LIBRARY OF THE GRAY HERBARIUM HARVARD UNIVERSITY HARVARD UNIVERSITY HERBARIUM, John Amory Lowell ÆM Ig / -7ï S; ■ Y*4‘»jÿ' . jjS| < * ' V_y ^ ®|î|; FLORE PITTORESQUE ET MÉDICALE DES ANTILLES. * ■ * & PARIS. — IMPRIMERIE DE CASIMIR, RUE DE LA VIEILLE-MOKNAIE, »° 12, prèo la rue deu Lombard® et la place du Châtelet. FLOUE PITTORESQUE ET MÉDICALE BBS ANTILLES, ou HISTOIRE NATURELLE DES PLANTES USUELLES DES COLONIES FRANÇAISES, ANGLAISES, ESPAGNOLES ET PORTUGAISES, jPar JH. €. Dfscourtüj , Docteur en médecine de la Faculté de Paris, ancien médecin du gouvernement à Saint- Domingue et fondateur du Lycée colonial, médecin de l’hospice civil de Beaumont, et membre de la Société Linnéenne de Paris eL de plusieurs autres sociétés savantes ; ,U$ U$ ftStesms faits sur U$ tiens PAR M. J.-TH. DESCOU RTILZ. SECONDE ÉDITION, Le jus exprimé de la canne à sucre, celui du citron et l’eau limpide des ruisseaux qui serpentent dans tous les jardins, fournissent à l'instant une boisson salutaire , qu’une feuille fraîche et roulée du bananier, ou qu’un pétale détaclié de la popote, peuvent retenir.... Partout , dans ces climats fortunés , le Caraïbe trouvait sous ses pas les plantes que réclamait la maladie d’un père, d’un parent ou d’un ami !.... Ces insulaires avaient-ils d’autres moyens curatifs?.... (discours préliminaire.) Imperitissimœ gentes herbas in auxilium vulnerum morborumque noverunt. C. Ccls. , ad Prces. TOME QUATRIÈME. A PARIS, CUEZ ROUSSELON, EIRRAIRE-ÉDITEUR, RUE d’aNJOU-DAUPHINE , n° 8. 1855 Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from BHL-SIL-FEDLINK . https://archive.org/details/florepittoresque04desc_0 ET MEDICALE DES ANTILLES. DES PLANTES QUI AGISSENT SUR LES PROPRIETES VITALES DES VOIES URINAIRES. PLANTES DITES DIURÉTIQUES SOMMAIRE . Les évacuations de la vessie , par les urines, sont aussi nécessaires à notre économie que celles de l’estomac par le tube intestinal. Leur rétention prolongée pouvant donner lieu aux plus funestes désordres , on doit recou¬ rir, en ce cas , aux médicamens qui ont la faculté de provoquer cette excrétion salutaire. On les nomme Diurétiques. On doit, suivant les cas, administrer les Tome IV. — 59e Livraison . 4 Diurétiques ex cil ans > ou les Diurétiques sédatifs ; on a recours aux premiers lorsqu’il s’agit de rappeler la vitalité de l’organe des voies urinaires, et de prévenir son rel⬠chement ou sa paralysie ; mais on doit concevoir combien seraient nuisibles ces premiers, à principes âcres ou aromatiques, dans le cas d’une ischurie spasmodique , d’un spasme convulsif des reins ou du sphincter de la vessie -, c’est dans cette occurrence qu’il faut recourir aux Diurétiques sédatifs , tels que boissons douces et mucilagineuses 5 aux lavemens émolliens, aux demi- bains, etc. Ce dernier moyen convient surtout si la ré¬ tention d’urine provient de la présence irritante d’un ou de plusieurs calculs dans les reins , les uretères , ou le col de la vessie. Le docteur Alibert observe judicieu¬ sement que presque toutes les plantes .douées de pro¬ priétés diurétiques contiennent du nitrate de potasse. Les Diurétiques n’augmentent pas seulement la quantité des urines , ils stimulent les reins qui en sont les réser¬ voirs , et les agens soumis aux mouvemens critiques qu’opère la nature quand elle n’est pas troublée dans son vœu qui tend toujours à la guérison. On ignore par quels émonctoires cette tendre mère opère des cures désespérées en faisant paraître subitement des urines croupies et purulentes à la suite d’une néphrite , d’abcès du foie et de la poitrine ; et un flux presque immodéré pour guérir l’ascite , l’anasarque et l’hydrothorax. Lors¬ qu’on se rappelle la sympathie qui existe entre les fonc¬ tions de la vessie et celles de la peau , on ne doit point être étonné de voir administrer les Diurétiques dans les affections cutanées qui ont résisté à tous les autres moyens. Chacun a éprouvé qu’en été, où la transpira¬ tion est beaucoup plus abondante qu’en hiver, les sé¬ crétions urinaires ont lieu en bien moins grande quan¬ tité , et vice versé. M.*33. IV A G OU S SK S ltlDI A EK R ( 3 ) WVWVW\ MlMVMMMMMM VWWWMWW W> WWVVMWWAWWWWW W\WM» IWWMV DOLIC A GOUSSES RIDÉES. ( Diurétique excitant. ) Synonymie. Vulg. OEil de Bourrique. Liane à eaconne. Grand Pois à gratter. Dolichos urens. Linn. Diadelphie Décandrie. — Tournefort. Phaseolus cl. 10. Papillonacées. Sect. 2. Juss. Famille des Légumineuses. — Dolichos volubilis, leguminibus racemosis, sulcis transversim lanceolatis, se- minibus hilo cinctis. Linn. Jacq. Amer. 202. — Tab. 182. f. 84- — Phaseolus siliquis latis , hispidis , rugosis , fructu nigro. Plum. Amer. 92. t. 107. — Phaseolus brasilianus frutescens , lobis villosis, purgentibus, maximis. Sloan. Jam. Hist. i. p. 178. — Zeophtalmum siliquis majoribus, hirtis, transversè sulcatis , pedunculis communibus longissimis. Brown. Jam. p. 295. — Mucuna. Mareg. — Phaseolus nigritarum. Clus. — En anglais : Negro Conhaye. Caractères génériques. Base de l’étendard à deux callosités parallèles, oblongues, qui compriment les ailes en dessous. Calice court, à quatre dents, dont la supé¬ rieure échancrée -, graines elliptiques , comprimées avec un ombilic sur l’un des côtés. Caractères particuliers. Tige volubile ; légumes en t ( 4 ) grappe ; semences entourées de la cicatrice , noires. Feuilles couvertes en dessous d’un duvet luisant. (Vi¬ vace. ) Histoire naturelle. Cette plante , commune en Amé¬ rique méridionale et aux Antilles, offre des gousses ra¬ boteuses , renfermantes graines fort amères auxquelles on a donné le nom d "Yeux de Bourrique , à cause de leur ressemblance avec les yeux dun âne. Les Caraïbes obtenaient une partie colorante noire, du suc des feuilles soumises à la presse ou contusées } ils mangent l’a¬ mande des graines après les avoir fait boucaner sous la cendre. Les mornes des Antilles fournissent tant de ces Dolics qu’après une avalanche, on voit les ruisseaux tortueux des ravines entraîner, dans leur cours impétueux, des milliers de ces graines , et en garnir les bords des fleuves. Ainsi en Europe , La Châtaigne aquatique, au sein du lac placée, Promène entre deux eaux sa coque hérissée. Castel. On cultive ce Dolic en Europe, à cause de la singula¬ rité de son fruit et de ses belles fleurs \ mais il demande une serre tempérée , et à être surcouché dans un pot. On doit , quand la saison le permet , l’exposer à un grand soleil. Caractères physiques. Les tiges de ce Dolic sont fort longues , sarmenteuses , grimpent et se répandent sur les arbres voisins, d’où fort souvent leurs sommités sont pendantes. Ses feuilles sont composées de trois folioles ovales , arrondies à leur base , acuminées ou pointues à ( 5 ) / leur sommet, paraissant glabres en dessus , et qui sont garnies en dessous d’un duvet luisant, argenté, à peine visible. Les fleurs viennent sur des grappes plus ou moins allongées, pendantes, et attachées à des pédoncu¬ les quelquefois fort longs ; elles sont jaunes , tachées d’un peu de pourpre , et ont leur calice ferrugineux ; il leur succède des gousses longues de six ou sept pouces , larges de deux pouces ou environ, un peu comprimées, ridées ou comme plissées transversalement, et irréguliè¬ rement à l’extérieur , et hérissées de poils roides, piquans, qui excitent des démangeaisons cuisantes, lorsqu’ils pé¬ nètrent la peau. Ces gousses contiennent trois ou quatre semences grosses , rondes ou orbiculaires , un peu aplaties, chagrinées, d’un rouge brun, et bordées, dans plus des deux tiers de leur circonférence, d’un cercle noir très-remarquable , et qui est leur ombilic. ( Enc. ) Analyse chimique. Les amandes de ce Dolic contien¬ nent une matière grasse butireuse, composée, suivant Bonastre, d’élarine et de stéarine, d’une saveur de hari¬ cot-, de la cire , une résine âcre et amère , une matière colorante jaune , beaucoup de gomme, de l’amidon et de la bassorine. Propriétés médicinales. Qu’un peuple crédule attri¬ bue des vertus imaginaires à certaines plantes , on le plaint de cette erreur; mais que des médecins éclairés y ajoutent foi, voilà un acte d’originalité et de subversion de principes qui n’a pas d’exemple. Eh bien , un des premiers flambeaux de notre école moderne portait tou¬ jours sur lui , comme amulette , un des fruits de ce Do- lic , dans la ferme persuasion qu’il en éprouvait un sou- lagement marqué contre ses hémorroïdes. En admirant \es talens et les écrits de ce célèbre professeur , on ne peut s’empêcher de s’écrier : Errare humanurn est. La propriété lithontriplique , que certains naturels attri¬ buent à cette graine, n’a pas plus de fondement*, c’est une de ces nombreuses chimères dont la saine raison fait justice , et dont on doit s’empresser de désabuser la cré¬ dulité du peuple. Son influence dans la néphrite n’est pas moins illusoire. On peut cependant croire que ces semences ne contiennent point de principes nuisibles, puisque , malgré leur amertume , elles sont recherchées parles cochons marrons. Ainsi que les légumineuses, ce Dolic contient cependant une propriété purgative et diurétique excitante , ainsi que le prouve l’expérience. Poupée-Desportes recommande l’émulsion de l’amande dans la dysurie , et Chevalier l’indique comme alexitère. Il n’est pas plus raisonnable de croire que les racines et les écorces broyées et appliquées sur les hernies ingui¬ nales peuvent resserrer l’ouverture du péritoine. Mode d’administration. Deux ou trois amandes r⬠pées suffisent pour une livre d’émulsion, qu’on prépare ordinairement avec une décoction de Sésame d’Orient ( OoZt), et qu’on édulcore avec le sirop de batterie, EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE-TROIS. i. Graine en couleur vue de trois quarts. ?.. Graine au trait pour laisser apercevoir l’ombilic /Y. js3j.. TZéodore ZJescourü/x. Z'in.r jPi'/'ce J'atÇp VAK K V MA G K A MT. r\YA W VA 1 W» WWV» WW V VA rtVW w\ mw VM W V VI WV W W\ W WVW> WA W\W WA W\ vw w> VAREC NAGEANT. ( Diurétique excitant.) Synonymie. Vulg. Varec vésiculeux. Raisin du tropique. — Fucus natans. Linn. Cryptogamie. Tournef. Herbes sans fleurs ni graines. — Juss. famille des Algues. — Fucus caule filiformi, ramoso ; foliis lanceolatis, dentatis, fructi- ficationibus globosis, pedunculatis. Linn. Syst. veg. 811. — Fucus folliculaceus , serrato folio. C. Bauh. Linn. 365. Sargassum pelagicum. Rumpb. Amboin. vol. 6, pag. 188 , tabl. 76,6g. 1. — Lenticula marina , serratis foliis. Lobel. Icon. pars 2 , tabl. 256. — Sargazo. Pison. Bras. 2 , p. 266. Caractères génériques. Mâle. Vésicules entremêlées de poils. — Femelle. Vésicules remplies de matières gélatineuses , à surface parsemée de tubercules ; semences solitaires. Caractères particuliers. Tige filiforme , rameuse ; feuilles lancéolées , dentées \ fructifications globuleuses , pédonculées. • Histoire naturelle. Cette plante , que les naviga¬ teurs de l’Océan et de la Méditérannée rencontrent sur les vagues de la mer, s’y présente quelquefois par bancs qui pourraient ralentir la marche d’un léger esquif. On ( 8 ) croit généralement que ce Fucus est enlevé par les flots aux rochers auxquels il adhère. On lui a donné le nom de Raisin du tropique, parce qu’il couvre en ces parages de larges surfaces de la mer. Les poissons de moyen ordre trouvent dans l’entrelacement de son feuillage denté un abri contre les poursuites acharnées des requins et des dorades. Il m’est arrivé plusieurs fois dans mes tra¬ versées de retirer avec la fouine , lancée au hasard , plu¬ sieurs poissons enveloppés dans ces Fucus , et surtout quantité de coquilles et d’holoturies. Caractères physiques. Les tiges du Varec nageant sont longues , cylindriques à leur partie inférieure , divisées en rameaux considérablement ramifiés , fort grêles , un peu anguleux, garnis de feuilles éparses, alternes, pé- tiolées, étroites, linéaires, lancéolées, aiguës, d’un vert foncé, un peu transparentes , membraneuses et dentées en scie à leurs bords-; les pétioles courts. Il sort de l’aisselle de ces feuilles une , quelquefois deux vési¬ cules pédonoulées, globuleuses, coriaces, pleines d’air, terminées très-souvent par un petit filament sétacé , droit , aigu ; les pédoncules plus ou moins longs. Les feuilles laissent apercevoir quelques petits tubercules opaques qui forment par leur destruction quelques petits trous dans les feuilles. Analyse chimique. Ce Fucus, ainsi que ses congénères, ne contient aucun principe vénéneux : on y découvre beaucoup de mucilage , une grande quantité d’albumine, une matière colorante , de la mamnite , plusieurs sels parmi lesquels prédominent l’hydriodate de potasse, la silice , le phosphate calcaire , la magnésie , et du fer que précipite facilement le prussiate de chaux. Propriétés médicinales. Le Raisin du tropique , selon ( 9 ) Pison , est utilement employé comme diurétique exci¬ tant contre les douleurs de l’ischurie atonique. Rum- phius confirme ces propriétés en assurant que les feuilles sèches de ce Fucus sont très-recommandables dans la néphrite. Kalmius rapporte qu’en Amérique on s’en sert contre les fièvres , et qu’on donne sa poudre pour pro¬ voquer l’accouchement. Gmelin avertit qu’on en pré¬ pare un vinaigre qui surpasse en vertu celui de saxifrage. Ces assertions exagérées ne prouvent point en faveur du Tarée nageant} cependant comme depuis des siècles il est employé aux colonies avec une confiance illimitée, j’engage dans l’intérêt de l’humanité les praticiens de ces beaux climats à fixer leur attention sur l’usage de cet agent thérapeutique qui, d’après ses parties constituantes, doit être doué de vertus héroïques , et ne doit point être rejeté dans certaines maladies. Les naturels en font cuire avec leurs alimens et leur viande dans l’intention de briser les calculs de la vessie*, j’ignore jusqu’à quel point cette présomption peut être fondée. Modé d’administration. On incorpore sa poudre avec du sirop de miel } on en fait des confections , des confi¬ tures et une gelée. La dose de la poudre est de douze à trente grains (six à quinze décigrammes). On en met le double pour une infusion. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE-QUATRE. Le dessin est réduit au tiers de sa grandeur. 1. Feuille de grandeur naturelle. ( IO ) AMOME VELU ET PÉTIOLÉ. ( Diurétique excitant . ) Synonymie de YÀmome pétiolé . Vulg. Canne Congo ; Canne d’Inde ; Canne de rivière ; Costus d’Arabie. Amo- mum petiolatum. Linn. Monandrie Monogjnie. Jussieu , famille des Balisiers. — Tournefort, Class. 9, Liliacées. Richard , famille des Amomes. — Amomum foliis petio- latis glabris ; floribus in spicâ conica , dispositis, Alpinia spicata. Jacq. Amer. p. 1. t^lb. 1. — Synonymie de l’Amome velu. — Amomum hirsutum caulibus foliosis spicatis, foliis subtùs leviter birsutis, floribus amplis ex albo flavescenti- bus. Tsjana-Kua. Rbeed. Mal. 11. p. i5. tab. 8. — Paco- Caatinga. Floribus amplioribus. Plum. vol. 5, p. 32. Maarg. Bras. 48* Pison , 2i4- Costus arabicus. — En espa¬ gnol , Costo arabico. — En anglais, Costus. Caractères génériques. Calice double , inégalement découpé 5 une à deux étamines adhérentes à la base d’un style pétaliforme *, capsule infère, triloculaire. ( Mérat, genre Balisier. ) Caractères particuliers. Calice extérieur trifide , l’intérieur tubulé , monophylle -, à quatre divisions iné¬ gales $ un étamine à anthère sur le coté du filet , un 7fc&d?rr vurft/\. /W J'rrée ■ AMOM85 VK UJK • ( 11 ) style ; un stigmate 5 capsule à trois loges polyspermes , charnue ou coriace , lisse *, fleurs disposées en épi au sommet d’une tige feuillée. Histoire naturelle. On a, je crois, établi fort mal à propos une différence entre Y Amome velu, appelé improprement Coslus arabicus , et Y Amome pétiole , vul¬ gairement nommé par les naturels Canne de rivière. La première de ces deux espèces se rencontre aux Antilles, sur les montagnes bois'ées et près des cascades, tandis que la seconde se plaît sur le bord des eaux fluviatiles. Il y a tant de ressemblance entre ces deux plantes que je suis tenté de les réduire à une seule espèce : on éta¬ blit une différence, d’après la saveur des- racines, d’ailleurs parfaitement conformées , que je crois devoir attribuer à l’influence de leur végétation. Les plantes nourries par l’humus substantiel des montagnes, conservent certai¬ nement mieux leur saveur aromatique que celles qui se développent avec plus de fraîcheur sur le bord des ri¬ vières, dont le volume est augmenté par leur gonflement que produit l’eau dont elles sont submergées , qu’elles absorbent, et qui affaiblit leur arôme. Voilà, il me semble , la seule différence qui existe entre Y Amome velu et Y Amome pétiole. Ce qui donnerait encore quel¬ que poids à mon assertion , c’est que la plante appelée Costus arabicus doit être originaire d’Arabie, et non de l’Amérique méridionale où la végétation n’est plus la même, et que toutes les parties du Costus servent à parfumer les temples par leur combustion, ce qui sup¬ pose une partie résineuse inflammable , tandis que dans les racines de l’espèce qui nous occupe on ne distingue au contraire qu’une fécule amilacée, M. Turpin a trouvé fréquemment cette espèce sur les mornes boisés d’Haïti , ( 12 ) où on l’appelle Canne Congo , et Canne de rivière si on la cueille près des fleuves. Caractères physiques. La racine de l’Amome pétiole est blanclie , charnue et irrégulière $ elle pousse plusieurs tiges presque droites , feuillées , glabres , un peu articu¬ lées et hautes d’un à deux pieds -, ses feuilles sont ob- longues, acuminées, glabres, luisantes, alternes, et portées chacune par un petit pétiole cylindrique ; chaque tige est terminée par un épi conique , ayant à sa^base trois ou quatre feuilles en manière de collerette , et em- briqué d’écailles coriaces , d’un rouge vif, et uniflores. Les fleurs sont jaunes, sans odeur, se développent et durent très-peu. Leur corolle est longue d’un pouce, tubulée , un peu ventrue , et a son limbe partagé en quatre découpures dont trois sont lancéolées et pointues, et la quatrième, qui est un peu plus grande que les autres , est arrondie, trigone, triloculaire , contenant des semences bleuâtres qui deviennent brunes par la maturité : étant écrasées elles ont une légère odeur de Gingembre, mais fugace, et d’une faible saveur. Analyse chimique. Les racines de l’Amome pétiole ont, ainsi que celles de l’Amome velu, une saveur aro¬ matique , âcre et un peu amère , dont l’eau s’empare sans pouvoir s’imprégner de son arôme que l’alcool seul peut distraire. On trouve encore une huile essentielle, un extrait aqueux et un extrait alcoolique qui conserve l’odeur agréable et l’amertume de cette racine, qui four¬ nit aussi une fécule amiWée comparable à l’Arow-Root qu’on retire du Maranla indica. Propriétés médicinales. Les Créoles des Antilles, surtout à Haïti et à la Martinique , où cette plante est ( *3 ) assez commune, font bouillir sa racine ainsi que ses tiges, et regardent cette décoction comme une boisson convenable dans la troisième période de la gonorrhée. L’huile volatile que contiennent ces racines les fait utiliser comme stimulantes , diaphoré tiques , diurétiques et emménagogues , dans le cas pourtant où il n’y aurait point d’inflammation des organes , mais par exemple atonie du canal intestinal , dyspepsie chronique , fièvres adynamiques, catarrhes chroniques et autres affections où il est urgent de relever les forces. Cette même racine provoque une transpiration salutaire, et la sécrétion des urines chez les personnes dont les Organes sont frappés d’atonie , ainsi que les règles , si l’aménorrhée provient de relâchement et de faiblesse de l’utérus. Son odeur de violette se communique à l’urine de ceux qui en font usage, ce qui prouve sa vertu diurétique. Mode d'administration. La dose de la racine en poudre est de demi à deux gros ( deux à huit grammes ) , et en infusion jusqu’à deux onces (soixante -cinq gram¬ mes ). La teinture alcoolique de trente à quarante gouttes dans un véhicule convenable. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE-CINQ. Le dessin est réduit au tiers de grandeur naturelle. 1. Fleur entière au trait. 2. Pistil et étamines. 3. Fruit enveloppé. 4- Coupe du fruit. 5 Graines. ( *4 ) AA/VW\6) Ce médecin observateur le recommande encore d une manière positive dans le traitement des gonorrhées , et Chevalier dans les stranguries récentes. Sa feuille offre en décoction un bon cataplasme résolutif. Quelques-uns croient à son suc une vertu alexitère , et d’autres l’em¬ ploient comme détersif. J’ai eu bien des fois l’occasion de mettre en pratique les prescriptions de Poupée-Des¬ portes, relativement à l’herbe à collet, et jamais mon attente n’a été déçue. Mode d’administration. Une once de racine suffit pour deux livres d’eau. La dose du suc de toute la plante contusée est de deux cuillerées. explication de la planche deux cent trente-six. Le dessin est réduit au tiers de grandeur naturelle. 1. Fleur. 2. Graine. PI. 23/ . __jL a Mrr folioles . ( *7 ) W W W>VM w« w w w«vw wwt wtwt W W W< v\ VMAWVMVWWVMWWWWWVWVW PAULINIE TR1TERNÉE. ( Diurétique excitante . ) Synonymie. Vulg. Serjanie à neuf folioles. — Liane à persil, Liane carrée. Paullinia triternata. Linn. Octandrie Trigy- nie. Juss. famille des Savoniers. — Paullinia foliis triterna- tis , petiolis marginatis. Linn. Mantiss. 236. — Jacq. Amer. 1 io. Tab. i8o , fig. 32.— Serjania foliis triternatis; folio- lis ovatis, obtusis , répandis ; petiolis alatis , racemis pani- culatis. Wilden. Spec. PI. tom. 2 , p. 466. — Serjania fru- tescens, polyphilla et racemosa. Plum. Gen. 34- Icon. 112. — Cordis indi-folio et facie , frutescens , portoricensis. Pluk. Almag. 120. tab. 168, fig. 5. Serjania scandens apii folio rigido et racemoso , caule striata. En caraïbe : Mam- marou Coulaboulé. Caractères génériques. Plantes à fleurs polypétalées, de la famille des Savoniers ; arbrisseaux à tiges grimpan¬ tes , sarmenteuses , les feuilles bipinnées , ternées , ou ailées avec une impaire , ou surcomposées; les fleurs dis¬ posées en grappe , dont les pédoncules sont solitaires , | axillaires, munis dans leur milieu de deux vrilles. Leur caractère est d’avoir un calice à quatre folioles, quatre pétales glanduleux à leur base ; trois capsules py ri for¬ mes, munies quelquefois de trois ailes saillantes , à trois loges . à trois yalves. Tome IV. — 60e Livrai ton. 2 ( '« ) Caractères particuliers. Feuilles triternées; pétio¬ les partiels marginés *, les pétioles partiels un peu ar¬ rondis. (Vivace.) Histoire naturelle. Le genre Pauliuie porte le nom dun botaniste suédois. Cette plante croît naturellement aux Antilles ,-dans les forêts de Cuba , d’Haïti , de Porto- Rico et de la Jamaïque, où les Noirs la recherchent pour leur médication naturelle ; ils l’appellent Liane à persil. Quelques voyageurs ont avancé sens fonderpent que les naturels des pays où cette Liane se rencontre , s’en ser¬ vaient pour empoisonner leurs flèches. Les pêcheurs l’emploient pour enivrer le poisson. Ils forment, avec les feuilles et la farine de maïs , un appât qui l’amorce promptement et en livre une grande quantité au spéculateur. Ce poisson peut être mangé sans incon¬ vénient. On cultive dans certaines serres la Liane à per¬ sil , à cause de son élégance et de la singularité de son feuillage diversement nuancé. On la multiplie de mar¬ cottes, boutures , rejetons , et de graines qu’on sème au printemps , et qu’il faut repiquer dans des pots séparés, remplis de terre substantielle tenue fraîche. Les jeunes plants, selon Mordant-Delaunay , fleurissent la seconde année s’ils sont exposés à l’ombre , et surtout si on les arrose souvent. Caractères physiques. La Liane â persil s’élève à vingt pieds en embrassant les arbres de ses branches souples et tortueuses. Ses tiges , de couleur grise , sont sarmen- teuses , glabres, profondément sillonnées, adhérentes au bois , et presque cylindriques , garnies de feuilles alternes , trois fois ternécs , luisantes , très-nombreuses ( '9 ) dont les pétioles sont canaliculés. Les folioles sont ses- siles , très-variables dans leur forme , les unes aiguës , les autres obtuses , arrondies à leur sommet , ovales , plus ou moins élargies , dentées inégalement vers leur sommet , rétrécies en pétiole à leur base ; les latérales sont presque rondes 5 chaque feuille ternée est munie d’un pétiole particulier légèrement ailé. Les fleurs nais¬ sent , en très grand nombre, sur des grappes axillaires , souvent divisées en deux ou trois branches nues à leur base , et munies de deu£ vrilles opposées à leur point de division. Ces fleurs sont alternes, petites, médiocre¬ ment pédicuiées, blanchâtres \ elles ont les folioles de leur calice très-ouvertes , concaves , ovales , obtuses ; les pétales ont à peu près la même forme , mais ils sont un peu plus grands. Les fruits forment une capsule rouge à trois lobes bien distincts , dont la base est garnie de trois ailes larges, membraneuses et transparentes. Le récep¬ tacle est velu. Les graines sont rondes et de la grosseur d’un pois rond. s? Analyse chimique. La Liane à persil , qui colore en rouge les urines, contient un extrait résineux , du rouge extractif, un principe mordant, une gomme d’un rouge brunâtre , plus delà fibre ligneuse , un sel végétal à base de chaux avec de la matière colorante. Propriétés médicinales. Poupée-Desportes , dans sa Pharmacopée américaine, indique et recommande l’usage d’une tisane apéritive , dite mineure , dans la confection de laquelle il fait entrer les racines de chicorée sauvage, d herbe à blé , d herbe à chiques, de verveine blanche , d écorce de citronier, et de tamarin, un gros de chaque / ( 20 ) plante par pinte de liquide. On nitre la décoction , et on l’édulcore avec du miel. Cependant .il donne la pré¬ férence à une autre composition que voici : prenez, à dé¬ faut des premières ci-dessus : Griffes de chat ou Corna- ret anguleux ( Marty nia angulo sa) , roseau, mapou , bois de trompette , Balisier , Liane à persil et les ra¬ cines de la grande ortie. Mais les graines des fruits du Sapotillier doivent , dit-il , avoir dans ces cas la préfé¬ rence, ainsi que les fleurs du Giraumon qui dissipent promptement" l’ictère. Dans d’autres cas, Poupée-Des¬ portes recommande la Liane à persil comme un excellent sudorifique qui remplace , avec avantage , la Salsepa¬ reille. On recommande cette décoction dans les gonor¬ rhées. Mode d’administration. La dose de cette Liane est d’une once pour deux livres de décoction. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE" SEPT. La figure est moitié de sa grandeur, 1. Fleur. 2. Fruit coupé transversalement. _/>/, 238. / , J , . { / BABIION BBS ANTILLES. ( 21 ) ^VWWVWVjMWVWW»\V>VMVV'VVVVWWiVVMWVWVV»VWVV>WVV>VMVV»VWVMW A i\ vvwm BARBON DES ANTILLES. ( Diurétique excitante. ) Synonymie. Vulg. Herbe à blé. — Gramen seeale. — Grainen àvenaceum , Andropogon Antillarum. D. — Andropogon insulare, Lin. Polygamie Monœcie,Juss. Fam. des Graminées. Paniculâ laxâglabrâ, flosculis geminis muticis ; pedicello altero breviore , calycibus lanatis. Linn. Amœn. Acad. 5 , p. /\\i. — Andropogon avenaceum assurgens , paniculâ laxâ lanuginosâ. Brown. Jam. 365. — Gramen avenaceum, paniculâ minus sparsâ , glumis aibâ sericeâ lanugine obdue- tis. Sloan. Jam. Hist. i , p. 43 » t. 1 4 , f. 2. — Saccbarum vulnerarium. Tussac. — Gramen seeale altissimum. Poup.- Desp. — En caraïbe : Ayally. Caractères génériques. Hermaphrodite. Calice : balle uniflore. Corolle : balle à arête à sa base *, trois étamines , deux styles , une semence. Caractères particuliers. Panicule lâche , glabre } fleurons géminés , sans arêtes ; un pédicule plus court *, calices laineux. (Jamaïque, Haïti. Vivace.) Histoire naturelle. L’auteur de la nature ayant doué celte graminée de venus incontestables, en a semé les champs de l’Amérique , où elle est extrêmement coin- ( *» ) mune , et où elle se multiplie comme le Chiendent d’Eu¬ rope pour les besoins journaliers des Insulaires. Elle ne flatte ni la vue ni l’odorat , mais elle possède en elle des propriétés thérapeutiques bien préférables à l’élégance de son port. Ne méprise jamais cés plantes sans beauté , Troupe obscure et timide, humble et faible vulgaire! Racine. (La Religion.) Tous les praticiens s’accordent à louer l’herbe à blé : ce végétal, peut-être le plus commun du pays, offre à chaque pas un exemple de la sollicitude paternelle du Créateur. Caractères physiques. Le Barbon des Antilles donne une tige de trois à quatre pieds , mais ne ressemble pas att blé, comme le prétendaient les anciens, puisque ses grains, au lieu d’être réunis et agglomérés en épis ser¬ rés , offrent une panicuîe lâche. Les tiges sont pourvues de plusieurs feuilles alternes, lisses, rudes en leurs bords, longues et étroites. Il naît des aisselles des feuilles supé¬ rieures , et du sommet de chaque rameau , un pédoncule filiforme qui soutient une panicuîe lâche , oblongue et peu étendue. Les fleurs soijt dépourvues de barbe , gé¬ minées , pédiculées, et ont leur base calieinale chargée d’un duvet laineux ou soyeux. Analyse chimique. C’est avec raison que M. le cheva¬ lier de Tussac a donné à cette graminée l’épithète de sacchariferum , puisqu’elle nous a produit un principe légèrement aromatique , une matière extractive, un prin- ( 23 ) cipe sucré, de la gomme, un amidon coloré , de l’acide malique et du sulfate de chaux. Propriétés médicinales. D’après l’analyse ci-dessus , Où doit concevoir pourquoi les naturels des Antilles ont, de tout temps , fait une heureuse application de Y herbe à blé comme vulnéraire détersif, et, dans d’autres cas , comme résolutif. Son infusion , dans le tafia , ajoute aux propriétés de cet alcool balsamique , et elle est utilement employée pour les contusions , les meurtrissures et cer¬ tains ulcères sanieux compliqués de pourriture d’hôpital. On enduit les plumaceaux d’un cérat fait ainsi qu’il suit : Sucs d’herbe à blé et de citron, de chaque deux on ces 5 Sirop de batterie, une once 5 Cire, quantité suffisante. Selon l’an¬ cien praticien Chevallier, un demi-verre de jus exprimé de l’herbe pilée est un purgatif très-actif 5 niais pour modérer sa vertu héroïque , on lui associe parties égales d’eau de casse. Le même docteur employait communé¬ ment avec avantage, à Saint-Domingue, la racine de l’herbe à blé dans les tisanes rafraîchissantes, dans les¬ quelles il réunissait à la plante qui nous occupe le Chien¬ dent du pays , et l’espèce de grameil appelé Pied de poule , dont l’histoire suit. Minguel . vieux habitant routinier et médicastre de ses Noirs, opérait néanmoins des cures surprenantes , mémo dânS deis cas désespérés. Selon lui, îherbe à blé est bonne pour toutes sortes d’on- guens , dans la composition de toutes sortes d’eaux poul¬ ies cancers et ulcères, et dans les tisanes pour les maux vénériens 5 sa racine est un des meilleurs diurétiques ex- citans que j'aie employés pendant mon exercice à Saint- Domingue. Poupée-Desportes a prononcé le même juge¬ ment sur le mérite de cette plante humble et précieuse. Il la ( 24 ) prescrivait journellement dans ses tisanes pectorales , résolutives ou apéritives , rafraîchissantes , en cas de phthisie sèche , c’est-à-dire aux malades attaqués d’une toux sèche et d’un grand enrouement. Voici sa formule : Prenez : racines d’épinards doux, des feuilles et tiges de la Liane appelée Griffe de Chat , de la Mauve appelée Herbe à Blé, du Capillaire du Canada, des racines de roseau ordinaire , de chacune une pincée ; de la limaille de fer renfermée dans un nouet, une once*, faites bouil¬ lir dans trois pintes d’eau jusqu’à diminution d’un quart. Ajoutez, en retirant du feu , cresson de savane et ré¬ glisse du pays , de chacun une demi-poignée 5 laissez in¬ fuser une demi-heure et passez. Mode d’administration. La dose du suc de la plante , comme purgatif , est de quatre onces } celle pour la dé¬ coction est d’une poignée pour une pinte de liquide. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT TRENTE-HUIT. La figure est demi-grandeur. 1. Tige radicale et racine. 2. Glume. 3. Fleur entière ouverte. On observe à la base de lavalve intérieure un rudiment de la fleur avortée. 4. Valve intérieure contenant à la base l’ovaire accom¬ pagné de deux écailles. / ( iS ) VV» VW WVWVWVWVWVVWW% WVvWWWWWVWVUWWfcWVVWvWWVWVWVW\VWV-\/VfcW\'W\'y>»VVll( MARCGRAVE A OMBELLÈS. ( Diurétique excitante . ) Synonymie. Yulg. Bois des Couilles ou Pétard des Martini-* quois.Marcgravia umbellata. Linn. Polyandrie Monogynie. — Juss. Famille des Câpriers. Phyllitidi scandenti admis major, folio crasso subrotundo. Sloan. Jam. i5, Hist. 1 , pag. 74 , tab. 28, fig. 1. — Marcgravia scandens, fructii radiatim posito. Plum. Gener. Pag. 7 , tab. 29. Burm. Amer. Pag. 166, icon. 1 73. —Marcgravia scandens foliis caülin is , subrotundis , ad margines glaiidulatis ; ramorum integris j ovatis , alternis , disticbè sitis ; floribus umbellatis termina- libus. Brown. Jam. Pag. 244? tab. 26. — Marcgravia um¬ bellata. Jacq. Amer. Pag. i56 , tab. 96 , etc. Pect. Pag. 77 , tab. i43. En caraïbe : Menekouy-Âlepeleeou. Caractères génériques. 'Plante ligneuse à fleurs comme monopétalées , ayant du rapport avec celles des Câpriers. Elle a pour caractère essentiel : un calice à six folioles embriquées, une corolle monopétale en coiffe, des étamines nombreuses $ un stigmate sessilc, un fruit muitiloculaire , polyspermc. (Amérique méridionale! Vivace. ) ( *6 ) Caractères particuliers. Plante parasite et rampante. Histoire naturelle. Cette plante , riche de tons, de formes et d’élégance , a été confondue avec un arbrisseau de la classe des Légumineuses par Poupée-Desportes qui l’a improprement appelée Brejnia , amygdali foliis ia- tioribus , floribus albis , siliquâ longuâ cylindraceâ , intiis rubeâ , ou Pois Mabouia. — Le Marcgrave à ombelles , dont nous donnons l’histoire , offre à l’observateur des détails curieux et inconnus, des girandoles formées par la réunion excentrique d’organes particuliers et peu communs aux autres fleurs. Le nom , peu décent , qui lui a été donné par les anciens qui , comme le dit joviale¬ ment Montaigne , ny entendaient pas vergogne , blesse la pudeur de notre siècle $ et je me serais dispensé de le rappeler, s’il n’était indispensable de le faire connaître aux voyageurs , ou à l’homme de l’art qui voudrait aller se fixer aux Colonies, et demanderait en vaiïi aux natu¬ rels du Marcgrave à ombelles, puisqu’ils ne connaissent que le nom vulgaire que j’aurais désiré pouvoir éviter. Quoi qu’il en soit, ce nom a été donné par des guéris¬ seurs à cette plante, parce qu’ils l’employaient avec suc¬ cès dans les affections syphilitiques , dans les tumeurs scrotalcs, etc. Caractères génériques. Cet arbrisseau parasite que ,1a équin a fait connaître, s’attache le long des arbres, comme le lierre, par des espèces de mains ou fibres, s’é¬ lève ainsi jusqu’à la hauteur de vingt-cinq à trente pieds, et donne naissance à des rameaux qui retombent ordi- ( a7 ) Uai rement vers la terre. Le tronc acquiert souvent qua¬ tre à cinq pouces de diamètre. La forme des feuilles va¬ rie tellement dans les différens individus, relativement à l’àge et à d’autres circonstances , qu’on croirait ces in¬ dividus des espèces différentes. Il en est d’ovales , d’el¬ liptiques, d’oblongues , de presque orbicuîaires , d’é- chanerées en cœur à la base et au sommet, de falcifor- mes , de lancéolées, etc. Ces feuilles sont alternes , dis¬ tiques, très-entières, ordinairement pointues, glabres ; les plus jeunes munies dans leur contour de beaucoup de petites glandes. Les fleurs viennent, aux sommités des rameaux , en ombelles simples , pédonculées , plus ou moins régulières, pendantes. Elles ont des pédoncu¬ les propres , assez longs. Ceux de ces pédoncules , les plus voisins du centre des ombelles, sont accompa¬ gnés de quatre à cinq corps utriculaires , arqués , obîongs, obtus, cylindriques., creux en dedans, ouverts près de leur base, assez ressemblans au pétale supérieur des Aconits , et qui , quelquefois , selon Jacquin , portent des fleurs pendant que d’autres fois ils sont stériles. Brown observe que ces corps , dont l’usage essentiel est difficile à déterminer , sont disposés favorablement pour rece¬ voir l’eau de la pluie qui tombe le long des branches ; les fruits sont communément a dix loges. Leur pulpe, et les semences qui y sont contenues, sont teintes d’un rouge d’écarlate éclatant. (Encycl.) En résumé, chaque fleur offre : i°un calice persistant à six folioles concaves , embriquées , dont les deux exté¬ rieures sont plus grandes ; 2° une corolle monopétale Caduque fermée par le haut et s’enlevant en manière de coiffe; 3* des étamines nombreuses, dont les filamens courts, subulés, ouverts, aplatis, soutiennent des an- ( 28 ) tlîères droites, grandes et oblongues*, 4° un ovaire supé¬ rieur ovale et surmonté d’un stigmate sessile, capité, persistant} 5° le fruit consiste en une baie coriace, glo¬ buleuse , multivalve , multiloculaire , et renfermant dans chaque loge des semences petites, nombreuses, lui¬ santes, plongées dans une pulpe molle. Analyse chimique. Le suc de la plante et ses feuilles ont donné une matière colorante verte , du carbonate de chaux, de la gomme et beaucoup d’albumine. Propriétés médicinales. On a peut-être exagéré les propriétés antisyphilitiques de cette plante qui , ce¬ pendant , n’est pas sans vertu. Quant à moi, je ne l’ai employée que comme lénitive , et en lui associant la Liane à cœur , l’écorce de la Liane à savon , au début des gonorrhées , ainsi que les racines du petit Balisier décrit dans la planche suivante , de la Malnommée et de toutes les espèces de Verveines. Alors sa vertu diurétique est bien plus promptement efficace, car ayant eu plusieurs fois occasion de prescrire des demi-bains dans certaines dysuries , il survenait toujours, au bout d’une heure et moins , un écoulement d’urines qui sauvait le malade. Les médecins des Colonies regardent la décoction des tiges et des feuilles en lotion, comme étant d’unpuissant secours dans la leucophlegrnasie. Mode d’administration. On met la racine en poudre pour en composer des pilules ou un opiat, ou bien on la fait bouillir , et on en boit la décoction. Dans le pre- mier cas , la dose de la poudre est d’un gros par prise , ou une once de la racine pour la décoction. explication de la planche deux cent trente-neuf. La plante est moitié grandeur naturelle. 1. Corps utriculaires ressemblant aux pétales supérieurs des aconits. 2. Fleurs dont la capsule supérieure est enlevée pour laisser voir le faisceau d’étamines. 3. Etamine de grosseur naturelle. 4. Fruit coupé transversalement. 5. Capsule supérieure. ( 3o ) i\'V'tW\\VUVVV>'W\W\VWVMWAVV\«MfMAWtW>V\'tVVI\V\'WWlMAVVtVt BALISIER A LARGES FEUILLES. (Diurétique excitante . ) Synonymie. Vulg. Canne d’Inde. — Balisier petit. — Gingem¬ bre bâtard, improprement Canne Congo. (V. Amome velue.) Canna indica foliis ovalis, utrinque acuminatis , nervosis. Linn. Classe première : Monandrie Monogynie , Jussieu. Clas. 4, ordre i. Balisiers. — Cannacorus latifolius. Tour- nefort. 39. Liliaeées. — Arundo latifolia, indica. Baub. Pin . 19. — Arundo indica florida Lob. le. 5j. Alpina racemosa rubia . Cannacori foliis. Plum. (V . P Amome pyramidale. T. 3, pl. 171)) En anglais : Indian Cane. — En Espagnol: Cana de las Indias. — En malabarois : Kâtù-Bàla, — En ca¬ raïbe : Couroualy , Balyry, Bacuacanga. Caractères génériques. Plantes unilobées , à feuilles simples , alternes , engainées à leur base , roulées en cornets dans leur jeunesse , ayant des nervures fines et parallèles. Les fleurs viennent sur la tige qu’elles ter¬ minent , ou sur une hampe nue, radicale, latérale et écailleuse , disposées en épis ou en grappes. Le calice extérieur a trois divisions profondes, le calice interne en a six , dont cinq droites et la sixième réfléchie; une P/, 2/0. ( 3. ) étamine à anthère attachée le long du filet -, un style plane , en lance , uni au filet ; un stigmate latéral -, cap¬ sule à trois loges polyspermes , hérissée. Caractères particuliers. Feuilles larges, aiguës aux deux extrémités , ovales, nerveuses (vivaces). Histoire naturelle. Le nom de Canna vient du mot hébreu Kanak cpii veut dire Roseau, parce que cette charmante plante se trouve le plus souvent dans les ma¬ rais , où Tout auprès d’un ruisseau qui sur un lit pierreux Tombe , écume , et , roulant avec un doux murmure , Des champs désaltérés ranime la verdure. Delille. Depuis sa découverte , le gracieux Balisier , qui s’élève avec éclat dans les vastes lagons de l’Amérique , est cultiyé autour des cases comme plante d’agrément. Ses semences , dit Barrère , sont recherchées par les ra¬ miers, mais elles rendent leur chair amère. Elles don¬ nent une belle couleur pourpre qui serait très-pré¬ cieuse pour les arts si on pouvait la fixer. Les Indiens et les Ethiopiens font des chapelets avec les graines de ce Canna ùidica , qui sont dures, globuleuses et d’un beau noir luisant. Ces graines sont si dures que cer¬ tains peuples s’en servent pour leurs fusils en guise de balles de plomb. Les fleurs et les racines se prescrivent en médecine, et les feuilles sont employées parles femmes noires pour envelopper les pâtes de Goyaves, d’Abri- cots , de Papayer , qu’elles portent au marché , ou pour ( 3* ) en couvrir les bâtons de Chocolat récent , ou les gom¬ mes et résines que transporte le commerce en Europe , ou enfin pour faire de charmans paniers. « C’est par le Balisier, dit Cbaumeton , que s’ouvre le système sexuel de Linné : aussi dans un poëme an¬ glais , le D. Darwin représente-t-il la belle Canna l’a¬ vançant la première : on la reconnaît à sa taille majes¬ tueuse , à sa chevelure bouclée. Elle élève ses yeux vers le ciel et prononce le vœu solennel qui l’unit à l’objet de sa tendresse. Né dans les climats plus chauds , ce couple vertueux redoute le souffle glacé de l’automne. L’époux enveloppe de son manteau de pourpre son épouse frileuse et craintive, et la serre contre son sein. » Le Balisier , quoique originaire de la zone torride , se naturalise aisément dans les zones tempérées , et sup¬ porte même le froid de nos hivers. C’est ainsi que M. Bou¬ lange Bodin est parvenu, dans son riche établissement de Fromont, à cultiver en pleine terre les Magnolia , qui offrent sous les frimas leurs magnifiques fleurs qui charment la vue et l’odorat. Le Balisier se faitaisément remarquer par l’étalage de ses belles feuilles lisses et finement nervées, et par le nombre , la forme et l’éclat de ses belles fleurs rouges ou jaunes suivant la variété. Les graines fournissent une vive couleur rouge qu’on fixe quelquefois au moyen du suc de citron. Le Balisier doit être soigné dans une terre franche non fumée. On l’arrose fréquemment jusqu’en septem¬ bre en Europe, et alors il faut le préserver de l’humi¬ dité. En mars, on en sépare les cayeux qui offrent un moyen sûr de le reproduire , les graines ne mûrissant jamais complètement en Europe. Les soins minutieux ( 33 ) des serres nuisent à la végétation du Balisier et en re¬ tardent les progrès. L’Ecluse l’a appelée Canna indica , dénomination que Linné a adoptée d’après les rapports extérieurs que l’oeil , au premier regard , croit trouver entre les raci¬ nes , les tiges du Balisier et celles des Roseaux ou Can¬ nes. C’est pour tout concilier que Tournefort lui a ap¬ pliqué le nom composé de Cannacorus , de Canna et d ' Acorus. Enfin , il y a tant de confusion pour le nom de Balisier qu’on donne aux colonies à des plantes tout- à-fait différentes, que je crois devoir assigner à chacune sa véritable place. Les colons donnent inconsidérément le nom de Balisier à plusieurs plantes fort dissemblables , ce qui offre aux botanistes qui n’ont pas voyagé , et ne connaissent les nomenclatures que d’après les livres , des difficultés qu’il est essentiel daplanir. Au cap Fran¬ çais , on appelle Balisier , X Amomuni Zerumbeth , Lin. On lui donne encore le nom de Gingembre bâtard , à cause de la forme et de la saveur aromatique de ses ra¬ cines tubéreuses et mamelonnées. D’autres Créoles d’Haïti appellent aussi Balisier , VAlpinia racemosa (p. 91, pl. 171 , 3e vol. de cette Flore). Poupée-Desportes confond aussi le vrai Balisier de cet article avec le Costus arabicus , Lin. *, Pacocaalinga de Marc- grave , dont on retire aussi une teinture écarlate très- brillante. En consultant ces différentes plantes qui 6e trouveront décrites dans cette Flore, on évitera des méprises qui peuvent être funestes à la santé , et spé¬ cieuses sous le rapport de la science. On a encore donné improprement le nom de Balisier , au Bihaï ou Bananier marron dont on trouve îhîstoire ( pl. 260 de ce vol. 4*); c’est pourquoi les narrateurs mal instruits prétendaient ( 54 ) que lès feuilles du Balisier servaient à couvrir les cases ou les a joupas , ce qui n’est pas , mais ce qui est vrai pour les Bananiers et les Bihaïs. Le Balisier porte à sa racine un anneau de gomme. Deux Balisiers nouveaux et du plus grand intérêt sont en ce moment l’objet de la recherche des amateurs : l’un est le Canna superba qu’on a faussement donné pour Un Heliconia ,* l’autre est le Canna iridiflora en¬ core très-rare, et par conséquent assez cher. Tous les deux ont fleuri et se sont multipliés dans les serres du jardin de Fromont, monument élevé à la botanique et aux muses par notre savant ami le chevalier Soulange Bodin . Les fleurs du Balisier à fleurs d’iris sont du plus bel effet. On les obtient en ne laissant qu’une tige à la plante nourrie dans un large pot rempli d’un ter¬ reau très- substantiel , et en arrosant soigneusement les rejetons. Caractères physiques. La racine vivace est charnue , gommeuse au collet , horizontale et chevelue ; sa tige est droite, simple, solide, et s’élève à la hauteur de quatre pieds ; les feuilles , d’abord roulées , se dévelop¬ pent et parviennent à la longueur de dix-huit pouces sur huit de largeur; elles sont alternes , ovales, poin¬ tues , engainantes à leur base , vertes, glabres, munies de nervures parallèles très-fines et marquées en leurs bords d’un filet blanc très-remarquable. Les fleurs sont disposées en épi terminal , presque sessiles , et sortant alternativement de l’aisselle d’une écaille courte et spa- thacée. Chaque fleur offre : un calice coloré , membra¬ neux , supérieur , composé de trois ou quatre folioles persistantes ; une corolle de forme liliacée quoique mo- ( 35 ) bopétale , lubulée à sa base, divisée profondément en six découpures irrégulières, dont cinq sont presque droites , et la sixième est réfléchie en dehors j une seule étamine à filament pétaliforme, bifide, avec anthère au bord de la division supérieure 5 ovaire infère, sur¬ monté d’un style aplati , adhérent par sa base à la co¬ rolle , et terminé par un stigmate linéaire adné. Le fruit est une capsule trigone, hérissée d’aspérités, cou¬ ronnée par les folioles du calice, et divisée intérieure¬ ment en trois loges renfermant plusieurs graines noires, rondes , dures et luisantes , insérées sur un axe central , et rangées horizontalement. Analyse chimique. Les graines et les racines ont un goût piquant et une odeur plus ou moins aromatique qui leur a fait découvrir des propriétés incisives et apé- ritives excitantes. Cependant les racines contiennent beaucoup de mucilage , et une sorte de gomme qui se ramasse au collet en consistance dégelée. Propriétés médicinales. Les racines de Balisier agis¬ sent comme diurétiques et détersiveS , en calmant l’irri¬ tation qui occasione le spasme de la vessie, ou entre¬ tient l’ulcération de la membrane. Les Malabarois em¬ ploient le suc des fruits contre les douleurs d’oreilles $ malaxé avec du sucre brut, ils en font une masse pour appliquer sur l’ombilic contre le diabétès. Certains co¬ lons prétendent que ce même suc remédie à l’empoi¬ sonnement causé par le sublimé corrosif. Poupée-Des¬ portes indique la racine du petit Balisier dans les épilepsies nerveuses , et dans la cure des gonorrhées ( 36 ) pendant la période inflammatoire *, on l'ajoute aux feuilles de Liane à cœur, et à l’écorce de Liane à savon. Mode d’administration. La dose des racines est d’une once pour une pinte de décoction. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUARANTE. La figure est réduite de moitié de grandeur naturelle 1. Feuille demi-grandeur. 2. Gousse ouverte. J'At'odore /?< w y> fma? daine/ Jettfi. CORINDE GLABRE. ( Diurétique excitante. ) \ < 7 Synonymie. Vulg. Po:s de merveille. — Cœur des Indes. — Cardiospermum halicacabum foliis lævibus. Linn. Oc- tandrie Trigynie. — Tournefort Corindum. Classe 11. Ano¬ males. Sect. 2. — Jussieu, famille des Savoniers. — Co¬ rindum ampliore folio , fructu majore. Tourn. 43i. — Pi- sum vesicarium, fructu nigro , albâ maculatânotato. Bauh. ? p. 343- — Helicacabum peregrinum multis, sive Cor In- dum. J. B. 2 , p. 173. — Pisum cordatum Lob. ic. 2, p. 67. Ulinja Rhed. Malab. — Fruita boisa china. Lusit. — Tim- pen Belg. Caractères génériques. Plantes à fleurs polypéta- lées de la famille des Savoniers à feuilles alternes , ailées et découpées , à pédoncules axillaires munis de vrilles , et à fruits renflés et vésiculeux j tige ligneuse. Caractères particuliers. Calice de quatre folioles , dont deux plus grandes *, corolle de quatre pétales ; nectaire de quatre folioles pétaliformes , rapprochées en cylindre j huit étamines inégales 5 trois styles ; capsule plus ou moins renflée , triangulaire , à trois loges (comme à trois capsules connées) 5 graines sphériques , marquées d’une tache cordiforme j feuilles lisses. Quatre espèces. (Mérat. Ann.) Histoire naturelle. Le nom latin Cardiospermum est formé de deux mots grecs , xap&a , cœur , et cirepfia, semence. Le surnom pompeux de Pois de merveille a été donné à cette plante élégante et délicate, Tome IV. — 6 ie Livraison. 4 ( 38 ) parce qu’on crut découvrir en elle des propriétés litlion- triptiques que l’usage na pas confirmées. Cependant on l’emploie aux colonies comme diurétique. Onia cul¬ tive en Europe dans les jardins. Les fruits sont estimés cordiaux. Caractères physiques. Cette plante est remarquable par la forme particulière de ses fruits dont le feuil¬ lage léger et découpé a, en quelque sorte, l’aspect de celui du Persil -, ses tiges sont longues de trois ou quatre pieds, menues, rameuses, glabres, cannelées, feuil- lées, faibles et incapables de se soutenir sans appui. Les feuilles sont alternes, ailées, glabres, vertes, à pinnules ou folioles ovales, lancéolées , incisées ou lo¬ bées et dentées*, les pédoncules sont axillaires, fili¬ formes , munis près de leur sommet de deux vrilles sim¬ ples,, opposées, et portent chacun plusieurs petites fleurs blanches disposées en ombelle trifide ou qua- drifide. Les rayons de ces ombelles sont biflores ou tri- flores , et longs de quatre ou cinq lignes. Les fruits sont des vessies trigones, triangulaires, courtes , verdâtres et presque glabres. Elle est annuelle. Ses feuilles sont quelquefois pubescentes. (Encycl.) Analyse chimique. La racineduPois de merveille con¬ tient une résine brune , molle , de la Saponine , un ex¬ trait gommeux avec mélange de Bassorine , et une ma¬ tière animale insoluble dans l’Alcool. Propriétés médicinales. Le Cardiospermum lialica - cabum , appelé par Valmont Bomare , Pois de merveille , offre une racine qui, étant administrée en décoction , est spécialement recommandée dans les affections de la vessie. Elle est rangée par les colons au rang des li- ( 39 ) tliontriptiques , dont le siècle présent connaît la valeur. Son emploi serait mieux indiqué comme un léger dia¬ phonique à administrer aux mères qui ne peuvent nourrir leur enfant, en diminuant d’abord l’excitation des mamelles par un régime débilitant, et en n’administrant cette décoction que si la peau devient moite, ce qui indique l’émonctoire qu’a choisi la nature. Les Indiens boivent la décoction de la plante dans les douleurs ar¬ thritiques , et posent le marc sur la partie affectée. Ils recommandent , dans les coliques , des lavemens de cette décoction avec mélange d’un tiers d’huile de Ben. Plu¬ sieurs praticiens prescrivent cette même décoction dans les toux opiniâtres , et en font un collyre en l’édulco¬ rant avec le sucre. L’usage le plus fréquent qu’on fait aux Colonies de ce moyen thérapeutique , est dans le ca- tharre vésical, et dans l’espoir de résoudre les mucosi¬ tés de cet organe , et d’entraîner le gravier qu’elle peut contenir , ce qu’on obtiendrait avec toute autre boisson délayante et apéritive. Les hattiers , ou gardieps d’ani¬ maux, appliquent avec avantage sur les génitoires du che¬ val des topiques de toute la plante dans le cas de tran¬ chées occasionées par une rétention d’urine. Mode d’ administration. La dose de la racine est d’une demi-once pour une pinte d’eau qu’on fait réduire d’un tiers. Le suc de la plante fraîche se donne par gros. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUÀRANTE-UN. 1. Fleur entière. 2. Graine où l’on aperçoit au sommet la tache blan¬ che cordiforme. 3« La même vue de côté. 4* ( 4° ) */\A W' W V\A f- 2. — Erithalis fruticulosa , foliis obovatis, crassis, nitidis, oppositis ; pedunculis ramosis ad alas superiores. Brown. Jam. 1 65, t. 17, f. 3. — Sambucus ligno duro odoratissimo , foliis lanceolatis suaveolentibus , baccis rotundis, nigris et monospermis. Poup. Desp. — En caraïbe: Taouia-Alacoaly. Caractères génériques. Calice monopbylle 5 corolle monopétale , régulière , divisée en cinq parties recour¬ bées ; calice urcéolé \ baie à dix loges , inférieure. Caractères particuliers. Arbrisseau à feuilles oppo¬ sées , à corymbes composés*, cinq, six, huit ou dix filets sortent de la base du calice 5 le stigmate est bifide. Histoire naturelle. L’Erytbal croît à la Martinique, à Saint-Domingue , à la Jamaïque, dans les bois des mornes et sur le bord de la mer. Les noirs le fendent et en obtiennent des flambeaux économiques qui ser¬ vent à éclairer pendant la nuit lintérieur de leur case qui est bientôt enfumée par cette combustion. Ce bois est compacte, dur , pesant , résineux et très-odorant. yy. Throi/ore ÆrtV«/*/v /’âuc ■ ii/'r'tW lira/. KK1T1IAL II O 3 S niAXDKLLK ( 4* ) Sa couleur citrine le fait rechercher des ouvriers qui parviennent à lui donner un très-beau poli ; ils en font des boîtes à ouvrage , des nécessaires , des pupitres propres à contenir les poulets mystérieux, et autres petits meubles qu’ils donnent en cadeau aux étrennes. Ce bois odoriférant perpétue par son arôme le souvenir du bouquet de la nouvelle année. Comme il a l’o¬ deur du Citron, quelques-uns l’ont appelé Bois de Citron. Ses fleurs et ses baies ayant un goût aroma¬ tique et une odeur qui approche de celle du Jasmin , on lui a donné le nom de Bois de Jasmin dans certaines colonies. L’arbre appelé aux colonies Bois de chandelle noir est XAmyris elemifera de cette Flore (Voy* T. iii, p. 279 , pl. 212). Caractères physiques. Cet arbrisseau , de la famille des Rubiacées , est droit, rameux, d’un beau port , et s’élève à la hauteur de quinze pieds. Ses feuilles sont opposées , ternées, un peu pétiolées, ovoïdes, obtuses, avec une très-petite pointe , très-entières , vertes , gla¬ bres et luisantes. Elles ont deux à trois pouces de lon¬ gueur. Les fleurs sont nombreuses, blanches, exhalent une odeur agréable , et ressemblent à celles du Lilas par leur aspect; elles viennent en corymbes rameux, axillaires et terminaux. Chaque fleur a : i° un calice monophylle , supérieur, persistant, petit, et à cinq dents pointues; 20 une co¬ rolle monopétale, presque infundibuliforme , à tube court, et à limbe partagé en cinq découpures linéaires, ouvertes et recourbées ; 3° cinq étamines , dont les fila- mens, un peu moins longs que la corolle et attachés à la base de son tube, portent des anthères droites et ( 4* ) oblongues; 4° un ovaire inférieur, arrondi , chargé d’un style de la longueur des étamines, comprimé dans sa partie supérieure , et à stigmate simple. Le fruit est une baie aromatique , purpurine , d’une odeur de Jasmin , globuleuse , couronnée , à dix loges , et qui contient des semences petites , un peu anguleuses. Analyse chimique. Les baies de l’Erithal contien¬ nent une huile volatile , de la cire , de la résine , de la gomme unie à des sels végétaux; une partie sucrée et du malate de chaux ; de l’eau et une fibre ligneuse. Propriétés médicinales. Nicolson recommande l’au¬ bier de l’Erithal comme possédant une vertu anti¬ ophtalmique : je ne sais comment et pourquoi. Le mé¬ decin Poupée-Desportes indique ainsi le traitement à suivre dans le choléra-moi bus , si commun aux Colo¬ nies. p Dans le choléra-morbus , dit-il , on administrera » des lavemens de Gombo et de feuilles de Goyavier; » on fera consommer au malade des bouillons aux bour- » geons de Mombain et de grand Cousin ; on le pur- » géra avec les Mirobolans et la Manne dans du petit » lait; enfin, pour terminer le traitement, on lui fera » prendre des bols où entreront le Cachou, le Succin » et le Laudanum qu’on incorporera au moyen du Bau- » me de sucrier. Il boira pour tisane une décoction de » Bois-Marie , de Bois-Chàndelle , de sommités d’Àpia- » ba ou herbe carrée (espèce de Mélisse) et de Maïs » boucanné. La dose est d’une bonne pincée de chaque » plante qu’on fait bouillir dans deux pintes d’eau jus- » qu’à réduction d’un quart. » On conçoit que cette méthode polypharmaque , pour¬ tant approuvée par une longue expérience , ne serait (43 ) néanmoins plus admise de nos jours où la thérapeuti¬ que est réduite à sa juste valeur. Le même praticien donne la recette d’un petit lait astringent composé, qu’il recommande à la fin des maladies galantes. « Pre- » nez de l’écorce moyenne de grand Cousin (pl. 100 , » p. i33, 2e vol. de cette Flore), de Santal citrin ou » Bois de chandelle , et de Gingembre , de chacun un » gros : faites-ies bouillir dans deux pintes de lait jus- » qu’à la diminution d’un quart $ après avoir tiré la dé- » coction du feu, éteignez-y par trois fois un fer rouge : » passez-la , et faites-en prendre un verre d’heure en » heure. » Je n’ai point eu l’occasion d’observer l’effi¬ cacité de ces deux traitemens , mais j’ai employé avec succès l’Erythal dans certaines affections des voies uri¬ naires qui réclamaient des excitans. Je n’ai eu qu’à me louer de son administration dans la strangurie occasio- née par une néphrite calculeuse. Cette résine est em¬ ployée au dehors dans les digestifs. Mode d’administration. La dose de la résine est de¬ puis un gros jusqu’à demi-once, après l’avoir fait dissou¬ dre par le jaune d’oeuf, et délayée ensuite dans une décoction apéritive ou émulsive : on la mêle aux lave- mens dans la néphrite , et en bols dans la gonorrhée à la dose de sept à huit grains. EXPLICATION DE LA FLA.NCHE DEUX CENT QUARANTE-DEUX. La plante est réduite de moitié. 1. Corolle entr’ouverte. 2. Ovaire surmonté du pistil. 3. Fruit entier. 4. Le même coupé verticalement. ü. Le même coupé transversalement. 6.' Graine. ( 44 ) •l. ARISTOLOCHE BILOBÉE. ( Diurétique excitante). Synonymie. Vulg. Liane à caleçon. Fer à cavale. — Aristo¬ lochia bilobata. Linn. Gynandrie Hexandrie. Tournef. Clas. 3. Personnées. — Jussieu, famille des Aristoloches. — Aris¬ tolochia foliis bilobis, caule volubili. Linn. — Aristolo¬ chia longa scandens, foliis ferri equini effigie. Plum. Spec. 5. Amer. 91, t. 106. Raj. Suppl. 3g5. Tournef. i63. — Aris¬ tolochia caudata. Jacq. — En espagnol : Aristoloquia ca- valla. — En anglais: Long-Rooted Birthwort. Caractères génériques. Plantes à fleurs incomplètes, dont le calice est coloré, en tube monophylle, renflé à sa base , à limbe dilaté , ordinairement terminé en lan¬ guette oblique ; six anthères sessiles sur le pistil au- dessous du stigmate qui a six divisions ; capsule ovoïde , polysperme, à six loges. (Mérat.) Caractères particuliers. Feuilles à deux lobes \ tige volubile. Histoire naturelle. Ayant déjà donné l’histoire de plusieurs espèces d’ Aristoloches dont le nom est composé de deux mots grecs, «piç-oç très-bon, et lochies, et l’espèce dont il s’agit n’ayant rien de remarquable, et n’étant recherchée que pour ses propriétés dans les ma¬ ladies des voies urinaires , je ne m’étendrai pas davan¬ tage à son sujet. J’I. i4J. T/l. oi/orc /)s,rcouf'/t7\. /‘ma' Ca/rtc/ . AftfKTO.LO*'IIK LONG U K \ ( 45 ) La figure des feuilles de cette Aristoloche grimpante, dit Poupée-Desportes , la fait bientôt remarquer et re^ connaître. Ses feuilles représentent un fer à cheval , et son fruit , attaché par un long pédicule ou filet , a la forme d’un encensoir. Les mornes d’Haïti en sont cou¬ verts. Caractères physiques. Sa racine a plus d’un pied de long , et près d’un pouce d’épaisseur : elle est noirâtre en dehors , jaunâtre en dedans , et d’un goût fort amer. Ses tiges sont très-menues , presque filiformes , sarmen- teuses , rameuses, et rampent sur la terre, ou grimpent dans les haies qui se trouvent près d’elles. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, petites, à peine larges d’un pouce , glabres , et ont une échancrure considérable au centre , ce qui les divise en deux lobes , et leur donne presque la forme d’un fer à cheval. Leur pétiole n’a que quatre ou cinq lignes de longueur. Les fleurs sont axillaires, solitaires dans chaque aisselle, plus longues que les feuilles , et ont une languette plus large et plus pointue qne celles des Aristoloches d’Europe. Elles sont d’un jaune pâle et veinées de rouge brun. Leurs fruits sont gros comme des œufs de pigeon , et ont une pointe émoussée vers leur bout. (Encycl. Vivace. ) Analyse chimique. Ainsi que ses congénères l’Aristo¬ loche bilobée contient dans ses racines une huile vola¬ tile ; une résine jaune-verdâtre } une matière extractive*, une gomme et un principe amer -, de l’amidon et de l’al¬ bumine *, fibre ligneuse et potasse. Propriétés médicinales. D'après le conseil dePoupée- Despories on fait entrer cette Aristoloche dans les tisanes ( 46 ) apéritives; les mêmes racines sont emménagogues , bé- chiques, incisives ; Poupée-Desportes et Chevallier en ont vu de très-bons effets en lavement dans des cas d’hémor¬ roïdes internes arrivées à l’état de supuration et faisant craindre la fistule. La décoction déterge les ulcères et fait mourir les sarcoptes de la gale. Les matrones des Colonies plus superstitieuses encore que celles d’Europe, si la chose est possible , introduisent dans le vagin , en guise de pessaire , une racine d’Aristoloche longue dans la persuasion d’obtenir l’expulsion de l’enfant mort dans la matrice. Mode d’administration. La dose des racines réduites en poudre est depuis un demi-gros jusqu’à deux , ou en infusion jusqu’à demi-once. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUARANTE-TROIS * La plante est réduite à moitié de sa grandeur. 1. Organes de la génération 2. Fruit. 3. Racine. lALKBASSIEIt À FEUILLE S LONGUES. ( 47 ) WVVt'WWWWWVWI w> ww w wvw> wtwwvww vv» w> \w mavw vmvw vwwvw ww CALEBASSIER A FEUILLES LONGUES. ( Diurétique excitante.) » Synonymie. Vulg. Arbre à Couys , à Cicayes. En caraïbe: Baya. — Crescentia cujete. Linn. Didynamie Angyosper- mie. — Jussieu, famille des Solanées. — Adanson ; les Personnées. — Crescentia foliis cuneato-lanceolatis, fructu obtuso , seminibus cordatis. Poiret. — A. cucurbitifera, ar- bor americana , folio longo mucronato , Pluk. — Cujete foliis oblongis et angustis , magno fructu ovato. Plum. — Crescentia cujete. Jacq. Amer. 175. B. cucurbitifera ar- bor , subrotundis foliis confertis, fructu ovali. Pluk. Alm. 124) tab. 1 7 1 , f. 2. — Cujete , Pison. Bras , p. 173. — Ar- bor cucurbitifera americana folio subrotundo. Raj. Plist. 1667. Vulg. Colijne. — En anglais. Cuete. Y. Cujete mi- nima , fructu duro. Plum. Gen. 23. -J* •• A. > ' »• -i:< •>': I h' ■ ■ ij t. j ^ Caractères génériques. Calice caduc à deux divi¬ sions égales , arrondies -, corolle irrégulière à tube gib- beux , à limbe à cinq divisions inégales , dentées-sinuées ; quatre étamines didynames, quelquefois cinq *, un style, une baie pédiculée solide , à une loge polysperme 5 graines biloculaires. Caractères particuliers. Feuilles cunéiformes lan¬ céolées. (Jamaïque, Antilles. Vivace.) ( 48 ) Histoire naturelle. Le Calebassier à feuilles longues est originaire des Antilles où il est très-commun , et se rencontre dans tous les lagons et dans les bois un peu humides. Son feuillage diffus , ses fleurs pâles et ses fruits verts n’ont aucun éclat , et lui donnent un aspect sauvage. - . Mais ce tronc tortueux Qui, bizarre en sa masse , informe en sa parure, Et jetant au hasard des touffes de verdure, Etend ses bras pcndans sur des rochers déserts, Dans ses brutes beautés mérite aussi vos vers. Deliliæ. Cet arbre sombre est d’une grande utilité auprès d’une habitation. Ses fruits fournissent auxNoirs plusieurs us¬ tensiles de ménage. Lorsqu’ils sont entiers, etaprès avoir été vidés , on les nomme couys , et servent de bouteilles et de gobelets ; coupés par la moitié ils remplacent les tasses à boire , ou reçoivent les alimens , le moussa et le calalou qu’on destine aux enfans } coupés en quatre , ou plutôt par la moitié sur la longueur divisée encore en deux , ils offrent des cuillers auxquelles 011 a donné le nom de cicayes . Enfin on utilise ce fruit en lui faisant rem¬ placer beaucoup d’autresustensiles d’après le goûtet l’idée des naturels du pays où cet arbre croît. Pour se servir de ces fruits , il est nécessaire de les vider , et l’on y par¬ vient en versant dedans de l’eau bouillante pour en faire détacher la pulpe. On y laisse séjourner ensuite une seconde , une troisième eau pour enlever la partie amère et astringente dont les parois sont imprégnées. On vend ( 49 ) dans les marchés les fruits du Calebassier sous diverses formes , et quelquefois ciselés en dehors de figures gro¬ tesques ou régulières. On a soin de ne cueillir ces fruits qu’à leur maturité , c’est-à-dire quand la queue qui les attache à l’arbre se flétrit. On peut varier leurs formes en les comprimant avec des cordes avant leur accroisse¬ ment parfait. Les Noirs émaillent aussi très-agréablement la surface de ces couys , avec du raucou , de l’indigo , du suc de raquette et autres couleurs végétales qu’ils préparent avec la gomme d’acajou. Caractères physiques. Le Calebassier qui nous occupe est de la grandeur du pommier d’Europe , dont le tronc est tortueux et de la grosseur du corps. Il est recou¬ vert d’une écorce grisâtre et ridée. Son bois est blanc et compacte quoiqu’un peu tendre 5 ses rameaux sont nom¬ breux , fort longs , peu divisés , et la plupart étendus horizontalement. Us sont garnis à chaque noeud de neuf à dix feuilles fasciculées, ou en paquet , lancéolées, ré¬ trécies insensiblement vers leur base , terminées par une longue pointe , presque sessiles , entières , glabres , vertes et un peu luisantes. Elles ont cinq à sept pouces de longueur , sur un pouce ou un peu plus de large dans l’endroit de la plus grande dimension. Les fleurs viennent indifféremment sur le tronc et le long des branches. Elles sont solitaires , d’un blanc jaunâtre, d’une odeur désa¬ gréable, et pendent chacune à un pédicule épais, long d’un pouce. Elles ontquelquefois, selon Jacquin, cinq étamines, dont trois sont plus longues que les autres. A ces fleurs succèdent des fruits ou tests qui varient dans leur figure et leur grosseur d’après les diverses espèces. Us sont ( 5o ) obronds ou ovoïdes , sans pointe ou mamelon à leur sommet , et ont depuis deux pouces jusqu’à un pied de diamètre. Leur écorce est verte , unie , dure , presque ligneuse v elle recouvre une chair pulpeuse, blanche, qui noircit à l’air, pleine d’un suc d’un goût aigrelet, amer et astringent i et qui contient quantité de petites semences aplaties et cordifo raies. Plumier distingue cinq espèces de Calebassiers en arbre. Dans la première , les feuilles sont oblongues , étroites ; les fruits gros , ovales. Dans la seconde , les feuilles sont larges , les fruits mous (espèce vénéneuse ). Dans la troisième , l’abre est petit et produit des fruits durs. Dans la quatrième , les feuilles sont étroites , les fruits sont petits et sphériques. Dans la cinquième , les feuilles sont étroites , les fruits petits et ovales. Analyse chimique. La pulpe de ce Calebassier con¬ tient de l’acide gallique , beaucoup de tannin, un prin¬ cipe purgatif commun aux légumineuses ; une matière verte insoluble; un principe amer ; une gomme et beau¬ coup d’eau. Propriétés médicales. Suivant l’opinion de nos habi- tans, dit plaisamment Poupée-Desportes , cette plante a dés vertus toutes divines , et elle est un remède universel contre toutes sortes de maladies. Veut-on guérir une liydropisie ou une diarrhée ? Prenez , dira-t-on , du suc de Calebasse. A-t-on lieu de soupçonner un abcès dans les parties internes; le suc de Calebasse est un remède in¬ comparable. Cependant , malgré ce divin remède , on ( 5î ) meurt tous les jours à Saint-Domingue de diarrhée , d’hydropisie et d’abcès. Quoiqu’il en soit, on sera peut- être bien aise de connaître ce remède. On prend un fruit du Calebassier cujete qui n’est pas mûr ; on le fait bou canner , c’est-à-dire rôtir sur les charbons. On l’ou¬ vre , on exprime la pulpe au travers d’un linge , et on en fait boire le jus chaud au malade. Cette liqueur a un goût d’une légère amertume. Elle purge ordinaire¬ ment, mais fort peu, et comme elle agit le plus souvent par les urines , c’est pourquoi je l’ai placée parmi les plantes apéritives. Chevallier recommande le suc de ce fruit dans les liydropisies et les affections de la rate , il l’indique comme excellent vulnéraire. D’après des observations précises , je conseille de n’employer ce moyen qu’avec la plus grande précaution, car j’ai vu périr en quelques heures un Noir à qui sa commère en avait fait prendre dansune entérite. Ce moyen est d’autant plus héroïque qu’il échauffe beaucoup , et qu’il est indi¬ geste. Cependant d’autres expériences prouvent qu’il ne faut pas exclure ce médicament de la thérapeutique , et l’on prévient ses effets trop actifs en l’ordonnant sous forme de sirop *, alors il convient dans certaines diar¬ rhées chroniques , dans certains catharres , quelquefois dans l’hémoptisie. On le recommande dans plusieurs maladies de poitrine , et à la suite de chutes violentes ou de coups de soleil. On applique la pulpe à froid, et on la renouvelle de quatre heures en quatre heures. Au-dehors on emploie la pulpe contre les accidens de la brûlure , et comme cataplasme résolutif. La dose du sirop est d'une cuillerée trois fois par jour. On attri¬ bue peut-être à ce sirop plus de propriétés qu’il n’en a réellement. Il est vrai , comme l’observe un voya- ( 5a ) geur , que sa préparation n’étant confiée qu’aux mar¬ chands de confitures et aux commères à secrets, il peut être plus ou moins artistement préparé. explication de la planche deux cent quarante-quatre. 1. Fruit coupé transversalement. 2. Graine. i i /y.-v'j 77u*ot/orc /K‘d'cofer/t{\ jPt/tæ pin i>* ocriftUNT. ( 53 ) WWWWWW\^WVV^WW/WWWWVV>W VWVWW* VVWWW* VWWWM I ^ * î PIN D’OCCIDENT A CINQ FEUILLES. ( Diurétique excitante. ) Synonymie. — Pinus oceidentalis. Linn. Monoécie Mona- delphie. — Jussieu, famille des Conifères. — Pinus foliis quinis scabris. Lin. Sp. , p. 1001 , n° 5. Pinus foliis longis- simis, quinis, canaliculatis ; strobis subovatis j squamis obtusis, angulatis. Poiret. — Pinus oceidentalis, foliis qui¬ nis, margine scabris, longissimis, strobylis oblongis; squa¬ mis apice truncatis. Swartz, Nov. plant. Gen. et Spec. p. io3. — Pinus foliis quinis ab eodem exartu.Plum. Catal. plant., p. 17. — Larix americana, foliis quinis ab eodem exartu Tourn. Oust. R. Herb. , p. 586. — Pinus virgi- niana, conis longis , non ut in vulgari echinatis. Pluk. Alm. , p. 297. — En espagnol, Pino. — En portugais, Pinheiro Bravo . — En anglais , TFildPine stree . Caractères génériques. Fleurs mâles en chatons , munies d’une écaille \ étamines sans filet , portées par Taxe du chaton. — Fleurs femelles solitaires , ou en globules , ou disposées en cône 5 ovaire supère , sur¬ monté d’un stigmate simple ou bifide \ une noix mo¬ nosperme. — Cotylédons souvent divisés profondément en plusieurs parties ; tiges ligneuses , feuilles persis¬ tantes. Caractères particuliers. Fleurs mâles en chatons, et composées d’anthères , en forme d’écailles ; fleurs Tome IV. — 6a" Livraison. 5 ( 54 ) femellesen chatons simples, à écailles extérieures, mem¬ braneuses ou bractées , et les intérieures charnues. Le fruit est un cône à écailles imbriquées , épaissies à leur sommet , et recouvrant chacune deux noix osseuses , surmontées d’une noix membraneuse. Cinq feuilles en¬ gainées à la base. Histoire naturelle. Les Pins aiment les terres arides et montagneuses , où ils avoisinent les cieux. Quoi de plus romantique et de plus solitaire qu’une foret de Pins? L’amant trahi y vient soupirer en paix et nourrir sa mélancolie. Les oiseaux eux-mêmes y célèbrent leurs amours. Caché sous l’épaisseur d’un Pin majestueux , Le rossignol soupire et module ses peines. Baour-Lormian. Cet arbre fournit à la fable une métamorphose que de Saint-Ange cite ainsi dans ces vers: Le Pin qui boucle en rond sa courte chevelure. Le Pin cher à Cybèle : Atys , par elle aimé, Sous ce tronc dur, hélas! fut par elle enfermé. Un autre poëte voulant déplorer la perte d’un guerrier valeureux, Guerle le compare à un de ces arbres : Tel un Pin, roi des monts, par la hache abattu, Roule et gît sans honneur dans la plaine étendu. A la voix du Tout - Puissant, dit un autre auteur, les végétaux parurent avec les organes propres à recueillir les bénédictions du ciel. Les Pins recueillent les va¬ peurs qui flottent dans l’air, avec leurs folioles disposées ( •« ) en pinceaux. Depuis le cèdre du Liban jusqu’à la vio¬ lette qui borde les bocages , il n’y eut aucune plante qui ne tendit sa large coupe , ou sa petite tasse , suivant ses besoins ou son poste. Les Pins ne s’élèvent pas seulement en Amérique. Sous les climats froids , dit Virey, la nature accorde à ses habitans , au printemps , une nourriture agréable de l’aubier tendre, ou S a fw au des Pins, et dans la néces¬ sité même une sorte de pain avec l’écorce interne de ces arbres. Ils servent en outre de bois de construction , de chauffage , et à d’autres usages économiques et indus¬ triels. C’est la marine surtout qui en réclame les avan¬ tages pour les mâts des vaisseaux. Oui , ce Pin sur la nef en colonne élevé , * Bravera les autans et le flot soulevé. Le Pin diffère du sapin : ce dernier laisse écouler beaucoup de résine par son écorce, mais il n’en con¬ tient guère dans son bois. Le Pin , au contraire , donne très-peu de résine par l’écorce , à moins qu’elle ne lui soit demandée -, mais on en trouve beaucoup à l’intérieur. On ne tire du goudron que du Pin, car le sapin, outre que son bois en procure très-peu , ne donne qu’un goudron sec , et qui s’enlève bientôt en croûte de la surface des corps qu’on en recouvre. Le goudron sert à espalmer les vaisseaux et les barques pour les défendre de l’action de l’eau. On écorce l’arbre au moment de la sève avec une doloire , sans entamer l’aubier, et laissant du côté nord une lanière longitudinale. La chaleur fait suinter abon¬ damment la résine qui se répand sur tout le tronc dénudé. Les Pins nés sur un sol aride et sablonneux ( 56 ) exsudent plus de résine que ceux des terrains maréca¬ geux. Quatre ans après la décortication, oii abat l’ar¬ bre en automne. Chaque pin donne quatre à cinq livres de résine par année. Quand on ne veut pas abattre l’ar¬ bre pour le produit des planches , on se contente de l’entailler. On distille la poix au moyen de fourneaux en briques. Il sort d’abord par le tuyau du phlegme , ensuite une poix épaisse , blanchâtre , grenue *, c’est une espèce de braisée. Elle est suivie par la poix liquide or¬ dinaire qui coule abondamment d’abord , puis se ralen¬ tit. Chaque brasse ou mesure de bois de Pin de six pieds de large , et de huit à dix pieds de hauteur, peut fournir jusqu’à quatre tonnes de poix , mais qui contient tou¬ jours beaùcoup d’eau. La tonne , faite en bois de sapin, est de la capacité de quarantè-huit pots de quatre livres chacun environ -, tel est le produit de seize charretées de bois de Pin en Suède. L’eau qui s’écoule du goudron liquide étant saturée de cette matière , les Suédois y font macérer leurs souliers de cuir velu , ce qui donne à ce cuir une qualité supérieure. Le bon goudron doit teindre l’eau en rose ; si l’eau blanchit , au contraire , le gou dron est de mauvaise qualité. Il faut environ soixante- quatre troncs de Pins pour fournir une tonne. Le com¬ merce de la seule Ostro-Bothnie , qui s’est élevé par année à 80,000 tonnes , a épuisé 5, 120,000 troncs de Pins pour obtenir cette quantité. On rencontre quel¬ quefois dans la terre un fossile jaune, diaphane , et ren¬ fermant des insectes , ou électrique comme le succin , mais qui ne contient pas d’acide succinique \ c’est une résine du Pin dépurée. Caractères physiques» Cet arbre parait être très-dis- ( $7 ) tinct du Finus strobus. Ses feuilles , au nombre de quatre à cinq dans la meme gaine, sont constamment plus longues , plus roides , très-étroites, arrondies , ou «à demi- cylindriques à leur face inférieure, canaïiculées et à re¬ bords tranchans à leur face supérieure, lisses, un peu rudes sur leurs angles. Les cônes ont quatre ou six pouces de long •, ils sont ovales, obtus, composés d’écailles tronquées et angu¬ leuses , épaisses à leur sommet , contenant des semences ailées , oblongues , irrégulières. Ce Pin croît sur les mornes à Haïti , et parait tenir le milieu entre le Pin Cembro et celui Weimouth , se rapprochant du premier par ses cônes , et du second par ses feuilles. Analyse chimique. Ce Pin , d’après des expériences récentes faites par M. Bonastre, contient une térében¬ thine très-claire et très-fluide , retenant près du sixième d’huile essentielle. Cette térébenthine forme difficile¬ ment savonule par les alcalis, mais fournit une belle colophane. Selon Virey, dans sa Chimie organique ( pag. iôa), le pollen contient une substance volatile d’une odeur fade , avec un principe oléagineux. Le Pin d’Occidcnt a beaucoup de rapport avec le Pin du lord Weimouth, ainsi nommé, parce que le lord Weimouth est le premier qui ait cultivé ce Pin en Angleterre. Propriétés médicinales. L’odeur de violette que la résine du Pin communique à l’urine, témoigne en fa¬ veur de sa vertu diurétique. L’eau qui découle du gou¬ dron sert à frotter les bestiaux pour en écarter la vermine 5 on l’emploie aussi conLre les dartres, la gale et autres affections cutanées de l’homme et des animaux , si Ton ( 58 ) en fait (les lotions. Les boulons des Pins, avant leur développement, un peu avant qu’ils parviennent à l’état de bourgeon , sont regardés comme un excellent anti¬ scorbutique , et doivent être employés dans les catliarres pulmonaires ; on en fait un sirop avec le miel j on pres¬ crit progressivement une , deux ou trois tasses par jour d’une infusion de fleurs de gombo, édulcorées avec ce sirop. On fait une bière avec les bourgeons pour les scorbutiques. Les graines sont adoucissantes et calment la toux et les douleurs néphrétiques , depuis demi-once jusqu’à une par émulsion. L’huile qu’elles produisent remplace celle d’amandes douces. On l’ordonne dans la phthisie , l’hémoptysie et le tabès , et pour réparer la perte du lait chez les nourrices. L’eau distillée des cônes est astringente. Mode d’ administration. La dose des bourgeons en infusion est de deux à quatre onces pour deux livres de liquide. Celle de la térébenthine, comme vermifuge à employer contre le ténia , est d’un scrupule dans un liquide approprié. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUARANTE-CINQ. La ligure est réduite à moitié. 1. Eeaille renfermant la graine. 2. Graine pourvue de son aile. 3. Graine concassée laissant voir l’amande. Théodore Dejcourtilx. l3inx- . ûaèriel Srtt/p. SA Fl N HEAlTMMïi » /y. *#;, : ( 5g ) f**\ WVVWiVV» 'WVVVVW»IW*W*WVW*'\VVV\* W(WWV> W\ Wl W W WA W W/\WW> vvvvVwv* WJ SAPIN BAUMIER. ( Diurétique excitante. ) Synonymie. Térébenthine dite Baume du Canada. Sapin bal¬ samique. Baumier de Giléad. — Pinus balsamea. Lin. Sp. Plant. MonoécieMonadelphie. Juss., famille des Conifères. — Abies balsamea. Miller Dict. , n« 3. — Abies taxifolia , odore balsami gileadensis. Raj. — Abies foliis planis, sub- marginatis , subtùs albidi ; eonis ovato * oblongis , erectis, squamis basi angustatis. Poiret. — Abies minor, pectinatis foliis, virginiana; eonis parvis, subrotundis ? Pluck. Almag. 2, t. i2t , fig. î. Caractères génériques. Voyez ci-dessus ceux du Pin d’Occident. Caractères particuliers. Fleurs monoïques. Fleurs mâles en chatons simples, entourées d’un grand nombre de petites écailles imbriquées } filets des étamines réunis en un faisceau. — Fleurs femelles composées de deux ordres d’écailles comme les Pins} cône formé des inté¬ rieures, qui sont concaves, minces au sommet, renfer¬ mant chacune deux noix ailées (feuilles solitaires). Histoire naturelle. Cet arbre , originaire de l’Amé¬ rique septentrionale, aux environs de la Nouvelle-Or¬ léans , vient aussi en Canada , en Virginie et aux Antilles. Cet arbre (Journal de pharmacie , juillet 1822) ne forme pas de corps de foret : il croît au milieu de X Abies nigra et Canadcnsis (Michaux). Ses feuilles répandent une odeur très-balsamique. ( ) Tel l’encens d’Yéinen dans un jour solennel Touche à peine le feu qu’on présente à l’autel, Que des mains du lévite, à la voûte brillante On le voit s’élever en nuée odorante. Castel. Elles sont remarquables en dessous par deux lignes blanches -, ses cônes , d’une couleur noir-pourpre , sont marbrés par la résine blanche qui en découle. Il trans¬ sude à travers les pores de l’écorce , que l’on retire aussi par incision, une résine liquide un peu mollasse, blanche, aromatique, connue dans les pharmacies sous le nom de Baume du Canada ou Baume blanc. Lorsqu’elle com¬ mence à couler, elle est claire, transparente, d’une odeur fort agréable et d’une saveur plus douce que celle de nos Sapins *, elle reste long-temps dans cet état. La différence que l’on remarque entre cette térébenthine et les nôtres , surtout par sa blancheur, est peut-être due au froid excessif qu’il fait en Canada ; car elle est beau¬ coup plus jaune aux Antilles. Après plusieurs recherches , continuent les auteurs de l’article cité , nous pouvons assurer que le Baume de Giléad des Anglais , ou plutôt le fameux Baume de Giléad est produit par le même arbre ci-dessous décrit , mais récolté sur un sujet dont on n’a pas encore extrait le Baume du Canada par incision. On a déjà remarqué sur Y Abies alba des utricules qui se forment sur le tronc , et les principales branches de l’arbre \ il en est de même sur Y Abies balsamea , et le produit des inci¬ sions faites à l’arbre , et celui des utricules , est très-diffé¬ rent. C’est en crevant ces tumeurs, qu’on aperçoit d’assez loin, qu’on recueille ce baume j le suc jaillit avec force comme le sang d’une saignée : » ( 6< ) Ici du Sapin Vert la branche résineuse Distille, à flots épais, une gomme onctueuse. Thomas. On la reçoit au moyen d’un entonnoir adapté à une bouteille 5 lorsqu’elle est pleine , on la bouche hermétiquement : de cette manière , on conserve la partie la plus odorante de cette résine, ce qui lui donne un grand prix. C’est principalement au Canada , dans le pays du Maine et contrées adjacentes, que l’on récolte cette espèce de térébenthine. La quantité qu’on en retire, par année , peut s’évaluer à quelques centaines de bouteilles qu’on exporte en Angleterre et dans le reste des Etats- Unis, où elle est connue sous le nom de Baume de Gïlèad , quoique les gens instruits sachent très -bien que le véritable Baume deGiléad estle produit de Y Amyris gi- leadensis , arbre très-différent et originaire d’Asie. Deux cent cinquante livres de matière résineuse donnent cin¬ quante à soixante livres d’essence de térébenthine. Le Galipot durcit «à l’air par la volatilisation de l’essence de térébenthine. Certaine espèce de résine, celle du Dom- beja chilensis , ne pouvant se fondre sans se décomposer, 11e peut faire de la poix à calfater les vaisseaux. Caractères physiques. Cet arbre s’élève à la hauteur de 5o à 60 pieds et plus. Il se divise en branches nom¬ breuses , touffues , et en rameaux opposés , garnis de feuilles solitaires, roides, planes, courtes, linéaires, entières à leurs bords , obtuses et souvent un peu échan¬ gées à leur sommet, vertes en dessus, d’un blanc pres- qu’argenté ou un peu pulvérulent à leur face inférieure , très-ouvertes, un peu recourbées. Les fleurs sont monoïques , en chatons solitaires, (60 épars \ les cônes sont ovales , oblongs , ayant leur som¬ met tourné vers le ciel , composés d’écailles courtes , * imbriquées , nombreuses, rétrécies et tronquées à leur base , souvent amincies à leur sommet , qui s’ouvrent et tombent ordinairement en novembre. Analyse chimique. L’analyse du Sapin baumier fut lue à l’Institut au mois de novembre 182/}, et insérée dans le journal complémentaire des Sciences médicales du mois d’octobre. D’après notre observation , elle a beaucoup de rapport avec celle du lin d’Occident. Le Baume du Canada , traité par la soude caustique, forme une savonnette d’une pâte épaisse et mollasse , mais qui se maintient telle , et ne coule point. Ce baume paraît , en outre /difficile à fondre dans l’alcool. On obtient un savon-résine avec l’huile de palme , Cocos butyrcitea , et la résine jaune du Linus australis (résidu de la distilla¬ tion de l’essence de térébenthine). On y ajoute la lessive alkaline {barillet), ou soude de varecs. Ce savon est six semaines à se faire. On le vend sur les marchés, aux Antilles et à la Nouvelle-Angleterre , en pains quadran- gulaires , couleur de cire jaune. Ce savon est peu ferme , mais il blanchit bien. Propriétés médicinales. Les malades affectés de catarrhes chroniques , aiment à aller respirer sous les touffes du Sapin baumier. J’ai éprouvé cette jouissance, qui a je ne sais quoi de consolant dans certains temps de la mélancolie. Tirais avec plaisir sous le pesant ombrage De ces sapins pressés, qui d’étage en étage Allongeant dans les airs leurs gigantesques fronts, Noircissent à nos pieds la pente de ces monts. Chénedolle. ( 63 ) La térébenthine que produit ce Sapin baumier est un des plus sûrs apéritifs à employer dans la dysurie et la néphrite *, on connaît la propriété de sa racine , que l’on applique en chirurgie pour arrêter les progrès des hé¬ morrhagies. On la fait aussi dissoudre dans un jaune d’œuf, et on la délaie ensuite dans une décoction apé- ritive. On l’administre en lavement pour la néphrite, et à la dose de sept à huit grains dans la gonorrhée. On la fait entrer aussi dans les emplâtres digestifs. Souvent cette médication agit en augmentant la transpiration ; d’autres fois en augmentant l’exhalation bronchique et en favorisant l’expectoration , puis redonnant du ton à la membrane muqueuse , et tarissant les éeoulemens dont elle est le siège *, mais cet emploi ne peut être recom¬ mandé que dans le cas où il n’y aurait pas irritation des organes. Mode d’administration. On donne cette térébenthine en bols, depuis dix grains jusqu’à vingt , ou roulée dans du sucre , ou enveloppée dans du pain à chanter. Les bourgeons desséchés se donnent en infusion ou en dé¬ coction dans un liquide quelconque, à la dose de quatre à seize grammes (un à quatre gros) pour deux livres de liquide. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUARANTE-SIX. Le dessin est réduit de moitié. 1. Chaton de fleur rn.île. ' 2. Portion d’écaille. 3. Fleur femelle. 4» Ecaille de la fleur femelle. 5. Ecaille contenant deux graines. 6. Graine de grandeur naturelle. ( 64 ) WWWW> VV» VVA\\\W< MtWWVVHV\WVV\VMMVVMWWVVti«U«MW V-V> VV\ W\ VVVVV\ WMA FROMAGER PENTANDRE. ( Diurétique adoucissante. ) Synonymie. Cotonnier mapou. Bois épineux blanc. Ceiba , Bombax pentandrum. Lin., Pentandrie Monogynie. — Jus¬ sieu, famille dcsMalvacées. — Bombax foliis sep tenatis îan- ceolatis : floribus pentandris , antberis lunatis binis aut ternis. Cavan., part. 26. Diss. 6 , figurât. — Jacq. Amer. 191 , t. 176 , fig. 70. — Panperrima. Mill. Dict , n° 2. — Eriopboros Javana. Rumpb. Amb. 1, p. ig4,t. 80. — Ceiba viticis, folio caudice aculeato. Plum. 6, t. 80. — Zaa - monna Pison. — Pouja , Hort. mal. Caractères génériques des malvAcées. Calice mo¬ nopétale , simple ou sur deux rangs ; l’intérieur a cinq divisions*, corolle pentapétale; étamines monadelphes, un style sur chaque capsule ; plusieurs stigmates; graines cotonneuses, renfermées dans une ou plusieurs capsules supères; feuilles alternes, avec stipules; étamines toutes fertiles, définies ou indéfinies , à filets réunis à la base , et un corps sessiîe et évasé. Caractères particuliers. Calice simple , tubulé , évasé, à cinq dents; corolle de cinq pétales oblongs , concaves ; cinq étamines ou plus , à filets réunis à la base ; un style filiforme ; un stigmate en tète ; capsule oblongue ou orbiculaire; quinquéyalve , à cinq loges polyspermes; graines laineuses (Mérat). Histoire naturelle. Les colons des Antilles don- y K O M A € V. tt S* K >• T A X 8» « K ( 65 ) tient le nom de Mapou à cinq arbres d’espèces dilYé- rentes, qu’on peut réduire aux suivantes : i° Fromager pentandre, vulg. Mapou . Bombax foliis pentandris. Lin. Ceiba viticis folio caudice aculealo. Plum. Xjlon seu ceiba lanugine brevi. — 2° Fromager pyramidal. Gossypium seu xjlon arboreum fructu oblongo et sul- cato. Plum, Vulg. Cotonnier 5 bois siiïleux. — 3° Fro¬ mager à sept feuilles. Gossypium vel xjlon arbor orien- talis y digitalis foliis , lœvibus , fructu albo , nitente lanu¬ gine. PJuck. , Alm. 172 , t. 188. — L’espèce appelée dans le pays Mapou rouge , est plus estimée, selon Poupée- Desportes, pour faire des canots, que les figuiers. Une autre espèce est aussi appelée Mapou rouge , et par les Espagnols , Colorade , parce qu’ils font avec l’écorce moyenne des hamacs élégans , et d’une couleur rouge naturelle. Le Mapou bois de fléau est ainsi appelé à cause de sa légèreté. C’est le Gossypium seu xjlon ar¬ boreum fructu oblongo sulcato de Plumier , ou Fromager pyramidal de cette Flore. Planche 268. — Le nom Bom¬ bax, dérivé du grec B o/tc&Z, ver à soie , lui a été donné par analogie de ses semences soyeuses. Ce Fromager, dit Poupée-Desportes , qui attire avec raison les regards de tous les passans , est un des plus gros , des plus beaux et des plus utiles de l’Amérique. L’abondance et la gran¬ deur de ses fleurs blanches, la singularité de ses fruits, qui représentent une espèce de cône à angles saillans , l’agréable ombrage que l’abondance de ses feuilles pro¬ cure , sont pour les voyageurs tout à la fois un sujet d’admiration et de plaisir. Ces troncs noirs, qu’environne une mousse flétrie, Par les feux du tonnerre à longs traits sillonnés , Toujours victorieux des siècles étonnés, ( 66 ) Sans craindre le soleil, les vents et la froidure, Ont vu trois cents printemps rajeunir leur verdure. De Font ânes. Les sens , continue Desportes, ne sont pas les seuls qui s’y trouvent flattés*, le produit qu’on pourrait tirer du coton de eet arbre ne mérite pas moins notre atten¬ tion. Tout le monde admire la beauté , la finesse et la bonté des castors d’Angleterre ; on ne doit attribuer ces bonnes qualités qu’au duvet contenu dans le fruit de cet arbre , que les Anglais emploient dans la fabrique de cette marchandise. Caractères physiques. Cet arbre colossal s’élève jus¬ qu’à la hauteur de quatre-vingts pieds 5 ses branches sont pendantes 5 son bois léger est très-cassant 5 son écorce est verdâtre, glabre et facile à séparer, parsemée souvent de gros tubercules coniques épineux. Ses feuilles sont digitées, composées de sept à neuf folioles lancéolées, pointues , entières ou en scie , d’un vert gai en dessus , cendrées en dessous , qui naissent d’un point commun à l’extrémité d’un long pétiole. Ses fleurs sont plusieurs ensemble , soutenues par des pédoncules partiels , d’un pouce de longueur, qui naissent de l’extrémité d’un petit pédoncule commun. Les cinq pétales sont d’un pouce de longueur, blancs et veloutés en dehors , glabres , d’un rose tendre , et concaves en dedans. Les cinq filamens, dans cette es¬ pèce , sont réunis par leur base en anneau qui envi¬ ronne le germe , et chacun soutient deux ou trois an¬ thères arquées et entortillées ensemble. Le fruit, long d’un demi-pied, a la forme d’un concombre très-rétréci par en bas. Les semences ovoïdes pointues, de la gros- ( g7 ) seur d’un pois , sont enveloppées d’une grande quantité de duvet très-ressemblant au coton. Il perd ses feuilles tous les ans, et fleurit immédiatement après. Analyse chimique. La racine contient de la gomme soluble dans l’eau froide , et une quantité d’amidon grenu, qui se dissout promptement dans l’eau bouil¬ lante , que l’infusion de noix de galle précipite , qui donne une couleur bleue à l’iode, et qui se change en sucre quand on la traite avec l’acide sulfurique» Propriétés médicinales. Dans la médication des na¬ turels, toutes les parties du Fromager sont employées utilement. Les uns recommandent la poudre de la ra¬ cine contre le tétanos et les autres affections spasmo¬ diques. D’autres font bouillir pendant long-temps les fleurs et les jeunes fruits encore verts pour les appliquer sur les artères temporales dans les céphalalgies accom¬ pagnées de vertiges*, ceux-ci font un topique avec les parties de l’écorce réduite en poudre subtile , qu’ils malaxent avec le suc de limon pour en faire un enduit, qu’ils appliquent sur le bas-ventre dans les inflamma¬ tions des viscères ; ceux-là ajoutent du vin et du sel à cette combinaison monstrueuse , qu’ils regardent comme un remède antiherpétique. Ce qu’il y a de plus certain , c’est que. l’écorce de la racine est vomitive , et que son suc , joint à la pulpe de tamarin , provoque l’émission des urines et des déjections alvines. Il est constant que les racines sont apéritives, et employées avec succès dans les cas d’ascite et d’anasarque. Les fleurs ont toutes les propriétés des malvacées. Le duvet qui enveloppe les graines sert à faire des moxas. ( 68 ) Mode d’administration. La dose des fleurs est d’un gros et plus -, celle des racines , d’une demi-once pour une pinte de liquide , et d’un scrupule quand on les a réduites en poudre , pour la prendre en nature , soit en opiat, soit dans un véhicule approprié. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUARANTE - SEPT. La plante est réduite au cinquième, i. Fruit entr’ouvert pour laisser voir les graines. jv.>4n C O QUJE 11 fi I1 1*1 JB E 8 C E NT (69) WW W/W\WW W\ \V\»W\ W WIW>WWW\X''IWVV\'VVV\ v\> COQUERET PUBESCENT. ( Diurétique excitante . ) Synonymie. Vulg. Alkekenge, ou Herbe à cloques, Physa- lide, Camaru. Physalis pubescens, ramosissima , foliis villoso-viscosis , floribus pendulis. Lin. Pentandrie Mono- gynie. Juss. , famille des Solanées. — Alkekengi virginia- num , fructulatus. Tourn, i5i. Fervill. Peruv. 3, p. 5i , t. 2. Solanum virginianum procumbens annuum, folio lanuginoso. Moris. Hist. 3, p. 527 , sec. i3, t. 3. — Alke¬ kengi barbadense nanum alliariæ folio. Dill. — Alkekengi flore albo, folliculis à rubro virescentibus, fructu flavescente. Plum. Solanum americanum vesicarium. — Alkekengi folliculis à rubro virescentibus , fructu flavescente — En caraïbe : Sousourou-Scurou. En malabarois: Inotà-Inodien seu Moetoc. En espagnol : Alquequenje , Vexiga de Perro. En anglais : TV inter-Cherry . Caractères génériques des Solanées. Calice à cinq divisions persistantes ; corolle monopélale , ordinaire¬ ment régulière , à cinq divisions , cinq ou quatre éta¬ mines *, un style ; un stigmate; une capsule ou baie po- lysperme ; à deux ou quatre loges ; supère. Feuilles alternes. Caractères particuliers. Une seule baie. Calice vé- siculeux à cinq divisions; corolle campaniforme , petite; cinq étamines à anthères conniventes ; un style ; une baie sphérique, à deux loges polyspermes. (Mérat.) Histoire naturelle. Cette jolie plante, presque sem¬ blable à celle d’Europe, n’en diffère que par la couleur jaune, au lieu de celle rouge de son fruit, eL par ses Tome IV. — 62* Livraison. G ( 7° ) follicules d’un vert rouge, au lieu de blanc jaunâtre. L’Alkekenge pubescent aime le frais et l’ombrage -, on en rencontre dans les Cotonniers , ou parmi les Indigo¬ tiers qui végètent près des rivières. Le mot Physalide est dérivé de Çivovct, soufflet , de la forme de l’enveloppe du fruit. On trouve cette plante dans les deux Indes , et principalement dans la Virginie. Quelques auteurs pré¬ tendent que le nom générique de phy salis est dérivé du mot grec (pvrcttis, bulle, ampoule, et sa dénomination française, Coqueret , indique un fruit renfermé dans une coque. On sert sur les tables les fruits du Coqueret pu¬ bescent, qui ont une saveur aigrelette, très -agréable¬ ment parfumée ; mais il faut avoir bien soin de ne pas les laisser toucher par leur calice , dont le suc , ou le simple contact, communique à ces baies une saveur amère très-désagréable. Caractères physiques. Les racines du Coqueret pu¬ bescent sont genouillées et garnies de chevelures. Ses tiges succulentes et anguleuses sont un peu cotonneu¬ ses, rougeâtres, très -rameuses dans leur partie supé¬ rieure, d’un pied et demi de hauteur environ*, ses feuil¬ les , qui ont beaucoup de rapports avec celles de la morelle , sont opposées , ovales , pétiolées , et point den¬ telées. Elles sont d’un vert mat ou sombre, molles et pubescentes. Les fleurs , qui naissent sous les aisselles des feuilles, sont solitaires, pédonculées , d’une seule pièce , et d’un jaune pâle , avec des taches brunes aux onglets. Le calice s’étend en une vessie membraneuse, d’abord verte , puis d’un vert rouge à son point de ma¬ turité. Il contient un fruit de la forme d’une cerise, mais jaune. Il est au premier abord d’une saveur acide, ( 71 ) qui est bientôt remplacée par une légère amertume. On doit cette amertume au contact du calice qui la lui com¬ munique , le fruit n’en étant pas pourvu *, c’est pourquoi on doit recommander de le détacher avec précaution de son enveloppe. Analyse Chimique. La baie donne une odeur volatile très-suave*, elle fournit une matière colorante rouge, et un principe extractif*, une matière analogue à la basso- rine , un peu d’albumine , du malate acide de potasse et de chaux } du sulfate et hydrochlorate de chaux, du phos¬ phate de chaux, et un principe sucré. Propriétés médicinales. Les praticiens de l’Amérique méridionale prescrivent souvent les fruits de cet Alke- kenge. Trois de ces baies, selon Poupée-Desportes, produisent un bon effet dans la rétention d’urine et dans l’hydropisie. Le vin d’Alkekenge est employé avec avan¬ tage contre la gravelle et l’hémoptysie. On met, pour le faire, quatre parties de raisin et une des baies d’Alke¬ kenge. Suivant Chevallier, quatre de ces fruits soulagent dans la colique néphrétique. On les fait entrer dans une émulsiou convenable, et on fait prendre cette potion dans un bain. Le suc, épaissi en consistance d’extrait, se donne à la dose de demi-once au plus. Quelques-uns estiment les vapeurs des semences reçues dans la bou¬ che , propres à détruire les vers souvent renfermés dans les dents creuses. Le suc des baies d’Alkekenge se mêle aussi avec avantage aux potions calmantes, admi¬ nistrées dans les fièvres inflammatoires. On l’ajoute aux tisanes apérilives excitantes, en y associant la crème de tartre et la limaille d’acier. Les feuilles, les fleurs et les fruits peuvent faire partie de ces potions. Certains iné- ( 7’- ) dicasires des Antilles recommandent intérieurement et extérieurement le sue des Laies du Coqueret pubescent dans les tumeurs des testicules , qui se développent dans certains temps de la gonorrhée. On peut employer les baies sans inconvénient dans les maladies de la vessie , leurs vertus diurétiques et anodines ne pouvant les ren¬ dre nuisibles. Elles déterminent un flux abondant d’urines. Elles produisent des merveilles dans l’ischu- rie spasmodique. On les recommande aussi pour pré¬ venir les accès de goutte , et retarder ceux d’épi¬ lepsie. Le docteur Gilibert a guéri avec ces baies une hydropisie qui avait résisté à tous les autres moyens. On applique les feuilles sur les érysipèles de mauvais caractère. Mode d’administration. La dose des feuilles et des racines est d’une once pour une livre de décoction *, celle des fleurs d’un gros. Le suc des baies se prescrit par demi-once. Les baies en nature se donnent depuis cinq jusqu’à huit. EXPLICATION DE LÀ PLANCHE DEUX CENT QUARANTE-HUIT. La plante est réduite de moitié. 1. Calice ouvert. 2. Fleur entière vue de face. 3. Fruit dont on a déchiré l’enveloppe pour faire voir la baie. 4- Portion de la baie coupée transversalement. 0 ( 7^ ) LYÇOPODE PENCHÉ. ( D iur étique excitante ) . Synonymie. Vulg. Poudre za Diable. — Soufre végétal. Ly- Ctipodium cernuum jfoliis sparsis, curvatis , caule ramosis- sinrio, spicis nutantjbus. Lin. , Cryptogamie, Mousses. — Juss. , famille .des Mousses, cl. i , ord. 4- — Musous maxi- mus coridis folio , viticulis valdè ramosis. Plum. , fil., p. 144 > t. i65. — Tourn. 554. — Muscus zeylanicus terrestris cla- vatus erectus. Moris. , Hist. 3,p. 6 24. — Lycopodium zey- lanicum erectum, ramosissimum. Burm. , Zeyl. 1 44 > t* 66. — Muscus zeylanicus, erectus, perpetuo -virens, in arboris proceritatem excrescens. Pluck. Alm. 247* — En anglais : Common Club-Moss. En espagnol et en portugais : Lico- podio. En malabarois : Bellan -Patsja. Rbéed., 12 , p, 73 , t. 39. Para-Panna-Maravara, Caractères génériques. Plante cryptogame faisant le passage des mousses aux fougères $ herbes rameuses , sou¬ vent dichotômes, quelquefois droites, plus ordinaire¬ ment couchées ou rampantes ; ayant le feuillage simple des mousses , embriqué circuîairemejit , ou quelquefois aplati et comme distique ; et la fructification soit éparse dans les aisselles des feuilles, soit disposée sur des épis écailleux et terminaux. LesLycopodes portent des urnes sessiles, arrondies ou réniformes, dépourvues d’oper¬ cule et de coiffe, s’ouvrant le plus souvent en deux valves, et contenant une poussière abondante et très-inflam- jnable. Tome IV. — 63e Livraison. 7 ( ?4 ) Caractères particuliers. Feuilles éparses, courbées; tige rameuse; épis penchés. Histoire naturelle. Cette mousse élégante et de haute stature croît aux Antilles , sur les mornes boisés , om¬ bragés et pierreux, où ses épis paraissent en août et septembre. Ses urnes, mûres en novembre, répandent une poussière jaune abondante qui s’enflamme aisément, fulmine comme la poudre à canon , et se nomme vul¬ gairement soufre végétal . La poudre de Lycopode est employée dans les feux d’artifice ; c’est à sa lueur éblouis¬ sante et passagère qu’on distingue sur nos théâtres les réprouvés tourmentés par les hordes de génies infernaux, qui, agitant autour d’eux leurs torches étincelantes, rompent pour un instant, par cette lumière éblouis¬ sante , l’horrible obscurité qui couvre la scène. Cette poudre jaunâtre, insipide et inodore, est fine et onc¬ tueuse au toucher; elle est immiscible à l’eau, et par conséquent insoluble dans cet agent ; mais l’alcool en dissout une partie. Versée sur une bougie , cette poudre impalpable s’enflamme et brûle avec déflagration , mais si rapidement qu’elle ne peut occasioncr d’incendie. On prétend qu’un sachet de cette poudre, suspendu dans un tonneau, rend à son premier état un vin qui graisse ou file. M. De Candolle assure que les étoffes de laine qu’on fait bouillir avec la poudre de Lycopode se colorent en bleu , si on les fait passer ensuite dans une décoction de bois de Brésil. Caractères physiques. Ce Lycopode est fort remar¬ quable par son aspect dendroïde, son feuillage capillacé et crépu , et ses épis toujours penchés. Il s’élève à la ( 75 ) hauteur d’un pied et demi à deux pieds sur une tige droite, dure, comme frutescente inférieurement, et qui contient une moelle assez abondante. Cette tige est cy¬ lindrique, très-rameuse, paniculée et chargée de feuilles très-menues. Les feuilles, caulinaires et raméales, sont éparses , très-nombreuses , linéaires , subulées , presque capillacées , courbées , comme crépues et décurrentes à leur base. Elles sont entières et sillonnées sur leur dos vers leur base. Les épis sont sessiles , courts , ovales, cy¬ lindriques, jaunâtres, penchés ou pendans, solitaires et situés aux extrémités des petits rameaux. Ces épis n’ont que quatre lignes de longueur, et les écailles dont ils sont embriqués sont dentées , et comme frangées sur leurs bords. ( Encycl. ) Analyse chimique. Ce pollen offre les mêmes résul¬ tats que la poudre du Ly copodium clavatum ; c’est-à-dire, d’après Bucholz, une huile grasse , du sucre , un extrac¬ tif muqueux et de la pollinine. Pelletier en a retiré une matière comparable à la cire , du sucre , une ma¬ tière extractive, et plusieurs sels qu’on rencontre dans beaucoup d’autres végétaux. Propriétés médicinales. L’opinion généralement re¬ çue aux Antilles est que la décoction de la plante est diurétique , et offre un topique anodin dans les douleurs arthritiques. Elle paraîtrait , au contraire , agir comme astringente , d’après la prescription^de certains praticiens des colonies qui font boire sa poudre unie au vin pour calmer le ténesme et le flux dysentérique, raffermir les dents et guérir le scorbut. La poussière des urnes y est estimée carminative et anti-spasmodique. Certains mé- V ( 76 ) decins du nord de l’Europe l’emploient contre la plique polonaise. Je croirais plutôt à la vertu absorbante de cette poudre , appliquée à l’extérieur pour sécher et re-^ couvrir les excoriations qui se forment aux jointures et aux aines des enfans nouveau -nés et des personnes très-grasses : les nourrices sont toutes en possession de son usage. Son application apaise très -promptement la plilogose douloureuse qui survient aux cuisses après un long exercice du cheval. Mode d’administration. A l’extérieur on garnit les parties affectées , en secouant une houppe qu’on a recour verte de ce pollen. Intérieurement , la dose est de douze grains à un gros dans un véhicule convenable. Elle sert aussi à envelopper les pilules, et à masquer leur saveur désagréable, EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUARANTE-NEUF, La plante est figurée de grandeur naturelle. 4 . Cône entier. 3. Ecaille garnie de sa capsule. 3. Urnes laissant échapper la poudre. 1 A GltANUES AÆ « J'Aeot/ore- TA&rcotrrft/x. fîrhtr . «usa www \Aiwv\v>v>w\vv\vwvnv\Mwiwn\HVU\Hvu\i\vnvA\\wvi vvwv wwwv,* TRIBULE A GRANDES FEUILLES. ( Diurétique excitante. ) Synonymie. Vulg. Câprier rampant. — Herse. — Tribulus maximus foliis subquadrijugis exterioribus majoribus ; peri- carpiis decaspermis, muticis. Lin., Spec. Plant., vol. i, p. 386. — Décandrie Monogynie; Juss. , famille des Ruta- cées ; Tourn., Rosacées. — Jaeq. , icon. rar. , vol. 3 , t. 462. — Wild. Spec. plant., vol. 2, p. 566, n° 1. — Tribulus foliis trium parium pinnatis. Hort. Cliff. i6o. — Tribulus foliis senis pinnatis, extimis majoribus ; floribus singulari- bus. Brown. Jam., p. 120, t. i32, fig. 3. — Tribulus ter- restris, major, flore maximo , odorato. Sloan. Jam. 90, Ilist. 1 , p. 209 , t. i32 , fig. 1. — Tribulus terrestris, fructu turbinato, foliis lanuginosis. Plum., Spec. 7, icon. 254, fig. 1. Tourn. inst. R. H. 266. Caractères génériques. Plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régulières, à tiges herbacées, souvent étalées et couchées ; les feuilles opposées, ailées sans impaire , stipulacées : à fleurs solitaires et alternes. Calice à cinq divisions profondes , cinq pétales ouverts; dix étamines ; style nul ; un stigmate sessile quinqué- fide; cinq à dix capsules relevées en bosses, à deux ou ( 78 ) trois loges polyspermes et transversales , réunies ordi¬ nairement , terminées par des pointes épineuses ; à plu¬ sieurs semences. Caractères particuliers. Feuilles souvent quadriju- guées , les extérieures plus grandes *, péricarpes à dix spermes, sans poils. Les feuilles inférieures alternes, les autres le plus souvent opposées , distiques , la plupart trijuguées , quelques-unes quadrijuguées. Histoire naturelle. Cette plante annuelle et ram¬ pante couvre le sol aride de la Jamaïque, d’Haïti, de Cuba et des autres îles Antilles , où l’éclat de ses fleurs la fait remarquer. Les voyageurs et les bestiaux embar¬ rassent souvent leur marche dans leurs tiges enlacées et épineuses. Le nom Tribule , qui lui a été donné, est dé¬ rivé des mots grecs t/h, trois, et pointe, trois pointes. Cette plante, quoique très-épineuse, est néan¬ moins recherchée par les bœufs, les moutons et les ca¬ bri ts qui en sont très-friands. Un troupeau de brebis, à la blanche toison , Bondit sur la colline, et tond ce vert gazon. Castel. Caractères physiques. Les tiges du Tribule à grandes feuilles sont épaisses, traînantes, étalées, cannelées, longues au moins de deux pieds, comprimées, un peu velues , garnies de feuilles opposées , ailées sans impaire , composées de trois ou quatre paires de folioles opposées, sessiles } les supérieures et terminales plus grandes, toutes ( 79 ) ovales , un peu aigues à leur sommet , entières à leurs bords, fort grandes relativement à celles des autres espè¬ ces, velues*, les pétioles munis à leur base de deux stipules droites , opposées , velues , lancéolées , aiguës. Les fleurs sont solitaires, axillaires, portées sur des pédoncules simples, filiformes , plus courts que les feuil¬ les. Leur calice est divisé profondément en cinq décou¬ pures droites, lancéolées, velues. La corolle est jaune, composée de cinq pétales assez grands, ouverts-, pres¬ que arrondis, larges, d’une odeur assez agréable r ren¬ fermant dix étamines beaucoup plus courtes que la corolle : il leur succède un fruit turbiné, arrondi, com¬ posé de plusieurs capsules conniventes, armées de quel¬ ques petites dents très-courtes. Les semences, au nombre de dix , sont oblongues , turbinées , attachées à l’angle central des loges , sans périsperme , et dont la radicule est inférieure. Analyse chimique. Quoique les Tribules appartien¬ nent à la famille des Rulacées, cependant ils n’ont point la saveur âcre des espèces ordinaires de cette classe. L’espèce dont il s’agit ici contient beaucoup de mucilage et un extrait aromatique. Propriétés médicinales. L’habitant Minguet, dont le nom , célèbre à Saint-Domingue , rappelle un dévoue ¬ ment sans bornes en faveur de l’humanité ; Minguet se servait chaque jour des racines de ce Tribule, qu’il ajoutait aux tisanes apéritives. Il recommandait aussi l’application des feuilles contusées sur les parties plilo- gosées, et comme maluratives sur les abcès, dont la ( 86 ) rrtarche était languissante. J’ai employé , comme apéfi- tives , les racines avec succès. Mode d’administration. La dose des racines est d’une once pour deux livres de liquide. EXPLICATION DE LÀ PLANCHE DEUX CENT CINQUANTE. La plante est représentée aû tiers de sa grandeur. i. Fruit entier, vu par le sommet. a. Fruit éclaté pour laisser voir les divisions. ûaiit'eZ- Jrrtfe. 77ieo^/ore Descorrrtrïz. jPm . MYGINWE BIIJMKTÏOUK . ( 8i ) MYGINDE DIURÉTIQUE. ( Diurétique excitante . ) Synonymie. Myginda Uragoga. Lin. ,Tétrandrie Tétragynie. — Juss. , famille des Nerpruns. — Myginda foliis ovato- acutis , serratis , subsessilibus. Lam. illustr. Gener. 1 544 y tab. 76. Jacq. Amer. , p. 24 » tab. 16. — En espagnol : Yerva de Maravedi. Caractères génériques. Plantes à fleurs polypétalées, de la famille des Nerpruns, ayant beaucoup de rapports avec les Hartogés , dont ils diffèrent néanmoins en ce que les baies des Hartogés contiennent deux semences au lieu d’une seule. Ces arbrisseaux de l’Amérique ont les feuilles opposées , les pédoncules axillaires } un calice inférieur partagé en quatre ; une corolle à quatre péta¬ les ] une capsule globuleuse et monosperme. Caractères particuliers. Pleine ligneuse, comprimée et contournée, noueuse et irrégulière. Histoire naturelle. Cet utile arbrisseau croit natu¬ rellement, et en grande abondance , dit Poiret , dans les environs de Carthagène , dans l’Amérique méridionale , Kux Antilles , dans l’ilc Saint-Martin, proche le fort Phi- ( 82 ) lippe, sur les bords de la nier, où il ne s’élève alors qu’à trois pieds de hauteur environ, tandis que , lorsqu’il croît dans les forêts ombragées , il arrive à une hauteur de huit pieds. Les Espagnols le nomment 1 erva de Mara- vedi , parce que la racine de cette plante se vend à vil prix. J’ai eu occasion de la recommander à l’hôpital de Saint-Marc, île d’Haïti, et je n’ai eu qu’à me féliciter de son emploi dans les maladies de la vessie. Caractères physiques. La Myginde diurétique est un arbrisseau dont la racine est épaisse , noueuse , irrégu¬ lière \ le tronc est revêtu d’une écorce brune à l’exté¬ rieur , de couleur orangée intérieurement, mais dont la substance est blanchâtre , solide et très-amère. Les feuilles sont ovales et lancéolées , opposées , rarement alternes, aiguës, très-finement dentées, longues d’en¬ viron un demi-pouce , et portées sur des pétioles très- courts et de couleur rougeâtre. Les fleurs sont axillai¬ res , disposées en corymbes ou petites grappes , dont les pédoncules communs sont filiformes, opposés, très-sou- yent bifurqués \ chaque bifurcation se subdivise en deux ou trois pédoncules particuliers , qui soutiennent chacun une fleur. Ces fleurs sont petites , d’un rouge pourpre , composées d’un calice très-petit, persistant et divisé en quatre : d’une corolle à quatre pétales arrondis , planes et très-ouverts : quatre étamines plus courtes que la co¬ rolle ; l’ovaire est presque rond -, son style , extrêmement court, est divisé en quatre stigmates, petits, filiformes, simples, aigus. Le fruit est un drupe globuleux , de couleur rouge , mou , et de la grosseur d’un petit pois, contenant une ( 83 ) noix osseuse , ovale , aiguë , à une loge renfermant un noyau de meme forme. Analyse chimique. La racine de la Myginde est irré¬ gulière, jaune en dedans $ elle est inodore , et sa saveur est douce avec un mélange d’amertume. Elle fournit beaucoup d’extrait par l’alcool , et beaucoup moins par l’eau 5 un principe extractif amer, du tannin et une matière sucrée. Propriétés médicinales. Les Espagnols font grand cas de la racine de Myginde, qu’ils prescrivent comme diu¬ rétique en infusion ou en décoction. Ses feuilles jouis¬ sent de la même propriété , mais à un degré bien infé¬ rieur. Les feuilles appliquées sur les ulcères et les plaies favorisent, dit-on, leur cicatrisation. On lui a attribué la faculté de dissoudre les calculs urinaires, et on a poussé la crédulité jusqu’à croire que cette merveilleuse racine pouvait dispenser de l’opération de la taille ; mais aucune expérience positive n’a confirmé cette vertu li- thontriptique. Je crois cependant pouvoir la recomman¬ der avec certitude de sa propriété diurétique, dans la néphrite calculeuse et contre l’iscburie. Les colons des Antilles s’en servent pour cicatriser les abcès des reins et de la vessie. Ils prennent dans ce cas la poudre de la racine dans du lait. Ce qu’il y a de certain , c’est qu’elle nettoie la vessie d’une grande quantité de matières vis¬ queuses. Quelques-uns la recommandent dans l’oedème et dans l’anasarque. Mode d’administration. La racine de Myginde pulvé¬ risée se donne en substance depuis un scrupule jusqu’à ( 84 ) un gros , qu’on divise en plusieurs prises. On peut dou¬ bler la dose si l’on emploie le vin ou l’eau pour véhicule. La dose de la teinture alcoolique est d’un gros. On ad¬ ministre par cuillerée le vin où elle a bouilli. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT CtNQUANTE-UN. La plante est réduite à moitié. 1. Fleur divisée pour laisser voir la corolle et l’ovaire. 2. Fruit ouvert. 3- Graine concassée, laissant apercevoir l’amande. ( 85 ) W\ W^WWMAVt%W\W»WW\VMW\WrVWW»WWVV»WWVV\>V> VM PITTONE VELUE. (. Diurétique excitante. ) Synonymie. Vulg. Herbe à cbiques veloutées. — Herbe à malingres. — Héliotrope. — Chique en fleurs. Mont- Joli. — Tournefortia hirsutissima. Lin. , Pentandrie Monogynie. — Jussieu , famille des Borraginées. Tournefortia foliis ovatis, petiolatis ; caule petiolis pedunculisque birsutis, spicis ramosissimis. Lam., 111. Gen. , pag. 4i6, n° 1873. — Tournefortia foliis ovatis, petiolatis, acuminatis ; caule hirsuto , spicis ramosis , terminalibus , baccis birsutis. Swartz, Observ. , p. 56. — Wild. Spec. plant. , vol. 2, pag. 791. — Tournefortia scandens, foliis birtis, rugosis, ovatis; spicis ramosis. Brown. Jam. , 169. — Pittonia bir- sutissima et ramosissima , baccis albis. Plum. Gen. 5 , icon. 229. — Heliotropii flore frutex , baccifer , ramosus; folio rugoso, fœtido, maximo , subrotundo , birsuto; fructu albo. Sloan. Jam. 173, Hist. 2 , pag. 108 , tab. 212, fig. 1. — En caraïbe : Schaoualou. Caractères génériques. Fleurs complètes, mono,- pétalées, ayant beaucoup de rapports avec les Varronia, arbrisseaux d’Amérique, la plupart à tiges grimpantes, Tome IV. — 64e Livraison. 8 ♦ ( 9° ) dont les feuilles sont entières , rudes , et les fleurs dis¬ posées en cime , où elles forment des épis unilatéraux. Elles ont un calice fort petit, à cinq divisions; une corolle en forme d’entonnoir, dont le tube est globu¬ leux à sa base ; une baie perforée par quelques pores au sommet, renfermant deux ou quatre' osselets à deux loges. Caractères particuliers. Feuilles ovales pétiolées ; tiges hérissées; épis très-rameux, terminant la tige. (Vivace.) Histoire naturelle. La Pittone velue croît dans tous les endroits humides et incultes des Antilles. On en distingue mal à propos deux espèces, celle appelée Chique en fleurs , et une autre nommée Chique en fruits. Ce sont deux variétés dont l’une , que nous décrivons ici , est à tige droite , tandis que la seconde est à tige grimpante. Ce genre a été consacré à la mémoire de Pitton de Tournefort. Les Varronia sont appelées Pii - tonia par Plumier, et en français Mont-Joli par Lamarck. L’espèce Mont-Joli de la Guiane a les fruits rougeâtres. Les fruits de plusieurs peuvent être mangés , mais ils ne sont pas d’une saveur assez agréable pour en faire un mets particulier. Les petits nègres et les enfans des blancs recherchent cependant ceux de la J^arronia alha , qui sont blancs, transparens, gros comme une petite prune, et dont la pulpe est très-mucilagineuse , et même , dit M. de Tussac , d’une nature semblable à celle contenue ( 91 ) dans la baie du guy. Lçs habitansde Curaçao, au rapport de Jacquin , recherchent beaucoup les fruits de cette espèce. Caractères physiques. Cette plante a des tiges droites, frutescentes, brunes, cannelées, presque tétra- gones, chargées de poils nombreux, roides , droits, d'un brun foncé , garnies de feuilles alternes , pétiolées, ovales , acuminées , larges de deux pouces , sur trois et plus de longueur 5 d’une couleur sombre , couvertes à leur face inférieure de poils serrés et couchés , ainsi que les pétioles ; moins velues à leur face supérieure. Les fleurs, de couleur blanche, sont disposées en une cime terminale , formée d’épis très-rameux , et dont les pédoncules, ainsi que les calices, sont chargés de poils roides et nombreux. Les baies sont de couleur blanche , transparentes comme celles du guy , et ren¬ ferment des graines noires. Dans la variété à tige grim¬ pante , ces épis sont plus courts , plus lâches , et toutes les parties de la plante bien moins velues. Les tiges sont presque cylindriques , et les feuilles presque gla¬ bres, d’un vert plus clair. Les fruits sont arrondis, et renferment quatre osselets ovales, oblongs. Analyse chimique. Les baies ou drupes, appelées par Desv aux Nuculaines (i), contiennent du parenchyme, (î) Le Nuculaine , selon Desvaux, diffère de la Drupe, en ce que dans cette dernière les graines sont nues dans la 8* ( 9’- ) un gluten, une partie extractive , une matière huileuse, fixe. Le gluten est insoluble à Peau, à l’alcool et même à l’éther, comme aux huiles fixes et volatiles-, disso- îubîe aux alkalis qui l’altèrent } l’acide nitrique la con¬ vertit en oxalique ; elle ne contient pas d’azote. J’ai emprunté cette analyse à M. Henri , dont le travail sur lés baies du guy m’a servi de guide dans un pays où l’on a besoin de recourir à d’autres lumières que les siennes. Propriétés médicinales. Cette plante des Lagons est recherchée par les colons de l’Amérique qui l’appliquent en cataplasme pour faire mourir les chiques qui se sont introduits sous la peau en y excitant un prurit insuppor¬ table. J’en ai vu de bons effets. Les racines ont été employées avec succès comme diurétiques par Poupée- Desportes. Je n’ai eu qu’à me louer de leur prescription. On recommande en bains la décoction de toute la plante contre les douleurs rhumatismales, l’anasarque et les affections nerveuses. Poupée-Desportes donne la formule suivante d’une tisane apéritive : prenez des racines de chicorée sauvage, d’herbe à blé, d’herbe à chiques, de verveine blanche, des écorces de citronnier et de tamarin , de chaque une once ; de l’anis , un gros ; faites-îes bouillir dans six chopines d’eau , jusqu’à la diminution du tiers : mettez dans la colature un gros de pulpe, au lieu que dans le Nuculaine, chaque graine est logée dans une enveloppe plus ou moins solide , distincte des tégu , mens propres à la graine, et de la pulpe. ( 93 ) nitre purifié , et suffisante quantité de réglisse de Fiance ou du pays. Mode d’administration. La dose des racines est d’une once par livre d,’eau. Celle des feuilles dépend de l’usage auquel on les destine. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT CINQUANTE-TROIS. La plante est réduite à moitié. 1. Fleur. 2. Corolle ouverte. 3. Fruit entier. 4- Fruit coupé transversalement. 5. Graine biloculaire ouverte et grossie. 6. Graine entière de grosseur naturelle. ( 94 ) U1W vwwvwvvv* VV* \\y w vvi wvvv* V\VW\ W V\\ W VVVW» \W CÉLOSIE PERLÉE. ( Diurétique excitante. ) Synonymie. Vulg. Passe-Velours paniculé. — Amaranthine à épi. — Celosia paniculata. Lin. , Pentandrie Monogynie. — Juss. , famille des Amarantacées. — Tourn. , Rosacées. — Celosia foliis ovato-oblongis , caule assurgente, paniculato; spicis alternis,terminalibus, remotis. Lin., Spec. Plant. 298. — Swarlz. Obs., pag. 100. Celosia major sarmentosa, assur- gens, foliis majoribus ovatis. Brown. Jam. , 179. — Amaran- thus fruticosus, erectus, spica viridi, laxâ etstrigosa. Sloan., Hist. 1 , t. 91 , f. i . Caractères génériques. Plante de la famille des Amarantacées, qui a beaucoup de rapports avec les Ama- ranthines (Gomphrena , Lin.)} à tige herbacée, et dont les fleurs sont petites, nombreuses, colorées agréable¬ ment, réunies en épis, quelques-unes presque pani- culées , à feuilles alternes. Elles sont pourvues d’un calice à trois folioles , semblables à la corolle qui est composée de cinq pétales } de cinq étamines réunies en tube à leur base*, d’une capsule uniloculaire, à plusieurs se¬ mences, et s’ouvrant transversalement. Caractères particuliers. Feuilles ovales, oblongues} tige élevée et paniculée. PL j> Z'Éh O S I K a»KBU0° ) ten et un léger acide , de l’eau et du nitrate de potasse. Propriétés médicinales. Les fruits sont fort en usage dans les tisanes rafraîchissantes et apéritives , que Ton prescrit contre les affections du foie. Leur décoction provoque le flux des urines, et tempère la soif des fé- bricilans. On la recommande dans les phlegmasies de la peau, telles qu’érysipèles, variole, scarlatine, etc.... Mode d’administration. La dose des fruits est de quatre onces pour une livre de décoction. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CEINT CINQUANTÉ-CINQ. La plante est réduite à moitié. ■ ' H,. 256 M K M SPE KM E A II U TA ( 101 ) W\ W\ w WAW.A WWVWW \ W W> WWW WA VWW/VVWWWYAWA WA W WA WWW WWW WWW W VW MÉNISPERME ABUTA. ( Diurétique excitante . ) Synonymie. Vulg. Pareira-brava blanc. — Abuta des Gari- pons. Menispermum abuta. Lin. , Diœcie Polyandrie. — - Juss. , famille des Ménispermées. — Menispermum frutes- cens, foliis ovatis, acutis, subtùs tomentosis , nervosis, reti- culatis; racemis axillaribus. — Abuta rufescens. Aublet. Guiane 1 , p. 618, vol. 4 f t. 25o. Butua et Pareira-brava? Offic. Caractères génériques. Fleurs polypétales, ayant des rapports avec les Cissampelos , plantes herbacées ou li¬ gneuses , la plupart sarmenteuses et grimpantes , ayant des feuilles alternes et des fleurs petites , sans éclat , disposées en grappes latérales ou terminales. Les fleurs sont souvent dioïques ; le calice composé de six folioles; la corolle de six à huit pétales ; huit à seize étamines ; deux ou trois ovaires supères , surmontés d’un style et d’un stigmate; deux ou trois baies cortiqueuses et mo¬ nospermes; quelquefois une seule par l’avortement des autres. Caractères particuliers. Fleurs mâles : quatre pé¬ tales extérieurs, huit intérieurs; seize étamines. Fleurs ( 102 ) femelles : corolle du male ; huit étamines stériles $ baies binées , monospermes. Histoire naturelle. Le nom Ménisperme , suivant quelques auteurs , est dérivé de deux mots grecs , pîvyj, Lune croissante, et de aneppa. , semence : je ne partage pas cette étymologie. Cet arbrisseau croît naturellement dans l’île de Cayenne et dans les forêts de la Guiane. Je l’ai rencontré à Haïti et à Cuba. Caractères physiques. Les racines de Y Abuta donnent naissance à plusieurs tiges qui deviennent autant de troncs anguleux , tortueux , de quatre à cinq pieds de diamètre par le bas. Ces troncs qui sont couverts d’une écorce raboteuse et grisâtre, jettent alternativement, à droite et à gauche , de longs sarmens qui s’appuient et se répandent sur les troncs des arbres voisins, gagnent leurs sommets quelque élevés qu’ils soient, et poussent ensuite des rameaux épars, effeuillés et velus. Les feuil¬ les , portées sur de longs pétioles, sont grandes, ovales, pointues , entières , fermes , assez épaisses , et les plus grandes , dit Aublet , ont près de onze pouces de lon¬ gueur , sur une largeur de neuf pouces et demi. Elles sont ordinairement coudées à leur point de réunion avec le pétiole. Leur surface supérieure est verte , glabre , lisse : l’inférieure est couverte d’un duvet court, cendré, doux comme du velours. Cette dernière surface est rele¬ vée , dès sa base, par cinq nervures longitudinales , unies ensemble par beaucoup de veines transverses, parallè¬ les, qui, avec d’autres veines plus petites, forment un réseau assez remarquable. Les pétioles sont roides , cy¬ lindriques , assez épais, tomenteux comme le dessous des feuilles. ( 103 ) Les fruits naissent sur de grosses grappes axillaires , velues , de couleur cendrée. Ils sont composés de trois | baies attachées ensemble à l’extrémité de chaque pédon¬ cule partiel y comme les noix. Ces baies sont ovoïdes , 1 velues , verdâtres , uniloculaires , chagrinées , marquées d’un côté d’une arête ou nervure saillante qui se pro¬ longe du côté opposé , en se ramifiant en deux ou trois branches , lesquelles se réunissent ensuite et vont se terminer à la base de la baie. Leur écorce recouvre une coque mince , cassante , ridée intérieurement , qui contient une amande ferme , compacte , marquée de deux ou trois sillons circulaires , avec un grand nombre de sillons transverses. La partie ligneuse est composée de fibres liées ensemble par un tissu très-fin. Quand on coupe un des troncs , on voit distinctement les cercles ligneux qui le composent , séparés les uns des autres par un tissu cellulaire d’où découle un suc roussâtre et fort astringent. (Encycl.) Analyse chimique. Le brou est d’une saveur amère, styptique et excessivement acerbe -, il renferme beau¬ coup de tannin et d’acide gallique, et noircit les doigts, ainsi que le brou de la noix d’Europe. L’amande est émulsive et contient une fécule amilacée, et moitié de son poids d’une huile jaune , grasse et siccative. Propriétés médicinales. Les Créoles et les habitans de Cayenne se servent des sarmens de cet arbrisseau , et en préparent une tisane dont ils font usage pour guérir les obstructions du foie auxquelles ils sont très- sujets. On estime cette décoction propre à débarrasser ( i°4 ) les reins et la vessie des matières glaireuses et graveleu¬ ses qui les engorgent. L’espèce connue sous le nom de Pareira brava rouge, ne diffère du Pareira brava blanc , que par le dessous des feuilles qui sont couvertes d’un duvet roussâtre. Les propriétés sont les mêmes , et nul¬ lement chimériques. On emploie aussi la décoction des sarmens dans les blennorrhées et autres affections véné¬ riennes, contre lesquelles cette plante précieuse possède à un degré éminent les propriétés apéritives et diurétiques. Mode d’administration. La dose des sarmens est d’un gros , bouillis ou infusés dans une chopine d’eau. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT CINQUANTE-SIX. La plante est réduite au tiers. 1. Trois fruits entiers. 2 . Un fruit concassé pour faire voir le brou , la coque ligneuse et l’amande. T AMI K TA I ME CAP 1 T EE . ( >°5 ) w% VV* W\ W \WS WVW* WVW'WMW \ WW> WVV\W\/V\W\V> WWV* VW'V^/WWW'W DORSTÈNE CAULESCENTE. | ( Diurétique sédative. ) Synonymie. Vulg. Pariétaire capitée. Dorstenia caulescens. Lin. , Tétrandrie Monogynie. — Juss., famille des Orticées. — Dorstenia petiolis pedunculisque lateralibus , foliis ovatis, dentatis, quinque nerviis. Poiret. — Parietaria latifolia hu- milis, flore glomerato. Plum. Spec., 10. Burm. Amer., t. 120, f. i. — Parietaria flore globoso. PI. v, iv, p. 91. — En anglais : Wall Pellitory. — En espagnol : Vidriola. — En portugais : Parietaria. Caractères génériques. Fleurs incomplètes, herbes à feuilles pétiolées , ordinairement radicales , et à fleurs situées en grand nombre sur des réceptacles communs , charnus, aplatis et pédonculés ; involucre concave, ou¬ vert en forme de coupe, couvert intérieurement de fleurs monoïques nombreuses et sessiles , à calice sim¬ ple, placé dans une fossette quadrangulaire. Fleurs mâles , quatre étamines. Fleurs femelles , un style \ un stigmate*, une graine sur un réceptacle charnu. Caractères particuliers. Pédoncules caulinaires. Histoire naturelle. Cette jolie plante vivace croît aux Antilles et particulièrement à Haïti le long des ruisseaux , principalement dans le quartier nommé le fond de Baudin y où le père Plumier l a découverte le Tome IV. — 65,J Livraison. 9 ( 106 ) premier. On la trouve aussi dans la fente des vieux murs, cFoù lui vient son nom tiré du mot paries , mur , ou qui aime les murs. Caractères physiques. Sa racine est rameuse et fibreuse 5 elle pousse à son collet une à trois tiges me¬ nues, courtes, rouges, feuillées et couvertes d’écailles brunes et membraneuses. De l’aisselle de chaque écaille naît un pétiole long , rouge , montant , qui porte une feuille ovale , légèrement dentée , à cinq nervures, d’un vert très-gai, et assez semblable à celle de notre Parié¬ taire, mais trois ou quatre fois plus grande. Les pédon¬ cules sont latéraux, rouges , et se terminent les uns par un réceptacle arrondi , globuleux , et les autres par un réceptacle aplati , anguleux et presque lacinié. Les récep¬ tacles arrondis , dit Plumier , sont couverts de fleurs mâles, et constamment stériles *, ceux, au contraire, qui sont anguleux ou laciniés, . sont fertiles et couverts de Heurs femelles, auxquelles succèdent les fruits. Analyse chimique. La saveur de cette plante est insi¬ pide et presque nulle 5 elle contient un peu de mucilage, et quelques légères traces de nitrate de potasse. Propriétés médicinales. Les sectaires de la thérapeu¬ tique minérale , qui ne parlent des plantes ou n’écrivent leur histoire que pour en récuser les vertus, quoique les prescrivant tous les jours dans leur pratique, refusent à la Pariétaire toute espèce de propriété , et font à cet égard un vain étalage d’expressions fastueuses, dont le type se reconnaît dans tous leurs écrits erronnés. Quant à nous qui, depuis vingt-cinq ans, faisons plus particu¬ lièrement usage de la thérapeutique végétale dont nous ( >°7 ) n’avons eu qu’à nous louer , à l’exemple de tous les insu- lai res qui témoignent en faveur de cette doctrine par leur longévité , et la guérison subite de leurs maladies qu’on voit céder à la moindre application , et au moindre traitement, nous avons toujours employé avec succès la Pariétaire dans les maladies des voies urinaires, et contre toute espèce de phlegmasie. Certes , on ne peut contester l’avantage des topiques émolliens, ou des demi- bains d’une forte décoction de cette plante qu’on prescrit dans la néphrite. Les personnes, affectées d’érysipèle, de goutte , d’angine , n’ont eu qu’à se louer de l’appli¬ cation de cette plante en topique. Son suc tiédi , et in¬ jecté dans l’oreille lors de l’invasion de l’otite, a pro¬ duit plusieurs fois, d’après ma clinique, beaucoup de sou¬ lagement auxpatiens qui avaient peine à sunporter cette horrible soufïrance. L’infusion et l’extrait de Pariétaire offrent au médecin le secours d’un doux diurétique qu’il peut prescrire dans tous les temps des maladies de la vessie. Mode d’administration. La dose de la plante en na¬ ture est d’une poignée pour deux livres d’eau, en décoc¬ tion. Son suc exprimé doit être prescrit à celle de quatre onces-, on l’édulcore avec un sirop approprié à l’état du malade. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT CINQUANTE-SEPT. 1. Fleur mâle. 2. Fleur femelle vue de face. 3. La même vue de côté. 9" ( “>8 ) WUV\WWWVM)VWWUMWWW\IWWVV\WiW\VWUVVWWVWMiVW HMWW VMWIU! PTÉROCARPE A FEUILLES VELOUTÉES. ( Diurétique sédative. ) Synonymie. Vulg. Genêt grimpant. — Pterocarpus ecasta- pbyllum. Lin., Diadelpbie Décandrie. — Juss., famille des Légumineuses. — Pterocarpus foliis simplicibus, ovatis , acuminatis, subtùs cericeis. Lin., Syst. PI., vol. 3, pag. 3g4, n° 2. - Swarlz , Obs. 275. * — Pterocarpus leguminibus suborbiculatis , obtusis, planis; foliis alternis, ovatis, subtùs villosis. Bergius. — Hedysarum ecastapbyllum. Linn., Amœn. Acad. — Ecastaphyllum frutescens , reclinatum ; foliis ovatis, acuminatis , integris. Brown, Jam. 299 , tab. 32, fig. 1. — Spartium scandens, citri folliis, floribus albis, ad nodos confertim nascentibus. Plum., Catal. Amer. 19. Burm. Amer., tab. 246, fig. 2. — Tourn. R. Herb. 645. Caractères génériques. Plantes dicotylédones , à fleurs complètes , papillonacées , de la famille des légu¬ mineuses , arbres ou arbrisseaux d’Amérique, à feuilles alternes , ailées avec une impaire, les fleurs disposées en épis axillaires. Calice campanulé, à cinq dents 5 une gousse courbée en faulx, comprimée, membraneuse, à une semence, quelquefois deux ou trois. Caractères particuliers. Feuilles simples, ovales, aiguës, soyeuses en dessous. (Vivace.) ûaùr*tf/ < C'tt/. *• o f/r///v jPma* . PTÉROrARI’K A VMUILLKS VK BROUTEES. ( ,09 ) Histoire naturelle. On a donné le nom de Ptéro¬ carpe à cette plante de l’Amérique méridionale d’après la forme de son fruit ailé , et d’après les mots grecs TrTîpov , aile , et xupiros , fruit. Elle se trouve com¬ munément à la Martinique , à la Jamaïque , à Haïti et dans les autres îles Antilles , où elle fleurit et porte des fruits à diverses époques de l’année. Caractères physiques. Le Ptérocarpe est un arbris¬ seau élevé , dont les branches sont fort diffuses , grim¬ pantes , une partie traînant sur la terre , garnies de feuilles simples, alternes , grandes , coriaces, pétiolées, ovales, entières, a eu minées à leur sommet, glabres et vertes en dessus , revêtues en dessous d’un duvet très- court , velouté , à nervures un peu saillantes. Les pé¬ tioles sont très-courts , presque pubescens. Les fleurs forment , le long des tiges et surtout vers leur extrémité, de petites grappes, courtes, latérales, à fleurs blanchâtres. Leur calice est court, renflé, légèrement velu , à trois petites dents aiguës. L’étendard delà corolle est onguiculé , un peu en cœur*, les ailes étroites, aussi longues que l’étendard j la carène plus courte , à deux pé¬ tales onguiculés, réunis vers leur sommet. L’ovaire estpé- > iculé , surmonté d’un styleincliné , ainsi que lesfilamens des étamines, réunies presque en deux paquets à leur base. Le fruit est une gousse aplatie, ovale, médiocre,, presque orbiculaire , un peu réniforme , roussàtre , velue dans sa jeunesse, un peu amincie sur ses bords, à peine échancrée, avec une très-petite pointe à son extrémité , renfermant une semence plate et réniforme. Analyse chimique. Vauquelin (Journal de Botanique , ( IIO ) T. I, p. ag5 ) donne une analyse curieuse du Genêt d’Europe (i); elle se trouve conforme aux observations que j’ai faites sur le Ptérocarpe , ce qui prouve identité des propriétés médicales et prononce en faveur des recherches pour arriver un jour à l’établissement réel des familles naturelles. Propriétés médicinales. J’ai vu aux Antilles admi¬ nistrer, avec une sécurité funeste que je désapprouve, une forte décoction des fleurs et fruits de ce Genêt dans la rage, comme en Russie on le pratique en se servant du Genêt des teinturiers. Il est vrai que dans cette con¬ trée hyperboréenne , on ajoute la cautérisation des pus¬ tules qui se développent sous la langue du malade, avec un poinçon de fer rougi au feu , et en ce cas l’accessoire est le seul moyen qui puisse offrir quelque sécurité. On doit interdire dans un cas aussi grave et presque toujours désespéré des moyens impuissans qui font perdre un temps précieux*, le feu, l’ammoniaque liquide intérieu¬ rement et extérieurement, les sudorifiques, les garga¬ rismes anli-scorbutiques , voilà des moyens que j’ai em¬ ployés avec succès dans plusieurs cas que je cite dans mes Voyages d'un naturaliste (Paris, 1809). Les habitans se servent, comme émétiques , de la sommité des jeunes tiges, des fleurs et des graines du Ptérocarpe à feuilles ve¬ loutées; ils font une décoction, à la dose d’un gros, des fleurs et des graines , et d’une once des sommités pour six onces d’eau réduites à quatre. Une ouce du suc (î) V oyez aussi l’exacte monographie de ce genre , publiée en 1809 , par M. Thiébaut de Berneaud , secrétaire perpétuel de la Société Linnéenne de Paris ; in-8°. ( «II ) des jeunes branches purge légèrement. On fait un sirop avec les fleurs et les sommités de Lantana camara qu’on prescrit avec avantage dans l’ascite pour provoquer l’é¬ vacuation des urines. La dose est d’une once dans une petite tasse d’infusion de fleurs de Gombo. Ce même moyen est recommandable dans certains temps des dou¬ leurs arthritiques et rhumatismales , et dans plusieurs cas d’hépatite. La fumigation des fleurs fait, dit-on, dé¬ senfler les jambes dans les œdèmes symptomatiques. Mode d’administration. Les fleurs, au poids de deux gros pour six onces de liquide , offrent un vomi-purgatif. Le sirop se prescrit par une once. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT CINQUANTE-HUIT. La plante est réduite de moitié. 1. Fruit follieuleux de grandeur naturelle. 2. Graine. ww wwwwxvvwwwwvwwwwwwww w wwwwwww ww\i< SAPOTILLER COMMUN. ( Diurétique sédative. ) Synonymie. Achras sapota. Lin. , Hexandrie Monogynie. — Juss., famille des Sapotillées. — Sapota floribus solitariis, foliis lanceolato-ovatis. Swartz. — Achras (zapota) floribus hexandris. Jacq. Amer., 57, tab. 4r. — Sapota fructu ovato, majore. Plum. Gen. Amer., pag. 43, tab. 4 • — Achras fructu elliptico, scabro, majore. Brown, Jam., 200, tab. 19, fig. 3. — Il y à une variété à fruits plus petits, ainsi dési¬ gnée : Achras (Sapotiîîa) branchiatus, diffusus ; fructu sub- rotundo ; cicatricula mucrone breviori. Brown, Jam. , 2 , p. 200. — Jacq. Amer., pag. 57. — Sapota fructu turbinalo, minori. Plum. , Gen. Amer., pag. 43. — Anona maxima, foliis laurinis, glabris , vir-idi-fuscis ; fructu minimo. Sloan. Jam., 206, Hist. 2, pag. 178, tab. 169, lig. 2. — En anglais : Cookia-Wampi. — En malabare : Manitambou. Caractères génériques. Plantes dycotylédones , à fleurs complètes , monopétales , régulières , qui a du rapport avec les Chry sophyllum , comprenant des arbres ou arbustes de l’Amérique , à feuilles simples , entières, ■alternes , dont les fleurs sont nombreuses , axillaires ; les pédoncules uniflores 5 un calice à six divisions ; une corolle campanulée ; le limbe a six découpures ; six écailles échancrées à l’orifice delà corolle,- six étamines; une pomme globuleuse et charnue , à douze loges , au¬ tant de semences comprimées. Caractères particuliers. Fleurs solitaires ; feuilles lancéolées, ovales; fruit exquis, lorsqu’il commence à se décomposer. (Vivace.) Fl. Mo. HAPOTILLIK 3t COMMUN V ( l>3 ) Histoire naturelle. Le Sapotiller diffère du Sapotier, Idont il est le diminutif, par ses fruits, qui sont infini¬ ment plus petits et plus savoureux, quoique de même nature. On distingue quatre espèces de Sapotillers , i° à fruits oblongs et ovoïdes; 2° à fruits oblongs et gonflés au sommet; 3o à fruits ronds, dont le sommet et la base sont aplatis ; 4° enfin à fruits ronds dont le sommet est en pointe, et la base aplatie. Ces fruits sont les plus délicats des Antilles. Une bonne Sapotille de la première et deuxième espèce surtout, étant un peu avancée, c’est-à-dire plus que mûre, ce que les Créoles appellent Haicque , est fondante, et offre les doux parfums dumiel, du jasmin et du muguet. Quel précieux dessert au dé¬ barquement d’un voyage de long cours pour des marins | attaqués du scorbut ! Dieu fait naître et mûrir ces fruits; Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours, et la fraîcheur des nuits. Racine. Ce fruit précieux offre la combinaison de la gomme- résine et du caoutchouc. Ses semences sont entourées d’une certaine quantité de cette gomme-résine , bîancbe, friable, brûlant avec boursoufflement , et laissant vola¬ tiliser une odeur aromatique , ainsi que . . . L’arbrisseau dont le suc précieux Monte avec la prière et va fléchir les dieux. Castel. Cette sorte d’encens , dont le parfum a la plus suave odeur, est en petite quantité, et se vend fort cher; | aussi n’est-il brûlé que dans le palais des sultans. Les fruits, dit le chevalier Tussac, mûrissent en sep- ( “4 ) lembre jusqu’en janvier. Plus estimé que l’orange , un Sapotiller près des villes rapporte pour deux à trois mille francs de fruits. Ces arbres doivent être plantés à une certaine distance des cases , parce qu’ils répandent une odeur désagréable , surtout quand ils servent de re¬ paire aux chauve-souris. Les Sapotilles vertes fournis¬ sent aussi un lait gommeux et astringent : cet arbre se trouve dans toutes les forêts de l’Amérique méridionale ; on le cultive avec soin à cause de l’excellence de ses fruits. Caractères physiques. C’est un arbre élégant de l’écorce duquel découle un suc blanc , très-tenace. Son tronc varie singulièrement de hauteur, selon les loca¬ lités ; il s’élève depuis dix jusqu’à cinquante pieds de haut*, son bois est blanc ; son écorce brune. Il se divise en rameaux réunis en cime : les plus jeunes sont épais , un peu charnus, garnis de feuilles alternes, éparses, pétiolées , ovales, lancéolées, épaisses, coriaces, aiguës à leurs deux extrémités , entières à leurs bords , longues de quatre à cinq pouces , sur deux pouces environ de large, glabres à leurs deux faces presque luisantes; à nervures presqu’insensibles , linéaires , parallèles, laté¬ rales , peu distantes. Ses fleurs sont solitaires, pédonculées, éparses, situées entre les feuilles à l’extrémité des rameaux; elles sont blanchâtres , ou de couleur rousse , inodores ; elles va¬ rient beaucoup par leur forme extérieure , selon que la floraison est plus ou moins avancée. Les calices sont à six folioles ovales , concaves , aiguës. La corolle est mono¬ pétale , plus longue que le calice ; son tube campanulé a six divisions , et autant d écaillés A leur orifice ; elle renferme six étamines. Le fruit est une pomme charnue, ( "5 ) I globuleuse, variable dans sa forme, dont la pulpe est i fondante, d’un jaune roux, mêlée de stries sanguines, I divisée en douze loges, et renfermant autant de semences, ê dont plusieurs avortent. Analyse chimique. La résine aromatique qui entoure les graines est soluble dans l’eau , et partie dans l’al¬ cool qu’elle colore en rose. L’écorce fournit beaucoup de tannin. Propriétés médicinales. La graine de Sapotille est em- { ployée depuis long-temps, même en Europe, comme puis- J sant diurétique sédatif. Le docteur Naucbe , dont le | nom est cher à l’humanité souffrante , m’a dit avoir j éprouvé , dans ses fréquentes observations cliniques des . maladies des voies urinaires , les bons effets d’une émul- I sion de ces graines en un cas où tous les autres moyens ■ employés avaient été peu efficaces. Aux colonies, on j prescrit la formule suivante pour une potion diurétique. Prenez : graines de Sapotilles , n° 6 ; racines d’herbe à I collet (Piper peltatum) et graines de Sésame oriental (vulg. Ooli), de chaque un gros pour trois verres d’émul¬ sion. L’écorce du Sapotiller offre un excellent fébrifuge. Mode d’administration. Les graines de Sapotilles se prescrivent par un gros, et l’écorce par once. explication de la planche deux cent cinquante-neuf. La plante est réduite à moitié. 1 . Fleur décomposée. 2. Fruit coupé transversalement. 3. Graine entière. 4* Graine ouverte pour laisser voir l’amande. WWWWVV\VWWWWVV'\AAWWW'\V\ W'VVVVV\1MA/W\\;>A U> VM VV\ IW\ w w w* BIHAI DES ANTILLES. ( Diurétique sédative .) * M Synonymie. Bananier-Maron. — Bihaï à fleurs en vase. Heli- conia caribœa. Lin., Pentandrie Monogynie. Juss., famille des Bananiers. — Heliconia foliis basi et apice rotundatis, spadice recto terminali ; spathis dîsticbis, multifloris. La- marck. — Bihaï foliis amplissimis florum vasiculis coccineis. I Pluin. Gen., 5o. — Burm. Amer., tab. 59. — Heliconia formosa , dysacoïdes. D. Caractères génériques. Plante unilobée ayant des rapports avec le Ravenale ; herbe exotique dont les 1 feuilles sont simples et engainées à leur base , et dont les fleurs viennent communément dans des spathes distiques 1 et concaves ou cymbiformes. Calice simple , coloré , di- i visé en deux ou six parties , posé sur l’ovaire , qui est infère-, six étamines. Un style ; un à trois stigmates ; fruit triloculaire. Caractères particuliers. Spathe commune, distique, concave, grande; spathe partielle, simple; calice à deux lèvres, la supérieure bifide; six étamines dont une à JV . jiO 'o . uni a V nus A IV T 8 L ÎaK S - ( 1 17 ) filet plus court , avortée 5 un stigmate *, une capsule ob- longue , à trois loges monospermes. Feuilles nerveuses, réticulées, atténuées à leur base ; nectaire hasté , libre. (Vivace.) Histoire naturelle. Le Bihaï des Antilles se ren¬ contre dans les régions les plus chaudes et les plus ar¬ rosées de l’Amérique méridionale. Le nom Bihaï est celui que les Indiens donnent au Bananier , tandis que les poëtes , dit Mordant de Launay, enthousiasmés de la riche parure de cette belle plante, l’ont trouvée digne de décorer YHélicon, et lui ont donné le nom à'Heli- conia. On la cultive en Europe, où elle exige bien des soins , en serre chaude j il lui faut beaucoup de chaleur et d’humidité, elle veut être tenue dans un grand vase rempli de terre substantielle et tourbeuse. C’est dans son pays natal qu’on peut admirer le vif éclat de sa pa¬ rure , soit aux lieux de son berceau , ou sur le bord des claires fontaines , soit au pied des cascades mugissantes où elle frappe d’étonnement l’œil du voyageur. La forme concave des spathes qui logent ses fleurs éclatantes, re¬ cevant l’eau des pluies , ou l’humidité des brouillards du matin qui s’y condensent , il n’est pas rare d’y surpren¬ dre plusieurs espèces d’oiseaux (tels que sucriers, todiers, colibris et autres habitans de l’air , à robe de topaze , d’émeraude et de rubis), se baignant à la fois dans cha¬ cune des spathes qui composent l’épi terminal et per¬ pendiculaire. % Là, cette belle plante , en vase disposée, Hans sa coupe élégante accueille la rosée. ( ) D’après l’examen des lenilles montagnardes ou aqua¬ tiques , on peut conclure qu’il faut moins d’eau à celles qui ont une gouttière, et plus à celles qui n’en ont pas. Plus la cannelure est profonde, moins elles ont besoin d’humidité , car elles reçoivent celle de l’atmosphère. C’est une remarque judicieuse faite par l’éloquent histo¬ rien de la nature , Bernardin de Saint-Pierre. L’apti¬ tude des feuilles des plantes des lieux élevés pour rece¬ voir les eaux des pluies , est variée à l’infini. Des plan¬ tes qui croissent dans les lieux fort chauds et fort arides, ont quelquefois leurs tiges ou leurs feuilles entièrement transformées en canal. Tels sont les aloës et les cierges épineux de la zone torride. L’aqueduc de l’aloës est ho¬ rizontal , et celui du cierge perpendiculaire. Leur végé¬ tation souvent languissante dans les plaines desséchées leur fait envier le sort plus fortuné de leurs congénères qui s’élèvent avec vigueur sur les croupes des monta¬ gnes boisées ; aussi de leur humble captivité , sous l’in¬ fluence d’un ciel brûlant qui les dévore, si elles pou¬ vaient parler , on les entendrait s’écrier : Nymphes, qui présidez aux sources, aux ruisseaux, Venez donc nous prêter le secours de vos eaux. (Castel.) Caractères physiques. Le Bihaï qui a presque en¬ tièrement l’aspect d’un Bananier , est pourvu , dit Plu¬ mier , d’une racine épaisse , arundinacée , noueuse , blanche intérieurement, noirâtre en dehors, et garnie de beaucoup de fibres. Elle pousse une tige haute de dix à douze pieds, cylindrique, lisse, un peu plus épaisse que le pouce, et enveloppée dans sa partie in- ( "9 ) férieure par les graines des pétioles des feuilles. Ces graines sont longues, se recouvrent naturellement, et constituent par leur nombre une espèce de tronc lisse , d’un vert noirâtre ou rougeâtre, presque aussi gros que la cuisse, et haut d’environ cinq pieds. Chacune d’elles forme, en s’écartant de la tigç , un long pétiole canali- culé en dessus, convexe en dessous, et qui soutient une très-grande feuille, dont il devient la côte moyenne, en la traversant dans toute sa longueur. Chaque feuille est longue de six à sept pieds 5 large partout d’un pied et demi ; arrondie à son sommet et â sa base , glabre , et à nervures transversales très-fines et parallèles. La tige, qui n’est qu’une espèce de hampe, sort enfin du milieu des feuilles , et soutient à son sommet un bel épi distique , droit , agréablement coloré , et long de près de deux pieds. Cet épi est formé de spathes mem¬ braneuses , cymbiformes, pointues, alternes et situées assez près les unes des autres sur deux rangs opposés. Chaque spathe contient beaucoup de fleurs entassées les unes contre les autres , entre des écailles spathacées et ‘pointues, et chaque fleur a une corolle verdâtre, et des étamines blanches , à anthères jaunes. Les fruits sont des capsules charnues, bleuâtres, trigoues, qui con¬ tiennent trois semences oblongues , dures et ridées. A l’Ile-de-France , les Noirs se servent des longues feuilles de cette belle plante pour couvrir leurs cases , et â la Guiane , les Créoles et les Galibis les emploient à faire des cabanes sur leurs pirogues , pour se garantir de la pluie et de l’ardeur du soleil. On rencontre aussi aux Antilles le beau Biliaï â feuilles pointues ( Heli- conia biliaï ). il existe un nouvel Hcliconia que nous ne sachons ( 150 ) encore se trouver en France que dans la riche collection de Fromont, près Paris. Ses feuilles paraissent devoir atteindre une très-grande dimension. Nous n’avons pas encore vu ses fleurs. Analyse chimique. On obtient de toutes les parties une matière extractive astringente et amère. Les fruits contiennent de la bassorine, beaucoup d’amidon et un principe mucoso-sucré. Propriétés médicinales. On attribue des propriétés diurétiques au Bihaï. Les racines surtout sont souvent employées par les Créoles. Je n’ai point eu occasion de les employer. explication de la planche deux cent soixante. La plante est réduite au vingtième de sa grandeur. 1. Fleur hermaphrodite fertile dans saspathe. 2. Ovaire. 3. Fleur stérile. 4* Coupe du Bihaï comparable à l’organisation du Poireau, et dont la hampe après avoir traversé le tronc , devient terminale et porte son fruit. Tl. 2Û1 JPmar ■ SAVONIKH MOUSSEUX ( I*1 ) wv w\ wt vv> w vvvvw vvi vm wwvwwvwwww w>wwvwvwwwwwwwm\ww SAVONNIER MOUSSEUX. ( Diurétique sédative.') Synonymie. Vulg. Savonnier; Arbre à savonnettes. Sapindus saponaria. Lin. , Octandrie Trigynie. — Juss. ; famille des Savonniers , Sapindus inermis , foliis pinnatis , foliolis lan- ceolatis, rachi alatâ. Ait. Hort. Kew. , vol. 2, p. 35. — Sapindus foliis impari-pinnatis , caule inermi. Lin., Spec. plant., vol. 1 , p. 526. — Sapindus foliis oblongis, vix pe- tiolatis, per costam amplè alatam. Brown. Jam. 206. — Sa¬ pindus foliis castæ alatæ innascentibus. Tourn. , Inst., R. Herb. 65g, — Prunifera racemosa, folio alato , costa media, membranulis utrinquè exstantibus donata. Sloan. Jam. i84> Hist. 2 , p. i3i. Nux americana , foliis alatis , bifidis. Com- mel. Hort. , p. i83, tab. g4- Caractères génériques. Calice mono ou polypliille ; corolle de quatre ou cinq pétales ; liuit étamines ; un ou trois styles ; autant de stigmates; un drupe ou une cap¬ sule supère ; à une ou trois loges monospermes. Tiges ordinairement ligneuses ; feuilles alternes , pinnées avec impaire ; tige sans épines. Caractères particuliers. Calice tétrapHylle ; corolle de quatre pétales terminés par un onglet ; quatre nectaires pétaloïdes, glanduleux à la base des pétales; huit étamines; trois styles; trois capsules charnues, réunies, renflées, dont deux avortent souvent; renfermant une noix. (M.) (Vivace.) Histoire naturelle. Le nom de Savonnier que Ton donne à cet arbre , et à une liane dont les Créoles font un fréquent usage pour entretenir la propreté de leurs dents, et se conserver une haleine fraîche, vient du Tome IV. — 66e Livraison. 10 r ( 122 ) mot sapo t savon , parce que les tiges et les racines de ces plantes , élanl soumises à la trituration dans l’eau , la font écumer, ou à la mastication, excitent, à l’aide des sucs salivaires, une mousse qui ressemble parfaitement à l’eau de savon. On fait aux colonies, avec ces tiges et leurs racines, des curedents et des bâtons effilés aux deux extrémités qu’il est d’usage de tenir constamment à la bouche. Les ménagères se servent des fruits de ces arbres , ou de leurs feuilles , pour remplacer le savon. L’eau chaude développe promptement leur mucilage , elle devient blanchâtre , très-mousseuse , et nettoie fort bien le linge et les vêtemens légers dont on se sert aux colonies. Cependant il ne faut pas abuser de ce principe savonneux qui contient de l’acide gallique , parce qu’il a l’inconvénient de brûler le linge. Quand l’eau chaude a dissous la pulpe des fruits , il reste un noyau d’un beau noir luisant qui sert à faire des colliers et des chapelets. Poupée-Desportes décrit ainsi la Liane à savon : Sa- ponaria aceri affinis , coryli foliis , et vilicùlis donata , scandens , floribus racemosis albis , fructibus trialatis. Nicolson, qui la reconnaît très-apéritive , dit que ses tiges sont revêtues d’une écorce grisâtre, au bois blan¬ châtre , spongieux , d’une saveur amère ; elles s’élèvent assez haut par le moyen des arbres voisins auxquels elles s’attachent. Les feuilles sont dentelées , presque rondes, échancrées par la base en forme de coeur , pointues au sommet, d’un vert foncé, veloutées, portées sur un petit pétiole dont le prolongement forme une côte qui s’étend tout le long de la feuille, et qui la divise en deux parties égales. A cette côte aboutissent des nervures très-obliques dont l’intervalle est rempli par plusieurs petites. veines parallèles entre elles. ( «*3 ) Caractères physiques. Le Savonnier est un arbre d’une grandeur médiocre , dont le tronc se divise , à quel¬ ques pieds de terre, en plusieurs grosses branches étalées, et en rameaux dont l’écorce est d’un brun grisâtre, marquée de petites taches ovales , blanchâtres. Le bois est blanc, gommeux, d’une odeur et d’une saveur qui approchent de la résine copale. Les feuilles sont alternes, ailées, fort amples, sans impaire; composées de quatre paires de folioles lancéolées, inégales; longues de trois à quatre pouces et plus ; d’un vert gai , glabre en dessus , un peu pubescentes en dessous, particulièrement dans . leur jeunesse; entières à leurs bords; acuminées ; la dernière paire souvent très-longue, irrégulière, con¬ fluente à sa base ; toutes traversées par une côte jaunâtre avec des nervures fines, latérales, et des veines réticu¬ lées. Les pétioles sont munies d’une aile de la même substance que les feuilles nerveuses , plus ou moins élargie. Les fleurs sont disposées en grappes terminales ; la corolle est petite ; les fruits sont pendans , de la grosseur d’une cerise, globuleux, d’un roux jaunâtre, luisans , d’une saveur douce et astringente , renfermant sous l’é¬ corce une pulpe gluante, jaunâtre, très-amère, adhé¬ rente à un noyau noir , arrondi, dans lequel est renfermée une amande presque aussi savoureuse que la noisette. La liqueur visqueuse, qui découle de ces fruits, les a fait nommer par les Espagnols, Cerises gommeuses. (Enc.) Analyse chimique. Le sulfate de fer noircit la dé¬ coction des tiges et du feuillage, tandis que la racine, plus mucilagineuse , ne fait éprouver aucun changement à l’eau , qui ne devient que douceâtre et un peu amère. L’espèce de savon que contiennent les feuilles n’est point 10 détruite par l’action des acides. L’extrait savonneux est moins abondant dans la plante desséchée. Le suc âcre et pénétrant étant évaporé , donne quatre onces par livre d’un extrait sec qui absorbe plus tard l’humidité at¬ mosphérique. Propriétés médicinales. Le suc visqueux des fruits du Savonnier , est employé avec succès dans les hémorra¬ gies utérines, soit intérieurement, soit par injections. On le regarde aussi comme fébrifuge , parce qu’il contient du tannin. Les propriétés énergiques de cette plante doivent .lui assurer du succès. Poupée-Desportes prescrit la tisane suivante dans l’aménorrhée, la blennorrhagie etlesflueurs blanches. Prenez : limaille d’acier une once ; sel ammo¬ niac , demi-gros ; écorces d’oranger sauvage , de liane à savon ou de Savonnier , de gommier et de bois-marin , de chacun une pincée; des racines de verveine puante ,ne demi -pincée; faites bouillir dahs une li re et demie d’eau avec réduction d’un tiers. Sa simple décoction est utilement employée pour délerger les ulcères des reins , dans les néphrites calculeuses , les cisîites chroniques , et les ulcérations de l’urètre. Mode d’administration. La décoction se fait avec une deiii-once de la plante pour une pinte d’eau. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOI X ANTE-UNE. 1. Fleur entière; 2. Portion du calice. 3. Etamines. 4* Etamine vue à la loupe. 5. Pistil. 6. Fruit ouvert, laissant apercevoir la pulpe et la graine. 7. Fruit concassé. Pl.uSz. FRAISIER. FRUTIUKR ( 125 ) twvvnv> U\WHVHV>\M\MWWV WWW WWMWWWWWVWHWWVWVVWW WWVWWWWw FRAISIER FRUTILLER. ( Diurétique sédative. ) Synonymie. Vulg. Bombon mabonia. Frézier du Chili. — Fragaria vescahiu , Ieosandrie Polygynie. Juss., Rosacées. — * Fragaria chiloensis fructu maximo; foliis carnosis, hirsutis; vulgo Frutilla. — Fragaria crassis , rugosis foliis; flore et .. semine carens. Borli. Hort. — Fragaria chiloensis fructu maximo, foliis carnosis hirsutis. Dillen. Elth. — Fragaria foliis ovatis, carnosis hirsutis ; fructu maximo. Miller. — Fragaria pubescens, flore amplîssimo , fructu maximo, chiloensis. Duham. Caractères génériques. Calice persistant, corolle à cinq ou quatre pétales attachés au calice ; étamines ico- sandriques, attachées sur le calice au-dessous des pétales ; un ou plusieurs styles ou stigmates ; un ou plusieurs ovaires ; graines nues ou renfermées dans un péricarpe ; feuilles alternes. Caractères particuliers. Calice «à dix divisions non colorées , dont cinq alternes plus petites ; corolle pen- tapétalc ; graines placées sur un réceptacle charnu , bac- ciforme , caduc. ( M. ) Histoire naturelle. Le mot Fragaria vient du verbe fragarc , répandre de l’odeur ; on ne peut qu’approuver ( *26 ) cette dénomination latine , en se rappelant le doux par¬ fum des fraises ; partout on trouve de ces fruits. Là de l’œillet sauvage éclatent les boutons , Et la fraise vermeille embaume les gazons. (Castel.) Les horticulteurs ont éprouvé que les graines du Frutiller ont besoin d’être jointes à celles du Caperonnier royal , ou aux autres Quoimios , ou pour le mieux à celles du fraisier Ananas qui fleurit dans la même saison. Ces Fraisiers se multiplient par les jeunes pieds en¬ racinés , ou parla séparation des œilletons, et encore mieux par les graines qu’on retire des graines extrême¬ ment mûres. Sous le rapport de la saveur, de la beauté de son fruit, et de sa riche végétation, On doit s’atta¬ cher préférablement à la culture du Fraisier Frutiller, qui a été importé du Chili en Europe , par le voyageur Frezier, en 1712. Caractères physiques. La Frutille est deux fois plus grosse que les plus gros Caperons , £t a besoin , comme nous l’avons dit , d’être semée avec les graines d’autres espèces, sous peine de stérilité, ce qui arrive dans tous les jardins botaniques où elle est seule à son rang. Ce Fraisier n’aime pas tous les terrains, et est quelquefois plusieurs années sans fleurir , mais son fruit en dédom¬ mage bien, ditPoiret, par sa beauté ainsi que par la finesse de son parfum bien supérieur à celui de tous les autres Quoimios. Sa couleur est d’un rouge jaunâtre très- pâle qui , du côté du soleil , s’anime d’une nuance dorée très-brillante -, ses ovaires fort gros viennent presque tous à bien} le calice , qui reste ouvert tout à plat, dans les fleurs non fécondées , se referme dans celles qui le sont. ( **2 ) en meme temps que les pétales tombent. Il continue à embrasser le fruit par en bas : le pédicule , qui est fort court , se recourbe alors comme dans toutes les races , mais celle-ci est la seule dans laquelle , au moment de la maturité, le fruit se relève pour présenter sa pointe au soleil , le pédicule se recourbant à contre-sens pour opérer le changement. Ce symptôme de force et de vi¬ gueur dans la plante répond bien à toute sa constitution , car le Frutiller a des feuilles d’une étoffe si forte qu’elles sont presques coriacées. Elles sont d’un vert très-brun en dedans , et en-dessous couvertes d’un duvet blan¬ châtre, court , mais épais et soyeux. Ce duvet est au con¬ traire fort long sur les tiges et les rameaux , et surtout sur les courans. La force de toutes ces parties est pro¬ digieuse et égale souvent la grosseur d’un tuyau de plume à écrire. Les fleurs qui ont un pouce et demi de diamètre, sont communément à sept ou huit divisions au calice avec un semblable nombre de pétales , et les rudimens d’étamines sans ordre et très-nombreux. La masse des pistils sur leurs supports, égale par sa gran¬ deur une fraise de bois ordinaire. L’odeur des fleurs est celle de l’aubépine*, les fruits, de deux pouces de diamètre, sont allongés, carrés ou angulaires*, quel¬ quefois arrondis et un peu pointus : chaque fleur n’en produit ordinairement que deux beaux, et deux ou trois médiocres. Le Frutiller ne fleurit, en Europe, qu’avec la rose, c’est-à-dire lorsque le Fraisier ordinaire a donné ses premiers fruits, vers la fin de juin. (Encycl.) . Analyse chimique. Le sulfate de fer donne une cou¬ leur noire à l’infusion des racines de Fraisier. Toute la plante fait observer le meme résultat. ( »*8 ) Propriétés médicinales. Les feuilles et les racines du Frutiller se prescrivent dans tous les cas où l’application du Fraisier est jugée nécessaire. Comme cette plante contient un principe astringent, on l’administre dans les derniers temps de la gonorrhée, du catharre utérin , et particulièrement dans les affections chroniques des voies urinaires et du foie. Dans le catharre chronique bron¬ chique , on retire quelque avantage d’une tisane faite avec la racine du Frutiller bouillie avec les dates et le jujubier, et un peu de cannelle. L’eau distillée des fruits apaise les douleurs d’entrailles } on l’emploie extérieure¬ ment comme cosmétique pour entretenir la fraîcheur de la peau. Les fruits, roulés dans le sucre , conviennent dans les gastrites qui menacent du soda. Mêlés avec de la crème , ils sont plus indigestes, et développent des acides contraires au système nerveux. Mode d’administration. La racine et les fleurs se préparent en décoction qu’on édulcore avec un sirop ra¬ fraîchissant. explication de la planche deux cent soixante-deux. i. Fruit ouvert. Jri . ?.ù'ô FROMAGRR PYR AMI® AI FROMAGER PYRAMIDAL. {Diurétique sédative, ) Synonymie. Vulg. Coton flos , Ouattier, Cotonnier mapou, Cotonnier de fléau. Cotonnier siffleux , Cotonnier de Mahot à grandes feuilles, Liège et bois de Liège. — Borabax pyra¬ midale. Lin. Monadelphie Polyandrie. Juss. , famille des Malvacées. — Bombax caule arboreo inermi ; foliis cordatis , angulatisj floribus pentandris , antberis coadunatis; fructu longissimo , pyramidali. Cavan., Diss. 5. — Gossypium seu Xilon arboreum fructu oblongo et sulcato. Plumier. Miss, v, 4 , t. 8. — Gossypium amplissima arbor fructu oblongo cylindraceo et sulcato. Ejusdem. — En caraïbe: Zamacuna, Saamonna , Comaka. — En malabarois : Pouja. Caractères génériques des Malvacées. Calice mono¬ pétale , simple ou sur deux rangs *, l’intérieur à cinq di¬ visions 5 corolle pentapétale , ou monopétale ,• étamines monadelphes 5 un style sur chaque capsule $ plusieurs stigmates 5 graines renfermées dans une ou plusieurs capsnles supères ; feuilles alternes, accompagnées de stipules. Caractères particuliers des Fromagers. Etamines toutes fertiles , définies ou indéfinies, à filets réunis à la base en un corps sessilc et évasé. Calice simple , tubulé , évasé , à cinq dents 5 corolle de cinq pétales oblongs , concaves j cinq étamines ou plus 5 à filets réunis à la ( i3o ) base } un style filiforme*, un stigmate en tète; capsule oblongue ou orbiculaire , quinquévalve , à cinq loges polyspermes ,* graines laineuses. (Vivace. ) Histoire naturelle. Ce bel arbre, l’un des types de la création végétale , a été découvert , décrit et dessiné par Plumier. On le rencontre aux Antilles dans toutes les forêts, où il fleurit en janvier et février*, ses fruits sont mûrs en avril et mai. Le Fromager pyramidal est d’une dimension si extraordinaire , que son tronc peut fournir des pirogues propres à contenir soixante et qua¬ tre-vingts rameurs $ lorsque la hache ose attaquer ce colosse, on pourrait dire que ce géant végétal: Ebranle de sa chute, et les bois, et les flots , Et du vallon sonore éveille les échos. ( Baour-Lormiàn. ) Le Fromager pyramidal offre un bois très- poreux et de peu de durée, il remplace le liège, et sert aux pêcheurs pour garnir leurs filets. Le duvet que fournissent les graines, quoique très-court, est employé, en Angle¬ terre , à faire des chapeaux qui ont l’apparence des cas¬ tors \ ce même duvet est recherché par les chirurgiens pour les moxas. Le tronc fournit un suc gommeux rési¬ neux qu’on fait servir dans la confection des brais. Sur un terrain vierge de l’ancienne habitation Four¬ nier de Bellevue , quartier de Limonade, île de Saint- Domingue , feu Moreau de Saint-Méry a vu un Fro¬ mager pyramidal respecté par les temps, dont le bran¬ chage avait soixante-treize pieds de chaque côté du tronc, ce qui prouve qu’il a acquis cette dimension remar¬ quable étant au milieu d’autres arbres qui l’abritaient ( i3i ) du vent , puisque partout où les arbres reçoivent immé¬ diatement la bise d’est, ils ont dans leur feuillage , et surtout dans leurs racines , plus d’étendue à l’ouest qu’à l’est, comme pour contre-balancer l’action du vent. La nature est admirable par la sagesse de ses vues , et par la perfection de ses créatures lorsqu’on sait res¬ pecter ses projets. « Si l’on plantait, dit Bernardin de Saint-Pierre , des arbres de montagne sur les hauteurs, et à la source de nos rivières, on leur rendrait leur ancien volume , et on ferait reparaître dans nos campagnes beau-, coup de ruisseaux qui n’y coulent plus du tout. Ce n’est point dans les roseaux ni au fond des vallées que les Naïades cachent leurs urnes éternelles , comme les représentent les peintres , mais au sommet des rochers couronnés de bocages, et voisins des cieux. C’est pourquoi les graines d’arbres des montagnes sont pour la plupart ailées afin d’être transportées par le vent!!/ » Caractères physiques. Le Fromager pyramidal a des branches très-ouvertes , son bois est blanc et léger. Son écorce épaisse, fibreuse, cendrée, est parsemée de taches blanchâtres, et de certains plis ou rides rougeâtres. Ses feuilles sont en cœur arrondi , anguleuses , d’un pied de diamètre, très-nerveuses, vertes en dessus , jaunâtres et tomenteuses en dessous , soutenues par des pétioles longs et épais. Ses fleurs sont nombreuses et naissent dans les rameaux supérieurs, soutenues par de longs pédoncules. La corolle est grande , monopétale , campa- nulée , et partagée profondément en cinq divisions très- réfléchies , ouvertes , blanches et charnues. Le calice est très-large , campanulé , d’un vert rou¬ geâtre , partagé en cinq divisions arrondies. Du fond ( i32 ) de la corolle naissent cinq filamens épais, qui soutiennent autant d’anthères très-grandes , presque sagittées , et réunies ensemble , formant une boîte spirale , qui ren¬ ferme le sommet du style $ celui-ci est rougeâtre, en forme de massue, sillonné par des stries spirales planes, lesquelles sont probablement les cinq stigmates. Le fruit est une capsule pyramidale , pentagone , de liuit à dix pouces de longueur, veloutée et sillonnée longitudinalement , qui s’ouvre par en bas en cinq valves répondant à autant de loges , farcies d’un duvet très- fin , rougeâtre et court. Les semences sont très-petites , ovoïdes et glabres. Analyse chimique. Toutes les parties du Fromager contiennent une grande quantité de mucilage. Propriétés médicinales. On administre les fleurs , les feuilles et les racines du Fromager, toutes les fois qu’on doit recourir aux malvacées. Ces parties sont des ingrédiens qu’on compose ou que l’on combine avec les substances gommeuses que réclament les flegmasies et toutes les maladies inflammatoires du thorax et de l’abdomen. Les Indiens recommandent la racine du Fro¬ mager pyramidal séchée pour prévenir et remédier aux accidens affreux du tétanos. Les fleurs , les fruits les plus tendres en cataplasmes, dissipent, dit-on , les ver¬ tiges et la céphalalgie. Suivant Rheed, l’écorce en pou¬ dre du Fromager combinée avec le suc de limon , sous forme de Uniment, consolide les fractures , et apaise les inflammations. La mémo poudre unie au vin et au sel offre un remède herpétique. L’écorce de sa racine , con¬ tinue Rheed 7 est vomitive. Son suc , joint au tamarin , ( *33 ) est un excellent diurétique. Cette écorce est estimée comme anti-syphilitique, et particulièrement dans les bains qu’on prescrit contre le pian. Mode d'administration. On introduit les parties phar¬ maceutiques du Fromager pyramidal dans les voies di¬ gestives par boissons et en lavement. On fait avec les fleurs et le suc un sirop qui remplace celui de gomme ou de guimauve. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANTE-TROIS» 1. Silique entière. 2. Silique coupée transversalement. 3. Graine enveloppée de pulpe. /f. Graine découverte. ( 134 ) VWVMVWWAW1 (VV»«VVVVVVVV»VMVM W^'VV> CRÉTELLE EN BALAIS. ( Diurétique sédative. ) 4 Synonymie. Vulg. Pied de poule de Samt-Dommgue - Cynosurus separius. Lin. Triandrie Digyn.e.- Juss. , fam. des Graminées. — Cynosurus spicis tenuibus , altérais, digi¬ talise, fascieulatibus confertis subrecurvis, sp.eul.s se- cundl, b, (Ions et aristatis. (Poiret). -Cynosurus Do- mingensis. D.-Jacquin. pl.-Gramen dactylon , ela! m. t spicis plurimis tomentosis. Sloan. Jam. His . , p. f. 2. Caractères génériques des Crételles. Plantes uni- lobées de la famille des Graminées, ou herbes dont les fleurs, accompagnées de bractées uni ateia es, son tournées du même côté, et disposées ou sur un epi, soit simple , soit un peu ramifié en grappe , ou sur plusieurs épis rapprochés en manière de digitation. Caractères particuliers. Panicule à .ameauxsim- ples 5 épillets comme sessiles, de six fleurs; toutes fleurs barbues. Histoire naturelle. Cette Graminée croit à Saint- Domingue , à la Jamaïque et dans toutes les An i^ . On la rencontre comme le Chiendent d Europe qu elle remplace, dans toutes les savanes , dans les terrains l’on cultive le maïs et les patates. / jPl. 2Ô'4 ■ CRETE LL R A RALAIS. ( 1 35 ) Caractères physiques. Cette Crételle est remarquable par la ténuité et le grand nombre de ses épis , lesquels sont ramassés en un faisceau qui parait terminal. Sa ra¬ cine est fibreuse *, sa tige est comprimée, feuillée , munie de deux articulations prolifères, et longue d’un pied ou un peu plus. Ses feuilles sont larges de deux lignes , garnies de poils lâches en leurs bords vers leur gaine , qui est comprimée , fendue d’un côté , et en partie sé¬ parée ou écartée de la tige. Les épis sont menus, presque filiformes, les uns alternes, et les autres terminaux, longs de deux pouces ou un peu plus , et ramassés au nombre de quinze à trente en un faisceau demi-ouvert et terminal. Ces épis sont arqués ou recourbés dans leur partie supérieure , et soutiennent chacun deux rangées d’épillets fort petits , unilatéraux, biflores et munis de barbes. Le calice est composé de deux valves lancéolées, pointues, dont l’intérieure est plus petite, et l’exté¬ rieure aussi longue que l’épillet , carinée , et à dos scabre. Analyse chimique. On obtient de la Crételle passée à la presse , un suc verdâtre promptement fermentescible , parce qu’il contient un principe mucoso-sucré , ce qui le rend propre à donner une liqueur alcoolique. Propriétés médicinales. On fait entrer aux colonies I la Crételle à balais dans presque toutes les tisanes ra- | fraîchissantes. J’ai éprouvé de très-bons effets de son | administration dans les néphrites calculeuses et les flegmasies mésentériques. Son usage provoque d’une i manière remarquable le flux des urines , lorsque surtout K sa suspension est due à une inflammation des mem- I branes muqueuses, ou à une constriction spasmodique ( 1 36 ) du col de la vessie. Les malades affligés de strangurie ou d’hématurie, se trouvent très-bien d’une décoction de Crételle qu’on a rendue émulsive avec quelques amandes du fruit du Sapotiller. Poupée-Desportes recommande comme tisane apéritive une décoction faite avec la racine de pourpier sauvage , le Pied de poule ou Crételle en balais , et l’écorce de bois blanc. On laisse séjourner dans la décoction, pendant quelques heures, un nouet de limaille, ou de mâchefer pilé. Mode d’administration. La dose de toute la plante, ou seulement des racines , est d’une demi - once pour une pinte d’eau, qu’on édulcore avec le sirop de Gombo ou de limon, suivant le cas. explication de la planche deux cent soixante-quatre. 1. Tige caulinaire. 2. Baie, ET MÉDICALE DES ANTILLES. DES PLANTES QUI AGISSENT SUR L’APPAREIL DE LA RESPIRATION. # PLANTES DITES BÉCHIQUES OU PECTORALES. # SOMMAIRE . # L’appareil de la respiration est tellement indispensable dans les fonctions de la vie , que le moindre dérange¬ ment dans son mécanisme peut causer non-seulement le plus grand trouble dans notre économie , mais plus souvent encore une mort prématurée. On sait que les contractions et dilatations alternatives des poumons constituent le jeu de cet organe, qui a besoin également du mouvement compressif des côtes et des muscles du thorax. On sait aussi que l’organe pulmonaire a la faculté *d’absorber l’air vital et d’exhaler en échange de l’azote Tome V. — 67e Livraison. 11 ( i38 ) qui faisait partie de l’air atmosphérique aspiré 5 mais le passage d’un air atmosphérique trop chaud, trop sec, trop froid , trop humide , ou plus ou moins vicié , pou¬ vant compromettre les fonctions du tissu muqueux qui revêt les conduits aériens , il en résulte des catarrhes pulmonaires de différente nature. Ce même air intem¬ pestif, agissant sur le tissu cellulaire parenchymateux, produit des péripneumonies , des vomiques , etc. $ et sur l’enveloppe séreuse des poumons , donne naissance aux pleurésies *, enfin sur les glandes bronchiques , cause des engorgemens , et par suite la phthisie scrophuleuse. Dans le traitement des maladies de l’organe pulmo¬ naire , il se trouve donc quatre indications à remplir 5 savoir : i° d’exciter les organes à expulser , par la con¬ traction , les matières visqueuses qui le surchargent : c’est dans cette intention que l’on doit prescrire les bécliiques ou expectorans incisifs ; 3° de diminuer l’in¬ flammation ou l’irritation des poumons en dirigeant vers l’organe les vapeurs des plantes dites bécliiques adoucis¬ santes ; 3° de rendre à l’organe affaibli par une maladie, toute son élasticité et son énergie , au moyen des bé- chiques aromatiques ; 4° de rappeler , avec ces mêmes espèces aromatiques, dans le cœur et dans les poumons , les forces sensitives , et de rétablir la circulation sus¬ pendue par des principes délétères, ou par une profonde affection de Famé. Je regrette qu’il faille ici décrier un système erroné qui refuse aux plantes toute espèce de propriétés 5 mais je soutiendrai, d’après ma propre ex¬ périence, que les plantes dites béchiques, ou d’autres appliquées dans l’état opportun de la maladie , c’est-à-dire un mucilagineux quelconque , s’il y a irritation ou in¬ flammation } une plante aromatique excitante si l’expec- ( i39 ) toration languit ; ces plantes , dis-je , exhalant en abon¬ dance l’oxigène , et absorbant l’hydrogène et l’azote , rendent l’air atmosphérique plus pur et plus propre à la respiration. Elles conviendront plus spécialement au traitement pneumatique des maladies de l’organe pul¬ monaire , en diminuant la viscosité des matières mu¬ queuses, et en émoussant leur acrimonie. Il y a donc un choix sage et raisonné à faire dans les plantes béchiques. Les unes , telles que les Dattes, les Figues et la Réglisse, sont adoucissantes. D’autres, telles que la Scille , le Capillaire , la Canne à sucre , le Lantana camara , etc. , divisent les sécrétions et les rendent plus % fluides ,* c’est pourquoi on leur donne le nom de béchi¬ ques incisives . Les premières conviennent dans les toux violentes et périodiques provenant d’irritation, les autres sont employées avec succès dans le dernier temps du catarrhe pulmonaire, et dans l’asthme. Cependant leur vertu béchique ne peut parvenir à la poitrine par le canal aérien } la conformation de la glotte s’oppose à cette introduction , qui d’ailleurs pourrait causer une suffocation , puisque la glotte n’est destinée qu’à diriger l’air affluant et refluant introduit et sorti des lobes pulmonaires. La nature, riche en moyens et illimitée dans ses ressources immenses, les transporte par la circulation du sang , immédiatement avec le chyle, par le canal thorachique, la veine sous-clavière et l’ar¬ tère pulmonaire. ( >4° ) WV> WVVYY V W W\ VY'Y 1\Y VYYWVUY WY WVY'WWY i\Y V W v\YWHV\ OYW m WA W\ WY \V W\ v\\ W\V\V * AREC OLÉIFÈRE. ( Bèchique adoucissant .) Synonymie. Vulg. Palmiste à chou; Palmier à huile; Pal¬ miste franc ; Palmier des entourages; Aouari des Caraïbes ; Arec d’Amérique; Chou palmiste. — Areca oleracea. Lin. Famille des Palmiers. — Jussieu, Palmiers. — Areca foliis integerrimis. Jacq. Amer. 278. Tab. 170. — Palma no- bilis, S. regalis jamaicensis et barbadensis. Raj. Hist. p. i36i. Caractères génériques des Palmiers. Monocotylé- dones phanérogames. Etamines pérygines ou attachées au calice. Fleurs portées sur un spadice entouré d’une spathe. Calice persistant, à six divisions profondes , dont trois extérieures, ordinairement plus courtes; six éta¬ mines; un ovaire supérieur, à un ou trois styles; une baie ou un drupe ; une ou trois graines osseuses. Feuilles palmées ou pinnées. Caractères particuliers. Folioles simples et à mou- 7'Arinfo/v 7)i-.rctjuf*t7\. /hn.r PALMISTK A niOI . t _ ( *4" ) vemens irréguliers $ fleurs renfermées dans une spathe monophylle , et disposées en panicules } fruits pulpeux , monospermes. Histoire naturelle. Colonnes majestueuses dont les panaches mollement agités par le zéphire bruissent sour¬ dement, que votre aspect est ravissant pour le voyageur que les beautés de la nature savent émouvoir ! Les hauts Sapins, les Palmiers toujours verts Vont balançant leurs souples colonnades. (Millevoie. ) Les Palmiers dont la feuille est le prix du vainqueur , u Les Palmiers , dit Bernardin de Saint-Pierre , malgré la magnificence de leur port, paraissent du genre des Graminées , parce que leur semence, ou première pousse, n’a qu’un cotylédon 5 que leurs feuilles sont renfermées les unes dans les autres , et n’éprouvent , en croissant , qu’un simple développement, d’où il résulte que la tige à sa naissance a le même diamètre à sa base que lors¬ qu’elle a atteint toute sa hauteur. D’ailleurs elle est sans écorce, et ne contient point de véritable bois. Les tronçs des Palmiers ne sont que des paquets de fibres sans cercles concentriques, et dont le centre est plus tendre que la circonférence. » L’organisation des Palmiers est en raison inverse dans les autres arbres qui cachent les dates de leur âge, tandis que les Palmiers les mettent en évidence par les zones extérieures que forme la chute ( 4® ) ‘ de chaque feuille. Dans les arbres ordinaires les cercles intérieurs se trouvent dans la partie la plus dure , et leur aubier est à leur circonférence. Bernardin de Saint- Pierre reconnaît dans la structure des Palmiers l’origine des ordres d’architecture. Le Palmiste franc ou Arec d’Amérique, Areca ole- racea , Lin., est un des plus grands palmiers du Nouveau- Monde. Sa tige droite et nue s’élève à la hauteur de quarante à cinquante pieds. Son bois, dit Lamarck, est brun grisâtre , compacte , plus dur que l’ébène -, mais n’a qu’un pouce et demi d’épaisseur dans toute la cir¬ conférence de l’arbre , dont l’intérieuf est fibreux , spon¬ gieux et mollasse. Le chou de ce Palmiste a un goût délicat, analogue à celui de l’artichaut, et se mange comme lui, à la poivrade, à la sauce blanche, au jus , frit et sous forme de beignets } on en fait des acbars. Les Américains en sont si friands que pour se le procurer ils sacrifient l’arbre. On prépare avec le tronc des tuyaux , des gouttières, des planches , et avec la moelle une espèce de sagou. Les tourneurs font , avec la partie dure , de jolies tabatières qui sont très-recherchées. On a trouvé en Europe , aux mines de Saint-Georges , un tronc de Palmiste pétrifié. Avis aux géologues. Outre la forme élégante de ce bel arbre pour la dé¬ coration , et indépendamment de son utilité pour les arts, la base de son couronnement qu’on appelle chou , s’em¬ ploie en médecine comme béchique adoucissant. On a donné le nom de stipe à la tige ou tronc du Palmier. Les formes stellées ou rayonnantes des Palmes prises de la ligne droite de l’arbre, font une opposition très- agréable avec la rondeur de sa tige. Les taches ou spathes qui enveloppent le rudiment , ( «43 ) servent à couvrir les cases à Nègres, tandis que les graines sont un mets friand pour les porcs qui en sont promp¬ tement engraissés. Le tronc de ces arbres forme une co¬ lonnade naturelle qui n’a pas besoin d’apprêts par la ré¬ gularité de son cylindre *, aussi le sommet et les racines en étant coupés, servent -ils de poteaux aux galeries tournantes qui environnent les maisons des îles où l’on va respirer le frais. On se contente, si l’on veut, de les blanchir pour donner à la colonnade une teinte uni¬ forme. Les feuilles de ce Palmier servent à faire des nattes. Outre YAreca oleradea qui exist ait déjà dansle com¬ merce , on trouve aux colonies les Areca cathem , cri- nita , lutescens , manico , montana et diandra ,* ils se cultivent comme les Dattiers , mais on les multiplie plus facilement par la séparation de leurs œilletons. L’espèce appelée Elaïs auoira , est un Palmier hérissé ( Palmier crocro des habitans) qui fournit une huile employée dans les dyssenteries en embrocations et en clystères. La pulpe du fruit de Y Etais de Guinée donne une huile bonne à manger, connue dans le commerce sous le nom d'huile de palme . Le Palmiste chou , suivant Palisot de Beauvois, fournit une liqueur fermentescible qu’on appelle vin de palme ou bourdon , qui ne le céderait en rien à nos vins les plus recherchés , si l’on parvenait à le conserver. Les habitans de la Martinique recherchent et font grand cas, comme aliment, d’un gros ver blanc qui se trouve dans le tronc de ce Palmier , et que l’on prépare en le. fixant sur une brochette de bois qu’on fait tourner devant le feu jusqu’à parfaite cuisson. Lorsqu’il commence à cuire , on saupoudre cette larve avec de la chapelure ( *44 ) mêlée avec une certaine quantité de sel de cuisine ré¬ duit en poudre subtile; cette poudre est destinée à ab¬ sorber et à retenir les molécules adipeuses de l’animal; quand il est suffisamment cuit , on le sert après l’avoir arrosé avec du jus d’orange et de citron. Les Marti¬ niquais , qui en font leur mets de prédilection , le préparent encore en le faisant cuire dans du vin avec des épices , un bouquet d’herbes fines , quelques feuilles de bois-d’inde et du jus de citron. Pour obtenir ces vers en quantité, on abat un Palmiste, on lui fait des en¬ tailles pour donner accès à certaines mouches qui pé¬ nètrent jusqu’à la moelle dont elles se nourrissent et où elles déposent leurs œufs qui produisent ces larves. Il faut visiter l’arbre avant six semaines , époque à laquelle l’insecte a subi son entière métamorphose. Caractères physiques. Ce Palmier est un des plus élevés de ceux qui croissent en Amérique ; sa tige , comme je viens de le dire, haute de quarante ou cinquante pieds, est terminée à sou sommet par un faisceau de feuil¬ les , à demi-ouvert. Ces feuilles sont longues d’environ dix pieds , et s’embrassent les unes les autres à leur base , par une gaine dont les bords supérieurs semblent fran¬ gés ou tissus de fibres lâches , qui se croisent en forme de gros canevas. Elles sont garnies, dans presque toute la longueur de leur pétiole , de deux rangs de folioles nombreuses , étroites , pointues , entières , et munies d’une nervure dans leur milieu. Ces folioles ressemblent à des lames d’épée , et ont un pied et demi ou deux de longueur; elles ne sont pas roides et régulièrement tenues comme dans le Co- ( 145 ) côtier , mais souples et se renversant de mille manières. Un peu au-dessous du faisceau de feuilles qui couronne ce Palmier, sortent quelques spathes longues d’environ trois pieds , renflées dans leur milieu comme un fuseau , lisses, verdâtres, et jaunissant lorsqu’elles mûrissent 3 elles donnent , en s’ouvrant , naissance à des panicules de fleurs, se détachant bientôt après et tombant sur la terre. Ces panicules sont blanchâtres, fort belles, et composées de beaucoup de rameaux déliés, chargés d’un grand nombre de petites fleurs. Les fruits sont des baies oblongues , obtuses, un peu courbées, d’un bleu pourpre, succulentes , peu fibreuses, et de la grosseur d’une olive moyenne. Leur pulpe se détruit par la dessiccation, et il ne reste qu’une écorce ridée que recouvre une coque oblongué, légèrement pointue à sa base, mince, membra¬ neuse , fragile , et d’un brun blanchâtre avec une teinte de rouge. L’amande est cartilagineuse , oblongué , fort dure , ayant une cavité au milieu d’une petite fente. Analyse chimique. L’huile de Palmier contient , ainsi que l’huile d’olives , de l’hydrogène , du carbone et de l’oxigène. Elle forme des savons avec les alkalis. Propriétés médicinales. Les Nègres vantent gratui¬ tement l’huile de vers palmistes contre les hémorroïdes 3 on doit éviter cette erreur qui ne peut amener à aucun résultat avantageux pour le malade. On emploie avec succès, aux colonies, l’huile de Palmes en embrocation contre la goutte , l’arthrodynie et autres affections rhu¬ matismales, les coliques et l’otite. L’émulsion des amandes ( >46) est adoucissante et légèrement astringente. Huit cuille¬ rées d’huile de Palmes combinées avec quatre onces d’eau de Pourpier sauvage purgent fortement et sans tranchées. L’huile en embrocation neutralise , dit-on, le venin des serpens. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANTE-CINQ. i . Le Palmier est réduit au centième de sa grandeur. T3por/ore J) (urca7rrtz7>L-Prn « 3 ( 47 ) %VVVV*VV*'VVYVVVWVWVW>WVVV»I\A/VW\*!VVVVVVWV\/VVVVW/VV* se contentaient, pour boisson, d’une dé- ( '49 ) coction de Cacao torréfié qu’ils assaisonnaient avec le piment , qu’ils coloraient avec le rocou ; ils versaient cette décoction ainsi aromatisée sur de la farine de maïs, pour obtenir de ce mélange le mets qu’ils appelaient Moussa au Cacao. Maintenant on est parvenu à faire une boisson délicieuse d’un breuvage autrefois nau~ séabond. Le moelleux Cacao s’embaume de vanille. (Delille.) Le chimiste Cadet procédait ainsi à la fabrication du chocolat. On torréfie le Cacao , dit-il , à la manière du Café , soit dans une poêle de fer, soit dans un cylindre appelé communément brûloir : quand il est refroidi à moitié , on l’étend sur une table et l’on passe dessus un rouleau de bois pour détacher l’arille; on le vanne en¬ suite , on le crible et on l’émonde ; quand les amandes sont parfaitement nettes, on les pile dans un mortier de fer bien chauffé avec de la braise ardente ; on les ré¬ duit , par ce moyen , en pâte grossière que l’on met à re¬ froidir sur un marbre. On reprend cette pâte pour la broyer avec un cylindre de fer poli, sur une pierre de . liais taillée à cet effet , et sous laquelle on a placé de la braise allumée , à demi-couverte de cendres. Dès que la pâte a pris un certain degré de finesse , on la mélange avec la quantité de sucre nécessaire , dans une bassine chaude , et on la repasse sur la pierre à broyer, pour ren¬ dre le mélange homogène. Enfin on la distribue , encore chaude, dans les moules de fer-blanc. Cadet employait huit livres de Cacao caraque, deux livres de Cacao des îles, et dix livres de sucre en poudre. C’est à tort, dit ( 15° ) ce savant, qu’on a donné le nom de Chocolat de santé à cette pâte simple qui est d’une digestion difficile pour beaucoup d’estomacs. Les Américains ajoutent du gin¬ gembre , du piment et du gérofle ; mais sans recourir à des épices aussi excitantes , les chimistes du nouvel âge arumatisent cette pâte avec un peu de vanille et de can¬ nelle, ce qui rend le chocolat plus facile à digérer. On fait du chocolat à une , à deux , à trois , à quatre va¬ nilles , suivant les demandes et l’état de la santé. Par exemple pour vingt livres de chocolat simple, Cadet veut que l’on ajoute trois onces de vanille et deux onces de cannelle ; on met en poudre subtile ces deux subs¬ tances qu’on triture ensuite avec le sucre. Caractères physiques. Le beau tronc du Cacaoyer s’élève à la hauteur de trente à quarante pieds ; il est droit, d’un tissu poreux ,ce qui rend son bois fort léger. L’arbre est très-touffu, rameux ; son écorce est âpre au toucher et d’une couleur brune. Les feuilles sont al¬ ternes , très-entières , acuminées , lisses , pourvues de nervures élégantes , longues de dix pouces environ , larges de trois ou quatre ; portées par des pétioles ren¬ flés à la base , qui est accompagnée de deux stipules su- bulées. Les fleurs , rassemblées par faisceaux et soutenues par des pédoncules très-grêles , sortent de toutes les parties du tronc et quelquefois des branches. Elles sont com¬ posées d’un calice à cinq folioles rougeâtres, et lan¬ céolées; de cinq pétales rosés , dont la base est concave, tandis que le sommet est formé d’une lanière fort étroite, surmontée d’une lame jaune, de cinq étamines, de cinq ( «5» ) filets nus, interposés, formant à leur partie inférieure un tube qui enveloppe le pistil. Le fruit , qui ressemble à un melon, est long de six à huit pouces, garni de protubérances rangées symé¬ triquement par côtes très-distinctes -, sa couleur, d’abord jaune , devient aurore en mûrissant. L’habile iconographe Turpin a observé le premier que les parois du Cacao ont environ quatre lignes d’épaisseur , et que sa capacité , divisée par cinq cloisons membraneuses en cinq loges , présente, dans chacune d’elles, huit à dix graines ovoïdes* pointues du côté de leur attache , de la grosseur d’une aveline , fixées dans l’angle des loges , empilées les unes sur les autres et revêtues d’une arille complète , mem¬ braneuse et succulente. La tunique propre de la graine qui se trouve sous l’arille, contient un gros embryon composé d’une radicule droite, conique, jaune , et de deux lobes ou cotylédons inégaux , gaufïrés et violets. Certaines personnes digèrent bien le chocolat sec, d’autres le digèrent mal lorsqu il a bouilli dans l’eau, beau¬ coup d’autres en sont incommodées si elles le prennent avec du lait. On peut administrer le chocolat au vin dans le cas d’atonie. Le chocolat à la minute , c’est-à- dire celui qui se prépare en versant sur le chocolat râpé * la mesure d’eau bouillante nécessaire pour le dissoudre, ne doit supporter que deux bouillons au plus, encore faut-il avoir le soin de l’agiter sans cesse avec le mous- soir , et même de continuer cette agitation pendant qu’on le verse, ce qui soulève les molécules de cette pâte ali¬ mentaire en interposant des bulles d’air atmosphérique y précaution qui la rend facile à digérer , et l’un des meil¬ leurs analeptiques. La civilisation a fait trouver des formes variées pour ( >52 0 la confection des préparations du chocolat 5 on en fait des tablettes, des pastilles, des conserves, des confi¬ tures, des bavaroises, des glaces et des crèmes,- le phar¬ macien lui-mème l’associe aux médicamens qui ont trop d’amertume ou qui sont nauséabonds. C’est ainsi qu’il prépare un chocolat analeptique par l’addition du sagou ou du salep ; anthelmintique , en le combinant avec des vermifuges *, fébrifuge, anti-phthisique, si on lui associe le lichen d’Islande -, et anti- syphilitique, lorsqu’il est préparé avec son beurre imprégné des vertus des quatre bois sudorifiques. Heureux quand une main per¬ fide n’y ajoute pas du muriate de mercure suroxidè ï pro¬ cédé mystérieux inventé pour tromper l’oeil d’un père ou d’un époux. Le beurre de Cacao émousse la causticité des poisons irritans. On prescrit souvent l’infusion des épluchures du Cacao torréfié , pour calmer le spasme de l’organe respiratoire ' et de la vessie. L’huile ou beurre de Cacao se prépare par expression ou par ébullition. On l’emploie en médecine plutôt extérieurement qu’intérieur ement à cause de sa grande disposition à rancir. Le cérat que l’on prépare avec cette huile adoucissante et l’eau de chaux est très-recom- mandable dans les brûlures , les excoriations , surtout celles accompagnées de douleur , comme dans les ulcé¬ rations des lèvres , des mamelles et des parties génitales. On fait avec le beurre de Cacao des suppositoires qui sou¬ lagent sensiblement les personnes affligées d’hémorroïdes, et applicables dans les autres maladies du rectum et de l'utérus. Cette huile sert aussi pour les lavemens. Le professeur Lamarck vante la propriété cosmétique du beurre de Cacao pour donner de la souplesse et de ( >53 ) la fraîcheur à la peau \ c’est par un procédé semblable que les anciens Grecs et les Romains parvenaient à se garantir de rhumatismes *, ils employaient à cet effet l’huile d’olive ou toute autre substance à nous inconnue. Planche confectionne, avec le beurre de Cacao, une pommade mercurielle très-estimée. Baume en faisait d’excellentes bougies et du savon en lui associant la soude Le théobroma (nourriture des dieux) Cacao est encore rare dans nos collections } c’est donc avec un double plaisir que nous en avons remarqué plusieurs pieds dans les jardins de Fromont , au milieu d’autres végétaux que le propriétaire s’attache à réunir de toutes les parties du monde, plus encore dans l’intérêt de la douce science que pour ses nobles plaisirs ; car ses serres sont ouvertes à tous ceux qui cherchent d’utiles délassemens , au simple jardinier comme au savant botaniste. Analyse chimique. J’ai perdu l’analyse du Cacaoyer pendant les troubles d’Haïti , mais cette perte doit être incessamment réparée par M. Bonastre qui se propose de publier sous peu le résultat de ses expériences sur cette production utile?. Propriétés médicinales. Quoique le Cacaoyer , étant convenablement préparé, offre à la médecine un excel¬ lent analeptique, toujours est-il vrai de dire que ce n’est point une panacée. Ses plus ardens prosélytes déclarent cependant avoir rendu, par son usage, la santé à des individus épuisés par une fièvre hectique, et dont la perte était assurée -, dans d’autres cas, ils disent avoir Tome IV. — 67e Livraison. 1 2 rendu la faculté génératrice à des organes qui en étaient momentanément privés. Quoi qu’il en soit, le chocolat est sans contredit le premier des stomachiques j il produit même des miracles lorsqu’il est bien préparé. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANTE-SIX. (La plante est réduite à moitié. ) i. Etamine. a. Corolle entr’ouverte. 3. Etamines fécondant le pistil, 4* Graine couverte. 5. Graine découverte Æ 2M. SESAME ( «5S ) *MVVU*>WW>«MiMVMW»W>W»lMVWV«VV»WV»VW\MWVWVWW»W\WWWMWWWW SÉSAME D’ORIENT. ( Bèchique adoucissant. ) Synonymie. Vulg. Ooli-Gigiri, Gigeris-Sazeli , et Sésame- Jugeoline. — Sesamum orientale. Lin. , Didynamie Angios- permie. — Jussieu , famille des Bignones. — Sesamum foliis ovato-oblongis , integris^ Lin. et Wild. Spec. Plant. , vol. 3 , p. 358 , n. i. — Sesamum pedunculo inter duas glandulas. — Sesamum veterum. — Digitalis orientalis. — Sesamum dicta rubello flore , Tourn. Ins. R. Herb. i65. Burm. Thes.Zegl. 87.Tab. 38, f. i. — En malabarois :Schit-Elu. — En espagnol : Car-Elu. Caractères génériques des Bignones. Calice découpé en plusieurs parties ; corolle irrégulière ; quatre éta¬ mines souvent didynames , quelquefois avec un ou trois filamens stériles ; un style ; un stigmate bilobé ; capsule supère , à deux loges , dont la cloison est parallèle aux valves ; feuilles alternes. Caractères particuliers. Calice à cinq divisions pro¬ fondes; corolle campaniforme , à limbe à cinq divisions dont une plus grande; quatre étamines; un cinquième filet sans anthère ; un style ; deux stigmateà ; capsule tétragone , à deux loges polyspermes ; feuilles ovales , oblongues, entières. Histoire naturelle. Cette plante annuelle, originaire des Indes , croît naturellement à Ceylan et au Malabar. On la cultive pour ses propriétés dans plusieurs de nos ( *56 ) colonies, en Egypte et dans diverses contrées de l’Orient, comme plante économique. Le Sésame , appelé en Egypte Semsem , y est cultivé avec beaucoup de soin, ainsi que dans l’Orient et dans Tltalie. On retire de ses semences une liuile que les Arabes nomment Siritch. Cette plante et son huile ont été de tout temps en grande réputation dans l’Orient. Les Babyloniens , ou anciens babitans de Bagdad, ne se servaient, au rapport d’Hérodote, que de l’huile qu’ils retiraient du Sésame. Pline en parle comme d’une huile bonne à manger et à brûler } et Dioscoride assure que les Egyptiens en faisaient un grand usage 5 il est probable, dit Sonnini , que les peuples actuels des mêmes pays, fort ignorans dans la manipulation des huiles, puisque celle qu’ils retirent de l’olive est fort mauvaise et propre seulement à la fabrique du savon et à l’usage des manufactures, ne savent pas donner à l’huile de Sésame les qualités qu’elle pourrait avoir , et qu’elle pos¬ sédait vraisemblablement autrefois. Les Egyptiens donnent le nom de tabinè au marc de l’huile de Sésame , auquel ils ajoutent du miel et du jus de citron ; ce ragoût, continue Sonnini, est fort en vogue, et ne mérite guère de l’être. Outre leurs propriétés économiques, le Sésame et ses préparations sont encore en usage chez les Egyptiens comme remèdes et comme cosmétiques. Les femmes pré¬ tendent que rien n’est plus propre à leur procurer cet embonpoint que toutes recherchent, à leur nettoyer la peau et à lui donner de la fraîcheur et de l’éclat, à entretenir la beauté de leurs cheveux, enfin à augmenter la quantité de leur lait lorsqu’elles deviennent mères. La médecine égyptienne y trouve également des moyens réels ou supposés de guérison dans plusieurs maladies. ( <57 ) On recommande cette plante surtout dans les ophtal¬ mies, quoiqu’elle n’y produise presque aucun effet. Dans les colonies françaises on fait de très-bons nougats et des gâteaux friands avec le sucre et la graine d’Ooli. On prépare avec la farine une espèce de moussa qui est estimé aphrodisiaque. Caractères physiques. Les tiges du Sésame sont droites , herbacées , presque cylindriques , pileuses , hautes d’environ deux pieds et plus } munies à leur partie inférieure de quelques rameaux courts , inégaux, un peu velus, obscurément quadrangulaires. Les feuilles sont ovales, oblongues; les inférieures opposées, longuement pétioLées , presque entières ou garnies cle quelques dents fort distantes, en scie*, les supérieures, presque alternes, médiocrement pétiolées, beaucoup plus étroites , très- entières , vertes à leurs deux faces , mais plus pâles en dessous, garnies de quelques poils rares et courts, lé¬ gèrement ciliées à leurs bords , veinées , acuminées à leur sommet. Les fleurs sont solitaires , situées dans l’aisselle des feuilles , soutenues par un pédoncule court , garni à sa base de deux bractées linéaires , courtes , entre chacune desquelles est située une glande jaunâtre et perforée. Le calice est légèrement cilié , divisé à son orifice en cinq découpures lancéolées, aiguës ; la supérieure un peu plus courte. La corolle est rose ou blanche, assez semblable, par sa forme et par sa grandeur, à celle de la digitale purpurine. Son limbe est divisé en cinq lobes obtus, inégaux , l’inférieur plus allongé. Les capsules sont oblongues, un peu comprimées, marquées de quatre sil¬ lons profonds, terminées par le style subulé, persistant ; marquées de côtes transversales, s’ouvrant pat* leur som- ( i58 ) mel en deux valves , chaque valve composée de deux loges. Analyse chimique Toutes les parties du Sésame contiennent de la gomme qu’on extrait par l’eau froide , et beaucoup d’amidon soluble dans l’eau bouillante , et que la noix de galle précipite. Les graines contiennent une huile inodore qui a les mêmes principes constituans que l’huile d’olive. Propriétés médicinales. Le Sésame fournit une émul¬ sion froide comme celle des cucurbitacées , parce qu’elle contient un mucilage insipide, et est moins digestive que les autres amandes. L’huile que produisent les graines, combinée avec l’eau de chaux , offre à l’humanité la res¬ source d’un cérat précieux contre la brulure, qu’on appelle cérat chaulé. Cette même huile remplace intérieurement l’huile d’amandes douces. Comme elle ne rancit jamais , elle sert à extraire l’arôme des fleurs odoriférantes dont on veut avoir le parfum. Les fleurs de cette plante s’em¬ ploient dans les tisanes béchiques , adoucissantes , parce qu’elles fournissent beaucoup de mucilage. La plante en¬ tière sert à faire des fomentations dans la pleurésie et les inflammations des viscères. explication de la planche deux cent soixante-sept, 1. Fleur de grandeur naturelle. 2. Calice ouvert. 3. Fruit siliculeux. 4. Le même coupé transversalement. 5. Graine de grandeur naturelle. 6. Vue au microscope. 7. Vue postérieurement. />?. zâ7. ARACHIDE HYPOGÉE. ( Béchique adoucissant. ) Synonymie. Vulg. Pois terrestre , Pistache de terre , Manobides des Brésiliens , Jucbi au Pérou. — Arachis hypogæa. Lin. Diadelphie Décandrie. — Jussieu , famille des Légumineuses. — Arachis foliis alternis , bijugis ; floribus axillaribus. Poiret. — Aracbnida quadrifolia , villosa , flore luteo. Plum . Gen. 49- — Senna tetraphylla. S. abasi congener, hirsuta, maderaspatensis , folliculos sub terram condens. Pluch. Alm. 34l. Tab. 60. f. 2. — Chamæbalanus japonica. Rumpb. Amb. 5, p. 426, t. i56, f. 2. — En anglais : Earthnut ; en espagnol, Mani. — Quidna machnida des botanistes. — Cacalraate , Mordant de Launay. Caractères génériques des Légumineuses. Calice monopbille , ordinairement campaniforme 5 corolle po- lypétale , régulière ou irrégulière \ dix étamines dis¬ tinctes ou réunies en deux faisceaux \ un style *, un stig¬ mate \ une gousse \ feuilles alternes , souvent pinnées. Caractères particuliers de l’Arachide. Calice à deux folioles inégales, la supérieure à quatre dents, l’infé¬ rieure entière \ corolle renversée , à étendard arrondi , à carène recourbée en dedans } filets connivens 5 gousse courte, cylindrique, obtuse, réticulée, mono ou dis- perme, et gibbeuse. ( i6° ) Histoire naturelle. Cette plante utile, originaire d’Afrique, a été transportée aux Antilles, au Brésil , à Su¬ rinam , au Pérou ; elle est même acclimatée en Europe, d’après les conseils de feu Sonnini qui en a écrit l’his¬ toire. On la cultive avec succès dans les environs de Bordeaux , où elle s’accommode de toute espèce de terrain. Quelques personnes cherchent à substituer l’Arachide torréfiée au café , mais en vain quant aux agrémens et au parfum de cette boisson exquise. Encore doit -on prévenir que malgré sa torréfaction elle contient trop de parties huileuses pour pouvoir être réduite en poudre dans un moulin, et qu’il faut la piler dans un mortier. Sa réputation est mieux méritée dans la préparation du chocolat où l’on mêle un tiers de pistaches aux deux autres parties de cacao. Ces amandes ont cela d’avan¬ tageux, qu’étant beaucoup moins amères que celles du cacao, elles exigent une bien moindre quantité de sucre pour faire le chocolat $ on évalue la différence à un quart. L’Arachide produit en huile moitié et plus du poids de ses fruits soumis à la pression. Elle vaut l’huile d’olives, ne rancit jamais quand elle est préparée avec des amandes récemment terrées , et s’améliore ou se dépure en vieillis¬ sant. Elle est préférable à toute autre pour les lampes et pour la peinture; cette huile donne une flamme bril¬ lante, claire, et qui ne répand aucune odeur. Les porcs sont friands du marc-, les volailles en sont engraissées. Je trouve dans le Traité de l’Arachide par Sonnini , qui m’en a gratifié , l’énumération des propriétés de cette plante utile , et que l’expérience in’a confirmées. « Toute la plante de l’Arachide , dit cet élégant auteur, est très* mucilagineuse \ aussi sa fane ou ses feuilles sont-elles une excellente nourriture pour les bestiaux. » ( i6i ) La saveur de ces pistaches n'est pas aussi agréable que celle des amandes, des noisettes et des vraies pistaches auxquelles on les a comparées. Il faut meme quelque habitude pour les trouver bonnes , parce qu’un peu d àcreté , une sorte de goût sauvage qui approche de celui du pois-chiche encore vert , se mêle au goût d'a- mande , mais la cuisson leur fait perdre ce qu’elles ont d'âcre , et c’est alors seulement qu’elles approchent des vraies pistaches. Fraîches, on les mange avec plus de plai¬ sir que quand elles sont vieilles. Les Nègres en sont friands et les mangent de plusieurs manières. Lorsque ces fruits ont subi une légère torréfaction, on en fait des dragées , des nougats, des pralines, des masse-pains ^ on les mêle aux ragoûts, on en farcit les volailles. Les Colons en obtien¬ nent des émulsions utiles et aussi agréables que celles de la noix d'acajou. M. Frémon annonce avec raison dans son Mémoire sur l’Arachide, avec la découverte de sa véritable fructification , que les racines de l'Arachide peuvent suppléer à celle de la réglisse , dont elles ont en effet les propriétés humectantes et béchiques. La nourriture des pistaches échauffe beaucoup, ce qui les fait regarder par les Nègres comme aphrodisiaques ; on doit en manger peu à la fois, quoique je n'aie point en¬ core entendu de malades se plaindre que leur usage ait causé des vertiges ou des céphalalgies. L’huile d' Arachide obtenue à froid est plus estimée , mais elle vient en moins grande quantité que si l’on fait chauffer les jumelles. Le boisseau d’Aracliide donne quatre pintes d huile qui peut remplacer, aux colonies, celle d’olives. Caractères physiques. L'Arachide, selon Poiteau , n est pas réellement monoïque, comme les botanistes 1 ont dit généralement, c’est-à-dire que le même individu Tome IV. — 67 'Livraison. i3 ( 162 ) ne réunit pas des fleurs de sexe différent. Le calice eét formé par un tube long et grêle , qui se dilate à son sommet. C’est au fond de ce tube , qu’on a regardé comme un pédicelle , que se trouve l’ovaire. Cet ovaire est porté sur un stipe ou pédicelle qui s’allonge considérablement après la floraison. M. le docteur Michel Ténore , directeur du Jardin botanique de Naples , range au contraire l’Arachide dans la classe Polygamie-Dioécie de Linné. Quoi qu’il en soit , je confirmerai la description exacte et métho¬ dique de Sonnini. « L’Arachide , dit-il , a une racine fu¬ siforme ou pivotante qui s’enfonce à plusieurs pouces en terre, et qui est très-barbue. Ses tiges s*élèvent à vingt ou trente pouces } elles sont arrondies dans la moitié in¬ férieure , et carrées dans celle supérieure 5 elles sont noueuses à l’insertion de chaque stipule , leur couleur est celle de la rouille foncée depuis la base jusque vers le milieu de la hauteur , et d’un vert tendre , et lé¬ gèrement velue sur le reste. Les feuilles sont alternes , ailées avec impaires , disposées dans la partie supérieure , sur un pétiole commun. Ces folioles sont ovato-cunéi- formes , garnies de nervures et de duvet en dessous , mais lisses et d’un vert tendre en dessus. Elles se rap¬ prochent le soir du pétiole commun. Ce pétiole, long de deux pouces environ , est cannelé j il se joint , par un noeud , à la tige dont il a la couleur , tandis que les pe¬ tits pétioles qui soutiennent les folioles ont une teinte d’un brun violet foncé. Les fleurs naissent par bouquets de trois à six aux aisselles des feuilles , et sont soutenues par de longs pédoncules. Celles qui ne sont pas dans les aisselles des feuilles supérieures , sont toutes mâles 5 celles des feuilles inférieures sont le s unes mâles, lesautres ( >63 ) hermaphrodites. Le calice estbilabié; la lèvre supérieure tridentée, et l’inférieure entière, concave et aiguë. La corolle papillonacée est renversée, de couleur jaune, l’étendard est presque rond et sans bords , les ailes sont ovales , plus courtes que l’étendard. La carène est de la longueur des ailes, les étamines ne sont pas toujours au nombre de dix ; souvent on n’en trouve que huit : leurs filamens, réunis en un seul faisceau, sont l’un court , et l’autre long alternativement , munis d’anthères tantôt ovales et tantôt globuleuses. Le pédoncule est ouvert et accompagné par le pistil , dont le germe se confond avec l’intérieur de la base du petit pédoncule même inséré dans l’aisselle de la tige \ le style par¬ court toute la longueur du pédoncule et le faisceau des étamines , et il se montre avec un simple stigmate près des anthères. L’ovaire manque dans les fleurs mâles , et il n’v a qu’un pistil. Après la fécondation , les fleurs périssent et disparaissent avec les pédoncules -, les fleurs hermaphrodites périssent également , mais de la base de leur pédoncule qui correspond à l’ovaire , on voit poindre une petite corne qui presque aussitôt se re¬ courbe vers la terre , et parvient à y toucher quelle qu’en soit la distance ; elle s’y enfonce de quelques lignes , et alors commence à se gonfler et à pénétrer plus avant. Au bout de quelques jours elle forme une gousse pres¬ que cylindrique de substance coriacée dont l’enveloppe esta réseau , et contient deux ou trois semences ovoïdes. L'Arachide est donc une plante hypocarpogée , c’est-à- dire qui a la propriété d’introduire ses fruits en terre ; mais ce qui distingue l’Arachide des plantes de cette es¬ pèce , c’est qu’avant d’introduire ses fruits en terre, il n’y a aucun signe de fructification apparente. » ( M ) Analyse chimique. L’Arachide contient un principe huileux, mêlé à une fécule que nous imitons dans les préparations culinaires, puisqu’on y joint souvent des corps gras aux farineux. Propriétés médicinales. L’émulsion est utile dans l’étisie et la pleurésie, et par sa vertu humectante, en relâchant les fibres , elle soulage dans les coliques inflammatoires , dans l’entérite , la dysurie et dans les tranchées des enfans. Des compresses d’huile d’Arachide chaude , appliquées dans les luxations , empêchent les progrès du mal ; quelques jours après on ajoute du tafia ou une eau spiritueuse. explication de la planche deux cent soixante-huit. 1. Calice. 2. Corolle. 3. Fruit coupé verticalement afin de faire voir les deux graines qu’il renferme. 4- Ovaire dont le stipe s’allonge vers la terre par la maturité du fruit. 2Ûg K K TM I JR G OMB O ( «65 ) ^HVMWWVWWW.VWWVW'VVIVV'i/VAAtV^VVVVVVVVWVVWWWWW'iVM WWWVWWWV» KETMIE GOMBO. ( Béchique adoucissante.) Synonymie. Vulg. Gumbo ; Quingambo; Gorabaut, Lalo. — Hibiscus esculentus. Lin. , Monadelpbie Polyandrie. — Juss. famille des Malvacées. — Hibiscus caule berbaceo crasso, foliis palmatis serratis; fructu conico ; valvis latera- libus, revol utis. Lam. — Ketmia brasilien$is, folio ficus, fructu pyramidato, sulcato. Tourn., 100. — Alcea maxima , malvæ roseæ folio, fructu decagono, recto, crassiore, breviore, escu- lento, Sloan. , Jam. Hist., 1 , p. 223, t. i33, f. 3. — -Brown, Jam. , p. 285. — Jacq. , Obs. 2 , p. n. — Cav. , Diss. 3 , n° 25o, t. 6i, fig. 2. — Ketmia foliis ficus, flore sulfureo, fructu sulcato. Plum. , t. iv , pag. 26. — La seconde espèce est le Ketmia indica , vitis folio, fructu corniculato, longis- simo. Tourn., 100. — Sloan. , Hist. 1 , p. 222 , t. i33, f. 2. — Cav., t. 6i , f. 2 , litt. x. — La troisième espèce, Altea frutescens cbamædryos folio, majori , flore luteo, siliquâ bicapsulari longâ et cylindraceâ. Poup.-Desp. Caractères génériques Ues Malvacées. Calice d une seule pièce , simple ou sur deux rangs , l’intérieur à cinq divisions *, corolle pentapétale ou monopélale 5 étamines monadelphes -, un style sur chaque capsule ; plusieurs stigmates *, graines renfermées dans une ou plusieurs Tome IV.— *68® Livraison. i4 ( >66 ) capsules supères. Feuilles alternes , entières ou décou¬ pées , accompagnées de stipules. (M.) Caractères particuliers. Etamines indéfinies , réu¬ nies en un tube adhérent à la corolle. Une seule cap¬ sule multiloculaire ; calice double , l’extérieur découpé en un grand nombre de folioles linéaires , l’intérieur à cinq divisions ; capsules à cinq valves, à cinq loges polys- permes. Feuilles en cinq lobes, pédiformes; le calice extérieur , qui est de douze pièces , tombe avec la corolle, la base seule restante. Histoire naturelle. Ce légume précieux croît dans l’Amérique méridionale et aux Antilles. On le cultive en France pour la beauté de sa fleur , et particulièrement dans leVar et les environs de Bordeaux où M. Antiboul a fait apprécier les propriétés de son fruit comme ütets succulent et réparateur des forces épuisées , et sa graine qu’il assure être capable de remplacer le café , ce que je ne crois pas , car elle ne contient aucun principe aroma¬ tique. Cependant M Virey ( Journal de Pharmacie , août 1820) donne un moyen de torréfier le Gombo , et l’offre au public comme succédanée du café dont il a, dit- il, tout l’arôme , sans avoir, comme la fève d'Hyémen , l’inconvénient d’attaquer le genre nerveux, et d’occa- sioner l’insomnie-, ce qui permet d’en faire usage à toute heure de jour ou de la nuit, sans en appréhender aucune incommodité. La partie la plus utile de ce lé¬ gume , est, selon moi, le fruit avant sa maturité; il fournit un aliment sain , tandis que son mucilage abon¬ dant le fait rechercher par la chirurgie qui le transforme ( i67 ) en cataplasme ou en simple décoction. ValmontdeBomare, à l’article CalaloU de son Dictionnaire , a confondu en¬ tièrement le Giraumont avec le Gombo ; le premier , plante pulpeuse et rampante; le second, plante sous- ligneuse et mucilagineuse. « Le Giraumont, dit-il, croît » naturellement à la Louisiane. Cette plante, ou race )> particulière dans l’espèce du Pépon , porte des feuilles » presque aussi larges qu’une assiette (c’est bien là le )> Giraumont, espèce de Cucurbitacée). Ses fleurs sont » jaunes, et il leur succède des fruits tendres remplis » de petites graines muciïagineuses. » Ce n’est plus le Giraumont dont l’enveloppe est ligneuse et si dure qu’on a besoimd’employer le marteau pour le casser , et en retirer la pulpe supérieure de beaucoup à celle de la Citrouille d’Europe par sa qualité farineuse. Les fleurs de Gombo , de la nature des Alcées, sont d’un jaune de soufre. Chaque pétale est marqué à son onglet d’une tache cordiforme d’un rouge-grenat ; les fruits, qui leur suc¬ cèdent , sont tendres , en forme de pyramide cannelée (fmetu pyramidato sulcato ), recouverts d’un duvet coto- neux. Les graines sont noires étant mûres, et d’un brun vert lorsque le cône légumineux est bon à manger. Les feuilles sont bien celles du figuier ( folio ficus ), forme que n’ont point celles du Giraumont 3 lesquelles ressem¬ blent parfaitement à celles de Citrouille. « Ce fruit d étant jeune , continue Bomare , se cueille pour être » mangé en salade à l’eau et au sel ; » c’est bien ici du Gombo dont il entend parler , car le Giraumont ne peut être mangé que lorsqu’il a acquis son parfait accroisse¬ ment et sa maturité. « Il est bon pour l’estomac et con- » venable aux convalescens. » C’est le Gombo qui a tou¬ jours été favorable comme laxatif et mueilagineux. *4* ( *68 ) a Lorsque le fruit est mur , on le hache par petits mor- » ceaux avec les feuilles de la plante 5 on fait cuire le » tout avec du lard : c’est le mets que les dames créoles » donnent par préférence aux personnes les plus distin- )> guées. » C’est encore le Gombo. « On les mange en » purée } » ce n’est plus le Gombo , mais bien le Girau- mont. Enfin , la suite de l’article prouve bien que c’est du Giraumont et non du Gombo dont Valmont de Bomare a voulu parler. Comme on le voit, l’inconvénient d’écrire sans avoir vu, et d’après des renseignemens souvent er¬ ronés , entraîne à de grandes fautes : ce reproche peut s’adresser à beaucoup de faiseurs de livres de nos jours. Caractères physiques. Le Gombo a tant de rapports avec la Ketmie ambrée que beaucoup de naturalistes no- menclateurs ont été tentés de 11e faire qu’une espèce des deux. Cependant le port n’est pas le même, et la fleur du Gombo est d’un jaune pâle soufré et terne , comme je viens de le dire, tandis que celle de l’Ambrette est d’un jaune d’or éclatant et luisant , et que ses semences ont l’odeur du musc. La tige du Gombo est épaisse , velue vers son som¬ met , et haute de deux ou trois pieds } ses feuilles sont pétiolées, un peu en coeur à leur base, palmées, à cinq lobes élargis , dentées dans leur contour, vertes des deux côtés , velues dans leur jeunesse , mais presque tout-à- fait glabres dans leur parfait développement : elles ont l’aspect de celles de l’Alcée à feuilles de figuier. Les pé¬ doncules sont axillaires, unis ou multiflores , droits, plus courts que les pétioles ; ils n’ont pas un pouce de lom- gueur. Les fleurs sont campanulées , ouvertes , d’une ( «f>9 ) couleur de soufre très-pàle avec le fond pourpré. Leur calice extérieur est de neuf «à dix folioles linéaires, subu- lées, velues, très-caduques*, le fruit est une capsule conique pyramidale , tronquée à sa base , un peu corni- culée ou courbée à son sommet , longue de deux pouces et demi , à dix sillons , cinq loges , cinq valves , mais remarquable en ce que les deux bords latéraux de cha¬ que valve se roulent en dehors au moment de leur des¬ siccation , et font paraître l’extérieur de la capsule à dix feuillets repliés ou roulés $ souvent il y a six loges , et par conséquent six valves 7 et douze feuillets repliés. Chaque loge contient une rangée de semences globu¬ leuses , grisâtres ou brunes , selon la variété. Analyse chimique. Les fruits du Gombo contiennent? un principe mucilagineux très-abondant. Propriétés médicinales. Le fruit du Gombo comme ali¬ ment est précieux pour les convalescens , auxquels on recommande la diète végétale , ainsi qu’aux poitrinaires ; par son principe mucilagineux il convient aux personnes affligées de maladies de la peau. Cette Ketmie est très-usi¬ tée médicalement pour remplacer la guimauve et la grande Consoude dans les cas de dyssenterie et dans les fièvres lentes. Je n’ai point trouvé , dit Poupée-Desportes, de remède plus efficace ni plus nourrissant, pour rétablir les forces épuisées , que les fruits de cette plante coupés par tranches et préparés à la sauce de petits pois avec la laitue, la chicorée blanche, un jaune d’œuf et un peu de cannelle. On en fait bouillir dans du lait pour en ( i:° ) faire usage soir et matin. Poupée-Desportes donne encore la composition d’un sirop pectoral qui m’a réussi plusieurs fois, et que voici : prenez capillaire du Canada, langue de bœuf, de chaque une poignée \ fleurs de franchipanier , de bois immortel , de Giraumont, de Gombo, de jasmin odorant de Saint-Domingue et d’oranger sauvage, de chacun demi -poignée : faites un sirop selon l’art. Les feuilles entrent dans les lavemens et les cataplasmes émolliens. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT. SOIXANTE-NEUF. r La plante réduite à moitié. 1. Fruit coupé. 2. Graine. IV. 27„ jPerée J'i"- T7icos/ore J)cJ'COM‘h7x^J‘m. c . K ETMÏK JK I , K VH VUAXV EAXT K . n* KETMIE A FLEURS CHANGEANTES. ( Béchique adoucissante.) Synonymie. Rose changeante de Cayenne. — Hibiscus muta- bilis. Lin., Monadelpbie Polyandrie. — Juss., famille des Malvacées. — Hibiscus caule arboreo , foliis cordatis, den- tatis , quinquangularius , floribus corymbosis. Poiret. — Ketmia sinensis, fructu subrotundo, flore simplici et pleno. Tpurn. , 100. — Althæa arborea , rosa sinensis. Moris. , Hist. 2 , p. 53o , sec. 5, t. 18, f. 2. — Malva rosea, arborea, indica. Park. , Theatr. , 3oo. — Flos borarius , Rumpb. Amb. , 4, p. 27 , t- 9. — Hina. — Paretti. Rbeed. Mal., 6 , p. 69 , t. 38. t ' . . * . ; . . { f i ‘ i. 4 ’ ' “ ' . ' A TiL Î f IGf! » 7 ': •>• OU J 7 T Oflfiî • *. **r' Caractères génériques des Malvacées. Calice d’une seule pièce , simple ou sur deux rangs, l'intérieur à cinq divisions^ corolle pentapélale,- étamines monadelphes } un style sur chaque capsule } plusieurs stigmates} graines renfermées dans une ou plusieurs capsules supères. Feuilles alternes, accompagnées de stipules. Caractères particuliers des Ketmies. Calice double, 1 extérieur découpé en un grand nombre de folioles ( '7® ) linéaires, rintérieur à cinq divisions j étamines indéfi- nies, réunies en un tube adhérent à la corolle 5 capsule à cinq valves , à cinq loges ordinairement polyspermes. Feuilles eordiformes, à cinq angles, dentées en scie ; tige inerme, ligneuse ou frutescente. (5 Viv.) Histoire naturelle. Ce curieux arbrisseau, récla¬ mant la serre chaude , a été apporté en Angleterre en 1690 par M. Bentinck. Il orne souvent les papiers peint s venus de la Chine. Sa seconde écorce sert à faire des cordages que les habitans de Cayenne et des Antilles em¬ ploient à divers usages. Cette plante vient de semences et de boutures ; elle exige beaucoup de chaleur et une terre substantielle. Une aimable dame qui cultive les sciences avec succès et sans pédantisme, et qui a toutes les grâces de son sexe sans en avoir la coquetterie , en m’entendant raconter l’histoire de la Ketmie inconstante, dont la fleur est blanche le matin , rose à midi et sou¬ vent pourpre le soir, au moment de perdre la vie, dé¬ tournant les traits qu’un plaisant voulait décocher contre l’inconstance des femmes , et pour sauver l’honneur de son sexe , la nomma Camèlèone , nom que je lui ai con¬ servé comme un hommage que je me plais à rendre à l’amabilité , aux talens utiles et d’agrément que possède à un degré supérieur madame la comtesse de S. D... La Caméléone est cultivée dans les serres d’Europe, où elle se distingue en septembre par ses belles fleurs, qui, quoique solitaires et axillaires , forment une espèce d’om¬ belle au haut des tiges. Cette plante est originaire des Indes-Orientales. Le mot grec Hibiscos indique une Mauve arborescente; Ketmie est son nom arabe. On re- ( >73 ) grette que d’aussi belles fleurs soient d’une aussi courte durée, puisque les unes, comme la Caméléone , restent à peine quelques heures dans tout leur éclat , et qu’il n’en est pas qui durent vingt-quatre heures sans être flétries. Caractères physiques. Cette intéressante Ketmie s’élève à plus de six pieds de hauteur, sous la forme d’un petit arbre , sur un tronc droit, uni , épais de plus d’un pouce , à écorce grisâtre et bran chu à son sommet. Ses rameaux sont cylindriques, divisés, feuillés supé¬ rieurement, mon tans ou demi-ouverts, et légèrement cotonneux à leur sommet. Les feuilles sont pétiolées, cordiformes , presque palmées , à cinq angles pointus , dont les trois antérieurs sont les plus grands , dentés inégalement dans leur contour -, vertes en dessus avec des nervures cotonneuses, pâles ou blanchâtres en dessous, avec un duvet tomenteux fort court. Leurs pétioles sont cotonneux , ainsi que les stipules qui sont linéaires-poin- tues et caduques. Les pédoncules sont uniflores, tomen¬ teux, axillaires, un peu plus longs que les pétioles, et dis¬ posés au sommet des rameaux en corymbe terminal $ les fleurs sont assez grandes, d’un aspect agréable, quelquefois doubles, et remarquables par les prompts cliangemens qui surviennent dans leur couleur. Dès qu’elles s’épa¬ nouissent, elles sont d’un blanc verdâtre, puis aussitôt lactescentes , ou d’un blanc de neige ; elles prennent vers midi et sous l’influence du soleil une teinte de cou¬ leur rose, enfin elles deviennent pourpres le soir ou la nuit en se flétrissant. Leur durée dans leur patrie n’est que d’un jour , tandis que dans les serres d’Europe elles t «74 ) se parent de tout leur éclat pendant cinq à huit jours. Les calices de ces fleurs sont cotonneux *, l’extérieur est formé de sept à qcuf folioles linéaires-pointues \ l’extérieur, un peu plus grand , est semi-quinquéfide , à découpures pointues, striées en dehors. Le fruit est ovale, arrondi, velouté , et un peu plus court que le calice qui l’envi¬ ronne. Analyse chimique. Les diverses nuances que prend la fleur de cette Ketmie, lorsqu’elle est exposée au soleil brûlant du Tropique, peu,vent provenir de l’altération de la matière colorante de ses pétales \ cette altération a lieu si facilement dans la famille des Malyacées , que les chimistes en ont tiré un parti avantageux en l’em¬ ployant comme réactif pour reconnaître la présence , dans un liquide , de la moindre dose d’alcalinité ou d’a¬ cidité. La fleur de la Ketmie fournit , de même que ses congénères , un extrait mucilagineux , lorsqu’elle est traitée par l’eau. Propriétés médicinales. Quoique la Caméléone con¬ tienne beaucoup moins de mucilage que le Gombo , on recherche cette plante qu’on emploie avec avantage dans toutes les phlegmasies. On la fait entrer dans les tisanes béchiques adoucissantes. Les praticiens des colonies font beaucoup usage du cataplasme émollient et résolutif que voici : prenez deux ou trois poignées des feuilles de cha¬ cune des plantes suivantes, Ketmie à fleurs changeantes, absinthe sauvage, bois puant, verveine bleue, morelle et ( U? ) herbe à charpentier de Saint-Domingue; faites cuire dans suffisante quantité d’eau, passez au travers d’un tamis, et faites-en un cataplasme. On peut y ajouter, dit Pou¬ pée-Desportes , les feuilles de calebasse musquée , de tabac vert et des sauges du pays. On prépare aussi un lavement émollient avec les feuilles de la Caméléone , unies à celles d’épinards des colonies et de patates, qu’on applique toujours avec succès dans les inflammations du bas-ventre. Mode ^administration. La des fleurs est d’un gros par livre d’eau, et celle des tiges ou racines de deux onces. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENy SOIXANTE-DIX. La plante est réduite à moitié de sa grandeur. ( >76 ) u wv iwiw www wv ivv i\\ w\ m vvv ivviw vu t vv m wv twiw URÈNE LOBÉE. ( Béchique adoucissante .) Synonymie. Vulg. Cousses. — Urena lobata. Lin., Mona- delphie Polyandrie. — Juss. , famille des Malvacées. — Urena foliis subrotundo-cordatis , angulatis, subtùs tri— glandulosis. Wild. Spec. Plant. , vol. 3,pag. 800, n° 1. — Urena foliis triglandulosis , cordatis , angulatis, serratis, latitudine longitudinem superante. Cavan., Diss. Bot. Pars. 6 , pag. 336, tab. i85 , fig. 1 . — Urena sinica , Xanthii facie. Dill. Hort. Eltb. , p. 34o, tab. 3 19 , fig. 412* — Trifolio affinis Indiæ orientalis, Xanthii facie. Breyn. Centur. , p. 82, tab. 35. — Lappago amboinica.Rumph. Hort. Amboin., vol. 6, pag. 59, tab. 25, fig. 2. — Burm., Flor. Ind., pag. 149. Caractères génériques. Plantes dicotylédones , à fleurs complètes , polypétalées , régulières , de la famille des Malvacées, ayant du rapport avec les Bavonia ; herbes ou sous-arbrisseaux exotiques, à feuilles simples, lobées , munies , sous leur principale nervure , d’une glande poreuse $ fleurs axillaires et terminales 5 calice double 5 l’extérieur d’une seule pièce, à cinq divisions $ l’intérieur à cinq folioles -, cinq pétales connivens et ré¬ trécis à leur base ; des étamines monadelphes 5 une cap¬ sule armée de pointes, à cinq loges séparées, fermées et monospermes. T/trorforc Dr*VVHVlV\\U\VV1VVWMVV1WW\WVVWHV\^VUV\WWWW\VH\H\UM CORNARET ANGULEUX. ( Bachique adoucissante.) Synonymie. Vulg. Griffe de chat, Bicorne. — Martynia an*- gulosa. Lin. , Didynamie Angiospermie. — Juss., famille des Bignones. — Martyniæ calice simplici pentaphyllo , foliis oppositis, cordatis, angulatis villoso-viscosis.Lamarck. — Martynia annua villosa et viscosa, folio subrotundo, flore magno, rubro. Mart. Cant. 42>t. 4 2. Ehret. — Pict. , t. î , f. i . Caractères génériques. Plantes à fleurs monopéta- lées , de la division des Personnées , qui a du rapport avec les Bignones. Herbes vivaces et annuelles , à feuilles simples , opposées ou alternes , dont les fleurs sont grandes , belles , disposées en grappes terminales , ou qui naissent des dichotomies de la tige. Calice quinqué- fide , corolle à quatre ou cinq lobes obtus , inégaux et à tube renflé ; quatre étamines , dont deux plus courtes , 7/n-ot/orr flejrotrrf/7z. S‘r/M- ■ frrr* Jru/jp ro K IVA U El1 AN<3 K VX ( 1 8 1 ) avec le rudiment d’une cinquième ; un style } capsule li¬ gneuse , à une loge à la base, à cinq au sommet, po- lysperme, terminée par deux longues pointes en cro¬ chet. Caractères particuliers. Calice quinqüéfide ; co¬ rolle à lèvres ouvertes ; capsule ligneuse , à écorce, à bec crochu , à trois loges, à deux valves. Histoire naturelle. Le Cornaret anguleux est origi¬ naire de l’Amérique méridionale, et il vient en abondance à la Vera-Cruz , où ses belles fleurs le font distinguer des plantes qui croissent autour de lui. Le nom du genre Martjnia a été donné par Houston , en faveur d’un bota¬ niste anglais nommé Martyn. On le cultive dans les serres d’Europe. Les organes sexuels de cette plante offrent quelque chose de fort curieux. Le stigmate, ditMordant- Delaunay , est composé de deux lames écartées. Si l’on ramasse avec une paille , sur les étamines ou dans l’inté¬ rieur de la corolle, quelques parcelles de la poussière fécondante , et qu’on les introduise dans le milieu de cette espèce de bouche, aussitôt les lames se rapprochent, i ét la bouche se ferme , comme si l’on eût satisfait son appétit. On la sème en bonne terre , dans un pot qu’on i met sur couche. Caractères physiques. La tige de ce Martynia est Tome IV. — G8C Livraison. i5 ( I8* ) cylindrique, fis tuleuse fameuse , velue , et haute d’un pied et demi. Elle est garnie de feuilles opposées, pétio- lées, en cœur, anguleuses, surtout les supérieures qui sont pointues «à leur sommet. Ces feuilles sont verdâtres, molles et chargées de poils très-visqueux , ainsi que les autres parties de la plante. Ses fleurs naissent dans les dichotomies de la tige, en grappe courte ; elles sont munies de bractées ovoïdes, concaves, nombreuses et légèrement teintes de violet en dehors. Ces fleurs sont campanulées, pencliées ou pendantes , blanches avec de larges taches d’un beau pourpre ou d’un violet cramoisi en leur limbe. Il leur succède des capsules courtes, enflées, longues d’un pouce seulement , d’abord recouvertes d’un brou , puis devenant ligneuses , très-dures et sillonnées de crevasses, terminées par une pointe fort courte , re¬ courbée en crochet; elles ne renferment qu’un petit nombre de semences ovales, aplaties et âpres au tou¬ cher. (Encycl. — Annuelle.) Analyse chimique. Toutes les parties de la plante donnent un abondant mucilage , soluble dans l’eau et fournissant yn copieux précipité si l’on y verse de l’alcool. Propriétés médicinales. Le Cornaret possède toutes les vertus de la Guimauve d’Europe ; c’est pourquoi on peut le regarder comme émollient, adoucissant, rel⬠chant, rafraîchissant, etc. Son action calme l’irritation des organes enflammés et diminue l’exaltation des sys- ( >83 ) lèmes. Sa décoction convient dans toutes les hémorrha¬ gies actives et dans îes plilegmasies aiguës, dans les em- poisonnemens par îes corrosifs. Les malades , affectés d’angines , de catharres pulmonaires , de péripneu- monies , de maladies des voies urinaires , d’inflam¬ mations des membranes séreuses ou autres, de strangurie par usage à l’intérieur de cantharides, ou par la présence d’un calcul, se trouvent très-bien de l’emploi de cette plante mucilagineuse. On administre la décoction de toute la plante en lave¬ ment pour dissiper la constipation opiniâtre des tem- péramens secs , ardens et nerveux , pour calmer les coli¬ ques et les douleurs du rectum que causent les hémor¬ roïdes et le ténesme des dysentériques. Les gargarismes, composés avec cette plante, sont très-avantageux contre les aphtes , l’angine et la salivation mercurielle. On l’ap¬ plique en collyre dans les ophthalmies, l’épiphora et les ulcérations. On l’injecte dans l’oreille pour calmer les douleurs atroces de l’inflammation de cet organe. Un topique de la plante , réduite en bouillie par la cuisson , produit le meilleur effet dans le traitement des boutons phlegmoneux, des bubons , du panaris et même des plaies et des ulcères. C’est alors qu’on voit promptement les aceidens disparaître , ainsi que la douleur et l’engorge¬ ment. La résolution s’opère, et la cicatrice ne tarde pas à se fermer. Mode d’administration. Quatre gros de la plante suf¬ fisent pour une livre d’eau, qu’on édulcore convena- ( -84 ) bleraent pour éviter les pesanteurs (l’estomac que cau¬ serait cette décoction insipide , si elle n’était pas légè¬ rement aromatisée. On compose, avec un sirop qui rem¬ place fort bien le sirop de guimauve. On en fait des pas¬ tilles , des loks et autres préparations médicinales. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANTE-DOUZE. La plante est réduite à moitié de sa grandeur naturelle. DATTIER yy. 2j4 DÉTAILS HOTAA'l^rKS I»f' DAT T IKK. wu, WAA\AVVV\1VVVV\VVV%\™itV»W\V\V\l/VV\VW\/V\W/VVSVV>V\AW\W\\\>VV\Y\VVV^W W W DATTIER COMMUN. ( Béchique adoucissante . ) Synonymie. Pbœnix dactylifera. Lin. et Jussieu, famille des Palmiers. — Pliœnix frondibus pinnatis ; foliolis compli- catis, ensiformibus. Lin. — Palma major. Baubin. , Pin. 5o6. — Palma dacbel. , Alp. êgypt. — Palma dactylifera, major vulgaris. Sloan. Jam. , Hist. 2 , p. 111. — Dactylis palma, Blackw. , t. 202. — Palma bartenis (mas et fœmina). Kœmpf. , Amænit. exot. , p. 668, tab. i et 2. — En anglais, palra-tree ; date-tree ; en italien et en espagnol , palma. Caractères génériques. Étamines attachées au calice, monocotylédones , phanérogames 5 fleurs portées sur un spadice entouré d’une spathe *, calice persistant , à six di¬ visions profondes , dont trois extérieures , ordinairement plus courtes } six étamines -, un ovaire supérieur, à un ou trois styles 5 une baie ou drupe ; une ou trois graines osseuses *, feuilles palmées et pennées. Caractères particuliers. Fleurs dioïques envelop¬ pées dans une spathe monophylle fort ample. Fleur mâle : Tome IV. — 69e Livraison . 16 ( «86) calice à six divisions, dont trois extérieures-, six étamines. Fleur femelle : calice idem ; un stigmate -, drupe oblong , monosperme •, graines allongées , aplaties , sillonnées lon¬ gitudinalement d’un côté ; ombiliquées et convexes de l’autre. Feuilles pinnées; folioles plissées en dedans, ensifo raies. Histoire naturelle. Le nom latin Phœnix , que porte le Dattier , donne à connaître qu’il est originaire de la Phénicie. On le cultive particulièrement dans les campagnes sablonneuses et brûlantes qui bordent les mon¬ tagnes de l’Atlas, dont les sources favorisent la culture du Dattier, qui demande en meme temps un climat cliaud et un sol liumide et léger. « Une forêt de Dattiers, dit Poi- ret, est, pour le voyageur qui quitte celles d’Europe, un spectacle tout-à-fait nouveau : à l’aspect de ces arbres ma¬ jestueux il se croit transporté dans un autre univers. Ces forêts, toujours vertes, images d’un printemps perpé¬ tuel, occupent dans certains endroits plus de deux ou trois lieues de terrain. Leurs cimes, touffues et rappro¬ chées , forment au-dessus de la tête du voyageur un dôme obscur soutenu par des milliers de colonnes d’une riche proportion , dont l’ensemble présente le temple le plus majestueux de la nature, et dont le silence n’est interrompu que par le concert harmonieux d’une foule d’oiseaux, hôtes aimables de ces lieux solitaires. Le sol lui-même , qu’ailleurs le soleil dessèche , ici abrité par l’ombre des palmiers, se couvre de verdure et de fleurs. Souvent la vigne embrasse de ses rameaux flexibles le tronc robuste du Dattier, qui, protège par la fraîcheur de son QHrtbrag€ beaucoup d’autres arbres et arbustes. » ( *»7 ) J’emprunterai encore à la plume élégante de Chau- meton ce que ce savant écrivain raconte du Dattier, a La nature , dit-il , semble avoir fixé cet utile végétal sur le sol le plus aride , dans les déserts les plus affreux , pour v tenir lieu de tous les autres végétaux qui refusent d’y prospérer. En effet , le Dattier est un véritable trésor pour les habitans de ces contrées : avec le tronc ils fa¬ briquent les pieux et les poutres qui forment la char¬ pente de leurs ajoupas $ avec le liber ils font des urnes très-solides \ avec les feuilles et leurs forts pétioles , dif- férens ustensiles domestiques , tels que des paniers , des sacs , des balais *, avec les spatbes , des vases de diverses figures et destinés à divers usages , et des sandales ou sapates. Cet arbre précieux , dont le fruit est plein d’une crème sucrée, qui a le parfum de la fleur d’oranger, est encore la source bienfaisante à laquelle l’habitant des déserts va puiser sa nourriture. Si l’on fait à la tige une incision légère , il s’en écoule une liqueur excel¬ lente, tandis que l’intérieur renferme une moelle très- savoureuse. Les feuilles tendres sont aussi un fort bon aliment. Il en est de même des grappes mâles et fe¬ melles } on les mange crues et cuites , seules ou avec la viande de mouton. On en fait diverses confitures déli¬ cieuses. Les dattes , néanmoins , surpassent en excel¬ lence et en utilité toutes les autres parties du Dattier. On en fait toutes sortes de mets aussi agréables que di¬ versifiés. Par une légère expression , on en retire une sorte de sirop gras , qui est employé , en guisë de beurre, à la préparation du riz, des sauces, et sert à faire d’ex¬ cellente pâtisserie et des gâteaux très - délicats. La masse qui reste après cette expression sert de nourriture aux pauvres , et les riches conservent toute l’année les 16* ( «88 ) dattes fraîches dans de grands vases remplis de ce si¬ rop. En faisant fermenter ces fruits avec de l’eau, les anciens en retiraient une espèce de vin qu’on obtient encore en Natolie par le même procédé. Au moyen de la distillation , on en retire de l’alcool , auquel on associe différens aromates, et dont on fait un très -grand usage dans toutes les parties de l’Arabie. » Le Dattier cultivé produit des fruits plus savoureux et plus beaux que ceux du Dattier sauvage *, on lé multi¬ plie , soit en semant les noyaux au commencement du printemps, soit par les rejetons des racines et des ais¬ selles des feuilles : ce dernier moyen est préférable , en ce qu’il est infînimeut plus prompt dans ses résultats. § A la Chine , on brûle les noyaux de dattes qui servent à la composition de l’encre qu’on y prépare. En Espa¬ gne , on les fait entrer dans les poudres dentifrices. Voici comme on procède à la récolte des dattes : lors¬ qu’elles sont mûres, on en distingue de trois sortes, selon leurs trois degrés de maturité : la première est de celles qui sont prêtes à mûrir, ou qui ne sont mûres qu’à leur extrémité, et qu’on appelle hecques ; la seconde, de celles qui sont à moitié mûres $ et la troisième , de celles qui sont entièrement mûres. On les récolte sou¬ vent en même temps, parce que trois jours d’intervalle (le temps que dure à peu près cette récolte) achèvent de mûrir celles qui ne le sont pas, et qu’on évite par -là de laisser tomber celles qui sont mûres, leur chute pou¬ vant les meurtrir. Pour achever la maturité et le dessèchement de ces fruits, on les étend sur des nattes que l’on expose au soleil. De cette manière, les dattes deviennent d’abord molles , et se changent en pulpe } bientôt après , elles ( i89 ) s'épaississent de plus en plus, et se resserrent de ma¬ nière à laisser évaporer l’humidité qui pourrait les faire pourrir. Les dattes étant desséchées, on les met au pressoir pour en tirer le suc mielleux , et on les enferme dans des peaux de chèvres , de veaux , de moutons , et dans de longs paniers faits de feuilles de palmiers sauvages. Ces sortes de dattes servent de nourriture au peuple du pays. Lorsqu’elles ont été renfermées dans le sirop , elles deviennent alors la nourriture des riches. Le Dattier mâle a la faculté de féconder d’assez loin le Dattier femelle , au moyen du vent , qui transporte la poussière fécondante du premier sur le second} mais quelquefois cette fécondation se provoque artificielle¬ ment. Pour cela, on cueille, vers la fin de février, sur le Dattier mâle , les spathes remplies de fleurs fécon¬ dantes-, on en retire les panicules de fleurs avant que celles-ci soient épanouies , et on les fixe au-dessus des fleurs femelles , afin que les fleurs mâles venant à s’ou¬ vrir, leur poussière fécondante puisse se répandre sur les jeunes embryons des fruits contenus dans les fleurs femelles. (Enc. méth. ) Les Dattiers se plaisent , en Europe , dans une terre forte et substantielle, et dans des pots où leurs racines ne soient point gênées. On les multiplie de graines que l’on retire de leur pays natal , et que l’on sème en ter¬ rines enfoncées dans la tannée d’une couche chaude. Elles lèvent ordinairement en un mois et demi. L’éloquent historien de la nature, le célèbre auteur de Paul et Virginie , a donné, dans ses Harmonies de ta JNature (t. i, p. 83 et suivantes), une description gra- ( ‘9° ) Lieuse du Dattier, à laquelle il serait téméraire de vou¬ loir rien ajouter : j’y renvoie mes lecteurs. Caractères physiques. Le Dattier, ainsi que tous les Palmiers , diffère entièrement des arbres des forêts d’Eu¬ rope ^ sa tige ne se développe que quatre ou cinq ans après sa sortie de terre. Jusque-là elle ne produit que des feuilles que fournit un gros bouton qui se renou¬ velle tous îfcs ans , augmente en grosseur, et renferme , par conséquent , un plus grand nombre de feuilles. Lorsque ce bouton est parvenu à la grosseur que la tige doit acquérir, alors il s’élève et offre une espèce de tronc composé des pétioles des anciennes feuilles , ce qui le rend comme raboteux et propre à favoriser la récolte des dattes , ces vestiges de feuilles servant comme d’é¬ chelons pour arriver au sommet du palmier. Les vieux troncs des Dattiers , dépouillés de ces ves¬ tiges , offrent à leur place des excavations superficielles et comme annulaires, et des colonnes surmontées par une réunion de longues feuilles , d’abord droites , puis arquées. Ces feuilles ont dix à douze pieds de longueur ; elles sont composées de deux rangées de folioles alternes, étroites, ensiformes , pliées dans toute leur longueur, portées par un pétiole commun , aplati sur les côtés et élargi à sa base. Il naît à faisselle des feuilles , des spatbes oblongues, comprimées, bispides en dehors, s’ouvrant latérale¬ ment pour favoriser le passage d’une panicule formée de rameaux simples, nombreux, fléchis en zig-zag, très-serrés, chargés de petites fleurs sessiles, les unes mâles , les autres femelles , sur des individus différens. C *9* ) Les fleurs mâles sont composées d une enveloppe «à six divisions profondes , trois extérieures courtes , trois intérieures beaucoup plus grandes , six étamines ; les filamens très-courts 5 dans les fleurs femelles un ovaire supérieur arrondi 5 un style court , le stigmate aigu. Le fruit est un drupe ovale , un peu allongé , de la forme du gland de chêne , de couleur jaunâtre , conte¬ nant , sous une pellicule mince et lisse, une pulpe grasse , succulente , enveloppant une semence presque ligneuse, fendue par un de ses côtés en un sillon longi¬ tudinal. Analyse. La datte , macérée pendant huit à dix jours dans l’alcool , donne un alcoolat extrêmement sucré *, celui-ci , aromatisé avec les huiles volatiles d’anis , de néroly, de cannelle ou de vanille, etc., peut composer une liqueur de table fort agréable. L’eau froide ou bouillante dissout la plus grande partie des principes constituans de la datte , tels que la gomme , l’extractif , le sucre , à l’exception cependant d’une partie de son parenchyme , et de sa pellicule ex¬ térieure. La datte est donc formée : De sucre , analogue à celui de raisin. De gomme. D’un extrait doux. De parenchyme. De pellicules. Fourcroy et Vauquelin , dans le journal de Gehlen , ont analysé le pollen du Dattier-, ils ont trouvé qu’il était composé d’une matière particulière qu’ils ont ap- ( ) pelée pollénine , d’une matière animale soluble dans l’eau qui est précipitée par l’infusion de galle , beau¬ coup d’acide malique libre , du phosphate de chaux et du phosphate de magnésie. Propriétés médicinales. La principale vertu des fruits du Dattier consiste dans leur légère astriction ; c’est par cette qualité que les dattes rendent la force à l’estomac, arrêtent le flux de ventre qui vient du relâchement des fibres et fortifient les intestins; c’est par leur dou¬ ceur mélangée d’astriction qu’elles secourent efficace¬ ment dans la toux , adoucissent la poitrine et les organes du poumon , et qu’elles sont quelquefois utiles dans les maladies des reins et de la vessie ; c’est enfin à cette même qualité, que l’on doit rapporter les bons effets qu’elles produisent , appliquées extérieurement. Hippocrate employait les dattes en décoction dans la diarrhée, dans le marasme, l’épuisement , les hémorra¬ gies , et les maladies des reins et de la vessie. Les dattes , mangées en trop grande quantité se di¬ gèrent difficilement , et peuvent produire , par consé¬ quent , des maux de tête , des pesanteurs d’estomac et des coliques -, mais si l’on n’observe ces accidens que chez des personnes faibles, ce serait à tort qu’on les ac¬ cuserait de disposer à la mélancolie , de produire des obstructions, des ophtalmies qui affligent fréquemment les habitans de certaines contrées d’Afrique , qui en font leur unique nourriture. On doit plutôt attribuer ces af¬ fections à leur extrême misère , à leur nonchalance et à leur mauvaise^ habitude de coucher sur la terre, ex¬ posés à toutes les intempéries de l’air. ( >93 ) Mode d’administration. On prescrit ordinairement les dattes mondées de leurs noyaux, au nombre de douze , pour deux pintes d’eau , qu’on fait réduire à moitié. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANTE-TREIZE. Le Dattier est représenté réduit à la soixantième partie de sa grandeur naturelle ; c’est un individu femelle qui porte des fleurs et des fruits. EXPLICATION DE LA PL ANCHE DEUX CENT SOIXANTE-QUATORZE . (Détails de la fructification.) Spathe ouverte et donnant passage à une grappe ou ré¬ gime de dattes; ce dessin est au cinquième de ‘grandeur na¬ turelle. 1. Ovaire surmonté de trois pistils. 2. Fleurs males. 3. Etamine. 4- Datte entière.' ^ 5. Portion de datte et son noyau. ( ^4 ) %V»VV\/V\AIWIW W\/WVV\ W VWW VV*\M\/VVVVVVV*\/V> VVX'VV^X/VVVWV COTONNIER DES INDES. ( Bécliique adoucissante .) Synonymie. Gossypium indicum foliis subtrilobis , subtùs eglandulosis, lobis cuneatis brevidus, fructu conico. Lam. — Lin., Monadelpbic Polyandrie ; Jussieu , famille desMal- vacées. — Tournefort,Xylon religiosum indicum, classe des Campaniformes. — Gossypium seuCapas, Rumpb. , Amb.4> p. 33 , tab. 42. Caractères génériques. Plante à fleurs polypétalées, de la famille des Malvacées ; lierbes ou arbrisseaux exo¬ tiques , à feuilles alternes, lobées ou palmées, et à fleurs grandes , belles , remarquables par leur ample calice extérieur et par futilité du duvet de ses fruits. Calice d’une seule pièce simple ou sur deux rangs ; l’in¬ térieur à cinq divisions ; corolle pentapétale ; étamines monadelphes ; un style sur chaque capsule *, plusieurs stigmates ; graines renfermées dans une ou plusieurs capsules supères; feuilles alternes , munies de stipules. Caractères particuliers. Etamines indéfinies, réu¬ nies en un tube adhérent à la corolle ; une seule cap¬ sule multiloculaire. Calice double , l’extérieur à trois divisions profondes , grandes , cordiformes ; l’intérieur plus petit, évasé, presque à cinq lobes; corolle penta- pétale ; étamines nombreuses ; trois ou quatre stigmates ; ( 3!° ) capsule à trois ou quatre loges , à trois ou quatre valves , à plusieurs graines enveloppées dans une sorte de laine appelée Coton. Feuilles à trois lobes aigus , à une glande en dessous ; rameaux ponctués de noir. (Vivace. ) Histoire naturelle. Nicolson distingue plusieurs espèces de cette plante utile, savoir : i° le Cotonnier commun, Xylon filo albo ; 2° le Cotonnier marron, Xylon sylvestre 39 le Cotonnier de Siam franc, Xylon sativum Jîlo croceoj 4° Cotonnier de Siam bâtard , Xylon spurium filo croceoj 5° le Cotonnier de Siam blanc, ou Cotonnier de soie, Xylon bombicum ; 6° le Cotonnier de Gallipoli , Xylon filo aspero ; rj° le Coton¬ nier samblas ; 8° le Cotonnier de Cayenne , etc. Quoi¬ que l’industrie ait acclimaté ce précieux arbrisseau en Europe , néanmoins le Cotonnier se plaît de préférence danslespays chauds, depuis le 3o®deg. de latitude jusqu’à la ligne. Les terres arides, sablonneuses, rocailleuses, lui conviennent *, il vient également en plaine et dans les mornes. Toutes les expositions lui sont favorables, excepté celle du vent du nord, qui, pour peu qu’il soit violent , dessèche et brûle ses fleurs et ses feuilles. Le Cotonnier, dont le produit est si recherché dans le commerce , vient de graines. Voici comment aux co¬ lonies américaines on procède à sa culture. Au mois de juillet on sarcle le terrain qu’on lui destine , et qu’on arrose au moyen de batardeaux dont toutes les habita¬ tions sont pourvues. On laisse séjourner l’eau pendant quelques jours, afin d’obtenir le limon que contenait l’eau qu’on décante , pour ainsi dire , au moyen d’une écluse. On plante le Coton en quinconce, à huit ou dix pieds de distance, et lorsqu’on est éloigné des rivières. c ai I ) la moindre pluie suffit pour le faire sortir de terre. Au bout d’un mois environ on le sarcle, et l’on a soin de ne laisser que deux ou trois tiges par souche. Lorsque cet arbrisseau a atteint la hauteur de quatre à cinq pieds , on l’arrête , afin de faire refluer la sève dans les bran¬ ches collaterales , qui sont celles qui donnent le plus de gousses. Il faut surtout rompre les branches verticales qui sont gourmandes et absorbent la sève sans jamais rien produire } on arrête même ses branches latérales , quand elles donnent trop de verdure. Ces retranchemens multiplient les branches et procurent à l’arbrisseau une plus grande fécondité. Si la saison a été favorable , on récolte les gousses de Coton après six mois de son semis. La récolte dure trois mois*, lorsqu’elle est achevée, on coupe l’arbrisseau au pied par un temps de pluie , et la souche produit des rejetons qui portent plus prompte¬ ment du fruit que par les semis. On doit cueillir le Coton par un temps bien sec, car l’humidité le ferait fermenter, et la graine germerait. On procède ensuite à son épluchage pour séparer le duvet d’avec la graine. Pour cet effet on emploie une machine ou moulin à coton, composée de deux rouleaux de bois dur, d’environ quinze pouces de longueur sur un pouce de diamètre , cannelés dans toute leur lon¬ gueur, et posés horizontalement l’un sur l’autre. Une INégresse , en présentant une poignée de Coton, met en mouvement la machine au moyen d’une manivelle que fait agir son pied. Alors les rouleaux tournent sur l’axe dans un sens contraire. Us sont assez éloignés pour lais¬ ser passer le Coton qui est attiré par le mouvement de rotation , et trop serrés pour laisser passer les graines qui tombent aux pieds de la Négresse moulinière , tandis ( 2t» ) que le Coton laminé est reçu au côté opposé , dans un sac ouvert. Une bonne ouvrière épluche par jour vingt à vingt-cinq livres de Coton brut , ce qui donne le tiers de net. Lorsque le Coton est débarrassé de ses graines , on l’emballe , et voici comment. On suspend en Pair un sac de grosse toile , de six à sept pieds de hauteur : on le mouille , afin que le Coton s’y attache et ne glisse point. Un Nègre entre dans le sac, y foule le Coton avec ses pieds, avec une palette en bois de gayac , et même une pince de fer. Lorsque la première couche est suffisam¬ ment foulée , on en ajoute successivement une autre. Pendant l’emballage , un autre Nègre a soin d^arroser le sac avec de Peau. Sans cette précaution, le Coton élas¬ tique ne serait point arrêté , et remonterait malgré le foulage. L’opération finie, on coud solidement le sac, et on pratique aux quatre coins des étranglemens ou poi¬ gnées, pour pouvoir le manoeuvrer. C’est ce qu’on ap¬ pelle balle de colon . Elle pèse ordinairement de trois cents à trois cent cinquante livres. La culture du Cotonnier est souvent endommagée par divers insectes qui se succèdent. Les vers, les cloportes , divers scarabées pénètrent en terre jusqu’à la graine qui n’est pas encore développée , et rongent la substance at¬ tendrie par un commencement de végétation. Les grai¬ nes échappées au premier danger produisent bientôt de jeunes plants que les criquets ou grillons attaquent pen¬ dant la nuit , tandis que les jeunes feuilles sont dévorées pendant le jour par des diablotins, espèce de hanneton. Les chenilles printanières paraissent après pour dévo¬ rer ce qui a échappé à la voracité des diablotins. Les pieds de Cotonniers qui n’ont pas été détruits par ces insectes ( «3 ) s’élèvent en trois mois à la hauteur de vingt pouces. Alors deux autres ennemis redoutables l’attaquent *, ce sont le maoka , ver blanc , ou larve du hanneton , et ce qu’on appelle aux colonies Y écrevisse. Cet insecte naît d’une mouche qui pique l'écorce , y dépose un œuf d’où sort un petit ver en spirale , ce qui probablement lui a fait donner le nom d écrevisse. Ce ver, dès sa nais¬ sance, ronge la partie ligneuse du Cotonnier, qui de¬ vient chancreux en cet endroit , ce qui affaiblit telle¬ ment cette partie, qu’elle devient fragile et se rompt sous le moindre coup de vent. Ce 11’est pas tout encore : le Cotonnier , préservé de tant de calamités , se couvre de fleurs que les punaises vertes viennent attaquer -, elles sont quelquefois en si grand nombre qu’elles font avorter les fruits 5 souvent aussi les pucerons affament l’arbre qui languit, devient stérile et quelquefois périt. Les punaises rouges ou noires attendent que la coque du Cotonnier s’ouvre pour en sucer les graines qui sont encore vertes et tendres. Ces graines , à moitié dévo¬ rées , passent en s’aplatissant ou s’écrasant entre les cylindres du moulin *, le Coton se trouve taché par les excrémens huileux de ces insectes , ce qui oblige de le mettre au rebut. Mais les ennemis les plus redoutables pour une coton- nerie sont , sans contredit , les chenilles à Coton et leurs papillons. Les chenilles se jettent parfois en si grande quantité sur le pied des Cotonniers, qu’en vingt-quatre heures ils sont dépouillés de leur feuillage. C’est quel¬ que temps après qu’on voit pendant plusieurs jours , de¬ puis le matin jusqu’au soir , des myriades de ces papil¬ lons signaler leur passage sans interruption : le ciel en ( 2I4 ) est comme obscurci. Les rats aussi dérobent du Coton pour la construction de leurs nids. L habitation de l’Etable à Haïti , où je résidais , pro¬ duisait les Cotons les plus renommés. Ils devaient leur qualité supérieure aux soins de leur manipulation : après avoir fait passer au moulin le Coton, on le battait sur une claie ou tramaille pour le purger de toutes les impuretés et de la poussière. On fait usage aux Etats- Unis d’Amérique d’une machine à éplucher le Coton qu on appelle machine à hérisson , qui paraît économiser les frais de manipulation. Les graines du Cotonnier empoisonnent les porcs qui en mangent , tandis qu’elles engraissent les bœufs et les moutons qui en sont friands. Elles fournissent une huile sans odeur. Caractères physiques. Le Cotonnier des Indes est un arbrisseau médiocre qui , en liberté , s’élève à douze ou quinze pieds, et dont la tige subsiste pendant plusieurs années. Son tronc a trois ou quatre pouces de diamètre; il est très-branchu et rameux. Son écorce est mince , unie, verte d’un côté et rougeâtre de l’autre, marquée de petits points noirs. Son bois est tendre , blanc , léger; les jeunes rameaux sont pubescens et un peu lanugineux vers leur sommet ; ses feuilles sont amples , alternes , lisses , d’un vert foncé en dessus ; blanchâtres et garnies d’un duvet rude en dessous; divisées en trois ou cinq lobes. Chaque lobe est terminé par une pointe , et tra¬ versé par une côte saillante. Ces côtes se réunissent à l’insertion du pétiole; celui-ci a six pouces de longueur. Le diamètre de la feuille est de quatre à cinq pouces. Les fleurs naissent sur les rameaux dans la partie opposée ( 2>5 ) aux feuilles $ elles sont monopétales , portées sur un ca¬ lice découpé en cinq segmens frangés , d’abord de cou¬ leur vert-pomme, puis uni, de diverses couleurs à la maturité de la coque. Les fleurs sont d’un jaune soufré ; l’onglet de chaque pétale est marqué d’une tache pourpre. Çes fleurs d’abord contournées , puis épanouies , se re¬ ferment en volute , et se resserrent en se flétrissant , et elles ne se détachent du fond du calice que lorsqu’elles sont entièrement fanées : c’est pour arriver à ce terme qu’elles subissent diverses nuances. Le centre de la fleur est occupé par un petit corps pyramidal environné d’é¬ tamines très -petites dont le sommet est jaunâtre. Le pistil , placé au fond du calice , et fécondé par la pous¬ sière des étamines , se change en un fruit ovoïde ou coque de la grosseur d’une forte noix , divisée en plusieurs loges, séparées par des cloisons, et contenant depuis cinq jusqu’à neuf graines d’un brun foncé , oblongues , arrondies , oléagineuses , de la grosseur d’un petit pois, environnées d’un duvet ou flocon d’une blancheur parfaite , et qu’on nomme Coton . Ces flocons se gonflent et débordent de toutes parts lorsque la maturité fait éclater la capsule. Ce fruit s’ouvre de lui-même lorsqu’il est mûr*, c’est alors qu’on voit dans les eotonneries des nappes d’un blanc éblouissant contraster agréablement avec la verdure qui les environne. Analyse chimique. Les fleurs fournissent du mucilage, et les graines une huile jaunâtre , coulante , rancissant lacilement 5 elle procure un savon solide , et se dissout dans 25 parties d’alcool à froid, et dans dix à chaud. Propriétés médicinales. Les fleurs, les graines et les ( 2t<> ) feuilles du Cotonnier sont recherchées dans tous les cas où les émolliens et les mucilagineux sont prescrits. On fait usage de la graine dans les maladies du poumon , depuis deux gros jusqu’à quatre, dans une chopine d’é¬ mulsion, qui alors devient expectorante. Comme elle possède une vertu légèrement astringente , on l’emploie dans la dyssenterie et les cours de ventre. On la prescrit quelquefois dans l’hémoptysie. J’ai éprouvé plusieurs fois, dans les hôpitaux dont j’avais la direction , que les bourgeons du Cotonnier sont diurétiques étant pris en tisane et en bains. Les fumiga¬ tions de graines de Coton présentent un fondant d’une efficacité éprouvée dans les tumeurs blanches et l’artliro- dynie. Les Nègres nouvellement arrivés d’Afrique, avec la superstition de leur pays , se ceignent les articula¬ tions de bracelets de Coton pour détruire les douleurs rhumatismales. La graine du Cotonnier augmente , dit-on, la sécrétion du lait des nourrices. Mode d’administration. La dose des fleurs est, d’un gros pour une livre d’infusion *, celle des feuilles d’une poignée pour deux livres de décoction ; celle des graines depuis deux gros jusqu’à quatre. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANÏE- DIX— HUIT. La plante est réduite au tiers. i. Graine. X. \ i - r : ♦ ;< • •* < , - : Théodore Jk+cavr£t?z* jPmar Arrêt Jcn/jp KADAMIE.lt DE >1 AI. A BAIS . ( 2I7 ) KVXW VWVWWWVWVWW WVVMWIV»»\MW>IVM WWMW VMWWVWMW WSWVWWWWVWï BADAMIER DU MALABAR. ( Béchique adoucissante . ) Synonymie. Vulg. Amandier des Indes. — Terminalia ca~ tappa, Lin. Polygamie Monoécie. — Jussieu, famille des Chalefs. — Terminalia foliis obovatis, crenulatis, subtùs to- mentosis. Poiret. — Adamaram. Rbeed. Mal. 4 > p* 5 ; tab. 3 et 4* Raj. Hist. , i65o. — Amygdalus indica. Nieuh. Raj. Hist. , i25i. — Aristotelia periplatea nobis. Rbeed. — Chiba en malabarois. Caractères génériques des Chalefs. Arbres à fleurs incomplètes , de la famille des Chalefs , dont les feuilles viennent plusieurs ensemble aux nœuds des branches disposées en rosettes ou en manière de verticilles. Fleurs ayant un calice d’une seule pièce , à demi-divisé en cinq coupures ouvertes en étoiles , coloré , en tube ; corolle nulle ; étamines définies , attachées au sommet du tube } ovaire infère 5 un style \ un drupe ou une baie monosperme -, tiges ligneuses. Caractères particuliers des Badamiers. Fleurs poly¬ games , monoïques : les mâles ont le calice ouvert , à cinq divisions et dix étamines } les hermaphrodites : ca¬ lice idem, un style subulé ; un drupe comprimé , caréné, ( »•» ) contenant un noyau monosperme *, feuilles comme ova¬ les , duvetées en dessous. Histoire naturelle. Un botaniste fait dériver le mot terminalia de termo , limite , parce que les feuilles des Badamiers ne viennent qu’à l’extrémité des branches. Quoique cet arbre ne soit point indigène aux Antilles , on l’y rencontre néanmoins si souvent cultivé pour la beauté de son feuillage et de l’ombrage qu’il procure, que j’ai cru devoir en donner ici l’histoire et les proprié¬ tés. Il en existe deux magnifiques à l’hôpital des Pères , non loin de la ville du Cap Haïti. Les insulaires de l’A¬ mérique confisent les jeunes fruits , et servent les aman¬ des sur les meilleures tables. Le Badainier semble avoir été formé pour donner de l’ombrage. Il s’élève comme une belle pyramide composée de plusieurs étages bien séparés les uns des autres ; on pourrait , dans leurs inter¬ valles , construire des cabinets charmans: son feuillage est beau. Il donne quelques amandes d’un assez bon goût. Les arbres fruitiers d’Europe , qui donnent des fruits mous , sont d’une hauteur médiocre , afin , dit l’auteur de Paul et Virginie , qu’ils puissent tomber à terre sans se briser. Au contraire , ceux de l’Amérique qui portent des fruits durs comme le coco , etc. , sont fort élevés , parce que leurs fruits , en tombant , n’ont rien à ris¬ quer. Caractères physiques. Le Badamier est un très-grand et très-bel arbre , d’une forme pyramidale , et qu’on peut comparer , pour la direction de ses branches pal¬ mées , au cèdre du Liban. Il se plaît dans les terrains ( 2I9 ) sableux; son bois est blanc, très-dur; son écorce est lisse , grisâtre en dehors , rouge en dedans; les feuilles sont ovoïdes ou ovales-oblongues , élargies vers leur sommet , ou elles sont arrondies , avec une pointe courte qui les termine , dentelées en leurs bords , vertes et lisses en dessus, velues, et d’un vert jaunâtre en des¬ sous , et soutenues par des pédoncules courts , velus et rougeâtres. Elles sont disposées en rosettes ou en ma¬ nière de verticilles ; les fleurs sont petites, inodores, d’un vert blanchâtre , et disposées en grand nombre le long de plusieurs grappes simples et menues qui nais¬ sent entre les feuilles. Chaque fleur est presque sessile , et naît dans l’aisselle d’une petite bractée ovale pointue , concave et caduque. Les pédoncules communs qui for¬ ment les grappes ne sont pas tout-à-fait aussi longs que les feuilles. Les fruits ont une coque elliptique un peu comprimée , cymbiforme , et rougeâtre dans leur matu¬ rité. Cette coque renferme un noyau oblong , très-dur, à une loge , et qui contient une amande blanche dont le goût approche de celui de l’aveline ou de la noisette. Analyse chimique. Les amandes du Badamier con¬ tiennent une huile grasse , coulante , et qui ne rancit jamais ; de la gomme, un sucre qu’on ne peut faire cris¬ talliser; de l’albumine , de l’eau, etc. ^ Propriétés médicinales. Ces amandes ayant absolumen t les mêmes propriétés que celles d’Europe, on les em¬ ploie aux mêmes usages et dans le9 mêmes circonstances. Les Indiens du Malabar et les naturels des Antilles ajoutent au riz le suc des feuilles , dans l’espoir de tem¬ pérer l’âcrimonie de la bile , et d’arrêter les céphalal- ( 220 ) gies et les coliques qui accompagnent les indigestions. Ces memes insulaires font avec le suc des jeunes feuilles et le lait des amandes un onguent contre la lèpre , les dartres , le prurigos et autres affections cutanées si fré¬ quentes sous une atmosphère chargée de principes salins. Les guérisseurs du pays appliquent les feuilles infusées dans l’huile de palmes pour guérir les abcès des amyg¬ dales. Le lait de l’amande est un très-bon émulsif. Ils recommandent aussi , je ne sais pourquoi , les bains où l’on fait bouillir des feuilles du Badamier , comme pro¬ pres à éloigner les accès des maniaques. Quoi qu’il en soit , l’huile extraite à froid , et mêlée au sirop de Char¬ pentier , est recommandable dans les toux opiniâtres , les tranchées des femmes en couches , etc. , et dans tous les cas elle peut remplacer l’huile d’amandes douces d’Eu¬ rope. Mode d'administration. Douze amandes émondées de leur écorce suffisent pour une émulsion de huit onces. L’huile se prescrit à la dose d’une once pour une once de sirop de Charpentier. Dans les lavemens émolliens on l’administre à la dose de quatre onces. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT SOIXANTE- DIX-NEUF. La* plante est réduite au tiers. 1. Fleur femelle. 2. Fleur mâle. 3. Amande ouverte. i yy. *8o. CYTISE ( A.IAX ( aa* ) VVVW*VVVVV>IVV>VVVVVVVVVVV\'V\A'VVVVVV WWW VWW> VM VVV W MA W\ W\ W W VVVW > \J\.r\ w CYTISE DES INDES. (Z?e c/? ique ndou cissante . .) Synonymie. Vulg. Pois d’Angole , de Congo, des pigeons; Pois de sept ans, Ambrevade ; Cytise cajan. — Cytisus cajan, Lin. Diadelpbie décandrie ; Juss. , famille des légu¬ mineuses. — Cytisus racemis axillaribus, erectis, foliolis sublanceolatis , tomentosis; intermedio longiùs petiolato. Jacq. , Obs. 1 , p. 1. — Cytisus frutescens sericeus. Plum. spect. 19. ^—'Cytisus arborescens , fructu eduli albo. Plum. vol. VI , p. 32. — Phaseolus arbor indica , incana , siliquis torosis, Kajan Dicta. Raj. Hist. 1722. — Phaseolus erec- tus, incanus, siliquis torosis. Pluck, tab. 21 3 , f. 3. — Cy¬ tisus folio molli incano , siliquis orobi contortis et acutis , Bùrm. Zeyl. 80, t. 37. — Laburnum bumilius, etc. Sloan. Jam. His. 2 , p. 3i . — En malabarois , Thora-Paeru. — En caraïbe , Quingongi, Bipicaa , Ouandou. Caractères génériques des Légumineuses. Calice monophyle , souvent campaniforme ; corolle polypétale régulière ou irrégulière , de la forme d’un papillon ; dix étamines distinctes ou réunies en deux faisceaux,* un style; un stigmate; une gousse. Feuilles alternes, sou¬ vent pinnées. Tome IV. — 70' Livraison. 19 ( 222 ) Caractères particuliers des Cytises. Corolle papillon- nacée 5 dix étamines monadelplies ou diadelplies ; gousse bivalve à une loge *, calice court ou allongé à deux lèvres , 3a supérieure à deux dents, l’inférieure à trois ; corolle à ailes et carène rapprochées de l’étendard } carène d’un seul pétale ; gousse polysperme, plus ou moins allongée, comprimée, rétrécie à la base et aiguë. Feuilles à trois folioles, lancéolées, duvetées, l’intermédiaire plus lar¬ gement pétiolée*, grappes axillaires redressées. Fleurs jaunes. Histoire naturelle. Le mot Cjtis , selon Pline, vient du nom d’une île. Ce pois utile se rencontre sur tous les terrains. On en mange les semences qui produisent beaucoup, sont d’une grande ressource sur les habita¬ tions pour les hommes et les volailles. La farine de ces pois produit une espèce de sagou qu’on recherche pour la marine des Anglo-Américains. On assaisonne ces pois comme les lentilles. Caractères physiques. Le Cytise-Cajan est un arbris¬ seau de sept à huit pieds, toujours vert, dont les ra¬ meaux sont striés , chargés de poils courts et blanchâtres vers leur sommet*, ses feuilles sont alternes, pétiolées , composées de trois folioles lancéolées, pointues, et dont la terminale est portée sur un pétiole propre plus long que dans les deux autres , et ayant à leur base deux sti¬ pules arquées. Ces folioles sont molles , douces au tou¬ cher , veloutées, et d’un vert grisâtre en dessus, vei¬ neuses, cotonneuses, et presque blanches en dessous, surtout dans leur jeunesse. Les plus grandes ont trois ( 223 ) pouces de longueur^ les fleurs sont jaunes, viennent dans la partie supérieure des rameaux , sur des grappes axillaires, pédonculées , un peu rameuses, et peu gar¬ nies ; leur calice est couvert d’un duvet court , légère¬ ment roussâtre ; les gousses sont longues d’environ deux pouces, pointues, toruleuses ou enflées à l’endroit des semences et à interstices obliques. Les semences sont globuleuses , roussâtres ou brunes , avec un ombilic , et quelquefois tout-à-fait blanches. Analyse chimique. On trouve, au moyen des pro¬ cédés chimiques, que le pois contient une matière ex¬ tractive , légèrement âcre et astringente \ de la gomme , de l’amidon, une substance glutineuse, de l’albumine et des parties fibreuses. Propriétés médicinales. On obtient des semences du Cytise-Cajan une farine résolutive. Les bourgeons sont pectoraux, et la fleur également bécliique. Les feuilles bouillies et appliquées sur les plaies les gué¬ rissent ; leur suc exprimé à froid est , dit-on , un puis¬ sant astringent contre toute hémorragie ; la décoction des feuilles déterge les ulcères et apaise le prurit dans les affections cutanées. Poupée -Desportes recommande l’infusion des fleurs de pois Congo comme très-pectorale, surtout si on lui associe celles du Franchipannier rouge. Mode d’administration. La dose des fleurs est d’un gros par livre de liquide ; celle des feuilles d’une poi¬ gnée pour une pinte de décoction. La farine s’emploie ( 224 ) dans tous les cas où l’on doit recourir aux cataplasmes résolutifs. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT. La plante est réduite à moitié. 1 . Gousses. 2. Graine couverte et ombiliquée. 3. Graine découverte. 2>l. 2$J. t:\UM A ST IX K Viï V T O R.U.E , JZifOt/orf J}<*rco «r ///s^ 7'f/t.r 7*p/'êe Scalp ( 225 ) MIVMVWVWWtVWWVWM/MVW .V\ VW W V VW twvvv WV l\MWV WIV WWW V.WWV VW WV VW VW VWVW CARMANTINE PECTORALE *. ( Béchique incisive . ) Synonymie. Vulgairement Herbe à charpentier de Saint- Domingue. Justicia pectoralis, Lin. Diandrie monogynie. — Juss. , famille des Acanthes. — Justicia herbacea, foliis lanceolatis, spicis tenuibus, paniculatis, calice simplici. Poiret. — Justicia pectoralis , Jacq. Amer. 3 , tab. — Rivina minor ethumilis racemosa , baccis puniceis, Plumier. — En caraïbe , Coyekoyety . Caractères génériques des Acanthes. Calice persis¬ tant , découpé en plusieurs parties 5 corolle monopétale , presque toujours irrégulière \ quatre étamines didyna- mes , rarement deux ; un style , deux stigmates , rare- * La culture de cette plante en Europe exige la serre chaude , une terre franche, mêlée à moitié de terreau très- consommé; des pots pas trop grands, afin que les racines y soient un peu gênées. Tome IV. — 71e Livraison. 20 ( 226 ) ment un seul 5 capsule supère , à deux loges polysper- mes } à deux valves longitudinales , s’ouvrant avec élas¬ ticité ; cloison opposée aux valves. Caractères particuliers des Carmantines. Fleurs monopétalées ; calice à cinq divisions } corolle à deux lèvres , à tube bossu \ deux étamines , un style 5 stigmate simple \ capsule bivalve , s’ouvrant avec élasticité *, à une ou deux loges mono ou dispermes. Feuilles simples et opposées } fleurs axillaires ou terminales. Histoire naturelle. Houston a consacré ce genre à .lames Justice, amateur écossais. Cette plante précieuse est employée par les dames créoles pour préparer le sirop de charpentier ; elle se multiplie par boutures en terrines dans la tannée. Elle fleurit difficilement en France \ il lui faut un grand soleil et continuellement de l’eau. En hiver, les arrosemens doivent être plus rares, mais la terre a besoin d’être toujours humide. On en élève de plusieurs espèces dans les serres du château de Voisin, appartenant à M. le comte de Saint-Didier. Elles v prospèrent , et doivent leur belle végétation aux soins de M. le chevalier Soulange Bodin qui les a fournies. Cette plante vient naturellement à Saint-Domingue et à la Martinique. Caractères physiques. La Carmantine pectorale est une plante à tige herbacée , glabre, haute de deux à trois pieds, menue, quadranguîaire , noueuse et rameuse. Les feuilles sont ovales, aiguës, glabres et entières. Les rameaux sont sinueux et disposés en zig-zags 7 les fleurs ( 227 ) sont petites, rougeâtres , disposées sur des épis grêles, divisés, paniculés , qui terminent la plante , et sortent des aisselles des feuilles supérieures. Les fruits viennent en grappes droites, ils sont sphériques et d’un rouge-brun. Analyse chimique. On trouve dans les fleurs , la tige et les fruits mûrs , un principe saccarin , un autre salin, et un arôme très-suave. Propriétés médicinales. La Carmantine pectorale qui entre et fait la base du sirop d herbe à charpentier , est très-recherchée aux Antilles comme plante médicinale. Le sirop qu’elle produit , ou plutôt qui porte son nom , est très-agréable , béchique et stomachique. Poupée-Des¬ portes , dans sa Pharmacopée américaine , donne la for¬ mule suivante d’un cataplasme émollient et résolutif, dans lequel entre la Carmantine : Prenez feuilles de gombo , d’absinthe bâtarde, de pois puant, de ver¬ veine bleue , de morelle et d’herbe â charpentier de Saint-Domingue , de chacune deux ou trois poignées 5 faites -les cuire dans de l’eau commune jusqu’à ce qu’elles soient bien tendres*, passez au travers d’un ta¬ mis , et préparez-en un cataplasme. On peut y ajouter les feuilles de callebasse musquée, de tabac vert, et des différentes sauges du pays. La Carmantine pectorale, dont le sirop est tant vanté pour les maladies de poi¬ trine , offre aussi un excellent vulnéraire et un résolu¬ tif. C’est par cette vertu incisive que la Carmantine at¬ ténue , divise , liquéfie cette lymphe épaisse qui engoue l’organe pulmonaire. Ce sirop convient dans les toux opiniâtres et l’asthme. ( 228 ) Mode d’administration. L’infusion se fait comme celle du thé , c’est-à-dire qu’on emploie une pincée de la plante pour une demi-livre d’eau. Pour le sirop on en prend deux fortes poignées par pinte. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-UN. i . Fleur. _ _ _ _ jTAao^ttc. JDc*rcaur ûZz~ Z*Z7ur . 2*eree Jculjp ■ GE R AEDE TUBEREUSE *IV' GÉRARDE TUBÉREUSE. ( Béchique incisive. ) Synonymie. Vulgairement Herbe à charpentier de la Marti¬ nique. Gerardia tuberosa , Lin. Didynamie angiospermie. Juss., famille des Scrophulaires. — Gerardia foliis ovatis petiolatis, répandis, subvillosis, longitudine caulis, floribus spicatis, Poiret. — Gerardia humilis , bugulæ foliis, aspho- deliradice. Plum. Gen. 3i . Burm. Amer., t. 75, f. 2. — Gerar¬ dia foliis subovatis, tomentosis , répandis longitudine caulis. C’est X Anaouaguyau des Caraïbes. — En anglais , Gérard. Caractères génériques des Géràrdes. Plantes à fleurs monopétalées , de la famille des Personnées^ herbes exotiques à feuilles opposées , simples ou pinnatifîdes , à fleurs axillaires et terminales , labiées et capsules bilo- culaires -, calice à cinq divisions , corolle en deux parties \ lèvre inférieure en trois parties 5 lobes émarginés , celui du milieu en deux parties -, capsule à deux loges , ouverte. ; . Caractères particuliers. Feuilles courtes, ovales, arrondies et crénelées largement, duvetées-, racines tu¬ béreuses , articulées. ( 23o ) Histoire naturelle. En trouvant au milieu des lial- liers la Gérarde tubéreuse , on serait tenté de lui dire : Pourquoi tes modestes couleurs Au jour n’osent-elles paraître ? Auprès de la reine des fleurs Tu crains de t’éclipser, peut-être? ( Constant Dubos. ) Mais en l’examinant de plus près, on se récrie sur sa trop grande humilité , et on peut lui adresser ce re- Aimable tille du printemps, Timide amante des bocages, Ton doux parfum flatte mes sens, Et tu semblés fuir mes hommages. ( Constant Dubos. ) Caractères physiques. Les racines de cette Gérarde sont tubéreuses , menues , ramassées en tête ou en botte de navet, comme dans l’Asphodèle, et ont une saveur de navet ; de leur collet commun naissent des feuilles étalées en rond sur la terre ; elles sont ovales, arrondies, à peine larges d’un pouce , ondées sur les bords , légè¬ rement velues , vertes en dessus, rougeâtres en dessous, et portées sur des pétioles grêles , velus et un peu longs. Les tiges, au nombre de trois ou quatre, sortent entre ' les feuilles, et sont à peine aussi longues qu’elles; elles sont simples , velues , et terminées chacune par un épi serré , embriqué d’écailles. Les fleurs sont petites , pur¬ purines , naissent entre les écailles de l’épi ; elles ont un ( s3 1 ) calice monophylle , court, à cinq dents*, une corolle nionopétale , labiée, à lèvre supérieure droite ^ presque arrondie , légèrement échancrée , et à lèvre inférieure divisée en trois parties , dont celle du milieu est bifide *, la capsule est oblongue , enflée , de la grandeur et presque de la forme d’un grain de froment , parsemée de points rougeâtres , et divisée par une cloison en deux loges qui contiennent deux semences orbiculaires. Analyse chimique. Toute la plante produit du muci¬ lage , un principe odorant et de la résine. Son infusion aqueuse noircit par la présence du sulfate de fer. Propriétés médicinales. On fait avec cette Gèrarde un sirop pectoral qui a toutes les vertus du précédent , d’un très-bon goût , et ayant à peu près la saveur de l’or¬ geat : on en fait des envois en Europe. Le Docteur Pou¬ pée-Desportes employait avec succès ce sirop dans la ca¬ chexie *, il prescrivait, comme vulnéraire , la plante pilée sur une plaie récente qui était guérie dans les vingt- quatre heures , d’où lui vient le nom dÜ Herbe au charpen¬ tier, Elle est, dit-il, emménagogue et aphrodisiaque , c’est-à-dire excitante. Les feuilles appliquées en cata¬ plasme résolvent les abcès les plus durs, surtout si l’on ajoute de la verveine , des feuilles de mombain et du bourgeon-patate. Si on l’associe à des plantes aroma¬ tiques , telles que les sauges , le lantana - camara , etc. , elle produit le meilleur effet dans les douleurs pléaré- tiques, et en gargarisme dans les angines muqueuses. Mode d’administration. La dose des fleurs est d’une ( a3» ) pincée pour l’infusion , et d’une poignée pour les décoc tions. EXPLICATION DE LA PL ANCHE DEUX CENT Q UATRE-VJNGT-DEUX 1. Calice. 2. Corolle. 3. Graine entière. 4- Graine coupée transversalement. JY. tS3. C.i.NAMKI.LK SITHF. ( 233 ) CANAMELLE OFFICINALE. ( B ê chique incisive . ) Synonymie. Vulgairement Canne à sucre. Saccharum officî- narum , Lin. Triandrie digynie. — Juss. , famille des Gra¬ minées. — Saccharum floribus paniculatis , foliis planis , Lin. — Arundo saccharifera , Bauh. pin. 18. Sloan. Jam. Hist. 1 , p. 108 , t. 66. — Viba et tacomuric. Pison , Bras. 109. — En anglais, Sugar ; en espagnol, Azucar ; en por¬ tugais , Assucar. — Calamus saccharinus , Tabern. — Can- namellæa, Cæsalp. Caractères génériques. Plantes unilobées, de la fa¬ mille des Graminées, ayant des rapports avec les Roseaux , à fleurs en panicule ou épis soyeux, d’un aspect agréable ; glume uniflore , avec deux valves entourées de laine ; baie à deux valves sans arête ; trois étamines ; ovaire supérieur oblong, chargé de deux styles*, semence ob- longue, étroite et pointue. Caractères particuliers. Fleurs paniculées; feuilles planes; poils très-longs, tortueux, tenant lieu de calice qui manque à cette espèce. Histoire naturelle. L’histoire de la Canne à sucre ( '-*34 ) est trop généralement connue pour que nous entrions dans des détails que ne comporte pas le plan de cet ou¬ vrage. Nous ferons cependant tous nos efforts pour donner sur cette plante précieuse un précis historique qui puisse satisfaire la curiosité. La Canne à sucre est originaire des Indes orientales } on la cultive en Chine dès l’antiquité la plus reculée : elle a été transportée en Egypte et en Grèce vers la fin du treizième siècle, puis en Nubie , dans l’Arabie heureuse , l’Ethiopie et dans la Si¬ cile } enfin , depuis la découverte de l’Amérique , cette riche et précieuse production fait la principale branche de commerce des Antilles, de la Guiane et des autres îles. C’est après le Froment et le Riz la graminée la plus inté¬ ressante que l’on connaisse, et peut-être celle dont l’as¬ pect soit le plus agréable lorsqu’elle est en fleur. Le sucre, ce produit de l’industrie, se retire de la moelle succulente des tiges noueuses de la Canne à sucre. Pour l’obtenir on coupe les tiges lorsqu’elles ont atteint l’âge de dix-huit mois , on les dépouille de leur feuillage qui sert de nourriture aux bestiaux, tandis que les tiges se réunissent en paquets qu’on transporte au moulin, où elles sont pressées entre deux cylindres ou rôles que des mulets font mouvoir en sens contraire. Cette pression en dégage une liqueur douce et fermentescible qu’on appelle Vin de Cannes ou Vesou , qui arrive par des conduits à une première cuve appelée réservoir , d’où elle parvient aux chaudières destinées à l’évaporation par l’intermède du feu , et au rapprochement des sucs jusqu’à consistance de sirop. Pendant la cuisson on écume sans cesse , et l’on commence à purifier la liqueur en jetant dans la bassine de l’eau de chaux ou bien une solution alcaline. ( 235 ) Le Vesou étant suffisamment cuit et rapproché , on le verse tout chaud dans des formes ou vaisseaux de terre de forme conique , ouverts aux deux extrémités , et dont la partie supérieure renversée est tamponnée avec de la paille ou de l’étoupe : on laisse le tampon pendant vingt- quatre heures , afin que le sucre ait le temps de re¬ froidir, grainer ou cristalliser *, on débouche alors pour protéger l’écoulement du gros sirop qui n’est pas suscep¬ tible de cristallisation 5 on met à égoutter les formes pen¬ dant quinze jours pour en obtenir le Sucre brut . O11 procède alors à la purification du sucre brut en couvrant la partie supérieure du moule conique renversé d’une couche d’argile détrempée et de l’épaisseur de trois à quatre doigts. L’eau qui découle de cette couche de terre , s’infiltrant dans la masse du sucre , en lave les grains, et leur enlève cette partie grasse et mielleuse qui se précipite à terre â la faveur du petit trou de la forme renversée \ alors l’argile reste sèche en haut. On peut répéter plusieurs fois cette manipulation si le cas le requiert. Lorsqu’on reconnaît les formes suffisamment disposées , on fait sécher le sucre soit dans une étuve , soit au soleil ,* et lorsque la masse saccharine est dépouil¬ lée de son humidité superflue , on la retire du moule. Le sucre , en cet état , est roux , gris ou d’un roux blan¬ châtre ; c’est ce qu’on appelle Moscouade , laquelle ayant subi une nouvelle purification s’appelle Cassonade ou Castonade. Cette Cassonade , purifiée à son tour par les moyens cités, ou par les blancs d’œuf, le sang de bœuf, donne le sucre rafiné, fin, sucre royal, parce qu’il est le plus pur , le plus fin et le plus dégagé des molécules terreuses et sirupeuses. S’il est bien rafiné, il doit produire un son sec en frappant le pain de sucre ( 236 ) avec le doigt , ou jeter une lueur phosphorique si on le racle dans l’obscurité avec un couteau. Le sucre offre mille ressources dans l’économie do¬ mestique 5 il sert à conserver les fruits , base des confi¬ tures et des sirops , les crèmes , les tourtes , les com¬ potes, les marmelades : les limonadiers préparent avec les limonades , le punch, les glaces et les sorbets. Les con¬ fiseurs en font des bonbons , des liqueurs , des pâtes et des dragées } les distillateurs obtiennent de son sirop fermenté le rum ou tafia. On appelle aux colonies Guildives les établi ssemens où l’on distille ces sirops , Bagasse la Canne dont on a exprimé le jus, et qui sert à alimenter le feu des fourneaux. Caractères physiques. Les racines de Canàmelle sont genouillées, fibreuses, pleines de suc et obliques; elles poussent plusieurs tiges de huit à dix pieds, articulées, lisses, jaunes, luisantes et poudreuses près les articula¬ tions , contenant une moelle succulente et blanche 5 épaisses d’un pouce et demi , à noeuds écartés les uns des autres d’environ trois pouces. Les feuilles sont longues d’environ trois ou quatre pieds , planes , larges d’un pouce, striées dans leur longueur, munies d’une côte ou nervure moyenne , blanche et longitudinale, glabres , rudes, en leurs bords, d’un vert glauque un peu jau¬ nâtre 5 elles embrassent la tige à leur base par une gaine , et disposées alternativement à peu de distance les unes des autres, elles se terminent par une pointe longue et aiguë. Lorsque la tige fleurit, ce qui n’a pas toujours lieu , elle pousse mie flèche soyeuse , à chevelure ondu¬ lée : ce jet soutient une panicule ample , longue de deux pieds, argentée à ramifications grêles et nom- ( *37 ) breuses, et garnies d’un grand nombre de très-petites fleurs soyeuses et blanchâtres. Une même tige ne fleurit qu’une fois. Analyse chimique. Le Vesoû contient beaucoup d’eau, du sucre cristallisé , du sucre incristallisable , de la gomme , du ferment , de l’albumine ou fécule verte , plu¬ sieurs sels , du ligneux. Le Vesou tourne promptement à la fermentation acéteuse et alcoolique. L’oxigène forme la base du sucre cristallisé. Propriétés médicinales. Le sucre est très-nutritif, il est béchique et adoucissant } sa solution aqueuse soulage les douleurs arthritiques et calculeuses. On l’emploie comme base des sirops , dans les affections de la vessie et de la poitrine ; comme anti-septique il est d’un puis¬ sant secours dans les maladies putrides ou adynamiques , le scorbut, etc. C’est un excellent vermifuge , il neutra¬ lise complètement l’action délétère du vert-de-gris , étant pris en poudre ou en solution aqueuse \ appliqué à l’ex¬ térieur en poudre, il est détersif et légèrement cathéré- tique. J’ai vu aux Antilles des pourritures d’hôpital gué¬ ries très-promptement par l’application du sucre brut : il convient par conséquent dans la cure des ulcères ato- niques, celle des gerçures chroniques des seins lors¬ qu’elles sont peu douloureuses \ en insufflation sur les ul¬ cères et les taies de la cornée. Sa solution se prescrit en gargarisme et contre les aphthes, tandis qu’en clystères elle relâche le gros intestin. Il est faux que le sucre nuise à la santé , l’usage immodéré qu’on en fait aux colonies réfute victorieusement cette supposition. Le sucre sert à masquer l’amertume et le goût nauséeux de certains ( *38. ) médicamens; il favorise la trituration du camphre et autres drogues difficiles à mettre en poudre. Il entre dans la confection des conserves , des pâtes , des pas¬ tilles, des sirops, des tablettes, etc. Les bains de guldives ont souvent opéré des miracles dans les paralysies et les affections rhumatismales chro¬ niques. Le savon noir et le tafia réunis forment un lini- ment avantageux dans les mêmes circonstances. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-TROIS. La planche est réduite au quinzième de grandeur naturelle. 1. Nœuds du bas. 2. Épillet détaché d’un panicule. 3. Fleur entière grossie. ^\\/\*VV*'VV\'VVVVV*'VV\'VV\'VV\,VVVVV\'VV*'VV* vvx wvv* vv\*vvvvv w«w\^ «u *m ^w/wxrwwwwx/wi AGAVE DES ANTILLES ET D’AMÉRIQUE. ( Béchique incisif. ) Synonymie. Vulgairement Aloës karatas. — Bois de mèche. Agave Antillarum , Lin. Hexandrie monogynie. — Jussieu , famille des Ananas. — Aloe americana , flore luteo. Moris. Hist., p. 4i5. — Variété. Agave cubensis. Jacq. Amer., p. 100. C’est le metl ou maguei des Mexicains , et le nequa- metl de Marcgrave ; le Pittes des Américains. Caractères génériques des Agavés. Plantes de la fa¬ mille des Liliacées , qui a de très -grands rapports avec les aloës, dont elles diffèrent par la position de l’ovaire et des étamines, et qui comprend plusieurs espèces vi¬ vaces d’un port élégant, à feuilles épaisses. Fleur sans calice, corolle monopétale , tubulée , infundibuliforme , à six découpures peu ouvertes , six étamines dépassant la corolle , et supportant des anthères longues et vacil¬ lantes ; ovaire oblong , infère , terminé par un style de la longueur des étamines. Le fruit est une capsule oblongue , amincie vers ses deux bouts , presque trian¬ gulaire, divisée intérieurement en trois loges polysper- mes. Les semences sont planes et disposées sur deux rangs. ( >4° ) Caractères particuliers. Hampe rameuse, chargée de gros bouquets d’un jaune aurore éclatant -, les feuilles terminées par une épine brune très -aiguë, et, au lieu de nervure , ornées de festons saillans. Histoire naturelle. L’aspect imposant de cette plante magnifique semble l’isoler du reste de la végéta¬ tion par le contraste de sa couleur éclatante avec la verdure. Réduit à l’état sauvage , l’Agavé croît dans les mornes les plus arides, ou parmi les rochers, et élève noblement sa tige altière au milieu des mornes boisés ; la couleur éclatante de ses bouquets orangés contraste richement avec la verdure qui l’environne. Ce con¬ traste est si étrange, que le dessinateur de M. le che¬ valier Tussac convenait, en se promenant avec moi, qu’un peintre serait accusé d’invraisemblance et de fic¬ tion , s’il s’avisait de placer des Karatas dans les groupes de ses paysages. Quoi qu’il en soit, le Karatas ou Caragnata-Mala d’Haïti et de Cuba , dont les bouquets sont d’un jaune aurore brillant, s’élève jusqu’à la hauteur de vingt pieds. M. le colonel Deneux, mon ami et propriétaire à la Jamaïque , a vu à Londres un Karatas de la hauteur de quatre-vingts pieds , au milieu d’une maison tempo¬ raire , disposée en colimaçon pour pouvoir monter jus¬ qu’à son sommet. La tige du Karatas dont il est question ici , compa¬ rable à celle du soleil d’Europe (Helianthus) , est rem¬ plie d’une substance spongieuse qui sert d’amadou aux Nègres fumeurs , et dont on fait des bouchons. Cette tige est garnie alternativement dans toute sa longueur de longs pétioles recourbés en girandoles , et ( 24« ) soutenant des touffes de fleurs réunies, dont l’œil a peine à supporter l’éclat. « La plante appelée Maguej par les Mexicains , dit Mirbel, fournit une boisson à laquelle les Indiens ont donné le nom de pulque. Les diverses parties de cette plante ont chacune leur utilité. Selon Raynal , les ra¬ cines servent à faire des cordes *, les hampes donnent du bois ; les épines font des clous ou des aiguilles *, les feuil¬ les sont bonnes pour couvrir les toits. On les fait aussi rouir, et après les avoir battues et peignées, on en re¬ tire un fil propre à fabriquer divers tissus. Mais ce qui fait du Maguey un végétal vraiment précieux pour les Mexicains , c’est l’eau douce et transparente qu’il distille lorsqu’on a arraché les feuilles intérieures. La fossette formée au centre de ces feuilles se remplit de la liqueur que l’on recueille chaque jour, et qui chaque jour se renouvelle pendant un an ou dix-huit mois. En s’épais¬ sissant elle se convertit en sucre. Mêlée avec de l’eau de fontaine , elle acquiert , après quatre ou cinq jours de fermentation , le piquant et le goût du cidre \ et si l’on y ajoute l’écorce d’orange et de citron , elle devient enivrante. Les Mexicains ont un si grand penchant pour cette boisson , qu’ils s’en procurent aux dépens de la subsistance , ët même des vêtemens de leur famille. » On verra , d’après ce qui suit , que l’Agavé des An¬ tilles n’est pas l’espèce du Mexique , la différence n’exis- tât-t-elle que dans la saveur amère et astringente du suc de notre plante. Je dois observer aux horticulteurs que les Agavés exigent très-peu d’eau , et qu’un arrosement intempestif peut les faire mourir. Le suc amer de l’A- gavé sert à dégraisser, il remplace le savon , et fait mou¬ rir les vers qui surviennent aux plaies. Tome IV. — 71e Livraison. 21 ( 24^ ) Caractères physiques. Les feuilles sont grandes , larges , épaisses , radicales et terminées par une épine brune, longue et acérée. Ces feuilles, au lieu de ner¬ vures, ont la superficie élégamment sillonnée du haut en bas , et aux deux bords par des festons de saillies arron¬ dies et relevées en bosse. La hampe s’élève à la hauteur de quinze à vingt pieds *, elle est paniculée dans sa partie supérieure , et ornée de bouquets formés par une grande quantité de fleurs d’un jaune aurore brillant , et d’une odeur suave. Leur corolle est fendue presque jusqu’à sa base en six parties. Les étamines sont plus longues que la corolle. Cette fleur se change en un fruit trieapsu- laire , rempli de semences plates , arrondies et rous- sàtres. Analyse chimique. Le suc contient un principe muci- lagineux , un extrait amer et ferrugineux. Propriétés médicinales. C’est en raison de l’énorme quantité de fer que contient ce suc que son sirop e9t employé avec avantage dans la cachexie et les autres maladies asthéniques ^ et son suc propre à guérir les plaies de mauvaise nature. Feu M. Sage , mon pre¬ mier professeur de chimie , m’avait chargé de lui con¬ fectionner plusieurs bouteilles du sirop de Karatas gommé pour une de ses nièces, attaquée de la poitrine ; mais la caisse que je lui destinais comme témoignage de ma reconnaissance , eut le sort de toutes celles qui renfermaient mes collections d’histoire naturelle : elles furent brûlées en ma présence par la horde des Noirs révoltés qui me conduisaient au bourg de la petite rivière de Saint-Domingue , pour grossir le monceau des ( ^43 ) Blancs qui y furent massacrés. La teinture alcoolique de l’Agave des Antilles est un puissant détersif pour la cure des ulcères et des gangrènes. Les Nègres compo¬ sent, pour les embrocations, l’onguent suivant : Prenez suc de karatas deux livres, suc d’oranges sures et de gayac une demi-livre, axonge huit onces. Faites cuire selon l’art. — • Poupée Desportes donne la formule sui¬ vante : Prenez suc de liane à minguet , suc d’orange, tafia , et le double du poids de gros sirop. Le suc de karatas déterge les ulcères tenaces. Les naturels font, dans ce cas , usage de la préparation ordonnée par Poupée Desportes. Cet habile praticien de Saint-Domingue aimait la médication simple , et tirée du règne végétal : c’est ainsi qu’il arrachait à la mort des milliers d’individus atteints de la fièvre jaune. En général les moyens les plus simples sont ceux avoués par la nature et par les médecins qui suivent ses indications. La saignée et l’é¬ métique en lavage , voilà le remède préférable dans cette maladie , que les colons appellent vomituro negro ou mal de Siam : c’est celui que Poupée Desportes et moi employâmes toujours avec succès. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE- VINGT- QUATRE. La plante est réduite au vingtième. . 1. Bouquet au huitième de sa grandeur. . -ff! ■ < ' . . « • i ... r, ! . ■ i ■ .... Jri-; ' ; % o \\\ V j - - ■ 7%eot 3&/y» A/rowvi/i fis*.? . P/. a8ô. S CILLE D' AMERIQUE ( “45 ) VVVVV»V\ft'VV\WA/WIVVVVV»VVVVVVVV\'VVVVVVVV*\\WVVVVVVVVV\/\rtlVV*VV\IVV»fVVWV*VVVVVVVVVVWIVV>IW* SCILLE D’AMÉRIQUE. ( Béchique incisif. ) Synonymie. Scille des plages, Scille du Pérou. — Scilla peru- viana, Lin. Hexandrie monogynie. — Jussieu, famille des Asphodèles. — Ornithogalum cæruleum , lusitanicum , lati~ folium. Tourn., Inst. reiH. 38i. — Hyacinthus indicus, bul- bosus, stellatus. C. Baub. Pin. 47- — En anglais , Squil. — En espagnol, Escila , Cerolla , Albarrana . — En portu¬ gais , Scilla, Esquilla, Alvarrana. Caractères génériques. Plante monocotylédone , à fleur incomplète, liliacée, de la famille des Aspho¬ dèles , à racines bulbeuses, et à fleurs disposées en épi. Corolle ouverte, à six divisions profondes, égales; six étamines ; filamens comprimés , et tous également dila- Tome IV. — 72e Livraison. 22 ( ^46 ) tés à leur base ; capsule supérieure à trois loges , h trois valves, contenant plusieurs semences. » Caractères particuliers. Long pédoncule muni de bractées membraneuses -, feuilles longues et lancéolées. Histoire naturelle. On a donné à cette espèce le nom peu convenable de Scille du Pérou , parce qu’on la croyait originaire de ce pays; mais on la rencontre en Barbarie, en Portugal et aux Antilles, où Ton admire les belles touffes de ses fleurs bleues. Cette plante bul¬ beuse se plaît sur les plages des environs de la mer. Son suc est un poison pour les animaux qui en sont plus ou moins incommodés. Caractères physiques. Les bulbes sont grosses, ova¬ les , composées de tuniques visqueuses , d’un jaune roux , pelure d’oignon, à base charnue, épaisse et solide, ap¬ puyée sur des racines simples et fasciculées. Les feuilles s’étendent sur la terre , ou sont médiocrement redres¬ sées , allongées, lancéolées, longues de huit à dix pouces, vertes , glabres à leurs deux faces, épaisses, planes, ca- naliculées à leur partie inférieure , quelquefois ondulées , plus ou moins aiguës à leur sommet. Les hampes sont glabres , cylindriques, épaisses, beau¬ coup plus courtes que les feuilles, terminées par une belle pyramide large, touffue, conique, de fleurs d’un ( *47 ) bleu vif, très-nombreuses et serrées , se présentant sous la forme d’un corymbe convexe. Chaque fleur est sup¬ portée par un pédoncule, quelquefois simple, glabre, filiforme, long au moins d’un pouce et demi, muni de bractées membraneuses, lancéolées, aiguës, aussi lon¬ gues que les pédoncules. La corolle se divise en six dé¬ coupures ouvertes horizontalement , lancéolées , ellipti¬ ques, un peu aiguës. Les étamines sont beaucoup plus courtes que la corolle. Le fruit est une capsule ovale , triangulaire , à trois loges, et à trois valves , renfermant plusieurs semences arrondies. Analyse chimique. Les squammes de Scille étant sé¬ chées contiennent un principe âcre, volatil -, scillitine su¬ crée ; du tannin , de la gomme , de la fibre ligneuse avec un peu de citrate de chaux. J’ai trouvé de plus une fé¬ cule amilacée, et une gomme résine très-amère. Cette analyse indiquée par Planche est bien conforme à celle que j’avais obtenue ; la Scille d’Amérique a les mêmes propriétés que celle d’Europe. Propriétés médicinales. Cette plante héroïque peut de¬ venir vénéneuse dans des mains inexpérimentées; et admi¬ nistrée à trop forte dose, elle produit l’empoisonnement des substances âcres. Les symptômes qui se manifestent alors sont des vomissemens excessifs , de vives douleurs à l’épigastre, des coliques, des déjections sanguinolentes, des convulsions , une cystite , etc. Ces accidens n’ont pas 22* ( ) lieu lorsque la Sci lie est mise en usage par un homme de l’art. A petite dose, elle excite la tonicité de l’estomac, et facilite les digestions. Elle est diurétique , et facilite l’expectoration-, aussi la prescrit -on avec avantage dans le second temps de la péripneumonie. A dose un peu plus forte, elle devient vomi-purgative. Il ne faut pas con¬ tinuer son usage qui finirait par pervertir les fonctions de l’estomac. Sa vertu, éminemment diurétique, la fait prescrire dans l’anasarque, l’ascite, l’hydrothorax, et les autres hydropisies essentielles. On se félicite de son usage dans l’astlime humide , et pour diviser et faire expecto¬ rer les matières visqueuses qui engorgent les bronches du poumon , et occasionent une toux chronique. En un mot , elle est applicable dans toutes les maladies citées , lorsqu’il n’y a pas d’inflammation. C’est dans ce cas quelle convient dans la néphrite cadculeuse. On doit éviter de l’administrer aux personnes d’un tempéra¬ ment sec , sanguin , bilieux ou nerveux -, mais elle con¬ vient aux tempéramens lymphatiques. Elle est funeste aux phthisiques. Mode d’administration. La poudre de Scille s’ad¬ ministre à la dose d’un grain, à des distances plus ou moins éloignées , et jusqu’à ce qu’il se déclare des nau¬ sées. On la fait macérer dans l’eau , le vin ou le vinai¬ gre , dans la proportion de cinq à quinze parties sur cent parties de liquide } mais la préparation le plus en usage est YOximel scillitique qui se fait avec le vi¬ naigre , le miel et la Scille. La dose est d’une à trois onces en vingt-quatre heures , soit seul , soit incorporé ( Mg ) avec les potions ou boissons appropriées à Fétat du malade. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-CINQ. Le dessin est réduit à moitié. 1. Corolle développée. 2. Ovaire surmonté d’un style. «W^WVVVWV* M\y w W W W’VWVV^ VU Wl W\ VV\ ADIANTHE DU CANADA. ( Bécliique incisif. ) Synonymie. Vulg. Capillaire du Canada. — Adianthum peda- tum , Lin. Cryptogamie. — Juss. , famille des Fougères. — Adianthum americanum. Com. , p. 6. Tournef. , 543. Pluk. , tab. 124 , fig- 2. Moris. Hist. 3, p. 588, sect. i4> tab. i5, fig. 12. — En anglais , Maiden-Hair , Venus-Hair. — En espagnol, Culantrillo de Pozo. — Adianthum adian- tho canadensi simile. Poupée-Desportes. Caractères génériques des Fougères. Jeunes feuilles roulées*, capsules très-petites, membraneuses, souvent entourées d’un anneau élastique ou recouvertes d’un tégument, groupées sur la surface inférieure des feuilles ou sur leurs bords. Caractères particuliers. Capsules recouvertes d’un tégument-, fructification en lignes distinctes, placées ÆtâÛ. Al>l A. V TE lit' CANADA ( *5-1 ) . sur le bord des feuilles pédi formes ; folioles pinnées; pinnules gibbeuses , incisives, chargées de fructifica¬ tions. Histoire naturelle. Le mot Adianthum est dérivé du grec A&tavrov, non mouillé, imperméable. Le Ca¬ pillaire du Canada est bien plus délicat et plus élégant que celui de Montpellier ; il est aussi beaucoup plus odorant. Il est si commun en Amérique que les marchands s’en servent en guise de foin pour embal¬ ler les difFérens articles de leur commerce. Les touffes de Capillaire , dit Bernardin de Saint - Pierre , forment des étoiles vertes et noires qui flottent au gré des vents. Le Capillaire se plaît sur les murs, ainsi que ses congé¬ nères, et près des endroits humides ou sur les rochers que baignent les flots. Cette plante est commune au Canada, en Virginie et aux Antilles. Caractères physiques. Cette espèce est très-fine dans toutes ses parties, et une des plus élégantes de la fa¬ mille. Les feuilles qui s’élèvent des racines ont un pied de longueur; leur pétiole est grêle, délié, lisse et d’un noir rougeâtre : ce pétiole se ramifie dans sa partie supérieure, et donne naissance à sept ou huit rameaux ou pinnules longues de trois à six pouces. Les pétioles de chaque pinnule sont presque capillaires, et soutien¬ nent deux rangs de folioles un peu cunéiformes , très- minces , et ayant leur bord supérieur coupé en arc de ( 252 ) cercle, et incisé en grandes crénelures. (Encyclopédie Méthodique. ) Analyse chimique. Le Capillaire produit beaucoup de mucilage , des sels , un principe astringent et un arôme. Propriétés médicinales. La partie aromatique qui fait rechercher le Capillaire , lui assigne un rang distingué dans la classe des espèces pectorales, incisives, qu’on administre dans les affections pulmonaires arrivées au deuxième degré : le Capillaire agit aussi comme diapho- rétique. Poupée-Desportes prescrit la tisane suivante en cas de péripneumonie ou de catharre au second degré : Prenez : Capillaire du Canada , Scolopandre ou Langue- de-Bœuf, bourgeons de Francbasin, de chaque une pin¬ cée , de la Canne à sucre coupée par morceaux , une demi-poignée; faites-y infuser , pendant une demi-heure, un scrupule de Safran oriental, deux onces de miel commun , et passez. Le même praticien observe que « l’écorce moyenne du Sucrier de montagne , de Bois- Marie , de Franchipanier, d’immortel, de Corrosalier, de Pois-Congo ou Quigougi, et de l’Hyssope , avec leurs bourgeons, ont les mêmes vertus. » Mode d’administration. Ce Capillaire se prescrit en infusion, à la dose d’une pinte d’eau bouillante. On en fait aussi un sirop très-agréable à prendre , même en / ( s53 ) bonne santé. En l’associant au lait on peut en faire des bavaroises pour le déjeuner. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-SIX. La plante est réduite à moitié. 1. Feuille plus grande que de nature, et dont les bords échancrés portent une certaine quantité de capsules. i. Sommet de la feuille, et la capsule. 3. Capsule grossie. ( 254 ) vv\ VM WWV\ WVWWV MIWWVM WWW WWW W W> W\ VWVVA W'MW VV> IWV VWIVW YVA W WA WAIWI ADIANTHE TR APÉZIFOR AIE. f Béchique incisij. ) Synonymie. Adiantlium trapeziforme , Lin. Cryptogamie. — Juss. , famille des Fougères. — Adiantlium ramosius , pedi- eulis lucidis et nigris. Plum. fil. 78, tab. 95. — Sloan. Jam. Hist. 1 , tab. 5g. — Pluk. , tab. 254 , f. t. Caractères génériques. Plante de la famille des Fou¬ gères, et dont le caractère distinctif est d’avoir la fruc¬ tification disposée en taches terminales , et situées sous le bord replié des feuilles. Caractères particuliers. Fructification dans des ma¬ cules terminales , sur la marge repliée des feuilles ; feuilles sus - décomposées ; folioles alternes; pinnules rhomboïdes , incisées , fructifiantes des deux côtés. Histoire naturelle. L’Adianthe trapéziforme a les memes vertus , et remplace très-convenablement le Ca- pill aire du Canada. On en fait un sirop très-agréable , et qu on emploie aux mêmes usages. .4I)I.\.\T K TI! A J* I ’.'/A KO « M E ( ,55 ) Caractères physiques. Les feuilles de ce Capillaire s’élèvent à la hauteur d’un pied ou dix-huit pouces. Leur pétiole est d’un beau noir, très-lisse, luisant, dur, et souvent ramifié dans sa partie supérieure 5 ses der¬ nières ramifications sont capillaires , et soutiennent des folioles alternes, pétiolées , et en trapèze ou un peu en losange. La fructification se développe sur les deux bords supérieurs qui sont crénelés et légèrement incisés. Analyse chimique. Ce Capillaire , ainsi que celui du Canada, fournit du mucilage, un arôme, un principe légèrement amer et styptique. Propriétés médicinales. L’Adianthe trapéziforme ayant les mêmes propriétés que celui qui précède , nous croyons inutile de les rappeler 5 nous ajouterons néan¬ moins qu’on l’emploie avec avantage dans les maladies des reins , dans la jaunisse , dans les affections du foie et du mésentlière ; il donne de la fluidité au sang en dis¬ solvant les matières visqueuses qui contrarient la circu¬ lation. On voit d’après cela que l’Adianthe trapéziforme est apéritif, diapborétique , hépatique, et même hysté¬ rique puisqu’il rappelle le flux suspendu des menstrues. Le célèbre Fourcroy a fait connaître le meilleur procédé à employer pour la confection du sirop de Capillaire , et qui peut servir de modèle pour celui de l’Adiantbe trapéziforme. « Prenez , dit-il , une once de Capillaire le mieux conservé et le plus odorant ; faites-le infuser , pendant douze heures, avec quatre livres d’eau bouil¬ lante , dans un vaisseau fermé ; passez la liqueur avec expression -, battez quelques blancs d’œuf avec cette in- * ( 256 ) fusion , et délayez-y quatre livres de cassonade } versez cette masse épaisse dans le reste de la liqueur ; agitez bien le mélange ; soumettez-le à l’ébullition -, écumez à deux ou trois reprises ; faites cuire jusqu’à ce que le sirop se ride légèrement dans une cuiller, en soufflant à sa surface \ coulez le tout bouillant sur du Capillaire haché dans un vase que vous clorez bien ; et quand il sera re¬ froidi, passez-le au travers d’une étamine , et renfermez- le dans les bouteilles. » Ce sirop facilite l’expectoration , et diminue la sécheresse et la violence de la toux. Mode d’administration. Voyez ci-dessus l’article Ca¬ pillaire du Canada. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT-QUATRE-VINGT-3EPT. Le dessin est réduit à moitié. 1. Feuille grosse, dont les bords festonnés retiennent des capsules. 2. Tige et racines. BORAIHLLE TRANSPARENTE IVI^WWIVV»WVV\WIVV''WVMWWIVWIVV'AIV une autre à odeur de camphre, des parties gommeuses, de l’inuline , des sels à base de potasse et de magnésie , et une partie ligneuse. Propriétés médicinales. On emploie les racines fraî¬ ches en décoction dans les tisanes ou apozêmes béchiques. Cette préparation soulage la dyspnée des asthmatiques et des pulmoniques. La conserve se prescrit avec avan¬ tage pour faciliter les digestions lentes et pénibles , et comme absorbante elle remédie aux aigreurs que déve¬ loppent les acides des premières voies. On regarde cette racine comme fondante , et elle est aussi très-souvent employée par les matrones des colonies comme hysté¬ rique , pour rappeler les règles et les vidanges suppri¬ mées. L’infusion de cette racine dans le vin blanc avec addition de limaille , produit un très-bon emménagogue et un apéritif contre la chlorose ou les pâles couleurs. Certains guérisseurs américains l’emploient dans les affections cutanées et comme résolutive. D’autres , plus hardis, vantent sa précellence dans des bains d’une forte décoction des feuilles pour le traitement du tétanos , de la cachexie des Noirs, et autres maladies chroniques *, mais je n’ai pas eu occasion de reconnaître ces dernières pro¬ priétés. Mode d’administration. La dose de la racine en 23* ( *64 ) substance et sèche est d’un à deux gros par pinte d’eau. Celle de la conserve est d’une once. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-NEUF, La plante est réduite au tiers. 1. Fleuron hermaphrodite. 2. Fleuron femelle. UE JC CO G B IM PA X T ( 265 ) BÉJUCO GRIMPANT. ( Béchique incisif. ) Synonymie. Hippocratea scandens , Lin. Triandrie monogy- nie. — Juss. , Famille des Erables. — Hippocratea volu¬ bilis, Lin. Jac. Amer. 9, t. 9. — Coa scandens, fructu trigeraino , subrotundo. Plum. Gen. 8 , icon. 88 . Béjuco pendulus, floribus paniculatis. Lœfl. it. 3i4* Caractères génériques des Erables. Fleurs herma¬ phrodites ; dioïques, monoïques ou polygames; calice à cinq divisions; corolle à quatre ou cinq pétales; étami¬ nes définies ; un style ; une capsule à plusieurs loges ou plusieurs capsules réunies, supères. Tiges ligneuses; feuilles opposées. Caractères particuliers des Hippocratées. Calice très-petit, à cinq divisions; cinq pétales concaves, et comme à deux loges à leur sommet ; trois étamines élar¬ gies; un style simple; trois capsules obtuses , compri¬ mées , uniloculaires , bivalves , à quatre et cinq graines , ailées d’un côté. (Vivace ). M. ( 266 ) Histoire naturelle. Cette plante grimpante , d’un aspect peu éclatant, porte des fleurs et des fruits aux Antilles dans le mois de février. On la rencontre fré¬ quemment et en grande quantité , dit Plumier près du chemin qu’on appelle vulgairement à Haïti le Tapiou du Petit Goave . Il est digne de remarque que les semences volatiles sont en beaucoup plus grand nombre que dans les autres espèces *, et en cela on doit admirer les soins d’une Providence qui a tout prévu. Les lieux élevés pour lesquels elles sont destinées seraient exposés à être bien¬ tôt dépouillés de végétaux par la pente de leur sol et par les pluies qui tendent sans cesse à les dégrader. Au moyen de la volatilité des graines , ils sont devenus les lieux de la terre les plus abondans en plantes : c’est sur les montagnes que sont les trésors des botanistes. Caractères physiques. Le Béjuco est un arbre sar- menteux qui grimpe et se sondent sur les arbres qui sont près de lui, sans s’entortiller autour de leur tronc, et qui jette de longues branches cylindriques , pliantes , garnies de rameaux opposés , et feuillées. Ses feuilles sont opposées , ovales , lancéolées , légèrement dentées en leurs bords , un peu luisantes , et portées sur des pé¬ tioles courts. Ses fleurs sont petites, inodores, d’un jaune verdâtre, et disposées en corymbes axillaires, sur des pédoncules communément plus courts que les feuilles. Elles consistent en un calice d’une seule pièce , petit , coloré , caduc et partagé en cinq découpures arrondies et très -ouvertes ; en cinq pétales plus petits que le ca¬ lice , ovales , obtus , planes à leur base , et concaves 1 ( 267 ) vers leur sommet , où ils semblent presque biloculaires ; en trois étamines de la longueur de la corolle, et dont les filamens élargis à leur base , insérés sur le réceptacle du pistil et en alêne , soutiennent des anthères larges , échancrées aux deux bouts , et partagées par un sillon transversal 5 en un ovaire supérieur , ovale , porté sur un disque avec lequel il fait corps , et surmonté d’un style simple de la longueur des étamines , que termine un stigmate obtus. Le fruit est composé de trois capsules obtuses , ou un peu en cœur, comprimées, uniloculaires et bivalves. Chaque capsule renferme environ cinq semences, mu¬ nies chacune d’une aile membraneuse et oblongue. Analyse chimique. On obtient de toute la plante un extrait mou qui contient beaucoup de mucilage , du tan¬ nin et un principe amer. Propriétés médicinales. Le Béjuco est estimé bé- chique incisif aux Antilles , et particulièrement à Haïti , à la Martinique et à Carthagène \ mais je ne puis confir¬ mer ses vertus médicinales , n’ayant point eu l’occasion de m’en servir. C’est à tort , je crois , qu’on lui attribue à la Martinique une vertu capable de neutraliser le venin de la grande vipère trigonocéphale que l’on appelle fer de lance ; le fait suivant prouve que l’on ne doit point se reposer uniquement sur les vertus de cette plante en pareil cas. « Au mois de février i8i5, dit M. Moreau de Jonnès , un jeune Nègre qui gardait des bestiaux aux environs du fort Bourbon , fut piqué dans la partie infé¬ rieure de la jambe par un serpent dont le croc pénétra à ( 268 ) Une profondeur de plus d’un pouce. Il fut pansé j quel¬ ques minutes après ce cruel accident , avec du Béjuco , et on lui en fit prendre intérieurement 5 mais, malgré ce spécifique vanté , la jambe , dont le sang avait d’abord jailli abondamment,, enfla d’une manière prodigieuse ; elle fut spliacélée en quelques instans , et la mort sur¬ vint au bout de quelques heures. » EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-DIX. Le dessin est réduit de moitié. 1. Calice épanoui. 2. Corolle dont les pétales sont rapprochés. 3. Ovaire entouré des trois étamines. 4- Capsule entr’ouverte , laissant apercevoir les graines ailées. ’AÂu/orr /n . Peree aim x s o x rrc mm te e ( 26g ) M/VVVVVVVVV>IW\*V*»A/VWV>AMVV* VV'WVVV\*/V*/VWVtfVVWV\AVV\iVVWVV'/V4Ai ADANS0N1E DIGITÉE. ( Béchique incisive. ) V" . • - y Synonymie. Vulg. Baobab, Pain de singe. Adansonia digi- tata, Lin. Monadelpbie polyandrie. Juss., famille des Mal- vacées. Baobab S. Abavi, Bauh. — Guanabanus Scaligeri , Raj. — Abavo arbor, radice tuberosa. Baobab, Adanson. Caractères génériques. Arbre remarquable par la grosseur extraordinaire que son tronc peut acquérir, ayant du rapport avec les Fromagers , dont il diffère néanmoins par ses graines qui sont environnées d’une pulpe farineuse , au lieu d’un duvet laineux. Calice sim¬ ple , caduc 5 style très-long ; plusieurs stigmates ; cap¬ sule ligneuse, à dix loges, à pulpe farineuse, poly- sperme. Caractères particuliers. Feuilles digitées. Histoire naturelle. Cet arbre colossal, quoique peü élevé , est le plus volumineux des végétaux du globe ; il n’est pas rare aux Antilles, et il est commun au Séné- ( 27° ) gai , où Adanson en a observé dont les troncs avaient soixante-quinze à quatre-vingts pieds de circonférence , et qu’il estimait avoir de cinq à six mille ans pour être parvenus à cette énorme grosseur. Roi des forêts , autant les arbres d’alentour S’élevaient au-dessus de la tige des herbes, Autant ils s’abaissaient sous ses rameaux superbes. Cet arbre, dont le tronc a ordinairement deux fois autant de diamètre qu’il a de hauteur, se plaît dans les terres sablonneuses, mobiles et très-liumides de l’Egypte et des contrées occidentales de l’Afrique; sur un sol, en un mot , exempt de pierres qui , en écorchant les racines, occasioneraient une carie qui, se communiquant au tronc, le fait bientôt périr. Tout étonne dans la végétation du Baobab : les racines , presque aussi nombreuses et aussi grosses que les branches auxquelles elles correspondent , sont d’une longueur prodigieuse \ celle du milieu forme l’axe pivotant , tandis que les latérales s’étendent à fleur de terre , et couvrent quelquefois une surface de plus de cent cinquante pieds. On peut dire du Baobab , avec Delille : Comparez cette mousse et cet arbuste nain A cet énorme enfant du rivage africain. On voit de très-gros Baobabs à la Martinique , à Saint- Domingue *, on croit même qu’il réussirait très-bien dans les climats froids et brumeux de l’Europe. Selon Adan- C 27* ) son , cet arbre croît d’abord très-rapidement , puis sa vé¬ gétation se ralentit au point d’être des siècles , d’après ses calculs, sans augmenter d’une manière sensible. Notre naturaliste pense même que cet arbre monstrueux exis¬ tait avant le déluge. Outre ses propriétés médicales, le Baobab offre dans l’écorce ligneuse du fruit, convertie en cendres , une lessive qu’on mêle à l’huile rance de pal¬ mier pour en obtenir un savon. Les Nègres du Sénégal creusent cet arbre monstrueux et en font des caveaux de sépulture -pour déposer leurs cadavres. Sur l’habitation de l’Etable , quartier de l’Artibonite , à Saint-Domingue , j ’ai fait creuser un tronc qui fournit une cabane d’une seule pièce , pouvant contenir quarante personnes. Lors¬ qu’on regarde de près le Baobab , il paraît plutôt une forêt qu’un seul arbre. Caractères physiques. Le tronc n’est pas fort élevé, mais d’un large diamètre. Il est couronné par un grand nombre de branches fort grosses , longues de cinquante à soixante pieds , dont les plus basses s’étendent , et tou¬ chent quelquefois, par leur propre poids, jusqu’à terre , de manière que , cachant la plus grande partie de son tronc , cet arbre ne paraît de loin que sous la forme d’une masse hémisphérique de verdure d’environ cent cinquante pieds de diamètre sur soixante à soixante-dix pieds de hauteur. L’écorce qui recouvre les racines, dont j’ai donné plus haut la description , est d’un brun tirant sur la couleur de rouille ; celle du tronc est grisâtre , lisse , épaisse et fort souple; enfin celle des jeunes bran¬ ches est verte et parsemée de poils rares. Le bois de ( 272 ) l’arbre est assez blanc , extrêmement tendre et léger. Ce n’est que sur les jeunes branches que l’on voit des feuilles ; elles sont alternes, éparses, digitées, c’est-à-dire composées de trois à sept folioles disposées en manière de digitation comme celles du marronnier d’Inde, sur un pétiole commun , cylindrique , de même longueur quelles. Ces folioles sont d’inégale grandeur; de sorte que celles qui avoisinent le pétiole commun sont les plus petites; elles sont ovales, cunéiformes, acumi- nées , munies vers leur sommet de quelques dents plus ou moins sensibles , glabres , molles , vertes en dessus * et d’un vert pâle en dessous. De l’aisselle des deux à trois feuilles inférieures de chaque branche il sort une fleur solitaire , pendante à un pédoncule cylindrique, une fois plus long que les feuilles , accompagné de deux ou trois écailles disper¬ sées sur sa longueur, et qui tombent vers le temps de son épanouissement. Cette fleur est proportionnée à la grosseur de l’arbre , et a , lorsqu’elle est épanouie, qua¬ tre pouces de longueur sur six pouces de large. Chaquefleur, qui ne s’ouvre que dans le jour, consiste : i° en un calice d’une seule pièce , caduc , évasé en soucoupe , velu et partagé jusqu’au-delà de son milieu en cinq divisions égales et recourbées en dehors ; 20 en une corolle composée de cinq pétales blancs , arrondis , nerveux , recourbés en dehors , et qui adhèrent par leurs onglets à la base de la colonne des étamines ; 3° en un très-grand nombre d’étamines, dont les filamens, réu¬ nis dans leur moitié inférieure en un tube columni- forme qu’ils couronnent par leur partie libre, s’éten- ( ^3 ) dent ou se rabattent comme une frange , et portent cha¬ cun une anthère réniforme; 4° en 1111 ovaire supérieur, ovale , pointu ou conique , velu , surmonté d'un style très-long , cylindrique, creusé comme un tube, et cou¬ ronné par environ dix stigmates prismatiques, velus et ouverts en manière de rayons. Le fruit est une grosse capsule ovale , ligneuse , ayant quelquefois plus d’un pied de longueur , couverte à l’ex¬ térieur d’un duvet épais, et partagée intérieurement en dix à quatorze loges par des cloisons membraneuses. Chacune de ces loges contient environ cinquante à soixante graines réniformes , presque osseuses , et ni¬ chées dans une chair un peu aigrelette et succulente, et qui , en se séchant , devient friable , et se change en une pulpe farineuse. Le Baobab quitte ses feuilles en novem¬ bre , même au Sénégal , où la plupart des arbres conser¬ vent les leurs. Il en reprend de nouvelles en juin, fleu¬ rit en juillet, et parfait la maturité de ses fruits en octobre. Le fruit est nommé pain de singe. Analyse chimique. L’examen fait par M. Vauquelin de la matière parenchymateuse et amylacée du fruit , lui a fait reconnaître qu elle remplit presque toute la cavité du fruit qui environne les graines. Celles-ci sont hui¬ leuses. * Cette matière se compose d’abord d’amidon $ ensuite d’une gomme parfaitement analogue à la gomme ara¬ bique $ puis d’un acide non cristallisable , et qui res¬ semble , sous beaucoup de rapports , à l’acide malique ; d’un sucre incristallisable , de même que le sucre de ( 274 ) raisin } le parenchyme , enfin , est composé d’une subs-1* tance ligneuse dans les aréoles duquel se trouve l’amidon. La fécule sucrée du fruit passe facilement à la fer¬ mentation vineuse qui tourne presque aussitôt à l’état acide $ car, comme il y a peu de sucre et beaucoup de matières mucilagineuses et acides existant déjà dans la fécule , la fermentation vineuse a bientôt lieu ( Journ * de Pharm. , août 1822 ). Propriétés médicinales. Les feuilles etles fleurs duBao- bab renferment toutes les propriétés des Malvacées. Le docteur Franck , selon M. Vauquelin , a vu employer au Kaire l’écorce du fruit et de son parenchyme , avec beau¬ coup d’efficacité, dans les dyssenteries rebelles et de mauvais caractère. Le fruit du Baobab , appelé , comme je l’ai déjà dit, pain de singe, renferme un parenchyme spongieux, sucré et aigrelet, qui rend son usage doublement utile daiis les hémoptysies, dans le flux hépatique, dans lalieuterie, la dyssenterie et autres maladies de ce genre, fréquentes sur les plages brûlantes du Sénégal et des Antilles. Quant à moi , j’ai reconnu au Baobab , pendant mon séjour à Saint-Domingue , une vertu émolliente et tempérante , ce qui me l’a fait souvent prescrire dans les dysuries et les fièvres angioténiques. La pulpe du fruit, mêlée à son tiers de suc de citron , forme une limonade anti-septique, utile autant qu’elle est agréable après l’avoir édulcorée. On l’ordonne avec succès dans les fièvres jaune et adéno- nerveuse. Toutes les parties de cet arbre abondent en mucilage. Les Nègres font sécher à l’ombre ses feuilles , ( 275 ) qu’ils réduisent en poudre et qu’ils nomment Yalo. Ils la mêlent à l’un de leurs alimens qu’ils appellent couscous , non pour lui donner du goût, car elle est insipide, mais comme une substance nutritive et absorbante , qui modère , à ce qu’il paraît , leur transpiration excessive , et tempère leur trop grande chaleur. Ils mangent les fruits qui sont assez agréables , aigrelets et rafraîchis- sans. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT-ONZE. 1. Fruit entrouvert. 2. Graine et son placenta. ( 27g ) !UnVUHWWVVW\V\1 W\W>W^WSW^ WWMVWW WWIWW^WWiWWW CIOCOQUE A BAIES BLANCHES. ( B é chique incisive. ) Synonymie. Vulg. Jasmin bâtard, petite Brande, Jasmin odorant. — Chiococca racemosa , Lin. Pentandrie mono» gynie. — Juss. , famille des Rubiacées. — Chiococca subscan- dens , racemis Iaxis , axillaribus , baccis lenticularibus niveis. Lamarck. — Chiococca foliis oppositis. Jacq. Amer., p. 68. Pict. , p. 38, t. 69. — Periclymenum racemosum, flore flavescente , fructu niveo. Plum. Icon. 211, t. 217, f. 2. Dillen. Elth. 3o6, t. 228, f. 2g5. — Jasminum folio myr- tino , acuminato, flore albicante , racemoso. Sloan. Jam. Hist. 2 , p. 97, t. 188 , f. 3. - — Raj. Dendr. , 64. — Conf, Pluk. , t. 427, f. i • Caractères génériques. Plantes à fleurs monopétalées, de la famille des Rubiacées, ayant des rapports avec les Psychotres et les Caffeyers. Arbres ou arbrisseaux à feuilles opposées, avec stipules intermédiaires, et dont les fleurs sont disposées en grappes ou panicules axil¬ laires et terminales. Corolle infundibuliforme, égaler ( *77 ) baie uniloculaire , à deux spermes , inférieure , compri¬ mée 5 semences lisses. Caractères particuliers. Grimpante -, feuilles larges , lancéolées 5 fleurs latérales, à cinq divisions aiguës , pa- niculées , en grappe 5 dent stipulaire, unique-, calice à cinq dents-, étamines incluses } capsule bacciforme , comprimée , couronnée. Histoire naturelle. Le mot chiococca tire son nom des mots grecs xtov , npige , -/oxxoç • fruit , ce qui dépeint la couleur des baies virginales de ce joli arbrisseau, qui se détachent avec éclat sur son feuillage sombre. On admire toujours cette plante, Soit qu’au tour du palmier sa tige s’entrelace, Soit que de l’oranger le tronc noir elle embrasse. Caractères physiques. Arbrisseau de quatre ou cinq pieds, qui s’élève davantage dans les bois et les lieux couverts , et pousse alors des branches longues , cylin¬ driques , glabres, faibles , sarraenteuses , qui ne se sou¬ tiennent qu’en s’appuyant sur les arbres et les arbris¬ seaux voisins 5 ses feuilles sont opposées, ovales, poin¬ tues, très-entières, glabres, luisantes, à pétioles courts, et longues de près de deux pouces. Les fleurs sont d’un blanc jaunâtre , à corolle longue d’environ quatre lignes, pendantes, et naissent sur des grappes axillaires, oppo- Tome IV. — 73e Livraison . 24 ( 278 ) sées , et qui sont à peu près de la longueur des feuilles. Leur stigmate est bifide , selon Dillen. Elles produisent de petites baies lenticulaires très-blanches , à chair spon¬ gieuse et dispermes. Analyse chimique. Toute la plante étant macérée et traitée par l’eau, produit un suc fermentescible, une matière colorante d’un vert tendre ; une substance gommo-glutineuse, de la matière fibreuse et de l’eau. Propriétés médicinales. Les fleurs sont estimées bé- chiques lorsqu’elles sont employées avec l’herbe à char¬ pentier, tandis que les feuilles appliquées en cataplasme avec celles de l’herbe a blé, amollissent les tumeurs squirrheuses. Leur décoction est anodine, et même nar¬ cotique. Feu Poupée - Desportes , célèbre praticien à Saint-Domingue , employait souvent cette plante. Il in¬ dique dans sa Pharmacopée américaine un sirop pectoral dont voici la composition : Prenez capillaire du Canada et de langue de bœuf, une poignée de chaque; fleurs de franchipanier, de bois immortel, de giromon, de jambo , de jasmin odorant de Saint-Domingue , et d’o¬ ranger sauvage , de chaque une demi-poignée. Faites-les macérer pendant douze heures dans suffisante quantité d’eau bouillante. Passez et exprimez l’infusion dont vous ferez un sirop selon l’art. Mode d’administration. La dose des fleurs est d’un ( 279 ) gros par pinte d’infusion $ celle du sirop composé , d’une cuillerée par tassée d'infusion des fleurs. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT- DOUZE. Le dessin est réduit à moitié. î. Corolle développée. 2. Calice et pistil. 3. Étamine. 4* Baie entière. 5. Baie coupée par la moitié. • i . ' amiiwNiiyiji. VOITIiOU 1UMBOI ( 281 ) WV\nv vv» wvwt wvw wwwiwvwwwvw VOULOU BAMBOU. ( Bécliique incisif. ) Synonymie. Vulg. arbre à panaches. Bagage à chasseur. — Bambos arundinacea, foliis basi rotundatis, paniculâ ra- mosâ; spiculis sessilibus , subternatis ( Encycl. ). Nastus (Lara.). Bambusa arundinacea, paniculâ ramosâ , divari- catâ. Wild. — Arundo (Bambos) calicibus multifloris; spicis ternis, sessilibus. Lin. Triandrie digynie. Juss. , famille des Graminées. — Loureiro, Flor. Cochinc. — Arundo arbor. C. Bauhin. — Arundarbor vasaria. Rumph. — Tabaxir seu mombu arbor. J. B. — Illy, Rheed. Hort. malab. — Arundo indica , arborea, maxima , tabaxir fun- deus. Burm. Zeyl. , p. 35. Caractères génériques. Plantes monocotylédones, à fleurs glumacées, de la famille des Graminées, dont les chaumes ligneux sont très-élevés, rameux, les feuilles amples , très-longues , les fleurs disposées en épis pani- culés 5 épillets composés d’environ cinq fleurs , garnis à leur base de trois écailles imbriquées $ chaque fleur mu¬ nie d’une seule baie , à deux valves , six étamines , un style bifide, deux stigmates plumeux. Tome IV. — 74e Livraison. a5 ( 282 ) Caractères particuliers. Calices multiflores lernés et sessiles. (Indes. Vivace.) épis Histoire naturelle. D’après la synonymie qui pré¬ cède , on voit que Linné avait rangé le Bambou dans les Graminées 5 mais cetle belle plante doit former un genre particulier. Rivale des palmiers , dit Poiret , c’est-à-dire des arbres les plus majestueux de la nature, cette Gra¬ minée , par l’élévation , la grosseur., la solidité de ses chaumes , franchit les bornes de l’humble famille à la¬ quelle elle appartient } elle devient , dans l’ordre natu¬ rel de Jussieu , le lien qui unit ces deux familles en ap¬ parence si distantes. Le Bambou dont le port imite celui des panaches flottans agités au moindre zéphyr, le Bambou aime à ombrager le bord des ruisseaux et des rivières : L’Ester * du vert Bambou reflète le feuillage. Souvent les touffes serrées, bordant les deux rives, of¬ frent à l’observateur de longues avenues silencieuses que le soleil ne peut pénétrer, mais que recherche l’ami de la nature en se livrant à ses réflexions } là , douce¬ ment bercé par le bruissement du feuillage que le moin¬ dre vent fait murmurer , Dans un vague abandon flotte famé pensive. (De Fontanes. Le Verger .) Rivière d’Haïti. ( 283 ) Attiré par la beauté de ce feuillage, l'observateur doit pourtant se mettre en garde contre les dangers attachés à la végétation de cet énorme roseau, car autour de lui se rassemblent les scorpions, les araignées-crabes et à cul rouge, les scolopendres ou bêtes à mille pieds, et autres insectes pernicieux qui font leur séjour dans les endroits humides ; leur présence semble indiquer à l’homme qu’il doit s’éloigner de ces lieux malfaisans, servant particulièrement de repaire à une espèce de cou¬ leuvre verte, Reptile venimeux qui s’approche sans bruit, Mord sans qu’on l’aperçoive , et sous l’herbe s’enfuit. ( Lefranc de Pompignan. ) Le Bambou n’est pas seulement agréable à la vue , il offre des avantages justement appréciés par les habitans des deux Indes , et qu’on peut comparer aux produits des palmiers. Par exemple, les jeunes pousses contien¬ nent une moelle d’une saveur agréable et sucrée , dont les naturels sont très-friands. Après le premier déve¬ loppement, ces tiges ayant acquis plus de solidité, il suinte de leurs nœuds une liqueur mielleuse , nommée tabaxir , qui se concrète à l’air, et se convertit en lar¬ mes sucrées. Uachar , dont les jeunes rejetons du Bam¬ bou font partie, offre aux Indiens une composition très-recherchée. Les Indiens fabriquent avec le bois de Bambou , qui est très-dur, des meubles d’une grande solidité et d’un long usage -, ils l’emploient également , dit Poiret, pour 25* ( 284 ) la construction de leurs palanquins et de leurs maisons, ainsi que pour celle de leurs bateaux. Comme ce bois , malgré sa dureté , a de la souplesse lorsqu’il est divisé et fendu en petites lanières , ces mêmes Indiens en font des nattes, des corbeilles , des boites et plusieurs autres pe¬ tits ouvrages élégans. C’est aussi avec ses jeunes tiges que l’on fait des cannes. Enfin , la dureté du bois est telle , que , lorsque les Indiens veulent fumer du tabac on allumer leurs gargoulis , ils en frottent deux mor¬ ceaux , et , sans que ce bois s’enflamme ni étincelle , une feuille sèclie qu’on applique dessus s’allume à l’instant. On obtient le même résultat par le frottement du Bam¬ bou et du Veloutier. J’ai en ce moment sous les yeux une feuille de papier soyeux du plus bel éclat , sur le¬ quel on peut gouaclier, que l’on prépare en Chine avec la pellicule grise qui enveloppe le bois de Bambou; on le fabrique aussi avec la moelle de ce roseau, malaxée avec de l’eau de riz. La plupart des livres imprimés à la Chine sont de ce papier. Les tiges coupées dans le décours ne sont plus , dit-on, sujettes à la piqûre des insectes, et en ce cas elles servent de réservoirs destinés à divers usages. En conservant le nœud au milieu , le chasseur y rencontre un fourniment où il peut placer d’un côté la poudre , et de l’autre le plomb. Certains naturels s’éclairent au milieu des ténèbres en remplis¬ sant la lige, toujours creuse, de coton imbibé d’huile de palmes. Ce roseau croît très-vite , et sert à faire des entourages, des gaules, des bastions, des gouttières et du elissage. Enfin, les Bambous sont seuls employés pour construire des maisons entières. Les chaumes les plus vieux et les plus gros servent à faire les murs. On i ( ’85 ) forme les toits avec les plus petites tiges, tandis que le second toit est composé de jeunes rameaux encore garnis de feuilles , et dont on met plusieurs couches les unes sur les autres. Les portes , les tables, les lits sont faits de Bambous. Les avantages des Bambous sur les bois durs consistent, i° dans la facilité qu’on a de les couper et de les transporter à de très-grandes distances*, a°dans le peu de travail qu’ils demandent, puisqu’on les em¬ ploie entiers ou seulement fendus longitudinalement en deux ; 3° dans leur durée qui peut être comparée à celle du meilleur bois ; 4° enfin 5 c’est que les maisons , toutes à jour, et préservées de l’ardeur des rayons du soleil par un toit épais et large, conservent intérieurement une température fraîche et agréable au milieu de la plus forte* chaleur du jour. Les Nègres arrivant de Guinée, et qu’un regret de leur patrie porte naturellement à conserver ses usages , font avec les jeunes rameaux des flèches, des flûtes, des calumets et des plumes pour écrire. Je possédais un ca¬ deau en ce genre , qui me fut fait par un de nos Noirs, Alpha ou grand-prêtre de son pays. Ce présent consis¬ tait en plusieurs plumes végétales et des tablettes de cette enveloppe que l’on remarque à chaque noeud, et qu’on appelle tache de Bambou, sur lesquelles il m’avait écrit en caractères hiéroglyphiques , de droite à gauche , dans la largeur , les lois de Guinée et les prières qu’il recommandait à ses adeptes. Les tiges de Bambous ser¬ vent aussi de montans d’échelle et à transporter de l’eau. On en fait des cloisons , des sièges , des bancs , des ver¬ gues. L’air contenu dans les cavités étant quelquefois ( 236 ) raréfié par la chaleur, produit des détonations qui inti¬ mident le voyageur européen. Caractères physiques. Cette étonnante Graminée pousse une tige droite , rameuse , cylindrique , noueuse, articulée, très-glabre, luisante 5 les entre-nœuds sont longs d’un pied. Elle parvient souvent à plus de soixante pieds de haut , avec une grosseur relative à la hauteur ; elle se divise, depuis sa base jusqu’à son sommet, en ra¬ meaux alternes , aigus , un peu recourbés , fort longs , diffus, garnis de feuilles glabres, assez courtes, rudes, striées , entières , arrondies à leur base , aiguës à leur sommet, approchant, par leur forme , de celles du ro¬ seau , embrassant les tiges par une longue gaine entière , épaisse, pileuse. Les fleurs sont disposées, vers l’extrémité des ra¬ meaux, en une ample panicule droite, allongée, ra¬ meuse , étalée -, les ramifications très-roides ; les épillets rapprochés la plupart alternativement trois par trois , sessiles, comprimés, lancéolés; chaque épillet muni à sa base de trois écailles inégales , qui tiennent lieu de calice , et d’environ cinq fleurs à deux valves inégales , roulées sur elles-mêmes ; six filamens très-courts ; les anthères oblongues , l’ovaire muni à sa base de deux petites écailles membraneuses et pileuses ; trois stigmates presque sessiles , velus , allongés ; les semences solitaires, oblongues. Quelques voyageurs ont prétendu que ces fleurs ne paraissaient qu’une seule fois pendant la vie du Bambou ; mais cette assertion paraît douteuse. ( Encycl. mètliod . ) ( *87 ) Analyse chimique. Le tabaschïr pierreux qui se trouve entre les nœuds des diverses espèces de Bambous con¬ tient, suivant Vauquelin , silice, 70 \ chaux, potasse, eau, et une matière végétale, 3o. Et, suivant John ( Écrits chim . , III, 1), silice, 72; chaux, alumine, oxide de fer, matière végétale et eau, 8. Perte con¬ sistant probablement en potasse , 20. Propriétés médicinales. Suivant Rhéede, la décoction des feuilles du Bambou étant bue en grande quantité , dissout le sang caillé, tandis que la chaux , que contien¬ nent les articulations de sa tige, fait cesser les douleurs de la strangurie , en provoquant l’émission des urines. On attribue aussi à une forte décoction des feuilles la fa¬ culté de provoquer les mois et de raffermir les gencives ulcérées des scorbutiques. On emploie plus communé¬ ment cette décoction édulcorée avec le sirop de char¬ pentier, comme béchique incisive. Mode d’administration. La dose est d’une once des feuilles pour une livre de décoction , et d’un scrupule de la chaux pour quatre onces de liquide. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT- TREIZE. Cette planche représente un site des environs de la rivière de l’Esterre (Haïti). On voit à l’horizon les mornes de l’hôpi¬ tal ( quartier des Gouaïves ) , et sur le côté du fleuve , dont les eaux coulent paisiblement et sans ondulations, se trouve une ( î88 ) touffe de Bambous qui ombragent ses rives fertiles et enchan¬ teresses. On a dessiné un tronçon de Bambou pour en laisser voir la contexture , le feuillage et la floraison. Cette portion de tige est réduite au sixième de sa grandeur parfaite. CAC TI ER A FRUITS FEUILLES ( 289 ) WWW W W»VWW« WWW WWWWWMAWWtAWWWl CÀCTIER A FRUITS FEUILLES. ( Béchique incisif. ) Synonymie. Vulg. Ronce d’Amérique, Groseiller des Antilles. Cactus Pereskia. Lin. Icosandrie monogynie. Juss. , famille des Cactes. — Cactus caule tereti arboreo , aculis geminis , recurvis; foliis lanceolato-ovatis. Lin. — Pereskia aculeata , flore albo , fructu flavescente. Plum. , Gen. — Malus americana spinosa , portulacæ folio , fructu folioso , semine reniformi splendenti. Commer. , Hort. i , p. i45, t. 70. — Grossulariæ fructu majore arbor spinosa , fructu folioso , viridi, albicantc. Sloan. Jam. Hist. 2 , p. 86. — Portulaca, Pluk. , t. ai5 , f. 6. — En anglais , Peresky. Caractères génériques des Cactiers. Plantes à fleurs polypétalées , de la famille du même nom , presque tou¬ tes épaisses, charnues, succulentes, munies d’aiguillons en faisceaux, dépourvues de feuilles, et tout-à-fait sin¬ gulières par leur aspect. Calice monophylle, supérieur, ordinairement en tube, composé de plusieurs folioles écailleuses , souvent imbriquées ; corolle à pétales nom¬ breux, rapprochés de la base-, vingt étamines ou plus; une base infère, polysperme. Caractères particuliers. Opuntias comprimés, à arti- ( 29° ) culations prolifères. Tige arborée, arrondie, à aiguil¬ lons géminés, recourbés ; feuilles lancéolées, ovales. (Vivace. ) Histoire naturelle. Mordant Delaunay fait dériver le mot Cactus du verbe grec *atw, je brûle , parce que la piqûre de leurs épines cause la plus vive douleur. La ronce aux traits aigus comme un garde fidèle, Dans différens quartiers se poste en sentinelle , Détourne avec ses dards l’approche des troupeaux, Et des arbres naissans protège les berceaux. (Castel. Les Plantes y ch. 1.) Cette plante singulière croît le long des montagnes, où sa végétation curieuse la fait remarquer. Mais sur ce roc dont la cime fend l’air , Mon œil se plaît à poursuivre Amallhée * ; J’aime à la voir, de sa dent effrontée, Mordre la ronce ou le cytise amer. (Campenon.) Caractères physiques. C’est un arbrisseau toujours vert, épineux, et qui pousse de longs rameaux cylin¬ driques , plians , sarmenteux , pleins de moelle , à écorce verte, et munis à leurs nœuds d’aiguillons géminés, courbés en bas , et à peu près semblables à ceux des ■ Cabrit, espèce de chèvre. f ( agi ) ronces. La tige est hérissée inférieurement d’épines longues , roides et en faisceaux. Les feuilles sont alter¬ nes , ovales, ou ovales-laneéolées , rétrécies en pétiole à leur base, vertes, lisses, un peu succulentes, et de la grandeur de celles du pourpier. Elles sont un peu bar¬ bues dans leurs aisselles. Les fleurs sont blanches, très- odorantes, ouvertes en rose, à calice court, et viennent plusieurs ensemble sur des pédoncules communs. Elles produisent des baies globuleuses, feuillées, d’un blanc jaunâtre , un peu plus grosses qu’une noisette , d’une acidité très-agréable, et qui contiennent la plupart trois semences orbiculaires , noires et comprimées. Cette plante croît aux Antilles , et particulièrement à Haïti et à la Jamaïque. Les fruits du Pereskia naissent par groupes, et sont transparens $ quelques-uns sont garnis de petites épines très-déliées. La peau est membraneuse , parsemée irré¬ gulièrement de quelques stigmates garnis d’un petit duvet brun , et d’où sortent de petites épines , quelque¬ fois deux ensemble. Ce qu’il y a de singulier, c’est que de la peau du fruit il sort irrégulièrement des feuilles charnues, vertes, oblongues. Chaque baie aune espèce de couronne d’où s’élèvent de semblables feuilles. La chair est mollasse, succulente, jaune, et d’un goût aigrelet comparable à celle de la groseille d’Europe. Au milieu du fruit s’élève une petite poche membraneuse faite en godet, parsemée de points bruns, et renfer¬ mant depuis trois jusqu’à six graines d’un brun noir⬠tre, de la forme et grandeur de lentilles, mais concaves d’un côte , et convexes de l’autre , ayant un petit point blanc par lequel elle tient au fond de la poche par un ( 29* ) petit filet. Chaque graine renferme une petite amande d’un blanc éblouissant , mais sans goût. Analyse chimique. Le suc des fruits produit, après l’évaporation convenable, une once et demie d’extrait par livre de suc, et d’une consistance molle. Propriétés médicinales. On emploie les fruits dans les tisanes béchiques incisives et dans les tisanes anti¬ syphilitiques. Mode d’administration. La dose des baies est d’une once par pinte de liquide; celle de l’extrait , d’un gros : on en fait un sirop. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT- QUATORZE. «. Tiges armées de ses épines. — — *VW\^ V\> V\>\\ WH\' W\H' W\ VY* W> Vl'WWW W* VV\ U'» U> t/\Vv\Y fcYY W ^ FIGUIER DES INDES. ( Béchique incisif. ) Synonymie. Vulg. Figuier admirable, Figuier maudit franc de Nicolson. — Ficus indica , Lin. Polygamie triœcie. Juss. , famille des Orties. — Ficus foliis ovato-laneeolatis, integer- rimis, coriaceis,subtùssubpubescentibus,fructibussessilibus. Ficus indica, foliis mali cotonei similibus fructu licubus simili. Bauli. Pin. 4 $7. — Ficus vasta. Forsk. Ægypt. 179, n°93. — Ficus indica, fructu et foliis minoribus. Plumier, Miss. 7,n° 109. — Ficus americana maxima, folio oblongo Januginoso , fructu parvo, spberico, extùs viridi, intùs ru- bente. Nicolson. — Katou-Alou. Rheed — Voanounou Face. Madag. 122. — En espagnol, Hinguera india . — En anglais, Fig-tree. Ï Caractères génériques des Orties. Plantes à fleurs incomplètes, monoïques ou dioïques, rarement herma¬ phrodites*, calice monopliylle ; corolle nulle; étamines définies, insérées au fond du calice, et opposées à ses divisions; ovaire supère; un ou deux styles ; une graine recouverte d’une coque , ou renfermée dans le calice , qui devient une baie. Fleurs enfermées dans un invo- lucre commun , monophylle. Caractères particuliers des Figuiers. Arbres et ar¬ brisseaux à feuilles simples et alternes, à rameaux ter- ( 294 ) minés par un bourgeon pointu , à suc propre laiteux , et remarquables par leur fructification renfermée et tout - à - fait cachée dans une pulpe succulente qu’on nomme Jigue. Enveloppe charnue, pyriforme , renfer¬ mant les sexes, ouverte à l’extrémité, garnie d’écailles. Fleurs monoïques *, les mâles très-nombreuses à la par¬ tie supérieure du fruit, souvent mêlées avec les femel¬ les ; calice de trois à quatre divisions 5 trois, cinq éta- mines portées sur un pédicelle. Fleurs femelles sur un pédicelle comme les mâles , calice idem ; deux stigmates \ une petite graine enveloppée dans la pulpe du calice commun devenu bacciforme. Caractères spéciaux du Figuier des Indes. Feuilles lancéolées , très-entières , pétiolées 5 pédoncules agré¬ gés \ rameaux radicans. Histoire naturelle. Cet arbre immense, extrême¬ ment étendu , est véritablement admirable par son port et sa manière de se propager , Le figuier d’Indoustan , qui , perdu dans les airs , De son front touche aux cieux , de ses pieds aux enfers. (Delille. ) H pousse de ses branches de longs jets pendans, assez semblables à des cordons ou des baguettes , qui gagnent la terre , s’y enracinent et forment de nouveaux troncs qui , à leur tour , en produisent d’autres de la même ma¬ nière *, en sorte qu’un seul arbre s’étendant et se multi¬ pliant ainsi sans interruption , offre une forêt sombre , une seule cime d’une étendue prodigieuse , et qui paraît ( *95 ) posée sur uu grand nombre de troncs de diverses gros¬ seurs, comme le serait la voûte d’un vaste édifice , sou¬ tenue sur quantité de colonnes. Vers l’heure du jour où les Nègres , près de leur ajoupa, goûtent le repos à l’ombre d’un mapou , et où les perruches se retirent dans le creux du Figuier d’Inde pour y respirer le frais , La tendre tourterelle et l’errante palombe Gardent au fond des bois les mœurs de la colombe. ( Rosset.) Mais souvent le silence de la nuit est interrompu parles accords du Bauza. Alors le noir Figuier de son feuillage sombre Protège les amans étendus sous son ombre. (Gilbert.) Outre la beauté de son aspect, le Figuier d’Inde a des propriétés pour les arts et la médecine. On obtient avec son suc du caoutchouc. Cet arbre se reproduit par ses baguettes, par des graines et par des boutures qui végètent avec une étonnante rapidité. Il croît partout dans les bois, dans les savanes, au bord de la mer et dans les mornes. Son bois est employé à faire des canots. Les Nègres en font aussi des sebiles, des plats , des assiet¬ tes et autres ustensiles de ménage. Caractères physiques. Le figuier des Indes est tou¬ jours vert} il vit et subsiste pendant plusieurs siècles. C’est un des plus gros arbres de l’Amérique. Le Père Labat -assure en avoir vu de vingt-cinq pieds de ( ?96 ) circonférence. Sa racine est grosse , fibreuse , traçante , tellement saillante en dehors, que l’arbre paraît porté sur des arcs-boutans. Son tronc s’élève fort haut ; son écorce. est épaisse, grisâtre, coriace, laiteuse , blanche lorsqu’on la coupe , rougissant à l’air. Son bois est mou; ses branches sont grosses ; elles s’étendent fort au loin, se divisent en une infinité de rameaux , et procurent un bel ombrage. 11 sort de ses rameaux des espèces de ba¬ guettes plus ou moins grosses, très-droites, inclinées vers la terre ; lorsqu’elles y sont parvenues , elles y pren¬ nent racine et forment de nouveaux arbres qui , à leur tour, en produisent d’autres. Les fleurs naissent par bouquets à l’extrémité des rameaux ; elles sont oblon- gues, d’un vert foncé en dessus, pâle en dessous, et comme cotonneuses, sans dentelures; longues de dix- à douze pouces , et larges de quatre à cinq ; d’une sa¬ veur astringente , d’une odeur herbacée, portées sur des pétioles courts, épais, qui s’étendent sur toute la lon¬ gueur de la feuille , et forment une côte saillante en des¬ sous , à laquelle aboutissent plusieurs nervures obliques, alternativement placées. Les fruits croissent le long des branches et des rameaux ; ils sont sphériques, de la gros¬ seur d’une noix de gale, verts en dehors, de couleur rose en dedans, pleins d'un suc laiteux , d’un goût fade. Ces fruits renferment dans leur intérieur les fleurs qui se changent en une infinité de petites graines oblongues, roussâtres et fécondes. ( Voyez l’intéressante note du Mariage des Plantes de Darwin , sur la fécondation du Figuier, p. 88. ) Analyse chimique. Toutes les parties fraîches don¬ nent un suc laiteux, amer et très-âcre; plus, du caout- C 297 ) chouc* Les fruits contiennent beaucoup de mucilage , une matière saccharine, un principe amer. Le suc offre une encre de sympathie que le feu dévoile ; il sert à faire coaguler le lait. Propriétés médicinales. La décoction légère des fruits est émolliente , adoucissante, lubréfiante et relâchante, c’est-à-dire très-recommandable dans les maladies in¬ flammatoires , en diminuant la vigueur et relâchant les organes. On prépare avec ces fruits un sirop assez estimé contre les toux sèches, les pleurésies, les néphrites, le catharre vésical commençant, les dysuries, les angi¬ nes, etc. Le suc âcre et lactiforme, au contraire, ne s’emploie qu’à l’extérieur contre la lèpre et les maladies exanthématiques , pour guérir les cors et les verrues , et neutraliser les piqûres des insectes. Je ne donne point l’histoire des figues comestibles , bien supérieures sous tous les rapports , et qui sont ex¬ quises aux Antilles , où on les recherche pour leur facile digestion, ce qui les rend utiles aux personnes de cabi¬ net. Il ne faut pas oublier cependant qu’un trop fré¬ quent usage de ces fruits amollit le système fibreux, gonfle le tissu cellulaire, et cause des empàtemens ab¬ dominaux. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT- QUINZE. i. Fruit entr’ouvert. a. Branche d’où se détachent des rameaux funiculaires qui vont prendre racine, et rappellent les merveilles de la reproduction. 26 Tome IV. — 74* Livraison. ( ag8 ) l»M% VWWVWWWVWW WVVWVWWVW» VMWW WWW v\a WWWWV^WVW AZIER A L’ASTHME. ( Béchique incisif. ) Synonymie. Nonatelia officinales foliés ovatis acutisj ealycis involucro, triphyllo. Aubl., Guian. 182, t. 70, f. 1. C’estle Nonoateli des Galibis. Caractères génériques. Plante à fleurs monopétalées,. de la famille des Rubiacées , ayant du rapport avec les Psicotres , et dont les feuilles sont opposées et les fleurs en panicule terminale. Fleur . Calice monophylle, court et à cinq dents *, une corolle monopétale , tubulée ou en entonnoir , et dont le limbe est à cinq divisions ; cinq étamines, dont les fiîamens sont insérés au tube de la fleur, et portent des anthères ovales ou cblongues -, un ovaire inférieur qui fait corps avec la base du calice , et soutient un style bifide dont les stigmates sont obtus. Fruit. Baie à cinq loges , renfermant cinq osselets an¬ guleux. Caractères particuliers. Fleur stellée \ stipules ar¬ ticulaires *, feuilles lancéolées à duvet. Histoire naturelle. Cette plante de peu d’appa¬ rence , mais utile et particulièrement recherchée pour les affections des organes de la respiration , est origi¬ naire de la Guiane, d’où elle a été probablement trans- /y. sçû. j i : j i ( 299 ) portée par quelque voyageur ami des sciences et de l’humanité. Aublet a le premier trouvé cette plante au bord des sentiers, dans les forêts de File de Cayenne et de la Guiane. Elle était en fleurs et en fruits dans le mois d’août. Caractères physiques. La racine de cette plante est dure et rameuse. Elle pousse une tige ligneuse, cylin¬ drique , branchue et rameuse , haute de deux à trois pieds sur quatre à cinq lignes de diamètre. La tige , les branches et les rameaux sont noueux et garnis à chaque nœud de deux feuilles opposées et disposées en croix. Elles sont entières, lisses, vertes, ovales, fermes, co¬ riaces , et terminées par une longue pointe. Leur pédi¬ cule est court et attaché à une gaine qui entoure chaque nœud. Cette gaine est terminée par quatre pointes; il y en a deux à l’opposé de chaque feuille. Les fleurs naissent à l’extrémité des rameaux ramassés entrois bouquets entre trois longues écailles. Le calice est dune seule pièce ; le limbe est divisé en cinq ou six parties étroites, aiguës; il est garni à sa base de trois petites écailles. La corolle est monopétale ; son tube est très- court, son pavillon est partagé en cinq lobes blancs. Elle est attachée autour d’un petit disque sur l’ovaire. Les étamines , au nombre de cinq , sont placées sur la paroi interne du tube , au-dessous des divisions de la corolle. Leurs filets sont grêles , les anthères sont obion- » gués et à deux bourses. Le pistil est un ovaire arrondi , renfermé dans le calice avec lequel il fait corps. Il est couvert d’un disque formé par cinq glandes fauves , du centre desquelles s’élève un style blanc qui le partage à ( 3oo ) son sommet en deux lilets terminés par un stigmate obtus. L'ovaire, conjointement avec le calice, devient une baie noire à dix cannelures , de la grosseur d’une gro¬ seille rouge. Elle est à cinq loges séparéés par des cloi¬ sons. Chaque loge contient un osselet blanc. Analyse chimique. Toute la plante fournit une fécule verte , soluble dans l’alcool } une matière extractive un peu mordante -, une partie fibreuse *, un sel végétal à base de chaux. Les fruits contiennent du mucilage sucré , légèrement acide. Propriétés médicinales. Toute la plante est en usage , soit en infusion ou en décoction. Elle est pectorale in- / cisive , et les Créoles l’appellent azier à T asthme , à cause des bons effets qu’ils ont éprouvés de son usage pour le soulagement et la guérison de cette maladie. On lui reconnaît en outre des propriétés apéritives, vulné¬ raires et détersives. Mode d’administration. La dose est d’une poignée pour une livre de décoction. On prépare l’extrait, la conserve et le sirop des fleurs et des feuilles. Le sirop surtout est excellent pour l’asthme. La dose du sirop est d’une once , et celle de l’extrait de demi-once. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT Q UATRE-V1 NGT-SE1ZE . 1. Fleur entière. 2. Corolle entr’ouverte. 3. Fruit entier. 4- Capsule coupée transversalement pour laisser voir la di¬ vision des loges. 5. Graine. FRMCH1PAKIER ROUGE ( 3o« ) vvi vv\ wn vv>vvi vvv vmv» w> wvm w»w\ vv\ hvvv>w vv»vvw» vv> \ v ww \v»wvv\w vv* vwvv wivm w vtaw w\ w* vvywKS ANTILLES ( 3.. ) Histoire naturelle. Celte plante de peu d’apparence croît aux Antilles. On la trouve assez communément à la Martinique , à la Guadeloupe , à Saint-Yago de Cuba , à Haïti et à la Jamaïque , où elle est appelée par les lia- bitans thé de montagne , à cause de ses vertus balsami¬ ques. Elle est annuelle. Caractères physiques. Cette espèce de Sauvagèse qui a beaucoup de rapport avec celle de Cayenne ( Sauva- gesia adima ), en diffère néanmoins en ce qu’elle est beaucoup plus petite, que ses tiges sont presque simples, ses stipules plus allongées. Ses feuilles sont alternes, sessiles , étroites , lancéolées , glabres à leurs deux faces, légèrement dentées en scie à leurs bords , munies dans leurs aisselles de stipules allongées , étroites , ciliées ou pinnatifides à leurs bords. Les fleurs sont axillaires, longuement pédonculées , blanchâtres. Les pédoncules longs , sétacés , uniflores \ les calices aigus , plus longs que la corolle \ les capsules réfléchies sur les pédoncules. Analyse chimique. Cette plante fournit une huile vo¬ latile , une sous-résine, de la gomme, du tannin, une substance ligneuse, une autre glutineuse, et un peu de nitrate de potasse. Propriétés médicinales. On emploie ordinairement ! cette Sauvagèse comme fébrifuge , administrée tout en- I tière en infusion *, mais son usage, comme béchique , est plus familier. Ses qualités amères et aromatiques excitent - ( 3.i ) les organes } aussi la recommande-t-on comme stoma¬ chique, cordiale, nervine, utérine, corroborante, ré¬ solutive, etc. Elle facilite la digestion, provoque les contractions du cœur et accélère la circulation^ elle ex¬ cite les fonctions de l’utérus , et résout certaines tumeurs indolentes } mais elle convient plutôt aux tempéramens lymphatiques et à fibre relâchée , qu’aux sujets nerveux et sanguins. On associe la Sauvagèse aux plantes béchi- ques, lorsque la période inflammatoire est passée et qu’il s’agit de rendre du ton aux membranes muqueuses rel⬠chées. Mode d'administration. On l’administre en poudre , sous forme d’électuaire , à la dose d’un gros , trois fois le jour. Celle pour l’infusion est de quelques pincées pour une pinte de liquide. Son huile volatile peut être donnée à la dose de six à huit gouttes, en oleo-saccha - rw/ra, dans un jaune d’œuf ou tout autre excipient. EXPLICATION DE LA PLANCHE DEUX CENT QUATRE-VINGT- DIX-NEUF. 1. Fleur développée. 2. Fleur grossie dont on a enlevé les pétales pour laisse^ voir les nectaires et l’ovaire. 3. Nectaire grossi. 4* Fruit trigone , intérieurement uniloculaire. 5. Fruit coupé transversalement. 6. Graines. ./*/ . 3oo . - “1 T//-<>,7tit/ore 0esn>ees'ft7\ jPàm î 1 A P R A a RK B IF LO RF I ( 3.3 ) %V\WWIWWWW\WWW\ VV* VV>W\mW vv\ W* vv\ VVtWt v.\A w \M VV> w> W> W1 VM \1 wi CAPRAIRE BI FLORE. ( Béchique aromatique. ) Synonymie. Vulg. Thé du Mexique, Thé d’Amérique, The des Antilles, Thé de la Martinique, Thé de santé , Thé de la rivière de Lima. — Gapraria biflora. Lin. , Didynamie an- giospermie. Juss. , famille des Scrophulaires. Selon d’autres , famille des Personnées. — Capraria foliis alternis, floribus geminis. Lin. , Jacq. Amer. 182 , t. a 5. — Capraria foliis alternis, corollisquinquefidis.Hort. Cliff. Brown Jam. 268. — - Capraria curassavica. Herm. — Gratiolæ affinis frutescens americana, foliis agerati S. Veronicæ erectæ majoris. Comm. Hort. 1 , p. 79, t. 4o. — Lysimachiæ purpureæ affinis, americana procumbens , etc. Pluck. Alm. 237, tab. 98 , f. 4« — Capraria peruviana , agerati foliis absque pediculis. Fewil. Per. 1 , t. 84* — Capraria frutsecens, moldanicæ fo¬ liis , floribus albis. Caractères génériques. Plante à fleurs monopéta- lées , de la division des Personnées , ayant des rapports avec la Scopaire , à feuilles alternes ou opposées , et fleurs axillaires. Fleur: Calice oblong, à cinq décou¬ pures droites, linéaires et persistantes ; corolle monopé¬ tale , campanulée , plus grande que le calice, et dont le limbe est à cinq divisions oblongues et presque égales; quatre étamines non saillantes hors de la fleur, dont deux plus courtes ; un style avec stigmate en tête échan- crée ; capsule oblongue , comprimée au sommet, à deux ( 3.4 ) valves, et deux loges polyspermes , divisées par une cloison opposée aux valves. Chaque loge contient beau¬ coup de semences très-menues. Caractères particuliers. Feuilles alternes ; fleurs géminées. Bisannuelle. Histoire naturelle. Le nom de Capraire , du mot capra > chèvre, a été donné, dit-on, à , cette espèce, parce que les chèvres en sont très-friandes. Elle croit naturellement aux Antilles et dans presque toute l’Amé¬ rique méridionale , où elle remplace le thé. Ce feuillage chinois , qui , par un doux succès, De nos dîners tardifs corrige les excès , Et faisant chaque soir sa ronde accoutumée , D’une chair indigeste apaise la fumée. Delille. Caractères physiques. C’est un arbuste rameux , droit , et qui s’élève à trois ou quatre pieds de hauteur ; ses rameaux sont cylindriques , communément glabres, et garnis de feuilles nombreuses, ou peu distantes les unes des autres. Ces feuilles sont alternes , ovales , oblongues, entières et rétrécies en coin vers leur base, élargies et dentées dans leur moitié supérieure; glabres , et quelquefois un peu ciliées inférieurement. Elles sont un peu charnues , d’un vert clair , et longues d’un à deux pouces sur une largeur de cinq à sept lignes. Les fleurs sont blanches, inodores, assez petites, et dispo¬ sées dans les aisselles des feuilles , le plus souvent deux ensemble, sur des pédoncules simples, beaucoup plus ( 3.5 ) courts que les feuilles. Cet arbuste croit aux Antilles dans les lieux incultes et autour des habitations. Analyse chimique. Les feuilles produisent une huile aromatique , un peu de gomme, un principe amer, de l’albumine , une matière extractive avec malate de chaux , du tannin et de l’acide gallique. Propriétés médicinales. Cette plante , ainsi que le thé, exerce une action tonique sur nos organes nerveux par son principe acre et odorant. Son eau distillée , prise à haute dose, produit une débilité universelle, le som¬ meil , le rigor et souvent la paralysie , une sorte d’i¬ vresse, l’affaiblissement de la mémoire, par suite de son action sur le système nerveux, et des vertiges. Cette plante, au contraire, prise à dose moyenne, excite la tonicité des voies digestives , et fait éprouver un bien-être général. Elle favorise les séci étions, tandis qu’à la haute dose elle occasione des douleurs gravatives à l’épigastre , l’anxiété, des nausées , des flatuosités , et souvent meme des déjections alvines. Souvent les per¬ sonnes nerveuses , trop agacées par l’usage d’une forte infusion , éprouvent des vertiges, de l’abattement , une prostration de forces et un tremblement convulsif. Nous prescrivons ici le Capraire biflore comme bé- chique aromatique, en lui associant des pectoraux moins énergiques et mucilagineux qui enchaînent sa vertu trop irritante. Mode d’administration. A l’exemple du thé , on ne doit employer les feuilles de Capraire biflore qu’après une dissiccation complète, et lorsqu’elles ont perdu par ( 3.6 ) l'évaporation une partie de leur énergie. La dose des feuilles est d’un gros pour une livre d’eau bouillante sans réduction. On diminue son activité en édulcorant l’infusion avec du sucre , et en la coupant avec du lait. La première infusion , beaucoup plus forte que les autres, ne convient qu’aux tempéramens lymphatiques et aux per¬ sonnes qui habitent des terrains marécageux , et sont réduites à boire des eaux croupissantes ou troublées que le tannin de la plante fait précipiter en les clarifiant. EXPLICATION DK LA PLANCHE TROIS CENTS. 1. Corolle ouverte. 2. Capsule. 3. Capsule entr’ouverte. 4. Graines. 5. Graine grossie. TAnoi/orr jfieseourùZk. f*irhr . f‘rnv> dcttfanfr BASILIC COMMUN. /y. 3oj. ( 3.7 ) BASILIC D’AMÉRIQUE, ( Béchique aromatique . ) Synonymie. Vulg. Franc-Basin, Grand Basilic , Sarriette grande. — Ocymum americanum, Lin., Didynamie Gymnos- permie. Jussieu, famille des Labiées. — Ocymum maximum catariæ foliis, satureiæ odore, floribus paliidis. — Ocymum maximum caryopbilli odore. Inst. Rb. — Ocymum basilicum. — Soladi-Tirtava. Rbeed. — Nala-Tirtava. Rheed. Mal. — Cottàm. Rheed. Caractères génériques. Plantes à fleurs monopéta- lées, de la famille des Labiées, comprenant des herbes ou arbrisseaux exotiques , d’une odeur suave et aroma¬ tique. Calice persistant , monophylle , denté au som¬ met ; corolle monopétale, bilabiée ; deux étamines ou quatre didynames } un style ; deux stigmates ; quatre graines nues au fond du calice} fruit tétrasperme. Feuilles opposées-, tiges carrées} fleurs verticillées. Caractères particuliers. Calice à deux lèvres , la su¬ périeure horizontale , arrondie , l’inférieure quadrifide } Tome IV. — 76* Livraison, 38 ( 3.8) corolle renversée, à lèvre supérieure , à quatre lobes égaux , l’inférieure entière et crénelée ; les deux petites étamines à filament portant une dent. Feuilles comme lancéolées, aiguës , comme dentées; grappe arrondie; tige presque herbacée. (Amérique.) Histoire naturelle. Cette plante originaire des Indes et de Ceylan , et qu’on rencontre fréquemment aux Antilles, se cultive en Europe dans les jardins, tant pour l’agrément , qu’à raison de son excellente odeur. On en a obtenu un grand nombre de variétés qui toutes existent aux Antilles , savoir : le grand Basilic , ou Franc-Basin; 2° le Basilic moyen et vert ; 3° le Ba¬ silic moyen et violet ; 4° le Basilic petit et vert; 5° le Basilic petit et violet ( Ocymum minimum ). On ren¬ contre toutes ces variétés dans des endroits sablonneux et incultes. On les emploie, dans l’art culinaire, pour assaisonner les ragoûts. La graine, en Europe, se sème sur couche au mois de mars, ou en avril en pleine terre bien préparée , et convenablement exposée , mais la graine ne réussit pas si bien que sur couche. Les Basi¬ lics aiment l’eau et le soleil. Ces plantes exhalent les plus doux parfums. Cette odeur, dit Mordant de Launay, qu’on a crue digne d’un roi , a donné le nom à ces plan¬ tes. Basilic est dérivé de l’adjectif Basilikos, qui, en grec, signifie royal. En latin , on leur a donné le nom grec Ocymum , parce qu’elles croissent promptement, de l’adjectif Okys , prompt. Caractères physiques. Les Basilics plaisent générale- ( 3i9 ) suent par leur forme élégante, la beauté et la variété de leur feuillage, et surtout par leur odeur suave. La racine du Basilic d’Amérique est dure et fibreuse -, elle pousse une tige haute d’environ un pied, droite, pres¬ que cylindrique, verte, ou d’un rouge quelquefois très- foncé , et garnie de rameaux quadrangulaires , opposés en croix, redressés, et qui la font paraître paniculée dans sa partie supérieure. Cette tige paraît presque glabre ; néanmoins elle est munie dans sa partie supé¬ rieure de poils blancs, rares et forts petits, mais qui sont plus abondans sur les nœuds et sur les sommités de la plante. Ses feuilles sont opposées, pétiolées, ova¬ les , lancéolées, bordées de dentelures peu sensibles, planes, lisses, un peu charnues, d’un vert foncé, et soutenues par des pétioles plus ou moins ciliés en leurs bords. Les fleurs sont blanches , quelquefois purpurines, ou bleues, portées sur des pédoncules propres, fort courts, et disposées par verticilles incomplets, formant des grappes droites, longues, simples et terminales. Les verticilles inférieurs sont situés dans les aisselles des feuilles supérieures de la plante , et tous les autres , qui paraissent nus, sont accompagnés chacun de deux petites bractées opposées , et souvent colorées d’un pourpre violet comme les calices. Chaque verticille est ordinairement composé de six fleurs; les calices sont ciliés ou barbus. ( EncycL Méih, ) Analyse chimique. Le suc de la plante fournit une cire résineuse, une matière extractive avec malate de chaux , un extrait gommeux , de l’albumine, de la fécule 28* ( 320 ) verte , une huile volatile, (lu tannin , et un peu de ni¬ trate de potasse. Propriétés médicinales. Les Américains font le plus grand cas de cette plante qui, à la vérité, est d’une grande ressource dans beaucoup de cas , où on l’emploie comme cordiale, céphalique, diurétique et emménago- gue. Elle est propre à déterger les ulcères, à résoudre les tumeurs, et à fortifier le système nerveux. L’infusion de ses feuilles et de ses fleurs , prise comme du thé , est très-recommandable dans les céphalalgies , et les fluxions de cette partie. La poudre des feuilles séchées à l’ombre comme sternutatoire, est souvent préférée au tabac , pour les personnes d’un genre nerveux déli¬ cat. On emploie les bourgeons de Franc-Basin en infu¬ sion dans le second temps du catarrhe pulmonaire. Pon- pée-Desportes indique la recette suivante comme ver¬ mifuge et pectorale. Prenez : Ecorce de Gommier rouge ou blanc -, de Sucrier de montagne 5 Franc-Basin -, som¬ mités de Gombo ; Canne à sucre bien mûre et coupée par morceaux j sommités de pois d’Angole; de chaque une poignée 5 graine de petit mil , une pincée-, faites bouillir dans deux pintes d’eau jusqu’à réduction d’un quart. Passez et ajoutez deux livres de sucre pour faire un sirop. Rheede recommande la décoction de la racine en injection contre les maladies de la bouche. On fait avec les feuilles, fleurs et fruits et de l’huile, un lini- ment qu’on prescrit en frictions dans les douleurs rhu¬ matismales. Poupée-Desportes donnait aussi le garga¬ risme détersif, dont suit la formule : Prenez une livre ( 3*. ) d’orge , des bourgeons de Monbin , de Franc-Basin , de la graine d’Ooli, de chaque une pincée } faites-les bouil¬ lir dans une pinte d’eau jusqu’à moitié , et délayez dans la colature une once de miel. Mode d’administration. La dose du sirop est d'une once ; celle de la plante pour l’infusion est d’un gros. EXPLICATION DE LA PLANCHE TROIS CENT IIN. 1. Fleur vue de coté. 2. Fleur entr’ouverte pour laisser voir la disposition des étamines. 3. Calice. 4- Ovaires surmontés d’un style bifide. ( 32'2 ) WV\'VM Wl WHWWVWkW WWW WWA W WKVWWW W VV W W V\ WMVW w w w w- TURNÈRE A FEUILLES D ORME. ( Béchique aromatique . ) Synonymie. Vulg. Thym des Savanes. — Turnera ulmifolia. Lin., Pentandrie trigynie. Juss. , famille des Portulacées. — Turnera floribus sessilibus , petiolaribus , foliis basi bi- giandulosis. Lin., Syst. — Turnera foliis serratis , petiolis floriferis. Horï. Ciiff. , 122 , tab. 10. — Turnera frutescens, ulmifolia. Plum. , Gen. 1 5. Martin , Centur. , p. 49 , t. 49- — Turnera è petiolis florens, foliis serratis. Brown , Jam. 189. — Cistus urticæfoiio , flore luteo , vasculis trigonis. Sloan. , Jam. 86. Hist. 1 , pag. 202 , tab. 127, fig. 4 , 5. — Turnera montana, Santolinæ facie et odore, flore luteo. Poup.- Desp. Caractères génériques. Genre de plantes dicotylé¬ dones , à fleurs complètes , polypétalées , de la famille des Portulacées, comprenant des herbes ou arbustes exotiques à l’Europe , dont les feuilles sont alternes, point succulentes \ les fleurs axillaires et solitaires. Ca¬ lice à cinq divisions , tubuleux 5 corolle de cinq pétales ouverts j cinq étamines \ trois styles à stigmate découpé 5 capsule trivalve, uniloculaire, polysperme. Semences à tunique propre, unilatérales, ligulées. /y. ,3 æ. TTRTVERE A PEtir.LKS D’ORME. . . ( 3cî3 ) Caractères particuliers. Fleurs sessiles, pétiolaii es *, feuilles pourvues de deux glandes à leur base. Calice «à deux bractées linéaires *, anthères non élevées au-dessus de la gorge de la corolle } fleurs terminales serrées dans le centre des feuilles. (Jamaïque. Bisannuelle.) Histoire naturelle. Cette plante croît sur les mon¬ tagnes incultes et sablonneuses de la Jamaïque et des au¬ tres Iles Antilles, où on la recueille avec soin pour l’u¬ sage de la santé. Sa présence flatte agréablement Fodo- rat , car il a Le parfum du jasmin , Celui de l’oranger, de la rose et du thym. Dulard. Caractères physiques. Cet arbrisseau s’élève à la hau¬ teur de sept à huit pieds, sur une tige droite, cylin¬ drique , rameuse \ les rameaux alternes , roides , glabres, rougeâtres , un peu pubescens vers leur sommet , garnis de feuilles alternes , pétiolées , ovales , lancéolées , lon¬ gues d’un pouce et demi à deux pouces sur environ un pouce de large , vertes et luisantes en dessus , plus pâles , pubescentes en dessous, traversées par des nervures blanchâtres, inégalement dentées en scie à leurs bords, aiguës à leur sommet -, les dentelures profondes , larges , arrondies ou aiguës *, les pétioles courts , pubescens , mu¬ nis de deux petites glandes. Les fleurs sont solitaires , sessiles , situées vers le sommet des rameaux , insérées sur les pétioles. Leur ca¬ lice est tubulé, strié, pubescent , divisé à son limbe en ( 3*4 ) cinq découpures oblongues, lancéolées , aiguës -, accom¬ pagné à sa base d’un petit calice ou de deux bractées conniventes, presque campanulées à leur partie infé¬ rieure, prolongées en deux petites folioles concaves, lancéolées, denticulées ou entières. La corolle est grande, d’un beau jaune ; les pétales larges, un peu arrondis , onguiculés ; les étamines saillantes hors du tube ; les anthères oblongues, très-aiguës ; l’ovaire ovale-oblong , surmonté de trois styles droits , un peu plus courts que les étamines ; les stigmates courts, à plusieurs découpures capillaires. Le fruit est une capsule ovale , à trois côtés peu marqués ; pubescente, à trois valves ; entière à sa moitié inférieure , renfermant plusieurs semeiïces oblon¬ gues, médiocrement courbées, d’un brun roussâtre., légèrement striées et tuberculées. Cette plante , qui res¬ semble au tbym , fleurit toute Vannée. Analyse chimique. Le Thym des Savanes renferme du tannin qui verdit le fer; une gomme, un gluten, une huile aromatique et volatile , et de la fibre ligneuse. Propriétés médicinales. Les bécliiques aromatiques peuvent être aussi considérées corpme céphaliques, d’a¬ près leurs vertus toniques et aromatiques. Suivant Pou¬ pée-Desportes on emploie avec succès , dans toutes les Antilles , le Thym des Savanes , pour rétablir les forces des malades. Cette plante passe aussi pour un excellent béchique. Elle est , dit-il , particulièrement estimée pour redonner à la lymphe la fluidité dont elle est dé¬ pourvue , et par conséquent préférée dans les embarras ( 325 ) et obstructions des glandes lymphatiques. J’ai souvent employé cette plante avec avantage dans le second temps du catarrhe pulmonaire. On en fait un sirop qui est très-agréahle au goût. Mode d’administration. La dose du sirop est d’une once *, celle de la plante , pour l’infusion , d’un gros par pinte d’eau. explication de la planche trois cent deux. 1. Pétale. 2. Calice extérieur, deux phylles environnant l’ovaire surmonté d’un stigmate multifide. 3. Stigmate grossi. 4- Capsule entière. 5. Graine. *Wv\UV\W»A^»WAVvWVWl\MV\VV\V\\WVkWWVVVWVWWWVWUWrtVkVVVWm mWVlVUVk MÉRIANE ROSE. ( Béchique aromatique. ) Synonymie. Meriana rosea. Tussac, t. i, p. 76. En anglais,, Wrightea rosea. Lin. , class. 10, ordre 1 . Décandrie mono- gynie. Juss. , class. i4 > ordre 8. Les Mélastomes , Tussac. — Rhexia rosea , Swartz. Caractères génériques. Genre de plantes dicotylé¬ dones, à fleurs complètes, polypétalées , régulières, de la famille des Mélastomes , comprenant des arbrisseaux exotiques à l’Europe , à feuilles opposées et à fleurs le plus souvent axillaires. Calice campanulé et à cinq dé¬ coupures*, cinq pétales insérés sur le calice ; dix étamines inclinées 5 un style 5 une capsule à cinq loges poly- spermes. Caractères particuliers. Graines nombreuses , dis¬ posées dans chaque loge autour d’un placenta lunulé qui adhère par un appendice vertical à l’axe commun du centre, ce qui distingue la Mériane rose des Mélastomes dont les graines sont éparses. Ecorce des jeunes sujets d’un blanc pourpré , et cendrée chez les vieux sujets. MKHIA>T KO SK. ( 327 ) Histoire naturelle. Ce genre a été consacré à made- moiselle Sybille Mérian, qui a donné l’histoire des pro¬ ductions naturelles de Surinam, quelle a dessinées avec grâce et talent ; mais l’art est si inférieur à la nature , que les dessins les plus exacts de cette belle plante, dit Tussac , sont bien loin de la fraîcheur du modèle. On ren¬ contre ce charmant végétal dans presque toutes les hautes montagnes de Liguanie , à la Jamaïque, à Saint-Domin¬ gue, à Cuba, à Porto-Rico, où M. Tussac la toujours rencontré en fleurs au mois de septembre. Les fleurs seules de la Mériane sont employées en médecine. Le bois en est mou, blanc et peu recherché. On multi¬ plie cet arbuste par graines qu’on sème dans des caisses exposées à l’ombre , et dans une terre légère. On les répand à la surface du sol , en y donnant un léger arrosage. Elles croissent très-promptement. Cet arbre ne réussit que dans les montagnes. Les jeunes plants doivent s’enlever avec beaucoup de terre, c’est-à-dire en motte. Caractères physiques. Le tronc de la Mériane rose est de moyenne grandeur; il est simple. Sa cime est composée de rameaux droits , dout l’écorce , très -lisse, est grise dans le vieux bois , et d’un pourpre violet dans les jeunes pousses qui sont tétragones et un peu apla¬ ties. Les feuilles sont opposées en sautoir, ovales, poin¬ tues, trinerves, glabres et très-luisantes. Leur marge est cartilagineuse et finement dentée. Les pétioles, ainsique les nervures principales * sont d'un pourpre violet ; les feuilles qui commencent à pousser, ainsi que les autres jeunes rameaux , ont la même couleur. Les fleurs sont axillaires , portées sur d’assez longs ( 3ü8 ) pédoncules , et solitaires ; elles sont grandes , d’un rose assez foncé , et blanches dans la variété. Elles sont com¬ posées d’un calice campanulé à cinq divisions membra¬ neuses, munies à leur base extérieure chacune d’une dent subulée. Ce calice est persistant , et quoiqu’il pa¬ raisse envelopper plus de la moitié de l’ovaire , il n’y est point adhérent, A sa base on trouve deux bractées oppo¬ sées , ovales et trinerves. La corolle est à cinq pétales, ovales , oblongs , qui sont attachés par un onglet à la marge intérieure du calice. Les étamines , au nombre de dix, ont des filamens libres, planes, blancs, insérés entre les pétales , et de la même manière qu’eux. Ils sont courbés tous du même coté, et portent des anthères ar¬ quées, biloculaires , s’ouvrant par l’extrémité*, d’un beau jaune, et attachées aux filamens un peu au-dessus de leur sommet. L’ovaire , quoiqu’entouré de plus de moitié par le calice , n’y adhère point ; il est obtusément pentagone : le style qui le surmonte est long , charnu , terminé par un stigmate obtus, pubescent. La capsule est à cinq côtés obtus; elle est composée de cinq loges et de cinq valves qui se séparent et commencent à s’ouvrir par le sommet. Les graines, qui sont en grand nombre dans chaque loge, sont disposées autour d’un placenta lunulé qui adhère par un appendice vertical à l’axe commun du centre, caractère particulier qui les distingue des Mé- lastomes dont les graines sont éparses. Ces graines sont en forme de coin, et si petites, qu’il est impossible , dit Tussac , d’en apercevoir l’embryon. Ce genre pourtant a de grands rapports avec les Mélaslomes, puisqu’il n’a pas de périsperme, et avec le Rhododendron par la conformation de sa capsule. ( 329 ) Analyse chimique. Les fleurs , seules employées, pro¬ duisent un arôme, un léger principe astringent, une partie colorante , etc. Propriétés médicinales. L’infusion des fleurs est esti¬ mée pectorale. EXPLICATION DE LA PLANCHE TROIS CENT TROIS . 1 . Étamine grossie. 2. Capsule entière. 3. La même , coupée transversalement, 4- Graines. 5. Graine grossie. CAMARA A FEUILLES DE MÉLISSE, ( Bècliique aromatique. ) Synonymie. Vulg. Sauge de montagne, Herbe à plomb ou Ronces ; Sauge à feuilles rondes , dite du Fort-aux-Dames ; Herbe à Caïman. Lantana camara. Lin. , Didynamie angio- spermie. — Juss., famille des Gatiliers. — Lantana foliis oppositis, caule inermi ramoso; floribus capitato-umbella- lis , apbyllis. Lin. — Camara melissæfolio , flore variabili. Dillen. Camara alia , flore variegato , non spinosa. Plum. Gen. 32 , ic. 71, f. 1. — Viburnum americanum non spi- nosum, melissæfolio , floribus coccineis. Pluk. Alm. 385 , tab. ii4j f* 4* — Cayolizan seu Tepocan. Hern., p. 66. Variété : Camara scorodoniæfolio splendente, flore cro- ceo. Dill. Eltb. 67 , t. 57, f. 67. Crocodilium. Desc. Caractères génériques. Genre de plante à fleurs monopétalées , de la famille des Gatiliers, comprenant des herbes en arbrisseaux exotiques à feuilles opposées , et à fleurs en tête, ombelliformes et très-agréables à CAMABA A FËI ILLE» l»E MELISSE ( 33. ) voir. Calice tubuleux, monophylle, à quatre ou cinq dents ; corolle monopétale , tubuleuse , irrégulière ; quatre étamines didynames ; un style ; un stigmate; graines dans une baie , rarement nues ou dans une capsule. Caractères particuliers. Calice tubulé à quatre dents, fort petit; corolle à tube plus long que le calice ; à limbe plane, à quatre divisions obtuses, inégales; quatre éta¬ mines; un style; un stigmate latéral. Drupe contenant un noyau à deux loges dispermes. Feuilles opposées, tige sans épines; rameuses; fleurs en tête, à ombelle, sans feuilles. (Amér. mérid. Vivace. ) Histoire naturelle. Cet arbrisseau très- élégant , et toujours vert, est originaire de l’Amérique équinoxiale, et demande en Europe la serre chaude. Ses fleurs d’a¬ bord d’un jaune d’or, passant bientôt au rouge écarlate, surpassent en éclat : Bluet, coquelicot et mainte fleur pareille Qu’on voit égayer nos guérêts, Quand Flpre, en passant chez Cérès, A laissé pencher sa corbeille. Arnaut. Le Lantana camara dont les rives odorantes de la ri¬ vière de l’Esterre sont jonchées , sert souvent de lit de repos au Caïman qui aime à dormir au soleil sur le ( 332 ) bord des fleuves. En cas de surprise, et au moindre bruit, il se relève, et se précipite brusquement à l’eau pour se dérober aux yeux qui le recherchent ou le re¬ doutent. La pression que son corps a exercée sur les feuilles du Lantana carriara , et le froissement de celles qui se trouvent sur son passage , laissent exhaler une odeur aromatique qui se mélange à celle musquée que les glandes du crocodile sécrètent à la moindre inquié¬ tude. C’est ce qui a fait donner au Lantana camara le nom d’Herbe à Caïman. (Voyez mon Histoire du Cro¬ codile. ) Il existe dans les magnifiques serres de M. le comte de Saint-Didier, en son château de Voisin, près Ram¬ bouillet, une belle suite de Camara qui produisent le plus bel effet par la variété de couleurs des diverses es¬ pèces. Cet arbrisseau aime le soleil et l’eau. On le mul¬ tiplie de boutures. En le semant de graine sur couche , on le rend annuel et il convient alors à ceux qui n’ont point de serres. Caractères physiques. Le Lantana camara est un arbrisseau d’environ quatre pieds de hauteur, dont le tronc est un peu tortueux, d’un gris brun , et divisé en rameaux redressés, feuillés , télragones et dépourvus de piquans. Ses feuilles sont opposées, pétiolées, ovales, pointues, dentées, ridées, d’un gros vert, peu velues , approchant de celles de la Mélisse , mais plus petites. Les fleurs sont ombelliformes , nues , pédonculées, et situées aux sommités des rameaux dans les aisselles des feuilles. Leur couleur est d’abord d’un jaune jonquille , qui passe bientôt au rouge écarlate; elles sont épanouies ( 333 ) une partie de l’année , parce quelles se succèdent sans interruption les unes aux autres. Analyse chimique. On obtient une huile essentielle d’un arôme peu agréable; une fécule verte; une partie colorante, et un principe astringent. Propriétés médicinales. On emploie fréquemment aux Antilles le Lantana camara , surtout à Marie-Ga¬ lante et à Haïti , où on lui donne Je nom d’ Herbe à plomb. Les Colons substituent ses feuilles au tbé. Elles sont sudorifiques, d’une saveur un peu amère, mais assez agréable. On enlève ces feuilles des tiges avec précaution, et on les met à sécher dans un lieu sec, à l’abri du soleil, et pour juger si elles ont perdu toute leur humidité , on les couvre d’un papier , et l’on passe dessus des lames de fer chaud. Dès que le papier ne prend plus d’humidité , ces feuilles sont renfermées dans des vases bien nettoyés , sans odeur , pour s’en servir au besoin. On emploie le Camara en injection dans les maladies du cerveau et de l’utérus, après les symptômes inflammatoires; l’usage de sa fomentation est, dit -on, propre à fortifier les nerfs et à dissiper l’enflure des plaies; j’ai éprouvé plusieurs fois d’heureux effets de son administration en bains dans de pareils cas, et dans le traitement désaffections cutanées. Ce précieux végétal est aussi recherché comme vulnéraire détersif, et le D. Gilbert , médecin de l’armée d’Orient, en faisait le plus grand cas. On prescrit l’infusion de Camara comme céphalique et carminative, lorsqu’il s’agit de dissiper Tome IV. — 76e Livraison . 29 ( 334 ) des flatuosités incommodes. On applique les feuilles de Camara et de Verveine bleue, bouillies dans du vinai¬ gre, contre les douleurs pongitives de la pleurésie. Mode d’administration. La dose des feuilles pour les bains est d’une ou deux poignées , et d’une pincée pour l’infusion. explication de la planche trois cent quatre. 1. Calice. 2. Corolle entière. 3. Corolle entr’ouverte. 4- Ovaire surmonté du style. 5. Graine grossie. 6. Graine biloculaire coupée transversalement. FIN DU QUATRIÈME VOLUME. \ ( 335 ) TABLE DES matières contenues dans le quatrième volume. Cinquante-neuvième livraison . Planche*. Pages. Sommaire des Diurétiques . » i Dolic à gousses ridées . a 53 3 Yarec nageant , ou Raisin du Tropique. . . . 234 7 Amome velu et pétiole . 235 îo Poivrier en bouclier . . a36 i4 Soixantième livraison . Paulinie triternée . 2 3y 17 Barbon des Antilles . 238 21 Margrave à ombelles . 239 25 Balisier à larges fleurs . 24o 3o Soixante-unième livraison . Gorinde glabre . a4i 07 Erythal d’Amérique . .... 242 4o Aristoloche bilobée ou longue . 243 44 Calebassier à feuilles loDgues . 244 47 Soixante-deuxième livraison. Pin d’Occident à cinq feuilles . 245 53 Sapin beaumier . 246 59 Fromager pentandre ( Mapou) . 247 64 Coqueret pubescent. ... ... a48 69 f f . ( 336 ) w Soixante-troisième livraison . Planche* Page*. Lycopode penché . 24g 73 Tribulle à grandes feuilles . 2Ôo 77 Myginde diurétique . 25i 81 Iris jaune et noire de la Martinique . 25a 85 Soixante-quatrième livraison. Piltonie velue . 255 89 ïélosie perlée (Passevelours paniculé) . 254 g4 Passiflore lyrée . 255 97 Ménisperme Ahuta-, . 266 101 Soixante-cinquième li v raison . Diurétiques sédatives. Dorstène caulescente ( Pariétaire capitée). . . . 257 ro5 Ptérocarpe à feuilles veloutées . 258 108 Sapotiller commun . a5g 112 Bihaï des Antilles ( Bananier marron ) . 260 1 16 Soixante-sixième livraison. Savonnier mousseux. . . 261 121 Fraisier frutiller . . . 262 12.8 Fromager pyramidal. . . 263 129 Crételle en balais. . 264 io4 Soixante-septième livraison . Béchiques adoucissantes. Arec oléifère ( Palmiste à chou ) . 265 i4o Cacaoyer cultivé . 266 147 Sésame d’Orient . 267 i55 Arachide hypogée. .......... 268 îôg Soixante-hu itième livraison . Ketmie gombo . 269 i65 Ketmie à fleurs changeantes . 270 »7* Urène lobée . 271 176 Cornaret anguleux. . . »72 180 ‘( 337 ) Soixante-neuvième livraison . Planche*. Pages» Dattier commun . 527 3 i85 Détails botaniques du Dattier . 274 190 Abrus réglisse ( Liane à réglisse ) . 275 ig4 Jujubier cultivé . 276 198 Soixante-dixième livraison . Sébestier à grandes fleurs . 277 205 Cotonnier des Indes . 278 209 Badamier du Malabar . 279 217 Cytise caj an ( Pois d’Angole) . 280 221 Soixante-onzième livraison . Carmantine pectorale . 281 325 Gérarde tubéreuse . 282 329 Caramelle sucre . 285 233 Agavé karatas . 284 209 Soixante-douzième livraison . Scille d’Amérique . 286 245 Adiante du Canada . 286 25o Adiante trapéziforme . 287 254 Doradille transparente . 288 257 Soixante-treizième livraison . Inule à feuilles de Primevère . 289 261 Béjuco grimpant . 290 265 Adansonie digitée (Baobab ) . 391 269 Ciocoque à baies blanches (Jasmin odorant). . . 292 276 Soixante-quatorzième livraison . Youlou bambou . 2g3 281 Cactier à fruits feuillés (Ronce d’Amérique ). . • 294 289 Figuier des Indes . 295 393 Azier à l’asthme . .... 296 298 ( 338 ) Soixante-quinzième livraison. Planches. Page» Franchipanier rouge . 297 3oi Érythrine des Antilles ( Bois immortel ) . 298 3o5 Sauvagèse des Antilles ( Thé de montagne). . . 299 3io Capraire biûore ( Thé du Mexique ) . 3oo 3i3 Soixante-seizième livraison . Basilic (Franc Basin) . 5oi 317 Turnère à feuilles d’orme (Thym des Savanes). . 3o2 322 Mériane rose . 3o3 3a6 Camara à feuilles de mélisse ( Sauge de montagne ) . 5o4 33o FIN DE LA TABLE DU QUATRIÈME VOLUME ' mmm ISPSg mm si» mtm