[1—20 (L21—L20)] < d'où ( à près) : lim (Sn—1 + Pn) = + 0.58... Appliquant maintenant les formules (2), on trouve : Sn—1 est compris : 4° entre 0.58 + Ln — | —L (: + Â\n et 0.58Lan— LA 1 ——. I LAN RCE er Soit n —1001 ; il vient : S1000 est compris : entre 0.58 + LA004 — [4 — 41001 (L1092— 110011, [1—1004 (L1009—11004)]2 COR 602 (1100811002) — 1001 (L1002—11000)j NON entre 7.48825 et 7.148842; d’où Sy000 EUR: Soit, pour dernier exemple, lasérie:1+2+3<+:-.+n+:: Un+Ai _ n+A Un n lim ( —"H) 0; din[n(e+ DE —tim 2; On trouve successivement : ; 2n+1 4 Un-1 Ur — = (4 non je => (constante); FES —1 (constante) ; ay! R uw! — "#10 (constante); n—(n+1) 1 (constante); u n u n \ Wa =U —1)Un =1—1)X 0 Un OU n—0,ete., etc. On trouve ensuite : Dn Un ve n2 Un +1 2 lim C — Un+1 ut ji Un d'où Pan = — 5 (n—1) Va Un en D : UntAN 2 mme) Un / De Un u! 1 lim C n— V'ntA 7 ) = 0 —0 Il suit de tous ces résultats : que la formule (1) 1° se réduit à l'égalité : n (n—1) 2 lim (Sn—1 + 7) —= Sn > Cette égalité ayant lieu pour toute valeur de n, je fais n—1, et elle donne : 4 (1 —1 On a donc : n(n—1) d’où n(n—1) n(n +1) Sn—1 = EE pi et Sn = _— Séance du 2 mai 1863. OPTIQUE CHIMIQUE. — Voici une nouvelle note de M. Jules Regnauld sur quelques phénomènes consécutifs au mélange des dissolutions salines, faisant suite à celle présentée à la Société, le 14 février dernier. L'auteur a étendu les essais dont il a récemment entretenu la Société à plusieurs solutions salines différentes de celles dont il s'était occupé. La liste de ces nouvelles expériences com- prend les cas suivants : Solutions aqueuses ramenées au même indice de réfraction. Acétate de potasse.s....... + Sulfate de cuivre. id. + Chlorure de cuivre. id. +- Sulfate de zinc. Acétate de chaux..... .... + Chlorure de zinc. id. —+ Nitrate de zinc. Succinate de potasse....... —+- Sulfate de nickel. id. + Chlorure de manganèse. Succinate d'ammoniaque.... —+ Sulfate de cadmium. id. + Chlorure de manganèse, Lactate de potasse......... —+ Nitrate de cuivre. id. —+ Sulfate ferreux. HEURE de soude....... + Sulfate de zinc. id. + Chlorure de zinc. Dans tous ces cas où les sels mis en présence ont été choisis de telle sorte que la différence des affinités entre les bases et les acides conduit à supposer au moment du mélange une rupture de l'équilibre primitif entre les éléments de chacun des groupes, il y a eu constamment un décroissement de l'in dice de réfraction. Inversement, lors du mélange des sels résul- tant d’une combinaison des bases énergiques avec les acides Can; dus puissants et de l'association des bases et des acides faibles, on a constaté un faible accroissement de l’indice. En un mot, les faits rapportés antérieurement ont été confirmés dans des cas plus nombreux et plus variés. Outre ces résultats complémentaires, l’auteur est arrivé, par les expériences qui suivent, à mettre en évidence quelques phé- nomènes relatifs aux changements permanents de densité qui accompagnent ces mélanges. Les expériences résumées dans le tableau ci-joint ont porté sur des solutions de plusieurs sels qui, ramenées au même in- dice, puis mélangées volume à volume, avaient manifesté, celles notées A, un décroissement de l'indice, celles notées B, un accroissement. L'obligation de ramenerles liquides à une réfraction identique a forcé à régler la concentration de chacune des dissolutions sur celle du moins soluble des deux sels, dont l’eau a été sa- turée à une température de - 45°. Les densités d, d', de chacune des dissolutions étant déter- ! d’une minées à + 45°, on a calculé la densité moyenne solution mixte à volumes égaux, en supposant qu'il n’y a ni contraction, ni dilatation. La densité réelle du mélange d” a été prise en opérant dans les mêmes conditions sur le mélange ra- mené à + 15°. D + D’ Les valeurs D, D, et D’ ont été obtenues de la même façon pour les sels de la série B. Solutions salines raménées Densités Densités Densités au même indice. à + 15. calculées. réelles a+ 15°. Acétate de soude... d = 1,12210 d + d =, jeu À À Sulfate de zinc... d' — 149174 — 1,15692 d” — 1,15000 Hyposulñte de soude. 4 = 1,21029 "a + d' st Fa A" À Sulfate de zinc... d' = 1/31965 — 1,24674 d" = 1,23487 Acétate de potasse.. d — 1,12217 d + d' L A" À Chlorure de cuivre.. d' = 149045 —g— = 112181 d' = 1,11256 Acétate de 2inc..... D — 1,05134 D _ DA. ; ie B À Sullate de soude... D' — 107137 = 1,06135 D’ — 1,0624 Acétate de cuivre... D = 1,03958 D : D' LÉ B' Chlorure de potassium DIEU 104664 = 1,04311 Dr. = 1,04392 ee ee On voit en jetant un coup d’œil sur ce tableau que les solu- tions À, À’ A”, qui ont été indiquées précédemment comme donnant un décroissement notable de l’indice offrent toutes le phénomène d’un accroissement permanent de volume ou d’une diminution de la densité par le fait du mélange. Les différences entre la densité réelle et la densité calculée sont inscrites dans le tableau suivant : Densité Densité Solutions mixtes. calculée réelle Différences. à + 15°, à + 15. A Acétate de soude... + Sulfate dezinc. 1,15692 1,15000 — 0,00692 A' Hyposulfite de soude. + Sulfatedezinc. 1,24674 1,23487 — 0,01187 A/ Acétate de potasse. + Chlorure de cui- Net in. aie se a ele RSA LIS one 1,12131 1,11256 — 0,00875 B Acétate de zinc..... + Sulfate de sou- desole PAPA Pate: SNA ele enr NL AU 2 1,06135 1,06241 — 0,00106 B' Acétate decuivre.... + Chlorure de po- ÉASSIUE Re nt cle RE cp lalats 1,04311 1,04392 — 0,00081 L'’inspection des mêmes tableaux fait voir également que dans les mélanges B,B’ pour lesquels un accroissement de l'indice moyen a été observé, la densité réelle du mélange est plus grande que la densité moyenne des dissolutions salines qui le constituent. Ces modifications permanentes du volume des dissolutions salines marchant dans le sens même des phénomènes optiques jouent certainement le principal rôle dans les variations de indice, La mesure directe des indices exécutée sur des solutions chimiquement équivalentes et de densités connues montrera si elles en sont l’unique cause. Le problème de l’augmentation de volume dans les cas spé- cifiés plus haut mérite dans tous les cas d’être étudié, car il ne peut pas être interprété simplement dans l'hypothèse d’une satisfaction plus complète des affinités qui se traduit générale- ment par une contraction. L'auteur communiquera bientôt des expériences qui le portent dès à présent à penser que la dilatation des dissolutions salines mixtes peut être considérée comme le symptôme de la forma- tion de nouveaux sels ayant pour l’eau une affinité inférieure à celle des composés primitifs PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La note suivante de M. Arthur Gris a été communiquée aussi dans la même séance. PU = « Lorsqu'on place une graine à périsperme farineux dans des conditions propres à déterminer sa germination, les tissus du jeune embryon sont de très-bonne heure le siége d’une abon- dante formation de fécule. Cette fécule provient-elle du péri- sperme ? La matière amylacée contenue dans les cellules péri- spermiques passe-t-elle immédiatement sous une forme quel- conque dans les tissus de l’embryon et s’y dépose-t-elle sous forme de globules ? Ou bien cette production se fait-elle de toutes pièces dans l’intérieur du germe ? Est-elle complétement indé- pendante du périsperme ? » La première hypothèse paraît avoir pour elle de très-grandes probabilités et a été soutenue dernièrement par un physiologiste allemand, M. Sachs. Selon lui, l’amidon qui apparaît de très- bonne heure dans les tissus du germe provient du périsperme et résulte de la transformation du sucre qui a passé de ce péri- sperme dans le germe. La deuxième hypothèse semble au premier abord moins vraisemblable. » Ne pourrait-on point s’assurer par expérience de la valeur réelle de ces deux hypothèses. Il suffirait pour cela d'isoler l’em- bryon d’une graine à périsperme farineux et d'en obtenir un commencement de germination. Mais il n’est point aisé de se mettre dans les conditions propres à assurer le succès de l’ex- périence et à légitimer les résultats. En effet, il estdifficile d’i- soler les embryons sans les léser, auquel cas leur germination serait incertaine, et d’autre part il importe que des fragments du tissu périspermique ne demeurent point adhérents à la sur- face de l'embryon, auquel cas l’expérience ne serait pas rigou- reuse. » Après quelques essais malheureux, il m’a semblé que les graines de Canna étaient parfaitement propres à me conduire au but désiré. En effet, au centre d’un périsperme volumineux, dur, gorgé de fécule, ces graines offrent une cavité dans laquelle l'embryon est libre d’adhérence avec le tissu périspermique. En brisant les graines avec quelque précaution on peut facilement en isoler les germes parfaitement intacts. » Je plaçai ces germes dans les lacunes d’une éponge fine légèrement mouillée et j’exposai le tout à l'influence d’une douce chaleur. J’obtins de cette manière un commencement de germi- nation; mais avant d'exposer ce qu'il me fut permis de consta- ter, je dois indiquer en quelques mots quel est le contenu des tissus du germe avant la germination. RENE. » Le parenchyme cotylédonaire (particulièrement gorgé de granules aleutiques) ou bien renferme une certaine quantité d’amidon, ou n’en présente que quelques traces, ou quelque- fois en est sensiblement dépourvu. Ces différences dans le con- tenu des cellules parenchymateuses du cotylédon semblent indiquer des degrés de développement divers, comme si J’évo- lution des embryons se prolongeait dans certaines circonstances au delà du terme d’une maturation suffisante. » Au contraire l’amidon est toujours indistinct dans les pe- tites racines adventives très-jeunes encore incluses au sein du corps radiculaire et dans les jeunes feuilles de la gemmule. Toutes ces parties sont beaucoup moins âgées que le limbe co- tylédonaire. » Que s’est-il passé maintenant dansles tissusparenchymateux du cotylédon, des racines accessoires, des jeunes feuilles, lors- que le germe, isolé comme je l’ai dit plus haut, a été plongé pendant vingt-quatre heures, par exemple, dans une atmosphère chaude et humide ? » On trouve toujours dans toutes ces parties un abondant dé- pôt d'amidon. Or, ces parties ne contenaient qu’une quantité minime de matière amylacée ou même n’en présentaient pas de traces sensibles sous les réactifs iodés. » Je crois pouvoir tirer de l’expérience très-simple et très-dé- cisive dont je viens de rendre compte les conclusions suivantes : » L'amidon qui se développe dans les tissus des germes accom- pagnés d’un périsperme farineux (Canna), pendant les premières phases de la germination, ne provient pas de ce périsperme. Il résulte de la transformation des matières préalablement dépo- sées dans l’intérieur des germes avant la germination. » Séance du 16 mai 1863. OPTIQUE CHIMIQUE. Sur les radiations chimiques. — M. Mas- cart a communiqué la note suivante: « J'ai annoncé l’année dernière que les métaux alcalins émettent des raies chimiques, et j’ai décrit la méthode qui m'avait servi à les obtenir. Elle consiste à volatiliser les sels dans le dard du chalumeau à gaz d'éclairage et d’oxygène, et à rece- voir sur une couche impressionnable les rayons qui, émanés de O7 PES cette source, ont traversé une fente étroite, un prisme réfringent et un système de lentilles. Cette méthode a dés avantages sur l'emploi de l’étincelle électrique; elle n’exige pas que l’on pos- sède les corps à l’état métallique, et elle est complétement à l’abri de l'influence du milieu ambiant. Je n’ai jamais obtenu d’action chimique avec le dard du chalumeau seul, et les épreuves ne présentent pas de raies communes. » J'avais employé d'abord un prisme de flint et l'objectif d’une chambre photographique ; mais, comme il résulte des travaux de M. Stokes que le quartz est la substance qui absorbe le moins les rayons les plus réfrangibles, j'ai repris ces expé- riences en me servant d’un prisme et d’une lentille de quartz, disposés de manière que les rayons les traversent à peu près dans la direction de l’axe optique, afin de n’obtenir qu’un seul spectre. L’impression des images est plus rapide: les spectres s’allongent et peuvent couvrir une surface à peu près égale à celle du spectre lumineux tout entier; j’ai pu aussi meltre en évi- dence un grand nombre de raies qui m'avaient d’abord échappé. » C’est presque toujours à l’état de chlorure que les métaux ont été employés, parce que ce sont en général les sels les plus volatils; j'ai constaté cependant que l’acide d’un sel n’influe pas en général sur la nature du spectre, et n’a d’autre effet que de ralentir l’action, quand il ne la supprime pas tout à fait. Ainsi Jazotate et le chlorure de thallium, très-volatils tous deux, m'ont donné identiquement les mêmes résultats. Comme il est impossible, sans le secours de planches, de décrire tous ces spec- tres, je me bornerai à indiquer quelques résultats. » Je n'avais obtenu d’abord avec le chlorure de potassium qu’une empreinte continue sur laquelle se dessinait seulement la raie bleue visible. J’ai prolongé ce spectre plus loin et trouvé deux nouvelles raies très-écartées dans la région invisible. » Le chlorure de rubidium offre un spectre de même forme que le précédent, mais avec un peu plus de raies. On sait com- bien il y a de ressemblances dans l’aspect général des spectres lumineux de ces deux métaux; la même analogie se poursuit dans les radiations chimiques. » Le spectre chimique du chlorure de sodium, qui m'avait aussi semblé continu, présente des raies bien distinctes, peu nombreuses, et dont l’une surtout, qui est très-intense, pos- sède une des réfrangibilités les plus considérables que je con- naisse. MM. Wolf et Diacon ont fait voir que le sodium, à une Re res température très-élevée, n’est pas monochromatique, et pré- sente notamment six raies brillantes. Avec un appareil à quatre prismes, j'ai pu dédoubler toutes ces raies, et, autant qu’on en peut juger à l’œil, la distance des deux raies élémentaires qui constituent chacun de ces groupes m'a paru à peu près la même que dans la double raie D. Le même caractère paraît appartenir aux raies chimiques. S'il y a une loi qui préside à cette répéti- tion d’un même phénomène dans les diverses régions du spec- tre, et, en général, qui relie les radiations différentes émises par une même source, on ne peut la trouver que par la con- naissance des longueurs d’ondulation; je suis occupé à les dé- terminer, mais j'ai encore trop peu de résultats pour pouvoir en parler. » Les sels de strontiane possèdent, outre les raies générale- ment connues, un groupe assez complexe de raies vertes et un spectre chimique très-étendu dans lequel on distingue une dou- zaine de raies. » Le spectre chimique du calcium n’est pas seulement formé par la raie bleue qui a une action énergique, mais aussi par sept ou huit raies plus réfrangibles, également distantes, et dont l'intensité varie d’une manière continue. » Le baryum présente dans le bleu et le violet plusieurs raies chimiques que j'avais déjà observées ; il a de plus un petit groupement de raies qui se reproduit au moins dix fois à des distances égales, et avec une intensité décroissante, dans toute l'étendue du spectre chimique. » L’acide borique a une série de raies chimiques très-régu- lières. » Jai pu obtenir avec le chlorure de magnésium, et même la magnésie, des raies lumineuses bien visibles; on y distingue surtout le groupe qui correspond aux raies de Frauenhofer, mais j'ai trouvé un peu plus loin, entre b et F, une dizaine de raies très-voisines, qui n’ont pas été indiquées dans le spectre solaire de M. Kirchhoff. Dans le spectre chimique du même sel, on observe entre autres trois raies dont l’action est très- énergique. » Enfin, le thallium possède deux raies chimiques remar- quables, dont l’une surtout, placée un peu au delà du spectre lumineux, a une intensité tout à fait de même ordre que la belle raie verte qui a servi à la découverte de ce métal. » — 18— Séance du 30 mai 1863. ANATOMIE COMPARÉE, Mouvements de l’avant-bras chez les Oiseaux.—M. Alix a fait, dans cette séance, la communication suivante : « Les mouvements de l’avant-bras chez les Oiseaux ont été appréciés d’une manière générale par les auteurs qui ont étu- dié cette question ; mais le sujet est loin d’être épuisé; on peut encore, l’examinant dans ses détails, trouver quelques faits in- téressants. Ainsi, pour les relations du radius avec le cubitus, le radius de l’Oiseau ne tourne pas autour du cubitus comme celui de l'Homme. Par conséquent, les mouvements de pronation et de supination exécutés par le radius n'existent pas chez l’Oiseau. Cependant, il faut bien se garder de croire que le radius et le cubitus de ces animaux soient énvariablement liés l’un à l’autre. Le radius exécute sur le cubitus un mouvement suivant sa lon- gueur ( mouvement d’élongation). Lorsque la main s'étend, le radius marche vers l’humérus ; lorsque la main se fléchit, le ra- dius marche vers la main. L’étendue de ce déplacement, varia- ble suivant les espèces, peut être, chez un Coq, de 4 à 8 milli- mètres. Outre le mouvement d’élongation, il y a un léger mouvement de Zatéralité, car la tête du radius est appliquée sur une facette du cubitus qui forme un plan incliné du coude vers la main et de dehors en dedans ; lorsque la main s’étend, le radius occupe la partie la plus externe de cette facette ; lorsque la main se fléchit, il occupe la partie la plus interne de la facette. À ce mouvement de l’extrémité humérale du radius corresponû un léger mouvement, en sens inverse, de son extrémité carpienne. Pour les relations de l’humérus avec les os de l’avant-bras, on a signalé : 4° la forme de la facette humérale, plus particu- lièrement articulée avec le cubitus, forme arrondie, presque hé- misphérique, rappelant celle d’un véritable condyle; 2° la forme allongée de la facette humérale destinée au radius, facette sur laquelle, ainsi que le dit Cuvier, le radius ne peut exécuter au- cun mouvement de rotation; 3° l'existence, à l'extrémité humé- rale du cubitus, de deux facettes articulaires, l’une interne, en forme de cupule, appliquée à l’éminence articulaire interne, en ANT forme de condyle, de l’humérus; l’autre externe, plus évasée, en rapport avec la facette radiale de l’humérus. A ces notions, il faut ajouter que la facette articulaire externe du cubitus est, ainsi que nous l’avons dit plus haut, dans un rapport variable avec le radius, en sorte que, si, dans la flexion, elle se trouve directement en contact avec la partie postérieure de l’éminence articulaire externe de l’humérus, dont elle n’est que partielle- ment séparée par un ligament interarticulaire, dans l'extension, au contraire, elle n’est en rapport qu'avec la tête radiale qui vient alors s’insinuer entre elle et l’humérus. — Il faut ajouter aussi que l’éminence articulaire externe de l’humérus est toujours dirigée de bas en haut et de dehors en dedans, disposition exagérée chez les manchots où les deux éminences - articulaires, ainsi que l’a signalé Cuvier, sont représentées par deux tubercules placés l’un au-dessus de l’autre. Il reste en outre à déduire les conséquences qui résultent de ces dispositions. Or, il est évident, d’une part, que, si le cubi- tus est en contact avec un condyle, c’est qu'il peut tourner sur son axe ; d’un autre côté, si la tête radiale marche de de- hors en dedans en s'appliquant à l’éminence articulaire externe de l’humérus, elle doit nécessairement tourner autour de l’axe du cubitus; mais, comme le cubitus est lié au radius, il est né- cessaire que le cubitus lui-même tourne autour de son axe. Par conséquent il existe, chez les Oiseaux, une pronalion cubitale et une supination cubitale; mais ces deux mouvements sont liés, le premier à la flexion et le second à l’extension de l’avant-bras. L'utilité de ces deux mouvements consiste à écarter, dans la flexion, les pennes de l’avant-bras de celles de la main; et à placer, au contraire, dans l'extension, toutes ces pennes sur une courbe régulière et continue. On peut se demander quelle est la position du radius par rap- port au cubitus. Au premier abord, il semble assez raisonnable de dire que le radius est en demi-pronation. On est porté vers cet avis si l’on considère que le radius ne croise pas le cubitus, que l'axe transversal de l’espace interosseux est situé dans un plan à peu près normal à la face antérieure de l'humérus, et, en outre, que l'insertion radiale du muscle biceps est placée dans l’espace interosseux comme le serait chez l'Homme la tubérosité bicipitale dans la demi-pronation. Mais la position de la tête du radius en avant du cubitus, et non sur le côté de cet os, vient compliquer la question et rend plus difficile de la juger. Extrait de l'Institut, 1re Section, 1863. 4 D | eu Meckel a très bien décrit les ligaments de l'articulation huméro- cubitale.Cependant il paraît avoir considéré la capsule articulaire comme un sac isolé tandis que cette capsule se continue sur les tendons voisins de l'articulation, et forme autant de diverti- culums qui accompagnent ces tendons à quelque distance. De plus, il n’a pas attaché assez d'importance auligament antérieur de l’articulation. Voici, en effet, une disposition très-curieuse : -Un faisceau assez fort, inséré à la partie inférieure de l’humé- rus, entre les deux éminences articulaires, s'épanouit en éven- tail, envoyant des fibres vers le radius et vers le cubitus ; mais sa partie moyenne, bien distincte, au lieu de se terminer sur un des deux os, vient se fixer sur une corde ligamenteuse trans- versale qui naît de la partie la plus interne de la face an'éricure du cubitus, glisse sur cette face sans y adhérer, traverse comme un pont l’espace interosseux et se termine sur le col du radius. Il est intéressant de voir ce faisceau moyen du ligament anté- rieur se fixer sur le ligament transversal comme le faisceau moyen du ligament latéral externe vient se fixer, chez l'Homme, sur le ligament annulaire. Il est d’ailleurs difficile de dire si le ligament annulaire de l'Homme est représenté chez les Oiseaux. Doit-on le chercher dans le ligament transversal que nous ve- nons de décrire, ou bien dans ce ligament cubito-radial externe supérieur qui s’insinue comme un ménisque entre la facette ar- ticulaire cubitale externe et l’humérus ?1] serait peut-être au- dacieux de décider cette question. Les Oiseaux n’offrent pas, à proprement parler, de ligament interosseux. Le seul vestige que l’on en trouve consiste dans une bride fibreuse que Meckel se contente de désigner comme un fort ligament transverse silué entre les deux faces qui se re- gardent. D'après cette description de Meckel, on est prêt à se figurer quelque chose d'analogue au ligament interosseux de l'articulation péronéo-tibiale inférieure. Mais il n’en est pas ‘ainsi : le ligament part du côté dorsal du eubitus, passe entre les deux os sans leur adhérer, et vient se fixer au côté pal- maire du radius. C’est done un ligament cwbito-radial inter: osseux dorso-palmaire. Sa disposition est en rapport avec les deux mouvements d’élongation et de latéralité du ralius. Le mouvement d’élongation du radius produit un résultat facile à mettre en évidence par l'expérience suivante. Après avoir amputé l'aile dans l’articulation scapulo-humérale, on dé- pouille l’humérus et on coupe tous les liens qui s’étendent entre CNT ES cet os et la main, en sorte qu'il n’ait plus de connexion qu'avec le radius et le cubitus. Si alors on imprime à la main de lOi- seau un mouvement de flexion, on voit l’humérus se fléchir sur l’avant-bras; si, au contraire, on étend Ja main, on voit s’é- tendre l’humérus. Ce phénomène est facile à expliquer : car, au moment où l’on fléchit la main, le radius s'éloigne de l’humé- rus, et le ligament antérieur de l'articulation huméro-cubitale se tend: en même temps, le cubitus presse contre le condyle, et, sous l'influence de ces deux actions, l’humérus éprouve un mouvement de bascule en avant. Dans l'extension, au contraire, ce sont les ligaments postérieurs qui sont tendus, tandis que le radius vient presser l’humérus, et le mouvement inverse a lieu. On conçoit facilement que si l’humérus était fixé, ce serait l’a- vant-bras qui se fléchirait ou s’étendrait sur le bras. Ainsi indé- pendamment de toutes les autres dispositions de l’aile, il suffit du seul arrangement des os pour que la flexion ou l'extension de la main sur l’avant-bras coïncide toujours avec la flexion et l'extension de l’avant-bras sur le bras, tant il y a de précision dans le jeu de cette machine admirable, » Séance du 6 juin 1863. ANATOMIE COMPARÉE. Appareil locomoteur des Oiseaux. — M. Alix a fait dans cette séance les deux communications sui- vantes : «4° La direction des mouvements de Ja main sur l’avant-bras dépend tout particulièrement de l'os cubital du carpe. Il est vrai que l'os métacarpien prend son point d'appui sur l’os radio- carpien par une tête volumineuse ; mais pendant que cette émi- nence roule sur la cavité qui la reçoit, le mouvement se trouve à chaque instant modifié par celui de los cubito-carpien. Cet os a donc besoin d’être décrit. Cuvier a cru suffisamment le ca- ractériser en le nommant os en forme de chevron ; Meckel s’est contenté de dire qu’il était triangulaire, ce qui n’est pas toujours vrai : une partie considérable de l'os cubital du carpe est con- stituée par une apophyse sur laquelle s’insère comme sur un pisiforme le tendon du cubital antérieur. Le reste est enfoncé comme un Coin mobile entre le cubitus et le métacarpe. Les deux os du carpe ne se touchent pas. Mais un ligament inter= ANG) osséux les unit; l’insertion de ce ligament sépare la facette arti- culaire cubitale de la facette métacarpienne. Ces deux facettes, obliquement dirigées, sont beaucoup moins étendues que les sur- faces sur lesquelles elles glissent. L’os cubito-carpien offre en outre une face dorsale et une face palmaire. Voilà ce qui peut être dit de plus général sur cet os dont la forme et le volume varient beaucoup. L’extrémité carpienne du cubitus présente une face articu- Jaire dont la direction varie de telle sorte qu’elle est en partie terminale et en partie palmaire. Dans l'extension de la main, l'os cubital du carpe est appliqué à la portion terminale de cette surface, en sorte que sa face dorsale regarde à peu près dans le même sens que la face dorsale de l’avant-bras:; dans Ja flexion, au contraire, l’os cubital s'incline comme la facette du cubitus sur laquelle il glisse de haut en bas. . L'’os métacarpien présente pour cette articulation une facette qui se prolonge sur son bord cubital, et qui entre en contact avec l'os cubito-carpien, dans ;’extension par sa partie supérieure, et dans la flexion par sa partie inférieure; de telle sorte que les mouvements du métacarpe restent toujours liés à ceux de l’es cubito-cerpien. Il résulie nécessairement de ces dispositions que, dans l’ex- tension, la main se trouve à peu près dans le même plan que l’avant-bras, tandis que, dans la flexion, elle se place dans un plan qui croise le précédent. Ce mouvement se combine avec celui qui fait tourner le cubitus sur son axe, de telle sorte que, pendant la flexion, les pennes Ge la main s’écartent de celles de l’avant-bras comme deux branches de compas mobiles toutes les deux à la fois. 2° On observe que les tendons des fléchisseurs profonds des orteils envoient des expansions élastiques à la tête de la pha- lange qui précède leur insertion. Une disposition analogue existe à la main. Le tendon du muscle homologue au fléchisseur profond envoie une expansion élastique à la tête de l’avant-der- nière phalange. Ce pelit fait offre quelque intérêt au point de vue de l’anatomie philosophique. Car le muscle change de fonction, il devient extenseur; et, tout en changeant de fonc- tion, il ne perd pas son caractère; il conserve son expansion élastique. D'un autre côté, le muscle qui répond à l’extenseur change aussi de fonction, il devient fléchisseur, et, néanmoins, n’acquiert pas d'expansion élastique. » LAN SNL ZOOLOGIE. — La note suivante contient les résultats d’expé- riences sur l’infection des Moutons par le Tœnia cænurus, faites par MM. Alph. Milne-Edwards et Léon Vaillant. « M. Kuchenmeister ayant envoyé, il y a quelques mois, des fragments de Tænia cænurus à M. Milne-Edwards, nous avons institué quelques expériences sur l'infection des Moutons par les embryons de cet animal, expériences dont nous POUvORS au- jourd’hui présenter le résultat à à la Société. C’est au mois de février dernier que M. Milne-Edwards reçut les strobiles de Tænia cœnurus. Is étaient dans de l’albumine d'œuf; mais le col du flacon ayant été brisé pendant le voyage, une partie du liquide s’échappa, et ce qui restait était dans un état de putréfaction très-avancé lorsque le 21 février nous l’ad- ministrämes à deux Agneaux d'environ trois mois, qu’on avait mis au muséum à notre disposition. L'examen d’une portion de l’albumine dans laquelle se trouvaient les Tænias ne nous montra aucun embryon, mais seulement de ces corpuscules cal- caires qu’on rencontre dans le corps des Vers cestoïdes. Obser- vés pendant plus de deux mois (21 février —30 avri), les deux Agneaux, établis dans un des parcs de la ménagerie ne présen- tèrent aucun phénomène anormal. Ils mangeaient avec appétit et engraissèrent d’une manière notable. Il nous parut hors de doute que l'expérience était de ment négative, ce qui pouvait provenir de l’état d’altération dans quel se trouvaient les Tænias au moment où on les avait fait prendre et aussi de leur âge; ils n'étaient pas encore assez avancés, suivant les renseignements qui nous avaient été trans- mis par M. Kuchenmeister. Ce savant, à la fin du mois d’avril, fit un second envoi de Tænias qui, cette fois, parvinrent en beaucoup meilleur état, et d’ailleurs, d'après ce qu'il écrivait à M. Milne-Edwards, étaient d’un âge plus convenable que les précédents pour produire l'infection. Nous fimes prendre ces Helminthes aux deux mêmes Agneaux le 30 avril. L’un d'eux, le n° 4, prit une portion de l’albumine dans laquelle étaient contenus les Vers. Le second Agneau, le n° 2, ne prit guère que ces derniers; le bocal s'étant brisé pendant l'opération le contenu s'était répandu par terre. Examinés avec soin, ces Tænias nous ont paru en parfait état de conservation; les anneaux mûrs étaient remplis d'œufs. L’al- bumine cependant exhalait une odeur putride. Pendant les jours suivants, les Agneaux ne présentèrent aucun phénomène anor- mal ; leur appétit, leur gaieté étaient conservés. Le 8 mai on fit tuer l’Agneau n° 2. Nous avions pour but de constater le point où en était l'expérience, et en second lieu de voir si la première infection avait réellement échoué, la lettre de M. Kuchenmeister qui accompagnait le second envoi, disant que M. Roll, professeur à l'école vétérinaire de Vienne, avait obtenu des résultats affirmatifs avec les premiers Tænias. L’autopsie faite le 10 mai ne nous fait rien reconnaitre d'a- normal. Le foie est grisâtre, non ramolli; la substance corticale des reins se déchire facilement; le cœur et les poumons sont parfaitement sains. Les membranes du cerveau non plus que cet organe ne sont pas injectés; il faut remarquer que la mort avait été produite par hémorragie résultant de la section des gros vaisseaux du cou. L’encéphale examiné avec le plus grand soin sur des sections très-multipliées ne présente absolument aucune altération. L’Agneau n° 4 continua de se porter fort bien jusqu’au 44 mai. Le 15 seulement se présentèrent quelques phénomènes céré- braux. Il se tenait dans sa cabane paraissant peu disposé à se mouvoir, bien qu’il fût dérangé à chaque instant par l'entrée ou la sortie d’un Bouquetin placé dans le même parc. Le len- demain 46, 17° jour de l'infection, l’Agneau mourut après avoir présenté, suivant le rapport du gardien, des phénomènes nerveux convulsifs et un écoulement sero-sanguinolent par le nez. L’autopsie est faite le 40 au matin. Le foie, la rate, les in- testins ne sont pas altérés. la substance corticale des reins est molle et friable comme dans l’Agneau n° 2 précédemment exa- miné. Dans la poitrine on rencontre un épanchement sanguino- lent, fluide, abondant, dans les plèvres et le péricarde; ces sé- reuses paraissent cependant saines, sauf le péricarde qui serait peut-être épaissi, mais la présence du thymus empêche de pou- voir bien constater ce fait. Les poumons sont fortement en- goués, non crépitants, sauf sur une très-petite partie du poumon gauche, un fragment jeté dans l’eau ne surnage pas; cependant ils ont conservé leur élasticité et ne se déchirent pas comme dans la véritable hépatisation ; cela rappelle l'altération qui suit la section des pneumogastriques. Dans le médiastin antérieur se trouve un Cysticercus tenuicollis. Les membranes du cerveau sont fortement injectées. Celui-ci est ramolli, il présente à sa — 55 — surface ces sillons jaunâtres décrits déjà par MM. Van Beneden et P. Gervais, sur lesquels M. Baillet a particulièrement insisté, et qu’on regarde comme produits par le passage des embryons. Il y en a une trentaine sur. la surface convexe; à la partie infé- rieure on n’en compte que trois; sur l’un des tubereules quadri- jumeaux, celui de droite, on en observe deux ; enfin, à la partie antérieure du ventricule latéral droit se voit un amas purulent de la grosseur d’un pois ; il en existe deux semblables dans le plexus choroïde du même côté. Les sillons larges de 4"" en- viron, varient en longueur de 4% à 42m, [ls sont isolables des paities voisines, paraissent situés dans l’épaisseur de la pie- mère et suivent souvent le trajet des vais:eaux ; à l’une de leurs extrémités se trouve un corps arrondi ou ovoide de O"m",7 à 4mm,2 sur. 0",5, homogène, granuleux, élastique, sans membrane ex- terne apparente, mais cependant netiement limité. Ce corps représente sans nul doute l’embryon des Tænias simplement accru, encore à l’état de proscolex. Le reste du tube est rempli d’une matière purulente, concrète, riche en Leucocytes. On ne trouve que cette dernière dans les amas du plexus choroïde et du ventricule. De cette expérience, simplement confirmative des faits si bien élucidés par M.Kuchenmeister et M. Baillet, il nous semble que l’on peut conclure à l'infection de ce. Mouton. Cependant les Cænures ne paraissent dans ce cas avoir produit la mort que se- condairement en quelque sorte. par la méningite que leur trop grande abondance avait causée, les embryons que nous avons observés dans les sillons n'ayant pu, vu leur petit volume, ame- ner aucun phénomène de compression directe. M. Kuchenmeister ayant envoyé, suivant son mode d’expéri- mentation habituel, les mêmes Tænias à différents observateurs, il sera curieux de contrôler les résultats les uns par les autres, ce qui nous a engagé à donner cette observation avec des dé- tails aussi circonstanciés que possible. » Séance du 13 juin 1863. PALÉONTOLOGIE. Brachiopodes. — La note suivante sur la dis- iribution des Brachiopodes aux divers niveaux de la série ju- rassique a été communiquée dans cette séance par M. Eugène Deslongehamps. sgh « Presque toutes les familles composant l’ordre de Brachio- podes offrent des représentants durant la période Jurassique; ce sont les Térébratulidées, les Thécidéidées, les Spiriféridées, les Rhynchonellidées et les Strophoménidées parmi les Brachio- podes ARTICULÉS, et parmi les iNarTicurés les Craniadées, les Discinidées et les Lingulidées ; mais la distribntion de ces fa- milles aux divers niveaux est loin de s'être effectuée suivant une loi uniforme. En effet, depuis les premiers moments où l’action vitale s’est manifestée, dès le dépôts du terrain silurien, on a vu pa- raître des ZLangules, des Crénies et des Discines ou Orbicules. Ces trois grands types d’organisation ont vééu ensuite jusqu’à nos jours en traversant toute la série des étages géologiques, sans subir de modifications bien appréciables ni dans leur forme, ni dans le nombre des espèces. Il n’en est plus de même des Brachiopodes articulés. En effet, l’une des familles, les Productidées a déjà disparu avec le dépôt du trias; les Spériféridées et les Strophoménidées s'étei- gnent au milieu de la série jurassique. D'un autre côté, les Térébratulidéesetles Rhynchonellidées, peu répandues durant les dépôts paléozoïques et triasiques, prennent une grande exten- sion dans les couches liasiques et oolitiques, diminuent ensuite de nombre pendant la période crétacée et m’offrent plus que très-peu de représentants dans les terrains tertiaires et à l’épo- que actuelle. Quant à la famille des Thécidéidées, elle commence à paraître dans le lias au moment où les Sfrophoménidées et les Spiriféridées ne vont plus faire partie de la série animale. Une petite espèce, la Thecidea mediterranea, existe encore de nos jours. Comme on le voit d’après ces quelques mots, ce sont les Térébratulidées et les Rhynchonellidées qu'ont peut considérer comme Brachiopodes jurassiques par excellence; et en effet, ce qui s'applique à une de ces families s'applique exactement à l’autre, et en donnant la distribution géologique du genre Té- rébratule nous indiquerons par cela même celle du genre Rhyn- chonelle. . Durant la période de l’infrà-lias (4° étage du lias de M. d’Ar- chiac), les Térébratules soni très-rares, au moins en France ({). (1) Elles sont au contraire très-abondaetes, au moins en individus, dans les couches correspondantes des Alpes bavaroises et tyroliennes (couches de Kæssen et de Hierlatz), Me cu Elles sont encore peu abondantes dans les couches où la gry- phée arquée se montre en si grand nombre, c’est-à-dire dans le lias inférieur. A vec la Gryphea Cymbium paraissent au contraire une quantité considérable d'espèces et de variétés très-bien caractérisées; c’est le plus beau temps du genre Térébratule, il y règne en maître ; les autres familles participent à cette exubé- rpnce vitale, puis le tout s'éteint. Deux familles (les Spiriféri- dées etles Strophoménidées) disparaissent pour toujours, et, bien plus, dans les couches qui suivent immédiatement, c’est-à-dire dans les marnes ou schistes bitumineux du lias supérieur, je n'ai pu jusqu'icirencontrer un seul Brachiopode articulé. Il y a donc une véritable extinction. Dans les couches suivantes, celles où dominent les Ammo- nites bifrons, radians, etc., une toute petite espèce bien chétive apparaît seule; c’estla Terebratula Lycetii. Avec les Ammoniles primordialis et Murchisonæ, les espèces commencent à devenir plus nombreuses; enfin la période de l’oolite inférieure pro- prement dite commence, les Térébratules pullulent de nouveau, de très-belles espèces, parmi lesquelles dominent les Biplissées, prennent un grand accroissement; c’est une seconde période d'éclat pour ce genre. Cet éclat se soutient dans la grande oolite; toutefois si les individus sont nombreux, en revanche, les espèces diminuent, et nous arrivons ainsi jusqu'à la période oxfordienne. Une nouvelle phase apparaît alors. La série oxfordienne inférieure ou callovienne s’annonce par une profusion incroyable d'individus; les espèces se môlent, jouent entre elle, prennent à tel point des formes spéciales pour chaque localité qu'on ne peut presque plus rien y recon- naître; il n’y a plus, pour ainsi dire, de fixite dans les carac- tères spécifiques. Peu à peu, les Térébratules deviennent rares, et on n’en voit plus vers le haut de la série oxfordienne. À ce moment on voit se produire une dernière recrudescence _ vitale. La période du coralrag nous offre de nouveau une belle série de types particuliers, d'espèces si l’on veut; mais bientôt cette activité s'épuise, et l'immense série kimméridgienne et portlandienne ne nous offre plus que quelques rares représen- tants du genre Térébratule, qui quatre fois, ainsi que nous venons de le voir, s’est vu renouveler durant la période juras- sique. J'ai mis à dessein le mot de fype pour celui d'espèce. En effet. EAN SES lorsqu'on n’a devant les yeux qu’une série limitée d'individus de chaque étage, il n’y a pas de difficulté, les espèces parais- sent bien tranchées; mais si, au contraire, on étudie de très- nombreuses séries, les différences se fondent, et on voit toutes ces prétendues espèces passer les unes aux autres par des degrés insensibles. Je ne serais done pas éloigné d'admettre que chaque espèce ne se soit modifiée bien des fois sous l'influence du temps, des croisements féconds, des changements successifs du fond ou du niveau des mers entraînant nécessairement avec chaque modification de nouvelles conditions vitales, Aussi ce qu’on entend habituellement par espèce dans le langage paléon- tologique ne me paraît pas être d’une rigoureuse exactitude; on comprend, en effet, combien il nous manque de données pour la résolution d’un pareil problème, puisque nous ne pou- vons baser notre jugement que sur la forme des coquilles; l'étude des animaux, des couleurs, de l’observation rigoureuse de leur généalogie étant pour notre jugement autant de lettres mortes. Lorsqu'on a tant de peine à classer rigoureusement les es- pèces qui vivent maintenant autour de nous, lorsque l'étude de plus en plus approfondie nous mène à ce doute affligeant : l’espèce existe-t-elle en réalité dans la nature? on conçoit qu’il y ait iémérité à affirmer résolûment l’espèce en paléontologie. Je sais que beaucoup n'hésitent pas à trancher le nœud gordien et à dire intrépidement : Ceci est telle espèce, cela est telle autre. Quant à moi, je ne puis admettre que l'espèce soit une chose fixe, naissant et mourant à jour fixe, au gré de la paléontologie. Je crois que la nature a des lois bien plus profondes, dont nous ne connaissons pas tous les secrets. L'homme pourra approcher peu à peu et laborieusement de la vérité; mais pourra-t-il ja- mais se l’assimiler tout entière? Ne serait-ce pas vouloir com- prendre l'infini. » MÉCANIQUE. — M. de Saint-Venant a fait aussi à Ja Société, dans la séance du 43 juin, la communication suivante sur les flexions et les torsions que peuvent éprouver les tiges courbes sans qu’il y ait aucun changement dans la première ni dans la seconde courbure de leur axe ou fibre moyenne. Que l’on ploie un arc de cercle élastique de manière à lui faire prendre une courbure justement égale et opposée à celle qu’il avait, en sorte que ses fibres les plus courtes deviennent les plus longues et réciproquement, et que, dans cet état, on — 59 — l'amène, par une demi-révolution, de sa situation nouvelle à sa situation ancienne dans l’espace. Il aura éprouvé et éprouvera encore une flexion contre laquelle réagit l’élasticité de sa ma- tière. Et cependant sou axe ou sa fibre moyenne se trouve fina- lement à la même place et a partout la même courbure que primitivement. Et on peut même opérer cette flexion sans que l’axe change de place, en faisant tourner simultanément sur elles-mêmes et dans le même sens, ses sections des extrémités, et en contenant les sections intermédiaires entre des arrêts qui les empêchent de s’écarter sans les empêcher de tourner. Donc la flexion ne tient pas uniquement au changement des rayons de courbure ou des angles de contingence d’un fil ou d’une tige élastique. Une flexion considérable peut être impri- mée sans que ces angles ou ces rayons changent aucunement de grandeur. De même, la torsion ne tient pas uniquement au changement de la cambrure ou seconde courbure, ou des angles que les plans oseulateurs font entre eux; car on peut tordre une tige à double courbure en fixant une de ses sections extrêmes, faisant tourner l’autre sur elle-même et contenant ou assujettissant les sections intermédiaires de manière à les empécher de s’écarter latéralement sans les empêcher de tourner, comme on Je voit dans l’appareil mis sous les yeux de la Société par l’auteur de la communication. Cette flexion et cetle torsion non accompagnée de change- ment des courbures tient à ce que la polarité des sections trans- versales a changé par rapport aux rayons de courbure ou aux plans osculateurs de laxe, ou à ce que ces rayons ont tourné sur les plans des sections correspondantes. Pour avoir done la grandeur de Ja flexion, c’est-à-dire du rapport, constant pour chaque section, des dilatations des fibres à leurs distances de la ligne des fibres invariables, et pour avoir la grandeur de ia torsion, c’est-à-dire de la quantité angulaire dont deux sections voisines ont tourné l’une devant l'autre divisée par leur distance, il faut absolument tenir compte d’un élément nouveau, ou qui l'était quand on en a parlé en 4843 (1), à savoir La rotation (1) Comptes rendus, 30 de d 06 t. XVII, Pr 952; et aussi, 1° et ou le déplacement angulaire du rayon de courbure sur chaque section. En appelant « ce déplacement angulaire, évalué en arc d’un rayon = 1,r, €t r, les grandeurs primitives des rayons de la première et de la seconde courbure, et ds l’élément de l’axe . À L . courbe, la torsion n’est pas — — — comme l'ont pensé divers o 4 À de auteurs, Mais — — — + — ? r re Fe ds * Et la flexion n’est pas x Le mais p Po \ / ai 2cose ns dix pe? PPo Po? Elle s'élève jusqu’à la grandeur _ + _ quand l'angle : de rotation du rayon de courbure atteint deux angles droits, comme il arrivait dans l’exemple du commencement de cette note. Quande—», où quand la courbure n’a pas changé, la flexion n’est pas nulle, mais est égale à ) ER LEE Ts V2 cos sin Le; elle est ainsi ÿ2 quand la rotation e du rayon de courbure o aété d’un angle droit, comme par exemple lorsque ce rayon, dirigé d’abord suivant une des deux diagonales d’une section carrée, vient à coincider avec l’autre diagonale. Lagrange a donné, de la courbe élastique à double courbure, des équations différentielles incomplètes parce qu’il ne considé- rait que le changement de grandeur des angles de contingence. Poisson, à la suite de considérations nrésentées par M. Binet, y a ajouté des termes pour le changement des angles que forment entre eux les plans osculateurs. Mais il faut y ajouter d’autres termes où entre l’angle « de rotatiôn des rayons de courbure sur les sections ; et, outre les moments des forces au- tour de la tangente à la courbe d’axe et autour des perpendicu- laires à ses plans osculateurs, que Poisson a fait entrer dans ses calculs, il faut tenir compte du troisième moment composant, que Poisson a omis, et qui tend à faire tourner autour d’une Ne Nu droite perpendiculaire à ces deux-ci, c’est-à-dire autour du rayon de courbure. Son théorême « que le moment de torsion est constant d’un bout à l’autre » n’est vrai que dans des cas particuliers. L’angle - doit en tous cas être pris en considération pour poser les conditions qui doivent s’observer en certains points particuliers de la tige courbe dans les divers problèmes. PALÉONTOLOGIE.—M. Alph.Miine Edwards a présenté quelques observations sur les Oiseaux fossiles des terrains miocènes de la Limagne et du Bourbonnais. Elles sont résumées dans la note que voici : Les Oiseaux fossiles des bassins tertiaires moyens d'Auvergne et du Bourbonnais ont été signalés déjà depuis fort longtemps. En 1812, Faujas de Saint-Fond avait eu entre les mains des ossements d’'Oiseaux trouvés à Gannaät. En 1825, Cuvier en avait reçu quelques-uns trouvés à Chatpuzat (Allier). La princesse Adélaïde d'Orléans en fit envoyer divers fragments à Et. Geuf- froy Saint-Hilaire. Ils provenaient également de Chatpuzat. Depuis cette époque, de nombreux collectionneurs ont exploré ces terrains. L'abbé Croizet, Bravard, M. Feignoux de Cusset, M. Pomel, M. Poirrier, M. Jourdan, doyen de la Faculté des sciences de Lyon, ont recueilli des œufs et de nombreux osse- ments se rapportant à la classe qui nous occupe. Mais ils n’ont pas cherché à déterminer à quelles espèces ni même à quels genres ces débris pouvaient se rapporter. Ainsi, dans son catalogue des Vertébrés fossiles du bassin supérieur de la Loire, M. Pomel, en parlant des Oiseaux, s’ex- prime en ces termes : « Nous ne les citons que pour mémoire, parce que leur détermination est encore à faire et que nous n'avons ni le temps ni les matériaux nécessaires pour tenter un travail aussi difficile.» M. P. Gervais, qui étudia quelques-uns de ces Oiseaux, en fit connaître deux espèces : un Flamant, le PAæ- nicopterus Croizeti et un Aigle ou Pandion. Le Phænicopterus Croizeti (Gerv.) a été trouvé par l’abbé Croizet dans les calcaires d’eau douce du plateau de Gergovie, auprès de Clermont-Ferrand. La détermination de cette espèce a été faite sur une tête presque complète qui, effectivement, reproduit les caractères de ce genre singulier. J’ai pu examiner dans les galeries du Muséum, dans la collection de M. Poirrier, ainsi que dans la mienne, différents os qui évidemment se rap- portent à cette espèce. — Si on compare l’oiseau fossile au Fla- 2: fn re mant vivant, on trouve que le bec du premier est notablement plus arqué en bas, et que, propertionnellement au crâne, il est plus grêle et pius long; que la mandibule inférieure est moins épaisse, et enfin que la mandibule supérieure est un peu plus élargie dans la surface plane de sou extrémité. Les os que j'ai pu étudier se rapprochent également beaucoup de ceux du PAæ- nicopterus ruber, et ils n’en différent que par quelques légères particularités de formes et deproportions. L'espèce fossile paraît en effet avoir été un peu plus petite et plus grêle que l'espèce vivante. L’Aquila ou Pandion n’est connue que par un seul os méta- ‘tarsien découvert parl'abbé Croizet à Chatpuzat (Aïlier). D’après les recherches de M. Gervais, ses proportions le rapprocheraient de celui des Balbuzards, des Aigles et des Pygargues. Autant que j’aipu en juger par la comparaison de ce fossile avec lestypes aujourd’hui vivauts, l’Aigle de Chatpuzat en est bien spécifi- quement distinct. Aussi je crois que l’on peut sans hésitation lui donner le nom du savant paléontologiste de Montpellier qui, le premier, a fait connaître ses véritables affinités, et l'appeler Aquila Gervaisii. J’ai pu réunir, de mon côté, un grand nombre d’ossements d’Oiseau, des mêmes terrains. MM. Lartel et Poirrier ont géné- reusement mis à ma disposition les pièces qu'ils avaient re- cueillies eux-mêmes, et, à l’aide de ces matériaux, il m'a été possible de distinguer un certain nombre d’espèces compléte- ment nouvelles, dont quelques-unes, entre autres, ont un grand intérêt zoologique en ce qu'elles se rapportent à un type au- jourd’hui disparu. Je compte, dans un prochain mémoire, étu- dier à fond les caractères ostéologiques sur lesquels je me suis fondé pour arriver à cette détermination, Aujourd’hui, je de- mande à la Société la permission de lui présenter un court résumé de mes recherches sur ce sujet. Les différentes espèces pour lesquelles j’établis le genre Pa- lælodus (de roles ancien, et eus habitant les marais) parais- s'nt avoir été très-abondantes à l’époque miocène. On en ren- contre de nombreux débris dans les divers bassins tertiaires moyens d’Auverene et des environs de Mayence. Je n'ai re- trouvé aucun type vivant qui puisse être comparé à ce nouveau genre, et il doit venir se ranger à côté du petit groupe naturel des Phenicopteridæ qui, aujourd’hui, ne compte plus pour re- présentants que les Flamants. Il offre cependant certaines ON 0 oE ressemblances avec les autres Echassiers longirostres ; il s'en rapproche en effet jusqu’à un certain point par la conformation des pattes, mais, d’une autre part, la dissosition des phalanges, des os de l’aile, des Coracoidiens, etc., tend à le faire ranger à côté des Phénicoptères. Le sternum tient à la fois de l’un et de l’autre de ces groupes. La forme extrêmement comprimée du canon l’éloigne de fous Les Echassiers vivants; elle ne se re- trouve à un aussi haut degré que chez les Palmipèdes plongeurs, tels que les Colymbus et les Podiceps, ce qui tend à faire penser que les Palælodus devaient former pari les Echassiers un palmipède nageur. M. P. Gervais, qui avait eu entre les mains un certain nombre d'os de l'espèce la plus commune de ce genre.le Pa- lælodus ambiquus, dont il a figuré un os metatarsien (Zool. et Paléont., fr., pl. 51, fig.9), avait reconnu que ce fossile ne pou- vait se ranger dans aucun des genres actuels. Après l'avoir com- paré aux Flamants, aux Hérons, aux Courlis, aux Poules d’eau, aux Vanneaux, aux Avocettes et aux Pluviers, il conclut que cet examen ne pouvait le conduire à aucun résultat certain sur la place qui convenait réellement à l’oiseau de la Limagne, et, ajoute-t-il, « ses affinités avec l’Avocette subsistent, mais en « tenant compte des réserves établies ci-dessus. » J'ai été à même d'étudier le squelette entier de l’un de ces Oiseaux, et c’est ainsi que j'ai pu arriver à cette conclusion que rien dans la nature actuelle ne pouvait lui être comparé et qu'il devait prendre place à côté du groupe des Phénicop- tères. = L'espèce la plus commune à laquelle je propose de donner le nom de Palælodus ambiquus, pour indiquer son caractère de transition, devait être, à peu de chose près, de la taille du Héron cendré ou de la Spatule blanche, avec des formes plus élancées et plus légères que cette dernière. Le Palælodus crassipes, dont j'ai eu entre les mains divers os des pattes et des ailes, était d’un cinquième environ plus grand et surtout plus fort; l’os de la patte est moins comprimé, les poulies articulaires beaucoup plus robustes. Au contraire, le Palælodus gracilipes, plus petit que le P. ambiguus, est plus grêle de formes. Sa patte, très-comprimée latéralement, ressemble, par cette particularité, à celle des Plongeons, dont elle s’écarte d’ailleurs par tous ses autres ca- ractères. > One Ces deux dernières espèces sont beaucoup plus rares que le P. ambiquus. J'ai vu dans la collection de M. Poirrier un bec isolé de forte dimension que, dans sa notice paléontologique sur le départe- ment de l'Allier, cet observateur avait rapporté à un Oiseau voisin des Cigognes et des Hérons; je croirais plutôt que ce fragment provient d’un Échassier voisin des Tantales. En effet, la forme arrondie du bec, sa courbure, dans le sens de sa lon- gueur, le rapprochent de ce dernier genre. Je ne pense pas qu’on puisse le rapporter au Palælodus si nombreux dans ces localités et dont la tête n’est pas encore connue, car un pareil bec entrainerait naturellement comme conséquence des vertèbres cervicales robustes, et celles des di- verses espèces du genre Palælodus sont, au contraire, grêles et allongées, et se rapprochent jusqu’à un certain point de celles des Phénicoptères, ce qui tend à faire croire que la tête qu’elles supportaient était de petite dimension. Séance du 4 juillet 1863. PHYSIOLOGIE COMPARÉE. Expériences sur le rôle du cerveau dans l’ingestion des aliments chez les Insectes, et sur les fonc- tions du ganglion frontal. — Sous ce titre, M. Ernest Faivre a communiqué la note que voici : « Chez les Insectes, et en particulier chez le Dylique qui a fait l’objet de nos recherches expérimentäles, le pharynx, l'œsophage, les estomacs sont animés par les filets du nerf stomato-gastrique. Ce nerf spécial naît d’un renflement volumi- neux, le ganglion frontal, à l’aide duquel il est mis en commu- nication avec le cerveau; deux connectifs établissent cette communication; il suffit de les couper sur l’insecte vivant, pour produire un désordre qui nous a permis de comprendre le rôle complexe que jouent, dans l’ingestion des aliments, le cerveau et le ganglion frontal. Rappelons, avant d'analyser les résultats expérimentaux, que le bol alimentaire, saisi par les pièces buccales de l’Insecte, est soumis à un rôle de mastication, puis dégluti par les contrac- tions successives du sphincter pharyngien et des fibres muscu- — 65 — laires de l’æsophage: qu'’enfin il est entraîné ainsi jusque dans le jabot où il séjourne un moment. Gette succession d’actes est interrompue après la section des deux connectifs; la préhension et la mastication s’exécutent, mais la déglutition cesse de s’accomplir ; l’Insecte, après des efforts inouïs, rejette ou conserve dans la cavité buccale l’ali- ment qu'on lui présente. Si on examine alors le pharynx, on constate que son muscle constricteur est paralysé, bien qu'il reçoive ses nerfs du gan- glion frontal demeuré intact ; l’irritation directe de ce ganglion est impuissante à déterminer dans le sphincter des contrac- tions énergiques lorsque les connectifs sont coupés, tandis qu’à l’état normal ces contractions étaient spontanées, énergiques et fréquentes. De cette expérience, il faut nécessairement con- clure que le ganglion n’anime le sphincter que sous l'influence du cerveau, et que cette même influence préside à l’harmonie entre Ja mastication et la déglutition. Si, dans les conditions précédentes, on pousse le bol alimen- taire jusque dans l'œsophage, en suppléant ainsi à la dégluti- tion pharyngienne, on reconnait que l'œsophage a cessé de se contracter et de pousser l'aliment dans le jabot ; or, cette ac tion n’a cessé qu’à la suite de la section des connectifs qui lient au cerveau le nerf stomato-gastrique. Lorsqu’à l’état normal, on provoque la déglutition chez un Insecte, dont on a mis à nu les estomacs, on détermine immé- diatement dans le jabot , le gésier, mais SUrIont le cardia, une série de mouvements spasmodiques et continus. Cet effet cesse d’avoir lieu à la suite de la section des con- nectifs; on ne constate plus de rapports entre la déglutition et les mouvements des estomacs ; il s'ensuit donc qu’à l’état ordi- naire ces rapports étaient établis par le cerveau, agissant comme centre reflexe, tandis que le ganglion frontal jouait seulement le rôle de conducteur. Le rôle du cerveau, comme centre de mouvements directs et de mouvements reflexes, le rôle secondaire du ganglion frontal, comme conducteur des impressions, nous semblent mis en évidence par les expériences suivantes : Chez un Dytique non opéré, nous irritons le stomato-gas- trique en arrière du ganglion; aussitôt le sphincter du pharynx entre en contraction; nous coupons alurs les connectifs, et nous = Extrait de l’Institut, 1° Section, 1863. 5 = 66 = reproduisons la même irritation ; le sphincter ne se contracte plus. Chez un Insecte sain, on coupe le stomato-gustrique au niveau du jabot ; on détermine en très peu de temps un accroissement notable de la déglutition, et le jabot est bientôt distendu par des gaz. Au contraire, la tympanite ne survient jamais, si on opère la section du stomato-castrique chez un Insecte dont les con- nectifs fronto-cérebraux ont été coupés; les impressions sont done transmises du jabot au cerveau, et celui-ci détermine les mouvements de mastieation et de déglutition. On.en peut avoir la preuve directe si on comprime le jabot distendu par les gaz ; on détermine alors des mouvements très-actifs de mastication et de déglutition. La section d’un seul connectif n’abolit pas immédiatement les mouvements du sphincter pharyngien. L'action du cerveau, comme centre reflexe, est encore évidente dans €e cas. Ajoutons enfin, jour démontrer plus nettement encore le rôle du cerveau dans l'ingestion des aliments, que la piqûre de ce centre nerveux, au niveau de l’origine des connectifs, détermine des mouvements dans la bouche, dans le pharynx et dans les estomacs. Des expériences qui viennent d’être rapportées, nous pou- vons déjà tirer, sur le rôle du ganglion frontal, les indications suivantes : Le ganglion frontal, en dehors des excitations directes ou indirectes, ne détermine pas de contractions dans le sphincter phäryngien lorsqu'il est soustrait à l’action du cerveau. Il ne paraît pas doué, dans les mêmes circonstances, du pouvoir de provoquer des mouvements par actions retlexes. Il agit comme agent de transmission, comme conducteur des impressions, à la manière des nerfs ordinaires. La seule propriété que nous ayons constalée dans le ganglion frontal est de provoquer des mouvement, sous l'influence d'éxcitations directes, après la section des connectifs. L'expérience suivante met clairement en lumière cette propriété : On coupe les connectifs, et on excite le frontal après avoir inis à nu les estomacs: l'excitation produit deux effets : elle provoqie dans le jabot, le gésier, le cardia, des mouvements plus énergiques et continus. 87 Si elle est longtemps prolongée, dans des conditions que nous déterminerons ultérieurement, elle amène la diminution, puis l'arrêt momentané des mouvements du cardia; le cardia est alors en diastole, comme le cœur arrêté par une galvanisation énergique du nerf pneumo-gastrique chez les animaux supé- rieurs. Le ganglion conserve ces propriétés plus d’une heure après sa séparation du cerveau, mais seulement sous l'influence des irritations directes. En définitive, le ganglion frontal paraît jouer chez les Insectes le rôle d’un nerf €e renforcement. » Z00LO61E. — M. Eugène Deslongchamps a présenté la note suivante sur les genres 7rochotoma et Ditremaria : « La plupart des genres de la famille des Haliotidées ont leur coquille percée d’un ou de plusieurs trous de forme variable suivant les genres, Trochotoma, Cirrhus, Polytremaria, Ha- liotis, etc., ou bien la Louche présente une simple fente plus ou moins allongée, ex. Scissurella, Pleurotomaria, Murchi- sonia. Ces trous ou fentes sont destinés à donner passage à un nombre égal de tentacules à la base desquels se voient les organes de la respiration qui consistent en deux branchies en forme de plume. | L'animal, en grandissant, bouche ces trous en arrière et en même temps en ouvre de nouveaux en avant, de sorte qu’il y en a toujours un même nombre en exercice. Le caractère des trous et entailles est donc en relation directe avec les organes respiratoires, aussi chacune de leurs modifications a donné lieu à autaut de genres très naturels. Le genre Trochotoma avait été créé par mon père en 1847 pour un certain nombre de coquilles fossiles ressemblant par Ja forme extéricure à des Pleurotomaires surbaissés; is en dif- féraient spécialement en ce que la fente se fermait en avant; c'était denc une sorte d’Haliotide avec un seul troa respira- toire, ou mieux un Pleurotomaire à entaille fermée. À un certain moment de sa vie, l'animal, pour agrandir sa coquille, bouche cette entaille et en produit une nouvelle; mais cette chlitéra ion ne se fait pas brusquement, elle marche tou- jours d’arrière en avant, de façon que l’entaille diminue jeu à peu jusqu’au moment où elle estentièrement bouchée; en même temps, il se fait une entaille nouvelle qui s'agrandit jusqu’à —108 — l'instant où l’animal l’arrête et la ferme en en rapprochant les bords. On conçoit alors comment il y a un instant où on peut observer à la fois en arrière un petit trou dû à l’oblitération partielle de l’ancienne entaille, et en avant une nouvelie ouver- ture, partielle aussi, puisqu’à ce moment de l’évolution vitale l'animal ne l’a pas encore fermée. Ainsi marchent les choses dans les genres Trochotoma et Woodwardia (1). M. d’Orbigny, trompé par cette apparence, crut voir dans cette dispositiontransitoire de deux trous un caractèrenormal, et, sans s'inquiéter du nom déjà donné par mon père, imposa celui de Ditremaria (2 trous), qu’on ne doit conserver à aucun titre, puisqu'il est postérieur à celui de Trochotoma, et en second lieu qu’il est dû une méprise évidente. Si, d’un autre côté, on observe de bons échantillons d’une coquille du coral-rag depuis longtemps décrite par Zieten sous le nom de Trochus quinque- cinctus, tab. xxx, fig. 2, par Goldfuss sous le nom de Mono- donta ornata, on peut s'assurer qu'il existe une entaille assez semblabie à celle des Trochotoma. Aussi a-t-elle été décrite depuis par M. Buvignier sous le nom Trochotoma quirque- cincta et par d'Orbigny sous celui de Dilremaria quinquerincta. Cette coquille offre en réalité des caractères tout particuliers dont l’ensemble a été méconnu par tous les paléontologistes. Quelques-uns s'étaient bornés à remarquer qu'il existait vers la columelle une sorte de dent analogue à celle des Monodontes:; d’autres n’en avaient pas même soupçonné l'existence et avaient représenté la base de cette espèce toute unie. Personne n'avait songé à examiner l’entailie, qui est des plus singulières. En effet, j'ai pu examiner une suite magnifique d'échantillons en parfait état de conservation recueillis par M. Guirand dans le coral-rag de Valfin, et tous sans exception offraient une en- taille étranglée en son milieu, dent les bords sont si rapprochés en ce point qu'on peut la considérer comme formée de 2 trous respiratoires arrondis et réunis par une simple scissure très- étroite. Cette disposition est ici l’état normal; il y a en réalité 2 trous, partant 2 organes de respiration. On voit combien une pareille organisation diffère de celle des 7rochotoma ; elle nous rappelle plutôt celle du genre Polytremaria, qui n’est qu’une Haliotide à forme de troque. (4) Scissurelles à entaille fermée. 97e C’est donc aux échantillons de cette coquille seulement qu’on peut appliquer avec raison le nom de Difremaria. Nous laisse- rons donc dans le genre Trochotoma la plupart des Ditremaria de M. d’Orbigny, et nous n’y conserverons que la seule espèce Dit. quinquecincta. La série de ces Haliotidées à forme trochoïde se trouvera donc établie de la manière suivante : 4re section. Scissurella, Woodwardia. 2° section. Pleurotomaria, Trochotoma, Ditremaria, Poly- tremaria. Nous caractériserons ainsi le genre Dilremaria tel que nous l'avons compris : Genre Dirremarta. Tvpe Ditremaria quinquecincta (Ziet. sp.) du coral-1ag de Natheim, de S. Mihiel, de Valfin, etc. Coquille turbinée, voisine de forme des Trochotumes. Offrant au lieu d'une entaille respiratoire 2 trous arrondis réunis par une scissure transversale. Base montrant une large callusité excavée en son centre, d'où naît un gros tlubercule arrondi. Bouche étranglée, carrée comme celle des Troques et resserrée, sur chacune des*2 lèvres, droite et gauche, par une dent très- prononcée, comme dans les Monodontes. » PHYSIQUE DU GLOBE. Jnfluence des tremblements de terre sur les troubles contenus dans les eaux du puits artésien de Passy. — La note suivante a été communiquée par M. Hervé Mangon : Les perfectionnements apportés chaque jour aux procédés d'exécution des grands sondages artésiens permettent d'espérer que les travaux de cette nature ne tarderont pas à devenir assez nombreux et assez économiques pour rendre à l’agriculture de véritables services. Déjà les puits forés en Algérie par M. De- gousée ont montré tout c que les pays chauds peuvent deman- der aux eaux souterraines. Ailleurs, les puits profon:is que nos habiles sondeurs entreprennent aujourd’hui avec tant de con- fiance fourniront ces eaux à tempéra ure élevée, dont le mé- lange avec les eaux d'égout ou autres [ermettra d’entrete- nir dans nos climats ces prairies d’hiver qui font la richesse des environs de Milan et de quelques autres localités privilégiées. Si les sondages profonds intéressent vivement l'agriculture par les résultats qu’ils promettent, l’art de l'ingénieur par les difficultés de leur exécution, ils n’ont pas moins d’intérêt pour la science, car ils donnent à l'observateur des moyens nouveaux = 2 d'étudier des phénomènes souterrains qui semblaient devoir à jamais échapper à ses investigations. On reconnaîtra, en effet, si les observations qui font l’objet de cette note se nultip ient suffisamment, que les puits artésiens fournissentun moyen nou- veau d'étudier les tremblements de terre et de reconnaître Îles directions suivant lesquelles ces grands ébranlements du sol se propagent avec le plus de facilité, directions qui présentent sans doute une relation remarquable avec les lignes de soulèvement des montagnes. Voici du reste les observations que j'ai pu faire à ce sujet eur le puits artésien de Passy. Du 28 o“tobre 1861 au 31 mars 1862, j'ai mesuré chaque jour la propertion de matières solides amences par les eaux à la eu face du sol En rapprochant les chiffres ainsi obtenus de la liste, dressée par M. Perrev, des tremblements ce terre obser- vés dans la même période, on reconnait facilement que les eaux ont été d'autant plus troubles que les tremblements de terre ont été plus fréquents. En négligeant les faiblestrépidations presque continueilement observées à Nice et les tremblements de terre signèlés dans des contrées fort éloignées, l'attention se concen- tre sur des faits mieux caractérisés parmi lesquels on citera les suivants : Le 44 novembre 1861, un tremblement de terre étendu se fait sentir en Suisse, aussitôt la proportion de trouliles contenus dans l’eau du puits de Pas-y passe de 625’ par mêtre cube d’eau, à 4478 pour retomlier dès le lendemain à 91€. Le 17 et le 18 du mêine mois, il y a des tremblements de terre à Aigion (Grèce), et le 49 à Potenza (province de Naples) la proportion ce troubles passe de 1018" à 207, à 3314, à 254 et enfin à 338, | our décroitre immédiatement après. Un tremblement de terre a lieu dans le Valais le 24 novem- bre. La proportion de troubles s'élève de 2328 à 3908 pour re- tomber le lendemain à 305, et remonter, le 26, à 433, au mo- ment où un tremblement de terre se produit à Potenza. L’éruption du Vésuve a lieu le 8 décembre1861, eile est pré- cédée et suivie de tremblemen s de terre fréquents. Les trou- bles apportés par les eaux du puits s’éèvent les 6,7, 8 et 9 dé- cembre aux énormes proportions de 50528", 17045", 10988 et 48748 par mètre cube. Les 27 et 31 décembre, la proportion de troubles éprouve une forte augmentation, et en effet des tremblements de terre se faisaient ressentir au Vésuve et à Aigion. Dan Nes Pendant la fin de janvier, le mris de février et le commen- cement de mars, les vaux sont relativement peu chargées et les themb'ements de terre signalés sont moins nombreux. mais leur influence est encore bien marquée, quo‘que les différences scient moindres d'un jour à l’autre entre les quantités de trou- bles, puisque le poids de ces troubles est lui-même peu consi- dérable. On mentionnera seulement, pendant ces quelques se- maines, le tremb'ement de terre de Lorca (Espagne) du 22 jan- vier, dans lequel la proportion de troubles passe de 34 à 845, pour retomber le lendemain à 218 jar mètre cube d’eau. Eufin, du 16 au 51 mais. les troubles redeviennent extrême- ment abondants, et de nombreux tremblements de terre sont signalés au Vésuve et à Torrevieja. Ces exj ériences ne peuvent se faire, d’ailleurs, que dans les premiers temps de l'ouverture des puits artésiens, car l’eau de- vient claire aussitôt que la chambre qui se forme au bas du tube est suffisamment agrandie pour donner à l’eau le temps de s’y reposer et de s’éclaircir avant de s'engager dans la colonne ascensionnelle. Il convient done, en général, de faciliter lécou- lement des eaux d’un sondage après son achèvement, si l’on veut arriver le plus promptement possible à obtenir des eaux claires et un débit régulier; c’est alors seulement, à mon avis, qu’il faut s’occuper de les élever au-dessus du sol. Je ne voudrais pas attribuer aux rapprochements qui précè- dent plus d'importance qu'ils ne méritent. Mes observations ont été trop peu prolongées pour que l’on ne puisse pas, à la ri- gueur, attribuer à des coïncidences fortuites les faits signalés ; cependant ces faits forment une série déjà assez remarquable pour qu’il soit vivement à désirer que ces observations soient continuées toutes les fois que l’occasion s’en présentera. Séance du 25 juillet 1863. GÉOMÉTRIE.— M. Paul Serret a communiqué dans cette séance à la Société les propositions suivantes : Théorème 1. Le lieu (1) des centres des surfaces du second ot- . dre tangentes à sept plans coïncide avec le lieu des points dont (1) Un plan (théorème connu). — 72 — les carrés des distances aux sept plans donnés,— respectivement multipliés par des coefficients capables de produire une fonction linéaire, et ajoutés, — donnent une somme nulle. Théorème 2. Le lieu (4) des centres des surfaces du second ordre, tangentes à six plans donnés, et dont la somme des carrés des axes est constante, coïncide avec le lieu des points dont les carrés des distances aux six plans donnés, — respec- tivement multipliés par des coefficients capables de produire une sphère, et ajoutés, — donnent une somme égale à la somme constante des carrés des axes. Autre théorème. Les premiers côtés d’un polygone pair, in- scrit à ure courbe du troisième ordre, pivotant sur autant de points fixes situés sur la courbe : le côté libre pivote aussi sur un point fixe appartenant à la courbe. En particulier, si le premier, le second, le troisième côté d’un quadrilatère mobile inscrit à une courbe du troisième ordre, tournent respectivement sur le premier, le second, le troisième point d’inflexion : le côté libre du quadrilatère tourne lui-même sur le second point d’inflexion. Remarque. Le théorème précédent renferme la propriété bien connue des polygones pairs, inscrits à une courbe du se- cond ordre, et dont les premiers côtés tournent sur des points fixes situés en ligne droite : cette droite, en effet, et la courbe donnée, du second ordre, forment une ligne du troisième. Séance du 8 août 1863. CHIMIE. Dosage de la potasse, de la crème de tartre, de l’acide tartrique contenus dans les vins. — M. Berthelot a communi- qué dans cette séance, en son nom et au nom deM. A. de Fleu- ricu, la note suivante: Pour opérer le dosage rapide de la potasse contenue dans un vin, il suffit de prendre 10° du vin, d’y ajouter 5° d’une solu- tion tartrique dont le titre acide soit double ou triple de celui du vin, puis 75° d’un mélange d’éther et d’alcool à volumes égaux : on dose ensuite la crème de tartre précipitée par un essai alcalimé- trique.Le poids de la potasse se calcule par une simple proportion : (4) Une sphère (mention). HUNUR SAR à chaque équiv. d'acide libre trouvé dans le dosage de la crème de tartre correspond un équiv. de potasse contenu dans le vin. primitif. | Nous avons vérifié que la précipitation dans ces conditions était aussi complète qu'avec une solution de crème de tartre pure, quel que füt l’excès des acides organiques, tels que les acides citrique, malique, succinique, acétique, pourvu qu'on ajoutât une quantité suffisante d'acide tartrique aux liqueurs. Comme contre-épreuve nous avons dosé la potasse demeurée en solution dans le mélange éthéro-alcoolique, en opérant avec le vin de Formichon, 1862. Cette proportion a été trouvée égale à 08",001, poids qui diffère à peine de celui qui répond à l’acidité conservée par un pareil mélange, lorsqu'on l’emploie à précipi- ter une solution de crème de tartre pure. Tout notre procédé consiste dans les opérations suivantes : 4° Précipitation de la crème de tartre dans un vin, en x ajoutant cinq fois son volume d’un mélange d’alcool et d’éther à volumes écaux. 2° Même précipitation, après saturation partielle du vin par la potasse, ce qui fournit l'acide tartrique total ; 3° Même précipitation après addition d'acide tartrique, ce qui fournit la potasse totale. Toutes les fois que la 1"° épreuve s'accorde exactement avec l’une ou l’autre des deux suivantes, ce qui arrive presque tou- jours, on trouve dans cet accord un contrôle, rendu plus as- suré d'ailleu”s par les épreuves synthétiques que nous avons faites. Le seul cas douteux est celui où le précipité de crème de tarire augmente à la fois par l'addition de la potasse et par celle de l'acide tartrique. Ce cas s’est présenté deux fois seule- ment dans nos expériences, savoir : avec le Formichon 1859 et avec le Brouilly 4858, lesquels vins renferment un excès considérable d'acide tartrique et une quantité de potasse moin- dre que celle qui existe dans une liqueur analogue saturée de crème de tartre. Ce fait nous paraît indiquer dans ces vins la présence de certains acides capables de partager en proportion notable avec l'acide tartrique cette potasse insuffisante : mais c’est là un cas très-exceptionnel. Dans cette circonstance d'’ail- leurs, on pourrait regarder le chiffre obtenu comme représen- tant la crème de tartre existant réellement dans le \in, telle qu’elle résulte du partage. C'est ici le lieu de faire observer que l'addition du tartrate neutre de potasse à un vin peut accroître la proportion de crème de tarire, sans que ce vin renferme avant cette addition un excès d'acide tartrique : en effet, teus les acides ayant la proprieté de former du tartrate acide aux dépens du turtrate neutre de petasse, l’acide tartrique contenu daus Ja crème de tartre précipilée peut tirer son origine. non du vin lui- même, mais du tartrate additionnel décomposé par les autres acides du vin. Tout l’effet de cette pratique consiste done à di- minuer l'acide d’un vin. Voici maintenant quelques détaiis sur les dosages que nous avons réalisés. Le poidscela potasse a été trouvé compris entre 08,44 ei 4,02 par litre, c'est-à-dire entre des limites moindres que l’acide tartrique total (0.8 et 25°,4) et que la crème de tartre 0,9 et 28",9) (1). I est digne de remarque que l'acide tartrique total n’a jamais dépassé le poids de lacide contenu dans une solution analogue au vin et saturée de crème de tartre; la potasse est demeurte également à jeu près dans la limite de la quantité de cet alcali contenue dans la même solution, sauf un cas cù elle l’a dépassée de moitié. Cette potasse équivalait à une proportion d'acide comprise eutre + et +, dans les cas extrêmes, et d’ordi- naire cntre ? et ? du poids total des acides contenus dans les vins exeminés. Comparée à l’acide tartrique seulement, elle peut s'élever jusqu’au double, au tripie et même au delà du poits capable de le saturer. Nous observerons encore que le vin d’un même cru, tel que celui de Formichon, peut offrir, suivant les années, tantôt un excès d'acide tartrique (1858), tantôt la potasse et l’acide tar- trique en proportion sensiblement équivalente (1862), tantôt un excès variable de potasse (1860, 1861). (1) Nous apprenons à l'instant que M. Maumené, dans un travail présenté à l’Académie de Reims (t. XXXI, p. 49) en 1860, a réconnu : 4° Que la crème de tartre ne dépassait pas 3 gr. par litre dans deux vins qu’il a analysés. 2 Que l'acidité de ces vins n’était pas représentée à beaucoup près par la crème de tartre et par l'acide succinique. Pensart avoir démontré l'absence de l'acide acétique, l’auteur conclut à la présence d’acides non reconnus jusque-là. 3° Il ajoute qu'il a obtenu cet acide, qui est cristallisable et très- soluble. La conformité de ces résultats, antérieurs aux nôtres, avec une partie de ceux que nous avons obtenus par une méthvde différente, fournit a ces pro- cédés un précieux contrôle. SUR Ces résultats et divers autres sont compris dans les tableaux suivants qui résument l’ensemble de nos analyses, Le premier tableau représente les nombres mêmes des expé- riences, sans récuction. ni correction, c'est-à-dire des cluffres p'oportionnels aux volumes de baryte employés dans les neutra- lisations. La 3° colonne répond au titre acide du vin; Ja 4°, à celui de la crème de tarire précipitée directement; la 5°, à ce- lui de la crème de tartre précipitée après addition d'une petite quantité de potasse, et jar conséquent à l’acide tartrique to- tal (4); la 6°, à celui de la crème de tartre précipitée après ad- dition d'acide tartrique, et par conséquent à la potasse totale (2). Pour plus d’exactitude, il faudrait ajouter à tous les nombres des treis dernières co'onnes le poids 08",05 qui répond à la so- lubilité de la crème de tartre dans le mélange éthéro alcoolique mis en œuvre. Cette correction a été faite dans le tableau IT. TABLEAU 1]. Renfermant les nombres mêmes des expériences. Proportion de SO*HO—49 équivalent, par l'tre de vin. re nn en Degré A l'acidité au baiartrale À ia ide A la potasse alcoolique. totale. de polasse, tartr quetotal. toiale. Nom des vins. CSH5KO!?=—188 CEH$O12—150 KO—47 Formichon 1857 10,7 4,25 8,51 » » 0,72 Id. 1858 11,6 4,83 0,41 0,62 0,41 Id. 1859 11,9 4,90 0,33 0,74 0,42 Id. 1860 10,2 5,30 0,43 0,43 0,59 Id. 4861 12,2 4,22 0,41 0,41 0,74 Id. 4862 11,0 4,93 0,370 0,70 0,14 Brouilly 4858 12,2 5,92 0,51 0,70 0,67 Savigny 1859 12,5 3,06 0,24 0,24 0,76 Id. 4860 8,3 4,50 0,36 0,36 4,01 Id. (gelé) 4861 12,0 3,10 0,20 0,20 0,76 Savigny, Pinot rouge 1862 12,2 3,50 0,41 0,41 0,83 Id. Pinot blanc 1862 13,7 3,30 0 36 0,36 æ 0,44 Pomard 4858 13,7 3,30 0,24 » » 0,79 Bordea:. x ordinaire » » 4,40 0,40 0,40 0,81 . Médoc A858 9,7 4,30 0,30 0,30 0,75 Saint-Emilion 1857 9,0 4,40 0,95 0,25 0,55 Montpellier ordinaire » » 4,00 0,27 » » 0,79 (4) Dont le titre acide déterminé directement serait double de celui du bitartrate équivalent. (2) Dont le titre alcalin équivaut exactement au titre acide du bitartrate. CL Ge Dans le tableau qui suit, on a transformé et corrigé les résul- tats précédents, de façon à obtenir les poids réels des divers principes contenus dans les vins. TABLEAU II. Composilion des vins rapportée à un litre. Acidité totale Poids Poids Poids rapportée à de la de l'acide de la Degré . l'acide crème de tartrique polasse Nom des vins. alcoolique. tartrique, tartre. total. totale. C8H6012|1) CSH3KO!? CSH6O!1 KO Formichon 1857 10,7 6,91 2,16 » » 0,74 Id. 4858 11,6 7,39 1,76 2,05 0,44 Id. 4859 41,9 7,50 1,18 2,42 0,45 Id. ; 14860 10,2 8,10 4,86 4,47 0,62 Id. 4861 12,2 6,46 4,76 4,41 0,76 Id. 4862 11,0 7,54 2,90 2,30 0,5 Brouilly 43858 12,2 9,06 2,16 2,30 0,69 Savigny 4859 12,5 4,68 1,12 0,88 0,78 Id. 1860 8,3 6,89 4,58 4,25 1,92 Id. (gelé) 1861 12,0 4,74 0,92 0,76 0,78 Savigny (Pinot rouge) 1862 12,2 5,35 1,76 4,40 0,85 Jd. (Pinot blanc) 14862 13,7 5,05 4,58 4,25 0,47 Pomard 1858 13,7 5,05 1,12 » » 0,81 Bordeaux ordinaire » » 6,73 1,73 1,38 0,83 Médoc, 4858 9,7 6,59 1,36 4,07 0,77 Saint-Emilion 4857 9,0 6,73 1,16 0,87 0,58 Montpellierordinaire » » 6,12 1,24 » » 0,81 MÉCANIQUE. — M. de Saint-Venant a fait la communication suivante sur la délermination de l’élat d'équilibre des tiges élas- tiques à double courbure. Dans notre note du 13 juin, dit-il(/’Znstitut, 24 juin, n°1538), nous avons montré que les tiges courbes peuvent éprouver des flexions et des torsions sans qu'il y ait aucun changement dans la forme, et par conséquent dans la première ni dans la seconde courbure de leur axe ou fibre moyenne. On peut, en effet, sans un changement semblable, faire (4) Nous avons rapporté ici l'acidité totale à l'acide tartrique, parce que le chiffre ainsi obtenu est plus voisin de la vérité, les acides principaux du vin étant l'acide tartrique, CBH6O!3, l'acide succinique, C8HSOS, et l'acide ma- lique, C8H$01°, dont les équivalents et les formules ne diflerent pas beaucoup. — L’acide carbonique a été éliminé avant les dosages. RUE tourner autour des tangentes à leur axe leurs sections transver- sales : 4° Inégalement, ce qui produit une torsion ; 2° Également, ou du même angle, ce qui accourcit les fibres les plus longues et allonge les plus courtes entre deux sections vo'sines, non parallèles, et les fait tourner ainsi l'une par rap- port à l’autre autour d’une perpendiculaire à la tangente, ou produit une flexion. Nous avons donné comme exemple de cette seconde sorte de a! … Modification celle d’une tige en arc de cer- 4 Cle dont onaurait ramené la fibre moyen- ne ABC dans la situation primitive par S), une demi-révolution après qu’une flexion À c l'aurait changée enun arc A’BC'de même rayon, courbé en sens opposé ; et nous avons observé qu’au moyen de l'application de forces convenables sur sa surface, la même flexion pouvait très-bien être opérée en maintenant la fibre moyenne ABC dans sa situation au lieu de l’yramener après l’en avoir fait sortir. Cette torsion et cette flexion qui s'effectuent sans change- ment des courbures de l'axe de la tige tiennent à un autre chan- gement, celui de l’azimut des sections par rapport aux plans os- culateurs ou aux rayons de courbures de cet axe, restés immo- biles. Nous avons dit que la prise en considération de ce déplace- ment angulaire relatif des sections et des rayons avait été omise par un illustre géomètre, qui n’a pas non plus fait entrer dans son analyse le moment des forces extérieures autour du rayon de courbure, car, en décomposant leur moment total il n’a tenu compte que de deux de leurs trois moments composants, à sa- voir du moment autour de la tangente à l’axe de Ja tige, et du moment autour de la normale à son plan osculateur, comme si le troisième moment, qui tend à faire tourner le solide autour de la perpendiculaire à ces deux lignes, était toujours nul, ce qui ne saurait être évidemment. Peur achever d'éclairer ce point délicat, signalé dès 4843 et 4844, montrons par un exemple que les deux omissions dont nous parlons sont conséquences l’une de l’autre, tr Soit ABA' un demi-anneau horizontal, ou une tige élastique mince en forme de demi cercle, encastrée solidement dans un ÿs mur à ses extrémités A,A'et sollicitée à son milieu B par un poids P. Son axe, ou la fibre . umissant les centres de gravité deses sections, prendra la forme : AB, A" d’une courbe à double L courbure sous l’action de cette force verticale dont le moment, en Aet A’, tend à faire tourner l'anneau autour du rayon de courbure primitif qui est l’hori- zontale AO ou A'O, d’où il suit qu’auprès des encastrements le moment total se réduit précisément à celui que M. Poisson a omis. Or si, par exemple, la section transversale supposée con- stante est ou un cercle ou un rectangle à côtés horizontaux ou verticaux, il est facile de voir que le premier élément de la courbe d'axe, en A. aura pour projection verticale, sur un plan perpendiculaire à OA, le courbe suivant laquelle fléchirait une tige droite horizontale et de même section, également encastrée en À, sous l’action d’un poids £ P qu’on y suspendrait à une distance — OB du point d’encastrement. Soit O’ le centre de courbure de cette projection verticale; en le joignant par la droite O'O avec le centre de courbure O de la projection hori- zontale, qui n’est autre chose que l'arc AB non fléchi, et en abaissant de À une perpendiculaire AO” sur cette ligne de jonction, O” sera le centre de courbure de la nouvelle courbe d'axe en A. On voit que l'action du moment : PxOB qui s'exerce autour du rayon AO du demi-cercle aura eu pour effet de donner à ce rayon une direction nouvelle AO”, ou qu’elle l'aura déplacé de l'angle OAO" sur le plan de la section en A. L'analyse prouve que la même chose se produit constam- ment; car soient Il" le plus petit et le plus grand moment d'inertie d’une section transversale d'une tige autour d’axes transversaux qui y sont tracés par son centre de gravité, e l'an- gle fait primitivement par le rayon de courbure 4 avec l'angle j',M, et M, les moments, autour de ce rayon et autour de la normale au plan osculateur, des forces qui agissent sur la tige depuis cette section jusqu’à une extrémité, et E le module d’é- À 6 rrfonnmne ete" Thrnn-cmmer- mn VE © mn, 4 Le "J ro lasticité de traction ou de flexion, l’on {trouve que e augmentera d’un angle . donné par <2 cin? eee [Ml COS G Su ) —M sin e cos e[1__1 Sin EE É | P ( I + l' n [ [ ë d’où l'on voit bien que lorsque e = 0 ou 5, c’est-à-dire lors- que le rayon de coubure est dirigé primitivement suivant un ces deux axes principaux d'inertie de la tige (comme dans l’an- neau ABA'), et aussi et par conséquent quand [= l', cas où cette condition est remplie pour toutes les directions, ce dépla- cement angulaire « du rayon de courbure, donné alors par M M Sne= ue ou Tr ne dépend que du moment des forces au- tour de ce rayon, en sorte qu’il y a un pareil déplacement re- latif du rayon et de la section partout où ce moment M, n’est pas nul. On trouve encore que pour toute portion de tige dans l'é- tendue de laquelle il n’y a de forces ap] liquées que sur son axe (comme le supposait Poisson) ou pour laquelle les forces agissant hors de l’axe ne sont appliquées qu'aux extrémités, si s est l'arc de cet axe ou fibre moyenne, et si M, est le moment des forces autour de son élément ds ou de sa tangente, on a relation qui prouve que ce moment M, dit de torsion, n’est con- stant d’un bout à l’autre que lorsque le moment M, peut être regardé comme nul partout, ou que le rayon nouveau , est in- fini. Les équations différentielles qui ont été fondées sur la constance supposée de M, ne peuvent fournir la courbe élas- tique à double courbure, c’est-à-dire la courbe d’axe pour une flexion d’une amplitude quelconque, que dans ces cas excep- tionnels, qui se réduisent à peu près à celui d’une tige primi- tivement rectiligne cy.indrique ou prismatique dont la section aune des formes pour lesquelles tous les moments d'inertie sont principaux et ésaux, cas pour lequel Binet et Wantzel ont donné des intégrales. Mais pour avoir la situation des points de la tige hors de son en axe il faudra toujours recourir à la considération de l’angle de déplacement relatif des rayons et des sections que nous avons appelé e. On le conçoit sans peine, si l’on considère que l’état d’une tige courbe ne dépend pas seulement de la forme de sa fibre moyenne et de celle de ses sections; il faut encore pour le déter- miner connaître les azimuts ou les orientations diverses de celle-ci sur celle-là, c'est-à-dire, pour chaque section, l'angle que fait, par exemple. un de ses deux axes principaux de figure ou d'inertie avec le plan osculateur correspondant de la fibre moyenne ; or cet angle est celui que nous avons appelé e avant la déformation et e+ « après. Et, même quant à la détermination de la fibre moyenne, toute analyse dans laquelle on voudra embrasser,comme Pois- son, le cas le plus général de double courbure primitive et de section quelconque et où on fera entrer les rayons de la pre- mière courbure introduits par Jacques Bernouilli, et aussi ceux de cambrure ou de seconde courbure introduits par Binet, de- vra comprendre aussi cet angle - de déplacement angulaire du premier rayon sur les sections. On ne se passera de sa considération, pour la détermination de la fibre moyenne, que dans les cas où l’on pourra se passer aussi de celle des courbures, et déterminer cumulativement ce qui provient à la fois de ces deux éléments, à savoir les rota- tions des sections successives les unes devant les autres. C’est heureusement ce qui a lieu dans le cas le plus usuel, celui des très-petits déplacements, supposés ne pas influer dans une proportion sensible sur les grandeurs des bras de levier des forces qui font fléchir. Nous sommes parvenu, en 1845, à la suite de longs calculs (non indiqués dans l'extrait du Compte rendu) (1), à des équations d'équilibre que peut fournir aussi un raisonnement géométrique simple, présenté en 4844 (2), (1) 30 octobre et 6 novembre, t. XVIL, p. 942 et 1020. (2) 4° et 15 juillet, t. XIX, p, 42-44, avec applications, p. 181- 186. On peut le simplifier encore en égalant chacun des moments des forces extérieures autour des deux axes principaux d'inertie d’une sec- tion quelconque au produit du module d’élasticité E par le moment d'inertie principal I correspondant dela section et par la flexion autour de cet axe, flexion qui est mesurée par la différence des grandeurs pri-. — Si — puis à trois équations différentielles du troisième ordre non li- néaires dont les intégrales, à la suite de substitutions et de ré- ductions considérables, ont fourni finalement pour les déplace- ments des points de la fibre moyenne trois formules très-sim- ples, calculables par quadratures quelle que soit la forme pri- mitive de la tige, où ne figurent plus ces angles-et ces rayons des deux courbures que nous avions fait entrer dans notre ana- lyse pour y arriver (1). Elles comprennent celles de Navier re- latives aux pièces courbes planes, et nous les avons appliquées à divers cas de flexion et torsion d’un anneau par des forces per- pendiculaires à son plan. Nous avons dit alors qu’elles pourraient être vérifiées, et éta- blies directement, en remarquant que leurs divers termes re- présentent de petites rotations des éléments de l’axe de la tige autour des axes coordonnés en vertu de l’action des forces ux- téricures (2). Cet établissement direct a été effectué avec bonheur et luci- dité par M. Bresse, un de nos successeurs au cours de l’École des ponts et chaussées, qui a considéré et composé ensemble les effets des rotations relatives, non de ces éléments, mais des sec- tions auxquelles ils étaient normaux. Ses formules, données en tête lle la deuxième partie de son livre (3), reviennent aux nôtres, car on les obtient immédiatement de celles-ci au moyen d’une intégration par parties, et en composant ensemble, en une flexion unique, les deux flexions que nous prenons autour des axes principaux d'inertie des sections ; flexions composantes milive et ultérieure des inverses des rayons de courbure de la projec- tion de la fibre moyenne sur un plan perpendiculaire au même axe prin- cos cipal de la section. Gette différence est, pour l’un d’eux, PRES Tite avec les notations ci-dessus. (1) Formules (18) de la p. 1021 du t. XVII des Comples rendus, avec leurs développements (20), où il convient de mettre + au lieu de — devant les secondes parenthèses (vu le sens usité par les rotations positives), et formules p. 45 du t. XIX. (2) M. Kirchhoff, en considérant une tige. infiniment mince, a remar- qué une grande analogie entre le problème de son équilibre et celui de la rotation d'un corps solide autour d’un point fixe (Journal de Crelle, 4859, t. LVI, p. 308.) (3) Cours de mécanique appliquée. Résistance des matériaux, p. 86. Extrait de l'Institut, re Section, 1863. 6 its er dont nous avons reconnu depuis longtemps que la séparation fa- cilitait les calculs, et avait aussi l’avantage d'offrir trois mo- ments des forces autour d’aäxes connus, au lieu de deux seu- lement dont l’un s'exerce autour d’un axe à chercher (1). On doit aussi à M. Bresse d’autres formules pour évaluer directe- ment, d’après le même principe, les rotations totales éprouvées par une quelconque des sections, ce qui permet d'exprimer les conditions d'encastrement, de raccordement, etc., et de trouver Ja situation finale des points de la tige hors de son axe, d’une manière plus simple que par la considération des rayons des deux courbures et du déplacement angulaire e, etc., présentée et employée par nous en 1843 comme un moven général et sûr d'arriver à la détermination de toutes les constantes d’intégra- tion ainsi que des réactions inconnues. Mais, lorsque ies déplacements des points de l’axe de la tige sont considérables, comme ils le sont dans les cas de simple courbure traités par Euler et Lagrange et déjà par Bernouilli (ce qui peut avoir lieu sans aitération de l’élasticité si la tige est mince), les rotations de ses diverses tranches ou sections suc- cersives ue peuvent plus être composées ensemble par simple addition ; il faut donc renoncer à cette simplification el aux for- mules qui en résu'tent, qui cessent encore d’être applicables quand les déplacements, bien que petits, ont une grande in- fluence sur les bras de levier, comme dans les cas des pièces chargées debout ou très-obliquement. Il paraît nécessaire alors de revenir à la considération des rayons des deux courbures et des déplacements angulaires « pour arriver à déterminer l'orien- tation finale des sections ou la position ce leurs points hors de l'axe de la tige, et même, s:uf quelques cas exceptionnels, pour mettre en équation le problème de la détermination de la forme non plane de cet axe. PHYSIOLOGIE, Recherches sur l’action comparative des sels de polassium, de sodium et de rubidium, injeclés dans les (4) Il faut, a:ssi, au moment d'inertie de la section autour de son centre, mis en dénominateur par M Bresse pour calcu.er la torsion, et qui ne convient que pour une seclion circulaire, et à l’expression un peu plus composée, due à Gauchy, que j'employais en 1843 et qui n est exacle que pour les sections elliptiques, substituer, suivant la forme réel:e de ces sections, les autres expressions que fournit mon mémoire de 1854 sur la torsion. ! — 83 — veines. — Propriétés toxiques du sulfate de thallium. — Sous ce titre le mémoire suivant a été lu à la Société, dans cette séance, par M. L. Grandeau, docteur ès-sciences. Chaque fois que la chimie découvre un corps simple, l'étude de l’action physiolosiqjue de ce dernier pré-ente un inté- rêt réel, surtout si le nouvel élément se rercurntre dans des eaux minérales réputées efficaces, au point Ge vue thérapeu- tique ou dans une substance douée Ce propriétés actives. C’est précisément le cas des deux métaux alralins que l’ana- lyse spectrale a fait connaître; le rubidium et le cæsium existent dans un grand nombre d’eaux minérales, je les ai rencontrés en quantités assez notables dans l’eau de Bourbonne- les-Bains (Haute-Marne), qui est, je crois, la source la plus riche qu’on en connaisse jusqu'ici (1), Ces métaux, ou tout au moins l'un d’eux, le rubidium, se trouvent dans les cendres de plusieurs végétaux, comme je l'ai fait voir précédem- ment (2); j'ai eu de plus, dans le cours de mes recherches, l’occasion de constater que des végétaux croissant dans un sol qui renferme des sels de potasse, de soude, de lithine et de rubidium, ne s’assimilent pas indifféremment chacune de ces substances : les uns, comme le tabac, absorbent de la potasse, du rubidium, de ia lithine et des traces de soude, tandis que d’autres venus dans le mème sol, comme ja betterave, ne fixent dans leur tissus que de la potasse, de la soude et du rubidium, laissant la lithine, ou, comme le colza, ne prennent que de la potasse et de la soude, et n’absorbent pas même de trace de lithine ou de rubidium. Je poursuis sur cette affinité des plantes pour cerlains corps des recherches dont j'aurai l'honneur de com- muniquer les résultats à la Société. Aujourd'hui, je me propose de l’entretenir de l’action phy- siologique des sels du rubidium, de soude et de potasse. Les analogies nombreuses que présentent les sels de rubidium et de potassium, analogies tellement grandes que, sans le secours de l'analyse spectrale, on ne serait peut-être jamais parvenu (4) Un litre d’eau de Bourbonne renfermerait, d’après une analyse que j'en ai faie, environ 3 centigrammes de chlorure de cæ ju: et 2 centigrammes de chlorure de rubidium. Le ciffre du chlurure de cæsium devrait être légèrement modifié, l'équivalent de ce métal étant égal à 183, au lieu de 1:35, nombre qui m'a servi dans mes calculs. (2) Annales de physique et de chimie, 3° série, t, LXVIT — 8h — à distinguer ces corps l’un de l’autre, m'ont fait penser que des expériences consistant à introduire dans l'estomac de chiens ou de lapins du chlorure de rubidium ou tel autre sel de ce métal ne me conduiraient pas au but que je me proposais. En effet, on ne peut avoir recours à l’ingestion dans le tube digestif d'une substance dont on veut étudier l’action physio- logique ou les propriétés toxiques qu’à la condition que cette substance soit douée de propriétés assez énergiques. J'ai donc renoncé à tenter des expériences dans ce sens, et je me suis arrêté, de concert avec M. Claude Bernard, qui a bien voulu m'aider, dans le cours de ces recherches, de son savoir et de sa grande habileté des vivisections, à l'injection dans les veines de dissolutions des divers sels dont je vais parler. Le concours de notre éminent physiologiste m’a cté d'autant plus précieux qu'il met les expériences dont il va être question à l'abri de toute objection relative à l’opération elle-même (introduction de l’air dans les veines, etc.). Les sels qui ont servi à mes expériences sont les suivants: chlorure de rubidium , chlorure de potassium, chlorure de so- dium, carbonate de potasse, carbonate de soude, ezotate de soude, azotate de potasse. — Les injections ont été faites dans la veine jugulaire, chez des chiens ou des lapins, à jeun ou en digestion. On a choisi de préférence, pour chaque expérience comparative, des animaux de taille et de vigueur identiques. Aclion comparative des chlorures de sodium, de rubidium et de potassium. Première expérience (4 février 1863.) — Dans la veine ju- gulaire d’un lapin en digestion on injecte lentement (en 030), 5 centimètres cubes d’une dissolution de À gramme de chlo- rure de rubidium pur dans 15 grammes d’eau, soit 05,66 de ce sel. L'animal ne manifeste aucune gêne; dès qu'on le lâche il se met à courir. Deuxième expérience. — Dans la veine jugulaire d’un lapin en tous points comparable au précédent, on injecte lentement une dissolution de chlorure de potassium (1 gramme pour 45 grammes d’eau), l’auimal est hâletant, il se débat et la mort arrive d’une manière foudroyante, avant qu'on ait injecté 3°,5 de dissolution (soit 05,23 de K. CI.) L’injection a duré 30 se- condes. — A l’autopsie on trouve tous les organes à l’état nor- mal: le sang est liquide dans tous les vaisseaux et dans le DENT aus cœur; le sang du cœur gauche est rouge, celui du cœur droit est noir. Troisième expérince. — Dans la veine jugulaire d’un chièn vigoureux de taïile moyenne, en digestion, on injecte lente- ment (en 1"25*), 45 centimètres cubes d’eau, tenant en disso- lution 4 gramme de chlorure de rubidium. L'animal ne parait nullement souffrir; lorsqu'on le détache, il court dans le labo- ratoire et va boire. Quatrième expérience. — Dans la veine jugulaire d’un chien de taille moyenne, en digestion, et qui a servi un mois aupa- ravant à d'autres expériences, on injecte (en 1"20“\, 15 cen- timètres cubes d'eau contenant 4 gramme de chlorure de so- dium. L'animal ne manifeste aucune souffrance; lorsqu'on le détache, il court et joue comme avant l'opération. Cinquième expérience. — Chez un chien vigoureux, en diges- jon, on injecte dans la veine jugulaire (en 1"20%), 4 gramme de chlorure de potassium dissous dans 15 centimètres cubes d’eau ; le chien se débat, crie et meurt foudroyé. A l’autop- sie, comme chez le lapin (expérience 2), les organes sont à l'état normal; le sang est parfaitement liquide; le cœur gauche contient du sang rouge; le cœur droit du saug noir. L'animal n’est donc pas mort asphyxié. Je reviendrai tout à l’heure sur l’action du chlorure de ru- bidium, mais je veux m'’arrêter un instant sur la différence si profonde qui sépare le chlorure de potassium, du chlorure de sodium, au point de vue j'hysiologique. Le premier amène ins- tantanément la mort, tandis que le second paraît tout à fait inoffensif. M. CI. Bernard avait déjà eu l’occasion de constater Ja parfaite innocuité du carbonate de soude injecté dans les veines, il avait vu qu'on peut ailer ‘usqu’à des doses considé- rables sans produire d’accident. L'expérience lui avait égale- ment démontré la possibilité de mêler pendaut plusieurs mois à la nourriture des animaux des quantités considérables de sels de soude, sans produire aucun trouble chez les sujets soumis à une semblabie alimentation, tandis qu’il avait reconnu que les sels de pétasse sont loin d’être supportés à la même dose d ns Jes aliments. MM. Bouchardat et Stuart Cooper, de leur côté, dans leurs recherches sur les chlorure, bromure et iodure de potassium, recherches sur lesquelles j'aurai l’occasion de re- venir plus loin, avaient constaté l’action toxique de ces sels injec- Le ape tés Cans les veines. Dans le but de m'’assurer si, ce qui était peu probable a priori, l'acide combiné à la base avait de l'in- fluence sur les propriétés toxiques du sel, j'ai fait quelques nouve les expériences dont voici les résuliats, Sixième expérience. — Carbonate de potasse. Dane la veire jegulaire d’un chien vigoureux, de taille moyenne, à jeun Ce- puis 36 heures, on pratique une injection qui ture 35 secontes. Les sept centimètres cubes et demi de liquide inj-cté conte-. naient 46,5-de carbonate de potasse. La mort est foulroy:rle, légères convulsions. L’autopsie donne les mêmes résultats que dans les expériences 2 et 5. Septième expérience. — Carbonate de soude. L'animal choisi pour cette expérience est un chien vigoureux. Qe taille un peu supérieure à celle du précédent. Comme ce dernier, il est égale- ment à jeun depuis 36 heures. Le liquide employé à l'injection contient 115,6 de carbonate de soude pour 100 grammes d’eau. Dans l’espace de deux minutes, on injecte lentement dans la veine jugulaire 22 centimètres cubes de la dissolution. L'animal n’éprouve aucun trouble apparent. Deux minutes après, on injecte de nouveau, en une minute et demie, 20,5 de la même dissolution. Gêne apparente, ag'tation, cris légers; deux minutes après, l'animal paraît rever u à son état normal. On injecte de n:uveau (ans la même veine 22 centimètres cubes de la disso- lution précétlente. Convulsions, agitation, l'œil est toujcurs sensible. Mort apparente ; on détache le chien qui est privé de mou\ement et de sensibilité; il revient à lui au bout de 45 minutes environ; une demi-heure après la dernière injection, il court comme si on ne lui avait fait subir aucune opéra- tion. Huitième expérience. — Azotate de potasse. La dissolution contient 205 de KOAZOS pour 100 grammes d’eau. — On injecte dans J'espace de 6* 505 Gans la veine jugulaire d’un lapin en dicestion 6%,5 de cette dissolution, l'animal meurt foudroyé; à l’autopsie on constate exactement le même état de choses que dans les expériences 2, 5 et 6. Neuvième expérience. — Azotate de soude. Chez un lapin en digestion oniujecte, en 2 minutes, 13 centimètres cubes d’une dissolution de NaOAZO5 contenant 17 grammes de sel pour 100 d’eau. Effet passager. Convulsions très-lésères. Quelques minu- tes après l'animal court comme avant l’opération. HARAS Avant de discuter les expériences que je viens €e rapporter et de chercher à en tirer quelques conclusions, je crois uti!e de résumer, sous forme de tableau, jes conditions principales des expériences et leurs résultats : Durée Dose Volume de ANIMAL. de l'in- Sel injecté. du la disso- EFFETS. jection. sel. Jution. i Lapin {en digestion) 030 chlorure de rubidium 08,66 5,0 nul. Lapin id., Ow30° chlorure de potassium 0 ,23 3,3 mort. Chien id. 4»30s chlorure de rubidium 14 45,0 nul. Chien id. 120: chlorure de sodium 1 45,0 mil. Chien id. 4m20s chlorure de potassium 1 45,0 mort. Chien (à jeun) 035: carbon te de potasse 14 5 7,5 mort. Chien id. 6m (4) carbonate de soude 7 ,08 64,7 (2) Lapin (en digestion) 0m40s azotate de potasse 17,3 6,5 mort. Lapin id. 2»265 azolate de soude DA AS ONU Il résulte de cette série d'expériences : 4° Que les sels de soude peuvent être introduits dans Îe torrent circulatoire sans produire d'accidents et que des doses très-fortes de ces sels n’amènent pas la mort; 2 Que les sels de potasse injectés de sang sont éminem- ment toxiques et que des doses très-faibles suffisent pour ame- ner la mort foudroyante ; 3° Que. la mort n’a pas lieu, dans ce cas, par asphyxie, puisqu’à l’autopsie les poumons et le cœur se trouvent à l’état ue 4° Que, contrairement à ce qu’auraient pu faire prévoir les an si complètes du potassium et du rubidium, ce der- nier métal est tout à fait dépourvu de propriétés toxiques et ses sels peuvent être impunément introduits dans le torrent circulatoire sans amener aucun des accidents produits par l’in- jection des sels de potassium. Le fait le plus digne de remarque auquel m'a conduit cette étude est sans contredit l’action émiuem rent toxique des sels de potassium. Les expériences précédentes prouvent que la quantité de ces sels en dissolution dans le sang ne peut exré- cer une certaine limite, la présence de très-faibles quantités d’une combinaison de ce métal amenant immédiatement la (1) A trois reprises, (2) Effet passager. ligne mort. Sans prétendre expliquer ce fait intéressant, je rappel- lerai le beau travail de M. Schmidt de Dorpat, sur les variations du sang dans les affections typhiques et dans le choléra. On sait qu'à l’état normal les globules sanguins sont très-riches en potassium, tandis que le sérum qui contient beaucoup de chlorure de sodium est presque entièrement dépourvu de sels de potasce. M. Schmidt a montré par des analyses très-nom- breuses que, chez les individus atteints du choléra, le sérum du sang s'enrichit notablement en potasse, aux dépens des globules. L’altération si profonde du sang dans le choléra se- rait-elle due à l’excès de potasse qu'il renferme? C’est là ce que l’on n'oserait affirmer sans de nouvelles recherches, mais ce rapprochement de l’action toxique du potassium et de la pré- sence d’un excès de potasse dans le sang, sous l'influence de ma- Jadies généralement mortelles, me paraît digne d’être noté. MM. Bouchardat et Stuart Cooper ont constaté, dans le tra- vail dont j'ai parlé plus haut, que chez les animaux morts à la suite d’injections de sels de potassium dans les veines, le cœur et les gros vaisseaux étaient remplis de caillots. Nous n’avons jamais rien rencontré de pareil, M. Claude Bernard et moi, à l’autopsie des lapins et des chiens qui ont succombé (ex. 2, 5, 6 et 8) à la suite d’injections, dans la veine jugulaire, de chlo- rure de potassium, de carbonate et d’azotate de potasse. Nous avons toujours trouvé le sang parfaitement liquide dans le cœur et dans les vaisseaux ; le cœur gauche était rempli de sang rouge liquide et le cœur droit de sang noir, ce qui, pour le dire en passant, démontre que les animaux n’ont pas succombé par as- phyxie. Il y a une autre conséquence qui découle immédiatement des expériences précédentes, à savoir que, au moins en ce qui concerne le rubi ium et le potassium, l’action physiologique d'un corps n’est pas intimement liée à ses propriétés chimiques : on sait combien sont grandes les analogies de ces deux métaux; leur isomorphisme parfait, on pourrait presque dire l'identité de leurs caractères auraient pu faire penser que l'un d’eux étant toxique l’autre devait l'être également. On a vu qu'il n’en est rien. La nature chimique d’un corps ne peut donc rien faire préjuger d’absolu sur ses propriétés physiologiques, car si le ru- bidium devait exercer sur l’économie une action comparable à celle d’un des nitrates alcalins déjà connus, tout s’accordait a priori à faire admettre que son action devait être analogue à celle ag du potassium; lexpérience à prouvé que c’est au contraire au sodium qu'il ressemble par sa complète innccuité. Cela montre une fois de plus avec quelle réserve il faut conelure des faits qu'on observe dans le Jaboratoire du chimiste à ceux que pré- sentent les êtres vivants. Action physiologique du thallium comparée à celle du plomb. Le 43 février 1863, j'ai administré respectivement à deux chiens vigoureux un gramme de sulfate de thallium ct un gramme et demi d’acétate neutre de plomb, chacun dissous sé- parément dans 40 grammes d’eau distillée. Ces dissolutions ont été portées directement dans l'estomac à l’aide d’une sonde œso- phagienne. L'animal auquel on avait donné le sulfate de thallium vomit un quart d'heure après l’ingestion de ce sel. Malgré cela il parait souffrant; le lendemain et jours suivants, jusqu'au 18, il refuse toute nourriture, il meurt le 48 février, c'est-à-dire cinq jours après l’ingestion du poison, après avoir manifesté tous Îles accidents qui accompagnent l’intoxication saturnine. Le chien qui avait ingéré 48°,5 d’acétate de plomb vomit une demi-heure anrès l’ingestion. Il paraît moins abattu que le pré- cédent ; dès le lendemain il mange comme à l'ordinaire, et, à partir de ce moment, il n’y paraît plus. Les sels de thailium pa- raissent donc doués de propriétés toxiques beaucoup plus éner- giques que les sels de plomb. Ces expériences, comme les précédentes, ont été faites dans le laboratoire de M. Claude Bernard, dont le concours m'a été des plus précieux Séance du 31 octobre 1863. M. de Caligny a communiqué dans cette séance des consi- dérations sur l'application de la nouvelle théorie de 14 chaleur aux effets des compresseurs à colonnes d’eau coscillantes qui fonctionnent avec succès cepuis plusieurs anntes au tunnel des Alpes. Il rappelle d’abord qu’il a communiqué le 2 mars 1861 à la Société une note publiée dans l’Institut, où il a établi qu'il faut au travail résistant et à celuides résistances passives ordinaires, regardées à tort ou à raison comme connues, ajouter une quan- = 90 — tité de travail très-notable qui a été employée à produire de la chaleur ou d’autres effets physiques, perdus pour l’effel utile. L'état actuel de nos connaissances re suffisant pas pour appré- cier la partie du déchet proverant de ce qu'on ne se sert au tun- nel des Alpes de l'air comprimé que lorsqu'il est refroidi. M. de Caligny n’a pu faire qu'un essai de calcul très-provisoire, ap:ès avoir consulié M. Seguin, Gont la réponse, timbrée de la poste, est du 50 novembre 4860. Aussi c'est lien formellement à titre d'hypothèse qu'un premier résultat numérique a élé in- diqué, seulement pour fixer lesicées, dans la note du 2 mars1861. Depuis cette époque, la question a été reprise à un autre point de vue, dans un mémoire publié deux ans après, et dont un résultat de calcul de limites a été remarqué par M. de Caligny comme pouvant servir à confirmer ses idées d’une manière très- curieuse, dont l’auteur ne paraît pas s'être aperçu. Le mémoire dont il s’agit étant rédigé d’une manière succincte, M. de Caligny s’est fait un devoir de ne s’appuyer sur ce résultat qu'après avoir refait avec soin toutes les transformations et tous les calculs ana- lytiques qui y conduisent par les règles ordinaires du caleul in- finitésimal. L'auteur s’est servi, peut-être sans le savoir, puis qu'il ne les cile pas, des formuies de M. de Celigny sur Îles oscillations de l’eau dans les tuyaux et de celles de M. Coriolis développées dans un mémoire qui renferme une sorte de com- mentaire du travail de M. de Caligny, couronné par l’Académie des sciences de Paris. Il a d’ailleurs fait un calcul nouveau sur les effets du surcroît de résistance de l’air pendant la compres- sion. résu'tant de ce que cet air s’échauffe, mais en supposant qu'il ne se perde point de chaieur pendant cette compression. Il trouve que si la bauteur de la colonne comprimante est Ge vingt- cinq mètres au moment où la compression commence, cette co- lonne liquide partant du repos, on se rend assez bien compte de la hauteur dela chambre de compression de l’air telle qu’elle a été obtenue par tâtonnements, de manière que la colonne liquide s'arrête au sommet après avoir comprimé et refoulé dans le récipientune colonne d'air de la hauteur de cette chambre de compression. Mais la R-lazione della Direzione technica alla Direzione delle strade ferrate dello Stato, Turin 1863, dit formellement, p. 30 : « 26 metri segnano l’altezza o battente della colonna compri- » mente, quando comincia ad agire. » Or la hauteur de la co- Jonne comprimante étant multipliée par deux, dans le premier PU M) LA terme de la formule qui exprime la hauteur de la chambre de compression, et ce terme é'ant positif, cela fait une différence de deux mètres en plus, c’est-à-cire d'environ moitié en sus dans lecaleul de cette cernière hauteur. Quoi qu'il en soit. selon les Relazioni technice inforno al per- foramento delle Alpi, la chaleur développée dans la colonne c’air serait bien mointire que celle qui est calculée, au moyen d'une formule connue, dans le mémoire dont il s’agit. La colonne li- quide comprimante se renouvelle à chaque période dans des li- mites suffisantes pour diminuer l’échauffement de l'air et des parois de la chambre de compression, même abstraction faite des autres causes de retroïlissement. Or sil’on admet des chances d'erreur, même consitlérables, dans le mode d’observation, il rest ra cependant à expliquer comment la hauteur de la cham- bre de compression (1) peut être tellement diminuée si le surcroît de ressort de l'air provenant Ge l’échauffement est bien moindre que ne le su]: pose le mémoire dont il s’agit. M. de Caligny en conelut qu’il faut absolument avoir recours aux considérations indiquées dans sa note du 2 mars 4861, et dans un mémoire qui a été l’objet d’un rapport favorable à l'A- cadémie des sciences de Belgique. Il espère que les observa- tions sur les effets de la chaleur aux compresseurs du tunnel] des Alpes pourront, au moyen du développement des considéra- tions précédentes, servir à étudier les questions relatives à l’é- quivalent mécanique de la chaleur et aux capacités calorifiques de l’air sous des volumes et des pressions variables, quand on connaîtra mieux la partie du déchet provenant de ce qu’on est convenu d'appeler résistances passives. La nouvelle théorie de la chaleur étant très-délicate, on a pu croire qu'il y aurait, d’après des considérations analogues aux précédentes, un avantage réel à diminuer l'échauffement de l'air, en élargissant la chambre de compression dans cer- taines limites. M. de Caligny a repris cette question à un autre point de vue. Il résulte de ses expériences sur les oscillations de l’eau dans les luyaux de conduite que, dans des limites très- (4) En appliquant une formule de ja p. 34 du mémoiretiré à part dont il s'agit, M. de C:llgny trouve que la hauteur de la cham're de com- pression serait de 16,"4585 s’il n’y avait ni résistances passives ni chan- gement de température. Spor étendues, il est avantageux d'augmenter la longueur de Ja par- tie des tuyaux toujours pleins de liquide, l'augmentation de longueur des surfaces frottantes ne compensant pas la diminu- tion des résistances passives proportionnelles aux carrés des vitesses, quand :1l v a des résistances locules, telles que des coudes. Il était donc intéressant pour l’art de l'ingénieur de sa- voir s’il serait utile de se servir de cette propriété du système pour diminuer la perte de travail provenant de l'échauffement de l'air, l’avantage qui résulterait de cet allongement des tuyaux de conduite n'ayant. au delà de certaines limites, qu’une importance minime, M. de Caligny ne croit pas qu’au point de vue de l’échauffement de l’air, il y ait avantage soit à faire les frais de cet allongement, soit à élargir la chambre de compression dans les limites où cela se pourrait d’ailleurs, . sans qu'il en résultât trop de perte de force vive. On admet, en effet, que, pour une même réduction d’un volume d'air donné, si l’on ne trouve pas dans cet air après la compression autant de chaleur que s’il ne s’en perdait pas à l’extérieur, cela ne fait rien gagner en travail mécanique résultant d’un meil- leur effet calorifique, si l’on peut s'exprimer ainsi, à cause de la manière dont s’est répandue à l'extérieur la chaleur qui, d’après les nouvelles idées, n’en est pas moins une cause de disparition de travail, soit qu’on la retrouve dans une ma-se d'air comprimé, dont on ne pourra se servir qu'après l'avoir laissé refroidir, quand on sera dans des conditions analogues à celles du tunnel des Alpes. Si l’on supposait la partie horizon- tale des siphons renversés beaucoup plus longue, la quantité de chaleur dont on aurait à étudier l'effet résistant sur la tête de la colonne liquide comprimante serait beaucoup moindre à chaque instant; mais la durée de chaque pulsation étant beau- coup plus longue, de quelque manière qu’on retourne la ques- tion, M. de Caligny trouve qu’au point de vue dont il s’agit, l'allongement du tuvau de conduite ou l'élargissement de la chambre de compression n’épargnerait pas la quantité de tra- vail mécanique résultant dans ces conditions des effets calori- fiques. On conçoit d’ailleurs qu’il peut être utile, pour des rai- sons étrangères au calcul du travail, de restreindre l’échauffe- ment de l’ar; mais cela ne rentre pas dans l’objet de cette note. Quant au mémoire précité de M. Coriolis, quoiqu'il ait été mis depuis vingt-cinq ans dans le cours de l’école Polytechnique, et soit mentionné par M. Binet dans la notice sur les travaux de gate M. Coriolis, publiée par le journal l’Institut, comme il offre, d'après ce qui précède, un nouvel intérêt d'actualité, M. de Ca- ligny pense qu'il n’est peut-être pas inutile de dire qu’ayant relu le mémoire la plume à la main, il s’est aperçu que quel- ques fautes d'impression en rendaient la lecture diificile, lors- qu'on n’en était pas averti. Il rappelle d’ailleurs que, dans un rapport sur un travail de M. de Caligny, lu par M Coriolis dans la séance de l’Académie des sciences de Paris du 20 août 1838, en son nom et en celui de MM. Savart, Poncelet, Séguier el Savary, cet illustre savant voulut bien dire qu'il était parvenu à des nombres peu différents de ceux que M. de Cali- gny avait trouvés « au moyen d’ingénieuses combinaisons géo- » métriques. » ICHTHYOLOGIE. — M. Armand Moreau a communiqué, dans cette séance, la note suivante sur l’air de la vessie natatoire des Poissors. Dans une note précédente, j'ai annoncé que je ferais connai- tre les conditions dans lesquelles il faut placer un Poisson pour faire augmenter de plus en plus la proportion d'oxygène con- tenue dans l’air de la vessie natatoire. Je parlerai d'abord des Poissons dont la vessie natatoire pos- sède un conduit aérien, conduit à l’aide duquel le Poisson peut chasser au dehors l’air de la vessie natatoire, ou emprunter celui de l'atmosphère en venant à la surface de l’eau. Le Poisson placé dans un vase plein d’eau est mis sous la cloche d’une machine pneumatique ; à mesure que l’air se ra- réfie, les bulles de gaz sortent de la vessie natatoire par le canal aérien, et s’échappent hors des ouïes et de la bouche. Quand on juge, par la quantité d’air expulsé et par l’abaissement du ba- romètre qui mesure la pression intérieure de l'appareil, que la presque totalité de l’air est sortie de la vessie natatoire, on fait rentrer dans la cloche l’air atmosphérique; le Poisson qui, jusque-là, nageait facilement, tombe aussitôt au fond de l'eau à cause de l’augmentation de sa densité. En effet, la vessie na- tatoire dont l'air est raréfié diminue immédiatement de volume sous le poids de l’atmosphère. On le transporte alors en ayant soin qu’il ne sorte pas la tête de l’eau, et on le plonge dans un grand bassin où l’eau se renouvelle incessamment. Le Poisson repose alors sur le fond du bassin où le retient sa densité aug- or mentée. Il y reste et rampe plutôt qu’il ne nage; par moments, il s'efforce de monter à la surface de l’eau, mais, devenu trop lourd, il ne s’arrache qu'avec peine de la surface du diaphragme disposé d'avance au-lessous de cette surface et retombe sans avoir pris une bulie d’air. Au bout de quelques jours, et, pour certaines espèces, au bout de quelques heures, le Poisson commence à niger plus facilement ; je juge à ce signe que la vessie natatoire s’est remplie d'un air nouveau, air qui n'a pu être emprunté à l’atmosphère; je le sacrifie alors par la section de la moelle épinière pratiquée sous l’eau, j’applique une liga- ture sur le canal aérien, et je porte la vessie natatoire sur la cuve à mercure pour déterminer la composition chimique de l'air nouveau qu’ellé contient. L’analvse de cet air révèle, comme on va le voir, une propor- tion d'oxygène bien supérieure à celle qui se trouvait dans l'air expulsé par l’action de la machine pneumatique et bien supérieure aussi à celle que contient l’air dissous dans l’eau. Je vais citer des exemples. Huit Tanches (Cyprinus tinca) furent prises dans les mêmes conditions ; parmi elies, sept furent sacrifiées par la section de la moelle ép nière; l’air de leur vessie natatoire fournit une proportion d'oxygène inférieure à 8 p. 400 pour chacune d’el- les. La huitième fut soumise aux conditions expérimentales que je viens d'indiquer et sacrifiée au bout de 15 jours. L'air de la vessie natatoire offrait alors 60 p. 100 d'oxygène. Trois Congres (Muræna conger) furent pris dans des condi- tions identiques. L’un d’eux, sacrifié immédiatement, présenta 30 p. 100 d'oxygène. Un autre fut soumis à l'action de la ma- chine pneumatique jusqu’au moment où la colonne de mercure fut descendue à 20 centimètres de hauteur, puis il fut replacé dans un bassin d’eau de mer; sacrifié deux jours après, il pré- senta 62 p. 100 d'oxygène. Le troisième fut soumis une pre- micre fois à l’action de la machine pneumatique mesurée par une colonne de mercure de 9 centimètres de hauteur, puis porté dass le bassin d’eau de mer; le lendemain il fut soumis une se- conde fuis et avec les mêmes précautions à l’action de la ma- chine pneumatique dans le but de faire sortir plus compléte- ment l'air ancien resté dans la vessie natatoire. {1 fut reporté ensuite dans le bassin d’eau de mer et sacrifié après; l'analyse de l'air de la vessie natatoire montra que l'oxygène s’y élevait à 8% p. 100. = (NES Je ne multiplierai pas davantage ici les exemples; ceux que je viens de citer montrent des faits nouveaux, à savoir : que, chez les Poissons qui possèdent un canal aérien et qui ont été placés dans l'impossibilité d'emprunter le gaz de l'air atmos- phérique, la vessie natatoïre se remplit d’un air neu\eau, sin- gulièrement riche en oxvgèue; et, de j:lus, que l’air se renouvelle même dans les espètes dont la vessie natatoire ne. possède pas les organes vasculaires connus sous le nom de corps rouges. Je vais maintenant parler des Poissons qui ont la vessie nata- toire complétement close. Comme on ne saurait employer avec ces Poissons le procédé de la machine pneumatique, voici celui que j'ai mis en usage pour enlever l'air de la vessie ratatoire, Je pratique sur ces Poîssons la ponction de la vessie natatoire à l’aide d’un trocart fin et je recueille sous l’eau une partie de l'air conteu dans cet organe. L’épaisseur des tissus qu'il faut traverser fait que la plaie très-étroite, produite par le trocart, se referme à mesure qu'on retire cet instrument et ne laisse poiut entrer daus la vessie l’eau extér'eure. Après la ponction, je laisse vivre le Pois on dans les meilleures conditions physio- logiques et je le sacrifie au bout d’un ou de plusieurs jours. Voici quelques exemples : Quatre Perches (Perca fluvialis) furent prises dans les mé- mes conditions et ponctionnées sous l’eau; Pair de leur vessie natatoire contenait une proportion d'oxygène comprise entre 19 et 25 p. 100; elles furent sacrifiées au bout de dix jours; la proportion d'oxygène était alors comprise entre 40 et 65 p. 100. Une Dorade (Sparus aurata) fournit par la ponction un air contenant 16 p. 100 d'oxygène. Sacrifiée deux jours après, elle donna 58 p. 100. Une autre Dorade fournit 17 p. 400, clle est sacrifiée le lendemain et donne 59 p.100. Un Labre (Labrus va- riegatus) offre à la première ponction 10 p. 400 d'oxygène et à la seconde, 24 heures après, 57 p. 100. Un autre Labre 48, puis 85 p. 100. Dans ces expériences, on ne peul arriver à obtenir que la vessie natatoire soil tout à fait vidée ; il reste donc une fraction de l'air qu’elle contenait, air possédant une forte proportion d'azote. Si on considère que l'air retiré finalement quand on sacrifie le Poisson est mélangé avec cette fraction d’un air an- cien très-riche en azote, et que ce mélange contient cependant A CALE une proportion d'oxygène qui peut s'élever à 85, 87 p. 100 et au delà, on est conduit à penser que c’est de l'oxygène pur qui apparaît dans la vessie natatoire. Un problème nouveau (le physiologie générale s'offre done à l'esprit. Ainsi le physiolo- giste est maître de faire augmenter à volonté la proportion d'oxygène dans la vessie natatoire. Mais il importe pour cela qu'il se place dans les meilleures conditions possibles, afin que le Poisson soit dans un état normal ou de santé; hors de cet état, en effet, j'ai toujours vu le renouvellement de l’air se faire avec lenteur et l'air nouveau n'’offrir qu’une faible proportion d'oxygène. IL importe aussi, si l’on veut avoir une proportion maximum d'oxygène, de ne pas attendre au delà d’un certain temps pour analyser l’air de la vessie natatoire. Après avoir parlé des conditions daus lesquelles l’oxvgène augmente, je dois rappeler celles dans lesquelles il diminue. Dans une précédente note, j'ai dit que l’asphyxie est la condi- tion qui fait diminuer la proportion d'oxygène dans la vessie natatoire, et de plus que cette proportion diminue peu à peu et n’est égale à zéro que dans les derniers instants de la vie cu Poisson. J’ajouterai que, si l’on veut obtenir la disparition complète de l’oxygène, il importe de faire asphyxier le Poisson dans une quantité d’eau d'autant plus graïde qu'il est plus vigoureux ct qu’il possède dans sa vessie natatoire un air plus riche en oxygeae. Si l’on néglige cette précaution, on pourra encore trouver une forte proportion de ce gaz après la mort. C'est aiusi qu'après avoir, sur un Labre très-vigoureux, fait monter très-haut, au moyen de ponctions répétées, la propor- tion de l'oxygène, je plaçai ce Poisson dans une quantité d’eau qui suffisait à peine pour lui permettre de se mouvoir; il y pé- rit très-rapidement, offrant dans sa vessie natatoire un air qui contenait encore 56 p. 400 d'oxygène. Les Poissons dont la vessie natatoire ne possède pas de corçs rouges ne m'ont offert qu’une diminution relativement faible de ja proportion d'oxygène lorsque je les ai soumis à l’asphyxie. Il est superflu de parler des variations de l'azote, ce gaz s’of- frant dans l'air de la vessie natatoire comme étant le complé- ment de l'oxygène. Je n'ai pas parlé de l'acide carbonique; il existe cependant dans l’air de la vessie naiatoire; mais, dans la plupart ds es- pèces que j'ai étudiées, j'ai trouvé qu'il ne s'élevait que rare- ment au-dessus de 2 à 3 p.100. De plus, j'ai vu que ces pois- NoUe sons, soumis à l’asphyxie, n’offraient pas une augmentation de ce gaz en rapport avec la diminution de l’oxygène. L'étude des variations de l’acide carbonique exige des expériences spéciales. Je n’en parle pas ici. Je résume mes deux notes en disant : L’air de la vessie nata- toire offre une composition qui, relativement à la proportion d'oxygène, peut varier dans les conditions suivantes : 4° L’oxygène diminue et disparaît dans l’asphyxie et autres conditions morbides; 2° Chez les Poissons à vessie natatoire ouverte, comme chez les Poissons à vessie natatoire close, l’air se renouvelle sans être emprunté à l’atmosphère, et la rapidité de ce renouveile- ment est en raison de la vigueur du Poisson; 3° L'air nouveau présente une proportion d'oxygène bien supérieure à la proportion de ce gaz contenue habituellement dans l’air de la vessie natatoire, et bien supérieure aussi à la proportion contenue dans l’air dissous dans l’eau. J'ai fait à Paris celles de ces expériences qui ont rapport aux Poissons d’eau douce: j'ai fait les autres à Concarneau, en Bretagne, dans Jes bassins de l'aquarium qu’un membre de l’Académie des sciences, M. Coste, a fondé dans un but es- sentiellement pralique, tout en y réservant une place pour des recherches de pure théorie. Séance du 7 novembre 1863. Communication a été faite à la Société dans cette séance de la note suivante sur l’application de la théorie mécanique de la chaleur au compresseur hydraulique du tunnel des Alpes, par M. Achille Cazin, docteur ès sciences, professeur au lycée de Versailles. À l’aide de constructions géométriques analogues à celles qui sont usitées dans la théorie thermodynamique, on rend très- simple la démonstration d'une relation entre la partie de la chute d’eau non utilisée dans le compresseur hydraulique et la chaleur dégagée par l'air comprimé. Lorsqu'on emploie une colonne d’eau donnée pour amener de l’air à une pression donnée et qu’on utilise ensuite cet air revenu à la température ordinaire en le laissant se détendre Extrait de l’Institut, 1e Section, 1863. 7 08 dans un cylindre moteur, le rendement ne dépend pas de la loi de la compression : il dépend seulement de la loi de la détente, et il y a deux sortes de pertes de travail complémentaires, dont l'une est le travail effectué par l’eau contenue dans la chambre de compression, lorsqu'elle se vide à la fin de la pulsation, et dont l’autre est due à la chaleur rendue aux corps extérieurs pendant la succession des changements survenus dans l’état de l'air depuis sa compression jusqu’à son retour à la pression et à la température ordinaires : la somme du premier travail et de l'équivalent mécanique de la chaleur disponible est indépen- dante de la loi de la compression, bien que chacun de ces tra- vaux en dépende et que cette loi serve à déterminer les dimen- sions de la chambre de compression. Dans les machines disposées à Bardonnèche, la hauteur de ehute est 25"; la pression de l’air comprimé est 6*2:65. On ne connaît ni la loi de la compression, ni celle de la détente ; mais on peut calculer approximativement les pertes en déterminant es valeurs limites entre lesquelles elles sont comprises. Si l’on suppose que la loi de la détente est celle de Mariotte dans le cylindre moteur, le travail disponible par mètre cube d'air à la pression atmosphérique est 467654, de sorte que la chute d’eau représentant 250004 environ, le rendement maxi- mum est 0,67. Considérez maintenant deux compresseurs utilisant la chute pour produire la même pression, mais comprimant l'air suivant deux lois différentes : l’une, par exemple, suivant la loi de Ma- riotte, et l’autre sans émission de chaleur avec élévation de tem- pérature. Dans le premier cas, on trouve, en négligeant les ré- sistances passives, que la hauteur de la chambre de compression doit être 16,5. En supposant la capacité de la chambre de 1 mètre cube, on a 8235 pour le travail produit par la sortie de l’eau, et que l’on perd actuellement; il n’y a pas de chaleur disponible. En ajoutant 16765 et 8235 on trouve le travail total de la chute25000. Dans le second cas, la hauteur de la chambre doitêtre5",27. En supposantencorela capacité decettechambre de 4 mètre cube, on a 26354 pour le travail perdu de la chute. Mais il y a de la chaleur disponible. Lorsque l'air est comprimé sans émettre de la chaleur au dehors, sa température s'élève beau- coup : or il ne doit être utilisé dans le cylindre moteur que lorsqu'il est refroidi, et, pendant ce refroidissement, il cède une certaine quantité de chaleur aux corps extérieurs. En se déten- ue (B9) dant ensuite pour produire le travail moteur utilisé, il reprend une partie de cette chaleur aux corps extérieurs, et ce qui reste est de la chaleur réellement disponible. Cette chaleur équivaut à 5600%. En ajoutant les deux pertes 2635 et 5600 aux 16765k pris à a chute, on retrouve 25 000, c’est-à-dire le travail total de cette chute. L’énoncé très-général donné plus haut est ainsi suffisamment expliqué. À Bardonnèche la hauteur de la chambre de compression est 4,02; par suite, on perd sur la chute totale 2010*, c’est-à-dire environ -&. Quant à la chaleur disponible, il est probable que la fraction 9% donnée par le calcul précédent est un minimum. On peut utiliser aisément, comme l'a indiqué M. de Caligny, le travail de l’eau de sortie; mais la chaleur ne peut être utili- sée que par un moteur contigu à la chambre de compression, ce qui n’est pas le cas du tunnel des Alpes. Il semble donc qu’au point de vue du bon emploi de la chute, il vaudrait mieux com- primer l’air suivant la loi de Mariotte, parce qu’on pourrait dis- poser du travail de l’eau qui sort de la chambre de compression. Quant au parti qu’on pourrait tirer de ces compresseurs pour des expériences relatives à la théorie thermodynamique, il est certain qu’on pourrait faire avec ces grands appareils ce que M. Hirn a fait avec la machine à vapeur. Les expériences se- raient analogues à celles de M. Joule sur la compression de l'air; mais une teile recherche ne parait pas être de nature à faire avancer beaucoup la théorie mécanique de la chaleur. — M. de Caligny a communiqué dans cette séance 1° un résul- tat d'expériences sur son système d’écluses de navigation dont il a entretenu la Société le 45 novembre 1862; 2° le principe d’une turbine à lames liquides oscillantes; 3° des observations sur les ondes; 4° un programme d'expériences proposé pour les com- presseurs à colonnes d’eau qui fonctionnent au mont Cenis, avec quelques modifications sur la valeur desquelles il ne se pro- nonce pas ici. I. Les expériences sur l’écluse dont s’agit ont été interrom- pues et le seront encore pour quelque temps, par des causes de-force majeure. M. de Caligny croit donc utile Ge faire sa- voir, provisoirement du moins, que quelques essais ont déjà pu être faits sur l'appareil à deux têtes tel qu’il a décrit dans la séance au procès-verbal de laquelle on renvoie pour abréger (VW. l'Institut, 1862). On n’a encore étudié sur ce grand ap- — 100 — pareil que le mode de vidange de l’écluse dont une partie de l’eau est relevée au bief supérieur. Jusqu’à présent, la seconde tête n’a pas augmenté l'effet utile. Mais l'opération s’est faite plus vite et avec beaucoup moins de périodes. Ainsi, la section de l’écluse étant à peu près celle des écluses du canal du centre et jes tuyaux de conduite fixe ayant seulement un mètre de diamètre intérieur, la partie utile de l'opération s’est faite en cinq minutes environ, et avec six périodes de la machine, en présence de plu- sieurs personnes. La manœuvre n’est pas d’ailleurs encore étu- diée à fond; mais on avait toujours craint qu’elle ne durât trop longtemps et n’exigeât trop de périodes de l'appareil. Ce pre- mier résultat a donc une importance pratique. IT. M. de Caligny, en étudiant pour ses recherches histori- ques Je Theatrum machinarum de Bockler (planche 44), a eu l’idée d’appliquer à une roue hydraulique horizontale le principe des lames liquides oscillantes de la roue verticale à aubes courbes de M. Poncelet d’une manière qui rentre dans les idées sur les- quelles repose cette dernière roue. M. Poncelet a considéré sa roue verticale comme posée horizontalement sans lames liqui- des oscillantes,. M. de Caligny propose d'employer une forme analogue à celle de la roue de Borda, mais en faisant arriver l’eau motrice par dessous au lieu de la faire arriver par dessus. Comme il ne paraît pas qu'on ait pensé à appliquer ainsi à une roue horizontale l’idée des lames liquides oscillantes qui ont si bien réussi pour les roues verticales, il est possible que cette idée ait aussi ses avantages, etil la signale, en reconnaissant d’ailleurs que si elle est nouvelle et utile, c’est principalement à M. Pon- celet que l'honneur doit en revenir. Cette idée lui paraît si sim- ple qu’il hésiterait à la publier, s’il ne lui était déjà arrivé plu- sieurs fois de voir présenter par d’autres personnes des idées qu’il croyait trop simples pour les signaler lui-même. Il est à peine nécessaire d'ajouter, dit-il, que la théorie de cette roue à lames liquides oscillantes différant nécessairement très-peu dans certaines conditions de celle de la roue verticale à aubes courbes de M. Poncelet, les études faites sur cette dernière simpli- fient déjà beaucoup l’état de la question. Il y a sans doute des différences provenant des effets de la force centrifuge; on peut les atténuer en disposant jes aubes courbes entre deux surfaces cylindriques verticales concentriques auxquelles on pourra pro- visoirement supposer la génératrice de chaque aube courbe per- pendiculaire, en attendant que des recherches ultérieures aient — 101 — montré d’une manière rigoureuse la courbure la plus convenable pour ces aubes. Il est probable que, dans les premiers essais du moins, il sera convenable de disposer d’autres surfaces cylindri- ques concentriques entre les deux surfaces cylindriques extrêmes, pour mieux diriger les mouvements de l’eau. M. de Caligny n'entre pas ici dans les détails de la forme du coursier, pensant d’ailleurs que M. Girard a étudié quelque chose de semblable pour amener l’eau motrice dans des aubes courbes disposées sous les wagons d’un chemin de fer étudié par ce dernier, et dont il n’a pas suffisamment connaissance. M. de Caligny n’ignore pas qu’on a souvent proposé de faire arriver l’eau au-dessous des turbines par le centre. Il ne croit pas cependant qu’on ait pré- senté l’idée précédente dont l’utilité seule peut faire le mérite, sans qu'il y attache aucune prétention, et sans pouvoir même répondre qu’elle soit nouvelle. Quant à la courbure inférieure des aubes et à leur disposition générale, les études de M. Pon- celet sur les roues verticales à aubes courbes suffisent pour en donner une idée. IT. On renvoie, pour abréger, aux communications faites par l’auteur sur le mouvement des ondes dans les séances du 48 décembre 1858 et du 18 janvier 1862 et publiées dans l’Institut. Le mouvement de l'écume des flots de la mer, dans les observations relatées au procès-verbal de cette dernière séance, étant plus fort à la surface, dans la direction apparente des ondes, en avant qu’en arrière, il est intéressant de pouvoir se représenter les trajectoires des molécules de la surface comme ayant de l’analogie avec l’axe d’une corde formant ce que Hachette appelle nœud de l’artificier, dans son Traité des machines (planche 1"° du chapitre 3, figure 3). Il résulte de ce qui a été dit dans la séance du 48 décembre 1858, qu’en géné- ral, sauf des causes de progression particulière au temps ou aux localités, quand il. y a ainsi un mouvement de progression à la surface et que les profondeurs d’eau ne dépassent pas cer- taines limites, il y a au fond de l’eau un mouvement de recul disposé de telle sorte qu’en définitive il n’y a pas, dans la masse totale du liquide, de transport sensible lorsqu'il n’y a pas des ondes dites courantes. M. de Caligny a eu l’occasion d'étudier le mouvement des ondes produites dans un canal par le mouvement oscillatoire imprimé d’une manière suffisamment prolongée à un bateau plat ordinaire, de six mètres de long dans sa plus grande lon- — 102 — gueur perpendiculaire à l'axe du canal, qui avait une profon- deur d'eau d’un mètre, neufmètres quatre-vingts centimètres de largeur au fond de l’eau, et douze mètres deux décimètres de largeur au niveau de l’eau. Sa longueur était de quatre-vingt-un mètres soixante centimètres d’une extrémité jusqu’à un pont qui limitait la vue. La vitesse des ondes courantes produites par le balancement du bateau a pu être ainsi comparée à Ja vi- tesse assez sensiblement connue qu’auraiteue une onde solitaire dans le même canal. M. de Caligny n’a pas observé dé diffé- rence sensible entre la vitesse de ces deux espèces d’ondes : ces observations a’ayant pas eu d’ailleurs toute la rigueur qu'il au- rait désirée, il signale cette manière de les faire aux personnes qui ont des pièces d’eau semblables à leur disposition. IV. Dans la séance du 31 octobre dernier, l’auteur a remar- qué que les compresseurs à colonnes d'eau du tunnel des Alpes pouvaient servir à faire des observations sur des phénomènes pen connus de la chaleur. Il paraît que cela a pu être contesté en ce sens qu'il scrait difficile de s’en servir pour déterminer des chiffres aussi rigoureux que ceux qui sont exigés par les physiciens pour déterminer l’équivalent mécanique de la cha- leur. Ce n’est pas, en effet, précisément sous ce point de vue qu'il signale l'utilité de ces observations. Il pense qu’elles of- frent surtout un moyen de constater eur une très-grande échelle l'insuffisance de l’ancienne théorie de la chaleur, pour expliquer des faits déjà observés dans cette localité. Il regarde comme très-important de joindre aux observations sur la cha- leur celles qui pourraient servir à préciser la partie du déchet provenant de toutes les autres causes. Ainsi, il regarde comme essentiel de mesurer par expérience, en employant les moyens les plus précis, là durée du mouvement ascensionnel de la colonne liquide comprimante, depuis le moment où elle part du repos jusqu'à celui où sa vitesse s'éteint au sommet de Ja chambre de compression. Si l’on connaît la hauteur de cette dernière, on aura un premier moyen d'étudier la partie du dé- chet provenant des frottements du liquide et des divers genres de résistances éprouvées par ce liquide dans les coudes et les diverses parties de la colonne en mouvement. Quand on €on- naîtra bien le déchet total, il suffira, si l’on connaît le sommet de toutes les causes de déchet appartenant à la partie mieux connue de la mécanique, de faire une soustraction pour appré- cier la partie du déchet résultant des effets calorifiques, et en — 103 — général des causes physiques, que l'état actuel de nos con- naissances ne pärait point permettre de déterminer encore & priori. Séance du 28 novembre 1863. M. J. Janssèn à mis dans cette séance sous les yeux des membres de Ja Société des cartes spectrales du soleil montrant Ja distinction des raies dues à l’action de notre atmosphère de celles qui appartiennent en propre à Ja lumière solaire. Il a lü en même temps à ce sujet la note que voici : Sans faire ici l’historique de cette quan, je dirai qu' ’au moyen des dispositions optiques que j'ai employées, je puis suivre dans le Spectre deux sortes de raies ; les unes, d'intensité constante, qui sont les raies solaires proprement dites : les au- tres, variables en intensité avec la hauteur du soleil, quoique toujours visibles dans le spectre, et qui me paraissent devoir être attribuées, d’une manière incontestable, à l’action de notre at- mosphère. Ces raies prennent, pour la plupart, une intensité considérable le soir et le matin; aussi, un grand nombre de raies solaires qui, dans le milieu du jour, surpassent beaucoup éñ inteñsité des raies telluriques voisines sont surpassées à leur tour par celles-ci quand le soleil s’abaisse sur l'horizon. Les sroupes telluriques gardent, au contraire, les mêmes rapports d'intensité entre eux pendant toute la durée du jour. Ces faits me paraissent destinés à modifier beaucoup nos idées Sur les conditions de la production des raies par les sub- stances gazeuses. Je pense aussi qu’on pourra en tirer un utile pärti pour la recherche de la composition des atmosphères des planètes, sujet dont j'espère pouvoir m'occuper lorsqueles cartes que je présente seront terminées. Séance di 5 décembre 1863. rHystoLocré. Greffé animale. Rétablissement de la circulation sanguine et propagation de la sensibilité, dans un membre greffé, en sens inverse de leur cours normal. — M. Paul Bert, en présentant une note sous ce titre, a mis sous Jes yeux de le — 104 — Société un Rat albinos sur lequel a été pratiqué le 8 mai dernier (il n'avait alors que trois semaines) l’opération suivante : L'extrémité de sa queue a été écorchée sur une largeur de 0®,05; un trou a été pratiqué à la peau du dos, et une loge creusée dans le tissu cellulaire sous-cutané à l’aide d’un instru- ment mousse. Les muscles fléchisseurs de la queue ayant été préalablement coupés, cet organe est recourbé sur le dos, sa partie dénudée introduite dans la loge préparée, et les bords cutanés des deux plaies réunis par quatre points de suture. Le 45, section circulaire de Ja peau; le 47, ligature très- serrée, et le 48, amputation de la queue à 1 centimètre environ de l'anus; le tronçon libre mesure à peu près 25 millimètres. A ce moment, il s’en faut de beaucoup que les lèvres cutanées soient accolées ; cependant le sang revient en nappe par l’ex- trémité du tronçon amputé : il y a donc évidemment des anas- tomoses profondes établies. Aussi, après quelques heures, ce tronçon, d’abord pâle, reprend sa couleur normale et donne, quand on le pique, de la sérosité et du sang. La cicatrisation, qui marche un peu plus lentement sur le tronçon que sur le moignon de la queue, est terminée du reste aux deux sections, du 20 au 25 juin, après l’élimination de fragments de vertèbres. La circulation s’est donc rétablie dans le fragment parasi- taire, et il est facile de voir qu’elle s’est rétablie dans une di- rection inverse de ceile qu’elle suivait d’abord, le sang artériel marchant désormais dans ce morceau de queue, du petit bout vers le gros bout, et le sang veineux au contraire du gros bout vers le petit bout, du bout primitivement central vers le bout ._primitivement périphérique. Cependant sa rapidité paraît être la même que si elle s’exécutait dans les conditions normales, — au moins deux mois après l'opération, car dans les premiers temps le tronçon caudal etait évidemment œdématié; — en effet, ayant le 15 juillet ébarbé son extrémité et l'ayant plongée dans un doigt de gant qui contenait de l’extrait aqueux de belladone, on a vu la dilation pupillaire apparaître au bout du même temps qu’en agissant sur une queue en place. La nutrition, pour être un peu ralentie, n’en a pas moins continué. Une formation et une desquammation épidémiques considérables se sont faites sur le tronçon parasitaire. Enfin, ce tronçon a notablement grandi : le 45 juillet, le moignon mesurait 48 millimètres, le fragment de queue incluse 7 centi- mètres environ, et le bout libre 31 millimètres; ce qui donne — 105 — pour la partie restée en place un allongement de 80 pour 100, le parasite interne ayant grandi seulement de 40 pour 100, et l’externe de 30 pour 100. La somme de ces trois longueurs est à peu près celle de la queue intacte d’un rat du même âge que celui en expérience. A cette époque, aucun signe de sensibilité ne se manifestait dans la partie parasitaire externe. Mais au milieu d’août, il sembla que, quand on le piquait ou le pinçait violemment, l’a- nimal avait quelque conscience de ces lésions. Vers les derniers jours d'octobre, il fut évident que le rat, dans ces circonstances, s’agitait et témoignait de la douleur, quoiqu'il ne criât pas. À la date où cette note a été rédigée, 9 novembre, si l’on pinçait le tronçon caudal, le rat criait et cherchait à fuir : la sensibilité était revenue, mais bien peu vive encore. Donc cinq mois et demi se sont écoulés avant qu’elle ait re- paru d’une manière bien nette. Pendant ce temps un triple travail s’est accompli dans les nerfs de la queue, triple travail d’altération, puis de régénération et de cicatrisation avec des ramuseules nerveux qui se rendaient primitivement à la peau du dos. Or, dans ces nerfs de la queue, la propagation de l’é- branlement d’où résulte la semation se fait évidemment — comme la circulation du sang dans les vaisseaux, — en sens inverse de son cours naturel, suivant une direction qui était, avant l'opération, centrifuge. Les tubes nerveux sont donc aptes à conduire indifféremment une impression dans un sens ou dans l’autre, et peuvent être impunément retournés bout par bout. Il devient donc extrêmement vraisemblable que, dans l’état normal, #n situ, toute excitation portée sur le trajet d’un filet nerveux est transmise également suivant les deux directions centrifuge el centripète, à Ja façon d’une onde sonore, par exemple. Seulement, la perception ne peut s’en opérer que du côté central, parce que cette extrémité du nerf correspond seule à un appareil de réceptivité. Si l'on rapproche de cette expérience celle si remarquable de MM. Philipeaux et Vulpian sur Ja soudure du nerf hypoglosse avec le nerf lingual, on se trouve, à l'exemple de M. Vulpian (Gaz. hebd. 1863, p. 54), très-disposé à conclure que les nerfs sont simplement des conducteurs semblables les uns aux autres, possédant la propriété de transmettre les impressions qu'ils reçoivent, que ces impressions viennent du dehors ou du dedans, qu’elles mettent en jeu la sensibilité ou la motricité. En d’autres — 106 — termes, qu'ils ne se définissent que par les connexions de leurs extrémités. Si leur extrémité d’origine est en rapport avec un centre récepteur, l'impression est perçue, il y a sensation; si leur extrémité de terminaison est en rapport avec des parties douées de motricité, l’impression agissant sur elles détermine le mouvement. Dans l’état normal, les nerfs qui viennent d’un centre apte à percevoir se terminent dans des appareils de sen- sation ; ceux qui se terminent dans des appareils moteurs, abou- tissent à des parties centrales qui ne perçoivent pas, mais qui réfléchissent et engendrent l'ébranlement moteur. Mais le phy- siologiste est mäilre de modifier ces conditions naturelles et d'obtenir par des entre-croisements nerveux des effets récipro- quement inverses : c'est ce qu'ont fait MM. Philiseaux et Vul- pian. Revenant à la queue parasitaire exterhe, je ferai remarquer. dit M. Bert, qu'aujourd'hui, quand on le pince, l’animal ne sait pas trouver le lieu de la lésion. Il paraît la rapporter à la rég'on du dos, là où se distribuaient autrefois ces petits nerfs divisés avec lesquels ont dû se réunir les filets nerveux de l’extrémité caudale mise à nu. Mais je né mets pas en doute qu'il ne finisse par faire son éducation, et par reconnaître. à force d’expé- riences quotidiennes, l’endroit où on le blesse. Il témoignera ainsi que le sentiment prétendu inné que nous avons du lieu qu’occüupent dans l’espace chacune des parties de notre corps, n'est, cornme toutes nos connaissances, qu’un fruit de l’expé- rience. Peut-être, cependant, faudra-t-il, pour bien constater ce curieux résultat, répéter l'opération sur des animaux plus intelligents et plus faciles à observer que des Rats. Séance du 12 décembre 1863. ANATOMIE COMPARÉE. Formule du système musculaire dans la larve du Corethra plumicornis. — M. Alix à fait dans cette séance la communication suivante : « La larve du Corethra plumicornis, Insecte de la famille des Tipülidés, äppartient au groupe de ces larves aquatiques dési- gnées par Réaumur sous le nom de vers polypes. Sa transpa- rence est une circonstance favorable dont les observateurs ont su tirer parti pour étudier la disposition des organes intérieurs. On a pu, sans dissection, examiner le tube digestif, l’appareil — 107 — vasculaire, et le système nerveux dont les détails apparaissent comme si l’objet n’était recouvert que d’une lamelle de cristal. Il n’est pas moins intéressant d'étudier, chez ces animaux, là disposition du système musculaire. Au premier abord, on voit, comme dans un kaléidoscope, une foule de faisceaux entrecroi- sés formant un réseau en apparence inextricable. Mais en pro: longeant J’examen, l’ordre se fait peu à peu dans ce chaos; les faisceaux se distinguent les uns des autres, se groupent entre eux, et toute cette complication vient se résoudre en une for- rule facilement intelligible et d’une grande simplicité. Cette formule doit être cherchée dans la contemplation des anneaux de l’abdomen. 11 y a des faisceaux musculaires longitudinaux parallèles à l'axe du corps, et des faisceaux obliques. Les faisceaux longitudinaux forment trois séries ‘ une supé- ricuré, une moyenne et une inférieure. Les faisceaux de la série supérieure sont placés le long de la ligne médio-dorsale. Ceux de la série moyenne, à l'union du tiers supérieur de la hauteur du corps avec les deux tiers infé- rieurs. Ceux de la série inférieure, le long de la ligne médio- ventrale, Chacun de ces faisceaux a deux insertions : la postérieure se fait dans le quart antérieur d’un anneau, et l’antérieure dans le quart postérieur de l’anneau suivant. Du point où se fait cette dernière insertion, part le faisceau suivant, et ainsi de suite d’anneau en anneau. Les faisceaux obliques situés entre la série supérieure et la série moyenne se disposent de la manière suivante : ‘I! y à un faisceau descendant (A) qui part de l'insertion pos- térieure d’un faisceau longitudinal supérieur pour se rendre à l'insertion antérieure du faisceau longitudinal moyen corres- pondant. Il y en a un ascendant (B) qui part de l'insertion pos- térieure du faisceau longitudinal moyen pour se rendre à lin- _sertion antérieure du faisceau longitudinal supérieur corres- pondant. Le faisceau ascendant croise le faisceau descendant, mais il le recouvre toujours. Ïl y a en outre un faisceau ascendant (C) qui part comme lé précédent (B) de l'insertion postérieure du faisceau longitudinal moyen, mais se dirige plus directement en haut, et au lieu d’at- teindre le quart antérieur de l'anneau, se termine dans son tiers postérieur près de la ligne médio-dorsale. Ce faisceau, beaucoup — 108 — plus court que les deux précédents, est le plus superficiel. La description des faisceaux obliques situés entre la série lon- gitudinale moyenne et la série longitudinale inférieure est un peu plus compliquée. Il y a un faisceau ascendant (E) qui part de l'insertion pos- térieure d’un faisceau longitudinal inférieur pour aller s’insé- rer dans le quart antérieur de l'anneau suivant en un point (X) situé à l’union du tiers inférieur de la hauteur du corps avec les deux tiers supérieurs. 1l y en a un descendant (F\, qui part du point X pour aller se terminer près de l'insertion antérieure du faisceau longitudinal inférieur correspondant. Le faisceau F est le plus superficiel. Du point X partent deux faisceaux ascendants qui sont situés dans le tiers moyen de la hauteur du corps. L'un (G) se dirige en avant et se prolonge un peu au delà de la moitié de l’anneau sans atteindre le faisceau longitudinal moyen; l’autre (H) se dirige en arrière et presque directement en haut pour se terminer sur l'insertion antérieure du faisceau longitudinal moyen. Le faisceau musculaire H mérite une attention spéciale; car au lieu de s'étendre, comme les autres, entre deux anneaux du corps, il esttoutentier renfermé dans un même anneau, et semble avoir pour fonction de rattacher les deux groupes des faisceaux musculaires, dont l’un correspond à la partie dorsale, et l’autre à la partie ventrake de l’abdomen. On peut le nommer faisceau intermédiaire. La disposition que nous venons de décrire se répète symétri- quement de chaque côté du corps. La plupart des segments ab- dominaux la présentent à son plus haut degré de réalisation. Cependant les deux premiers anneaux abdominaux comptés à partir du thorax sont dépourvus du faisceau G, que, pour cette raison, nous nommerons accessoire. Dans les deux anneaux postérieurs de l’abdomen, la formule du sysième musculaire est modifiée d’une manière rernar- quable. Ces deux anneaux ne sont pas aussi distinctement sé- parés que les huit autres. Le sillon dorsal est bien visible, mais le sillon ventral est effacé. La disposition des muscles corres- pond à cette particularité. Du côté dorsal, il y a un faisceau longitudinal supérieur qui s’étend entre la partie antérieure du neuvième anneau et la partie antérieure du dixième, sans se prolonger au delà; tandis que du côté ventral un long faisceau — 109 — longitudinal inférieur parcourt sans se segmenter toute la lon- gueur des deux anneaux. Il n’y a pas de faisceau longitudinal moyen. Mais un faisceau correspondant à la série À s'étend en diagonale de la partie antérieure et supérieure du neuvième anneau à la partie inférieure et postérieure du dixième. Un fais- ceau oblique, correspondant à la série E, croise celui-ci en s’é- tendant jusqu’à la ligne médio-dorsale. Le faisceau intermé- diaire et le faisceau accessoire n'existent plus. Mais il y a de petits faisceaux surnuméraires destinés à mouvoir plusieurs appendices. Au thorax, la formule se modifie d’une autre manière. Trois faisceaux longitudinaux inférieurs, placés l’un à la suite de l’autre, indiquent les trois divisions segmentaires du thorax. Au-dessus d’eux, il n'existe pas de faisceaux appartenant à la série ascendante E, si ce n'est à l’extrémité antérieure d’où part un faisceau qui va gagner la nuque. Les faisceaux de Ja série oblique descendante F sont représentés par deux faisceaux parallèles aux précédents, dont le premier parcourt les deux tiers postérieurs du thorax, et le second se prolonge jusqu’à l’angle inférieur et postérieur de la tête qu’il peut à la fois abaisser et incliner sur le côté. Un seul faisceau intermédiaire se fixe au point de séparation de ces deux derniers, et du même point émane un faisceau accessoire qui va se terminer à la nuque. Le thorax présente en outre un second faisceau acces- soire qui, du premier anneau abdominal, s'étend sur son seg- ment postérieur. Il y a trois faisceaux longitudinaux moyens dont l’antérieur se termine à la nuque; un faisceau oblique descendant de la série B pour le segment thoracique postérieur; un seul faisceau longitudinal supérieur parcourant toute la longueur du thorax et se terminant à la nuque; et enfin deux faisceaux obliques de la série GC, l’un postérieur, l’autre antérieur. Ce dernier faisceau oblique présente une particularité remarquable en ce qu’il dé- passe la ligne médio-dorsale et s’entre-croise avec celui du côté opposé, entre-croisement qui n’a lieu dans aucune autre partie du corps de cette larve. Un peu en avant du thorax, sur la partie intermédiaire au thorax et à la tête, c’est-à-dire le cou, en un point que l’on peut appeler la nuque, il existe une sorte de bouquet anatomique d’où rayonnent un certain nombre de faisceaux musculaires. En arrière, ce sont les faisceaux thoraciques dont nous avons — Hp — parlé; en avant, ce sont : un faisceau supérieur allant au som- met de la tête dont il est le releveur; un faiseeau descendant latéral pouvant correspondre à l'intermédiaire, s’insérant sur le côté de la tête qu’il relève et meut sur le côté; un long faisceau qui s'étend jusqu’au bout de l’extrémité effilée de la tête où il s'attache à un appendice dont ilest le releveur. On voit en outre deux faisceaux qui, du sommet de la tête, descendent directement en bas sur une patte mâchoire dont ils sont les moteurs. Enfin, des faisceaux buccaux et œsophagiens viennent compléter l’ensemble du système. Cette description, à part quelques détails, se rapproche beau- coup de celle que l’on trouve dans l'ouvrage de Lyonnet surla chenille du saule et de M. Strauss-Durkheim sur les animaux articulés en général et sur le Hanneton en particulier. Tous les faisceaux museulaires que nous avons décrits appar- tionnent à la couche longitudinale; il n’existe pas de couche circulaire. La seule trace de cette couche existe dans les fais- ceaux qui s’insèrent aux pattes mâchoires. L'absence d'appen- dices locomoteurs explique d’ailleurs en partie eelle de la couche circulaire. Il résulte d'un autre côté, de cette circonstance, qu’il n'y a pas de couche cutanée proprement dite, et que les filets nerveux qui se rendent à la base de quelques poils saillants à la surface du corps sont uniquement destinés au sentiment. Comme d'ailleurs ces filets émanent directement de la chaîne ganglionnaire par une racine spéciale dont une partie vient se réunir au nerf musculaire, on peut affirmer avec certitude qu’il y a chez les Insectes, comme chez ies Mammifères, des racines sensitives et des racines motrices. Ce fait important que M. Gratiolet a enseigné dans ses cours d'anatomie comparée, dès avant l’année 1850, a été vu depuis et publié par M. Leydig. Confirmé par plusieurs témoignages, il appartient désormais au domaine de la science. » — M. Alix a adressé aussi la note suivante, dans la même séance du 12 décembre : « M. Strauss-Durkheim vous a adressé une réclamation de priorité relativement aux communications que j’ai eu l'honneur de faire à la Société philomathique dans les séances du 30 mai et du 6 juin 14865, sur le mécanisme des mouvements de lavant- bras chez les Oiseaux. Je me fais un devoir de reconnaitre que M. Strauss a indiqué les mêmes faits dans son ouvrage intitulé : — A1 — Théologie de la nature, publié en 4852, aux pages 280, 282, 290 et suivantes du tome [®. » Je n'avais pas lu cet ouvrage, et je le regrette, ear il est comme le résumé d’une vie consacrée à la science et contient plus d’une vérité importante. Je ne veux pas chercher à m'ex- cuser en disant que je ne pouvais penser à vérifier des détails d'anatomie dans un livre intitulé Théologie de la nature, puisque Descartes a bien pu décrire la circulation du sang dans un dis- cours sur la méthode, et qu'il était libre à M. Strauss de s’au- toriser d’un tel exemple. Je n’invoquerai pas non plus en ma faveur cette circonstance que ma communication est extraite d’un travail exécuté en 1850, avec intention de le publier immé- diatement, et que le livre de M. Strauss n’a été publié qu’en 4852; car il est probable que M. Strauss avait déjà fait ses ob- servations depuis plusieurs années. Mais pour juger que je n'ai fait d'emprunt à personne, il peut suffire de mettre en regard les deux textes. Il sera facile de voir que, si nous avons em- ployé les mêmes facteurs, nous ne les avons pas écrits dans le même ordre et n'avons pas adopté la même manière de les mettre en évidence, et enfin que la conception n’est pas identi- que, ce qui exclut toute idée de copie ou d'imitation. Ajoutons à cela que le lecteur attentif trouvera dans la description de M. Strauss quelques détails qui ne sont pas dans la mienne, et, dans ma description, quelques détails qui n'existent pas dans celle de M. Strauss. » Je cède volontiers à M, Strauss le droit de priorité, heureux de voir un homme aussi distingué attacher la même importance aux faits sur lesquels s’est portée mon attention, et confirmer par son autorité des résultats que je voudrais avoir atteints le premier. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE, Dilatation des corps. — La Société a reçu dans cette séance de M. Grolous, lieutenant du génie à Metz, des recherches théoriques sur la dilatation des corps. En ‘voici un exposé sommaire. Lorsqu'un corps se dilate, il se dilate nécessairement sous l’in- fluence de certaines forces. Je me suis proposé, dit l’auteur, de déterminer comment varie, par rapport à la force et aux di- mensions du corps, la somme des travaux que ces forces produi- sent dans la dilatation. J'ai appelé cette somme travail dépensé dans la dilatation. ho Si le corps se dilate librement dans l’espace, c’est-à-dire s’il n'est soumis à aucune force extérieure qu’assujettisse une ou plusieurs de ces molécules à telle ou telle condition de mouve- ment ou de repos, j’admets que le phénomène de la dilatation ne donne lieu à aucun déplacement du centre de gravité. Dans ce cas, je prends le centre de gravité pour origine des coordonnées. Je suppose le corps homogène se dilatant uniformément dans tous les sens; je trouve alors que le travail dépensé dans la di- latation a une expression de la forme : F(U)£e* dm ; dim désigne la masse élémentaire d’une molécule quelconque du corps; pe, la distance (avant la dilatation) d’une molécule au centre de gravité; x°?dèm est la somme de tous les &2dèm qui correspondent aux diverses molécules du corps; U est le rapport dans lequel sont augmentées les dimensions du corps par le fait de la dilatation ; F est une fonction que je ne connais pas. De cette formule, il résulte que : Si divers corps sont semblables de forme, s'ils se dilatent tous librement dans l’espace, les travaux dépensés dans les di- latations de ces corps sont proportionnels aux cinquièmes puissances de lignes homologues prises dans ces divers corps. La forme d’un corps influe sur le travail dépensé dans la di- latation de ce corps. A égalité de volume, la sphère est de tous les solides ce: lui pour lequel le travail dépensé dans Ja dilatatation est le moindre. Si la dilatation d’un corps n’est pas uniforme dans tous les sens, la loi de la cinquième puissance subsiste; mais l’expres- sion du travail dépensé dans la dilatation est changée. Elle est, si a représente le temps dans lequel s’effectue la dilatation, F(0)5{2° (0e)? + y%(Uy 1)? + (U: 1)" ]d9m. Je suppose ici les axes tellement choisis que la dilatation du corps puisse être considérée comme résultant de trois dilata- tions partielles : — 115 — ° Une dilatation consistant en un écartement des couches du corps parallèles au plan x0y; 2° Une dilatation analogue par rapport au plan xOz; 3° Une autre analogue par rapport au plan yOz. U;, U,, U, sont les rapports dans lesquels les dimensions sont augmentées d’après ces diverses dilatations. A égalité de volume, l’ellipsoide dont l'équation est de la forme : DU 4)? + y'(Uy 1)? Hs (Ur 1)" = K° est le solide pour lequel le travail dépensé dans la dilatation est le moinire. Supposons dans un milieu un point lumineux tendant à por- ter la température du milieu de 4 à 49, Si, pour ce change- ment de température, Uz, Uv, U, sont les rapports dans les- quels les dimensions du corps sont modifiées suivant certains axes, la lumière se propage dans le milieu par ondes ellipsoïda- les dont l’équation générale est : D (Ur) à YA (Uy = 1)" + 7 (Uz— 1) =K*, K étant un paramètre variabie. Uz, Uy, U, sont eux-mêmes des paramètres variables, si l’on tient compte de ce fait que l'élévation de température, vu Ja variation des distances au point lumineux, n’est pas la même dans les diverses régions du corps. Si l’on tient compte de ce fait que la production de la chaleur n’est pas instantanée, ce ne sont plus (U, _;)?, (U, _ #2, (U._,)2 qu'il faut prendre pour coefficients de x?, y2, z?, dans l’équa- tion d’un ellipsoïde d’ende au bout du temps #, mais bien les rapports Ed(U)P FUN? (UP alt La nie Toutefois, je donne ces derniers résultats sous toutes réser- ves. Je les signale ici à cause de l'intérêt qu’ils présentent et du jour qu'ils peuvent jeter sur la théorie de la réfraction. Si un corps est assujetti à avoir un point fixe, l'expression du travaii est, si la dilatation est uniforme, EF(U}5-2d3m. p désignant cette fois non pas la distance d’une molécule au centre de gravité, mais bien la distance d’une molécule au point: Extrait de l’Institut, 1r° Section, 1863. 8 — 14 fixe que je prends actuellement pour origine des coordonnées. F(U) est la même fonclion que dans le cas du corps libre (ans espace. Cette expression diffère donc de celle que j'ai donnée tout à l'heure. J’explique cette différence en observant que le point n’est maintenant fixe qu’à la condition d’être retenu à sa posi- tion par une force extérieure qui produit nécessairement un certain travail dans la dilatation. 5e*d°m est minimum lorsque le point fixe est le centre ce gravité lui-même. Siun corps repose sur un plan, sa dilatation donnera lieu à la moindre dépense de travail, à égalité de volume, lorsque le corps sera une demi-sphère reposant sur le plan par sa face plane. Les résultats précédents intéressent la recherche des chaleurs spécifiques sous volume constant. En effet, la chaleur n’est qu'une variété du travail mécanique. Sous l'influence de for- ces tendant à produire un travail donné, un corps s’échauffe- rait davantage s’il ne se dilatait pas. Séance du 26 décembre 1863. ANATOMIE COMrARÉE. Sur l'existence d'un muscle carré prona- teur à la face dorsale de la jambe, chez le Phasco!/ome (Phasce- Jomys Wombat).— M. Alix a fait dans cette séance la commu- nication suivante : La myologie ces membres postérieurs du Phesco'ome offre plusieurs particularités intéresséntes , également capables de fixer l'attention de l’anatomiste philosophe, soit qu'il re- cherche la manière dent le type des Vertébrés varie dans les différentes classes qui le composent, soit qu’il s'applique uni- quement à saisir les modifications céterminées par divers ani- maux par le genre de vie auquel ils ont été destinés. Chez le Phascolome, le ligament interosseux qui unit le pé- roné au tibia est revêtu de fibres musculaires sur sa face antc- rieure aussi bien que sur sa face postérieure. Du côté de la face postérieure (ou plantaire), c’est une couche de fibres muscu- laires dirigées du péroné vers le tibia, très-cbliquement et même presque longitudina'ement. Cette couche musculaire re- produit à la jambe le carré pronateur Ce plusieurs Mammifères (tels que le Chat, par exemple), chez qui ce muscle occupe presque toute la hauteur de l’avant-bras, au lieu de n’en occu- per que le cinquième inférieur environ, comme dans l'Homme. Du côté de la face postérieure ou dorsale de la jambe, le dé- vel:ppement des fibres musculaires est bien autrement remar- quable. Il existe, dans les deux tiers supérieurs, une bande musculaire peu épaisse, dirigée obliquement du tibia vers le péroné; puis, dans le tiers inférieur, une bande musculaire beaucoup plus forte dirigée dans le même sens. Mais ce n'est pas tout. Car, si l’on divise cette dernière bande, on voit qu’elle recouvre une couche épaisse de fibres museulaires dont les plus supérieures sont dirigées obliquement du péroné vers le tibia, et les plus inférieures presque transversalement. Ce muscle, disposé comme un carré pronateur, mais placé à la face dorsale, est destiné à imprimer au péroné un mouve- ment de rotation autour du tibia. Il détermine, en se con- tractant, une pronalion exigéréte par suite de laquelle la plante du pied vient regarder en dehors. Les muscles qui lui servent d’antagonistes, et en parliculier le muscle interosseux posté- rieur que nous venons aussi de déerire, ramènent la jambe et le pied dans leur position de repos qui est la simple pronation. Si l’on examine le squelette, on voit que l'extrémité infé- rieure du péroné présente une facette articulaire légèrement concave, d'environ 7 millimètres de long, qui s'applique à une facetie convexe du tibia, décrivant un quart de cercle dont la longueur atteint 1 centimètre et demi. La rotation de l'extré- mité inférieure du péroné autour de celle du tibia se fait par conséquent dans l'étendue de 4 centimètre. Ces deux facettes n’ont d’ailleurs que très-peu de hauteur, le péroné n’exécutant sur le tibia aucun mouvement de glis- sement suivant sa longueur. La disposition de l’articu- lation péronéo-tibiale supérieure est égalem:nt en rapport avec le mouvement de rotation du péroné : la tubérosité externe Cu tibia, s’avançant au-dessus de la tête du péroné, offre à celle-ci une facette plane, à peine oblique en dehors, sur la- quelle cette tête éargie glisse avec facilité par une facette pres- que perpendiculaire à l’axe de la diaphyse. La tête du péroné se prolonge en arrière en une longue apo- physe dont la racine s’articu!le avec le vondyle externe du fé- mur par une facette un peu concave également capable de per- mettre le mouvement de rotation. Mais ce qui est surtout remarquable, c’est la disposition de — 116 — J'astragale et des surfaces articulaires inférieures du tibia. L’as- tragale, qui offre ici une grande analogie avec ce que l’on voit chez les Singes dits anthropoiïdes, l’Orang, le Chimpanrzé, le Gorille, présente, du côté du péroné, une facette articulaire qui regarde en dehors et en haut ; la poulie, assez large, et presque sans profondeur, est légèrement inclinée en dedans ; enfin la fa- cette interne regarde en baut, son plan ne formant avec celui de la poulie qu’un angle très-obtus. Ce qui est particulier au Phascolome, c’est que cette dernière facette est divisée par une saillie médiane en deux autres, dont l’une regarde un peu en arrière et l’autre un peu avant. La même division existe pour la surface correspondante du tibia, en sorte que, suivant la posi- tion de l’astragale, qui se trouve toujours en rapport avec celle du péroné, ce sont, tantôt les deux facettes antérieures, tantôt les deux facettes postérieures qui entrent en contact, suivant que la jambe se trouve ou simplement en pronation, ou en pro- nation exagérée. La pronation exagérée de la jambe et du pied du Phascolome est augmentée ou complétée par un léger mouvement de rota- tion de la jambe sur la cuisse en dedans, mouvements auxquels contribuent d’une part les muscles de Ja patte d’oie, et d'autre part le moyen et le petit fessier. Au pied même, ce mouvement favorisé par l’énergie des muscles péroniers latéraux, dont le long faisceau se prelonge jusqu’à la base du premier os méta- tarsien, semble aussi être en rapport avec le volume des deux doigts externes, et le développement de l’éminence hypothénar dont les muscles sont aussi remarquables par leur ampleur que ceux de l’éminenee thénar le sont par leur réduction, Il faut en même temps remarquer le développement des mus- cles antagonistes, rotateurs de la cuisse en dehors, princis ale- ment le pyramidal, et surtout le carré de la cuisse qui s'étend jusqu’à la partie inférieure du fémur. Le biceps, fléchisseur &e la jambe, et rotateur en dehors, quoique réduit à sa longue portion, est également très -déve- loppé, il s'attache en partie à l’apophyse de la tête du péroné. Cette apophyse, par sa forme et sa saillie, répète en quelque sorte, au sommet de la jambe, la forme et la saillie de Papo- physe calcanienne, laquelle, creusée à sa partie interne, pour le passage des museles fléchisseurs, sur lesquels clle se recourbe en crochet, offre à s’y méprendre l'aspect ts un pisiforme soudé à SON py an — 117 — À sa parlie antérieure, le calcanéum s'articule avec le cu- boïde par une surface un peu concave dans laquelle s'enfonce une légère convexité de ce dernier os, nouvelle circonstance en rapport avecle mouvement de rotation, et avec le développement de l’éminence hypothénar. Le Phascolome est un animal fouisseur, il se creuse un ter- rier; la -pronation exagérée dé la jambe et du pied se trouve en rapport avec cette circonstance; mais, en outre, il marche à terre et il grimpe sur les arbres : de là toutes les dispositions dont les unes ont pour résultat de maintenir la jambe et le pied dans une position moyenne, les autres de produire la rotation de la cuisse en dehors afin de ramener en dedans la plante du pied. GÉOMÉTRIE. — Dans la note suivante, communiquée aussi à la Société dans cette séance, M. de la Gournerie fait connaître quelques théorèmes relatifs aux sections coniques tangentes à quatre mêmes cercles concentriques. Un point étant donné dans le plan d’une conique connue, mais non sur elle, on peut toujours déterminer une conique, non superposable à la première, et telle que les normales (réelles ou imaginaires) abaissées du point sur les deux courbes soient égales deux à deux. Ces coniques sont de même genre; elles jouissent, par rap- port au point, de plusieurs propriétés réciproques. Pour donner plus de précision aux énoncés, on considérera le point comme une origine à partir de laquelle on mesure des rayons vecteurs, et on supposera que les deux coniques sont des ellipses. 4° Le grand axe de l’une des ellipses est égal à la somme des rayons vecteurs des foyers de l’autre. Le point est extérieur à l’une et intérieur à l’autre. 2 Les différences des rayons vecteurs des foyers sont égales dans les deux ellipses ; 39 Les hypothénuses des triangles rectangles construits sur le rayon vecteur du centre et le demi-grand axe ou le demi- petit axe, sout égales dans les deux ellipses. Les excentricités absolues des ellipses sont égales. 4° Si une hyperbole homofocale de l’une des ellipses est transportée et placée de manière à voir les mêmes foyers que autre, les rayons vecteurs des points où elle coupera successi- vement ces deux courbes seront égaux deux à “eux. Les rayons vecteurs des sommets des ellipses sont égaux deux à deux. — 118 — Les pieds des normales abaissées du point sur les deux ellipses, appartienne à une même hyperbole successivement homofocale de l’une et de l’autre. 5° Si le point se meut sur une ellipse homofocale de l’une des e'lipses, l’autre ellipse se transportera sans se modifier. I n'existe qu'une ellipse qui satisfasse à ces conditions, mais elle peut occuper une infinité de positions différentes; quand on J’a déterminée dans une de ses positions, on obtient toutes les autres en la faisant tourner autour du joint, et en la renver- sant dans des situations symétriques par rapport aux droites qui passent par le point. - La seule relation indépendante de la position du point qui existe entre les deux ellipses consiste en ce que leurs excentri- cités absolues sont égaies. Quand deux ellipses satisfont à cette condition, si l’une d'elles e:t fixe, i! y a sur son plan une infi- nité de points tels, que l’ellipse qui jouit avec elle des proprié- tés énumérées plus haut, par rapport à l’un d'eux, e:t égale à la seconde. Le lieu de ces points est une ellipse homofocale ce la première et saperposabie à la seconde. — M. de Caligny a communiqué également dans cette séance ses conclusions sur ses expériences relatives aux écluses de na- vigation, mentionnées dans la séance du 7 novembre dernier. 1! a communiqué encore quelques observations générales sur la transformation des pompes et des machiies élévatoires en moteurs hydrauliques, notamment sur les roucs à colonne d’eau. Il a déjà réduit à six le nombre des périodes de son appareil qui vide une écluse de navigation en relevant une partie de l’eau au Fief supérieur, quoique le tuyau de conduite n’ait qu'un mètre de diamètre intérieur, et que la section de l’écluse soit à peu près égale à celle des écluses du caral du Centre. il ne doute pas qu’on ne puisse réduire encore le nombre de ces périodes, même sans rien changer à l'appareil existant, d'autant plus que le verse- ment par deux tuyaux verticaux, un peu au-dessus du bief supé- rieur, permet au bcscin, pour des vitesses assez grandes, de faciliter le Gégorgement qui occasionnait, quand il n’y avait qu'un seul de ces tubes, un gonflement supérieur plus élevé, nécessaire pour engendrer des vitesses de sortie capables de cébiter toute l'eau relevée. L'auteur remarque d’ailleurs, en comparant ses nouvelles expériences à celles qu'ilavait faites un peu moins en grand en 4851, que l'augmenta‘ion de longueur du tuyau ce conduite permet de diminuer, comme la théorie le lui indiquait, et comme il l’avait déjà vérifié en petit, le nombre des périodes de l’appareil. I en conclut qu'il doit être facile, avec un tuyau de conduite en maçonnerie Celongueuret de section conventbles, de faire l’optration totale de la vitange enune seule période. Or, quand même il en faudrait Ceux ou trois, eu même plus, il n’y aurait point à s’embarrasser de la marche automatique de l’ap- pareil; car l’éclusier n’aurait pas plus de peine à le faire fonc- tionner, le nombre de périodes étant très-petit, qu’à ouvrir et fermer les ventelles de portes d’écluses en usage. On pourrait x ême supprimer ces ventiIles, dont}es inconvénients sont très- connus. Il est d’ailleurs à remarquer que les dispcsitions qui : auraient été nécescaires pour la marche automatique peuvent ôtre supprimées; cela permet de diminuer les efforts de l’éclu- sier pour la mise en marche de l'appareil. Les mêmes remarques sont applicables, dit-il, aux cas où l'ap- pareil est employé à remplir l’écluse, en tirant une partie de l’eau Cu bief inférieur. Il résulte en effet des expériences com- muniquées à la Société en 1847, et qui ont été l'objet d’un raç- port favorable de M. Belanger au conseil £énéral des Ponts et Chaussées, que lorsque eette opération se faisait, dans un petit mocèle non automatique, l'effet utile ne différait pas assez de ce- lui de l’opération de vidange pour qu’on ne soit point aujourd’hui parfaitement éclairé sur ce qui a lieu cans ce cas. Il n y a donc pas non plus à se préoccuper de la marche automatique pour le remplissage. On peut d’ailleurs évaser l'extrémité du tuyau de conduite qui débouche dans l’écluse, de manière à avoir encore moins à se préoccuper Ces vitesses de ce côté. Il est utile de sa- voir qu’on peut faciliter la première mise en train, aussi pour l'époque du remplissage, en modifiant des détails qui avaient été rendus nécessaires pour l’élude de la marche automatique. M. de Caligny regarde donc la question comme complétement approfondie. Après avoir retourné la question de diverses ma- nières et varié les manœuvres, il en revient à peu près, en définitive, aux premières idées sur ce sujet qu'il avait commu- niquées à la Scciété en 1844, époque à laquelle il regardait comme possible de vider une écluse par une scule cscillation, ct de la remplir aussi par une seule oscillation, ce qui, dans Ja réalisation en grand, j’avait ensuite effrayé à tort. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer, quand même il y aurait plusieurs oscillations, pourvu qu’elles fussent assez peu — 120 — nombreuses, comme on j'a dit ci-dessus, qu’il n’y aurait plus à craindre, comme dans ses premiers essais, qu’on laissât dans lécluse une masse d’eau non utiisée, qu'il faudrait ensuite laisser écouler comme on pourrait, par le tuyau resté ouvert ou par d’autres moyens, parce que les choses pourraient être disposées de manière que la dernière oscillation de vi- dange mettant l’écluse au niveau du bief d’aval, ce qui resterait d’eau dans cette éeluse au-dessus du niveau de ce bief agirait jusqu’à la dernière limite d’une manière utile. Gn peut faire une remarque analogue pour l’époque du remplissage, c’est-à- dire que e les choses peuvent être disposées de manière à éviter d’avoir à achever de remplir l’écluse, quand l'appareil ne pour- rait plus fonctionner d'une manière utile, s’il y avait beaucoup de périodes. L'auteur rappelle que, dans la séance du 28 février 1844, il s’est appuyé sur une remarque de M. Guenyveau, relative à la ma- nière de transformer une pompe en un récepteur hydraulique. On n’a peut-être pas observe, dit-il, que cette remarque, qu'il croyait présentée d’une manière plus générale par M. Gueny- veau, pourrait être beaucoup plus utile étant généralisée et qu'au besoin,avee quelques modifications dontildonneun exemple dans la séance dont ils’agit, on pouvait transformer en récepteurs hydrauliques un nombre considérable d'appareils élévatoires. Par exemple, dit-il, il est facile de transformer des pom- pes rotatives en roues hydrauliques mues par une chute d’eau, en changeant le sens du mouvement. On pourrait les appeler roues à colonne d’eau. Ces roues seraient susceptibles d’être disposées dans des plans très-différents, selon les besoins de la pratique. M. de Caligny a hésité avant de communiquer cette idée dont l’extrême simplicité lui fait penser qu’elle n’est peut-être pas nouveile. Mais il avait eu la même hésitation pour la turbine à lames liquides oscillantes, qu’il à communi- qué dans la séance du 20 novembre dernier. Gr, depuis cette époque, il a consulté sur ce sujet M. Ie général Poncelet lui- même, qui n’a pas connaissance que personne en ait encore fait la proposition formeile. FIN DU VOLUME DE 1863. Paris. — Imprimerie L. GUÉRIN, ruc du Petit-Carrcau, 26. U63a v as f Fa js LUTTE 088 01526 6729