FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN DU MÊME AUTEUR Etudes sur quelques Héliozoaires d'eau douce. Archives do Biologie. Tom. IX. 188!i. Ueber einige neue oder wenig bekannte Protozoen. .lahrbuciier des Nassau. Vereins fur Naturkunde. Jahrg. 4:-!, 18110. Die Heliozoen der Umgegend von Wiesbaden. Ihid. 1890. Etudes sur les Rhizopodes d'eau douce. Mémoires Société Phys. et Hist. Nat. Genève 1890. Contributions à l'étude des Rhizopodes du Léman. Archiv. Scieuc. Phy.s. et Nat. Août 1891. Rocky Mountain Rhizopods. American Naturalist. Dec. 1891. Pelomyxa palustris et quelques organismes inférieurs. Archiv. Scienc. Phys. et Nat. Févi'ier 189.S. Les Rhizopodes de faune profonde dans le lac Léman. Revue Suisse de Zool. Tom. 7. 1899. Sur les mouvements autonomes des pseudopodes. Archiv. Scienc. Phys. et Nat. Mai 1899. Essais de mérotomie sur quelques Difflugia. Revue Suisse de Zool. Tom. 8, fasc. .•;, 1900. Notes complémentaires sur les Rhizopodes du Léman. Revue Suisse de Zoo). Tom. 9, fasc. 2, 1901. Sur quelques Héliozoaires des environs de Genève. Revue Suisse de Zool. Tom. 9, fasc. 3, 1901. EUGENE PENARD !)'■ KS SCIKNCKS FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN AVEC NOMBREUSES FIGURES DANS I.IC TEXTE GENÈVE HENRY KUNDIG, LIBRAIRE DE l'iNSTITUT 11, Corrateiie, 11 1902 TOUS DROITS RÉSERVÉS h (iKNKVK I.M1'R1.\1ERIK W. KiNDKi A: KII.S. RIE [IV VIEIX-COLLÈUE. 4. INTRODUCTION Nos connaissances sur les Protozoaires se sont depuis quelques aimées considérable- ment étendues. Il est certain que parmi les grandes questions qui touchent aux origines de la vie sur notre globe, à Tessence de la matière organisée, à la psychologie dans ses premiers commencements, les Protozoaires, les plus simples de tous les animaux en même temps que les plus compliqués en tant qu'organismes unicellulaires, offrent un sujet d'étude particulièrement intéressant. Mais si l'importance de ces êtres inférieurs est de jour en jour mieux recomiue, et si des observateurs du plus grand mérite en ont fait l'objet spécial de leurs recherches, il faut reconnaître que les plus simples de tous ces organismes, et par là ceux peut-être sur lesquels on pourrait fonder les plus grandes espérances, les Rhizopodes d'eau douce, ont été quelque peu négligés. Les Infusoires, les Radiolaires, les Foraminifères, ont domié lieu à des recherches plus considérables ; et les beaux travaux de Schulze, Hertwiu et Lesser, Greeff, Biitschli, Archer, Wallich, Gruber, etc., sur les Rhizopodes, tous relativement anciens et (jui semblaient devoir être suivis d'études toujours plus nom- breuses et plus précises, n'ont pas porté tous les fruits qu'on était en droit d'espérer. Il semble en sonnne que les biologistes aient une tendance à négliger ces organismes pour diriger leurs recherches dans un sens quelque peu différent. Voici coimnent je serais porté à com])rendre cette négligence relative à l'égard des Rhizopodes d'eau douce : grâce au développement immense qu'ont pris de nos jours les sciences, le naturahste, pour produire un ouvrage original, est absolument obligé de se 6 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN spécialiser, au moins temporairement. Or, ce qui bien souvent décide de la spécialisation dans un sens plutôt que dans un autre, n'est autre chose que ce qu'on pourrait appeler le hasard : un naturaliste débutant trouvera par exemple un Copépode qui lui paraît inté- ressant ; il le déterminera, l'étudiera à fond, fera de ses recherches le sujet d'un mémoire bien travaillé ou d'une thèse de doctorat. Le travail une fois achevé, notre docteur, riche d'expériences acquises et ferré sur la bibliographie toujours si compliquée et si découra- geante, est devenu spécialiste sans le savoir, et l'objet de sa s])écialisation sera repré- senté par les Copépodes. Si la chance eût voulu (iu"au lieu d'un ('opé])odeil eût trouvé un Rotifère, il se serait tout aussi naturellement spécialisé dans le sens des Rotateurs. Mais si son microscope lui avait montré une Diftlugie, il aurait probablement passé outre. En effet, son Copépode ou son Rotifère, il a i)u les déterminer de suite, d'une manière précise, ou bien en ne les trouvant pas dans les ouvrages descriptifs, il a pu s'assurer qu'il y avait là quelque chose de nouveau. Mais dans sa Diftlugie, tout ce qu'il a pu reconnaître, c'est qu'elle ajjpartient au genre Diffliifiia: est-ce la Di0/igi.a f/lohHlom,\RBifflu(/ia lohostoma, là Diffliujia urccolafa, ou telle autre encore? Ou bien est-elle nouvelle? Tout cela est possible, les livres ne lui permettent pas de le savoir au juste, et faute d'avoir des données précises, il reprendra son microscoi)e jusqu'à ce qu'il trouve un Rotifère ou un Copépode. Autrement dit, il n'existe pas d'ou^Tage descriptif suffisannnent complet ou suffisam- ment explicite pour que la détermination d'un Rhizopode puisse être considérée comme précise, cela du moins pour la grande généralité des espèces. Loin de moi la pensée de vouloir diminuer en quoi que ce soit la valeur des travaux systématiques de Ehrenberg, Perty, Schneider, Fresenius ; ces (cuvres ont encore leur valeur générale, et témoignent des plus grandes qualités d'observation chez leurs auteurs, qui n'avaient à leur disposition que des instruments bien moins perfectionnés (pie les nôtres. Mais elles sont bien anciennes, et pour la systématique elles ne peuvent nous fournir que des renseignements très vagues. Claparède et Lachmann sont arrivés à des résultats plus précis, mais dans leur ouvrage les Rhizopodes ne jouent qu'un rôle tout à fait accessoire. Le beau traité de Bûtschli sur les Protozoaires est d'une impor- tance capitale et restera bien longtemps encore r(euvre classique par excellence ; mais il ne s'occupe pas de systématique, ou du moins ne permet guère de déterminer que les genres. INTRODUCTION 7 Blochmann a publié un ouvrage utile, mais très général aussi ; il ne cite que très peu d'espèces, et souvent d'une manière trop peu explicite pour que la détermination en soit certaine. Un ouvrage également de grande valeur, et qui pour les genres peut être d'une utilité réelle, est celui de Delage et Hérouabd ; mais c'est encore là un traité général qui ne prétend pas à la détermination des espèces. Nous arrivons à Leidy, dont le remarquable mémoire sur les Rhizopodes d'eau douce de l'Amérique du Nord se trouve dans toutes les bibliothèques. Nous avons bien là une (Buvre de systématique, comprenant la description d'un nombre assez considérable d'espèces, description détaillée, prudente, comparée, et accompagnée de figures nombreu- ses et claires, bien que souvent trop schématisées. Mais si dans l'ouvrage de Leidy nous pourrons toujours admirer la persévérance, la méthode, la probité, l'ardeur scientifique en même temps que la modestie de l'auteur, nous ne pouvons pourtant nous empêcher de regretter que le professeur américain, dans un but des plus louables et par un simple excès de prudence, ait cru devoir condenser les espèces jusqu'à la confusion. Leidy a énormément vu, mais il semble que dans sa crainte de paraître attacher trop d'impor- tance à la partie systématique de ses travaux, il ait cherché à diminuer autant que pos- sible le nombre des types spécifiques. Il est alors allé trop loiD et sans réfléchir peut-être que si une extension des espèces basée sur des caractères futiles est inutile et nuisible, par contre la réunion sous un même nom spécifique de plusieurs formes bien différenciées et parfaitement constantes est un mal plus grand encore, il a introduit dans la question un regrettable élément d'obscurité. Moi-même, en publiant en 18'.>() les résultats de mes premières études sur les Rhizo- podes d'eau douce, et convaincu de la richesse spécifique de cette faune, j'avais ajouté à la liste des Rhizopodes connus un assez grand nombre d'espèces. Mais cet ouvrage, dont la partie systématique est beaucoup ti'op condensée et dont les figures sont trop petites et serrées, entrepris d'autre part dans de uuiuvaises conditions, n'a i)as tout à fait répondu à ce qu'il prétendait devoir être. Je crois ne pas me tromper eu supposant que beaucoup de ceux qui l'ont eu entre les mains ont cru à une tendance de ma part, à la fabrication des espèces, et pourtant ils ont eu tort. Moi-même, après un certain iu)mbre d'années, je me suis reproché de n'avoir pas imité Leidy dans sa prudence ; aussi, en reprenant il y a deux ans mes études sur les Rhizopodes des environs de Genève, et avant de me livrer 8 FAUNE KHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN à toute observation au niicroscoi)e, ai-je commencé par rayer de parti pris de ma liste un nombre assez considérable des noms que j'avais introduits. Mais peu à peu, à mesure que j'avançais, je me suis vu obligé de rétablir presque tous ces noms les uns après les autres. Il est difficile en effet, pour ne pas dire impossible, d'agir contre des convictions per- sonnelles. En science l'observateur n'est pas libre, et même lorsqu'il sait qu'en disant ce qu'il croit être la vérité il se nuit à lui-même, il ne peut dire autre chose. Ce qui d'après lui est une espèce ne peut être autre chose, et il est obligé de la doimer comme telle. Mais il est bien des cas aussi où il s'introduit un doute, et le naturaliste alors doit agir avec ])rudence et se garder de créer des noms à la légère. Aussi quelques-unes des espèces que j'avais indiquées comme nouvelles ne reparai- tront-elles pas dans l'ouvrage actuel, bien que je les aie retrouvées à Genève; il existe à leur égard encore un doute dans mon esprit, et je préfère les regarder comme de simples variétés (Difflugia Incornis, Difflufiiaptatystunia, Arcella gihhosa, Eufilyplia Iieterospina). Quelques-unes également ont dû changer de nom, grâce à des recherches plus approfon- dies sur la bibliographie du sujet, qui me les ont fait retrouver dans des descriptions antérieures. En résumé, l'on peut dire que s'il existe un nombre assez considérable de travaux systématiques sur les Rhizopodes d'eau douce, ces travaux, souvent d'ailleurs de grande valeur, connue ceux par exemple de Archer, Blochmann, Carter, Cienkowsky, Cla- PARÈDE et Lachmann, Frenzel, Greeff, Gruber, Hertwig, Korotneeff, Lauter- BORN, Rhumbler, Schaudinn, Schulze, Taranek, Vejdowsky, Wallich, etc., ne traitent presque tous que d'un nombre très restreint d'espèces; aussi faut-il avoir à sa disposition toute une bibliothèque pour songer à la détermination. Un ouvrage général, comprenant la description suffisamment détaillée de tout ou à peu près tout ce que l'on connaît jusqu'ici, pourrait donc rendre de véritables services, en même temps qu'il serait un encouragement à l'étude de ces organismes auxquels il reste encore tant à dire, et qu'il pourrait souvent prévenir des erreurs nombreuses, telles qu'en connnettent à l'heure qu'il est journellement bien des observateui'S. Dans ces dernières aimées, t>n a vu paraître un certain nombre de travaux, décrivant la faune et la flore, la biologie tout entière, de tel ou tel marécage ou INTRODUCTION 9 de tel ou tel petit lac, et donnant la liste des espèces rencontrées. Ces travaux sont souvent fort intéressants et parfois d'une assez grande importance, mais pour ce qui concerne les organismes qui nous occupent, ils peuvent, d'après moi, être tous consi- dérés connue incomplets ou fautifs. Je citerai par exemple un travail considérable et très bien étudié de Amberg sur la Biologie du Katzensee près de Zurich. Amberg cite dans ce petit lac, assez riche en formes vivantes de toutes sortes, entouré par-ci par-là d'herbes et de plantes aquatiques, comme Rhizopode vrai, la seule ArccUa vid(/aris, de provenance il est vrai pélagique, et rien du tout des bords du lac. Peut-être Amberg n'a-t-il pas étudié la faune littorale sous le rapport des Rhizopodes, mais s'il ne l'a pas fait, c'est probablement qu'il a trouvé la tâche de détermination trop ingrate, car il n'y avait pas de raison pour laisser de côté les Rhizopodes de rivage. D'un autre coté, s'il a étudié ces derniers sur les rivages, il les a mal vus, car il est absolument impossible que ce lac n'abrite que VArcella vtilgans, et ce n'est certainement pas trop s'avancer que de prétendre que celui qui voudra se donner la peine de fouiller quelque peu les bords, y trouvera, en un seul jour, au moins vingt espèces bien caractérisées. On pourrait citer, comme un second exemple parmi beaucoup d'autres, les recherches de Hempel sur les Protozoaires de la rivière Illinois et des lacs adjacents. Hempel y trouve 16 Rhizopodes, dans une région d'eaux tranquilles, entourées de végétation et de petits lacs favorables au dévelo])pement des Protozoaires. Une pareille pauvreté dans une région riche en organismes de toute nature, est une impossibilité matérielle. Je ferai remarquer également que beaucoup de ces travaux citent toujours les mêmes espèces, Diffl/tqia pyriformis, Diffl/ Animaux. Schleichor fi-èros, Paris. 51. H.ECKEL, E. — Monographie der Moueren. Jeunische Ztscli. fiir Medicin utid Nat. B*" IV. 1868. 52. Hallez, Paul. — Sur un nouveau Khizopodc, Arcuothrix Balbianii. Mém. de la Soc. des Scien- ces de Lille. Vol. 14, 4' série, 1885. 53. Hempel, Adolph. — Description of new species of Rotifera and Protozoa Irom the Illinois River. Bull. Illin. State Lahoratory. Vol. IV. 54. Hempel, a. — a list of tlie Protozoa and Rotifera found in the Illinois River. Bail. llUn State Laboratory. Vol. V. art. VI. 55. Hertwig, 0. et R. — Ueber den Befruchtungs- und Thoilungsvorgang des thierischen Eies Jen. Zeitsch.f. N. 1887. 56. Hertwig, R. — Was veranlasst die Bofruchtung der Pi'OtozoenV Siizuiigsb. Ges. JMorpIi. Mûnchen, 189!t. 57. 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Plasma dépourvu de bâtonnets Amœba Grandes Amibes renfermant des bâtomiets (bactéries) Pelomyxa Ectosarc hérissé de petites aspérités Dinamœba Plasma visqueux en apparence, à pseudopodes tantôt étalés en voile, tantôt déchiquetés ou filiformes HyoJodiscus 5. Pseudopodes larges, ou rarement linéaires, jamais filiformes sauf parfois temporairement 6 Pseudopodes toujours filiformes 16 6. Pseudopodes toujours larges ' 7 Pseudopodes tantôt larges, tantôt linéaires 15 7. Membrane souple et déformable 8 Membrane rigide ou h peine déformable ■ 9 24 FAUNE RHIZOl'ODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN 8. Enveloi)pe hyaline, lisse, adhérente au ])lasnia Aniphizonella Membrane brune, parcheminée, très soujjle et fine. Corps très chan- geant, en forme de ballon ou bien étalé en patelle Coryc'm Enveloppe fine, souple; patelliforme, peu changeante Fseudoclilamys Membrane très souple, régulièrement ponctuée, se moulant sur le corps; déformations considérables Cochîiopodium 9. Coque discoïde, fortement comprimée de haut en bas 14 Coque non discoïde, non comprimée de haut en bas 10 10. Coque en forme de cornue Lecquereusia » non en forme de cornue 1 1 11. Coque recouverte d'éléments divers disposés sans aucun ordre régulier 1 2 Coque recouverte d'éléments divers (écailles) disposés en un ordre plus ou moins régulier ' 13 Coque lisse en apparence, mais parfois aussi finement ponctuée ou recouverte d'écaillés régulières à peine visibles Hyahsphenia 12. Coque en forme de coupe hémisphérique membraneuse et recou- verte d'éléments épars ParmuUnu Coque non hémisphérique, sans bride ni diaphragme internes Difflugia Coque traversée dans son intérieur par une bride interne ou i)ar un plancher perforé Pontifjidasia Coque munie en arrière de son ouverture' d'un diajjhragme dentelé (bouche vraie) Cucurhitelht 13. Coque recouverte de plaques rondes ou ovales, remplacées par- fois par des diatomées Nehela Coque recouverte de plaques carrées QnadrHki Coque recouverte de plaques rondes ou irrégulières ; la bouche est une fente allongée ^ Heleopera ' Dans quelques Nebela et Heleopera, les ('léments réguliers sont souvent remplacés par des diatomées ou des écailles amorphes. ^ Dans Heleopera eyclosioma elle est ovale. TABLEAU niCHOTO^riQUE POUR LA DÉTERMINATION DES GENRES 25 14. Coque couverte de ponctuations serrées, masquées le plus sou- vent par des éléments ou écailles de recouvrement (voir aussi Difflngia constrida) Centtopy.iis Coque guillocliée de ponctuations hexagonales régulières. Bouche infère, centrale, petite Arcella Coque à ponctuations peu marquées et souvent invisibles. Bouche infère, presque aussi grande que le diamètre de la coquille Puriilkida 15. Coquille chitinoïde recouverte d'éléments étrangers; bouche terminale Pli rijf/mi ella Coquille chitinoïde Hsse (exceptionnellement quelques éléments étran- gers). Bouche terminale (U-ypMifflunia Coquille chitinoïde lisse, à bouche très légèrement excentrique (tron- quée en biseau) Platoum 16. Enveloppe à une seule ouverture 17 Enveloppe à deux ouvertures opposées 30 Enveloppe à plus de deux ouvertures . Microcometes 17. Membrane souple, déformable 18 Membrane rigide 11' 18. Enveloppe fine, membraneuse, lisse PcmplHignti Enveloppe membraneuse, très finement ponctuée PJafiiophryfi 19. Coque recouverte de dessins réguliers ' 22 Coque sans dessins réguliers 20 20. Enveloppe hérissée de soies courtes Diaphorodon Pas de soies 2 1 21. Coque recouverte d'éléments étrangers, de pierres, particules de sable, etc. Pas de carène ni de collerette hyaline Psendodifflnçiia Coque très comprimée latéralement, scutiforme, munie d'une carène plus ou moins prononcée sur ses bords latéraux Clypeolhia Coque munie à la bouche d'une collerette hyaline involutée NadineUa ' Dans Cyphoderia hevis et Gorythion pulchellum. ces dessins ne sont que rarement bien visibles. Dans Gampascus, les dessins sont en partie masqués par des particules étrangères. >0 FAUNE KIIIZOPODIqrE BU BASSIN DU LÉMAN Coque vn foniie de doclie liéiiiispliériciiie, liyaliiie Frenzelina 22. Envelopi)e en forme de corime 23 Enveloppe non en forme de cornue 24 23. Ecailles rondes très petites et peu régulières, formant des des- sins à peine visibles Campascus Ecailles régulières, formant un guillocliage de dessins hexagonaux symétricpies (hiplwderia 24. Bouche terminale (tronquée à angle droit) 25 Jîouclie infère (tron(iuée en hiseau) 29 25. (.!oque recouverte de dessins hexagonaux peu réguliers, qui se contiinient jusque sur la pointe elttlée de l'enveloppe Pareufilyplm Coque recouverte de dessins hexagonaux réguliers 26 26. Ecailles de la bouche à denticiilations symétriques Euglyplia Sans écailles symétriquement denticulées à la bouche 27 27. Coquille fortement comprimée latéralement 28 Coquille peu ou pas com])rimée Sphenoderia 28. Lèvres de la Ixniche lisses Flacocysta Lèvres de la bouche dentées ou déchiquetées Assulina 29. Ecailles rondes formant par leur arrangement des dessins hexa- gonaux réguliers et nets. Tr'mema Ecailles allongées, à dessins peu réguliers et rarement visibles Corythion 30. Enveloppe rigide, chitinoïde, allongée et comprimée latérale- ment, parfois recouverte d'éléments étrangers Ampliitrema Enveloppe lisse, hyaline, très fine, sphérique, renfermant un gros corps brillant Diplophrys 31. Corps nu 32 Corps recouvert d'une enveloppe distincte 33 32. Pseudopodes partant de deux pôles opposés Gymnophrys Pseudopodes partant d'un point quelconque du corps Biomyxa 33. Enveloppe fine et très plastique Lieherlmlmla ï^nveloppe rigide, ou peu déformal)le Gromia GENRE PROTAM(EBA 27 Genre Frofanuchu H.ïckel 1S66 (51)'. Le genre Profamœba a été créé par H.îiCKEL, jjour de petites Amibes, dépourvues de noyau aussi bien que de vésicule contractile. Ce sont alors des nionéres. Dans plusieurs des organismes qui, dans l'origine, avaient été décrits comme dépourvus de noyaux, on a fini par en retrouver, généralement très nombreux, et très petits ^, et peut-être en sera-t-il de même pour le genre Frotamœha. Toujours est-il que dans l'espèce dont la description va suivre il m'a été impossible d'en apercevoir la moindre trace, même après une colo- ration au carmin qui, sur les organismes avoisinants, avait agi sur les noyaux de la ma- nière la plus caractéristique. Protamiebaprimordialis KoROT}s'EEFF (59). J'ai trouvé quelques individus seulement se rapportant à cette espèce, au marais de Loss}', puis sur les rives du lac à la Pointe-à-la-Bise; ils concordaient tous nettement avec la description de Korotneeff. Le corps n'est qu'un fragment de plasma cylindrique, ou plus ou moins ramifié, par- fois très allongé et vermiculaire. Il est tou- jours extrêmement changeant et mobile et les déformations s'y produisent par une suite de jets de plasma très clair et peu consis- tant, qui se figent aussitôt sous forme de têtes ou de sphérules arrondies, pour se modifier encore l'instant d'après. La locomotion, géné- ralement très rapide, semble être beaucoup plus désordonnée que chez les Amibes en général; l'organisme tout entier rappelle, non seulement en apparence, mais dans Protmnœba primordialis. — 1 et 2. Différents aspects de l'animal. — o. Le même, avec filaments gluti- neux. ' Dans tout le cours du volume, les chiffres entre parenthèses inili(iuent les numéros de la liste biblio- graphique correspondant aux titres des ouvrages. - Je possède une préparation au baume de Vanipijrcllu vora.c, où l'on voit une demi-douzaine de noyaux tout à lait distincts et caractéristiques. 28 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN toute sa manière de se conduire, un pseudopode qu'on vient de détacher d'une grosse Uitiiugie et qui le fait assimiler à une boussole atfolée, ne sachant où se diriger. Dans tous les individus que j'ai pu examiner, le plasma était d'un bleu très tendre et très délicat. II renfermait des mji'iades de granulations brillantes, extrêmement petites, qui couraient entraînées par les courants internes. Par-ci par-là on y voj'ait quel- ques grains brillants plus volumineux. La partie postérieure de l'individu parait toujours un peu visqueuse, et plusieurs fois j'j' ai vu s'agglutiner de petites diatomées. Dans un des individus examinés, le corps en se déplaçant se montra terminé en arrière par une touffe de filaments très fins qui provenaient de cette extrémité glutineuse collée auparavant au soutien (fig. 3). Ces fila- ments, plus tard, rentrèrent dans la masse comnmne pour s'y confondre avec le plasma. Aucun des individus examinés ne m'a permis d'apercevoir la moindre trace soit d'un noyau, soit d'une vésicule contractile. La taille est naturellement fort variable d'un instant à l'autre, suivant le degré d'allongement qui, lorsque l'animal dans une course rapide prend rai)parence d'une limace, peut arriver au décuple de ce qu'elle est à l'état de repos sphérique. Korotneeff la donne comme atteignant 75 [j. de longueur. Sur un individu de la forme la plus ordi- naire et trois fois aussi long que large, je l'ai trouvée de 111 [j.. (jeme Gloïdmm Sorokine 1878(126). Ce genre se distingue du précédent surtout par la présence d'une vésicule contrac- tile. Sorokine y ajoute un caractère important, qui consisterait en ce que le plasma, à un moment donné et sans passer par l'état de kyste, se divise en quatre parties égales, par deux étranglements siuudtanés en croix ; dans chacune des divisions ainsi produites se forme une vésicule contractile. Je n'ai jamais eu l'occasion d'assister à des phénomènes de reproduction, de sorte (jue pour faire rentrer ces iiulividus dans le gem-e Gloldinm, j'ai dû me borner à constater l'absence de noyaux. Dans ce geiu'e, tout est en somme encore à peu près inconnu, et les trois espèces qui vont être décrites n'y trouveront peut-être qu'une place provisoire. Je n'ai GENRE GLOÏDIUM 29 cependant pas cru devoir les passer sous silence, car toutes trois présentent des traits intéressants. D'autre part, il m'a été impossible d'y retrouver les caractères spécifiques de l'espèce décrite par Sorokine (Gloïdium quadrifidum), non plus que de celle que j'avais mentionnée en 1890 (Gloidinm, (iranidiferum). Le genre Gloïdium doit être partout très rare; des trois espèces que j'ai observées, deux n'ont été rencontrées qu'une seule fois, et la troisième deux fois seulement. C'est même, si l'on j ajoute trois Amibes, dans ce genre seulement que je me suis cru autorisé à donner une description fondée sur la rencontre d'un seul individu. Gloïdium mutahile. Spec. nov. Cet oi"ganisme rappelle, à première vue, la Protamœba qui vient d'être décrite. C'est une petite masse claire très cliangeante de forme, dans laquelle on peut distinguer un endoplasma bourré de ])etits grains brillants qui y sont emportés de tous les côtés par les courants inter- nes. Cet endoplasma est limité très francliement par une zone d'ectosarc dans laquelle les petits grains ne pénètrent pas. Cette zone est alors aplatie sur ses bords en forme de lame.- La locomotion s'opère au moyen d'ondes brus- ques qui se figent aussitôt en boyaux clairs et larges, souvent étranglés à leur base. De ces boyaux ou pseu- dopodes partent souvent aussi, comme des jets liquides, des prolongements étroits et plus petits, souvent poin- tus, et ces prolongements à leur tour peuvent s'élar- gir en s'étalant par une onde rapide (fig. 1). L'apparence générale présentée par cette espèce est tout à fait caractéristique, et je ne l'ai retrouvée dans aucune Amibe. Il m'a été impossible de découvrir la moindre trace d'un noyau, même après avoir .soumis l'individu en observation pendant vingt-quatre heures à l'action du carmin. Gloïdium mutabile. — 1. L'animal en marche. — 2. Extrémité d'un pseu- dopode. 30 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Par contre, il existe une grande vésicule contractile; après fonctionnement normal, elle est généralement remplacée par de petites vacuoles, lesquelles finissent par éclater les unes dans les auti^es et reconstituer la vésicule. Je n'ai malheureusement pu étudier qu'un exemplaire de cette espèce, trouvé au Bois de la Bâtie. Le corps ne renfermait aucune nourriture. Gloidiuni horridum spec. nov. Cette espèce est d'apparence assez bizarre. On peut se la représenter connue une petite masse incolore, globuleuse ou p3'riforme, et dans ce cas on la voit le plus souvent posée toute droite sur son soutien, auquel elle n'adhère que par l'extrémité étroite de son corps, à la manière d'une toupie. En dépit de l'histabilité de cette position, elle peut alors rester longtemps dans une immobilité complète, balancée seulement par les petits courants qui i)euvent se produire autour d'elle, ou par les organismes ténus qui la frôlent en passant (tig. 3). D'autres fois encore elle prend une forme à peu près héniisj)hérique. On voit alors, en la regardant d'en haut, se dessiner dans son milieu un cercle plus ou moins large, qui marque la zone d'adhésion au sol '. Plus rarement l'organisme s'aplatit considéi'ablement à la manière d'une patelle, et rappelle alors le genre Cochliopoilium. (^)uelle que soit sa forme, l'animal dé- ploie facilement des pseudopodes. Il arrive parfois (pie l'on voie partir d'un point (|uel- conque de la surface des prolongements de plasma clair, sous forme plutôt d'ondulations courtes; mais ce ne sont pas là des pseudo- podes véritables. Pour ces derniers il semble qu'il y ait une tendance très marquée à la loca- Gloïdium horridum. — 1. L'animal vu par sa face inférieure. — 2. Le même, vu de côté. — 3. Le même, sans pseudopodes, fixé sur un soutien. — 4. Vacuoles du plasma. — 5. iDcnticulatlons occa- sionnelles de la surface. ' O terme de « sol » ne désig-ne ici. bien entendu, que Va lamelle de verre sur laquelle l'animal est placé ; je l'emploierai souvent dans le même sens. GENRE GLOÏDIUM 31 lisation; toutes les fois qu'on assiste à F apparition de pseudopodes bien déterminés et revê- tant comme ceux des espèces testacées la forme cylindrique ou rubanée, on voit que ces pseudopodes partent d'un même point, lequel coïncide avec le disque d'adhésion lorsque ce dernier existe (fig. 1); la figure 2 montre un animal qui, posé d'abord sur sa face ter- minale et qu'on pourrait appeler buccale, a été à dessein brusquement détaché de son point de lixation ; on le voit alors de côté et l'on peut facilement constater que les pseu- dopodes partent d'une même région antérieure '. Il semble, d'après ces apparences, que l'ectosarc doit être revêtu d'une membrane véritable: mais il n'en est rien. Les couches superficielles du plasma sont sans doute plus compactes que les autres, et même temporairement durcies, mais il est impossible d'y reconnaître la moindre trace de membrane à double contour, et telle région qui, d'abord, était ferme et résistante, à bords très francs, peut, d'une minute à l'autre, se ramollir et prendre les contours indistincts du plasma mou, ou même produire à sa sur- face de petites vagues de plasma mobile. L'ectosarc est dans cette espèce fréquemment sujet à un phénomène intéressant, qui rappelle d'ailleurs ce que l'on peut constater dans quelques autres Rhizopodes (par exemple l'elomy.ra BekvskU) : Il se hérisse, souvent sur une région déterminée seulement et sur- tout à la partie antérieure du corps, de milliers de petites aiguilles, hyalines et résis- tantes (fig. 5), mais qui ne sont en réalité pas autre chose que du plasma durci, et qui peuvent à leur tour disparaître, se foudre dans la masse générale, tout aussi vite qu'elles étaient apparues. Lorsque l'animal est au repos et a pris la forme soit arrondie, soit étalée, cette armature semble recouvrir le corps entier. Pendant la marche elle n'existe souvent qu'à la partie antérieure, où les aiguilles atteignent alors un développement plus considérable que partout ailleurs. Immédiatemeiit au-dessous de la surface, l'ectosarc est fortement vacuolisé ; les va- cuoles, de grandeurs variées, se touchent souvent les unes les autres mais sans se com- primer mutuellement (fig. 4). Le plasma renferme des graimlations extrêmement ténues i)ar myiiades, puis des ' Dans cet état, l'animal rappellerait le Pctnlopiis dijjliu'nn de CLAPAuiJDE et Lachma.nn, qui serait un Rliizopode sans membrane d'enveloppe, mais dont les pseudopodes ne partiraient que d'un point antérieur. Mais la description du Pctalopiis est extrêmement vague et écourtée, et, de même que Butschli, je serais disposé à regarder l'existence du PctaUipns, telle que Lachmann l'a observée, comme problématique. 32 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIX DU LÉMAN grains d'excrétion plus gros, et de nombreuses petites boulettes jaunâtres, d'apparence protoplasmique, mates et déformables. Outre les vacuoles dont il vient d'être question, il existe une inmiense vésicule con- tractile, que j'ai vue fonctionner normalement, et se vider sans produire d'ailleurs aucune réaction dans le liquide extérieur. Le plasma des deux individus examinés renfermait des proies de différente natui'e (diatomées, etc.), et de taille minime. Ni sur le vivant ni après coloration au carmin il ne s'est montré trace de noj-au. La taille moj'enne à l'état p^yriforme est de 71 j^t. Je n'ai malbeureusement trouvé que deux exemplaires de cette espèce, l'un à Gail- lard et l'autre à Meyrin, dans les marécages, et ce n'est que le premier que j'ai pu exa- miner d'une manière suffisamment détaillée. GJoidium?... mqulnatum spec. nov. Cet organisme est bien différent des deux précédents et n'a de commun avec eux que Fabsence de noyau; en tout cas n'ai-je pas réussi à en découvrir un. C'est un assez gros Rhizopode, de 385 /a de dia- mètre dans sa forme habituelle. Il est aplati, divisé en un petit nombre de bras également larges et apla- tis, et qui s'avancent en rampant en apparence cha- cun pour son conq)te, mais d'un mouvement très lent. Le plasma est complètement bourré de petits grains jaunâtres, clairs, qui, par leur masse, domient à tout ranimai une teinte d'un noir jaunâtre sale, et à la lumière incidente d'un violet clair. Mais cette masse colorée est partout bordée d'une marge très nette d'ectoplasma hyalin, pur et sans granulations. Cet ectosarc a ses bords frangés, sur tout son pourtour, de très petits lobes ou pseudopo- des ondulés, qui se forment et se déforment lentement. Dans l'intérieur du corps on voit ([uelques vacuoles contractiles, très paresseuses. Gloïdium? inquinatum. — Animal en marche. On y voit trois vacuoles contrac- tilcK et des globules brillants. GENRE AMŒBA 33 qui apparaissent et disparaissent par-ci par-là. L'endosarc renferme en outre de gros grains d'excrétion bleus, brillants, puis un certain nombre de boulettes vertes qui m'ont paru représenter des algues en cours de digestion. Cette description sommaire s'applique d'ailleurs à un seul individu, trouvé au marais de Lossy, et qu'il ne m'a pas été possible de suivre longtemps. Cet organisme m'a cependant paru assez intéressant et assez caractéristique pour mériter d'être mentionné. Genre Amœha Ehrenberg 1831. Volro.r, Linné 1760; Cliao.% Liimé 17G7; Profens, Muller 1786; Vihrio, Gmelin 1788; Aiu'iha, Bory 1824; Amcrba, Ehrenberg 1831. Les Amibes peuvent être brièvement définies comme des Rhizopodes nus, toujours pourvus d'un ou de plusieurs noyaux, et de vésicules contractiles, et dont les pseudopodes, le plus souvent lobés, ne sont jamais anastomosables. D'après ces caractères, il sera toujours facile de reconnaître un de ces organismes, en tant qu'appartenant au genre Amœha. Mais il en est tout autrement ([uant à la déter- mination de l'espèce. Les Amibes peuvent se rencontrer partout, et à chaque instant on est appelé à en examiner. La jilupart sont de petite taille et se remarquent peu ; d'autres moins nombreuses arrivent à dépasser les plus gros des Rhizopodes d'eau douce revêtus d'une coquille. Mais en raison même de la simplicité de ces organismes, et en l'absence de toute enveloppe caractéristique, les Amibes revêtent presque toutes un air de parenté qui jusqu'ici a constamment rendu leur détermination très difficile, et une longue expé- rience permet seule d'apprendi'e à distinguer les caractères spéciaux de chaque espèce. Il a été décrit un nombre considérable d'Amibes; Maggi, déjà en 1876, et dans un travail fort intéressant sur le sujet ', arrive, après discussion de la synonymie et après élimination d'un certain nombre de noms anciens, au chiffre de 44 espèces décrites; mais sur ces 44 il en cite 17 dont il n'a jamais pliis été fait mention depuis leur découverte, et 11 autres dont la réalité est encore problématique. En 1876, il serait donc resté, d'après ' Studi analoino lisiolog-ici iiitorno aile amibe... Alti délia Societù Italiana di scieiize naturali. Vol. XIX, fasc. IV. 5 34 FAUNE RilIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN MaGgi, 1 6 Ainibes d'une existence certaine. Depuis lors il en a été décrit encore un nombre assez considérable, et ce chiffre de 16 pourrait à l'heure qu'il est être de nou- veau porté à 40. Mais en réalité la plupart des descriptions, pour les espèces récemment découvertes comme pour les anciennes, sont encore très vagues. Un très petit nombre seulement sont réellement déterminables, et l'étude systématique des Amibes reste hérissée de difficultés. Et pourtant, une expérience quelque peu prolongée de ces organismes conduit iné- vitablement à la conviction que chez ces animaux les espèces sont plus nombreuses que dans tous les autres groupes des Rhizopodes, plus même que dans le genre Diffliifjia; espèces bien autonomes, ayant leurs caractères spécifiques distincts, leurs particularités morphologiques et physiologiques bien établies. C'est ce que CtReeff et Gruber ont peut-être été les premiers à reconnaître (voir la note de Gruber, dans l'introduction) ; plus tard, d'autres observateurs, comme par exemple Rhumbler, ont insisté à leur tour sur la richesse spécifique de ce genre. Mais il n'en reste pas moins vrai que pour pouvoir permettre une confrontation sé- rieuse, la diagnose devra être plus complète encore pour les Amibes que pour les autres Rhizopodes, et reposer, comme le disait Gruber, sur tous les caractères possibles, même ceux que dans les autres animaux on n'est pas habitué à prendre en considération, du moment que ces caractères sont constants. Mes études m'ont amené à examiner beaucoup d'Amibes, chaque espèce représentée le plus souvent par un grand nombre d'individus. J'ai voué à ce genre une étude atten- tive, et si j'ai pu identifier une grande partie des formes rencontrées avec les espèces jusqu'ici décrites, il en est d'autres, assez nombreuses, qu'il m'a été impossible de retrou- ver dans aucun auteur. Aussi ai-je dû les présenter comme nouvelles, en m' efforçant d'en indiquer les caractères avec une exactitude suffisante pour les confrontations ultérieures. J'ai reconnu comme Gruber que le noyau est peut-être l'élément le plus important pour la caractéristique de l'espèce. C'est ce qu'on n'a guère eu jusqu'ici en vue, et cepen- dant il est probable que dans les diagnoses à venir, c'est lui qui sera appelé à fournir les caractères systématiques les plus sûrs. Cependant, tout en croyant bien faire que de donnei- à mon tour un certain nombre de descriptions nouvelles, je suis personnellement porté à regarder ces diagnoses comme GENRE AMŒBA 35 manquant encore de la précision voulue. Tout dans ce genre est difficile et la classifi- cation des Amibes ne reposera sur des bases solides que bn'sque un naturaliste coura- geux se sera décidé à entreprendre une monographie complète du sujet. Le typeprimitit\4/H«'/^«a été subdivisé en une grande (juantité de nouveaux geiu'es : Dadi/los2)h(crliimEEFa'\\lG et Lesser, Hyalodii^cus'H.ERTWU; etLESSER, Bm il ustuni a Cl A- PARÈDE et Lachmann; puis ensuite Frenzel est arrivé, qui a créé les gein-es Sacca- mœha, Guttididiiim, Stylanuvha, etc. Mais si la distinction des Amibes en différents genres est en elle-même très désirable, et deviendra un jour nécessaire, il faut avouer que les subdivisions qu'on a proposées jusqu'ici sont encore prématurées et ne font que rendre la détermination plus difficile. Les distinctions y sont basées sur des différences morpho- logiques souvent temporaires, et telle espèce, par exemple, qui, à un moment donné, sera une Ama'ha, deviendra Dacfi/h}yt2)lif('ri/nii l'instant d'après, pour passer ensuite à Fodos- toma, et peut-être en route a-t-elle été Guttiûiduoii. Aussi m'en suis-je tenu au genre Amœha. J'ai conservé par contre le genre Hyalodiseus pour une espèce bien caracté- ristique et qui gagne à être considérée comme appartenant à un genre à part {Hyalodis- eus rubimndus H. et L.), puis ])our les gein-es Bhiamd'ha, Amx)Mzonelkt et PeJomym, qm sont suffisamment distincts jioiir éclairer le sujet ])lutot que de l'obscurcir. La Fcdu- myju pourtant ])rête à des obscurités, nmis elle est trop bien introduite dans la science pour qu'on hésite à lui laisser sa ])lace. Parmi les Amibes qu'on trouvera ici décrites connue nou\ elles, il yen a trois, Amœha hcryllift'ra, Amceha lotryllk et Amwha Harario/des. dont je n'ai rencontré qu'un seul individu. Elles sont toutes trois, je crois, assez caractéristiques pour que je n'aie pas hésité à les décrire. Je crois devoir ajouter cependant qu'outre ces trois Amibes et à part le Gldidiiun inqitlimtiim et le Gloldiiint iiiidahile., toutes les espèces nouvelles indiquées dans ce volume, soit nues, soit testacées, ont été vues plusieurs fois, souvent par centaines {GlokVmm honiditm deux fois, l'aiiqdiay/is araiatns deux fois, Aiiiœha SaphJriiia trois fois, le reste bien plus souvent). Aiiiirla liiiia.r DlMAIiltlX ('2o). Le n'bm donné par Dr.JARDix à cette Amibe indique d'un cou)» le caractère le plus sail- lant de l'espèce. La forme est celle d'une limace, et l'animal, en tout cas dans ÏAnKcha 36 FAUNE RIlIZOPODKiUK DU BAHSIN UU LEMAN Umax typique, semble la garder constamment, ou tout au moins ne jamais subir de défor- mations considérables. A l'état de repos, on le rencontre, connue toutes les autres Amibes du reste, fréquemment en boule, puis il part en s' allongeant en limace, et tout le corps ne forme plus alors qu'un seul pseudopode, généraleuient plus large en avant qu'en arrière, en même temps que plus aplati. La partie antérieure roule alors pour ainsi dire connue une onde, droit devant elle, et à une allure relativement rapide. Par-ci par-là se forment sur les cotés de petites ondes partiel- les, mais qui ne se développent qu'exceptionnellement en pseudo- podes véritables. Parfois aussi le corps tout entier, sans cbanger de place, et fixé au sol par sa queue, se dé- place rapidement, d'un seul bloc, au sein du liquide, comme pour tàter le terrain. Ce phénomène, plutôt rare, mais que j'ai vu se reproduire chez un grand nombre d'Amibes, et qui est très général dans les pseudopodes des espèces testacées (voir note 8), est intéressant en ce qu'il mon- tre bien que dans certains cas le plasma peut être assez rigide dans son ensemble pour n'avoir pas besoin de soutien. Dans la tigure 5, la partie antérieure du corps d'une Amœba Ihnax se déplaça d'un quart de cercle environ dans l'espace d'une seconde. Dans notre Amibe, le plasma, presque toujours reuq)li de petites granulations de toutes sortes, de proies de diverse nature, et de grains d'excrétion bleus et brillants, arrondis ou amorphes niais sans formes cristalUnes, est bordé d'une ceinture d'ectosarc hyalin très pur, plus large et plus étalée à la partie antérieure. La vésicule contractile, généralement unique, i)eut se trouver dans différentes ré- gions du corps, mais se voit le plus fréqueunnent en arrière, et c'est presque toujours dans cette région (pfelle éclate. • Amœba Umax. — 1. Un individu en progression rapide. — 2. Variété se rapportant à la même espèce. — .3. Houppe caudale, dans une Amœba limax typique. — 4. Noyau dans ses dittërcntes déforma- tions. — 5. Déplacement d'un individu eu masse, en une seconde, la queue restant seule fixée. GENRE AMŒBA 37 La iiartie postérieure de l'aiùiiial est, comme dans toutes les Amibes sans excep- tion, formée d'un plasma en apparence plus concentré que celui du reste du corps, mat et souvent visqueux. Comme dans beaucoup d'autres espèces également, ce plasma caudal se résout en une sorte de houppe caractéristique, et dans VAmœba Umax, cette houi)pe, surtout dans une marche rapide, tend à se diviser en filaments serrés, droits, d'un bleu mat et d'apparence flocomieuse, qui forment, par leur ensemble, un capitule de baguettes rayonnantes (fig. 3). Le noyau est d'un bleu pâle, sphérique en principe et souvent ovoïde, mais toujours sujet à des déformations continuelles, entraîné qu'il est dans les torrents qui courent au sein du plasma. La membrane en est fine et souple. Le nucléole, grand, pâle et compact, est séparé de la membrane par une marge claire et hyaline assez étroite. Lors des dé- formations du noyau dans son ensemble, ce nucléole prend lui-même part aux déforma- tions, et ses bords restent parallèles aux parois de la membrane nucléaire (fig. 4). La taille, dans cette espèce, est excessivement variable, soit d'une localité à l'autre, soit suivant les individus. Les gros exemplaires n'arrivent guère au delà de 100 ^. Cette description s'appli(iue à une Amibe que l'on rencontre un peu partout et qui peut être considérée comme espèce type ; mais il faut bien avouer que le terme Amœha Umax devrait être considéré non comme constituant une forme spécifique précise, mais comme représentant tout un groupe d'Amibes, différentes les unes des autres mais se rap- prochant par les caractères généraux qui viennent d'être indiqués. Si l'on ajoute qu'un nombre considérable d'espèces bien caractérisées, tout en gardant leurs caractères bien nets, peuvent prendre momentanément la forme limax, on reconnaîtra (pie les observa- tions sur ce groupe ne sont pas aisées. On pourrait pourtant distinguer dès aujourd'hui quelques variétés bien tranchées. J'en ai représenté une dans la figure (fig. 2). Cette variété, qui se trouvait nombreuse dans une de mes pêches, se distinguait de l'espèce type en ce que la houppe caractéristi- que de l'arrière était normalement remplacée par de véritables pseudopodes allongés, en nombre variable et formant comme les racines d'un arbre. Parfois, connue dans l'hidividu représenté par la fig. 2, il n'y en avait qu'un seul. J'ajouterai en passant que, quehjues minutes après avoir présenté la forme indiquée à la fig. 2, la queue de l'Amibe revêtait déjcà celle de la fig. 3. 38 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN En outre cette variété était sujette à se ramifier à la partie antérieure et rappelait en somme VAmœba Prnteus, dont à certains moments elle ne se distinguait alors que ])ar l'existence, il est vrai concluante, d'un noyau d'une structure absolument différente. Cette variété me parait se rapporter aux figures 1, 2 et o de la planche VII de Leidy, considérées par ce dernier comme représentant des formes de VAmœha villosa de Wallich. J'ai retrouvé également dans une de mes pêches, et en nombre immense, une forme qui cadre assez distinctement avec VAmœha gracUis de Greeff (41). et en même temps avec celle qu'en 1890 j'avais moi-même et sans connaître le travail de Greeff décrite pré- cisément sous le nom de Amœba gracUis (85). Tous les individus, très pâles, de très petite taille, étaient d'une mobilité extraordi- naire. Je n'ai jamais observé d'Amibes si capricieuses ; elles couraient comme affolées, puis s'arrêtaient, et poussaient dans différentes directions deux ou trois pseudopodes, dont l'un finissait par prendre le dessus et entraîner l'animal, qui prenait alors une forme allongée et étroite. Parfois l'animal se tordait tout d'une pièce sur lui-même, fixé par sa queue seu- lement, et la partie libre tâtait dans le liquide en se haussant comme ])our trouvei' un point de fixation; d'autres fois même c'était la queue aussi bien que la partie antérieure qui abandonnait son soutien, et l'animal restait alors fixé par son milieu. Bien que ces petites Amibes aient présenté des caractères spéciaux, leur noyau était celui d'une Amœha limax, et j'ai cru devoir les considérer connue des iiulividus jeunes de cette dernière espèce. Amwha gnttida Dujardin (23). Cette espèce, toujours très petite, rappelle VAmwha lintax par la forme de son noyau, unique, à membrane souple et déformable, et à nucléole central compact, d'un bleu mat et très clair. Elle s'en distingue sur- , „ „ .,.„.. , „ ,, tout par sa forme toujours peu allongée. Amœba giilfula. — 1, 2 et d. Dinereutes formes d un '■ ' ^ ' même iiulividu. - 4. Noyau. gg rapprochant généraleuieut d'un ovale élargi en avant. On a eu tort cependant d'indicpier cette espèce comme gardant cons- tamment peiulant la marche sa forme habituelle elliptique; elle s'étale souvent à la GENRE AMŒBA 39 partie antérieure (fig. 2), parfois s'y creuse d'une encoche plus ou moins profonde, de manière à donner naissance à deux pseudopodes qui d'ailleurs ne sont jamais que d'exis- tence fugitive. Plus souvent il se produit dans ses côtés de brusques ruptures d'équi- libre, des déchirures pour ainsi dire, par lesquelles fait irruption une portion de l'endo- plasma, qui se répand au dehors sous forme d'une large expansion protoplasmique (fig. 3) '. Ce phénomène se produit souvent lors des changements de direction ; c'est alors le lobe de nouvelle formation qui prend la tête, et les courants internes viennent s'y jeter, en même temps que la tête primitive se fond dans la masse générale. Mais le plus souvent l'Amibe court droit devant elle, gardant en somme sa forme obovale, et avec rapidité. On voit pendant la marche que les petites inclusions de toute sorte, grains brillants, proies en digestion, et même les vésicules contractiles et le noyau, sont constamment entraînés d'arrière en avant par les courants internes, mais s'arrêtent à une certaine distance de l'extrémité aplatie, tandis que les parties plus liquides et dénuées de granulations vont plus loin et se répandent à l'extrémité antérieure comme une eau qui coulerait sur une faible pente et gagnerait toujours du terrain. On trouve généralement dans cette espèce une grande vésicule contractile, et parfois plusieurs; leur place normale est en arrière, et c'est presque toujours là qu'elles éclatent, mais elles peuvent, comme on vient de le voir, courir dans le plasma, entraînées par les courants internes. UAmaiba giittiila est en principe dépourvue de houppe caudale ; cependant le plasma y est plus concentré que partout ailleurs, et parfois j'y ai observé la formation de légères dentelures. La taille est variable, généralement de 30 à 35 u. On trouve cette espèce un peu partout, quoiqu'elle ne soit pas très comnunie. Il est fort probable d'ailleurs que comme VAnmha Umax elle représente plutôt un groupe qu'une seule espèce bien caractérisée. Frenzel et Delage ont réuni cette amibe au genre Hyahdiscus, créé pour les espè- ces qui ne pousseraient jamais aucun pseudopode. ' Ce pliénoiuène d'expansion brusque d» plasma se rencontre ilu reste dans d'autres Amibes; il est de même nature que celui qui sera d(H'rit comme caractéristique de Amn-ba /iiiiicola; mais dans cette dernière espèce tout se passe avec plus de rapidité et de violence, et en même temps le processus est devenu pour ainsi dire physiologique. 40 ■ FAUNE RIIIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Aniivha liniicohi Rhumbler (98). J'ai trouvé en assez grande quantité, à l'Asile des Vieillards, une Amibe qui répond si exactement à la description que Rhumbler donne de son Amœba Umicola, que je ne puis mieux faire que de reproduire ici les termes mêmes de cet observateur. « Sur le fond quelque peu vaseux de mes cultures vit une Amibe de 54-GO ^x en dia- « mètre, plus ou moins globuleuse, qui ne modifie que rarement sa forme pour prendre * une apparence plus ou moins ovale ou ellipsoïde. Ses pseudopodes ne deviennent jamais « longs, ils sont ovales et lobés. Toute l'Amibe est si bien remplie de petits corps en appa- « rence foncés ou noirs, qu'on ne peut rien voir d'un noyau ni d'une vésicule contractile; « les pseudopodes seuls sont parfois dépourvus de grains, transparents et presque vitreux. « Cette Amibe, que je n'ai pu identifier à aucune des espèces qui me sont connues, et que « j'appellerai du nom de Aniœha limicoJa, arrive parfois à une phase de formation toute « particulière de pseudopodes. De l'ectoplasina fait irruption un courant d'ectosarc qui « se déverse sur le côté à la surface de l'Amibe. Les inclusions foncées sont d'abord ani- « mées, dans l'ectoplasma déversé, d'un mouvement tourbillonnant désordonné, et ai'- « rivent jusqu'à la surface, de sorte qu'il ne peut pas y avoir eu là d'ectosarc au préa- « lable; mais peu après cet ectosarc apparaît. Ce n'est pas l'ectoplasma, lequel a été « recouvert par l'endoplasma sorti du corps, qui est arrivé peu à peu à la surface, mais « l'ectoplasma s'est formé à nouveau de l'endoplasma écoulé, car l'ancien ectoplasma « est encore visible sous le nouveau et ne disparaît que plus tard, après que la couche « superficielle a acquis son caractère ectoplasmique. » L'amibe que j'ai trouvée moi-même correspondait parfaitement à celle de Rhumbler et m'a montré toutes les particularités dont cet auteur fait mention. Comme elle aussi, on la trouvait dans la boue noire. L'espèce que j'ai étudiée était, il est vrai, plus petite, mesurant 20 ^ en moyenne, mais cette différence, qui pour un Rhizopode testacé serait caractéristique, perd ici de son importance à cause de la taille éminemment changeante des Amibes. Outre les grains foncés dont parle Rhumbler, les exemplaires que j'ai étudiés renfer- maient aussi des inclusions cristallisées très régulières, en petit nombre. La plupart des GENRE AMŒBA 41 Amœhalim/cola. — let2. Le même incUvidu. — 3. Un autre; le plasma renferme un gros globule brillant. — 4. Un individu ju-oduisant un jet violent de plasma, dans lequel passera plus tard tout le reste du corps. — 5. Noyau. — 6 et 7. Variété se rattachant à cette espèce, sous deux formes différentes. individus possédaient une vésicule contractile de très grande taille. Quant au noyau, que Rhumbler n'a pu examiner que sur une préparation colorée et dont il n'a pu indiquer la structure, je l'ai toujours trouvé relativement très gros, sphérique, peu ou pas déformable, et renfermant de nombreux petits nucléoles plutôt allongés que ronds, rassemblés sous la membrane nu- cléaire (fig. 5). A l'égard de cette production caractéristique de pseudopodes, j'ai fait les mêmes observations que Rhumbler. La fig. 4 montre dis- tinctement l'Amibe telle qu'elle était après l'éruption du plasma in- terne, et ce plasma se durcissant à la surface en un nouvel ectosarc, tandis que la région où la rupture s'était produite reste bien visible. 11 est à remar- quer que tous mes dessins et toutes mes notes relatives à cette espèce datent de juil- let 1900, plusieurs mois avant le moment où j'ai pu prendre connaissance du travail de Rhumbler. Comme ce dernier, j'avais cru reconnaître là une espèce nouvelle que pro- visoirement j'avais classée dans mes cabiers sous le nom de Amœha vorticosa, mais avec un i)oint de doute, car elle me paraissait se rapprocher de bien près de VAma'ha hiteola dont il va être question. Les figures 6 et 7 montrent à deux états différents une Amibe qui rappelle la précé- dente par des éruptions violentes et répétées d'endoplasme, formant les uns après les au- tres de nouveaux pseudopodes. Par contre, elle en diffère par l'existence de nombreuses vacuoles dans le plasma, d'un noyau du type Amœha Umax, et d'une houppe caractéristi- que formée d'un nombre restrehit de filaments allongés. Peut-être aurait-il mieux valu la rapprocher de V Amœha Umax que de V Amœha Umicola. En 1890, j'avais décrit (85) sous le nom de Amœha luteola une Amibe d'un beau jaune citron, trouvée également dans la boue d'un étang. A part la couleur, cette Amibe ne se distingue guère de V Amœha Umicola, et déjà à cette époque je disais : « La progres- 6 42 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN sion se fait par une suite de ruptures brusques et de solidifications du plasma. » L'endo- plasma était toujours plus ou moins rempli de pierres et le noyau se montrait identique à celui de VAniwha UmicoJa. Or à Genève, également dans un petit étang boueux, j'ai retrouvé cette même Amibe, parfois à peine jaunâtre, d'autres fois d'un jaune citron, renfermant des pierres, une vésicule contractile et un gros noyau du même type. Les phénomènes de locomotion étaient également identiques. UAmœha luteola variait de .30 à 60 y.. Peut-être ces deux Amibes, limicoh et luteola, ne seraient-elles que deux for- mes ou variétés d'une même espèce. Une autre espèce, Amœha nndosa, décrite en 1S90 avec VAmœha hiteoJa, et trouvée dans le Rhin à Mayence, représente également une forme très voisiné. Les figures 21, 22 et 23 de la pi. VIII de Leidy, consacrées à de petites Amibes trouvées dans un abreuvoir à vaches, c'est-à-dire probablement aussi dans la boue, me semblent, tant par leur apparence que par les détails que Leidy ajoute à leur sujet, se rapporter à YArna'lxi Umicola. Amœha fluida Gruber (40). Gruber a trouvé cette Amibe dansl'aquariumd' eau de mer de l'UniversitédeFribourg- en-Brisgau, puis ensuite dans le port de Gênes. Elle se distingue, d'après Gruber « par une « coloration brun rougeâtre très peu prononcée, liée en apparence aux grains qui remplis- « sent en nombre immense le corps jusqu'à son bord le plus extérieur. Le plasma est très « dilué, si bien même que les petits grains s'y trouvent dans un mouvement moléculaire per- « pétuel. La locomotion se fait par jets de plasma brusques et successifs ou par un écoule- « ment régulier. Le noyau paraît homogène et composé d'une multitude de petits grains. » L'Amibe que j'ai trouvée moi-même, en quantités immenses, au marais de Bernex, diffère sur quelques points de celle de Gruber. Elle est plus grande, variant en général de 50 à 120 p., et renferme toujours une vésicule contractile que V Amœha fluida de Gruber ne parait pas posséder. Mais il faut remarquer que cette dernière n'habitait que l'eau de mer où la vésicule contractile disparait presque toujours. En somme cependant, l'Amibe que j'ai trouvée répond si exactement soit à la descrip- (iENKE AMCKBA 43 Amoeba fluida. — 1, 2, 3. Individus différents, sous des for- mes variées. — 4. Noyau. — 5. Un autre noyau, plus grossi. — 6. Exemplaire vu de côté, reposant sur le sol. tion, soit aux figures que donne le professeur de Fribourg, qu'on ne peut guère hésiter à les identifier l'une à l'autre. C'est une espèce à caractères très nets et toujours facile à distinguer des autres Amibes. La forme est quelque peu variable, tenant le milieu entre celle de VAmœha Umax et de VAinalm giittitla, s'étalant parfois en avant ou se creusant d'une entaille peu profonde, mais sans jamais se diviser en pseu- dopodes allongés. Le plasma est toujours jaunâ- tre ou d'un jaune brunâtre, et la colo- ration, comme le dit Gruber, est liée à la présence de myriades de tout petits grains jaunes, transparents, qui remplissent le corps entier jus- qu'à la limite même de l'ectosarc. Outre les courants internes qui les emportent dans la masse liquide de l'eudoplasma, ces grains sont animés d'un mouve- ment moléculaire perpétuel, très facile à constater. Ces granulations très petites ne sont d'ailleurs pas les seules qu'on rencontre dans le plasma; ce dernier en renferme toujours d'autres en grand nombi'e, des grains de diffé- rente taille, mais toujours bien supérieurs aux premiers, parfaitement globuleux, incolores (bleuâtres) et brillants. Le noj^au est très caractéristique et à lui seul permettrait, parmi d'autres Amibes, de reconnaitre de suite VAmœha fliiida. Il est toujours très apparent, au moins lorsque l'animal s'aplatit dans sa marche, et rappelle à première vue un pyrénoïde tel qu'on en trouve dans beaucoup d'organismes inférieurs végétaux. Examiné de plus près, on voit qu'il possède une membrane extrêmement délicate, mais nette et bien dessinée; puis vient une zone de suc nucléaire peu abondant et très clair; cette zone généralement étroite s'élargit considérablement (connue d'ailleurs c'est le cas pour tous les noyaux des Rhizo- podes) lorsque le noyau se trouve artificiellement comprimé. Le nucléole, très gros, et déli- mité sur ses bords par une ligne particulièrement nette et franche, est en apparence com- pact et granulé; mais en l'examinant attentivement on voit (ju'il renferme toujours un 44 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN certain nombre de vacuoles bien arrondies, parfois très petites et très nombreuses, phis souvent en petit nombre, cinq ou six à peine et alors plus grandes. Ces vacuoles, dont nous aurons à constater la présence dans d'autres lUiizopodes, ne doivent d'ailleurs être assimilées ni à des vésicules contractiles, ni aux vacuoles ordinaires du plasma ; ce sont, suivant toute apparence, plutôt des lacunes creusées dans la masse des nucléoles. Il faut ajouter que le nucléole doit être dans cette espèce, comme dans tant d'autres Rhizopodes et dans tous peut-être, attaché à la paroi interne de la membrane nucléaire par des lilaments, géiléralement invisibles sur le vivant, mais que j'ai pu de temps à autre apercevoir. La fig. 5, par exemple, représente un noyau oîi l'on voyait parfaitement le nucléole étiré à ses deux extrémités et prolongé d'un filament qui allait rejoindre la paroi de la membrane. Il existe toujours une vésicule contractile; parfois on en voit deux ou trois, tenqio- rairement sans doute. En outre, on constate, mais souvent après compression de l'animal, souvent l'existence de très petites vacuoles disséminées dans le plasma. Cette espèce est rapide dans sa marche ; elle pi-ocède le plus souvent par ondes brusques, tourbillonnantes, fantastiques, qui forment coup sur coup de nouvelles expan- sions pseudopodiques en avant du corps, et toute l'Amibe s'avance comme une onde vivante. L'extrémité postérieui'e de l'animal est généralement arrondie, mais le plasma y semble glutineux, et parfois, dans une marche rapide, on voit se former en arrière des dentelures ou des franges qui représentent un commencement de houppe. Gruber a décrit, comme provenant aussi du port dcî Gênes, une Amœba flaoescens, plus grande que la première (200 «), « très riche en fines granulations et extraordinai- « rement liquide... Sur le vivant il est impossible d'y découvrir un noyau, mais après colo- « ration on s'aperçoit qu'il en existe un grand nombre. Les imclei de V Amœba flaves- « cens... renferment un corps chromatique foncé, entouré d'une marge claire. » D'après la description d'ailleurs très brève de Gruber, comme d'après les figures qu'il y ajoute, V Amœba flavescens ne diffère de V Amœba fliiida que par la présence de GENKE AMŒBA 45 nombreux noyaux. Or, dans le marais même où vivait en si grand nombre VAmoAa fliii(h(,yAi rencontré également ([uelques individus, plus gros (200 (x, dans leur état habi- tuel, jusqu'à 350 à l'état allongé en limace), et qui tout en se montrant à tous les autres égards, par sa couleur, ses graïuilations, sa locomotion, etc., identi(iue à Y Amœha fUiida, en différait cependant par l'existence de nombreux noyaux. Ces noyaux restaient presque toujours invisibles, mais en comprimant l'animal, j'ai pu les observer distinctement sur le vivant. Ils sont en somme conformes à ceux' de VAmaha fl/iida, mais beaucoup plus petits (10 IX environ). De plus, en outre de la grande vésicule contractile, il existait un certain nombre de vacuoles rondes disséminées dans le corps. En somme, nous avons Là V Amœha flarescetis de Gruber. Cet observateur rappro- che également V Amœha flavescens de son Amo:ha prima, tout en y voyant deux espèces distinctes en raison de la taille différente des noyaux et du corps entier. Mais Gruber n'a vu les noyaux de VAmu^ha flavescens qu'après coloration, et cette dernière obscurcit toujours et détruit généralement toute la structure interne; moi-même, après les avoir examinés sur le vivant, j'ai pu m'assurer que non seulement la grandeur, mais la struc- ture du noyau est toute différente dans ces deux espèces (voir Amo'ba prima). Si l'on constate que Gruber a récolté V Amœha fluida comme V Amœha flareseens dans le port de Gênes, et que je les ai retrouvées toutes deux vivant en compagnie dans le marais de Bernex, si l'on songe en même temps que les deux Amibes de Gruber, à traits si accusés, ne diffèrent que par la taille et par la présence d'un ou de plusieurs noyaux, on ne peut s'empêcher de les regarder comme des formes de la même espèce, et c'est comme telles que je les ai considérées ici. Il est extrêmement rare, il est vrai, beaucoup plus même qu'on ne le croit généra- lement", de constater l'existence d'une même espèce sous deux états différents, miinu- cléé ou plurinucléé. Mais cela existe pourtant, par exemple, d'une manière je crois certaine, dans le genre Gromia, et très probablement dans quelques Khizopodes nus (Amœha, Biomijxa?). ' Les descriptions d'espèces tantôt uni-, tantôt plurinucléées sont dans la grande généralité des cas le résultat d'observations imparfaites ; dans presque toutes celles que j'ai pu Contrôler sur le vivant, j'ai vu que, à part la différence des noyaux, des caractères parfaitement précis et conslants indiquaient qu'il y avait là des espèces différentes. 46 FAUNE KIIIZOPODlyUE DU DAWSIN DU LÉMAN Aniœha fjranulosa Gkuber (46). Cette espèce se distingue par la présence « d'une quantité innnense de petits grains « réguliers elliptiques, (pii remplissent le corps presque complètement et paraissent de « nature siliceuse. La taille est forte, de 300 [x. de longueur. » Bien que, à part la mention d'une vacuole contractile et d'un noyau « vésiculaire, » c'est-à-dire revêtant la structure habituelle des noyaux des Rhizopodes d'eau douce, la description de Gruber ne renferme guère d'autres détails, il me semble que c'est bien à cette espèce qu'il faut assimiler une Amibe que j'ai trouvée en grande abondance au marais de Bernex. Cette Amibe, de grande taille, 250-.300 a en moyenne, mais pouvant arriver au dou- ble lorsque l'animal est allongé, est toujours bourrée d'une intinité de petits grains bril- lants, très réfringents, de teinte plutôt jaunâ- tre lorsqu'on les examine un à un sous un fort grossissement, mais dont l'ensemble prend une nuance d'un noir violet. Ces grains, toujours réguliers et pointus aux deux extrémités, paraissent à première vue simplement elliptiques. Mais un examen plus attentif y fait reconnaître des cristaux bicuspi- des, dont les arêtes sont arrondies (tig. 2). Quant à leur nature, je ne crois pas qu'elle soit siliceuse, mais plutôt qu'il faut y voir des graiiis d'excrétion analogues à ceux de tant d'autres Rhizopodes, et consistant soit en ortho- phosphate (SCHEWIAKOFF 104), soit en oxalate de chaux. Je n'ai du reste pas fait de recherches spéciales à ce sujet. Le noyau, sphérique, à membrane nette et forte, atteint en général la taille de 50 y.. La masse chromatique y est représentée par une quantité innombrable de petits nucléoles arrondis qui le remplissent à ])eu près tout entier, en formant une couche plus serrée au voisinage de la membrane. R existe toujours au moins une vésicule contractile, que l'on voit souvent immobile Amœha yranidusa. — 1. Animal en marche, — 2. Détails du plasma, sur un des côtés. — 3. Noyau. GENRE AMŒBA 47 à l'extrémité postérieure de l'individu, tandis qu'on en remarque une autre courant dans le corps en même temps que les inclusions de toute nature que ce dernier peut contenir. Parmi ces inclusions je mentionnerai des poussières de granulations incolores extrêmement fines, puis souvent des corps brillants, jaunâtres ou verdàtres, globuleux ou de formes variables (fig. 2), et qui me paraissent représenter des « corps luisants, » « Glanzkorper, » et jouer peut-être le rôle de spores. Les mouvements, généralement peu rapides, sont analogues à ceux de VAmœha proteus, avec production sur différents points du corps de larges pseudopodes dans l'inté- rieur desquels pénètre bien vite l'endoplasma avec ses inclusions. J'ai trouvé un jour trois individus si bien entortillés les uns dans les autres que le tout ne faisait qu'une masse, mais sans qu'il se fût produit aucune soudure véritable, car on pouvait voir nettement les contours de chaque individu. Sous l'influence de la lumière, les trois Amibes se séparèrent et partirent chacune de leur côté. Dans un autre marécage, à Gaillard, j'ai trouvé à différentes reprises une Amibe de forte taille (.300 fi en moyenne, 500 à l'état allongé), que d'abord j'avais considérée connue une forme plurinucléée de VAmœha proteus, mais qui peut-être se rapprocherait plus de V Amœba granulosa de Gruber. Elle était, comme cette dernière, bourrée de petits grains bicuspides, qui revêtaient alors une structure parfaitement cristalline avec arêtes vives; mais, chose curieuse, quelques-uns des exemplaires avaient tous leurs cristaux, sans exception, non plus bicuspides, mais rectangulaires, avec arêtes et angles parfaits, et appartenaient selon toute apparence au système quadratique. Tous ces individus étaient porteurs de petits noyaux, de 6 ^j. de diamètre, au nombre de plusieurs centaines. Dans un individu à cristaux quadratiques dont j'ai fait une étude détaillée, ces noyaux portaient une grande quantité de nucléoles extrêmement petits, de moins de 1 /x peut-être, logés en une seule couche sous la membrane, tandis que les individus à cris- taux bicuspides avaient des noyaux à nucléole très pâle, compact et central. En sonnne, il est possible, probable même, que ces deux formes plurinudéées repré- 48 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN sentent deux espèces distinctes, et peut-être n'ont-elles ni l'une ni l'autre rien à faire avec VAma'ba grannlosa. Mais n'ayant pas fait de ces deux Amibes une étude suflfisani- ment complète, je me contenterai de les mentionner. Amœba prima Gruber (46). Voici en quels termes Gruber définit cette Amibe: « Diamètre 300 p. environ. Plasma hj-alin assez consistant, avec peu de granulations. Ce plasma est pour la ])lus grande partie refoulé (verdriuigt) par de nombreuses vacuoles liquides serrées les unes « contre les autres et peu va- ^ (=®S::~-^ « riables de taille. Les pseudo- « podes sont larges; la loco- « motion est généralement cou- « lante. Noyaux nombreux, de « structure vésiculaire, c'est-à- « dire avec un gros nucléole « central, qui fréquennnent « peut se résoudre en plusieurs « fragments. Ces noyaux ont « 10 p.. Généralement ils sont « invisibles. » Gruber pense en même temps que la fig. 12, pi. V de Leidy (07), sous le nom de Amœha riïïosa représente cette espèce, ce qui me parait pro- bable également. L'Amibe que je vais décrire et que j'ai récoltée soit dans le lac à 20 mètres de pro- fondeur soit sur les rivages du lac à la Pointe-à-la-Bise, me semble tant par sa taille et ses caractères généraux, que surtout par la structure de ses noyaux, se rappoi'ter avec une certitude suffisante à V Amœba prima. Elle en diffère cependant par certaines parti- cularités, mais dont une seule a réellement de la valeur. Amœba prima. — 1. Individu en marche. — 2. Un autre, avec pierres et cristaux, et deux vésicules contractiles fortement en saillie. — 3. Fragment plus grossi. — 4. SiAérule brillante. — 5. Globules de plasma avec granulations internes. — 6. Noyau. — 7. Individu converti presque tout entier en sj)hérules bril- lantes. GENRE AMŒBA 49 Cette i)articuliirité concerne les vacuoles dont parle Gruber : après avoir observé comme ce dernier la présence d'une infinité de petites vacuoles serrées les unes contre les autres, mais sans compression réciproque, qui remplissaient le plasma tout entier à l'ex- ception de l'ectosarc hj'alin et pur, je m'avisai de comprimer fortement l'animal et je pus constater que ces soi'-disant vacuoles étaient en réalité de petites boulettes sphériques, claires et lisses, de plasma hyalin, lesquelles renfermaient chacune dans leur intérieur quelques granulations très petites et qui semblaient devoir représenter des produits de digestion (fig. 5). Ces boulettes, que j'ai pu isoler une à une, semblaient par leur nombre constituer la masse presque entière de l'endoplasma. Les nojaux, au nombre approximatif d'une centaine, n'étaient également visibles sur le vivant qu'après compression. Leur diamètre était de 7 y. '/a environ et tous, sphéri- ques, à membrane fine et nette, renfermaient au centre d'un suc nucléaire hyalin et abon- dant, un nucléole déchicpieté, divisé presque toujours en deux ou en trois fragments vaguement arrondis ou sans forme spéciale et attenant les uns aux autres en une seule masse (fig. G). On voyait généralement une et souvent deux vésicules contractiles. Le corps lui-même était épais, assez consistant, sphéri(iue au repos pour s'allonger modérément et lentement pendant la marche, prenant à l'occasion la forme de limace et poussant quelquefois des pseudopodes larges à la partie antérieure (fig. 1). L'extrémité postérieure était parfois terminée en une houppe peu serrée. Dans un exemplaire qui provenait de la profondeur du lac (fig. 2), on remarquait dans l'endosarc la présence de quelques pierres et de deux ou trois cristaux de toute beauté, à arêtes vives, quadratiques probablement, puis trois grandes vésicules contrac- tiles dont deux faisaient avant la systole une saillie très forte en dehors du plasma. Mais en dépit de cette saillie et de la forme particulière de la vésicule, qui montre qu'il se produisait là une pression plus forte que partout ailleurs ou que la paroi y était moins résistante, je n'ai pu observer lors de la systole aucune évacuation de liquide au dehors, ni aucune réaction d'aucune sorte qui ait pu faire croire à cette évacuation externe, cela pas plus du reste que dans toutes les Amibes que j'ai étudiées (voir note 11 sur la vésicule contractile). Dans un autre individu, provenant de la Pointe-à-la-Bise, le corps tout entier était 50 faunp: rhizopodique du bassin du Léman bouiTL' (Ic'splK'Vulos, iiiais (Viiii aspect tout i)articulier (Hg. 7, 4). Ces sphérules, l)rillan- tes, lisses, bleuâtres, de 7 à 8 [j. environ, étaient creusées chacune d'une lumière parfaite- ment ronde (spliérique), remplie en apparence à son tour d'un plasma liquide très clair, lequel renfermait en son centre de toutes petites gi-anulations (grains d'excrétion?). Faut-il comparer ces sphérules à celles qui ont été décrites plus haut ? Je ne saurais le dire, mais ces sphérules brillantes me semblent en tout cas bien devoir être rapprochées des « Glanzkorpei-, » et représenter des spores. Après avoir soumis l'animal en question à la coloration au carmin et l'avoir gardé dans cet état jusqu'àtrois jours, je pus constater que toute la masse s'était un peu colorée, mais d'une manière générale et sans que rien décelât la présence d'aucun no.yau. En somme l'Amibe tout entière paraissait convertie en un amas de spores, mais cet amas vivant, entouré d'un ectosarc hyalin bien dessiné, porteur d'une vésicule contractile normale, d'une houppe caudale bien dessinée et de tout ])etits cristaux quadrati(iues, marchait allègrement droit devant lui comme une Amibe oi'dinaire '. Aiiirrha mphiriiia spec. nov. Cette Amibe, que je n'ai pu identitier avec aucune espèce décrite jusqu'ici, ne s'est montrée que trois fois, les 6, 12 et 19 août de l'année dernière (1900) et chaque fois représentée par un seul individu. Ces trois individus, provenant d'ailleurs d'une même localité, la Pointe-à-la-Bise, se sont montrés sous deux aspects quelque peu différents, mais pas assez, me semble-t-il, poui' qu"il faille les considérer comme espèces séparées. Les figures 1 et 2 représentent la première forme : le corps, d'un bleu cendré, très pur et clair, dépourvu de toute nourri- ture interne figurée ou de toute inclusion, à l'exception de quelques petits grains d'ex- crétion brillants, mais rempli par contre de milliards de tout petits grains moléculaires (jui couraient dans l'intérieur sous l'influence des courants liquides de l'endoplasma, est extrêmement déformable pendant sa marche. Il prend alors des formes étranges, déve- ' En 1890 (8.3) j'avais di'^cpit une Amn'lm prolciix injuvée à peu près dans le même élat, et où tout le corps était résolu en spores ou embryons. GENRE AMŒBA 51 iinoiia mphiriiia. — 1. Animal rn inurcho. — 2. Un autre. — 3 et 4. Doux cxeniplaiios d'une autre variétéV — 5. Noyau de la. forme type. loppaiit fU'S i)soiu1()podt's qui s'allongent en boyaux souvent étranglés à leur l)ase et se déforment très rapidement. La locomotion est très active et se t'ait par jets ou ondes de plasma qui se succèdent coup sur coup. En arrière on ne distingue pas de houppe véritable, mais le plasma y est plus dense et parfois il s'y forme des pro- longements ou tils glutineux (fig- 2). La vésicule contractile est très apparente, devient très volumineuse et fonc- tionne avec une très grande activité, en rapport d'ailleurs, comme toujours chez les Ami- bes, avec l'activité même de l'individu (voir note 11, vési- cule contractile). Quant au noyau, il est très difficile à distinguer, du moins en tant que noyau. Dans le seul individu ([ue j'ai pu examiner en détail, je n'ai, pendant longtemps, pu le voir que sous la forme de quelques petits grains bleus vermiculaires accolés ensemble, mais ensuite, même sur le vivant et sans aucune compression, j'ai vu que ces grains formaient avec le suc nucléaire aljondant qui les entourait et la membrane fine et arrondie qui renfei-mait le tout, un noyau parfaitement caractéristique (fig. 5). La seconde forme de VAmœba sapMnna, rencontrée elle alors une seule fois, ren- fermait deux noyaux bien visibles, très petits et à nucléole compact et central (fig. ?> et 4). Le corps se livrait également à des déformations rapides et considérables, pareilles souvent à celles qui ont été indiquées pour la première forme, mais avec tendance à former des bras beaucoup plus longs et même à prendre l'aspect d'une Amreba limax très al- longée (fig. 4). Dans ces deux formes la taille, à l'état d'expansion modérée de l'individu, était de GO ij. environ, mais sous la forme très allongée elle arrivait bien au delà; la figure 4, par exemple, représente l'individu à la longueur de 130 a. 52 FAUNE RHIZOPOBIQUE DU BASSIN DU LEMAN Amo'ha aiin/iJata siiec. iiov. Cette grande Amibe provient également du lac de Genève où je l'ai trouvée de temps à autre dans la profondeur, à 35 mètres environ. Elle est formée d'un plasma plutôt dense, peu coulant, et déploie, sans grande viva- cité, un nombre restreint de pseudopodes. L'individu représenté dans la ligure 2 et qui venait de capturer une très grosse diatomée, formait, au moment où il a été trouvé, une masse unique de mamelons ou pseu- dopodes courts rayonnants. Ces pro- longements, après exposition à la lu- mière, disparurent alors bien vite de la moitié antérieure de l'individu pour s'allonger au contraire, chacun pour son compte et d'un mouvement lent, sur la moitié postérieure. Plus tard l'animal reprit une forme plus nor- male. Pendant la marche, qui est lente, il ne semble pas y avoir jamais de houppe caudale. Cette Amibe revêt tout entière une teinte légèrement jaunâtre, ou d'un jaune grisâtre, cela grâce à la présence d'une infinité de très petits grains amorphes, jaunes, transparents, qui la remplissent complètement. On voit en outre dans l'intérieur tantôt quelques pierres (?) brillantes, tantôt des petits cristaux mal formés, rectangulaires, agglomérés parfois en petits groupes de deux ou trois. Parfois on y trouve un ou plusieurs globules brillants (tig. ]), ou bien encore des corps arrondis, plasmatiques, munis en apparence d'un noyau, susceptibles de se déformer, et qui m'ont paru représenter des embryons tels ([u'il vu sera, décrit par exemple dans le genre Pelomyxa, ou dans VAmœha nobïlis, etc. La vésicule contractile est volumineuse. Le noyau dans cette espèce est très caractéristique et je l'ai toujours trouvé de même Anucba annulata. — 1. Amibe en marche. — 2. Une autre, sortant de l'état de repos; on y voit une grosse diatomée. — 3 et 4. Noyaux à deux états différents. GENRE AMŒBA 53 type clans tous les individus observés. C'est lui qui donne à l'espèce son caractère le plus saillant, d'où le nom de Amirha anunJata que je proposerai pour cette Amibe. Dans ce nucleus, en effet, grand et sphérique, le nucléole se voit toujours creusé d'une si forte lacune ou lumière interne, qu'il finit par ne plus représenter qu'une couche mince de matière chromatique, laquelle sur une vue de coupe se présente comme un anneau étroit. Mais cet anneau ne se voit jamais complètement parfait ; il est toujours fragmenté, parfois très peu, et alors on ne verra dans l'anneau toujours plaquant lui-même contre la paroi interne de la membrane nucléaire, qu'une seule solution de continuité. D'autres fois il y aura deux déchirures et l'anneau sera représenté par deux croissants rappelant alors le noyau de VAmœha fasckidata, mais plus étroit. Plus souvent, en même temps qu'il existe une seule solution de continuité bien nette, l'anneau est aminci sur les points où d'autres solutions devront se produire (fig. 3)-, ou bien encore il est divisé en un certain nombre de lambeaux comme dans la fig. 4. Mais quel que soit le degré d'avance- ment de la subdivision du nucléole annulaire en lambeaux, jamais les lambeaux ne pa- raissent arriver à former des sphérules comme on en voit par exemple dans Amœba Proteus ou dans beaucoup de Difflugies. La matière chromatique est également ici toujours très claire, d'un ])leu verdàtre cendré. Antifha henjUifera spec. iiov. Cette Amibe rappelle à première vue VAmœha Umax; elle est allongée et marche tout d'une seule pièce, sans jamais pousser aucun prolongement pseudopodique spécial ; par contre, lorsqu'elle est tourmentée, elle peut émettre sur ses côtés de petites ondes qui disparaissent d'ailleurs bien vite. Mais tout en présentant cette analogie générale avec VAmwha Umax, elle s'en dis- tingue par difterents caractères. En premier lieu, la teinte générale de l'animal est très claire et teiul au bleu verdà- tre, tout autre en somme, bien que cette ditterence soit difficile à caractériser par des mots, que celle de V Amcvha Vimax. 54 FAUNE riIIIZOrODI(,)UK DU BASSIN Dl' LEMAN La vésicule contractile est très volumineuse, et après s'être vidée, elle se ret'ornie régulièrement de très petites vacuoles qui naissent immédiatement après la systole, gi-an- dissent et éclatent les uns dans les autres. Parfois cependant et c'est là d'ailleurs un phé- nomène qui n'est pas spécial à cette Amibe, la grande vésicule une fois formée est entraînée jusque vers la partie antérieure du corps, et alors à peine a-t-elle quitté l'extrémité postérieure qu'il com- mence à se former à cette place de petites vacuoles qui par leur réunion et leur fusion en une seule, reconstitueront une nouvelle vésicule contractile, cela en même temps que l'ancienne continue à exister. C'est là en passant une des raisons, non pas la seule, pour lesquelles on peut avancer que la vésicule contractile, si elle se conduit dans toute sa physiologie et même dans sa structure, par l'existence de parois propres, connue un véritable organe qui ne peut pas être assimilé aux vacuoles ordinaires, n'a qu'une exis- tence éphémère et ne représente pour ainsi dire qu'un phénomène, car elle ne vit que d'une systole à une autre (voir note 11, vésicule contractile). Dans notre Amibe, il ne parait jamais se former de houppe en arrière du corps, mais cependant le plasma semble y être tout particulièrement glutineux, et on y trouve souvent des quantités de petits débris accolés, qui semblent comme noyés dans une poussière gluante. L'endoplasma, très liquide, renferme des millions de très petits grains incolores, puis des petites boulettes jaunâtres qui proviennent de matières digérées, et enfin deux sortes d'éléments qui sont alors caractéristiques de cotte esi)èce. Les premiers sont représentés par des cristaux, eu nombre assez considérable, et (pii méritent uiie mention toute particulière. Ils sont d'une pureté admirable, clairs et limpides, à facettes et à angles parfaits et de tailles variables ; les plus gros atteignent 6-7 [j.. Malgré leur régularité géométrique, il est difficile, à cause des reflets qui se produisent sur leurs arêtes, de se rendre un compte exact de leur système cristallin. Dans ceux (]ue j'ai le mieux examinés, les prismes vus de coté étaient les uns parfaitement rec- tangulaires et d'en haut représentaient un carré parfait; d'autres étaient bipyramidés 0- — Amœba ieri/îlifera. — 1. En marche. On voit des petits débris ag- glutinés à la queue. A droite trois cris- taux, celui du milieu vu d'en haut. En bas un noyau. GENRE AMŒBA 55 avec sommets troïKiués l't à quatre arêtes également; d'auti'os enfin étaient dos prismes tronqués à angle droit, mais iiuuiis suivant toute apparence de six arêtes latérales. En somme, il semble qu'il y ait eu là un mélange du sj'stème quadratique et du système hexa- gonal. Un second caractère spécifique réside dans l'existence non pas d'un, mais de nom- breux noyaux. Ils sont très difliciles à voir; sur le vivant on n'en distingue que quelques- uns, et rarement, par échappées; mais après carmin j'en ai trouvé trente. Ils sont très petits et très pâles et renferment un nucléole central homogène, entouré d'une zone claire de suc nucléaire. Toute cette description est malheureusement basée sur l'étude d'un seul individu, mais je suis persuadé qu'il y a là bien une espèce particulière. Rien en elle, sauf une analogie de forme, ne rappelle VAmivha Vuna.r. Elle se rapprocherait par contre plus de VAmœha liicens dont la description va suivre, mais cette dernière est uninucléée et s'en distingue également par certains détails, il est vrai moins importants. Anuiha lucciis Frexzel, spec. nov. Saccamœha hicens Frenzel. Frenzel a subdivisé les Amibes en plusieurs genres et a créé le genre Saecaiiuvha « pour des espèces qui « sont, il est vrai, susceptibles de déformations plus grandes que « le genre GnUuUdl/im, mais dont pourtant les pseudopodes peuvent être considérés « comme des expansions en forme de hernie et ne deviennent jannxis digités ou « étoiles. » Il définit la Saccamwha hicens comme une ximibe atteignant la longueur de 70-75 p. et caractérisée par la présence de grands cristaux cubiques ou en partie quadratiques de 5-6 fi au maximum, tout à fait incolores et clairs et brillant d'un éclat très fort qui les fait paraître comme des joyaux. Frenzel parle encore d'un noyau dont il n'a pas pu distinguer clairement la struc- ture, mais qui, d'après lui, est sans doute vésiculaire avec « morulit, » c'est-à-dire avec nucléole interne central et granulé. Il n'a pas trouvé de vésicule contractile. 56 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN M J'ai rapporté du lac de Genève, et d'une profondeur de 35-40 mètres, à deux re- prises différentes, une Amibe qui me parait bien identique à celle de Frenzel, mais que je ne vois pas de raison pour séparer des autres Amibes, c'est-à-dire du genre Amœha, par une nouvelle désignation générique. La taille est de 100 !^, à l'état modérément allongé, tel qu'il est indiqué sur la figure. Le corps est très légèrement teinté de jaune à cause des granulations infiniment petites qui le rem- plissent. On l'emarque en outre dans le plasma des grains brillants, globuleux, puis surtout les cristaux caracté- ristiques dont parle Frenzel. Dans les deux individus examinés, ces cristaux, peu nombreux (six dans un des exenq)laires et une douzaine dans l'autre), atteignaient jusqu'à 15 fjL de longueur. Ils étaient hyalins, d'une pu- reté et d'une limpidité admirables, et tout en eux, les facettes, les arêtes et les angles, présentait une régula- rité absolue; on aurait pu les comparer à des joyaux de la plus belle eau'. Ils semblaient tous appartenir au système quadratique mais avec pyramides tronquées plus ou moins près de leur base, jusqu'à prendre parfois l'aspect tabulaire. Vus de côté, on aurait pu les prendre pour des cristaux hexagonaux, mais ce n'était, m"a-t-il paru, qu'une appa- rence due à la réfraction (fig. 3). Le noyau, globuleux, est unique. Dans l'un des individus le nucléole était compact, dans l'autre, il se trouvait creusé d'une lumière centrale arrondie et la masse chromati- que représentait alors un anneau très large. Il existait toujours une vésicule contractile grande et fonctiomiant régulièrement. Frenzel n'en a pas trouvé dans sa Saccatwrha iHceiis, mais sans doute parce qu'il n'a Amœba lucens. — 1. En marhe. — 2. Noyau. — 3. Cristaux, l'infé- rieur vu d'en haut. ' J'aurai, dans le cours de cet ouvrage, plusieurs fois encore l'occasion de parler de grands cristaux réguliers renfermés dans le plasma des Rhizopodes nus ou testacés. Souvent leur présence est constante, normale, physiologique ; d'autres fois ils semblent plutôt accidentels, et ne constituent pas un caractère spécilique. Chose curieuse, j"ai remarqué que c'était surtout dans les eaux pures du lac que les Rhizopo- des forment les cristaux les plus beaux et les plus réguliers. GENRE AMŒBA 57 pas suivi l'animal assez longtcnips '. En effet la vésicule contractile ne manque jamais dans aucune Amibe d'eau douce et lorsqu'on ne l'a i»as vue, c'est qu'on n'apas attendu de la voir apparaître. Peut-être d'ailleurs quelques vacuoles pleines d'un liquide trouble, dont Feenzel mentionne la présence, représentent-elles en réalité, Tune d'elles au moins, la vésicule contractile. Amivha Troteiis RuSEL spec. Ber Meine Protens, Piosel 1755. rrofens diffUiens, îMiiller 17SG. Vihrio Proteus, Gmelin 1788. Volrox Proteus, Pallas 1766. Amo'ha princeps. Ehrenberg 1831. Amlhapiinceps, Dujardin 1841. Aniœha ramosa, Fromentel. Amœha communis, Duncan 1877. Amœha proteus, Leidj' 1878. Cette Amibe est avec VAiiKvha terricoJa celle que l'on a le plus souvent décrite, sous les noms les plus vai'iés et fréquemment, il faut le dii'e, en confondant sous cette dénomina- tion des espèces différentes. Leidy, après avoir montré que Rosel est le premier qui ait en fait donné des détails précis qui permettent de reconnaître cette espèce, et s'être livré lui- même à une discussion serrée des travaux parus jusqu'à lui sur le sujet, décrit à son tour tout au long VAmœba proteus, et les planclies I, II, IV, VII, VIII de son grand ouvrage nous donnent un nombre considérable de figures se rapportant à cette description. Mais il faut bien avouer que malgré des renseignements utiles et des observations fort bien faites, les études de Leidy n'ont guère amené d'éclaircissements sur le sujet. Dans un désir louable de simplification, il a fait rentrer dans cette espèce plusieurs formes dont il a bien reconnu les particularités, mais qu'il regarde soit comme des jeunes, soit comme des as- pects spéciaux ou de simples variétés. C'est ce que montrent, encore mieux que ses expli- ' Frenzel n'a du reste rencoiilré que quelques individus de cette espèce. 58 FAUNE mnzopor)i(,)UE du bassin du Léman cations, les nombreuses figures qu'il a consacrées à cette espèce, et qui, bien que se rap- portant en etiet pour la plupart à ce qu'on pourrait appeler V Aiiurha protaus typi(iue, désignent parfois certainement autre chose '. II sera d'ailleurs peut-être encore pendant bien longtemps diiïicile de décrire VAmœha prof eus d'une manière claire et précise ; fort probablement existe-t-il plusieurs Amibes autonomes, mais présentant les caractères généraux de VAmœha proteus, qui les feront longtemps encore prendre les unes pour les autres. Pour moi, je considérerai ici comme Amirha l'rotcus typique une grande Amibe, très changeante dans sa forme, développant suivant le moment de longs pseudopodes droits ou rameux, ou bien susceptibles parfois de prendre la forme Umax, et renfermant toujours un noyau unique, volumineux et ovoïde, d'est ce dernier caractère qui peut être considéré connue le plus important : VAm(i'hapy(,ti:tis type a toujours un noyau ovoïde. Cette Amibe est une des plus communes que l'on soit appelé à rencontrer, comme en même temps l'une des plus grandes. Elle arrive fréquennnent à une taille de 300 p. et parfois plus, mais cela seu- J /~\ lement lorsqu'elle est allon- gée. Au repos on la trouve souvent sphérique ou bien, plus fréquemment encore, à l'état indiqué par les fig. 1 et 2, c'est-à-dire en étoile, ou pourvue de prolonge- ments dirigés suivant toutes les directions de l'espace. Mais api'ès un instant et sous l'influence de la lu- mière, on voit les rayons de cette étoile s'allonger, chacun pour son compte, et donner lieu à la formation de nombreux pseudopodes dans l'intérieur desquels un courant marche d'arrière en avant, entraînant les inclusions de l'endoplasme. Peu à peu cependant, ces Amœba Proteus. — 1. Individu (■ommi'ii(;ant à déployer des pseudopodes dans toutes les directions. — 2. Un autre, dans le même état. — 3. Un autre, dans une marche rapide. — 4 et 5. Noyaux d'une variété d'Amœlia Proteus. — 6. Noyau de la forme typique. — 7. Un des nucléoles du noyau 5. — 8. Extrémité de la queue. Voir Amivhd limirohi. Aiiin'bd nilliln, Avui'ha iiobitis. Aiiiirliii rcxperliUo. (iEXr.K AMŒBA 59 pseudopodes rentreiit dans la masse générale et TAmibc s'allonge, glissant rapidement sur le sol, prenant parfois, dans une marche très rapide, la forme tyi)i(iue Umax (fig. 3), plus souvent se bifurquant ou déployant plusieurs pseudopodes. Ces derniei's ne sont pas nécessairement aplatis, mais souvent au contraii'e offrent une forte épaisseur, tout comme d'ailleurs l'animal tout entier lorsiiu'il est dans une eau libre et que le couvre-objet ne le comprime pas. Pendant la marche, l'extrémité postérieure prend l'apparence caractéristique du plasma gluant, à contours pâles et indécis, et il se forme une houppe, souvent très régu- lière, de prolongements généralement courts, mais d'apparence quelque peu variable sui- vant les individus (tig. 3, 8). En arrière aussi prend naissance une vésicule contractile (jui peut être entraînée en avant par les courants et alors à peine est-elle loin qu'il s'en forme une nouvelle comme si la première n'existait pas. L'animal dans cette espèce est presque toujours rempli d'inclusions de toute sorte, de nourriture digérée ou en cours de digestion, de petits grains de toute nature, de sphé- rules brillantes (grains d'excrétion) et parfois aussi de petits cristaux quadratiques, soit tronqués à angle droit, soit bicuspides. Le noyau (fig. 6) est toujours unique et assez volumineux (35 y. environ); toujours également ovoïde ou ellipsoïdal, mais s'il est vu suivant la direction du grand axe, il se montre alors naturellement arrondi. La masse chromatique y est représentée par une grande quantité de petits nucléoles qui vont se loger sous la membrane en plusieurs couches. La membrane nucléaire elle-même est plutôt forte, mais assez souple, et susceptible de se déformer lorsque le noyau emporté par les courants de l'endoplasme rencontre un obstacle. Il est, comme il a été dit plus haut, fort probable qu'il existe plusieurs Amibes auto- nomes, mais si rapprochées de VAiiKvha proteits qu'elles ne peuvent, dans l'état actuel de nos connaissances, en être détachées. Quelques-unes cependant, tout en présentant un air de parenté indiscutable, offriraient sans doute dès maintenant des caractères distinctifs suffisants pour les en séparer. Je voudrais en citer une que j'ai pu étudier spécialement 60 FATTNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN et qui probablement représente un type distinct. Je n'ai pas cru cependant devoir pour le moment la séparer de V Amaiba proteiis et cela par un sentiment de prudence peut-être 'exagéré. Cette Amibe, que j'ai récoltée en grande quantité dans les marécages de Gaillard, puis de Bernex, revêt la taille et l'apparence de V Amœha proteus ; elle se comporte de la même façon et déploie ses pseudopodes de la même manière. Elle est néanmoins plus faci- lement portée à prendre une forme étoilée, et lorsqu'on la surprend à l'état de repos, pour la voir après un instant, sous l'influence de la lumière, déployer ses pseudopodes, c'est un spectacle étrange et presque saisissant que d'assister à ce véritable « ruissellement » de bras qui, partant d'un centre, dévalent de tous côtés en cascades et finissent par former une étoile à cent rayons. Cette variété cependant présente deux caractères qui la distinguent aisément de l'espèce type. Le premier et le moins important peut-être réside dans la présence cons- tante d'une infinité de petites vacuoles qui remplissent le plasma, mais sans se comprimer les unes les autres; sur l'animal non aplati ces vacuoles ne sont à la vérité que rarement visibles, mais après compression on les distingue facilement. Le second caractère distinctif consiste dans la présence d'un noyau (fig. 4 et 5), tou- jours parfaitement globuleux, jamais ovoïde, grand, (33 ju), très beau et très pur pour ainsi dire, et rempli de milliers de nucléoles plus petits et d'un bleu verdâtre plus clair que dans V Amœha Profc/is typique. Ils sont d'autant plus nombreux et serrés qu'ils s'éloi- gnent plus du centre du noyau, mais pourtant on en rencontre partout. Dans un des indi- vidus examinés, ces petits nucléoles étaient tous, malgré leur taille minime, creusés d'une lumière centrale (fig. 7). On peut ajouter également que cette Amibe est plus délicate que V Amwha proteus et conserve beaucoup moins longtemps sa vitalité. Dans un exemplaire qui avait été exposé à l'action de la glycérine, le corps en se rétractant avait laissé derrière lui comme une pellicule très fine et très régulièrement couverte sur toute sa surface d'un guillochage de petits points*. ' Dans les notes à la fin du volume, il sera rendu compte des expériences que cette espèce m'a four- nies sur la vésicule conlraclile, ainsi que sur la méroloraie du plasma et sur quelques autres particula- rités. GENKE AM(EBA 61 Aniiiha nUlda spec. iiov. Amœharrote/is, in Leidy pi. I, fig. 7, II; tig. 9, etc.? Leidy a dû voir cette Amibe, à diverses reprises même, tout en la confondant avec l'espèce précédente, et plusieurs de ses figures, par exemple la fig. 9, pi. II qui représente le noyau si caractéristique, me semblent devoir" s' j' rapporter sans aucun doute. Mais après ravoir rencontrée à maintes rejirises et dans différentes localités (Pointe- à-la-Bise, Bois de la Bâtie, S'-Georges, Asile des Vieillards, Rouelbeau), et l'avoir étu- diée tout au long, j'ai pu me convain- cre de l'autonomie de cette Amibe, qui sera toujours facile à distinguer des au- tres. La taille est très forte; à l'état de repos, sphérique et sans pseudopodes, r Amibe dépasse gé- néralement 200 u et lorqu'elle est allon- gée elle atteint faci- lement 5 et 600 p.; ■ un individu qui avait pris la forme d'une limace très allongée, avec un simple renfle- ment en arrière, arrivait même à 1100//. La forme est excessivement changeante. Il arrive souvent qu'on la trouve au repos, sphérique, avec une bordure de franges arrondies d'ectosarc très clair qui se détachent très franchement du corps (iig. 2); ou bien l'Amibe est tout entière connue hérissée de gouttelettes ou de larmes hvalines brillantes, lesquelles de distance en distance sont Amœha iii/ida. — 1. Iiulivulu en marche. — 2. Un nuti-e, sortant de l'état de repos. — 3. Un antre, en inardie, très faiblement grossi. — 4. 5, (i. Différents aspects du noyau. — 7. Une des formes de la houppe. — 8. Globules (embryons?) dans des vacuoles, et renfermant de petites diatomées. C'2 FAUNE RIIIZOl'ODIQUE l)V lîASSIX DU LÉMAN parfois rassc'iiibl(''i's en sri^ppi-'i^ autour (Vun filanieiit axial de plasma concentré et mat («g- 7). rendant la marche, la forme est excessivement variable; tantôt c'est une masse uni- (iue, lari;e, avec peu ou pas de pseudopodes, s'avançant pour ainsi dire majestueusement devant elle connue un fleuve vivant (fig. 1); tantôt c'est un arbre à ramifications nuilti- ples; tantôt il n'existe pour ainsi dire i)lus que des bras très allongés, et l'Amibe ressemble à certains poils ramifiés de plantes. La teinte de l'animal est toujours plus claire que dans l'espèce précédente, malgré les noud)reuses inclusions que renferme le plasma. Ce dernier est renq)li de poussières de granulations très fines, puis de grains bleus d'amidon, de proies à tous les états de diges- tion, de cristalloïdes bicuspides à arêtes vagues, parfois de petits cristaux quadraticpies. Il renferme également de teuq)s à autre des corps luisants (Glanzkôrper), et presque toujours un nombre restreint de corps arrondis ou allongés, de teinte jaunâtre ou vert bouteille, souvent logés dans une vacuole. Ces corps arromlis m'ont d'abord paru repré- senter des boulettes de nourriture, ou bien encore des parasites ; mais après les avoir examinés plus à fond et les avoir comparés avec les éléments presque analogues que j'ai rencontrés dans ditt'érents liliizopodes et dont il sera question plus tard {rcJntiii/.m. etc.), je crois pouvoir y reconnaître de véritables embryons. Ces corps, en ett'et, dans VAniœha nitida, se présentent sous différents aspects : tantôt pre.squc brillants et se rapprochant des « Glanzkôrper, » tantôt mats, tantôt pourvus d'une mend)rane fine, tantôt sans enve- loppe; ils renferment de petites granulations ou bien en apparence de petits grains d'amidon, ou bien encore des petites diatomées, qui elles-mêmes semblent en cours de digestion (fig. 8) '. Tous ces éléments sont entraînés dans les courants de l'endoplasma et roulent confusénu'nt les uns à côté des autres. Quant à ces courants eux-mêmes, ils sont dans cette espèce particulièrement inté- ressants à observer (tig. 1). Ils prennent (sur une Amibe de forme Umax) naissance en arrière du corps, autour de la vésicule contractile, sous forme de petits ruisseaux (jui, dans leur course d'arrière en avant, se rejoignent les uns les autres et finissent par ' Ces flintoiiircs, d"iiilU'Ui-s tirs iiPttos et recnnnnissaliles, sont toujours c.vti-èniemeiit peliles, ne 'lô- imssnnt qnelqiiefois pas G-7 fi île longueur , on n'en remarque pas, en général, de si petites dans la nature, ou |)lutot on les laisse passer sans les voir: mais l'Amilic sait parfaitement les trouver. GENRE AMŒIiA 63 former des rivières. Le courant, en effet, n'est pas unique, mais il en existe plusieurs en même temps, par le fait que le plasma de l'endosarc est divisé en un certain nombre de canaux ou de rainures longitudinales par des parois comi)actes, d'ailleur.s éphémères elles-mêmes, se détruisant et se reformant d'un moment à l'autre. On distingue parfai- tement, dans cette espèce, les canaux les uns des autres, avec les courants d'abord plus ou moins parallèles qui finissent par se rejoindre pour se fondre en avant du corps en une seule masse liquide. Leidy a parfaitement bien vu ces courants, qui sont représentés dans la figure 7 de sa planche I. Il dit incidemment à ce propos: « Tandis qu'il n'y a pas de distinction absolue « entre l'ectosarc et l'endosarc, tous deux étant la continuation de la même masse pro- « toplasmique, dans les mouvements de l'animal l'endosarc semble couler entre des parois, « plus ou moins épaisses, formées par l'ectosarc. » Leidy mentionne le fait à propos de son Amœha Proteiis, mais il est plus que pro- bable que les individus chez lesquels il l'a constaté représentaient V Amœha nitiihi. Bien qu'il ne le dise pas expressément, ses paroles doivent se rapporter surtout à Tinilividu représenté par la tigure 7 de la planche II, à propos duquel nous lisons dans le texte exphcatif des planches : « La partie postérieure de l'individu, avec trois lobes en forme « de mûres..., etc. Le noyau, bien que présent, était généralement difficile à voir. L'en- « dosarc paraissait couler entre des parois épaisses de l'ectosarc, qui semblait plissé lon- '< gitudinalement. » Or, dans Tiiulividu représenté, la grande taille, le noyau peu visible, la queue mamelonnée et les courants entre les parois sont des caractères qui ne semblent guère ici pouvoir se rapporter (lu'à V Amœha nitida. Leidy se trompe d'ailleurs sans doute en considérant ces partitions connue des plissements de Vedosarc. Ce dernier, chez les Rhizopodes, n'est pas une substance spé- ciale, c'est un plasma de surface, spécialisé pour les fonctions qu'il a à remplir, modiiié même peut-être dans sa structure intime, mais cela seulement d'une manière temporaire; il peut, comme nous l'avons déjà vu (Anwha Umkola), devenir eudosarc lorsqu'une vague de plasma vient à le recouvrir et que d'externe il devient interne, tandis que l'endoplasma, s'il arrive à la surface, se transforme tout aussi facilement en ecto- sarc. Pendant la marche, l'extrémité postérieure du corps preml une apparentée opaque, 64 FAUNE RinzOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN finement poussiéreuse, les contours du plasma y deviennent moins réfringents (comme toujours du reste chez les Amibes, mais ici d'une manière plus frappante) et quelque peu déchiquetés ; ou bien aussi, et c'est là un caractère qui semble particulier à cette Amibe et à VAvtœha nohUis, le plasma s\- divise en gouttelettes allongées, serrées les unes con- tre les autres comme les grains d'une mûre. Chacun de ces grains renferme en son centre alors, dans la plupart des cas, un petit cristalloïde ou un petit grain d'excrétion (c'est du reste ce qu'on remarque aussi sur les individus au repos et à ectosarc divisé en sphérules ou en grappes). Mais l'élément le plus caractéristique de cette espèce c'est le noyau. Il est très grand, atteignant en général un diamètre de 50 ^. et parfois un peu plus, et très pâle, si bien qu'on rçste souvent quelque temps sans l'apercevoir. La membrane en est mince et défor- mable. La matière chromatique est représentée par un nombre considérable de petites sphérules d'un bleu tendre, qui sont disposées les unes à coté des autres sous la membrane ; et alors, et c'est là un caractère probablement d'une très grande importance (voir plus loin Fdomiixa ixiradoxa)^ ces petits nucléoles, réunis en une seule couche sous la mem- brane nucléaire et serrés les uns conti'e les autres, forment un tout pour ainsi dire con- tiini, une enveloppe qui, tout entière, se replie sur elle-même, se plisse, s'invagine et peut donner lieu à la formation de véritables circonvolutions, en entraînant dans ses replis la membrane nucléaire qui s'invagine aussi (fig. 4, 5, G). Il semble que dans cette espèce les petits nucléoles, plutôt que de renoncer à former une seule couche qui. vu leur masse les obligerait à la formation d'un noyau trop volu- mineux, ont préféré s'invaginer et garder ainsi une large surface sans augmenter les dimensions de ce noyau. Mes observations sur les Rhizopodes en général m'ont conduit en effet à l'opinion que, tout au moins chez les espèces à pseudopodes lobés : 1" la masse de la substance nucléo- laire est d'une manière générale proportionnelle à celle du noyau tout entier; 2" la taille du noyau lui-même, et dans ces espèces plurinucléées la masse formée par la réunion des noyaux, est proportionnelle à la masse de l'individu, et 3" il semble exister pour le vo- lume du noyau chez les Rhizopodes un maximum absolu de 70 ij. environ, au delà du(juel sa taille deviendrait luiisible; aussi les très grosses espèces sont-elles pour ainsi dire tou- GENRE AMŒBA 65 jours plurimicléées (Pelomi/ra, Anirrha nohills^). Or dans VAmwha riHhla, qui est unimi- cléée et cle très grande taille, et où les nucléoles semblent s'obstiner à ne former qu'une couche mince, il n'y a plus qu'un arrangement possible, celui de plissements. h'Amu'lja iiifida renferme toujours une vésicule contractile, qui, en raison de la taille de l'individu, devient très grande elle-même. Parfois on en voit deux. J'ai trouvé un jour un individu porteur d'algues commensales, en parfaite santé, mais peu nombreuses. C'est là du reste un cas anormal, cette espèce ne présentant pas en général de phénomènes de symbiose. Anurha nolilis, spcc. nov. yl«Ui'6«2J>'o/e^/.s Leidy, i. p. pi. II, tig. 7? En 1899 j'avais décrit (89) connue se rapportant à VAinaim Profc/is de Leidy, tout en présentant en même temps des caractères qui en faisaient une variété particulière, une grande Amibe, que depuis ce temps j'ai rencontrée fréquemment et dont après une étude détaillée, j'ai été obligé de reconnaître la parfaite autonomie. C'est probablement la plus belle et la plus grande des Amibes vraies et je proposerai pour elle la qualification de i/ohiliti. Elle n'est d'ailleurs pas spéciale aux profondeurs du lac de Genève ; je l'ai retrou- vée dans diverses localités, à la Pointe-à-Ia-Bise, à Bernex, à Troinex et à Florissant. C'est ])ourtant dans le lac qu'on rencontre les plus beaux exemplaires ; ils y sont plus clairs, plus purs pour ainsi dire, et c'est là qu'ils renferment les cristaux les plus grands et les plus réguliers. La taille ordinaire, à l'état modérément allongé, est de 500 à 000 //, mais elle peut arriver bien au delà. L'individu représenté par la fig. 2 avait 880 f/., un autre de même forme à peu près et tout à fait libre dans un verre de montre rempli d'eau, arrivait à 900 ij.. ]\Iais ces longueurs sont parfois dépassées, et un individu par exemple que j'ai ' Ce qui, d'ailleurs, ne veut pas dire que les petites espèces ne puissent pas être plurinucléées. On trouvera plus de détails sur ce sujet à la note 10, qui traite du noyau. 66 FAUNE l!HlZOrOI)I(,)rE DU BASSIN DU LEMAN trouvé à l'état de ropos, avec des pseudopodes étoiles rayonnants très courts, avait un diamètre, y conii)ris ces pseudopodes, de 550 a: à l'état de limace il serait sans doute ar- rivé à 1200. Sa taille est donc à peu près égale ou un ])eu supéi'ieurc à celle de VAmo'ha nitida. Comme ai)parence générale, c'est également la même. Pendant la marche elle éprouve des changements extraordinai- res, elle court rapidement et l'on voit des torrents impétueux circuler dans des lacunes ou canaux internes. Le corps res- semble alors à un tronc d'arbre imueux à fortes nervures. On retrouve ici également les corpuscules moléculaires par milliers, les petits grains ])lus ou moins cristallisés, le ]»lus souvent bicuspides et ar- rondis sur leurs arêtes, parfois des corps luisants, des globules gras en apparence et ces peti- tes masses de plasma dont il a été parlé dans VAniaha i/itiila et que j'ai considérées connue des embryons. Ici j'ai pu les examiner plus en détail encore ; ces embryons (fig. 4), en i)rincipe globuleux, de 7 à 10 u en moyenne, sont cependant mous et déformables, et les petites diatomées qu'ils en- globent souvent les obligent surtout à modifier leurs contours; ils renferment presque toujours des petits grains qui paraissent provenir de digestion et parfois des vacuoles ; l'embryon représenté parla fig. 4, à droite, contenait par exemple deux petites diatomées, quelques petits grains brillants, une boulette de chlorophylle claire et une grande vacuole, mais que je n'ai pas pu voir fonctionner comme vésicule contractile. Amœha ndbilis. — 1. Eu marche. — 2. Une autre, en marche éga- lement. — 3. Noyaux. — 4. Embryons? — 5. Cristaux. - 6. Ex- trémité d'un des filaments de la fig. 9. — 7. Une des formes delà houppe caudale.— 8. Exemplaire attaqué par des filament? para- sites. — 9. Détails d'un jiaquet de filaments. (iEXlîE AMŒliA 67 J'ai trouvé parfois également dans le corps de cette Amibe des algues clilorophycées en a])parencc bien jjortantes. La vésicule contractile est très grande; elle se forme en arrière, d'abord sous f(n'me de petites vacuoles qui éclatent les unes dans les autres. Souvent, à peine formée, la vési- cule quitte sa place, entraînée par les courants, et, tout comme les autres inclusions, elle est portée en avant, revêtue d'une membrane véritable quoique éphémère. A peine est-elle partie qu'il s'en forme d'autres en arrière, de sorte que parfois on en trouve trois ou quatre disséminées dans le corps, en même temps qu'il en existe une à la queue. Le plasma semble aussi être fréquemment rempli de très petites vacuoles qui ne sont d'ailleurs visibles que sur un animal très fortement comprimé. Peut-être existeraient-elles également dans VAmœha nitida, où je ne les ai cependant pas vues. Dans une de mes récoltes, provenant de Bernex, où ces Amibes étaient nondn'euses, un grand nombre (trois sur cinq en moj'enne) portaient en arrière une ou plusieurs touffes de filaments sur lesquels je m'arrêterai quelque peu : IjEIDY a créé le genre Ouramœba poui- deux Amibes terminées en arrière par des filaments « flexibles, cylindri(iues, tubulaircs. inarticulés ou articulés, ressendjlant aux « fils mvcéliaux des champignons, parfaitement passifs, ni rétractiles ni extensibles. » Après avoir regardé d'abord son Ouramœha comme une Amœha prof eus traînant après elle un faisceau de filaments mycéliens parasites, Leidy s'était mis à examiner plus attentivement d'autres individus et était arrivé à la conclusion que ces filaments faisaient réellement partie de la structure de l'Amibe, qu'il appela alors Ouramœha vora.r. Mais après avoir pris connaissance des travaux de Archer et de Wallich, qui avaient décrit les mêmes appendices dans VAnwha rillosa en les considérant comme des filaments mvcé- liaux, Leidy paraît s'être converti aux idées des observateurs anglais, ou plut('>t disons être revenu à son ophiion i)remière. Il ajoute pourtant que la solution de cette question n'est pas encore définitive, car il se présente une objection importante dans le fait que ces filaments ne prennent pas naissance d'un mycélium renfermé dans le plasma de l'animal. Je ne pense pas que cette objection soit vraiment bien importante, car s'il n'existe pas de mycélium véritable, on trouve au moins, au point de naissance de chacun de ces filaments, soit une petite proéminence ou tête, soit une sorte de corne. La figure 9 montre 68 FAUNE KIIIZOrODIQUE DV BASSIN DU LÉMAN trois de ces filaments dans leur position naturelle au sein du plasma, dans lequel ils étaient plongés pour la sixième partie environ de leur longueur. L'un d'eux prend nais- sance sur une sorte de corne, puis bientôt se ramifie par deux dichotomisations succes- sives; les deux autres n'ont qu'un petit boj^au basai et se divisent tout de suite en deux seuls filaments. J'ai remarqué également, tout à coté du point de naissance de ces fila- ments, mais libre au sein du plasma caudal, un petit corps incolore de 7-8 u. à peine de diamètre, ramifié en deux ou trois branches étalées, lobées à leur extrémité, et qui lui doiniaient une forme d'étoile ou de feuille de trèfle. On aurait en somme pu le considérer comme le commencement de la germination d'une spore '. Quoiqu'il en soit, ces filaments ne peuvent, à mon avis, représenter autre chose que des cryptogames parasites. Ils sont incolores, tubulaires, souples et quelque peu élas- tiques dans leur ensemble, mais à parois rigides quoique minces. On ne remarque pas dans leur intérieur de partitions véritables, mais par-ci i)ar-là un petit lambeau de plasma bleu brillant, bouchant la lumière interne, en donne l'apparence. A leur extrémité un peu renflée, ces petites masses de plasma bleu sont disposées les unes derrière les autres, de manière à simuler des partitions véritables. Chacune a généralement sa masse entaillée d'une encoche (fig. 6). Ajoutons que je n'ai pu colorer ces filaments ni en violet par le chlorure de zinc iodé, ni en rouge par le rouge Congo ; mais le premier de ces réactifs les fait passer au jaune vif. L'acide sulfurique concentré les dissout facilement. En somme, il est probable que nous avons là une variété de cellulose analogue à celle de certains champignons infé- rieurs. Leidy décrit une autre Amibe, OuyamœhahotuVtcanda, qui n'est i)robablement que VAm(d>a Protcus munie de filaments appartenant à un cryptogame différent. Je puis ajouter que deux fois j'ai trouvé ces appendices (mais pas à Genève, il est vrai) sur V Amœla lyroteus ; i\\\x&i plus tard à décrire également une Amibe (Anud/a res- pc'iiiUo) pourvue occasioimellement d'appendices cryptogamiques quelque peu différents. KoROTNEEFF (59), qui ne semble avoir eu connaissance ni des travaux de Wallkh ni de ceux iV Ai cher, décrit également une Amibe dont, grâce à la présence de filaments ' liieii i|iriiy;iiil dans mes notes un dessin exticl de ce prtil eor|i>. j'.d omis, p:ii- inadvcrinnce, de le ri''LU'er ici. (iENKE AMŒIiA 6!) analogues, il fait rni genre nouveau (Lonrjlcamïa amœhina). D'après lui, ces filaments ne sont pas autre chose que des prolongements ou pseudopodes qui se seraient formé des enveloppes constantes, des « gants. » Il rapproche alors cette Amibe du Stïfoconche Zandea, ce curieux organisme voisin des radiolaires et dont on a fait l'ordre des Taxopudes. Et pourtant les figures de Korotneeff montrent bien qu'on a attaire à des filaments iden- tiques à ceux que nous venons de décrire; elles indiquent même les pseudo-partitions de l'extrémité. Dans notre Anin-ha nvhiJis, la partie postérieure de ranimai se présente pendant la marche, connue celle de VAiinila )iiti(la, tantôt pi(pietée d'aspérités très petites (fig. 7), tantôt pourvue de lobules en forme de mûres. Jusqu'ici et malgré certaines ditt'érences de minime importance, rien m' nous auto- riserait à séparer cette espèce de VAiurrha nitida. Mais il me reste à signaler un caractère de première valeur : cette espèce renferme toujours un nombre assez considérable de noyaux et ces noyaux sont d'un type dittèrent de ceux de l'espèce précédente. Ils se présentent généralement comme des sphérules de \^ i>. environ de diamètre (fig. 8), mais en les suivant attentivement pour les voir sous toutes leurs faces, on cons- tate la plupart du temps qu'ils sont légèrement ovoïdes; dans certains individus provenant du lac de Genève, je les ai trouvés plus allongés, le grand axe étant au petit connue 3 est à 2 et alors le noyau arrivait à 18 fx (fig. 3). Ces noyaux étaient généralement au nombre d'une soixantaine, parfois plus et souvent moins nondjreux dans les exem])laires peu volumineux. Dans tous ces noyaux, la substance chromati(pie était rassemblée en une couche superficielle sous la membrane nucléaire, sous forme de petits nucléoles étalés et parfois soudés les uns aux autres par leurs prolongements amincis. Cette espèce est délicate et a toujours disparu de mes bocaux plus rai)idement que les autres Illiizopodes qui y étaient renfermés. . WiLSON (121) a décrit sous le nom de Fdomyxa caroUnensis un organisme qui me paraît avoir certaines analogies avec le précédent. Mais l'espèce est plus grande, les noyaux plus volumineux, le plasma plus vacuolisé et je ne crois pas devoir identifier ces deux Amibes l'une avec l'autre. Leidy a probablement rencontré à diverses reprises VAnudm uahills, qu'il a re- gardée alors connue une Amœha protcits. Il dit à la page 42 : « Plusieurs fois j'ai ren- 70 FAirXE miIZOrODIQUE DU BASSIN DIT LEMAN « contre deux miclei dans le même individu, comme on peut le voir dans la fig. 2, pi. I. « Plus fi'é(juenuuent il m'a été impossible d'en distinguer un seul, quoiipi'il soit probable « que dans la plupart des cas, sinon dans tous, ce noyau était cadré à la vue par d'autres « éléments derendosarc. Parfois cependant, mnuc dai/sde f/raiids spfcuntn^ d'une trans- « parence exceptionnelle et (jui n'étaient pas obscurcis par la présence de nourriture ou « autres inclusions, comme dans l'individu représenté dans la fig. 7, pi. II, j'ai été incapa- « ble de découvrir un noyau. » Or la figure dont jiarle Leidy concerne un individu de la taille de (i.Sû «, bien supé- rieure à celle de VAmwha proferis typique, et dans le(|uel sont dessinées en grand nombre des spliérules claires que Leidy, dans l'explication de la figui-e, appelle des bou- lettes de nourriture incolore. Je pense que ces globules n'étaient autres que les noyaux; les boulettes de nourriture n'ont pas cette apparence, et d'autre part un noyau uniipie et volumineux n'aurait guère passé inaperçu dans un exeuq)laire aussi favorable à l'obser- vation. En somme ces deux Amibes, vHifht et tniJiiJis. ne se distinguent l'une de l'autre que par un seul caractère de grande valeur, le noyau. -Je serais disposé, malgré l'impor- tance de ce caractère, à croire à l'identité de ces deux formes, la nohUis n'étant qu'une pliase plus avancée de la nitida. On pourra voir plus loin, à propos de la Vdomy.ra pam- iloxa, quelles sont les raisons qui me font croire à cette identité. Toutefois j'ai cru devoir ici décrire séparément ces deux Ami])es. AiiKrha i-'ilhiy.a AVallicii ( 1 iSj. AiiKi'ha pi-'iiireps':' Carter i. p. Tricha iiinhd lihtaY Fromontel. Amaha rillosa in Leidy. D'après Wallicii, VAiiurhu riUoy.a se distingue suilout de VAiiiivha profc/is par des contours plus ou moins claviformes ou palmés. Elle est différenciée en une région anté- rieure terminée par une zone ou une tête villeuse. Elle porte généralement des pseudo- podes peu nomJjreux, éitais. digités, dirigés en avant et peu disposés à se ramifier. GEKIIE AMCEBA •1 Leidv de son coté a décrit tout au long cette espèce, tout en constatant ([u'il n'a ])as été assez heureux pour rencontrer des spécimens positivement caractéristiques. ]Mais on peut aller plus loin et avancer sans hésitation que sous le nom de Amœha vlUosa, Leidy décrit plusieurs formes spécififpies ditt'érentes. Il y a trois ans, j'avais mentionné (89) comme devant se rappi>rter à cette espèce un individu trouvé dans le lac de Genève. L'aimée dernière j'en ai revu plusieurs, récoltés dans ce même lac, à 40 mètres de profondeur. INIalgré certaines différences de caractères, il me semble (lu'il n'y a i)as de raison pour séparer la forme du Léman de celle de W.\LLlcii, et je la décrirai comme Amœha riUusa, tout en constatant (pi'il n"y a i)as identité com- plète. Une différence importante entre ces deux Amibes réside cependant dans l'existence constante et normale dans VAiiuiIm rillosa du lac de Genève d'une couche serrée de va- cuoles, iunuédiatement au-dessous de la surface du corps. Ces vacuoles (fig. n), variables de grandeur, sont serrées les unes contre les autres, mais rarement assez pour se conq)rimer mutuellement et prendre une structure alvéolaii-e. Wal- LICH mentionne, il est vrai, la présence de vacuoles dans l'ectosarc de son Amocha vil/osa, mais il ne semble pas avoir vu de couche vacuolisée étendue; Leidy n'en parle pas du tout. Il est bon -d'observer cependant que ces vacuoles sont extrême- ment délicates et difficiles à voir et que le plus souvent on ne les remarque nettement (jue sur des individus comprimés ; aussi Wal- LICH a-t-il pu ne pas les distinguer. Je me permettrai de remarquer à ce propos, mais comme une hypothèse qui n'est pas soutenue par des expériences probantes, qu'il n'est pas impossible que dans certains Rlii- zopodes le plasma soit vacuolisé ou non suivant l'âge ou le moment ; c'est ce que mes obser- vations sur la Felomijxa paJustrk et quehpies autres Rhizopodes m'ont fait quelquefois Amœha villusa. — 1. Animal en marclie. — 2. Un individu vu de côté, fixé en même temps à la lamelle et au couvre-objet. — 3. Noyau. — 4. Boulettes bril- lantes. — 5. Asiiect de la surface vacuolisée. 7'2 FAUXE l!IIIZ01'0I)I(,tUE DU liASSIN DU LEMAN l)cii8L'r. J'ai cru iiiêuu' constater dans deux ou trois occasiojis (lu'une forte compression au- rait i)oiir résultat, sur certaines espèces, de provorpier une vacuolisation presque subite de Tectosarc. C'est donc avant tout sur la formation habituelle de la houppe caudale caractéris- tique que je me baserai pour l'identification de cette espèce. Cette houp[)e tend dans l'Anucba rillosa à revêtir la forme de filaments nombreux, droits, longs, cendrés, granulés ou perlés, qui couronnent comme d'un chevelu toute l'extrémité postérieure, ou bien se réunissent sous la forme d'un capitule. Parfois de cette couroinie rayonnante part une se- conde série de filaments de même nature, mais plus longs et moins serrés. C'est ce qu'on peut voir dans la fig. 1, qui malheureusement ne donne que de loin une image de la réa- lité ; les filaments y sont mal représentés, sans détails, et trop larges comparativement à leur longueur '. La taille de cette Amibe est forte, généralement de 200 jj. environ et souvent plus. Dans sa marche, l'animal est peu sujet à se ramifier; il forme généi-alement un tout assez compact, rappelant un triangle dont la (pieue formerait un des angles, mais un triangle dont les coins s'arrondiraient en lobes siiuieux et dont les côtés se creuseraient plus ou moins profoiulément. L'Amibe est jjarfois cependant bien plus changeante, se ramifiant ou ])re- nant même la forme linia.r; mais le fait est rare. La fig. 2 représente un individu (pii, ram- pant d'abord sur le porte-objet, avais émis un large pseudopode dans une direction verti- cale; puis ce bras, en tâtant dans toutes les directions avait rencontré la face inférieure du couvre-objet et s'y était attaché. Tout l'animal vu de côté avait alors la forme d'un T ou d'un E. Le plasma contenait généralement beaucoup d'inclusions de toutes sortes, petits grains brillants, diatomées, aussi des pierres, qui rendaient l'animal plus foncé. J'y ai trouvé également des boulettes brillantes, renfermant des cristalloïdes, ou divisées en granulations arroiulies (fig. 4) et (jui représentent peut-être des corps luisants reproduc- teurs. Le noyau, de 3G u à .38 jx environ, plutôt ovoïde, renferme une grande quantité de ' Mes liyiircs représentant les liliizo[iodes nus sont malheureusement puur la plupart trop petites. Le fait provient surtout de ec que j'avais fait réduire mes dessins origiiiau.x de '/j ; plus tard, reconnaissant que cette réduction est en réalité très forte, j'ai tout fait réduire de '/o ; "lîi's les Amibes étaient déjà ter- minées. GENRE AMŒBA /ô petits nucléoles rassemblés surtout dans une position superficielle sous la paroi nucléaire. Parfois il m'a paru parfaitement sphérique. Il existe une vésicule contractile, plutôt paresseuse, (lui prend naissance en arrière du corps et souvent émigré dans le plasma tandis qu'il s'en reforme une autre en arrière. Elle peut atteindre une taille très forte, jusqu'à GO i^. Il est à remarquer que dans cette espèce comme dans tant d'autres où j'ai observé le fait, la vésicule contractile, bien que très loin de son lieu de naissance où il en existe déjà une autre à sa place, peut continuer encore longtemps à s'accroître (voir note 11, vésicule contractile). J'ai retrouvé également cette espèce dans l'étang de l'Asile des Vieillards; elle y était de tous points conforme à la description précédente, toute vacuolisée et portant une houppe de môme nature, mais avec un plasma moim propre que dans celle du lac et avec un noyau en apparence parfaitement sphérique (tig. .5). Amo'ha fasckidata spec. nov. Cette Amibe s'est trouvée dans deux de mes récoltes, opérées à la même époque, le 20 et le 23 octobre 1900, l'une au marécage de Troinex, l'autre à l'étang du Bois de la Bâtie. Tous les caractères en étaient dans ces deux localités absolument concordants. La taille est de 140 p. en moyenne, la teinte générale plutôt claire. L'animal, dans sa marche, a presque toujours la forme représentée par la figure 1 . De la partie postérieure partent des bras qui se por- tent en avant, en s'aplatissant et s'étalant quelque peu et en faisant avec la ligne de direction de l'Amibe des angles variables, mais en coulant en somme pres- que tous dans le sens même de cette direction ; quel- ques-uns seulement s'échappent suivant une ligne normale à la direction générale et s'ar- rêtent alors bien vite dans leur marche. 10' Amœba fasciculata. — 1. Forme habi- tuelle. — 2. Noyau. 74 FAUNE rJllZOPODIQUE DU lîASSIN DU LÉMAN rendant ce temps il se forme, et c'est là également un caractère constant et normal de l'espèce, en arrière de l'Amibe des pseudopodes plus étroits, droits, peu ou pas aplatis, clairs et dépourvus d'inclusions, qui vont en s' écartant les uns des autres et en montrant des points de l'espace opposés à ceux qu'indiquent les pseudopodes vrais ou antérieurs. Ces pseudopodes ou appendices caudaux représentent en effet simplement la houppe carac- téristique des Amibes, houppe qui prendrait ici normalement l'apparence de véritables pseudopodes. La résultante de ces différents processus est de donner à l'Amibe en marche l'aspect d'une plante que l'on viendrait de déraciner. Le plasma n'offre aucun caractère particulier; il renferme toujours par milliers des petits grains brillants qu'on peut assimiler aux cristaux dont il a plusieurs fois été ques- tion jusqu'ici, mais (pii, dans cette espèce, ne semblent pas revêtir jamais de formes géo- métriques. On y trouve aussi des grains brillants plus gros, parfois de l'amidon, des proies (diatomées, etc.), puis des vacuoles qu'on ne voit guère qu'après compression. La vésicule contractile est grande, prend naissance, comme toujours, en arrière, et semble très peu sujette à abandonner cette région pour courir dans le plasma; du moins l'ai-je toujours vue à la même place. Le noyau est tout à fait caractéristique (fig. 2); dans tous les individus que j'ai examinés, il s'est trouvé absolument le même. Sa taille est de 18-19 ij., en moyemie; il est pâle, mais presque toujours très visible, l'animal, dans la région du noyau étant géné- ralement aplati. Il montre une membrane nette mais délicate, et un nucléole qui ne laisse entre lui et la pai'oi interne de la membrane nucléaire qu'une marge très étroite, géné- ralement même invisible, mais que l'on voit s'étaler par compression du noyau (voir fig. 2, qui représente un noyau quelque peu comprimé). Le nucléole lui-même est alors ce qu'il y a de plus caractéristique dans la constitution de ce noyau : il est formé d'un plasma cendré bleu pâle, parfois rempli de petits points clairs qui semblent représenter des lacunes ou vacuoles, et toujours divisé en deux croissants égaux qui se regardent l'un l'autre; ou plutôt, faudrait-il dire, creusé d'une lacune si forte que la matière chromatique ne figure plus que deux coupes ou écuelles très minces sur leurs bords, très épaisses au fond, de sorte que chacune, vue par la tranche, a la figure d'un croissant. Ces croissants ne sont d'ailleurs jamais parfaitement en faucille, mais prennent plutôt, par leur réunion, la (iEXKE AM(K1!A i ■1 fornie (riiii 0 dont la courbe interue est sur chaque moitié inoins forte que la courbe externe. Parfois on distingue parfaitement, allant d'un ci-oissant à l'autre, une ligne délicate qui rejoint les cornes opposées de deux croissants et ferme le cercle interrompu repré- senté par ces derniers; plus rarement les deux cornes sont continues l'une à l'autre par leur plasma même, aminci à cet endroit. VAinœha fasckulata se reconnaîtra toujours à ces deux caractères principaux : la forme particulière de l'individu et de la houppe caudale, et la structure du noyau. Je n'ai pu rencontrer nulle part de description qui me permette de supposer que cette Amibe ait jamais été signalée. Aniœha dacarmiJcs spec. nov. Je n'ai malheureusement trouvé qu'un individu qui me permette de décrire cette Amibe, au marais de Bernex, mais j'ai pu l'étudier longtemps, et il m'a paru si caracté- ristique qu'il ne faut guère douter qu'il y ait Là une espèce spéciale. D'autre part, il ne m'a pas été possible de la rapporter à aucune description à moi comme. Sa forme, quoique très changeante, rappelle dans toutes ses modifications certains champignons du genre Clararia et son aspect tout entier l'éloigné de toute autre Amibe. D'un pied large et noueux partent un nombre assez considérable de pseudopodes, qui s'allongent en massue, puis s'étalent à leur extrémité, parfois en y produisant des lo- bes arrondis ; ou bien au contraire on voit s'élancer de l'extrémité d'un pseudopode, comme d'un seul jet, un autre pseudopode, un fil pour ainsi dire, qui bientôt s'élargira à son tour par afilux de plasma venant le recouvrir. Toutes ces transformations se font très rapide- Amœba chvarioides. — 1. Forme haliituelle. — 2. Jlarc-hi:' rapide. — 3. Noyau. 76 FAUNE lillIZurODIQrE DU BASSIN DU LÉMAN ment et on a parfois peine à les suivre, mais toujours l'animal garde sa configuration par- ticulière, sauf lorsque, dans une marche rapide, il prend temporairement la forme de limace. Il marche alors tout droit sans se déformer beaucoup, lançant devant lui des ondes de plasma clair. Mais, même à cet état de limace, l'espèce est encore i"econnaissable à la forme de la houppe. Cette dernière est composée de prolongements peu nombreux, cylindriques, étroits, relativement longs et droits, qui ressemblent à de petits pseudopodes. Parfois, à la base de ces filaments, le plasma est également mamelonné. Ces filaments existent toujours, sauf naturellement quand l'animal est au repos, ou bien (pie, ne sachant où aller, il est lui-même en étoile, avec des bras regardant de tous les côtés; mais à peine est-il parti, qu'une partie caudale se détermine nettement et que la houppe commence à s'y former (pareille observation peut d'ailleurs se faire sur toutes les Amibes en général). Il existe une vésicule contractile, et dans le plasma on remarque par moments quel- ques vacuoles. Le noyau m'a paru relativement très peu volumineux; mais il faut remarquer que cette Amibe se ramifie et s'aplatit considérablement, et occupe plus de place que la masse de son plasma ne semblerait le faire croire ; aussi est-il bien possible que ce noyau ne fasse pas exception à la règle générale qui veut que le volume du nucléus soit en rapport avec la masse du plasma somatique. Dans l'individu examiné, ce noyau renfermait un nucléole fragmenté en quatre ou cinq lambeaux, amorphes, difiérents d'aspect suivant le point de vue, attenant les uns aux autres et réunis au centre. L'animal était très pâle et ne contenait connue inclusions que des petits grains clairs et d'autres moins nombreux, plus volumineux. Sa taille était de 125 [j. dans sa forme la plus habituelle, indicpiée par la fig. 1. AiitO'ha hotryllis spec. nov. Comme dans l'espèce précédente, cette Amibe ne s'est montrée (pie sous la forme d'un seul individu, mais, comme elle aussi, elle ])réscntait des caractères si évidents et si accusés que je n'hésite pas à la décrire. CKNliE A MCE 1) A Je l'ai trouvée dans les spliaigiies d'une tourbière de montagne, aux Pitons (Salève). C'est une espèce de taille assez faillie, mais dont j'ai malheureusement omis de noter les dimensions; d'après mes souvenirs elle arriverait, dans la forme représentée parla fig. 1, à 80 |U environ. Le plasma est d'un bleu tendre, d'une teinte claire, mais en même temps cendré et comme finement ponctué, et cette dernière apparence est produite pai- une véritable pous- sière de granulations extrêmement petites qui remplissent l'endosarc. A part ces granulations, l'endoplasme ne renfermait dans l'individu en question que quelcpies grains vert bleuâtre, brillants, dont l'un dans une enveloppe, et des- quels je ne saurais indiquer la nature. I^e corps tout entier est caractérisé par sa forme particulière, extraordinairement va- riable, mais toujours pourtant gardant l'appa- rence générale d'un corail à bras très courts, trapus et arrondis. Les figures 1, 2 et 4 ne donnent qu'une idée très incomplète des formes fantastiques qui se succèdent d'un moment à l'autre dans l'individu. Ces transforuiations incessantes sont d'ailleurs plutôt lentes, en rapport avec la consistance du plasma qui est plus ferme ici que dans la plupart des Amibes. Tout dans cette espèce, le tronc et les bras, est arrondi, rien ne parait jamais s'aplatir. L'animal ne semble jamais glisser sur le sol, mais procéder plutôt par une suite de déformations successives, pendant les(iuelles il suit pour ainsi dire les mouvements de fornu^tion et de déformation continuels de ses bras. La plupart de ces derniers ne touchent pas au sol, mais sont dirigés vers la pleine eau, et beaucoup tendent à monter tout d'une pièce suivant une ligne verticale. Dans l'individu examhié, l'animal, primitivement sous la forme représentée par la fig. 1, passa après un instant à la forme de la fig. 4 ', reposant sur le sol par quelipies pointes de ses Amœha bulri/lUs. — 1 et 2. Formes habituel- les. — 3. Individu dressé sur le sol. — 4. Au- tre individu, vu de côté. — .5. Noyau. ' Diins celle espèce el |)ar inadverlance, j'ai numéroté les ligures au liasard. 78 FAUNE RHIZOrODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN pseudopodes dont toutes les extrémités étaient relevées en pleine eau. Un instant après, il figurait une croix, puis il revint à la forme de la fig. 2, rappelant l'aspect primitif, et passa encore par une demi-douzaine d'évolutions bizarres pour arriver enfin à la forme de la fig. 3, où l'animal tout entier n'était plus qu'une colonne, arrondie en mas- sue à son extrémité su]3érieure et fixée au so\ par un pied rétréci, mais pourtant étalé juste à son point de fixation sous forme de quatre prolongements ou pieds à peine indi- qués. On remarquait dans cet individu plusieurs vésicules, jusqu'à six suivant le moment, qui toutes étaient contractiles et dont l'une devenait énorme avant de se vider. La queue ne présentait pas de houppe, ou plutôt il faut dire qu'il n'y avait pas de queue généralement déterminable, mais lorsque, connue dans la fig. 3, il existait une par- tie postérieure bien accusée, le plasma s'y concentrait et y prenait la teinte cendrée ca- ractéristique. Le noyau (fig. 5) était globuleux ou plutôt très légèrement ovoïde, très pâle, quelque peu souple et déformable et renfermait un nucléole compact, bleu clair, cendré, noyé dans le suc cellulaire peu abondant. A»ia'ha goiyojiia spec. nov. Cette Amibe se trouvait en très grande abondance au mois de mars de cette année dans un étang de Florissant. Je l'ai récoltée également, mais une fois seulement, à 35- 40 mètres de profondeur dans le lac de Genève. Sa forme au repos est en principe globuleuse, mais à peine exposée à la lumière, elle déploie ses bras et prend l'aspect représenté par la fig. 1. C'est du reste le plus géné- ralement sous cette dernière forme qu'on la trouve même au repos. Si l'on suit alors un instant l'animal, on le voit prendre les apparences les plus va- riées, développer dans toutes les directions de l'espace des bras généralement peu nom- breux, et posé, pour ainsi dire, tantôt sur les uns tantôt sur les autres, il se meut à l'aventure, d'une marche lente, comme une araignée sur ses pattes, ou parfois en roulant GENRE AMŒBA 79 en apparence sur ses pseudopodes. Ces derniers, pendant ce temps, sont dans une trans- formation perpétuelle ; ils s'allongent, se raccourcissent, rentrent dans la masse commune pour renaître ailleurs, ou se meuvent tout d'une pièce en explorant le liquide ambiant, et la forme générale se modifie sans cesse. L'animal prend volontiers, par exemple, l'aspect d'une croix, ou plutôt celui que l'on voit représenté par la tig. 2 où il n'j' a plus que de longs bras, le corps central étant réduit à une quantité presque négligeable. Il aime aussi à se fixer par un de ses pseu- dopodes sur un objet quelcon- que ou sur des débris végé- taux, tandis que les autres bras se développent comme des tentacules et le font res- sembler à une bj'dre (fig. 7) ; dans la fig. S, il ressemble à une coupe posée sur le sol. Pendant toutes ces trans- formations les bras gardent trois caractères que l'on peut considérer comme spécifi- ques : 1" Ils sont toujours ar- rondis à leur sommet, jamais pointus comme ceux de VAinœha radiosa ; 2" cbacun pris à part peut être regardé comme étant partie intégrante du plasma somatique plutôt que comme un pseudopode bien spécia- lisé; et toutes les inclusions et grains brillants de l'endosarc y pénètrent et circulent jus- qu'à leur extrémité ; 3" ils sont, dans leur généralité, de même largeur de la base au som- met et arrondis sur toute leur longueur. La description qui vient d'être donnée ne concerne cependant que l'animal considéré à l'état de repos ou de marche lente. Tout change lorsque la progression doit être plus rapide. On voit alors quelques pseudopodes se rétracter sur eux-mêmes, le courant axial qui les parcourt marchant de leur extrémité à leur base, tandis que d'autres s'étalent, conriueiit les uns dans les autres, se fondent en une seule masse, et enfin nous avons une Amwha gorgonia. — 1. Forme de repos. — 2. Autre forme; loco- motion lente. — 3. Marche rapide. — 4, 5, 6. Différents aspects dans la marche lente; en 6, passage à la marche rapide. — 7. In- dividu attaché au sol par un bras. — 8. Animal reposant sur le sol par une base plus large. — 9. Noyau. 80 FAUNE RIII/OrODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Amœha Umax, parfois ménie pourvue d'une houppe caudale déchiquetée, (jui se met à marcher droit devant elle d'un mouvement accéléré. Le plasma ne présente pas de traits particuliers. Dans son intérieur on voit des petits grains hrillants qui peuvent courir, connue nous l'avons vu, jusqu'à l'extrémité des bras, et qui parfois sont renfermés dans de petites vacuoles ; puis des résidus de nourri- ture, sous forme de très petites boulettes entourées aussi de vacuoles et qui, dans les individus examinés, semblaient provenir des chromatophores de petites desmidiées qui remplissaient l'étang- par milliers. Il existe une vésicule contractile qui, lorsque la masse du plasma central est réduite à peu de chose par suite du déploiement des pscudojjodes, fait fortement saillie au dehors avant la systole. Grâce à son volume elle ne pénètre jamais dans les bras, non .plus que le noyau. Ce dernier est globuleux, possède une membrane très fine et une zone étroite de suc nucléaire entourant un nucléole central, grand, clair, finement pointillé et creusé de quelques vacuoles. Dans la figure 9, ce noyau est comprimé et la marge de suc nucléaire se montrait plus large qu'elle ne l'est sur un noyau à son état normal. •■ Ij^ Amœha (/orgoriia est assez variable de taille; à l'état représenté parla figure 1, elle a environ 100 [ji. Peut-être faudrait-il rapprocher cette Amibe de celle que Frenzel a décrite sous le nom de Stijlamœha scssiUs. Frenzel la donne connue un lîhizopode fixé, lequel aurait deux pôles, le pôle du pédoncule et celui des pseudopodes ; phj'siologiquement parlant, cette Amibe serait à rapprocher d'une Acinète. Le noyau, vu seulement après l'action de l'acide acétique, renferme un inicléole central; la vésicule contractile n'a pas été ob- servée. Les dessins concernant la Stijlamaèa sessiUs rappellent l'individu représenté ici par Ia figure 7. Je serais porté à croire que Frenzel a vu un peu plus loin qu'il n'aurait fallu, et que la Stylamœha sessilis ne diffère pas autant qu'il le croit des Amibes ordinaires ; mais les rapprochements qu'on pourrait faire entre elle et V Amœha f/orf/onia ne me l)araissent pas assez certains pour identifier ces deux espèces l'une à l'autre. GEXIÎE AMŒBA SI AiiKrJta hijlohatcîi spcc. iiov. L'Amibe qui vient d'être décrite était remarquable par la bizarrerie de ses formes ; celle-ci est sous ce rapport encore plus extraordinaire. A l'état de repos absolu, on la trouve le plus souvent sous la forme d'un buisson touffu ou d'une mûre. Mais à peine se met-elle en mouvement qu'elle commence à prendre les apparences les plus fantastiques, qu'on pourrait comparer tantôt à un petit singe, tantôt à un chameau, à une croix, etc. Comme la précédente, elle déploie des bras arrondis, mais généralement plus longs et moins nombreux, rarement plus de G, et souvent légèrement gonflés au sommet (fig. 5). Pen- dant la marche ces bras se défor- ment continuellement, en tâton- nant de tous côtés. Les fig. 1 à 4 donnent quelques-unes des défor- mations d'un même individu dans l'espace de dix minutes; dans la fig. 4 en particulier, l'Amibe est fixée au sol par un seul point, en relevant dans le liquide ses quel- ques pseudopodes. Tout l'animal revêt une teinte d'un vert cendré, à laquelle contribuent des myriades de très petits grains verdàtres, sans formes cristallines, qui remplissent le plasma comme d'une poussière. La vésicule contractile est de taille normale. Quant au noj'au, il est un des plus curieux que l'on trouve chez les Rhizopodes. Son volume est de 20 i^. environ, sa forme sphérique. La membrane nucléaire est très fine, mais bien nette. Le nucléole, pâle et cendré, se montre toujours et sans exception sous la forme d'une demi-sphère, parfois arrondie sur .ses bords terminaux, comme dans la fig. 8, mais beaucoup plus souvent tronquée brusiiuement par une ligne (jui figurerait l'équateur du noyau (fig. 7); quelquefois on y voit deux pointes ou cornes latérales à peine dessinées (fig. S). L'autre hémisphère du noyau est creux, mais alors bien souvent on voit les con- Amœha hylohates. — 1, 2. 3. 4. Le même iiiiliviilu, à diflërents états. — 5. Autre imlividu. — G, 7, S. Noyau. 82 FAUNE RIIIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN tours (lu nucléole se prolonger en une ligne très fine et rester visibles sur un cercle com- plet (fig. 6 et 7), cercle limité par une zone étroite et annulaire de suc nucléaire. En résumé on pourrait comparer cette apparence à celle que présente la lune à son premier quartier, ])ar une belle nuit et lorsque la lumière cendrée éclaire pourtant la moitié sombre de notre satellite et permet de le voir se détacber du ciel ; ce dernier serait alors représenté dans notre noyau par la marge de suc nucléaire. Mais un fait curieux également réside dans la présence, non pas nécessaire, mais que Ton peut constater dans le 50 % des noyaux examinés, d'une petite masse de plasma l)iïle, biconvexe, accolée à la ligne circulaire qui semble fermer la spbère dessinée en partie par le nucléole, et cela juste au pôle libre de cette spbère (fig. 7). En d'autres termes, on pourrait encore comparer le nucléole à une mappemonde dont on aurait d'abord retrancbé un des bémispbères tout entier ; puis on aurait mis l'autre bémispbère dans un globe de verre de capacité juste suiïisante, mais après avoir collé à la paroi interne de ce ballon et à sa place naturelle, la zone des régions polaires à i)artir de SO degrés, prise sur riiémisphère retrancbé. Tous les noyaux que j'ai examinés attentivement, c'est-à-dire plus de vingt, ont montré absolument le même type de nucléole (voir note 10). Quant au plasma de ce der- nier, il renferme toujours dans son intérieur des lacunes ou lumières, tantôt sous la forme d'une grande vacuole accompagnée d'autres très petites, tantôt montrant plusieurs va- cuoles de taille variable. VAiiiœhahylokdcs lient pas d'une taille ti'ès forte, mais elle arrive, grâce à ses longs bras, à une longueur assez considérable ; la fig. 1 représente un individu de 200 jj., la fig. 5 im autre de 250 «. Elle s'est trouvée en quantités considérables, aux mois de mars et d'avril derniers, dans le marais de Bernex. GENRE AMŒBA 88 Dans une autre localité, à l'Asile des Vieillards, j'ai retrouvé en assez grande al)on- dance une Amibe que je crois devoir rapprocher de la précédente, bien qu'il faille la con- sidérer comme une variété distincte qu'on pourrait appeler simjyhx. Elle en diffère par sa forme, qui est pres(iue toujours celle d'une limace ; parfois ce- pendant je l'ai vue développer quelques pseudopodes arrondis et courts, mais en sonuue jamais elle n'a revêtu l'aspect caractéristique de YAmœha hylobates. A part la configuration générale, tout coïncidait avec cette dernière, la taille, la teinte, les inclusions, la vésicule contractile, et surtout le noj^au, parfaitement identique à ce que nous venons de décrire. La fig. 2 représente un noyau où l'hémisphère mi- cléolaire est vu d'en haut, aussi parait-il tout à fait rond. La fig. 1 montre un ani- mal rampant sur une grosse bulle d'air qui s'était formée sous le couvre-objet; on le voj'ait très bien alors, par transparence, adhérer à la bulle par la surface inférieure de son corps, avec des petites expansions qui semblaient particulièrement destinées à fixer l'animal. Il glissait alors d'un mouve- ment régulier, les courants de l'endosarc amenant d'un jet continu des ondes de plasma qui se déversaient en avant, tandis que la partie postérieure de l'animal était peu à peu entraînée. Cette même région du corps porte une diatoméc prête à être expulsée et renfermée dans un petit sac à mem- brane protoplasmique. J'ajouterai que ce même individu, après avoir rampé un instant devant lui sur sa bulle, s'arrêta, souleva son extrémité antérieure en tàtaiit le liquide, parut se recueillir une minute, puis la queue devint la tête et vice versa, et l'animal repartit en refaisant le chemin parcouru. La fig. 3 montre une vésicule contractile au moment de la systole, et où pénètre le plasma venant de l'intérieur, tandis qu'à l'extérieur, où se trouvent des centaines de gra- nulations très petites, aucune réaction quelconque ne se produit permettant de supposer une expulsion de liquide (voir note 11). Amœha hylobates, var. simplex. — 1. Individu ram- pant sur une bulle d'air. — 2. Noyau. — 3. Vési- cule contractile pendant la systole. On voit à l'ex- térieur des petites granulations libres, qui ne sont pas chassées par la systole. 84 FAUNE RIIlZOrODIQUE DU liASSIX DU LÉMAN Amœha vitrera Hertwig ot Lesski! sj)i'c. (57). Dactylosphœrium cUrcemn Hertavig et liESSER (57). Amœba polypodia F.-E. Schulze (1(17). Cette Amibe est l'une des espèces, peu noiiiln'eusos, (pie Ton i)eut identifier d'une manière certaine avec les descriptions des auteurs. Elle a été décrite presque en même temps par Her'I'WIG et Lesser (1S74) et F.-E. Schulze (1875). D'après les premiers de ces observateurs, le corjjs est arrondi, formé d'un plasma homogène transparent, rempli de grains verts ou jaunes. Les pseudo- podes sont coniques ou digités, rayonnant dans toutes les direc- tions. La surface est générale- ment, mais pas toujours, recou- verte d'un manteau de petites aspérités. Schulze ne mentionne pas la présence de ce recouvrement sétiforme, que je n'ai pas re- ti'ouvé non plus. Mais je ne crois pas (ju'il y ait lieu de douter de l'identité des deux formes trou- vées par ces deux observateurs, d'autant plus qu'une des figures, qui s'applique à la variété rugueuse, semble faire croire que Hertwig et Lesser ont pu réunir à cette espèce la Diiiamœba mirahilis de Leidy. Considérant qu'il serait actuellement prématuré de séparer cette espèce des Amibes ordinaires, je la traiterai, de même que Schulze, connne telle sous le nom iV Amœha. V Amœha vitrœa se rencontre la plupart du temps sous une forme assez régulière- ment étoilée (fig. 1). Le corps central, arrondi en dôme, se dirtérencie alors nettement de la zone des pseudopodes qui l'entourent. Il renfenuc toujours une grande quantité de petits grains jaunes, qui ne pénètrent pas dans les bras, mais remplissent tout l'endosarc. Amœha vitrxa. — 1, 2, 3. Formes diverses. — 4. Noyau. GENHE .\:\KEBA Nf) Ce dernier, en outre, contient presque toujours un nomlji'e assez (■onsi(lérul)Ie de boulettes de nourriture, souvent dans des vacuoles, puis des débris de toute sorte, i)arfois même des pierres, qui obscurcissent le corps central et ne le font guère s'accorder avec la qualification de vitrœum que Hert\\'ig et Lesser lui ont appliquée. Il existe une vésicule contractile u. c'est-à-dire bien inférieure à celle de VAinœha veyHirtiUo. Les trans- formations que peut subir FAniibe ne sont pas indiquées. Si Ton y ajoute (pie la tigure donnée par Mereschkovsky est encore moins explicite que le texte, on conviendra que ce serait plutôt introduire de l'obscurité dans le sujet que de réunir sous un même nom deux formes que plus tard on pourrait trouver n'avoir rien à faire l'une avec l'autre. Leidy, de son côté, a donné trois figures (tig. 22, 23, 24, pi. IV), (pi'il rapporte à « une Amibe incertaine, mais probablement variété de ^-1. proti'm, » et dont il ne dit rien de plus, mais qui, par contre, me semble devoir, avec quelque probabilité, se rapporter à YAmu'ha respertUio. Entin Parona (84) décrit une Amœha (VKjHala qui présente de grandes analogies de forme avec les trois figures de Leidy ; mais l'observateur italien n'est pas plus explicite que Mereschkovsky, et rien n'est moins certain que l'identité de ces différentes espèces. VAmœbavespcrtilio n'est pas très rare; je l'ai trouvée dans un grand nombre de stations, entre autres à la Pointe-à-la-Bise, à Gaillard, à IJernex, à liouelbeau et à l'Asile des Vieillards. Sa taille est très variable; dans les individus à pseudopodes courts, comme par exemple dans la fig. 5, elle est le plus généralement de 70 u. Elle est excessivement changeante, mais cpiel que soit son aspect, et sauf exception toujours temporaire, les pseudopodes ont toujours nne forme conique, anguleuse; leur extrémité est en principe acérée; mais parfois la pointe peut s'arrondir pour un instant. Le plus souvent on la trouve sous la forme représentée par la fig. 5, rappelant une patte de canard ou une aile de chauve-souris; ou bien fréquemment sous la forme 2 ou 1, mais il faudrait pour ainsi dire épuiser toutes les combinaisons possibles pour indi- quer les divers aspects de l'espèce. Quand l'animal a la figure d'une patte d'oie, il est toujours considérablement aplati, surtout en avant; mais dans les autres formes qu'il est susceptible de revêtir, il peut devenir très épais et, par exemple, se dresser counne l'in- dividu rejjrésenté par la fig. (i, (jui ne tient au sol ({ue par un i)ied étroit. 94 FAUNE KHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Mais la forme extrême à laquelle cette Amibe peut parvenir est la forme étoilée (fig. 3), qui semble être celle de repos complet et telle qu'on la trouve rarement, et pour peu de temps seulement. Il est pour ainsi dire impossible alors de distinguer cette Amibe de YAiiKvha rad'iom, et il faut attendre, pour s'assurer de son identité, qu'elle entre dans une phase différente. C'est ainsi que l'individu représenté par la tig. 4 et dessiné dans son état étoile, mais au moment oîi ses pseudopodes perdaient leur rigidité et se rétrac- taient, passa peu à peu à l'apparence de la fig. 5; la fig. 2, au contraire, montre un exemplaire qui, peu à peu, en arriva à la forme 3. En sonnne, on voit que dans cette Amibe il existe deux états, l'état anguleux, le plus habituel, et l'état raj'onné plus rare. Pendant la marche Amœba vesperlilio. — 1. 2. Formos habituelles, en marche lente. — 3. Et;\t vQiiiflp niii co ramiro- de repos. — 4 et 5. Passnge de l'état de repos à l'état de marche rapide. On ^ ; 1 ' 11 voit, attachés à cet individu, des filaments parasites. — 6. Individu dressé d^f. touiours de la sur le sol. — 7. Noyau. forme indiquée par la fig. 5, il ne se produit i);is de houppe véritable en arrière, mais le plasma y change de consistance et y devient remarquablement gluant. Il porte alors très fréquemment des débris de toute sorte, des diatomées, etc. ; à la Pointe-à-la-Bise, dans les liippuris du ri- vage où les vagues jettent continuellement des poussières de sable fin, les individus traî- naient souvent une grosse pierre brillante agglutinée à leur queue. Comme inclusions du plasma, on remarque presque toujcnirs un grand nombre de grains verts extrêmement petits, puis souvent des grains d'excrétion plus gros. On y cons- tate également toujours la i)résence d'un noyau sphérique, à grand nucléole compact et GENRE AMŒBA 95 tout couvert de points très petits qui probablement représentent des vacuoles ou lacunes en nombre immense. Dans un individu, j'ai trouvé un jour deux noyaux. Il existe le plus généralement une vésicule contractile, souvent deux ou trois, dont l'une semble être la principale et arrive à un volume plus considérable, puis en outre, presque toujours, un assez grand nombre de vacuoles disséminées par-ci par-là et qui apparaissent et disparaissent comme si elles jouaient le rôle de vésicules contractiles. Il me reste à parler de certains appendices que l'on voit représentés dans les fig. 4 et 5. Ayant trouvé un jour une Amœha vespeHilio rayonnée, et dont trois des bras se distin- guaient des autres par des contours plus réfringents et un certain renflement à leur base, en même temps qu'ils semblaient implantés dans un coussinet formé par l'ectosarc, je ne tardai pas à constater que, tandis que les bras se rétractaient les uns après les autres, ces appendices restaient absolument inertes et rigides. Puis l'Amibe prit la forme angu- leuse représentée par la fig. 5 et partit en abandonnant ces faux pseudopodes qui restè- rent sur place, complètement immobiles ; cette même fig. 5 montre un de ces appendices encore relié à l'Amibe par une poussière à peine visible de matière visqueuse. En les examinant plus minutieusement, je pus m'assurerque ces appendices, creux, renflés à leur base et s' effilant en une pointe acéi'ée, possèdent une membrane à double contour d'appa- rence cellulosique et représentent sans doute des parasites analogues à ceux que nous avons vus chez VAmœba nobilis, tout en se rapportant à un type spécifique dittérent. Ce qu'il y avait de singulier dans l'individu en question, c'est qu'il portait ces para- sites comme des rayons qui semblaient lui tenir lieu d'organes de protection. Amœha spumosa Grubee. Nous avons vu qu'il n'était guère possible d'identifier V Amœha vespertiU.o avec V Amœha angulata de Mereschkovsky. Peut-être l'Amibe que je vais décrire s'en rap- proche-t-elle de plus près; mais comme elle est surtout caractérisée par la présence constante de grandes vacuoles, elle me parait plutôt se rapporter à V Amœha Hpiimosa de Gruber dont elle ne différerait que par ses contours le plus souvent anguleux et par une taille supérieure. 96 FAUNE EIIIZOrODIQUE DU RASSIN DU LÉMAN Tous les exemplaires, en nombre restreint, que j":ii examinés, provenaient du marais de Bernex. Ils variaient entre 50 et 12") a de diamètre à Tétat habituel rei)résenté par la figure. La forme était celle d'une patte d'oie, du moins peiulaiit la marche rapide. La par- tie antérieure était alors élargie, étalée et garnie de lohes généralement pointus. Parfois cependant il s'3' produisait des expansions lobées, cou- lantes, mais qui finissaient ai)i-ès (pielque temps par s'appointir. Pendant ce temps, la i)artie])ostérieure. plus étroite, se montrait formée d'un })lasma cendré, plus concentré, et se garnissait de mamelons arrondis, mais sans former de véritable houppe. On voyait également sur le corps quelques lignes très fines, longitudinales, qui seudjlaient être l'indice de la ditterenciation de l'ectosarc en une pellicule extraordinaireuient mince, mais sans (pie j'aie pu m'assurcr de la réalité du fait. Le plasma renfermait toujours une grande quantité de vacuoles, de grandeurs diver- ses et i)arf()is atteignant jus(iu"ii 30 ij. de diamètre. Ces vacuoles, sans être suffisamment serrées pour donner lieu à une structure alvéolaire, lorsqu'elles venaient à se t(uicher éclataient quelquefois les unes dans les autres pour en former de plus grosses. Je n'ai pas dans cette espèce pu suivre le fonctionnement de la vésicule contractile proprement dite, mais il doit y en avoir une, car mes dessins montrent plusieurs vacuoles naissant les unes à côté des autres tout en arrière de l'animal, sans doute pour reformer une vésicule, comme cela se passe dans toutes les Amibes. Le plasma, clair, était rempli de grains brillants, mais infiniment plus petits que les gros grains caractéristi(iues de VAmwliu (jnunilosa; il ne renfermait pas générale- ment beaucoup de proies. La figure montre cependant une grosse diatomée à la partie postérieure de l'individu, et accompagnée d'une immense vacuole qui plutôt qu'une vacuole de nourriture devait être une vésicule contractile. En effet, après avoir quitté cet individu un instant pour le reprendre un peu jtlus tai'd. je lu' trouvai plus cette grande CKNKK ,\M(K1!.\ !»7 vésicule, mais bien trois autres plus petites qui se fonnaieiit à la même ])lace. sans doute pour éclater les unes dans les autres et n'en faire plus qu'une seule. Le noyau, la plupart du temps bien visible, est souple et change de forme d'un mo- iiK'iit à l'autre comme celui de VAiiKt'hii liiuu.r. etc. La membrane nucléaire est fine mais bien nette, et renferme un gros nucléole comi)act, pâle et cendi'é, entouré d'une marge plutôt éti'oite de suc nucléaire. Connue il a été dit plus liant, ce n'est pas sans liésitation (pie je crois devoir assi- miler cette Amibe à VA)ii(rha sj)/iiiiosa de Grure?.. Voici (jnelle est la diagnose de ce dernier : « Longueur 0,(»"2ô mm. Ici les grains (caractéristiques de YAmœha fimtuiloso) « manquent complètement ; par contre le plasma est rempli d'iwie quantité de vacuoles « petites ou grandes, qui lui domient un aspect écumeux. Noyau vésiculaire. Les pseudo- podes sont des expansions émoussées. » Il n'y a donc guère que la forme des expansi(ms pseudopodiques qui diffère dans ct's deux espèces. (tRtibrr figure également un noyau à diff'éi-ents états de détormation et absolument identitpie à celui fpie j'ai ti'ouvé moi-même. Aniii'lni relata PaRONA (84). Parona a décrit sous ce nom une petite Amibe à « corps transparent, incolore, à « endoplasma peu granuleux, avec imcléus très visible et arrondi. Vésicules contractiles « grandes et bien distinctes. Exoplasma sans structure ; pseudopodes lamelliformes très « minces, arrondis sur les bords et faits à la manière d'un voile, dans lequel on remarque « en formation d'autres pseudopodes plus petits et mamelonnés. Les granulations de « rendo])lasma se meuvent très vite dans l'intérieur delà masse, et rapides aussi sont les « mouvements de toute l'Amibe. » Bien que Parona ne soit pas plus explicite à ce sujet, il me semble certain, tant d'après la description de cet observateur (pie d'après les figures, ([ue l'on doit sans liésita- tion rai)]iorter à cette espèce une Amibe (pie j'ai trouvée en assez grande abondance et en différentes saisons, soit à la Pointe-à-la-Bise soit au Bois de la Bâtie. La plupart du teuqis on la rencontre avec l'apiiarence indi(piée par les fig. 1 et 2 a. 13 98 FAT'NE miIZOrODIQT'E DU lîASSIN DU LKMAK et qui rappelle celle d'un CocUiopodimn ou d'un Ht/alodimis (rMhkundm); mais même sous cette forme et du premier coup d'dùl elle se distingue facilement de ces deux orga- nismes, du premier par le manque de toute enveloppe ponctuée, du second par l'absence de couleur rouge et du mouvement de brassage intérieur qui caractérise cette espèce. Il existe d'ailleurs l)ien d'autrt's différences, noyaux, vacuoles, etc., sur lesquelles il est inutile d'insister. VAmœla relata rampe sous cette forme connue une vague de plasma, en étalant de- vant elle et sur ses côtés une large nappe d'ectoplasme clair. En arrière elle est dépourvue de marge; le plasma s'y concentre, y devient glu- tineux et se couvre par- fois, mais pas toujours, d'aspérités (lui lui font un commencement de bouppe caudale. Mais le caractère le ])lus distinctif de cette espèce, c'est la présence très babituelle d'un pseu- dopode de nature spéciale et qui temporairement au moins remplit les fonctions de tentacule. Ce tentacule prend naissance de la manière sui- vante : Si l'on suit un instant dans son évolution un individu pareil par exemple à celui que re})résente la fig. 2, on voit bientôt s'y dessiner à la limite du plasma central et de la marge byaline d'ectosarc, une ligne onduleuse ou arquée, qui marque en réalité les con- tours d'une petite vague de plasma clair produite à cet endroit. Cette vague s'avance alors et empiète toujours plus sur la zone hyaline de ceinture (fig. 2 h), sur laquelle on la voit se détacher franchement ; puis elle la rejoint et la dépasse (fig. 2 c), et finalement, deve- nant plus étroite en même temjjs que ])lus longue, c'est un véritable pseudopode allongé, cylindrique, jamais ramifié (fig. 3 et 4), qui pointe en i)lein liquide et en avant de l'Amibe. La fig. 5 montre un individu vu de côté et le i)seudoi)0(le antérieur déployé en tentacule Ama'ha irlala. — 1. Marche rapide. — 2. a. h. c. L'ormation du psinido- pode tentaeiiliforme. — 3. Le même, avec tentacule déi)loyé. — 4. lin autre, avec deux tentacules. — 5. Le même que fig. 3, vu de côté. — G. Le même un instant plus tard ; à gauche il a atteint par son tenta- cule la paroi du couvre-objet; à droite il a quitté le porte-objet imur passer au covcr. — 7. Noyau. GENIÎE A>I(KI1A <)<) et dirigé vers le liant. Un jour sur un individu arrondi et trau(|uilie. j'ai \u un second pseudopode de même nature se former en arrière en même temps (pi'il s'en pioduisait un en avant, mais le fait doit être rare (fig. 4). Le pseudopode antérieur normal ne sendile d'ailleurs pas garder bien longtemps sa nature de tentacule, nuiis bientôt il s'abaisse et s'étale à terre, devenant alors pseudopode véritable. Il faut ajouter que parfois le pseu- dopode arrive à une longueur plus considérable que les figures ne le représentent ici ; l'individu représenté fig. 4, par exemple, allongea les deux pseudopodes opposés l'un à l'autre, que l'on voit dessinés, et cela si bien qu'il prit ra])parence d'un ver, renflé simple- ment en son milieu par le plasma central, en même temps que les inclusions, diatomées, etc., de ce plasma pénétraient dans ces nouveaux bras. Cet individu ne resta d'ailleurs (lue peu de temps sous cette forme et reprit bientôt celle d'un Hyalodiscus. La tig. 6 montre le même exemplaire que celui de la fig. 5, mais examiné (piebpies minutes plus tai'd. Cet animal avant rencontré par l'extrémité de son tentacule dressé la paroi du couvre-objet, s'y fixa par cette pointe qui bien vite s'étala en prenant une forme discoïde (fig. 6 à gauche), puis une fois bien attachée attira à elle tout le reste de l'indi- vidu, lequel se détacha tranquillement du sol et, suspendu un instant dans le liquide, alla lentement rejoindre le couvre-objet (fig. (i à droite). Quant à l'endoplasma dans cette espèce, il est généralement assez pur et clair lors- qu'il ne renferme que les petits grains jaunâtres que l'on y voit toujours en grand nombre; mais très souvent on trouve dans cette espèce une grande abondance d'inclusions et de proies de toutes sortes qui en rendent l'examen plus difticile. Le noyau est relativement peu v((luniineux, sphérique et à grand micléole central compact (fig. 7). On ne le voit souvent (pi'avec peine, à cause des inclusions diverses dont nous venons de parler. Il est extrêmement rare (pie Ton ne trouve (pi'une seule vésicule contractile; norma- lement il en existe plusieurs, 2, 3, 4 et rarement plus de 5. C'est cequePAR(jXA a égale- ment constaté dans cette espèce. 100 FAUNE RHIZOPODK^trK DC DASSIN Dl' LKMAX AiiKilxi alrcdhifa'^ Meheschkovskv (.si ). Il est regret table que Mekescukovsky, dans les différentes Amibes (iiril a décrites, ait presque toujours donné des renseignements si vagues, (|ue Ton ne peut guère espérer recoiuiaitre les espèces. Pour ce (|ui conci'rne son Aiiurlin idrcuhifa. il la caractérise de la manière suivante: « Forme très variable. Le contenu est pres(iue entièrt'ment foruu'' d'une grande (juantité « (plusieurs dizaines) de vacuoles assez grandes, si bien serrées les unes contre les autres « que de tout le proto])lasma il ne reste guère qu'un réticule. Deux sortes de grains inter- « nés, petits, d'autres plus grands en faible (piantité (4), régulièrement arrondis et très « réfringents. i)robablement des gouttes d'buile';' — Xo.vau petit. » L'auteur ne se raj)- pelle pas s'il existe une vésicule contractile. Il indicpie la taille de son Amibe comme « très forte, » à peu près 0,021 mm. IMais ces 21 y. m^ représenteraient qu'une très petite Amibe. Probablement y a-t-il une erreur d'impression. L'Ami])e (pie j'ai rencontrée moi-même à dittërentes reprises et dans deux localités, le lac de Genève à oO mètres de profondeur et le marais de Lossy, n'a guère de connuun avec la descrii)tion de Mereschkovsky (pie la présence constante de grandes vacuoles, mais à défaut de renseignements plus détaillés sur les autres caractères distinctifs, il n'y a pas de raisons pour supixiser que ces caractères digéreraient dans les deux Amibes, et je ne crois pas devoir les séparer l'une de l'autre. U Amœba ahrolata, telle que je l'ai récoltée, est caractérisée par une tendance ex- ceptionnelle à la formation de grandes vacuoles (pu remplissent le corps presque entier, mais, il faut le reuuir(iuer, en gardant toutes leur f(»rme parfaitement si)liéri(pie, c'est-à- dire sans se comprimer les unes les autres. Ces vacuoles sont de grandeurs diverses, gé- néralement volumineuses et en petit nombre. Elles occupent parfois un espace si c(jnsidérable dans le ])]asnui que ce dei'iiier est refoulé et ne figure plus jxtur ainsi dire qu'un réticule ou un cadie (pii enserrerait les vacuoles. Bien que changeant peu à peu de taille et disparaissant lentement du plasma, tandis qu'il en vient d'autiTS à leur place, on ne peut pas dans leur ensemble les assimiler à des vésicules (iKNKK .UKKHA 101 contractiles. Mais il en est une qui fonctionne alors particulièrement couiuie telle et par- fois même c'est la plus grosse. Elle peut arriver à une taille énorme; la grande vacuole de la tig. 2 par exemple, devint encore plus volumineuse qu'elle n'est représentée, puis éclata ou plutôt se vida, comme une vésicule contractile ordinaire, mais à moitié seulement. Dans cotte espèce le plasma est presque toujours plein de granulations claires très petites ; les inclusions plus grandes et les proies sont, grâce à cette tendance à la vacuo- lisation, conteimes dans de grandes vacuoles, coimiK' on le voit dans la tig. 1 et 2, où les va- cuoles renferment de petites diatomées. J'y ai trouvé également un jour un gros globule bril- lant pareil à ceux dont parle Mereschkovsky. (^)uant aux pseudopodes, ils sont presque toujours très courts, lobés et conicpies (tig. 2), rai-ement plus allongés (tig. 3) ; la tig. 1 montre un individu au rejios et arrondi. Le no3'au est sphériijue et renferme un nucléole central compact, très distinct et peu volumineux. Le nucléus lui-même tout entier est d'une taille remarquablement faible rela- tivement à celle de l'individu, mais ([uand on songe (pie les vacuoles occupent un espace souvent supérieur à celui du plasma, on ne trouve plus lieu de s'étonner de la taille mi- nime du noyau, qui après tout est encore en rapport avec la masse du plasnui dans cette espèce. Ce nucléus se voit noyé le plus souvent au milieu des vacuoles connue un être à part; d'autres fois il est fortement l'ejeté de coté par ces vacuoles mêmes, comme dans la tig. 4 où l'Amibe n'était plus guère cpi'une paroi autour d'une iunnense vésicule, cette dernière d'ailleurs flanquée d'autres beaucoup plus i)etites. La i)lupart des individus arrivaient à un diamètre de 60 à 80 u. Au nuirais de Lossy, en même temps que des individus de cette taille, il y en avait de beaucoup plus petits, qui m'ont paru être des jeunes. Dans plusieurs occasions, j'ai iiu constater (lue l'ectoplasme, dmaï Anidiia alrmlata. Amœha nlceolata. — 1. Au rei)os. — 2. Mar- che lente. — 3. Marche raiiidc. — 4. Autre individu au repos, avec une vacuole très vo- lumineuse. 102 FAl'XE KlIIZoroDiyrE l)i; liASSlX I)(: LÉMAN était limité par uiil' liiniie claire et nette, et paraissait durei en une véritable pellicule à double contour, (pii semble montrer dans cette espèce un acheminement vers le type Amœha terrico/a. où Fectosarc est revêtu d'une membrane. Mais ici le fait est bien moins apparent que dans respèce dont la description va suivre. Aiuirha c'itrhia spec. nov. La plupart des exemplaires de VAinrrha alrcoUita avaient été récoltés dans le lac de Genève où ils vivaient, connue tous les lîhizopodes de cette provenance, dans la couche brune et veloutée qui tapisse le fond sur de vastes espaces, et que Forel a appelée le « feutre organique. » L'Amibe dont il va maintenant être question s'est rencontrée exclu- sivement dans ces mêmes stations, où j'en ai trouvé (]uelques exemplaires à deux reprises différentes, en octobre 1900 et en avril 1901. Elle présente à première vue d'as- sez grandes analogies avec VAmtvla alreolutu. aussi les avais-je primitive- ment réunies, mais un examen plus approfondi m'a montré qu'il fallait les séparer. U Amœha citrhia est i)lus grande que la précédente; son diamètre est environ de 130 /a. Elle est très légèrement teintée d'une nuance jaune citron délicate, mais qui ne semble pas devoir être toujours présente '. La forme se départit très peu de ses contours arrondis; l'ectosarc entoure le corps ' J'ai le souvenir d'avoir rencontré quatre ou cinq de ces Aniilies, mais mallieureusemenl mes notes et mes dessins ne se rapportent qu'à deux individus ; dans l'un d'eux la nuance citrine iMait très accusée, quoique très délicate; quant à l'autre, mes notes ne disent rien. Cesl celle qui avait été trouvée la pre- mière, en octiilire 1900. et la mémoire me fait défaut au sujet de cette coloration. Amœba citrina. — 1. Forme habituelle. — 2. Une partie de l'animal, plus grossie. — 3. Noyau. — 4. Marche rapide. — 5. Cristal renfermé dans le plasma. GENRE AMŒRA 103 coinnip (riine ceinture hyaline étroite, et de temps en temps s'élargit localement en une onde (|ui se répand lentement sur les côtés de l'animal; mais jamais cette onde ne semble s'allonger en un véritable pseudopode, et sur l'individu le plus longtemps examiné, le maxinmm de déformation a été celui que représente la tig. 4. Ce peu de dispositions à la formation de pseudopodes est en rap])ort avec l'existence d'une véritable peau ou cuticule extraordinairement iine, simple durcissement, si l'on veut, de l'ectosarc, mais homologue à la membrane beaucoup plus nette de VAnurha ter- ricohi. Cette pellicule est d'ailleurs si peu apparente sur le vivant, qu'on peut fort bien ne pas la remarquer; mais sur un individu resté longtemps dans de la glycérine addition- née de carmin, on pouvait voir très nettement la peau fine et résistante, avec de petites plissures. Quant au carmin, après plusieurs heures on n'en voyait pas encore trace dans l'intérieur, et ce n'est qu'après 18 heures que la matière colorante eut pénétré suflisam- ment pour colorer faiblement le noyau. C'est là un phénomène parfaitement identique à ce qui se passe dans VAmœha terrkola. Le plasma lui-même est prescjue en entier représenté par des vacuoles, serrées les unes contre les autres et prenant parfois, grâce à leur compression réciproque, une struc- ture alvéolaire. Toutes ces vacuoles s'arrêtent sur les contours du corps en une ligne très franche, qui les sépare nettement de l'ectosarc (fig. 2). Il faut observer cependant que ces vacuoles, si elles existent toujours, sont en même temps très délicates, et que sur l'un des individus spécialement examinés, elles ne se dis- tinguaient presque pas lorsque l'animal prenait sa forme de repos pres(iuesphérique; mais une compression légère suffisait pour les montrer nettement. Le plasma renferme encore une quantité immense de tout petits grains brillants, arrondis, de 1 /ji à peine, rassemblés entre les vacuoles comprimées, ou noyés dans les parois mêmes de's alvéoles; déplus un certain nond)re de globules plus gros, réguliers, très brillants; quelques proies sous forme de diatomées; enfin dans l'un des exemplaires, on voyait un cristal incolore, parfaitement limpide, à facettes nettes et parfaites, et d'une grandeur remarquable, de 8 à 10 ^ (fig. 5). Le plasma renferme également toujours au moins une. et le plus souvent deux ou trois vésicules contractiles, qui fonctionnent normalement mais d'une manière paresseuse. On les distingue facilement des vacuoles ordinaires en ce (jue jamais elles ne ])articipent 104 FAUNE r,inz()i'oi)i(,)rE Dr p.assin du i^kafax il la foniK' alvc'olairc pi'ddiiite par la coiiiijrcssioii; ollcs gardent toujours leur t'oniR' par- faitement arrondie (tig. 2). C'est là un t'ait «lui d'après mes observations, mais peut-être à (pichpies exceptions près, est général chez les Illiizopodes et semble montrer dans la vési- cule une force de tension osmoti(iue, ou de « tui-gescence, » comme disent les botanistes, considérable, qui lui permet de refouler sans se déformer elle-même les vacuoles ordinai- res (jui l'entourent. Le noyau est grand, spbéricpie, et renferme un suc nucléaii'e abondant, dans kMpiel se voient des grains ou luicléoles bleuâtres, logés surtout sous la paroi nucléaire. Dans les deux individus examinés, le noyau, bien (|ue de même tyi)e, différait en ce sens fjue l'un d'eux renfermait un nombre considérable de ces petits nucléoles, et l'autre une (|uan- tité plus faible (tig. 3), mais alors beaucoup ])lus grands. Nous avons vu que VAmœf/a alreohda. très vacuolisée, avait un noyau de faible vo- lume. h'Aniaha cifriiia. très vacuolisée aussi, en possède un très grand. 11 send)le y avoii' contradiction avec la règle générale ; mais en réalité, dans cette esjjèce, si le noyau est volumineux, la masse de la matière nudéolaire ou chromatique y est faible (fig. 3). Je reviendrai sur ce sujet dans la note 10 sur le novfiu. Anui-ha fcrricola EHl^ENBEIiO spec. (28) Amœha rerrucosa Ehrenberg 1S3S (28). Corycie (?) Du.iardin 1852 (24). Amœha natams Perty 1852 (92). Ahhi'Imi qmi(JriliiH'(da Carter (17). Thecamœha quadripartita Fromentel 1 874. Amœha rerrucosa Leidy (67). Amœha terricola Greeff (41). Amu'ha shn/I/fi(?J Greeff i. p. (41 ). Il n'y a pas d'Amibes dont on se soit tant occupé que de Y Amœha terricola. Les des- cri])tions des anciens auteurs, Emuenberg, Du.urdin, Pertv, Fromentel, ])ermettent (iENUR AMŒBA 105 déjà de recouiiaitre l'espèce dans ses grands traits, bien qu'il reste dés incertitudes ou que l'on y remarque des mélanges avec d'autres Amibes voisines. Carter a décrit une Amo'ha qiiadnlhieaia, qui re])résente sans doute en même temps YAmœla ferricola et celle qui sera décrite plus loin sdus le nom de A)U(rba striata. ("est également ce que l'on peut dire de la description de Leidy. Greeff, dans sa belle monographie des Amibes terrestres (41), a traité le sujet plus à fond et donné les renseignements les plus détaillés sur cette espèce, en même temps qu'il subdivisait ce que l'on avait pu apercevoir et traiter jusque-là connue AiikiJui vernicasa en cinq espèces, Ania'haferricoki, Amœba si- j»77/.s'. Aniœha splueroi/KcIcosKs. AdiuIki fihrilhisa et Anurha alha. D'autres observateurs entin ont étudié cette Amibe, et en tout i)remier lieu il faut citer Rhumbler, qui dans son bel ouvrage sur l'analyse des i)hénomènes vitaux dans la cellule (98), s'est occupé à diverses reprises de cette espèce intéressante entre toutes. Mais il s'en faut de beaucou]) (jue nous soyons renseignés d'une manière complète sur cet organisme; et comme j'ai pu en faire une étude assez détaillée, j'apporterai ici à mon tour les renseignements que mes observations m'ont fournis. VAmœha terricolà typique est une 7\.mil>e de grande taille, qui d'après Greeff peut arriver à un maximum de 300 à 350 ,u. C'est ce que j'ai également constaté, mais il faut dire cependant que la taille de 300 a correspond déjà à des individus très grands, qu'on ne rencontre que rarement. La feinte générale est la ])lupart du temps légèrement jaunâtre, et d'un jaune sale qui m'a semblé provenir de l'ésidus de nourriture, fragmentés en véritables poussières qui remplissent l'endosarc ; Greeff pense également que la coloration provient de la nourri- ture. Cependant on trouve souvent des individus simplement grisâtres ou complètement incolores, et dans certaines stations je n'ai rien remarqué de jaunâtre. Ce qui frappe à première vue dans cette Amibe, c'est sou apparence parcheminée, froissée ; la surface, à bords réfringents, est parcourue par une quantité de lignes qui s'entre-croisent, et que l'on ne tarde pas à voir représenter des plissements nombreux. Faxûii, après un examen plus attentif, on finit par reconnaître que l'ectosarc de l'Amibe est limité sur ses bords par une ligne à double contour, et qu'il y a là une pellicule véritable ou membrane extrêmement fine, ([ui entoure tout l'animal connue un sac fermé de toutes ]iai'ts. 14 106 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN L'existence d'une enveloppe membraneuse véritable, qui d'abord a passé pour n'être qu'une ajtparence, semble maintenant, après les recherches de Greeff et de Rhumbler, généralement reconiuie connue certaine. Mais pour beaucoup de naturalistes encore, elle ne représente qu'un durcissement temporaire de l'ectosarc, et comme cette question de l'existence ou de l'absence d'une véritable niembiaiie est d'une très grande importance pour la physiologie des llhizopodes en général, tous les faits que l'on pourra apporter tendant à confirme!' toujours plus solidement l'existeiu-e de cette membrane, mériteront d'être cités '. En premier lieu il y a l'apparence même, (]ui doinie l'impression d'une pellicule à double contour bien nette. L"api)arence est une chose il est vrai trouqjeuse, mais dans le cas présent elle semble devenir une certitude, \)-av exeni])le lorsque, en examinant la vési- • cule contractile par le côté, on voit cette dernièi-e se détacher franchement de la paroi interne de la pellicule membraneuse (voir la ])lanche relative à la note 11) ou bien encore lors(iue cettti vésicule, vue d'en haut, se monti-e i-ecouveite de lignes entrecroisées dans lesquelles on reconnaît les plissements d'une membrane (même planche, note 1 1). Cette pellicule se voit encore lorsque, au i)assage d'un courant de glycérine, le jjlasma interne se rétracte et laisse un espace libre enti'e lui et la membrane. Certaines niaiii])ulations chimi(|ues peuvent également l'isoler; Rhumbler a trouvé que des individus traités à la lessive de potasse faible. ])uis laissés plusieurs jours dans une solution d'oxyde de fer ammoniacal sulfuré, n'étaient plus représentés que par leur couche ectoplasmique, itarfois par leur noyau ou par des boulettes de nourriture, mais que tout le plasma avait régulièrement disparu. Mais sans avoir recours aux réactions chimiques, on peut bien souvent rencontrer des Amibes mortes, et d(mt il ne reste plus que la pellicule i»lissée, avec un amas de pous- sières jaumitres représentant le plasma. Dans une de ces Amibes, de grande taille, (jui devait être morte depuis ])eu, on remarquait, outi-e (iuel((ues restes de ce plasma agglo- mérés en un petit image ixtussiéreux, un noyau ratatiné mais encore bien conservé et très ' Mes observations sur la iiii'iiibrane de VAmn'I/u Irniroln oui •■li: faites surtout au cours d'une étude sur la vésicule contractile, étude que l'on trouvera relatée tout au long dans la note 11. Il est évident que si l'animal est entouré d'un sac l'eruié de toutes parts et très résistant à la pénétration, la vésicule contrac- tile en se fermant sous cette pellicule semblera devoir se videi' à l'iiilérieur du corps et non à l'extérieur. GENEE AMŒBA 107 caractéristique, et nue nii/piiU/i/t' paifaifeiiinif rivante, de longueur supérieure à celle de TAiiiibe, de sorte ([u'elle (knait se recourber eu demi-cercle pour trouver place à l'inté- rieur du sac. Elle glissait alors de t(nis les cotés, cherchant ])artout un passage, ne trouvant pas et s'obstinant à clierclu'r encore, mais toujours en vain, ('onmient était-elle entrée dans ce sac feruiéy Je suppose à l'état de kyste dont l'Amibe se serait emparée. Dans des mousses restées pendant deux mois complètement à sec renfermées dans une boite, j'ai trouvé un jour un grand nond)re (ÏAmaha ter) kola parfaitement en vie, Amœba terrlcola. — 1. Aspect habitui-l, -mi repos. — 2. Noyau. — 3. Individu enkysté. — 4. Progression rapide. — 5 et 0. Individu se préparant à la défécation. — 7 a, b, c, d, e, formation d'une déchirure par compression, et phases de la réparation de la membrane. — 8. Déchirure très étendue, réjiarée par un étranglement de la membrane. — 9. Em- bryons ? internes. mais à l'état de dessication; on voyait alors très l)ien ce sac ratatiné, puis à l'intérieur une masse grise et poussiéreuse représentant le plasma, et un noyau à nucléoles ratatinés aussi (ces Amibes une fois dans l'eau revenaient, je l'ajouterai en passant, parfaitement à la vie). Quelques individus étaient réellement enkystés, c'est-à-dii-e que le plasma interne 108 FAUNE RHIZOPODIQUK DU BASSIN DU LÉMAN contracté s'y était entouré d'une membrane hyaline, lisse, à double contour (tig. 3); la liellicule membraneuse externe ne s'en voyait alors que mieux. Cette enveloppe, ajoutons-le, présente une résistance extraordinaire à la pénétration, par exemple des matières colorantes. En traitant les individus i)ar le carmin au borax, qui sous la même concentration colorait en un instant d'un beau l'ose les noyaux des Ami- bes ordinaires, il fallait attendre généralement au lendemain pour obteinr un résultat suflisant, mais si à un moment donné, et avant qu'aucune coloration eût pénétré à l'in- térieur, on déchirait renvel(q)pe, après quelques minutes on voyait le noyau se couvrir d'une belle teinte carminée. Il me reste k parler, à pi'opos de Tenvelnp])!' de V AhkiIhi ferricuhi. de différentes ex- périences que j'ai faites sur la résistance de cette mendjrane au déchirement, et qui eu même temps ont fourni des renseignements d'une autre nature qui ne seront pas sans in- térêt. Si, après avoir isolé une Amalxi. fcrricola dans une goutte d'eau, on recouvre cette goutte d'un couvre-objet, on peut, tout en gardant l'oeil au microscope, faire subir à l'animal une compression graduelle au moyen d'un petit morceau de papier buvard introduit avec précaution au bord de la lamelle. On constate alors (jue l'enveloppe, au lieu de crever, présente une force de résistance extraordinaire, jusqu'à s'aplatir presque comme une pièce de momiaie. Mais si un peu avant ce terme extrême, et après avoir enlevé le papier buvard, on produit avec une pointe émoussée une pression brusque sur le porte-objet ', au voisinage aussi rapproché que possible de l'Amibe, on voit la membraiu- éclater sur l'un des côtés, dans une région très circonscrite, et très souvent de manière à ne s'ouvrir qu'en un petit trou, par lequel sortent des petits grains violemment expulsés. Mais l'eau revenant tout aussi vite que l'aiguille a quitté le couvre-objet, l'expulsion des petits grains cesse, et l'on ne voit plus qu'un trou rond, bien distinct, au devant (hupiel se trouve un amas tlocomieux de grami- lations maintenant immobiles (tig. 7 a). A peine alors une ou deux minutes se sont-elles pas- ' La compression graduelle par le seul retrait de l'eau fait également éclater l'enveloppe, mais d'une manière plus irrégulière, et, avant qu'on ait eu le temps introduire à nouveau de l'eau sous le couvre-objet, l'animal a souvent le temps de se vider presque complètement. Au moyen d'une pression brusque et sans papier buvard, on évite le départ de l'eau, ou plutôt celle-ci revient aussitôt et d'elle-même. GENRE AMŒBA 109 sées, que cet orifice est déjà entouré de petits plissements rayonnants, signe d'une invagi- nation commençante (fig. 7 b.). En effet, l'enveloppe commence à se reployer en dedans, toujours plus, et après un instant on voit cette invagination sous la forme d'un tube interne très court, dont l'extrémité est terminée par un amas de substance nmcilagineuse remplie de petites bulles à parois épaisses, et qu'on peut considérer comme un bouchon destiné à oblitérer tenq)orairement l'orifice du tube. Ce tube continue alors à s'enfoncer dans l'intérieur du plasma, en se recourbant plus ou moins, et en se rétrécissant, surtout vers le milieu de sa longueur (fig. 7 d.). Puis le rétrécissement devient toujours plus fort, et enfin les ])arois internes du tube vieinient à se toucher, et à en oblitérer complè- tement la lumière ; ils se soudent alors, et peu à peu le tube, dans la région de soudure, se résorbe; la partie invaginée en continuité avec la surface de l'Amibe revient lentement à la surface, en s'étalant touj(mrs plus comme uiu> membrane continue, et bientôt il n'y a plus de trace, ni d'invagination, ni de i)erforation (pielc()n(iue. Quant à la partie distale du tube invaginé, avec son bouchon vacuolisé, elle finit également par se résorber, mais avec une lenteur extraordinaire, et tandis que le phéno- mène tout entier, à partir de la perforation de renveIop])e jus(|u'au moment où à la surface tout est rentré dans l'ordre, n'a. pas duré plus d'une demi-heure, on voit encore souvent le lendemain cette portion du tube, comme un petit laud^eau brillant, avec quelques vacuoles (fig. 7 e.). J'ai cru pouvoir constater que parfois aussi ce lambeau, au lieu de se résorber par une simple dissolution, s'émiette en fragments t(nit petits, qui vont se perdre dans le plasma comme une poussière. Telle est la marche du phénomène sur des individus où la compression artificielle n'a produit qu'une faible déchirui-e dans l'enveloppe. Mais si la déchirure est très forte, il n'y a plus d'invagination possible, ou plutôt l'invagination n'est plus qu'un étra)igieiiient, qui se produit en dessous de la déchirure, puis vient peu à peu resserrer l'Amibe et lui donner l'appai-ence d'un sac d'écus. L'individu représenté par la fig. S, par exeuqde, avait subi une déchirure immense, concernant un tiers au moins de sa surface, et par laquelle était sorti à peu près la moitié de son plasma interne. ]Mais il se forma peu à peu un étranglement, (jui après une demi-heure fut assez prononcé pour présenter l'apparence de la fig. 8, où la membrane se voit presque soudée au niveau de l'étranglement. Obligé d'abandonner temporai- 110 FAUNE RIIIZOPODKirE DU HAJSSIX DU LÉMAN rement r.animal, je le retrouvai raprès-inidi du même jour îsous la forme d'une Amibe parfaitement noruuUe. L'Amibe s'était alors débarrassée de la partie iinitile de sa mem- brane en l'abandonnant au dehors, plutôt que dans son endosare même. Ces phénomènes peuvent alors nous faire comprendre la nature de ces invaginations, « Einstulpungen, » que Greeff a parfois remarquées dans VAinwba ferricola. FRANCE (32) les a observées également; voici ce (}u'il dit à ce sujet: < Dans des individus contrac- tés de VAinœha verrucosa, j'ai pu constater presque toujours cette invagination particu- lière de la pellicule. On peut la suivre, connue un canal étroit, jusque dans l'intérieur du corps, et ce canal ne disparait que dans la région du noyau. » Pour moi, ces tubes invaginés de Greeff n'étaient pas autre chose que ceux (|ui vieinient d'être décrits, et provenaient soit de ce que l'animal était en train de combler un orifice formé après évacuation de nourriture digérée, soit au contraire de ce qu'ayant capturé une grosse j)roie il s'agissait de résorber le tube restant après l'invagination de cette proie. Rhumbler (i).s) a montré en effet que la capture des proies se fait par un procédé tout à fait analogue d'invagination. L'enveloppe ectoplasmique forme autour et à la base de la proie un bourrelet qui la recouvre toujours plus haut, jusqu'à ce que le bourrelet se referme et se soude complètement sur ses bords de manière à ne plus laisser trace d'orifice, en même temps que la proie entourée encore de la i)e]licule de recouvrement a été entraînée dans l'intérieur par un phénomène d'invagination. < L'anneau d'ecto- « plasrae, » dit-il, « est devenu une sphère creuse d'ectoplasme, qui s'est moulée sur « l'amas de Zooglea. Le manteau d'ectoplasme reste encore quelque temps comme une « enveloppe brillante autour de cet amas arrivé maintenant à l'intérieur de l'Amibe; « mais après quelques minutes, dix environ, il perd son éclat et finalement ne se laisse « plus distinguer de l'endoplasme. « Je n'ai pas eu l'occasion d'assister à la capture de la nourriture, que Rhumbler décrit absolument connue, avant la lecture de son ouvrage, je pensais qu'elle devait être. Par contre j'ai été plus heureux pour ce qui concerne la défécation ou l'évacuation des résidus de nourriture. Les fig. 5 et 6 représentent deux individus tels qu'ils ont été trouvés; dans la fig. 5, l'Amibe portait un gros sac mendn'aneux. qui sortait d'une rainure ou invagination annulaire de l'ectosarc, et {|ue l'on voyait distinctement faire encore partie du corps; il renfermait de la nourriture. Ce sac s'étrangla toujours plus, au GENËE AMŒBA 111 fond de l*invagination, puis fut expulsé au deliors. Dans la fi^. 6, l'invagination semblait avoir été beaucoup plus profonde, puis on aurait dit qu'après la séparation du tube en deux moitiés la ])artie invaginée en continuité avec l'enveloppe était revenue à la surface en grimpant sui- le tube. Quoi qu'il en soit, tout ce sac de nourriture fut soudain lancé au dehors, et alla tomber un peu en avant de l'Amibe, connne s'il avait reçu une impulsion voulue, et bien que rien dans l'animal ne montrât aucun changement. Quant à la membrane de l'Amibe, il est fort probable qu'elle a dû à ce moment procéder, pour fermer l'ouverture encore existante, à une nouvelle invagination, laquelle serait aloi's identique à celle qui a été décrite plus haut. Malheureusement j'ai été empêché à ce moment de suivre plus loin le processus. Fa\ résumé tout seud)le montrer que dans VAiiurha terr/eola il existe une membrane véritable, très fiiu", souple, mais extrênuMuent résistante. Une fois cette membrane déchirée ou ])erforée, l'animal est incapable de reformer la partie manquante par un simple durcissement de son ectosarc; il doit, pour y arriver, mettre en rai)port les .s/nff/YP.s mêmes de son envelopi)e qui peuvent alors se souder l'une à l'autre, et c'est pourquoi l'invagination devient nécessaire. On peut remarquer, et c'est ce que Leidy semble avoir déjà constaté, que VAiiKeha terrkola renferme en général peu de lunirriture, et (jue celle qu'on ,y voit est le plus sou- vent représentée par de grosses proies, Infusoires, lîotifères, etc. Le fait me parait pro- venir de ce que l'Amibe a, pour chaque capture, à se livrer à un travail considérable, en même temjjs qu'elle subit une certaine perte de membrane qu'il faudra plus tard ré- parer. Aussi, pour les petites proies, semble-t-elle comprendre qu'elle se donnerait trop de peine pour peu de chose ; à moins (lu'elle n'y mette une sorte de vanité, et (pie, fière de sa forte taille, elle ne veuille donner raison au proverbe latin: AqnUa vou rapif miiscas. L'exjmlsion des proies ne seudde d'ailleurs pas être précédée nécessairement d'une hivagination de la membrane autour du sac expulsé. Rhumbler, qui a observé l'expulsion de filaments d'O.swV/ff/vVf, parle simplement d'ime fente encore quelques minutes béante après le rejet de l'algue. Il a également été témoin de ce départ brusque de la pi'oie ; l'algue sortit de l'Amibe « sans que cette dernière eût fait le moindre mouvement, connne si elle en avait été tirée par une main invisible. » Les lilaments d'Oscillaria observés par Rhiimbleh n'étaient pas non plus, à leur sortie, entourés d'uiu; pellicule spéciale. 112 Faune mii/oponiQiiR ni; bassin nu lémax Nous voyons donc qut' dans V AiiKtha teri'iroJa, rexistencx' d'une nienibi'ane implique certains phénomènes tout spéciaux pour la ])rise de la noui'riture comme pour la défé- cation. Mais peut-être faudrait-il ne jjas trop i^énéraliseï', et sujjposer (ju'il doive sui- vant les cas y avoir des variantes. C'est ainsi (pie j'ai observé dans certains iiulividus un grand nond^re de ])etites parcelles verdàtres, (pii d'ajirès certaines transitions m'ont paru provenir d'une fi'a.niuentation répétée de ])etites algues desmidiées; le ])lasma les ré- duirait i)ositivement en miettes, (pii tinissent par former une véritable poussière, latpielle resterait longtemps visible encore tlans l'intérieur de l'Annbe. Les diverses considérations (pii viennent d'être ])résentées seiid)lent donc prouver que ÏAfiiœha frrricola est revêtue d'une i)ellicule ou meud)iane véritable, tiue, résistante, qui entoure l'animal tout entiei'; que cette membrane ne jjeut être perforée par l'animal que dans des cas spéciaux ; et qu'après perforation l'orifice ne peut être i-efermé que par un rapprocliement des surfaces de la iiKMubrane. La présence de la pellicule luendn-aneuse rend également dans cette espèce les phé- nomènes de locomotion particulièrement intéressants. h'Aiiinha ferricola, de même que toutes les Amibes à enveloppe membraneuse, passe à juste titre pour être extrêmement lente dans sa marche. Riiumbler va jusqu'à dire que pour étudier les mouvements de cette espèce, on est la plupart du teini)s obligé de recourir à des ci'oquis périodiques; il ajoute pourtant qu'elle est plus vive lorsqu'elle échange sa marche « roulante » contre une marche « coulante, » tout en restant en arrière de sa i)lus proche parente, VAmœba striata. A l'état de repos ou de mouvement lent, V Amaha terr/cohi est une masse épaisse, presque sphérique, la plupart du temps d'un gris jaunâtre sale, réfringente sur ses bords, plissée, déchiquetée, en apparence inerte, et ce n'est qu'en s'armant de patience qu'on peut constater soit les courants internes du plasma, soit les fonctions de la vésicule con- tractile, soit même parfois les changements de forme du corps. Mais il en est tout autrement quand l'Amibe prend un mouvement coulant. Ce mou- vement est, il est vrai, presque toujours encore moins rapide que dans les autres Amibes, mais j'ai observé des cas rares où certainement celle-ci ne serait pas restée en arrière de V Amœha proteus. La forme est alors à ])eu i)rès celle d'une limace ou d'une palme, mais très étalée en avant, telle (pie la représente la tig. 4. En arrière, on constate toujoui's GENRE AMŒBA " 113 une modification plus ou moins forte du ])]asnui, (lui y est i)lus concentré; cette modifica- tion ne va jamais jusqu'à l'apparence d'une houppe, laquelle serait impossible vu l'exis- tence de la membrane; mais cette houppe peut être remplacée par un i)aquet arrondi, tordu, plissé et froissé. De cette partie ])ostérieure rétrécie partent alors des lignes lontiitudinales, peu nom- breuses, droites ou ondulées suivant leur position dans l'axe ou sur les cotés de l'animal, et qui sont l'expression de plissements de la pellicule. Ces lignes peuvent exister non seulement à la surface supérieure du corps, mais aussi à la face inférieure, et y pro- duire des rainures longitudinales dans lesquelles, par exemple, j'ai vu de petits grains de carmin s'engager, en formant de longues lignes (fig. 4). Pendant que l'Amibe est ainsi lancée, un courant l'apide coule d'arrière en avant. Il ])rend naissance dans Teiulosarc de la partie postérieure du corps, autour de la vésicule contractile qui le plus souvent s'y trouve, ou des petites vésicules en fornuition lorsque la grande a été entraînée au loin. On voit alors des petits filets liquides partir de ce plasma cendré, comme des petites sources jaillissant par-ci par-là et alimentées on ne sait d'où, puis descendre la faible pente qui les mène en avant, se réunir peu à peu et s'étaler en une napjie qui tout en avant a perdu sa force vive. En examinant attentivement un aniuuil ainsi lancé dans une course rapide, on peut alors, bien souvent, constater un fait très hitéressant; c'est l'existence de lignes arquées, concentriques (fig. 4), parallèles à la courbure antérieure de l'Amibe, et qui sont cha- cune formées par des digues de petits grains arrêtés là dans leur course. Voici connnent on peut expliipier la fin-mation de ces digues circulaires, qui ne man- quent jamais de se produire d'une numière plus ou moins accusée lorsque la marche est accélérée : Si nous supposons une Amibe ayant la forme de la fig. 4, mais au repos (il y a parfois des moments très courts de repos, sans que l'animal change sa forme de course, lorsqu'il est fatigué et surtout i)eu de temps avant la systole) (voir note 11), puis qu'elle se mette en niouvement, nous verrons alors le courant interne, entraînant une grande quantité de petits grains, se diriger en avant, puis s'y étaler. Les petits grains lancés alors par le courant, arrivent tout près des bords antérieurs, où ils s'ar- rêtent juste à l'instant où res])ace existant entre les deux faces, inférieure et supérieure, de l'Amibe, est égal à leur propre épaisseur. Ils dessinent alors en avant une ligne de 114 Faune rhizopodique nu bassin du léman même forme que l'Amibe elle-même, c'est-à-dire arquée. Mais à p.eine la ligne est-elle for- mée, que le bord antérieur de l'Amibe est déjà loin, la i)etite dune de grains reste en place parce que le courant n'est plus là qu'une napi)e sans grande agitation, mais les autres grains intei'iies, lancés par leur force d'inertie, passent ]jar-dessus la première dune et vont en formel- une seconde en avant. La marche continuant toujours, il se produit une suite de dunes concentri(pies, les antérieures se formant, tandis que les postérieures se détruisent, soit ])ar les courants, soit ])ar le clioc des grains qu'elles arrêtent dans leur course, et disi)araissent à la vue. Il semble que ces lignes concentri(|ues doivent être un indice d'une progression hdei- mitteide de la part de l'Amibe. Mais il n'en est rii'ii, et l'on voit la partie antérieure de l'animal progresser sans aucune sec(uisse. 11 y a là un ])liénoméne physique peut- être ditticile à expliijuer. que l'on pourrait conqiarer à ce qui se passe dans les dunes véri- tables qui se forment les unes derrière les autres bien (|ue le vent souffle sans intermit- tence, en admettant cependant que l'explication doit être ici tout autre. Il m'a seuddé parfois (pie ces petites dunes de grains déterminaient sur la ligne même de leur dépôt la formation d'un léger bourrelet de iilasma sur la partie inférieure de l'Amibe, mais je n'ai pas pu m'assurer du fait d'une manière positive. Un phénomène très curieux, et dont j'ai été à dittérentes reprises témoin dans cette espèce", est le suivant : Un individu lancé en apparence à toute vitesse, et chez lequel on voit se ])roduire coup sur coup les lignes arquées dont il \ient d'être question, peut cependant ne pas avancer du tout, et garder dans ses relations avec des points de repère fixes une position toujours la même. Si l'on essaj'e, par un examen plus minutieux, de se rendre coiiqite de la cause de ce phénomène en apparence paradoxal, on voit alors parfaitement que, tandis que les courants internes semblent faire avancer l'animal," il se produit cependant un retrait en masse, continu, du plasma, retrait égal à l'avancement indiqué par les zones successives que forment les lignes de grains. Ce phénomène pourrait, me semble-t-il, être d'un intérêt capital pour la com- préhension des mouvements chez les Amibes. Il est évident que si l'Amibe éprouve un ' J'ai d'ailleurs, il y a longtemps déjà, rapporté un pliénoniène de ce genre concernant VAmœbn Pro- teits (80). GENRE AMŒBA 115 retrait en masse, c'est d'abord que le plasma est susceptible de se rétracter (on en a vu d'ailleurs bien d'autres exemples diuis les pages précédentes, et on en verra d'autres plus loin), puis ensuite qu'il n'était i)as partout collé au sol; mais, si nous supposons qu'il ait adhéré fortement au sol ])a,r la partie antérieure de sa face ventrale, que serait-il ari'ivé? sans aucun doute que l'Amibe tout entière aurait été portée en avant; et si, une fois en avant, la partie ventrale antérieure nouvellement arrivée s'était fixée au sol, tandis que la portion auparavant adhérente se décollait, on aurait constaté un nouvel avan- cement. Il faut observer ici que cette adhérence possible du plasma des Rhizopodes aux corps sur lesquels il repose est une chose absolument certaine. Dans ces animaux l'ecto- sarc est, i)Our ainsi dire à la volonté de l'animal et temporairement, visqueux ou non, et peut passer d'une phase à Fautie en un clin d'(eil; c'est ce que montrent des observations si nombreuses et si concluantes, <ô). Amœha rerrucosa in Leidy. PI. III, lig. 37. Amœha striolata ? Perty (92). Amœha rerrucosa i. p. Carter (17). J'avais décrit cette espèce en 1890, d'après des exemplaires nombreux récoltés à Wiesbaden, et tout en la donnant comme bien certainement autonome, je pensais pouvoir l'assimiler aux petits indi\idus que Leidy a figurés dans la PI. III de son grand ouvrage, comme représentant les états jeunes de V Amœha verrucosa. Après l'avoir revue et étudiée depuis lors plus à fond, je me suis convaincu de la réalité de ma supposition. Leidy a cer- tainement rencontré cette espèce, mais il a tout aussi certainement fait erreur en la re- 128 FAUNE RIIIZOPODIQTIK DU BASSIN DU LKMAN gardant coimiic uiu' tonne jcmie. Dans VÂntœha rerr/icosa (ter ri cola), les individus les plus petits et en apparence les plus jeunes sont déjà conformes aux adultes et se distin- guent de VAmœha driata par d'autres caractères encore. Il est possible également que cette espèce doive se rapporter à VÂma-lKi strioJafa de Perty, (jui depuis 1852, Tannée où elle a été décrite, ne semble pas avoir jamais été revue. Mais la description de Perty est aussi vague (pie la figure qui l'accompagne, et il serait iuq)rudent d'eifacer le nom de striafa sous lequel cette Amibe est déjà comme, pour reprendre celui de striolata qui, après tout, représente peut-être autre cliose. V Ama'ha driata est beaucoup plus petite (pie VAma-ba ierricoJa ou vcsindata. Cepen- dant elle arrive souvent à 60 a, et ne descend que rarement au-dessous de 30 ;x. Elle est agile et relativement rapide dans sa mai'che, pendant laquelle elle garde pres- que toujours une forme se rapprocbant de l'ellipse. Rarement, et par instants seule- ment, elle atteint un degré de déformation aussi considérable que le montrent les fig. 1 et 2. La partie antérieure est dans la règle plus large et plus aplatie que la partie posté- rieure; cette dernière ne montre non plus jamais de houppe, mais elle peut, rarement, se plisser et se tordre comme dans VAimdta ferrivolu, quoique dans une mesure beau- coup plus faible. A la surface on remarque également presque toujours deux, trois, quatre lignes lon- gitudinales, rarement plus; ces lignes, très fines et qui, sur des individus très étalés et en marche rapide, disparaissent parfois complètement', indi(pient la présence d'une pelli- cule membraneuse, que d'ailleurs d'autres caractères rendent également évidente. Mais Amœha siriata. — 1. Individu en marche. — 2. Autre individu, représentant une variété par- ticulière. — 3 à 7. Déformations de la grande vacuole dans cet individu. — 8. Une des bou- lettes de plasma gris fréquentes dans cette espèce. — 9. Noyau de la forme typique. — 10. Autre noyau de la forme typique. ' Les ligures n'en portent pas, bien que mes dessins orif;in;uix en monlrent de très nettes; le fait provient siiiiplenienl d'un ()ul)li. «RNKE AMŒBA 129 cette pellicule est extrênieiiieiit tiiie, et sur les iiidiviilus très jeunes, seules deux ou trois stries longitudinales permettent d'en inférer l'existence. Le plasma est toujours rempli de myriades de ces petits grains brillants, clairs, de ' 2 fj. environ, qui donnent à toutes les Amibes à pellicule une api)arence quelque peu spéciale. Il renferme fréqueunneiit aussi ces petites boulettes pâles dont j'ai parlé à propos de l'Amœba terricola (tig. 8). La vésicule contractile pourrait à elle seule permettre une identification de l'espèce. Le plus souvent on en voit deux, l'une en formation ou déjà formée, en arrière, l'autre beaucoup plus grande, courant dans le corps. Cette dernière est alors très caractéristi- que. Elle se déforme continuellement, grâce sans doute à la présence de parois très fines et souples, et probablement aussi â une faculté de « turgescence » moindre qu'on ne le voit en général dans cet organe. Ces déformations proviennent des obstacles que dans sa course elle rencontre sur son passage, ou plutôt faudrait-il ici dire, des éléments qui la rencontrent en passant. Souvent c'est le noyau, ou bien une de ces bandes ou trabécules de plasma relative- ment compact dont nous avons parlé (Amœha nitida, nobilis), et alors elle se recourbe, s'étend, se déforme, mais sans se diviser en lobes. Plus souvent elle semble buter contre un obstacle invisible et de peu de volume, et pourrait se comparer alors à une outre entraînée par un courant et qui viendrait frapper un bâton planté dans l'eau. Dans ce cas la paroi de la vésicule s'enfonce, et cette dernière paraît bilobée; parfois elle est trilobée, ou quadrilobée, et prend enfin toutes les apparences imaginables. Lorsque l'invagination est considérable, les parois de la vésicule qui constituent les bords de cette pointe invaginée se soudent l'une à l'autre, et ne présentent plus à l'œil qu'un trabécule s'avançant à la rencontre de la paroi opposée ; enfin parfois l'invagination arrive jusqu'au contact de cette paroi, et alors il y a subitement division de la vésicule en deux, mais division le plus souvent temporaire, les deux vacuoles formées se réunissant plus tard en une seule. Les fig. 3 à 7 représentent les diverses transformations subies par la vésicule dans l'un des individus examinés ' : en 3 on voit un commencement d'en- ' Ces figures se rapportent à l'individu représenté par la fig. 2 et qui appartenait à la variété dont il va être question (ont i'i l'heure: mais dans la forme typique, la vi''sieiile se comporte de la même manière. inO FAT'NE RIIIZOrODIQrE DU BASSIN DU LÉMAN fdiicciiu'iit se prodiiiro; vn 4 la vrsiciilt' est trili)l)t''e, en 5 riiivagination est presque arri- vée à la ])aroi ()])|)Osée: en (i il va eu (lé(l(iiil)leiiient en trois vésicules nouvelles, mais en 7 deux (le ces vésicules se sont déjà réunies en une seule. La tig-. 1 montre une grande vési- cule entraînée dans le plasma, tandis que deux vacuoles en arrière en reforment une autre ; la fig. 2 renferme une graride vésicule trilobée, en même temps qu'une autre parfaitement arrondie en arrière. Le noyau dans ÏAmœhastriata est tout différent de celui de VÂnwJ)a ferrknla, mais se rapprocherait du nucléus de VAmœha Jlmax. Il est pâle, à membrane nucléaire souple, et renferme un gros inicléole parfois compact, souvent creusé d'une lumière; ])lus souvent encore cette lacune devient assez grande pour refouler la substance chromatique sous forme d'anneau, ou bien cet anneau se divise en deux fragments. Quelle (jue soit sa forme, le nucléole, bien que toujours séparé de la membrane cellulaire par une marge de suc nuclé- aire hyalin, épouse toutes les déformations, souvent assez fortes, du noyau dans son entier. \jAmwha striafa peut se trouver partout; on ne la rencontre cependant que rare- ment, mais alors en général représentée par de nombreux individus. Dans les dessins qui accompagnent cette espèce, les fig. 2 à 7 se rapportent à une forme de YAimeha striafa qui se trouvait en grande quantité au marais de Feuillasse, au pi'intemps de cette année. Elle différait de VAmœha fitriata telle qu'elle vient d'être décrite, d'abord par la présence d'un noyau plus petit, toujours muni d'un imcléole central compact, globuleux, plus réfringent que dans la forme habituelle; puis par une pellicule beaucoup plus fine, et qui ne se laissait guère deviner que par les stries longitudinales typiques, parfois même absentes; par une taille beaucoup plus faible (23 à 30 m en moyenne) ', et enfin par une certaine exagération des caractères physiologiques propres à cette espèce. C'est ainsi que, tandis que dans \' Amwhastriata on ne voit jamais de lobes très proé- minents, dans la variété de Feuillasse on remarquait parfois la formation temporaire de pi'olongements qui méi'itaient déjà le nom de pseudopodes; mais cela, il est vrai, seulement ' F.alijr. 2 a ('•It- (lossinrisiu doiililr de rii;;raii(lissoiiH'iihli' \:\ 11^'. I. e'esl piiiirqiiiii la taille parnil la mrme. CKNRK AMiKliA loi sur k'S petits individus. L'animal leprésenté par la fiy. 2, dont la tailk-, do 41 [j., dépassait la niojenne, a été examiné très longtemps sans jamais montrer de tels prolongements. Nous avons vu également que dans cette espèce il existe normalement yne grande vésicule courant dans le corps et se déformant continuellement, tiuidis (pi^nie autre, tou- jours ronde, se voit en même temps à la partie postérieure de l'aninuil. Mais dans la variété (pii nous occupe, la grande vésicule est d'une taille énorme, jus((u"à constituer par- fois la moitié du volume de l'animal tout entier; elle n'est jamais nmde, se déforme continuellement et de la manière indiquée précédennnent, et ne seud)le jamais fontionner comme une vésicule contractile normale. Oupeut la suivre aussi longtemps que l'on voudra sans la voir battre de la manière ordinaire, mais de temps à autre, peut-être toutes les demi-heures, elle semble éprouver comme une secousse, se déchire, parait se vider en partie dans l'endoplasme, mais jamais couq)lèteinent. et reprend tout de suite sa forme, avec un volume inférieur, et parfois après s'être divisée en deux fragments qui se rejoignent et se fusionnent bien vite. Pendant ce temps la vésicule contractile véritable, normale, fonctionne très régulièrement ; on la voit se vider, renaître à la même place, et se remplir à intervalles à peu près égaux, toujours absolument ronde, et sans jamais se fusionner avec la grande vésicule mobile, bien que cette dernière très souvent arrive en contact avec elle. Il ne m'a pas été possible d'arriver à une opinion précise sur la valeur systématique de cette petite forme. Est-ce une es])èce, une variété ou un état jeune ? Après avoir remarqué que les grands individus (tig. 2) se rapprochaient plus de Y Anurhastr'mta que les petits, qu'ils avaient un noyau à nucléole plus gros que ces derniers, et qu'on y remarquait mieux les stries, il m'a semblé que ces grands individus formaient un terme de passage assez bien indiqué, et que ces petites Amibes correspondent peut-être à des états jeunes de VAirniha striata. Aiiiirhd hdircafd spec. iiov. rdomy.ra rillosa. in Penabd (89). Cette belle et grande espèce n'est en réalité pas nouvelle. .Je l'avais trouvée en isDS dans le lac de Genève, et après l'avoir longtemps regardée connue une Amibe, je l'avais 132 FAUNK lUlIZ()rui)I(,)L;K DU JiASISLX Di: hKMAN fiualeiiR'Ut ia])i)ortée à la Vchmij.m viUosa de Leidy. Malgré certaines différences dont une seule, l'absence de bactéries symbiotiques, me paraissait réellement importante, et me basant sur les vacuoles du plasma, les nombreux noyaux, et surtout sur la houppe villeuse caractéristique, j'avais cru pouvoir l'assimiler sans trop d'hésitation à cette espèce '. Mais après une longue étude du genre rcloiui/.ru, il a fallu me rendre à l'évidence : non seulement il n'y a pas là de l'domyxa, mais la J'cloniyxa rillosa de Leidy, comme nous le verrons tout à l'heure, ne répond à aucune réalité objective, et ne fait que réunir sous un même terme toutes les l'elorm/xa diverses que l'auteur à ren- contrées. Il y a donc nécessité à remet- tre les choses au point, et ce rhizopode, dont je n'ai pu rencontrer l'analogue dans aucune description antérieure, de- vient alors pour moi Amœha laureafa. C'est une des plus grandes parmi les Amibes; en marche, l'individu atteint en général la longueur de 500 à 800//.;- mais je l'ai vu arriver à 1400 /x. La forme est beaucoup plus changeante que dans toutes les Fehmyxa; en général, il est vrai, peu allongée, mais bien souvent l'aniuial prend l'apparence de V Amœha Umax, ou très rarement, comme dans la fig. 1, celle de V Amœha Froteus. Le corps pendant ces déformations s'étale quelquefois plus largement, jusqu'à former un triangle arrondi. Le plasma renferme des myriades de petits grains animés d'un mouvement molécu- Amœha laureafa. — 1. ExemiUaiio ramciix. on marche. — 2. Détails du plasma alvoolisé. — 3 et 4. Noyaux, à deux phases différentes. ' Cette Amibe n'est pas ici tout à fait à sa place ; il aurait fallu la décrire après ïAtiutéa irillosa dont elle se rapproche par certains caractères. C'est seulement en elTet après avoir terminé le genre Amœba, et en me livrant à une revision du genre Pc/owy.ra.que je me suis senti convaincu de l'autonomie de VAmmlia laureala, considérée jusque-là comme Pelumijxn. Mais à ce moment les épreuves d imprimerie concernant mes premières feuilles étaient prêtes, et je ne pouvais plus guère remanier tout rarrangement primitif. (iKNKE AMŒBA 183 laire, puis des grains plus gros (2-3 f/.), brillants, très nombreux, enfin des cristaux très l)etits, soit bicuspides et à arêtes vagues et arrondies, soit quadratiques et très réguliers. On y voit fréquemment aussi des corps brillants sur la nature desquels je n'ai pas pu arriver h des conclusions précises, tantôt j'ai cru y voir les « (Hanzkorper » caractéris- tiques, tantôt de l'amidon, et il est fort possible qu'il y ait des uns et des autres. Les noyaux sont extrêmement nombreux; ils arrivent parfois à dépasser le chiffre de mille. Leur taille est de 8-lOfJt; ils sont sphériques. très clairs et difficiles à distinguer, et renferment de petits luicléoles logés sous la membrane nucléaire. Le nombre, la taille et même la forme de ces nucléoles varient quelque peu suivant l'individu ou la localité, mais le tj'pe est toujours le même (fig. 3 et 4), et en tous cas sur un même individu, les nucléoles sont toujours identiques pour tous les noyaux. J'ai souvent rencontré le noyau en cours de division; il s'allonge peu à ])eu, et les nucléoles se répartissent à chaque pôle, tout en gardant leur arrangement sous la mem- brane nucléaire, en même temps que cette dernière se rompt et forme d'abord deux hémisphères, dont les bords se ferment peu à peu en une sphère complète. La houppe caudale si fréquente chez les Amibes est ici particulièrement intéressante (tig. 1 ) \ Les éléments qui la composent ne sont pas des aspérités, des lobes, des filaments épais ou des grappes à utricules allongés ; ce sont des fibrilles longues et serrées, très régulières dans leur arrangement réciproque, et dirigées toujours per])endiculairement à la paroi du corps sur laquelle elles s'implantent; le plus souvent, grâce à la forme du lobe qu'elles entourent, elles simulent par leur assemblage une couronne de filaments rayonnants. La houppe se forme toujours rapidement, partout où il s'opère un retrait du plasma, par exemple à l'extrémité d'un lobe qui se rétracte lentement vers le corps (lig.l). La partie postérieure de l'animal, tout près de la houppe, monti-e toujours une vési- cule contractile, ou bien un certain nombre de vacuoles bien rondes destinées à la forma- tion d'une vésicule unique. En même temps on en rencontre d'autres, en petit nombre, parfois très grandes, de 20 à 40 u, et qui fonctioiuient régulièrement. Mais outre ces vésicules, le coi"i3S entier est rempli, près de la surface, de vacuoles ' dette houppe esl malheureusement à peine indirpiée sur la ligure: en I8!t9 (S!t) j'en avals dnnni- (les dessin.s détaillés (jue je regrette de n'avoir pas reproduits ici. 1?>4 FAIXK miIZolMMiK^tlK ])r HASiSIX 1)1' LKMAN très pt'titos (10 ij. on luoyeiiiR'), qui par leur iionibre arrivent souvent à se toucher, mais sans domier lieu à une pression sutiisante pour produire une structure alvéolaire. En trouvant en 1899 cette espèce dans le lac de Genève, à 40 mètres de profon- deur, et en y constatant l'absence complète des bactéries caractéristiques de la rehmyxa, j'aAais cru pouvoir e.\pli(|uer le fait par Tliabitat, qui ne ijcruiettait pas la présenc-e de ce parasite, et je ne pensais pas qu'il y eût de raison suiiisante pour séparer cet organisme de ce genre. Mais depuis ce temps j'ai retrouvé cette espèce dans deux localités, le marais de Feuillasse et l'étang de S*-Georges; dans ces deux stations, où elle se trouvait abon- dante, elle ne renfermait pas de bactéries, aussi doit-elle être traitée connue une simple Amibe. Dans la dernière de ces localités, à S*-Georges, VAmœha laareata, belle et typique d'ailleurs, était toujours d'une belle couleur verte, grâce à la présence de Zoochlorelles, extrêmement nombreuses et en bonne santé, qui vivaient en symbiose avec elle. (ienre DiiiauKrl/a Lkihv ((i7). Le genre Biiianitrla ne se distingue des Amibes proi)rement dites que par un seul caractère véritablement important ; c'est l'existence d'un revêtement tout particulier de très petites aspérités, qui recouvrent l'animal entier jusqu'à l'extrémité des pseudopodes. Leidy ajoute un second caractère distinctif qui résiderait dans la présence, non pas constante, mais fréquente, d'une couche épaisse de mucilage hyalin, couvert, lui aussi, d'une multitude de très petits spicules. JJii/aiiHrbd inirah/lls Leidy ((J7). Cette espèce remarquable doit être en même tenq)s fort rare, mais il est probable que, là où on la trouve, elle se montre en (piantités considérables. Elle était en tout cas foit nombreuse dans la seule localité où je l'ai récoltée, un étang de l'avenue d'Aïre, tout GENRE DINAMŒRA IP.f) près de Genève. Peut-être aussi la Dhmmœha ne fait-elle que do rares apparitions dans les lieux qu'elle habite, car l'étang où elle vivait et que je visite depuis plusieurs aimées dans toutes les saisons ne ni'ajamais montré la Dinama'ba que le 31 juillet 1900. Ce qui frappe tout d"al)ord dans cet animai, c'est la nature particulière de son ecto- sarc. Ce dernier est en ettet complètement recouvert, jusqu'à l'extrémité même des pseu- dopodes, d'aspérités hyalines, si petites en même temps que si nombreuses, qu'elles revêtent le corps entier comme d'une poussière. Les figures des planches de Leidy mon- trent ces aspérités sous la forme de cils ou de spicules ; dans les individus, fort nombreux, que j'ai examinés, ce n'étaient '\ ■^ & ^-^ '^" '^ w_' '/Sn." A'"/'" '?,■:/.-,/ \5 J. que des prolongements aigus très fins, mais qui ne méritaient pas le terme de spicules. Il est d'ailleurs fort possible que dans la localité où Leidy les a récoltés, les indi- vidus aient été pourvus d'aspé- rités plus fortes. On peut en effet considérer comme certain que ces petits prolongements, tout comme ceux dont il sera ques- tion dans la Pehmy.ra Bderskii, dans le Cochliopodimn erina- cemn, etc., résultent d'un durcis- sement plus ou moins prononcé du plasma, et peuvent par là se uKmtrer à des degrés divers de développement. Leidy les a vus parfois représentés par de minuscules gouttelettes, ce ({ue je puis également confirmer, et il a même trouvé des individus complètement dépourvus d'aspérités quel- conques. (^)uant à l'enveloppe nuicilagineuse dont parle Leidy, je n'ai jamais pu en constater la présence. Il est probable qu'elle ne se trouvait formée sur aucun des animaux que j'ai examinés, et peut-être cette enveloppe est-elle l'annonce d'un prochain enkj'stement, bien que les individus qui la possèdent soient ca])ables comme les autres de locomo- Dinamœha mirahilis. — 1. En marche. On voit trois grosses proies (algues) dans l'intérieur du corps. — 2. Au repos. — 3. Un fragment de l'animal, plus grossi. lo6 FAUNE RIIIZOrOPIQrE DU BASSIN" DU LÉMAN tion \ Dans la ûg. 3 qui accompagne ici cette espèce, on voit entre le plasma somati(pie de l'animal et le recouvrement d'ectosarc, une marge claire et nette que j'ai retrouvée dans beaucoup d'individus. C'est une zone de plasma hj'alin, non granulé, qui suit les contours du corps et pénètre dans la base des pseudopodes. l'eut-être ce plasma clair représenterait-il un unicilage qui à l'occasion pourrait envaliir l'ectosarc, plus tard se durcir à la surface et protéger l'animal d'une manière ou d'une autre ? Le fait n'est rien moins qye certain, mais il n'y a pas là d'impossibilité, et cela d'autant plus que le plasma dans cette espèce pré- sente effectivement des traits particuliers. Sous l'effet de la pression ou du décliirement, d'une blessure, il se divise en fragments nombreux, qui se ramassent bien vite sur eux- mêmes pour prendre ra])parence d'al)ord d'une larme, puis d'une boule. Ce pliénomène qu'on ne remarcpie pas cliez les Amibes, mais qui i)ar contre jn'ésente des analogies avec ce qu'on voit dans rchmyxaai Gyomi(i,m(miï(^ en tout cas que le plasma de la Binamwha a quelque cbose de spécial. Dans sa forme de repos, la D'inamaha niiniJi/lis se présente en général sous l'appa- rence delà fig. 2, avec des pseudopodes très courts, ramassés sur eux-mêmes. En marcbe, elle est toujours ])lus ou moins étoilée, mais quand cette marcbe est accélérée elle s'étire quelque peu, sans jamais arriver tout à fait à la forme limace. Les pseudopodes s'allon- gent aussi considérablement, larges à la base et très pointus au sommet. Il peut aussi se former eu arrière un retrait, qui dessine une sorte de houppe, mais très peu accentuée. Tout en marchant, l'animal ne s'aplatit presque pas; il semble tou- cher au sol par une petite partie seulement de sa face inférieure, et les pseudopodes paraissent simplement posés à terre par leur pointe, sans contribuer d'une manière sen- sible à la progression, même lorsque cette dernière est rapide. Elle ne l'est d'ailleurs jamais que d'une manière très relative, la Bînamœha se montrant toujours apathique. La masse générale du corps, à l'exclusion des pseudopodes, est en somme arrondie ou ovale, et toujours distincte de son enveloppe d'ectosarc par une ligne de démarcation franche et nette. Le plasma renferme un nombre considérable de tout petits grains, puis des globules ' A en juger d'après les ligures de Leidy, celte enveloppe ne repcésenterait peut-être même qu'un simple épancliement d'ectosarc, faisant bordure temporaire autour de l'individu, et sans signilication par- ticulière. GExnK mXAMŒBA 137 brillants, plus gros, et nombreux aussi. De plus, on le voit ])our ainsi dire toujours bourré (le nourriture; c'est une espèce très vorace. Leidy a constaté que ses Dinam de Greeft', globules d'apparences diverses, généralement d'un bleu mat et très pur, plus ou moins brillants sur leurs bords et qui pro- bablement représentent des sortes de spoi'es. Les résultats que m'ont fournis mes observa- la / l'elomyxa paluslris. — 1. Individu fiiiblement grossi (.50 dia- mètres). — '1. Individu jouiip. — 3. Variété? — 4. Une des sphérules de plasma résultant de l'écrasement de l'animal. — 5. Noyau de la forme typique. — 6. Noyau de la variété re- présentée par la fig. 3. — 7. Bactéries parasites; à droite l'une d'elles i)lus grossie. GENRE PELOMYXA 141 tions sur of S Glaiizkiii/).ra BrJerslii de la Peloiii/f.tv jHiItisfrift. c'est une teinte générale tii^rée, tacbetée de jaune et de bi'un, et cette nuance provient du fait que l'animal ne se remplit jamais de pierres, mais que ces pierres si caractéristiques de la J'cloiiii/.ra ^Jrt/^^s/(•/.s sont rempla- cées ici ])ar des fragments jaunes et bruiuVtres de feuilles en décomposi- tion. Et ce caractère, auquel on pour- rait être jjorté à attacher peu de va- leur, est ici certainement d'une grande importance. En ettet, ces deux Amibes, IHomyxa paludris et Pelomyxa Be- Icrsk/i, vivent à Genève côte à cote dans un même étang, où on les trouve toujours à coup sûr ; le fond de cet étang est un mélange de feuilles mortes (de marron- nier) et de boue noire ; or la Pelomyxa paltistris est toujours bourrée de particules minérales, mais la J'clotiii/.m Belevsk/i )ren renferme jamais, sauf parfois quelques-unes accidentelles, et ])ar contre elle est toujours remi)lie de fibres brunes, Pelomyxa Belevskii. — 1. Aspect habituel. — 2. Un des bords de l'animal, plus grossi. — 3. Noyau. GENRE PËLOMYXÀ 145 L'ectoplasme est toujours clair et limpide, et semble durci à la surface en une véri- table pellicule à double contour, qui apparaît encore mieux comme telle lorsqu'on décbire l'animal ou qu'on en fait une préparation au baume. Cette pellicule ne doit pourtant pas être considérée connne une véritable membrane, car elle peut se ramollir et pour ainsi dire se liquéfier très rapidement, et former des ondulations ou des vagues courtes et mo- biles. Très fréquemment aussi, et c'est là un caractère tout à fait normal et physiologique dans cette espèce, Tectosarc se couvre, presque instantanément, sur une région quelcon- que du corps ou même sur toute sa périphérie, d'une armature d'aspérités do 5 à 10 fj. et plus en longueur, très fermes, rigides, non pas toujours droites et pointues comme des aiguillons, mais i)lus souvent lobées ou ondulées (tig. 2). C'est surtout lors(jue l'animal est effrayé, qu'on le blesse ou le tourmente, que ces aiguillons apjiaraissent, et d'autant plus serrés que l'animal est plus dérangé. Cette envelo])pe de ])iquants, qui sans doute peut être envisagée comme arme défensive, n'est d'ailleurs ])as ])ermanente ; les aiguillons ne représentent que du plasma durci et peuvent disjjaraiti-e aussi vite qu'ils étaient apparus, en faisant place à un plasma hyalin très clair. A la partie postérieure de l'animal, il se foruie parfois pendant la marche des den- telures plus allongées, qui représentent alors la houppe des Amibes. Inunédiatement au-dessous de cette couche hyaline d'ectosarc, on trouve un nombre considérable de vacuoles, de volumes divers, mais si nombreuses qu'elles se comi)riment les unes les autres et domient à toute la surface une apparence écumeuse. Il existe en outre de véritables vésicules contractiles, qui se forment à la queue et se retrouvent parfois, par-ci par-là, dans le corps. Le plasma renferme également des noyaux, toujours en nombre bien inférieur à ceux de la Pelomyxa palnstris, puisque le chifire de 12 est le nombre maximum que j'ai pu constater. Ils sont, i)ar contre, beaucoup plus gros, arrivant en moyenne à 25 l^. De forme ovoïde mais peu allongée (la fig. 3 en montre un vu par son grand axe, aussi est-il parfaitement arrondi), ils possèdent une membrane fine très franche et des nucléoles presque toujours extrêmement petits, rassemblés en ])lusieurs couches sous la membrane nucléaire, comme une poussière de granulations. (^)uel(iuefois cependant, tout en revêtant le même type, les nucléoles sont plus gros. On trouve également dans le ])iasma des débris de toute sorte et des proies végé- ta 146 FAUNE RHIZOPODIQIIE Dl' BASSIN DU LEMAN taies, des grains (rexcrétiou brillants et parfois des « Glaiizkorper, » puis enfin les bac- téries parasitiques des Felomif.m, parfaitement analogues aux bactéries de Tespèce précédente. Je n'ai trouvé la Pelonii/.ia Bclershii qu'à l'Avenue d'Aire, dans un étang où elle vit en compagnie de la l'elonii/.m jxilusfris ; mais peut-être aime-t-elle surtout les feuilles mortes, tandis que cette dernière habite la boue. On jjeut, en toute saison, se procui'er là ces deux espèces, mais il arrive parfois que Tune d'elles soit très abondante dans un coin de l'étang, tandis que l'autre se trouvera plus loin. La Pelomyxa Belevskii est une espèce très typique et la i)lus facilement recoiniais- sable de toutes les l'elomtjxa; il n'en existe certainement aucune avec laquelle on puisse la confondre. Dans une étude sur la structure intime de la Felomyxa imlustm, M"*" Gould arrive à la conclusion que la Felomi/.ra « Beleostii » (sic) est identique à la Pehnnixapalast ris. Mais il suffit, me semble-il, de jeter un coup d'(eil sur les caractères spécifiques pour se convaincre du contraire : J'elonii/.mjial/istr/s. Taille maximum 2000 f/, minimum ob- servé environ 200 «. Plasma vacuolisé ou non; vacuoles peu apparentes. Pas d'envelopi»e frangée. Noyaux en noml)re immense (jusqu'à 1000 et plus), spliéri(pies, petits, 12-13 ju. Plasma toujours bourré de pierres. Pas de vésicules contractiles nettement déterminées. Pcloini/.m Belevskii. Taille maxinmm 500 u. Plasnui entièrement vacuolisé, avec grandes vacuoles serrées et apparentes. Enveloppe frangée, caractéristique. Noyaux peu nombreux (de 1 à 1 2), ovoï- des, gros, 25 IX, et de structure difiérente. Plasma bourré de débris bruns, pas de pierres. Vésicules contractiles bien nettement déterminées. Si l'on ajoute que ces caractères sont constants, et que d'autre part la première des- cription de cet organisme les indiquait déjà tous, on se demande sur quelles particularités M"'' Gould se fonde poui- identifier les deux espèces. GP]XKK PELOMYXA 147 T'clonii/.iv biiiHcleata Gruber spec. (46). Ainœba liiiiialeafd Gruber. Une espèce (pie j'ai trouvée dans deux localités, à S'-(Teorges et à l'Avenue d'Aire, se rapporte dans toutes ses particularités à la description très nette et suffisante que Gruber a donnée de inniJiiKvhabiiiMcJcata, de sorte qu'il ne peut y avoir doute sur l'iden- tité de ces organismes. Cependant nous avons encore ici une grande Amibe à mouvements lents et à déformations peu considérables, et remplie des bactéries caractéristiques des Peîoiiii/.ra, aussi me parait-il nécessaire de la faire rentrer dans ce dernier genre. La taille n'est pas très forte comparativement aux deux espèces qui viennent d'être décrites, mais elle atteint pourtant facilement 300 r/, la longueur moj-enne des individus étant en général de 200 ,«. L'ectosarc forme autour du corps une bordure très apparente. Il est clair, généralement ferme, mais pas toujours, et parfois on voit s'y former des ondes subites (lig. 1). Ce plasma superficiel est très net et franc sur ses bords, et semble à sa surface comme recouvert d'une pellicule ou d'un ver- nis brillant. Kn arrière, pendant la marche, la réfringence des contours disparait, et le corps y est terminé soit par des lobes ou des franges, soit par des aspérités déchiquetées, soit plus souvent par de véritables filaments, cylindriques, allongés, réunis en bouquets et comme implan- tés dans l'ectosarc. Ce dernier peut également, au repos, se recouvrir sur tout son pour- tour de très petites aspérités, mais à peine sensibles, et qui, rares d'ailleurs, ne rappel- lent que de bien loin celles de la Fdomij.m Belci-skil. Le plasma n'est pas, comme dans l'espèce précédente, vacuolisé; mais il renferme régulièrement une grosse vésicule contractile, parfois deux ou trois. Pelomi/.va binudeald. — 1. Forme générale. — 2. Partie liostérieure d'un individu en marche. — 3 et 4. Les deux noyaux d'un morne individu. 148 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Il est égalemi'iit proscuie toujours liourré de iioiii'rituiT, la plujjart du temps sous forme de petites algues rondes (desmidiées, etc.), que Ton y voit à tous les degrés de trans- formation digestive, passant au jaune et au rouge; généralement ces proies sont renfer- mées dans des vacuoles à membrane très nette. On trouve enfin dans le corps des grains intininu-nt jjetits à mouvements browniens, d'autres plus gros et brillants, souvent aussi quelques pierres, et toujours les baguettes ou bactéries caractéristiques, plus ou moins fines et dévelojjpées suivant les individus. J'ai constaté, comme Gruber, que les noj-aux s'y trouvaient dans la règle au nombre de deux. Jamais je n'en ai vu trois, et une seule fois un seul; peut-être le second m'a-t-il échappé. Le volume du noyau est de Md h r>'.] [j. (Oruber IJO en moyenne); leur forme est sphérique, la structure en est assez cara,cténsti(|ue, et mes observations concordent sur ce point connue sur les autres parfaitement avec celles de Gruber. La membrane inicléaire est franche et nette. La matièi'e luicléolaire ou chromatique se voit presque toujours représentée par des fragments assez gros, aux formes les plus variées, rappelant par exemjjle de petits images de plasma cendré et pâle, qui semblent se tenir les uns aux autres et former par leur réunion une sjjhère creuse disloquée en frag- ments (tig. 3 et 4). ((tuelquefois c'est un ainieau pres(pu' complet, mais formé également de fragments soudés. D'après les dessins de Grubeu,, et d'après quelques-unes de mes observations, il parait certain (pi'il existe une phase où le nucléole est compact; mais cet état ne doit coiTespondre qu'à un stage de très courte durée, presque tous les noyaux exa- minés se montrant sous la forme fragmentée. Gruber, en attirant l'attention sur l'apparence très variée du nucléole, ajoute (pie dans un même individu les deux noyaux se correspon- dent en tout cas assez bien comme ap])arence. C'est bien également là le résultat que m'ont fourni mes observations, et, j'ajouterai que ce fait ne concerne pas seulement la Pelomijju binudeata, mais en général tous les Rhizopodes plurinucléés. En règle générale on peut dire que les phases en sont an nu'nw point pour tans les iioyan.r d'nn même individn. Mais la règle n'est pas tout à fait sans exceptions, surtout lorscpf il s'agit d'espèces pourvues de noyaux extrêmement nombreux. GENRE PELOMYXA 149 Pclottuj.ra parado.ra spec. nov. J'ai récoltô cet organisme au mois de novembre dernier, dans un étang de l'Ave- nue d'Aire, juiis à l'Asile des Vieillards. Dans chacune de ces localités les individus s'y présentaient sous deux formes, plurinucléée et uniiuidéée. ,1e décrirai d'abord la première. La I'iiii/.ta jiarado.ra eut de petite taille, ne dépassant guère en moyenne 100 à 150 fj.. Elle est en principe ovoïde, mais elle peut se déformer passablement, se recourber par l'xemple en arc, mais sans jamais s'étirer fortement ni donner lieu à de véritables bifurcations. Dans cet état de marche, qui d'ailleurs est toujours lente, elle peut être garnie en arrière d'aspérités très courtes, qui représentent la houppe caractéristi(iue. Un caractère distinctif de cette espèce réside alors dans la présence habituelle de pseudopodes très courts, à peine mobiles, rigides en apparence, qui entourent le corps en tout ou en partie comme d'une ceinture défensive. Ils ne semblent en réalité contribuer en aucune manière à la locomotion, et probablement sont les houu)logues de l'enveloppe fran- gée que nous avons vu se produire sur la l'domyxa Bdavsku. Connue dans cette dernière également ils peuvent disparaître à un moment donné pour reparaître plus tard. Le plasma de surface est entièrement vacuolisé, et les vacuoles sont très petites; dans leurs mailles on voit un grand nombre de tout petits grains ronds. A part ces vacuoles, je n'ai pas remarqué de vésicule contractile, mais peut-être dans les quelques individus de cette forme que j'ai examinés d'une manière particulière, la vésicule était-elle cachée par les noud)reuses inclusions (jue le plasma renferuie. On y trouve en etitet une quantité de proies, diatomées, débris végétaux en petits fragments, puis des pierres, parfois assez grosses mais en nombre restreint; j'y ai trouvé également un cristal de quartz bipyramidé, de la plus belle eau '. Le corps renferme encore toujours les bactéries caractéristiques du genre, et entin des noyaux en noudn'e peu considérable. Dans rexeiiiplaire représenté ])ar la tig. 1, il y ' Dans le lac de Genève, j'ai constaté une fois on deux la présence d'un de ces cristaux dans le corps d'une Amibe. Il n'y a rien là de particulièrement étonnant, car dans le sable lin du fond, on trouve par- fois des cristaux microscopiques, à facettes admirables, de quartz bipyramidé. 150 FAUNE RIIIZOrODloUE DU liASSIN DU LEMAN en avait une quinzaine, de 19/7. chacun en diamètre; ils étaient parfaitement globuleux, avec de tout petits nucléoles ronds sous la membrane (fig. 4). La seconde forme sous laquelle se présentait cette Pchmii.ia. en individus peu nom- breux, était ce qu'on pourrait appeler la forme Amibe (tig. 2). L'animal, toujours allongé en limace i)endiuit la marche, et ])rogressant en une seule onde, qui montrait en avant une forte marge d'ectoplasma hyalin, était doué d'une viva- cité beaucoup plus grande que dans la forme l'c/oiiii/.a(. ]\Iais en dépit de la rajudité de la marche, ou voyait des deux cotés du corps les mêmes prolongemenrs courts, rigides, ])erpendiculaires à la surface et qui, malgré leur physionomie de pseudopodes, j ne contribuaient en rien à la locomotion, l'ius courts à la partie amérieure de l'animal, ils disparaissaient complète- ment à l'extrémité même, où se ])roduisai('ut les ondes loco- motrices: on lu' les voyait pas non plus en ariière. Le ])lasma était identiipie à celui ipii vient d'être décrit, avec débris de toutes sortes, et bactéries caractéristiques. On y voyait également une vésicule contractile petite, pares- seuse, parfois plusieurs, de très failde volume, ])ar-ci par-là dans le corps. La couche alvéolisée se trouvait égalenu'iit représentée. Mais dans cette foruu' <- Amibe. » il n'existnit alors (pruu seul noyau, très graïul, et d'une structure particulièi'e. fêtait en effet un noyau du type ipie nous avons vu dans Amu'ha n'ifhJa. sphérique ou ovoïde en princijK', mais le plus souvent déforuu'' dans ses contours; et les nucléoles, très petits et ronds, rassemblés en une seule couche mince sous la membrane, obligeaient cette meud)raii(' à si' replier, et formaient des commencements d'invagination, mais moins prononcés que dans Aiiurha. nitiiJd. Ces deux formes de la Pdomyxa paradom sont donc absolument distinctes, possé- Pelomi/j:a paiitdoxa. — 1. Excinphiirp du l;i iVniiu' l'rluiiii/.ni. — 2. Exemplaire de la forme Aviœha. — 3. Fragment du même, plus grossi. — 4. Noyau de la forme l'elomyxa. — 5 et 0. Noyau de la forme Aniwha. «KXRK PRr.OMVXA 151 (laiit l'une un nombre assez considérable de petits noyaux spliériques. Tautre un seul noyau très gros, d'une structure pai'ticulière. Mais il n'en est pas moins vrai (pie tout contril)ui' à nous faire envisager ces deux formes comme identi(pies. Vivant dans la même localité, toutes deux ])résentent les mêmes ))rol(>ngements latéraux si caractéristiipies, le même plasma alvéolisé, les mêmes bactéries, la même ap])arence générale. Le noyau lui-même peut être un sujet de rapi)rocbement. En ettet, si dans la variété amiboïde il n'existe généralement (|u'un noyau, il m'est arrivé également d'en tnniver deux. Dans une autre localité, à l'Asile des Vieillards, oii vivait cette même l'cloiiii/jv. mais avec des noyaux moins fragmentés et (pii peut-êti-e devraient en faire une variété spéciale, le nond)re de ces noyaux était très variable ; par exemple, sur quatre individus examinés l'un après l'autre, l'un avait ;^> noyaux, un autre 10, un autre 12, et le dernier 20 environ. J'ajouterai en passant (pie le vohuue de ces noyaux était en l'aisim inverse de leur nombre, et ([ue. d'uiu- manière géiu'"rale. la masse de tous les petits noyaux était à l'ensemble de l'animal (pii les renfermait connue la masse du noyau unicpie l'était également au corps entier de l'individu. Cela étant, il me sembh' qu'on ne peut guère douter de l'identité de ces deux formes. Pelomij.ia et Amaixi. Nous avons vu précédemment que dans deux Amibes, Amii'ha nitida et Aimi'ha nohi- lis. la seule dittêrence réelle se trouvait dans la n.ature unimicléée de l'une et plurinucléée de l'autre. Fiii ra])procliant ce fait de ce qui se passe dans la rdoiui/rd puiw/o.ra. et en constatant (jue dans les deux formes uninucléées le noyau lu'ést'iite cette ap])arence tout à fait exceptionnelle de plissements, je ne puis m'empêcher de croire à une identité éga- lement très probable de VAmfi'ba nit'uJa et de VAnuvba nohilis. Dans l'Amibe comme dans la J'cloiiii/.ra, les plissements seraient dus à la même cause, à un besoin de dévelopi)ement de la couclie des nucléoles. Pendant un certain temps le noyau unique suffit par ses plissements successifs à ce dévelojjpement en surface, mais il finit par arriver un moment où les invaginations ne sont plus possibles ou adéquates, et cîi le noyau se divise. Dans ces grands noyaux de la rchniiy.m iHirado.id. les nucléoles, il faut encore le mentionner, sont de très faible taille, et semblables à ceux des petits noyaux. Dans l'un d'eux j'ai trouvé un jour, outre les petits nucléoles noruuuix. deux sphérules grandes mais 152 PAtîNË RMlZOPODÎQTrR niî BASSIN DTÎ LÉMAN peu visil)los, noyées dans le suc nucléaire, à contours indistincts, et d'apparence poussié- reuse. Je ne sais counnentexplicpier leur ])résence: peut-être ont-ils ((ueUpie chose à faire avec la fragmentation du no\au. Prloiirif.ia prima (Jhihkr spec. f4(i). Amo'})a prima (tri-bek. Bien que cette esjjèce ])uisse être identitiée sans iieine avec VAmalia prima de Geubeh, il me semble ])réféi-able de la faire rentrer dans le i;-ein-e Prlaimixa, aucpud elle se rattache tant ])ar son volume, sa forme, sa natui'e ])aresseuse. (]ue i)ai' les bactéries caractéristiques. La taille est en moyenne de 'MW «, ])arfois moins et souvent ])lus. jus(prà 400 et 450. La forme est indécise, se rapprochant de l'ovale, mais sans régularité; parfois elle devient l)yrifoi lue. L'animal est ]iaresseux : il est entouré dans sa marche d'une large ceinture d'ectosarc hyalin, qui se déploie en ondulations sur les cotés du corps, mais sans que jamais on y remarcpie de ])rolongements ou ])seudoi)odes éti'oits. Il peut y avoir momentanément formation de houi)pe en arriéi'e. en fibrilles serrées et très courtes. A l'intérieur de la coudie hyaline d'ecto- sarc, se voit un plasma ])resque complètement vacuolisé, et les vacuoles semblent d'autant plus gi'andes qu'elles sont ]ilus près de la surface. T'armis ces dernières on en remarque de ti-ès volumineuses, qui jouent le rôle de vésicules contractiles véritables, car elles éclatent et se reforment. Le i»lasma est également obscurci itar une masse de déluis. de jiroies. ])ar des fibres Pelomyxa jjrima. — 1. Forme hal)itiielle. — 2. Fragment du même, plus grossi. — 3 à 7. Noyaux à différentes phases. (iv.mm PKt.oMYxA 153 végétales, ot dos grains auiori)lics très i)étits: jiarfois iiii y trome des corps luisants, pâles, ronds ou allongés. IjOS bactéries foiirniillrnt entre les])arois des vacuoles. Je les ai toujours trouvées très petites dans cette l'cloini/.rd. connue s'il y avait là une toruie si)écifi(]ne distincte. Elles sont surtout abondantes autour des noyaux, (prellesrecouvrent connue d'un manteau strié. Les noyaux sont noudireux, très ])àles, spliéricpies. ditîiciles à voir, sauf après écrase- ment de l'animal. (Iriber iiulicpu' leur diamètre connue étant de 10 a; je Tai trouvé fort variable suivant leur )U)ud)re; dans un iiulividu (jui renfermait 40 noyaux, leur diamètre était de 1 '> à 1 (i ;/, et dans un autre, (u'i l'on en voyait des centaines, il n'était plus (pie de 7 u. Ces noyaux se montrent presque toujours plus ou nutins fragmentés, et d'une uumière particulière : tantôt c'est un nucléole central, pâle, et vague dans ses contours; plus sou- vent ce nucléole est creusé d'une vacuole, laquelle peut elle-même renfermer une boulette de plasma central (lig. 4) ; d'autres fois le nucléole central, compact (tig. ;")) ou déclaré lui-même (tig. 3), est entouré d'uiu- ceinture de grains chromatiques très petits, qui peuvent être tous arrangés sur un même plan, et alors, suivant la manière dont se présente le noyau, on les voit disposés autour du nucléole comme un anneau équatorial (fig. 6); enfin le nucléole est tout entier réduit en petits fragments (tig. 7), dont la tendance est de gagner la paroi interne de la meudjrane nucléaire. J'ai trouvé la Pelomyra jjiinia à l'Avenue d'Aire et au marais de Rouelbeau. Un individu provenant de cette dernière localité renfermait un nombre considérable de néma- tocystes, en apparence parfaitement sains, et (lui devaient provenir d'une hydre à laquelle la l\'Jumiifo s'était attaquée, ou plutôt d'un fragment de bras, détaché d'une hydre, comme (ui en voit souvent dans les récoltes où li's aniuuiux ont été secoués. Pchinii/.iv foiiii (Ir.URER spec. Amœha teiiia Grt'RER (40). Pour la même raison que dans l'espèce précédente, cet organisme, identique à Aiiuiha fcrflu de Grurer. doit, me send)le-t-il. être ramené au genre ]'clomi/.ra. 20 154 Faune RHIZOtODÎQtîË t>tî bassin nu LÉMAN La taille est ici inférieure à celle de VAmœhajirhna: je l'ai calculée en moyenne à 1 90 ij. ; Geuber la donne comme étant de 1 50 ix environ. La forme est sphérique ou ovoïde au repos, un peu plus allongée, parfois pyriforme pendant la marche; les déformations sont lentes, et jamais considérables. La progression se fait au moyen d'ondes ou de rui)tures l)ius(pies sur la zone claire et limpide, générale- ment large et bien nette, (recto])lasma hyalin. Très souvent j'ai observé ici, comme dans la Pelomy.rapaiwlo.ra, la présence de prolongements latérau.x ou rayonnants, qui se forment par une poussée rapide, comme de vrais pseudopodes courts, mais ne jouent en apparence qu'un rôle protecteur; ces prolongements sont une production de l'ectosarc et même peuvent ])rendre tout-à-coup naissance sur un lobe de ])lasma hyalin à peine formé lui- même. Dans la fig. 1, on en voit trois seule- ment, mais parfois ils entourent le corps en- tiei" ; d'autres fois, ])ar contre, il n'en existe ])as un. Grubeh ne mentioime pas ces « faux ])seudo])odes ^ dans son Amœha teiiia, mais il S(Muble les avoir vus au moins une fois, lorstpi'il dit : <■ Un jour j'ai pu observer sur un individu (|uelques pseudopodes étroits et plus longs. » En ai'rière du corps, ces faux bras sont remplacés ])endant la marche soit par un plasma crénelé ou serreté, soit, plus sou- vent, par une auréole de fibrilles très nettes et régulières. Mais en même temps que ces fibrilles ou ces denticulations, on peut y constater la présence de filaments extrêmement fins et longs (fig. 1, 2) (jui ti-ainent en arrière du corps, mais non pas d'une manière passive, car ils se déplacent rapidement à gauche ou à droite, parfois en imitant presque le battement d'un flagellum. Ces filaments implantés en bouquets sur la queue de la Pelomyxa, sont en nombre très variable, généralement peu considérable; ils sont droits ou légèrement ondulés, et souvent s'entre-croisent. Un examen attentif m'a permis de voir qu'ils ne représentent Pelomyxa ierlia. — 1. Individu en marche. — 2. Partie postérieure d'un individu. — 3. Noyaux, après carmin. — 4. Fragment plus grossi, mon- trant des diatomées plus ou moins dissoutes. GENRE l'ELOMYXA 155 que des prolongements très tins des dents ou des fibrilles caudales, et semblent être comparables à une matière vis(iueuse qui se serait étirée en tils. La longueur de ces fils est variée, mais i)arf'ois ils ])euvent égaler celle de l'animal tout entier. Leur présence peut être envisagée connue Tun des caractères spécifiques de l'esijèce. Sur les individus en marche ils ne mancpient (jue rarement, mais ils sont si fins qu'on les laisse facilement passer inaper(;us. Le plasma, dans la Peloiui/.ra tertia, est toujours d'une teinte jaune ou brunâtre, due à la présence de myriades de toutes petites granulations jaunes, i)riliantes, qui remplissent l'animal, mais ne pénètrent pas dans l'ectosarc hyalin. Il renferme en outre dans la règle beaucoup de proies, souvent dans des vacuoles; ces proies deviennent brunes dans le cours de la digestion. On voit aussi toujours, mais parfois seulement en les cherchant bien, les bactéries caractéristi(iues, qui sont extrêmement fines. La plupart des individus que j'ai récoltés à la Pointe-à-la-Bise, sur les rivages du lac, étaient également remplis de toutes petites diatomées, rondes ou allongées. Ces dernières étaient alors très intéressantes, comme tendant à mettre en évidence la possibilité pour le plasma des Rhizopodes de dissoudre les membranes siliceuses. Elles se présentaient en eiïèt à tous les degrés de transforma- tion, les unes avec tous leurs ornements et leurs lignes transversales, les autres avec ces lignes presque effacées; d'autres enfin ne se voyaient plus que connue des bâton- nets doubles, chaque bâtonnet représentant une des nervures de la frustule presque entière- ment dissoute ; enfin comme de simples bâtonnets dont chacun provemiit d'une nervure latérale de la diatomée (fig. 4). Les noyaux sont pour ainsi dire impossibles à découvrir sur le vivant, même sur un ani- mal comprimé, et cela à cause des éléments de toute sorte qui les cachent à la vue. Après acide acétique ou carmin je les ai trouvés en nombre variable, de 2(1 à 50, allongés et ren- fermant chacun un, deux ou trois fraguu'nts nucléolaires, parfois centraux, parfois excentri- ques. Ils pouvaient avoir 10 à 12 // en longueur. Gruker les a décrits connue renfermant une zone marginale de substance chromatique, divisée en lobules qui faisaient saillie dans l'intérieur, et je considère comme fort possible qu'ils aient été semblables, sur le vivant, dans les individus que j'ai examinés. Mais en outre Gruker les domie comme i)eu nom- breux; il n'en a jamais trouvé plus de 8, et leur diamètre était de 20 /x; mes observations 156 FAUNE RHIZOPODK^UJE DU HASSIN DU LÉMAN m'en ont toujours montre un nombre plus considérable, de 20 à 50, mais alors plus petits, de 10 à 15 fi environ. Le plasma n'est pas vacuolisé ; il renferme i)ar contre toujours une ou plusieurs vési- cules contractiles, peu apparentes, mais bien certaines. La descii])tion (pii vient d'être donnée de cette espèce ne diffère de celle de GiiUBEH que par certains détails, et je crois qu'il n'y a pas lieu de douter de l'identité de l'espèce. Gruber mentionne en effet déjà la couleur jaune doniu''e par les myriades de petits grains, le manque de vacuolisation, les appendices tibrilhiires et leui's filaments ciliaires fins et longs. Le volume, la forme, les mouvements sont les ménu's, et rien ne porte à croire que les noyaux, vus par moi aj)rès les réactifs seulmuent, ne soient pas réellement identiques, sauf différences de taille provenant de l'évolution de ces éléments. Gruber pense que les fig. :), 4, lo et 12 de la l'I. V de Leidy représentent cet or- ganisme, ce (jui me parait en tout cas possible. Pclnmy.ra riripara si)ec. nov. Cette Felomyxa ne s'est rencontrée qu'à la Pointe-à-la-Bise, sur les rives du lac, oîi elle était abondante. Elle rappelle à première vue l'espèce i)récédente dont elle se rap- proche aussi par la taille (220 p. en moyenne); uuds on n'y remanjue pas la teinte jaune caractéristique, ni les faux jjseudopodes, et non ])lus les l(»iii;s filaments ténus que Tanimal traîne après lui; il n'est pas inqjossible cependant (pi'ils s'y trouvent quelquefois, cai- l'extrémité caudale peut être très visqueuse, et je l'ai vue un jour disposée en trainées gluantes. L'ectosarc forme en général une bordure tri's claire, liyaline, épaisse, susce])tible de s'épancher en oiules rapides, ou de former des lobes ou pseudopodes très courts (fig. 1); mais les mouvements de l'animal dans son enseudde sont encore toujours lents. En arrière il se forme parfois des franges peu jjrononcées. Le plasma ne semble pas être normalement vacudlisé; cei)endant j'y ai remarqué, après compression, dans certains individus, la présenct' de nombreuses vacuoles très GENRE PELOMYXA 157 petites; peut-être la vacuolisation est-elle plus ou moins prononcée suivant le moment ou les individus, jusqu'à disparaître complètement dans certains cas. Malgré cette absence de vacuolisation générale du plasma, un des traits caracté- ristiques de cette espèce est la tendance à la formati(m d'innuenscs vésicules (tig. 1), peu nombreuses; et plusieurs fois je me suis convaincu que plusieurs d'entre elles au moins étaient contractiles. On les voit du reste se former en arrière, par la réunion d'une grande quantité de petites vacuoles (pii luiissent les unes à coté des autres et linissent par con- Huer. La nourriture, toujours très abon- dante dans le plasma, est aussi en bonne partie renfermée dans des vacuoles d'im- mense taille. Dans les individus examinés, ces proies étaient représentées le i)Ius sou- vent, soit par des algues vertes rondes, soit par des paquets de petites diatomées. Le plasma contient également des petits grains d'excrétion, souvent des corps brillants, des bactéries et des noyaux en grand nond)re. Les bactéries m'ont paru différentes de celles de l'esiièce ])récédente, plus courtes relativement, mais beaucoup plus fortes, larges et nettes, et. ici encore, elles ont une ten- dance toute i»articulière à se rassembler autour des no} aux. Dans certains individus on voit tous les noyaux revêtus d'une enveloppe de bactéries coucliées à leur surface, serrées les unes à C()té des autres et avec une certaine symétrie, de sorte qu'au premier moment on croit à l'existence d'une meniliraue nucléaire d'une nature toute particulière. La tig. 2 représente un de ces noyaux vu en coupe, et la fig. 3 le même dans son ensemble. Quant à ces noyaux, ils sont très nombreux, généralement (J()-8(), très petits (10 (x), sphériques et à jietits inicléoles ronds logés sous la membrane inicléaire. Il faut mentiomier au sujet de cette rdvniijxd un fait intéressant. Au mois d'octobre 1900, la plu])art des individus examinés renfernuiient, dans leur coi'ps même, de vérita- bles embrjons. Ces end)ryons, nageant en apparence dans le plasma, soit ectosarc, soit endosarc, se présentaient comme de petites niasses grises, sphériques, ovoïdes ou pyri- Pelomyxii ririptira. — 1. Mnrche lente. — 2. Noyau, vu eu eoiipe. — 3. t'n autre noyau, vu dans son ensemlile. — 1 et â. Euiliryous internes. 158 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LP^MAN formes, dans riiitérieur desquelles on voyait ([iiel(iues petits grains brillants, une ou deux vacuoles, et une vague apparence de noyaux. Isolés jiar compression de la reloini/.m, ces embryons poussaient lentement des prolongements sous forme de petites vagues ou de lobes, et se déformaient dans leur ensemble contiiniellement. On y remarquîiit alors une bordure de plasma liyalin, un endosarc cendré renfermant des petits grains, et 1, 2, 3 ou 4 ' petites masses d'un bleu pâle qui devaient représenter des noyaux, puis une vésicule contractile (tig. 4 et 5). Je n'y ai, par contre, pas rencontré de bactéries. Dans l'embryon que j'ai examiné avec le plus de succès, on vt)yait une belle vésicule marginale, qui fai- sait peu à peu saillie, se vidait normalement et se reformait à la même place; mais elle fonctionnait d'une manière paresseuse (o fois en '20 miimtes). En outre, ou constatait la présence d'un noyau, rond, à membrane luicléaire déjà formée et nette, avec suc inicléaire et nucléole centi-al, puis de 1 ou 2 autres spliérules très peu nettes qui semblaient aussi l'eprésenter des noyaux. Après col(»ration au carmin, on trouvait dans ces end)ryons, mais pas dans tous, 1,2, 3 ou 4 petits noyaux roses. La présence de ces embryons, vivant en bonne santé dans le plasma de la Feloiui/.m, et en général plurinucléés, me semble bien indiquer qu'il y avait là des produits de l'ani- mal lui-même et non i)as des parasites. Genre Hi/alod/sciis Hertwig et Lessek (57j. Hertwig et Lesser ont affecté en 1874 ce terme générique à des Rhizopodes discoïdes se mouvant d'un mouvement coulant sans l'aide de pseudopodes proprement dits. Presque en même temps (1875) F.-E. Schulze (107) créait le genre Plahopus dans lequel, au lieu des pseudopodes ordinaires, on voyait des prolongements en forme de membrane palmée, (pu faisaient des angles les uns avec les autres. Parfois cependant l'animal passait à l'état de Hijalodiscns. » Schulze ajoute plus tard en note que son Flako]}us niher était probablement identi- rxENEË hyalodisoiîs 159 que avec Hi/aîodiscus ruhicundus de Hrrtwig et Lessrr. Il n'y a sans doute, en efl'et, pas lieu d'eu douter; c'est bien là le niênu^ organisme; mais Hertwig et Lesser ne l'avaient peut-être pas vu sous toutes ses formes, et leur diagnose générique est défec- tueuse. Cette diagnose pouvait s'appliquer à plusieurs Amihes. et on n'a pas manqué de le faire; aussi trouve-t-on maintenant dans la littérature un IIi/aJod/.^cNs liniax. Hyalo- (liffCNfi (//iffMia (AiiKfha lima.r, f/uff/iJa) ('t (y'àwtroa encùvo, qui n'ont aucun rappoi't avec Hi/al()ilise/lutini'use, n'y est entourée (\uv d'une ci'intui'e très faible de plasma hyalin, (pielipiefois même ne i)réscnte pas trace de bordure. Cette métamor])liosc de l'état étoile à l'état paluu'' est très ra])ide; les tiii'. 1 et 2 représentent. i»ar exemple, le même individu. VII à dix secondes d'intervalle; un autre a passé de la foi'iiie étoilée à une phase jircsipie aussi avancée que le montre la tii;'. 2. en quatre secondes seulement. A cet état, l'animal peut être alors animé de mouvements fort agiles et étendus, et i)rogresser avec une rajiidité remarquable ; c'est cette f(n'me surtout qu'il aft'ectionne pour i'am])er sur les filaments d'algues {sjtiio/ii/m, etc.), où on le rencontre souvent. Xn de côté, il se présente alors comme le montre la fig. 5, avec une zone ])seudopodi(jue très développée en avant et très peu en arrièi'e. et la masse du coi'jis ]ilus épaisse en ai'rièi'e aussi. Mais l'animal peut encore re\ étir une troisièuK» forme qui est la plus fréquente, la l)lus curieuse et en même temjjs celle où la ])rogression est la plus rapide. C'est la forme discoïde, où les pseudopodes et la membrane palmée se sont fondus en une marge hyaline, délicate, aplatie, qui, souvent, entoure (tig. 3) la masse entière du idasma central, mais qui, fréquemment aussi, est absente à la partie postérieure du cor])s. L'animal marche alors droit devant lui, sans grandes déformations, et avec une rapidité peut-être supéi'ieure à celle des Amilies les meilleures marcheuses. Ih/alod/xctis- rubictoidns. 1. Au repos. — 2. Iiuliviilu en marche. — 3. Mai'cbe rapide. — 4. Fragment de la i)artie antérieure, montrant un noyau. — 5. Coupe schéinati(iue d'un individu en marche. GENRE HYALoniSCnS 161 Pendant la locomotion, la bordure hyaline est alors très intéressante à étudier; mais il j faut considérer à part une zone ou marge antérieure, qui fait progresser ranimai, et une marge postérieure, parfois d'ailleurs absente, qui paraît être simplement traînée. La marge antérieure, très claire et très délicate, semble, la plupart du temps, avancer tout entière et d'un mouvement continu, sans déformations de quelque impor- tance. GliEEFF décrit la locomotion en ces termes : « Bien que l'animal se meuve avec '< une rapidité remarquable sur le champ de vue, c'est à peine si l'on remarque un chan- « gement d'aspect; à peine de tenq)8 à autre une légère ondulation du bord, mais si faible « qu'elle ne pourrait pas expliquer le mouvement. » Greeff ajoute encore : « Chaque " point de la surfixce du corps se trouve dans une rotation contirmelle, grâce à laquelle « il se meut, à la face dorsale, d'arrière en avant, et à la face ventrale dans une direction « opposée. » Mes observations correspondent à la description de Greeff; quant à une rotation véritable, je ne crois pas qu'elle soit réelle, mais qu'il n'y a Là qu'une apparence; nous y reviendrons dans un instant. ScilULZE, après avoir repris de son côté les phénomènes de progression, a constaté de plus un fait qu'il exprime en ces termes : « A l'aide de mon système de lentilles le « plus fort et avec un bon éclairage, j'ai pu voir un jour, sur une place déterminée, « quelques jjrolongements pointus, filiformes, extraordinairement fins, faire saillie au « delà du bord d'une lamelle |)seudo])()dique ai)])li(pu''e sur son soutien;... je pense devoir « les comparer à ces poils fins et aigus que l'on a décrits chez Amœha Pnnceps et dans • d'autres Amibes sous le nom d'appendices frangés. » Il me semble que Schulze n'a vu là que des restes des pseudopodes étoiles qui, bien visil)les encore à l'état palmé de l'animal, n'ont i)as toujours conqjlètement disparu dans la forme discoïde, ou bien d'autres, très délicats, qui se forment même pendant la locomotion et se voient en avant de la membrane. Mais peut-être aussi Schulze a-t-il entrevu des éléments d'une nature différente, (lue je voudrais mentionner ici, et dont j'ai l)u constater la présence sur tous les individus en uuii'che rapide (lue j'ai étudiés d'une manière spéciale. Si l'on examine le bord antérieur de la membrane d'un Ilfiulodiscus en marche (fig. 4), 21 162 PAÎTNE RHIZOPOniQUE DTT BASSIK I)ll LÉMAN on finit par constater mw ce bord n'est pas lisse, mais découpé en milliers de denticu- lations extraoï'dinairement fines, et chacune alors de ces denticulations figure un pseudo- pode minuscuîe qui se déforme, change d'as])ect, disi)arait, et est bien vite remplacé par un autre qui semble jeté à sa place. La surface tout entière de la meud)rane hyaline est en même temps couverte de ponctuations très fines, qui prol)ablement représentent les mêmes denticulations vues sous un autre iis])ect. Mais on remarque encinc, sur la membrane en marche, un s])ectacle plus curieux; c'est la présence de petites ondulations ou de vai^ues allongées, dessinées par des lignes extraordinairement fines (pii coui'ent d'arrière en avant les unes derrière les autres pour aller se briser en avant, en même temps (pu' d'auties les suivent en arrière. L'a])parence est tout à fait celle de vagues déferlant sur une i)lage, et pi-obablement y a-t-il là plus que l'apparence, car je ne crois ])as, comme Font pensé Hertwii; et Lksseiî, tpie la surface entière de l'animal soit soumise à une rotation véritable; plus pi'obablement n'y faut-il voir que des mouvements des éléments plongés dans le plasuui, sans ])rogression véritable, comme lorsqu'un morceau de bois reste en place sur l'eau alors que les vagues courent rapidement et semblent devoir l'emporter '. Pendant que ces dittereuts phénomènes se i)roduisent dans la bordure antérieure de V Hyahdiscus, la marge hyaline postérieure, quand elle existe, se uu>ntre un peu différente; on n'y voit pas sur ses bords la frange caractéristicjue, et les petites ondulations qui cou- raient à la surface manquent ici également. Cette marge est pointillée ; mais les ponc- tuations représentent plutôt des stries disposées en lignes perpendiculaires aux contours , du plasma central. Pendant la marche, il se produit dans toute la masse du plasma, connue Hertwig et Lesser l'ont constaté, un mouvement continuel d'onde agitée, que l'on remarque surtout en avant, et tout l'intérieur du corps semble être dans un état de roulement ou de bras- sage perpétuel. Mais il ne m'a pas semblé (pie ce roulement soit assimilable à une rotation régulière, comme celle par exemi)le que l'on constate dans le genre Gromla. Hertwki et Lesser, de même (lue SciirL/E, ont vu par-ci par-là de jjetites vacuoles, 'La fig. 4 montre soit les a.spérités de la inemlwane, suit les petites ondes qui la plissent; mais dans l'obscrytition sur le vivant tout est bien plus lin cl plus diAU-M i\ue je nai pu le représenter. GENRE HYALODISCUS 163 sans pouvoir s'assurer qu'elles soient contractiles. Pendant la progression j'ai pu constater qu'il en existe toujours un certain nombre à la partie antérieure du plasma coloré, où quelquefois elles vont jusqu'à former une ceinture partielle: on en voit aussi en arrière de l'animal, où elles prennent naissance comme les véritables vésicules contractiles. Elles sont très paresseuses, mais parfois je les ai certainement vues éclater. Hertwig et Lesser ont mentionné la présence probable d'un noyau central, qu'ils n'ont pu d'ailleurs qu'entrevoir; Schulze indique l'existence de un ou de plusieurs noyaux diiliciles à distinguer sur le vivant. Pour mon compte j'en ai observé tantôt un, central, plus souvent deux, et une fois trois, toujours spbéri(pies. Un de ('es noyaux, le seul (pie j'aie pu bien examiner sur le vivant, était, en apparence, uunii d'un gros nucléole, nuiis un examen plus approfondi y montrait une masse centrale grisâtre, laquelle renfermait trois nucléoles ou fragments distincts de la masse. Le tout était renfermé dans une meudn'ane nucléaire très fine mais nette. Leidy, qui n'a rencontré cet organisme qu'une seule fois, au mois de uuii, parle également de l'existence d'un nucléus, reiulue probable par la présence d'une tache circulaire claire dans la portion centrale de l'endosarc. V Hi/alodisc/is nibir/iiulKS est une espèce rare; je l'ai trouvée aux mois d'avril, de mai et de juin seulement, à Bernex, à Troinex et à IS^^-Georges; dans cette dernière localité elle était abondante. IlyalodiscKS Korofi/evi....? Mereschkcjvsky (81). Dans la fontaine du Jardin des Aljjes, alimentée par l'eau du lac, j'ai rencontré une petite Amibe qui me parait se ra])porter à celle que Mereschkovsky a décrite sous le nom de Hi/alodisfiis Korofiieri. L'auteur la décrit cependant comme provenant de l'eau salée (Mer Blanche), et il existe entre ces deux organismes certaines différences qui ne me permettent pas de les assimilei- l'une à l'autre d'une manière absolument certaine. D'après Mereschkovsky, cette Amibe est très petite (9 à 10 t^}, incolore, pourvue de longs pseudopodes, accompagnés d'organes transparents analogues à une 164 FAUNE RHIZOPODIQUE DU KASSIX DU LEMAM voile OU à une uieuibrane, et (jui ne représentiTaient eux-uiénies que des pseudopodes modifiés. L'animal, globuleux en principe, change continuellement de forme. Le noyau est rond, assez gros ; la vésicule contractile est plus petite (pie le nudéus. L'organisme que j'ai trouvé à (Jenève était également de très petiti^ taille, de 12 à 20 IX sans les bras, d'un bleu très pâle et délicat, et renfermait beaucoup de petits grains brillants. La forme habituelle était spliéricjue ou ovoïde, lisse en arrière, et ranimai était pourvu en avant de longs pseudopodes droits et fermes (tig. 3), qui pouvaient cepen- dant perdre leur rigidité (tig. 1), ou même s'étaler en même temps que tout le corps (tig. 2). Ce dernier était extrêmement mobile et changeant ; à chaque instant on voyait une onde brusque de plasnui très clair faire irruption entre les bases de deux pseudopodes, s'y répandre connue un voile et donner au bord des contours palmés (tig. ))); souvent alors les pseudopodes confluaient dans la masse et on n'en \oyait plus trace, mais pour un monu'ut seulement, et bientôt repoussaient des tilamoits rigides, souvent bien jdus longs ([ue ne le représente la tig. 3. Ces filaments ou pseudopodes pouvaient alors se mouvoir d'un seul bloc sur leur base, en tàtant le liciuide de tous les côtés. liCS tig. 5, (î, 7 montrent les transformations subies par un individu en quelques secondes seulement : un jet de plasma liijuide courut le long d'un (les pseudopodes, puis rejoignit l'autre, et bientôt il n'y eut plus là qu'une lame, qui plus tard s'arrondit. Dans la tig. 4 la ligne ondulée, pointillée, indique un jet de plasnui qui d'un coup enveloppa trois pseudopodes. Il ne m'a pas été possible de constater d'tuu' manière certaine la présence d'un noyau. Certaines apparences m'ont fait considérer son existence connue très probable, mais les petits grains qui i-emplissaient le corjis m'ont empêché de le voir nettement. Par contre la vésicule contractile était remanpialiienu'nt belle et nette. jMEHKsciiKovt^KY l'in- dique comme très petite, mais il faut se rappeiei- (jue son Hi/aJodisc/is habitait l'eau salée Hyalodisms Korotneoi. — 1, 2, 3. Aspects divers. — 4. Une des formes de l'animal ; la ligne pointillée indique un épanchenient lirnsque de plasma. -- •T, 6, 7. Formatiiin d'une onde de iilasma entre deux pseudopodes. GENKK AMIMIIZONELLA 165 (tout près il ost vrai fie reinboiu-hure d'un petit ruisseau d'eau douce), où la vésicule con- tractile disparait généralement. Il est regrettable que je n'aie pu observer ([u'un seul iiidi\i(hi, d(int l'étude a de plus été trop incomplète; mais cette espèce n'étant suivant toute apparence i)as nouvelle, je n'ai pas cru devoir la passer sous silence. Genre AmpliUoiicna Gkeeff 1866. Greeff (41) a créé ce nom pour un organisme ani(i'l)iforme pourvu d'une enveloppe épaisse de matière nnicilagineuse, laquelle peut être percée par des pseudopodes bj'alins, courts, pareils à ceux des Diffl/if/ia. La diagnose indiquée par (iuEEFF nu^ send)le inc(mq)lète, et défectueuse en ce sens que l'enveloppe nnicilagineuse dont il jtai'le peut être absente, tandis (ju'au contraire on }■ renuirque souvent en place de cette enveloppe, la présence d'une sorte de peau ré- sistante d'un jaune clair, que les pseudopodes sont incapables de percer. Cependant le genre Aniphizoïiclla mérite une ])la(e à part parmi les Rhizopodes, tant du moins que comme caractères généri(|ues on ne considérera que ceux qui seront in- diqués dans VAnipJiizinidla ridao'a. En effet, les trois espèces que Greeff a décrites d'abord connue Ampliizonelles ne peuvent plus être regardées connue taisant partie d'un même geiu'e. Greeff était fondé à les considérer connue telles, car pour lui dans ces trois espèces les pseudopodes pouvaient percer l'enveloppe, et ce caractère général les rap- procliait toutes. Mais nous verrons que dans deux des espèces créées par Greeff, Aih- phkoncUa ridacea t'tfhra, les pseudopodes siu'tent en réalité d'une ouverture préalable- ment existante. Ces deux dernières espèces différent cependant encore trop entre elles pour être rap])rocliées dans un même geiu'e; (ÎREEFF lui-même n'avait considéré la place (ju'il doiniait à VAiiipIuzonella flara que connne provisoire, et je crois devoir faire re\ivre pour cette espèce, en même temps que pour une autre espèce voisine, l'ancien nom de Corijcie créé dans le temps par Diîjardix. et plus tard repris par Gaguardi. 166 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Quant à VAmphkoiicUa (Ih/itMta. dont les ijseiulojxxles peuvent réellement se faire jour à travers renvelo]j})e sur un point (luelconciue du corps, elle a plus tard été consi- dérée par Greeff lui-même comme synonyme de Amœba hilimhosa, et de Amœba actino- phora AUERBACH ; puis réunie ejisuite, eu même temps que ces deux dernières, par Hert- wiG et Lesser et par F. E. Schulze, au Cochliopodinm hUimhosum. D'après moi pourtant, s'il y a là un Covliliopodiiitn, c'est en tout cas une espèce autonome, et je décrirai l'ancienne Amphizouvlla i<' le pense, à percer chaque fois l'enveloppe. Ni'issLlx croit que cette cnvcloiipe est si fine (pie les pseudoixxles ne font (ÎRNUE AMriII/(WELLA 169 qui' l;i n']muss('r et qu'elle se iiinule sur eux: lUiiis il doit ceitaiueuient y avoir là une erreur. Ces pseudopodes sont très elairs, seudilent faits (rini ])lasuia limpide, mais se meuvent lentement: ils sont analoi^ues à ceux des Diffl/if/ia. lart>'es, cylindriques, non l)ifur(|ués. Comme dans la ('or//ria paru et la l'scKitoclilamijx pafclla (pii seront décrits plus tard, ils nv me semlilent être utiles que dans de rares occasions, ])ar exeuq)le pour retourner ranimai ou pour l'attirer en un point: mais une fois en place, V Aniphl;oiieUa se meut siuq)leineiit sur sa face inférieure ou sur un ))lasma buccal ». à la manière d'une patelle. La membi'ane mince qui vient d'éti'e décrite n'est pas la seule (|ui puisse exister dans VAiiipJii.>'<)iH>l/'ineuse di)nt parle Greeff; il aurait sans doute mentionné les donticulations superficielles, et aurait constaté l'existence de renveIop])e chitinoïde jaunàtri' cprelle recouvre: plus pro])iibleuu'nt Ciîeeff a-t-il étudié des animaux jeunes, où l'ectosarc était épaissi en inie couche résistante, mais sans envelop])c chitinoïde encore formée. La fiji. 1 montre une Ainphiznnella revêtue d'une couche d'ectosarc hyalin, puis de la nunnbrane chitinoïde: dans la fig. 2 Tectosarc hyalin est à peine iudi(|ué; par contre, une large zone de mucilage entoure la membrane jaune. La fig. 3 donne les détails d'un fragment de l'animal; en haut le i)lasma avec petits grains de toutes sortes et deux vacuoles contractiles, ]niis une bande d'ectosarc grisâtre; en troisième lieu la membrane chitinoïde et enfin la couche mucilagineuse serretée. Le ])lasma dans ÏAmphi^oiicUa rialdccfi est. connue l'indique le nom, généralement d'un beau violet améthyste. Mais il s'en faut de beaucoup que cette couleur soit partout et toujours évidente; très souvent la teinte est un mélange de violet et de jaune, oîi le 170 Pattnr BTiiznpnniQHF. r>v rassin dit lémaN jaune peut (loiiiiiicr de ln'iiiicim]) If violet : tré((iu'iiiiiieiit enfin il ne reste plus que quelques ]tetites traînées de violet, et ranimai est franolienient jaunâtre. 8i j'ai bien observé, cette deriiit're teinte corresiiond à l'état de vie latente, et ])lus l'aninuil est vif et actif, plus la couleur violette devient évidente. Il est i)robalile qu'il y a là un i)héno- nièiie c1nini(pu' (|ui t'ait passer du jaune au \iolet et vice versa les éléments auxquels l'animal d(tit sa couleur. Quels sont ces élémentsy Pour (Jhkh^fk c'est un ])ii>inent d'un violet foncé, répandu d'une manière diffuse dans le cor]»s. et (|ui prend fi'é(piennuent une nuance légèrement jaune (ui bi'une, .nràce au mélanii'e avec un autre piii,iuent d'un jaune clair, également répandu dans le plasma, i'our Ni'issLix. la couleui' provient )uant au ])lasma, aux ])seudo])odes, à la physiologie tout entière de la Corycia coronata, rien ne la distingue sous ce rai)])ort de la Corijriaflam; aussi est-il inutile de mentionner spécialement les observations (jue j'ai pu faire dans cette espèce. rsei((locIil(iiiii/sjxtfeUa ClaI'AKÈDK et Lachmann (20). D'après CLArARÈDE et Lachmann, qui les premiers ont décrit cet organisme (20), la rse/ulorhlam//sjtat('lla jieut se comparer à une petite Airclla, dont elle se distinguerait par sa membrane très largement ouverte; renveloi)i)e serait alors absolument analogue à celle d'une jiatelle, sans rebord reployé. Cependant HEKTWUi et Lessek (57) ont montré qu'un examen très attentif permet- tait de constater la ])résence d'une membrane inférieure, extraordinairement tine, qui fermait toute l'enveloijpe à l'exception d'un iiritice central destiné au passage des pseudopodes. A mon tour j'ai ])u constater à différentes rejjrises la présence de cette membrane inférieure. Mais elle est en effet si extraordinairement tine, qu'il faut presque toujours des cas exceptioimels pour la distinguer nettement. La tig. ï\, par exemple, montre bien cette membrane Imccale, telle ([u'elle a été vue sur une enveloppe vide et couchée sur le dos; on voit ciu'elle représente plutôt un diaphragme, percé d'une déchirure centrale. La tig. 6 représente un individu qui pour une raison ou pour une autre abandonnait son enveloppe; le coqis en sortant avait peine alors à quitter cette enveloppe, et tirait à lui la membrane buccale, (|ui en devenait très visibh'. GENRE PSEUDOCHLAMYS 181 La Pseudochianiifs pafella présente donc avec la Cort/cia, dans sa forme jeune, une analogie frappante, si forte même que bien longtemps j'ai hésité à y voir autre chose que de petites Corycies. Mais si elle est unie à ce dernier genre par des liens de parejité très rapprochés, il faut, je crois, considérer son autoïiomie connue bien certaine. Peut-être la Fseudochlamys représenterait-elle sous une forme définitive ce ipii pour la Coryria n'est qu'une phase de développement. Nous avons vu que dans la Corijcin la mem- brane dorsale, en forme de dôme large, se recourbe peu à peu en formant de longs plis pendants, ou bien se resserre au-des- sous de l'animal en lui donnant une forme hémi- sphérique. Dans la Pseii- dochlaiiij/s, cette enve- loppe, en forme de dôme très abaissé et très régu- lier, est toujours troncpiée brusquement , la mem- brane se recourbant net- tement sur elle-même comme une feuille de pa- pier qu'on doublerait par un pli; cette enveloppe alors aurait tout à fait la tôiiiie d'un verre de montre très bombé, et jaiuais on n'y voit pendre de plis longitudinaux. Vue d"en haut, la membrane est dans la règle franchement arrondie et représente un disque régulier; mais il faut ajouter que ce disque peut s'étirer quelque i)eu. surtout lorsque l'animal rampe avec une certaine rapidité. Pseuduchlamys iMtella. — 1. L'animal vu d'en haut. — 2. Un autre, de coté. — o. Protrusion d'un pseudopode. — 4. Exemplaire replié sur lui- même. — 5. Envelopi)e vide, vue d'en haut. — (i. Plasma sortant de l'enveloppe, en entraînant la memhrane huccale. — 7. Deux exemplaires rampant sur une fîhre véffétale. — S. Détails de l'un des bords. — 9. Xoyau. — 10. Noyau, allongé. 182 FAUNE RmZOrODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Sur les bords, l'enveloppe est très chiire, mais pins on s'aiiproclie du centre, et plus elle se colore, sans janutis arriver au delà du jaune brunâtre. Kn même temps on la voit toute couverte de jjonctuations très fines et disi)osées avec une grande régularité, rappelant ce cpii se passe chez les Arcelles, mais sans (pie Ton puisse sans doute en domier la même e\i)iication. Dans les individus les plus colorés, il se produit des dépôts de chitine brune amorphe, sous forme de petites taches veniiiculaires très franches (tig. 8). Ajoutons ([ue bien qu'û soit très rare e et Laciimaxn ont vu (|iiel(iuefois « des e.xpansions larges, arrondies et peu allongées. » Ils aj(»utent encore : l'ne fois nous avons rencontré « une rfIe il est loin de reuq)lir toute l'envelo])]»-, à liuiuelle il est relié aloi's jtai' un nombre souvent assez considérable de ])roloniii'ments ou épipodes clairs (ti"'. 1 et S). On y voit également toujours, à la surface et sur les bords, des vésicules contractiles, bien rondes et actives, en nombre très variable, de deux à huit, la moyenne étant de cin(| i»u six. Mentionnons eiitin le noyau (tiii;. S. !). 10) (pii n(U'malement est central, mais qui se déplace un peu, surtout peut-être jiendant la marche, et devient excentrique, ("e no\au estuni(pie: on n'en rencontre januxis deux couniu' dans les Arcclla et dans les Coryria adultes (sauf ])eut-être dans des cas anormaux). Il est jtàle. s])héri(pie ou ovoïde, suivant le moment, et se défoi'uie avec facilité: il ])ossè(le une membrane tiiu' bien lU'tte, un suc nucléaire claii-. et un i^ros iuiclé(de central d'un bleu pâle, remi)li de ])etits points claii's qui ])robablement l'eprésentent de très ])etites lacunes ou vacuoles. France, qui a mentioimé cette es])êce. y iu(li(iHe uiimudéole ■ réiiulièrement hexagonal. > Mais il y a là sans aucun doute une erreur. (|ui i)cut-êti-e ]»roviendi-ait de ce (pie Franck aurait examiné des ainuuiux à i)eine soi'tis de l'état de dessication, pendant lequel les noyaux chez les lîhizopodcs se ratatinent et i)rennent des contours plus (Ui moins anguleux. J'ai cité j)lus haut un individu o(cui»é h (piitter son envelojtpe; peut-être était-ce là un aninml uuilade ou asphyxié ; nuiis pourtant un jour, iiarun des l'semlorlilauii/swn'mnlos. j'en ai trouvé une absolument nue, et (pn, ])arfaitement bien itortante, arrondie mais avec des contours crénelés, marchait i^aiement au unlieu de ses com])ai;iies, à la nuinière d'une patelle et sans déployer de bras. Peut-être y aurait-il là un phéiKtmèiu' d'exuviation, soit changement de peau. La l'ue/uiorJilanii/ft patella est toujours petite, et déi)asse rarement 50 ^, la moyenne étant de 4U p.. Elle habite parfois les mousses aquatiques, et le plus souvent l'eau des étangs 184 FAUNE RHIZOPODIQUË DU BASSIN IMT LÉMAN et les niai'écagos. Je l'ai également récoltée sur les riva.i!,es du lac. La Cîorycie ne se trouve jaiuais ailleurs qno dans les mousses, dans celles des bois connue dans les mousses aquatiques, et c'est là une raison de ])lus jwtur sé])arer ces deux organismes. Mais il faut avouer qu'entre les formes jeunes de la (hn/ri(c flava et la FseudorMamyf^ adulte, on est quelquefois embarrassé de trouver des diô'érences caractéristiques. GeiuT CfirhJiopdifi/Dii Hrrtwkj et TjEsskr, 1S74. Le gein'e ('(irliliapadi/ini se rapjiroche de la Coii/rir ])ar l'existence d'une membrane souple. Mais cette eiivelo])]»' est ici sujette à des déformations bien ])lus considérables; elle se moule sur le corjis et le suit dans tous ses changements, entourant à l'occasion connue d'un tube les bases des ])seudo])odes, et se com]»ortant comme une envelo])])e, non ])as chitinoïde, mais ])roto])lasmique, et éminemment ])lasfi(|ue. Elle rappelle à cet égard la mendjrane souple des Héliozoaires cbalarotlioi-acés. Dans ce genre également, les ])seudopodes sont toujours déchiquetés ou coniques, ou filiformes, sans revêtir jamais normalement la forme largement rubanée des pseudopodes des Dittlugies. On i)eut citer aussi comme caractère généi'ique habituel une ponctuation régu- lière de la membiane plastique, rappelant l'apparence de la coquille des ArceUa. J'ai cru cependant, grâce à une parenté très rapprochée, et malgré l'absence de ponctuations, devoir joindre à ce genre l'ancienne Amphizonella dir/ifata de (iREEFF (CocldiojXMJium fU(/if(diim), ainsi (pi'une autre espèce, déci'ite depuis 1S',»() déjà sous le nom de ('orJdiojw- dium ohscurmn, puis aussi le (hcldinpotli/nii crhidccnni . (|ui toutes deux sont dépourvues de ponctuations régulières. Cochliojjodinni hUimhosioii Auerbach, spec. 1856. Amœha hdiiiihosa AuERBACH (128). Cocldiopodiiiin pi'U nrid KHI Hertwig et Lesser (57). GENRE COCHLIOPODIUM 185 Amphizone^la resfita i. j). Archer (2). Amœho zonalis Leidy. Cnrhiiojxifli/nii Ji/finihoftiini Leidy (67). Cette esuèco a été décrite jiar Auerbach sous le nom de Anui'ha hiJhulinsa; plus tard IIertwig et Lesser ont créé le genre CochlidjxHliuni, au(|uel t'ile a été réunie ])ar Archer, Sf:nuLZE, Leh)Y, et i)ar d'autres encore. La forme la plus habituelle dans cette es])èce est celle d'un dôme arrondi, et étalé à sa base (tig. 2); vue d'en haut, elle est discoïde (tig. 1), mais elle peut varier beau- coup d'un moment à l'autre (tig. o), car l'aninuil possède une faculté de déformation extraordinaire. Pendant toutes ces dé- foruuitiràce à la forme même du corjis, se trouve ])la,cée à la limite de séparation de la masse centrale et du voile hya- lin, discoïde, qui le horde. Ce voile, en effet, ne re])résente (|u"un étalenu'Ut de renvelo]))»', l'entourant de tous cotés et lui permettant de phupier solidement sur le sol h la manière d'une patelle. C'est sous le voile alors (pie se font Jour les pseudopodes. Mais si, ])ar e.\eiii])le, à ce moment, l'animal effrayé se ramasse sur lui-même, l'envelopiie se rétracte lentement aut(uir du ])lasnnr et semhle parfois le fermer comme d'une membrane continue. Peut-être d'ailleurs n'y a-t-il là (pi'une api)arence, et existe-t-il en réalité toujouis une (Uiverture, momenta- nément fermée i)ar le voile? c'est ce dont je ii'iii pas ])ii m'assurer, iKm plus ([ue les autres observateurs qui se sont occupés de la question. C'est sur le voile discoïde qu'on peut le uiii'ux (diserver les ponctuations caractéris- tiipies; on y voit alors une série de lii^nes ])ointilIées. qui rayonnent de tous les cotés autour du corps central, et vont tout droit jus(pi';'i la Ixirdure du voile, très tinemeiit fran- gée ou ponctuée elle-même. Examinés avec uraiide attention, ces traits jiaraissent tonnés de perles transparentes, alii>iu'H's à la suite les unes des autres, ou plutôt déposées les unes à côté des autres, dans un ordre réi;ulier, mais sans se toucher (tig. 4). Va\ effet, si le dessin figuré jiar t(Uites ces ])onctiiatioiis jteut être regardé comme formant des séries de lignes radiaires (aspect sous le(|uel il se présente le ])lus naturellement), on jieut également y voir des séries de lignes diagonales entrecroisées. Kn somme, la surface de l'enveloppe rapiH'lle les dessins des vVrcelles. et HRitTWiG et Lkssrr ont cru iioiivoir, de cette même apjiarence, déduire une structure identi(pie. Le fait, disent-ils, (jue la co(piille des '< Arcclla donne à di' faibles grossissements la même image, nous conduit à en inférer « que la structure est ici la même, bien (priiitiniment plus délicate que dans Arcclla « ruJf/aris. » Mais Hkrtwio et Lesskr sont certainement dans l'erreur: dans les Arcclla la mend)rane est continue et toute formée d'ahéoles unis les uns aux autres, comme dans un rayon de miel. Ici nous avons, en apparence au moins, des ])etites jierles séparées, et noyées dans un plasma extensible. F. E. SCHULZE, qui a étudié cette enveloppe du CuchUopodlnin sans arriver d'ailleurs GENRE roriiLioroDTUM 1S7 à une opinion précise sur sa nature, regarde également connue < impossible que toute >' IViiveloppe soit composée de jietits éléments prismatiques. » Quant à moi. je ne suis j)as non plus arri\é à cet égard à des résultats concluants; cependant, s'il fallait exprimer une o])inion, je serais porté à dire que dans le Cochllopo- (Uion bUlmhositm renvelo])pe est faite d'un protoplasma dittërencié, résistant, en même temps (pie souple et plasti([ue, et renfermant dans son intérieur des gl(»l)ules infiniment petits, liyalins. disposés en séries régulières, et destinés à lui assurer sa solidité. Il y aurait doiu- là que^iue chose dans le genre de ce ipie nous voyons chez les Héliozoaires à cuirasse, où nous trouvons une couche enveloppante de plasma vivant, dans l'intérieur de laquelle sont noyées en ordre ])arfait des écailles siliceuses. Mais ici renvelopi)e serait bien i)lus différenciée, et les éléments ({u'elle r(^nfermerait ne seraient probablement pas siliceux. Ajoutons que dans les individus très jeunes il est inq)ossible de distinguer les ponc- tuati(ms (ui les stries de l'enveloppe, et (pie parmi ces individus, les ])lus petits rappellent d'assez près VAiiui'ha (//iff/ila. avec hupielle du reste on ne peut les confondre. (^)nant aux pseudo])odes. (pii i)endant la marche se font jour en glissant sous le voile dis- coïde aplati, ils sont très changeants vt variables d'aspect, normalement déchi(pietés, aigus, ou en tout cas appointis de la base au sommet. Parfois ce sont des expansions larges (fig. 1) qui peuvent même entourer le dis([ue entier, d'autres fois des i)rolongeinents très étroits. Une oliservation intéressante à ce sujet, c'est (jue le plasma ])seudc.i)odique peut se mouler sous la membrane jionctuée, et se C(nifondre si bien avec cette dernière, (pi'il ne fait absolument plus qu'un avec elle, et que souvent on ne le distingue que comme une simple prolongation de cette membrane, en lambeaux ou ])seudopodes aplatis, lesquels ne diffèrent à la vue de l'envelopije (pie par l'absence de pcuictuations (tig. 4). Il semble véri- tablement y avoir fusion complète, mais qui n'est sans doute qu'apparente. Le plasma dans son ensemble est assez clair, mais presque toujours rempli de grains brillants, bleus ou plus généralement vert-olive, allongés ou ovoïdes, sans formes régulières, et qui peuvent être considérés comme caractéi'isti([ues. Dans le plasma (Ui constate souvent des mouvements internes en masse, à peu près dans le genre de ceux ([ue nous avons cités dans le Hyalodixcn^ nihicnii(lK!<. mais beau- coup plus faibles. 188 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN On trouve dans Tectosarc une vésicule contractili', très grande mais paresseuse ; je n'en ai jamais vu plus d'une, sauf quand plusieurs vacuoles sont en foruuition pour en constituer ensuite une seule plus grande. Parfois, pendant hi marche, on voit se former en avant une quantité de petites vacuoles (tig. S). Le noyau est sp]u''ri(|ue, volumineux, et renferme un gros nucléole compact central. Le Gorhiiojmimiu hiJiiiil/o.s/ini n'est i)as rare dans les marécages et les étangs; mais on le remarque peu, à causi' de sa transi)areiu'e et de sa faillie taille. ('(irlijinpodixni aiiiiioplioniin AuERBACEl spec. Amo'ha acfiiiopliom AuEKBACll (r2S). AuEKBACIl, tout en rapprochant cette espèce, c'est-à-dire son Aina'haacfii/dplioni. de la précédente, in(li(pu' toute une série de caractères cpii suffisent à l'en distinguer : la taille est en moyenne beaucoup plus faible, la surface est plus lisse, la membrane plus fine, et cette membrane résiste mieux aux alcalis ; les pseudopodes sont relativement plus hings, et moins souvent divisés. A ces caractères, (pie je c(msidère également comme certains, Auekhacii en ajoute deux autres, (pii sans doute ont peu de valeur, la teneur en gramdations brillantes, et le mantpie de grains d'amylum. En résumé, bien que cette espèce semble avoir été, après Auerbach, la plupart du temps réunie à la précédente (par exemjile par HeR'J'WIG et Lesser), je suis, pour mon compte, persuadé de son autonomie. C'est là également l'opinion de (Iruber (47). Le CocIiUojxxli/nii adiiiophoium est beaucoup jihis jietit (jue l'espèce précédente; la moyenne ne dépasse i)as Ki à IS p., et le maxiuuim n'arri\e guère au delà de 20, ce qui dans le CocJiIiupodi/iiH Ijilinihos/iiii ne représenterait (pie des individus très jeunes. L'enveloppe est jilus lisse, plus délicate, ])lus réfringente, et revêt une légère teinte jaunâtre qui ne mancpie probablement jamais; elle est également striée en travers, et régulièrement pointillée quand on la voit étalée. Mais ici cette enveloppe est d'une souplesse et d'une plasticité bien supérieures a ce qu'on remanpie dans le ('(H'JiIidjioili/iiii hlVtiHli'isKiii. Elle se moule le jilus facilement du GENRE COCHLIOPilDIirar 180 monde autour de la base des pseudopodes (tig. 2, 1), qu'elle accompagne même jusqu'à lUie certaine distance connue un tube. Cependant il faut remarquer que l'opinion de AUERBA(;il, qui dit que la membrane, simplement amincie, et repoussée par le pseudopode, l'entoure jusciu'à son sommet et sans être percée, doit être certainement erronée. Pour moi, l'enveloppe ne forme que des tubes, jibis ou moins allongés uuiis ouverts à leur extrémité pour laisser passer les pseudopodes. Ces derniers, dans cette espèce, sont presque toujours très longs (tig. 2), pointus, hyalins, et i)euvent prendre naissance sur un point (pielconiiue du corps; l'enveloppe alors s'ouvre devant eux pour les laisser passer, souvent en les entourant d'un tube connue il vient d'être dit, puis se referme lors(jue eux-mêmes sont rentrés dans la umssc du cor]is. Parfois également le coi'ps entier s'allonge connue une Amibe, perçant la mem- brane d'une seule ouverture (tig. ô), ou bien s'étale en plusieurs bras dont cbacun a son ouverture distincte sou- vent ftu't large ; dans la tig. 4, on voit un individu auiiboïde, dont l'enveioiipe. ouverte eu trois endroits différents, ne se voit i)ius(iuec(»UMne fragmentée en lauiiieaux brillants ([ui recouvrent les régions centrales seulement du i)lasma. Kn réalité il y a là des orifices arrondis, uuiis dont on ne peut distinguer l'ouverture (jue par la In'usque terminaison de la ligne brillante qui vient d'être mentionnée. Le Ciicliliopoili/tin (((■fii/iij)li(innn se présente dans la règle au premier abord sous la forme globuleuse ou ovoïde (tig. 7 et 2), avec pseudopodes étroits et allongés, mais il ne tarde pas à s'étaler en patelle (fig. 1 et o), parfois sans déjjloyer de pseudojxides. Coehliupoâium actinophorum. — 1. Individu étalé, en marche lente, vH d'en haut. — 2. Autre aspect. — o. Animal étalé en patelle. — 4. Individu dont les ]iscudopodes sortent sur trois points difterents. — 5. Vn autre, de cote. — (i. Novau. — 7. Individu vu de ciité. 190 FAUNE RHIZOrODIQUE Dr BASSIN DU LÉMAN parfois avec ces derniers. On les voit alors se faire jour sous le disque ponctué, soit distincts, soit si l)ien confondus avec ce disque, qu'on se demande si c'est le voile marginal qui s'est allongé; il arrive même de trouver un mélange de ces deux apparences, ipiel- ques pseudopodes se voyant dans leur course au-dessous du disque et d'autres ne sem- blant être que la continuation de ce disifue même. (j>uant au plasma, il ne présente pas de différences notables d'avec celui du Coch- Uopodium biliiiilxis/cni. On y voit des grains verdàtres très brillants, un noyau relative- ment gros, semblable, autant que j'ai pu m'en assurer, à celui de l'espèce précédente (fig. 6), puis une vésicule contractile assez ])aresseuse et tpii, après s'être vidée, peut rester longtenq)s sans reparaitre. Dans un individu jjrovenant du lac de (ienève, j'ai trouvé un magniticiue cristal bicuspide. D'après Guubeu (47), cette espèce serait en (pu'l(|ue sorte un terme de passage entre son Amn'ha fenfavulafa et le Cochliopailiniii l>ilii)ihes, entourés encore i)ar l'enveloppe s'énérale, puis cette dernière est travi^rsée, au sonnnet de ces i)rolonoements, de jietits ])seudopodes digités, minces, très pâles. Dans l'intérieur du plasma, on trouve un noyau rond, juiis une grande vésicule contractile et idusieurs autres plus petites. Mes ol)servati(nis coiu-or- dent dans tous leurs ti'aits ]irin- cipaux avec celles de (tRKRFF; cependant il ne sei'a pas inutile d'en rendre compte dune ma- nière un ])eu détaillée. L'envelo])i)e du ('orJiJio- podi/ini (lif/ifaf/im se distingue l)ar une absence cmuplète de ])onctuations et de stries. Elle est lisse, opalescente, fine, à double contour bien distinct, l)rillante sur ses Ixu'ds, extra- ordinaii'ement i)lasti(iue. et elle peut être percée iioui' laisser passer des ]»seudo])odes, quitte à se refermer sans laisser de traces une fois le bras rentré dans rintéri(nii' du corps. La taille est beaucoup jjIus forte que dans les espèces précédentes; Greeff l'indique connue pouvant atteindre 100 /-».; pour moi, je l'ai trouvée plus faible, de 50 à {\0 u. et rarement SO, mais sans y comprendre les ])seudopodes déployés; en les inti-oduisant dans le calcul, on arriverait souvent à ] 10 ou 120 ^ (tig. '2). La forme est extraordinairement changeante. Parfois c'est celle que montre la fig. 1. où l'animal étalé en patelle se prépare à émettre quelques pseudopodes qui CochliojKidiiim (li(jHaiHm. — 1. Imlividu vu dVii haut. — 2. Un autre, A\'U haut. — o. tin autre, de riité. — 4. Fragment d'un des hords, avee épipodes (V). — h. Noyau. 192 PATTNE RHIZOPnniQITE Dr BASSIN DT! LÉMAN repoussent devant eux l'envelop])e. D'autres fois l'aiiiuial luarclie comme une patelle, sans ])seu(l(t])o(les visibles à l'extérieur; dans un individu trouvé dans cet état, à contours ridés et plissés, on voyait, en mettant robjectit' au point sur la face inférieure de raniuuil, un certain nombi'e de |)seudo])odes linéaii'es (|ui rayonnaient d'une ouverture commune très lirande dont on pouvait distiniiuer les contours, vt (pii ])araissaient faire progresser l'ori^anisuie connue des auiViulacres d'oui-sins. Rarement le coi'])s est en dôme élevé comme le montre la tis'. ?>. Mais si l'on se dinnie la ])eine d'examiner ])lus au long un instant l'animal, on ne tarde itas à le voir, si du moins il est l)ien ])ortant et alerte, déj)loyer ses pseudopodes d'une manièi'e toute particulière : sur un ])oint (|uelcon(pu' du corjjs. et souvent sur deux, trois et quatre points à la fois, il se forme une éminence (pii s'allonge toujours plus; puis, à un certain moment, l'envebtpix' se voit, au sonnuet de l'éminence. ])ercée de un ou de plusieurs ])seudo])odes très étroits. ])res(|ue tiliforiiu's. Il seudde (|ue la mem- brane, poussée de l'intérieur ])ar un prolongement d'eclosarc, a suivi ou accompagné le mouvement aussi longtemps (pie ])ossible. mais a dû enfin céder et s'est laissé trouei' par le pseudopode. Ces petits bras alors se déplacent b^ntemeiit de coté et d'autre, et changent conti- nuellement de forme. t(uit connue en même temjis la masse de ])lasma clair dont ils prennent naissance, niasse tiuijours entourée de l'envelojjpe ])lasti(pie, en état, elle aussi, de déformation continuelle. Il est, il faut le dire, presipie toujours extraordinaireinent ditticile de s'assurer de l'existence d'une ouverture réelle laissant sortir les pseudopodes: on voit les deux côtés de renvelop])e, ou du tube (|ui foi'uie cette dernière, finir bruscjne- ment et parallèlement l'un à l'autre; mais la ligne (pii unit les deux bords du tube tronqué est infiniment moins visible que ne le i('])résente la fig. 2. J'ai fait cependant à cet égard de nombreuses ol)servations, et à maintes re])rises j'ai cru pouvoir en déduire l'existence bien réelle d'une ti'oncature et d'un tube creux. Ainsi constitué, l'animal est susceptil)le de ])rendre les formes les plus bizarres que l'on puisse imaginer. Dans les tig. 1, 2 et 3, on remar([ue entre l'enveloppe et le plasma granulé un espace tm a])parence vide; mais cet es])ace est en réalité occupé par une zone d'ectosarc hyalin, (pii très souvent, il est vrai, ne phnpu^ pas continuellement contre la paroi interne de renveloi)pe. Dans la tig. 4. (pii représente un fragment plus grossi de la GENRE COCHLIOPODIUM 193 fig. 1, c'est-à-dire d'un animal étalé en patelle, on voit cet ectosarc laisser un espace très étroit mais réel entre lui et la membrane. Cela m'amène à "imrler d'un phénomène très intéressant relatif à cette espèce : Si l'on examine avec attention la marge ou zone d'ectosarc d'un animal étalé en patelle (tig. 4) et en marche, on y voit dessinés une quantité de petits traits allongés ; vu de plus près, chacun de ces traits se montre comme une petite larme claire; dans son ensemble alors, la bordure a Tapparence d'un manteau d'hermine*. Il ne m'a pas été possible d'ari'iver à une opinion précise au sujet de la signification de ces petits mouchets; après un examen très attentif, j'ai cru pouvoir m' assurer qu'il y avait là des petits prolongements de l'ectosarc, sous l'enveloppe, autrement dit des ('p'qw- rles, nombreux et très courts, rattachant l'ectosarc à la membrane. Mais dans une certaine occasion j'ai cru voir quelques-uns de ces prolongements dépasser l'enveloppe, comme si eux-mêmes n'étaient que des aspérités de cette dernière. Cependant l'enveloppe en général, vue sur ses bords ou ses côtés, ne porte pas d'aspérités, sauf celles qui peuvent avoir le nom de pseudopodes réels, et dont la présence est toujours locale. Les petits mouchets seraient donc bien des sortes d'épipodes; et cela avec d'autant plus de vraisem- blance que si, par exemple, on tounnente un individu qui les porte, le plasma s'arrondit en boule, et tous ces petits traits disparaissent, comme si eux-mêmes s'étaient rétractés dans la masse commune. Dans cette espèce, le plasma est clair, et renferme des petits grains brillants, mais dans la règle très peu de proies. On y voit toujours un grand nombre de vacuoles rondes, qui paraissent et disparaissent lentement ; l'une d'elles, beaucoup plus grosse, représente sans doute la vésicule contractile; mais je n'ai pas vérifié son fonctionnement, et elle doit en tout cas être très paresseuse, comme l'est du reste tout l'animal en général. Le noyau est très beau, sphérique ou subsphérique, et renferme un grand nucléole central, clair, pointillé, séparé de la membrane par une zone bien nette de suc nucléaire. Le CodiliopoiVuim dinituiitiii est rare comme localités habitées, mais parfois très ' Aussi, lorsque j'ai trouvé cette espèce, l'avais-je provisoirement appelée Cocliliopodiiim refinle, jusqu'au moment où j'ai pu la rapproclier de V Amphizonella dkjUnln de Grerff. 23 194 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN abondant en individus dans les stations où on le trouve. Ma plus belle récolte provient du réservoir du Bois de la Bâtie. Cochliopndium firanulatiim Penard. 18!)0. J'avais récolté cette espèce pour la première fois à Wiesbaden, en 1889; depuis ce temps je l'ai revue de temps à autre, et c'est surtout dans le lac de Genève, soit dans la profondeur (30 à 40 mètres), soit sur les rivages, que j'ai rencontré les exemplaires les plus beaux et les plus nombreux. La taille est bien supérieure à celle des espèces qui viennent d'être décrites; elle varie, pour la longueur de l'enveloppe, généralement entre 70 et 90 p.; mais, avec pseu- dopodes déployés, elle arrive facilement à 120 a et plus encore. Le corps est variable de forme suivant le moment, sphérique ou ovoïde, ou presque pyriforme, parfois étalé en patelle pendant la marche, mais même dans ce cas encore avec un dôme arrondi assez épais et dans la règle traînant en arrière (fig. 5). Les déformations sont en sonnoe bien moins considérables que dans les espèces précédentes; mais la membrane n'en est pas moins fort souple, et dans des cas spéciaux elle présente des changements remarquables. La iig. 2 montre par exemple un individu déformé à son sommet par la présence d'une grande diatomée ; cet individu, disons-le en passant, a été trouvé en train de se débarrasser d'une diatomée ovale digérée; cette dernière était alors renfermée dans une vacuole à paroi bien distincte, (jui se fit jour au dehors et éclata en expulsant son contenu ; puis la membrane de la vacuole se ratatina sur elle-même et rentra dans l'intérieur de l'enveloppe. La fig. 3 montre un autre individu moulé couiijlètement sur une diatomée encore plus grande, et qu'il est sans doute en train de digérer; la bouche s'est alors si bien refermée, qu'il serait impossible d'indiquer sa })osition, si les vacuoles, toujours amassées dans cette espèce en grand nombre près du i)éristome, ne nous la montraient pas. Dans la fig. 4, qui n'est représentée que dans ses contours, l'animal, trouvé ])ossesseur de deux grosses diatomées trapues, se prépara à les exi)uiser, tout en restant moulé sur elles. GENRE COCHLIoruDUlM 195 et en s'étrangiaut eu arrière. Mais arrivé là il renon(;a à son projet et moi à mon examen. Cette membrane est très distincte dans son double contour, cbxire mi pbis sou- vent jaunâtre, sauf à la bouclie où elle s'amincit et devient hyaline, striée en travers, les stries correspondant aux limites de sépara- tion de petits grains logés dans son épais- seur. Elle est assez ferme et résistante, et à l'occasion, par exemple sous l'ac- tion d'une brusque com])ression , qui fait éclater l'ani- mal, on la voit déchirée en une sorte de peau. Le plus souvent aussi, elle est revêtue de petits débris ou de grains amorphes Inillants, qui y sont collés. Comme nous l'avons vu, la bouche peut se fermer complètement, tout au moins à la vue, lorsque par exemple l'animal effrayé se met en boule; mais la membrane ou le voile buccal peut aussi s'étaler largement en une bordure claire tout autour de l'individu fixé sur sa face orale. On voit alors, dans ces occasions, le plasma pseudoi)odique s'étaler aussi, puis se diviser en pseudopodes nombreux, allongés, déchiquetés, pointus, mais qui peuvent parfois aussi couler temporairement en ondes (tig. 1). D'autres fois j'ai rencontré des pseudopodes droits et lisses, comme dans la tig. 2, souvent encore plus longs et plus nombreux. Dans cette espèce l'enveloppe n'est pas nécessairement moulée sur le plasma; on y voit souvent des vides, ou des espaces libres entre le corps et la membrane. Cochliopodium granulutum. — 1. Animal étalé, vu d'en liant. — 2. Autre aspect, vu de côté. — 3. Animal complètement retiré dans son enveloppe. — 4. Enveloppe déformée par deux diatomées. — 5. Individu rampant. — 6. Noyau. 196 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN La partie antérieure renferme toujours et sans exception un nombre considérable de vacuoles, souvent très grandes, et si nombreuses que par leur pression réciproque elles donnent lieu à la formation d'une écume à structure alvéolaire. En outre, on trouve parfois une ou deux vésicules contractiles normales. Le noyau, dont la place normale est en arrière, au fond de la coque, est sphérique ou légèrement ovoïde. On ne peut guère rexamiiier qu'a])rès l'avoir fait sortir de l'animal par compression; il se voit comme une masse grisâtre pointillée; ces ponctuations rondes représentent alors, si j'ai bien examiné, des petits nucléoles très nombreux répandus dans un magma poussiéreux. Cochliopodium echiiiat/iin Korotneeff (59). Cochliopodium cestititm i. p. Archer {'!). Cette espèce est de petite taille, 35 ^i. en moyenne, et, bien que susceptible de déformations assez considérables, semble toujours garder une forme à peu près sphérique ou ovoïde, i)arf()is quebpie i)eu comprimée de haut en bas, mais sans jamais s'étaler comme une patelle. La membrane est fine mais bien nette, et toujours plus ou moins jaunâtre ; on y remarque les stries transversales, ainsi que les séries de ponctuations caractéristiques. Cette enveloppe est largement ouverte à la face ventrale de l'animal, où souvent on la voit ])endre comme un voile (fig. 3) autour des ])seudoi)odes; mais elle peut également, comme dans les espèces précédentes, entourer comme d'un tube la base de ces derniers (fig. 4 et 5). Jamais cependant aucun pseudopode ne semble se faire jour ailleurs qu'à la face inférieure ou buccale. L'enveloppe peut cependant s'ouvrir momentanément sur une région quelconque de la surface, et c'est ainsi que je l'ai vue se trouer pour laisser passer un petit amas de nourriture et se refermer plus tard, absolument comme cela se passe dans les Héliozoaires à cuirasse. Ce qui distingue le Cochliopodium ecfiiiiat/nii de toutes les espèces que nous avons GENRE COCHLIOrODIUM 197 étudiées jusqu'ici, c'est la présence de soies ou aiguilles, très fines mais bien nettes, hyalines, non siliceuses, longues et acérées, droites ou parfois légèrement recourbées, qui recouvrent le corps entier à Texception de la face buccale, et sont dirigées normalement à la surface du corps. Ces soies rigides, lors- qu'on les examine très atten- tivement et longtemps, chan- gent très lentement de place les unes par rapport aux autres, et même quelquefois semblent disparaître tem- porairement sur certaines régions de l'enveloppe. Mais j'ai fini par me convaincre qu'il n'y avait là qu'une apparence, et que ces mo- difications provenaient de légers mouvements ou dé- formations de la membrane, qui en agissant sur les bases des aiguilles produisent naturellement des effets bien plus prononcés à leur pointe. Ces aiguilles se présentent avec l'apparence de fils de verre étirés à la lampe, et non ])as connue des aiguilles indépendantes, par exemple celles des Eufjhjplia. Comme toute la membrane, d'ailleurs, elles sont rapidement dissoutes dans l'acide sulfurique concentré. Elles me paraissent être faites d'un protoplasma durci, ([ui a pris la consistance de la chitine. Quant à leur mode de formation, et en me basant sur des observations faites sur d'autres Rhizopodes (surtout CochJiopodium ennacenni), je m'imagine qu'à l'origine elles poussent connue des pseudopodes très fins ([ui. une fois formés, se durcissent rapidement. Les pseudopodes sont variables de forme, tantôt fins et presque filamenteux, tantôt plus larges, rappelant ceux des Ditfiugies. J'ai vu se former une fois dans cette espèce Cochliopuâium echinatum. — 1. Animal vu d'en liaut. — 2. Un autre, de côté. — 3. Autre aspect, décote. — 4. 5. Pseudopodes, accompagnés de la membrane. — 6. Une des aiguilles de l'enve- loppe. 198 FAUNE RHIZOPODIQUE DU DASSIN DU LÉMAN un prolongement d'une nature toute particulière, et qui probablement n'a pas la signifi- cation d'un pseudopode véritable : il se produisit à la surface buccale de l'animal un jet lent et continu de plasma, qui finit par former un bras épais et trois fois aussi long que le corps entier de Tanimal. Mais après quelques minutes ce bras était comme figé, dur, et d'un bleu opalisé, puis, au moment où arriva un petit courant d'eau, il se ramassa sur lui- même et rentra dans la masse. Le noyau est très gros, ovoïde plutôt (jue spliérique. et en apparence compact et granulé; mais je nai pas réussi à l'isoler et à l'étudier en détail. Sa place normale est, comme dans tous les noyaux des Rhizopodes testacés, à peu prés au fond de l'enveloppe. On remarque toujours à la surface du plasma un certain nombre de vacuoles rondes, qui dans la règle finissent par se réunir en une vésicule contractile énorme. Le plasma renferme encore des grains brillants, amorphes, nombreux, })uis des granulations très petites, et en général peu de proies. Dans ce plasma se produisent des mouvements en masse, mais très lents, qui réagissent sur l'enveloppe en la déformant. Cette espèce est rare ; je l'ai trouvée à Berncx, à Lossy, et dans le lac de Genève. KOROTNEEFF, qui l'a découverte, n'en a donné (ju'une description très écourtée, mais suffisante pourtant ])our reconnaître l'espèce. Il n'y a trouvé ni vacuoles, ni vésicule contractile. VochJiopodium vestitum Archer (2). A'iHjphi^onella restifa AliCREK (2), 1871. Codiliopodium pilosum Hertwig et Lesser (ïu) CochHojmUiim resfit/im Archer (2), 1877. Sous le nom de Amphizo)iella vestita. puis plus tard de CodiUopodmm vestitum, Archer a décrit une espèce revêtue de soies, et dont il distingue une variété verte et une variété incolore '. Leidy a retrouvé ces deux variétés en Amérique. Hertwig et 'Qu'il ideiitilie d'ailleurs toutes deux, et eertaiuemeiit à tort, avec le Cochliopodiiim bilimbosum. GENRE f'OCHLIOPODIUM 199 Lesser n'ont pas eu roccasion d'examiner cette espèce, qu'ils décrivent d'après Archer, mais sous le nom nouveau de CochJiopodium 2)ilosmn, sans doute parce qu'ils considéraient que le CochUopodium resfitum de Ariïïer se rapportait avant tout au CocltHopodium hilimbosiim, et qu'il fallait séparer ces deux formes. Leidy a cependant repris la qualification de restifiim donnée ])ar Archer, et c'est elle que je garderai également. Mais s'il est très facile de distinguer le CochUopodium vestlfum du CocJdiopodiimi hdimhosum, il n'en est plus de même pour la distinction entre le CochUopodium vesUtuni et le CochUopodium echiticdtim, de Korotneeff. Ce dernier ne me parait avoir rencontré qu'une forme, celle qui ne possède pas de chlorophylle, tandis que Archer, puis Leidy, en ont vu deux, l'une d'elles caractérisée par la présence , , u , , deZoochlorelles. Après avoir examiné un nombre considé- rable d'individus, je crois pouvoir dire qu'il y a là deux espèces véritables, vivant quelquefois, il est vrai, mais pas nécessairement, en com- pagnie l'une de l'autre, mais toujours distinctes. Sous le nom de CochUo- pndhtni resfitum, je ne con- sidérerai donc que la variété verte indiquée par Archer '. Le CochUopodium vesUtum- est de taille égale k celle de l'espèce précédente, en moyenne de 35 p.; cependant cette taille est extrêmement variable, car l'aninuxl est suscep- tible de gi-andir connue une Amibe. Les petits individus n'ont alors souvent pas plus de 20,u. tîi.-.ti, H% Gochliopodium restilum. — 1. Indiviilu vu de côté. — 2. Extrémité orale, vue de coté, avec le voile et les tubes par lesquels passeront les pseudopodes. — 3. Vésicule contractile se faisant jour à travers la membrar>e. — 4. a, b, c. Pseudopode se retirant. — 5. Noyau. ' Il ne serait pas inipossilile non plus que mon CochUopodium vert, ici décrit, ne représentât ni l'une ni l'autre des variétés de AiiutiEU, et fut quelque chose de nouveau. Mais ni Archer, ni Lkidy. ni encore moins Korotneeff, n'ont fourni des renseignements sutlisanls pour nous |iernietlre de sortir du vague. 200 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Le corps, bien que changeant, est beaucoup moins plastique que le Cochliopodium echinatum; sur dix individus que l'on rencontre, neuf peut-être sont presque absolument sphériques, et gardent cette forme aussi longtemps qu'on les examine. L'enveloppe est très fine, très nette dans son double contour, striée en travers, et garnie des mêmes aiguilles ou soies, hyalines, et (pii m'ont paru constamment ici moins longues en même temps que plus nombreuses. L'enveloppe est plus claire aussi, d'un jaune citron très délicat et souvent à pehie sensible. Elle est très mince et transparente à la bouche, où presque toujours on la voit pendre en un voile court, finement pointillé, quelquefois urcéolé comme dans la fig. 1, plus souvent tout droit comme dans la fig. 2. Cette collerette hyaline protège alors la base des pseudopodes, mais ces derniers le plus souvent sont, malgré la présence du voile, entourés d'un étui ou tube court ouveit à son sommet pour les laisser passer. Ces pseudopodes sont presque toujours bien plus fins que dans l'espèce précédente, pointus, très vifs dans leurs mouvements, et très pâles ; la base du pseudopode, renfermée dans l'étui, se montre d'un bleu opalescent. La fig. 1 représente des pseudopodes plus lar- ges qu'ils ne le sont ordinairement; cependant il m'est arrivé ici aussi d'en voir se déployer un seul, très long et large, opalescent, et en apparence d'une nature particulière. La fig. 4 représente en a. h et c un pseudopode se rétractant et regagnant lentement Tinté- rieur de l'enveloppe. Un autre caractère de cette espèce, c'est la présence normale de plusieurs vésicules contractiles, sur les côtés et plus souvent près du sommet de l'enveloppe. On en voit géné- ralement trois, quatre et même plus. Elles sont très distinctes et très belles, et pendant la diastole repoussent d'abord la membrane, puis la percent (plutôt disons que la membrane s'ouvre devant elles) et font saillie au dehors, (tù elles se ferment de la manière ordinaire. La fig. 3 représente une vésicule contractile qui faisait si fortement saillie, qu'elle était presque tout entière hors de l'enveloppe; pourtant elle se vida sans que rien absolument n'eût pu faire croire à un épanchement quelconque de liquide h l'extérieur. En outre le plasma renferme une grande quantité de vacuoles beaucoup plus petites, visibles seulement après compression. Il faut aussi mentionner comme caractéristique la présence constante, dans le tiers an- térieur du plasma, d'une zone de grains jaunâtres ou plutôt verdàtres, très brillants (fig. 1 et 2). GENRE COCHLIOPODIUM 201 Enfin cette espèce est toujours bourrée de Zoochlorelles, d'un vert d'herbe, analogues à celles des Difflugies, et qui par leur réunion en masse font prendre au premier coup d'œil ce CochJiopodinni pour une petite algue ronde. Le noyau ne se voit pas sur le vivant, ou ne se laisse pas deviner, caché qu'il est par les Zoochlorelles et les inclusions. Mais j'ai réussi deux ou trois fois à l'isoler; il est sphérique ou à peu près, et renferme un gros nucléole central ponctué, noyé dans un suc nucléaire où l'on remarque aussi de fines poussièi'es, près de la membrane nucléaire (fig. 5). J'ai récolté cette espèce à Bernex, à Lossy, et dans le petit marécage de l'Asile des Vieillards. Dans cette dernière localité, il habitait par milliers et milliers des paquets na- geants de nostoccacées. On y voyait beaucoup de jeunes, conformes aux adultes mais plus délicats, et avec des cils si ténus qu'on avait toutes les peines du monde à les distinguer. Enfin des plus jeunes encore n'étaient plus que des Amibes, avec un corps rond et des pseudopodes larges et rampants, parfois sans Zoochlorelles et toujours sans cils visibles. On pouvait du reste constater tous les passages entre ces tout petits individus et les adultes. Si nous récapitulons les caractères qui distinguent cette espèce du Cochliojiodium echinatum, nous les résumerons coumie suit : Forme moins changeante ; membrane plus claire, à cils moins longs, et à voile carac- téristique; vésicules contractiles nombreuses, repoussant la membrane; toujours des Zoochlorelles; zone de grains brillants à la partie antérieure du plasma; pseudopodes plus fins et plus longs. Malheureusement si j'ai examiné un nombre considérable de représentants de cette forme verte, je n'en puis dire de même pour ce qui concerne le CochUopodimn echhmtum, dont j'ai aperçu peu d'individus, et il est possible que dans cette dernière espèce on retrouve, après examen plus approfondi, quelques-uns des caractères différentiels indi- qués. Aussi l'autonomie de chacune de ces formes n'est-elle pas encore parfaitement certaine. 26 202 FAUNE RHIZOPODIQUE DF BASSIN DU LÉMAN CochJiojwcUnm erinaceum spec. nov. Cet organisme est très petit; à l'état arrondi il ne mesure guère que 21 jx et arrive à 25 jM sous sa forme étalée. C'est à peine si l'on peut voir en lui un Cochliopodhm, et il semble plutôt servir de transition entre ce genre et les véritables Amibes. Sa forme la plus na- turelle est probablement celle que représente la fig. 1, c'est-à-dire celle d'un dôme élevé, rétréci à sa base; on voit alors sous cette forme l'animal entouré d'une membrane d'un vert jaunâtre clair, à double contour, mais non ponctuée ni striée. Cette enveloppe est couverte elle-même de prolonge- ments déchiquetés ou de dents irrégulièrement dessinées, pointues à leur sommet. Ces prolongements, rigides d'apparence, sont pourtant de nature protoplasmique, car ils changent lentement de forme et se déplacent. On les trouve nombreux surtout au sommet du dôme où ils peuvent former une véritable touffe. La fig. 1 montre ces denticulatious vues de côté et la fig. 5 sur un individu examiné de haut en bas. Mais si nous suivons un instant un exemplaire pareil à celui que montre la fig. 1 (de côté) ou la fig. 2 (d'en haut), nous le voyons bientôt s'élargir à la bouche, puis s'y étaler toujours plus, en même temps que l'enveloppe s'efface peu à peu à la vue; les pseudopodes qui, d'abord, étaient demi-coulants, demi-pointus et déchiquetés, se répan- Cochliopodium erinaceum. — 1. Individu vu de côté. — 2. Le même, vu d'en haut. — 3. Le même, se déformant. — 4. Le même, sous sa forme amiboïde. — 5. Fragment d'un des côtés, avec pseudopode, et prolon- gements spiniformes. — 6. Noyau. (iENliE COt'HLlOruDIUM 20;-5 dont fil larges oiidt's, on iiiônio tenii)s qu'il on pousse, sur roctosarc antérieur on mou- vement, d'autres plus longs et étroits (fig. 3), semblables à des tentacules. Enfin l'ani- mal s'étale toujours plus, avance d'une marche assez rapide par des ondes pourtant épaisses et perd toute trace de membrane. Quant aux prolongements denticulaires, ils sont peu à peu remplacés par une houppe serrée de filaments (fig. 4) '. Nous n'avons plus alors qu'une Amibe, sans rapport aucun avec un Cochliojwdi/uii typique. Les fig. 1 et 4 représentent les deux termes extrêmes examinés sur un individu, à vingt minutes de distance; les fig. 2 et 3 sont des termes moyens, choisis dans une série de treize croquis pris pendant ce même temps. Le plasma renferme une grande quantité de petits grains brillants, puis un noyau sphérique, à gros nucléoles mats. On trouve également à la surface un certain nombre de vésicules contractiles qui, en s' agrandissant, repoussent devant elles la membrane. Je n'ai malheureusement trouvé que deux individus se rapi)ortant à cette espèce; l'un d'eux a été suivi très longtemps et dans toutes ses phases; l'autre, parfaitement semblable d'ailleurs, était sphérique, entouré de tous côtés par son enveloppe denticulée, et n'a pas consenti à se développer; mais ses vésicules contractiles fonctionnaient régu- lièrement. Ces deux individus provenaient de sphagnum récoltés sous la neige, le 27 jan- vier 1901, aux Pitons, sur le Salève, à 1350 mètres d'altitude. J'ai hésité, du reste, à regarder cet organisme comme représentant un CochUo- jjO(?i«w; peut-être y aurait-il là une petite Amibe, enkj^stée d'abord puis se déployant? Mais l'apparence est plutôt favorable à la première opinion, et je crois devoir men- tionner ici cette espèce, au moins à titre provisoire. CochliopodtKm obsainn)i Penard 1890 (85). En 1890, j'avais trouvé cette espèce à Wiesbaden, mais représentée par quelques individus seulement, et la description que j'en avais donnée, quoique exacte, était un 'Dans les lig. 3 et 4, qui sont tournées dilTéremmcnt, la jiartie postérieure de l'iiidiviiiu est repré- sentée dans le premier à gauche, dans l'autre à droite, comme on l'aura d'ailleurs facilement reconnu. 204 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN peu incomplète. Je l'ai retrouvée, au mois d'août 1900, à la Pointe-à-la-Bise, sur les rivages du lac, puis à l'Asile des Vieillards, en mars 1901. Dans ces deux localités elle était extrêmement abondante. Pour étudier cette espèce, nous pouvons partir de la forme de patelle (fig. 1) qu'elle semble toujours revêtir pendant la marche. L'animal se présente alors à première vue comme un disque bien rond, noi- râtre à un fort grossissement. Au centre du dis- que on voit un espace circulaire beaucoup plus foncé que le reste, et en abaissant ou élevant l'objectif on peut s'assurer que cette zone centrale repré- sente un dôme assez élevé, sous lequel est logée la masse principale du plasma. Ce sont les contours de ce dôme qui présentent la limite la plus foncée, par le fait soit d'ombres naturelles, soit surtout de ce que l'enveloppe, vue en plongeant, se montre sous une plus forte épaisseur. De côté, l'animal se présente alors connue sur la fig. 2, mais avec des rebords plus étalés. Les limites externes du disque représentent alors les bords de la membrane. Cette dernière est une sorte de peau jaunâtre et transi)arente, extrêmement souple, ni striée Cochliopodium ohscurum. — 1. L'animal étalé. — 2. Un autre, vu de côté. — 3. Le même, ramassé, avec le type pyriforme. — 4. Le même, plus tard. — 5. Un autre, étalé. — 6. Aspect de la surface. GENRE COCHLIOrODIUM 205 ni ponctuée, mais revêtue d'une armature serrée de grains brillants, amorphes, jamais anguleux, très réfringents sur leurs bords (iig. 6), qui sont collés ou piqués sur l'enve- loppe et y adhèrent intimement. Ce sont ces grains qui, par leur nombre et leur réfrin- gence, donnent à la membrane un aspect noirâtre ; mais vus un à un, ils sont clairs ou jaunâtres. Parfois ils se trouvent mêlés de petits débris et poussières de différente nature, et forment avec eux un feutrage épais, quoique la membrane projjrement dite soit assez mince elle-même. De cette enveloppe patelliforme on voit s'étaler une auréole d'ectosarc déchiquetée, et divisée par des bras ou pseudopodes raj-onnants, plus ou moins longs et larges, quel- quefois presque filiformes; parfois cette auréole claire ne dépasse pas la membrane, et l'on voit sortir de dessous cette dernière des pseudopodes très tins et allongés. Il peut y avoir aussi en même temps deux sortes de pseudopodes, larges et aigus surtout en avant, longs et étroits surtout en ai'rière (Iig. 5). Toute l'enveloppe est susceptible de déformations considérables, qui toutes sont basées sur un resserrement des bords libres de cette membrane autour d'une bouche, fictive ou véritable suivant le cas. La forme de patelle est le mode habituel de locomotion sur une surface plate ; lorsque l'animal rampe sur une fibre ou tige végétale, il prend la forme d'un chapeau allongé (fig. 2), puis, suivant le besoin, il se resserre si bien qu'il en devient pyriforme (fig. 3). D'une manière générale, on peut dire que les pseudopodes sont d'autant plus longs et étroits que l'enveloppe est plus ramassée sur elle-même et que la bouche est moins large; et les individus pareils à la fig. 3, qui se voient fréquemment, portent dans la règle des pseudopodes filiformes, qui peuvent les faire passer pour des représentants du genre Pseudodifflugia. Les fig. 3, 4, et 2, qui représentent le même individu et ses changements dans l'espace de trois mimites, illustrent assez bien les caractères de cette espèce. L'animal trouvé sous la forme 3 et avec une bouche extrêmement étroite, s'accrocha à une tige d'algue et s'y allongea, en s' ouvrant en arrière comme d'une seconde ouverture (4), puis finit par se déployer en chapeau (2) et passa ensuite par toutes sortes d'évolutions diverses, mais qu'il est inutile de rappeler. Cette membrane n'est probablement pas susceptible de se développer en tubes autour des pseudopodes fins, car les pierres et les écailles qui la revêtent s'y opposeraient, 206 FAUNE RHlZOrODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN mais elle peut le faire sur la base crmi faisceau tout entier; un jour j'ai vu se i)roduire un tube bien net autour d'un i)seudopode étroit, mais ce tube était très clair et mince, et formé simplement d'ectosarc ordinaire, sans que la membrane réelle eût contribué à sa formation. Le noyau ne se voit sur le vivant (jue conmie une tache centrale, sous le sommet du dôme; mais j'ai pu par compression de l'individu en isoler un. Il était subsphérique, possédait une membrane imcléaire fine, une zone de suc imcléaire cendrée et renfermant quelques poussières, et un gros nucléole à contours particulièrement nets et bien marqués; ce nucléole laissait voir des points clairs qui devaient représenter des petites vacuoles ou lacunes. Le diamètre du noyau, légèrement comprimé, était de 10 u. On remarque toujours aussi dans le corps une grande vésicule contractile. Lorsque par compression on a fait sortir le plasma, on y trouve également des vacuoles rondes, qui cherchent à se réunir en une seule, c'est-à-dire à se joindre à la vésicule contractile normale. Enfin le corps renferme dans la règle une grande (pantité de petits grains brillants jaunes. Le diamètre ordinaire de l'animal est à l'état globuleux de 25 à 30 ^u.; étalé en patelle, il arrive, d'un bord à l'autre de la membrane, mais sans y comprendre les pseu- dopodes, à 50 u environ. Genre ParmuUna Gen. nov. J'ai rencontré à deux reprises différentes, et en grande abondance, une Amibe protégée par une carapace rigide, hémisphérique, qu'il m'a été impossible de rapporter à aucun des genres existants. Elle se rapprocherait pourtant du genre PyxidimJa de Ehrenberg, mais par sa forme générale seulement, et en diffère trop en réalité pour que l'on puisse songer à la joindre à cet organisme. Par contre VAmœba ohtecta de Gruber, que la présence d'une enveloppe véritable distingue franchement des vraies Amibes, me GENRE PARMULINA 207 parait présenter avec elle une parenté suffisamment rapprochée pour que ces deux espèces puissent être réunies en un même genre. Le genre ParmnHna serait donc représenté par des Amibes entourées d'une membrane en forme de coupe, sans dessins ou ponctuations symétriques, revêtue de débris agglutinés qui peuvent arriver à former un véritable feutrage. Dans la rarmnUna cyuthiis renveloi)pe est tout entière rigide; dans la ParmuUna ohtecta, elle est souple à la bouche. ParmuUna cyathus spec. nov. Cette espèce ne semble habiter que les mousses, et peut-être même seulement celles des bois et des haies, à l'exclusion des mousses aquatiques. Je l'ai trouvée en grande abondance sur le talus d'un chemin très ombragé, à Chougny, puis à Florissant. Elle est revêtue d'une coquille hémisphérique, transparente, à peine jau- nâtre, chitinoïde, et rigide. On pourrait donc la com- parer à l'une des moitiés d'un ballon de verre coupé par le milieu. Le bord de cette sorte de coupe est rigide, inca- pable de se reployer en dedans. Ce rebord est très mince, mais doublé, tout près de l'ouverture, d'une ligne circulaire, qui semble représenter un épaississement, et probable- ment marque la limite de l'enveloppe véritable. Au delà de cette limite, il n'y aurait plus qu'une expansion mince, plus ou moins dessinée suivant les individus. Dans la tig. 4, qui ParmuUna cyathus. — 1. Aspect habituel, de côté. — 2. Autre aspect, avec plasma soi-tant. — 3. Uu autre, vu par sa face orale. — 4. Co- quille vide. — 5. Coupe de l'enveloppe. — 6. Noyau. 208 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN représente une coquille vide retournée, on distingue très bien cette ligne circulaire qui court tout le long du bord. Mais la coquille ne reste jamais telle qu'elle vient d'être décrite; elle est toujours revêtue de petites écailles d'origine étrangère, fragments quartzeux plats, puis de débris et de poussières de toutes sortes, qui peuvent être plus ou moins abondants, et finissent quelquefois par former un véritable feutrage. Les fig. 1, 2 et 4 montrent des exemplaires où la membrane n'est couverte que de peu de débris; dans la fig. 3 ces derniers forment une couclie feutrée très forte. La fig. 5 représente une coquille qui avait été soumise à l'action de l'acide sulfurique, et vue de côté; on y distingue une membrane lisse à double contour, recouverte elle-même d'une couche de matière liyaline sur laquelle font saillie de nombreux petits débris collés. Le plasma se voit la plupart du temps en boule à l'intérieur, ou bien à moitié sorti de la coque, comme dans la fig. 2, où il se produit une onde courte de plasma clair; dans la fig. 3, où l'iiulividu est vu par dessous, la masse du corps est reliée à la membrane par des prolongements anguleux, ou épipodes. La fig. 1 montre une onde de plasma courant le long du bord. Quant à de véritables pseudopodes, je n'en ai jamais aperçu; l'animal semble toujours ramper à la manière d'une patelle, et sans doute avec une lenteur désespérante, car je ne me rappelle pas l'avoir vu se déplacer d'une manière évidente. La plus grande partie des individus trouvés avaient l'apparence de la fig. 2 ; le plasma arrondi en boule était à moitié ou presque entièrement sorti de la coquille. On voyait toujours alors dans ce plasma un grand nombre de poussières jaunâtres, quelques débris qui devaient représenter de la nourriture digérée, parfois des grains brillants (amylum?), une vésicule contractile et un noyau. Ce dernier s'est toujours montré dans une position excentrique, c'est-à-dire logé non pas sous le milieu de la coque, mais un peu sur le coté (fig. 3). Il renferuie un nucléole central, compact, et relativement petit (fig. 6, où le nucléole est cependant d'un volume inférieur à la normale). Le diamètre de la coquille cliitinoïde varie entre 40 à 45 a environ, mais il peut arriver à 60 p^, quand le feutrage de recouvrement est très fort. GENRE PARMIILINA 209 Parm/iîina obfecfa Gruber si^ec. Amœba obtecta Gruber (44). Gruber a trouvé son Awœha ohteda dans un aquarium d'eau de mer. Il la décrit comme une Amibe de 30 à 40 y, pourvue d'une enveloppe formée d'une substance mucila- gineuse jaunâtre, qui semble durcir toujours plus dans l'eau; la partie la plus interne de l'enveloppe est la plus consistante. Cette enveloppe est également recouverte d'un feutrage de petits débris. Gruber n'a pu observer qu'une seule fois de véritables pseudopodes; c'étaient des prolongements émoussés dont l'un se divisa à son sommet. On ne voyait pas de vésicules contractiles, et Gruber attribue le fait à ce que cette Amibe est une forme marine. Cependant il existait de petites vacuoles. Le noj^au n'était visible qu'après l'action des réactifs. L'organisme que j'ai rencontré moi-même, à Mategnin et au Bacliet-de-Pesay, en individus nombreux, présente de telles analogies avec l'Amibe de Gruber qu'on ne peut hésiter à l'identifier spécifiquement avec elle ; mais il me parait nécessaire de le retirer du nombre des Amibes vraies, pour le faire rentrer dans le voisinage de l'espèce précé- dente, c'est-à-dire dans le genre Panntdii/a. L'enveloppe est ici encore en forme de cupule, mais beaucoup plus profonde. Elle est composée d'une matière jaunâtre, en apparence mucilagineuse, dans laquelle sont noyées des parcelles très petites de nature diverse, ou de petites écailles de l)oue, (jui forment un feutrage plus ou moins épais, mais dans la règle assez clair pour que l'on puisse distinguer le plasma à travers la membrane. Cette enveloppe semble plus ou moins consistante suivant les régions; en arrière elle est presque rigide, mais en avant, sur ses bords ouverts, elle est plus claire et plus mince, 27 /? °'M) ParmiiHna ohtecta. — 1. L'animal vu de côté, avec un pseudopode. — 2. Un autre, avec plasma presque tout entier sorti de l'enveloppe. — 3. Enveloppe fermée. 210 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN et d'après certaines apparences on peut conclure qu'elle peut se fermer à la bouche (fig. 3). Je n'ai pu que deux fois constater la présence de véritables prolongements pseudo- podiques. Dans la lig. 1 , on voit un bras analogue à celui des Difflugies ; la lig. 2 repré- sente un exemplaire où l'animal semblait vouloir sortir de son enveloppe, à laquelle il est pourtant encore attaché en arrière par un épipode. Dans tous les individus examinés, j'ai trouvé soit plusieurs vésicules contractiles, soit une seule très grosse. Il est intéressant de constater la présence de ces éléments dans l'eau douce, en même temps que leur absence de l'eau salée, d'autant plus qu'on peut se demander si les Amibes de Gruber, bien que vivant dans l'eau de mer, n'avaient pas en définitive été apportées de l'eau douce, à Fribourg-en-Brisgau, où se trouvait l'aquarium qu'elles habitaient. Dans cette espèce, mes observations sur le noyau ont donné des résultats quelque peu contradictoires : au Bachet-de-Pesay, où l'animal vivait dans un petit ruisseau, j'ai toujours entrevu à travers l'enveloppe, sur le vivant, un noyau unique très gros, qui après coloration au carmin montrait soit un nucléole grand, central, soit deux, soit trois, soit une douzaine de nucléoles plus petits, et toujours de taille d'autant plus faible qu'ils étaient plus nombreux. A Mategnin, dans un marécage, sur trois individus examinés, l'un m'a montré, sur le vivant, un seul noyau, bien plus petit que dans la première localité; les deux autres, vus après carmin, en renfermaient deux ou trois, peu distincts. La taille de la ParniuUna obfecfa est très variable, allant du simple au double sui- vant les individus; la moyenne en est de 30 ^ environ. Genre Bifflngia Leclerc, 1815. Les genres Corycia, PseudochJamys, CocMioiiodimn, nous ont montré des Amibes recouvertes d'une membrane souple, déformable et plus ou moins bien dessinée ; dans la I'armalina cette membrane était déjà presque rigide, mais nous n'avions pas encore là des Rhizopodes positivement testacés, à coquille solide, enfermant l'animal de toutes parts GENRE DIFFLUGIA 211 sauf sur un espace étroit où s'ouvre une bouclie permanente. C'est avec le genre Difflurjia que nous arrivons aux véritables Rhizopodes h coquille, et pour indiquer les traits caractéristiques de ce genre complexe je ne saurais mieux faire que de reproduire, mais avec quelques modifications', la diagnose donnée par Bûïschli. « Coquille incrustée de corps étrangers, qui sont agglutinés par une matière cliiti- « lieuse et peut-être aussi plutôt protoplasmique (surtout des grains de sable et des frus- « tules de Diatomées). Forme assez variable, régulière, monaxone, sphérique ou allongée, « parfois étirée en pointe à la partie postérieure, ou bien ornée de plusieurs appendices « en forme de cornes, symétriques ou asymétri(iues. Bord de la bouche parfois recourbé « en dedans ou en dehors, ou bien crénelé de différentes manières. Plasma ne remplissant « ordinairement pas entièrement la coque l Pseudopodes lobés, rarement quelque peu « déchiquetés. Vacuoles et noyaux en nombre très varié. Nombre des espèces très consi- « dérable, cependant ditticile à déterminer à cause de la grande variabilité du genre; « jusqu'ici il n'y a guère qu'une douzaine et demi de formes qui puissent être retenues « comme bien typiques. » Le genre Bifflugia est en effet extraordinairement complexe. Il en existe sans aucun doute un nombre considérable d'espèces parfaitement fixées et autonomes ; mais comme ces espèces ont toutes ce trait commun d'être recouvertes de particules étrangères de même nature ou à peu près, il n'y a à première vue que la forme de la coquille qui puisse les distinguer, et comme cette forme est souvent fort rapprochée d'une espèce à une autre et en même temps quelque peu variable suivant l'individu, les confusions sont extraordinai- rement faciles. Cependant la théorie de la variabilité presque illimitée de la coquille, et du passage très aisé d'une espèce à une autre, théorie qui longtemps a régné en maître, est aujourd'hui fortement battue en brèche, et les observateurs qui se sont le plus occupés du sujet, comme Rhumbler, Gruber, Frenzel, et tant d'autres, insistent sur la perma- nence des caractères spécifiques chez ces petits organismes. Pour mon compte, après une longue expérience du genre Diffl/igia, je suis convaincu non seulement de la richesse de ' Dues à ce que BCtschli y fait rentrer les genres Ncbela et Ontiopyris. - Je me servirai indiiréremnient, dans tout le cours de cet ouvrage, soit du nom de coquille, soit du terme de coque, emprunté à la botanique, mais qui souvent a été employé pour l'enveloppe rigide des Rhizopodes. 212 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN ce genre en formes spécifiques bien autonomes, mais encore de la possibilité de détermi- ner sans trop de difficultés, au moj'en de caractères suffisamment nets et permanents, la plus grande partie au moins des Difflugies. Il en existera, il est vrai, sans doute longtem])s encore un certain nombre dont les caractères ne seront pas assez bien indiqués pour qu'on puisse les séparer en espèces distinctes, mais une étude consciencieuse de l'animal tout entier, de son noyau, de ses pseudopodes, des ornements de sa coquille, de la physio- logie même de l'espèce, ne pourra manquer de donner des résultats encourageants. Bien des travaux, d'ailleurs excellents sous d'autres rapports, n'ont fait que mettre un peu plus de confusion dans ce sujet déjà si complexe. Les deux observateurs qui se sont probable- ment jusqu'ici le plus occupés du sujet, Ehrenberg et Leidy, ont à cet égard péché dans un sens dittérent. Ehrenberg a décrit un noud)re considérable de Difflugies, sur le vu de la coquille seule, et examinée même dans ses seuls caractères généraux ; aussi est-il impossible maintenant d'identifier plus qu'une partie très restreinte des es])èces qu'il a créées. Leidy a beaucoup plus observé les détails, mais s'en tenant, à ce qu'il semble malgré lui, à la tliéoiie de la variabilité excessive, il a réuni sous le même nom parfois trois ou quatre formes parfaitement différentes, et le beau volume où il a consigné ses observations, s'il permet à chaque page d'admirer l'homme et l'observateur, n'a pas eu les résultats que le professeur américain était en droit d'espérer. Je vais essayer à mon tour de décrire les Difflugies des environs de Genève, et j'es- père pouvoir indiquer pour la plupart d'entre elles des caractères suffisamment certains pour ajouter quelques faits de valeur à ceux que l'on coiniaît àéjh. Je n'ai considéré en tout cas comme espèces que les formes qui m'ont paru bien fixées, et j'ai cité comme varié- tés celles qui tout en paraissant jouir d'une réelle autonomie pi'ésentent avec l'espèce type des analogies trop rajjprochées pour qu'une séitaration paraisse désirable. Si nous faisons abstraction du noyau, et parfois aussi des pseudo]wdes, nous recon- naîtrons qu'il existe très peu de caractères spécifiques à retenir du plasma des Difflugies. Ce plasma est toujours à peu près le même, chargé de grains d'excrétion, de proies, dans certaines espèces de Zoochlorelles symbiotiques, de grains d'amidon, etc. Le noyau, quand il est unique, se trouve toujours et sans aucune exception à la partie postérieure de l'ani- mal, sous le fond de la coque, aussi suffit-il de constater le fait une fois pour toutes. Il existe toujours au moins une, et dans la règle même plusieurs vésicules conti'actiles, dont 214 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIX DU LÉMAN la place normale est eu arrière près du noyau, mais (pii souvent aussi se voient à la bouche. Le plasma ne remplit jamais la coquille tout entière, mais il y a sous ce rappoit des différences souvent très fortes d'une espèce à l'autre ; la partie libre entre le corps protoplasmique et la paroi interne de l'enveloppe est alors traversée par quelques pro- longements spéciaux ou « épipodes, » qui sans doute ne manquent jamais en principe, mais souvent restent invisibles ; leur place normale est surtout en arrière. Ces épipodes peuvent, dans des cas rares, donner lieu à des différenciations spécifiques, mais pas tant, il est vrai, chez les Difflur/ia que dans d'autres Rhizopodes (Hi/alosphenia cimeata, etc.). Les pseudopodes sont toujours à peu prés cylindricpies, arrondis à leur sonnnet, et en nombre variable suivant le moment, ou suivant Fespèce; dans une marche très rapide il ne s'en dévelo])pe le plus souvent qu'un seul. Dans toutes les descriptions qui vont suivre, la i)artie vivante de l'individu ne sera mentionnée que d'une manière tout à fait générale, sauf dans les cas, d'ailleui's moins rares qu'on pourrait le penser, où ce plasma présenterait quelque chose de particulier. La planche générale, qui représente ici toutes les Difflugies étudiées dans les environs de Genève', et dessinées à la même échelle de '/sso, pourra sans doute être consultée avec fruit pour la détermination approximative des espèces. Diffhigia pyriformis Perty, 1852. Difflugia Leclerc, 1815. La Difflufiia jiyt'iformis, entrevue par Leclerc en 1815, et déterminée plus exactement par Perty en 1852, a depuis constamment gardé le nom spécifique créé par ce dernier auteur, et les synonymes qu'on pourrait citer concernent tous des variétés spéciales, parfois même des espèces dont il sera fait mention plus tard. Dans la Diffltir/ia -pyriformis typique, la cocpie est en forme de bouteille, ou pyriforme, avec son pôle oral prolongé en un col plus ou moins bien prononcé. Cette coquille est ' Sauf la biljliifjid iiiolcslii, qui d'abord avait ùlO réuuii' à la Ot//'. glans, et n'en a été séparée qu'après la confection de la planche. GENRE DIFFLUGIA 215 presque exclusivement formée de fragments anguleux de quartz, rarement mêlés de particules de boue ou de Diatomées. Tous ces éléments sont liés les uns aux autres par un ciment clair très peu abondant, de sorte que la coque se brise facilement par la pression, et que les pierres se désagrègent. Le col est dans la règle formé de pierres plus petites et mieux arrangées que sur le reste de l'enveloppe; mais, en même temps, on trouve fréquemment deux ou trois pierres très grosses à la naissance du col. Le plasma, plus clair à la partie antérieure (ectosarc), ne remplit pas toute la coque; il est souvent rempli de proies, de grains d'amidon, quelquefois de Zoochlorelles. Le noyau est très grand, sphérique, et la masse chromatique y est toujours représentée par des petits nucléoles globuleux rassemblés surtout près de la membrane nucléaire. On trouve au moins une et souvent plusieurs vésicules contractiles, de préférence au col et près du noyau. Les pseudopodes sont larges, cylindriques, coulants, et en général peu nombreux; rarement on en trouve plus de quatre; quand la marche est très rapide, il n'en existe dans la règle qu'un seul, large et allongé. Telle est, en quelques mots, la description que l'on pourrait donner de la Bifflngia ■piiriformïs. Mais cette espèce ])résente des différences extraordinaires dans la forme, la taille et parfois la structure intime de sa coquille, et ces différences me paraissent pouvoir se rattacher à deux causes : 1" variabilité inhérente à l'espèce, 2^' existence de formes spécifiques réelles, qui n'ont rien à faire les unes avec les autres mais qui se ressemblent trop pour qu'on puisse les distinguer par des caractères suffisamment sérieux. C'est à la première de ces causes que l'on a presque toujours attribué la grande diversité des formes dans la Diffliuilapijriformis. Or cette variabilité existe certainement jusqu'à un certain point, mais pour mon compte je serais porté à regarder la plus grande partie des formes que revêt cette Difflugie comme représentant des espèces. Prenons par exemple la coquille représentée ici par la fig. 3 avec un petit étrangle- ment caractéristique en arrière du col, ou bien encore celle que montre la fig. 6, avec un col cylindrique très étroit terminant une coquille arrondie très large; si je rencontre l'une ou l'autre de ces formes dans un marécage des environs de Genève, mais pas dans d'autres 216 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN OÙ founiiilleiit les Dlffhuiia injnformis, puis que je la retrouve plus tard eu Russie, (lue je ne la rencontre pas en Suède, mais qu'elle apparaisse de nouveau en Amérique (et tout cela je l'ai noté par mes expériences personnelles), elle se rapprochera de si près de la Diffluf/ia pyriformis typique que ne sais comment l'en séparer, mais pourtant je ne puis m' empêcher de la re- garder comme quel- que chose de spécial. En admettant donc pour un instant la spécificité de ces formes nombreuses, on pourrait vouloir aller plus loin et cher- cher leur origine à chacune. Je serais alors porté à voir là deux modes de pro- venance, différente suivant telle ou telle espèce: 1° grâce à la variabilité réelle de la Difflugia pyriformis il s'est, dans la suite des temps, produit des formes qui une fois créées se sont toujours mieux fixées, et ont fini par se séparer à tout jamais du type; 2° dans la lente évolution qui s'est faite chez ces êtres connne dans le reste du monde organique, et qui tend à revêtir l'Amibe d'une carapace protectrice et à créer des espèces testacées, il est fort possible que plusieui's Amibes différentes en soient arrivées, chacune de leur côté, à la possession d'une coquille de ce même type pyriforme, qui après le tj'pe globuleux et le type ovoïde est le plus naturel et le plus facile à acquérir, et en même temps présente sur les deux autres de plus grands avantages dans la lutte pour l'existence (plus de facilité à se forcer un chemin sous les débris, etc.). Dans son grand ouvrage, Leidy donne dans ses planches X, XI et XII une vingtaine Difflugia pyriformis. — 1, 2. Formes habituelles. — 2 6. Détails des pustules pa- rasites sur la coquille. — 3, 4, 5, 6. Variétés. — 7. Individu occupé à vider uu petit Rotifère. — 8. Noyau. GENRE DIFFLUGIA 217 de formes différentes de la Diffl/tr/ia iJi/rifornits. Quelques-unes concernent sans doute des espèces autonomes, et qui se retrouveront ici sous le nom de Diffln^^ia r/ibescens, Diffluf/ia lanceolata, Diffluf/ia baciUifera, Ponfigulatia s^H'ctabiUs; mais néanmoins les planches de Leidy sont très intéressantes à consulter, et donnent une idée très nette de la richesse de formes dans ce type puriformis. Quant à mes propres dessins, qui malheui'eusement pour cette espèce sont les moins réussis de tous ceux de l'ouvrage, ils montrent eux aussi des différences de forme considérables. Les fig. 1, 2 et 7, peuvent être considérées comme représentant la forme typique, et les lig. 3, 4, 5, G, des soi-disant variantes, mais qui, peut-être, sont plus fixées qu'on ne pourrait le croire. Dans la fig. 2, on remarque au sommet de la coque deux corps arrondis, qui sont représentés plus grossis en 2 & ; ces corps, que l'on trouvait fréquemment, dans une station spéciale, sur les coquilles non seulement de cette espèce, mais encore de quelques autres, et qui ressemblent à des pustules produites par une maladie, représentent, m'a-t-il semblé, des coquilles d'un très petit Rhizopode, apjiartenant au genre Psemlo- diffltujia, et vivant ici en parasite (?). Nous reviendrons sur ce sujet à propos de la Difflugia urceolata. Dans la fig. 7, on voit une Diffl/ic/iu pi/riformis occupée à vider un Rotifêre ; à gauche et à droite deux pseudopodes sont libres, tandis qu'à l'intérieur du Rotifêre un large pseu- dopode s'étale, fixé au fond de la carapace par trois larges prolongements. La fig. 8 montre le noyau, qui provenait d'un très gros individu, et n'arrivait pas lui- même à moins de 70 [j. de diamètre; c'est là, je crois, à peu près le maximum de taille que l'on puisse observer dans les noyaux des Rhizopodes. Quant à la longueur de la coquille dans la Difflt((/la pyriformis, elle est extrêmement variable, en raison même de la diversité des formes. Leidy la donne comme mesurant de 65 à 580 ^; pour mon compte je ne l'ai pas vue dépasser 400 «, et cela dans de très rares occasions. L'individu que Leidy menticunie comme atteignant 580 y. représente une forme spéciale, très grande et en même temps allongée en tube (PI. X, fig. 15) que je n'ai pas rencontrée. 218 FAUNE KHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Parmi les différentes formes qui se rattachent à la Difflugia pyriformis il en est quelques-unes qui paraissent si bien fixées, que l'on peut sans difficulté les séparer du type et les indiquer comme des variétés bien nettes, destinées probablement plus tard à prendre rang parmi les espèces classifiées comme autonomes. Telles sont par exemple les suivantes : Difflugia pyriformis var. nodosa Leidy (67). Dans la planche XI de son ouvrage , Leidy figure sous ce nom toute une série de Difflugies, remarquables par leur couleur verte, et dont la coque, faite de pierres re- lativement volumi- neuses, est tantôt quelque peu com- primée, tantôt ar- rondie ; le dôme dorsal qui les ter- mine est en même temps presque toujours inégal, couronné par une, deux ou trois pointes mousses , elles-mêmes aussi de formes iri'égu- lières. Après avoir d'abord rapporté certaines d'entre elles à la Difflmjia compressa de Carter, puis réuni les autres sous le nom de Difflugia entochloris, Leidy a fini par les considérer toutes comme constituant une variété de la Difflugia pyriformis. variété qu'il a appelée alors nodosa. Cette variété se rencontre fréqueunnent dans les environs de Genève ; elle est surtout Difflugia pyriformis, variétés. — 1. Var. nodosa, aspect habituel. — 2. Même var., très élargie. — 3 et 4. Var. cktviformis. — 5. Var. venusta. — 6. Var. atricolor. — 7. Var. hryophila. — 8. Var. lacustris. (iENRE DIFFLUGIA 219 abondante dans un petit étang de l'avenue d'Aire, où elle vit toute l'année en quantités considérables, et où elle se montre sous toutes les formes que Leidy a lui-même figurées. Elle se fait remarquer, d'abord par une taille exceptionnelleuient forte, qui varie en général de 350 à 420 (j., puis par sa teinte verte due à la présence de Zoochlorelles sj'm- biotiques ; enfin par ses contours anguleux et inégaux. On trouve cependant, avec ces der- niers, un certain nombre d'exemplaires parfaitement arrondis en arrière, et qui ne se distinguent plus guère alors de la Difflugia pyrifonnis typique que par leur teinte verte et leur taille supérieure ; mais d'une manière générale, il y a tendance h la formation de protubérances ou cornes, et en uiéme temps à une certaine inégalité de contours. La fig. 1 représente un individu sous sa forme la plus liabituelle; la tig. 2 en montre un autre, très élargi mais sans cornes; parfois, au lieu d'une corne ou de deux, on en voit trois, et j'ai trouvé quelques coquilles prolongées en arrière de quatre belles cornes dans lesquelles la matière verte pénétrait presque jusqu'à l'extrémité. En même temps que cette déviation du tyi^e pijriformis ordinaire, on peut constater presque toujours une certaine compression de la coquille; dans l'exemplaire représenté par la fig. 2, cette compression était très forte. Quant au plasma et aux pseudopodes, ils ne se distinguent en rien de ceux de la Difflugia pyriformis. Le noyau est parfaitement spbérique, à forte membrane très nette, et renferme un nombre considérable de petits nucléoles arrondis; il arrive facilement à 60 fx de diamètre. Difflmjia pyriformls var. clarifoniiis Penard (89). Je n'ai jamais trouvé cette Difflugie que dans le lac de Genève, à 20-30 mètres de profondeur. Il est probable que la lig. 16 de la pi. X de Leidy, qui montre une coquille trouvée dans le China-lake (Uinta-Mountains) aux Etats-Unis, représente cette même forme. Leidy en fait une Bifflnfiia pyiiformis: dans la pi. XIII, par contre, tig. 3 et 4, on voit deux coquilles de même i)rovenance sous le nom de Difp/if/ia aaimiiiata, mais qui sans doute se rapportent à la forme mamelonnée de cette même variété clariformis. C'est la plus belle et la plus grande des Difflugies; ou la voit facilement à l'œil nu; elle atteint souvent 4.50 y. et reste rarement au-dessous de 380 w. La coquille est 220 FAUNE RHIZOl'ODIQUE DU BASSIN DU LEMAN subi)ja'iforme, non comprimée, droite ou parfois un peu tordue. Le fond est en ogive (fig-. 4), ou bien se termine par un mamelon plus ou moins arrondi (tig. 3). Les pierres qui forment cette coque sont toujours très grandes et très plates, et plus petites à la bouche. Le noyau, globuleux, très grand et clair, renferme des micléoles nombreux et très petits, qui sont caractéristiques. Cette variété ne contient jamais de matière verte ; mais elle l'enferme néanmoins une grande (juantité de grains d'amylum très clairs et très petits, dont l'existence ne peut donc pas être rattachée à la i)résence d'algues connnensales, comme on a cru parfois devoir le faire. Il y a trois ans, en décrivant cette Diitlugie, je disais n'avoirjamais eu l'occasion d'en observer les pseudopodes, l'animal se montrant toujours particulièrement timide. Cette année, j'ai pu les examiner deux fois; ils sont très grands, et parfaitement conformes à ceux de la D'ifflitfjkt j)i/r/fhi-iu/s. Diffhif/iajii/rifdrni/s, var. venitsta \'m\ nov. Cette variété était abondante dans une de mes pêches, à S*-Georges, où elle habitait un petit étang rempH d'herbes aquatiques. Je l'ai revue depuis dans deux ou trois localités. Elle est remarquable par la forme élégante de sa coquille, toujours bien arrondie et comme faite au tour; elle est acuminée en arrière, et de là, les côtés font une courbe régulière qui se referme peu à peu, et s'allonge en un col élancé (tig. 5). La teinte générale est toujours verte, à cause de l'abondance des Zoochlorelles. Les pseudopodes, le noyau, le plasma, sont normaux. D'ai)rès tout ce (jue j'ai i)U voir, cette Difflugie conserve toujours sa forme carac- téristique, et doit être considérée comme une variété l)ieii distincte. DifflKf/iapijiifbniiis var. utiiculor var nov. C'est un individu appartenant à cette variété que Leidy représente dans sa pi. X, tig. 27. Il ajoute à ce sujet : « Rarement j'ai vu une DitHugie, qu'on peut rapporter à UEMIE DIFFLUGIA 221 « Difflugia pyrifonilia, dans la(iuelle la coquille paraissait tonnée (l'une membrane « cliitinoïde imprégnée d'une matière noire tloconneuse, provenant en ai)parence du « sédiment de la localité où se trouvait l'animal. » Dans quelques rares occasions également, j'ai rencontré une Ditttugie identique à celle que tigure Leidy, et connue ce dernier, je l'ai toujours vue recouverte d'un épais manteau de matière opaque, noire ou brune, donnant à la surface l'aspect d'une écorce rugueuse. Un jour je trouvai un de ces individus en cours de division (fig. 6) ; l'animal, d'un brun foncé et mat, avait produit une nouvelle coque de forme et de taille semblables à la siemie, mais très claire, à peine jaunâtre, mince, cliitinoïde, transjjarente, et déjà imprégnée de diatomées très fines, qui sans doute avaient au préalable été avalées par r animal-mère. La forme dans cette variété est toujours très trapue: le col est large et court, souvent légèrement étranglé en arrière de la bouclie arrondie. Les pseudopodes sont normaux, et le noyau, que je n'ai pas pu étudier en détail, est uni(iue. La longueur est de 90 à 125 p.. La figure de Leidy en indique 165. Pour moi cette DitHugie représente en définitive une espèce liien distincte, mais je l'ai vue trop rarement pour pouvoir indiquer tous ses caractères ditt'érentiels. DIffl/u/ia pyiifoimit^ var. hri/opliila var. nov. C'est une forme caractéristiipie des mousses, soit des bois, soit aquatiques. La coque, de 100 p en moyenne de longueur, est allongée, avec des côtés plutôt droits, et formée de pierres, généralement plus grandes et plus anguleuses à la partie antérieure de l'animal; mais pourtant la partie du col (pii confine immédiatement à la bouclie i)orte toujours des pierres très petites (fig. 7). La teinte est un peu jaunâtre, grâce à la présence d'un vernis cliitineux, peu abondant d'ailleurs, car la coque se dislocpie très facilement par compression. Le noyau diffère de celui de la Diffliif/ia pi/riformis typique; il renferme, noyés dans une masse claire de suc nucléaire, un nombre peu considérable de nucléoles verdàtres, qui vont se loger sous la membrane nucléaire en s'v étalant, sans garder la forme globuleuse. 222 FAUNE KlIIZUl'ODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Cette Difttugie ne renferme pas de Zoochlorelles. Elle présente de grands rapports avec la Diffl/u/ia manicafa qui sera bientôt décrite. Mais la taille est supérieure, la coquille plus allongée, et le noyau montre une structure différente. Diffiugiapyriformis var. lacustris Penard (89). Cette variété est très abondante dans le fond du Ijéman, où elle représente le type jjyriformis bien plus fréquennnent que la Diffl/if/iapi/rifontiifi proprement dite. Elle est de taille extrêmement variable, en général de IGO à 180 ju, mais on peut la trouver plus grande, connne aussi plus petite. La coque est allongée (fig. 8), parfois presque cylindrique, peu élargie en arrière, rarement un peu étranglée au col. Ce dernier est formé de petites pierres; sur le reste de la coque ces pierres sont plus grandes, surtout à la naissance du col, où elles forment, mais pas toujours, comme un collier de gros frag- ments. Le noyau est très clair, sphérique, et renferme de nombreux petits nucléoles que je n'ai pas pu voir bien distinctement. En somme cette variété rappelle beaucoup la précédente; elle est plus grande, relativement un peu plus allongée; mais ces différences sont de peu de valeur, et il est intéressant de constater la présence de ces deux formes si rapprochées, l'une dans les mousses, l'autre au fond des lacs. Difflugia capreolata spec. nov. Cette DitHugie n'est pas comnmne; on la rencontre de temps à autre, en individus isolés, et un peu partout. Une seule fois j'ai fait une récolte où les individus étaient abondants, à S*-Georges. C'est une belle et grande espèce, peu variable dans sa taille qui reste iiresque toujours entre 225 et 230 f/.. A première vue, on la prendrait volontiers pour une GENRE DIFFLUGIA 223 forme de la Difflngia pyriformifi, et c'est comme telle que je l'ai d'abord considérée. Mais un examen attentif m'a bientôt montré qu'il y avait là une espèce bien carac- térisée. Elle se distingue alors de la Bifflugia pyriformis par trois caractères principaux, qui concernent la coquille, le noyau, et les pseudopodes. La coquille, tout en gardant le type présenté par la Diffliif/ia pyri- formis, est plus trapue, et se dis- tingue surtout par son col très large, court, et légère- ment étranglé en arrière, puis renflé et arrondi quelque peu à la lèvre. C'ette coque, for- mée de pierres très bien arrangées, est parfaitement ronde en coupe transversale. On pourrait, comme apparence générale, la comparer à une calebasse à col large et court (dans la fig. 1 l'étranglement est un peu moins prononcé (jue d'ordinaire). Quant au noyau (fig. 5), qui constitue également un des caractères distinctifs de cette espèce, il est sphérique, grisâtre clair, et varie entre 50 et 55 u de diamètre. La matière chromatique y est représentée par un nombre immense de nucléoles en grains extrêmement petits, noyés dans une masse de suc nucléaire qui remplit tout l'intérieur jusqu'à la membrane, et disposés vaguement en traînées, ou chapelets qui se croisent les uns les autres, mais sans grande netteté. Outre ces nucléoles, le suc nucléaire renferme Difflugia capreoUta. — 1. Forme typique. ~ 2. Exemplaire vu par la face orale. — .S a et 6. Phénomènes de locomotion rapide. — 4. Transformations d'un pseudo- pode pendant la marche. — 5. Noyau. — 6. Fragment du noyau, plus grossi, montrant le suc nucléaire se détachant de la membrane. 224 FAUNE RHIZOPODIQITE DU BASSIN DU LEMAN des poussières très fines, qui rimprègnent tout entier. J'y ai remarqué également un jour une véritable vacuole arrondie. Il faut ajouter à ce propos un fait curieux : en écrasant un jour un de ces noyaux, je vis la membrane s'écarter, en laissant un vide entre elle et le suc nucléaire, et ce dernier se montra renfermé dans une seconde membrane ou pellicule extrêmement fine, ondulée et plissée; la fig. 6 montre l'aspect général (lue ])résentait alors le noyau, mais sans indiquer le double contour ni les plissements de la i)ellicule. Un troisième caractère enfin est de nature plutôt physiologique, et concerne les pseu- dopodes. Si nous rencontrons une Difflnr/ia capreoluta et que nous lui voj'ons déployer ses pseudopodes, connue dans la fig. 1, nous ne tarderons pas à y constater une tendance toute particulière à la formation, sur chaque bras, de prolongements, de dents et de branches courtes et étalées, qui donnent à ce pseudopode l'apparence d'un bois de chevreuil ou de renne. Mais si plus tard la I)/ffhi(/l(i si' met en marche d'un mouvement particulièrement accéléré, comme pour se diriger vers un but déterminé, l'aspect change, et le phénomène n'en devient (pie plus intéressant. Nous voyons alors un pseudopode fort et allongé, à la base duquel se trouve une faible accumulation de plasma pseudopodique, puis un ou parfois deux bras très petits et courts. Kn suivant alors a\ec attention l'extrémité du long pseudopode, nous voyons se produire tout d'un coup à sa surface deux toutes petites lignes arquées, qui se regardent par leur concavité (fig. 4 à gauche) ; ces lignes sont l'expression d'une petite vague qui se forme sous le sommet du pseudopode, et qui grandit ensuite, s'étale comme une ventouse arrondie ou souvt'ut aussi en forme de fer de lance, tout en laissant subsister les contours du pseudojjode lui-même. Cette pseudo- ventouse se fixe au soutien, et l'on voit les myriades de poussières extraordinairement fines qui remplissent l'intérieur du pseudopode, et qui pendant la formation de ce dernier couraient d'arrière en avant, s'arrêter et par-ci |)ar-là revenir d'avant en arrière, en même temps que de petites ondes se forment le long de ce pseudopode, et qu'il se rétracte sur lui-même, attiré vers la ventouse adhérente en avant, et entraînant après lui la coquille ; mais bien vite la ventouse se détache, le pseudopode se ratiitine tout entier, et rentre dans le plasma buccal. Pendant que se passait ce phénomène, un petit pseudopode, né à côté du grand, s'était peu à peu allongé, pointant en jjlein liquide. Au moment alors où l'ancien pseudopode se ratatine, le nouveau s'allonge sur le sol, se fixe par une de ces GENRE DIFFLUGIA 225 soi-disant ventouses, attire la co(|uille en même temps qu'un petit pseudopode de la base sjrandit, entin tout le processus recommence, et la Difttugie avance continuellement. Je ne voudrais pas certifier que la locomotion rapide soit toujours identique à celle que je viens de décrire, mais ce que je puis affirmer, c'est que dans cette espèce ce genre de progression est normal. Il existe cependant des variantes; par exemple il se déployera plu- sieurs pseudopodes, dont un seul fonctionnera comme il vient d'être dit; ou bien le pseu- dopode se collera au sol par son milieu et non pas par son extrémité ; mais le processus normal est toujoui's le même. La fig. 3 représente le phénomène, vu sur le même individu, à une minute environ d'intervalle ; on constate qu'en même temps qu'il s'est produit un retrait dans le pseudopode de droite (où la ventouse ne se voit déjà plus), il a repoussé un bras h gauche. Je puis ajouter que j'ai suivi sur cet individu 24 projections successives, sans modifications, et toujours avec deux pseudopodes, et qu'à la vingt-quatrième c'est moi qui ai interrompu la marche, en dérangeant l'hulividu. Il faut remar(iuer cependant (pie d'autres Difflugies peuvent de teuqis à autre mon- trer des phénomènes analogues, soit pour la forme temporairement fourchue des bras, soit même pour le fonctionnement d'un pseudopode ; mais alors ce sont des faits exceptionnels, tandis que dans la Difflugia caijreolata nous avons un processus normal et physiologique. Dans tous les individus dont la coquille présentait le type bien net de l'espèce, j'ai retrouvé les mêmes pseudopodes, pas toujours, il est vrai, aussi nettement différenciés que je l'ai décrit. J'ajouterai en passant que toujours aussi ces deux caractères ont été accom- pagnés de l'existence du même noyau caractéristique, qu'on ne trouve jamais dans la Diffhigia pyriform is. La Difflugia capreolata s'est montrée, dans une de ses stations, toujours bourrée de Zoochlorelles ; dans une autre, elle n'en avait pas, et différait également quelque peu du type par une teinte légèrement jaunâtre, grâce à un dépôt de veniis chitineux, et par une longueur moins forte relativement à la largeur. Dans quelques individus se voyaient de beaux « Glanzkorper » à un état de dévelop- pement avancé, et dont il sera fait mention plus tard (note 14). 29 226 FAUNE RHIZOPODIQFE DU BASSIN DU LEMAN Diffluf/ia mmiicafa spec. nov. Cette espèce rappelle quelque peu la l)ifflii(/ia pijriforwis par sa forme générale, mais elle est plus ronde et plus trapue, sans courbure rentrante en arrière de la bouche, et on pourrait tout aussi bien l'appeler ovoïde. La coquille est toujours légèrement jaune ou brunâtre, gvâce à un vernis cbitineux qui pénètre partout entre les éléments qui la composent. Elle est toute entière formée ^^jYihi. de petites pierres serrées les unes contre les autres, et très bien ar- rangées, surtout en arrière, où elles forment un d(')me régulier et presque lisse; mais sur tout le tiers antérieur, cette coquille est couverte ou mélangée de parti- cules quartzeuses beaucoup plus grandes, et dont la présence est constante. La bouche est ronde et petite. De cette bouche sortent des pseudopodes en nombre variable, plutôt étroits, souvent très allongés, et qui ont une tendance à s'étaler en forme de bois de reinie, mais sans présenter d'ailleurs les phénomènes décrits comme normaux dans l'espèce précédente. Le plasma est peu abondant, laissant un vide assez fort entre lui et la coque. Après écrasement de l'animal, on voit que ce plasma est d'un bleu très tendre et limpide. Il ren- ferme des globules brillants, de l'amidon, et rarement des Zoochlorelles, en très petit nombre. Le noyau est sphérique, de 13 sj.de diamètre, et contient un nucléole central compact, à contour très franc, d'un bleu tendre, et renfermant des petites lacunes ou vacuoles Diffliigia manicata. — 1. L'animal vu de côté. - vu (le face. — 3. Commencement de division. particulière des pseudoiiodes. — 5. Noyau. 2. Un autre, — 4. Forme GENRE DIFFLUGIA 227 rondes. Le suc nucléaire abondant qui entoure le luicléole, renferme lui-même, surtout ])rès de la membrane, des poussières bleuâtres (fig. 5). J'ai plusieurs fois trouvé des exemplaires munis à la bouclie d'un gros bouquet de pierres, destinées sans doute à la confection d'une nouvelle coque. Un jour également, j'ai rencontré un individu occupé à émettre par sa bouche un sac lisse, rempli de plasma et de globules brillants, mais encore dépourvu de pierres (fig. 3). Cette espèce rappelle la Diffluyia pyriformis var. hryophUa; mais sa taille beaucoup moins forte, sa teinte jaunâtre, et surtout son noyau tout différent, que j'ai trouvé cons- tamment le même dans tous les individus examinés, la distinguent, me semble-t-il, sutiisam- ment de cette espèce. Difflugia rubesceus Penakd (86). Dans la pi. X de son ouvrage, Leidy représente, dans les fig. 22, 24 et 25, une Dif- tlugie qu'il rapporte à la Diffliu/ia pi/rifonnis. tout en ajoutant cette simple remarque : « avec endosarc brun. » En 1S91, dans un petit travail sur les Rhizopodes que moi-même j'avais récoltés dans les Montagnes-Rocheuses, j'avais décrit avec quelques détails cette Difflugie, que je considérais comme bien autonome, sous le nom de I)iffhiY i. p. ((i7). Diffluqia acumiimta Leidy i. p. (67). Diffhfi/ia hacilJariarnm Perty ? ('.)2). Diffliffjia hkiispUlatu Iîhu.mbler i. p. (Uô). Difflui/ia Solowdzkli Mereschkovsky y (SI.) Voici comment en 1890 je décrivais cette espèce : « C()(pie lucéolée pyrifonue, ronde « en coupe transversale, formée de fragments anguleux de (juartz. La partie aborale est « quel(iuefois simplement pointue ou acuminée, beaucoup plus souvent prolongée en un « tube assez long, étroit, tronqué au sommet, droit ou au conti-aire plus ou moins recourbé. « A partir du tiers postérieur les côtés décrivent le i)lus souvent une courbe rentrante, « puis s'évasent de nouveau ■- de la J)iffhif/ia liaciUifem. Cette dernière Dittlugie est cependant très constante dans sa forme, et mes c(inclusions quant à l'aïuilogie de ces deux Rliizopodes, iJiff'. Ixtrillifera et sa var. iiiflafa, tirées de la seule existence d'un revêtement de même nature, me paraissent maintenant certainement er- ronées. Les lig. .S, 10, 11, 12 et 13 l'eprésentent une petite variété ({ui s'est trouvée en tout temps très abondante dans l'étang du Bois de la lîàtie, et (lui se montrait remarquable par une variation étonnante tant dans ses formes que dans sa taille ; le n" 1 1 par exenqile est très allongé et possède une corne effilée; le n" 12 est presque ovoïde et simplement acuminé; le n" 3 est renflé beaucoup plus d'un enté (pie de l'autre, etc. (^)uant à la fig. 10. elle représente une coquille à deux cornes. Il faut remaniuer à ce sujet qu'en principe la DifflHffia elef/ans peut toujours être rencontrée munie de deux cornes au lieu d'une; c'est ce que j'ai constaté dans la plupart des variétés que j'ai examinées. Mais en fait il arrive que suivant la localité on ne trouvera presque pas d'individus liicornes, ou bien au con- traire, et c'est là une occurence très rare, beaucouj» porteront ces deux appendices. Ce sont ces individus à deux cornes qu'en 1890 j'avais appelés « Diffhifiia h/cornifi; » et c'est probablement aussi à de pareils exeuq)laires qu'il faut rapporter la Difflurjia hicnsp/data de Rhumbler (95). Riiumbler indique il est vrai un caractère qui tendrait à faire consi- dérer sa I)iffl/tf/ia hkuspidata comme bien autonome, mais ce caractère, qui consiste en ce que cette dernière Dittlugie l'animal s'enkyste à l'extérieur de sa co(juille. ne me seml)le pas encore suffisamment certain. GENRE DIFFLUGIA 239 La DiffJuf/ia elef/aus; a Idiiiiteiiips vté considérée coimiie représentant une forme de la Diff!uf/ia acitm'niata. Tout en la regardant comme très voisine de cette dernière, j'avais récolté si souvent cette forme dans des localités où elle abondait en l'absence de la Bifflu- f/ia acuminata typique, qu'en mettant ce fait en regard des caractères certainement spé- ciaux à cette espèce, dans sa forme urcéolée, dans son Ijoiiquet d'écaillés à la bouche, je m'étais décidé à séparer ces deux organismes. Depuis ce temps son autonomie a été recomiue par dittérents auteurs, par exemple par Rhumblek dans ses derniers travaux, puis par Levander, qui l'a trouvée en Finlande, vivant en compagnie de la I)iffluf/ia acuminata typique mais sans aucun terme de passage avec elle; mais Levander l'assimile alors à la I)/ffl/i(/ia Solowet^kii de Mereschkovsky (SI). Ce dernier a décrit en effet une Diffhigia qu'il donne comme allongée en cceiir, avec une pointe en arrière; mais la description de l'espèce est absolu- ment insufHsante, et la figure qui l'accompagne ne représente, on peut le dire, absolument ])as la Difflngia elegans vraie; jamais cette dernière n'aura le large évasement buccal iiguré par ÎNIereschkovsky. Cependant je considère comme possible que la Difrtugie vue par Mereschkovsky ait bien été la I)iff[/(f/ia elegans, mais dans ce cas alors, l'auteur l'aurait figurée d'une manière tout à fait défectueuse, et en l'absence d'informations précises, il serait imprudent de rapporter la DitHugie connue déjà connue « elef/ans » à une espèce « SoloweUhii » qui après tout existerait peut-être, mais alors serait différente de la Difflufi'm ehf/ans. T)ifflnf/ia eJcf/aris var. tercs Penard (S9). Cette variété se trouve fréquemment dans le lac de Genève, et surtout dans les pro- foiuleurs de 30 à 40 mètres, où la J)iffhif/ia clefiai/s tjiiique est rare. La coque est ici beaucoup plus grande et plus large, formée de grosses pierres angu- leuses, et on n'y remarque pas la corne caractéristique de l'espèce. Cette corne est alors en général remplacée par une ou i)lusieurs grosses pierres (fig. 9). Dans certains cas même ces i)ierres disparaissent, et la coquille est arrondie en arrière, de soi-te (pie seules les transitions, d'ailleurs fréquentes, permettent de rattacher ces individus aux jtremiers. 240 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Les pseudopodes sont généralement nombreux, et toujours étroits. Le noyau est splié- rique; il ne m'a pas été possible de l'examiner en détail sur le vivant, mais sur une prépa- ration microscopique, on y voit des nucléoles assez nombreux rangés dans une position superficielle sous la membrane. Cette forme est très variable de longueur, et maintes fois j'ai cru observer que cette variabilité dépendait de la région du lac où l'animal avait été péché, connne aussi de la profondeur. En ettét dans certaines pèches, surtout dans celles d'eau plus profonde (40 mètres), les individus avaient pour la plupart une longueur de 170 à 200 p.; dans d'autres, ce n'était plus cpie 120 à 150 jj., et parfois moins. Diffl/K/id rarianft s])ec. nov. Dans cette espèce, que l'on pourrait à première vue être porté à identifier avec les individus nuuiis de cornes de la THffhtf/ia ekf/aris. la coque est toujours jaunâtre ou brunâtre, grâce probablement à un dépôt ferrugineux (|ui la i)énètre graduellement. Elle est chitinoïde, et recouverte, mais pas sur toute sa surface, soit de diatomées, soit de petites pierres; en outre l'animal aime à coller le long de son enveloppe quelques diato- mées très grandes, ou quelques pierres volumineuses. Cette coque est en principe ovoïde-allongée, mais irrégulière dans ses contours soit longitudinaux, soit transversaux, étranglée en arrière de la bouche, souvent aussi quelque peu comprimée sur une de ses faces (fig. 2). lia lèvre est munie de pierres ou de petites algues rondes bien arrangées; parfois on y voit un bouquet d'éléments siliceux de réserve. Le fond de la coquille est élargi, et terminé ])ar une. deux, trois, ou rarement quatre cornes creuses, larges à leur base, qui ne sont ciue des lobes ou continuations de la coquille. Ces cornes présentent rarement une véritable symétrie dans leur disposition réciproque : dans les fig. 1 et 2 par exemple, qui représentent le même individu vu de face et de côté, l'une d'elles semble être la continuation de la coque et les deux autres sont moins bien marquées (l'une d'elles est cassée); ])ar contre la fig. 3 monti-e une co(iuille munie de (piatre cornes tubulaires bien nettes. GENRE DIFFLUGIA 241 Mais souvent il n'y a qu'un commencement de corne, une simple protubérance, et suivant la face sur laquelle l'individu est examiné, cette saillie échappe complètement aux regards. Dans la tig. 5, la coque paraît lisse; mais tournée de 90 degrés, on y voit en arrière une saillie bien marquée (tig. 6). Quand l'individu n'a formé que des protubérances, il aime alors à y souder soit une pierre, soit une diatt)mée, et dans l'in- dividu représenté par la iig. 4, c'étaient deux petites coquilles vides, appartenant à l'espèce qui sera décrite plus tard sous le nom de Cnjpfodifflujiia saccn- lus. Les pseudopodes sont généralement lar- ges et bien développés, jamais aussi étroits et aussi nombreux que dans la Diffiuqia ele- ffans : ils sont portés également à s'étaler en une large lame (fig. 3), ou à se ramifier (tig. 4), mais ce sont là ])ourtaiit des cas anormaux. Le noyau (tig. 8) est sphéri(iue, et renferme constaunnent un nucléole compact, à contours très nets, d'un volume relativement faible, entouré d'une marge très forte de suc nucléaire, dans laquelle se trouvent également, surtout sous la membrane, des poussières très fines. Il faut remarquer que pareil noyau ne se trouvera jamais, ni dans la Diffl/if/ia cJt'f/ans. ni dans la I)iffl/i(/ia aciniiiiiata. Parfois, et au milieu di's individus i)areils à ceux qui viennent d'être décrits, on en remarque (jui n'ont aucune indication de cornes (tig. 7). :m Difjlugia varians. — 1. Aspect habituel. L'une des cornes est cassée. — 2. Le même individu, vu sur une autre face. — 3. Exemplaire à quatre cornes. — 4. Autre individu, avec coques de Cryptodifflugia sacculus rempla(;ant les cornes. — 5. Exemplaire en apparence dépourvu de cornes. — 6. Le même, vu d'un autre coté. — 7. Un autre, sans trace de cornes. — 8. Noyau. 242 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIX DU LÉMAN Dans une station en particulier, à l'Asile des Vieillards, se trouvait par exemple une petite Difflugie qui par sa taille, sa structure et son noyau, se rapportait tout à fait à cette espèce, mais qui par contre ne possédait jamais de cornes. On aurait pu confondre ces individus avec celui que représente la ti.n-. 7, aussi faut-il peut-être les regarder comme appartenant encore à cette espèce. La longueur de la coquille, dans la Diffliifi/a varimis, est pour les exemplaires munis de cornes, de 100 à 125 ^ en moyenne, mais les formes tout à fait arrondies arrivent rare- ment au delà de SO f/, et varient elles-mêmes beaucoup de taille. Diffhigia curricaidis Penard (89). Dejjuis Famiée 1899, où j'avais décrit cette espèce, je l'ai retrouvée de temps à autre, exclusivement dans le fond du Léman '. Pour ce qui concerne la coquille, je ne puis que répéter ce que je disais alors à ce sujet : « Cette belle espèce est plutôt rare, et « sporadique. Elle se distingue au premier coup d'reil de la T)ifflur/ia acuminata par une « très grande transparence due à ses plaques minces et hyalines, et par sa corne postérieure « jamais parfaitement terminale. La position paradoxale de cette corne provient de ce « que sur l'un de ses côtés elle continue la courbure générale du fond de la coque, tandis « (jue sur l'autre elle forme avec cette coque un angle rentrant, qui peut être très « pi'ononcé. Il y a là un caractère parfaitement constant, et que j'ai reconnu sur tous les « individus observés; mais il est à remarquer que vue par devant ou ])ar derrière, cette « corne se i)résente connne terminale (fig. 3); aussi faut-il l'examiner de côté pour bien « se rendre compte de sa position. Cette corne est généralement courte et tubulaire, mais « souvent déformée de différentes manières par la ])ositioii (ju'ont prise les petites écailles « qui la constituent (tig. o). Il est rare que sur la co(piille il se trouve des pierres angu- « leuses, mais i)arfois on en voit quelques-unes; en général tout est formé de grandes 'La Dil/hit/iii iiciimiiiiiln de la plaine présente paiTois do andniaiies dans sa corne posl('-rieni'e. i|ui peuvent la faire prendre pour cette espèce. GENRE BIFFLUGIA 24:-] « plaques minces et très transparentes, (pii permettent d'examiner a\ec facilité le plasma « interne. » A ces considérations il faut ajouter les suivantes : Le plasma est très clair, et fourmille de très petits gi'ains incolores, qui probable- ment représentent de l'amidon. Ce jtlasma ne remplit en général pas plus de la moitié de la co(iuille, et il est relié au fond par un ou plusieurs épipodes très longs (fig. 1). Le noyau est spliériciue, et renferme un certain nombre de nucléoles arrondis, dont la position est surtout superficielle (fig. 4). On voit très bien par transparence la vésicule contractile, en arrière, près du noyau ; souvent il y en a deux. La fig. 1 représente l'aspect le plus habituel de cette espèce ; dans la fig. 2 se voit une co(piille de forme anormale. Une l)etite diatomée est prise dans l'intérieur de la corne ; peut-être a-t-elle été mise là par l'animal lui-même, pour en fermer l'ouverture. La longueur de l'enveloppe est le plus souvent de 170 à 200 a, non couqirisla corne. Diffluijia ciircimuiis. — 1. Forme liabituellc. — 2. Forme anormale. On voit une diatomée comblant l'ouverture du tube. — 3. Extrémité du tube, sur deux individus anormaux. — 4. Noyau. Diffhtfiia milpcUum Penard (89). Cette espèce, qui ne s'est trouvée jusqu'ici (lue dans les lacs de Genève etdeThoune, et seulement dans la profondeur, se distingue à première vue de la D/fflugiu curvkaidls par une taille bien supérieure, par l'absence de corne, laquelle est ici remplacée par une pointe acérée qui ne fait (pie continuer les contours de la coque, mais généralement en se 244 FAUNE RlIIZOrODiyUE DU BASSIN DU LEMAN recourbant légèreiiieiit coiuine un aiguillon; jiar des contours parfois sinueux, et par ses écailles différentes de grandeur et d'aspect. Ces écailles sont en effet plus transparentes, plus arrondies sur leurs angles, et disposées sur la cocpie les unes à côté des autres sans se toucher (tig. 4). Elles font avec l'eau un angle de réfraction différent, ijui montre que la nature n'en est pas la même dans les deux espèces. Peut-être dans la ])/ff!ii(//a ciirricutil/s les écailles représentent-ellesdes ])ar- ticules de boue, tandis que dans la DifflMfi'm scaJpcUnm elles au- raient été remaniées dans le plasma de l'animal? Ces plaques ou écailles sont couchées à plat sur une coque liyaliiie, chitinoïde, très trans- j)arente. La bouche est ronde, grande, et termine la coque à angle droit; rarement elle est très légèrement évasée, avec une constriction à peine sensible au col. 11 y a trois ans. je n'avais trouvé cette DifHugie (pi'en cocpiilles vides, et seules la forme, la taille, la structure m'avaient fait conclure à son auton(jmie. Cette année je l'ai revue de temps à autre, et je puis ajouter pour la distinction de l'espèce un caractère important, qui concerne le noyau. Ce dernier en effet se distingue nettement de ceux, soit de la Diffhifiia (■nrrira/dis, soit de la Biffbifi'ia acnnmiata. Il est sphérique, clair, et pos- sède toujours un micléide gloljuleux et très franc, compact et central, noyé dans un suc nucléaire abondant et (pielque peu poussiéreux (tig. ;>). Ce noyau est remarquablement petit relativement à la taille de l'espèce; mais si la coquille est grande, le plasma est dans la Diffl/n/ia siffl/u/ia faIJa.r. non seulement cette dernière telle (prelle vient d'être décrite, mais une seconde Ditflugie que cette année j'ai cru devoir en détacher, sous le nom de Diffinfpa pristis. Difflugia fallax. — 1, 2. Formes babituelles. — 3. Aiitri individu, vu d'en haut. — 4. Autre exemplaire. — 5. Va riété trapue. — fi. Noyau. — 7. Détails de la co(|iu'. DiffliKjia glans spec. nov. Cette espèce se rap])roche à première vue de la forme allongée de la Diffliifiia fallax. et longtemps je l'ai confondue avec cette dernière. ]\Lvis les caractères que je vais citer suffisent, me seud)le-t-il. pour l'en séparer. GENRE DIFFLUGIA 247 La coquille est plus allongée, et a tout à fait la foruie d'un i^land de chêne. Le fond est arrondi, et de là les cotés se renflent très légèrement, puis se rapprochent peu à peu, se recourhent en dedans à la lèvre, et se terminent en une bouclie ronde et plutôt petite (tig. 2, 4). Cette coquille est grisâtre, ou d'un gris tirant sur le jaune, minet', fragile, et formée d'une substance cliitinoïde dans la(iuelle sont noyées une infinité de petites écailles amorphes, peut-être des particules de boue, entremêlées elles-mêmes d'écaillés plates plus grandes. A la bouche, on remarque une rangée d'écaillés brillantes, ])lus arrondies, qui tranchent nettement sur le reste de la coque (tig. 5), et paraissent être de pro- venance endogène, c'est-à-dire, avoir été formées par l'aninuil lui-même. Chacune de ces écailles représente alors une dent. Mais il faut ajouter que ces dents ne se remarquent la plupart du temps (jue très peu ou en tout cas ne se voyaient chez les individus que j'ai examinés qu'après écrasement, ou après l'action de la glycé- rine, etc. En effet presque tous les individus ou l)ien étaient enkystés, et alors il existait à la liouche un gros bouchon noir, de matière cliitinoïde et résistante, ou bien avaient autour du péristome beaucoup de débris qui cachaient les détails. Si l'on regarde la membrane dans son épaisseur, on peut constater (pie cette mem- brane se renHe en arrivant à la bouche, mais cela seulement à l'intérieur de la coque, de manière à figurer comme une indication de tuIic interne, d'ailleurs à iieiiu' uiarcpié (tig. 2). Connue on l'a vu plus haut, beaucoup des individus récoltés étaient enkystés; les kystes étaient alors ovoïdes, à membrane très claire, souple et susceptible de se plisser; l'intérieur était renqili de très petits grains clairs, puis d'autres d'un brun sale (tig. 3). Dans les deux seuls individus où j'ai pu examiner le plasma, j'y ai trouvé un noyau Dijflugia ghn-s. — 1. Forme liabitudle. — 2. Une coque vue en coupe longitudinale. — 3. Coque brisée, avec plasma commençant à s'enkyster. — 4. Coque vue par la face orale. — 5. Extrémité orale. 248 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN spliérifiiie, avec nucléoles ronds nageant dans un suc inicléaire poussiéreux, et générale- ment deux vésicules contractiles. Je n'ai jamais rencontré d'individus avec pseudopodes déployés. Cette espèce s'est trouvée au marais de Bernex, où elle était abondante. La longueur variait entre GG et 77 [x. BiffJufiia molcMa sp. no^■. Cette Difflugie rappelle par sa forme soit la Diffluf/ia falJa.r. soit la Diffhif/ia f/hws. Elle est relativement un peu plus étroite que la première, et un i)eu moins que la seconde, avec une structure (pii tient de ces deux espèces à la fois. La coque, d'un jaune grisâtre ou brunâtre clair, est beaucoup plus grande que dans ces deux espèces, sa longueur moyeime étant de 120- 125 fj.. Elle est formée d'une matière chitinoïde empâtant une quantité de petits fragments siliceux, plats, (lui semblent former une sorte de feutrage; mais ce feutrage ne se voit la plupart du temps qu'après préparations au baume, et sur le vivant la membrane parait prestiue lisse; elle est mince et fragile et se brise facilement. La boucbe est ronde, grande, et les écailles qui l'entourent ne tran- cbent pas sur celles du reste de la coquille comme dans l'espèce précédente. Le plasma ne remplit guère que les deux tiers de la coquille. Je n'y ai pas remarqué de vésicule contractile, qui existe sans doute. Les pseudopodes sont normaux. On trouve toujours (h'ux noyaux, et ce caractère, qui est constant, est de première valeur pour la caractéristique de cette espèce dilficile à déterminer. Ces noyaux, sphériques, de 15 /ui chacun de diamètre, renferment un nucléole central, compact, très franc, noyé dans un suc nucléaii-e tinement pointillé. Je n'ai rencontré (jue très peu d'individus se rapportant à cette espèce, dans une ])etite mare à S'^-Georges. Le nom de « molesta » (pie je propose de lui appliquer vient de ce (jue son étude a été très diiïicile. Il existe en ettét ([uatre es])èces que sur un examen OENRE DIFFLTTGIA 249 superficiel ou prendrait toutes les unes pour les autres. DiffhK/ia fallu.f. Diffhif/ia f/lans, Diffliifiia iiioh'sta et Diffh((iiuprhti^i. et il m'a fallu beaucoup de teni])s et des oliservations nudtipliées pour arriver à débrouiller leurs caractères spéciaux. Diffl/ifjia Leiiiaiil Bl.\nc ((i). En 1892, Blanc a décrit sous ce nom une D/ffliir/ia allongée, « ressemblant à un doigt ou à un gant, à contours souvent bosselés, » et de 31 à 80 /x de longueur. L'enveloppe en est formée de particules de sable mélangées à du limon souvent très abondant. Les pseu- dopodes sont larges, épais à la base et s'effilant rapidement. Il existe un noyau sphérique. Blanc a toujours trouvé cette espèce dans le lac de Genève, entre (iO et 80 mètres, où elle était peu abondante. J'ai rencontré moi-même à différentes reprises une Ditttugie (lue je mentionnais déjà en 1890 (89) comme se rapportant à cette espèce. Depuis ce temps je l'ai revue par-ci par-là dans le lac, dans des pêches effectuées à 30, 40 et 45 mètres de profondeur. Les exemplaires sont très va- riables de grandeur, et sous ce ra])- port peuvent se diviser en deux séries, dont chacune semble posséder une certaine autonomie, bien (pi'on lu' puisse guère les séparer l'une de l'autre. Dans la première de ces séries, l'enveloppe est allongée, en forme de doigt de gant, et normalement composée de petites écailles et particules de Ijoue, souvent en paillettes fines, empâtées dans une matière chitinoïde verdàtre ou jaunâtre: en outre on voit, soli- dement fixés à la surface, un nombre plus ou moins considérable de fragments (piart- zeux plus gros, rarement quelques diatonuH's (tig. 1, 2, 3). 32 250 FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN L'animal aime également à coller à son envelopi)e, et surtout en arrière, des pierres souvent très grosses, bien plus volumineuses parfois que ne le représentent les fig. 2 et 3. Le plasma n'occupe qu'une partie restreinte de l'enveloppe. Je n"ai pas pu y recon- naître cette indication de « membrane très fine limitant les coucbes externes des contours protoplasmi(|ues, » dont parle Blanc. En arrière on voit généralement une, deux, ou trois grosses vésicules contractiles, près du noyau. Ce dernier est sphéri(iue, et présente un nucléole central, compact, globuleux (fig. 5). Les pseiidopodes sont hyalins, et analogues à ceux des Ditttugies en général. Dans cette première série, la longueur de la coque est en moyenne de 75 à 85 y., mais elle peut arriver au delà de 100, dans des cas exceptionnels. Il y a trois ans, j'avais trouvé trois individus, un peu différents d'aspect, avec coquille chitinoïde plus solide, qui me semblaient pourtant devoir encore être rapi)ortés à cette espèce, et dont le plus i)etit avait 100 a, le plus grand 200 y. de longueur. Depuis ce temps, je n'ai pas rencontré d'individus semblables. Quant à la seconde série dont il a été parlé plus haut, elle concerne des individus plus petits (50 y.) et relativement plus larges (fig. 4), à coiiuille épaisse et composée d'un feutrage de très petits débris jaunâtres. Le noyau y est identique à celui ((ui vient d'être décrit. Je n'ai pas pu y voir les pseudopodes. Il ne me semble pas qu'il y ait lieu de séparer cette seconde série de la première, mais il est intéressant de constater la variabilité excessive qui règne dans cette espèce, et qui parait montrer une teiulance à la séparation de deux formes spécifiques nettement tranchées. Difflugia lanceolata Penard (85). Bifflufjia acumhtata Ehrenberg i. p. (28). Bifflufiia acnmlmda Leidy i. p., pi. X, fig. 17. Il est très i)robable que cette espèce, qui n'est ])as très rare, a été examinée par Ehrenberg, et réunie à la Difflugia acuminata. Leidy représente également (PI. X,fig. 1 7) GENRE DIFFLUGIA 251 une (Oiiuille qui s'y rapporte .sans doute, accompagnée de ces quelques mots : « Coquille vide, composée d'écaillés quartzeuses comparativement minces. Variété pas très rare. » La coquille est toujours ici lancéolée, non comprimée, prescjue lisse, très franche et régulière dans ses contours; la forme est à peu près celle d'un gland de chêne plus ou moins allongé (fig. 1 et 2). Le fond est presque toujours régulièrement arrondi ; plus rare- ment il y a une tendance à la forme ogivale (dans la tig. 2 cette tendance est peu pro- noncée), ou même, dans des cas très ex- , ceptionnels, à la formation d'un mamelon terminal (fig. 3). Cette coque est hyaline, mince, chi- tinoïde, et toujours recouverte d'écaillés plates et mhices qui représentent, soit des particules de houe, soit des produits de ranimai lui-même. Il est rare qu'à la sur- face on remarque également quelques petites pierres véritables. Grâce à sa nature chitinoïde, cette enveloppe est douée d'une certaine souplesse, et résiste mieux à la pression que la Biffliifi'm acu- mliiafa; on la trouve même parfois plissée ou bosselée. En somme la coquille se distingue facilement, tant par sa forme (pie par sa structure, de celle de la Diffl/ir/ia acHminata, comme aussi de la Dlff!i(r/iapijnfonnis\ Le plasma est abondant, et renferme toujours beaucoup de petits grains brillants incolores, puis, constamment aussi, des grains d'amidon pâles, très petits, non pas sphé- riques, mais allongés et courbés. On n'y trouve jamais de Zoochlorelles; cette espèce sem- ble être tout à fait réfractaire à la svmbiose. JJifflngia lanceolata. — 1. Forme habituelle. — 2. Autre- exemplaire, plus trapu. — 3. Forme exceptionnelle. — 4. Détails du plasma. — 5. Noyau. ' A la note Vi, on verra que dans certaines stations cette espèce est reliée à la DilJlmiiu aciiminutn par toute une suite de transitions, qui peut-être représentent des phénomènes d'liybridité(?). 25'2 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Le noyau est sphérique ; son diamètre est de 28 ,u en moyenne ; il est très pale, très beau, à membrane fine et franche. L'intérieur est rempli d'un magma ou suc nucléaire d'un bleu verdàtre clair, dans lequel se voient, surtout à la surface, des nucléoles pales et délicats, ai)latis, discoïdes, avec tendance à la foi-me de croissant. Entre ces nucléoles sont noyés des grains pâles, arrondis, beaucou]) i)his ])etits, connue des poussières. Les pseudopodes sont grands et peu nombreux ; le plus souvent on n'en voit qu'un seul, ou deux. La taille varie généralement entre 14(i et KiO n. Diflbufiu iiika'(' FUENZEL (oO). DiffJiijiki (ihihiihisa'i' Du.TAKDiN i. p. Frenzei. décrit parmi les Rhizopodes de la I!épubli(iue Argentine, et sur le vu d'un seul exemjjlaire, une petite Dittlugie de 35 à 40 f/. de longueur, à i)eu près ovoïde, cliiti- noïde, brunâtre, recouverte d'écaillés plates séparées les unes des autres par des inter- valles égaux en général à leur propre largeur. Quant au plasma, Frenzel a dû se borner à constater la i)résence de pseudopodes, analogues à ceux du genre Bifflnu'm. D'après rap]iareiu-e des écailles, dans les(iuelles il croit jjouvoir reconnaître du mica, Frenzel propose, mais d'une manière provisiffl/ff/ia globulofia se ren- contre par-ci par-là dans les marais et les étangs, sans ' être jamais bien abondante^. La seconde forme, qui correspondrait alors à la T)ifflu(/ia (/Johnhiris de Wallich, et qui mériterait bien le terme de sous-espèce que lui avait appliqué cet auteur, est infini- ment ])lus rare. Je ne puis me souvenir de l'avoir trouvée d'une manière certaine que par- ci par-là dans le lac, en individus isolés, imis à l'étang du Itois de la Bâtie, où les exem- plaires étaient alors plus nombreux. Difflugia ylubuloxii. — 1, 2, 3. Variété gtohiilaris. — 4. Noyau. — 5 et (i. Deux autres variétés. ' Il n'e.xiste qu'un noyau; mais cependant un jour, j'en al trouvé deux; c'est lA un fait qui peut se constater du reste dans tous les Rliizopodes, où dans les espèces iinlnucléées la présence très e.xception- nelle de deu.v noyaux peut être observée. " Cette forme chitinoïde ne se trouve pas dans les lioiires qui rr|iroduiscnt ici cette espèce, mais les fig. I et 2 la représentent d'une manière tout à fait sulïlsanlf, poiu-vu qu'on se la reprèscnle chitinoïde et non pas exclusivement pierreuse. GENRE DIFKLUGIA 259 La (•(Kiuilk'est la même (lue dans la forme chitiiioïde. jamais parfaitement globuleuse, l't le plus souvent francliement ovoïde, bien qu'avec un diamètre longitudinal peu diffé- rent du diamètre transversal (tig. 1 ; la lig. 2 représente un cas extrême). La taille est l)eaucoup ])lus forte, variant entre 135 et L55 ij.. De plus, et c'est là la principale diffé- rence, l'enveloppe est toute composée de pierres anguleuses, comme dans la Diffliif/la pi/rif(irwif<, et liées entre elles ]iar un ciment hyalin peu abondant. La bouche est ronde, et tcuit autour les éléments siliceux y sont plus petits et mieux arrangés que sur le reste d« hi coque. Dans l'individu re])résenté par la tig. 3 cette bouche était d'une grandeur un peu inférieure à ce (pi'elle est normalement. Le plasma, dans un individu écrasé, renfer- mait une grande (piantité de grains d'amidon. Le noyau est absolument le même que dans la variété cliitinoïde ; il atteint 2S u (tig. 4). A part ces deux formes distinctes, il en existe sans doute plusieurs autres, qui tout en présentant certains traits spéciaux, ne peuvent guère encore être séparées du type. J'en citerai deux : d'abord une forme très petite, trapue, pres(|ue hémisphéri(|ue, chiti- neuse, et de 50 y. environ de diamètre, telle que la représente la tig. 5; puis la variété représentée par la lig. (>. C'est aloi's là une DifHugie bien autonome, caractérisée par une taille de 65 à 70 m, une forme parfaitement sphérique, une membrane chitinoïde, claire, mais qui disparait complètement sous un revêtement serré de pierres anguleuses et relati- vement très grosses. De i)his, la bouche est toujours remanpiablement petite, arrivant à peine au quart du diamètre de la coquille. Il aurait été intéressant d'étudier cette espèce plus à fond. Mais je ne l'ai trouvée (pie sous forme de coquilles vides, aux Pitons, dans les sphagnum. Diffl/((/ia lisc/d/ila spec. nov. Cette Ditilugie est de très grande taille; elle varie entre ISO et 2(i(i y, et, d'une ma- nière générale, surtout suivant la localité. Je ne l'ai jamais trouvée ailleurs que dans le lac de (ienève, à 20, 3(), 40 mètres de profondeur, puis sur les rivages, où les individus sont les plus petits (180 à l'JO a). 260 FAUNE UHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN -P^-arl du lein|is les animaux meurent avant d'avnir pu utiliser leurs Zon- chlorelics, et pour d'autres causes que l'inanition (qualité de l'eau, asphyxie, etc.). GENEE DIFFLUGIA 279 Difflugia limnetica Levander (72). Difflugia lobostoma Leidy var. limnetica Levander, 1900. Levander a séparé de la Difflugia lobostoma, mais comme une simple variété qu'il appelle Ummetica, une DifHugie qui semble fort répandue dans les lacs de la Finlande étudiés par cet auteur. « La coquille est ovale, ou presque sphérique, recouverte de peti- « tes plaques de quartz serrées, entre lesquelles la matière cimentitielle parait d'un jaune « brunâtre. L'ouverture de la coquille est trilobée, et entourée d'une collerette distincte. « Derrière la collerette on voit souvent beaucoup de particules de sable. La taille est « variable. L'exemplaire figuré, provenant de Finntrâsk, était long de 70 /jt et large de « 56 u, mais les individus plus grands, et plus petits aussi, sont également fréquents. » J'ai trouvé dans diflérentes localités, mais surtout à l'avenue d'Aïre, oiî elle vivait en quantités immenses, une Difflugie parfaitement identique à cette var. limnetica de Levander. Sans connaître les travaux de cet observateur, je l'avais moi-même d'abord considérée connue une variété de Difflugia lobostoma, puis reconnaissant son autono- mie bien distincte, je l'avais provisoirement appelée Difflugia achlora, et enfin les travaux de Levander m'ont apporté son nom définitif. Cependant si l'attribution de « limnetica » est juste en ce sens qu'il faut un nom nou\eau pour cette forme spéciale, Levander l'a appliquée, à mon avis, d'une manière trop discrète, en ne faisant de cette Difflugie qu'une simple variété. Il y a là une espèce bien nette, qui se distingue de la Difflugia lobostoma non seulement par la taille, la collerette, la couleur, uuiis par d'autres caractères encore, et en première ligne par le noyau, d'un type tout diiiérent. Aussi modi- fierai-je ici quelque peu la diagnose de Levander en indiquant la Difflugia limnetica non pas connue une variété, mais comme espèce bien nette. La Difflugia limnetica est toujours inférieure en taille à la Difflugia lobostoma; elle varie cependant beaucoup surtout suivant la localité. Les plus petits exemplaires que j'ai examinés, avaient environ 80 fx en longueur, et les plus grands 130 fj.; la moyenne est de 100 à 120 IX. 280 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN La coquille est ovoïde, raremeut presque sphérique, et toujours jaunâtre ou brunâ- tre; elle est en eftet pourvue d'un substratum cliitinoïde jaunâtre sur lequel reposent des fragments de quartz généralement aplatis. Entre ces écailles la chitine se voit sous forme de veinures plus ou moins brunes et ponctuées. La bouche est lobée comme dans l'espèce précédente (fig. 4), mais au lieu de quatre lobes elle n'en présente que trois; de temps à autre cepen- dant, une fois sur dix peut- être, on en trou- ve quatre. En outre, l'ouver- ture buccale est entourée d'une collerette, tou- jours présente, quoique souvent àpeine marquée (fig. 1) ; cette collerette est chitinoïde, avec très petits fragments quartzeux (fig. 1 et 6) ; d'autres fois elle est formée de plaques plus grandes et disposées avec un certain ordre. Les pseudopodes sont généralement plus nombreux et plus étroits que dans la Difflu- gia lobostoma (fig. 1, 2); ils sont sujets à s'étaler facilement en forme de cornes de renne ou de feuilles, mais d'une manière temporaire seulement (fig. 3, 6). Le plasma renferme toujours un nombre considérable de grains d'amidon, très petits, puis souvent quelques globules en apparence graisseux, et d'autres brillants, d'un vert brunâtre. Par contre, il faut le notei', cette espèce n'est jamais remplie de Zoochlorelles Difflugia limnetica. — 1 et 2. Aspects habituels. — 3. Exemplaire vu par la face orale — 4. Différentes formes de la bouche. — 5. Animal détaché de la coquille. — 6. Par- tie antérieure d'un individu. — 7 et 8. Noyaux. GENRE DIEFLUGIA 281 comme la précédente, et quand à la loupe on la cherche parmi les autres, elle s'en dis- tingue de suite, non seulement à sa taille, mais à sa teinte jaunâtre et non verte. Cependant, en écrasant l'animal, on y trouve fréquemment, en nombre alors très restreint, de très petites algues d'un vert clair, qui se rapprochent de la Zoochlorelle ordinaire (Chlorella vulgaris), mais représentent pourtant une espèce différente, plus petite et plus allongée. Parfois, il est vrai, j'ai rencontré deux ou trois Zoochlorelles ordinaires, mais pas assez abondantes pour donner une teinte quelconque au plasma. On remarque également, après écrasement, toujours quelques petites vésicules contractiles. Le noyau est ici tout différent de celui de la Difflnf/ia Johostnma. Il est sphérique, de .35-40 fj. de diamètre, et possède une membrane très fine, un anneau bien marqué de suc nucléaire finement cendré, puis un gros nucléole rond, à bords très francs et particulière- ment nets. Ce nucléole est suivant le cas rempli, soit de paillettes très fines, claires, soit fréquemment de petits grains ou globules de plasma, qui figurent eux-mêmes comme de petits nucléoles remplissant la masse nucléolaire tout entière. Quelquefois j'ai vu le nucléole finement denticulé sur ses bords, comme s'il y avait là le point de départ de fins prolongements allant le rattacher à la paroi nucléaire. La fig. 5 représente un individu tout entier sorti de sa coquille, et qui marchait sans éprouver de déformations bien considérables. Difflugia gramen spec. nov. Diftlugia lobostoma Leidy i. p. (PI. XV, fig. 15). Bifflugia tricuspis'^ Carter (16). Cette Difiiugie revêt encore une forme ovoïde, ou rarement subsphérique. A part la taille, qui est considérablement plus faible, puisqu'elle varie ici entre 60 et 80 ix, l'appa- rence première est tout à fait celle de la Diffl/fgia hhostoma typique. Mais il existe des différences plus importantes, qui font d'elle une espèce bien distincte. C'est elle cepen- dant que selon toute probabilité Leidy représente dans sa pi. XV, fig. 15, comme se rat- tachant à la Difflugia lobostoma. 36 282 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Il est possible aussi que cette espèce concorde avec la Difflugia frknsjns de Carter (16), caractérisée par une taille faible et une bouche trilobée, mais sur laquelle nous n'avons pas de renseignements suffisants. La Difflugia qramen ne porte pas de collerette, mais cependant on peut en trouver parfois une indication, par le fait (pie les petites pierres qui entourent la bouche font légè- rement saillie sur les autres. Cette bouche est constamment trilo- bée, et les lobes, au contraire de ce qui se p asse dans 1 es Difflugia lohostoma et limnetica, sont toujours réguliers, ])rofonds, et bien for- més, soit arrondis en feuille de trèfle (fig. 2), soit anguleux (fig. 3). La coquille est claire, non jaunâtre , et composée de petites pierres, soudées en- semble par un ciment hyalin. Le plasma renferme toujours une masse assez considérable de Zoochlorelles, qui donnent une teinte vert d'herbe à tout l'individu. On y trouve fréquemment aussi des grains d'amidon. La fig. 6 représente des corps très curieux, qui vus de face rappellent un anneau brillant, et de coté ont l'ap- parence d'une petite cuve, avec une couche de plasma bleu et brillant appliqué à ses parois intérieures. Je n'ai pu arriver à aucune conclusion sur la signification de ces petits éléments, qui avaient en général 7 ju de diamètre, et étaient assez nombreux dans le corps d'un des individus examinés. Difflugia gramen. — 1. Individu vu de côté. — 2. Un autre, par la face orale. — 3. Forme de la bouche. — 4. Noyau. — 5. Un autre noyau, à nucléole de forme exceptionnelle. — 6. Corps parasites à l'intérieur du plasma. — 7. Var. achlora. — 8. Même variété, vue dans le baume. — 9. Même variété, vue par la bouche. — 10. Individu écrasé. — 11. Détails de la surface de l'enve- loppe dans la var. achlora. GENRE DIFELUGIA 283 Les pseudopodes sont identiques à ceux de l'espèce précédente, mais naturellement plus petits. Le noyau, de 20 fi de diamètre, est sphérique, et possède un gros nucléole cendré, avec lacunes ou vacuoles très fines ; ce nucléole semble relié à la paroi nucléaire par des filaments extraordinairement ténus (fig. 4). Le suc cellulaire forme un anneau poussiéreux, verdâtre, pâle. J'ai trouvé un jour dans un individu le nucléole sous la forme apparente d'un boudin replié sur lui-même (fig. 5). La Bifflufjia gramen n'est pas très rare; elle se trouve la i)lupart du temps dans les mêmes stations que les deux espèces précédentes. Diffluf/ia gramen var. acMora. Dans les mêmes localités que la i)récédente, mais parfois aussi toute seule, se trouve parfois une petite Difilugie qu'on ne peut guère s'empêcher de rattacher à la Difflugia gramen, mais comme une variété distincte. La taille est plus faible que dans l'espèce type, de 50 à 60 y, avec une moyenne de 55 |U environ. La forme est relativement un peu plus allongée (fig. 7, 8) et il existe une collerette, souvent peu marquée il est vrai, et parfois tout à fait invisible sur le vivant, mais cachée seulement à la vue par des débris siliceux collés, et qui apparaît très nettement après préparation au baume (la fig. 8 ne montrait sur le vivant aucune collerette). Cette coquille est ici jaunâtre avec veinures brunes pointillées entre les petites plaques de recouvrement (fig. 11). La bouche est régulièrement ti-ilobée, connue dans le type. Le plasma ne ren- ferme jamais de Zoochlorelles, au contraire de l'espèce type qui en est toujours remplie. On y trouve par contre beaucoup de tout petits grains brillants, souvent des corps luisants (Glanzkôi-per?), et une ou deux vésicules contractiles. Le noyau est identique à celui de la Difflugia gramen typique. 284 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Ces quatre Difflugies, Difflugia Johostoma, Difflugia limnetica, Diffluqia c/ramen, et Difflngia rp-amen var. acMom, se trouvent tantôt seules, tantôt partiellement réunies. Mais dans une localité spéciale, à l'étang de l'Avenue d'Aire, je les ai récoltées toutes ensemble, les trois premières toujours en nombre considérable, et il semble à première vue qu'il y ait de la plus grande à la plus petite un passage graduel. C'est ce que j'avais cru d'abord, et il m'a fallu beaucoup de peine pour éclaircir la question; mais j'ai fini par arriver à la conclusion très nette, qu'il y a bien là quatre formes différentes, dont trois espèces bien distinctes, et une quatrième qu'il est préférable de regarder comme une variété. Comme d'autre part ces quatre formes pi'ésentent des ressemblances extérieures assez fortes, et qu'on aura peut-être un peu de peine à les reconnaître au premier coup d'œil, je récapitulerai en un petit tableau comparatif les caractères distinctifs de ces espèces. U. luljostoma. Taille moyenne 130 /t Couleur de la en quille hyaline Structure du col pas de collerette Bouche quatre lobes mal formés. Plasma avec Zoochlorelles Noyau avec nombreux nu- cléoles périphéri- ques. D. limnetica. jaunâtre collerette trois (rarem' quatre) lobes mal formés, sans Zoochlorelles un nucléole central. IJ. gramcn. 70 /tt hyaline pas de collerette trois lobes bien for- més, avec Zoochlorelles un nucléole central. D.grameny. acidora 55 fj, jaunâtre collerette trois lobes bien for- més, sans Zoochlorelles un nucléole central. Difflngia litJioplifes spec. nov. Cette espèce est de grande taille, variant pour la moyenne des individus entre 2U0 et 220 a. Elle est sphérique ou à peu près, sans qu'il y ait jamais de différence bien pro- noncée entre son grand et son petit axe. La coquille est mince et fragile, formée de pierres plates, serrées les unes contre les autres, et unies par un ciment jaunâtre. La bouche, dont le diamètre dépasse en général GENRE DIFFLUGIA 285 quelque peu le tiers de celui de la coquille, est trilobée, ou quadrilobée, ou même in'ésente parfois cinq lobes, mais ces lobes, quelque en soit le nombre, sont toujours et sans excep- tion très irréguliers et inégaux (fig. 2, 4, 5). Les bords de la bouche revêtent dans cette espèce une structure spéciale, laquelle rei)résente ici un caractère spécifique distinct et constant, en même ttMnps ((ue très inté- ressant à étudier. Ils sont formés d'une rangée de pierres plates de même na- ture que celles qui revêtent toute la co- que, mais le vernis chitineux brunâtre y est plus abondant qu'ailleurs, surtout à la base des dents (fig. 4, 5) qui font saillie vers le centre de la bouche. Si l'on examine avec atten- tion la base de ces appendices, on y voit un groupement de particules siliceuses noyées dans la chitine brune, puis cette chitine déborde ces particules, en passant brusquement, de brune qu'elle était, à une teinte hyaline; on y voit alors une dent triangulaire, lisse sur ses bords, dure et acérée au sommet (fig. 6). Cette dent n'a rien à faire avec des particules étrangères; son appai"ence tout entière montre qu'elle est un produit de l'animal lui-même, et en quelque sorte un durcissement de la chitine, probablement avec addition d'une forte quantité de matière siliceuse. Ces dents sont caractéristiques de la Diffliigia UtJioiMtes ; dans la DifflKijia corona nous retrouverons quelque chose d'approchant, mais sans qu'il y ait d'analogie réelle. Un second trait particulier à cette espèce réside dans les cornes qui garnissent l'extré- mité postérieure de la coquille. Elles peuvent d'ailleurs manquer, et on ne les trouve même Difflugia lifhoplites. — 1. Forme type. — 2. Coquille vue par la bouche. — 3. Noyau. — 4 et .5. Formes de la bouche. — 6. Une des dents de la bouche. — 7. Uue des cornes, vue sous deux aspects. — 8, 9, 10. Corues. 286 FAUNE RllIZOPODIQlIE DU BASSIN DU LÉMAN guère que dans les 507" des individus. Quand elles existent, elles varient en nombre de 1 à 6 ; généralement on en voit deux. Elles sont plus ou moins longues ou courtes, tubuleuses, étroites, ou bien plus larges à leur base, droites ou recourbées, et composées d'écaillés amorphes très petites noj'ées dans une masse cliitineuse relativement abondante, surtout à leur extrémité, qui est colorée en brun. Mais l'élément le plus curieux de ces cornes, c'est la présence d'une pierre quartzeuse d'origine étrangère, toujours hyaline, posée à leur sommet, et alors l'animal semble avoir mis un soin tout particulier à la recherche de ces pierres. En eflet elles représentent la plupart du temi)s des lames tranchantes, ou bien en tout cas des fragments allongés et très aigus (tig. 7 à lU), et semblent devoir constituer pour l'animal un élément de protection d'une grande efficacité. Il est quelquefois possible de reconnaître dans ces lames droites des diatomées profondément modifiées, mais la plupart du temps ce sont des pierres choisies avec soin. Ces lames ou pierres sont encastrées dans la chitine brune qui forme le sommet de la corne, mais sans pénétrer profondément dans l'intérieur; aussi pendant les manipulations se décollent-elles facilement (fig. 1 0), et rencontre-t-on fréquemment des cornes dépourvues de pierre terminale. Nous verrons bientôt des prolongements analogues dans le genre Cen- tropyxis; mais là ils sont terminés par un appendice chitinoïde, qui comme un bouchon comble la lumière de la corne, et y tient solidement. Enfin un troisième élément bien caractéristique est le noyau. Il est globuleux, et d'un volume remarquablement fort, car on le trou\'e la plupart du temps variant entre 65 et 70 fx. Sous une membrane bien nette, on y voit un plasma ou suc nucléaire finement pous- siéreux, et bourré de nucléoles extrêmement petits, globuleux, clairs, bleuâtres, i^resque brillants. Chose curieuse, dans cette espèce le corps lui-même renferme toujours une immense quantité de grains d'amidon très petits, qui ont une analogie remarquable avec les petits nucléoles du noyau; et j'ajouterai que dans d'autres Rhizopodes également j'ai souvent été frappé des rapports de ressemblance qui existaient entre les nucléoles et les hiclusions du cytoplasma. Mais sans doute il n'y a là que des coïncidences sans grande importance. Le plasma renferme en général peu de proies; en l'écrasant on y voit quelques petites vésicules contractiles. Jamais on ne trouve de Zoochlorelles en symbiose. Les pseudopodes sont dans la règle nombreux et étroits. GENRE DIFFLUGIA 287 J'ai trouvé cette espèce intéressante dans un petit marécage à Troinex ; les individus y étaient très abondants. Le nom de lithopUtes affecté à cette espèce vient de ce que cette dernière est pourvue d'armes de pierre qui pourraient la faire comparer aux guerriers des époques préhisto- riques. Il est possible que Leidy ait entrevu cette Difflugie, qu'il n'aurait examinée que d'une manière superficielle, pour la joindre à la Difflugiacorma. Il dit en effet : « Assez souvent « les « épines » sont terminées par une esquille ou écaille acérée qui dans maintes occa- « sions est d'un caractère si marqué qu'on ne peut pas s'empêcher de penser qu'elle a été « spécialement choisie. » Pour mon compte je n'ai jamais trouvé d'écaillés spéciales terminant les é])ines de la Difflugia corona. Archer mentionne également un Rhizopode qu'il « rapporte avec quelque doute à la Diffluf/ia corona, » mais qui s'en distingue par une coque moins régu- lière et moins sj'métrique, par des particules pierreuses moins bien adaptées, et par des cornes plus longues. Peut-être est-ce là la Difflucfia lithopUtes, mais les détails que fournit Archer ne sont pas suffisants non plus pour nous renseigner clairement à ce sujet. Difflîigia corona Wallich (118). Wallich en décrivant cette espèce la regardait comme une variété de la Difflugia globularis, elle-même constituant une sous-espèce de la Difflugia proteiformis de Ehrenberg. Leidy la considère avec raison comme une espèce bien caractérisée, en même temps que comme un des représentants les plus beaux et les plus remarquables du genre. La coquille de la Difflugia corona est à peu près sphérique, généralement un peu étirée à la bouche (fig. 1), et élargie en arrière par l'écartement des cornes. Elle est formée de pierres pas très grandes, bien arrangées, et ses contours sont relativement réguliers et unis, grâce peut-être à une proportion assez forte de ciment chitinoïde, qui revêt toute la coque d'une teinte brunâtre un peu spéciale, tirant sur le gris. 288 FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN La bouche est grande, ronde, crénelée, et ces crénelures, ou dents, sont égales, régu- lières, de manière à figurer une couronne très nette et élégante. D'après LEroY, ces dents sont au nombre de six à seize; mais le nombre le plus ordinaire en serait de douze, et il en existe plus souvent plus que moins. Pour mon compte je ne crois pas en avoir jamais vu moins de douze, et presque toujours un peu plus. Ces dents sont très intéressantes à étudier de près. Si Ton examine la bou- che avec attention, on voit qu'elle est bordée par des pier- res très petites, ou des petites parti- cules noyées dans une masse assez abondante de chi- tine. Cette matière chitinoïde brunâtre déborde alors comme une ceinture qui épouse tous les contours des lobules de la bouche, mais à l'extrémité de chaque lobule elle forme comme une gouttelette, étirée en une dent ou pointe plus ou moins acérée (fig. 3 et 4). Mais si l'on examine ces pointes avec atten- tion, on voit que sous chacune d'elles il existe une arête, d'abord fine, puis s'élargissant à mesure qu'elle s'éloigne du sommet (fig. 4). Cette arête caractéristique joue alors sans doute ici le rôle d'un élément de renforcement, comme par exemple dans les barres en T dont on se sert dans la construction, et sous ce rapport les dents sont dans cette espèce particulièrement intéressantes. Quant aux cornes qui garnissent le fond de la coque, elles sont généralement au nombre de 6 à 9, rarement plus ou moins ; Leidy en indique de 1 à 1 6, mais les indivi- Difflugia corona. — 1. Coque vue de côté. — 2. Exemplaire vu par la face orale. — 3. Détails de la bouche. — 4. Trois dents vues par dessous. — 5. Une des cornes. — 6. Noyau. GENRE DIFFLUGIA 289 dus à 1 OU 2, 3, 4 cornes se rapportaient probablement à la Difflufjia KthopUtes. Ces cor- nes sont dans la règle disposées les unes par rapport aux autres avec une grande régu- larité. Elles sont très larges à leur base, et leurs côtés se rapprochent graduellement, pour finir en une pointe bien marquée, mais qui n'est formée que des petites particules siliceuses qui revêtent toute la corne elle-même, et ne porte jamais de grosse pierre terminale comme dans l'espèce précédente (fig. 5). Ainsi constituées, les cornes sont coni- ques, creuses et largement ouvertes à leur base, toujours droites ou rarement et alors très faiblement recourbées à leur sommet, égales entre elles de longueur, et par leur réunion elles forment une couronne régulière. Le plasma ne renferme jamais de Zoochlorelles. Il contient un gros noyau sphérique, rempli de nucléoles globuleux qui ont quelque rapport avec ceux de l'espèce précédente (fig. 6). Les pseudopodes sont presque toujours d'assez forte taille et abondants. Ils sont éga- lement très changeants, se déplaçant rapidement d'un bloc, se bifurquant ou se divisant partiellement, et grimpant volontiers sur les cornes, entre lesquelles on les voit parfois tendus comme des rubans. Le diamètre de la coquille, vue d'en haut, et j compris les cornes, varie générale- ment de 200 à 250 fj.. Il est pi-obable que la taille peut être bien plus forte encore, car Leidy mentionne une coquille de 320 |u; c'est là sans doute une affaire de localité. J'ai trouvé cette espèce en grande abondance à la Pointe-à-la-Bise, puis moins nom- breuse dans un ou deux petits étangs des environs de Genève. C'est en sonmie une espèce rare, en même temps qu'une des plus belles et des plus régulières du genre. Difflugia amphora Leidy (67). Après avoir décrit cette espèce sous le nom de Difflugia amphora, Leidy a plus tard cru devoir la réunir à la Difflugia urceolata. Et pourtant ces deux organismes ne présentent rien de commun que l'existence d'une collerette, tandis que certains caractères de pre- mière importance les séparent nettement. La forme et la structure de l'enveloppe sont 37 290 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN diiférentes, la collerette est d'un type tout autre ; la bouche, ronde dans la Diffluffia urreo- lata, est ici lobée; le noyau est toujours unique; enfin la Diffluf/iaurceolata estYéîriiCta,ire à la symbiose, tandis que la Difflugia anipJiora se voit presque régulièrement remplie de Zoochlorelles. La coque est toujours ovoïde-allongée, mais le rapport entre la longueur et la lar- geur est très variable suivant les individus (fig. 1 et 3) ; souvent cette coque est un peu étirée ou pointue en arrière, et fréquem- ment aussi on la trouve légèrement comprimée, bosselée ou déformée (fig. 2). Elle est composée de petites pierres plates, serrées, et unies par un ciment chitinoïde clair, faiblement jau- nâtre, qui sur les vieilles coques dé- borde entre les pla- ques sous forme de veinures ferrugineu- ses brunes. A la bouche l'enveloppe est surtout chitinoïde, avec écailles très petites noyées dans le ciment. Cette bouche forme elle-même une collerette ou un rebord, plus ou moins bien accen- tué suivant les individus, mais dont la présence est constante. La collerette se développe à l'extérieur, mm pas par une courbe régulière connue dans la Difflugia urceolata, mais tout d'un jet, et ses côtés font avec la coquille un angle rentrant plus ou moins prononcé. Si l'on examine alors avec attention la partie orale de l'enveloppe, on voit que pour for- mer la collerette la membrane chitinoïde s'est d'abord quelque peu invaginée à l'inté- Diffliigia Amphora. — 1. Forme habituellp. — 2 et 3. Autres formes. — 4. Contours de la bouclie. — 5. Détails des bords de la bouche. — 6 et 7. Noyau. — 8. Coquille de forme anormale. GENRE DIFFLUGIA 291 rieur pour se développer de nouveau à l'extérieur. Il s'est formé en somme un repli cir- culaire interne, dont le creux ligure ime sorte de canal annulaire courant autour de la base du col. La fig. 1 montre bien l'apparence présentée par ce repli, lequel, il faut l'ajouter, est la plupart du temps loin de se présenter aussi nettement à la vue ; mais même lorsqu'il est très peu visible, ou que peut-être (connue cela se voit de temps à autre), il ne s'est pas du tout développé, la forme de la collerette revêt toujours encore un type carac- téristique. Rarement on rencontre des exemplaires d'une apparence différente (lig. 8), oîi les bords de l'enveloppe, au-dessous de la collerette, ont été relevés en quatre ou cinq saillies, unies entre elles par un repli ondulé. La collerette est fonnée surtout de matière chitinoïde, avec fragments siliceux très petits. A la bouche les bords en sont, non pas simplement aiTondis, mais onduleux, et les ondulations sont dans la règle au nombre de six, de sorte que l'ouverture buccale n'est pas circulaire, mais pourvue en principe de six lobes (fig. 4), Cependant il est assez rare que ces lobes soient bien réguliers; le plus souvent on les trouve mal indiqués, et la bouche peut devenir très irrégulière dans ses contours, plus encore que ne le montre la fig. 4 (à gauche). La lèvre elle-même présente ce caractère habituel de porter sur tout son pourtour un filet brillant, lequel vu à un fort grossissement se montre formé d'un chapelet de petites perles arrondies qui paraissent être de provenance endogène, c'est-à- dire un produit de l'animal lui-même. Le i)lasma ne présente rien de particulier. J'y ai remarqué, par écrasement de l'animal, la présence constante d'une ou de plusieurs belles vésicules contractiles; puis souvent aussi des masses globuleuses ou ovoïdes, brillantes, d'aspect gras, pareilles à celles que l'on trouve toujours en nombre considérable dans le genre Nebela, et qui se colorent admirablement par le carmin. Le plasma, dans les individus observés, s'est également toujours montré rempli de Zoochlorelles vivant en symbiose; parfois cependant j'ai trouvé ces Zoochlorelles rempla- cées par des Protococcacées différentes de la CJilorella vulgaris habituelle, pleines de vie également. Le noyau est très grand, de 45 à 60 p. suivant la taille de l'individu. Il est sphérique, à membrane bien nette, et renferme un grand nombre de nucléoles globuleux noyés dans une masse poussiéreuse de suc nucléaire. Le volume de ces nucléoles est très variable, 292 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN généralement le même pour tous ceux du même noyau. La fig. 7 montre cependant un noyau où les nucléoles étaient de tailles diverses et où les plus grands se voyaient creusés d'une lumière centrale, qui sans doute indiquait une fragmentation prochaine. Les pseudopodes sont normaux, généralement nombreux, relativement étroits et allongés. La Bifflufiia amphora est une belle espèce, de taille assez forte. Les exemplaires que j'ai examinés variaient dans les extrêmes de 150 à 270 jjl; mais la moyenne était de 200à210u. Diffliigia tuberculata Wallich (118). Diffluffia Bombayensis Carter (17). Diffluf/ia Johostoma i. p. Leidy, PI. XV, fig. 21, 22. Wallich, partant du principe que chez les Rhizopodes, seul le plasma est capable de fournir des caractères spécifiques suffisamment précis, et se basant sur la conception, d'ailleurs erronée, que dans toutes les Diffiugies le plasma est le même, a réuni dans ses derniers travaux tout ce que nous sommes habitués à faire renti'er dans le genre Difflu()ia en une seule espèce, la Diffltigiaproteiforims, qu'il subdivise alors en deux sous-espèces, Difflugia mitriformis et Difflugia globtilaris, chacune de ces sous-espèces renfermant plusieurs variétés. Sous le nom de Diffl/iy est alors la Nehela flabeUuhim-collaris, et celle de Taranek, comme celle aussi que j'ai examinée moi-même, serait plutôt la Nebela fla- hellulmn-bohemica. En somme, il existe enti'e ces trois types, coUaris, bohemica et flabellulum, un nom- bre si considérable de transitions qu'il sera de longtemps bien ditïicile d'éclaircir le sujet. Nebela bursella Vejdovsky (114). Hyalosphenia tincta Leidy (67). Dans cette jolie espèce la coque est ovale, fortement comprimée, à contours très réguliers (tig. .3), parfois un peu étirée au voisinage de la bouche (iig. 1), transparente, d'un jaune chamois ti'ès pur et clair. Elle est presque lisse et composée d'écaillés siliceu- ses petites, ovales ou rondes, souvent pres- que invisibles sur le vivant, d'autres fois au contraire assez nettes, et formant en général par leur assemblage un dessin en dentelle très délicat. Parfois on y trouve des diatomées, qui peuvent même rempla- cer complètement les écailles et ne se reconnaissent presque plus que par les systèmes de doubles lignes qu'elles forment par leur assemblage. , La bouche est arquée en avant sur les faces larges et pourvue d'une encoche pro- fonde sur les côtés ; l'ouverture buccale est elliptique, très allongée grâce à la compres- Nebela bursella. — 1. Forme liabituelle. — 2. Enveloppe vue d'en haut. — 3. Animal enkysté. GENRE NEBELA 367 sion assez forte de l'enveloppe ; parfois on la voit entourée d'un bourrelet ou tube très court. Au tiers environ de la hauteur de la coque à partir de la bouche, on trouve toujours deux pores très nets. Le plasma est parfaitement identique à celui des Nebela en général. Il renferme des boulettes de nourriture, les corps gras habituels et presque toujours un nombre con- sidérable de grains d'amidon. La vésicule contractile y est souvent bien visible, faisant saillie sur le côté comprimé du plasma. Souvent on en voit deux, une en arrière près du noyau et l'autre à la bouche. Les pseudopodes (tig. 1) sont en général plus nombreux et en même temps plus étroits que dans les autres espèc^es, suivant en cela la règle générale que, dans les Rhizo- podes lobosa tout au moins, plus l'ellipse figurée par l'ouverture buccale est allongée, plus le nombre des pseudopodes est élevé (il peut y avoir d'ailleurs <à cette règle des exceptions, et pour des raisons particulières, comme dans HyaJosphenia cuneata etpunc- tafa). La description ci-dessus s'applique à la forme habituelle des sphagnum, oîi l'espèce atteint en général la taille de 70 à 80 /ot environ, rarement plus. C'est cette forme égale- ment qui, sans aucun doute, correspond à V HyaJosphenia tincta de Leidy; cet auteur indique la membrane comme lisse et sans structure, mais il ajoute que parfois il y a reconnu une apparence indistincte d'aréolation. En réalité, et surtout dans les sphagnum des tourbières bien humides, la membrane parait le plus souvent lisse, et de fines stries sont seules à indiquer les écailles; mais de là à une aréolation bien nette, on trompe toutes les transitions possibles. Mais si la Nebela hiirsella telle qu'elle vient d'être décrite représente la forme typique, il en existe une autre que l'on ne peut guère séparer de la première et qui, si elle n'évite pas toujours les sphagnum, est surtout caractéristique des mousses fraîches des bois ombragés, où on la trouve assez fréquemment. Elle est fortement comprimée, sou- vent à arête brusque sur les côtés, beaucoup plus grande que la forme typique, attei- gnant facilement de 110 à 120 u, et restant rarement inférieure à 90. Les dessins en sont beaucoup plus nets (fig. Ij, et les écailles qui couvrent la coque presque toujours petites, peu régulières, serrées (fig. 3); parfois on les voit remplacées par des diatomées. 368 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN La bouche est à peine arquée et souvent pas du tout, fréquemment bordée d'un col droit très court, comme dans la Nebéla hohemica. Les deux pores latéraux existent toujours. Le noyau, que dans cette variété j'ai pu examiner isolé du plasma, est rond, assez gros (23 ix) et renferme un grand nombre de nucléoles globuleux répartis sans ordre dans une masse grisâtre, poin- tillée, qui doit représenter le suc nucléaire. Cette grande forme se relie certainement à la NebeJa bursella typique par des caractères suffisam- ment identiques pour qu'on ne puisse l'en séparer comme espèce; mais elle se rapproche également de très près de la Nehela flahellidum-hohemica, dont sur certains individus elle ne semble plus différer que par la présence de pores latéraux. En 1890, en décrivant la Nehela flahellulum, j'y indiquais l'existence possible de pores; j'ai reconnu depuis, il est vrai, que sous le nom de NebeJa flahellulum j'avais décrit, non seulement luflabellulum vraie (dans le sens de Taranek), mais encore cette grande variété bryophile de la Nehela hursella, mais l'absence de pores dans la Neb. flahellulum n'est peut-être pas constante, et dans ce cas nous aurions de la Nehela collaris à la Nebela bursella typique, ces deux formes si différentes l'une de l'autre, tous les termes possibles de passage. Nebela bursella, variété. — 3. Détails de la surface 1. Vue de face. 4. Noyau. 2. D'en haut. Nebela militaris Penard (85). Cette espèce semble à première vue n'être qu'une variété de la Nehela bursella, et correspond sans doute aux figures de Vejdovsky (PI. II, fig. 2) et de Taranek (PI. III, fig. 8) indiquées comme représeïitant cette dernière espèce ; Leidy donne un dessin qui doit s'y rapporter également (PL XX, fig. 18), mais sous le nom de Hyalosphenia tincta. GENRE NEBELA 369 Pour moi, cette petite forme est bien une espèce distincte, voisine de la Nehela hur- sella, mais indépendante. La structure de la coque est la même, peut-être un peu plus claire et plus pure encore, hyaline ou d'un jaune chamois peu prononcé, transparente, comprimée sur ses côtés, lisse ou couverte de dessins délicats ; mais il existe trois carac- tères qui séparent nettement ces deux Nébélides: la taille, la forme générale et la bouche. La taille est plus petite, arrivant rarement au delà de 65 ^y., bien que dans des cas spéciaux elle puisse atteindre à 70 ; la moyenne est de 60 u. celle de la Nehela burseUa étant de 80 fx. La forme est relativement beaucoup plus allongée, la coque étant presque tubulaire, renflée en arrière, et pouvant se com- parer à un canon court, à culasse très renflée : parfois cependant on la trouve quelque peu étranglée au col, pour s'élar- gir de nouveau à la bouche (fig. 2). Un troisième caractère différentiel se montre dans la forme des lèvres ; ces dernières, sur les faces larges, sont tou- jours très proéminentes (tig. 1 et 2), beau- coup plus que dans la XeheJa hioseJla, arrondies en un arc fortement convexe et parfois comme brisé dans son milieu, de sorte que les côtés de Tare, au lieu de décrire une courbe régulière, auraient quelque peu l'apparence de lignes droites se rencontrant sous un angle obtus. En même temps les lèvres sont fortes, et dépassent les côtés de l'enveloppe, qui se trouve par là munie en apparence d'une dent latérale. Quant aux côtés étroits ils se trou- vent toujours creusés d'une profonde échancrure. Comme dans la Nebeki hiirseUa, il existe deux pores latéraux, un de chaque côté, au niveau du tiers antérieur. Le plasma est identique à celui de l'espèce précédente; le noyau également (tig. 4). L'animal est extrêmement timide, et jamais je ne l'ai vu sortir ses pseudopodes. On rencontre fréquemment des individus enkystés, où les kystes sont pai-faitement semblables à ceux de la Nehela h/irseJIa (fig. 2). Nehela militaris. — 1. Forme habituelle. — 2. Forme plus rare. — 3. Coque vue de côté. — 4. Noyau. 47 370 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN La Nébela mUitaris est plutôt rare; je ne l'ai trouvée qu'à la vallée de Joux et aux Pitons, peu abondante. Nebda crenulata Penard spec. (88). Nebela dentistoma Penard (85). Nehela coUaris Leidy i. p. (67). Après avoir décrit cette espèce, en 1890, sous le nom de Nebela dentistoma, mon attention fut attirée sur le fait que cette dénomination spécifique était inadmissible, comme composée d'un mot latin et d'un mot grec à la fois; aussi en 1893, avais-je proposé de changer ce nom en celui de Nehela crenu- lata. Voici quelle était à l'origine la diagnose de l'espèce : « Coque très « variable de gi-andeur, « obovale ou ovale-al- « longée , quelquefois « presque ronde, trans- « parente, comprimée, composée d'écaillés amorphes rondes, ovales, rarement allongées et « rappelant alors des diatomées modifiées, avec matière cimentitielle chitineuse peu abon- « dante et parfaitement hyaline. Les écailles sont reliées les unes aux autres par des ponts de « substance claire, laissant entre eux des espaces (perforations?) par lesquels sont souvent « exsudées des gouttelettes brillantes, ou bourrelets, qui se répandent sur les écailles. « Bouche terminale, à coupe elliptique allongée, bordée de dents irrégulières, arrondies, « qui représentent les bords libres des écailles buccales ou qiii sont quelquefois remplacées « par un bourrelet ondulé. Pas de poi-es latéi-aux visibles. Plasma et pseudopodes comme « dans les Nehela en général. » Nebela crenulata, — 1. De face. — 2. Vue par la bouche. — 3. Vue de côté. — 4. Détails de la bouche. — 5. Partie antérieure d'un autre individu. GENRE NEBELA 371 Cette description est exacte, mais il est quelques points sur lesquels je désirerais un instant revenir. La taille est dans cette espèce plus fortement variable que dans beaucoup d'autres, mais cependant il faut remarquer que les individus très grands sont toujours rares, ou plutôt qu'ils ne se trouvent que dans des localités très peu nombreuses. J'indiquais en 1890 les limites détaille comme allant de 85 à 130 /i^; mais en revisant mes notes de cette année-là, et qui concernent des Rhizopodes récoltés à Wiesbaden, je vois que ce chiffre maximum de \30 ^jl, concerne exclusivement, non pas un seul individu, mais une seule station ; dans les autres localités, la moyenne était de 80 à 90 [j.. L'année dernière, j'ai trouvé comme limites de variations de 66 à 111 «; mais les deux extrêmes étaient fort rares, la moyenne étant de 77 //, et le maximum toujours inférieur à 90 ix, sauf dans une seule station, aux Voirons. La forme est très caractéristique, ovale ou obovale, parfois très large, et les contours sont toujours réguliers, bien que la surface ne soit pas très lisse, grâce à la présence des écailles qui parfois font légèrement saillie. La bouche se montre ici, suivant les individus, soit franchement crénelée (tig. 4), soit simplement onduleuse (fig. 5) ; la première apparence est due aux écailles orales, dont chacune figure une dent, la seconde à un dépôt de matière chitinoïde qui se fait sur ces écailles et finit parfois par les recouvrir complètement. Cette bouche est ovale dans son contour, dépourvue, soit de lèvres pro- éminentes sur les faces larges, soit d'encoche sur les côtés. Le plasma est identique à celui des Nehela en général ; on y trouve les boulettes brillantes caractéristiques, beaucoup d'amidon, généralement deux vésicules contractiles en arrière, et un noyau dans lequel j'ai pu voir des nucléoles assez nombreux, inégalement répartis, mais qui malheureusement se prêtaient mal à un examen détaillé. Les pseudopodes sont vigoureux, vifs, et l'animal est robuste. Cette espèce semble particulière aux sphagnum; je ne l'ai en tout cas jamais trouvée, sur notre territoire, ailleurs que dans les tourbières à sphaignes '. Il est étonnant que la Nehela crenulata, qui se distingue par des caractères bien nets, ' Il est intéressant de remarquer cependant que dans les Montagnes Rocheuses (Colorado), sous le sommet du Bald Mountain, et à 4000 mètres, altitude ft laquelle le sphagnum ne semble plus arriver, je Tai trouvée en abondance, dans un petit marécage garni de mousses. 372 FAUNE KHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN permanents, et faciles à reconnaître, n'ait été décrite ni par Leidy ni par Taranek; le premier ligure cependant (PI. XXIV fig. 12) au moins un spécimen qui doit se rapporter à cette espèce. Nehela vitma Penard (89). Cette grande Nébélide, qui n'est pas rare dans le lac de Genève, où elle habite la profondeur, à oO, 40, et 50 mètres, a été décrite en 1899 (89) dans les termes suivants: « La coquille a presque toujours la forme d'un aérostat (y compris les cordes laté- « raies, et supposé « comprimé). Elle « estforméed'écail- <- les brillantes, « minces mais un « peu plus épaisses « au centre que sur « les bords, dé- « pourvues de toute « forme régulière « mais arrondies sur « les angles quand « ilyena. Cesécail- « les se touchent par « leurs bords, mais « avec très peu de « solidité, et sont en bonne partie cimentées les unes aux autres par des écailles plus petites collées aux points de jointure de manière à couvrir partiellement deux plaques ou plus à la fois (tig. 4). « Il est très ditïicile de distinguer si ces écailles de jointure sont internes ou exter- nes, mais je suis arrivé à la conviction qu'elles se trouvaient normalement collées à Vintérieur de la membrane d'envelopjje. Nehela vitrxa. — 1. Animal en marche. — 2. Coquille vue de côté. — o. Vue d'en haut. — 4. Détails de la surface. — 5. Forme arrondie, plus rare. — 6. Petite variété. — 7. Pseudopode. — 8. Noyau. GENRE NEBELA 373 « La coquille est exti-êmeiiieiit hyaline, et il semble qu'elle devrait par sa transi)a- « rence favoriser l'étude du plasma intérieur, mais ce n'est pas le cas ; le plasma n'est guère « plus visible dans cette espèce que chez les Difflugies pierreuses, et je crois pouvoir « attribuer le fait au chatoiement renvojé par les nombreuses plaques, dont l'épaisseur « n'est pas partout la même. Il faut ajouter que ces plaques supportent très bien l'action « de l'acide sulfurique bouillant, même additionné de bichromate de potasse. Mais alors, « sous l'effet de ces réactifs, elles se détachent toutes les unes des autres, par dissolution « du vernis qui les relie. Il doit en effet exister un vernis interne, d'une nature un peu « particulière, auquel il faut également attribuer la couleur d'un beau jaune citron claii' « qui revêt certaines coquilles. Cette teinte lorsqu'elle existe concerne toute la coque, à « l'exclusion des écailles de la bouche, qui restent incolores. « Il faut ajouter que cette coquille, bien que très constante dans sa composition, et « toujours facilement reconnaissable, est sujette à d'assez grandes variations de forme. « Souvent on la trouve boursouHée, plus ou moins élargie, jusqu'à devenir presque rcmde « et de temps à autre tout à fait monstrueuse; mais c'est la forme régulière, telle que la « représente la lig. 1, qui est de beaucoup la plus fréquente. Quant à la bouche, elle est « toujours de forme elliptique, plutôt petite et bordée d'écaillés semblables aux autres, « généralement avec un angle dirigé en avant comme une dent. » « Le plasma, grisâtre, toujours plein de grains et de nourriture, ne remplit jamais « la coquille tout entière, et souvent pas plus de la moitié : il est alors relié au fond de cette « coque par des prolongements ou ('piporles, comme du reste chez tous les Rhizopodes « testacés. « Le noyau se montre généralement sous la forme d'une sphère pleine de granulations « (nucléoles). J'ai rencontré un joui' un de ces noyaux dans lequel les graïuilations, extrê- « mement petites, étaient disposées en groupes ou ilôts répartis sur toute la surface du « plasma nucléaire (fig. 15 et 16). « La plupart du temps on voit deux vésicules contractiles, l'une près du noyau et « l'autre non loin de la bouche. « Les pseudopodes sont clairs, mats, coulants et très actifs. Quand l'animal marche <' très rapidement, il n'y en a qu'un seul. Souvent on voit de toutes petites plaques amorphes « provenant du plasma interne, pénétrer dans ces pseudopodes et y courir même jusqu'au 374 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN « bout dans le courant liquide qui circule à l'intérieur. C'est là un phénomène qui n'est « pas particulier à cette espèce, mais qu'on y constate beaucoup plus fréquemment que « dans d'autres. « J'ai trouvé parfois des animaux enkystés ou plutôt retirés en boule dans l'inté- « rieur de la coquille, car on n'y voyait pas de membrane de kyste solide. Par contre la « bouche était fermée par un diaphragme de débris agglutinés. Inutile d'ajouter que dans « cette espèce comme chez tous les Rhizopodes testacés à coque non continue, on trouve « souvent dans le plasma des plaques ou écailles de réserve destinées à la confection « d'une nouvelle coque. » J'indiquais alors la Nebela vitrœa comme présentant en moyenne une longueur de 170 à 200 fj.. C'est encore à ce résultat que m'ont conduit mes études de l'année dernière, qui m'ont fait retrouver cette espèce en assez grande abondance, mais sans m'apporter de nouveaux détails '. Il faut ajouter que si cette longueur de 170 à 200 jtx concerne la plus grande partie des individus, il existe des extrêmes qui rendent cette espèce très variable. Le plus petit exemplaire que j'aie observé mesurait 155 ,u, le plus grand 231 /;i. Jusqu'à présent la Nebela vitrrea ne s'était montrée que dans le lac de Genève, et semblait lui être tout à fait particulière. Cependant, j'ai retrouvé en très petit nombre dans le marais de Gaillard, lequel est en communication par l'Arve et le Rhône avec le lac, des individus que Ton ne peut guère faire autrement que de rapporter à cette espèce, mais d'une taille bien inférieure, car les quatre exemplaires examinés, mesuraient res- pectivement 66, 77, 115 et 115 (u. De plus j'ai rapporté un jour du marais de Mategnin, un seul et unique spécimen identique en apparence à la Nehela vitrcea, et pourvu du noyau caractéristique avec nucléoles en traînées, mais de taille également très faible. Dans toutes les autres stations, qui sont au nombre de plus de soixante, où j'ai fait des recherches, jamais je n'ai rencontré un seul représentant de cette espèce. Il est intéressant de remarquer la grande analogie qui existe entre la Nehela vitrœa et la Nehela crenulata. Ces deux espèces sont les mêmes par leur forme, par leur transpa- rence, par l'agencement de leurs écailles, et même peut-être par la structure spéciale du ' Sauf pour ce qui concerne le noyau, que j'ai reconuu posséder normalenienl les nucléoles en traî- nées aperçus en 1899. GENRE NEBELA 375 noyau (nucléoles avec tendance à la formation de traînées); de plus dans un des grands individus de Nehela crenulata provenant des Voirons, on constatait, dans le seul exem- plaire ofi j'ai vu des pseudopodes déployés, la présence de petites parcelles brillantes qui pénétraient dans leur intérieur, ce qui est, avons-nous dit, un trait caractéristique de la Nehela vitrœa. En somme, les différences entre ces deux espèces peuvent se résumer dans les caractères suivants : la Nehela vitrœa est bien plus forte, de longueur double (et par conséquent de volume buit fois aussi fort) en moyenne; elle tend parfois à revêtir une teinte jaune citron très claire, que la Nehela crenulata n'a jamais; les écailles y sont plates, auguleuses bien qu'arrondies sur leurs angles, et non pas rondes ou ovales comme dans cette espèce; enfin, tandis que dans la Nehela crenulata les contours sont toujours réguliers, on les trouve ici très fréquemment, dans le 30 "o des cas au moins, plus ou moins tourmentés, bosselés et inégaux. Ces caractères, s'ils revêtent ces deux espèces d'apparences qui les font toujours nettement reconnaître l'une de l'autre, ne sont pas suffisants, surtout si nous prenons en considération les quelques individus de Gaillard et celui de Mategnin, qui pourraient ser- vir de transition, pour nous empêcher de leur reconnaître une même origine. Je serais alors porté à croire que la Nehela vitrœa représente un dérivé de la Nehela crenulata, adapté à la vie des grands fonds ; à moins pouitant qu'il ne faille accepter une solution toute contraire, solution qu'il y a deux ans j'aurais regardée comme la plus probable, mais à laquelle il faut probablement renoncer (voir note 12) et qui consisterait à dire que la Nehela crenulata dérive de la Nehela vitrœa, et s'est adaptée à la vie dans les tourbières. Nehela tenella Penard (88). J'avais autrefois trouvé cette espèce dans les sphagnum du Jura, et l'année dernière c'est également dans le Jura, à la tourbière de la Pile, que je l'ai récoltée. C'est là, avec la Neh. minor, la plus petite espèce du genre; sa longueur est de K)^ environ, et il est rare qu'elle s'écarte beaucoup de cette moyenne. Elle est pyi'iforme, mais toujours assez fortement comprimée, mince, hyaline ou 376 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN jaunâtre, rugueuse, parfois plissée ou froissée, peu régulière dans ses contours, et terminée en avant par un évasement généralement bien prononcé (fig. 1), mais qui peut, dans cer- tains cas, manquer (fig. 3). L'enveloppe est composée d'une matière chitinoïde, revêtue d'écaillés rondes ou amorphes, très petites, à peine visibles, et sou- vent mélangées de petits bâtonnets ou de dia- tomées modifiées. Cette espèce s'est toujoux"s montrée sous la forme de coques, soit vides, soit pourvues d'un kj'Ste à membrane lisse généralement bourré d'amidon, et protégé en avant soit par un diaphragme, soit par un tampon de débris, soit par ces deux éléments à la fois. Bien qu'on doive sans doute considérer cette espèce comme appartenant encore au genre Nehela, il n'en est pas moins vrai qu'à première apparence elle en diffère considé- rablement par la nature de son enveloppe, où les éléments de recouvrement sont si peu apparents que parfois on ne les distingue pas. Nehela tenella. — 1. Face large, étroite. — 3. Individu enkysté. 2. Face . Genre Quadrula F.-E. Sckulze (107). Ce genre est caractérisé par la présence de plaques carrées qui constituent la totalité de l'enveloppe. Le corps interne et les pseudopodes sont analogues à ceux des Difflugies. Quadrilla si/mmetrica F.-E. Schulze (107). Bifflufi'ia proteiformls var. symmetrica Wallich (ILS). Diffhigia symmetrica Wallich (118). Diffluqiu assuhta Ehrenberg \ ' Abhand. der kiinigl. Akad. Berlin, 1871. GENRE QUADRULA 377 La Quadrilla si/mmetrica présente les plus grandes analogies avec les Nébélides qui viennent d'être décrites en dernier lieu, et n'en diffère en somme que par la forme de ses plaques; aussi Taranek la fait-il, avec raison, rentrer dans la même famille. L'enveloppe est encore ici allongée, et sous ce rapport Taranek a distingué deux formes, la première, ou var. (/en/mia, courte et simplement pyriforme (fig. 3), et la se- conde, ou var. Jongicollis, pyriforme ou la- géniforme, prolongée en un col assez long (fig. 1). Taranek indique encore une diffé- rence qui résiderait dans le nombre des ran- gées de plaques transversales ; ces rangées sont moins nombreuses dans la var. courte que dans lavai', longue; mais le fait est assez naturel et ce caractère ne peut guère servir de critérium. Pour mon compte, je ne crois pas qu'il y ait lieu de subdiviser l'espèce en variétés distinctes, car, si l'on trouve en effet des formes plus ou moins trapues ou allon- gées, ces formes offrent souvent, dans une même localité, toutes les transitions possibles ; d'autres fois, il est vrai, telle ou telle localité montrera telle ou telle forme particulière, due sans doute à l'habitat. Quelle que soit sa forme générale, l'enveloppe est comprimée, à la manière des Né- bélides; mais elle l'est surtout à la bouche (fig. 2), et beaucoup moins en arrière, où une section transversale donnerait une figure largement ovale. Sur les cotés larges, la co- quille est prolongée en deu.v lèvres proéminentes très accusées, et par contre les enco- ches latérales sont très fortes aussi. La pellicule chitinoïde qui tapisse la paroi interne de l'enveloppe est extraordinaire- ment mince, plutôt une sorte de vernis bien moins abondant que dans les Nebela. très pâle et transparent, et revêtant parfois une nuance rosée très légère et très délicate. . Les écailles sont carrées, très claires et transparentes; Wallich et Taranek les indiiiuent comuu' formées de silice amorphe, et cette opinion me parait certainement juste. Elles sont disposées en séries transversales et longitudinales, mais pas toujours Quadrilla symmetiica. — 1. Forme habituelle. — 2. Autre individu, vu de côté. — 3. Forme trapue. 48 378 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN bien régulières; il est même rare de trouver une coque tout entière formée de séries de lignes droites se coupant à des angles de 90 degrés; presque toujours quelques plaques sont plus grandes ou plus petites qu'elles ne devraient l'être d'après leur position, et il se forme alors des anomalies, ou des vides que l'animal remplit par des écailles plus pe- tites, mais toujours carrées, ou parfois aussi on trouve des espaces triangulaires qui sem- blent comblés par la seule matière chitinoïde. Souvent aussi les écailles chevauchent un peu les unes sur les autres, ou bien certaines rangées transversales deviendront plus ou moins diagonales; il peut même ai'river, très rarement, que toute la coque, ou bien une des faces tout entière, soit revêtue de rangées de plaques qui coupent la surface de séries de lignes diagonales. C'est à la bouche que les écailles varient le plus; celles qui forment les lèvres sont fi-équemment très grandes ; mais à part cette région elles sont dans la règle de taille d'autant plus forte qu'elles revêtent une partie plus large de l'enveloppe. Le plasma remplit une partie généralement assez considérable de la coque, mais beaucoup plus faible quand les pseudopodes sont déployés, car ces derniers sont de fort volume, très vifs et robustes. Ce plasma renferme de l'amidon, des proies, une ou plu- sieurs vésicules contractiles, et les globules gras caractéristiques des Nebela, se colo- rant en rouge vif par le carmin. Le no.yau est analogue également à celui des Nehela, renfermant une niasse grise dans laquelle baignent des nucléoles; un jour pourtant j'ai trouvé un grand luicléole central en apparence compact, mais que je n'ai pas pu exa- miner en détail, et peut-être en réalité ce gros nucléole renfermait-il des nucléoles plus petits. La taille est extrêmement variable, suivant la localité, les individus, ou, bien plus souvent, la forme; je l'ai trouvée variant de (iti à 111 fx; Leidy indique 80 à 140 ^u, et TARANEK60à 120 /^.. En 1891, j'avais récolté en très grande abondance, en Amérique, une forme remar- quable par sa grande taille, qui la plupart du temps mesurait 150 u environ, ainsi que par l'arrangement irrégulier de ses écailles; je l'avais distinguée sous le nom de var. irrefiuhiris. En Europe je n'ai jamais trouvé d'aussi graiuls exemplaires. GENRE QUADRULA 379 Quadrula discoïdes Penard (88). 'ê Il est vraiment étonnant que cette espèce n'ait jamais été signalée par aucun auteur, car elle n'est pas rare; peut-être le fait provient-il de ce qu'elle semble habiter presque exclusivement les mousses, soit celles des bois et des haies, soit les mousses des maré- cages, mais peut-être à l'exclusion des sphagnum, où je n'ai pas remarqué sa présence. Elle est très petite, mais assez variable, et cela plutôt suivant la localité que suivant les individus; dans une petite mare d'eau claire et garnie de mousses, à Florissant, j'en ai fait un jour une récolte où les individus, fort nombreux, ne variaient guère que de 25 à 26/i en longueur; dans une au- tre station, au marais de Ber- nex, où l'espèce était également très abondante, la moyenne était de 33 à 38 /i ; et le plus grand exemplaire que j'aie trouvé, à Troinex, arrivait à 40 fx. La coque est discoïdale, parfois presque ronde, toujours fortement comprimée, mince, hyaline-rosée et formée de grandes plaques carrées soudées par leurs bords eu séries longitudinales et transversales, généralement avec une assez grande régularité (fig. 1). L'ouverture buccale est grande, allongée, et grâce à la disposition des plaques qui la bordent, toujours plus ou moins anguleuse à ses connuissures (fig. 4). Il n'existe pas ici, connue dans l'espèce précédente, de lèvre proéminente, ni d'échancrure, et la bouche représente une troncature à angle droit. Quadrula discoides. — 1. Aspect habituel. — 2. Coquille vue d'en haut. — 3. Une autre, vue par la bouche. — 4. Détails de l'eii- caclreraent de la bouche. — 5. Animal enkysté (après conju- gaison ?). — 6. Kyste à paroi épaisse. — 7. Noyau. — 8. Animal attaqué par des tilaments parasites. — 9. Un de ces filaments, entre deux écailles. 380 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Le plasma est pâle, bleu cendré, très pur. Il renferme des boulettes de nourriture également cendrées et bleuâtres, puis en général deux vésicules contractiles près du noyau. Ce dernier est sphérique, de taille plutôt faible, et renferme un gros nucléole cen- tral d'un bleu mat. Assez souvent le noyau est quekpie peu excentrique, bien que tou- jours au fond du plasma. Les pseudopodes sont clairs, très pâles, cendrés également, et très vifs. Dans une marche rapide, la plupart du temps on n'en voit qu'un seul. Les épipodes sont bien visi- bles et relativement très larges. La fig. 8 représente un individu sans doute attaqué par des cry])togames filamen- teux; dans une de mes pêches, un grand nombre d'exemplaires étaient presque complète- ment revêtus de ces filaments, et ces derniers (tig. 9), longs, hyalins, quelque peu recour- bés, se voyaient plantés comme des aiguilles aux points de jonction des plaques entre elles. On aurait pu croire alors qu'ils appartenaient à la structure même de la coque. J'ai trouvé quelquefois l'animal enkysté; le kyste sphérique, ou pi'obablement plutôt un peu comprimé, était revêtu d'une membrane brillante très épaisse (fig. 6). Dans une de mes pêches, au mois de mai, j'ai rencontré également deux cas d'enkystement après conjugaison préalable, et dans les deux couples l'une des coquilles était vide, tandis que l'autre renfermait un kyste arrondi, et que de plus la paroi intérieure de la coque était doublée d'une pellicule brune, laquelle sur certaines régions se voyait détachée de la coquille et flottait libre dans l'intérieur. La bouche était fermée par un diaphragme noi- râtre (fig. 5). Quadrilla globidosa Penard (87). Cette espèce présente avec la précédente les plus grandes analogies, si grandes même qu'il aurait peut-être mieux valu considérer la Quadrula qlohulosa comme une variété. Mais comme c'est elle qui a été trouvée la première, en 1891, tandis que la Quadrilla discoides ne date que de 1893; que, d'autre part, cette dernière n'aurait guère su])i)orté le nom de f/lobidosa, et qu'après tout il y a, dans cette tendance à revêtir dans la profondeur la forme sphérique, quelque chose de bien particulier, il me semble préfé- GENKE lIELEOrEKA 381 rable de laisser à ces deux organismes les dénominations distinctes sous lesquelles ils ont été décrits. Les ditîérences qui existent entre ces deux espèces sont les suivantes : 1° IjA Quadrula fjlohulosa est plus grande, atteignant en moyenne de 35 à 40 ju; cependant la variabilité est très forte, et l'on rencontre des exemplaires de 30 ^. 2° Les plaques carrées sont dans presque tous les individus arrangées avec beaucoup moins de régularité, et quelquefois même, elles se trouvent dans un grand désordre, surtout celles qui garnissent le fond de la coque (tig. 2). S'' La compression latérale est ici toujours beaucoup plus faible, et parfois semble à peine exister, de sorte que la coupe transversale est 1 /-( , , 1 , 1 , v'-ww*' M-n* ubuutiiOSd. — 1. iJp côté. — 2. iJ en presque ronde. Ce caractère n est cependant pas ^ ^^^^ aussi nettement accentué que je l'avais cm lors de mes premières récoltes, et l'on rencontre des individus à section transversale elliptique qui se rapprocheraient de la Quadrula discoïdes. En quittant les grands fonds du lac il est même probable que la compression augmente, car sur les rivages, à la Pointe-à-la- Bise, j'ai trouvé la Quadrula discoïdes, mais pas jusqu'ici la Quadrula glohulosa. Cette dernière est rare, sporadique, et on la trouve presque toujours en coquilles vides ; la plasma, que j'ai pu examiner dans quelques occasions, m'a paru conforme à celui de la Quadrula symwetrica, de même que les pseudopodes. La Quadrula globulosa ne s'est montrée jusqu'ici que dans le lac de Genève, puis ensuite dans les lacs de Lucerne et de Constance, toujours dans la profondeur, à 30, 40 et 45 mètres. Genre Hekopera Leidy (67). Ce genre est caractérisé par une coquille de figure à peu près ovoïde, mais très comprimée latéralement, chitinoïde, chagrinée, réticulée, ou à surface divisée en réseaux alvéolaires. La bouche est terminale, à ouverture elliptique et parfois linéaire, avec 382 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN tendance à la formation de lèvres chitineuses jaunâtres. Les pseudopodes sont toujours nombreux, digitiformes. Heleoperu pdiicola Leidy (67). Cette espèce n'est pas rare dans les sphagnum et les mousses. La coque présente les caractères du genre, formée d'une mend)rane chitinoïde claire, presque toujours indistinctement réticulée, rarement couverte de dessins alvéolaires qui présentent une certaine régularité (fig. 3). Ces différentes apparences sont causées par des écailles, tantôt amorphes, tantôt ovales, noyées dans la matière chitinoïde. Mais en outre on trouve fré- quemment par-ci par-là des particules adhérentes à la sur- face, et toujours en tout cas le fond de la coquille est garni de pierres, plus ou moins nom- breuses, plus ou moins plates ou au contraire anguleuses sui- vant la localité ou les individus. La coquille a dans son en- semble une forme ovoïde, en même temps qu'elle est com- primée latéralement, et toujours plus fortement en approchant de la bouche ; cette dernière est alors très aplatie, et l'ouverture en est étroite, linéaire ou elliptique suivant l'individu, ou même suivant le moment, car l'enveloppe possède dans cette région une cei'taine souplesse, et quelquefois (fig. 3) peut même s'y fermer complètement. Sur les faces larges Hekopera petrkola. — 1. Vue de face. — 2. De côté. — 3. Une autre, de côté. — 4. Une autre, de trois quarts. — 5. Noyau. — 6. Variété fréquente dans les mousses. — 7. Var. amethystea. — 8. Noyau de cette dernière variété. GENRE HELEOPERA 383 la membrane buccale est légèi'ement arquée en avant, et forme une sorte de lèvre, tandis que sur les cotés se creuse une échancrure peu profonde. L'enveloppe est le plus souvent incolore, d'un gris jaunâtre très peu prononcé. Dans certaines stations, et surtout dans les mousses, on la trouve parfois nuancée de violet, généralement à peine apparent, et ])arfois d'un brun rosé. Leidy ne mentionne pas cette tendance caractéristique AeVHcleopem petricola à prendre une teinte violette; le fait provient peut-être de ce que le professeur américain n'a que rarement rencontré cette espèce, et sans doute jamais dans des stations oîi elle fût colorée; cependant il cite quelques exemplaires de nuance d'un brun ferrugineux pâle. Scourfield (108) a par contre reconnu cette teinte sur des individus provenant du Spitzberg, et l'a vue également en Angleterre; il pense qu'il y a là une variété, sinon peut-être une espèce distincte. Le plasma est quelque peu variable suivant l'habitat, car les conditions, différentes dans les sphagnum et dans les mousses, doivent nécessairement réagir sur le corps interne et son contenu. Il renferme presque toujours beaucoup d'amidon en très petits grains clairs, et semble également caractérisé par la présence de corps gras, amorphes, brillants, incolores (fig. 1) que l'on rencontre très fréquemment dans cette espèce. Par contre on ne remarque pas de phénomène de symbiose, et si parfois le corps renferme quelques Zoochlorelles, elles sont plutôt adventives. Les pseudopodes sont nombreux, digités, droits ou souvent crénelés ou lobés, et parfois prennent naissance sur un magma d'ectosarc qui recouvre l'ouverture buccale. Le noyau est sphérique, et renferme un plasma grisâtre dans lequel se voient des nucléoles peu distincts, mats, et de volumes très inégaux '. La fig. 5 représente un noyau qui peut-être n'est pas caractéristique de V Heleopera petricola typique, car il appartenait à un individu ([ue Ton aurait pu rapporter a la var. aniethystea dont il va être parlé tout à l'heure. U Heleopera petricola est extrêmement variable, soit de taille, soit de teinte, soit ' Dans la forme type de cette He/eopeva. je n'ai vu le noyau l)ien en détail que sur un exemplaire si fortement comprimé que le plasma nucléaire avait fait irruption au dehors en faisant éclater la membrane du nucléus; on y voyait alors des nucléoles tels que je viens de les décrire. 384 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN par les éléments qui recouvrent la coque. Cette variabilité ne se montre d'ailleurs pas tant sur les individus habitant une même station que sur les exemplaires provenant de stations différentes ; il est probable qu'il existe là plusieurs variétés distinctes, mais qu'on aurait de la peine à séparer les unes des autres. Une de celles qui paraissent le plus indé- pendantes est représentée par la fig. 6 ; c'est une petite forme, de 10 h 7b y. de longueur, brune, violette ou d'un gris rosé, toujours couverte de petites écailles amorphes; l'enve- loppe est très peu comprimée, et, sauf à la bouche, fournirait une section transversale presque circulaire; l'ouverture buccale est cependant étroite, mais sur les coquilles vides, on la trouve largement ouverte, de même que souvent aussi sur les individus enkystés ; dans ces derniers elle est fermée alors par un bouchon de débris (fig. 6). VHeleopera petricola typique vaiiie an généra] en longueur de 95 à 100 „.. Leidy indique de 96 à 150 fi. Heleopera petrkola var. amethydea Penaru (89). Parmi les différentes formes que présente V HeJeopera petricola, on peut citer comme bien distincte une variété qui jusqu'ici n'a été trouvée que dans les lacs de Genève et de Constance, et toujours dans la profondeur (fig. 7). Cette forme, qu'en 1899 j'avais distin- guée sous le nom de var. umethystea, est caractérisée tant par une taille bien supérieure au type, que par sa teinte violacée et sa structure un peu spéciale, l^a coque est ici com- posée de plaques minces, qui chevauchent les unes sur les autres et avec un certain ordre, montrant une imbrication véritable. Elle est également remarquable par sa teinte améthyste très claire et très pure, qui ne manque jamais sur l'animal vivant, mais dis- paraît peu à peu sur les coques vides. L'acide sulfurique concentré fait passer cette teinte à la nuance Heur de pécher, caractéristique, par exemple, du manganèse (Rho- donite), et après le passage de l'acide les écailles sont parfaitement incolores, ce qui montre que la pellicule chitinoïde seule était colorée et a été dissoute. En chauffant avec précaution une de ces coques avec une parcelle de carbonate de potasse, je l'ai vue GENRE HELEOPERA 385 passer au vert, ce qui est la réaction caractéristique du manganèse, de sorte qu'on peut certainement attribuer à cet élément la couleur de la coque. Le manganèse est d'ailleurs probablement en cause dans toutes les colorations violettes ou roses que l'on est habitué à voir dans le genre Heleopera. Le noyau dans cette variété est arrondi, probablement un peu comprimé, et arrive à 31 f/; la membrane en est très fine, souple et déformable, et renferme un plasma nucléaire grisâtre-bleuâtre qui forme toute la masse, sans qu'on aperçoive de marge hya- line entre lui et la membrane ; il est à son tour rempli de nucléoles très petits, de taille très variable et de formes indécises (fig. 8). Le corps mou ne remplit généralement qu'une partie de l'enveloppe. Dans la règle on voit plusieurs vésicules contractiles, en arrière près du noyau. Les pseudopodes sont habituellement nombreux et le plus souvent laciniés en forme de bois de renne. La taille dans cette variété est de 125 à L50 // en moyenne, bien supérieure à celle de V Heleopera petricola typique. Cette variété semble être particulière aux lacs profonds ; cependant il est possible que Leidy l'ait entrevue, car il cite pour son Heleopera petricola un maximum de taille de 150 u. Un jour également j'ai trouvé au Bois-de-la-Bàtie, dans un étang desservi par la machine hydraulique, c'est-à-dire en définitive par l'eau du lac, un individu violacé qui pouvait servir de terme de passage entre V Heleopera type et sa variété amethijdea; la longueur était en effet de 111 u. trop forte pour le type et trop faible pour la variété, et le noyau (fig. 5) présentait la même structure que dans la variété ametliystea. Heleopera rosea Penard (85). Après avoir décrit en 1890 cet organisme comme représentant une espèce distincte, j'avais été plus tard amené à penser que ce n'était là qu'une variété de V Heleopera petri- cola, dont il avait été imprudent de le séparer. Aussi, lors de ma revision générale entre- prise il y a deux ans, avais-je rayé d'office cette espèce de mon catalogue; mais en la retrouvant plus tard, j'ai été conduit à rétablir VHekiypera rosea à la place qui, me 49 _386 FAUKE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN semble-t-il, lui est due. En effet, s'il est indéniable que cette espèce présente avec VHe- leopera petrkola des analogies si évidentes qu'on ne peut la considérer que comme un dérivé encore très rapproché du parent, cette forme parait en même temps solidement établie et présente des caractères suffisamment indiqués pour pouvoir être facilement dis- tinguée. Voici quelle était en 1890 la des- cription que je donnais de cette espèce : « Coque ovoïde allongée, très com- « primée, à section transversale lenti- « culaire, à bords latéraux et posté- « rieurs pourvus d'une arête plus ou « moins prononcée ', formée d'une sub- « stance chitinoïde empâtant des écail- « les siliceuses amorphes ou arrondies. « rarement des diatomées ou des plaques « amorphes plus épaisses et alors sur- « tout à l'extrémité aborale, qui est, dans la règle, plus rugueuse que le reste de la coque. « Cette dernière a toujours une couleur d'un rose vineux, devenant rose Heur de pêcher sous « l'influence de l'acide sulfurique. Elle est arrondie à la partie postérieure, puis de là se con- « tinue en avant en une courbe qui la rétrécit légèrement pour se terminer brusquement en « une bouche très grande, à ouverture lenticulaire ou même linéaire, rarement un peu évasée, « munie de deux lèvres jaunâtres arquées en avant, finement striées en travers et franche- « ment séparées du reste de la coque par une ligne à double contour. Cette bouche est « fendue profondément et, vue par le côté comprimé, figure une sorte de bec acéré. » Les individus, d'ailleurs peu nombreux, que j'ai retrouvés dans les sphagnum de Lossy, des Pitons, et du Simplon, concordent parfaitement avec la description qui vient d'être donnée. J'ajouterai seulement que le plasma, très difficilement visible à travers l'enveloppe, n'en remplit en général qu'une partie assez restreinte, surtout lorsque les l)seudopodps, longs, noud)reux, souvent en foruie de cornes de renne, sont déployés. Heleopera rosea. — 1. De face. — 2. De côté. — .3. Bouche, vue de trois quarts. Piirfois nulle. GENRE IlELEOrEKA 387 Quant au noyau, je n'ai pas pu l'examiner en détail. La fig. 1 représente un individu enkysté; le kyste est rond, comprimé, et pourvu d'une membrane hyaline. En somme les caractères qui font reconnaître cette espèce de VHeleopera petricola sont les suivants : 1" La teinte, toujours d'un rouge vineux, souvent très foncé. 2" La présence d'une lèvre franchement jaune, séparée nettement de la membrane rouge par une ligne nette à double contour. 3° L'échancrure de la bouche sur les côtés, toujours ici très étroite et très profonde (fig. 2,3)'. De plus, l'enveloppe est dans la règle ici beaucoup plus lisse, et en anière seulement on voit quelques écailles plates, qui peuvent même manquer. La taille est en moyenne légèrement supérieure à celle de V Heleoper a petricola, bien que très variable d'une tour- bière à une autre, et la coque est relativement plus large. Heleopera ])kta IjEIDY (67). Dans cette belle espèce, dont Leidy a donné une description détaillée et parfaite- ment exacte, l'enveloppe est toujours très régulière dans ses contours. Elle se présente, sur une vue de face, comme ovoïde, l'extrémité étroite de l'œuf formant la ligne de la bouche arquée en avant. Sur une vue de côté, elle est elliptique-allongée, grâce à une compression assez forte, et la bouche se voit creusée d'une échancrure profonde, qui peut être acérée, ou au contraire plus ou moins ronde, ou même rectangulaire à son extrémité (fig. 2). La teinte est toujours d'un beau jaune de paille, ou jaune terre de Sienne, plus foncé sur les côtés; rarement la coque passe tout entière à la teinte terre de Sienne brûlée, et ' Dans celle fig. 3, l'espace clair en forme de croissant n-présente, non |tas l'ouverture buccale, mais la lèvre jaune; l'orifice lui-nicme se voit sous la forme d'un croissant très étroit. 38'8 FAUNE RHIZOPODIQUli DU BASSIN DU LÉMAN plus rarement encore on y voit une indication très faible de violet (lui montrerait ici éga- lement la présence du manganèse. Cette enveloppe, chitinoïde, présente à sa surface l'apparence bien nette d'un filet à mailles plus ou moins arrondies ou anguleuses suivant le cas, et la trame de ce filet figure des lignes en chapelet, c'est-à-dire formées de traînées de très petits granules, qui sans doute représentent des gouttelettes extraor- dinairement fines de ma- tière chitinoïde exsudées à travers les écailles. La surface de la co- quille est régulière, mais pourtant finement ponc- tuée ou rugueuse, grâce à la présence de ces réti- cules en chapelet ; en ar- rière, on trouve parfois aussi quelques pierres plates, mais bien moins nombreuses que dans V Hehopera petrkola: le plus souvent même elles manquent tout à fait. De temps à autre également, on trouve des coques dont la surface est tout entière couverte de fines stries, parallèles deux à deux (fig. 3), et oîi l'on n'a pas de peine à reconnaître des diatomées, qui remplacent ici dans la constitution de la membrane les écailles plates habituelles. Dans V Hehopera pida le corps est toujours renq)li de Zoochlorelles; il ne m'est jamais arrivé, non plus qu'à Leidy, de rencontrer un seul individu qui n'en renfermât pas, et dans cette espèce, comme dans V Hyalosphenla 2Mpllio et quelques autres Rliizo- podes, la symbiose parait être absolument indispensable à la vie de l'animal. On remarque fréciuemment une ou plusieurs belles vésicules contractiles, dans diflé- rentes régions du corps, puis un gros noyau, caché par les Zoochlorelles, et dont je n'ai pas pu examiner la structure. a picta. ' — 1. De face, diatomées, avec kyste interne. 2. De côté. — 3. Coque recouverte de GENRE HELEOi'EUA 3S9 Les pseudopodes sont analogues d'apparence à ceux des espèces précédemment dé- crites, c'est-à-dire longs, nombreux, avec tendance à la bifurcation ou à la forme de bois de renne; mais ils offrent de plus ce trait caractéristique d'être normalement remplis de grains ou micelles très petits, qui leur donnent une apparence cendrée, et qu'on voit cou- rir dans leur intérieur. Très fréquemment on trouve cette espèce enkystée, et le kyste est rond, pourvu d'une membrane hyaline et rempli de Zoochlorelles; en même temps, la bouche se voit fermée d'un bouchon ou « épiphragme » caractéristique, biconvexe, et formé de fila- ments jaunes ou bruns soudés les uns aux autres et parallèles entre eux (fig. o). La taille dans V Hdeopera picta varie la plupart du temps entre 100 et 1 10 ju. Elle est supérieure à celle de V Heleopera petricolu et de VHehopera rosea. Cette espèce est probablement très rare en Europe, et peut-être est-ce là la raison pour laquelle depuis Leidy personne ne semble l'avoir rencontrée. Taranek n'en parle pas, non plus, si la mémoire ne me fait pas défaut, qu'aucun des auteurs que j'ai consultés. Moi-mêmeje ne l'ai trouvée ni à Wiesbaden, ni en Suède, ni en Russie, et ce n'est que l'année dernière que j'ai pu la récolter, à la tourbière de la Pile dans le Jura, oîi elle était assez abondante. Leidy l'indique comme fréquente dans les grands marécages à sphagnum de la Pensj'lvanie et du New-Jersey. Peut-être est-elle plus commune en Amérique que de ce côté-ci de l'Océan, bien qu'elle ne semble pas avoir été trouvée dans l'ouest des Etats-Unis. 1J Heleopera picta est une espèce très nettement caractérisée, toujours facile à recoimaitre, et qui ne présente aucune variété qui pourrait la relier aux autres représen- tants du genre. Heleopera syhmtica Penard (85). L'enveloppe a la forme caractéristique du genre, ovale-allongée, arrondie en avant, et régulière dans ses contours. Elle est transparente, rarement tout à fait hyaline, et presque toujours d'un jaune très clair, chitinoïde et recouverte tout entière de disques hyalins imbriqués sans ordre ; parfois ces disques sont remplacés par des écailles amor- phes. L'extrémité aborale, toujours bien arrondie, est généralement lisse, ou bien porte 390 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN quelques écailles plantées de champ sur la coque, ou bien aussi quelques petites pierres. La bouche est grande, moins comprimée que dans VHeleopera rosea, largement et peu profondément fendue sur ses côtés, et munie de lèvres claires et étroites. Le plasma est quelque peu jaunâtre, rempli de très petits grains brillants, et ren- ferme une ou plusieurs vésicules con- tractiles, ainsi que des globules de graisse clairs et volumineux. Les pseudopodes sont nombreux, longs, très vifs, généralement droits. Le noyau, sphérique, renferme dans une masse de plasma cendré et gris, un nombre en général très restreint de nucléoles arrondis (iig. 3 et 4). Cette espèce est la plus petite du genre; elle varie entre 50 et 75 «, mais les deux extrêmes sont rares, et la plupart des individus ont environ 60 /x de longueur. VHdeopera sylvatica est spéciale aux mousses des bois et des haies, et ne se trouve pas dans les tourbières à sphagnum. Avant de reprendre l'année dernière mes recherches sur les Rhizopodes, je l'avais rayée de parti pris du catalogue des bonnes espèces; mais en la retrouvant je me suis vu obligé de la rétablir à sa place, convaincu qu'il y a bien là un type spécial et autonome. Elle se distingue de toutes les autres Eeleopera par sa petite taille, par sa transparence, par sa teinte jaune citron, à peine indiquée il est vrai, et quel- quefois manquant, par son noyau caractéristique \ et par son apparence tout entière, diffi- cile à décrire, mais qui la fait reconnaître avec facilité lorsqu'on a l'animal sous les yeux. Heleopera sylvatica. 4. Noyaux. 1. De face. 2. De coté. Heleopera cydostoma spec. nov. Cette espèce est de beaucoup la plus grande du genre; elle varie de 135 à 178 ^ mais il est rare qu'on la trouve inférieure à 145 p., et la plupart des individus en montrent ' Que. je n'ai vu daus ses diHails, il faut le dire, que dans deux individus. GENRE HELEOPERA 391 lôO. La coquille en est également très remarquable : vue de face elle se présente comme un œuf de poule, la petite extrémité de l'œuf représentant la partie antérieure ; de côté elle est elliptique, grâce à une compression assez considérable, un peu plus forte à la bouche que partout ailleurs. A première vue, l'enveloppe se voit tout entière formée de particules siliceuses aplaties, les unes grandes et disséminées un peu partout, les autres très petites, serrées et com- blant les intervalles entre les grandes (fig. 3). Le tout pa- raît encastré dans une ma- tière chitinoïde incolore. Sur le fond de la coque on trouve également parfois quelques petites pierres proéminen- tes. Mais cette enveloppe générale est tout entière ta- pissée, sur sa paroi interne, d'une pellicule franchement violette, parfois très foncée et tirant sur le brun, ou plu- tôt sur la nuance qu'on ap- pelle en peinture garance brune ; cette pellicule se voit parfois fort bien sur une membrane vue de coupe, comme un trait foncé qui accompagne intérieurement cette dernière (fig. 1, 5); c'est elle qui donne à la coquille sa teinte d'un beau violet améthyste, tirant dans les vieux individus sur le brun ferrugineux (les nervures entre les pierres sont surtout bru- nâtres). Si l'on soumet une de ces coques à l'action de l'acide sulfiirique, la teinte violette passe au carmin vif puis au rouge de brique, et la coque ne semble plus se décolorer davantage; mais en chauttant la lamelle de manière à faire bouillir l'acide, tout est dis- sous, et il ne reste plus que les plaques siliceuses de recouvrement, parfaitement hyalines. La fig. 4 montre une portion de coque passée à l'acide sulfurique; on voit très bien la pellicule encore existante et les plaques incolores qui s'en détachent. Heleopera cyclostoma. — 1. De face. — 2. Coupe sagittale. — 3. Surface de la coquille. — 4. Ecailles siliceuses se détachant de la pellicule interne sous l'action de l'acide sulfurique. — .5. Détails de la bouche. — 6. Noyau. 392 FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Il est très probable que, comme dans toutes les Hehopera. la teinte violette est due ici au manganèse. Cette espèce est remarquable également par la structure spéciale de la bouche : au lieu d'être ici plus mince, la membrane en est considérablement épaissie. Si l'on regarde une coquille par transparence, surtout après préparation au baume, on voit que les parois internes de la membrane s'épaississent en arrivant près de l'orifice; elles sont d'ailleurs toujours formées d'une matière chitinoïde dans laquelle sont empâtées des petites parti- cules siliceuses, mais ici en couches plus fortes. Cet épaississement s'arrête alors brusque- ment pour laisser un espace central, qui figure un véritable tube très court. Dans la fig. 2, la bouche est vue en coupe et de côté, et dans la fig. 5, de face; on remarque, dans cette dernière figure, une sorte de lunule ou petit espace circulaire qui se trouve parfois bien marqué au pourtour inférieur de l'orifice. Ainsi constitué, l'orifice buccal, vu d'en haut, figure une ouverture d'un ovale par- fait, et bien moins allongé que dans les autres Heleopera. Inutile d'ajouter qu'il n'existe pas de lèvres à échancrure, et que la membrane, loin d'être souple à la bouche comme dans les autres espèces, y est plus rigide que partout ailleurs. Il faut ajouter que dans cette région également, la membrane est fréqueunnent d'un vert jaunâtre, sans coloration violette. Il ne m'a malheureusement jamais été possible d'étudier l'animal proprement dit ; j'ai toujours trouvé cette espèce, soit en coquilles vides, soit renfermant des kystes. Ces derniers, protégés à la bouche par un tampon de débris, étaient sphériques, à membrane hyaline, et généralement bourrés de petits grains brillants accompagnés de globules de graisse ou de gros grains d'amidon. Un jour j'ai trouvé un de ces kystes rempli de sphé- rules brillantes, à parois en apparence chitineuses. On trouvait également dans l'intérieur de ces kystes un beau noyau rond, de 3.3 [x de diamètre, à membrane fiine et en apparence souple, et rempli de nucléoles extrême- ment petits noyés partout dans un magma grisâtre, poussiéreux. L^ Heleopera cydostoma n'est pas très commune; je l'ai rencontrée pourtant dans différentes localités (la Pile, Rouelbeau, Bernex, etc.). soit dans les mousses aquatiques, soit dans les sphagnum. Il est étoimant que cette espèce n'ait jamais été décrite, à ma connaissance du moins, car sa couleur et sa grande taille attirent vite l'attention. Mais GENRE ARCELLA 393 comme on la trouve presque toujours enkystée, ou à l'état de coquilles vides, il est facile de la prendi'e pour autre chose qu'un Rliizopode, et c'est là peut-être la raison pour laquelle elle a été négligée. Elle représente cependant sans aucun doute un Rliizopode, et montre tant d'affinités iivec le genre Heleopera qu'il n'est pas désirable de l'en séparer. Genre ArceJla Ehrenberg. Dans les Arcelles l'enveloppe est chitinoïde, jaune ou brune suivant l'âge, plus ou moins transparente, chagrinée ou linement alvéolée, presque toujours comprimée de haut en bas de manière à revêtir luie forme campanulée ou discoïde, avec une face inférieure circulaire infundibuliforme, ouverte en une bouche arrondie et centrale. Le plasma occupe la partie centrale de la coque, relié aux parois internes de cette dernière par de nombreux épipodes. Le plus souvent il existe deux noyaux, opposés l'un à l'autre de chaque côté de l'orifice buccal. Les pseudopodes sont en général peu nombreux, larges, digités. Il existe toujours un nombre assez considérable de vésicules contractiles. Le caractère le plus distinctif dans le genre ArceUa réside dans la structure de la membrane. C!ette dernière est dans toutes les espèces chagrinée ou guillochée d'alvéoles hexagonaux, sur la véritable nature desquels on a beaucoup discuté, sans être encore arrivé à une solution définitive du problème. Dujardix pensait que l'apparence alvéo- laire était due à des granulations serrées les unes contre les autres ; Ehrenberg y voyait des canalicules perforants ; Wallich parle d'un desshi réticulaire symétrique et d'intervalles hexagonaux, suivant lesquels se fait toujours lu rupture de l'enveloppe. Hertwig et Lesser (57), après mie étude minutieuse du sujet, sont arrivés à la conclu- sion que « l'enveloppe consiste en deux feuillets, l'un externe et l'autre interne, paral- « lèles l'un à l'autre et reliés par un système de cloisons alvéolées, dessinant des figures « hexagonales. » Bûtschli (139) arrive aux mêmes résultats que les deux auteurs précé- dents, et ajoute à ce sujet : « Le dessin élégant ([ui résulte de ces petits aréoles liexa- « gonaux appartient à une couche externe, située au-dessus d'une couche interne dépour- « vue de dessins. La couche externe à dessins doit donc être regardée comme composée 50 394 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN « d'une juxtaposition serrée de prismes hexagonaux aplatis, et qui d'après les investi- - o-ations de Hertwig et Lesser seraient creux. » Rhumbler (96) écrit de son côté: « Pour les petites plaques de la coque des Arcella, je serais disposé à leur reconnaître « une autre origine '. Elles apparaissent comme des petits prismes hexagonaux, allongés, « remplis à l'intérieur d'un liquide. Je pense que ces prismes ont leur origine dans de « petites gouttelettes sphériques, peut-être des phéosomes, qui arrivés à la surface « externe de l'enveloppe se durcissent par le fait du contact immédiat de leur surface « avec l'eau, ou bien déposent à leur surface une membrane, et en même temps se moulent « sous la forme de prismes hexagonaux, grâce à leur compression réciproque, à peu « près comme les cellules d'un épithélium cylindrique. » En résumé, bien que les conclusions de Hertwig et Lesser semblent être mainte- nant en général acceptées, on n'est pas encore bien fixé sur la nature de l'enveloppe dans les Arcelles. L'année dernière j'ai consacré quelque temps à cette étude, et les résultats auxquels je suis arrivé me semblent de nature à apporter quelque lumière dans la question. J'ai étudié pour cela, soit de grandes variétés de VArceUa rukfans, soit V Arcella discoïdes, soit à l'occasion d'autres espèces encore. Il faut remarquer d'abord que dans toutes les Arcelles la membrane est souple, surtout dans les jeunes individus clairs; plus tard, en s'épaississant par des dépôts de chitine brune, elle devient plus solide, mais n'est pas rigide encore, et peut toujours se plisser ou se bosseler à l'occasion. Cette membrane est tout entière chitinoïde, et après l'action de l'acide sulfurique concentré et bouillant elle a disparu complètement sans laisser trace d'écaillés. Si nous prenons alors une ^4/-ctî//« jeune, jaunâtre, encore très souple, et que nous l'examinions à un fort grossissement, nous voyons sa surface divisée en aréoles hexagonaux réguliers (fig. 4, voir Arcella vulgaris, pag. 398), mais rien jusqu'ici ne montre la pré- sence de prismes. Si maintenant nous opérons une pression brusque et forte sur le couvre- objet, l'enveloppe de V Arcella peut être soit déchirée, soit percée, et le plus souvent c'est une déchirure qui s'y produit. En examinant alors le boi'd de la rupture (fig. 6), on peut constater que la déchirure s'est produite, non pas en suivant les zigzags que forment les ner- Autre que celle des écailles des Enqlypha. etc. GENRE ARCELLA 395 vures du filet, comme cela devrait se faire dans le cas de prismes solides et comme on le voit par exemple chez les C)/phoderia, mais toujours par le milieu des nervures, et sur une ligne qui doit suivre les points de moindre résistance. S'il y a là des prismes, ces prismes ne sont donc en tout cas que virtuels, c'est-à-dire des espaces prismatiques entre des cloisons. En continuant notre investigation et en examinant sous toutes ses faces la membrane déchirée, nous constaterons encore que rien ne fait, pour l'œil, supposer la présence, au- dessous de l'enveloppe externe, d'une seconde enveloppe, interne. Cette enveloppe pourrait, il est vrai, être si mince qu'elle en deviendrait invisible, mais ce n'est pas là mon opinion. De plus il arrive quelquefois que par une forte compression renvelop])e, pour laisser sortir le plasma interne, au lieu de se déchirer se perce d'une infinité de petits trous, qui se produisent au centre des alvéoles, et les perforations semblent bien ne concerner qu'une seule membrane; il faut ajouter que cette membrane est d'une résistance extraordinaire, et s'il en existait deux l'une derrière l'autre, on n'aurait probablement jamais l'occasion de voir se produire ce genre de rupture par perforation; la membrane se déchirerait plus facilement tout entière. En somme toutes mes observations m'ont porté à conclure qu'en principe l'enveloppe des Arcella est formée d'une membrane souple, consolidée à l'intérieur par un assemblage de cloisons minces, laissant entre elles des espaces hexagonaux, mais libres à leur base. Autrement dit, l'enveloppe j>?o?e pourrait être comparée à un ra3on de miel encore ouvert, ou mieux encore au « bonnet » ou à l'estomac réticulé des rumhiants. Mais les choses n'en restent pas là: une fois produite, l'enveloppe devient peu à peu plus foncée, et cela d'une manière toute particulière : si nous examinons la fig. 10 (voir ArceUa viûf/aris), qui représente les aréoles de la surface, nous constatons (pie quelques-uns de ces aréoles sont comblés par une matière chitinoïde, ferrugineuse, brunâtre. C'est là ce qui se passe assez souvent dans les Arcelles; la coquille, au. lieu que tous ses aréoles se pénètrent en même temps de chitine brune, semble fréquemment présenter des régions d'élection particulière, généralement des séries de deux, trois aréoles ou plus. L'enveloppe devient alors d'autant plus foncée que la lumière qui existe au centre de chacun des aréoles devient plus étroite et plus arrondie elle-même ; finalement cette lumière se bouche com- plètement, et la coque est d'un beau brun noirâtre brillant. Tout semble donc, à mon avis, montrer qu'il existe à l'origine une membrane réticu- 396 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN lée, qui vue en coupe serait représentée par la tig. 7 ; plus tard il commence à se former un dépôt de chitine, qui s'accumule, par une simple loi physique, sur les arêtes des parois, c'est-à-dire aux hords libres internes des alvéoles, plus fortement que partout ailleurs (fig. 8); enfin peu à peu, l'accumulation sur ces arêtes finit par boucher complètement l'alvéole, qui garde encore dans son intérieur un espace creux rempli d'eau ' (fig. 9). Mes études m'ont donc fourni un résultat qui en même temps confirme les idées de WALLiCHsur l'existence d'un « dessin réticulaire symétrique, et d'intervalles hexagonaux suivant lesquels se fait toujours la rupture de l'enveloppe, » et celles de Hertwk; et Lesser sur l'existence de prismes creux. Mais elles me semblent montrer, que le terme de prismes ne doit être pris que comme synonyme d'« espace plus ou moins prismatique, » en même temps qu'elles apportent des renseignements sur la genèse de cette structure pseudo-prismatique. Un phénomène remarquable, commun probablement à toutes les Arcelles, réside dans la formation éventuelle de bulles de gaz, qui ont attiré l'attention de divers observateurs, et qui probablement sont d'une grande importance dans la vie de ces organismes. Ces bulles se forment en apparence dans l'ectosarc, et font saillie à l'extérieur à la manière des vésicules contractiles ; en général on en voit toute une série, disposées en couronne autour de la bouche ; mais elles restent rarement bien longtemps dans leur position primi- tive, et plutôt se réunissent peu à peu en deux ou en une seule vacuole excentrique, qui soulève la coquille sur le côté, et permet à l'animal d'atteindre plus facilement le sol avec ses pseudopodes, et de se retourner sur sa face orale quand par hasard il était couché sur le dos. Il faut remarquer que dans tous les autres Rhizopodes, lorsque l'animal se trouve, par suite d'une chute, ou après s'être laissé tomber à terre du haut d'une tige de plante, renversé dans une position anormale, la bouche n'est jamais bien loin du col, et les pseudopodes ont vite fait de le retourner; mais dans les Arcelles, avec leur forme ' Il est probable que l'eau renfermée dans ces aréoles est protég'ée par des parois chilineuses extrê- mement bomogènes, el qui ne laissent rien passer; ce serait alors pour cela que sur des préparations microscopiques d'Arcella, lorsque la coquille a simplement été préparée à sec, on voit presque constam- ment la surface toute couverte de ponctuations noires, qui cachent tout le reste; mais un examen attentit permet de constater que chaque ponctuation représente un globule, soit liquide soit gazeux, qui resterait bien longtemps encore inclus dans l'épaisseur de l'enveloppe. GENRE ARCELLA 397 campaiiulée et leur orifice buccal invaginé, il faudrait souvent un déploiement considérable de plasma pseudopodique pour atteindre un point d'appui, et cette bulle de gaz qui sou- lève la coquille et lui fait prendre la position d'un disque qui roulerait sur le sol, évite ainsi aux pseudopodes une bonne partie du cbemin. Dans presque toutes les ArceUa, on peut remai-quer des variations de taille, dans le sein de la même espèce, plus fortes que dans les autres Rbizopodes, et en même temps on observe plus fréquemment ici qu'ailleurs la présence d'individus très clairs, à peine jaunâtres, tout jeunes en apparence. Claparède et Lachmann ont décrit dans VAicella vid(jaris un pbénomène d'exuviation, qui consisterait en ce que l'animal se formerait de temps à autre une nouvelle enveloppe, dans laquelle il se retirerait en abandonnant l'an- cienne. Il m'est arrivé à plusieurs reprises, et dans différentes espèces, de rencontrer des couples dont l'un des individus, hyalin, semblait au premier abord provenir de division, mais dans l'intérieur duquel on vojait ensuite le plasma tout entier se réfugier en aban- donnant peu à peu l'ancienne enveloppe. En examinant un certain nombre, malheureuse- ment trop restreint, d'individus, il m'a paru que dans la règle il y aurait dans ces cas-là tendance pour la nouvelle coque à une taille très légèrement supérieure à l'ancienne, et ce fait pourrait peut-être expliquer la variation en volume particulièrement forte dans ce genre, si nous faisons intervenir un nombre d'exuviations suffisant. Les Arcelles se trouvent dans la plupart des eaux stagnantes, ou même courantes et pures ; elles aiment à s'accrocher aux tiges des plantes aquatiques et aux feuilles im- mergées, sur lesquelles elles trouvent leur nourriture, dans la règle de nature végétale. Aucune espèce ne paraît sujette à des phénomènes de sjTubiose. La plupart des auteurs, Wallich, Hertwig et Lessee, Leidy, et bien d'autres, ont fait remarquer la multiplicité des variations dans la coquille, variations qui s'opposent à la délimitation en espèces séparées. Il est parfaitement exact que nous trouvons dans ce genre, ou plutôt faudrait-il dire dans V ArceUa vulgarls, un nombre considérable de formes différentes; mais il n'en est pas moins certain que l'on peut distinguer dans le genre Ar- ceUa un certain nombre d'espèces bien nettes et faciles à déterminer. 398 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Arcella vulgaris Ehrenberg (28). Cette espèce est caractérisée par une enveloppe à peu près hémisphérique, et (pii possède les caractères du genre. La houche est centrale, circulaire, et son diamètre est en général légèrement supérieur au quart de celui de la coque. Sur la face buccale, la face inférieure de l'enveloppe s'invagine d'abord quelque peu, puis se re- tourne vers l'exté- rieur par une cour- be régulière , de manière à former un tube très court à bords évasés, et dont l'ouverture regarde le dehors de la coque. Le dôme formé par cette dernière est dans la règle arrondi, mais bien souvent on le trouve déprimé, ou pourvu d'ondula- tions en creux et en bosses régulières (tig. 11), ou bien il existe un rentlemeut circulaire sur les pourtours de la face buccale (fig. 12) \ Arcella vulgaris. — 1. De face. — 2. De côté. — 3. Un des noyaux. — 4. Détails de l'enveloppe. — 5. Coupe de l'enveloppe. — 6. Surface de la membrane montrant la ligne de déchirure. — 7, 8, 9. Coupe des parois des alvéoles, avec dépots d'épaississement (schématique). — 10. Détails de la surface, avec dépôts chitineux dans certains alvéoles. — 11 et 12. Variétés. C'est cette dernière forme qu'en 1890 j'avais appelée Arcella yibbosa. GENRE ARCELLA 399 Le plasma est discoïde, grisâtre, rempli de grains de différente nature et de petites parcelles de nourriture. Il est relié aux parois internes de l'enveloppe par un nombre généralement considérable d'épipodes qui, de tous côtés, se détachent de sa surface. Les pseudopodes sont clairs, longs, droits, en général plutôt étroits et peu nombreux. Dans la fig. 2 on voit un pseudopode qui se fixe à une fibre végétale pour attirer l'animal. Les noyaux sont au nombre de deux, opposés l'un à l'autre (fig. 1) de chaque côté de la bouche. Ils renferment un gros nucléole central, pâle, finement granulé. Clapa- RÈDE et Lachmann disent avoir trouvé jusqu'à 15 noyaux, et Hertwig et Lesser parlent d'un nombre en général supérieur à 5 ; Auerbach en a même compté environ 4.ô. Quant à Leidy, il cite le chittre de 2 comme normal, et cette opinion est certainement la vraie ; dans toutes les Arcelles, sauf VArcelJa polypora, il existe normalement deux noyaux opposés l'un à l'autre, et les contradictions citées viennent de ce que cette Arcelle par- ticulière a été constamment confondue avec VArcella vulqaris sous un même nom spéci- fique. Il faut ajouter cependant que si le chittre de 2 noyaux est normal, il arrive par- fois d'en trouver 3 et bien plus souvent 4 ; nuxis il faut alors considérer le fait comme en corrélation avec un phénomène spécial destiné à être suivi de la division de l'animal lui-même. Connue nous l'avons vu plus haut, VArcella vulf/aris peut se montrer sous un grand nombre de formes diverses : peut-être y a-t-il là des variétés distinctes, peut- être des variations locales ; mais dans l'état actuel de nos connaissances il ne faut guère vouloir songer à distinguer toutes ces différentes formes. Les fig. 1 et 2 cependant peuvent être citées comme représentant une variété de taille exceptionnellement forte (135 y. en moyenne) que l'on trouve souvent dans les marécages ; cette variété présente de grandes facilités d'étude par la beauté et le fort volume de ses ai'éoles, qui arrivent jusqu'à 2 fj. . La fig. 1 ] représente une autre forme assez fréquente, très haute, régulièrement bosselée ; j'ai remarqué que dans cette espèce, comme d'ailleurs probablement dans la plupart des autres, les aréoles qui revêtent le tube buccal deviennent extrêmement petits. h'Aixella nilf/aris, grâce à ces formes diverses, varie énormément de taille, et les mesures extrêmes vont à peu près de 80 à 140 [x; la i)]ui)art des individus en montrent environ 100. Leidy cite les chiffres de 48 à 152 fx ; mais il inclut dans son Arcella vul- 400 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN garis différentes formes qui seront décrites ici comme espèces (Arcella hemisphfprica, ArceUapolypora), et dont l'une au moins est de très faible taille. Arcella liemisphœrica Perty (92). Perty a décrit sous ce nom une Arcella remarquable par sa petite taille et par son dôme très renflé. Ces caractères ne sont il est vrai pas très concluants en eux-mêmes, mais il me semble qu'on a eu tort de ne plus mentioinier cette espèce après Perty, car cette petite forme, que l'on trouve par-ci par-là, soit dans les marécages soit dans l'eau pure (Pointe-à-la-Bise), est toujours semblable à elle- même, et ne se confoiul pas avec V Arcella viil- garis. Elle est fortement renflée, généralement d'un beau brun doré, et couverte de ponctuations plutôt que d'aréoles. La face buccale est forte- ment invaginée, et la bouche, petite, atteint eu moyenne à peine le quart du diamètre de la coque, souvent la cinquième partie seulement, suivant l'habitat, et comme s'il y avait là des variétés locales. Le plasma est parfaitement identique à celui de l'espèce précédente; on y remarque deux noyaux et plusieurs vésicules contractiles. Les pseudopodes sont droits, vifs et clairs. Dans une de mes récoltes, au marais de Troinex, tous les individus avaient une enveloppe plissée en ondulations plus ou moins régulières; à la Pointe-à-la-Bise l'enve- loppe était lisse. Le diamètre de la coque est de 33 à 50 u. Arcella Iiemisphxrica. — 1. De face, côté. 2. Dp GENRE AECELLA 401 Arcella costata Ehrenberg '. Cette petite espèce est parfaitement caractéristique ; bien que d'après une simple des- cription on puisse être porté à la regarder connue une simple variété anguleuse de V Arcella rulgaris, dans la nature elle se distingue du premier coup de toutes les autres Arcelles. Elle est remarquable d'abord par sa belle nuance d'un jaune doré, rarement d'un brun clair et chaud, mais qui, dans les tout jeunes individus seulement, se montre presque hyaline. Un second caractère distinctif réside dans ses aréoles hexagonaux qui, malgré la faible taille de l'espèce, sont toujours très grands et très nets, aussi beaux que dans la grande Arcella discoïdes. Entin la coque est très élevée, à peu près aussi haute que large, parfois même plus, et les contours en sont tou- jours franchement polygonaux, le plus souvent pentagones ou hexagones. L'enveloppe est alors divisée en vastes champs latéraux, dont chacun a la forme d'un trapèze et s'étend de la base au sommet de la coquille (hg. 1, 3). Ces trapèzes sont alors séparés les uns des autres par des arêtes saillantes qui, à la vue, se présentent comme doubles, par le fait que le regard plonge en réalité, non pas tant sur le tranchant ou la ligne médiane de l'arête, que sur les bords droit et gauche de cette dernière, c'est-à-dire sur les deux parois dues au repli; ces parois sont alors vues chacune de champ, suivant le sens même de leur épaisseur, et se montrent distinctement striées en travers (fig. 3). Vue d'en haut, la coque se présente comme arrondie à sa face inférieure ou buccale, et la face supérieure forme un ' Abhand. der Koniff. Akad. Berlin 1847. Arcella costata. — 1. Do côté. — 2. De face. — 3. Coque vue de côté, pour montrer la saillie des côtes. 51 402 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN dessin polygonal à côtés arqués en dedans; cette face est en même temps presque toujours aplatie, parfois même un peu concave en dedans. Le plasma est globuleux et n'occupe qu'un espace restreint dans la coque. On y remarque deux noyaux, qui ne sont pas nécessairement opposés l'un à l'autre; ces noyaux m'ont quelquefois paru renfermer chacun un ou deux nucléoles de taille moyenne, accom- pagnés de plusieurs autres extrêmement petits. Les vésicules contractiles sont peu nombreuses ; peut-être même dans la règle n'en voit-on que deux ; mais par contre elles arrivent à un très fort volume et font largement saillie dans le vide de la coque. Les pseudopodes sont longs et larges, et semblent dans cette espèce particulièrement sujets soit à se diviser, soït à s'aplatir et à s'étaler sur le sol par une extrémité élargie. Le diamètre dans VArcella costata s'est montré variable de 66 à 77 ij ; la plupart des individus ont environ 70 /u; la hauteui' dorso-ventrale est presque égale au diamètre antéro-postérieur qui, chez les Arcelles, sert pratiquement de mesure. Leidy figure dans sa PL XXVII, fig. 8 à 13, toute une série de coquilles qu'il rapporte à VArcella vulgaris et qui, sans doute, représentent VArcella costata. Dans cette série ce sont les fig. 9 et 11 que l'on peut considérer comme typiques; les autres repré- sentent des cas exceptionnels, comme on en rencontre, il est vrai, dans cette espèce ainsi que dans toutes les autres Arcella. Leidy indique par contre son Arcella mitrata comme pouvant peut-être se rapporter à VArcella costata de Ehrexberg, ou bien aussi à 1'^*- cella f/lohulosa de Carter; cette seconde éventualité me parait bien plus probable. Je n'ai récolté cette jolie espèce qu'à Rouelbeau, oîi elle se trouvait un jour assez abondante, puis, moins nombreuse, à la Pointe-à-la-Bise, sur les rivages du lac. Arcella discoides Ehrenberg*. Cette e.spèce se distingue à première vue de toutes les autres Arcelles par une compression très forte, grâce à laquelle elle revêt la forme d'un bouclier circulaire. La ' Abhand. der Konis;. Akad. Berlin 184.3. GENRE ARCELLA 403 2. De côté, et tournée pour montrer hauteur de la coquille est rarement égale au tiers du diamètre du disque, plus souvent elle n'en mesure que le quart, le cinquième, ou rarement encore moins. L'ouverture buc- cale est grande, en général légèrement inférieure au tiers du diamètre total de l'enve- loppe. Le plasma est naturellement très comprimé, discoïde; il renferme toujours un nombre assez considérable de vésicules contractiles, dont on peut voir jusqu'à douze ou quinze à la fois, puis deux noyaux de petite taille, me- surant chacun jusqu'à 28 f/. et qui renferment un grand nucléole cendré, dans l'inté- rieur duquel se voient dans la règle des vacuoles plus ou moins nombreuses (fig. 3). L'animal est très timide et il est foit rare d'aperce- voir ses pseudopodes, qui sont d'ailleurs conformes à ceux de VArcella rxh/ar/s, droits, longs et clairs. h'ArceUa discoides est extraordinairement variable de taille, mesurant de 100 à 210 fx, et probablement plus, car Leidy indique les limites de 72 à 264 m- Il est fort probable qu'il y a là, dans bien des cas, non pas de simples variations individuelles ou locales, mais des indices de variétés fixées, ces variations de taille coïncidant souvent avec d'autres caractères différentiels, de couleur, de hauteur comparée de l'enveloppe et d'autres encore. C'est ainsi que la bouche montre des rebords tantôt lisses, tantôt, et plus rarement, pourvus d'un anneau de pores ou perforations plus ou moins évidentes, extraordinairement fines. Leidy a déjà attiré l'attention sur ces pex'forations éventuelles, sans pouvoir s'assurer s'il y avait là des pores ou des tubercules. Si l'on raisoiuiepar ana- logie avec ce qui se passe dans d'autres espèces (ArceUa atiocrea, ArceUa polypora), on peut supposer que la première opinion est la vraie, bien (\ue dans VArcella discoides ces ponctuations soient si fines qu'elles ne se présentent que connue un anneau de poussières ou de petites rides. Ces différentes formes de VArcella discoides dépendent la plupart du ArceUa discoides. — 1. De lace, la bouche. — 3. Noyau. 404 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN temps des localités examinées, chaque localité montrant une forme spéciale, parfois deux ou même plus. D'autres fois cependant, dans une seule et même station, on peut trouver des séries parallèles d'individus semblables en tous points, sauf pour la taille fort différente dans chaque série. C'est ainsi que dans une de mes récoltes, à Châtelaine, on trouvait cette ArcelJa en individus extrêmement nombreux, mais représentés par une forme de 104 fjt de diamètre en moyenne, et par une autre de 139 u environ; entre ces deux séries, qui d'ailleurs ne différaient par aucun autre caractère, les transitions étaient extrêmement rares, concernant le 1 ou le 2 pour cent des individus. Dans chaque série on trouvait des coques âgées (brunes) ou jeunes (jaune clair), puis des cas de divi- sion, de conjugaison, mais toujours les individus examinés restaient dans les limites de grandeur de leur propre série. ArceUa artocrea Leidy (67). Arcella catinus Penard (85). En 1890 j'avais décrit sous le nom de ArceUa catinus une espèce bien certaine- ment autonome, et qui ne me semblait cadrer avec aucune des Arcelles jusque-là décri- tes. Après une plus ample connaissance avec le genre qui nous occupe, je crois devoir la considérer aujourd'hui comme représentant VArceMa artocrea de Leidy, tout en faisant observer que V ArceUa de Leidy correspond très probablement à une variété spéciale. Cette grande forme alors, que Leidy a séparée d'autres individus représentés dans sa PI. XXVIII (fig. 34, 35, 38, et peut-être 4, 6, 7) sous le titre de ArceUa discoides, et qui, eux, correspondent à mon ArceUa catinus, sera envisagée tout à l'heure connue une va- riété distincte et très rare. h' ArceUa artocrea, telle que je la considère ici, c'est-à-dire correspondant à l'an- cienne description de Y ArceUa catinus, est une espèce spéciale aux sphagnum, dans les- quels elle manque rarement. Elle est presque toujours très claire, d'un jaune tirant sur le brun, comprimée, à dôme aplati en une surface jjlane ou même parfois légèrement déprimée, à contour rarement circulaire, bien plus souvent allongé, discoïde, onduleux, GENRE ARCELLA 405 parfois presque carré avec angles arrondis. Les aréoles sont très caractéristiques, et d'ap- parence diftérente de tout ce qu'on voit dans les autres espèces; ils se montrent normale- ment représentes par des séries de hachures ou de stries délicates dirigées pour la plupart du centre à la circonférence (fig. 2, 4). Mais examinés à un très fort grossissement, sur- tout après l'action d'un acide, on voit (pi'il y a bien là encore des aréoles, toujours extrêmement petits, de '/2 ij. environ (fig. 5). La face inférieure de l'enveloppe est refoulée en dedans, de manière à présen- ter des parois parallèles à celles de la face supérieure (fig. 3), puis au centre la membrane se retrousse en dehors pour former une bou- che petite, rarement ronde, plus souvent allongée, et re- produisant en somme plus ou moins les contours de la coque. Cette bouche est, toujours et sans exception, entourée d'un rang de pores très grands et peu nombreux, dépassant rarement le chifire de douze. Le plasma est analogue à celui de YArceUa rnk/aris; il est relié à la paroi interne par des épipodes parfois très larges, et renferme deux noyaux à nucléole central, puis un certain nombre de vésicules contractiles. Les pseudopodes sont normaux, avec tendance à s'étaler largement sur le sol (fig. 1). La plupart du temps on trouve cette espèce à l'état de coquilles vides. Elle habite toujours les sphagnum, et varie en diamètre de 80 à 120 fi environ. Dans le Jura, au lac des Rousses, et à la tourbière de la Pile, j'ai récolté dans les sphaignes également, une Arcelle qu'il m'est impossible de séparer de la précédente, nuiis qui doit être considérée comme une variété spéciale, dittérant du type par une taille beaucoup plus forte (190 à 200 ^ en général) et par uneiuiance brune généralement plus foncée. Arcella artocrea. - 1. D'en haut. — 2. Vue par la face buccale. — 3. De côté, saiiR les détails de la membrane. — 4. Apparence habi- tuelle de la surface. — 5. Fragment de la membrane prè>i de la bouche, avec deux pores. 406 FAUNE RHIZOPODlyUE DU BASSIN DU LÉMAX C'est probablement cette variété qui correspond à VArcella artocrm de Leidy ; cet auteur la donne comme très rare, et ne l'a trouvée que dans une seule localité; d'après Leidy elle est caractérisée surtout par la couleur verte de son plasma, due à la présence d'une grande quantité de corpuscules cbloroi)liylliens. Je n'ai pas remarqué de chloro- phylle dans les individus que j'ai examinés, mais il faut ajouter que, si cette variété s'est montrée à moi sous la forme de nombreux individus, il n'y en a que trois ou quatre dont j'aie pu examiner le plasma. Arcella ar maria Greeff (41). Arcella microstoma Penard (85). Arcella auréola Maggi (78). Greeff a décrit sous ce nom une petite Arcelle caractéristique des mousses et des lichens, etc., et qui se distinguerait en premier lieu par l'absence de tout dessin régulier, paraissant alors tout à fait lisse. Les pseudopodes sont également remar- quables par leur forme habituelle- ment aplatie, puis déchiquetée, et divisée au sommet en lambeaux plus petits. Bien que Greeff n'ajoute pas d'autres détails, et qu'il ne parle ni de noyau, ni de bouche, ni de vési- cules contractiles, les caractères indi- qués par cet auteur, ainsi que l'habi- tat spécial de cette espèce, montrent qu'il y a identité entre VArcella arenaria et celle qu'en 1890 j'avais, dans l'ignorance du travail de Greeff, baptisée du nom de Arcella microstoma. Greeff se trompe d'ailleurs en hidiquant comme caractère distinctif une enveloppe absolument lisse et dépourvue de ponctuations. En réalité la structure dans cette espèce Arcella arenaria. — 1. D'en liant. — 2. De côté. — 3. Noyau. (iENRE ARCELLA 407 est la même que dans les autres Arcelles, mais les aréoles sont ici d'une finesse extra- ordinaire, plus petits encore que dans l'espèce précédente, et, comme eux, ils se présentent souvent sous la forme de stries ou de ponctuations allongées que l'on n'aperçoit qu'avec la plus grande difficulté. La coque est arrondie, d'un jaune doré ou tirant sur le brun, très comprimée, mais cependant en forme de dôme plus ou moins régulièrement bosselé. Autour et au-dessus de la face buccale on remarque une arête circulaire (fig. 2), qui coïncide avec le plus grand diamètre de la coque, et de là la membrane s'infléchit quelque peu en une courbe rentrante ; la face buccale est repoussée en dedans, de manière à avoir sa paroi parallèle à celle de la face dorsale, puis se retrousse au centre, sous la forme d'une collerette externe très courte qui borde une bouche ronde et toujours extrêmement étroite ('/s environ du diamètre total). Cette bouche est également entourée de pores peu nombreux (8 à 12), arrondis, plus petits que dans l'espèce précédente, et qu'on ne peut guère distinguer sur les individus vivants. Le plasma est grisâtre, ponctué ; il renferme en général passablement de débris végétaux, puis des globules de graisse, des grains brillants, de nombreuses vésicules contractiles, et deux noyaux à nucléole central et compact. Dans un des individus examinés, il n'existait qu'un seul noyau. Les pseudopodes, comme l'a observé Greeff, sont en général étalés en lambeaux déchiquetés, divisés à leur sommet en petits prolongements (fig. 1) ; ils sont également très paresseux. L'animal est du reste extrêmement timide, et se décide bien rarement à déployer ses bi'as. La taille est assez faible, mais comme dans toutes les Arcelles, elle varie dans des proportions énormes, de 60 à 125 [j.; généralement pourtant elle ne va que de 60 à 85 ,u, et les individus les plus grands que j'aie trouvés, de 125 a, provenaient des sphag- num (tourbière de la Pile). Peut-être y avait-il là une variété particulière, car VArceUa arenaria est particulière aux mousses des bois et des haies, dans lesquelles elle ne manque que rarement. On sait que dans le genre ArceJIa, plusieurs auteurs, entr'autres Bûtschli, et Cattaneo, ont constaté la présence à l'intérieur de la coque, d'embryons, d'abord amiboïdes, puis qui se couvrent d'une membrane et finissent par sortir au dehors sous la 408 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN forme de petites Arcelles. Il n'y a pas dans toute la série des Rhizopodes, de genre dans lequel les coquilles soient plus facilement occupées par des parasites de toute nature, à l'état d'œufs ou de kystes, et les investigations sous ce rapport sont extraordinairement difficiles. Cependant j'ai récolté dans une station particulière un grand nombre d'individus, représentés pour la plupart par des coques soit vides, soit occupées par des corps, au nombre de 2, 3, 4, 5 ou 6, qui m'ont semblé ne pas pouvoir représenter autre chose que des embryons ; c'étaient des masses arrondies, jaunâtres, chitinoïdes, à l'intérieur des- quelles on voyait un plasma gi'isàtre, mais dont je n'ai pas pu examiner les détails. La bouche semblait manquer. Dans la même récolte se trouvaient en grand nond)re des Arcella véritables, mais très petites, de i-îS /j. de diamètre et au-dessus, très rondes et renflées, et dont la bouche étroite était à peine visible ou se confondait avec le plasma, on ne voyait souvent qu'un seul noyau, et une ou plusieurs vésicules contractiles ; les pseudo- podes étaient clairs, digités, très vifs; les dessins delà coque étaient connue dans rj.>-ce//a arenaria, mais plus fins encore. Comme cette dernière espèce est en général la seule que l'on rencontre dans les mousses, et qu'elle se trouvait elle-même abondante dans la localité en question, je ne serais pas étonné si ces petites Arcelles, et en même temps ces embryons internes, avaient en réalité représenté des produits de V Arcella arenaria. Maggi a décrit (75), malheureusement d'une manière très incomplète, et avec une figure encore moins démonstrative, une petite Arcdla qui vit dans les mousses, et qu'il a appelée Arcella auréola. Cette espèce correspond bien certainement à V Arcella arenaria de GUEEFF. Arcella polypom Penard eiiiend. Arcella polypora \. p. Penard (S5). La plupart des auteurs qui se sont occupés de ï Arcella discoïdes citent dans cette espèce la présence de noyaux en iu)mbre variable; Claparède et Lachmaxn en indi- quent de 1 à L5; Hertwig et Lesser en ont trouvé en général plus de 5, Auerbach en a vu jusqu'à 40. Leidy par contre en a observé en général 2, quelquefois 1 ou 3; GENRE ARCELLA 409 moi-même, dans presque toutes les stations où j'ai récolté VArcella discoïdes, j'y ai reconnu les deux noyaux caractéristiques en général du genre. En 1890, après avoir trouvé, dans un étang près de Francfort, un nombre considérable d'individus qui tous étaient munis de noyaux variant en nombre de 8 à 10, rarement plus, et en constatant que ce caractère coïncidait avec la présence d'un cercle de pores très fins autour de la bouche, j'avais cru reconnaître là une espèce distincte, à laquelle j'avais appliqué le nom de Arcella polypora. Les observations que j'ai faites dans ces deux dernières années m'ont amené à modifier quelque peu mes conclusions primitives. Il est parfaitement certain que de temps à autre on rencontre, dans certaines stations, une Arcelle identique à VArcella discoïdes, mais qui s'en distingue par la présence de noyaux en nombre très variable, généralement de 8 à 10, rarement 15; mais après avoir constaté que l'apparence, la taille, la bouche, sont identiques à celles de VArcella discoïdes, et que de plus cette dernière, munie de ses deux noyaux, peut être revêtue d'un cercle de pores très fins, j'en suis arrivé à penser qu'il pourrait bien n'y avoir là qu'une forme spéciale, une variété, mais probablement pas un stage dans la vie de l'animal. Cependant ces conclusions ne sont pas certaines, et je ne crois pas, puisque le nom existe, devoir rayer VArcella polypora de la liste des bonnes espèces, cela d'autant plus que dans une certaine station, sur les rivages du lac à la Pointe-à-la-Bise, j'ai trouvé un grand nombre d'individus qui se distinguent, eux alors, tvè&nQtiemQniA&V Arcella discoïdes typique. Ces individus, recouverts d'une membrane souple très comprimée, foncée ou d'un gris verdàtre, souvent arquée dans toute sa masse comme une aile de chapeau, étaient tous de très grande taille, de 250 à 270 [i, chift're auquel ne semble jamais arriver VArcella discoïdes véritable. De plus, la bouche dans ces grands individus était immense, de diamètre'supérieur presque toujours aux Vi» de celui de la coque, et arrivant presque Arcella polypora. — 1. De face. — 2. De côté. 52 410 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN aux Vio, tandis que dans VArceUa discoïdes le chiffre de Vi» est la règle et n'est que rarement dépassé. Enfin, ces grands individus étaient toujours porteurs d'un nombre con- sidérable de noyaux, variant de 40 à 65 et plus, très petits, et pourvus chacun d'un nucléole arrondi, très franc sur ses bords; sur le vivant, il est vrai, on n'en voyait jamais qu'une partie, mais après l'action du carmin, j'en ai toujours trouvé un nombre supérieur sa 40. Autour de la bouche courait un cercle de rides extraordinairement petites, qui semblaient être l'indice de perforations eu nombre immense. Ces grands individus présentent certainement des traits qui en font quelque chose de spécial ; mais il faut ajouter que dans la même localité on trouvait, également en grand nombre, des exemplaires plus petits mais variables de taille, à orilice buccal relativement moins grand, et ne possédant qu'un nombre restreint de noyaux (10, 12, 15). Il est donc difficile de savoir au juste à quoi s'en tenir sur les relations qui peuvent exister entre VArceUa discoïdes tj^pique et V ArceUa polypora véritable, et provisoirement au moins, je crois qu'il faut conserver cette dernière espèce, en modifiant quelque peu la diagnose donnée en 1890 et en la décrivant comme très grande, à bouche très largement ouverte, et toujours pourvue de noyaux en nombre considérable '. Arcélla stellaris Peety (92). ÂrceUa dentata i. p. Ehrenberg (28). Arcella Okeni Perty (92). ArceUa steUata Ehrenberg. Cette espèce, la plus élégante du genre et la plus facile à caractériser, est compara- tivement rare. Je l'ai trouvée à la Pointe-à-la-Bise, puis au Bois de la Bâtie, où elle était abondante, et au marais de Rouelbeau. La coque, jaunâtre ou brunâtre, est comprimée, mais toujours arrondie à sa face ' r.a fiyure qui accompagne cette espèce se rapporte, non pas aux grands individus mentionnés, mais à la forme qu'on trouve le plus souvent, pourvue de 8 à 12 noyaux, et qui se rapproche le plus de VAr- ceUa discoides. (iENRE ARCELLA 411 Arcella stellaris. — 1. De face. — 2. De côté. supérieure en un dôme assez régulier. Du sommet de ce dôme la surface se recourbe sui- vant une très faible pente, puis, arrivée à un niveau qui l'épondrait à peu près au milieu de la hauteur de la coque tout entière, se relève sur certains points en une courbe ré- gulièr,e, pour former des prolongements creux, coniques, parfois inégaux, lesquels, dirigés vers le haut en s'écartant du centre, forment tout autour de l'enveloppe une couronne régulière. Par leur base inférieure les dents de cette couronne, au nombre de 8 à 12, ra- rement plus, partent de la face orale, et par conséquent ces dents creuses sont coniques, largement ouvertes par le bas. 8ur la face inférieure ou orale, la coquille est quelque peu invaginée, pour s'ouvrir en une bouche large, et dépourvue de collerette. Cette bouche est dans la règle entourée d'un cercle de pores nombreux et de petite ouverture, mais toujours si peu visibles qu'on ne les aperçoit que dans des circonstances spéciales. Quant aux dessins ou aréoles de la coque, ils sont très nets, quoique de diamètre plutôt petit. Le plasma ne présente rien de particulier; il est clair, rempli de petits grains bril- lants, de proies parfois vertes, et renferme deux noj-aux, opposés l'un à l'autre, umnis chacun d'un nucléole globuleux central à contour très net. On y voit aussi quelques vési- cules contractiles. L'animal est timide, et une seule fois je l'ai vu déployer ses pseudo- podes, sous la forme d'une masse pâteuse qui s'étalait sur les dents mêmes de la co- quille. Comme Leidy l'a déjà remarqué, cette espèce semble être beaucoup moins variable dans sa taille que les autres Arcelles; les individus que j'ai examinés s'écartaient peu du chiffre de 150 u, y compris les cornes. Leidy indique de 1.32 à 184 jm. L'auteur améri- cain a sans doute examiné un nombre très considérable d'individus, et dans ses figures il montre certaines modifications des dents que je n'ai pas eu l'occasion d'observer; il peut arriver, par exemple, que les cornes soient représentées par une simple arête garnie de côtes saillantes, ou bien l'enveloppe peut être plus surbaissée ou au contraire plus élevée que je ne l'ai vu, avec une face plane au sommet, etc. Mais ce sont là des modifications de 412 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN détail qui n'empêclient pas de reconnaître dans cette jolie espèce un des Rhizopodes les mieux caractérisés. Ehrenberg a décrit, en 1830 déjà, sous le nom de ArceUa dentata, une forme qui sans aucun doute se rapporte à la même espèce, et c'est sous ce nom que Leidy la repro- duit lui-même ; mais Ehrenberg y mêle une autre forme dépourvue de cornes, qui pro- bablement représente une variété de V ArceUa vuJuaris, et il me semble préférable, pour éviter toute ambiguïté, de lui laisser le nom de ArceUa stellaris que Perty lui a donné en 1849, et sous lequel elle est plutôt connue. Ehrenberg l'a plus tard, en 1854, décrite à nouveau sous le nom de ArceUa steUata, après que Perty lui-même eût appliqué, soit à cette même espèce soit peut-être à une forme un peu spéciale, une seconde dénomi- nation de ArceUa Okeni, qui n'a plus été mentionnée depuis autrement que comme synonyme. Genre Pyxidicula Ehrenberg (28). Ehrenberg a créé ce genre en 1838, pour une seule espèce, la Fy.ndicula oper- culata, caractérisée par une coquille rigide, en forme de verre de montre très bombé, dont le bord se replie par-dessous en une marge très étroite, de sorte que l'enveloppe est presque complètement ouverte à sa face inférieure. Le plasma est analogue à celui des ArceUa. Quant à la structure de cette enveloppe, Ehrenberg se borne à indiquer cette der- nière comme raboteuse, recouverte de petites bosses ou aspérités. Il est très probable ce- pendant que ces aspérités ne représentent que des dépôts de chitine, et la structure de la coque doit être analogue à celle des ArceUa. Dans la Pyxidicula operculata, les des- sins aréolaires caractéristiques ne sont, il est vrai, pas visibles, et on n'aperçoit que des ponctuations extrêmement fines, mais dans les deux autres espèces qui seront ici décrites, ces dessins existent sans aucun doute, et tout porte à croire (jue la structure est la même dans la Pyxidicula operculata. GENRE l'YXIDICULA 413 Pjjxidicula operculata Ehrenberg (28). Arcella patens in Hertwig et Lesser (57), non Clap. et Lach. Arcellapatet/s! in Carter (17), non Claparède et Lachmann. Dans cette espèce la coque est d'un jaune presque toujours très clair, mais peut devenir plus foncée et brunâtre avec le temps ; elle parait au premier abord presque complètement lisse, mais avec beaucoup d'attention on iinit par la voir guillochée sur toute sa surface de ponctuations extrêmement petites ; sur certaines coques, surtout dans les individus âgés, il se produit également des dépôts de chitine brunâtre, sous forme de ponc- tuations plus fortes et en relief. C'est probablement ces dépôts de chitine que Ehrenberg a décrits comme constituant des « bosses » ou aspérités. Hertwig et Lesser di- sent, également à ce sujet : « La surface de la coquille était, à part la présence d'un cer- « tain nombre de petites bosses qui vues d'en haut présentaient l'image de points brillants « et irrégulièrement disséminés, parfaitement lisse et à courbure régulière. » La coquille revêt la forme d'un verre de montre fortement convexe, et son borcl est en général parfaitement circulaire; mais bien souvent aussi on la trouve quelque peu ovale, avec contour très régulier. Sur la face buccale la membrane se reploie en dedans absolument comme chez les Arcella, mais au lieu de se prolonger vers l'intérieur et de s'ouvrir en une bouche de faible diamètre, elle ne constitue (pi'un repli très étroit, qui d'en haut se voit comme un ruban circulaire (lig. 1 et 3). En sonmie on peut se représenter une Arcella dont on aurait coupé la partie invaginée de l'enveloppe presque à ras de la Pyxidicula operculata. — 1. D'en haut. — 2. Dp côté, d'un des côtés, plus grossi. 3. Fragment 414 FAUNE RHIZOPODIQUE I>U BASSIN DV LÉMAN face inférieure, et de la sorte, l'orifice buccal concerne la plus grande partie du diamètre de la coquille. Le plasma, très claii-, discoïde, relié à la membrane par de nombreux épipodes, renferme généralement très peu de nourriture; on y trouve dans la règle un grand nombre de petits grains brillants (fig. 3), puis des vacuoles contractiles, nombreuses comme chez les Arcelles, et toujours un seul noyau, dont la position est presque cons- tamment quelque peu excentrique, comme dans la fig. 1, rarement autant que dans la fig. 3, où il se rapproche plus du bord. Ce noyau est sphérique, et renferme un grand nucléole central, rond, pâle et finement ponctué. La marche est assez rapide, et se produit dans la règle, comme dans le genre Pseudochlamys, sans déploiement de pseudopodes; l'animal rampe sur son plasma buccal, à la manière d'une patelle, en marchant droit devant lui, ou parfois aussi en pivotant lentement sui- lui-même. Quelquefois cependant on voit se développer des pseudopodes à l'extérieur ; ces derniers sont alors soit droits, soit plus souvent étalés et divisés en lobes ou lambeaux à leur extrémité (fig. 1). La figure 2 représente un animal qui, renversé sur le dos, cherchait à se retourner au moyen d'un long pseudopode (cette figure 2 devrait être orientée dans un autre sens). La Pyxidicuh operculafa est toujours de taille très petite, et varie le plus souvent entre 17 et 21 a, sans s'écarter jamais beaucoup de ces deux extrêmes. Elle est rare, et semble fréquenter exclusivement les herbes aquatiques, lenmacées, renonculacées, hippuris, etc., sur lesquelles elle aime à se promener. Il me semble certain que c'est cette espèce que Hertwig et Lesser ont décrite en la rapportant à VArceUa patens de Claparède et Lachmann, et que c'est là la raison pour laquelle ces auteurs mentionnent des différences importantes entre leurs observations et celles de Claparède et Lachmann, différences concernant par exemple la taille, indiquée par ces derniers comme étant de 50 ,!/, tandis que Hertwig et Lesser n'en ont trouvé que 20. C'est sans doute aussi la même espèce que Carter a trouvée à Bombay, et décrite également comme se rapportant à VArceUa patens, en remarquant que la taille était à Bombay de moins de la moitié de celle (pie Claparède et Lachmann avaient constatée près de Berlin. GENRE PYXIDICULA 415 PyxidicuJa patens Claparède et Lachmann spec. ArceUapatens Claparède et Lachmann (20). Dans cette espèce, la coque est beaucoup plus grande et en même temps plus élevée (jue dans la précédente, hémisphérique, et quelquefois même aussi haute que large. Cette enveloppe à contour très régulier est jaune ou brunâtre, et toute guillochée de ponctua- tions dans lesquelles, à un fort grossissement, on reconnaît des aréoles hexagonaux bien nets, pareils à ceux de VArcdla; mais ici la coque n'est pas souple comme dans ce dernier genre, et par com- pression elle se casse au lieu de se déchirer. Sur la face orale la membrane se replie en dedans comme dans la Pyxidicula opercuJata, et laisse place à une ouverture buccale égale aux trois quarts environ du diamètre de l'enveloppe entière ; mais elle diffère de cette dernière espèce par la présence d'une sorte de colle- rette, qui prend naissance tout autour de la bouche, sur la face ventrale, et se développe à l'extérieur (fig. 2, 3), sous la forme d'une cupule largement ouverte. Cette collerette ou frange circulaire est plus claire et plus mince que le reste de la coque, et ses bords très amincis se voient la plupart du temps ondulés et déchiquetés (fig. 2). Le plasma occupe les deux tiers environ de l'espace interne, relié aux parois par des épipodes; il est très clair, de nature visqueuse, et renferme des petits grains brillants d'un vert pâle. Le noyau est, comme dans l'espèce précédente, normalement quelque peu excen- trique. Il est sphérique, de 10 f/ de diamètre, et renferme un plasma clair, homo- Pyxidicula pafens. — 1. Dp face. — 2 et 3. De rôté. 416 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN gène, granulé, où l'on ne voit pas de distinction bien nette entre nucléole et suc nu- cléaire '. Contrairement à ce qui se passe dans les Arcella, ou dans la Pyxidicula opercuhta, le plasma ne montre la plupart du temps ici qu'une seule vésicule contractile, grande et active. Dans cette espèce, l'animal est également remarquable par une tendance très pro- noncée à la formation d'une grosse vacuole de gaz, que l'on trouve dans le 50 pour cent, sinon plus, des individus en bonne santé (fig. 1 , 2). Les pseudopodes sont presque toujours étalés en nappe autour de la coque, dont ils entourent souvent complètement la base. La Pyxidicula patens se trouve en général rampant sur les libres végétales en dé- composition. Elle est assez rare ; je l'ai récoltée à Rouelbeau, à l'Asile des Vieillards, et à Feuillasse. Son diamètre varie entre 35 et 50 u. ; la plupart des individus en mesurent 40. Il me paraît certain que cette espèce est identique à celle qui a été décrite par Cla- PARÈDE etLACHMANN SOUS le nom Aq Arcella patens, mais que ses caractères rapprochent alors beaucoup plus de la Pyxidicula opercuïafa de Ehrenberg que de toutes les Arcelles. Claparède et Lachmann sont, il est vrai, très peu explicites au sujet de leur Arcella patens, et se bornent à dire que « le corps de cette espèce représente exactement un verre de montre très convexe, sous lequel le corps de V Arcella est abrité comme sous un bouclier. Le corps est fixé à la coque par des pseudopodes en forme de brides minces, comme chez V Arcella vulgaris. » De plus, ces auteurs ajoutent que la vésicule contractile et le noyau sont uniques. Ces observateurs ne mentionnent donc i)as la frange buccale si caractéristique, et semblent parler d'une coquille moins fortement convexe. Mais ces différences apparentes ne me semblent pas de nature à mettre en doute l'identité de V Arcella patens et de la forme qui vient d'être décrite. En effet, sur une vue de face (fig. 1), on n'aperçoit au pre- mier abord ni la frange ni la forte courbure dorso-ventrale, et pour arriver à se rendre un compte exact de la nature de l'enveloppe, il faut pouvoir retourner cette dernière de tous les côtés, et examiner un grand nombre d'individus. Or à l'époque où écrivaient ' 11 en était tout au moins ainsi dans le seul noyau que j'aie pu isoler pour un examen détaillé. GENRE PYXmiCULA 417 Claparêde et Lachmann, on ne songeait pas autant que maintenant aux détails, au moins dans les Rhizopodes; à quoi il faut ajouter que dans leur ouvrage, d'ailleurs admi- rable, Claparêde et Lachmann ont donné presque tous leui's soins à la description des Infusoires, les Rhizopodes ne jouant sous le rapport de la systématique qu'un rôle tout à fait accessoire. Carter (17) puis ensuite Hertwig et Lesser (57) ont décrit sous le nom de Arceïïa patens une espèce qui ne doit être autre chose que la Pjj.mlicida opercnïata de Ehren- BERG. La confusion était d'ailleurs facile, vu le vague de la description de Claparêde et Lachmann; mais après avoir retrouvé les deux espèces, je puis assurer qu'elles diffèrent du tout au tout, et il est certain que Hertwig et Lesser, aussi bien que Car- ter, s'ils avaient eu l'occasion d'examiner la Pyxidicula patens, l'auraient trouvée bien différente de VArcella de Claparêde et Lachmann. Pyxidicula cymhalum spec. nov. Cette espèce, beaucoup plus grande que la précédente, possède encore une enveloppe en forme de verre de montre à convexité très accusée, mais beaucoup moins pourtant que dans \?iPyxidicMlap>atens. Cette enveloppe est chitinoïde, d'un brun plus foncé que dans les autres espèces, guillochée de ponctuations serrées, qui à un fort grossissement, se voient comme représentant des dis- ques très petits (fig. 4), mais qui sans doute doivent en réalité posséder la structure aréolaire caractéristique du genre. Cette coquille patelliforme, ronde ou parfois quelque peu discoïde, ne montre pas de repli interne, et est ouverte sur son diamètre inférieur tout entier. De plus, la bouche, si 53 Pyxidiaila eymbalum. — 1. Dp côté. — 2. Individus en conjugaison — 3. D'en haut. — 4. Détails do la membrane, avec bordure mar- ginale plu8 claire. 418 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN nous voulons considérer comme telle l'ouverture totale, est entourée d'un repli ou d'une frange circulaire très nette, finement ponctuée, très claire mais devenant plus foncée chez les vieux individus, et qui se détache franchement du reste de la coque (fig. 3, 4). Parfois cette frange marginale est très étroite, et dans quelques individus, elle m'a paru manquer tout à fait. Il n'est pas impossible, comme j'ai cru le remarquer d'ailleurs égale- ment dans la Pyxidknla patens, qu'elle puisse disparaître avec le temps. Le plus souvent la face buccale est absolument plane, mais il arrive pai'fois qu'on trouve des exemplaires à rebords un peu ondulés (fig. 1 ) '. Bien que la localité d'où j'ai rapporté cette espèce (marais de Rouelbeau) m'en ait fourni de nombreux exemplaires, il ne m'a pas été possible d'étudier le corps interne. Presque tous les exemplaires étaient à l'état de coquilles vides, et les autres se voj'aient accouplés, à l'état, soit de conjugaison, soit de division. La fig. 2 montre un de ces couples, oîi le plasma renferme une grosse vésicule con- tractile, et deux corps globuleux soudés l'un à l'autre, et qui peut-être représenteraient des noyaux? Malgré la parcimonie des renseignements qu'il m'a été possible d'obtenir, il faut voir là sans aucun doute un Rhizopode qui rentrerait assez naturellement dans le genre Pyxi- dicula. La Pyxidicula cymbalmn est de taille beaucoup plus considérable que les deux au- tres espèces jusqu'ici connues; son diamètre variait, dans les individus observés, entre 85 et 90 u. Genre Phryganella gen. nov. Si, d'une manière générale, les Rhizopodes théeanKcbiens, non réticulés, peuvent se diviser en deux grandes catégories, les « lobosa » à pseudopodes larges, et les « filosa » à pseudopodes filiformes, il en est quelques-uns dont les bras peuvent donner lieu à une certaine incertitude, soit parce qu'on ne sait s'il faut les considérer comme larges ' Peut-être seulement sur des coquilles vides? GENRE l'HRYGANELLA 41 i) OU comme filiformes, soit parce qu'ils peuvent présenter, sur le même individu et d'un instant à l'autre, tantôt l'une tantôt l'autre de ces apparences, ou même toutes les deux à la fois. C'est pour des organismes de cette nature, à coquille lisse et transparente, que j'avais en 1890 proposé le terme générique de Cri/ptodiffluf/ia, et aujourd'hui je voudrais en introduire un second, le genre Phryganella, pour les espèces dont l'enveloppe, analo- gue à celle des Difflugies, est l'ecouverte d'éléments étrangers. Le terme de PhryganeUa provient de ce que la première espèce rencontrée se montrait, au moins dans la localité étudiée, en partie recouverte de coquilles vides provenant de très petits Rhizopodes (Pseu- dodifflugia), et rappelait en cela les tubes de Pliryganes. PhrgganeUa nidulus spec. nov. Difflugia ghhnhsu i. p. Leidy. PI. XVI, fig. 1 à 4?? La PhrgganeUa niduhis possède une coque dont la constitution est identique à celle du genre Biffltigia. Elle est composée de pierres, généralement plates, cimentées par un vernis chitinoïde plus ou moins abondant. Très souvent ces pieiTes sont mêlées de parti- cules étrangères siliceuses de différente nature, ou de diatomées, et parfois ces dernières revêtent la coque presque entière. Très souvent aussi on voit, solidement collées à la surface, des pierres anguleuses de très forte taille, de vrais rochers pour ainsi dire, ou bien aussi des coquilles vides de Rhizopodes plus petits (surtout Psetidodifflugia). Cette coquille est hémisphérique, très rarement assez élevée pour être appelée subsphérique; à la face inférieure, elle se recourbe brusquement, mais sans invagination, pour s'ouvrir en une bouche centrale, très grande, dont le diamètre atteint dans la règle les deux cinquièmes et parfois la moitié de celui de l'enveloppe, rarement plus encore; cette bouche est ronde, dépourvue de toute trace de collerette, et à contours rendus hié- gaux par les angles des écailles qui la bordent. Le plasma est grisâtre, visqueux, rempli de petites granulations brillantes; on n'j- remarque pas de Zoochlorelles. Il renferme 420 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN par-ci par-là quelques petites vésicules contractiles, puis toujours un nombre considérable de noyaux, qui peuvent arriver au chiffre de 200, 300 et même 400. Ces noyaux, de 10 /x environ de diamètre, sont sphériques, pourvus d'une membrane bien nette, et ren- ferment, entourée d'une marge étroite de suc nucléaire clair, une masse de plasma grisâ- tre dans laquelle on aperçoit quelques nucléoles arrondis, à contours indistincts. Les pseudopodes, que l'animal, très timide, déploie rarement, ne sont jamais positivement filiformes, mais la plupart du temps linéaires (fig. 2), ou bien au contraire se voient sous forme d'ex- pansions larges et aplaties (fig. 1). Ces expansions pa- raissent résulter la plupart du temps de la formation d'ondes de plasma liquide, qui courent le long des pseu- dopodes et les l'elient entre eux, parfois aussi de l'aplatissement subit d'un bras, qui se déploie en onde. En général, sur un même individu, on voit en même temps, et des pseudopodes linéaires et des expansions larges. La Phryfianeïla nidulus est un grand Rhizopode, variant de 165 à 220 jm, avec une moyenne de 180 à 190 u. pour la plupart des individus. Cette espèce est assez rare; je l'ai récoltée à Rouelbeau, puis à la Pointe-à-la-Bise, où on la voyait représentée par des in- dividus formés uniquement de pierres plates, et au marais de Feuillasse, oîi elle était très abondante et presque toujours recouverte de quelques coquilles de Pseudodifflugia. Il est possible que les fig. 1 à 4 de la PI. XVI de Leidy, données comme des coquil- les vides de Difflugia çilohulosa, se rapportent à cette espèce, bien qu'elles me paraissent d'une hauteur trop forte relativement au diamètre équatorial de la coque. Il faut dire cependant qu'à Mategnin j'ai trouvé plusieurs coquilles, presque sphériques, qui m'ont Phryganella nidulus. — 1. Vue d'en haut. — 2. Vue par la face orale. — 3. De trois quarts. — 4. Un des noyaux. GENRE PHEYGANELLA 421 paru appartenir à cette espèce. Cette dernière pourrait peut-être alors varier de liau- teur, dans une mesure assez considérable, suivant la localité. J'ai rencontré, au printemps de 1900, une grande quantité d'individus en cours de division. Les coquilles jeunes, toujours plus claires, ne différaient en rien du parent. Phryganella hemisphœrica Penard spec. (85) . Pseudodi-fflugia hendsphcerica Penard (85). Difflugia globulosa i. p. Leidy PI. XVI fig. 23-24? Difflugiaacropodia?? Hertwig et Lesser (57). En 1890, bien qu'ayant déjà observé à cette époque la nature particulière des pseudo- podes dans cette espèce, je n'avais pas cru devoir la séparer du genre Pseiidodifflugia. Aujourd'hui, après l'avoir étudiée plus à fond, je n'hésite pas à la joindre au genre Phryganella, avec le- quel elle a plus d'affi- nités. La coquille est hé- misphérique, jaunâtre ou brunâtre , plutôt transparente , formée d'un mélange en pro- portions très variables d'écaillés siliceuses amorphes, de grains de quartz, de diatomées, et souvent composée presque entièrement de frustules de ces derniers organismes. Sur la face inférieure, la membrane se recourbe brus- (piement, et s'ouvre en une bouche généralement très grande, arrivant à la moitié et plus Phryganella hemisphxrica. — 1. Vue par la face orale. — 2. De côté. — 3. Face orale, avec pseudopodes filiformes. — 4. Variété. — 5. Noyau. 422 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN du diamètre général (fig. 4), rarement plus petite (tig. 1 et 3 où le diamètre buccal a été dessiné trop petit). Cette bouche n'est pas invaginée, et ne présente pas trace de colle- rette ; elle est bordée par les écailles de recouvrement, qui parfois y sont plus grandes que partout ailleurs, et s'arrangent suivant un certain ordre (fig. 4). Le plasma est grisâtre, et renferme les éléments habituels; dans la localité où j'ai étudié cette espèce avec le plus de soin, tous les individus, très nombreux, contenaient dans l'intérieur de leur plasma un certain nombre de grains bruns, brillants, transparents, analogues à ceux que nous reverrons dans le genre Gyplioderia, et auxquels Rhumbler a donné le nom de « phéosomes. » Le noyau est unique, rond, généralement excentrique, et contient un gros nucléole granulé (fig. 5). Il existe également une, ou parfois deux vésicules contractiles. Les pseudopodes présentent une grande analogie avec ceux de la Phryganella niduJus, tout en se rap])rochant de plus près de ceux du genre Pseudodifflugia : ils sont tantôt linéaires et fins (fig. 3), tantôt un peu plus larges, tantôt droits et tantôt rameux (fig. 1), ou bien étalés à leur base en une large nappe qui se divise elle-même en prolongements digitiformes (fig. 4). D'une manière générale, on peut dire que lorsque l'animal est en marche rapide, et qu'en même temps il n'a pas de longtemps été dérangé, les pseudopodes sont tous linéaires et très étroits ; ajoutons également que dans cette espèce les mouvements sont extrêmement vifs, et les déformations des bras rapides. C'est à la Pointe-à-la-Bise que j'ai fait la récolte la plus riche, et où les individus se sont montrés le plus caractéristiques. La taille variait le plus souvent entre 41 et 55 fj., et la plupart des spécimens mesuraient 50 jx. Parfois cependant, soit à la Pointe-à-la- Bise, soit dans d'autres localités, on trouvait des exemplaires beaucoup plus petits, de 25 à 40 IX, et dans certaines stations les plus grands n'existaient pas. Pi'obablement y avait-il là des formes ou variétés locales. Il est probable que les figures 23 et 24 de la PI. XVI de Leidy se rapportent à cette espèce, bien qu'elles soient attribuées à la Bifflngia glahulosa. Peut-être aussi faudrait-il assimiler la Phryganella hemisphcBrica à la Bifflngia ucropodia de Hertwig et Lesser (57). Dans cette dernière, la coquille, et la taille, sont identiques, les mouvements sont très vifs, et les pseudopodes se distinguent par leurs extrémités pointues. « De larges lambeaux de protoplasma homogène se terminent, à quelque distance de la bouche, en GENRE PHRYGANELLA 423 prolongements et en lambeaux irréguliers avec des contours acérés très caractéristiques. » Il est vrai que cette apparence spéciale des pseudopodes, décrite par HERTWiGetLESSER, semble ditiérer passablement de celle qui a été indiquée pour la FJin/f/anella hemisphœrka, aussi n'est-ce qu'avec un double point d'interrogation que je mentionne la possibilité d'une identité entre ces deux formes. Phri/(/aneïïa2)ara(lo:ra spec. nov. Dans un assez grand nombre de localités j'ai rencontré un petit Rhizopode qui tantôt me paraissait se rapporter à la Pseudodifflugia (fracilis de Schlumberger, tantôt à la Pseudodifflugia fuira de ARCHER, mais que je crois finalement devoir joindre au genre Plirycianeïïa , pour ne laisser avec les Pseudodifflugia que des espèces dont les pseudopodes sont toujours réellement filiformes, et jamais simplement linéai- res. En même temps il faut prévenir que cette PhryganeUa paradoxa a sans doute été étudiée déjà, mais toujours mêlée par les auteurs au genre Pseudodifflugia, puis que la nature de ses pseudopodes la rend difficile à recomiaitre, et qu'elle don- Phryganella paradoxa. — 1. De côté. — 2. De trois quarts par la face buccale. — 3. D'en haut. — 4 et 5. Diverses apparences. — 6. Noyau. 424 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN nera sans cloute encore lieu à bien des méprises, même de la part de ceux qui la connaîtront le mieux. Elle est toujours ovoïde, avec un grand axe peu différent du petit, parfaitement arrondie sur son pourtour latéral et tronquée brusquement à sa petite extrémité pour faire place à une ouverture buccale ronde ou, fréquemment aussi, quelque peu inégale dans son contour (fig. 2). Cette coque est brunâtre, ferrugineuse, cbitinoïde, et dans cette chitine sont em- pâtées soit des écailles siliceuses très petites et serrées, soit des pierres plates, puis des particules ou pierres plus grosses qui font saillie à l'extérieur. Les diatomées doivent y être fort rares, car mes dessins n'en montrent pas, mais il est probable qu'on peut en trouver aussi. Le plasma, généralement plein de nourriture, surtout en boulettes jaunes rassem- blées en arrière de la bouche, contient aussi de l'amidon en petits grains, puis un noyau sphérique qui, dans les grands individus, mesure 15 u environ. Ce noyau renferme un nucléole globuleux, très franc sur ses bords, de taille relativement faible et creusé dans la règle de très petites lacunes ou vacuoles. Les pseudopodes sont presque toujours beaucoup plus étroits que dans les espèces précédentes, mais très variables encore d'épaisseur suivant le moment, le plus souvent filiformes comme dans la fig. 3, tantôt linéaires comme dans les fig. 1 et 5, rarement aussi larges qu'on le voit dans la fig. 2 (il est à remarquer que les fig. 1 et 2 concernent le même individu, trouvé d'abord sous la forme 2 et qui un instant plus tard revêtit la forme 1 en prenant une marche accélérée). Le plus souvent on rencontre les animaux sous les apparences 3 et 4, c'est-à-dire ram- pant la face buccale soudée au sol. Il n'y a là d'ailleurs rien de particulier, tous les Rhi- zopodes, lorsqu'ils sont en pleine eau, progressant normalement avec leur face buccale plaquant sur le soutien ; mais dans cette espèce on peut, si j'ai bien observé, constater une force d'adhérence tout à fait extraordinaire, l'animal restant soudé au sol avec une ténacité remarquable, retenu par ses pseudopodes comme par des fils de byssus, et résistant d'une manière étonnante aux secousses et aux courants d'eau. La taille est dans la Phryganella paradoxa, variable dans de fortes limites ; en général, dans la plupart de mes récoltes, les individus mesuraient de 17 à 25 [x seule- GENRE CRYPTODIFFLUGIA 425 ment; mais dans une station spéciale, à Bernex, où l'espèce était très abondante, presque tous les exemplaires variaient de 30 à 40 ,u. C'étaient en même temps les plus caracté- ristiques et ceux qui m'ont fourni le plus de renseignements. Genre Cri/jÉodiffl/u/ia Penard 1890. Tandis que dans la PhryyaneUa l'enveloppe est analogue à celle des Difflugies, avec un revêtement complet de pierres ou de particules étrangères, le genre Cryptodifflufiiu est caractérisé par une coquille parfaitement lisse, ou bien recouverte (dans la Cryptodifflugia sacmius) d'éléments étrangers peu abondants, dont la présence est adventive, et qui en tout cas ne peuvent pas être considérés comme participant d'une manière normale à la structure de la coque. Les pseudopodes sont en général plus droits, moins nombreux, moins ramifiés que dans les Phrygaiielles, et si par leur forme ils tiennent le milieu entre les « lobosa » et les « filosa, » cette forme est relativement constante, et le même individu ne passera pas, comme dans le genre précédent, d'un instant à l'autre de la forme lobée à la forme filamenteuse. Cryptodiffliifiia orifonni>i Penard (85). Cette petite espèce est revêtue d'une coquille ovoïde, généralement allongée, légère- ment comprimée latéralement, chitinoïde, transparente, lisse, d'un jaune clair qui peut finir par devenir brunâtre. La bouche est petite, ovale, dépourvue de collerette, mais munie parfois d'un bourrelet ou renflement interne très peu prononcé ; elle est dans la règle terminale, mais se voit quelquefois très légèrement excentrique. Le plasma est clair, tient peu de place dans la coque, et semble manquer d'épipodes; 54 426 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN il renferme des granulations brillantes, et de la nourriture, sous forme de petits grains également, puis une vésicule contractile, ou souvent deux, et un noyau sphérique, à nucléole central homogène, globuleux, petit, et très franc sur ses bords. L'animal est d'une timidité extraordinaire, et ne se décide presque jamais à déployer ses pseudopodes. L'année dernière je ne les ai vus que de temps à autre et sous forme de petits prolongements à peine indiqués (fig. 1). En 1890, en décrivant cette espèce, je faisais déjà remarquer qu'au bout de six mois seule- ment, dans une large bouteille où ces organismes étaient restés enfermés tout un hiver, j'avais pu les examiner, mais alors en assez grand nombre, avec leurs bras déployés. Ces bras étaient très trans- parents, peu nombreux (généralement un ou deux), amiboïdes, linéaires mais non filiformes, et montraient des déformations rapides et considérables. Les animaux étudiés l'année dernière provenaient tous du marais de Lossy, oîi ils se trouvaient, à la fin d'août et au commencement de septembre, en quan- tités considérables. On y rencontrait un grand nombre de coquilles conjuguées (fig. 4). Dans ces couples, l'une des coques se voyait toujours vide (une seule fois je l'ai trouvée remplie), et en même temps elle était presque sans exception plus grande, plus ronde, et plus claire que l'autre '. Cette dernière renfermait alors un plasma arrondi mais non globuleux, dé- pourvu de membrane solide, et séparé de la bouche par un diaphragme chitinoïde, bril- lant, verdâtre, formé d'un seul feuillet convexe vers l'extérieur. Je serais porté à croire qu'il y a là non pas un phénomène de conjugaison ou de division, mais l'indice d'un stage de repos, plus ou moins pi"olongé, pendant lequel l'animal reste arrondi dans sa coque; mais alors, avant de s'enfermer, cet animal aurait au préalable construit une nouvelle enveloppe, qui durcira peu à peu et se trouvera toute prête à le recevoir plus tard; le repos serait alors compliqué d'un phénomène d'exuviation. Cryptodifflugia oviformis. — 1. Décote, par la face large. — 2. Vue par le côté étroit ; individu enkysté. — 3. De trois quarts. — 4. Exemplaire en- kysté après avoir produit une nou- velle coque. ' Très rarement la grande lîoque était foncée, et la petite claire ; mais cette dernière renfermait tou- jours le plasma. GENRE CRYPTODIFFLUGIA 427 Ce n'est d'ailleurs que sous toutes réserves que je propose cette explication, qui n'est pas appuyée par des expériences. Très fréquemment, aussi on rencontre des individus retirés dans leur coque et protégés par un diaphragme (fig. 2). Il est bon d'ajouter que sur beaucoup d'individus, soit libres, soit enkj^stés, soit accouplés, mais dans ce dernier cas jamais sur la grande coquille vide, on voit la mem- brane, sur sa face la plus large, traversée de deux stries parallèles longitudinales (fig. 1). J'ai pu m'assurer que ces stries ne sont que l'expression d'un plissement régulier qui se fait sur cette face, et en même temps j'ai cru voir que ce plissement même est la cause de la compression, d'ailleurs toujours légère, de la coque; si la membrane se développait, en faisant disparaître le pli, l'enveloppe serait arrondie, et c'est sous cette fonne en effet que l'on rencontre bien des individus. La taille dans cette espèce est très faible; elle vai'ie presque toujours entre 16 et 20 /x; dans les couples, la grande coque claire en a généralement 20, et la petite de 16 à 18. La Cryptodifflugia oviformis semble habiter surtout les marécages et les étangs d'eau claire; mais on la retrouve, plus rarement, dans les tourbières. La diagnose primitive de cette espèce diffère sous certains rapports de la description actuelle : en 1890 j'indiquais l'enveloppe comme non comprimée, et la bouche m'avait paru assez fréquemment excentrique. Mais en consultant mes notes et mes dessins de ce temps-là, j'ai reconnu qu'il y a bien certainement identité d'espèce, et que les légères différences indiquées peuvent tout au plus indiquer l'existence de formes ou de variétés diverses '. Je n'ai trouvé nulle part de description qui pût s'appliquer à cette espèce ; mais il est probable que la Cryjjtodiffluf/ia oviformis a été rencontrée plus d'une fois, et négligée, ou bien prise pour une forme se rapportant aux genres Platoum ou Microgromia. 'Ce n'est qu'à Lossy que j'ai étudié minutieusement cette esi)èce; mais je l'ai aperçue de temps à autre, dans ditTérentes localités, et mes observations m'oni amené à la conclusion que la Crijptodiffliujia oviformis varie passablement d'une station à une autre, tant sous le rapport de la compression, qui par- fois est nulle, que pour la relation qui existe entre la longueur et la largeur de la coque. 428 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Cryptodifflugia compressa spec. nov. Cette espèce est caractérisée par une coque presque toujours d'un beau jaune fauve, parfaitement lisse, fortement comprimée, à contour régulier, presque ronde sur sa face large, et seulement quelque peu étirée à la bouche, où elle forme parfois une indication, mais toujours très faible, de collerette. En section transversale, cette coque donne une figure elliptique très allongée (fig. 3) et en coupe sagittale, c'est également une ellipse, mais en général un peu onduleuse, et rétrécie en arrière (fig. 2). Malgré la forte compres- sion de l'enveloppe, la bouche se montre la plupart du temps parfaitement ronde. Le plasma est très clair, et occupe les deux tiers environ de l'espace interne ; le plus souvent on l'y voit arrondi en arrière, mais il peut être attaché aux parois par des prolongements pointus quelque peu différents des épipodes ordinaires (fig. 1). Ce plasma renferme des petits grains bril- lants, de la nourriture en grains et en boulettes, une vésicule contractile au moins, et un noyau sphérique, identique à celui de l'espèce précédente, avec nucléole petit, globuleux, central, et très franc sur ses bords. L'animal est également ici très timide, et les pseudopodes s'y montrent le plus souvent sous la forme d'un petit amas de plasma autour de la bouche. On peut cependant les voir parfois déployés, en prolongements linéaires, très clairs, peu nombreux, droits, souvent pointus à leur extrémité, parfois anastomosés à leurs bases (fig. 1). Cette jolie petite espèce, qui me semble bien caractéristique, ne s'est trouvée que dans un étang, à S*-Georges, parmi les herbes aquatiques (MyriophyUnin), où elle était abondante. Parfois les coques étaient conjuguées, et montraient alors toutes deux même taille et même forme. Tous les individus examinés variaient peu de longueur, et ne s'écartaient pas beau- coup du chiffre de 16 à 18 jui. Cryptodifflugia eompresm. — 1. De face. — 2. De côté. — 3. D'en haut. GENRE CRYPTODIFFLUGIA 429 Cryptodi-fflugia succulus spec. nov. Ce joli petit organisme possède une enveloppe allongée, non comprimée, pyriforme, à col très large un peu étranglé en arrière et élargi à la bouche ; cette dernière, lorsqu'elle est vue de trois quarts ou de face, parait entourée d'une collerette, laquelle cependant n'est qu'une impression produite sur l'œil par l'évasement du col. La forme générale est en somme analogue à celle de la Difflugia capreolata, ou de la Difflugia rubescens. Cette enveloppe est chitinoïde, trans- parente, d'un jaune qui, suivant l'âge, varie de la nuance presque hyaline au brim doré (très rare). Sur cette membrane chi- tineuse sont alors toujours collées des particules étrangères, plus ou moins nom- breuses, fragments amorphes siliceux, petites pierres, et très fréquemment des diatomées, qui bien que très reconnais- sablés peuvent être de taille assez minime pour ne pas dépasser 5 u. Le plasma, généralement bien visible, ne remplit guère plus de la moitié de la coque. Il renferme beaucoup de petits grains, une vésicule contractile et quelquefois deux, dans la règle tout près du noyau, et un nucléus sphérique, à nucléole central globuleux, très franc, très net sur ses bords. Les pseudopodes, que l'on trouve bien plus souvent développés dans cette espèce que dans les deux autres ici décrites, sont longs, délicats, difficiles à distinguer, droits, très étroits et même parfois filiformes, pointus au sonnnet, et très changeants ; souvent on les voit se courber à angle droit, se déplacer tout d'un bloc, ou se bifurquer à leur base, mais jamais à leur sommet. Ils sont généralement peu nombreux, au nombre de 1, Cryptodifflugia sacculus. — 1. De côté. — 2. De trois quarts, par le foud. — 3. De trois quarts, par la bouche. — 4. D'en haut. — 5. Coque revêtue de diatomées. — 6. Noyau. 430 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN 2 OU 3; mais parfois aussi, lorsque l'animal est dressé et repose par sa bouche sur une surface plane, on les voit rayonner en nombre plus considérable. J'ai récolté cette petite espèce à Bernex, et surtout dans l'étang du Bois de la Bâtie, où elle pullulait, rampant sur les conferves, spirogjn-a, et autres petites algues, pour les- quelles elle montre une prédilection particulière. La taille varie dans d'assez fortes proportions, allant de 17 à 26 jut; la plupart des individus en ont de 20 à 23; mais on en trouve déplus petits, qui paraissent être' des jeunes. Genre Platomn F.-E. Schulze (107). Sous le nom de Flatoum parvum, Schulze a décrit en 1875 un petit organisme pourvu d'une enveloppe assez ferme, et quelque peu élastique, lisse et sans structure, ovoïde, étirée à la bouche et arrondie en arrière, parfois recourbée de manière à présenter une face très convexe opposée à une autre légèrement concave. La bouche est ronde, avec lèvre quelque peu renflée ; le plus souvent elle est absolument terminale, d'autres fois son ouverture fait avec le grand axe un angle plus ou §^Ç^^ moins prononcé qui la rend légèrement infère. \M^J a diverses reprises, et dans dittérentes localités, j'ai si^ trouvé quelques petits Rhizopodes, qui n'avaient sans aucun doute rien à faire avec le genre Cryptodifflugia, et qui "'côTé"— 2 De face " pourraient rentrer dans le genre Platoum. Parfois la bouche était coupée à angle droit, parfois tronquée en biais. L'en- veloppe était lisse, quelquefois légèrement ondulée (fig. 1). Les coquilles étaient le plus souvent vides, rarement occupées par un plasma arrondi, muni d'une vésicule contractile et d'un noyau à nucléole globuleux central; quant aux pseudopodes, je n'ai jamais pu les voir. Ces animaux variaient eu général de 16 à 21 fx de longueur. Il est probable que les individus rencontrés représentaient deux ou trois formes GENRE PAMPHAGUS 431 spécifiques différentes, bien qu'il m'ait été impossible d'apporter la moindre clarté dans ce sujet fort complexe. Entz (27) a créé le nom de Fhctophrys pour un organisme qui se distinguerait du Platoum à enveloppe lisse par une structure fibreuse, ou que, d'après Bûtschli, on pourrait plutôt appeler écailleuse. J'ai trouvé également un organisme de ce genre, de 15 a environ de longueur, à coquille couverte d'aspérités siliceuses, et à pseudopodes rappelant ceux du genre Cryptodifflu(fia. Peut-être y avait-il là quelque analogie avec le Pledophrys de Entz? Mais il faut remarquer que les genres Platoum de Schulze (107), Pledophrys de Entz (27), Pleurophrys et Plagiophrys deCLAPARÈDE etLACHMANN (20), Microgromia de R. Hertwig (127), Pseudodifflugia de Schlumberger (127), et même d'autres encore (peut-être aussi Cryptodifflugia), ont donné lieu à des confusions si nombreuses qu'il faudrait un travail monographique spécial pour éclairer le sujet ; aussi n'est-ce que pour mémoire que je cite ici le genre Platoum comme faisant partie de la faune rhizopodique des environs de Genève. Genre ramphaguf^'&kïLEX 1853'. Avec le genre Pamjjhagus nous arrivons aux Rhizopodes pourvus de pseudopodes décidément filifonnesl Dans ce genre, créé en 1853 par Bailey, l'enveloppe, incolore, transparente, hyaline, souple et élastique, se moule sur le corps et en suit les défonnations. Le plasma qui remplit alors toute l'enveloppe, est toujours clair, plein de granulations, et se déploie en pseudopodes filamenteux, très longs, délicats, souvent ramifiés mais non anastomosés, pointus au sommet. La bouche est petite, terminale, et dans la région buccale l'enveloppe est particulièrement souple. Le noyau est toujours volumineux, avec un suc nucléaire clair et très abondant. ' Amer. Journ. of science 18S3 XV. - Le genre Platoum est trop complexe pour qu'on puisse le considérer comme appartenant nettement à cette catégorie ; plusieurs de ses représentants se rapprocheraient probablement sous ce rapport de la Cryplodifflugia. 432 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Le genre Pamphagus correspond en partie, soit au Lecythmm de Hertwig et Lesser (Lecythium hycdinum), soit au Plaqiophrys de Claparède et Lachmann (Plaglophrys sphœrica) soit encore à d'autres noms génériques qui seront mentionnés avec l'espèce suivante. Pamphagus hyalinm Ehrenberg ? spec. Arcella hyalina Ehrenberg (28). Gromia hyalina Schlumberger (127). Difflugia hyalina Schneider '. Lecythium hyalinum Hertwig et Lesser (57). Chlamydophrys stercorea Cienkovsky (19). Gromia socialis Archer (138). Carycia stercorea Vejdovsky (1 14). Plagiophrys sphœrica ClaparÈde et Lachmann (20). Bien que Ehrenberg ait décrit, sous le nom de Arcella hyalina, un Rhizopode qui très probablement se rapporte à cette espèce, et que les travaux de Schlumberger et de Schneider aient trait sans doute au même organisme, c'est à Hertwig et Lesser que nous devons la première description suilisannuent détaillée qui permette de reconnaître à coup sûr cette espèce. Mais à l'époque où ont paru les travaux de ces derniers auteurs, le genre Pamphagus avait été suffisamment précisé par Bailey, et comme rien ne semble indiquer une différence de quelcjne portée entre ce genre et le Lecythium, il me semble plus naturel de décrire, comme Leidy l'a déjà fait, cet organisme sous le nom de Pamphagus} L'enveloppe est sphérique ou sphéroïdale, lisse, transparente, sans structure, élastique, et moulée sur le plasma interne qui la remplit tout entière, mais sans que dans cette espèce on constate jamais de plissements ou de déformations considérables de la masse. ' Milliers Archiv. 1854. GENRE TAMPHAGUS 433 La bouche est ronde, grande, et ses bords sont minces, dépourvus de lèvres, mais parfois ])rolongés en une sorte de collerette, d'ailleurs à peine indiquée; elle est sujette à se dilater considérablement suivant l'occasion, et cela grâce à la plasticité de la mem- brane dans la région buccale. Le plasma est très limpide, et renferme outre des proies figurées assez rares, toujours un grand nombre de petits grains brillants, incolores, qui remplissent surtout la partie an- térieure du " ; corps. Dans cette même région, on trouve un grand nombre de petites va- cuoles rondes (qu'on voit surtout après compression) ; on y distingue aussi, mais très rarement, tout près de la bouche, une vésicule contractile véritable, plus grande et bien nette. En arrière est un plasma moins granulé, pâle, dans lequel se trouve le noyau. Ce dernier est toujours d'une grandeur remai'quable, sphérique, à membrane fine ; il renferme, dans un suc nucléaire limpide, un nucléole globuleux, très net, réfringent sur ses bords, et qui dans la règle est de volume très peu considérable relativement à la masse du noyau tout entier (lig. 3)'. Les pseudopodes sont droits, très pâles, pointus à leurs extrémités, souvent aplatis et plus larges que dans le type réellement filiforme, d'autres fois au contraire extrêmement Pamphagus hyalinus. — 1. Aspect habituel. — 2. Deux individus soudés. — 3. Noyau. ' Dans cette ligure, le iiucl(''ole est cependant inférieur à sa taille relative moyenne. 55 434 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN fins et plus longs; souvent ils se bifurquent, mais ne s'anastomosent pas entre eux, bien qu'on puisse constater parfois, à titre exceptionnel, l'existence de deux pseudopodes reliés l'un à l'autre par un filament de plasma. Le plus souvent on les voit rayonnant en très grand nombre autour de l'animal, et prenant naissance sur un épancliement d'ectosarc vacuolisé, qui se fait à la face buccale. Les mouvements sont lents. Dans cette espèce, les animaux sont portés à se réunir en petits groupes de deux, ou de trois individus, qui confondent leur plasma buccal et ne font plus qu'un par leurs pseudopodes, le corps restant bien distinct. Le Pamphafjiis hyalinus aime l'eau claire, et se montre d'une nature très délicate. Fréquemment, peu de temps après la récolte, on trouve un grand nombre d'individus dont une portion considérable du ])lasma sort par la bouche largement ouverte, en s'accu- mulant au dehors sous la forme d'une masse arrondie, vacuolisée, qui peut faire croire à un phénomène de division. Leidy, qui a observé le fait, a constaté que ce n'était là qu'un signe de fatigue, bientôt suivie de décoiuposition et de mort. Mes observations m'ont amené aux mêmes résultats ; mais en faisant arriver sous la lamelle un courant d'eau fraîche, on réussit parfois à ranimer l'animal, dont le plasma épanché à l'extérieur se rétracte en commençant à pousser des pseudopodes. La taille moyenne dans cette espèce est de 30 à 35 ;;/ en général, mais peut aller jusqu'à 40 et au delà; cependant on rencontre parfois des exemplaires très petits, de 20 u, très délicats et pales, qui représentent sans doute des jeunes, et je ne serais pas étonné si cette espèce était susceptible de croissance, grâce à la souplesse toute parti- culière de la membrane. Le Pamphuf/ns hynUmis a été décrit par plusieurs observateurs, et sous des noms dittérents, qui laissent pourtant distinguer nettement l'espèce. Les meilleures descriptions sont celles de Hertwig et Lesser, de Schulze, et de Leidy, qui tous ont fourni des renseignements exacts et précis. Il est curieux cependant qu'aucun de ces observateurs n'ait pu voir de vésicule contractile. Je puis assurer cependant qu'il en existe parfois une, près de la bouche, mais très paresseuse, et qui après s'être vidée doit être très lente à reparaître, car on la trouve absente de presijue tous les individus. GENRE PAMPHAGUS 435 Famphagu» çiranulatus F.-E. SCHULZE spec. (107). Gromia granulafa F.-E. SCHULZE (107). Fampliagns avidns Y Leidy (67). Dans cette espèce comme dans la précédente, l'enveloppe est encore hyaline, trans- parente, et se moule sur le plasma ; mais la forme générale est rarement sphérique, bien plus souvent ovoïde, et en même temps plus changeante, jusqu'à devenir pyriforme ou allongée ; souvent elle se voit tout à fait défigurée dans ses contours par la présence de proies très grandes (lon- gues diatomées) dans l'intérieur du plasma. Rarement on la trouve au con- traire quelque peu plissée, et compri- mée de haut eu bas (fig. 2). La bouche est en principe termi- nale, et ronde ; mais grâce à la souplesse remarquable de la membrane, elle peut revêtir tous les contours possibles (fig. 6); souvent elle se voit invaginée, et tout entourée de plissements (fig. 3); lorsque l'enveloppe est fortement distendue par les grandes diatomées dont l'animal aime à faire sa nourriture, la bouche est souvent déviée de sa position terminale, pour se transporter sur le côté. Pamphagus granulatus. — 1. Dp côté. — 2. Autre aspect, de côté. — 3. Détails de la bouche. — 4. Individu fortement comprimé. — 5. Petit corps brillant dans un globule de plasma clair. — 6. Bouche, avec fragment d'un pseudo- pode. — 7. Animal vu d'en haut, moins fortement grossi. — 8 et 9. Noyaux. 436 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Le plasma qui remplit toute l'enveloppe, est hyalin, et renferme toujours, outre les proies ingérées, un nombre très considérable de granulations, qui peuvent être divisées en deux catégories; la première concerne des grains très clairs, très réfringents, hyalins, parfaitement globuleux et lisses, souvent assez volumineux, répandus en masses considé- rables dans le plasma et surtout près de la membrane; parfois les plus gros forment une zone en avant du noyau (tig. 1). La seconde catégorie est constituée par des granulations beaucoup plus petites, verdâtres, brillantes, (|ue l'on trouve parttnit, surtout à la péri- ])hérie. Dans un individu écrasé et dont le i)lasma s'était ré])andu au dehors, j'ai trouvé le corps remi)li de sphérules prot()plasmi(|U('S hyalines, dont chacune renfermait un petit globule réfringent, d'autant plus brillant que sa taille était moindre (tig. 5), et ces granulations m'ont i)aru identiques aux ]ietits grains ordinaires dont il vient d'être parlé, mais qu'on ne voit pas en général entourés d'une enveloppe. Il faut citer encore la présence assez fréquente de gros corps d'apparence grais- seuse (fig. 1), ])uis de petites vacuoles en nombre si considérable que sur des individus comprimés elles send)lent remplii- le corps entier (tig. 4), mais que l'on ne distingue guère que par un examen très attentif. Outre ces vacuoles, on constate également, plus souvent (|ue dans le Pampliacf/is hfiaVmus, la présence d'une grande vésicule contractile, en arrière de la bouche; parfois elle est accompagnée d'autres vésicules plus petites, destinées sans doute à se joindre à la première en éclatant les unes dans les autres. Le noyau est grand, sphérique ou ovoïde, à membrane fine, et renferme un plasma clair, cendré, rempli de granulations ou micelles extra(trdinairement petites, dans lequel on remarque des fragments nucléolaires à contours inégaux (fig. 8), ou bien un nucléole central (fig. 9); dans certains individus, ce plasma cendré semble remplir le nucléus tout entier (fig. 9); dans d'autres, on le voit séparé de la membrane nucléaire par une marge étroite de plasma clair (fig. S). Les pseudopodes, généralement très nombreux, souvent ramifiés ou dichotomisés, linéaires ou filiformes, sont analogues à ceux de l'espèce précédente; parfois, même à l'état filamenteux, ils se meuvent en plein liquide, et d'un seul bloc, avec une grande rajjidité. La fig. 4 représente un individu soumis à une forte compression; on y voit l'enve- loppe qui, dans cette espèce, présente une force de résistance extraordinaire, se détacher GENRE PAMl'HAGUS 4B7 distinctement, près de la bouche, du plasma interne qui est en train de s'écoider au dehors par la bouche distendue. J'ajouterai qu'à la phase représentée par la iig. 4, ayant introduit un peu d'eau sous la lamelle, je vis l'animal reprendre sa forme normale et bientôt se mouvoir tranquillement dans le liquide, avec sa face buccale fixée au sol et ses pseudopodes rayonnant de tous les côtés (fig. 7). La description qui vient d'être donnée résulte d'observations faites sui' des exem- plaires provenant du lac de Genève, où cette espèce se rencontre souvent. Mais, ici conmie pour tant d'autres Rhizopodes de la profondeur, les individus se faisaient remar- (pier par une taille relativement très forte, qui variait presque toujours entre 66 et 83 u., mais pouvait arriver à KJO ix. Dans les marais de Bernex et de Gaillard, où ces animaux se sont trouvés également et parfaitement caractérisés, la taille était en moyeinie de 45 à 55 a. SCHULZE, qui le premier a décrit cette espèce, sous le nom de Gromia f/ianulata, l'indique connne variant de 40 à lOfjL. Bien qu'il n'y ait guère de doute que le Vamphogm trouvé à Genève concorde avec la Gromia gratmlata de ïSchulze, il faut remarquer cepen- dant que l'observateur allemand indique le noyau comme renfermant soit « un nucléole « modérément grand et fortement réfringent, soit plusieurs nucléoles bien distincts, » et que ce noyau dittérerait de ceux (|ue j'ai examinés dans le lac, à Bernex et à (maillard. De plus, SCHULZE ne mentioime pas plus que dans l'espèce précédente la présence de vési- cules contractiles. Leidy a décrit sous le nom de PamphafiMs avidm (PI. XXXIII, fig. lU), une espèce qui pourrait être assimilée au l'miipJiagus (/raii /ilaf/is. mais que la taille, bien supérieure, variant de 148 à 220 u en longueur, doit nous faire considérer soit comme une espèce, soit en tout cas comme une variété distincte. Il est plus probable, par contre, que le Pamphafim curvm de Leidy (PI. XXXIII, fig. 11 et 12), doit se rapporter au Pampha- (j/is f/iajiitlafus. 438 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN ramphagtts iiintabilis Bailey '. r/dfllophri/s sc/itifuniiis Hertwig et Lesser (57). l'Iuf/iuplirt/s sacrifoniiis Hertwi et Lesser (57). Bailey, qui a décrit le premier cette espèce d'une manière satisfaisante, en résume en ces termes les caractères distinctifs : « Si le lecteur veut s'imaginer un sac fait d'un « matériel souple et extensible, assez mince pour être aussi transparent que du verre, « assez souple pour céder facilement par extension à une pression interne, assez petit « pour être microscopique; « s'il suppose ce sac rempli « de particules de sable, de « frustules de diatomées, de « débris d'algues et de des- « midiées, et de fragments « de fibres de coton, de laine « et de lin diversement co- « lorées, il aura une image " de cet animal; pour com- « pléter cette image, il fau- « drait y ajouter encore « quelques cordons détachés, pour représenter les prolongements radiaires que l'animal « possède autour de sa bouche. » Dans sa forme habituelle, le Famphaf/xs midahiUa est ovoïde ou obovale-allongé, comprimé et à section transversale lenticulaire. L'exti'émité postérieure est fréquemment pointue, mais souvent aussi arrondie. Les bords latéraux forment en général tout le long du corps une arête plus ou moins prononcée. La bouche est terminale, elliptique ou arron- die, très changeante d'ailleurs dans ses contours, bordée d'une petite lèvre étroite. La Pamphagus mutabilis. — 1. De côté. — 2. Un des aspects i)endaut la marche. — 3. D'en haut. — 4 et 5. Noyaux. Amer. Journ. of science 1833 XV. GENRE PAMPHAGUS 439 membrane est mince, hyaline, très flexible et élastique quoique douée d'une résistance extraordinaire à l'écrasement et au déchirement, et se moule sur le plasma dont elle épouse tous les contours. Beaucoup plus que dans les autres espèces le corps est ici sujet à des déformations considérables, dont l'effet le plus lial)ituel est de courber et surtout de tordre l'animal sur lui-même (fig. 2). Pendant la marche, l'animal se voit presque toujours dressé dans une position verticale, la bouche fixée au sol, et sa forme vue d'en haut est généralement elliptique ondulée, avec arêtes latérales souvent arquées (fig. 3). Les pseudopodes sont analogues à ceux de l'espèce précédente, extrêmement pâles, vifs, agiles, prompts à se bifurquer, à se ramifier, à passer les uns par-dessus les autres, et pouvant se mouvoir tout d'une pièce dans le liquide, en se déplaçant parfois presque aussi vite que des fiagellums. Rarement on }• constate une ou deux anastomoses adventives, plus souvent un étalement à la bouche, ou à la jonction de plusieurs pseudopodes (fig. 2). Le plasma renferme toujours les grains brillants caractéristiques, moins volumineux et moins abondants ici que dans le Pamphaiius granulutus, plus gros en général dans la région médiane du corps, oîi l'on trouve le plus souvent aussi ime grande quantité de nourriture sous forme de proies vertes en boulettes, parfois avec quelques diatomées. Le noyau est grand, rond, légèrement comprimé, et identique à celui du Pamphaqns (imnidatus. c'est-à-dire rempli d'un plasma cendré <|ui laisse ou ne laisse pas entre lui et la membrane nucléaire une marge étroite et claire, et qui renferme, soit le plus souvent une infinité de petits grains (nucléoles) soit un nucléole divisé en un nombre restreint de fragments. On trouve encore dans le plasma, surtout à la bouche, beaucoup de vacuoles, puis une ou deux vésicules contractiles, dont souvent une accolée au noyau. Le Famiyhagns mutahïlis aime l'eau claire ; je l'ai trouvé à Gaillard, à S*-Georges, et à la Pointe-à-la-Bise. Dans cette dernière station, outre les individus de taille normale, c'est-à-dire mesurant en général de 50 à 70 ^^ on en trouvait, peu nombreux, de beau- coup plus petits, de 21 à 40 ^. qui probablement représentaient des animaux jeunes ; les plus petits avaient des contours beaucoup plus arrondis que la forme type, bien que très changeants encore, et possédaient un noyau à nucléole en apparence central et compact. 440 FAUNE RHIZOPODIQIJE DU BASSIN DU LÉMAN Hertwig et Lesser ont décrit sous le nom de Flagiophrys scuUformis un Rhizopode qui nie paraît, comme à Blochmann et h Leidy, pouvoir être rapporté sans dilHculté à cette espèce, et on en pourrait probablement dire autant du Flagiophri/s sacciformis des mêmes auteurs, qui ne diitérerait guère de cet organisme ((ui' i)ar des contours moins anguleux. Leidy assimile le Pamj)ha/2>//o(;e^/a, etc.), et représente une sorte de fil de byssus, ou un crampon, formé d'une matière protoplasmique durcie, et destiné à fixer l'animal ou à le retenir quand il est entraîné par des courants. Gorythion dubium. — 1. Imiividu vu de face (face ventrale). — 2. Coquille vide, avec crampon île fixation. — 3. Coquille vue de côté. — 4. Arran- gement des écailles. — 5. Noyau. Corythmi pukJwMitni Pbnard (85). Cette espèce, toujours très petite, ovoïde-oblongue, est revêtue d'une enveloppe transparente, bleuâtre, moins comprimée que la précédente, formée d'écaillés allongées presque toujours invisibles sur le vivant, disposées en séries longitudinales, et figurant des dessins alvéolaires plus ou moins réguliers. GENRE AMPHITREMA 533 Cette enveloppe est tronquée en avant en une bouclie sub-teruiinale, infère, à ouver- ture lenticulaire, et bordée d'une lèvre antérieure très fine, à peine visible, et d'une lèvre postérieure beaucoup mieux marquée. Le plasma est analogue à celui de l'espèce précédente; il renferme un noyau clair à nucléole unique, et deux ou trois vésicules contrac- tiles. Je n'ai jamais réussi à voir les pseudopodes. La tig. 1 montre un individu pourvu à la bou- che d'un crampon analogue à celui qui a été men- tionné dans l'espèce précédente; comme dans la même espèce j'avais trouvé plusieurs fois ce même Corythion pulchellum. — 1. Individu muni appendice en 1890, il faut supposer qu'il y a là de son crampon de fixation. — 2. Coupe , , , , , . , . , de la coquille, vue de côté. — 3. Coupe quelque chose de caractéristique pour le genre transversale. - 4. Ecailles. Corythion. Le CorytMon pulrhellitm est toujours rare, et ne se trouve que dans les mousses et les sphagnum. Je l'ai observé aux Voirons, ainsi que dans les sphaignes provenant du Siraplon. Il me semble probable que cette espèce doit être identique à VEuglypha miniina de Perty (92), si l'on en peut juger d'après la tigure, très peu explicite il est vrai, donnée par cet auteur. Genre Aiiipliitrenia Archer (2). Tous les Rhizopodes testacés que nous avons examinés jusqu'ici possédaient une enveloppe percée d'une seule ouverture pour la sortie des pseudopodes. Mais il existe quelques espèces où l'on trouve deux ouvertures, opposées l'une à l'autre aux deux extré- mités du corps, et pour ces organismes (ceux du moins qui sont pourvus d'une enveloppe rigide, et ne renferment pas le gros corps brillant caractéristique du genre Diplophrys), Archer a créé deux noms génériques, Ainphitrema et Ditrema. Le premier de ces gen- res, très analogue d'ailleurs au second, est caractérisé par l'existence d'un prolongement tubulaire externe, ou bourrelet, qui entoure l'oritice buccal, et dont le genre Ditrema serait dépourvu. 534 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Il me semble cependant que cette distinction en deux genres différents n'a guère de i-aison d'être, ce groupe tout entier ne renfermant que trois ou quatre espèces faciles à distinguer. D'autre part le Ditreiimflartiiii. celui-là même pour lequel le nom générique a été créé, possède en réalité un counnencement de tubulure externe, que Archer n'a pas aperçu, et qui en fait en réalité un AmpJiitrema. En outre Nûsslin a décrit sous le nom de Amphitrema ster/ostoma une espèce dépourvue de bourrelet externe, et qui devrait alors dans ce cas êti'e un Ditrema. Je considérerai donc les trois espèces jusqu'ici décrites', et qui toutes trois habitent les environs de Genève, comme se rapportant au genre Amphitrema. Amphitrema flaviim Archer spec. Ditrema flavmn Archer (2). Dans cette espèce, l'animal est revêtu d'une enveloppe ellipsoïdale, ou qui plutôt pourrait être comparée à un parallélogramme régulièrement arrondi à ses deux extré- mités (fig. 1). Cette enveloppe est transparente, d'un jaune fauve pur, lisse, non défor- mable sur le vivant, mais membraneuse, et non cassante. Elle est fortement comprimée, et vue de côté se présente comme un tube renflé vers son milieu (fig. ?>). Cette enveloppe est jjercée à chacun de ses pôles d'une ouverture buccale elliptique, qui parfois, surtout vue par le côté étroit, se montre entourée d'un bourrelet très clair, délicat, le plus souvent invisible ou indiqué seulement par deux petites pointes, qui re- présentent ses bords vus par la tranche. A l'intérieur de l'enveloppe, la paroi se renfle autour de l'orifice, et parfois y figure également une faible indication de tube ; en même temps il existe toujours autour de cet orifice et à l'intérieur de l'enveloppe une sorte de lunule, en forme de croissant, bien visible sur les coques vides, mais cachée le plus sou- vent à la vue sur le vivant (fig. 5). L'enveloppe renferme un plasma clair, (jui remplit parfois tout l'intérieur, d'autres ' Lautekborn (l2o) a cependant donné une diagnose provisoire d'une quatrième espèce, Amphitrema rhcnanum, que je n'ai pas retrouvée. GENRE AMPHITREMA 535 fois s'y montre sous des formes amiboïdes, et changeantes d'un instant à l'autre (fig. 2), ou bien comme un ruban large traversant la coque dans toute sa longueur (fig. 7). Ce plasma renferme des Zoochlorelles vertes, vivant en symbiose, qui ne manquent dans aucun cas, et, rarement, remplissent l'intérieur presque tout entier, mais qui peuvent être ce- pendant très variables de nombre suivant l'individu. En outre, on trouve régulièrement un certain nombre de grains bruns, qui pourraient peut-être provenir de Zoochlorelles mortes ou digérées ', puis au centre, une zone de gra- nulations brillantes, hyalines, autour du noyau. Il existe égale- ment quelques vési- cules contractiles, une, deux, ou trois, disséminées dans le corps, et souvent aussi on rencontre des vacuoles non contractiles, plus ou moins nombreuses. Le noyau est central, grand, sphérique, à membrane fine, et renferme dans la règle un nucléole globu- leux et très petit dans un suc nucléaire clair et abondant; mais d'autres fois on trouve deux ou trois nucléoles ^. Les pseudopodes sont extrêmement tins, droits, longs, peu nombreux, non divisés, et susceptibles de se déplacer rapidement tout d'une pièce; ils sont rarement visibles. L'animal marche le plus souvent dressé (fig. 4. ou l'individu est vu d'en haut), et rare- ment avec pseudopodes déployés par les deux orifices à la fois; parfois cependant le fait Ampnitrema flavum. — 1. Animal vu de face. — 2. Uu autre. — 3. Animal vu de côté. — 4. Un autre vu d'en haut. — .5. Détails de la bouche, en coupe. — 6. Noyau, avec grains jaunes brillants et Zoochlorelles. — 7. Variété trapue. — 8. Individu en apparence segmenté? ' C'est en tout cas ce que de nombreuses transitions m'ont fait (juelquefois supposer. ^ Archer n'a pas pu's'assurer de l'existence d'un noyau, non plus que de la vésicule contractile. 536 FAUNE RHIZOPODIQUE DTT BASSIN DU LEMAN peut arriver, et les pseudopodes de l'extrémité relevée pointent tout droit dans le liquide, en explorant le milieu ambiant. La taille de VAmphifrema flarnm varie presque toujours entre 45 et 55 ft; en moyenne, la coque est deux fois aussi longue que large, et la largeur arrive au double de l'épaisseur. \j Amphitrema flainim est rare, et n'habite que les tourbièi-es à sphagnum, et, si j'ai bien observé, exclusivement les tourbières où l'on trouve également une petite desmidiée, appartenant au genre Fenimn ou à un genre voisin, et à laquelle VAmphifrema ressemble si bien par sa forme qu'on ne peut s'empêcher de croire à un phénomène de mimétisme (voir note 1 6). Il est difficile de se rendre compte de la nature de l'enveloppe dans cette espèce; c'est une membi'ane lisse, facilement déformable par les agents extérieurs, et qui parait de nature chitinoïde. Les coques mortes, qui ont séjourné longtemps dans la boue des marécages, perdent leur belle teinte jaune, devieiment grises et semblent se conduire comme des fibres végétales en décomposition. Il ne m'est pas arrivé une seule fois, bien (jue j'aie examiné plusieurs centaines d'individus, de rencontrer dans leur intérieur des indices évidents de nourriture figurée ; on remarque cependant parfois, outre les grains bruns caractéristiques, des boulettes brunes qui paraissent représenter des Zoochlorelles mortes. Peut-être faudrait-il supposer que l'animal vivrait aux dépens de ses Zoochlorelles, qu'il garderait bien vivantes jusqu'au moment où il juge bon d'en digérer l'une ou l'autre. La fig. S représente un individu tel que j'en ai observé quelques-uns, mais très rare- ment. L'enveloppe est étranglée dans son milieu d'une fine rainure qui se poursuit, visible comme une ligne très peu distincte, sur la surface, divisant la coque en deux parties. Dans l'individu ici représenté, on voj-ait les Zoochlorelles groupées dans chacune des moitiés, où se remanjuaient également deux taches claires. Après l'action du carmin, il ne se trouva qu'un seul nojau bien distinct, dans l'une des moitiés. Cet individu présentait certainement des apparences qui pourraient faire croire à un phénomène de division, et si tel était le cas il y aurait là une division par scissiparité, qui constituerait un phénomène tout à fait remarquable chez les Rhizopodes testacés. Mais probablement n'y a-t-il là qu'une apparence, d'autant plus que dans V Amphitrema GENRE AMPHITREMA 537 Htenostoma la division semble se faire de la manière ordinaire. Cependant je n'ai jamais remarqué dans V Amphitrema flarum un indice quelconque d'accumulation à la bouche d'écaillés de réserve, comme on en trouve si fréquemment dans les deux autres espèces dont la description va suivre. J'ai trouvé VAmjjMfrema flavum dans trois localités, à Lossy, à la Pile et au Simplon. A Lossy, la forme était franchement rectangulaire-arrondie, et l'enveloppe dépassait en général en longueur le double de sa largeur (fig. 1) ; à la Pile et au Simplon, elle était plus large, plus foncée, plus arrondie, et d'un ovale qui tirait à peine sur le rectangle (fig. 7). Peut-être y a-t-il là des variétés distinctes. Amphitrema stenostoma NûssLm (8.3). L'enveloppe est ovoïde, comprimée, tout à fait transparente et incolore, sauf parfois une teinte jaunâtre à peine indiquée, et recouverte sur toute sa surface de particules sili- ceuses très petites. A chacun des pôles de cette enveloppe s'ouvre un orifice étroit, dépourvu de tout bourrelet ou collerette externe. Nûsslin, qui a fait de cette espèce une étude très détaillée, indique cet orifice comme élargi en entomioir à l'intérieur, ce que je n'ai pas su remarquer. Les deux orifices sont presque toujours cachés à la vue, soit par les petites pierres de recouvrement, soit par des bouquets noirâtres de particules siliceuses, qui peut-être représentent des éléments de réserve (fig, 2, 3). Quant à la nature de la membrane, elle est encore problématique. Nûsslin a trouvé que l'enveloppe était rapidement détruite par l'acide sulfurique concentré, ainsi que par la potasse, et que ce même acide additionné d'iode lui donnait une teinte neutre, parfois violacée ou bleuâtre. Cette membrane se comporte alors de la même manière que celle des Desmidiées au milieu desquelles vit toujours V Amphitrema. Le plasma i-emplit une portion plus ou moins considéi-able de l'enveloppe, et ren- ferme toujours un nombre assez fort de Zoochlorelles, de faible volume, souvent fragmen- tées, et qui m'ont paru représenter une espèce différente de la Chlorella ndgaris ordinaire. Comme dans l'espèce précédente, on ne trouve jamais trace de proies figurées. 538 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN A part les Zoochlorelles, le plasma renferme un gi'and nombre de petits grains clairs, des granulations brunes comme dans l'espèce précédente ', une ou deux vésicules contrac- tiles, dont souvent une très grosse accolée au nucléiis, puis un no,yau globuleux, central, que NÛSSLIN a trouvé renfermer un, ou parfois deux ou trois nucléoles, mais dont je n'ai pas pu examiner moi-même les détails. Les pseudopodes sont très longs et fins, bifurques ou non, sortant en bouquet des deux ou- vertures. Ils fixent l'animal au sol avec une solidité remarquable. On les voit du reste très rarement ; NûssLiN a constaté que parfois ces pseudopodes étaient tempo- rairement larges et lobés, pour devenir beaucoup plus fins plus tard. L'Amphitrewa stenostoma est une espèce rare, qui n'babite que les sphagnum. Je l'ai trouvée aux Pitons, à la Pile, et au lac de Conches au-dessus de Morgins, en Valais. Dans cette der- nière localité les individus étaient de forte taille, de 60 fx en moyenne, tandis que dans les autres stations la longueur variait la plupart du temps entre 45 et 50 /x, bien qu'at- teignant fréquemment 55 ^i. C'est cette dernière mesure que Nûsslin indique pour son Amphitrema. Amphitrema stenostoma. — 1. Aspect habituel, individu, avec paquetti d'éléments de réserve. — vu de côté. — 2. Autre 3. Un autre, ' D'après .N'Cssli.n ; mon attentinn n"a pas été attirée dans cette espèce sur ces grains bruns, qui sans doule exisleni, mais au sujet desquels mes notes ne me disent rien. GENRE AMPHITREMA 539 Amphitrema Wrufhtianum Archer (2). Cette espèce est beaucoup plus grande que les deux précédentes ; la plupart des indi- vidus arrivent à une longueur de 65 à 70 ^, et je n'en ai pas rencontré d'inférieurs à 6U. L'enveloppe est elliptique, large, comprimée, et formée d'une membrane toujours jaunâtre, revêtue sur toute sa surface soit de diatomées plates, à contours nets mais très délicats, comme si elles avaient été au préalable modifiées ou corrodées par l'animal, soit de par- ticules amorphes très apla- ties, parfois avec une ou deux grosses pierres par ci par là, et surtout aux extré- mités. A chacun des pôles se trouve un orifice buccal elliptique, dont le grand diamètre égale la cinquième ou la sixième partie de la largeur de la coque, et ou- vert au sommet d'un col court, souvent très net mais la plupart du temps caché par des débris et des pier- res (fig. 3), et qui ne consti- tue qu'un prolongement tu- bulaire de la membrane, sans renflement ou épaississement de cette dernière à l'intérieur. Le plasma, qui remplit plus ou moins l'enveloppe, est assez changeant dans ses con- tours, amiboïde, relié aux parois par des épipodes souvent sous forme de bras larges. Il renferme comme dans les autres espèces un nombre considérable de Zoochlorelles, et par contre pas de proies figurées, puis les grains bruns caractéristiques, des myriades de gra- Amphitrema Wrightimmm. — 1. Aspect habituel. — 2. Individu tu de côté. — 3. Fragment plus grossi, montrant la tubulure buccale, le noyau, les vésicules contractiles, les Zoochlorelles, etc. 540 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN nulatiolis claires et brillantes, et un noj'au grand, sphérique, central ou déjeté de côté, rempli d'un plasma clair où l'on voit nager plusieurs petits nucléoles globuleux. Tout près du noyau se trouve aussi, dans la plupart des cas, une vacuole contractile qui peut de- venir très grande. Les pseudopodes sont analogues à ceux des deux espèces précédentes, très tins, droits, bifurques ou non. On les observe très rarement. Je n'ai récolté cette espèce, que ses caractères font reconnaître facilement des deux autres, qu'à la tourbière de la Pile, dans le Jura, où elle était abondante. Archer l'a trouvée également dans une seule localité, dans les tourbières de Glen-Malur dans le comté de Dublin en Irlande, et depuis ce temps elle ne semble pas avoir été revue. Archer n'a pas réussi à y constater la présence d'un noyau, qui, il est vrai, est le plus souvent caché par les Zoochlorelles, et ne se voit alors que sous la forme d'une tache claire. Genre Diplophrys Barker, 1868. Ce genre, qui ne renferme qu'une seule espèce, la Diplophrys Arclwri. a été créé par Barker pour un petit organisme parfaitement sphérique, revêtu d'une membrane extrê- mement délicate, transparente, lisse, et percée à ses pôles de deux orifices arrondis. L'in- térieur est occu])é par un plasma transparent, qui outre le noyau et quelques vésicules contractiles renferme un globule brillant, volumineux, d'apj)arence grasse, très caractéris- tique. Les pseudopodes sont délicats, filamenteux, rayoïmants. Souvent on rencontre des colonies de jeunes hidividus, associés en une seule masse. Diplophrys Archeri BarkeR. '. Cyst02)hrys oculm ? Archer (2). Dans ce curieux petit organisme, le corps est parfaitement globuleux, transparent, ' Qiiart-.l()uiii. iiiic. Sri. VIH. 1868. GENRE DIPLOl'HRYS f)41 revêtu d'une membrane hyaline excessivement fine. Le plasma est très clair, finement ponctué, remplissant toute l'enveloppe sauf sur deux points opposés l'un à l'autre, ou pôles, où il se détache de la membrane pour s'excaver légèrement à l'intérieur. De chacun de ces pôles part un faisceau de pseudopodes rigides, très fins, longs, souvent bi- furques, qui se déploient dans toutes les directions ; à la base du faisceau il apparaît quelquefois une gouttelette de plasma très clair, de forme triangulaire lorsqu'elle remplit l'espace entre les bases de deux pseudopodes, ou bien vésiculaire lorsqu'elle est libre. Le plasma renferme toujours entre les deux pôles, et d'un côté seulement de la ligne méri- dienne, un corps brillant très gros, revêtant dans la règle la forme d'une lentille plane- couvexe très épaisse, mais qui peut se diviser en deux, ou en fragments plus nombreux; quelquefois aussi il est accompagné de plusieurs corps de même nature, très petits. Ce corps brillant, de nature graisseuse, est variable de couleur, suivant la localité et peut- être l'époque ; généralement jaunâtre, brunâtre lorsqu'il est vieux et ratatiné, parfois d'un beau bleu tendre et éblouissant. Près du corps brillant, dans l'autre hémisphère, se trouve un noyau rond, très clair, généralement à peine distinct, à nucléole central, unique, petit, d'un bleu pâle. Généralement on voit une vésicule contractile, ou aussi plusieurs petites vacuoles à position variable. A l'état de repos prolongé, l'organisme retire tous ses pseudopodes, et s'entoure d'une couche plus ou moins forte de mucilage, où s'agglutinent des granulations étran- gères variées, des débris, des diatomées ou des grains de quartz que l'organisme repousse lorsqu'il reprend sa vie active ; quelquefois on trouve des individus tout entourés d'une auréole mucilagineuse rayonnée, d'autres fois on voit quelques pseudopodes se faisant jour à travers les pierres. La reproduction a lieu de différentes manières : Par fissiparité (probablement suivant la ligne méridieuue), avec division préalable du corps brillant ; Par segmentation en tétrades d'individus, phénomène qui n'est qu'une continuation du processus ci-dessus, chaque partie divisée se divisant à son tour ; ensuite les individus produits se détachent. Quelquefois on trouve quatre embryons, rangés en une plaque avec disposition régulière, entourés encore d'un mucilage counnun, et (\m paraissent provenir de la segmentation d'un individu très jeune lui-même. 542 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Par bourgeonnement (?) \ On trouve quelquefois aussi des colonies formées d'individus embryonnaires en nombre considérable (souvent plusieurs centaines), noyés dans un mucilage commun et s'en détachant peu à peu. Parfois toute la colonie (à petits embryons) est entourée de faisceaux de pseudopodes très fins et très longs, plantés de distance en distance, appar- tenant à la masse conuuune et non pas aux embryons en particulier. Dans les colonies tous les individus sont de même taille, mais cette taille est variable de colonie à colonie (c'est-à- dire qu'ils grandis- sent au sein du mu- cilage commun). La masse générale peut alors se déplacer en changeant de forme assez rapidement ; les pseudopodes se déplacent aussi pen- dant ce temps, très lentement, en chan- geant de forme. Diam. millim. H à 20 p. ; embryons des colonies 2 k 4 n, embryons libres 4 à 8 u.. La DiplopJiri/s Archeri a été décrite par plusieurs auteurs, Barker, Greeff, SCHULZE, Hertwig et Lesser, qui tous la regardent comme un animal quelque peu pro- blématique dans ses affinités. Pour mon compte, et bien qu'on la range couramment parmi les Rhizopodes, je ne serais pas éloigné de lui recoiniaitre des caractères qui la sépare- I)iplo2)hrijs Archeri. — 1. Aspect habituel. , Région (le la liouche, plus grossie. ' Je ne suis pas certain de ce processus; j'ai rencontré dans une pèche des individus qui portaient un, deu.\, trois embryons, lesquels semblaient encore reliés aux parents par une partie étranglée; mais peut-être étaient-ils simplement collés au gros individu. GENRE DIPLOPHEYS 543 raient nettement des animaux en général, et qui i^eut-être la rapprocheraient des végé- taux inférieurs, cela pour les raisons suivantes : 1" Malgré les milliers d'individus qui m'ont passé sous les yeux, j'ai toujours cherché en vain à en découvrir qui renfermassent ou fussent en train de capturer une nourriture quelconque. Parfois le plasma entier contient de très petites granulations claires ou bril- lantes, dont il peut même être bourré, mais qui ne rappellent en rien de la nourriture véritable. 2" Les filaments pseudopodiques ne fonctionnent certainement pas à la manière de ceux des Rhizopodes en général, et leurs déformations, quoique réelles, sont si lentes qu'on perd souvent patience à vouloir les étudier. L'organisme avance cependant quelquefois assez vite, en tournant autour de son axe et en roulant sur les extrémités de ses filaments polaires comme un essieu entre deux roues, ou bien suivant une direction variable et en nageant plutôt qu'il ne marche ; mais on ne voit rien des mouvements des pseudopodes. 3" Il existe certainement une membi'ane, dont on peut constater la présence parfois distinctement aux deux pôles, où se trouve entre elle et le plasma un vide lenticulaire ; mais cette membrane excessivement fine rappellerait celle des végétaux inférieurs plutôt que celles que l'on connaît chez les Rhizopodes. 4" Le gros corps lenticulaire brillant ne se retrouve dans aucun Rhizopode ; il fait partie intégrante et nécessaire de l'individu, existant dans tous les embryons si petits soient-ils et prenant part aux phénomènes de division. Il rappelle quelque peu un chro- raatophore, ou bien encore le corps brillant oléagineux que l'on observe dans certains champignons (ancylistées) ; sa couleur la plus habituelle ferait supposer qu'il est pénétré d'une substance analogue à la diatomine (??). Le noyau, il est vrai, est conforme à celui des Rhizopodes et semble posséder la forme vésiculaire; mais on eu trouve tout aussi bien de semblables dans les végétaux. Les gout- telettes de plasma clair qui s'amassent à la base des pseudopodes sei'aient par contre plus caractéristiques d'une nature animale. Enfin, les différents phénomènes de multiplication sont de nature exceptionnelle parmi les Rhizopodes. En résumé, la DipJophrys Archeri demande à être revue, et on peut prévoir qu'une étude détaillée de cet organisme amènera à des conclusions très curieuses. J'ai récolté cette espèce à la Pointe-à-la-Bise, à Beraex, à S*-Georges, et à Lossy. 544 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Genre Microcometes Cienkovsky, 1876. Après ces quelques organismes à nieml)rane percée de deux orifices ])our la sortie des pseudopodes, il est intéressant de constater l'existence d'un petit Rhizopode dont l'enveloppe est pourvue d'orifices plus nombreux, s'ouvrant sur différents points. C'est pour un organisme de cette nature, le seul que l'on connaisse actuellement, que Cienkovsky a créé le nom de Microcomete.^ paludosa. Microcometes jmludom Cienkovsky (19). L'animal est recouvert d'une capsule très claire et transparente, délicate, légère- ment jaunâtre, sphérique dans sa forme générale, mais souple et déformahle, et percée d'un nombre tou- jours restreint, mais variable (3, 4, 5), de pores, ou ouver- tures par lesquelles sortent les pseudo- podes, et relevées alors quelque peu autour de la base de ces bras, en un prolongement tubu- laire très court. Le plasma ne reuqjlit qu'une moitié environ de la capsule, aux parois de laquelle on peut le voir relié par des épipodes très délicats. Ce plasma, si)bérique, renferme un grand nombre de petits grains brillants verdàtres, Microcometes paludosa. — 1. et 2. Aspects divers. GENRE MICROCOMETES 545 puis une ou deux vésicules contractiles à fonctionnement normal et régulier, et un noyau globuleux, petit, quelque peu excentrique, à nucléole central très peu visible. Les pseudopodes partent normalement de la surface du plasma, sous la forme d'un bras relativement large, (jui au delà de l'ouverture buccale, continue un instant son trajet sans se diviser, puis se bifurque, se dichotomise, ou bien se divise à droite et à gauche en pinnules ou rameaux opposés. Tous ces tilaments, peu actifs dans leurs mouvements, deviennent alors très longs et très fins, lisses, et ne sont jamais anastomosés les uns dans les autres. La Microcomefes paludosa est toujours très petite, et les trois exemplaires examinés mesuraient de 16 à 17 |[z. CiENKOVSKY a récolté cette espèce à plusieurs reprises, dans le nord et le sud de la Russie, sur des algues gélatineuses, et particulièrement belle sur les Tétraspores. Pour mon compte, après l'avoir cherchée bien longtemps sans y réussir, j'ai fini par la trouver au mois de mai de cette année, à la Pointe-à-la-Bise, représentée par trois individus, eux aussi à la surface d'une algue gélifiée. Il est probable qu'il y a là une question d'habitat, et peut-être cette espèce, qui depuis Cienkovsky ne semble pas avoir été retrouvée, est-elle moins rare qu'on le croit, et se retrouvera-t-elle facilement sur les algues gélatineuses. Je n'ai pas trouvé, à l'intérieur du corps, de pi-oies bien nettement déterminables; seulement quelques petits grains amorphes pouvaient représenter de la nouri'iture digérée. Cienkovskt mentionne ces organismes comme attirant la proie au moyen de leurs pseu- dopodes, et il a cru voir également que les extrémités des pseudopodes sont capables de percer les membranes cellulaires des algues pour en sucer le contenu. Il m'a paru, d'après certaines modifications qui se sont opérées dans les individus examinés, que l'enveloppe était susceptible de s'ouvrir à un moment donné, pour laisser passer un bras, sur un point où auparavant il n'existait pas d'ouverture, ou bien au con- traire se refermer là où il y en avait auparavant. Mais il est possible qu'il y ait là de ma part une erreur d'observation, facile à connnettre avec des organismes aussi petits, sur- tout avec un matériel aussi peu abondant que celui qu'il m'a été donné d'examiner'. ' En 1877, Entz (27) a décrit un Microcometes trùtripetus. provenant d'un marais salé de Hongrie, et sur lequol je n'ai pas pu obtenir de renseignements. 69 546 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Genre Gymnophrys Cienkovsky, 1876. Le genre Gymnophrys se rapproche des Amphitrema par l'existence de deux pôles opposés, d'où partent les pseudopodes; mais les ramifications de ces bras sont déjà anas- toniosables entre elles, et rapprochent par là cet organisme des Foraminifères. En outre il n'existe ici aucune enveloppe comparable à celle des genres précédents. Gymnophrys comefa ClENKOVSKY (19). Cet organisme se présente sous la forme d'une masse de plasma ovoïde, ou quelque peu fusifbrme, dépourvue de toute enveloppe, mais pourtant peu déformable, et dont l'ectosarc, d'après la réfraction de ses bords, sem- ble quelque peu durci à la surface. Cette masse ovoïde est remplie de petites gra- nulations, arrondies, brillantes, verdàtres, qui cir- culent dans l'intérieur du plasma, mais sans qu'il existe de cyclose ou mouvement rotatoire quel- conque, tel que nous le trouverons dans le genre Gromia. On remarque également, dans l'ectosarc, une grosse vésicule contractile, à fonctionnement actif et normal. Quant au noyau, peut-être était-il représenté dans l'individu examiné, par deux petites masses grises, entourées en apparence d'un halo clair, qu'on entrevoyait de temps à autre, mais très dif- ciles à distinguer à cause des grains qui remplis- sent le corps. Dans le cas oîi il y aurait là vraiment deux noyaux, l'espèce serait pluri- nucléée. Les pseudopodes partent de chacun des pôles, sous la forme d'un bras assez vigou- Oymnophrys cometa. — 1. Aspect habituel. — 2. Détails de la masse centrale. GENRE GYMNOPHRYS 547 reux, à la base duquel le corps est étiré en fuseau. Ce bras reste d'abord indivis, puis émet sur ses côtés, de distance en distance, des prolongements filiformes très fins, dont les extrémités peuvent s'anastomoser les unes avec les autres; d'autres fois il se divise en plusieurs branches, et revêt des contours très changeants. A l'intérieur des grosses branches, on voit circuler des petits grains qui montent ou descendent, ou bien parfois se former de petites vacuoles. La taille est de 30 ja environ, pour le corps central seulement. Je n'ai malheureusement trouvé qu'un seul individu pouvant se rapporter au Gijm- nophrys cometa de Cienkovsky, à la Pointe-à-la-Bise, sur les rivages du lac. Bien que cet exemplaire ne correspondît pas dans tous ses détails à la description de Cienkovsky, je ne crois pas qu'il y ait lieu d'y voir autre chose que le même organisme. Cienkovsky n'a pas remarqué de vésicule contractile, qui dans l'exemplaire exauiiné par moi était bien distincte et fonctionnait avec activité; mais peut-être le fait provient-il de ce que les pre- miers individus étudiés par cet observateur provenaient de l'eau de mer (l)aie de Naplcs), oïl cette vésicule disparait en général. Plus tard Cienkovsky a retrouvé cette espèce dans les marécages, près de Kharkow, et peut-être alors s'est-il borné à constater la présence de ces organismes sans les étudier en détail. Cienkovsky n'a pas non plus rencontré de noyau. Quant aux pseudopodes, il les donne comme pouvant prendre naissance sur plu- sieurs régions à la fois, mais en général « il n'y a que quelques pseudopodes, qui par contre « se ramifient beaucoup, et se déploient largement. » Cependant la figure donnée par Cienkovsky répond exactement à ce que j'ai vu, avec deux pseudopodes opposés l'un à l'autre; de plus on voit dans ma fig. 1 à gauche, un petit prolongement qui avait com- mencé à se former sur le côté du corps, et je pense qu'en somme ou peut conclure que l'organisme, s'il se trouve normalement pourvu de deux pseudopodes opposés, peut cepen- dant, à l'occasion, en émettre d'autres sur une région quelconque du corps. Cienkovsky a rarement trouvé de la nourriture dans l'intérieur du plasma. Dans l'individu que j'ai examiné, on remarquait un ou deux petits fragments qui probablement 548 FAUNE RHIZOPODrQUE DU BASSIN DU LÉMAN représentaient des déchets de nutrition, et dans l'un des bras (iig. 2) on pouvait voir à un certain moment un petit organisme (bactérie), rapidement attiré vers le corps, dans le sein duquel il ne tarda pas à disparaître. Genre Biomyxa Leldy. Ce genre représente des organismes complètement nus, formés d'un protoplasme granulé qui se répand dans toutes les directions, projetant de côté et d'autre des pseudo- podes qui changent incessamment de forme, et qui s'anastomosent fréquemment les uns avec les autres. Dans leur intérieur on constate une circulation incessante de grains brillants. On remarque une ou plusieurs vésicules contractiles. Il existe probablement toujours un ou plusieurs noyaux, mais dont l'existence n'a pas toujours été constatée. D'après cette diagnose, la Biomyxa est un véritable foraminifère, mais dépourvu d'enveloppe. Biomyxa vagans Leidy (67). Leidy, qui le premier a découvert cet organisme, la étudié avec soin, et en a donné une description si exacte, que je ne crois pouvoir mieux faire que d'en reproduire ici une partie. « La Biomyxa est un organisme incolore, de forme excessivement variable et conti- « nuellement changeante, et qui consiste en un protoplasma visqueux et finement granu- « leux. D'un corps généralement plus ou moins central, la masse se répand en une nappe « de forme irrégulière, produisant des prolongements pseudopodiques, qui se ramifient et « s'anastomosent les uns avec les autres. « La Biomyxa se meut lentement, incessaunnent, et également, et ne reste jamais « un moment la même. La masse de protoplasme qui la compose peut se répandre d'une « manière plus ou moins uniforme, ou bien au contraire très inégale, ou se diviser et « s'étendre dans une direction quelconque. Fréciuennnent elle devient ])Ius étroite à l'un GENRE BIOM\'XA 54!) de ses pôles ou à tous les deux, s'allongeant en une corde qui elle-même peut s'étaler en un ruban, ou bien se diviser et s'étendre sous la forme de plusieurs cordes ou bandes divergentes. Toute la masse, ou bien l'une de ses portions, peut s'étaler et devenir extrêmement mince, jusqu'à se rompre en fentes, et en trous circulaires. « Les pseudopodes se montrent comme des extensions longues et rétrécies du proto- plasme du corps, se divisant fréquemment, et avec des branches terminales qui paraissent Biomyxa vagans. — 1. Forme plurinucléêe. — 2. Noyaux. — H. Foniif luiinucléée. — 4. Noyau. c(unme des filaments excessivement délicats. Les branches contiguës s'anastomosent fréquemment, et forment des réticules qui par-ci par-là revêtent par expansion l'aspect de taches minces percées de trous circulaires. « Ces pseudopodes se développent rapidement, et sont modifiés ou rétractés tout aussi vite. « Une circulation des granules se produit le long des pseudopodes de la Blomy.va, connue dans la Gromia. Cette circulation est en même temps centrifuge et centripète 550 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN « dans les troncs et les grandes branches, mais se fait dans une seule direction dans les « ramifications les plus fines. » Leidy ajoute qu'aucune distinction n'est appréciable en ectosarc et endosarc, et que tout le plasma n'est qu'une masse homogène, pâle et granulée, avec des proportions variées de molécules huileuses, un grand nombre de petites vésicules contractiles de 2 à 4 [X de diamètre, rarement de 8 [x, et parfois des vacuoles plus grandes. Pendant très longtemps aucun des exemplaires examinés par Leidy ne lui parut posséder de noyau; mais plus tard, dans une récolte spéciale, se trouvèrent des individus pourvus d'un nucléus, globulaire, distinctement granuleux. D'autres exemplaires, plus petits, n'en avaient pas. J'ai trouvé moi-même trois individus qui peuvent se rapporter à la Biomyxa varans de Leidy, et tous les trois dans des stations différentes, à Bernex, à Rouelbeau, et à 35 mètres de profondeur dans le lac. Ces individus, qui tous monti'aient, soit dans leur forme, soit dans leurs changements divers, des phénomènes parfaitement identiques à ceux que décrit Leidy, différaient pourtant tous les trois les uns des autres. Le premier, celui de Bernex (fig. 3), possédait de nombreuses vésicules, plus grandes que ne l'indique Leidy, et dont quelques-unes au moins étaient contractiles; puis im noyau assez facile- ment visible, ovoïde, et qui semblait vouloir se diviser en deux par un sillon médian (fig. 4). Le second individu, provenant de Rouelbeau, avait cela de particulier que sa masse centrale montrait des contours très nets, réfringents, qui semblaient indiquer une homo- généité plus grande du plasma sur ses bords, et pour ainsi dire une velléité de formation de membrane. Les vacuoles étaient grandes et nombreuses, apparaissant et disparaissant comme des vésicules contractiles. On ne pouvait distinguer aucun noyau, mais après l'action du carmin, il s'en est trouvé une vingtaine, très nettement colorés, petits et ronds. Le troisième exemplaire, trouvé au fond du lac, et le plus beau de tous, renfermait une immense quantité de petits grains clairs, de 1 /^ environ de diamètre, et ne possédait qu'une seule vésicule contractile (fig. 1, en bas), de fort volume, à ton ctionnement régulier mais paresseux. Par contre il se formait, comme dans les deux autres individus précédem- ment cités, des vacuoles très petites par-ci par-là sur les bras, surtout aux bifurcations. Il existait une demi-douzaine de noyaux très pâles et à peine visibles sur le vivant, mais GENRE BIOMYXA 551 qui après carmin se montrèrent tous de forme ellipsoïdale, et poui'vus d'un nucléole en forme de boyau replié sur lui-même (fig. 2). On voit que ces trois formes, identiques par leur physiologie, diffèrent passablement par leurs caractères anatomiques, et semblent montrer que la Biomyxa var/ans représente en réalité plusieurs espèces distinctes, que l'on devra séparer un jour. Leidy a lui-même constaté des variations assez grandes dans les formes qu'il a rencontrées. Mais il n'en reste pas moins vrai que la Biomi/xa représente un organisme parfaitement autonome en tant que genre, et qui n'a rien à faire avec la Vampirella vomx, VArachnula impatiens ou la Gymnophrys cometa, auxquelles différents auteurs, qui ne l'avaient pas vue, ont cru pouvoir l'assimiler. L'individu provenant de Rouelbeau, avec son corps central qui pré- sentait un conmaencement de différenciation, se rapprocherait cependant quelque peu de cette dernière espèce. Dans la Biomyxa vayans, la taille est excessivement variable d'un moment à l'autre; dans la fig. 1, par exemple, le corps central avait 80 a, et l'animal tout entier, en unis- sant les pointes les plus éloignées de ses pseudopodes, arrivait à 480 i^ *. L'exemplaire représenté par la fig. 3 était beaucoup plus petit, de 100 [j., y compris les pointes extrêmes de ses bras. Celui de Rouelbeau, qui n'a pas été figuré ici, mesurait 35 fx pour le corps central, et 180 environ avec les pseudopodes. Genre Lieberkiihnia ClaparÈde et Lachmann, 1858. Ce genre est représenté par des foraminifères revêtus d'une membrane extrêmement délicate, très souple, et qui prend part à toutes les déformations du plasma. Ce dernier est relié à l'extérieur par un « pédoncule » allongé, qui prend naissance sur un des côtés du corps, traverse le vide interne, et va s'étaler à la bouche. Les pseudopodes se répan- dent de là au dehors dans toutes les directions, en y formant de nombreuses anastomoses. ' L'animal peut étaler son réseau pseudopodique à une distance du corps central bien supérieure à ce qu'indique la (Igure. 552 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Lieberkûhnia Wagneri Claparède et Lachmann (20). La première description de cette espèce est due à Claparède et Lachmann ; plus tard le même organisme a été étudié par Cienkovsky (19) sous le nom de Gromia paln- dosa. Ces trois observateurs, chose curieuse, n'ont aperçu ni noyau, ni vésicules contrac- tiles (mais bien des vacuoles, en apparence non contractiles). Maupas (LS7) a décrit à nouveau cette espèce, très exac- tement cette fois, et a montré qu'elle possédait une grande quantité de petits noyaux, et que les vacuoles sont en réalité contractiles. SiD- DALL enfin ' l'a ré- coltée dans l'eau de mer. C'est au marais Lieberkûhnia Wagneri. — 1. Forme générale. - 2. Même individu, moins grossi, pour de Bernex que j ai montrer l'étalement des pseudopodes. — 3. Détails d'un des côtés ; on voit le plasma avec noyaux et vacuoles, le pédoncule pseudopodique, la membrane, et le plasma tl OUVe mOl-meme de recouvrement. j^ Lieherkiihnia ■ Waffnerl, représentée par un seul individu, mais très bien caractérisé, et conforme à la description de Maupas. L'enveloppe se présente sous la forme d'un sac, pyriforme dans ses contours géné- raux, mais très changeant, à membrane hyaline, fine, déformable, lisse ^, ouverte à son ' Quarterly Journ. Mie. Se. Vol. 20, 1880. ^ Dans la fig. 3, ceUe membrane est représentée comme striée, ce qui n'est pas l'expression de la réalité, mais un artifice de dessin destiné à faire ressortir l'épaisseur de l'enveloppe. GENRE LIEBERKÛHNIA 553 extrémité en une bouche étroite, extensible, terminale ou paraissant légèrement excen- trique suivant le moment de l'observation. Le corps remplit toute l'enveloppe, sauf le tiers antérieur, qui est vide ou plutôt traversé par le pédoncule pseudopodique, ou cordon de plasma, plus clair, bleuâtre, qui prend naissance sur le côté de la masse protoplas- mique générale, suit d'abord cette masse dans une direction tangente, puis la quitte pour gagner tout droit la bouche (fig. 1, 3), où il s'étale, en obstruant tout à fait l'ou- verture. Le plasma, d'im gris jaunâtre, poussiéreux, et tout rempli de granulations extrême- ment petites, est animé d'un mouvement en masse, incessant, comme une pâte que l'on pétrirait. Dans l'intérieur on remarque un certain nombre de vacuoles, rondes, souvent très grandes, qui sont contractiles, mais fonctionnent d'une manière paresseuse. Il existe des noyaux eu nombre considérable (au moins 200 dans l'individu examiné), globuleux, de 4 |W de diamètre, pourvus d'un nucléole central. Sur le vivant, ces noyaux sont à peine visibles, et seulement par intermittences. A la bouche se trouve la plupart du temps un amoncellement de plasma, avec vacuo- les, d'où partent des pseudopodes nombreux, allongés, ramifiés, anastomosés les uns dans les autres, mais moins fortement que dans le genre Grom'm. Sur ces pseudopodes on voit courir des petits grains, qui généralement montent d'un côté et descendent de l'autre. Le plasma pseudopodique s'étend fréquemment sur l'enveloppe, et la recouvre d'une nappe mince, qui elle-même peut donner naissance à des lilaments. Le seul individu que j'aie rencontré avait une longueur de 96 u. Maupas est d'avis que la digestion s'accomplit tout entière en dehors du corps. Je n'ai pas été à même d'éclaircir cette question, mais dans l'exemplaire examiné il existait quelques petites boulettes foncées qui m'ont paru représenter de la nourritui-e. Nous ver- rons plus loin que dans le genre Grom'm l'on peut trouver des proies en nombre souvent considérable, sous la forme de diatomées, etc., de sorte que la digestion dans ce genre si voisin de la Lieherkiilinia n'est pas toujours extra-cellulaire comme on l'a prétendu quel- quefois également. 70 554 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Genre Gromia Du.tardin (23). L'enveloppe est dans ce genre de nature variable, chitineuse, ou formée en majeure partie de particules siliceuses qui forment comme un feutrage; elle est en général solide, quelquefois déformable, mais beaucoup moins alors que la LieberkMnia. Les pseudopodes sont visqueux, granulés, et se déploient à l'extérieur en formant entre eux des anastomoses multiples. Dans le plasma se voient un ou plusieurs noyaux, souvent des vacuoles, contrac- tiles ou non. Le genre Gromia a passé longtemps pour ne renfermer que des espèces marines, à l'exception de la Gromia fluviatilis de Du.tardin (Gromia terricola Leidy). En 1888, Blanc en a trouvé dans le Léman une seconde espèce d'eau douce bien caractéristique. Plus tard, en 1899, j'ai décrit à mon tour deux espèces nouvelles, auxquelles il faudra en ajouter deux autres cette année ; les formes d'eau douce ne constituent ainsi pas moins de six espèces, dont cinq au moins se trouvent dans le lac de Genève K Gromia fluviatilis Dujardin (2.3). Gromia terricola Leidy (67). Cette Gromie possède une enveloppe sphérique ou quelque peu ovoïde, à contour très régulier, hyaline, d'une teinte jaunâtre très pâle, lisse ^, plus ou moins souple mais pas ou peu déformable. Cette capsule est occupée tout entière par un plasma faiblement jaunâtre, rempli lui-même de granulations brillantes et de grandeurs très variées, puis de petites parcelles de nourriture qui obscurcissent l'intérieur. ' A pari la Gromia /larinlilis. toutes ces espèces possèdent un pédoncule pseudopodique, qui peut- être devrait les faire rentrer dans le genre Liebeikiihniu. ^ Dans la fig. 3 cette membrane est dessinée comme striée en travers ; mais ces stries n'existent pas en réalité. GENRE GROMIA 555 Ce plasma est animé d'un mouvement rotatoire incessant, où l'on peut distinguer différents courants (dans l'individu examiné on remarquait surtout un courant externe, périphérique, marchant de gauche à droite, et un autre, interne, allant de droite à gauche) qui s'entrecroisent et glissent les uns à côté des autres, entraînant avec eux toutes les inclusions. La surface de l'enveloppe est couverte elle-même d'une nappe mince de protoplasme, à la surface de laquelle on remarque aussi des petits grains (lig. 3) qui marchent lentement dans une direction ou une autre. De distance en distance partent de cette couverture périphérique des pseudopodes droits, très longs, filiformes, qui par-ci par-là sont joints les uns aux autres par des anasto- moses, et sur lesquels circulent des petits grains, avec une rapidité remarquable. Quant à l'ouverture de cette enve- loppe, il m'a été impossible de l'aperce- voir d'une manière évidente; on voj'ait tantôt une, tantôt deux taches rondes, obscurcies par la masse des inclusions, et dont l'une ou l'autre pouvait aussi bien représenter une bouche qu'un nucléus ou une vésicule contractile. En somme mes observations à ce sujet m'ont amené aux mêmes conclusions que Leidy. Ce dernier dit à ce propos : « Dans les individus observés, la bouche était obscurcie à la vue, et « j'ai négligé de déterminer son caractère exact. » Plus loin il ajoute : « Le plasma « contenait un noj'au graïuileux. grand, clair ou pâle, central ou excentrique, ainsi qu'une « proportion variable de vacuoles, généralement peu nombreuses et de tailles différentes. « Par moments une vacuole disparaissait graduellement, et d'autres fois mie ou plusieurs « apparaissaient ; mais il était douteux que l'une ou l'autre correspondit exactement à la « vésicule contractile des autres Rhizopodes. » C'est laque se bornent les observations que j'ai pu faire sur cette Gromie, dont je n'ai Ch'omia fluviatilis. — 1. Aspect habituel. — 2. Même individu, à un faible grossissement. — 3. Détails de l'un des bords. 556 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN trouvé qu'un seul individu, à S*-Georges, dans l'eau claire. Bien que cet exemplaire fût de petite taille (45 ;/. tandis que Leidy indique un minimum de 112), il n'est guère dou- teux qu'il ne doive être envisagé connne identique à la Gromia terricola de Leidy, c'est-à-dire à la Gromia fluviatilis de Dujardin. Ces deux organismes en effet n'en font qu'un; Leidy a cru voir dans sa Gromie une espèce spéciale, par le seul fait qu'il l'avait trouvée, avec d'autres Rhizopodes, dans des mousses qui croissaient entre les pavés d'une cour, à Philadelphie ; mais la description qu'il en donne est la même, quoique bien plus complète, que celle de Dujardin. En terminant ce qui a rapport à la Gromia fluviatilis, je voudrais encore attirer l'attention sur ces remarques de Leidy, qui peuvent s'appliquer aussi bien à toutes les autres espèces qui seront citées dans ce volume : « La Gromia a sur chacun des fils du « réseau pseudopodique un contrôle complet, comme si les fils étaient des membres diffé- « renciés en permanence, mis en action par des muscles particuliers, et dirigés dans leurs « mouvements par des agents nerveux. Certains fils dissolvent leur point de contact et se « rétractent; d'autres se forment et établissent d'autres connections; ils se courbent, ils « se contractent en spirale, ils se meuvent à l'occasion comme par un coup de fouet, et « montrent finalement presque toutes les formes de mouvement imaginables. Il n'est pas « rare qu'il se produise des accumulations fusiformes de protoplasme dans la course des « filaments pseudopodiques. Quelquefois, par la réunion et l'étalement de plusieurs de « ces masses accumulées, il se forme des expansions en forme d'îlots, qui deviennent les « centres de réseaux secondaires. » Gromia Brunneri Blanc (5). Le corps est ovoïde, ou pjTiforme, plus ou moins large ou allongé, teinté de jaune ou plus souvent de brun chocolat très clair, blanchâtre à la lumière incidente. L'enve- loppe est très peu déformable ; à la bouche elle peut se développer ou se relever parfois en collerette courte, mais à part cela elle modifie à peine ses contours. Elle est formée d'une couverture de grains siliceux, très petits, arrondis ou vermiculaires, soudés les uns aux autres en ordre serré ; cette couverture externe repose alors sur une pellicule chiti- GENRE GROMIA 557 noïde légèremopt jaunâtre, cachée la plupart du temps à la vue, mais qui parait bien exister normalement. Le plasma qui remplit cette enveloppe est jaunâtre, finement ponctué, plein de grains très petits d'un jaune citron, puis de sphérules brillantes de gi-andeur variable, et géné- ralement de diatomées et autres débris de nourriture. Il renferme des vacuoles nombreuses, très petites, visibles le plus souvent seulement à la bouche, dans la masse de plasma qui entoure généralement cette dernière. Gromia Brunneri. — 1. Individu long, montrant la eyclose interne, et la rotation du noyau. — 2. Individu large. — 3. Autre individu, moins grossi, vu d'en haut. — 4. Détails d'un des bords, avec coupe de la pellicule recouverte de particules écailleuses. — 5. Particules de recou- vrement. — 6. Noyau. Le corps protoplasmique tout entier se voit, dans les animaux en bonne santé, presque toujours soumis dans sa masse à un mouvement incessant de rotation, qui fait le tour complet de l'enveloppe interne, souvent avec formation de courants opposés qui s'entre- croisent. Lorsque par compression on fait éclater l'enveloppe, le plasma se répand au dehors, en se divisant en une quantité de sphérules bien nettes, dont les plus grandes, après un instant de calme, se mettent àtourner sur elles-mêmes, (fun mouvement glrafoire lent et continu. 558 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Le noyau est sphérique, très beau et très grand, atteignant jusqu'à, 64 a (dans un exemplaire ovoïde de 208 ^ de longueur). Il possède une membrane nette, et renferme un suc nucléaire abondant, clair, finement poussiéreux, dans les couches superficielles duquel se montrent des nucléoles de différentes tailles, aplatis, à contours amiboïdes, creusés de lacunes petites ou au contraire très grandes et qui les rendent annulaires ; souvent ces nucléoles sont soudés par groupes de deux ou trois, ou, quand ils sont réduits à l'état de fragments annulaires, se voient pressés les uns contre les autres. Le noyau est entraîné, par la rotation du plasma, dans diverses régions du corps ; parfois on le voit tourner sur lui-même comme par un mouvement propre, et il peut arriver qu'après avoir tourné un instant, comme sur un axe, de droite à gauche, il renverse brus- quement le mouvement et se mette à tourner de gauche à droite. Quelquefois on rencontre des individus munis, au lieu d'un seul nucléus, de plusieurs noyaux, en nombre peu considérable, globuleux et petits. Le corps interne est relié avec l'extérieur par un pédoncule qui s'étale à la bouche, et de là se développe en pseudopodes longs et anastomosés. Comme ces pseudopodes sont exactement semblables à ceux de la Gromia stjuamosa, que j'ai étudiés beaucoup plus au long, je ne les décrirai pas ici d'une manière détaillée. La Gromia Brunneri est une des espèces caractéristiques de la profondeur dans le lac de Genève, connne aussi dans la plupart des autres lacs suisses. J'en ai retrouvé cette amiée quelques individus sur les rivages, à la Pointe-à-la-Bise. Dans un individu provenant de cette dernière localité, le plasma était rempli de petites monades incolores, uuniies d'une tache claire (vésicule contractile?), d'un cil parfois visible (peut-être y en avait-il plutôt deux), et qui couraient rapidement en tournoyant sur elles-mêmes. Il m'a semblé que ces petits organismes, de 3 [j. environ de diamètre, bien vivants dans l'intérieur du plasma, ne représentaient pas des parasites, mais plutôt des spores (?). La taille est dans la Gromia Brmineri variable dans une assez forte mesure, de 60 à 250 fj. environ; Blanc l'indique comme arrivant à un millimètre, mais cette dernière taille doit concerner des exemplaires se rapportant à la Gromia squamosa, qui sera décrite un peu plus loin. GENRE GROMIA 559 Gromia gemma Penard (89). La Gromia (jemma se rencontre dans le lac de Genève, où elle est moins fréquente que la pi'écédente, et surtout que la Gromia squamosa, et plutôt caractéristique des faibles pi'ofondeurs'. Je ne crois pas l'avoir jamais trouvée au delà de 30 mètres, et encore y est-elle rare, tandis que les fonds de 20 mètres semblent lui être le plus favo- rables. Elle est en somme beaucoup plus grande que la Gromia Brunneri, bien que variant de taille dans luie mesure considérable. En eft'et, et au contraire de la plupart des Rhizopodes, qui possèdent une coquille rigide et incapable de grandir, les Gromies, revê- tues d'une enveloppe feutrée dont les éléments sont probablement capables de jouer les uns sur les autres, doivent être susceptibles d'une cer- taine croissance. Il est rare en tout cas que cette espèce atteigne une longueur supérieure à 600 ^t/, et la limite inférieure de 200 /x parait être un minimum qu'elle ne franchit guère. La Gromia gemma possède une enveloppe oîi le type pyriforme se reconnaît toujours, même si cette enveloppe est ovoïde ou au contraire allongée. Les contours en sont remarquablement nets et réguliers. Vue à la lumière incidente et sur un fond noir, elle se présente comme une perle allongée et d'un blanc parfait, quelquefois avec un reflet rosé très délicat. Cette pureté de forme et de couleur la ferait à elle seule distinguer des autres espèces. Quant à la structure intime de cette première enveloppe, elle est identique à celle de la Gromia Brunneri, mais cette enveloppe est beaucolip plus épaisse, avec un peu plus de finesse dans les paillettes minces qui la composent et qui la rayent partout de stries en majeure partie longitudinales. Mais cette couche feutrée et épaisse repose sur une enveloppe Crromia gemma. — 1. Individu vu par trans- parence, dans une préparation au baume. — 2. Coupe sur l'un des côtés; a. enve- loppe feutrée externe; 6. enveloppe hyaline interne; c. marge liquide; d. plasma. — 3. Noyau. ' Je ne l'ai pas rencontrée dans les autres lacs suisses. 560 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN interne presque aussi forte, quoique plus variable d'épaisseur, et qui ne renferme aucune paillette. Elle est alors franchement hyaline, et semble formée d'une mucosité durcie. Sur le vivant, il est impossible de la distinguer, mais on la voit bien sur une préparation microscopique, surtout si l'animal a été traité par le carmin: et cela par le fait que la coloration ne pénètre pas cette enveloppe et la fait mieux ressortir. On ne la trouve du reste que sur des animaux vivants, ou uiorts depuis ])eu, car elle est fugace de nature et disparait très vite. Cette enveloppe interne se recourbe en dedans comme un crochet, un peu avant d'arriver à l'extrémité antérieure, mais sur un coté seulement, tandis que sur l'autre côté elle garde à peu près son épaisseur habituelle (fig. 1). Comme d'autre part, tout en se recourbant vers l'intérieur, elle s'épaissit sur un de ses côtés, en même temps que l'enveloppe externe feutrée s'invagine à sa rencontre, il y a formation d'un tube buccal assez profond et excentrique. Peut-être même ce tube est-il très faiblement contourné en vis, de manière à faire un quart de tour de spirale. La bouche véritable se trouve donc non pas à l'extrémité de l'enveloppe, mais au fond de l'invagination, et le tube buccal est parcouru par un pédoncule protoplasmique, d'où les pseudopodes ne sortent qu'à partir de l'extrémité de l'enveloppe. Cette extrémité elle-même n'est jamais tronquée à angle droit, mais toujours un peu en biais, de sorte que lorsque l'animal se trouve dans une couche d'eau suffisante pour rauiper debout comme tous les Rhizopodes eu liberté, c'est-à-dire l'ouverture orale s'ap- pliquant sur le soutien, la pointe postérieure de la coquille traine un peu en arrière. Lorsque l'animal n'est en aucune façon comprimé, et qu'on l'a laissé longtemps tran- quille, on le voit alors posé au milieu de ses pseudopodes comme une araignée dans sa toile. Dans leur enseuible, ces pseudopodes, très longs et très fins, rayonnent autour de la bouche ; mais, examinés à un fort grossissement, on y remarque un nombre considérable d'anastomoses qui les font ressembler à un filet de tissu lâche. Du reste, les pseudopodes ne diffèrent pas de ceux de la Gromia squamosa, qui seront décrits plus au long. On y remarque la même circulation des grains, la même formation temporaire de vacuoles, la même autonomie partielle. Disons seulement que ces organes ne semblent presque jamais servir directement à la locomotion; leur office est plutôt celui de fils pêcheurs. L'animal lui-même rampe sur sa bouche et à reculons plus souvent encore qu'en avant. De temps en GENRE GROMIA 561 temps, il éprouve aussi de petits chocs qui le déplacent quelque peu d'un seul coup, et qui proviennent sans doute de décollements subits de son plasma buccal. Quant au plasma, il est comme dans l'espèce précédente d'un gris sale, jaunâtre, poussiéreux, et rempli également de boulettes sphériques, de 10 à 15^ de diamètre. Lorsque ce plasma s'étale à la bouche, on y voit un grand nombre de vacuoles, qui peu- vent à l'occasion se fermer subitement. Il est également sujet à des mouvements en masse très violents, une sorte de brassage, dont nous reparlerons bientôt, car c'est dans la Gromia sqnamosa que j'ai fait le plus d'observations à cet égard. Le noyau est sphérique, très beau et de position variable. Il peut atteindre jusqu'à 50 iJL de diamètre. Sous une mendjrane très fine, mais nette et franche, on y voit une in- finité de petites granulations qui forment par leur réunion une sorte de sphère creuse. D'autres fois, l'animal possède plusieurs noyaux, et ces derniers, de 20 jj. à peu près, sont répandus un peu partout, en nombre généralement assez restreint. La Oromia gemma est très vorace; on la trouve toujours bourrée de diatomées, dont elle fait une consommation considérable. Gromia squamosa Penard (89). Cette Gromie est la plus abondante de toutes celles qu'on rencontre dans le Léman. Elle est surtout caractéristique des profondeurs supérieures à 30 mètres, où la Gromia gemma ne se trouve plus que rarement. Sa taille varie dans des limites considérables, car les petits exemplaires de 100 a ne sont pas très rares et les grands peuvent arriver à une longueur dix fois plus forte. Elle est toujours allongée, parfois linéaire, et le plus souvent on ne pourrait mieux comparer sa forme qu'à celle d'un cigare de Havane. En coupe transversale elle se pré- sente comme elliptique plutôt que ronde, et parfois même elle semble assez fortement comprimée. La couleur de l'enveloppe, à la lumière incidente, est le blanc, mais un blanc beau- coup moins pur que dans l'espèce précédente. Par transparence tout parait jaunâtre. Les 562 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN petits individus sont souvent beaucoup i)lus clairs, d'une teinte jaune chocolat, et plus ou moins transparents, surtout à la partie antérieure, qui est étirée en une sorte de col, lequel peut même s'évaser quelque peu. Quant à la structure de cette enveloppe, elle est encore analogue à ce que nous avons vu jusqu'ici. Mais au lieu de paillettes très fines, ce sont de véritables écailles plates, amorphes, peut-être des particules de boue, petites encore mais toujours de forte taille comparativement à celles des deux espèces précédentes. Ces écailles sont en somme disposées à plat les unes sur les autres, mais d'une manière assez irrégulière, absolument comme les galets dans le lit d'une rivière, et sont noj'ées dans un magma clair qui filtre partout mais sans souder solidement les écailles entre elles. A l'in- téi'ieur, la paroi de cette enveloppe, très épaisse, est lisse, mais l'extérieur est rendu rugueux par les pe- tites écailles qui font par- tout saillie. Le revêtement interne de la Gromia gemma sem- ble bien manquer ici, car je n'en ai jamais pu voir trace, ni sur le vivant, ni après pré- paration colorée. Ajoutons que les écailles, comme d'ailleurs les paillettes des deux espèces précédentes, sont siliceuses. L'acide sulfurique bouillant, même additionné de bichromate de potasse, ne les attaque nullement, mais ne fait que les désagréger. Le plasma est identique à celui des espèces précédentes, d'un gris jaunâtre sale. Il est d'ailleurs presque toujours invisible à l'intérieur de l'enveloppe, sauf chez les individus très jeunes. Quand l'animal est comprimé, ce plasma sort brusquement et s'accumule à la bouche en une masse arrondie ou réniforme, jaunâtre, pleine de grains très petits et de ces sphérules ou boulettes qui semblent caractéristiques du genre Gromia. Ces boulettes Gromia squanwna. — 1. Forme habituelle. — 2. Région l)uccalp. — 3. Coupe de l'enveloppe. — 4. Un des filaments pseudopodiques, avec vacuoles adventives et circulation des grains. — ô. Noyau. GENRE HKOMIA 563 ne paraissent pas avoir une composition différente de celle du plasma en général. Ce sont des petits globes, de tailles diverses (10, 15, 20 u) pointillés de granulations, renfermant parfois des proies et souvent de minuscules vacuoles. On pourrait croire que ces sphérules ne se forment qu'au moment de la compression et qu'elles ne représentent pas des élé- ments naturels, physiologiques, du plasma. Mais ce serait une erreur; elles existent nor- malement dans l'animal en bonne santé, comme j'ai pu m'en assurer plus d'une fois, et elles contribuent à donner au genre Gromia cette physionomie déjà distincte par tant d'autres traits de celle des autres Rhizopodes d'eau douce. A part ces boulettes, le plasma expulsé par compression renferme toujours un nombre considérable de vacuoles. Blanc, qui a également constaté la présence de ces vacuoles, ne les a jamais vu fonctionner comme vésicules contractiles. Mes observations sont un peu plus ex])licites à cet égard. Ces vacuoles sont extrêmement paresseuses, mais peuvent se fermer brusquement, après être restées longtemps, peut-être des heures entières, à l'état de diastole. Pour assister à la systole, il faut s'armer de patience, et fixer plusieurs vacuoles à la fois, et après un instant on en verra certainement l'une ou l'autre se fermer à la manière des vésicules contractiles. Mais elles ne sont pas identiques à ces dernières, et l'on doit se contenter pour elles du terme de vacuoles, tout en y adjoignant l'épithète de « contractiles. » Le plasma renferme toujours un nond)re considérable de proies, surtout de diatomées, avalées. J'y ai rencontré souvent aussi un petit Rhizopode, Cyplioderia lœvis, dont la Gromia semble être friande. Parfois l'animal expulse par la bouche tout un paquet de diatomées vidées. J'ai vu un jour un de ces paquets entouré d'un sac très fin et clair; la Gromie se débarrassa de tout le sac à la fois, et s'en éloigna à reculons, tout en restant liée à lui par un fil pseudopodique. Mais peu à peu ce fil revint en arrière, abandonnant le paquet, et retirant même à lui le plasma dont le sac était formé. Le plasma sain et sur un individu en état d'activité, n'est que rarement visible à travers l'enveloppe. Cependant les exemplaires jeunes se prêtent parfois à cette étude, qui donne alors lieu à des observations très intéressantes. La masse vivante qui remplit le corps a plus ou moins la forme d'un œuf très allongé, dont le gros bout serait en arrière et le petit en avant. Mais ce qu'il y a de curieux, c'est que toute cette masse est dans un état de mouvement continuel. Il s'y opère un véritable 564 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN brassage, ou plutôt une rotatiou parfaitement détinie. Si par exemple on suit une granu- lation placée dans la couche extenie du plasma et en arrière, on la verra monter d'arrière en avant le long du dos, puis descendre, contourner la pointe antérieure et revenir à son point de départ en suivant la ligne ventrale. Ce cycle n'est pas absolument régulier pour tous les grains qu'on suivra, mais il existe, et dans son ensemble on peut dire que le plasma subit un mouvement de rotation analogue à celui qu'on observe dans les cel- lules des Cliaracées. Les boulettes sphériques dont nous avons parlé sont entraînées dans le mouvement, et le noyau en subit le contre-coup, car, sans parcourir un cycle véritable, il se déforme et change continuellement de place. Mais un autre fait intéressant réside dans la présence d'un pédoncule pseudo- podique (Pseudopodienstiel), qui prend naissance sur un des côtés de la masse plas- matique, en arrière de l'extrémité orale de cette masse, et va connue une corde gagner la bouche, d'où il se déploie à l'extérieur pour former les pseudopodes. Il est à remarquer que, dans cette espèce, la bouche n'est pas invaginée, et (|ue le pédoncule, à l'intérieur du col, Hotte simplement dans l'eau qui remplit ce dernier. Quant aux pseudopodes eux-mêmes, ils sont comme dans les deux espèces précé- dentes analogues à ceux des Foraminifères marins. Lorsque l'animal en bonne santé a été laissé quelque temps à lui-même, dans une eau libre où il peut se mouvoir sans aucune compression du couvre-objet, on le trouve géné- ralement établi au milieu de ses pseudopodes connue une araignée au centre de sa toile, la tête en bas et la pointe postérieure en haut et un peu rejetée en arrière. Les pseudo- podes les plus longs rayonnent autour de lui, reliés les uns aux autres par de nombreux filaments, et forment dans leur ensemble un réseau très changeant. Si l'on examine atten- tivement un de ces pseudopodes, on le voit changer continuellement de forme, lancer à droite et à gauche des prolongements très tins, se bifurquer, revenir sur lui-même en ram- pant ou en serpentant, ou pointer dans le liquide ambiant et s'y balancer par des mouve- ments en apparence spontanés. Dans la Gromia en eifet les pseudopodes ne semblent presque jamais jouer un rôle quelconque dans la locomotion. C'est plutôt un organe de fixation ou de pêche. Parfois on voit, surtout dans le voisinage d'un amas de débris, une accumulation assez forte de plasma s'amasser peu à peu, se porter assez loin en avant, former des pseudopodes partiels, pénétrer la masse détritique, puis en sortir GENKE GROMIA 565 eu rampant avec l'apparence générale d'une Amibe qui serait reliée par un fil à une coquille. Souvent aussi un pseudopode rampe sur l'enveloppe, s'y étale, et lance de là un fila- ment dans le liquide ambiant, de sorte qu'on pourrait croire la coquille percée de trous d'où sortent les filaments, tandis qu'en réalité il n'j' a rien de semblable. Les filaments eux-mêmes sont pâteux, jamais lisses d'apparence comme ceux des Diffluqia. On y remarque toujours à la surface une circulation très active de petites granulations, qui sur un des côtés montent toutes, tandis que sur l'autre on les voit descendre. Il y a là, en sonnne, quelque chose d'analogue à la rotation du plasma dans l'intérieur de l'enveloppe. Parfois un tout petit objet de nature étrangère vient se coller à un pseudopode, et lui-même prend part alors à la circulation, rampant en apparence le long du fil. Lorsqu'une proie, par exemple une diatomée, se trouve sur le trajet d'un pseudo- pode, ce dernier se replie sur elle. Souvent les filaments voisins vieiment aussi se joindre au premier, puis à eux tous ils engluent la proie dans un paquet de plasma, et l'attirent rapidement vers la bouche. Il faut dire également quelques mots des vacuoles qui à chaque instant se forment sur le réseau pseudopodique. Le plus souvent elles prennent naissance dans l'angle formé par la bifurcation d'un filament ; mais souvent aussi on les rencontre le long d'un fil, où quelquefois elles sont mobiles, tandis que d'autres fois elles se voient longtemps à la même place. Si l'on suit attentivement une de ces vacuoles, on finit toujours, à un moment ou à un autre, par la voir ou se résorber peu à peu, ou au contraire éclater (voir note llj. Mais l'organe le plus caractéristique, dans la Gramia squamosa, est le noyau, diflérent ici de tout ce (lue l'on voit chez les autres Rhizopodes. Il est encore sphérique, très net et volumineux, mais avec une apparence toute particulière. Vu à un faible grossissement il ressemble à une bouée de sauvetage, ou à un anneau très épais bordé sur son contour intérieur d'une ligne nette et foncée. Si aloi-s on examine ce noyau avec un objectif plus puissant, on y voit d'abord une membrane externe hyaline, extrêmement fine, puis en dedans une zone circulaire, large, d'un bleu verdàtre, striée dans son éjjaisseur connue par des petites paillettes allongées dont le grand axe est perpendiculaire au rayon du noyau. Ces paillettes deviennent plus nombreuses vers le bord interne de 566 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN l'anneau, et là font brusquement place à une anneau plus étroit, plus foncé, et tout entier composé de petits fuseaux bleuâtres, alignés par leurs extrémités de manière à faire un cercle complet. Parfois ces fuseaux sont disposés en une seule couche, mais en général ils forment plusieurs rangées, et avec une sorte d'intercalation assez régulière, figurant ainsi un anneau interne qui tranche nettement sur le reste du noyau. L'anneau tout entier, y compris la zone claire et la membrane fine, possède une largeur égale au tiers environ du noyau pris dans son ensemble ' . Quant au reste, à l'espace central circonscrit par l'anneau, c'est une sphère parfaitement liquide, claire, dans l'intérieur de laquelle on peut toujours voir nager quelques particules grisâtres, amorphes, et en apparence amiboïdes. Ces particules, qui peuvent avoir 2, 3 et 4 f/ de diamètre, sont en effet munies parfois de pi'olongements très courts et fins, qui semblent servir de base à des pseudopodes invisibles. Connue on peut examiner très longtemps ces particules sans être obligé de changer la mise au point du microscope, et, que pendant ce temps elles fiottent au beau milieu du liquide interne, il semble naturel de les considérer comme réunies à la paroi sphérique par des filaments extrêmement ténus. Mais il faut avouer que je n'ai pu voir se produire aucun changement dans ces particules, dont l'observation est difficile. La valeur de ces différentes parties du noyau n'est pas très facile à expliquer; peut- être l'anneau clair n'a-t-il qu'une fonction protectrice en rapport avec les mouvements pei-pétuels qui se produisent dans le plasma, et qui, promenant le noyau de côté et d'autre, risqueraient de le blesser s'il ne présentait pas une certaine solidité. Quant aux fuseaux bleuâtres qui forment le revêtement interne, ils ne représentent sans doute que l'ensemble des nucléoles, logés ici à Textérieur comme chez tant d'autres Rhizopodes. Peut-être aussi les corpuscules flottants de l'intérieur auraient -ils la signification de nucléoles non fixés. Ajoutons cependant que la Gromia sqnamom n'est pas toujours uninucléée. Parfois à la place du grand noyau elle en renferme deux, ou bien un certain nombre de plus petits, qui alors ne présentent pas l'apparence caractéristique que nous venons d'étudier. ' 11 est pi'oliahle (|ue Blanc a vu ce noyau de la Gmmitt squiiwuiid lorsqu'il décrit celui de la Giviiiin Bruimeri comme « muni d'une membrane très épaisse. » Mais il ne s'explique pas autrement à ce sujet. GENRE GKOMIA 567 Mais il ne in a pas été possible de rapporter à une différence d'âge l'existence de ces deux formes différentes. J'ai retrouvé la Gromla squamosa dans les lacs de Neuchâtel et de Lucenie. Gromia Hnearis spec. nov. Il y a trois ans, j'indiquais comme se rencontrant de temps à autre dans le lac de Genève une Gromie de forme très allongée, dont l'enveloppe était analogue à celle de la Gromia Brumieri, mais plus délicate, plus mince, striée d'écaillés très petites. Cette année j'ai retrouvé cette jolie forme, toujours dans la pro- fondeur, et je n'hésite plus à la décrire comme espèce spé- ciale. L'enveloppe est très allongée, presque cylindrique, ou tubulaire (en général de 6 à 8 fois aussi longue que large), de couleur chocolat clair, presque toujours légè- rement ondulée ou recourbée en faucille (fig. 1). Elle est relativement mince, très nette, très délicate, rappelant l'enveloppe de la Gromia squamosa comme structure et celle de la Gromia Brunneri comme finesse, composée d'écaillés très petites qui forment un feutrage clair par- couru de milliers de petites stries longitudinales \ Le plasma est clair (jaunâtre ?), et rempli de petites granulations; on y voit encore un certain nombre de vacuoles, qui peuvent devenir très grandes, se forment et se déforment, disparaissent et reparaissent, mais sans battre bien nettement à la ma- nière des vésicules contractiles, bien que sans doute, elles en jouent le rôle. Gromia linearis. — Forme nor- male plurinucléée. ' C'est en préparation microscopiqu»^, dans le baume, que la membrane se montre le plus nettement, avec tous les attributs qui la distinguent des autres espèces. 568 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Ce plasma est sujet aux mêmes mouvements de rotation que dans les espèces précé- dentes, et les courants emportent avec eux dans leur masse tout le contenu. Le noyau est porté lui-même de côté et d'autre, et en même temps on le voit basculer ou pivoter continuellement sur son axe, de droite à gauche ou de gauche à droite. Ce noyau est grand, sphérique, et renferme un certain nombre de gros nucléoles logés sous la membrane, dans un suc nucléaire tinement ponctué. Mais il s'en faut de beaucoup que le noyau soit toujours unique; assez fréquemment on en trouve un nombre plus ou moins considérable, qui peut aller jusqu'à cinquante et probablement plus, globuleux, délicats, à nucléoles logés sous la membrane '. A la partie antérieure du plasma on trouve un pédoncule interne souvent très allongé, analogue, comme aussi d'ailleurs les pseudopodes, à celui des autres Gromia. Cette jolie espèce est rare ; je ne l'ai jamais trouvée sur les rivages. Elle parait varier de longueur entre 220 et .330 /x; mais sa largeur est très faible, et c'est encore une petite Gromie. Gromia mgricans spec. nov. A l'inverse des quatre espèces qui viennent d'être citées, la Gromia nif/ricans ne s'est pas trouvée jusqu'ici dans le lac, mais à Mategnin, et au marais de Rouelbeau, où elle était abondante à la fin de mai de cette année. Elle rappelle beaucoup à première vue la Gromia squaniosa, à laquelle je pensais tout d'abord devoir la réunir; mais les caractères de son enveloppe, ainsi que la structure toute différente de son noyau, l'en séparent très distinctement. Elle n'a rien qui rappelle ni la Gromia gemma, ni la Gromia Brimneri, et se distingue un peu moins franchement de la Gromia Uncaris. mais tout en en différant nettement par sa taille, sa forme, et son enveloppe. ' Dans la seule préparation microscopique que je possède oii l'espèce soit plurinucléée, l'enveloppe de l'individu est i'ormée de petites écailles brillantes, plus forte qu'on ne la trouve en général, mais je ne pense pas pour cela qu'il faille voir dans cette forme une variété particulière. GENRE GROMIA 569 Cette dernière, allongée, foncée, cFun noir-violet ou brunâtre ', est une véritable peau, dans laquelle sont empâtées des particules de toute sorte, de très petites écailles, analo- gues à celles de la Gromia squmnosa, mais disposées sans ordre, en une couche feutrée en général mince. Cette enveloppe est souple, pouvant se plisser et se creuser en travers, et l'animal, même parfaitement bien portant, en eau libre, et non comprimé, aime à se disloquer pour ainsi dire en deux parties, se repliant sur lui-même, toujours probablement dans la région du col, pour revenir un instant après à sa forme normale allongée. La fig. 2 représente le même individu examiné un instant dans une eau abondante, dans laquelle il pouvait se tenir debout ; d'abord avec la forme normale «, il se replia sur lui-même, sous la forme />, puis encore plus, comme en c, où au niveau du pli on ne voyait plus qu'une zone étroite, claire, re- présentant la membrane seule, comme si le plasma s'était divisé en deux ; vu d'en haut, l'animal se présenta un instant plus tard comme le montre la fig. d. Après avoir cru, sur le premier animal examiné, à une déformation accidentelle de l'enveloppe, j'ai pu me convaincre sur d'autres individus qu'il y a dans ce phénomène une habitude ])articulière à cette espèce, et favorisée par la souplesse de la membrane. Même après une forte compression, qui l'a considérablement aplati, l'animal peut en un instant rejirendre facilement sa forme habituelle et ses contours arrondis. Gromia nigricans. — 1 . Forme générale. — 2. a, h, c. Déformations d'un individu; d. le même vu d'en haut. — 3. Détails de la partie posté- rieure, avec rotation du plasma et du noyau. ' En préparation microscopi(|ue. elle .se voit comme un l'autre jaune sans trace de nuance grise ou noirâtre. 72 570 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Le plasma est identique à celui des espèces précédentes; il renferme toujours une grande quantité de grains ronds, globuleux, brillants et jaunâtres, d'autres plus gros et bleus, puis des proies en grande abondance, le tout soumis à un mouvement rota- toire accéléré (lig. 3). Le noyau est sphérique, globuleux, et renferme un nombre plus ou moins con- sidérable de nucléoles (fig. 3), rassemblés surtout dans une région superficielle du suc nucléaire. Ce noyau se déplace et pivote sur lui-même connue dans les espèces précé- dentes. Parfois j'ai rencontré deux, ou trois noyaux, mais jamais une très grande quantité. Je n'ai pas vu dans cette espèce de vésicules contractiles, non plus que de vacuoles, qui sans doute doivent exister, et pi-obablement aurai-je oublié d'en noter l'existence. Il existe un pédoncule pseudopodique. mais très difticilement visible à travers Tenve- lop])e foncée, et indiciué seuleiuent ])ar des contours vagues. Les pseudopodes sont conformes à ceux du geiire. La Gromia intjrkans représente une grande espèce, dont la plupart des indi\idus ont une longueur de 220 à 260 fj., et qui peut arriver à 400 f^. Après la description des Rbizopodes (jui ont été JHS(iu'à ce jour trouvés dans les environs de Genève, il ne sera pas inutile de donner une courte diagnose de ceux qui manquent encore h notre territoire. Ces derniers sont peu nombreux; d'après mon estimation, on n'en peut réellement citer que 19 dont l'existence paraisse certaine', et encore pourrait-on, sur l'un ou l'autre d'entre eux, mettre un jxtint de doute. Bien ' Il est bien eiiteiiriu qiio je ne considère ici i:|iic les rliizoïiodes li'.sliices. et «« . Peut-être aurnit-il fallu mentionner avec quelques détails quatre espèces {PleHrophrijx hélix, l'Ipctophnjs proli- féra, Euglypha pu.nlla, Microcometcs IristripHusj, décrites par Entz (27) comme provenant de cer- tains marais salés de la Honj^rie ; mais il ne m'a pas été possible de me procurer le travail original de cet auteur. Daday (I:J4) a également décrit une Evtzin letrnjitomi'Ud, vivant dans l'eau [salée, et qui est 1111 vi'>rilnble polytbalanie iuipciTdré. GENRE GKOMIA 571 d'autres Rhizopodes, il est vrai, ont été décrits, mais qui, ou bien sont des synonymes, et connne tels ont pour la plupart été mentionnés dans le cours de cet ouvrage, ou bien sont et seront toujours indéterminables. Il est probable que certaines au moins de ces dix-neuf espèces se retrouveront un jour ou l'autre dans le Bassin du Léman; mais ce sont en tout cas des espèces rares, qui presque toutes ne semblent avoir été revues imlle part depuis la première description qui en a été dorniée. Voici, à ma coimaissance, quelles sont les espèces qui jusqu'ici ont été retrouvées: Microfiromia socialis, revue par différents observateurs ; il est curieux qu'elle n'ait pas été rencontrée à Genève. Nehela hippocrepis. Takanek (112) en a obtenu un exemplaire provenant des sphagnum de Bobême, sous forme de coquille vide fortement endommagée. Campascus corn ut /(i^. Frenzel (36) le mentioinie parmi les Protozoaires de la République Argentine, mais en ajoutant que sa détermination n'est pas certaine. Placocysta sp'mosa. Retrouvé par moi-même, en assez grande abondance, dans les Skeeren aux environs de Grotbenburg (Suède). Pamphagus armatus. N'est probablement pas autre cliose que l'organisme décrit par moi en 1890 sous le nom de Tr'mema sinnosum. et trouvé sous la forme d'un unique exemplaire aux environs de Wiesbaden. S'il est vraisemblable que plusieurs de ces llbizopodes font en réalité partie de notre faune et seront retrouvés plus tard, on peut avancer connne encore plus certain qu'il en reste d'autres à découvrir, qui n'ont jamais été décrits. Du couunencement à la tin de ces deux années d'observation, j'ai rencontré des espèces nouvelles, d'abord assez fréquentes, puis toujours plus rares, mais dans la dernière semaine encore il s'en est présenté une, et la faune d'une région ne peut être considérée connne véritablement connue que lorsque pendant longtenq)s on n'y a rien trouvé de nouveau. Il aurait été désirable de continuer ces études au moins une aimée encore, mais pour ce qui me concerne, la chose était devenue impossible. RJiizopodes absents jusqu'ici du territoire exploré.' — [1. Diffluyia asterisca. — 2. Difflugia fragosa. — 3. Dijflugia acropodia. — 4. Nebela ansata. — 5. Nebela caudata. — 6. Nebela hippocrepis. — 7. Nehela bigibbosa. — 8. Arcella mitrata. — 9. Campascus cornutus. — 10. Euglypha mucronata. — 11. Sphenoderia macrolepis. — 12. Pamphagus armatus? (Trinema spinosum). — 13. Trinema verrueoswn. — 14. PauUnella chroiiia- tophora. — 15. Pamphagus DUtrichii. — 16. Microgrcmiia soeialis. — 17. Placocysta spinosa. LISTE DES ESPÈCES JUSQU'ICI ABSENTES DU TERRITOIRE EXPLORÉ Difflugia asterisca Rhumbler (96), (tig. 1). Se distingue de la Diffhigiajjyriformis par la structure toute spéciale de son noyau. Au centre de ce dernier se trouve une aggrégation de coii^s globuleux, probablement des nucléoles, entourée elle-même d'une couche d'une substance peu réfringente traversée de rayons très tins; puis vient une bande large appliquée contre la paroi nucléaire, plus réfringente, qui se colore dans le carmin plus forteuient que la couche médiane traversée de rayons. Bifflafi'm fruf/osa Hempel (54), (tig. 2). Coquille composée de grains de sable tins ; de forme irrégulière, à peu près une fois et demi aussi longue que large, se rétrécissant vers la bouche, laquelle est quelque peu étranglée, irrégulière, et légèrement dentelée. Le trait caractéristique de cette espèce réside dans la présence sur le fond de la coque de un à huit prolongements arrondis au sommet. Ces prolongements prennent naissance vers le milieu de la coquille, à laquelle ils domient des contours irréguliers. Longueur 230 [x, largeur 1 50 jm. Localité: Rivière Illinois, et lacs adjacents à Havana (Illinois). 574 FAUNE KHI/Ul'OUlyUE DU BASSIN DU LÉMAN Difflugia acropodia Hertwig et Lesser (57), (tig. 3). Coquille arrondie, homogène, recouverte de particules siliceuses ou de diatomées. Cette espèce est caractérisée par ses pseudopodes, qui figurent des plaques larges de protoplasn)a homogène, terminées par des lambeaux à contours dentelés et laciniés. De plus, il existe des prolongements lancéolés, très analogues aux pseudopodes de VActii/o- sphœniim. Diamètre 50 ix. Hektwio et Lesser ne parlent pas de Forganisation interne. Peut-être la Diffl/ufia acropodia, grâce à la présence éventuelle de i)seudopodes <- (jui rappellent ceux de VActinospluerium, » se rapprocherait-elle de la FIiri/f)anella lieiiiis/ilucricaf' Nebcla ansatu Leidy (67), (tig. 4). Coquille comprimée-pyriforme, avec une paire d'appendices coniques divergeant vers le fond à partir du col, mais à tous les autres égards, pour la structure, la couleur, et la forme de la bouche, pareille à la NebeJa colla) is. Longueur 216 à 260 y.. Localité: sphagnum à Absecom. New-Jersey. Nebela catidata Leidy (67), (tig. 5). Coquille couq)rimée-ovoïde, avec de quatre à cinq prolongements, étroits, émoussés, coniques ou claviformes, qui i)artent des bords latéraux ou du fond de la coque. Bouche ESPECES ABSENTES DU TERRITOIRE EXPLORÉ 575 ovale. Enveloppe transparente, incolore, à structure analogue à celle rie la Kchria collarifi. mais généralement moins distincte. Longueur, sans les prolongements, 80 fx. Localité: sphaginnn à Absecom, New- Jersey; rare. NebeJa Jiijjpocrepis Leidy (67), (fig. 6). Coquille comprimée-pyriforme. avec une carène épaisse, solide, s'étendant autour du fond de la coque et des bords latéraux, et se terminant en longs prolongements digités qui se projettent vers le bas dans l'intérieur. Boucbe ovale, convexe vers l'extérieur. Coquille transparente, incolore, composée de disques circulaires: carène d'un jaune de paille, pale, homogène, indistinctement granulée. Longueur 252 a à 260 a. Localité: sphagnum à Absecom, New- Jersey. NeheJa IdfiihJxmt Penard (85), (tig. 7). Coque pyrifonne. large, comprimée, jaunâtre, à écailles ovales, rondes, ou allongées. Deux pores latéraux, un de charpie coté. Deux tubes internes, bruns, à la hauteur des pores; l'un de ces tubes connnence non loin du bord, sur l'une des faces, par une invagi- nation de l'envelopjje, et se continue dans la direction de la ])aroi opposée, l'autre suit un chemin inverse, prenant naissance de la même manière sur l'autre face; ces tubes traversent complètement le vide de la coque, ou au contraire ne rejoignent pas la ])aroi opposée ; ils sont souvent terminés en bride foncée. 576 FAUNE RHIZOPODIQUE DIT BASSIN DU LEMAN Longueur 140 (u à 160 u. Localité: Wiesbaden, dans les mousses. ArceJIa mifrata Leidy (67), (fig. 8). Coquille mitriforme ou ballonnée, subpyriforme ou polyhédrique, plus haute que la largeur de la base, plus large au milieu, se rétrécissant plus ou moins de là vers la base ; dôme le plus souvent reiitlé; sonnnet à cotés arrondis, ou déprimés en larges facettes anguleuses limitées par des plis proéminents; base arrondie sur le bord, infundibuliforme; bouche circulaire, crénelée. Hauteur 80 à 180 pc ; largeur 84 à 200 (m. Localité : abondant à Absecom, et trouvé également dans d'autres stations (New- Jerse.y, Pensylvania, Wyoniing). Campascus cornutus Leidy (67), (fig. 9). Coquille en forme de cornue, avec un col court et recourbé, et un fond obtus dirigé en arrière et en haut, et pourvu de chaque côté d'un prolongement conique divergent; composée d'une membrane translucide, jaunâtre, homogène, chitinoïde, mêlée de parti- cules de sable disséminées (;à et là. Bouche circulaire, dirigée en bas, bordée d'une ex- pansion annulaire délicate et incolore. Plasma ressemblant à celui de Cyphoderia; noyau grand, pseudopodes filamenteux, ramifiés, très délicats. Longueur 112 à 140 u. Localité : au fond du China Lake (Uinta Mountains, 10,000 pieds, Wyoming'). ' CeUe espèce ne diffrre du Cniiipascm Iriqu.Her (jue par la présence de cornes, lesquelles d'après Leidy sont parfois rudimentaires. On remarquera également que Leidy n'a trouvé cette espèce qu'au fond d'un lac de montagne, et que le Campascus biqueter n'a jamais été oliservé que dans les lacs suisses. Frenzel a cru retrouver le Campasrus cornutus dans la République Argentine, mais il donne lui-même sa détermination comme incertaine. ESPKrKS AIÎSKXTKS DT' TF.RIÎIT(MT!E EXPI.ORK E/if//i/pli(i ni/ici-diiafa Leidy {HT), (tii;'. 10). Coquille coiiuiie colle de V Eiaihipha criMata. mais avec un tloine conique aigu, pro- longé en une épine longue, niiicronée. et parfois deux. Sarcode connue dans VE/if/ii/pJia (ilreoJata. Longueur : de lOS à 140 y.. Localité : sphagnum humide, C'odar swamps. New-Jersey'. Splicriodryhi macvnlop'iA Letdv (07). (fig. 11). Coquille pyriforme, comprimée, avec col large se terminant en une bouche oblique elliptique; les faces larges de cette coquille sont composées pour la plus grande partie d'une seule paire de grandes jjlaques hexagonales, à partir desquelles le col s'étend vers le bas. Longueur : de 20 à '2S a. Localité : sphagnum, Cedar SAvamps, New-Jersey. raiiiphaf/ttft (irnuthis. LArTEIîBOiîX (l'i")). (tig. 12?). Corps en forme de bourse. L'enveloppe memViraneuse est recouverte sur toute sa surface d'aiguillons recourbés en arrière. ' Les. figures qui dans l'ouvrage de Leidy accompag;nent cette espèce sont aussi bien celles d'une Eiifili/pka alieolata. J"ai tniuvi: deu.x ou trois fois une Englijjilut dont une seule des écailles, en aprièrc, s'était métamorphosée en longue aig-uille; peut-être est-ce là VEiifiliiphn iiiurroiuitii de Lriiiy, liien que je n'aie cru y voir qu'une \nrlété de VEiifih/phd itlrculnln . 73 ÔTS FAUNE RHIZOPODTQUE DU P.ASSIX HT' LÉMAN Longueur 45 à 70 u. Localité: Mares près de Ludwigsliafen-s -lîliin. Le Pamplmfiiis armatus n'a été signalé jusqu'à présent que par une diagnose pro- visoire, et sera plus tard décrit plus au long par Lauterborn, qui l'a découvert. Cet obser- vateur ayant bien voulu cette année, au Congrès zoologique de Berlin, me fournir quelques explications, accompagnées d'un croquis, ces indications m'ont engagé à revoir les notes que j'avais prises en 1 890 à propos d'un organisme qui me semblait rappeler le précédent ; j'ai pu alors m' assurer que, très probablement, le Famplmgus armatus de Lauterborn correspond à un Rbizopode trouvé par moi-même aux environs de Wiesbaden, en 18S9, et que j'avais décrit sous le nom dé Trinema spinosum. Disons d'ailleurs bien vite que cet animal n'a rien à faire avec le genre Trinema pour lequel je l'avais pris, et que la diagnose de Lauterborn est seule exacte. Dans mes notes en ettét, je trouve les lignes suivantes : « Coque ondulée, sans indi- cation d'aréoles ; souple à la bouche ; cette dernière est petite, plissée ; pseudopodes très rameux, excessivement longs. » De plus, mes dessins indiquent des déformations de tout le corps. On peut donc se demander comment en 1890 j'avais pu prendre cet organisme pour un Trinema, et j'expliquerais cette erreur de la manière suivante: L'une de mes figures, celle-là même qui est reproduite ici sous le chiffre 12, représentant l'animal de côté, rappelle certainement un Trinema: d'autre part l'enveloppe me paraissait être en partie siliceuse, et enfin je n'avais rencontré qu'un seul individu. .T'avais donc, en décri- vant cette espèce, considéré que mes observations étaient en partie erronées, et que cet organisme ne pouvait être autre chose (pi'un Trinema; et pourtant ces observations étaient justes, sauf ce qui concerne la nature de l'enveloppe, que je croj'ais pénétrée de silice. Il faut ajouter que mes notes au sujet de cette espèce remontent au mois de juin 1 889, et qu'à ce moment je n'avais encore que quelques semaines d'expérience dans l'étude des Rhizopodes proprement dits. ESPECES AliSEXTES DU TEliUI l'UlllE EXl'LOHÉ 579 I'aiii])li(if//is Dithirliii Vejdovsky (1141. (ti,^-. 15). Enveloppe ellipsoïde, très changeante, composée cVécailles régulièrement disposées les unes à la suite des autres, sans que leurs contours soient visibles. Pseudopodes lobés, cpii généralement se bornent à 1-3 lambeaux courts et très clairs. Vejdovsky, tout en adjoignant cet organisme au genre Fanipliafius, fait remarquer qu'il doit y avoir là un genre nouveau, pareille structure ne se retrouvant dans aucvui Pampluifius. En etlèt, ces écailles qui peuvent jouer les unes sur les autres pour pei'mettre à la membrane de se déformer, montrent quelque chose de tout à fait spécial, et de plus les pseudopodes n'ont rien qui rappelle le Funipharius. Triiienia fcn'iicos/ini Fl'.AXCÉ (:')"2), (tig. i:!). Coipiille siliceuse, pyriforme, comprimée dans une direction dorso-ventrale, et à la surface de laquelle se trouvent de nombreuses nodosités siliceuses. Plasma pourvu de deux vésicules contractiles, d'un grand noyau vésiculaire, et de pseudopodes qui s'anasto- mosent à peine. r(i/iJhi('llacln-(>iii(if>ijiliora L.VUTEIU'.OKX ((il), (tig. 14). Ckxjuille ellipsoïdale, en forme de poche ou de gourde, ronde en coupe transversale, conqtosée de cin(i rangées de plaques siliceuses disposées les unes à la suite des autres. Ouverture de la coquille quelque peu relevée en col, très étroite, à coupe ovale-allongée. Plasma ne remplissant pas complètement l'enveloppe; noyau globuleux, assez grand, 580 FAUNE RHIZorODlQUE VU BASSIN DU LÉMAN à Structure en réseau; vésicule contractile en avant. Pseudopodes très longs et tins, sans anastomoses. Miciof/joiiiia sodalk 11. Hertwr; (l'i't), (tig. Ui ')• Coquille en forme de poche, petite, rendue ([uel(jue peu bilatérale par la bouche légè- rement portée de côté, faiblement étirée en col. Le corps ne remplit qu'en partie l'enve- loppe. Les pseudopodes premient naissance sur un ])édoii(ule oral. Un noyau et une vési- cule contractile. L'animal forme souvent des colonies. l'/ucoci/sfa sjiiiiosa Leidy ((iTj. (tig. 17). Co(piille transparente, incolore, ovale, comprimée, avec bords latéraux aigus; bouclie grande, elliptitpie, avec des commissures aiguës et un bord entier ou sans dents. CoipuUe composée de pla(|ues ovales, imbri(iuées, en séries longitudinales alternantes; rangée orale formée de i)la(pies semblables aux autres, et non denticulées connue celles des Eufilupha. Bord latéral de l'enveloppe frangé d'épines sul)ulées mobiles, articulées avec la coquille par un bouton très petit, généralement par paires, parfois seules et rarement triples. Plasnui connue dans EKfihjpha. Longueur : de 100 à loti p.. Localité : sphagnum d'Absecom, Atco, et Malaga, New-Jersey. ' llicliiinl IIkmtwii; n {nililji'' iiiio iHiidc Irrs (l(lailléc sur cclli' csiiùcc inli'rui^saïKi', qui iir parait pas extri'iiiriiRMil raro, cl i|iir je suis |i|ul6[ élitiiiK'- de ii'aN oir jaiuais rriK'iialri''i' d'uni' niaiiièrf ccrlaini'. ESPÈCES ABSENTES DU TERRITOIRE EXI'LOlîÉ 581 Aiiipilifreiiiu rlii'i/an/iiii l.ArTERRoRX (((2'). Co([iie mince, ovale-allongée, souvent étirée irrégulièrement en col vers les deux ori- fices; rendue (iuel(|ue peu rugueuse à sa surface par des i)articules de sable disséminées par-ci par-là, généralement amoncelées en plus grande abondance autour des orifices. Le l)lasnu\ sort de ces derniers comme un bouclion, et de là déploie le i)lus souvent un seul pseudopode pointu, qui jieut être fortement recourbé en arc, ou brisé. Xoyau central. Dans lo plasma de nombreux petits grains rouges. Longueur 4U à 45 a; largeur maxiuunu au milieu, 1(1 à 15 y. Localité : limon du liliin, ricbe en diatomées, Lud\vigs]iafen-s/-l!liin. ' l>.UTEiii(oii.\ n'a fait coiinaitre jusqu'ici cette es[icce que par une courte cliay:nosc, saus (iyiires, cl qui sera plus tard suivie d'une descriplioii dclailiée. ANNOTATIONS Note 1. HfiCOLTE. ÊTUDF] La récolte des Rhizopodes n'offre en général aucune difficulté spéciale, et les moyens les plus simples pour se les procurer sont encore les meilleurs. Quelques tubes ou éprouvettes de verre, un chiffon pour entourer ces tubes, et que l'on fera bien d'hu- mecter après la pêche, constituent un appareil suffisant, et facilement transportable. Lorsque le fossé, l'étang ou le marécage a quelque profondeur, il suffit la plupart du temps d'attacher im des tubes à l'extrémité d'une canne, ou d'une baguette empruntée au buisson le plus voisin, l'ouverture du tube étant naturellement dirigée vers le haut. On fera toujours bien de ne récolter que le limon de la surface, revêtu le plus souvent d'un feutrage de particules végétales en décomposition. Dans la boue noire plus profonde, on ne trouve en général que très peu de chose ; cependant certaines espèces peuvent s'y récolter également, et en particulier la FeJoiiii/.rapahisfris. qui semble affectiomier tout particulièrement cette boue noire. Les Rhizopodes aiment également pour la plupart à grimper sur les plantes aqua- tiques; aussi les Renoncules d'eau, les Mijriopliylhim, etc., fournissent-elles souvent des récoltes abondantes. Il suffit alors d'envelopper ces plantes dans un linge mouillé, pour les agiter dans l'eau une fois de retour à la maison. Notons en passant qu'on aura tou- jours peu de chose à espérer des Characées; ces plantes encroûtées de carbonate de chaux sont négligées parles Rhizopodes qui, sans éviter d'une manière absolue le voisinage du calcaire, le fuient ijouitant autant (pie cela leur est ])ossil)le. 5S4 FAT'NE I^inZOPODIQT'E DI' TÎASSIX DT' T.KMAX (^)ii;uit aux péclios effectuées dans les lacs (Vune certaine étendue, elles présentent un degré de complication qui va grandissant avec la profondeur, bien que là encore elles ne nécessitent pas d'appareils très compliqués. Pour récolter les organismes qui passent leur vie au sein du feutre organiipie brunâtre, par des fonds de 20, 40, fiO, et jusqu'à ]()(» mètres, je me sers d'un traîneau de pécheur, muni d'une ficelle mince et solide, à laquelle est attaché un récipient de fer-blanc, en forme de l)Oîte allongée. En avant du récipient, et à deux mètres environ de cet appareil, se trouve un poids de 200 à 300 grannnes, destiné à traîner sur le fond, et à permettre par là à la boîte de rester couchée sur la vase '. Le tout est alors traîné tirs Irntrment pendant quelques minutes, et lorsqu'on a remonté l'appareil avec i)récaution. on trouve au fond du l'écipient. pas toujours il est vrai, mais deux fois sur trois en moyenne, une jietite quantité de vase (ju'on n'a plus qu'à transporter dans des éprouvettes. Pour des profondeurs plus grandes, les difficultés sont beaucoup plus considérables ; cependant en agissant d'après le même système, mais avec une ficelle très solide, en- roulée sur une bobine, et un poids plus fort (1 kilog. environ), j'ai réussi à ramener, en quantité très minime il est vrai, de la vase d'un fond de 300 mètres, au large d'Ouchy. Ce procédé paraît défectueux en ce sens qu'on pourrait, en le suivant, s'exposer à envisager connue habitants de la ])rofondeur des organismes recueillis au retour par le récipient ouvert. ]Mais il faut remarquer qu'avec une boîte allongée et fermée en arrière la quantité d'organismes recueillis en pleine eau est pratiquement nulle. Ainsi, tandis que le lac de Genève est toute l'année si bien rempli des organismes qui constituent le plankton, qu'une seule pêche opérée entre deux eaux, et avec le filet fin, amène ces orga- nismes par dizaines de mille, sur 300 pèches avec le cylindre métallique fermé, c'est à peine si de temps à autre j'ai constaté la présence d'un petit Crustacé ou d'un Péridinien. Il n'en est pas moins vrai que pour des recherches sur le plankton en général, ce système n'offrirait pas des garanties absolument rigoureuses ; mais pour les Rhizopodes il en est autrement. Ces animaux sont des organismes de fond ; ils rampent sur la boue, ' Il ser.iit prérôralilc peut-être, d'attiiclicr au fo;i(l de la hoitc un second poids qui Irainci'ait à un ou deu.v mètres en arrière, car il arrive fréquemment que le récipient, s'il vient à rencontrer un petit caillou, se relève et vide sur la vase du fond le contenu qu'il peut avoir déjà emmagasiné, et oc poids tendu en arrière lui ('onservcrnit pnilialilemeni sa position. NOTE 1. RÉCOLTE. ÉTUDE 585 et ne se trouvent, au moins dans les lacs étendus et d'une certaine profondeur, ni entre deux eaux ni à la surface. M. le Prof Yung a bien voulu me conlier les flacons renfei-- mant le plankton qu'il a recueilli sur de nombreux points du lac, et sur bien des milliers de Rotifères, de Crustacés, de Péridiniacées, que j'ai pu voir, une seule fois j'y ai ren- contré une coquille vide d'Arcella. Il y a trois ans, les pêches pélagiques que j'avais effectuées moi-même comme contrôle, ne m'avaient pas montré un seul Rhizopode ; cette année j'ai rencontré une Arcella, seule et unique, et une Nebéla, unique aussi, et la pré- sence de ces deux individus isolés est suffisamment explicable par le cours d'un ruisseau, ou par un coup de vent, qui de temps à autre doivent nécessairement en amener \ Une fois la récolte rapportée à la maison, il est bon de la transférer dans des bocaux plus spacieux que les éprouvettes ordinaires, et, dans la plupart des cas, très avantageux également de la débaiTasser des gros éléments, pierres, fibres ou feuilles, mollusques, vers, qui s'y trouvent, et dont les derniers corrompent très vite l'eau par leur respiration ou leurs déjections. Pour cela on peut recommander un tamis métallique très fin, à mailles de 6 à 7 dixièmes de millimètre d'ouverture; ces mailles laissent passer les plus gros Rhizopodes, sauf peut-être la seule Pelomyxa jjaJustris quand elle est de forte taille. R est bon cependant, avant de se défaire du résidu laissé sur le tamis, de le mettre dans un bocal, et de consacrer quelques instants à son examen. En règle générale, on ne doit pas négliger d'examiner la récolte de suite après son transfert dans le bocal; certaines espèces sont plus délicates que d'autres et ne se retrou- vent parfois plus après 24 heures, au moins à l'état normal et bien portant. Cependant ces espèces sont très peu nombreuses, et le plus souvent c'est au contraire après un repos de deux ou trois jours que les animaux se trouvent le plus nombreux ; ils sont arrivés alors à la surface de la boue, en même temps que les végétaux microscopiques de toute sorte, diatomées, desmidiées, etc., etc., qui y forment une sorte de feutrage bien plus productif que les couches plus profondes du limon. ' Il existe cependant un Uliizopode, la Dijjbtgin hijdroatatka. qui normalement est pélagique: mais chose curieuse, cette espèce, que l'on trouve dans la plupart des lacs suisses, parait absente du lac de Genève, bien qu'elle y soit représentée probablement par une variété pierreuse et non flottante. Quant aux Héliozoaires, ils peuvent être pélagiques, et certaines espèces (Acnnthocyslis spinifern surtout) se trouvent parfois dans le plankton. 74 586 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Un excellent nioj'en de se procurer des individus pour ainsi dire triés et en eau pure, c'est de mettre une partie de la récolte dans un large tube cylindrique rempli d'eau presque jusqu'à son sommet, puis d'attendre un jour ou plusieurs. En effet, tout se dépose bien vite au fond, et l'eau devient claire, puis plus tard un grand nombre d'organismes se mettent à grimper le long des parois du verre, parfois jusqu'en haut. En décantant alors avec précaution dans un autre récipient, tout en imprimant au tube, en même temps que l'eau en sort, un mouvement de rotation, puis en s'arrêtant au moment oii la vase du fond est sur le point d'arriver à son tour à l'orifice du tube, on peut obtenir des résultats très satisfaisants, qui dispensent de longues pertes de temps. Blochmann (7) recommande de laisser la récolte dans l'eau même de l'étang où cette récolte a été effectuée, et cette reconnnandation est sans doute bonne à suivre dans son principe ; mais ce procédé, outre qu'il amène souvent de grandes complications pour le transport de l'eau, ne m'a jamais paru correspondre à une nécessité l'éelle. En tout cas à Genève, où l'eau potable est tirée directement du lac, cette eau m'a i)aru convenir à tous les Rhizopodes auxquels elle a été présentée. Quant à l'étude des individus, chacun la fait à sa manière, et trouve de lui-même les moyens qui lui conviennent le mieux. Cependant il ne sera pas inutile de présenter quelques considérations sur ce sujet. En premier lieu il est fortement à recommander, dans la plupart des cas au moins, d'isoler l'animal de son entourage, et de l'examiner seul sous la lamelle, et dans de l'eau pure. De cette manière il se montrera plus clairement, et laissera bien mieux apercevoir les détails de son organisation ; puis on n'aura pas à craindre de le voir disparaître sous des débris d'où il ne sortira plus, et enfin on pourra en toute sûreté se livrer à des expé- riences soit d'écrasement, soit de coloration, qui souvent sont d'une très grande impor- tance. C'est ainsi que pour l'étude du noyau, indispensable en systématique, et souvent d'un grand intérêt physiologique, l'isolement de l'animal est dans la plupart des cas une condition sine qua non de succès. Pour les grandes espèces, l'isolement n'est pas difficile, mais pour les formes plus petites, il n'en est pas de même. Voici comment je m'y prends habituellement : supposons une petite Difflugie se trouvant dans le cham]) de vue, sous le microscope, mais entourée elle-même de toutes sortes de débris : pour l'isoler, et tout en gardant l'œil au microscope. NOTE 1. RÉCOLTE. ÉTUDE 587 j'ajoute lentement, à gauche et à droite du couvre-objet, une goutte d'eau, suffisante pour que ce couvre-objet soit tout entier porté par l'eau et puisse glisser facilement, mais pas assez abondante pour que plus tard, dans l'opération qui va suivre, cette eau s'écoule en emportant ranimai. A ce moment, avec une aiguille recourbée, je pousse le cover sur le côté, jusqu'à ce que son bord ne se trouve plus qu'à une faible distance de l'animal; puis je note la position exacte de la Diiiiugie, par rapport, soit au bord du couvre-objet, soit à d'autres éléments ; par exemple l'animal se verra au sommet d'un triangle dont l'un des angles sera représenté par le bord du couvre-objet, un autre angle par un petit Rotifère mort, etc. Alors, avec beaucoup de précautions, je transporte la lamelle du microscope à la loupe montée, et sous la loupe, malgré le grossissement plus faible, et grâce aux points de repère, je retrouve ma Dittiugie. Sans la quitter de vue, je repousse complètement de coté le couvre- objet, et la Difflugie est en eau libre ; avec un coin de mouchoir fin soutenu par le manche de mon aiguille montée, j'enlève autant que possible toutes les impuretés qui se trouvent sur l'un des côtés, par exemple à droite de la DitHugie ; puis, la lamelle une fois propre, je mets sur la région nettoyée une très petite goutte d'eau pure. Avec la pohitede mon aiguille je pousse alors peu à peu la Difflugia à droite vers la goutte pure, en prenant soin que l'individu lui-même soit toujours accompagné d'un peu d'eau ; puis finalement l'animal est i)oussé dans l'intérieur de la goutte, laquelle n'est reliée à la masse inutile que par le petit canal ou chemin tracé par la Difiîugie. Avec le mouchoir j'enlève toute cette masse inutile, j'ajoute une goutte d'eau pure et un couvre-objet, et ma Difflugie isolée est prête pour l'observation. L'étude de l'animal vivant est toujours la plus intéressante, en même temps que la plus fructueuse ; mais il est des cas cependant où les observations gagnent beaucoup à être complétées par une étude dans le baume du Canada. Dans la plupart des Rhizopodes testacés, c'est la coquille qui donne les renseignements les plus positifs pour la systéma- tique, et parmi ces renseignements, on peut attacher une grande importance à ceux qui sont fournis par la structure et la forme de la bouche ; or, pour bien voir la bouche, il faut pouvoir considérer l'animal sous toutes ses faces, et surtout dressé sur lui-même, l'orifice buccal tourné vers l'observateur. Dans l'eau cette observation est très difficile, la coquille retombant toujours bien vite sur le côté; dans le baume, en poussant légèrement d'un côté ou d'un autre le couvre-objet, on domie le plus facilement du monde à la coquille la position que l'on désire, et si le baume n'est pas trop liquide, l'exemplaire reste long- 588 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN temps dans la même orientation. C'est grâce à cet examen par la face orale que Rhumbler a trouvé la bandelette interne caractéristique qui lui a permis de créer le genre Pontigu- Imia, et cet examen dans le baume m'a été également de la plus grande utilité pour les genres Pontif/ulasia, Cucurbitella, LecquereHsiu, Centrftpyxis, et bien d'autres encore. D'autres fois le baume, grâce à son indice de réfraction rapproché de celui du quartz et bien plus éloigné de celui de la chitine, fait apparaître nettement certains détails qu'on ne voyait pas, cachés par les particules siliceuses de revêtement. Mais il est des cas, assez nombreux et qui par exemple concernent toutes les Difflugies pierreuses, où le baume n'est pas à recommander, par la raison même ([u'il fait disparaître la netteté des contours sur des éléments siliceux. C'est pour cela qu'il serait par exemple à peu près impossible de baser une classification du genre Diffl/H/ia sur une collection de préparations microsco- piques. Ces considérations m'amènent à dire quelques mots de ces préparations: Pour mon compte, je ne saurais qu'engager à accompagner tout travail systématique d'une collection d'échantillons; ces derniers pourront être utiles à un moment ou à un autre, soit pour confirmer ou infirmer, à une époque quelconque, la valeur d'une observation déjà an- cienne, soit pour permettre, comme il a été dit plus haut, l'examen de certains détails qui ressoi'tent mieux dans le baume. Comme, chez les Rhizopodes, et grâce à la taille minime de ces organismes, la pré- paration de ces animaux pour le microscope présente certaines difficultés, je décrirai avec quelques détails le procédé que j'ai habituellement suivi. Ce procédé n'est probable- ment pas le meilleur, mais il a l'avantage de la simplicité, et m'a permis en tout cas de préparer des Amibes, des Difflugies, etc., avec leurs pseudopodes étendus, aussi nets que tous ceux que j'ai pu voir ailleurs. Prenons par exemple une Difflugie: il s'agira d'abord de l'isoler, soit par le moyen nidiqué plus haut, soit en la prenant simplement avec la pipette, du milieu des débris, et sous la loupe montée. Il est assez important alors, surtout pour les petites espèces, de ne jamais relâcher complètement le caoutchouc qui surmonte la pipette, car dans ce cas il se produit un choc qui peut porter la Diffhigiu très loin dans l'intérieur, jusqu'au niveau où l'eau est relevée par capillarité le long du tube, et souvent alors l'animal reste à l'in- térieur collé au verre, et ne se retrouve plus. NOTE 1. RÉCOLTE. ÉTUDE 589 Après avoir de cette manière transporté la Dittlugie dans un verre de montre plein d'eau pure, je retire peu à peu cette eau, avec les impuretés qui ont pu s'y introduire, et de manière à ne plus laisseï' autour de l'animal qu'une goutte juste suffisante pour lui permettre de se mouvoir à l'aise. J'attends alors un instant, jusqu'au momentoù je vois, sous la loupe, que la Difflugkt a ses pseudopodes étalés, et, brusquement, je noie le tout dans un flot d'alcool absolu. Il arrive alors, assez souvent, que l'animal n'a pas eu le temps de retirer ses pseudopodes, qui, sui-pris par l'alcool, restent plus ou moins déployés. Enlevant une bonne partie de l'alcool, je procède à la coloration, au moyen du carmin au borax, qui m'a donné les meilleurs résultats. A cet égard, je ferai remarquer qu'il est préférable de ne pas pousser la coloration trop loin; dans ce dernier cas en ettèt, le noyau se voit plus tard connue une simple tache ronde, foncée, sur le fond du cytoplasme lui-même trop fortement coloré, tandis que si l'on s'arrête à temps, on peut obtenir des noyaux où chaque nucléole, foncé, se voit bien distinct du suc nucléaire rosé ; le noyau se détache franchement du cytoplasma incolore et l'ectosarc avec ses pseudopodes se teint d'une nuance rose très délicate. Après coloration, je remplace le carmin par de l'eau pure, soit en faisant subir à ma Difflugia différents transvasages à la pipette, soit, si j'ai peur de la perdre, en enlevant le liquide autour d'elle pour le remplacer plusieurs fois par de l'eau, jusqu'à ce que finalement l'individu se trouve dans une eau tout à fait pure. J'enlève alors une dernière fois le liquide, que je remplace par de l'alcool absolu, pour remplacer ce dernier lui-mêuie par de l'essence de girofle, luais sans jamais permettre à la Diffl/u/ia d'être, au courant de ces manipulations, un seul instant à sec. De l'essence, il ne reste plus qu'à transporter la Difflugia sur la lamelle, au moyen d'une pipette propre, puis à enlever autant que possible l'essence de girofle qui l'entoure, et à la recouvi'ir d'une goutte de baume et d'un couvre-objet. Il est inutile d'ajouter qu'au lieu d'un seul individu, on peut en préparer de cette manière toute une série à la fois; mais le travail est alors plus compliqué, et on est presque sûr que quelques-uns des individus se perdront en route. Dans certains cas, on trouve avantage à colorer à la fois un grand nombre d'indi- vidus, en mettant dans une large éprouvette une portion de la récolte non triée, puis, quand tout est bien reposé, en enlevant presque toute l'eau. Après avoir attendu un 590 FAUNE KHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN instant, on verse alors brusquement dans l'éprouvette un flot d'alcool, que l'on remplace ensuite par du carmin, etc., etc. Par ce moyen et en cherchant dans le résidu, on trouve souvent un grand nombre d'exemplaires qui donneront lieu à une manutention moins longue. Les résultats obtenus de la sorte sont parfois très satisfaisants. La préparation d'espèces très petites est plus difficile; presque toujours, d'après la méthode telle qu'elle vient d'être indiquée, les individus se perdent au cours de la manipulation. Mais on obtient des résultats beaucoup plus sûrs en faisant subir à l'individu toutes les réactions sur la lamelle même destinée à la préparation. Après avoir isolé l'animal, suivant le procédé décrit plus haut, dans une gouttelette d'eau aussi petite que possible, on remplace cette eau par de l'alcool, du carmin, puis on lave de nouveau, et l'on remplace enfin l'eau par l'alcool, l'essence et le baume, tout cela sur une seule et même lamelle. Note 2. ESPÈCE La classification n'est pas la science, mais elle n'en constitue pas moins un élément absolument indispensable de toute connaissance scientifique. De même que toute grande bibliothèque, pour pouvoir rendre des services réels, exige une distribution aussi parfaite que possible des volumes qui la composent, de même toute étude biologique est fortement compromise si les différents types ne sont pas séparés les uns des autres d'une manière assez nette pour que l'on sache à chaque instant à quel organisme on a affaire. La base de toute classification est fondée sur l'espèce, qui seule représente une réalité. Or il n'existe probablement, dans toute la série zoologique, pas de groupe où la distinction spécifique soit aussi difficile à déterminer que chez les Rhizopodes; beaucoup de ces animaux sont nus, et changent de forme d'un instant à l'autre ; parmi les testacés, un grand nombre de formes sont difficiles à préciser, ou semblent, sur un examen super- ficiel, passer continuellement des unes aux autres. C'est pourquoi bien des auteurs, actuellement encore, sont portés à n'accorder qu'une confiance très limitée aux différents essais de spécification qui ont été faits jusqu'à présent. Cependant, après une période de scepticisme, pendant laquelle on prêtait délibé- NOTE 2. ESPÈCE 591 rément à ces organismes des propriétés extraordinaires, qui en leur permettant de passer d'une forme donnée à nne autre toute différente avec la plus grande facilité, en faisaient quelque chose d'unique dans le règne biologique tout entier, et semblaient fournir une preuve ou tout au moins un indice du chaos que les philosophes auraient voulu faire régner à l'origine des êtres ; après cette période il s'est élevé des voix contradictoires, proclamant que ce soi-disant désordre ne provenait que de l'imperfection de nos connais- sances. Les travaux de Schulze, Hertwig et Lesser, Leidy, Archer, Carter, Frenzel, et tant d'autres, ont fait connaître un grand nombre de formes dont l'autonomie ne peut être mise en doute, et dans ces derniers temps d'autres observateurs, Gruber, puis Rhumbler, et moi-même pour ma faible part, ont maintenu que ces petits êtres possèdent des caractères spécifiques tout aussi bien fixés que chez les animaux supérieurs. En définitive, qu'est-ce que l'Espèce? Sans vouloir entrer le moins du monde dans la discussion de ce sujet complexe, je ferai observer que malgré toutes les controverses qui se sont élevées, et bien qu'il n'existe sans doute encore aucune définition absolument parfaite, en pratique on s'en rapporte encore, dans toutes les classifications, à la défini- tion de Cuvier : « L'espèce est la collection de tous les êtres organisés descendus l'un de « l'autre ou de parents counuuns, et (}ui leur ressemblent autant qu'ils se ressemblent « entre eux. » Si nous acceptons, sinon en principe du moins dans la pratique, ce critérium pour la détermination des espèces, on peut avancer sans aucune hésitation que les Rhizopodes se soumettent à la classification avec une exactitude tout aussi certaine que les animaux plus élevés en organisation. Comme dans ces derniers, il existe certaines formes particu- lièrement variables, quelques-unes même peut-être à un degré tel que de longtemps il ne sera pas possible de les séparer nettement les unes des autres, mais ce sont là des excep- tions qui n'impliquent nullement l'impossibilité d'une classification exacte. Il n'en est pas moins vrai que chez les Rhizopodes, les caractères distinctifs sont moins évidents que partout ailleurs, et que la systématique doit s'appuyer, comme Gruber (46) l'a indiqué nettement, sur des points différents, non seulement sur les caractères extérieurs, mais, « sur la consistance du Protoplasma et les phénomènes de « locomotion qui en sont le résultat, sur les inclusions sous forme de vacuoles, granula- « tions, cristaux, même organismes parasites ou symbiotiques, et nourriture ingérée ; 592 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN « mais surtout sur le nombre, la taille et la structure des noyaux. » Ces cai'actères ont chacun leur valeur, et ajoutés les uns aux autres ils permettent le plus souvent de tirer des conclusions certaines. Prenons par exemple la D/fflugia capreolafa : cette espèce possède une enveloppe analogue à celle de la Diffluf/iapyriformis, mais qui s'en distingue cependant par certains détails (voir page 223); ces détails de structure étant constants, suffiraient pour faire supposer là une variété fixée ; mais si par une étude plus appro- fondie je viens à constater que dans cette Diitiugie le noyau est toujours différent de celui de la DifflHfiia pyriformis, puis également que les pseudopodes sont sujets à prendre des formes spéciales, et que les phénomènes de locomotion sont particuliers à cette Difflugie, il n'y a plus lieu à hésiter à y voir une espèce autonome. Pour les Rhizopodes testacés, les caractères les plus importants résident dans la structure de la coquille, et dans celle du noyau. Pour mon compte je ne puis en aucune manière accepter les déductions de Wallich (IIS), qui considère l'enveloppe comme d'une importance systématique minime; pour ne parler que des Protozoaires, parmi les milliers et les milliers de Foraminifères, Radiolaires, Infusoires, Flagellâtes, dont la place en tant qu'espèces ne fait de doute pour personne, combien en est-il dont la détermina- tion soit basée sur autre chose que les caractères de l'enveloppe? Wallich, il est vrai, n'en arrive à cette déduction que parce que, pour lui, la coquille est dans les Rhizopodes éminemment changeante et ne peut pas fournir de renseignements précis. Mais c'est là une erreur; sans doute la même espèce pourra suivant l'habitat recouvrir sa coquille soit de pierres, soit de diatomées, soit d'écaillés siliceuses plus ou moins aplaties, et ce sont là des faits dont il faudra tenir compte, mais il reste la forme générale de la coquille, la compression éventuelle ou normale, la nature du péristome, des appendices, etc., caractè- res qui présentent la plupart du temps une grande constance. De plus, bien des espèces ont des écailles très caractéristiques et qu'elles ne changeront jamais pour d'autres, des plaques carrées, rondes, elliptiques ou cordiformes, des disques cylindriques, etc., etc. La taille enfin, bien que variable dans une certaine mesure, est un élément qui n'est pas sans importance. Mais l'enveloppe n'est (lu'un des éléments à envisager, et, contrairement à l'opinion de Wallich, qui regarde comme certaine une identité du corps mou, ou de l'animal lui- même, dans la plus grande partie des Rhizopodes, on peut assurer que chaque espèce NOTE 2. ESPÈCE 593 possède son plasma à elle, différent de celui des autres. I^es particularités du plasma dans chaque espèce sont il est vrai bien difficiles à mettre en évidence, mais il est quel- quefois possible de le faire, et dans le cours de cet ouvrage je crois l'avoir montré à diffé- rentes reprises. Mais dans ce plasma même il existe un élément de première importance, relativement facile à examiner, et qui réduit bien vite à néant l'opinion de Wallich; je veux parler du noyau, qui suivant les espèces présente des détails de structure très variés et dont l'importance systématique vient en première ligne après celle de la coquille; c'est pourquoi, dans mes descriptions, j'ai toujours fait mon possible pour indiquer dans chaque espèce les caractères de cet organe (voir note 1 0). Si les Rhizopodes présentent dans leur étude systématique certaines difficultés qu'on ne rencontre pas chez les animaux plus hautement organisés, il existe pourtant certains phénomènes, qui par contre sont plus évidents chez eux que partout ailleurs, et qui sont importants en ce qu'ils tendent, eux aussi, à nous assurer de la parfaite distinction spéci- fique qui règne dans ce groupe d'animaux. Je veux parler des phénomènes de conjufiaisiïii et de division . On est en effet appelé à chaque instant, à rencontrer des individus liés deux à deux, soit par un phénomène de conjugaison, soit pour un acte de division. Or, dans l'un des cas comme dans l'autre, il n'arrive pour ainsi dire jamais que les deux individus présen- tent des différences, soit de forme, soit de taille, soit de structure, suffisantes pour les faire considérer non pas même comme des espèces, mais comme des variétés différentes. Je crois rester en deçà de la vérité en calculant que dans tout le cours de mes études sur les Rhizopodes, il ne m'a pas passé sous les yeux moins de trois mille couples apparte- nant aux espèces les plus différentes, et deux fois j'ai trouvé accouplés des individus qui ne se ressemblaient point l'un à l'autre ; peut-être alors faudrait-il même regarder ces cas anormaux connue représentant des phénomènes d'hybridité (voir note 1 5) *. De ces faits découlent d'une manière toute naturelle deux conclusions : la première ' Il arrive assez fréquemment que certains lîiiizopofles s'emparent d'autres Rhizopodes plus petits, introduisent leurs bras dans l'intérieur de l'animal capturé et s'emparent du contenu ; c'est ce que l'on voit surtout dans le genre Nebela, qui sous ce rapport présente des habitudes tout à fait spéciales. Dans ce cas les individus se voient forcément bouche à bouche : mais il est facile de disiinguer ces cas particuliers des phénomènes de conjugaison. 7S 594 FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN c'est que, puisque jamais aucun individu ne s'alliera à un autre qui présenterait avec lui la moindre différence quelque peu significative, et que jamais non plus on n'en verra au- cun produire par division un exemplaire différent de lui-même, il y a séparation bien tranchée entre les différentes formes, c'est-à-dire il existe des espèces nettement distinc- tes; la seconde conclusion, c'est que ces phénomènes de conjugaison et de division four- nissent, le cas échéant, un critère d'une grande valeur pour la détermination des espèces. Cependant, dans l'état actuel de nos connaissances, il nous est impossible de rester jusqu'au bout fidèles aux indications fournies par ces phénomènes de reproduction; ce faisant nous serions obligés d'introduire dans la classification un nombre considérable de nouvelles espèces. En effet, bon nombre de Rhizopodes présentent, outre l'aspect typique, différentes formes, souvent nombreuses, qu'on est convenu d'appeler «variétés;» or dans tous les couples trouvés, jamais Tun des individus n'appartiendra, non seulement à une espèce, mais à une variété différente de la sienne. En réalité, le critère tiré de la repro- duction nous permettrait de conclure que ces formes différentes représentent non des variétés, mais des espèces ; mais ces espèces ne pourraient être reconnues les unes des autres, hormis le fait même de l'absence de conjugaison entre elles, que par des caractères trop peu évidents, et, pour la clarté de la classification, il est préférable de leur laisser le titre de variétés, quitte à considérer, pour les Rhizopodes, le terme d'espèce comme d'une signiJication plus large que pour les autres animaux, et comme synonyme, dans bien des cas, de groupe. Quant à la classification même, je ne m'en suis pas occupé d'une manière particu- lière. La seule remarque que je tienne à faire à ce sujet, c'est qu'il est fâcheux qu'il se soit dans ces dernières années introduit une tendance à joindre les espèces « FiJosa, » à pseudopodes filamenteux, aux véritables Foraminifères. Quand Delage, par exemple, réunit les genres Cyphoderia, Euglypha, Trinema, AssuUna, etc., au sous-ordre des Gro- mides dans l'ordre des Imperforés, il y a là une erreui- évidente. Les Foraminifères, d'après Delage lui-même, ont « toujours des pseudopodes anastomosables, réticulés, for- « mant en dehors du corps proprement dit de l'animal un riche réseau de forme irrégu- « lière, » et rien de tout cela ne se voit dans les genres cités plus haut ; dans ces derniers, les pseudopodes ne diffèrent en somme de ceux des « Lobosa » proprement dits que par une finesse beaucoup plus graiule. Rhumbler (98), qui s'élève également contre cette manière de NOTE 3. ENVELOPPE 5!J5 voir, dit avec raison à ce sujet : « Ces deux sortes de pseudopodes (Lobom et Betlculosa) exis- « teiit sans transition l'une à côté de Tautre ; car si chez les Lohoaa on rencontre des pseudo- « podes très tins, presque filamenteux dans un groupe que l'on a pour cette raison même « distingué en sous-groupe « Filosa, » il manque pourtant toujours à ces pseudopodes « filamenteux, autant que mes observations et mes connaissances dans la littérature me « permettent de le conclure, la circulation des grains (Kôrnclienstromung) qui ne manque « chez aucun des pseudopodes des Reticulosa. » Rhumbler aurait, me semble-t-il, été également eu droit d'ajouter que si chez les P'oraminifères la formation de réseaux est la règle, c'est également là une chose inconnue chez les Filosa. Il peut arriver, de temps à autre, que deux ou trois pseudopodes s'anastomosent temporairement, mais il n'y a là qu'un phénomène accidentel, qui n'a rien à faire avec les anastomoses normales et com- pliquées des Reticulosa. Notes. ENVELOPPE On divise en général les organismes qui nous occupent en Rhizopodes nus ou Amie- biens et Rhizopodes testacés ou Thécamœbiens. Mais il faut se garder de croire qu'il y ait là deux subdivisions nettement tranchées; on peut constater toute une série de transitions entre les Amibes parfaitement nues et les formes à carapace entièrement rigide, et la limite de séparation est souvent difficile à fixer. Il n'existe en réalité pas une seule espèce où l'on puisse dire que les couches externes du plasma n'aient éprouvé aucun durcissement qui puisse les faire envisager comme une indication d'enveloppe ; il est dans la nature même du protoplasma vivant de se durcir au contact de l'eau, de manière à former une couche plus condensée et plus résistante, et c'est ainsi que dans les Amibes, lorsqu'il se produit à la surface du corps une brusque déchirure par laquelle sort un jet violent d'endosarc liquide, cette massé au lieu de se projeter au loin et de se perdre, est immédiatement figée dans ses couches périphériques, et n'arrive qu'à former un lobe, en même temps que l'endosarc est devenu ectosarc (voir page 40, Amœba limicola). 596 FAUNE RHIZOPODiyUE DU BASSIN DU LÉMAN Dans d'autres Amibes, par exemple Amœba striata, Amœha vesiculata, l'ectosarc est déjà durci à sa surface en une pellicule véritable, extraordinairement fine, fugitive, qui semble disparaître et se reformer continuellement dans l'état d'activité de l'animal, mais qui, de fait, recouvre constamment l'animal entier. Dans V Amœba terricola, cette pellicule, lisse et réfringente, est bien plus apparente encore, et semble ne pouvoir se ré- sorber qu'avec la plus grande difficulté, de sorte que l'animal est entouré d'un sac très sou- ple, mais très résistant, fermé de tous côtés. Dans certaines Pelomyxa {Pelomyxa Belevskii, etc.), l'ectosarc est souvent fortement durci, et plus encore dans le genre Amphùonella, où ce durcissement arrive à produire une membrane épaisse, souple et déformable, mais pas assez cependant pour permettre à l'animal de se mouvoir sans l'aide de pseudopodes ; aussi trouvons-nous dans cette dernière espèce des bras déjà bien différenciés, qui se font jour sur un seul point, toujours le même, du corps '. Le genre CoehUopoMum est revêtu d'une enveloppe d'une nature particulière, qui rappellerait sous certains rapports celle des Héliozoaires Chalarothoracés. C'est une membrane souple, déformable, à double contour, et dont la structure est, pour ainsi dire, celle d'un plasma vivant; elle peut, ou bien recouvrir l'animal connne la coquille d'une patelle, et alors ce dernier rampe sur un large disque pseudopodique nu, ou bien se refer- mer autour du corps, qui prend alors les formes les plus diverses, en général globuleuses ou pyriformes ; dans certaines espèces au moins, cette enveloppe peut alors être percée sur différents points par les pseudopodes, et les perforations ainsi produites se refermeront d'elles-mêmes une fois les pseudopodes rétractés dans l'intérieur de l'enveloppe (Cochlio- podium adinophorum, digitatum). Dans le genre Corycia, nous avons une membrane en forme de sac largement ouvert à sa base, à fond presque rigide, puis devenant toujours plus fine en approchant de l'ou- verture, et pouvant alors s'y replier en dedans, mais sans qu'il y ait de soudure possible entre les replis en contact. Les Fanqjhagus possèdent une membrane hyaline, bien nette, souple et déformable. ' Pour tous ces détails, on trouve des renseignements |ilus complets en consultant les pages consacrées aux différentes espèces. NOTE 3. ENVELOPPE 597 et ouverte en un seul point. Dans d'autres genres ou espèces, l'enveloppe n'est plus dé- tbrniable qu'à la bouche {Diaphorodoii, quelques Pseudodiffluf/la, Hyalosphenia punc- tata, etc.). Enfin nous arrivons aux coquilles parfaitement rigides sur toute leur surface, et qui trouvent leur physionomie la plus typique dans le genre Difflu(/ia. Quant aux enveloppes si caractéristiques des genres Arcella, Cyphoderia, Lecquereusia, Euglypha et d'autres encore, je ne puis que renvoyer, pour les détails, à la partie systématique de cet ouvrage. Si nous ne considérons que les formes pourvues d'une carapace rigide, nous pouvons dire que la substance fondamentale de l'enveloppe des Rhizopodes d'eau douce est repré- sentée par une matière en partie chitineuse, en partie siliceuse. Dans certains genres, par exem-ple En f/li/pha, Trinema. etc., les écailles sont purement siliceuses (bien qu'il y ait là probablement plutôt une combinaison à base de silice, et où ce dernier élément joue le rôle le plus important), et le ciment hyalin qui relie les écailles entre elles est peut-être purement chitineux. De même dans un nombre considérable d'espèces, la coquille est formée d'éléments siliceux, pierres, diatomées, etc., de provenance étrangère dans la plu- part des cas, et soudés entre eux par un ciment chitineux. Mais d'autres fois il semble qu'il y ait une matière spéciale, qu'on pourrait appeler chitino-siliceuse,etqui résulterait d'un mélange de particules siliceuses infiniment petites, invisibles aux plus forts grossis- sements, et de matière chitineuse ; le tout formerait alors une pâte, extraordinairement résistante aux réactifs. C'est ainsi (ju'en soumettant par exemple des Cerdropi/xis ac/deata à la chaleur rouge, non seulement la coquille n'est pas détruite, mais les cornes, qui pa- raissaient à première vue faites de chitine à peu près pure, ne sont pas non plus enta- mées; peut-être alors, comme je l'avais avancé dans le temps (85), et comme Rhumbler (96) est disposé à le croire, les particules siliceuses se sont-elles soudées les unes aux autres par un commencement de fusion, et ont-elles formé une sorte de squelette qui garde la forme de la coquille. Quant aux éléments siliceux diflérenciés qui recouvrent les coquilles, ce sont le plus souvent soit des pierres ou des particules plates de boue, soit des diatomées, soit un mé- lange de ces deux éléments. Frenzel a supposé que l'une des Difflugies qu'il avait trouvées {Diffliujia mica, page 252) était recouverte de particules de mica. Le fait, sans avoir été jamais constaté, ne me parait en tout cas pas avoir rien d'invraisemblable, et bien souvent 598 FAUNE RHIZUPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN j'ai cru reconnaitre du mica dans les paillettes qui recouvraient certaines Difflugies, surtout dans les individus provenant du lac de Genève. A deux ou trois reprises même, j'ai trouvé parmi les écailles un fragment de mica vert alors bien reconnaissable (à moins qu'il n'y ait eu là de la serpentine, dont la constitution minéralogique diffère peu de celle du mica). Je ne serais même pas étonné si la Xehela vitrœa, ce curieux représentant du genre NebeJa dans la profondeur du lac, se construisait une coque formée de préférence de paillettes de mica; l'apparence spéciale de ses plaques me l'a fait souvent sup- poser, et il est certain que ce minéral est abondant dans les régions qu'habite cette espèce '. Dans certaines espèces ou certains individus, les éléments siliceux semblent avoir été profondément modifiés, arrondis à leurs angles, ou connne refondus, pendant leur séjour à l'état de plaques de réserve dans le corps de l'animal constructeur de la coque; c'est ce que Wallich a le premier cru reconnaitre, et si Wallich va trop loin dans certains cas (par exemple en regardant les plaques des Quadrula comme provenant de diatomées), mes observations me portent à croire qu'il y a pourtant du vrai dans cette idée. BuTSCHLi combat cependant cette manière de voir, et Rhumbler, tout en présen- tant des figures de diatomées qui semblent avoir été refondues en partie, n'est pas disposé non plus à l'adopter. Cependant je ])uis dire que dans certains individus, appartenant surtout au genre Lecquereusia, il m'est arrivé souvent de trouver des diatomées encore bien reconnaissables mais très défigurées, et dont l'apparence spéciale paraissait inexpli- cable par d'autres raisons qu'une action corrosive du plasma de l'animal. Je ne veux d'ailleurs pas dire par là que dans le genre Lecquereusia les éléments verraiculaires ca- ractéristiques de l'enveloppe proviemient nécessairement de diatomées transformées; au contraire, ces particules sont normalement de nature sans aucun doute endogène, et il suitit d'écraser un certain nombre d'individus pour les trouver à tous les états possible, et assister pour ainsi dire à leur genèse. D'abord ce sont des grains extraordinairement petits, puis des particules vaguement anguleuses, des bâtonnets très minces qui s'allon- ' J'ai soumis quelques échantillons â mon ami A. Brun, minéralogiste distingué ; mais ces échan- tillons, incorporés dans le baume, étaient ditïïciles à étudier, et M. Bkun, tout en considérant certaines de ces écailles comme représentant probablement du mica, n'a pas pu arriver à une solution exacte du problème. NOTE 3. ENVELOPPE 599 gent en longs filaments recourbés ou tordus, et destinés sans doute fréquemment à se couper en différentes portions qui gagneront peu à peu en épaisseur (voir Leajuere/isia spiralis, page 326). Mais dans certaines Lecqueretisia la coquille est souvent faite en pai'tie de diatomées, qui la plupart du temps se voient alors fortement modifiées. La plupart des Nebela sont formées normalement de plaques rondes ou elliptiques, dont la provenance n'est pas encore connue. L'opinion de Wallich, qui les regarde aussi comme résultant d'une modification directe de diatomées, est sans doute bien hasardée; mais peut-être y aurait-il plus de vraisemblance dans l'idée que j'ai cru pouvoir émettre de mon côté (voir Nehehi, page 348), et d'après laquelle les Xrbela se serviraient des écailles des Euqlypha. Trinema, etc., au préalable capturées, pour se construire de nou- velles coques. D'une part il est certain que les Xebela sont particulièrement friandes de nourriture animale, et connue, dans les localités oîi ce genre vit de compagnie avec la Quadrula, les plaques carrées de cette dernière, sur lesquelles on ne peut se tromper, contribuent parfois à la construction de la coque des Nébélides, on ne voit pas pourquoi les écailles rondes ou ovales des Trinema, toujours abondantes elles-mêmes là où vivent les Nébélides, ne serviraient pas aux mêmes usages que celles de la Quadrula. Quant aux genres Euglypha, Trinema, Sphenoderia, Cyphoderia, Quadrula et d'au- tres, personne, sauf Wallich, n'a jamais mis en doute leur nature purement endogène; l'animal pour les produire a nécessairement formé de la silice, et il serait intéressant de savoir si le plasma tire cette silice directement du milieu ambiant, ou si au contraire il est obligé de dissoudre au préalable complètement des oi'ganismes siliceux avalés. Rien ne semble d'ailleurs faire entrevoir que cette dernière alternative soit la vraie, car dans aucune des espèces citées en dernier lieu on n'a jamais rien trouvé, à ma coimaissance, à l'intérieur du plasma, qui ressemble à des matières siliceuses en cours de dissolution. Mais on en trouve dans les Lecquereusia, et nous pourrions alors faire une distinction entre des espèces qui forment toujours leurs plaques de toutes pièces {FAujlypha, etc.), d'autres qui peuvent les former de toutes pièces, mais se bornent souvent aussi à modi- fier des éléments siliceux préexistants {Lecquereusia, etc.), et d'autres enfin qui ne font la plupart du temps qu'utiliser des particules capturées, en ne les modifiant que peu, ou sans les modifier du tout {NehelafO, Diffluf/ia, etc.). La couleur de la coquille dans les Rliizopodes, ne varie la plupart du temps qu'entre 600 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN la transparence complète et le brun plus ou moins accentué, et la teinte jaune ou brunâ- tre semble toujours provenir d'une substance ferrugineuse qui pénètre plus ou moins la chitine. En règle générale, la teinte devient plus foncée avec l'âge, et par exemple les Arcella. revêtues à l'origine d'une nuance délicate à i)eine jaunâtre, deviennent brunâ- tres, et finissent par acquérir une teinte d'un brun violacé noirâtre et brillant. Parfois la nuance est d'un brun chamois très pur, comme dans V Hyalosphenia pmictata. Dans le genre Assulina c'est une teinte chocolat, que revêt également, dans une certaine mesure, la Difpuqia tubercukda, ou la Gromia nifiricanfi. Il existe d'ailleurs, dans la couleur jau- nâtre ou brune, une grande variété de nuances, qui ne sont pas toujours simplement dues â l'âge ou à la localité, mais qui parfois ont la valeur de caractères spécifiques. D'autres fois il y a tendance au violet, connue dans presque toutes les espèces du geiu-e Heleopera: cette teinte améthyste arrive à sa plus haute expression dans VHeJeo- 2}era cydostoma. Il est pntbable, comme j'ai essayé de le mowivev ^omX Heleoperapetricola var.amethystea (89), que cette nuance est due au manganèse. Peut-êtreest-ce également à ce minéral que l'on doit rapporter cette même tendance au violet dans une petite variété de la Lccqnereusia spiralis. dont le col devient fréquennuent couleur de garance brune. Ajoutons que les coquilles mortes ensevelies dans la boue noirâtre et à odeur forte du fond des étangs, passent facilement au noir bleuâtre ou violacé (de même d'ailleurs que les enveloppes de certaines cellules végétales, Desmidiées, Spirogyra). Au fond des lacs d'eau pure, les coquilles sont, d'une manière générale, remarqua- bles ])ar une transparence et une pureté plus grandes que chez les formes de la plaine. En général, chez les Rhizopodes, la forme de l'enveloppe est remarquablement cons- tante dans le sein d'une même espèce, et les exceptions qui peuvent exister n'infirment en aucune manière la règle générale. Ce qui varie le plus, ce sont les détails, par exemple, le nombre des appendices, cornes, épines, etc., ou bien la présence ou l'absence de ces appendices suivant les individus. On constate également certaines déformations de la co([ue, dues â l'apparition de coquilles doubles (Doppelgehâuse de Rhumbler (IKi), monstres doubles Penard (85)), renfermant sous une même enveloppe deux animaux pourvus dans la règle chacun d'un noyau. Chose curieuse, ce phénomène de duplication, très rare en général, présente parfois NOTE 4. CTÎOISSANCE (101 iiii caractùrt! spi''citi(iiu'. ci'i-taiuos o.si)èces montrant mit' tendance toute particulière à revêtir cette forme anormale ; c'est ainsi que Rhumbler a véritié l'existence de coquilles doubles dans le 3 " o environ des individus deroufi(j>(la.va S2)irali,f:; une autre espèce peut- être encore plus remar(iual)le sous ce rapport est le DkqjJiorodou mohiJe. où j'ai trouvé ce dédoublement dans le 5 ou (1 % environ des exemplaires examinés. N(JTE 4. CROISSANCE La question de la croissance cliez les libizojiodes testacés a été l'objet de différentes controverses. Verworn (115), après des études minutieuses, était arrivé à la conclusion que chez les ThécanKcbiens l'enveloppe une fois formée n'est plus aucunement modifia- ble, lorsque Rhumbler (95), reprenant la question, crut pouvoir assurer que cette enve- loppe pouvait croître avec l'âge. Cependant un peu plus tard Rhuimbler lui-même (90), après avoir institué pendant trois ans des expériences sur la Diffliigia pyriformis et la Difflugki compressa, et sans les avoir vues modifier leur enveloppe en aucune façon, revint sur ses conclusions premières, et sans vouloir refuser en principe à tous les Thécamœbiens la faculté de s'accroître, reconmU que chez certains d'entre eux au moins, cette faculté n'existe pas. En 1899 j'avais ' cru devoir critiquer les premières conclusions de Rhumbler, bien inutilement d'ailleurs, puisque l'auteur lui-même s'était chargé de les modifier dans un travail dont malheureusement je n'ai eu connaissance que plus tard. Après les observations nuiltiples que j'ai faites dans ces trois dernières années, je voudrais revenir un instant sur cette question intéressante. Rhumbler, après avoir trouvé dans plusieurs espèces des dittérences de taille considérables d'un individu à un autre, en était arrivé dans son premier travail, à cette conclusion de principe que les coques doivent forcément grandir, et il faut reconnaître que, pour quiconque s'est donné la peine d'examiner un graïul nombre de Rhizopodes, c'est là une impression qui s'impose nécessairement à l'esprit, ('onnnent en ett'et les coques ne grandiraient-elles pas, puisque la taille est variable suivant les individus? 'Arcli. (les Sn. Phys, (■[ Niit. Mm-s IfiOfl. 76 602 FAUNE RHTZOroniQUE DU BASSIN DU LÉMAN Dans les lignes consacrées à la critique des premiers travaux de Iîiiumbler, je faisais observer qu'en général les différents individus, provenant d'une même locaUtf', montraient des différences de taille bien inférieures à celles que IIhumbler indiquait, et j'en inférais que l'auteur avait peut-être additionné ses chiffres d'après des exemplaires récoltés dans des stations différentes. Or il est certain (jue suivant la localité il pourra se produire à la Jonr/ne certaines variations de taille qui ne peuvent pas être prises en considération pour expliquer une croissance normale de la coquille dans l'individu même. Mais dans ces dernières années j'ai été conduit à modifier quelque peu mes vues : s'il est vrai, d'une manière générale, que la différence de taille entre les individus est relativement minime, il existe des espèces qui, dans la même localité, se voient fréquemment varier dans une mesure beaucoup plus forte, du simple au double en longueur, et parfois plus encore. On pourrait citer sous ce rapi^ort presque toutes les Arcelles, et surtout VArcella iliscoides, nuis certaines formes de la Diffl/a/ia condr/rfa. peut-être aussi de la Diffluf/ia purifonnis^ ; mais l'espèce la plus intéressante sous ce rapport est peut-être la Psendoilifflxrjia fuscicularis, qui dans chacune des stations où elle s'est trouvée variait en longueur de 17 à 71 u, c'est-à-dire du simple au quadruple. Les conclusions auxquelles mes observations semblent amener sont donc les suivan- tes : si, en règle générale, la coquille des Thécamœbiens, une fois formée de toutes pièces, ne varie plus, autrement dit si l'indiridn ne grandit pas, il n'est pas moins vrai que la taille varie d'un individu à l'autre, autrement dit il est vraisemblable que V espèce est susceptible de grandir. Comment donc expliquer ces faits en apparence paradoxaux '? Après mûre réflexion, j'en suis arrivé à penser que peut-être il y avait tendance, lors des phénomènes de division, à la production, de la part de l'animal mère, d'une coquille plus grande que la sienne. Ce fait n'a du reste jamais été constaté, et d'une manière généi'ale on peut dire que toujours la coquille fille est pareille à la coquille mère ; mais il suffirait d'une augmentation très légère en faveur de la fille, pour qu'après un nombre même faible de générations les derniers nés fussent beaucoup plus grands que leurs ancêtres. ' Cependant dans cette espèce, comme dans bien d'antres d'ailleurs, les dilTérences de tailles s'expli- rpioraieiil la plii[iart du temps par rexislcnee de varii'li''s rlisliiieles. M)TK 4. CliOlSSAXCK ()()3 Pour essaj'er d'élucifler cette question, je me suis livré à une série d'expériences, qui, disons-le tout de suite, ne m'ont pas fourni de résultats concluants, mais ne sont peut-être pas sans jeter quel(iue lumière sur le sujet. Dans une première série d'expériences, j'ai noté la longueur des individus dans chaque couple rencontré et qui en même temps représentait d'une manière absolument certaine un cas de division '. Or, sur 16 couples examinés, appartenant à 8 espèces qu'il est inutile d'énumérer, dans 9 d'entre eux la cocpiille jeune était plus grande que la vieille, dans 6 la taille était la même, et dans un seul seulement le jeune était plus petit. En additionnant les longueurs obtenues par les 16 exemplaires jeunes, on obtenait alors un chiffre moyen pour chacun de 127 u, tandis que pour les 16 exemplaires vieux, ce chiffre n'arrivait qu'à 120 y.; les premiers dépassaient alors en moyenne les seconds du G " o. Mais cette première série d'expériences n'a guère de valeur, soit en raison du nombre restreint d'individus examinés, soit parce que la mensuration était faite sans l'aide d'un micromètre, et d'après un procédé qui laissait trop de prise aux impressions subjectives. Il est en effet indéniable que, malgré la meilleure volonté du monde, et l'intention bien arrêtée de ne vouloir que la vérité, l'observateur reste toujours quelque l)eu sujet à ce que j'appellerai l'crretir subjcdirc. qui l'entraine à voir ce qu'il croit être. Aussi, beaucoup plus tard, et malheureusement très peu de tenqjs avant de terminer les études qui font le sujet de cet ouvrage, me suis-je livré à une seconde série de mensura- tions, tant sur les couples en di\ision (pie j'ai pu trouver à l'état vi^■ant, que sur un certain nombre de préparations juicroscopiques. Cette seconde série a porté sur 20 coui)les, appartenant à 18 espèces différentes. Sur ces 20 couples, dans 12 le jeune dépassait le parent, dans 3 la taille était égale, et dans les â autres celle du jeune était la i)lus failde; la différence, soit en plus, soit en ' Ces expériences n'ont niallieiireusomentéto continuées que pendant |>eu de jours, deux ou trois en avril et autant en mai 1900. D'aulre part il est souvent ditlicile de déterminer au juste si l'on a all'aire à un cas de division ou de conjugaison : puis les individus peuvent être orientés l'un par rapport à l'autre de manière à rendre dillicile une mensuration exacte, ou bien l'un des deux est anormal, trop large cl alors rclalivcmeni ciurt. et, niinnic. tous les exeniplaires iiicerlaiiis mit i''l('' ('■liniinés. il ne l'aut p:is s'étuniiiT du nomlirc reslrcinl d'iiiiiiu.itix exiiMiiués. 604 FAUNE KlllZOPODK^iUK DIj l!Aïti«lN DU LEMAN moins, était toujours très faible, rarement de plus de '/is, et, en faisant l'addition de ces 20 couples sans en excepter aucun, on arrivait à une sonnne de 704 ^j. d'un côté, pour les parents, et de 782 fx de l'autre, pour les jeunes, soit 2 " o en moyenne en faveur du jeune. Ce chiftre de 2 " o est bien minime, mais il faut remarquer que s'il était constant d'une génération à une autre, il suffirait de 10 générations pour permettre d'expliquer toutes les variations de taille habituelles, et les variations plus fortes pourraient trouver leur explication dans une ]jrolitication plus forte, c'est-à-dire dans un nombre de généra- tions plus considérable. Mais cette seconde série de recherches n'est pas beaucoup plus explicative que la première, d'abord et surtout, parce qu'au lieu de 20 couples il en faudrait au moins 100 pour pouvoir tirer quekpies conclusions sérieuses, et ensuite parce ({u'il aurait fallu insti- tuer ces expériences sur des bases mieux établies, et en les échelonnant suivant les saisons, les mois ou même les semaines. On peut concevoir en oflét une tendance à la i)roduction de rejetons plus forts, (pii se montrerait pendant la belle saison seulement, pour s'arrêter à l'autonnie et passer à ime tendance contraire. C'est ainsi qu'au printemps de 1!K)1, on trouvait au marais de Mategnin, en nombre considérable, la l'hrijffuiieJIa nidulus, représentée d'une manière générale par deux séries d'individus, les grands et les petits ; or les grands se trouvaient pour la plupart à l'état de coquilles vides, décolorées, salies, et qui sans aucun doute avaient passé l'hiver dans la boue, c'est-à-dire, dataient de l'automne précédent ; les petits, par contre, étaient en général vivants, et leur coquille présentait une apparence de fraîcheur qui les distinguait des grands exemplaires. Mais alors, si cette tendance à un agrandissement génératif, allant du i)rintemi)s à l'automne, existait réellement, on trouverait des différences dans la moyenne de la taille des individus récoltés dans une même localité dans différentes saisons. Comme j'avais on ma possession, préparés au baume, en nombre considérable, des exemplaires de DiffltKjia lobostoma, récoltés les uns le 14 mai, les autres le 19 novembre, dans le même étang de l'avenue d'Aïre. j'ai mesuré 50 individus \ivh au hasard dans chacune de ces récoltes, et le résultat a été, pour le 14 nuxi, une moyenne de 203 p. \)-av individu ; pour le 19 novembre, une moyeime de 209 y. La différence de 3 7" environ, est donc bien minime, négligeable NOTE 4. CIIUISSAXCK (JOf) peut-être, étant donné le petit nombre d'exemplaires soumis à l'expérience et surtout le temps écoulé, c'est-à-dire par conséquent le nombre de générations qui avaient dû probablement se produire d'une époque à l'autre. En résumé, mes expériences n'ont guère fourni de résultats concluants ; mais, ajou- tées à d'autres observations nombreuses, faites par-ci par-là au cours de mon étude, et que je n'ai pas notées d'une manière spéciale, mais qui semblent tendre au même résultat, ces expériences me porteraient à formuler la proposition suivante : Dans les Thécaniœhiens. la coquille (Jh jeune est soit plus (fraude, soit plus petite que celle du parent, on bien aussi égale à elle; il y a tendance à une plus grande taille quand les circonstances sont favorables, à une plus petite dans le cas contraire. La différence de taille d'une génération à Vautre est dans tous les cas très minime. Il existe un phénomène qui peut-être serait également en rapjjort avec un accrois- sement de taille, je veux parler de l'exuviation. Ce phénomène est surtout remarquable dans le genre Arcella, où fréquemment, et peut-être à intervalles périodiques, l'animal se forme une nouvelle enveloppe et abandonne l'ancienne. Il ne m'a pas été possible de faire des mensurations ayant trait à cette exuviation; j'ai trouvé à diverses reprises, et en très grand nombre, des individus tout jeunes, à enveloppe délicate et transparente, mêlés à des co({uilles âgées et vides; mais ce n'est que dans de rares occasions que j'ai pu voir l'animal quitter la vieille enveloppe pour entrer tout entier dans la jeune, et abandoinier la première ; aussi mes conclusions, tirées de trois ou quatre observations, auraient-elles été sans valeur. Toutefois, il faut remarquer que toutes les Arcelles, qui constituent le seul genre où ce phénomène d'exuviation soit fréquent et normal, varient dans leur taille dans une mesure supérieure, à quelques exceptions près, à tous les autres Rhizopodes, et peut-être cette forte variation serait-elle également en rapport avec les faits dont il vient d'être parlé. Peut-être est-ce aussi comme une exuviation qu'il faudrait considérer le phénomène que l'on remarque si frécpiemment dans la Cryptodifflugia oriformis (page 426), et qui consiste en ce qu'un individu se retirerait tout entier au fond de sa coque, et s'y enkys- terait, mais après avoir produit une enveloppe de taille supérieure à la sienne, et que l'on pourrait alors supposer destinée à recevoir l'animal aj)rès sa sortie du kyste. Il est bon d'ajouter en passant que parmi losltliizopodes, seules les espèces à co(|uiile 606 FAUNE l!IIIZ(ir(Jlil(,l|iE DU )!A!>S1N DU LÉMAN rigide semblent réellement dépourvues de croissance individuelle; il en est sans doute autrement pour celles dont la membrane est molle {CochUopodium, l'anqthayHS, etc.), ou formée d'un feutrage de particules siliceuses noj'ées dans un magma plus ou moins mou {Groiiiia, Diapliorodon, etc.), et qui, de fait, présentent des variations de taille considé- rables. Pour certaines espèces également, où la coquille relativement rigide est terminée en avant par des lèvres souples, il est vraisenddable que cette partie de l'enveloppe est sus- ceptible de croissance; c'est ce que j'ai cru pouvoir constater par exenqjle cliez YHyalos- phenia pundatn (page .344). Peut-être ne serait-il pas impossi!)le que la variation de taille fût accompagnée, dans certains cas, d'une sorte de polymorpbisme. C'est en tout cas ce que m'ont conduit à l)enser mes observations sur deux espèces bien différentes, la Difflug'm tnherculata, et la NeheJa f/alcafa. Dans la première, on peut constater, connue il a été dit dans la partie systématique (page 295), toute une série de transitions entre la forme tj'pique, grande, d'une teinte particulière, ronde, mamelonnée, et une forme beaucoup plus petite, claire, allongée, non mamelonnée, et les deux extrêmes ressemblent si jjeu l'un à l'autre, que sans l'aide des transitions on y verrait deux espèces parfaitement caractérisées. (^)uant à la Xeheïu galeata, il m'a paru possible que les exemplaires de petite taille et d'apparence bien différente de la forme typique, dont la description a été donnée à la page 3G2, et qui vivaient noml)reux avec cette dernière forme dans des sphagnum provenant du Simplon, représentassent un état jeune, doublé alors d'un polymorphisme bien évident. Cependant il faut avouer qu'il n'y a là qu'une hypothèse plus ou moins vraisemblable, ces petits indi- vidus pouvant tout aussi bien être considérés comme représentant une variété ou même mie espèce particulière ; mais alors, dans ce dernier cas, les transitions, d'ailleurs rares, entre ces deux formes, ne pourraient guère être cxpli(piées que par un pbénDUiène d'hy- bridité (note 1 à). C'est ici qu'il faudrait relater les expériences que j'ai essayé de faire sur la répa- ration éventuelle des coquilles brisées ; ces expériences, qui ont eu lieu sur un nondn'e assez considérable d'individus, appartenant au genre Diffl/ifjia (lUffhiii'ta JuJxn-ti'iua et liiirifoniiis)^ iii'oiit ((induit aux mêmes déductions que celles de Vkrwoux, c'est-à-dire à refuser en général à ces organismes la faculté de régénération des parties maïKpiantes. NOTE 5. ArPENDK'ES ET OIîNEMEXTS DE I.'eXVETOPI'E 007 Sur quL'l(iues c'xeuii)laires (k' Diffl itfi'Hi pijiifoiniis.'] m cru ccpt'ndiuit n'CGiiiiiiitro (juc cor- taiiies partios du col brisé avaient rté refaites ; ainsi, avant mis des Dittiugies écrasées dans une eau pure, pour mêler ensuite à cette eau des cristaux de cpiartz extraordinaire- ment petits (provenant d'un liiiiiite tout pénétré de silice cw cristaux microscopi((ues, à faces très nettes, et souvent l)ipyramidés), j'ai trouvé quelquefois le col formé, mais en partie seulement, de fragments à facettes, et, rarement, un cristal tout entier était collé par-ci par-là sur la coque. A part ces cas exceptioiniels, les animaux n'ont jamais repro- duit les parties manquantes, ni même ressoudé solidement les parties de !a coque simple- ment écartées par décliirure. Par conti-e. les Ditflugies écrasées se montraient habiles à rapprocher l'un de l'autre les bords des déchirures béantes de la co(iue, et ([uelques lieures après la blessure la masse de l'enveloppe avait si bien re])ris sa forme qu'on aurait pu croire à une soudure; mais un examen attentif montrait toujours une tissure encore existante. Note 5. APPENDICES ET ORNEMENTS DE L'ENVELOPPE Au nombre des appendices qui revêtent assez fréquemment l'enveloppe des Rhizo- podes, et dont la présence peut dans la plupart des cas fournir des caractères spécitiques importants, il faut en premier lieu mentionner les cornes, ou prolongements étirés en pointe, et qui toujours, quand ils existent, garnissent le fond de la coque. Dans la Cori/cia coronata, ces appendices représentent plutôt des dents ou lames aiguës, pleines, et qui forment une couronne régulière ; dans VArceJla steUaris, comme dans la Dlfflnr/ia corona, la couronne, très régulière encore, est formée de cornes creuses, larges à leur base, et terminées en pointe acérée ; dans la Centrnpy.ris acidcata, ces cornes sont beaucoup plus étroites, tubulaires et fermées à leur sommet par une sorte de tampon chitinoïde. La disposition de ces cornes sur la coque, comme aussi leur nombre relatif, est dans cette espèce excessivement variable, et l'on trouve des coquilles absolu- ment dépourvues d'appendices. On en pourrait dire de même de la Blffluffia hldeiis, où les cornes, généralement au nombre de deux, manquent souvent tout à fait. C'est dans la J)iffhi(ii(i lithop'.itcs (pie les cornes sont peut-être les plus curieuses, semblables à celles f)08 FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN (le la Ccntropi/xis. mais terminées la plupart du temps par nu fra,t>ineut fie quaitz alhnigé et aigu d'origine étrangère, et souvent en lame de couteau. La D/ffhi(/ia acnniinata, comme la Biffliifiia eleqaus et quelcpies autres encore, est simplement prolongée en arrière en une tubulure qui jieut être soit fermée, soit ouverte à son sounnet, et probablement, dans ce dernier cas, sujette à une certaine croissance par apposition de nouveaux matériaux (Difflugla elefians, page 23G). Ces cornes, dans toutes les espèces citées, ne représentent en tin de compte que des prolongements de l'enveloppe elle-même, et participent de la nature de cette dernière; Tout autres sont les appendices auxquels nous arrivons maintenant. Dans le genre E/<(/Ji/2)ha on trouve des aiguilles siliceuses, fines, acérées, nombreuses ou au contraire très rares, disposées soit sur la surface entière de la coquille, soit sur les côtés seulement, ou bien formant une touffe terminale ; dans certaines espèces alors {E/(fjlypha hrachiafa. cristaia, etc.), ces aiguilles ne représentent que des écailles de la coque, pourvues en arrière d'un prolongement, dans d'autres {EtifiJuplta eiliafa. strU/osa. etc.), ce sont des éléments distincts. Plus fines encore sont les aiguilles ou soies que l'on trouve dans le genre CorhJio- podmin, où elles semblent alors être de nature protoplasmique ; dans le Diajihorodon, ces soies ne se voient plus qu'avec la plus grande difficulté, et souvent manquent complète- ment ; il semble que, comme dans le genre précédent, elles ne représentent que du plasma durci, et se perdent facilement, et peut-être alors l'animal aurait-il la faculté de les re- former. Il est à remarquer, que ces soies n'ont été trouvées jus(iu';i présent que dans les espèces dont l'enveloppe est plus ou moins souple ou déformable ; mais peut-être ne faut- il pas chercher là une signification particulière. Quant aux cils rigides décrits par Leidy dans la Nehrki haihata, il me semble pro- bable (voir page Sôfi) qu'il n'j- a là que des éléments parasites, analogues aux filaments cryptogamiques que dans certaines localités j'ai trouvés sur la Quadrilla discoïdes. Quelle que soit la sti'ucture ou la forme de ces prolongements, cornes, aiguilles, ou soies, il est très probable qu'ils représentent dans tous les cas un élément de protection, que l'on peut même se représenter connne parfois très efficace; et par exemple, il est, sij'ai bien observé, relativement très rare de rencontrer la Centropyxis acidcafa dans l'estomac de certains ])ctits C'hétoïKidos (Ch(rfo/)astrr'^) (\m souvent se voient romjjlis de Difflugies. NOTE 5. APPENDICES ET ORNEMENTS DE l'ENVELOPPE 609 On peut se demander de quelle utilité peuvent bien être les ornements, denticula- tions ou lobules de la bouche dans les espèces assez nombreuses où on les observe. Dans la Difflnc/la corona, connue dans la Diffl,/ir/ia HthojMes, les dents acérées doivent avoir sans doute leur importance, si l'on en juge d'après leur structure spéciale, et combinée pour leur donner toute la solidité possible (v. page 285). Dans la CucurhMla mespili- formis le diaphragme interne, formé de particules quartzeuses dont les pointes regar- dent le centre, peut fonctioinier peut-être à la manière d'un tamis ou d'une nasse, ou bien barrer le passage à l'ennemi. Mais le chapelet de perles de la Bifflngia amphora. ou mieux encore les denticulations si régulières, si élégantes, qui garnissent les écailles orales des Euf/lypha, à quoi peuvent-elles servir? Pas plus ici que dans les animaux supé- rieurs la réponse n'est aisée, et nous devons nous borner une fois de plus à constater que dans le règne organique bien des caractères encore sont inexplicables. Pour nous qui examinons, rien n'est plus gracieux que les détails ornementaux de la coquille d'une Eu- f/lypha, et ces détails peuvent nous servir dans nos essais de classification : mais il serait téméraire de supposer qu'ils puissent aider aux individus eux-mêmes à se reconnaître les uns des autres. De même que jadis les philosophes expliquaient la machine pneumatique par l'horreur que la nature a pour le vide, de même devons-nous bien souvent nous bor- ner, dans le domaine biologique, à constater que la nature a horreur du laid, et revêt tout ce qu'elle produit d'un cachet d'harmonie et d'élégance. Citons encore, comme appendices, les brides internes, chitinoïdes, (jui traversent la coquille dans certaines Cputiopy.ris. ou qui s'étalent en ponts ou en planchers dans les Fontigukisia et les Lecquereusia. Ces appendices sont alors vraisemblablement destinés à consolider la coque, ou bien peut-être aussi à barrer partiellement le passage aux intrus. Bien qu'il n'y ait pas lieu d'applitiuer le terme d'appendices aux pores latéraux que l'on remarque dans les genres Hyalosphenia et Nehela, non plus qu'aux perforations qui entourent la bouche des Arcella, c'est ici qu'il faut mentionner leur existence. Probable- ment ces pores sont-ils destinés, en ouvrant mie communication avec l'extérieur, à permettre au plasma des mouvements plus aisés, et peut-être aussi contribuent-ils à l'oxygénation générale, en permettant à l'eau ambiante de pénétrer à l'intérieur alors même que le plasma buccal, comme c'est bien souvent le cas, ferme complètement 77 610 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN l'ouverture de la coquille. Bien des espèces, il est vrai, qui ne présentent pas de pores, ne semblent pas s'en porter plus mal, mais nos connaissances ne sont pas assez avancées pour nous permettre de prétendre que ces espèces ne possèdent pas des moyens compen- sateurs, par exemple une enveloppe plus poreuse, etc. Il faut ajouter que dans les Nebélides, on voit fi'équemment des lambeaux ou rubans de plasma venir attacher le cor])s aux parois internes juste à la hauteur des pores latéraux. Mentionnons enfin sous le nom d'appendice, une sorte de byssus, de nature fugitive, qu'on remarque surtout dans le genre Cyphoderia, et qui fixe solidement au sol l'animal au repos, puis les crochets de fixation caractéristiques du genre rory/^Aïow (voir page 533). et qui semblent formés d'un plasma durci et rigide. Note G. PLASMA « Malgré les objections soulevées par des considérations philosophiques, je ne puis « me soustraire à la ferme conviction que le protoplasma représente un liquide. Quelle « que doive être la complication de ce liquide et le nombre des processus chimiques qui « s'y passent continuellement, il n'en est pas moins impossible d'exclure le protoplasma « des lois physiques auxquelles sont soumis les liquides, exactement couime la complication « si extraordinaire dans les êtres vivants serait incapable de soustraire, par exemple, « la matière organique aux lois de la pesanteur. » C'est ainsi que s'exprime Rhumbler (98) au sujet de la structure du protoplasma, et sans avoir fait moi-même d'études spéciales sur le sujet je ne puis que rn'associer aux vues du professeur de Gôttingen. « Celui, dit encore Rkumbler, qui connaît différentes Amibes par sa propre expé- « rience, celui qui a observé les courants dans l'intérieur d'une Amibe rampant avec « vivacité, n'aura pas besoin de preuve ultérieure de la consistance liquide ou aussi « semi-liquide ' du protoplasma des Amibes. En tout cas le théoricien (pii conteste la ' .lo ne trouve pas d'expression exacte pour traduire le terme " zalifliissio-. « NOTE 6. PLASMA 611 « consistance fluide du plasma des Amibes, est plus obligé à fournir des preuves scienti- « tiques de son opinion que celui qui reconnaît purement et simplement l'état liquide du « protoplasma, car le premier prétend qu'il existe « in natura » quelque chose de tout « différent de ce que montre la simple vue. » Il est certain qu'une exi)érience prolongée des organismes amiboïdes, nus ou testacés, conduit inévitablement à considérer le protoplasma comme composé d'une matière liquide en principe, mais susceptible de se condenser, de se durcir temporaire- ment et parfois presque subitement, de passer continuellement d'un état à l'autre, et r.\mibe en marche n'est que Tiniage de modifications de structure perpétuelles. A la surface, le plasma, ou ectoplasma, est toujours durci, mais ce durcissement n'est bien souvent qu'éphémère, et la marche active tout entière ne semble être qu'une suite ininterrompue de liquéfactions et de durcissements. Souvent la mai'clie procède par va- gues consécutives, l'ectosarc paraissant se rompre subitement pour laisser passer une onde qui s'étend en avant et sur les côtés, puis se fige instantanément, pour se rompre l'instant d'après; on en a vu de nombreux exemples dans les descriptions précédentes {Amœba fluida, undosa, etc., etc. Hyalodiscus rubicundus, etc.). Parfois l'ectosarc se perce brusquement d'un trou, par lequel sort un jet violent d'endosarc, qui s'arrondit au dehors, devient ectosarc, en même temps que l'ectosarc primitif maintenant recouveit est devenu endosarc liquide ; c'est là ce que RHUMBLERa appelé « ruissellement en fontaine, » « Fontainestrom. » D'autres fois le plasma est plus fortement condensé; l'Amibe se comporte comme un morceau de pâte, se mouvant lentement et tout d'une pièce, tâtant le milieu ambiant, sondant le terrain, se tordant sur elle-même, ou encore se dressant tout droit sur sa base, comme une colonne {Amœba hotri/Ills, page 77), quittant, sous le microscope, le porte- objet pour aller se fixer au couvre-objet {Amœba v'ûlosa, page 72), etc., etc. Lorsque le plasma devient plus compact encore, connne on le voit surtout dans les pseudopodes, mais fréquemment aussi dans la masse tout entière de TAmibe, il se montre susceptible de contractions, au moyen desquelles par exemple l'animal sera attiré vers une zone momentanément agglutinante, qui s'est fixée au sol. 11 se passe là quelque chose d'ana- logue à l'effet produit par la fibrille nuisculaire, bien que. plutôt que de véritables fibrilles, il faille voir là une propriété générale du plasma (voir Amceba terricola, page 115). 612 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN D'une manière générale, on peut dire que ce sont les couches externes du plasma qui seules sont consistantes; dans une Amibe en marche, l'intérieur est toujours plus ou moins liquide, et on y remarque des courants qui entraînent avec eux toutes les inclusions du corps, grains d'excrétion, cristaux, amidon, même les noyaux et les vésicules contractiles ; dans YAmœha fluida, les grains jaunâtres extrêmement petits qui remplissent le corps se voient souvent animés de mouvements browniens très nets. C'est dans les grandes Amibes {Amœha tiitida, nobilis. etc.) que ces courants internes sont le plus curieux à étudier, et celui qui assiste au spectacle otîert par VAiita'hu nohills. passant sous l'intluence de la lumière de l'état de repos à celui de fuite précipitée, ne peut manquer d'être frappé de ce ruissellement de cascades, qui se produisent d'abord de tous les côtés pour se réunir en un fiot continu entraînant l'Amibe, sous la forme d'une limace, vers l'obscurité. Dans cette dernière Amibe, on remarque également à l'intérieur des partitions longitudhiales de plasma concentré, qui séparent la nappe liquide interne en courants partiels, et l'on pourrait alors se demander si cette nappe liquide ne représente pas simplement de l'eau, amassée dans des lacunes laissées entre les cloisons protoplasmiques. Mais pareille solution n'est guère probable, car dans les épanclienients d'endosarc liquide qui se font parfois brusquement jour à l'extérieur, cet endosarc, comme il a été dit plus haut, se fige immédiatement en arrivant au contact du milieu ambiant et semble bien par là représenter une matière différente de l'eau. Il ne me parait donc pas que les théories qui supposent au protoplasma une struc- ture soit iibrillaire, soit réticulaire, renferment en elles des éléments de réalité; ces réti- cules ou ces fibres entrelacés s'accorderaient mal avec la circulation si bien accusée des éléments internes. Par contre rien n'empêche, même en considérant le protoplasma comme matière simplement semi-liquide, d'adopter en principe la théorie vacuolaire que les belles recherches de BûTSCHLi ont rendue classique. Peut-être même cette théorie aiderait-elle à faire comprendre ces transformations continuelles et si remarquables, de l'état parfaitement fluide à l'état plus concentré ; on poui'rait se figurer que des vacuoles extraordinairement petites, circulant en nombre immense dans un milieu (plasma) liquide, glissant et roulant les unes sur les autres, pourraient en se serrant de plus près, par exemple dans les couches externes du corps, donner lieu à une concentration plus grande du plasma, en même temps que les régions abandonnées par les vacuoles acquerraient une NOTE (5. PLASMA 613 fluidité plus grande. Qui sait même si ces vacuoles ne pourraient pas soit se contracter, soit éclater et disparaître d'un moment à l'autre, exprimant de tous cotés le liquide qu'elles renfermaient ? Il est évident (lue nous sonnnes là dans le domaine de la pure hypo- thèse, et que cette hypothèse n'a d'autre valeur qu'une vue de l'esijrit (pie ne soutiennent aucuns faits certains. Cependant ce serait ici le lieu de faire remarquer que l'apparition et la disparition de vacuoles sont choses très fréquentes dans le i)lasma des Amibes ; la formation de la vésicule contractile, quand on l'étudié attentivement, peut en détinitive bien souvent être ramenée à l'éclatement les unes dans les autres de petites vacuoles, dont la naissance se voit dans les Amibes coïncider avec une concentration du plasma, car c'est en arrière qu'elles se forment, dans la région où la consistance du plasma est la plus ferme. Souvent la vésicule contractile, une fois produite, est entraînée en avant par les courants internes, en même tenq)s qu'il s'en reforme une autre à la place normale, en arrière, et cette première vésicule continue à grandir ; en examinant avec attention, et avec un fort grossissement, la surface d'une de ces grandes vésicules, par exemple {VAmœha terricola, éloignée de la région oii elle a pris naissance, on la voit couverte connue d'une couche alvéolaire extrêmement délicate, et un examen plus minutieux encore finit ])ar montrer que ces alvéoles ne représentent que des vacuoles extraordiuairement petites, serrées les unes contre les autres, et qui continuellement éclatent pour grossir de leur contenu le volume de la grande vésicule. Si donc l'éclatement se produisait sans que le fluide expulsé se réunît à cette vésicule, il y aurait diffusion d'un liquide qui, s'il était poussé vers l'intérieur, y produirait un milieu plus fluide, en même temps les couches extérieures en deviendraient par contre-coup plus concentrées. Il y aurait sans doute une étude très intéressante à faire sur la formation des vacuoles si fréquentes au sein du plasma, et peut-être cette étude amènerait-elle à conclure que ces vacuoles de taille appréciable et souvent assez forte dérivent normale- ment de l'éclatement les unes dans les autres d'une infinité de vacuoles extraordinaire- ment petites, et visibles à peine aux plus forts grossissements. Si nous supposons alors (lue dans certains cas ces vacuoles minuscules, au lieu de produire par leur l'éunion une vacuole plus grande, exjjulsent simplement leur contenu liquide. ])uis que le sarcode soit dans son essence, et suivant les conditions, sujet à un mouvement continuel soit de 614 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN formation soit de destruction de ces minuscules vacuoles, on pourrait à la rigueur avoir ime idée du métabolisme incessant du ])rotoplasma. Les vacuoles, de tailles très variables, sont, connue il a été dit plus haut, d'appari- tion très fréquente dans le plasma des Amibes et des Khizopodes en général. Souvent, connue dans Amielia resicHlata. FeJomy.ru Belevsku,Cochliopo(lium granulatum. etc., etc., ces vacuoles, tantôt remplissant le corps entier, tantôt localisées, offrent dans leur taille, leur abondance, leur forme même, des caractères spéciiiques d'une certaine valeur; d'autres fois, leur apparition n'est ((u'adventive, et leur importance systématique est nulle. Dans la Felomyxa palnstris les iiulividus tantôt sont déjjourvus de vacuoles, tantôt en renferment soit de très petites, difficilement visibles, i)ar milliers, soit de plus grandes, serrées ou non les unes contre les autres, avec ou sans structure aréolaire. On peut rencontrer des individus qui, dépourvus, suivant toute apparence, à un moment donné, de vacuoles, en montrent un instant après de très nond)reuses et bien nettes, souvent seri'ées en une couche continue, et certainement la Felomy.iu palmtris montre sous ce rapport des caractères spéciaux, qui feraient de cet animal un objet d'étude particulier rement intéressant. Dans différents cas, et sur différents Rhizopodes, j'ai remarqué l'apparition de nombreuses vacuoles par suite d'une forte compression de l'animal, et peut-être le fait est-il en rapport avec l'asphyxie qui doit se produire sur un organisme écrasé entre deux lamelles. Dans toutes les Amibes en marche, il s'opère à l'extrémité postérieure du corps une concentration spéciale du plasma; dans certaines espèces, cette concentration est peu apparente encore ; l'ectosarc perd ses contours brillants et y prend une teinte mate, en même temps que ses contours y sont plus ou moins crénelés ; dans d'autres, qui sont les plus nombreuses, ces créuelures sont plus profondes, et le plasma se divise soit en grappes, soit en lanières, disposées comme une couronne, et que l'on voit bien apparente surtout autour de la vésicule contractile. Cette houppe caractéristique peut être plus ou moins développée suivant le moment, et dans le même individu, elle pourra d'abord se voir à peine indiquée pour se montrer l'instant d'après sous la forme bien nette de fibrilles longues et serrées [Amœha laureata, etc.), ou bien de grappes constituées par des utricules serrés (Amœha nitida, nohilis), ou sous d'autres apparences encore, qui parfois NOTE 6. PLASMA 615 peuvent fournir les éléments de distinctions spécifiques. Rarement, comme dans Amœba (imh/ilacralis. quelques-uns des éléments de la houppe présentent toute l'apparence de pseudopodes véritables, linéaires et allongés, et plus rarement encore, quelques lanières s'étireront en fils très allongés et d'une finesse extrême (Pelomyaa terfia). La concentration du plasma à la partie postérieure d'une Amibe en marche existe toujours, quelle que soit l'apparence prise par l'estosarc dans cette région du corps, mais il faudrait bien se garder de voir là autre chose qu'une modification temporaire du plasma; dans une Amibe au repos, la houppe disparait, pour se reformer lorsque l'animal se remet en marche, et toujours en arrière, c'est-à-dire bien souvent dans une région diamétralement opposée à celle où la houppe existait d'abord; de même, lorsque pendant la marche l'Amibe, comme cela se voit de temps à autre, renverse brusquement son mouvement, et que la tête devient la queue et vice versa, la houppe disparait rapidement de la région où elle se trouvait et qui maintenant est devenue la tête, pour se reformer tout aussi vite à la partie maintenant postérieure de l'amibe. Ajoutons en passant qu'en même temps que la houppe nouvelle, il se forme en ai-rière une nouvelle vésicule contractile. La houppe caudale est toujours légèrement visqueuse, et entraine fréquemment avec elle de nombreux débris ; il est i)robable, comme on l'admet aujourd'hui généralement, que cette houppe joue un rôle important dans la capture de la nourriture; Greeff (41) la considère également comme organe de soutien. Dans les Rhizopodes testacés, il n'y a, même pendant la marche, pas trace de houp])e véritable ; cependant on peut y constater fréquemment, en arrière du noyau, une apjja- rence de concentration du plasma. Dans quelques rares occasions, où j'ai pu voir l'animal sortir complètement de sa coquille et se promener à l'aventure, en prenant plus ou moins la forme limace, le plasma montrait en arrière certaines modifications de structure, mais sans arriver à dessiner une houppe bien nette. Il n'y a probablement aucun rapprochement à faire entre la houppe caudale et les « épipodes » des thécanuebiens. ou prolongements qui servent à attacher le plasma au fond de la coquille. Il est probal)le (pie ces épipodes ne manquent jamais, bien que souvent la transparence de l'enveloppe ne soit pas suffisante pour permettre de les aper- cevoir. Ils se présentent comme des rubans ou plus souvent des cordes minces, droites, 616 FAUNE RHIZOPODIQUE DIT BASSIN DU LÉMAN rigides, souvent larges à leur point d'attache sur le plasma et atténuées vers les parois de la coquille. Sur une Difflufiia Hthoplites brusquement tuée par un flot d'alcool absolu, j'ai vu un jour, en brisant la coquille, tous les épipodes détachés de leur point de fixation à la paroi de cette dernière, et terminés alors à leur extrémité par une sorte de disque adhésif. Dans certaines espèces, la forme des épipodes est toute spéciale, comme dans Hya- Jofiphenia cuneata etpiinctafa (pag. 334 et 344). Le rôle des épipodes est très probablement double : en premier lieu, ils fixent la po- sition du plasma et l'empêchent de flotter dans l'intérieur de renvelo])i)e; tel doit être par exemple le rôle exclusif des épipodes latéraux lorsqu'ils existent. Kn second lieu, c'est aux épipodes qu'il faut attribuer le retrait brusque de tout l'animal au fond de la coque, retrait que l'on voit se produire sous le coup de la frayeur, ou d'un dérangement de l'ani- mal; dans ce cas tout le rôle est dévolu aux épipodes à direction antéro-postérieure, bien plus développés en général que les épipodes franchement latéraux, et souvent les seuls en existence, car ils peuvent suffire en même temps aux deux fonctions indiquées. Ce retrait brusque au fond de la coquille est rare dans la plupart des Rhizopodes, mais on peut le constater de temps à autre dans de nondjreuses Ditttugies, et par exemple dans une Diffluqiapynformis examinée sous la loupe montée, dans un verre de montre, on le produira presque à coup sûr en tourmentant avec une aiguille un pseudopode déployé ; mais la rétraction en masse à laquelle on assiste sera bien moins rapide et moins caractéristique que dans V Hyalosphema cuneata ou ï Hyalosphenia punctata. Dans ces deux espèces, remarquables par leur grande transparence, qui permet d'observer le pro- cessus dans tous ses détails, la rétraction est passée à l'état de phénomène normal et physiologique de l'espèce, facile à provoquer. Les épipodes, dans ces deux organismes, présentent une apparence particulière ; ils sont très longs, en forme de corde, recouverts souvent de petites perles liquides, et ils arrivent à un degré de tension extraordinaire. Le fonctionnement de ces épipodes a été étudié dans les pages précédentes avec quelques dé- tails, à propos de V Hyalosphenia cuneata. aussi me bornerai-je à renvoyer à la page 344 pour des renseignements plus complets sur ces organes intéressants. J'ajouterai cependant encore que la rigidité, souvent considérable, de Tépipode, semble tenir à une modification du plasma, qui tendrait, par une sorte de concentration analogue à celle qui se fait par NOTE 6. PLASMA 017 exemple dans les tiges axiales des pseudopodes de VAdinophri/s. à donner à l'organe la consistance de l'élastine. Dans une grosse Difflugie (D/ffl/i(/ia Jiflioplites) qui avait été brusquement tuée par un flot d'alcool absolu, sans avoir eu le temps de rétracter son coi'ps au fond de la coque, puis colorée au carmin, les épipodes se trouvèrent avoir gardé leur forme habituelle: en examinant alors ces épipodes nombreux et très nets après écrasement de la coquille, je constatai que tandis que le plasma tout entier s'était coloré en rouge, les épipodes étaient restés incolores. Ce fait est sans doute en rapport avec une modification spéciale du plasma; et puisque nous parlons de la coloration, j'ajouterai en passant que cette colora- tion expérimentale est parfois de nature à donner des renseignements utiles. Sous l'action du carmin administré avec précaution, on voit que c'est le nucléole qui se colore le plus fortement; puis ensuite le suc et la membrane nucléaii^es; en troisième lieu viennent les pseudopodes, qui premient une teinte rosée alors que le cytoplasma n'est pas encore touché ; enfin vient le cytoplasma lui-même, et quant aux épipodes. il faudrait probable- ment une action intense et prolongée de carmin pour les colorer. Avant de terminer ce qui a rapport au plasma chez les Rhizopodes, je voudrais signaler encore les curieux mouvements en masse du plasma interne, que l'on rencontre dans quelques rares espèces. C'est d'abord V Hyalodiscus riibicmidus. qui présente cer- tains phénomènes curieux sur lesquels HEPa'WK; et Lesser ont les premiers attiré l'atten- tion; dans cet animal on peut constater pendant la marche, un mouvement continuel d'onde agitée, et toute la masse semble être dans un état de roulement ou de brassage, comme une pâte que l'on pétrirait; à la partie antérieure et amincie de l'animal, ces mouvements internes réagissent sur la surface, dont l'apparence pourrait se comparer à de longues vagues venant les unes après les autres déferler sur une plage (voir page 162). Mais il n'y a pas là de rotation, ou de cyclose comparable à celle que l'on peut constater dans le genre Gromia. Dans les Gromies, ce phénomène présente quelque analogie avec ce qui se passe dans certaines cellules végétales (Characées); le sarcode se trouve dans un mouvement rotatoire perpétuel, et cette rotation est tantôt simple, la masse interne rou- lant tout entière sur elle-même, tantôt composée, c'est-à-dire se divisant en courants par- tiels qui se croisent sur certains points de leur parcours (voir Gromia squamosa. page 564); toutes les inclusions, proies, vacuoles, sont entraînées dans la cyclose, et le 78 61 s FAUNE RHIZOPODIQTTE DU BASSIN DU LÉMAN noyau participe également au niouvement, mais d'une manière un peu spéciale : il tourne sur lui-même, comme animé d'un mouvement propre, assez rapidement et d'une manière égale, tout en se déplaçant ([uelque peu dans l'intérieur de laGromie; parfois, après avoir tourné un instant de gauche à droite, brusquement il renversera le mouvement pour tourner de droite à gauche ; ou bien il pivotera sur lui-uiême tantôt dans un sens tantôt dans un autre. Il est probable que l'allure individuelle du noyau peut être expliquée par le fait que cet organe, grâce à sa forte taille, se trouve le plus souvent engagé entre deux cou- rants contraires, qui sans pouvoir toujours l'entraîner dans le mouvement général, le font tourner .sur place comuie une ])()ulie soumise à gauche et à droite à des frottements de directions opposées. Il est intéressant d'observer (jue dans une ( Tromie éci-asée, le plasma se disloque géné- ralement en boulettes ou sjjhérules nombreuses, qui alors, les plus grandes au moins, se mettent à tourner sur elles-mêmes par un mouvement de rotation analogue à celui que possédait auparavant le plasma dans toute sa masse. Ces phénomènes de cyclose ne sesontrencontrés jusqu'à présent, dans les organismes qui nous occupent, que dans les genres, presque identiques d'ailleurs, Gromia et Lieher- Jdilmia. Mais dans les autres Rhizopodes on peut voir quehjue chose de semb!al)le lors des phénomènes de division (EnffJypha. Trinema. etc.). Deux mots encore sur la couleur du plasma. Ce dernier est en principe toujours clair, incolore, ou plutôt faudrait-il dire d'une teinte bleuâtre très délicate; mais cette teinte, il faut le remarquer, n'est pas toujours et dans toutes les espèces exactement la même ; tantôt plus claire, tantôt moins; tantôt le bleu tire plus ou moins sur le vert; tantôt l'ap- parence est mate ou brillante. Il n'y a là d'ailleurs que des nuances, mais qui suffisent à montrer que le plasma n'est pas toujours et partout le même. (^)uant à la teinte d'un gris jaunâtre sale, que revêtent par exemple les DilHugies malades ou retirées au fond de leur coque pendant la mauvaise saison, ou bien même que montrent leurs pseudopodes en mou- vement mais malades, elle m'a semblé résulter de la présence de myriades de poussières extraoï'dinairement petites, qui probablement représenteraient des produits d'excrétion non éliminés. (^)uel(|ues Ithizopodes ont, il faut l'ajouter, normalement un plasma quelque peu jaunâtre, cendré, connne par exemple les Gromies. (^)uant à la teinte rouge que revêt la lJiffl,/<. plus rarement dans quelques autres Rliizopodes (Phryganella hemisphœrica). et auxquelles Khumbler (96) a donné le nom de Phéosomes. Ces phéosomes se comportent, sous l'influence des réactifs, d'une manière tout autre que les grains d'excrétion ordinaires. En 1899 (89) j'avais cru pou- voir avancer que ces grains jaunes représentaient peut-être quelque urate; depuis ce temps, j'ai pu prendre connaissance des travaux de Rhumbler. qui s'est livré sur ces phéosomes à des l'echerches sérieuses. Cet auteur est porté à croire que ces corps, très résistants à Faction des réactifs (voir i)age 479) ne représentent i)as une combi- naison chimique simple, mais consistent en un mélange de deux substances au moins, dont l'une, colorée, serait un sel d'oxvde de fer. Quant à la signification de ces phéosomes, Rhumblee y voit un « matériel brut pour les ])la(pies de réserve futures. » ce qui ne me parait guère vraisemblable, d'autant plus que ces phéosomes peuvent se retrouver dans d'autres Rhizopodes. dont la coquille est toute différente de celle de la Cyplioderia, et sont par exemple, connue nous \enons de le voir, caractéristiques de la PhryganeMa hemispheerica. Peut-être est-ce dans le voisinage des phéosouies qu'il faut placer ces poussières, qui vues à un fort grossissement se montrent formées de grains ronds, et qui donnent à VAmœbafluida, à la Pelamyra tertio, leur teinte généralement jaunâtre, puis les granu- lations de V Hi/alodiscNs rnhicnndKx. ou bien encore les corpuscules d'un beau rouge de brique que l'on trouve normalement disséminés à la partie antérieure du plasma dans la Difflufjia rubescetis. Quant aux grains d'un noir violacé, caractéristiques de VAmphi^o- nella violacea, et qui peuvent être dissous par l'animal daiis des vacuoles, pleines alors d'un li(|uide violet, il y faut voir des éléments d'une nature dirtërente. formés probable- ment en bonne partie d"u)i sel de manganèse, et sur la genèse desquels nous sommes dans une ignorance complète. Alliés sans doute de très près aux grains dexcivtion sont les corps plus ou moins nettement cristallisés que Ton trouve dans un grand nombre de Iîhizoi)odes. et surtout chez les Amibes. Dans VAmœba nitida, nobilis, protens, et tant d'autres, ce sont le plus souvent des corps vaguement bipjTaniidés. arrondis sur leurs arêtes, ou au contraire plus 622 faunp: rhizopodique du bassin du Léman réguliers, et où l'on peut recouiiaitre avec quehjue chance de probabilité les systèmes soit hexagonal ou rhomboïdal, soit quadratique. Dans une variété de la CypJioderia frochus ces grains, allongés et pointus aux deux bouts, nombreux autour du noyau, se montrent pour la plupart étranglés dans leur mi- lieu. Dans quelques espèces (Amœha f/rm/ulosa), ces cristalloïdes remplissent si bien le corps tout entier qu'ils donnent cà l'animal un aspect spécial, et souvent, à un faible gros- sissement, une teinte noirâtre. Certaines espèces sont remarquables par la présence ])0ur ainsi dire normale et constante de grands cristaux, qui souvent occupent des régions spéciales du corps. L'es- pèce la plus intéressante sous ce rapport est peut-être la Cyphoderia maryaritacea var. major, telle qu'on la trouve en abiindance dans le lac de Genève. Dans cet organisme, ou voit presque toujours à la partie antérieure du plasuui, des cristaux volumineux, de 3 à 6 /;i et plus, généralement au noud)re de U à 1"2, qui suivant toute apparence cristalli- sent dans le système rhomboïdal oblique; par contre, dans la partie postérieure du corps, on en rencontre souvent d'autres, volumineux aussi, et qui dans la règle sont alors nette- ment du système (juadratique. Dans un ti'avail antérieur (S9), où j'ai rendu compte des l'ésultats auxquels m'avait amené l'étude de ces cristaux, j'ai cru pouvoir assimiler ces cristaux, tant les uns que les autres, à de l'oxalate de chaux \ Dans certaines Amibes on peut rencontrer des cristaux reunircjuables non seulement par leur grande taille, mais par leur forme cristalline absohnuent régulière, leurs arêtes nettes, et leur limpidité parfaite; probablement la présence de ces cristaux est-elle nor- male dans certaines espèces (Amœha liicens, berijUifera) et a-t-elle la valeur d'un carac- tère spécifique. Chose curieuse, c'est dans l'eau pure des lacs que les cristaux m'ont toujours paru être les plus beaux, les plus grands et les plus limpides, rivalisant dans la précision de leurs lignes avec les plus belles productions de la joaillerie. La Pseudodifflufiia Archeri, qui vit également dans le lac de Genève, est remar- (juable par la pi'ésence constante d'une zone de gros corps, cristallisés avec plus ou moins de régularité, brillants et purs, située en avant du noyau; ces corjjs, qui résistent à lal- * Cette qiiestidii est Iniitée plus mu long rliiiis la partie systéiiiiilique de cet ouvrage, à l'artifle Ci/pliii- deria (voir page 480). NOTE 7. INCLUSIONS 623 rool, mais se déforment et se s'oiiflent sous l'influence de la glycérine, semblent présenter certains traits comnnins avec les pyrénoïdes du règne végétal. Un des éléments que l'on rencontre le plus fréquemment dans les Rhizopodes, c'est l'amidon, toujours en grains bleuâtres et brillants, arrondis, sphériques ou ovoïdes, et de taille très variable. Ces grains, i)arfois en petit nombre, plus souvent très noinbreu.x, et qui dans certains cas. par exemple dans des organismes à l'état de repos pendant la mauvaise saison, peuvent arriver à bourrer le corps tout entier, semblent dans certaines espèces affecter des formes i)articulières, sphériques ou ovoïdes, parfois vermiculaires, en même temps qu'ils montrent des variations dans leur teinte légèrement bleuâtre ou verdâtre. Dans un grand nombre de Rhizopodes, et surtout dans ceux qui sont caracté- ristiques de la profondeur des lacs {DiffJug'm pi/riformis, var. dariformi'i, Diffl/if/ia scalpellnm, curvicaulis, visddula, etc.), les grains d'amidon, très nombreux, sont toujours extrêmement petits. Remarquons en passant que dans ces espèces, qui ne renferment pas de Zoochlorelles (par le fait que les algues vertes manquent dans ces régions obscures) l'amidon existe tout aussi bien que dans les formes de la plaine, de sorte qu'il ne faut pas songer, comme on a cru parfois devoir le faire, à rendre la présence de l'amidon dépen- dante de celle de la chlorophylle. C'est â tort également, qu'on a parfois considéré l'amidon comme représentant des grains avalés par l'animal au même titre que les nom- breux débris qu'il englobe en passant, car on ne sait trop où l'animal récolterait ces grains, puisque les \égétaux qui les formeraient manquent dans la profondeur. Il faut donc en réalité, que l'amidon soit dans les Rhizopodes de ])rovenance endogène, et le fait de cette accumulation particulière que l'on constate lorsque l'animal entre dans un état de repos semble bien obliger â reconnaître à cet élément une utilité réelle, probal)lement en tant ciue réserve nutritive. Dans un petit nombre de Rhizopodes (DiaphorodoH, beaucoui) de Ditiiugies, etc.) mais surtout dans les représentants de la famille des Nébélides, on trouve dans l'inté- rieur du plasma de gros corps arrondis, ovoïdes, ou sans forme bien décidée, bleuâtres tirant sur le vert ou le jaune, d'apparence grasse, et qui souvent se voient entourés d'une enveloppe soii])le, parfois ridée. Ces corps ont cela de remarquable qu'ils se colorent for- tement par le carmin, tout aussi bien (pie le noyau, mais plus lentement; aussi sur des préparations microscopiiiues arrive-t-il assez souvent de considérer, grâce â cette colora- 624 FAUNE RHIZOPOniQUE DU BASSIN DU LEMAN tioii. comme polynucléés des individus chez ]es(|iiels le noyau est unique. D'après des observations nmltipliées, qui m'ont montré des transitions entre ces coi'ps soi-disant gras et les embryons internes que l'on rencontre par exemple dans certaines Pelomyra. je ne verrais pas d'impossibilité à ce qu'ils représentassent eux-mêmes des corps destinés à la multiplication de Tespèce, alliés de loin aux « Glanzkorper » ou corps luisants repro- ducteurs dont il sera parlé plus tard. En terminant cette note sur les inclusions du plasma, je mentionnerai encore, bien que le terme d'inclusions ne convienne guère ici, les vacuoles de gaz si fréquentes dans toutes les espèces du genre ArceJIa (voir ])age l-^iKi), et qui sont d'une utilité évidente pour retourner la coquille couchée sur le dos ; dans VArcdla poJypora, ces bulles de gaz, en s'accumulant dans l'intérieur de la coquille, m'ont paru également jouer un rôle dans les phénomènes d'exuviation. Tout autre est la signification des bulles de gaz, également de fort volume, que l'on rencontre parfois dans des Difflugies flottant à la surface. Ces bulles marquent un état pathologique, dû au manque d'aération de l'eau; j'ai fait à cet égard un grand nombre d'expériences, surtout sur la Diffliiffm lohostoma, et toutes ces expériences m'ont fourni le même résultat ; dans des bocaux où ces animaux vivaient par milliers, dans une boue noire et sans végétation, on en trouvait, quelques jours après la pêche, une grande quan- tité flottant à la surface; d'autres, plus nombreux encore, grimpaient contre les parois du verre, et avec une forte loupe on voyait leurs pseudopodes, en même temps que la grande bulle gazeuse qu'ils renfermaient. Au microscope, ces bulles se montraient d'une teinte légèrement bleue-rosée, avec des contours très larges et noirs, différant de ceux que pré- • sentent les bulles d'oxygène, et qui probablement doivent nous faire considérer ces bulles comme formées d'acide carbonique (comme aussi d'ailleurs les bulles ordinaires des Arrella). Les Difflugies ainsi pourvues de gaz, transportées dans un verre de montre avec de l'eau du même bocal, se mçntraient bientôt apathiques, leur corps prenait la teinte mate, grisâtre, du plasma malade, et elles finissaient par mourir, mais si, à peine retirées du bocal, on leur donnait de l'eau claire et pure, il suffisait le plus souvent de quelques instants ('io minutes) pour leur faire perdre leur gaz, qui se résorbait peu à peu, et leur rendre en même temps toutes les apparences de la santé. NOTE 8. PSEUDOPODES G25 Note 8. PSEUDOPODES D'après la structure des pseudopodes, on peut séparer les Rliizopodes eu deux grou- pes nettement tranchés, les « Lobofia » et les « Reticulosa, » qui dans leurs grands traits correspondent, les premiers aux Amœbiens et Thécamœbiens, les seconds aux Foramini- fères. Rhumbler (98) a indiqué d'une manière très nette les caractères qui distinguent ces deux formes de pseudopodes, aussi voudrais-je reproduire ici textuellement les lignes qu'il consacre à ce sujet : * Tandis que les Lobosa, comme leur nom l'indique, possèdent « des pseudopodes en général peu allongés, plus ou moins larges, lobés, digités, parfois « quelque peu ramifiés mais jamais anastomosés par leurs sommets, les BeUculosa se dis- « tinguent par la possession de prolongements dans la règle extrêmement allongés, fins, « linéaires on filiformes, qui en se répandant de tous les côtés arrivent en contact et peu- « vent s'anastomoser les uns dans les autres. C'est alors l'image réticulaire de ces anas- « tomoses qui leur a fait donner leur nom. En outre de ces différences de forme entre ces « deux groupes, il en existe encore d'autres ; les pseudopodes lobés possèdent constamment « une couche externe plus consistante, plus fortement réfringente, dépourvue de granula- « tions, hyaline, que l'on attribue à l'ectoplasma, et sur laquelle ne se remarquent pas les « petits grains qui chez les Réticulés circulent de côté et d'autre le long des pseudopodes, « tandis que les pseudopodes des « Reticulosa » se distinguent de ceux des « Lobosa, » « outre la présence deces grains en circulation, par le fait qu'on n'y peut pas reconnaître de « couche externe plus solide, mais qu'ils paraissent au contraire, comme on l'a supposé « ces derniers temps de différents côtés (BtJTSCHLi, Schaudinn, Rhumbler) posséder dans « leur intérieur une partie axiale plus dense, de sorte que les couches externes soumises « aux mouvements de circulation doivent être moins consistantes, plus liquides, que les « couches internes ». Mes propres observations me permettent d'appuyer de mon côté les conclusions de Rhumbler ; mais il existe, à mon avis, un autre caractère encore qui distingue les pseudo- podes filiformes appartenante ce sous-groupe «filosa, » des pseudopodes des «Beticiilosa»: dans les « Filosa, » les pseudopodes ne sont jamais réticulés, et si parfois, dans des cas 79 626 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN exti'aordinairement rares, on constate une anastomose temporaire entre deux pseudopodes qui viennent à se rencontrer, il n'y a là qu'un phénomène anormal, et qui ne peut en au- cune façon contredire la règle. Dans le grand groupe des Lohosa, on peut faire certainement une distinction bien nette entre les Lohosa jn'oprement dits {Diffliifjia. etc.), et les FiJosa {Cyphoderia, Eur/- Jypha, etc.), qui n'offrent entre eux que de rares termes de passages (voir les genres Crt/ptodifflugia, Phryganella) ; mais entre les pseudopodes de ces deux groupes il n'existe en somme pas de différences fondamentales, tandis que les Reticulosa possèdent un type d'une toute autre nature. Dans son ouvrage classique sur les Protozoaires (21), Delage, après avoir distingué les Foraminifères des Anuebiens par la possession pour les premiers de « pseudopodes fins, ramifiés et anastomosables, en un mot réticulés, formant, en dehors du corps proprement dit de l'animal, un riche réseau de forme irrégulière, » fait rentrer dans ces Foraminifères les genres Euçilypha, Trinema, Cyphoderia, etc., etc., enfin tous les Rhizopodes «filosa, » qui bien certainement n'ont rien à faire avec des vrais Forami- nifères, et c'est là un élément regrettable de confusion '. Mais outre cette distinction fondamentale, en Lohosa proprement dits et Filosa, il existe souvent, d'une espèce à l'autre, des différences de moindre importance, qui n'en sont pas moins réelles. Ces différences concernent pour la plupart la forme habituelle des pseudo- podes, leur nombre, leur ffuidité. Tantôt les bras sont larges et étalés, tantôt droits, digités, ou en forme de bois de cerf ou de renne, et si, bien souvent, il n'y a là que des variations de forme temporaires, qui ne dépendent que du moment ou de l'individu, fréquemment aussi on peut y reconnaître des caractères spécifiques. Dans la partie systé- matique de cet ouvrage, ces caractères spéciaux ont été indiqués au fur et à mesure des descriptions, aussi me bornerai-je à mentionner ici (juelques espèces, Amœba anibula- cralis, hotrylUs, fluida, radiosa, velafa, Cochliopodi/im diyifatnm. Difflngia capreolata, Diffltigia pulex, Hyalosphenia punctata, Phryyanella nidulus, Nadinella tenella, Pseiido- chlamys patella, auxquelles on pourra se rap])orter, et qui donneront une idée de cette ' Les genres Gromia, Liebcrhnhnia. Bioiiu/.iui. que l'on renconlre dans l'eiiu douce, sont par contre de vrais foraminifères, qu'il faut se garder de confondre avec les i' Filosa. » Peut-être la M icrogvomia socialis, que je n'ai pas rencontrée, de même que la Gijmnophrys cometa et Microcometes paludosn pré- sentent-elles par contre certaines alTinités avec les foraminifères, tout en se rapportant encore aux Filosa. NOTE 8. PSEUDOPODES (i27 grande variété, en général méconnue, dans la structure ou le fonctionnement des pseudo- podes. Les pseudopodes ne doivent pas, d'ailleurs, être considérés connue représentant ex- clusivement des organes de locomotion, ou du moins comme fonctionnant toujours connue tels ; bien souvent, surtout dans les espèces « f^losa » ils semblent tout aussi bien destinés à tixer l'animal au sol, et s'j' attachent avec une ténacité extraordinaire {Cyphoder'm Icevis, Camp'iscus, l'hryqanella paradoxu, Fse/idodifflugia fuira, etc., etc.); d'autres fois ils fonctionnent comme tentacules, se promenant de tous les côtés en plein liquide, se déplaçant tout d'un bloc et connue par un mouvement de charnière, jusqu'à parcourir un quart de cercle en une demi-seconde (Aniceba radiosa, amhulacralis, NadineMa tenella). Dans VAmœha relata, il se développe normalement, pendant la marche, un tentacule (jui d'abord se dresse, examine pour ainsi dire le milieu ambiant, puis vient se poser sur le sol oîi il se déploie en onde et joue le rôle de pseudopode, pendant qu'un autre tentacule prend naissance à son tour (page 98). Dans la Diffliujia caxireolata la marche est encore plus curieuse (page 224), et la progression se fait (dans une marche active) normalement au moyen d'un seul pseudopode, qui, d'abord fixé au sol, attire l'animal à lui, puis après avoir fonctionné, rentre dans l'intérieur du plasma et cède la place à un autre pseudo- pode de formation nouvelle. V Hyahsphenia punctata connue V Hualosphenia cimeata, ne déploient qu'un pseudopode très large et aplati, qui procède par mouvements d'ondes brusques (page 341). Il existe une théorie d'après laquelle le pseudopode est dépourvu de toute fermeté et ne peut se passer d'un soutien ; il rampe donc toujours, et ne peut que ramper. Mais il suffit d'avoir observé quelque temps pour reconnaître le peu de fondement de cette théo- rie ; le pseudopode est souvent, il est vrai, mou et coulant, mais il peut aussi, à l'occa- sion, acquérir une rigidité remarquable, et à l'état de filament allongé, se promener tout droit en plein liquide, ou même parfois exécuter à son sommet quelques battements avec ondulations qui rappelleraient celles que figure la lanière d'un fouet (NadineUa tenella). On peut citer aussi connue particulièrement intéressants ces retraits brusques du pseudopode sur lui-même, avec productions de zigzags ou de coudure en baïonnette, qu'on voit quelquefois dans les « fdosa. » 628 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN En même temps il est fort probable que la partie axiale du pseudopode ' est constam- ment plus liquide, et dans les pseudopodes larges des DifHugies, le fait est facile à véri- fier; on y voit s'y produire des courants bien nets, entraînant des micelles ou particules extraordinairement petites. Dans quelques espèces, Diffluq'm constrkta, Gentropyscis, Nehela ritrœa, des particules plus volumineuses sont entraînées dans les courants internes, mais le fait est rare ailleurs que dans ces espèces, où il représente un caractère spécifique. Le nombre des pseudopodes est presque toujours assez variable, d'un individu à un autre, ou suivant le moment; à l'état de repos ou de marche modérée, les bras seront plus nombreux, et se déploieront en rayons; pendant une marche rapide, il y en aura moins, et presque toujours si la locomotion est aussi active que possible, il n'en restera plus qu'un, long et large, qui fonctionnera à la manière de VAmœha Umax, comme une onde mouvante, ou plus rarement par des alternatives de fixation à son extrémité, qui alors joue le l'Ole d'une ventouse vers laquelle les contractions du plasma attireront l'animai (Difflngia capreolata). Mais il est des cas où le nombre des pseudopodes constitue un caractère propre à l'espèce, comme dans V Hyalosplienia cuneata dont il a été parlé plus haut ; dans toutes les Eeleopera, dont l'orifice buccal représente une fente, les pseudopodes sont nombreux, et étroits; mais cependant il ne faudrait pas se hâter de faire dépendre le nombre des pseudopodes de la forme de la bouche, car les Ihjulosphenia cuneata et p/indata par exemple, avec leur unique pseudopode, ne possèdent qu'une ouverture buccale très étroite, et par conti'e la Difflucfia elef/an.'<, munie dans la règle de pseudopodes serrés et étroits, possède une bouche ronde comme la Difflngia pyriformis et tant d'autres. Outre les fonctions qui viennent d'être indiquées, il n'est pas impossible que les pseudopodes puissent jouer à l'occasion un rôle d'une nature différente; fréquemment par exemple, surtout dans les Difilugies (Diffliu/ia urceolata. etc.), on peut voir les pseudo- podes s'étendre sur la coquille comme une nappe hyaline, et peut-être bien cette nappe y déposerait-elle une matière glutineuse faisant fonction de ciment. Dans les espèces mu- nies de cornes (Di/^^w/ym corow«, ^rce^to s^e//am, etc.) les pseudopodes aiment à s'étendre en rubans d'une corne à l'auti'e, sans qu'on puisse y voir un but quelconque. ' Dans toutes ces considérations, il n'est nalurellenient question que des pseudopodes " lohosn >■ ou « filosa, « à l'exclusion des « rdiculosa. » NOTE i). PARASITES 629 Mentionnons, à titre de curiosité, l'observation que j'ai faite un jour d'une Diffluf/ki capreolata qui après écrasement artificiel se trouva séparée en deux moitiés distinctes ; sur l'une de ces moitiés, les pseudopodes se déploj'èrent bientôt, et l'un d'eux venant à rencontrer le plasma de la moitié opposée, se fusionna avec ce plasma, puis attira à lui tout le reste du pseudopode, (jui se coupa à sa base, et cbangea ainsi de place. Le plasma qui forme les pseudopodes peut être considéré comme représentant l'ecto- plasme, amassé dans les espèces testacées à la partie antérieure du corps ; cependant une partie quelconque du plasma peut devenir à l'occasion ectoplasme et pousser des pseudo- podes; c'est ainsi que sur les Dittiugies qui avaient été fendues en arrière j'ai vu plusieurs fois se déployer dans cette région des pseudopodes aussi caractérisés que les bras normaux ; il est rare, ajoutons-le, que dans ces cas-là le déploiement de pseudopodes se fasse par les deux extrémités à la fois, et généralement c'est l'une ou l'autre des ouvertures qui seule est privilégiée. Quand par écrasement on réussit à détaclier un animal de sa coquille et à le diviser en plusieurs morceaux, chacun de ces fragments est susceptible de déve- lopper des pseudopodes; mais ces derniers, ne ressemblent alors guère aux bras normaux; ils sont plus courts, plutôt semblables aux expansions lobées des Amibes. Le plasma pseudopodi(iue, toujours clair, d'un bleu très pâle et pur, souvent cendré, se colore sous l'action du carmin, beaucoup moins rapidement que le noyau, mais plus vite que le plasma somati«pie, et bien souvent il m'est arrivé d'examiner des préparations microscopiques dans lesquelles la coloration n'avait atteint que le noyau, puis, moins fortement, les pseudopodes, tout le reste restant incolore. Les pseudopodes diffèrent en cela complètement des épipodes,qui comme nous l'avons vu (page (UT) sont beaucoup plus longs à se colorer que le cytoplasma dans sa masse. Note y. PARASITES On rencontre frécpiennuent dans les organismes qui nous occujient, des corpuscules de différente nature qui sans doute ne représentent que des parasites. Le plus souvent ce sont des spores, soit de végétaux cryptogamiques, soit de provenance animale, des 630 FAUNE RHIZUPODK^L'E DU BASSIN DU LÉMAN kystes d'iiifusoires, parfois même des desniidiées ou des dicatomées qui, loin d'êti-e enfer- mées dans des vacuoles digestives peuvent rester en parfaite santé dans le corps de leur hôte; c'est ainsi que dans des Difflugies qui, transportées dans de l'eau pure, se sont depuis des semaines retirées au fond de leur coquille et en ont fermé l'orifice par un bouchon glutineux, il arrive fréquennnent de trouver, non seulement les Zoochlorelles caractéris- tiques et vivant en symbiose, mais aussi des algues figurées et parfaitement déterniinables (Scenedesmus) ; parfois même on y pourra voir un kyste de Rotifère, dans lequel le jeune animal vit en parfaite santé. D'autres fois les corps de nature étrangère enfermés dans le plasma sont d'une na- ture indéterminable, et on ne sait par exemple à quoi rattacher les corpuscules en forme de petite cuve dont il a été parlé à pro])os de la Difflu(/ia granien (l)age 282), ou bien les spores en anneau (pie l'on rencontre dans différentes espèces, et peut-être quelquefois ces éléments pounaient-ils être un ]iroduit normal du plasma et avoir une signification , particulière, connue par exemple les corpuscules à forme de têtaid (pii ne se trouvent jamais que dans le genre Eufilypha (voir note 14). Dans la ])lupart des cas, les inclusions diverses dont il vient d'être question n'ont à proprement parler pas la signification de parasites ; ce sont des corpuscules introduits par hasard, avec la nourriture, dans l'intérieur de l'animal, et qui n'y sont pas digérés, ou qui peut-être sont destinés à ne l'être que plus tard, pour ainsi dire à la volonté et suivant les besoins de l'animal qui les héberge. (Jn ne peut pas considérer connue i)arasites les diatomées fusiformes extrêmement petites qui parfois se voient ])lantées par leur pointe, sur la coque de certaines Difflugies, et qui semblent affectionner particulièrement la Cuairhifella inespiNformis, non plus que les Flagellâtes minuscules que l'on voit nager dans l'espace libre que la Cyphoderia mar- garitacea var. major laisse au fond de sa coque. Cependant il est intéressant de remanpier que dans cette Cyphoderia, c'est presque toujours le même Flagellate, de forme bien carac- téristique (page 476, fig. S), que l'on voit profiter de l'abri offert par les parois de la coquille ; une fois cependant j'ai vu ce Flagellate remplacé par un organisme différent, appartenant du reste à la même famille. Mais il est d'autres organismes auxquels on ne peut refuser la qualification de para- sites. Ce sont d'abord ces petits cryptogames que l'on rencontre sur diô'érentes Nebela NOTE 9. PARASITES 631 (voir XeheJa lafieniformh. page 356), et qui, couvrant la coquille de leurs soies dressées, sont prolmblement identiques aux aspérités sétiformes de l'espèce pour laquelle Leidy a créé le nom de Nchehi harbata. Dans la Quadtula discoïdes, j'ai trouvé dans une de mes récoltes un grand nombre d'individus couverts, aux points de jonction de leurs plaques, de prolongements de même nature, mais beaucoup plus longs (page 379), et qui sans aucun doute étaient de nature cryptogamique. C'est aussi comme des parasites qu'il faut considérer les touffes de filaments qu'on rencontre attachées à la queue de certaines Amibes, et grâce auxquelles Leidy a créé le genre Onramœba. et Korotneeff le genre Lmiqicauda: dans une de mes pêches, la plupart des individus représentant VAmorha nobilis étaient pourvus de touffes de ces filaments mycéliaux, dont il a été parlé précédem- ment plus au long (page 67); j'en ai retrouvé de même nature mais pourtant déforme différente, dans une Amœba vespertUio (page 95). Mais les plus intéressants des corps organiques vivants que l'on rencontre au sein du plasma sont sans contredit les bactéries caractéristiques de toutes les espèces de Pelo- myxa, et que l'on peut surtout étudier dans la Pelomyxa palustris. Comme il eu a été parlé avec quelques détails lors de la description de cette dernière espèce (page 141), je ne leur consacrerai ici que quelques instants. Ces baguettes, considérées longtemps comme des cristaux, mais que Greeff indiqua le premier comme pouvant être de nature orga- nique, et pour lesquelles j'ai tâché à mon tour, en 1893 (88), de revendiquer le titre de bactéries, sont maintenant partout recomiues comme telles. ^lais je voudrais aujourd'hui attirer l'attention sur le fait que, à part une taille peut-être légèrement supérieure, les bactéries des Pelomyja présentent une ressemblance frappante avec la bactérie charbon- neuse, le Bacillus anthracis. Connue on le sait, ce dernier bacille se trouve surtout dans la terre et les endroits marécageux, et la l'elonii/ja pahisfris est caractéristique de la boue noire ; aussi ne peut-on s'empêcher de se livrer à des réflexions multiples au sujet de ce Rhizopode toujours bourré d'un microbe si rapproché du Bacillus anthracis, mais auquel ce microbe ne semble faire aucun mal. En effet, on pourra consei'ver des Pelo- myxa aussi longtemps (ju'on voudra, jamais les bactéries cpi'elles renferment ne semblent leur nuire en aucune fa(,'on, et sous ce rapport on ])()urriiit rapprocher cette association, non plus du parasitisme, mais de la symbiose. On a essayé de cultiver les bactéries de \h Pelomi/.ia. mais sans grand succès; d'après 632 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN RHmiBLER, M. D. HlLL, qui s'est livré à ces recherches, n'a pas pu obtenir de culture absolument probante. Il est à désirer que ces essais soient repris ; peut-être sont-ils des- tinés à fournir des résultats très intéressants. Les bactéries des Pelomyxa aftectioinient volontiers le voisinage des noyaux, et cela dans certaines espèces plus que dans d'autres; dans la Pelomyxa vivipara par exemple, on les trouve normalement rassemblées en une couche serrée à la surface de la membrane nucléaire. C'est ce qu'avaient déjà remarqué (Ireeff et Gruber, et le dernier de ces auteurs est sans doute dans le vrai en supposant que cette préférence pour le noj'au est l'indice d'un profit véritable que la bactérie retirerait de ce voisinage. Ajoutons que bien souvent, en même temps que les bactéries ordinaires, on trouve dans l'intérieur delà Pdomyxa des accumulations ou nids de corpuscules bactéridiformes de taille bien inférieure, et que peut-être on serait en droit de considérer comme des formes jeunes. Les bactéries telles qu'elles viennent d'être décrites, sont caractéristiques du genre Pelomyxa, et n'ont pas été décrits, au moins à l'état constant dans d'antres Rhizopodes. J'en ai rencontré cependant d'analogues, mais sous la forme de filaments très allon- gés, dans quelques espèces, surtout dans la Difflnyia hidens. ])uis dans la Gromia nigricans, où ces bactéries, très fines et composées de nombreux articles réunis bout à bout, arrivaient à 140 (ix de longueur. Dans la Pseialodifflnffia liorrkla, on trouvait ces .parasites dans tous les individus examinés. Toujours composés d'articles, dont chacun pris à part ofi'rait la plus grande ressemblance avec les bactéries des Pelomyxa, ces filaments, très fins, étaient réunis en i)aquets à la partie antérieure du plasma, et peut-être leur pré- sence était-elle alors normale et phj'siologique. Je cite encore, pour mémoire, une variété de Nehela americana (voir page 364), où les individus, rencontrés en grand nombre, se trouvaient enboinie partie à l'état de coques vides, occupées chacune par un Rotifère, lequel, fixé par son pied au fond de la coque, déployait ses roues au dehors pour les rentrer à l'intérieur au moindre signe de danger. Il ne faudrait pas voir dans la présence de ce Bernard l'Hermite un trait de parasitisme véritable, mais le fait est assez curieux pour mériter une mention, qui trouve ici sa place d'une manière assez naturelle. NOTE 10. NOYAU 633 Note 10. NOYAU Ce n'est guère que dans ces dernières années que chez les Rhizopodes, et grâce aux investigations de quelques observateurs, parmi lesquels on peut citer en premier lieu Gruber, puis Greeff et Rhumbler, l'on a commencé à accorder au noyau une certaine valeur en tant que caractère spécifique. Gruber (46) insiste à plusieurs reprises sur l'im- portance que l'on peut attacher, dans la diagnose de l'espèce, au nombre, à la taille et à la structure des noyaux, et il s'applique à démontrer que le nombre des formes différentes que peut revêtir le nucléus est sans aucun doute beaucoup plus considérable qu'on ne l'a supposé. Pour ma part, et dès le début de mes études, j'ai toujours été amené à reconnaître la justesse des appréciations de Gruber ; aussi ai-je constannnent accordé une grande importance à cet organe, et dans la plus grande partie des espèces décrites, ce n'est pas sur un individu ou deux seulement, mais, autant que faire se pouvait, sur un grand nom- bre d'entre eux, que je me suis ingénié à obtenir, soit par écrasement de la coque, soit par tout autre moyen, des renseignements satisfaisants. Le noyau chez les Rhizopodes d'eau douce présente constamment, il est vrai, le même type général, la structure vésiculaire, c'est-à-dire en principe une membrane ren- fermant un suc nucléaire plus ou moins limpide ou homogène, dans lequel sont à leur tour noyés un ou plusieurs inicléoles. Mais il existe de grandes différences dans le nombre, la taille, la nuance, la forme, la position des nucléoles, en même temps que dans l'homo- généité ou l'apparence du suc nucléaire, et ces différences ont dans la plupart des cas la valeur de caractères spécifiques. Il est bien vrai que certaines modifications peuvent se produire dans l'intérieur du noyau, et par exemple le nucléole, d'abord compact, pourra (comme dans la Cucurbitella mespUiformis dont il sera question plus tard) se creuser d'une ou de plusieurs lacunes et se diviser en fragments ; on serait même peut-être en droit de supposer que la forme pri- mitive est toujours celle d'un nucléole central, et que chaque noyau passe par certaines phases qui le font arriver à sa configuration définitive. Mais si tel est le cas, on peut dé- 80 634 FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN clarçr nettement que la phase de transformation est, dans presque toutes les espèces, en tout cas d'une durée extrêmement courte, et que neuf fois sur dix au moins le noyau, dans les individus examinés, se montrera sous une seule et même forme. Parmi les es- pèces que j'ai étudiées, il en est d'assez nouibreuses qui m'ont permis d'examiner un nombre considérable de noyaux, sans que jamais j'y aie pu découvrir autre chose que les caractères habituels à l'espèce. A ces considérations on peut encore ajouter que sur des exemplaires trouvés en couple, et où l'un des individus représente un produit de division terminée, on voit la plupart du temps le noyau jeune pourvu déjà de sa structure caractéristique. Le type général du noyau, connue il a été dit plus haut, est celui d'une sphère ou parfois d'un ellipsoïde, oii l'on doit considérer trois éléments, la membrane, le suc nu- cléaire, et le ou les nucléoles. La membrane est toujours transparente, hyaline, lisse et souple; mais cette sou- plesse, qui probablement est directement proportionnelle à l'épaisseur de la membrane, varie suivant les espèces, et d'une manière générale on pourrait peut-être dire, que dans les formes nues, oii le noyau est appelé à courir continuellement dans les liquides internes, la membrane est plus souple que dans les formes testacées. Dans quelques Amibes, Aniœha Umax, striata, etc., le noyau se déforme continuellement, et la membrane est très mince et pâle. Parfois, au contraire, la membrane nucléaire semble avoir acquis pour la même raison, c'est-à-dire pour résister aux chocs, une consistance plus ferme, comme dans la (iroinia squamom. où le noyau est continuellement sous l'influence de la cyclose caractéristique du plasma. La membrane nucléaire ne joue, me semble-t-il, bien certainement que le rôle d'en- veloppe protectrice, au même titre que la coquille relativement au plasma ; mais elle ne saurait être comparée à cette dernière ; elle est elle-uiêuie foruiée d'un plasuia différencié en membrane, et qui peut, suivant les besoins, se ramollir ou se résorber en un temps très court. Lors des phénomènes de division, par exemple, on voit cette membrane se ramoUir, parfois sur toute sa surface en même temps, d'autres fois plus vite sur une région que sur une autre (peut-être même normalement aux deux extrémités d'une ligne qui coïnciderait avec le grand axe de l'animal), puis se résorber complètement, pour se reformer plus tard autour des nouveaux nucléoles. Dans Y Aniœha nohiUs, où l'on voit fréquemment les NOTE 10. NOYAU • 635 noyaux se diviser pom- augmenter le nombre de ces organes dans le sein du plasma, le noyau se coupe en deux hémisphères, qui s'écartent l'un de l'autre après résorption de la membrane suivant un sillon équatorial ; puis chacune des enveloppes hémisphériques ainsi formées rapproche ses bords et tinit par entourer le noyau de nouvelle fonnation d'une membrane sphérique continue. Quant au suc nucléaire, il se présente soit connne une couche homogène, qui à la vue tigure un anneau entourant le imcléole, soit comme une masse qui remplit tout l'in- térieur du noyau, et dans laquelle nagent des nucléoles en nombre variable. Le suc nucléaire n'est pas, connne on l'a considéré quelquefois, un liquide indiffé- rent; il représente plutôt une pâte semi-fluide, plus ou moins claire, souvent homogène, mais fréquemment aussi très finement granulée, surtout dans ses couches extérieures. Sous l'action du carmin, le suc nucléaire se colore, d'une manière moins rapide et moins in- tense que le nucléole, mais lorsque le réactif a agi longtemps, le suc nucléaire arrive à ne plus se distinguer de ce nucléole. Sur des noyaux plus ou moins comprimés, on peut voir quelquefois (fig. 14, 15) la membrane nucléaire s'écarter du suc nucléaire, en laissant une marge vide entre elle et ce dernier, et toute la masse du suc nucléaire semble même parfois, comme je l'ai vu distinctement dans la Difflugia capreolata, entourée d'une pelli- cule très fine, qui à l'état normal doit ])laquer contre la paroi interne de la membrane nucléaire. Quant au plasma nudéolaire ou essentiellement chromatique, il peut se présenter sous la forme, soit d'un nucléole unique, soit de fragments noyés dans le suc nucléaire. Le nucléole, s'il est unique, est presque toujours central, de fort volume, d'une teinte bleuâtre ou verdàtre plus prononcée que celle du reste du noyau, mais qui peut varier d'une espèce à l'autre. Il tranche toujours assez fortement sur le suc nucléaire, plus dans certaines espèces que dans d'autres, et parfois même il semble s'être durci à sa surface en une couche plus dense et plus réfringente (Aiimbu fluida, pag. 43). Il est possible que le nucléole central soit normalement rattaché à la membrane nucléaire par des prolongements rayonnants d'une finesse extraordinaire, dont l'exis- tence semble même nécessaire pour permettre au nucléole de conserver, comme il le fait, sa position centrale, pendant les déformations du noyau dans son ensemble. Dans quelques rares occasions, j'ai cru voir distinctement quelques-uns de ces filaments comiectifs (fig. 3). TYPES DE NOYAUX Amieha Umax. — 2-3. Amœha fluida. — 4. Amœha annulata. — 5. Amœba proteus, rar. - G. Amœha nitida. — 7. Amœha faseiculata. — 8. Amœha hylohates. — 9. Amœha terricola. — 10. Pelomyxa palustris. — W.Pelomyxa binuckata. -- 12. Felomyxa prima. — 13. Difflugia urceolata. — 14. Difflugia hidens. — 15. Difflugia capreolata. — 16. Po«- tigulasia spectabilis. — 17. a et b. Cucurhitella mespiliformis. — 18. Nebela vitrsea. — 19. Phryganella nidulus. — 20. Pamphagus hyalinus. — 21. Cyphoderia margaritacea, var. major. — 22. ?/7^«r/m m^reo/fl/rt. Nucléoles extrêmement petits, disséminés en traînées dans le sein d'un plasma ou suc inicléaire poussiéreux. Fig. 16. Poutifiulasia spedahUis. Nucléoles aplatis-fusiformes, plaquant contre la membrane, avec vacuoles. Fig. 17. CitcnrhMla mespilifon)iis. En a, nucléole gramilé, pâle, creusé d'une grande lacune centrale, avec une autre plus petite; eu h. nucléole encore central, avec pe- tites lacunes ; dans le suc nucléaire finement granulé, on remar((ue (jnelques petits frag- ments nucléolaires arrondis (voir page 311 pour les transformations habituelles du nu- cléole). Fig. 18. XcheJa ritrcca. Suc nucléaire cendré, rempli de nucléoles extrêmement petits, en groupes réunis par de fines traînées. Fig. 19. Phryfiavella nidulns. Noyaux nombreux, avec plasma grisâtre entouré 640 FAUNE RHIZOPODIQDE DU BASSIN DU LÉMAN d'une mai'ge plus claire, et clans lequel se voient quelques nucléoles arrondis, peu appa- rents. Fig. 20. l'ampJimjus liyalinus. Nucléole central de taille relativement très faible, globuleux, dans un suc nucléaire très clair et limpide. Fig. 21. Cyphoderia marcfaritacea, var. major. Suc inicléaire poussiéreux, compact, rempli de tines granulations, et dans lequel nagent des )mcléoies arrondis, pâles, de faible taille. Fig. 22. Assulina seminulum. (^)uelques nucléoles en noud)re très restreint, souvent deux, trois ou quatre, parfois un seul, et alors plus gros, noyés sans ordre dans un suc nucléaire poussiéreux. Fig. 23. Amphitrema Wrù/hfiannni. Suc nucléaire clair, avec quelques petits nu- cléoles globuleux pâles. Fig. 24. Gromia Brnvneri. Suc nucléaire clair, finement poussiéreux, à nucléoles aplatis, souvent à contours amiboïdes, serrés les uns contre les autres ou peut-être fu- sionnés. Fig. 25. Gromia. fiquamom. Nucléoles fusiformes réunis en un iinneau très franc, formé de plusieurs couches, se détachant très nettement d'une zone interne semi-liquide dans laquelle on voit nager quelques petits nucléoles amiboïdes (voir page 565 pour la description du noyau dans cette espèce intéressante). Sous le rapport du nombre on peut diviser les Rhizopodes en uiiinucléés et plurinu- déés. La plupart des espèces ne renferment ((u'un noyau ; d'autres en possèdent normale- ment deux, comme presque toutes les Arcella, puis les Biffluqia hinudeata et molesta, et la Pelomyxa hinudeata. Mais il existe un certain nombre d'espèces qui sont normale- ment multinucléées (différentes Amœba et Petomy.ra, Difflugia urceolata, PkryyaneUa mduJus, etc.), et dans ce cas le nombre des noyaux est excessivement variable, soit suivant l'espèce (Pelomy.ra Belevskii, Pelomyxa palustris), soit dans une même espèce suivant les individus. Dans le sein d'une même espèce on peut dire d'une manière générale que la taille des noyaux est en raison inverse de leur nombre, et le fait provient sans doute de ce que les noyaux s'y multiplient par divisions succes- sives. Dans la Diffl/(f/ia urceolata (ou plutôt /eic.s), Blanc (6) a déjà figuré des noyaux en cours de division, et dans VAmnéa nohiHsi on ])eut dans certains exemplaires en NOTE 10. NOYAU 641 trouver un grand nombre à tous les stages de ce phénomène (Penard, 89). Dans la PeJomijja jMrado.ra. on observe soit un seul noyau très gros, soit deux, trois, ou un nom- bre beaucoup plus considérable. Il faut remarquer que dans cette espèce, le noyau, lors- qu'il est unique, se voit normalement pourvu de plissements, ou invaginations destinées en apparence à augmenter la surface occupée par la couche des nucléoles. Cette l'elomyxa nous amène alors à certains rapprochements, concernant V Amœba nitida et V Amocha no- bilis. Ces deux belles espèces, très caractéristiques, ne diifèrent en effet l'une de l'autre qu'en ce que la première est uninucléée tandis que la seconde possède un nombre consi- dérable de noyaux. Or VAmirlm nitida présente encore plus distinctement que la Peh- myxa paradoxa. ce phénomène d'invagination de l'enveloppe nucléaire, et la couche des nucléoles y est plissée en véritables circonvolutions. On serait donc en droit de conclure que ces deux espèces, Amœha nitida et nobilis, n'en font qu'une, et qu'ici comme dans dans la Pelomyxa. il arrive un moment où le noyau, après avoir cherché aussi longtemps que possible à se développer en surface, a fini par ne plus pouvoir le faire, et par se divi- ser en fragments dont chacun représente un noyau (v. page 70 et 151). II faut remarquer en effet que dans la règle générale, mais qui souffre cependant de nombreuses exceptions, les espèces très grandes sont plurinucléées (toutes les Felomyxa, Diffluf/ia lebes, urceolata, etc.), et l'on pourrait alors rattacher le fait aux considérations suivantes: Dans le groupe des Rhizopodes, la masse du noyau ou, dans les espèces pluri- nucléées, la masse des noyaux dans leur ensemble, est directement proportionnelle à celle du corps tout entier: c'est là un fait qui semble en désaccord avec les idées généralement adoptées, mais que je crois pouvoir donner comme certain dans ses traits généraux. Or le noyau semble ne pas pouvoir dépasser un certain maximum, qui sex'ait de 70 [j. environ, et au delà duquel cet organe serait peut-être gêné dans son développement ou son exis- tence. Mais dans les espèces de très forte taille, ce maxiuuim de 70 p. ne constituerait qu'un volume encore trop faible comparé à celui qu'exigerait la masse de l'animal, et le noyau aurait alors intérêt à se diviser '. Il faut ajouter que si, en règle générale, coumie nous venons de le voir, la masse du ' Je n'ai cependant nullement l'intention de dire par lij que de petites espèces doivent nécessaire- ment être uninucléées, car la multiplicité des noyaux peut provenir sans doute de causes diverses. 81 642 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN noyau est proportionnelle à celle du corps, cette règle souffre sans doute des exceptions. Mais ces exceptions ne sont, souvent en tout cas, qu'apparentes; c'est ainsi que dans VAmœba alreolata, le noyau est petit relativement à la taille de cette Amibe ; mais cette dernière étant fortement vacuolisée, la masse de plasma est moindre en réalité que ce qu'elle parait être. D'autres fois, comme dans VAmœha citriiia, et surtout dans le groupe des « Filosa » presque tout entier, il semble y avoir contradiction entre la théorie et la réalité, car ces espèces sont, pour la plupart, remarquables par un noyau de taille relativement forte {Euglypha, Pamphaqus, Trinema, etc.. etc.). Mais il faut remarquer que ce qui est surtout abondant dans ces espèces, c'est le suc nucléaire, et que le nucléole, ou la masse formée par les imcléoles partiels, est presque toujours relativement très faible '. On pourrait même faire à ce sujet une distinction curieuse entre les « Lobosa » et les « Filosa. » Dans ces derniers, où nous venons de voir que la masse nucléolaire est plus faible que dans les premiers, la masse formée par les pseudopodes est beaucoup plus faible aussi. On pourrait donc, en poussant les conséquences de la théorie un peu plus loin et en s' aventurant, il est vrai, peut-être plus qu'il n'est raisonnable dans le domaine de l'imagination, poser en principe, non seulement que la masse du noyau est proportioinielle à celle du plasma, mais encore, que la masse du nucléole est proportionnelle à. celle des pseudopodes. Mais cette théorie, qui si elle était vraie ne laisserait pas que de présenter le plus grand intérêt, n'a sans doute pour le moment d'autre valeur que celle d'une possibilité plus ou moins problématique, et c'est comme telle que j'ai cru devoir l'in- diquer ici. Dans les formes nues, le noyau n.'a pas de position fixe au sein du plasma, et on le voit entraîné à l'aventure dans les courants qui parcourent le corps; mais plus l'enveloppe qui entoure l'animal acquiert de consistance, plus la place occupée par le noyau tend à conserver sa fixité, et dans toutes les espèces à coquille, le noyau, lorsqu'il est unique, est invariablement logé en arrière de l'animal, c'est-à-dire tout près du fond de la coque. On ' Les exceptions à cette règle, assez nomijreuses. et représentées par les genres Campascus. C//phu- deria et d'autres, où le noyau est rempli d'un plasma grisâtre compact, n'ont peut-être pas l'importance qu'elles semblent montrer, car dans ces espèces, la n)asse compacte représente le suc nucléaire, et les nucléoles constituent un volume assez faible. NOTE 10. NOYAU 643 peut mentionner également ici ce fait très général, que dans les espèces testacées, il existe presque toujours tantôt une, tantôt deux vésicules contractiles aux côtés du noyau (voir note suivante). Il sera rendu compte, dans des notes subséquentes, des quelques observations que j'ai pu faire sur la division du noyau, ainsi que des essais de niérotomie auxquels je me suis livré. Pour le moment, je voudrais me borner à attirer l'attention sur la résistance toute particulière que montre le nucléus à l'égard des facteurs qui tendent à la désintégra- tion du plasma. D'après un nombre considérable d'observations, j'ai pu m'assurer que le noyau est le dernier à subir le contre-coup des influences nocives qui agissent sur l'aidmal. C'est ainsi que dans VAniœba terrkola, il m'est arrivé à différentes reprises de trouver l'animal réduit à la seule pellicule qui, comme on le sait, l'entoure de toutes parts; le plasma mort ne se montrait plus que sous forme de traînées poussiéreuses, et le noyau seul, avec sa forme et sa structure habituelles, avait résisté à la désintégration. Au mois de septembre, ayant mis un jour cinq exemplaires de Pelomî/.ra BeJerskii dans un verre de montre avec quelques gouttes d'eau, je trouvai le lendemain tous les animaux morts, avec plasma décomposé, rempli de poussières, et de microbes qui tourbillonnaient par milliers dans des vacuoles ; mais les noyaux étaient tous en parfait état. Dans une Bifflugia binu- deata écrasée pour en examiner le contenu, on ne voyait plus que les deux noyaux carac- téristiques, le plasma mort étant remplacé par des débris de toute sorte. C'est du reste un fait de cette nature qu'on peut constater assez souvent dans les Arcella. et je possède entr'autres une préparation microscopique iV Arcella ruJriaris où l'on ne voit, dans une coque vide, que les deux noyaux caractéristiques, à leur place normale aux deux côtés de l'ouverture buccale, montrant leur membrane nette, leur nucléole central fortement teinté en rouge par le carmin, et le suc nucléaire plus faiblement coloré. De même toutes les fois que j'ai examiné des Ditflugies qui après être restées longtemps dans des bocaux et sans nourriture, étaient mortes soit d'inanition soit d'asphyxie, le noyau seul avait persisté à garder son apparence habituelle. Ces observations, auxquelles on en pourrait ajouter d'autres, me semblent de nature à infirmer les données de Blochmann (10), qui d'après l'examen d'une Eunhjpha, arrive à la conclusion que « le noyau n'a pas le pouvoir, lorsqu'il est isolé un instant seuleuient « du plasma, de conserver l'état de vie. » 644 FAUNE KHIZOPODIQUE UU liASSlN DU LÉMAN Cependant il est difficile de dire si le noyau, rencontré avec toute l'apparence de la santé lors même que l'animal est mort depuis plusieurs heures, et même plus d'un jour, est bien réellement en état de vie. Peut-être la vie n'existe-t-elle plus, et l'apparence de fraîcheur que le noyau revêt encore n'est-elle que le résultat de la protection efficace de sa membrane. Je mentionnerai à ce propos un fait assez curieux : Dans mes expériences d'isolement du noyau, j'ai cru observer, par exemple dans la Dlfflugia binudeata, que ces noyaux, à peine libres au dehors, changeaient quehpie peu d'aspect; la teinte générale devient un peu plus foncée, les contours du nucléole plus francs, et les ponctuations du plasma nucléolaire plus grossières. Peut-être y a-t-il là erreur de nui part, mais peut-être aussi ce changement d'aspect est-il réel, et dû alors, on pourrait le croire, à l'influence subite d'une plus vive lumière. On pourrait supjioser alors, bien que cette opinion ne me semble pas très vraisemblable, que ce changement d'aspect est l'indice de la mort véri- table, et dans ce cas ce serait une confirmation des idées de Blochmann. Ajoutons enfin que le noyau conserve très longtemps sa faculté de coloration rapide ; sur un nombre très considérable d'exemplaires de Bifflngia Johostoma, qui avaient passé tout l'été, à sec et au fond d'une boite, sur une lamelle de verre, et dans lesquels la vie s'était depuis quatre mois éteinte, je vis les noyaux, et les noyaux seuls, se colorer très rapidement sous l'action du carmin. Note 11. VESICULE CONTRACTILE Si l'on excepte les monères, dans lesquelles on n'a pas pu jusqu'à présent constater la présence de cet organe, puis quelques autres organismes, peu nombreux, où les fonctions semblent en être i-emplies par un grand nombre de petites vacuoles dissé- minées par-ci par-là, on peut dire que la vésicule contractile constitue un élément essen- tiel du plasma dans toute la série des Rhizopodes. Il a été décrit, il est vrai, un certain nombre d'espèces dans lesciuelles cet organe semblait manquer, mais presque toutes, revues plus tard et étudiées plus à fond, ont fini par montrer l'existence de cet élé- ment, paresseux quelquefois et disparaissant pour longtemps, d'autres fois presque NOTE 11. VKSICULE CONTRACTILE 645 toujours caché à la vue par la cocjuille ou le contenu du plasma, mais réel en tout cas, et l'on peut poser en principe que la vésicule contractile ne manque en fait dans aucun Rhi- zopode d'eau douce pourvu d'un noyau. La vésicule contractile se distingue des vacuoles ordinaires par divers caractères, qui, s'ils nous laissent encore reconnaître à ces deux éléments une même origine, mon- trent dans la première un progrès évident dans le sens d'une différenciation tendant à en faire un organe permanent. Et pourtant, ce n'est là (pi'une tendance, car la vésicule contractile n'a en fait qu'une existence éphémère ; elle nait, croit et meurt, soit à la même place, soit loin de son point d'origine, pendant qu'il s'en forme une autre aux dépens du plasma, et cela alors dans la règle (mais pas nécessairement) à la place même où la première vésicule avait pris naissance. La vésicule contractile est la plupart du temps de taille beaucouj) plus forte que les vacuoles ordinaires ; elle ne possède pas, si l'on veut, de membrane propre au sens réel du mot, puisque la couche de plasma homogène et résistant qui la circonscrit perd avec elle, lors de la systole, son existence en tant que membrane ; mais il faut pourtant reconnaître que cette couche spéciale, tant que la vésicule existe, se montre analogue à une enveloppe véritable, souple, et déformable à l'occasion (par exemple pendant que la vésicule est en- traînée dans la circulation hiterne), extrêmement résistante, visible parfois comme une membrane à double contour, et grâce à cette membrane la vésicule tout entière peut être isolée, et examinée en pleine eau loin du corps dont elle a été détachée (voir plus loin page 657). La vésicule contractile diffère également des vacuoles ordinaires par une force de tension osmotique, ou de « turgescence » toute particulière, qui lui permet de garder ses contours arrondis et de refouler sans se déformer, dans les espèces où le plasma est nor- malement alvéolisé, les vacuoles qui se pressent à ses côtés, et qui, elles, par leur compres- sion réciproque ont acquis la forme alvéolaire. La vésicule contractile n'est à son origine qu'une bulle extraordinairement petite, mais plus souvent encore on peut s'assurer par un exa)uen attentif (pfelle est le produit de plusieurs bulles nées les unes à côté des autres, qui grossissent i)eu à peu, même ])ar- fois jusqu'à une taille volumineuse, puis éclatent les unes dans les autres. Le phénomène '••■.-•' ;U- •■■^^,^,:.-- 1Û ^l VESICDLE CONTRACTILE Amœha terricola. — 2. La même, commençant à être entraînée en avant. — 3. Une autre, dans la même espèce ; on voit les plissements de la membrane de l'Amibe. — 4. Amœba proteus, var. ; quelques petits grains sont projetés contre la paroi, pen- dant la systole. — 5. a, b, c. Point de rencontre de deux vacuoles, éclatant l'une dans l'autre. — 6. a, b. Amœha proteus, var. ; en a systole commençant ; en b, elle est terminée ; on voit une petite lumière centrale, représentant un espace qui n'a pas été rempli. — 7. Amœba hylobates ; vésicule à l'état de diastole, et qui plus tard s'est vidée devant quelques organismes minuscules sans produire sur eux aucun effet. — 8. a, b, c, d. Amœba hylobates ; vésicule presque isolée du plasma, sur une Amibe écrasée ; on voit sa membrane se résorber tout d'abord en arrière ; en â. le reste de la menibi'ane vésiculaire antérieure est visible comme un lambeau. — 9. Cyphoderia calceolus ; en a, diastole ; en b, systole, avec affaissement du plasma. — 10. Cyphoderia Ixvis ; en a, diastole ; en 6, systole, avec gonflement du plasma. NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 647 de cet éclatement est alors intéressant à observer ; on voit deux vésicules arriver en con- tact par leurs parois (lig. 5 a), puis ces parois se soudent et se fusionnent, en même temps que la compression réciproque devient plus forte, et bientôt les parois fusionnées ne fi- gurent plus qu'un pont (tig. bh) ; le pont s'amincit, et brusquement on le voit se couper en son milieu, et ses deux moitiés séparées se rétracter rapidement sur elles-mêmes (fig. 5 c), en même temps que la vésicule maintenant unique s'arrondit. Mais la plupart du temps la vésicule grossit régulièrement et continuellement, en apparence par elle-même, et comme par un phénomène d'osmose. Cependant, en exami- nant avec le plus grand soin la surface des grosses vésicules de VAmœba Proteus, Amœha laureata, Amœha terricola et de quelques autres, j'ai pu voir parfois distinctement la vési- cule entourée d'une véritable couche de vacuoles extraordinairement petites (1, 2, 3 [x), qui revêtaient la membrane vésiculaire comme d'une fine dentelle, et éclataient conti- nuellement, sans doute alors pour joindre leur conteim à celui de la grosse vésicule. Dans les Amibes, c'est normalement à l'extrémité postérieure de l'animal que se forme la vésicule ; mais il anùve fréquemment qu'une fois à moitié formée elle quitte sa place, pour courir entraînée par les courants internes, tout en continuant de grandir; mais dans ces cas alors, il finit le plus souvent par arriver un moment où sa course est arrêtée, peut-être à cause de sa taille devenue trop volumineuse ; le plasma en mouve- ment glisse alors à ses côtés sans Tentrainer, et elle se trouve ainsi ramenée effective- ment en arrière, où elle finit par éclater. Fréquemment, comme nous l'avons vu, il s'est formé à la queue, en son absence, une nouvelle vésicule, et c'est pour cela que dans cer- taines Amibes, surtout dans les grandes espèces, Amœha nitida, nohilis, etc., etc., on voit très souvent deux, trois vésicules à la fois, et qui chacune ont pris naissance sur un seul et même point, pour être entraînées dans des régions différentes du corps. Ces dernières espèces peuvent être considérées encore, malgré la présence éven- tuelle de plusieurs vésicules, comme en principe « univésiculaires;» mais il en est beaucoup d'autres dans lesquelles on trouve normalement un nombre plus ou moins considérable de vésicules, qui naissent et meurent chacune à la même place, et semblent alors en général fonctionner d'autant plus lentement qu'elles sont plus nombreuses et que le volume qu'elles représentent est plus considérable relativement à celui du plasma. Peut-être est-ce même là la raison pour laquelle on est souvent porté à nier l'existence de vésicules contractiles 648 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN dans différentes espèces [Pelomyxa, etc.) où les petites vacuoles se trouvent en nombre immense, et remplacent en fait la vésicule contractile normale des autres Amibes. Dans les Rhizopodes testacés, oïl le plasma n'est pas couime dans les Amibes sujet à des changements continuels, la place occupée par la vésicule contractile est plus fixe. Dans ces espèces, on peut s'attendre cependant encore à trouver des vésicules contrac- tiles dans une région quelconque du corps, mais l'on peut dire, si l'on t'ait abstraction des espèces pourvues normalement d'un grand noudn-e de ces organes, qu'il existe deux ré- gions distinctes, normalement occupées par la ou les vésicules contractiles, d'abord la partie antérieure du corps, à la naissance du plasma pseudopodique, puis les côtés du noyau, et j'appuierai même sur le fait, qu'il est extrêmement rare qu'après avoir examiné quelques individus appartenant à une espèce testacée quelconque, on ne finisse par re- connaître que cette espèce possède normalement une vésicule contractile, et souvent deux, aux côtés ou un peu en avant du noyau. Nous reviendrons dans un instant sur ce point, qui peut avoir son intérêt. Quelles sont les fonctions de la vésicule contractile? On a beaucoup écrit sur ce sujet, et pourtant la lumière est loin d'être faite encore. C'est un organe, pour les uns d'excrétion, pour les autres de respiration, ou bien aussi destiné à entretenir dans le plasma une sorte de circulation des liquides internes. Pour d'autres enfin, la vésicule a des fonctions tout à la fois excrétrices et circulatoires, et c'est cette opinion qui semble actuellement réunir le plus de suffrages. Cette question est de la plus haute iuiportance i)our la compréhension de l'orga- nisme tout entier des Rhizopodes, et il vaut la peine que nous nous y arrêtions un instant. Et d'abord, il est à cet égard une question d'intérêt capital, qui si elle était résolue suffirait à elle seule pour nous renseigner définitivement : la vésicule contractile se vide-t-elle à l'extérieur, ou dans l'intérieur même de l'animal? Pour un certain nombre d'auteurs, Claparêde et Lachmann, Greeff, et quelques autres, la vésicule se vide dans l'endoplasma ; pour d'autres, Butschli, Blochmann, etc., la vésicule s'ouvre lors de la systole par un pore qui se referme aussitôt après avoir expulsé son contenu au dehors. Rhumbler (98) pense que les lîhizopodes peuvent être divisés en espèces chez lesquelles la vésicule éclate au dehors, et en espèces chez lesquelles elle se vide en dedans. A l'heure actuelle c'est la théorie de l'éclatement au dehors qui est de beaucoup NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 649 le plus en faveur, et on peut même dire, qui seule est acceptée de ceux qui n'ont pas fait d'études spéciales sur le sujet. Pour ces derniers cette théorie ne fait plus de doute, et, comme on dit dans les sphères diplomatiques, « l'incident est clos. » Mais la question est-elle vrahnent résolue? Je ne le crois pas, et quand on examine les faits sur lesquels on s'appuie pour la considérer comme telle, on ne peut s'empêcher de leur reconnaître une valeur bien peu significative. Quels sont ces faits ? Delage, après avoir examiné la question, les résume en ces termes : « Mais les observations récentes « de Butschli, confirmées par Blochmann, nous ramènent à l'opinion la plus naturelle. « Ce dernier a nettement vu chez une Amibe, la vésicule s'ouvrir au dehors à chaque « systole. » Le fait de voir ne prouve pas grand'chose en lui-même, tout dépend de la manière dont on a vu, et dans le cas particulier de la vésicule contractile, le phénomène se montre, on peut le dire, toujours nettement sous la forme d'un éclatement au dehors, et il faut toute la force d'observation dont on est capable pour s'empêcher de voir une réalité là où il peut n'y avoir qu'une apparence. Mais en précisant les faits rapportés par Blochmann, on ne peut s'empêcher de leur attacher une importance assez minime ; Blochmann (8) cite à l'appui de sa thèse trois observations ; d'abord celle d'une Amœba Proteus qui avait été longtemps sous le couvre-objet, et dont la vésicule était devenue très grande (c'est-à-dire malade); cette vésicule éclata alors en éliminant un petit courant de plasma avec grains d'excrétion. Blochmann ajoute qu'il y a là, sans doute, un phénomène pathologique, mais de nature pourtant à montrer que la ])aroi de la vésicule se perce. Les deux autres cas cités par Blochmann, et où la vésicule éclata distinctement au dehors, concernent des Infusoires, dont Tun avait une vésicule comprimée par un amas de nourriture (Zooglea) qui l'empêchait de croître normalement, et l'autre montrait une vésicule contractile qui, très longtemps comprimée sous le couvre-objet, avait acquis une taille considérable. Or ces trois cas cités par Blochmann sont tous pathologiques, et pourraient être mis en regard des expériences d'écrasement dont il sera question tout à l'heure, mais ne prouvent absolument rien par eux-mêmes. Quant aux observations de Butschli (15), elles se bornent aux considérations sui- vantes : « Comme Greeff a de nouveau récemment mis en doute l'évacuation du con- « tenu des vésicules contractiles au dehors, je ferai remarquer qu'à l'occasion de ces 82 650 FAUNE RHIZOrODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN « études (sur les écumes microscopiques, trad.) j'ai observé très clairement, sur plusieurs « Amibes, que la vacuole ne disparait jamais que lorsqu'elle confine directement à la sur- « face, et qu'elle se referme (zusannnensinkt) toujours de l'intérieur à l'extérieur. C'est « potirquoi je ne doute ^ms de leur évacKation à t' extérieur. » Or les observations mêmes de BûTSCHLi sont justes, mais la conclusion (lu'il en tire n'en découle nullement, et n'est pas de nature à apporter un appui (pielconque à la théorie ; le fait que la vésicule ne se vide, ou plutôt disons ne se renq)lit, qu'une fois arrivée à la surface, et que ce remplissage a lieu de l'intérieur à l'extérieur, donne immédiatement il est vrai rinq)ression d'une évacuation au dehors, mais c'est justement cette impression, inévitable à quiconque exa- mine le phénomène, qu'il faut se garder, en l'absence de tout fait ijui la corrobore, d'en- visager comme correspondant nécessairement à la réalité. Rhumbler (98), qui a étudié le fonctionnement de la vésicule contractile dans V Ânuielni verrucosa. a observé que « dans des conditions favorables on pouvait voir de petits corps « étrangers, bactéries ou autres, emportés au loin par le licpiide expulsé de la vacuole. » Un autre observateur ' dit avoir constaté le même fait en répandant autour de la vésicule du carmin en parcelles d'une ténuité extrême (ou peut-être aussi de l'encre de Chine?). Remarquons en passant que le fait d'être obligé d'employer des poussières d'une finesse extraordinaire i)our obtenir « duns des conditions favorables. » un résultat quelconque est de nature à faire réfléchir ; la vésicule contractile d'une Amœba verrucosa ou Proteus est à un microbe ce que la coupole du Panthéon serait à un honnne nageant entre deux eaux, et un simi)Ie calcul de physique, basé sur le volume d'un ballon de verre de cette taille et la rapidité avec laquelle il viderait son contenu à l'extérieur, permet de concevoir que le jet produit emporterait non pas des hommes, mais des maisons. On peut d'ailleurs se rendre compte du fait en examinant des vacuoles de nourriture, qui, elles, éclatent au dehors, et, bien que souvent inférieures au volume de la vésicule contractile, balayent tout ce qu'elles trouvent sur leur passage ; ou bien encore par des expériences sur l'éclate- ment de la vésicule par écrasement artificiel, et dont les effets sont les mêmes. Mais, outre ces considérations, on peut citer des faits qui tendraient à infirmer les conclusions de ' Impossible de retrouver lequel: j'ai lu le l'nit incidemment je ne sais plus où; peut-être aussi s'agissait-il d'Infusoires. NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 651 Rhumbler ; pour mon compte je me suis livré à un grand nombre d'expériences de ce genre, sur des vésicules saines et fonctionnant normalement, tant dans Amwha terricola que dans Amœba proie us, var., puis Amwha hylohates, et d'autres; plusieurs fois j'ai vu la vésicule éclater ' dans la proximité immédiate de bactéries, ou d'autres organismes infiniment petits, et jamais avec aucun effet appréciable (tig. 7) (sauf en tant que phéno- mène d'un tout autre ordre (voir paragraphe suivant), et différents essais avec du carmin en poudre extraordinairement tine m'ont fourni les mêmes résultats ; dans VAmœba Proteus, on peut voir également quelquefois la vésicule entourée sur ses bords immédiats de la houppe de filaments caractéristiques, et lois de la systole ces filaments ne trahissent pas le plus léger mouvement. Cependant les observations de Rhumbler peuvent encore répondre à la réalité, et voici alors comment j'expliquerais le fait : la vésicule contractile lors de la systole, ou bien, et c'est le cas le plus fréquent, se remplit de plasma, d'arrière en avant, en gardant ses contours extérieurs, ou bien parfois, en même temps qu'elle se remplit, s'affaisse sur elle-même comme si elle opérait une pression sur son contenu; dans ce dernier cas, il se produit nécessairement à l'extérieur un léger déplacement, et ce déplacement est suffisant pour mouvoir des particules de taille très faible qui se trouveraient dans la proximité im- médiate de la vésicule. Or je ne serais pas étonné si Rhumbler avait vu (lueliiue chose de ce genre. Rhumbler cite encore deux faits à l'appui de sa thèse; il dit (pie l'évacuation au dehors ne se fait, dans la règle, reconnaitre que par la présence d'un petit orifice, que parfois on peut voir distinctement. Or j'ai fréquemment constaté cette même apparence d'orifice; mais il n'y a pas là d'orifice véritable, et le fait peut être expliqué, suivant le cas, de deux manières difiéreiites : dans VAmœha terricola Greeff (soit verrucosa Leidy), il arrive de temps à autre que hx vésicule, arrivée au contact de la pellicule ou membrane propre de l'Amibe (fig. 1), y devient momentanément adhérente, et lorsque, grâce au ruissellement interne (pii se fait autour de la vésicule, cette dernière vient à être entraînée eu avant, elle reste encore collée à l'enveloppe externe, et étirée en forme ' .remploie ici le terme éclater, iiarce que l'apparence est celle d'un éclatement; en réalité rien n'éclate, il faudrait dire se vider (d'eau) ou se remplir (de plasma). 652 FAUNE KHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN de poire, et pendant un instant cette partie étirée se voit comme un canal étroit (fig. 2). Plus souvent, dans VAmœba Froteus et d'autres, j'ai remarqué que le plasma, qui lors de la systole vient d'arrière en avant remplir la vésicule, ne la remplit pas complètement (sur des animaux malades il n'en remplit souvent que la moitié à peine), mais s'arrête à une distance plus ou moins grande du sonnnet de cette vésicule, et parfois si près de ce sommet, que l'espace-laissé libre ne ligure ])lus qu'une petite lumière, laquelle ressemble à s'y méprendre à un petit trou (tig. (j, b). C'est même dans ces cas-là, plus fréquents * qu'on ne pourrait le croire, mais qui passent le plus souvent inaper(,us, que l'on peut faire les observations les plus concluantes sur l'absence de réaction dans le liquide extérieur. Si, en effet, avec une forte lentille, la vue montre nettement ce soi-disant orifice, c'est là un signe que l'objectif est au point sur le sommet même de la vésicule, c'est-à-dire sui- le jet qui devrait se faire au dehors, et si les microbes ou autres particules également au point devant cette petite lumière ne sont nullement impressionnés par la systole, on ne peut comprendre comment l'évacuation de liquide pourrait avoir eu lieu. On a mis également en avant l'hypothèse que la paroi de la vésicule contractile pourrait lors de la systole devenir poreuse, se percer d'orifices minuscules, et fonctionner comme une passoire. Mais de deux choses l'une : ou bien ces pores seraient peu nombreux et on les verrait ; ou bien ils seraient en nombre immense, et si petits qu'ils fussent, la membrane changerait sans aucun doute d'apparence, et perdrait son contour net, bril- lant, et uniforme, qu'elle garde en réalité pendant tout le cours du phénomène. C'est en arrière, par contre, dans sa moitié adhérente au plasma, qu'on la voit changer d'appa- rence et pour ainsi dire se désagréger au moment de la systole. Ajoutons que d'ailleurs, si la vésicule fonctiomiait comme une passoire, la réaction à l'extérieur, sur les particules avoisinantes, serait certainement visible encore. Rhumbler a cru remarquer également, dans YAmœha vermcosa, que l'éclatement de la vésicule était immédiatement suivi d'une diminution clairement visible dans le vo- lume de toute l'Amibe. Mes observations sur la même espèce ne me permettent pas de tirer aucune conclusion, mais ce que je puis assurer, c'est que dans la plupart des cas il est impossible de rien constater de semblable. Cependant il n'y a aucunement lieu de croire à une erreur de la part de Rhumbleiî; mais je ferai remarquer que la diminution de la surface en vue n'indiquei'ait pas nécessairement une diminution réelle du volume de NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 658 l'animal; dans le cas où le contenu de la vésicule serait repoussé à l'intérieur, il pourrait y avoir sur une région du corps un affaissement visible, en même temps que sur une autre région un gontlement qui resterait alors invisible à l'observateur. Je puis citer sous ce rapport deux exemples assez curieux : la Cyphoderia trocims, ainsi que la Cyphoderia lœvis, ont toutes deux une vésicule contractile de taille exceptionnellement forte, et en même temps une enveloppe relativement transparente, qui grâce à sa rigidité peut servir de point de repère fixe, et par là faciliter considérablement ce genre d'expériences. Or les observations que j'ai faites sur ces deux espèces ont été contradictoires; tantôt le plasma semblait rester inerte, tantôt il se gonflait, et tantôt il s'affaissait; dans la fig. 9, par exemple, en passant de a à h, on voit le plasma s'affaisser sur lui-même, dans la fig. 10, on voit en b un gonflement. On est donc fondé à conclure que la systole tend à produire une modification dans la forme plutôt que dans le volume. Moi-même, après avoir longtemps adopté l'opinion qui veut que la vésicule con- tractile ne se vide pas au debors. J'avais cru devoir citer un cas oîi cet éclatement à l'extérieur devenait pour ainsi dire nécessaire (89), et je disais à cet effet : « On peut « voir se former (dans la Gromia squamosa), sur un filament pseudopodique délicat, une « vacuole qui devient toujours plus grosse, et finit par avoir plusieurs fois le diamètre « du fil auquel elle est fixée comme une bulle. Lorsque cette bulle se ferme brusquement « par un mouvement de systole, ou ne constate alors aucun cbangeraent, ni dans le fila- is ment ni à l'extérieur. Mais il est de toute évidence que si le contenu de la bulle était « rentré dans le pseudopode, on aurait vu ce dernier se distendre considérablement, se « dilater sur une partie de sa longueur, enfin présenter des changements bien nets; et « comme en réalité il garde son apparence habituelle, sans qu'il s'y produise aucun phé- « nomène d'une nature quelconque, il faut absolument que la bulle se soit ouverte à « l'extérieur. » Or les faits étaient vrais, mais la conclusion était fausse, en ce que ces vacuoles adventives qui se forment sur les filaments, et surtout aux points de croisement des fils des Gromies, ont une signification toute différente ; ces vacuoles proviennent très probablement de petites bulles d'eau emprisonnées dans le plasma visqueux, qui peuvent y grossir, et finissent par se résorber ou éclater, mais sans avoir en tout cas rien de com- mun avec les vésicules contractiles. Tels sont, je crois, les seuls faits soi-disant probants que Ton puisse citer à l'appui 654 FAUNE RHIZUPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN de la théoi-ie de réclatement externe, et ces faits, il faut l'avouer, prêtent beaucoup à la controverse. Rhumblee, comme nous l'avons vu. est d'avis que parmi les Rhizopodes, les uns vident leur vésicule contractile à l'extérieur, les autres à l'intérieur. Comme les expé- riences qui l'ont conduit à cette opinion sont basées, pour la jn'emière de ces deux caté- gories, en bonne partie sur l'étude de VAma'ba rerr/icosa Ehrenberg, soit Amœba terrkola de Greeff, il ne sera pas inutile de considérer un instant cette espèce, sur laquelle je me suis livré de mon côté à des expériences multiples K UAmœha terrkola représente peut-être l'animal le plus favorable pour ce genre de recherches ; l'espèce est très grande, et la vésicule contractile de taille exceptionnelle- ment volumineuse; les mouvements sont généralement très lents, la vésicule grandit lentement aussi, et la systole est paresseuse. Cependant il faut remarquer, comme on l'a vu précédeunuent dans la description de cette espèce (page 112), que V Amœba terricola, dans certaines circonstances, peut arriver à une activité qui ne lé cède en rien à celle des Amibes les meilleures marcheuses, et que les fonctions de la vésicule, ici comme dans toutes les autres Amibes, marchent de pair avec l'activité de l'animal. Examinons alors une Amœba terrkola de forte taille, et lancée à toute vitesse dans une marche accélérée. Nous y voyons la vésicule prendre naissance en arrière de l'animal, presque toujours au moyen de vacuoles plus petites qui éclatent les unes dans les autres, de la manière indiquée précédemment ; puis la vésicule grossit peu à peu, conti- imellement, sans apport en apparence de matériel venant du dehors : cependant, lorsque la vésicule est déjà grande, et que l'on met l'objectif au point sur sa surface, on y voit un réseau très fin de vacuoles extraordinairement petites, qui sans doute contribuent à l'ac- croissement de cet organe. Pendant ce temps, il se produit tout autour de la vésicule un ruissellement de petits filets liquides, qui charrient des grains d'excrétion, etc., et souvent même entraînent la vésicule elle-même ; cette dernière, parfois collée en apparence à la pellicule enveloppante du corps, s'en détache alors, mais quelquefois semble éprouver quelque peine à la quitter, et alors elle s'allonge en montrant en arrière l'apparence de ' Ces expériences n'ont d'ailleurs pas été entrepri.ses dans le but de contrôler celles de Hhumiilkb ; elles étaient terminées, et toutes mes notes étaient prises, lorsque j'ai eu connaissance des travaux de Rhumblei! à ce sujet, travaux que l'auteur a bien voulu ni'adresser. NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 655 canalicule dont nous avons déjà parlé (tig. 2). Une fois partie, cette vésicule est immé- diatement remplacée par une autre, qui prend naissance de la même manière ; mais la plupart du temps, elle reste en place, et la systole se fait à son lieu de naissance. Peu de temps avant la systole, le ruissellement se ralentit en général quelque peu, la marche de l'Amibe est moins rapide, plus rarement s'arrête tout à fait; puis, il se produit un petit choc très court, une très faible secousse, en même temps que l'enveloppe de la vésicule située en arrière, c'est-à-dire au contact du plasma interne, perd son apparence habi- tuelle et parait se résorber ; le plasma se précipite alors en avant et remplit la vésicule : mais fréquennnent ce remplissage se fait en deux temps, par le fait d'une sorte d'arrêt très court qui se produit au connuencement de la systole, arrêt coïncidant avec le petit choc qui vient d'être mentionné, et qu'on pourrait expliquer en disant qu'une fois la membrane vésiculaire résorbée en arrière, le plasma se précipite en avant, mais est retenu pendant une fraction très courte de seconde, par le liquide qu'il comprime. En même temps on constate, aux côtés et en arrière du plasma envahissant, un mouvement, même parfois un tourbillonnement interne très peu prononcé. A peine la vésicule s'est-elle ainsi remplie, que le ruissellement, s'il s'était arrêté, recommence, et en tout cas reprend une nouvelle énergie. Pendant ce temps, quels changements se sont opérés sur la partie externe, distale, de la vésicule? Absolument aucun; la membrane est restée inunobile, parfaitement inerte jusqu'au moment où la vésicule a été complètement renq)lie, et alors seulement elle s'est confondue avec le plasma, résorbée, et la proéminence ainsi produite s'est lentement aftaissée sur elle-même : quelquefois cet affaissement a connnencé à se i)roduire avant la tin du remplissage, mais c'est là plutôt une exception. (^)uant à l'eftet produit au dehors, il a été absolument nul ; pas une des petites particules de différente natui-e qui se trou- vaient dans le voisinage n'a renmé, et les grains infiniment ténus de carmin qu'on pouvait avoir répandus tout autour sont restés parfaitement immobiles. De plus, en mettant l'objectif au point sur la surface de la vésicule largement épanouie, on y voit toujours quelques petites stries, longitudinales surtout, faisant entre elles des angles divers (fig. 3), et qui représentent des plissements ou froissements de la membrane propre de TAmibe ; or. pendant la diastole, pas un de ces plissements n'a disparu ou n'a changé d'aspect. 656 . FAUNE EHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN C'est ici le lieu de rappeler la membrane caractéristique de YAmoeha ferricola, membrane très mince mais dont l'existence est absolument certaine, extraordinairement résistante, que l'animal n'arrive à entr'ouvrir que lentement et par des procédés tout spéciaux (voir Amœha terr/cola, page 1 05), sans pouvoir la refermer autrement que par des moyens tout aussi compliqués, et l'on peut se demander comment la vésicule, pour se vider au dehors, arriverait à trouer subitement cette membrane, et cela par un procédé qui échapperait complètement à la vue. Les observations que j'ai faites d'une manière tout aussi suivie sur une variété de VAmwha Proteus m'ont conduit aux mêmes résultats que dans V Amœha terricola ; ici encore j'ai assisté bien souvent à la systole, sans voir d'eftet produit à l'extérieur ; de temps à autre, j'y ai remarqué la petite lumière centrale qui pourrait faire croire à une perfo- ration (fig. 6 è), et qui ne résulte que du fait que le plasma venant de l'arrière ne remplit pas complètement la vésicule, ou même quelquefois que la vésicule une fois remplie com- mence si vite à reformer une nouvelle vacuole qu'on a à peine le temps de constater un remplissage complet. Dans cette espèce également, je me suis assuré que l'enveloppe vésiculaire disparait en arrière, par un phénomène qui probablement a (juelque analogie avec ce qui se passe lorsque deux vésicules arrivent en contact et éclatent l'une dans l'autre, c'est-à-dire par une résorption commençant au centre et gagnant rapidement les côtés '. La fig. 4 montre un individu où par suite de la brusque disparition de la mem- brane en arrière plusieurs grains d'excrétion très petits furent projetés violemment contre la paroi distale de la vésicule, sans y trouver d'issue ; en même temps quelques petits grains de carmin, disposés à la surface, n'éprouvèrent aucun changement. Je pourrais citer un grand nombre d'espèces encore, soit nues, soit testacées, sur lesquelles ont porté mes observations sans que jamais les résultats fussent différents de ceux qui viennent d'être indiqués; mais les faits rapportés jusqu'ici me paraissent sutK- sants pour montrer que la question de la vésicule contractile n'est pas, comme on est à l'heure qu'il est porté à le croire, définitivement résolue. A ces faits on pourrait joindre encore quelques considérations sur les expériences ' Cependant ces observations sont difficiles, et il m'a souvent aussi paru que la résorption avait lieu à la fois sur toute la région de la vésicule confinant au plasma interne. NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 657 d'écrasement auxquelles je me suis livré sur quelques Amibes, et en particulier sur toute une série cV individus se rapportant à VAmmha Proteus. En isolant ces individus dans une goutte d'eau puis en retirant peu à peu l'eau sous le couvre-objet, on peut arriver à obtenir une compi-ession si forte sur la vésicule contractile, que cette dernière s'aplatit presque aussi fortement qu'une pièce de monnaie, montrant en cela, par parenthèse, une résistance extraordinaire de la part de sa membrane. Mais la vésicule finit toujours par disparaître, soit, lorsqu'elle est trop brusquement comprimée, par une déchirure qui lance un jet violent au milieu des petits grains environnants (grains provenant du plasma somatique, déchiré bien plus vite que la vésicule), soit par une systole, véritable bien que gênée dans son fonctionnement, et on voit dans ce cas la membrane vésiculaire se fondre, pour ainsi dire, en arrière, tandis qu'en avant elle est encore indemne. La fig. 8, de a à d, montre l'effet produit en général ; en a, la vésicule fortement comprimée, est entière, mais entourée déjà de granulations sorties du plasma écrasé; en /;, on voit la membrane vésiculaire disparaître à la vue, mais en arrière seulement ; en c, le plasma envahit l'intérieur, sans que les grains placés en avant de la vésicule se montrent influen- cés; en d, la vésicule a disparu, mais un lambeau de la membrane distale reste encore visible. Il m'est arrivé deux ou trois fois de voir une vésicule, lors du déchirement par compression, s'échapper tout entière, complètement hors de l'animal, sous la forme d'un sac sphérique, qui finissait par éclater ; le plus souvent ce sac entraînait avec lui une partie du plasma, et c'est k la limite du plasma et du sac que se faisait l'éclatement, la partie antérieure de la vésicule restant visible un instant encore comme une membrane froissée '. Ces considérations n'étaient pas inutiles en regard de l'impoitance capitale qu'a sans doute la vésicule contractile dans la physiologie des Rhizopodes d'eau douce. En effet, la signification de cet élément est, connue nous l'avons vu, pour les uns, celle d'un organe d'excrétion, pour les autres celle d'un organe de respiration (avec un rôle accessoire de circulation). Or, tandis que la première de ces éventualités exige, semble-t-il, de toute * Si ma mémoire est exacte, ce lambeau membraneux finit par se résorber de lui-même; mais il est possible que je me trompe, et je ne trouve pas dans mes notes celles que je croyais avoir prises à ce sujet. 83 658 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN nécessité, un épanchemeiit au dehors, la seconde pourrait bien mieux s'accorder avec l'existence d'un organe qui viderait son contenu dans l'intérieur du plasma. Pour moi, la vésicule contractile reste, jusqu'à preuve du contraire, un organe essen- tiellement respiratoire ; c'est une branchie, qui reçoit de l'intérieur du corps les liquides désoxygénés, et va les oxygéner à la surface, au contact de l'eau pure. C'est là du reste l'idée que Prowazek a précisée en 1897 (136), en suggérant que dans une certaine Amibe qu'il avait étudiée et dont le contenu était lors de la systole renvoyé dans l'intérieur du corps, ce contenu avait pu être aéré ou oxygéné par le contact de la vésicule avec le li- quide ambiant '. Voici (juelles sont les raisons sur lesquelles je crois pouvoir appuyer mon ojjinion : 1" Toutes les expériences auxquelles on peut se livrer sur le fonctionnement de la vésicule contractile amènent à cette même conclusion, qui a la valeur d'un fait indiscu- table, et que j'exprimais en 1890 déjà (85) en ces termes : « L'activité de la vésicule con- « tractile est directement proportionnelle à celle de l'individu tout entier. » Cet aphorisme est facilement contrôlable et peut se vérifier sur chaque Amibe qu'on prendra la peine d'examiner avec suite. Pour citer quelques exemples, je mentionnerai VAnurha ferricola, qui d'une nature extraordinairement lente en général, possède une vésicule dont les fonc- tions sont tout particulièrement paresseuses ; mais que cette Annbe passe à une marche accélérée telle que je l'ai décrite plus haut, et la vésicule acquerra une activité tout ex- ceptionnelle, montrant trois et quatre pulsations dans le même temps qu'auparavant elle n'en produisait qu'une seule. Tous les Rhizopodes, lorsqu'ils entrent dans un état de re- pos, n'ont plus qu'une vésicule pour ainsi dire inerte, qui peut se voir très grande, mais reste des heures sans changement, et à l'état de kyste la vésicule semble disparaître tout à fait. On est donc fondé à croire que pendant le travail, il y a dans ces petits ' Peut-être n'est-il pas inutile de faire observer, ici encore, que toutes mes notes étaient prises, et mes conclusions tirées depuis longtemps, lorsque j'ai eu connaissance des travau.v de Prowazek. Il faut dire que, dans les études qui font l'objet de cet ouvrage, je ne me suis mis au courant de la bibliographie qu'une fois les observations presque terminées. NOTE 11. VÉSICULE COXTRACTILE (iÔ'J êtres comme dans les animaux plus élevés eu organisation ', production plus grande d'acide carbonique, qui expliquerait tout naturellement l'activité exceptionnelle d'un or- gane destiné à la respiration. 2" Nous avons vu que dans ÏAiturba terricola. les mouvements d'un individu en marche se ralentissent quelque peu avant la systole, et même parfois s'arrêtent tout à fait, pour reprendre de plus belle inunédiatement après, en même temps que les filets d'eau qui s'étaient arrêtés reconnnencent à courir autour de la vésicule. Il est donc assez plausible de rattacher le fait à l'introduction dans le corps d'un liquide aéré et régéné- rateur. 3" Dans d'autres cas, plus rares, le ruissellement ainsi interrompu commence à re- prendre déjà quelque activité, lorsque la vésicule a acquis sa taille presque maximum, et un instant (très court) avant la systole, comme s'il y avait eu là déjà commencement d'aération dans le voisinage delà vésicule. 4° Dans les Amibes mortes par asphyxie, on trouve normalement la vésicule con- tractile à l'état de diastole et fortement dilatée. Ce fait semblerait au moins montrer que vésicule contractile et respiration sont solidaires l'une de l'autre. 5" Dans les organismes d'eau de mer. la vésicule contractile est le plus souvent ab- sente. Bien que la raison de cette particularité ne soit pas comme, il semble assez naturel en tout cas de supposer qu'il y a là une affaire de respiration; peut-être la vésicule serait- elle devenue inutile, soit parce que l'eau de mer contiendrait une proportion supérieure d'oxygène dissous, soit parce que l'osmose se ferait d'ime manière suffisamment effective dans un milieu salé. En tout cas on ne voit pas comment Feau de mer pourrait permettre à l'Amibe de se passer d'un organe d'excrétion. 6« La vésicule contractile ne renferme pas de produits azotés, comme devrait en montrer un organe d'excrétion. Bûtschli, ainsi que Rhumbler, considèrent le liquide " ' c'est une vérité démontrée en physiologie qu'un animal produit d'autant plus d'acide carbonique « qu'il exerce davantage son activité musculaire On a constaté cette production plus grande d'acide « carbonique pendant le travail, même chez les insectes On a pu constater que l'acide carbonique « rendu pendant le sommeil n'était que la moitié de celui qui s'élimine pendant l'état de veille. » D'' Lagrangk. (Physiologie des exercices du corps. Biblioth. .scicntif. intcnial.) 660 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN interne comme représentant essentiellement de l'eau ; Brandt a cru voir l'iiématoxyline absorbée par l'animal arriver dans la vésicule et y prendre la teinte brune que lui com- muniquent les acides ; mais ces observations sont assez compliquées, et n'ont pas été con- firmées plus tard. Il faut observer du reste que le fait de renfermer un contenu à réaction légèrement acide n'indiquerait aucunement la présence de produits azotés, et par contre n'infirmerait en rien, bien au contraire, la possibilité de l'existence d'une eau chargée d'acide carbonique, telle que pourrait l'être la vésicule contractile fonctionnant comme organe respiratoire. 7^' En l'ègle générale, on trouve toujours, dans les espèces testacées, une vésicule contractile à proximité du noyau, dans un plasma pur et clair, et il serait assez naturel de voir là un organe chargé de l'aération du noyau, dont la position dans ces espèces est toujours éloignée de' la bouche (c'est-à-dire de l'extérieur), i)lut6t (pi'un organe excréteur dont on aurait i)eine à comprendre la nécessité dans une région du corps où il ne se trouve pas de nourriture à digérer. S" Sur des fragments détachés, soit d'Amibes, soit de Difflugies, on voit le plasma, (si les fragments ne sont pas de taille ti'op minime), dépourvu à l'origine de toute espèce de vacuoles, produire après quelques instants une ou deux vésicules contractiles, qui se mettent à fbnctioniuM- normalement, en même temps (juc le fragment tout entier prend des contours amiboïdes et se met à ramper (voir note 17); ces vésicules contractiles se forment même en l'absence de toute nourriture, et on ne voit pas comment ils pourraient repré- senter des organes d'excrétion. Par contre, ils ne se forment pas, si j'ai bien observé, sur des pseudopodes détachés, non plus que sur des fragments de très faible volume, qui pré- senteraient peut-être une surface suffisante pour une aération sans l'aide d'aucun appa- reil spécial. A ces considérations on pourrait ajouter le fait que tous les Rbizopodes se débarrassent de leurs produits azotés solides au moyen de vacuoles spéciales, bien connues, qui écla- tent à l'extérieur, et sans doute ces vacuoles pourraient se charger en même temps des produits azotés liquides, qui seraient éliminés avec les premiers. Tels sont les faits qui me semblent de nature à faire envisager la vésicule contrac- tile comme une véritable branchie. Si, par contre, je cherche ceux qui pourraient infirmer cette manière de voir, ou donner à cet élément la signification d'un organe excréteur, je NOTE 11. VÉSICULE CONTRACTILE 661 n'en trouve pas, à l'exception d'un seul, mais qui présente à résoudre une difficulté très réelle: Si la vésicule contractile ne se vide pas à V extérieur, elle vide pourtant son contenu liquide, et alors ce liquide doit être chassé ds^nsV intérieur. Or, il faut convenir que, si lors de la systole nous ne voyons aucun courant se faire jour au dehors, nous n'apercevons que très peu de chose au dedans ; parfois, il est vrai, on remarque un très léger tourhillonne- ment, et Prowazek dit avoir vu la vésicule se vider distinctement à l'intérieur, mais la plupart du temps, on ne voit pour ainsi dire aucim effet se produire. Mais il faut observer que dans ce cas le contenu liquide de la vésicule, au lieu de se vider au dehors dans un autre liquide, pénétrerait dans un plasma, ou pâte, en partie liquide et en partie solide, et que la diffusion pourrait se faire d'une manière peu visible à l'œil. Il faut ajouter que cette diffusion se ferait surtout par les côtés, car lors de la systole, c'est pour ainsi dire toujours la partie centrale de la zone de i)lasma confinant à la vésicule «m?<^MS. Marais de Gaillarde " Or la fontaine du Jardin des Alpes et le réservoir du Bois de la Bâtie sont ali- ' En écrivant ces lignes, je venais de mentionner le fait que le 90 % de tout ce qui est connu en fait de Khizopodes avait été retrouvé aux environs de Genève. ^ Remarquons que ces cinq localités citées ne représentent pas la dixième partie des stations étu- diées, et dans lesquelles il ne s'est trouvé absolument aucun représentant de ces espèces spéciales. NOTE 12. DISTRIBUTION GÉOGRArHiyUE ET IIABri'AT (109 « mentes par la machine hydraulique, qui va prendre l'eau en plein lac à un kilomètre « en avant de la ville. Le vivier de la propriété de M. Romieux est desservi par la ma- « chine hydraulique de l'Arve, mais il renferme des nénuphars exotiques et des poissons « rouges, qui ont dû être apportés de la ville dans de Teau du lac. Quant au marais de « Gaillard, c'est ime dépendance directe de l'Arve, qui le recouvre dans ses crues ; l'Arve « elle-même se jette à 10 kilomètres plus bas dans le Rliône, lequel est lui-même la con- « tinuation du lac. Nous aurons cependant plus tard à revenir sur ce marais de Gaillard, « qui peut-être aurait ici une signification particulière '. « Il ne reste donc que le marais de Mategnin. (jui, lui. parait bien isolé, et cet indi- « vidu unique (Xehela ritirca), de petite taille, mais bien caractérisé, serait le seul à re- « ])résenter eftectivement dans la plaine les formes spéciales des profondeurs. » L'existence d'une faune caractéristique des profondeurs peut donc être considérée counne prouvée, au moins ])our ce cpii concerne les lacs suisses. Par contre, les recherches faites sur les rivages mêmes du lac m'ont permis de re- trouver jusqu'à 9 de ces 2?» espèces spéciales, et ce fait n'est pas sans importance, car il permet de constater que les formes de la profondeur peuvent se retrouver sur les rives. Contrairement à ce que pensait Forel (31), et à ce que je croyais moi-même, rien ne s'oppose plus alors à une migration d'un lac à l'autre, cette migration pouvant s'opérer par l'entremise des espèces littorales, et l'identité de la faune profonde des grands lacs devient plus facilement explicable. Voici ce que dans ce même mémoire j'ajoutais à cette occasion : « Dans mon travail de 1899. après n'avoir trouvé ces espèces que dans la profon- « deur, et dans la supposition qu'elles n'habitaient pas les rivages, j'avais cru pouvoir « expliquer la présence de cette faune spéciale dans tous les lacs suisses par une émigra- « tion, produite à l'époque glaciaire, des pôles aux régions tempérées. Ces espèces, disais- « je, après le retrait des glaces, et mal faites pour la plaine où la concurrence avec la « faune primitive était trop forte, se seraient pourtant conservées au fond des lacs. « Je ne sais s'il faut trop se hâter de jeter par-dessus bord cette hypothèse (jue ' L'Arve est un torrent qui descend des glaciers, et il resterait cette éventualité, possible mais peu probable, que ces espèces fussent en réalité alpim-s. 670 FAUNE BHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN « malgré tout je persiste à regarder comme ayant quelque chance pour elle, et que d'ail- « leurs je me bornais et je me borne encore à indiquer comme « n'ayant pas d'autre valeur « qu'une probabilité philosophique, rendue encore plus douteuse par le fait que les Rhizo- « podes semblent en général être rei)résentés par les mêmes espèces dans tous les pays et « sous tous les climats. » Mais il est certain que la question prend maintenant une nou- « velle face; le fait que les espèces d'eau profonde peuvent habiter les rivages rend « compte facilement de leur migration éventuelle d'un lac à l'autre et de leur filiation « possible. Toute modification ou transformation spécifique apparue dans un lac quel- « conque pourrait bien vite se trouver reproduite dans un autre lac sans qu'il soit besoin « d'invoquer pour cela l'action bien peu probable de milieux souvent différents pour pro- « duire les mêmes effets jusque dans leurs détails. » Mais s'il paraît bien évident qu'un nombre assez considérable d'espèces ne se ren- contrent que sur un terrain spécial, il ne faut cependant pas oublier que pour la plus grande partie d'entre les Rhizopodes, on ne peut rien découvrir qui semble leur attribuer un habitat particulier. Il n'existe pas de différence très nette entre les grands marécages, les étangs et les mares ; les uns sont plus riches, les autres moins, sans que la plupart du temps on puisse en trouver la raison. Il vaut la peine de mentionner à ce propos une localité vraiment privilégiée, une petite anse sur les bords du lac de Genève, entourée de roseaux, protégée des vagues du large, et au fond de laquelle, à quelques décimètres de profondeur, on trouve des gazons serrés de plantes aquatiques. Cette station, dite la Pointe-à-la-Bise. s'est montrée d'une richesse extraordinaire, car elle ne m'a pas fourni moins de 91 Rhizopodes, c'est-à-dire pas bien loin de la moitié de tout ce que l'on connaît actuellement '. Peut-être faudrait-il ici rechercher l'influence des divers facteurs, lumière, qualité de l'eau, végétation, etc., qui détermineraient l'existence de ces différents habitats. Mais il faut avouer que nous savons fort peu de chose à ce sujet, et que les considérations aux- quelles nous pourrions nous livrer ne reposeraient que sur des faits peu précis; aussi devons-nous, pour le moment, nous borner à constater chez les Rhizopodes un cosmopoli- ' La liste de ces espèces est indiquée dans le petit Mémoire auquel il vient d'être t'ait allusion, en même temps que de plus amples détails ayant trait à la question d'habitat. NOTE 13. VARIATIONS ET VAEIÉTÉS 671 tisme général doublé d'une spécialisation due à l'habitat; mais ces faunes spéciales n'en seront pas moins cosmopolites, à un certain point de vue, puisque sous toutes les latitu- des le même habitat fournii-a les mêmes espèces particulières. Note 13. VARIATIONS ET VARIÉTÉS Le règne organique tout entier est sotnnis dans son développement aux deux gran- des lois de l'hérédité d'une part, et de la variabilité de l'autre. C'est grâce à l'hérédité que l'animal conserve les caractères que lui ont légués ses ancêtres, et qui font de lui un représentant de telle ou telle espèce, et par contre la variabilité lui permettra d'acquérir des caractères nouveaux. Si ces traits nouveaux, dus à l'influence du milieu et à la lutte pour l'existence, se perpétuent pendant un certain nombre de générations, ils deviennent acquis, et nous avons, suivant la valeur ou la fixité de ces caractères, une race, une variété ou une espèce. Les Rhizopodes ne constituent à cet égard nullement une exception à la règle géné- rale, et chez eux comme chez les êtres plus avancés en organisation, nous trouvons non seulement des espèces bien nettement différenciées, mais dans le sein de ces espèces des formes spéciales, parfaitement fixées, et cependant trop rapprochées les unes des autres pour que nous puissions les séparer nettement du tj-pe. Ce sont alors là des variétés, et dans les Rhizopodes, ces variétés paraissent tout particulièrement nombreuses ; pour ne citer que quelques noms, je mentionnerai les Diffluqia constricta, pyriformis, acu- minata, Euqhjplm alveolata. Cyi)liodena margaritaœa, Trinema enchelys, auxquelles on en pourrait joindre un grand nombre d'autres, et qui chacune présentent, suivant la localité ou l'habitat, des variétés multiples, mais mal étudiées encore. Mais il ne faudrait pas croire que chez les Rhizopodes les variétés, si (^\%^ paraissent plus nombreuses que dans les animaux supérieurs, le so/ew^ réellement ; rien n'est moins prouvé, et peut-être la diversité est-elle souvent ici moindre encore que dans les orga- nismes plus compliqués. Seulement, il existe sous ce rapport entre les Protozoaires et les animaux supérieurs une diftérence essentielle : dans ces derniers, les mammifères par 672 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN exemple, telle ou telle espèce renfermera un nombre souvent considérable de variétés ; mais ces variétés seront locales ; chacune occupera telle ou telle région, plus ou moins vaste, sur laquelle elle régnera seule ou à peu près ; tandis que chez les Rhizopodes, on pourra trouver côte à côte dans un même marécage, plusieurs ou parfois toutes les varié- tés connues de l'espèce. Si nous cherchons alors la cause, tant de cette diversité de formes, que de la réu- nion possible de toutes ces formes sur un même terrain, nous la trouverons, me semble-t- il, dans la grande facilité de dispersion de ces organismes (voir page 664), et nous pour- rions, par exemple, nous expliquer de la manière suivante, tant la genèse de ces variétés que leur distribution toute particulière : supposons une Dittiugie que nous appellerons Diffl/Mf/ia pyriformis A, qui se trouverait en grande abondance dans un marécage des environs de Philadelphie; à un certain moment, le marais se dessèche, un cyclone se lève, emporte un nuage de ])Oussières organiques jusqu'aux alizés supérieurs, et ce nuage prend la direction de l'Europe ; il se divise en différents courants, dont l'un vient appor- ter la Di/flugia jjyrif'ornm A dans un marais de (ienève, et un autre jette cette même Difflugia aux environs de Stockholm. Nous avons alors, si nous supposons dans chacune de ces localités des conditions d'habitat suffisamment favorables, la même Difflugia pyrifor- mis A dans trois stations spéciales, à Philadelphie, à Genève, et à Stockholm. A Phila- delphie, l'espèce restera, d'après la loi de l'hérédité, à peu près égale à elle-même, sans modifications considérables; mais à Genève et à Stockholm les conditions de milieu étant différentes, l'espèce, grâce à la loi de variabilité, se modifiera peu à peu, si bien qu'après un certain nombre de générations, elle se trouvera dans chacune de ces stations fixée en tant que variété, ne donnant que des produits semblables à elle-même, et incapables de se conjuguer avec d'autres individus que ceux qui leur ressemblent parfaitement. Nous avons donc maintenant non plus un seul, mais trois organismes différents, Difflugia pyri- formis A à Philadelphie, Difflugia pyrif or mis B à (jenève, et Difflugia pyriformis C à Stockholm. A ce moment arrive un tourbillon, qui transporte des poussières de Stockholm à Genève, et nous trouvons alors dans cette dernière localité non pas une, mais deux Difflugies, la Difflugia py y tfoimis B et la Difflugia pyriformis C. Si enfin nous supposons un nouvel envoi sur l'Europe de poussières américaines, la Difflugia pyriformis A, ve- nant de Philadelphie, pourra fort bien arriver à son tour, et pour la seconde fois, à NOTE lo. VAKIATIONS ET VARIÉTÉS 673 Genève. Nous aurons donc dans notre région, et au sein d'un même nuirais, les trois Difflxffia pyrifonnis A, B et C, trop peu ditîéreutes les unes des autres pour qu'il soit possible de leur attribuer des caractères spécifiques, mais suffisamment pour les faire considérer comme variétés; mais ces variétés, les uns, parmi les naturalistes, seront por- tés à les croire nées toutes trois sur place, les autres ne les reconnaîtront pas même comme variétés, et n'y verront qu'une preuve du polymorphisme dans les Rhizopodes. Or si nous songeons à la facilité avec laquelle ces organismes peuvent traverser les plus fortes distances, et à la fréquence des occasions où les voyages aériens doivent se produire, nous reconnaîtrons facilement la possibilité de ce mélange d'espèces et de formes les unes avec les autres. Ce qui paraît étonnant même, c'est que ces mélanges et ces remaniements dus à la circulation incessante des courants atmosphériques, permettent encore une localisation quelconque. Il semble que les Rhizopodes devraient se trouver partout et toujours ; et pourtant ce n'est pas le cas ; si ces organismes sont cosmopolites en ce sens qu'une espèce habitera tout aussi bien la Sibérie que la Terre-de-Feu, on pourra, comme il a été dit plus haut, constater souvent que cette même espèce exis- tera dans une localité et se trouvera absente dans une autre à deux kilomètres de là. C'est ici qu'entre eu cause la question d'habitat; pour que telle ou telle espèce prospère, il faut une réunion de circonstances, dépendantes du milieu, mais sur lesquelles nous sommes encore dans la plus grande ignorance, et ces circonstances ne se trouvent que rarement toutes favorables. La grande loi de l'évolution se montre dans ces organismes inférieurs, tout aussi nette que dans le reste du monde organique. Ici encore on constate l'existence de variétés, d'es- pèces, de genres; parfois se voient de larges coupures, comme s'il y avait eu rupture de quelques-uns des anneaux de la chaîne évolutive ; parfois on remarque des petits groupes que leur port tout spécial sépare nettement les uns des autres, et dont chacun semble cons- titué par quelques espèces d'une parenté très rapprochée. C'est ainsi que l'on peut distin- guer les types Campascus, Cyphoderki, Quadnda, Amphitrema, etc., (pii chacun revêtent des caractères tout spéciaux. Il a été parlé plus haut de la variation h laquelle avaient dû être nécessairement soumises les espèces arrivées dans un milieu différent du leur, mais dans lequel elles avaient réussi cependant à s'acclimater. Nous ne connaissons pas de faits expérimentaux 8:; 674 FAUNE rhizopodique du bassin du Léman qui puissent nous donner la preuve tangible de cette variation nécessaire ; mais la faune des profondeurs par exemple, est de nature à jeter une certaine lumière sur la question. Un assez grand nombre de ces espèces en effet, bien que nettement distinctes de celles de la plaine, ont avec ces dernières une parenté si étroite qu'on ne peut faire autrement que de leur l'econnaitre une origine commune, et l'on ne peut alors attribuer leurs différences qu'à la variation due au changement de milieu. La Difflugia lebes n'est qu'une Diffliigia urceolata modifiée ; la Nebela vitrœa représente une forme géante de la Nebela crenuJata, la Quadrilla filohuhsa est une Qiuulrida discoides peu ou pas comprimée; la Fontigulasia higibbosa est une' Pont ig nia sia specfabilis très élargie ; ajoutons la Difflugia pyriformis var. daviformis, Difflugia elegans v?ir. teres, Difflugia acuminata var. inflata, Hdeopera 2ietii- cola var. amethystea, qui se rapprochent de très près de l'espèce type. Il est à remarquer à cette occasion que toutes ces formes de la profondeur se dis- tinguent de l'espèce la plus rapprochée de la plaine, par une taille beaucoup plus forte, et que plusieurs d'entre elles, qui ont été retrouvées dans la plaine, tout en gardant leurs caractères spécifiques spéciaux, y étaient redevenues beaucoup plus petites (Nebela vitrœa, Hgalosphenia punctata.) On pourrait dire aloi's que dans les grands lacs profonds, la variation sera surtout dirigée dans le sens d'une augmentation de taille, et si nous cher- chons à distinguer les causes de cette augmentation, peut-être pourrions-nous les rattacher à deux facteurs principaux : d'abord les grands espaces tranquilles, sans agitation de l'eau, sans changements brusques de température, et où la lutte pour l'existence est moindre; puis le gem'e de nourriture. Dans ces profondeurs, la nourriture presque exclu- sive des Rhizopodes consiste en diatomées, et ces dernières sont surtout représentées par des espèces géantes (Surirellanorica, Pinnularia fiobilis. Nitzschia sigmoidea) ; aussi pour pouvoir avaler la Surirella, la Difflugia lebes a-t-elle acquis une ouverture buccale bien plus grande que celle de la Difflugia urceolata dont elle se rapproche de si près ; la Difflugia scalpéllum, elle, bien plus allongée que la Difflugia acuminata, se nourrit surtout d'es- pèces allongées (Piiimilaria iiobilis). Remarquons en passant que dans ces DifHugies de la profondeur, le plasma remplit une portion de la coque relativement moindre que dans celles de la plaine, cela peut-être également en raison de la forte taille des proies qu'elles avalent; c'est un espace de réserve, pour le cas où le plasma bourré de nourriture aug- mentera considérablement de volume. NOTE 14. REPRODUCTION 675 Ajoutons en terminant que si tous les Rhizopodes sont sujets à la variation, il en est, peu nombreux heureusement, qui le sont beaucoup plus que (Vautres, et i)résentent un nombre de formes si considérable que leur étude en devient extrêmement compliquée. Dans le nombre je citerai la Biffliufia constricta (page 299), Bifflugia acumlnata, Dif- flugia 2)1/1 ifoniiis, Eufilypha alveolata, Euglyplia cUiata, Tnnema enchelys. Ces espèces rappellent ce qui se passe dans le domaine de la botanique, oîi certains genres, comme par exemple Muhus, Hieracmm ou Rosa, font le désespoir des uns et le bonheur des autres. Note U. REPRODUCTION Les phénomènes qui ont trait à la reproduction chez les Rhizopodes nécessiteraient des développements tout particulièrement étendus. Mais ces phénomènes exigent une étude spéciale, longue et difficile, et que je n'ai pas cherché à entreprendre; mes obser- vations se bornent à peu de chose, et n'ajoutent que bien peu de renseignements à ceux que les travaux bien plus complets de nombreux auteurs, Blochmann, Butschli, Sche- wiAKOFF, Rhumbler, Prowazek, etc., etc., nous ont apportés. Aussi ne ferai-je que mentionner brièvement les faits qui pourraient présenter quelque intérêt. Conjugaison. Ce phénomène est fréquent chez les Rhizopodes, et à chaque instant on peut être appelé à rencontrer des animaux conjugués. Les deux individus, qui toujours appartiennent, non seulement à une même espèce mais à une même variété, se réunissent bouche à bouche; d'abord très faiblement liés, ils se trouvent après quelques minutes soudés si fermement, par une matière agglutinante et qui se durcit rapidement, que les manipulations diverses, par exemple torrents d'al- cool brusquement projetés et qui font tournoyer le couple dans le liquide, ne parviemient pas à les détacher l'un de l'autre. Pour la séparation des deux animaux, cette colle se résorbe aussi facilement qu'elle s'était durcie. Quant aux différents processus qui se passent, lors de la conjugaison, dans l'intérieur même du plasma, il ne m'a pas été possible de les étudier dans tous leurs détails; cepen- 676 FAUNE RHIZOl'ODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN dant je renverrai à cet égard à la partie systématique de cet ouvrage, où, à la page 530 (Euglypha ciliata), il en a été question. Division. Les phénomènes de division, bien connus maintenant dans leur généralité, présentent, chez les Rhizopodes testacés, des traits particulièrement intéressants. L'ani- mal, après avoir au préalable fait provision, dans l'intérieur de son plasma, soit de pierres, soit de diatomées, soit de plaques de différente nature, et qui tantôt représentent des éléments étrangers {Diffhujia, etc.), tantôt des particules siliceuses (frustules de dia- tomées) remaniées et refondues par l'animal {Lecquereusia i. p., etc.), tantôt des produits créés de toutes pièces (Etuilifpha, etc.), construit au moyen de ces éléments une nouvelle coquille parfaitement semblable à l'ancienne, et dans la(iuelle pénètre une partie du plasma du parent. Rhumbler (95) a divisé sous ce rapi)ort les Thécanuebiens en deux catégories : 1° ceux dont la provision de plaques se trouve à l'intérieur même du plasma, et 2" ceux qui portent cette provision, connue un bouquet, à l'extérieur, en avant de l'orifice buccal. Ces derniers sont d'ailleurs très peu nombreux, et Rhumbler ne cite, je crois, dans cette catégorie, que la Difflufjia elegam; on pourrait joindre encore à cette espèce la Pseudo- diffl)i()ia fascic/thiyis. puis peut-être aussi la I)iffl/i(/ia hacilUfera et XEuglyplia cristata; dans ces deux dernières espèces, on remarque très fréquenunent un bouquet de plaques de réserve à la bouche, et peut-être ce procédé y est-il normal. Mais dans d'autres Rhi- zopodes, l'accumulation à l'extérieur n'est qu'éventuelle, et c'est ainsi que j'ai trouvé de eui])s à autre un bouquet de ce genre dans les Diffl/Kjia acamitmta, pyriformis et lohostoma. La raison de cette accumulation à l'extérieur peut, je crois, être cherchée dans le fait qu'une provision de plaques suffisante pour la confection d'une nouvelle coque ne sau- rait oîi se loger à l'intérieur ; la Diffliigia elegans, par exemple, possède une coquille dont la masse est supérieure au vide qu'elle renferme, et on en pourrait dire autant de la PseM- dodifflugia fascicularis, ainsi probablement que de VEuglypha cristata. La plupart du temps, on voit lors de la division se former en avant du parent une masse de plasma d'abord arrondie puis allongée, et qui finit par revêtir tout à fait la forme de la coquille mère, en même temps que les pierres ou plaques de recouvrement glissent dans les couches périphériques de cette masse, et viennent se ranger les unes à côté des autres dans l'ordre le plus parfait. Mais une exception, signalée en premier lieu par NOTE 14. REPRODUCTION 677 Rhumbler (96) se voit dans le genre Ci/phoderia, où la nouvelle coque se forme petit à petit, à partir du col, et se trouve terminée dans sa partie antérieure alors qu'en arrière on ne voit encore qu'un amas de matériaux (Ci/phoderia margaritacea var. major (page 478). Lors de la division comme pendant la conjugaison, on remarque dans le plasma les phénomènes de cyclose qui ont été décrits précédemment (voir Euglypha ciliata, Euglypha lœvis, Trinema lineare) ; dans la division il s'y aj(mte en plus une production de vacuoles en nombre considérable, visibles surtout dans la jeune coque '. A propos de division, je citerai le fait suivant, qui sans doute présente un cas excep- tionnel : Ayant mis un matin dans un verre de montre avec de l'eau pure, un couple de Difflugiapyrifonnis fortement soudé, mais dans lequel une des coquilles était vide et l'autre pleine, le soir la première se trouvait en partie remplie. Le lendemain matin, les deux individus étaient séparés, normaux, et se trouvaient loin l'un de l'autre, chacun allant à l'aventure; à ce moment (10 heures)je les rapprochai bouche abouche, et immédiatement ils se soudèrent solidement connne pour une conjugaison ; à 6 heures du soir ils étaient encore unis, et le lendemain matin je les retrouvai dans le même état. Peut-être y avait-il là un pliénomème quelque peu spécial. Sporulation. Il est très probable que les Rhizopodes sont capables, certains d'entre eux au moins, de former des spores, ou i)etites sphérules brillantes, entourées d'une mem- brane, et que l'on rencontre le plus souvent, soit chez les Amibes, soit surtout dans les différentes espèces A' Euglypha. Bien que les Rhizopodes soient sujets à renfermer de nom- breux parasites, et que la lumièi'e n'ait jamais été faite sur le sort de ces soi-disant spores, il m'a toujours paru impossible de considérer connue autre chose que des éléments repro- ducteurs les petites sphérules caractéristiques des Euglypha. Ces sphérules, d'un bleu tendre, entourées d'une membrane brillante et épaisse, à double contour, sont logées le plus souvent autour du noyau : on les voit fréquemment même (|uand l'animal est retiré depuis longtemps au fond de la coque, protégé par un diaphragme contre tous les acci- dents du dehors, et à certains moments la plupart des individus en sont pourvus. Ces spores rougissent par le carmin, à la manière des noyaux. Parfois on n'en voit qu'un petit ' Pour les détails sur le noyau et la vésicule contractile, voir Euglypha ciliata, page oOl. 67S FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN nombre, parfois elles sont abondantes, sans que ranimai paraisse aucunement en souffrir. Prowazek (131), qui a examiné ces spores dans VEuglyplm compressa, les regarde comme des corps reproducteurs. Faut-il considérer comme ayant rapport à la reproduction des corps d'une apparence toute différente, qu'on trouve également chez les Euglypha, parfois en masses considé- rables et le plus souvent dans des coquilles vides quoique protégées encore à la bouche par un amas de débris ? Ces corpuscules, qui ont été mentionnés par Carter, sous le nom de spermatozoïdes, ont la forme d'un têtard très allongé, ou d'une épingle à tête ovoïde ; ils sont rigides, brillants, avec une longue (pieue rigide aussi, droite, très pointue, et ne ressemblent absolument à rien de ce qu'on voit dans la nature ; on ne les trouve jamais, autant que j'ai pu m'en assurer, dans aucun autre lîhizopode que dans les Etujhjpha. C'est peut-être aussi comme des éléments reproducteurs qu'il faut considérer les corps globuleux, en forme de torche, et creusés d'une lumière centrale, qu'on trouve dans certaines Amibes, et qui arrivent parfois à si bien bourrer le plasma de l'animal, que ce dernier n'est plus qu'un amas de sphérules, mais un amas vivant et marchant encore, pourvu de sa houppe caractéristi(]ue (voir Amœha prima, page 50 '). C'est ici le lieu de parler des Corps Inisatits ou « Glanzkôrper, » caractéristiques du genre Felomyxa, et que Creeff (42) a le premier décrits dans la IHomyja palustrls. Ce sont des globules bleuâtres, homogènes, qui se trouvent en nombre parfois considérable dans la IHomij.ra. mais quelquefois aussi en sont tout à fait absents. Leur diamètre est en général de 10 à \h u, leur forme sphérique, mais souvent aussi allongée, et ils peuvent se diviser par bipartition; le carmin les colore parfaitement, quoique plus lentement que le noyau. Leur contenu parait la plupart du temps homogène, mais Greeff a remarqué cependant quelquefois, dans les grands globules, « des contours délicats d'une forme ir- « régulière, connue si la masse interne s'était retirée en partie de la paroi intérieure de « la capsule. » M"'' Gould a trouvé qu'après l'action du picro-carmin on voyait souvent une cavité semi-lunaire à l'intérieur. Rhumbler n'a jamais vu autre chose qu'un plasma homogène, et pense que les apparences indiquées par M"'^' Gould proviennent d'un effet produit par le réactif. Cependant nous verrons plus tard que les observations de ' Dans la Pmtifiiilasia speclabllis, j'ai trouvé également un individu rempli de ces embryons en torche. NOTE 14. REPRODUCTION 679 M"" GouLD sont exactes ; mais il faut pour observer ces aijparences spéciales, avoir la chance de tomber sur des individus qui les présentent, et le fait est rare. GREEFFn'a pas réussi à suivre ces « Glanzkorper » dans leur évolution, mais il a assisté pour ainsi dire à l'éclosion de nombreuses petites Amibes, qui sortaient d'une Pelomyxa, et en a conclu que ces Amibes représentaient le stage ultime de cette évolution. KoROTNEEFF (59) a pu étudier plus au long le soi-t de ces corps luisants, et s'exprime à leur sujet en ces termes : « A l'un des points de leur surface se produit un « petit enfoncement, qui s'agrandit et se remplit du plasma dans lequel le corps même « est plongé. A la suite de cela son volume augmente et il prend la forme d'un petit pot « sphérique, ayant une petite ouverture à travers laquelle on voit constamment passer « les grains du plasma Bientôt les bords de l'orifice convergent, l'orifice même s'obli- « tère et le petit pot sphérique se transforme en une vésicule complètement fermée et « remplie d'un plasma finement granuleux, privé d'alvéoles. En même temps que ces « vésicules fermées, on rencontre des formations qui présentent certainement la phase « suivante du développement du corps luisant. Cette phase a la forme d'une vésicule « plus grande, ayant des parois minces, qui se distinguent principalement par un petit « prolongement sphérique, dirigé à l'intérieur de la vésicule, et réuni aux parois à l'aide « d'un pédoncule. Ce petit prolongement, d'après l'action des réactifs, est tout à fait ana- « logue à un corps luisant. » C'est là que se bornent les observations de Korotneeff sur un même individu; mais un autre exemplaire se montrait rempli de nombreuses capsules quelque peu dif- férentes. « Chacune de ces capsules, dit alors l'auteur, est une vésicule sphérique, « complètement fermée, avec des parois très réfringentes et très minces. Intérieurement « cette capsule est remplie par un plasma finement granuleux, dans lequel on voit une « petite boule, qui d'après ses caractères optiques n'a pas la moindre différence avec un '< corps luisant » « A côté du dernier on trouve toujours une vacuole...» Enfin Korot- neeff a pu constater deux ou trois fois l'apparition rapide d'une quantité considérable de petites Amibes sur le corps de la rehmyxa. De mon côté j'ai fait un certain nombre d'observations qui corroljorent en somme celles de Greeff et de Korotneeff, bien qu'elles présentent avec elles certaines diffé- rences de détails. Aux mois de mai et de juin 1900, parmi des Pelomyxa nombreuses à 680 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Glanzkôrper homogènes, on pouvait trouver de temps à autre un individu dans lequel ces corps luisants, fort abondants, étaient semblables à ceux que représentent les fig. 4 et 5. Ces corps, de 12 à 15 ^u de diamètre, montraient d'abord une membrane incolore, résistante, que l'acide sulfurique à froid ne semblait pas dissoudre, et cette membrane était, sur la plupart des échantillons, divisée sur toute sa surface en nombreuses facettes, ou plutôt en replis qui formaient un réticule laissant entre ses mailles des champs plus ou moins hexagonaux (fig. 5). De côté, la membrane se montrait alors par- courue de petites ondulations (fig.4). A l'intérieur de cette membrane, se voyait d'abord une marge ou espace libre, étroit, puis venait un plasma très clair, mat, difficile à distin- guer, dont la forme apparente était celle d'un croissant, et qui renfermait régulièrement un petit amas grisâtre tirant sur le vert, rugueux, ratatiné, et que l'on aurait pu prendre pour un amas de nourriture. Accolé à ce plasma, et entouré par lui, ou bien aussi l'en- tourant, comme mie calotte discoïde ou hémisphérique, se voyait alors un gros corps d'un bleu tendre, mat, très pur, qui parfois montrait un noyau, ou bien deux, sphériques, très petits, l'un à côté de l'autre. Ajoutons (|ue tandis que le plasma en lunule se colorait facilement par le carmin, le corps hémisphérique restait conq)lètement incolore. Mais en examinant un grand nombre de ces corps luisants, soit dans plusieurs Felomyxa, soit dans un seul et même individu, on trouvait toutes les transitions possibles entre ces corps tels qu'ils sont représentés pur les fig. 4 et 5, et ceux que représente la fig. 8, et d'après ces transitions, on pouvait se représenter le développement ultérieur de Fig. 1, 2, 3. Corps luisant ou parasite, à différents états. — 4. Corps luisant, avec plasma en lunule, renfermant un petit amas de nourriture (?), et plasma hémis- phérique arrondi, vu d'en haut. — 5. Corps luisant, avec facettes ; le plasma en lunule, pointillé, est vu d'en haut. — 6, 7, 8. Différents états du développe- ment ultérieur du corps luisant. — 9. Embryon sorti du corps de PeXomyxa palustris. NOTE 14. REPRODUCTION 681 la manière suivante : le Glanzkiirper grandit quelque peu, en même temps que la mem- brane perd son apparence réticulée, devient tendue, s'amincit et semble enfin disparaître (fig. 8). Pendant ce temps, le disque bleu non colorable décroit et ne se montre bientôt plus que sous la forme d'une petite masse brillante accolée au plasma colorable (fig. 6, de face, fig. 7, de côté), puis disparait enfin complètement, tandis que le plasma ponctué, colorable, augmente de son côté et finit par former la masse entière du globule. A ce moment, le Glanzkôrper primitif est devenu une masse globuleuse finement ponctuée, en apparence dépourvue de membrane, et qui renferme toujours dans son intérieur, et dans une position excentrique, un, deux ou très rarement trois petits grains, entourés d'un halo clair et probablement d'une membrane, et qui se colorent par le carmin beaucoup plus fortement que le reste de la masse; souvent aussi, au lieu d'un ou de deux grains colora- bles, on en trouve un seul, avec un autre, ou plusieurs, beaucoup plus petits, à ses côtés. Parfois il existe aussi une vacuole, qui peut devenir très grande, et qui sans doute repré- sente une vésicule contractile, mais très paresseuse. Il est probable que ces petits grains correspondent à ceux que Korotneeff regarde, peut-être avec raison, comme des rudiments de corps luisants; remarquons en même temps que, s'il existe souvent à l'intérieur de ces embryons une vacuole ou vésicule contractile, on n'v observe pas de noyau. Tout comme Greeff, et comme Korotneeff, j'ai observé, sortant du coq^s de la Pelomyxa palustris, des Amibes (mais en nombre très restreint) très petites, à déforma- tions peu prononcées, à mouvements lents, pourvues d'un noyau, de quelques grains de différente nature, et d'une vésicule contractile, et je pense qu'il existe un lien entre ces Amibes et les corps qui viennent d'être décrits. Mais, pas plus que ces deux auteurs, je n'ai réussi à étudier les phases de cette évolution. Dans la Pelomyxa vivipara, j'ai trouvé également de nombreux embryons, pleins de vie, dans le corps même de la mère, elle-même en bonne santé ; ces embryons ont été décrits à la page 157'. ' Les n°* ^ , 2, 3, de la figure ci-jointe représentent des corps ovoïdes, bleuâtres, que j'ai trouvés à deu.\ reprises dans la Pelomijxa Belepsiài. où ils semblaient remplacer les corps luisants habituels: ils montraient à chaque pôle une petite masse d'un bleu cendré, et ces deux masses étaient dans certains exemplaires reliées l'une à l'autre par un filament (fig. 3), dont parfois on ne voyait que la base (fig. 2). f)82 FAUNE RHIZOPODTQUE DU BASSIN DU LÉMAN Certaines Amibes, Amœba nitida. nobilis. et d'autres, possèdent fréqueniiiient des corps plus ou moins arrondis, bleuâtres, jaunâtres ou vert bouteille, facilement colo- rables, et qui me semblent également devoir représenter quehjue cliose d'analogue aux Glanzkorper; j'en ai trouvé de semblables aussi dans une Amœha terricola. Enfin la présence d'embryons a été plusieurs fois signalée dans le genre Arcella, et Biïtschli ainsi que Cattaneo, semblent avoir mis hors de doute la réalité de ce mode de repro- duction. Pour ce qui me concerne, j'ai rencontré à diverses reprises dans l'intérieur des Arcelles des corps arrondis qui m'ont paru devoir représenter des embryons, mais sans arriver à une conviction bien arrêtée de la chose (voir Arcella arenariu. page 407). Mentionnons enfin les corps d'apparence grasse, brillants, follement colorables par le carmin, que l'on trouve dans certains Rhizopodes et pour ainsi dire normalement dans les Nebela, et que peut-être il faudrait considérer comme étant en rapport avec la repro- duction. Enh/sfemerd. Bien que l'enkystement chez les Rhizopodes ne soit pas nécessai- rement en rapport avec la reproduction de l'espèce, et que le plus souvent il semble ne représenter qu'un moyen de protection, c'est ici que seront le mieux à leur place les quelques lignes que je peux consacrer à ce phénomène. La plupart des Rhizopodes ne semblent pas s'enkjster ; à l'approche de la séche- resse, ou pour toute autre cause, l'animal se retire simplement au fond de la coquille, après en avoir, le plus souvent, fermé l'orifice au moyen, soit d'un bouchon de débiis, soit d'un diaphragme chitinoïde, dont la structure est parfois caractéristique d'un genre ou d'une espèce (Xehela). Mais une fois au repos, les couches externes du plasma com- mencent toujours à se durcir, et si l'immobilité a été ou doit être longue, ces couches superficielles finissent par acquérir la valeui- d'une membrane ferme, à double contour (voir Hyalosphenia papiHo, et bien d'autres). C'est ainsi qu'au mois de décembre, j'ai trouvé à Rouelbeau un grand nombre de Difflugies (Difflufiia pyriformis), dont le plasma jaunâtre et poussiéreux, était enroulé en boule; lorsque par écrasement on libérait ce plasma, il se montrait tout à fait nu, mais apathique, et après un temps assez long on voyait s'y produire sur les bords des mouvements amiboïdes; dans quelques individus cependant, ce plasma était couvert d'une pellicule résistante, souple mais tenace et à double contour, qu'on pouvait considérer connue un véritable kyste. NOTE 15. HYBKIDITÉ 683 Dans le genre Eugli/plia, par contre, comme dans quelques autres voisins, on peut constater l'existence fréquente de kystes bien caractérisés, formés d'écailles siliceuses, et au sujet desquels on trouvera quelques détails dans la partie systématique de cet ouvi'age (page 505, EuyJypha lirach/ata, page 503, Etifjli/pJia str/t/om). Note 15. HYBRIDITÉ Parmi les Rhizopodes, beaucoup se font remarquer par l'existence, à côté de l'espèce type, de formes ou de variétés souvent nombreuses, et il semblerait assez naturel de rattacher ces différentes formes à des phénomènes de croisement. Mais, tandis que chez les animaux plus élevés en organisation l'hybridité est assez générale, chez les Rhizopodes, où ce phénomène, grâce à la rencontre si fréquente d'individus conjugués, serait plus facile à constater que partout ailleurs, et semblerait en même temps devoir se produire le plus aisément du monde, on ne connaît pas une seule observation qui puisse s'y rap- porter d'une manière évidente ; jamais en fait on n'a vu s'accoupler deux individus dont l'un ne fût pas semblable à l'autre. Il est à remarquer cependant qu'on peut observer de temjjs à autre des cas de ce que l'on pourrait appeler conjugaison fausse ou apparente, où deux individus d'espèce très différente sont liés l'un à l'autre, mais sans que le phénomène ait aucun rapport avec la conjugaison; il s'agit là d'une simple capture d'un individu par un autre dans un but d'ali- mentation. Bien que les Rhizopodes soient, en règle générale, essentiellement herbivores, beaucoup peuvent à l'occasion avaler des proies animales, et sous ce rapport on peut citer le genre NeheJa. qui, lui, peut être considéré connue normalement Carnivore. A chaque instant on peut être appelé à voir une Xebela collaris, par exemple, capturer un Rhizopode plus petit, se joindre à lui bouche à bouche et s'emparer de son contenu. Dans les autres Rhizopodes. pareil fait est extraordinairement rare ; mais cependant on peut l'observer de temps à autre, et c'est par un phénomène de ce genre que je crois devoir expliquer, par exemple, la rencontre que j'ai faite un jour d'une Lecquereusia spi- ralis soudée par la bouche à une Difflugia (pyriformls?^). 684 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN Par contre, à deux reprises j'ai trouvé une Bifflugia pyriformis conjuguée avec une Diffluf/ia capreoJata, et sans qu'il y eût ap])arence de capture de proie. Ces deux espèces sont, il faut le dire, très rapprochées l'une de l'autre, soit connue forme soit comme taille, et peut-être serait-on en droit de reconnaître là un phénomène d'hybridité. S'il en était ainsi, ce serait là probablement le seul cas juscju'ici constaté de croise- ment direct. Mais il est des occasions, plus nombreuses, où l'on est tenté, sans preuves tangibles d'ailleurs, d'expliquer l'apparence de tel ou tel individu comme due à l'hybridité. C'est ainsi que dans une localité où la Bifflitfiia lobostoma était extraordinairement abondante, et où la Diffl/if/ia pt/riformift pullulait également, j'ai trouvé un exemplaire allongé, et que l'on aurait pu api)eler « pyriforme, » mais sans rétrécissement au col, et pourvu d'une ouverture buccale à quatre lobes. De même, dans une autre station, une Di//Zw//ia amphora se distinguait des autres par une enveloppe plus largement ovoïde, une collerette à peine marquée, une bouche à lobes à peine indiqués, et aurait pu représenter un hybride de Difflugiu lohostoma et Difflm/ia amphora '. D'autres fois, ce sont les transitions entre des séries d'individus qui semblent faire croire à Thybridité; i»ar exeuq)le. dans un étang à Châtelaine, on trouve toujoui'set en nombre considérable : 1" lïcDifflufjia aciimmata typique, 2" la Difflmjia Jariceolata typique, et 3" un nombre considérable de formes de passage entre ces deux types ; tantôt c'est la taille, moyenne entre ces deux espèces, tantôt c'est la forme lanceolata avec en arrière un counnencement du tube de Vaniminaùi. tantôt des déformations et des inégalités de la coquille, tantôt tout cela à la fois. Dans une autre localité (vivier Romieux à Florissant), on trouvait la Difflugia acu- minata, extrêmement abondante, représentée sous deux formes différentes, d'abord la forme type, puis une autre Ijeaucoup plus courte, mais tout aussi large, renflée, ovoïde, et que l'on aurait pu prendre poui- la Difflugia ehgans (dont elle différait d'ailleurs par certains détails, qu'il est iimtile de préciser). Or, de l'une de ces formes extrêmes à l'autre il existait toute une série de transitions, qui semblaient assez naturellement pouvoir s'ex- pliquer par des croisements répétés. ' En 189l)(85), j'avais cili'' Lin cas possible d'iiybridllé entre une Hfimperu rosm et une (Jnndruln sjjmmetricu. NOTE 10. MIMÉTISME 685 Dans une troisième localité, c'était la Biffltigia mankata, qui se montrait plus ou moins ovoïde ou allongée, et passait à la Difflngia pyriformin var. hryophMa, également existante dans la même station. Dans toutes ces stations, il ne m'est pas arrivé ime seule fois de trouver des couples conjugués qui fussent de nature à montrer un véritable croisement ; les deux individus appartenaient toujours à la même forme; mais peut-être une étude suivie de ces stations particulières aurait-elle conduit à des résultats plus signiticatifs, et montré que les Rliizo- podes ne font pas dans le règne organique complètement exception à la règle générale, et peuvent être sujets comme les autres aux phénomènes d'hybridité. Note Ki. MIMÉTISME Jamais que je sache il n'a été question de mimétisme chez les lîhizopodes. Cependant, en 1890 déjà (87), j'avais émis l'opinion que les coquilles de certaines Ditflugies (D/fflu/j/a faUax, lucida, lanceohda). dont les écailles ressemblent à des pierres mais sont d'origine endogène, pourraient bien être le i-ésultat d'une sorte de mimétisme, qui rendrait l'animal plus difficile à distinguer dans le sable tin. Rhumbler (96) a critiqué cette opinion, car, dit-il, on ne connaît pas d'animaux qui fassent la guerre aux Difflugies en tant qu'individus séparés, et si les Diffiugies sont avalées en même temps que la boue par les animaux qui se nourrissent de détritus, connne par exemple les larves de batraciens, leur adaptation miméti(iue ne leur servira de rien. Cependant Rhumbler, même si nous admettons qu'il soit dans le vrai quant à la non réalité du mimétisme, se trompe certainement sur un point : il existe des animaux qui font la guerre aux Difflugies, les guettent une à une, et en font leur proie de prédilection; on peut citer de très petits QXwio^oAii^ (Chœtotiaster?) Aoni l'estomac renferme souvent un nombre assez considérable de Difflugies {Difflugia lohos- foma, pyrifcrmls, etc.), puis des petits Crustacés, et il est certain qu'un animal protégé par une coquille mieux dissimulée aurait plus de chance de résister à ses ennemis. Dans le fond, on ne comprend guère pourquoi, du moment que les phénomènes de mimétisme, ou tout au moins d'homochromisme, sont communs dans leur généralité au 686 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN monde orgaiii(iue tout entier, y compris les végétaux, les Rliizopodes feraient une excep- tion à la règle. C'est une loi générale pour les organismes que de se mettre à l'unisson de leur entourage, et de trancher aussi peu que possible sur le terrain qui les environne. Or ces phénomènes d'homochromisme général sont i)arfaitement évidents chez les Rliizopodes; les uns se cachent dans la boue, les autres se couvrent d'une enveloppe qui devient plus ou moins difficile à distinguer du fond; d'autres, par exemple les Rhizopodes des grands lacs, ou encore les espèces sphagnicoles qui se meuvent entre les feuilles à cellu- les claires de ces végétaux, tendent à acquérir une transparence particulière. La Diffluf/ia pyrifornm var. afrirolor ressemble à un i)etit amas i)yriforme de débris brunâtres, qui cache presque toujours sa nature organique, et seulement quand les pseudopodes sont déployés on peut s'assurer qu'il y a là un animal. Mais, outre ces phénomènes d'homochromisme général, que les faits semblent bien prouver, il est, je crois, possible de citer deux ou trois exemples qui ])ourraient être rat- tachés directement à un mimétisme dans le sens jjlus ])articulier du uu)t, c'est-à-dire à l'imitation d'un objet ou d'un autre animal. Le meilleur que je puisse présenter sous ce rapport concerne VAinph/troiia flurum. Cette espèce, très rare et qui n'habite que les sphagnum, ne se trouve jamais que là où existe également en abondance une petite desmidiée appartenant suivant toute apparence au genre Pemum (Peninm crassiusculumY Penium Ralfsii?). Or VAmphitrema flavwm, toujours plein de chlorophylle, revêt si bien la forme et l'apparence de ce Penium, que pendant des années j'ai pris ce Rhizopode i)Our une desmidiée alliée à ce dernier genre. Deux autres exemplaires peuvent être cités dans le genre Gromia. La Gromia squa- mosa imite si bien certaines déjections allongées (de Vers, Mollusques ou Crustacés?) qui se trouvent presque toujours en nombre immense dans son voisinage, qu'il faut souvent toute l'attention de l'observateur pour ne pas la confondre avec elles ; un jour même, après avoir fait subii- à ce que je croyais être une Gromia squamosa toutes les réactions nécessaires à une préparation microscopique, je reconnus, en l'examinant une fois termi- née et dans le baume, que je n'avais sous les yeux qu'un excrément fusiforme. La Gromia Brunneri, de son côté, ressemble de très près à d'autres déjections, plus lai'ges, que Ton voit en grande abondance au fond des lacs. Si dans ces différents cas, il y a vraiment mimétisme, il resterait à se demander NOTE 17. SYMBIOSE fift? lequel imite l'autre; pour les Gromies, la réponse est facile, car on ne voit pas l'intérêt qu'un excrément aurait à imiter un Rhizopode; pour V Amphitrema il n'en est plus de même; mais on peut dire cependant que l'imitation viendrait certainement du Rhizopode, car si V Amj)hitrema ne vit que là où se trouve le Penimn, le Penium vit fort bien là où ne se trouve pas V Amphitrema. Ce serait ici le lieu de mentionner le Cori/thmi duhiiim et la variété bryophile du Trinema enchehjs, qui malgré la structure toute différente de leur coque, ressemblent si bien l'un à l'autre que souvent on a beaucoup de peine à ne pas les confondre '. Note 17. SYMBIOSE La symbiose est très générale chez les Rhizopodes, et l'algue qui constitue ce phé- nomène est toujours normalement la CJdoreUa rnkfaris de Zacharias (Zoochlorelh con- ductrix Brandt). Pai'fois cependant, mais à titre exceptioiniel, on trouve, mêlées à ces Zoochlorelles, des algues figurées plus grandes, appartenant à la famille des protococcacées (CJdoreUa, Profococcus. Scenedesm/fs). Plus rarement encore, la Chlorella r/dgaris habituelle est remplacée par une algue beaucoup plus petite, plus claire, que l'on trouve surtout dans les espèces qui normalement ne jn'ésentent pas de phénomènes symbioti(jues (Pofdkjulasia incisa, Diffltigia Jimnetdca), mais qui m'a paru être normale, au moins dans une certaine station, dans V Amphitrema sfei/osfoiiia. On peut diviser les Rhizojjodes, pour la question qui nous occupe, en trois catégo- ries : ceux qui toujours possèdent des Zoochlorelles, ceux chez lesquels la présence de ces algues n'est qu'éventuelle, et ceux qui sont réfractaires à toute symbiose normale. Parmi les premiers, on peut citer en première ligne les Amphitrema, qui tous et sans exception renferment des Zoochlorelles; il y faut ajouter la Difflwjia rframen « fi/pi- ' Le Trinema verrucosum de Pkanck présente, d'après cet auteur, l'apparence d'une desmidiée, Cosmariiim murgarit iferum . 688 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN qîie, » V Hydosphenia pwpilio, la Bifflugia lohostoma, Heïeopera pida, et sans cloute un grand nombre d'autres dont on pourrait faire une liste en consultant la partie systéma- tique de cet ouvrage. Quant aux espèces où la symbiose n'est qu'éventuelle, elles sont assez nombreuses encore (par exemple Diffîu(/ia pyriformis type), mais moins peut-être que les premières, et moins également que celles qui représentent la troisième catégorie, où les Zoochlo- relles, si parfois elles se rencontrent, sont en très petit nombre, et pour ainsi dire adven- tives. Parmi ces espèces on pourrait citer Bifflugia gramen var. achlora, Difflugia limne- tica, Difflugia urceolata. et un grand nombre d'autres qui manquent toujours de chloro- pliylle. Il faudrait y ajouter beaucoup d'Amibes, puis les genres Arcella, Euglypha, Trinenia, etc., etc., dans lesquels on trouve très peu d'espèces non réfractaires. Il serait peut-être un peu difficile de déterminer l'utilité que le phénomène de la symbiose peut avoir pour la Zoochlorelle; mais quant aux services que cette Zoochlorelle est appelée à rendi'e au lîhizopode, ils sont certainement bien évidents. La Zoochlorelle fournit à l'animal une partie au moins de l'oxygène dont il a besoin, et j'ai trouvé par exemple, qu'en transportant dans un verre de montre des Difflugies vertes et d'autres incolores, ces dernières meurent plus vite (jue les autres, et cela sans doute par asphyxie, car dans mes expériences il ne s'était pas écoulé suffisamment de temps pour que la mort pût être attribuée au manque de nourriture. Il est cependant très probable qu'au point de vue de l'alimentation les Zoochlo- relles jouent un rôle également considérable. Plusieurs observateurs ont attiré l'attention sur le fait que les Difflugies vertes semblent pouvoir se passer d'aliments beaucoup plus longtemps que les autres, même en eau bien aérée, et c'est également à ce résultat que m'ont conduit mes propres expériences. Ce fait peut alors trouver son explication dans ce sens, que l'animal à jeun possède la faculté de digérer, quand le besoin se fait sentir, les Zoochlorelles qu'il a jusque là conservées sans leur faire de mal. Sans avoir pu m'assu- rer de la chose d'une manière absolument certaine, c'est pourtant la conclusion générale qui dans des cas très nombreux s'est imposée à mon esprit, lîien souvent il arrive, surtout sur des animaux soumis à un jeûne prolongé, de trouver en écrasant l'animal un certain nombre de Zoochlorelles ratatinées, brunâtres, et comme à moitié dissoutes, puis des NOTE 18. MÉROTOMIE 6S0 grains jaunes qui semblent représenter des produits de digestion. Dans VHyalosphenia papilio, toujours pleine de Zoochlorelles, on trouve toujours fort peu de nourriture figu- rée, et dans les trois Aniphitrona, ni Archer, ni NÛSSLIX, ni moi, n'avons jamais réussi à apercevoir de proies capturées; par contre on y voit souvent des boulettes brunes qui semblent provenir de Zoochlorelles, et toujours un grand nombre de petits grains jaunâ- tres, caractéristiques de toutes les espèces de ce gem-e, et qui peut-être représenteraient les produits de la digestion ultime de ces Zoochlorelles '. Note 18. MÉROTOMIE Dans un mémoire de quelques pages, paru en 1899^, je rendais compte de diffé- rentes expériences auxquelles je m'étais livré sur les mouvements autonomes des pseudo- podes détachés du corps; ces expériences concernaient VAmœha urceolata et VAmœba pyriformis. Sans vouloir rappeler ici ces expériences dans leurs détails, je me bornerai à citer les lignes qui dans ce mémoire résumaient brièvement les conclusions auxquelles j'étais arrivé : « Des fragments détachés d'une région déterminée du plasma (pseudopodes) se « conduisent pendant quelque temps comme s'ils constituaient un organisme (Rhizopode) « complet. Cet organisme éphémère est attiré par un plasma identique à celui qui le « constitue lui-même, et repoussé par tout plasma différent du sien. On peut considérer « deux individus provenant de division et séparés depuis peu comme possédant un plasma ' Dans un travail récent, dont je n'ai eu connaissance qu'après avoir écrit les lignes précédentes (Ueber grline Amôben. Berichte der Xaturf. Gesell. Freiburg 1899), Gruber cite des Amibes remplies de Zoochlorelles, qu'il a conservées pendant sept ans sans leur offrir aucune nourriture, dans une eau très pure, et qui au dernier jour étaient aussi bien portantes que le premier. Mais transportées à l'obscurité, elles mouraient de faim à mesure que les Zoochlorelles, devenues incapables de multiplier, disparaissaient les unes après les autres, à moins qu'elles ne fussent ramenées à la lumière suirisamment à temps pour qu'il restât dans leur intérieur des Zoochlorelles susceptibles de recommencer à se reproduire. ■■' Sur les mouvements autonomes des pseudopodes. Archives Sciences phys. etnat., mai 1899. 87 690 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN « encore identique ; à part cela, le plasma difiere d'individu à individu dans le sein d'une « même espèce. » Plus tai'd, cette année même (191)1), les nouvelles recherches que j'avais entre- prises, et relatives au sort du noyau séparé de l'animal, comme aussi de l'animal dans son intégrité mais privé de cet organe, ont été publiées à leui' tour (i)()). D'après ces expé- riences, faites sur les Diffliigia pjirifornÙH, Bifflugiu lobostoma, Diffltifi'm f/hhulosa, D'tffliKjia capreolata, le nojau complètement isolé était, suivant l'espèce ou, plus proba- blement, suivant les conditions du milieu, en apparence encore parfaitement sain après un temps qui variait de 9 à 24 heures'. Passé ce temps, le contour de la membrane nucléaire perd de sa régularité ; il s'_y forme de petites ondulations, puis cette mendjrane se voit entourée de granulations qui doivent représenter des microbes; les nucléoles, de leur coté, se ratatinent, deviennent grisâtres, granuleux, et le noyau peut être à ce moment considéré connne mort. Quant à l'animal conservé dans son intégrité (sauf la déchirure de la coque produite pour éliminer le noyau), mais privé de son nucléus, il se comporte en somme comme les individus normaux, sauf une plus grande paresse due peut-être à la mutilation de la coquille. Les sujets en observation ont vécu jusqu'à 15 jours malgré des conditions en somme défavorables (manque d'eau sutïisamment aérée, attaque des parasites), et lors- qu'ils ont été examinés pour la dernière fois, la vie ne les avait pas encore abandonnés. Plus tard encore, dans le courant de cette année, j'ai eu l'occasion de me livrer à quelques nouvelles expériences de mérotomie sur la grande variété à'Amœba jyrote/ts mentionnée à la page 60. Gruber (47) après avoir coupé en deux une Amœba protetis, avait constaté que la portion privée de noyau se ramassait en boule et ne tardait pas à périr. Hofer (58). en divisant de grandes Amibes en partie nucléées et non nucléées, avait vu que les premières continuaient à se comporter comme des Amibes, tandis que les parties privées de noyau ne montraient une conduite normale que pendant 15 à 20 minutes, puis que les mouvements devenaient anormaux et irréguliers, pour cesser bientôt complètement. Verworn (116) avait cependant vu des fi'agmejits isolés et sans ' Il est cependant difficile de dire si à ce moment le noyau esirMlcmi-nl encore bien portant, ou s'il n'y a là qu'une apparence (voir note 10, page 644). NOTE 18. MÉKOTUMIE 691 noyau émettre des pseudopodes aussi actifs qu'à l'état normal. Enfin les expériences de ce dernier auteur sur un Infusoire, le Laaymaria olor, connue celles de Balbiani, sur différents Infusoires également, avaient montré que des fragments détachés et privés de no}'au pouvaient vivre encore des jours entiers. Il était donc assez intéressant de contrôler sur des Amibes les doiniées de ces diffé- rents auteurs, et pour VAmœba proteus, voici quel a été le résultat de mes expériences : Exp. A. Une moitié d'Amibe, dépourvue de noyau comme aussi de vésicule cmi- tractile, détachée à !) h. du matin, le 1 6 mars, se voit le même soir à 6 h. avec 2 vési- cules contractiles; l'Amibe est normale en apparence, mais paresseuse. Le 17 mars, elle est bien portante, mais paresseuse, et munie d'une grande vésicule contractile, qui fonctionne normalement. Elle reste vivante jusqu'au 23 mars, mais toujours sans grande vivacité, et ce jour-là elle est décidément malade ; le 24 au matin il n'y a plus que du plasma mort. Exp. B. Fragment arec vésicule contractile mais sans noyau. A vécu du 15 au 17 mars, mais s'est montré constamment paresseux; le 17 il a été déchiré pendant la manipulation. Exp. C. Fragment de même nature, a été perdu après 3 heures de temps ; à ce moment il était parfaitement vivant. Exp. D. Fragment arec noyau mais sans vésicule contractile; détaché le 15 mars. Le 16 mars, l'animal se meut d'une manière normale, pourvu tantôt d'une, tantôt de deux vésicules contractiles à fonction normale. Cet individu a été conservé vivant jus- qu'au 24 mars, mais l'eau étant devemu' impure, il s'est montré ce jour-là très paresseux et sans doute malade. Il a péri par accident. En sonnne, on peut conclure de ces quelques expériences que les fragments séparés de l'animal et dépourvus de noyau peuvent vivre beaucoup plus longtemps que ne l'ont montré les observations de Gruber et de Hofer. Il faut remarquer à ce sujet que, d'une manière générale, le fragment a d'autant plus de chances de longue vie que lui-même représente une plus grande portion du corps d'où il a été détaché. Observons encore que les différents fragments dont il a été ([uestion se trouvaient isolés dans des verres de montre, où l'eau n'était que l'arement renouvelée, de sorte que dans des condi- tions plus naturelles, ils auraient probablement pu vivre ou prospérer plus longtemps. 692 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LEMAN Enfin il est intéressant de i-emarquer : V Que les fragments dépourvus de noyau montrent, bien que parfaitement vivants, une activité moindre que ceux qui renferment encore cet organe. 2" Que les fragments dépourvus de vésicule contractile ne tardent pas à en reformer de toutes pièces une ou plusieurs; nous reviendrons tout à l'heure sur le sujet '. Il me reste à relater quelques expériences que j'ai faites sur des fragments plus petits, isolés par écrasement, et provenant de diverses DitHugies. Le 26 mai, deux petits fragments détachés d'une Difflufjia capreohda écrasée, dé- pourvus de noyau comme de vésicule contractile, se mettent à ramper, et 25 minutes après chacun est muni d'une belle vésicule qui fonctioiuie normalement et se reforme à la place même où a eu lieu la systole. Le 22 décembre (1900), cinq petits fragments d'une Difflugia lobostcmia écrasée, pourvus chacun de Zoochlorelles, mais manquant aussi bien de noyau que de vésicule contractile, sont transportés dans un verre de montre, oîi ils se mettent à ramper, en développant un ectosarc clair qui se livre à des mouvements amiboïdes ondulés, en pous- sant parfois mais rarement des prolongements analogues à des pseudopodes. Tous ces fragments sont pourvus après un instant (20 miinites en moyenne?) d'une ou plus souvent de deux vésicules contractiles, qui fonctionnent normalement et se reforment à la même place. Les jours suivants ces fragments se sont montrés parfaitement vivants, et bien portants quoique peu actifs, mais ils se sont perdus, en raison de leur petite taille, les uns après les autres pendant les manipulations (transport du verre de montre au porte-objet et vice-versa). Cependant, le 27 décembre il y en avait encore deux, bien portants, avec vésicules contractiles normales; les Zoochlorelles paraissaient y être en partie digérées (?), et le plasma renfermait un grand nombre de granulations brillantes extrêmement petites. Le dernier fragment, encore bien vivant, s'est perdu le 28 décembre. Ces dernières expériences ne paraissent présenter un intérêt réel, en ce qu'elles montrent, d'abord qu'un fragment même d'assez faible volume, peut parfaitement vivre ' Je citerai dans cet ordre d'idées, encore le cas d'une Amwba nobilis, qui par le fait d'une forte compression avait perdu sa vésicuJe contractile, laquelle avait été rejetée au loin, dans toute son intégrité. Après addition d'eau l'animal reprit sa forme nalurellc . et vingt minutes plus tard se trouvait pourvu d'une vésicule contractile splendide. NOTE 19. NOURRITURE 603 jusqu'à six jours au moins sans noyau, puis ensuite que dans tous les cas, à peine le frag- ment connnence-t-il à se comporter connue un organisme complet, qu'il s'y forme une vésicule contractile ' qui se met à fonctionner normalement. En comparant entre elles ces expériences, ainsi que d'autres, isolées, du même genre et qui m'ont fourni les mêmes résultats, j'ai été également amené à la conclusion que les fragments pourvus de Zoochlorelles (Difflugies) présentent une vitalité supé- rieure à ceux qui n'en renferment pas (Amibes en général), et ce serait encore là un indice de l'utilité de la symbiose, pour le Rhizopode, tant sous le rapport de la respira- tion que sous celui de l'alimentation. Note 19. NOURRITURE Les Rhizopodes sont i)our la plus grande partie essentiellement herbivores ; ils se nourrissent de préférence de petites algues unicellulaires ou filamenteuses, ou bien aussi de particules végétales en décomposition. Cependant il est très probable que beau- coup d'entre eux peuvent à l'occasion capturer de petits organismes animaux et les digérer (voir Di/flngia jryriformis, page 216). Il existe même un genre, le genre Nebela, dont les représentants, sans refuser la nourriture végétale, peuvent très probablement être considérés conune normalement carnivores ; les Xehela se rencontrent fréquemment occupées à vider l'intérieur de Rhizopodes plus petits, parmi lesquels on peut citer VAssuUna semimdum, qui semble être particulièrement recherchée. Les espèces qui, connue Heîeopera pida, Hyalosphema papilio, etc., présentent nor- malement le phénomène de la symbiose, renferment dans la règle un nombre de proies beaucoup moins considérable que les autres, et quelques-unes même, comme toutes les Ampliitrema, semblent n'en contenir jamais. Il est probable, comme nous l'avons vu précédemment, que dans ce cas les Zoochlorelles représentent en quelque sorte une pro- ' Si j'ai bien ohservé, il se l'orme en ;.;énéi'al d'abord deux, ou même trois vacuoles, i) fonctionne- ment encore indécis, puis ces vacuoles se fixent, pour ainsi dire, toujours mieux, et l'une d'elles reste seule comme vésicule normale. 694 FAUKE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN vision de nourriture, et que l'animal, après les avoir laissées vivre et prospérer tant qu'il n'en a pas besoin, en digère de temps en temps l'une ou l'autre. Quant à un choix ou à un triage spécial dans la nourriture qui se trouve à leur portée, il ne parait pas, dans la plupart des cas, qu'il s'en fasse aucun, et l'animal semble prendre indistinctement toutes les matières organicpies qu'il rencontre. Je crois pourtant que des recherches dirigées sur ce sujet ne seraient pas sans intérêt, et permettraient de distinguer certaines espèces dont les préférences seraient nettement marquées. VAmœba terricola, par exemple, semble affectionner les grosses proies, et capturer volontiers des Rotifères (voir page 111). A cette occasion je nientioinierai le Diaphorodofi mobile, dont certains représen- tants, très nombreux dans un bocal où avait été trempé un pinceau rempli de carmin, se trouvèrent le lendemain tous nmnis à la bouche de petits grains roses, incorporés en apparence à la coquille, à la constitution de laquelle ils semblaient prendre part ; pen- dant ce temps les autres Rhizopodes ne montraient rien de semblable, et avaient refusé le carmin. Il y avait donc là évidemment un choix de la part du Diaphorodon. Maupas indique dans le genre Lieherkiihnia la digestion comme se faisant tout entière en dehors du corps, et s'opérant dans le plasma réticulé externe. Dans le seul individu que j'aie observé, le plasma ne semblait en effet pas renfermer de proies, sauf quelques boulettes verdâtres très petites auxquelles on aurait pu reconnaître cette signi- fication. Mais en tout cas les Gromies, si voisines de la Lieberkûhnia, capturent et avalent des proies, et les Gromiu Brum/eri, squumosa. (/c.»ima. se voient fréqueimnent bourrées de grosses diatomées en cours de digestion. Note 2(). VITALITÉ Les Rhizopodes se montrent tous plus ou moins sensibles aux influences du milieu, et, connue Schewiakoff (105), et d'autres, l'ont déjà fait remarquer, la nature de l'eau, la température, la lumièi'e, la végétation qui les entoure, tous ces facteurs jouent un rôle important dans la vie de ces petits organismes. NOTE 20. VITALITÉ 695 Sans vouloir m'occuper en détail de ces questions pourtant importantes, mais aux- quelles je n'ai pu vouer que par intermittences une attention sérieuse, je crois devoir indiquer au moins les résultats de mes observations. Si nous ne considérons le sujet que d'une manière tout à fait générale et en n'exa- minant que la résistance ou la vitalité dans son ensemble, nous pouvons reconnaître que certaines espèces sont plus vigoureuses que d'autres; c'est ainsi que dans les bocaux où à plusieurs reprises j'ai conservé en nombre considérable les Difflugia lohostoma et pi/rifomm vivant en compagnie des Biffl/ur/ia fjramen et CucurbiteUa mespiliformis, les deux dernières ont toujours conservé leur vigueur plus longtemps que les premières (lesquelles d'ailleurs ne sont pas, loin de là, des espèces délicates). Certaines espèces sont particulièrement délicates, comme VAniœha nobUis, qui ne se conserve guère plus de 24 heures lorsque l'eau n'est pas très pure, et le Pamphagus hyaUnus. qui dans les mêmes conditions émet par la bouche une masse arrondie de plasma, signe de maladie, et de mort certaine si à ce moment on ne transporte pas l'animal dans de l'eau pure. J'ai fait sur quelques Difflugies (Difflugia lohostoma, pyriformis, lithoplites) diffé- rentes expériences sur l'inanition ; mais les résultats n'ont pas été bien significatifs, car dans ces expériences plusieurs facteurs entrent en cause, qualité de l'eau, température, aération, envahissement par les microbes, qui parfois se contrarient les uns les autres. Suivant les circonstances, j'ai gardé les Difflugies bien vivantes pendant une, deux, trois, quatre semaines et plus ; très souvent aussi les animaux, après quelques jours, se reti- raient au fond de leur coque, après en avoir fermé l'orifice par des débris agglutinés. Lorsque alors, après des semaines, on écrasait la coquille tout entourée de végétations cryptogamiques, on trouvait le plasma vivant, mais d'un gris jaunâtre sale, et incapable de mouvements rapides; la vésicule contractile battait à peine, restant des heures à l'état de diastole ; les Zoochlorelles étaient en majeure partie très bien portantes, mais d'autres se montraient ratatinées et conmie à moitié digérées. Dans tous ces individus, l'organe le plus résistant et le dernier à perdre son apparence saine et normale, a toujours été le noyau, ((ui semble sous ce i-apport montrer une vitalité toute particu- lière. (Voir page 643.) ' ' M lecture de ces lignes, lors de la eoiTeclion des épreuves, le 14 février 1902, m'a suggéré l'idée d'examiner une ancienne récolte, provenant du marais de Rouelbeau, et datant du 1'"' décembre 1901. 696 FAUNE RHIZOPODIQUE DU BASSIN DU LÉMAN L (Hyalodifcusi 161 " (Difjlugin c.api-eohila) . . 224 Manganèse 384,391 Marche apparente sans avancement réel . 114 M.em\)rane (A mphitremn fin l'iimj. . . . 534 " ( Amphizonellaj 167 (Arcella) 393 » ( Assulinn seiiiiniiluM I . . . 516 (Cocldiopoilimii) . .185, 188, 191 (Cyphodcrio) . . . 471.477,486 " iCoryciaj 174 Membrane (Difflugia tubei'culata) . . . 293 » (Diplophrys Archeri). . . . 541 " (Gromia gemmaj 539 » (Lecquereusia) 326 » (Nebela) 348 » (Nebela vitrœa) 372 " (Sjihenoderin lenln.) .... 520 » nucléaire 634 Mérotomie (note 18) 689 Mimétisme (note 16) 683 Monstres doubles 304,445,600 Mouvement de fouet 88, 463 Noyau (note 10) 633 Nourriture (note 19) 693 Nucléole 635 Ornements de la bouche . . . . . . 609 » de l'enveloppe 607 Oxalate de chaux 481.619 Parasites (note 9) 629 Id. 364, 482 Pellicule membraneuse. 103, 106, 123, 125, 128 Phéosomes 422, 466, 479, 621 Plasma (note 6) 610 Plaques de réserve 676 Plissements du noyau 64, 641 Polymorphisme 606 Pores de la coquille 609 Préparations microscopiques 389 Pseudopodes (note 8) 625 éruptifs 40, 182 ■> (Amœba radiosaj .... 86 » (Dijjlugia capre.olata) . . . 224 >> (Hyalospheniu cunmtn) 334 » (Hyalosphenia fiunctata) . . 342 » (Phryganelln niduhis) . . . 420 Psychologie (note 21) 697 Pustules sur l'enveloppe 269 Récolte (note 1) 583 Henversement de la marche 615 TABLE DES MATIERES 707 Pages. Héparatioii des blessures (coquilles). . 606 Reployement de la membrane sur elle- même 176. 182 Reproduction (note 14) 673 Résistance de la membrane i Amœba lerri- cola) 108 Résistance au.x sucs digestifs 696 Retrait brusque au fond de la coque . . 335, 619 Kotation du plasma 563 Rotifère parasite 632 Ruissellement interne 60, 62, 612 Soies de revêtement 197, 200, 356, 380, 444, 608 Spores 49 Structure du noyau 633 » du plasma 612 Suc nucléaire 635 Symbiose (note 17) 687 Tableau dichotomique 23 " des Ditflugies (planche) .... 213 '1 des genres (planche) .... 702 Taille relative des noyau.x 640 Température 696 Pages. Tentacules 92. 98, 627 Triage de la récolte 586 Turgescence (vésicule contractile) . . . 645 Types de noyau.v (planche) 637 Urates 620 Valves 460 Vacuoles 126,614 » colorées 170 contractiles 140 " de gaz 624 » des noyau.\ .... 44, 313, 633 Vacuolisation du plasma 71, 96. 100, 103, 126, 133, 140, 152 Variations (note 13) 671 Variétés (note 13) 671 Vésicule contractile (note 11) 644 129,484 " Il adventive 131 Vitalité (note 20) 694 » du noyau ..... . . 643 Zoochlorelles 687 •1 INDEX SPÉCIFIQUE Les noms en italiques se rapportent aux espèces rencontrées sur le territoire exploré, et décrites avec détails. Les noms en caractères ordinaires indiquent les synonymes. Les noms précédés d'une croix con- cernent les espèces jusqu'ici absentes du Bassin du Léman. Pages. AUodictya 343 Amiba princeps o7 Amœha actinophora 188 " alba 123 » ambulacvalis 90 1) annulata 32 11 alveolata 100 >i angulata 9â 11 beryllifeva 33 >i bilimbosa 184 " binucleata 147 11 bolrijllis 76 11 brachiata 86 » citrina 102 11 clavarioides 73 11 communis 57 11 digitata . . 92 11 fasciculala 73 yi flbrillosa 123 11 tlavescens 44 11 fluida 42 Amœba gorgonia 78 ■1 gracilis 38 11 qranuloxa 46 (luttula 38 11 hercules 123 hijlobales 81 » laurenta 131 ■1 Umax . . ■ 33 11 Umicola 40 11 lucens 33 11 luteola 41 11 natans 104 11 nitida 61 11 nobilis 63 obtecta 209 11 polypodia 84 prima 43. 48, 152 princeps 57, 70 proteus 37 11 quadrilineata 104 Il radiosa 86 89* 710 INDEX SPÉCIFIQUE Amœba ramosa 57, 86 » saphirina 30 » similis 104 » spkœronucleolus 121 » sphseronucleosus 121 » spumosa 9S ,. striata 127 » striolata 127 » tentaculata 190 » terricola 104 » teptia 133 1) undosa 42 )) velata 97 » verrucosa lO'i. 127 » vesiculata 125 » vespertilio 92 1) villosa 70 » vitrœu 84 " zonalis 185 Amphitrema flamuii 334 ■f " rhenanum 581 " stenoslonui 537 I) Wrightianum 339 Amphizonella digitala 190 .1 flava 173 I. vestita 183, 198 1) violacea 166 Arcella aculeata 302 11 arenaria 406 >i ariocrm 404' 11 auréola 406 ■1 catinus 404 11 constricta 531 11 costala 401 » dentata 410 11 discoides 402 .1 globulosa 402 " hemisphferica 400 .. ;' hyalina 432 11 microstoma 406 t 11 mitrala 576 Okeni 410 11 patens 413, 415 Arcella polypora 408 11 stellaris 410 stellata 410 ■1 vulgaris 398 Assulina lenta 521 11 minor 319 11 scandinavica 519 11 seminulum 316 Biomyxa rngnns 548 f Campasciis cornutus . . . 466, 371, 576 Il minutiis 469 11 Iriqueler 466 Cmtropyxis aculeala 302 arcelloides 309 n dAicnlnla 308 i. Urrigala 306 Chaos 33 Clilainydophrys stereorea 432 Cijipeolina marginata 459 Cocliliopodium acUnophorum 188 11 bilimhosum 184 .1 digitatum 190 .1 echinatum 196 11 erinaceum 202 n granulatum 194 " obscurum 203 11 pellucidum 184 11 pilosum 198 veslitum 198, 196 CjOrijcia coronata 178 .1 Uujardini 172, 173 11 flava 173 ■1 stereorea 432 Corycie : • • 104, 171 Corythion dicbium 531 11 pulchellum 533 Cryptodifflugin compressa 428 Il oviformis 425 11 sacculus 429 Cucurbitella mespiliformis 311 Cyphoderia ampulla 473 INDEX SPÉCIFIQUE 711 Cyphoderia calceolus 483 " lœris 489 '1 mnrfiaritacea 472 » irochus 483 " trunrata 474 Cystophrys oculea 540 DactylosphaM'ium vitrasum 84 Diaphorodon mobile 444 f Dijjlugia acropodia .... 256, 421, 574 » aculeata 302 " acaminata 233, 236, 250 " umphora 289 ampuUa 472 » aixula 296 » assulata 376 t » asterisca o73 avellana 261 " bacillariarum 236 bnrilUfera 230 " bicornis 238 » bicuspidata 236 » bidens 264 « binucleata 262 » Bombayensis 292 " capreolata 222 » carinata 337 cassis 298 ciliata 499, 507 compressa 218, 262 » collaris 347 conslricla 298 corona 287 " curvicaulis 242 " cyclotellina 274 elef/ans 236 elisa 315 » elliptica 246 " enchely.s 526 entochloris 218 V falla.c ' . . . . 243 t " fragosa 373 » glatis 246 Pages. Dijjlugia g\oh\i\SiV'\& 256 » globiilosa . . 236, 252, 419, 421 » gramen. 281 » helix . . . 326 " . hyalina. . . 432 » hydroslatica . 274 » lag;eniformis . 266 lanceolala . . 230 « lebes . . . 270 » Lemani. . . 249 " lenta . . . 520 ligata . . . 333 " limnetica . 279 lithoplik's . . 284 " lobostoma . 276. 281, 296 lucidu . . . 273 mammillavis . 255 manicala . . 226 " marsupiformis . 298 mica . 252 raitriformis . 266 " molesta . 248 « numata . 347 .. olla . . . . 266 " peltigeracea 347. 357 platystoma . 298 prislis . . . 234 proteifonnis 236, 276 " pulex . . 229 " pyriformis . 214 rabescens . 227 scalpellwm . 243 " seiiien . . . 316 seminulum . 516 Solowetzkii . 236 « spiralis . . 326, 329 strigosa . 502 svmraetrica 347, 376 tpicuspis . . 276, 281 tuberculala . 292 uiceolata . . 266 rarians . 240 vas . . . . 318 712 INDEX SPÉCIFIQUE Difflugia viscidula . Dinamœba mirabilis Diplophrys Archeri Ditrema flavum . Echinopyxis aculeata Entzia tetrastomella Englypha alveolata » ampullacea aspera ■-(*•■ » brachiata brunnea " y • • )> ciliata . n compressa » cristatd » curvata » fiiifcni . » heterospina » Itevis . i> lens » margaritace " minima f )> mucronata " pusilla . ') seminulum " setigera » slrigosa }> tincta . Frenzelina reniform Gloidimn gramilife » horriium >i inquinalum » muUtbile » quadrilidum Gromia Brunneri » fiumaUUs » (jemma . » granulata . 259 Gromia hyaliiia 134, 84 « linearis . 540 « nigricans . . . 534 " paludosa . . socialis . . . . 302 " sqiKimma . . . 571 « terricola . 494 Guttulidium .... . 307 Gymnophrgs cometa . 497 . 524 Ueleopera cgdostoma . . 304 >) picta . . . 516 » petricola . . 312 » rosea . . . 99, 507 » sytimtica . . 507 Heterocosmia . . . . 311 Homœochlamys . . . 472 Hijalodiscn.s guttula . 510 Korotwvi . . . 520 lima.x . . . . 502 " rubicundus. . . 512 H ijalosphenia citneatii . . 314 >i elegans. . 473 lata .... . 333 pupiliu . . . . 377 " punctata . 371 tincta . . . . 316 . 504 Lagynis baltica . . 502 Lecquereus ia ep istomiu i . 516 " Jurassica . . " modesta . 464 » spiralis . . Lecythiutn hyalinum . 29 Lieberkûhnia Wagneri . . 30 Longicauda amœbina . . 32 29 Microcometes paludosa. . 29 >< tristripetus . . . 336 t Microgromia socialis . 554 . 539 Nadinella lenella . . . 435 Nebela americana . . 432 367 568 552 432 561 554 35 546 390 387 382 385 389 526 302, 526 159 163 139 159 333 339 333 337 341 366 473 331 326 329 326 432 532 69 544 .343, 371 580 363