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SOClfiTfi

PHILOMATIOUE DE PARIS.

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ANNlilE 48.18.

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EXTRAIT DE L'lNSTITUT,

- JOUBNAL I'NITEKSEI. DES SCIENCES ET DEB SOCIKTBS SAVANTBS EN FRANCE ET A l'i^RANGER.

1" Section. Sciencesmath6niatiques,phjsiques etnaturelles. Boulevard Poissonniere, 24, S Paris.

SOCIfiTfi

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

EXTRAITS DES PROCis-VERBAUX DES silANGES

PENDANT l'aNNEE 1848.

PARIS ,

IMPRIMERIE DE COSSON,

RUE DC FOUR-SAINT'GERUAIM, 47.

1848.

S> Jt) jl&.

EXTRAIT DE L'INSTITUT,

JOrHNAL VNITEBSEL DES SCIENCES ET DE8 SOCIETiS 8ATANTBS EN FRANCE ET A l'^HANOER.

SOClfiTfi

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

EXTRAITS DES PROCts-VERBAUX DES silANGES

PENDANT l'aNNEE 1848.

PARIS ,

IMPRIMERIE DE COSSON,

RUB DU FOUR-SAINT- GERMAIN, 47.

1848.

SOCIETY

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

SEANCES DE 1848.

' Seance du 15 Janvier 1848.

Anatomik. M.Ch. Robin lituo second memoire et pr6sente !es planches relatives a la structure des ganglions du systeme nerveux peripherique. Voici le resume que M. Robin donne lui-meme de son travail.

« Deja dans mon premier memoire(l3 fev.l847),j'avais dit que, dans toutes ies classes des Vertebres, la structure des gan- glions etait la meme que chez Ies Poissons, Ies faits que je viens d'enoncer achevent de le prouver.

» Chez Ies Reptiles (Grenouilles, Triton), Ies Oiseaux (Coq, Pigeon, Lams) et Ies Mammiferes (Homme, Boeuf, Cliat j Lapin), comme chez Ies Poissons, Ies globules ganglionnaires ne sont pas de petits centres nerveux ; mais a celui de leurs p6- les tourne vers le cerveau ou la raoclle arrive un tube nerveux qui communique avec la cavite du globule. Du p61e oppose part un tube qui se rend dans Ies organes peripheriques.

» 3" Cheztous ces aniraaux on distingue deux ordresde glo- bules, qui correspondent chacun a une espece particuliere de tu- bes nerveux. Les uns sont plus volumineiix, spheriques (ovoides chez les Oiseaux) et sont en relation avec les tubes larges ou sen- sitifs. Les autres, du tiers ou de moitie plus petite j generale-

6

ment ovoides (quelquefois spheriques), sonl en relation avec les tubes minces on sympathiques.

» 4' Ces deruiers giobulos on petits globules sontmoins nona- brcux dans les ganglions cerehraux et raehldiens que dans ceux du grand sympathique, oil ilspredominentde beaucoup.

» 5" Chez tons les Vertebres le contenu des globules ganglion- naires est different du contenu dcs tubes nerveux; il est forme d'une masse homogeoe,finementgranuleuse, contenant dans son centre ou h peu pres une cellule transparcnte, pkine d'un li- quide limpide , legerement jaunatre. Cette cellule est pourvue d'un nucleolegraisseux. Cette masse granuleuseest assez dense, et souvent, pendant la preparation, I'enveloppe du globule etant dechiree , celle-la s'echappe en conservant la forme qu'avait le globule.

» La parol des globules varie d'epaisseur suivant les clas- ses animales et suivant les especes de globules ; elle est toujours plus epaisse dans les grands globules que dans les petits. Elle est parsemee de noyaux ovoides ou polygonaux allonges, qu'on rend tres apparents par I'emploi de I'acide acetique. Les Repti- les sont, de tous,ceux chez lesquels les parois sont les plus min- ces , et les noyaux manquent presque toujours ou sont tres peu nombreux. Les Plagiostomes sont les seuls Vertebres chez lesquels la paroi des globules soit tapissee de cellules k surface interne.

»7" L'adhcrencedes globules lesunsaux autrcs, par I'interme- diaire d'un tissu cellulaire tres serre, rend la preparation dts globules plus difficile dans les Mammiferes, les Oiseaux et les Reptiles que chez les Poissoiis, surtout quo chez les Plagiosto- mes. Ordinairement les tubes se cassenta leur point d'uniou avec les globules mous, on apercoit presque toujours a leurs deux p6les opposes les traces de la rupture des tubes nerveux. Toutefois ces traces de rupture ne se voient pas chez les Reptiles parce que I'enveloppe des globules est tres mince et n'est pas parcourue par des fibres, comme chez les autres animaux ; elle est plus homogene , et n'a pas I'aspect fibreux.

» Les petits globules sont toujours reunis en groupes serres et DOQ melanges avec les gros globules, ou globules dee tubes de

la vie animale, lesquels forment aussi des groupes, raais moins serresque les precedents.

>' De tousles Vertebras , les Oiseaux soiit ceux donl les globules ganglionnaires sent les plus petits.

» L'analyse des nombreux travaux publics sur ce sujet dej^ depuis longtemps, et dans ces derniers temps (R. Wagner, Bid- der, Vokmann, etc.), sera publiee prochainement avec le me- moire entier, et d'autres recherches sur les globules ganglion- naires des lusectes et des Crqstaces. »

Arithmetiqup. M. Serret fait la comraunicalioi^ suivante :

1* Si I'on developpe en fraction continue laracine carreed'un

nombre entier A, et i x„ et a\„ designent les deux fractions cou-

vergcntes qui corres;;o::dent respectivement au dernier quotient

dans les periodes de rangs n et 2k, on a la relation tressinaple

A a?„-|

*^««— '_

Si I'on applique la methode d'approximaiion de Newton h

la recherche de p^A, et que Ton preuneo?,. pour premiere valeur approchee, la methode de Newton fournit aCjnpour secondc va- leur de J/aT

I II ya d'autres cas encore, oil, en partant d'une fraclion convergente, la methode de Newton fournit une seconde frac- lion convergente.Cela arrive en particulicr pour le nombre 39 ; en prenant une fraction convcrgeiiti; [)our premiere approxima- tion, la jmethode^de Newton en fournit toujours une seconde.

Generalement si— est une fraction convergente vers^^A, et si

le quotient de // kq^ par le plus grand commun diviseur dc if A9- et de 'iTp est moindre que ^^A^on obtiendra une seconde fraction convergente en appliquant la methode de Newton a la premiere.

M. Serret annonce aussi qu'en executant sur la sphere dis constructions analogues a celles qui lui ont fourni les courbcs elliptiquesde premiere classe, sur le plan,onobtieatdescourbes

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elliptiques spheriques, dont les arcs representent exactement lesfonctions elliptiques de la premiere espece.

Le merae raerabre, en faisant hommage a la Societe, au nom de I'auteur, d'un exemplaire de la premiere lecou d'ua cours de cinematique, professe a 1' Association polyleclinique, par M. Charles Laboulaye, aucieii elevede I'Eeole poiyte^hni- que, presente quelques considerations sur la haute importance de renseignement de cette partie de la mecanique appliquee.

Hydraulique. M. de Caligny comraunique4es observations qu'ii afaites sur les tourbillous de I'eau dans le Loiret, en aval d'un retrecissement.

Jai communique, dit-il, eu 1845, des experiences que j'ai faites a rembouchure d'un canal factice, dans ua reservoir d'a- val. J'ai montre qu'il y avail des circonstances pour lesquelles un 6vasement donnait lieu a un relrecissemejit^ a cause de la maniere dont se comportaieut les tourbillons lateraiix. L'obser- vation dont il s'agit aujourd'hui confirme cette remarque pour des vitesses beaucoup plus grandes et de beaucoup plus grandes masses d'eau. Le retrecissement etait asscz graduel en amout pour que les filets liquides dussent etre paralieles a la direction du courant principal. Mais les tourbillons lateraux qui faisaieut remonter les corps flottants et les corps plonges en sens contraire du courant occasionnaient une deviation tres sensible dans la direction des filets lateraux, d'ou il r6,-.ultait un second retre- cissement.

II y a lieu de penser, d'apres ces observations, qu'il doit y avoir quelque erreur dans la maniere dont on estime la perte de force vive aux evasements dans les tuyaux de conduitc, quaud la dilatation est /e/aai'emsH^ plus giande que ne Tindique en appa- rence la difference des sections des tuyaux. Les tourbillons ten- dent, iiest vrai, icommuniquer lateralement de la vitesse dans !e sens du raouveraent de sortie de la veine liquide, mais la force vivequ'ils peuvent restituer ainsi aete d'abord empruulee k la veiue liquide elle-meme.

Seance du 22 Janvier 1848,

M. de Caligny a communique I'aTinee derniere a la Societe une roue verticale a aubes courbes, lecevant I'eau do haul en

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has. II fait observer aujourd'liui que, du moins pour les dia- metres d'une grandeur suffisante, la theorie de cette roue dif- f^re tres pen de celle des roues d'^Euler et de Borda, meme quand le liquide entre lat^ralcmcnt, aulieu d'entrer a I'interieur d'uue mauiere analogue a ce qui se presente dans la roue k au- gets de Thiville. On pent tenir compte de la force centrifuge provcnant du mouveinent de la roue, d'une mauiere parfaite- ment analogue a celle dont Euler en tient compte dans la theorie de sa roue horizontalc, rcproduite par Navier. II y a, il est vrai, une difficult^ de plus relativement iVIa sortie de I'eau, si Ton tient compte du mouvement d'cntrainement desaubes courbes. Mais on sait que, pour les roues d'uu assez grand diametre, on ne tient pas compte de cette circonstance dans la theorie des roues verticales a aubes courbes de M. Poncelet.

II y a, au reste, plusieurs raisons pour lesquelles la nouvelle roue vertieale h aubes courbes versant I'eau a sa partie infe- rieure, et la recevautsoif a rmlcrieur^ soil latcralevient, ue sera peut-etre applicable que dans des circonstances particulieres. Maisil est facile de voir que, pour les chutes d'eau pen varia- bles, le liquide pouvant sortir sans que le has de la roue soit plonge, ou n'aura point a .s'embarrasser du degagement de I'air entre les aubes, d'une raaniere bieu serieuse. Alors la theorie est plus simple que celle de la roue vertieale a aubes courbes de M. Poncelet; elle differe en general assez peu de celle de la roue d'Euler pour que Ton puisse se former d priori une idee du rendement et de la vitesse de rotation.

Chimie. M. Ch. Deville communique les resultats suivants de ses experiences sur lesoufre.

Le soufre moii rouge, refoudu et soumis ix une crislallisa- tion rajy'ide, donne des aiguilles prismatiques plus ou moins colorees en rouge, et cette coloration est tres persistante.

Si ou laisse evaporer spontaueincnt une dissolution deces- aiguilles rouges, ou de soufre mou ordinaire, dans le sulfure de carbone, on obticnt des octaedres, des prismes obliques, et eufm une ceinture mamelonnee rougeatre, qui ne presente pas de for- mes geomelriques, et qui parait etre le soufre vesiculaire; ce qui constituerait trois etats distincts de ce corps simple en relation avec des quantites diflerentes de chaleur lateute, et dont le pre- EslraitUc Umtimt, l'« section, 1848, 2

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mier seul (le soufre octa^drique) presente ua etat d equilibre stable a la temperature ordinaire.

Le depot, dans la meme dissolution, des deux formes in- compatibles <lu soufre (octaedre a base rhombe, prisme rhom- boidai oblique), obienu dc son c6tc et srgnale tout receniment parM. L. Pasteur, est lie a la presence, dans eel te dissolution, dedeux ctats distincts du soufre, et n'infirmo en rien, par con- sequent, la loi du dimorphisme de M. Mitscherlicb.

4" Ces divers soufres parai^sentsaturer dc la meme maniere le sulfure de carbone, qui en dissout, h 12'^, le tiers de son poids.

Les soufres octaedriques,' naturels ou artificiels, se dis- solvent sans aucun residu ; les soufres prismatiqueslaissent un residuinsignifiaut, qui provient de la pelliculesuperflcielle : les soufres trempes, comme les soufres en fleurs et les soufres raous, laissent, au contraire, un residu insoluble tres notable, qui va- rie de un k trois dixiemes deleurpoids.

Gt!:ometrie. M. Olivier communique la note suivante :

I. Etant donne, sur un plan P,trois points, ^, a, 6, si Ton con- struitune sphere du rayon Rtangente en /"au plan P, etsi roncon- sidere les points a et b comme les sommets de deux cones tangents a la sphere R, ces deux c6aes se couperont suivantdeux cuurbes planes qui se croiseront au point/. En menant un plan tangent h la sphere R et parallelcment au plan P, ce plan tangent cou- pera les deux coniques intersection des deux cones en quatre points. Chacundeces quatre points pourra etre considere comme le soramet d'un cone tangent a la sphere R, et qui sera coupe par ie plan Psuivant une paraboleayaut le point/pour foyer et passant par les deux points a et b. Le probleme a done quatre solutions.

IL Si Ton a une sphere et trois points dans I'espace, ces irois points n'etant point en ligae droite, chacun d'eux pourra etre considere comme lesommetd'uu cone tangent a la sphere. Ces trois cones s'entrecouperont en general en huit points. Mais si les trois sommets sont sur le plau tangent a la sphere donnee et en un point /, les trois c6aes s'entrecouperont en cinq points dont I'un sera le point/. Deslors, si Ton donne sur un planP quatre points f, «, b, c, et si Ton construit une sphere du

4!

rayon R, tangente en / au plan P, les trois cdnes tangents a la sphere R, et ayant respectivement pour sommets les points fl, b, c, s'entrecouperont en cinq points, dont I'un sera le point y. Designant par a:^ les cfuatre autres points, chacun de ecs quatre points x sera le sommet d'un cone, qui , tangent a la sphere R, sera coupe par le plan P suivant une conique ayant le point f pour foyer et passant par les trois points a, b, c. Le probleme a dune en general quatre solutions.

III. Soit donne uii point f et uii certain nombre de droites dans I'espacc, on propose de construire une conique ayant le point f pour fuyt r ct s'appuyant sur les droites donuees. Si Ton donne ttois droites A, B, C, on menera par le point f iu\ plan P pris pour plan d'origine. Ce plan coupera les droites A, B, C en les points a, /;, c. On construira la sphere R et Ton aura quatre points a; sommets des cones resolvant le problemo. Dans le plan P et par le point /on menera une droite F consideree comme origine. En faisant tourncr le plan P autour de F, on obtiendra di verses positions P'. ...; pour chaque position P' on aura quatre points x' analogues aux points x.Le plan P, en tour-

nant autour de F, determinera quatre courbes C decrites

par chacun des quatre points x. En faisant faire au plan P une derai-revolution autour de la droite F, ce plan aura successive- ment passe par les divers points des droites A, B, C. Designons par y le point oppose a x apres une demi-revoiution, nous au- rons un arc C partant de x pour arriver a y. Cela fait, tracons sur le plan P une droite F' passant par Ic point /", et faisant avec la droite F un angle p, nous pourrons faire lourner le plan P autour de F', et nous obtiendrons une courbe C par- tant du'point X pour arriver au point y , et en tracant une suite de droites F' dans le planP,ou en faisant tourner la droite F au- tour du point f, et cela de deux angles droits, nous aurons at- taque les trois droites A, B, G eu toutes ies directions possibles. Nous aurons done, en partant du point x pour arriver au point y, une suite de couibes C, formant une zone, ou fuseau, ou nappe de surface. II en sera de raeme pour chacun des quatre points X. Nous aurons done quatre faisceaux ou nappes de qua- tre surfaces V, et chacun des points des quatre fuseaux ou sur- face V sera le sommet d'une certaine surface conique de revolu-

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tion, resolvant !e probl^rae. Ainsi, avectrois droites on a une in- finite de solutions, dontle lieu estquatre surfaces V.

IV. Donnaat un point /"etquatre droites A, B, C, D, en pre- nant les trois droites A, B, C, nous aurous quatre surfaces V ; enprenant les trois droites B, G, D, nous aurons quatre surfa- ces U. Les surfaces V et U s'entrecouperont suivant des courbes I. Le probleme aura done encore une infinite de solutions dont le lieu sera les courbes I.

v. Donnons un point / et cinq droites A, B, C, D, E, nous obtiendroDS trois groupps de surfaces V, U, T, qui s'entrecou- peront suivant un nombre limite de points.

VI. Le probleme propose exigedonc cinq droites. Ainsi etant donne un point /"et cinq droites A, B, C, D, E, situeesd'un?ma- nierearbitraire dans I'eSpace, on pent en general deterrain r un certain nombre de coniques ayant le point /pour foyer ct mmun et s'appuyant sur les cinq droites dounees.

VII. Lorsque Ton etablira d'avanee que la conique doit 6t' e une parabole, qualre droiles A, B, C, D, suffiront pour que le probleme ait un nombre limite de solutions.

VIII. Passant du probleme georaetrique au probleme astro- nomique.on voit de suite, que si Ton impose la condition de n'employer pour la determination de I'orbited'un astre que des observations, it faudra qualre observations ou quatre droites A, B, C, D, pour construire graphiquement les paraboles qui peu- vent etre I'orbite' d'line comete, et une cinquieme observation permettra de choisir entre les coniques paraboliques celle qui appartient a I'astre observe ; que si i'on cberche une coni- que quelle qu'elle soit , il faudra cinq observations , ou cinq droites A, B, C, D, E, pour construire graphiquement les coni- ques qui peuventetre I'orbite de Tastre observe, et une sixieme observation permettra de choisir entre les diverses coniques celle qui est I'orbite parcourue par I'astre observe.

Seance du 5 fevrier 1848,

Abithmetique. M. Serret, a I'oceasion d'une communica- tion recente de M. Hermite, sur un theoreme de latheoriedes nombres, communique les resultats suivants :

1* Si 1 est residu quadratique ;par rapport a p, et si q* zz

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i— 1 (mod. p), </ etant pris ^p, en developpant - en fraction

continue, on obtiendra une suite de quotients dont ies terraes egalement distants des, extremes sont egaux, pourvu que I'on s'arrange de raauiere que le nombre de ces quotients soit pair.

II resulte de ce principe que tout nombre premier 4 n -j- 1, ou plus generalement tout nombre qui divise une. somme de deux carr^s est Jui-meme une somme dedeux carres.

Seance du 12 fcvricr 18/i8,

Theobie des nombres. La note de M. Serret, communiquee dans la seance precedente, faisait allusion a une note non inseree de M. Hermite, contenantune demonstration elementaire de ce tbeorenie, que tout nombre premier /j de la forme 4n-\-i, est de- composable en deux carres. Voici cette demonstration : Soit a un nombre entier tel que

(1) a^-{-i—M.p

a M etant aussi entier , developpez la fraction en fraction

P

continue, jusqu'a ce que vous obteniez deux reduJtes consecu-

tives , - ou.n soit <A/p, et n plus grand que cette limite, n n

on aura :

I etant <^ l , done

et :

ft m 6

p n nn'

P

na—mpzze. -r n

{na—mpY=-^<^

d'ailleurs , on a aussi :

done en ajoutant :

{na mp)^r|-«^<^2/) mais d'apres la condition (l) le premier raembre est toujours un multiple entier de /j, on ne pent done qu'avoir : {na—nip)--{-n-zzp

u

ce qui donne la demonstration du theoreme enonce. Quant a la valeur de a,on peut prendre, d'apres une remarque de Lagrange

p—1

ttZ=.t.2.Z...- .

2

Le theoreme do Wilson, donne en effet :

l.2.3...(p— ij-flmM.;?.

Or, aux multiples de p pres on a :

p 1

p_,.p_S....^,;_iLJ^=:(_l) ' 1.2.3.

p-1

On

en conclut done :

P-i

2

(-

-I)

Et

par suite :

(-

si, commeon le suppose, p=r4jj-j-l.

PflvsiOLOGiE. Constitution phijsiologique de I'lmne et de la bile. M. CI. Bernard communique la note suivante :

« On sait combien les analyses d'urine ou de bile sont diffe- rentes les uncs dts autres, bien qu'clles aient ete donnees par des chimistes du plus haul merite. Je crois que toutcs ces dis- cordances viennent de ce qu'on a neglige d'examiner les condi- tions physiologiques dans lesquelles etaicnt places les animaux* et j'espere que les faits qui vont suivre prouveront clnirement ce que j'avauce.

>' Dans un travail prescnte a rAcademic des sciences de Paris (seance du 26 mars I84{i), j'ni deja monlre ijue toutes les va- rietes d'urine si nombreuses cliez I'Homme et les animaux a letat pbj'siologiquc, dependaitnt exeliiHiveraent de la nourri- ture. Le premier, j'ai eiabli qu'en dehors de ralimentalion , c'esl-a-diredurant I'abstinunce, I'urine offiait les memes carac- teres chez tons les animaux , et que, dans ces conditions , les urines de Ghieo , de Clieval, de Lapin, d'Horame, etc., etaient toutes acides, linipides el dUine couieur jaune ainbree. Depuis, j'ai vu que cette identite se verifiait egaleraent pour la compo-

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sition chimique de I'unae chez ces in^mes aaimaux d'espece differente , mais qui se trouvaient places dans une condition physioiogique semblabie. Chez ies Herbivores, j'ai vu que les carbonates et I'acide hippurique disparaissaient del'uriiio sous I'influence de I'abslineiice, et qu'alors i'uree se montraiten tres forte proportion. Cliez les Carnivores , I'acidc urique disparalt egalement dans Tabslineace , et I'uree seule pursisto en tres grande quantite. On voit de cette maniere que tous les auimaux prives d'alimentset vivant de leur propre substance deviennent Carnivores. L'uree est alors le seul principc de Purine qui cor- responde a cette nourriture que j'appellerai normale, parce que I'urine qui en resulte doit, snivant nooi , servir de type et de point de depart a toutes les recherches qu'on fera dans le hut de comprendre les variations que peut offrir i'excretion iirinaire sous I'influence de la digestion.

» La bile, malgre la divergence (Jcs chiinistes sur sa compo- sition, parait devoir etrc ramenee, ainsi que I'urine, a une con- stitulii>n primitive constante. En effet,c8serait une grandt- er- reur de croire , comme cela est generalement admis, que la bile est toujours aicaline. La verite est que le fluide biliaire, comme I'urine, varie de reaction suivant le genre de nourriture , qu'elle est aicaline chez les Hti'bivores et acide chez les Carni- vores. De nieme aussi , chez ces divers animaux, a I'abstinence complete d'alimeuts, la bile prend une reaction acide tres mani- feste. Jusqu'a present je n'ai encore repele mes experiences que ' sur les Chiens, le Boeuf et les Lapius. Chez cos derniers ani- raaux en particulier, la bile, habituellement alcah'ne, devient acide quand on les soumet h une abstinence de 36 a 48 hiures, et des qu'on les uourrit avec des substances herbacees, elle re- prend une reaction tres neltemeut aicaline. Jenedoute pas que cette variation de reaction doive entrainer avec elle une diffe- rence dans la constitution chimique de la bile. Pour aujourd'hui je signale seulement ce que j'ai observe, c'est-a-dire la variation de reaction de ce fluide suivant I'elat d'abstinenco ou d'alimen- tation differente.

» Les conclusions des f lits que j'ai cites sont faciles h deduire. II est evident, en effet, que, dans I'analyse de ces liquidcs ani- maux, la question physiologique doit dorainer la question chi-

4G

mique.Et si Ton ne tiont pas compte del'etat physiologique dans lequel se trouvent les animaux sur lesquels on experimente, il devient impossible d'appliquer avec fruit les analyses si discor- dantes des chimistes a I'etude des piienora^nes vitaux.

M. Pappenheim ajoute h la communication de M. Bernard, que les changeracnts dans la nature de la reaction lui paraissent- tenir a la nature des membranes muqueuses de la vcssie biliaire et des conduits hepatiques, selon que ces membranes sont pourvues ou depourvues de giandcs, de sorte que oe pheno- mfene, appartenant a la nature des glandes, rentrerait dans I'or- dre des observations faites sur d'autres glandes, dont la secre- tion cbange, taut6t dans la nature alcaline, tant6t dans la nature acide.

Chimie, M. P. Thenard communique la note suivante sur le phosphurede chaux.

« Mes nouvelles recherches sur les combinaisons de I'ethyle avec les phosphures d'hydrogene m'ont fait penserqu'il y au- rait quolques modificalions a apporter daus Its formules des composes homologues du nietbyie et par consequent peut etre dans mes travaux sur les phosphures d'hydrogene et sur le phosphure de chaox , qui est la base de tous les composes que j'ai fait connaitre.

» Au commencement de mes recherches j'avais fait passer du phosphore sur un poids connu de chaux, etc. Depuis , j'ai repet^ la meme experience, seulement j'ai prisun poids quelconquede chaux et je I'ai soumis plusieurs fois a Taction du phosphore en vapeur, aiusi j'ai obteuu le phosphure de chaux que j'ai analyse. C'est ainsi qu'au lieu de PCaO" j'ai trouve que le phosphure de chaux pouvail se saturer d'une plus grande quantite de phos- phore et aller jusqu'a contenir P'^CaO''.

» Si cette nouvelle maniere de voir se confirmait, la formula du phosphure de chaux serai t

P052CaO-}-P3Ca5

» Du reste, je dois elendre ces nouvelles recherches, qui sont des plus delicates, et j'aurai I'honneur, dans une proehaioe seance, de communiquer mes nouveaux resultnts a la Societe. »

BoxANiQUE. M. Duchartre communique quelques-uns des

17

resultats auxquels I'oat d^ja conduit ses recherches sui' les em« bryons vegetaux regardes et decrits par ia plupartdcs botanistes comme polycotyledones. Ses observations iui paraissent demoa- trer, au moiiis pour les plantes qui font I'objet de sa communi- cation,que ees embryons n'ont que deux cotyledons, seuiement divises profoudement en deux lobes ou bipartis.

Le premier des embryons dont il s'occupe est celui du Ma- cleya cordata [Bocconiacordata ^ "Willd.), plante de la fnmille des Papaveracees. Get embryon a ele deciit comme possedant tantot trois cotyledons egaux , tantot deux ou quatre cotyledons inegaux. (Voyez Endlic, Gen.^ u" 4817). Or, en examinant un grand norabre d'embryons de cette espece , a I'etat adulte et frais, M. Ducbartreen a observe'plusieurs dans les((U('ls il exis- tait deux cotyledons egaux et entiers ; d'autres dans lesquels Tun des cotyledons restant entier, le second raontrait, soit une echancrure legere et fortement dessin^e, soit une scissure de profondeur variable, ou meme presque totale. Dans ce dernier cas, les deux lobes du cotyledon biparti auraient pu facilement 6tre pris pour deux cotyledons distincts, si Ton n'avait examine ce tres petit embryon sous un grossissement assez fort et avee une attention sciupuleuse.

Le second embryon dont s'occupe I'auteur appartient au Schizopclalon Walkeri, de la famille des Cruciferes. Pour ce- lui-ci, i'opinionqui Iui attribue quatre cotyledons egaux et ver- ticilles est appuyee sur I'autorite d'un grand nom. En effet, elle a ete professee par M. Rob. Brown {Bolnn. Regis,, tab. 752). L'iliustre botaniste anglais paralt avoir ct^ conduit a cette ma- niere de voir par I'examen de la graine. C'est aussi en etudiant cette meme parlie que M. Hooker a cru reconnaltre dans ce meme embryon, uonpas quatre cotyledons distincts et separes mais seulemeDt deux cotyledons profondement bipartis. Mais I'examen de la graine seule ne pouvait suffire pour prouver ri- goureuseraent I'exactitude de I'une ou I'autre de ces opinions contradictoires. C'est ce qu'a tres bien senti M. M. Barneoud, qui, des-lors, a cru devoir chercher, dans i'histoire de la forma- tion et du developpement de cet embryon les bases d'une de- monstration plus positive. Ses observations ont ete publiees dans les Annates des sciences nalurelles (3' serie. ; Botan.; fevr. 1846 Extrait de I'lnUitut, V* section, 1848. 3

♦8

pag. 77-83 ; plan III). Elles I'ont conduit ^ adracttre dans i'em- bryou du Scluzopetalon Wallieri « quatre cotyledons tresegaux, » et preuant tons leur origine sur le mcme plan. » Or, selon M. Duehartre, \eSchizopelalon Walkeri n'a que deux cotyledons profondemeut bipartis, et non quatre tresegaux. Celaresulte :

De {'observation erabryogenique. Des ['instant oil I'em- bryon, encore a pen pr6s globuleux, commence a ebaucher ses cotyledons , ceux-ci se prescutent sous la forme de deux petits mamelons , et non de quatre. Si Ton admet que I'observation de mameious si peu prononces et ['extreme petitesse des parties puissent laisser des doutes, on verra cette difficult^ disparaltre tout a fait un peu plustard. Eneffet , ['observation montre bien- t6t, en place des mamelons primitifs ,' deux cotyledons s^pares I'uu de I'autre par un espace bu une sorte de siilon assez large , et chacun d'eux simplement echancre au sommet. II resulte de la, sur I'embryon regarde de prolil et successivement dans deux positions perpendiculaires I'une a I'autre, I'appareuce de deux sillonsdeprofondeur Ires notabiemenl inegale el dont I'inegalite est parfaitement demonstrative. Ce meme embryon, regarde en desius, ou par le sommet des cotyledons, acheve la demonstra- tion, en montrant ses quatre mamelons cotyledonaires disposes nettcment en deux paires bien distiiictes. Plus tard, i'inegalite de profondeur des deux sillons ou fentes intercotyledonaires et. interlobaires, quoique moins frappante par suite du cbangement de proportion des parties, reste toujours appreciable.

De I'examendes faisceaux fibro-vasculaires.En faisantma- cerer des germinations de Schizopetalon, M. Duehartre a obtenu I'isoleraent complet de leurs faisceaux fibro-vasculaires.Or, ces faisceaux se degageaient d'abord au nombrede deux seulement, et chacun d'eux ne tardait pas a se bifurquer, de maniere aen- voyer ses deux moities dans les deux lobes d'un meme cotyledon. Des coupes transversales de jeuues plantes germees depuis peu, permeltaient aussi de reconnaitre cette organisation.

3" De I'examen des germinations. A la germination , le Schi' %opetabn Walkeri pr^sente I'apparence de quatre cotyledons liueaires et allonges ; mais d'abord ces quatre organes foliaces gonl rapproch^s par paires , dont chacune resscmble a deux lo- bes plus ou moins divergents d'un organe unique. De plus, dans

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chacune de ces paires, on reconnait k la base des deux lobes une coDtinuit^ de substance qui n'existe pas d'une paire a I'autre. Cette particularite deviant meme de plus en plus apparente , I'accroissement de ces organes foliaces par leur base ayant pour effetde dessiner davantage ceite sorte de membrane basilaire, qui traduit visiblementa I'exteneur la partition des cotyledons de cette plante.

L'auteur croit que ces divers faits fournissent une demonstra- tion rigoureuse de I'existence de deux cotyledons profondement bipartis chez le Schizopetalon Walkeri. II explique par 1^ lecas observe par M. Barneoud lui-meme, dans lequel «deux des co- » tyledonsjdit ce botaniste,etaientsoudes jusque vers le milieu. » La seule difference qui existait entre ce caset I'etat normal de I'embryon de cette plante consistait en ceque la division de Tun des cotyledons avait ete moins profonde que de coutume.

Theorie desnombres.— M. Wantzel communique quelques recherches sur les diviseurs des nombres de la forme x^ cij^ et de formes plus compliquees. A J'occasion de deux demonstra- tions elementaires , presentees dans les dernieres seances par MM. Hermite et Serret, de ce theoreme connu que tout divlseur premier d'une somme de deux carres est egalement une somme de deux carres, il fait remarquer d'abord que la maniere la plus simple d'^tablir cette proposition parait etre celle qui resulte de I'empioi des nombres entiers complexes, d'apres le beau travail de M. Dirichlet sur ce sujet.

Ce procede a en outre I'avantage de pouvoir se generaliser et s'etendre a beaucoup d'autres formes , comme M. Wantzel I'a d^ja raontre dans des communications faites a I'Academie des sciences et a la Societe philomatique , en fevrier 1846. Par exemple, on pent demontrer que le nombre premier p qui divise x^ c?/^ est de la meme forme , quand c est compris entre 4 et -\- 6. Pour cela 11 faudra considerer les nombres com- plexes, tels que x+y)/c faeteurs du nombre x^ a/ qui est appel^ leurwonne. L'addition et la multiplication s'effectuent fa- cilement sur ces nombres et donnent des resultats de meme for- me. Si I'onveut diviser x-\-y\/c par \i-\-i\/c^ le quotient sera

(A'4-j/i/f)((t— ji/c) , -^ T dout ou peat extraire une partie entiere, 1 au-

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tre partie sera encore de la forme x'-\-rj'\/c\ mais x' et y' y re- prcsenteront des nombres fractionnaires, et son produit parle diviseur donnera le reste entier complexe. II faut tacher de ren- drc la norme de ce reste moindre que celle du diviseur, ou, ce qui est lara^me chose, de rendrc la norme x'- ci/'^de.*;'-)-.'/'|/c moindre que i'unite. On y parviendra en prenant x' et y' moin-

dres que- en valeur absoluepourczz 3, 2, 1,2, 3; dans le

cas de crrS, on choislra x' entre -et 1 ou entre et 1 , ce

' 2 2 '

qui est possible. - ,

D'apres ces principes, si p divise x'^—cy*, on cssayera la divi- sion de p par x-\-yy/c, apres avoir suppi ime dans ^ et i/ le plus grand multiple de p, de sorte que la norme x-—cy'^ soit moindre que p', pour les valeurs de cque nous considerons. On trouvera ainsi p ix~\-y\/c) (r-\-s\/c)zzu-{-li/c ^ et par suite p [x yl/^c) {>■ s\/c):ziu ly/c ; en multipliant par ordre, on recon- uaitra faciiement que /; divise la norme de u-\-i\/c moindre que celle de x-\-ij\/c. La division de p par u-^-iy/c et par les resies suiv. ntsconduira par consequent k uu reste nul, puisque les normes toujours decroissantes sent divisibles par p. Ainsi, une quantile de la forme u-\-l{/c divise p ; done pz=.[u-{-i\/ c) (r-f-«|/t),d'ou/j2=:(a* f<«)(r2— cs^jctparsuiteprrw* c<*,puis* que cette norme est inferieurea/;^. Dailleurs, on ne peut avoir /zro, ni wrrro, a moins que p ne soit egal a (?, ce qui est un cas excoptionnel. II y a eg.ilemcnt exception pour le facteur 2, quand c esi e^al a 3 ou ^ -|- parce qu'on ne peut rendre alors la norme de x-^-ijy'c moindre que 2^. II faut remarquer de plus que p pourrait elre egal a ct'^ u' aussi bien qu'a u^ ci'; mais ces deux formes ne different r^ellement que pour crr3.

Le raeme precede pourra servir a mettre le nombre p sous la forme x^ cy^, lorsqu'il en est susceptible. On salt, en effet, que p doit alors diviser q* c pour une valeur de q inferieure a

P

; la division de p par q-\-[/c conduira trte rapideraent au

nombre complexe x-\-y\/c dont la norme est p. Si Ton substi- tuait a ;) dans les operations indiqueesprecederameut un nombre

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complexe p-\-(il/c premier, c'est-^-dire tel qu'il ne put etre divisible par aucun autre de norme plus petite et differente de I'unite, on arrivera necessairement a un reste dont la norme sera egale a + * i puisqu'on ne peut trouver un reste nul ; alors on demonlrera,commeen arithmetique,que lout nom Ore premier complexe ne peut diviscr mi produit snns diviser run des facleurs, el ,par suite,qn'unnombre complexe n'esl decomposable que d'une maniere enfacleurs premiers.

Toutes ces propositions s'appliqueront h beaucoup d'autres nombrcs complexes provenant des racines d'une equation du second degre et meme de degres sup^rieurs. Soient r, et r^^Ies racines de I'equation r^-\-ar-\-bz:zo : on considerera alors les nombres complexes de la forme x r^y ou x rjj dont la norme sera. x^-\-axij-\-bij^. La division de p par x r,y servira k d^- montrer de la meme maniere que ce nombre ne peut diviser une norme sans etre de meme forme, pourvu que Ton puisse obtenir des restes k normes decroissantes, ou, ce qui revient au meme , si I'on peut re ndre la norme de x' r,?/' moindre que 1 , en pre- nant les nombres fractionnairesas' et y' dans I'intervalle d'une unite. Cette methode reussit pour lis formes a;2_)_xy-|-2f/2, .x*-)-x!/-|-3/^, x'^-\-xy 3j^, x^-\-xy--4y'^ quicomprennent,res- pectivement, lesfQvmesx^-{-l7j'^,x^-\-liy^, x^—lZy^,x^ 17f/2, comme on le reconnait facilement en rempiacant y par 2y. Comrae d'ailleurs les trois formes x'^-\-7y-,x'' IZy^^x"^ 17jy* renferment egalement les precedentes quand elles representent des nombres impairs, il en resulte que leurs diviseurs premiers sont de meme forme. On peut d^montrer egalement ce theoreme pour les formes x^ —Gy'^etx^ 7y*, a I'aide de quelques artifices.

Les nombres complexes provenant d'une equation du 3* de- gre renfermeront trois indeterminees ; car les nombres de la forme oj rij/ ne se reproduiraient pas par la multiplication qui introduit les puissances de r, dont la seconde ne peut s'eliminer. Les nombres qu'il faut prendre sont tels que x r,y-^r,^z, et leur norme sera une fonction homogene du 3<= degre. Si I'on choisit I'equation r^ r IrrO, on trouve pour norme x^ ?/3-f- z^-\-z'y—xy^-\-xz''-\-2x*z-\-Zxyz\et Ton demontre facilement que les conditions ci-dessus enonc^es sont reraplies, de sorte que les diviseurs de cette norme sont de meme forme.

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Si Ton voulait chercher les diviscur3 de x^-\-2y^ , on verrait ^galement qu'ilsappartiennent^ uue formeatrois variables plus

3

gendrale x3-\-2i/-\-4z^—6xijz qui est la norme dea;-fjyj/2 -\-

M. Blaachet annoucc qu'il a compost et qu'il se propose de

publier un traite compiet des proprieles elemeutaires des surfa- ces du 2* ordre, sous ce titre : Anahfse geomelriquc des surfaces du deuxieme ordre , pour servir d'introdncuon a I'ctude de la geomelrie superieure.

Apr^s \me introduction sur la sphere et les c6ties, je pars, dit- il, de la definition suivante : Une surface du deuxieme ordre est tine surface qui, coupee par un plan quelconque, donne pour section I'tme des courhcsdu deuxieme degre ou de leursvarieies.

La premiere partie, entiereraent redig^e, contient toutes les proprietes qu'on peut etablir sans la connaissance des axes prin- cipaux ; la deuxieme partie, non redigee en entier,contient la re- cherche des axes et les sections circuiaires ; enfio, I'ouvrage sera termine par quelques problemes sur les surfaces du deuxieme ordre, resolus geom6triquement.

Physique DU globe. M. Bravais communique k la Societe quelques details sur I'aiguille magnetique bifilaire avec laquelle des membres de la commission du nord (MAI. Lilliehoek, Siljes- troem,Lottin et Bravais) ont mesure les variations de I'intensite horizontale a Bossekop , en Laponie.

II indlque les lois de la variation diurne de cet element, soit dans les jonrnees pendant lesquelles la marche des aiguilles est lente et reguliere, soit dans les journees pendant lesquelles cette marche est brusque et irreguliere. En consideraut de preference ces dernieres journees, et comparant les variations simultanees de la d^clinaison et de I'intensite horizontale, M. Bravais fait voir que le p61e nord d'une aiguille aimautde est habituellement tire suivantla direction N. 17° 0. de la boussole, ou suivant la direction inverse S. 17° E. : telle est done la direction predomi- nante des forces perturbatrices pendant les orages maguetiques qui agitent les aiguilles.

La valeur N. 17* 0. represeuteseulementia direction moyenue

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de la force perturbatrice ; cette valeur est susceptible de varier suivant la grandeur absolue des perturbations. Dans le cas ou celles-ci sont faibles, la direction de la force se rapproche beau- coup du N. 28" 0., de la boussoie, et en jetant les yeux sur une carte magnetique, on voit que les choses se passent comme si le foyer de la force troublayite elait sitae Ires pres du pole ma- gnelique boreal. Dans le cas des grandes perturbations , leur direction devient le N. 14° 0., comme si le foyer s'etait rappro- che de Bossekop, en reslant loujours silue sur le meridien magne- tique de la station.

M. Bravais fait remarquer en outre que cette direction de la force perturbatrice coincide a quelques degres pres avec I'azi- mut moyendu point de culmination des arcs de I'aurore boreaie, tels que ces arcs ont ete vus paries observateurs de Bossekop, pendant le raeme hiver (1838 a 1839) ; c'est ce dent on peut s'assurer en recourant aux observations publiees dans le volume « Aurores boreales » de la relation du voyage. Ce rapport entre la direction de I'axe suivant lequel agissent les forces perturba- trices raagnetiques et la direction du sommet des axes, soil qu'on deduise ceile-ci de Tobservatlon , soit qu'on la determine par la supposition que les arcs sout partout perpendiculaires k lameridienne magnetique du lieu, a paru meriter d'etre signaie aux physiciens qui suivent en Europe les variations boraires de la declinaison et de i'iutensite magnetiques , dans des stations moins boreales que celie de Bossekop.

Sdance du 4 mars 1848.

Geologie. M. d'Archiac communique les resultats sommai- res des observations faites par lui sur le terrain quaternaire ou diluvien.

« Le terrain quaternaire ou diluvien., tel que nousl'entendons, coraprend touslesphenomeues, tantorganiques qu'inorganiques, qui out iaisse des traces entre la fin de la periode subapennine, amenee par le sQulevement delachaine principale des Alpes, et le commtnceraent de Tepoque actuelle ou du terrain moderne. La comparaison et la coordination de tous les materiaux qui ont ete pubiies depuis quinze ans, reiativementa I'Europe, al'Asie, «ux deux Ameriques et a I'Australie, sur les prodaits decesphe-

nomenes, nous ont conduit aux resultats suivauts, qui sont uni- quement la cousequeuce des faits et qui pou\e:it elre regardt's comme independaDts de toute theorie sur I'origiue des causes auxquelles lis sont dus. C'esl, en d'autrcs termes, I'expressiou la plus simple de ce qui jus ju'a present est acquis a la science.

k Le pheuoraene des stries etdu poiissage des roches, pris dans sa geueialite, a precede tous les depots de cette epoque et par consequent le dev.loppemeut des fauues marines, lacustres et lerrestres. Si ces traces de frottement ont ete produites par des glaciers, les coquiiles dites arctiques, ensevelies dans les ar- giles et les sables qui les recouvrent, ne sont point contempo- raines de I'epoque du plus grand froid, puisqu'on les Irouve a la place raerae que les glaciers ont du occuper. Ainsi ces depots coquillers, qui scmblent indiquer une temperature plus basse que celled'aujourd'hui a la merae latitude, prouveraient aussi une temperature plus elevee que celle de I'epoque qui les a imme- diatement precedes.

» Autant que les documents recueillisjusqu'6 present per- mettent de le conjecturer, la faune terrestre des grands Mammi- feres Pachydermes, Ruminants et Carnassiers serait egaleraent posterieure au phenomene des stries et en partie aussi aux de- pots coquillers dont on vient deparler. La cause qui la detruite n'a done pas pu etre, comme on I'a dit, la basse temperature qui avait determine la plus grande extension des glaciers, sans quoi ces auimaux se trouveraient appartenir au terrain lertiaire superieur. Or, ce dernier presente des caractcres zoologiqaes bien distincts ; sa fin a du coincider a peu pres avec cette meme periodede froid, et dans le centre de I'Europeavecle souleveraent des Alpesdu Valais. Cette faune d'animaux vertebres, non moins remarquables par leur taille que par leurs varietes et le nom- bre desindividus, a vecu comme les coquiiles precedentes entre le moment du phenomene des stries ou du plus grand froid pre- sume et ie cataclysme qui les a detruits presque simultanement en Europe comme en Asie, dans les deux Ameriques et dans FAustralie, et quia enveloppe leurs debris dans le sable, le gra- vieret les cailloux routes des vallees, ainsi que dans le limon des cavernes ou nous les trouvons aujourd'hui. ,

» Si les depots erraliques qui reuferment ces ossements ont

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^te charries par cles eourants provonant de la fontc d'anciens gla- ciers, il faut que ceux-ci iraienl point appartenu a I'epoque du plus grand froid ; ils devaient etre confines alors dans les re- gions montagneuses pour permettre le developpement dans les plaincs et les parties pleincs du sol, non-seulement des grands Mammiferes, mais encore d'une vegetation assez riche poursuf- fire a leurnourriture. II y aurait eu aiusi un radoucissement tres sensible de la temperature apres le monoent du plus grand froid represente par les stries et les roches polies les plus aneiennes; periodepour la duiee de laquelle nous ne possedons encore au- cun chronomeire semblable a ceuxqu'emploient les geologues, et dont nous ne pouvons assigner a peu pres que le commence- ment et la lln.

» 4' Le premier phenomeue erralique seserait plus particulie- rement exerce dans la zone boreale de I'Europe et de TAmeri- que et ses effets auraient ete plus generaux ; le second, affec- tant surtout les regions temperees des deux hemispheres, a ete soumis a rinflaence de causes plus locales, et sur beaucoup de points il aurait eu deux phases distinctes, caracterisees chacune par la nature de leurs dep6ts.

» Noussommes amene de la sorts k une application plus ge- nerate d'une partie de I'opinion emise par M. H.-D. Rogers pour I'Araerique du nord, savoir qu'il y aurait eu deux pheuoraenes erratiques separes par une periode de repos. G'est peniiant celle- ci qu'auraient vecu la faune des Moliusques marine, fluviatile et terrestre et celle des Mammifeies Pachydermes, Carnassiers et Ruminants qui caracterisent le terrain quaternaire. La premiere de ces faunes existe encore piesque en totalite, tandis que la se- conde n'a plus qu'un tres petit nombre de representants dans la nature actuelle.

» 5" Apres le phenomene des stries, 11 y eut sur beaucoup de points un abaissement sensible des c6tes, et plus tard,dans pres- que toutes les parlies du globe, la fin de I'epoque quaternaire a coincide avec un soulevement inegal de ces memesc6tes. Ce sou- levement a varie depuisquelques metres jusqu'a 450 et peut-etre 1000 metres au-dessus du niveau actuel des raers, et sans que dans la plupart des cas il ait encore ete possible de constater des dislocations en rapport avec ces raouvements du sol.

Exlrait de VJnstiW, 1" section, 1848, 4

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« 6" Bien que Ton rencontre clans tous les terrains des pou- dingues, des breehes et des conglomerats incolicrents, on doit reconnaltre qu'a aueune des epoques de I'lilstoire de la terre, il ne s'est produit d'une maniere aussi generale a sa surface des depdts detritiques dus h des causes ra^caniques, vioientes et pas- sagferes, et une aussi faible quantite comparative de depdtssedi- mentaires reguliers, marins ou lacustres, dus a racliun des eaux trauquilles.

» Eufin on peut penser des a present qu'aucunedes hypo- theses proposees pour expliquer les pheuoraenes de I'epoque di- luvienne n'est suffisante a elle seule pour rendre compte de tous les fails observes, mais que les agents invoques par plusieurs d'entre elles ont concouru, soit simultaaement, soit successive- ment et dans des proportions diverses, suivant les circonstan- ces, aux resultats que nous avons sous les yeux. On doit done s'attacher k determiner dans le temps et dans i'cspace le dcfjre d'influence des diverses causes qui ont produit ceseffels.

» Toutes les preuves a I'appui de ces conclusions forraeront la premiere partie du tome II de Vllisioirc des progres de la geo- logie. »

Hydra. ULiQUE. M. de Caligny aunonce que M. Bourdon , ingenieur mecanicien, qui a execute sous sa direction le modele du nouveau moteur hydraulique dont il a entretenu la Societe le 11 decembre dernier, y a ajoute un dynamometre, au moyen duquel il a mesure I'cffet ulile.Comme ce modele etait tres petit, et par suite tres imparfait, ayant ete construit avec une stricte econoraie pour la Faculte des sciences de Besancon ou il est au- jourd'hui depos6, on sera sans doute etonne, dit M. de Caligny, d'apprendre que M. Bourdon a mesure un effel utile de cin- quante-quatre environ pour centdu travail depense par la chute d'eau sur laquelle cet appareil etait etabli. II est ci rcgretter que I'inventeur u'ait pas ete prevenu de ce resultat avant I'euvoide I'appareil a sa destination,

M. de Caligny entretient aussi la Societe de la generalite des applications dont les principes de sou nouveau moteur sonl sus- ceptibles. Ainsi I'ecluse de navigation dont il a presente I'annee derniere un modele fpnctiounant, qui epargue environ les deux tiers de I'eclusee^ peut £tre modifi^e de maniere a marcher saas

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le secours de I'dclusier. Pour eviter les repetitions et s'en tenir aux principes, il suffit de remarquer que : le moteur hydrau- lique a flotteur oscillant peut servir da r^gulateur, en s'arretant aux epoques convenables, quand I'eau motrice est introduite par- dessous, et que le systeme oscillant est scmblable a I'appareil hydraulique de I'auteur decril dans le torae III du Journal de mathematiques de M. Liouville. a^L'espece particuliere desou- pape annulaire en fonction dans le nouveau moteur jouit de la propriete de pouvoir marcher d'elle-naeine, soit au moyen d'un systeme particulier de succion quand elle se ferme, soit au moyen du mouvement aseensionnel d'une colonne oscillante di- recte ou iaterale, quand cette soupape doit s'ouvrir.

On n'entre pas ici dans le detail des syst^mes d'encliquetage, parce qu'ils sont analogues h ceux qui ont ete precedemment d^crits.

Seance du 25 mars 1848.

Chimie organique. MM. Auguste Laurent et G. Chancel coramuniquent les deux notes suivantes:

I. Production arlificielle tl'tin alcaloide oxyyenc. Depuis quelques annees les ehiraistes se sont beaucoup occupes de la production artificielle des aicaloides, mais leurs nombreux essais n'ont encore donne que des aicaloides volatils non oxygenes. MM. Laurent et Chancel viennent d'obtenir pour la premiere fois, par des procedes sembiables, uu alcaloide oxygene, non volalil, semblable k la quiriine , h la morphine etauxauti'es ai- caloides vegetaux. Voici comment : la bcnzone^ soumise a Faction de I'acide nitrique fumant, donne un corps nitrd; cette benzone binitree , traitee par i'hydrosulfate d'ammoniaque , fournit un alcaloide jaune pdle, cristallise en aiguilles, auquel MM. Laurent et G. Chancel donuent le nom de flavine, et qui a pour formule (dans la notation de M. Gerhardt) :

C13H12]>j20

le chloroplatinateetant Ci^Hi2]N20, 2(HCI, PtC|2).

La flavine appartient par consequent i la classe des aicaloides biacides, telles que la semi-benzidam, la semi-nap htalidam, la tfuinoleinCf la nicotine, etc.

IL Sur un nouveau carbure d'kijdrogene. En distillant du

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beiizoate d'aramoniaque sur de la baryte caustique chauffee au rouge, MM. Laurent et Chancel out obtenu, outre la beuzine, une petite quantite d'un carbure d'hydrog^oe sobde, d'une odeur agreable , et possedant la mfime composition que la naphtaline. Ceschimistespensentque la naphtaline, queM. Pe- ligot croit avoir obtenue en distillant le benzoate de chaux , est identique avee cenouvcau produit.

Seance du 1" avril 1848.

Chisiie. M. Ebelnoen communique a laSocicte les r^sultats des experiences qu'il a faites sur un nouveau mode d'emploi de rhydrogene sulfure dans les analyses.

L'hydrogene sulfure est employe, comme on sait, par voie bumide dans un grand nombre de recherches, pour separer cer- tains metaux les uns des autres. On pent Tutiliser aussi par voie s^che et resoudre ainsi plusieurs questions d'analyse chimique.

1 "Separation du manganese etdu cobalt. La separation exacte de cesdeux metaux a present^ jusqu'i present les plus gnindes difficultes. Le procede employe par M. Ebelmen consiste ^ trai- ,ter le melange pui des deux oxydes par uncourant d'hydrogeiic sulfure, a une temperature un peu inferieure au rouge. Les deux oxydes se cbangent facilement en sulfures. On traite ensuite le melange des deux sulfures par de I'acide clilorhydrique tres etendu et a froid. Le sulfure de manganese seul se dissout. ^ Plusieurs experiences ont ete faites par M. Ebelmen sur des melanges formes de quantites connues de chacun des i leux oxy- des. Elles ont montre que le procede conduisait a des icsultats absolument exacts, et qu'il ne restait jamais ni trace de manga- nese dans le cobalt, ni trace de cobalt dans le manganese. On pent reconnaitre et doser ainsi dans les oxydes de manganese nalurels les plus faibles proportions de cobalt. Le meme pre- cede a ete applique a la separation du nickel et du manganese. La separation est tout aussi nette qu'entre le manganese et le cobalt.

2" La volatilite de certains sulfures a une temperature un peu elevee permet d'employer I'bydrogene sulfure comme moyen de separation dans quelques autres cas. Ainsi, en traitaut par l'hydrogene sulfure a cbaud Tarseniate d'oxyde d'etain obtenu par le traiteraent de I'etain arsenifie au moyen de I'acide uitri-

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que, on volatilise tout I'arsenic a I'etat dc sulfure, etil ne reste que du sulfure d'^tain. On peut effectuor aussi la separation de rarsenie et de Tetaiii, separation consideree jusqu'ici comme un des problemesles plus difficiles del'anaiyse cliimique.

L'arseniate de fer, traite par voie seche par rhydrogene sul- fure, ne retient pas du tout d'arsenic. Le fer reste en enlier a I'etat de sulfure.

A la suite de ectte communication, M.Elie de Beaumont fait remarquer que des reactions analogues aux precedentes ont pu se passer dans le remplissage de certains filons qui renferment du sulfure d'arsenic dans leurs parties superieures, tandis que les pyrites deviennent abondantes dans la profondeur. La t6te des filons aurait servi d'appareil de condensation pour les va- peurs de sulfure d'arsenic.

Seance du 8 avril 1848.

Anatomie. M. Pappenheim fait une communication rela- tive aux parties sexuelles du Colimacon.

II annouce qu'il r(5sulte des rcclierehcs qu'il a cntri-prises en commiin jucc M. Bertlitien, que si, dans la glaiide lurniaphro- ditique, des ceufs ont ete trouves en meme temps avec les spcr- matozoides, cetle observation ne peut pas etre faitc a toutes les epoques de I'annee. On trouve, au contraire, en ce moment, dans cette glande, des ceufs, et les spermatozoides dans lapartie inferieure de la glande linguale, organe auquel on avait attri- bue jusqu'a present la fonction de secreter un liquide autour de I'ceuf. Des recherches multipliees et bien suivies ont conduit a ce resuitat constant que la glande hermaphroditique prepare uniquement des ceufs, et represente, par consequent, seulement Covaire , tandis que les spermatozoides se preparent dans la glande linguale, de maniere que Ton y trouve, a certaines epo- ques de I'annee, seulement des gouttes graisseuses; dans d'au- tres, au contraire, des cellules qui, dans la pointe de cette glande, sont trfes rares, deviennent plus copieuses vers le mi- lieu, et, dans le tiers inferieur, non-seulement augmentent, mais grossissent en m^me temps, tout en etant renferm^es dans les lubes memes; de sorte qu'on voit ici tout-a-fait la meme for- mation des capsules spermatiques que Ton connait depuis tres lougtemps sur les animaux vert^bres.

so

II r^siille de 1^ que cette glande linguale est le veritable testi- cule et en m6me temps I'organe dans lequel les spermatozoides SB pr^parent pour en sortir plus tard. Les organes sexuels sont done parfaitement distincts dans le Coliinacon, et la double mem- brane qui, seion M. Meckel, devrait composer chaque tube de la glande hermaphroditique n'existe pas.

Au sujet de la communication de 31. Pappenheim, M. Lau- rent presente les reflexions suivantes qu'il appuie de la citation des fails deja observes par lui et communiques a la Societe dans les seances du 24 Janvier 1 842 et du 1 9 aout 1 84 3.

Les recherches anatomiques et microscopiques lui ont de- montre que I'organe en grappe des Helix et des Lbnax ren- ferme en merae temps les ovules et les Zoospermes, et que I'organe regarde par G. Cuvier corame testicule, ue coiitenant jamais de Zoospermes, est evidemment I'organe de la glu ou une glande albuminipare, comme I'a pens6 Swammerdam.

Ces determinations anatomiques doivent etre confirmees par des observations physiologiques faites au moment de I'ac- coupiement sur les Guides ejacules ou restes dans les divers organes intestiniformes de la generation, et meme quelque temps aprte Taccouplement.

3" Ces etudes anatomiques et physiologiques ne doivent point dispenser d'etudier avec soin les moeurs de ces Mollusques, en s'attachant surtout a bien constater tous les phenomencs de la reproduction, depuis la premiere apparition des ovules et des Zoospermes jusqu'au moment de la ponte des oeufs.

M. Laurent rappille qu'il a mis sous les yeux de la Socidte les pitees anatomiques a I'appui des faits qui ont servi de base aux determinations qu'il eroit avoir proposees le premier en Fiance et qui ont 6te confirmees depuis par les recherches de M. Meckel publiees dans les Archiv. de Mulkr, en 1844. '

Physique du globe. M. Bravais communique les remar- ques suivantes sur la construction des aiguilles aimanteesdes- tineesa la mesure de I'iutensite raaguelique horizoutale, par la methode des oscillations.

Lorsqu'une aiguille a oscillations horizontales est successive-

H

ment trnnsportee a differentes latitudes , son p61e nord va sans cesse en s'abaissant audessous du centre de gravity, a mesure que Ton s'avance^vers le nord ; il se relfeve, lorsque le voyageur revient vers le sud. L'axe magn^tique de I'aiguille perdant ainsi son horizontalit^ absolue, les observations faites en divers lieux ne sont plus immediateraentcomparables, etiesintensites cessent d'etre rigoureusement reciproques aux carres des durees d'osciilation.

La necessite de tenir comple de cette cause d'erreur a ete tle- puis longtemps indiquee par la theorie ; raais les liraites entre lesquelles les observations peuvent en etre affectees restent en- core a determiner. En souraettanl celte question au calcul , on arrive aux resullals suivants.

Par le centre de gravite de Taiguille (sa chape comprise) me- nons'une droite A parallele a son axe magnetique; soient P le poids lolaL I'aigaille, et PK^ son moment d'inertie autour de cet axe A. Par le point de suspension de raiguille, exlremite inferieure du fil d'attaehe, menons une droite B perpendieulaire sur A. Soit e la distance du pied de cette perpendieulaire au centre de gravity ; soit I la distance de ce pied au point de sus- pension ; soit PH2 le moment d'inertie de I'aiguille autour de l'axe B ; enfin soit i Tangle (tres petit) que forme A avec I'ho- rizon ; cet angle est positif si le point d'intersection des lignes A et B est plus bas que le centre de gravite ; il est negatif, dans le cas contraire. On trouveque I'inlensite horizontalc doit elre, en chaque station, mu|tipliee par le facteur 2e/ 2£-j-2K2— H2 P

1 + H2 '+ H2 2 '

en negligeant les termes en P, i*, lesquels sont compiefemcnt iflscnsibles. D'ailleurs, en nommant I rinclinaison magnetique ^'la station, T la dureeen secondes de roseillation de I'aiguille horizontale k la station, Xla lopgueur du pendule a secondes, on a, h fort peu pres,

._H2 tang I_ e

' llTi T'

Los regies pour corriger I'intensite obscrvee se deduisent facjle- paent de ces deux formules.

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Mais cequ'il importejie plus de remarqucr, c'est qu'il est pos- sible de construire raiguillc de telle maniere que la correction soit uulle, pour tous les lieux de la Terre.En effet, le construc- teur peut disposer arbitrairement des deux quantites eet / que Ton peut considerer comme I'abscisse et I'ordonn^e du point de suspension par rapport au centre de gravite de raiguille. En s'assujetissant a la condition e rr 0, il fera disparaitre le terme en i : en s'assujetissant a la condition Z^in^H^ K*, il fera dis- parnitre a son tour le terme en i^.

Une telle aiguille ne sera rigoureusement horizontale que sousl'equateur magnetique : dans I'liemisphere boreal, son p61e nord sera plongeant ; ce sera I'inverse dans I'liemisphere austral; mais les angles de plongement seront petits , et en general inf6- rieurs a un degre.

M. Bravais ajoute : <• L'aiguille raise sous les yei>x de la Societe provient des ateliers de Gambey; sa longueur est de 119""", 5 ; sa largeur, de 8"",1 ,• son epaisseur, de 1™™,2. J'ai ti<onve, pour cette aiguille, H^rzGOTjS raillimfetres carres , K =4 ,8 mil. carres. La condition relative a /2 donne /rrl8""",4: la valeur adoptee par le constructeur est /mO""»,2 : il aurait done fallu donner 8 millimetres de plus de longueur a la tige qui supporte la chape, pour eliminer la correction provenant du defaut d'horizontalite. Avec la longueur 1 »"'"', 4, la condi- tion enzO ctaut satisfaite, la valeur maximum de i serait 0°50' dans I'hemisphere boreal.

» En resume, les conditions de construction sont les suivan- tes : n Placez le point de suspension sur une normale h I'axe ma- » gnetique niciiee par le centre de gravite , et k une distance de » ce centre telle que le moment d'inertie du systenie autour de » cette normale soit double du moment d'inertie du systemeau- » tour de la parallele a I'axe magnetique menee par ce point de i> suspension. »

Seance du 15 avriC 1848.

Hydrauliquk. M. de Caligny communique desobservations sur I'intermitlenced'un jetd'eau, dontil avaitdej^ parle dansla seance pr^cedente.

« J'ai communique, dit-il, en 1846, des observations sur les intermittences d'un jet d'eau provenant de la maniere dontl'o-

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riiice elait bouche en partie par des pieces iixes. II n'clait pns necessaiieque le jel fiit vertical. Le moindre derangement dans robturateursul'lisait pour rendre, dans certains cas, an jet d'eau une permanence sensible. J'ai renouvele ces experiences avecdes hauteurs de reservoir plus considerables et s'elevant a un metre deux decimetres au-dessus de I'orifice du jet. Les intcrmittenees se remarquaient encore dans des circonstances analogues , mais la cessation complete du jet ne se presentaitpius.

» J'ai fait des observations analogues sur un jet d'eau ver- tical sortant d'un orifice sensiblement circulaire, sansobtura- teur, de deux millimetres et demi environ de diame^re , entoul'e de dix jets d'eau d'un diametre de deux millimetres environ dont cbacun sortait a peu prfes a douze millimelres du jet cen- ral. Celui-ci s'elevant a des hauteurs de vingt-trois centimetres ou au-dessous ainsi que la couronnede dix jets d'eau un peu in- clines, il cessait alternativement , tandis que tous les autres s'e- levaient k une hauteur sensiblement constante. Pour une hau- teur de trois decimetres, le jet vertical ne cessait plus altern.tti- vement d'une maniere complete, il y avail seulement des inter- niittences tres sensibles. La plaque de cuivrc dans laquelle etaient disposes les orifices avait environ un millimetre et demi d'epaisseur. Pour I'orifice du jet vertical I'epaisseur etaitd'envi- ron deux millimetres. II parait, au reste, que le phenomenede- peiidait principalement de la chute de I'cau elevde, au moiiis pour les plus grnudcs hauteurs, I'intermittence u'ayant pas la regularite qui resulte ordinairement des vibrations proproment dites. La plaque eiait d'ailleurs trop bien polie pour que I'air put s'arreter lougtemps par dessous. Pour les jets d'one tres petite hauteur, les dix jets un peu inclines etaiit toujours sensiblement constants, les intcrmittenees du jet central etaient tres rapides et tr6s regulieres.

« Les oscillations quelconques du jet central au-dessus et au- dessous de la limite de hauteur des autres, permettrait sans doute, si le ph^nomene se presentait sur une plus grande echelle, de Jeter alternativement un peu d'eau au-dessus du niveau du reservoir superieur au raoyen d'un luyau conique fixe. II parait, au reste, que si le jetaune certaine elevation par rapport a son diametre, il y a une raison pour que ['accumulation d'eau q.ui ExUait de I'lnsiitui, i'* section, 184S. 6

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resultedu dubit dc Torifice fasse suffisaramcntdivcrger le sono- met de la colonne sans relombcr sur I'eau ascendaiite. Au reste, il serait iudispeusable de faire uu plus grand norabre d'oxpe- rieuces pour eclaircir la question. Plus les jets ctaieut cicvcs, raoins ies intermittenees eiaient sensibles par rapport a leurs

hauteurs ; j'ai observe dei. hauteurs d'un demi-metre a un metre et au-dessus ; niais on coucoit que pour dcs jets d'un si petit diametre, la colonne se divise en gouttes pour les hauteurs un peu grandes. Ce sont precisoment les plicnomenes dependant de la fornaation des gouttes qui laisscnt de I'iuccrtitude a cause des actions moleculaires, quand on opere sur de si petits diametres.*

Stance du 22 avrU 1848.

Physiquk du globb. M. Bravais connraunique la note sui- vante :

« En faisantosciller une aiguille horizontale, alternativement au nordetau sud dune barre defer doux vertical, on peut deter- miner ledcgre d'aimantation que Ja barre recoit du globe ter- resire. En operant ainsi, j'ai trouve que I'intonsite de ce mague-

* tisme pouvail etre representee par la barre soumise a mes expe- riences, et en adoptaut les unites de M. Gauss, par I'expres- sion

155 T.S.L.,

formule ou T est la composante , sulvant I'axe de la barre, de I'intensite magnetique terrestre, s la section de la barre expri- mee en millimetres carres, et L sa longueur en millimetres. La section etait un carre de 19 millimetres de cote : on avail Lrz2420. Je n'ai pas eherche a verifier si I'inteusitc absolue de la magnetisation temporaire de la barre etait en effet propor- tionnelleaset aL. »

Sennce du 29 avril iSltS.

Physiologie. La note suivante, sur les usages du sue pancr^alique, est communiquee par M. CI. Bernard.

« Le sue pancreatique est uu fluide limpide, visqueux, alca- lin , ayant des proprietes physiques analogues £lccllesde la sa- live, mais en differant completement sous le rapport des pro- prietes physiologiques. J'ai trouve que le sue pancreatique est I'agent indispensable h la digestion de« malieres grasses. Je vais

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indiquer les r^sultats priucipanx des experiences dejitresnoni- breuses que j'ai faites h ce sujet , et que je poursuis toujours.

» Si I'on melauge dans un tube de verre de I'huile et du sue pancreatique recent , I'liuile se trouve immediatemeut emul- sionnee de la raaniere la plus complete. Si au lieu d'buile on fait usage de saindoux , de beurre ou de suif, I'emulsion s'opere egaleraent bien en portant le melange a la temperature de 35^40".

» Aucun autre fluide de I'^conomie ne possede cette remar- quable propriete d'emulsionuer simultaueraeut les corps {];ras neutres. J'ai essaye, comparativement a ect effet, la bile, la salive, ie serum du sang , ie sue gastrique , etc. , et dans aucun de ces liquides la graisse ou Huiile n'out cte modiflees.

» L'aetion da sue pancreatique sur les corps gras n'est pas une saponification ou une combinaison chimique. C'est d'abord une emulsion et une division trcs grande de la matiere grasse, qui s'opere sous I'influeuce d'une substance orgauique particu- liere<|ue contitnt Ie sue pancreatique. Toutefois cette substance, destructible et precipitahle par la chaleur, ne borne pas la son r61e, et elle exerce d'autres modifications beaucoup plus profon- des sur les corps gras.

» 4" Eneffet, dans les corps gras neulres emulsionnes par le sue pancreatique , il se developpe rapideraent une reaction acide tres energique, et I'odeur des acides butyrique , sebaci- que, devient (res prononcee, si Ton a fait usage de beurre ou de suif. Avec MM. Barreswii et Margueritte, nous avons examine des produits de cette nature, et nous avons reconnu de la facon la plus claire que , sous I'influence du sue pancreatique, le corps gras ueutre etait decompose en acide gras et en glycerine.

» La bile, avons-nous dit, n'exerce aucune action sur les corps (fvaa neutres. Cependant il est connu que la bile degraisse, c'est-a-dire enl^ve les taches produites par les corps gras. Ce qui n'est pas raoins particulier, c'est que le sue pancreatique, qui agit avec une grande ^nergie sur les corps gras neutres, ne jouit pas au raeme degre de la propriety d'enlever les tacbes d'huile ou de graisse. Oa obtient I'expiication de ces faits, en apparence contradictoires , quand on sait que la bile dissout les

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acides gras. C'est k. cet 6tat que. les corps gras neutres se trou- v.eni transforraes sans doute quand ils ont ele quelque temps etales a I'airsurun tissu oil ils constituaient une tache.

>' C" Lorsqiie la bile se trouve melangeeau sue pancreatique, aiiisi que cela a lieu dans le duodenum, elle possede a la fois la double propriete de dissoudre les corps gras neutres et les acides gras.

» De ce que le sue pancreatique decompose les corps gras neutres en acides gras et en glycerine , je ne veux pas en infe- rer que ce n'est qu'a ces deux etats que les corps gras sont ab- sorbes. Dans les cas ordinaires , les corps gras sont abscrbes a r^tat de simple emulsion. C'est a la graisse absorbee sous cet etat que le chyle doit son apparence laiteuse.

» Or, j'avance que sans le sue pancreatique il n'y a pas d'6- raulsion, et par consequent pas d'absorption des corps gras.

» J'ai lie sur des chiens les deux conduits paucreatiques, et chez le lapin le conduit pancreatique unique qui s'ouvre tres bas dans I'intestin. Apres cette operation , les chyliferes des chiens et des lapins nourris a dessein avec des niatieres grasses ne contenaient point de graisse, tandis que I'intestin etait rempli de matieres grasses uon cmukionnees.

» 1 0" En terminant , je dirai que cette action du pancreas sur les matieres grasses, qui, je crois , n'a encore ete signalee par personne, donnea cet organe une grande importance dans les pbenomenesde la digestion. Je ferai remarquer en outre quece r6ledu pancreas est tout-a-fait different de celui des glandes sa- livaires, et que la denomination dc glandc salivaire abdominalc, donnee au pancreas , est completement fautive. »

Seanee du 6 mai 1S48.

Embryogenie. Tareis. M. de Quatrefages a sulvl le de- veloppement de I'oeuf dans ces MoUusques , depuis la premiere apparition de la vesicule de Purkinje. II I'a vu se completer suc- cessivement et presenter dans son etat parfait les trois parties essenlielles de tout oeuf complet , savoir : un vitellus , une vesi- cule de Purkinje, et une tache gerrainative. Ces faits rappellent ce que le meme naturaliste a observe depuis longtemps chez les Ann^lides.

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Le developpemeul des jeunes Tarcts presente plusieurs pe- riodes dislinctes :

I'e pei'iode. Le premier resultat du contact des Spermato- zoidesestun mouvement marque de concentration des granules \iteliiues , qui se pressent autour de la vdsicule de Purkinje, et rendent Ic centre de I'oiufplus opaque , en menie temps que les bords s'eclaircissent au boul d'une demi-heure , quelquet'ois plus t6t ; la tache germinative disparalt , et alors se raanifestent des mouvements obscurs et irreguliers, qui ameuent la dispa- rition de la vesicule de Purkinje. A cette epoque ( troisieme heure ) a lieu I'expulsiou d'un globule diaphane, comme chez les Sabellaires.

IP periode , troisieme beure. La periode de segmentation commence immediatement apr^ I'expuksion du globule dia- phane. Le vitellus se partage en deux portrons a peu pres egales. L'une de ces moities continue h se fractionner de plus en plus , et s'elend en meme temps sur I'autre raoitie du vitellus , de maniere k I'envelopper enlln entierement. La moiti6 aiusi en- veloppee reste longtemps sans presenter de modifications sensi- bles. Pourtant, a son tour, elle entre en travail , et sans pre- senter de mouvements appreciables, elle s'organise rapdement, de maniere a presenter I'aspect des jeunes tissus. On voit que cette periode presente de ;i[randes analogies avec ceque M. Vogt a observe chez les Acteons.

IIP periode, onzieme heure. A cette epoque on voit appa- raitre quelques cils du bord courts et gros , puis de plus en plus longs , plus fins et plus nombreux. Alors le jeune Taret est constitue h I'etat de larve , et il se meut rapidement en tous sens dans le liquide , de la vingt-quatrieme jusque vers la qua- rante-huitieme heure. A ce moment les cils diminuent en nom- bre; les mouvements deviennent plus lents et moins etendus, et bientdt la larve tombe au fond du vase , oil elle ne se meut plus que lentement.

IV' periode , quarante-huitieme heure. Pendant que s'ac- complissent les phenom^nes que nous venous d'indiquer, la membrane vitelline n'a rlen prespnte de particulier. Mais au moment ou la larve commence a se mouvoir , on apercoit sar un point de cette enveloppe un espace clair, qui , vers la quarante-

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huiti^me heure , s'etend en forme de foifte , et partage bient6t I'enveloppe en deux parties egales , adhercntes I'une a I'autre sur une assez vaste eteudue. Ce sont-li les premiers rudiments de la coquille, qui est alors irrcgulierement ovalaire et unicjue- ment membraneuse. Bient6t , par suite du tiraillement exerce par des muscles qui ne tardent pas h paraitre , elle devient cor- diforme et s'eucroute eiifin de sels ealeaires.

A mesure que la coquille se constitue, on volt se developper un appareil cili^ qui occupe une des extreraites du corps , et remplace , corarae organe locomoteur, les cils qui couvraient la larve tout enti^re.

Je n'ai pu, continue M. de Quatrefages , suivre d'une ma- niere continue le developppmeut des jeunesTarels au-dela de la cent-trentieme heure environ. Mes couv(5es ont toujours peri k cetteepoque. ivlais unedesdouxespecesque j'avais sous la main conserve pendant tout I'hivcr, dans le tube palleal , ses petitS eclosen automiie. J'ai done pu pousser mes observations plus loin et constater que la forme generate de I'animal change en- core et finit par devenir globuleuse. En meme temps on voit apparaitre les premiers rudiments des tubes palleaux , les otoli- tes, et unpied fort long, a I'aide duquel I'animal rampe sur le sol , taudis que son appareil cilie , alors tres developpe , lui per- met de nager avec une grande vivacite.

De I'ensemble de ces faits , dit-il en terminant , il resulte que les jeunes Tarets, avant d'atteindre leur forme definitive , subissent de veritables metamorphoses. Or ,des observations de divers naturalistes, eutre autres de MM. Carus , Jacobson et des raiennes, il resulte queles Anodontes sont dans le meme cas. En voyant un fait de ce genre se produire en quelque sorte aux deux extremit^s du groupe des Acephales , il est permis de penser qu'il est general pour la classe entlere , et que tons, ou presque tous les Acephales sont des animaux k metamorphoses.

A la suite de cette communication sur une espece de Taret, que M. de Quatrefages croit nouvelle, M. Laurent fait remarquer qu'il est possible que cette espece soit I'une de celles deji bien connues,qui, dans I'etat actuel de la science, lui semblunt devoir ^tredistribuees en trois groupes sous-generiques que renferme le genre Taret.C'est d'apres les determinations fouruies par Spren-

S9

gel,pnr Dclle Chiajectsurtout par M.dc Blainville et d'apres ses propres observations sur les diverses especes de Taretsdu littoral de la France, qu'il a ete conduit a proposer cette distribution methodique des espfeces de ee genre de Moliusques acephales.

M. Laurent ayant, dans ses recherches sur les Tarets, a se preoccupcr piincipalement de leurs mceurs et surtout de la ma- ni^re dout ces animaux nuisibles se piopagent et penetrent dans lesbois, dil avoir, d' puis novembre 1845, dans ses rapports au naiuistre de la marine, constate Tovoviviparite des Tarets , et decrit les raoeursdela iarve pourvue en meme temps d'organes de natation et d'un tres long pied qui lui sert a marcher sur les bois, sur les parois dts vases et a se lixer dans les petites sinuo- sites du tissu ligneux ou elle pent se nicher. II s'est attach^ aussi a bien conslater la raaniere dont cette Iarve perfore le bois et revet ensuite graduellement unc forme de plus en plus allon- gee. Les details de cette partie de ses recherches^ confirment I'opinion deja emise a cetegard par Adanson.

Les observations faites par M. Laurent a Toulon , a Fouras {embouchure de la Charente) a Lorient , k Brest et au Havre , I'ont conduit & penser que les Tarets sent ovovivipares, herma- phrodites et se reproduisent dans les localites favorables a leur propagation, non-seulement pendant la belle saison , mais en- core en automne et en hiver.

Seance duiS mai 1848.

Geometrie DBSCBiPTivE. M. Thcodorc Olivier fait la com- munication suivante :

« On sait qu'il existe deux plans M et N diametiaux coupant chacun la surface hyperboloide a une nappe et non de revolu- tion suivant une section circuiaire; ces deux plans secoupent suivant une droite Q qui passe par le centre dela surface ; Ton sait que cette droite Q est perpendiculaire en meme temps a la projection orlhogonaie, sur le plan M, du diametre D de la sur- face, qui est conjugue par rapport au plan M, et k la projec- tion ortiiogonak', sur le plan IN, du diametre D' de la surface, conjugue par rapport au plan N, et Ton sait que les diametres D etD' ont meme longueur. Cela pose, on demontre le theoreme suivant : Dmguani far C la section chculaire et Uiametrnle

~ /lO -

d'un iiijperboloUe a une nappe , si par chaque point x de ce ccrcle on fait passer les generatrices dcs deux syslcmcs rectili-

^ gnes G el K, et si par Ic point x on viciie un plan P pcrpendi- culaire a la droile G el tin plan R perpcndicutairea la droile K, tons les plans P couperont la droile Q en un nteme poinla ct tons les plans R couperont la droite Q en un nn'me point b. Desi' gnanl par o le centre de llujperboloide , centre qui est en meme temps celui du cercle C on aura oamob.^^ la distance du point fixe houhau centre o sera ig ale a la projection oithoyonale sur le plan oti cercle C de la longueur du demi-diametre conju-

^ gue D.

« L'existence desdeux points fixes a et 6 pour I'hyperboloide k une nappe et non de revolution, conduit a des constructions nouvelles du probleme dcs tangenles a I'hyperbole,

» On en deduit la demonstration d'unepropriete georaetrique assez curieuse et que Ton peut enoncer aiusi qu'il suit : Etanl doime un hyperbolof^e a une nappe et non de rcvolulion , si par son point fixe a on nthie une droile A perpendiculaire an plan de son cercle diametral C , si par son second point fixe b on inene aussiune droite B perpendicidaire au vu-me plan ; si Con suppose que le centre odu cercle C decrive aulour de I' axe A une lielice circulaire <f el que le meme centre o decrive aulour de Vaxe^Ufie lielice circulaire y', et si ces helices <p et <p' out mcnic pas el par consequent meme tangenle au point o, et que cetle tungente soil precisemenl le diamelre D conjugnc de In section diumelralc circulaire G, tout point xdu cercle Gdecrira aulour de I'axe A une lielice i et autoiir de I' axe B une helice S' idles que les tangenles menees en cc point x a chacune de ces deux helices 7W seront autres que les generatrices G elKde I'hijperbo- loide a une nappe ci-dessus ayant le cercle C pour section dia- meirale el pour points fixes les points a et b. »

ZooLOGiE. M. Laurent communique quelques observations qu'il a faites sur des corps reproducteurs de deux es eces d'E- ponges marines, la Spongia usilatissima et la Spongia bacinu- losa. Ces corps etaient loges dans des cellules du parenchyme charnu de ces corps organises qui appartiennenl a laclasse des Eponges cornees qu'il eonv^endrait d'appeler Cerateponges pour les distinguer des Eponges a spicules calcaires deja uom-

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inees Calceponges ct dcs l^poiiges a spicules siliceusrs qirou pourrait appeler Silicepoiigcs. Ces corps reproducteuvs lui ont paru devoir etre regardes comme des corps oviformes et non comme dos gemmes cilies,dt'ja decrits pnr M. Grant (!ans ses re- ciierchpssur plusiiHU'S tspeces d'Kpoiiges marine!-. M. Lament regrette de ii'avoir pu faire vivre les individus qu'il s'^tait pro- cures et de ne pouvoir par consequent presenter des donnees exactes sur ce point si important de la zoopiiytologie. Le but de eette communication est d'exciter I'attention des personnes qui, placees dans des circonsiauces favorables , aurnient la pa- tience de multiplier les recherches sur cette partie si peu avan- cee de I'histoire uaturelle des organisraes animaux inferieurs.

Une discussiofl s'engage a ce sujet entreMM.Pappenheim et Lallemand d'une part et M. I^aureut de I'autre.

A I'objection presentee par M. Pappenheim, sur la situation des spicules siliceuses ou calcaires qui n'existent, dit M. Pap- penheim, qu'a la surface des Eponges, M. Laurent r^poud que tous les observateurs et lui-meme ont constat^ I'existence dcs spicules non-seulement a la surface , mais encore dans tous les points du parenchyme des Eponges.

A regard de la determination de ces corps'reproducteurs que M. Laurent regarde comme des corps oviformes ou des ovules simples et reduits a une seule substance germinative renferraee dans une euveloppe plus ou moins dense, M. Lallemand fait remarquer que le nom de sp >re lui paraitrait preferable surtout s'il n'ya pas reellement de fecondalion. M. Laurent cite alors a I'appui de sa determination les resultats de ses recherches sur lesoeufsou les ovules simples des Hydres et de I'Eponge d'eau douce qui , sans avoir ete fecondes au moyen d'un produit fourni par des organes mSles (puisque ces animaux sontcom- pletement agames), se transforment cependant en corps em- bryonnaires qui deviennent des individus distincts et Isolds dont il a decrit et figure le developperaent complet depuis leur nais- sance jusqu'a leur mort.

Sdance du 27 mai 1848,;

ZooLOGiE. M. Laurent lit une note sur la reproduction du Volvox globalor,

Exirait de I'lnstUut^ i'o section 1848, 6

M. Laurent aynnt eu occasion d'observer plusieurs fois la reproduction dc cette esp^ce d'Infusoire , au moyen de corps reproducteurs qui se ddveloppent dans I'interieur de cet animal, a vu ces corps, parvenus a ieur developpement embryonnaire completjSe mouvoir dans I'interieur de I'individu qui lesproduit eten sortir par une fente resultant de la dechirure de I'enve- loppe externe. II considere ces corps reproducteurs qui sont tou- jours verts , nus et pourvus de cils vibratiles, comme des gem- mes ou bourgeons intimes ; ce qui les distin{>ue d'une deuxieme sorte de corps reproducteurs plus petits, constitues par une co- que transparente, homooeneetdensc,qui contientune substance globulineuse epaisse et rouge. II est porte a cruire que ces der- niers sont des corps oviformes ou de veritables oeufs;.niais il avoue n'etre point encore parvenu a voir eclore les nouvcaux individus qui lui semblent devoir se developper dans ces oeufs. Les Volvox (ilobator^qni renferment ces corps oviformes rouges, ont 6te consideres parM. Ehrenberg comme appartenanta une deuxieme espece de ce genre.

II serait important pour la science que les observateurs places dans des circonstances favorables cussent la patience de couflr- mer la veritable nature des corps oviformes rouges de cette es- pece d'Infusoire.

Seance du 3 juin iShS,

ZooLOGiE. Annelides-LUIioplicKjes. M. de Quatrefagos communique les details qui suivent sur une Annelide du genre Sabelle qui se creuse des galeries dans le calcaire tres dur des roches de Guethary et de plusieurs autres points du golfc de Gascogne.

Cette Annelide pousse plus profoudement que les Mollusques lithophages les galeries cylindriques , etroitcs, tortueuses, ta- pissees entieremeut par un tube mince , semblable par sa nature h celui, qui d'ordinaire, protege seul les congeneres de cette Tu- bicole. Ces galeries sont quelquefois multipliees au point que la roche ressemble a du bois vermoulu. Elles s'arreteni toujours au quartz qui , dans plusieurs localites , et entre autres, a Gue- thary, adhere intimement aux feuillets de la roche calcaire. Ce fait a pent 6trequelque interefc poui^la geologic en ce qu'il four- pit ua moyen de plus pour reconnaitre I'ancienne immersion

&3

dans la mer, de terrains aujourd'hui a sec ; car si Ton a pu dire que Ics Helix perforaient le calcaire a la maniere des Mollus- qiies lithophages, on n'a encore signale ehez aucun Ver d'eau douce ou terrestre rien d'anaiogue aux Iiabitudes de la Sabelle de Guethary.

Seance du lOjuin 1848.

ZooLOGiE. Tarets. M. de Quatrefages communique la note suivante.

« L'esp^ce de Tare t dont j'ai parle dans une de mes dernieres communications et que M. Laurent regarde comme pouvant bien etre une des espeees deja decrites est bien certainement nouvclle. S '. coquille etroite et la forme de ses palettes I'eloi- gnent du Taret naval et des espeees voisines pour la rapprocher des Fistulanes et entre autres de la Fislulana gregata (Laji!.), ea menie temps que le pedicuie assez long qui supporte ces memes palettes est a lui seul un caractere qu'on n'a encore si{jnal6 dans aucun Taret proprement dit,

» Cette esp6ce nouvelle conserve pendant toutl'hiver dansson canal branchial les larves ecloses vers !a fin do I'aulomne. On les y trouve alois a divers degres de developpement. Ge fait , qui rappeile ce qu'on voit chez les Anodontes, pent expliquer I'er- reur dans laquelle sont tombes les anciens zoologistes qui ont cru que les Tarets etaient ovovivipares, opinion que M.Lau- rent est porte a partager. Les deux espeees que j'ai observ^es nele sont certainement pas. Chez celle dont je viens de parler, les organes genitaux etaient entierement vides et d'oeufs et de Zoospermes a I'epoque ou je trouvais ces larves de divers ages ainsi accumulees dans les replis du mantcau et des branchies. Quanta I'autre qui me parait etre le Taret naval de la plupart des auteurs (i) , je I'ai vue pondre plus de dix fois dans mes va- ses de veritablesceufs, qui restaient au fond de I'eau, sans jamais

(1) Je ne puis ici m'exprimer ([U'avec quelque doutc, attendu que les caractferes assignes ci cette espSce par divers auteurs ne sont pas toujours les memes. M. de Blainville, par exemple, lui attribue des palettes bicorneet et touvent soutenues par une ■piece lozaugique, tandis que M. Deshayes d6crit et figure ces pi&ces corame assez semblables h ua baltoir de blanchisseusc, description qui s'accorde ties bien avec les caract^res de I'esp&ce dont il s'agit ici. Q.

se developper, a moins d'une fecondation toute exterieure. J'ai vu de meme des nidles eraettre leur liquide fecoiulaut. J'ai pu repeter ces observations bien des fois,ayant eu pendant pres de troia mois des Tarels vivants dans racs vases.

» Ces fails s'opposent de meme h ce qu'oa regarde comme fondle une autre opinion vers laquelle semble pencher M. Lau- rent. II est evident, d'apres ce qui precede, que les Tarets ne sont pas hermaphrodites. J'ajouterai que des rcchcrciies di- recles contirment ce resultat. J'ai bien des fois examine au microscope le contenu des organes genitaux. Mes etudes sur I'embryogeuie me forcaieut a repeter ces observations prosque chaque jour. Eh ! bien, jamais je n'ai trouve reunis sur le merae individu des ceufs ei des Sperraatozoides.

« Toutefois ilest unecirconstance qui pourrait en iraposerau premier coup d'oeil. Lorsque I'organe genital, ovaire ou testi- cule, s'est oxyde a raoiiie, on trouve k la partie anterieure une matiere blanche, epaisse, ressemblant assezau sperme des nui- maux inferieurs, si ce n'est que la teinte est un pen moins mate. Examinee au microscope, cettc matiere se resout en une infinite de corpuseules qui semblent etre des debris d'organcs et de pellicules roules, pliss6s de toute maniero. Les plus petits de ces corpuseules sont agites par le mouvement brownien et pourraient etre pris par un obser^ateur inatientif pour des Sperraatozoides. Mais, a part la difference bien connue du mode de mouvement, la comparaisou directe faite par moi bien des fois ne permit pas I'ombre d'un doute. Cette matiere, reste des cloisons cellulaires et des loges ou se sont developpes les ocufs chez les fenielles et les Spermatozoides chez les males, se pre- sente avec les raemes caracteres da6« les deux cas , el sou existence ne pourrait etre invoquee a I'appui de I'hermaphrodi- tisme que par un observateur superficiel. »

Anatomie. Developpement des spermatozoides , des cellules et des elements analomiques des tissiis. M. Robin, apres avoir expose les r^sultats des travaux de plusieurs auteurs etdeses propres recherches sur les memes sujels, developpe diverses considerations, dont quelques-unes out deja ete mises en avant par certains d'enlreeux. En voici les principales conclusions :

a. Relativemenl anx femelles des etrcs vivants.

4r.

Od sait depuis lougtemps que le vitellus de I'auf de tous les auiraaux se dlvise sucaessivemeul on 2, 4, 8, etc., petites spheres qui s'entourent d'uiie parol oa enveloppe plus ou moias distincte du contcnu et constiluont les celhiles emhiyonnuires qui peu a peu torment I'enibryon tout entier, et qu'a ces cel- lules succedeut ies tissus, Ces plienomenes ont lieu a rinterieur de la membrane vitelline (aussi appelee chorion^ zone iranspa- rente, etc.).

2' On peut reconnaitre dans les travaux deMM. Decaisiie eJ; Thuret, sur les spores et ies antlieridies des Fucus, que les spo- ruies d'une part se deveioppent dans ies spores par un pheno- meuc de segiiientatiou ou de fractionnement de leur contenu, veritable vitellus, enti^rement semblable, jusque dans se« pins minutieux details, avec le menie plienomene chez Ies animaux. Dans les sporules qui germent, on voit leur vitellus ou contenu se segmentcr a son tour par un niccanismc idi'Uli(|ue aux pre- cedenls, et cbaque segment ou petite sphere former une des cellules primitives ou embryonnaires de I'AIgue.

3'' D'apres les recberches dc plusiours pliytologistes et dans ces deniiers temps de MM. Amici, H. Mold, Cb. Muller, etc., on voit que le contenu du sac embryonnaire des Phanerogames donne uaissance apr^s la fecondation aux cellules embryon- naires (qui formeront bientdt I'embryon vegetal) par uii meca- nisme identique a celui qui a 6te signale dans les ovules des etres precedents, identique au mains quant aux phenomenes prineipaux, savoir : apparition du noyau avec concentration des granulations du contenu toutautour dans certaines cellules, et formation d'une parol autour de chaque masse, paroi ayaut I'aspect d'une cloison eutre chaque noyau central des cellules, des quil y en a plusieurs de formees. Chez certains animaux, on peut voir que rallonj^ement, puis la division en deux du preitiier noyau apparu, precede ou accompagne la separation en deux de la sphere vitelline entiere, ou des spheres de frac- tionnement deja produites, c'est-i-dire I'apparition de la liyne de separation ou apparence de cloison qui separe Tune de I'au- treles deux nouvelles spheres ou cellules formees. Les cellules embryonnairesdu vegetal sont separables et distinctes les unesdes autres dans la cavite du sae embryonaaire;, comme les Hi6mes

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particules le sont dans celle dela membrane vitelline de l'o\ule dcs animaux et des Al{j'ues. D'apres tout ce qui precede on voit que le sac embryonnaire de I'ovule des vcgetaux est la seule partie qui soit comparable h Tovuie des elres precedents; que c'est la I'ovule des vegetaux ; qu'apres avoir comnoence par etre une cellule, comme I'ovule des animaux et des Algues, ii vient un moment ou c'est un organe a part forme d'une membrane ho- mogene, amorphe, d'un contenu granuleux et ayant pour fouc- tion et pour but la reproduction de rindi\idu; dont I'enveloppe quoique 6tant une pai oi de cellule au point de vuc morpholo- gique, doit rccevoir le nora de membrane vitelline, et son con- tenu celui de vitellus, puisque I'un et I'autre jouent le mfime role que cesmemes parties dans lesautres etres vivants. Quant au nucelle, c'est en general un organe transitoire ou ttmpo- raire ; la primine et la secondine sont des membranes de protec- tion accessoires, composees de cellules et non amorphes. b. Relativement aux corpuscuksfecondateursdes m^les : 1" On sait que d'apres les travaux de MM. de Mirbel, I)e- caisnes, etc., sur le d^veloppement des grains de pollen des Plianerogames (Cucurbitacees, Viscum album, etc.), de grandes cellules se developpeut dans chaque moitie de Tautbere encore jeune. Ce sont les ulricules polliiiiques on cellules meres ilu pol- len, dont le contenu granuleux se reunit en masse, dans laquelle se montrent deux ou quatre noyaux, et entrc chacun de ceux-ci se montre un sillon de separation , puis il y a segmentation ou fractionuement du contenu et bientot formation d'une mem- brane ou parol d'euveloppeautour de la masse granuleuseagglo- meree autour du novau. On ne peut meconnaitre ici I'analogie qui existe entre le mecanisme de la formation des grains de pollen et celui de la formation des cellules imbryonnairesdans I'ovule ou sac embryonnaire vegetal. L'uiriculoncre pollinique a parol bomogene, amorphe, est analogue a la parol propre du sac embryonnaire ou veritable oeuf vegetal, c'est la membrane vitelline de I'ovuie du vegetal male; son contenu granuleux en est le vitellus, et par le meme mecanisme qu'a lieu la formation des cellules embryonnaircs de I'embryon, ce vitellus dans le ve- getal mfile donne lieu A la formation de cellules particulieres. Mais celles-ei au lieu de s'arranger par juxtaposition en forme

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d'embryon restent isolees, se modifient, prenneiit une deuxieme rncmlirane, et alois constituent le grain dc pollen^ qui est bien une cellule morpbologiquement parlant; mais qui n'est pas une cellule dans le sens que Ton donne k ce niot en histogenesie. Ainsi, le grain de pollen est devenu quelque chose de special, charge d'une function speciale et deterrain^e, e'est-a-dire sa cooperation a la perpetuation des indiviiius, par intromission du boyau poilinique jusqu'a I' ovale fenaelle, pour lequel il devient cause determinante et premiere du fractionuement de son con- tenu et de formation de cellules suivant un mecanisme iden- tiquea celui par lequel il s'etait I'orme lui-meme spontanement dans I'ovule male, II joue, relativeiiifMit ;i I'ovule vegetal, le r61e des sperraatozoides a I'egard des ovules aiiHnaux. II est I'analogue de ces corpuscules.

Dans les Cryptogames on pout constater que les antheri- dies, apres s'etre developpees dans uneenveloppe analogue aux perispores, sont remplies d'un contenu graouioux anaiogiie a celui des spores, veritable vitcilus de I'ovule male, dont I'en- veloppe bomogene amorpbe est la membrane yi/e//i>?e analogue acelle de I'utricule mere poilinique. Ici le phenomene du frac- tionnemeut n'a ete decrit par pcrsonne, mais que Ton jette les yeux sur les planches de MM. Thuret et Decaisnes, et Ton verra que I'etat muriforme raammelonne de la surface du contenu des antheridies qui precede I'apparition a leur intcricur des corpuscules males mobiles indique qu'un fraetionncmciit (dont une panic des phases out pu echapper, comme d;ins les pre- miers temps ou Ton a eiudie le fractionnement de i'ovule animal) a eu lieu ici Aussi peut-on sans faire une bypotbcse deraisonnable admettre que les corpuscules males des Cryplo- gamis ne sont autre chose que des cellules resultant du frac- tionnement du contenu del'antlieridie, qui sesontmodiriees,aux p61es opposes ou a un seul p6le desqueilts se sont developpcs une queue ou un a deux cils vibratils de la meme mnniere que ce plienomene sf passe dans le developpement des sperma- tozoides chez lesauimaux. Les corpuscules males mobiles sont par consequent les analogues des grains de pollen aeveloppes par le raSine mecanisme, destines au meme bui ; ce sont quelque chose de special comme eux et derivant aussi d'une cellule qui

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s'est modifiee, et ils soitentdel'authei'idie dans laquelle ilssont n^s par rupture de celle-ei comme les spermatozoides chez !cs animaux et les grains de pollen de rutricuie pollinique chez les Phanerogames. L'antheridie n'est par consequent pas analogue aux grains de pollen, raais bicn a I'utricule mere pollinique d'une part,etencore au sac embryonnaire ou ovule prt)prement dit des Phanerogames. Lours animalcules ne sontpas analo;iues aux granules de fa fovilla dps grains de pollen, mais bien a ces der- niers eux-ra6mes ; ils ne sont comme eux rien autre chose que des cellules embryonnaires de fractiounement, qui se sont mo- difiees peu ii peu d'une nianiere appropriee a I'usage qu'ils ont a remplir, a Ijeur but en un mot. Quant a cette mobilite des cor- puscuies mSles que nous voyons apparaitre pour la premiere fois dans les v^getnux, elle ne doit pas nous etonner plus que celle des spores cux-memes, dont I'epispore se couvre de cils vibratiles qui les mettenl en mouvement, non-seulement dans les F71CUS dont il a ete question , mais encore dans un grand nombre d'autres Algues. Ainsi, le mouvement des corpuscules mAles est done de memo nature que celui des cils vibratiles de i'epispore , c'est-a-diredc nature speciale,mais encore inconnue, comme celui de tous l^s cils vibratiles vegetaux et animaux.

M. H. Weber {Arch, de Midler, I847)asuivi le develop- pement complet des spermatozoides chez les Strawy Ins auricu- lar'is et Ascaris acuDunata , developperaent dont jusqu'alors on ne connaissait que quelques phases incompletes. Ne pouvant cntrer dans Ics details que rcnfcrme cet interessant memoire, il sufiiru de mentionner que dans les tubes du testicule se dcve- loppent des cellules niunles de leur noyau, etc., analogues sous ces rapports avec colle par laquelle commf^nce Tovule. Bieutot le noyau disparait, et la cellule se remplit d'un contenu granu- leux, opaque, analogue au vitellus lui-meme. Les phenomenes que presente peu apres ce contenu, nous prouveront que des ce moment cette cellule appelee ulriculc mire zoospcrtnique est bien encore cellule au point de vue morphologique; mais qu'au point devue de I'anatomie des elements organiques, elle est de- venue un organe special, un veritable oeuf spermatozoique, eeuf du m&le, ayant sa membrane viteU'me (parol amorphe et homo- gene de I'utricule) et son vitellus (contenu granuleux dc la ni6me

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Utricule 20osiJemiique) , teuf dont ie pioduilbponlaue, tes spetf- matozoides, devra aller porter I'ineitation neocssaireau dfvel()|i- pementdu contenu de I'ovulc en cmbryoii. Ce vitellusde I'ceuf du male presente en offet bieutot un, puis deux silloiis mdri- diens, comme le contenu de I'ovule des animaiix fempllos, des Algues, etc., et les ({u.itro spheres dc fiactioiu enieiit qui en re- sultentpour chaque iilrienlc mere zoospeiniiqiie prennent une paroi ; sur uu poinl de cette cellule apparail un piiilongenitMit ou queue qui graudil iiisensiblement. En nieme ten^ps, le corps de la cellule se modilie pour t'oriuer le corps oo. la tetedu sp<i- matozoide. C'est surlont cette p^riode du developpement, la plus importantede touies, <|ui avait echappe jusqu'ici aux recberches de M.Weber; aussi apresl'avoir observcc, cet analonifste n'al-il pas besitc a la comparer au fractiouneinont analogue du contenu de I'ovule des animaux et des vegelaux. La periode qui suit est ceile qui a ete figuree par tous les observateurs pendant laquelle on voit les spermatozoidesenroules en iaisceaux dans I'utricule mere ou membrane vitelline ; puis celle-ci se ramollissant sortir brusquement, ou bien seulement peu a peu, de maniere a I'en- Irainer par les mouveraents de leur queue qui sort la premiere, tandis que le corps ou la tete resle encore quelqiie temps eng;ige dans la masse pateuse de I'utricule mere ou oeuf male. Ainsi done ici encore les spheres de fractionnement du contenu ou vitellus forment des cellules embnjonahes du mSle; mais celles-ci, au lieu de se grouper en embryon, se modiftent, for- ment chacune quelque chose de special, le Spermatozokle , ana- logue par son but el son mode de developpement aux corpus- cules males des Algues, aux grains de pollen des Phaneiognmes; ayant comme elles pour usage d'aller porter a I'oeuf femclle I'iii- citation premiere et dominante sans laquelle son vitellus ne presenterait pas les phenomenes de fractionnement et de forma- tion de cellules embryonnaires qui sont spontanes chez le m.lle. Quant au developpement de la queue de ces cellules embryon- naires du male ou spermatozoides,etaux mouvemcnts dont dies sont douees, ils ne sont pas plus etonnants que le developpe- ment des cils vibratiles et ile leurs mouvemcnts a la surface des cellules de repitheiium des muqueuses et des teguments de beaucoup d'etres adultes de toutes les classes ou a I'etat de

Extrait de I'lnstittit, section 1848. 7

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larves, et ils sont sans doute de m«^me nature, eneore iuconnue. Mais oes niouvements ne sul'fisent pas pour fairc admettre que k's Spermatozoidcs sont des auimaux , pas plus qu'on ne peut dire qu'iine cellule d'epitlioiium vibratiie, isolee artillcieliement el entruln^e par les mouvenients de ses oils est un animal. Les uns et les autres de cts corps ne se reproilnisent pas, les ans et les autres ne sont que des celiuhs appropriees h des asages speoiaux : les lines se forment spontanement chez le m^le par un mecan is me special dans un oigaue particulier, el vont determiner dans I'organe corrcspondant de la femelle la forma- tion par un m^me raecanismede cellules correspondantes; mais qui, par suite du concours de cellcs du mdle, subissent un deve- loppemenl plus complet, d'ou resulte I'embryon: les autres de- rivent des cellules embryonnaires, font partie de certains tissus de I'animal, se renouvellenl par formation sponfanee de plus jeunes qui les ehassent apres qu'elles out* rempli leurs fonctions pendant un temps doniie; mais non par reproduction directe par elles mfime comme parents.

c. Ainsi nous voyons d'une part, dans une premiere serie d'or- ganes , Tovnle femelle des animaux, des Cryplogames et des Pbanero;>anies qui presenlent une serie des pnenomenes analo- gues : le IVactioiinement de leur conlenu ou vilellus; d'oii re- sultcnl des cellules qui se reunissent pour former rembr3'on ; et il y a identite dans le mc'canisiiie de cette formation entre I'ovule de I'lniequelconque de ces classes et celui de la classe qui la suit oil la precede. D'autre part, dans une deuxieme serie qui renferme Tovulo indle [utriciile vurc des corpusculcs fecuti- daleurs) des Phanerogaines, des Cryptogaines et des animaux, nous voyons encore qu'il y a nou-seulement identite de meca- nisme pour la formation des cellules embryonnaires males, entre I'une quelconque de ces classes et celle qui la suit ou la precede ; mais de plus qu'il y a identite de mecanisme entre cette serie tout entiere qui apparlicut aux org;ines males et la pr^cedonte qui contieut les orgaues femelles; oiganes qui dans lesunes et dans les autres out pour but une seule et meme fonc- tion , la conservation de I'espece par la perpetuation des indivi- dus. Cette identite reconnue, 11 faudra desormais ranger dans la premiere serie tons les ovules m^ies, parceque leurs cellules

I i

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embryonnaires se forment spontanement ; mais au lieu de se grouper en embryon elles se dispersent et vont s'unir a un ou plusieurs ovules leuielles qui sans ell.es resteraient sans usages; mais pour lesquels elles deviennent un excitateur qui determine i'apparition des memes phenomenes qu'elles ont eprouve sponta- nement. G'est done daus le male que reside le principe dominant, primitif et spontane des phenomenes de la reproduction , le principe determinant sans ieque! I'organe t'emelle devient inu- tile; c'est en lui que commencent spontanement les premiers phenomenes de la reproduction dont la femelle presente la con- tinuation par le meme mecauisme eleraentaire , par suite de I'intervention du mcile.

d. Quant k I'utilite de ces comparaisons qu'on pourrait re- pousser en disant que la botanique n'a jamais rien empruntede bon a la zoologie, ou peut repoudre qu'elles n'ont pas ete faiteg daus le but de savoir s'il y a ou non utilite pour I'une ou I'autre de ces branches de la biologic a comparer leurs phenomenes ; mais parce qu'il est toujours utile dans les sciences de compa- rer ensemble les phenomenes qui se passciit d'apres le meme mecanisme, surtout lorsquils ont pour but raccomplisseraent de la meme fonction et surtoul d'une function aussi speciale pour Tindividu , et aussi generate dans la masse des etres que la reproduition. De plus, c'a toujours ele une marque de progres dans les sciences de pouvoir rattacher a une seule et unique cause, quelle que soil sa nature, plusieurs phenomenes fon- daraentaux qui different a peine I'un de I'autre, et cela seule- mcnt par suite d'aclions tres secondaires s'ajoutaut a la prece- dente.

e. II ne faut pas objecter que dans les vegetaux la distinction en- tre le contenanl et le contenu des cellules embryonnaires est tou- jours possible, ce qui n'a pas toujours lieu chez les auimaux, et qu'alors lescorpusculeselementairesprimitifsnesont pas des eel lules. Cela est en effet vrai au point de vue morphologique pour un certain uorabre de cellules animales embryonnaires ou autres; mais comme la constitution anatomique fondamentale est iden- tique dans celles qui out une parol distincte et celles sur les- queiles la distinction eiitre le contenant et le contenu n'est pas possible, comme les uues et les autres concourent au meme but,

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la formation destissus, on ne peut pas nier que ce ne soicut la des organes analogues dans I'uneet I'autre classe d'etres.

/. II y ad'autie part une distinction a etablirentie la formation des premieres cellules embryonnaires par fractionnement du vitellus chez les vegctaux et auimaux et la formation des cel- lules pour I'accroissemcnt ou la renovation des epitheliums ou autres tissus chez les animaux adultes d'une part, et d'autre part la formation des celiuUs dans les racines aeriennes, dans les spongioles, dans lis bourgeons adventifs ou pour le devcloppe- ment d'autres organes ou leur accroissement chez les vegetaux. II y a la formation spoiitanee de cellules par uu meeaiiisme autre quale fractionnement du vitellus, ct si dans I'lmet I'aulre casil y a analogic dans Ic mode de multiplication des cellules aux depens des premieres formees, la formation premiere differe et ne doit pas etre confoudue. La theorie de Schwann par exemple n'aurait pu 6tre applicable qu'h la formation des cellules chez les etres adultes et non dans I'ovule. Cette theorie n'est du rcste pas exacte ni chez h-s animarx ni chez les vegetaux, surtout pour cc qui rcgarde la formation de la paroi de cellule aux depens du noyau. II a dureste neglige ce fait important que chez les vege- taux la parlie reellement importantede la cellule au point de vue organi(|ue, c'cst I'utriculo primordiale azotee qui tapisse la face interne de la paroi de cellulose (H. !Mohl, Payen, etc.). Le noyau des cellules v^getales est de nature azotee, il appartienta rutricule azotee et nullement a la paroi de cellulose; celle-ci n'est en (|uelque sorle qu'uii jiroduit secondairc , ayaut des usages mecaniques, qui s'ajouie a la premiere, I'cntoure quand celle-ci s'ostforraee. Dans I'oviilc vegetal les cellules embryon- naires sont d'abord purement azotees , ce n'est qu'ensuite que se raontrel'enveloppe plus solide, mais peu vivante, formee de cellulose. II reste ueanmoins a Schwann d'a voir mis en evidence le premier que, dans les animaux comme dans les vegetaux, les elements anatomiques des tissus passaient d'abord par I'etat de cellules, etaient precedes par des cellules qui vivaient un cer- tain temps sous cette forme avant de devenir tissu.

g. Quant a la theorie de Schwann sur la metamorphose des cellules embryonnaires animales en elements destissus, sur leur transformation directe en elements anatomiques (fibres rauscu-

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laires, tubes nerveux, vasculaires, etc.), on peut la considerer comme line de ces theories de transition bonnes pour un temps, comme I'histoire des sciences en montre tant, raais actuellement reconnue comme inexacte. II est bien certain que tout tissu ve- getal (tissu meduilaire, tissu fibreux, vaisseaux, etc.) est le re- sultat d'une metamorphose pure et simple de cellules qui ne perdent jamais les caracteres d'utricule quelles que soientleurs modiflcations de forme, .volume, etc.... II importait de savoir s'il en etait de meme chcz les animaux : Schwann a resolu affir- mativement la question. Mais il a force les analogies en voulant que les elements anatomiques des tissus animaux soient formes aussi par une transformation directs des cellules en fibres, tubes, etc... I! y a bien analogic en ce sens que ces elements-ci sont precedes de cellules analogues par leur constitution anato- mique, leur developpement primitif, aux cellules des vegetaux ; mais il y a une difference importante, en ce sens que ies ele- ments anatomiques des tissus animaux ont besoin d'une elabo- ration de plus. En eflet, apres avoir exists, vecu un temps donne, elles disparaissent, se fondeot, et au fur et a mesure on voit naitrc dans le binsteme qui en resulte des fibres, tubes, etc. , qui s'y developpent de toutes pieces. Ainsi chez les vegetaux il y a transformation directe des cellules en elements anatomiques des tissus par metamorphose simple; chez les animaux il y a SUBSTITUTION des elements anatomiques aux cellules qui se fon- dent et disparaissent d'abord ; mais non metamorphose directe des cellules en elements.

II. II n'y a exception que pour les epitheliums qui se formcnt par metamorphose directe des cellules en tissus. II en est de meme des plumes chez les Oiseaux, etc. Mais ici c'est un tissu d'une autre nature, plus simple, vegetant, remplissant des fonc- tions passives. Les epitheliums sont en un mot avec les polls, les ongles, le cristallin, les plumes, les produits de secretion, etc., des produits de perfectionnement ou a expulser ; mais ce ne sont pas de vrais tissus, doues de functions actives, comme le tissu musculaire, nerveux, etc... De meme aussi les elements anato- miques de ces tissus passifs ou produits et ceux des vrais tissus ou aciifs sont essentiellement differents; dans les premiers ils sont plus simples, ils ont seulement change de forme ou sont un

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peu plus modilies comme dans les produits de perfectioonement par exemple,tels que poils, ougles, plumes, cristallin, etc.; dans les derniers, ils sunt nes spoutanemenl dans un blasteme qui a prealablement passe par IVtit de cellule, par consequ''nt plus animalise , plus eloigue des elemeuts auatomiques des tissus vegetaux.

Seance du 8 jidllet iSlii.

ZooLOGiE. Tarets. M. Laurent cbramunique un I'ait qui vient d'etre observe par M. Eydoux, medecinde la njarine, de- legue au port de Toulon pour coutinuerles experiences concer- nant les aniraaux nuisibles aux bois de construction, Cette ob- servation a ^te r9ite sur un individu de I'espece Teredo sene- gatensis , qui , ayant ete retire entier du bois^ avait ete place dans un vase rempli d'eau de naer, ou i'on avajt mis ci dessein quelques morceaux debois. Get individu a d'abord allonge son pied pour tenter de se fixer de nouveau sur lebois, etn'ayant pu y parvenir, a (iiii par secreter un nouveau tube calcaire complet, pt ferme a son extremite anterieure ou cephalique par une cloison epip!ira{];maire. M. Laurent eiitre a ce sujet dans divers developperaents, et signale riraportance de ce fait , qui lui serable proprea confirmer I'opinion emise par M. Des- hayes au sujet du genre Clohonnaire de la famille des Mollus- ques acephales lubicoles. U est d'avjs qu'il faudra suppriiner les genres FisLiUane et Cloisonnaire , et faire rentrer dans le genre Taret , non-seulement la Fisiulana greciata , qui est le Teredo nucivorus de Splenger, mais encore la Fistulane corni- forme , qui , demenieque la Cloisonnaire de la Mediterranee , trouvee k Marseille et decrite par M. Matheron , n'est rien autre chose qu'un Taret de I'espece Teredo senecjalemis, ou d'Adanson. Ce qui est la confirmation des determinaiions pro- posees par M. Deshayes.

Les reflexions que I'ait a ce syjet M. Laurent le conduisent natureliement a repondre h |a notice sur les Tarets , lue par M. de Quatrefages a la Societe dans la seance du 10 juin 1848.

11 fait remarquer que , d'apres I'examen des caracteres in- diques tres succinctement , et assigues par M. de Quatrefages h I'espece pretendue Douvelle, il croil devoir persisier a ne point

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laeonsiderer eoramc telle_\ attendu qa'elle pourrait bien etre une \Sir\ete da Teredo nucivorus.

2" II sigiiale conime completemenl erronee I'assertion de M. cle Quatrefagt's, quiattribue aux ancienslacroyance a I'ovo- viviparite. C'est tout le contraire. Les anciens et les modernes out tous cru jusqu'a ce jour (|ue lesTaretsetaient ovipares.

Lfs fails cites par M. de Qiiatrelages a I'egard de I'espece pretendue nouvelie,soiit des preuves certaiues de rovovivipariti de celte espece. On peut done , en joigaant cette espece au Te- redo navalis (qui est bien distincte du Teredo sencgalcnsis ^ d'apres les deterraiualioiis deMM. de Blainvilleet delie Cbiaje) , adniettre deux especes de Tarets reeilement ovovivipares.

4' iVl. Laurent ayant revu ses notes relatives au Taret du Senegal , que M. de Quairefages aorait vu pomire des oeuls, admel, d'apres ces notes, la po^sibilite de roviparite de cette ftspece , ou bien une ovoviviparite moins nette et moins tran- chee que dans les deux especes citees eidessus.

II annonceque, pour lesoudre cette question, il fait pour- suivre a Toulon des rechercbes sur toutes les espe es de Tarets, et principalement sur le Taret i palmeltesartieulees. Cette der- ni6resera-t-elleovovivipareconinae les deux premieres,ouovi pare eomme le Taret du Senegal , en admettant provisoirement , et jusqu'a plus ample infornae , I'oviparite de cette espece ? En I'etat actue! de la science , il coiivient , dit-il , d'altendre que de nouveaux fails eclaireut ce point de rhistoire naturelle du genre Tarel. II serail possible (|ue, dans ce merne genre , de meme que dans celui des Paludines , il y eiu des espfeees ovi- pares et d'autres ovovivipares.

A I'eg rd de la question des sexes , que M. de Quatrefage.s croit avoir vus distinctement separes dans les -Tarets ( cequi n'a point encore ete observe ) , M. Laurent croit celte affirmaiion au moins prematuree , et pense que les rechercbes microscopi- ques dont s'occupenl depuis longtemps les zoologistes investi- gateurs, nonobstant les liimieresqu'elles fournissent , ne sufli- sent pas pour reso, dre celte question , et qu'il faul necessaire- mem y joindre robservalion des moeurs et des experiences sem- blables a ceiles qu'il a faites sur les Limax agresiis et flavus , et sur I'Hydre.

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Anatomii? et PTiYStOLor.tp. f>e la arai'aiion i\ici Us Arack' nides. M. BlancharJ coiumuuique sur ce sujet les obs«:rva- tionssuivantes:

« Dans les Arachnides a respiration pulmooaire, oomme Ics Epeires, les Tegenaires, etc., le systerao vasenlaire offre uu ile- gr^ de developperaent considerable. Le coeur, deja bien ob- serve et represente avec exactitude par Treviranus en Allema- gne, par Dii/jes en France, oecupe la poiiion supiM-ieure de labdomen; regnant ainsi au-dcssus du tube digestil' et des or- ganes de la generation ; mais I'ensemble du systeme arterid est demeure completenient ignore, jusqu'a present. Duges, dnns son Trailc de pliysiulogie comparee (t. Ill, 1838), dit, en pailant de la circulation chez les Arachnides : « Le coeur se continue » en avant sous la forme d'une grosseartere qui traverse le pe- » dicule et entre dans le corselet; je I'ai suivie jusqu'aii milieu V de cette partie, oil je I'ai vue s'elargir, sans dome, pour se di- » viser. » Depuis I'epoque a laquelle ecrivait le celebre natura- liste de Montpellier, aucune observation sur ce point n'est ve- nue agrandir le cetcle de nos connaissances. M. Newport, il est vrai, a public des recherches d'une haute importance sur la maniere dont s'effectue la circulation chez les Scorpionides ; mais les Araneides ou les Arachnides fileuses, sur lesquelles nous appelons aujourd'hui Tattenlion des naturalistes, consti- tuent un type zoologique fort different.

» Pour donner la description succincte de I'appareil vasen- laire des Arachnides fileuses, c'est I'Epeire diad^me. [Kptha (ihulema, Lin.) que nous choisirons corarae exemple. C'est chez cette espece que nous avons reussi, d'abord, a suivre !e trajet de tous les vaisseaux en y faisant penetrer par le coeur un liquide colore.

» L'aorte, comme Duges I'avait vu, nait directement de la portion anferieure du coeur. Se dirigeant en iigne droite, elle passe dans le pedicule de I'abdomen et penetre dans le thorax. Parvenue au-dessus de I'ouverture comprise entre les deux por- tions stomacales, elle fournit, de chaque c6te, une artere qui remonte en suivant I'origine des diver liculutn de I'eslomac de ces prolongements intestinaux. Mais les deux troncs les plus puissants qui naissent de I'aorte se portint a la partie jnlerieure

di) tlini'.n. lis fournisscnt prosque des lour origine Ics artcreS optiqups;et aprcs elre passes an-dessous 'de la region stoma* cale, ils envoient une artere achacune des pattes, et des grands palpes ou pattes-mElchoires. lis donnent encore une artere aux glandes venenifiques. Cette derniere se divise en piusieurs bran- ches sur la glande, et rien ne se dessine avec plus de nettete et d'elegance a la fois que ces fines ramifications, quand elles sont bien rempiies par le liquide injecte.

» De raeme que chez la plupartdes Invertebr^s,les veines pro- prementdites manquent chez les Araehnides. Le sang, porie a tous les organes par les arteres, se perd ensuite dans les lacu- nes, c'est-a-dire dans les espacesou meats compris entre les or- ganes. Daus les paltes, i'artere s'etendant jusqu'^ I'extremite du membre, il existe un canal pour le retour du sang. C'est ce canal qu'on distingue meme au travers de teguments chez un grand nombre d'especes.

» Le fluide nourricier, repandu dans toutes les cavites du corps, arrive aux poumons. La, il s'infiltre entre les feuillets qui constituent ces organes, et apres y avoir puise I'oxygene de I'air, il est repris par un systerae de vaisseaux effercnts qui le ramenent au coeur. Ces vaisseaux, analogues aux vaisseaux bianchio-cardiaquesdesMollusques-Gasteropodesoudes canaux branchio-cardiaquesdesCrustaces, peuvent 6tre desigues sous le memenom, ou sousceluidepu/monocan/ia^ites. lis serecour- bent vers la partiepost^rieureet vers les parties laleralesdu corps, pour passer au-dessus des organes de la generation et parvenir dans le pericarde devant chacune des chambres du coeur. Ces vaisseaux assez nombreux et tres ramifies avaient deja ete vus par Treviranus et parDuges; mais comme ces naturaiistes ont observe sans le secours de Tinjection, il parait y avoir quelques inexactitudes dans les figures qui represenlent les divisions de ces vaisseaux. Eu outre, leur r61e physiologique ne semble pas avoir ete bien saisi.

» En piusieurs circonstances, nous avons eu I'occasion d'in- sister sur les rapports d'organisation qui unisient la classe des Araehnides a celle des Crustaces. La nature de I'appareil circu- latoire vient encore moutrer manifestement I'affinite qui existe entre ces deux types. Chez les Araehnides, comme chez les Extrail de I'lmtUut, 1" section, 1848, %

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Criistaces, il y a un veritable cceur et qn syst^rae arteriel tr^s developpe. Le sang est egaleraent ramene des organes respira- toires au cceur par des vaisseaux efferents ; seulement chez les Arachnides ces vaisseaux, ayant des parois propres et des divi- sions nombreuses, out uae perfection plus grande que chez les Crustaces. »

Geometeie. De la deviaiion des courbes a double courbure. M. Abel Transon coramuuiquc sur ce sujet la note suivante.

La determination de la tangente, du plan osculateur et du rayon de courbure, fait connaitre, a partir de chaque point d'une courbe, la situation absolue et ja correlation des deux elements consecutifs de celte courbe. La situation du troisieme element est determinee: par Tangle infiniment petit que fait le plan du premier et deuxieme element avec celui des deuxifeme et troisieme; 2* et par le rayon de la sphere osculatrice. iMais cetle determination du troisieme element est eu quelque sorte ideale ; elle ne peut pas se realiser comme impliquant une quan- tity intiuiraent petite, savoir Tangle des deux plans osculateurs cons6cutifs. De sorte qu'il u'y a pas de rppresentalion geome- trique pour figurer la correlationdestrois elements consecutifs. Cependant, comme ces trois elemenls sout sur une mt^me sphere , et les deux premiers sur un cercle determine de cette sphere, il n'y aurait plus qu'a obtenir une raesure intuitive de ia quantite dont le troisieme element s'ecarle de ce meme cercle. On y parvient de la maniere suivante. Pour fixer les id6es sans recourir a une figure, soient A, B et C les trois elements consecutifs de la courbe. Concevons un grand cercle iS' trace sur la sphere osculatrice, perpendicuiairement au milieu de B; puis un autre grand cercle IN' perpendiculaire au premier et tres voisin de B, L'arc deN' intercepte par la courbe donuee aurait son milieu sur N , si le troisieme element de celte courbe ne s'ecartait pas du cercle osculateur determine par les deux pre- miers ; mais, generalement. Tare de grand cercle raene du milieu de B au milieu de Tare intercepte de JN' fera , avec Tare normal IV, un certain angle fiui (J dont la tangente est proporiionnelle A r^cart que Ton veut apprecier. C'est done cet angle on plut6t sa tangente qui mesure dans la courbe proposee Talteration de forme circulaire , la deviaiion. Cette tangente a pour expression la formule tres simple :

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Tan^r. 5_l. -^p— j;^^,

ou R est le rayon de la sphere oseulatrice; r le rayon du cercle osculateur ou de premiere courbure; p le rayon de flexion ou deuxieme courbure, lequel est egal comme on sait au rapport

: M 6tant Tangle des deux plans osculateurs consecutifis , et ds

ds I'el^ment de la courbe.

Cetle determination de la deviation des courbes k double

courbure complete une theorie de la deviation dans les courbes

planes et dans les surfaces, qui a ete soumise en 1840 au juge-

ment de 1' Academic des sciences de Pai'is , et ins^ree par extrait

dans le Journal dematlicmatiques, de M. Liouville, pour 1841 .

Seance du 12 ao^t 4848.

Geometrie analytique. M. Bonnet communique la de- monstration suivante du theoreme de Meunier , d'apres lequel i'helicoide gauche est de toutes les surfaces gauches la seuie qui ait en chacun de ses points ses deux rayons de courbure principaux 6gaux et de signes contraires.

Supposons ie problerae resolu et considerons sur la surface trouvee, en meme temps quelrs generatrices rectiiignes , leurs trajectoires orthogonales; d'abord ces lignes seront eqiiidistan- tes entre elles et auront en chaque point ieur plan osculateur tangent a la surface , c'est ce que Ton reconnait ais«ment.

Cela pose, prenons trois generatrices rectiiignes infiniment voisines ; soieut mm' etm'm'Mes deux elements qu'elles dctermi- nent sur uire premiere trajectoire orthogonale et nn', n'n" les deux elements qu'elles determinent sur une seeonde de ces li- gnes tout-a-fait quelconque par rapport h la premiere; si Ton exprime, comme cela doit etre, que la normale a la surface au point n est perpendiculaire a n'n" ou trouve que Tangle de mm' avec nn' est egal a Tangle de m'm" avec n'n" ; d'ailleurs le pre-

mier de ces angles a pour tangente-- ■,, en appelant r et R

R(r mn)

les rayons de premiere et de seeonde courbure de la premiere

trajectoire orthogonale au point m, De 1^ on conclut que cette

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trajectoire ases rayons de preraifere et de seconde courbures con- stants. —Considerons maintenant la ligne de striction de la sur- face , on reconnalt facilement qu'eile doit etre trajectoire ortho- gonale des generatrices, et par consequent avoir les plans oscu- lateurs tangents alasurface,ce qui nepeut avoir lieu, chaque Ele- ment de cette ligne n'etant perpendicuiaire A deux generatrices inliniraent voisines qu'autant qu'eile se r^duit a une droite ; pro- jetantalors la surface sur un plan perpendicuiaire a cette droite on voit aisement quetoutes les trajectoires orthogonales des ge- neratrices rectilignesse projettent suivant descercies concentri- ques et puis que ce sont des helices, d'ou r^sulte le theoreme.

Seance du 26 ao(tt 18A8.

BoTANiQUE. M. P. Duchartre communique I'extrait suivant d'un memoire sur les enibryons polycolyl^s.

« Depuisque Jussieu, parune heureuse application d'un prin- cipe enonce primitivement par Ray, a pris pour base des grandes divisions du regne vegetal les caract^res fournis par I'embryon , toiites les questions qui se rattachent a celui-ci ont acquis une iiaute importance. Le premier de ces caracteres est celui qui est tire du nombre des cotyledons, d'aprcs lequel tous les vejfctaux embryones ont ete divises en monocotyledons ou monocotyles , et dicotyledons ou dicoiyles Ce nombre est presque tou jours , en effet, d'un ou de deux ; mais , d'apres la plupart des bola- nistes, il s'eleve au-dessus de deux dans Tembryon d'un petit nombre de plantes auxquelies on a applique la denomination de pohjcotyle'dones ou polycotylees. Par une particularite remar- quable, ces plantes se trouvent disseminees au milieu de diver- ses families et meme de genres dont la majorite des especes n'ont le plus souvent que deux cotyledons: des lorson a juge impossible d'etablir pour elles un embranchement special. Or, I'objet de mon memoire est d'examiner si ces plantes sont bien reellement pourvues de plusieurs -cotyledons distincts, ou si elles ont seulement deux cotyledons divises profondement en un nombre variable de lobes.

» Je montre d'abord, par divers exemples, que les cotyledons ou les feuilles seminales des plantes dicotyleesont une tendance tres marquee a se diviscr sur leur ligne mediane, k des degres

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divers, parfois assez profondement pour faire regarder a tort diaquc lobe cotyledonaire comme constituant un cotyledon dis- tinct. Entrcaiitres fails, je decris et je figure des germiDations de Dianthus chinensis, Lin., dans lesqueiles se montrent tous les degresde division, depuis I'echancrure de Tune desfeuilles se- minales jusqu'a la division complete dc chacune des deux en deux lobes presque indepeudants. Je montre aussi, par unese- rie d'etats differents , que I'erabryon du Macleija doit b. une di- vision de ses cotyledons I'apparence remarquable qui I'a fait decrire comme possedaiit quelqutfois de trois a quatre cotyle- dons. Je fais observer neanmoins que , dans quelques cas tres rares, le verticille binaire des cotyledons pent devenir ternaire ; et j'en donne des exemples.

» Passant ensuite aux embryons dont les cotyledons sont normalement bipartis, je decris le developpement de celui des Amsinkia el leur germination. Je montre aiiisi que les deux co- tyledons de ces plantes, simples k leur premiere apparition, de- veloppent bientot chacun deux lobes egaux ; et que, de[)uis c t instant jusqu'a celui oil les deux feuilles seminales sontairivecs a leur developpement coinplet, il devient de plus en plus livideut que cbacune de celles-ci n'est que partagee dans le sens de sa ligne mediane,

» Une analogie complete dc dtvuloppemeiit et d'organisatiou me conduit ensuite a eludier iVnibryon du Schizopflalun Wal- keri^ Sims., auquel M. Rob. Brown, dans X^Botanical Register, tab. 752, et recemment M. Barn^oud, dans un memoire special, out uttribue quatre cotyledons distiiuts et separes, contraire- raenta I'opinionexprimee parM.W.Hookerdans VExolic Flora^ tab. 74. Je montre que I'embryoa de cette plante passe par une serie d'etats analogues actux que j'aisignaleschez [esAinshiliia; que sa g«rminfition ressemble a eelle de ces derniercs plantes, bien que la division de chacune de ses deux feuilles seininales en deux lobes soit plus profonde; enfin j'ajoute ci I'appui de ces premiers fails ceux que fournit la structure anatomique, etje montre que, dans les germinations du Schhopelalon, ontrouve deux faisceaux fibro-vasculaires qui correspondent a la portion indivise des deux cotyledons, et qui , plus haut, se divisent en deux rameaux destines chacun a I'un des deux lobes cotyledo-

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naires. Ce singulier genre de Cruciftres doit done etre effac6 de /a listc des plantes polycotyl^es.

» Aprts avoir jeteun coup d'oeil sur les Canatium, VAgatho- p/njlhnn , dont I'embryon parait n'avoir que deux cotyledons partages chacun en trois ou plusieurs lobes, j'nrrive h celles d'entre Its Coniferes qui ont ete regardees comme possedant plusieurs cotyledons, et dans lesquelles on s'accorde g^neraie- menta voir le type deserabryons polycotyies. Cette opinion a ete adnoisedans la science sur I'autorite de Gaortner, de Salis- bury, de L.-C. Richard et de M. A. Richard, Eile est entiere- Dient opposee a celle qui avail ete iexprim^e par Adanson et par Jussieu, d'apres* laquelle ces Coniferes n'auraient que deux co- tyledons partages profondement en un nombre considerable de lobes etroits et allonges. Bien que cette derniere maui^re de voir ait ete abandonnde par les botanistes de nos jours, j'essaye de demonlrer qu'elle seule est basee sur les faits. Apres avoii- dis- cute les objections qui ont ete ^levees com re elle par Gacrtner etM. A. Richard, je deduisde I'examen attentif de I'embryon chez dix-scpt esp^ces differentes , et de celui de la germination chez quelques-unes, les resultats que je vais resumer en peu de mots.

» Les pretendus cotyledons multiples des Pins et des genres dont Tembryon est organise sur le memo plan ne sont pas verti- eilles, c'est-a-dire ranges regulierement en cercic autour d'un point. Aucontraire, ils se montrent toujours p irtages en deux groupes opposes, places absolument comme leseraient deux co- tyledons ordinaires. Dans chacun de ces deux groupes, les pro- ductions, dans lesquelles on a vu des cotyledons distinctset s^- pares, et que je regarde seulement comme des lubes, sont gene- ralement serrees I'une contre I'autre, tandis qu'il existe entre les deux groupes eux-memes un intervalle tres marque, quelquefois assez large pour occuper, vers le centre, | res d'un tiers du dia- nielre total de I'embryon. Souvent, et particulierement dans les cas oil les lobes sont nombreux, Tembryon estcomprim^ dans le sens de la largeurdes deux cotyledons. En regardant Terabryon par le somYnet, on Voit frequemmeut les pretendus cotyledons multiples ranges sur deux lignes paralleles, et ces deux lignes sont alors separe'es I'une de I'autre par une fente trfes visible.

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Cette fente intercotyledonaire se prolooge sur les ^o\ix cotei? opposes do I'embrj'on ou sod exces de largeur la fajt aisentif nt ^•ecoDuaitre, suitout chez quelques especes {Pinus pinaster, So- lan., P'lnus excelsa, Wall., etc.). Dans certains cas, ces deux fentes laterales, opposees, descendent seosiblement plus basque eelles intejposees aux lobes ; des lors I'assertion de Jussieu, quoique trop generalisee, etait basee sur des faits. Pour recon- pailre , dans les cas doijteijx, la disposition des lobes cotyle- ^onaires en deux groupes, up uioyen, qui ra'a toujours reussi , consiste a mener, avec un instrument bien tranchant, une sec- tion transversale vers le milieu des cotyledons plus bas ; la por- tion basilaire restantemanifeste neltement, dans presque tous les cas, la disposition que je signale.

» A pes faits fournis par I'embryon adulte, j'en ajoute d'au- treg tir^sdes germinations et de la phyllotaxie. Je rappelle aussi que recerament M. Lestiboudoig a ete conduit par des observa- tions de phyllotaxie anatoraiquea admettre egalement la dicoty- ledoqie de tputes les Coniferes.

» Ainsi , ep resume, je crois etre parfaitement autot ise ^ ad- mettre que les plantes doot il s'agit ici ne soni pas polycotylees.

» Les Ceralophijllum ont ete signales et sont cncoie journel- lement decrits comme possedant quatre cotyledons inegaux par Piajro. Mais les observations de M. Schleiden, avec lesquelies les miennes s'accoident presque de tout point, ont suffisamment montre que c'est la une erreur due a ce qu'on a confondu avec les deux cotyledons le premier verticille de feuilles plumulaires qui se montre constamment binaire.

» Apres avoir ainsi retrauche de la categoric des plantes poly- cotylees la presque totalite de celles qu'on y avait rangees, je pe vols plus comme devant conserver provisoirement ce nom , d'apres I'autorite de M. Rob. Brown, que quelques especes dc fersoonia , au sujet desquelles le manque presque complet de materiaux ne m'a pas permis d'emettre uue opinion. »

ZooLOGiE. M. de Quatrefages lit un m^moire, dont suit un extrait, sur I'embryogenie des Annelides.

« Les oeufs, meme non fecondes, sont le siege de plienom^nes qui me paraissent tres remarquables. Abandonaes a eux-raemes dans de I'eau de mer bien pure, ces ceufs subisseut d'abord I'ac-

tion de I'endosmose. line certaine quanlite d'eaii penefredani leur interieur, distend leiitement la membrane ovulaire qui s'6- carte du vitellus, et au bout de six a sept heures on pourrait croire a I'existence d'uu albumen. Vers cette epoque , la v^sicule de Puikinje, qu'on distinguait par transparence dans linterieur du vitellus, disparait, et Je viteilus (ie\iont le siege de mouve- meuts tres semblables h ceux qui se passeut dans les oeufs fe- condes. La masse entiere change h chaque instant de forme, tant6t s'ecoulant en masse d'un point a I'autre de I'oeuf, tant6t formant des lobes arrondis donl on peut suivre de I'oeil ies raodi- ficalions. Tous ces mouvements ont essentielleraent leor siege dans la gangue transparente qui unit ensemble les granulations yitellines. Celles-ci sent tntralnees d'une raaniere passive dans ces mouvements. On voit par moment cette gangue former a elleseule des lobes presque entierement priv^sde granulations, etqui rentrent bicntdt dans la masse commune. Par suite deces mouvements, les granulations deviennent de plus en plus te- nues, diminuent en nombre, et, par suite, I'existence de la gan- gue transparente, le r6le actifqu'elle joue deviennent de plus en plus manifestes.

.. J'ai meconou pcndnnt I'ort longtenipb la nature de ces mou- vements singiiliers. Je les attribuais d'abord, comrae Pont fait mosdevaiK'iers , a Taction de courants determines par I'endos- niose, a une putrefaction comm(U9ante, etc.; mnis une observa- tion plus attentive me prouva que ces mouvements etaient bien reellement spontanes, qu'ils etaient autant de manifestations de la vie propre de I'oeuf, vie qui est tout a fait independante de I'action des sperraatozoides.

» Ici nous voyons reparaitre d'une raaniere frappante cette analogic, deja signalee, entre les produits des organes genitaux mSles et femelles. De meme que les sperraatozoides, en s'iso- lantdu pere, emportent avec eux une certaine somme de vita- lite, de raeme ies oeufs des animaux a feeondation exterieure,en se.separant de la mere, poss^dent une vie propre et individuelle. Chez les ceufs, meme non fecondes, cette vie peutse manifester par des raouvements spontanes et caracteristiqucs , tout corarae on I'observe chez les sperraatozoides. Chez ces derniers, la vie s'epuise toujours au bout d'uu temps assez court. 11 en est exac-

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temeiit tu* meinr poUr les oenfs non foconties. Dans le? oeufs f^- concles, au contraire, les moiivemenfs vitaux se proioiigent et aboutissent a I'orgnnisation (I'ihi nouvel eire. L,e contact des spermatozoidcs n'a done pas pour resultat de donner ou de re- vciller une vie qui existe deja et se manifeste par des phenome- nes apprecia!)les, rmisbien, selon toute apparence , de regula- risei-rexercice decette force et den assurer ainsi la duree. Ces conclusions, tirees de faits observes chez dos aniniaux a fecon- dation exterieure, s'appHquent a plus forte raison aux animaux a fecondiilion interieure. ..

» Le lieveloppement des Hermelles presente avec celui des Mammiferesdes rapports et des differences que je vais resunier rapidement.

» Au sortir de la vesicule deGraaf, I'oeuf des Mammiieres se compose d'luie taclic germinative, d'nne vesicule germinative , d'un vit( llus etd'une envcloppe unique a laquelle adherent des debris irrtVuliersdu disqueproligere.Nousretrouvonsdansl'ccuf des Hermelles exactement les memes parties, si ce n'est que rien nc rappclle ici I'existence anterieure d'un disqueprolig^re dont, en effet, i'ovaire ne presente aucune trace.

» Chez les Mammiferes commechez les Hermelles, peu apres la feoondalion, I'enveloppe unique de I'oeul' s'ecnrte a une cer- taine distance du vitellus, et une certaine quantite de liquide s'iiitroduit par endosmose entre ces deux elements de I'ovule. Chez les .Mammiferes comme chez les Heraieiles, nous voyons, peu de temps apres la f^eondation, semontrer nn ou deux globu- les transparentsqui se separent du vitellus, tt vieiment sc pla- cer entre ce dernier el I'enveloppe unique de I'oeuf. Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles, I'expulsion de ces glo- bules transparents est suivie par ce singulier travail de seg- mentation du vitellus qu'ont decouvertMM. Prevost et Dumas. Mais cette segmentation reguliere et toujours progressive chez les premiers, est irreguliere et comme intermittente chez les se- condes Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles, ce travail de segmentation aboutit a une division de plus en plus complete du vitellus. Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles, peu de temps apres que le travail meine de la seg- mentation a ramene le vitellus au point de presenter une surface Exlrait de CJnstitut, V* section, 1848. 9

GG

lisse, on voit la couche extericure de ce vitelhis perdre I'aspect vitellin et s'organiser. La membrane qui se forme ainsi a recu , chez les Mammiferes, le nom de blaatoderme. La couche corres- pondante chez les Hermelles doit done prendre le meme nora. Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles , le liquide in- terpose entre le vitellus et la membrane ovulaire disparait apres le travail de segmentation. Si ulement cetle disparition a lieu chez les premiers avant la formation, chez les secondes apres la formation du blastoderme. Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles, I'euveloppe ovulaire et le blastoderme recemraent formes deraeurent quelque temps distincts I'uu de I'autre et plus ou moins isoles.

» Ici commencent a se montrer des differences caract^risti- ques, quoique nous ayons a signaler encore deux points de res- semblance bleu reraarquables.

» Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles , au bout d'un certain temps , la portion externa du blastoderme s'unit intimemeol a I'enveloppe unique primitive de I'ceuf (membrane ovulaire,. Chez les Mammiferes comme chez les Hermelles, cette membrane ovulaire semble s'animer apres cette reunion ; chez les Mammifiires, elle forme la portion exterieure du chorion et se couvre de villosites ; chez les Hermelles, elle devient I'epi- derme dc la larve et se heiisse decils vibratiles. Sous ce rapport, I'epiderme de la jeune Hermelle est bien reellement un chorion persistant faisaut corps avec le nouvel animal.

» Mais ehez les Mammiferes, le blastoderme forme aux d^pens des couches exterieures du vitellus se partage, des son origine , en deux feuillets; chez les Hermelles, je n'ai apercu aucune trace de cette division. Chez les Mammiferes, le feuillet externe ou sereux du blastoderme donne seul naissance a la peau et aux tissus sous-cutanes ; chez les Hermelles, la poriion blastoderrai- que du vitellus s'organise tout entiere pour former ces derniers. La peau, ou au moins I'epiderme, est formee de toutes pieces par la membrane ou enveloppe ovulaire. Sous ce rapport, cette meme membrane que nous venons de voir jouer le rdle du chorion, correspond en outre a une partie du feuillet blastodermique se- reux des Mammifei es. Chez les Mammiferes , le feuillet interne ou muqueux du blastoderme donne naissance au tube digestif ,

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et une portion de la vesicule blastodermique , rest^e en dehors de ces modifications , forme la vesicule ombilicale. Chez lesHer- melles, la vesicule ombilicale manque, Le tube digestif se con- stitue de toutes pieces par I'organisatioB de la portion centrale du vitelius; cette portion centrale represente done le feuillet muqueux du blastoderme des Mammiferes. Chez les Mammife- res, entre les deux feuillets blastodermiques dont nous venons de parler, il s'en developpe un Iroisieme qui devient le point de depart de I'appareil vasculaire; ehez les Hermeiles, on n'aper- coit aucun vesti|;e de ce troisieme feuillet. A sa place, entre les couches sous-cutanees et I'intestin , se montre de trfes bonne heure cette cavite generale du corps sur laquellej'ai tantdefois appele I'attention des naturalistes, et qui, chez presque tuus les Invertebres, est rempliepar un liquidequi joued'unefacon plus ou moins complete le r6le du sang. Enfln, chez les Mammiferes , I'embryon n'occupe dans le priocipe qu'une tres petite 6tendae du blastoderme. Une portion de la vesicule blastodermique et I'enveloppe primitive de Toeuf restent toujours etrangeres k la constitution du nouvel etre, et servent seuleraent d'interme- diaiies entre lui et le monde exterieur. Chez les Hermeiles, I'ceuf entier, y compris la membrane ovulaire, se transforme de toutes pieces en embryon, et, par consequent, on ne trouve ici ni cumulus, ni aire germinative, ni ligne primitive comme chez les Mammiferes.

» En se placant a un point de vue plus general , on peut dire que tant que le gerrae reste a I'etat d'ceuf, il y a une ressem- blance extreme dans les phenomenes du developpement chez les Mammiferes et chez les Hermeiles ; mais cette ressemblance cesse ou diminue considerablement presque aussilot que se ma- nifestent les premiers vestiges d'une organisation animale. Sous ce rapport, le developpement des Hermeiles differe de celui des Hirudiuees qui, sous certains rapports, se rapprochent plus lon{jtemps de ce qu'on voit chez les Mammiferes. »

Seance de rentree du 4 novembre 1848.

Geometrie. M. Catalan communique les theoremes sui- vants, relatifs a la theorie des surfaces gauches.

1. Touie surface gauche peut eire engendree par I'ar^le d-un'

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angle diedre droit, donl les faces restent conslammenl nomales a une ccrlaine courbe.

2. Pour obteuir la norraale en un point P de la surface gau- che engendree par I'lirete tl'un angle diedre droit, dent les faces restent norroaies a une courbe dounee, memz par le point P un plan perpendicuiairc a I'arete; construisez les points Q, R oil ce plan perpendicuiairc est rencontre par les axes des cerclcs oscu- lateurs a la courbe donuee, pour les points oil cette courbe est normale aux faces de Tangle diedre ; avec P Q et Q R comme cotes, construisez un rectangle PQ NR : la diagonale de ce rectangle sera la norraale demandee.

3. Lorsqu'vne droiu- etujendre une surface gauche, elle doit se mouvoir de telle sortc que le cosinus de I' angle <f qiielle jait avec le raqon de com bare de la lignc de slviclion soil egal a la differenlielle du cosinus de I' angle G quelle fail avec la langenie a cette ityne , divisec par Vangle de coniingence « de celle meme ligne.

4. Si la generatricc se meut en faisanl vn angle constant avrc la (nngenlc a la I gne de slriclion, elk est nectssuireinent uerpendieuluire an rayon de courbure de ccllc ligne. La rcci- proque est vraie.

5. Quaml la ligne de striction est une droile, la generatrice jait un angle constant avec elle.

6. Reciproquement : Si la generatricc sappuie sur une droite, en faisant avec elle un angle conatnil, cetle directrice recliligne est la ligne de siriction de la surface gauche.

7. Si la generatrice fait un angle constant avtc la ligne de siriction, cdle-ci est une ligne ueodesique de la surfai e gauche.

8. A toute surface gauche correspond une autre surface gauche forraee par les communes perpendiculaires aux generatri- ces consecutives de la premiere. Ces deux surfaces se touchent suivanl une commune ligne de striction.

9. Dans lout triangle forme par une generatrice recliligne, une trajectoire orthogonale et une trajectoire oblique, le cote recliligne est egal a I'hypolenuse multipliee par le cosinus de I'angle compris.

10. Dans lout quadrilalere forme par deux generatrices et par deux trajectoires, la difference des cotes rectitignes est cgale a

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la difference des cotes curvUujnes^ muWipltee par le coslnus de I'nncjie sous leqnel les trajcctoircs coupeut ces generalrices, Quelques-unes de ces recherches ont ^te communiquees a la Societe philomalique dans les seances du 13 feviier 1848 et du 11 decembre 1847. Leur ensemble sera public prochainement.

Seance du 2 decembre 18^8.

GfioMETRiE. M . Bravais conamunique quelques-uns des resultats de ses recherches sur la theorie des Assemblages de points reguliereraent distribues dans I'espace.

Si I'on dispose des points en ligne droite a des intervalles egaux, leur reunion, illimitee dans les deux sens, forme une Rnrifiee : I'intervalle de deux points voisinsen est le Parametre. Plusieurs Rangees pareilles , paralleles et equidistantes, dispo- sees sur un plan, de maniere que les points, origines de cha- que Rangee , soienl aussi en ligne droite, formenl un Reseau. Deux Rangees sont conjuguees, si, par les intersections de leurs paralleles, eiles peuvent reproduire tous les points du Reseau , sans se couper en aucun autre point etranger au Reseau. Plu- sieurs Re-icaux pareils disposes scmblabienient sur des plans pa- ralleles et equidistants , et de maniere que les points ser- vant de depart a chaque Reseau soient en ligne droite, forraent un yissemblngc.

Trois Rangees sont conjucjuees, si les intersections de leurs paralleles trois a trois reproduisent preciseraent les points de I'Asserablage. Ces points sont designes, dans If meraoire de M. Bravais, sous le nom generique de Sonimets. En prenant pour axes trois Rangees conjuguees, lescoordoimees de chaque Som- met sont des multiples des trois pararaetres de ces Rangees par des facteurs numeriques entiers, positit'sou negatifs, qui sunt les coordonnees numeriques du Sommet considere.

Si Ton joint un Sommet pris pour origioe a trois points dont les coordonnees numeriques sont (m, n,p)(m',«',p') {m" ,n" , p"), on aura trois Rangees qui seront conjuguees, si la condition

mn'p" 'mp'n"-\- pm'n" nm'p"-\- np'm" pn'm"zzrhl

est satisfaite.

De m6me, sur le plan d'un Reseau, si Ton joint I'origine aux Sommets doat les coordounees oumeriques sont (m, n) (m', n'),

.70

la condition pour que ces deux Rang^es soient conjuguees sera

mn' nm'-zz+ 1 . Le paralldlograme construit sur ies parametres de deux Rang^es conjuguees est constant, quclles que soient cesRangees.

Le parallelipipedc construit sur Ies parametres detrois Ran- gees conjuguees est constant, quelles que soient ces Rangees.

Uu Reseau est sijmetrique , lorsqu'une droite le partage en deux moities symetr-iques, c'est-a-dire susceptibles d'etre ame- nees a coincidence, Somraet sur Soramet, par une rotation de ISO". I /axe de rotation est Vaxe de si/melrie du Reseau.

Le nombre de ces axes est ^gal a 2, 4 ou 6. S'il existe deux axes de syraetrie, le Reseau est a maille rhombe ou rectangu- lairc, S'il en existe 4, le Reseau est a maille carree ; s'il en existe 6, le Reseau a pour maille un triangle equilateral.

Deux Rangees sont semblables, lorsque le Reseau pent tour- ncr autour d'uiie droite situee dans son plan ou normale a son plan , de telle soi t;' qu'une des Rangees se substitue exactement a I'autre, sans que la position apparente du Reseau ait ete trou- blee.

II ne pent exister de Rangees semblables , non paralleles, que dans Ies Reseaux symetriques.

Un Assemblage est symetrique , lorsqu'il pent tourner d'un certain angle autour d'une certaine droite , sans que la position apparente desesSommetsait ete troublee. L'axe de rotation est alors un axe de symetrie. L'axe est binaire si I'Assemblage re- prend sa m^me position apparente k chaque demi-tour; il est ternaire, qiialernaire ou senaire, selon que 1' Assemblage reprend sa meme position apparente a chaque tiers, h chaque quart, a chaque sixieme de tour. Ces quatre genres de syraetrie sont Ies seuls possibles.

Les combinaisons essentiellement diff^rentes que Ton peut obtenirsont les suivantes :

Un seul axe binaire; ce cas correspond au prisme droit k base parallelogrammique, cioquieme systeme cristalliades mi- neralogistes ;

Trois axes binaires rectangulaires : ce cas correspond aii prisme droit a base rhombe ou rectangulaire , quatrieme sys- teme cristallin des mineralogistes ;

3"Uaaxe teruaire, accompagn^ de troisaxesbiuairg^ situcs dans un plan normal a I'axe ternaire; cecas correspond au ihom- boedre, troisieme systemecristallin des mineraiogistes ;

Un axe qualeinaire, accorapagne de quatre axes biaaires situes dans iin plan normal k I'axe quaternaire ; ce cas corres- pond a i'octaedre ^base carree, deuxiemesysteme cristallindes mineraiogistes ;

S" Un axe senaire, accompagne de six axes binaires situes dons le plan normal a I'axe senaire ; ce cas correspond au prisme droit a base triequiangle, troisieme systeme cristallindes raineialo- gistes, qui ne distiugueut pas cette forme de celle qui possMe un axe ternaire ;

Enfin, le cas ou I'Assemblage possede soit deux axes ter- naires non paralleles, soit deux axes quaternaires non parallfeles, soit eufln un axe ternaire et un axe quaternaire. On demooire qu'alors il existe toujours trois axes quaternriires et quatre axes ternaires assembles entre eux comme le sont les diagonales et les c6tesd'un cube. Les trois rhomboedres qui possedent ce genre de symetrie sont le rhomboedre de 120" , celui de 90°, et eelui de 70° 31' 44". C'est le premier systeme cristallin des mineraio- gistes.

Deux sections (appelees plans reiiculaires par M. Bravais ) sontsemblables si leurs Reseaux sont superposables, et si ccttc superposition amene I'Assemblage mobile (suppose lie avec la section deplacee)en coincidence avec I'Assemblage fixe (suppose lie avec la section non deplacee).

II ne pent exister de sections semblables, non paralleles, que dans les Assemblages symetriques.

En appliquant latheorie des Assemblages a la cristallographic, il faut prendre pour Somincts de l^ Assemblage les centres du figure des molecules cristallines, et laisser indeterminee la forme du polyedremoleculaire.

Si la superposition des deux Reseaux de deux faces sembla- bles n'eiitraioe pas la coincidence des Assemblages qui les ac- compagnent, on aurale phenomenede Vhemilropie.

Si la superposition desd^ux Reseaux de deux.faces semblables n'entraioe pas la coincidence des polyedres moleculaires , on

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Sura lej)lienomfeno (ie Vltvniilulnr: ies doiix fno^s comparees lie serontpas completemcnt seniLlables.

Seance du 9 decembre 1848.

Optiql'E. M. JamiH communique <i la Societe le r^sultat de quelques recherches sur les phenomcncs optiqu(S que M. Biota decouverts dans I'alun aniraoniacal

Si on coupe un octaedre d'alun par 4 plans menes suivant ses bases, on obtient 8 pyramides egales aj'ant chacune une des faces de I'octaedre, et I'on pent s'assurer, par le clivage meca- nique, que chacune d'elles est formee par la superposition de lameiles paralleles a la face de I'octaedre.

Ces lameiles, qui seseparent facilement, n'indiquent pas que I'alun possede 4 clivages prolonges dans toute I'eteudue du cristal ; ils s'arretent , en elfet , aux limites de chaque pyramide et divisetit natureileraent le cristal en 8 parties, individuelleraent constituees.

Chacune des pyramides pent toujours etre assimilee a un crista! a un seul axe, dirige perpendiculiirement aux lames, cristal toujours posilif , mais dont la force birefringente vnrie d'un echantillou au suivant , souvent meme dans le meme raor- ceau , raais avec cette restriction de rester constante dans la direction d'un meme clivage.

L'iutensite birefringente peut etre moyennement estimee deux cents fois plus I'aibie que dans le sulfate de ehaux.

Eu r^unissant les pyramides pour reconstituer le cristal d'alun , on obtient une veritable masse dont I'effet optique se superpose quand ou la taille dans diverses directions ; dans le cas ou on coupe par deux plans paralleles perpendiculaires a une des aretes un gros cristal d'alun, on obtient le meme effet optique que dans le corapensateur de M. Babinet.

Siance du 16 decembre 1848.

Optiqob. La note suivante sur quelques phenomenes de la vision au moijen des deux yeux , est communiquee par MM. L. FoucaultelJ. Regnauld.

« Parmi les questions interessantes de la physiologic optique, cellesqui se rattachenta la vision au moyen des deux yeux peu- \eut etre placees au premier rang; elles comprennent le pro-

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bI5mo si (leiicat dc la vue simple avec le coiicoius di- d.iix nppa* reilsdisliucts, el I'^tuile de quelques faits qui sont I'objet spe- cial de ce travail, et qui peuvent servir a eclairer les theories proposees sur le premier sujet.

* Ce sont les ph^oomenes sensitifs nes de rebianleraent si- multane des refines des deux yeux , ou d'une portion des ele- ments correspondants de ces retiues par des rayons luniineux ■doues de rei"rangibililes, c'est-a-dire, au point de vue physiolo- gique, de colorations dillerentes.

» Avant de, presenter les resultats de nos recherches, faisous observer que si les deux champs visuels sont eclaires par des rayons ideniiques pour chacun d'eux , mais differents de I'un a I'autre , plusieurs eas peuvent se presenter relativement a i'iin- pression produite sur le sensorium.

» SMI n'existe pas de rapport intime entre les elements de I'une des retines et ceux de I'autre dans I'encepbale, deux sen- sations parfaitement distinctes pourront etre percues k la fois. Ce sera un phenomene comparable a celui qui resulte de I'im- mersion d'une main dans I'eau a etde la seconde dans un li- quide porte a uue temperature elevee; il y a evidemment dans cette circonstancc deux modifications dissemblables des appa- reils nerveux peripheriques, puis deux ebranlements differents du sensorium.

» Mais si d'un meme point du cerveau s'irradient deux ajjents de transmission qui se rendent a des elements correspondants des deux retines , plusieurs phenomeues sensitifs sont encore possibles.

» Lorsque I'imprcssion produite sur I'une des retines arri- vera seule jusqu'au sensorium, il n'y aura qu'une sensation chromatique , correspondant aux rayons qui affeetent cette derniere. Dans le cas ou la preponderance de la premiere mem- brane nerveuse est remplacee apr^s uii certain temps par celle de la seconde, I'observateur recevrasuccessivement les impres- sions procedant des rayons de refrangibilites differentes qui agissent sur les ecrans sensibles.

» Enfin, dans la meme bypothese, s'il arrive que la puissance et I'activite des deux organes visuels soient ^gales, la meme par- tie de Tencephjle re^oit au meme instant deux 6braulements, Extiait de VJnstitut, V^ section, 1848. 10

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et la sensation eprouvee doit 6tre la r^suliante des deux impres- sions siinultanee- ; oxaetemeutde la meme raauiere que cela se passe quand chaque el^meut de i'uue des retines recoit deux ebranleraunts dilterents : 11 nail de lA, comme on salt, une sen- sation rnixte esseutiellement distincte de celle qui resulterait de I'uue ou de I'aulre des impressions prise isoleraent.

» Nous nous sommes servis dans nos reclierches de verres colorestransparents lorsqu'il s'agissait d'cclairer en meme temps toute I'dtendue des cliamps visuels , et du stereoscope de M. "Wheatstone quand nous voulions irapressionner des portions correspondantes des deux ratines.

» Ces premisses etant posees, nous resumerons dans les pro- positions suivantes les principaux faits relatifs a uotre sujet.

» Les deux champs visuels etant eelaires a la fois par des rayons colores differents, jamais on ne percoit au meme instant deux sensations distinctes. La premiere hypothesesur les rela- tions existant entre i'encephaie et les deux retines doit done etre rejet^e d'une maniere absoiue.

» Lorsque les deux champs visuels re(;oivcnt en rneme temps les impressions produites par des rayons colores dissemblables , il existe chez tous les horames une tendance, presque irresisti- ble dans I'origine, a ue se servir que de I'un des yeux, et une puissance abstractive (tenant probablement a une cause psychi- que), en vertu de laquelle i'^branlement engendre sur uue des membranes nerveuses cesse d'etre transmis au cerveau.

» Notons ici que cette faculte doit certainement existeraun plus haut point dedeveloppement chez uu grand norabre d'ani- maux occupant divers dcgres de la serie qui , par la disposition anatomique de leurs organesoptiques, embrassent continuelle- ment deux images differenlesdans leurs champs visuels.

» Si I'on eclai''e un des yeux par des rayons rouges et I'autre par des rayons bleus, dans les premiers moments de I'obsetva- tion une seule des impressions est percue, et un des yeux reste completeraent inactif tandis que I'autre jouit de toutes ses pro- prietes. Apres un temps variable, les rdles sont intervertiSjl'oeil actif devieol inerte, les inlerversions se renonvellent ainsi piu- sieursfois et, dans le cas cite, on eprouve success! vecrent la sen- satiOQ du rouge puis celle du bleu .

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» Mais en donnant a I'observation une duree sufflsante, il arrive constarament que ies alternatives cessent et que Ton per- 9oit une sensation raixte , celie du violet dans I'exeraple que nous avons choisi.

» La sensation mixte perdue n'est toutefois pas celie qui re- suiteraitde I'interposition des deux verres devant un seul ceil; mais elle est identique avec celie que Ton ferait naitre en diri- geant deux faisceaux de iuraiere blanclie a travers Ies verres co- lores et Ies faisant par reflexion concourir et se superposer dans le meme organe visuel.

» Nous n'insisterons pas sur cette remarque portant sur un point dont la realite ne saurait etre contestee ; si nous la raen- tionuons c'est qu'elle nous semble aussi expliquer I'erreur de quelques auteurs qui ont nie que la recomposition des teiutes put s'operer par le proceJe qui nous occupe, precisement paree qu'ils cherchaieut ci obtenir un resultat irrealisable.

» Nous avons constate une obse; vation deja faite par Voelc- ker (1) et que nous allons indiquer. La superposition des im- pressions colorees s'opere souveot d'une facon irreguliere dans le champ decelui des yeux qui per^oitnettement ; a un instant donn^ apparaissent dts taohes plus ou moius etendues qui se couvrent de la couleur correspondant aux rayons arrivant a I'oeil qui semble inerte.

» II resulte de ce faitqu'il existe des portions de la retine, de formes irregulieres, qui ont une sensibilite faible ou niille. Les parties correspondant aux taches doivent etre considerees comme totalement privees, au moment de I'experience , de la faculte de recevoir Ies impressions lumineuses.

» II parait probable a priori^ d'apres cette experience, que la portion des retines designee sous le nom de punctum coecum doive fitre constamment raise en Evidence par ce genre d'obser- vation , puisque les elements des retines qui occupent leur etendue ne se correspondent pas. II n'en est pas ainsi , et nous pensons que Ton peut se rendre compte du phenomene en ad- mettantque les punctum coecum , peu sensibles aux impressions directes, recoivent avec une grande facilite les ebranlements que leur transmettent les Elements nerveux qui les avoisinent.

(1) Mullet's Archiv, 1836, p. 60.

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Cette experience confirme du reste un resultat analogue dej^ obtenu par M. D. Brewster au raoyen d'une autre m^thode.

» Nous avons constats : que I'insensibilite de quelques por- tions des retines n'est pas permanente, ce qui est indique par le deplacement et le changement d'etendue des taches; que Ton peut faire naitre a voionte des taches, c'est-a-dire suspendre I'activite d'une portion limitee de la retine par divers moyens, et surtout en I'impressionnant par une vive lumiere. La duree de i'inertie est alors generalement proportionneile a I'intensite ou a la duree de rebranlement qui I'a engendree.

» La recomposition des teintes dans les experiences citees peul s'operer avec plus ou moins de facilitc, suivant les individus, et d'apr^s certaines conditions dont nous avons reconnu {'influence dans ces phenomenes physiologiques.

» Si au lieu de considerer un champ tres etendu uniforme- ment ^ciaire et ne presentant aucun detail capable de fixer I'attention , on trnce sur ce champ une figure quelconque , I'activile des deux yeux est excitee en mcme temps et la sensa- tion raixte uait avec uue grande facilite.

II est evident alors que la tendance de Tun des appareils visuels a se distrair( dans ce mode d'irapressioiinemcnt anormal est combattue par la puissance de I'attention.

» Gette condition se trouve naturellemeut remplie quand on se sent du stereoscope de M. Wheatstone ct que Ton presenle aux yeux deux cereles div«raemeut colores.

» Nous sommes arrives, en faisant usage de cet appareil , a des resultats que nous avons repetes avec un grand nombre de personues; ilssont entierement opposes a ceux quecephysicien a enonces.

» La recomposition des teintes, au moyen de deux impressions differentes , est un fait ni6 par M. Wheatstone , et dont nous afflrmons la realite; la derniere experience que nous avons tentee doit etre consideree d'ailleurs corame sa confirmation la plus absulueet la plus frappante.

» Si deux rayons colores, capables en arrivant sur un ecran blauc de produire une teinte mixte, font naitre la merae sensa- tion en arrivant Isoles sur les elements correspondants des re-

11

lines , il nous a semble probable que deux rayons colores com- plementaircs , c'est-a-.iire susceptibles d'engendrer la lumi^re blanche par leur rencontre , devaient produire la sensation du blanc en ebranlant les portions correspondantes de la noembrane sensible.

» Pour constater la possibilite de celte recomposition , nous devious necessairement aglr sur des teintes complementaires naturelles; c'est ce que nous avons fait en adoptant la disposition experimentale suivante. Nous avons annexe a I'appareil do M. Wheatslone deux miroirs plans formant un angle diedre variable dont I'arete , verlicale , est plaeee symetriqucment par rapport a celle des deux giacesdu stereoscope. Les montants verlicaux portant les coulisses destinees a faire glisser les images ont ete perces de deux largcs orilices circulaires. Dans les coulisses, nous placons deux glaces sur lesquelles sont colles deux ecrans circulaires de papier blanc dc raeme grandeur el d'un diametre nioindre que celui des orifices pratiques aux montanls.

0 Au moyen des phenomenes de' polarisation cbromatique, nous obtenons deux larges fnisceaux cylindriques offrant di's teintes complementaires, nous les dirigeons horizonlalemeut de maniere qu'ils se refl^chissent sur nos miroirs plans; ils traver.%ent les glaces des coulisses qui restent obscures, mais se reflecbissant irreguiierement sur les ecrans circulaires plans, ils donnent deux disques luraineux exactement identiques quant a la forme eiaretendue,qui dtvieimeiit les images que Ton amene par le stereoscope a tooiber sur des elements correspondauts des retines.

» La disposition des appareils polarisatcurs permet de passer par une s^rie de teintes complementaires nombreuses, de faire varier en meme temps I'intensite des deux images colorees, de modifier I'intensite de Tune ou de I'autre des images iso- lement.

» Volci les resultats physiologiques constates :

» Lorsque les elements correspondants des deux retines sont impressionnes en meme temps par les images des deux disques de teintes complementaires, les alternatives d'activite ou d'inertie de Tun des y/eux se raanifestent generalement au debut de I'ex-

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pdrience, ct Ton percoit tanl6t Tune des teintes tant6t sa com- plementaire ; mais apres quelques instants nous avons constats, sur nous el sur d'autres observateurs, que Ton ue voit plus qu'un seul cercle blanc.

» Quand les yeux sont enquelque sorte accoutumes a ce mode d'imprcssionnement inusite, la teudance a la lecom position devient tellcraent energique chez quelques personnes que Ton peut fairo passer les ecrans par fouto la seriedcs teinles compie- meutaircs que donne I'appareil sans qu'il y ait sensation cor- respoudant aux couleurs ; on percoit seulement la luraiei-e blanche.

» Si on diminuc I'iniensite de I'une des couleurs, I'autre restant constante, la recompositiou s'opere encore, mais le disquc blanc parait se teindre legereraent de la teinte dominante.

» Lorsque I'intensite des rayons complementaires varie de la merae raaniere pour les deux faiseeaux , on observe que la recomposilion se fait avec d'autant plus de facilite au debut de I'observation que kur intensite est plus moderee.

« Parmi les rayons complementaiies que nous avons essayes, la teinte bleue sensible el la jaune se pretent le mieux a I'expe- rience et donnent imraediateraent la sensation du blanc. Nous pensons que ce dernier phenomene tient h ce que raccommo- dation des yeux etant la meme pour ces groupes de rayons, d'apres les portions du spectre qu'ils occupcnt, les efforts necessaires a la recomposilion sont par cela meme beaucoup moindres.

» Nous n'insisterons pas sur I'interet qui s'attache au pheno- mene que nous venons d'enoncer. Bornons-nousa faire remar- quer : que jamais on n'avait fait naitre la sensation de la lumiere blanche par deux impressions chromatiques dans chacun des yeux; que la sensation unique blanche naissant de deux rayons complementaires est tout^-fait independante d'une action reciproque de ces rayons en dehors de I'appareil visuel; que les impressions lumineuses produites sur les retines conservent toutes leurs proprietes jusque dans les pro- fondeurs les plus Intimes de I'encephale.

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Siance du 23 dccembre 18ii8i

Meteobologie. Sous ce litre : Des arbres dives par I'aciion dirccic (les irombes i:leclri(iues, M. Cli. Maitiiis ;i com- rouuiqiie la note suivante.

a Le passage de trombes electriques sur les parties bois^es du sol est marque par des effets varies sur les arbres qui le cou- vrent. Un grand nombre d'entre eux sent seulementdechausses et coucbes sur hi terre, d'autres sout deracines et transportes parallelement A eux-memcs a la distance de plusieurs deca- metres. Uii grand nonabre sont decapites et la campagne est jonchee de brancbes et de rameaux brises et disperses au loin. Tous ces effets s'expliquenl tres bien par Taction du vent violent qui chksse le nua,;e charge d'eiectricite qui con- stitue la trombe electrique. li n'en est pas de raeine dts arbres dives dont nous allons parlor. L'aclion du vent ue saurait expliquer les apparences qu'ils presenteut. A partir du sol ou plus souvent de 0"»,60 du sol et sur une longueur variant de 2 a, S metres, ces arbres sont divises en lattes, en Janieres ou en echardes, souvent minces comme des ailuniettes. La Societp peut s'en assurer sur les nombreux troncs que je mets sous scs yeux et que j'ai fait couper aux environs de Monlville el de Malaunay apres la celebre trouibe du 19 aout 1845. Ce clivage ne coniprend jamais la totalite de I'arbre mais seulement la moitie ou les trois quarts de son epaisseur. La partie clivee est tournee tantot du coted'ou vcnait le meteore, tantot du ,c6te oppose. L'arbre est casse au milieu de la longueur du clivage et la cime n'est point emportee comme dans les arbres deca- pites.

» Un caractere encore plus essentiel , c'esl que ces lattts et allumettes sont completement dessecbees immediatement apres le passage du meteore. M. Preisser s'en est assure a Montville, le lenderaaln ; MM. Decaisne et Bouchard sur des troncs atteints par la trombe de Chatenay ; M. de Gasparin sur des peupliers brises par la trombe de Courthezon. La secheresse de ces allu- mettes leur donne uue extreme fragiiite. M. d'Arcet ne trouva que 7 p. 100 d'eaudans les troncs dives de Chatenay ; or, ks arbres sur pied en contiennent 30 a 40 p. 100 etceux qui sont abattus depuiscioqaas en reufermeut eacore 24 a 25 p. loo.

:0

l/ccorce des nrbios ciivc'-s est rcndiiP, {li-pliiiec, roulee sur clip- meme et dccoupee en lanieres adhereutes a I'arbre ou dispersees autoiir de lui.

» Un fait rapporte par M. Boussingault nous explique par- faitenientcettc vaporisation de la seve sous I'influcuce de I'elec- tricite. Le 22 mai 1842 la foudre tombe sur un gros Poiiier, a Bechelbronneu Alsace; une epaisse colonne de vapeur, compa- rable ^lafumeequi sort d'une forge alimentee paria houille,s'en «leve et des eclats de hois sont lances ci la distance de piusieurs metres : I'ecorce avait disparu ; I'arbre paraissait tout blanc. M. Boussingault ne doute pas que ce ne soit la vapeur d'eau qui a fait edater cet arbre. Je partage completement cette opi- nion ; pour moi les arbres dives sont comparables aux chau- dieres brisees par I'expansion de la vapeur d'eau.

X Dans I'arbre clivela seve se vaporise en grande partie, le tronc se fend en mille pieces et le vent le brise dans la portion clivee qui offre evidemraent moins de resistance que le reste du tronc. Cette seve vaporisee ressemble h une epaise fumee , de 1^ I'illusion des temoins de la trombe de Montville, qui cru- rent tous que le feu etait aux forets au-dessus desquelles elle passait.

« La couleur foncec de la seve vaporisee etait due probable- ment aux parlicules terreuscs que le vent et I'attraction electri- que elevaicnt dans les airs. Eiitin, pour achever la demonstra- tion, MM. Becquerel pere et fils sont parvenus a reproduire, a I'aide de fortes decharges eleetriques, le clivage des arbres sur des branches de la grosseur du petit doigt.

» Les arbres elives produits par Paction direcle du nuage electrique nous raarquent son trajet au-dessus du sol; aus&i occupenl-ib loujours le centre de la bande ravagee. Sur le pla- teau de Malauuay sa largeur totale etait de 220 metres ; ils . occupaient au centre une largeur de 89 metres.

» Le clivage presente des caracteres differents dans les diffe- renls arbres. C'est dans les Chenes qu'il est le plus parfait; I'arbre est divise en lattes qui vers I'interieur n'ont souvent que la grosseur de petites baguettes flexibles ou meme d'allumettes ordinaires. Les plans du clivage sent dans le sens des rayons Biedullaires; I'arbre etant toujours rompu en travers vers le mi-

8rl

lieu de la longueur du clivage, ies baguettes que I'on peut detacher n'onten genera! que la moitie de ieur longueur toiale. J'en ai detache deux au troncon superieur d'un Cheue qui ont, rune2'»,50, lautre 2">,27 de long. La premiere avail huit, la secondecinq millimetres de cote.

K Dans Ies Hetres, le clivage est plus grossier que dons Ies Ch6nes ; on observe rarement des alluraeltes ; ce sout des lattes ayant toujours deux ou trois centimetres de large, mnis iiouvent tres longues.C'estsurun grand Hetre ayant 0", 38 dediametrea la base que j'ai observe le plus long clivafje; il commencail au raz du sol et s'elevait a 7"', 50 ; I'arbre elait casse au milieu do cette longueur. Les Hetres sont aussi Ies seuls arbres dont quclques- uns, au nombre de quatre, soicnt restes debout apres avoir et6 clives a partir du sol dans un tiers ou un quart de leur pcriphe- rie, jusqu'a une hauteur de deux a cinq metres. Ces arbres ressemblaient en tout point k des arbres foudroyes.

» Le clivage des Peupliers differe notablement de cciin des arbres que nous venonsd'etudier ; au lieu d'etre paralleles, les plans de clivage sont perpendiculaires aux rayons de I'arbre. La plus grande iargeur des laltes est dans le sens des couches de 1 aubier qui sont ecartees Tune de I'autre et disjointes. Quelquefois meme le bois peut etre retire de I'aubier corarae on retire le piston d'un eorj s de pompe.

» Dans la vallee de Moulville, aucun arbre resineux (Pins, Si- pins, Melezes) n'etait clive. J'en ai compte une vinj^taine plus ou raoins maltraites, mais aucun n'etait clive, quoiqu'ils fusseht sur le trajet direct de la trombe et entoures d'autres essences dont le tronc ret-semblait a un faisceau de lattes. Or on sait que lesConiferescontiennent peu de seve mais beaucoup de resine, surtout entre I'ecorce et le bois ; la resine etant un corps tres mauvais conducteur de I'electricite, on conceit que le fluide n'ait pas traverse ces arbres. Cetle observation est une preuve nouvelle que le clivage est du a la vaporisation de la seve echauffee par un courant electrique d'une grande energie. »

Seance du 23 dccembre ISiS.

AcousTiQUE ET OPTTQUE. M. Fizeau entretient la Sociefe des particularites que presente le son lorsque le corps sonore ou I'observateur sont animes d'un mouvement de translation rapide, Extiait de Clnstitut , \" section 1848. 11

82

et preseote quelques considerations relatives a des pheaomenes corregpondants que doit presenter la lumiero.

Si un corps sonore emettant un son continu et toujours iden- tique se meut avee une Vitesse comparalile h celle du son, los ondes sonores ne seront pas symetriqucmcnt disposees aiitour du corps sonore, comme cela a lieu lorsqii'il estau repos^ mais eiles serout plus rapprochees les unes des autres dans la region vers iaquelle aura lieu le mouvement et plus eloignees dans la region opposee ; pour un observateur place en avant ou en ar- riere du corps sonore le son sera done different, plus aigu dans la premiere position, plus grave dans la seconde.

Si I'observateur a son tour est suppose en mouvement, le corps sonore restant immobile, le resultat sera semblable ; raais la loi du phenomene est diff^rente.

Eu calculant les vitesses qui correspondent aux intervallesde la gamme on trouve les nombres suivants : pour produire une elevation d'un demi-ton, le corps sonore doit avoir une Vitesse par seconde de 21,25, pour un ton majeur 37,8, pour la tierce C8, pour Vocfave 170. Dans le cas du corps sonore immobile et pourobtenir les memcs notes I'observateur doit avoir les vites- ses : 22,6 ; 42,5; 85;.et 340. Les sons erais ou recus dans des directions differentes de celles du mouvement se calculenten projetant la Vitesse sur la nouvelle direction.

L'auteur donne la description d'un appareil qu'il a employe et au moyen duquel on pent verifier et demontrer commodement ces curieuses proprietes du son, dans le cas du mouvement du corps soDore. Get appareil est fonde sur le principe des roues dentees de M. Savart, raais la disposition est inverse. Au lieu de dents mobiles reocontrant dans leur mouvement un corps elastique fixe, c'est le corps ^iastique qui est place sur la circon- ference d'une rone et qui rencontre dans son mouvement des dents fixes placees sur la concavite d'un arc exterieur immobile. L'on a ainsi un appareil fixe qui jouit de la propriete d'^mettre des sons differents dans chaque direction particuli^re. Pour une certaine Vitesse de rotation, par exemple, on aura en avant le son foudamental, eu arriere Toctave, et toutes les notes de la gamme dans des directions intermediaires.

En appliquant ces considerations a la lumiere on arrive h des

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consequences curieuses et qui pourraient acquerir de I'irapor- tance si I'experience venail a les conflrmer. Un mouveraent tres rapide et comparable a la Vitesse de la iumiere, attribue au corps luniineux ou a I'observaieur, aura pour effet d'alterer la lon- gueur d'oiidulation de tous les rayons simples qui composent la luraiere recue dans la direclion du mouveraent. Gette longueur sera augmentee ou diminuee suivant le sens du mouveraent. Considere dans le spectre, cet effet se traduira par un deplace- ment clcs raies correspondant au chaugement de la longueur d'ondulalion.

En calculant la valeur du deplacemeijt angulaire de la rale D dans le cas ou !e corps lumineux aurait la vitesse de la planete Venus, le spectre etant forme au moyen d'un prisrae de flint de 60», ontrouve 2",65.

Pour le cas ou I'observateur seul serait en mouveraent et anirae d'une vitesse egale h celle de la Terre, on trouve 2",25.

En supposant que Ton mesure les deviations doubles et que Ton se place successiveraent dans des conditions ou les mouve- ments en question seraient de signe contraire , ces quantites peuvent etre quadruplees, et Ton a 10", 6 et 9" pour les valeurs precedentcs.

L'auteur termine en examinant si ces consequences pourront etre souraises a I'observation , et il pense que les difflcult^s ne sont pastelles qu'on nepuisse esperer deles surmonter.

Imprimerie de Cosson, rue du Four-Saint-Germain, 47,

SOClfiTfi

PHILOMATIOUE DE PARIS.

ANNIilE 1849.

EXTRAIT DE L'lNSTITUT,

JOUHNAL IINIVERSEL DBS SCIENCES EI DBS SOCI^T^S SiVANTI8 BR FRANCS ET k t'lfttKANOER,

1" Section. Sciences nriath^matiques, physiques etnaturelles. Boulevard Poissonniere, 24, a Paris.

SOCIETY

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

EXTRAITS DES PROGlfes-VERBAUX DCS si:ANGE8

PENDANT l'aNN^E 1849.

PARIS ,

IMPRIMERIE DE COSSON,

RUE DU F0UR-SAINT>GERMA1N , 47.

1849.

SOCIfiTfi

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

SEANCES DE 18^9. ^

Seance du 13 Janvier 1849.

Optique. Vision. LaSocieie recoit unelettredeM. de Hal- dat a propos de la note de MM.Foucault et Regnauld snr quelques phenomhies de la vision an inoijen des deux yeux , lue dans la seance du 16 decembre 1848. Deja, dans le Journal de physique pour 1806, M. deHaldat avait montre que lortsqu'on regardeavec les deux yeux a travers des verres colores les objets prennent une leinte resultant du melange des deux couleurs. Lorsque Tun des verres est rouge, I'autre vert, les objets ne sont point colo- res, le melange des deux couleurs complemeutaires produit du blanc. Dans la seance du 16 decembre , M. Masson a rap- pele a la Societe les importants travaux de M. de Haldat sur cette question.

Anatomie'et physiologie. M. Duvernoy rend compte des demieres recherches qu'il a faites sur les organes g^nito-urinai- res des Reptiles etdes Amphibieset sur leurs produits; recher- ches qui sont comprises dans un appendice qu'il a ajoute a son premier travail sur le meraesujet. Ce premier memoire avait ete communiqu6 a I'Academie des sciences sous le titre de Frag- ments , etc., dansses seances des 30 juillet, 23 septembre et U novembre 1844 , et a la Societe philomatique dans celles des Extrait de L'Inslitut, 1" section 1849. 1

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3 et 24 novembre de la- merae ann^e. L'appendice dont nous allons donner un extrait, et qui a ete communique a I'Academie des sciences dans sa seance du 5 juin 1848, se compose de trois parties. La premiere partie concerne les pierres vesicales des Cheloniens.

M. Duvernoy avait fait connaitre, dans le premier de ses Fracfmenls , I'existence de calculs urinaires trouves par feu Le- sueur dans la vessie de fleux individus d'une espece de Trionix que ce naturalisle a decrite sous le nom de spiniferus. L'ana- lyse deces concretions, faitepar M. Lassaigne,amonlrequ'elles se composaient , pour plus de moitie de leur poids , de phos- phate de ehaux , rapproche de I'etat ueutre; d'une beaucoup moindre partie de carbonate de chaux et de 20 parties pour i'une et de 33 pour Tautre de mati«f^& fHPganiques et d'eau,

Les Trionix sout tres carnassieres ; tandis que la Tortue po- lypheme , comme ses congeneres , est herbivore. Un calcul de cette espece recueilli egalement par feu Lesueur, et remis a M. Duvernoy eu 1847, a ete dememe analyse par M. Lassaigne. II a ete trouve compost principaleraeat d'acide urique combine k i'ammoniaque,tt a une petite quantite de chaux. Sur cent parties il y avait :

72,4 d'acide urique.

13,0 d'ammoniaque. 1,0 de chaux.

13,6 de principes urinaires solubles dans I'eau et deselsal- calins.

La difference absolue de ces calculs, compar^e au regime carnivore ou herbivore des animaux qui les ont produits, ne peut manquer d'interesser les physiologistes qui s'occupent de chimie organique animale.

Ces observations dues essentiellement aux soins que feu Le- sueur a eus de recueillir ces pierres vesicales, viendront s'ajou- ter a toutes ceiles que ce naturaliste z61e a faites dans les cinq parties du monde, durant pres d'un demi-siecle (47 ans) pour avancer la zoologie. Elles augmenteront les vifs regrets qu'ont du eprouver de sa mort (i) les amisde cette science a laquelle il avait consacre toute son existence.

(1) M. Lesueur est mort au Havre, sa ville iialale, le 12 d^ccuibre 1846, k I'&ge de 72 ans, au moment oil il veuaii d't^tr^ iiumme directeur du musee de ceu« ville.

La seconde partie du memoire de M. Duvernoy se com- pose de Nouvelles observations snr la vitalite , les mouve- ments, la forme et la structure cles spermatozoides dans la fa- mille des Salamandres. Cette partie se rapporte au troisieme Fraqmeni de la publication de 1844, dins leqiiel M. Duvernoy avail traite de VJppareil de la (lenerntion chez les males, phis particuHcremcnt, et chez les jemelles des Salamandres.

II avait fait connaltre, dans cette ancienne communication, I'organisation intime des glandes sperinagenes. Elles se compo- sent, en premier lieu, de nombreuses cellules formees par des productions de la lame interne de leur membrane propre, doni I'ensemble a I'air d'une ruche d'Abeilles. Chacune deces cellu- les renferme plusieurs poches ou capsules nutritives, analogues k la poche nutritive des ovules chez les femelles en general ; ou, pour citer un exemple particulier, a la vesicule de Graafi" des Mammiferes. ^

Ces capstdes prbnaires , ainsi designees par M. Duvernoy, en renferment d'autres plus petites, qu'il appelie capsules sc- condaires, et qui sont les poches generatrices des spermatozoides. lis y sont toujours arranges en faisceaux circulaires, compo- ses denombreux spermatozoides, disposes paralielement les uns aux autres et dont toutes les tetes sont rapprochees k I'un des bouts : on dirait voir une botte de fd de fer. Lorsque leur deve- loppement est tres avance, la capsule membraneuse, qui est propre h chaque faisceau de spermatozoides, disparait sans que, pour cela, les faisceaux d'une meme capsule primaire se desa- gregent immediatement. On voit encore ces differents faisceaux d'une meme cellule, bien separds, s'y mouvoir comme autant de roues independamraent les uns des autres.

Les g^Andes spermagenes de la plupart des especes de Sala- mandres et de Tritons se divisent plus ou raoins profocd^ment etses^parent plus ou moins completement enun norabre variable de lobes, a I'epoque du rut, II y a meme, ^ cet egard , des diffe- rences d'une glande d'un cote a rautredanslememeindividu. Ces differents lobes, ou les differentes parties d'une meme glande, dans les especes ou elle ne se divise pas, presenteut des cou- leurs tres differentes , qui ont fait meconnaitre leur nature, dans le premier cas. Les uns ont un aspect demi-transparent, lui-

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saiit, huileux, de couleur jaime ; on n'y trouve pas de spei'ma* tozoides. Les aulres soul ternes, opaques, blanc de lait; ils sont remplis de sperraatozoides developpes, sortis de leiir capsule geucratrice et meme desagregcs. Entre ces deux extremes, il y a plusieuis nuances qui moutrenl des spermatozoides a diffe- rents degres de developpement.

Ces divers degres de developpement, dans lesquels le corps du spermatozoide parait le premier avee un rudiment de queue, puis celie-ci, puis le fil qui I'entoure, sont tres remarquables.

La grmde proportion de substance huileuse que renferme la partie du lesticule oil le developpement commence, sa diminu- tion a mesure qu'il avance, la source abondanle de cette sub- stance qui existe dans ie corps graisseux annexe a la glaude spermagene comme a la glande ovigene, montrent sou utilite pour le developpement des ovules, comme pour celui des sper- matozoides. C'cst encore une analogic h ciler entre I'un et I'au- tre developpement.

Au reste, cette analogic a et4 adoptee, dans ce travail , et pro- fessee par I'auteur dans ses cours et dans d'autres memoires, de- puis piusieurs annees. Dans son article Propacjalion du Dic- tionnaire universel de M. Ch. D'Orbigny, M. Duvernoy dit ex- pressement que les capsules generatrices des spermatozoides sont les ovules du male (l).

Cette quantite de substance graisseuse, necessaire pour le d«» veloppemeiit des sperraatozoides , rappelle le r6le que la sub- stance huileuse joue dans le developpement desovipares et pour la germination des plantes. 1! y a sans doute, dans tousces cas, une comb.ustion considerable de carbone , que fournit ce corps gras en abondance , et qui el6ve la temperature des <v|i'ganes au degre convenable pour cette germination.

Ce qui precede est relatif a la structure intime des glandes sperniagenes et a I'usage des corps graisseux annexes a ces glan- des, pour le developpement des spermatozoides, etace develop- pement. II nous reste a parlor de leur forme singuliere dans ces niemes animaux etde leur vilnlite.

M. Duvernoy leur a retrouve dans les Tritons alpestre et ponc- tue, dans la Salamandre tachetee ot dans la Salamandre noire des

(1) T. X., p. 195, 2"= colonne, 1847.

'Alpes, la m6me forme qui avail ete sigoalee par MM. de Siebold et Dujaidin dans le Triton a crete. On sait que ces spermatozoi- des sont comrae des fils.qu'on y distingue une p;irtie plus epaisse qu'on appelle le corps et une parlie plus greie consideree comme I'appendice caudal , ct qu'autour de celui-ci est until extreme- ment delie, contourne en spiraie, dont les niouvemeuts parais- sent conome des onduiations qui se dirigent d'avaut ea arriere ; tandis que ceux de la partie principale en paraissent iiidepen- dantsetse composent de flexions de cette partie principale qui la font progresser en sens oppose.

Celte forme paralt appartenir a toutes les especes de cette fa- mille. On ne I'a vue jusqu'ici dans aueune espece desautres fa- milies du regne animal. Mais il ya, seion les especes de Sala- mandres ou de Tritons, des differences dans les proportions du corps et de la queue el dans la disposition de la spire , qui mon- trent, dans I'elementmale de la fecondaliou et dans la profoii- deur de I'organisme, un moycn de conservation des especes ct I'un des obstacles immedials a leur melange fecond.

L'appendice de la queue vu par MM. de Siebold , Diijardin ct Duvernoy, comme un fil contourne en spiraie, et fixe par hs deux extremites , n'a pas paru de cette forme a d'autres anato- misles tres exercesaux recherches microscopiques. lis I'ont de- crit comme une crete plissee en falbalas (i), surniuutant cette raeme partie du spermatozoide.

Cependant les nombreuscs et nouVelles observations de M. Duvernoy faites successivemant avec I'eclairage oblique de MM. G. Oberhaeusercl Nachet, en societe de ces messieurs et de M. Focillon,son preparaleur,ronlcoufirme danssa maniere de voir.

Ces dernieres reehervhes lui onl donne Toccasion de faire plusieurs experiences sur la vitalite des spermatozoides de ces memes animaux, qui I'onl conduit a considerer ce fil comme une sorle de cil vibratile , dont la vitalite et la motilite auraient une certaine independance de celle de la partie principale. Dans une de ces observations faites au raois de decembre ( le 22) 1846, sur un Triton ponclue, mort le 19 par dessication et dont le corps fut ouverl le 21 ; les spermatozoides bien developpds, et tres nombreux dans le canal deferent et dans le testicule, ue

(1) MM. Amici el Pouchet.

Exlniitdc r/zisa'/wr, I't section, 18^0, 2

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donnaient aucun signe de vie. Le corps de ce Triton fut laisse dans I'eau. Le lendemain, 22, les spermatozoides avaient repris , jes uns faiblement, if s aulres completemeiit, toate leur activite. Leurs mouvements persistaient encore le 24 au matin. Ce n'est que dans I'apres-midi qu'ils ont cesse geueralement. On reraar- quait en meme temps une quantite d'lut'usoires dans i'eau oii ce Triton etaitplong^. La veiile, lorsque ces spermatozoides etaient ftncore pleins de vie,une goutte d'acetatede morpliine, jeieedans I'eau oil ils etaient soumis aux observations, a subitement arrele leurs mouvements.

Hydraulique. M. de Cfiligny depose une note sur sa nou- velle roue hydraulique a ttiyaux plongeurs, dont ii a commu- nique les principes a la Societe en J845. II renvoie, pour eviter les repetitions, aux notes qui ont ete iuser^es a ce sujet dans I'lnstTiut.

II sufflt d'ajouter qu'en disposant en amout et en aval du coursier dcs surfaces fixes ou portions de coursiers secondaires, \\ re ulte du raouvement de la roue que les lutjmix plonueurs sontalternativeraent ouverts et fermes a ehaeune de leurs ex- tremites. De sorteque I'eau oscUle dans ces tuyaux, en y pro- duisant des effets d'une espeie toute particuliere. Ainsi quand les tuyaux coramencent a s'enfoncer au-dessous du niveau du bief superieur, feurextremite inferieure est bouciiee jusqu'a ce qu'elle soitparvenue a uoecertaiue profondeur. Aiors cetle ex- treraite, se dega{j[eant de I'espece de coursier qui la bouchait, permet a I'eau de s'introduire dans le tuyau par-dessous, et de s'elever, en vertu de la vitcsse qu'eiie acquieri, au-dessusda niveau du bief superieur. L'eau redescend ensuite et prend gra- duellemtnt la vitesse du tuyau qui se trouverenipli, parce que la Vitesse de la roue est moins variable que la vitesse croissnnte de la colonne dont ii s'ngit, et dont le sommetse trouve atteint a r^poque voulue, si les dimensions de la machine sont bieu calculees. Sans eutrer ici dans les details de construction, on concoit que le has de la surface coursier dont il s'agit en ce mo- ment est recourbe de maniere que le liquide se dirijje vers la roue de haut en has plutot que lateralement clans les premiers instants, afin qu'il y ait raoins d'air enveloppe. En resume, cette disposition offre I'avantage de faire prendre k chaque colonne

u *

liquide qui entre dans chaqne tnijmi plongeur la vitesse de la roue sans changement brusque de Vitesse. Cette eau agit d'ail- leurs parson poids, soit directement, soit merae a la rigueur en partie par succion.

C'tst aussi en vertu d'une oscillation d'une espece particu- liere que I'eau sort de la roue. Comme elle a d'abord la vitesse du tuyau qui la renferme au moment ou ehaque tuyau com- mence a sortir du bief iiiferieur, il est facile de voir qu'elle doit, eu vertu de cette vitesse, s'elever en partie a uneccrtaine hau- teur au-dessus du niveau de ce bief, ainsi que cela a d'ailleurs et6 explique dans les notes de 1845, Elle redescend ensuite, et, en vertu des principesde roscillatioD, elle abandonne le tuyau jusqu'a une certaine profondeur au-dessous du niveau du bief inferieur. Si done les conditions sont calculees de maniere qu'i cet instant ic tuyau soit a peu pres vide, et vienne boucher celle de ses extremites qui est devenue inlerieure, en I'engageant dans la portion de coiirsier secondaire decrit plus haut, on voit que le travail employe a produire cette deiiivellation au-dessous du niveau du bief inferieur trouve directement son application, dont au reste le degr6 d'utilite sera I'objet d'une note ana- lytique.

Sans entrer dans le detail des considerations delicates qui se presentent, ilestintercssant d'indiquer d'une maniere succincte ce que devient la force vive de I'eau qui a quitte la roue, M, de Caligny pense qu'on pourra en utiliser une partie, soil ^ ap- profondir I'oscillation dans le tuyau emergent , avaut que I'extremite de celui-ci soit bouchee, soit ci produire une deni- vellation quelconque en aval, au moyeu d'une sorte de tu- yau additionnel fixe, evase a sa partie inierieure , qui debou- chera daus I'eau du bief d'ava! vers lequel se dirigera I'oau de decharge, en vertu du sens du mouvemeat de rotation de la roue.

Ce serait iei le lieu d'etablir ua principe general dont I'idee fondamentale est au reste confirmee par le phenomene curieux connu sous le nom d'onde soliiuire^ et qui a ete I'objet de com- munications faites a la Societe en 1842 etl843. II n'est pas in- dispensable, pour qu'il y ait eont'maile, qu'une colonne liquide ne peuetre pas daus uue autre a un point intermediaire de ceile-

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ci. Ell divisant cetie derniere en deux parties, dont une accel^re sa Vitesse pendant que I'autre ralentit la sienne, eile peut ce- pendant etre disposee de maniere que la somnie totale des for- ces vives soit cqnservee, sauf les resistances passives. L'auteur reviendra prochaineraent sur ce sujet.

Seance du 20 Janvier 1849.

Anatomib et Physiologie. M. Duvernoy continue de rendre compte des divers sujets traites dans V^ppendice qu'il a ajoute, en 1848, a ses Fragments sur les Organcs genito-uri' naires des Rcpl'des, communiques en 1844 ^ I'Academie des sciences et k la Society philomatique.

La troisieme partie de cet Api)endicc traite de Vepididymc el des ureteres des Salamandres et des Tritons.

« J'ai constate, exprimu M. Duvernoy dans son Troisieme fragment, I'existence de I'epididyme dans la Salamandre noire des Alpes, dans la Salamandre tachetee, et plus recemmentdans la Salamandre raarbree. Je I'ai observe de memedans les Tri- tons a Crete, alpestre et ponctue. II se presento sous la forme d'une chainette composee de plusieurs canaux seminiferes ties replies, qui regne parallelement au testicule, depuis le rein, en ai- riere, jusqu'au-dela de la glande sperraageue, en avaut. Cet epi- didyme se distingue du rein, qui est le plus souvent d'un rouge brun, par sa couleur d'un blanc opalin, sa forme etroite et aplatie, et par son peu d'epaisseur. II se detache, de sa partie la plus avancee, un premier conduit seminilere efferent, pour se coutinuer, apres avoir fait un coude, comrae canal deferent.

" L'epididyme recoitsuccessivementdu testicule plusieurs ca- nauxaffereutsseminiferes,le plus souvent par I'iulermediaired'un canal comraun qui lui est parailele. Ce meme epididyme envoie au canal deferent, non seulement un premier coiakiit seminifere, ainsi que nous venons de le dire, qui semble le constiluer, comme dans les Vertebrei superieurs; raais encore une serie de plusieurs autres, en norabre variable, qui s'en detachcut dans toute sa lon- gueur.

» L'existencede Tepididyme dans la famille des Salamandres, les rapproche des Reptiles propres, et vient s'ajouter aux autres caracteres qui separent cette famille de eelle des Grenouilies et des Crapauds, ou des Batraciens anoures. »

IS

Dans sa communication a I'Acaflemie des soiencps. fin 1 1 nn- vembre 1844, eta la Socielepliilomatique, du 23 du niemt inois, I'auteur s'est pat'ticuiierement occupe de la structure des reins dans la famiie des Sctlamnniires, sujet de son Qualr'ieme frag- ment (1). II y lit connaitre avee dntail les glandules de Malpi- ghi ; il y determina leur plus grande dimension qui atteint un demi-milliraetre ; il y indiqua leur position superficielle a la surface inferieure des reins, etc. II y demontra qu'elles se com- poseut non seulement d'une pelolte vaseuiaire d'arterioles aft'6- rentes, et d'une veinule efferente ; mais encore de la capsule membraneuse qui la reufernie.Cette capsule, dont M. Duvenioy a vu, dans plusieurs cas, les parois reutrees, est entouree dun reseau de la veine-porte renale, qui probableraent a uuc part dans la secretion du rein. Elle se continue avec un canal secre- teur d'un moindre diametre commeavec son pedicule (2).

M. Duvernoy fait remarquer. pour I'histoire de la science, que ses observations sont les premieres qui aient confirm^, dans la structure des reins de la famille des Salamandres, celles de M. Bowmann, sur la composition des glandules de Malpighi. Il est nieme alle plus loin quecetnnntomiste, en deeouvranlque, dans ((utlques cas, uue partie de ces capsules etiit rcnir^e dans I'autie; cequ'il attribue entre autre au vide qui s'etait fail dans cette poL'iie par I'evacuation de i'urine.

Ces observations conduisaieiit ^ la maniere de >oir de M. Bid- der, que Cft anatomiste a prise en choisissant les Tritons pour sujet de ses observations, comme I'avait fait M. Du- vernoy.

Le premier re>ullat de ses rcchcrches a paru en septem- bre 1845, et conseqiicmment prte d'une annee apres les ex- traits du travail de M. Duvernoy, publics dans les comptts rendus des seances de rAcidemiedes sciences, etc.

M. Bidder admet, avec raisou, que la pelotte vasculaire, que Ton a cru a tort, jiisqu'a M. Bowmann, composer exclusivemeut le corpuscule de Malpighi, n'est pas libre et flottante dans la

(1) Voir I'extrait qui a paru de ce fragment dans I'Institut , tome de 184/i, p. 399 et 400.

(2) Voir page 59 des Fragments , la fig. 6 de la pi. i. et les fig. 18, et 19 la pi. II.

i-apsule. U la decrit comnnc cnvcloppee par une partie rentrante dccettc capsule.

Avant M. Bidder, M. Gerlacli, dans sa coramunication k la Societe philomatique, du 7 juin 1845, avait annouce qu'il avait vu la pelotte vasculaire de la vesicule de Malpighi eu partie re- vetue d'uue couche d'epithelium (l). Cette couche supposait une membrane enveloppant iraraediatcment la pelotte pour )a produire et la renouveller.

Le meme M. Gerlaeh, qui a fait entreautres ses observations sur des Grenouilles, legarde la capsule comrae dislini:te du canal uriuaire et faisant un coude avee lui. On vicnl de voir que M.Duvernoy adit que le canal seereteur est comme le pediculQ de cette capsule.

M. Duvernoy en appellc a la comparaison dcs dates de ees publications, ainsi qu'au texte de sou memoire ct aux planches qui y sont annexees, pour obtenir la juste part f[u'il a cue d:ins la decouverte de la veritable structure des reins, telle (ju'tile est adoptee en ce moment ; surtout depuis le grand progres que lui a fait faire M. Bowniann des 1842. II a pu etre etonne de voir sa publication passee completement sous silence par M. Ger- laeh (2), par M. Bidder (3), et surtout dans I'historique qu'a publie a Paris M. Mandl (4).

En l846,M.Bidderafaitunepublicationsurlememesujet,mais plus 6ten(lueetayant pour titre:!7kcc/(erc/»e5(/'aHrt<oii/iet'<(/7ii,s^- logiecomparee sur les organesmdles de la cjeneraiion etles organes urinahes dcs aviphibics nus. Get anatomiste nomme faux rein, I'organe decrit avec detail et determine comme rcpididyrac par M. Duvernoy ; parcc quo, dans le Tr'ilon lainiaius, il y a dc- couvert quelques capsules de Malpighi,

Depuis cette publication, M. Duvernoy a revu, avecbcaucoup de soin , la structure dcs reins el celle de i'epididymc, dans les

(1) "Voir rinsHtut , tome de 1845, p. 22/i.

(2) Vhistilul , tome de 18/i5, dtiji cil6 j et les Archives de J. MuUer, de la inCme ann^e , p. 378 et suiv.

(3) Mfimes Archives , p. 508 et suiv,

(4) Reclierches sur la structure des reins. Archives d'anatomie gendraU e\ de Tphijsiologic , ppui; 1846. P- 73 et siiivanles, et le cahier de son Anato- mic giinerale , conceruant la structure des reins , qui a paru en 1847.

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Stilatnaudres bomtnurie et marbree, et dans les Tritons a crele, alpestre et pouctue; dansaucun des exeraplaires de ces cinqes- peces, sauf dans un tres petit nombredes Tritons a crete, ii n':i vu ce melange de I'epididynae avec quelques elements organiques de la secretion de I'urine.

Eneoie iesqiielques capsules obserV^fes aansiepididyme df la seule espece de Triton a crete, etaient-ellesdecolorees, transpa- rentes , d'un plus petit volume (\ne celles dis reins , ei elies he montraient pas evidemment de peioton arteriel. Ces caractetes Equivoques sont evidemment cinx d'un developpemcnt anormai , a la suite duquel il y a eu aecidentellement un {Harei! melange de quelques-unes de ees capsules rtnales, avec les eanaux semi- niferey qui constituent Tepididyme.

Get auteur n'aduiet pas non plus I'appareil des ureteres , quoi- qu'il ait vu ces eanaux , comnae M. Duvernoy , se conlinuer avec les CHnaux secreleurs des reins. Ce sont pour lui des vesicules seunnales , parce qu'il a decouvert quelques sperraatozokles dans leur contenu. Rappelons que MM. Prevost et Dumas n'avaient pu en apercevoir. M. Duvernoy n'en a pas trouve davantage dansauciine des especis qu'il a cues a sa disposition, lors men^e que le canal deferent en fourmillait , et que la vessie urinaire en renfermait un grand nombre de vivants. Cependant il ne serait pas impossible qu'ils p6netrasseiit jusquc dans Ifs ureteres. Mais leur presence ue peut rien changer h I'exacle determination de ces eanaux excreleurs de I'urine ; puisqu'ils sonl la continuation evidenle des eanaux secreteurs des reins , que M. Duvernoy distingue sous le nom de modiUcateurs , et qu'ils existent ehez lesferaelles , quoique moins developpes que ehez ks males.

Mecanique. -M. Lfechatelier fait tine commdiiieation sur les fnouvements anormaux qui se manifcstent dans les nnachines locomotives en marche. Il distingue trois mouvemcnts priuci- paax^ie nwuvetnent de ^a/op on I'oscillalion verticale autourde I'essieu moleur, le mouvcmenl de lancjacjc ou I'oscilliition longi- tudinale d'avant en arrierc, ^llemonvcinnit dc Unci ou I'oscil- iation laterale autour d'un axe vertical passant par le ceiitie de gravite.

Le raouvement de galop est du a I'obliquite de la bielle ; les deux autres mouveineuts sont dusa I'iuertie des masses aniinees

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d*un mouvementrelatif daus le systeme general de la machine. L 'action de la force centrifuge sur la raanivelle, et la resis- tance opposee par le piston aux variations de vitesse qui resul- tent de la transformation dumouvcmentde rotation en raouve- ment rectiligne alternatif, s'ajoutont pour sollicitcr le bati de la machine tantdt en avant tantot III arriere. Les forces appli- quees de part et d'autre de la machine donuent une resultante qui prtiduit lemouvement tie tan gage , et uncouple resultant qui produit le mouvemeiit de lacet.

Les rtehcrches de M. Lechatelier et les experiences auxquel- ies il s'est livresur plusieurs lignes de chemins de fer, ont con- tirme les resultats des rcclierches deja entreprist'S sur ce sujet en Allemagne et en Angleterre, et ont demontre, comme on I'a- vait deja reconnu dans ccs deux pays, qu'en appliquant aux roues motrices des machines locomotives des contrepoids faisant equilibre au poids de la manivelle, du piston et des autres pie- ces qui en dependent, on donnait aux machines une stabiiite complete. L'application pratique de ce principe est commencee deja sur plusieurs chemins de ler, oil Ton eu attend des resultats Ires avantageux pour I'economie des frais d'cntrclicn et pour la securite de la circulation agrande vitesse.

Ph\siqve. Lumiere electrirjue. M. L. Fouoaiilt communique une note sur I'emploi de la Utmicre elcctrique, coiilcnant en ou- tre quelques etudes sur les arcs voltaiques. II met en meme temps sous les yeux de la Societe I'appareil dont il a entret(.'nu r Academic des sciences dans la seance du 15 Janvier et qui aele decrit au compte-rendu de cette seance. Mais la note qui suit contient une description plus detaillee et fait coniiaitrc des expe- riences qui nont > oint ete conimuniquees h I'Acjdemie.

» L'appareil que je mrts sous les yeux de la Societe est destine a reudre la lumiere electriqiic applicable aux deraunslrations et aux recherches d'optique experimentaie. II fournit, avec le coo- cours de la pile, un point briliantd'une lumiere ties intense qui persiste immobile pendant une heureou plus selon la miture du eourant et qui pent a volonte etre deplace dans toute I'etendue d'un decimetre carre. L'usure continuelle et inegale des deux poles de charbon est incessamment reparee par le rapprochement des deux chariots qui les portent. Eu jetaut les yeux surl'nppa-

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reil on voit que ces (Jeux chariots sent assujelis a se raouvoir avec des vitesses inegalcs ei. (lout le rajiport variable etitre cer- taines limites est determine par la position d'un curseur. Ce rap- prochement simultiine s'opert' par Taelion de deux ressorts qui etabUssent en menoe temps une coutiniiite metalliqiie entre les baguettes de graphite et les extreraiies de I'electromoteur. En marchant i'un vers I'autre ces deux chariots font courir un rouage d'horlogerie dout la derniere roue dfutee a rochet de- termine, en s'arretant au moindre obstacle, la fixite de toutle systeme. Or, au voisinage de cette roue se trouve une detente que I'on pourrait faire marcher a la main pour permeltre , en temps opportun, aux chariots d'avancer; mais cetle fonption a ete departie a uu electro-aimant dispose de la maniere suivante : Plac6 au-dessousdu rouage cet electro-aimant est anime par le courant meme qui excite la lumiereet en consequence reproduit par les changeraents de son magnetisme propre toutes les varia- tions que sublt !e courant par suite des changements qui sur- viennent dans la distance des p6les incandescenls. Un barreau de fer doux place en regard dc cet aimant variable et sollicite a s'en eloigner par un rcssort antagouiste est I'organe oscillant charge de faire mouvoir la detente, d'cnrayer ou de delivrer le rouage, de prevenir ou de permettre le rapprochement des char- bons.

» Comme le ressort charge de kilter contre I'aiinantationpeut etre a volonte plus ou moius tendu , on a la double faculte de maintenir avec des courants differents une meme distance inter- polaire ou de faire vaiicr cette distance avec un meme courant.

•> II suit de la qu'avec un mod^rateur a lames plongeantes annexe k I'appareil on dispose d'une lumiere plus ou moins vive ou d'un are plus ou moins etcndu.

» Quand I'appareil est bien regie, c'est-a-dire quand la ten- sion du ressort a ete mise en equilibre avec rinlensite du courant, quand la course du fer doux porteur de la detente a ete rendue la plus petite possible, le rapprochement spontanedes poles s'opere toutes lesquatrc ou cinq secondes. Pourtant, de petites irregu- larites se font encore parfois remarquer : elles tiennent au defaut d'homogeneite du graphite des cornues k gaz dont on arrae les poles. Des essais heureux tentes en petit mc font esperer qu'on Exlrait de I'Institut , 1" section, 1849. 3

is

parviendra a fabriquer ad hoc un charbon pur, conducteur dense, homog^ne et peu combustible. Le charbon de sucre reduit en poudre et calcine de nouveau avec une certaine proportion de Sucre on vase clos, sous une forte pression, me paralt presenter toutes cesquaiites reunies ; en tout cas , il produit une lumi^re plus vive et plus fixe qu'aucun autre.

» Aux baguettes de charbon on substitue k volonte des fils de divers metaux, soitdeux fils d'un meme metal, soit deux filsde metaux differents, et quand I'un d'eux est susceptible de fondre on le depose dans un petit creuset de coke agglutiue, alors on laisse pendre au-dessus le pdle oppose qui , se reliant par un fil a I'un des cliariots, se maintient de lui-meme a la distance convenable. Ainsi I'on obtient des arcs de toute nature qui persistent et que i'on projette a I'aide de lentilles sur un ecran pour contempler leur aspect physique ou sur un diaphragrae lineaire pour en faire I'analyse prisraatique. Un commutateur sert d'aiUeurs a inter- vertir le sens du courant afin de mieux reconuaitre la part d'ac- tion que les poles positif et negatif apportent a la production du phenomene. Cette etude, donton ne saurait prevoirle terme, m'a deja fourni des resultats que je puis enoncer.

» L'arc du charbon, qui est sans contreditle plus facile a ma- nier, fournil k I'analyse prismatique le plus curieux et le plus eblouissant spectacle. Son spectre est sillonne, comme on salt, dans toute son etendue, dune multitude de raies lumineuses ir- regulierpraent groupees ; mais parrai elles on remarque une li- gne double situee sur la limite du jaune et de I'orange. Cette double raie, rappelant par sa forme et sa situation la raie D du spectre solaire, j'ai voulu rechercher si elle lui correspondait ; a defaut d'instruraents pour mesurer les augles j'ai eu recours a un precede particulier.

» J'ai fait toraber sur l'arc lui-meme une image solaire for- mic par une lentille convergente, ce qui m'a permis d'observer il la fois superposes le spectre electrique et le spectre solaire; je me suis assure de la sorte que la double ligne brillante de l'arc coincide exactement avec la double ligne noire de la Itt- miere solaire.

» Ce procede d'invesiigation m'a fourni raatiere a quelques ob- servations inattendues. II m'a d'abord prouve I'extreme transpa-

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reuce de Tare qui ne portea la lumiere solaire qu'une ombrelegere; il ra'a montre que cet arc, place sur le trajet d'un faisceau de lu- miere solaire,absorbe lesrayonsD,ensorteq«eladite raieDdela lumieresolaire se renforce considerablement quand les deux spec- tres sont exactement superposes. Quand,au ccntraire, lis debor- dentl'unsur {'autre, la raieD apparait plus noire qu'a I'ordinaire dans la lumiere solaire el se detache en clair dans le spectre elec- trique, ce qui fait qu'on juge facilement de leur parfaite coioci- dence. Ainsi Tare nous offre un milieu qui emet pour son pro- pre compte les rayons D, et qui, en meme temps, les absorbs lorsque ces rayons viennent d'ailleurs.

» Pour faire I'experience d'une maniere plus decisive encore, j'ai projetesur Tare I'image reflechie d'une des pointes incandes- centesde charbon qui, comme tous les corps solides en ignition, ne donne pas de raie, et dans ces circonstances la raie D m'est apparue comme dans la lumiere solaire.

» Passant alors a I'examen des arcs fournis par d'autres ma- tieres, j'ai presque constamment trouve la raie D positive et h sa place, et j'ai constate qu'elle coincide exactement aussi avec la raiebrillantede la flamme de la bougie.

» Quand on emploie comme poles des metaux qui ne font ap- paraitre que faib!rment cette raie D, comme le fer et le cuivre, on peut toujours la faire revivre avec une intensite extraordi- naire en les toucliant avec la potasse, la soude ou I'un des sels formes de chaux ou de I'une de ces bases.

» Avant de rien conclure de la presence presque constante de la ra'ie D, il faudra sans doute s'assurer si son apparition ne d6- cele pas une meme matiere qui serait melee h tous nos condue- teurs. Neanraoins, ce phenomene nous serable des aujourd'hui une invitation pressante a I'etude des spectres des etoiles, car, si par bonbeur ou y retrouvait cette meme raie, I'astronomie stel- laire en tirerait certainement parti.

» J'ai tente aussi de faire concourir ces differents arcs, comme celui du charbon avec la lumiere solaire, et dans ces circonstan- ces j'ai encore ete frappe par I'apparition de pbenomenes im- prevus. Pendant la coincidence de ces differents spectres, j'ai vu les raies electriques se detacher sur le fond relativement uniforme du spectre soiaire, de sorte qu'on pouvait constater

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que, malgr^ rapparence de leur disposition foi-tuitc, ollespos- sedent toutcs la nuance que leurassigne leur refrangibilite;cette appreciation se fait dune maniere sure car ie terme de compa- raisou u'est pas loin.

» Mais ce qui frappe surtout dans cette experience, c'est que parmi ces raies eieclriques ii en est qui possedent une intensite absolue enormement superieure a celle du rayon solaire cor- respondant. Dans I'arc de I'argent notaniment, on trouve une raie verte pour ainsi dire ingrossissable par les prismes et d'un eclat eblouissanl C'est une veritable source de luraiere simple, et comme celte raie est isolee, comme Tare d'argent est trans- parent, tranquiiie et durable, rien n'empechera de rendre cette source de lumiere verte aussi intense qu'on voudra et de I'utili- ser pour la demonstration de phenomenes que la theoric seule indiquaitjusqu'a present. La photographic nous servira a mesu- rer I'intensite extreme de ce beau rnyou dont on pourra con- stater aussi, sans aucun doute, Taction calorifique.

» D'autres rayons ires intenses vout encore se localiser dans les diff^rentes parties de ces spectres et meme aux extreraitds, et il a de grandes chances pour y decouvrir des raies isolees dont les rayons correspondants ne peuvent etre apercus dans la lu- miere solaire.

>' Tons ces faits, je Ie reconnais moi-meine en les enoucant, ont besoin d'etre soumis a une etude approfondie ; mais, dans les circonstances facheuses oil je me trouve, ayant ete devance en Angleterre par la publication d'un appareil analogue an mien, j'ai voulu, par tons les moyens qui sont en mon pouvoir, montrer que depuis lougtemps j'avais entre les mains un germe qui peut devenir fecond et qui, s'il doit porter fruit sur Ie terrain de I'in- dustrie, aura du moins offert ses priraeurs a la science. »

Seance du 27 Janvier 1849.

Mathematiques. M. Serret fait les communications sui- vantes :

1" Sur I'lntegration de Inequation dx'^-\-dii^-{-dz'^^z'.!s'^. M. Serret cherche a exprimer sous forme flnie et sans aucun signe d'integration les valeurs de x, y, z et s considerees comme fonctions d'une meme variable independante 9. La methode qu'il a suivie s'applique aussi a I'equation plus generale

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r/,i"-f-'/.'/"4- -|-f/s"r=:<is",

contenant ua noiribi e quelcouque nt de variables x, ?/,... .5, et dans laquellendesigne un nombre quelcouque. Dans ce cas ge- neral les expressions des m-\-l variables x, y,...z,s, conliennent m 1 fonctions arbitraires de la variable indepeudante.

Sur Vequativn cllfferentieUe pnrtietle qui exprime que les deux rayons de courbure principaux d'une surjace ont un pro- duit constant. M. Serret a trouve de cette equation, qui est du deuxieme ordre, une solution qu'il eonsidere comme une soiii tion singuiiere. Cette solution renferrae une fonction arbitraire, mais ne represente d'autre surface reelle que la sphere.

Sur un memoir e de M. Bertrand relalif au nombre de va- leurs que pent avoir une fonclion quand on y permute^ detoutes les manieres possibles, les quantiles qu'elle renferme. M. Ber- trand a etabli ce theoreme : si une fonction de n let ires a raoins de n valeurs elle n'en a au plus que deux. La demonstration de

n M. Bertrand suppose qu'il y ait entre n 2 et - un nombre

premier p. M. Serret indique que la demonstration continue de se

faire lorsque il n'y a aucun nombre premier entre n 2 et -7- ,

n raais que est premier. Cette remarque est importante, car

elle montrequela demonstration de M. Bertrand s'appiique aux fonctions de six lettreset rend par suite inutile la demonstration ingenieuse, mais fort difficile, que M. Cauchy a douuee pour ce cas particulier.

Seance du 3 fevrier 1849.

Physiologie. M. CI. Bernard communique la note sui- vante : Sur le tournoiement qui suit la lesion des pedoncules cerebelleux moyens.

« On salt que les animaux auxquels on a lese un p^doneule cerebelleux moyen sont pris immediatement de mouvements violents de rotation suivant I'axe du tronc, en meme temps qu'ils presentent une distorsion singuiiere dans la direction des yeux. M. Mageadie, qui le premier a determine ce pheuomene chez les

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animaux vivants , a annonce que lorsqu'on divise un des pe- doncules cer^belleux, I'animal tourne du mcme cote; que si, par exemple , on a lese le p(5donc'ule du cote droit , I'animal tour- uera de gauche a liroite. On observe aussi a ce moment une de- viation des yeux de telle sorte que , dans le cas precite , rceil droit serait dirige en bas et I'oeil gauche en haut. Les physiolo- gistes qui oat reproduit cette experience sont tous d'accord avec M. Mageudie sur le fait du tournoiement et de la deviation des yeux. Seulement il en est qui ont soulcnu que I'animal tournait du cole oppose a la st-etion du pedoncule cerebelleux , au lieu de tourner du meme cote , comrae I'avait dit M. Magendie. Dans sa Disscriation inaugurale , M. Lafargue a emis cette derniere opinion. Plus tard , M. Longet a annonce que, dans ses expe- riences , il avail aussi toujours vu les animaux tourner du cote oppose a la lesion du pedoncule cerebelleux , et , d'apres cela, il n'a pas hesite a avancer qu'ily avait erreur dans I'assertion de JM. Magendie. L'erreur, dans tous les cas , n'aurait pas et6 grande et elle etait meme singuliere ; car elle signifiait a peu pres que M. Magendie n'avait pas su distinguer le cote droit du cote gauche. La siiigularite meme de ces dissidences me deter- mina a examiner la question par moi-meme. Or, d'apres mes ex- periences, je puis avancer avec certitude qu'en lesant un seul pedoncule cerebelleux je ferai tourner a volonle I'ar.imal tantdt du meme cote, tantot du cote oppose a la lesion. Tout dependra du point du pedoncule qui sera blesse. En effet, j'ai reconnu que toutes les fois que le pedoncule cerebelleux est atteint dans sa partie situee en airiere de I'origine du nerf de la 5' paire, I'ani- mal tourne du meme c6te , tandis que lalesion du pedoncule en avant de I'origine du meme nerf entraine le tournoiement du cote oppose. Les faits precedemment cites oe sont done plus en contradiction , et ils s'ex|)liqucnt en disant que , dans ses expe- riences, M. Magendie a blesse les pedoncules cerebelleux en arriere de la 5' paire , et que MM. Lafargue et Longet , au con- traire , les ont blesses en avant de ce point.

» Je pense done avoir elucide la question , en ce sens que j'ai precise les conditions experimentales poor la production de phenora^nes qu'on avait consideres comrae incompatibles et con- tradictoires. Mais , iudepeodamment de ce resultat , mes exp6-

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riences me semblent renfermer une d^couverte importante. Elles apprennent , en effet , qu'il existe vers Ic voisinage de I'o- rigine du nerf trijumeau une t^orte d'entrecroisement fonction- nel dont les conditions analomicjues lie seiaient point encore de- terminees. Du reste , je poursuis mes etudes sur ce sujet , et je chercherai en experinaeutant sur des animaux dont la structure du pont de Varole est moins compliquee que celle des Chiens et des Lapins , si je puis parvenir a trouver une explication aux faitsquej'ai signales. »

Seance du 17 fevrier 1849.

IcHTHYOLOGiE. Multiplication de la Truite ait moyen de la fecondation artificielle.—M. Martins communique I'extrait sui- vant d'une lettre qu'il a recue de M. Haxo , secretaire de la So- cieted'emulationdes Vosges a Epinal.

«... En 1844, deux habitants d'une commutiede I'arrondisse- ment de Saint-Di6, de la Bresse, les nommesGehin et Remy,vou- lant remedier au grave inconvenient qui resulte de la destruction de la Truite dans les ruisseaux de nos montagnes, ou , comrae chacun sait,elie est excel lente,imaginerentun moyen qui devait mettre le frai des femeiles k I'abri des inondations subites et des autres circonstances qui tendent a le faire disparaitre , avant qu'il ait pu etre feconde. La recberche de ce raoyen, qu'iis ne trouverent pas imraediatement, fut pour eux I'occasion de tra- vaux, de depenses, de demarches de toute espece qui demande- rent beaucoup de courage et de perseverance. lis reussirent enfin, apres milie essais plus ou moins mfructueux, et dans I'anneeque je rappelle plus haut, c'est-i-dire en 1844, ils mirent sous les yeux de la Societe le resultat de leurs efforts. Une commission fut nommee pour suivi e leurs experiences et en constater les produits. Le rapport de cette commission leur etantentierement favorable, la Societe leur accorda une recompense, minime a la verite, et plus en harmonie avecles faibles ressources dontpeut disposer une Societe comme la notre que proportionuee a la somme de leurs sacrifices de temps, d'argent, etsurtout au merite de la decouverte et a I'importance des resuitats.

» A parlir de ce moment , ces hommes actifs et industricux n'ont pas cesse de travailler au perfectionQemeDt de leur procede,

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et siirlout a sa propagation. Non-seu'ennent iis sont parveuus i repeupler les rivieres et ruisseaux, laul de leur territoire que de celui des communes voisines, mais appeles an loin, soit par des administrateurs de certaines locaiites, soit par de riches proprietaires, ilsont porte partout le bienfait di- leur deeouvcrte et fait eclore des myriades de Truites. Aujourd'liui enfiii, iis ont acquis, dans une des fore's communales de la Bresse , un etang assez vaste , dans lequel iis ont mis en pratique leur procede, et oil iis out crei', c'est le mot, uue quantitede Truites qu'ils esti- ment a plus de 6 000 000. II y en a , bien entendu, de plusieurs annees, et de grosseurs differentes, et j'en ai recu , aujourd'hui meme , une certaine quantite , les unes de 2 lesautres de 3 ans, qui pesent de 125 a 250 grammes et doot I'aspect, soit exterieur soit interieur, ne differe en rien de celui desTruites venues dans nos ruisseaux par la vole ordinaire... »

A I'occasion de cette lettre M. de Quatrefages communi- que a la Societe des observations faites par lui 11 y a deja quel- ques annees, d'ou il resulte que, contrairement a I'opinion generalement admise , les sexes sont separes chez les Huitres. II ajoute qu'on pourrait des-lors appliquera I'elevede ces Mol- lusques le procede de la fecondation arlificielle, soit pour repeu- pler les bancs naturels epuises, soit pour creer des bancs artifl- ci>l-. M. de Quatrefages a appris que deja M. Carbonel elait en instance aupres du ministere de la marine pour qu"oo lui faci- litat les moyens d'experimenter un procede qu'il ateuu secret pour la propagation artiflcielle des Huitres.

M. Blanchard annonce que ses propres observations confir- ment celles de M. de Quatrefages sur la separation dessex.es chez ies Huitres. Pendant ses recherches sur le systeme nerveux des Mollusques, il a eu I'occasion d'examiner un grand nombre de ces aiiimaux a I'epoque du frai ettoujours il a trouve losoeufset les spermatozoides isoles sur des individus differents.

Seance du 3 mars 1849.

ZooLOGiE. M. E. Desmarest lit une note sur la disposition auorm^le des organes genitaux , observee dans une Ecrevisse [ Astacus fluvtalilis y Linne). II est generalement admis que, dans les Decapodes maeroures, il existe des ouvertures rondcs et bieaapparentes, situeej isur larticle basilaire des troi-

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Sieme et cinquieme paii'es do, pattes , et tous les carcinologistes recoiinaissent : I'que chez les nobles cette ouverture estplacee h la cinquieme pairede pattes, taiidis que 2°, chezles femelies,elle se tron\e constamment a la tioisieme paire. M. E. Desmarest a pu remarquer, dans une Ecrevisse femeile, qu'independamment des caracteres sexuels ordinaires 11 y a les naemes caracteres repetes sur I'article basiiaire de la quatrienoe paire de pattes : de sorte que , dans cet animal , quatre ouvertures ovigeres sont bien distinctes. Apres avoir donne la description des organes in- ternes de la generation dans I'Eerevisse a I'etat normal , I'auteur dit que dans son Astacus fluviaiUis teratologique les ovaires presentent a peu pres la disposition ordinaire , mais qu'il ne pou- vait plus en etre de meme des oviductes : ces tubes, au lieu d'etre doubles, un de chaque cote, sont au norabre de quatre ; c'est ainsi qu'a droite et a gauche I'un a une ouverture cl la base de la troisieme paire de pattes , et I'autre a celle de la qua- trieme , et que de la tous deux se dirigent anterieurement pour vcnir former un trone commun qui se reunit aux ovaires dans I'endroit ou , normaleraent, s'ouvre j'oviducte. De ce qui pre- cede, etde I'etude dedeux faits semblables observes par M. Em- manuel Rousseau, M. E. Desmarest conclut que Ton ne peut plus donner comme caractere constant, chez les femelles de De- capodesmacroures, la disposition vulvairedeleur troisieme paire de pattes, puisqu'il est maintenant prouve que cet orifice n'est pas toujours place uniquementa cet endroit et qu'il peut se trou- ver en meme temps a une autre paire depieds.

Physique. Inlensite du son dans rair rarefip. M. Cli. Martins communique la note suivaute sur I'inteosite duson dans I'air rarefie des hautes raontagnes.

0 Dans la nature et en dehors des conditions artiflclelies du laboratoire, les experiences de physique les plus simples, les plus eoncluantes, en apparence, se compiiquent d'elements nou- veanx et de difficultes imprevues qui changent ou modiflent les consequences qu'on peut en deduire. Les essais suivants sent une preuve frappante a I'appui de cette verite , et j'ose exprimer I'espoir qu'elles appeileront I 'attention des physiciens sur plu- sieurs causes encore inconnues qui font varier I'intensite du son en plein air.

Extrait de I'Jnstitut , 1" sectioD, 1849. ^

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» Ddja, en 1706, Hauksbee (l) demontra par des experiences faites en plein champ que le son d'une cloche placee dans un recipient devient d'autant plus fort que Ton rend I'air plus dense, et s'affaiblit^ mesurequ'on le rarefie. Neanraoins jusqu'ici au- cune experience rigoureuse n'a ete tentee pour eslimer cet af- faiblissement , qui complique deja les premieres experiences faites sur la vitesse du son. Ainsi , lorsque Lacaille , Ma- raldi , et Cassini de Thury essayereut de mesurer la vitesse du son , ce dernier, place a ia station de Damtnartin , enteiidittres bien pendant plusieur^ jours une piece de huit placee a Mont- martre, a la distance de 31 337'n(2), A Cayenne, le bruit d'une piece dedouze, placee a 39 430™ de distance, arrivaitaux oreiiles de La Gondamiue (8). Au contraire, au-dessus du plateau de Quito, entre les stations de Gouapouli et de Pamba-Marca, si- tuees, Tune a 41l0ra , I'autrea soogm au-de^sus de la raer (4), Godin et don Geoige Juan , collaborateurs de La Condainine , n'entendirenl pas uue piece de neuf eloignec de 37 031"" (5). L'experience fut repetee ur le plateau de Quito, a 2900" d'al- titude; le meme canon , place a la distance de 20 540™ , s'en- tendait,raais le bruit etait ires faible(6). Ainsi, en resume^ sur le plateau de Quito, I'explosion d'une piece de neuf paraissaitraoins forte a la distance de 20 500"" que celle d'une piece de huit doignde de 31 300" aux environs de Paris.

» L'intensitedu son depend de la densite au lieu de I'ebran- lement priinillf , et uullement de celle des couches traversees par lui , ni d( celles de I'air qui eavironne I'auditeur (7). Ceci pose , les essais suivauts deraontrent aussi I'affaibiisseraent du bruit dans un air rarefie. Lorsque nous fimes , M. Bravais et moi (8) uos experiences sur la vitesse du son ascendant et des- cendant entre Brlenzet lesomraetdu Faulhorn , nous employa- mes deux mortiers de foute exactement pareils. Dans les pre-

(1) Philosophical Transactions , t. xxiv, p. 1902.

(2) Mimoircs (le CAcademie des scieiues, andie 1788, p. 128.

(3) Relation abreg6e d'un Yoyage fait dans I'inturieur de rAmerique (Memoives de V Academic des sciCHces, anneel745, p. 488.)

(4) De la figure dc la terre , par Bouguer, p. 124.

(5) Journal du voyage fait par ordre du roi ^ I'Equaleur, t, i, p. 36.

(6) Ibid. , t 1, p. 98.

(7) Poisson , Traite de liidcainque, t ii, p. 706.

(8) Annalts dc ihimie ct de physique, s6rie, U xiii, p. 1. 1845.

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mieres experiences nous leur donaames la meme charge ; mais le son engeniire dans I'air a 2682™ d'aititude etait beaiicoup plus faible que celui qui se produisait a 2117™ audessous. Pour egaliser les deux sons, il fallut charger le mortier in- ferieur avee 75 grammes de poudre, et le superieur avec 90 grammes.

» Les ascensions sur les ciraes des hautes montagnes cod- tiennent quelques observations sur raffaiblissement du son , mais souventelles sont contradietoires entre elles. Au soiuniet du Mont-Blanc,^ 48l0™audessus de lamer, lessons, dit de Saussure, etaient remarquablement faibles : un coup de pistolet ne fit pas plus de bruit qu'un petit petard de la Chiae n'en fait clans une chambre (l). M. AuMjo etant sur le meme sommet coupa la ficelle qui retenait le bouchon d'unebouteillede Cham- pagne ; le bouchon fut projete au loin , mais le bruit fut a peine sensible ; il ajoute que le son des voix lui parut affaibli (2). M. Fellowes , qui fit I'ascension du Mont- Blanc dans la meme annee, va encore plus loin : il pretend qu'ayant vouiu faire chanter le raiiz-des-vaches aux guides qui raccompagnaient , ceux-ci ne purent jamais y parvenir, faute de s'.i'ntendre reci- proquement (3). Cette assertion est evidemmeot exageree. Pla- ces au sommet du Mont-Blanc , nous entendimes tres distincte- ment , MM. Biavais, Lepileur et moi , les guides qui parlaient ensemble pres du rocher de la Tourette, distant de 400"' environ de la cime, et reciproquement nos guides entendaient notre voix lorsque nous conversions ensemble. A quinze ou vingt pas , M. Lepileur remarquait le bruit que je faisais en frappaiit avec un crayon de bois sur le curseur metal lique de mon baro- metre (4).

» Pour parvenir h. un resultat positif, je cherchai le moyen d'obtenir UQ son soutenu, d'une intensite constante et qu'on pourrait produire a volonte. Un diapason monte sur une boite ereuse de sapin bien sec , en i'orme de parallelipipede, longue

(1) Voyages dans les Alpes, § 2020.

(2) Narrative of an ascent to the summit of the Mont-Blane, on the 8 and 9 august 1827.

(3) Pievue medicate , 1842, t iv, p, 343.

W Lepileur, Memoire sur les ph^nomJ'nes pliysiologiques qu'on observe en s'devautsurlesliautesniontagues, (FxevwrneUicaie, iSli5,).

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de O^jSOS, large de 0™,065, lemplissait le but que je me proposals. La boltp etait fermee d'un cote et ouverte de I'autre ; le diapason sonnait ['ut^, qui equivaut a 51 2 vibrations par se- conde. A I'etatde repos^ I'ecartemont des branches du diapason etait de 5ra™,6, et de 8'""» lorsqu'eljes etaient eloignees I'une de I'autre par le cylindrede bois destine a ies mettreen mouvement. Un son ayant toujours la nieme inteusite dans un air d'egale den- site , il est evident que la distance variable a iaquelle 11 cessait d'etre perceptible dans des milieux de densite diflerente nous donnera la mesure des variations de son inteusite.

» L'agitalion de i'air complique ces experiences. Son influence a ete successivement etudiee par M. di^ Haldat (1), a Nancy, et M. de la Roche (2), a Paris, lis troiivercht que la liniite d'audi- tion se deplace pour i'auditeur place dans la direction suivaut Iaquelle souffle le vent. Mais tous deux sontd'accord pouraflir- mer que, par un tenops calme, le son s'entend a la plus graude distance possible ; le bruit du vent empfichant d'entendre un sou, de quelque part qu'il vienne. Nos experiences ayant tou- jours ete faites par un temps calrae, ou une legere brise inter- mitiente qui nous permeltait dechoisir Ies intervalles de repos, nous ne niius occuperons point de cetle, complication. Nous avions d'ailleurs deux diapasons que nous laisions sonner alter- uativement. Si done le vent avait favorise I'audition pour I'ua de nous , il I'eut empechee pour I'autre ; or jamais nous n'avons note cette circonstance; a la distance-liraite le son n'etait plus percu paries deuxauditeurs a la fois.

« Notre premier essai eut lieu le 22 juin 1844, entre l^ et 21i de I'apres-midi , sur un plateau desert en face du village de Saint-Cberon (Seine-et-Oise). Nous nous eloiguames successive- ment I'un de I'autre, M. Lepileur et moi , a la distance de 254". A cette distance je n'entendis plus le diapason de M. Lepileur, et, sur six experiences, il entendit une seuie fois le mien. Le temps 6tait calme, le ciel couvert, le vent tres faible du Sud, c'»st-a-dire presque perpendicuiaire a la ligne qui joignait Ies observateurs ; le silence etait imparfait et trouble j.ar des cris d'oiseaux et des bourdonneraents d'instctesj la temperature de

(1) Journal de physique , t. lxxix, p. 285 1814.

(2) 4.nnaks de^chimie et de phijsique, t, i, p. 176— 181G.

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I'air eiait 24", le barometre inarquait 744'""%3. -— La merae experience fut repetee a onze heuieR du soir dans le meme lieu, mais ce ne fut qu'a la distance de 37 9"! que ie son du diapason cessa d'etre percu par ciiacun de nous. Celte difference de 125 metres sur la distance a laquelle le son cessait d'etre perceptible de jour et de nuit est d'accord avec les consequences que Za- notti (l) deduit des recherchesde Hauksbee; elleconfirme aussi les resultats obtenus pendant la nuit par de La Roche aux envi- rons de Paris et les observations de M. de Humboldt tur les bordsde I'Orenoque (2),dont les cataractes s'entendaient beau- coup naieux la nuit que ie jour quoique le bourdonnement des- inseetes et les cris des animaux sauvages fussent plus grands. Nous fumes egalement surpris, M. Lepileur et moi , de ne pas trouver la nuit un silence beaucoup plus complet que dans le milieu de la journee. Le bruissement des insectes, la chute de pptitps br;inehes d'arbre, I'aboiement de chiensdaus le lointfiin^ tniublaient notre experience autant que pendant le jour, et cependaut le son du diapason s'enlendait a une distance plus grande de 125 metres qu'a midi. L'air etait calme, lecielcou- \ert, le baromelre a 744"°', 7, le thermometre a 17*,0. La troisieme experience fut faite par M. Bravais et moi, ie l" octo- bre 1844,entre l llietmidi, sur I'arete oocidentaie du Faulhorn, en Suisse, a une hauteur moyenne de 2620'" au-dessus de la mer. Le ciel etait serein, l'air a 7%2 , la tension de ia vapeur d'eau 5""", 62 ; une faible brisesoufflait de I'O.-S.-O. , c'est-a-dire dans la direction des deux observateurs; le barometre se tcnaif, a 558°"", 5. i/iutervalleauquel le diapason n'etait plus eutendu avait 650"' de longueur. En se rapprot-hant de 15"' on entendait de nouveau le diapason. Le silence etait complet. Nous ffmes la quatri^ine experience, M. Bravais et moi, au grand piatoau du Mont-Blanc, grand cirque de neige ouvert du c6le du Nord, situe a 900"' au-dessous du sommet et^ 3910" au-dessus de la mer, Ie 31 aoul dans I'apres-midi. Le citi etait serein, l'air parfaiteraent calme, le barometre a 477°'"', 88, l'air a 3", 5, ia tension de la vapeur d'eau a 0""",06. Nous trouvauies la limite d'audition a 337"" de distance.

(1) Comvieniarii bononiemes, t. I, p. 179. 1748.

(2) TabUuudeU nature, t. I, p. 24a.— T. II, p, 706.

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» Pour comparer entre eux les differents intervalles d'audition obtenus dans la plaiiie et sur les iiiontagnes, j'ai reduit ces in- tervallis a ce qu'ils eussent ele dans un air ci zero et sous la prc'ssion barometrique de 760""". En d'autres termes, j'ai deduit d'experienees faites a des temperatures et sous des pres- sions differentes la limite d'audition qu'on aurait eu daus un air h zero sous 760 millimetres de pression , air dont je designe la densite par 1.

Dans sa Mecanique Poisson pose en principe, et tons les physiciens sont d'accord pour admettre: Que I'intensite du son est proportionnelle a la densite du milieu dans lequel il-se produit ; qu'a une grande distance du centre de I'ebranlement cette intensite decroitra en raison inverse du carre de cette distance. Si done on appelle r la limite d'audition dans I'airde densite d telle qu'elle a ete observee, R la limite telle qu'elle eut ete dans I'air de densite l (air k zero et a 760""" de pression), i I'intensite d'ebranlement du tympan correspondant a la limite d'audition dans I'air de densite 1 ; x I'intensite d'ebranlement du tympan dans I'air de densite d (air de la station) a la distance R, on aura, en vertu de la premiere loi, en comparant les intensites a la distance R ,

i : X : : I : d et en vertu de la seconde

i : a; : : R2 : r^ ;

d'ou R=-7T

]/d.

Pourcalculer ladistance-liraite d'audition dans I'air de densite 1, on a done divis6 la distance observee par la racine carree de la densite de I'air dans lequel I'experience a eu lieu. On obtient la densite d par la forraule suivante, dans laquelle H represente la hauteur du baroraelre et t la temperature de I'air en degres centigrades :

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Toutes les distances limites d'audition reduites a ce qu'ellesse- raient dans I'air k la densite 1 donnent lieu au tableau suivant :

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» Ces experiences ne sont pas en contradiction avec les obser- vations faites par d'autres voyageurs sur Taffaiblissement du son a de grandes hauteurs. Ces voyageurs s'etaient eleves rapi- dement deja plaine sur la montagnc , iturs organes, eten par- ticulier celui de I'ouie, n'avaicnt point eu le temps de se mettre en equilibre avec le milieu ambiant, Nous avons fait, au con- traire, nos experiences apres pi usieuis jours de station au Faul- horn etsur le grand plateau, par consequent nos organes etaient pour ainsi dire habitues a ce milieu. C'est ainsi que les habitants de La Paz et de Quito,en Amerique, ne soulfrent point des effets de la rarefaction de i'air quaiqu'ils vivent a unetres grande ele- vation au-dessus du niveau de la mer. .?

» Si Ton discute ces observations on reconnaft qu'il y a dans les bautes montagnes des causesqui favorisent I'audition d'un son. Elles corapensent et au dela la rarefaction de I'air. Nous voyons en effet que nous avons toujours entendu leson a une distance plus grande, meme lorsque la densile n'etait plus, comrae sur le Faulhorn, que les 0,72 de celle de I'air au bord de la mer, ou meme les 0,64 comme au grand plateau du Mont-RIanc.

» Parmi ces causes, Je range en premiere ligne le silence. Le sommetdu Faulhorn est a QOOfnau-dessusdela limitedesarbres et des chalets les plus eleves. Le fremissementdes branches agi- tees par le vent, le chant des oiseaux, le bruissement des insec- tes, le murmure des ruisseaux et des cascades ne parviennent pas jusqu'a la cime. De la un repos qui n'est trouble que par le bruit du ventet les eclats du tonnerre. Aussi tous les voyageurs sont-ils frappes du silence qui regne a ces hauteurs, surlout pendant la imit. Ce silence estencorepius profond, par un temps calme, sur le grand plateau du Mont-Blanc. Au Faulhorn on entend I'herbe fremir sous I'haleinedu moindre souffle du vent, quelques oiseaux s'approchcnt du sommet ; au fort de I'ete les vaches et les chevres s'aventurent jusqu'a ces hauteurs. Rien de serablable sur le grand plateau du Mont-Blanc, plaine de neige entouree par un cirque de rochers, et elevee de 39 10" au-dessus de la mer et de 1850"' au-dessus des plus hautes forets. Aussi le silence de mort qui regne par un temps calme sur ces champs de neige est-il une des impressions les plus solennelles que j'aie eprouv^. II est tel que les sons s'entendent a une grande dis-

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taJQce quoique leur intensite soit beaucoup raoindre qu'au bord de lamer. La chute des avalanches, si communes dausces hautes regions, est toujours accompagiiee d'uu bruit, mais il n'est pas en rapport avec les masses de neige et de glace qui se precipi- tant du haut des rochers voisins. Toutefois on I'entend toujours parce que le moindre son est percu par I'or ille. De meme, au sommet du Faulhorn, on entend les avalanches qui tombentdes flancs du Wctterhorn. La distance horizontaie des deux som- mets est de 9700"", et le son se meut dans une couche d'air com- prise entre 2600"' et 2700*. Au grand plateau, M. Bravais a aussi remarque un echo multiple qui repetail piusieurs fois la voix humaiue, et ne s'eteignait qu'apres une duree de sept se- condes. Dans la nuit du 7 au 8 aout, nous essuydmes au meme endroit un oragc qui faillit emporter notre tente. Nous fumes frappes du pen de bruit que fais;iient les coups de foudre quoique I'intervalle fort court qui s'^coulait entre I'eclair et le tonnerre nous prouvat que la foudre n'eclatait pas h plus de 1000 metres de nous. Est-ce un effet de la rarefaction de I'air, ou faut-il chercher ailleurs les causes de cette siugularite? La meme nuit nous repetaraes robservatiou que nous avions dej^ faite aux rochers des Grands-MuletSjd 860"^ au-dessous du grand plateau, dans la nuit du 28 au 29 juillet, et au grand plateau meme dans celle du 29 au 30. Dans ces deux nults nous avions ete assaillis par un fort coup de vent du S. 0. Comme de Saus- sure au col du Geant (3430"") , nous fumes frappes du bruit ter- rible des raffales et des intervalles de calme plat qui les sepa- rent. Ces coups de vent succedant k des moments de protond silence produisent un effet de contraste acoustique, et de Saus- sure n'exagf^re pas quand il compare le bruit de la raffalc a celui d'une decharge d'artillerie (l).

» Je n'entrerai pas dans I'examen des autres causes qui, dans les montagnes, peuvent favoriser I'audition du sou a de grandes distances. Beaucoup d'entre elles doivent tenir k des circonstaa- ces locales , tel les que la configuration et la nature dusol, r^tat bygrometrique de Pair, I'absence ou la presence des courants aeriens. Mais toutes ces causes, dont I'influenee n'a jamais ete etudiee, me paraisseut secondaires aupres de celle

(1) Voyages dans les Alpes, $$ 2031 et 2073. Extiait de I'Inslitut, i" suction, 1849. 5

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que j'ai signal^e, et qui rend compte du peu d'influence de la densite de i'air sur la distaDce a laquelle un son est percu dans ces hautes regions. ;

Seance du iO mars 1849.

AcousTiQUE. M. de Tessan communique la note suivaute : « Dans la derni^re seance , h I'occasion de la communication de M. Martins , il a ete question de I'influence que I'etat physio- logique de I'oreilie pent apporter dans la perception du son ; je demande a la Societe la permission de lui communiquei* a ce sujetun fait qui m'est personnel et qui pr^sente quelque interet au point de vue de la theorie de I'audition.

"Vers la fin de I'annee 1840, etdansle courantde 184),il est survenu dans mon oreille droite un changement tout interieur, sans rien d'apparent a I'exterieur, qui a donn6 lieu a quelques ph6nomenes d'audition assez curieux. Ainsi , a certains mo- ments, tons lessons avaient, dans cette oreille, un retentisse- ment extraordinaire , comme si j'eusse ^te place dans une en- ceinte a parois tres sonores, dans un tambour ; le retentissement d'une syllabe, d'une note, durait encore quand la syllabe, la note suivante etait deja percue, et cette superposition, cet empie. tement des sons les uns sur les autres, tous tres retentissants , rendait I'audition difficile (l). Cette oreille pechait evidemment alors par exces de sensibilite. Un peu plus tard, il n'y eut plus qu'une seule note quijouit ainsi de la propriete de produiredu retentissement dans cette oreille; de telle maniere que, lors- qu'en sifflant un air je venais a produire celte note, roreilleen 6tait tellement pleine qu'il semblait que cette notepartaita la fois de tous les points de la parol de ma clianibre. En meme temps que cette note prenait ainsi un retentissement extraor- dinaire, I'air percu par I'oreilie troublee etait evidemment faux relativement a I'air percu par I'oreilie saine. Je percevais ainsi pour le meme chant deux airs, differents en realite, quoique 6gaux dans le rythme. Phenoniene assez difficile a expliquer.

(1) J'entendais sonner toutcs les pendules de la maison, et j'en entendais si bien loutes les sonnettes qu'il me semblait toujours que c'^lait cliez moi qu'on avail sonn6. Je me suis d6rang6 cent foi» inulilemenl poui- aller ouvrir ma porte par suile de celte eneur. T.

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Plus tard j'ai cesse de percevoir avec cette oreille toute espece de son musical. Ainsi quand ma pendule battait les heures je n'enteudais pas du tout le son produit par le timbre sous le coup du marteau. Je percevais seulement a chaque coup un bruit sec et faible, comme si le marteau eut frappe sur un corps mat et non sonoie. Je percevais le bruit du coup de marteau et nulle:Tient le son musical que rendait le timbre. A ce meme mo- ment, je percevais le tic-tac de ma montre h la distance de plus de six metres, etje I'eiiteudais battre toute lajournee dans raon gousset ; tandis que je n'enteudais pas du tout, meme au contact, le tic-tac de ma pendule qui est cependant plus fort, mais qui est grave et jiccompagne de rt sounance a cause du globe en verre qui ia recouvre. Plus tard, je n'ai plus entendu le tic-tac de ma montre qu'en la mettant tout pre? de I'Dreille a deux decimetres au plus de distance. Etc'est \h, aujourdhui, I'etat habituel de cette oreille ; mnis en revanche je percois un peu le son que rend le timbre de ma pendule sous lecoup de marteau, sans entendre le bruit sec du coup lui-raeme. Je percois le son du timbre comme s'il me parveiiait a travers un coussin ou un rpatelas. J'entends aussi un peude cette oreille les personnes qui me par- leni avec une voix claire et per^ante ; mais pas du tout jes per- sonnes dont la voix est grave et oaverneuse. Pour celles-ci je suis oblige de me retourner pour leur presenter I'oreille gauche. L'oreille troublee peche evidemraent aujourd'hui par defaut de sensibilite apres avoir d'abord peche p:ir exces. Pendant que ces changements s'operaientdans cette oreille, elle a ete , ainsi que I'autre , le siege de quelques bourdonnements, sensibles surtout la nuit, quand j'etais couche.

» MM. les docteurs Deleau et Bonnefond out successivement echoues dans leurs tentatives pour reraedier a cette alteration de Touie ; ils n'ont meme pas pu decouvrir le siege reel du mal ; car la trompe d'Euslache et le timpan ont ete trouves en bon etat. Tons ces phenomenes dependraient-ils d'uue compression plus ou moins grande du nerf acoustique qui eu ferait varier la sensibilite ? Ce qui pourrait porter a le croire : c'esl que je de- viens plus sourd quand ranimation ou I'emotion me font porter le sang a la tete. >

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Siance duM mars 1849.

Prvsiqui'. M. Jamin commuuique a la Socieie le rosultnt de reciK-rcli< s qu'il a cntipprisessurla polarisation du quariz.

On saitqne M. Aiiy, pour (xpliquer les piienomeni-s pre- sentes par le quartz dans des directions obliques a I'axe, a sup- pose que le raynn polarise incident se decomposalt en deux J'aisceaux elliptiquenient polarises de rotation inverse et mar- chant dans le crystal avec des vitesses differentes ; les elli[)ses d'osciliation de ces rayons devieunent des cercles dans Ic cas par- ticulier oil le cristal est traverse dans le sens de son axe , et des lignes droiles si la lumiere le traverse perpendiculairement. Au moyen de ct'l-.^ iiypotliese generale, etsans rien statuer ni sur la difference de vitesse , ni sur le rapport des axes des ellipses deces deux rayons, M. Airy a explique generalement lesappa- rences presentees par le quartz soumis a la lumiere polarisce, dans on grand nombre de cireonstanees; mais pour pouvoir soumeltre ces plienomenes au calcul, il etait necessairede deter- miner, par des txperiences positives :

Les vitesses inegales des rayons dans le cristal.

Le rapport des axes des ellipses d'osciliation sous des in- cliDaisons determinees ; c'est le but que s'est propose M. Jamin.

II polarise a cet effet la lumiere incidente dans le plan de la section principale du cristal ; le rayon emergent sc trouve ge- neralement t'orme par deux composantes : I'une dirigee dans la section principale, I'autrc dans la section perpendiculaire; il mesure le rapport des amplitudes et la difference des phases de ces composantes, et il en deduit par des formules simples les deux qnautiles qu'il fallait determiner.

Le rapport des axes des ellipses oscillatoires dimiuue comme on devait s'y attendre de 1 a quand I'incidence du rayon , comptee h partir de I'axe du cristal, aiigmente, la derniere li- mite est ires rapidement atteinte. Voici quelques-uns des nom- bres trouves :

Incidtnces 2°; 5n7' ; QHS'; 15''28'! 19o42' ; 24'>30'.

Rapport des axes 0,939; 0,641; 0,309; 0,125; 0,087; 0,052.

Quant h la difference de marche de ces deux rayons ellipti- ques, elle est proportionnelle i I'epaisseur de la lame de quartz traversee; elle est representee par la loi d'Huyghens, quand le

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rayon incident s'ecarte de I'axe d'un angle egal ou snperieur h 30", mais elle suit une marche dilferente entre les incidences 0 etsoo.

Les resultats suivants expriment, en fonclion de la longueur d'ondulation, la difference de marche des deux rayons ellipti- ques dans une laraede quartz perpendiculaire a I'axe de I mil- limetre d'incidence :

Incidences ; S'SS' ; 11°8'; ;,15°33'; iO'^T; SS"!?'; SO-Se'; 35-3'. Differ, dela marche 0,120; 0,135; 0,273; 0,^90 ; 0,819 ; 1,231 ; 1,77A; 2,287.

II serait important de lier par une loi tlieorique ccs resultats de I'experienee ; M. Jamin espere que M. Cauchy voudra bien soumettrece problemeau calcul, et faire connaitre les veritables lois de ces pheuomeues compliques.

Cristallographik. M. Bravais expose les resultats qu'il a obtenus en appliquant la theorie des assemblages ( voyez seance du 2 decembre 1848) a la cristallographie.

M. Bravais fait voir d'abord comment on est conduit a con- sidererun corps liomogene corame etant une agregation de mo- lecules de meme composition cbimique , offrant une iiieme dis- position geometrique de leurs atornes conslituants : dans I'acte de la cristallisation , les centres de graviie des molecules se dis- posent en files recti I ijjnes ci espacemcnts cgaux.

Les aretes d'un cristal sont des rangees rectilignes de sem- blables centres ; les frwes d'un cristal sont des series planes de telles rangees disposees parallelement entre elles^ ce sont des plans reliculaires de I'assemblage cristalliii.

L'existence d'axes de symetrie porte a diviser ces assemblages cristallins en sept syslemes , selon le nombre total des axes (seance du 2 decembre 1848), qui ne peut etre que I'un des sept nombres suivants : 13, 7, 5, 4, 3, 1 ou 0.

Deux assemblages appartenant au meme systerae cristallin peuvent, dependre de tijfes ou modes distincts ; et c^ia aura lieu lorsqu'en faisant varier d'une maniere continue les espacements moleeulaires de I'un des assemblages , sans qu'il perde un seul instant ses axes de symetrie , on ne peut maljjre cela le rendre superposable que partiellement avec le deuxierae assemblage.

Le premier systenae cristallin , deslgne sous le nom de sys-

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teme terquaternaire, ou sous celui de quMterlernaire, a cause de ses 3 axes quaternaires et de ses 4 axes ternaires , offre Irois types distincts : le premier est le cube portant une molecule a chaque sommet ; le second est le cube portnnl , en outre , des molecules au centre de cbacune de ses six faces , cube que Ton pent designer sous le nom de cube a faces cenlrees ; le Iroisieme est le cube portant une molecule centrale , ou cube centre.

Le deuxiem? systenie cristallin , designe sous le nom de sys- teme senaire , a cause de I'axe senaire qui le caraeterise , n'offre qu'un seul type.

Letroisieme systerae cristallin , ou systerae quaternaire, est caraeterise par un axe quaternaire ct offre deux types differents : le prisme droit a base carree portant upe molecule ci cbaque sommet , et le prisme droit a base carree , et centree.

Le quatrifeme systeme cristallin , ou systeme ternaire , est ca- raeterise par un axe ternaire ; il n'offre qu'un seul type , a uoyau rhoraboedrique,

Le cinquieme systeme cristallin peut etre nomme terbinaire , attendu qu'il est caraeterise par trois axes de symetrie binaire : quatre types differents lui correspondent : le prisme droit k base rectangulaire; 2" le prisme droit a base rectangulaire, ayaut deux de ses faces centrees ; S" ie prisme droit a base rec- tangulaire, centre; le prisme droit a base rectangulaire ayant ses six faces centrees.

Le sixieme systerae cristallin , ou systeme binaire , n'a qu'un seul axeet cet axe est binaire ; il a deux types differents qui en dependent : le prisme droit a base parallelogrammique ; le memc prisme ayant des molecules aux centres de deux de ses qualre faces rectanjjulaires.

Le septieme systeme, systeme asymetrique , n'offre qu'un seul type.

La loi dite « loi de symetrie » en cristallographie consiste en ce que deux faces semblahlex ( voyez la communication du 2 de- cerabrc 1848) doivenl toujours coexister. Cette loi offre une restriction dans le cas ou la superposition des faces semblables n'entralne pas celle des polyedres moleculaires ; alors les faces semblablts peuvent ne pas coexister, et le phenomene de I'he- nti^drie se produit. Ce cas sera examine ulterieuretnent.

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II y a dans les crislaux deux sortes de similitudes pour les faces sembiables : la simililiide direcle . lorsque la superposition des faces fait coincider eutrc eux les cotes internes de ces faces ; la simililude inverse , lorsque la superposition fait coiacider le cote interne de I'un aveo le c6te externe de I'autre.

Une forme cristaliine est la reunion de toutes les faces sem- biables a une face donnee. Lorsque la face donnee n'offre au- cune particularite de position par rapport aux axes , c'est-a-dire lorsqu'elle n'est ni parallele n\ perpendiculaire a aueun des axes, la forme est complete , et le nombre des faces qui la composent se determine par la foumule :

l0N„+6N,-f4N,-f2N,+2;

danscelteformule, Ne, N^, N,, N^ i-epresentent respectivement les nombres d'axes senaires , quaternaires , ternaires et binaires que possede le systeme.

Ainsi , dans le premier sj'steme cristallin , on a :

N,r=0,N,=3,N— 4,N»=6; le nombre des faces de la forme complete est 48.

Une forme complete se partage toujours en deux demi-formes, I'une comprenant toutes les faces directement sembiables , I'au- tre, nuraeriquement egale^ la precedente, comprenant des fa- ces iuversement sembiables aux precedentes , mais directement sembiables entre elles : dans ce cas , les deux genres de simili- tude s'excluent I'un I'autre.

Lorsque la face donnee, qui sert k ^tablir une forme cristal- iine , est parallele ou perpendiculaire k un ou plusieurs axes , la forme est restreinle ; le nombre des faces qui la composent est un sous-multiple du nombre des faces de la forme complete 5 dans ce cas , deux faces peuvent etre a la fois directement sem- biables et inverseraent sembiables I'une par rapport a I'autre.

Le nombre des plans de symetrie d'un systeme cristallin est toujours egal au nombre des axes de symetrie d'ordre pair. Ainsi , dans le systeme teniuateruaire , ou Ton a N^zzS, Ns=rC>, le nombre des plans de symetrie est egal h 9 : c'est la valeur la plus elevee que ce nombre puisse atteindre.

Pathologie. M. Eugene Desmarestdonne lecture d'un me- moire dans lequel il fait connaitre plusieurs eas de pathologie

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des OS, etudies dans I'espeee humaine et dans divers aniraaux. L'auteur cherche surtout ci indiquer des observations nouvellcs relatives aux maladies des os dans la serie animale, parce que ce sujet lui semble avoir ete neglige jusqu'ici par les auatomis- tes.Nous ne rapporteronspastous les fails contenus dans la no- tice de M.Eugene Desmarest; nous reproduirons seulemeut ici les deux priucipaux.

Le premier consiste dans una affection presque generale des OS d'une Civette male [Viverra civella, Linne) qui a vecu plu- sieurs annees A la menagerie du Museum d'histoire naturelie de Paris. La tete est surtout remarquable pa» la generalite de I'al- fection des os du cr^ne et de la face ; tous les os en sont detruits en grnude partie , ceux du nez sont raeme presque entierenient perfores; I'arcade zygomatique ofire des traces apparentes de destruction, aiusiqueUs parties qui avoisinent le trou occipital ; lasyniphyse des deux branches de la machoire inferieure mon- tre egalement uue carie bien caracterisee. L'interieur du criine ne parait pas auormal, et il en est de meme des fosses uasales ; le sph(5noide est intact. La colonne vertebrale , a I'exception de I'atlas et de Taxis, qui sont uses par I'affection pathoiogiquc et troues en divers endroits, est a pen pres a I'etat normal. Les raembres ne sont pas tres fortement atta(|ues; toutelois, le tissu osseux d'une des omoplateset du bassin est erode et Ton peut voir des perforations sur le premier de ces os ; I'autre omoplate, qui est deformee,('stintimement soudee avec riiumerus.Li' ster- num est egaleraentdifforme. II n'y a rien de partieulier dans le systeme dentaire , ni dans le cerveau. L'animal auquel appar- tieut ce squelette est mort a la suite d'une paralysie ; raais la cause probable de I'etat pathologique des os provient de I'hu- midit^ da lieu (ju'il habitait. Cette observation est surtout int6- ressante par la gravite de I'affection des os de la tete ; car jus- qu'ici on n'avait pas remarque de cas aussi generaux , meme chez I'Homme.

Le second fait a ete etudie dans un squelette d'Agouti male {Cavia aquii^ Erxleben), dans lequel un certain norabre des tendons des muscles se sont ossifies d'une maniere presque com- plete, et se sont developpes outre mesure. Les tendons ossifies des muscles de la colonne vertebrale sontprincipalement tres re-

ii

marquables par leur nature fibro-osseuse et par leur grand de- veloppement ; en effet , ces tendons forment comrae deux noem- braues longues de pies de huit centimetres et cepcndantou a du en detruire une portion lorsqu'on a prepare le squelette de ce Rongeur. La rotulepr6senteun long bouquet de tendons ossifies; )1 en est de meme de la plupart des articulations qui offrent des membranes presque osseuses assez grandes et qui donnent k I'animal un aspect tout partieulier. La transformation du tissu tendineux ou fibreux en tissu osseux a deja 6te etudiee, mais le fait qui vient d'etre signale ici parait plus remarquable que ceux deja publies.

M. Pappenheim rappelle, a Toecasion de cette communi- cation, que le plus beau casde carle des os de la tete se trouve au Musee anatomique de Breslaueiqu'il a ete decrit depuis long- temps dans le Manuel d'anatoraie pathologique defeu M. Otto; que des cas d'oshilication des autres parties out ete aussi publies par lememe auteiir ; 11 ajoute que, du reste , la maniere suivant laquelle I'ossifieation s'opere dans la substance tendineuse n'a point ete exposeeavec les details que nous revele le microscope.

Seance du 24 mars 1849.

Cbistallogbaphie. M. Bravais expose la suite de ses re- cherches sur les applications de la theorie des assemblages a la cristallographie (voir la seance precedente).

On salt qu'Haiiy faisait deriver toutes les faces d'un cristal par la methode dite « des decroissemcnts, » et que les cristallo- graphes allemands lui ont substitue celle « des troncaturfs riitionnelles. » Au point de vue de la theorie des assemblages, toulo lace est uu plan reticulaire, c'est-ci-dire un plan assujeli a passer par trois des sommets de I'assemblage.

Si I'on prend trois rangees pour axes coordonn^s, et si a, &, c sont les parametres de ces rangees, a celui de I'axe des x, b ce- lui de I'axe des y, c celui de I'axe des 5, I'equation de la face sera

h-+kl + r- = o,

a b c

si elle passe par I'origine des coordonn^es, et

a b c

Extrait de I'InUUut, !'• gecliop, 1849.

A- + 4 + /f=:±,, a b c

4fi

si elle est limitrophe au plan precedent, c'est-i-dire si I'espace corapiis entre les deux plans est completement depourvu de soramels dnns son inierieiir. Les quantites /i, A, / sont des nom- bies entiei;', positifs ou uegatifs.

Pour plus de concision, on designers un tcl plan par le sym- bole (hkl), comme i"onl fait MAJ. Wliewell ci Miller; ces let- trcs A, A-, /, sont les criracteristiqucs de la face.

Le choix des axes coordonties sera fait, dans thaque systeme cristallin , de maniere a co qu'une piemierc face (/tfc/) etant donnee, toutes les faces semblables en derivent par certaiues transpositions ou ciian;;emcnis de signe des caraeteristiques.

II convieni, dans certains cas, de prendre quatre axes coor- donnes, dont lestrois |>rcinJerssont dans le meme plan ; la nota- tion est aiors a 4 eai aileristiques et de la forme {h ki I); mais il exislc eiitre ies t\6\s premieres caracleristi'|ues la relation constante

k -\- /i-\-iz^o. ,..(

Dans les syst^ines senairc, tcrr^nire et binaiie , ce mode He notaiiou est preferable et conduit a des fonmiles plus simples et plus symetriques.

L'adoption des quatre axes eoordonncs Tiie s'opposo point d'ailleurs a I'cmploi des formures de la ^dometVic analytique a trois dimensions. ' . ^

M. Bravai^ cdtiSidfei'b i-'uk'te la ctfetisiledcrtfl^u ■T(5tfculair(> des diversesTfl'ces u'tiii cristilt. fcdt'tf''de'!rsi'te ifet^lVrfypoVtioniiclle au nombre des molecules t'o'hteiiub dvin^ I'ui'iite de surface ; elle est en raisin i.nvme! 'de'1a Wailffe(lbt'is^;^i da jJfan. On de- mbiitrc auss'i (jQ'eirec^t pi'op'Ornonncllfe t\ nnienalU- lineaire qui separe la face conMcIei^e'ei; te plan tStfctflaiN litriitropbe qui lui est ihime^liMcm. n't sofis-jAcefit.' •■ " ^•"" '^''■''■^' •'" '.

Soient to Tairede la "face, h^ k, I les fj'ai'a'cteristiqiies, «,/y/;,'lcs paramelres : w est ui^e fonction de A, k, /, o, '6, c, dont la foinie est variable d'uiisysletueciibtallin a un autre syslemc, et, dans lemenic sys'.eiiiC, d'untypc a un autre.

Ainsi, dans I'asbcmblage qui derive du cube de cote a, on a 0)2 (A2 -1- ^2 4- /2) ;

mais, si ce cube de c6t6 a est un cube centre, on a

bi

45 i

r^quation de conditioa ^::r 2^ h /f, iodique que, si Inequa- tion de condition

n'etail pas satisfaite, c'est-a-dire si li-}-k~\- I etait impnir, il laiidrait, avant d'appliquer la formule, changer le symbole [Ilk I) en (2/i 2k 2l).

II en est de raeme pour les autres systemes ou types cris- taliins.

Cos formules sont, pour certains systemes (senaire, quater- naire, ternaire), susceptibles de se traduire en tableaux numeri- ques, ou abaques, propres k faire connaitre I'ordre dans lequel se succedent les faces rangees suivant la densite decroissante cle leur tissu, des que Ton connait le rapport entre la hauteur et les dimensions de la base dans le solide generateur de I'assera- blage.

On peut employer la consideration de ces differences de den- site (lu tissu reticulaire pour fixer son choix entre les divers types crislaliins qui rendent tous egalement eompte de la structure exterieure dii cristal. Elle permet en meme temps de lever I'in- decision qui subsiste sur les veritables rapports des pararafelres dans tous les sysl ernes autres que le systeme regulier.

La regie suivie par M. Haiiy et scs successeurs consiste a adopter les rapports de grandeur qui rendent les notations des faces aussi simples que possible ; mais comme les notations des faces varient d'un auteur a un autre auteur, cette methode iaisse prise a I'arbitraiie.

Pour lever cette indetermination , M, Bravais admet que « deux plans reticulaires limitrophes se separent d'autant plus facilemenr par le clivage que la densite de leur tissu est plus considerable, « el, en outre, que, « dans I'aete de la crislallisa- tion, sous I'influence des mouvements et trepidations molecu- laires qui I'acconipagnent, les series planes les plus stables et les plus aptes a limiter le cristal sont aussi celles dont le tissu reli- culaiie est le plus dense. »

Ces hypotheses sont basees sur la presomption que « la cohe- sion tangentielle (ou paraliek) a un plan reticulaire du cristal est d'autant plus grande que les molecules sont plus rappro-

AA

dices, et que « la cohesion dans le sens normal au plan est d'autant plus faible que rintcrvalle qui scpare ce plan de son limitropiie est plus considerable. »

On concoil qu'une telle loi, qui ue tient pas compte de la forme du polyedre raolecuiaire , pourra se trouver en del'aut dans quelqucs cas particuliers; mais elle doit etre vraie eu ge- neral.

Les applications de cette loi conduisent souvent a des resul- tats tres satisfaisants. Ainsi dans I'apatite, dont le solide gene- rateur est uu prisme droit a base triequiungie, dout la liauteur vaut les -~-^„ du cote de la base, si Ton caicule les dix formes cristallines a tissu de densite maximum , depuis la valeur w* zr 1, jusqu'a la valeur w-zzi 8,56, on retrouve precisement les dix formes qui ont ete signaiees dans les cristaux de cette substance, et I'ordre des densites decroissantes sera sensible- raent le meme que I'ordre de la frequence observee de chacune de ces formes.

Lorsque I'on voudra employer la regie de M. Bravais pour reconnaltre le type cristallin, on devra choisir, parmi les divers types e;;aleraent admissible^ , celui dont i'adoption etablit le parallelisme le plus exact possible entre la serie des faces ran- gees d'apres leur frequence naturelie et la serie de ces memes faces rangees suivant I'ordre des densites de leur tissu reti-

culaire.

Seance du 7 avril 1849.

Chimie. Sous cc titre : Nccessile d'operer sur de grandes masses a'airdans les recherches cliimiques relatives a I hygiene piibliqiie, M. de Tessan communique la note suivante :

« Lors de I'appariliondu cholera en 1831 et 1832, on fit dans divers pays des analyses de I'air, pour voir s'il etait survenu dans la composition de ce fluide quelque alteration capable de rendre compte de I'epidemie regnante. Aucun changement ne fut con- stnte ; I'air presenta partout sa composition habituelle en azote, oxygene, acide carbonique et vapeur d'eau , et Ton crutpou- voir conclure de la que I'air n'etait pas le vehicule du fleau. Si , comme je le crois, Texactitude de ces analyses n'a ete poussee que jusqu'aux centiemes ou aux railliemes au plus, la conclusion qu'on en a tiree pourrait tres bien n'etre pas exacte.

&5

» En effet, !e nombre des inspirations failes en une minute de temps par un horamc est de 20 environ , et ie volume de I'air inspire ^ chacuned'elles estd'environun dcmi-litre ; c'estdone, en tout, 10 litres d'air inspires par minute. Ct'la fait 14 100 li- tres par jour, et par consequent plus de 15 kilogrammes d'air introduits dans les poiimons en unc scale journee.

» Supposons que cat air contienne seulemeut -„ de son poids d'un gaz, d'une vapeur, d'un niiasme, d'une poussiere or- ganique ou inorganiquedelet6re,susceptible d'etre absorbee pa r le sang ou de sedeposer dans les poumons, la dose de substance etrangereintroduiteainsi par la respiration dans I'^conoraie ani- male pourra s'elever k un gramme dans une journee. Or, com- bien de substances qui , a la dose d'un gramme et meme d'un decigramme (2 grains), font sentir leur influence toxique ? II suffirait done que I'air contint j^'^-q des dernieres pour qu'il empoisonnat en une seule journee. Que sera-ee , si eet air est respire non-seulement pendant une journee, mais pendant 10, 100, 1000 journees? II suf'fira evidemment qu'il contienne des millioniemes, des dix-millioniemes de substance toxique pour alterer profondement la same , si la tolerance ne s'en etablit pas assez promptement dans I'economie animale.

» II est done necessaire de pousser ['exactitude des analyses jusqu'auxcentmilliemes et mem.! jusqu'aux millioniemes dans les recherches relatives a I'influeuce de I'air sur la sante publi- que. Ce n'est qu'en operant sur des masses d'air de loO et 1000 metres cubes, pour en isoler et concentrer les substances etrange- res k sa composition habituelle, qu'on pourra esperer d'arriver a une connaissance assez precise de sa composition, pour dire s'il est,oui ou non,le vehicule f!es maladies epidemiques,et pour etu- dier, s'il y a lieu, la nature de ces substances etrangercs ; mais depareilles experiences , sur une aussi grande ecbelle, ne peu- vent guere etreinstiluees que par les gouvernements. »

Seance du 5 mat 1849.

Mathematiques. M. de Saint- Venant communique a la Societe une melhode generate de reduction des dcinonslrations a leur forme la plus simple et la phis direcie.

« Tout theoreme, dit-il, est susceptible d'une infinite de de-

h6

moiistrations 5 raais il n'a qu'uue raison, qu'un pourquoi, ren- fermc en germe il.iiis les deliiiilions et les piincipes de la science. Cette raison logiqiie , une fois trouvee et exprinaee, offrira, en general, la forme de demonstration la plus directe, la plus na- turelle, la plus simple et la plus facile a compreudre et a retenir, au point qu'elle dispensers souvcnt de scrappeler et d'invoquer le theoreme lui-meme.

» C'est ainsi que la vraie raison du rapport constant qui cNiste entre I'aire dune figure irac^e sur un plan et I'aire de sa projection sur un autre plan tst evidemment sa divisibilite en trapezes dont les bases sont perptndicUioircs a rintersectiou des deux plans. C'est ainsi qu'une foule de theoremes et de for- mules dt' geometrie, de trigonometrie, de mecanique, demon- tres uaguere par des circuits de raisonnemcnts et de calculs, sont reconnus anjourd'hui n'etre que la consequence immediate decelte simple et evidente verite , « que la projection sur une droite d'un c6te d'un polygonc ferme , est egale ^ la somme aigebrique des projections dts autres cotes, » et qu'il existe une relation analogue pour les projections de plusieurs aires sur un meme plan.

» Or, on peut parveuir, presque a coup sur, a reduire ainsi toute demonstration donnee a la demonstiation l,i plus simple el la plus directe. Ouu'a, pour cela, qu'a commencer par y substi- tuer, a la place des lemmes on des theoi ernes qu'elleinvoque, les propres demonstrations de ccs theoremes et de ces lemmes, et qu'a faire des substitutions semblnbks pour les propositions ante- rieures sur ksqueiles celles-ci s'appuient aussi. Puis, ensuitc, on passe en revue et I'ou rapprochc les uues des autres les di- verges parties de la demonstration totale ainsi coustruile. On re- connait presque toujours, entre les parties non conligues, des rapports qui lendeni possible le passage direct des unes aux autres en supprimant lesinterraediaires. On efface done un cer- tain nombre de ces ruhonnements clcmenlaires (on hyllogismes, tds que A egaJe B, or B egale C, done A egale (J) dontse com- posjJ le raisonuement total ; de meme qu'on efface les tejmes d'une formule qui se detruisent les uns Its autres, apresqu'pn a substitiije a l,a place de quelques-uns de ccis caracteres les autres formules qu'ils representaient. Un nouvel examen attentif, de

Douveaux rapprochements, etde nouvellessubstituiions de d^- moostrations aux clioses demoutrees que I'on iuvoquait encore comme lemmes, amenent de nouvelles suppressions, dontou est souvent tout etonne; et I'on obtienl finalement, apres un travail qui n'est qu'une affaire de temps el de p;itience, la demonstra- tion la plus simple du theoreme, au nioins parmi celles qui se basent directement sur les premiers principes, et qui, a egale brievete, sont toujours tres preferables aux autre?.

■> Rien u'empec-he, eQSuite,de grouper en lemmes, communs k d'autres demonstrations*une partie des raisonaements doot elle se compose. On aura, aiusi, les di^monstrations les plus simples et les plus directes parmi celles qui, pourabreger, invoquent des verities deja demonlrees.

» On se convaincra bienlot que, sauf ce qui peut etre atlribue ^ I'imperfection du langage , tout theoren:ie simple est suscep- tible d'etre d^montre simplenient.

» Quelqucfois les demonstrations qu'on veut reduire ainsi se basent sur des theoremes analytiques, tels par exfenipleque celui qui etabiit la possibilite d'intervertir I'ordre de ia differentia- tion d'une fonctionpar rapport a ses deux variables, etc. On ne doit pas, pour cela , changer de melhode. En substituant tou- jours a ces theoremes ieurs demonstrations, et en les traduis:»nt g^ometriquement, s'il s'agit de geometric, on verra les reduc- tions s'operer.

» Divers moyens se presentcront, Bu reste, d'abreger les re- chorches. Ainsi, quand onconnail, chi meme theoreme, plusieurs demonstrations qui s(Wb!eiit ties differences, la recherche de ee quelles ont de eomiTiuh ;m fond seia un bon moyen d'arriver au but propose.

X Lc maximum de simpliiite sera altdni, dans tons It'scas, quand les demonstratioj-s truuvees se reduiront a delinir les grandeurs entre iesqueiles hs theoremes a demontrer etablisscnt des relations, et a tirer la consequence immediate de ces defiiii- 'tio'us et fies principes connu's.Oii ne sauiait cvoire eomhien de demonstrations peuvent etre amenees la, lor^que les definitions sont bien faites. Ou ptut meme, reciproquement, y trouver des indications utiles poar rectifier les defiaitioos. »

Siance du 12 mat 18j9< j

Physiqie. iSouvelle dispusition de la pile de Bunsen. M. Foucauit met sous les yeux de la Societe uue pile de Bunsen, dis^josee de raauiere k en rcndre le service plus facile et plus prompt.

La pile est paitagee en series de vingt couples. Dans chaque serie, les vases poreux sent rendus soiidaires ct sont fixes par des demi-colliers sur un support commun tu bois. Les parties inferieures et siiperieuri's Tie ces vases poreux ont ete imbibees de cire, alio que ces vases pussent conserver sans perte une couche liquide dt' l cinliinelre de hauteur et afin d'( m|)i'cherce liquide acidede rnonter par capillarile jusque vers le support (1). Tous les vases poreux communiquent entre eux et avee un reservoir commun d'acide sulfurique etendu par des si|)lu)iis de verrc qui posinl par leurs extrcmites sur les I'onds des vases sans pourtant se laisser obstruer, attendu que ces exlremit6s sont taillees obliqucment ou en sif'ttet. Entre les vases poreux on a lixe sur la monture en bois des ressorts- co.ttaets mis en communication permanente avee reiement- charbon par des cotiduclcurs Hexibies en pionib. Aux zincs cyliiidriques gencralemenl eniployes, on a subslitiie des zincs plats dunt la monture on la (jueue (endue s'ajusle sur les res- sorts-contacts et les admel a frotlcmcnt dur.

Movennant cet arrangement, vingt vases poreux et vingt zincs peuvent etre abaisses du nieme coup et plon^ts dans Tacide nitriquo, au centre des chai bons ; et si Ton suppose tous les siphons amorces a I'avance , I'abaissement du niveau du liqiiiile dans tous les vases pureux a la fois determine I'alflux de I'acide etendu contenu en reserve dans le recipient, et en peu d'iustants la pile est prete a fonctionuer. La manceuvre inverse suflit pour la remettre au repos et pour faire reirograder I'acide vers le reservoir. Dans cette attitude , la partie inf^rieure et ciree des vases poreux reste engagee au centre des charbons et previent, en jouant le r6le de bouchon, revaporation de I'acide nitrique.

(1) Dans une fabrication rt-guliere on obliendrait le mCme risullat en femaiilant le haul et le bas des vases poreux, jj_^. .

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L'amorcement des siphons par uu liquide acide n'est pas une difficulte. II s'opere par insufflation et non par aspiration. On rempiit & moitie les vases porenx de deux en deux, puis, en posant sur leur bord iibre un obturatcur en liege evide pour laisser passer les siphons, et traverse au centre d'un tube de fort diametre , on delimite entre la surface du liquide et I'ob- turateur luimeme un espace a peu pres clos dans lequel on fait naitre en souffLmt rapidement un exces de pression qui sollicite I'iiscension du liquide dans les deux siphons a la fois.

Toules les parties qui constltueut la pile, sauf les zincs, devant rester perpetuellemcnt on presence, on a assure I'inalterabilil^ des colliers attenant aux vases poreux et aux charbons en les recouvrant d'une ^paisse couche de cire. Les vis elles-m^mefi qui etablissent les conlacts sont a I'abri de I'oxydation, soit parce qu'elles deraeurent sous un enduit de cire, soit parce qu'elles sont totalemeni engagces dans la masse d'un ecrou qui les protege.

L'inaraovibilite des couples a encore rendu uecessaire de pratiquer a travers les charbons un orifice destine a introduire I'acide nitrique, Cette operation se fait encore pour chaque couple isolement; on rem^diera plus tard,s'i! est necessaire, a cet inconvenient qui , du reste, est minirae, car le liquide ou baigne le charbon se renouvelle rarement et s'emploie jusqu'A epuisement complet de I'acide nitrique.

Seance du 7 fevrier 18A9.

Physiologib. M. CI. Bernard rend compte en ces terraes k la Societe des experiences par lesquelles il a constat^ I' in jhience dusystemencrveux sur la production du sucre dans V economic anbnale.

« J'ai trouve que la blessure d'une certaine partie du cervelet provoque chez les animaux I'apparilion rapide d'une grande quantite de suere dans le sang etdans les urines. Avantdedire comment j'ai ^te conduit a decouvrir ce fait singulier , je vais en indiquer les circonstances principales.

» Sur des Lapins nourris avec du son, descarottes et de I'herbe et etant en pleine digestion , j'ai blesse le plancher du ventricule du cervelet un peu au-dessus de I'origine des nerf

E|»raitde<7n5<itu<, l'« section, 18i9. 7

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de la 8' paire. Bieatdt, c'est-a-dire trots quarts d'heure, une heure ou une heure ^ apres cette operation, j'ai constate que rurine^tait, comrae chez les diabetiques, sucree par du suere dc la 2* espoce.De plus, les urines des Lapins, qui , avant I'ex- perienceet dans les circonstances indiquees, s'6taient raontr^es troubles et alcalines, sont devenues habituelleraent elaires, aci- des et plus abondantes apres la piqure du cervelet. Toutefois , ce changement de reaction dans les urines ne paiait pas n^ces- sairement Ii6 a I'apparition de la maiiere sucree ; car chezquel- ques Lapins la reaction alcaline a persiste avec {'evacuation d'une grande quantite de sucre.

» i' J'ai pratique la meme piqure dii cervelet sur des Lapins soumis h Tabstinenee dcpuis 24 ou 36 beures et ayant dans ce cas, ainsi que je I'ai demontre, les urines claires, acides, de- pourvues de carbonates et tres riches en uree. Chez les Lapins ainsi mis ci jeun le sucre a apparu comme a {'ordinaire et en grande proportion. Les urines ont conserve, dans ce cas, leur apparence et leur acidite. Je me suis assure en outre que lesang des Lapins rendus ainsi diabetiques artiflciellement est charge d'une grande quantite de matiere sucree.

» Chez les animaux carnivores, la piqure du cervelet pro- voque la production de sucre tout aussi bien que chez les her- bivores. Sur un Chien adulte nourri depuis 3 jours exclusive- ment avec de la viande et etant en pleine di;.estion j'ai blesse le plancher du ventricule cerebeileux au-dessus de I origine des uerfs pneumo-gastriques. Vingt minutes apres I'operatioo , je constatai deja la production de sucre, et I'urine recueiHie 3 beu- res apres contenait 15 pour 100 de sucre de la deuxierae espece, analogue a celui des diabetiques. L'urine du Chien, examinee avantj^tait acide et tres riche en uree et en phosphates. La com- position resta la meme lors de I'evacuation de la matiere sucree. Le sang examine contenait egaleraent beaucoup de sucre.

» Des experiences qui precedent il r^sulte done que la bles- sure d'un certain point du cervelet determine la production de matiere sucree (sucre de la deuxieme espece) , chez les animaux herbivores ou carnivores. Ces experiences ont ete reproduites souYcnt, et elles ont ete repetees devant les membres de la So-

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ciet^ de biologic , pr^sidee par M. Rayer , et au College de France dans le cour.^ de IM. Magendie. Je poursuis actuellenoent ces recherches, j'en publierai Lienlot, j'espere, les resuitats complets. u

Sdance du 19 mai 18&9.

Ceistallographie. M. Bravais indique le resultat de ses recherches sur la syrnetrie propre aux molecules des corps crislallises.

En considerant ces molecules corarae de simples points geo- metriques , ou en admetiant , ce qui revient au meme , que les forces qui en emanent sont uniqueraent fonctions de la distance au centre de gravite et passent par ce centre , 11 n'est possible d'expliquer, 1 " ni la rigidite des corps cristallises , ni I'adop- tion que font les molecules d'une substance dounee de tel sys- tems crislailin de preference a tel autre , au moment de la cris- lallisation, 3" ni des phenombaes d' heiniedne , c'est-a-dire du defaut de coexistence de faces qui devraient etre completement identiques , si I'hypothese de molecules agissant comrae de sim- ples points etait exacte.

£n examinnnt attenlivement les consequences ti deduire de I'hemiedrie , on reconnait : 1" que le polyedre raoleculaire est done, comme I'Assemblage cristallin , de certains plans , axes ou centres de syrnetrie ; que dans les cristaux dits holoe'dri- ques , ce polyedre possede tous les elements de syrnetrie de I'Assemblage tjui reunil les centres de gravitd des molecules ; que dans les cristaux dits hemiedriques , ce polyedre ne pos- sede que partiellement ces meraes elements , et que Ton pent determiner la portion de syrnetrie commune h. la fois a la mo- lecule et a I'Assemblage cristallin ; qu'a une syrnetrie mole- culaire dettrininee correspond toujours une structure crista! line delerminee ipso facto ; les structures des systeraes cristallins les plus riches en elements de symelrie s'adaptant toujours aux po- lyedres moieculaires qui possedent le plus grand nombre de tels Elements , et les systeines les moins riches resultant de I'aggre- gallon des polyedres les plus simples.

M. Bravais conclut de la que la syrnetrie pr^existante dans le polyedre molecuiaice est la cause de la symetde qui ^'etajbiit ,

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dans le crista! , entre les lieux occupds par les centres dc gravlid des molecules.

II indique comment un axe de symdtrie du poly^dre mol^cu- laire tend , par suite des necessites de I'equilibre, a se trans- mettre au systeme forme par les lieux des centres ; d'une file de molecules dispos^es parallelement k un axe de symelrie , il ne pent provenir, pour un point quelconque de la file, aucune force oblique a I'axe, ce qui doit faiie pr^dominer ce genre d'arran- gement dans la cristallisation.

En rejetaut cette explication , le choix que fait la nature pour constituer les parall^Iipipedes generateurs { molecules soustrac- tives d'Haiiy ) , de telle ou telle combinaison de longueurs et d'inclinaisons mutuelles des aretes , reste un fait completement inexplique , et pese , d'une mauiere facheuse, sur I'enseigne- ment rationuel de la cristallogruphie.

M, Bravais rappelle que d^ja Arapfere, en 1814, 6tait arrlv^, par des considerations d'une autre nature , a ce resultat « que » le polyedre moieculaire devait etre forme d'atomes disposes » symetriquemeut autour des centres de gravite » , etque deja, en 1840, M. Delafosse a attribu6 I'hemiedrie a des differences dans la structure de la molecule, toutefois sans faire connaftre les regies generales propres a nous faire passer de la counais- sance des faces suppriraees par hemiedrie a la determination de la figure de la molecule , ou vice versa.

M. Bravais se propose , dans de prochaines notes , 1 * d'exami- ner les differents genres de symetrie dont les polyedres sont susceptibles j de determiner, la symetrie d'un polyedre moie- culaire etant donnee , le systeme suivant lequel la cristallisation doit avoir lieu ; 3" de donnerl'enuraeration complete des divers cas, iheoriquemenl possibles, d'hemiedrie , avecl'indication de leurs symptdmes exterieurs; de comparer cette tlieorie avee les fails actueilement connus.

BoTANiQUE. M. A. Weddell communique unmemoiresur le Cephaelis ipecacuanha, son modede v^g^tation et son exploi- tation dans la province de Matto-Grosso, au Bresil. En voici un extrait.

L'introduction de ripecacuanha dans la th(5rapeutique euro- peenne ne dategu^re que de la fin du \\n* siecle. Sa premiere

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d^couverte remonte sans aucun doute aux Indlens qui pr^cMfe- rent lesPortugais sur le territoire du Bresil , ou , s'il faut en croire la tradition , I'horarae aurait ete , commedansia fable du quinquina, devance par les animaux. L'origine du mot ipeca- cuanha est au reste tres obscure, et nulla part au Bresil il n'est employe pour designer le Cephaelis; celui de Poayci I'estau contraire tres generalement.

Lesauteurs les plus modernes qui aient ecrit sur le Cephaelis ipecacuanha , constatent sa presence dans une grande zone qui oceuperait toutes les provinces du littoral du Bresil , depuis I'e- quateur jusqu'au tropique deCapricome , et entre I'Atlantique et les hautes terres de I'interieur. Dans ces dernieres ann^es ce- pendant j celte region s'est beaucoup etendue , et elle a aujour- d'liui un aussi grand developperaent en longitude qu'en latitude. Sa d^couverte dans la province de Matto-Grosso date de I'an- nee 1824, mais son exploitation n'y commenca que vers 1832. C'est celte partie du Bresil qui alimente maintenant , presque a elle seule , tout le commerce europeen.

Lesforets dans lesquelles se plait le Cephaelis ont un aspect qu'il est difficile de meconnaitre. Presque toutes celles du Matto- Grosso sont situees dans le bassin du Rio-Paraguay ou de ses affluents , au-dessus du petit village de Villa-Maria. En general, cependant , la plante ne croit pas dans le voisinage imraediat des rives; les inondations periodiques auxquelles sont sujettes ces parties s'opposeraient a sa libre vegetation.

C'est dans les lieux oil une legere Elevation du sol la met k I'abri de cette submersion qu'on la rencontre de preference. Elle y crolt h I'ombre des arbres majestu«ux qui constituent les fo- rets intertropicales, et plus particulierement dans le sable hu- mide et impr^gne de detritus vegetaux , qui avoisine des pelits marais plantes de Mauritia d'Iriartea et de Fougeres en arbre.

La taille du Cephaelis egale a peine celle des petits Daphnes de nos bois , dont il a un peu le port ; il crolt rarement solitaire, mais presque constamment en bouquets Mches et arrondis, que les arracheurs de Poaya , ou poayeros , comme on les appelle, connaissent sous le nora de Bedoleros.

Pour recueillir la racine du Cephaelis , le poayero saisit d'une main , et h lafoiss'ille peut, toutes les tiges qui forraent un

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de ces bouquets, tandis que de I'autre il enfonce sous sa base unbciton pointu, auquel il fait subir ensuite un mouvement de bascule. Le moneeau de terre qui eraprisonue ies racines est ainsi souleve , et iorsque I'operation est faite avec dexterity , toutes celles qui dependent du bouquet sont retirees a la fois et presque saus fracture. Lepoayeroseparealors la parlie employee et la met dans un sac qu'il porte a cet effet ; puis il va attaquer un autre bouquet ct ainsi de suite. Un ouvrier ordinaire peut de la sorte recoiter dans sa journee environ 5 ou 6 kilogrammes d'ipecacuanha , qui , par la dessiccation , perdra la moitie de son poids a peu pr^s. Cette derniere operation se fait sur des cuves au grand soleil.

La reproduction du Cephaelis se fait de graine ; raais dans Ies lieux ou on Texploite habituellement, etle a lieu aussi par un veritable systeme de bouturage resultant des fragments de lara- cine que le poayero abandonne accidentellement dans le sol. Chacun de ces fragments eraet en effet au bout d'un certain temps un bourgeon qui devient une nouvelle plante. Ce mode de vegetation en bouquets arrondis est probablemeut aussi la consequence de ce genre parliculier de regeneration du Ce- phaelis. De ce fait il s'ensuivrait enfin que Texploilation de I'ipecacuanba aurait pour effet , contrairement a ce qui a ordi- naircment lieu dans des cas analogues, de soumettre le Ce- phaelis a une sorte de culture emlDemmeut propre a sa conser- vation , et I'incendie des forets vient contribuer encore a cet heureux resultat , en debarrassant la surface du sol de debris vegetauTc qui s'y accumulent , et qui finissent quelquefois par etoufler Ies plantes adulteselles-memes.

Seance du 2juin 1849.

M. Bravais continue ses communications sur la cristallogra- phie; il consid^re Ies polyedres de la geometric , au point de vue de la symetrie qui peut exisler dans le mode de distribution de leurs sommets : il se borne au cas des polyedres a nombre de Bommets limite.

11 existetrois sortes d'elements de symetrie pour un polyedre: I'element-poinl, ou centre de symetrie; I'element-ligne, ou axe de symeirie; I'd^ment-plau, ou plan de symetrie.

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Un point est un centre de symetrie , si, menant d'un somraet quelconque a ce point une droite que Ton prolongera d'une quantite egale a eile-meme, son extremite est aussi un somraet du poiyedre. Exemple : le cube a uu centre de symetrie; le teti aedre regulier en est depourvu.

Une droite est un axe de symetrie, si en faisant tourner le

poiyedre d'un certain angle aulour d'eile , les nouveaux lieux

des sommets coincident avec les anciens. L'angle de rotation

minimum qui restitue les lieux des sommets est toujours de la

360° , , . . ,

forme , q etant un norabre entier : q est le numero a or-

dre de la symetrie de Vaxe; si I'oa a f/r=2, I'axe est dit axe de symetrie binaire, plus simplement axe binah'c ; si 7 z:: 3, 4, 6,6, i'axe est ternaire, guatcrnaire , quinaire , senaire... II pent exisfer dans le merae poiyedre des axes dont la symetrie est caracterisee par des uumeros d'ordre differents, c'est-a-dire des axes de dijferents ordres. Exempies : dans le cube, la droite qui joint les centres de deux faces opposeeset paralleles est un axe quaternaire; la diagonale qui joint deux sommets opposes est un axe ternaire 5 la droite qui joint les milieux de deux aretes opposees est uu axe binaire.

Des axes de meme ordre peuvent etre de meme espece, si la configuration form^e par les sommets autour d'un de ces axes est la meme que celle formee autour de I'autre axe; dans le cas contraire, ils sont d'espece differente. Exempies : dans un carr^, les deux diagonales sont des axes binaires de meme espece ; les deux droites qui joignent deux a deux les c6tes opposes sont des axes binaires de meme espece, mais d'espece autre que celle des axes binaires diagonaux. Des axes d'ordre different sont ne- «essairement d'espece differente.

II ne pent jamais y avoir dans un poiyedre plus de trois es- peces differentes d'axes de symetrie.

Un plan est un plan de symetrie , si , menant d'un sommet quelconque une normale a ce plan , et la prolongeant d'une quantite ^t^ale a elle-meme, on atteint ainsi un no\»'eau sommet du polyedi e. Exempies : dans tout poiyedre regulier, un plan aormal h uue arete, en son milieu, est un plan de symetrie pour poiyedre.

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Les plans de sym^trle, comme les axes de symdtrie, peuvent etre de meme espece, ou d'espece differenle, dans un polyedre. Exemple : dans le cube, le plan normal sur le milieu d'une arete est un plan de symetiie dune premiere espece; le plan qui joint deux aretes opposees est un plan de symetrie d'une deuxieme espece differente de la precedente.

II ne peut jamais y avoir dans un polyedre plus de trois es- peces differentes de plans de symetrie.

Si I'on desigae par L„ L,„ L,„, les trois especes d'axes de symetrie que le polyedre peut posseder, qi, q', q" etant les numeros d'ordre de ces axes, et par Q le nombre d'axes dordre q, par Q' celui des axes d'ordre q', par Q" celui des axes d'ordre q", le systeme des axes de symetrie du polyedre pourra toujours etre repr^senl^par I'expression symbolique

(QL,,Q'V.QV)- Dans le cas ou Ton aurait q'=:q, on changera L eu L' pour dif- ferencier les axes d'espece differente.

Soient de meme, p le nombre des plans de symetrie P de pre- miere espece, p' celui des plans de symetrie P' de deuxieme es- pece, p" celui des plans de symetrie P" de troisieme espece ; le systerae des plans de symetrie pourra se represenier par le sym- bote.

(pP,p'P',p"P"). Enfin on ecrira C, , oC, selon que le polyedre sera pourvu ou non d'un centre de symetrie. Le symbole general de la symetrie d'un polyedre sera done

(QL„ Q'L,', Q"W', pP, p'P', p"P", C ou oC).

Les polyedres, au point de vue de la symetrie, se divisent en 33 classes repariies en six groupes distincts.

1" groupe (l" classe) : polyedres asymetriques, ne possedant ni axes, ni plans, ni centre de symetrie, et dont le symbole est {oL,oC,oP).

2* groupe (2« et 3" classes) : polyedres sym^triques depourvus d'axes, offrant les deux combinaisons (oL, C, oP) (oL, oG, P). II ne peut se presenter d'autres combinaisons en vertu des deux theor^mes suivants :

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« Si on designe par P un plan de symetrie normal a un axe » L,,, la presence de deux des trois elements de symetrie » Lj„ C, P entraine forcement celle du troisieme element. »

» S'il existe deux plans de symetrie P, P ou P, P', lour inlersec- » tion est necessairement un axe de symetrie. »

3' groupe (4'^ a classes) : polyedres symetriques pourvus d'un axe principal d'ordre pair. Ua axe est dit principal , s'il fait des angles de ou 90° avec tous les axes ou plans de sy- metrie du polyedre.

Les deux symboles les plus riches en elements de symetrie pour les polyedres de ce groupe, sont

(L„^, qL„ qL'„ C, r/P, (jV, P")... 8' classe ;

(Lj,, 2qL^, oC, 2f/P)... 9' classe.

Les symboles des 4' a classes en derivent par la souslraction convenablement faite de certains elements de symetrie, aulres que I'axe principal Ls,.

groupe (10' a 16* classes) : polyedres symetriques pourvus d'un axe principal d'ordre impair.

Les deux classes les plus riches en elements de symetrie pos- scdent les symboles suivants :

{U^+„ (2f/-f-i)L„C, (2f/-j-l)P)... ISeclasse;

(L,,+„ (2f/+l)L„oC, P, (2</+J)P')... 16* classe.

Les autres classes du meme groupe en derivent, par la dispa- rition d'un certain nombre d'elements de symetrie, autres que I'axe principal Lj^+i.

Les classes 4 a 16 se subdivisent elles-m^mes en ordres, sui- vant la vnleur dts numeros d'ordre 2q,'2q-{-l, qui forment la serie indefmie 2, 3, 4, 5, 6, 7...

Un axe principal ne s'associe jamais qu'a des axes de symetrie binaiie.

r>« groupe (17^ a 2r classes) ; polyedres spheroddriqucs a quatreiixcs ternaircs.

Designons sous le nom de sphcrocdriques les polyedres des 5' ct G= groupes, lesqutls possedent plusieurs axes dont aiicun n'( st un axe principal. Ces polyedres ont toujours plusieurs axes d'un oidre superieur au second : a un sommet S correspond un

Extrait de I'lnstitut , 1" section, 18Ji9. 8

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nombre plus ou moios considerable de sommets homolognes de S' par rapport aux axes, plans et centres de symetrfe du poly6- dre, et tous ces homologues, dont le nombre total peut s'elever dans certains cas h 120, sent distribues sur la surface d'une sphere ayant pour centre le point de miituelie intersection des axes : de la le nom de spherocdriqncs donne a ces polyedres. « Le nombre Q ties axes d'ordre q [q etant superieur a Q) est

^gal ^ la moitie du nombre des sommets que possede un po-

lyMre regulier auxiliaire, non tetraedral , a angles solides » formes de g angles plans. »

On d^duit facileraent de ce theoreme que le nombre des axes ternaires est necessairement egai a 4 ou ii 10.

Les syraboles de la symetrie des polyedres quaternaires ap- partiennent aux deux formes suivantes :

(4L3, 3L,,23P, CouoC)... 176, 188 et jge classes;

(3L^,4Lj, GLj,^?, //P', Cou oC)... 20«et 21' classes. 6' groupe (22' et 23* classes) : polyedres spheroedriques a dix axes ternaires.

Leurs symboles sont : (eL^, 10L3, ISLj, oC, oP)... 22''classe. (eL^, 10L„15Le, C, l5P)...23'classe. Les dodecaMre et icosaedre re^yulier^ appartiennent a cette derniere classe. II importe de reraarquer que quatre des dix axes loLj, convenablement cboisis, sonl dans la meme situa- tion que les quatre axes 4L8 des polyedres quaterternaires.

Seance du 16 juin 1849.

Hydbaulique. M. de Caliguy depose une note sur uue Douvelieroue hydraulique verticaie a coiuOe serpentanie, sur les pompes foulantes considerees dans leurs rapports avec un de ses moteurs hydrauliques, et sur de nouvelles experiences qu'il a faites pour etudier le frottemeut de I'eau dans des tuyaux mouil- 16s de diverses manieres.

J'ai fait, dit-il, diverses communications a la Societe sur les roues hydrauliques a pistons ou routs dc cote coulnnt a plein coursier. Divers ingeuieurs ont propose, depuis 1838, de con- struire ces anciennes roues avec un coursier anuulaire fendu pour le passage dr- bras, et dont la fente est occupee par un diaphragme, en un mot d'appliquer a ces roues le coursier an-

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nulaire execute par Barker, et decrit dans le tome II du Traits de physrque de Desaguilliers, avec cette difference que les aubes sont circulaires ou ellipUques au lieu d'etre carrees. Malgre les experiences mentionnees dans cet ouvrage , cette disposition n'est pas usitee pour les roues de cote. Celle qui est en usage est beaucoup plus simple. On concoit, en effet, que le raoindre tas- sement dans les macouneries, le moindre d6-angement dans le systeme, donnent lieu a des inconveuients beaucoup plus essen- tiels lorsqu' ils influent sur tout le pourtour de la palette, au lieu d'influer seulement a I'un de ses bords. Mais on attribue aux palettes circulaires ou elliptiques, entre autres avantages, celui de plonger plus facilement dans I'eau du bief superieur dont la surface est libre , en donnant plus de liberty a i'air pour s'echapper au moment de I'immersion. Cet avantage est com- pense jusqu'a uo certain point par la difficulte qu'il y a ^ dis- poser sur les palettes des poupes et des proues, c'est-a-dire que ces roues ne peuvent pas monter tres vite, sans que Ton s'expose a laisser de I'eau s'introduire a I'interieur de ces palettes coni- ques, ce qui est un inconvenient. Dans les anciens chapelets, les aubes avaient aussi des proues et des poupes ; mais I'inte- rieur etait occupe par des roudelles de cuir ou d'autres corps solides, ce qui rendaitla machine plus lourde.

» Ces inconvenients sont evites d'une maniere tres simple quand on adopte une disposition du genre de celle que j'ai pre- sentee a la Societe le 31 mat 1843. On peut, en effect, conce- voir la roue comme n'ayant pas de palettes propreraent dites, la section de la roue perpcndiculaire a I'axe etant une courbe serpenlante dont les renfleraents sont la section des palettes, c'esl-a-dire la section des renflements du fond qui en tiennent lieu. H resulte de cette disposition que si la roue marche, dans les grandes eaux, presque entiferement plongee, les creux de la courbe, par rapport au bief superieur, seront des renflements par rapportau bief inferieur, si toutefois on trouvede I'inconveuient a remplir de corps solides les creux qui se trouvent du cote de ce del nier bief. On n'aura done aucuu inconvenient du genre de ceux qui out ete signales pour les aubes dans le coursier aa- nulairefendu pour le passage des bras, seulement on eprouvera aussi de la resistance dans le bief inferieur. Mais comme rieD

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ii*^empechera plus de douner beaucoup de largeur ii la roue, sans nuirea la solidite de reiablissement des palettes, la fleche de la courbure du fond, qui tient lieu de palettes, pourra etre bieu moiudre que le petit diametre des poiettes elliptiques. Enfiu, sous ces deruieres, il faut bien que I'air se divise en deux. Or, la partie de cet air qui s'echappe en airiere n'exerce pas d'in- fluence utile sur celle qui s'echappe en avant ;si done on peut au moyen d'un fond serpentant diminuer sufflsamraent la pro- fondeur des palettes, c'est-a-dire des reuflementsqui en tiennent lieu, on retrouve precisement la raeme facilite pour le degage- ment de I'air avec une construction beaucoup plus facile a faire et surtout k reparer. Les pertes d'eau par les palettes sont d'ail- leurs moins importanles dans les roues de cole ordinaires , parce que I'eau tombe d'une petite hauteur d'un conopartiment dans I'aulre, tandis que dans les roues a pistons elles se font sous la pression de toute la chute. II est done important de pouvoir conserver une forme plus analogue a celle qui est sane- tionneepar I'usage et qui ne perd de I'eau que sur une portion du pouitour.

><J'ai communique ci la Soclete,en I848,des experiences sur un moteur hydraulique a mouvement alternatif et a succion, dans lequel un piston moteur est aiternativement aspire au moyen du mouvement acquis d'une colonne liquide dans un tuyau dispose au-dessous. II est a reraarquer que si I'on veut s'en servir pour faire marcher une pompe qui el6ve I'eau moins haut qu'une colonne d'eau soulevee par I'atmosphere dans le vide barometrique, une des faces du piston aspire peut servir de piston de pompe elevatoire. Si par exemple Ic piston est era- ploy6 en descendant a tendre un ressort, celui-ci en le relevant peut soulever une colonne liquide qui s'est introduite au-dessus de lui par une soupape pendant le mouvement en sens con- traire. Le piston peut aussi etre employe en descendant a dilater I'air d'un reservoir de maniere a rendrc sa pression moindre que celle de I'air atmospherique.

» J'ai deja eu occasion de remarquer les proprietes de I'iner- tle des longues colonncs liquides considerees comme eramagasi- oant la force vive a la maniere d'uo volant. Quaod onemploiera

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ce moteur hydraulique a faire marcher une pompc foulantc dont lacolonne moulante aura un developpement suifisant, il ne sera pas indispensable que cette pompe ait deux soupapes. On pourra, dans certains cas, supprimer la soupnpe destinee a entjpecher I'eau de retomber. On conceit, en effet, que si la pression du piston de la pompe foulante est assez grande par rapport au poids d'une colonne d'eau verticale ayant le diametre du tuyau montant et la hauteur de ce tuyau, pendant que le piston ne pressera pas la colonne montaute, celle-ci n'aura pas le temps d'eteindre entierement la vitesse qui lui a ete imprimee. Or, on pent disposer le rapport des diametres des deux pistons de raa- niere ci avoir la pression voulue sur I'uQite de surface de celui de la pompe foulante.

» J'ai communique a laSociete,le 6 mars 1841, des expe- riences assez siugulieres sur le maximum de hauteur obtenue dans des tubes verticaux d'un petit diametre enfouc6s en par- tie dans I'eau d'un reservoir a niveau constant, dont i'eau oscille dans ces tubes quand on les debouche. Je n'avais pu donner une explication complete de la cause pour laquellc une colonne liquide s'elevait moins haut quand elle partait du has des tubes, que lorsque la profondeur du point de depart etait diminuee, dans certains cas, des deux cinquiemes environ, par I'introduc- tion prealable d'une colonne liquide en repos a I'oiigine de roscillation asceudante. Je renvoie, pour abreger, a la note ios6v6e dans Clnsiitu I, si cela est necessaire apres ce que je viens de rappeler.

Depuis cette ^poque j'ai multipli^ ce genre d'experiences,j'ai reconnu que ce phenomene de maximum elait independant de I'epaisseur des parois,etqu'il dependait bien plutdt de I'etat des surfaces frottaiites , lorsque, par hasard, il ne se presentait pas dans des tubes de raeme diametre et de m^me longueur que ceux ou il etait observe. Le phenomene singulier dont il s'agit rae parait provenir de la maniere dont I'eau tapisse les parois dans les diverscj cireonstances, et nolamment dans I'etat de repos de la colonne liquide prealablement introduite.

» J'ai d'ailleurs verifie directemeut que le plus ou moins d'hu- midite des surfaces des tubes de verre d'un metre de long avait

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une influence trfes sensible sur le frotteraent de I'eau. Quand on bouche le tube par le soramet, avant de I'enfoncer en partie dans I'eau d'un reservoir a niveau constant , les parois ne sont pas mouillees k partir d'une petite distance de I'extremitti infe- rieure, k cause duiessort de I'air contenu dans le tube; or, quand on debouche le sommet, qu'on mesure la hauteur obtenue par I'eau au-dessusdu niveau du reservoir, et qu'on repete plusieurs fois de suite la meme experience, on trouve que pour le meme enfoncement et la meme profondeur du point de depart de I'os- cillation ascendante , la hauteur obtenue est raoindre dans la premiere experience que dans les suivantes. On n'obtient en ge- neral une serie de hauteurs egales qu'^ partir de la quatrierae , les surfaces etant alors convenablement mouillees , mais la hauteur est moindre pour les tubes d'un assez petit diametre que «elle qui est obtenue au moyen de la colonne liquide prealable- ment introduite au bas des m§mes lubes.

» Ces diverses experiences etablissentl'iDfluencede lacouche d'eau adherente h la paroi sur le frottemcnt de la colonne liquide, influence qui a ^t^contestee dans ces deruiers temps, et qui pa- rait dependre de diverses circonstances sur lesquelles je revien- drai dans mon ouvrage sur le mouvement varie des liquides. »

Seance du 23 juin 1849<

ZooLOGiB. M. Laurent , apres avoir rappel6 les premieres observations sur les deux sortes de corps reproducteurs du Volvox globaior quiont etdcommuniquees par lui dans la stance du 27 mai 1848, fait connaitre les resultats suivantsde sesre- cherches sur le meme sujet.

Les deux sortes de corps reproducteurs du Volvox globaior qui sont les uns gemmiformes et lesautres oviformes, se deve- loppent sur la paroi interne de la membrane spberoide et s'en detachent aprfes avoir parcouru toutes iesphasts de leur develop- peraent. Les premiers peuvent executer ieurs mouveraents de rotation dans I'interieur du corps engendrant ; les tleuxiemes sont toujours immobiles. M.Laurent annonce qu'ii possede un tres grand nombre de ces corps oviformes dont il espere pouvoir observer I'eclosion; il decrit ensuite la composition de ces c.rps qu'il considere comme des ovules simples en raison de ce qu'on

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y trouve : ("unecoque assez dense, homogeneet transparente , une deuxieme membrane qui recouvre imra^diateraent la substance germinative unique dans iaquelle on ne pent distiu- guer une substance vitelline enveloppant une vesicule du germe. Cette simplicity d'organisation des oeufs ou ovules simples a deji ete deraontree par M. Laurent dans ceux des Hydres et des Sponges d'eau douce. La distinction des deux membranes des corps oviformes du Volvox globator est tres facile a faire.Il suf- fit de les dessecher et de les remettre dans I'eau. On voit alors une portion du liquide ambiant s'interposer entre la coque et la deuxieme membrane.

Les deux sortes de corps reproducteurs du V. globalor , n'existent jamais simultanement dans le raeme individu ; apr^s s'etre detaches de la membrane et etre tombes dans sa caviteils en sont expulses en traversant I'ouverture produite par le d6- chirement de cette membrane tres distendue probablement par I'endosmose.

M. Laurent fait remarquer toutel'importance du ph6nomene de I'eclosion des corps oviformes de cette espece de Volvox , pour arriver aresoudre la question du genre et du degr6 d'lndi- vidualite de cet Infusoire.

Le corps oviforme sera-t-il une sorte de sporange d'ou sorti- ront plusieursindividus semblables aux spores des vegetaux les plus inferieurs,qui formeront ensuite I'aggregation spheroide? ou bien la coque ,spdechirant,livrera-t-elle passage a un individu semblable aux Volvox globator dans lesquels les corps ovifor- mes se sont developpes? Cette deuxieme supposition semblernit offrir plus de probabilites , surtout si Ton en juge d'apres les resuUats des observations faites sur les oeufs de premiere et d'ar- riere-saison de I'Eponge d'eau douce.

La constatation des individus multiples ou d'individualit^ unique qui doivent eclore de ces oeufs du Volvox semble a M. Laurent devoir perraettre de resoudre la question en litige du degre d'individualite de cet lofusoire , qui, considere d'abord par les anciens niicrographes commp simple etisole, est de nos jours regarde par MM. Dujardin et Ehreuberg comme compose et resultant de Tagglomeration d'un grand nombre d'indi*

vidus monadiformes ou amibiformes sur une membrane com- mune.

La solution du genre et du degre d'individualite du Vobox (jlobalor doit jeter le plus grand jour sur i'anatomie, la physio- logic et sur I'bistoire des nicEurs de cette espece d'Infusoire et de ses congencres, et il sera alors possible de !ui assigner le rang qu'il doit avoir dans les groupes natureis des animaux ou des vegetaux microscopiques.

Seance du 30 juin 1849.

ZooLOGiE. M.deQuatrefages communique un court resume de ses observations sur I'anatomie de I'Ammocete {A. branchia- lis).

Depuis la decouverte de VAmphioxus rAmmocete regarde jusque-la comme le dernier des Vertebres, est devenu \'avanl~ dernier. II etait interessant de chercher quels rapports ce Pois- son pouvait avoir,d"une part avec VAmphioxus ct d'aulre part avec les Lamproies. M.de Quatrefages a trouve que rAmmocete etait en realite un representant degrade de ce dernier type. La degradation assez peu marquee dans les organes abdominaux est au contraire tres marquee dans la portion branchiale. Ici sur- tout I'appareil vasculaire presente avec un noveau degre d'exa- geration les faits signnles par M. Robin dans la Lamproieet cer- tains autres Poissons cartilagineux. II n'y a plus trace de vais- seaux veineux ; de larges sinus communiquant par un systeme de lacunes en tiennent completement lieu ; mais ce qui p.iralt surtout remarquable a I'auteur c'est que les arteres branchiales eiles-memes participeut a cet etat d'imperfection. Leurs parois sont criblees de Irons qui permettent a la matiere injectee par le coeur de se repandre d;ins lestissus voisins (dans les sinus) sans passer par les branchies. Dans la partie abdomlnale du corps les veint s caves sont egaleraentremplacees par de vastes sinus, dou- bles dans rab(lomen,se rednisanta un seul canal dans la queue. Ces deux systeraes (caudal ct abdominal) communiquent par une sorte d'anneau qui entoure I'anus. A ce meme sinus do communication aboutissent deux canaux caiid.iux bjmphan- qnes (?) superficiels et deux canaux Ujmphaiiqucs (?) ventraux , I'un supcrficii'l, I'autre profond. Deux canaux analogues exis-

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tent au c6te dorsal de I'animal. Tous ces cauaux communiquent entre eux soit par de lapses branches fort uombreuses, soit par un reseau superficiel qui regne sur toute la surface du corps et ou aboutissent egalemeiit veines, arteres et vaisseaux lymphati- ques.

La note suivaute, sur quelques Faits relatifs a la generation des Helix, est presentee par M. Pierre Gratiolet :

« On sail que les capsules zoospermiques et les ovules des Helix se developpent dans uu meme organe, tour h tour appele par les auteurs ovaire ou testieule. Cot organe est compose de coecums;dans chaque eceeuna se trouvent a la fois des filaments zoospermiques et des oeui's.Je nVntreprends point de resoudre ici la question desavoir si ces deux produits tirent leur origine du meme tissu : I'un pourraitprovenir des cellules profondes,etrau- tredes cellules superficiel les ducoecum glandulaire.Maisc'est un fait bien constale qu'on rencontre a la fois des ovules et des Zoospermes dans !a cavite du coecura ; les iins et les autres descendent a la fois par le canal defeicnt jusque vers I'uterus ou la separation des deux produits s'effectue, les ovules s'echap- pant entre les deux levres de la gouttieie que forme le conduit ejaculateur et tombaut dans les cellules de la matrice, tandis que les Spermatozoides formant une masse presque liquide suivent la rigole du conduit ct arriveut directement a la verge.

» En ne me lassant point de lepeter mes observationsj'ai eu I'occasion tres rare de saisir plusieurs fois le passage des ovules dans le canal deferent : ils y sont en contact avec les filaments zoospermiques, et cepeiiJant ils ne sont point feeondes par eux. Ou peut done afiirmer que les Zoospermes de I'lndividu n'ont point a I'egard des ojufs qu'il produit la propriete feoondante. Les Zoospermes d'un individu different pnraissent done indis- peusables; des lors il devenait necessaire de surprendre des individus accouples et d'examincr ou etait depose le produit de i'ejaculation. Afiu de me preparer niieux a cette reclierclie deli- cate, j'ai repete un grand nombre de fois mes disscclioiis dans le but de determiner les veiitables connexions des parties. Or, robservation apprend a ce sujet un fait tres important ; c'est que I'uterus du MoUusquc ne fail point suite au vestibule qui sert a la fois de vagin et d'orilice commua aux orgaues sexuels. Ce Extrait dc rinstitut, l"^' section, 18/)9. 9

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vestibule se prolongo, en effet, en un tube tr^s long quelquefois bifurque,et I'une (Its bifurcations se lermine en une petite am- poule h laqueile on a donne la denomination assez vague de vessie. Quant a la raatrice, elle viont s'ouyrir dans le vesti- bule par une insertion laterale, et son orifice muni d"un bour- reletsdiilantpresente, il est vrai, une disposition trfes favorable h Remission des ceufs, raais oppose une resistance insurmon- table aux matifercs qui, du dehors , pourraient penetrer dans I'uterus, corame je m'en suis assure par des injections reiierees. On pouvait done prevoir que drins I'accoupiement le liqnide spermalique n'est point depose dan.-. I'uterus, mais passe dans le tube qui prolonge le vestibule jusqu'a son ampoule terminate. Cp. n'etait la qu'une presomption ties probable 5 mais I'obser- vatioii I'a completement confirmee. Tous Ics individus surpris au moment de I'accoupiement m'ont constamment montrel'am- pou'.c rcmplie de Zoosperraes. en telle sorte qu'il me parait impossible de contester la valeur de la determination qu'eu a faile M. Desbayes, lorsqu'il lui a impose le nom de vesicate copnlalrice.

.. Ce problcme une fois resolu , en surgissait aussit6t un se- cond. Que devicnncnt les Zoospermes deposes dans cclte vesi- cule? Comment entrent-iis en rapport avec lesoeufs?II etait difficile de le prevoir, h I'avance, et de nouvelles observations devenaient necessaircs.

» On connait la forme singuliere des Zoospermes des Helix , telsqu'onles trouvedaus le canal deferent. Ce sontde longs fila- ments termines par une Ictc acuminee. Ces filaments sont nbso- lument sans raouvemenl ; I'eau pure ne les decompose point, et ce caiactere est important ; ear il parait prouve que cbez reus les animaux (jui s'aecuuplcnt, lean ambiante dissont les Zoo- spermes a I'etat parl'ait. Si Ion ajoute a I'cau avpc laqueile on delaiele sperme des traces d'une solution alcalinede soudcoude potasse, les filaments commencent a s'agiter. II en est de meme si Ton y ajoute la liqueur peritoneale de I'animal, liqueur dont la reaction est alealiuc; mais ces mouvcmcnls sont louts. lis aboutissent a une decomposition ahsolue duSpermatozoide, qui se contourne en tire-bouchon et fioit par se dissoudre. lis n'ont rien de coramua avec les mouvemcnts si vil's des Zoospermes

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dans la plupart des Mollusques dioiques , et particulieremenl dans les Biiccins et les Paludiiies.

» On pouvait penser toutefois que ce niouvcment est neces- saiie a la leiondatioa , et que Its Z )ospcrmes fccondcnt en sc dissolvaut. Je supposai done que la vesicule copulatrice contc- nait une niatiere excitaute desZoospcrmes, et qu'ilsacqucraient la des propiietes qui leur manquaient ailleurs.

>' Cette manicre de voir a'est pcut-ctre pas absolument faussc, niais elle n'cHail point Texpression reellc de la verite. En effetj deux ou trois jours apres raccouplement, les filaments sont en- core compietement immobiles; ils paraissent memes'amoindrir, tandis que leur extremite eephalique se rcnfle d'une raoniere sensible. Enfin au bout de quelques jours ils ont disparu, et a leur place on ne trouve plus qu'un liquide lactescent que j'ai du naturellement examiner.

» Ce liquide tient en suspension des molecules agitees d'un muuvem.nl Ires vif. En poussant tres loin les grossissements , on peut les dislinguer mieux et bien determiner leur forme. Cha- que purticule est uu animalcule fusiforme, a corps tres contrac- tile, et portanl a son extreiiiilc caudale un filament tres fin. L'additiou de quelques goutles d'eau au liquide lactescent les tue aussitot 5 leurs mouveracnts sont tres vifs et rappellentccux des Zoosperraes dans les Buccins.

» Des tors, il m'a para naturel de supposer que les Zoosper- mes, deposes dans la vesicule copulatrice , y subissent une ve- ritable metamorpbose, (jui de filaments inertis fait des Zoosper- mes, fecondanlt. Et cette idee d'une metamorphose me parais- sant avoir de curieuses consc jufnccs, j'ai essaye du la dcmon- trer par tous les moyeus qui etaicnt a ma disposition.

» J'ai eu recoups d'aborJ a I'observation du liquide sperma- tique de la Paludine vivipare. Je supposais que primitivement les Zoospermes de 1 1 Paludiue etaient immobiles comme ceux des Helix, qu'ilssubissaiont leurs metamorphoses dans les or- ganes memes du mcile, ctqu'en consequence on devait y trouver a la fois deux sortes ou p!ul6t deux aspects de Spermatozoides. Cette prevision a ete pleinement confirmee. On rencontre , en effet, daus le spcrme de la Paludine, deux ordres de filaments zoospermi(|ues: les uus greles lermines par une teteen tire-bou-

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choD, et presque absolument iramobiles ; les autres, pareils h de petits rubans tcrniinds par un pinceau de filaments tres fins , et animes de raouvements tr^s vifs. lis serpentent dans tous les sens; I'addition de I'eau les tue , tandis qu'eile n'altere en aucune facon les filaments immobiles qu'eile rend aucontraire beaucoup plus apparents.

» Je n'ai pu ra'empecher de comparer les filaments immo- biles aux Zoospermes du canal deferent des Helix, et les ani- malcules mobiles aux Zoospermes de leur vesicule seminale. Mais cette observation, si satisfaisantc au premier abord, n'a point etc confirmee par I'analyse du sperme de la Paludine im- pure, dont les Sperm.itozoides trfes vifs different beaucoup de ceux de la vivipare, et ne presentent point des distinctions aussi tranchees.

» N'ayant point a ma disposition d'autres Cephalid^s dioi- ques, je suis revenu k I'observation des Gasteropodes herma- phrodites, et cette fois j'ai poursuivi mes recherehes sur des Limaces et des Arions. Ces recherches ont confirme certains points, a savoir : que la vessie recoit les Zoospermes dans I'ac- couplement, et m^rite le nom de copulatrice ; que lis Zoosper- mes y subissent une transformation, puisque au bout d'un temps tres court leur queue disparalt tandis que les letes grandissent, Mais jusqu'^ present je n'ai pu y decouvrir rien de semblable aux animalcules mobiles de la vesicule copulatrice des Helix , ce qui tient probablement ^ des difficult^s d'observation queje n'ai pu suffisamment apprecier.

» De nouvelles recherches sont done indispensables , et je me propose de les poursuivre avec assiduite. Toutefois le fait singulier que les animalcules de la vesicule copulatrice ne sed^- veloppent jamais dans les Helix (pi'apres I'accouplement , m'engage h persister dans ma presoraption premiere. Or, en separant nottement les conclusions positives de mes observiitions des conclusions hypothetiques, je crois que les faits permeltent aujourd'hui, en premier lieu , d'affirmer positivement :

» 1" Que la vessie des Helix est rfeliement, comme iM. Des- hayes I'a pense , une vesicule copulatrice ;

» Que les filets zoospermiques qu'on rencontre frequem- ment dans I'orgaDe de la glaire de Swammerdara(testicule, sui-

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vant Cuvier) ne provicnnent point d'un individn (Stranger pen- dant I'accouplempnt , raais ont passe avec les oeufs du canal deferent dans I'uterus, et ne sont point fecondants;

» Qu'un accouplement est , sauf des exceptions tres rares qui ont ete observees par M. Laurent, absolument necessaire.

» Ces faits pernnettent, en second lieu , de supposer :

» 1" Que les Zoospermes infeconds des Helix subissent dans la vesicuiecopulatrice une metamor(>hose veritable, et que cette metanaorphose piut seule leurdoniier la propriete fecondaute;

» Que la feeondatioD n'a point lieu dans I'ovaire , mais, comnoe chez les Batraciens, au moment de I'eoaission des oeufs.

» On n'est point dans I'usage de proposer ainsi de sinoples hypotheses ; mais les faits sur lesquels elles sont basees ayant ete consiates par des observateurs eclaires , par M. de Blainville d'abord , et plus lard par MM. Deshayes et Laurent, ces faits paraitront peut-elre interessants |.ar eux-memes ; et quant aux consequences qu'on en a tirees, ces consequences, examinees et critiquees par an plus grand nombre d'observateurs, ne SJU- raient manquer d'etre bientfit reduites a leur juste valeui-, soit qu'on les repousse absolument, soit qu'on apporte au contraire en leur faveur des preuves et des observations nouvelles. »

Seance du 7 juillet 18/i9.

Cristallogr\phie. M. Bravais expose la suite de ses re- cherehes sur la cristal.'ographie.

Apres avoir etudie les differents genres de sym^trie dont les polyedres moleculaires sont susceptibles ( Voij. seance du 2 juin 1 849), le probleme que Ton e^t appele a resoudre est le sui- vant : « Les elements caracteristiques (axes, plans, centre) de » la symetrie de la molecule d'un corps eiant donnes, determi- * ner a quel sijsterne crislalUri appartieudra I'Assemblage reti- » culaire forme par les centres de gravite des molecules au mo- » ment de la cristallisation. »

« La solution de ce probleme, dil M. Bravais , est dans les deux regies suivantes :

» Regle I". Parmi les sept syst^mes cristallins , les mole* cules de la substance donnee adopteront celul dont la symetrie

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offre le plus grand uombre d'clemenls communs avec la syme- trie propre a leur polyedre moleculaire.

». Regle II. Dans le cas oii plusieurs systenies cristnllins au- raient les raemes elements de symetrie communs a leurs Assem- blages et au polyedre moleculaiie, la cristallisation se fera sui- \arit le systerae de moindre symetiie , c'est-a-dire suivaul le sysleme qui laisse le plus grand nombre de tenses indetermines parmi Ics six elements coastitutifs de son parallelipipede ele- mental re.

>- Soil propose, comme exemple, de determiner dans quel sys- tcme cristallisrra uii groupe de molecules dont la symetrie serait caracterisee par le symbole ( 6L„ lOL,, ISL^, oC,oP) ( Foy. icance du 2 juin 184y). Le systerae tcrquaternaire (sys- teme cubique) possede qualre des dis axes ternaires de notre polyedre , et trois de sesquinze axes binaires, lesquels y jouent le role d'axes quaternaires : la symetrie coraniune a ce syslenne et au polyedre moleculaire sera done representee par (4L,,3L,). Si I'du etablit unc compuraison analogue avec les aulies sy.stemes eristallins, on y decouvrira des traits communs de symetrie, mais mollis nombreux que eeux que nous venons d'iudiquer; <lonc , en vertu de la regie I--*, le polyedre devra eristalliser dans Is system ^ terquaternaire.

» Prenons, comme second exemple, le polyedre moleculaire du cuivre pyriteux [A„ 2L„ oC, 2P) caracterise parun axe prin- cipal binaireA., deux axes binaires Lj de raeme espece, rec- tanguiaires entre eux et normaux au precedent, deux plans de symetrie passant par I'axe A, et inclines de 45" sur les axes L,. La symetrie commune a ce polyedre et au systerae terbiuaire "est (Aj, L„L,); la symetrie commune a ce polyeiJreet au sys- teme quaternaire est (A,, 2L,, 2P) ; lasyn^etrie commune a co polyedre et au systeme terquaternaire estaussi (A,,2L,,2P). En vertu 'le la regie P% il faudra choisir entre ces deuxderniers systemes.

» Or si a, h, c sont les trois parameties lineaires, et a, 6,-/ les trois parametres angulaires du parallelipipede generateur de rAsicmblage, on salt que, dans le systeme quaternaire, ces quan- 41 les ne sont liees que par les quatre equations KZrQO", 6— 90", 7=90°, rt— 6 j

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tandis que, dansle systerae terquaternairc, elles sontsoumises aux cinq equations

«— 90°, 6—90°, v^rOO", ar:6, b-=zc ; done, en vertu de la regie II, le cuivre pyriteux cristallisera dans le systeme (juaternaire.

» Dans I'immense majorite des cas, nos deux ref^les resolvent sans ambiguity le probleme propose : il ne reste d'indeeision que pour quelquespolyedres a axe principal ternaire, polyedresque I'application de ces regies indique egalement commo pouvant cristalliscr, soit dans le systeme ternaire , soit dans le systeme senaire. La nature se determine alors dans son choix par dcs considerations d'equilibre molecnlaire qu'il n'a pas encore ete possible aux physiciens d'introduire dans I'etude theoriquede la crisfallographie.

» J'ai , d'aprfes ces principes, roparti les polyedres asymetri- ques, tt nos 22 classes de polyfedres symetriques (seance du 2 juin 1849), parmi les sept systemes cristallins. En faisantune telle repartition, on recouualt qu'il y a lieu d'etablir des coupes dans chacun de ces systemes. Tanl6t, en effet, le polyedre mo- lecnlaire possede tous les elements de symetrie qui caracterisent son Assemblage, et alors le cristal est holoedrique (voyez seance du 19 mai 1849) ; tant6t les elements de symetrie communssont nne partie seulement de !a symetrie de I'Assemblaj^e ; alors le cristal est hemiedrique, et le mode de rbenaiedrie varie suivant la nature des communs elements; de la une serie de nouvelles divisions qui se presentent de la maniere suivante :

» Le systeme terquaternaire (eubiqiic) se partage en cinq divisions dont la premiere correspond an cas de I'boloedrio : il en existe seize dans le systeme senaire, sept dans dans le systeme quaternp.ire, cinq dans lesyslcme ternaire, trois dans le systeme terbinaire, trois dans le systeme binaire, et deux dans le sys- teme asymetrique. J'examinerai, dans une prochaine communi- cation, les divers cas d'hemiedrie qui en resultent.

» Pour specifier d'une maniere complete I'arrangement des molecules dans I'acte de la cristallisation , il ne suffit pas de determiner le systeme cristallin. II faudrait encore fixer la gran- deur des parametres que la nature du systeme laisse indeter- mincs. Lorsque ce systeme offre plusieurs types distincts (voyez

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seance du (7 mars 1849), il faudrait pouvoir dire dans quel type le corps doit cristnlliser. En outre, lorsque la synoetrie du polyedre moleculaire est nioins complexe que celle de I'Assena- Lliige reliculaire qui lui corresponfl, les axes et plans desyme- trie du polyedre peuvent quelquefois coincider avec les axes et plans de symetrie de TAssembiage de deux manieres differen- tes; je citerai, comme cxempie, ia molecule (A„ 2L,, OC, 2P) du cuivre pyriteux, qui crislaHise dans le systeme quaternaire (A,, 21. 2L',, C, 2P, 2P'), symbolc oil 2L, represente les axes biuaires de premiere esoece, c6tes du carre qui sert de base au parallelipipedegeneratf ur, el2L', les axes binaircs de deuxierae espece, diagonales du meme carre. Le polyedre nioeculaire s'etaut place de man ere que son axe A, coincide avec I'axe A^ de I'Assemblage, ses deux axes biuaires 2L, peuvent coincider, soit avec les c6ies du carre, soit a\ec les diago.iales, ^alls que Ton puisse dire k priori auquel de ces deux modes de coincidence la nature s'arrelera.

» De ces diverses ind^ierraiuations peuvent r^suiter des dou- bles solutions, et pat suite des cas de dimorphisme, sans sortirdu meme systeme cristailin. Ainsi, dansle rutileet I'anatase, la mo- lecule (acide litaniqui ) eat pi obiibiement identique ; mais le cli- Yage indique qut' la cristaliisation de ia premiere substance s'est faite suivant le type hexaedral, et cellede la deuxiemesuiviint le type octaedral (seance du 17 mars). ; .

» J'ajouterai qu'il ne serait point impossible que la nature s'ecartat quelquefois des regies ci dessusindiijuees, par excmple en faisant cristaliiser, soit dans le systeme ternaire, soit dans le systeme lerlinaiie, un polyedre qui, d'apres notre rfegle I, de- vrait apjjartenir au systeme senaire, et Ton pourra peut-6tre expiiquer de la sorte plusieurs cas de dimorphisme, sans dtre oblige d'alt^rer la molecule dans sa structure interne.

» Le cas oil la molecule serait troublee dans la disposi- tion relative de ses atomes constituants, les rapports de com- position resiaut les memes a I'analyse cliiniique, echappe a la discussion precedente ; mais alors ce n'est plus seulement du dimorphisme qui seproduit, mais bicu une veritable iso- m^rie. »

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OvoLOGiF. Un'io. M. (Ic Quairefages communique quelques faits relatifsti la reproduction des Unio.

Le nombre des males est, chez ces Jloliusques, bien inferieur h ceiui des femelles. Sur 44 individus examines avec soin et chez lesqueis les sexes etaicnt itien determines par le contenu des organes genitaux, rauteiir a trouve 32 femelles et seulement 12 males. Ces individus, males ou femelles, etaient d'ailleurs d'^ge tres different, a en juger par la taille. Plusieurs femelles ont raontre des oeufs deja engagesdansia brauchie,bien que les ovai- res en contiiissent encore en quantite, ce qui prouve que, chez ces Acephalcs d'eau douce, la ponte est successive commc chez les Tarets.

I\I. de Quatrefages a constate denouveau, chez ces Mollus- ques. le fractionnement du vitellus dans les oeufs non fecondes. Le fiiit est merae ici extremement facile a verifier; car le mouve- menfc de segmentation se pronoace dans les oeufs extraits direc- tcment de I'ovaire, quelques sccondes apres I'iramersion dans I'eau. L'auleur a rendu temoins de ce phenomene les membres de la Sociefe biologique. M. de Quatrefages voit dans ce faitune confirmation des opinions qu'il a emises dans son mdmoire sur rcmbryogciie des Annelides , relativement a la vie propre de I'oeuf.

Seance du 21 juillet 1849.

ZooLOGiE. M. de Quatrefages communique a la Societe la note suivante relative au sysleme nerveux des Annelides.

«En 1844 j"ai publie dans les Annates des sciences natwelles une note assez ttendue sur le ^ysteme nerveux des Annelides. Je ne vonlais alors que prendre date pour quelques resultats g^ne- raux qui me semblaient presenter de I'interet; mais parmi les details renfermes dans celte note, plusieurs avaient besoin d'etre revus et confirmes. Bien que les circonslances m'aient empeche de reprendre ce travail , corame je I'aurais voulu , je puis des k present combler quelques lacunes et redresser quelques erreurs.

» C'esta tort que j'ai regarde chez TEunice la grande com- missure qui unit le cervcau a la chalne ganj^iionnaire abdomioale comme ue donnant naissance a aucun tronc nerveux. II s'ende- tache de plusieurs points de son etendue.

Exlralt de I'litftiltit , I" spclion, 1849. 10 '

7A

3 J'ai peut-etre doune trop d'importance aux nerfs buccaux en les considerant comme un systeme special. Lps anastomoses que j'ai regardees comme proba'iles enire ce systeme et la sys- teme uerveux de la trompe n'ont pu etre retrouvees par moi. Je crois qu'ici comme dans Texaraen de la portion terrainale du systeme proboscidie-n, j'ai pris des ligaments pour des filets ner- veux, Cette observation s'applique particuiierement a la terml- naison de ce deruier systeme.

» Les origines directes du systeme proboscidien se distin- guent tres aisement en etudianl le cerveau par dessous. Elles consistent en deux fortes colonnes qui se rejoignent en arriere ; mais de plus 11 existe tres probablement des racines qui partcnt de la commissure.

" J'ai eu tort de regarder comme deux genres distincts le gros trone nerveux partantdes ganglions abdominaux. Ce tronc est ret llement simple. II forme, avanl son entree dans le pied, un ganglion dounaut des filets qui se portent aux parties voisines. Je crois, eu outre, qu'une des petites paires indiquees dans ma note n'est composee que de fibres d'attache ligamenteuses.

" II est a remarquer que les ganglions abdominaux presentent destiiflerences assezsensibles quanta leur forme et a la disposi- tion des troncs nerveux selon qn'on les examine a la partie an- terieure, moyenne ou post^rieure du corps.

» La plupart des observations precedentes s'appliquent aux Nereides aussi bien qu'aux Eunices.

» Les resultatsque m'a fournis I'examen d'un certain norabre d'Annelides dont je nai pas encore parte ne peuveut trouver place dans celtc note.Je meborneraia dire, pour les Tubicoles, que les ganglions repondant a la portion thoracique du corps differenttoujours(-eceux de la partie abdominale. Toutes ont d'ailleurs un cerveau distinct, ce qui prouve qu'on les a regardees A tort comme etanl acepbales. Elles possedent aussi un systime nerveux ston;atog&>5triqiie special, analoguea ceux que j'ai deji decriis, soit ehez Its A, neiides errantes, soit cbez les Lombrics et les Uirudinees.

» Ce que je \ iens de dire s'applique egalement aux Arenicoles ; naaibces dtrnieres inout montre, en outre, en arriere etsurles cdt^s du cerveau, des capsules audiiivcs (?) qui ra'ont paru 6tre

75

en rapport avec les systemes stomatogastrique et c^r^bral de I'Aunelide. L'observation, par transparence, d'un tres jeune in- dividu, m'avait depuis longtemps fait reconnaitre I'oxistencede cet organe, existence que j'ai depuis constatee sur des individus adultes et dont on pent s'assurer meme en examinant des ani- tnaux conserves dans ralcool depuis plusieurs ann^es.

Seance du 11 aoiit 1849.

ZoOLOGiE. M. de Quatrefages presente, au nora de M. Ju- les Hairae, un raemoire ayant pour titre : Observations sur la Mihiia, nouveau genre de Vordre des Echinides.

L'auteur, apres avoir decrit avei^ detail ce Zoophyte re- marquable, cherche a determiner la place qu'ildevra occuper parmi les Oursins. « II se rapi)r(iclie a la fois, dit-il, des Cas- sidulides et surtout des Cidarides : i) a I'anus des premiers, et la plupart de ses caracteres appartienneut h I'autre famille. Ainsi , c'est seulement dans la famille des Cidarides , dans les p;>"nres Hemicidnris , Echinoc'idaris , Boletia , etc, , que nous retrouvons les giandes dimensions de son pourtour buccal , indices certains d'un appareil masticatcitr complique et tres de- velopp6. C'est encore la seulement que nous observons cette grande nettete du disque apicial, de meme que ces gros tuber- cuies sur le milieu des plaques anamhuiacraires. D'un autre c6ie on ne remarque que dans les Cassidulides un anus sem- blable a celui de la M'Unia, mais elle differe considerablement de ceux-ci par la presence d'un appareil masticateur tres com- plique. Si done la position et la forme du pourtour anal et la disposition de I'appareil apicial ne separaientpas d'unemani^re si tranchee ce Zoophyte de tons les types secondaires de la fa- mille des Cidarides, c'est assur6ment dans ce dernier groape qu'il faudrait le placer , car il s'cn rapproche plus que d'aucun autre; mais ces caracteres ont une importance trop grande pour permettre un semblable rapprochement qui detruirait d'ailleurs toute rhomogeneite de la famille. Nous ne saurious meeonnal- tre ici une forme tout-a-fait aberrante et ne pouvant la faire ren- trer dans la famille des Cidarides sans rompre I'unite de ce groupe , ni dans celle des Cassidulides, sans violer ses principa- les ai'finites, nous pensons done qu'il y a avaulage ci en former une diviJon a part, satellite des Cidarides et etablissant le pas-

7G

sage tntre ceux-ci et les Cassidulides , ainsi que M. Milne Ed- wards ct nous- memo nous I'avons deja fait dars la dasse dcs Polypes; etafiu dcsuivre la nomenclature que nous avons adop- tee pources groupcs d'une valeur parliculiere, nous doniierons a celte division lo nom de Psetcdocularklcs. »

M. deQuatrcfagcsccmmunifiue enaiite les notes suivaulcs :

I. Analomic dcs Chloraniu. « Piirmi les Annclides dent j'ai eu roccasioii d'eludicr I'organisation , une des plus interes- sontes, peut-elie , appartient au genre Chlorama. Par sos ca- raelrres exterieurs, cette Annclide ticiit presque exactement le milieu cnire les Tubicoles et les Errantcs. Sou tube digestif, loin de presenter cette disposition en chapelot qui sembic carac- teriser le groupe, offre uue partie reuflee , a laquelle fait suite une portion plus etroitequi offre de veritabks circonvolntions. En outre, a la portion renllee se rattachi-nt de largcs poches dont la disposition rappellc quelquc peu les poches stomncales des Ruminants, et dont la structure est ogalcmcnt remarqunblo. La circulation , quoique rentraiU ar. fond dan;? les dispositions generales, presente des particularites curieuses. l-e vaisseau dorsal , parti de la queue, s'interrompt a la hauteur de la por- tion storaacale du tube digestif pour furnier deux fortes veincs l.ilerales qui rampent sur I'estomac, puis so rcjoignent avant d'arriver aux branchies. Un petit tronc tres grele et median reunitseul ces deux portions du vaisseau dorsal. I>e sang, apres avoir respire, revient au corps par deux aortes laterales , qui forment un cerde vasculaire vers le milieu du corps ; de ce cer- cle se detache le vaisseau abdominal ordinaire. Les glandessa- livaires , qu'on trouve a divers etats ehez pres'jue loutes les An- nelides, sont ici en forme de caecum tres allonge. «

II. Cav'ite gcnerale du corps des Aphlcbines ct des Siponcfes. « J'ai appele a diverses reprises I'attcntion des anatomistes sur Timportance pbysiologique que presente , chez les apimnux invertebres, la cavite generale du corps, c'cst-a-dire I'espace compris enlre le tube digestif et les couches sous-cutanees. Cet espace est souveut a lui seul plus considerabk' que rensemble des visceres, des muscles, delapeau, etc. II est rempli d'un li- quide qui acquiert de plus en plus d'importance et Unit par rem- placer e videmraent le sang. G'est au milieu de ce liquide, toui aussi

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vivanl d nourricier que le sang des Vericbres, que se developpent souvent les oeufs qu'on y rencontre, d'abord h I'etat rudimentaire, pour les y retrouverquelque ti'mps aprcs a Tetat parfait. Dansun genre nouveau d'Annelidcs, pour lequel je propose le nom d'A- phtebine, le liquide generol parait reraplacer le sang. Du moiiis, je n'ai pu decouvrir de vaisseaux, et, en tout eas, il n'existe au- cun orgnne respirotoire, bien que les Aphlebincs ressemblent sous presque tons les autres rapports aux Terebellcs dont les branchies sont si developpees. Le liquide de la cavite generate est mis en mouveraent par des bandes de eils vibratilfs places dans le voisinagedes pieds. Jen'ai pu reconnaitre s'il existait quelquechosed'analogue chez les Siponcles. Ici, la transparence asscz imparfaite des individus que j'ai eu a naa disposition ne m'a pas permis de pousser aussi loin mes recherches. Mais ce qu'il y a de positif, c'est que le li(|uide de la cavito generale pre- sentechezces animaux des mouvements tres semblables a ceux du C'nara. Ce iiquiderenftrmc des globules que I'oii voit se mou- voir, enfraine^ par des courants qui longenl les parois du corps, et I enetrent. jusque dans l;i duplicature de la trompe, quand celle-ci est a demi sortie. Je connais^ais ce fait depuis mon sejour a Brchat, mais jel'ai revuetmontre a M. Robin, sur un petit Si- poncle apporte vivant par ce naturalisie. »

III. Sur la classification des Annelex « Dans les diverses methodes proposees pour la classitieatiou des Anneles, on n'a pas suffisamment tenu compte, ce me senibie, de la separation des sexes ou deleur reunion sur un merae individu. Deja cette consideration m'avait conduit a diviser en deux grands groupes la classedes Turbellaries. Mais depuis il m'a paru qu't n I'appli- quantau tous-embranchement des Auneles, on pouvait mieux que de toute autre maniere se rendre compte des rapports exis- tnntentre les groupes secondaires. En agissant ainsi, on voit le sous-enobranchement se diviser naturellement, pour ainsi dire, en deux series qui possedenta la fois des lernies currespondnnis ct des iermes qui leur sont propres, au moins dans I'etat acluci de la science. Void un tableau qui fera comprendre nofre pen- see, les Iermes correspondants ayant ete places vis-a-vis les uns des autres et I'absence de ces terraes dans une des series etant indiquee par des points.

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Annel6s a sexes sdpards. Annel^s ^ sexes r6uni».

Annclides. Lombrines.

Rotnteurs.

Gephyriens. .... (l).

Hirudines.

Miocoules. Turbellaries.

Nematoides.

Acanthocephales.

Cestoides.

» Dans ce tableau, le groupe des Annelides comprend les An- nelides errantes et tubicoles en entier. Celui des Lombrines correspond aux Annelides terricoles, sauf quelques exceptions resultant d'observations que je n'ai pas encore piibliees et qui portent sur quelques especes marines {Polijophthalme). Le groupe des Turbellaries comprend lesDendrocales et les Rhab- docales. Toutefois, je crois devoir faire quelques reserves pour ces derniers encore si peu counus.

» Troisdes groupes compris dans la premiere serie (A'^ema^oj- des, Acanthocephales, Miocoules), deux des groupes compris dans la seconde {Turbellaries, Cestotdes), ont leur systemener- veux abdominal compose de deux chaines laterales de ganglions. Ici reparalt pour la division de cliaque serie, pour la distribu- tion des groupes aberrants, I'importance de ce caractere deja employe par M. Milne-Edwards.

" De ces deux series, la premiere [A. a sexes separes) est evi- demment la plus importante par le nombre des types secondai- res qui la composent, par une plus grande variabiiite de ces ty- pes, etc. Elle n'estpas d'ailleurs sans relation avec les Articules, earii existe entre les Myriapodes et les Annelides errantes des rapports qu'il suffit d'indiquer ici (systeme nerveux, circulation, Evolution desjeuncs ....). La seconde serie, au contraire, s'e- carte tout de suite beaucoup des Articules; ses types secondaires sont moinsnombreux, moins variables. En revanche, elle sem- ble compenser cette inferiorite par la multiplication extreme des especes qu'on observe dans ses deux derniers groupes. »

(I) II pourrait bien se faire que los Boneliies fussent le terme correspon- dant des G6phyrieus, si eiles ne doivent pas 6lre rallacb6es k ce genre lui- merae*

79

[Seance du 18 ao'dt 1849.

Mecanique. M. de Saint-Venant communique a la So- ciete un calcul approche de la viiesse etc. , siir les chemins de fer a air cotuprime, specialement sur b; cheniin du sijsteme de M. Aiidraud.

Daas ce systeme, doDt i'objet principal est de supprimer les locoraolives, et de se servir, pour la propulsion de convois le- gei's at frequents, il'approvisiounetnents de force motrice obte- nus des agents naturcls, teis que ie vent et les chutes d'eau qu'ou aura pu utiiiser aux environs de la ligne parcourue, Ie raouvf lUfUt est communique par un tuyau de matiere flexible, plate au milieu de la voie, et ou Ton introduit de I'air com- primea 1 ou 2 atmospheres de plus que la pression exlerieure, de raaniei e qu'en se gontlanl progressivement il pousse un rou- leau qui poat! sur sa partie encore plate et qui est lie a la premiere voituredu convoi.

Soient Q Ie poids total d'un convoi, v sa vitesse en metres par seconde, A la surface qu'il offre k la resistance de I'air (3 me- tres Carres plus autant de fois 1 metre qu'il y a de voiturcs hors la premiere) ; i la pente supposee ascendante du chemin. Soieni p la pression de I'air interieur a I'cxtreitiite de la pari ;e goo- flee du tuyau , to la section transversale de cette partie du tuyau, P la pression exterieure de I'atmosphere , enfin R la petite resistance horizontate que la matiere du tuyau oppose k son ouverture par gonflem( nt. On a , en egalant la puissance de propulsion parallelt^ a la voie a la resishwice a vaincre, evalu^ed'apres les bases adoptees par presque tons les ing^- nieurs (1) , cette equation exprimant que la vitesse acquise varie pen ou point

;;w=Pw-|-R4-Q(0,004-f-i)-l-0,066Ai;2.

La pression /?, qui enlredans Ie premier membre, depend de la pression dans Ie reservoir alimentaire du tuyau propulseur, de la longueur deja gonflee de ce tuyau , et de la vitesse. Soient / cette longueur variable, et »P cette pression alimentaire, ou

(1) Deuxiume Edition du Trail6 des locomotives de M. de Pambourjt Anualetdes ponls-et-chause^es, premier* semestres de 1847 et iS48.

80

soit n le nombre d'atmosplieres auquel I'air appiovisionne a ete comprime. La pression inconnuo dans le tuyau depend aussi du rapport entre sa section m et les sottions plus petites w' et &>" du tube court qui y ameue I'air du reservoir, etdii robinetd'ia- troduction de I'air dans ce tube de communication, ainsi quedu coelfieient m de la contraction que la veine fliiide eprouve en en- trant dans le robinet, car ces elements influent sur les pertes inevitables de force vive qui ont lieu entre le reservoir et le tuyau propulseur. Soient, encore, q la pesanteur, 6 le coefficient par lequel il faut multiplier la dcnsite elle carrede la Vitesse dc I'air pour avoir son frottement par unite superfieiellede parol du tuyau, xle perimetre de la section du raerae tuyau, enfin n la pesanteur specifique de I'air exlerieur, ou le produit de sa den- site par g.

On aura cette equation approchee,ensupposant,conformementa ce queM.Poncelet a conclu d'experit^nces faites pour un objet sem- blable k celui dont nous nous occupons ici (l), quel'eeoulement s'opere a peu pres comme celui des Guides incorapressibles et en negligeant le frottement de la paroi du tube court de com- munication :

Subslituant, dans cette equatio)-, la valeur f!e la pression /) tiree

de la precedfnte, et remplacant les quantiles connues par leurs

valours numeriques

l'' ''OO

r/rr9",809, Sz=0,003, P= 10330^,111= '-^^ ,

l-f0,004&

Oa a, en supposant la tcmpeiattn-e 6=112 degrcs ', : |_ w "^yn/M / y&) / Kw to _j

:=icS80o(,-lV..S857''+Q"'''"'-'+''.

\ 11/ 11 (,i

Celte Equation fournira, pour un convoi donne, et pour des grandeurs determinees des sections u, u' du tuyau et du tube

(1) Comples-rcndus dc I'Acati. des jcicnc, 21 juillct 18/15, tome 21, p. 182 el 197.

81

alimcnlaire, Ics valeurssuccessives que preudra la Vitesse v sous I'action d'uu uorabie n d'atmospheres dans Ic reservoir debou- chant dans ie tube de communication par un robinet dont I'ou- verture, reduite par la contraction, a une grandeur »»«". Elle fournira , reciproquement , Touverture du robinet pour avoir une Vitesse desiiee, etc.

Par exeraple, pour un tuyau ayaut 0"',24 de largeur c> vide, oudonnaut y;;=zO''\'\%^ et offrant, lorsqu'il est gonfle, la scclioa w d'un cylindrc de 0'", 15 de diametre, ce tuyau etant alimente par un tube court ayaut unn section w' quatre fois nooindre, cu debouche un robinet dont I'ouvertureconlractee Hiu" est raoitie de oj', un convoi de 4 voitures pesant ensemble 10 mille kilo- grammes preudra, si la pression est de 3 atmospheres dans Ie reservoir (ou 2 de plus que la pression de I'air exterieur) et si Ton suppose de 10 kilog. la resistance passive fixe R; preudra, dis-je, une vite^sede 25n),r>0 par seconde (ou 23 lieues a I'heure) vers Ie commencement de sa course sur Ie tuyau ; mais cette Vi- tesse se reduiraa I7"',50 (ou 15 lieues f) apres une course de 1000 metres, qui est la longueur que M. Andraud a I'inten- tion de donner a chacuu de ses bouts de tuyau.

Un convoi double, ou de 20 tonnes, preudra une Vitesse de 19™ I encommencant, Vitesse qui se reduit a 14 ', par seconde a la fui. Un convoi de 5 tonnes seulcmeut preiulrait une vitesse de 32"" ^ se rcduisant ensuite a 19"' {.

Pour que la vitesse prenne et conserve coustamraent ces troig deruieres grandeurs(17'",50; 14'",50; 19"',50)il fautque Ie robi-

net s'ouvre graduellement, en sorte que Ie rapport ,, soil 3,45

au commencement et ne descende a 2 qu'a la fin.

Si Ton veut laisser au robinet une ouverture constante il faut, pour quela Vitesse nedecroisse pas rapidement,que cclte ouver- ture soit faible, afln que les trois termes entre crochets repre- seiitaut les pertes de force vive et la resistance de I'air I'em- porteut sensiblement sur Ie termerepresentantle frottementcon-

w

tre la parol du tuyau. Si I'onprendparexemple =: o, ee qui

reponda un rapport d'eu\ iron 1 a 2,2 entre Its diametresdu ro- Extrait de I'luatiliit, v serlion, d8W. 11

82

binel etdu tube court d'iutrodaction, le convoide 10 tonnes aura unc Vitesse de 13'", 4 dans le commencenQent, ct de ll",G5a In fin dn parcours do 1000 luetics, au bout duqiiel le rouleau pbl suppose passer sur un autre bout de tuy.tu : les vitesses eonespondautes du convoi de 20 tonnes seront 11"', 70 et 10™, -10 ; cellts du convoi dc 5 tonnes seront 14'", 4 et 12"\5.

La pression, au bout du tuyau, on a 1000 metres de son ori- gine, estde l^'"'-,^7 dans le premier cas, l'"'"',S8 dans le second et i''""-,39 dans !c troisieme.

Seance du 25 aoUt 18^9.

Physique. MM. de La Provostnye etP. Desains comniuni- qui lit les resu!tats d'un travail entrepris pour determiner la proporliou de eh'leur polarisee contenuedaos uu rayou refleehi

,, siii2 n j-\

surle verre. Designons par 1\ 1 expression . '. , et par ' sui^ (<-]-'■)

tang2 (i ?■)

IV rexprossion r-rr-i r. La quaulite de ehaleur naturelle

t;.ng2(«-f-r) ' '

lOfleehicsiir le verre sous Tangle / est representee par ^;(R4-R')- D'apres la theorie, la quantite de chideur polarisee contenuc dans ce rayon redecbi est ^(R— R') et la proportion de ehaleur

polarisee contenuc dansle rayon est par consequent ^.

lis out veiifie. dircclcment qu'cffectivement eelte expression repiiisente bien les nombres par ['experience

A 80° eetle fraction a pour valeur 0,40 \ Etcesontprecise- A 70° 0,7f)'/ ment les rapports

A 5G° 1,00) observes. j

lIvDRAiii.TQi'K. M. dcCaligny eommuniqufi uiie note sur un nioyen de siniplifier la nouvelli! roue itydrauiiqne osciHnnlc qu'il a presentee a la Soeiete le in jnnvier dernier. On renvoie pour abregcr a la note instr(5e dans Vlmtinu.

Celte roue a pour but d'uliliser la pression de I'cau du bief siiperitur , ct d'empluycr la Vitesse acquise de celte eau a aug- raenter la pression qui s'exerce sur les aubes, en vidant la roue ii^^unc certaineprofondeurau-dcssous du niveau du biel' d'aval.

83

Elle est entouree de tuyaux, alternativeracnt bouches et debou- ches, parce que leurs orifices vienncnt aUernativcment s'engnger sur des surfaces fixes. I! y a lieu d'espercr que Ton pourra sup- primer la surface fixe, d'sposee dans le hief supericur, et pro- duire d'line maniereconvenable ies o<:cillations dc dcchnrf/cqm I'oiU la base de ce systeme, au nioyeii de la scule disposition dis surfaces fixes du bicf d'aval, et en employantd'aillcurs unc roiu; parfaitement analogue h celle qui est decrite dans la note du IG juiu dernier, cequi sera beaucoup plus simple.

Les aubes ou Ies surfaces qui en tiennei)t lieu, apres s'cfro degagers d'uu coursier ordinaire de rouede (Ote, continucnl a passer entre deux surfaces vcrticales fixes qui se pro'onfent au- dessus du niveau du bief d'av;il jusqu'a utie certaine bauteur. Quant au fond courbe du coursier, il est interrompu jiisqu'au point oil i'on veut que la surface de Teaune puisse pas rqntrer dans la roue apres roscillation de decharge. A partirde ce point, I'aubc se trouveengages dans un vei itable fuyau quadrangulaire forme detrois parois fixes et des surfaces formantle fond de la roue en mouvement. Les deux surfaces verticalcs fixes, qui peu- vent efre chacune la parol d'un mur, au deM du point ou se ter- raiuc la paroi courbe du coursier ordinaire, sont reunies au moyeii d'une troisicme surface qui leur est perpendiculnire ct qui sc raccorde avec la surface courbe sur laquelie les aubes doivent venir s'engagcr apres etre sorties du coursier ordinaire. II y aura ainsi au-dessous de la roue un veritable tuyau a sec- tion quadrangulaire ayant trois laces, par Icquel la decharge se fera en sens coutraiie du mouvenicnt de la roue. Un des incon- venients des roues dc cote consiste en ce qu'il faut laisscr uii certain jeu entre la roue etle coursier, ce qui est une cause de perto d'cau. Or, il faut de plus avoir egard ici a ce qu'il est bon que I'air puisse circuler au-dessus dc la colonne oscillante, peut-elre par un espacc encore plus large que celui qui est nc- cessaire au Jeu de la roue. Au reste, il ne s'agit dans eette note suecincte que de hien indiquer un principe, sans lever toufes les difficultes d'exeeution. Ainsi, dans certainos limites, on pourra tenir comptede ce que, si I'eau tend a rentrerdans la roue aprfes I'oscilln'ion de decharge, la roue fuitdevant clle avec une cer- taine Vitesse, ce qui diminue quelqurs inconvenients parlicu- licrs.

Sans doiUc rcxpcrienccseule peutconfirmor ledegred'utilile dc la simplificaliou indiquee dans cclte nolo. II y aura des mou- vementsparticuliers tres difficiles a soumettie ;iu calcui, tandis qu'on peut prevoir immediatement Ic resultat approximatif de la disposition decrite dans la note du IG juin, et qui consiste a former les aubes d'nne surface courbe serpentante sans oscil- lation de decharge. On peut d'ailleurs f lirc de la roue un tam- bour, dans le cas oii les surfaces pourraient etre assez imper- raeables, saus quo cela rendit la machine trop lourde. Mais en supposant meme que, pour obtcnir unc bonne oscillation dc de- charge, il fallut conscrvcr unc f artic de la surface extcricure des tuyaux quadran{i[ulaires formes, dans le princIpe, des parois de la roue; d'apres la note du 1 3 Janvier, on pourrait en supprimtr line longueur notable. La surface fixe sur laquelle les aubes \icnnent s'engager a partir d'une ccrtaine profondeur au-des- sous du bief d'aval, sulTit pour f.iire le meme effet, jusqu'a un certain point, dans des limilcsque rcxperience scule, il est vrai, pourra determiner. Enfm on pourra supprimerles parois planes verticales mobiles qui formaient deux des parois de chaque tuyau partiel au raoyen des couronnes de la roue. De sorte que, dans certaines limites de iar^fjeur de la roue, I'eau du bief supe- rieur entrera entre les deux faces courbes qui resteront a chaque tuyau partiel, sans qu'il soit absolumeut indispensable de cora- pliquer le systeme, en I'introduisant au moyen du genre parti- culier d'oscillation decrit dans la note du 13 Janvier.

Comme il est probable qu'on pourra s'en tenira la disposition indiquee au commencement de cette communication, il serait interessant d'etudier quelle serait la couibure des aubes ou des surfaces qui en tiennent lieu la plus avantngcuse pour penetrer dans le liquide du bief supericur, lorsque les niveaux sont assez variables pour qu'on ait a s'occupcr bien serieusement de la re- sistance du milieu. En effet, il ne suffit pas de savoir que le fond de la roue aura pour section perpendiculaire a I'axe une espece de courbe serpentante, il faudrait savoir quelle en sera la loi, Bien que Ton ue puisse le cnlculer a priori, il est au moins in- teressant d'indiquer a cc snjct des experiences de L(5on ird de Vinci qui peuvcnt metfre sur la voie. Tl fit construiro plusieurs modeles dc bateaux, tt rcmarqua, ainsi qu'on dcvait ic prevoir

85

cVapres la forme des poisson«,que la rosisfancccUi milieu liquide clait plus grande quand un mome bateau etait trnine Ic boul le plus aigu en avant, que lorsqu'ii etait traine en seas contraire. II trouva aussi que la resistance etait plus grande que dans ce dernier cas, lorsque les deux extremites etaient aigueset syme- triques. li y a done lieu de penser que la roue a combe scrpen- tante devra etre disposee de manierc que chaque venire soit plus renfle en avant qu'en arriere. L'etataetuel de nos eonnaissances ne permet pas d'ailieurs de determiner exacteraent une loi qui nc pcutqu'etre indiquee d'unc maniere plus ou moins approxi-

malive.

Seance du 17 novcmbrc 18i9.

l\\. Bravais communiriuea h Societe la suite de ses reelurclies cristallographiques. II rappclle dans quels cas la theorie indi- que que lo phenomene de Vhciniedrie doit se produire (commu- nication du 7 juiliet 1S49) ; il ajoute que la classification ainsi ohtcn'jei'accorde avee cello que M, Franlvenheirn a publice dans le tome LVl des Annates de Poggendorff.

M.xBravais propose desubstituer au terme hem'iedrie le terme plus vague de mcncdr'ic qui indique une reduction dans le nom- bre des faces des formes cristaliincs, sans specifier quelles sent ces formes, ni dans quel rapport la reduction s'opere. La merie- drie provient de ce que la molecule du cristal ne possede pas tous les elements de symetrie (axes, centre, plans de symetric) dd'assemblage cristallin.

Lorsque la molecule possede tous les axes de symetrie de I'assem.blage, I'auieur la designe sous le nom de molecule Iinloaxe. Exemples : la molecule ilont le symbole est (L,,L'2, L"o, oC, OP) est lioloaxe d.ms le systems binaire ; la molecule (As, 3L,, C, 3P), la mokcule {A,, 3L. oC, oP), sont holoaxes dans Ic syste.me tcruairc.

La molecule est dite hcmiaxe si elle a au moins un axe de symetrie qui luisoit commun avec I'assemblagi^ pourvu que le numero d'ordre de la symetrie de cetaxe soit le meine dans I'as- semblageetdans la molecule. Exemples : la molecule (4L,, 31,,, oC, oP) qui crislallise dans lesystemetertiuaternairc est bemiaxe dans cesys erne; li molecule (A , 2L,, OC, 2P) e^t hcmiaxe dans Ic syslcmc quateruairc.

80

La molecule est dite tiiarioaxe^ si elle n'a dc commun avec I'assemblage que desaxestlont lenamcio d'ordie devieut raoin- dre, en passant ds {'assemblage a la molecule. Exemples : les molecules (A-,, oL,, C, OP), (A=, oL., oG, n) sont tct.irtoaxes dans lesystemesenaire, dont le symbole est (Ac, 3L:, 3L'., C, n, 3P, 3P').

Toutcs les molecules des corps reutrent dans Tunc des Hois categories preecdenfes.

La molecule qui ne posseie ni cfntre ni plan de symetrie, mais seulement d( s axes de symetiio, est appelee par M. Bi'a- vais monoarjmelriqne. Exemple : l.i mole^-ule (L, , L's , L"., oG, OP) est monosym^trique dans le sys^eme terbinaire.

La molecule qui possede, outre les axes, un centre ou au moins un plan de symetrie est dite Tpohj'iymetriqHc. Exemples : la molecule (A^, OL., C, li) dans le systene quatornaire ; la mo- lecule (4L3, 3L:, OC, GP) dans le systeme tcrquateniaire.

On deduit de ccs definitions la classificaHon suivante des mo- lecules des cristaux :

Holoaxes polysymetriques ou holoedriqucs. groupe I

Iloloaxes monosymetriques groupe H

Hemia\espolysyme!riques groupelI[

Hcmiaxes monosymetriques groupe IV

Tetartonxei polysymetriques groupe V

T6tartoaxcs monosymetriques groupe VL

Avant de pjsscr outre, i! faut distinguer trois sortes de for- mes cristallines, quionl necessite pareillenient une termiaologie nouvelle de la part de I'auteur :

l"La foini:j oblique^ dont les faces ne sont ui parallcles, ni perpendiculaires aux axes de I'assemblage , et dont le nombre de faces est dDune par la formula lONo-f 6N« + 4^^ -(- 2^, + 2 (Seance du 17 mars 1849) ;

La iormo. parallctc dont chaque fice est paralielea unaxe de symetrie de I'assomblnge : si cet axe es^t d'ordre pair, la forme sera dite urthnparallclc- j

La forme j(o/7»n/e,dont chaque face est normnlcci un axe de symetrie de I'assembltige : si cetie face est en mfeme temps parallele a un axe d'ordre pair, la forme sera dite norvialc or- thoparallcle.

87

Le theoreme suivant sert a deduire le uombre des faces des formes parallelcs ou uormales du nombre des faces de la forme oblique du meme systenae cristallin, dans tons les cristaux ho- loedriqucs (j^roupe I).

« La forme oblique d'un crista! holoedrique ne conserve que la » moitie de ses faces, en devenant orthoparallele ; elle ne con-

» serve que - du nombre de ses faces, si elle deviant normale

>' a uu axe d'ordre 7, sans ctre en meme temps orthoparallele ;

>' cnfiu die ne conserve que la fraction , si elledevientnor-

2,/

» male orthoparallele. »

Quelques exemplcs eclairciront cet enonce.

Prenons les formes paralleles du systeme senaire. II y a, dans ce systems , trois cspeces d'axes d'ordre pair; done aussi trois rspei'cs do formes orthoparalleles :

La forme parallels a I'axe senaire, prisma dodecaedre in- (lefmi ;

La forme paraliele au\ axes binaires de premiere espeee, birhoinboedre de premiere espeee des aiiueralogistes ;

La forme paraliele aux axes bin.iirts de deuxicme espeee, ])irhomboedre de deuxieme espeue des miueralogistes.

Ces trois formes sont a 12 facts, tandis que la forme oblique (didodecaodre) eu a 24. Ces formes n'en sont pas moins holoe- driques, parce qu'elks possedent toutes les faces qu'elles sonl Kiisceptibk'sde posseder.

Prenonsmaintenaut les formes normales du systeme terqua- tornaire. Ce systeme a aussi trois especes d'axes ; il y avra done trois especes de formes normales, et il est facile de voir qu'elles soiit en meme temps orthoparalleles ;

La forme uormalc aux axes quaternaires ; c'est le cube. Le

coefficient de reduction du nombre des faces doit etre rz

27 s.

Le cube offrc en effet six faces, au lieu des 48 faces que com- porlent les formes obliques ( he.xakisoctacdre ) de ce systeme cristallin ;

88 La forme iiormale aux axes teruaires; octaodre regulier. Le coefficient de reduction sera— =: ; huit faces au lieu

2(1 G de 48 ; La forme norraale aux axes binaires ; dodecaedre rhom-

boidal. Le coeffient de rMuction sera zz ; douze faces au

lieu de 48.

On peut trailer de meme tous ies autres syslemes cri.staliiiis.

Passons mainlenaut aux cristaux meriedriqucs, et a la reduc- tion qu'eprouve le nombre de leurs faces , dans cliaque forme.

1«''Theore.me , rdal'if aux formes obL'ifjuex. « D;ms ies cris- M taux meriedriqucs , le nombre des faces de la forme oblique » est reduit dans le rapport de 1 a 1 , pour Ies cristaux dcs » groupes II et III ; dans le rapport de 1 a | , pour Ies cristaux » des groupes IV et V ; dans le rapport de 1 a i- pour Ies cris- » tauxdu groupe VI. »

2^ Theoreme, relatif aux formes paralleles. « La forme pa- » rallfeic a I'axe L^ aura moitie moins de faces que la forme » oblique du cristal , si elle est ortboparallele et si de plus le i> plan normal ix I'axe L, est un plan de symetrie du polyedro « nioleculaire ; dans le cas contrairc , le nombre des faces sera » le meme que pour la forme oblique. >>

3= Theobeue, relatif aux formes normales. « La forme nor- ■» male a I'axe L^ aura moitie moins do faces que la meme forme X normale n'cu a dans Ies cristaux boloedriques du niemc u systeme , si le polyedre nioleculaire ne possede ni centre de ■» symetrie ni plan de symetrie normal a L^, ni axe d'ordre pair » normal a cet axe ; dans le cas contraire, la forme normale » oonservera toutes ses faces. »

Tous ies cristaux connus on ce moment comme doues d'un pouvoir rolatoire opUiiue appartiennent a la categoric des cris- taux monosymctriques. Cet enonce est plus general que celui doniie reccmment pur iM. Pasteur (Seance de I'Acadcmie des Kpicncos du 17 septcinbre 1849), et qui consiste en ce que ies wrislaux a pouvoir rolatoire doivent avoir des formes bemiedri- •qf.ues d<jjit Ies corrcspond.'Utes no Icur soicntpas superposables.

89

On peut citer, a I'appui de celte assertion , le qu;iitz oil eortaioes formes hemiedriques (par exemple le dilricdrc forme par ies faces rhombcs s d'H;iuy) ont des formes conjuguees qui leur sont supcrposables , fandis que d'aulres formes ( par exemple le irapezoechc tr'ujonal forme par Ies facettes x d'Haiiy ) out des conjuguees qui ne leur sont pas superposablcs.

II faut aussi remarquer que, dans certains cas, la forme he- miedrique coujuguee, mais non superposable k la forme dounec, quoiqueayant son existence geometriquepropre, ue se rencontre pas dans la nature ; tel est le cas du sucre cristailise.

Les crlstaux pyroeieclriques (tourmaline , topaze , boracite , calamine) paraissent aussi se reaiiir en uu seiil groupe, celui des cristaux a molecules hemiaxes polysymetriqucs , raais de- pourvues dc ccutru de sy metric, caractcre qui parail preferab'e a celui que Ton a tire jusqu'ici de la dissymetrie des soramets.

On verrn, dans une prochaine communication, que la circon- stance d'etre holoaxes ou hemiaxes, monosyraetriques ou poiy- syiuetriqui's, jou(! pareilloment un role important dans les phe- nomeues d'emboit"mcat et d'hemilropie des cristaux.

Voici les symbolcs de symetrie des molecules, pour lesdiffe- rents cas aujourdbui couuus de cristaux meriedriques.

Dans le systenie terquaternaire ,

(4L=, 3L.,C, 3p), sulfure defer, arseniosulfure de cobalt, etc. ;

(4L;, sL.,, OC, GP ) , sulfure de zinc , cuivre gris, boracite, etc.

Dans le sysleme senaire,

(^=, 3L,, OC, OP), quartz;

(A,, 01,, C, II), apatite.

Dans le systeme quaternaire ,

( A„ 2L,, 2L/, oC, OP) , wernerite;

{^ii Ol'o, C, II) , chaux tungstatec, plooib lungslate , etc. ;

(A,, 2L'o, oG, 2P) , cuivre pyrlteux , eJingiouite.

Dans Ic sysleme ternairc ,

( Aj, OL,, G, OP ) , craitonite , dioptase i

(A,, oL„, oC, 3P) , tourmaline.

Dans le systeme terbinaire,

Extrait tie Chutllnt, !"• seclioii, 1849. 12

90

(Aj, L,, I/;, OC, oP) , m.'inganitc, sulfate de magui'sic,eU'.-, (A., oLj, OC, P, P') , topaze, calamine. Dans le systeme binaire,

( A,, oC, oP ) , acide oxaliqne , acide lartrique, Sucre candi, ele.

Lescas de meriedrio indiques par la theorie etant au nombrc dc 3 1 , ft, sur ce nombre, douze cas seulement ayaot etc ob- serves, il y a lieu d'espi'rer que des recherclies ulterieurcs en feront decouviir plusieurs ospeocs nouvelles,

Siance du 24 novembre 1849.

Chimie. Bccherches sur le &onjre\ par M. Ch. Brame. M. Rramc expose les resul lilts d'un eerlain nombre de rechercbes qu'il a entreprises sur Ic soufre.

I. Monvtment molecutuire sensible dans iin corps d'lq^parcme

soliUe.

Sous loutes les formes , le soufre peut emettre dc la va- pour a la temperature ordinaire, on trouve des cristaux naturels qui sont eux-memes dans ce cas. M. Brame le demontre au moyen de lames d'argeul ou de pieces de monnaie d'argenl, qui se coloreul diversement k distance par I'actioQ de la vapeur dc soufre, produite a la temperature ordinaire. Dans le passnge d'un eiat, dit allotrope^ a un autre , la quantite de vapeur craise e-.t quclquefois assez grande pour former un depot visible sur unc lame de verre. L'emission ne parait etre aunihilee que dans le soufre cristallise aucieu , d'origine utriculaire ou obtenu par fusion , dans un certain nombre de soufres durcis , ancieus et quelques soufres compactes.

2" Le soufre durci ancien et le soufre vitreux ualurel sont bs plus denses, con\nu' I'ont reconjiu successivemcnl MM. Scheerer et Mareliaii>l, M. Ch. Deville et iM. Brame lui-meme.Or, d'a- pres M. Biame, les soufres qui emcllcnt Ic inoius de vapeur sont en general les plus deuses.

3" En m6me t mi)S que la dmsite s'accroit et (|ue remission dc vapeur diminue, la ebalcur, dcgagee pondaul lu combustion,

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dimiime egnlemenl ft dnns Ic nienie rapport ; il en cstde meme de la chaleur specifique (1).

4* Cependant la qiiantile de vapeur, emisc a la temperalure ordinaire par Ic sonfrc, sous divcrses formes, est loujoursmi- niinc, et ii'est pas en rapport ponderni sensible avec I'accruis- sement de dcnsite et la diminution de caloricite.

Lfs actions cliimiques sont en general d'autant plus encr- piques que la densite est moindre et par consequent que Ic sou- Ire, dnns chaque etat moieeuiaire, est plus reecnf.

De cc qui precede, il doit resulter et il resulte :

Que le soufrc n'arrivc que trcs lentcment au minimum de cohesion ; ce que M. Deville av.iit dcj<i dcduit de sos etudes sur les densiles du soufrc ;

Que Ic mouvement moieeuiaire, qui deterraiue ropacillcation du soufre mou et des aiguilles de la fusion, en diminuaut leur caloricile it nuninicntnnt lenr densite. y pcrsiate apres la iolidi- lieation appnreiito, oommc ccla ressort de remission de vapeur a la temperature ordinaire, de I'accroissement continu de la den- site, et de la diminution d'energicdrs actions chimique?

Aux considerations, qui viennent d'etre relatees , M. Crame ajoute les suivantes :

« J'ai reconnu que le soufre dure! lui-meme pcut eprouverdes variations dans plusieurs de ses proprietes physiques et chirai- ques ;

>> II peut se vernisser ct devcnir plus friahle par Taction de la lumiere solaire ;

(1) D'apies MM. Favre et Silbermann, le soufre cristallistS ancicn, le soiifre mou de trois mois, le soufrc crislallis6 dans ic sulfure dc carbone, celui du polysulfure d'liydrogene et enfin le soufre iiatif d^gagent en briklaiit uii iiom- bre de calories i peu prts egai. Au contraire, le soufre crislaiiise h chaud et le soufre mou donnent un chiffre de calories plus 61eve de 40 unites.

La clialeur sp6cifique des cristnux transparcnts bruns est i ce!le descris- laux opaques et jaunes approximalivement comme 1,021 : 1 ( Scliecrcr et Marchand ).

Dans rexpfirience de M. Regnault sur la solidification du soufre mou, par rapplicalion d'une clialeur au-dessous de 100°, la pcrle de chaleur sY'i^ve Si 16° au inoins

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» II se ramollit par la chalcur liumide (eau a 100" el nu-des- sous) et cnsuite il devient du:'; npres cclail ii'cst plus ();din;ii- ement ramolli par I'eau houillaiite ;

» Lorsque le soufre durci se vcrnisse, lorsque des iitricules cristallisent, etc., Ics actions chimiqiics peuvent etic altcreesou m6mes abolies : ainsi la vapeiir du mrrcure, ctMle dc I'iode , celie d'auires corps sont absorbers avec facllite a la tempera- ture ordinaire par le soufre inou , le soufre durei terne, les ai- guilles de fusion transparentes , ou le soufro ntriculairc, avant la cristallisation ; ces meines vnpeurs nc sont plus absorbecs, ou elles ne le sont que par exception , lorsque le soufre durci s'est vernisse, lorsque I'ulricule a eprouve la metamorphose crislal- line , ou lorsque les aiguilles de fusion sont devenues opaques. »

Relativemeut au soufre vitreux amorphe, M. Brameaobteuu un pareil soufre ( rccouvert d'une gangue opaque, raais vitreux h I'interieur ). Pour le preparer, on coule du souive visqueux dans du sulfure de carbone , et on abandonne la dissolution a une evaporation tres lente. M. Brame observe que, dans ses re- cherches importantes sur les densites da ioufre , M. Deville a pris la densite d'un soufre vitreux , qu'il a trouve a la Guade- loupe et qui etait revetu d'une pareille gangue ; cette densite a 6te trouvee 2,039 ; c'est-a-dire qu'elle est scnsiblemcnt infe- rieuro a celle du soufre vitreux ordinaire, qui peutaller jusqu'a 2,075, d'apres M. Bramc. La faible densite du soufre vilreux de M. Deville sembic indiquer que la condensalion u'y est pas encore complete ; i! est probjible qu'il on estde merae du soufre vitreux artifioiel ; etM. Deville croit, comme M. Brame, que I'etat utriculaire peui y persister. D'ailleurs, nombre de soufres vitreux , cristalliscs ou amorphes, emeltent de la vapeur a la temperature ordinaire , bien qu'ea tres petite quantite, ct tous peuvent etre devitrifies, d'apres les observations de M. Brame, par uuechaleur infcrieure a celle de la fusion ; dans co c. s iu soufro vitreux devient opaque, sans se desogreger ni se ramol- lir, tandis que par la fusion il forme les aiguilles ordinaires.

De tout ccla il resulte :

« Que souvent le repos dans lequel semblent les molecules de soufre n'est qu'apparcnt ;

X 2" Que nous ne connaifsons pcutttrc pas le soufre, dont

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Ic's molecules serait'iit cu cciuiliblc slaliquc, mnis Ics aijiuillrs tie fusion et le sor.fre dnrd nncii'ii , los uti-iciiIi'S cri.vtaiiisets en .ipprochent probnblemeiit Ic plus ;

» S'' Que Tetat cristallin octacdrique ne paralt pas etre lo lermc necessaire vers Icquel tendraienl toutcs !rs antres formes du soufre , la tendance scrait reellement virs I'etat compaclc , amorphe ou cristaUin, vilreux ou opaque \

r> 4" Que la forme et I'etat utriculaire sont le lion necrssaire des faits exposes precedemment, et dcs trois premieres conclu- sions. »

II. lilnl nlr'iculaire da soufre. Intcrprelnt'ion d-; ilivers plienomcnes qui s'lj rapporlcni.

M. Brame a vu des ulricules de soufre, nviintenurs qiialre a cinq mois, eprouvcra volonte la metamorphose cristiiliiie ; 11 a montre, a plusicurs membrcs de la Societe, dcs utriculos couser- vees depuis plusieurs annees.

Non-seulcmenl M. Brame a reconnu que , sous la pluparl de sesformes,lesoufreemetdela vapcur ^ la temperature ordinaire; mais il a vu aussi que, sous toutes les formes, 11 emet de la va- peur blanche , caracterisee par ses depots nu-dessous de 100" ; le soufre mou en produit meme en quantite notable des 46", et il en est de meme du soufre utriculaire (1).

II njontre ues utricules, qu'il forme, devanl laSociete, en di- visant rapidoment, avec le doigt, une goutte de soufre liquide sur une lame de verre. Un certain nombre de ces utrici les cris- laliisent inamediatement, et plusieurs donncnt ainsi dcs oct.e- dres h base rhoiiibe. II fait passer sous les yeux des membrcs des dessins qui representent les resultats obtenus en partillc circonstance, ( Utricules en lignes parallelcs, lames cai icis ou obliques? octaedi'os formes immeliatemcnt dans les utricules Ic plus rcfroidies; utricules couvcrtes de pctits prisnies ou em- brassees pir des cristatix, etc. ) Tv but principal de crite ( xpe- ricnce (st de montrtr que, p.ir la grande division que le soufre

(1) L'utricule est la forme souslarniclic Ic poufre 6met le plus ilc vapeur, et cela dfes la lcmp<5raluic ordinaiie. Avec quelques centigrainincs de soufre lUriculaire en pent obtenir une quaiilil^tte vapeur dc soufre condensee, sensible & la balance.

eprouve, au moj'cn de la pression et dc la traction simultanees, il se change en utricules qui se conservent moiies pendant un temps plus ou moins long.

M. Brame fait voir aussi des dcssins, repiescntant du soufre mou', dans lequel on a fait apparaitre des globules utriculaires par les actions meconiqucs, la clialcur, Ips dissolvants, etc., ct dont le tegument avail une texture evidemment utriculaire.

D'un autre cote, le soufre raou , rel'roidi sur une lame dc verre, de maniere a retouriier vers la temperature de la fusion, donne frequemmcnt des octaedres , en grande quantite , lors- qu'on vient a sepnrcr me aniciucmcnr, au moment oil I'adhe- rcnce commence , la portion de la matiere qui est encore li- quidt le soufre adherent cristallisealors en octaedres; M. Brame moutreuneiaraecouverte d'octaedres obtcnusde cttte maniere.

iM. Brame sc resume ninsi :

rermanencc de I'etat utriculaire.

Vapeur de la plupart des furnics du soufre, a la lemperaUirc ordinaire.

Vapeur de toutcs les formes, au-dessous de 100°, ct dc IG" pour le soufre mou el le soufre utriculaire.

Formation des utricules, par la simple division du soufre ii- quide.

JNature essentiellement utriculaire du soufre raou.

Et il dit que, suivant lui, cela explique :

§ I. Les variations de la densite (l) entre le soufre raou, qui a la densite la plus faible, et le soufre durci ancien, les ai- guilles dc fusion anciennes et les soufres vitreux cristallises ou amorphes qui onlla densite la plus forte;

i:° La variation du point de cristallisation (104", 108", 115°) ct la surfusiou;

3" La chalcur degagee pendant la cristallisation , eslimee a 1",5 par MM. Scheerer et Marcband, raais qui est bien plus considerable , sansetrc en quantite constante (Brame) ;

(d) Densite de diverses formes du soufre. (n) S. inou. 1,87 i 1,9319 (Brame), 1,9277 (Dcviile), 1,955 (Scliecrer et Marcliaiul). (A) Soufre durci aiicien : jusqu'i 2,06 {Dc\i:le, Brame). (f) Crislaux de soufre na- lif: nicme dcrisile que le soiifreduici ancien (Soiircrer ct Marchand , Branic). (li) Quel'jues soufres vilrcuN yniorplies : jiis(|u'i 2^075 (Brame).

^^5

4" La metamorphose dcs ciislauK bruns, ou des eristaux jau- ncs transparents , qui deviennciit opaqiu'S et jaunes;

La contraction des eristaux biuiis (i ,3>j5), celle des eris- taux jaunes; cellede la masse cristalline, produite par Ic soufrc foudu brun ou jaune, L'augmentatioa de densite qui en est la suite, et cela, soit qu'on abandonne le soufre a la simple action du temps, soit qu'on h^te la modification par la clialtur, la lu- mierc, ies actions mecaniqiies, etc. ;

C L'experieiice si eonnue et si remarqurible de M. Regnauit «ur le soufre mou. Elevation de 1 1 temjcralure du soufre mou , dans un espace chauffe a QS-QG", jusqu'a 110°; et au-di ssous de la temperature 93-96°, la marche plus rapide du thermome- trc , plonge dans le soulVe mou ,•

7" L'lxperience de M. Woehler : le ramollissement du soufrc mou a 70° (1), celle de M. Brame : le ramollissement du soufre durei , surtoiit vers If tegument, d.ms I'eau bouillanto; ordinai- rem^ntce ramollissement nc pent se renouvelcr, ou du moinsil ne se renouvellequ'une seule fois;

8" Le ramollissement de la fleur de soufre , lorsqu'on cherche ^ la diviser dans un mortier;

La phosphorescence de la fleur de soufre , chaufiee sur une briquechaude ;

10° Le bris du soufre en canons , soit qu'on le tienne entn; Ies mains, soit et surtout par I'application d'une tem] eraturc; plus clevee. L'opacilication des eristaux nalurels dans Ies me- mes circonstances.

§ II. Cela donne des indications pour expliquer :

(a) L'exception preseu'.ee par le soufre , dont le coefficient de dilalalion diminue par uue augmentation de temperature (Des- prelz).

[0) P, r cela meme Ies experiences de M. Dumas, celles de Fraiikenheim,et I'experience suivaute, que rapporte M. Brame, et qui lui appartient : en mettant en contact du soufre durci avec

(1) Aiiisl ramoHi, le soufre mou pcul se conferver encore longlcmps; Ies variaiioiis de iPiiiiieraUire sent litis pcu cflicaces pour en dL'terniiiier la mtHa- nioiiihosc; la liuiiierc est au coiitruiie lixs active, non-seulcintiil la luinit:re solaire, cequi a i'lii cnlrevu , niais niLiiie la liiniiOrc dillusc, (jiii agil rapi- dcmeni.

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de la vapeur de soufre , a unc temptiaturo infiirieure a 200 ', li soufre durci redevient transparent et mou.

(c) Diverscs proprietes du soufre mou et notammeut les effets de la trempe, daus differeuts liquides (eau, ether, essence de terebenthine , sulfure de carboue , ammoniaque , etc.). Dans I'ellier 1 1 1'essenc-' de terehenthine, ie soufre durci est blauc, tan- dis que la parlie di>soule se depose sous forme de cristaux jaunts ou jaunatres.

((/jCequl vii'iit d'etre rapporte eu dernier lieu {c), porte a croirequ'on pcut -^xpliquer aussi de celte maniere diverses co- lorations du soufiv. (jaune, brun, verdatre, etc.).

§ III. Mais tout cela infirme les opinions de Berzelius et de M. Fraiikeiilieim snr les elats du soufre, dits altolropes par Ber- zt'lius, que M. Frankenheim a desigues par les lettres a, j3, y, et auxquels on aassigneles caracteres suivauls :

Gaz Elat. Coiisislancc. Coultur. ou vapeur (1). Sysleme molSculaire.

S. V. Lic;ui(le. Iiicolorc. Gaz x. Pyramidcs rhomboi'dalps

S. ? Liquide. Jaune fonc(5e, ,?. Crist, nionocliniq. (opuq.) S. -/ Yisqucux. Brune, y. Soufie mou.

M. Brame est amcne par ses experiences a n admettre que deux etats du soufre.

Les deux etats sont diff^rents par la consistance, la couleur, la voiatilite, la vapeur, la sohibilite, la densite, Ie point de fusion, la cristallisiHion (peut-etre) et enfin par les actiuns chimiques.

Selon M. Brame, cela explique loutes les anomalies apparen- tcs que presente rhistoire du soufre, envisage cjmme corps ^lementaire, d'autaut plus que les deux etats que presente ce corps peuvent se combintr entre eux.

En tcrminant son exposition , M. Brame annonce qu'il se prononcera plus ncttement sur la nature intime des deux 6tats que presente Ie soufre, lorsqu'il aura pubiie une suite de travaux sur Itsqucls cette exposition est etablie. Ccs travaux sont rela- tifs a la densite, au point de fusion, a la divisibilite, k la cristal- lisation, a la voiatilite et aux actions cliimiqucs du soufre, etc.

M. Brame ne croit pas trop s'avaucer en di^ant que la forme

(1) Les gaz -xet ,= OtaieulbypollitSliqucs; legaz v eslla vapeur rouge.

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et I'eiat utriculaires du soufre jettent beaucoiip de lumiere sur toutes ces questiousqui presentaient jusqu'aujourd'hui bien des probleiT.es delicats a lesoudre.

Sur la conlraclion tie la peauel les mouvenients vermiculaires du scrotum , produils par i" eieclro-magnethmc ; par M. le doc^ teur Browii-Sequard. Tous les physiologistes s'accordent k dire que la contiaclilite du tissu, dont le derma est compose, ne peut etre miseen jeu que par le froid ou par Taction nerveuse. Cette opiuioa est surtout fondee sur ce que I'applieaiion du gal- vanisme au dartos n'a fourni h Jordan que des resuUats nega- tifs. De cette pretendue impuissance du galvanisme , quelques auteurs, J. Muller et Henle entre autres , ont tire la conclusion qu'unc difference essentielle existe entre la contractilite des fibres du derme dartoique ou cutane et celle des muscles de la vie orgauique. M. Brown-Sequardacru interessant de cbercher, a I'aide d'un appareil eleetro-magnetique energique , que M. Rayer a geuereusement mis a sa disposition, si une telle difference existait v^ritablement. Ses experiences ont ete faites sur rhomme et repetees un tres grand nombre de fois. Au scro- tum , la contraction du dartos a ete extreracmeut vive : des plis profonds et nombreux se sout montres, ainsi que des mouve- meiits vermiculaires ou ondulatoires ties rapides. A la peau des membres et particulierement a la face dorsale de I'avaiit-bras , on voit se produire Ic phenomene conuu sous le nom de ciiair de poule : les polls seberissent etleurs buibes fontsaiilicau-debors. II est des individus chez lesquels Taction du galvanisme sur la peau des membres est tres peu prononcee ; chez d'autres , au contraire, et principalement, —chose singuliere I chez quel- ques paralytiques, elle a existe avec une telle intensite que toute la portion de peau ^tendue entre les points d'application des conductcurs de Tappareil eleetro-magnetique etait couverte de petits mamelons coustitues par les buibes des poils. Dans les cas ordinaires la chair de poule n'existe que dans un cerele peu considerable autour de chacun des points d'application des con- ductcurs. Pendant le passage du courant, ces cercles s'agran- dissent peu h peu. Quand on n'huraecte ni la peau ni Textremite des conducteurs , Taction du courant electrique est bien plus Exlrail de t'lmtilui, i'e section, d8/(9. 13

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encrgique ct s'elend a une surface Lien plus grande. On voit quelquefois les polls se herisser sans que leu is bulbcs fasscnt une saillie manifeste.

De cc qui precede il ressort que la contraclilite du dermepeut etre mise eu jeu par relectricite dynamique, dc mt'me que la contractility des muscles de la vie organiqiie. De plus , la con- traction de la peau et celle du dartos possedent, comme celle du tissu musculaire de la vie orgaaique, le double caractere de ne survenir qu'un peu npres le commencement de I'excitation , ct de perseverer quelque temps apres que I'excitation a cesse. La pretendue difference de contractilite signalee par Miiller et Henle n'existe done pas.

M. Kolliker a decouvert rceemment que le dartos et le derme contiennent des cellules allongees, qu'il appelle des fibres-cel- lules musculaires. II a aussi trouve que les muscles dc la vie or{janique ne sent pas composes de fibres lisses , comme on le disait, mais de fdjres-cellules serablables a cedes de la peau. II y a done lieu de se demander si ces fibres-cellules peuvent pro- duirea elles seules les contractions qui occasionnent la chair de poute. M. Brown-Sequard , se fondant sur ce que le nombre de ces fibres-cellules dans le derme cutane est peu considerable, etsur ce que la contraction envabit quelquefois toutc la peau, qui se ride et se fronceen meme temps que les bulbes des polls font saillie , croit devoir admettre que le tissu cellulaire lui- raeme est contractile et participe uotableraent aux contractions du derme.

Seance du 1" decembre 1849.

Sur la vapeur du mcrcurc a la temperature ordinaire ; par M. Ch. Brame. Tension, ahnosphe^c de la vapeur du mer- cure. La vapeur du raercure est-elle soumise comme les autrcs d la loi du melange des gaz et des vnpeurs?

l°Les utricules de soufre sont un reactif beaucoup plus sensi- ble que les lames ou lesfcuilies d'or pour demontrer la foima- tion de la vapeur du mercure a la temperature ordinaire. Ku six rat)is 0ci,009 d'utricuies de soufre ont pris 0^,005 de mercure , tandis qu'unc lame d'or, dans les raemes conditions, n'a pris que 0?,003. Temp. 15 a 20".

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SoL'onguent mercuriel, les amalgames, qui ne donuent pas de vapeur sensible, lorsqu'on emploie I'or, en donneoten quan- tite ponderable lorsqu'on substitue a Tor dcs utricules de soufre. l)e plus, les utricules de soufre absorbent de la vapeur de mer- cure, produite par I'onguent mercuric! ou les amalgames, ea presence de I'or, qui resle intact, bien quo plus rapproche, de la substance eonlenant du mercure.

Au moyen des utricules de soufre, on pent constater que la vapeur du raercurc liijuide s'eleve a un metre et plus a la tem- perature de 12°. On peut constater aussi qu'elie obeit a la loi du melange des gaz et des vapeurs; il suf(it pour cela de les depo- ser au fond d'un tube de 0'",500 de bautcur, et maintenir celui- ci perpendiculaircment sur du mercure, ayant le brillant me- tallique ; le tout etant place sous une grande cloche, les utricules noircissent bientot a une temperature de 12 A 20". Aux utricules, on peut mcmc substitucr des aiguilles de fusion recentesou pcu ancienues, du soufre dure!, etc., etc.; I'effetproduitest lememc. Eulin a 8", on a vu les utricules de soufre absorber du mer- cure a la distance de plusieurs centimetres ; seulement, dans ce cas, elles se colorent en jaune ou en rouge (vermilion).

Si, aux utricules de soufre, on substitue I'iode en petite quantite, la vapeur dc ce corps produite a la temperature ordi- naire, bien qu'en petite quantite, dans I'air des tubes d'un metre i!e long, refoulela vapeur de mercure jusqu'a une certaine hau- teur, ou il y a depot d'iodure. de mercure rouge a la partie supe- rieure de I'anneau, jaune a la partie iuferieurc. Le depot d'io- dure rouge est constitue par de petits cristaux 'tres nets, dans lesquels on reeonuait orcUnairement les deux formes de I'iodure mercurique (octaedre h base carree, prisme droit). La hauteur de I'anneau forme par le depot est, le plus souvent, en rapport avec la temperature; a 12" ei!e estde 20 1122 millimetres; a 26" elje est de 36 a 38 millimetres, etc. Souvent aussi la distance au mercure est en rapport avec !a temperature, mais on nesaurait encore se prononcer a cet egard ; la plus grande distance trou- vee est de 0™,083 a 20° (().

De ce qui precede il resulte que :

(l)Lorsque ces experiences sont bien concluitcsle mercure (10 i 30 g) resle parfaiteracnt pur et brillant.

dOO

Les utriciles de soufre sont un reaclif bieu plus sensible que Tor employe par M. Faraday pour demontrer la volatilite du mercure a la temperature ordinaire.

2" Contrairement aceque Ton croyait, les araaigames et I'on- guent mercuriel donnent de la vapeur a celte temperature.

A le rnercure donne de la vapeur, et 11 ne parait pas alors avoir une atmosphere limitee, comme on ie pensait •, tou- tefois ecci demandede nouvclles experiences.

4* En presence d'un melange d'air et de vapeur de soufre, la Tapeur du mercure obcit a la loi du melange des gaz et des va- peurs, et j'ajouterai quil en est de meme en presence de la va- peur de sulfure de mercure, qui se produit Irequemmeut dans ce cas.

5" En presence d'un melange d'air et de vapeur d'iode, et plus tard d'un melange d'air, de vapeur d'iode et d'iodure de mer- cure, la vapeur de mercure scmble deroger a la loi commune. La densite de la vapeur d'iode et surtout ceile de I'iodure de mercure expliqueut en partic les resultats ; mais on voit trop combien ceci louche aux questions les plusdelicates de la phy- sieo-chimie moleculaire pour sc prononcer definitivement a cet egard. Des experiences du meme genre ontreprises sur du mer- cure globulaire promettent de douner la solution du i)robleme.

Puisque les deux formes de I'iodure mercuriqiie se produi- sent a la temperature ordinaire dans ies memes circonstances, et que I'iodure est rouge sous ses deux formes, on ne pcutplus dire, avec Frankeuheim, qu'^ chacunc des formes correspond une vapeur particuliere.

Recherches sur I'atrophie ct d'aulres alteralions patliologi- (jues, qui onl lieu dans ceilaines paralijsies ; par Al. le d' Brown- Sequard.

I. On s'est fonde sur I'existence d'ulcerations ct d'autres al- terations pathologiques , qui survienncnt aprcs la section du iierf sciatique, pour soutenir que I'absencede Taction nerveuse trou- ble considerablement la nutrition. Nous n'avons pas I'intention dc mettre ici en question I'influence du systeme nerveux sur la luUrition ; nous voulons seuleraent montrer que les fails spe- ciaux relatifs au nerf sciatique n'ontaucunc valour. Voyons cu

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effet ce qui se passe quaud on a coupe le nerf sciatiqiie , soit chcz des Grenouilles, soit chez des Lapins et des Cobaycs.

Quant aux Grenouilles, lorsqu'on a eu soin, en humeetant I'a- nima! , d'evitei I'entree do I'eau, sous la peau, par la plaie, on ne voit siirvenir, apr^s la section du nerf seiatique, aucune alte- ration palhologique, a I'exception loutefois de I'atrophie du membre paralyse. Cliez les Mammiferes, nous avons cherche si Ics alterations qu'on a signalecs n'etaient pas I'effet de la compression et du frottement des parties paralysees contre des corps durs. Henle a emis la supposition que ces alterations peu- vent provenir, en partie, de ce que Tanimai ne sentanl plus les portions paralysees du membre, reste appuye sur elles, de facon a y gener le cours du sang. ( Anat. gener., t. 2 , p. 248. Note.) Pour trouver ce qui en est a cet egard, nous avons coupe le nerf seiatique aussi baut que possible sur des Lapins et des Cobayes. Quelques-uns furent laisses libres dans un cabinet carre!^; les autres furent enfermes dans une grande caisse, dont le fond etait reconvert d'une couche epaisse de vieux linjje, de son ot de foin. En molns de quinze jours, il y avait deja des alterations pathologiques notables chez les Cobayes et les Lapins libres. lis avaient tons perdu les ongles des doigts paralyses; I'extremile du membre etait tumefiee, les tissus, mis a nu, etaient rouges, engorges et converts de bourgeons charnus. Au bout d'un mois, les alterations precedentes s'etaient augmentees et la necrose etait survenue dans lesos denudes. Chez les animaux enfermes dans la caisse, aucune de ces lesions n'eut lieu. Ce n'est done pas le defaut d'action nerveuse qui est la cause de ces altera- tions, mais bien le frottement des parties paralysees contre un sol rugueux et dur. Quanta la supposition d'Henie, relativement au role de la compression seuie, elle est dementie par ces expe- riences, puisque la compression a eu lieu, sans produire d'effet nuisible , chez les animaux enfermes dans la caisse. Pour que les alterations signalees se produisent, il faut qu'il y ait com- pression et frottement contre des corps durs et rugueux.

IL L'atrophie qui survient dans les raembres paralyses par suite de la section des nerfs est-ellc due au defaut de I'aetion nerveuse ou bien a une autre cause? J, Reid rapporte a ce sujct rexperiencc suivaulc : il coupa les raeines des nerfs des deux

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membrcs poslerieurs sur des Grcnouilles, et il fit pas?er chaque jour le long de ccs deux membres un faible courant <;a!vanique. Au bout de deux mois , il trouva que le mcmbre i;ah anise avail conserve son volume, et que la contraction miiscubiire y avait lieu avec cnergie, tandis que I'autrc mcmbre e:ail atropbie de raoitie el que scs muscles se conlractaicnt faiblement. Nous a\ons fait sur des Lapins une semblable experience ; le ncrf scialique fut reseque sur les deux membres posterieurs. Chaque jour, apres I'operatlon , nous fimes passer, par une des jambes , un courant galvaniqno. Au bout de six semaines , nous avons re- con iiu que le mcmbre dont les muscles avaient etc mis en action chaque jour ctait a I'etat normal, tandis que I'autre ctait nota- blement atrophic etses muscles fort peu contractiles.

Nous concluons do ce resultat ce que J. Rcid avait conciu de son experience, savoir que, dans la paralysie consecutive a la section d'un nerf , I'atrophie n'est pas due directemcnt au defaut d'action nerveuse, mais bien a I'inaction prolongee des muscles.

Nous avons fait uue autre experience, dont ie resultat depose encore en faveur de cettc opinion. Deux mois apres avoir reseque un desncrfs sciatiques, sur des Lapins, nous avons constate une atropbie notable des membres paralj'ses et une diminution con- siderable de la contractilite. Nous commencames alors a salva- niser ces membres, et nous continuames a le faire pendant six semaines. Deja, au bout d'un mois , ces membres paraissaient redevenus aussi {jros que les membres poslerieurs des memes animaux, dont le nerf sciatique etait intact. Au bout cle six se- maines, nous tuames ces animaux, et, apres avoir mis a nu les muscles des jambes, uous trouvames la contractilite, chezcliaque animal , egalemcnt forte dans le cote paralyse et le c6te intact; elley dura le meme temps, et la rigidite cadaverique y survint simultanement. En pesant les deux jambes comparativement, pour chacun des individus, nous trouvSmes qu'clles avaient son- sibleraeut le nicme poids.

Les membres paralj'ses, deja atrophies, pcuvcnt done rega- gner leur volume et leur contractilite, apres les avoir perdus, malgre I'absence de Taction nerveuse.

Les contractions muscu1aires,exciiecs par Icgalvanismo, sonl si propres a faire grossir les muscles, que dans ud cas d'alrophie

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des muscles du merabre inferieur, cluz un jeune homme, daus I'espace de six jours, sous I'iufluenco d'uini f^ahanisation cx- ti'emeraent euergique , il y a eu line augmentation de 2 centi- metres I au mollet ct de r> centimetres a la partie superieure de la CLiisse. La circonference du mollet, 'jui etait de 2.8 cenli- meiresi, atteignit 31 centimetres; celie de la cuisse qui etait de 37 centimetres, arriva a 42 centimetres.

Si ies muscles peuvent etre mainteiius ou rameiuis a I'etat nor- mal par uue galvauisation rcpetee chaque jour, nous croyons qu'il sera important d'employer cet agent d'excitation daus des cas de paralysieoii, jusqu'ici, Ton n'en avait p:is fait usage dans le but que je ^ais indiquir. Dans des cas d'hemiplcgie, ou de paraplegic, dus a une lesion des centres nerveux susceptible de guerison, eomme I'hemorrhagie cerebrale, par exemple ; dans des cas aussi de lesion des troncs nerveux pouvant se terminer par u;;e regeneration uervpuse, 11 pourrait arrivcr que le sys- teme nerveux ue retrou\at son pouvoir d'agir sur Ies muscles que lorsque ceux-ei scraient deja tellcment atropliies que Tin- nervation motrice iiit impuissante a y determiner des contrac- tiou'i. Ou concoit que si, dans des cas pareils , on avait employe le galvanisme, uon pas pour combaltrela cause de la paralysie, mais pour cmpecher Ies muscles de s'a(!0j)liier , ils se teraient Irouves prets a obeir a I'iunervation motrice ie joijr oil celle-ci serait redevenue possible.

M. de Caligny communique a la Soeiete une note sitr un nouvenn motcur hydraulhiue de son invention.

J'ai communique a la Soeiete, en lS-(4 , des moleurs bydrau- liques a niveaux conslanls , de mon invention, et je me suis etendu dans diverses cireonstances sur l',;vantage qu'il y a a employer des tuyaux-soupapes dans ies cireonstances oil cela se pent. Mais ce que j'ai dit ne snffisait peut-etre pas pour montrer a quel degre de simplicite on pouvait etre conduit dans Ies applications de ccs idees.

Uu seul bout de tuyau toujours ouvcrt a ses deux extremites f;t portant a cbacuuc d'elles un lebord annulaire exterieur suf- lit pour ouvrir et I'ermcr alteriiativenniU deux orifices annu- laires superposes, et separes I'un de I'aulre par un plan hori- zontal exlerieurement a cc bout de tuyau dont cbaque rebord

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annulaiie vienl altcrnativenieat pressor le pourlour de I'orifice circulairc de ce plan qui separe deux biefs!. II est a peine ne- cessaire d'ajouter que deux sieges annulaircs fixes sont dispo- ses I'un au-dessus, I'autre au-dessous de ce plan horizontal pour recevoir alternativement celledes extreraites du tuyau qui vient s'y poser. L'autre extremite s'appuyant sur ce plan je suppose d'abord qu'on fasse fonctionner ce tuyau-soupnpc instantand- ment aux epoques voulues ; avec ce seul tnyan-soupape, une chuie d'eau peut faire fonctionner deux pistons motcitrs au nioycn de leurs contrepoids ou ressorts.

L'un de ces pistons se msut dans un corps de pompe dispose au-dessus de rorifice aunulaire d' admission ^ I'autre dans un corps de ponape dispose au-dessous de I'orifice annuiaire de de- charge. La partie inferieure de ce dernier piston est toujours en communication avec I'eau du bief inferieur ; la partie supe- rieure du premier pcut etre toujours en communication avec I'eau du bief supericur , ma's cela n'est pas indispensable. Je suppose roritice de deeharge ferme en vertu de la descente du tmiaii-soupape. L'eau moirice entre dans le systerae. Elle agit de haut en bas sur le piston inferieur en vertu de son poids, et permet a un contrepoids ou a un ressort de relever le piston superieur puisqu'elhpressecelui-ci par dessous. Si le tnyau-sou- papc etant releve ouvre I'orifice de deeharge et ferme I'o- rifice d'admission, la colonne liquide conlenue sous le piston superieur agil par succion sur ce dernier, et I'effort est assez sensiblement constant, parce que l'eau du bief superieur entre par dessus pendant que la colonne aspirante diminue de lon- gueur. Je dois rappeler a cctte occasion que I'ideo de rendre sensiblement constanle Taction d'une machine a colonne d'eau aspiranle et a ires peliles vilesses appartient k Westgarth.

Pendant que le piston superieur descend ainsi en vcrUi de I'aspiralion et de la pression directe donl la somme reste assez sensiblement constante malgre la variation desdeux elements, le piston inferieur se releve au moyen d'un contrepoids ou d'un ressorl, puisque la colonne variable comprise au-dessous du piston superieur, et au-dessus du niveau du bie( inferieur n'a- git quetres peu sur ce piston inferieur , agissantprincipalement sur I'autre en verlu de la succion.

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N'exposant en ce momeut qu'un principe, je n'entre pas ici daus les details d'executiou , je n'examine pas si la tij^je du pis- ton inferieur doit traverser le piston superieur , ou agir sur la resistance a vaincre au moyen de pieces inferieures, etc. Je di- rai seulemtnt quelques mots des precautious a prendre pour que i'eau ne se perde pas inutilement pemlant que la soupape se leve ou se baisse, en preveuant d'ailleurs que i'on pourrait au besoiu employer deux tuijaux-soupnpcs^ un pour chaque orifice, un des tuijanx-soupapes etant alors plus Iaro;e que I'autre. II n'est pas neccssaire d'entrer dans ces details. On coucoit d'ailleurs que dans les circonstances ou un tinjau-soupape doit fermer par dedans et pai" dehors, pour bien boiuher xuiejentc anmdaire, en meine temps qu'elle ouvre ou fenne de grands orifices, on peut y parvenir sans Irotteraent , la section de sa parol etant semblable a celle d'un T, c'est-a-dire le luyau-soupape ayant un rebord annulaire a I'interieur , et un rehord analogue a I'ex- terieur, soit a une de ses extreinites soit aux deux si cela est uecessaire.

Un disque horizontal circulaire est fixe par une tige au piston superieur. Quand celui-ci acheve sa course descendante, le dis- que est pres du plan horizontal qui separe les deux biefs. Alors la soupape peut se relever sans qu'il soit indispensable que ce soit Ires vite, paroe que s'il se perd un peu d'eau , il ne s'en perdra que tres peu, les deux orifices etant en communication seulement par I'espace annulaire compris autour du disque, et il est a remarquer que ce disque ne gene pas bien sensiblement la descente de la colonne liquide a I'epoque oil se fait I'dspira- tlon^ parce qu'il descend avec cette colonne.

A I'epoque oil le piston superieur est releve, le meme effet d'interruption momentanee se produit au moyen d'un second diaphragme inferieur au premier et dispose sur la meine tige. Mais il faut remarquer que la descente de celui-ci ne doit pas etre sans influence sur rorilice de decharge , el qu'il sera bon de lui donner une forme coni([ue analoiiiie a c 'lln d'un pavilion do Irompette dont le soiiimet s latourne vers le haut. II sera bon do donner aussi une forme analogue au diaphragme superieur a cause dcs effets qu'il eprouvtrii en reniontmt. Cclui-i-i, s'il etait scul, pourrait peul-etre avoir un diainetre qui ne diffe-

Extrait lie i'lnstUitl , I's section, 18/19. 14

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rerait pas beaucoup de celui de I'espace cylindrique ou il jouc , mais pour le disque inferifur il faut tenir compte de ce que la resistance passive qu'il eprouvera en remontant sera notable, si la Vitesse est un peu grande ra^me quand son diametre sera rcduit, paroe que le tnijau-soupape fermera I'orifice annulaire de decharge. II faut done tenir conopte de cette circonstance en disposant a la hauteur du plan de seporation des deux biefs line piece annulaire fixe, qui permeltra de diminuer le diame- tre des disques mobiles.

On pourrait a la rigueur se debarrasscr de ces disques , an moyen de I'lnerlie del'eau contcnue dans des tuyaux diverfjents qui seraieut disposes exterieurement a I'orifice de decharge , au moyen de couronncs fixes deslinees a taire en sorte que les ex- tiemites convergentes de ces luyaux ne communiquent qu'avec I'appareil. On concoit en effet que I'inertie de cette eau, si les tuyaux divergents etaient assez longs, suffirait pour permettre d'ouvrir et Icrmcr alternalivement les deux orifices superposes, sans qu'il resultdt d'inconveuieut bien sensible de leur commu- nication raomentanee. Dans cette hypothese, il serait tout au plus utile de conserver le diaphragme superieur dont on pour- rait augmenter le diametre , sauf la resistance provenant de cette augmentation au commencement de sa levee.

II est a remarquer que la presence de ces tuyaux de decharge divergents suffirait pour permettre d'employer la Vitesse acquise de I'eau a faire fonctionner les pistons par succion, comme dans d'aulresappareils que j'ai presentes k la Societe, et qui permeltent de debiter d'autant plus d'eau que les chutes motrices sont plus diminuees en vertu des variations d'une riviere. Cela est du moins evident pour le cas oil Ton suppriraerait le piston infe- rieur, qui ne remonte d'apres la description precedente, ab- straction faiie (le cette consideration, qu'en vertu d'un contre- poidsoud'un ressort. II est d'ailleurs a remarquer que si Ton supprime I'un ou I'aufre des deux pistons , en le remplncant bien entendu par une surface fixe , ce qui serait necessaire dans I'un ou I'autrecas, comme i! passcrait moins d'eau b. ehaque periode par ehaque orifice, la liauleur due a la vitesse de I'eau serait moindre , ce qui diminuerait la perte de force vive. De ra6me la Vitesse d'enlree ou de sortie depend jusqu'a un cer-

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tain point des diametrcs des pistons. Ce peu de mots suffit pour indiquer sur quelles bases doit etre etabli le calcul des dimen- sions de la machine qui fournissent I'effet uule maximum. Mais pour entrer dans plus de details il faudrait connaitre plus positivement la quantite de travail necessaire pour faire foiic- tionner un tuyau-sotipape d'uue grandeur donnee , paree qu'il est bon de n'avoir pas a le faire fonctionner trop souvent pour obtenir un certain travail moteur. On peut remarquer aussi, quant au diaphragme superieur, que si en vertu des dimensions du piston superieur il ne monte pas trop haut , la resistance passive qu'il eprouve a la fin de son ascension est moins ina- portante.

Pour faire fonctionner le tmjau-soiipape , on peut employer un syslerae analogue au balancier hydrauliquo employe pour la premiere fois par Denisart et de la Deuille, les invcnteurs de la machine a colonne d'eau , et dans lequel une meme masse d'eau part ailernativement d'une extremite a I'autre d'un balancier, qui par cette raison acheve sa course de lui-meme, quand une de ses extremites a ete relevee audessus du plan horizontal. Je n'entrerai pas ici dans les details sur la maniere do disposer les points d'arret, les rainures qui permettent la liberie dfs cour- ses, etc. Je ferai seulement une remarqne nouvelle, c'rst que ce balancier mis en mouvement par la tigc d'un piston pouvant ^tre dispose beaucoup au-dessus d'un corps de pomp ' , jouit de la propriele de pouvoir fournir des courses considerables merae au moyen d'une petite chute , a cause des points d'application que Ton choisit pour la tige du piston, etc.

Seance du 8 decembre 1849.

Note sur les coiirants induits Wordres super ienrs, par 51. Vcr- det. On appelle courants induits du second ordre ceux qui se developpent dansun conducteur lorstju'un conducteur \oisii» est traverse par un courant induit ordinaire. M. Heniy,de Piii- ladelphie, a qui Ton doit la decouverte de ces couranis, les a consideres comme formes de deux couranis successil's de direc- tion contraire, maisil n'a pas donne dc preuve expcrimentale de son hypothfese. « J'ai peuse, dit M. Vvrdct, qu'on pourrait ma-

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nifesler la constitution des courants inJuits du second ordre par leurs actions ckctro-chimiques, et j'ai ainsi obtenu la conllima- tion des vues theoriqups dc M. Henry.

>> A cet effet, j'ai fait communiquer i'un des fils d'une bobine a deux fils avec une pile voltaii^ue , et I'autre avec une deuxieme bobiiie a deux fils. Le second fil de cette nouvelle bobine etnit mis rn rnpport avrc un vollamctre ordinaire plein dVau acidii- lee. Par cette disposition, en interrompantou en fermnnt le cir- cuit traverse par le couraut voltiiique, je produisais dans la pre- miere bobine un coiirant induit (]ui tiaversait nupsi le premier fil de la seeonde bobine et developpait dans le deuxieme fil un courant induit du second ordre par lequel I'eau acidulee du vol- tametre pouvait etro deeomposee. L'interruption ct la fermeture du couiant principal s'obtenaieut a I'aide d'une roue dentee, et un commntaleur semblnble h celui de MM. Masson ct Breguet ne laissait circuler dans la deuxieme bobine que les cou- rants directs , developpes an mom(Mit de rinlerruption du courant de la pile.

» Le premier fil de lasecoude bobine etaitdouc traverse par un grand nombre de courants induits siiccessil's de direction constante. Si I'bypothese de M, Henry etait exacte , le deuxieme fil devait faire passer dans le voltametre une succession de cou- rants de directions nlternativement opposecs, et par consequent on devait obtenir dans chacune des eprouvetfes placees sur les electrodes de Tapparuil un raelanged'bydrogenc et d'oxygene.Tel aete efftctiveraent le resbltatde mes expe:iences : j'ai toujours trouve dans lesdeux eprouvetlesun melange explosif, seulcment la proportion dos gaz melanges a varictrcs irrrgulierementd'une experiei.ce a I'autre, et n'a d'aiileurs pas ele la meme dans les deux ('prouvcttes, dv facon qu'il m'a ele inipossibie de veri- fier, si, comme ii y a lieu de le peuscr, d'aprcs les considerations dovoloppees p;ir M. Henry , les deux couranis sucecssifs qui constituent le conrant dn second ordre font circuler dts quan- titese-^alesdcleciricite. La cause des irregularites se trouve evi- d"niment dans la recoraposition particlle qui doit s'effectuer cutre I'bydrogene el I'oxygene degages presque simultanement sur la m6me lame metallique, et dans la seris L'oxydations et de desoxydations qu'eprouvent les lames sous rinfluence de ces

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deux gaz. Ces oxydations ttcesdesoxydations sc sontfrequem- ment manifestees dans mes experiences par la production d'une poudre noire a la surface cies electrodes comme dans Ics expe- riences bien connues de M. Delarive, sur les courants alterna- tifs transmis par Ics liquides.

» Chacune des deuxbobincs dont j'ai f titusageelaitformee de deux fils d'un millimetre (le (liametre et d'environ 500 metres de longueur enrouies ensemble et parfaitement isoles I'un de I'autre, ainsi que je m'en suis assure plusleurs fois. La pile etait une pile de vingt elements de Buiisen (1). Cinq ou six minutes suffisaient en general pour de^ager trois ou qnatre centimetres cubes de melange gazeux. Eufin , dans la plupart des experiences, j'ai introduit dans le premier circuit induit un voltameire afin de reconnaitre si le comraulateur ne se deran- geait pas et ne laissait reellemcnt passer que des courants de di- rection constante.

II cst<i peine neccssaire d'ajouter qu'en disposant le commu- tateur de raaniere a laisser passer les courants inverses en arre- tant les courants directs, les resultats; des experiences scut de- meures les meraes. »

Seance du 15 deccmbre 18/i9.

M. Jules Haime anuonce la decouverte qu'il vieut de faire d'un polypieroide siliceux dans les' Polypes de la famille des ytniipaihidees. « Jusqu'apresent,dil-il, on n'avait pas signale la presence do la silice, du moins en proportions notables dans d'autres animaux que certains genres d'lnfusoires et dans les Spongiaires ; et Ton avaitadmis generalement que les tissus der- miques ossifies ot eonstitnant un polypier proprement dit, ou senlement un polypieroide , sont essentitllement formes de cal- caire cbez tous Us Polypes auquili M. i^lilne Edwards et moi- meme nous avons donne le nom de Coralliaires. Aussi ai-je ete fort surpris, iorsqu'en etudiaut au microscope les parties eoriaces qui recouvrent I'axe d'apparcnce cornee, ou le sclero- bcise, de V Anlipathes cjlaberrv.na d'Esper j'ai vu que le derme de

(1) Lc commutateur portait vingt-cinq denls siir chaque roue et faisait environ quatre-Yingts tours par miuule.

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cc Polype est consolide par un polypieroide, forme de filaments tres abondants et tres semblables a eeux qui constituent le lissu des Eponges communes. Ces fils sont tres longs, tres greles, Lyalins, cylindroides , extreraement encbevetres ct rarement ramifies. Leur grosseur varie pcu et leur dinmetre nioyen est d'environ un 35ede millimetre. Eu nnalysaut ce polypieroide, ajoute M. Jules Hairae, jc I'ai trouve compose en majeure par- tie de silice, mais il coatient en outre un pen de phosphate de chaux , un peu de magnesie et enfin une tres foible proportion de carbonate de chaux.

Ce sont bien, on le voil, les memes elements que ceux qui entrent dans la composition du polypier des Zoanthaires scle' renchymateux ordinaires; seulement ils se trouvent ici dans des proportions tout-a-fait inverses.

Seance du 15 decembre 1849.

Physiologie vegetale. De I'origine et de la nature des leniicelles. Sous ce titre M. E. Germain, de Saint-Pierre, lit I'extrait suivant d'un ra^moire contenant les resultats d'observa- tions qu'il a faitcs sur ce sujct.

« Les lenticelles sont de petits organes qui appartiennent ^ I'ecorce d'un grand nombre de vegetaux, et qui se presentcnt a la surface de I'epiderme, sous I'apparenco de rugositcs brunfi- tres, de forme ovale ou eliiptiqup. Une lenticelle se compose d'un bourrelet circulaire, au centre duquel se fait jour un noyau cen- tial. Quelquefois le bourrelet est seul visible a I'exterieur, quel- quefois c'est le noyau seulement. Dans tous les cas, la masse brun^tre fait saillie a travers une feiite longiludinale de I'epider- rae, qui se prolonge h mesure que I'organe auquel e!le donne passage grossit et distend I'ouverture.

» Les opinions dmises par les botanistes observateurs qui se sont occupes de la nature et de la structure des lenticelles sont contradictoires enlre ellis. Guettard (admis a rAcademic dos sciences en 1734) les considera comme des organes glanduleux, et lesnomma glandes knticulaires. De Candolle (182c) crut voir chez ces organes les bourgeons des racines qui se develop- pent sur les tiges pendant leur sejour dans la terre humide. M. Hugo [\lohl (1832-183G) demontra que l'opiiii::»u de Do Cau-

Ill

doile n'etait pas fondee, et etablit que la production des lenticel- les est analogue h celle du liege, mais que cette production, au lieu d'etre le resultat d'une hypertropliie de la couche subereuse de I'ecorce (eouche celluleuse sous-epidermique) est le resultat d'une hypertropliie de la couche herbacec (couche celluleuse si- tueeentre la couche subereuse ot le liber). M. linger (1836) considera les lenticelles comnie dis stomates degeneres et con- tenant uu organe reproductcur analogue aux bulbilles; plustard (1843) le ra6me auteur, dans unouvrage pul)lieen commuuavec M. Endlicher, adopte la nianiere de voir de M. Mohl.

» L'origine et la nature si contestees'd'un orj^ane en apparence si simple, me determinerent a de nouvelles recherches. Je fis choix, comme sujet d'observation, du Sureau [Sambucus nigra) ; les lenticelles de cet arbre sont abondantes, elles ont un et jus- qu'a deux milliinelrcs de diamelre transversal el longitudinal.

» Je constatal d'abord les faits negatifs suivants : a au- cune epoque de leur existence , les lenticelles ne sont le siege d'aucune sccrelion et ne peuveut etre considerees comme des glandes ; 2" les stomates, loin de s'hyperlrophier, s'alrophlent a mesure que repiderme vieiilit et n'ont aucun rapport avec les lenticelles ; les racines qui naissent sur les boutures appa- raissent generalcmcnt sur des points oil il n'exislait pas de len- ticelles ; 4" enfin , sur les points oil 11 exi&te des lenticelles il ne se developpe ni bulb;s ni bourgeons.

» Je constatai tnsuile Its faits positifs suivants : fie bour- ri'let des lenticelles provient d'une hernie de la couche celiulaire sous-epidermique, dite couche subeieusc; ct le noyau central provient d'une hypertrophic de la couche celiulaire situee sous la couche precedeute et dite couche herbacee ; le lissu cel- iulaire qui conslitue les lenticelles se desseche de Texterieur a I'inlerit'ur et au bout d'une nnnee d'existcnce oe tissu est desse- che d;inb toute sa profondeur ; en fiiisant sejourner les tiges dansl'cau ou la tcrre liuniiile, Its lenticelles se boursouflcnt, par buite du gonflement des ciliulcs qui finisscnt par se degager par massi s araorphes au bout de sept a huit jours ; enlin, dans le centre de plusieurs lenticelles appartenant a une memo tige de Sureau, j'ai trouve un petit corps ovoido-cylindrique d'un blanc luisant, place verticalcment et libre dans une cavite moulee sur

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lui ; celte cavite etait creusec en particdans la couche hcrbacee, en partie dans le liber; pcut-etre a-t-on pris pour un bulbille ce corps qu'il n'est sans doute pas rare dc rencontrer et que je regarde commeetantprobablement la nymphe d'une tres petite espece de Diptere ou d'Hymenoplere.

» J'etais arrive , relutivtmcnt a la structure des ienticelles, a pou pres au naeme resultatque ftl. H, Mohl ; les Ienticelles etaieut bien reellement des hypertropliics du tissu cellulaire sous-epidermique; sculeaient j'avais constate, en outre, quenon- seulement la couche hcrbacee, mnis aussi la couche subercuse, concourent a leur formation. II me restait a determiner ror/grme de ces hypertrophies.

» Eu exan.inant, dans ce but, I'epiderme , dopuis celui du bourgeon jusqu'a celui de la tige adulle, je remarquai que t/ics les ticjes encore a I'etai herbace I'einderme est parseme depoils courts et rakles : ces po'ih sonl a propreinent purler des pince- ments de I'epiderme. La base de ces pincements est longue et etroite , la plupart sc termincnt par un tres petit aiguillon cro- chu ; d'autres ne se termiuent pas en aiguillon, leur partie cen- trale est alors plus ou moins saillantt- mais obtuse, et d'une teinte blanchatre. Un peu plus tard celte partie centraledu soulevement de Vepiderme, qu'elle se prolonge en airjuillon, ou qu'elle conslitiie xine clevure Mousse , se desseche , brunit , se fendille et se detruit; il en requite une etroite fissure brund- tre. Cest par cette fissure que fait leniement eruption le tissu cellulaire sous-epiderm'iqnc qui const'ittie la lenticelle ; cc tissu, d'abord blanchatre, ne tarde pas a brunir en sedessechant. L eruption du tissa cellulaire, a travers cette ouverture, re- sulte de la tendance generate du tissu cellulaire vivant a s'epancher par accroissement , et a constituer des bourrelets parlout oil il se trouveen contact avcc I'air exterieur ,■ & moins qu'il ne soit atteint d'une dessiccation rapide.

» Une lenticelle est done tine hijpertrophie locnle du tissu cellulaire sous-epidcrmique tant de la couche subereuse que dc la co2ichc herbacee, dunt la naissance est detenninet'. par le contact de I'airsur le point oil I'epiderme a subi une perte dc substance par la destruction d'un soulevement prealable de rcpidcrme.

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» La forme de la lenlicelle est d^termin^e pir la fissure etroite qui lui sert de filiere et par la dechirure de la hemic superfl- cielle par la hernie profondei

» Les lenlicelles ont-elies pour usage physiologique de rem- placer les stomates ob!itere3 en raettant I'enveloppe Fierbac^e ea rapport avec I'air exterieur? La surface morte et dessecliee des lenlicelles ne nae permet pas d'admettre cetle hypothese ; /c re- garde les lenticelles comme fa'isant office de coins pour fendre de dedans en dehors I'epiderme'clevenu trop etroit pour la tige qui aiigmente de d'tametre.

y » Des observations que je me propose de continuer tendent en outre a me faire regarder la production des elevures subereuses si reraarquableschezrOrme [JJlmus campestris)^ et peut-^lre la production du li6ge chez le ()Mercw5 suber, uon-seulement comme ^tani d'une nature, mais encore comme ayant une origine ana- logue sinon absolument semblable a celle des lenticelles.

o On pensait que les lenticelles appartiennent exclusivement aux tiges ligneuses \ j'en ai rencontr^ de bien developpees sur le petiole des feuilles de Sureau ; et vers la fin de I'automne j'en ai reraarque h la base des tiges du Malva sylvestris* Enfin, j'ai observe, mais seulement a leur periode avancee, sur des raci- nes vivantes de Charme {Carpinus Betulus) raises bors de terre par un eboulement depuis plusieurs annees, et sur les racines napiformes du Dahlia des elevures subereuses qui ne m'ont pas paru diff6rer des veritables lenticelles. »

Ebpetologib. M. Aug. Dumeril , agr^g^ h la Faculty de medecine de PariSj communique k la Society les premiers ti- sultats de recherches experimentales relatives k la temperature des Reptiles. Ses observations n'ont porte jusqu'ici que sur les Bairaciens-Anoures (Grenouilles) et sur les Ophidiens. II en a d^duit les conclusions suivantes :

La temperature des organes ;int6rieurs de[ la Grenouille de- passe celle du milieu ambiant; cette difference, qui est con- stante, est faible cependant, quand I'observation est faite dans des conditions conveuables pour n'apporter, en quelque sorte, aucune modification au genre de viehabituel des animaux; elle n'a pas, en effet, ete une seule fois de plus de^ degre el elle n'a ete, d'autres fois, que de ~ et m^mc de \ de degrd. Si, de Extrait de Plnsiitut , !'• section , 1849. i5

nil

I'eau k -f-l'*° ou IS" ou efles vivent habitucllcmenfe, pendant iTilver, dans la mdnagerie des Reptiles, on transporte de»Gre- nouilles dans de I'eau a -|-8° ou 6", leur temperature s'abaisseno- tablement, car de 15° a 16° au plus qu'elles portaient d'abord, ellesdescendent a-j-8» l et ra^e jusqu'a -f-S". Pendant l heure nainutes que I'experience a dure, le thermometre plac6 daus le cloaque a, malgrd cet abaissement, toujours indiqui un chiffre superieur acelui du thermometre qui sejourDait dans I'eau. Lea limites deces differences ont 6te, d'^une part, ^ de degre, et de I'autre 5^;, mais c'est le plus souvententre ce dernier nombre et I dedegr6 qu'elles se sont maintenues. C'est quand I'eau a etc le raoins chaude que la Grenouille , resistant k ce refroidisse- ment , non-seulement n'y a pas participe , mais a mfime pro- duit un peu plus de chaleur. On n'a trouv6 , en effet , le maxi- mum -{- 8«f que dans les momentsou I'eau de -f- etait des- ecndue a+ ^ ou 4-6°v-

Ainsi les Grenouilles jouissent du pouvoir de se maintenir & une temperature un peu superieure i celle du milieu arabiant. Elles s'y maintieonent , alors meme qu'elles ne resistent qu'in- compl^temeBt a un abaissement merae assez peu considerable de la temperature de ce milieu. Eofin , il y a de grandes precau- tions a prendre , en exp^rinjentant, poureviter I'echauffement de ces aniraaux ; car si ee dernier 3 des limites bien d^termi- n^es, quand celui du milieu est considerable, corame I'ont montre les experiences de F. Delaroche , il pent cependant arriver k egaler la temperature de I'eau que les Grenouilles habitent , lorsque cette eau , commo il I'a egalement prouve , n'est pas chauffee au dela de 26", et que I'evaporation pulmo- naire et cutanee est rendue impossible par une immersioc complete.

Si la temperature des Serpents est , peut-etre , quelquefols inf6rieure a celle du milieu environnant , quand celui-ci porte -j-SO' a 30", elle pent, dans certaines circonstances, cette temperaturo, exterieure reslant la meme, lui etre ^;jale; et sept fois sur seize elle lui a ete superieure de moins de ou de 1 [, Cette difference est done bien ?Tioins considerable qu'on ne serait tent6 de le croire , d'apres I'observation unique de Hunter, qui a trouv^ dans I'estomac , puis dans le cloa-

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que (I'une Vipei-e bien portante, 5»i- de plus que dans I'air environnaDt.

La temperature des Serpents est dans une relation remarqua- ble aveccelle du milieu qu'i Is haliitent. Ainsi lesBoas constric-- tcurs, en s'enroulant &ur les brauthcs plao^es dans leur cage , se tiennent, lorsqu'ils ont cett« position , dans une region ^ga- lenaent distante du plafond (jriilage de cettecageet du plancher qui en est la partie la piuschaude, a cause du volsinage des tuyaux ou circule I'eau de t'appareil de chauffage. lis partici- pent aiors, ie fait a et^ plusieurs fois constate, h rabaissement de temperature de cette region raoyenne, lequel est de !• a 3', car la leur propre ne Ta emporte sur cette derniere que de ^ ou ^ de degr^ , lui a ete une fois egale et une fois cnSnae inf^rieure d'un peu moins de | de degr^.

Si , au contraire , on soumet des Couleuvres k collier h une chaleur beaucoup plus considerable que celie qui les environne babitueIlemeDt,on les voit n'of frir qu'une resistance incomplete 6 I'echauffement de ce uouveau milieu, Elles peuvent arrive? jusqu'^ -J- 89" ^, dans de fair sec , sans inconvenient ; mais si leur temperature d^passe ce terme , la mort est la consequence de cet accroissement de chaleur interieure , car une Couleuvre est morte a -|- 41° , el une autre h -j-^O" ^ , I'atraosph^re am- biante etant , dans le premier cas, a -|-45'' et a -4-47" dans le second. La chaleur humide est cependaat plus longtemps sup- portee par ces Ophidiens que la chaleur seche, puisqu'un de ces animaux maintenu , sansaucune g^ne pour sa respiration , dans une eau A -j-44"' , a , peu a peu , pris une temperature presque semblable, et n'a succomb^ qu'i -j- 4 i , c'est-i-dire en ne portant que r ^ de moins que I'eau. La force de resistance des Serpents k I'echauffement n'est done pas aussi considerable que celle dont les Grenouilles sont douses et qu'out d^montree les experiences deF. Deiaroche ; ce qui pent tenir, ainsi qu'il fau- dra s'en assurer par de nouvelles experimentations , k la diffe- rence offerte par les teguments. Cliez les Serpents, eneffet, dont toute la surface du corps a un revetement ecailleux , I'eva- poration doit etre beaucoup moins facile que chez les Batraciens qui ont la peau completement nue.

La chute de I'envfiloppe epiderraique , ou raue , apporte, chee

116

les Pythons , une trfes l^g^re modification h leur temperature , consistant en un faible abaissement , si I'on compare le Serpent au milieu dans lequel il vit , ce qui ne peut dtre note que dans pelle des p^riodes qui precedent la mue , ou ie defaut de trans- parence du liquide epanche sous I'epiderme et , en particulier, au devant des yeux , les rend opaques et leur donne une appa- rence laiteuse.

L'acte de la digestion , chez les Pythons , el^ve d'une fa^on notable leur temperature compar^e h celle du milieu dans lequel lis vivent. L'eievation varie Ie plus habituellement de 2" h 4". L'observation , suiTie pendant un temps sufflsammentprolon(>e, met encore mieux en lumiere , en Ie completant , le fait physio- logique qui vient d'6tre eiionce, car elle raontre que cette tem- perature , arrivee a un certain degre qui en est le maximum , redescend ensuite en se rapprochant peu a peu de son point de depart.

La raarche suiyie par la temperature dans sa progression ascendante estassezirreguliere ; le maximum , en effet, a ete atteint tantdt au bout de 24 heures , tant6t au bout de 66 heures seulement. Le plus ou moins de rapidiie que la temperature met h arriver k ce maximum ne parait pas provenir de la quau- tite plus ou moins considerable de nourriture dont le repas se compose. Enfin reievation de temperature est assez brusque , et se manifeste le plus souvent sans transition.

OvoLOGiB. M. Doyere communique une observation qui, si elle venait h se generaliser, pourrait jeter du jour sur Ie meca- nisme de la fecondation et sur les veritables rapports de I'oeuf avecle principe fecondateur dans cette fonction imporlante.

L'enveloppe exterleure de I'ceuf du Loligo media et de celui dnSijngnaihus opiiidion pris dansl'ovaireimmediateraentavant leur sortie, offre h I'une de ses extremites une depression en forme d'entonnoir perceeason sommet d'un conduit ou micro- pyle correspondant au centre du disque proligere. Celui-ci, h repoquedont il s'agit, est encore applique immediatement cen- tre l'enveloppe, et I'cntonnoir dont il a ete question y creuse, en s'y moulant.une depression centrale. L'oriflce signaie par cette observation parali etre ouvcrt,et par consequent le disque pro- ligere serait en rapport immediat avec Texterieur parson centre.

117

Le diamfetre du micropyle est de v!, de millimetre dans Toeuf du Syngnathus ophiUion ; il est de j^ i j^ dans I'oeuf du LoU- go media.

Stance du 22 decembre 1849.

Physiologie compabeb. Moelle allongee. M. Brown-Se- quard communique les resultats suivants de reciierclies qu'il a entreprises , el dont la premiere partio seulement est terminee.

« II n'est aucune partie dusysteme nerveux qui soit conside- ree comme aussi essentielle h la vie que la moelle allongee. En effet , la plupart des physiologistes allemands de nos jours ad- mettent que ce centre nerveux est la source d'ou decoule I'inner- vation excitatrice des battements du coeur. De plus , tout le monde sail , surtout depuis les travaux de M . Flourens , que la moelle allongee tient sous sa d^pendance les mouvements respi- ratoires. II semblait done que i'ablation de ce centre nerveux devait amener prompteraent la mort, meme chez les animaux a sang froid. II n'en est pas cependant ainsi, et , dans ceitaines conditions favorables , les Batraciens , par exemple , peuvent survivre plus de trois mois a la perte de leur moelle allongee. Pendant toutce temps, ces animaux sont parfaitement vivants : j'ai , en effet , constate , chez eux , I'existence de toulcs les lonc- tions et de toutes les proprietes que je vais enumerer :

» I.a circulation sanguine s'opere comme a I'etat normal. Les battements du coeur, apres avoir 6te actives, en general , pendant une demi-heure , une beure ou une heure et demie au plus, apres I'operation , reprennent leur rbythme habituel , et on les trouve aussi reguliers et aussi vigoureux sur des Gre- nouilles sans moelle allongee depuis quelques jours, quelques semaines , ou meme un , deux ou trois mois , que chez des Gre- nouilies intactes. Quelquefois, parliculiferement lorsque I'he- raorrhagie a ete considerable, les battements du cceur diminuent en nombre et en energie ; aiors I'animal ne tarde guere a mou- rir, ou bien , s'il doit survivre, les battements de cet organe reprennent promptement leur rhythme et leur force.

» Les battements des quatre cceurs lymphatiques ont lieu comme ci I'etat normal.

» La digestion parait se faire aussi bien et dans le meme

118

temps chez les Grenouilies sans moclle allong^e que clicz les Grenouilles intactes. Je m'en suis assure en introduisant dcs morceaux de Lombrics dans I'esiomae de ces animaux , et en ^tudiant les alterations que ces aliments subissaient dans IVsto- mac et le reste du canal intestinal. Bien que lentes , la transfor- mation chymeuse, Tabsorption et la formation des matieres fe- cales n'en avaient pas raoins lieu.

» Les produits des secretions gastrique et intestinale , bi- liaire et pancr^atique etant tres utiles, sinon essentiels a la di- gestion , on est en droit de supposer que ces secretions ont lieu puisque la digestion a lieu. Je n'ai mailieureusement pu faire aucune observation directe a cet 6gard. La secretion urinaire, ainsi que la production de I'epitbelium cutane et du mucus in- testinal , continuent de se faire.

» La respiration pulmonaire cesse , mais la respiration cutanea continue d'avoir lieu. L'absorption des poisons par la peau et par les muqueuses a aussi lieu comme chez les Gre- nouilles intactes. «

» 6" La faculte reflexe se manifeste avec energie , a tel point que les Grenouilles sans moelle allongee peuvent , par action reftexe , soulever des poidsplus considerables que les Grenouilles iniactes- L'existence des mouveraents reflexes implique necessair rement l'existence de la faculte conductrice des nerfs a action centripete et de ceux a action centrifuge , de la contractilite mus' culaire , et enfin de la propriety reflexe de la moelle epiniere. Souvent on trouve, surtout chez les Grenouilles rousses (/?. letn- poraria) , qv e la moelle epiniere arrive a posseder une telle exci- tabilite , que des excitations mecaniques, meme peu energiques, occasionnent une raideur tetanique extrememcnt puissanto.

» Les deux courants galvaniques que MM. Matteucci et du Bois Reymond ont reeonnu etre de meme nature {courant musculaire el £onranl ■propre ) , non-seulen)eot existent chez les Grenouilles depouili^es de la mDclle allongee , raais encore pa- raissent etre plus energiques que sur des Grenouilles intactes.

" Apres I'ablation de la moelle allongee , les Grenouilles peu- vent done rester pendant tres longtemps parfaitement vivanies. Elles le sont si bien , que si on les compare a des Grenouilles in- tactes, on les voit r^sister plus longtemps a I'etherisation , et survivre davantage apr^s i'ablation du cceur.

119

» Dans les meilleures conditions , pour la survie des animaiix atixquels on enleve la moelle allongee , on constate des diffe- rences enormessuivant les especes , ainsi qu'on pent le voir dans le tableau suivant , ou se trouve indiquee la survie maximum pour 54 espfeces.

C Salamandre crfitfe, Amphibiens. I Grenouilles verte et rousse,

( Crapauds brun et accoucheur,

Torlues europ6enne et grecque,

Reptiles,

Poissons.

Giseaux.

Orvet,

Couleuvres lisse ct i collier,

Smoiset quelques jours. A ^ 5 semaines. 9 i 10 jours. 6 i 7 jouA.

I L6rards. d°.

vert et brun des souches, vert piquel6, gris des murailles,

Anguille,

Broehet, Carpe, Taache, Lolte, Barbeau,

Perche, Goujoii, Verron, Cardon, et d'autres, 25 a 40 lieures,

f Epervier noiiveau-iie (agi5d'environ 36 heures), 21 minutes i Moineau nouveau-n6 (d'environ 3 jours), < Moineau, Bruaut, Linotle, Pigeon, Poule,

Canard, Pinlade, Perdrix, Tourterelle ,

Poule d'eau, adultes.

5 i 6 jours.

4 4 5 jours.

0 jours. 3 joursd

17 minutes.

' Loir hybernant,

H6risson hybernant,

Chien nouveau-n6 (Boule-dogue), I Chat nouveau-n6, iLapin nouveau-n6.

Mammif^res.

2 min. < ii 3 rain.

4

29 heures.

23 lieures*

46 minutes,-

41 minutes.

34 minutes.

ICochon d'Inde tir6 dela matrice 6 i 8 j. av. t., 19 minutes.

D". d». nouveau-ne. 6 rainulcs.

iLapiii adnlte, ( la temperature de ces ani- 1

Cochond'hide] maux etait considerable- > 18 i 20 minut.

adulte, ( ment abaiss^e, J

Loir el Herisson eveilies, en elt, 4 minutes.

^ Chat, Lapin, Cochon d'Inde, Chien, adultes, 3 m. a 3 m. -^ »,

II n'a m fait usage de rinsulHalion pulmouaire chez aueun de ces ani- saaux, k I'exceplioft des animaux hybernants.

» Ce tableau montre qu'aprfes I'ablation de la moelle allongee, la survie se corapte par des mois chez ks Batracietis , par des semaines chez certains Reptiles , par des jours chez d'aotres Reptiles et chez les Poissons , par des heures chez les iMammi- feres hybernants , et par des minutes chez les Oiseaux et chez les Mammiferes non-hybernants. L'influence des temperatu- res sur desauimaux d'une meme espece^ n'cst pas moins remar-

120

quable que celledes diversit^s d'espfece. Ainsi , pour n'en citer qu'un exemple , les Grenouilles survivcnt k la perte cle leur rnoelle allongee :

iuiie temperature variant de-+- 2ci+ 6ou8"c. plus de Smois. a une temperature variantde-(- 8ci-|-12c 6 jours3beures.

Ji la temperature de-j-15"c. 4 13 d" "^

& la temperature de + SCc. 2 d* 7 d"

a une temperature variant de-j- 25 &+ 28° c. 6 ,f,

i une temperature variant de -j-32 Ji-|- 39° c. 1 d°5min<

i unc temperature variant de 4" 40 4 4" ^2° c. i min. 1

i une temperature variant de -f- 45 iL-^-k^'c. 1 rain. 50s. (1)<

» II ressort de la que, plus la temperature est elevde , rnoius la survie des Grenouilles est considerable ; il en est de na^me chez tons les autres Vertebres a sang froid , que nous avons oorames ci-dessus. Quant aux animaux i sang chaud , plus leur tempe- rature propre a ete abaissee , plus aussi ils survivcnt , en ge- neral , a la perte de la mwlle allongee. " » LMofluence des saisons merite au moins aulant que celle des tenaperatures d'attirer I'att* ntion< Nous nous bornerons a don- ner quelques-unes des differences dans la survie des Sala- mandres en automne et au printemps , h des temperatures

semblables :

Automne. Printemps.

i 45" c 3 min. 8 min. 50 sec. de survie.

de 35 a 400 c. 8 min. 47 sec. 11 min. 25 sec.

de 25 il 30° c. 9 heures 21 min. 12 heures 2 min.

k 20° c. 3 jours 5 lieures. 5 jours 4 heures.

de 12 k 15° c. 8 jours 15 heures. 11 jours 7 heures.

» Ces experiences ont ete faites en septembre 1847, en mars et avril 1848. Jeles ai r6pet6es depuis , non-seulement sur des Salamandres , raais sur beaucoup d'autres animaux , et parti- culierement les Grenouilles et les Lizards ; dans tous les cas j'ai constate une difference tres prononcee entre les resultats obte- nus a la fin de septembre et ceux obtenus k la fin de mars ou au comraeneement d'avril. La cause de ces differences est, sans doute, ainsi que I'a pense M. F. Edwards, au sujetde IMnfluence des saisons sur I'asphyxie, dans raclioii prolongee d'une basse temperature chez les animaux operes au printemps , et dans Taction prolongee d'une haute temperature chez ceux operes au commencement de I'automne. »

(i) Ces rhiffres sent les moyennes d'eiperiences Ir^s mullipliiet.

LISTE GfiNl^lRALE DES MEMBRES

DE LA SOClfiTfi PHILOMATIQUE DE PARIS

DEPUIS SA FONDATION EN 1788.

(1850.)

DATE

DATE

MEMBRES DliCfiDfiS.

DE L 'elect ION.

DU DECES.

OBSERVAT.

Brongniart (Alexandre). . .

10 dtee. 1788

7 octob. 1847

Vauquelin (L.-N.). . . .

9 nov. 1789

14 nov. 1829

Lacroix (Sylv.-F.). . . .

30 juillet 1792

24 mai 1843

CoqueberldeMonbret (C-E.).

14 mars 1793

9 avril 1831

Gillet-Laiiiiioiit

28 id. id.

1 juin 1834

Berthollct (G.-L.). .

1 4 sept. id.

G nov. 1822

Hall6 (J.-Noel)

id. id. id.

11 fev. 1822

Lefevre-Gineau (L.). . .

id. id. id.

3 id. 1829

Lamarck (J.-B.-P.-Anloine).

21 id. id.

18 d6c. 1829

Moiige (Gaspard). . . .

28 id. id.

1818

Prouy (Gaspard-Clair-F.-M.).

id. id. id.

29 juillet 1829

Bosc (L.-A.-G.)

12janv. 1794

10 juillet 1828

Gcoffroy-Saint-Hilairc (Et.).

id. id. id.

19 juin 1844

Tonnelier (J.) . . . . •.

31 juillet 1794

Hauy (D.-J.)

10 aout id.

Ijuin 1822

Cuvier (Georges)

23 mars 1795

13 mai 1832

Larrey (Dominique). , ,

24 sepU 1796

25 juillet 1842

Dcscolils

3 d6c. id.

Ducliesne (Antoine). , . .

12 janv. 1797

. '. '. ", ', 1827

Lacepfede (Bern.-Germ.-fit.).

1 juin. 1798

6 octob. 1825

Chaplal (J.-Antoine). . .

21 juillet 1798

29 juillet 1832

Butet

14 fevr. 1800

Olivier (G.-Ant.)

14 juin 1800

.'..*. *. 1814

Do Candolle (Auguslin-P.).

5 octob. 1800

11 sept. 1826

Delcuze (J.-Pb.-F.). . . .

3 juilletlSOl

nov. 1835

Brochant de Villiers. c . .

10 id. id.

16 mat 1840

Laplace (P. -Simeon, de). .

17oclob. 1802

5 mars 1827

Cuvier (Frederic). . , .

id. id. id.

24 juillet 1835

Poisson (Dei).- Simeon). . .

5 d6c. id.

25 avril 1840

Correa de Serra (Ja.-F.). .

11 janv. 1806

1823

Dupuytren (G.)

id. id. id.

8 fevr. 1835

Hacliclte (J.-N.-P.). . . .

24 janv. d807

16 janv. 1834

Dclaroclie

id. id. id.

Ampere (And. -Marl.). . .

7 fevrier id.

10 juin 1836

D'Arcet

id. id. id.

2 aout 1844

Girard (P.-Simon). . . .

19 sept. 1807

30 nov. 1836

Diipelit-Tliouars (Aristide).

id. id. id.

12 mai 1831

Parisel (Elienne). . . .

14 mal 1808

3juillell847

1 Malus(F.-L.)

14 avril 1810

1812

NOMS

DES MEMCUES DECEDLS.

Nyslen (P.-Hub.)-. Laugier (And.). .

Roard

Puissant (Louis). . Dc'sniarcsl (A.-G.). Lrgallois (Julien-J.-C(5sar) GuiTseiit, . .

Baillct

Dulong (P.-L.). . Lucas (J.-And.-IL). Lcsueur. . . . Moiilcigre. . , .

Lcman

Cassiiii (J.-Doniin.). Founier (J.-B.-J.). Pt'lil (Alexis-Tliercse) Robiquet. . . . Edwards (William). Pcllelicr (J.). . Cloquct (Hyppolylc) Frcsiiel (Auguslin-J.)

Navicr

Beclard (P.-A.). . FranccEur (Louis-Bcnj Tuipin (P.-J.-F.). Aiidouin (J. -Victor) Brcscbct (G.), . .

Savary

Savarl (F61ix). . .

Dcjean

Duleau

Eyries (Jeaii-Baptisle) Bru6 (Et.-Hubert). Villol (K.)- . . . Soulangc-Bodin. .

Bcrard

Scrrulas. . . . (loriolis. , . Gnilloiiiain i^J.-B.-A.) Pia!loii-I!ob!ay(>. . Gaiiibcy (Hcnri-Pnid Parent-Duciialclet(A Lcclerc-Thouin i.Osca

L6vy

Pfllicr (Allianaso). Lcl)loiid (Charles). Vollz (Phil.-L.). . Roissy (dc). . . Blandin (Pb.-Frtd.). Bibroii (G.). . WanUcll (L.). .

rnt) J.

).

B).

DATE

DE l'eLECTION,

I li avril id. id. id. id.

16 mai 9 f6vr.

23 fevr. 9 mars

id, id.

21 mars

5 fevr.

12 fC'vr. 3 avril 3 Kvr.

17 id.

7 fevr, 21 id.

18 avril

25 id.

2 mai id. id.

3 avril

13 mai 2G juin

17 fevr.

24 id.

19 mai

1 juin 12 f6vr, 19 id.

2 avril

18 mars

26 mars id. id. id. id. id, id.

8 mars 7 mars

2/i juillct

19 fevr.

25 aoitt

14 mars 25 avril 16 mai 23 id. 30 juin

II mars 25 mars

9 Mc. 30 mars 30 mai 2/i juin

1810

id.

id.

id. 1811 1811 1811

id. 1812 1814 1814 1814 1816

id. 1818

id. 1818

id. 1818

id. 1819

id.

id. 1821

id.

id. 1822 4825

id.

id. 1826 1826

id.

id.

id. 1828 1829 1830 1831 1832 1835 1835 1835

id. 1836 1837 1837 1837 1839 1840 1843

DATE

DL' DECfes.

. . . 1818

. . . 1832

#•••■••

lOjanv. 1843

4 juin 1838

. . . . . 1814

23 juin 1848

19juilletlS48 avril 1S25 avril 184"

18 octob. 1845 16 mai 1830

1820

29 avril 1840

24 juilleH842

19 juillct 1842 4 mars 1840

li juillct 1827 21 aofit 1836 16 mars

15 dec. 1 mai 9 nov,

10 mai

25 juillct 1841

16 mars 1841 6janv. 1845

1825 1849 1840 1841 1845

13 juin mars

1846 1832 .... 1838 2 mars 1845

25 mai 19 sept. 10 nov,

1 octob. 28 janv. 6 mars 1 janv.

26 juin 15 oclob.

1 janv. 15 janv. 15 mai

27 mars 21 fOvr.

1832 1843 1841 1845 1847 1830 1845 1841 1845 1838 1840 1843 IS'iO 1848 1845

OBSERVAT.

NOMS

DES MEMBRES DECEOES.

DATE

DE l'^LECTION.

DATE

DU DECKS.

OBSERVAT.

NOMS

DES MEMBRES DECEDE5.

DATE

DE l'eLECTION.

DATE

Dll DECKS.

OBSERVAT.

PREMIERE SECTION. 5

SCIENCES MATH^MATIQUES , ASTRONOMIE ET G^OLOGIE.

DATE

MEMBRES

NOMS DES MEMBRES,

OBSERVAT.

DE l'eLECTION.

HONORAIRES.

MM. Tremery

20 aout 1797

*

i

Biot (Jcan-Baptiste). . . .

2 fevr. ISOl

*

Biiiel (J.-l\-M.)

ill mars 1812

*

De Boiinard (Augutin-Henri).

28 mars 1812

*

\

Caucby (Augustin). . . .

31 d6c. 1814

*

Arago (Fi-angois)

16 mai 18J5

*

Beudant (Franoois). . . .

14 fiSvr. 1818

»

Prevost (Constanl). . . .

I9janv. 1822

tt

Bourdon (Pierre- Marie).

5 mai 1827

*

DuWuoy (Pierre-Armaud).

Cjuin 1829

ft

Eiie de Beaumont (L.). . .

5 d6c. 1829

ft

Duliamel (Jean-Mar. -Const.).

22janv. 1831

*

Slurm (Cliarles-Francois). .

5 Ifevr. id.

«

Olivier (Tli6odore). '. . .

18 aout 1832

»

Lam6 (Gabriel)

25 id. id.

*

Villerrae (Louis-R6ne). . .

id. id. id.

»

Liouville (Joseph). . . .

id. id. id.

»

Vincent (A.-R.-H.). . . .

id. id. id.

*

Duperrey (Louis-Isidore). .

11 avril 1835

*

Desnoyers (J.)

18 id. id.

w

De Poul6coulaut

25 id. id.

di^missionn.

Perdonnet (Auguste). . .

16 mai id.

*

Lebesgue (V.-A.)

24 fevr. 1836

d^missionn.

S(5guier (Armand-Pierre). .

2 avril id.

»

Combes (Charles). . . .

9 id. id.

»

Delafosse (Gabriel), . . ,

17 dec. id.

*

Dausse

25 f6v. 1837

ft

Bienayme (Jules). . . .

17janv. 1838

Blanchel (Pierre-Henri. . .

16 fevr. 1839

Catalan (Eugene-Charles). .

23 mai 1840

Transon (Abel)

11 juillet id.

Bertrand (J.)

I6janv. 1843

Br(5guel (Louis)

4 f6vr. id.

Rozet (Claude-Ant.). . . .

10 id. id.

D'Archiac (A.)

8 juillet id.

Barre de Saiut-Venant (M.) .

2 dt'c. id.

LeVerrier (U.-J.). . . .

24 juillet 1844

Dortet de Tessaa (U,). . .

7 juin 1845

De Verneuil (Ed ). . . .

28 id. id.

Serret (Joseph-Alfred). . .

14 Kvr. 1846

Burat (Am6d6e)

11 avril id.

Yvon Villarceau

30 mai id.

Deville(C.)

24 avril 4 847

Hermilte (Charles). , . .

24 juillet id.

Faye

4 mai 1848

Bonnet (Ossian)

29 juillet id.

Lechatelier (Louis). . . .

10 f^vr. 1849

6

PREMIERE SECTION.

NOMS DES MEMBRES.

DATE

DE l'eLECTION,

MEMBRES

UOaiORAIRES

OBSERVAT.

DEUXIEME SECTION.

PHYSIQUE, M15tE0R0L0GIE ET CIIIMIE.

DATE

MEMBRES

NOMS DES MEMBRES.

DE l'eLECTION.

HON'ORAIRES.

OBSERVAT.

jMM. Tlienard (Louis-Jacqups).

12 fevr. 1803

*

Gay-Lussac (Joseph-Louis)*

23janv. 180/i

*

Clievieul (Micliel-Eugeiie).

111 raai 1808

*

Dcsprelz (C&ar), . . .

23 id. !1820

It

Poiiillct (Claude). . . .

6 avril 1822

*

Bi'cquerel {Antoinc-C6sar).

27 id. 1823

»

Dumas (Jean-Baplisle). .

26 fevr. 1825

*

Bussy

11 aout 1827

*

Babinet

1 mars 1828

**

Payen (Anseimc). . . .

ISjanv. 1832

«

Gaultier de Cluubry (H.F.G.' Soubeiraii )

25 aout id.

n

id. id. id.

ddmissionn.

Cagniard-Latour (Cli.). . *

21 fevr. 1835

*

Pelouze (Th^ophile-Jules).

7 mars id.

*

Melloiii

21 mars id.

dfimissionn.

Pt'ligot (Eugene). . . .

28 id. id.

*

Peclet

4 a\ril id.

*

Gu6iin-Vary (Tli6opliile).

2 mai id.

Frtmy (Edmond). . .

6 f6vr. !1836

*

Boussingault (Jean-Bapt.).

27 id. id.

*

Rcgnault (Louis-Vic'-or). .

28 fevr. 1838

«

Lccanu (L.-R). . . .

30 juiu id.

#

De Caligny (Analole). .

6 avril 1839

*

Cabours (Auguste). . .

26 juin id.

*

Gut'rard (Jac.-Alp.). . .

Gjuillet id.

ft

Walferdin (H.)- . . .

20 mars 18Zil

Balard (Anloiue-J6r6me).

24jtiillel id.

Becquerel (Edmond). . .

21 aout id.

Masson (Antoine-Philibert)"

9 aviil 18/i2

Deville (Henri-Etienne). .

9 id. id. 10 id. id.

corrcspoiul.

Ebeliuen

18 mars 18/i3

17 mai 18^5

Desains (Paul)

31 id. id.

Bravais (Auguslc). . . .

21 juin id.

SilbGrmann(Jean-Thiebault)..

20 dec. id.

Leblanc (Fiilix)

17janv. 1846

Th^nard (Paul)

13 juiii id.

Favre (Pierre). . . . ,

1 aout id.

Cliancel (Guslave). . . .

SOjanv. 18^7

I'orrcipond.

Wuriz (Ad.)

8 id. 18/|8

Fizeau (Hipp.-Louis\ . .

20janv. 18i9

Jaiuin (J.)

2k K\r. id.

Jacquelaiii (Victor-Auguslo).

29juillet id.

I'oucault. (lA'on) ....

15 d^c. id.

Porsoz (J.-M.)

9 fevr. 1860

8

DEUXIEME SECTION.

NOMS DES MEMBRES.

DATE

DE l'eLECTION.

MEMBRES

HONORAIRES.

OBSERVAT.

TROISIEME SECTION.

SCIENCES NATURELLES ET MEDICALES.

NOMS DES MEMBRES.

MM. Dc Sylvesire (Auguslin). . Duraei'il (Marie-Constant). DcLastcjTie (C.-P. ). . . Brisseau-Mirbel. . . .

Bonpland

Duvcrnoy (G.-L.). . . Ducrotay dc Blainville (H.) Magcndie (Francois).

Clement

Cloquet (Jules). . . . Serres (Etieiine). . . . Richard (Acliillc), . . . De Sainl-Hilaire (Auguste) Brongniart (Adolphe). . De Jussieu (Adrien). . .

Adelon

Huzard (J.-B.). . . . Milne Edwards (Henri). ,

Roulin

Decaisne (Joseph). . . Marlin Sainl-Ange. . . Deshnyes (P"-G.). . . . D'Orbiguy (Alcide). . . Montagne (J.-F--C.). .

Doiin6 (A.)

Poiseuille

Valenciennes

Dujardin (Fi-lix). . . .

Gaudichaud

Vilraorin (I'.-And.-Ph.) .

Laurillard

Leveilli

Doy&re (Louis-Michel). . Gervais (Paul). . . . Laurent. (J"-L,-Maur.). . De Qiialrefages (Arm.). . Guillot Natalis. . . .

Lalleuiand

Ducharlre (M.-P.). . .

Longet

Gerdy (Pierre-Nicolas). . Blanchard (Emile). . .

Robin (Ch.)

Tulasne (Louis-Rt;n6). . Bernard de Villefranche.

Lucas

Baudement (Emile). . .

Nicolet

Weddell (IIugues-A.). . Giraldt'S (Joachini-Albin).

DATE

DE l'eLECTION.

d6c. a out mars mars janv. janv. fevr. avril janv. janv. mars mars mai fevr. avril

jiiin fevr. f6vr. mars

id.

id. avril

id.

id. mai

id. fevr.

id. mai avril avril d^c. fevr. juillet

id. d6c. f6vr. avril juin juillet nov. janv. d6c.

id. janv. avril aout avril juillet nov.

17S8 1796 1797 1803 1806 1810 1812 1813 1816 1820 1821

id, 1823 1825

id.

id. 1826 1835

id.

id.

id.

id.

id.

id.

id.

id. 1836

id.

id.

id. 1837

id. 1839 I8/1O 1841

id. 1846

id.

id.

id.

id. 1846

id.

id. 1847

id. 1848 1849

id.

id.

MEMBRES

HONORAIRES.

OBSERVAT.

ddraissionn.

diliraissionu.

correspond. diSmissionn.

correspond.

10

TKOISIEME SECTION.

NOMS DES MEMBRES

MM. Brown-S6quard. Gerniain(E.) . .

DATE

DE l'eLECTION,

29 d6c. 1849 5janv. 1850

MEMBRES

HONORAIRES.

OBSERVAT,

SOClfiTfi

PHILOMATIOUE DE PARIS.

ANNEE 4850.

m

EXTKAIT DE L'INSTITUT,

JOIIIINAL INIVEBSEL UES SCIENCES ET DES SOCIKT^S SAVANTES EN FHASCE ET A t'sTRAfiOER.

1" Scclion.—Sciences mathtJmaliques , physiques et naturelles. Boulevard Poissonnieic , 24 , ^ PariSi

SOCIfiTE

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

EXTRAITS DES PROCI^S-VERBAUX DES Sl^ANCES

PENDANT l'aNNEE 1850.

«g»<S&S<8»^»«a

PARIS,

IMPRIMERIE DE COSSON,

RUE DU FOUn-SAINT.GERM.MN, 47.

4850.

i MM I / ifujiiin

•8 <!<< IMHI «m*jmc3i

SOClfiTfi

PHILOMATIQUE

DE PARIS.

►♦•«^3*i^<e:3>-».

SEANCES DE 1850.

Seance du 5 Janvier 1850.

BoTANTQUE. M. Weddell communique des observations sur les affinil^s des Rafflesiacees etdes Balanophorees.

II iui paralt resulter de I'etude qu'ii a faite de ces plantes :

V Que les appendices pris jusqu'ici pour les styles des Balano- phorees ne sont, en realite, que des expansions d'une des par- ties inierieures de la jeune graine ;

2" Que I'organe regarde comme le fruit des Balanophorees cstesjentieilement constitue sur le meme plan que les organes que Ton a deraontr6 elre les graines des Rafflesiacees 5 que ce pretendu fruit n'est en realite qu'une graine nue;

30 Que cequi a eteappele la fleur des Rafflesiacees doit etre considcre comme une inllorcsceuce ;

Que ce qui , dans les Rafflesiacees , a ete pris pour un pe- ricarpe n'est autre chose qu'un receptacle creux , plus ou moins exactement closa sa partie superieure, et qui a, avec le recep- tacle des fleurs de Balanophorees, le meme rapport que le re- ceptacle des fleurs du Figuier avec celui des fleurs du Muricr ; que les parties deerites comme des placentas ne sont que dcsplisou des processus. ^\vis ou moins confluents de la surface interne de ce receptacle, et les appendices qui ont ete regard^s comme des styles ou des sMgmates ne sont que des parties acces- soires du meme corps ;

6

Que la place que les Rafflesiacees et les Balanophorees doi- vent occuper dans la serie des vegdlaux, esl marquee par les con- siderations preccdentcs, et par leur facies meme (sauf les mo- difications apportees par le parasitismo) parmi les plantes dites Gi/mnosi)crmes.

Teratologie vegktale. M. D. Clos, docteur en medecine ct es-sciences, communique les details d'une nionstruosite de fleur de Papaver oiieiUalc qu'il a eu I'occasion d'observer au jardin botaniquede Rouen.

« Dans la fleur en question, les verlicilies caliciual et corol- laire offraient la forme et la disposition norraales. Les etamines avaientaussi conserve tous leurs caracteres, et les particuiaritcs d'orgauisation neportaient que sur Tovairc. Celui-ci etait obo- vale et recouvert d'un seul cote par un appendice blanchatre, intiraement applique sur sa paroi exterieure et s"elevant jusqu'a la raoitiede sa hauteur, oii ilse terminait par un rebord brun, inegal et surmonte de petites saillies dentiformes.

» Cette observation semble confirmer I'opinion de M. De Can- dolic qui admet dans le genre Pavot I'existence d'un torus sous forme de lame mince, adherant fortement aux carpelles dontil atteint presque le sommet (voyez son Organ., I, 486 ; II, 40); en sorte que le cas que je signale ne differerait de I'etat normal que par un developpement inegal et beaucoup moindre tant en largeur qu'en hauteur de cet organe. Pour ce qui est de sa signi- fication il me suffira de rappeler que M. Dunal 'considere les appendices analogues conime representant une androcee inte- rieure (voir Dun., Consid. org. de la fleur, p. 99) ; et la couleur foncee du sommet de cc disque ainsi que les petites dents qui le terminent seraient peut-elre de nature a appuyer cette maniere de voir.

» L'ovaire offrait a son extrdmite superieure un orifice etroit par lequel sortaienldeux peiales dresses, lonfjsde 4 centimetres environ, de forme oblonguc, a sommet obtus et entier, maiss'a- mincissant et devenant liueaires vers la base, dememe couleur etderaeme consibtance que les exterieurs. Dans toute leur por- tion comprise dans l'ovaire, ces deux petales etaient sondes en UD tube etroit, crcux Oaus le baut, plcin vers Icbas, et qui vcnait

s'inserer sur un petit corps en forme de cuuc surbalssc occu- pant Ic fond (lu pislil.

» Autour de ee tube et naissant comme lui de ce petit support, se montraient sept etamines, conformees comme les elamincs norraales decettc espece, brunes comme elles et melees a quel- ques filets blanchatres, depourvus d'antheres. De ces sept eta- mines, six etaient plus peiites et renfcrmees dans I'ovaire, mais Tune d'elies avait un filet pres de deux fois plus long , qui elevait i'antherc jusqu'au sommetdos carpelles.

» II n'y avait pas trace de pistil dans cette production cen- trale, quise trouvaitainsi reduitei deux petales et a sept eta- mines placees anUour d'eux,

» Quant a la siructurc de I'ovaire lui-meme, qui contenait ccsorjjanes, elle ne presentait , sans doute, d'autres particu- larites que cellos que nous avons deja signalees ; du moins nous n'avons rit'n note dc special toucbaut les placentas el les ovules.

» Je me perm( ttrai d'insister un moment sur la position rel.i- tive des etamines et dcs petales dans le cas que j'ai rapporte. Si Ton veut cousiderer cette raonstruosite vegeiale comme un exem- ple dc ce que M. Moquin appelle prolifiealion mcdianefloripare, oil une fleur part du centre d'une autre fleur, et semble ctre pro- duite par un prolongement de I'axe ou pedonculc de la premiere atraversellc , il estau raoinssingulier de voir Tinterversion de position des etamines et des petales. D'apres cette maniered'en- visager le phenomene , ceux-ci devraient eire les representants des feuilles carpellaires. 11 ne serait cependant pis impossible que les etamines et les petales fisseut partie d'uu nieme vcrti- cille , dont les divisions exierieures se s( raient seules transfor- mees en etamines , contraireraent a la loi qui veut que les or- ganes de la fleur aient d'autant plus de tendance a se metnmor- plioser, qu'ilssontplus intcrieurs. Et , enel'fet, M. Duchartre a decrit une monstiuosile de Narcissus tubocfonnis , D. 11., dans laqueilc les divisions e.xtericurcs du periantiie avaient pris les caracli'.rcs d'dtamines , tandis qi^c les intcrieurcs n'avaicut pas change de forme ( Voy. Jicv. boi. , II, p. 54 7). Le mcme boti - niste a fait coniiaitre uu aulrc fait leral.)lo{j;ique relalif a une fleur d'Oran{;('r datis biquelle les trois vci'ticilles cxterirurs

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6

Que la place que les Raffleslacees et les Balanophorees doi- vent occuper dans la serie des vegdlaux, esl marquee par les con- siderations preccdentes, et par leur faeies menae (sauf les mo- difications apporlces par le parasitismc) parrai les plantes dites Gymnospcnnes.

Teuatologie vegetale. M. D. Clos, docteur en niedecine et es-sciences, communique les details d'une monstruosite de fleur de Papavcr oiieiilale qu'il a eu I'occasion d'observer au jardia botaniquede Rouen.

« Dnns la fleur en question, les verticilles caHciual et corol- laire offraient la forme et la disposition norraales. Les ctamines avaicntaussi conserve tons leurs caracteres, et les particuiarites d'organisation ncportaient que sur I'ovaire. Celui-ci etait obo- vale et recouvert d'un seul tote par un appendice blanchatre, intimement applique sur sa parol exterieure et s'elevant jusqu'a la raoitiede sa hauteur, oil ilse terminait par un rebord brun, inegal et surmonte de petites saillies dentiforraes.

» Cette observation semble confirmer I'opinion de M. De Can- dollc qui admetdansle genre Pavot I'existence d'un torus sous forme de lame mince, adherant fortement aux carpelles dont il atteint presque le sommet (voyez son Organ., I, 486 ; II, 40); en sorte que le cas que je signale ne differerait de I'etat normal que par un developpement inegal et beaucoup moindre tant en largeur qu'en hauteur decetorgane. Pour ce qui est de sa signi- fication il me suflira de rappeler que M. Dunal [considere les appendices analogues coinme representant uue androcee inte- rieure (voir Dun. , Consid. org. de la fleur, p. 99) ; et la couleur fonceedu sommet de ce disque ainsi que les petites dents qui le terminent seraient peut-elre de nature h appuyer cette maniere de voir.

» L'ovaire offrait a son extrdmite superieure un orifice etroit par lequel sortaienldeux peiales dresses, longs de 4 centimetres environ, de forme oblongue, a sommet obtus et entier, mais s'a- mincissant et devenant lineaires vers la base, dememe couleur etdememe consistance que les exterieurs. Dans toute leur por- tion comprise dans l'ovaire, ces deux petales etaient sondes en un tube etroit, crcuxdaus lebautjplcin vers Icbas, el qui venait

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s'inserer sur un petit corps en forme de coue surbaisse ooou- pant Ic fond du pistil.

» Autour de ee tube et naissant comme lui de ce petit support, se montraieiit sept etamines, conforniees comme les etnmines normales decette espece, brunes comma elies et melees a quel- quesfdets blanchatres, depourvus d'antheres. De ces sepl eta- mines, six etaient plus peiites et renfermees dans I'ovaire, mais I'une d'eiles avail un fdet pres de deux fois plus long , qui elevait I'anthere jusqu'au sommetdes carpelies.

» II n'y avait pas trace de pistil dans cette production cen- trale , qui se trouvaitainsi reduite h deux petales et a sept eta- mines placees anitour d'eux.

» Quant a la suucture de I'ovaire lui-meme, qui contenait ccsorf;anes, elie ne presentaii , sans doute, d'autres particu- lariles que celles que nous avons deja signalees ; du mpins nous n'avons lien note de special toucliaut les placentas el les ovules.

X Je me permottrai d'insister un moment sur la position rela- tive des etamines et dcs petales dans le cas que j'ai rapporle. Si Ton veut eousiderer cetle raonstruosite vegeiale comme un exem- ple de ce que M. Moquin appelle prolifiealion mcdianefloripare, oil une fleur part du centre d'une autre fleur, et semble etre pro- duite par un prolongement de i'axe ou pcdoncule de la premiere atraverselle , il estau raoinssingulier de voir I'interversion de position des etamines et dcs petales. D'apres cette maniered'en- visager le phenomene , ceux-el devraient eire les represtntants des feuilles earpellaires. II ne serait cependant p:is impossible que les etamines et les petales Assent partie d'uu nieme vcrti- cille , dont les divisions exierieures se sc-raictt seules transfor- mees en etamines , contraireraent a la loi qui veut que les or- ganes de la fleur aient d'autant plus de tendance a se metnmor- phoser, qu'ilssontplus int6rieurs. Et , eneffet, M. Duciiartre a decrit une monstiuosile de Narcissus tnbccforutis , D. 11., dans laquellc les divisions e.vteiicurcs du perianljie avaiejit pris |<;s earaclcrcs d'etamines, tandis qce les interienrcs n'iivaicnt pas change de forme ( Voy. Ih:v. hot. , 11, p. G47). Le menie boti - niste a fait eonnaitre un autre fait terulJloyique rclalif a une tlcur d'Ornnjjor dans laquellc les trois verticille-; extericurs

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etaicnt rcstes a I'elat normal, ct oii la place de I'ovairc se trou- vait occupee par plusieurs rangsalternalifsd'etamiues etdecar- pelles (Voir^HH. sc. nat. , annee 1844, p. 29G). Enfin Ton poiirrait encore admettre que la partie surajoutee a la fleur du Papavcr orientale etait composee de deux fleurs concentriques, I'une exterieure reduite aux etamines , I'autre terminale, et composee seulement de deux petales.

» De ces diverses interpretations nous ne saurions decider quelle est celle qui est conforrae a la verite.

» Nousne croyons pas qu'aucun fait analogue a celui que nous venons de signalerait 6te enregistre dans Jes annales de la science, et c'est ee qui nous a engage a le communiquer a la Socicle. »

Seance du 23 fevrier 1850,

AcoosTiQUE. M. Cagniard-Latour met sous les yeux de la Societe une espece de petite flule, en laiton epais, que, pour ses reclierches sur les timbres du son , il vient de faire coustruire par iM. Deleuil.

Cette flute est analogue au tube a plateau sifflant d^crit par I'auteur dans son memoire sur le sifflement de la bouche ( Voir Journal de Physiologie de M. Magendie, n^^ de Janvier et avril I830);raais, dans lenouvel instrument, I'extremite par laquelle se fait I'insufflation est elargie, de sorte qu'en realile le systeme est compose de deux tubes H, B, I'un plus gros (jue I'autre, qui sont sondes bout a bout. C'est a I'extremite libre du tube B quesetrouve applique ie plateau |)ortant I'ouverture centrale par I'influence de laquelle le courant insuffle met en vibration I'air contenu dans ces tubes. Leurs dimensions a rin- t^rieur sont a peu pres les suivantes : savoir, pour le tube H,. diametre 28 raiilimetres, longueur 17, et, pour le tube B, dia- metre 15 millimetres, longueur 33. Quant au plateau , qui est aussi en laiton , son epaisseur est de 3 millimetres, et le diame- tre de son ouverture de 6 et demi.

M. Cagniard-Latour a reconnu que, s'il insuffle son appareil a pleine bouche avecune force suffisante , il se produit simulta- nement plusieurs sons, parmi lesquels il croit distinguer parti- culierement uu w< dieze d'environ lOGG vibrations simples par

9

seconde , et sa double octave aigue, mais on peu haute , c'est- a-dire assez voisine du re pour qu'il en resulte une certaiue dis- sonance ; de sorte que, fmalement, I'effet sonore de cette flute, quoiqu'il ne puisse resulter que de vibrations purement ae- riennes , ne laisse pas que de lessembler a celui que la raclette ou ripe des macons produit ordinairement par ses frottemeuts sur la pierre , surtout lorsqu'elle est d'une certaine durete.

L'auteur, apres avoir fait entendre a la Soeiete ies effets de sa fiute , annonce I'intention de rechercher s'ii sera possible , a I'aide d'un pareil iDslrumentconvenablement modifie , d'imiter aussi Ies timbres de sons produits par Ies vibrations d'autres corps solides.

Hydraulique. M. de Caligny communique une note sur un moyen de reraplacer par un jeu de colonnes fluides le piston d'un nouveau moteur hydraulique a aspiration , qu'il a presente a la Soeiete en 1844, et qu'il a execute en 1847. II s'agit au- jourd'hui seulement des cas o]u cct appnreil est employe a elever del'eau. M. de Caligny fait observer aux personues qui pour- raient le blamer parce qu'il presente la plupf.rt de scs appareils avant de Ies avoir executes , dans Ic but de prendre date, qu'ils fiuissent toujours par fonctionner comme il I'a aimonce, etque cela m6me est une prcuve de i'etat ou il a mis cette partie de la science.

Un tuyau de conduite descend d'un reservoir alimente par Ies eaux motrices et dcbouclie hoiizontalement au-dessous da niveau du bief iuferieur. Une soitpape de Cormvall met alterna- tivement en communication ce tuyau de conduite avec an tuyao de conduite dispose au-dessus, et dont I'extremite s.uperieure recourbee debouche dans un reservoir alternativeraent rempii par de I'eau elevee de la maniere suivante.

Quand la soupape de Cornwall est ouverte, I'eau du bief d'amont descend dans le premier tuyau de conduite , deja rem- pii d'eiiu qui prend graduellement de la vitesse. Quand cette soupape intcrrompt la communieatioii entre le systeme et le bief superieur, la colonne liquide doiU on vient do parler, conti- nuant a se mouvoir dans le tuyau qui la conticnt , rarefie une colonne d'air comprise entre son sommel el le niveau de I'eau qui se trouve gardee par une soupape du reservoir, dispose a I'autre FAtr^it (K' (7'i$/(/hM.'« section, ISA^, 2

10

cxtreiiute dii liiyau superieur dans lequcl se trouve cetle colonue d'air. A parlir du moment ou cet air est suffisamment rarefie, I'eau monte par uu tuyau d'aspiration ordinaire daus le reser- voir dont il s'agit , jusqu'a ce que les vilcsses des colonues li- quides aspirantes soient etointes.

L'eau contcnue dans le tuyau de conduite qui descend du bief d'amontau bief d'aval , revientensuite sur scs pas , en vertu de la dilatalion de I'air dans le tuyau interm^diaire. Mais comme le poids de la partie contenuo entre le niveau des deux biefs lend a s'opposer a ce reiour , cela ne pcut se faire d'une manierc convenablo que dans certaincs conditions , si la soupape de CornNvall peut fouctionner en vertu de principes analogues b. ceux de I'appareil execute en 1847. En effet , dans ce dernier apparel! , la soupape est maintenue fcrm^e an moyen de I'aspi- ration merae dela coloune liquide en mouvement, et elle s'ouvre ensuite au moyen d"un contre-poids quand cette aspiration est finie. Or, pour la nouvelle dispos tion dont 11 s'agit aujourd'hui, il faudrait, dans les memes hypotheses, que la coloune d'air con- tenue a I'interieur de I'appareil reprit la densite suffisante pour que le contre poids put .ngir, Cette condition, pour etre rempiie, cxigcrait (ju'il y lut un rapport convenable enlre la hauteur de la chute motriee, et la hauteur a laquelle on veut eleverde l'eau au-dessus du niveau du bief d'amout , en vertu de la plus ou moins grandc quantite de force vive eminagasinee dans le premier tuyau de conduite. Ou conceit , en effet , que si toutes les choses etaientbien corabinees, l'eau contcnue dans le tuyau de conduite dontil s'agit , etant a son touraspirec pnr suite de la dilatation de I'air dansletuyau inlcrmediaire, reviendraitsur ses pas, et depasserait, a cause de sa vi tesse de retour, le point ou elle resteraitenetjuilibre si ce mouvemont n'existait pas, de noaniere eniin a ramener cet air a la densite convenable pour le jeu de I'appareil. Alors la soupape de Cornwall s'ouvrirait , I'air inte- rieur tcndrail a reprcndro la densite de Pair atmospherique, et l'eau elesee dans le reservoir d'aspiration superieur sortiraitde I'appareil au moyen d'une soupape laterale, comme cela se passe dans la machine qui porte le nom de De Trouville.

On peut remarqucr qu'il parait facile d'nppliqucr le memo principcci uu systfeme de petUs aspiratcurs disposes d'uuc ma-

11

nlere analogue h ceux de cette ancienue machine , dont le fjrand aspirateur, piece dispendieuse et incommode, sera remplacepar le premier tuyau dc conduite a colonne liquide aspirante , qui jouit en outre de I'avantage d'utlliser par oscillation ime partie du travail pordu par I'ancienne machine dont il s'agit ; de sorte qu'en definitive le systeme ayant une section beaucoup moindre sera sans doute d'un etablissemeut bien moins couteux.

Dans I'appareil a piston meulionne ci-dessus , et qui a ^te exe- cute avec succes en 1847, quoique dans de tres petites dimen- sions , la soupape de Cornwall se ferme an moyen d'un genre de succion analogue a celui qui a ete specinleraent etudie pnr Venturi , et qui se presente a I'epoque ou le tuyau de conduite tend a debiterplus d'eau qu'il n'en peutarriver par I'ouverture de la soupape , en vertu de la hauteur du niveau de I'eau dans le biefd'amont. Iln'est pas indispensable de se servir de cette methode, la soupape pent fonctionner par des moyens mecaniques tresconnus. Mais eufiu , si Ton veut continuer a s'en servir k cause de son extreme simplicite , on peut la simplitier encore. II sufflt de faire ouvrir la soupape par un mouvement de haut en has , au lieu de ie faire par uu mouvement de bas en haut. Alors la soupape, couvcnablement equilibree , si cela est necessaire , s'ouvrrra a I'epoque voulue par son propre poids. II ne sera plus utile d'y joindre , comme ci-dessus , un balancier a contre- poids , que pour lui perraettre de se fermer en vertu de la suc- cion , dans le cas ou elie serait trop pesante. En definitive , la masse totale a mouvoir alternativemeut sera diminuee , et I'ori- fice annulaire, alternativemeut abandonne par la soupape, sera a une profondeur moindre au-dessousdu niveau du biefd'amont, ce qui est en general un avautage pour plusieurs raisons.

Quant aux dispositions analogues a celle qui est I'objet special de cette note , ii est iuteressant d'obsorver qu'il ne parait pas en general indispensable de ramener I'air interieur b. la densite de I'airexterieur, pour que I'eau elevee puisse se d^charger latera- lement comme dans la machine de De TrouviUe. II suffit que le reservoir superieurd'aspiration , ou pelit aspirateur, ait une hau- teur d'eau suffisante pour que la pression de I'eau qu'il contient , jointe k la pression conservee en vertu de la tension de I'air in- terieur, depasse en somrae la pression de I'air exterieur ; de sorte

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qae, dans desappareils du genre deceux dont il s'agit, on con^joit qu'il n'est pas impossible qu'une colonne d'eaud'une certains longueur puisse etre disposee au-dessus du niveau du bief d'a- mout , a I'autre extremite du tuyau intermediaire contenaut la colonne d'air.

II est essentiel de remarquer que la soupape de Cornwall , en reunissant alternativement deux tuyaux de conduite, nebouche jamais leurs sections transversales , etpar consequent ne donne pas lieu d un coup de Oelier.

II n'est pas necessaire d'entrer dans les details relatifs , par €xemple, aux diametres des diverses parties de I'appareil , et aux diverses conditions relatives au jeu de la soupape, qui ne peu- vent etre bien etablies que par I'experience ; ainsi il est ci peine necessaire d'ajouter qu'on pourra disposer sur le tuyau d'aspiration un reservoir d'air rarefie , comrae celui que Ha- cliette conseille d'adapter au tuyau d'aspiration de certaines pompes.

Seanee du 2 mars 1849*

Anatomie yegetale. M. Ernest Germain, de Saint-Pierre, lit une note portaut pour titre : De la structure du butbe ou tubercule des Orchis et du bulbe pedicelle des Tulipes,

« Cette note, dit-il, a pour objet la structure restee inexpliqu^e jusqu'a ce jour du bulbe ou tubercule des Orchis et des bulbes anormaux de certaines Liliacees.

» Les bulbes ou tubercules reproducteurs des Orchidees nais- sent a I'aisselle des feuilles inferieures de la lige florifere. On a longtemps pense que le nouveau tubercule nait toujours du raemc c6te de la tige, de telle sorte que la plante avancerait chaque annee de I'epaisseur d'un bulbe dans une meme direc- tion ; on a, en dernier lieu, admis que le nouveau bulbe se deve- loppe alternativement une annee ci droite et I'annee suivante h gauche, de telle sorte que la plante resterait h peu pres a la meme place. L'observation et la culture d'un assez grand nombre d'Orchidees indigenes m'a demonlre que ni I'une ni I'autre de ces opinions n'est I'expression exacte de la verity. En effet , il se developpe tres souvent non pas un seul tubercule , mais deux, a peu pres opposes a la base d'une mfeme tige; I'annea

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suivante chaeun de ces tubercules emet line tig6 floriferfl qu! produit a son tour deux nouveaux tubercules dont la direction forme un angle droit avec la direction des precedents ; de telle sorte que la plante est representee d'annees en annees par des individus dont le nombre va toujours en doublant et qui s'eloi- gnent et s'entrecroisent dans toutes les directions ; j'ai constate plusieurs fois cette disposition chez les Orchis galeata et O. Simia, et chez le Saiijrium hircinum. Quelquefois aussi il ne so developpe chez les memes especes qu'un seul tubercule qui prend naissance soil d'un c6t6 soit de I'autre. Chez d'autres, il existe trois ou un plus grand nombre de tubercules qui appartenant k des feuilles successives de la meme spirale se dirigent dans des sens differents ; c'est ce que Ton observe chez VHerminium monorchis et chez le Serapias Lingua. (Chez les especes que ja viens de citer, ils sont port^s sur de longs pedicelles. )

» Afindeme rendre compte de la nature de ces tubercules, je les ai suivis depuis leur premiere apparition jusqu'a leur d^ve- loppement coraplet et a leur destruction ; et j'ai constate les faits suivants : Longtemps avant I'epoque de la floraison , des la fin de I'automne , on trouve a I'aisselle d'une ou plusieurs des feuilles inferieures du tubercule destine a fleurir, un bourgeon qui doit constituer plus tard un nouveau tubercule. Ce bourgeon, en grossissant, dilate la base de la feuille a I'aisselle de laquelle il a pris naissance ; un peu plus tard, la gaine de cette feuille , distendue trop fortement, est dechiree et travers6e par le bour- geon ou jeune tubercnle dont la base se prolonge des cette epoque et descend au-dessous du niveau de son insertion. Si Ton fait une coupe verticale de ce jeune tubercule, on voit qu'il se compose dans ses deux tiers sup^rieurs d'une sorte de pedicelle creux qui n'est autre chose qu'une dilatation en forme de sac ou d'eperon de la base de ses premieres feuilles. Cette dilatation en eperon de la base des feuilles est le resultat de la pression oblique qu'a exercee sur ces feuilles externes, encore tres jeunes, le corps du bourgeon qui est doue d'une tendance particuliere a se prolonger au-dessous de son insertion. Un cordon nourricier ou raphe (representant I'axe du bourgeon dans I'intervalle qui separe I'in- sertion des feuilles dilat^es en dperon de I'insertion des feuilles terminales ) est adherent a la parol interne du canal de I'eperoD-

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te tiers infdrieur du jenne tubercule se compose de la partie ter- minale du bourgeon consistant eu plusicurs feuilles eraboitees , et eraeltant inferieurement une masse radiculaire soudee a la cavite de i'eperon qu'elle continue k distendre a mesure qu'elle acquiert plus de volume. Cette masse radiculaire est d'abord indivise et plus ou moins globuleuse; elle conserve souvent cette forme pendant toutesa duree, c'est ce qui arrive chez VOrcliis galeata et\e Satijrmm hircinum ; chez VOrcliis bi folia elle se prolonge en une, rarement en deux fibres radicales; cbez d'au- tres enfin elle se diviseen lobes peu profonds conime cbez 1' Or- chis sambucina, ou bien elle se prolonge en quatre ou six raci- nes paralleles comme chez V Orchis maculala ; soit que I'eperon distendu outre mesure cesse insensiblement de recouvrir ces longues racines, soit qu'il les recouvre jusqu'a leur extremite d'une mince membrane.

» La demonstration de la presence de I'eperon au niveau de la partie radiculaire du tubercule (a laquelle partie il est adhe- rent) resulte de I'examen do plusieurs jeunes bulbes chez les- quels j'ai trouve I'eperon de la feuille la plus exterieure (qu sans doute n'avait pu se developper assez rapidement pour sui- "vre I'accroissement de la partie inferieure du bourgeon) traversee par I'eperon de la seconde feuille qui seule avait pu suivre re- volution du bourgeon ; dvidemmeut , la premiere feuille, avant de s'etre laisse traverser, formait un cul-de-sac qui renfermait la base descendante du bourgeon, et, si la dilatation eutete assez rapide , elle eut continue a envelopper toute la masse et a faire corps avec elle.

» L'observation du mode de vegetation de V Orchis albida me parait conflrmer I'exactitude de cette maniere de voir. Chez cette espece il n'existe pas de tubercule , parce que les sacs ou ^perons so laissent immediatement dechirer et traverser par les racines emises a la base du bourgeon ; il en resulte que les ra- cines sont completeraent libres et isolees des leur naissance; leur coupe transversale montre que leur axe est occup6 par un seul faisceau fibreux et non par plusieurs comme chez les tu- bercules renfermes dans les eperons (tubercules qui paraissent constitues pnr les elements de plusieurs racines aggloraerees ) ; en regardaat avec attention au niveau de I'origine des racines

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de V Orchis albida, ou trouve une petite gaine constituee par les debris d'un eperon court qui a ete dechire par le passage des racines prcsque aussltot apres sa formation. Les racinesdes Spirantlies me paraissent etre le resultat d'une semblable orga- nisation.

» Outre la masse radiculaire dont je viens d'exposer la struc- ture, des racines naissent plus tard de la base de la tige ( qui resuite du deveioppement uiterieur du bourgeon) ; j'ai trouv^, dans la famllle des Liliacees, chez les Lilium Martagon et L. Pijrenaicum (ct le meme fait existe probablement dans d'autres especes de la meme section), un exemple analogue de racines naissant a la base de la tige pour venir en aide aux racines emises par le bulbc.

» Le fait de la dilatation en sac ou eperon de la base des feuilles exterieures d'uu bourgeon bulbeux (eperon dans lequel s'intro- duit la masse du jeiine bulbe), bicn qu'exceptionnel dans I'bis- toire des organcs de la vegetation, est loin d'etre un pheno- raene sans analogue chez des plantes appartenant k d'autres families que les Orchidees. Je me contenterai aujourd'hui de parler des bulbes p^dicelles ct descendants qui existent dans le genre Tidipa , la structure de ces bulbes presentant une ana- logic frappaute avec celle du tubercule ou bulbe des Orchidees. « Plusieurs naturalistes out parle de ia forme bizarre des bulbes pedicelles des Tulipes. Pallas parait I'avoir signalee le premier dans sou Voyage dans les provinces de I'Empire russe; depuis , MM. Treviranus, Ernst de Berg et Kaeker, out men- tionue cos bulbes sans en donner d'explication. M. Raspail les decritdaiis son Systerae de physiologic vegetale et les compare a des fruits ou a des graiucs ; il y trouve les analogues des enveloppes de I'embryon et de I'cmbryon lui-raeme; enfin, M. Henry a public sur ce sujet un memoire fort etendu. Aim d'eviter de me laisser influence r par les opinions emises , je n'ai voulu en prendre connaissance qu'opres avoir etudic la question dans la nature et avoir arrete les bases de ma propre interpre- tation. Cette interpretation differe essentiellement de celle des observatcurs que je viens do citer.

» Dans le genre Tulipe , iudepeudamment des cayeux analo* gues a ceux qui existent chez un grand nombre d'autres Liiia-

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cees, il existe des cayeux d'une nature toutc speciale. Une ou plusieurs tuniques du bulbe emettent a leur aisselle un organe qui a I'apparence d'une fibre radicale , mais plus gros que les fibres radieales qui partent de la base du bulbe. Si on fend dans sa longueur un de ees prolongemenls ( longs de vingt ^ trente centimetres chez le Titlipa sylvestris, plus courts et plus volumineux chez le Tulipa Gesueriaun , ou on ne les rencontre qu'accidentellement ), ou voit que ce prolougement constitue un tube cylindrique a I'extremite duquel on trouve un bourgeon r^flechi , c'est-2i-dire dont la pointe est dirigee vers la base du tube ; ce long tube est I'eperon d'une feuille dont le linabe est quelquefois foliace , mais plus ordinairement est reduit a une courte membrane.

» M. Henry considere cette feuille prolongee en eperou comme appartenant au bulbe mereJe me crois fonde, au contraire, a la considerer comme etaul la premiere feuille d'un bourgeon axillaire ; en effet, si on examine un cayeu non pedicelle de Tu- llpe, on verra que sa base est oblique et presente un veritable eperon rudimentaire ; c'est ce meme eperon (rudimentaire dans le cayeu sessile) qui se developpe considerablement dans le cayeu pedicelle ; I'observation des transitions qu'il est facile de reri- contrerentre les cayeux a base seulement oblique et les cayeux deja manifestemcnt pedicelles ne peutllaisser aucun doute h cet 6gard. Je dois ajouter cependant que, quand le bulbe n'a pas la force de produire une tige florifere, il m'a semble que ie bour- geon terminal qui serait devenu tige florale si le bulbe eiit ete plus fort, est susceptible de prendre la forme d'un bourgeon descendant ou bulbe pedicelle; dans ce cas, la feuille prolongee en eperon, tout n appartenant au meme axe que le bulbe des- cendant, nppartient aussi u la plante mere (puisque c'est I'axe principal dont le sommet se reflechit).

* Dans tous les cas, cet eperon est le resultat de la pression laterale et de haut en has operee par la parlie tormiiiale du bourgeon sur la base de sa feuille infericure. Cette parlie ter- minale du bourgeon 'onsiste d'ubord en une tres petite masse cclluleuse qui s'en^age de plus en plus dans la depression ou eperon qu'elle a ddterminee; I'axe du bourgeon axillaire s'al- longe ainsi ind^fiuiment sans grossit et en refoulant dcvant lui

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le cul-de-sac de I'^peron qui s'allonge aussi ihdefininlmeiit jus- qu'i ce qu'il y ait un temps d'arret dans I'allongement de I'axe } c'est alors que la partie terrainale du bourgeon grossit, prend les caractferes d'un bulbe et distend eu une poche termiuale le cul- de-sac de i'eperoa qui conserve pendant toute cette evolution une telle vitalite que son ^paisseur au lieu d'etre moindre est la plus considerable au point ou il est le plus distendu (exacte- ment comme les parois de I'uterus dcs Mammiferes prennent une plus grande epaisseur a mesure que I'organe est plus dis- tendu par le produit de la conception).

» Mon opinion differe encore de celie de \I. Henry qui consid^FB le fondde I'eperon comme Tinsertion reelie du cayeu, et regarde le cordon de vaisseaux nourriciers qui arrive au cayeu comm;e une d^pendance de la feuille , tandis que je regarde ce cor- don de vaisseaux nourriciers comme elant I'axe meme du bour- geon soude avec la parol de rcperon, I'inserlion reellc de cet axe sonde etant I'aisseiled'une des feuiiks du bulbe-mere.

» Ce cayeu , enferme dans un sac ^ la face interne duquel sae est sonde le pedicelle ou axe du cayeu, nous presenle une ana- logie frappante avec un ovule rcflechi ; ou y trouve un raphd represente par le merithalle sonde k la face interne de la feuille exlerieure qui joue le role de primine, et une chalaze au point u nalt la deuxierae feuille du bourgeon (qui serait analogue k la secondine), avec cette difference importaute qu'ici la primine se developpe manifestement avant la secondine. Mais ici s'arrete I'analogie avec I'ovule, car le bourgeon qui continuera a se de- velopper ne peut representer I'embryon, puisque la radicule cor- respond ici a la chalaze et non au micropyle represente par I'ou- verture de la cavite de I'eperon, ouverture par laquelle se fait jour la pointe du bourgeon lors de la germination du bulbe de- venu libre par la destruction de la partie tubuleusede I'eperon; cette destruction a lieu par dessechement dans le courant de I'ete ; I'eperon qui dans I'origine etait blancetcharnu est a cette epoque r^duit k une membr.ine mince et de couleur brune. C'est h tort que I'on comparerait la feuille charnue, que j'ai nommee secondine, a un cotyledon ; elle en joueevidemment le role, niais elle n'en est pas I'analogue.

» Je tcrminerai en insistant sur Its rapporls et les differences

EJtrait de I'Institut, 1«« scclioii, I8 o. 3

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qui existent entie le liulbc pcdicelU- el deiccnjanl clesTuIipcset Ics buibes ou tubcrcuUs des Oichiddes quo nous vcnons d'exa- miuer. Nous, tiouvoas dans Ics deux cas un bourgeon bulbcux qui repousse devaut lui la base d'uue ou deux de s.'s premieres feuilles, et se loge dans le sac qu'il y determine par sa pressioji continue. La difference la plus saillante est que, chez VOrchis, la racine est contemporaine dij boul'gepn, foime la plus gr^ande parlie <le la raa^se et est adherente au,\ parois du sac, tandis que, chez la Tulipe, les feuilles du bourgeon sontcliarnues ct constituent toute la masse, et que les racines nesedcveioppeut qu'a I'epoque oil I'eperou est reiiuit a uue raerabranc seche ou inerte. (Ces racines traversent alorscette membrane, comrae un corps etrau- ger, par une fissure qui s'etablit sur la ligoe selon laquelle elles exerceut leur pression ; cello ligns limits un pinceraent oblique qui termine le renflement de I'eperon.) »

Seance du 16 mars 1850.

Physiologie vegetale. M. D. Clos, doeleur en mMecine et es sciences, communique la nole suivante portantpour litre : De la signification, des caraciercs et des fimiles da collet dans les planlcs , et de la nature de qiielques tubercides, ■'■''

« Les auteurs out considere le collet comrae un simple pbh horizontal plac6, suivant les uus (Gcertner, Correa, Poitenu , L. C. Richard, M. Mirbel), a la jonction des cotyleLlons, et sui- vant les autres (De Candolle, Mcyen, etc.), a ce point du vegetal ou Ton remarque ce changement niysterieux de direction as- cendanle et descendante, point qu'il est impossible de dcter- ner dans la grande majorite des cas. II y aurait avantage a regarder le collet comme un organe distinct, une sorte de caudex mitoyen limile superieurement par le lieu d'insertion des coty- ledons, infericurement par la base de la souche (corps de la raeine, pivot).

» Le collet a des caracteres parfaitement tranches ; 11 differe de la tige par I'absence de noeuds et d'organes appendiculaires, de la souche par I'absence des radicelles en raogees regulie- res (l), souvent de toutes deux par I'anatomie.

() ) A ce propos nous croyons devoir rappeler, que dans un precedent tra- vail (fi6aucA« de la rhizotaxie, Paris, 1848 )i nous avons d^monlrC' que les

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» Le collet existe dans toutes ou presque toutes les Phan^- rogames, mais sa longueur est des plus variables. En general, il est tres court dans les plantes a cotyledons hypoges, et la seulefamille des Leguraineuses pr^sente degrandes diversitesa cat egard. II est tres court dans les genres Faba, Ficia, Pi- sum, etc.; tres long dans les genres Lupinus, Dolichos, Plia- seoltis, etc.

» La definition du collet telle qu'elle a ^te donnee permet de determiner dans tons les cas sa place et ses limites, et de decou- vrir la signification jiisqu'iei plus que douteuse de certains or- ganes. C'est ainsi que I'etude de ia germination montreque Top doit rapporter au collet les tubercules des Conjdalis cava et Hatleri, du Carmn bulbocastanum^ des Cyclamen et probable- ment aussi ceux du Lecijlliis et du Berlliolletia, la portion de caudcx qui dans le Mijosurus mlncinus et le Ceralocephalus se trouve entre les cotyledons et le point de I'axe d'ou naissent les racines en cercle, et sur la nature de laquelle H. de Cassinin'a- vait pas ose se prononcer (Opusc. phytol., II, 390).

» Quant aux tubercules d' Orchis, ceux qui proviennent di- rccteraent de la germination appartiennent sans doute au col- let, tandis que ceux qui sont n6s d'un bourgeon axillaire sent formes par le renflement de la partie d'un rameau situee au- dcBSOUS de la premiere feuille de celui-ci; c'est, si Ton veut, abstraction faite de la configuration , I'aualogue d'un coulant aphylle de Fraisier ou d'uu tubercule sessile de Pomme de tcrre suppose reduit el son oeil inferieur. Les digitalions des tuber- cules palraes iVOrclm pouiraient etre attribuees a des racines adventives, nees, comme pour les boutures, de la base du ra- meau, mais il est plus nalurel d'y voir une simple division de !a partie inferieure du tubercule analogue a cclle qui s'ob-

radicelles des Dicotyledons naissent avec regularity sur la soucbe ou corps de la racine et scut loujours dispos6es en lignes verticales qui s'^tendent de Tune 'd I'autre de ses extr6mites ; que le noiiibre de ces lignes varie entre deux et six, s'616ve rarement au deli et change, soit seulemeut de famille h famille (Papav6rac6es, Ombellifferes), soil de genre S genre (la plupart ,des Papillonacees), soit d'espfece i esp^ce el parfois aussi d'individu i iiidividu. 'G'cst un nouveau caruciiiie distiuclif oiilre les tiges >et Ifjs racines dans ce grand embranchcment (les ycig^tau^. , 1 .; >fi<

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serve dans le Tamus communis. (Voy. Dufrochet, M^moire 1, p. 288.)

» Au contraire, Ics tubercules des Spiranthes {cesttvalis et aulinimalis) soat do veritables racines adventivcs ; ils different de ceux des Orchis par leur nombre variable ; par rabsence de ra- cines filiforraes au-dessus d'eux, les seules auxquelies il faille les comparer dans les Orchis; par leur systerae vasculaire reuni en un seul corps et non en faisceaux distincts, enfin en ce qu'iis partent'd'un plateau et non de sa base. C'est qu'en effet ce pla- teau radicif^re est I'equivalent, dans les Spiranthes, des tuber- cules d'Orchis produits par gemmation.

» Les pretendus bulbes d'Orchis et d' Ophrys\sor\t bien evi- demmentdes tubercules. On pent etablir les distinctions suivan- tes entre ces deux sortes de corps. Le tubercule est un ren- flement souterrain dont la dilatation porte sur des parties axiles et dont les organes appendiculaires^spnt nuls ou reduits a de petites ecailles ; tandis que dans les bulbes, ces derniers, nom- breux, imbriques ou erabrassants et charnus, I'emportent ordi- nairement sur I'axe par la masse. Les bulbes se detruisent par la base, ce qui n'est pas le cas pour les tubercules. Enfln, un bulbe represente toujours un bourgeon ou rameau, tandis que le mot tubercule a une acception beaucoup plus large, ainsi qu'on peut en juger par la classification suivante que nous pro- posoDS des tubercules :

1. Tubercules radicaux : dilatation du corps de la racineque I'on rcconnalt a la presence des rangees rdgulieres des radieelles h sa surface. Ex. : Garotte, Betterave, Panais, Navet, cultives.

2. Tubercules du collet : absence de feuilles et de radieelles syra^triquement placees ; souche paitant de leur base ; jeunes, ils sont surraontes ordiuaircmeut d'un ou de deux cotyledons. Ex. : Corydalis cava et llalleri, Cijclamen, Carum bulbocasla- wum, etc.

3. Tubercules du collet ct de la souche : radieelles distribuees r^guli^rement sur la partie iof^rieure du tubercule, caractere qui manque sur la portion sup^'ieure, laquelleest aussi depour- ■vue de feuilles et surmontde de cotyledons. Ex. : Radis.

4. TuberctUes hypomeriihalliens ou tubercules de la partie d'uQ rameau situee aii-dessous de la premiere feuille de cclui-

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ci ; origine axillaire ; ul radicclles ci feuillcs symetriquemeat disposees. Ex. : Orchis provenus de gemmation.

5. Tubercnles monomerithalliens ou d'un 'entreuoeud de la tige; ni feuilles ni radicelles placees avec ordre a leurpourtour; souche ne partani pas de leur base : Tamus communis.

6. Tubercules poly7iieriihal liens et comprenant, soil plusieurs entrenoeuds, soit un rameau tout entier (tubercules rameaires). En presence de feuilles ou ecailles r^guliferement ageucees, ab- sence de radicelles offrant ce caractere.

7. Tubercules adveniifs , ils sent formes par des racines ad- ventives, e'est-a-dire uees en tout autre point de la plants que sur la souche et sans syraetrie. Distingues par ces deux carac- teres et ausssi par I'absence des feuilles ; ils sont tantut siraples, ex. i5pimw<Aes,A.sphodele rameux, tantdt multiples, ex. Pelar- gonium trisie.

8. Tubercules lenticellaires, c'est-i-dire formes par un deve- loppement excessif du tissu cellulaire des lenticelles analogues aux petilesfongosites qui se montrent sur une branche de Sauie immergee et comme il a ete prouve dans notre £bauche de la rliizotaxtc,^. Gl. Ces petits tubercules se montrent en des places variables de la souche et des radicelles chez un grand nombre de Leguraineuses. Leurs principaux traits disUnctifs sont de ne porter par leur base que sur un point de I'axe et de n'offrir ni feuilles ni radicelles a leur surface. Ex. : Ornitkopus perpii- sillus, Lupins , Medicago, etc. »

Erpetologie. M. Aug. Dumeril , agrdge k la Faculte de medecine de Paris, communique de nouveaux resultats fournis par ses recherches experimentales relatives a la temperature des Reptiles.

Rcprenant quelques-unes des observations qu'il avail faites sur les Batraciens , 11 a cherche a les completer , et de ce second travail , coroUaire de celui qu'il avait precedemment pr^sent^ , dans la seance du 15 decembre 1849, il a deduit des conclusions dont les unes confirraent les premieres , en y ajoutant quelques details utiles ; mais lesautres, les seules dont il soit ici ques- tion , concernent des points qu'il n'avait pas encore etudies , et specialement Taction quele froid exerce sur les Grenouilles.

Lorsque I'eau dans laquelle elles sent placees vieDt h perdre

une'lj^rahae pa'rlie ae'son calorique , elles opposeht ati refroJ- disspment une certaiue resistance telle que , quand la tempera- ture n'est pas descendue au dela de-j-lo, ciles ont montr6 , relativement au liquide , une difference qui a flotte entre l'',4 et o", niais lorsque celui-ci fut amene a 0, elles ne reraportereat plus quede 0,5.

■'. Quelques modifications apporteeS h la maniere d'experimen- tfer ont servi a raontrer qu'il est facile de vaincrc cettc force de resistance , et qu'a une temperature egale a celle de la glace Tondante , I'equilibre peut s'^tablir. Il suffit , pour s'en convain- cre, soit de placer la Grenouille dans de I'eau a 0" , sans transi- tion et sans la faire passer par unrefroidissement graduel ; soit dela mainteuir completement immergee dans de I'eau a cette meme temperature, de facon a empdcher la respiration pulmo- naire de s'accomplir, empeohement quia toujours ete evite, avec le plus grand soin , dans les autres experiences. I' On voit mieux encore que les Bitraciens sont impuissants ''coutre un froid exterieur intense , quand on les place , a sec , ^^^ans un vase dont on amene la temperature 3—4°, a et rneme a 11° et 12°, par le contact d'un melange refrigerant. 'lilSlieSe 'sont pas inis en i^quilibre lav^c cCtte temperature si 'l^orVement abaissee , parce que leur s^jour n'y a sans doute pas 'fere asscz prolougiB ; mais lis sont desccndus a des fractions de ti^fe, et men'ie ^—1"; lirllite qu'on s'etait imposee , raaisqui devra etre frauchie dans des eiiTcrimenlations ulterieures, desti- Jlces a faire confiattre le temps necessaire pour qu'il y ait ega- VHe enlre I'air arabiant et I'animal, et les consequences pour tj^lto5"«i d'un refroidissem'ent de plus en plus considerable.

Une veritable congelation , non-seulement des parties exte- rieures, mais s organes internes, a ete le t^sultat d'un abais- sement amene jusqu'a 0°,9 et 1°, corame I'a demontre I'ou- vertore du corps de la Grenouille qui portait le premier de ces deux chiffres, et dont les viseeres, deveuus durs et resistants, etaient entoures de petits glaijons provenant de la solidification de tous les liquides. La circulation ne se faisait plus ; H y avail , par consequent , tous les signes apparents de la mort.

La c?es§ation definitive de la vie , contrairement h ce qu'a dit Huriter,t'ticependant'pas dt6 la suite de cet arr^t momentand

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dans le ieu des organes et do !a modification profonde qu'ils avaient subie , ainsi que les liquides, en se congelant. Sous I'in- fluence menag^e et progressive dune eau de moins en nioip froide , la Grenouille quverte et ceile oil le therraometre accusant —1°, et qui avait ^te laissc« intacte, out bientot douue des preu- Ve's lioanifestes du rctour des orgaues a leur etat normal. Le coeu^r estreyenu., par degres, a une regulavite'^et tVune ampli!- tude de contradlious qui t'ormaient un cpiitraste bien surprenant avec rimmobilite absolue qu'ii offrait d'abord. En raeme temps que la circulation se retablissait , I'arrivee de i'air dans les pou- mons avait lieu. Trois quarts d'heure environ apv^s 1a sortie du vase oil ratmosphere avait ete si refroidie, lesmouvements n6- cessaires a la natation s'executaient. Enfin , cinq jours aprfes I'experience , si , chez I'animal nou disseque , les extremites digitales des membres posterieurs n'eiaient , daus queiques points, iVappees de sphacele , et si Ton ne voyait un peu moins de liberte, peut-etre, dans les mouvements des membres an- terieurs , il serait impossible de distinguer cette Grenouille ressuscitee de celies qui n'ont ete soumises a aucune experi- mentation.

Seance du 23 mars 1850,

Erpetologie. M. Aug. Dumeril , agrege a la Faculte de medecine deParis, complete I 'expose de la premiere partie de ses Recbercbes experimeutales sur la temperature des Reptiles, par une nouvelle communication qu'il fait a la Societo, et qui est relative a rinfluence exercee sur des Couleuvres a collier par rechauflement de I'air ambiant.

^ ,,RepreQant des observations qu'il avait d.ejafaites , et qui lui avaient appris que ces auimaux n'opposent qu'uue faible resis^ tance a la ch,ileurexterieure, il a vu , de. nouv^au ,.quf; places dans une atmosphere secbe dout la temperature a varie de 42<» a 50«, ils s'y sont echauffes assez pour que, dans un espace de temps qui a varie de 30 minutes a 1 beure, ils aieut eux-nienaes atteint 36° et 38o,4. II avait d'ailleurs deja note que deux Cou- leuvres etaient raortes , I'une portant 41*^1 I'autre 40** -f, , le t leniionietre de I'etuvc ou elies etaient placees indiquant dans le premier cas 45", et 47" dausle second.

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Cette teDdance k r^ullibration avec la temperature ext^-' rieure semble devoir 6tre expliquee par,ce fait que leur evapora- tion cutanee est, en quelque sorte , insigniQante , corame led^-* montre la difference tres peu considerable qu'offre le poids de ranimal pese avant sou entree dans i'etuve et aprfes sa sortie. La perteeprouvee dans cinq experiences a ete 2 fois de 1 gramme, 2 fois de 2 gr. et I fois de 3 gr. Compares au poids initial des Couleuvres, qui etaltde 121 a 237 gr. , ces chiffres sont extr^- meraent faibles et u'en sont qu'une minime fraction.

Ce qui prouve bien , au reste , ique rechauffement des Cou- leuvres estdu A I'insuffisance de I'evaporation cutanee , c'est le resultat des experiences du mfirae genre plusieurs fois repetees sur des Grenouilles. II y avait tout lieu de penser, comme I'a- vaitditF. Delaroche, sans qu'il I'eut nettement demontre , par suite d'une erreur typographique contenue dans son raeraoire {Exper. sur les effets qu'une forie clialeur prodnh dans Vecon, animate, 180G, p. 19, exper. V), que cette evaporation devait €tre considerable chez les Batraciens.

Dins le but de lever les doutes qui restaient a cet effard , M. Au}». Duineril a repete les experimentations et a constate que des Grenouilles, placees pendant un espace de temps qui , 5 fois sur 9, a ete de une heure quinze minutes h une lieuro trente minutes, dans une atmosphere seche , portant de 50° i 60°, n'ont jamais depasse, sans perir, 36", et se sont mainte- nues le plus habituellement entre ce dernier chiffre et 31°. Les Grenouilles opposent done a rechauffement une force de resis- tance trfes manifeste.

L'explication de la difference si remarquable qui existe, sous ce rapport, entre elles et les Ophidiens se trouve dans les re- sultats fournis par les pesees faites avant et apres leur sejour dans I'etuve. La perte qu'elles y ont subie a ete , en effet , dans le plus grand nombre des cas, de 3 ^ 7 gr. Ces nombres , dont lamoyenne est 5, representent prcsque le sixierae deleur poids total qui, en raoyenne egalement, s'est trouve etre , sur 9 experiences, de 32 a 33 gr. : rapport trfes considerable, et qui le parait bien plus encore quand on le rapprocbe de celui qui vient d'etre iadique pour les Couleuvres.

II estdouc bien prouvc', par ces resuliats comparatifs, que 1'^- chauffement, si remarquable, des Ophidiens exposes a I'actiou d'une haute temperature seche, est dii a ce qu'i! ne se fait a Ja surface de leurs teguments ecailleux qu'une ties faible evapo- ration , et que , par consequent, la cause puissante da refroi- dissement est presque nuUe chez les Reptiles de cet ordre.

Physique du globe. M. Rozet lit la note suivante sur les neiges perpetuelles dans les Pyrenees orientales :

0 Par un certain nombre d'observations barometriques , Ramond a fixe la limite des neiges perpetuelles, dans la chaine des Pyrenees, entre 2700*" et 2800™. Pendant le cours de mes travaux geodesiques sur cette meme chaiiie, j'ai reconnu que cette limite etait tres difficile a fixer, surtout dans les Pyrenees orientales : des somraets, et meme des plateaux, dont I'alti- tude depasse 2800'", n'ont point de neiges perpetuelles, tandis que Ton on trouve des masses considerables sur des points dont I'altitude ue depasse pas 2200™. Les soramets et les pentes du Canigou, dont I'allitude atteint STSSra, u'ont point de neiges perpetuelles, tandis que, plus au sud, aux sources du Tech, il y en a des masses enormes a une altitude inferieure h 2500". Ces masses, placees sur le flanc sud de la vallee, sent frappees par les rayons du soieil pendant toute la journee. Plus k I'oucst, et dans les montagnes de la Cerdaigue, de sembiables masses sont, exposees a I'orient. C'estun fait general que , dans les Pyrenees, orientales, les masses de neiges perpetuelles se trouvent prin- cipalement du c6te du sud et de I'orient,' a une hauteur infe- rieure a 2o00"', vers I'origine des vallees ou dans des depres- sions, le long des flancs des montagnes, En voiei la cause : denovembre en avril, les vents les plus forts et dominants dans ces contrees sont ceux de I'ouesl et du nord. Ces vents, erapor- tant la neige qui couvre les pentes et les plateaux qui plongent de ces cotes, vont I'accurauler sur les eontre-pentes, oil ils en for- ment des masses si considerables que les clialeurs de I'ete ne peuventparvenira lesfondreenti^rement. La meme cause ayant beaucoup diraicue sur les pentes de I'ouest et du nord I'epais- seurde lacouchede neige, ciUe-ci est presque entieremenl fon- due au mois de juillet. »

Exlrait dc I'lnstilut, V section, 1850, 4

5r,

CoTANtQrr:. Li noto suivantr, relativo a \ti /ihysiologie dcs Lichens, est coninnuiiqiiec par M. L.-R. Tuhisiie.

« QuelquGS points de I'histoire des Lichens sont demeures obscurs jusqu'a ce jour, malgre toutes les recherclies que les botanistes out consacrees a cette faraille de plantes. On ne s'cx- plique point encore, par exemple, de quelle manifere leurs spores devienuent llbres et se disserainent; la germination de ces corps n'a point non plus ete observee avec ie soiii convenable, Bi avec des instruments d'optique suffisamment amplifiants par MM. Meyer et Fries, les seuls lichenographes qui .iffirment I'avoir constatee ; par suite, beaucoup d'incertitude existe sur 3a nature veritable des spores complexes; enfin la provenance du Lichen de ses spores est un fait sinoD mis en doute aujour- d'hui, du moins encore tres imparfaitement connu. Sur ccs di- vers points mes recherches m'ont procure plusieurs renseigne- jnents.

» En ce qui regarde la dissemination des spores, fe me suis assure par des experiences miillipliecs qu'clles s'^ehappent dcs theques exactement de la meme maniere que les spores des spheries et dcs discomycetes , c'est-a dire par Ie f.n't d'une force elastique qui projette ces corps a unc certaine distance, et qui parait etre aidee, si eile nVn resulte pas absoluraent, par les differences de structure et d'hygroscopicile qui existent entre la couche hymeniale et Ie tissu sous-posd. Cctte puis- sance de projection permet de recevoir des spores, en quantite innombrable, sur des lames de verre eloignces des sculelles jnerae d'un centimetre; die existe h des degres divers, et je J'ai constatee raaintes fois, dans les Pnrmelia aipolia; P. parie- thia; Pcllidcahorizonialis ; P. polydaclyln ^ P. catiiiui ; Ver- riicaria nigrescens ; Lecidea subfusca; Collema ckcileum; C. jacobecejolium, etc. , etc.

» Ces spores, placees en lieu convenable, ne tardcnt pas k germer. Ce premier acle de la vie individuelie du corps repro- ducteur consiste generalement dans la production d'un ou de plusieurs filaments, que remplit la matiere grenue ou homo- gene, peu coloree, d'abord contenue dans la spore. Chez la plu- part des spores, celks surtout dont la couleur est obscure, il est possible de rccouDaitre que ces filaments precedent d'un en*

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dospore ou membrane interne, avec laquelle ils sont en conti- nuite, et que Vepispore s'est brise pour leur livrer passage.

» Les spores, soit simples, soit composees, n'emclteat sou- vent qu'un seul filament; raais les raemes spores en produisent aussi frequerament deux ou un plus grand norabre 5 ce qui ole- rait beaueoup de valeur h la elassifleation qn'on voudrait faire de ces corps en sporce mononemccc ct sporcc dinemece.

» Je n'ai jamais \u les diverses logettes des spores complexes s'isoler naturellement et imitcr autant de spores distinctes ; cepeudant chacune d'elles paralt pouvoir germer comme le ferait une spore uniloculaire; en sorte que la spore cloisonn^e pent etre regardce comme t'orraee de plusieurs spores simples assoeiees, comme un embryon k germes multiples, ou unegraine k plusieurs embryons.

» Les fliaments-germes se ramifient plus ou moins vite et prennentdes cloisons; sulvant les especes auxquelles ils appar- tienaent, ils resteut tres courts ou atteigneut une grande lon- gueur et formiut, en se melant et s'anastomosant, un plexus byssiforme. iNul doute que ce tissu fliaraentcux ne donne plus tard naissance a de nouveaux Licbens, mais il ne m'a pas en- core ete donne de le constater d'unc maniere assez precise.

» Au surplus, cette vegetation piimordiale differe a peine de ce qu'on pourrait appeler le mycelium du Lichen , s'il etait permis, malgre son etymologic, d'employer ici cette expression; elle designerait, comme cbez les Champi:?nous, un tissu bys- soide, incolore, extremement appreciable chez beaueoup dc Li- chens [v. c. Pdlidece, Cladonice, CoUcmatlsque species var.) , qui s'etend comme uu voile invisible, un rhizome araneeux sur la terre, les fllousses , les ecorces, etc., organc jusqu'ici a peine apercu et d'ou precedent les jeunes thalles.

« J'ai donne toute mon attention a la naissance de ces der- niers, et j'ai reconnu que des fils, en general les plus delies, du byssus generateur derivent ck et la des sortes de coussinets, formes de tr^s courts rameaux enchevetres, puis de cellules fort petites et incolores, et que c'est au sein de ces nouvelles for- mations qu'apparaissent les cellules vcrtes quj commecceiit la couche gonlmique de la uouvcllc pjaute, »

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Scanee rfu 30 mars 1850,

Optique METEOniQUE. M. Bravais fait part a la Societe des resultats de ses obscrvatioas sur la polarisation de la lumierede I'air atmospherique , dans le voisinage du Soleil, sous I'in- fluence de la constitution meteorique qui donne naissance au cercle lumineux connu sous le nom de » halo do 22 degres. »

Void les phenomcnes que Ton observe dans le vertical du Soleil. Depuis le zenilli, jusqu'a 30"* du Soleil , la polarisation est \erticale. En so rapprochant de I'astre , on decouvre un « point neutre » dont la distance a I'astre varie de 25" a 30°, suivant I'intensiie de la lumierc du halo. Audcssous du point iieulre, la polarisation est horizontale; elle est <issez forte sur le halo meme , comme M. Arago I'a observe d* puis longtemps. Cette polarisation continue, tres affaiblie, il est vrai , dans Tin- terieur de I'aire du halo, oil elle se prolonge quelquefois jusqu'a du Soleil. On I'annule en placant devant le polariscope une larae de verre inclir.ee d'environ C5°sur les rayons lumineux ; ce resultat indique que la fraction de lumiere polarisee vcrticaie- raent s'elfeve, en ce lieu, a :J;; ou ^ de la lumiere totale. Get ^tat singulier de polarisation se manifesto meme , sans que Ton puisse apercevoir de traces du halo , pourvu qu'un nuage leger, de teinte grise , et semblable a ceux qui ordinairement engeu- drent ce meteore, recouvre la region celeste qui avoisine le corps eclairant. Le point neutre est alors situe a 2^° au-dessusde son centre.

La m^me disposition se rdpete en sens inverse, au-dessousdu Soleil ; mais, a cause sans doute du voisinage de I'horizon , le point neutre subsolaire est plus ^loigne du centre de I'astre que le point neutre mpcrsolaire : dans le halo du 1" juiu 1818 , M. B. a trouvc, pour cette distance, 33°.

Si maintenaut Ton observe dans I'almicantarat de I'astre , a droite ou h gauche, on trouve la polarisation horizon! ale, a I'tx- terieur du halo , jusqu'a la limite, 25° de distance du Soleil , ou se trouve un premier point neutre. Sur le halo mfime, la po- larisation est verticale , et a la limite interne du meteore elle rcdevicntsubiteraent horizontale, lorsque Ion p6netre dans son aire iuterieurc : il y a done Ih un second point ueutre, qui

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pourrait 6tre appele un point d'inversion , a cause da change- ment brusque qui s'y opere. Si I'astre n'est elev^ que de 8" a 10" au-dessus de rhorizon, et si le halo est peu intense, ces deux points neutres se rapprochent, et se reunissent en un seul, situ6 sur le halo raeme. La polarisation horizontale de I'aire interieure s'etend jusqu'a 5" ou lO" du centre du halo , suivant I'etat de I'atmosphere et la hauteur de ce centre au-dessus de I'horizon. L'ensemble des phenomenes que nous venons d'exposer est d'accord avec les lois deja connues ; toutefois la polarisation verticaie de I'air, pendant les haios, a 1 au-dessus et a 15" au- dessous du Soleil , est un fait qui demande une explication par- ticuliere et qui d'ailieurs merite de fixer I'attention des m6teo- rologistes, comme pouvanl, en I'absence des halos et autres apparences de meme espece, annoncer la presence de cristaux de glace r^pandus dans I'atmosphere.

Seanee du 20 avril 1850*

EmbryogeiME vegetale. M. Ernest Germain, de Saint- Pierre, lit une note sous ce titre : De la structure de I'eihbnjon dans la famille des Graminees et de la nature des coleorhizes.

« Deux opinions principales partagent les botanistes relative- raenta la structure de I'embryon chez les Graminees; les uns veuient que le corps nomrac vitellus par Gaertner et liijpoblaste par L. CI. Richard, soit le cotyledon de I'embryon; cette opi- nion, qui est la plus ancienne, est celle d'A. L. de Jussieu, de MM. de Mirbel, Kunth, Endlicher et Auguste de Saint-Hilaire ; d'autres observateurs, au coutraire, regardent ce corps corame appartenant h I'axe de I'embryon; pour L. CI. Richard il con- stitue la radicule raeme, ce que les autres appellent radicule etant pour lui une radicule secondaire ou radicelie, et la coleo- rhize de cette radicule secondaire etant un appendice de la ti- gelle; pour M. Ad. de Jussieu, la radicule secondaire de CI. Richard est la veritable radicule primaire comme pour ceux qui considerent I'hypoblaste comme un cotyledon, raais I'hypo- blaste n'est pas le cotyledon, et corame il n'est pas non plus la radicule et qu'il est situe dans I'intervalle qui separe ces deux organes, intervalle constitue par la tigelle, c'est une protube- rance ou expansion laterale de la tigellcs En presence des opi-

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nioDS dlvergentes professees simultan^.ment par des observa- teurs d'un si haul merite, je rae suis livre a des recherches assidues sur Tembryon des Gramiuees et je suis parvenu a re- counaitre que I'bypoblaste est ua corps compose d'une partie qui correspond a une feuille ou cotyledon et d'une partie que reusemble des faits que j'ai ele a mcme d'observer me porte a considerer comrae une tigelie et une radicule. Ce resultat expli- que comment les partisans de Tune et de I'autre opinion qui divisaient les pbysiologlstes pouvaient de part et d'autre ap- puyer leur sentiment sur de bonnes observations, sans pour cela parvenir a porter la conviction dans I'esprit de leurs adver- saires.

» Etablissons d'abord que la partie libre etalee ou engainante de I'bypoblaste constituc la premiere feuiile de I'embryon (pre- miere feuille dite cotyledon). Une des premieres objections faites a cette opinion est que la forme en ecusson ou disque etale de I'bypoblaste de la plupart des Graminees, du Froment par exempie, s'eloigne de la forme du cotyledon engainant de la plupart de Monocotyledones. II me suffira a ce sujet de faire observer que la plupart des organes vegetaux sont susceptibles de revetir les formes les plus bizarres sans que, pour cela, leur nature puisse etre meconnue, et, en second lieu , que, cbez le Mais, par exempie, I'liypoblaste embrasse le bourgeon [dit gem- mule) aussi completement que cela a lieu cbez les Liliacees,par cxtinple. Une seconde objection , au premier abord plus serieuse, est que, cbez le Mais, la feuille qui paralt la seconde dans I'ordre de superpusition etde developpcment des feuilles de I'embryon a ses bords diriges du meme cote que les bords du cotyledon lui-raeme; or cbez des planles k feuilles disliques on ue peut admettre deux feuilles successives situees iramediate- meut I'une au-dessus de I'autre et par consequent a bords diri- ges du meme cole. Cette difficulte serait peut-etre insoluble si les enibryons de toutes les Graminees etaient semblables a celui du Mais, mais il est loin d'en etre ainsi, et la forme observee cbez le Mais est presque exceplionuelle. En effet, cbez I'Orge, le Froment, I'Avoine, le Seigle , et autres genres de la fa- niille des Graminees, il existe un organe {VepiUaste de CI. Richard) qui, alternant avec Ic cotyledon , u'est autre chose

u

qu'iinc Veritable feuille ( eomme I'admet M, Lindtoy], (t Tal- ternance de cette feuille avec le cotyledon et la feuille fojiaede siluee plus haut fait tomber robjection prec^dente ou du moins la reduit au Mnis et aux autres genres dont rembiyon est analogue. Or, cette feuille intermediaire (ou epibiastc) est si rudimentaire dans quelques genres que souvent on a assez de peine a la bien voir; pourquoi n'admettrait-on pas que, chez !e Mais, elle avorte cornpletement sans que pour cela la feuille situee au-dessous et la feuille situee au-dessus doivent etre mo- difiees dans leur situation? Si Ton m'objecte qu'il est bien sin- gulier que cette deuxienoe feuille soit raoins developpee que celle qui la precede et celle qui la suit, je rappellerai que, chez I'embryon du Trapa, I'un des deux cotyledons est enorrae, tan- dis que I'aulre est d'une petitesse relativement extreme 5 dans le genre ^Ibrandia (famille des Morees) et dans les genres An- thiar'is et Conocephalits (famille des Artocarpees) les deux pre- mieres feuilles de rembryon, ou cotyledons, sont aussi d'une grande inegalite de volume. La troisieme objection est plus facile encore a resoudre que les precedentes. Le cotyledon des Monocotyledonees, lorsqu'il est embrnssant, presente a sa pnr- tie anterieure une petite fente qui a ete particulierement de- montree par M. Ad. de Jussieu et qui indique les deux bords rapprochds de cette feuille; il en r^sulte que , chez les Grami- nees oil le cotyledon est etale, comrae celui du Fioment, par exemple, ce cotyledon ne peut presenter de fente, puisque scs bords sont cornpletement ecart^s; or, on a trouve naturelle- ment une fente sur la feuille qui suit I'epiblaste et qui est la premiere dont le limbe soit enroule, et Ton en a conclu que cette feuille enroulee est le cotyledon, mais cette conclusion n'est pasfondee, car chaeune des jeunes feuilles roulees ayant sa fente, cette fente ne saurait servir de caractere distinctif pour lo cotyledon.

» Ayant deraontre que Thypoblaste des Graminees constitue, au moins dans sa parlie libro, une veritable feuille cotyledo- naire, il me rcstc a demontrer qu'une partie de eet hypoblaste constitue la premiere tigelle y compris la radicule.

» Pour cela je placerai dans la meme position un embryon deGraminee (celui du Mais), ct celui d'une Liliacee, celui d'lin

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All (VJUium Cepa), bien que ces deux erabryous soient de formes ti es diffdrentes, le premier 6tant irreguli^rement h^mi- spheiique, et le second ^tant longuemeot cylindrique. Si je di- rige en haut la gaine des deux embryons, il en resulte que I'embryou du Mais a sa convexite dirigee ea bas, et celui de V Allium celle de ses extr^mites qui s'echappe la premiere de la graine pendant la germination ; or cette extr^mite dirigee eu bas est regardee chez VAllium corame la radicule primordiale, pourquoi chez le Mais la meme partio ne serait-elle pas le meme organe, et ne prendrait-elle pas le meme nom ? Cc qui fait que, chez le Mais, cette partie inferieure du cotyledon n'a pas ete consideree comme la premiere radicule (exceple ccpendant par CI. Richard), c'est que cette radicule n'est pas destinee a s'ac- croltre, la nature en a fait seulement un magasin de substance nutritive, comme de la partie lirabaire du cotyledon. En outre, on adte d'autant plus ais^ment induit en errreur que Ton a vu ac6tede cette masse inerte sortir une radicule entouree d'uue coleorhize, et que I'ou admettait que le caractere essentiel de la radicule chez les Monocotyledonees est d'etre entouree d'une coleorhize. Pourquoi, en effet, cette radicule coleorhizee a c6te de cetubercule que j'appelle la radicule primitive? C'est que la premiere feuille de I'embryon etant, chez les Graminees, detour- nee de la forme et des fonctions qu'elle presente chez les autres Monocotyledonees, c'est la seconde ou la troisieme feuille qui emprunte la forme et les fonctions de la premiere. En raison de ce changemeni de fonctions du cotyledon, la gemmule ne pou- vait se coraporter chez les Graminees comrae chez la plupart des autres Monocotyledonees; en effet, elle prend une direction oblique et presque transversale, et la racine coleorhizee glisse a la surface du cotyledon (comme chez le Froment) ou en tra- verse le limbe (comme chez le Mais) qui presente par conse- quent une double coleorhize.

» En resume, chez VAiliunif la radicule du cotyledon s'al- longe par la germination, puis, manquant d'une force suffi- sante pour s'allonger indefiniment, elle est perforce verticale- ment par la racine suivante plus forte qu'elle, qui s'est engagee dans son axe et se trouve reduite a I'etat de fourreau ou coleo- rhize. Chez le Mais, la radicule du cotyledon est un simple rea-

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flempnt (qui, chez la pinpart dcs autres Gramineps, est fl peine plus saillant que ie reste du cotyledon) ; la premiere radicule qui se fait jour au dehors est line racine secondaire qui traverse a sa base lelimbe du cotyledon, et est traversee cUe-nieme verticaie- ment a son tour et reduite ciTetat de gaine par une troisieme racine. » Dcs faits qui precedent je conclus :

» Que la forme d'un tubercule solide, on ia foimc d'une racine convertie en gaiue, peut appartcnir a la radicule pii- maire (puisque cette premiere racine est un tubercule cl'.cz le Mais el une gaine chcz V Allium).

» Que la forme d'une gaine (coleorhize), ou la forme d'uue racine ordinaire, peut appartenir a la deuxifeme racine (puisque cetle deuxieme racine est gaine chez Ie Mais et racine cliez V Allium).

» 3" Que par consequent la coleorhize est une racine, d'oii il suit qu'uue racine peut renfermer, comme un elui, une rooine nee posterieurement.

» Un exemple puise chez les vegetaux dicotyledonc's va niaintenant nous demontrer que les racincs pivotantes de cos vegetaux peuvcnt etre cousiderees comme Ic lesultat de rnciiies nombreuses descendues entre deux colcorhizcs ordinairemcnt adherentes, mais susceptibles de devenir libscs et par conse- quent evidentes. Je considere comme de veiitables colcorhizes les appendices descendants que Ton observe a la base des fcuilies colyledonaires du Radis [Raphanus saiiviis) lorsque la piante presente deja une roselte dc feuilles. Ces oppciiuioes constituent dans I'origine presque toute la masse de la ligelle et de la radi- cule ; plus tard, lorsque ces parties ont pris uii certain develop- pement, on les voit se detacher de la masse sous la forme de membranes charnues , mais en restant adiiercntes par la base dcs feuilles cotyledonaires ct souvent aussi par la partie infe- rieure de la racine. Ces appendices, avant do devenir libres , faisaient done partie de la tigelle et de la racine, et ieur coupe verticaie nous apprend qu'iis sont la coiitiiuiation de toute la partie celluleuse des feuilles cotyledonaires qui se prolonge manifestement au-dessous de Ieur insertjrin ; quant aux tais-

Extrait dc I'lnsiUut , 1" seclion, 1850. 3

3/»

feaiix vnspulaiiis .mi tlescendciu du petiole, ils penelrent dans lo centre de la tif^clle.

•> Dans uue note precedente siir la striutuie du bulbe ou tubcrcule des Oi cliidees (section des Opiirydecs) j'ai demoulro, que cc bulbe est compose dans sa paitie superieure par I'eperon des fcuillcs du bourgeon dans Icquei descend le bourgeon lui- nicme qui cmet n sa base une masse radicuiaire adbercnte a un sac qui la renfeime ; ce sac constitue chcz ces bourgeons anor- niaux une veritable coleorbize. »

BoTANiQUE. Une note snr la })lace que doit occiiper Ic fjciire Ik'gonia oto la fam'illc des Br.qoniacccs dans la mtlhode natw'cUe est communiquee par M. I). Clos.

« l.esespecosdu genre Beyonia tiennent aujourd'hui un des premiers rangs en borticullure; leur nombre est deja conside- rable, ct plusieurs d'entre elles font rornement de nos serres. On a done pu eludicr avec soin lenr organisation, ct cependant ou n'est guere plus fixe quanl u la place qu'il convitnt d';issi- gner ace genre dans la classification natiirelle qu'on ne Tetait du temps de A. L. de Jussieu qui le comprenait dans sa liste des inccrue sedis. « II n'est pas peu curieux dc vo r, dit .)!. Liudley » [Vrgct. K'vnjd., p. 318), les opinions des botJinistes sui' lis » ai'fiaites de ces plantes bien connues renter indecises jusqu'a » ee jour. Jo supposai d'abord que la f;imille avail des rapports » avec les Hydrangees par suite de quelque ressemblance dans » les graiues. D'autres les out rapprocbees des Polygonees, a » cause des stipules, du fruit a Irois ailes ct du calice co- » lore; Link les met pres des Ombeilitercs , Martins pres des » Scevolees et Meisner avec les Euphorbiaeees... Mais leurs affi- « nites reclles semblenl etre avec les Cucurbitacees. » Celte derniere opinion est aussi celle de MM. Endlieher, Brongniart ct Ad. de Jussieu. Sans doute il existe des points de contact multiplies cntre ces deux families ; niais les Cucurbitacees, mal- gre leurs flcurs uuiscxuees, n'ont jamais plus de cinq etamincs ; icur fruit est babitucllement cbarnu et depourvu d'ailes ; la placentation est tout autre; les grainis sont giosseset compri- mees ; enfin eiks out des vrilles (stipules transi'ormccs?) el leur tige n'est pas arliculce. Ce sont la des differences capitales. Quant aux caractcrts qui separent les Bcfjoma des autres fa-

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milles deji'i citecs, ils soiit trop connus, tini" saillants nourque jc croie devoir Ics mcntionncr.

» Mais il est unc t'aniille avcc laque'l'? i( s Brr/. nin inc sem- blcut avoir bieii plus de rapports qu'avcc ci'IIos dont il vient d'e- tre question , e'est la famille des Aristolociiiees. A vrai dire, si I'oii compare un Ber/omaa\ecime espece du genre Arisloloclnn, on aura quelque peine a concevoir sur quoi ce rapprochement est fonde ; mais que I'on passe en revue tous Ics genres de ce groupe ct surtout ceux que Ton pourrait appelier degrades , savoir : Brarjantia , Thonea et Tiicliopod'nnn^ et on y retrou- vcra les principaux points d'organisation dfs Becjonia (().

» Toutes les Aristolochiees ont Tovaire infere et le perianthe colore comme les Begonia^ ct, comme dans celles-ci, les fleurs sonl unisexuees dans les genres Trichopodluni et Thollea, aiusi que dans le Bracjanlia Wallichii , Br. Le type des parties de la fleur est en general trois ou un de scs multiples clicz les Aristolochiees, et cette symetrie n'est pas ctrangere aux Bego- nia. 11 est vrai que les fleurs males de ccs plantes ont le plus souvent un perianthe de deux a quatre pieces, mais celui des fleurs femelles, bien que tres variab'e, est a trois divisions dans le Begonia pellaUt, a six dans les B. cirgyrosligma ciumbcllala. L'ovaire et le fruit des Begonia ont conslamoacnt trois car- pellcs. N'a-t-on pas la de fortes prcsomplions pour croirc que le systeme tcrnaireet^t celui qui preside a I'organisalion florale des Begoniacees ?

» Les Aristolochiees a fleurs hermaphrodites ont un nombre

(1) On admet gen6ralemenl raffinil^ des AristolochiL-es avcc les Cucurbi- tacdes et de celles-ci avec les B6goniacees; mais M. Ad. Brongniart est le scul , i ma connaissance , qui ait assign^ aux Bcgoniacfies leur veritable place dans la sOrie liii^aire des families en les iiilcriiosaiit aux deux pre- mieres (voy. Enum. genr. cult., p, 30). Seuleraenl il fjit rcnlrer Ics Bego- niacees dans sa classe des Cucurbilinees, tandis qii'ellcs me paraisfent apparlenir, malgr6 Tabscnce d'albiinien , a ccile des AsarCcs. Tons Ics au- teurs ne s'accordcnt-ils pas i r6unir i la classe on famille des Urlic6cs perispcrrates la famille on tribu des Cannabinces bicn que aperisperniees. M. Dumorlicr (Conspecl. famil. veget. Analys. de< fam.) met aussi les Begoniacees pres des Arisloloches, mais eulre celles-ci tt les Polygonccs.

C.

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fixe d'etamiues, soil six, soit douze; mais celles doDt les sexes sont separes n'offrent pas moins de diversite a cet egard que les Begonia ; c'estainsi que, d'apr^sM. Bennett (Plant, javan. rar., p. 43), il est de 5, 6, 8 ou 9 chez les BracjanCia^ et quatre t'ois plus grand chez les TlioHea. Ces etaraines sont tant6t libres, tantotmonadi'lphes avee les antheres extrorses, jaunes et a deux loges s'ouvrnut loiigitudinalement, adnees au connectif, tous caractcres qui se retrouvent dans les Begonia.

» La capsule dcs Thotiea est a trois loges corame celle des Begonin, ct dans Tun comme dans I'autre de ces genres la pla- centatiou est axile, les graines etant disposees sur deux rangs k Tangle interne de chaque lege. Cependaut la dehiscence est locu- licide dans les Begonia et septicide dans les Aristolochi^es.

» Les Begonia ont trois styles bifides, comme les Trichopo- dium trois stigmates bipartis.

» L'ovulc des Begonia est anatrope aussi bien que celui des Aristolochiees, et loutes ces plantes ont uu erabryon tres peiit , droit, avec la radicule tournee vers le bile ; mais on constate I'absence d'alburaen dans les Begonia dont la graioe est par suite tres nienue, tandis que la seraence est pourvue d'un gros perisperme dans les Aristolochiees, ce qui iui donne d'assez fortes dimensions.

» Si des organes de la fructification on passe a ceux de la vegetation on retrouve lameme concordance, Les Aristolochiees, ftjmme les Begonia^ offrent des plantes herbacees, soit acaules, •oit caulescentes, et quelques especes de Begonia^ au rapport de M. Hartweg, sont des arbrisseaux volubiles comme certaines Aristolochcs. Les genres Braganlia et Begonia ont I'un et I'autre des tiges flexueuses et renflees aux noeuds , articulees ainsi que les feuilles, et le Braganlia lomentosa reproduit assez bien le port le plus habitucl et I'inflorescence des Begonia. Les deux families on! des feuilles grandes, petiolees et accompagnees de stipules; mais elles ue sont que peu ou point iuequilateres dans les Aristolochiees. Nous regrettons de n'avoir pu verifier si les tigcs des espfeces de Begonia sous-frutescentes ont une slrueturc analogue a celle que M. Decaisne a si bien fait con- nailre [)»v,v les Aribtoloches (voir Wem, Lardizab^lees , Ar-

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chiv. du Mus. 1 , p. 150-160). Ajoutons que les propridtes des deux families ne sont pas en desaccord. On attribue aux Bego- niac^es un sue acide et a quelques-unes d'entre elles des vertus astringentes et drastiques. Or, si les Aristoloehiees sont en general aromatiques, toiiiques et stimulantes, I'Aristoloche cle- matite et I'Asaret ont une aerete telle qu'on peut les employer comme emeliques. Dans les deux families les prlncipes actifs resident dans les tubercules souterrains.

» En resume, les Begonia ue paraissent differcr essentielJe- ment des Aristoloehiees que par le mode de dehiscence de la capsule et I'absence d'albumen. Ces deux caracteies sont-ils suffisants pour autoriser a conserver comme distincte la famil'e des Begoniacees? Ou bien faut-il faire rentrer le genre Beyonia dans la famille des Aristoloches, en le coasiderant comme genre anomal ? Celte derniere opinion doit peul-etre prevaloir, car la plupart des auteurs s'accordent a rejeter ou du moins a regarder comme defectueuses et provisoires les families composees d'un seul genre ; et c'est le cas pour celle qui nous occupe , les genres Eupelalum et DiplocUnium proposes par M. Lindley aux depens des Begonia n'ayant point encore recu la sancUon generale. L'exempledeja cite des Cannabiuees sansperisperme, reunies aux Urticees perispermees, serait peut-etre encore de nature a confirmer celte maniere de voir. »

Analyse mathematique. M. Serret communique a la Societe :

lo Un memoire intitule : Developpenient sur une classe d'e- qualions. L'autcur n doune dans son memoire la solution de celte question : Qu. lies sont les equations irreduclibles jouissant de li propriele (jue Its fractions continues qui rcpresentent deux ou pluneurs rcuines rcelles sont terminees par les tnemes quo- tients. II prouve que cette propriele ne peut appartenirqu'a des equations de dcgre 2n ou 3n , et donne la forme generale de ces equations.

2" Uu theoreme de geometrie qu'il a applicjue avec succes a rinlegration de quelques equations differentielles exprimaut di- verses proprietes des courbes gaudies. Ce theoreme peut etre (inonce comme il suit : Si M est un point d'line courbe gauche, et quon designe par « e( > les angles formes avec une direction

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fixe x'x 'par la larujcnic an point M , cl par i'axe da plan oscu- laleur en ce point , le rapport des deux diffcreiuldles d cos a, d cos > est egal au rapport da raijon dc torsion on raijon de courbnre au point M de la courbe , quelle que soil la direction fixe x'x.

3" Uii theoreme de theorie des nombres qu'on pent enoncer comme il suit : Si f [x) designe un polijnomc a cocfficienls en- tiers , p un nombrc premier, et que Von ait

f(I) = l (modp), on aura aussi

f (a) f (f.) f (7).... fH = 1 (modp), c)t dcsignant par «, p, 7,.... w Ics racines primitives de I'equa-

lum

u.

r a; ~ 1 r= 0 ,

quel que soil I'enticr p.

/•

On deduit de 1^ que I'equation x I = 0 , se change en une equation irreductible si on la debarrnsse deses racines non pri- mitives. On etend facileracnt cette meme conclusion a {'equation X"' 1 r:: 0 quelle que soit m.

Stance du 18 mai 1850.

Erpktologie. M. Aug. Dumeril , aide-naturaliste au Mu- seum d'histoire naturelle, presente quelques considerations sur une nouvelle grande famille qu'il propose d'etablir parmi Ics Serpents col ubri formes.

II insiste d'abord sur la necessite de prendre Ics coractercs anatomiques pour base d'une distribution raethodique, surtout quaud il s'agit d'animaux chez lesquelsles caractercsexterieurs importants sont en si petit nombre et si difficiles h bicn pre- ciser.

Le systeme dentaire reunit, comme moyeu de classement, les conditions les plus avantageuses.

Apres I'ancienne distinction des Serpents en deux grandes sections, selon qu'iis sont munis de crochets^ venin a la partie antdrieurc dc la m&choire superieure, on qu'iis en sont prives, et aprcs rcliraination des premiers, I'erpctologiste se trouve encore

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en presence d'une telle multilutle cVetres, que, pour nrrivcra dcs determinaliims bicn ncttcs, il doit cliercherde nouvermx moycns de division. Ce sent encore les dents qui ies iui offrent , en lui donnant d'abord la possibilite , ainsi quel'ont etabli M. C. Du- meril et Bibron, dans ieur Hist, gcner. dcs Reptiles, de fonder, parmi Ies Colubriformcs , une grande tribu d'Ophidiens qui , ninlgic le nom d'Aphoberophides qu'ils Ieur ont impose, c'est- a-dire de Serpents dont on ne doit pas se defier, k cause de Ieur apparence exterieure, sont cependant venimcux, mais seulement pour la proic qui a deja peneire dans la cavite buccalo. A la ma- choiresuperieure, en effet, nonplus en avant, mais a I'extremite terminale de chaque rangee de dents, on en trouve une on deux sillonnees dans toute Ieur longueur ct destineesi permettre I'e- coulement d'une humeur secretee par des glandes dont la struc- ture, 6tudiee par M. Schlegel d'abord, puis par M. Dnvernoy, olTre I'analogic la plusfrappante aveecelle des glandes a vcnin.

Cette division etant Stabile, il ne reste phis que les Serpents dont la piqure est sans aucun danger, quellesque soient les dents qui fnssent la blessure. On peut partager ceux-ci en dcuxgron- pes: I'un, peunombreux en cspeces, comprend les Typhlops dont le nom de Scolecophides ou de Vtrnaiformes propose et adopte par Ies auteurs de VErpetolog'te cjenerale, rappclle la bizarre con- formation exterieure. Leur systeme dentaiie presente une bien remarquable imperfection, dont ces auteurs se sont servis pour leur classement en deux families, celle desTyphlopiens propre- nient dits qui n'ont des dents qu'a la mdchoire superieuro, ct celle des Catodoniens qui n'en ont qu'a rinferieurc.

L'autre groupe, tres considerable, renferme tous les autres Serpents dits innocents ou Azemiophides. Or, les particularites de la dentition sont encore ici de la plus haute importance, parce qu'elles facilitent Tetablisscment de divisions secondaires.

Le but principal que M. Aug. Dumeril s'est propose dans sa communication a la Socicte a ete de faire counaitre une de ces divisions. Celle-ci resultede la possibilite de rapproclierlcsunes des autres, comine Bibron I'avait projeteetavait deja commence a le faire, un certain uorabre d'especes qui ayant , jusqu'alors, apparteiiu a diffeients genres, peuvent elre distribuees dans dcs genres speciaux dont la reunion est tres pvopre a former une

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seulc et grande famiilo. Lo caractere commun a toutes cos cspfe- ces avail ete reraarque chez quelques-unes d'enlre elles,mais on I'avait ciu beaucoup plus rtstreiiit qu'il ne I'cst en realite. Ge caractere est celui qui a valu aux Serpents nomiiics Het^rodons et Xenodons cette denominatiou destinee a exprimer cc qu'il y a d'etrange, en quelque sorte, dans leur sysleme dcntaire. II con- sistedansun aiiongemeat considerable des deux dornieresdents susmaxiilaires, de chaque cote, qui nesont ni canaliculees, ni sii- lonnees , dans I'absence d'une glande venimeu e h leur base et dans leur eloignement des dents plus courtes qui les precedent. Toutes ces particularites ne sont pas exclusi ves a oes deux genres, mais sont propres a plusieurs autres, et cette similitude dans des organes donl I'exaraen est assez facile pour I'observateur est tres importaute quand il a affaire k des animaux oil les differences exterieures sont si peu nombreuses. Aussi , etait-ce un moyeu utile a employer pour etablir dans la section des Azemiophides une coupe constituant une nouvelle famille naturelle, ctlle des Hysterodoutes indiquani, par son nom merae, que les dents pos- lerieures doivent fixer ['attention.

Elle comprend des Ophidiens colubriformes dont les habitu- des different. Lesuns, etcesont les plus iiombreux, habilenl Irs lieux sees et ne s'enroulent pas sur lesarbres.Tel est d'.ibord Ic genre Dromique (bon coureur) fonde par Bibron dans VErpci. de Cuba : il a pour type laCouleuvre nommee aux Antilles la Con- ?-csse [Col. cfo'sor), dont il a rapprocheuneCouleuvrede la meme ile decrite et nonamee par lui Dr. anguUfere. II faut y rapporter, en outre, la Coul. raijee (C. Ihieatus, Lin.), deux Psammophis de M. Schlegel : Ps. de Tcmm'mck et des Antilles, la C. tmcalc Lin., et enfin des especes nouvcllcs et encore inedites qui seront designees sous les noms de Dr. niikolore, demi-den'il , de Plee et a venire roux. Vieunent ensuite le genre iJopbis (Serpent lisse) deWagler, mais modifie, coniprenant les Conl.de lareine et Cobelle de Lin., la Coid. de Merrein, puis la C. a an- neanx (jemincs et\es genres Heterodon etXenodon dont les es- peces ne sont pas encore revisees.

D'autres Hysterodoutes sont aquatiques et peuvent 6tre ranges dans deux genres dont I'un nouveau est celui des Ampliiessr.enes ( bien vctus) qui est un demembremeni du genre des Tropido-

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notes neoessite par la dispr./ition du systeme dentaire et qui doit comprendre les especesnommecs jusqu'a present 7Vo;j robe, a coil rouge, panthere el ii laches dorces. L'autre genre est celui des Helicops (^ yeux obliq ies) do Wagler qu'il a fallu modifier et auquel conviennent la C. anrjuleiise L., celle u queue careiice du prince Maximiiien, etune autre nouvclie II. dc Lqmeiir.

Uno troisieme division cnfin relalive aux Hysterodontcs ar- boricolesnerenfermeque ic genre nouveaudcsUroniegas (grande queue) compose de deux eS)-eces f/. a nez pointu et U. de Rlcord.

OncANOGRAPniE VEGET '.LE. M. Emcst Germain, de Saint- Pierre, communique la note suivante, sur la structure du faux- hvilhe du Corydalissolida, servant de complement a Vetudc des coleorhizcs.

«De Textrait d'un mcmoircquej'aipresente dansl'une desder- nieres stances, il resulte que I'organe nomme coieorhizc chez I'em- bryon eu germination des Gramin^es et autres plantes monoco- tyledones, doit etre considerd comme une racine qui est bientot perforee selon son axe et reduite ci I'etat de gaine par uncot: p!u- sieurs racincsnees posterieurement , et en outre quecette coieo- rhizc devenue tubulcusc est non-seulement manifeste chez Ies Monocotyledoiiccs , raais aussi chez certaines Dycotylc.lonees , etj'ai cite !e Rapfiayms sativus , plante chez laquellc il existe non pas une, mais deux coleorhizes paralleles dont I'ensemble constitue un fourrcau et dont chacune est la continuation mani- feste de la partic cellulaire des feuilles cotyledonaires au-dessous de leur insertion. ^

B Je tire aujourd'hui de ccs fails Ics conclusions suivantes savoir : quo la couchc extericurc d'une racine ( soit quo cettc couche devienne librc et prcnnc Ic nom de coleorhize , soit qu'clle reste adherenle et garde le nom d'dcorce de la racinc)est, au moins en pnrtie, le resultat de la prolongation de la portion celluleusc des feuilles au-dessous de Icur insertion. J'ajouterai en outre , que si ce fait est considere comme acquis , on ne pput se refuser a admettre que I'origiue de I'ecorce chez la tige est la memc que I'origine de recorue chez la racine , el que le memo prolongemiMit celluleux qui , :i uu certain niveau , constitue Te- oorcc de la tige, constitue a un niveau infeiicur I'ecorce de la racine.

Kxlrail 'If /7rts/(/»/, 1" scvlioii, 1850, C

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V L'etude de la racinc hulbi forme du Conidalis solida, Smith, [C. f?'a//en, Willd.). plante dicotyledonee indigene dont j'ai suivi le cmieux mode de vegetation pendant une periode de plu- sieurs anuees, mc semble confirmer les icsultats importants sur la nature de I'ecorce auxquels j'uvais ele deja conduit par les observations precedentes.

» Je me conteutcrai, dans cette note , de parler de la struc- ture de cette racine bulbiformc a i'etat adultc.

» Le faux-bulbe ou tubercule du Corijdalis solhla est une masse charnue, irrcguli^remc-nt giobuleuse , terrainee iul'erieu- reraent par des librts radicaies et emetlant superieuremenl une, deux ou plusieurs tiges floriferes annuelies.

» Si nous examino.is un de ces faux buibes , a I'epoque ou la plante est en fruit, c'cst-a-dirc daus le courant du raois de mni, nous voyons , au moyen de coupes horizontales et verticales , qu'il se compose : l»d'une couche exterieure blanche, cbarnue, succuicntc , qui sc continue avec la base des feuilles squami- formes situees a la base de la tige ; d'une colonne ceutrale de coulour blanchatre, qui se continue superieurement avec la ligc, et inferieureracnt emet un faisceau de racines qui perce a sa base la couche blanche cfaarnue exterieure ; a I'aisselle des feuilles squamiformes qui entourent la base de la lige , on volt poindre un ou deux , quelquefois plusieurs bouqjeons destines h fournir les tiges floriferes de I'annee suivante.

» Si I'on etudie le meme faux bulbe a I'automne , on trouve que les bourgeons axillaires ont emis chacun k leur base une co- lonne charnue , ces noiwelles colonnes etant descendues le long de la colonne centrale , qui commence des lors il se flttrir et a se reduirc a un tissu inerte.

» Eufin , si on etudie ce faux bulbe au printemps suivant , vers le mois d'avril , alors que la plante est en fleurs, on trouve que la couche exterieure, charnue I'annee preccdente, est deve- nue seche , spongicuse et inerte ;ellefinit meme par neconsister qu'en quelques lambeaux membraneux ; quant a I'axe central , qui se prolongeait I'annee derniere en tige florifere , il est reduit a un filet aplati et flasque qui ne tardc pas a s'obliterer com- pletement. Les nouvelles colonnes descendues des bourgeons axillaires (alors developpes eu uouvelles tiges llariferes ) ont

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grossi , sont devenucs globulcuses et constituent d^s lors chn- ciine iin bulbe indcpendant ct libre, semblable au bulbe-mcTc acluellenunt delruit ou dont il ne reste qu'une membrane se- che. La base des nouveaux faux bulbes laisse passer la touffe de racines qui part de rextremite inl'erieure de leur colonne oen- trale, ct bientot ces nouveaux faux bulbes fournissent a leur tour dts bourgeons axillaires.

» Quelle est la nature des parties cmboitees qui constituent le faux bulbe du Coriidalis solida? La eouehe charnue exterieurc corrcspondant a la base des feuilles squamiformes est i'ecorcc de la racine ; or, cette ecorce se laissant percer a sa base par uu faisccau de fibres radicales , et se detachant plus tard comnie une gaine du faisceau central , ue differe en rien d'une coleorliize; quant a la colonne centralc , c'est uue veritable racine pivotaiite emetfant a sa base des fibres radicales.

» C'est ent re I'ecorce radicale libre ou coleorhize ct !e corps central de la racine pivotante que descendent isolement les corps radieulaires des bourgeons , corps radiculaires qui ne sont autre chose que de jcuncs racines coleorhizees independantes Tune de I'autre.

» Un bulbe de Conjdalis solida est done en realite une veri- table racine pivotante coleorliizee, a coleorliize charnue globu- leuse , et cette racine qui est annuelle se renouvelle au moyeii de racines semblabies qui descendent isolement des bourgeons en traversant sa substance.

>i Quclles sont les differences qui existent entre cette singu- liere racine pivotante coleorliizee et se renouvelant chaque an- nee ct une racine pivotante vivace non coleorhizee, celle d'une Ombellifere , du Fenouil , par exeinple? Les voici : Chez la ra- cine pivotante vivace non coleorhizee , I'ecorce s'allonge indefi- niment avec le corps central de la racine ei lui reste adhcrtnte , au lieu de se laisser traverser par lui et de s'en detacher plus tnrd ; en outre , dans h^s racines pivotantes vivaces , les bourgeons cmettent inferieurement des processus qui s'etendent en reseau autour du corps de la racine (comme il est facile de s'en assurer par la maceration) et grossissent la masse, tandis que ehez le Corydalis solida le processus descendii de chaque bourgeon forme un corps isole et coustitue une racine independante.

» L'oplnion a laquellc je suis arrive dans celle elude differe cl'unemanjere complete de celle que M. Bischoff a fait connaitrc dans un memoire sur les buibes des Corydalis; M. Bischoff ad- raet que le point de depart du bulbe est sitae au niveau du point d'oii partent les fibres radicales ; je crois , au contraire , avoir de- montre que le veritable point de depart est I'aisselle des feuillcs squamiformes oil se developpent les bourgeons axiliaires.

» Lorsque la plante est a i'etat spontaue, il n'exisle ordinai- remtnt qu'uu bourgeon axillaire; lorsque la plante est cuhivee et devientplusrobuste, il se developpe plusordinairement deux et queiquefois plusieurs bourgeons axiliaires. Si I'on fait la coupe Jiorizontale de l"un de ces faux buibes a trois ou quatre bour- geons ou tiges, a I'epoque de la floraison, on sera frappe de i'a- nalogie d'aspect que presente la coupe de cette racine composee de cylindres rapproclies et enveloppes par une ecorce generale , avec I'aspect que presente la coupe horizontale de certains ar- bres de la familie des Sapindacees ; il y a lieu de croire que I'a- nalogie d'aspect sera confirmee par I'analogie de structure, et que la difference la plus cssentielle consiste en ce que, dans le premier cas, les tissus sonl herbaces et se renouvellent chaque annee, tandis que, dans le second cas, iis sont ligneux et per- sistants.

» Je ne terminerai pas ces observations sans faire remarqucr qu'il existe une grande analogic de structure entre le faux bulbe du Corydalis suUda et le faux bulbe des Orcbidecs de la section des Ophrydees dont j'ai recemment fait connaitre I'organisation. Dans les uns et dans les autres , il s'agit de bourgeons axiliaires emeitant a leur base une masse radictulairecoleorbizee. Les dif- ferences sont les suivantes : Chez Ics Orchis, la masse radicu- laii'e est composee de faisceaux nombreux et est souvent indi- \ise a I'exterieur ; c^tte masse, dans I'origine, descend et se de- veloppe dans une sorte d'eperou ou dc sacappartcnant a la base des premieres fcuilles du bourgeon ; en outre, la tige presente au collet des fibres radicales adjuvantcs ; enfin, les masses radicu- laires de nouveile formation se developpent , y compris leur epe- ron , en dehors de la masse radiculaie plus ou moinsepui^eedc I'annee precedcnte. Chez les Corydalis , au contraire , la masse radiculaire piescnle un fai.-ceau central unique; celte

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masse ne descend point dans un eperon ; de I'ouvei'ture de la coleorhize il sort un faisceau de nombreuses fibres radieales ; la tige nc presente pas au collet de fibres radieales adjuvantes ; en- fin, les masses radiculaires cle nouvelle formation descendent dans Tepaisseur de la racine de I'annee precedente, entre la co- leorhize et sou faisceau central. »

Seance du l"juin 1850.

M. Antoine d'Abbadie expose les faits suivants : « Dans une communicalion faite a I'Academie des sciences, le 8 avril dernier, sur le regime aliraentaire des mineurs beljjes, M. de Gasparin attribue une grande faculte nutritive au cafe, et cite a I'appui I'experience de nos soldats en Algerie et I'exem- ple des nations arabes. Dans cette assertion il est peut-etre pre- mature de coniprendre les habitants de I'Arabie proprement dite. On sait que les wahabis, protestants de I'islamisme, s'ab- sticnnent, par scrupule religieux, de I'usage du cafe. J'ai vecu pendant mes voyages avec pliisieurs de ces sectaires et jamais il ne ra'est arrive d'entendre dire que les wahabis fussent moins *sobres ou moins endurants que ceux de leurs compatriotes qui font un usage habiluel du cafe. Vcut-on une preuve plus convaincanle de cette assertion negative? Passons en Abyssi- nie ou les musulmans boivent le cafe plusieurs fois par jour et supportcnt ucaumoins le jeune avec moins de facilite que les Chretiens. C'est ce qui a ete constate raaintcs fois par mon frere, M. Arnauld d'Abbadie, qui, dans les guerres du G:)Jjam, a com- mande (i des soldats de ces deux i-eligions. Dans los relraites desastreuses a travers des pays sans vivres , les musulmans etaient toujours moins dispos que les Chretiens. Ces derniers croiraient perdre leur foi s'ils buvaient du cafe , et cependant ils suiveat I'armee trois jours de suite sans autre lest, j'allais dire sans autre nourriture qu'un peu de terre delayee dans I'eau froide. Ces memes soldats combaltent pendant tout le careme en ingerant pour toutc nourriture un demi-litre ou raeine un tiers de litre de farine non tamisee, souvent cuite sous la cendre. Ce repas unique a lieu vers le coucher du soleil apres une journee fatiganle et consacree a un jeune absolu. II est d'ailleurs uotoire en Abyssiuie que la chair, grasse ou maigre, mais crue,

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n'a pns les proprietes nourrissantes que M. Mngendie lui a re- connues en Europe. J'ai sejouine pendant trois jours avce I'ar- mce de TAg^me dont les soldats abattaiont journellement plu- sieuis cenlaines de boeufs, et se plaignaicnt neanmoins d'avoir perdu leurs forces par une nourriture exclusive de chair crue. L'un de racs porteurs que la necessity avait soumis au mcme. regime, reuonca a son fardeau el au salaire avautageux que je lui promettais, parce que le manque de pain et I'usage dc la chair erue lui avaient fait perdre, disait-il , toutes ses forces. Celle assertion est d'ailleurs universellenient admise en Abyssi- nie. D'un autre cote, mon f ere a reeonnu dans le meme pays, ot par des experiences comparatives, que la viande sechee au so- leil reparc les forces de i'homme bien mieux que la chair crue, mais moins qu'une nourriture coraposee de farine.

» Ces faits singuliers, mais bien averes dans les conlrees ou nous avons sejourne tant d'annees, viennent d'ailleurs ^I'appui de I'assertion du savant piiysiologiste deja cite, (jue tout ce qui tierit a la theorie de la nutrition est encore cutoure d'un voile impenetrable. »

Seance du 8 juin 1850.

Cristallogbaphie. M. Bravais expose une nouvelle partie de ses recherches, relative aux macles et hemitropies des cristaux.

Les cristaux hemiedres, plus generaU ment les cristaux nom- mcs « meriedriques » par Tnuteur [seance du 17 novembre 1849), offrtnt un genre parliculier d'hemitropie avec penetra- tion intime, que ne presentent pas les cristaux holoedriques : c'est sur cetle sorte d'hemitropie, dont la theorie des assem- blages donne facilement I'explication , que roule la communi- cation actuelle.

Si Ton fixe invariablement dans I'espace les lieux des sommcts d'un assemblage cristallin en voie de formation, Ton sail que c'est en ces lieux que viendront. s'arreter les centres de gravile des polyedrcs moleculaires : la condition qui achcve de fixer la position d'un de ces polyedrcs cnnsistc en ce que ses axes ct plans de symetric doivent se ranger suivant les axes et plans de symetrie de I'assemblage. Dans les cristaux holoMriques,

cplte condition ne laisse rion d'indetermine quant a rorientation de la molecule. Mais, dans lescristaux menedriques, une partie des elements de symelrie (axes, plans ou centres) de I'assem- blage est dcficienie dans le polyedre moleculaire (seance deja clt^e). Alors il exisle plusieurs positions d'equilibre stable ega- lement possibles, et Ton demontre : 1" que, partant de I'une d'entre elles,on peutobtenir toutes les autres, en faisant tourner le polyedre autour de I'un queiconque des axes de symetrie deficiente, d'ime quantite angulaire dependant du numero d'ordrc de cet axe, savoir de 180" si I'axe deficient est binaire, de 120" si cet axe est ternaire, de 90° ou 180° si cet axe est quaternaire^ etc. ; que le nombre de ces positions d'equilibre leellement distinctes I'une de I'autre est egal a 2 pour lea cristaux hemiaxes (seance deja citee), et a 4 pour les cristaux tetarto-axes; enfin, que, lorsqu'il existe plusieurs telles positions d'equilibre, on pent toujours passer de I'une a I'autre par une rotation simple de 180", attendu que Ton trouvera toujours dans la symetrie cleficienle un axe de symetrie d'ordre pair propre a servir d'axe a celte rotation.

Ceci pose , si I'ou admet que , dans toute la partie droite d'un cristal heraiaxe ou tetartoaxe, les molecules aient crisl;dlise dans une ccrtaine position d'equilibre, ct que, dans la pnrtie gauche, dies se soient oricntees differemment , et aient crihtailisf suivant la deaxieme position d'equilibre, les conditions d'unilbrmite dans la constitution interne des corps regulierement cristaliises vontse trouver en defaut, et Ton devra regarder le groupement comme foime par deux cri taux simples qui se sont mutuclle- nient penetres, et dont la surface de contact peut d'ailleurs ctre absolument queiconque. On peut designer un tel systeme sous le nom de « made avec hemitropie moleculaire. »

II importe de remarqucr que , dans une telle made, tons les axes et plans de symetrie, et meme loutes les files de molecules, plans reliculaire et plans declivage, courrent sans interruption de I'une desextremit6s du ciistal made iusqu'a I'autre, de telle sorte que si I'on eulevait les molecules, en ue conservant que leurs centres, il ne reslerait plus aucune trace de la duplicile primilive du cristal.

Les sigues cxterieurs de I'licmitropie moleculaire, dans les

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crisfaox meriedriquos, consistent en oe que ies deux moltles (I'une forme meriedriquc n'offriront plus eu general le nieme mode de correspondance qu'elles offraient dans un crislal simple reguliereraent constitue, et aussi en ce que, si une face d'une telle forme est traversee par la surface de separation des deux cristaux simples, scs deux moities pourront ne pas offrir Ies memos caraeteres physiques , comme iM. Gustave Rose I'a en effet constate sur ies cristaux de quartz de Jerichsau, lorsqu'ils sont macles avec hemitropie moleculaire.

Les mineraux sur lesquels on a observe ce genre d'hemitropic sont la pyrite de fer, le diamant, le cuivre gris, le quartz, le scheelin calcaire, le cuivre pyriteux, la calamine; il est pro- bable qu'on I'observera pareilleraent sur la tourmaline , I'a- patite, etc.

Dans le cas que nous venons d'examiner, on s'etail assujelii a employer toujours les memes molecules , c'est-a-dire des polyedres dont les sommets pouvaicnt etre amends par super- position en parfaite coincidence. Mais, dans certains cas, on pent, en conservant intacte la disposition des sommets de I'assemblage reticulaire qui lie les centres des molecules cntre eux, obtenir de nouvelles solutions pourl'equilibre moleciihiire, en prenant d'autrcs molecules uon superposables aux premieres, et qui cependant pourront etre regardces comme idcnliques avec elles.

Etant donnc le polyedre moleculaire P, on sait que Ton forme son polyedre inverse n, en joignant chacun des sommets , ou atomes constituants de P avecle centre de gravitedu polyedre, et prolongeant chaquedroite de jonction d'une quantitc cgale A elle-meme : les extremites ainsi obtenues seront les sommets du polyedre inverse n. Or, tant6t on pourra faire coincidcr P avec n par des rotations convenables autour de leur commiin centre de gravite, et alors ces deux polyedres representcnt la meme molecule differemment tournee; tantot, au contraire, on no pourra transformer P en ll par une rotation d'auciine sorte, et alors Ies molecules P et n , inverses I'une de r;iutrc, scroiit distinctes. Le premier cas se presentera toutos les fois que le polyedre P sera du genre de ceux que I'auteur a nommes pol}'- symetriques {seance du 17 novcmbie IS 19); car alors il pos-

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sedera soil un centre, soit un plan dcsymelrie,et par consequent sera toujours susceptible de coincider avec son inverse. Le second cas aura lieu lorsque le polyedre P sera monosyme- trique. Si, en outre, ce meme polyedre est susceptible de di verses positions d'equilibre esscutiellement distincles, dans I'assemblage cristallin duqucl il depend , son inverse li en offrira un nombre precisement egal, c'est-a dire egal

a 1 , pour les polyedres holoaxes monosymetriques ; h 2, pour les polyedres liemiaxes monosymetriques ; a 4 , pour les polyedres tetartoaxes monosymetriques.

Si , maintenant , toute la partie droile d'un cristal monosyme- trique est constituee avee dcs molecules de forme P, et sa partie gauche avec d?s molecules de la forme ri, I'equilibre general du systeme n'en sera pas trouble; mais les conditions do struc- ture uniforme des cristaux simples ne seront plus salisfaites , et Ton devra regarder ce groupement corame forme par deux cristaux simples qui se sont mutuellement pen^tres : nous expri- mons I'etat du systeme en disant que c'est une « made avec inversion moleculaire. »

lei encore, les axes, plans de symetrie, lignes cristallogra- phiques et plans de clivage coureut, sans discontinuite, de I'une des extremites a I'autre, a travers la surface de sepaiatioii, et si Ton r^duit par la pensee les molecules a leurs centres de gravite , il ne reste plus trace de la duplicite primordiaie du cristal.

L'inversion moleculaire offre, on Ic voit, beaucoup de rap- ports avec I'bemitropie moleculaire, et la penetration mutuelle des deux cristaux est tout aussi intime dans un cas que dans I'autre.

II y a cependant dans les conditions de formation de ccs deux sortes de macles des differences essentieiles a noler. La made par inversion ne pent avoir lieu que si, dans les eaux meres du cristal, il existe des molecules de deux sortes, inverses I'une de I'autre. Or, dans certains cas, les atomes constituants de la molecule paraissent ne pouvoir se grouper que suivant I'une de ces deux formes, comraeon le voit notaramcnt dans le sucre de caiine, criblal luouosymt'trique , dout rbeiniedrie offre toujours Extrait de VlitsHlutf V section , 1850. 7

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le mfime caraoliire; on coiicoit que la made par inversion est alors impossible. D'aulrcs fois les molecules des deux sortes existent melaugees entre elles dans le milieu oil s'effectue la cris^aliisation ; mais celle-ci opere sur elles un triage dout le resultat est que les unes s'associent en cristaux d'une ccrtaine espoce, et les autres en cristaux distiucts des precedenis, et de I'cspece inverse; cc fail ciiricux a ete recemmcnt observe par I\l. Pasteur, dans la cristallisalion du raeemate double de soude et d'ammoniaque : les macles par inversion ne peuvent alors se produire que ties exceptionuellement.

D'oii Ton Yoit qu'il faut tenir compte, dans la formation de ces macles, de certaines conditions restrictives qui n'iutervien- nent pas dans celles des macles par hemitropie moleculaire.

C'est principalemeot sur le quartz que Ton p'eut observer de frequents exemples de macles par inversion moleculaire ; I'etude des lames de ce mineral , dans la lumiere polarisee, peut servir a reconnaitre ces singuliers modes de {jroupement, lors meme qu'aucun caractere de la forme exterieure nc viendrait a les deceler.

Sdancedu 15 jvin 1850.

Phvsiologie\'Egetale. M. Ernest Germain, de Saint-Pierre, communique la note suivante, intitulee : De la tendance de cer- taines I'lcjcs a dcscendre venicalemenl dans le sol par leur soiu- met a la man'iere des raclnes.

« Parmi les caracteres qui ont ete proposes comme devant servir h la distinction des tiges et des raclnes, un des plus im- portants est celui qui est tire d'une part de la direction dcsccn- dante des racines et de leur tendance a penetrer dans le sol , et , d'autre part, de la direction asceudaute des tiges et de leur ten- dance a s'eloigner du sol pour sedeveiopper librement dans I'aii-, soit depuis leur base, soit seulement a partir d'une certaine dis- tance de leur base, leur premiere parlie s'avancant horizontale- ment entre deux terres ouala surface dusol.IVeanmoins, Tetiide des tiges et des racines, que je poursuis avec aclivite , m'a con- duit, relativement a la direcliou des tiges, ^ la decouverte de fails exceptionnels que j'ai etudies avec toute I'atteution qu'ils m'ont paru merlter, et desquels il resulte que la direction ascendautc

ou horizontale n'tst pas un caractere aussi essentiel des tiges qu'on pouvait etre porte a le croire.

« On sait que les tuberculcs nc sout autre chose que des ra- meaux qui se developpent, chez certainesplantes, dans la partie infeiieure, recouverte de terre, de leurs tiges, et que, chez la Pomme de terre, par exemple, tel bourgeon axillaire peut, a la volontedel'experimentateur, se developper en une branche as- cendante aerienne, si la tige quile porte est iaissee horsde terre, ou au contrairese developper en une branche souterraine a ra- meaux transforraes en tubercules, si la tige qui le porte est re- couverte de terre. Or, bien que les tubercules soient des ra- meaux, la direction de la plupart est descendante. Quant aux bourgeons qui naissent sur les tubercules , s'ils se developpent immediatement ils constituent generalement de nouveaux tu- bercules , raais ces bourgeons, pour la plupart, resteut latents pendant I'hiver, et au printemps suivant ils se developpent eu tiges ascendanies ; ricn, dans I'origine, n'indique que tel bour- geon d'un tubercule doive se developper en tubercule ou en tige ascendantc, et ces resultats divers paraissent dependre absolu- ment de circonstances exterieures. Chez ces plantes, le rameau n'a done pas plus de tendance a etre ascendant que descendant, il prend I'une ou I'autre direction contraireselou le milieu ou le basarda place le bourgeon.

» Un des faits les plus curieux que j'aie observe sur ce sujet est relatif au mode de vegetation du Ijseron des bales [Convol- vulus sejdum) ; chez cette plante, les tiges qui sont filiformcs et grimpantes-volubiles, atteigneut une hauteur de plusieurs me- tres ; lorsque ces tiges vicnnent a manquer de point d'appui , elles retombent sur la terre, s'y introduisent par leur sommet a mesure qu'elles continuent a vegeter et c'est le bourgeon ter- minal de ces tiges d'abord aerieunes ascendantes, qui devient un veritable tubercule; or, ce tubercule, qui a I'aspect d'une grosse racine rameuse de couleur blanche , s'enfonce verticale- ment dans le sol de baut en bas comme le i'erail une racine pi votante ; il est facile de s'assurer que ce tubercule est la conti- nuation de la tige aerienne par la disposition tlvs feuilles squa miformes dontil estrevetu et qui continue la spirale des feuilles de la tige aerienne. Des les prcraikes gclees de raulomue JLj^ ligc

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mere aerieane se dctruil, le tuberculeprotege coutrele froid par la terrequi le recouvre constitue des lors une plante distincteet independante, et reste stationnaire jusqu'aux premiers jours du printemps suivant. A cette epoque, les bourgeons situes a I'ais- sellc des feuilles squamiformes se developpent en rameaux as- cendants, et en meme temps deux fibres radicales sent emiscs I'uno a droite et I'autre a gauche a la base de chaque bourgeon et paraisseut sortir avec lui de I'aisselle de la feuille squamiftjr- me. Voici done un meme axe qui vegete de bas en haut pendant une certaine periode de son existence el vegete en sens absolu- ment contrairc, c'est-a-dire de haut en bas, pendant une secondc periode, et cela spontanement pourvu qu'il se trouve en contact avcc le sol oii 11 semble qu'une force irresistible conduise la tige pour lamettre a I'abri d'une prochaine destruction.

» Un autre exeraple de tigcs s'enfoncant vrrticalement dans le sol et prenant la direction, la couleur et I'aspect d'une racinc , m'a ete fourni par le Sacjitlaria sngittcefolia , ^lanie qui fait pendant I'ete rornement du bord des etangs et des rivieres. Chez la Sagiltaire, ce n'est pas, comrae chezla Pomme de terre, des rameaux n^s sur des tigcs placees dans des circonstnnccs exceptionnelles qui prenncnt la direction descendante, ce n'est pas non plus, comme chezle Liseron des haies, I'extremite des ti- ges seulementqui prend cette direction, les tiges dontil s'agil,ct qui deviennent descendantes h partir du point cu elles uaissent dela plante mere, se trouvent, enapparencc du moins, dans les memes conditions que les tiges qui deviennent acricnncs, la plante sc trouvant h I'epoque du developpement do ces deux sortes de tigcs entiercment plongoe sous I'eau, seulement ce sont les bourgeons situes le plus haut qui deviennent tiges ascen- dantes et les bourgeons nes a I'aisselle des feuilles inferieures qui deviennent tiges descendantes.

■» Si Ton arrache au printemps une plnnte de Sagiltaire, on trouvera, outre les tiges asccndantes floriferes , des tigcs des- cendantes d'un blanc nacre, et ayant I'aspect d'une forte rachie ; ces tiges descendantes pnrtentde I'aisselle des feuilles radicales, elles atteignent une Ion[;ueurdequalre a huit decimetres, sont parfaitement simples et d'une grosscur egale dans toutc Icur etendue ; leur direction est nbsolumtut la meme que cellc des

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fibres radicales, e'est-a-direqu'elless'enfonccnt verlicalernent ou un peu obliquement de haut en bas dans I'eau et dans la vase ; on reconnalt que ces organes sont des liges et non des racines k leurs feuilles squamiformes qui constituent de loin en loin de petites {{aioes, et au bourgeon compose de feuilles etroitement eraboltees qui les terraine et dont la structure devient ^vidente par une coupo longitudinale. Un peu plus tard ce bourgeon ter- minal se renfle en un bulbe ou tubercule ovoide a axe epais et solideeta feuilles minces etmembraneuses; la tige descendante tcrminee par ce bulbe etant extremement fragile il arrive qu'elle se rompt ct laissc le bulbe dans la terre toutes les fois qu'en arrachant la plante on ne prend pas de grandes precautions pour ne rien briser ; c'est cette circonstance qui est cause sans doute que ces bulbcs ont echappe aux botanistes observateurs qui m'ont precede et qui ne les ont remarquc qu'a Tetat de bulbrs meres, 6tat dont il me rested parler, sans qu'ilsaientcherchedu restea rcmontera leur origine. A la fin de rautomne,la plante et ses tiges descendantes sont eompletement d^truites , il n'en reste que les bulbes qui terminaient ces tiges et qui demeurent stationnaires pendfuitrhiver, libieset enfoncesdans la vase. Ces bulbes, au printempssuivant , sontl'origined'autant de plantes distinctes ; leur bourgeon terminal s'allonge a cette ^poque en une tige ascendanle qui s'arvete brusquement dans sa croissanco au bout de peu de jours et dont le bourgeon terminal s'epanouit en une rosette de feuilles qui constitue la nouvelle plante ; le bulbe mere qui avail fourni des matdriaux pour la nourriture de la jcune plante persiste pendant quelque temps a la base de la tige qu'il a emise et a laquelle il semble suspendu comme kun pedicelle, puis il finit par se dctruire, la plante cesse du reste de bonne heure d'avoir besoin de son secours, car elle emet de la basede sa rosette de feuilles denombreuses fibres radicales qui vont puiser directement de la nourriture dans le sol et dans I'eau. -

» A ces exempics de tiges descendant verticalemcnt dans le sol je pourrais en ajouter un assez grand nombre d'autres non moins concluants , je me contenterai de rappeler que les bulbes p^diccllcs des Tulipes dont j'ai preccdemment expose la struc- ture el (jui appartienncnta la tigeet uona la racine, s'enfoncent

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egalement dans la terre de haut en bas ; j'ajouterai seulement qu'ayant retire de terre des bulbes mers du Tutipa sijlveslrts, lorsque las bulbes descendants qui en uaissent etaient encore filiformes et n'avaient alteint qu'uue partie de leur longueur, et les ayant replantes renverses de telle sorte que le bulbe descen- dant se trouvait dresse et son extreraite bors de terre dans une longueur de trois a quatre centimetres , j'ai vu au bout de quel- ques jours le pedieelle se reflecbir , puis se replonger dans la terre et s'y enfuncer de nouveau verticalement. La direction des- cendante est done ici non moius necessaire que cbezles tiges or- dinaires la direction aseendante.

» Des observations precedentes je conclus que la direction aseendante ou verticale n'est pas essentielle a I'cxistence de toutes les tiges et qu'il faut cbercber ailleurs que dans la direc- tion un caractere qui distingue d'une raaniere absolue les tiges des racines. Or, le caractere des tiges qui jusqu'ici m'a paru le plus essentiel est I'existence de feuilles disposees reguliereraent sur I'axe, ces feuilles fussent-eiks reduites aux appendices les plus rudimentaires; mais il faut so garder de confondre ces feuilles insereessur I'axe lui-meme avec les feuilles des bour- geons adventifs qui naissent irregulierementsur les racines non moins frequemnaent que sur les tiges. »

Va\&^QVE.Grillage de matieres licjneiises et anlres conlenues dans des tubes de vcrre sondes des denx bonis. M. Cagniard- Latour,qui avait deja, dans la seance du 28 avril 1 838, entretenu la Societe de pareils grillages appliques au bois de Pcuplier prive le mieux possible de son eau bygrometrique (voir I'lns- tUut, 229), annonce y avoir soumis dans des conditions sem- blablcs les bois de Sycomore, de Cbene , dc Bouleau et de Buis, tallies en petits morceaux cylindriques, et les avoir vu se com- porlcr k peu pres comrae le Peuplier vers la temperature d'en- \iron 350°; c'est-a-dire prendre une couleur brune etbieut6t apres secouvertir en un liquide noir tres coulant, mais qui ne tardait pas a s'epaissir en bouillonnant et a se concreter pour ainsi dire.

L'auteur annonce aussi avoir rcmarquc que la matiere char- bpjjpeH^e retiree des tubes apres leur rcfroidissement avait

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beaucoup (ie rapport aveccelle produite par lo Pcupiier, en ce sens qu'elle est luisante, a cassure vitreuse, ctque chauffee au rouge eu presence de I'air elle brule avec uae flamme assez brillante.

« J'ai soumis ensnite , dit M. Cagniard-Latour, au meme genre de grillage le bois de Gujac taille en uu petit cyliudie que je suis parvenu quoique plus diifieileraeat a convertir aussi en une matiere liquide , mais qui etait de couleur rousse. Dans unc scconde experience ou le Gayac etait eu poudre et mele avec la nioitie de son poids d'eau, la liquefaction s'est faitc beaucoup plus facilement , et, chose assez remarquable, la matiere char- bonneuse fournie par le tube de cette experience etait noire , tandis que celle de I'autre tube , quoiqu'il ait du avoir eprouve une plus forte chaleur, etait de couleur marron. J'ai remarque, du reste,que ces deux matieres, malgre leur difference de teinte avaient un certain rapport avec la houille dite colhuitc, en ce sens que, pendant leur combustion, elles eprouvaient une sorte de fusion et produisaient une flamme accompagnee de fumee.

» Enfin, j'ai experimente aussi sur des grains deFroment, mais cttte fois je n'ai pu obtenir de fusion; les grains se sont seulemeul coUes les uns aux autres en se carbonisant ; d'ailleurs en les examinant a la loupe, apres les avoir retires du tube, j'ai vu que, quoique deformes, ils laissaient encore apercevoir quel- ques traces de leur texture primitive. Un de ces grains ayant ete place sur un ill de platine roule en spirale plane et presente h la flamme d'uneiampe d'alcool, a brule avec une flamme brillante, et le charbo.i reste ensuile sur le platine ne laissaitpas que d'y adherer d'une maniere prononcee.

» Ayant recueilli par les moyens necessaires le gaz comprime que contenail le tube dans lequel avait ete opere le {^rillage du Bouleau, j'ai reconuu 1" que son volume a la temperature am- biaute equivalait a pen pres a 40 fois la contenance du tube, et 2oqu'agite avec de i'eau , la moilie au moins s'y disbolvait et que le gaz restant etait prompt a s'enflammer ujais peu eclai- rant. »

Les tubes qui ont servi dans ces experiences ont k peu pres 2""",r> de diametre interieur et des parois de 2 a 3'""' d'epaisseur ;

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de sorte que, suivant I'autfiur, il n'y aur.iit peut-6tre pas d'exa- geration h penser qu'ils out pu, dans certains cas, supporter uue pression interieure de cent atmospheres au moins.

Sdaticc du 13 juillet 1850.

Physique. M. C^gniard-Latour communique la suite de ses essais de grillages surdes mati^rcs ligneuses contenues dans des tubes de verre soud^s di's deux bouts.

« J'avais reconiiu, dit I'auteur, que la raatierc charbonneuse, fournie dans mes grillages par du bois de Sycomore d'environ trente ans et sec , ne produisait que peu de flarame en brulant et nese ramollissait pas ; mais ayant operedepuis peu surdubois serablable reduit en poudre et mele avee la moitie de son poids d'eau, j'ai obtenu un charbon tr^s analogue a la houillo grasse, c'est-a-dire qui etait coilant et brCilait avee une flamme fuligi- neuse; resultat d'apres lequel ii semble que, par la presence de I'eau, une partie de la matiere ligneuse se serait convertie en resine.

» J'ai soumis aussl a mon genre de grillage des bois de Syco- more de cinq ans et de trois a quatre mois k I'etat frais. Les charbons produits dansles deux cas etaient tres resincux, on ce sens que par Taction de la chaleur ils entraient completement en fusion et produisaient en bridaut une flamme accompagnee de fumee.

» Dans les ^preuves sur le plus jeune bois, j'avais fait en sorte que la parlie inferieure du tube, c'est-a-dire celle opposee au bout effile que Ton casse lorsqu'il s'agit de recueillir les gaz produits, fut plus fortement chauffee que la partie superieure ; par ce moyen il s'est condense sur les parois de cette derniere un bi- tume noir exempt de charbon en nature ; il etait en consistance de glu h sa sortie du tube ; mais quelques heures apr^s qu'on I'eutetendu sur du papier, il etait sec et formait un vernis assez luisant.

» Une manoeuvre semblable pratiquee a I'egard du bois de cinq ans a donne aussi du bitume condense, mais qui avail plus do consistance. Quelques essais sur ces bitumes, apres piusieurs jours de leur exposition a I'air , ont montro qu'ils etaient plus

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(lenses ijue I'cau et cntraicnt en fusion a la tcmpOraturo de I'eau bouillante.

» Ayant expei imente ensuite siir Ics deux jeuucs bois, apres qu'on leseut seclies a]lOO deyiesj'ai lecomiu que leur liqucfac- tions'operaitplus difficilement,mais que cepeudant les mat eres charboDtieuses obtenues etaient du genre des bouilles collantes.

» Dans ma communication du 15 juin dernier, j'avais fait remarquer que, d'apresle volume du gaz fourni par le tube de I'experience sur le bois de Bouleau , il parnissait probable qu'a la temperature ambiante cc lube avant son ouverture devait supporter uoe pression interieure d'environ 40 atmospheres (voir ilnstiiat, n" 8G1 ). Ayant chercbe aiissi aconnaitre la pression interieure du tube de I'experience sur le Sycomore frais le plus jcune, je i'ai trouveeties inferieure , c'est-a-dire d'environ 15 atmospheres seulement. Ce qui autoriserait a penser qu'il y a eu formation d'ammoniaque et par ce moycn absorption d'une partie des gaz produits.

» Dans un memoire present6 a I'Academie des sciences le l2auut 1822, j'avais fait remarquer que I'eau contenue dans un tubede verre ferme des deux bouts et chauffee a une tempera- ture eievee ue tardait pas a detruire la transparence da verre {Ann. de ch. el rfe|)/iys., octobre 1822). Dans mes experiences de grillage, mes tubes sont restes transparc nts, quoiqii'aprcs leur refroidissement ils continssent toujours de I'eau ; mais j'ai re- raarque que cette derniere avail constamment une reaction acide el quelquefois meme une assez forte odeur de vinaigre, ce qui semblerait indiquer que la proportion d'alcali tnlevee au tube par cette cau u'a pas duetre Jm)>orlante. Du resale ii n'est guere douteux que le verre ait subi quclque alteration ; car j'ai reconnu que si I'on vient a chauffer jusqu'au rouge-brun les tubes qui out ele scumis aux plus fort* s cprcuves, leur surface interieure devient opaque en tres pen d'instants. »

Geologie. M. Ch. Martins lit , en son num et au nom de M. B. Gastaidi, une note snr les tenalm snperjicicts de lavaltee du Pu , aux environs de Turin.

Les auteurs de cetle note traitent surtout des terrains de transport confondus jusqu'ici sous le nom de diluvium. Les uiis sont formes de debris charries et transporles par les {;laciers

Exlrait (k fluslitul, l'« seclioii, 1850. S

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qui df'scfnilaipnt autrefois jusque dans la plniiie rtii Po ; les au- tres onl une oiiginc nqueuse ; de lu une class; ficalion fort sim- ple ilo ces terrains.

I. FoBMATiONs GLACiAiRES. Ancienties moiuines. Idea- liqucs, sauf la grandeur^ aux moraines des glaciers actuels, tiles sonl deposees a I'cutr^e des grandes vallees olpines, Jelies que la vallee de SuSli , celle d'Aoste, du lac Majeur, etc.

Ancivnnc moraine dc Rivoli. Au debouche dela vallee de Susc , on voil deux moraiues laleiaks , la droitepius conside- rable , enlre Avigliana et Trana ; la gaiiclie moins puissante , le long des flancs dn Musinet. Entre Trana et Rivoli , les niorai- nrs frontales forment des rangces de collines en arc de cercle. Ces collines s'eleventquelquefois h 150 metres au-dessus de la Dora-Riparia ; dies presentcnt la forme de cdnes , dc monticules arrondis et de cretes ; dies se composent de sable , graviers , iVagraents de toute grosseur, eailloux rayes enlasses confusc- ment , sans trace de stratification , et supportant des blocs erra- tiques ii angles aigus , a aretes vives , ayanl quelquefois jusqu'a 28 metres de longueur. Pres d'Avigliana etde Trana , la roche en place presente des stries reclilignes paralleles entre dies et a I'axe de la vallee , idcntiques en tout a celles que burinent les glaciers actuels.

Ancknne moraine cV I vree. Lesanciennes moraines termi- nales du glacier de la vallee d'Aoste forment un vaste quadrila- terc dont le perimetre circouscrit une surface de 327 kilometres Carres. Ce quadrilatei e occiipe la plaine au deboucbe de la vailec d'Aoste tt entoure la ville d'lvree. La grandeur de cette mo- raine n'a rien de surprenant, si Ton reflechit que le glacier qui I'a depo^ee provenait du Mont-Blanc , du Grand-Sainl-Bernard , du Mout-Cervin , du Mont-Rose et des montngnes comprises en- tre la Doire tt I'L-ere. La moraine laterale gauche est connue sous lenom de la Sena ; c'est une lon,';uc colline a arete rccti- ligne , qui va en s'abaissant depuis les Alpes, oil elles'eleve a 650'" au-dessus de la Doire , jusqu'a Ca\aglia , oil die n'a guere plus de 40'". La moraine laterale droite s'etend du village de Brasso, point oii die s'appuie centre la montagne , jusqu'au torrent de la Chiusella. La niordne froutale forme uu grand arc

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de cerelo , depuis la Cliiusella jusqu'.iii ac do Vivcroiic ; Its collines s'eleveiu cntre ifiO ct 300'"uu-(.l(ssiis de la Doirc. La composiliou physique de ces collines est la mome que cello dcs moraines de Rivoli ; les caillonx rayes , ccs fossilcs curacleris- fiqiics dis terrains glaciaires sont fort abondants sur la moraine frontalc. Touie la vallee d'Aoste et les mamelons dioritiques qui entourent Ivree, sont couverts de stiios toujours paralleies a la direction de la vallee. Ces deux exemples suffisent pour montrer quelles sont les formes des aneiennes moraines de la vallee du P6.

Terrain errati(iue eparpille. Quand on penetre sous un glacier, on y trouvc une couche en general peu ^paisse , compo- see de fragments plus ou nioins voluraineux , frott^s , arrondis et rayes par la glace qui les prcsse centre le roc , et les entraine avec elle ; puis du sable et de la boue resultant de la tiituialion de ces fragments laves et reraanies par les filets d'eau et les ruis- seaux qui circulent sous le glacier. Quand ua fjlacier avancc il entraine ces raateriaux .; quand il recule , c'est-a-dire quand il fond , les blocs erratiaues et aulies fragments anguleux qui rcpo- sent sur la surface superieure du glacier se reunissent a ceux dont nous avons parle ; en d'autres termes , la moraine super- ficielle se superpose k la moraine profonde ; c'esl la ce que M. de Charpenticr a judicieuscment norarae terrain erraiique ej)arinile. Si done la station d'un glacier sur un meme point ne se prolonge pas assez pour (]u'il ait , pour ainsi dire , le lenips d'edifier une moraine terminale, illaissera neanmoiiis loujours, comme preuve de son passage , du terrain erraiique eparpille. Ce terrain forme une ceinture tout autour des aneiennes mo- raines de Rivoli ; on y trouve les fragments plus ou inoins an- guleux , le sable , la boue du glacier ( Leiivi ) , et dcs blocs erra- tiques , dont quelques-uns , tels que ceux du villaf;e de Pia- nezaza , ont 25 metres de long sur 14 de liirge. Le meme ter- rain existe autour de la moraine d'lvree ; il couvre le pays on- dule a collines coniques, qu'on nommo la R."ssn, et qui occupe le bord septentrional de la Serra. Le terrain crraU(|ue eparpille est et doit etrc au-dessous des moraines cu forme de (lijj;ues, mais il se confond necessairement avec elks bous le point de vue

eo

de la composition physique. On ne trouve point de terrain erra- lique eparpiiie cntre les moraines d'lvree, celles de Rivoli d'un c6t^, et la colline de Turin de I'autre. Ce terrain rcparait sous forme de cailloux erratiques , de boue glaciaire et de blocs ^normes sur toute la colline de Turin et une partie de celle du Montferrat.

II. FoBMATiONS AQUEUSBS. A. torrentiellcs. 30 Dilu- vium glacin'tre. Les eaux qui s'^cliappent d'uu glacier en fu- sion enlrainent loujours avec elles des fragments empruntes aux moraines ; elles les rouleut, les orroudissent et les trans- portent a de grandes distances. Tout glacier est done precede pour ainsi dire par un diluvium local qui lui doit sa naissance. Les glaciers gigantesques dont nous avons decrit les moraines, ont forme des nappes diluvicnnes dont la reunion constitue le plan incline qui descend des Alpes vers le P6. Ce terrain se com- pose de cailloux d'origine alpine , roules , arrondis , non stries , d'autant plus grosqu'on les examine plus pres de leur point de depart. Ces cailloux sont meles de sable, de graviers, confuse- ment stratifies et sans fossiles. La nappe se termine par une berge qui s'anete en general sur la rive gauche du P6, et sur laquelle est balie la villa de Turin. Dans les coupes que le tor- rent de la Cliiusella a faites dans la moraine d'lvree, celui du Sangone et la Dora-Riparia dans celle de Rivoli, on reconnait tres bien la superposition dont nous avons parle , savoir : mo- raines, terrain erratique 6parpille, diluvium glaciaire. Le tout reposant sur les sables pliocenes marins.

B. Fluvio-lacustres. 4" Alluvions pliocenes, ou a ossements de Pacliydermes. Ou les a mises a decouvert sur la rive droite du P6 : ce sont des masses de sable et cailloux stratifies. Les cailloux sont quartzeux ou phorphyriques, etne depassent pas la grosseurdun ocuf de poule. Ou a trouve dans ces sables, pres de Villafraiica d'Asti , uu squelette de Mastodonte, une mA- choirede Rhinoceros, des IleLix et des Paludines 5 a Ferrare, dans la mcmc couche, des dents d'Hyppopotarae et de Papir , avec dc nomhi eux rcstes de Mastodonte. Les auteurs croycut quectjg aliuM'-'US soat jnt'orieures au diluvium glaciaire, et ODf

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^te d^posees au sein d'un lac ou d'uo cours d'eau situe au sud des collines de Turia et du Montferrat.

C. Marioes. Couches pliocene marines. Elles sont horizontales et forment tout le fond de la vallee du P6. Suv sa rive gauche, on les trouve au-dessous du diluvium glaciaire ; sur sa rive droite, au-dessous des alluvions a ossements. Elles secomposent de sables quartzeux, de raarnes souvent argileu- ses contenant des fossiles, tels que Panopcea Faujasti, Peclen jacoboens, P. inaximus , Miircx saxatilis , Area iYoe , etc. Ces couches n'appartiennent pas a la categorie des terrains de transport; elles ont ete deposees sur place, et commencent la seriedes tcrr.iins tertiaires dont la colline de Turin preseute la continuation...

Seance du 3 aoiit 1850.

Pathologie vegetalb. 31. Leveiliedonne quelques details sur une maladie qui atlaque actuelleraenl les Vi^nes des envi- rons de Paris et dont I'existence parait liee a celle d'un Cham- pignon microscopique de la famille des Mucedinees,

Si Ton consulte les auteurs qui ont ecrit sur les maladies de la Vigue , on peutdire qu'elle est nouvellej en 1847 M. Berkeley dans le Gardeners chronique I'a fait connaltre sous le uom de Blanc des grappes ou d'Oidium Tiickeri : quelques annees au- paravant, M. Alph. De Candolle avail raentionne sous le nom de Croitre une mal die des grappes qui pourrait bien etre la merae , mais sur iaquelle M. Leveille ne possede aucun reusei- gneraent.

Les ceps sur lesquels ellc se manifeste presententle raeme as- pect que les autres, seulement les pousses de I'annee , les feuil- les, les grappes , Ifs grains et meme les etamines, tous les en- droits malades en un mot sont recouverts d'un duvet tres tenu , blanc, pulverulent et qui s'aper9oit a une certaine distance. Sur les leuilles , des le debut, il forme de petites taehes blanches , circonscrites et separees qui ressemblent aceiles des Erysiphe . puis elles s'etendcnt , se confondent et finissent par n'cn plus former qu'une seule. Ce duvet blanc examine au microscope est forme de filamenls fins, ranieux, cloisonnes qui rampeut sur la gurface du corps sur leque! ils se sont developpes. De cett6

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surface mfime ou de differents points de ce mucclium primitif uaissent de petitcs figes droiles, transparentes , cloisonnees , simples, qui supportent a leur extremite 3,4 ou 5 spores ovalcs ou eiliptiques, eontiaues, hyalines, articuleesboula boutcommc les grains d'un collier, et rempliesde granulations extrememeut fines. Ces granulations, quand on parvient a les faire sortir par la compression , sout spheriques, transparentes et animees du mouvement brownien. La disposition des spores n'est pas facile a constater parce qu'ellesse detachentau moindre ebjanleraenl et le plus souvent on ne voit que les pedicelles seuls ou surmon- tes d'une spore, raais on y parvient en operant sur des tranches tres fines des grains de raisin et en y mettant un peu de patience ; sans celte precaution ou peut se meprendre sur le genre auquel appartient le Champignon.

VOidium Tuckeri et VOidium crysiplwiJes de Fries que Ton rencontre sur un si grand nombrc de plantes et particulierc- meut sur les Labiees ne presenlciit veritabiement pas de earac- teres differentiels sensibles, seulement les elements qui compo- sent le premier paraissent plusgros, plus developpes que ceux du second.

Ce Champignon est-il la cause de I'alteration des raisins, ou bien ne se developpe-t-il que parce que ceux-ci sont dejaaiteres? Cette question est de la plus haute importance. Quand on suit les phases de sa vegetation on est conduit a adopter la derniere opinion. En cffet, si avant sa manifestation , on examine soi- gneusement un cep qui commence a ctre maiade, on voit de pe- tites taches brunes sur les tiges , les grains vus a la loupe sont pointilles ; sur les feuilles les taches sont moins visibles en raison du duvet qui les recouvre; mai^ si on I'enleve avec le doigt, ou en reconnait bientdt I'existence ; ces taches se trouvent dans les cellules de I'epiderme. Elles ont ete parfaitement constatees par M. Decaisneetni luini M.Leveille n'y ontvuni spore,ni le moin- dre vestige de mycelium. On rencontre bien quelques raphides, mais il ne peut y avoir de meprise sur leur nature. Le mycelium du Champignon ne penetre pas dans I'epaisseur de I'epiderme ; celui-ci, etant d^pourvu de stomates, semble se refuser lui-meme aune Iheorie qu'il serait tres facile d'ctablir aprion. L'absence

des premiers elements du Champignon dans el sous les cellules epidermiques est une preuve acquise qu'il nc se dev( loppequ'a la surface commc les EnjsipUc , de sorte que les grappes de rai- sin se trouvent soumises a une double cause de destruction.

Quand la maladie est etablie, que les raisins paraissent sau poudres de poussi^re , lis repandent une odeur particuiiere qui rappelle plut6t celle des moisissurcs que celie des Champignons proprement dits, et ils ne tardent pas a perir. Si les grains sont pctits, ilsse fletrissent, se dessechent, tombent, il ne reste plus que la rafle qui se desseche egaleraent ; si les grains sont plus gros et que lour vegetation soitplus active, alors leur enveloppe scdechire,les pepinssontmisa nu,quelqucfoischassesau dehors. Parmi les grains ainsi alteres, les uns se dessechent coranie les premiers, les autres, raais c'est le plus petit nombre , conlinuent de vivre.et deviennent difformes.Si la rafle a ete eile-raemccou- vrrlede Champignons, ellc meurt et eutraiae avec elie la mort des grains qu'elle porte. Le temps n'a pas encore perinis de constatcr si ccux qui resistent arriveront a parfaite raaturite.

Cette maladie est-elle contagieuse ? M. L^veille r^ponrl a cette question qu'elle n'a eteobservee que depuis trop pcu de temps pour que Ton puisse se prononcer.I! fait observer sculement que M. Berkeley a remarque que des picds de Chrysantheme places sous des ceps malades avaient les feuilles recouvcrtes de V<Ji- iliinn Tuckcri qui pouvait provenir de la germination des spores tombees sur eiles , mais que cette seule observation ne suffit pas p,ur resoudre la question. II faut done en attendre de nou- veiies. L'experience a deja prouve que le Champignon parasite continue sa vegetation quand le raisin est separedu cep , et que conserve avec d'autres raisins qui paraissaient sains, ceux-ci sont devenus malades dans I'espace dedeux ou trois jours. Peut- etre portaienl-ils avec cux le j;erme de I'affection. Ou a remar- que aussi que les raisins blancs , et surtout le chasstlas , en ont ele parliculieremeut affectes; mainlenant, a Clichy et dans les environs deMonlreuil , de Bagnolet , elle se maniftste sur les raisins rouges.

Existe-l-il des moyens de s"opposer aux ravages de ce nouvel ennenii ? M. 1-evcillc dit(|ue quciqucs experiences tentees k Ver-

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saillcs somblent prouver que des arroseraents repelos , des asper- sions avec de I'eaudaus laquelle ou tientcu buspcosiou du soufie sublime, out etecouronnees de succes; il pense que Ton pour- rait reniplacer avanlageusement la lleur de soufrc, qui est inso- luble, par le sulfate de fer ou lesclde cuisine, qui empcohcntle developpement des moisissures. Si ces tirroscmcnts sout impra- ticabies pour ies Vignes , lis pourraient peut-etre preserver quel- questreilies.

11 est difficile de confoudre ia m.dadie actuclle avec d'autres. M. Duby , en 1835, dans la Bibliothequc universelle des scien- ces et des arts de Geneve , a decrit une nouvclle espece de Mu- cedinee {Torula dissilicns) , qui a cause de grands ravages dans Ies viguobles qui sont autour du lac Leman. Commedans VOi- ilium Tuckeri, Ies spores sont articulees; mais , au lieu d'etre blancbes et continues , elles sont vertes ct presentcnt de 4 a 7 cloisons. II est done impossible de ies prendre I'une pour I'au- tre. Doit-ou craindre que cette maladie , comme cclledes Pom- mes de terre , sevisse plusieurs annees de suite ? On ne peut riea conjecturer a cet egard ; mais si c'est la meme chose que le Croi- tre decrit par M. Alpb. De Candolle , on peut ia rcgarder comme un accident temporaire. Le Croilre observe en 18S4 ne s'est pas raanifeste en 1835; il est permis d'csperer qu'on ne le revena pas I'anuee prochaine.

La cause des taches des rameaux, des feuilles, des grains de raisin , et du developpement simultan^ de la moisissure nous ecliappe eompletement. Dans Ies environs de Paris , depuis quinze jours , on ne peut accuser Ies pluies , la rosee ou Ies brouillards de proprietes malfaisantes : la saison , au contraire , a ele seche et chaude, circonstances pen f;ivorabIesa la vegcta- tioudes Mucediiices, comme li' remarquc M. Alpb. De Candolle, ce qui prouve que Ies Champignons dc cette famille , qui prenn(ntnaissancesur des vegetaux vivants , sontsoumis A des loisbiologiques differenles decelltspropresaceux qui vivenl sur Ies matieres v^g^tales ou animales en decomposition.

OKGANOGRAPniE vEGETALE. M. Emcst Germain, de Saiut- Picrre, lit la note suivante, portant pour titre : Dc la sinuiwe des ovaires ailliermls.

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« tes ovaires, organosqul, chez leg plantcs, renferment les jcunes graines ou ovules, sont dcs feuilles modifi6es roul^es iso- lement en cornet ou soudees plusieurs entre elles par lours bords en un corps capsulaire a une seule loge ou a plusieurs loges, selon que les bords sondes penetrent ou non jusqu'au centre de la capsule; ces feuilles ovariennes, dites feuilles carpellaires ou carpelles, occupent la partie centrale de la fleur. Les ovaires ont ete divises en ovaires siiperes et en ovaires injcres; plus recemment I'expressiou ovaire supere a et6 abandonnee pour I'expression ovdi'c libre, et I'expression ovaire injere a ete aban- donnee pour I'expression ovaire adherent.

« Un ovaire libre ou supere est celui dont les feuilles consti- tuantes ou l^uilles carpellaires ne contractent aucune adherence avec les parties environnantes, comme, par excmple, chez la Pivoine et ie Pavot. Un ovaire adherent ou infere est celui dont les feuilles constituantes sont soudees avec les parties situees au raerae niveau et font avec elles un seul corps, comme, par exemple , chez la Bryone, Ie Groseiller et le Poirier.

» Nous avons dit que les feuilles carpellaires occupent la partie centrale de la fleur; or la fleur n'est autre chose qu'un rameau dont I'axe est k entrenceuds tres courts et dont les feuilles sont diversement modiflees; la partie centrale de ce ra- meau raccourci , quelque deprime qu'il soit, correspond done k son sommet, et, par consequent, les feuilles carpellaires occu- pant le centre de la fleur sont en realite situees au sommet du rameau, alors merae qu'en raison d'une depression leur inser- tion semble situee plus bas que I'lnsertion des verticilles les plus exterieurs.

» Que se passe-t-il done chez les ovaires inferes; comment ces ovaires, qui occupent, comme les autres ovaires, le sommet du rameau-fleur, sont-ils situes, en apparence, a un niveau iufe- rieur au niveau de I'lnsertion des feuilles qui occupent la base reelle de ce rameau, et avec quelles parties ces ovaires con- tractent-ils des adhdrences?

» On a suppose que, chez les ovaires dits inferes ou adhe- rents, tons les verticilles de la fleur etaieut souiles entre eux jusqu'au niveau du sommet de I'ovaire , le caiice formant la couche exterieu re et visible de ces divers vcrticilirs sondes k cc Extrait clc VlnsHtut, V fcclion, 1850. 9

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niveau en une seulc masse, raasse qui se trouvait depassee par les parties libres du calice, de la corolle, des etamiues, et des feuilles carpellaires elles-memes dans leur partie superieure con- stiluant les styles et les stygtnates.Des etudes suivies de terato- logic vegetale m'out conduit a une opinion bien cloignee de I'opinion admise. En effet, je crois etre en mesurc de demcntier que les ovaires dits adherents ne sout adherents a aucun des ver- ticilles de feuilles modifiees qui constituent la fleur, mais qu'ils sont leges dans une depression de I'axe dont le somraet rentre en lui-meme corame un doigt de gaut rtnverse et constitue une sorte de godet dans lequel ils se trouvent entraines et auquel ils sont adherents. Je me suis rencontre dans cette maniere de voir avec M. Schleiden qui a deja fait connaltre les resultats auxquels il est arrive a ue sujet; mais I'opinion du savant ob- servateur allemaud n'a point encore prevalu sur la theorie an- cienne et je crois qu'il n'est pas sans inteiet de developper une idee que je considere comme exacte et a laquelle je suis arrive de nion cote par des observations ditferentes.

» Une monstruosite remarquabie que j'observai chez une tige florifere de V Allium porrum porta mon attention pour la pre- miere fois sur la facilite avec laquelle les axes peuvent se ren- verser en eux-memes et sur le role important que ce renverse- ment est appele k jouer dans la disposition de certaines inflo- rescences, etdes parties centrales de certaines fleurs. La tige deV Allium porrum est, comme on sait, fistuieuse; or, cetle organisation rendait le renversement en question d'aulant plus facile} en effet, la tige florifere ayaut ete retenue forcement entre les gaines des feuilles, centre lesquelles elles formait un arc-boutant par suite d'une direction accidentelle oblique , le capitule de fleurs mauquaut d'lspace pour se developper et la force de sa vegetation lui en imposant n^anraoius la tiecessite, le capitule se refoula en lui-meme et Tiuterieur de la tige , dont le souimet presenlait la forme d'un eutonnoir, se trouva garni de fleurs k plus de deux pouces de profoudeur.

» L'iuflorescence accidentelle de cet Ail avait en quelque sorte reproduit l'iuflorescence normale du Figuier. Or, depuis long- temps on a rcconnu que les fleurs du Figuier se developpent dans la concavite d'un axe renverse en lui-meme j ce fait etait

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ddraontre par I'inflorescence du Dorstenia ou I'axe est epanoui en une surface plane a peine concave qui semble une ^bauche de !a figup, et par le receptacle elargi et souvent presque plan du capitule des Conoposees qui nous conduisent h ia disposition qu'on observfe Chez le Dorslenia.

» De I'axe d'une inflorescence refoule en lui-meme et entrai- nant les flours qui y sout insei ees dans sa concavitc, a I'axe d'une fleur refoule en lui-meme et entralnant les organes fixes a son sommet dans sa concavite , il n'y avait pas loin ; on n'a pas cru devoir admettre cette possibilite si naturelle cependant, preoccupe que Ton etait de I'idee que le tube du calice doit tou- jours se prolonger jusqu'a la base de toutes les parties de la fleur. Le calice est bien en r^alite insere dans tous lescas au- dessous des parties les plus crntr.nles de la fliur; mais, si I'axe vient a se refouler en lui-meme , les parties les plus elevees peuvent, on le concoit, se trouver entralnees au-dessous du niveau des parties inserees en realite h. un niveau inferieur de I'axe.

» On a reconnu que le tube ou godet qui , chez la Rose, ren- ferme les carpelles ou ovaires, est de la merae nature que celui du Poirier; seulement, comme, chez le Poirier, les carpelles sont soudes entre eux et avec les parois du tube, on dit que la fleur est a ovaire adherent ou inf^re, et comme, chez le Rosier, les carpelles ne sont soudes ni entre eux ni avec les parois du tube, on dit que les carpelles sont libres et renferracs dans le calice; ce tube est egalement considere corame de raeme struc- ture dans les fleurs dites perigynes, celle du Cerisier, par exera- ple, dans lesquelles le tube (qui, comme dans les cas precedents, porte le limbe du calice, la corolle et les etamines) laisse voir I'ovaire libre dans le fond de la cavile. En effet, I'analogie de structure entre ces divers tubes est incontestable, que le tube soit evase ou resserre a son ouverture, et qu'il laisse Tovaire libre ou qu'il se sonde avec ses parois ; mais ce tube appartient- il au calice corame on I'adraet encore, ou appartient-il a I'axe comme je suis conduit a TadmettrePc'est ce qu'il s'agit d'exa- miner.

» On a depuis lougtemps observe pour la premiere fois des Roses dont I'axe se prolonge et se termiue, soit par une ou plu-

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sieurs fleurs uouvelles , soil par un rameau charge tie feuiiles ; on a remarqudque, dans quelques-uns de ces cas, le renflement attribue au calice cesse d'exister, et Ton en a conclu que les sepales devieuuent libres. J'ai sourais a un uouvel examen ces diverses monstruosites qui se sonl toutes offertes k mes recher- ches, ainsi que de nombreux etats intermediaires, et je me suis assure que, dans tous les cas, soil que les sepales restent de ieur taille et de Ieur forme normale, soit qu'ils prennent les dimen- sions des feuiiles de la tige, ce qui est frequent tant chez les fleurs non proliferes que chez les fleurs dites proliferes, lis ne contractent jamais aucune soudure entre eux, pas plus chez una Rose normale que chez une Rose prolifere ou Ieur structure rcste absolument la meme.

» En outre, j'ai trouv6 plusieurs fois, sur la base du rameau qui continuait I'axe d'une Rose prolifere, une splrale de car- pelies regulierement conformes et qui eussent occupe les parois de la cavite si I'axo, au lieu de s'allonger, eut ete comme a I'etat normal refoule en lui-raeme. Cetle disposition des carpelles explique parfaitement pourquoi , chez les Roses proliferes , le renflement iuferieur cesse d'exister; c'est parce que I'axe, au lieu de se deprimer a ce point, s'allonge; si le renflement ap- partenait au calice, I'allongement de I'axe ne rempccherait, au contraire, probablement pas d'exister. Or, si, chez la Rose, le godet qui produit ie renflement appartient a I'axe, il appartieut a I'axe chez toutes les fleurs dites a ovaire adherent, comme aussi chez les fleurs a inserlion dile perigyne, ou Ton admet sans contestation que la seule difference qui existe est relative non h i'organe qui produit le renflement , mais a la soudure des carpelles avec la paroi interne de ce renflement. Des Poires et des Pommes a axe prolongs en rameau ont ete plusieurs fois observees; dans ces differents cas le renflement charnu qui persistait malgre I'elongation etait du, comme dans I'etat ordi- naire, h une hypertrophie de cette portion de I'axe.

B D'autres faits teratologiques qui se sont prcscntes a mon observation rendent encore cette explication plus inattaquable ; j'ai trouve, chez des Roses, des Groseillers epineux, et des Poi- riers, des feuiiles foliacces ou squamiformes independantes du calice ins6rccs vers la partie moyeune du renflement. Or, des

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feuillcs nc sont point inseiees sur des feuilles, mais seulement sur des axes, ct il ne s'agissalt pas de feuilles soudees h. d'autres par leur base, car, chez les Rosiers par exemple, ces feuilles etaient completes et munies de leurs stipules. En revanche, je nc sache pas que I'on ait jamais observe d'anomalie dans laquelle uu tube de calice adherent soit reelleraent passe a I'etat de se- pales libres, et ce fait, s'il etait possible, n'eut pas manque de se presenter parmi les nombreux cas de chlorantbie qui out et6 observes et dccrits.

» Tous les ovaires adherents ne sont pas renfermes dans le tube au raeme degre ; les ovaires dits seml-adberents, ceux de certaines Saxifrages par exemple, ne sont renfermes et soudes que par Icur partie inferieure ; d'autres ne laissent voir que leur sommet, par exemple ceux du Neflier; d'autres enfin ne laissent voir que les styles et les stigmates, ce sont ceux qui sont dits completement adherents, par exemple ceux des Om- belliferes dont les especes h fruits ailes ou epineux ne doivent leurs ailes ou leurs epines qu'^ des decurrences des feuilles caiicinales et non aux feuilles calicinales elles-memes ; ces decurrences sont de la meme nature que les decurrences des feuilles que Ton observe sur les tiges et n'ont rien de plus spe- cial au niveau d'un pedoncule ou d'un pedicelle qu'au niveau d'uu autre rameau.

» Quant a la dehiscence des fruits adherents sees, elle n'est point genee par la couche formee par I'axe qui entoure leurs parois, chez les Ouagres, les Iris , les Orchidees, et dans tous les cas analogues, la rupture de cette couche est determinee par a rupture ou la separation correspondante des differenteS pieces de I'ovaire.

» Les expressions ovaire libre et ovaire adherent doivent, on le volt, etre conserv^es dans cette nouvelle appreciation comma dans I'ancieune, seulement on doit entendre par le mot adhe- rent, ad! erant a la cavite de I'axe renverse et non adherant au calice. Quant au calice, on devra cesser de le couiiderer et de le decrire, dans ce cas, comme tubuleux; on le verra tout en- tier dans ce que Ton a appele jusqu'i present le limbe du ca- lice, quo cc limbe soit manifesto ou reduit a des mamelons peu djstiucls ou rudimentaires. »

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Seance du 2 novembrei^b^,

Hydrauliqle. Machine hijdrmitique reposant sur wic force noHvelle. M. de Caligny adresse une note ayant pour objet la description de ses experiences sur un grand modele fonction- nant d'une machine hydraulique de son invention, reposant sur uu nouveau phenomene de succion.

« Get apparcil se compose : d'un tuyau de conduite fixe, recourbe verticalemeni en aval du bief superieur dans iequel il debouche par son autre extremite ; 2" d'un tuyau vertical mo- bile reposant alternativement sur un siege fixe qui est dispose horizonlalementsar la bouche de sortie du tuyau cle conduite re- courbe; 3» d'un balancier dont une des extremites portc un con- trepoids, le tuyau vertical mobile etant suspendu a I'autre ex- tremite ; d'un cylindre vertical fixe termineen pointe a son extremite inferieure. Ce cylindre est dispose au milieu du tuyau vertical mobile, et ne gene pas le mouvement du balancier, a cause de I'espace circulaire que celui-ci laisse a uue de ses extre- mites d'ou pendent deux chaiues.

» Je suppose d'abord qu'on fasse marcher i appareil a la main, quoique le point le plus uouveau soit la maniere dont le tuyau vertical fonctionne de lui-memc en s'avancant contre le courant, ainsi que je I'ai montre a plusieurs personnes.

» Le tuyau vertical etant sur son siege ne forme qu'un seul et meme tuyau avec la conduite fixe. Qiiand il estsouleve, I'eau s'echappe par I'extremite recourbee de cette derniere. S'il est baisse de nouveau apres avoir ete leve pendant un temps conve- nable , I'eau monte dans son interieur et, en vertu de sa vitesse acquise,elles'eleve jusqu'ason sommet.Ellese verse en ce point ; revicnt ensuite sur ses pas,celle qui fait rentrer dansle bief supe- rieur, en vertu d'une oscillation desccndante, toule celle qui occupait I'interieur du tuyau vertical jusqu'au niveau du bief inferieur. Alors si Ton reieve ce tuyau, le jeu continue ainsi de suite indefinimeut.

» Le tuyau vertical se Ifeve de lui-meme au moycn du balan- cier a contrepoitls, parce que son diaraetre interieur est plus grand que celui de I'anneau dispose a sa partie inferieure, qui repose alternativement sur le siege fixe. Get anneau est presse

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de haut en bas par I'eau contcnue dans le tuyau vertical , mais quaud eette eau est desceudue a une profondeur suffisante, elle permet au coutrepoids d'agir ci I'instant convenable. Le tuyau vertical etant ainsi souleve, et au bcsoin retenu par un arret, I'eau motrice s'ecbappe par I'espace annulaire laisse entre lui et le tuyau fixe. Quaud elle a une Vitesse acquise suffisautc, le tuyau vertical rt'descend de lui-meme, malgre son coutrepoids, comma s'il etaitdoue d'un mouvemeut spontane; car 11 est bien a remarquer qu'il s'avance contre le courant, tandis que la soU' pape de Montgolfier et I'ancienne soupape des baignoires s'a- vaneent dans le meme sens que I'eau. Ce principe nouveau acheverait au besoin de distinguer raes idees de toutes celles avec lesqueiles on pourrait les confondre, et ses applications a toutes les parties de la brancbe nouvelle de I'hydraiilique, exclusive- ment due a mes recherehes, montreront son utilite. Celte com- munication n'a pour but que de prendre date.

» La fermeture oceasionnce d'abord par cette succion est cn- suite assurec par la reaction resultant, sans choc brusque, de ce que la colonne liquide passe a la (iliere dans I'espace annu- laire gradueileraent relreci, compris entre le cylindre central fixe et le tuyau vertical mobile. Les sections transversales n'e- tant d'ailleurs jamais bouchees, il n'y a pas de coup de belter possible. Ce cylindre fixe s'eleve au-dcssus du sommet du tuyau mobile ; il est a remarquer que le versement superieur se faisaut par la circoaference exterieure de ce tuyau, d'ailleurs evaseau sommet , ne retrecit pas bien sensiblement I'oriiice reel de ver- sement, et permet de ne pas remplir alternativemeat autant d'espace, ce qui dimiuue le chtniin des resistances passives dans la couduite horizontale, et permet d'elever I'eau plus haut dans certains cas.

« J'avais deja communique a la Societe un plieiiomene de succion analogue, maisc'etait pour un fllet d'eau assez mince, dans des circonstauces toutes speciales. Ilsepresente ici pour un tuyau de deux decimetres environ de diametre, sous des pressions de reservoir tres diverses; et ce qu'il y a d'interessant pour la pratique, c'est (jue son influence seteud meme au dela de la distance a laquelle uu imjawsoupape, ou une soupape de Cornwall, doit s'eloignerde son siege pour remplir convenable-

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ment les conditions relatives aux phenomenes des > ranglements et des deviations de filets liquides.

» 11 y a lieu de croire que cet effet de succJon qui applique la soupape ou le tuyau sur son siege est aide par uue denivella- tionquelconqueprovenaiit, a I'iut^rieurdu tuyau, de la percus- sion du liquide. Mais il ne se produit plus d'effet assez puissant pour faire redescendre le systeme solide au deli d'une limite de levee pour laquelle on voit cependant encore tres distinetement qu'ii y a un mouvement brusque de haut en bas, provenant de ce que le liquide rencontre I'anneau inferieur du tuyau mobile. II en resuite meme, si cet anneau est pres du niveau du bief in- lerieur, une onde fixe annulai re tres prononcee.

» Cet appareil ayant^te execute avee une stride economie, je nesais pas encore d'une maniere positive quel est son effet utile, qui parait d^j^ compris entre cinquante et soixante pour cent cii eau elevee. On saitqu'il faut retrancher del'effet, d'une turbine par exenople, le dechet d'une pompe, quand elle est employee a eiever de Teau ; ce resultat est done satisfaisant. Je dois avouer, d'ailleurs, que c'est en faisant fonctionner I'appareil h la main que j'ai etudie son effet utile, parce que n'ayant h ma disposition qu'une ties petite quantity d'eau, je la recois d'a- bord dans une grande cuve, je fais fonctionner i'appareil, et je mesure I'eau elevee dans un tonneau ou elle se verse, et se con- serve, parce que ce tonneau contient a son centre un tuyau fixe plus gros que le tuyau mobile qui passe au milieu. Le rapport des quantites d'eau elevees ei descendues s'obtient ainsi imme- diatement, mais le niveau d'amont est tres variable, et il faut en tenir compte. C'est cette variation qui diminue sensiblement I'effet quand la machine raarche seule.

» Lorsque le niveau est baisse dans la grande cuve au deL\ d'une certaine limite, la colonne liquide eontenue dans le tuyau vertical redescend pres du si^ge de ce dernier , qui en se rele- vant introduit dans le systeme de I'eau du bief inferieur. Or il en resuite des phenomenes analogues a ceux qui provionnent du mouvement de I'enu dans I'autre sens, et le tuyau a peine souIev6 redescend. L'eau remonte en oscillant quand il est re- descendu, et il ne s'ouvre compietemcnt qu'a la seconde oscilla- tion descendante. De sorte qu'il n'y a que la moilie d'un certain

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nombie de periodes qui versent de I'eau dans Ic tonneau sup6- rieur. Elles alternent d'ailleurs avec regularile abandonn^es k elles-memes. II n'est pas iieeessaire que le tuyau verlical soiten entier mobile. On peul ne reudie mobile qu'une soupape de Corn Willi. Alors cet appareil peut etre employe a comprimer de I'air au moyen d'un piston liquide, soit pour une machine souf- flaute, soit pour faire des epuisements avec une sorte de reci- pient de foataine de Heron, si le tuyau de conduite est assez loncj par rapport a la hauteur a laquelle I'eau doit tire clevec. II n'est pas d'ailleurs necessaire de comprimer I'air sous une pression aussi forte que serable I'indiquer cette hauteur, puis- qu'on peut employer un systeme de reservoirs d'air communi- quants analogue a celui qui a ^te atfribue par ies Francais a Detroaville, par Ies Anglais h Darwin, et qui a ete decrit par ritalien Branca, en 1629. II suffit de rappelerici que mes ap- pareils oscillants appliques aux machines a air comprime ou di- late offrentl'avantage d'utiliser, au moinsen partie, laquantite de travail employee a comprimer ou a dilater I'air jusqu'au point oil I'effet commencait a se produire dans Ies ancicns appareils dans lesquels la quantite de travail dont il s'agit etait sensib- lement perdue. »

Seance du 9 novembre 1850,

Hydraulique. Nouveau phenomene de succion. M. de Caligny adresse une note faisant suite a celle qu'il a coramuni- quee le 2 novembre sur un nouveau phenomene de succion et une nouvelle machine liydraulique.

« La premiere note que j'ai adre;see a la Societe, dit-il, avait simplement pour but de prendre date. J'ai fait ensuite des re- cherches pour voir s'il n'aurait pas ete public quelque chose d'analogue.

» Hachette a publie en 1827, dans Ies Annales de plujsique et de chbnie, des experiences d'ou il resulte que le phenomene de succion observe par MM. Theuard et Clement Desormes dans le raouvement de I'air, cu vertu duque! une plaque est attiree en sens contraire de ce mo vement, se presente aussi pour I'eau dans des circonstances dU la plaque, ires pres dc I'orifice, est U'ailkurs bcaucoup plus targe que ce dernier. Or, dnns mes ex-

Extrait de VJnsiiiut, i" section, 1850, 10

n

ppriences, I'ouverture est tres notable par rapport a la section de I'orifice, qui est d'onviron vingt cculimelres de diamotre, et la surface qui recoit le choc de i'eau n'estqu'un anneau de vingt centimetres de diametre a son interieur et de vingt-six centime- tres environ a son exterieur.

» Du Buat a fait une experience tres curieuse sur la percussion de I'eau contre les divers points d'un prisme , d'ou il resuite qu'il y a une succion a la circonference , raalgre le surcroit de pres- sion totaie occasionne sur le |)risme par I'ensemble des phcno- menes de la percussion. Or, dans raon appareii, la partie cen- trale du prisme est enlevee. J'ai memo constate que le prisme interieur fixe, dispose au centre du tuyau vertical , utile a cer- tains egards, n'etait pas indispensable au jeu de rappareil,qui, apres la suppression de cettc piece, a encore fonctionne aban- donne h lui-meme. Le cylindre liquide que Ton voyait dans le tuyau vertical recevait encore la percussion provenant du mou- vement de I'eau qui s'echappait du tuyau fixe, et sa surface avait un mouvement de vibration tres prononce. I! en resultait neces- saireraent une elevation quelconque au-dessus du niveau du bief inferieuret une reaction sur I'anneau inferieur du tuyau verti- cal, qui, joiute a Taction directe des tourbilioDS sur cet anneau, venait en aide a la succion dont il s'agit.

» II y a lieu de croire qu'en augmeutant la surface de I'an- neau on augmentera I't ffet de la succlon , et Ton reglera plus facilement le jeu de la machine. En variant la longueur du tuyau horizontal on p irvicnt deja a se rendre maltre des rapports eutre les durees des di verses parties de chaque periode.

»En resume, le fait d'une soupape annulaire ou d'un tuyau mobile toujours ouvert ci sesdeux cxtremites, s'eloignant de son siege annulaire d'une quantiie suffisante pour livrer a I'eau mo- trice, a sa sortie d'un tuyau de couduite, un passage convenable et cependant se rapprochanl de ce siege, sans aucun meeanisme, en vertu du seul mouvement de cette eau, constitue une expe- rience bien nouvelle. J'en ferai ulterieurement connaltre les de- tails a la Society quand j'aurai determine d'une raaniere plus ri- goureuse en quoi consistent les effets des divers genres de mou- vements qui constituent Ic plienomene, ne m'attachant encore principalemeut qu'a I'cffet total resultant de leur ensemble. »

Seance du IG novembvc 1850.

Tebatoiogie vegetale. La noti- suivante sur deux cas de teratologie vegetale est coramuiiiquce par M. D. CIos.

« Les observations relitives cides torsions de lige sont encore peu nombreuses dans la science. LeTraite de teratologie vege- tale de M. Moquin-Tandon n'en rapporte guere que dix a douze ; et bien quequelques autres cas aient etesigoales depuis I'apparitioQ de cet ouvrage, notamment par MM Duchartre, Fuhlrott, etc., neanmoins ces sortes de monstruosites ne sont pas tres communes. A n'en pas douter, leur comparaison pourra servir un jour a eclaircir certains points encore obscurs d'orga- nisation vegetale, a devoiler quelques-unes des relations qui existent entre les axes et les appendices. I! est d^ja permis de soupconner que leur production est plus freqiiente dans les Di- cotyledones que dans les deux autres embrancheraents vegetaux, plus frequente aussi dans les piantes (et peut-etre les families) k feuilles opposees ou veriicillees que dans celles oil les feuilles sont aiternes. C'est ainsi qu'a rexecption de deux Equisetum ftuviatile (Acotyledones), d'un Schpus lacustris (Monocotyl6- done), tous les autres cas de torsion sont reiatifs h des Dicoty- ledones, troisa des Galium (feuilles verticillees), une a une es- pece indeterrainee de Zinnia (feuilles opposees ou verticillees), trois h des Vaierianes et deux a des Menthes (feuilles opposees). Celui que j'ai observe dans le jardin botanique de Rouen a pour objet encore uneLabiee, le Dracocephalmn moldavica.

■a Dans les exemples ant^ricurement decrits de cetteanomalie vegetale , la tige a offert en general la torsion dans toute sa longueur, et les feuilles sont passees le plus habituellement de I'ordre oppose ou verticille a un agencement soit alterne, soitde superposition unilaterale. II n'en est pas tout-a-fait ainsi chez le Dracocephalum moldavica en question. Au premier aspect la tige ne presente un contournement bien marque que dans son tiers superieur qui n'aplus suivi la direction primitive de I'axe, raais s'est incurve lateralement. Cette partie porte des feuilles et des rameaux axillaires assez rapproclics et superposes, mais en suivant une ligne legerement spirale. Dans les deux tiers in- ferieurs du vegetal les feuilles affecteut une disposition remar-

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quable ; ellts sout verlicillecs-tern^es, et chacua des trois verti- cilies qu'elles forment altcrne regulierementavec son voisin. Un quatrieme verticiile inferieur, celui qui a succede aux cotyle- dons , parait avoir etc compose de quatre feuilies, si I'on en juge par les cicatrices d'instrtion de ceiles-ci. Toutes ces feuil- ies out conserve la forme normale. Les rameaux axillaires sont, comme elles, par verticilles ternaires, mais munis de feuilies op- posees. Les entre-noeuds de I'axe primaire ne sont pascarres, et des six cannelures ou faces qu'ils devraient offrir, comme con- sequence de I'arrangement des feuilies, ciuq seulcmentsonlbien manifestes.

» D'autres particularites se sont raontrees en meme temps sur un autre individu de cette meme espece plus developpe que le precedent. La moitie inferieure de la tige est cyliudrique et a peu pres lisse vers la base ; cette tige presente des le troisieme entrenoeud huit cannelures bieu marquees ; et, a partir de son milieu, elle s'aplatit en s'^largissant de plus en plus, le nombre dc ses cannelures augmente, et on a une veritable fascie qui se termine par trois branches courtes et toutes cbargees de fleurs. Les feuilies sont verlicillees-qualernees, et les verticilles, au nombre de cinq, alternentreguliereraent. Les rameaux axillaires sont aussi qualerues, mais ils sont tetragones et a feuilies op- posees. Les verticilles de la partie fasciee se composent d'un plus grand nombre de parties a mcsure qu'ils s'elevent; ou u'en trouve que quatre vers sa base, mais on en compte six vers son milieu et huit a sa paitie superieure.

V Linne considerait les fascies comme formees par la soudure de deux tiges , opinion qui a ete combattue avec raison par la plupart des pbysiologistes moderues. Le grand developpement de I'axe dans ce pied de DracocepliaUan moldavica, le nombre de ses cannelures et la disposition des feuilies sembleraient, au moins pour cecas, devoir donner quelqiie poids a I'interprctalion de Linne. On sait d'ailleurs que M. Alph. De Candollc aexpli- que par la soudure de deux tigelles la pi esence de quatre coty- ledons chez certaines plantules.

» Ces deux pieds anorniaux de Dracocephale sedistinguaient de tous ccux au milieu dcsquels ils se trouvaieut par la eouleur des fleurs qui ctait blanche et non bleue-violacee, comme si c'^-

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tait le premier indice d'une modification plus profonde dans I'orgaaisation. II ne faut ceppndant pas accorder une {i[raude importance a cette particularity, car la variation de teinte n'est pas rare dans cette espece.

» II n'est peut-etre pas inutile de rappeler que si la plupart des Labiees ont les feuilles opposees, la flore de la Nouvelle-Hol- lande (le pays des deviations oiganiques) a montre que ce ca- ractere n'etait pas absolu. C'est ainsi que les MicrocorijS et le Weslring'm iriphylla ont les feuilles par verticilles de trois, tan- dis que d'autres especes de ce dernier genre, les W. rosmarini- formis, rnbicefolia et Dampicri, les ont verticillees-quaternees. Dans ces plantes, comme chez les Dracocephales precites, les verticilles alternent regulierement. N'est-il pas curieux de voir ces deux dispositions, exceplionneiles pour la famille, mais con- stantes et normales pour les deux genres en question, se retrouver exceptlonnellement aussi et par anomalie dans deux individus d'une meme espece, liees dans ces derniers a une deviation de la tige, tordue dans I'un, fasciee chez I'autre? Y aurait-il done un rapport de cause a effet entre ces monstruosites concomitan- tes des organes axlles et des organes appendiculaires? La dis- position analogue des feuilles dans ces deux individus vegetaux ne pourrait-elle pas faire soupconner quelque correlation d'ori- gine entie la torsion et la fasciatioQ des tiges? M. de Mirbel a fait justeraent remarquer, dans son Memoire sur les Labiees, que chez les plantes de cette famille les petioles sont elargis a leur base de maniere a s'unir en formant une sorte de bride qui circonscrit la tige. La Dracocephahun moldavica, par ses petio- les longs et tres greles, fait exception a ce caractere, ce qui peut- etre a favorise les deviations que je viens de signaler. Le meme botauistf a constate que la tige des Labiees n'offre ordinairement que quatre faisceaux flbro-vasculaires. Or, les six cannelures de la lige de Dracocepliale tordue, les huit de I'axe fascie denotent la presence dans le premier cas de six faisceaux el de huit dans le second. C'est tres probablement a cette augmentation de nom- bre et non a la soudure de deux tiges qu'est due la disposition exceptionnelle des deux feuilles dans ces deux plantes. La meme cause n'aurait-elle pas quelque influence, sinon sur la produc- tion de la torsion des tiges, du moius sur celle de leur fascia- tion? »

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AcotSTiQUB. M. Cagniard-Latour fait au sujet du sifflc- meut de la bouche la communication suivaute :

« D'apres raes experiences, dit I'auteur, ce sifflement provient principalement des vibrations dont I'air contenu dans la cavite buccaie devient le siege par I'influence du eourantgazeux auquel donne lieu I'expiratioa ou I'inspiration des poumons. Quant a cette influence, elle est due h ce que le courant gazeux lui-memc devient vibrant en eprouvant contre les parois du petit conduit forme par les levres de la bouche des frottements intermittenls et qui rendent necessairement periodique son passage ci travers ce conduit.

» Quoique dans mon raeraoire present^ a 1' Academic des scien- ces en 1829 j'aie cite plusieurs observations qui semblentdemon- trer la possibilite qu'un courant d'air devienne intermittent en frottant dans certaines conditions contre des surfaces solides, j'ai cru devoir neanmoins chercher quelque moyen d'obtenir le dessin d'un pareil frottement.

» J'y avals deja r^ussi pour le frottement par lequel on pcut avec le doigt mettre en vibration un carreau de vitre, puisque j'avais reconnu que dans le cas ou ce carreau est convenableraent mouille d'eau, on s'apercoit assez facilement que sur la trace meme du doigt le liquide forme des stries des que le frottement fait resonner le carreau.

» J'avais vu aussi que si, apres avoir fixe un petit cylindre de craiea I'un des bouts d'une baguette elastique un peu courbeet d'une certaine longueur, on cssaie de frotter cebout sur un par- quet en poussant, il s'y forme dans certains cas des lignes ponc- tu^es par suite des iutermittcnces que le frottement eprouve.

» J'ai pense que peut-etre I'air en frottant contre les parois in- terieures d'un tube de verre montrerait des intermittences si les parois etaieut mouillees d'eau ; par suite de cette idee, j'ai enfermd par des bouchons dans des tubes de verre de differentes grosseurs de I'eau avec un peu d'air, dans I'intention de le suivre des yeux pendant que par sa force ascensionnelle il remonterait et frotterait le long des parois du tube, apres que j'aurais ren- verse celui-ci de hauten bas.

» Ce qu'il y a de certain, c'est que dans un examcn de ce genre que j'ai fait sur un tube ayant environ quinzc millimetres de

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diametre inU'rieur sur cinquante centimetres de longueur, et d.ms lequci I'eau se tiouvait enfcrra^e avec une colonne d'air de deux centimetres de hauteur seuleraent, j'ai reconnu que celte colonne, lorsqu'on i'exarainait par transparence aussitdt aprfes chaque reuversement du tube, laissait apercevoir des strles transversales assez fines et norabreuses form^es par la couche mince du liquide ruisselant entre les parois du verre et celles de la colonne aerienne. Cette experience, que toutle monde peut r^peter, demontre clairement I'existence du frottement intermit- tent de la colonne d'air contre les parois du tube par la produc- tion des stries liquides qui se raanifestent sur ces m^mes pa- rois. »

Seance du 22 novembre 1850,

Geometiue. M. Abel Transon communique un theor^me sur la relaiion qui exisle entre dix points quelconques d'une com be plane du tromcme ordre. Supposons ces points nume- rotes de 1 ^ 10, et imaginous le systeme de deux coniques Aet B, ^leterminees, savoir : A par les points (1, 2, 3, 4, 5) etBpar es points (6, 7, 8, 9, 10); puis un second systeme, compose de deux coniques C et D et d'une droite L, determioees, savoir : C par les points (2, 3, 4, 5, 6) ; D par (5, 6, 7, 8, 9) ; et L par ( 1 , 10). Ces deux systemes auront huit autres points en commun sur une meme conique E. D'apies cela, etant donnds neuf points d'une courbe du troisieme ordre , on en trouvera un dixieme quelconque a volonte par des intersections de lignes droites et de sections coniques.

Hydbaulique. M. de Caligny depose une note sur un nou~ veau phenomene de succion, faisant suite aux deux notes qu'il a communiquees dans les seances des 2 et9 novembre auxquelles on renvoie pour abreger.

« J'ai prolonge exterieurement, au moyen d'une couronnede fort zinc horizontale, le plan iuferieur de I'anneau dispose au bas du tuyau vertical mobile, de sorte que le diametre exterieur s'est trouve d'environ cinquante centimetres. L'appareil avee cette addition fonctioonait encore, mais la force de succion qui faisait alternativcraent appliquer ce tuyau sur son siege etait seusibUment diminuee. Celte force de succion etait encore sen- siblement diminuee quand le diametre exterieur a ete reduit h

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trente-neuf centimetres environ, mais il u'y avait plusdedimi- iiutiou quand ce diametre a ete success! vetuent reduit h trente- cjnq et a trente-deux centimetres. Eufln, pour ce dernier diame- tre, jai augmeute considerablemeut la force de succion en re- levant exterieuremcBt les bords de la courunne, ce qui a ete facile en y faisautdes eutailles dans le sensdes rayons. Non-seu- lemeut le tuyau en redescendant enlevaitun contre-poids beau- coup plus fort, mais I'appareil s'est mis a fonctionner avec une telle violence que le tuyau reboudissant alternativement avec rapidite centre son siege et son arrei superieur, ne versuit plus d'eau a sou soramet et pouvait elre considere comme un nou veau moyen de donner des coups de marteau ou de pilon. II a fallu relever I'arret superieur.

» Cette disposition de la couronne exterieure a permis aussi d'augmenter la distance a laquellese faisait lasucciou. Aiusi le tuyau etant en equilibre avec son contre-poids restait immobile h viugt-deux centimetres de bauteur au-dessus de son siege , quaud cette couronne n'existait pas. Or, il etait attire par cette succion a une distance d'au moins viugt-six centimetres, mcme en enlramanl un contre-poids plus pesatit que lui, quanti cette couronne exterleurement relevee etait disposee comme jc I'ai dit. Lorsque les bords de celte couronne etaient au contraire courbes de baut en bas, i'appareil s'arretait, meme pour des levees Ires petites du tuyau mobile.

» Je revicndrai sur ces phenomenes nouveaux, qui se ratta- chenl sans doute plus ou moins aux pheuonieucs de succion que Ton connaissait, mais avec des varieles auxquelles on etail loin de s'attendre , et d'ou resulte un nouvtl insti umeut de physique, qui parait destine a reudredes services comme machine a ejever de I'eau d'une extreme simplicite , susceptible d'etre executee tres en grand.

J'ai aussi constate que Ton pouvait augraenlcr les effets ap- parents de cette succion, en faisaut alteruativen.ent plonger dans I'eau une partie du contre-poids. II est clair en effet qu'il resulte de cette immersion alternative, qu'au commencement dc- la succion, la partieldu contre-poids qui doit alternativement ^oU-' lever le tuyau ne I'empeche pas de commcncer A descendre. On peut obtenir un effet analogue au moyen d'uu ressort.

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» Bienquecette nouvtile force de succion paraissegraduelle- ment devenir plus puissaute que je ne I'esperais moi-meme, il est Ijon de disposer I'appareilde telle sorteque I'inertie du tuyau et lie taut le systeme mobile soit la moindre passible. II sera done rationnci de disposer au-dessus de la couronne exterieure un bout de tuyau amiulaire ferme a scs deux extremites afin de former un veritable flotleur plonge dans le bief d'aval

Seance du 28 deeembre 1850.

Hydbaulique. M. deCaligoy adresse une note faisant suite a celles qu'il a presentees depuis le 2 novembre sur un nouveau phenomene de succion et sur une nouvelle machine hydrauli- que. On renvoie pour abreger aux extralts dcs proces-verbaux publics,

« Ma derniere note, dit-il , avail principalement pourobjet I'augmentation de la force de succion provenant de I'addition d'une coiironne exterieure a I'extremite inferieure du tuyau ver- tical, maisseulement dans le casou cette couronne etait relevee exterieurementcomme les bords d'une sorfe de paraplu'ie ren- versc. J'ai fait le lendemain une nouvelle serie d'experiences d'oii 11 resultequeradditjon d'une couronne plane angmente aussi la force de succion, mais cette derniere couronne ii'et?iit pas dispo- see a la meme place que I'espece de parapluie renvcrs^ dont je viens de rappeler les effets. Elle etait fixe, et formee , meme assezgrossieienaent, d'une simple maconnerie en pierres seehes a la hauteur de I'orifice du tuyau fixe. L'augmentation resultant de cette derniere disposition a ete tres notable, ce qui con^-ourt a montrer que le phenomene repose en partie sur un principe analogue a celui ciui fait descendre d'elles-raemes les poutrelles araenees sur un barrage ou les premieres sont deja descendues. En definitive le tuyau redcscendrait sur siege en entralnant un poids plus lourd de cinq kilogrammes et demi que celui qui le tenait en equilibre quand il etait un peu souleve et en quelque sortcflottantdans I'eaudu bief inferieur, et encore ce poids etait suspendu a un bras de levier notablement plus lonjj que celui au- quel le tuyau etnit suspendu a I'autre extremite du balancier,

B J'espereaugmenter encore notabl6ment la somme des forces de succion sur lesquelles repose le jeu de mon nonvelappareil, de maniere a pouvoir multiplier le nombredes applications dont

Extiait de rinstiUit, 1" section, 1850. 11

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il e>t susceptible. Je me borne pour le moment a cxposer Ic piin- cipe, en attirant speeialcraeut I'attention sur les effets prove- nant de la disposition annulaire de la partie du systcme opposee a la veine liquide, etsurcclle des couronues extcricures fixe ou mobile. On savait, en effet, que^ dans certains cas , une plaque pouvait etre attiree en sens contraire dun courantdegaz ou li- quide, mais on etait loin de soopconner ces dispositions au moyen de.squciles jc s' is parvenu a me procurer des orifices altcrnatifs suffisants pour composer une nouvelle machine hydraulique. En un mot, des effets, ayant plus ou moinsd'analogie avecceux que je presente , etaient consideres comme une cause d'embarras ; or je me sers de ce genre de succion pour simplifier au contraire le jeu de toute une classed'appareilsnouveaux. «

Seance du 20 juillet 1850.

Embryogenie comparee. M. Laurent expose succinctement la serie des observations qu'il a faites sur les corps nproduc- teurs des animaux. II rappelle a ce sujet que, dans quatre cours regulicrs qu'il a fails a I'ancien Alheaee royal dc Paris, sur I'his- toire du developperaent coniplet des corps organises, il avait^te conduit naturellement a rapprocher les corps reproducteurs des animaux de ceux des v6getaux.

« Dans celte etude comparative, dit-il, on ne pouvait admettre evidemment que trois principales sortes de ces corps, savoir des oeufsou ovules, des bourgeons ou gemmes, et des fragments ou boutures, ce qui correspond exaetement aux trois principaux modes dereproiluction connus sous les noms tie oviparile, de gemmipar'ite et de fissiparite.

« Je pris dabord soin de m'assurer que les faits nombreux et bien connus isolement qui ont trait a la reproduction des plantes phanerogames, cryptogames et agames, n'etaient point encore systematis^s methodiquement, ni par consequent formules au moyen d'une nomenclature suffisamment scientifique. Ce fut surtout dans I'examen que je dus faire de la nomenclature tres incoherente des corps reproducteurs des vegetaux cryptogames et agames que je reconnus la diflicult^ extreme que doiveut eprouver les botanistes a coordonner un si grand nombre de faits de detail dont la connaissance exacts Ires difficile a acquerir doit

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exercer pendant longtemps la sagacite et I'habilete expeiimen- tale des investigateurs, et il resulta pour moi de cet exaraen qu'on ne devait jamais, dans I'etude comparative des corps repro- ducteurs desauimaux, recouiira la nomenclature des vegetaux, surtout si les noms usuels d'oeufs, de bourgeons et de bouturcs pouvaient suffire dans des recherches en naerae temps pratiques et systeraatiques,

» Ce sont ces recherches sur les corps reproducteurs des ani- raaux inferiears qui se reproduisent sous les ti'ois modes connus et la mise en ceuvre des donnees scienlifiques acquises a I'egard des animaux des types de plus en plus supdrieurs qui m'ont per- rais de proposer la classification suivante des corps reproduc- teurs des corps organises en general et priucipalemcnt de ceux des animaux.

» Avant de presenter le tableau de cette classilication je ferai remarquer que, quoique I'oeuf soit etdoive etreconsidere comma le corps reproducieur principal, puisque la tres grande majorite des animaux, sinon tons, se reproduisent de cette maniere, on ne doit plus considerer I'aphorisme de Harvey, omne vivuin ex ovo^ comme exact, puisqu'un tres grand nombre d'individus des especes en meme temps oviparc s, gommipares et tissiparcs, n'out point passe par I'^tat d'oeuf et sont des leur origine des embryons gemmulairesou bouturnires, dont la comparaison ne peutetne doitetre faite, pour^tre esacte, qu'avec les embryons ovulaires des memes especesou qu'avec ceux des autres groupes naturels de la serie animale. Attendu done que les oeufs ou ovules sont destines a germer ou a se developper et que cette germination est le phenomeue le plus general chez les oeufs embryonnes ou les embryons ovulaires, ainsi que chez les embryons gemmulaires et les bouturaires, il serail plus conl'orme a la nature de ce fait ge- neral de substituer a I'aphorisme de Harvey le suivant : umne vivum ex germinc, qui exprime plus exactement la penseeque Harvey a developpee dans les Commentaires de son aphorisme en restreignant la signification dc I'oeuf en general a ['expression de ■primordium vecjelabile qui nous serable 6tre condeusee dans le mot gernie.

» Au reste, du moment ou, par suite des progres de la science, on ne doit plus eonfondro les bourgeons et les boutures avec la

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panic esseutitlle rles oeufs qu'on nommc ovulo, ui a plus forte laison avec les ceufsqui ne sont eux-raemes que des ovules ad- ventives, c'est-a-dire recouverts de membranes adventives (blanc et coque); du moment ou ces distinctions devenues necessaircs sont bien etablies, et enfiu depuis que nous avons demontr6que Tovule des organismes les plus infeiicurs du regne animal est simple ou univesiculaire, ce qui le distingue des ovules bivesi- culaires coneeniriquement de la ties grande majorite des ani- maux plus ou moins eleves en organisation ; depuis, disons-nous, que les faits nous ont conduit a proposer trois degies de compo- sition des ovules des animaux,savoir : ceux dits ovules com- poses ou bivi'sicnlaires ; des ovules simples ou univeskulaires; et des ovules intermediairesaux deux precedents et par con- sequent adunivesictilaires , on pouvait se croire fonde h examiner si i'etude comparative des di verses series de bourgeons et de bouturcs pouvait donner lieu a des distinctions Lien nettes et correspondant jusqu'a un certain point a celles observ^es a regard des ovules.

J C'cst d'apres les resultats de cet examen que je propose la classification presentee dans le tableau suivant.

Corps reproduclcurs des animaiix. Trois sorfes principaies, savoir :

f Ovules bivesicutuires concentrique ~

I, (EUFS ou Ovules, trois\ ment.

sous-sortes. i Ovules adunivesiculaires.

[ Ovules univesiculaircs. Ci" Gemmu'cs uuicutancs.

II. Bourgeons ou Gemmules. I Gemmules bicutancs.

(^3° Gemmules intimes,

111 Fragments ou Boutures. j ^o Boutures grandes.

(Ne pas confoiulie a red.nle- g. Boutures moyem.cs et peiiles. grat.on aveclamulliplicalion g^ b^„,„^,, i,4<„, fn^, par boutures.) j r r

M. Laurent rapporte succinetement les fails qui lui ont servi a

^tablirque la division du corps des Polypes en lambeaux de plus

en plus peiitsne peut etre portee aussi loin qu'on I'a avance, et il

rappt'lle qu'il a determine ces limites experimentalement et les

a fait connnitre dans son travail couronne par I'Academie des

sciences en 18J4.

Imprimcrie de Cosson , rue' du Four-Sainl-Genuain , i7.

soci£t£

PHILOMATHIQUE DE PARIS.

ANNfiE 4851.

EXTRAIT DE L'INSTITOT,

JOVUNAL UNJVEBSEL DgS SCIENCES ET DfS SOCIEIES SAVAN^ES EN FnANCE ET A l'eTRANGER.

1" Seclion,— Sciences matli6raaliques , physiques et naturelles, Rue de Tr^vise, i5, a Paris.

SOCltJt

PHILOMATHIQUE

DE PARIS.

EXTRAITS DES PROCts-VERBAUX DES STANCES

PENDANT l'aNNEE 1851,

PARIS ,

IMPRIMERIE DE COSSON,

RUE DU FOUR-SAINT-GERMAIN, 43.

1854.

I

SOCIfiTfi

PHILOMATHIQUE

DE PARIS.

SEAMCES DE 1851.

Seance du l"fevrier 1851.

Meteobologie. Nature et origine des differenles especcs de broiiiUards sees. M. Ch. Martins communique une note dont voici un extrait :

« Les brouillards ordinaires se composent de vapeur d'eau h I'^tat vesiculaire. Leur aspect , I'impression qu'ils produisent sur nos oiganes , et surtout les indications des instruments hy- grometriques et les phenonienes optiques qu'ils presentent , ne laissent aucun doute a ce sujet. II existe d'autres brouillards qui sent compietcnicnt sees ; leur analogic avec les premiers se borne k ce qu'ils remplissent I'atmosphere et troubleut comma eux la transparence de I'air. Dans I'etat actuel de la science on pent en distinguer quatre especes differentes.

» I'^'Les broni/iards dns (Via fumee re&idlant de la combustion de tourbicres. (Heiderauch , Moorraucli.) Dans le pays com- prisentrele Ziiydersee et I'embouchure de I'Elbe, savoir : dans uue bandede 11 myriametres de large, il y a 107 niyriamfetres carres en tourbiere ; chaquc aunee on en brule environ 13 myriametres carres 5 il en resulte un nuage de 600 metres d'epaisseur, compose de particules charbonneuses que les vents trausportent k de grandes distances, jusqu'a Paris et Brest dans le sud , et Copeuhaguc dans le nord. Pres du district tour-

Extrait de Clnstitut, i" section, 1851. 1

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beux on compte environ vingi journees dc brouillard ;ce brouil- lard a une odeur particuliere de brule. Sur la tourbiere on ne distingue souvent plus les objets h 30 metres de distance , mais a 35 myriametresde distance ce n'est plus qu'uoe vapeur bleua- tre. Egen s'est assure qu'il dtait tonjours apporte par un vent soufflant dela tourbiere , et qu'il n'affectait en rien les instru- ments hygrometriques. August, a Berlin , et Kaeratz, a Halle, ont constate ce resultat.

» 2" BrouUlards sees gmeraux produits par des eruptions vol- caniqucs. L'exeraple le plus celebre est celui du brouillard sec de 1783, qui couvrit pendant trois mois presque toute I'Eu- rope , de Copenhague a Mafra , et de I'Angleterre a I'Altai. II parut d'abord a Copenhague le 24 mai , et y persista 126 jours ; 6 Manheim il dura du 1 6 juin au 6 octobre ; a Geneve du 1 7 juin au 25 juillet ; a Paris du 1 8 juin au 2 1 juillet ; a Padoue du 1 8 juin au 8 aout ; a Narbonne du 12 juin au 26 juillet ; a Mafra , en Portugal , 11 ne se raontra que le 26 juin. Sa puissance etait considerable , il depassait le Ventoux ( 1910") , le Saleve pres Geneve ( 1485" ) , et I'hospice du Saini-Gothard ( ISSO" ), Se- nebier, Van Swinden, Toaldo, Lamanon , s'assurerent par des experiences hygrometriques qu'il etait completement sec. A Ge- neve, en juillet, pendant les jours ou il etait leplus epais, I'humi- diterelative(fractiondesaturation)oscilIaentre 38 et 54 pour cent. Cette annee les salinesd'Hyerescristalliserentquinze jours plulot qu'a I'ordinaire. La densiiede ce brouillard etait considerable. A Narbonne le soleil n'etait visible qu'^ 12° au-dessus de I'ho- rizon ; au-dessus il etait rouge , puis pSle et sans rayons , meme a midi. Toaldo, a Padoue , et de Senebier, a Geneve , font les memes remarques. A Manheim , I'astronome Koenig s'assura que, dans le telescope, le Soleil, la Lune et Mars ont leurs bords bien termines , jamais ondulants , comme cela a lieu quand Fair est charg6 de vapeur aqueuse. Les etoiles ne scintillaient point a leur culmination , et n'etaient visibles qu'^ 40° au-dessus de I'horizoB. Le 27 aout le soleil n'etait plus visible a au-dessus de I'horizon.A Geneve, Senebier s'assura que lorsque ce brouil- lard etait epais , les raaisons et les arbres disparaissaient a la distance d'un tiers de lieue , et, sur les bords du lac Leman, on ne voyait pas le Jura , eloign^ de cinq licues. Van Swiuden

trouva qu'en Hollandc il avail unc odair suifureuse, ct, a Salon, il fatiguait les yeux. Toutefois , Senebier, Maret et Cotte affir- menl qu'il etaitinodore. Ce brouillard apparutdaos lesdiverses localitcs oil la Societe de Mauheim avait des correspondants dans les circonstauces atmospheriques les plus variees. Ni les pluics les plus persistantes , ni les orages les plus vio- lents, n'avaient le pouvoir de le dissiper. APadoue, quatorze orages eclaterent pendant sa duree, uneterapete bouleversal'A- driatique et la Mediterranee , le brouillard ne se dissipa point. Ce brouillard etait de la fumee, et son apparition etait due aux eruptions volcaniques de la Calabre , et surtout de I'lslande. Deja en mai 1783 I'atnaospliere de cette ile etait remplie de fu- mee , de vapeur et de poussiere; pres des raontagnes 11 faisait nuit en plein jour. Le 1" juin les eruptions commencerent , des fleuves de lave , dont quelques-uns avaiest 40 metres d'epais- seur, et jusqu'a 24 kiloraelres de large , se repandirent dans I'ile, brulant Ic sol et detruisaut tout sur leur passage. Cet in- cendie de terre , pour employer I'expressioa des auteurs contem- porains , continua jusqu'eu novembre ; un grand nombre de villages fureiit detruits , les hommes et le betail etaient as- phyxies, I'air etait remplide fumee , degaz et de vapeur d'eau. Cette fumee parvint a Copenhague des la fin de mai , puis se r^- pandit de la en Europe.

■> Depuis 1783 I'histoire ne mentionne plus en Europe d'erup- tions volcaniques comparables a celle de I'lslande, et, depuis la meme epoque , les meteorologistes n'ont plus constate I'invasiou d'un brouillard sec aussi general , aussi intense et aussi perma- nent. Si I'on doutait que des emanations volcaniques pussent ainsi obscurcir I'atmosphere , je citerais I'eruption d'un volcan de File Saint-Vincent , qui troubla la transparence de I'air de la Barbade, situeea 170 kilometres. La nuit factice etait teliequ'on nevoyaitpas un mouchoir blanc place a ciuq pouces des yeux. Les cendres du volcan de Tomboro , dans I'ile de Surabava , couvrirent Java , Macassar et Batavia ; elles furent portees a 1500 kilometres de distance.

» 3'' Brouillard see a V horizon ^ fumee d' horizon^ callina des Espacjnols. Dans les pays chauds, par le beau temps , I'horizon est surmonte d'uue vapeur ou fumee roussatre for-

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mant uue bande qui en fail tout le tour ct s'eleve a une hauteur variable. En Espagne , la caUina persiste pendant Ics niois de juin , juillet et aout , elle eesse en septembre. M. Wilkomm dit qu'elle trouble la vue des objets silues a 3-4 lieues , mais en dec^ ils sont parfaitement eclaires. En s'approchant des objets envelopp^s par le brouillard on n'en voit aucune trace. A la suite d'un orage la ccdlina disparait pour se montrer de nou- veau dfes qu'il a cesse. M. de Humboldt a observe la fumee d'ho- rizon a Cumana ( Amdrique meridionale ) , du IG octobre au 3 novembre 1799 ; I'hygrometre etait au sec et I'air transparent ; il dit qu'elle est commune a Acapulco , sur la c6te oceideutale du Mexique.

» J'ai observe deux fois d'une maniere tres nette la fura^e d'horizon.

. Le 7 aout 1841, etant sur le Faulhorn, tn Suisse, a aesS"" au-dessus dela mer,avec M. A.Bravais, a 6 hcures du soir, Fair etait k la temperature de 7°,S ; Thumidite relative 70 , le ciel parfaitement serein. A 7^' 12"' (T. M. Fauihorn) lesoleilentra dans une zone de vapeurs , son eclat s'affaiblit bcaucoup et il prit une teinte pourpree, la hauteur de sou centre au-dessus de rhorizon etait de 30'. A 7'' 31"> I'astre etait couche. A 8'', ciel serein, horizon vaporeux, humidite relative 47. La fumee d'horizon persista jusqu'au lendemain a mid! , la sereuite du ciel fut parfaite, car il y avait 10° a 11* de difference entre le thermora^tre ci I'air libre et celui de I'actinometre a duvet de cygne.

» Sur le pic de Sancy,^ 1886™ au-dessus de la mer, j'observai la fumee d'horizon le 22 aout 1849 avec M. Lecoq (de Cler- mont). Le 20 aout 1849, le vent de SO. soufflait avec violence et amoncelaitdes nuages qui creverent dans la soiree, au-dessus du Mont-d'Or. Le lendemain le temps se remit au beau ; nean- moins il y eut dans la journee quelques petites averses peu abondantes. Le jour suivant , le ciel etait serein et le vent au nord; dans la vallee , sa force etait peu sensible, mais a mesure qu'on s'devait , elle se faisait sentir de plus en plus. Nous 1'^- prouvfimes, M. Lecoq et moi , en gravissant le picde Sancy par le Val-d'Enfer. Lorsque nous parvinmes aux cretes aigues qui devaient nous mener au somraet de la montagae, nous eumcs

quelquefois cle la pei»c a nous tenir debout , et je cr&jgnis plu- sieurs fois d'etre precipite dans iavallee. Arrives au sorametdu pic deSaucy, nous vimes avec etonnenaent qu'il n'y avait pasde vent, I'air y etait parfaitement calme; je pus deploycr une carte sans la charger de pierres, et la chaleur du soleli etait plus forte que sur les flancs de la montagae. En redescendant nous recon- numes de nouvedu que le vent soufflait avec une extreme vio- lence a 20 metres au-dessous du sommet. Le passage et it brus- que, sans transition : a 1886", calme plat; a ISGO"", veritable brise carabinee, pour me servir de I'expression des marins. Mais un autre phenoinene reclamait notre attention : c'etait celui de la vapeur qui regnait tout autour de I'horizon ; celui du pic de Sancy est fort etendu , rien ne le borne au nord ni a Touest ; a Test il s'eteud jusqu'aux Alpes; au sud seulement, le groape du Cantal , eloigne de 35 kilometres environ , rivalise de bauteur avec le pic de Sancy. La vapeur embrassait tout le tour de I'ho- rizon, excepte la petite portion interceptee par le massif du Can- tal ; elle s'elevait de qutlques degres seulement au-dessus de rhorizon ; au nord, la largeur de ia zone enfumee etait un peu plus graude ; son apparenee etait exactement celle de la fumee de bois, eia sa limite superieure elle paraissait moius dense. Les objets eloignes n'etaient pas caches par la vapeur ; nous recon- numes les blanches ciraes des Alpes, mais nous ne les distin- guions pas ciairement ; 11 en etait de meme des objets plus rap- proches, tels que les coulees basalliques de la plaine , le lac Chauvet , les somuiets des Monts-Domes , tout etait visi|)le , mais rien n'etait nettement dessiae. Si Ton compare eelte des- cription a ceile qui suit , on s'assurera que notre fumee d'hori- sson avail iLsmeraes apparences qu'elle presente habituelloment en Espagne.

» BronUlards sees proprement dits. Je reunis dans cette categoric certains brouillards , semblables en apparenee aux brouillards humides au milieu desquels des observateurs se sont trouves plonges sans que leurs sensations ou les instruments hygrometriques accusassent la moindre trace, d'humidite. Tel est celui que de Saussure a designe sous !e nom de vapeur bleudlre , et celui dont MM. de Humboldt et Bonpland out ete enveloppes au sommet de laSiUa, mantague qui &'elevepresdela Exlruil tie Clmfi'mt , V seclion , 18£^i. -'

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Yillede Caracas, a 2630"au-tlessusdela mor. II est Ires possible que ces brouillards rentrent un jour dans les classes preceden- tes. Provisoirement nous avons du icseu sepaier. »

Seance du 22 fevrier 1851.

Meteokologie. Brouillards sees. M. Antoine d'Abbadie , dans le but de completer les renseignements relatifs aux brouil- lards sees donnes dans une precedente note de M. Martins, rappelleune note sur le qobar qu'il a commuuiqiiee en 1845 a I'Academie des sciences de Toulouse et qui a ete publide dans les Memoires de cette Acaderaie. II ajoute :

c D'apres Its indications de M. Martins la callina des Espa- gnols me parait douee de tous les caracteros du qobar de I'E- thiopiequand celui-ci estpeu intense. S'il abonde, au contraire, il prendunecouleur livide, surlout le matin ou le soir, et affecte une disposition par tranches le plus souvent liorizontales, plus rarement verticales ou inclin^es et assez opaques pour intercep- ter totalement et sans dechiquelure des portions du disque so- laire. Le qobar augmente en Ethiopie a mesure qu'on avance vers I'equateur et abonde surtout dans les regions basses et chaudes ou le vent manque, oil I'air semble stagnant, ou I'eva- poration est presque nulle a un metre au-dessus des cours d'eau et ou les membranes muqueuses exposees h I'air accusent une secheresse torride tandis que la difference des deux thermorae- tres du psychrometre va parfois jusqu'a 20 grades. Dans la lueur crepusculaire ce metcore parait a i'horizon tanlol en des points iso/es tant6t sur tout son pourtour, immobile et s'elevant jus- qu'a la hauteur anguiaire, un peu variable d'ailieurs, de 3 4 de- gres. Dans sa partie inferieure le qobar est tellement dissemin^ soria terreque I'oeil ne peut pas soupconnerla lignede I'horizon naturel ; il cache enliirement une montagne a 2 kilometres de distance et nous avons observe ses band s horizontales raeme sur le lac Tana en Abyssinie a une hauteur de raoins de 70 metres de la surface des eaux. II se dissipe d'ailieurs d'un jour k I'autre sans que nous ayons pu constater aucun autre pheno- mene concomitant , se forme quelquefois de nuit, disparait le plus souvent par les vents frais de lest et reparait quelquefois tout-a-coup des I'invasion du vent d'ouest qui semble ainsi Tap-

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porter des ddserts chauds de TAfrique interieure. A 2400 me- tres d'altitude nous avons vu le qobar paraitre tout-a-coup ua matin par una faible brise du N. , mais seulement dans la par- tie S.-O. de I'horizon. La veille au soir en faisant des observa- tions azimulhales au theodolite nous avions constate la purete de I'atmosphere de ce c6t6. Une averse de pluie dissipe gen^rale- ment le qobar, raals pas toujours, et nous I'avons vu disparaltre par un temps couvei t bien que la presence des nuages ne sem- ble pas contraire a cellede uotre meteore.

» Ce qui precede se rapporte au qobar lointain : on le voit quelquefois d'assez pres. Ainsi, le 29 mars 1844, etant chez les Gallas sur la rive gauche de I'Abbay ,nous avions not^ le meteore comrae existant en colonne k environ 5 milles de distance etdu c6te duN.-O. seulement. Quelques heures apres il s'en trouvait une colonue epaisse au N.-E., et la partie duN.-O., bien garnie auparavant de cette singuliere fumde ou vapeur, avait entiere- nient repris sa transparence. La distance du phenomene n'avait d'ailleurs pas change ; nous I'avious estiraee d'apres cellos des collines voisines.

» En attendant qu'ou puisse analyser le r/of'ar nous emettrons le voeu qu'oa applique les methodes eudiometriques, aujourd'hui perfectionnees , a I'etude de la callina dans le midi de I'Europe. «

Chimie. Dosage de Viode -par I'acide hypoazotique. M. Grange communique une note dont suit un extrait.

Lorsqu'on a une solution d'iodure de potassium dans de I'eau distillee et que Ton vient a isoler I'iode, soit par Taction de I'a- cide azotique , de I'acide sulfurique ou de quelques gouttes de chiore, on pent recueiliir I'iode isole, soit avec du sulfure de carbone qui se colore en violet , soit avec du chloroforme qui prend la meme coloration, mais moins intense. Lorsqu'on prend une solution debromurede potassium on pent isoler de la meme maniere le brome et le recueiliir par le sulfure de carbone ou le chloroforme dans lequel il se dissout parfaitement en le colo- rant en rouge orange. Enfin le sulfure de carbone et le chloro- forme dissolvent une certaine quaatite de chiore et se colorcnt en jaune verdatre.

Une quantite d'iodure de potassium de 1 centieme de milli- gramme dissous dans un centimetre cube d'eau distillee suflit

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pour colortfr ie sulfure de caibone ctle chloroforrae. On jieiu , pour ees quantif6s, faire une ecliellc chromatique depuis i cen- tieme de mi!li{;ramrae jusqu'a 5 milligrammes , et reconnaltre approximativement, pnr la nuance duchloroforme, qui convient parfaitement pour apprecief ces divers tons, la quantite d'iodure de potassium dissousdans un liquide donne.

C'est \h le moyen ind-que par M. Rabourdin pour reconnaitre la presence de i'iode dans les huiles de foie do morue ; mais M. Rabourdin ne s'est pas rendu oompte des difficultes que presente le melange des bromures aux iodures et la presence des moindres traces de sulfures. Lorsqu'en effet on a, dans une so- lution, une quantite de bromure de potassium superieure a celie des iodures, la eouleur que presente le chloroforme, en separant I'iode et le brome et en les dissolvant dnns ce liquide , n'est point celle de I'iode, mais est au contraire celie du brdme ; on a une coloration jaundtre qui ne permet pas dc conclure si on a affaire au br6me, a I'iode ou au chlore. La plus petite trace de sulfure rend la reaction completementnulle.

« Altachant un grand interet a reconnaitre d'une maniere precise la presence de I'iode dans les eaux, j'ai, dit M. Grange, cherche un moj'en de separer nettement I'iode et le brome, ou uureactifqui dccorapos^t les iodures sans attaquer les bromu- res. J'ai trouve ce reactif dans I'acide hypoazotiqv.e.

» Quand on fait passer quelques bulles d'acide hypoazotique pii7^ sans melange d'acide azotiqne dans une liqueur contenant du bromure de potassium on n'a aucune reaction si le bromure est pur ; mais, s'il est melange d'iodure, I'iode est isole et colore la solution d'amidouou le chloroforrae en lavant la liqueur avee ce dernier liquide. La presence des chlorures et des bromures n'cmpeche nulleraent la decomposition des iodures par I'acide hypoazotique; c'est done un moyen qualitatif tres precieux.

» En empioyant ce moyen j'ai pu reconnaitre la presence de I'iode dans les eaux-meres des salines de Bercequi m'avaientete remises par M. Balard, et dans les sels du commi rce ou ii existe cependant en quantite iufinitesimale. J'ai pu reconnaitre aussi la presence de I'iode dans les eaux de puits qui ne paraissaicnt point en contenir. Enfin j'ai deceit la presence de I'iode dans I'eau de la Seine sans la faire evaporer, au moyen de ce mdme

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o

reactif. Pour leseaux potables j'ai employe razotite de potasse que je decomposaisparcjuelques gouttes d'acide hydrochlorique ties delie.Ce precede est tres commode et tres facile a employer.

» Tant que les quantites d'iodures sont dosables par le chlo- rure de palladium , ce reactif est certainement le plus exact et le plus parfait ; raais lorsque la quantite d'iodure devient une fraction de milligramme, il est plus commode et plus exact de recourir a lacomparaison des nuances obtenuesaveccellesd'une liqueur litree specialement avant chaque operation par la solution d'un poids determine d'iode dans le chloroforme , ou encore en comptant le nombre de gouttes d'une liqueur ti- Iree contenant un decigramme de potasse sur un kilogramme d'eau distillee, uecessairepour decolorer une petite quantite de chloroforme, enayant la precaution d'agiter le liquide. Lorsque I'iode est combine avec la potasse on pent tres aisement cons- tater sa presence par la solution d'amidon.On a ainsi un double moyen de dosage et un double essai qualitatif.

» Une liqueur contenant a la foisde petites quantites d'iode, de brome et de chlore peut etre etudiee quantitativement par le moyen suivant.— On isole I'iode par I'acide hypoazotique et on le recueille avecle chloroforme, qu'on separe et qu'on lave. On isole ensuite le brome par un leger exces d'acide azotique et d'acide sulfurique , et on le recueille encore par le chloroforme. Enfm on dose le chlore par le nitrate d'argent. Dans chaque so- lution d'iode on peut doser ees elements, soit par le chlorure de palladium, soit par le nitrate d'argent, soit par la comparaison avec d'egales quantites de chloroforme colore par des quantites connues d'iode , soit enfin par la solution titree d'hydrate de potasse. Le brome ne peut etre dose que par le nitrate d'argent, ou approximativement par une solution titree de chlore comme on I'a indique dernierement.

» Jo puis donner la reaction de I'acide hypoazotique comme la plus sensible et la plus sure de toutes celies que Ton a em- ployees jusqu'a ce jour pour deceler la presence de I'iode dans des liqueurs qui en contiennent des quantites infinitesimales m^me en presence desbroraures. »

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Sianct du 15 mars 1851.

Ebpetologie. M. Aug. Duraeril prescnte k la Societe un Reptile qui n'a pas encore ete decrit et dont il donnera la des- cription dans le Catalogue meihodique de la collection des Rep- tiles du Museum d'histoire naturelle donl la premiere livraison paraitra prochaineraent.

II le designs sous le nom A'yirpephore (porte-faulx)el le carac- terise aiusi : Saurien de la famille des Iguaniens Aerodontes, voisin des genres Lophyre et Ceratopliore, k museau termine par un prolongement membraneux, coraprim^, mince, plus long que la tetc, en forme de lame de sabre oude faulx a deux tranchants, dont le superieur est legerement concave et I'infe- rieur convexe ; plus large a sa base, ou il est entoure de quel- ques grandes ecailles, qu'a sa pointe qui se releve ; queue cora- primee, surmontee, dans toute sa longueur, d'une crete qui est raoins haute sur le dos et sur le cou.

Co genre ne comprend qn'une seule espece, VArpephorc irois- bancles [A. tricinclus), d'une teinte generale brune, avec trois larges bandes transversales d'un jaune vif sur le dos. De Jnva.

De tous !cs Reptiles connus, il n'en est aucun avec lequel i! ait plus de rapports que le Ceralophore de'pose au Museum bri- tannique et figure par M. Gray ; mais la brievete et la forme conique, dans ce genre, du prolongement nasal qui est charnu et eouvert d'ecailles, et enfiu la forme de la queue et le systerae de coloration ne permettent pas la confusion.

Quelques autres Reptiles, mais fort rares dans les collections, portent, surlatete, des appendices mousou comes. Tels sont : le Cernste ajypticn et le Crapaud cornu [Ceraloplinjs a boucUer] dont le bord surciliaire est arm6 d'une sorte de pelite corne, la Vipete hexacanlhe q\i\, au-dessus de I'une et de I'autre na- rine, a trois prolongements ecailleux, VErpelon decrit par La- cepede, connu seulement par I'exemplaire unique du Museum de Paris et qui est si remarquable par ses deux appendices cu- lanes, courts, aplatis et enlierement revetus d'ecailles situes do chaque ( ote du museau. Tt Is sont, enfin, les Lamjalin, Serpents appartenant au genre Xipliorhinque. Ceux-ci , diiferents des precedents, et plus analogues au .;',enre Arpcphore, ont le rau-

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seau termini pnr un prolongemect unique, ch;irnu, de forme a peu jires triaiigulaire, poinlu et couvert d'ecailles, ressemblnnt dans uiie espece {Langaha crisla-galli) k une sorte do crete de coq , et dans la secoude [Langaha ensifera) a une lame d'epee tres pointue.

Seance du 22 mars 1851,

Physique. M. Bravais fait h la Societe la communication suivante :

« La question de rinfluence qu'exeree la rotation de la Terre sur la figure d'uu liquide touruant autour d'ua axe verticalayant ete soulevee par M. Transon a notre precedente seance, je fcrai ^cesujetles deux remarques suivantes : la premiere, qui c t nouveile, consiste en ce que la courbure du paraboloide n'est pas la meaie selon que la rotation a lieu d'orient en Occident ou d'occidenten orient; la deuxieme, deja faite par Poisson, con- siste en ce que la figure du paraboloide ne pent pas etre con- sideree corame rigoureusement permanente.

V Si, par un point de la surface du liquide silue a une dis- tance r de I'axe de rotation, on eleve une norraale a la surface , jusqu'a la rencontre de I'axe, et si I'on nomrae p la projection de cette normale sur I'axe, il faudra, pour I'equilibre, que la re- sultante de la force centrifuge et delapesanteur soitdirigee sui- vant cette normale.

» En uoramaut w la vitesse angulaire de rotation de la Terre n la Vitesse anjjuiaire apparenle du liquide, I la latitude, g la gravite, le liquide etaut cense tourner d'occideut en orient, la force centrifuge de la molecule liquide sera (ii-f-w sin 5i)2r ; et si Ton tient compte de la convergence de deux verticales voisiues au centre de la Terre , R etant le rayon lerrestre, on aura pour la force horizontale qui sollicite la molecule liquide ,

(P-+wsin>)2r— 5f— .

» La condition d'^quilibre est alors exprimee par la propor- tion

(ii+u sin >)'»— 3-^: g-'-^-P; d'oii Ton deduit

*6

La sous-normale /; etant independante de r, il en resiilto que la courbe meridieune est una parabole, ayant pour cercie oscula- teur en son sommet uu cercie de rayon p.

L'introduction du petit terme -_— provientde la necesslte de

il

reudre la formule applicable au cas ar=0.

^.Dans le cas oii la meme rotation si s'cft'ectaerait d'orient en

Occident, la courbure-r du nouveau paraboloide serait donnee p

par la formule

1 _(ii— wsinX)2 I

V' 9 R'

on en deduitpourla difference de courbure des deux parabo- loides

1 1 4&)n sin X

P P'~ 9 ' difference qu'il ne paralt pas impossible de rendre sensible par des experiences direetes.

» L'instabilile de Tequilibre provient de ce que la rotation composante autour de la ligne meridienne ajoute a la gravite a le petit terme +2n&)Cos >. r cos A, A etant Tangle forme par le meridien avec le plan vertical passant par I'axe de rotation ct par la molecule consideree. En tenant compte de ce petit terme, la formule }idz-{-Yd!j-\-Zdz de I'hydrostatique cesse d'etre unc differentielle exacte, comme Poissoa I'a tres bien fait observer; maisla perturbation periodique qui en resulte dans la figure du paraboloide est tres probabiementtrop petite pour etrereconuue directeraent. «

Seance du 29 mars 1851.

Geometbie. M. Catalan communique une nouvelle formule pour Ics quadralures.

« Pour evaluer, d'une maniere approchee, I'aire A comprise entre Tare ABG...G d'une courbe, I'axe des x, et les deux or- donnees A or, Gg ] divisons ag en un nombrc n de parties ega-

I

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\es. Soicnt ?/„, ?/., y^,... ?/„_s, y„_i, ?/„Ies oidonnees des points A, B, C,... E, F, G. Par ies points A, B, C, faisons passer une parabole ayant Bb pour diametre, et conservons seulementi'arc AB de cette courbe. De meme, par Ies points B, C, D, faisons passer une nouvelle parabole, ayant Cc pour diametre, et con- servons seulement I'arc EC de cette iigue.Nous pourrons contl- nuer ainsi jusqu'a ce que nous soyons arrives aux points E, F, G, par lesquels nous ferons passer encore ua arc de parabole , arc que nous conserverons en entier.

« Eu exprimant, comme on le fait dans la raethode de Simp- son, Ies arcs des differents trapezes paraboliques ABa/>, BCcb,... FGry/", on trouve une premiere valeur approchee de A. Cette valeur A' est assez compliquee. Mais si Ton repete, en senscon- traire, Ies constructions iudiquees ci-dessus, on obtient une nou- velle valeur A", qui se deduit de A' par !c changement de en ij,,, de y^ en ?/„_, , etc. La demi-somme des quantites A', A" est, toutcs reductions faites,

A <j|^S--((;o+y„)-j-^(y»+.V„_.)— -(yc+l/-.-.) J »

S etant ia sorame de toutes Ies ordonn^es, et S representant Tin- tervalle entredeux ordonnees consecutives. Cette formula, qui n'est guere plus corapliquee que cel!e de Simpson, paralt de- voir etre beaucoup plus approchee, du moins en general. » Chimie. M. H. Levilie fait la communication suivante : Le carbonate de sonde et le carbonate de potasseen solutions conceutrees et en grand exces ont la propriete de retenir une quantite variable de certains carbonates metalliques. C'estce qui arrive en particulier pour ies seis de cuivre. La liqueur re- sultant d'un pareil melange est alors telleraeut coloree qu'oa pourrait supposer tout d'abord la presence d'un compose ammo- niacal. Cependantou obtient au bout d'un temps plus ou moins long un carbonate double en beaux cristaux insolubles dans i'eau pure et que i"on pent isoicr avec ia plus grande facilite. f^est du moins ce qu'a trouve M. H. Deville pour la combinai- s )u sodique dout ia composition tres reraarquable peut se re- presenter par I'union du carbonate de soude ordinaire avec le c \rbonate neutrc de cuivre encore inconau et que I'auteur esperc I'.xtrait (\e ClnUiiiii, i"> sccl\o\^, 1851. 3

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pouvoir isoler plus lard. La compositiou de ce sel est dounee par la formule C02NaO, CO^CuO, 3H0.

Corame la preparation de ccs corps et eu particulier des combinaisons deja obteuues avec les solutious de cuivre et de cobalt et les carbonates alcalius exige ua temps ires long , M. Devilie a cru devoir commuuiquer a la Societe le resultat de ses premiers travaux afm de prendre date, se reservant de les completer etde les publier plus tard avec les applications dont ses experiences scroiit susceptibles.

Seance du 5 avril 1851.

Pathologie. M. Dausse signale une cause du goitre dont il ne sache pas qu'on ait encore parle.

En plusieurs lieux du Dauphine, a Voiron et a Vaulnaveys , entre autres, on attribue aux eaux qui ont coule dans les cba- taigneraies, la facheuse propriete de douner le goitre , et cetto propriete ieur est tellemeut recounue que des jeuues gens y ont eu reeoursj aupres de Voiron uommement, pour eehapper a la conscription et ont reussi, en effet.en buvant assidumcnt deces eaux, a se faire venir, en peu de mois, un goitre prononce,

M. Dausse fait observer que les bourgs d'Alievard, de Pont- cliarra , de Tencin , de Domene , oil Ton voit des goitreux gisent tons au bord de ruisseaux dont les versants inferieurs sont couverts de Cbalaigniers. II ajoute que ces versants sent }];eneralement exposes au nord , en meme temps que tres boises , ce qui y multiplie et eutretient les sources; et de plas que I'air se renouvelie assez difficilement dans les bourgs dont il s'agit, parce qu'ils ont ete b^itis ou au fond de gorges profondes, sinueuses et quelquefois fermees (Vaulnaveys), ou A Tissue de pareilles gorges et du c6te reatrant, concave et le plus abrite de la vallee de I'lsere, au pied des montagnes. Le concours de la derniere circoustance , surtout avec la cause in- diquee, influe peut-etre sur le developpemeut de la maladie.

Quoi qu'ilen soit, ces eaux des chataigueraies du Dauphin^ auxquelles une croyance populaire prete ainsi la faculte d'en- gendrer le goitre, la doivent-ellcs , en effet, a une substance provenantdu Cbdtaignicr, ou, en derniere analyse, a la magne- sie, ou, enfiu, a quelque chose de plus subtil et de plus euergi-

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que et de cache derriere elle?... Ce sont des questions que M. Dausse se borne a proposer aux hommes competents et enpar- ticuliera M. le docteur Grange.

Ea r^ponse a la note presentee par M. Dausse qui signale les eaux qui ont coule dans les chataigneraies comme une des causes probables de la production du goitre chez les habitants qui boi- venthabituellenaentdeces eaux, M. E.Germain, de Saint-Pierre, fait observer que, dans de nombreuses localites oil des forets de Chataigniers couvrent de vastes terrains, notamraent dans plu- sieurs localites des environs de Paris , a Montmorency, a Marly et a Louveciennes, par exemple, ou les sources prennent la plu- part naissance dans des chataigneraies, le goitre est coraplete- ment inconnu.

M. Brown-Sequard ajoute que, dans I'lnde, ou leChataignier n'existe pas, le goitre est une affection extremeraent commune;

Seance du 19 avril 1851,

Cristallographie. M. Gaudin fait la communication sui- vante sur quelques cas particuliersexpliques par La theorie du groupement des alomes.

<t li y a quelques annees, en exposant devant la Societe ma theorie du groupement des atomes en molecules et des mole- cules en cristaux , MM. Elie de Beaumont et Delafosse m'a- vaient fait une objection sur raa maniere d'expliquer la genera- tion de I'octaedre regulier par le groupement systematique des octaedres a bases carrees, qui, selon moi, composent les mole- cules d'alun ; ils m'avaient fait observer que mon octaedre con- struit suivant un seul axe pouvait n'etre pas regulier. L'objec- tion etait bieu.fondee ; en ei'fet, j'ai decouvert, depuis lors, la generation du systeme cubique par les octaedres a base carree , en ordonnant ces octaedres suivant 3 plans rectangulaires entre eux, et, comme confirmation de ce point devue, j'ai constam- menttrouve pour molecule des corps cristallisant dans le sys- teme cubique un octaedre a base carree.

» L'objet principal de ma communication d'aujourd'hui est la construction de la molecule d'acide steariquc avec les atomes composant sa formulequi est aujourd'hui 0'7C<5«Ht3<''. En nppli-

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quant nics [)rinci()es d'une facon geuerale a ctttc formule jc decouvre 7 axes de prrmier ordre et CS axes de second ordre, qui, places symetriquement , et tons porallelcment entre eux, produisent en definitive ua dodecaedro a trian;;les isoceles prisme et tronque.

» Parmi les nombies 7, 13, 19, 31, 37, 55 et 61 , qui sont renfermes suceessiveracut dans un liexagone regulier cintre, en placanl les molecules lineaircs, 6 autoiir d'une, le dernier nom- bre 61 est celui qui convieut a la molecule d'acidc steariquc. Des 7 axes principaux, I'un occupe le centre et les C autres les 6 angles de Thexagone regulier 13. Dans I'hexagone general il n'y a done place que pour 54 molecules d'hydrogene bi-car- bone lineaire parallde a I'axe general du solide, raaisil semet une molecule au-dessus et au-dessous de chaque atome d'oxy- gene, De I'ensemble, il resulte done un systeme de 7 molecules d'eau et 68 molecules d'hydrogene bi-carbone , en observant qu'il y a 14 atomes d'hydrogene communaux 7 molecules d'eau et aux 14 molecules d'hydrogene bi-carbone des axes princi- paux ; de la enfin 7 zones paralleles occupant des plans pcrpen- diculaires a I'axe general, egalcs deux a deux, tant au-dessus qu'au-dessous , sauf la zone du milieu qui est unique ; ccs zones sont ainsi composees :

O.vygene, Carbonc. Hydrogi-ne.

7

7

CI CI

Zones 1 et 7 extremes, chacuue j

Z»nes 2 et 6 penulli^mes < -

Zones 3 et 5 |

Zones 4 , milieu 7 54

En tout t" 08* 136

Resultat idenf ique avec les analyses les plus cxnctes.

» L'accord singulier du groupement symctriqiie avec une for- mule si compliquee, tout en montcant une harmonie parf;ule dans tons les plans, me semble dignc d'attention, el verillo, selon moi.avec une rigueur mathemaliquc,ma theorie du groupement des atomes dans les molecules. »

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Scanca da 20 (wril ib5].

Hydkaulique. M. de Caliguy adicssc une uote ayaut pour objet ses experiences sur une nouvelle machine a faire des irri- gations sans piston ni soupape, macliine qu'il a communiqiiec a la Soeiete en noverabre et deccmbrc 1850. On renvoie pour abrcger aux notes dejA publiees. Apres avoir dit que cettc premiere serie d'experiences presentee I'nnnee dcrniere a ete t^^ijjet d'un rapport favorable k I'Academie de Belgiquo, M. de CaR^gny ajoute :

« L'appareil, dont j'ai donne la descriplion , a ete transporte au mois de Janvier sur un cours d'eau dont la chute motricc va- rie de cinquante a quatre vingt-cinq centimetres, II fonctionne avec succes depuis cette epoque, et, quaud on ne I'arrete pas, il raarche reguliereraent, abandonne a lui-meme jour et nuit, sile cours d'eau est assez abondant, corame 11 Test toujours aux epo- ques des graudes pluies. II a pour but, dans cette localite, de faire des arrosages chez un maraicher, avec un cours d'eau tres va- riable.

» Get appareil a ete vu dans ses divers etats par un nombre considerable d'ingenieurs. La partie hors de I'eau consi^tait d'a- bord seuleraent dans le tuyau vertical et son balancier. Le cy- lindre central fixe, dont j'ai parle dans mes premieres commu- nications sur ce sujet, a ensuiie et6 suspendu a une traverse en bois tixee au poteau du balancier.Un vase annulaire, ayant pour but de recevoir I'eau elevee, a ete aussi dispose sur une traverse en bois attachee au meme poteau. L'eau a ete elevee a une hauteur de pres de trois fois et demi la hauteur da la chute rao- trice au-dessns du niveau du bief inferieur.

» La mesure du maximum d'effet utile est soumise a diverscs considerations dans cette localite, et depend d'ailleurs de quel- ques modifications nouvelles que j'etudie. Ainsi j'ai trouve qu'il y avaitde I'avantage a elargir plus que je ne I'avais faitd'abord ia couronne exterieure attachee a la partie inferieure du tuyau vertical mobile, en lui donnant toujours une forme rckvce ex- terieurem»nt qui la I'ait ressembler a un veritable prtrap/wie ren- versc. Je peux au reste annoncer deja, conformement a mes previsions, uu cffct utile au nioius egal a cclui que j'avais trouve

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en faisant marcher I'appareil a la main, ce qui nc doit pas eton- ner puisque son jeu est beaucoup plus regulier.

» J'ai construit depuis, afin de faire des irrigations dans une prairie, une disposition encore plus simple, pour Inquelle onue voit plus aucune espece de charpentc. Le cylindre central fixe est attache par sa partie inferieure a dcs tiges soudees sur Ic tuyau de conduite fixe. Le mouvement de I'eau , qui pourrait modifier sa position par son choc, etant dirige de has en haut , cette position aunestabilite tres convcnable , et meme un trou perce sur une forte plaque en cuivre disposee au sommet dc cette piece permet de guider le tuyau mobile a son sommet , au raoyen d'une tige passant dans ce trou el liee a ce tuyau mobile par deux etriers croises a angle droit.

» Le sommet du tuyau mobile est assez evase pour que Ton puisse, sans inconvenient par rapport au jailiisseraent supericur de I'eau , disposer horizontalement quatre bouts de canal rec- tangulaires sondes a ce sommet, afin de recevoir immediatement I'eau elevee, sans la faire d'abord redesceudre dansun reservoir annulaire. La circonference superieure du tuyau vertical mobile etant divisee en quatre parties egales , Ics quatre bouts de canal rectangulaire dont les aretes verticales se reunisssent deux a deux ne retrecissent pas trop sensiblement le passage exterieur de I'eau elevee. Quand on n'a pas besoin d'eau de quatre cotes on pent, enaugraentant il est vrai la nature du jailiissement , fermer ceux de ces canauxdont on n'a pas besoin. Cette dispo- sition sera parliculierement utije aux maralchers qui ont dcs rigoles en bois.

« Poursupprimer le balancieretson contrepoids, j'ai dispose dans le bief inferieur un flotteur annulaire forme du parapluie renverse, d'un tuyau concentrique au tuyau mobile, ct d'un toit conique soude a ces deux tuyaux coneentriques.

» En definitive le dernier appareil que j'ai execute, et qui marche deja avec une regularite satisfaisanfc, n'a plus qu'uuc seule piece mobile, formeo du tuyau vertical et de son flotteur annulaire. Comme il n'y a point d'echafaudage exterieur, si Ton craint de laisser cet appareil sans snrvcillant, du moins dans le voisinage dcs villcs , on pent renfcrnier dans une petite

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tour analogue a un puits ou h une chemlnee a vapeur, ou meme emporter le tuyau mobile quand on veut.

■» Quauta la nouveile force de suceion sur laquelie repose la desceute alternative du tuyau vertical, en portant a quarante- six centimetres Je diametre exterieur du parapluie renversSyje lui ai donne, pour un tuyau de couduite de vingt centimetres de diametre, une puissance telle que, dans certains cas, il fallait la moderer, la force d'un horame n'etant pas necessaire pour la contenir. Cette piece a d'ailleurs I'avantage de presenter une sorte d'ajulage divergent aunulaire avec le plan fixe passant par le sommet du tuyau de conduite. Cela diminue sans doute la perte de force vive a [a sortie inferieure.

» Si, au moyen d'un appareil de ce genre, on voulait elever de I'cau a une hauteur intermediaire, au-dessus du Lief d'amont et au-dessous du point de versement maximum , il suffiraitde disposer a une distance des extremites , calculee d'apres la va- leur des pressions variables le long du tuyau de conduite, un tuyau branche sur ce dernier et debouchant dans un reservoir de la hauteur voulue. Un clapet empecherait I'eau, elevee dans ce dernier reservoir intermediaire au raoyen de I'oscillation re- trograde, de rentrer dans le tuyau de conduite. Un second cla- pet, dispose entre le reservoir d'amont et ce reservoir interme- diaire, empecherait au besom I'eau de rentrer dans le reservoir d'amont. Je dis au besoin , parce qu'il y a des circonstances oil il ne parait pas impossible de se passer de ce clapet pour elever de I'eau a une hauteur intermediaire. Une disposition analogue pent utiliser la Vitesse de I'eau perdue pendant le reniplissage des bassins d'une viile.

» Le tuyau de conduite vierge qui amene I'eau dans un des bassins de la rue Racine, apres avoir traverse tout Paris, pent servir, si son diametre est suffisaut, a elever de I'eau au bassin de I'Estrapade. La seule partie mobile du tuyau vertical serait alors une ioupape-uiijau dite de Cornw"all. L'oseillalion retro- grade pourrait se faire , au moyen de quelques dispositions particulieres , vers I'autre bassin Racine suppose toujours plein d'eau. L'inertie de I'eau dans le tuyau de couduite qui traverse Paris ferait alternativement fouction de clapet de retenue. »

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Sca7icc (hi 10 max 1851.

MiRERALOGiK. M. Cli. Devillc met sous les ycux de la Societe des cichantillons de poiice artificielle qu'il a obtcmie en chauffant a la lampe d'einailleur a double couraut une obsi- dieiHie rapporlee par lui de la Guadeloupe, et dans iaquclie i"a- nalyse indiquc 74 pour 100 de silice. Cette ponce est parfaite- nieutblanchc, soyeuse, etd'une extreme porosite. Le boursou- flemcut a lieu au rouge blane naissant, avant la fusion, tt au point de ramoUissement ; il dure seulement quelqucs sccondes, et a lieu sans projection. La perte de polds n'a ete que de six miliiemes.

D'autres obsidiennes, entre autres celles de Teneiiffe et de rislaade, out presente, a la meme temperature, la nieme cir- constance, mais a un degre beaucoup moindic. Quclques-unes blancbisscnt enlierenaent ; d'autres, au contraire, perdent peu de leur teinte primitive.

M. Ch. Deville annoncc qu'il communiquera bienlot a la Societe lo lesultai de recherches qu'il poursuit en ce niomtnl sur CCS transformations des obsidiennesen ponces, en tenant compte de I'etat physique de ces roches, de leur composition chimique et du changement de volume qu'elles subissent. II veut faire seu- lement observer aujourd'hui que ce cbaugement de volume est tel qu'il suflirait de concevoir qu'une quantite de chalcur, re- lativenunit assezfaibie, fut appliquee, pendant un temps assez court, a une masse d'obsidicune solidifiee dans le cratere d'un vojeaii pour qu'il en resulliit, sans I'inlervention de gaz etran- gers a la roe'ne, une eruption de pierres ponces ou de cendrcs volcaniques.

Llelativemeiit a la presence de ces verres naturels dans les bouckcs des volcaus, M. Deville oil qu'on peut les considerer comme Ic liquide restant apres la cristallisation des mineraux de la roehe , lequel sc rendrait a la siirf;!ce , par une sorte de depart operc dans la masse en fusion. M. de Buch a depuis longtemps remarque que Ton no trouvi-it les obsidiennes et les ponces qu'a une certaine hauteur. }]. Deville ajoutequo I'ctude fhimiquc qu'il a faite des laves deTeucriffe et de la Guadeloupe le porlerr.it a ndmettre que, pour cos volenns, ce depart a cu

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lieu. Dans cette derniere ile, en particulier, tandis que la roche du soramet conlient 57 pour 100 de silice, et la pouce 70 pour 100 , une lave qui s'est fait jour presque au niveau de la mer n'afpresentc que 45 p. loo de siliee, maisuue forte proportiou de magnesie, et une densite considerable.

M. Deville s'est assure, par des analyses directes, que les laves rcjelees par I'Etna, a des niveaux qui different de plus de 3000 metres, avaient sensibiemcnt la meme composition ; raais il faut remarquer que ce voican ne doime aucun produit qui rappeile robsidicnne ou la ponce, et il faut sans doute cher- cher, ajoute I'auteur , la cause de cis differences dans la diffe- rence de fluidite que peuvent acquerir ces roches, et qui per- meltent plus ou moius de mouvements dans la masse en fusion.

M. Cli. Deville souniet en meme temps a la Societe la carte physique de laportion sud'OueMdeVile dc la Guadeloupe^ qui contient les points culminants de cette ile, et, entre aulres, la soufriere dont il vient d'etre question. Cette carte a ete dressee par i'auteur d'apres une triangulation executee par lui- meme, eu 1842. Une base de 1200 metres a ete mesuree a cet effet, el les angles observes avee un theodolite de Lenoir, per- mettent, en general , aux triangles du reseau de se fermer a moins d'une minute. Cette carte est destinee au Voyage <jeoio- (jique aux ^iililles, public par Tauteur.

PflYSiOLOGiE. Nouvelie cspece de toiirnoicment. M. Brown- Sequard appelle I'attention de la Societe sur une forme detour- noieraent intermediaire aux deux especes connues. Comme on le sait ces dernieres sont : un mouvemenl de manege et uu mouvcment de rotation autourde I'axe longitudinal du corps.

Dans le mouvement de manege connu , I'aniraal qui I'execute est courbe en are iateralement. L'arc, aiusi forme par I'axe lon- gitudinal de son corps, est, le plus souvent, une partie de la circonferencequ'il decrit eu se mouvant, d'oii il resulte qu'en general, plus est petit le rayon de cet arc, plus le cercle de tour- noicment est petit.

Dans la maniere nouvelie de tourner, trouvee par M. B.-S., I'animal n'est pas courbe en arc ou ne Test qu'a un faible degre ; il se tient tres bien sur ses quatre membres ; mais quand il veut marcher, au lieud'aller devant lui, il se porte sur le cole ,

Exlrait de Vlnsiim, I'f secUoii, ib^i, h

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conime font quolqucfois Ics chcvaux fringant?. Cc nionvement Jateials'cxecutctoujours sur lememe cote, et comme, en I'ope- rant, les paslateraux laits par les merabres antcrieurssout plus grands que ceux des membres posterieurs, I'animal se meut circulairement. L'axe longitudinal du corps de I'auimal, au lieu d'etre une partie de la circonference decrite, est toujours, au contraire, paralleie a Tun des raj'ons du cercle decrit, de facon que le museau de I'aniraal est toujours a la circonference, tnn- disque sa queue est la partie de son corps qui avoisine le plus le centre du cercle. En d'autres termes, dans sa locomotion, I'a- niraal ne se propage pas dans la direction du grand axe median de son corps, raais perpendiculairement a cat axe.

M. B.-S. a vu ce tournoiemeut sur des Cochons d'Inde, dont i! avait transperce le crane et I'encephale par une epingle. Celle-ci avait ete enfoncee de haut en bas et un peu d'avant en arriere et de dehors en dedans. Ellc passait a travers le tiers posterieur du lobe cerebral gauche, puis par le tubercule nates gauche, dans son milieu, etpar la partie inferieure du tubercule testes du meme cote. Elle sortait de I'encephale par la face in- ferieure de la protuberance, pres de son bord anterieur et au milieu de I'espace compris entre la ligne raediane et le bord late- ral gauche de cet orjjane, en avant et en dedans de I'origine du nerf trijumeau.

En enfoDcant lenteraent I'epingle , M. B.-S. a reraarque : qu'apres le transpercement du cerveau il n'y avait aucuu trouble dans les mouvcments, qu'apres le transpercement du Tubercule nates, il survenait untournoiement par le mouvemcnt de manege connu depuis lougtemps ; qu'il a fallu percer la protuberance pour que le mouveraent lateral et circulaire de- crit ci-dessus s'operat. Ce reouvement avait lieu sur le c6te droit du corps, du c6te opposi*, consequemraent, a celui de la protuberance et des tubercuies, sur lequel siegeait la lesion. Les animaux, examines avec soin,ont paru parfaitementet ega- Icment sensiblcs dans les diverses parties de leur corps. II ne paraissait pas non plus y avoir de paraiysie du mouvemcnt.

Dans les premiers moments apres I'operation, le cercle de tournoiement est tres petit ; il s'agrandit peu a pcu et 11 arrive meme que quelquefois il acquiert un sl grand rnyon que I'ani-

I

mal nc parait plus deerire un cercic, mais tout simplement se porter lateraleraent. Une particularite interessaute a eteob- servee ; I'oeil droit etait convulse et porte un peu en bas ; Toeil gauche n'elait pas convulse et conservait sa situation normale et toute la liberie de scs mouvements. Les nerfs moteurs de rocil n'avaient pas ete ieses et la convulsion de Toeil droit ne pent s'ex- pliquer que par la piqure du tubercule nates gauche. G'est la une action croisee assez singuliere.

Seance du 17 mai 1851.

Hyduaulique. Appareil a faire des epiiisemenls au morjen (les vagues de la nier. M. de Caligny adresse une note sur les moyens d'employer ies vagues de la raer k faire des epuise- ments , et une autre note ayant pour objet un phenomene de vibration des nappes liquides tres minces, developpe dans le jeu de I'appareil a elever de I'eau, objet de sa communication du 26 avril, a laquelle on renvoie pour abreger.

« J'ai communique il y a longtemps h la Societe, dit-il, des experiences varices sur un appareil sans piston, ni soupape, ui aucune autre piece quelconque mobile, ayant pour but de faire des epuisernents au moyen d'une diminution de pression moyenne sur rorifice lateral d'un tuyau vertical ouvert a ses deux extremites, dans lequel une colonne liquide oscille, en vertu d'une force motrice quelconque, mcme au moyen d'une addition alternative de pression superieuro telle qu'unc insuf- flation tr^s irreguliere. Jc crois cepcndant que, pour utiliser en grand le travail raoteur fourni par les vagues, dont Taction alternative agira sur I'extremite convenablement evasee d'un tuyau de conduite en partie plonge dans la mer, il sera utile de disposer un clapet de retcnue dans le tuj'au lateral, partant de I'orifice lateral du tuyau vertical, pour deboucher par son autre extremite dans le marais a epuiser. II y a d'ailleurs des epoques de calrae, pendant lesquelles il ne faut pasque I'eau de la mer puisse refluervers le marais. La force, analogue a une succion, develop- pee dans I'appareil sans soupape que j'ai fait fonctionuer en pre- sence de beaucoup dc monde, n'est au reste qu'une fraction de celle qu'on pent se procurer quand il y a un clapet de retenue. I'our s'en rcndrc complc, il suilit dc se souvenir que si une force

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quclconque a souleve dans un luyau vertical one colonne li- quide au-dessus du niveau de I'eau dans lequel ce tuyau est en parlie plonge, elle redescend ensuite au-dessous de ce niveau, de sorle que le clapetde relenuc dont je viens de parler peut per- metlre a I'eau du marais d'entrer dans le tuyau vertical, oil elle se mfiiera :") la colonne iiquide oscillante et sortira en definitive par I'extremite inferioure du tuj'au vertical. II est a peine ne- cessaire d'ajouter que I'extremite infcrieure de celui-ci doitetrc en general recourbee horizontalement , ou d'line manifere con- venabie pour recevoir I'actioD des vagues par un evasement exterieur.

» Plus le tuyau venant du marais est long, plus la masse d'eau qu'il contient est gvande, de manicre h pouvoir cmmaga- siner la force vive eonime une sorte de volant, de sorte que , pour certaines dispositions, le clapet, utile a divers egards, est moinsnecessaire.

1) Les etudes h faire pour appliqner ce genre d'appareils doi- venta\oir principalement pour objet la hauteur, la longueur ct la duree des principalcs vagues dans la localitcou Ton aura des epuisements a faire; la distance du rivage a laquelle ii faut s'avancer pour rencontrer des vagues asscz puissantes.

» II est difficile, a priori, de tenir compte de la parlie de Taction des vagues provenant de Icur vitesse, en un mot de leur percussion sur la bouehe evasce d'nne maniere analogue h un ajutage divergent. Mais on peut se former une idee de ce qui se presente pendant la duree du gonllemcnt proprement dit sur cette extremite. On est alors dans des circonstances analo- gues a ce qui se presente quand un luyau de conduite debou- che par une extremite dans I'eau d'un bief superieur, tandis que I'autre extremite relevee verticalement s'el^ve assez haut, non-seulement pour que I'on n'ait pns a craindre que I'cau rent re par cette derniere, mais pour que I'eau qui s'y cleve ne puisse pas sortir par ce sommet. Quand la vague est passee, Textremit^ d'araont est dans un etat analogue a ce qui se pr^- senterait si, par suite d'une manoeuvre quclconque, elle se trouvait seulement en communication avec i'eau d'un bief in- ferieur. La question est eompliquee par la hauteur variable de Vintumescease au-dessus de la bouehe evasee, mais la compa-

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raison precedente est utile pour bicn faire comprendrc I'etat gdoeral de la question.

» II semble cependant, au premier apercu , qu'ii se presente une grande difficuite pratique, la longueur du tuyau qui va a la rencontre des vagues paraissant devoir etre fonction de la Ion.<Tueur de ces vagues. Mais en definitive !es experiences en grand qui, je I'espere, seront prochaineraent faites sur cc sujet, seront bien facilitees par la consideration suivantc. II ri^sultede mes experiences diverses sur la duree de Toscillation de I'eau dans les tuyaux de conduite, d'une longueur suftlsanle, que Ton est le maltre de cette duree dans des limites trcs ^tendues, pourvu que Ton puisse disposer sur le tuyau de conduite, soit horizontal, solt plus ou moins incline, un tuyau vertical d'une section convenable. Si done I'experimentateur se trompait quant aux effets de la longueur du tuyau horizontal, il aurait un moyen tres simple d'y remedier.

« Quant au tuyau de conduite du marais, lorsqu'il y a un bon clapct de retenue, il n'cst pas utile qu'il soit tres long, puisque d'aiileurs I'eau du marais peut etre amenee par un systerac de canaux ou de tuyaux dans un puisard dispose a une distance convenable du tuyau vertical.

B La vague qui fera asscz oscilier I'eau dans ce dernier permettra a une tranche d'cau du marais de vcnir se poser sur la surface de la colonne d'eau deseendante ou se melcr a I'os- cillation danscertaines limites. On voit que le jeu de cetappa- reil se raUache dans toutes les parties a mes diverses recher- ches sur les oscillations des Iiquides,et que,s'il exige quelques etudes pratiques, on ne peut avoir de doutes, dans chaquc application parliculiere , que sur le rapport de ses effets au capital depeuse pour son premier etablissement et les frais in- signifiauts de son entreiien.

» Le tuyau vertical de I'appareil pour les irrigations, que j'ai rappeic dans la seance du 26 avril dernier, laissant en ge- neral passer un peu d'eau entre son anncau inferieur et le siege annulaire sur lequel il repose alternativement k I'exlre- raite du tuyau de conduite fixe, il en resulte des vibrations dans cette nappe, d'aiileurs trop mince ponr que la quantite d'eau qui se perd en ce point soit importaate par rapport a

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I'effct tolal de I'apparci!. Si I'on au{jn]eule graduellcmcnt Ic conlrepoids, nicme bien au-dessous de sn limite, il est quclque- fois difficile d'empecher I'appareil de partir dc lui-nieme. Le moindre cbranlement donne lieu a un ronflement, suivid'oscil- latious de plus en plus prononcees , a la suite desquclles !e tuyau se leva tout-a-foit. Get effet est interessant pour utiliser I'appareil par eclusees, parce que le bief superieuretant rempli, ie choc d'une veine liquids ou queique autre percussion suflira pour raettre I'appareil en train, lorsqu'un niveau donne sera atteint par le iiquide raoteur dans ce bief.

» La difficuite consiste plutota faire en sorte que le tuyau vertical redescende de lui-meme quand le niveau est descendu assez bas dans le bief d'amont pour que I'appareil n'eleveplus d'eau. Dans cette circonstauce la levee ne se fait plus aussi bien, c'est-a-dire que chaque periods se divise au moins en deux. II y a meme des circonstances ou le tuyau rests baissc comme il serait a desirer que cela fut alors. Au rests, si i'on n'a plus assez de force pour faire retomber Is tuyau vertical sur son siege, on pourra avoir egard a cette circonstauce au moyen d'un ressort dispose dans ce but. »

Seance du 24 mai 1851.

BoTANiQUE. M. C. Montagne lit la note suivante sur la fruclificalion tetrasporique du genre Stenogramme.

« Une belie rioridee,recueiIlie d'abord c^ Cadix etpubliee par M. Agardh pere, sous le nom de Delesseria interrupta, a etc retrouvee dans ces deruiers temps sur les cotes d'Anglctcrro. Cette Algne , dont la fructification conceplacniaire etait a peine connue , quand jel'ai fait figurer dans les Oiia hispnnica de M. P.-B. Webb [Pentas, II, p. 15, t. 8), sur un excmplairc uni- que dont lesconceptaelesn'etaient que rudimentaires, a duetro ramenee au nouveau genre Stenogramme fonde posterieure- raent par M. W. Harvey, sur une autre espece qui habits en meme temps et les cotes de la Californie et celles de France, pres S. Jean de Luz ; mais sur aucun des cchantillons d'Espa- gae, de Francs, d'Anglsterre et de Californie, on n'availjus- qu'ici rencontre la seconde fructification ou les tctraspores di- ce ecu re.

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» C'estaiM. le docteur \Yelwiiscli, savant botanistc, mainte- nant charj^e de I'exploralion scientifique des possessions portu- (^aises en Afrique, que nous devons et la decouvoite et la com- munication dcs individus charges de cette fructification. II ies a trouvesdans le Tage, pres deLisbonne, en compagnie d'autres individus portant des coneeptacles arrives a I'etat de maturite.

» Les tetraspores du Stenorjramme intenupta se forment , ainsi que je I'ai montre le premier pour le Gijmnogongras Grif- fiths'ice (v. Hisl. nal. Canar. Crijpiog., p. 160), dans les arti- cles des filaments rayonnants de nemathecies qui occupent les deux faces de la fronde. Ces nemathecies sont oblongues , con- vexes quand on les huraecte,affaissees et planes lorsqu'eliessont s^ches et ne se distinguent alorsa roeil nu que par une couleur d'un rouge-brun plus fonce. Elles sont disposees avcc asscz de regularite en deux series longitudinales, entre lesqueiles on en voit neanmoins parfois queiques-unes hors de ranj;. Leur lon- gueur ne depasse pas une ligne et reste meme souvcnt en dcca.

" Ce qui semble prouver qu'elles ne sont autre chose que le developpement normal en filaments, ou la multiplication des cellules sous-epidermiques qui renferment les gonidies, c'est qu'a leur chute il reste au lieu qu'elles Occupaiei:t nne tache blanchatre de meme forme, etque si I'on examine nu microscope la fronde au meme endroit, on reconuait qu'elle est privee de la couche corticale et uniquemeut formee de la couche medullaire ou centrale. Cliaque article des filaments en question renffrrae un nucleus ou endochrome qui se renfle peu a pen et se divise crucialement en quatre spores a la maturite. Or on a constate que ces spores sont aptes a reproduire I'Algue tout aussi bien quecelles quis'engendrent dans les coneeptacles. Celte double Iructification des Rhodophyees est encore un mystere eouvertdii voile le plus impenetrable. »

BoTANiQUE. M. Leveille communique une note sur une nouvelle distribution des Erysiphes.

Le blanc, le meunier ou I'Erysiphe, est un Champignon que t ut le moude conuait. II se presente sur les feuilles sous la forme de taclies blanches plus ou moins etendues. Ces taciios sont composers de filaments byssoidcs qui naisscnt d'un meme paint ct s'ctalcnt en rayonnant. D'abord peu nombrcu.v, i!s so

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ramifieni bient6t et sc condcnsent enfin au point de rcsserabler a une membrane tres delicalc et quclqaefois k des petils corps charnus. Sur les filaments rampants s'cleveut des cellules alion- gees, simples ou cloisonces, qui so lermineut par trois ou quatre autres cellules ovalos, aitifiulees bout a boutet qui se separeiit avec la plus grande facilite. Ces petits appareils peuvent-ils etre consideres comme des organes de fecondation? Rien ne le prouve jusqu'a ce momcut.Plus lard, sur les points condenses du mycelium on voit apparaitre des corps gr-inuleux, arrondis, d'abord jaunes, puis bruns et enfin noirs. Cesont les concepta- clcs qui renferment les organes reprodueteurs.

La membrane qui les forme est assez epaisse et composee de deux couches do cellules polygonalessupcrposees,remplies, dans le jcune age, d'uu liquide jaune qui parait de nature huileuse.

Les organes dc la fructification sent rcprcsentespar un ou plu- sieurs sporanges ; chacun d'eux reuferme de deux a huit spores ; il n'y a pas de parapbyscs. Deux membranes minces , trauspa- renles, forment ces sporanges qui sent ovalcs generalcmenl et termines vers K i;r point d'insertion par un tres court prolongc- mcMit obtus ijui revet quelquefois I'upparence d'un pediceile. Quand il y a plusieurs sporanges , lenr nombre est sujet a dc grundcs variations; si Ton veut I'utiliser comme caracteie, ce ne doit etre qu'avec la plus grande circonspcction. II en est dc meme dc celui des spores.

LorsquelcsErysiphes sont noirs, qu'ils paraissentavoiracquis tout leurdeveloppemeut,!!semanifeste,alabasedesconceptacles, un peu au-dessus du point qui les fixe au mycelium, une cou- ronnc de filaments ou d'appendicules. Ces productions, que Ton peut considerer comme le dernier terme de la vegetation, se pre- sentent sous quatre formes differentes.

i" Appendicides floconneux. Filavaeats droits, courbes , ge- nicules, cylindriques, continus ou cloisones, simples ou ramifies irregulierement.

Appendices ac'iculcs. Filaments droits, raides, ciiiformes, continus, aigus au sommet , simples a la base ou reposant sur une vesicule.

3" Appendices uncines. Filaments droits, raides, cylindriques.

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continus, simples, bifides, rareraent ramifi6s etconstamment re- plies en crochet a leur sommet.

40 Appendiculcs dichotomes. Filaments droits , raides , Hstu- leux,termines par des divisions dichotomiques filiformes, egales ou renflees au sommet.

Ces appendicules paraissent autant de leviers destines ^ de- tacher les conceptacles du mycelium, D'uboid etaies horizonta- lement sur la surface dts feuillcs, onlesvoitse replier enarriere, soulever les conceptacles, puis se replier en avant. Ce mouve- ment ne parait cependant pas s'operer coustamment dans tou- tes les especes. Dans un grand nombre, les conceptacles restent lixes au mycelium et les appendicules se redressent en avant. II n'est done pas parfaitement exact de les comparer h des leviers.

M. Leveille, apres avoir etudie uu grand nombre d'Erysiphes, a reconnu qu'ils formuient plutot une petite tribu qu'un genre. Combinant les caracterrs puises dans la presence d'un ou plu- sieurssporanges el la difference des appendicules il propose d'e- tablir les genres suivauts.

PoDOSPH^EKA, Kze. Conceptacles globuleux, sporange unique, v6siculeux , presque spherique, lenfermant huit spores, appendicules dichotomes.

Spec. Podosphaera Kunzei ;= Podosphcera Myrtillina, Kze. Erysiphe tri- daciyLa,\\d\[t. Erys. Brayana, Woigt.

Podosphaera clandestina = Erysiphe Oxyacanthw, DC. ilifes/;»7i, Demz.

Podosphaera Schlechtendali, Sp. nov.

SphjErotheca. Conceptacle sphiirique, sporange unique, v6siculeux, pres- que spherique, renfermant huit spores, appendicules flocouneux.

Spec. Sphaerolheca pannosa =: Erysiphe pannosa. Duby.

Sphsrotheca Castaguei = Erysiphe circumfusa, Lk. Erysiphe Xanthii. Cast. Cichoracearum, DC. Sanyuisorbx, DC. Poterii, Duby. Lamprocarpa ; var. Plantaginis, Humili, DC.

Phyllactinia. Conceptacles heniisph^riques , sporanges, Luit ou daran- tage, renfermant deux ou quatre spores, appendicules acicules.

1, Appendicules ve^iculeux a la base.

A. Spoianges bispores. Spec. Erysiphe guttata, Lk.=Erysiphe Oxyacanthae, DC, (parlira.) Fraxini, DC. Fagi. Duby. Ilicis. Cast. Coryli, DC. Carpini Chailly in herb. Cand.

B. Sporanges ietraspores, Phyllactinia Candollei, Spec. nov. F.xtrait de I'liislitut, 1" section, 18il. 5

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2. Appendicales sans v^siculec k la base.

Phyllactinia Schweinitzii. '

Uncincla. Conccptaclcs globuleux, huit ou seize sporanges, rcnfermant deui ou quatre spores, appendicules uncin6s.

Spec. Uncinula Bivonse = Erysiphe clandestinu, Bivou.

Uncinula adunca ^ Alphitomorpha depressa, var. B. Artemisice, Wallr. CaprecB,, DC. Populi, DC.

Uncinula Wallrothii = Erysiplie prunastri, DC.

Uncinula bicornis = Erysiphe Aceris, DC.

Calocladia. Conceplacles globuleux , sporanges au nombre de quatre ou de huit contenant quatre ou liuit spores, appendicules dicliotomeSi

1. EUameaux des appendicules renfles au soaiaiet.

Spec. Calocladia Hcdwigii = £ri/sipfte Viburni Lantanw, F. Calocladia Ehrenbergii, Sp. nov. Calocladia penicillata = Erysiphe Alnif DC. Calocladia comata = Erysiphe Evonymi, DC.

2. Bameaas des appendicules filiformes.

Calocladia Dubyi = Erysiphe Lonicerse, DC. ,

Calocladia holosericea =: Erysiphe Astraijali, DC. Calocladia Mougeotii. Sp. nov. Calocladia Berberidis =: Erysiphe Berleridis, DC. Calocladia Grossulariie = Erysiphe penicillatn, Var. 2, GroffsuUiriw, Lk. Erysiphe. Conceptacles globuleux, huit ou viiigt-quatre sporanges ren- ferraant de deux ^ huit spores, appendicules iloconneux.

1. Sporanges bispores.

A. Appendicules blancs.

Spec. Erysiphe Llnkii=£r?/sip/ie Compositarum.;vw, Artemisia; Duby. Orontii, Cast.

Erysiphe tauricaL6v, = Erysiphe CarLincc, Cast. Compositarum. Var, Y, Cirsli, Cynarw, Duby.

B. Appendicules colores,

Erysiphe lamprocarpa Lk. = Erysiphe Cichoracearum, DC. Calcopsidis, DC. Lamprocarpa ; var. Plantaginis, Lk.

2. Sporanges tetra ou octospores.

A, Appendicules blancs,

Erysiphe Graminis, DC.

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Erysiphe Duria'i = Erysiphe iaurica; van B., Dr. el Montg.

Erysiphe Martii = Erysiphe Pisi, DC. Spircce Ulmarice.'Dsmz.BioceUai'is, Ehrnbg. ? Heraclei, DC. Scandicis, DC.Sii Falcariw, BCConvobuli sepium. Cast. Bioceltaris, Ehrnbg. ?

B. Appendiculcs colores.

Erysiphe Montagnei =z Alphitomorpha depressa ; var. A. iSarrfano;, Wallr, Depressa; yar. Carduorum, Desmz.

Erysiphe hoindn]a.=: Alpldtomorpha korridula; var. Ai Asperifoliarum , Wallr.

Erysiphe tortilis =: £r»/sip/(e Corni, Duby,

Erysiphe communis = Erysiphe Aquilegiw, DC. Alphitomorpha commu- nis; \ar. CatiunciUaceai'um, Wallr. Alphitomorpha nitida, Wallr. Leyumi- nosarum, Duby. (partim.) linautice, Duby. Convolvuli, DC. Polygoni, DC, Daphnes, Duby.

Cette nouvelle distribution de la tribu des Erysiphes est fon- dee sur I'organisation que presentent ces Champignons. Pour les reconnaitre on devra les etudier seulement quand i!s au- ront atteint leur plus haut degre d'organisation et ne plus fairc attention aux vegetaux sur lesquels ou les rencontre. Cette maniere de les deuommer est essentiellemeut \icieuse, elle con- duit a la confusion et a I'erreur.

Seance du 31 mat 1851.

Tebatologie vegetale. M.Germain communique la note suivante :

« J'ai rencontre dernierementune anomalieassez bizarre chez la Tulipe des jardins [T. gesneriana). La feuille floraie ou brac- tee qui precede la fleur etait soudee par ses bords et constituait une sorte de spatlie sans ouverture qui renfermait le bouton de la fleur. Par suite des progriis de la vegetation le pedicelle de la fleur continuant a s'allonger et la spathe accidentelle ne par- ticipant point a cet accroissement, cette spathe fut dechiree transversalemenl vers le milieu de sa longueur par les efforts du bouton qui tendait & s'elever; a la suite de cette rupture transversale la spatiie etait coustituee par une piece inferieure en forme de gaine embrassant le pedicelle, et par une piece supe- rieure en i'orme de capuchon ou d'eteiguoir, qui avait ete en- trainee par le bouton et qui liiiit par se decliircr longiiudinaie-

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ment, en raison de racfioissemcnt bouton qui tendait a s'epanouir. Celtc anomalie offre iin interet particnlicr en ce qu'elle represenle accidentelleraent dnns des proportions gignn- tesqucs cequi se passe norraalement dans la faniillc. des Mousses lors du developpement de la capsule. Celte capsule jeune est completemeiit renfermee dans une membrane sans ouverture ; lors de rallongemcnt de la base de la capsule en pudicclle, I'enveloppe membraneuse est rorapue circulairemeut a sa base ou au-dessus de sa base, et la partie superieurc de i'enveloppe membraneuse est entrainee par la capsule qu'elle surmontc comme une sorte de capuchon (cette membrane est en effct nommee coiffecalyptra), et, de meme que la coiffe de la Tulipe anomalej elle se fend en general d'un cote lors de I'accroisse- mcnt de la capsule. »

Seance du 1 juin 1851.

Organogbaphie v£getale. M.Ernest Germain, de Saint- Pierre, communique la note suivante, sous ce titre : Du collet organique et du collet apparent^ chez les vegelaux phanero- games dicolyledones.

« On a donne le nom de collet, noeud-vital , ou incsophytc, soit h. un plan raathematique, soit a nne partie d'unc certaine etendue separant dans I'axe d'unc plante la tige de la racinc. Deux interpretations priucipales tie cette ancicnne definition d'un fait exact, mais naguere encore tres pen eludic, peuvent 6tre presentees. Ces interpretations sont ba^ecs sur Ics carae- teres essentiels qui distinguent la tige de la racine. Deux de ces caracteres essentiels reposent sur la direction et sur le mode daccruissement des parties; I'autre de ces caracteres repose sur le mode de production des bourgeons. Signalons d'abord les differences puisccs dans le mode d'accioissement. Chez la racine, la direction est descendante, et Taccroissement en lon- gueur a lieu par rallongemeut dc son extremile S3ulcment ; chez la tige, la direction est ordinairement ascendante, et I'ac- croissement en longueur a lieu dans tous les points de son f'tendue A la fois (pendant la periode de la premiere annee pour ehaque nouvelle poussc de tiges ou dc rameaux, soit axillaires. soit terminauxl. Si Ton a rgard seulemcnt a ces iniportauls

pliciiomones physioiogiqups, on verra lecoilct dans lo pl^.n ho- rizontal qui separe le systeme ascendant dii systenic descen- dant; telle est la raanierc de voir de M. Gaudichaud dont I'o- pinion est d'un si grand poids dans cette question. La seulc objection que j'aie a faire a cette delimitation de parties est que, bien qu'eile soiten fait incontestable, elleest d'une applica- cation difficile dans la pratique; en cl't'et, on ne saurait, dans bien des cas, preciser le point de separation du systeme ascen- dant et du systenoe descendant, le niveau auque! conamencent les radicelles etant frequemraent situe sur la partie infcricurc de I'axe ascendant et non sur I'axe descendant lui-meme. J'a- jouterai que Ton a jusqu'ici eutendu par nwud-vilal ou collcl un point de I'axe de la plaute tel que si la plante est coupee transversalement au-dessous de ce point elle se trouve comple- tement frappee de mort, et que si elle est coupee transversale- ment, fut-ee meme d'une tres petite quautile au-dessus de ce point, la plante ^met des bourgeons et continue a vivre par le devcloppement de uouvelles tiges et de nouveaux rameanx.Or, si Ton coupe transversalement ia plante immediatenQent au- dessus du niveau du plan qui separe la tige (ou axe ascendant) de la racine (ou axe descendant), ncais au-dessous des feuilles cotyledonaircs, la plante perira (a moins qu'il ne se developpe des bourgeons adventifs comnae il pent d'aiileurs s'en develop- pcr sur la racine elle-meme). Je passe maintenant au carae- tere distinctif de la tige et de la racine au point de vuc de la production des bourgeons. Chez la racine, les bourgeons qui se developpent quelquefois (bourgeons adventifs) naisseut ca et la et commc au hasard; en aucun cas il n'exisle sur la racine proprenaent dite, defeuilhs directement inserees et a I'aisselle desquelles naissent des bourgeons. Chez la tige, au contraire, il existe un bourgeon terminal feuille qui temiine chaque divi- sion de la tige, et I'aisselle de chacune des feuilles inserees directement sur la tige et ses divisions est susceptible d'emet- tre un bourgeon. Par consequent, en dehors de la gemraule, le premier bourgeon emis est celui qui est susceptible de naitrei I'aisselle du cotyledon chez les Monocotyledones, ou a I'aisselle de thacun des deux cotyledons chez les Dicotyledones. On pent done so baser sur ces considerations pour diviser I'axe des ve-

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getaux en deux parties : Tune inferieure h I'insertion des feuilles cotyledonaires, constituee par le merithalle inferieur de la tige et par la racine , et qui n'est susceptible de donner naissance h aucun bourgeon normal ; I'aulre partie, superieure aux insertions des feuilles cotyledonaires, insertions au niveau desquelles des bourgeons sont susceptibles de se developper, Je nedoute pas que les diveis auteurs qui ont parle du collet en disant que la plante coupee immediateraeut au-dessus conti- nuait a vegeter n'aient eu en vue le niveau des feuilles cotyle- donaires, bien qu'aucun ne se soit explique clairement a ce sujet.

» II y aurait done lieu de dislingucr deux collets : celui au niveau duquel I'axe ascendant se trouve en contact avec I'axe descendant et dont M. Gaudichaud a demontre rimpor- tance organographique; je propose de le nommer collet orcjani- que, ou de lui appliquer le nom de mesophijic; 2" celui au niveau duquel des bourgeons normaux peuvent etre produits et qui constitue par consequent le nceud-vital ; je propose de le nom- mer collet apparent ou de lui reserver simplement le nom de collet. Enfin, M. le D'' D. Closa decritsous le nom de collet la partie de I'axe qui s'etend entre le collet organique et le collet apparent. Cette partie de I'axe est simplement le premier meri- thalle de la tige, merithalle qui commence a I'insertion des feuilles cotyledonaires, et seterrainc a la naissance du systeme descendant ou racine proprementdite. Ge merithalle n'est doue d'aucune propriete ui d'aucun caractere qui n'appartienue aux autres raerithalles de la tige, et je ne crois pas utile de lui attri- buer un nom particulier.

» D'apres les definitions que je viens de donner du collet or- ganique ou mesophyte, et du collet ajiparent, il est evident que ces points ou ces organes n'existent que chez les plantes an- nuelles ou les plantes vivaces a racine pivotante ; en effet, dr.ns tous les cas ou la racine pivotante primordiale, el souvent la partie inferieure de la tige ellc-meme se trouve detruite il n'exisle plus de collet a propreraent parlerj la souche ou partie soulerraine de la plante n'est , dans ee cas, autre chose qu'une tige hypogee (ou rhizome) susceptible d'emettre dans toute sa longueur des bourgeons normaux a I'aissellc de ses

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feullles, quelque riidiraentaires que ccs feuilles puissent etre; et chaque fragment cle ce rhizome pouvant reproduire la plante en constituant de veiitables boutures. (Oa pent admettre du reste chez les boutures un collet artificiel ; ce collet correspon- drait a I'aisselle de la feuille la plus inferieure de labouture.)

» En resume je reserve le nom de collet au point qui cor- respond a I'insertion du cotyledon oh des cotyledons ; je norame mesop'uijte le point qui correspond a la separation de I'axe as- cendant et de I'axe descendant; et je regarde comrae depour- vues de collet les plantes vivaces dont I'axe se detruit en ar- rlere a mesure qu'il s'accroit en avant. »

Physique. M. Boutigny (d'Evreux) lit au nomdeM.Bols- senot, pharraacien a Ch£llon-sur-Sa6ne , une note relative au soudogc de deux aciers d'especes differentes. Void cette note :

« Ua fait des plus curieux , qui doit prendre place parmi les experiences de M. Boutigny (d'Evreux) vient de se produire dans la suererie des Allouettes, pres CMlon-sur-Saoue.

» Get etablissement possede quatre turbines de MM. Rohlfs, Seyrig et O" pour le claircage des sucres biuts ; pendant cette operation le mouvement giratoire de ces appareils s'eleve de mille a douze cents revolutions a la minute; aussi il arrive quel- quefois qu'en raison de cette grande vitesseacquise leurs pivots tt leurs crapaudines s'eehauffent au point de determiner la de- composition d'une petite partie de I'buile dans laquelle ils se trouveut plonges, en donnant naissauce a des gaz a odeur em- pyreumatique et inflammables. Lorsque ce plienomene se pre- sente, on se contcuted'aneter les turbines pour laisser refroidir les parties qui se sout ecbauffees.

» Le 2 avril dernier, une de ces turbines apres dix k quiuze minutes de marche s'arrcla touta-coup, sans avoir donne I'o- deur empyreumatique, mais apres avoir fait entendre par in- termittence un bruit analogue a celui de la lime agissant sur le ter. On chercha par tous les moyens a remettre cette turbine en mouvement, mais apres de vains efforts on se decida a la de- raonter, et on ne ful pas peu surpris, en retirant I'axe de la bolte a huile, de voir la crapaudine, quoique a surface plane , etre adherenteau pivot dont I'extremite est termineeen ce qu'on oppelle (joniie ih suif. Ces deux pieces, sur une surface de trois

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centimt'tres de diaauUrp, etaient pai faitement soudees ensemble, un boiurelet de metal d'un millimetre d'epaisseur regnait au- tourdu pivot; celui-ci paraissait elre incrustc dans I'epaisscur de la crapaudiue. La lime n'altaque pas le boun-elet qui, comme l3rcstc,avait la durete de I'acier trempe. Alois on chercha a I'aide du marteau, puis d'une tranche, a lesseparer; on ne put y paiveiiir, et, dans la crainte de fausser I'axe en le passant a la forge, on le mit sur le tour. La crapaudine fut eulevee avec soni sous forme de copeaux. On fit cette remarque que le son- dage dc ecu deux pieces selait opere reqid'ierement jusqnau cot ire.

» Ce fait tres remarquable ct peut-etre unique de soudure au milieu d'un bain d'huile de quatre litres, eutre I'acier fundu de la crapaudine et Vacier forge de I'axe ne pent s'expliquer que Tpm- Vital spheroidal qu'a du prendre Thuilc sous rinfluence du surechauffementdes deux pieces pivotant I'une sur I'aulre. II a done fallu qu'au point de contact de I'axe et de la crapau- dine el au moment ou la rotation a commence, il ne se soit pas trouve une epaisseur d'huile assez considerable, pour empe- clier lefrollement direct des metaux et par suite s'opposer k la production de la haute temperature a laquelle ils se sont eleves. Ainsi, rbuiie, deja sollicitee par la force centrifuge d'abandou- nor les surfaces qu'elle devait lubrelier, s'en est eloignes en prenant h forme spheroidaie et a laisse le pivot et la crapaudine agir I'un sur I "autre dans le vide ou bien au milieu d'une atmos- phere gazeuse. Alors, une chaleur intense s'est developp:^e et s'est elevee au point de les rendre pateux. L'extreraite du pi- vot s'etant raraollie et ayaut augmente de dimension, la vitesse de la turbine a diminue,i]n abaissement de chaleur s'en estsuivi, de telle sorteque le soudacje s'est opere instantanemeiU , puis , comme la crapaudine soudce au pivot ue pouvait tourner dans le fond de la boite a huile, I'appareil s'est arrele , et , lorsque le refroidissement a ete assez avance pour permettre a I'huile de revenir sur elle-meme, elle a retrempe les aciers qui s'etaient echauffes, ainsi que ceux qui avaient eprouve la fusion. .

CniMiE. M. Deville communique I'observalion suivantc qu'il a eu I'occasion de faire en reduisant de I'oxyde de cuivre par rhydiogcne dans un tube do tcire euito extrcmcmcnt po«

reuse. Malgre la graiide rapidite du courant d'hyrlrogene employe'', malgro la pression maiiitenue a I'interieur en faisant plonger le lube abdueleur dans une eprouvette de 5 a 6 ceutimfe- tres de hauteur ct pleine de mcrcurp, aucune portion dc I'oxyde de cuivre n'a etc reduit. II s'cst coustaniment dcgage au travers du mercure un melange d'azote et d'acidc carbonique, c'est-a- dire un gaz qui a !a compoi:ition de I'air qui traverse le four- neau ou Ton chaut'fe le tube de gres. M. D. voit la un pheno- mene d'endosmose gazeuse sur lequel il e-t bon d'appeler I'attention, a cause des applications qu'il pent recevoir et des inconvenicDts qu'il pent aiaener dans quelqucs operations ohi- miqucs ou iuduiitriellcs.

Seance du 14 J!<'" 1S51.

Physi6logie vegetale. M. D. Cios presente corame objec- tions au travail de M. E. Germain sur la nature du collet dans lesplanles les remarques contenues dans !a note suivante.

« Conduit par nos etudes sur les racines (voycz notrc Ebau- clic dc la rhizolaxie^ Pi:!ris 1848^ in-4''), a reconnaitre une re- gion interraediaireentrelasouche (pivot des auteurs) et la tige , nous avons cru devoir donner a cette partie le nom de collcH\m n'est plus pour nous, comme pour Be Candoile et la plupart des autres physiolopistcs, une ligne mediane horizoutale , un simple plan, mais bien une portion du vegetal parfaitement'Ji- niitee en haut par les points d'insertion des cotyledons, en bas par le plan auquel comniencent a se raontrer les rangees des radicelles. Nous avons demontre qu'il y avait avantage, soit pour la morpholo;;ie,solt pour la botanique descriptive, a consi- dcrer ainsi le collet, car il est des orgaues te!s que les tubercu- les des Cyclamen, des Corijdalis,des Lccyth'is, etc., qu'on ne savait jusqu'ici ni classer ni defmir, et qui rentrent a merveille d.TUii les limitcs du collet (voy. y^ii. des sc. rial., 1850, t, XIII, p. 1, et rhisiilut, 3 avril 1850). Sans nous dissimuler I'incon- veuient qu'il y a toujours a detouruer un mot de sa signification premiere, nous avons pense qu'il y en aurait beaueoup plus dans la creation d'onnouveau terme, la science etantdcja surcbargee de nomenclature. M. E. Germain, dans une comuiunication recenteala Societe, a cru devoir combattre nos idees acetegard. II persiste a ue voir dans le collet qu'un simple plan, mais son

Eitrait de I'lnsHlut, section, 18yi. 6

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opinion (liffere de celle de lous los autrps physiolofjistes en ee qii'il admet deux collets dans les vegetaux : le collet apparent au f»oint d'insertiou des cotyledons, le collet urganique a ce ni- veau (ie la pianteou s'opere le depart des deux directions en sens inverse de la tige et de la racine. Cette maniere de voir nous paralt inadmissible ; car d'une part le collet apparent n'est autre que ce que Goertner, Correa , L.-C. Richard et MM, Poiteau et Mirbel (cite par De Candolle) ont regarde comme le collet, el de I'autre le collet organique est le collet tel que I'ont compris Do Candolle {Mem. Legum. , II, 55 ; Phif- siol. veget., 11 , GG4)et Meyen {Pflanzen-Phys., Ill, p. 346), ce n'est qu'un simple plan de convention dont la determination presente dans la tres grande majorite des cas des difficultes a peu pres insurniontables ; ajoutons que la place du collet varie sans doute, non-seulemeut dans le meme genre, mais dans la raeme espece, mais peut-etre aussi dans les divers iudividus de ceile-ci ; qu'il est des plantes qui se refuseront toiijours a ce qu'on puisse assigner chez elles la place du collet, enfin que sur le sec rien ne peut la faire reconnaitre, en sorte que le collet ainsi envisage nesauiait etre d'aucune utilife pour la botanique descriptive.

" Quant au collet apparent , la creation de ce mot nous parait tout aussi inutile que ccWe de caUet organique ; car, au point de vue de M. Germain, il ne doit representer rien de distinct. En effet M. G. admet que la partie qui est situee entre les cotyle- dons et les rangees regulieres des radicelles n'est autre que le premier merilhallc de la plante (opinion dont nous chercherons tout-a-l'heure c^ demontrer la faussete) ; mais, dans cette ma- niere de voir, on ne comprend pas la iiecessite de douner un nora special au plan auquel s'opere la jonction des cotyledons, puisque ce plan ne diffcre le plus souvent en rien des plans de jonction des autresfeuiiles de la tige. Ce pretcndu premier me- rithalle est pour nous lecoller, c"est-a-dire une partie aussi distiucte de tous les autre.s organes de la plante que ceux-ci le sont entre eux.

» En effet, dans I'etude des etres organises on ne peut avoir rccours qu'a trois sortcs do caraclercs morpliologiques ou ext^.- rieurs, iescaractores anntomiqnes ou do structure, Ics carncte-

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I'es pliysiologiquos ou dc foncUons. Cos dcrniers sont sans coa- trcdit Ics moins importants a ce point de vuc ; nc sait-on pas que plusieurs tiges, calices et corolles , que les stipules et Ics braclees Ibnctiomient eomme les feuil!es?et que, dans le regno animal, la classe des Crustaces offre sous ce rapport un exemple des plus instnictifs par suite des modilications que subissent les orj;anes locomoteurs pour s'approprier aux usages Ics plus di- vers? Or c'est imiquemenl sur uu caractere physiologiquc qu'est fonde I e collet or//a;nV/Me de M. Germain. Au contraire le collet tel que nous I'avons defini est un organe bien et toujours limite et que dislinguent a la fois des caractdres physiologiques, morphologiques et anatomiques : pliysiologiques, puisqu'il reunit en lui les deux tendances de direction contraire des tiges et des racines , 2" morpholofjiques, car, contrairement a la tigc, il ne porte jamais de feuilles, et,contrairement a la racine, il est dcpourvu des rangees reofulieres de radicellcs ; s'il porte des racines ce sont des racines adventives nees posterieuremeni aux radicelles, moins developpees que celles-ci et dont la symetrie, siellesen offrent,cliffere ordinnireraentdc celle deces dernieres. Dans quelqiiPS cas meme, outre cos caracteros positifs, le collet se fait reraarquer par unc configuration differente a la fois de celle de la tige et de la racine [Lecylliis, Ctjclamcn] ; enfin il se distingue par des earaclcrcs analumiqucs, car si, eomme nous le prouvcrons dans un travail subse<]ueiit , la disposition des radicelles est sous la depcndance immediate de Tanatomie deia soucbe , c'est dans le collet que les faisccaux libro- vasculaires de la plante cprouventlcs divcrses combinnisons d'apr^s lesquclles la tige devra offrir tel ou Itl arrangement des feuilles et lasou- che tel ou tel nombre de lignes de radicelles. Aussi le norabrc de ces faisceaux cst-il presque toiijoui's autre dans la tige que dans le collet, autre dans celui-ci que dans la souclie. Dans les Tro]j(Bolum majus et m'mus on compte 4 faisceaux dans la sou- cbe, 8 dans le collet, de lHh 20 dans la ti^jeau-dessusdes coty- ledons ; dans la Courge et le Melon, 4 dans la soucbe, G an collet, 14 dans la tige ; dans le Lupin 2 dans la souciie, G dans le bas du collet, 1 0 plus baut et enlln un grand norabrc au-dessus des cotyledons ; dans le Pois 3 dans la soucbe, 4 au collet, un plus grand uonibrc au-dcssus des cotyledons. Nous nous borne-

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rons a ces exemples qu'il nous serait facile de multiplier. Ajou- tons cependant que le collet participea la fois de la structure de la tige et de la souche sons cet autre rapport, quec'est en lui que commencent a se montrer ordiualrement et la motile elles trachees.

» Ainsi reunion des trois series de caraclcres, possibilite de distiuguer toujours le collet soil sur la plants verte soit sur le secet de lui assigner des limites parfaitement tranchees, expli- cation dc la veritable nature de quelques tubercules ou autres parties vegetales restees jusqu'ici a I'etat de probieme pour I'organograpbie, telssontles avantages que nous avonstrouvcs a defiiiir ct a envisager le collet comme nous I'avons fait.

» i.c collet ainsi concu n'a rien de comrauu avec les parties de la plante que MM. Ernest Meyer [Jiincicjcner. monogr. cum nppcnd.) et Reaper {Eniim. Eupliorb.)ont aecrites sous le nom decaudt'x inlermedhis et qm ne sent que des rhizomes; mais il est de notre devoir de mentionuer qu'uu auteurlresingenieux, M. Dumortier, a emis uue opinion qui se rapproehe beaucoup de la ndtre, lorsqu'il dit, df\ns ses Recherclies sur la slruclure ct Ic developpcmenl des aiiimaux et des vecjelaitx , que I'orgauc regarde comme la radicule dans les DicotyleJones n'est que le collet puisqu'ii renferme un etui raeduUaire et qu'il se termine a chaque extremite par ua point vitaJ dont le superieur donue naissance a la gemmule ct i'infurieur a la radicule. Seulementte physiologiste n'iudique pas et ne pouvait iudiquer sur la planle developpee la liraite inferieure du collet, car on ne connaissait pa's encore les lois de la rhizotaxie. »

HvDEAULiQUE. M. dc Galigny adresse les deux notes sui- vautes : I'une ayaiit pour objet des experiences en grand sur unc pompe de son invention, sans piston ni soupape, qu'il vient d'executer chez un maraicher de Versailles; I'autre sur les moyens d'employer ses motcurs bydrauliques a flolteurs oscii- lants sous des chutes tres variables.

<■ Cettepompese compose de deux tuyaux, I'un conique, I'autre cylindrique, ayant le mfime axe, ouverts a leurs exlreraites et soudes ensemble , le tuyau cylindrique etant en dessus et la plus grande section du tuyau conique etant a I'extremite inferieure du systerae. L'eau ^lev^e est recue dans un vase an-

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nulairefixe, au milieu duquel !e somraet du tuyaucyliudriquo a la liberie de passer, toutefois avec le raoins de jeu possible. Ce tuyau est suspendu a une des extremites d'un balancier par une anse a laquelie est atlachee une corde ou une chaine, et cette anse est soudee a Tinterieur, afin de ne pus gener le raou- vement du tuyau dans le railieu du vase annuiaire faisaut aussi fonction de guide. Le tuyau cylindrique et le tuyau coniqueont chacun un metre quatre-vingt-dix centimetres de long. La plus grande section du tuyau conique a vingt-cinq centimetres de diameire. Le tuyau cylindrique a un diametre de ueuf centime- tres trois quarts. Le tuyau conique est en zinc cumeroquatorze, le tuyau cylindrique est en zinc numero Ireize. II n'y a pas de guide iufericur.

» Pour faire fonctionner I'appareil ayant pour but d'elever I'eau d'une citernedont le niveau, entretcnu par un courant souter- rnin, est toujours a trois ou quatre metres au-dessus du fond, il suHitde soulever alternativeraent le tuyau en s'arretant dema- niere qu'il soit sensiblement en repos a I'epoque du versement superieur. On le laisse eusuite retomber par son propre poids, el ainsi de suite indefiniment.

» Le jet qui sort au sommet, a chaque periode, et dont la hau- teur depend de la force avec laquelie on met le tuyau en mouve- ment , sort en forme de champignon, de sorte qu'il ue peut pas- ser que tres pen d'eau entre le tuyau fixe du reservoir annuiaire et le tuyau mobile. Pour un appareil de ces dimensions, elevant I'eau a un metre et demi au raoins au-dessus du niveau dc la citerne, il y a trente periotles par minute.

>' II est a remarquer que si Ton fait marcher le tuyau trop vite ou trop lentement, on ne sent plus que tres peu de resistance, mais aussi il ne sort plus d'eau par le sommet. Pour saisir le mouvement convenable, il faut s'abandonner au mouvement nature) de Fhomme agissant sur le levier d'une pompe ordinaire ct ne faire aucun effort en se relevant. Les courts instants de repos, qui permettent a I'eau de se vcrser quand une hauteur constante est atteinte par le tuyau, sont tres commodes et sont d'ailleurs, comme on salt, recommandes en general pour I'em- ploi de la force de l''homme. Aussi les ouvriers saisissent faci- lement le genre de mouvement necessaire pour que rapparei!

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cleve uiic quaiUile d'enu couvcuable, par la raison nierae qu'ils s'abanciouDcnt au mouvement uaturtl.

>' La quantitc d'eau clevee est au moins egalc a celle que four- nit une bonne pompe ordinaire ; loutcs eboscs egales d'aiileur?, I'avantage resterait cependant a celle-ci qui n'a aucune piece susceptible de se deranger et coute en definitive beaucoup moins cher, comme tout le monde peut en iaire le calcul d'apres Ic prix connu des materiaux.

» Avec le raerae appareil , la hauteur du versement de I'eau au-dessus du niveau de la citerne a pu etre considerablement augmentee, elles'est elevee jusqu'a deux metres trente centime- tres; mais pour ces diametres la colonne liquide est alors trop divisee par suite des mouveraents de lair, tandis qu'il n'ea est pas ainsi pourles hauteurs analogues a celle d'un metre etdcmi, Dans ce dernier cas, si Ton regie le jeu de maniere que I'eau arrive au sommet sans sortir, on voit que la surface ascendante n'est pas meme en entier recouverte de bouillons. On peut faire marcher I'appareil sans effort avec une seule main.

» II estessentiel de remarquer, quant au principe, que I'ap- pareil n'agit point en descendant comme le fait une cunne luj- drauiicjiie. Lorsqu'on veut reunir les deux effets, comme cela se peut dans un tres petit modele, il parait pour ces dimensions impossible de mettre I'appareil en train,

» Quand on souleve le tuyau une premiere fois, il tend a se faire entre la parol conique et I'eau qu'elle contient une sorte de vide conique annulalre, d'ou resulte une dcscente du niveau in- terieur au-dessous du niveau exterieur de i'eau dans la citerne, et par suite une oscillation ascendante. A la periode suivaute, on saisit pour agir le moment oil Ton sent de la resistance et ainsi de suite. A la seconde periode ou a la troisieme, I'eau sort par le sommet el I'appareii est en train. On est iiistinctivement averti par le bruit de I'eau tombant dans la bciche anuulaire. qu'il faut laisser retomber de lui-meme le tuyau un pcu plus lourdque lebras de levier sur lequel on agit alternativement. La course du tuyau est si Ton veut assez petite par rapport a I'devation de I'eau.

» II est iuteressant de se rendre compte du mode d'aclion de cette leudaucc au vide conique anmdaire sur lequel repose ie

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jpii (le cet appareil. Le tuyau en so relevant rencontro au-dcs- sus de lui la pression de I'eau ambiante. II eprouve iin frotte- ment de la part de cette eau dans son mouvenaent. Quant au frottement a I'interieur, il est sans doute en partie employe a I'elevation de I'eau, L'angle de I'entonnoir est trop aigu pour que la resistance du inilieu soit bien sensible. L'orifice infci'ieur ayant un grand diametre par rapport au tuyau cylindrique, il ne parait pas que la perte de force vive en ce point soit impor- tante, par rapport a celle qui resulte du versement au sommet du tuyau^cylindrique, a une hauteur maximum de deux decime- tres environ au-dessHs dc ce sommet.

» Quand le mouvement ascensionncl est acquis, on ne peut plus admettre, au dela de certaines limites, que le vide coniqiie annulaire puisse etre pour ainsi dire prevenu autremcnt que par suite de I'entree de I'eau a I'extremite inferieure du systemc. L'appareil devient done alors une veritable pompe aapiranlc^ et c'est un genre d'effet entieremeut nouveau. Aussi quand !e mo- teur cessed'agir sur Tautre extremite du balancier, la force vive quelconque du tuyau en mouvement ne permet pas a ce tuyau de coutiuuer a s'elever, comme dans les circonstanecsou Ic jeii n'est pas bien regie. Elle est employee a produire une as[)ira- tion, d'oii resulte une augmentation ou un ciiirct'iai quelconque de la quantitede force vive de la colonne iiquide a?.ccnd;nitc.

» Pour de plus grands diametres, il y aura moins de frotto - mcnt, moins de chances de bouillonncmcnt, I'effet utile sera plus grand, et i'eau pourra s'elever plus haut avec avantage.

» J'ai public dans les Annates des Mines ea 183S, t. XIV^qt* moyendefaire arriver alternativement, sans choc brusque,,sur une grande colonne d'air, une colonne Iiquide dont ie seijs. du mouvementestaltern;itivement change par cette coionne d'aii-. Si Ton fait osciller un flotteur dans ce systeme avec une soapape convenable, ou dans un de mes systemes a oscillations et a air dilate, il est facile de voir qu'ou est plus independant des varia- tions des niveaux de la riviere, dansdes limites assezetendues» \;t compression ou la dilatation convenables de Pair pouvant d'aiJ- k'urs etre obtenucs par des moyens que j'ai indiques auire part. Mes nouvelles experiences sur les soupnpes annulaircs (|ui niarchent d conlre-conrant, permettent de modifier touic cvUc

partie de la science, sur laqueMe jc revicndrai avcc plus d'e- tendue. »

Organogkaphie VEGETALE. M. Emest Germain , de Saint- Pierre , lit uue note sous ce titre : Du collet dans f cmbranclie' ment dcs Monocolijledones ; observation dc plusieurs Dicotijle- dones monocoltjLJdonces.

« Dans une communication pveceiJente j'ai expose , dit I'an- teur de la note,le resultal de mes observations sur ia nature de I'organe designe cliez les phmtcs phanerogames sous le nom de collet, et dans ce premier travail je me suis occupe specialement de cet organe dans i'embranchement des Dicotijledones ,• j'ex- poscrai aujourd'hui leresultat de mes observations sur !c collet chez les Monocotyledones et chez quclques Dicotyledones ano- males reellement Monocotyledones au point de vue du nombre dcs cotyledons.

» Chez les Monocotyledones non bulbcuses, un premier meri- ihallc, analogue aux merithalles supcrieurs dout se compose la tige de ces plantes, a feuilles aiternes, pent se developpt r et eloigner du collet organique ou mcsophytc la base du petiole cotylcdonaire. Cliea les Monocotyledones bulbeuses , jc ne rcconnais que I'existence du collet orjfanique ou racsophyte , le collet apparent se eonfoad avec ce collet org;inique. II suffit, pour se convainere de la verite de ce fait, dc faire la coupe longitndinaie d'liue Monocotyledoue buibeuse en germination, d'un Miiscuri , par cxemple , et de comparer cette coupe a celle d'une Mouocotyledone a^ rhizome, de VAllhim falkix, par exemple; on verra chez le Muscari la gemnuilc embrassee par la feuille cotylcdonaire naitre , ainsi que la feuille cotylcdo- naire elle-meme , sur un plan iiu-dessous duquel commence ma- nifestcment la racine , taudis que chez VAUium fcdlax , la gcmmule nait au somnict du premier merithalle de la tige , et est par consequent separee du mesophyte ou collet organique par toute la longueur de ce premier merithallo. Les Monoco- tyledones peuvent , par consequent, avoir, comme les Dicoty- ledones , un collet organique et un collet apparent , ou n'avoir qn'ini collet organique, lorsque, ainsi que cela arrive chez les bulbes, les entre-nceads ou merithalles de la tige sont tellement courts qu'ils peuvent ctre conslderes comrae nuls. Dans les re-

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cherehes que j'ni failos pendant ces dernicrs temps sur la struc- ture et sur le mode de geimiuatiou des embryons , j'ai ele assez heureux pour rencontrer plusieurs faits non encore observes, et qui sent de nature a jeter quelque lumicre sur la structure des tiges et notamraent sur la queslion qui nous occupe en ce mo- ment.— Deja M. Bischoff avail reconnu que le Corydalis solida, plante apparteuant a une famille de plantes dicotyledonees , germe avec un seul cotyledon ; j'ai trouve de mon cote que le Buniinn bidbocastanum , plante dicotyledonee, egalement tu- bereuleuse ( mais d'une structure toute differente ), germe de raeme avec un seul cotylMon. Ayant seme des graines d'une autre Ombellifere de la meme section, le Biasoletlia tuberosa, j'ai vu , aiusi que je m'y attendais , cetle plante germer egale- ment avec un seul cotyledon , et je suis par consequent portda croire que toutes les plantes de la meme section presentent cette singuli^re or^jaiiisation. Chez ces plantes, le limbe du coty- ledon est de forme elliptique et s'att^nue en un long petiole ; ce petiole rcpr^sente ia moitie lougitudinale de la partie qui , chez lesDicotyledones normales, constitue le m^rithalle inferieurde la tige. Le cotyledon unique de ces Dicotyledones anormales est par consequent insere comme celui des Monocotyledones bulbeuses au niveau du collet organique ou m^sophyte, et il n'existe pas plus chez les unes que chez les autres de collet en dehors du mesophyte. Cette feuille cotyledonaire unique cons- titue chez ces plantes le systeme ascendant pour toute la pre- miere annee. Chez un autre genre de plantes dicotyledonees , le genre Cyclamen , il n'existe, pour ainsi dire, pas de feuilles cotyledonaires , ou , si I'ou veut , il se developpe un cotyledon unique qui prend la forme d'une feuille petiolee normale , et est suivi plus tard par d'autres feuilles qui n'en different en rien , et qui se developpent une a une alternativement et presentent ia meme forme.

" Un autre fait qui lie I'etat observe chez les Dicotyledones mouocotyleiloiiees, et chez les Dicotyledones normales,est venu dernierement completer mes recherches sur cet interessanl su- jet; il m'aete fourni par le Chcerophiillum bulbosum. Chez cette Ombellifere , la germination se fait d'abord normalement : deux cotyledons ellipticiues tertninent un premier mcrithalle. J'ob Exlrait tic Clnstitut, l'« scclion, 1851. 7

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servals depuis quelques jours cctte germination , et je nd'eton* nais de ne voir nulle apparence de gemmule entre ies feuilles cotyledonaires , lorsque je vis sortir de tcrie des feuillns a limbe divise que je crus appartenir a une autre espece dent Ies graines auraient pu se trouver accidenteliement dans la terre du pot ou j'avais seme le ChccrophyUum , et je me hatai de reuverser la terre pour examiner le fait avec attention ; quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis que Ies nouvelles feuilles appartenaient au Chcerophijllum , et qu'elles partaient du point intermediaire k I'axe descendant et a I'axe ascendant , c'est-a-dire du meso- phyte ou base du premier merithalle; ayant porte la plante sous le microscope , je vis manifestement que Ies deux processus descendants des feuilles cotyledonaires , dont raccol'.ement constitue ce premier merithalle , s'etaient disjointes a ce niveau pour livrer passage a la gemmule (deja developpee en plusieurs feuilles foliacees). Ce premier merithalle, termine par deux limbes cotyledonaires , ne tarda pas a se dessecher et a perir, et la vegetation de la plante coutiuua par la tige nee au niveau du mesophyte.

» Voiei done des Dicotyledones dont Ies uues sont mani- festement monocotyledonees, et chez lesquellfs le cotyledon unique represente une moitie longitudinale de ti{;e;et voici une autre Dicotyledone a deux cotyledons dont le bourgeon termi- nal ou gemmule et Ies bourgeons axiliaires ne sortent point au-dessus du niveau des limbes cotyledonaires , et dont la tige, deji constituce par Taceollement des deux petioles cotyledo- naires, se desagrege a sa base en deux petioles entre lesquels sort le gemmule. IN'est-il pas manifesto que ce premier me- rithalle est constitue par deux feuilles accolees , et si telle est )a structure du premier merithalle , ne suis-je point fonde a re- garder Ies raerithalles superieurs de la tige comme d'une struc- ture analogue , c'est-a-dire comme etant constitues par des ba- ses de feuilles?

» Tel est le resultat auquel j'ai 6t6 conduit par IVtude de la germination de ces plantes; resultat qui ressortait deja des considerations que j'ai presentees sur la nature des coleo- rhizc?. »

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Seance du 28 jutn 1851»

Organographie vi^GETALB.— M. D. Clos ayaut objecte, dans une seance precedente, aux notes lues par M. E. Germain, de Saint-Pierre, sur le collet organique et sur le collet apparent : que ces deux collets etaient connus deja puisque le collet orga- nique est le collet de MM. De Candolle et Meyer, etc. , et le col- let apparent lecollet de MM. de Mirbel, Poiteau, etc.; que,d'ail- leurs, ces deux collets n'ont ni I'un ni I'autre de valeur physio- logique, le collet apparent ne differant pas de I'insertion des di- verses feuilles de la tige, et le collet organique ne pouvantdtre precise et ne pouvant fournir de caracteres utiles a la distinction des especes surtout chez les plantes seches ; qu'au contraire la partie de I'axe situee entre la base des cotyledons et le point ou commencent les rangees regulieres de radicelles constitue un organe d'une nature particuliere auquel il a propose de reserver lenom de collet ;

M. E. Germain, de Saint-Pierre, fait cette r^ponse : « Qu'il croit avoir simplifie la question en donnant deux noras differents a deuxorganes differents designes sous le meme nom et auxquels on avait a tort attribue les raemes proprietes ; que le nom de collet organique indique le collet r^el, c'est-^- dire le plan de demarcation entre I'axe ascendant ou tige, et Taxe descendant ou racine; que ces deux axes sont faciles a delimiter chez la plante en germination et par consequent que le collet ou plan de demarcation est facile a reconnaitre, puis- que la tige s'accroit dans tous les points de son etendue a la fois et que la racine ne s'accroit qu'a sou extremite inferieure seule- ment, et que cet accroissement en sens inverse se manifesto h partir du collet organique ; que, par consequent, ce point qui separe les deux axes a une valeur physiologique incontestable ; qu'il iraporte peu a la question, au point de vue physiologi- que, que le collet fournisse ou non des caracteres utiles pour la distinction des groupes de plantes, etque ces caracteres soient ou non faciles c'l appr^cier chez les plantes seches 5 que la par- tie de I'axe designee par M. Clos sous le nom de collet, n'est autre chose que le merjlhallc inferieur de I'axe ascendant ou

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tige , et que cette partie de la plante ne presente aucune pro- priele qui puisse rendre n^cessaire un nom special, surtout un nora que Ton retirerfiit h un organe essentiel et dej^ connu ; I'absence de feuille chez cette partie ne peutconstituer un carac- t^re puisqu'elle constitue un merithnlle unique ; I'absence de radicelles prouverait seulementque les radicelles ne naissentpas sur la tige, mais il en a ete observe sur cette parlie comme sur la racine. Cette partie de I'axe est souvent !e si^ge de renfle- ments bulbiformes chezles Cijclamen par exenaple, mais d'au- tres parties de la tige presentent de semblabies renfleraents ; teis sont les merithalles renfles qui constituent les faux buibes ou renfleraents de la tige souterraine des Crocus et de VArrhenaihe- rum bulbosum. »

Hydbauliqub. M. de Caligny adresse une note sur UQ moyen de siraplifier diverses machines hydrauliques , en aug- mentant leurs effets , par une disposition nouvelle des coudes a angle droit brusque, dans toutes les circonstances ou cette es- pece de coudes est indispensable. Quant aux applications de ce principe il renvoie a ses communications precedentes deja in- s^rees dans I'Insiitut.

« J'ai remarque, dit-il, dans losfiltres de Versailles une dis- position qui parait fort ancienne et que jc ne vois decrite dans nucun auteur. L'eau elevee par la machine de Marly arrive dans ces filtres par des canaux dontrextrcmitc,a la fois cvasee et recourbeehorizontalement, est divisee en deux par une cloison verticale, prolongee en amont jusqu'^ la distance ou la denivel- lation provenant du versement de l'eau i I'cxtremite n'est pas encore bien sensible. Cette cloison en fer prescnie une portion de surface cylindrique, a pen pres dans le prolongement du filet central d'araont, et suit une courbure moyenne entre celles des deux parois verticales de I'extremite coudee du canal. II resulte de cette disposition que la nappe d'eau , qui sort de chacune de ces extremites ^vasees, ne se jelte pas, comme elle le ferailsans cela , principalement dans le comparliment le plus en aval du coude. En definitive, la distribution de la nappe d'eau dans le reservoir ou elle tombe se fait avec beauooup plus de regula- rite que si la cloison dont il s'agit n'existait pas, maisrien n'in-

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dique que l\iuteiu' ait eu la ptiisee de rapplication suivanto d'une disposition analogue h la dynamique.

» J'ai communique a la Sociefe en 1845 des observations sur Icsmouvementsde I'eau dans les coudes des canaux deeouverts k angle droit brusque ; mon but etait de me former une idee du rayon de eourbureinterieure qu'il etait indispensable de donner aux coudes des canaux et des tuyaux de conduite pour ne pas exagerer sans necessity la resistance des coudes. En reflechis- sant a I'ancienne disposition dont je viens de parler, je me suis apercu que dans les circonstances oil Ton etait ab&olument oblige d'employer un coude a angle droit avec un rayon de courbure extericure en general au moins ^gal au diamfetredu tuyau oudu canal, maisavec un rayon de courbure int^rieure tres petit ou meme nul, on pouvait diminuer beaucoup la resistance passive provenant de la flexion des filets liquides dans le coude, surtout quand le diam^tre du tuyau ou du canal est assez grand. Ce moyen consisleadiviser le coude en piusieurs parties, au moyen de cloisons analogues acelles dont je viens de parler, et donl ii est fiicilede se rcndre compte sans figure , surtout pour les ca- naux et pour les tuyaux a section rectangulaire constante. On voit , en effet , « priori, que si ces cloisons verticales , h cour- bure concentrique dans le cas par exemple ou le coude d'un canal decouvert ne s'6vaserait point, sont en nombre convena- ble , le prcniier compnrtimcnt dont Ic rayon de courbure iute- rieurerestera nul, sera, il est vrai, dans un etat analogue a celui du coude priraitif total, mais en definitive la denivellatiou dans I'ensemble. des canaux courbes partiels sera bien moindre que s'il n'y en avait que deux comme aux filtres de Versail- les, ou les rcraous sont tres prononces.

» 11 resulte dc cette consideration qu'en aagmentant, il est vrai, la somme des surfaces frottantes, d'une maniere en gene- ral peu importante, quant au dechet total , on peut changer de la maniere la plus essentielle les rapports des rayons de cour- bure aux rayons des tuyaux partiels consid^res dans lesformules de la resistance des coudes, a I'exception toutefois de celui dont le rayon interieur reste nul,raais dont la resistance u'est pas con- siderable par rapport a I'ensemble, si les cloisons sont en nora-

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bre convenable, corarae elles peuvent I'elrc quand le diametre primitif du tuyau ou du canal est assez grand.

» II n'y a plus rien qui s'oppose a ce que I'on construiseplu- sieurs de roes appareils avec des diametres tres grands, puis- qu'on ncsera plus arretepar la nOcessit^, qui dans certains cas paraissait inevitable, de creuscr des fondations profondes pour disposer au-dessous du niveau d'ava! des coudes d'un rayon sufflsaut par rapport h ces diametres.

» Quant aux appareils qui semblaient ndcessiter un angle droit brusque dans uu tiroir, on peul raaintenant attenuer celte cause de pcrte do travail par un systeme de cloisons concentri- ques dans Pinterieur de ce tiroir, et disposer au besoin dans les tuyaux fixes devant lesquels ce tiroir vient se presenter alterna- livement des cloisons fixes ayant pour but de prolonger les tuyaux parliels formes par les cloisons du tiroir alternativement en repos.

» Enfin, dans les appareils ou il est h peu pres indifferent de choisir celui des tuyaux fixes ou Ton est oblige de disposer un coude a angle droit brusque, 11 faut choisir celui oil les cloisons courbes objet de celte note ne generont pas le mouvement du liquide, aux epoques ou il doit changer de direction, etc.

» Les appareils de mon invention ne sont pas les seuls aux- quels I'idee fondamentale de ces cloisons courbes sera applica- ble. Ainsi il y a des turbines oil I'eau arrive en se detournant k angle droit, et oil il sera possible de diminuer la peite de travail qui en resulte, en divisant la colonne affluente en plusieurs compartiments par des conducteurs fixes. On congoit comment cela pent se faire au raoyen de surfaces fixes analogues a des pavilions de trompette rentrant les uns dans les autres de ma- niere h former des tuyaux annulaires, recourbes convenable- ment a leurs parties inferieures ou superieures pour presenter des phenomencs de nappes liquides occasionnes par des coudes, d'une espece nouvclle , mais qui rentreront, quant aux princi- pes essentiels de la resistance,dans le systeme de ceux qui font Tobjet de cette note. »

Seance du Idjuillet 1851. Crimie. Albnmine. M . Leblanc communique, au nom de M. Melsens; racmbre de I'Academie de Bruxelles et correspon-

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dant de la Soci^t<5 , I'extrait d'un travail lu ^ rAcademIe de Bruxelles sur les raatieres albuminoidcs.

Dans ce travail, M. Melsens ttabiit que Talbumine de I'oeuf, filtree et additionnee de ceitaines dissolutions salines tellcs que les sulfate et phosphate de sonde et le sti marin, precipite par divers reactifs qui nc coagulent pas I'albumine dans les circon- stancesordinaires. Ainsi I'acide acetique, I'aeide pliosphori(|u« hydrate et i'acide chlorhydrique lui-iiieme precipilent I'albu- mine lorsque les liqueurs presentcnt un certain degre de con- centration.

M. Melsens a egalement prouve que sous I'influence d'ac- tions, on peut dire pui-emeut mccaniques, il est susceptible de se deposer a froid sous forme solide ; ainsi le batlage ou le passable de gaz liumides tels que I'azote, I'hydrogene et I'acide carbonique, determine un phenomene de coagulation. Si Ton examine au microscope la forme de I'albumine qui se separe ainsi, ou lui trouve la structure d'une matiere organisee rappe- lant lout-4-fait la structure du tissu cellulaire ou d'une fausse membrane. L'experience reusslt Egalement par une agitation mecanique iraprimee au liquide prealableraent renferm^ dans un tube scelle k la lampe et vide de tout gaz. f&D'apres les observations deM. Gluge, qui appuyent i'cxamen de M. Melsens, la structure observee parM. Melsens differe de I'albumine globulaire de ['experience d'Arscherson etde I'al- bumine coagulee par la pile dans l'experience de Dutrochet.

M. Melsens discute dans son mdmoire I'etat que Ton doit sup- poser h I'albumine dans la dissolution du blanc d'oeu/, et rap- pelle k celte occasion plusieurs experiences connues relatives h la precipitation de malieres minerales de leurs dissolutions. Quoi qu'il en soit, I'albumine de i'oeuf paralt pouvoirse trans- former facilementen une substance d'apparence organisee.

Le dernier caractere qui vient d'etre mentioune pour I'albu- mine nesemble pas pouvoir se reproduire lursqu'on op^re sur Talbumiue du serum du sang.

SiiaiiCG du 26 juillet lb51.

Hydbaulique. M. de Caligny adresse une note ayant pour objet des experiences sur une de ses machines hydrauliques pour les details de laquelle il renvoie aux notes deja publiees'

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eo rappelant que le but special de cettc machine aspirante est d'obtenir un mouvement de va-et-vient au moyen d'une chute d'eau, qui met eu jeu un piston dans un corps de pompe.

II resulte de ces experiences que ce systeme , indeiiniment abandonne h Iui-m6me, fonctionne sou? des chutes motrices extr^mement variables , eu faisant toujours marcher uue meme pompe eievatoire , plus ou moins vite, il est vrai , selon que la chute motrice est plusou moins grande. Dans ces experiences, la chute a varic de trois metres et demi a un metre , la pompe eievatoire elevant I'eau a plus de dix metres au-dessus du ni- veau du bief superieur. Les variations dans les hauteurs des niveaux semblent pouvoir tire encore bien plus grandes , sans que I'appareil s'arrete , et c'est peut-6tre le seul moteur hydrau- lique qui soit dans ce cas. II se compose : 1" d'un tuyau fixe descendant du fond du bief superieur, et plongeant par son autre extremite au-dessous du niveau du bief inferieur ; 2" d'un corps de pompe fixe , alternativement reuni au tuyau fixe infe- rieur dont on vient de parler, au moyen d'une soupape annu- laire ou liiijau-soupape du genre de celles ditcs de Cornwall ; 3" d'un piston fonctionnaot dans ce corps de pompe , et atteie a la resistance ^vaincre, qui est ici une pompe eievatoire ordinaire.

> Quandla soupape etablit la communication entre le bief su- perieur et I'interieur du systeme, il s'cngendre de la vitesse dans le tuyau inlerieur ; quand elle interrompt cctle communi- cation en reunissant ce tuyau au corps de pompe , dc nianiere a ne former qu'un seul et meme tuyau , il resulte de cette vitesse acquise une cause desuccion qui fait agir le piston d'une ma- niere analogue a celle dont agit le pibton d'une machine a va- peur atmospherique. Mais si le piston est picin , il reste au-des- sous de lui unecolonned'air, dilateea I'epoque dontil s'agit, et qui estensuite comprimee lorsque la vitesse est eteinte dans la colonne liquide inferieure qui revientensuite sur ses pas , etant a sou tour aspiree en vcrtu de cette dilatation. Or, la vitesse ascensiounelle eiigendree a cette ^poque est une cause de com- pression , d'ou il resulte que le piston se releve sans contre- poids , a moins qu^il u'y en ait un nyant au contraire pour but

de I'empSchcr de se relever trop haut. La soupape de Cornwall s'ouvrc ensuite d'ellememe ; mais il est interessantde remar- quer que c'est seulement apres que le piston a ete releve a une hauteur convenabie. Ainsi la vitesseacquiseexerced'abordson action de la mani^re la plus directe , avant sa reaction laterale , qui n'apparalt iciqu'apres un temps appreciable. Cette derniere observation n'a encore ete faite que pour le cas ou une soupape de Cornwall en cuivre , d'une disposition particuliere , etait ^quilibree par uu contrepoids , aiternativement preponderant a cause de la pression interieure aiternativement preponderanle dont on vient de parler. Or il resulte des dernieres experit nces qu'une soupape de Cornwall plus legere, se levant d'elie-meme, pent marcher sans contrepoids au moyen des phenom^nes de succion developpes dans le niouvement dc la colonne liquide, et redescendre ensuite d'elle-meme , en vertu de son propre poids, quand la pression interieure est retablie par le retour de la co- lonne liquide. Les mouvements de cette soupape sont alors on sens contraire de ceux qui se prescntaient dans la construction ou elle avait un balancier k contrepoids.

» Cette derniere observation est importante, surtout pour les cas oil les machines seront d'un grand diaraetre. Elle permet d'augnnenter par piusieurs raisons , la section de I'orifice d'en- tree , qui deja a pu etre double de celle du tuyau descendant.

» Sans entrer aujourd'hui dans plus de details, il est utile de remarquer que pour faire ainsi reraonter ce tiiycm-soupape en sens contraire de celui que son propre poids tend a lui laire pren- dre et de celui du mouvement de haut en bas de la colonne li- quide, il n'estpasmeme necessaire que le sommetdu systeme soitintercepte au moyen dun piston. Ce genre de mouvement , donl le principe a ete explique dans les notes auxquelles on ren- voie pour abr^gcr, ne doit pas etre confondu avec celui en vertu duquel des poutrelles presentees sur un barrage s'enfoncent sur les premieres qui sont descendues. C'est precisement en sens contraire du mouvement sans poutrelles que le tuyau-soupape s'est mis en mouvement, meme lorsquenecherchant pas a faire marcher la machine , on tenait le niveau de I'eau dans le bief superieur au-dessous du corps de pompe , en un mot au-dessous du siege superieur du tuyau-soupape. Cependant Tecoulement

Extrait clc I'Jnsliixt , I'e section, 1851. 8

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se faisait alors au moycn d'une nappe circulaire qui s'inflechis- sait d'uue mauiere analogue a ce qui se presente dans les dever- soirs ordiiiaires , oil le pheuomeue dc I'enfoiicemcnt des pou- trelles a etc observe. Ce peu de mots sufflt pour inontrer coin- bien les pheuonienes des mouvements variables sont nouveaux et different de ceux du mouvement permanent. »

M. de Caligny adresse ensuite de nouveaux details sur son appareil pour les irrigations, qui fonctionne depuis plus de six mois a Versailles , oil il est utilemeut employe. Get appareil , sans piston ni soupape, dont letuyau deconduiteestenzinctres faible ( uumero treize ) , n'esl point endommage, ce qui prouve que le phenomene sur lequel repose son jeu n'a aucun rapport avec le coup de marteau du belier hydraulique.

J'ajoute , dit I'auteur, que dans le cas oil Ton voudrait se servir de cet appareil pour des hauteurs de versement superieur beaueoup plus grandes , eomme le tuyau vertical serait alors cn- tierement fixe, sauf uu tuijau-soupape aaalogae a celui dont on vient d'expliquer le jeu, ce tuyau-soupape pourrait aussi fouc- tionner sans contrepoids; niais le principe de son ascension se- rait different , ct rentrerait jusqu'a un certain point dans celui de la succion des ajutages , dapres ce qui s'est deja presente dans la construction de i'appareil fonctionnant a Versailles. Les surfaces mobiles doivent etre disposees de maniere que la pres- sion de la colonue liquide ascendante , a I'epoque oil le tuyau- soupape de cet appareil seia souleve, soit une cause qui teude a le tenir souleve , jusqu'a ce qu'il soit abandonue a son propre poids par suite du mouvement de retour de la colonue liquide oscillante.

Seance du 2 aoitt 185].

Physique. M. Foucault communique quelques details nouveaux sur I'experience de la verge vibrante mont^esur I'ar- bre d'un tour etdans la direction de son axe. II moutre que ge- neralement les fils d'acier que Ton trouve dans le commerce ne sont ni assez honoogenes, ni assezexactementtylindriques, pour former des verges vibranies capables de conserver fidelemeut leur plan de vibration. Une foisecartees de leur position d'equi- libre et abaudonnecs a elles-m^mes , ces verges , monlees sur un support flxc , founiisscnt line si ric dc vibrations dont la figure

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varie sans cesse de forme et de position autour de deux direc- tions particulieres rectangulaires entre elles. Mais lorsque le support ou I'arbre du tour est prealablement auime d'un mou- vement de rotation , les phenomenes deviennent tout autres. Quelle que soit la direction de I'impulsion premiere iraprim^e a la verge , quelle que soit I'espcce de vibration qui en resulte , cllipti-^ue , circulaire , dextrogyre ou levojjyre , cette vibration persiste dans sa lx)rrae et sa direction dans I'espace ou elle est pour ainsi dire fixee par le mouvement meme de rotation du support qui affran:'hit|la verge metallique de son defaut d'homo- geneite ou de cylindricite.

Organographie vegetale. Elamines des Cruc'ijeres. M. D. Clos communique la note suivante sur les deux modes de dedoublement observes chez les petites etamines des Cruc'i- jeres,

« La symetrie de la flfeur des Cruciftres a efe I'objet de nom- breuses discussions , et encore aujourd'hui les botanistes ne s'accordent pas a cet egard. Le debat est surtout relatif a I'an- drocee et au gynecee. Pour ce qui concerne les etamines , il s'agit de savoir : si les six qui entrent dans la constitution de la fleurn'en valent reellement que quatre par suite du dedou- blement des deux plus grnndes, opinion qui parait assez gene- ralement adoptee ; si les deux paires des grandes etamines alternent avec les petales, comme le veulent De Gandolle , MM. Lindlcy, Moquin et Webb, ou si, d'apres les observations de MM. Lestiboudois, Kunlh etGay, elles leur sont opposees; si elles appartiennent a deux verticilles ou a un seul.

» La science possede deja la conuaissance de norabreuses ano- malies florales concernant cette famille. Cependant les cas re- latifs au dedoublement normal des deux petites etamines sont assez rares , puisqu'on n'en cite qu'un seul observe par M. Se- ringe sur le Cheirantluts Cheiri , L. Cette raeme plante nous ayant presente un phenomfene analogue dans trois des fleurs d'un meme petit rameau, nous avons cru devoir en signaler les details.

» Une des fleurs avait quatre paires d'etamines , mais une des paires superieures avait seule les dimensions normales , les trois autres etant formeos d'etamines beaucoup plus courtes et a

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antheres plus petltes , quoique normalement plac6es ; toutes ces ^tannines dtaient entierement libres. Les deux autres fleurs avaient sept etaraines , les quatre grandes etant restees a I'etat normal , et Tune des deux petites s'etant seule dedoublee. Les deux filets provenaut de ce dedoublement se sont soudes dans les -^-de leur longueur. Les antheres etaient a deux loges. Les corps glanduleux du receptacle ont conserve leur disposition habituelle.

» Nous rapporterons encore ici un cas de chleranlhie du Ra- phaniis salivas remarquable par des modincations dans le nora- bre et la forme des dlverses parties de la fleur.

» Cette fleur offrait des dimensions de trois a quatre fois plus grandes que de coutume. Des quatre sepales, I'un etait beaucoup plus developpe que les autres. Deux des petales, les interieurs, semblaient mauifester unc sorte do tendance a prendre la forme lyree des feuilles, car i'un portait deux lobes, un a cliaque bord, et I'autre n'en portait qu'un scul. Six appendices occupaieut la place des six etamines normales, tous depourvus d'anthere. Des quatre interieurs, deux etaient sous forme de filets subules, les deux autres sous celle de fliets trilobes au sommet. Chaquepaire d€s grandes etamines a done subi dans ce cas une modification qui lui est propre, ce qui semble confirraer la theorie du de- doublement qui leur a ete appliqucie. Les deux petites etamines exterieures etaient reraplacees cbacune par deux appendices places I'un devant I'autre , et dont les exterieurs de chaque paire etaient en tout semblables aux filets trilobes qui rempia- cent , comme ii a ete dit , deux des grandes etamines ; des deux appendices interieurs I'un etait sous forme d'un corps cylin- drique renfl^ an sommet avee une cannelure longitudinale ; I'aulre ressemblait a une petite feuille pliee, et dont les bordsse seraient soudes dans leur plus grande longueur, excepte au sommet. Si de ces deux paires d'appendices gemines les deux exterieurs ne sont pas des dedoublements des sepales et sont situes, comme il nous I'a semble, en dedans du vertieille des petales, on devra les considerer comme les vraies etamines dont les deux corps interieurs seront fles dedoublements. Mais ici, au lieu d'avoir, comme dans le Cheirnnihus Clieiri , un dedouble- ment coLlaleral des petites Etamines , nous avoQS un exemple de

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dedoublement parallele. Deux autres tres petits appendices se trouvaient opposes aux deux autres sepales. L'ovaire ne s'eloi- gnait sensjblement de sa forme normale que par sa base qui se retrecissait eu un support aussi long que iui. En un mot il etait stipite a la maniere des Capparidees, ce qui confirrae les rap- ports deja depuis longtemps signales par MM. A. de Saint-Hi- laire et Moquia entre cette deiniere famille eties Cruciferes. »

Seance du 18 octobre 185i«

Physiologik. Chaleur an'imale. M. Aug. Dum^ril com- munique les resuitats de recherches experimentales qu'il a entreprises avec MM. les docteurs Demarquay et Lecointe sur les modifications imprimees k la temperature animale par I'in- troduction , dans I'economie , de differents agents therapeu- tiques.

A ce point de vue , les medicaments peuvent etre divis^s en trois categories : 1 ceux qui , h toute dose, augmentent la tem- perature ; ce sent , parmi les alttrants, I'iodure de potassium, et tous les excitants ( phosphore , cantharides , acetate d'am- moniaque, etc., etc. ) ; 2" ceux qui , h touie dose, la diminuent; ce sont, parmi les alterants, I'iode et le sublime corrosif, et tous les stupefiants(cyanurede potassium et tous les opiaces); 3o en- fin ceux qui I'augmentent a faible dose, puis la diminuent a dose plus elevee et vice vend. Dans toutes ces experiences, qui sont au nombre de 125, la depression de la temperature a ete plus frequemment observee que son elevation. Les substances dont Taction sur la cbaleur animale est la plus prompte sont particu- lierement celles qui exercent une influence marquee sur I'inner- vation.

Une des conclusions de ce travail porte sur des resuitats fournis par de nombreuses autopsies cadaveriques ou un etat d'hyperemie des ganglions nerveux du grand-sympathique a et6 constate 23 fois sur 33,chez des Cliiens morts a la suite d'ex- periences ou le refroidissement avait ete I'un des symptomes les plus remarquables. Cette conclusion tend a faire jouer un r6le important au systeme nerveux gangiionnaire dans la produc- tion de la temperature animale.

Hydraulique. Appareils divers. M. de,CaligDy adresse

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la note suivante, ayant pour objet ses experiences snr sa nou- velle pompe sans piston ni soupape, et le principe d'un perfec- tionnement d'un de ses premiers appareils. On renvoic pour abreger aux notes deja inscrees dans CInsiiiut.

L'air etait un peu divise par la colonne liquide asccnsion- nelle, quaiid I'eau versait a deux nifetres au-dcssus du niveau de celle qu'il s'agissait d'epuiser; il en resultait une irregula- rite, cause quelconque de perte de force vivc. Get inconvenient, qui ne parait pas d'ailleurs avoir beaucoup d'importance, a ete attenue au moyen d'une diminution de I'angle de convergence du luyau conique , sonde au bas d'un tuyau cylindrique, qui forme avec lui tout I'appareil fonctionnant au milieu d'un re- servoir annulaire fixe , au moyen d'un balancier mu par la force d'un homme. Mais il a faliu augmenter de raoitie en sus environ la longueur de ce tuyau conique , pour retrouver a sa partie inferieure une section analogue a celle de la premiere serie d'ex- periences. Get allongement n'avait pas d'inconvenient , I'appa- reil etant destine a etre utilise dansun puits d'un des etablisse- ments communaux de la ville de Versailles, ou I'eau est assez profonde au-dessous de sod niveau. On avait essaye le meme allongement en conservant le premier angle de convergence , mais I'effet n'avait pas ete avantageux.

>' II y a beaucoup de circonstances oil , corame I'a remarque de Prony dans un de ses rapports , on manque de moyens commodes pour elever de I'eau a de tr6s pelites hauteurs, quand il s'agit de faire des 6puisements. Une pompe de I'espece dont il s'agit doit avoir alors un diametre beaucoup plus grand, pour occuper la force d'un homme. On vient d'en construire une dont le tuyau cylindrique d'ascension a 54 centimetres de dia- metre et 60 centimetres de haut,Ie tuyau conique iuferieur ayant 135 centimetres de c6te et 1 metre environ de diametre a sa partie inferieure. Pour ces dimensions , quand il s'agit d'elever de I'eau a de tres petites hauteurs , dont on donnera prochaine- ment les liraitcs , I'appareil doit marcher a peu pres la moitie plus vite que celui qui el^ve i'eau a 2 metres. On varie eu ce moment les experiences , d'ou il parait r^sulter qu'avec le meme appareil on peut elever I'eau a des hauteurs tres diverses , au moyen de I'addition d'uo cylindre interieur attache au centre

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du tuyaa , et dont le but est surtout de diminner a chaque p^- riode I'cspace qui avantle versement superieur doit etre rempli d'eau au-dessus du niveau de celle qu'il s'agit d'epuiser, sans que cette piece centrale dimiiiue le pourtoardu sommet par le- quel Ic verseraeDt doit s'effectuer. Get appareil a I'avantage special de pouvoir etre confectionne en quelques heures quaud les constructeurs manquent de porapes d'epuisement ou de vis d'Archimede, pour les epuisements temporaires , dans ics li- mites ou il pent etre employe.

» J'ai communique il y a longtemps a la Societe un appa- reil dont j'ai execute uu modele fonctionnant en 1834. En elu- diant ce modele que j'ai conserve, et qui pent servir k faire des epuisements, en permettant alteruativement h I'eau qu'on veut epuiser d'entrer au moyen d'un clapet dans le systeme, a I'e- poque ou le niveau d'une colonne oscillante descend a une pro- fondeur convenable, je me suisapercu que plusieurs de mes ap- pareils pouvaient etre modifies d'une raaniere interessante.

» On pent, en effet, laisser echapper en partie I'eau motrice dans uiie capacite disposee au-dessous du niveau du bief infe- rieur. A I'epoque ou la communication est interrompue entre ceite capacite et le bief d'amont, cette eau peut etre reprise en vertu de la succion provenant du mouvement acquis d'une co- lonne liquide, contenue dans un tuyau inKrieur dirigeversle bief d'aval , et dans lequel ce mouvement a ete engeudre , si Ton veut, a partir du moment ou la communication a ^le interrom- pue entre le bief d'amont et la capacite dont il s'agit. Cette ma- Diere de conduire en definitive toute I'eau motrice au bief d'aval permet de siniplifier, dans certaines limites, le jeu des premiers appareils que j'ai executes , et qui seront applicables dans des circonstances varices.

» Les experitnces au moyen desquelles je fais fermer , en vertu de pbenomenes de succion nouveaux , des soupapes de diverses especes en sens contraire du mouvement d'un courant, peuvent etre avantageusement appliquees a mes premiers sys- temes en les simplifiant d'une maniere utile. On concoit que ces pbenomenes ne s'appliquent pas seulement aux soupapes de Cornwall ou aux soupapes analogues aux vannes cylindriques. J'eu etudie en ce moment les applications varices. II y a lieu

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d'esperer qu'ils pounont servir k fermcr, au besoio, des vannes, ou a les ouvrir de divcrses raanieres, en vertu du mouvement de I'eau dans les crues des rivieres , de maniere a constituer un nouveau systeme de barrages mobiles.

» Je reviendrai prochainement sur ce sujet , et sur mes appa- reils du genre de I'apparei! a eleven de I'eau , pour faire des ir- rigations , sans piston ni sovpape , que j'ai construit ci Versailles sur une chute d'eau ou il fonetionne toujours avec succes, au moyen du travail nioteur de cette chute variable. »

Seance du 25 octobre 1851.

Eepetologie. Serpents non venimeux. M.Aug. Dumeril, rappeliint une communication qu'il a faite a la Soeiete etqui est consignee dans les proces-verbaux, relativeraent a la classifica- tion des Serpents non venimeux, la complete aujourd'hui, en faisant connaitre deux nouvelles coupes etablies dans le uom- breuz sous - ordre des Ophidiens Azemiophides ou Aglypho- dontes.

De radrae que pour la grande famille des Hyst^rodontes ou plut6t des Harpagopistes, dont le nom indique qu'il y a de grandes dents ^ I'extreraite post^rieure des os maxillaires sup^- rieurs, c'est la disposition du systeme dentaire qui a encore servi dans cette circonstance.

BibroH avail propose de reunir entre eux des Serpents qui , coutrairement a ce qu'on observe dans le plus grand nombre, manquent de dents aux os plerygoidiens et palatins.

En reprenant les travaux que sa mort a si malheureusemeut interrorapus, M. Dumeril pere et M. Aug. Dumeril ont reconnu rimporlancedececaracterenegatif. lis ont done rapproche, pour les decrire, comme Bibron I'avait fait dans la collection du Mu- seum, les Ophidiens ainsi prives de dents a la voute du palais et ils en ont constitue une famille a laquelle ils ont donne le nom d'Aglyphodontes Uperolisses , c'est-^-dire k palais uni, lisse, plane, puisqu'il ne porte aucune dent.

II s'est trouve que ces Serpents, qui sent voisins des Rou- leaux [Tortr'ix) dont ils different cependant beaucoup par le caract^re tire de la dentition, ont entre eux de grandes ana-

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logics de formos, et, en pnrticulier, par la terminaison de la queue.

Dans I'lin des genres noramd Uropeltis par Cuvier, elle est bizarrement tronquee et terminee par une seule grande plaque epineuse, et dans !e genre etabli par Hemprich sous le nom de •Rhinophis, elle est un peu conique et embolfee dans une seule plaque cornee. Ces deux groupes ferment pour M. J. Miiller la lamiile des Uropeltea ou le systeme dentaire n'est pas pris en consideration comrae raoyen de classement. C'est, au contraire, en y altachant toute I'inoportance qu'il merite, comme propre a fournir d'exceilents caracteres distinctifs, que Ton doit decrire, a la suite des precedents , ainsi que Bibrou I'avait projete, et lait en grande parlie dans ses manuscrits, deux autres genres, les Colobures dont la queue est plate a son extremite et termi- nee par plusieurs ecailles cornees epineuses, puis les Plectrures oil elle n'est pas tronquee, raais ou elle est enveloppee dans une seule plaque epineuse.

Ces quatre genres comprennent six espeees en tout.

Une autre famille, celle des Loxodoniens ou Serpents k dents obliques, est coraposeede trois espeees reunies en deux genres, les Loxodon dont le type est la Couleuvre Helene de Daudin, et le genre Calopeltis qui a pour type la Couleuvre a quatre lignes de Pallas.

Leur caraetere auatomique comniun, et qui est singulier par sa rarete parmi les Serpents, se tire de la disposition des dents pterygouliennes. Ce.s dents sont implantees obliquement sur les OS pterygoides, et leurspointes, au lieu detre tournees en bas, sont dirigees en dedans.

AcousTiQUE. M. Cagniard-Latour presente deux petits .•iipareils destines a servir pour I'etudedu son d'axe, comme le iiioulinet-sirene dont il a rappele les effets dans son memoire (I'e fevrier dernier, et auquel il renvoiepour abreger. (Voir L'lns- lilut , 1851, p. 51.)

Ces appareils sont des modifications de la sirene que I'auteur a uomnjee sire)w pr'isonniere, et qui consistait principalement en une petite roue a aubes, conlenue dans un tuyau prismatique

Extrait de VInsHlul, section, 1851. 9

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dont le porte-vent titait dispose de telle sorte que I'air insuffle dans ce tuyau ne put frapper la roue que d'un c6te de son axe. (Voir thtslitut^ 1837, p. 313.)

Les roues des nouveaux appareils ont chaeune 7 millimetres de diametre et 47 de lougueur a peu pres , mais I'une porte 4 aubes et I'autre 2 seulemeut ; de sorte que la 1'% a chaque tour qu'elle fait, produit 4 occlusions el 4 ouvertures de tuyau, c'est-a-dire 4 vibrations aeriennes completes , et la seconds 2. II s'ensuit que si I'on insui'fle ces sirenes de facon que la 1"^' rende un son repondant par exemple <x 800 de ces vibrations par se- coude ot I'autre a 400, ses roues executant alors 200 tours dans le menie temps devront produire chaeune un son d'axe de200 \ibrations; M. C.-L. prouve par I'cxperience que c'est en effet a un pared resultat que Ton arrive , ce qui est , suivant lui , une nou velle preuve que, dans le son d'axe, chaque vibration sonore repond a chaque revolution du corps tournant comme il I'avait annonce il y a longtemps. ("Voir le Lijcie^ 1831, p, 34.)

Chimib. Soufre. M. Brame presente un travail sur le sou- fre compacie l7'ansparenl (soulVe amorphe vitreux). 11 montre par une serie d'experiences que le soufre compact transparent de la nature, qui a la densite 2,07 des cristaux nnturels , est coustitue par un assemblage d'octaedres a base rhombe,qu'ou pent rcndre visibks , au moyen de dissolvants, employes en quautite suflisante seulement pour dissoudre une partie du sou- fre compact transparent, qui est a la surface. On isole ainsi des octaedres saus modification , ou bien plus ou moins modifies, soit par I'action du dissolvant, soit qu'ils le fussent primitive- ment. M. B. montre aussi du soufre compacte transparent arti- lii'iel , obteiiu au moyen d'une solution de cristaux de soufre dans le sulfure de carbone, laquelle a ete entermee pendant un an dans un tube scelle a la lampe, qu'on reuversait dc temps en temps.

M. B. differencie ensuite I'etat du soufre compact transparent de celui de I'acide arseuieux vitreux ; il admet que , oontraire- ment au premier, celui-ei est a I'ctat vitreux en se fondant sur des actions chimiques. Un des oaracteres du soufre cristallise (octaedres), c'est d'etre insensible a ractiou de certains reactifs (vapeur de merciire, d'iode, etc.). Le soufre compact transpa-

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rent est ^galement insensible a Taction de ccs reactifs. L'acide arsenieiix cristallise en octaedres reguliers est insensible a Tac- tion de la vapour d'iode ; Tacide vitreux en absorbe au contraire, s'unit a Tiode et forme un compose de couleur marron. L'acide, en partie devitrifle ct presentant des bandes vitreuses, absorbe de Tidde par ces bandes ; Tiode y penetre et va former, sou- vent a plusieurs centimetres , des configurations varices. Au contraire , Tacide entierement porcelainique ou devitrifie n*ab- sorl e pas trace d'iode. M. B, en conclut que ie caractere chimi- que qu'ii a trouve pour Tacide arseuieux , dont il montre des ^chantilions attaques par Tiode dans la parlie vitreuse seulement, estun caractpre de plus pour demontrer, comrae il a cherche a le faire anterieurement , que Tacide arsenieux vitreux est dans un elat particulier, et que Tacide devitrifie ou porcelainique est cristallise.

En resume , l'acide arsenieux vitreux et Tacide arsenieux cris- tallise sont a deux etats physiques differents. Au contraire , le soufre dit vitreux amurphe et le soufre cristallise naturel sont dans le m^me etat. Le nom qui serable le mieux convenir au premier est celui de soufre compacte transparent.

Seance du 3 novembre 1851.

Chimie. Vnpeur de meraire. M. Brame, qui a deja pre- sente a la Sociele un travail sur ce sujet , dans !a seance du l" decerabre 1849, y njoute les faits suivants :

La vapeur de mercure a pu s'elever a un metre do haut h une temperature de 5'';elle aete recueiilie par les utricules.

2" Du mercure globuleux etant depose le long d'un tube de verre, chaque globule s'est entoure d'une nureole d'iodore de mercure. Un globule de plusieurs milliraetres de dinmetre, de- pose au milieu du tube , a arrete si bien la vapeur d'iode , que ceile-cin'a pu franchirle milieu du tube ;au milieu des globules, il s'est forme un annoau de plusieurs raiilimetres de hauteur, constitue par du bi-iodure de mercure.

Le brome donne des resultats analogues a ceux que pre- sente Tiode. A la temperature ordinaire, il a forme un anneau de bromure de mercure, distant du niveau du mercure deO'",010, et ayant uuc hauteur de O^^OSi .

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Un resultat analogue a ete obtenu avec le chlore ; mais on a ete oblige d'elever la temperature a 75° pour obtenir un an- neau , place k distance du niveau de mercure. A 75" I'anneau etait forme a 0™,066 du niveau. L'auneau principal avail uue hauteur de C"",025.

L'essence de teiebentbine humide a donne a la tempera- ture ordinaire un anneau d'hydrate, qui a absorbe du mercure. Get anneau , qui est a O^njOIS du mercure, a une hauteur totaie de 0°',033 ; il est tres tenu.

M. Brame terniine en disant que les faits qu'il expose ap- puient les conclusions qu'il a tiites dcs experiences aiiterieures. De plus , Taction de I'hydrate d'essence de terebentbine moutre que la repulsion de I'anneau , a une distance plus ou moins grande du mercure , est indepenclante de Taction cbiraique. Le mercure n'a pas d'atmosphere limitee; sa vapeur, a la tempe- rature ordinaire , obeit h la loi du melange ties gaz , lorsqu'elle n'est pas refoulee par une vapeur pesante ( iodure , bromure, cblorure de mercure, essence de terebentbine). Dans le cas con- traire , elle parait accuser une certaine tension , qui , pour une raerae temperature, parait meme raesurable par la bauteur des anneau X.

Physique du globe. Temperature des sources dam les Alpes. M. Adolpbe Scblagintweit preseute uue note sur la tempera- ture des sources situees a difierentes hauteurs dans les Alpes.

Quand on veut faire usage des observations de la terapr a- ture des sources pour determiner la temperature de la lerre dans les couches oil les variations des saisous ne se font plus sentir, il est necessaire de ne choisirque les sources d'une lemperature constante ; il faut de plus eviter les erreurs qui pourraient etre occasionnees par le rechauffement des eaux a leur sortie dusol sous Tinfluence des rayons sclaires. II faut encore tenir comptc de la nature et de la configuration du terrain et enfin du mode d'origine des sources, pour obtenir des resultats bien compa- rables.

La formation des sources depend non-seuleraent de la stra- tification du terrain , mais encore de la structure et de la con- figuration des vallees et des monta{}nes. Les accidents du sol , la succession d'abruptes parois et de pentes plus douccs iaflueut

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bcaucoup sur la distribution des fissures qui rassemblent ies eaux et Ies conduisent sous forme de sources a la surface de la terre. Les nombreuses fractures et la porosite des roches dans Ies chaines calcaires , jurassiques et cretacees , produisent sou- vent une difference assez remarquable dans Ies sources com- parativement a celles des cbaines eristallines. Elles y sont raoins nombreuses, plus volumineuses, et en raeme temps on y trouve plus d'exemples de sources qui, se precipitant dans les fissures do plus graiides bauteurs , offrent des temperatures irregulieres et trop I'roides.

Une elevation de 300 a 320 metres produit en raoyenne une diminution de C. dans la temperature de la terre ; mais ce decroissement n'est pas toujours uniforme ; i! est moins rapidc dans les vallecs que sur des pentes el des cimes de la meme hau- teur, et encore il est en general plus accelere dans Ies regions elevees que dans ks p:iriies inferieures d'un raeme massif.

Les limites des Con'iferes coincident dans Uifferenies chaines des Alpesen moijenne avec tisotlierme du solde S^jS C.

La source la plus froide qui ait ete observee jusqu'ici dans les Alpcs a une temperature de 0%8 C; elle est situee k une bau- teur de 2878 metres en Carintbie.

Le resultat qui semble presenter le plus d'interet , c'est la liaison intime qui s'est moutree,dans toutes lesobservations.entre la temperature des sources et I'clevation nioyenne des differentes ehafue«. Des lignes isotbermes , unissant a travers les Alpes les sources de temperature egale , qui ont ete tracees de 10" au pied des Alpes jusqu'a i", ont montre d'une maniere evidente que la temperature du sol n'etait nullement la raeme pour les memes hauteurs.

Les lignes isotliermes , au lieu d'etre liorixonlales , forment au conlrairedescourbes dont les points culminants se trouvenl dans les chaines les plus clevces du centre , tandis qu'ellessaOaissent dans les chatties moins elevees et sur les flancs des Alpes.

Les memes differences, quoique moins fortes, se montrent si on considere les lignes isotbermes pour la temperature moyenne de I'air ; et les limites des priucipc-uix groupes de ve- getaux , dependant essentiellement des conditions climatolo-

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giqiies, suiventpnciu-o tres biei) ces grandes iuflexious des ligncs isothermes.

C'est tres analogue a la graade difference de climat qu'on observe entre les bords 4'un plateau escarpii et les parties cen- trales a la meme hauteur, difference qui d'abord avail ete obr servee par M. de Humboldt dans le grand plateau de Quito,

Ces faits se lient tres bien aux considerations generales de la dispersion de la cbaleur dans une masse de rocbes solides d'e- paisseur variable , telles que les presentent les Alpcs. Dans les cbaiues compactcs et bien elevees du centre , la cbaleur de I'ia- terieur de la terre est bien mieux conduite , et en meme temps la radiation et la circulation de 1 air qui pourraient diminuer la temperature sont bien nioins grandes que sur Its flancs ou dans des chalnes plus basses ; dans ces derni^res , on ne trouve pas a hauteur egale ce grand soulevement en masses, mais des cretes et des cimes plus isolees qui sont exposees a toutes les causes de refroidissemcnt.

Seance du 15 fiovembre 1851.

Chimik. Solubilite des varleics de soitfre dites insoliibles dans le sulfure de carbone. M. Charles Brame rappelle que, dans une seance anterieure,a propos de sa communication sur les den- sites du soufre ayant eu occasion de parler incidemmeut des soufres dits iusolubles dans le sulfure de carbone, il a annonceque plusieurs de ces varietcs de soufre etaicnt solubles dans ce liquide au moyen de la pression.

« Depuis lors, ajoute-t-il, j'ai examine la question de plus pres, et j'ai vu que, duns des tubes scelles h la lampe,on dissout corapletemenl et, dans la plupart des cas, tres faeilement les varieies de soufre, dites insolubles. Mais pour ccia i! est bien de favoriser Taction de la pression par celles de i'ebuliitiou ct dt; I'agitation corabinees.

» Les varieies de soufre, dissoules jusqu'a present, sont les suivantes : soufre dure; detroisan.s, soufre mou, recent; aiguiiles de fusion de deux ans; aiguilles de fusion recenles, provenant, soit du soufre, en canon, soit du soufre compacte transparent naturel ; fleur de soufre lavee a I'eau, et fleur dc soufre lavee » I'eau et a Tether ; soufre precipite par I'eau du chlorure dc

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soufre; soufre precipite par raclion reeiproqiie de I'acide sulfu- reux et de I'aeide sulfhydiique; enfiii, soufre blanc compacte, provenant de Taction de I'ether sur le soufre mou.

» Toutes ces varietes dc soufre se sont dissoutes dans lesulfure dc carbone, en general elles n'ont pas laisse la moindre trace de rcsidu. Quelqucs-unes en ont laisse una trace imponderable de couleur briiue j c'etait uue matiere elraug^re.

» On examiuera avec soin les cristaux, produits par les di- verses solutions, et Ton poursuivra ces recherches sur toutes les varietes de soufre connucs. Pendant la dissolution, il se presente nombre de particularifes, qui seront signalees par la suite; ce- pendant je crois devoir annoncer immtdiatement que ie soufre mcmbraneux est le plus dilficilement soluble dans le sulfure de carboup, et que c'est radhereuce des particules de cette variete de soufre, soit entre elles, soit au verre, qui avait fait croire a I'insolubilite , dans le sulfure de carbone, des soufres qui en coiUiennent, ou qui peuvcot en former au sein de ce liquide. »

Seance du 22 novembre 1851.

Chimie. Pliospliore uuicidaire Sous ce litre M. Cb. Brarae communique la note suivante :

« De raerae que celle du soufre , la vapeur du phosphore forme faciloment des depots utriculaires. Pour obtenir ces depots , avant de volatiliser le pbosphore , on le fait foudre dans un tube scelle a la lampe, ou on I'abaodjnne pendant longteraps. Lors- qu'on veut obtenir des depots utriculaires , on cbauffe ensuite le phosphore, et on ie porte a des temperatures varices dans des tubes differents ; suivant la temperature , on obtieut des vesi- cules,des utricules ou des spheroides , d'apparence vitreuse. Comme celles du soufre, les vesicules se transforment partielle- ment en cristaux, et forraent egalement des cijctides ; ce qui arrive, soit par Taction du temps, soit par celle de la chaleur, soit par celle des dissolvauts en quantite minirae , etc. Les vesi- cules de phosphore peuvenl aussi donner lieu a la formation de dendrites. Les utricules passent a Tepicristallie ou a la pericris- tallie , surtout lorsque le phosphore, avant d'etre enferme dans les tubes , a ele prealablemeiit humecte d'une trace d'essence de terebeii thine , de naphte , etc.

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Lephosphore parait al'i'ecter des formes qui varicnt suivant les circonstances, et qui appartienncnt ii plusieurs systemcs cris- talliiis (cube , prismc droit ou rliomboidal droit, rliomboedre). Mais ccia demande dc nouvclles verifications. S"il en est reelle- ment ainsi , cela devra etre attribue sans doute aux pi'oprietes physiques du phosphore utriculaire etsurtout a la raoilesse des eristaux du phosphore de formation recente. A la temperature de-f-50' (etuve), les globules transparents de phosphore ont cristaiiise par I'action de la chaieur.

» L'esseace de terebenthine preserve assez bien le phosphore dc I'actiou de la lumiere; les ntricules produitcs par le phos- phore, impregne de cette essence, ne rougissent pas a la lu- miere diffuse ; elles jaunissent seuleraeut uq peu. L'huile de naphte ue preserve pas le phosphore utriculaire comme I'essencc de terebenthine.

» On obtient facilement des eristaux tres nets de phosphore, possedant la couleur rouge ; cette couleur n'appartieut done pas exclusivemcnt a une variete de pliosphore amorphe. Euferiiie pendant deux annees dans un tube scelle a la Iampe,du phos- phore utriculaire , obtenu dans robscurite , est demeure parfai- tement incolore; mais il a forme des eristaux isoles ou groupes en dendrites. Au contraire , il suffit de queiques minutes d'expo- sition a la lumiere diffuse un peu vive, pour colorer en rouj;e les ufricuies ou les eristaux de phosphore , obtenus au moyen dc la vapeur de phosphore pur, volatilise dans le vide, dans I'azote , etc. D'oiileurs le phosphore utriculaire presente beau- coup d'autrcs particulariles , qui seront exposees par la suite. »

CniMiE. Soufre num. M. Ch'. Brame montre k la Societe des planches executees a la chambre claire, ou d'apres nature, et (jui ont pour but de montrer que le soufre mou est de nature utriculaire.

La premiere planche represente une couche continue de sou- fre, a lacuncs ciroulaires ou arrondies, resultant de la soudure successive d'utriculcs spheroidales, reunies d'abord en agregals tres contournes et comme lacinies. Cette sorte de soufre mou a etc produile au moyen de la vapeur de soufre cuflamme.

La deuxieme planche represente des utriculesde soufre, dc- posees a la surface de I'eau par la vapeur rouge; ces utricules

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forment alors une sorte de lissu globulaire avee laeunes, qu'il est facile de ramasser avec une lame de verre (fig. 1). La deuxieme iigure montre des prisraes hexagones reguliers ou ir- reguliers , qui ont ete produits sur les lames de verre par la cristallisation des utncules precedentes, qui forment ainsi des dendrites etendues. M. Brame donne auproduitprimitif lenom d'etoiles de Chaptal, parce que Ciiaptal I'avait observe dans sa fabrique de Montpellier; et , n'en connaissant pas la nature, il I'avait compare a des toiles d'araignee. Ces utricules deposees sur I'eau peuvcnt contenir une petite quantite de ce liquide. M. Brame dit que ce produit est comparable a la cuticule du soufre trempe.

La troisieme planche raontrc des figures de soufre raou, sou- mis a des actions mecanique,-, e'c. Par retirement, on peut faire naitre des globules vesicuiaiies le long des cordons de soufre trempe, sec, et porte a la temperature de 70". Acettem^me temperature , des globules se forment dans la masse meme du soufre raou. Ces globules sout blancs ou jaunes et sont disposes en strates. Par la metamorphose spontanee du soufre trempe dans I'air, on y voit apparaitre des cristaux prismatiques ou oc- taedriqucs. Par ractioii de I'acide sulfureux sur I'acide sulfhy- drique, ces deux gaz etant bumides, ou forme des vesicules et des utricules, qui, par leur reunion, constituent des plaques mo lies (soufre mou). C'est comme, par la reunion des vesicules et utricules ordinaires, par i'aclion du chloresec, on fait naitre, dans le soufre mou, des cavites arrondies, des vesicules separecs ou reunies, et forraant alors des utricules epicristullines; on forme aussi des octaedres , etc.

La quatrieme planclie montre des vesicules apparues clans le soufre mou, trempe, par eerasement, a la temperature ordi- naire. Elle montre aussi que le soufre durci ancien commence par n'etre plus attaquable par I'iode qu'a I'interieur ; et que s'il a acquis la densite maxima, 2,06 a 2,07, il n'est plus attaquable du tout.

De I'ensemble detous ces faits, M. Brame conclut que le sou- fre mou est ccnstitue par la reunion d'uu grand nombre de vesi- cules 01! d'utricules, etil lui donne le nom de soufre utriculajre agrege.

Extrait de I'lnsHlut, i^' scrtion, ISM. jq

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Seance du 29 novembre 1851<

CuiMiE. Soufre. M. Ch. Biame lit une note sur les den- ■silcs du soufre etdiverses proprietes correlatives de ce corps.

M. Brame montre qu'en passant de la densite minimum a la densite maximum, c'esla-dire de 1,87 (soufre mou), 1,95-1,99 (aiguilles recentes),a 2,06-2,07 (aiguilles ancienues, soufre durei ancien, cristaux naturals), le soufre change de proprietes phy- siques ou chimiques. Les propriet s physiques qui varient sont la transparence, la tenacite, la divisibilite, la volatilite, la cha- leur speciflque, la solubilite, etc. Toutes ces proprietes decrois- sent ou sont abolies, au bout d'un temps plus ou moins long. De plus Taction des agents mecaniques, celle de lachaleur et de la lumiere diraiuuent progressivement, au fur et a mesureque la densite augraente; et, a la derniere periode, Taction est nulle ou presque nulle. II en est de meme de certaines actions chimiques (vapeur de meicure, d'iode, etc.). iVI. Brame montre qu'il est facile de constater la volatilite du soufre a la temperature ordi- naire an raoyen de lames d' argent ou de pieces de monnaie, et de contrOIer le resultat avec un papier d'acetatede plomb, qui ne doit pas etre affecle. Des 40-50", et meme quelquefois a la temperature ordinaire, le soufre, qui u'a pas acquis toute sa den- site, doiine une vapeur, condensable en vesicules, qui peuvent former des octaedres a base rhombc, etc.

M. Brameconclut de ses recherchesquel'etat utriculaire per- sistant sous diverses formes du soufre, c'est a cette particularite qu'on doit attribuer les changements successifs de ce corps, a Tetat mou ou sous la forme d'aiguilles de fusion. II montre I'ana- logiede la nature intime des deux etats. II admet que le prisme oblique du soufre est un accident^ etnon pas an etat particuiier, derivantde Tutricule, et conduisant necessairement a I'octaedre a base rhombe ; en d'autres termes, Tutricule n'est pas le pre- mier des etats allotropiques du soufre, lequel tendrait a passer au prisme, et ce dernier k Tetat defmitif de I'octaedre. L'utricule definie par son nom sous diverses influences, tend a passer a I'octaedre abase rhombc, ou bienau prisme droit ourhomboidal droit; plus generalement, elle tend a la solidification.

En terminant, M. Brame expose une serio dccaracteres, qui,

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suivant lui, peuventservir pour reconnattre la puiele du soufrc et raettre a merae, h I'averur, de comparer les experiences dont ce corps est I'objet.

Le raeme chimiste fait una deuxieme communication sur I'emploi des gaz etdes vapeurs dans I'anaiye (lualitative (essais par la vole aeriforme). I! rappelieque, des 1846, iia presente a laSociete divers resultatsobtenus par les proeedes qu'indique ie litre de sa communication. Les substances attaquees par les gaz ou les vapeurs forment des composes qui, dansun certain nom- brede cas, resistent bien h I'action de Pair. Plusieurschimistes avaient employ*^ quelques gaz ou vapeurs; mais M. Bramea chercbe a rendre ieur usage d'un emploi freciue:.t, a le generali- ser pour ainsi dire. II signale la facilite do i'emploi de ces reac- tifs, qu'on peut faire agir successivement, sans exclure Taction de reactifs sousd'autres formes.

1" cxemple : Arsenic en couche mince. Reactifs : («) chlorurc. ou vapcur d'acide nitro-nitrique, puisazotate d'nrgent ; arseniate rouge brique; [b] ou bien premiere reaction comme precedem- nient; puis acide suifhydrique; puis de nouveau clilorc, qui fiiit disparaltre le sulfure d'arsenic ; puis azotate d'argent qui donne encore la coloration rouge brique, etc.

•2' exemple : Anlimo'ine. cnconehe mincc. Chlore, puis acide suifhydrique; coloration rouge-carottc de suifuro d'antimoine hydrate, puis chlore qui fait disparaitre la coloration ; puis ni- trate d'argent (rien de sensible, ou precipite binncdc chlorure).

Z' cxemple : Trace de mere arc (;>ile dc Smithson, etc.). Un peu d'iode au fond d'un tubt', ie nicrcure etant volatilise sur la parol ; iodure de mercure, rouge, soluble dans I'iodure de potas- sium, etc.

4' exemple : Ihi fjuarl dc milli()ramme ou moios encore dc soufre; fusion, division par le doigt; puis action de la vapcur d'iode, du chlorure d'iode, du mercure, du chlore, etc.

exemple : Une trace dc selenium. Eau regale, puis acide .sulfiireux ; coloration rouge, etc.

II est facile de multiplier les exemples; mais 11 fallait rendre commode, maniable, si I'oa veut,rempIoi des gaz et desvapeur.^ M. Brame y est parvenu en employaut des flacons remplis d'amiante , qu'on imbibe du liquide volatii , ou bien dont on

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recouvre la substance solide, donnant de la vapour. Les flacons sont bouehes a I'emeri ; le bord du flacon est egalement use a I'emeri; les flacons portent una eoiffe de caoutchouc.

De cette maniere les reactifs peuvent etre facilement trans- portespar les mineralogistes et les geologues ; ils peuvent, au besoin, etre employes en cour d'assises ; eufiu quelques-uns sont utilisables en agriculture.

Le reactif le plus souvent erapioyd pour dec^ler rammonia- que h. I'etat de gaz est, corame Ton sait, une baguette de verre, trempe dans I'acide chlorhydrique; mais on ne transporte pas facilement les acides liquides. En imbibant i'amiante d'acide chlorhydrique tres peu fumant, et maintenant cet amiante dans le flacon a I'emeri, eoiffe de caoutchouc, on obtient un reactif tres maniable, qu'on pent porter dans la poche, loutes les fois qu'on veut constater le degagement de rammoniaque (cabinets d'aisance , preparation des poudrettes, confection du fumier de ferme, etc.).

Seance du 13 decembre 1851.

Erpetologie. M. Aug. Dumeril, en faisant hommage a laSociete de la deuxieme livraison du Cataloejue mclhodique dela collection des Reptiles du Museum d'hisloire naturelle de Paris, qu'il publie sous la direction de son pere presente quelques considerations relatives a cetta nouvelle partie de I'ouvrage.

Ce catalogue est une sorte de complement a V Erpetologie ge- neralc, publiae par M. Dumeril, avec la collaboration de Bibron, ear on y enregistre non-seulement les especes deja mentionnces dans ce livre, mais, deplus, quaiid le Museum les possede, tou- tes celles qui, dansces dernieres annees, ont ctcd(?erites soil en France, soit a I'etranger. En outre, tons les Reptiles nouvelle- ment recueillis, et dont la connaissance parait avoir cchappe aux erpetologistes fraucais ou etrangers, viennent y prendre rang,y sont norames et leur description abregee enonce leurs caracteres principaux.

Le catalogue dont il s'agit fait done connaitre I'etat actuel de la science, et, par les descriptions originales qu'il contienf, il peut etre considere comme un livre nouveau.

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La prec^dente livraison coniprenait les Tortues, les Crocodi- liens, les Cameleons, les Varans, les Geckotiens, les Iguauiens et la plus grande partie de la lamille des Lacertiens.

La deuxi^me est consacree a la fio de cette derni^re et a celles des Chalcidiens et des Scincoidiens, puis, parmi les Ophidiens, au sous-ordre des Apoterodontes ou Scolecophides et a la pre- miere partie dudeuxieme sous-ordre, ou sent ranges les Serpents non venimeux, nommes Agiyphodoutes ou Azeniophides.

L'enumeration de ce qui constitue la partie vraiment neuve de ce travail donneles resultats suivants.

Parmi les Chalcidiens ptychopleures, uu genre ( Lepido- phyme ) qui ne comprendqu'une espece, ( L. flavi-maculatum ) et un Gerrhosaure de grande taille (G. major). Parmi les Chal- cidiens glyptodermes, deux Lepidosternes { L. pobjslecjium et L. ocloslegium).

Parnoi les Scincoidiens, un Euprepes {E. concolor ), deuxLy- gosomes { L. tineo-ocellatuniel L. transversale)., un Heterope { //. bifasciatus ) etun genre ( Anomalope) renfermant une es- pece ( u4. Verreauxii ).

Parmi les Serpents, dans \e groupe des Typhlopiens, deux Ophthalraidions ( 0. crassum et 0. fuscum ).

Ainsi, en resume, cette deuxieme livraison fait connaitre, parmi les Reptiles non inscrits jusqu'a ce jour sur les registres de la science, deux genres et onze especes.

BoTANiQUE. M. D. Clos communique des Rcchcrches sur la nature des braclees dans les Synanthcrces.

La lamille des Sj'nantherees a ete I'objet de nombrenx etim- portants travaux. Cassini, De Caudolle, et IVT. Piobert Brown en ont fait I'objet de leurs etudes. Le premier de ces trois savants a meme consacre la plus grande partie de sa vie a scruter les di- vers points d'organisation de cette famille ; mais peut-etre n'a- t-il pas suffisarament insiste, pas plus que les deux autres sa- vants, sur la nature des bractecs de I'involuere. La forme de eelles-ci cstextremement variable, vari:tble aieme non-seulement do genre a genre, mais encore dans un meme capitule. « II m'a p:iru interessant pour I'organographie, ditM. C, de rechercher quelle est la nature de ces bractees. On (lit liabituellement, il est vrai, que les braclees ne soot que des feuilles inodifiees, mais le

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morpliologiste doit determiner de quelle mauiere lesfeuilles se modifient suivaut les di\ers cas pour se reduire a i'etat de brac- tees.

» On sait en cffet qu'uoe feuille complete se compose de trois parties, la gaine, lo petiole ct le limbe. J'ai reconnu que tantot deux d'entre tiles, gaine ct limbe, tanlot uneseuie, ct c'estalors la galne, entrent dans la constilution dcs bractees. G'est ainsi que cbezle Canhamus imclorins, les bractees exterieures appar- tieunent a la premiere categorie, les interieures a la secondc, le limbe disparai.isant insensibleraent a mesurequ'on examine des bractees plus interieures. Dans \e Carpesium cerniiuin, les Caln- iianclie, les Spilanlhe, ellessont formecs par la g.iinc; au contraire, celles des Carlina et de Witraclilis canceUaia le soiitpresque entierement par le limbe.

» Dausun grand nombre d'especes de Ccntauren, la bractec ou squame est surmontee d'uuappendice de forme ties diverse, entier, pectine, cilie ou meme epineux. Aucun synauthdrolo- giste, a ma counalssance, n'a recherche quelle pouvait eire sa signification. II paraissait naiurel, la braclee rcpresentant la gaine, d'assimiler cet appendice au limbe de la feuille. Mais la plus legere observation sufflt pour faire reeonnaltre qu'il n'existe pas le moindre rapport de forrao entre le limbe ct I'ap- pendice, telle espece (Ic Cenlanrea montana) ayant lesfeuilles entieres et I'appeudice cilie, telle autre ( les Cenlanrea crupinu eiriithen'ica) ayant avec des feuilles ties divisecsuu appendice entier.

» Le Cenfaiu-ea jacea nous a offcrt uue raoustruosite qui nous a permis de determiner la nature de I 'appendice. Certai- nes capitules etaient entierement iransformeesen feuilles, d'au- tres offraient des involucres dont les bractees medianes avaient pris la forme foliacee tandis que les inferieures et les superieu- res etaient restees b. I'etat normal. Un cas teratologique du meme genre est rapporte dans le Prodrome de De Candolle comme variete du C. jacea sous le nom dephijUoccphala. D;ms quelques-uns des capitules de notre plaute on voyait quelques bractees foliiformes bordees, a I'extremite, de tres petites dents* D'autres presentaient, outre ces denticules, un appendice ter- minal cili6 et semblable a celui des bractees normales, el Ion

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pouvait suivre la trausition de ces dents a ces cils. Un examen attentif nous a permis de reconnaitre que ces dents etaient uni- quement dues a un developpement des papilles qui, dans un grand nombre d'especes de ce genre, oceupentles bords de la I'euille; et puisque les cils ne sont que ces dents plus allongecs, on doit les considerer corarae formes par le developpement des papilles marginales des feuilles. Lorsque I'appendiceest entier, il est encore du a ces papilles, seulemenl celles-ci se sont sou- dees dans toute Itur longueur. »

Hdance du 27 diccmbre 1851.

HydraUuque. Eclnscs dc. navigation. Ondes mariiimes. Ponipes a purins. M. de Caligny adresse une note ayant pour objet : des experiences en grand , qu'il fait sur un moyen de reduire la depense d'eau dans les eel uses de navigation or- dinaires ; des observations qu'il a faites dans une traverses en raer surle mouvtment orbilairc des flots ; 3" Temploi de ses pompes sans piston ni soupnpe pour I'clevation des purins qui engorgeaient les pompes ordinaires.

L'appareil doiit il s'agit n'est autre chose, quant au principe , que le syst^me fonctionnant depuis pres d'un an sur une chute d'enu dans un jardin niarafclierde Versailles, ou il a ete employe tout i'ete a faiie des iirigations , et ou M, de Caligny i'a montre a beaucoup de monde. On renvoie done pour abreger aux di- vcrses communiciitions faites a cd sujet depuis le 2 novem- bre 1850, et inserees dans I'Inslitut.

« La question consistait prineipalement a voir si les pheno- menes sur lesquels repose ce systeme se presenteraient sur une assez grande echelle pour que Ton put , en cinq ou six minutes , vider un sas d'ecluse en relevant une partie assez notable dc I'e- oiusee au bief superieur,

» Lesexperiences ont ele momentanement interrompues h cause de la rigueur de !a siison ; mais des a present il est possible de s'l-n rendre complc d'une nianieresatisfaisaute. II a d'abord ete constate, en presence d'un public nombreux, que les pbeno- meiies nouveaux dont il s'agit, non-seuioment se presentaient bur une echelle plus que triple de celle da l'appareil de Versailles, mais que lepysterae marchait avee reguluite sans aucuue per-

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cussion dangereuse. L'effet de I'el^vation alternative d'une grande gerbe d'eau de plus de quatre-vingts centimetres de dia- metre, sans percussion brusque, sans autre piece mobile qu'un balancier et un tuyau vertical alternativement soumis a une succion d'une uouvelle espece , a paru interesser les raeca- niciens.

" On pouvait craindre qu'il ne fiit difficile de se rendre raaitre sur une grande eehelle du nouveau pheuomene si puissant de succion, qui se presente dans cet nppareil en sens contraire du mouvement meme de i'eau. Mais ii a ete constate qa'en modi- fiant convenablement les levees de tuyau et les diverS' s causes de cette succion , on pouvait facilement obtenir un mouvement tres convenable. II est merae a remarquer que plus I'echelle est grande , plus i\ est facile d'etablir ce systeme. Ainsi pour un tuyau de conduite fixe de 5 centimetres seulemeut de diametre, il avail ete assez difficile de faire les ajustages ; pour un diametre quadruple , cela avait etc assez facile ; pour un diametre envi' ron douze fois et demie plus grand , les ajustages ont ete beau- coup plus simples et ont ete executes dans une petite ville de province tres loin de Paris.

» Pour les premieres periodes de I'appareil, le balancier est manoeuvre par Teclusier. L'appareil pent ensuite marcher de lui- meme jusqu'a ce qu'il n'y ait plus qu'une vingtaine de centi- metres d'eau dans I'ecluse au-(lessus du bief inferieur. Enfin, quand la vilesse imprimee a la colonne liquide n'est plus suffi- sante pour que la succion ramene le tuyau vertical mobile sur son siege, I'ecluse acheve de se vidcr comme par ses auciennes ventelles, que I'on peut d'ailleurs ouvrir pour acceierer la ma- noeuvre, ce qui reste de travail disponible dans I'eau qui s'e- coule etant alors peu important.

» II est d'ailleurs plus curieux peut-etre qu'utiie de faire marcher l'appareil de lui-meme. L'cclusier saisit tres facile- ment le mouvement qui convient au balancier, et il y aura lieu d'^tudicr encore la manoeuvre, pour voir quels sont le mixi- mum d'effct et le minimum de la duree de i'operation , ainsi que la partie de I'eclusee qu'il sera plus utile de sacrifier que d'uti- liser en ralentissnnt la manoeuvre tofale du pns^a^e d'un bateau; car a l;i fin il faut bien plus dc temps qu'au commencement pour

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relever une m^mequantite d'eau. On a p.i relevcr jusqu'a 5 me- tres cubes d'eau environ du premier coup de balancier ; ce chif- fre est, il est vrai , trop fort pour un boii effet ulile dans les dimensions dont il s'agit.

» Sans avoir encore determine d'une maniere definitive ie maximum de I'effet utile , on pent au moins affirmer deja que cet effet est relativement plus grand que pour les petits roodeles, ce qu'ii etait facile de pr^voir.

» Quand on veut eonsiderer cet .ippareil comme machine a clever de I'eau sous une chute constante, il suffit d'ouvrir con- venablement les ventelles des portesd'amont de I'ecluse. Le sys- teme , considere de cette maniere, a fonctionne en presence des principales autorites du departement ou il est etabli , et il y a lieu d'esperer qu'on va en construire un semblable pour elever de i'eau au chef-lieu , sur le rapport de la commission raunici- pale, redige par un ingenieur en chef des ponts-et-chaussees.

» Ou sait qu'une question assez curieuse fut soulevee il y a queiques annees par uu savant academicien , qui montra qu'eu proportionnant convenablement le tirant d'eau des bateaux a la chute des ecluses de navigation, il ne serait pas impossible de se servir des bateaux descendant pleins et remontant vides pour relever de I'eau au bief d'amont , tout simplement a cause de la maniere dont les masses d'eau sedeplacent. Ce theoreme tres curieux paraissait inapplicable, a cause du peu de hauteur qu'il aurait fallu donneraux chutes des ecluses. Mais au moyen du nouveau systeme, objet de cette note, il pent etre applique reellement dans queiques circanstances, et ce sera un des resul- tats les plus interessants de ces experiences faites sur uneecheJIe suffisante.

» On pent employer le meme appareil a remplir I'ecluse en tirant une partie de I'eau du bief inferieur. Les experiences , faites sur les modeles, montrent suffisamment que les resistances passives sont parfaitement analogues a celles qui se presentent pendant la vidange. L'essentiel etait de voir, pour une des deux operations, comment se comportaient les resistances passives. Le reste sera fait dans une saison plus favorable. »

M. deCaligny dit, dans la meme note, que, pendant une traversee en mer, il a eu occasion d'observer, au moyen de I'e- Extrait de CInstitutf V section , 1851. 11

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eurae ties flols , le mouvemcnt orbilairc des molecules supeiuu -

res, qu'il avail deja remarque dans un or\nai fiictice , et dans !es

grandes ondes des parlies les plus iarf^es de !a Seine. « Pour

se reiidre compte de la iiianiere dont ees obseivalious peuvent

^tre faites , il suffit de voir que le mouvcraent aujuel les hy-

drauiiciens sout convenus de donnerle uom d'orbitaire, resulle

necessairement de la corabinaison du mouvemeut de va-et-vicnt

dans le plan vertical avec le mouvemeut de va-et-vient de I'a-

mout a I'aval des flols. II est probable que ces observatious

out ete souvent faites par les marins, mnis ce genre de mouve--

ment a ele I'objet de conlroverses tellement vives , qu'il est in-

teressant de remarquer qu'clles sont faciles a faire lors([ue le

vent souffle perpendicuiairom'-nt a la direction du nnvire , si

Ton porte svs regards en aval quant a la direction des Hots. »

M. de Califjny annonce aussi que sa pompe a bras , sans

piston ni soupape, vient do recevoir una nouveile application.

Elle est employee dans une grarde fermo, pres de Saint-L6,

a elever des purins , provenaut des fumiers , qui engorgeaient

bienlot les pompes ordinaires. La fosse a purins a 2 metres 30

centimetres de profondeur. On eleve de i'eau a plus de 2 metres

au-dessus. II a propose ce systeme de pompe a des marins du

Havre, pour servir de pompe de snuvcta;.e, dans des circons-

tances ou toutes les autres pompes seraieat hors de service, parce

qu'on pent la confectionner dans certains ens au moment du

danger au moyen de materiaux existauts sur le navire.

Paris. Imprimerie de Cosson , rue du Four-Saint-Germain, 43.

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