L'HISTOIRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX, AVEC LEVRS defcriptioriSjÔc naïfs portrai6ls RETIREZ DV NATVREL: ESCRITE EN SEPT LIVRES, Par Pierre Belon du Mans. A V ROY. î A PARIS, £>n les vend en la grand {aile du Palais , en la boutique de Gilles Corrozct ; presla chambre des confultations. i $ s s> Àuecpriuilege du Roy. Voy ce portrait, & di qu'en levoyant Tu vois encor de celluy la femblance Qui, feul fait voir ores en noîlre France Tout ce qu'en foy Voit le ciel tournoyant, PJR. G. A V ROY. SONNET VE G. slVBERT. Belon paffant, Sire, par le trauers Des flots glacée & des mers altérées, Pour embellir tes terres bienheurées, Sparte icy par maints dfpres deferts Ores des rocs les arbres touioursverds. Or les poïffons de leurs bleues marées, Puis les oy féaux des célestes contrées, NeldiJJknt plus rien libre en l'vniuers. De fes trauaux il remenace encores L'Indeemperlée,& les arènes Mores, Mais il ne peut plus rien fans tonfecours. R^ecbajfe donc , Sire, celle fouffrance: ^Amfitouiours la couronne de France Vme immortelle en fes rares difcours. AV TRESCHRESTIEN ROY Henry fécond de ce nom. I R E , au temps que le feu Roy Françpys re- i> R 0y ftaurateur des bonnes lettres , voftre treflage, ïunçoys trefpuiflant, Sciant renommé pere, fauorifoit fiam?_ les hommes doétes pour leur érudition ,& les decenom, hommes d'armes pour leurs prouéfles , toutes manières de gents commencèrent à fe mettre ' en deuoir de luy faire apparoiftre, & prefenter quelque chofe de leur fçauoir. Car il n'y auoit : celuy qui nefuft bien aducrty qu'il eftoit tref- , magnammej&^excellent en toutes fciences: & ■ que fa vertu inuitoit vn chafchun à luy donner telles louanges qu'il meritoit . Et pource qu'il faifoit grad cas de tout ce qu'on iuy prefentoit,ne defdaignant aucune chofe pour petite qu'elle fuft,il fe demonftroit affectionné entiers toutes perfonnes,c\les remuneroit de don Royal, cXhonora ble guerdon .Lorsmefenti elpris de defir d'auoir l'intelligence de beaucoup de chofes produises es éléments, qu'on nomme naturelles: c'eft à fçauoir des plan- tes,animaux,& chofes metal]iques,dont les anciens fçauants Philofophes ont faie fpeciale mention. Mais voyant que plufieurs de ces chofes eftoyent fi peu def- crites,que nous n'en auions que le feul nom eftranger pour les deuinenn'cfperay auoir meilleur moyen d'en aquerir vne vraye cognoifsâce, que par quelque loin- taine pérégrination. Parquoy ie me mis à les aller querant par les régions eftran- Loingui- ges,Sciur les lieux de leurs naiflances: me conduifant par l'exemple de plufieurs ne peregi anciens fçauants Philofophes, comme de Pythagoras , Empedocles , Platon , & de Democritus-.defquels aucuns ayants entreprins loingtains voyages, paruindrent lau£icHr - îufques au païs des Chaldees , & Egyptiens : les autres aux Gymnofophiftes , qui f ;ZfT s eftoyent les fages Philofophes en Indie:pour apprédre la théorique, & pratique anciesphi de plufieurs fdences,dontils euflent efté ignorants,s'ils ne fuflent bougez, de leur le/opbes. païs. Ariftote précepteur d'Alexandre , délirant fçauoir la nature defdites plantes &^animaux pour la mettre en hiftoire,trouua que la difficulté eftoit en la defpen- U\, m Uti fe des fraiz,qu'il y conuiendroit faire. Parquoy il perfuada facilement à fon difci- d'^rlexS ple,d'y contribuer.Car Alexandre qui eftoit docile,de franc cceur,cXde grand fça- dre h uoir,trouuant telle entreprinfe à fon gré , voulut faire entendre à vn chacun, g rmicn : qu Ariftote efcriuoit cefte hiftoire par fon exprès commandement , d'autant que T^"' luy mefmes eftant enflammé de defir delà fçauoir, iuy fit deliurer à vne fois ' remtm EPISTRE AV ROY. fix cents talents en argent coptaîtt, qui môterent enuiron la valeur de fept cents Mité cinquante mil efcus, pour l'entretenement des pefcheurs, oyfeleurs, veneurs & ZI herbiërs,qml voulut eftre expreffemét employez aux pourchas des beftes,& plan fut ctufe tes eftrangeres de toutes les parties du monde, & les apporter mfques en Athènes des efems au W 1S d'Anftote , ou de Theophrafte . C'eft donc par la libéralité de ce gentil d-hndo. Roy & que n o US auons le grand bénéfice de fi diligente obferuation de l'hiftoire Zl & hh des animaux , & des plantes: fans laquelle ny Ariftote, ny Thcophrafle ne l'euf- lc fent onc feeu mettre par eferit, nori plus que fans eux il ne nous ferait mamtenat pofsible d'en auoir cognoiffance . A ufsi fit faire exprès commandement a touts hommes d'Afie & Grèce ,& autres fubiefo de l'empire Macédonien ,qu ils le rendifTent obeïfTants à tout ce qui leur feroit enioind par Ariftote:Et fit entendre aux Roys étrangers qu'il auoit fubiuguez par armes , que le plus grand plaihr qu'ils luy pourroyent faire, feroit de luy enuoyer telles fortes de belles , & plan- tes qu'on pourrait trouuer en leurs contrées . Et a ces fins les contraignit chafler iufques en Aphnque,Indie, Arabie,& autres païs loingtains.A ceft exemplaire, m eftant mis en effort de les obferuer, tant en noftre Europe , que Afie , & partie d'Aphnque,ne m'a efté labeur les défaire par le menu,& principalement quand les ay trouué retenir les mefmes noms anciés , dont lefdi<3s fçauants Philofophes nous les ont figmfiéz . Et maintenant,Sire , que par voftre grâce m oclroyez que foye nombre entre voz efcoliers.defirant m'aquitter de mon deuoir enuers vous: après auoir rédigé par eferit, & mis en lumière les chofes mémorables obferuees en mes voyages:ay aufsi entrepnns vous faire voir à part en fept hures , ce qu ay trouué es oyfeaux digne de recitd'ayant rendu en noftre langue,prefque en mel- me ordre &fentence deceque(Dieu aidant)vous prefenteray en Latin: ayant mieux aimé vous faire premièrement voir ceux cy , efperant que prendrez quel- quesfois plaifir en la leéture d'iceux. l'ay aproprié les mots Mçpys chafeun aion naïf portrai<3,a fin de le reprefenter a vos yeux:veu mefmement qu onc homme ( que l'on puifle fçauoir ) ne les à publiez en cefte façpn.Vous afleurant,Sire,qu il n'y à deferiptio faulfe,ne portraict d'oyfeaufuppofé: ne autre chofe qui ne foit en nature. Et pour vous faire voir que ce n'eft labeur fans doûnne & érudition , lâ- chant queceluy qui ne donne que le feul nom moderne en fa langue, a vn ani- mal ou plante , queneantmoins Ion pourrait bien nommer de diftion antique: i'ay cherchées moyens pour approuuer ceque l'en nommeray en celle noitre langue,parlesappellationsantiques:àfinquele nom modernenefoit delelti- mé pour fa nouueaulte,ains foit rendu en fa maiefte par vertu de l antiquité, Sire,noftre Seigneur vueille vous maintenir enfa grâce. De Paris en l'Abbaye S. Germain des prez, le douziefme delanuier,milcinq cens cinquantequatre. L'vn de voz treshumbles éfeoliers Pierre Belon du Mans. P* BELON DV MANS AV LECTEVR. "S A T V R E nous monftrant l'excellence de fon ouuragc,de- b clara la perfection d 'iceluy, en ce que fon plaifir cft, que corne | chafcunefubftance animée feroit fubie&e àl'executiond'vn a certain deuoirraufsivoulutles employer en diuerfes manië- | res:& que la mefme faculté, & qualité qui eft caufe que les ani _J> maux ont afleurance fur terre , en l'a:r,& en l'eau, & qui les réd animeZ,donneroit aufii l'eftre toute pareille aux plantes. Parquoy tout ainfi com me il eft diuerfes efpeces d'animaux, aufquels il eft befoingpour viure infpirer Ïsbi, & le rendre auecfoubdainmouuement,&fe remuer d'vne place en l'autre pour chercher leur pafture,à fin de fe maintenir en eftre : aufsi â efté neceffaire aux plantes croiftre en l'aer & eftre enracinées en quelque lieu : & encor qu'on ne s'aperçpyuevifiblementdeleurinfpiration &refpirarion , fi eft-ce qu'elles ont leurs conduits &cauitez pour attirer & humer l'humidité de 1W & de la terre & les rendre en quelque manière . Doncfçachant que l'an: & la terre leur don- nent fuffifante nourriture, n'ont eu que faire de fe remuer d'vne place en autre pourfe maintenir en eftence. Lexecution de ce deuoir qu'entendons es chofes a' nimees , ie dy plantes & animaux, cft que chafeune cftant iouïffante d'vne con- ititution & perfection particulière &propre à elle feule , aurait neceflairement à employer fes fai&s , félon la nature de la mixtion qui l'a ainfi compofee, fans fornrhors de la température des éléments qui luyfont conuenables . Et pour le mieux déclarer adioufterons pour exemple, que comme elle ordonna qu'il fe- rait au deuoir d'vn Oliuier, Amandier, & telles autres plantes fe tenir enraci- nez , ne bougeants d'vne plane pour viure & produire leurs rameaux , fueilles, Heurs, & frui<âs:& que l'vne feroit toufiours verde & l'autre ne le feroit pas : tout ainii voulut qu'il feroit au Cheual de henir, courir V1 fte,& ainfi des autres. Corne au contraire a la Tortue, de ne cheminer guère fort & ne faire voix : au ferpent, fc traîner fans pieds:aux oyfeaux,voler des ailles en l'aer:aux poiffons,nager de leurs nageoires en l'eau: & à l'homme,parler & faire difeours: & ainfi des autres. Mais non a toutes auecmefmeperfeéhon:ains aux vns plus, aux autres moins: aux vns mieux,aux autres pis:Car comme aucunes plantes deuèment tempérées , exécu- tent mieux 1 exploit & deuoir de ce , dont nature les à chargées : tout ainfi eft de touts ammaux.Mais l'homme n'eftat ignorant de la charge de fon deuoir, fe fçait encor mieux employer que les autres,eftant auantagé fur eux de lugement & rai- ion.C eit ia caufe pourquoy ils s'employent diuerfement, attendants récompen- se ielon ce qu ils penfent que mérite leur ouurage: feachants bien que diuerfes fontlesrecompenfesfelondifferentslabeurs.AucunsfetrauaillentincefTammét K)ur&nuiâpourcontempler& confiderer mieux ce qu'ils prétendent appren- a EPISTRE dre , n'y efperants autre profit , finon qu'en les communicant aux autres, ils en fe çoyuent louenge.Le profit que pretéd l'artifan de fon labeur , eft caufe de le faire mettre en effort,de monftrer bel ouurage.Et vn iouëur de Comedies,trouuant le peuple en aflemblee,promet Iuy donner plaifir, à fin de l'inuiter à venir voir fon ieu,& s'esforçant de bien dire, vouldroit le rendre cotent : Car celuy qui y afsifte, fe trouue fatisfait du plaifir qu'il y â eu. Mais touts ouurages humains eftants fub- icds aux iugements d'vn chacun, font diucrfemét iugez, félon diuerfes affedioso Parquoy ce n'eft de merueille fi vne mefme chofe eft interprétée en plufieurs ma nëres.Et fi les faids des grands Seigneurs, tant d'efprit que du corps,font fubieds au iugemét du peuple,aufsi n'eft noulieauté fi ceux des hommes de moindre for- tune font diuerfement interprétez. Vne republique, vnEmpereur,vn Roy,ou au- tre Prince, ayant entrepris faire voir quelque expérience de fa grandeur par plu- fieurs magnifiques ouurages : ne luy côuient il pas premièrement aflembler ceux qui font eftimez capables de toute l'entreprinfe î Or fur la fin quelque chofe qui en foit auenuë , n'eft elle pas fubiede au iugemét de ceux qui y ont afsifte >. Ouy: fçachant que ceux qui ont efeouté ou regardé,ferôt tenuz pour iuges de leur fait: lefquels Ion croit fe tenir pour fatisfaids du plaifir qu'ils ont eu voyants les autres en ceuure:comme aufsi ceux qu'on à veuz en adion,fe péfent fatisfaids d'en rap- porter honneur. Pour lefquelles chofes , nous eftants bien aduertis que les hom- mes prétendent leur payement en toutes chofes efquelles ils ont trauaillé , & de- firants rendre noftre labeur agréable à touts lecteurs ,& les inuiter à lire ce que leur auons eferit en noz fept liures : leur propofons pour le loyer & rétribution de leur peine, leur faire voir la declaratiô des faeultez , qu'ils pourroyét defirer en la nature d'iceux : à fin que s'ils fentent auoir profité en la lecture de noz liures^ne nous dénient leur grâce. Mais comme l'iffue des faids de la republique, de l'Em- pereur,du Roy,ou Seigneur, les faids d'armes des nobles, les ieux des Comédies, & les ceuures des artifants,font fubieds aux iugements des hommes: c'eft à dire, à eftre prifez , ou defeftimez : tout ainfi defireroys trouuer le ledeur de bon zele, preft à exeufer les faultes, s'il en trouuoit aucunes, & ne fe prëdre à noz portraids des animaux,les eitimant mal mefurez, & ne reflembler à ceux qui ont trouué la Baleine le plus grand de noz poiflbns mal proportiônee occupant mefme mar- ge qu'vn petit Efpelan:Car fi l'Autruche le plus grand des oyfeaux eft veu cote- nant mefme place qu'vn Flambant,ou Heron,noftre exeufe vauldra entiers eux,' & autres qui le feroyent tranfportez d'affediomattédu qu'vn Eléphant bien por- trait , réduit à la corpulence d'vne Moufche , fe trouue reflembler au naturel , & eftre toufiours recogneu pour Eléphant. Et leur mettant deuant les yeux, ce que Galien raconte au commencement du liure de l'exhortation aux bonnes arts, & que Pline à eferit en la fin du cinqiefme chapitre du trente-fixiefme liure , ob- tiendrons grâce entiers eux.Swwt in parmi marmoreis (dit l?\inc)fdmam covfequuti Myrmeades,cuius quadrigam cwn agitatore coopérait alis mufea. Et ioint aufsi qu'on doit plus eftimer les premiers qui ont entreprins chofes grandes , encor que leur ouurage n'ait monftré entière perfection, que les féconds , qui onc mieux fait au- près eux: attendu que les premiers trouuent toufiours difficulté à leur commence ment : car comme dient les Vhi\o[ophes,Principmm } reipotifiir>ia pars eft : & encor, Vimidium cœpti eft cœpiJJe.Comc il nous eft aduenu en retirant les naifs portraids des A V L Ë C ï E V R. 1 des Serpents , des poiiîons, & des oyfeaux: le naturel defquels nul autre n auoît encor fait voir auant nous.Car tout ainfi que les efcrits cotentent l'efprit & font bonne mémoire, fuppliâts le deffault de la parolle, & rendent certitude des cho- fes douteufes: aufsi les demonftrations par figures.ck la peinture des matières ef- entes, peuuent contenter l'œil de la chofe abfente, quafi comme fi elle eftoit pr- fenteaoïnt que les portraids portent la forme & façon des chofes deuât les yeux Nous auons eftendu noz difeours plus ou moins en chafque article félon qu'il s eft trouue apropos,comme on voirra par cy apresdefquels on ne trouuera que les ayons trafents de quelque moderne qui les euft lâ redui&s par efent . Et pour- ce que noftre principal eftude eft mis fur les chofes de médecine , en laquelle les hommes iont longuement apprentis, & ne voulants élire trouuez enlarrecin auons fouirent allégué lauthorité d' Ariftote,Pline,& tels autres anciens autheurs! pour approuuer noftre dircJEt à fin de ne dire vne chofe plufieurs fois , auons fait le premier hure, corne par chapitres generaulx& dcclarateurs de la matière prin- cipale & des autres hures fuyuants, contenants noz particuliers difeours fans al- léguer tefmoings à chafque fois,finon lâ ou il a efté neceffaire. Nous foumettons a prouuer qu'il n'eft tôt d'efpeces diuerfes au gère des oyfeaux en l'eftre de natu- re,qu il eft de fortes des poiflbns.Carnous qui auons trauaillé au prochas,tant des vns que des autres,en ferons creuz entre les luges de bon Zele . Car ia en auos fait apparoiftre quelque chofe en noz liures De A^^M^.Quiconques vouldra cô liderer la difficulté quipeult aduenirau recouurcment de tant d'efpeces d'ani- maux, trouuera noftre diligence de grand labeunveu mefinement qu'il n'y â def cnpuon ne portrait d'oyfeau en tout ceft œuure,qui ne foit en naturc,& qui n'ait e te deuant les yeux des peintresrdefquels aucuns nous y ont aidé, en Italie An- gleterre^ Flandre . Mais entre les autrcs,ne voulants celer les noms de ceux qui nous y ont le plus feruy,auons vfé de l'artifice de maiftre Pierre Goudet Panfien pemtrevrayement ingénieux. Plufieurs oyfeaux nous font demeurez' fans potl tr ^s,neles voulants^ peintsadifcretionfanslesauoironcveuz.Etouilfe trouuera difficulté en quell ques endroids es chofes qu'auons afleureez auoir obfcrué , nous fubmettons à le prouuer par tefmoings.Soit mis le cas qu'vn oyfeleur porte deux douzaines d oy leaux en vne cage,ayams appellation Fracoyfe,touts de differete efpece : pofsible que de cent hommes,il ne s'en trouuera deux qui les fçachent diftinguer,ne reco- gnoiftre de leurs noms propres. Car, corne dit eft, eftants quafi de mefme corpu- lence^ compaffez le vns comme les autres,font difficiles à cognoiftre.Si doncil y a h grande athnite entre les naturels, comment pourrait le Ledeur les difeer-, ner 1 vn de 1 autre par le feul portrait,fans la peinture >. Qui coucherait le portrait dvn Oyiillon, pourrait facilemet le faire feruir à trente autres, moyennât qu'on y adiouitalt les couleurs propres.rar touts ont quafi les ia mbes,ongles, yeux.bec, & plumes de mefrnes : &n'apparoiflent différents à la veuë, qu'en la feule coul leur.Cefte cofideration nous a efmeu de faire que les couleurs ieront mifes fur les portraits, corne on voira par cy apres.Mais pource qu'à ceft effait,il conuient que 1 oyfeau peind foit fubiet a changemét de l'ouunenadmoneftôs le Ledeur , qu'il aitplusdelgardaladefcription que luy en baillerons , qu'aux couleurs dupein- tre,&traids du tailleur. --• - — ., i ? a iii TABLE DES CHAPITRES CONTENVZ aux fept Hures de l'hiftoire de la nature des oyfeaux. Chapitres du premier Hure de la nature des oyfeaux. Vel doiteftreleprin cipal debuoir de l'homme fçauant, & qu'elle chofe eft fciéce:auec vn fom maire,cotenant les principaux articles de ce prefent ceu- ure,chapitre premier, page première. L'ordre qui fera tenu en la defeription & portrait des oyfeaux, chap.ij. pa.5 La drîpofition des premiers éléments es corps des oyfeaux, & autres animaux, &plantes:conferant la nature desvns auec celle des autres , chap.iij. pa.5 Dimnclion de diuerfes générations, & conceptions des oyfeaux,& plufieurs autres animaux adleZjcha.iiij. pa.u Defeription des chofes neceflaires , fer- uants à la conception , & génération des oyfeaux , conférée auec celle des autres animaux,cha.v. pa.14 Difcours , touchant les conceptions & generatiôs des oyfeaux,& autres ani- maux,mifes en comparaifon de celles de l'homme, à lencontre de l'opinion vulgaire,cha.vj. pa.17 Des qualitez de diuerfes générations, tant des oyfeaux , que des prcparatiôs parlapurgation, auantla conception des animaux,chap.vij. pa.21 Laraifon pourquoy plufieurs oyfeaux, & autres animaux mafles & femelles, font fteriles , & en quelle manière fe font les conceptions,cha. viij. pa.22. De la nature des ceufs,cha.ix. pa.27 De la grandeur des oyfeaux , & de leurs parties exteriè'ures,cha.x. pa.32 L'anatomie des parties intérieures des oyfeaux,cha.xj. pa.3ff L'anatomie des offements des oyfeaux, conférée auec celle des animaux ter- reftres, & de f homme,cha. xij. pa. 38. Les principales merques , qui nous font données pour enfeignes à diftinguer les oyfeaux,cha.xiij. pa»4J De la diuerfité des meurs des oyfeaux, auec la durée de leur vie,ch.xiii j.pa.45 La différence qui eft au voler & mar- cher des oyfeaux,cha.xv- pa.45. La différence des voix des oyfeaux,cha- pitre,xvj. pa.48. La faifon en laquelle les oyfeaux font leurs nids,leurs ceufs,& s'accouplent, chap.xvij. P a g'S° Les qualitez,& tempéraments que noz corps prennent en fe nourriffant des oyfeaux diuerfement appreftez, cha- pitre xviij. pa«5i Particulière diftinétion de lanourrirure prinfe de chafque oyfeau, ou de leurs, parties interié'uresjcha.xix. pM4 Les oyfeaux,defquels Ion prend nourri ture,nômez par ordre,tant félon l'an- ciéne couftume , que moderne: & les faifons d'iccux,cha.xx. pa.5<> Difcours fur les principales friandifes es baquets de diuerfes nations : & des Viandes qui ont efté exquifes es ap- prefts, tant des anciens feigneurs que modernes: & de leur manière de fer- uiràtable,cha.xxj. pa.59 Diuination des anciens, que les Augu- res , Arioles, Arufpices, vaticinateurs, & Nigromanciens fouloyent trou- uer en contéplant les intérieures par- ties des oyfeaux , & autres animaux trefpaffez,enfaifant leurs facrifices, chap.xxij. pa.67 Que la diffe&ion des oyfeaux,& autres animaux , à efté neceffaire à noz ance ftres , pour apprendre les feiences, & principes d'icelles: ckde la fanté, & maladie des oyfeaux,cha. xxiij. pa.75 CHAP De plufieurs oyfeaux incognuz , chapi- tre xxiiij. P a g«78 Chapitres du fécond Hure. V grand Vautour cendré , chapitre premier, pa. 8 3 Du moyen Vautour brun, ou blâchaftre,cha.i j.pa.85 Diuifion des eipeces des Aigles , félon le récit d'Ariftote , & Pline , chapitre iij. page 87 Du grand Aigle Royal de couleur fau- ue:&àfçauoirfi l'art de Fauconnerie eftinuention ancienne, cha.1iij.pa.85 De l'Aigle noire, cha.v. pa.52 Du Gerfault,cha.vj. pa.54 D'vn oyfeau de rapine, qui mange le poiflo,n6mé en Grec UalUetus,8cen FrançoysvnOrfraye,cha.vij. pa.s<î D'vn oyfeau de proye qui voit la nuit, nommé en Grec ?hinis,8icn. Latin OJiijragus,chsfp.\uj. Tp^7 DelaBufe,ouBufard,cha.ix. pa.ioo Du Goiran, ou Boudree, cha.x. pa.101 De Ian le blanc,autremét nommé l'oy- fcauS.Martin,cha.xj. pa.103 D'vn autre oyfeau faint Martin , chapi- tre,xij. pa.104 Des oyfeaux de proye, feruants à la Fau conneriè,cha.xiij. pag.105 DuSacre,& fon Sacret,cha.xiiij. pa.108 Du Sacre Egyptien,chap.xv. pa.no De l'Autour, & fon Tiercelet, chapi- tre xvj. pa.iu DuFauperdrieux,chap.xvij. pa.114 De touts Faucons en gênerai, & leurs Tiercelets,cha.xviij. pa.115 Du Hobreau,cha.xix. pa.118 DerEfmerillon,cha.xx. pa.120 Del'Efperuier,cha.xxj. pa.121 Du Lanié'r,& Laneret,chap.xxij.pa. 123 De la Creffcrelle, cha.xxiij. pa.124 De la grande Pie griefche, que les oy fe- leurs nomment la blanche, chapitre xxiiij. pa.i2tf ITRES. De la petite Pie griefche,cha.xxv^pa.i28 Du Milan Roy al,cha. xxvj. pa.129 Du Milan noir,cha.xxvij. pa.t3i D u Coq,cha.xxviii. pa.13 2 De dix efpeces d'oyfeaux qui volent la nuit.cha.xxix. pa.133 De noftre grand Duc, cha.xxx. pa.13 5 Du moyen Duc,ou Hibou cornu,chapi trexxxi. P2.137 Du Hibou fans cornes , ou Chahuant, chap.xxxii. pa.133 De deux manières de Cheueches, chapi trexxxiii. pa.140 De la Huette,ou Hulote,cha.xxxiiii.pa- gf- 141 De l'Effraye, ou Frefaye, chapitre xxxv. page i 4 z Du Corbeau de nuit , nommé en Grec & Latin Nifficordx,cha. xxxvi. pa.144 Du Chalcis, ou Faucon de nuit , chapi- tre xxxvii. pa.i4î D'vn autre oyfeau de nuit, &de ceux que les Daulphinois nomment Har- pens,cha.xxxviii. pa.146 Delà Sourichauue.chap.xxxix. pa.^S Chapitres du troifiefme Hure. JV Cygne, chapitre premier, page 151 Du Pelican,cha.ii. pa.153 De l'Oye priuee,cha.iii. pa.i5<î" Del'Oyefauuage,cha.iiii. pa.i$8 De l'Oye Nonnette, autrement nom- mée vn Crauant,cha.v. pa.158 Des Canards & Canes,cha. vi. pa.160 Du Cormarânt,cha.vii. pa.161 Du Bieure oyfeau,cha.viii. pa.i£3 Du Herle,cha.ix. pa.164 Du Morillon, cha.x. pa.165 Des Canes de mer,cha.xi. Du Caniard , Colin , ou Grifard, chapi- tre xii. pa.167 De la Mouette cendrée, cha.xiii. pa. 1S9 Des Mouettes blanches,cha.xiiiï.pa.i7o De l'autre petite Mouette blanche,cha- pitre xv. P a - I 7 I DelaPiette,cha.xvi. pa^ 1 DelaTadorne,cha.xvii. pa.172 De la Cane à la tefte roufle, chapitre • xviii. P aa 73 De lagrofle Cane de la Guinée , chapi- tre xix. P a - I 74 D'vn petit Plogeon, efpece de Canard, cha.xx. pa-i75 DelaSarcelle,cha.xxi. pa.175 D'vn petit Plongeô nomé Caftagneux, ouZoucet,cha.xxii. pa.177 Du grand Plongeon de riuiere , chapi- tre xxiù. pa.178 Du Plongeon demer,cha. xxiiii.pa.175 De la Poulie d'eau,cha.xxv. pa.181 Autre efpece de Poulie d'eau , autremét nômee Macroule, ou Diable de mer, chap.xxvi. pa;i82 Du Charadrios,cha.xxVii. pa-iSj Dubec d'vn oyfeau des terres neufues, incognu aux anciés,cha.xxviii. pa.184 Chapitres du quatriefme liure. E laGriue,cha.premier,pa.i87 Du Héron cédré,cha.ii.pa.i85 DuHerort blac.cha.iii. pa.151 Du Butor,cha.iiii. pa.152 De la Pale,Poche, & Cueiller, chapitre Vk pa.154 Del'Aigrette,cha.vi. pa.155 Du Bihoreau , ou Roupeau , efpece de Héron, cha.vii. pa.157 Du Flament,ou flambât,cha. viii.pa.155 Del'Ibis,chap.9. W De la Cigogne,cha.x« pa.201 De la Pie , ou Becafle de mer , chapitre xi. pa.203 Du Corlis ,& Corlieu, cha. xii. pa.204 DelaBarge,cha.xiii. pa.205 De l'oyfeau nômé Crex, cha;xiiii.p.207 Du Cheualier rouge,cha.xv. pa.207 DuCheualiernoir,cha.xvi. pa.208 Du Vanneau,cha.xvii. pa.205 De la Poullette d'eau,cha. xviii. pa.211 TABLE DES Du Rafle noir,cha.xix. pa.212 Du Rafle rouge , ou de Genêt, chapitre pa.214 xx. De la Eccafsinc , ou Becafleau , chapitre xxi. pag-iiS De l'autre Becafsine,cha.xxii. pa.216 De la plus petite efpece de Becafsine, cha.xxiii. pa.217 De l'Alouette de mer, cha.xxiiii. pa.2i7 Du Martinet pefcheur, Csyx,& Cery- lus,cha.xxv. pag.218 Delà Rouflerole,ou Halcyon vocal,' cha.xxvi. pa.*« Du Guefpier nommé Merops, chapitre xxvii. pa.224 DuPorphyrio,cha.xxviii. pa.22(S' Vclia,ouHelea,cha.xxix. pa.227 Chapitres du cinqiefme liure. ]E l'Autruche , chapitre pre- mier, page. 231 DuPaon,cha.ii. pa^3ï Del'Oitarde,cha.iii. pa.235 De la Canepetiere.cha.iiii. pà.237 D'vn Oftardeau tenant quelques enfei- gnes de l'Oftarde,à quin'auons trôu- ué meilleur nom moderne, n'y an- cienne Oedicnemus ) cha.v. pa.235 DuFrancolin,cha.vi. pa.240 DuCoc,&Chapon,cha.vii. pa.242. Des Poulies de diuerfes fortes , chapi- tre viii. pa.245 Poulies de la Guinee,cha.ix. pa.24<> Du Coc d'Inde,chap.x. pa.248 Du Coc de bois,ou Faifan bruyant,cha pitre xi. pa.245 De la Gellinotte de bois,cha.xi. pa.252, DuFaifan,cha.xii. pa.253 De la Perdris de Grèce, cha.xiii- pa.255 De la Perdris franche,cha.xiiii. pa.255 De la Perdris grife, ou Gouache, chapi- tre xv. pa.257 De la Perdris de Damas,ou de Syrie,cha pitre xvi. pa.258 De la Perdris blanche,cha.xvii. pa.255 Du Pluuier CHAPITRES Du Pluuier,& Guillemot,chapitre xviii. pa.2sz page Du PJuuier gns,cha.xix. Des Cailles & de leurs côdu&eurs, cha- pitre xx. pa.263 Du Proyer, Prey er, ou Pruyer , chapitre xxi. pa.z Du Cocheuis,cha.xxii. pa.267 De l'Aloué'tte,cha.xxiii. pa.26^ De la Calandre,cha.xxiiij. pa.270 De laFarloufe,Fallope, ou Alouette de Dcr£itourneau,cha.xxix. pré,cha.xxv. pa.271 DelaPaiflefolitaire,cha.xxx i De la Becafle , cha.xxvi. De la Turtrelle,cha.xx. pa.3 0$ Des Bifets,cha.xxj. pa.311 Des Pigeons Fuyards,cha.xxij. pa.312, Des Pigeons,cha.xxiij. pa.313 Du Merle bleu,cha.xxiiij. pa.316 Du Merle blanc,cha.xxv. pa.317 De la tierce efpece,qu'on nomme Mer le au collier,chap.xxvj. pa.3 18 Du Merle de brefil,cha.xxvij. pa.319 Du Merle noir,cha.xxviij. pa.320 pa.3 21 pa.3 22 pa.272 De la grande Griue, qu'on nomme au- tremét a. Paris de faulx nom , vne Ca- pa.324 Chapitres du fîxiefme lime. landre,cha.xxxj. V Corbeau, chap. premier, De la petite Griuc,cha.xxxij. pa.326^ page 279 Du Mauuis,cha.xxxiij. p a -3*7 De la Corneille , chapitre De la Litorne,cha.xxxiiij pa.328 ii.page 281 Du Phénix, cha.xxxv- pa.32,9 De la Graye , Grolle, ou Freux , chapi- tre iii. pa.283 De la Corneille emmantelee, chapitre iiij. page 284 Delà petite Chouchcttc , Chouca,ou Chouè'tte,cha.v. pa^sô' Chapitres du {eptiefme lime. V Rofsignol,chapit. premier page 53f Delà Rouflette, cha.ij. pa.338 . 3e JaFauuette brune, cha. iij. pa.340 De la Chouëtte,ou Chouca rouge,cha- De la petite Fouette , ou Fauuette rouf- pitre vi. pa.287 Dulay,cha.vii. pa.288 De la Pie,cha.viii. pa.2.91 De laPie de brefîl,cha.ix. pa.292 De la Huppe,cha.x. pa.2.95 Du Loriot, cha.xj. pa.294 Des Papegaux, & Perroquets, chapitre xii. pa.z$6 Du Pic verd iaulne,cha.xiii.pa. 199 fe,chap.iiij. pa.341 Du Roytelet,chap.v. pa.3 42 Autre moult petit oyfeau, que les Lor- rains nomment Chofti , c'effc à dire Châteur: Celuypofsible qu'Arifto- te à nommé en Grec Oeftrum,&Ga za â tourné Azilus : qu'on pourroit autremét nommer en Francoys Châ tre,cha.vj. pa-344 Du Pic verd rouge, nommé en Fran- De IaSoulcie qu'on nomme vn Poul, çoysvneEpciche,cha.xiiij. pa.300 chap.vij. pa.345 Du plus grand Pic verd,cap.xv. pa.302 Du Rofsignol de muraille,chapitre viij. Du Pic de muraille, que ceux de Clair- pag. 347 mont en Auuergne nomment vne De la Gorge rouge, ou Rubeline, chap. Efchellette,cha.xvj. pa.302 ix. pa.348 Du Torchepot,cha.xvij. pa.304 Des deux Lauandieres cendrées, cha.x. DuTercou, Torcou , ou Turcot,chapi- pag. 345» trexviij. pa^oS" De la Bergerette,ou Bergerônette iaul- Des Ramiè'rSjcha.xix. pa-3°7 ne,chap.xj. pa.351 TABLE Du Culblanc, ou Vitrée", chapitre xij. page 55 2 Du Chardonneret, chap.xiij.pag. 553 Du Serin,chap.xiiij pag-354 Du Tarin,chap.xv. pa.355 De la Linotte,&Picaueret,chapitre xvj. page 35 e " Du Piuoine,chap.xvij. pag.358 Du Traquet , ou Groulard, SOTariër, chap.xvrij. pa.360 Du Moineau de ville, chap.xix. pa^tfi Du Moineau à la foulcie, ou au Collier iaulne,chap.xx. pag-3^ 2, DuFriquet.chap.xxj. pag.^5 Du Verdier,chap.xxij. pag.364 Du hîruant,chap.xxiij. pa.366 De la première efpece de Mefange, cha pitre xxiiij. pag.3^7 De la féconde efpece de Mefange, à la longue queue,chap.xxv. pag.368 De la tierce efpece de Mefange , bleue, chap.xxvj. pag.36.9 Quatriefme efpece de Mefange, chapi- tre xxvij. pag.370 Du Pinfon,cha.xxviij. pa-37 1 Du Montain,chap.xxix. pag.372. Du Grosbec,chap.xxx. pa-373 Du petit Grimpereau,chap.xxxj.pa.374 Du petit Mouchet, chap.xxxij. pa.375 De la grande Hirondelle , chap. xxxiij. page 37^ De la petite Hirondelle,chapitre xxxiii j. page 378 D'vne efpece d'Hirondelle , de riuagc, chap.xxxv. pa-37^ Du Martinet,efpece d'Hirondelle, cha- pitre xxxvj. pa.380 FIN DELA TABLE DES CHAPITRES. TABLE DES SEPT LIVRES DE LA NATVRE des oyfeaux,contenant les chofes plus notables, cottees enlamarged'iceux. 107 353-354 224 35P-3 68 3)7 205 145.144 3? 179 IO9 1 Age, auquel thom me peut engen- drer, & la fem- me concevoir . 1 1 ^Abondace de Mi- lans au pont Euxin. 131 Accipiter fignijîe touts qyfeaux de proye. Acanthis. Adarca. Aegithalos. Aentus. o Aegocephalus. Aegotilas. Aelles des qyfeaux. Aethia. Aex. Afrique abondante en Vautours & autres qyfeaux de prqye. no Agriopetmon. 2513 Aidon. 337 Aigle à quqy eji cogneue bonne. Aigle baflarde,Bufi. 100 bigles de fix efpeces,prinfis d'A riftote. Aigle, première eFpece. Aigle féconde ejpece. Aigle,tierce efyece. Aigle, quatriefirie efpece. Aigle , cinqiefme ejpece. Aigle ,ftxiefine ejpece. 88 bigles de fix efpeces prinfis de Pline. ' 88 .Aigle dejguifee pur les peintres. Aigles dmerfes. 87 Aigle ennemie du Chalcis. 146 Aigle ennemie du Grimpereau. A igle ennemie du Rqytelet. 91 A igle ou fait elle fin nid. 90 Aigle légitime nommée Chryfae- tos,ou Gmfion. 85 °i 87 87 87 88 88 A igle meurt de faim 91 iAigle noire de quel naturel, de quelles "vertus, le portraiB d'i- elle. 9i A igle participe de dimnité. 93 A igle principale es armoiries, ba mères, & monnayes de Rome. 94 A igle Royal de quel naturel. 90 auecleportraifld'tcelle. 91 A igle toufwurs ejl de mejme cor- pulence. 90 Aigles pourquqy eflqyent nour- ries par les ancies empereurs. 513 Aigrette-.auec Ça defcriqtion, eth'i mologie,<(2* purtraitl. 195.196' Alauda. 268.270 Albicilla. 191 Albicula. Pleine. 223 A liment, que donent les qyfeaux au corps humain. 52 Alkimiiles faifiurs de pierre philofophale. 74 alouette: auecfon portraitt, & defiription. 269.270 alouette de mer: auec fa defirip- tion,& portraict. 217.218 Alouette de pré: auec fa deferip- tion,& portraitt. 271.272 alouettes grajfes en hyuer.z6^ lAmcn'eJi formée pour le corps, mais le corps pour l'Ame, ij Amitié des Hérons Corneil- les contre les Renards. 191 Amitié entre la Crécerelle & le Pigeon:&pourquoy. 125 Amitié mutuelle des oy féaux. 11 Ampelts. 80 binâtes, 160 A natomie donne cognoiffance de plufieurs fecrets. 19 A natomie de la tefte des qyfeaux- Anatomie des qyfeaux , & au- j très animaux pourquqy ejlfai- ête. 7J A natomie eft y tilt ,&en quqy. 7 eces.66 Arbres , touts fe purgent de leurs excréments. 1 6 *Ardea. 189 ^irenida oua. 28 ^4rgatylis. 3 79 -3 80 ^irioles. 68 ^Arioles ont leur feience antique. 68 Artère des oy féaux. 37 ^értichault. 30 ^iruîfices & finales bnt pr'ms leurfource fous eïj>ece de fimpli cité. 68 \Arus~j>ices,<&> autres diuinMeurs en quelle forte s'exeufent de leurs faulfes refyonfes. 70 \Arujpicmm. 69 ^ifarandos. 364 ^îftolopakion. 116 ^ifiolopax. 216.172 ^ifilus. 242.244 slfilus,pifcis. 344 ^ijlirias. 152 ^Atricapilla. 359 ^Attagen. 240 .Aues Casfiic. 78 ^4uesT>iomed&&* 156 *4ues Hercinia. 79 Lotrices. 230 ^«es Memnonides. 79 ^iuesPulueratrices. 230 Seleucides. 79 «W<*. 23 6 Vrinatrices. 180 ^4ugures,*4rus!pices,& ^4ufj>i- ces auqyent diuerfes actions. Augures fai£ls pour dmerfes fins 69 ^4ugur'wm,& *Arujj>icium fe prennent pour toute forte de di- uination. 69 ^iuic&ca. 174 *Auis Jndica,Cela. 78 *éuis Miliaria. 357 ■Se?//*. 79 ^4uis Scythica. 19 ^ulugdle contre lesfrkndifes de fon temps. 63 ^Auriuittis. 355 ^utyicium,^4ruSp r icm,& *Au guriu pourquoy font amfi nom- me^. 68 *Aus~]>ices iadk en recommanda- tion à Rome. 6 9 Autour : auec fonportrait! , defeription. 112. 113 Autour femelle, Tiercelet mafe. "3 Autour oyfeau moufeheté. 112 ^Autours bons. 113 Autours mauuais. 113 *Autruche:auec fon portrait!, & defeription. 231.232 Autruche digère le fer. 55.233 T) manière de le prendre. 178 Caflor,cu liber. 163 CatharaEla. 156" Catreus. 78 Caufe du chant des qy féaux. 48 Ceblepyres. 80 Cela,auis Indica. 7 8 Cenchramus. 267 Cerchnes. 79 TA BLE. Cercio. 78 Cérémonies es facrifces des an- ciens. 71 Cérémonies introduises , auec le temps prennent grand accroif- fement. 6j Certhia. 374 Cerylus. 220 Chahuant, ou Hibou:aùec fa défi cription,portraiEl, & ethimo- logie. J i9-H° Chahuant petit , ou Effraye : auec finportraiEl. 143 Chahuants font gejles de bouf- fons. J35 Chair de trois fortes aux Cocs de bois. 58 Chair excrementeufe & difficile à digérer es qy féaux de pied plat. 56" Chair dOye excrementeufi difficile à digérer. 157 Chalcis. 145 Clralcis ennemy de l^Aigle. 145 Chant des qy féaux d'où procède il. 48 Chanteur,ou Chantre: auec fadef criptwn,& portraiEl. 344 Chappons. 244 Charadnos. 146". 183 ' auec fin ethimologie. 183 Charadrhsguariflde la taulmf- fi. ,83 Charadnos mauuais qyfiau hportraiSl. 340. Fauuette rouffe : auec fon par- ti iij trait. 541 & defcription. 342 femelles. 12 Femelles toutes ont deux genitoi- res. *6 femme pregnante reçoit le muf- le. %\ femmes aucunes font Renies : & pourquoy. 24 fiber.ou Caftor. 163 ficedula. 35 § -359 finejfe de la Perdris pour fauuer fis petits. 256 flambant ou flament: auec fa def cription. 199 florus. 3^6 flos faits. 21 9 follajlrerie , manière de prendre lesBecaffes. 174 forme de Sacre Egyptien. 1 10 la I orme fert beaucoup aux mou- vements tardifs ou^iftes. 47 fouette rouffe. cherches^ fauuette rouffe. foutons. 217 lefoyedesoyfeaux. 37 francolin. 240 auec fin portrait. 241 & defcription. 242 françoy s, Roy participant de diui nité. 189 frefaye-.auec fin portrait . 142. 143.^ defcription. 144 freux. 237.281.283 la defcription, portrait d'i celuy. 283 freux comparé à la Comeille.ify friadife des empereurs Romains. 199 frinnlla. 37 1 friquet-.auec fa defcription. 363 & portrait. 364 frugilega. 281.283 fulcia. 156 furnotumm. 143.144 G. VJ Galerand. Galerita. Gahulus. Grf/// cedroni. 348 268 284.295 250 TABLE. Gallina ruflica. 25 i Gallinago. 216.272 Gallinagominor. 216 Galtinariainjûla. 253 GaUineïla. 215 GaffarNeuius médecin. 358 G*»;»*. l6 8 Gellinotte de bois: auec fin por- trait. 252 defcription. 253 Génération du Poulfin. 32 Genitoires de queUe^ertu. 54 Genitoires desfemelles. 16 Genitoires des oy faux. 37 Gerfault : auec fin ethimologie. 94 & portrait, & naturel d'icel- luy. 9$ Gerfault dunobre des^iigles.9^ Gerfaults d'où font ils apporte^ enfrance. 94 Germe de l'oeuf. 31 Gibbera. — r 247 Gibberdc. a 248 Glandaye^. 288 Glanderes. 288 Glottis. 199.263 Glaucion. 166 Gnaphalm. 78 Gnifwn, ^4igle légitime. 8 9 Godimel excellent muficien .221 Goiran:auec fin naturel. 101 portrait , & defcription de fa couleur ;& membres. 102 Goiranbon a manger. 102 Gow rouge : auec fa defcription. 348 ^portrait. 349 Go/ot f. 281.285 Girw »f repaiffent auec leurs fem mes. 60 Griffe de l'aigle. 89 Griffons ne font en l'ejlre dena- re. 82 Grimpereau ennemy de l'aigle. GrimpereaugrandfiU Torchepot: auec fin portrai6l. 304 Grimpereau petiuauec fa defcrip- tion. 374 ^portrait- 375 Grifard-.auec fa defcription, por- trait, & naturel. 167.168 Gw*e / çSp ^or- fn«ïï. 283; Gromphena. 188 Grosbec.auecfadefcYiption. 373 & portrait. 374 Groulard. 358.36 r Grue:auec fin ethimologie. 187 &> portrait. 188 Grue Balearique. 198 Grues combattent les nains. 188 Gruesmaf.es différents es femel- les. 187 Grus Balearica. 188.189.198 Gryphes. • 79 GueSfier. 224 <«#ec defiriptio, & portrait. 225- GuiUemot,Pluuier:auec fa defcri- ption. 262 TT \ABmantopus. 204 •*■ Haines mutuelles des oy fé- aux. H Halcedo. 210 Halcyon muet, portrait. 2 19 tmec fa defcription. 220 Halcyonyocal. 221 auec fin portrait. 221 & defcription. 223 Halcyonidesdies. 218 Halcyonium. 218 Halofachne. 219 Harpa. 170 Harpens. '] ' 146 Harpyesi 82 Hf/(«. 227 Herbes de combien iefpeces. 66 Herciniœ aues. 79 Heriffon. • 16 Herle.-auecfà defcription. 164 Ho-/e f/? nx. K K £0 J06 T \Agopm. *—' lagopus alter. Laneretmajle. Langue des oy fiaux, Lanier. 259 242, 124 35 auec fit defiription. 124 Lanier , à quelles merques fie co- gnoift il. 123 Lanier commet efl il fait Cruyer, 124 Lanier femelle. 124 Laros. 168. 159 Latea. 300 Lauandiere. 349 *<«fc y« defiription , & por- trait!. 350 Leukprodios. 191 .195 Libéralité de M. deVillaines, en- tiers les hommes dottes. 324 Lieures majles ne portent comme les femelles. ' 17 Ligurinm. 354 Lingulaca. 263.267 Lmote:auec fi defiription. 356 £57- portrait!. 357 Litome: auec fit defiription. 328 portrait!. 329 Z/»M. 311 Loriot: auec fin ethimologie. 294 defiription,^- portrait!. 19J ' Lotrices aues. 230 Louange du Rofignol. 336 ioa^i guaroux. 73 £07 d'Egypte contre ceulx qui tuoyent l'ibis, ou le Sacre : /< /o>. m Lucinia. 335 Lupm. 286 Lurida. 295 Lufiiola. 336 i«ffrf. 265.364 Luteola. 364 Lycanthropi. 73 Z^co*. 286 TABLE. M \/[ microbe allégué fm la fr'ian dife des Romains. 6l Macroule-.auec fadefcriptio. 182 Magie gijl en ^OTrologie. 71 Maladies doy féaux. 77 Manière de faire le Lanier Gmyer. 124 Manière de nettoyer les plumes engluées des qy féaux. 107 Manière depredre la petite Mou- ette blanche. 171 Manière de prendre les Becajfes, nommée follajlrene. 274 Manière de prendre lesPluuiers. 161 Manière de feruir les anciens Ro- mains à table. 6j Manières diuerfes à prendre Cad les. 2<>5 Manucodiata. 79 Martinet.-auec Jà dejcription. 380 portrait!. 581 Martinet, efpece d'Hirondelle. 218.380. Martinet grand. 378 Martinet pefcheur. 218 auec fin portrait!. 219 Martinets pefcheurs de deux ejpe ces. 218 Majles. 12 Matrice des femelles. 16 Matrice des oy féaux. 37 Matrix. 263 Matrix Cothumicum, 213 Maulues. 170 Mauuk. 327 auecfon portraits. 327 Ççp defcription. 328 Melancoryphus. 355 Meleagrides. 248 Meleagris. 249 Melifophago. 224 Membre génital delagrojje Ca- ne. 17J Membres font fait!s pour /'>»;'. téducorps. 76 Mennonides aues. 79 Menflrues. jg Aiew Cailles. Mergiflomachus. 2 '3 180 Mergm 179 Merle au collier :auec fa defcri- ption,& portrait!. 3x8 Merlobiauo. 316 iWef/f Wrf»c : Jâ dejcription. Merle bleu : auec fin portrait!. »** ikff r/e ère/?/: <<»«• ^ defiriptio & portraiSl. 3 18 iHer/e noir: auec fa defcription, ethimologie,& portrait!. 320 Merles de cinq espèces : dont le premier, eûbleu. 316 /e fecond,blanc. 3 17 le tiers, au collier. 318 le quatriejme ,debrefd. 319 /e cinqiejme, noir. 320 Merops. 224 Merques pour cognoiflre le La- nier. 123 Merques principales pour cognoi flre les oy féaux. 43 Me fange: auec fa defcription. 370 Me fange à la longue queue : auec fa defcription. 368 g"?" portrait!. 359 Mefange bleue : auec fa defcrip- tion. 369 & portrait!. 370 Mefange Nonnette-.auec fin por- traicT:. 36 7 g£« dejcription. 368 Mejânges de quatre ejpeces: dont la première eft la Mefange nonnette. la féconde, à la loguequeue. 368 latierce,bleue. 369 la quatriefme. 370 Milan, combien a de petits. 131 Milan combat au Sacre. 129 rents en meurs. 131 Royal, ou Ejcoufle. 129 rt#fc yô« portrait!:. 130 Milans de deux ejpeces. 129 c/o»r première, eft le Milan Royal. 129.130 /f fecond,Milan noir. 131 Milans en abondance aux riua- ges du pont Euxin. 131 Miliariaauis. 357 Miliaris. 125.257 Millepeda aquatice. 165 Mijcellacolumba. 313 Mithridates. 1S1 Moineau.auecjà dejcription. 361 & portrait!. 362 Moineau à la foulcie :auec fin par trait!,&> dejcription. 362. 3^3 Moineau de bois. 372 Molliceps. 289 Monédula. 284.285 Monfieur de Vilîaines libéral en- vers les hommes dotles . 324 Monfieur de Vieille "ville , cheua- lierde tordre , lieutenant pour le Roy à Mets. 144 Montaimauec fa dejcription. 372 & portrait!. yj^ Monticola. 368 Moriïïon-.auec fadefcriptio, nour nture. j £ j & portrait!. 166 Morillon n a point de fiel. 1 »,«. 312 Oeftrum. 344 Oeflrum,pifcis. " 344 Oeufs à deux moyeux. 32 Oeufs boudli^en l'eau. 30 Oa/} coneeu^de yent. 1 5 Oeufs couuex^artifciellement. 31 Oeufs coums. 31 Oea/} cuit!s en la bratfe. 3 o Oeufs d ^Autruche. 2^.233 Oeufs de Crefferelle, rouges. 125 Oeufs de Crocodile. 235 Of «/} c/e diuerfés couleurs. 3 1 O a/} d'herbes. 3 1 Oca/s rf'Qyf excremeteux & dif- ficiles à digérer. 15 7 Oea/y d'oy féaux de nuiere. 30 Oea/i d'oy féaux, différents. 5 o Oa/j ve Nonnette : auec fa deferip- tion . 158 nature l,& portrait!. 159 Qye priuee. 1^6 auec fon portrait!. 157 Oyefâuuage. 158 Oyefâuuage en quoy efl différen- te à la priuee. 158 Oyespnuees de deux fortes. 156 Oyfeau,<& fa définition. 34' Oyfeau de l'^4etna. 1 5 3 Oyfeau différa à l homme , & en quoy. 34 C^/êrfa yâmfï Martin , dit Blan- chequeue : auec fa defeription. 104 Oyfêaufaint! Martin, dit I an le Blanciauec defeription de fa cou leur,yol,& naturel. 103 & portrait!. 104 Oy féaux aquatilesont pieds plats Qr> ïambes courtes. 1 52 Oy féaux aucuns muet leurs yoix pion les faifons, aucuns la cou- leur de leurs plumes.. 49 Oy féaux ayants plumes aux aif- fellesgr ïambes. 99 Oy féaux chantants auant le iour. 1° '■■■•if- v Oy féaux chacuns font de mefme corpulence à ceux de leur effe- ce. 28 Oy féaux de eobien d'eif>eces.66 Oy féaux de nuit! de dix effeces, fpecifie^ par ^4rifiote. 13 4 Oy féaux de nuit! ont , ou fem- hlent auoiraureilles. 134.13 7 Oy féaux de nuit! ont gros yeux. ; m Oy féaux de nuit! "Vulgaires de cinqesfeces. 134 Oy féaux de pied plat , ont la chair excrementeufé & difficile à di gérer. ^ Oy féaux de proye, bons à manger. Oy féaux de proye de dix espèces, filon l'opinion d'^iriftote. 106 Oy féaux de proye de huiSl ejpeces cognux^en France. 107 Oy féaux de proye en abondance, aupaysd^ifique. 110 Oy féaux de proye peuuent yiure de fruit! s. 131 Oy féaux de nuiere ayants les or- teils fèpare^lesyns des autres. ■:V7 Oy féaux de riuiere, qui font meil- ■ leurs à mander. 57 desOyfeaux, différence premiè- re: auec les nom d'iceux. 6 Oy féaux , différence féconde : & leurs noms. 7 Oyféaux,difference troifiefme:t& leurs noms. 7 Oy féaux, différence qttatriefme: & leurs noms. 7 Oyféaux , différence cinqiefme:a- bj 1 TABLE. , me les noms. 7 Oyfeaux, différence fixiefme : & les noms. 7 Vy féaux, diSlinguezen fix diffère ces :enfemble les noms diceux. 6. 7 Oyfeaux huppe^. 210 Oyfeaux ieunes toft digère^. 53 Oyfeaux nefint de moindre admi- ration, que les autres animaux aquatiques, ou terreftres. 4 touts Oy féaux ont deux intesSins, nomme\y4pophyfis. 151 Oy féaux ont diuers I e fiers. 55 Oyfeaux paffagers. 11.43 Oyfeaux peuuent ejlre bie ou mal diîfofe^. 55 Oy féaux quel aliment donnent au corps humain. 52 Oyfeaux fauuages morts pour- quoy peuuent eflyegardezjong temps fans corrompre. 5 5 Oyfeaux fi conioignent diuerfi- ment. 50 Oyfeaux fi medecinent eux mef- mes. 77 Oyfeaux font cognux^ au chant. 49 Oyfeaux font de diuerfes tempéra- tures. 55 Oyfeaux font firuis diuerfement fur table. 52 Oyfeaux terreflres différents : & en quoy. 58 P T)iAiffe folitaire. 322.323 auec fa définition, & por- traits. 323 î 'aie: auec fin portraitS. 194 Pale efl autre oyfeaux que le Péli- can. 154 Pales de deux ej]>eccs. 19 5 Palumbes. 308 Palumbes torquati. 309 Palumbus. 38 Pamphagn, 281 Paon: auec fa defeription. 2 3 3 & portraitS. 234 Paonchello. 209 Papechieu. 209 Papegault, ou Papegaygrad. 29 <> auecfon portraitS. 297 Pardalus. 373 Parties ftmilaires , ou difsimilai- res des oyfeaux. 36 Parus. 3 «S 8 PaffertorquatUs. Pafferinumgenus. 361 Paftinaca,pifcis. 310 Pauo. *34 Pauoypifiis. 235 Pauus. 134 Peaux d'aigles, 92. Pediculi. 165 Pegafi. 82 Pegafut. 78 Pelargus. 203 Pelecantesl 80 Pelecinus. 80 Pé7/'portraitS. 301 P/c yerdgrand,tierce ejpece: auec fi defeription. 302 P/c de trois esfeces: dont la première, Pic yerdlaulne. 299 la féconde, Pkyerd rouge. 300 /rf troi fie fine, Pic yerd grad.-tp% Pic%ardella. 215 P*f: dacc fia defeription , & por- traitS. 291 Piedebrefil : auec fa defeription j & portraitS. îç>z Pie, ou Bccaffe de mer: auec fa def cription,& portraitS. 203 Pie griefche : auec fa defeription. & portraitS. nj Pie griefche petite: auec fin por- traitS. 128 Pies de quatre fôrtesgriefihe. 1 2 6 Pie,ouBecaJfedemer. 203 Pie commune. 291 Piedebrefil. 291 Pies TABLE Pies griefiches de deux fines. Pieds des oyj eaux. 55.41 Pieds merques peincipales à co- gnoiftre les oyfiaux. 43 Piette: Mec fit description . 171 & portraïEl. 172, Piette, en quoy eft diffiereteà tout s qyfitiux de riuierei 172 Pigeon amy de la Crécerelle. Pigeopriué:& fi» portraiEi^l^ Pigeons domef tiques. 315 Pigeons de cinq efpeces. la première ;Ramier. ^07 la ficonde,Bifiet. 3 1 1 la troifiefme,Fuyart. 312 la quatriefine, Turtrelle. 309 /» Co» Effieruier. 122 Signes de bon faucon. 1 1 6 Signes de maladie es oy féaux de proye. 108 Similaires parties des oy féaux .4 5 Sirènes. 78.354 defiription. 305 Torchepot, autre àifece. 305 Torcou. 306 Torquilla. 306 Touret. 318 Tragopana. 78.207 Traquet: auec fin portraiEi. 3 do ^ defiription. 361 Tw/k. *>* Trichas. y- 9 Trochus. 18 Trochylus. 342 Troglodytes. 341 TroudelaSibile. 72 Truones. 163 Turcot. %o6 Turcs ne mangent, oubqyuent a- uec leurs femmes. 60 Turdi. 314 Turdmpilaris. 319 Turnerws médecin ^inglois. 355 Turtrelle. 309 auecfadefiriptio, & portraiEi. Tyrannus. 34 1 -345 TABLE \J lAleriws Cordas. 358 * F mneau-.auec fi defiription. & portraiEi. 210 Krfw. 353 Vautour. 83 rf«ec yo» ethimologte , & por- traiEi. 84 Vautour brun , ou blanchaftre. n camp. 26 Verdier: auec fi defiription. 364 & portraiEi. 365 Verdier de baye. 365 Ko'f» desgemtoires. 5 4 t/» Coc médecine. 244 Vertu^deï^Aigle noire. 92 Viandes bones ou mauuaifis pour les oy féaux deproye. 10 8 Viandes des anciens comparées a- uec les modernes. 61 Viandes diuerfis à faire "vnban- quet. 64 Viandes diuerfis filon les fiifins de l'année. 64 Villanisnympha. 'ni Vinago. 311.511 Vipiones. 188 Vireo. 364 Vifciuorum. 324 Vitiflora. 351 Vit de Coc,ou Vitcoc. 272 auec fin portraiEi. 273 Vitrec-.auec fi defiription , & portraiEi. 352 FbWe Ian le blanc. 103 Ko/ du Fauxperdrieux. 104 Voyelles. 75 Kiy« po«r entendre & cognoi- Jlre toutes chofis. z Vria. 179 Vnna oud. 31 Vrinatrices aues. 180 Vtihté pnnfie d'anatomie. 76 Vulpanfir. 159 X llomita. 272 r Eux egarouille^. 144 Z f~^Oucet:auec fa defiription, & portraiEi. 177 enfimble finnaturel , ma- nière de le prendre. 178 FIN D E L^i T BLE. PRIVI LECE DV ROY. . E N R YparIagracedeDieu,RoydeFrance,ànozaimez &feaulxcoti m feillersdes gents tenants noz courts de parlement à Paris,Touîoufe, Rouen, > Bordeaux, Diion.Daulphiné &Prouuence: Preuoftde Paris, Senefchauk j de Lion.Touloufe & Prouuéce:Bailly de Rouen,Iuges Daniou &c du Mai- 1 ne:Et à tours noz autres iufticiers & officiers,ou à leurs lieutenants, & à cha- cun d'eulx,falut &dile£tion . Receue auons l'humble fùpplication de noftre - cher & bien aimé Gilles Corrozet, libraire de Paris,lequel nous ha fait dire & remonftrer qua grans frais & defpens, foing& diligence, il ha recou- urévn liure à nous dédié, intitulé L'ifloirede la nature des oyfeaux , auecleurs dejcript'wns &por- traiEls, retire^ du naturel par Pierre Belondu Mans , diftingué en fept liures. Lequel Belon pour le bien commun de la rcpublique,illuftration & intelligence des bonnes lettres Fra nçoylês, & contentement des fauteurs & amateurs d'icellesauroitrecueilly vn grand nobre d'oyfeaux,tât eftranges que priuez & de toutes efpeces, defquels il aurait fait anatomie , & leuer le portraift au plus près du naturel, pour iceulx inférer dedens fon hiftoire.qu'il en aurait compofée au plus vray 3m> fupereft,nî fuper aflra vehi i LE PREMIER LIVRE DE L'HI- STÔIRE DE LA NATVRE DES OISEAVX, aucc leurs defcriptions, & portrait retirez du naturel, r ,: Par Pierre Belon du Mans. QYEL DOIT ESTRE LE PRINCIPAL DEVOIR de l'homme fçauant, & quelle chofe eft faence: auec vn fommaire con tenant les principaux articles de ce prefent ceuure. CHAPITRE PREMIER. O V Sfçauons cobien plufieurs qui voudroyent auoir incontinent comprins toutes chofes fans y trauail er,aiment la briefuete' des efaipts:c c eft afçauoir ir V e " ef - mouches,fourmis, chcnilIes,efcharbots , & autres telles petites beftes: come auf- fi les autres viuent de chair, les autres de fruiéts,les autres de grains & femences: defquels pluficurs nous font cogneuz & domeftiques,les autres font fauuàges & incogneuz.Il y en a qui viuent feulets,Ies autres en compagnie-.parquoy voulâts traiéter d'un chafeun , fuyuant ce qu'en auons trouué en fon naturel , & félon ce qu'ils font naïfuement appris des leur narflance fans l'artifice des hommes: en fe- rons defeription en noftre langue, prenans l'appuy de l'opinion & authorité des anciens . Mais fault noter qu'en tout ce difeours , autant qu'il nous fera pofsible, rendrons les noms Grecs & Latins auec les François à chafque oyfeau, à fin que le moderne cnaitplusd'authonté.Etpource qu'il a efté force de mettre aucu- nes diclions Grecques , & quelques fois des claufules Latines , ce lieu foit pour nous en excuferxar par tout auons fuy de inférer mots effranges , finon ou n'a- uons fecu faire autrement. L'ordre qui fera tenu en la defeription, & pourtraid des oyfeaiœ C H A P. I I. ATV RE auoit donné l'air aux oyfeaux pour leur afsigna- tion à fe conferuer en vie, voulant qu'ils fuflent fauuàges & en pleine liberté:mais les hommes tournâts l'ufage de toutes cho fes à leur commodité , après auoit' feeu dompter les vns , & les rendre priuez , ont encor inuenté diuerfes manières de prifons pour les enfermer, à fin de les engrefler , & les rendre plus ten- dres,ou pour auoir plaifir en leut beauté exqUife,ou bien en leurs plaifantes chan fons. Nous dirons les nôs,tânt des vns que des autres, & principalement de ceux qui ont appellation vulgaire en noftre langue : car il eft à prefuppofer que com- me les Hebneux,Chaldees,Arabes,Grecs, Latins, & autres, dont nous lifons les cfcriptz,leur ont impofé les premiers noms de diuers accidents, aufsi nous auons fait le femblabîe en noftre endroi£t.Et que ainfi foit, chafeun fçait que les Griues, Flabards,& tels autres font nômez à caufe de leur couleur . Les Coquus , Grues s Cocs,Canes,& tels autres,font nômez, à caufe de leur voix.Le Traquet, le Grim- preau, le Hobreau , & tels autres ont pris leurs noms de leur contenanee 4 II fem- ble que noftre vulgaire ait traduicl: les noms du montain des Verdiers , Ter- cots,& tels autres des pures didions Greques . Donc à fin que ne foyons trouuez confuz en exprimant les noms des oyfeaux, auons eu efgard aies diftinguer fé- lon leurs diif eréces/uyuant l'ordre le plus ayfé qu'il nous a efté pofsible, attendu a iii 6 LIVRE L DE LA NATVRE ordre eft me f mcmen ^ u 'deftneceffaireentouts les ouurages humains & naturels , que requis par l' orc ke y foit gardé . Et qu'il foit vray, ne fault il pas que la terre,Ies cieulx, & tout t ofl t. le'firmament foyent deuëment ordonnez pour l'action de ce qu'ils ont a feruir? Car fil en eftoit autrement, toutes chofes feroyent en confufsion . Pour l'ordre, foit entendu quand les chofes tant artificielles que naturelles , montent ou def- cendent chafcune par fon degré.Par ainfi il eft à fçauoir que il y a deux manières ordre re- d'ordre: l'un venant du haut en bas,qui eft celuy que les anciens Philofophes no- oXe' o m ^ m ^ refôlutif,qui eft interprété en françpys defioignant d'enfemble.L'au- fofttifi tre or ^ re e ^ montant du bas en haut,nommé en Latin Côpofitif, c'eft à dire qui conioinét & aflemble. Et pour en donner exemple, mettons les quatre faifons de l'année en comparaifon à l'o uurage d'un homme.Car comme les cieux ont leurs degrez pour paffer d'une farfon en l'autre, commençants par l'inférieur & mon- tants îufques à ce qu'ils foyent paruenuz au plus hault pour redefccndre, tout ain fi les hommes en toutes leurs opérations tant de l'efpnt que du corps, fe tiennent en l'ordre compofitif, pour monter de bas en hault pour conioindre & aifembler leur ouuragc en vn corps:ou bien à l'ordre refolutif , defcendant du haut en bas, pour feparer & deffaire les pièces d'enfemble, & en faire diuerfes parties . Nous voyons que vn R oy,Empereur,ou autre prince f aidant de l'ordre compofitifaf- fcmble telle armée de galères , natures, & vaifleaux de mer,en vn corps , comme fes forces ou fon affaire le requièrent : & tel camp par terre , comme il fault auoir des bendes d'hommes,Iequel puis il defpece & fepare iufques à vne perfonne par l'ordre refolutif . Tout ainfi vn Philofophe confiderant la nature du corps d'un a- nimal par l'ordre compofitif, le trouue la en fon eftre & matière, tout côpofé des chofes naturclles,c'eft afçauoir éléments, tcmperaments,humeurs,parties corpo- relles,facultez,acl:ions,& efprits.Mais s'il le côfidere par l'ordre refolutif, il le def- pece & feparCi penfant chafque petite partie à part foy, ainfi comme pourroit fai- re vn charpentier defpeçant vne maifon, quand il met les tuilles,lates , limandes, cheuros,pierres,& chaulx chafcune à part foy. Aufsi vn Philofophe qui entrepré- droit feparer toutes les parties d'un oyfeau , & les vouldroit confiderer par le me- nu , cômenceroitpar ce qu'il trouue plus particulier en vn chafeun, corne par vne plume,par vn bec, vn ongle, par la tefte,col, dles,cuiffes,iâbes, pieds, & ainfi des autresxar peau,chair,os,& telles autres chofes, font communes atouts autres ani maux.Tout ainfi nous,defirants obferuer vn ordre en ceft ouuragc , prendras la Première P remiere différence des oyfeaux de ceux qui viuent de rapine, commençants par différence les efpeces des Aigles, des Vaultours, des oyfeaux deproye nommez en Latin des qyfe _ A ccipitres,dcs Milans,& leurs femblables.Ceux en c'eft ordre dont baillerons les t»x. pourtrai<âs,& que defenrons par propres noms Frâçoys , font le Vaultour noir & fauue,l'Aigle noire & fàuue,le Gerfaut,l' Autour,le Sacre cogneu & aufsi l'Egyp- ptien,le Faucon,l'Efperuier,le Mouchet,l'Efmerillô,le Hobreau,le Lanicr,!e Tier celet,rOf&aye,,laCrefferelle,laBuze,IaBoudre,leGoyrâ,leFauxpcrdrieux,roy- feau nommé Ian le blanc , les Pies gnefehes tant grande que petite . Et pour la fi- militude y adioufteray le Coqu,& y côprendray touts les oyieaux de nuid,nom mez en Latin Noïîurnœ dues , entre Jefquels celuy qu'onnomme l'Effraye la Hu- lote,la Cheueche,le grand & petit Duc, le Hibou ou Chahuant,&^ l'Oisifi-agus, le CharadnasJe Corbeau de nuicl^le Faucon de nuiâ:,y feront nôbrcz. Apres ceux DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 7 ceux cy metterons le Phcenix qui eft oyfeau eftrager. La féconde différence des Seconde oyfeaux fera prinfe de ceux qui viuét es eaux doulces &l falces, nageants fur l'eau: ^contiendra touts ceux qui ont le pied plat,comme font diuerfes manières de des oy fi" Plongeons,le Cigne,le Pélican qui eft nommé en Latin Owcrot dus, les Oyes tât Mx ' Japriuee que lafauuage, l'Arcanne & Caniart, le Canart,Ie Herle, le Cormoran, le Crauant,la Sarcelle ou Garfote,la Moué'tte,le Morillon,la Piette, le Bieure , le petit Plongeô fauue nommé Caftagneux , le grand Plongeon , & le noir nom- mé la Macroule,quidefauxnomeftdit le Diable de mer, la Iodelle , autre- ment nômee Poulie d'eau. La tierce différence des oyfeaux fera prinfe de ceux rime dif qui hantent les nuages des lacs, marais,eftangs & riuieres , qui n'ont le pied plat, fmee de, & qui ne nagent fur l'eau, corne eft la Grue , le Héron gris,& le blanc, & l'eftelé, vfimx. qui eft ecluy que nous nommons Galerand ou Butor, l'Aigrette, leBihoreau , le Fiammat ouFlambard,la Pie ou Beccaffe de mer,la Cigogne,& l'Ibis, l'Alouette de mer,la Bargc,& le Cheualier noir & rouge, le Corlis,laPoullette d'eau,le Mar tinetpefcheur,leBlâculct,IaPalle,leRaflenoir,&lePorphyno. Laquatricfme différence des oyfeaux fera pnnfe de ceux qui font leur demeure & nichét fur ter mfTffê- re, tant par les bois que par les campagnes , comme font l'Autruche , l'Otarde, la mtcedës Cane petiere , le Francolin, la Perdus de Grèce , noz. Perdns rouges & gnfes , les vfitux. Perdns de Syne,îes Perdns de Damas,les Perdns blanches,le Pluuier, la Beccaffe, le Coc de bois,autrement nommé le Faifan bruant, la Gelinote de bois, le Rafle de gcneftje Paon, les Poulies d'Inde,les Poulies de la Guinee,le Coc pnué & les Poulies priuecs,laCaille,Ie Faifan. Lacinqiefrne differécedes oyfeaux fera prin- c '"?^/ : fe de ceux qui hantent indifféremment en toutes contrecs,volants tantoftfur les me à 'ff e rameaux des bois de haute fuftaye , tanteft es taillis, comme aufsi par les prairies paitits,gueretz,noëz, & le long des nuages, & qui fe paffent diuerfemét de toutes fortes de viandes,comme les Corbeaux, les CorneillesJes Emmantelees, les C5- munes, & d'hy uer,les Freux ou Grolles,les Chouettes tant rouges que noircs,les Pies,Ramiers , Biiets , Pigeons pnuez & fuyars , le Iay, la Huppe , la Litorne le Lonot, le Merle ncir, le Merle blanc,lc Merle au collier,le Merle bleu,le Pape- gay ou Perroquet , le Trafle , autrement nommé Griue , le Touret , autrement nomme Mauuis , la Turterelle , le grand Pic qui a le bec crochu , le Pic iaulne, qu on nome Piuerd,le Pic rouge qu'on nomme Epeiche, le Grimpereau, le Tor- chepot,le Tercot,& le Pic de muraille que les Auuergnats nomment vn Ternier, 1 hitourneau, la Paiffe folitaire. La fixiefme differéce des oyfeaux fera prinfe des plus petits,qui fe logent par les hayes,buiffons , & bûchettes , defquels mettrons ^ trois difterences,& dot les vns fe paiffent feulemet de vermine, les autres des feu ÉZ lesiemences,tantd'efpines qued'autres herbes fauuagesmars latiercefe paiftin- aux ditterement tant de vermine que de femences enfemble.Tels font les Paiffes,au- trement nomez Moyneaux, le Fnquet,le Moyneau à la Soulcie, le Becafigue ou 1 iucinc,le Bruant,& confequemment les Fauuettes tant brune que rouffe , & le petit Mouchetée Gros bec,la Linotte,le Picaueret,les Mefanges tant la Nonnet- te que la bleue,& la M eiange à la longue queue, le Merops,que les Latins nom- ment Apiajkr, les Pmflons tant le commun que le montain, le Pinfon d'Arden- ne la Rubelme, autrement nommée Roupie,ou Rougegorge , les Rofsignols tât ae bois que ae muraillèje Chardonneret,le SerinJe TarinJe Traquet,le Verdier, Je- rences des r eMx. 'me l erence a 1U1 8 LIVRE I. DE LA NATVRE le Roitelet,la Soulcieje Culblanc, qu'on nomme Vitrée, les trois fortes d'Hiron- delles,comme aufsi la Lauandiere,& la Bergeronnette iaulne & cendœe,fe paif- fent feulement de mouches,qui toutesfois ne font leur demeure aux lieux deffuf- didts Voila donc quant aux particulières différences des oyfeaux nommez félon noftre vulgaire. Mais nous leur impoferons encorplufieurs dirions pour leur denomination,prinfes des autres nations,non que les ayons tranfcnptes de quel ques liures des autheurs modernes: Car ce que en mettrons,fera de les auoir ouy nommer aux habitants desprouinces defquelles auons apprins les langues pour y auoir feiourné & hanté les oyfeleurs:& dirons prefentement en quelle manie- re.C'eft que obferuants les poiffons qu'on apportoit aux marchez des villes ou a- uons paffé,& principalement du leuant,deiquels auons baillé partie des deferip- tiôs & pourtraidts en autres ceuures,aufsi auons eu foing de obferuer les oyfeaux. Nous auons efté couftumiers eftans de feiour à Padouë , de defeendre les ieudis au foir & aller toute nuid par la brente pour eftre à Venife des le védredi matin^ & y demourer les famedis & dimenches, tant pour la commodité de voir les ojm feaux,que les poiffons,& nous rembarquants des le diménche au foir,apres auoir conféré aux oyfeleurs & pefcheurs, fâchant que le bateau va toute nuiâ pour ne perdre temps, citions des le lundi au matin à la pourfuitte de noftre eftude. Pen- dant lequel temps defdi&s iours du védredi & famedi, n'y auoit oyfeleur ne pet cheur qui n'aportaft ce qu'il auoit peu recouurir de rare pour le nous monitrer. Mais fi quelque homme curieux de telles chofes,vouloit rapporter les corps d'un Moye de pjj-j en l' autre) C efte en eft la façon comme il luy conuient faire . Il fauldra cou- confe m r ^ j a peau de j' yf eau par J e trauers en l'endroit de l'exaement dur , & luy oftet Zxmôm toutes les trippes,& ieéter du fel leans , & le farcir dedens le ventre , aufsi en em- ttHxmo s j ir lagorge^puis pédre loyfeau par les pieds . Cela feraqu'il fera toufiours en fou entier auec fa plumé fans eftre confumé des verms , & fi Ion voit que le fel ne fe peuft fondre , il faudrait l'humedter d'un peu de fort vinaigre , ou bien luy ofter toute la chair : car tout l'ovfeau peult facilement eftre efeorché , & luy ayant falé la peau biffant les selles & les cuiffes entières auec la peau,on le contregardera tef teps qu'on vouldra.Et aufsi que ce foit aduertiffemét a touts hommes lifants ceft hiftoire,& defireux du bien public , que s'ils fe trouuoyent auoir quelque oyfeau en leurs contrées, qui ne foit en c'eft ccuure, ou dont n'ayons point parlé , 1 acou- ftrent félon ce que leur auons enfeigné,& le gardent pour monftrer en leurs ca- binets, &iî bon leur fembloit le nous enuoyer,nousrendroyent obligez. Lon peult faire le femblable des peaux de touts autres animaux , car mefme- ment la peau humaine conroyee , fe trouue efpoiffe comme vne . forte peau de bceuf ou de cerf ,& fe garde tout de mefme fans fe corrompre . Au furplus auant entrer à la pour- fuite de la defeription de leurs différences , auons bien voulu commencer par ladiuerfité de leurs générations en termes généraux^ auant venir aux particulières def- criptions d un chafeun. DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 9 La difpofition des premiers éléments es corps des oyfeaux,& autres ani- maux,& plantes, conférant lanature des vns auec celle des autres. CHAP. ni. E S T requis à celuy qui s'entremet d'enfeigner quelque • fciéce, oumeftier,ou autre chofe qu'on apprêt par exercitatiô, commencer par les premiers éléments &principes d'icelle,fça- ^ chant qu'il fault que l'apprentis n'ignore les noms de fes ou- ( tils.Dôc après auoir déclaré les principaux articles de c'eft ceu- #^ii_L^^ure,& l'ordre d'iceluy, auons mis la confideration de toutes les parties des animaux tant côpofees que fimples en auant,à fin que cy après n'ayôs a redire les chofes tant de fois . Mais pource qu'il aduient fouuent que quelque tiltre fâcheux defgoufle le lecteur ,penfant iceluy n'eftredela matière propo- fee,nefauldra trouuer effrange voir les oyfèauxmisen comparaifon à l'encon- tre du naturel des autres animaux,& plantes, ioinot. qu'il n'y eut onc Pfulofophe qui ait exactement parlé de la nature du corps humain , que par la comparaifon faiâe d'iceluy,auec celle des defTufdids, & des plantes: car pendant quelles font en vigueur,ont leur accidents comme les beftes terreftres: &parce les aduouons participer de vie comme les autres animaux, & auoir leurs principes,leurs aages, & fin,& eftre fains & malades,& s'enuiellir , & mourir, côme les animaux:& que comme il eft en lapuiffance du malle d'engendrer enautruy,&àla femelle de receuoir en foy mefme,ainfi la terre eft côme femelle & mere de fes produétiôs, & le Gel,Soleil,Lune, Eftoilles,& L'îer , côme le pere de tout ce qui eft produiâ: es elements.C'eft de la qu'il eft eftimé côme animal parfait en toutes fes parties, £e c!el enfermant les quatre principales différences d'animaux en fa circunference, def- quelles Platon en met vne,qu'il nome efpece de Dieux cœleftes de nature ignée, f p^ ■ c'eft à dire de feu,& qui font de ronde fubftance , pource à noftre iugemét,que la TimJÏ figure orbiculaire ou fpherique,eft la figure entre toutes les autres la plus parfai- re & abfoluë : mais nous n'en auons rien d auantage en ce lieu, non plus que des aquatiques,ou de ceux qui ont leur demeure en terre , linon que conférant la na- ture des vns & des autres , & des fubftances qui font en l'eftre de nature,les rap- porterons à celle des oyfeaux, defquelles fubftances entendons les vnes non en- gendrées de quelque pere ou mere, & eftre permanentes & immortelles à toute éternité, c'eft à dire n'eftre fubieâes à corruption :& les autres auoir efté en- gendrées , & eftreTubie&es à prendre fin . Mais pource que communément les hommes ne peuuent aifément contempler les premier es,pour eftre matière trop haulte& diurne, & de laquelle n'en ont rien manifefte à Jeursfens,ils saydent des puiffances d'icelles pour rechercher ce qu'ils appetent fçauoires dernières, qu ils cognoiffent eftre fubieétes à prendre leur commencement d'autruy , & fe aneantirfurlafin.Cefonttellesdernieresfubftances qui peuuent tumber foubs nos fens , c'eft à dire qu'on peult voir , goufter, toucher, ouïr, fentir , efquelles les médecins s'arreftent le plus. Car ayant mis leur principal deuoir fur la contem- plation des ceuures de nature , Jont nÔmeePhyfiologie, c'eft à dire en celle partie p hrfolo de médecine qui précède les autres & dont elles dépendent totalement.Et qu'il £ic » LIVRE I. DE LA N AT V RE foitvtay,lafciencedemaintenirlanimalenfanté,&le fçauoir garder d'eftrema- lade,encôr que cela fe réfère à la vie,& difcourir fur la caufe & accidét de fon mal quand il y ell tumbé,& auoir cognoiffance de la maladie par J'obferuatio du pre- fent,& par prefage de l'aduenir, ou par la fouuenahce du paffé, ou eftre expert en la guenfon des corps par l'extérieur ou par l'interieur,ne dépend elle pas de Phy- _ , . „ fioWie' Or fi nous la voulons définir, nous ne dirons pas que c eft vne partie JZl de médecine, par laquelle Ion difpute particulièrement delà nature de l'hom- me,mais dirons que c eft vne partie de Philofophie moult vmuerfelle,par laquel le Ion peut eftre enfeigné que c'eft de la nature & conftitution des corps des ani* maux.Car l'homme n'eftant qu'une efpece,ne doit eftre prins que pour vn parti- culier. Puis donc que touts animaux de quelque qualité qu'ils foyent,ont leurs a- dions différentes pour fe maintenir en nature, il fault concéder que leurs fubftan ces font participantes chafeune en fon endroit, de la perfedho des côplexionsjdes premiers elemés,feu,eau,sr,terre: & fontteperez de chaleur, froideur, humidité, & ficcité,quifont proportionez en la difpofition de leurs matières & fubftances, ayans telles humeurs qu'il afallu pour leurs membres.Car aux animaux qui n'ont point de fang,nature bailla humeurs proportionnez en puiffance à ceux des ani- maux fanguins,choleriques,phlegmatiques,& melâcholiques, tant pour l'acom- pagnement des membres principaux munis d'os,cartilages,mufcles,nerfs, venes, arteres,charnure,& greffe, que des autres parties principales donees aux animaux pour leurs mouuements foubdains ou tardifs, & auoir facultez , c'eft à dire pui& fance en leurs a&ions, dont procèdent leurs fens, & efprits . Car de leur eerueau ouchofe correfpondante vient le commencement & origine des nerfs. Ils ont eu le fentiment du toucher fans auoir certain endroit député : qui eft chofe com- mune à touts animaux: & ont la veuë mife auxyeux,l'ouye es temples,rodeur,& l'eledion des faueurs en la langue,& narines : comme aufsi pour eftre en vie, ont les artères refpondentes au cœur : & pour prendre nourriture , les venes proue* nantesdufoye,ouchofecorrefpondente à cela. Si donc les corps des animaux font maintenus en vigueur par les chofes fufdi&es,qui font toutes naturelles, il a efténeceffaire pour rentretenementd'icellesvferencor d'autres chofes non na- turelIes,toutes extérieures, qui les peuuent côferuer iufques au iufte cours de leur aage,ou les corrompre auant leur temps,felon qu'elles leur font appliquées a pro pos ou au contraire.Pour 1 vn l'entens de ïxt inuifible ou propice: l'autre du boire & mâger en qualité & quantité:puis le dormir,ou veiller ou de iour,ou de nuiÉfe finalement du repos,& trauail violent, ou foible: comme aufsi de diuers accidéts, quipeuuentleur e fmouuoirle'fprit.OrdoncfilePhilofophene s'eftoit propofe contempler que la feule fabrique de l'homme & ame d'iceluy , pour acquérir 1 in- telligence des fufdiâes confiderations , auroit il fi grande occafion d'annoncer la ^ quoy puiffance infinie de noftre Dieu immortel? Quel moyé trouueroit-il pourprou- fjhcan uer l'immortalité denozamesfParquoyiln'y arien plus beau en lhomme,de umïLtio quelque qualité quilfoit,ne qui le rende plus digne ou plus honnefte & a gg r <~a- d " am - ble àfonDieu,& luy face mieulxcognoiftre la grandeur de fes ceuures,que d efle- T X t ' & uer fon efprit en la contemplatio des matières, formes,& avions des animaux,& ' ' des plantes.C'eft le comencemét par lequel les Philofophes font patuenus a la co gnoiffâce des fubftâces fuperieures des corps celeftes & autres telles chofes.qu on e . ■ ■ A " nepeut DES OYSEAVX, PAR P. BELON. n ne peut comprendre que par imagination & longue obfcruation d'iceux . Ceft ce que ditfam&Paol au commencement de fonepiftre aux Romains.Les chofes inuifibles de Dieu faiâes des la conftitution du monde,ont efté cogneuè's par les chofes vifibles. Si donc la diuerfité& ample conftitution des chofes naturelles eft fi admirable , ce n eft merueille fi l'ordre de la différence des genres a voulu faire les animaux de diuerfes efpeces, & auoir leurs naiffances diffemblables,& les mé- bres différents, &viuredes aliments en diuerfes manières , &eftre affeâeesde maints accidents:& de mœurs differentcs,& que le temps de viure foit inégal aux vns plus, aux autres moins:& leurs corpulences arreftees ou plus grandes ou plus petites : & prendre diuerfes formes,couleurs,voix,& efprits,&; offices différentes, & que des leur naiffance, ils font difcrplincz&fçauants pour la conferuation de leur vie, & changer de place quand il en eft befoing . Defquelles chofes fi la côfi- deration en eft contenue en Phyfiologie , il faudra eftendre fà définition plus loin g , que d'auoir feulement efgard à la conftitution de l'homme, la ouil la fau- droit aufsi eftendre à celle de tous autres animaux & des plantes,& oyfeaux. Il eft beaucoup plus facile à obferuer les meeurs des animaux qui viuet lôgucmét, que des autres dont la vie eft plus courte : mais pource que ne trai&erons en particu- lier que des oyfeaux en ccft ccuure,c'eft allez, d'en auoir fuel: comparaifon des vns aux autres , pour en auoir telle inteligence qui puiffe feruir à noftre propos, il eft donc difficile que celuy qui fe met à contempler les meeurs des animaux,ne trou- ueinfiniz exemples affez fufnfants àU'induire& elmouuoir à vertu, & luy don- ner l'intelligence de plufieurs fubtilitez, defquelles l'efpnt humain ne fe pourrait bonnement aduifer. Qui croirait que les hirondelles & autres petits oyfillons,qui demeurent feulement l'eftè en noftre Europe, peuffent auoir fitoft bafty leurs nids , & auec fi grande induftrie 5 II n'y a homme qui ne doibue eftre incite à fon Oyfeaux deuoir par l'exemple de la diligence des oyfeaux paffagers , qui en moins de trois f<$[*é m iours 6k trois nuitts ont paffé d'Europe en Afrique. Qui, leur apprend l'eleétion des vents propices à ceft effed , & choifir l'endroit du ciel pour s'efleuer enl'îer, & ne faillir leur chemin fans guide,finon nature ? Aufsi eft-ce elle qui les y con- duit, & qui leur confent auoir amitiez & inimitiez,c'eft à dire concorde & difcor- de, que les Grecs nomment Sympathie & Antipathie, defquelles à peine fçau- Sympa- roit-on trouuer la raifon, non plus que de plufieurs autres chofes dont tout le f %' , monde eft en propos . Si donc nous mettons en auant leur guerre,leur paix, leurs ^ *' haines,concorde,affemblees,& difeorde, & qu'on en cerche la raifon,autre chofe ' ' n'en fçaura Ion dire, finon que tel a efté le plaifir de nature, qui eft ouurage caché en elle,fe refentant audit de la maiefté diuine que nulle autre chofe que les hom- mes puiffent exprimer par efeript. Mais puis que toutes chofes fontpourl'vtilité mines* de l'homme , nous aurons moindre admiration d'en ignorer la raifon , ne pour- amitié^ quoy c'eft que le petit Roytelet eft énemy de la Cheueche,& de l'Aigl e ,& que le mutuelles Loriot , & Charadrios guenffent la iaumife de ceux qui en font malades, pour les d " 0J ^" auoir regardez? ne pourquoy les Chardonnerets font ennemis des Alouettes? Et < "" C ' l'Epeiche de Pics verdsiLa Tourtrelle mené guerre auec le Loriot, le Loriot auec le lay. Puis donc que tous animaux ont quelque particulière affe&ion d'efprit, on les trquue aufsi participants de fageffe,de folie,de force,de diligence.d'amour, de parefle,de douleur,& fierté, comme aufsi de docilité,& rudeffe d'efprit. Les f e- ix LIVRE I. DE L'A NATVRE femelles, melles en toutes efpeces d'animaux,font moins robuftes que lès mafles , hors mis quelques oyfeaux de rapine, mais s'apriuoifent plus facilement, & pour la plus part font de plus grade corpulence:toutesfois font de moindre courage . Les oy- M*[les. féaux mafles apprennent mieux que les femelles:mais pour parler des femelles en general,elles font plus malicieufes,tromperelTes,&cauteleufes,&plusfoigneufes en nourriffant leurs petits , au contraire des mafles qui font plus tiers, & de plus grand courage. Diftin&ion de diuerfes generations,& conceptions des oyfeaux,& plufieurs autres animaux xllez. CHAP. mi. O V R C E que la matière de la generatiô humaine eft fi plau* fible, & agréable à. vnchafcun, il n'y âceluy qui ne defireen fçâuoir quelque chofe , toutesfoisil eft mal aifé d'en auoir fi foubdaineintelligence,finonparlacomparaifon auec celle des autres animaux.Et à fin de la rédre intelligible, nous vferons des propos & paroles faciles, fans rien defguifer , ou fortir de noftre commune manière de parler.xar comme l'eftude des chofes, qui font prefque pal- pables^ fenfibles à noftre efprit,c'efl à dire prochaines,& familières à noftre na- ture,nous donnentplus grande dele&ation , quandfans nous trauailler les trou- uos faciles,& intelligibles:aufsi les faciles peuuent induire chafque perfonne à cô templer les difrîciles ; haultaines , & diuines, d'autantque la comparaiibn de celles qui font prochaines à noz fens,nous donnent l'intelligence des efloignees & p re - cieufes.Lon peult dire que corne il eft plus agréable à quelqu'vn de voir vne mai fon & poffefsion , ou attoucher le vifage, ou vne petite partie d'vne fille, ou fem- me,qu'il aime familierement,que de voir tout le païs d'un Roy , ou Empereur,ou d'attoucher ou voir les prefences d'infinies autres perfonnes,àquiiln'âaucune affediomtout ainfi vne petite partie de la cognoiffance des fubflances fuperieures nous eft plus agréable & chère quand nous y prenons plaifir,que beaucoup d'infi SdjlSçet nics aL1 ) tres inf erieures,ou nous n'auôs point mis d'affeétion. Par fuperieures,ou di fupericu- ^iines,i'entends les Idées des fubftances perdurables,qui n'ont efté engendrees,& qui toutesf ois font en l'eftre de nature , & defquelles les inférieures qui nous font fenfibles prennent commencement,^ retournent en elles. Mais comme la varie té des chofes produises en nature eft caufe d'attirer les perfonnes à diuerfes eftu- des, aufsi chafeun s'adonne ou il prend plus grande délégation. Toutesfois pour ce que les chofes que Dieu â faides en noftre vfage, font infinies: trop feroit diffi- cile que chafeun de nous les peuft bien cognoiftre, & contempleront pour leur variete,que pour la grandeur de l'ouurage.Car fi c'eft à contempler les eftoilles,le ciel, les éléments , ou chofe produire d'iceux, à peine peult on venir à bout d'en pouuoirparfai&ementcontemplervnefeule. Sidoncle feauoir de telles chofes eft trouue fi excellent, & de fi grade maiefté,ce n'eft merueille fi quelque peu que la capacité de l efpnt humain en puiffe comprendre, delede beaucoup plus que nefonttoutes les autre* enfemble. Quelle chofe fe pourra propofer l'homme qui luy tes, DES OYSEAVX, PAR P. BEL ON. 13 luy doiue femblcr de plus grande admiration , que d'imaginer la vertu d'vne pe* tite feméce , dont eft puis engendré vn arbre fi hault efleué en l'ser ? ckj}u en vne fi petite portion de matière îfluë des entrailles d'vn animal , fe doiue engendrer vne fi grofle mafle de chair & que d'vn fi petit ceuf doiue naiftre vn fi grand oy- feau? Dira l'on pas que c'eft par rencontre de quelque matière en vne autre qui auoit tel douaire en là puifTancc?Cecy n'eft il pas digne de grande contemplatio, & d'vn homme fpeculatifiParquoy les générations de toutes chofes,qui ont com mencement,& fin en l'cftre de nature, font en telle confideration, qu'elles fe ren- dent facilesaceluyquiVeulttrauailleràlesapprédre. Et pour laire meilleure co paraifon des conceptions, ^^commencement des générations des oyfeaux, auec les animaux qui rendent les petits en vie, n'auôs voulu laiflcr en arrière fans tou- cher quelque petit mot de certains animaux adlez , tels que font les Papillons , & plufieurs autres cfpcces d'Infe&es , qui font engendrez des œufs . Mais en oultre pource que touts animaux tant sellez, terreftres, que aquatiques ont quelques en- seignes en leurs anatomies & natures , qui peuuent conuenir auec celle des plan- tes , ou au moins en approcher de bien près , fi que comme telles fois les plantes font efleuees des femences que les autres herbes ont produicl: , les autres font en- gendrées du bon gré de nature, 8<^attirent leur nourriture les vnes delà terre, ê^les autres font trouuees s'engendrer, & viure en autruy , ainfi que fait le Guy, & Lyciomtout ainfi quelques animaux naiffent les vns des autres , les vns parfe- mence, les autres de quelque putrefadion tant de terre & des plantes, que de quelque partie cortompue en autre animal, comme aduient de diuerfes efpeces de petites vermines qui font nommez Infecl:es.Quantauxoyfeaux,ferpéts,& be- ftes à quatre piedz, & quafi toutes efpeces de poiffons , il n'y en à aucû qui ne foit engédré par la meflâge du mafle, & de la femelle. Soit que quelques animaux ^ uct " iS s'engédrét de pourriture,come font les verms du ventre,ou la vermine du beitial: ena ^ toutesfoislontrouueeuidétediflindio en plufieurs efpeces d'iceux, du mafle & dfpJufn delà femelle,tellemét que s'acouplants enfembie,peuuét engendrer quelque cho ture ont di fe:mais delaquelle,ilne peurplus eftrenenengendré.Cecy appert par l'exemple P in ^'o» des Poux,&Pulces qui engendrent les lendes ,& les Mouches engendrent de «*fe xe >^ moult petits verms,& les longues Teignes du ventre nommez Afcarides, engen- ^S™* drent quelques autres vermines , qui font femblables àjh femence d'vn concom- i es ame \ bre.Lon en cognoift aufsi d'autres,qui font feulement engendrez de putrefaâiô, non. & viuent fans auoir diftinétion de mafle & femelle:& parce ne peuuent rien en- gendrerxommefont les Cirons des mains.Toutss efpeces de Papillons & autres tels animaux adlez engendrét des Chenilles, qui aufsi ont prins naifsâce de l'œuf. Toutes efpeces de Papillons fe transformét en plus de fix figures en moins de de- mie année : defquels pour en bailler l'exéple, auons mis les verms qui nous filent la foye,que les Grecs & Latins nomment Bombyccs, & les Italiens Caualieri : def- quels comme il fault garder les œufs depuis l'autonne îufques en hyuer,tout ain- fi toutes manières de Papillons que nous voyons voler le long de l'efté , ponnét leurs œuts en diuerfes manières , qui toutesfois fçauent bien faire qu'ils n'en per- dent pas vn,& defquels les vns les mettent contre quelque tronc d'arbre , les au- tres dedens terre, ies autres contre quelque rameau: defquels œufs s'engendrent quelques petits verms,qui en l'efpace de trois iours deuiennét totalemét en Che- b «4 LIVRE I. DE LA NATVRE chenilles nilles, dot peu après eft engendrée vne autre manière de verm totalement immo bile.Toutes Chenilles ont puifTance de former vne certaine toile séblable à celle d'vne Aragnee. Il y en à d'autres qui font corne vne manière de bogue dure pour s'enueloper , qui eft delà figure d'vn gland : Caronlestrouue diuerfement en- fermez,felon la diuerfité de la Chenille : qui puis eft transformée en verm,& de- meure long temps leans : mais fur la fin rongeant fa bogue , ou couuerture pour fortir, alors prend forme de Papillon , qui deuient en telle couleur que celle de la Chenille,dont il a efté trâfmuédequel de la en après fe maintiét envie fans mâger, comme aufsi ne fait aucuns excréments . Touts Papillons s'accouplent malle & femelle, mais peu après la femelle pond des œufs, qui font de la grandeur des fe- mences de mil.Et comme diuerfes manières de vermines fe tranfmuent en diuer- fes efpeces de Mouches, toutainfi deuiennent en diuerfes figures , comme il ap- pert par les Cantarides,Freflons,Tauans,& autres infinis qui portent des «lies, les vnes doubles & feparees,dont ils ont efté nommez Quadripenna . Mais ceux qui en ont de plus dures,qui en couurent d'autres tranfparentes par deflbubs,font au trementnommez Y aginipenncs, qui font dictions qu'on ne peut rendre en Fran- çois par vnfeul mot. Nature o&royât à toutes manières des Chenilles & Mou- ches venants de verms,de fe paiftre des fueilles & bourgeons pendant qu'elles fe maintiennét en tel eftre,leur à aufsi permis de rendre leurs excréments . Mais de- puis qu'elles deuiennent Papillons, elles ne mangent plus . Les Papillons font de diuerfes couleurs,comme aufsi eftoyent les Chenilles,defquelles ils ont efté tranf mueZ.Nous n'en dirons d'auantagepour le prefent, non plus que des Sauterelles, Cigales, Mouches guefpes, Fourmis,& autres infe&es sellez : remettant à les fpe- cificier,&pourtraire en autre endroit mieux à propos auec les animaux infe&es, lefquels auons obferuez en aufsi grand nôbre comme les oyfeaux , & auons plu- sieurs chofes merueilleufes & notables en leurs anatomies. Defc ription des chofes necelfaires feruantes à la conception, & gé- nération des oyfeaux, conférée auec celles de autres animaux. C H A P. V. que cy après lors que dechifterons les matietes feruantes ^W^gà^^^m^ k génération tant des oyfeaux, que des autres animaux,les le- 73i^£\ ^|Wi < "* eurs ne ttouuc ntnoz propos impudiques,vferons des termes M J^^^^Ê^ P^ us chaftement que faire fe pourra,fçachants qu'il y à maints //^^^Wfecrets en nature, dont l'intelligence en eft plaifante , 6c^def- X^^PLXquels le fçauoir eft réputé honnefte , les penfant en fon efprït : toutesfois qui les pronunceroit, en feroit trouué deshonnefte . Parquoy mettant telles chofes en efcript,& voulant que les perfonnes chaftes ne fefententoften- fees de la leclure d'icelles , ferons qu'ils ne les trouueront en mots mal côuenants àl'honnefteté de noftre langue. Donc nature ayant voulu que les générations, & côceptions des animaux fuflent diuerfes lesvnes aux autres,feit que les vns,qui font produits moyennât la femence du mafle & qui rendét leurs petits en vie,fe- royét diflemblables, à ceux qui prouiennent des ceufs,côme il appert par les ceufs des oyfeaux encor vierges. Parquoy corne les vnes font produises de feméce par forme DES OYSEAVX, PAR P. B EL O NP. tf forme de génération, les autres font engendrez du bon gré de nature fans aucu- ne euidente apparoiflance de femence: aufsi ceux qui n'ont peu eftre engendrez que de la femence de leur prochain genre, prennent leur naiflancepar lacom- mixtion du mafleck femelle, moyennant qu'il y ait differéceaufexe:carlontrou 0el) jr sc ^ ue quelques fois aucuns oyfeaux qui peuuent conceuoir du vent, & pondre des ceu^de œufs fans auoir efté conioints le mafle à fafemelle . Mais tels ceufs d'oyfeaux en- >f»r. cor vierges ne peuuent eftre couuez pour efclorre, d'autant qu'ils font inféconds, c'eft à .dire ften es . Les oyfeaux ont telle différence du mafle & femelle en leurs membres genitaulx,qu'ilz font diflemblables à ceux de toutes autres efpeces d'a- nimaux terreftres : car les femelles des autres qui ont vefsies tant terreftres qu' a- quatiques,rendent l'vrine par lentree d'vn mefme conduit: mais les oyfeaux tant mafle que femelle , & autres animaulx qui n'ont point de vefsie , ont leurs mem- bres genitaulx dedans le conduid de l'excrément dur, comme aufsi ont leur fe- mence blanche:qui eft choie commune à touts animaux.Les animaux qui rendét leurs petits en vie,ibnt plus long temps conioints mafle & femelle, que ceux qui font des ceufs. Les oyfeaux ont beaucoup dechofes communes tant des parties fimples que compofees,auec les autres animaux : defquels nous parlerons mainte nât en ternies generaux,à fin de ne repeter tât de fois les mefmcs paroles , en faifât côparaifon des vns auec les autres,& principalefnét fur la matière de leurs genera- tions.Nature proportionnant leurs mébres i ion plaifir pour compofer les corps entiers des animaux, & les douant de leurs fentiments,ne les voulut former pour neant:Carchafcun fut dédié à exercer l'office auquel il feroit ordonné , voulant que les membres qui eftoyent pour quelque âdion, rendiffent les corps parf aids fuyuâts leur effed pour quelque fin.L'exéple en eft de la diflediô,qui n'eft pas fat de pour le bien d'vn couteau,ou la coufture pour le bié de l'alefne,ou de 1 aguille, ou le labourage pour le bié de la cbarruë:ne la Mufique,& Géométrie pour le bié du Luc , ou d'vn Aftrolabe : mais en tout le contraire . Car les inftruméts qui font f aids pour le bié d'vne chofe premiere,font aufsi pour la fin des autres dernières. Parcj uoy il eft manif èfte,que les corps ont efté formez pour i'ame,& non pas l'a Lecw f t r me pour le corps , non plus que le corps pour les mébres: aufsi les membres font baillez pour la fin de ce dont ils ont à feruir , fçauoir eft pour leur action . Et tout m ^ amfi comme il eftoit neceffaire que les animaux pnnffent vie, & puis fe nôurrif- /•« fentpoura oiflre:aufsià faillu qu'il fuften leur puiflance d'engendrer, dormir, pour le veilier,mareher,& tels autres accidents. Touts les animaux fanguins font engen- C0l ï Sm drez par la commixtion du mafle & femelle, defquels le mafle eft conftitué com me celuy qui eft autheur de l'ongine,& moteur de la generation,& la femelle cô me receuant la matière, ayants leurs facultez contraires . Il eft donc requis à tout principe feruant à génération qu'ilyaitmafle& femelle , attendu qu'il eftenla puiflance du maf] e d'engendrer en autruy,& de la femelle de receuoir en foymef me . Les oyfeaux & autres animaux ont certain temps député pour engendrer: mais les vns font plus prompts à réitérer l'effed de la génération , cXjes autres font plus tardifs . Les plus petits font plus viftes , & plus fréquents à faillir les fe- melles ,aufquels combien qu'on ne voit aucune apparence de genitoires extéri- eurs , toutesfbis ils en ont qui font cachez leans . Nature baillant fi gros genitoires a certains animaux , n' âpas laid qu'ils f liflent aufli vigoreux en l'ade de genera- b u k LIVRE I. DE LA NATVRE tion , que les oyfeaux qui les ont fi petits . Mais attendu qu'il n'y â aucun mafle ] Toutes fc- 5 ^ u ' t l' or ^ re d e nature, qui n'ait deux genitoires , tout aifi les femelles de touts me lies ont animaux , n'en exceptant aucunes, en ont auflî deux . Et comme les femences des àeuxgem plantes fe fendét en deux parties pour mettre le germe en terre , tout ainfi la ma- toircs. trice , & genitoires des femelles , S^ceux des mafles , g< de touts animaux font fe- parez en dextre, S^feneltre partie. Les femelles des oyfeaux ont certaîs côdu'&s cachez leans, qui fe rendét à quelques charnures glanduleufes,nômees Proftates, Frottâtes, ^y^xs cela correfpondât aux genitoires des mafles: corne auflî les oyfeaux mafles en oultre que leurs tefticules leurs fôt apparéts attachez aux reins , ont écorcs les Proftates. L'Eléphant, & le Henflbn,commc aufsi toutes efpeces de ferpés, &le- zards,ont cela de commun auec les oyfeaux.que leurs genitoires font attachez en Herijfon. dedens contre les reins:Mais(à ce que dit Ariftote,au premier liure de la gencratio des animaux,chapitre cinqieCne)le Heri(fon ne fe peut conioindre àfafemelle,{i tous deux ne font debout fur leurs pieds de derriere,pour l'empefchement des ef- guillons.Et comme les membres des mafles ont diuerfe fituatiô,aufsi les matrices Matrice ç ont diuerfement colloquees.Les oyfeaux & autres animaux qui ont les tefticules desfcmt cac j ieZ en d e( Jens,n'ont beaucoup de deftours es vaifleaux fpermatiques. Ceft la caufe pourquoy ils font plus prôpts & plusviftes à faillir leurs femelles,au côtraire de ceux qui ont eu à faire de plus long genital,& qui ont les genitoires gros & pé- dants, efquels Ion trouue beaucoup de reuolutions & anfraduofitez. Mais côme nature leur feit ce bien pour euiter la violence,aufsi elle les rendit tardifs en faillât leurs femelles:car aufsi bien auoient-ils à faire de côtrepois,pour tenir le membre tendu,fçachant qu'il y a longue diftance de la première entrée extérieure , à l'inté- rieure qui eft conioinde à la matrice.Or maintenant que voulons parler des con- ceptiôs des oyfeaux,& en faire ample difeours fans nous efloigner de noftre prin- cipal proposée le pouuos bonnerpét taire,que par la comparaifon , auec celle des autres animaux, lefquelles côceptions nous prétendons acorder auec ce qui nous eft manifefte des renouuelleméts de toutes herbes & arbres,pour rapporter au na- . turel de l'hôme.Et qu'il foit vray,cognoift-on aucû arbre qui ne fe purge de fes ex- loutstr- . ■» . . ., / <-> , i . i o bresjepw crements,aumoins vne fois 1 an i Ceuls que nous voyons retenir leurs fueilles en «ent de hyuer,ne font exépts pour çela,de fe defpouïller lors que les nouuelles produétios leurs ex- des bourgeons font venues aux autres . Et pour le fçauoir,il faut y prendre garde. entrants. Les nouueaux germes des arbres fortét auec leurs fleurs,qui eft chofe correfpôdé- te aux purgations des animaux,puis que cela aduiét auant leurs conceptions. Ceft Quand les donc alors que nous iugeons les plantes eftre pregnantes,quâd nous leur voyons pitres font porter beaucoup de fleursxar c'eft dont puis après eft engedré le fruiÊt pour maî- pegnAtts. £en i r c on e fp ece> Mais tout ainfi qu'ils font diuerfement produits, félon diuerfes efpeces,ainlî eft des oyfeaux & autres animaux:defquels les vns portent fruit vne, deux,ou trois fois landes autres de deux,ou de trois en trois ans vne fois.Tout aifi ff p eu t dire des plâtes.Car il yen à qui portét feméces inceflammét.Les autres vne fois l'anies autres de deux en deux ansdes autres de trois en trois,&ainfi des autres tant du plus que du moins,comme nous dirons par cy après. Les plantes auront plus long diicours,pourleur part en autre endroit en nos cômentaires fur Diofco ndc.Parquoy pour mieuls faire la comparaifon des côceptions des oyfeaux intel- ligible , y eniremefl erons prefentement.ceile de l'homme. Difeours DES OYSEAVX, PAR P. BEL ON, tj Difcours touchant les conceptions & générations des oyfeaux y & autres animaux , mifes en comparaifon de celle de l'homme , à l'encontre de l'opinion du vulgaire. CHAR VL EST endroit sert trouué opportu, pour mettre beaucoup de chofesen auant,que pofsible plufieurs pourront trouuer pro* hlematiques, & contre l'opinion du vulgaire : ioinâ: que fera à propos contre ceux qui nous ont pretédu reprédre fur quelque» paflages des chofes obferuees en la matrice tât des femelles du Dauphin jque de quelques autres poyflos. Car corne nous oyôî plufieurs opinions entre le vulgaire, tenues d'vn chaicun comme pour vrayes^ qui toutesfois font faulfes:tout ainfi n'y à celuy entre noftre populaire,qui ne pé- fe que les Lieures mafles portét côme les femelles. Si cela eftoit vray,nature iem- L ,rims bleroitauoirefléinique:fçachant qu'il n'efl pofsible que les mafles ayent les me- ma I Lesn ^ , , 1 1 1 r 11 , 'il pvrrentco bres propres pour la conception,comme ont les temelles,non plus qu elles n ont mé de mefme ceuls des mafles. Icy ne comprendrons les Hermaphrodites autremét mdtes. nommez Androgynes, qui font monftres en nature , & qui font imparfai&s, de- Hem* faillanten vnfexe, ou enl'autre. Carfi bien quelques animaux fe trouuent auoir P^"'"' apparence de fexe de femelle , ce n'eft pas à dire que leur conduid paruienne iuf- ques à quelque cauité intérieure qui leur foit donnée pour matrice, non plus que les autres ayent les membres des mafles parfai&s. Qui veit onc que tels Herma- phrodites ayent engrofle, & cité engroflez » & s'ils ont engrofle , ils ne fçauroyée eftre engroflcz.Ce n'eft pas à dire que s'ils ont vn conduiâ: de femelle, & l'infini ment de mafle,que touts deux foyent acomplis. felort l'ordre de nature . Parquoy il eftimpofsible que quelque animal fanguin prenne origine autrement, que par la conionction du.mafle,& de fa femelle* Poisibleque cefte opinion duvulgau re en l'endroit des Lieures n'efioit point anciennement au temps d'Ariftote : cat il eft à prefuppofer qu'il en euft fait mencion,fi elle y euft efté.ll eft bien vray qu'il â diét chofes en ceft eridroicl: quifont à ce propos . Car ou il efeript que les Lie- r-resiernelles faultent le plus iôuuent les premières furies mafles pour s'emplir deleurfemence: Ce n'eft pas choie qu'on ne puifle mettre en confideration en l'exemple de ce que peuuent faire les femelles lur les mafles . Pour mohftrer que ce difcours n'eft mis en auant finon à bonne occafion , fault premièrement voir laverlion du texte du fécond chapitre du cinqiefme liure de l'hiftoire d'Ariftote delà nature des anim^m^ erum non omnia(diti\)fimili modo coniutigunti ^ e ^ en proportion à toutes femelles pour le deuoir de la concep espme d'auoir leurs purgations feuants à la génération, comme aux mafles eft leur femence.Les menftrues leur prouiennent de l'excrement de la dernière digeftio, comme la feméce des mafles , & aux femelles celle humeur qui leur eft au lieu de femence.Cecyfeprouueparlacomparaifondesmafles,qui ne peuuent donner leur femence,s'ils ne font en aage competét,auquel temps les femelles encor ieu- nes n'ont leurs purgations. Mais au contraire lors qu'ils commencent d'auoir ver tu a tel effe&,aufsi les femelles de mefme aage,commencent à auoir leurs purga- tions , & leurs mamelles à croiftre:comme encor au contraire lors quelapuiflan ce d'engendrer comméce à s'abolir es mafles aagez, les purgations ceifent aux fe- melles îa vieilles. Ceux qui font entrez en erreur de cuider que les femelles font de nature plus chaulde que les mafles,ont prins leur occafion de ce qu'on voit les femelles des animaux terreftres entrer en chaleur, & que les mafles n'y entrent pas :mais en ce ont efté mal informez. Si ce n'eftoit que l'Anatomie nous donne cognoiflance DES OYSE'AVX, PAR P. BELON, j 9 cognoiflance de plufieurs chofes naturelles par l'infpecnon des parties interieu- res,nous ignorerions beaucoup de fecrets de la conception : car cômunement les j^r^V femelles ne fçauent en raporter chofe certaine,ains ce qu'elles en dient eft par con „ e C o : mes. Ce n'eft donc merueille fi à leur comparaifon les mafles,qui ~ n'ont que faire de tel fang,& qui ont leur femence toute entiere,en ont plus grande quantité,& fans com- paraifon en donnent plus fouuent qu el- les.Ç'eftdelaqu'on iuge les hom- mes de nature plus chaulde. oïsjw a. Des qualitez. DES OYSEAVX, PAR P. BELON, De» qualitez de diuerfes générations tant des oyfeaux, que des prepa- ations par Ja purgation, auant la concep tion des animaux. ZI CHAP. VII. s A T V R E confiderant l'aage de touts animaux, voulut auoir Pefgard au profid tant des oyfeaux que des autres beftes.Car elle kâprefix certaines faifons en l'année à vn chafcunpour accou- » pler les mafles auec les femelles,& leur â affigné le téps de leurs | portees,laiiîant liberté à l'homme de choifir telle iaifon qui luy J%léroit agréable pour s adioîdre à fa femelle:n*eftoit qu'il fe trou- uaftdebile.Car de touts animaux on ne cognoiftquela iument,& la femelle de l'homme,qui prennent plaifir de fe ioindrc au mafle,pédant qu'elles font pregnâ- tes.Mais l'homme n'eftant contraint à la fufdi&e loy des autres animaux , eft ren- du plus enclin en temps d'hyuer à l'exécution de ceft a<âe,comme au contraire fa femelle y eft plus prompte en temps d'efté . Et pource que l'homme auoit à viure longuemét,elle ne luy a pas otroyé en fa puiffance d'engédrer enuiron l'hui&ief- me lourde fa naiftance , comme à faid aux Poux: ou enuiron deux mois com- me aux Verons,& plufieurs autres petits poiflons:ou enuirô trois,ou quatre mois, comme aux Lieures , Rats , & Souriz : ou enuiron fix ou huicl: mois , comme à plufieurs petits oyfeaux : ou dedens neuf, ou dix mois,comme aux Porceaux : ou dedens quinze , ou feize mois , comme aux Ouailles , Vaches , Cheures , Chiens, Loups, & Regnards: ou dedens deux ans, comme aux Cheuaux,ôc Afnes:ou dedens trois ans, comme aux Chameaux:ou dedens douze , ou quinze ans,comme à lElephant:ains â voulu que ce f uft vers la feziclme ou dixfeptiefme annee,qui eft le temps que le fexe eft en fa puberté,c'eft à dire,que le poil follet cô- mencé a couurir les parties honteufèsjors que les hommes commencent à fe dé- clarer par leurs barbes,& les femmes par leurs mamelles & purgations.Car fi Ion voit les femmes porter enfants,ou auoir purgations dés la douziefme , ou trezief- me annee,& les louuenceaux auoir engrofle leurs femelles dés ce téps la,c'eft con- tre le deuQir de l'aage:ioincl: qu'il fault croire que l'homme de tel aage n' à encor pouuoir de bailler femence parfaic1:e,attendu que le commun cours de nature eft aflez toft à la quatorziefme annee,& d'eftrc en vigueur enuiron la vingtiefme. Toutesfois d'autant que le mafle 2 à la proportion de ceux qui en perdent plus grande quantite.La feméce qui auoit fon liège au dextre ou au ieneftre cofté des paraftates des malles, que l'animal en- uoye à vne feule fois,faid que la diftindion des malles s'en en^uyue. De la vient que fi celle du cofté dextre peut vaincre celle du gauche , s'engendrét des malles, comme au contraire en viennent des femelles.Les oyfeaux ont aufsi bien leur di- ftindion de mafle & femelle, comme les autres animaux. Anftoteau quatriefme chapitre du fécond liure, De gêner atione animalium, fuyuant ce propos â efeript en celte manière. ht fine ea voluptate quafœminis per coitum euenire joIet,concipitur,fi lo- cus turget,zy -vulua défendit propius. M ais pource qui 1 auoit dit en vne précéden- te clauhile, Sine maris emifwne concipi impofibile efl,atque etiam fine menfruorum ex- cremento,quod aut redundans effludt foras, dut intus fatis /?f:pour, locum turgere, il en- tend de la matrice qui eft rendue elpoifle à caufe des purgations:mais c'eft au téps que les femelles font enchaleur.il dit bien que le plus fouuentla conception eft laide accompagnée de la femence de la femelle : car il adioufte , Venmtamen ma- gna ex parte fie accidit,\t cum profufionefœmina agdtur,quoniam os Mterife comprimât) quumprofmditur.ln qua qu'idem profufione voluptas ©* mari (ffœminœ contingere fo^ let-femen etiam maris melius ita dirivitur iuuatur.Vrofufo auttm non intus fit ,\t qui' dam \olunt>os enim \teri angufîum ejl:Sed antè } qiiofœmind mittit \aporem illum nonnuU larumrecremcntum-eodem enim mas etiam mittit quodfuderit. aut ibidem manet fe- men emijfum, aut intro ab \tero trabitur,fi calidus efl,& modicè tempérât us . Cuius rei indicium,quod locus qui modo madebat, reficcatus mox fentiatur. C'eft à dire, qu'il ad- uient fouuentesfois,que la conception fe fait auec la vapeur que là femelle efpâd, d'autant que quand elle baille fa feméce, la bouche de la matrice fe ferre eftroide: & en celle profufion de femence il aduiét,que le mafle & femelle ont plaitir touts deux enfemble: & auffi lors la feméce du mafle eft mieux aydee & adreflee. L'ef- fulion des femences du mafle & femelle ne fe fait pas incontinent en la matrice, comme plufieurs ontpenle:mais elle eft faide deuant ladide entrée : car la bou- che de la matrice ou entre la feméce,eft eftroide,& demeure la fans y entrer quâd il ne fe fait point de conception:ou bien fi la matrice eft moyénement chaude &c temperee,elle attire la femence dedens,pour faire la conception.De laquelle cho fe les femelles s'afleurent,quand elles fentent que le lieu qui eftoit auparauant hu- mide, deuient tout defeché. Cela, ou chofes femblables à entendu Ariftote, tou- chant la côception:mais dilputant encores autres chofes fur cefte matiere,adioufte c i x6 LIVRE I. DELA NATVRE telles oufemblables paroles.Trdfcjf geniturdm hiclocusfuo cabre ,mëflruorum et tant decefoo & confluuiumfomttem in ea parte calons parât . ïtaque \t vafa non illitd , cahdo dilata bumore,aquam in fe trahunt ore inucrfojta attrabitur femen . Ne c audiendi funt, quipartibus accommodatis ad ccitumofficialibus idfieri opinantur tnullo enim paSlofic fieripotefl. Contra etiam euenit iis,qui femen a muliere quoque emitti aiunt.Kccidit enim \tpoftquam foras emiferunt,retrahat intro.Siquidem quod emiffum eft,mifceri débet cum marit genitura-.quod itafieri fuperuacaneum cfl. Atxerondtura nullam rem fupcruacd- neamfacit.Quum autem excrementumfœmina in \tero confîiterit à maris genitura, qu e n leur adminiftrantfeulemét quelque peu de chaleur, à l'exemple des œufs efclorre de Poulles,Canes,Oyes, & autres oifeaux,qu'on peult faire efclorre d'vne chaleur lesceufsar extérieure que nous y aurons tempérée, fans que l'animal qui l'aura ponnu le re- tifiaelle- touche iamais:comme auffi les œufs des ferpents font efclos de la chaleur de quel» me "*' . que fumier.Si donc l'eforit y eft puys après fufeité par la chaleur,à quoy attribue- fer/e, nt. ra ^ on ' a v * e ^ e l' amma l ; °u a la chaleur,qui eft caufe de les faire efclorre,ou à la ma tiere quis'eft trouuee préparée en l'œuf , dont eft engendré l'animal \ Nul corps quel qu'il foit,iedy végétatif, ne fe peut remuer & nourrir fans ame . Parquoy il fault attribuer telle puiflance à touts deux. Pourquoy eft-ce qu'il ne peut eibre rie engendré des œufs des Poulies, des Canes,Paons, & Oyes vierges , comme aufsi ^irenida ceux des poyflbns,qu'on nome Oua hremda, ou hrenulentd , & les Grecs Vfatjtd, om . fmon qu'ils ont faulte de refprit,c'eft à dire de la femence du mafle ? Car il n'y à pfaon. aucune matière qui fans efpnt fe puifle difpofer à prendre forme. La femence des mafles qui rend le petit en vie, entrant en la matrice des femelles , n'y faiâ: pas grand leiour,qu'elle ne s'y couure d'vne pellicule déliée, tellement qu'on ne trou ue pas grande différence du premier commencement des animaux qui enuoyéc leurs petits en vie, à ceux qui rendent leurs œufs . Car qui les regarde leans auant qu'ils ayent la coque dure, les voit attachez comme à vn lien . Mais la différence fe manifefte au fortincar les œufs ont l'efcorce dure,& les animaux en vie ont leur deliurançe ou arrière faix mol. Donc tout ainfi corne il fault que le petit nay en vie, foit alai&é longue efpace de temps de lamâmelle , iufques à ce que les dents luyfoyétcreuës,aufsi fault que lesoyfeaux abechent leurs petits iufques à ce que les plumes leur foyentvenuës.Puis qu'il eft ainfi que touts oyfeaux prennét naif- oeufi de fance de l'œuf; il eft neceftaireefenre quelque chofe de leur nature. Chafcun fçak Poulie. ^ ue j es ceu f s d e p ou u e f ont me iU eurs à manger que touts autres,& que c'eft l'vne des DES OYSEAVXj PAR P. BELOR ij> des chofcs du plus grand profiét qui foie pour la nourriture du peuple:parquoyil conuient les mettre au premier degré.Ily à plufieurs animaux terreftres qui font aufli des œufs quafi femblables à ceux des oyfeaux, comme les Serpents, Lezars, Chameleons,Stellions,CrocodiIes:mais touts font inutiles à manger, defquels ne voulôs parler nomplus que des ceufs des poiffons. Les ceufs des Tortues tant ter- reftres que de mer font de fort bon mager:Ceux des longues Tortues de mer font les meilleurs.Car les grandes Tortues ont l'efcorce quafi de la hauteur d'Vn hom- ^ me:donten auonsveuauTorqui auoyentl'efcailleplus grande qu vn van. Et Tmn ^ nous qui auons faicl: expérience des ceufs tant des grandes que des petites,les auôs trouuez plus gros que les ceufs des poulles,& d'auffi bon gouft,ayans leurs coques de pareille durté, & diftin&ion du blanc & du moyeu : chofe que n'ont ceux des poiflans.Nous auons trouué le nid d'vne grade Tortue de mer, au riuage enl'Ine de Crète, & cinquante ceufs leans , combien qu vne Tortue en face vne centeine d'vne mefme couuee:& qui regarde fes intérieures parties,en trouue fept ou huiâ: dens fon ventre iadurs & formez, qui nous fait dire qu'elles enponnent qua- tre ou cinq par iounlefquels pour quelque efpace de temps qu'onface boullir,la glaire nes'endurciftnon plus que taid le moyeu de l'oeuf delà Perdris de Grèce. Les ceufs des oyfeaux font indifféremment bons à manger, mais font trouuez de meilleur aliment les vns que les autres : Car ceux de Pigeon font eftimez de com- oeuft de plexiontropchaude,demauuais gouft,& mal aifez à digérer, comme auffi ceux Pigeon. des Autruches,& Paons,& des oyfeaux de riuiere qui ont le pied plat,tant des Ca- nes,Oyes,que des Cygnes. Les ceufs des Autruches feruent aux Aphrieains,& au- 0eu f s très plufieurs nations,a faire des vafes à boire.Les ceufs de Poulie eftants les meil- d'^utnh leurs, & vulgaires ont eleclion : Carlonchoififtceuxquifontde forme longue. &e. Horace au récit de Pline au dixiefme liure de l'hyftoire naturelle,chapitre einquâ- tedeuziefme,à efeript qu'ils font meilleurs que les ronds.Il y à eu plufieurs perfon Qeu fi nés en noftre France, qui ont attribué l'occafion aux ceufs fraiz,de quoy ils ont vef frai% eu longuemét : & à efté bruit q le Pape Paul en â allôgé fa vie de beaucoup :pour- ce,difent-ils,qu'il en mâgeoit deux mollets fraiz,touts les matins. Les ceufs pônuz d'vne Poulie qui â efté ia chauchee du coq,font beaucoup meilleurs que ceux des Poulies vierges: Car les ceufs des Poulies qui viennent fans le coq, que les Latins oeu/sfir- nomment Subusntdneaoua, 8c les Grecs Hypenemia, ne font fi naturels que lesau^ mc^f/tm tres,attédu qu'ils font beaucoup plus humides,& n'ont fi bon gouft,auui font plus l'ayde du petits &ftenles.On les nomme aulfi Zep/>jn'o~ qu'on à par trop ffks.Les œufs pochez en l'eau font maintenant bien eftimez:cô- » cn me auffi eftoyent anciennement ceux que les Grecs, nommoyent P inïid, qu'on mettoit cuire auec du vin huile & garum,& boullis en vnvailTeau qui trem- Oeufsd'qy poit en eau boullantc.Les œufs des oyfeaux de riuiere font cogneuz differéts des féaux de terreftres,à ce qu'ils ont beaucoup plus de îaulne à la proportion du blanc,qi ie les rmere. terreftres.Nature n' à pas déterminé que les oyfeaux f eifient tel nombre d'œufs, Le Coquu les vns comme les autres: Car il eft commun à touts que le Coquu eft feul entre ne fond les oyfeaux qui ne pond qu'vn œuf. Il y en â plufieurs qui n'en ponnent que deux queyn \ cs autres trois,& ainfi confequemment , en forte qu'ils montent fouuent iufques * au nombre de quarante . Touts œufs d'oyfeaux ont germes côioinéts au moyeu, qui eft ce que les Grecs nommét Cbalazf • il fait grand tonnerre.Or comme les chofes froides & humides font côfcruees en „ **„ c« leur cftre naturel par leur femblable,c'eft à dire en lieu froid & humide,tout ainfi ««/«a*. qui veultcngardcr les oeufs defe corrompre par le chaud,il les fault tenir en lieu M °>*à* frais,ou du dedés fel,ou tréper en faulmure.Les oeufs tat des oyfeaux,desTortuè's, l " des Lezars,des Chameieom,Stellions,des Papillons,des Saulterelles,des Cigales,' des Efcharbots,que des L'halangions, & des poyflbns,& autres tels animaux,font ponnuz feparez IVn de l'autre, comme aufsi ceux des Serpents: mais les Serpents oeufi d, ont l'induftrie de les faire entretenir enfemble, combien toutesfois qu'ils ayét les St/ftm coques durettes peu moins que celles des oyfeaux.Les Limas tât de mer que ter- reftres ponnent cnuirô vne cinquâtaine d'oeufs ou plus , qu'ils enfouïflent en ter- reront puis font procréez les petits limaçons: mais ceux de merles attachent, & difpofent par ordre contre quelque roche. Il y â des herbes , qui en naiflant font Qe u f s dt leurs germes cnuelopez en pomme, tellement que les autheurs ont appelle cela herbes. de nom d'oeufque nous ferons plainement apparoir es cômétaires fur Diofcori- de en cefte langue , quand déclarerons quelle chofe eft Ouumferula . Il y à aufsi quelque parties d'animaux ayâts des oeufs, comme eft ce, qu' Ariftote au dixhuit- ° uum fi- tieffne chapitre du cinqiefm e liure de la nature des animaux, â nommé Ouum Vo rulx ' lypi. Mais Ion pourra voir cecy plus à plain au liure ou font baillez les portraits des poyiTons. Lon trouue différentes opinions d'Hippocrates,d'Anftote, & Ga- lien,touchant la nature des animaux,qui eft aduenuë à caufe de l'oeuf.Car Anfto 0uum Po te au troiziefme chapitre du fixiefme liure de la nature des animaux, à efcrit toute h ?'' la manière, corne le Poulfin eft couué,& efcloz de l'oeuf, tout par le menu, qu'il fembleauoir fait couuer les poulies luy mefmes : & d'en parler beaucoup après luy , ne ferait que répétition di&e deux fois.il s'efforce en c'eft endroit nous mô- ftrer que l'origine du petit oyfillon eft en l'aubin , & que le germe eft comme le Qsrmt ^ nombril.Et de fait au cinquâtedeuxieûne chapitre du dixiefme liure del'hyftoire fauf. c iiii 3 z LIVRE L D E LA NATVRE naturelle Pline le nomme Vmbilicus, par lequel l'oyfeau fe nourrift du myoeu. Genêt*- Mais Hippocrates qui auoit eferit long téps auant Ariftote , parlant des petits en- tiùn du fants au liure de partu ( fi le texte n'eft corrumpu) entendit que les Poulfins s'engé iW/î». drct du moyeu,& fe nourriflent du blâc. Ariftote au troyfiefme chapitre du fixief- me liure de la nature des animaux, eft d'opinion que le moyeu vient fur la glaire lors que l'oyfeau couue, & qu'en ce temps la on peut voir le cœur refemblant à vne petite goutte de fang dedens le blanc . Pline au cinquâtc & troyfiefrne cha- pitre du dixiefme liure traduifant ce paflage,n' à pas dit dedens le blanc, mais à dit eftre dedés le moyeu . Toutefois Ariftote veult que cefte goutte eft celle qui do- ne le premier mouuement au Poulfin entretenant vie à l'animal, & qu'on la voit ,« remuer & debatre, &que d'elle fortent deux petits rameaux qui fe vont inférer l'vn entour le blanc, l'autre pour entourner le moyeu, & fe référer en la tunique, c'eft à dire en celle pellicule,qui eft defioubs la coque de l'oeuf. Ce paflage d Ari- ftote nous donne argumét de conférer ce que Galien a eferit des autres animaux: car en lieu ou Ariftote veult que le cceur foit formé le premier , Galien eft d'opi - oeufs À n i on q Ue ce f i t l e foye en l'homme, & non pas le cceur . Les oeufs fouuentef ois * eMX ont deux moyeux,aufsi eft ce de là qu'on voit le petit qui en fort eftre môftrueux. mojeux. defquels les deux aulbins,& les deux moyeux font feparez,les pe- tits en fortent feparement,fans eftre attachez l'vn à l'autre. Comme nature a aifi- gné diuerfes faifons aux oyfeaux pour faire leurs nids & pôdre,tout ainfi elle leur à donné diuers temps de couuer : car les Poulies ê^Pigeons ponnent & couuent communément en toutes faifons . Toutesfois comme il y à diuerfes efpecesde Poulies , aufly ponnent diuerfement : Car il y en à qui ponnent deux fois le iour: mais d'autant que leur nature ne peut fupporter telle violéce , elles font de moin- dre durée » Nous en parlerons plus amplement au chapitre des Poulies. Ce qui refte de la nature des oeufs, fe voirra au dixfeptiefme chapitre de ce prefent Hure, ou traiterons de la nourriture du petitiuy eftant encor dedans l'oeuf. De la grandeur des oyfeaux,& de leurs parties extérieures. CHAP. X. r| V I S qu'auons propofé mettre la defeription des oyfeaux h| fuyuant les propres termes Françoys,il nous fera l'oyfible d'en Épadioufterplufieursautres,defquels lesautheurs Latins,& Grecs Q ont faitfpeciale mention, qui fera pour la comparaifon de plu- Û (îeurs autres quinous font vulgaires , principalement de ceux % qui font particulièrement nommez félon qu Ariftote les nous a fignifiez. Toutesfois ayants entendu quelque doubte qui demeure à efclaircir fur cefte matiere,ceft à dire en la diueriité d'iceux , qui pourrait arrefter le lecteur, ce lieu fera à propos pour le dôner à entendre. C'eft que comme la terre eft diuer fe félon diuers climats,& eft de diuerfes températures , & en laquelle viuét les oy- feaux diuerfement tempérez, par cela il y en pourrait auoir qui en mefme efpcce feroyent de diuerfes grandeurs, & grofleurs. Parquoy ne voulus eftre exeufez de faulte de ne diftinguer la corpulence d'vn oyfeau , ou autre animal dvn pais , d'a- uec DES O Y SE AVX, PAR P. BELON. 33 ucc l'autre.Car fi contre çefte opinion Ion alleguoit que ceux d'Europe ont diffé- rence aux autres d'Afie,& ceux d'Aphrique aux autres d'vne autre région , la refpo fe eft qu vne Hirondelle, Francolin, Perdris,Autruche,Paon,Poulle, Eftourneau, & tout autre oyfeau eft de telle forme & manière en vn païs,comme en l'autre:& s'il y â quelque différence , il la fault diftinguer autrement , & l'entendre en tou- te fon efpece . 11 y à plufieurs paffages en diuers autheurs , & principalement en Galien parlant des facultez des medicaméts , qu'on pourrait alléguer fur ce point contre nous, ou îldiâ que comme les hommes font plus refaits en vnere- Z- es H° m gion, ils font plus maigres en l'autre: mettant l'exemple des habitants. d'Egypte, m ." f ont Ethiopie, & des autres pais chauds, hommes maigres & déliez : au contraire de j ai £i se „ ceux des régions froides de Galatie,Thrace,& d'Afie,mieux nournz,deplus gran y n e regio de , & groffe corpulence: ou bien alléguer le fixiefme hure de Vitruue au premier qu'en Uu chapitre, ou eft traidé chofe totalement conforme à ce qu'auôs dit de Galien: car " e ■ au commencement parlant tant des gents que des édifices, il dicl: , Nanque aliter AEgyptOyditcr HiJj>ania,non eodem modo Ponto.diflimiliter Romœ. Peu après il adiou- fte, i>uh Sepreniriombus nutriutitur gentes ïmmanioribui corporibus, candidis colonbus, direiïo capillo, £T rujfo,<&c. Parquoy il pourrait fembler par mefme raifon que les beftes quiviuent en païs humide, font plus graffes qu'en pais fec : & pourrait on dire, que tout ainfi peut aduenir aux oyfeaux. Ace la relpondra Ion pertinem- ment, qu'il n'eft des oyfeaux , comme des beftes terreftres :car les oyfeaux retien- nent leurs grandeurs plus conftâment. Les Cheures viuâts en Afie,qui portent la fine laine de camelot, font de petite corpulence,& ont petites cornes à. la compa- raifbn des noftres.Les Moutons d'Auuergne de petite corpulence,ont le poil dur comme d'vne Cheure,toutesfois la chair en eft délicate. Ceux de Syrie font plus grads & gras qu'en vn autre païs,& ont la queue groffe oultre mefure. Aufsi touts animaux priuez nourriz en Egypte,come Bceufs,Boufles, Chameaux,font grands &gras, au contraire de ceux d'Afrique, quifontfecs,& de petite ftature:& les Che uaux d'Efpaigne,2>^de Turquie font plus minces & prompts que ceux d'Alma- gne, qui font gros & lourds: & ainfi des autres.Mais les oyfeaux font autrement: car en quelque part qu'on puiffe voir vne Aigle,Ramier,Turtreiie,Roytelet, Phce nix,Corneille,toufiours fera vne mefme corpulence: & s'il y â différence, foit en- C ^ cm J tendue en toute l'efpece du païs ou elles viuent : car vne Oye,Chapon, Griue, & ^ tel autre oyfeau,peut bien eftre autrement tempéré en vn païs qu'en l'autre, & de j e mc j- mc fa température en deuenirplus gras,ou déplus grade corpulence: mais enaduou-? corçulen- ant cecy , foit entendu qu'ils ne perdent rien de leurs couleurs formes & nature. « • Et pour n'aller fi loing, nous voyons en noz païs mcfmes,quelesvns font plus grands & les autres plus petits , les vns plus gras , & les autres plus maigres , félon qu'ils font diuerfèmenttemperez . Prenant donc chafeun en particulier , tel eft lç Coc viuant en Afrique, que celuy d'Europe,ou d'Afie: car s'il y auoit difference,il fauldroit les nommer diuerfement, & en taire diftin&ion en toute fon e{pece,& dire,comme auons parlé des hommes & autres animaux. Celuy quifera defireux de vouloir obferuer la iufte grandeur des oyfeaux cognus , cXipcognus , aille les regarder fans plumes, S^es-ia prefts à. mâger , au moins s'il en veult faire certain iugement : car il aduient fouuent , qu'ayant feulement veu vn oyfeau reueftu de fes plûmes, penfera qu'il foit de moindre, ou plus groffe corpulence qu'il n'eft. 54 LIVRE I. DE LA NATVRE Parquoy il eft requis pour voir le principal gibbier d'vne prôuinee , fe trouucr en deux lieux,ou bien au marché ou ils fon expofez auec leurs plumes, ou bien ia ap- preftez fur la table des plus riches, Tel oyfeau ia apprefté pour manger, fera de petite monftre , qui toutesfois apparoiffoit moult gros auec fa plume . Il aduient le plus fouuent , que les cuifiniers ne prenants garde à l'oyfeau qu'ik accouftrent, n*e le fçauent nommer non plus que leurs maiftres,lefquels s'il vient à propos d'en auoirquclquun qui foit rare , on les trouuera incertains de leur appellation , quafi comme s'il eftoit mal feant à vn grand feigneur de fe foulcier de telle chofe . Soit donc accordé vne certaine grandeur en chafque oyfeau , ayant efgard à l'habitude &Ji l'aage d'iceluy : car la nourriture les peult rendre plus gras ou plus maigres , plus petits ou plus grands. Et fi Ion didt que les Poulies ou autres oyfeaux font de moindre corpulence en France qu'en autre lieu , la refponfe eft , qu'elles doiuent prendre lefurnom de leur région: cartranfportees aillieurs,fe refententtoufiours Vef ;„-. de leur terrouër, ainfi que font les plantes d'vne région tranfpofees en l'autre . Les tiZ"à'oy- anciens qui nous ont dehny que c'eft que l'Oyfeau, ont did: qu'entre les animaux, [eau. celuy qui eft couuert de plumes , & qui chemine à deux pieds , &Ji des ailles , eft appelle Oyfeau . Les Grecs dient Omis, & les Latins ^ms: & de la les Latins ont appelle les vollieres Auiaria-.Les Grecs Qrnithotropbia,8i Ormtonas:8i les licux,ou pour certaine corruption d'atr ou autres caufes, les oyfeaux ne peuuent viure, huer num les Latins,les Grecs Aoraow.Varro en fon Hure de lingua Latina dit:De his dni- malia in tribus locis quod funt in aère, in aqua. in tenace. Primàm nomen nomine alites, alij -vohercs à volatu deinde genêt -atimtde bispleraq; d fris Vocibhs^t hœc,Vpupd,Cucu lm,Coruus, Hirundo,VluU, Bubo.ltem hxcVauo^nfer, Galiin c ' eft à dire fimplesrcar elles ne fe peuuét diuifer qu'en leurs fem- J,x. blables.Etles difsimilaires qu'on interprète compofees ouorganiques,difsimilai- res inftrumentaircs,ou officiales, font les £elles,iambes,col, & telles autres parties compofees. Puis que la nompareille diligence & excellence diuine n'a rien fait fans caufe , ne qu'on doiue nommer fuperflu , Ion maintiendra que l'obferuation de l'anatomie des animaux rieft point fuperflu , & fans vtilité : Car comme ainfi foit qu'il n'y ait aucune petite partie es corps des animaux , qui ne foit faite à quelque vfage,ou qui n'ait fon office particulier pour aider l'a&ion de quelque autre, il appartient bien à vn homme foigneux & curieux de feience, de s'enqué- rir & entendre la conion&ion des parties fimples , & compofees , & production A fm d'icelles. Monftrât cefte anatomie, dirons premièrement que les os font es corps feruentles des animaux tout ainfi comme les murailles d'vnbaftiment,oulespaulsà vne Tei^nt tente-.attendu que c eft par leur appuy que les corps fe tiennét debout ; ayant IV- mauxT % e diuers félon leur fituatiô ôc figure, & difteréce d'office. Celuy donc qui vou- drait enfuyure l'ordre de nature & compofer vn corps, il luy conuiendroit com- mencer par les os quafi comme donnant la matière du premier fondemét.ll n'eft animal en quelque élément que ce foit, qui pour le moins n'ait deux côdui&s ou- uerts:l'vn pour donner aliment & foubftenir le corps en vie, l'aulne pour mettre hors les fuperfluitez & excréments : mais touts animaux , ne font pas munis dos. Or DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 37 Or puis que trouuons merques qui nous enfeignent la différence des oyfeaux par leur extérieur, aufsi pouuons cognoiftre qu'ils font diffemblables par leurs anato- mies intérieures . Anftote pour grand perfonnage qu'il fuit , ne defdaigna les re- garder & efcrire par le menu, & en faifant l'anatomie d'vn chafcun,y trouua fi grâ de vtiîité qu'il nous à fait appatoiftre beaucoup de chofes cachées en nature,dont luy mefînes euft efté ignorant fans telle obferuation.Ce point pourra feruir con- tre la calumnie de quelques perfonnes inutiles, qui en accufant les obferuations des hommes curieux, les taxent comme efcriuâts chofes non nece{Taires:mais eux qui ne louent , ou trouuent bon que ce qui eft de leur façon , font contents qu'on ne s'arrefte fur leur ignorance . L'anatomie des parties intérieures des oyfeaux, eft quafi correfpondante aux autres animaux terreftres. Car ils ont aufsi bien le Le ur~ iargueul,que les autres nomment l'artere,ou fiflet,& la conformation de la luette gmdjM à la racine de la langue,& de laquelle ils fe feruent a. infpirer & refpirer , en la fer- re ^ u f'fl et rant ou ouurant,comme aufsi en aualant leur manger à la manière des autres be- d " 0> ^ ftes terreftres.Mais touts ne l'ont pas de mefme façon: car les oyfeaux qui fe pion gent entre deux eaux,ont vue cauicé leans qu'on ne trouue es autres . Mais corne la diuerfité des voix des oyfeaux prouient de la diuerfe pofitton du fiflet, aufsi cel- le voix haultaine que font les Grues, les Oyes, & tels autres, prouient de ce qu'ils l'ont autrement lîtué. Touts oyfeaux ont les poulmons afTez petits &fanguins k Poulmos Aufsi font ils fpongieux & membraneux, & font moult aptes à s'enfler & eftédre: ^" 0J ^ e ~ parquoy l'infpiration & afpiration des oyfeaux, eft plus foudaine qu'elle n'eft de touts autres animaux. Il femble que leurs poulmons font de deux pieces.Le foye Le fqye des oyfeaux eft de moult belle couleur fanguine,qui approche de bien près celuy & Me des animaux terreftres,& qui eft aufsi diuilé en lambeaux, que les Latins nôment " ny Ç* Lobî. Ils ont la rate moult petite, & y en à qui n'en ont point du tout i Diofcoride au feptâtiefme chapitre du fécond liure De medic a m mena, â expreffemét nommé leneIdelaPerdris,dei'Aigle,&dclaPoulle blanche pour la maladie des yeux. Aufsi Galien à eferit que les fiels des Milans, & Aigles font plus acres, & plus fecs que des beftes terreftres, qui cheminent à quatre pieds . Les oyfeaux n'ont point de rongnons , ne de veicie : mais ont des charnures qui refemblent à des ron- gnons. Tous oyfeaux n'ont pas le iabot ou fereçoiuent les viandes ,auant en- LeUhot trer au iefier , les vns comme les autres : Car quelques vns n'en ont point , mais & g°f ie * pour ce défaut nature leur à baillé vn gofier moult large & ample,qui eft ce qu'on oy ( e ~ appelle l'herbiere. Il y en à qui ont le iefier dur, charnu, & caleux : les autres n'ont ne iabot,ne iefier.Les oyfeaux malles ont les genitoires cachez au dedâs , qui font Genitoi- adioinâs aux reins. Quelques vns ont les mébres honteux blâcs, les autres les ont Ks & ™* rouge: mais les femelles ont la matrice iufques au deffus des inteflins, qui eft mcecles moult déliée &mince,& fendue en deux cornes.Touts oyfeaux n'ôtpas leurs os plains de mouè'lle: corne aufsi leurs os font différents les vns aux autres.Car quel- ques vns lesontplusdurs,&les autres plus mois, les vns plus lafches,les autres plus efpois & compactes. Mais à fin qu'on puiffe mieux entendre l'anatomie des os de chafeun en fon particulier ,nous monftrerons leur culiere compadion pour les conférer aux noftres,& auec ceux des animaux terreftres; d 38 LIVRE I. DELA NATVRE L'anatomie des oflements des oyfeaux,conferee auec celle des animaux terreftres,& de l'homme. CHAP. XII. Omme les oyfeaux font de diuerfes natures, aufsi ont les mé- bres diuerfemét façonez : Et ainfi que l'extérieur môftre les mé- bres porportionnez en grands ou petits,les os qui font le fonde ment de l'intérieur , enfuyuent ce qu'on voit de leur extérieur. Ceux de rapine ont les os plus robuftes que les paluftres, & ter- reftres.Onc ne tumba animal entre noz mains veu qu'il fut en noftre puiflance,duquel n'ayons fait anatomie. Dequoy eft aduenu qu' ayons re- gardé les intérieures parties de deux cents diuerfes efpeces d'oifeaux. Lon ne doit donctrouuereftrangefi nous deferiuons maintenant les os des oyfeaux, £X les portrayons fi exacl:ement.Car qui obferuera ceux des animaux à deux pieds,& les côferera à lencontre des autres qui en ont quatre , n'en trouuera aucun , qui en fe repofant ou dormant ne fe couche furlescoftez, hors mis les oyfeaux qui font toufiours fur leurs iambes. Il eft bien vray qu'ils s'appuyent defllis leur poicîrine, toutesfois il y en à qui peuuent dormir fur vn feul pied citants debout fans s'ap- puyer aucunement,ou bien fe mettent fur les genoux,comme aduient à ceux qui ont les iambes longues.Mais cefte confideration gift totalement es diftnbutions que i'ay fait des oyfeaux de rapine , paluftres , terreftres, de bois, & des buiflons. Quiprédra toute l'aelle on la cuifle & iambe d'vn oyfeau , & la côferera auec cel- le d'vn animal à quatre pieds,ou d'vn homme, il trouuera les os quafi correfpon- dants les vns aux autres:Car tout ainfi comme fi vn homme fe marchoit fur les er gots,ceft à dire fur les bouts des pieds, aurok le talon à mont auec toutsles ofle- méts du pied touts droi&s, tout ainfi les belles à quatre pieds fe marchants fur les ergots, & ayants le talon, orteuls, & doigts touts droits,monftrent femblant d'e- ftre en la porportion à la iambe d'vn oyfeau. Mais pour en faire voir telle expé- rience que chafquepaifant la puifle comprendre, à fin de ne perdre le temps en l'explication des parties, nous nommerons chafque os en particulier,& le confrô terons auec ceux des autres animaux,& de l'homme. La defeription générale des os du corps humain eft neceflaire pour apprendre à difeerner l'endroit qu'il faul- dra medeciner, quand quelque patient s'adrefle à nous pour auoir remède . Mais nous n'auons que faire d'en parler beaucoup en ceft endroit:car eftant ia défaite, & mife en portrai&ure par tant de perfônes,ne pretédons eferire autre expofition d'icelle, finon fur ce qui eft requis pour enfeigner comme nature fe iouë diuerfe- ment en fes œuures,quafi comme fi celle d'vn animal dependoit de i'autre:& mô ftrer combien celle des oyfeaux en approche, plus pofsible qu'il n'eft aduis au vul gaire.Parquoy voulôs qu'on entende que mettôs cefte anatomie des os humains feulement en comparaifon de celle des oil'eaux, promettants faire tout de mefme ^tnitto ^ CS autxes animaux chafeun en fon endroit en noz. commétaires fur Diofcoride mie de lu en cc ^ e ^ an g ue -QiLon tue tel oyfeau qu'on voudra, & qu'on luy rafcle diligem- tejîe des ment ^' os ^ e ^ a tc & c ( car c'eft par la tefte que voulons commencer noftre anato- (fffeaux. mie ) on ne luy voirra aucunes couftures , ou futures manifeftes au teft,toutesfois ne DES OYSEAVX, PAR P. B È L O Ni 35 ne nions que les oyfeaux n'en ayent. Car qui prédra le chef d'vn oyfeau boulli & le depeceray pourra difeerner les fix os correfp on dents aux noftres & auoir leurs futures coronales,fagitales,occipitales,& les commiffures des os pierreux m anifé ftes ) & la recognoiftra l'os du front ou coronal,& les os pierreux es templesdes os pariétaux fur le fomfnet de la tefte,&celuy qui fait le derrière qu'on nomme Oi occipitis, qui eftioint à la bafe du cerueau,& au deiTus du palais l'os bafilaire. Ils ont le bec pour mafehouère , car aufsi n'ont ils aucunes déts , finon quelques vns de riuiere,qui ont le bec dentclé.Et au lieu que grande partie des animaux terre- ilres ont deuxoffelets dedens la racine de la languejes oyfeaux les ont aux co- ilez,par le bénéfice defquels ils l'eftendent & retirent. Les os qui fuyuent la telle font les vertèbres ou rouelles du col qu'on pourrait bien nommer enFrançoys les pefons, lefquels les Latins dientVerfc£rtf,&les Grecs Spondyli. Les oyfeaux tebbtdei n'enfuyuent pas le naturel des autres animaux en l'endroit des vertèbres du col. vf**»xi Car la ou les autres n'en ont q feptjes oyfeaux en ont douze . Et fuy uant le col ils . en ont encor fix en l'efpine du dos moult différentes en figure à celles du col, auf ^ es rjy ^. quels fix,font attachées fix codes en chafque collé : car les oyfeaux n'ont en tout aux. que douze cofles entières, &vne petite en chafque collé audeffoubs des selles, mais toutes font treffees par le trauers auec des autres petits offelets fuyuant l'ef- pine.On leur trouue les deux grâds os larges que nous nômos plats,ou facrez,ef- quels il y à vn pertuïs au trauers en chafque collé , & l'enboillure ou s'infere l'os des cuiffes,qui efl ce que nous nommons la hanche. Mais lapoi&rine eft bien L*poiEbri d'autre manière qu'es autres animaux. Car à eux,qui auoyent à faire de grade for- ' oy ~ ce es ailles, nature â donne les mufcles gros & forts ; , & renforcez d'vn grand os ' par la poictrine , dedens lequel eil l'habitation des poulmom: aux deux collez duquel les clauicules font coniointes aux palerons de derrière pour tenir l'os de l'adle en fa fermeté.Encor ont vn autre os d'abodant qu'on nomme en Françoys la lunette ou fburchettexar communément on la met deffus le nez en forme de lunette, ou bien on le nomme le bruchet:car il prend par deuant l'eftomach , & eft conioint aux bouts des deux clauicules en l'endroit des elpaules , & de l'autre cofté eft ioint au corfelet,c ell à dire à l'os delà poidrine. Car il efl fait en manière de fourchette. Au deffoubs des os larges autrement nommez os facrez , ils ont le cropioncompoféde fix ofTeletz , qu'on peutfeparer l'vn de l'autre. Lon trouue L " *^ et quafi mefmes os en leurs ailles, qu'es braz des hommes, ou es iambes de deuant a^? des animaux à quatre pieds . Carie gros os du bras nommé en Latin Os ddiutorij, que nous pouuons nommer l'auant-bras qui fort des palerons de la fourchette 8c des clefs, eflrecogneu en mefme proportiô que celuy des autres animaux,& de l'homme,ayant les mefmes eminëces, cauitez, &c rôdeurs,fuyuât lequel les autres deux os du brass ôt coioints.Noflre vulgaire n'a point de nom pour les exprimer. Les anciens nommèrent le plus grosV/»<* , & le moindre Rddius : nous les nôme- rons touts troys indifféremment les os dubras:d'autât qu'auons ia nômé le gros; l'auant-bras . Mais ayants monllré l'anatomie des os humains la première , fai- fants comparaifon d'icelle, auec les os des oyfeaux , S^donné l'inteUigéce d'iceux parfigure,aurons meilleure commodité depourfuyureàl'expofition d'vn ehaf- cun en particulier,fuyuants l'ordre commencé* d ii Nouseflions 4° LIVRE I. DE LA NATVRE Portraid de l'amas des os humains , mis en comparaison de l'anatomie de ceux des oyfcaux,fàifant que les lettres d'icelle fe raporteront à cefte cy,pour faire apparoiftre combien l'affinité eft grande des vns aux autres. DES OYSEAVX, PAR P. BELON. La comparaifon du fufditportraiâ: des os humains monftrccom^ bien ceftuy cy qui eft d'vn oyfeau,en eft prochain. Portraiâ; dès os de l'oyfeau. \A B Les Oy féaux n'ont dents ne lettres , mais ont le bec tranchant fort oufotble,plù4 ou moins fé- lon l 'affaire qu'ils ont eu à mettre en pièces Ce dont ils yiuent . M Deux f ailerons long & eflroicls^n enchaf- cun cofle. i£ L'os qu'on nommé la Lunette ou fourchette n'eH troméen aucun autre animal , hors mis en [oyfeau. V Six costes, attachées au coffre de te slàmach pat deuat,& aux fix "Vertèbres du dos par derrière. F Les deux os des hanches font longs , car il n'y a aucunes Vertèbres au dej?eubs des codes , G Sixofïelets autropion. H La rouelle du eenoil, J Les futures du tes! n'apparoiffent gutresfmon qu'il foitboullj, k Dou^e Vertèbres au col, & fix au dos. d iii 4i LIVRE I. DE L Les os de* deux clefs . N Lesosdesbrasou épaules. O Le cofte de la poiclrine. P Le petit os du coulde Q^Legros os du coulde. R L'os du pongnet nommé Carpus. S Les neuds & articulations nommées Condili. T L'alleronnommé ^4ppendix,quieften propor- tion en l' telle au lieu du poulce en la main. T L'os d'après le pongnet nommé Metacarpium. V ^extrémité de l 'aileron, qui ejl comme les doigts en nous. V Plu /leurs os au l.out de l'aile, dont deux ont for- me de nauettesj'yn plut grand & l'autre plus petit, qui ejl en proportion à l'qyfeau, corne en .A NATVRE nom le creux de la ma'm,qu'on nome en Grec Thenar,& en Latin Palma. X Les gros os des cuijfts, T>n en chafcun cojlé. T Le gros os de la iambe. Z Le petit os de la iambe. & Los donné pour iambe aux qy féaux , corr '«fon- dant à nojlre talon. *4 Toutainfiqu auons quatre orteuls es pieds, aufiilesojfeaux ont quatre doigts ,defquels celuy de derrière eji donné en porportion,co- me le gros orteul en nous. B B Quatre articulations au doigt de dehors. C C Troy s articulations en ce doigt. D D Deux articulations en ce doigt, comme en ce- luy de derrière. Nous citions demeurez, fur le propos d'vne je lie d'oyfeau , faifants comparaifon de fes os auec ceux des autres animaux,parquoy voulons maintenât faire voir que comme nous auons les mains, & les autres animaux les pieds, aux vns feparez du bras,& aux autres des iambcs , ayants diuers oflelets pour faire les iointesdes or- teuls , ou doigts : aufsiles oyfeauxontvn petit olfelet de l'adleron correfpondât au poulce en l'hômc, ou au pafturon, ou ergot de derrière es autres animaux : car il n'y â oyfeau,qui oultre la grande selle n'ait vn petit sellero , lequel pouuons no- ^ipptdix mcr en * n App en< lix ou VinnuU: au deflous duquel, gift vn olfelet rond & veu- Pinnula. k » correfpondantà ceux qu'on nomme CarpLCôbim qu'il y en ait huiâ: oifelets Carpi. en lamain , qui touchent aux deux os du bras , aufsi ceftuy cy faifant la feparation des os fufdi&s d'auec les derniers, qui eft refpondantà la première partie de la paulme de la main , pourra obtenir ce nom de Car pus , &ç^en françoys Pongnet. Et tout ainfi qu'on dit la main eftre le bout du bras,aufsi y à fix os,qui font le bout de l'2elle,dont le premier eft formé comme la nauettc d'vn tifsier, au bout duquel eft attaché vn petit,& agu oflelet,delié corne la poinétc d'vne alefhe. Et au bout de ceft os de nauettc, y en â. encor vn autre de mefme façon, mais moindre,& qui Ves \ c !!^' à aufsi vn petit os pointu côioint à lextremité d'iceluy.Lescuiffes,iâbes,& pieds: & 'pieds ^ ont 1 ua ^ con f° rmes aux slles,ou aux bras,&^mains:car ils ontl'os de la cuifle, de des oy/e- mefme celuy des autres animaux tcrreftrcs , court , & trape au regard de l'autre aux. de la iambe , qui eft longuet , délié , & double . Mais il y en à vn moult petit re- Ipondant à celuy qu'on nome Os Sur a : Car le grand eft celuy qu'on nomme en Latin Tib w.Car ce que nous voyos de defcouuert,& que noftre vulgaire, & nous auons nommé iambe en l'oyfeau, fera mis en comparaifon de tout le pied , d'au- tant que comme Ion voit plufieurs oflelets es pieds de touts animaux auant venir aux orteuls, ou ergots,aufsi y à plufieurs petits os en vne cauité entre les doigts & le bout des pieds que mettons pour talon,qui feruent pour ouurir,& ferrer les grif fes, & doigts des oyfcaux. Ilfault donc que les orteuls ou doigts des oyfeaux foyent comme à nous les noftres,puis qu'auons comparé leurs iambes au deflous de noz pieds. A peine s'eft trouué oyfeau,qui excédait le nôbre de quatre orteuls, ou qui n'en euft pour le moins troys,mais les articulatiôs ou entredeux des os d'i- ceûx, ne font pas pareils. L'ergot, ou doigt de demereàvne articulation , l'au- tre DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. 43 tre d'après n'en â que deux,celuy du milieu en â trois, & le dernier en â quatre,ou bien contant l'articulation , ou tiet l'ongle pour vne.Celuy de derrière en â deux, l'autre d'après en â troisde tiers en â quatre,& le quart en à cinq. Les principales merques qui nous font données pour enfei- gnes à diftinguer les oyfeaux. CHAP. XIII. fE B E C,& les pieds font les principales enfeignes que les au- Zeb ec & , thcurs anciens ont fçeuchoifir pour obferuer à cognoiftre,& pieds mer difccrnerlesoyfeaux.Ceftdeladontlesvns font appeliez de | didio Latine Fidipedes , c'eft à dire de pied fendu,à la diftmdio c '?* la des autres qu ils nommoyet Palmipèdes, c'eft à dire qui ont les Pf ds P^.Cefte diftinétio enfeigne que les oyfeaux de rapine f/fl qui ontlonglecrochu,nommeZ en Latin Vncungm , ont différence aux autres mx. ' d ongle droit,nommez en Latin Keïiungnes. Encor auons des merques qui nous enfeignem prendre la différence des oyfeaux de leur demeure , qui font bien re- quifes de les fçauoir pour leur doner leurs furnoms propres:Car les anciens Grecs & Latins y ayants pnns garde , voyants que les vns ont les ongles crochus & vi' uet de proye,les ont nommez Sarcopbaga,8c les Latins Carnhiora,8c en Francoys mangeants chair Les autres qui ne viuent que de vermine ont efté nommez par lddi6ts Grecs Scohcophaga, comme qui diroit en Françoys , mage-verms Les au- tresqui communément fepaiffent defemences dechardons,& d'herbes efpineu- les,f urent nommez A cantopbaga,comme qui diroit,mangeants chardom.Et par- ce que les autres viuent de formis,& moucherons, furent nommez ScnipoplLa, corne qui droit mâge-mouches.Ceux qui ne viuent que de grains entiers eftoyét diÉts Carpopbaga de didion correfpondente à ce que nous difons mange-fruits. ttlesautresquideuorentindifferemmenttouteschofes,grains,verms,&femen- ces, turent nommez Pampbaga, q U1 e ft i dire en Françoys viuants de tQUtcs ch(> lcs.Leux qui hantent & nagent fur les eaux,ayants le pied plat,ont eftenommez i>teg M opodes,&ccn Latin Palmipèdes à la différence des autres nommez F,<%genercitwne anwtalium. Car corne diuerlcs ma mères d'arbres des pais d'Anftote,portent diuerfes femences, & frui£ts,dontpofsi ble n'en auons de tels par deçà :aufsi les oyfeaux nourris de telles femences n en pouuants trouuer ailleurs , font contraints de fe tenir conftamment fans s eigarer plus louig pour cercher leur mengeaille, non plus que plufieurs autres de la mer, des marais,& des lacs:efquels trouuants pafture conforme à leur nature, ne fe peu ' '~ ' uent DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 4 uent efloigner fans fe mettre en danger de perdre leur vie, & fe difeommoder grâ dement.Les oyfeaux ont grande diftindion en eux touchât leur boire: car les vns boyuent à grands traids, comme les pigeons, les autres ne peuuent aualler l'eau, s'ils ne haulfent la telle après l'auoir prinfe du bec, comme les grues : les autres en beuuât femblent mordre en i'eau,comme le Porphirio. Il n'elt aucun animal qui piaffe boire de l'eau de lamer: parquoy les oyfeaux & autres animaux de double vie,qui s'y nournffent viuâts de poyffons humides,n'ont que faire de boire nom- plus que les Daulphins,Veaux de mer,& tels autres qui ont vefeies. De la diuerfité des meurs des oyfeaux,auec la durée de leur vie. CHAP. XI III. * O V T S oyfeaux n'ont pas mefme duree,& lôgueur de vie : car ; il eft manifefte que les vns viuét plus long téps,les autres moins, ) Il â efté des-ia obferué par ceux qu'on nourrift en cage,&par les obferuatiôs des oyfeleurs,côme aufsi par certaine côiedure,que plufieurs ne paffentgueres la deuxiefme annee,les autres la cin- , ïqiefme.Ies autresviuét dix ans,& y en â qui arriuét îufques à cin- quâte.Les faulconniers qui côferuent les oyfeaux de proye,& traident delicieufe ment,dient auoir grade variété en leur durée de vie . Mais pource que cefte chofe fera traidee en particulier,nous laiiferons à fpecifier leur aage en autre lieu.Quel- ques oyfeaux font amis entre eux,& vont par bendes, les autres ennemis,& vont fyed à feul. Aufsi tout ainfi que les oyfeaux fe gouuernent félon leurs aftedions, tout ainfi changer de meurs,& font affedez félon leurs adions,& tellemétmuëz de leur premier naturel,que les mafles prennent quelques fois l'office des femel- les.Car il vne Poulie fe défendant du malle â quelques fois vaincu,elle s'effaye de le changer,& de chanter corne luy. Les oyfeaux ont aufsi differéce entre eux en fe nettoyant les immondicitcz de leurs plumes.Car les vns fe lauent d'eau,les au- tres fe veaultrét en la pouldre à la chaleur du foleil,les autres n'vfent ne de l'vn ne de l'autre:ceux qui ne voilent moult hault , font aufsi couftumiers de fe veaultrer en la pouldre. Les oyfeaux qui ont les ongles droids, 5c qui hantent les riuieres, fe lauent en touts temps auec l'eau , fans fe veaultrer aucunement. Les faifons de I année font beaucoup à la mutation des oyfeaux. Car le temps quelque peu plu- uieux eft beaucoup plus profitable aux oyfeaux eftâts encores en leurs nids , que n'eft la côtinuëlle chaleur. Car la pluye les fait druger,& fortir leurs plumes, tout ainfi qu'elle ayde aux nouuelles produdiôs des drageôs des plantes au printêps. II eft blé vray que lespluyes de lôgue durée les rédétoffenfez ne plus ne moins, corne aufsi fait les poyffons en l'eau, & les graines nouuellemét femees. Lon co- sir vn feul coup. Les autres ne peuuent voler, qu'ils ne re muè'nt fouuent leurs «lies . Les vns ne s'efleuent de terre qu'ils ne ieérent vn cry auant que partir , côtraires aux autres qui ne fonnent ïamais mot.Les vns partants 4 8 LIVRE I. DELA N AT V RE de terre fe ie&ent droit en amont,en ce contraires aux autres,qui ne peuuent sefle uer fans prendre courfe , ou bien qu'ils partent de deflus quelque hault tertre. Les autres volants femblent fe laifler tumber,puis fe releucnt de roideur,quafi co- rne qui les auroit ieétez par force. La différence des voix des oyfeaux. CHAP. XVI. jgr^vy^ V I 5 qu'il eft arcefté que la voix vient des.pouImons,corHrne <$m lt«i) fô^t P rouuc P ar cc c l ue ceux 1 U * n en ollt P°* nt n ' en ^ ont aucu ~ aufe du jê^êm ne ' ce n e ^ ^ e meruc i^ e > "î l cs oyfillons fçauent fi bien chanter chant des { y W^^^h vcu q u '^ s ^ es ont a ^ ez g ranc ls . Toutesfois touts animaux qui oyfeaux. m® *u?*^f ont poulmons ne fçauent chanter ,& faire voix . Car les Ser- j j ) [f^ ^^j pents, dot y en à de plus de trente differétes efpeces , ont poul- mons , qui toutesfois ne fçauent faire autre voix que fifler . Et les Tortues , dont y en à de hx,ou fept efpeces,& qui ont moult grands poulmons,ne fçauent faire au cune voix nomplus que les Lefards, Scellions, & Chamcleons.Encor vient autre Quels ani doute fur ce paflage aflez difficile à efclaircir rc'eft , qu'ayants maintenu qu'il fault maux a- q Ue 1 e s oyfeaux, & animaux aquatiques, qui ont poulmons, fortentfouuent hors cjuanques ^ e p QUr yen j r rc fpi re r en l'air , aufquels fi quek un auroit attaché vne pierre "niinren au pied(foit dit d'vne GrenoiIle,d'vne Loutre,d'vn Veau,Loup,ou Chien marin, ïeau. m d vne Tortuë,d'vnSerpent,d'vnPlongeon,Cormarent,& tout autre oyfeau na- geant entre deux eaux) & i'auroit Iaiflé 16g temps leans, qu'il fe noiroit ne plus ne moins qu'vn home , ou tout autre animal à quatre pieds:& qui plus eft, vn Dau- T>auphin phin,qu'interpretons vne Oye de mer, vne Balene,vn Chauldron , vne Ouldre, oye de vn Marfouï'n,& tels autres poyfîons cetacees,fe noiroyent en l'eau, s'ils eftoyent mer ' detenuz vne feule heure leans. Car comme auons dicfyls ont poulmons,& parce ont affaire d 'infpirer & refpirer en l'xr: car l'îereit tellement confus en l'eau que pour lauoirpur,ils fortenthors, &^en remplirent leurs poulmons , puis re- Quels ani tournent en l'eau . Il eft aflez manifefte que les poyflbns de double vie , c'eft à maux due les animaux qui viuent dedens & dehors l'eau , peuuent voir leans : car c'eft Payent en vn cor p S d ia ph a ne &c tranfparent . Mais il n'eft fans doubte , à fçauoir fi les oy- / eau,& £- eaux na g eants cntre Jeux eaux ^ ou bi en ceux q U i ne mettent que la tefte en l'eau f ' pour fe paiftie,comme les Oyes,Cignes,Pelicans,Canes,8^autres,y peuuent voir clair, comme quand ils font dehors. Quant aux poyffons il eft manifefte qu'ils voyentfeulementenla diaphaneïte , & tranfparence : car quandl'on à troublé l'eau, ils ne voyent aucunement. Mais i'oferoye bien dire des oyfeaux , ou poyf- fons,comme des animaux qui vont de nuiét.Car fi bien nous entendons tous ani- maux fauluages aller la nuiâ:, ce n'eft pas à dire qu'ils puiflent fi bien voir,comme de iour-.parquoy Ion fe peult affurer qu'ils vont partie à taftons,partie de ce peu de lumiere,telle que peuuent apperceuoir les hommes,& cheuaux,qui font leur che- min de nuiâ;. Car ne les oyfeaux quife plongent , ne les animaux qui ont poul- mons, & qui viuent en l'eau,ne cherchent leur pafture,quand la nuiâ; eft grande- ment obfcure:& toutesfois on les apperçoit bien en ce deuoir, lors qu'il fait clarté de lune.Les M arfouïns,Chauldrôs,Daulphins,& Balenes ont poulmons,qui tou tesfois n'expriment leur voix articulée, mais font feulemét tel bruit que les muets, & DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 4 £ & animaux qui n'ont point de langue.Car ce n eft pas le feul poulmo en plufieufs animaux qui fait que la voix eft articulee,ains c eft la langue,les leuresjes dents,& le palais , par le bénéfice des nerfs récurrents de la fixiefme coniugatiô,moderants les mufcles quiferrent,& ouurent le gauion , ou fiflet des animaux: lefquels d'au- tant qu'ils font plus fains, d'autant en eft la voix plus entière. Or les oyfeaux qui ont le fiflet afTézlonguet , & la luette bien proportionee, & font douez, de mem- bres propres à ceft effet, ce n'eft merueille s'ils fçauent chanter,& ont leurs chan- fons particulières differétes les vns aux autres,ce qui n'eft pas aux animaux de doil blé vie.Parquoy l'homme curieux de fçauoir l'harmonie tant des corps celeftes que Viuants,ne doit prendre moindre eftimation d'iceux , les oyant auoir diuers tons; de leurs fiflets , que de l'accord des corps celeftes , & concurrences d'iceux a- uec les fubftances terreftres:Car qui vouldra prédre garde aux oyfeaux, & les ouïr attehtiuement,receura vn parf ait fentiment de la douceur de leurs chanfons gra- tieufes,non moins armonieufes que le ronflement des nerfs d'animaux eftenduz fur diuers inftruments de mufique,ou d 'vn vent entôné bien délicatement es dul cmes d'iuiere.Puis que Ion voit que les artifants,& bourgeoisies villes n'ont rie qui recrée leur efpnt ennuyéplus prôptemêt, que le chât des petits oyfillôs qu'ils noupriffent en cage, aufsi voit Ion ayfément que l'homme châpeftre , qui fe plaiffc en leur chant,eft en grand foulas , fe trouuant en l'ombrage des petits arbrifleaux efcoutantfiplaifante mélodie .Mais des oyfeaux les vns ont meilleure voix,& chantent plus doulcement que les autres. Si eft ce qu'il n'y en à aucun qu'on ne Lesoyf- puiflc bienrccognoiftre par fon chant. Les oyfeaux de proye tiennent meilleure aux font filence que les autres,toutesfois chafcun à fa voix particulière, par laquelle on les co ^ nui peutdifcernerde loing . Parquoy l'obleruation que chacun peut faire fur la voix c des oyfeaux,dône enfeignerrtét de ceux quiviuét en chafque prouince . Nous n e- tendôs pas corne faifoyent les Anoles , ou Arufpices , qui fait oyent à croire qu'on pouuoit diuiner parleurs voix.Nous en dirons plus à plain quand nous parlerons des diuinations trouuees par les oyfeaux.Seulement voulôs entendre qu'on puif- fe cognoiftre l'efpece,c'eft à dire,quel oifeau c'eft, par fa voix, corne nous eft quel- ques fois aduenu d'auoir recognu les oifeaux viure en des païs , efquels ne les euf- fiôs cercliez. Car cheminats tout exprés par maintes forefts, telles fois entre les ar- bres de perpétuelle verdure,& autres diuerfitez d'arbres fauuages,tant de plaines, ; que des môtaignes,les oyfeaux fe font maintesfois déclarez à nous par leurs voix, en les oyant chantenCar lors que le temps eftfcrain, & qu'il tumbe quelque peti- te rofee pluuieufe,& principalement au cœur du iour, chafque oy fillon fe defgor- ge , & tenant fa perche chante melodieufement . Donc entant que touts oyfeaux ont poulmons, & langues libres , peuuent exprimer leurs voix hautaines , ou baf- fes , ainfi que font tous animaux , ik^homme . Il n'en y a aucun qui puifle mieux proférer les paroles artieulees,que l'oyfeau: & entre autres ceux qui ont la langue tenue & large, le fçauent beaucoup mieux faire. Les oyfeaux mafl es fans en exce- pter aucun,chantent mieux & plus long temps que les femelles, Dont y en à quel- ques vns en leurs eipeces defquels,la femelle ne châte aucunement. Ce n'eft donc merueille fi les oyfeaux s'entr'entendent ,fe refpondants les vns à la voix des au- tres, & interprétais en leur fens la lignification du chât des alitres:& s'entrerefpon Aucuns dent -ainfi qu'ils l'entendent. Aufsiles oyfeaux ramages muè'ntleurs voix,&:la oyfeaux 5o LIVRE I. DELA NATVRE muet leurs yoix félon les faifons, aucuns la coleur de leurs f lû- mes. Ojfeaux chantants auant le tour. Le prin- temps dé- terminé pour la co tofiîo des ojfeaux. Diuerfitc de coion- Sison aux ojfeaux. Différen- ce d'oeufs d'ojfeaux. changent fclon diuerfes faifons de l'annee.Il en y â plufieurs entre eux,qui m uè'nt la couleur de leur plumage fans perdre la plume , telement que Ion voit mefmes plumes eftred'vne couleur en vnefaifon,fe changer foudainement en vn autre, en forte qu'on à peine à les recognoiftre . Les vns font moult prompts à chanter, les autres font tardifs. 1 1 y en à. quelques vns qui ont leurs langues longues,larges, charnuè's,& deliees,aufquels toutesîbis nature n' à permis pouuoir bien châter, co me aduient à toutes fortes d'oyfeaux de rapine d'ongle crochu.ll y â plufieurs.oy- fcaux,& principalement les terreftres, qui fe combatét pour l'amour des femelles, defquels les vns chantent en combatant,les autres auant le combat , les autres a- pr es auoir vaincu. Levray tempspour ouïr leplaifant chant des oyfeaux eft lors qu'ils font en amours.C'eft choie trop abfurde de vouloir rendre raifon pouquoy les Cocs chantent fur iour,la nuiét, & auant le iour. S'il n'y auoit autre oyfèau que le Coc qui chantait à nuict clofe , la nuid: , & au point du iour , Ion pourrait bien inuéter quelque raifon fuffifante pour en prouuerla caufe . Mais fçachâts que plu fieurs autres chantent la nuid , & auant le iour, comme eft l'Oye, les Sarcelles, l'Alouette,lc Vanneau,le Corlis,le Pluuier,la Gruë,le Rofsignol, la Perdris, & au- tres infinis oyfeaux : il nous eft aduis qu'on n'en peut trouuer autre raifon, finon que nature a ainfi fait, les douants de ce qu'elle à voulu en c'eft endroit cftrc fait àfonplaifir. La faifon en laquelle les oyfeaux font leurs nids,leurs ceufs, & s'acouplent. CHAP.XVII. PEINE pourrait on trouuer meilleure exemple pour fairç apparoiftre la prouidence de nature , & la fagefle du fouuerain conditeur tout puiffant, que par la confideration de la nature des oyfeaux . Car ayants le pnm-téps déterminé pour leur con- ion&ion , nous ne voyons qu'ils tranfgreflent fon ordre, & ne s'entrecherchent finon lors qu'ils doiucnt faire leurs petits , tel- lement que fe tenants compagnie fidèle , panent toute la refte de l'année fans s'a- coupler pour leur amour.Et d'autant que le fexe les fait eftre de diuerfe nature, les mafles des oyfeaux de rapine font communément plus petits que les femelles: mais tât mafles que femelles font plus couuoitcux l'vn que l'autre, c'eft à dire que quelques mafles font plus couuoiteux des femelles, & les femelles plus couuoi- teufes des mafles . Touts ne chauchcntpas leurs femelles en vne manière : car les vns tiennent la femelle contre terre, les autres la tiennent tout debout. Quelques oyfeaux ponnent en toutes faifons de l'annee,les autres vne fois l'an, au pnm-téps tant feulement,les autres en hyuer,çomme aufsi les autres deux fois l'an . Les vns ponnent moult grande quantité d'ceufs,les autres en mettét peu. Les vns nepeu- uent faire leurs nids finon à terre,les autres fur hault arbre,les autres dés vn arbrif- feau, les vns en vn creux , les autres dedés terre , les autres es roufeaux aux nuages des lacs,les autres entre les afpres rochers. Touts ceufs indifféremment ont la coc que,ou efeorce dure,ayâts vne molle membrane au deffous qui encloft le moyeu & 1 aubin.Le germe eft manifefte en tous ceufs : mais comme il y a différence en leur couleur par le dehors , aufsi voit on quelques vns eftre différents aux autres par le dedens: Car les oyfeaux de riuiere ont le moyeu rouge, contraire aux terre- ftres DES OYSEAVX) PAR R BÈLÔM. )i ftres qui l'ont iaiilne.Touts oyfeaux couuent leurs œufs quafi en mefme mahierq & font efclorre leurs petits de leur chaleur naturelle. Mais il y â différence en ce que touts mafles në font fi foigneux d'ayder la femelle les vns,comme les autres. Aufsi il y en à quelques vns,qui ne s'en foucient point du tout.Et côme auons dit; entât que l'origine du petit eft de prédre corps de l'aubin, & fe nourrir du moyeu en la coque,ne voulons entendre, qu'il le mange leans auecques le beccar nature eftant courtoyfe le luyenuoye par le nombril, tout ainfi comme elle faites petits ^ ^ à des animaux terreftres,lors qu'ils font es Ventres de leurs mères. Et comme les ani j e s e maux terreftres portent en leur ventre , les vns plus long téps que les autres , tout s'engédte ainfi y à des oyfeaux qui ont plus toft couué, & efclos leurs petits , les àutres plus & nout- tard.Garceuxdeplusgroffe corpulence ont affaire de plus long temps que les pe nileftta tits.Au commencement que Ion effaye à difeerner le petit nouuellement forme «g * en l'ceuf,lon voit fa tefte,& fes yeulx affez gros , aufsi ne luy peut on rien difeer- œ " f ' ' ner autre chofe des autres membres que cela, principalement auant le dixiefme iour. Carpuis après toutes fes parties font manifeftes,comme aufsi les entrailles^ & autres parties intérieures . Le vingtiefme iour d'après il commence à fe couurir de plume,auquel temps fi on luy rompt la coque, on le voirra remuer leâs, & luy oirra lonfaire commencement de fon cry, qui eft nommé en Latin Vipire, qu'on ne peut exprimer de nom Françoys: & de la en auant le petit drugera de plus en plus, fe couurant de plumes , & beaucoup plus toft,s'il eft arroufé d'eau de pluye. Qui trancheroit le petit dix iours après qu'il eft efclos , on luy trouueroit ericor de l'humeur du moyeu de reftedans fon ventre. Cela peut on plus facilement apperceuoir es gros oyfeaux , car les petits font trop difficiles à voir , fçachant que leur grande exiguïté , rend les parties cachées. Encor dure vne opinion entre les paifants de noftre temps, conforme à celle du temps d' Ariftote , que les oyfeaux qui font beaucoup de petits , ne nourriffent le dernier efèlos . Et de nom Fran- çoys l'ont voulu appeller le Clofcuau. Cela eft ce que Pline dit en l'vnziefme li- £f Clofâ ure de l'hyftoire naturelle , chapitre quarenteneufiefme , en cefte manière: Vomi- liommgenus ( dit il ) in omnibus animtxlibus eft , atque etiam inter yoheres . Mais tout ainfi que ce qu'il à de bon eft prins de diuers autheurs , tout ainfi à il prins ce pa£ faged' Ariftote au douziefme chapitre du liurc hui&iefme de la nature des ani- maux, ou il parle des Grues, quand il dit: Grues qua ex Scytbicis campis ad palu- des Aegypto fuperiores ,vndeNilus profluit ,yeniunt . Quoinloco pugnare cum Pyg- mais dicuntw : No» enim id fabula ejl ,fed certègenus tum hominum , tum etiam equo- rum pufilkm ( vf dicitur) eft. Sur ce point Pline au dixiefme liure, chapitre cinquan- tefixiefme, dit en cefte manière. E&Qf pumilionum genus non fterik in iis, quod non in alio génère alitum,fed quibus certèfœcunditas rara,& incubatio ouis noria. Ayâts donc affez eferit des oyfeaux en termes généraux, & de leurs différé- ces,fault maintenant que commencions les fpecifier en particu- lier,fuyuant l'ordre des fix diftindiôs, que nous auons ia en- treprinfes.Parquoy après auoir fait vn difeours fur les facilitez prinfes des aliments des oyfeaux, nous commencerons par les oyfeaux de rapine^ é ii 5i LIVRE I. DE LA NATVRE Les qualitez,Jktcmperaments quenoz corps prennent en fe noumflants des oyfeaux diuerfement appreftez. C H A P. XVIII. VICON QV E S prédraefgard à la manière de faire des 1 modernes, & la comparera auec celle des anciés,trouuera gran de variété d'opinions fur les tempéraments que noz corps pré nent de la nourriture des oyfeaux, qui toutesfois ne femblefa' I difficile confiderant les autheurs qui en ont fait mention. Car 1 eft à preiuppofer que les Grecs en leur manger ont toufiours eu quelque manière diuerfe à celle des Latins,& Arabes,& autres nations . Nous trouuons que les oyfeaux n'ont efté en plus haulte dignité que les poiflons , & maintenant les oyfeaux nous font en délices , &lepoiifon vilipendé. Mais on ne le trouuera eftrâge ayât efgard aux raifons qu'auôs alléguées au troifiefme cha pitre du premier liure de noz obferuations . Nous voyons maintenant les Fran- çoys ne conuenir en l'apprell des viâdes auec les Italiens,non plus que les Almâs aux Eipagnols,& ainfi des autres.Vn Aimât, vn Turc,Efpagnol, Anglois,ou d'au- tre nation,fe trouueroit nouueau eftant à vn repas des Franç oys , qui ont couftu- Diuetftté me de delmembrer , tant les oyfeaux , qu'autres animaux par les ioin£tes,& trou- er femir uer honnefteté es aflemblees à qui le fçait bien faire,attédu qu'on les fert fur table oyfeaux tous entiers, au contraire des Florentins,& plufieurs autres nations qui les feruent fur table. i anacneZ à morceaux. Donc maintenant que ce propos nous tire fur la nourri- ture que prenons des oyfeaux,fuyuons vn particulier difeours fans alléguer autre autheur que de noftre commune manière de faire, ne prenants toutesfois fi gran- de liberté que ne fondions noftre appuy,fur ce que Diofcoride , & Galien Grecs, & fur ce que Pline , Varro,Macrobe,& tels autres Latins en ont dit,voulants auf- fi auoir efgard a l'hiftoire naturelle d'iceux.Galien au tiers liure des aliments à fait Quel ait- vn chapitre particulier, demonftrant quel aliment les oyfeaux baillent au corps ment don humain. Toutes elpeces d'oyfeaux eftants conférez aux animaux terreftres, font net les oy- de petite nournture,c'eft à dire au regard de la chair des belles à quatre pieds: tou cwT^a tcs ^°* s ^ ont P^ ux f aci ^ es ^ digerer.Les oyfeaux de facile digeftiô (dit Galien au tiers liure des aliments)font Perdris Jf âcolin,Pigeon,Chapon,2< Poulies. Aufsi dit que la chair des Tourds,Griues,Merles,Eftourneaux, & petites Paiftes,qui hantent les tours,eft autant,ou plus dure que des fufdids, &^encores plus des Turtrelles, Ra- miers,Canes. Aufsi dit que la chair des Faifants eft femblablc en nourriture à cel- le des Chapons: mais qu'elle eft plaifante à manger. La chair dePaon,ditil,pour eftre fibreufe , qui eft ce qu'on nomme eguillette en Bœuf, eft dure & de difficile Les fai- digeftion. Les faifons de l'année font beaucoup pour le tempérament des ani- fonsfint m aux terreftres . Parquoy il eft manifefte que les oyfeaux font plus maigres , ou eaucoup j UJ ^ t s tendres,ou plus durs,de meilleur gouifou fade.felon le téps chaud, autembe- J, .P r ' r ' i " ' . o ' ' r ' tamet des rroia > lec > ou numide : car grande partie d iceux lors qu us couuent , ou tont leurs animaux. nids,ou bien nourriflent leurs petits,& principalement en temps d'efté,f ont trou uez de dure digeftion , de chair fibreufe, & beaucoup plus excrementeufe ,qu en temps d'hyuer. Au contraire des ieunes qui font tendrclets , au regard de vieux.. Et DES OYSEAVX, PAR Pi BELON. Î5 Et corne il y en à plufieurs qu'on ne voit point en hy uer,finon prifonniers,aufsi y en à d'autres,qu'on ne peut voir en efté,finô en cage.il eft manifefte qles oyfeaux encor îeunes font meilleurs,q quanti ils font def-iavieux,côme aufsi ceux qui font d'aage c6petent,font meilleurs que ceux qui font def-ia beaucoup enuieiliis,hors mis le Coc,qui eft fouuét pris pour médecine. Tous oyfeaux encor ieunes fôt plus ^f*j tendres & plus humides,& par côfequct eh sôt plus glutineux, & pluftoft digérez; d^rfÉ Les oyfeaux qu'on â roftis ou iris , en font beaucoup plus fecs , & le plus fouuent plus fauoureux. Ceux qu'on à boullus , bâillentle nourriflemeht au corps plus hu- mide que des roftis.Lon mange les vns chauldsjes autres froids: car comme ceux- qui ont efté roftis ont moindre humidité que les boullis, tout ainfi les boul- lis font fouuent de moindre faueur que les roftis: comme aufsi quelques oyfeaux refroidis font m eilleurs à manger aux hommes fains,& plus vtiles en aucunes ma ladies,que s'ils eftoy ent ch auds.Parquoy fi quelcun en efcriuant du temperamét delà chair des oyfeaux,fe trouuoit en vn païs , ou Ion en mengeaft de quelque ef- pece qu'on ne trouue point ailleurs, & auenoit qu'on luy prefentaft de quelque oyfeau mafle des-ia vieil, & endurcy,il ne deuroit pourtant conclure que la chair en eft fîbreufe, & dure,non plus qu'en parlant des petits encor ieunes,qui s'endur- dflènt & vieilliflent,les iuger de facile digeftion.Parquoy fault principalement re garder deux chofes , c'eft à fçauoir fi ccft au iour de chair, ou de poiflbn: car corne les hommes entrent en diuerfes opinions pour leur viure,aufsi fondent les princi pes de leur religion en diuerfes manières. Les Iuïfs, Turcs, Grecs, Indiens, Perfes, Georgiens,Latins,& autres plufieurs natiôs obferuét diuerfes manières de faire en leur manger tarit des poiflons, que des oyfeaux. Car comme nous auôs quelques iours députez pour les poiflons , & deffences de ne manger de la chair , tout aihfi les Iuïfs ont certains oyfeaux , & poiflons deftendus, qui toutesfois nous font en deliccs.Nous qui auons noftre eftre au riuage de la mer,employons noftre temps aux pcfcheries, pour recouurer des meilleurs poiflons : tout ainfi ceux qui habitét es régions mediterranees , s'eftudiét de prendre les oyfeaux en diuerfes manières', fçachâts qu'il y à grade élection es goufts d'iceux. Mais corne ceux qui ont les pef-< chéries de bon poiflbn de mer à leur cômandement , ne le fouciét trop de fe nour rir des oyfeaux,& animaux tcrreftrcs,comme appert par les feigneurs de Turquie* tout ainfi les hommes qui habitent es contrées efloignees de la mer, ne peuuent bonnement auoir délice en mangeant le poiflbn : toutesfois ie veul attribuer tel refus , ou mefpris de poiflbn , rton pas pource qu'il eft plain d'areftes , comme plu fleurs ont penfé,mais à ce que communément on ne le fçait guete bien àbiller en terre ferme:Car eftant fade de foy, il à affaire de forte faulfe. Il peut donc grande- ment chaloir de quel ouurier les viandes foyent appreftees . Car comme les cuifi- niers peuuent donner grâce de bonté à diuerfes efpeces de poiflons, tout ainfi peu tient rendre les oyfeaux de meilleur gouft de les fçauoir bié apprefter.Nousvoyôs mefmement,qu'on ne fait roftir aucun oyfeau en noftre France , qui ne foit pre- mièrement broché de lardons, ou barde tout à l'entour, ou entourné de fueilles d'herbes jcomme aufsi fembleroit trouuer chofe de trop mauuais gouft, fi nous a- uions failli à les auoir appreftez,& mangez fans faulse.îe di donc que tout ainfi co me les cuifiniers peuuent adoulcir la rude faUeut du mauuais poiflbn par leur arti- fice, qu'ils peuuent aufsifaire le mefme à l'endroit des oyfeaux,qui fentét par trop' e iii 54 LIVRE I. DE LA NATVRE la fauluagine. Nous en dirons encor d'auantage au vingt & vnieimc chapitre,ou nous dirons que les anciens feigneurs Perfes, Afiatiques,Grecs,& Latins n'auoyét couftume de fi bien apprefter les oyfeaux , comme nous faifons maintenant , & qu'ils fe trouuoyent aufsi contents de mâger des poy{îons,c]ue nous de toute ma iommni niere de gibbier . Nous nommons maintenant les iours maigre;, quand Ion n'y mange rien de gras,& pour ne manger rien de gras,entendons viure de poy flbn. Car comme les Latins par les termes de leur religion ont le vendredi,& le fame- di en la fepmaine , & les vigiles , & vn carefme par chafque année , tout ainfi les Grecs ont le mercredi, en efchange du famedi. Et pource qu'ils ne font les vigiles en diuers temps,ils ont deux careimes par chacun an,qui font en diuerfes faiibns. Et nous ayants dédié les iours, les vns pour les viandes terreftres,& volailles,auôs horreur de voir manger du poyflon es iours gras. M aïs les Anglois abfouls par la loy du Roy,aumoins leur ayant dôné liberté,toutesfois les a côtrain&s au poyf- fon. Non qu'il veulle attribuer cela à la religion, mais ne voulant perdre le profit qu'ils refentent de la mer, & que les hommes ayent occupation en mer s'exerçâts au fait de la pefcherie. Particulière diftmction de la nourriture prinfe de chafque oyfeau, ou de leurs parties intérieures. C H A P. X I X. ELLE elllaconfideration de la pafture des oyfeaux, que'de la nourriture de l'homme.Quand nous voulons nourrir quel- que oyfeau de proye, de campagne, ou de riuiere , nous appro chons de fon naturel le plus que nous pouuons : aufsi les hom mes,qui au regard des autres animaux , ont ele&ion fur toutes les viandes,fçauent nommer diuerfes faueurs , fur les oyfeaux. Il y â plufieurs elpeces d'animaux, qui aualent ce, dont ils viuent,fans le mafeher, & toutesfois ont telle ele&ion de la faueur de ce qu'ils mâgent,qu'ils laiflent touf iours le pire pour lemeilleur. Une faultdoneque noftre vulgaire penfe , que ce que nous appelions friandife,doiue eftre pnfe en mauuaife partie,attendu que les homes ont encor meilleur iugemét des goufts que les autres animaux,& dei'quels ils trouuét diuerfes parties eftre de differétes faueurs: Car côme les beftes terreftres ont le groing, les aureilles,les picds,le foye, les inteftins,le fang auec diuerfes par- / ties intérieures : tout ainfi il y â plufieurs oyfeaux,defquels Ion acouftre les parties extérieures feparemét.Cecy eft pour nous côformer à ce que Pline à eferit, difant ce que les Romains auoyent couftume de faire,mettre les creftes & barbillôs des ' Poulies en pafte,& les manger en delices.Galien parlant de la vertu des aliments en fon troifiefme liure, s'accorde au dire de Pline en celle manière: Gallorum dut s gallmaceorum enflas ac palearia(àk i\)nemo nec probant, nec etia damnatterit. Voulat U yertu d ire q u e quant à luy il ne loué' ne blafme l'vfage de les manger . Il appert par ce desgmt'- qui enfuit au mefme chapitre ia allégué, qu'il loue grandemét les genitoires des tmm des Cocs ,qui n'eft chofe hors d'vfage: Carie fçay qu'il y à des hommes de noftre Cocs - temps qw fe les font fait amaffet par les boutiques des pafticiers , & roftifieurs des DES OYSEAVX, PAR P. BELON. s5 fies villes pour les mettre en pafte, lefquels ont afleuré n'auoir trouué chofe en:re les aliments, qui euft plus grande vertu pour remettre fus vn corps exténué de ma ladie, & aux foins d'augmenter la femence.Ie trouue cefte opinion en plufieurs au très autheurs modernes, Arabes,& Grecs,& en Tacuïnus:mai3 touts l'ont prins de Galien,qui dit qu'ils ont encor plus grande puifTance,fi la mâgeaille dont les Cocs ont efté noumz,eft trempée dedens du laiclxar les tefticules en font de meilleur nourriffement,& plus faciles à digérer: & qu'ils ne haftent , ne retardent les excré- ments. Le ccrueau des oyfeaux errant de plus dure confiftence que des animaux terreftrcs,en eft d'autât meilleur: Car celuy qui eft plus humide, cft plus phlegma- tique,& par côfequent le cerueau des oyfeaux paluftres eft moins louable que des ' oyfeaux terreftres,ou de môtaigne. Celuy du Chapon,ou Coc, & des Moineaux eft recommandé par les anciens medecins.Les oyfeaux n'ont leurs iefiers de mef Diuerfes me façonxar les oyfeaux de proye Tons moins charnu,que de campagne,& de ri- /« de uiere,qui l'ont communément moult grand & efpois. Les ieiîers font en propor- finaux tion es oyfeaux, corne l'eftomach eft aux terreftres. Et pource qu'ils font charnuz, °jf eMX - ils font plaifants au gouft , & dcfquels Ion prend bonne nourriture , finon qu'ils font aucunement difficiles à digerer.Or fi les oyfeaux pcuuent mieux digérer vne viande,& viure plus commodément de chair cruë,que l'homme,lon ne peut dire qu'il y ait plus grande chaleur fur leur eftomach, nomplus qu'en celuy des ani- maux terreftres,ou de l'eau , (cachant que les poiflbns plats mangent des moulles, fïions,& virliz , auecleurs coquilles : & les Rais mangent les cancres touts entiers auec leurs dures efeorces: les Chapons mâgent des petits caillous: les Pigeons,les lrondelles,& toute manière de petits oyfeaux^nangent les petits caillous: Et l'Au r ^utru- truche aualant du fer n'en eft aucunement bleffec , eftant en fon pouuoir de le di- cbe d,gre gerer.Encor y a des oyfeaux de moindre corpulence qui digèrent chofes plus dif- lc f er - fioles. La pierre dont cft fondu le voirre , ou bien la mine de fer , ou d'acier encor crue , eft moins purifiée , & plus difficile à digérer que le fer qui eft ia efeoulé , & toutesfois chafcjue petit oyfelet en mange : & fi vn homme en auoit mangé il au- roit difficulté à le digerer,car il n à pas l'eftomach de mefme . Que dira Ion tou- chant cecy , finon en s'accordant auec Galien, dire , que les natures font diuerfe- menttempereeses animaux à l'expérience des Cailles qui prennent de l'ellébore pour pafture,& l'Eftourneau de la femenec de ciguë,qui toutefois feroyét venin à J'homme?Or tout ainfi que nous trouuons les oyfeaux eftre différents les vns aux r>; uer f ei autres en leur manière de viure,tout ainfi font de diuerfes températures . Chacun tempenm fçait que ceux qui font priuez , font de tempérament plus humide que les fauua- ** à» °J- ges,tant pour ce qu'ils viuent en sr plus humide , qu'eftâts en repos vfent leur vie f e * ux ' fans trauail. Mais les fauuagcs , qui fe trauaillent plus , & hantent en face plus fec, font cômunement plus maigres.C'eft la raifon pourquoy ils fe gardent plus long Pourquoy temps morts fans fecorrompre.Parquoy faincl: Auguflin ne trouua fi eflrâge d'à- /« oyfe- uoir gardé delà chair d'vnPaon rofty longue efpace de temps fans fe corrom- auxfauu* pre.La nourriture des oyfeaux fauuages eft moins excrementeuie,que celle qu'on £" morts prend de ceux qu'on à nourry priuez.Mais à fin que nous puiftions continuer par f^J"/ meilleur ordre,àparler de lanournture qu'on dône au corps humain , en mageât f 4 "„j "om les oyfeaux,nous fuiuros celuy qu'auons défia tenu en leurs defcnptions, récitants pn. fuccintement ie temperamét d vn chacun , cômençants par les oyfeaux de proye. e iiii 5 l eaux & le pied large , & qui nagent fur l'eau , font trouuez. beaucoup plus délicieux en ^""/v comparaifon des autres : Car les oyfeaux font d'autant plus humides ,& limon- [ ews neux,qu'ils fe treuuent toufiours par les marais, comme ceux qu'on voit toufiours gtr. en leaUjOU dormants au nuage des eftangs,qui ont la chair excrementeufe.Ne di ralon pas que les autres , combien qu'ils hantent en l'eau , neantmoins ne fe met- tent à nager deflus,& ne s'y tiennent que bien peu le iour,ne foyent de tempera- met moins humide que celuy des deffufdicîs? Aufsi la plus grande partie cft prin- cipale es délices desFrançoys.Car encor que la Grue ne fut onc louée pour eftrè- de bonne digeftion , toutesfois ils la mangent es grandes affemblees , d'autant que les hommes ont plus d'efgard à fa rareté , qu'a la bonne nourriture qu'on en prédXes Hérons blâcs & gris,Butors,Pales, Bihoreaux,Aigrettes font de mefme. Mais les nations de différentes opinions ne s'accordent à telles délices : car nous voyons que les Venitiés ne font grâd' eftime des Aigrettes , & moins des Butors, & quafi point du tout des Pales:defquels toutesfois les Françoys font moult grâd cas . Pline & Macrobe parlants du Flambait, dient que quelques Empereurs ont eu extrême friandife d'en manger les langues. Mais Galien au troifieime liure des aliments , eft d'opinion contraire , difant que qui voudroit parler des langues des oyfeaux,pour en donner nourriture aux perfonnes,luy femblcroit elhe babillard. Et de vray il n'eft oyfeau qui ait langue charnuë,qu'on ne trouue dure , ou s'il y à rien de bon,c'eft fi peu,qu a peine s'en peut on apperceuoir. Quand au demeurât, la chair en eft viande royale . La Pie de mer , qu'interprétons Hematopuî, eft de trefmauuais manger. Quant à la Cigogne, Pline difoit au dixiefme liure del'hi- ftoire naturelle, chapitre vingtroifielme : CorneliM Nepos,qui dmi A uvujii principa- tu obiit, cùm [enberet Turdos paido ante cœptos faginari,addLdit Cicomat mugis placcre a m* 5 8 LIVRE h DE LA NATVRE quàm Grues, cùm bac nunc aies intrr primai expetdtur , ilîam nemo ve//'f dttigljje. C'eft donc à dire qu'on mangeoit la Cigogne du temps de Pline, & eftoiten délices comme eft encot maintenant l'Alouette de mer , la Barge , le Cheualier noir, & rouge , entant qu'ils font feulement prins en hyuer , & font bien gras , & en bon point, fonteftimez de tous habitats des villes de bonne faueur,qui nous femble à bon droitjfeaehants qu'ils font de bon manger. Les Corliz,la Poullette d'eau fen- tent merueilleufement le fauuage. Le Martinet pefcheur n'eft quafi rien eftimé, pource qu'il eft gardé fec pour fa couleur exquife.Le Blanculetcft fingulieren excellence de bonté . Le Rafle noir fent aufsi le fauuage , aufsi eft de mauuaife di- Diffence geftion . Les oyfeaux terreftres ont cefte différence entre eux,que les vns font de entre les grande corpulence,les autres de petite:defquels les vns font meilleurs que les au- oy/eaux très. L' Autruche eft viande commune aux Africains,comme à nous vne Oye,ou temftres. Q âne . Galien au tiers liure des aliméts,efcrit,que la chair des Oftardes eft moyen- ne entre la chair de Gruè',& la chair d'Oye . La Cane petiere n'eft moins louée en bonté que les Perdris , dont y en à de diuerfes fortes , lefq ucllcs , comme aufsi le Francolin , & la Gelinote , & Coc de bois, font iugees faciles à digérer , & engen- drer le fang fubtil.Lon penfe qu'il y â trois fortes de chair au Coc de bois : la pre- Tro'u fit- m j erc c h a i]. d c f a poidnne eft dure comme de bceufU'autre plus profonde,reffèm- *L«» tmx W 6 totalement à celle d'vn Faifant : Se la tierce contre l'os , fent la Perdris . Les Coc de Poulies d'Inde & d'Afrique ont toufiours efté eftimees délicates en touts repas, ïoù. encor plus refroidies que chauldes . Les Cailles , encor qu'elles foyent viande dé- diée pour friandife , ont efté defdaignees , comme encor font défendues , finon à gents bien fains, comme aufsi le Rafle de genêt. Le Pluuier, la Becafle, qui toutef- fois font viandes d'excellent manger, & de bon gouft, engendrent gros fang . Le Paon eft eftimé es banquets , toutesfois c'eft viande durette , comme aufsi font les Poulies de la Guinée. Le Faifant , les Poulies Autrucheres , & les noftres priuees, auec les Chapons ,Poullettes,&Poullets font toufiours concédez en toutes mala. dies . La Calendre , le Cocheuis, l'Alouette, la Farlouze,le Proyer,& autres petits oyfeaux terreftres pour eftre de feiche temperature,font plus fouuent baillez pour medecinc,que pour nourriture : mais à gents fains font au lieu de grande friandi- fe.Les Corbeaux &Corneilles font du tout deftenduëf ,mais les Freus,& Chouet- tes tant rouge que noire , & aufsi la Pie & Corneille emmentelee , encor qu'elles foyent dures à digef er , font mangées en temps d'hy uer , dont les petits font ten- dres , lefquels Ion mange au printemps . Etpource que c'eft grofle viande & me- lancholique,il n'y à que les gents de baffe condition qui fen feruent.Les Ramiers, Bifets, & Pigeons fuyars , & aufsi les priuez font colloquez quafi en mefme tem- pérature , lefquels comme les Turtrelles , & Pigeons priuez , eftants morts mon- tèrent eftre fanguins,& auoir la chair noire . Parquoy font communemét eftimez par trop chaulds. Il n'eft aucune nation qui vueille bonement manger de la chair de Hupe: mais trop bien du lay, & toutefîbis eft dure. Les Loriots ne font en au- cune authorité entre nos oyfeaux, non plus que toutes les efpeces de Pics,toutef- fois On les mange aux villages. Les Papegaux feruent feulement pour la beauté de leurs plumes, & pour parler en cage . Les Merles noirs & blancs , & le tiers du collier,& aufli la Litorne,le Merle bleu,les Trafles,ou Griues, & Tourets,& Mau uis,i'Eftourneau,& Turtrelle font en femblable comparaifon de faueur & bonté. L'Epeiche DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 5J L'Epeiche,le Tercot,le Grimpreau,& le Tcrnier ne font grandement eftimez,c6« bien quequandon lesàprinsa]apipee,onlesrotift,&mangeà lamanieredes deflufdits . Tous petits oyfillons qui hantét les hayes,& buiflbns font quafi d'vnc mefme liuree: mais il y à ele&iô entre eux,tât à caufe de leur pafturage,que pour- ce qu'ils font de diuerfes meurs . Toutes efpeces de Moineaux, qu'on nomme au- tremét Paifles (au iugemét de Galien au tiers liure des aliments) font de plus dure digeftion que les Pigeons,Poulles, Perdris,& Francolins: mais moins durs que les Griues,Merles,Ramiers,& Turtrelles. LeBecafigue,ouPiuoine eft es délices des feigneurs d'Italie . Les Rofsignols , Fauuettes roufle & brune , Rougcgorge font prins l'cftc allâts boire en quelque mare des forefts : touts lefquels font de tresbon gouft.Il y en a d'autres qu'on ne mange point,pource quils n'ont rien de chair en leurs corps qui en vaille l'abillage, comme es petites Mefanges, au Poul ou Soul- cie, au Roitelet, au Serin . Les Crêtes ne mangent pas le Guefpier nommé Apid- jlerl, non plus que nous n'eflimons beaucoup les Irondelles. Les Bruants, Grof- becs,Linotcs,& Picauerets,les M ontains, & Pinfons>Çhardonnerets,Tarins,Ver- diers, Lauandieres , Bergerettes font quelque fois mangez , tant pource qu'on en f rend grande quantité, que pource qu'ils font gras en hyuer . C'eft merueille que eftomach defhomme puifle faire fon profit de toutes manières d'oy (eaux, fie tôutcsfois y en à pJufieurs dont les chiens affamez ne veulent goufter, Difcours fur les principales friandifes es banquets de diuerfes nations:S< des viandes qui ont cfté exquifes es aprefts , tât des anciens feigneurs,que mo- dernes:& de léurmaniere de feruir à table. C H A P. XX I. Jji>%§§^^^ P fes au °i r cftendunoflre parler fur diuerfes matières apartenâ- ^^gA^^m tes * ^ a g enerat i° n des oyfeaux,en comparaifon de celle de plu- ^^^fc\^S£i^ eurs autres animaux & plantes , auant finir ce premier liure, M ^^^^\^^ YOU ^ ons encor conférer noftre manière de viure demaintenât Âfj^m^C^^ 1 feruir à table, auec celle des eftrangers, & raportâts le tout ^-à la manière des anciens , aurons plaifir defçauoir reftimation fur la diuerfité de leurs friandifes & viandes exquifes.Parquoy il eft à prefuppofer que comme nous auons pxofit,& plaifir de veoir les liures eferits, les vns de mille, les autres de deux mille,& trois mil ans,contenants ce dont les plus riches,& pau- ures de ce temps la fe fouloyent feftoyer en leurs repas , aufsf que d'icy à autant d'ans qu'il y à que les fufdits ont efcrit,ceux qui voirront ce difcours, ne le trouue ront moins à leur gré qu'à nous eft de voir maintenât ce qu'ils nous en ont eferit. Et tout ainfi qu'ils n ot defdeigné nous mettre la manière de viure de leur temps, aufsi ne fera hors de noftre obferuation en la nature des oyfeaux en dire fommai- ment quelque petit mot:Car celuy qui entreprédroit aflembler les eferits des au- theurs qui en ont parlé , pourrait trouuer matière fuftifante pour en compofer vn liure. Si entremettôs les mefmes paroles de plufieurs autheurs Larins,ne pretédôs l'entendre comme beaucoup d'hommes,qui en répétant quelques propros, dient que le Roy le leur â ainfi prononcé,voulants par ce qu'on croye qu'ils ont faueur 6o -LIVRE I. D E L A N ATVRE de parler auec luy , ou come adulent des aùtf es qui entre-lardent leurs liurets de mots Latins , Grecs , & Hebrieux fans raifon , voulants que ce foit enfeigne pour les faire aparoiftre eftre meflez de diuerfes langues. Mais l'auons fait pour mon- ftrer que lefdits autheurs parlants des banquets & friandifes anciénes , y ont touf- iours entrettieflé quelque nom d'oyfcau,duquel nous voulons feruir à ce propos. Nous monftrerons que la couftume des païs &• l'opinion des hommes fait, qu'ils eftiment les viandes,& les aiment ou haiftent plus ou moins : Car anciennemét, lors que la loy ne les contraignoit à eflire leur délice en chair,en chofes venues de terre,ou en poiffon pour lesraâger à iours députez , ils fe nourriffoyent egalemét ou d'herbages,ou de chair jou de poiffon. Encor pour le iourdhuy les Turcs y ont leurs delices,fans qu'il leur foit défendu de s'en abftcnir à l'vn iour, non plus qu'à l'autre . Donc parlants des viâdes & de l'appareil des baquets,pouuôs compredre quâfi toutes les plus exquifes friâdifes es trois fufditcs chofes côme Ion voirra par cy apres.Parquoylors qu'il eftoit libre aux Payésde mâger herbagcs,chair,oupoif- fon, fans q la loy les y contraignift (car les Iuifs'ont toufiours eu leurs cerimonics à part)il eftoit au chois de chafque perfonne fe nourrir touts les iours de ce quiluy venoit en appetit.Et fi lesiiommes d'eftude curieux des bônes chofes, ne l'euflent mis par eferit, nous ne pourrions maintenât affeoir aucû iugcmét fur telle maniè- re de viure,ne dire que noftre façon de faire conuienne , ou foit difteréte à la leur. Aufsi ferons voir que les anciens , de quelque langue qu'ils fuffent , au pais du le- uant, ne fouloyent permettre que leurs femmes banquetaifent pefle-melle auec eux,comme Ion fait maintenant es régions SeptentrionaIes,ou ils ont acouftume leur donner le lieu le plus honorable entre les afsiftants, qui eft vn point de gran- de confideration pour entendre la différence qui eftoit entre les Romains , & les Grecs . Et fi quelqu' vn s'enqueroit de cecy, & le mettoit par eferit, ne Fcroit chofe qui en méritait ledure, n'eftoit pour conférer les chofes anciénes auec les moder- Tum, ncs: Car on voit encor pour le îourd'huy que les Turcs,les Grecs,& les Iuïfs retié- Grecs, nent j e ne fi^y ^ UO y j e j eur antiquité: Car mefmement les hommes des meftiers iwfs m mecan jq Ues boyuent & mangent à part fèparez de leurs femmes . Que xloy uent mtgttt donc faire les autres de plus grand eftatJMais quant à nous, croyôs que la couftu- uec leurs me à toufiours efté entre les noftres , que les femmes ayent obtenu lieu , & degré femmes, honorable es affemblees au deffus des hommes , & qu'il n'y eut onc nation en Coujlume q Ue lq Ue païs que ce foit , que lesperfonnes n'ayent eu vn certain lieu député en touchât ^ curs ' P our y man g cr ' f c P ar ^ de CC ^ U Y a uq ue l ris auoyent acouftume boire, & dormir:& qu'ils ne l'ayent apropné félon les faifons de l'année. Car nous cerchôs manger, les fales srees pour l'efté,& nous enfermôs l'hyuer enlieu chauld. Les anciés auf- Couftume f, eflifoyent diuerfes places en leurs maifons pour.prédre leurs repas félon diucr- âes anaes fa {- ai f ons J e l'année, l' vne pour l'efté, l'autre pour l'hyuer . C'eft ce que Vitruue â leurs le * enten du,efcriuât le feptiefme chapitre du fixiefme liure,ou il dit: Hybernd triclima} p*s. & bahearia occidentem hybernum fyciïï?* duz en celte languei Ceux qui péfent que les anciens ne faifoyent deux repas par y ^ e iour,comme Ion fait maintenant,font en erreur:car nous trouuons par Hypocra- ueclesma tes,Galien,& autres Grecs, qu'ils difnoyent au matin, & fouppoyent au foir ainfi demes, que nous:toutesfois les Turcs font autrement.Macrobe autheur Latin defenuant la rriandife des anciens Romains au treziefme chap.du tiers liure des Saturnales â eferit telle chofe: Accipite inter grauifimas perfonas (âit il)»os defuijfe luxuria.Kefero enim pontificis vetufufîimam cœnam , qua\ feripta eft in indice quarto Metelli illius ponti- ficis maximi,in heee verbd. Ante diem nonum calend.Septembris :> quo die Lentulusflameu lAcirtialis inaugurât us eji ,domus ornât a fuit , triclinia leclis eburneis fîrata fuerunt, Duobus tricliniis pontifices atbuerunt, Quint us Catulus, iQ'c.ln tertio Vopilïa, Perpenid, Licinia, Aruncia, eyc. Çecy monftre que les femmes Romaines n'eftoyent à table pelle-mefle auec les homes , mais qu'elles auoyent leur table à part. Peu après dit: Ante cœnam Echinos } Oflreas crudas quatùm.vellent,Veloridai)Spondylos,Turdi{ s Aj]>d* ragos fubtus Gallimm altilem, Vatinam Ojlrearum, Peloridum : Balanos nigros, halanos albos. \teritm SpondylosfilycomaridaifVrticaiyViccdulaSyValumbosiou hïe.n)Lumbos c Ficédulas 3 Murices > &' Vurpuras.\ncœ na jummafinciput dprugr)um,Vatinampi(cium,Vdtindm Suminis,Andtes,Querquedulas clixas, Lepores, Altilia ajfa, Amylum,panes, Vicerites.V bi tant luxuria tunç aceufaretur. quando tôt rebik farta fuit cœna potificum ? Ipfa verô edulium gênera quant diclu turpid? "Nam Cincuis ty fuafione le gis Fannia obiecit feculofuo , quod porcum Troidnum menfis inférât . Qucm tlli ideo fie vocabant, quifi aliis inclujis animalibus grauidum,\t Me Tro- , iinrn equus grauidus armât is fuit , Q'c. Si maintenant ion auoit fait vn feftin de.tel- les viandes ce ferait par moquerie : car ce qu'il nomme Ecfcz»ltrdI>baftdètHdwrientpeti,iQ'fabulofo quidem terrore tut as ; imo fie preciofwres . A lias in Numidia, dtque AUtbyopia in fepul- ebris ducupdri ,dut pugndre cumferis mandi ah eo cupientem quod mdnddt alius . At her- cule qudm vilia bœc,qudmpdrdtd xoluptatifatietatique^nifi eadem qus vbiquejndigna- tio occurreret ? Puis après il dit :UortorumCdtopr<£dicdt cdulesibinc primùm agricole œffintàbdntur prifei, fie ftdtimfdciebdnt iudicium, nequdm ejfe in domo matremfdmi- lias (et enim bac curdfœminœdicebdtur) \bi indiligens effet bortus . Quippe e carnario, dut macello xiuendum efle.Nec cdules(\t nunc)nidximè probdbdnt , ddnantespulmenta- ria quie égarent dlio pulmentdrio . \d erdt oleo parcere ■ Nam gari defideria etidtn erdtit in exprobratione. Horti mdxitnèpldcebdnt,quid non egerent igni,pdrceréntque Ugno,expe- ditares pardtdfanpenvnde acetdrid dppelldbantur ,fdcilidconcoqui y nec oneratu- ra fenfum cibo, & qu& minime accenderent ad defiderium pdnis,<&c. f ii Ai LIVRE I. DELANATVRE .... .. Mais tout ainfi que diuerfès faifons de l'année nous liurét diuerfès manières de Mafcsftîo v ^ anc ^ es P our no ^ re v % e » tout ainn fçauent s'en accommoder pour leur vie , les lesfaifom a y arits recueillies en leur faifon,& conferuees en diuerfès manières: car comme il de l'Âme, n'y â rien de plus exquis es feftins qu'on faiâ au printemps que d'y voir quelques ieunes volailles tédres pour leur aage,aufsi l'hyuer lors qu'on les â bien nourriz & gras,en font trouviez meilleurs . Parquoy après auoir efcrit les mets des anciés,ex- traicîs de leurs liures , mettras encor les noftres,felon qu'on les fert communemét à la manière Françoy fe,felon que l'auons extrait d'vn petit liuret intitulé , Le mé- moire pour faire vn efcriteau pour vn banquet , nous auons penfé mériter pou- uoir eftre inféré en ceft endroit, pour la diuerfité des noms Frâçoys qu'on y trou- ue . Quand tu vouldras faire vn banquet (dit il) regarde en ce chapitre & tu trou- ueras des mémoires pour faire ton efcriteau . Premièrement auras Chapons pe- viSdesdi- lerins Cercelles confites, Lions de blanc chapon,Andouïlles de Gelée, venaifon Z "nbt de San S ller aux marro ™ , Crefme fromentee , Perdris à la tonnolette , Partez à la met. tonnolettejPaftez de venaifon,Sallades vertes,Sallades d'entre-mets.Autrenient, trouueras Faifans, Leuraux, Butors,venaifon de Cheureau, Pluuiers , partez d'Al- louëttes,Gelee en poinéte de diamant,Paons reueftuz,Pigeonncaux, Chcureaux farcis , Oyfons à la maluoifië , Pieds à la faulce d'enfer , plus à efturgeon, Perdns, Connins, Cercelles, Poulfins au vinaigre, paftez de Pigeons,Paftez de venaifon, Cheurcaux au formage de Millan, Gelée embree, Gelée moulue , Gelée blanche picquec, Tanches Lombardes, Taillis d'Angletterc , Marfouïn contrefait , Iafpe, Oliues, Perce-pierre, Pourpier confit , Concombres confits. PatifTerie : Paftez de coings,Efcuflbns de gelée, Tartes fanaydes, Blanc manger, Fleurs de lis de gelée, GafteauxfueilletteZ,Tartes d'Angleterre, Bauldriers de pômes, Flaiols, paftez de Marrons,Tartes de crefme, Angelots de gelee,Sallades de poires de bon creftien, Poires à l'hypocras, Poires de bon creftien entières, Gaufrres coulifles , Eftriers de pruneaux,Bifcuit, Bignetz, Neffles à l'ypocras, Hypocras, Marchepin, Pômes au gaftelin.Autrement: Sallades de laiduës, Cailles au laurier, Frométee à venaifon falee,Perdris aux capres,SoleiI de blâc chapon,venaifon aux nauets, Gelée vndee, paftez de Chapon , Gafteaux Italiens , Saulcifles de veau , Andouïlles de gelée. Autrement : Sallades blanches, Oyfons farcis, Pigeons de bois, Chapons gras de Lodun, Pluuiers, Cheureaux, Hérons , venaifon defanglier, Paftez de Cercelles, Gelée dechiquetee,Sallade de houbelon,Afperges,Paftez d'Artichaux,Arrichaux à la poyurade,Iambons de Mazence,Blanc manger, Sallades vertes, Sallades Mâ- ches, Connins à la grenade,Poulletz,Cercelles,hure de Sanglier, longes de Bœuf, Friteaux, Bignets , Pafquenades , Crefme de Méfies , Limonts confits , Papillons de marrons , Gafteauioly , Efcus de gelée , Lefches Lombardes .Plus , Perdns à 1 orange , Ceruelats , ciué de Cerf aux naueaux , langues de Mouton à la vinai- grette, paftez de Bccaffe au bec doré,paftez de pieds de Bœuf, paftez de langues de Bceuf, Paons reueftus , Tarte de vin blanc, Telles de cheureaux, Chapons rotiz , Cercelles , Butors , Pigeons , Chapons , Citrons , paftez d'Allouè'ttes , pa- ftez de pieds de Mouton, Tarte ancienne . Plus : Saulce de veau , Faifans , Plu- uiers,Poullets, Oyfons,Lapereaux,Oliues, paftez de Pigeons, Fontaine de gelée, Ramiers en poy urade,Tartes de pommes,Herons,Becafle à Iequcfat, Allouëttes, Tartes de mouëlle de Bceuf, partes de Poulets, Onrlants de gelée , Mouft, Tartes DES OÎSEAVX, PAR Pi BEL ON. ^ de pruneaux,Perches,Becaffes,Leûraux,Cailles,Cines, Albanois, Partez depom- mes,Tartes angouloufees,Tartes de pômes hachées bié en broc, venaifon de Clie ureau, Hure de fanglier , Gelée commune , Neige en romarin, Paftez dé Coings, Tartes de crefme,Tartes d'Angleterre,Gafteaux feuilletez, Gafteauxioyeux, For- mage plaifantin,Butors,petits Poulfins. Plus,Riffoles,petits Chouz touts chaulds, Gaftelets baueux, Ratons de formage, Poires à l'ypocras , Poires en fallade, Mar- rons,Pommes de Capandu, Sallade de Citrons, Sallade de Grenade , Efcus de ge- lée . Nous n'auons entreprins nommer tout ce qu'on pourroit bien nombrer en- tre les mets des feftins, toutesfois que qui le voudrait lire, le trouuera au quatrief- me de Pantagruel , au lieu ou il parle des gaftrolates. Quant à noftre part, nous e- ftimons que les autres nations ne fçaurayent tant nommer de mets en Ieurlan- gueque les Françoys-.Car encor que Martial au quatorfiefme liure parlant De ?i- ftore dulàario, qumterpmons vnîuccner, ait dit, Mille tibi dulces operum manm ifla figuras Extruçtjmc vniparca laborat apis'. Si eft-ce qu'ils n'auoyentnoms propres pour les nommer , comme nous faifons maintenant les noftres.Les Turcs mefemblent retenir beaucoup de la manière des anciens Romains en leur manger, à qui Ion auoit accouftumé apporter vn Manicre grand plat,contenant ce qu'on deuoit manger,comme pain,& chair,mifes en plu ' (™ ut * fieurs autres petites vaiffellés,efquelles eftoit la viâde qu'on auoit feruië.La manie Romains re de feruir les Princes Françpys,à noftre iugemét,excede toutes les autres en hon j ta ble. nefteté,& cérémonies bien ordônees: Jk^cray que ce que les panetiers de la court Hontjie- nomment Nefs, eft ce que les anciens Empereurs , & Pontifes Romains nom- téàfeme moyent en Latin,De/pfcrài. Vne cérémonie eft gardée en noftre France, que nulle f ™~ autre nation n' â accouftumé faire:Ceft,qu'es mefnages & mefmemét des perfon Semr fW nés pnuees,lon ne met vaiffeau,ne voirre deffus table pour boire: car fi quelqu'vn buffet. à foif,on luy en apporte du buffet,fur lequel Ion tient les vafes, & autres vtenfiles d'arget, ou vaiffeiles en parures. Il ne fut onc que les feigneurs anciens n'ay ent eu leurs fommeliers , & efchanfons en office différent, comme eft maintenant à no- ftre mode:mais ie doute s'ils auoyent des efcuïers trenchants,qui leurs coupaffent les viandes deuant eux. Quelles qu'ayent efté les delices,lês repas,le viure des an- ciens ou modernes , il n'eft aucun qui ne fçache que c'eft le lieu, auquel les hom- mes tiennent diuers propos : car lors fetrouuants en tranquillité d'elprit, après a- uoir vacqué grade partie du îour à leurs exprés affaires , & principalement en lieu propice au fouper,chafque perfonne fe trouuant en ces guogues, prononce mots ioyeux: Car corne les hommes pour fe maintenir en eftre , fe fentent auoir affaire Les reçu des biens de nature , ils veulent maintenir leur efprit, & fuftenter le corps, & font propres à contraincls vacquer à leur deuoir,pour n'auoir deffault de nourriture. Car il rt'eft tenir t ro - homme qui foit exépt d'vn certain deuoir deu à tout corps animé.Parquoy l'hom me prenant fon repas prononce fon langage, félon lentretien delà compagnie prefente: Car encor qu'il foit à part foy, ou il eft pire quvn autre animal, il fait quelque difeours en foymefme.Voyons vn oy fillon tant en fa liberté,qu'efclaue, il ne fe peut tenir qu'il ne murmure toufiours quelque chofe : tout ainfi l'homme au moins s'il enfuit la loy de nature,fe trouuant en affemblee pareille à luy, com- munique ce que luy eft aduenu de nouueau en la iournee.A l'exéple dequoy Ion f iii us:car entre hommes de fçauoir,mo deftes,& d'autoritc,lon n'y entend autre propos que de fcience,chofe d'cftat,& de philofophie : toutesfois que le plus fouuent ceux qui fe péfent demis-dieux terre- ftres,& qui s'effayent de prononcer en iuges,fe font moquer d'eux.Car encor que leur reuenu les maintienne en authorité, fi eft-ce qu'ils font fubieéts aux îugeméts de ceux quiles oyent parler. Bien eft vray qu'il eft en leur puiffance de faire e- ftaller force viandes fur table: toutesfois il n'y â charcuitier qui n'en fiftbien autant, ains encor plus d'extrement , s'il en aupit le reuenu . Quelques vns par- ceTZi 1 , ant ' descho , res produises en nature, ont efté ouïs, qui ont maintenu qu'il y à mettent de deu * mi1 fortes d'oyfeaux , & deux fois autant de poiffons , & innumerables deux mil ei peces de beftes à quatre pieds : aufquels auons quelques fois refpondu, que tout fortes d'oy homme raifonnable doit tellement borner fon dire,qu'il y conftitué quelque fin. fiaux. Car qui nieroit qu'il n'y euft de deux mille fortes d'oyfeaux , ou dix mille, n'eftant affaire de l'infiny ouurage de nature,ne feroit réputé fage.Mais l'homme de bon îugement qui à beaucoup pratiqué de bonnes chofes, fe propofe vn arreft pour la certitude fur la cognoiffance des chofes naturelles . Car fi quelcun maintenoit deux mftefpeces d'oyfeaux,feroit corne celuy qui diroit,qu'il eftplufieurs modes, & qu'il y à vn Soleil, & vne Lune en chafeû mode , qui eft chofe du tout incroya- ble . Toutesfois que le fouuerain conditcur des chofes animées a donné la perfpi- cacité , & entendement à l'homme , & à voulu qu'il fuft en fa puiffance de nom- brer à peu près les chofes produites es éléments , qui font faides pour fon vfa^e. Parquoy femble qu'il n'eit du tout hors de la puiffance de l'homme diliget obier- uateur des chofes , de les réduire iufques à vn certain nombre . Ariftote & les au- tres anciens en ont parlé de la plus part d 'iceux . Parquoy dirons librement félon Comhity noftre lugement qu'il eft hors de la puiffance des hommes detrouueràpeupres a d'efpe- plus de cinq cents efpeces de poiffons,plus de trois cents fortes d'oyfeaux, & plus cesdepoif de trois cents de beftes à quatre pieds,& plus de quarante diuerfitezde ferpents,& ZxîeL P r C tr ° 1S C " S chofo pr ° prCS * man g er > lfl " uè ' s des herbes,ou des arbres:Sçachâts à qitre mefme ment qu'il y âplus de milans qu'vn difeours tel qu'eft ceftuy cy à efté p c ds,fer- mis e " auant entre les gents de fçauoir . Pline nous en eft tefmoing,qui à 1 vnzief- tents me chapitre du trente & deuziefme liure , fait apparoir bône p artie de ce qu'auôs h"rbe & dk ' parlant en cefte maniere > Ver*8 aut Scytbi*> defertormnve nommu* feras aut ^lucres, cuba gênera. ™ ,nu multb P lmm<£ fi nt différent^ quas imenire potuimus. Accédât bis Tapro - Une, infuWque aliniuerfam \>ocari . Af hercule in tanto mari Oceano qu&cunque na- feuntur certafune } notioraque (quoi miremur) qua- profundo natura, mer fit . Quant à ce QUûdit,nonpoJfeomniagenerain contemplationem vniuerfam vocari, nous ne vou- lons entendre qu'on les puiffe bien tous cognoiftre , mais qu'on en peut appro- cher dp bien près. DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. Diuination des anciens,queles Augures, Arioles,Arufpices,Vaticinateurs, & Nigromandens fouloyent trouuer en contéplant les intérieures par- tics des oyfeaux,& autres animaux trepa{Tez,enfàifant leurs {àcrifices. CHAP. XXII. A auons rendu raifon pourquoy les Egyptiens fouloyent ado- rer plufieurs animaux,& quelques oyfeaux,& au liure De Vedi- catofunere auons dit qu'ils les fouloyent confire lors qu'ils les trouuoyent morts par les champs : mais nous en parlerons en- cor au chapitre de l'Ibis,& de la Cigogne. Il n'eft aucune chofe moderne qui ne fe refente le ne fçay quoy de l'antiquité: Car les hommes n'ont rien de meilleur que de s'accommoder par les lois & couftumes de leurs anceftres , & moyennant qu'ils le facent auec dilcretion en comparaifon du pire au meilleur,lon n'y trouuera que reprendre. Il eft quelques fois neceflaire dire beaucoup en parlant des chofes que le vulgaire les ignorant eftime petites : telles pofsible, qu'es diuinations,& arufpices, que certains hommes conihtue'z en tels offices faifoyent anciénement fur les chants des oyfeaux : Car ils pretendoyét diuincr les chofes futures , ou pour les auoirveu voler, ou de leur auoir regardé les entrailles,ou par leurs contenances. Galien au liure Deje&ts pbilafophorû, n'a du tout reicété leur do<ânne:Car il eferit ainfi: Vlato.necnon w Stoici diutn ;tionëin- traduam, quaj Velnu.rints alicuw prafentia , ve/ propriœ mentis dtuinitate^el foluto {erfo.nm ammo excitatur, praten -a Afirologtca,^ bgrufticina. Veru vï hiplura diui- nattants gênera ponunt, iu omtiia Xenophanes, & Epicurta tollunt.Vytb agoras barujhi- cinâtantàm improbat. Arifloteles^uefequitur \Hciàrcbut t èièS relinquit,fomniu, ©■> furore. Quanuis enim animas tmmortales ejje non arbitrentur , eas tamen diuimtatis fa- tenturcumfdaeffe participes.Nous auons encor plufieurs autheurs qui font grande mention des anciennes cérémonies , & fuperftitions de tels facrificateurs, & prin- cipalement Auîugelleenâparléen diuers chapitres , par lefquels Ion peut voir, qu il aduicnt iouuent que ce , que les hommes introdtiïfent au commencement Ceremo- en bonne partie foubs efpece de bien faire , eft puis après (ubtilement mis en va- mtro leur lufqucs à prendre grande authorité: & que quad quelque chofe fuperfticieu- „f "T fe a peu f rauduleufement gaigner l'entendement de l'homme, vient à la part fin TJnZ a luy commander totalement.Mais pour bien déclarer cecy , il fault commencer grand ac- deplusloing. Les anciens voyants aduenir quelques choies prodigieufes ou es mijfmtt elements,ou en l'eftre de nature, principalement en l'an:, en l'eau,ou en terre : co- rne quand il pluuoit chofes monitruèufes , ou que quelque feu,ou nuée obfcure, iouldre, ou tonnerre les auoit efpouentez : ils fe confeilloyent à aucuns vaticina- teurs , c'eft a dire diuinateurs,fur la matière aduenuë : qui faifoyent à croire qu'ils diuinoyent par leurs fciences,dont y en auoit aucunes nommées Eromâcie,Geo- mancie,Piromancie,& Hydromancie - . Encor y en auoit d'autres , auquels quand es Républiques , ou princes vouloyent faire vne entrepnnfe hazardeufe , le fou- loyent conieiller: & iceux eftâts conftituëz. en certaines offices de dignité, eftoyét diuerfement nommez, les vns Aruftices, les autres àrtolr. defquels le peuple pre- tcndoit fçauoir l'ilTué' de toutes choies , dont ils feroyent requis . C'eftoit la caufe, f au 6$ LIVRE I. DE LA NATVRE qu'on adiouftoit moult grande foy en leurs refponces.Tels diuinateurs faifoyent leurmiftere en contemplant les intérieures parties tant des oyfeaux, que des au- tres animaux, fur leurs facrifices ; Soit donc mis en queftion à fçauoir fi par l'infpe- dion d'icelles,ils pouuoyét diuiner les chofes aduenir , & s'il y auoit aucune cho- fe de verifimilitude en leur fait,dont Ion fe peut afleuf er de ce quils promettoyéte \Arufpi- Premièrement qui ne fera bien d'opinion que le commencement de tels Arufpi- ces , & ces,& Arioles ait pnns fa fource foubs efpece de fimplicité,& que blandiflant cha- ^noles £ cun ^ & j U y promettant les chofes defirees (qui eft le plus grand plaifir que puiiTe °Uw(ow- reœuo ^ r l'homme en viuant ) ait efté appliquée au commencement aux ceremo- ce foubs n i es de ^ a religion, & que puis ils y ayent méfié encor plufieurs autres chofes auâ- efpece de tageufes pour ceux qui l'exerçoyent? Car comme le genre humain eft facilement {implicite efprins des ténèbres foubs vertu de faulfe religion,& efttoufiours defireux defça- uoir ce qui luy doit aduenir , tout ainfi laiflant pofleder fes fens a ccfte fcience , il n eft bonnement en luy de s'en démettre, eftât faify de tel lien, qui à défia occupé fon efprit. Voyant donc que plufieurs géts docl:es,& Sénateurs Romains s'en font voulu entremettre, &l'excercer, ilfemblequefuperftition ait toufiours dominé entre les nations de toutes contrées, & qu'il ne fut onc,que les grands feigneurs n'ayét bien feeu difsimuler le fait de la venté: Car fi les Ducs,Roys,& Empereurs, non feulement Romains , mais aufsi Egyptiens fe font attribué ce droit , il fault qu'ils ayent entendu qu'il y euft certitude en la fcience , ou bien vouluflent difsi- Ethimo- muler la fallace,& trôperie d'icelle.L'ethimologie de cefte didion Aufl>kiit,nous loges des en f c ]g ne qu'elle vient ab auibm infficiendis , c'eft à dire , de regarder les oyfeaux: noms,^4u £ omm au gj Ara/i/aw ab aris : c'eft à dire de regarderies autels:& de la lô dit que Jpiaum, Ji , . i ■ i i n r i i a ■ ■ •** limfpi- Arioli eftoyent ceux qui brufloyent les chairs des beltes iur les autels . Auguriu àum , eftoit dit ab auiugarritu , c'eft à dire du defgorgement des voix d'iceux . Or s'il y KugtmZ. auo i t certitude en leur fcience , pourquoy ne dure elle encor maintenant ? & fi c eftoit fallace, pourquoy en abufoyent ils le vulgaire ignorant? Lon prouuera Sciëce des bien par diuers paflages de la Bible que la fcience des Arioles, Arufpices,& Augu- ^înoles res eit m0 ult antique . Parquoy Ion pourrait penfer que c'eft de l'inuention des eft moult chaijggg ? OL1 £gyptiens,& que les Tufcains l'ont aprinfe d'iceux . Il y à quelques « nt >ï ue - moc l erncs Jifants ce q Cicero en â eferit , qui ont penfé q l'origine de ladite fcien- ce n'en eftoit plus ancienne que des Tufcains : mais fi Ion veult confronter les an- ciens autheurs,il ne fera mal aifé de s'en rendre efclarcy. Pline à eferit au cinquan- tefixiefme chapitre du feptiefme liure , qu'vn perfonnage nommé Car , ou Caras, trouua les Augures par les oyfeaux: &çj)elphus trouua ce que les Latins noment Arujj>iciii } &. Thyrefias Aufyicia aummais fi ce n'eftoit qu'on vouluft entédre qu'ils en euflent prins l'inuention des deffufdits , ou qu'ils fuflent d'autre nation qu'Ita- lienne , ou Grecque , ferions d'opinion qu'on trouueroit lieu pour s'abufer . Iam- blicus au liure De Myfieriis AEgyptioriï, à dit les fuyuantes paroles , quifonttout à propos à cefte matière . Super i dant dona paratis, non folu natur aliter, fed per intel- le£lît } & libéra voluntateipforiï deorû ■ Vij dam futur or û orienta in extis , auibûfque, & jiellamnouis prodigùs,&c. Peu après: Wifcera inofîetis tranfmutatur contra natur a in animalibus ab anima, eorû . \n auguriis captandu aues miraculofè mouetur ab anima fua, (fc. M ais qu'on puifle bonnemét exprimer quelle eftoit la manière de procéder en Auguriu,&sn AruJ])iciiï,8t en Aujjicia auiiï, pofsible qu'il ne fe peut fçauoir:car nous DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ^ nous n'en trouuons rien par efcrit,finon que par foufpeçon.Nous en pourros dé- duire quelque petite chofe de certains paffages de pluiîeurs autheurs anciens, tant Hebrieux,Grecs,que Latins, qui en ont parlé quelque mot en paflant : Ioinâ que nous trouuons, que Auguruï Arufociiï, font aufsi prins pour tout autre enfei- ^uwm gnement tant des arbres,des poiffons,& autres animaux,& aufsi des plantes : Car tsr ^im- Theophrafte au quatriefme chapitre du fécond liure de l'hiftoire, des plantes, par- fpiciumfi lant des chofes monfiruëufes aduenuè's fur les plantes , dit en celle manière : Ergo f rennent hwc tanquaprodigia,& prêter ndtura norma dccidere arbitrantur. Neque enim arufti- ces ifta interpréteur &C. Ad ht biberent >qudn'do ejfe nollettt, gp& Lors que noï foldats tenoyent les champs, ils mettoyent vn Coç fur leur bagage Lt coc allants par pais,comme fe refentants de la manière de faire des antiques Aufpices f 0W VW Romains : mais nous le faifons à autre fin , car c'eft pour enfeigner les heures de f la nuicl . Cicero dit qu'ils n'auoyent pas feulemét couftume de regarder les Poul- /„ fins en guerre,ains aufsi en leurs maifons en pnué . Mais les Arufpices auoyét au- 4m. tre office différent aux Aufpices , comme il appert par ce que Tybere ordonna qu'on n'allaft feconfeiller à eux en fecret,&fans tefmoings . Suétone doit au ^Z"' foixantequatriefmechapitre,en Tybere: Aruftices fecreto^c fine tefibus confuli ve- ces,& tuit. Donc Ariifyicid, Augurid, q> A ufpxcid auoyent diuerfes a<âions,comme ten- ^«fpiecs dants à diuerfes fins , lefquelles (comme ferons voir par cy après) n'auoyent non amj " ** plus de certitude, que la foy que le vulgaire y adiouftoit . Or puis qu'il y à eu plu- J^***" 7 o LIVRE I. DELA NATVRE fieursefpecesde telles friuoles diuinations ,& que les vnesfe prenoyent de voir manger les oyfeauxJes autres de leur marcher , les autres de leur voix & volerjes autres de leur contenance , & que le principal eftoit de f infpecrion de leurs inté- rieures parties,& que nous cognoiflons de cetéps cy,que toutes ces chofeseftoyét faulfes , il fault conclure que lors que les hommes eftoyent fans la cognoiflance de DieuJes diables faifoy ent tels miracles, qu'il fembloit que les diumateurs euo- caflent les vmbres de l'enfer pour parler à eux . Car s'il y auoit quelque certitude, les feigneurs de la terre,tels que furet les Empereurs Romains, qui n'auoyent rien de plus généreux en leurs penfees,& fouhaits, que de commander à leurs Dieux, fe fuflent réduz, immortels.Dequoy Ion fe peut afleurer que s'ils y euffent trouué quelque chofe à leur aduâtage , qu'ils n'euflent efté fi infortunez. fur l'ifluè' de leur vie: Car eux,qui n'auoyent faulte d'aucune chofe duïfante à leurs entreprinfes,ne deuoyent trouuer empefchement à leurs deflcings, s'il y euft eu apparence de ve- Excufes rite. Maispource quefouuent eftaducnu quelesrefponfes des Àrufpices pou- da faut- UO yent eftre conuaincué's faulfes , il y auoit toufiours quelque excufe pour efcha- fes refpo- p er; ç; ar s \l s auoyent failly en ce qui auoit efté mal pronoce,ou ils drfoyent que le Limffi- * our àU °^ e ^ infortuné,ou bien que l'animal qu'ils facrifioyét eftoit de mauuaife ces,& au couleur , ou bien trouuoyent telle autre excufe . Le meilleur eftoit que lors qu'ils tns dim~ facrifioyent les animaux,il fembloit que c'euft efté chofe de nulle vertu,s'ils rieuf- ructcms. f cnt proféré quelques paroles de dcuotion en tuant les beftes . Il eft queftion de fçauoir maintenant fila vertu de telles diuinations procedoitdes paroles, ou de la mort des beftes , & oyfeaux . Si Ion difoit que la vertu procède des paroles , il fauldroit par cela qu'on déterminait telles vertus aux hommes.Parquoy tout ain- fi qu'il eftoit arrefte, que l'homme auoit telle puiflance en ces paroles , aufsi eftoit neceflaire qu'il obferuaft bien l'ordre de prononcer ce qu'il deuoit dire , à fin cju 'il ne nommaft quelques paroles les premieres,qui dcuoyét eftre les dernieres.Tout ainfi comme il à efté de touts temps commun à toutes perfonnes, que les hom- mes ayent eu crainte des maledicrions d'autruy, & principalement des hommes vouez au fait de la religion, tout au contraire il n'y eut onc aucune natiô qui n'ait Couftumc eu plaifir d'ouïr fe faluër par fon nom . Il nous eft commun en France qu'en efter- de Frace, nuantprions qu'il foità bien, toutcsfois les Almans, Flamans, & Angîois, & mand on ceux re gi ons Septentrionales n'ont pas tel vfage , ne aufsi les Turcs. Et toutef- tmue ' fois ceftc couftume eft anciéne, tant aux Grecs,que Latins : corne il appert par les mots d' Ariftote , & dont Pline au fecôd chapitre du vingthui&iefme hure de l'hi- ftoire naturelle,dcmandant la raifon difoit,C«r flernut «mentis falutamur ? (f diqui nomine quo^ue confalutare religiofius putant . Mais pourcc que c'eft plus grande ma- iefté d'alléguer l'authonté despremicrs autheurs,il femble qu'il auoit prins cela de l'vnziefme chapitre du premier liure de la nature des animaux en Ariftote , qui dit que l'efternuér eft vn figne augural,reputé facré,& faincî * Item parsfaciei nafus (dit il) quœmedtiï prœbetjfiritui.Aéremenim edpdrtcrcddimins ^ accipimus.Sternu- tamentum quoque eadem dgitur pdrte^uodfldtm vniuerfi eruptio eft. Signum dugurale, & Vnum ex fyirituum omnium genenbm f anclum, fdcrii.il eft donc mantkfte qu'il y à toufiours eu des grandes cérémonies à garder en la difcipline des Augures,& que les hommes l'ont eu pour vfage principal en leur religion, veu que ietrou- uants en eftrange pais ne cefloyent pour tant de faire tel facrifice,comme il appert parce DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ?l parce qu'Anftote au dix-huidiefme chapitre du mefme liure, en à efcrit:Fe//w pri- mtionem ("dit m vel in Viftinds nonnunquam percipi certum ejï-.quippe cum parte quadam agri Cbalàdici Euboix,fel nullum pecori fit . ht in Naxo omnibm ferme quadrupedibus adeo grande, aduente, qui facra, fecerint, ftupefeant , rê feilicet prodigij loco fibi arbi- trantes, , non t dlcm cjfe nituram terra mha quadrupedû. Quafi comme s'il drfoit, que quelque part que fe trouuaflent les hommes de fa religion , ils auoyent toufiours accouftumé tuer, & facrifier des animaux félon leur vfage. Cecy eft tout à pro- pos pour prouuer qu'on facrifioit toutes efpeces d'animaux,tant oyfeaux , & q ua- drupedes,qu'aufsi les poiflons,& que les facrificateurs trouuâts les fiels es vns plus grands , & es autres moindres , ignorants l'anatomie des animaux s'en efmerueil- loyent,quafi comme de chofe prodigieufe . Les hommes preffez du tonnerre, ra- uines, ou tepeftes, n'ont remède plus fingulier que de fe vouer , & inuoquer leurs dieux par prières & oraifons : Comme aufsi en la peur côceuë de iour ou de nuict, ou par les vifions ou illufions qui trompét noz yeux , certains modernes les nom- ment Phantofines, retenants ce mot de la diétion Greque Phantafmata,c6tic lef- quelles n'auons meilleur recours que de proférer certaines paroles fainfbcs . Les Ethniques penfoyent que les principales vertuz de leurs facrificateurs fuflent es paroles proférées & edits prononcez tant en vers de rithme qu'en autre manière: les autres mipartoyent les vertus les vnes aux paroles , & les autres à la mort des beftes.Parquoy les facrificateurs ont toufiours eu puiffance entiers le vulgaire . Si en-ce qu'il n'eft pas que les plus fages entendants l'abbus, ne s'en foyent moquez en eux-mefmes . Mais il appert que le vulgaire de médiocre fortune , de quelque côdition qu'il fuft,à plus toit penfé que le principal remède de fes maux, ou de ce qu'il prétend de fingulier en fes defirs, eftoit fondé fur les paroles prononcées des homes de fa religiô. Et iceluy fe fiât en cela, le croyoit fans voir aucune chofe : car en telles matières penferoit faire contre fa confeience, d'en demander l'expérien- ce vifible. Celle eft la raifon pourquoy les Augures,Arioles,& Arufpices,vfoyent de moult grandes cérémonies : Et que lors qu'ils facrifioyent, il failloit qu'il y euft Cercmo- vn home deuant le facnficateur , tenant vn liure eferit , ou eftoyent les paroles du «/*■ facnfiant. Oultre ce il failloit qu'il y euft encor vn autre homme à cofté,qui regar- c rf c " „ daft attentiuement ce que le facnficateur lifoit , à fin qu'il ne laiflaft quelque paro- anaes le fans la prononcer,ou bien en tranfpofaft quelque autre. Encor failloit vn quart a ce miftere qui faifoit faire filéce entre le peuple, à fin que la voix fuft ouyee d'vn chafeun : Car c'eftoit chofe eflimee leur denôcefmalheur, quand le miniftre fail- loit en la prononciation de fes prières. Parquoy ils auoyent des muficiens qui iouoyent de quelque manière de flufte , à fin que nulle autre chofe ne fuft exaul- fee de leurs dieux,que ce qu'ils difoyent en leurs prières . Soit donc conclu que la puiflance des Arioles & Augures eftoit telle qu'ils la faifoyét valoir enuers le peu Qg lle ple,& qu'ils faifoyent valoir leurs coquilles,{elon ce qu'ils penfoyent que le peu- e ^°" U pie les accepteroit . Parquoy il eft croyable q les miniftres de tels facnfices eftoiét tels fins frétez, que ceux à qui les Romains bailloyent leur front à regarder , com- noeun. me encor maintenant faifons voir noz mains aux Chiromanciens , & à ces gents ramaflez nommez Egyptiens,pour nous dire noftre bonne auenture.Mais (com me auôs dit)ce n'eft chofe nouuelle.Car Iuuenal en fa fixieftne Satyre à dit, fronte fttjnaniïque Vra-bebit \ati. Nouspenfons fouuentesfois les chofes autres qu'elles 7 z LIVRE I. DELA NATVRE font,& de petitesses crions deux fois plus gr andes.il femble à ouïr noftrc vulgai- Nearo ~ re parlant de Necromantie, que ce foit la chofe la plus eipouuentable du monde, & toutesfois c'cft feulement vnc fcicnce qui print fon origine de diuination Lai- de par les charongnes des corps morts : qui depuis à efté tournée à l'inuocation des elprits.Tout ainfi l'art magie n'eft ce que le vulgaire pêfc: car le fçauoir de telle Magie feiencegift en l'Aftrologie , attendu que les Magiciens ont efté ceux defquels a- gfi e » uons aprins le cours des cieux,Soleil,Lune,Eftoiles,& aftres , & touts autres mou- ~4ftolo- uements celles, Cicero à eu bonne grâce à la fin du premier liurc de diuination, parlant des faux diuinateurs, qui par mocquerie fuperltitieufe, promettent richef- îes,& thefors à autruy,qui toutesfois font toufiours pauures beliftres,indigcnts,& malheureux. Les anciens auoient crainte de ceux que les Latins ont nomme Pr ' lats comme les loups, dont les médecins les ont nommez, L/ycanthropi) & leur ma ^Loupsgua ladie Lycathropia,Sc en Françoys Loups guaroux. Les autres penfent eftre roys,ou roux. Empereurs,& ainfi des autres diuerfement troublez d'efprit. Mais quand les hom mes malings fe font imaginez de fe venger de leurs ennemis ,ils leurpeuuét bien nuire par poifo. Car n'ofants les aflaillir ouuertemét, ce n'eft merueillc s'ils fonget mille manières pour fe venger & les endommager frauduleufement.Parquoy ne fault eftimer telles gents eftre forciers,mais empoifonneurs : & fi c'eft par poifon, c'eft par la vertu de quelque drogue, & non par fort, comme leur nom l'emporte, car le fort eft deftendu: mais c'eft que les hommes eftants plus conuoiteux des chofes deffendué's,voyants que la loy ne permet les forceleries , penfent que c'effc quelque ,autre chofe,& y adiouftants foy,s'eflayent en chofes impofsibles,& lâfe nouuent fi fort deceuz qu'ils font fouuent tranfportez d'efprit, tellement qu'ils confeflent , & aduoué'nt chofes impofsibles. Les hommes qui ont faulte de fens, & de vertu naturelle,demeurent les vns opiniâtres, & meurent foubftenants vne opinion contraire à celle des autres , comme au contraire il y en à qui fe laiflent perfuader tout ce qu'on veult qu'ils croy ent. Qui fe fera trouué es aflemblees en- tre diuerfes nations de langues diflemblables,& aura entamé quelques propos de forcelerie, en entendra en brief encor plus qu'on n'en fçauroit eferire: Car Ion n'y trouué iamais fin,nomplus qu'en ce qu'on dit des vifions de nui<â,& en l'interprc tation des fonges. Et vn homme croyât beaucoup de telles folies, ne nous femble moins malade , que ceux qui fe les font imaginées vrayes : car la raifon enfeigne^ que touts deux ont faulte de bon fens 4 LVn à l'imagination & apprehenfion blc- cee,de penfer chofes qui ne peuuent eftre en nature,& les reciter pour vrayesd'au tre à faulte de bon iugemét, & l'efprit débile de les croire. C'eft de la que les hom mes fe laiflent Vaincre à leurs pafsios,à l'exemple de deux, qui en mefme endroicl: ont aftedions contraires, l'vne d'amour,l'autre de ialoufie. Mais pour ce que cela ne leur peut toufiours durerais peuuent bien dire lors qu'ils font retournez à eux, qu'ils font guenz de griefue maladicSi anciennement quelqu'vn eftoit tranfpor- te d'efprit , il y eut vn prouerbe qui vint des Grecs aux Latins , par lequel on di- prouefie Jbit luy eftre befoin Nauigarc Anticyra-.Car le bon Hellébore qui purge l'humeur contre l " mélancolie dont eftoyent guenz les fols, aoift en cepais la. Mais maintenant fil$ ' les Françoys dient à tel malade, qu il â affaire d'eftre mené afainét Mathurin. g 74 • LIVRE 1. DE LA NATVRE Il y à certains endroits , efquels Ion moftre encor pour l'heure prefente chofes de plus grande folie , & difficiles à croire, que tout ce qui fut onc recité : mais il n'eft a libre de le déclarer piainement . Toutcsfois Ion monte des paniers plains de plu- «• me,des Jozanges de voirre, des carreaux de fer, des tuilles , des pierres & canlouz, ciers. des faulcilles , des rafoé'rs , du bois , de l'acier, du drap , des crapaux, des pièces de chair, & telles autres barbouillenes,qu'on dit eftre fortié's hors des corps de certai- nes perfonnes malades , & qu'on dit auoir efté guéries , après auoir mis hors l'vne des chofes fufdites , telles fois par l'efpaule, l'autre fois par le bras, par la mamelle, l'autre fois par la bouche . Comment qu'il en foit, il n'y à médecin & philofophe oyant ce qu'ils en dient , qui ne s'en elmeruciîle . Car de cracher de la plume , du voirre,& telles autres chofes, cela pafTe l'entendement des hommes.Sommc que le monde n' à efté fans fubtiles tromperies en quelque manière que ce loit adue- nu,combien que maintenant n'ayons aucuns de telz ouuriers , qu'auons diuerfe- mentnommez hrufyices, Arioli, ùugurcs.Toutcsïois ils'cn trouuepour Ieiour- d'huy plufieurs qui font encor plus fubtils : tels dis-ie que ceux dont quelques au- theurs Latins ont parlé , & qui promettent les royaumes à ceux , defquels ils em- \A\Yimt- pruntent,ou demandent vn eleu . Ce font noz abftra&eurs de la quinte effenee, Jiesfuif- les faifeurs de pierre phiiofophale , qui s'adrefTent communément à ceux qui ont jeun de ar gent en bourfe, & qui croyent ce qu'ils dient: Car fans la credu!ité,& perfuafion / 'Th V 4 ue ^ cs r ' c ^ es ont ^ e te ^ fçauoir, ils ne fe laifferoyent fi finement tromper , fans a- uoir efgard,qu'eux qui n'ont rien , promettent les richeffes aux autres rtoutesfois que s'il y auoit aucune efperance qu'il tuft en leur puifTance de tenir ce qu'ils pro- mettent , ce feroit eux mefmes qui fe deuroyent enrichir les premiers, & puis be- fongner pour les autres.Mais puis que nature nous à donné l'intelligence des ar- refts quelle â prononcé fur fes productions , & la raifon pour quoy elle l' a fait; nous monftrerions grande inconftance de penfer chofes lupernaturélles, la ou il ne les fault aduouër.Car fi c'eft chofe qui fe demonflre à noz fens, ce fera luy fai- re tort de chercher cinq pieds en vn mouton , à qui elle n'en à baillé que quatre. Toutesfois il n'y eut onc. afTemblee d'hommes viuâts d'autre manière que le peu pie commun,fuyuants vne manière fuperftitieufe, ou il n'y ait eu quelque fécret. Et les Druydes n'auoyent-ils pas plufieurs chofes referuees à eux i Et les Veftales ne fçauoy ent-elles pas bien que fans donner nourriture à leur feu qu'il fe fuft ef- tainétfll fault doncq' croire que les Augures & tels autres contemplateurs d'oy- féaux en vie, ou morts, auec telles autres belles s'entr'eftoyent donné le mot du guet , tel pofsible comme en toutes aflemblees de ce temps cy : & qu ils fai- foyent entendre aux ignorants qu'il n'appartenoit à quelcun auoir pumance de . faire bien ou mal par fa priere,s'il n eftoit bon obferuateur de toutes les cé- rémonies appartenantes à tel eftat: & femb le que cela fe faifoit pour le regard de la dignité: Voulants que com me ceux qui ont • occupé le fupernaturel,foyent en plus grande authorité:& eux maintenants leur office, l'eftimoyent de plus grand priui- lege,que de touts les autres qui font en la iunfdi- âiô des homes. Que DES ÔY5EAVX, PAR P. BELON. 75 Que la difle&ion des oyfeaux, & autres animaux à eflé necefiaire à noi "anceftres pour apprendre les fciences,& principes d'icelles : & de la fanté & maladie des oyfeaux. C H A P. XXIII. E N' E S T O I T en efperance de faire médecines âuxoy- feaux,poiflbns,ferpents,moufches,beftes terreftres,& autres a- himaux,que les anciens contemplateurs des chofes naturelles, les ont premièrement anatomifez . Mais ce à efté à fin d auoir meilleure intelligence de leurs actions,fçachants qu'elles ne fe p BU ^ uàJ donnent à cognoiftre finon aux hommes fpeculatifs . Celuy /« qyj e - donequi à eftimé la contemplation des parties intérieures des animaux de nulle aux,& vtilité ànoftre vie,àdemonftré qu'il veulteftre ignorant des plus hautains ouura ges du grand architecte qui les â formez : fr^encor plus quand il enquiert à quoy ™j{" X a °" t0 l'infpe&ion en eftprorîtable.Mais qui mettra fon ineptie en comparaifon à la pru w/ ^ e ^. dence d'vn fourmy,ou fa nonchaillance à l'induitrie & artifice du nid d'vn oyfil- lon,pofsible qu'il en apparoiftra d'autant plus ignorant. Car comme les hommes qui veulent apprendre les feiences ne peuuent rien fçauoir fans la cognoiflanec des premières lettres, tout ainfi tels idiots qui n'ont rien apprins en viuant, & qui n'ont point de fens acquis, ne peuuent dire chofes plus haultaines que celles, que leur naturel leur à apprins. Et par cela ne feauent que c'eft que de feience : toutef- fois veulent qu'on les eftime fçauants fans fe trauailler à apprendre quelque cho- ie . Qtùleur parlerait des lettres a,b,c, & leur demanderait pourquoy les vnes font nommées confonantes,& les autres voyelles,& les autres muettes, c'eft à di- re Confinantes, Vocales ,&Nlut. Quelques oyfeaux ont deux inteftins que les Françpys nomment les Sacs,& en Latin Ca ci,ou Coli : les autres n'en ont qu'vn. Parquoy perfonne ne ïomlrs' trouueeftran g e 4 u ' onlu y ait:e l crit:I ' a natomiedes oyfeaux. Les Faulconniers, fon'gL P our q u °y portent ils de la Myrrhe, de la Mumie, Rhubarbe & autres telles dro- nis dtdn j? ues en leurs bougettes , finon pour medeciner leurs oyfeaux malades? Donc ne gués four fault il pas qu'ils fçachét les difpofitions d'iceux, pour auoir cognoiffance de leurs medeu- maladiesecar puifqu' ils ont toutes leurs pries intérieures bien accôplies pour leurs /eaux' aâlom ' 11 aduiêt S u ' clIes pcuuent eftre mal affe&ees,& engendrer maladie à tout Membres ammal - Les membres ont efté faids pour l'vnité de tout le corps, ayâts efté depu- fontfaiBs tc% P our quelque action . Et comme les Faulconniers font tenus pour mede- four hmi cins des oyfeaux de proye , aufsi les marefehaux font pour les cheuaux : mais c'eft tidu pource qiuls les ont en charge . Il n'eft donc hors de propos , traider ce difeours corps. ] a f ant( i ^ & ma i ac j ie j es yf eaux . n ous trouuons diuers autheurs tant an- ciens que modernes,Grecs & Latins, qui ont eferit remèdes fur les maladies des oyfcaux:mais feulement de ceux dont receuoyent plaifir ou profit.Nous trouuôs que les Romains lors qu'ils eftoient dominateurs fur les nations eftrangeres,fai- foyent grande defpenfe en leurs feftins publics: parquoy chafeun s'eftudioit de faire valoir fa terre, ou d'auoir reuenu des oyfeaux qu'ils nourriffoyent en voliè- res &cages:aux maladies defquels remedioyent félon l'oportunité,carâ ceux qui font en liberté aux champs, nature leur apprent ce que leur fault. De ce temps cy, n auons guère efgard qu'aux maladies des oyfeaux de rapine, Rachats qu'on les a- chete chèrement, & cftants nourris mal à propos, en demeurét fouuent malades: àcefte DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. 77 àcefte occafions'efttrouuéplufieursFaulconniers qui fc font employez, & ont mis liures en lumière , contenâts plufieurs remèdes à propos aufquels renuoyons pour le prefent, ne voulants confumer temps à tranferire ce qu'ils ont eferit . Les oyfeaux oyfeaux peuuent eftre difpofez bien ou mal , maigres ou gras , fi les parties interi- t—** eures font deuëmét ou mal téperees : Car auflî bien leur peuuét aduenir douleurs h /? r comme aux animaux terreftres, & mourir pour eftre trop exténuez, ou auoir trop Zf* grande abondance de graifle, auoir mal à la tefte,endurer le flux de ventre,au co- Maladies traire l'auoir trop eftraint , auoir catarres,le chancre au bec,auoir mal aux yeux,fut d'oyfeaux dite aux ouïes,el tre puants des nannes,auoir l'efquinâtie en la gorge, porter la pé- pie fur la langue,auoir le fiflet empefché, & eftre enrouëz,auoir les poulmons de- fachez , ou trop humedez , &faulte d'haleine, & défaillance de cœur, tomber du hault mal, endurer vomiflements, défaillance d'appétit, ou bien l'auoir trop grand,le foye efchaufte,eftre malades de la laulnifle , auoir la galle, & eftre man- gez des pouls,auoir des verms au ventre , & endurer les trenchees, eftre tormen- tez de la podagre,& auoir les nerfs retirezxomme aufsi telle fois leurs ongles tô- bentparmaIadies,8aneurentpour auoir le bec mal ordonné. Mais nature eftant q bénigne â voulu leur apprendre infinis remèdes pourfe medeciner eux mefmes. f e «S Et qui plus eft,aucuns d'iceux ont efté nos docâeurs à nous enfeigner plufieurs fe- nenteux crets en médecine. Lon tient que fans les Cigognes l'vfage des chyfteres ne nous feroit fréquent. Le Pelican,qui fait fon nid cotre terre,trouuât fes petits bleflez du Serpent,leurtire defonfang pour les guenr. Les Cailles fe purgent de la femence fJZ„" d hellebore,& les Eftourneaux de Cicuë. L'herbe de Chelidoine â pnns fon nom oyfeaux de ce quellrondelle médecine fes petits auec fon iuft, La Cigogne fe médecine cotre leurs auec de l'Origan. Les Ramiers, Corbeaux, Merles, Iays, & Perdns fe purgent de m * lltd ' es - Laurier. Les Turtrelles, les Pigeons, & Cocs fe purgent auec de la Campanette. Les Canes, & Oyës auec de l'herbe d'orualle. Les Grués,& Hérons auec du Ionc paluftre,les Gnues,Merles , Litornes,& Ramiers s'engreflent l'hyuer des femen- cesde Lierre, quiferoitviandemauuaifeàl'homme. Les républiques bien con- ftimees,veuleht que la police ait efgard furies oyfeleurs de leurs cotrees, laquelle Police fur ne iera hors de noftte obferuation, d'eftre eferite auant finir ce premier liurc. C'eft o,fi. queleschets S uiontfoingfurletraficdesoyfeleurs,veulentquecomme ïl nyâ lem - petit eftat &meftier , qui ne foit mis en valeur de maiftrife , aufsi ceux qui fe méf- ient de porter vendre les oyfillons viuants en cage, ayent certain lieu député es vilies,pourfetrouueres 10 urs de fefte,les matins feulement.Les autres qui appor- tent les oyfeaux morts pour manger,ont autre place.Ces oyfeleurs peuuent ven- dre toutes manières d'oyfeaux en toutes faifons,hors mis au prin-temps , lefquels encor qu ils ayent lors congé de vendre les petits,toutesfois il leur eft défendu en ce temps ia,de prendre les peres,fçachants qu'ils font empefehez à couuer & efle- uer leurs petits. Ortout ainfi comme diuerfes efpeees d'oyfeaux font cognuz de ' nous Françoys , aufquels ne fçauons bailler nom ancien , aufiiles anciens en ont nome pluheurs que ne fçauons maintenant remercher entre les noftres.Soit qu'on ait ait plufieurs chofes des oyfeaux que ne voulons aduouër certaines:!! e ft-ce que nevoulospaireroultrefansentoucherquelquemot,àfinderenouuelerlesnomS de piuiieurs que confeflons ignorer. g i" 7§ LIVRE I. DE LA NATVRE De plufieurs oyfeaux incognuz. CHAP. XXIII. Brinthtis. Cmnit- mus. Vitcnades Incendct- ria. Spintur- nix. Cliumct. Subis. Tragoptt- nit. VegdÇm. Stnnes. Cnaph.-t- lus. Ca/pitç (<• ues. Cdtreus. Cela ttuis Jndtctt. Cercio. Dicerus. VlC£US. A I N T ES chofes ont efté eferites de diuers oyfeaux,quinous ont femblé fabuleufes: qui eft caufe que les auons feparees de celles qu'eftimons vrayes: ioindt qu'on en â autresfois cognu aucuns, defquelsn'auons que le feul nom. Encot n'auons peu fçauoir quel oyfeau eft Brintbus. Ariftote au neufiefine Hure de la nature des animaux, à dit, qu'il habite par les montaignes, & forefts, comme la Huppe, ayant la voix harmoniëufe,& qui eft induftrieux en cherchant fa mangéaille . Encor à dit au treziefme chapitre du mcfme liure , que Cinndtnulgus , ou Cinndmus, eft oyfeau d' Arabie, faifantfon nid es arbres moult haults,auec des rameaux de Canelle,fur les brâches déliées: parquoy les habitants le voulants auoir, à caufe de la Canelle qui eft plus fine que l'autre,& n'y pouuâts auenir pour l'exiguïté,& foiblefle des branches,font contraints l'abbatre auec des plombets. Lon dit que les Egyptiens attachent certains oyfeaux nommez Ddcna cfer,aux corônes des plus riches, à fin que par leur chanter & debatre,ils les gardét de dormir lors qu'ils fe mettent à boire.Pline au dixiefme hure de l'hiftoire natu- relle,confefTe ignorer quel oyfeau eft bicendidrid ,ouSpinturnix:8c aufsi Cliuina, autrement nommée CUmdtorid&'Prohibitorid.Ettoutdemcfme de Subis.Trdgo- pdnades(dit il au mefme liure parlant De noms duibus,çffdhulojis)o\x Trdgopdnd^ft. maintenu plus grade qu'vne Aigle, ayant des cornes courbées fur les temples , de couleur de fenayant aufsi tefte de couleur de dacle.Et Vegaf ts (dit il au lieu mef- me)eft oyfeau ayant tefte de cheual.Ouide en met qui ont plumes & pieds d'oy- feau es eaux d'Achelous , ayants face , & voix humaines, qui a efté aufsi attribué aux Sirènes . Ariftote a aufsi eferit Gnaphdlus,comme oyfeau eftranger,de belle cou leur,bien chantant,& ingénieux à viure. Lon fait mention de certains oyfeaux de la grandeur d'vne Oyè',qui viuent es ffles de la mer Cafpie,qui ont les pieds de Grue, le dos moult rouge, le ventre verd, le col blanc entremeflé de taches iaul- nes,long de deux couldees,& le bec noir,ayant la voix comme grenoilles.Clitar- chus â fait mention d'vh oyfeau d'excellente beaulté qu'il nomme Cdtreus, de la grandeur d'vn Paon, ayant les extremitez. des plumes de la couleur d'vn e Efme- raulde.Les Indiens nomment vn oyfeau Ce/<*,qui eft plus grand qu'vne Oftarde, ayant grande bouche & longues iambes . Encor en ont vn autre nommé Cercio, approchant à la graveur d'vn Eftourneau,peincl: de diuerfes couleurs,encor plus babillart que les Papegaulx,& apprend mieux à parler comme les hommes. Mais il porte le feruice de l'homme mal-aifement, parquoy il fe laifle mourir de faim, cX eft difficile à appriuofer: il remue la queue , corne le Cincïus. Les Indiens nom- ment vn oyfeau de couleur rouge Dicerus,Ôc les Grecs Viaeus : lon eferit qu'il e- ftoit de la grandeur d'vne Perdns,farfant fon nid es haults rochers . Si quelcun a- uoit prins de fa fiâte la grofteur d'vn grain de mil , deftrépée en breuage, il mour ra des le foir de mort femblable à vn doux dormir fans fentirmal. Parquoy les Indiens s'eftudient d'en recouurer, fçachants qu'il fait oublier touts les maux.Lon parle de certains oyfeaux qu'on dit auoir efté veuz es côfins de la foreft noire , n5- mee DES OY.SEAVX, PAR P. B E L O N. 79 mcc Ucrcy}iia,âont les plumes luifcnt come feu , Iefquelles combien que la nuict obfcure les eouure,& les ténèbres les eipoifsi'flent,toutesfois elles en reluyfent d'à ^ ~ u?.ntage,dont fouuent les hommes du pais allants denuid, en font efclairez. Quelques autheurs ontraporté, qu'il voloit des oyfeaux d'Ethiopie à Troye au iepulchre de Me par cela qu'on les nômoit Menncnides aues ou M ennonias: Menno- habitants en la région nommée Miriandinea, & eftants de couleur noire, reflem »'W« <«*« bîent à vn oyfeau de rapine,& ne viuants de chair, ont aflez de manger des femé- ces. Les habitants du mont Cdfius, en Seleucie , priants Iuppiter, impetrerent qu'il s ^Uuct- vient certains petits oyfeauxmangcr les Saulterelles qui leurs gaffent les bleds, des mes. mais ils. ne fçauent de quel cofté ils viennent , ne qu'elle part ils retournent . Ari- ilote au tréte-ffoihelme chapitre du neufiefme liure De ndtura s. Phene- ' Et en autre endroit eferit comme fenfuit. Ef Vorphyrioni,tQ'Velccdnti,Q , 'Peleci- driops. no, ey Pbkxidi , & Tetrdci, Pauoni , Elece , & Bdfcœ, er Elafe, ©* Erodio,®- Pelccan- CdtardBa, & Mclancorypbo, & Aegilldto, ç^c. Donc voila laplus part des noms 'pèle c ' d oyfeaux incognus prins de diuers autheurs, relie maintenant fuy uant Plexida noftre entreprinfe , nous prendre à ceux defquels auons meilleure El*/*. cognoiflance: comme on pourra voir par noz. difeours desliuresfuyuants. FIN DV PREMIER LIVRE. LE SECOND LIVRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX VIVANTS DE RAPINE, TANT DE IOVR que de nui&,àuec leurs defcriptions & portraits, retirez du naturel. Par Pierre Belon du Mans. A PARIS; En la grand falle du Palais en la boutique de Gilles GorroZet. 1 S s s* Auec priuilege duRoy. Si AV ROY. Griffos ne sot e l'eftre de nature. IRE, pour faire meilleure distinction de chafcun Oyfeau a part foy en fen prope chapitre, commence rons par les oy féaux de rapine : &• ayants trouué que les Vautours font les plus grands en toute ce- fieeffece , feront defcnts les premiers, confequem- lé ment les bigles, puis les oy féaux de fauconnerie, & autres Viuants de proye ,puis finirons par les oy féaux de nuiél . Nous auons expreffement laifié ^ a parler des Griffons , comme decbofe oyfeufe, & fabuleufe . Car s'il en euft efté quelque cbofè en l'eflre de nature , ileft tout certain qu'Arifcote ne l'eufl làifié en arrière : loinft que tous autres anciens autheurs Grecs , & Latins , confèrent que ce qui en a efré ra- compté , est pure fable. Noflre vulgaire me fine , "voyant quelque peinture lourde- ouuraoe mem ébauchée, l'appelé ouurage Griffonné. Parquoy nous femmes deportez^d'endi Gnffoné. re dauantage. Lonfait monstre d'vn pied d'excef me grandeur en la funtte chapelle de voflre Palais à Paris,qu'on estime de Griffon:toutesfois q'uil femble artificiel,^ ^chlmms non mmre ^ • *-^ u fi l nous femmes voulu taire des Harpyes , Chimères, Pegafi , Cm Mm. qu'on dit Cheuaux œlle^, Cocs-atris, Dragons, Sphinges, & tels autres animaux, Pegafi. qu'on feinct eflre alle^ , d'autant que ne lesaduouons en l'estre de nature, ioint~l Vmons. qu'en auons plus amplement efcrit en no? obferuations des pais effranges. Nous efhe rons ne faillir en ce que monjtrerons des oy je aux de rapine denostrepais, qui ont ob- tenu nom Francoys : ma is e fiant toute la difficulté mife a leur rendre leurs noms an- ciens, \ ferons de no^ coniectures, faifants comme les aueugles, qui s'ejfayent de diui- nerlesnobres & figures à tastons. Etlaou fe trouuerot autres quienpuiffent mieulx prononcer , que nous, nous fuhmettons a changer d'opinion ,lk ou aurons trouué le contraire : car tout ainfi comme il esta prefuppofer qu Ariflote a mieulx cognu les oy féaux de proye des pais de Grèce, aufii peut eitre que nous en auons en no% con- trées , & qu'on nous en apporte des pais ellranges , defquels ne les Latins , ne les Grecs n ont fait aucune mention. Sphinges LE SECOND LIVRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX DE PROYE, tant de iour que de nuicl:,auec leurs portrai&s & figures. Du grand Vautour cendré. CHAPITRE PREMIER. N peut cognoiftre qu'il y â deux eipeces de Veux e~ Vautours moult communs en plufieurs endroits fp'cesie tels que les anciés les nous ont fignifiez.Parquoy fraut0 ' trt <> eftâts affeurez que le Vautour cendré eft le plus grâd oyfeau de rapine,dôt ils ont parlé,au moins qui eft venu ennoftre cognoifTance , cXjuquel Ariftote à fait exprefle mention , l'ayant feparé de l'Aigle,& qu'il eft quafi vne fois &demie plus grand,il nous àfemblé bon le défaire le premier en ceft ordre . Et tout ainfi comme Ariftote en à cognu des cédrez & des bruns,c'eft à dire qui blâ chiflent au regard des autres, il fault que nous les diftinguiôs prefentemét, & def- criuions par le menu.Plufieurs autres oyfeaux de rapine ont telle différence de la femelle à leurs tiercelets,qu'ils femblent quafi eftre d'efpece difterente.Mais ne les Vautours , ne les Aigles n'ont telle diftin&ion : toutesfois que les femelles font plus grandes que les mail es. Les Grecs exprimants vn Vautour dient Gyps, &lcs Latins Vuhur.Lcs paifants de Crete,& les autres qui habitét par les montaignes de diuers pais, & ceux des plaines d'Egypte & Arabie deferte s'eftudient de les pren- dre en diuerfes maniercs.Et après qu'ils les ont prins,ils les efcorchent,à fin de vé- dreles peaux aux pelleticrs,qui les fçauent conroyer , & accouftrer foigneufemét. Ils vendent aufsi la plume des xlles , & de la queue aux artilliers pour empenner leurs flefches. Le Roy Françoys pere nourrifsier des lettres (que Dieu abfolue) auoit vn grand oyfeau de rapine,lequel,à ce qu'on dit, luy fut nommé vn Miliô. Plufieurs nous ont raporté l'auoir veu à Fontainebleau , & ayants ouï les enfei- gnes.penfons que ce fuft vn Vautour. Nous eftimons qu'ils font paffagers en E- gypte,commeles Cigognes.Les autres oyfeaux de rapine font difteréts aux Vau- tours , pource qu'ils ont le deffoubs des slles tout nud fans plumettes , mais les Vautours l'ont couuert de fin duuet. Leur peau eft quafi aufsi efpeffe que celle d'vn cheureau:& mefmement Ion trouuevn en droit audefloubs deleur gorge, de]alargeurd'vnepaulme,oula plume eftrougeaftre, femblableau poil d'vn veau:car telle p'um e n' li point foi tuyaux formez,nô plus que aux deux coftez du h « 8 4 LIVRE II. DELA NATVRE collet,& au deflus du ply des selles: auquel endroit le duuet eft fi blâc, qu'il en eft luifant & délie comme ibye.Les pelletiers fçauent tirer les plus grofles plumes de la peau des Vautours laiflants le duuet,qui eft au deflous, & ainfi la conroyent fai- fants pelices,qui valent grand fomme d'argét. Mais en Frâce s'en feruent le plus à taire pièces pour mettre fur l'eftomach. A peine pourroit Ion croire que les peaux en fuflent fi fortes,qui ne l'auroit veu.Eftants en Egypte , & es plaines de l'Arabie deferte auons obferué , que les Vautours y font fréquents & grands: parquoy eft àpenferquil n'en fault que quelque couple de douzaines pour en fourrer vne robe , toutesfois qu'en France en faifons feulement les parures . Les Vautours ont cela de particulier,que leurs iambes font couuertes de poils,chofe qui n'aduient à aucune efpece des Aigles, & oyfeaux de rapine. Qui fer oit au Caire , & iroit voir les marchandées par les Bafeftans qui font expofees en vente, trouueroit des ve- ftements de fine foye fourrez, de peaux de Vautours, tant des noirs,que des biles. Ceft qyfêm eft nommé Gjps,en Grec, en latin, Vultur, 0» en Franfoys,Vautour. rSy yjymn A'o èifuyl f«v fif^ffly î, maJbufi&Çfi. Arift.lib.8.C3p.j. N cftimons les feigneurs Egyptiens, Arabcs,& Turcs fi peurcarils font plus bra- Ethimolo ues en defpenfe de fins veftements,que noz gentils hommes d'Europe,& prinri- gte du paiement en fourrures. Nous auons approuué telles paroles,efcrites en vn liuret Vautour. anrien,dont l'autheur ne s'eft nommé. Vultur (ditil) à \olatu tardo naminatus put*. turl DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 8$ tur. Mdgnitudiiie quippe corporis précipites volatus non babct . Ariftote au huiâtieftng liure de la nature des animaux , chapitre troifiefme , nome ce Vautour Spodoidefîe- ros, c'eft à dire plus cendre,a la différence des noirs.Les blancs ont le duuet fi blâq qu'on iugeroit eftre la peau de fine fourrure d'hermine ou regnards blancs . Aufsi eft elle plus belle que des noirs. Defcriuâts les Vautours noirs,& les feparants d'a- flec les bîâchallres,ou bruns, dirons premièrement que les vns font aufsi cômuns que les autres,& qu'il s'en fault peu que ne les ayôs trouueZ, de mefme corpuléce^ Qui péferoit qu'il n'y a diftinétion entre eux,que du malle à la femelle, fauldroit: car des noirs,le mafle & femelle font noirs,& font plus grâds: & aufsi que Arifto- te à efté de celle opinion.Et pour ne faire les chofes plus rares,on les voit fouuent es courts des grands feigneurs-.parqiioy nations eu fi grande difficulté à en recou urer les portraicls. Et nous , qui auons aide a tendre au fauuage pour les prendre en diuerfes montaignes,ne nous fera peine de les diftinguer. Donc chafcun pen- fe qu'il nous à efté loifible d'obferuer leurs mceurs,figure,& couleur,& les defcri- re.Voulons encor faire fçauoir , ores que ne les eufsions peu voir au fauuage, que Jes eftrangers, qui apportent vendre diuerfes peaux d'animaux pour fourrures, les nous apportent ennéres,ayants encor leurs pieds, leurs telles, & «lies auec toute la peaudcfquels Ion peut recognoiftre & obferuer les vns des autres, & les diftin- guer d'aucc les peaux des Aigles. Du moyen Vautour brun ou blanchaftre. CHAP. IL À I S A N T S diftin&ion des deux efpeces des Vautours^moS ftrerons que le Vautour brun eft différent au noir,d'autant que Jf*? $ . . eftât quelque peu moindre que l'Aigle,le plumage de fon col, | du dos,le deffous du vétre, & tout le corps font de couleur fau- & en ' ue ou brune. Mais les groffes plumes des dles& de la queue quojn ' font de la mefme couleur du noir . Touts deux ont la queue courte,au regard de la grandeur des a>lles:quin eft de la nature de celle des autres oyfeaux de rapine, mais de celle des Picrverds-.car on la leur trouue toufiours he- riffee par les bouts , qui eft figne qu'ils la frottent cotre les rochers, ou ils font leur demeure & leur nid. Les Vautours bruns-ou blancs font plus rares à voir que les noirs,aufsi ont cela de particulier,que les plumes de deffus la tefte font affez. cour tes,au regard de celles des Aigles: qui a efté caufe que quelques vns les ont trou- uez. chauues,combien qu'ils ne le font pas. Ils ont les iambes courtes, toutes cou-» uertes de plumes iufquesau deffus des doigts : qui eft vne enfeigne entre touts oyfeaux de rapine qui eonuient à eUx feuls , & qu'on rie trouue en nul autre oy- feau ayant l'ongle crochu , hors mis aux oyfeaux de nuicl: . Ce brun à les plumes du col fort eftroiâes & longues ( comme celles qui pendent au col des Cocs, &Eftourneaux) au regard de celles de deffus le dos , des collez, & des coings du ply des ailles , qui font petites , & largettes eh manière d'efcailles : mais cel- les qui font^effous l'eftomach , comme aufsi celles de deffus le dos, & les autres qui couurent la racine de la queue font rouffes,au roux,& au noir,noires:mais en h iii LIVRE II. DELA NATVRE touts deux font larges. Les Vautours pour eftre de corpuléce grofle, lourde, & pe fante,nepeuuent voler de terrê,qu'ils nayent premièrement prins aduantage en courant.ou bien qu'ils fe partent de deflus vne grofle bute.Nous fommes efmer- ueillez d'auoir veu tant de Vautours en troupe par les campagnes es défera entre le Caire & la mer rouge. Mais cela aduient pourceque communément ce che- min la eft fi fréquente des chameaux d'Egypte, dont plufieurs y meurent , qu'on peut dire que c'eft leur vray cemetiere, & les Vautours qui viuent de charongne, y onttoufiours pafture. Les anciens ont eferit que les Vautours font duits à fuy- ure les exercites , c'eft à dire les camps : mais il fault l'entendre du pais de leuant: caronlesvoit rarement par les plaines d'Italie, Almaigne,& France, finon en hyuer,qu'on les voit voler en touts lieux : car ils laiflent les iummitez des haultes montaignes,euitants la grande ftoidure,& paflent oultre la mer es régions chaul- dcs:comme aufsi nous,eftants lors de la famille de M. Guillaume du Prat , Euef- que de Clairmont , en ayons veu l'efté fur le m ont d'or en Auuergne. Encores client que les Vautours preuoyent deux iours auant , ou les camps doyuent arri- uer : mais l'occafion en eft l'eiperance de fe faouler des tripailles , charongnes , & «ct j tvvtw fûvM tS'I «Mffl» ôçj/Sw ymmw Hytu.ià. yà «Ma ntmimu ttëi*i>lyiu-nu vSs-' ktojiKmXçi ^ m ^ Ifâja.ib $ àvjZiKss,^ 'unifiât è «f Sw«,;à stîîSof tm%iue, £ ouÇBftoj.J $ wue/£<,£JÎ^\Hiw.Arift.lib.9.cap.ji. nent, mais fait premièrement expérience de fa pefanteur , & de la l'ayant enleué, p ouf q UO y elle l'emporte. Les anciens autheurs ont raconté encor plufieurs autres chofes de les amies de la nature de l'Aigle, que n'auons voulu mettre à caufe de briefueté, nomplus Bmpe- , que ce que certains fauconniers modernes en ont eferit . Les hiftoriens efcriuants f M ~ des vies de quelques Empereurs dient, qu'ils faifoyét nourrir des Aigles tout ex- „>X^!Î parlement, à fin de les auoir le iour de leurs funérailles, & que les attachants par „i eSi " 9A LIVRE II. DELA NATVRE les pieds à vne corde obliquement tendue, quand le feu eftoit en l'amas du bois, ou Ion brufloit le corps du defunâjors que la corde à quoy eftoit liée l'Aigle/e ftoit bruflee , elle s'en volaft vers le CiebVoulants par ce faire à croire au peuple, que ceftoit lame du trefpaffé que L'aigle emportoit à Iuppiter vers le Ciel . Si les Romains ont fait cas des Aigles,ce à efté pour la finefle des Roys,qui faifoyét en- tédre au peuple qu'ils en auoiét veu vn grâd nobre en troupe, qui luy pretédoyét fignifier quelque bon augure.Mais puis qu'on fçait que les Aigles vôt fèule à feu- le , ou pour le plus à couples fuyants à fe hanter l'vne l'autre , il eft à prefuppofer q Ue onc q homme n'en vit feulement quatre enfemble. Elle fut principale es ar- moiries , banië'res, & monnoyes Romaines,côme il appert par les antiquitez d'i- .' ceux.Celle dont auons premièrement baillé le portrai£t, nommée Chryfitetos, eft quelque peu la plus grande. Mais il y à fi grande affinité entre le noir & le fau ap, armoiries, banieres & mon noyé de ue, que la diftinction gift feulement en la couleur . Saind Hierofme en dit encor Rome, plufieurs chofes,& Plutarque,qu'auons omifes à caufe de brefueté. Du Gerfault. CHAP. VI. Gerfault du nobre des ailles. o Ethimolo gie duGer fouir. D'où font apporte^ en Ffitnce les Gcy - fruits. VIS qu'Ariflote à nombre tant d'cfpeces d'Aigles, nous a- uons facilement penfé que le Gerfault y deuoit eftre coprins, veu que c'eft l'vn des plus glands oyfeaux de proye que noz fauconniers nourriffent . Oreft-ce qu'on ne le peut bonnemét mettre au nombre des oyfeaux de rapine appeliez Accipitres, car il eft de trop grade corpulence.Parquoy fault conclure qu'il eft du nombre des Aigles.Il nous eft aduis que c'eft luy qu'Ariftote au neufiefme liure de la nature des animaux,trente-deuxiefme chapitre,defcriuant les Aigles,â mis au fécond ordre, lequel il nomma Nittophonos , c'eft à dire Anatctria, ou bien Morphna,8c ce a caufe des taches blanches qu'il porte fur fes plumes. Son appella- tion Françoyfe femble auoir efté trouuee d'ailleurs. Car en l'exprimant de diétio Latine Gïrofalus ,ïc conforme à lanoftre Gerfault , quafi comme qui diroiten Françoys Giroufaulcon.Nous eufsions creu que le Gerfault deuft auoir efté plus toft nommé du nom de Vautour Gyps, & d'vn Faulcon Fako , & qu'on euft dit Gyps falots: Car c'eft vne efpece d'oyfeau de rapine de plus grande vigueur après l'Aigle,que nul autre que nous ayons.Et de fait n'eftoit qu'il eft moult bel oyfe- au,& fpecialement quad il à mué,& eft ainfi hardy,nous l'eufsions peu foupçon- ner Gypaetosxâr l'allufion des noms en approche. Mais fçachâts que Gypaetos, eft oyfeau couard,auons reieété telle opinion . Nous en dirons dauantage en parlât delà Boudree . Le Gerfault fe tient droit afsis fur le poing,aufsi eft de longue cor- pulence ayant le bec, les iambes & pieds de couleur bleue, & les griffes moult ouuertes,& longs doigts.il eft vne fois & demie plus grand que leFaulcon,& eft de nature fiere & hardie. Nous trouuons par efent en quelques liures de faucône rie,qu il s eft aufé hazarder cotre vn vray Aigle , & en auoir efté le maiftre . Nous ne le voirriôs point, s'il ne nous eftoit apporté d'eftrâge pais, & dit on qu'il vient delà partie de Rufsie,ou il fait fon aire,& qu'il ne hante point ne Italie,ne France, & qu'il DES OY5EAVX, PAR P. BELON. 5 ç & qu'il eft oyfeau paflager en Almagne,tant en la haulte,que la bafle:ou les habi- tants le prennent à la manière des Faulcons pelerins,&de la le nous apportent en France,autrement nous n'en auriôs aucûs.C'eft vn oyfeau bon à touts vols : car il Naturel ne refufe ïamais nen,& eft plus hardi que nul autre oyfeau de proye.Cefte efpece d " d'Aigle,dit Pline,eft ouuriere de prendre les oyfeaux de riuierexar elle les lafle tât /*" f ° qu a la fin font contraints de fe rendre ,nepouantsplus faire le plongeon :car encorqueles oyfeaux de nuierefoyétduids à fe plonger, fi eft- ce qu'ils fe laflent à la fin , & fe noyent comme les autres animaux. Celle part , ou Pline au troifief- me chapitre, du dixiefme liure dit, Eandem ajuilamm nigerrimam prominentiore cdudd,mtendom eftre attribué âu Vcrcnoptcrus, qui eft moult noire,hors mis la te- lle & le ply de fes xïïes qui font blancs,& la queuè" longue . Et s'il eftoit vray que Morphna fuft noire, pourquoy eft-ce que les Grecs l'auroyent a<'nfi nommée î Morphnos,ouMorphna,& Nîrrophonos, & pUngos i Pl4ncus,PUntW,&\ Cl i iii ns & Aquik barbttttt,en Latin^uelque efpeçe de Vautour. fof,âna\ciSiji;rarfffH.ftrift.lib.8.C2p.3.& Iib.9.Cap.j4. fuumgenm non halent , fed ex diuerfo aquïldrum coitu nafcuntur. Id quidem quod ex Us tidtum eîi,m Opifragis genus habet , è quibus cultures progignuntur minores , & exiis tndvmqm omnino non generdnt.Quiddm ddiiciunt genus dquilœ qudmbdrbatdtn vocant, Thufci vero Ofîifrdgam: tellement qu'il veut entendre que Aquila barbata & OjfJt- fragus eft tout vn . Encor dit en ce mefme chapitre ; Hdliœeti cxpellunt pullos tadio nutriendi, fed eieïïosdb iis cogndtum genus Ofiifrdga; excipiunt ?f educant cum fuis! Et entre I DES OYSEAVX, PAR P. BELON. » 9 Et entre autres paffages, il dit au feptiefme chapitre du trentiefine liure: Vnumefl Ojlifrago mtcfwium mirabilindturaomnia deuorataconfidendi.Ariûote parlant de fOj/s/fr^w^utrente-quatnefi-nechap.du neufiefme liure Dénatura dnimdiiï, a- uoit dit tout cela plus au kmgtfhwjs (dit il) eft quafi aufsi grand côme vne Aigle, maisilnevoitgueresbienleiour,ains volelanuicHla manière des Hibous,& Chcueches:& de fait M à défait auec les oyfeaux no id guident quod ex us natum eft in Ofifragis genus habet . Mais nous qui auons efleué les petits de Hahxetus , ne nous accordons à ce qu'il en dit , comme auons fait voir au chapi- tre du Ualta etus.Dt touts oyfeaux de proye, n'auons cognu aucun,qui euft plu- mes defloubs les felles,aux aiffelles, & aux ïambes que les Vautours, ceftuici,& les Oyfiaux oyfeaux de nuicl:. Monfièur d'Aramont l'apporta à fon retour de Turquie, & "y"' s P !tt l'ayant monftré à plufieurs faucôniers de la court,ne fçeurent onc quel oyfeau ce ftoit,attendu q'uil eft rarement apporté en noz contrées . Il difoit qu'on le print T,2- en Efclauomë fur vne Turtrelle : & toutesfois qu'ayat efté leurré , ne s'eft trouué les. de hardycouragcSes griffes eftoyent.moultouuertes,le beç& doigts îaulnes.lls 1 ùii IOO LIVRE II. DE LA NATVRE penfent qu'il fe repaifle de charongne . Si ceft oyfeau euft veu clair de nui<â,nous l'eufsions peu totalement afleurer ORrfragus-.cax Ofifragus eft oyfeau qui vole la nui& , toutesfois il nous eft difficile l'ayants apriuoifé , pouuoir fi bien obferucr fes mœurs , comme qui les auroit confiderees quand il eft fauuage. Et mefmemét combien que la vraye Aigle Royal cherche fa pafture en l'obfcur,toutesfois eftât domeftique femble ne voir goutte la nui&.Donc ferons contents pour cefte heu opfkgis re d'ouïr nommer ce&O fifragus petit Vautour, pendant que prendrons loifirde fctitVa»' nousefclakciràfçauoir s'il s'en trouue quelque autre que ceftuicy, nous fubmet toi"' tants à châger d'opinion,lâ ou nous en fera monftré vn autre , à qui les enfeignes àcl'Ofifragus puiflent mieux conuenir. Nous en répéterons encor quelque pe- tits mots , en deferiuant NiBicorctx , c'eft à dire Coruus noBurnus , que Gaza inter- prète d' Ariftote à tourné Cicunia. De la Bufe,ou Bufard. CHAP. IX. *v^^f*^£20 A A V O N S deferit cinq efpeces d'Aigles , & diftinguees ra^lll lloll P ar ^ eurs P ro P rcs noms Françpys • Et voulants ores parler des ce d'^i! sSeâf r^ll autres, pofsible qu'on trouucra aufsi eftrangc , fi difons qu Ari- C ' le - '" l^^riftote à mis la Bufe au nombre des Aigles, comme Ion à peu 11^)1 faire de l'Orfraye., dont auons parlé cy deuant . Cefte Bufe eft É^C^Js^^ l'vn des oyfeaux de rapine le plus mal à droit que nul autre que nous cognoiflbns- Ariftote au chapitre des Aigles, au liure de la nature des be- lles l'àefcrite en fon Vercnopîerm , qui eft di&ion Greque fignifiant auoir ta- ches es xllesJEc combien(dit Ariftote) que ceft oyfeau eft de plus grofle corpulen Bufe M- ce q U e les autres efpeces d Aigles,toutesfois il n' a point d'enieigne de la generoti- glcbajk,- té dcs autres:car il eftbaftard, tellement qu'il fe laifle battre au Corbeau, & aplu- dc ' fleurs autres oyfeaux moindres que luy,qui le font fuir: car il eft pefant(dit il)mal à droit /toufiours ayant faim, & criefans ceiTe,&fepaiftdebeftes mortes. Ces paroles fiifoidès d' Ariftote , monftrent qu'il eft tout manifefte que l'oyfeau que les FrançoysnommentvneBufe,eft celuy qu'il entend pour fon Vercrwpterus: Car il adioufte qu'il à les adles courtes , mais que fa queue eft longue . Les Grecs le nommèrent encores d'vn autre nom Oripelargos, ceft à dire Cigogne demon- taigne,& Gypaetos, c'eft à dire Aigle Vautouncar il tiét à moitié de l'vn,& de 1 au- mtutd tre.Ceft oyfeau fait grand dommage fur les Connins des garennes : car il les de- dc U Bu- peuple. Aufsi eft nuifant à touts oyfeaux de riuiere, tellement que s'il y à quelque fe, ou Bu- buttefur vn eftang, il fe tient deflus efpiant fa pafture : comme aufsi fur les hayes / arl le long des villages pour prendre les Poulies, Cocs,& tels oyfeaux domeftiques, non pas en volant, comme font les autres , mais fe départant de quelque haye, fe va icdter deflus . Or pour ne confondre les efpeces , ferons diftinftion entre vne Boudree,&^ne Bufe . Car la Bufe eft d'autre corpulence, & plus grande , îoinct quelaBoudree eft cedree,comme l'Orfraye, mais laBufe eft de la couleur d vne Aigle noire. Nous auons veu vn oyfeau de rapine, qui fut apporté au feu Roy Françoys reftautateur des lettres , à Fontainebleau, qui eftoit de la grandeur d vn Autour DES OYSEAVX, PAR P. BELON. JOI Autour plus hault enïâbé que nul autrer&pource qu'iln'y auoitfaucÔnier qui luv impofaft nom propre , nous la foupconnaimes Vcrcmptcrus, ou Oripelar™ Tou- tesfoispourcequePerowpfew eitnoftreBufe,ouBufard,ileft demeure enuers nous fans aucun nom ancien,ne moderne. Gjpaetos, Pcrcnoptem, oh OnptLrgm en Grec£ufe,on Bafrdcn Trancqys. e &J\ b^r ->« -faetitat+MN, watt, ^,s«l J4 mif t .^ t0 t Sï£ . x i-T*m i, l'ftrniyh nétw- «».wS*pf y> Kj kujuCus *, -m TîSnÔT* f « S w.wh J «« g |Soâ £ jWfr Arift.Iib.p. Cap.j». 3 Du Goiran,ou Boudree. CHAP. X. M L N ' Y * P etit ber g er en I a limagne d'Auuergne qui ne fçà che cognoiftre le Goiran, & le prendre par engins auec des grenoilles, telles fois auec de la gluz, mais le plus fouuét au laf- fet.Puis que chafque oyfeau eft de nature différente l'vn à Tau- N * me L tre,ceftuicy pour oyfeau de grande corpulence qu'il eft,fe tient dM ^*' jquoy fur quelque arbre en efpiantfa pafture,& ainfi volant dm. ' d arbre en arbre , ou de pre en pre, fe repaift devermine.il ne vole pas en l'xr y cô- me font les Milans ,& neftoit cela, il feroit fort femblable à vn Milannoirtant LIVRE II. D E LA N A T V RE en couleur,qu en forme.Cé qui eft caufe que les hommes en prennent beaucoup Gomn ho & fouuent,& principalement en hyuer, eft qu'ils font bons, & tendres à manger: à nm&r. Car ils font fi gras, qu'on ne peult trouuer aucun autre oyfeau qui approche de la graifie d'vn Goiran.Ils le lardent,ou font bouïllir,& n'y trouuent moins a mâger qu'en vne Poulie, & par ainfi font en délices à plufieurs Auuergnats,tant des mo taignes, que de la plaine. On rte tend pas à 1'auan ture pour le prendre , mais feu- lement 'quand on l'a appcrceu voler , ouferepoferen quelque arbre. Il man- ge des Rats, Souris, Grenoilles,Lezars, Efcharbotz , de la Cherree, du Muguetin, Scolopendres , & Chenilles, & quelquefois des Limatz,& Serpéts.Quand il vole en l'ser , on le recognoift incontinent à ce qu'il n' à la queue fourchue , non plus que la Bufe,& qu'il eft de moindre corpulence,au contraire du Milan qui la four phrynolochos Hierax en Grec,Rubetariui siccipitcr en Latin, Goiran,ou Bouirec en Irttncoys. Vefalp- non de la couleur., & mem- bre! du Goiran. chue, & aufsi qu'en volant il bat fouuent des selles comme la Bufe, ce que ne fait le Milan,ne le faux Perdriè'ux.ll eft autrement nommé Boudree. Et pour fçauoir la venté des chofes, & s'en afleurer, il peut beaucoup chaloir de voir par le menu quelles enfeignes Ion trouue en la chofe pour la fignifier.Parquoy qui luy renuer fera les selles,luy trouuera les bouts des cinq premières plumes noires, mais toute larefte eft blanche, hors mis le dehors . Quand il vole en l'ser il apparoift blanc par deflus à caufe de la tache blanche qu'il à en chafque selle: mais eftant perche il apparoift cendré noiraftre.Et les cinq di£tcs premières plumes,ou pennes font tel lement merquees , qu'elles ont vne coche,la ou commence le blanc. Ses plumes de defloubs le ventre feroyent blanches, n'eftoit qu'elles ont vne tache noire qui accom- DES O Y S E A V X, PAR P. BELON. 103 accompagne lecicotparlebout. Ses iambières font noir aftres. Il n'à pas moult grandes griffes , toutesfois il à bons ongles vouliez. Sa queue eft femblable en couleurà celle d 'vn Affdge^qu'interpretons vn Frâcolin:car elle eftainfi merque- tce. Ses iambes font courtes, qui ne font totalement rondes , ayants feulement ta- blettes derrière J^deuant : dont les coftez. font efcaillez, , & qui font de couleur iaulne.Son bec eft court,noir par le bout , & croche: mais l'endroit des narines eft iaulne,& aufsi le bort de fon ouuerture. Ceftuy eft celuy que Ariftote au trente & fixiefme chap. du neufiefme liure de la nature des animaux, â nommé Kubetarius Accipiter. ^Accipitrum gcnus (ditil) &c. Kubetarij qui abundè Viuunt, dtque humiuo- lœ funt, erc. Parquoy nommons le Goiran Accipiter Kubet mus ,que les Grecs ont dit Vhrynolochos Hzcr<îx,pource qu'il mange les petites Grenoilles qui ont nom P/>rjHM.Nous ne l'eufsions pas mis en ceft endroit,n*eufl- efté pour le doute qu'on pourrait faire, à fçauoir fi la Boudree eft vne Bufe. Mais quand ores ainfi ferait, pour Bufe entendons celle efpece d'Aigle qu'on voitparmyles champs,criarde & lourde,telle qu'auons défaite au précèdent chapitre. De Ian le blanc,autrement nommé l'oyfeau fàincl: Martin. GHAP. XI. E S habitants des villages cognoiflent vn oyfeau de proye à leur grand dommage qu'ils nomment Ian le blanc: Car il man ge leur volaille encor plus hardiment quele Milan . Les Grecs lors qu'Ariftote efcriuoit fon hiftoire,le nommoyét Pyvdrgus, quafi comme fi nous difions Queue blanche:car auec ce qu'il a Couleur le corps entre cendré & blanc, & les bouts des adles noires : il â de Un le . tout le deffoubs du ventre, & partie de la queue blanche & fans taches . Tout ce blanCm que pouuor^ déduire de l'appellation antique de ceft oyfeau, eft feulement par foupçpn-.canl n'eft beaucoup défait. Quiconque le regarde voler , aduife en VoUei luy la femblancçd'vn Héron en l'sr:car il bat ainfi des selles, & ne s'efleue pas en le bU»c. amont comme plufieurs autres oyfeaux de proye , mais vole le plus fouuent bas contre terre,& principalement foir & matin.C'eft de la que le voyants reflembler au Héron l'auions aiitresfois foupçpnné Vercnopterus , ou Oripelargus. Toutesfois pourlesmerques qu'auons trouuees en Oripelargus , auons penfé que c'eftoitla Bufe, & ceftuicy Vygargus. Et pource qu'auons dit qu'il vole foir & matin,& qu'il fe trouue difficile en nourriffant fes petits, auons eu occafion d'enquérir à fçauoir fi c'eft yne mefme chofe,Pfc«w(qu'interprctons Ofîfragus)8c Pjgargus-.mais auôs remis a en parler au fuyuant chapitre. Ce Ian le blanc affault les Poulies des vil- Naturel lages,& prend les oyfeaux & Connins : car aufsi eft il hardy.Il fait grande deftru- k Jm l' étion des Perdns,& mange les petits oyfeaux , car il vole à la defrobee le long des bUnc ' hayes, & l'oree des forefts.Somme qu'il n'y à paifant qui ne le cognoifle foubs tel nom qu'auons dit.Nous ne l'eufsions bonnement feeu faire reprefenter eftant def jus fes pieds , on le voirra portrait eftendu, à fin qu'on puifle mieulx faire voir le bout des plumes de fes aelles noires,& la couleur des plumes du dos. Vefcri- ■ption de l'autre cj/eau S. Martin dit Blan- che s Jant par les câpagnes,chaffe aufsi aux Allouëttes : & s'il en aduife aucune, eft cou- ftumier de fe iecter deffus:mais elles ont recours à fe garentir en l'aer,S<; gaigner le deflus. Mais fi le Hobreau s'y trouue, c'eft chofe plaifante à voir : car le Hobreau, c ^ ^ qui eft beaucoup plus agile,n'arrefte guère à. l'auoir deuâcee,& alors elleâ efchap Blanche pé des deux ennemis qui la côbatent:Et fi le Hobreau la prenddors te Ian le blanc queue, & l'entreprét cotre le Hobreau : & combien que le Hobreau foit fans comparaifon ^ H Ho ~ le plus vifte,fi eft-ce que nous fommes trouuez voyants vn tel combat, ou le Ho- brem . breau , après auoir prins l'Allouè'tte,fut acroché du Ian le blâc , & tumbants touts deux à terre furent pnns liez les vns aux autres : qui nous fait dire que leur inimi- tié eft mortelle. Onc ne nous â efté pofsible fçauoir,pourquoy on le nomme l'oy feaufaint Martin. Des oyfeaux de proyè',feruants à la fauconnerie; GH A P. XII h IL ES T manifefte que la fcience de fauconnerie à efté mife en art depuis peu de temps. Les autheurs anciens , admirateurs des chofes haultaines n euflcnt laiffé en arrière fi grande indu- L ftrie du fçauoir de l'home , de leurrer, & apriuoifer les oyfeaux de proyë, qu'ils ne l'euftent efcrit,fi elle euft lors efté en vfage: ? Car c'eft merueille de voir vn oyfeau qui a efté fauuage ia apri- uoifé,fondre du Ciel, & retourner fur le poing de fon maiftre . C'eft vne fcience qui eft maintenant fi fort ennoblie, que les grands feigneursfe la font voulu dé- dier^ referuer pour leur paffetemps, tellement que fi vn gentil homme eft igno ce fin en rant de cefte fcience, la noblefTeFrançpyfe l'enpnfe moins , d'autant qu'elle eft nobl ' c - reduide à ce point,qu'apres les armes,il n'eft rie plus haultain & magnanime,que de la fçauoir,auec la veneriè'.C'eft de la que ceux qui ont efcrit de la fauconnerie defdiants leurs liures aux Princes Françoys n'ont eu rien de plus magnifique,que leur louer les vertus d'vn Prince & homme noble, fçauant en l'exercice de la chaf fe,venerië,& . fauconnerie: voulants mettre le principal des exercices d'vn hom- me noble>& d'vn Prince en cefte fcience.Toutesfois nous ne lifons qu'on ait onc loue les vertus d'aucun Prince ancien de telle manière . Si entreprenons la deferi- ption des oyfeaux de fauconnerië',ne voulons prétendre toucher ce qui eft en la fcience,mais feulemét conférer ceux que trouuons nommez de noms Françoys, & les approprier auec les noms Grecs, & Latins. Touts oyfeaux de rapine ne ier- uent pas a la faucônerië:qui eft caufe que nous ayons feulement feeu ehoifir ceux qu auons trouuez hardis, & de franc courage : car les appropriants pour faire vo- lerions fait que la principale diftindiô euft deux differéces nommées par deux termes communs , dont 1 vn eft nommé^voler pour nuiere : lautre, voler par les Jj*^ champs, qui eft au iugement de tout homme le plus plaifant vol , & qui deleâe %Jj e " le mieux.Pofsible qu'il n'eft homme de quelque baife condition,& de gros efprit fi qui n'admire beaucoup le plaifant vol des Sacres au Milan,& Heron.Nul ne doit penfer qu'il y ait aucune autre nation, qui approshe en rien en ce déduit de fau- connerie^ noftre façon de faire:car les eftrangers n'y veulent faire fi grade defpé- Iz Faucon- nerie fcii ■Mcone- LIVRE II. DELA NATVRE ce . Les Grecs qui pour le iourd'huy viuent au païs de Lcuant , nomment vn fau- connier Hieracaros^uafi comme qui diroit en Latin Accipitrariur.&z. de fait ce que les Latins ont nommé hecipiter pour tout oyfeau de rapine , â efté nommé des Grecs Hic rax.Ht toutesfois n'y a terme,ou nom Françoys, qui le puiffe naïfuemét exprimer : car combien cpHierdx fignifie proprement vn Sacre, les anciens La- tins,& Grecs ont indifféremment fignifié touts oyfeaux de rapine en ces deux di- ctions Accipiter,8c H;errfx:ioincl aufsi que Fa/co eft nom Grec fignifiant la mefme chofe. Ariftote en l'hiftoire des animaux, liure neunefmeJes â défaits en particu- lier^ nommez félon que le vulgaire de fon païs leur auoitimpofé propres ap- pellatiôs.ll eft à prefuppofer , que côme les Françoys donnent nom en leur vul- gaire aux chofes qui leur font communes, aufsi Annote, qui eft le premier qui les à defcrits,feift le femblable. Toutesfois il femble qu'il ait aufsi parlé en particulier Zib io na ^ e Hifttïx,quafi comme s'il l'auoit feparé d'auec les autres efpeces , defquelles il tur.hflo. en à mis dix différences en ce terme gênerai. Et Pline, qui a traduit ce qu' Ariftote cap. 8. en à eferit , en adioufte fix dauantage : mais il ne les îpecifie touts. Toutesfois ne PortraiSi d'y» fauconnier qui leurre ~\/n oyfeau de prqye. l'vn ne l'autre n'ont laifle enfeignesfuffifantes pour nous faire fçauoir defquels ilz veullent parler. Parquoy eft bien difficile de les approprier aux noms , qu'ils ont obtenu! de noftre Françoys, fors que par foupçon nous les pouuôs deuiner. •' ; d'oyfe ^ r ^ ote au neufiefme liure de la nature des animaux, chapitre xxxvi. les a mis en „ de i' or dre qui fenfuit . Le premier & principal en cefte efpece eft Buteo , auttement proye,felo nommcT riorchis, pource(ditil)quilàtrois tefticules:Nouseftimonsquec'eftle Copimon Sacre. Lefecôd d'après eftnommé Ae/c(/o,que péfons eftre le Lanier : Le troifief- d *4riflo- me,Circus,çpe péfons eftre le Faw-pcrdrieux: Le quatriefme,Src // vns Faucons de leur- aux <^ e re,ils mettent le Faucon gentil au premier lieu, & confequemment le Faucon pe- ^^j* lenn, le Faucon de Tartarië , le Faucon de Barbarie , le Faucon Gerfault, le Fau- ux . ' E con Sacre Je Faucon Laniër , le Faucon Tunicien ,ou Punicien. Mais voulants uùn^ic les défaire par ordre,& cherchâts ofter la<:ôfufion,fçachants que nous auons huit cipiter. principales efpecesd'oyfeaux de proyë aflez cogneuës d'vn chafcun , & familiai- £»F«»~ res en France,dirons qu'il y en à quatre qui volent de poing,& prénent de rédon, C0Js ^ au ' qui fontrAutour,rEfperuier,le Gerfault,& l'Emerillon : & quatre qui volent H ùitefpe hault,qui font le Faucon,le Laniër,le Sacre , & le Hobreau . Quant aux Aigles & c „ d'qy/e Vautours,qui aufsi font oyfeaux de proyë,nous les auons des-iafpecifiez, ailleurs, aux de Les oyfeaux de nui& feront deduiâs par cy après . Grande partië des oyfeaux de F®" co ~ rapine,excepté les Vautours, & aufsi le Coqu , ont communément les plumes de j*^"* la queuë & des ailles beaucoup madrées . Touts ont l'ongle & le bec crochu , & font prefque femblables les vns autres:car ils femblent n'eltre differéts qu'en grâ- deur : veu mefmement que leur couleur fe change diuerfemcnt félon leur mue, qui fait qu'ils en font appeliez Hagars , 'ou fors, tout ainfi qu'on fait des Harans enfumez furnommèz Sorets . Il y à grande partië des oyfeaux de proyë qui font pavTagers,que nous ne fçauons bonnement dont ils viennent , ne ou ils s'enrc- uontanais d'autant que les eftrangers fçauent y auoir profit , font diligence de les prendre & les nous apporter , qui eft caufe de les nous faire cognoiftre : car fans cela nous n'en pourrions auoir aucune efpeceeftrangere. Et pource qu'on les prent le plus fouuent auec de la gluz,qui eft caufe de leur froifler les pennes à qui ne la fcet ofter,nous en auons voulu dire la manière . Il fault auoir du fablon me- Manière nu & fec,& cendre nette méfiez enfemble: & de ceîafaulpouldrer le lieu, & plu- denettoy- mes engluées, & ] e laiffer ainfi vnenuiâ. Le lendemain ayant batu des moyëux «"'«/'/«- d'ceufsjf auldra oindre le lieu englué auec vne penne,& le laifler deux iours: de re ™ s 'j"f * , chef prendre du gras de lard , & beurre fraix fondus enfemble , & oindre les pla- ç eMX de c£sengluees,& les laifler ainfi vne nuid. Le lendemain ayât fait tiédir de l'eau, pnje. fault lauer l'oyfeau,puis lefluyer aueclinge net,& defleicher l'oyfeau . Les oyfe- aux de fauconnerie ions cômunemét prins niaiz, brâchers,ou fors. On ne les doit ofter du nid qu'ils ne foyent forts , & fe fâchent tenir fur leurs pieds, puis les tenir fur vn bloc ou perche, pourmieulx démener leur pennage fans le gratter enter- re.Il fault lespaiftrede chair viue le plus fouuent qu'on pourra -.car elle leur fera lz ii ig8 LIVRE II. DELA NATVRE bon pénage.Si on les préd trop petits,& qu'on les garde en lieu froid, ils en pour- ront gaigner mal aux reins,en forte qu'ils ne fe pourront foubftenir: Ceux qu'on figfft» prendfors eft quand ils ont mué.Le paft & chair bonne oultre l'ordinaire des oy- bomes o ^ C f auconnerie & ^ CUT donner des cuiffes, ou du col de Poulies. Les chairs mZLifa fr° ic ^ es ^ eurs *° nt m auuaifes . Les chairs de bceuf, de porc , & autres leurs font de «uxwfe- forte digeftion, mais particulièrement celle de belles denuicl: les pourroyent aux de faire mourrir,fans qu'on fe apperceuft de la caufe. La chair de Poulie eftant doul- froye. ce & dele&able,trouble le ventre de l'oyfeau s'il la mangée froide. Parquoy l'oy- feau affriandé de telle chair pourrait laifler fa ptoye en volant , & fe ruer fur les Poulies s'il en voyoit aucunes. A tel inconuenié'nt fault paiftre l'oyfeau de petits Pigeons ou petites Irondelles.Chair de Pie,& vieils Colombs eft amere & mau- uaife aux oyfeaux.La chair de Vache leur eft mauuaife pour eftre laxatiue,qui ad- ulent par fa pefanteur,qui leur caufe indigeftion.Et s'il eft necefsité de paiftre l'oy feau dcgrofle chair par faulte de meilleure , foit tremperee & lauee en eau tiède: fi c'eft en hyuer,il la fauldra efpraindre : en efté il ne la fault lauer qu'en de l'eau froide. Il fault entretenir l'oyfeau de quelque bon paft vif & chauld,autrement on le pourrait mettre trop au bas. La chair qu'on doit dôncr aux oyfeaux,foit fans grcfle,nerfs,ne veines: & ne les fault laifler manger leur faoul tout à la fois, mais par pofes , en les laiflant repofer en .mengeant , & par fois leur muffer la chair deuant qu'ils foyent faouls , puis la leur rendre : mais qu'ils ne voy ent la chair de peur de les faire debatre . Aufsi eft bon leur faire plumer petits oifeaux comme ils f aifoyent au bois.La chair de Pourceau donnée chauldcmét auec vn peu de poul- dre d'aloè's fait emutir l'oyfeau : mais il fault obferuer , après qu'il aura efté purge qu'on le mette en lieu chauld,& le tenant fur le poing le paiftre de quelque oyle- au en vie:car alors il a les entrailles deftrempees . la auons maintesfois dit que les oyfeaux peuuent faire des œufs fans la compagnie du mafle: Tout ainfi les femel lés des oyfeaux de rapine en engendrent fouuent en leurs ventres, tant en la mue comme ailleurs ,& alors elles en deuiennent malades îufques à eftre en péril de signes de mourir. Les fauconniers nous ont laifle par efcrit à quels fignes on le cognoiftra. maladie ^\ Qn j e f onc i ement j eur cn fl e & d eLUent roux> L nar illes aufsi , & les veux. esoyjeaux s™ ' J de proye. Du Sacre,& fon Sacret. C H A P. X 1 1 1 1. OVTainfi comme Ariftote au neufiefme hure de la nature saae prin W!5w ^ cs ammaux > cna pi tre tréte-fixiefme a confirmé But eo principal apal en- WÈlm entrc 1" oyfeaux de rapine , aufsi noz fauconniers tiennent le Tu'dT WÊB ISP s acre principal entre tels oyfeaux de proyë.Parquoy nous à co- pmye * (Êm5 i^lE; uenu cntrer en diuerfes opiniôs pour trouuer fon nom ancien, )wM%2J&jj^ ioinâ: que le nom de Sacre en Françoys confermoit beaucoup noftre première opinion,fçachants que Hierax en Grec,eft à dire vn Sacre en Frâ- çoys.Or fur ce point Ion demanderait, pourquoy les Françoys l'ont ils nômé vn Sacre,finon entât qu'ils ont emprunté fon appellation des GrecsïT.putefois ayâts trouuc DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 10 trouué en Ariftote que Buteo mené guene aux Greflets & Serpents : & aufsi que Pline au dixiefme Hure derhiftoire.naturelle,chapitre quarentehuittiefine, dirait que Buteo eftoit en délices aux habitants des îfles Baléares: & voyants que noftre Sacre ne tient rien de cela,eftions entrez en foupçon de prédre'le Goiran ou Bon- dree pour Buteo, quafi comme fi la Bondree auoit affinité de nom , & nature auec Buteo . Parquoy voyants que ce n'eft inconuenient qu'il puifle eft re ennemy des Greflets , & Serpents , & les habitants de Mdiorica , & M inoriça , le peuuent bien manger,auons refolu de le maintenir pour Buteo. Ariftote le nomme aufsi Trior- chis iecjuel il interprete,pource qu'il à trois tefticules . Accipitrum genus primum (dit il) wibûfque valentifîimum Triorcbis a numéro teîlium nuncupdtus-.Buteone hune appel Ut Komani-Miluo aquipctrdtur magnitudine,f tmpérque cernitur. Cefte dernière claufe pourrait eftre alléguée contre noftre opinion,car il nous eft paflager:mais noftre exeufe feroit,qu' Ariftote pouuoit bien âivc,fempèrque cernitur, l'ayant entendu de fonpaïs. Le Sacre eft de plus laid pennage que nul des oyfeaux de fauconnerie; car il eft de la couleur comme entre roux & enfumé', femblable à vn Milan. Il eft court empiè'tté, ayât les jambes & les doigts bleux,reflemblât en ce cjuelque cho- Triorchis & Hypotriorchh en Grec, Buteo ey Subuteo en Latin, Sacre & S acre t en Franco? s. '» Ji vplyjgt ♦fi»»/ /dp ij Sftii •nxlftiof fa-nSAu $ iuriti. ïj} o • /Wjjjf ii f»)*3fr tm 'iKiîvof. Arift.lib.8.cap.3.&lib.p. Cap.i. — ■? lè au Laniër.ll feroit quafi pareil au Faucon en grandeur, n'eftoit qu'il eft compaC- ^ g - - fé plus rond. Il eft oyfeau de moult hardy courage , comparé en force au Faucon Pelerin-.aufsi eft oyfeau de paflage,& eft rare de trouuer homme qui fe puifle van dj & fort ter d'auoir oncq' veu l'endroit ou il fait fes petits. Il y à quelques fauconniers, qui font d'opinion qu'il; vient de Tartarië , & Rufsie, & de deuers la mer maieur , & que faifant fon chemin pour aller viure certaine partie de l'an vers la partie du midy,eft prins au paflage par les fauconniers,qui les aguettét en diuerfes ifles de la lz iii IIO LIVRE II. DELA NATVRE mer Egee,Rhodes, Carpento, Cypre, Candie , Naxie. Et combien qu'on face de haultsvoîz. auecle Sacre pour le Milan ,toutesfois on Ic-peut aufsi drefler pour le gibbier , & pour la campagne à prendre Oyè's fauuages, Qftardes, Oliues, Fai- fants,Perdris, Lieurès, & à toute autre manière de gibbier . Encores refte à parler de fon Tiercelet, que nous nommons vn Sacret. Doc tout ainfi comme Ion peut auoir opinion que le Sacre eftoit anciennement nommé Triorcbis , aufsi pourrait on penfer que le Sacret eft celuy qu'Ariftote à nommé Hypotrior chu, lequel Pline tourne en Latin Subute o:parquoy le Sacre, & fon Sacret feront nommez, l'vn B«- sactet eft teo,l'a.utxeSubuteo . Le Sacret eft le mafle,& le Sacre fa femelle: entre lefquels il U mafle, n > ^ autre différence f inon fa grand au petit: car comme auons dit,nous vovôs Sacre U \ r r 1 i n r 1 i ~ ' femelle . en P lulieurs oyieaux de rapine que les mafles iont plus petits que les femelles.Ari ftote â ainfi nommé beaucoup d'oyfeaux de rapine , comme en difant de Aquila, il dit, Subaqmla.Les autres Grecs ont aufsi prins la fignification de Hj^tout au co traire.Car ou Hypo fignifie en ceft endroit moindre, ils l'ont mis ailleurs pour ex- primer grand, comme en Hypomaratrum, Hypofelinon : mais es couleurs compo- fees Hypo a autre fignification, corne en difant Subrubrum, SubnigrHm-.ou. es vents comme quand ils nommentSubfolanum. Du Sacre Egyptien. CHAP. XV. Afrique abodante en Vau- tours,& autres oy- feaux de froye. Sacre E- jryptie ny feau fordi de. "Forme du Sacre E- pftien. ORS que arriuafines en Egypte,prinfmes noftre chemin par deflus le Nil pour arriuer au Caire , ayants les campagnes fteri- les d'vn cofte,& les fertiles d'Egypte de l'autre. Encor eftions à plus de fix lieues du Caire,quand commençafmes à voir les Py ramides: c'eftoit de ce coflé la que nous apperceulmes les oyfe- aux dont parlerons maintenant . Celle parue qui eft inûdee du Nil nous apparoiflbit blanche, tant eftoit tapiflee de Cigognes, Onocrotales,ou Pelicans,Cygnes & tels autres oyfeaux de nuiere,de couleur bjanchexar elle ef- toit en plus bas endroit. Mais la ou le Nil ne dône, & principalement vers la par- tie d'Afrique , qui eft en lieu beaucoup plus hault , & qui n'eft que fablon , il n'y croift beaucoup de chofes , auquel nous voyons de moult grandes trouppesde Vautours en compagnie, & d'autres oyfeaux, qui pour lors nous eftoyent inco- gneus:mais les voyants fi frequents,& fe repaiftre de mefme viande que les Vau- tours , ayants aufsi toutes les merques & la couleur d'vn oy feau de rapine,il nous tumba en opinion que c eftoit le Sacre Egyptien,duquel Hérodote à fait mérion: mais au demourant il eft oyfeau fordide & non gentil , fe feant toufiours à terre. Parquoy de prime face le penfions eftre Vautour Egyptien : toutesfois tantoft a- pres,pource que voulûmes chercher l'authorité de quelques anciens auant que nous en refouldre,trouuafmes qu'Hérodote en auoit parlé . Et à fin de le déclarer mieulx, auant qu'en faire autre refolution,dirôs premièrement de quelle forme il eft. C eft que quiconque faindra voir vn oyfeau ayant la corpulence d'vn Milan, le bec entre le Corbeau & l'oyfeau de proyé',&^crochu par le fin bout,& les iam- bes ; &pieds,& le marcher comme d'vn Corbeau, aura laperfpeâiue de l'oyfeau dont DES OYSEAVX, PAR P. BELON. m pont eft cy faide mention.Il eft fréquent en Egypte : mais rare ailleurs. Car mef- memét Ion n'en voit que bien peu en Syriè'.Vray eft qu'en auons aufsi veu iufqu ss en Caramaniè, qui toutefois nous fembla choie rare:defquels en auôs obferué de diuerfes couleurs. Laurét Valle traduifant Hérodote l' à nomméen Latin Accipi- ter Aegyptius ,du Grec Hierax d'Hérodote: car au douziefme liure en Euterpe dit, que quiconques tuoit Ibis, & le Sacre Egyptien,encores qu'il ne le penfaft faire,la L °> **■ loypar necefsité lecondamnoitàmourir. Et pour entendre la raifon.faultfça- «S^" Hieux enGtec, ^iccipiter^lepptim en Latin, Sacre d'Egypte en Francojs. con tre ceux qui thoyet Cl bis, eu le Sacre i & la rai~ /on de U uoir qu il mage les Serpets d'Egypte.Parquoy quand ils en trouuoycnt vn mort; comme aufsi vn \bis,ùs auoy ent foing de le mettre en fepulture,& le confire,touç ainfi côme ils faifoyent plufieurs autres beftes qu'ils auoyent en reueréce, & prin çipalement celles qui eftoyent dédiées à quelque Dieu. Si aucun en veultfçauoir lamaniere, Me ce qu'en auons efcnt en vn ture intitulé Deferuato funere ,ouDe medicato cadaucrc. h iiii 112 LIVRE II. DE LA NATVRE Ziutout oyfetm moufche- De l'Autour, & de fon Tiercelet. CHAP. XVI. 'AFFINITE de cefte didion Autour,nous auoitquel- quesfois fait penfer qu'il fuft du genre des Vautours : mais pré- tendons monftrer qu'il en eft autremét , ains qu'il eft du nom- bre de ceux qu'on nomme en Latin Accipitres . Et meimement ce que nous difons Autours, & les Italiens A fîmes, Ce refent de ladidionGreque anciéne Aflerias. Et Ariftote le voyant grâd oyfeau moulcheté d'eftoilles, comme l'Aigle Royal, lefurnommant comme les paifants de Grece(quinommoyent l'Aigle Royal Aetos Afterias,pouz fignifierfes madrures dorées ) & colloquant entre les oyfeaux de proye, au trente-troifiefme ^ifietias Hterax en Grec,*rfccipiterftellaris en LedeF*l ait entédu nommer hccipiter Vdwnbarius. Et de fait les oyfeleurs n'ont meilleur co ' moy en pour prendre les Faucons,que auec des ramiers.Et maintenant que parle- rons de ce Faucon en particulier^ fin de n'eftre trouuez en larrecin,côfefTons que quelques paffages des liures de fauconnerie nous ont feruy,en y adiouftant ou di minuât ce qui à femble à propos pour ladefcnption des oyfeaux de faucônerië. Et d'autant que la fauconnerie eft defdiee pour leplaifir des grands feigneurs , & principalement de noftre Franchies eftrangers eftants aduertis de leur profit , fi- chants que en apportant tels oyfeaux d'eftrange pais , font affeurez de recouurir argent content de leur payement,toutes nations s'eftudient de les prendre en di- uerfes manières . C'eft de la que nous en auons ia recouuert diuerfes fortes , dont pofsible Ariftote n à fait aucune mention.Et pofsible ce qui â engardé que les La tins ne les ont touts exprimez en leurs langues,eft qu'ils n'ont point eu l'vfage de Dén- ies aduïre au leurre.Et par confequent n'eftoyent point maniez des hommes de a,mde ville. Nous les diftinguons maintenant en muez debois,enfors,enniardz,ou Fauc ™ s ; niedz,en grands,moyens,& petits:mais telles différences ne font ayfees à defcri- Uuc " 5r " re en-particulier:carils font de diuerfes tailles,&^ont diuerfes pennes,felon diuers 727™ pais,aufsi font de diuers pris,felon diuerfes louanges de bonté.Les Faucons fauua chSpeflm ges, qu'on à cognu hanter es lieux marefeageux, & fepaiftre d'oyfeaux de riuie- Faacons re,font furnômez Riuiereux.Les autres qui fe nournffent de Merle3,Eftourncaux "M"™ dc Corneilles,Mauuis,font nommez Champeftres. Ilyenàaulsiqu'onnÔmeFau- r £Z»s cons appnns de repaire . Encores en y â d'autres , qui font appeliez paffants. Les fa jf A . ants. *f LIVRE H. DE LA NATVRE Tiuams autres font nomez eftrâgers,pourcé qu'ils viennent de loingtains païs:& par ainfi ejlrn'crs. f ont auttemcnt n 5 m eZ Faucons pèlerins. Il y en à qu'on apporte de Cypre,qu'on cognoift à ce qu'ils font de petite corpuléce,ayants leurs plumes rouffes , qui font plus hardis que les autres. Lon penfe que ceux de Sardaigne font moult fembla- bles aux Cypriens,& que tels Faucons font fort bons Gruyers , & Heronniers,& d^Fau" a ^^ ent narcur nét les Cignes.L'ele&ion des Faucons eft de choifir les moyés qui cms ' ne font ne des grands, ne des petits , comme font ceux qu'on nomme Pèlerins, qui ont efté prins fur la falaife de la mer,qui n'ont gueres feiourné au païs pour fe signes'.de nourrir,& qui n'ont entendu finon à venir. Tel Faucon Pèlerin qui a. greffes ef- bon Fau- paulesdongues adles,gifants au bout de la queue, & que celles de la queue mon- ftrent greffes plumes bien moulues , & la queue moult longue, & qui fe termine en filant , comme celle d'vn Efperuier,& que les pênes foyent bien rondes,& que le bout de la queue ne foit blanc de plain pouffe,ayant les nerfs bien vermeils ^fe- ra loué entre touts autres. Aufsi doit auoir les pieds de la couleur de ceux d'vn Bu- tord,& bien fendus,& verds,les ongles noirs bien pointus & tréchants,& ne doit eftre ne trop hault afsis , ne trop bas , & que la couleur des pieds, & chiere du bec foit toute vne. Aufsi doit auoir le bec broïsie,& gro{fet,grandes narines & ouuer- tes,& doit auoir les fourcils vn peu haults & gr os,les yeux grands & cappesj&^a tefte vn peuvoultiffee,& rôdette par le deffusJEt quand il eft feur,qu'il face vn peu de barbette deffus le bec auec fa plume. Aufsi doit auoir le col long,& haulte poi- &rine,& vn peu rondette fur les efpaulles à l'affembler du col,& fe doit feoir lar- ge fur le poing,peu reuers, mordant, & familleux.Ses plumes blâches & colorées de vermeil,& les nouées greffes & bien vermeilles.Les fourcils,& les ioué's blan- chesjcolorees de plumes vermeilles,la tefte grize,le dos de bize couleur comme celuy d'vne Oyé',les plumes larges & rondes:& fur tout ne doit point eftre grâd, mais fe doit entrefuïr de plumes,de pied,& de bec,& doit aufsi auoir l'ouure gran de,& dedens l'ouure ne doit point auoir vn bout de l'efcofraye. Les Faucons fe perchent en diuerfes manieres,dont y en à qui tiennent leurs perches longuemét & n'ont gueres accouftumé de les prédre dedens la foreft , mais au riuage du bois deffus les branches de's haults arbres de foufteaux,ou chefnes en l'endroit ou il y à meilleur abry,& ou il ne véte point,ou bien fe affeoy ent fur les guignons des ro- T>u Tau- ches es haultes falaifes.Entre les Faucons celuy qu'on nomme Gentil, les faucon- con Geril. niers le louent pour eftre bon Heronnier,& à toutes manières d'oyfeaux de riuic re tant deffus que deffous, comme à Rouppeaux , qui reffemblent à vn Héron , à vn Efplugebant,aux Poches,& aux Garfotes. Si ce Gétil eft prins niaiz, on le peut mettre à la Grue : car s'il n'y eftoit fait de niaiz , il n'en feroit fi hardy : pource que n'ayant iamais rien cognu , le laiffant premièrement fur la Grue, il en fera trouué Vu Tau- pi us vaillant. Le pèlerin eft naturellement vaillant, hardy, & de bon affaire, & *™ e e ~ moult courtois à fon maiftre. On le préd en la faifon d' Autône: car lors il paffe de pais en autre. On le leurre pour la Grue,pour l'oyfeau de Paradis , qui eft plus pe- tit que la Grue, pour les Rouppeaux, pour les Poches,Garfotes,Oftardes,Oliues, Faifans, Pcrdris,Oyé'sfauuages,& toute autre manière de gibbier. Geft oyfeau TaacS e ft de fa propre nature franc à tout faire. Le Faucon de Tartane eft aufsi nom- deTam- m £ j e Barbariexar on les prend lors qu'ils paffent de Tartarie pour aller en Barba Tarie ^ r * e ' ^ e ^ P a ^" a § er comme le Pelerin,& eft quelque peu de plus grande corpulen- ce,roux DES OYSEAVX, PAR P. BELOR ii7 ce,roux defïus les £elles,& moult bien empietté de logs doigts.Quelques Vns ont opinion que tels Faucons font efpece de Pèlerins, & ou il y à peu de différence. Quoy qu'il en foit c'eft vn oyfeau bien volant, & qui aflault hardiment toutes manières d'oyfeaux de riuiere. Aufsile peut on mettre à voler touts ceux que nous auons nommez du Pèlerin. De touts deux peut on voler pour tout le mois de May,&^de Iuinxar ils font tardifs à leur muer: mais quand ils ont commencé à defpouiller leurs plumes,ils n'arreftent gueres à élire muez . Les nobles qui ha- bitent es Mes de Cypre,Rhodes,& Candie vfent defdits Faucôs,Tartares,ou Bar- PhaJJbphonosHierax en Grec, T aie o Palumbarius uicàfiier en Lutin ,FuHcon en Trancoys. (ûyshvs mtÀi cft«f-!pj ? tOT^iou.Arift.lib.8. cap.j.& Iib.p.cap.jtr. bares,plus volontiers que de ceux qui fe trouuent niaiz en leur pais. Encor y a vri d« /mcS Faucon qu'ils nomment Tunicien, qu'on pourroit aufsi bien nommer Punicien: Tuwae, car ce que nouslifons de la guerre Punique contre les Carthaginois,eftoit cotre eu Pur "~ les habitans,ou eft maintenant fituee Tunis.Ce Faucon Tunicien eft moult grâd, c,en ' approchant de la nature du Laniër, aufsi eft de tel pennage, & de tels pieds, mais "8 LIVRE II. DELA NATVRE eft plus petit,& de plus long vol,mieuIx croifé,& â groffè tefte & ronde.il eft ap- pelle Tunicien , pource qu'on l'apporte du pais de Barbarie , ou il fait fon aire ne plus ne moins que le Lanié'r en Frâce. Aufsi eft apporté par ceux de Tunis,qui eft la maiftrefle vil le deBarbaric.il eft bon pour riuiere& bien montant fur selle, & âtffsi pour les champs à la manière du Laniër , mais il eft rarement apporté de par Tiercelet dfeça. Tiercelet eft prononcé,fuy uant l'ethimologie d'vn tiers, & pofsible que le d'ynnen. Jf lercelet à g^g ne ceft e appellation Françoyfe de fa pctiteffe , & que les Latins ' l'ont nommé Pomilio.Cecy à eftédes-ia dit cydeuât, en alléguant vn partage de Pline drfant au fécond chapitre, du douziefme liure de l'hiftoire naturelle:N^«e ey Cbamœplatanivocantur coaclœ breuitatis , quoniam arborum etiam abattus inueni- mus.Uoc quoqueet go in génère Yomilicnum infœlicitas di&aerit .Et au quatriefrne chapitre, de l'vnziefme hme:?omiUonum (dit \\)genus in omnibus animalibus efl, at- que etiam inter volucres. Ceftc fentence eft conforme à ce qu'Ariftotc en à efcn't en la fin du dernier chapitre, du fécond liure de la génération des animaux:ou il dit: Vygmœorum etiam,idcfl nanorum pomilionu^gufillorugeneratio fimilis eft : nam eoru quoque membra magnitudines VLtiantur in vtero , ©• fmt veluti aporcella, çfginni. Toutefois pource que la matière des Tiercelets eft autre , vouldrions plus toft pé fer qu'ils les ont entéduz fous la fignification de Uypo prepofition, qui fignifie en Vittcrf» Latin M ' & en Fran Çoys delfous : comme auons fait voir plus à plain en deferi- «pptlk- uant Ie Sacret:parquoy nous à femblé que c'eft erreur d'eferire Tercelet.Les Tier- tiom de celets des autres oyfeaux de rapine font autremét nômeZ: car celuy de l'Efperuier Tiercelet, eftnômé Mouchet,celuy du Laniè"r,Laneret,duSacre,Sacret.Toutslefquelsfault Tiercelet entcnclre eftre * es mafles • Le Tiercelet de Faucon eft de moindre corfage que le Mereku Faucon > & % & fi femblable,qu'il ne diffère qu'en grâdeur,ayant les plumes be- hment en aucoup madrées, duquel la tefte eft fort noire : aufsi â il les yeux noirs, & eft cédré grandeur parle dos,& deflus la queué',qui toutesfois eftmadree,côme aufsi fondes plumes m FaucS. des asiles , defquelles le bout eft noir. Il y en â fix entières, qui luy fortent dehors, ■Défait- comme au Faucon : car la feptiefme, qui eft la dernicre,eft petite,& fe cache def- tion du fous les autres. Il eft oyfeau de leurre, comme aufsi eft le Faucon,& nô de poin°. Tiercelet. Ses iambes & pieds fontiaulnes,& à communément la poiârinepalle. Ilporfe deux taches bien noires fur les plumes es coftez des yeux. Du Hobreau. CHAP. XIX. Hobreau, & Efme 'À p^^;^S E T O V T S oyfeaux de fauconnerie, Ion n'en cognoift au nll ° n Pe ~ î W^ÊÊk \ CUn dc moindre cor P uIen ce que le Hobreau , après l'Efmeril- auxdT \ Mf IIP) I !on,Le Hobrcau eft o yfeau de leurre,& non de poing:aufsi eft paye! ) /flfïS/ h 11 du nombre de ceLIX 4 ui volent hault , comme le Faucon , le | ^PâS^A La nier,& le Sacre.Quand auons voulu défaire vnHobrcau,le H obre- > — -^glS voyant conféré à vn Sacre,n'auons trouué moult grande diffe h- rence,iinô en la grandeur.Cela nous fait penfer que quelques vns qui ont ditque EL le ,H° oreaureffe mWoit mftement à vn Faucon, euffent peu dire à vn Sacre Il U ' ny acontree ou les Hobreau* nefuyuent les chafleurs,car le vray meftier du Ho bteau, DES OYSEAVXj PAR P. BELÔN, n» brcau eft de prendre fa proye des petits oyfillons en volant . Parquoy il n'y à au- cun paifânt,ou homme de baffe condition,qui ne le cognoiffe. La comparaifon des petits coiffons eh l'eau , pourchaffez. des plus grands, eft conforme à celle des petits oyfillons en l'aer pourchaffez du Hobreau. Car tout ainfi comme les poif- ibns chaffez par les Dauphins , ne fe fentants eftre en feureté dedens leur elemét, ont recours a fe fauyer en l'^r , & ayment mieulx eftre à la mercy des Caniards> & Mouettes, & autres oyfeaux de marine qui volent au deffus de l'eau, que de fc dôner en proyë à leur ennemy :tout ainfi les Hobrcaux aduifants les chaffeurs aux Hy potriorchis en Grec, Subnteo en Lutin, Hobreau en Franco]», ArilUib.j.cap.î<î.- champs,allants chaffer le Licure,ou la Perdris,accompagnent les chaffeurs en vo- lant par deffus leur teftes , efperants trouuer rencontre de quelque oyfillon , que les chiens font leuer.Mais comme aduient que les Farloufes, Proyers, Cocheuis, & Allouëttes ne fe branchent en arbre,fe trouuants fur terre à la gueule des chiés font contraints de s'efleuer en I'îer, par ainfi fe trouuants côbatues des chaffeurs, &des Hobreaux, ayment mieulx fe donner en proye aux chiens ,ou chercher «° LIVRE II. DELA NATVRE moyen de trouuer mercy entre les ïambes des cheuaux,& fc laifler fouuent pren- dre en vie, pluftoft que d'expérimenter la mercy de leur ennemy mortel.Vn Ho- breau eft fi léger qu'il fe hazarde contre vn Corbeau, & luy ofe donner des coups en l'aer.ll à cela de particulier,qu'ayant trouué les chaffeurs,il ne les fuyt que cer- taine efpace de temps, quafi comme s'il auoit fes bornes limitées: car fe departât , va trouuer la riue de fon bois de haulte fuftaye,ou il fe tient , & perche ordinaire- Veférip- ment. Le Hobreau à le bec bleu: mais fes pieds & iambes font îaulnes . Les plu- b°rtt H ° me5 T ifontaudcffousderes y eux >^ que communeméc depuis le bec elles continuent de chafquc collé des temples , & vont iufques der- rière la tefte,dont fort vne autre courte ligne noire en chafque collé du bec , qui luy defcend vers les orées de la gorge. Quant au fommet de la tefte , il eft entre noir & fauue:mais à deux taches blanches derrière par deffus le col.Le deffous de lagorge,& les deux codez des teples font rouffettes fans madrures . Les plumes de deflbus le ventre ont la madrure de telle façon , qu'eftâts brunes par le milieu ont quelque petite partie des bords blachaftre.Les adles font bien moufchetees 1 par de{fous:mais cela eft que les plumes ont les taches fur les coftez par interual- les,ne touchants point au milieu . Tout le dos, la queue , & les ailes apparoiffent noires par le deflus. Il ne porte aucunes larges tablettes fur les iambes, finon que commençant depuis les trois doigts, lefquels il a longs au regard des ïambes qui font courtes. Sa queue eft fort bigarrée par deffous détaches rouffes treffees en trauers entre les noires. Les plumes ( qu'on nomme les ïambieres ) qui couurent les cuyffes font plus colorées d'enfumé qu'en nul autre endroit.Le voyatvoler en l'sr, lô apperçpit le deffous de la queuë,& l'entre-deux des ïambiëres, rougeaftre. Del'Efmerillon. Efhttrillo le plus pé- rir des oy- feaux de proye. Efmer'illo n'a diftin- Etion de ma{le àfe mette. C H A P. XX. TESMERILLON eft le plus petit oyfeau de proyë dot les fauconniers fe feruent.il eft de poing & nô de leurre,com- bien qu'à vn befoin on le puiffc aufsi aduïre au leurre . Il eft de moult hardycourage:car comblé qu'il ne foit guère plus gros qu'vn Merle,ouPigeon,toutesfois il fehazarde contre la Per- dns, la Caille, & tels autres plus grands oyfeaux queluy.Ilrc- Prefente fi naif uement le Faucon , qu'il ne femble différer finon en grandeur: car ilameimesgeftes, mefine plumage, & eft de meftnes meurs, & en fon endroitâ melme courage . Parquoy Û le fault maintenir eftre aufsi noble que le Faucon. Il eitieul entre touts les autres oyfeaux de proyë, qui n à diftindion de fon malle aiaiemeJJe:carlonnetrouuepointde Tiercelet en l'Efmerillon . Anftote (à no- itreiugementj entendoitdeluy^uill'àfurnomméLew: en cas que ce nefuft Laos Hierax , n'auons aucun nom ancien pour l'exprimer. Leios Hteux en Grec,Lemssiccipitcten Larin,Efmerillon en Trttncoys. O' /t^Sv, AriftJib.p. cap.jS. I DES GYSEAVX, PAR P, BELON; m De l'Efperuier. C H A P. XXI. V E L QV E part qu'ilyaitdesPinflbns,&que l'Efperuier pafle,on les oirra crier à haulte voix , & fe le fignifier de l'vn à l'autre: car entre les oyfillons les Efperuiers ayment à manger F/pèmer's , lesPinflbns.Maisc'eilquelesPinflbnsdefcendantsrhyuer es f nar> ^ c ^jplaines,& volants à grandes trouppes,fe donnent pourpaftu- Fm ^ ms ' ^re aux Efperuiers :lefquels(fauf meilleur iugement) il nous fem ble qu'ils ne partent aucunement de noz contrées. Ariftote( à noftrë aduis) entéd des Efperuiers par ceux qu'il a nommé Frà£///dn/'.Nouseftionsàlabouchedu Pont Euxin , celle part ou commence le deftroit du Propontide eftants montez defluslaplus haulte montaigne quieft la, ou trouuafmes vn oyfeleur quipre- noit des Efperuiers,de belle maniere-Et pour autât que c'eftoit vers la fin d'Auril, lors que touts oyfeaux font empefehez à faire leurs nids,il nous fembloit eftrange voir tant de Milans , & d'Efperuiers venir de la part de deuers le cofté dextre de la mer maieur.L'oyfcleur les prenoit auec grade induftric, & n'en failloit pas vn. Il en prenoit plus d'vne douzeine chafque heure, il eftoit caché derrière vn buif- iniufine fon,& au deuant duquel auoit fait vne aire vnië , & quarree , qui auoic enuiron à prendre deux pas en diametrc,diftante enuiron à deux, ou trois pas dubuiflbn. Il y auoic le ! Ë (t4i fix ballons fichez autourdel'aire,quieftoyentdela groifeurdupoulce,&dela men ' hauteur d'vn home, trois de chafque cofté,à la fummité defquels y auoit en chaf- cun vne coche entaillée du cofté de la place , tenant vn rets de fil verd fort délié qui eftoit attaché aux coches des baftons tenduz à la haulteur d'vn homme: & au milieu de la place il y auoit vn piquet de la haulteur d'vn coulde : au fefte du- quel il auoit vne cordelette attachée , qui refpondoît à l'homme caché derrière le buiflbn. Aufsi auoit plufieurs petits oyfeaux attachez à la cordelette, qui paifloyét le grain dedens l'aire,lefquels loyfeleur faifoit voler,lors qu'il auoit aduifé l'Efper uier de loing,venât du cofté de la mer. Et l'Efperuier ayant fi bonne veuë , des ce qu il les voyoit d'vne demie lieuë , lors prenoit fon vol à adles defployees, & ve- noit fi roidemét dôner dedés le filé,péfant prendre les petits oyfeaux,qu'il demoii roit encré leans enfeuely dedens les rets. Alors loyfeleur le prenoit, & luy fichoit les ailles îufqucs au ply dedens vn linge,qui eftoit la tout preft expreffement cou- fu,duquel il luy lioit le bas des adles,auec les cuifles,& la queuë:& l'ayât cillé larf- foit lEfperuier contre terre , qui ne pouuoit nefe remuer, nefedebatre.Nulne fçauroit penfer de quelle part venoyerit tant d'Efperuiersxar eftâts arreftez deux •heures,il cnprintplus de tréte,teilement qu'en vniourvn homme feulet en pre- noit bien près d'vne centene. Les Milans,& Efperuiers venoyent â la file, qu'on aduifoit d aufsi loingquelaveuë fe pouuoit eftendre. Les fauconniers i qui trai- tent diuerfes efpeces d'Efperuiers, les nomment diuerfement félon diuers acci- y déts: car ceux qui font muez de bois,& ne tiennét point au fort, font nômez Ra- u y s r£ meages.Les autres qui ne font muëz 3 & qui font nouuellemt fortis du nid,& ont mages. efté quelque peu à eux, font nômez Niais. De telle forte fait bon choifir pour ap Eff ^uieti prédre: car ce font ceux qu'il fait le mieulx apprefterpour s'en feruir, comme aut- N,ais ° 1 m «a LIVRE II. DE LA NATVRE Efpjmers fi eft de ceux qu'on furnomme Branchers , fçauoir eft qui ne font encores muez, bûchers. & q U • n ' om ^ omt £ a j t j> a - re ^ ^ n > ont nourr y j es p et j ts _ l cs Efperuiers , comme aufsi touts oyfeaux de rapine font couuerts de diuerfes pennes félon leurs aages, & aufsi font différents félon leur tailles.il y en â qui font co uuerts de menues plu mes blanches trauerfaines:Les autres font couuerts de grolfes plumes.Les faucô- niers les appellét mauuaifes.Puis donc que TEfperuier brâcher eft le meilleur,il y bon"/ ! * encor e k&i6 à l'auoir bon:car il fault qu'il ait la tefte rondette par le delfus,& le WÉ7V ' bec aiïèz groffet, & bien prifé : les yeux vn peu cappez : & les cercles d'entour la prunelle de l'œil, de couleur entre verd S mes qui couurent le dos , & les allés , ne luy apparoiftent madrées , finon qu'on i i t îjj ■ r -i i t Mouchet. Us regarde par le dedens,qui iont principalement merquees par le trauers.Les pe- tites plumes qui font entour les plis des ailes, & au cofté de 1 eftomach font rouf- fettes,comme aufsi font celles qui font deflous le ventre,qui luy âpparoiflent fort mouchetées par le trauers, ayants cela de particulier, que les coftez en font noirs. Du Laniè'r,& Laneret. CHAP. XXII. E LAN 1ER entre les oyfcaux de tauconnerië prend auf- faucon fi le furnom de Faucô: car ils dient communément Faucon La- L*™»- niè'r.Il eft ordinairement trouuéfaifant fon aire en noftre Fran ce.Et pource qu'il eft de meurs faciles, Ion s'en fert communé- ment à touts propos. Il fait touts les ans fon aire tant es haults arbres des forefts de haulte fuftaye, comme aufsi es haults ro- chers , félon le païs ou il fe trouue. Il eft de plus petite corpulence que le Faucon gentil,aufsi eft de plus beau pennage que le Sacre , & pnncipalemét après la mue, & plus court empiëtte que nul des autres Faucons . Les fauconniers choififlent le Laniér ayant groffe tefte,les pieds bleuz & orez . Le Laniër vole tât pour riuiere, que pour les champs . Et pource qu'il n'eft dangereux pour fon viure , il fupporte mieulx groffe viande, que nul des autres Faucons de gentes pennes.Les merques Menuet font infallibles pour recognoiflre le Laniër: c'eft qu'il à le bec & les pieds bleuz,& poureth les plumes de deuant méfiées de noir auecques le blanc,non pas trauerfees,com- & nm ^ H me au Faucô,mais de taches droites le long des plumes. Le plumage du Laniër U Umet ' ï iiii u 4 LIVRE II. DE LA NATVRE Vjfcrip. d e defllis le dos luy femble eftre madré,nô plus que par deflus les selles, & que de nie***' ^ c l ueu ^ • Et fi d'auanture il y a des madrures, elles font petites , rondes , & blan- chaftres : mais quand il eftend fes selles, & qu'on le regarde par le deflbus , fes ta- ches apparoiflent contraires à celles des autres oyfeaux de proyercar elles font rô des, & femees par deltas , comme petits deniers: nonobftant , comme auons dit, les pennes de deuant ,& de deflbus lapoi&rine, ont les bigarures eftenduè's en long fur les coftez. de la péne.Son col eft court & groflet,comme aufsi eft fon bec. lanier fe Le Lanièr e & femellc,& dont le malle eft nommé Laneret-Le Laneret rieft de fi mdleM- g r °fle corpulence que fa femelle, aufsi eft il moins eftimé:mais au demeurant eft neretmtf prefque femblable en plumage . Il neft aucun oyfeau deproyë qui tienne plus le. conftamment fa perche. Et pour ce qu'il ne s'en part l'hyuer, il conuient aucune- ment auec ce que Pline dit de A cfalon. Acfabn (dit il au dixiefme liure de l'hiftoi- re naturelle.chapitre huittiefme)demeure auec nous l'hyuer,& nous apparoift en touts temps,contre la façon de faire des autres , qui ne fe tiennét que l'efté en noz. cotrees . Les fauconniers voulants faire le Lanié'r Gruyer, le mettent en vne châ- Mmiete ^ K ^ c ^ l °^ CUK ( î u ne P ui ^ e voir aucune lumière , finon lors qu'ils luy bail- de faire le ^ ent à manger, & aufsi ne le tiennent fur le poing que de nui<2. Et lors qu'ils font Unie? prefts de le faire voler , font feu en la châbre pour refchauffer à fin de le baigner Gruyer. en pur vin: puis l'ayants efiiiyé, le font repaiftre de ceruelle de Geline : Et fe par- tants deuant le iour,celle part ou eft leur gibbier,le ieâent de loing à la Grue,def- Iors qu'il commence à eftre iour. Et s'il ne prend pour ce iour lâ , c'eft tout vn:car les iours enfuyuants il fera bon,& principalemét depuis la my Iuillet,iufques vers la fin d'O&obrcEncor après la mue fera meilleur que parauant: mais il n'eft bon en temps d'hyuer. ~4 e/aion en Grec, & Lutin, Lttnicr en Francoys. c £ cùoâ\mZs> F ««M»v k\rimid ■mifuK. to'wJ yif ij TiMoiï àu-dùi, t* "Atuu amiUtiii. fcnît F aura -rû-^t^if o xé&Ç. ij aj-yimis fi îx, cùai^tùi irsht/xia: cymi amii;. Arift.lib.p.cap.r.& jerj DelaCreflerelle. CHAR XXI 1 1. Ombien que la Crefferelle foit oyfeau de rapine, toutefois An ftote ne f à mife en ce nombre. Aufsi la cognoifibns nous pour l'vn des oyfeaux de moindre courage qui y foit.Elle ne fe paift gueres finon de Souris,& Mullots,Rats,Lezars,& autre vermi n e qu'elle trouue par les champs , ou elle fait vn bien que nous deuons beaucoup eftimer,principalement par les terres labou hk mx l'a rablesJl nous fault confefler, que fi ce n'eftoit elle , & les Milans , & Bufes, il y à houreurs. païs ou les Rats,Mullots, & Souris feroyent fi grands dommages, quils contraindroyent les habitants de dclaifler leurs terres.il n'y à aucune difficulté en fon appellation Latine & Greque , finon à fçauoir fi celle qu'Ariftote, au premier & fécond chapitre, du fixiefme liure de la nature des belles , â nommée Cenchris, eft celle que Pline au tréte-feptiefmc & cinquante-deuxiefme chapitre, du dixief- me DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. I2J meliuredel'hiftoire naturelle , tourne en Latin Tinunculus. Ariftote veult que oeufide Cenchris facefes œufs rouges comme vérmillomce que Pline attribue aufsi à Ti- Creffent- mncu\m£.t en cas que la Crefferelle ne les feift de telle couleur , elle ne pourrait le rou &"' obtenir ce nô de Cenchns.Qumt à ce qu'elle ne puifle bien obtenir ces deux nos, ion n y trouue aucune difficultés l'on fçayt qu'elle à aufsi fes ceufs rouges.Pli- ne au chapitre trete-fixiefme,du dixiefme Hure de Moire naturelle, dit , que Tj- nuxculusdlvne efpece d'oyfeaude rapine, qui faitprefquetoufiours fon nid es haults édifices , & es tours eileuees,& que par fa puiflance naturelle deffend les Pi geons contre les inïures des autres oyfeaux de rapine, &; que par cela les Pigeons r luy portent amme.Iceluy mettant quelque choie de lanature des Pigeons en ce Cenchris en Grec .Tinunculus en Utin.CreJJerelle en Pl ^°' & Irancopjoutittento en Italien. four^uqy. Amitié entre U là. Ji -mi luy^lJbi \f uSrpà. 'îçiv,âmrtç fûhTot. Arift.Iib.si.cap.i. mefme endroit,parlant des oyfeaux de rapine , dit que les Colombs cognoiflent le vol de tous oyfeaux de proyë ,& que quand ils aduifent ceux qui prennent leur proyë en volant,qu'ils s'arreftent tout coy : mais fi c'eit de ceux qui prennent leur proyë à terre qu'ils s'en volent incontinent : & autres plufieurs paffages , def quels Plineprend fon argument d'entrer en propos de parler de ceft oyfeau, ou il dit que 1 oyfeau nômé Tinunculus deffend les Pigeons des oyfeaux de proyë, & que pour celle occafion il y à grande alliance d'amitié entre eux. Nous trouuons difficulté en ce qui eftefent en Columelle, ou il nomme vn oyfeau Miharis.Et M ilimsi Utliaris en Latin,eft le mefme oyfeau,qui en Grec cft nommé Ce nchru, epi figni- fie en Françpys , comme qui diroit de la millere : mais nous en parlerons d'auan- tage au chapitre du Proyer . Ceux qui ont penfé que la Linote eft Milidrts , nous n6 LIVRE II. DE LA NATVRE femblent eflre trompez,: car Columclle entend que Miliariseft de grande corpu- lence^ & qu'on lengreflbit auec de la graine de Mil à Romme , comme aufsi les Cailles,pour les vendre plus chairement.Cefte Crefferelle fait iufques à fix petits. Onlesvoitfouuentdefnicher de quelque haulte tour des villes , ou bien en vn Vijferece cre ux de chefne fur les orées des bois.il y à differéce entre le mafle & la femelle: entre le car \ e ma fl e c fl. pl us ce nclré deflus le dos , & la femelle y eft plus tachée de noir. 7"& % Touts deux font fauues, ou cendrez,madrez, dediuerfes taches noires , & font deCreffe prefque de la corpulence d'vn Mouchet, ayants le bec,les yeux,& la tefte de mef relie. me. Les greffes pennes de fes selles font communément noires,ayants la queue Defcrip- moult longue , au bout de laquelle y à vne tache noire en trauers.Ses iambes font rion de U a{ f es haultaines, iaulnes,qui n'ont point de tablettes larges, lînon ioignant la ioin Creferel- ^ ute ^ u ^ e ^{ Uî: l CSC p âtK doigts . Ariftote parlant de ceft oyfeau àmonftré" qu'il auoit regardé fonanatomië intérieure: ou il nous fait entendre que fonie- fier eft lafche & large,qui ne reflemble rien qu'à vn autre boyau:Car ou les autres l'ont dur & calleux,ceftuy l'a mol comme chair . Les Italiens luyont donné vn nom deshonnefte Youtiuento : car prenant fa pafture elle fe tient en l'ser, ne fe bou- geant d'vne place,ou il femble qu'elle endorme les Souris: toutesfois elle s'y tient a celle fin, que regardant foigneufement le moyen de les prendre à fon ay fe, elle defeende deflus à la defpourueuë. De la grande Pie griefche, que les oyfeleurs nomment la blanche. CHAP. XXIII. Lyàdeuxefpecesdepetits oyfeauxde proyë,quin'ontgue res plus de charnure qu vn Merle, defquels l'vn eft plus grand,' l'autre eft plus petit, mais au refte fi femblâbles, qu'ils n'ont dif- férence qu'en la grandeur. Quivouldroitconfiderer l'appella- tion vulgaire de ceft oyfeau, penferoit qu'on deuft entendre que ce fuft quelque Pie eftrange, venue du païs de Grece:mais la raifon en eft autrex'eft que les Françoys voyâts ceft oyfeau affez commun par tout en leurs contrées , ayant les taches blanches par les coftez comme vne Pie, V*gùf- & ne luy ayants trouué nom mieux à propos, l'ont nommé Pie griefche. Les Ita- liens le nomment Valconelïo, comme s'ils difoyent Fauconnette . Aufsieftil du nombre des oyfeaux de rapine. Celuy qui prendrait le loifir d'en leurrer, le trou- ueroit de grande entrepnnfe , & n'eftre de moindre courage, que celuy d'vn bon Faucon. Aufsi eft il de fi hautain & hardy courage,qu'il ofe entreprendre comba- Defcrip- tre vn Merle, & le manger. Cefte grande Pie griefche à la tefte affez groflette & tio» de U large, ayant grade interualle entre les deux yeux. Son bec eft dur,noir, & groflet, " ,f £ ne f" quelque peu recraché par le bout, & à grande ouuerture de bouche . Les pennes de deflus le dos commençants deflus la tefte, & fuyuants deflus le col iufques a la queuè',font grifes & fi finement deliees,qu'il femble que ce foit du poil . H eft blâc par deflbus la gorge:mais entre le blanc de la gorge, & le gris de deflus la tefte , il â vne ligne de plumes noires,qui commencent des le bec, & de la fuyuant , vont finir celle part, ou commence le col . Il eft tout blanc par deflbus le ventre,& la queue Pie ch DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. 12? queue. Ses asiles feroyent toutes noires, n eftoit qu'elles font diftinguees d'vne li- gne blanche par le deffous, qui luy occupe petite portion de la plume. Sa queue eft moult longue , qui Iuyfurpafle la longueur des aelles, tout ainfi corne en vne Pie,en laquelle n'y a que deux plumes, qui foyentnoires dedens le millieudela queue. Car les quatre de chafque cofté font blanches parles bouts , croiffants par degrez. Qui.luy eftend fa queue en largeur,voit corne vn croiffant imprimé de - dens.Et eftants les plumes blanches à la racine & aux deux coftez de la queue, eft noire par defius.Sesiambes,& pieds font noirs,munisà -ji xfétlwi 3tai -riiç ïvuf/,>Çj ■n-Sitm. Arift.lib.i.cap.i5.& lib.S.c.Tp.j.Sc i<5.& lib.p. cap..i. Ti'*7.cap. 19. Se 49. d'vn Coulôb Ramier, & au nid d'vn Verdiè'r. Si nature euft permis que le Coqu euft mis fon ceuf dedens le nid d'vn plus petit oyfeau que luy , elle euft efté iniu- fte fi elle euft fait,qu'il euft ponu plufieurs ceufs : car luy qui eft de grofTe corpulé- ce,eftant repeu par vn fi petit oyfeau comme eft la Fauuette, fuft mort de faim , fi le pere & la mere n'euflent fourny à la mangeaille. Mais comme les pere & mere pouuoyent bien fournir à vne quantité de petits , aufsi pourront bien fatisfaire à DES OtfSËAVX, PAR P. BËLÔN. 153 la nourriture d'vn feuI,ou deux Coqus,encores qu'ils mangent par iour autant de viandes , qu'euflent peu faire leurs fix petits oyfillons . Le Coqu eft: bon à mager, principalement quand il eft petit : car autrement Ion n'en fait grand eftime. Il eft Dejcrij)- quafi de la grandeur d'vn Efperuienmais il n' â les iâbcs & les cuiffes fi longues,& " on aufsi il n a fon bec fi crochu,ne fi fort.Le Coqu à les iambes pattuës,c'eft à fçauoir Co î"* qu'il y à des plumes attachées par le dehors , qui luy couurent les iambes iufques deflus les pieds,qui font de telle nature qu'il â deux doigts derricre,& deux deuât, & defquels ceux de la partie du dehors font les plus grâds, comme es Pics-verds. Ariftote l' à affez diligemment examiné,& defcrit au feptiefme chapitre du fixief- me liure des animaux , difant que le peuple de fon temps eftimoit , que le Coqu fut engendré d'vn oyfeau de proyë : pource(ditil)qu'il eft moult femblable à vn oyfeau de proyé'.Mais de quel oyfeau il ait voulu entendre,il eft difficile de le fça uoir,n'eftoit que nous Voulufsions dire que c'eft de l'Efperuier: car mefmement le Cg ^ H ^ Coqu eft femblable à vn Efperuier,finon que l'Efperuier à fes taches blanches par blable à longues lignes , mais le Coqu â les taches rondes comme poindts tels que le La- tejpm nier.Ariftoteauoitaufsi entendu fes couleurs, quand au mefme lieu il dit: Cucu- hsneque aduncis y>nguibusefl,\t Accipiter, nequecapite Accipitri fimilis,fedexvtra- que parte Columbum potins quant Accipitrem reprafentatmec alio,quàm colore imitatur Accipitrem , nifi quoi Accipiter ntdculis diflinguitùr,feu lineis , Quculus velut punElis. Magnitudo atq'^olatus fimilis Accipitrû minimo, qni magna ex parte per id têpus no cet nitur quo Quculus apparet : nam Mtlambo \nà \ifi aliquando fitnt.Nous trouuons vne equiuoque en noftre langue, qu'on à faiûe du Coqu , quafi conforme à ce qu'on lit en Ariftote. Cuculus (dit il ) ex Accipitrefieri immutata figura a nonnullis putatur: quoniam quo temporels apparet , Accipiter illec»i(imilisejl,non afpkitur: or Accipiter fignifie aufsi blé le Faucon,que l'Efperuier. Parquoy ceux quidiétque le Faucon eft'le pere du Coqu,conuiennent en partie auec ce qu'ils difoyent anciennement; Cuculum ex Accipitrefieri^toutcs^ois ils n'y entendoyent aucun equiuoque» Des dix efpeces d'oyfeaux, qui volent la nuicl:. CHAP. XXIX* L eft mal ayfé qu'on puiffe rédre raifon, pourquoy nature feit i ïque quelques oyfeaux voleroycntlanuiét, &ne bougeroyét 1 le iour, finon qu'en côparaifon d'eux,lon en die comme des bc ' ftes à quatre pieds : car nous voyons quelques animaux fauua Animaux ges fepaiftre la nuicl;, & demeurer le iour en vne place, qui c bercbats toutesfois voyent plus clair le iour que la nuict . L'expérience ^muEl en eft es Rats,Cerfs,Regnards,Loups,Lieures,& quafi toutes manières de Serpéts ™ r ^ iceux fentâts le iour finer, partét les vns de leurs creux , les autres de leurs formes, les autres de leurs bauges,&fe repofants quelques heures de la nuicl:,fe remettent encor au pourchas vers le poinét du iour. Le femblable eft des oyfeaux de nuicl:, efquels Ion trouue enfeignes , qui monftrét que nature les à fauorifez plus que les oyfeaux belles terreftres,Ieurs donant de moult gros yeux à fleur de telle, bien vmbrez de de " u,£l touts coftez, ayants chofes correfpondentes aux fourdlles, tellement qu'oultre m iii i34 LIVRE II. DE LA NATVRE que la prunelle de leurs yeux eft propre à ceft effet, eft bié garnie de Tes couleurs. Aufsi ont encor autres vmbrures vers les ouïes,qu'ils peuuét haulfer & abaifler,& qui les fait clerement veoir la nuicl:. Toutesfois ils ne font en pourchas finon au foir,& matin, chofe que Ariftote à des-ia approuuee difant au trente-quatriefme chapitre duneufiefme liure,Nof?«^,Cic«/W, <Çfreliqud,qu&interdiunequeuntccr~ nere,noclu venandê cibum fibi dcquirunt.Vcrùm non tota noile idfaciunt ,fed \>efperti- no, £T matutino, @>c. Qui prendra garde à leur veuë, trouuera qu elle n eft fi imbe- cille le iour comme Ion cne. Et qui s'enfermera la nuicl: auec l'oyfeau le plus clair voyant de touts ceux qui feront nombrez cy après , le mettant en vne chambre, ou il n'y ait aucune clarté, en forte que le lieu foit totalement obfcur , & aille vers l'oyfeau, trouuera qu'il ne voit rien luy mcime . Ceft vne prouue facile à ef- fayer,pourmonftrcr que ou il fait extrême obfcir ité, ne les oyfeaux,ne les ani- maux de nuicl ne voyent aucunement. Pour oyfeaux de nuicl: entendôs ceux que les Latins nomment NoSlumas aucs,8c que les Grecs de terme gênerai nom- ment Glducopis,qai eft à caufe de leurs yeux qui font de couleur verône,c'eft à di- re ce que les Latins ont nommé Cafius color , telle qu'on eftimoit eftre es yeux de Minerue,& Neptune,& qu'on nomme es cheuaux d'oeil veron,& en Italien bais ou bayez. Nous cognoiffons cinq efpeccs de tels oyfeaux affez vulgaires : Sça- denmcT uoir e ^ e £ ran< * Duc,& le petit, &c vn autre qu'on nomme vne Hulote,& la Che lidgmcs ueche, & le Hibou : mais les anciens nous en ont fignifié encor plufieurs autres, de a»q dont en auons mis vn entre les oyfeaux de proy è',au chapitre de l'O fîifragut. En- effeçet. CO r mettrons le Corbeau de nuicl,que les Grecs nôment NiBicorax, 8c Aegotiks que les Latins nomment Cdprimulgus ,comme aufsi Kupe x,ou Charadrias. Capri- ccps aufsi eft oyfeaux de nuicl:: qui (a noftreiugement ) eft celuy que les anciens ont comprins en cefte efpece.Theodore en Ariftote au troifiefme chapitre du li- urehuittiefme des animaux, difoit en cefte manière :UoBurndrum etiam nonnul- U dduncis funt vnguibus , Vf Cicunia , KoBud , Bubo . Il à traduit Cicunia pour la di- ction Greque NiBicorax : 8c pour ladr&ion Greque Glaux, NoBua : & pour Bjo magnitudine non minor quàm Aquila: & s'il difoit par après, Afio ou Eleos maior Gallinaceo ejl , il ne feroit aucune diftinclion de la grandeur entre Bubo 8c A/«co:Carquafi autant vauldroit qu'il les feift de mefme corpulence difant que l'vn eft plus grand qu'vn Coq, & l'autre n'eft moindre qu'vne Aigle. Pline efcriuant le trente-feptiefme chapitre defon vnzieftne liure,â dit en cefte manière, Vennatorum animalium Buboni tantum } & ofeauxde Oto , pluma: yefat dures, ca-teris cauernx dd audiendum . Simili modo fquamigeris , at- Um/r Ser P cntil " is ^ t de vra y jl n V a q ue l es oyfeaux de nuidt qui femblét auoir au- uoirJu- re ^l es, Pl" îc tr aduifant Ariftote ne l' a pas enfuiuy en cecy : car pari ant des oyfc- reilles. aux au douziefme chapitre du dixiefme liure,il n'en nomme que bien peu . Vncos vngues DES OYSEAVX, PAR P. BELON. m vngues& noBurna: aues hhaUucinator, pla nipes.Salt antes enim imitatur. Voila donc que Pline nomme Satyricos motus . Apres le Duc le plus grand des oyfeaux de nuicl eft le petit DuamaH il eft efgal en grâ- deur au Chahuant : & après le Chahuant , la Cheueche: après la Cheueche eft la Hulote : & puis l'Effraye, qui eft moindre que la Cheueche . Eftant donc l'art de fauconnerie venue à ce point en noftre France ,que les grands feigneurs y pren- m iiii LIVRE II. DE LA NATVRE nent le principal pafletemps en temps de paix : Aufsi faut par confequent qu'ils y facent grande defpenfe.Le plus plaifant vol,eft celuy du Milan.Mais fçachât que le Milan ne viendroit ça bas fans Duc , il eft neceflaire que celuy qui veult voler Duc ne- pour Milâ,face porter vn Duc , qui eft la caufe qu'on le voit fur le poing des fau- ceflàire conniers es plaines de France . Il eft tout arrefté que fans cela on n'en voirroit au- cuns,d'autant qu'ils hantent tant feulement en pais de montaigne,ou ils font leur âtbilan. a * Te » c l ue l c l ues tols dedens les rochers,ou bien es pertuïs des haultes tours. Quand les fauconniers font en plaine campagne auec leurs Sacres,& Faucons,ayants ad- uifé le Milan,ils laiflent foudain voler leur Duc, auquel ils ont attaché vne queue" de Regnard. Le Duc s'en vole à fleur de terre aflez loing, & la demeure dedés vn Bjas en Grec,Bubo en Latin,«randT>uc en Franco?). champ fans fe brancher fur arbre. Or puif-que le Milan ne fait rien de mal au Hi- bou,finon que fe tenir près de luy ,n'y à il pas occafion de demander qui eft la eau fe qui fait amufer le Milan à le regarder i Lon ne trouuera autre raifon que celle qu'Ariftote à enfeigné parlant des oyfillons , qui samufent à contempler la Chc- ueche^fmerueUletdefaforme^uifontattentifsàkregarder.IIy en àqui pen- DE5 OYSEAVX, PAR P. BELON. 137 fcnt qu'ils ont naturellement inimitié,pource que les oyfeaux mengent les oyfil- Ions la nuict : mais cefte raifon n'eft fuffifante: car touts oyfeaux de rapine font le mefme,qui toutesfois font aufsi leurs ennemis. Ce grand Duc eft de la grandeur r>efm- d'vne Aigle, & moult roux, merqueté de diuerfes taches noiraftre . Sa queue eft ftiond» courte tellement que fessllesroutrepaffent.il y à difficulté à nommer j es ^gudDucl mes,qui luy apparoiffent des deux cofteZ.:car Ion trouue que ou nous difons Cor ncs,les anciens autheurs les ont nommées Aureilles . Cefte confideratiô à efmeu encor plus grade confufion en leurs efcrits : Car il eft aduenu que l'Oftarde à efté confondue aucc]e Duc, d'autant que touts deux ont efté nommez OtidesMïis quant à cefte difficulté , nous en auons amplement difputé en parlant de l'Oftar- de , fçachants que l'Oftarde n' à point de telles aureilles . Parquoy eft neceffaire voir le chapitre de l'Oftarde pour auoir meilleure refolution du Duc , d'autant qu'il y à chofes à ce propos qu'on pourra repeter. Du moyen Duc, ou Hibou cornu. CHAP. XXXI. jO VS auons cognoiffance de trois oyfeaux portants plumes befleuees en manière de cornes , & deux qui n'en ont point , lef- ^ quels font aucunement fréquents en toutes contrées de noftre Vefcrip- tion du moyen ^ 1 - "v^w^-^uw ^Litvj twni.icc\ ueiiorae # France, mais en diuers lieux : Car mefmement le moyen Duc, § dont parlerons maintenant, ne fe tient gueres parles plaines. ,J* Nous I>auons furnommé Hibou , ou Chahuant cornu, à la dif- férence de celuy qui n'en à point . Il eft beaucoup plus grand qu'vnc Cheueche, & Hulote.Lon en trouue plufieurs en Auuergne, différents en efpece à touts les autres fufdiéts. Nous le defcrirons par le menu , à fin de faire entendre quel oy- feau c'eft : Car auec ce qu'il n'eft rien moindre qu'vn Hibou , aufsi à les geftes de mefme, & quafi tels mouueméts fatyriques. Ses ouyës ont l'ouuerture encor plus grade que nul autre oyfeau qu'on cognoiffe.Le bec eftnoir,& croche: & fort bos ongles. Ses pieds &iambes font couuertes de plumes lufquesdeffus les ongles: ZTc & (a couleur différente à touts autres oyfeaux de nuicl : car comme le grand Duc a la couleur plus rouffe,& la Cheueche,Hibou,& Hulote apparoiffent plus blan- cheaftres , ceftuy cy tire plus fur le fauue,& fur le noir, ayant les plumes plus ma- drées que celles des oyfeaux de proyë , & la coronne quafi telle que celle des Hi- bous,mais la couleur eft autre. Il ne fe faut efmerueiller fi Anftote â nommé quel- ques Oyfeaux de nuid Otidesfr en Latin Awih»,c eft à dire ayants aureilles : car o y fe* HX ventab émet touts oyfeaux de nuid ont quelque cauité à l'endroit de leurs ouïes demi£i quilot les plus efmerueillablesmerques qu'on puiffe obferuer es oyfeaux.Et d'au tantqu ilsauoientàvolerdenuia,natureleurvmbrales yeux, qu'ils ontmoult Uu grands&noirsparlemeillieu,&iaimcstoutârenuiron:Carsilsvoyentlanuia: il eft a prcluppoier qu'elle leur â donné chofes conformes à ceft effeclmais qu'on attribue ce qu ils en peuuent auoir à la couleur intérieure : Car aufsi eft il manife- ftequilspeuuentbienvoirdeiour,&lâoulelieueftf,obfcurqu'iln'yentre au- cune clarte,on les trouue aueuglcs.Parquoy eftants au fauuage,ne volent pas tou« 3 g LIVRE II. DE LA N A TV RE te nui& , mais feulement le foir,& le matin , n'eftoit que le temps les empefehaft. Vne chofe eft trouuee eftrâge en ce Hibou, c'eft que l'auos trouué fur iour en vne plaine de Cilicie caché entre les plantes à' Ambrojiefirij>- tion delà Huettr, ou Hulo- te, *4* LIVRE II. DE LA NATVRE nes,& luifantsXors que parlions du grand Duc, nous auons fait entendre qu'Ari- ftote le nomme Bjy^quicft à dire Bubo. Mais pourec que pluficurs noms con- uiennent à vn feu) [animal, il s'engédre côfufion en leurs cipeecs, fi on ne les fçait scofi. bien diftinguer , corne aufsi auons fait mention de celuy qu'Ariftote nôme Scops. *4cgoliosmGrec,VhU enLatin,Hulotc,oHHHettcen Inncojs. t.lib.s.cap.i 7 .&lib.8.cap.j. De rEftrayc,ou Frefaye. CHAP. XXXV. Ethimoh ffe d'Ef. fraye. \V L T R E lesfufditsoyfcauxdenuiâ:,encory enkvn autre ia cogneu d'vn chafcû:car il n'y à celuy en toute noftre nation,' s quine fçache que l'oyfeau de cry effrayant, qu'on oit crier la nïijâ en volant , ne foit nommé vne Effraye ou Frefaye . Mais qu'on garde que l'affinité du nomd'Orfraye prins pour Frefaye ine trompe:car c'eft vn autre oyfeau . Et par ce qu'il eft de cry ef- pouuentablc,chafcunenàpeur,aumoins ceux qui font fubie&sàauoirpeurde 1 vmbre des efprits.C eft la raifon pourquoy il â efté nommé Strix, comme qui di roit DES OYSEAVX, PAR P. BELON. H) roit en cefte langue oyfeau forcier. Il nous eft aduis que c'eft luy,que les Grecs ont nommé Aegotilas on à. traduit en Latin Caprimulgur. & que Pline au quatrief- A 1 chofe eftrange de fon meffait, c'eft qu'il vole la nuit dedens les eftables pour fuc- f^„ . cer le laid des tétines des Cheures , d'autant qu'il ne voit goûte fur iour : & par ce Bumm. cherche fa pafture la nuit. A ufsi eft-ce de la, dont il eft nommé en Grec Aegotiîas. lsrex«ye ) & petit Cbahmnt en ïrançoys. Arift.lib.51.cap.30. jfl femble que c'eft de ceftuy,dont Ouidcàparlé au fixiefme liure des Faftcs: Strix* lequel il nomme Strix. NoBc •volantÇàit i\)puerSfyuepetunt nutricis egentes, Et Vitiant cunis corporarapta fuis. • Carpere dicuntur laSlentiavifcera roîîro: Et plénum poto fanguine guttur habent. E jî illis Strigibus nomen : fed nominis huius Cdufa^uèd horrenda flridere noBe f itnU i 4 4 LIVRE II. DELA NATVRE Nous prétendons parler de l'oyfeau de nuit,que nous oyons de cry fi effrayât^ & qui eft de fi horrible voix. Lon peut affeurer qu'il eft efpece particulière diffé- rente à touts autres oyfeaux de nuit.Ses yeux font ronds & moult petits,choïè en Jeux et l u y digne d'eftre regardée à deux foix , fçachant que les autres oyfeaux de nuit rouille^. ^ es ont egarouillez,&: exceffifs en grandeur II eft de corpulence beaucoup moin De/crip- dre qu'vn Hibou,portant mefmes madrures fur fes plumes : toutesfois il eft d'au- tiodel'Ef tre couleur, fçauoir eft quelque peu plus noiraftre, moucheté de plombé, princi- ffnje m p a l eme nt fur le bout des celles,& de la queue . Ses iambes & pieds font couuertes ïrfttye. j e p} umcS) a y ants b ons ongles voultez , agus, & noirs , ainfi ordonnez comme eft dit des Chatshuants.Satefte&fonbcc monftrent incontinent manifeftedi- ftindion : d'autant qu'il eft plus droit , aprochant de celuy d'vn Corbeau , & au demeurant porte telle ouuerture d'aureilles fur les ouïes,comme à efté dit des au Ae»otilds tres °yf eaux de nuit. Si d'auenture ceftuy qu'auons defcrit, n'eftoit l'Aegotilas fut no- d' Ariftote , Fur noBurnus de Pline,& Strix d'Ouide, au moins fera il toufiours ad- Bumus. uoué pour l'Effraye ou Frezaye des Françoys, lequel pourrons monftrer eftre d'e- strix. fpece differente,tcl qu'encor maintenant gardons falé, conferué auec fes plumes. Effraye, Ariftote dit que hegotilas fait fa demeure en Grèce par les montagnes : toutef- Frczgye. ^ ^ noftre Effraye eft aufsi trouuee en noz plaines , faifant fon nid es pertuïs des vieilles tours , & des rochers precipiteux : comme aufsi es creux des chefnes . La courtoifie de Monfeigneur de Vieille ville, du pais d'Aniou, trefprudent & fage, gentil homme de la chambre du Roy, Cheualier de fon ordre , & fon lieutenant a Mets , à efté moyen de nous faire recouurer ceux defquels auons fait retirer les portraits: Car pères & petits nous ont efté apportez en vie , prins es prochaines forefts des contrées de Mets,lors qu'il nous y employa pour feruir en l'eftat de no ftreprofefsion. Du Corbeau de nuit, nommé en Grec & Latin NiBicorax. CHAP. XXXVI. E MOT Grec NiBicorax, à efté tourné par Théodore en Ariftote, au troifiefme chapitre du huittiefme liure des belles, en cefte manière. NoBurnamn etiam nonnullœ diuncis \nguibus funt^t Cicunid,NoBua, Bubo.Cm il met Cicuma en Latin, pour le Grec NiBicorax:8i toutesfois NiBicordx fignifie Cornus no« Humus, comme qui diroit en Frâçois Corbeau de nuit. Lon ne trouue Cicunix en aucun autre autheur Latimparquoy fe feroit autant dire Cornus noBurnus pour NiBicorax y que de prononcer Cicunïa: veu mefmement que Pline, qui l'auoit peu lire en Ariftote, n' à onc vfé de telle di&ion Latine Cicunia , ains à dit Coruus noBurnus . Comme aufsi eft à prefuppofer qu'Ariftote à mis le N/H'co- rdx comme pour oyfeaux de nuit,tel,pofsible,que le grâd Duc.Certains autheurs veulent que Afw & NiBicordx , foyent vne mefme chofe . Et Strabo qui eftoit de bllble en C rete > e ft contraire en opinion à Solin,qui efcrit,qu'il n'y à aucun oyfeau noctur- tom ne,viuantenGiete.MaisStraboditqueN!fî/Vordxn'eftpas femblable en touts limx. lieux.En noftre pais (dit il, entédant de Crete)il eft égal en grandeur à vne Aigle, &crie Nitt OYdX DES OYSEAVX, PAR P. SELON. HJ & crie hault : mais en Egypte eft feulement grâd comme vn Grole, ou Grave', & aie diuerfement. Des-ia à efté dit qu'il y â moult grande affinité de l'Ofifragus; aux oyfeaux de nuit. Aufsi ce Niïïicorax eft de cefte affinité. Aucuns qui ont parlé de ceft oyfeauj'ont entremeflé auec Otus , qui eft interprété Duc,non pas Oftar de,comme plufieurs ont penfé.Parquoy aduouons librement n'auoir onc récon- tré oyfeau que peufsios penfer Nififz'cw<œ,nomplus que le Faucon de nuit,quife- ra deferit au fuyuant chapitre. Ni fticorax en Grec, Cornus nottumw,& Cicmia e» Latin, fainauiw mv.c.j4 Du Cbalcisfiu Faucon de nuit. CHAP. XXXVII le enne~ misi /fêp E S T E ertcorà parler d'vn oyfeau de nuit, duquel Ariftote â ** f ait mention,& dont n'eufsions rien eferit, n'euft efté qu'il nous âfemblé eftre infigne, & qu'après auoir parlé du Corbeau de nuicfyl y auoit lieu pour trai&er de ceftui-cy.Nous traduirons àpeuprescequ'Ariftote enâ efentau douziefme chapitre du . neufiefme liure de l'hiftoire.C W«j(dit il) n'apparoift gueres le jour: car il ne voit pas bien cler , parquoy il vole la nuiéUl mené fi afpre guerre à chdch > l'Aigle , que touts deux fe combatants tombent fouuent en terre liez enfemble, iterno£înrms en LtjrWn'cK,,eufsions maintenu les Harpens efhe Chu drwi. radrij , n euft efté qu'il les deferit entre les oyfeaux paluftres. Nous en faifons mé- tion en ceft endroit,! caufe qu'il dit au neufiefme luire des animaux, chapitre vn- ■ ziefme: Charadrios nociu appctret,die aufugit: toutesfois a efté aflez d'en faire brief- ue mention entre les oyfeaux de nuit , remettants à en dire d'auantage , lors que Harpens. parlerons des oyfeaux paluftres.Et quant aux Harpens,encor ne leur fçauons au- cun nom ancien. Monîîeur Ian Choul Lionnois bailly des montagnes duDaul- phine, homme curieux des excelléts ouurages de nature, nous à quelques fois fait fçauoir qu'il en auoit des viuants,qu'il nournfloit 'en cage, que lespaifans defon bailliage luy auoyent apportez.Defquels efperôs voir les portraiâs, aucc infinies autres fingularitez qu'il à , ia long temps à , recouuertes à grands fraix, & indefa- tigable diligence:comme aufsi d'vne fienne finguliè're bonté de nature, commu- niquant ce qu'il à d'exquis à fes amis,nous à obligez de ne le taire. DelaSourichauue. CHAP. XXXIX. Soun- chauue. ONG tempsy à qu'on à mis en doute, à fçauoir lï la Souri- chauue deuoit eftre mife au nombre des oyfeaux , ou au reng des animaux terreftres. Parquoy ayants trouué lieu à propos entre noz oyfeaux de nuit, nous àfemblébon nepafleroul- tre fans en faire quelque petit difeours: car la voyant voler , & auoir «lies r l'auonsaduouee oyfeau. Pline ayant traduit, ce qu'il en â efcnt,d Anftote , & Ariftote aufsi , ont fait entendre qu'ls n'ont ignoré qu elle alai&e fes petits des deux mamelles de fa poictrine , qui font en elle,com- me DES OYSEAVX, PAR P. BELON. I47 me en l'homme.Aufsi au liurepremier de IMtoirc, chapitre premier , il la nom- bre entre les beftes qui ont deux pieds.Et nous,qui en auos obferué quelque cho- ie,adiouftercs ce qu'en auos trouué.Les Grecs l'ont nomee NiBeris, & les Latins V^/// û : m aispourraffin 1 té'T 1 uelu 7 voyon S auecvneSouns,l'auon S nommeé Nittem en GivcVefpertilio en Utin,Souris chauue en Frc- auo j r t-ranché V ne vingtaine des pregnâtes,& pour auoirveu leurs anatomiès,que en: & co maintenons e ft te c 6 me ce n e d'yne Souris.Cefte Chauuefouris porté fes petits en la matrice enuelopez de leurs arriéres fais.Elle ne fait aucû nid , & lors qu'elle réd fes petits,ne fe tient appuyée contre aucune chofe . Mais fe pend par les pieds & par les crochets de fes selles & demourant pendue eft renuerfee,& tient fes petits fur fa poitrine les allai&ant comme vn animal tcrreftre.Et au bout d'vn iour ou deuxdes pend par les crochets de leurs selles,à fin qu'ils demeurét la , pédât qu'el- le va au pourchas de fa pafture. Mais puis qu'elle les rend enuelopez de leur arriè- re fais , il eft neeeflaire qu'elle ait l'induftnc de les defnuér auec les dents , & les fe- parer dVuec le nombril. N'eft-ce donc pas grande bénignité de la fageife de na- ture en l'endroit des animaux , que les amufant à rendre leurs petits , & les dete- nât quelques iours fans leur dôner loifir de pourchafler leur pafture,lors qu'ils ont plus grand affaire de nourriture pour les alai&er, a feeu preuoir à ce qu'ils ont de- faultfCe qu'elle leur à apprins à manger leurs arriéres fais, ou fecondines, eft à fin qu'elles e'en nourrirent deux ou trois iours, pédant le temps qu'ils font amufez à faire leur gefines. Mais celles de ce pais cy, & autre d'Europe , que nature a def- nuez de crochets,fe tiénét es fendaces des poultres,ou des loliueaux , ou elles elle uent leurs petits en autre manièrc.Lon ne trouue point que les Chauuefouris em portent leurs petits en volât.L'exemple eft en plus de quatre mil dedens la pier- riere de Crete,qui toutes les auoyent biffez pédus,dôt n'y en eut pas vne qui bou Ve f cn l geaft fon petit pour noftrc arriuee. Les Chauuefouris font quafi aufsi noires que cblul- Rats,ayants les aureilles beaucoup grandes,dont y en a qui en ont quatre. Toutes finis. les ont noires, comme aufsi font les prunelles de leurs yeux. Elles ont le bec bien grandj.es nafeaux à la manière d'vn Veau,& les mafchouëres entournees de poil long,& noir,bien garnies de dents iufques au nôbre de trente & quatre, defquel- les dixhuit font en la mafchouè're débas,& feize en celle d'en hault.Les dents font rondes,& lôguettes,& entre autres y en à deux deffus,& deux deflbus à la maniè- re des canines, chofe qui n'aduient aux Rats, & 5ouris.Sa langue eft longue corne celle des animaux qui viuent de chair.La voix qu'elle fait en criât,eft claire & plus aëree,que d'vne Souris. Ses aelles font faides de mébranes qui ne côtiennét point de fang,&luy començats depuis l'efpauledeurs prennét tout le long des a>lles: & entournét les iambes,qui ont quatre articulatiôs, dont fe feruent au lieu de pieds, tant de deuant que derriere.Elles ont cinq doigts en chafque pied, affez bien mu- nis dongles crochus,ayants vne paulme ouuerte es pieds de derriere,reffemblant à vne main.Leur queue eft toute entournee de membranes,au moins en Europe: car elle paffe oultre en celles d'Afrique. Au refte les autres parties intérieures con- uiennent totalement auec celles d'vne Souris. FIN DV SECOND LIVRE. TROISIESME LIVRE DE LA N AT VUE DES OYSEAVX VIVANTS LE LONG DES RIVIERES, ayants le pied plat,nommez. en Latin Palmipèdes aues : auec leurs defcriptions & portraiâs, retirez du naturel* Par Pierre Belon du Mans. A PARIS, En la graftd falle du Palais,en la boutique de Gilles Gorrozct.' I S s s* Auecpriuilege duRoy. J5° A V ROY. I R E , Voulants defirire les oy féaux deriuiere, er trouuants que nofbre manière de parler Fran- çois ne peut exprimer naïf uement la dittion Lati «ePalmipes , battons diBe par circunlocution de pied plat, comme auppour Auis aquatica, o* Pa luftris , ojjèau de nuiere & marais : entre lef quels feront comprws , tant ceux d'eau douce que falee. Parquoy pour oyfeau de piedplat , Voulons ' eflre entedu de ceux qui hantent les eaux de mer, : desfleuues, & eflangs, & qui fcauent nager par ' de fus l'eau. Le Cygne efi Vn des plus grands d'en- tre eux 3 puts le Pélican , autremet nomméLibane,& en Latin Onocrotalus.^f- jiy mettrons ^ Oy es, le Biëure, les Canards , & Canes. Les Plongeons de mer &deriuiere y feront comprins fous diuerfes effeces , & les Sarcelles , Camards, Mouettes , Grfrds , Piïttes, Tardones , & tels autres. .Touts lefquels Pource qu'ils ne Je Veautreten la poudre , comme les terrestres, & quefe fentats offenfer de laver- minj,nettoyentleurs plumes auecques de beau , ont etténomme K Lotnces aues, a la différence des terre f res , qu'on a appeliez Pulueratrices. LE TROISIESME LIVRE DE LA NATVRE DESOYSEAVX DE RIVIERE, qui ont le pied plat, & nagent fur les eaux , auec leurs defa iptioris & portrai&s, retirez du naturel l3u Cygne* CHAPITRE PREMIER. E CYGNE eft diâion Venue' des Grecs:cai les Latins dientO/or.Entre les oyfeaux de riuicre le Cygne eft de plus grande corpulence,comme des terreftres eft l'Autruche. Et pource qu'il eft D f cr >'t>- cogneu d'vn chafeun, n'eft ia befoing le deferire "° dt> CJz parle fflenu.Leprouerbedu vulgaire, enfeigne qu'il eft tout blanc,d'autant qu'on dit eftre blanc comme vn Cygne. Son bec,fes iambes, & pieds font noirs .Son bec feroit femblable à celuy d'v- ^ ne Oye, n'eftoit qu'il eft quelque peu plus rond, >xïs^/fcP& & noiraftre , & recroché contrebas par le bout, ayant vne bute noire par le deflus,qui touche la tefte.Les deux coftez des temples au deflous des yeux font noirs,comme eft du cuir poiy . Ariftote fçachant que le Cygne eft oyfeaucogneu d'vn chafeun nous à laiffe peu de merques à le bien fçauoir difcerner,finon qu'il à feulement dit en l'hiftoire des animaux, que lès Cy gnes font oyfeaux de pied plat, viuants eiiuiron les lacs,& palus, & qu'ils ne font ignorants des bonnes meurs, & bonne manière de viure, & de bien conferuer & nourrir leurs petits,& fe nourrir en vieillefle:& que fi l'Aigle les afTaut, ils fe defen dent tellement qu'ils en font fuperieurs , qui toutesfois ne fecombatent iamais s'ils ne font premièrement aflaillis. Ariftote donne aflez à entendre qu'il en à be- aucoup efent par le rapport des marinièrs:car au douziefme chapitre, du neufief- me hure des animaux, efcriuant que les Cygnes chantent quand ils veulent mou- nr,d ne le dit pas pour les auoir ouy s ; Ils s'en volent bien auant en la mer (dit il) & y à quelques vns qui ont nauigué en la mer d'Afrique, qui no 9 ont rapporté en auoir veuplufieurs chantants de voix lamentable. Et combien qu' Ariftote n'ait totalement défait le Cygne, ce rieft pas qu'il ne l'ait bien veu & eonfideré parle menu lufques à en auoir deferitfon anatomiè interièUréen eefte forte, Appendices quafdam babet Olor fumas infra apud intejïinum. Cela nous figmfie que pour auoir l'intelligence plus certaine de la différence des animaux, ne fe faut defdaigner de leurs regarder les entrailles. Tous oyfeaux ont naturellemét deux inteftins , que ii Cygnes chantent ennioutti J5* LIVRE III. DELA NATVRE Touts oy- l es médecins ont n6méC Onocrotalus en Grec, Platea & Platale* en Latin, Liuane en Fancqys,*4grotti en Italien. aux petits en l'abfence des pères. Ce que les Latins nomment Vktea , VUtaleapu 0» ^«/«,Anftoteaufiiauhuittiefmeliure,dou Z iefmechapitrcdelanaturedes animauxJe nomme PfW,.Tous lefquels noms font Synonimes fignifiâts vne mefme chofe . Les Pélicans font oyfeaux fi communs en la riuiëre Stnmone,que quand pafsions par deflus les ponts , & paruenus fur les Collines, voyons les facs blanchirpourkgrandequantitequis'ynournflenten efté,commeaufsifont en Pale eft Ae g[P te enteps dhyuer. Laquelle chofeauos la cottee es difeours denoz voya- •vn autre S? 5 ' °Y*f ^ nous appelions vne Pale, & qui à le bec comme vne cuefc, oyfeau n elt pas L elccana. Car nous voyons quelle ne peut nager fur l'eau , non plus que r U Pe lC 7 ron ;P° l ' r ce qu'elle n à le pi edplat.Combien que Pline auchapure quaren hean. te-feptiefmedudixiefmeliurefacemention de ÏOnocrotdus, lequel il dit, refem- bler DES OYSEAVX, PAR R BELON. bîer à vn Cygne , & qu'il ait aufsi fait diftin&e mention du Pélican , toutesfois il appert par fes paroles, qu'il veult entendre d'vn raefine oyfeau , qui peut bien nager iur l'eau. Ariftote au dixiefme chapitre du neufiefme liure, efcnuant de ceft oyfeau vouloit entendre que les Pélicans fe nourriflcntfur les nuieres , & aufsi qu'ils volent aux plongeons de mer , quand ils les voyent fortir hors de l'eau , les prenants par la telle en les mordant, à fin que les Plongeons leur rendent leur proyë.Ce paflàgc nous fert à prouuer qu'il n'eft: aucun animal de double vie 11 h '^ 4 ayant poulmon & prenant fa pafture en l'eau , qui la puifTe aualler leans-car fi les W<8 7 Plongeons lapouuoyent aualler en l'eau, ils la mangeroyentauant fortir hors, ZlZui fâchants que les Pélicans la leur ofteront,s'ils ne fuyent : mais leur conuenant la />«# m» venir aualler en Xxt font deftrouffez desPelicans. Pofsible que les poifTons Ce- & eren tacees,teîs que nous nommons l'Oyë de mer,c'eft à dire le Daulphin,& Vbocna L ' eaH ' c'eft à dire le M arfoiun, Pri/?er,o'eft à dire le Chauderon, Or du, c'eft à dire L'on- l n T' dre& la Balenc , & autres de double vie, comme eft le Veau de mer qu'on offi nomme aufsi Loup de mer, la Loutre, le BieureJe Rat d'eau, la Tortue, & toutes fortes d'oyfeaux quife plongent en l'eau , ne aufsi la Grenouille , & les Serpents ne peuuent aualler ce qu'ils prennent en l'eau .s'ils ne fe viennent monftrcr en fe,ou bien y ont prins leur proyëxar fi les Plongeons,dont y en â beaucoup de fortes,pouuoycnt aualler leur viande lâ bas, ils ne fortiroyent hors pour fe met- tre en danger d'efire pillez des Pelicans.ii Moyfes autheur Hebrieu à dit en l'vn- ziefme chapitre du Leu lt ique,que le Cygne & Onocrotalus eftoyent oyfeauxim- C y*ne& mondes, & deffendus aux Iuiis de n'en mager.faut penfer qu'il auoit eu cognoif- oturo» fance de touts les deux, & non fans cauie:Car ils font fréquents par les lacs de tou lm ®f e - te Egypte & Iudee.Et de fait,lors que pafsiÔs par la plaine de Rama,qui n'eft qu'à , dem ie lournee de Hieruialem, nous les voyôs paiTer deux à deux corne Cygnes 7/ f volants afleZ bas par deffus nez telles : combien qu'on les voye aufsi voler en S? ** greffe troupe comme les Cygnes. Ce qui a fouuetesfors fait que Pline à mis vne *>W mcfme chofe fous diuers noms en diutrs chapitres eft,qu'ils les à prins de diuers autheursGrecs.Etparainfiau chapureJcP^, il efent de mot àmot, tout ce qu Annote en auoit dit.Or eft-ce que nature luy â baillé vn fac de cuir fous la gor ge tenant a fon bec pour y mettre des greffes coquilles fermées , qu'il trouue en la mer:m aïs eftants dedens ledit Sac,& lentants la chaleur 3 fe feparent & s'ouurét. Ceft ce qu' Ariftote & Pline ont dit que quand le Pélican s'eftremply de Con- ciles , 6k fe font ouuertes à la chaleur , i| les reuomift , & cfiifant le bon d'auec le mauuai^mâgelachairdtipoyffonlaiffantlescfcailles. Pline dit aufsi au chapitre de Onocrotalus que c'eft vn oyfeau fi femblable au Cygne, qu'il n'eft différent fi- nonqu il avniecondventredeffousla gorge de moult grande capacité,dedens equei il met tout ce qu'il à trouué, & peu à peu après l'auoir cuit , le rapportant à la boucheJe renuoye dedens le vray ventre à la manière d'vn animal ruminant, & que tels oy féaux fe tronuent en la Gaulle feptentrionale. Cela ou chofes fem- blablcsdiioit Pline, & toutesfois Ion penfe que Plutarque â attribué ceftemer- que au Heron.Lon à remerché qu'en certaine faifon de l'année il y en â au lac de Mantouë,& d'Orbetelo près des Marémes de la ville de Sienne , ou les habitants le nomment Agrottu Albert le grand eut bien cognoiffance de ceft oyfeau, mais pofstble qu il ignora fon nom ancien : le voulant maintenir pour O flifragus, qui o un £1, ijCormarantenïnncop. liure,parlant des Chouettes nômees en Grec Coîia, ou il dit. Tertiiï quodfamilidre eft Lydiœ,dc VbrigU terra, idémq; palmipes eft. Nous l'interpretôs qu'il y à plufieurs lacs en Lydie & Phrigié',comme aufsifçauons qu'ils font frequens au Proponti- dc,&esgoulphesdelaMontanee &Nicomedië anciennemét nommez Afla- ctnws finus (j 1 Nicopolis. Pline nous donne faueur de croire cju'Ariftote à enten- du du Cormarant au lieu ia allégué : car il le nomme expreifement Vhalacroco- rax,efcriuant le trenteiefme chapitre de l'vnzeieime Hure , lequel il met en celle forte. quœddm anmalium naturaliter cdliient,JicutStrutiochameli,&' Corui aquati- cï^uïhm apud Gra-cos nomen eft inde. Biëure DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ity Du Biéure oyfeau* C H A P. V 1 1 Ii I E V R E eft vn moult gros oyfeau de riuiere,&ouil n'y à gueres moins à manger, qu'en vne moyenne Oye fauuage* Noftrc Vulgaire Françpys le nomme vn Biéure, luy ayant Ethimota impofé ce nom par accident, d'vne belle de double vie fem- &' ^ Bte blablementappellecvnBiè'Ure,&enLatinF^cr,&en Grec *Z e ', ■ cajior : car comme la beite,qui a quatre pieds, entrant en 1 eau caftor. fait de grands degafts fur le poiflbn : tout ainfi c eft oyfeau, qui fe plonge à touts propos, cftât en vn eftâg ert fait aufsi grâd déluge corne vn Biéure à quatre'pieds^ C'eftdelaqu'ilàeftéàinfi nommé. Il y a bien des autres oyfeaux , qui luy font moult femblables: car le Pélican, qu'âuons nagueres deferit, porte quelques me£ ques qui luy font comunes,comme aufsi à. Vn autre, qu'on nôme fur la riuiere de Loire vn Harle.Mais entât que ce Biéure eft differét à touts autres oyfeaux , nous Cajior en GreciFiber aies omnium mergorùm maxima en Littin,Bieure en ïuncoyu dirons prefentement quelles enfeignes iontroùueenluypourlefçauoirdiftin- guer des autres. Il à le bec lôg,grefl e & dentelé , côme aufsi eft celuy de la Piette Df £ w v de mer, mais tous deux font recrochez par le bout.Il â vne crefte deflus la nuque, tion d» non par deflus le fommet de latefte,eomme ont les Paons, Huppes,'& Coche- Bieure, uis, mais pat le derrière , comme YOriocrotdus & plufieurs efpeces de Plongeons. Sa tefte,comparant le petit au plus grand,eft plus grofle que celle d'vne Oye, dot pii 1*4 LIVRE III. DELA NATVRE tout le deflus,& iufques à demy le col,eft de couleur fauue,come qui l'auroitpein de d'Ocre de Ruz.Ses yeux ne font gueres grads. Le deflus de fon dos & des ail- les eft cendré,tirant fur la couleur plombec.Ses adles font moult petites au regard de tout le corps,ayâts vne ligne blanche par le trauers . La couleur de deflbus fon ventre eft quafi blanche tirant fur le paillé. Son bec à. trois doigts de longueur, rouge par le deftous,& brun par deflus,ou il y a vn pertuïs en chafquc cofté pour odorer.Ses iambes & pieds font rougeaftres: fa queue eft; ronde comme celle des oyfeaux de nuiere.Mais la voyanterruflee par le bout, auons eu occafiô de péfer ferche ( 3 Ll ^ P crcne & fait fon nid par les rochers,& fur les arbres,côme aufsi fait le Cor &fanfon marât.Nature s'eftmôftree admirable en la fabrique intérieure de ceftoyfeau,co md es ro-] me aufsi en celle de plufieurs plôgeons, & quelques autres oyfeaux de riuiere:car chm. e ll e ] U y a baillé le fiflet , autremét nômé le Chalumeau, d'autre forte qu'es autres oyfeaux de riuiere : qui n'eft pas rôd, mais quafi plat,& nô tout d'vne venue,mais pl 9 gros par interualles en vn édroit qu'en î'autre,c'eft à dure qu'il y â deux nœuds au milieu.Et quâd il eft paruenu iufques dedés l'eftomach , on luy trouue vne ca- uité leans renfermée de mébranes,qui côtiennét pareillemét vn gros os inegal,en forte qu'on diroit,que côme on enferme vne châdelle en la lanterne cotre les iniu res du vént,que tout ainfi nature luy a fait celle cauitc pourlacôferuation de Yxx. entour fes poulmons : car lors qu'il fe tient la bas plongé en l'eau , il à affaire de vent . Lon ne trouue aucuns autres oyfeaux auoir cefte merque , finon ceux qui font le plongeon : combien que touts ne l'ont pas. Le peuple ri â bonne opinio de ceft oyfeau:car quand lon en apporte au marché,comme aufsi des Cormarâts, il y à vn prouerbe de dire, que qui voudroit feftoyer le Diable,il luy faudroit dô- Prouerhe nerdetels oyfeauxdes eftimants de mauuais manger :&;toutesf ois ne font fi mau commun, uais qu'on crie. Du Herle. CHAP. IX. Vefcrip- tion du Herle. Herle eft autre tcf- feitu que 1>ulj>iwfer E V X nous femblent auoir petite occafion de fe louer tant qui fe vantent, pour auoir impofé quelque nomFrançoys à vne chofe moderne : car nous voyons plufieurs chofes nom- mées diuerfement,prenants leurs appellations propres endi- uerfes contrées de France: &toutesfois ceux qui fçauent bien parler Françoys , les ignorent . Nous auons trouué vn oyfeau de riuiere de moult belle couleur orégee,que les habitants des Orées fur la riuie- re de Loire,comme eft Cofne, la Charité, Neuers, ont conftamment nommé vn Herle,ou Harle : & toutesfois l'ayant monftré àParis, nations trouué home qui ait onc ouï tel nom:car en le vendant,ou ils le nomment vn Tiers, ou vn Moril- lon,ou luy impofent tel autre faux nom . Sa grofleur eft moindre que d'vne Oye fauuage , mais il refemble mieux à la contenance d'vne Cane, tant pour auoir les iambes & le col cour,comme aufsi retire mieux au plumage d'vne Cane. Cela eft caufe qu'ayons cefle de le foubfonner Vulpanfer. Ce Herle eft bien garny de plu- mes, DES OY SE A VX, PAR P. BEL ON. M mes, dont celles du tour du col & de deflbus le Ventre, font de moult belle cou- leur orengee,tirât fur le iaulne . Les plumes de deflus la tefte, du deflus du col, & du dos font noires. Il auroit toute l'aelle blâche , n'eftoit que les allerôs font noirs; Son bec eft long de trois doigts,qui eft en ce différent à celuy des Oyes & Canes* qu'il eft rond & recroché par le bout, & eft de couleur tirât lur le rouge, ayant les coches par les coftez ainfi que les oyfeaux de riuiere.mais il à vne caueleure noire d'abondant,qui eft droide par le deflus,& fa langue cochee,à la mode des autres oyfeaux de riuiere. Sesiambes & pieds font rougiflantes,femblables à celles dV* ne Cane. Aufsi à la queue courte comme touts autres oyfeaux de riuiere* ^inatis fpecics ttliqua habentis Centrent ttrancîj coloris* Du Morillon, CHAP. X. L y à vne particulière efpece d oyfeau de riuiere,quë noftre vulgaire homme vn Morillon , moult femblable à vne Ca- nc,& qui eft de mefine grofleur,ayantlebccentaillépar les r> f yg^: bords de profondes coches à la manière d'vne fie . Le Moril- don du Ion à le dedens des pieds & des iàmbes rougeaftres , mais le Monlloï dehors en eft noir. Il I toute la tefte tannée iufques à la moi* tiéducol,ou il commence à prendre vn collier blanchaftre * Et de la en auant fa poidrine eft cendrée, & eft blanc deflbus le ventre. Il feroit totalement noir par deflus le dos & adles,n'cftoit que quand on les luy cftand , Ion voit fept plumes en chafque cofté,qui luy font l'atlle toute bigaree ainfi comme à la Pie . Mais au refte toute rœlIe,comme aufsi la queue, eft noire,qUi reflemble proprement à cej le d'vn Cormarant.Sa principale nourriture eftât en l'eau , eft des petits animaux Noumtu- qu'ii trouue au fond: car (cachant faire le plongeon ,&fe contenir la deflbus, ndu M( > moult longue efpace de temps, prend du petit poiflbn &desEfcrouè'lIes,qu'on r,ll °"' pourrait nommer en Latm,Millepedœ aquatica: ou Pedicuh . Il fc paift aufsi des fe- Mtlhpe- mences des petites herbes , qui croiflent le long des rmfleaux, & des Efcreuifles d& a H uaH tendres,comme aufsi de toute forte de petits Limas.Sa langue eft charnue , telle- c * ou f*~ ment qu'il femble en auoir vn autre à la racine.Sa poidrine eft fort large,comme d ' cul '' aufsi eft en toutes manières de Canes. Il à les cuïfles courtes & tirées en dehors* commeonttouts oyfeaux qui fe plongent. Son anatomië intérieure ne femble nenauoirdeparticûlier,quedeneluy trouuer point de fiel. Sonfoyeeft diuifé ^oMû* en deux lopins,dont l'vne partie couure le gefier,& l'autre les inteftins. Nous ne jjïj* feparerons celle efpece de Morillon, qu'on nomme vulgairement vn Tiers. Par- Ethimoh quoy le deferirons en ce mefme chapitre. Noftre vulgaire recognoift le Tiers à 1 gui» ce qu'il eft Tiers entre Morillon & Cane.il eft ainfi bigaré par les slles comme le Tm> Morillon , mais fon bec eft corn me celuy de la Piette. Quant au refte , qui fain- De f c "'P- droit voir vne Piette colorée entre le Morillon & Canard , ayant les selles biga- ^* rees, auroit la perfpediue d'vn Tiers en fon idee.il eft donc moindre en grâdeuç P iii 166 LIVRE III. DELA NATVRE que le Canard & Morillon,& au mâger eft trouué de mefine gouft.Nous voyos les Morillons communs es riuieres & eftangs de toutes contrees,quinous induit à croire que les anciens ne les ayent ignorez . Parquoy n'ayants onc trouué oy- feau qui euft l'œil de couleur fi veronne, l'auons facilement pris pour celuy , que Gkuc'wn. l es Grecs ont dit Glaucion, le voyâts meftnementfemblable à vne Cane, & quel- que peu moindre. Glaucion ou Glaucm en Grec (y Latin, Morillon en Francoys. Des Canes de mer. CHAP. XL OVRCE que les oyfeaux paluftrcs font leurs nids cotre ter- re , & font aifez à nourrir , les paifants après auoir trouué leurs ceufsjes font couuer aux Poulles,& ainfi rédent les oyfeaux pri uez,lefquels puis prefentét aux Seigneurs des villes & villages. Si ce rieftoit cela , il y en à beaucoup d'eipeces qu'on cognoift, qui feroyét demeurez incognus.Nous auôs eu la cognoiffance des Canes que defcrirons maintenât de la fufdicle manière, côfeifants ne les auoir vcufauuages. Mais ayants toufiours eu efgard de rendre les noms anciens aux chofes modernes, foudain que les veifmes porter vn collier blâc comme vne Ca- ne petiè're,foubfonnames qu'Ariftophanes auoit entédu d'elles ou il difoit, Nittœ periefofmenou Colin en Francis. ëcmf ai ôtw,a< Ôpvftts. Arift.lib.i.cap.17. Naturel f U y Uant ordinairement les Daulphins en la mer. Car il mange les poiflons qui C T faultent en l'ser de frayeur pour euiter la fureur du Daulphin . Il fait la guerre au Exocetus. poiflon nommé Exocetus. Quand ce poiflbn fc met fur terre,il court fi vifte qu'on ne dirait pas qu'il fuft oyfeau de pied plat.il fait Vn eftrartge cry,qu'on oit de bien loing,& quâd il vole en l'aer , il fe monftre autant ou plus eftendu que ne fait vne Aigle. Il eft moult gourmant, & par cofequent moult difficile à faouler,& eft cô- munemét maigre.Sa peau eft quafi aufsi dure corne celle d' vn cheureau.C'eft vn oyfeau de faueur mal plaifante,dont la chair eft dure à digerer:Et par ce ne le vëd on aucunement au marché des villes. Si eft-ce que fi les habitants des nuages le prennent,ils ne laiifent à le manger.Ce'ft vn oyfeau cogneu d'vn chacun qui ha- bite DES O Y S E A V X, PAR P. BELON. ^ bite furie riuagc de l'Océan, lequel pour eftre facile à nourrir, eft aufsi veu es vil- les mediterranees:Car quand les paifants ont trouué fon nid,ou il y à communé- ment deux petits,ils les portent pour donner à leurs feigneurs es villes. De la Mouette cendrée. C H A P. X 1 1 1. ' I L y euft eu quelque difficulté en la cognoiffance deceft oyfeau,eftats au païs des Grecs,elle nous euft efté facile à vain cre.Car encorpourleiourdhuy , tout le mode le nomme La- ros , comme aufsi en Italie Gam.i&(,Qjihi V STi%>5t Ml OTjJi^f.Arift.lib.S.cap.j.S: lib.ç.cap.s>. dré : mais eft toute blanche par deflous le ventre, comme aufsi eft fa queuèV Ses pieds & ïambes font noires, dont les doigts s'entretiennent de membranes, comme font ceux des Oyes & Canards.Le defliis de fa tefte eft tout blanc, ayant vne tache noire en chafque cofté affez près du coing de l'œil. Son bec eft long & quelque peu courbé en arc,& creux par le dedens, comme eft l'eftuy ou manche ou Ion met l'alumelle d'vn rafouèrdequel bec eft de la couleur de celuy d'vn Bu- tor , quafi comme de corne.L'extremité de fes deux selles eft noire,& principale- ment le bout des cinq groffes plumes , defquelles la première âvne bien petite i 7 o LIVRE III. D E LA NATVRE partie noire en longueur . Il n'y à quafi point d'ergot derrière en fon pied : Et ce qu'il en à , n'eft guerres plus grosqu'eftlatefted'vne efpingle. Il n'eft oyfeau pour fa corpulence plus léger que ceftuy cy. Car combien qu'il foit gros comme vne Poulie, il n à de chair vaillant vne Caille, toutesfois qu'il eft beaucoup gour- mant. Il n âge fur l'eau,& fe conduit de fes pieds. Il à donné fon nom à vn poiflon en Grece,& dont il eft moult friant.La couleur de l'ouuerture de fon bec,commc aufsi de fa langue,eft de iaune orangé. Des Mouettes blanches* CHAP. XII IL E É S T de deux fortes de Mouëttes,dont l'vne eft plus gran flanch" $§£3^ ^ÊÊÈÊ dette,l'autre c ^ p" us p ct it e > de laquelle parleras cy après. Ceux de deux 3g2|5F W^!^ ^ u Hable de grâce & Dieppe la nomment Maulues , comme f ortes - 1I§P îWmM aufsifont les Mouettes cendrées. On les trouue pendues à l'c- Munlues. vê^tm *irVl|f ftal des pafticiers es villes maritimes, toutesfois qu'on n a pas 3É^=^j=^s> , $^ acouftumé d'en mâger la chair ailleurs.Les ayants gouftees,ne nous ont femblé de fi mauuaife faueur côme Ion péferoit.Cefte Mouette blâche Vefinp- e ft j e p] us p et i te corpuléce q la Cédree.C'eft vn oyfeau moult plaifant à la veuë, "oSdeMo ^ ^ e k e ^ e cor P u l encc & gay e,retirant à celle d'vn beau Pigeon blanc: mais fem »f tte blan ^ c e ^ re ^ e P^ Ll5 g ran d cor ^ a g e a cau ^ c ^ e ^ on plumage, qui toutesfois eft de moin che. dre charnure que d'vn Pigeon . Elle eft blanche comme neige , ayant toutef- fois quelque peu de cendré fur les adles. Ses yeux font grandelets, ombrez tout à tour d'vne ligne noiraftre , ayâts vne tache noire en chafque cofté , ou eft le per- mis de l'ouyce. Ayât aufsi moult bonnes allés, & qui furpaflent la queue en lon- gueur . Leurs iambes & becs font rouges, chofe contraire à la cendrée. Ils fe tien- nent guays & droits deifus les iambes,ayâts la partie de derrière moult haulte,tel- lement que la perlpeâiue de leur deflous,fe tourne en courbeure . Car venant de deuers l'eftomach, & paflant par deflous le ventre, fe terminât à la queue , môftre 6 fe tourner en dos de cercle . Leur bec eft poincîu & grefle , & ont les extremitez powles C ^ es x ^ cs n °i rcs • Il ne f aut P as ta ^ re ^' vn prouerbe ancien pour les hommes ba- homes bu billars,encor qu'ils ne façhent ce qu'ils dient, toutesfois veulent toufiours parler: billars. Ce ft qu'on dit en cefte forte, Larus parturit. Gar lors que ceft oyfeau à fes petits, & va volant ça 6k lâ,il crie contre les hommes & animaux qui en aprochent. Son nid eft cotre terre parmy les Iâdes entre le bruyé'res.Lors l'oifeau fait fi grâd bruit, . qu'il eftonne les pafTants de fon cry.Sauf l'hôneur de quicôque à eu opinion que Mouettes l es Mouettes fe plongent en l'eau, ofons dire au contraire, & que onc homme ne ne fe pion les veit faire le plongeon. Toutes ces efpeces, félon le rapport d'Ariftote,batiiTent gent en au f s i } eurs mc \ s es rochers près de la mer, & font deux ou trois œuf s en efté, & ont ^ M ' t j l° rs limitiez contre certains autres oyfcaux,dont l'vn eft Brentus , & l'autre Uar~ BrmtbZ' /"^r'^dit *Û *m ««.««.comme aufsi auec les Canes & Canards.Mais il y I diflfe- Harpa. rence entre Brinthus & Brenthus,comme ferons voir cy après. Lttros Leucos en GKcjGauia albtt en Lutin, Mouette blanche en îrancoy rjt DES OYSEAVX, PAR P. BELON. De l'autre petite Mouette blanche. CHA 5 P. XV. NCONTINENT qu'il commence à faire froid, les peti- tes Mouettes blanches apparoiifent alfez auant en terre ferme volants par deifus les riuieres . Il eft manifefte qu'elles font de différente efpece aux deffufdi<âes:car elles portent le deifus de la tefte tout noir,& font de moindre corpulence,& volent en- cor plus lôg temps que les autres Mouettes . Si ce n'eftoit que les pefcheurs trouuent des fubtilitez à les prendrai peine en voiroit on fi non en volant : mais eftants prifonnieres,elIes fe appriuoifent quafi en vn iourjefquelles Ion nourrit facilement:car elles mangent toutes chofes qu'on leur baille,comme tripaille, chair,& poiflbn. Pour les prendre ils vfent de ceft artifice. Us mettent vn ecroix de bois fur l'eau,& au quatre coings mettét quatre gluaux droits fichez. & au milieu de la croix mettét de la chair ou du poyifon : car la Mouette defeéd envolant pour prendre la chair qui nage fur l'eau, & trouuant les gluaux à fes ailles ,tumbe en l'eau ne pouuant plus voler. Ils prennét aufsiles Caniards ence fte maniere,& quelques fois les Milans.Elle eft fi criarde , quelle en eftÔne l'ser & faitennuy aux gentsquihantéti'eftéparles marais,&lelong des petites riuieres. Différée* des petites Mouettes blanches aux autres Mameri de prédit la petite Mouette blanche. DelaPiette. CHAP. XVI. O V Rprouuerque ce nom de Piette eft puredidion Fran- çoyfe, ne voulons que l'expérience . Ceft quiconques aura vn oyfeau, qui eft fi fréquent par noz riuieres , & familier en tou- tes boutiques des pafticiers,tel que monftre cefte peinture, le portant en fa main,& demandant fon nom aux paifants, il n'y aura celuy qui ne le nomme ainfi qu'auons dit . On le trouue moult commun en Soiifonnois & Beauuoyfin. Car communément on l'appor- te vendre aux villes de ce pais la en moult grande quantité , pris es riuieres de A- ree,Somme,& autres tels ruiffeaux. Piette femble eftre nom diminutif d'vne Pie- car c'eft noftrecouftume de nommer beaucoup de chofes de nom de Pie : com- me quand nous voyons c'eft oyfeau mi-party de noir & blanc, nous lenommôs nry alexempkd vnePie,commeaufsidifons ^ mierdefetenirenleau,aifezpIusgrâdqu'vneSarcelle,maismoindrequ'vnMo Piette. nllon.EttoutainfiquelacouleurdesCanesn'eftpasconftante,fi que telle fois 1 vne fera toute gnfe& l'autre toute blanche , ce neautmoins ne perd rien de fafi- gure:toLitainfieltdelaP 1 ette.Carilyenâ,q U iquelquesfoisfonttoutesblanches par le col &par le corps,& quelques fois méfiez de couleur noire.Mais la plus cô Hante couleur & commune en ceft oyfeau , eft d'auoir le deffous de la -orge & du ventre tout blanc, & le délais du corps noir: les adles comme celles d vne Pie, I 7 i LIVRE III. DE LA N AT V RE & au refte les pâtes & la queue corne d' vn Morillon. Nous donnerons vne mer- Pktteeft que pour monftrer que cefte Pietteeft différente atouts autres oyfeauxderiuie- differente re:c'eft qu'elle à le bec non pas large , comme plufieurs autres qui hantent l'eau, à tohts cj- ma j s c 5 mc rond,qui n'eft pas voulté par le deflus,& qui eft dentelé par les bords. f eaux Elle à p areillemét vne petite huppe par le derrière de la nuque], nô pas droite d e f- rimere , &>en quoy. Phalaris en Latïn,Piette en Franco?!. O <&x\ueïs *3fe< rêv mit/Mis Xj h'ttaas J>«rei'£<. Arift.lib.8.cap.j. fus la tefte , mais en l'endroit ou luy commence le col. Ses intérieurs, fes inteftins & Iefiers font grefles & moult deliez,ayants le fiflet gros comme le doigt,& me- nu par deuers la tefte,& qui eft différent à touts autres qu'on puifTe obferuer.Car il eft toutrond,&d'vne feule pièce, dont les anneaux ne font aucunement co- chez. Noz conic&ures nous ont peu efmouuoir de la fourgonner eftre celle que Phalaris. ^ s anciens nommoyent Vhalaris. De la Tadorne. CHAP. XVII. De/crip- tionde ta Tadorne. A TADORNE eft oyfeau moult refemblant à vne Ca ne : mais on le voit rarement en noftre France, finon es courts des grands feigneurs,à qui on les apporte des autres prouinces de dehors. Leur corpulence excède celle des Caniards , faifant moftre d'vne moyenne Oye.Le plumage de leur tefte eft tout noir , comme aufsi font leurs yeux. Leur bec feroit tout rouge par deffus , n'eftoit qu'il â vne tache noire de chafque cofté, en celuy endroit ou font DES O Y S E A V X, PAR P. BELÔN. 17 font les pertuïs pour odorer . Leur bec eft aufsi court comme celuy d'vne Cane, & large comme celuy d'vne Oye,mcrqué d'vne tache noire par lebout , qui ref- fem bleàvnongle. Ceft oyfeau eft plus haut eni'ambé qu'vne Cane. La cou- leur de fes ïambes & pieds eft palle, tirant fur le rouge . Il porte vn colier de couleur rouffe , qui luy entourne la poiârine:mais le deuât de l'eftomach & tout le tour du col eft blanc. Aufsi feroit il tout blanc par le corps,n'eftoit que le deffus Portraici de la Tadorne ejpece de Canard. de fes «lies eft noir , ou il y k vne ligne rouffe en chafque cofté . Le bout des plu- mesdes a;lles,comme aufsi l'extrémité de la queue, font noires. Il ne fe plôge pas volôtiers entre deux eaux,toutesfois qu'il aimeàeftre fur l'eau, & porte fa queue comme les Canes . La voix qu'il fait eft moult femblable à celle d'vn Canard. Ses ailles eftenduè's apparoiffent quafi toutes noires, fur Iefquelles Ion trouue des plu mes vertes & luilàntes , corne font celles des ailles des Canards: mais pource qu'il plie les plumes noires de l'asile en dedens, les trois qui demeurent deffus, font cel les qui couurent l'aille de rouffeur. De la Cane à la tefte rouffe. CHAP. XVIII. 7pi Iy â vne manière de petite Cane moult femblable à vn Morillorr Defcrif ÎS [§ î 1 Lli à la tefle rou Ae : mais la poitrine & le deffous du col font noirs] tiûn d \ U P)j S ToLltIer efteducorpseftde couleur plombée. Son bec, fes ïambes & C f T L— 1 pieds,font noirs reffemblâts à ceux d'vne Cane,& les yeux rouges.El- " " le n'eft de fi grande corpulence qu'vne Cane* LIVRE III. DELA N AT V RE De la grofle Cane de la Guinée. CHAP. XIX. L n'y à pas long temps qu'on â commécé à nourrir & efleuer vne manière de Cane trape en noftre France,qui eft de moyé- ne corpuléce entre vne Oye & vn Canard, & qui ne fait point de bruit en criant, d'autant que fa voix eft enrouée , & femble qu'elle ait les poulmonsbleffez. ils'entrouuedes-ia fi grande Jquâtité par toutes noz contrées , que maintenât on les nournft par les villes,iufques à auoir commécemét de les vendre publiquemétpar les mar , . chez , pour s'en feruir es feftins & noces. Cefte Cane eft baffe eniàmbee , dont le tiondeîa ma ^ e e ^ P^ us g ran ^ L yâ vne manière de petite Cane qui eft moindre que le Mo- rillon , dot ànoftreiugemétles anciens autheurs Grecs onten- 1 tendu parler, quat ils ont efcrit de Colymbitis^ae les Latins ont Coly mli ~ j dit Ctpmbidcs . C'eft vn loly oyfeau bien troufie - , rondet & ra- l courfe .Ses yeux font fi iaulnes & luifants qu'ils font plus clairs D,/m>: .quelœrainpoly. Et pour fa petite corpulence, à les pieds &iâ- '«» bes , & le bec no»r,aufii large comme celuy d'vn Canard. Il eft bas eniambé avât t efit ï lon les pieds bien larges. Il â la tefte, tout le col , & le deuant de la poidrine de cou &et "° mé eur noiremais les plumes qui font deifous le vétre,font plombees.Les Françovs enomentauf«Cotee:carilportevneligneblacheparletrauersde l'adle corne c^. le Monllon.Mais fi eft-ce qu il s en faut beaucoup qu'il foit vray Morillon-car il a lahuppeparlederrieredelateftecommeleBiéure& Pélican:^ toutefois le Morillon n en a point. Cobmbitis & Cobmbidesen Grec,&Utin,Cotee mftmc^s. De la Sarcelle. CHAP. XXI. SARCELLE feroiten tout& par toutfemblable l ff™ »^««" qu'il peuft bien cheminer fur terre. Aufsi eft il compofé de telleforte, que fes cuïf- tm ' . fes font cachées leans, & ne luy apparoiflent au dehors . Et mefmementfes iam- r c£ tes luy trainnent par derrière , tellement qu'on le iugeroit quafi tout efrené . Il â ftmemc, les ailes moult petites pour la proportion de fa corpulence,n'ayant en tout point ou lou- dequeuënedecropionqui aparoifle. Il eft couuert déplumes imparfaites , fi çet - qu'on diroit proprement à le voir , que c'eft vn Oyfon nouuerlement efclos. Car M trgus minimus flmiatilit en Latinfetit Plongeon furnommé Caftagneux en francoys. Oyfeaux de nuiere ayants tes orteux fe- 510V: no i Pt 3 . - ) . r • / , >t I 1 1 V fes plumes n'ont point de tuyau , parquoy refemblent à fin duuet. Sa groffeur eft d'vne petite Sarcelle,de la couleur de la bogue d'vne Chaftaigne : dont il femblc que la caufe pourquoy on l' â nommé Caftagneux,eft venue de lâ.Et par-ce qu'il eft fi habile plongeur, nature luy â baillé inftrument propre à ce meftier. Car fes pieds ne font pas bonnement muniz de membranes,mais ont les doigts feparez, & ne laifle a les auoir larges , refemblants grandement à ceux de la Poulie d'eau. Et n'y à pas le petit ergot de derriëre,qui ne foit aufsi large.Ses îabes font cochées par derrière , f aiétes en manière de double Sië. La couleur de deflous fon ventre eft de couleur de laidt, combien qu'il y en ait d'autre forte , qui ont le poil de cou- leur de Souris.Son bec eft rond, petit & rougeaftre, beaucoup plus court que ce- luy du Rafle . A peine fe peut mettre à voler , toutesfois depuis qu'il eft efleué en fe, il vole fort loing. Et quand on le trouue en quelque petite mare, ou il qui i 7 8 LIVRE III. DELA NATVRE Minière n ' àfecoufle à s'efleuer en fser, fouuétesfois les petits enfants fe mettent à le pour- de pridre chafler à coups de pierres,& le rédentfi bien lafle,qu'ilfelaifle prendre à la main, te Ca ^ a ' ou bien autrement on le prend aux gluaux. Il fe peut aufsi bien paiftre dedens la & neux. comme dedens l'eau douce . Quelque part qu'il foit prins Se mangé , il fent toufiours la fauuagine, & eft fort gras en hy Lier. Aufsi eft-ce le téps auquel l'on à acouftumé le voir plus fouuét.Et attédu qu'il vit toufiours en l'eau,nature n à ou- blié à le munir contre l'iniure du froid , luy donnant des plumes déliées. Qui luy . regarde en l'eftomach,trouue qu'il mange indifféremment toutes fortes de petits rTZcl- porflons.Car s'il eft en la mer,il fe faoule de Cheurettes, Grado ou Meletes,Efpel p«neux. lans.Mais s'il eft es riuieres,il mage les petites Efcreuiffes,& tout autre menu poif- fon : car il ne fe paift que d'animaux en vie , c'eft à dire qu'il ne mange volontiers de femences d'herbes, n'eftoit en default d'autre viande . Il à le foye moult tédre, & les inteftins autrement que les autres , & moult grefles & déliez. . Il fait fon nid contre terre dedens quelque mote herbue en marais , & lieu difficile à trouuer. Du grand Plongeon de riuiëre. Zdpodes. Plongeon de riuiere a les me- bres impo tents fur la terre. Defcrip- tio du Plo eeon de ri CHAP. XXIII. "çô A T V R E bénigne ckfage, n'ayant rien omis audeuoirde p fa charge fur le proportionnement des membres de touts ani a? maux, rît chofes merueilleufes es membres de ce Plongeon: }ï car comme les"hirondelles nommées Apodes , qui volent fans I fin pour prendre leur pafture en l'sr, n'ont eu que faire defça- Ts uoir cheminer fur terre : Aufsi ce Plongeon eftant aquatique, refidant toufiours fur les eaux,à efté doue de membres agiles pour l'eau,mais ma- ques & imparfaits fur la terre.Car comme t Apus eftendu fur terre,demeure im- potent fans fe pouuoir efleucr en l'ser , aufsi ceftui-cy fe trouuant à terre au fec, n'ayant efpace de prendre l'îer pour voler , ne l'eau pour fe muffer,demeure prins fans grade difficulté. Car il n à pas les cuïfTes propres pour la terre , d'autant quel- les font cachées leans en la peau.Et mefmemét ce qu'il à de ïambes, font derrière le cropion.Et fi d'auanture il eft contraint de fe tenir fur fes pieds , il faut qu'il foit tout droit , & tenir contenance, qu'on ne voit point es autres oyfeaux.Ses ïambes & pieds font proprement corne ceux de la Poule d'eau , c'eft à dire fenduz & lar- ges,ayants trois doigts en chafque pied,& aufi les ongles plats: il eft prefque de la grofleur d'vn Canard,noir deffus le dos,& blanc deflous le ventre.Quand fes ail- les font retirees,l'on n'y cognoift rien de blanc, mais eftants eftendues,font trou- uees toutes blanches par deflous , & deffus en deux endroicls. C'eft vn oyfeau de çry moult effrange, & pertinent à fe défendre. Son bec eft long,rouge, & trichât parles bords.Ilfemble eftrehuppé:car ayant le deflus de la telle noir, les plumes de derrière font longuesjefquelles il haulfe & abbaiffe félon que fon courroux, ou tranquilité luy efmeut.Le deflous de la mafchouëre d'embas,eft moult blanc: mais en celle part ou commécent les vertèbres du col , il fort des longues plumes noires en chafque cofté,quifont apparoiftre l'oyfeau de moult bône grâce. La plu me qui eft attachée à fa peau , comme aufsi en touts autres Plongeons , eft déliée comme DES OYSEAVX, PAR P.: BELON. 1?9 comme fin duuet tenant fort à fa peau . Communément toùts Plongeons font fans queué',& ont les adles petites en proportion de leurs corps. Et quant au man ger, touts fentent la fauuagine.Leportraiâ: fera voir la difpofition de fon corps. Les merques,defquelles Ion le peut feruir pour telmoignage de fon nom ancien, peuuent enfeigner,que c'eft luy qu'on deuroit nommer Vria ou bien Ourict. ■ V m. Vm & Oum en Grec Lain, grand Plonges» 4e rimere m Frjtvcoys. . sq Mt*oq i aiïnp fbOfUsa'i 3/t£3tfl uiiïyovum 'mms ta owuov zou r. " r " y.tiïf J.br> eol ino epl oo Jkn^riaï r» , xion simsli snv Otina. wsfl «0Y5tW>\1 Dn Plongeon de mer. C H A P. X X I 1 1 1. »!■•:■■'. M ? "tft ïSI f înioq ' Out ainfi qu'il y à diuerfes efpeces d'oyfeauxqui particulierel' metie ploget en l'eau douce & qui n'entrent en la menait en a en la mer, qui ne fe partent point de la, pourvenir entrer es e rangs d'eau douce. Non pas que ne veuillons erttendté jui s ne pmifent bie endurer l'eau douce: car tout amm^dwi _ _ i iepJonge en 1 eau douce , pourraaufsi bien viure en la mwV non qu on excepte la Loutre. Parquoy le naturel du Plongeon, eft defe 33m lamer,&nonenleaudouœ^ de AeJna. Les Latins 1 ont nomme Mergw, qui eft à dire Plongeon . Mais c ell q iiii Tout ani- mal d'eau doulce peut bien ywre en la mer Lors nus la Loutre. _ *Aethia. o i8o LIVRE III. DELA NATVRE à fcauoir qu'il y à différence entre les Plongeons,entant qu'ils obtiennent diuers furnoms.Donc la di&ion Françoyfe,Plongeon, s'eftend plus que ne fait la Lati- \AuesVri ne Maga^carl'on y comprend aufsi touts ceux qui font nommez dues Vrindtri- mtrices. c a .L'oyfeau que les Latins ont nômé Vrindtrix , & les Grecs Coîymbis fe peut ex- pofer en noftre langue par le feul mot de Plongeon.Mais celuy eft différent aux Vefirip- autres fufdits. Le Plongeon de mer rieft guère plus gros qu'vne Sarcelle , blanc t'wn du par deflbus le ventre,& noir partout le deflus du corps.Il à une enfeigne que n'a- Vlongeon U 5 S tr ouuee en aucun autre oyfeau hâtant l'eau,c'eft qu'il n â point d'ergot derrië de mer. yç ^ & ■ ..j | q Uc lq UC c hofe fur le bec ioignât la telle , efleuec grofle comme Vlon*eon vne demië noix , en l'endroit ou les Coqs ont les creftes, furquoy croift vn toffet de mer déplumes noires . Il à la qucuë fi courte & noire, qu'il femble quafi qu'il n'en ait n'itfoint dergot. \Aethi* en Grec t Mergus en Lutin ,Plongeon de mer en Vrancqys. ^.t* s ^ÏS.f A'a » àn«a»u'JW <î* «i 2»« ïfwJKf.ArifUib.S.cap.j. & bb. S .cap. 9 . point, &les cuïfles courtes. Il eft tout couuert de fin duuet, qui tient fi fort à la peau , qu'on iugeroit proprement , que c'eft du poil . Son bec , fes îabes & pieds font noirs,qui tiennét quelque chofe de la façon de ceux d Vne Mouëtte,ayant le becdemefmeouuerture& creux par le dedens, & tranchant par les bords,bien dur & fort chargé de duuet iufques bien bas, qui prouient de celle merque , qu a- uons dide eftrc en ce toffet de plumes efleuees. Ses yeux reffemblcnt a ceux d v- m Cane. Si on l'cfcorchcon luy trouue la peau bien efpoiffe, & fi on la fait con- royer,fembleraàvne peau de quelque animal terreftre: car c'eftfin duuet, qui le Mtrzi n monftre aufsi fin que velours.Les médecins en ont fait mention,efcriuants Mer- m Jus. Pijlomichus mais cela a prins fon origine de Diofconde au chapitre des toyes des animaux . Car ou il dit en fa langue, Aethiashipar,ks interprètes ont tourne Mergi /'ecw.Les praticiens dient autrement,car ilsmettent Venter Uergi. « DES OYSEAVX, PAR P. BELON. De la Poule d'eau. C H A P. XXV.' • Aintenant voulons faire voir que la Poulie & Pouilette d'eau , n'ont les doigts des pieds qui s'entretiennent de membranes, ■ ains font diftinguez, , &toutesfois nelaiffent à faire leplon- I geon & nager entre deux eaux , comme aufsi fait le Diable de ) mer, chofe que ne fait la Poullette,à qui les doigts font totale- _J ment diuifez.. C'eft chofe rare de voirprédre vne Poulie d'eau, fi ce n'cft en hyuer.Ce n'eft pas à tort qu'on la nome Poulie d'eau . Car elle eft: de Defcrip- la corpulence d'vne Poulie domeftique , ayant latefte quafi de mefme façon: tionde U mais eft totalement noire, n'ayant rien de blanc fur elle,finon au ply de l'adle,qui v ^ e toutesfois n'eft apparant,fi on ne la luy eftâd. C'eft oyfeau eftât aquatique eft bié ^ tM> ' garny de plumes , ayant les selles petites , la queue courte & noire , d'efgalle Ion- Cephus en Grcc,Fulic& fent quelque peu le fauuage,qui ne la rend de difficile digeftion. Autre efpece de Poulie d'eau , autrement nommée Macroule,ou Diable de mer. C H A P. XXV. ; P R E S auoir parlé des Plongeons & de la Poulie d'eau,vou Ions parler d'vne autre manière de Poulie d'eau différente à lafufdicl;e,queles habitans de Normâdie nom ment Macrou- „ J le, & à Paris vn Diable de mer. Elle fe plonge inceffamment ^J^' P^^^^^^/W en l'eau douce , & eft de fi exquife couleur noire que l'oyfeau diable de en fefnble terni.La tache blanche , qui eft fur fa tefle,eft encor mer ou P^ 15 ^ ar § e 4 ue à ^ a Poulie d'eau : aufsi eft quelque peu de plus grande corpulen- Macrouk ce.Elle traine fes iambes après elle,& à ainfi les doigts larges &fepareZ les vns des autres DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 183 autres , comme la Poulie d'eau. Somme que eftants femblables, n'y â en cefte cy qui n'ait efté dit en la fufdi&e,& fe peut on ayder de fon portraid: pour cefte cy; Cepbus Jeu fulica altéra paulo maior,Macroule ou Diable de mer, en Francojs. Du Charadrios. CHAP. XXVII. O R S que faifions métion des oyfcaux de nuicl: , auons tou- ché quelque mot en paflant de ce Charadrios : mais c'eft fuy- chau- uant l'authorité d'Ariftote,qui entend qu'il eft 'oyfeau nocl:ur- ^ ms ' neiiceluy au ncufiefme liure des animaux chapitre vnziefme, femble qu'il le face oyfeau fauuage. C'eft vn oyfeau mauuais, ^. 1 dit il , qui â la couleur mauuaife, & apparoift lanuit , &s'en J ie ° fuit le iour,fe tenât es cauern es entre les rochers es lieux precipiteux, dont il à gai- cham- gné fon nom chez les Grecs, parquoy auis Charadrios , eft autant comme qui di- dms. roit en Françoys oyfeau habitant es ouuertures , entre montaignes & rochers de difficile accez fur les riuages des torréts.Gaza en Ariftote le tourne Kupex & Hw- H " tUc ^ 4 ticola.Voicy comme il l' a traduit. Volucres celant alla locafragofa (y Jaxa & cauer- vas.àit ûyVt quemàpraruptistorrentimt alueis Charadriutn appcllamus, quaftHiati- cckm dixcris.Vraua hœc auis,& colore %f \oce,(fnoBu apparct, die aufugif.Mâis Ari ftote fe déclarant mieux au hui&iefme liure , troifiefme chapitre, à dit, qu'il han- tent fur l'eau, & par confequent auôs facilement penlé qu'il eft de pied plat. Cela eft eaufe que l'auôs mis en ceft endroit.Anftophanes veult expreflement que Cha radrioseft oyfeau aquatique . L'autheur del'hiftoire Ethyopique l'a encor plus amplement fait entendre-Mais il y auroit doute en fon raport, fçachant qu'il n'y â aucunes montagnes en Egypte, fi ne lexpofions. Parquoy interprétons en ce Charadrios , tout ainfi comme Ion pourrait bien dire des Biè'ures , Cormarants, Plongeons , & Mouettes : C'eft que en la faifon de faire leurs petits , cherchants lieux commodes , .vont pondre es lieux champeftres fur les rochers le long des eaux douces ou falces, puis après retournent chercher les lieux paluftres d'Egypte ailleurs . Il femble que Ephranius autheur Grec,ait dit du Charadrios,cc que Pli- ne â attribué au Loriot : c'eft à fçauoir qu'il guerift de la iaunifle: mais il faut que , Ch "<5t, i) $l)4toi- Tfùfïr TjâKrL^ati % khwïii i, y,tfUKaf. ïji'j S A .fm.{i y> ôuiiv. xjj êmjjço; tîuj /dp™ fâoi&r ïjp fttùhlw tùù xmhioi) «f! îi^ed. Arift.lib.<).cap.i.& 18. fans coparaifon plus délicats que les Grues.il apert par le vol qu'on dreffe main- tenant pour le Héron auec les oyfeaux de proyë , que les anciens n'auoyent l'art de fauconnerie G à main comme on 1* à maintenant . Ariftote â bien dit , au pre- mier chapitre, du neuGefmeliure,que l'Aigle aflault le Héron, & qu'il meurt enfedeffendant.LeHeronfefentantaffailly,e{Tayeàie gaigner en volant con- ■c ï^4i tremont,& non pas au loing en fuyant, comme quelques autres oyfeaux de riuie re: & luy fe fentant prefTé,met fon bec contremont par deflbus l'$Ile,façhant que les oyfeaux l'afTomment de coups,dontaduient bien fouuét qu'il en meurt plu- Geurs Combat du Héron gle, DES OYSEAVX, PAR P. BELON. m fieun qui fe Je font fiché en la poi&rine.Les Hérons font folitaires fe tenants feu- Jets tant fur leurs perches 5 comme en leur pafture. Et pour ce qu'ils ont les iambes moult longues, leur demeure fur iour,eft fe tenir en l'eau:ainfi euitent les iniures des oyfeauxde proyë , & des belles à quatre pieds. Il y en â qui ne prennent point de perche pour dormir, fi eft-ce qu'on en voit plufieurs dormir fur les ar- bres. Il eft moindre en proportion qu'vne Grue & Cigogne, ayant les iâbes & le bec long.parquoy fait grade deftruâion fur le menu poiflbn,caril en mage gran- Defcr '?~ de quantité. Etpource que fa queue eft courte, fes iambes & pieds apparoiflent T**" lots qu'il vole, plus longs que fa queue . Lon â tenu que les Corneilles & les He- rons ont aliance d'amitié contre les Regnards. Qujl foyent amis des Corneilles Hn °' & cela eft vray femblable , car lon les peut voir faifants leur aire furvn mefme ar- f ™' 1 ' bre l'vn auprès de l'autre.Le Héron cendré eft aufsi nommé VelL. Ariftote à eu o- U^ct pinion,auJieuia allégué de l'hiftoire, que l'acouplement dumafle &femelleeft frein *. difficile, & quelemaflefe met à faire voix: & à ce que lon dit (ditil) il luy fortdufangparlesyeux:aufsiditquelafemellepontmalaifementen granddou PelU ' ' leur. Elle eft fongneufe en fon viure, & fait prouifion pour fon manger , prenant grande peine funour en le cherchant, ayant le ventre humide. Mais eft de laide couleur. Du Héron blanc. CHAP. III. V Y V A N T les enfeignesd'Ariftote, qu'il âefcrit du H e : ron blanc,trouuons quelles ne conuiennet à l'oyfeau, duquel prétendons parlerons à la Pale,Poche ou Cuillier,comm e a- pertpar les mots Grecs, & la verfion latine de Gaza, difantau chap.3.duhuiétiefmeliure,P^>/^ cffiwtios Ardeola,®* AL b pratis. Pline en à efent au trente-fep- tiefme chapitre de l'vnziefme liure. Ef inttr aues Ardeokrum gêner e&tiUuos I eu* cas vocant altéra cculo car ère tradunt optimi augurij càm ad auflrum volant, feptentrio- nemve. Les pales font grad bruit eftants es forefts, fors qu'elles abeichent leurs pe- tits ayats la voix moult différente aux Hérons & Galerans. Elles mangent detou tes eipeces de petits poiiTons,&fe perchent la nuicî fur les arbres pour dormir . Sx on les apporte es lieux mediterranees,& on leur baille quelques tnpailles & chair, elles ne Ion ttrouuees difficiles à nourrir. . De l'Aigrette. CHAR VI. AIGRETTE doit eftre mife entre les efpeces des Hé- rons , car elle vit , fait fon nid, & eft de mefmes meurs que les Hérons . Les Françoys l'ont ainfi appellee , à caufe de l'aigreur Ethlmolû de fa voix , qui eft beaucoup plus puiffante que celle d'vn He- de l ' Ai ron. Les Italiens la nomment hgroti. Nous doutons à fea- _ _ _ uoir s ils 1 ont pnnfe de nous,ou que nous l'ayons pnnfe d eux. Et pource que l Aigrette eft de moindre corpulence que le Héron ,& de cou- leur blanche,fa^ celle que Gaza en Ariftote â nommée LeHkerocao S ,8c traduit Mbardeok: mais nous en dirons librement noftre opinion ^ fansnedeguifernedifsimua^ natureluyabaillelesiabeslongues^mfontde couleur cendree:ayantLpcds * " 9 s LIVRE IIII. DE LA NATVRE noirs & moult grands, comme aufsifon col eft long & communément courbé. Ceft de la qu'elle en apparoift eftre bovTuë côme le Héron . Ses yeulx fout ronds, entournez. d'vn cercle doré,ayant le bec comme celuy d'vn Butor,mais plus gref le.Quand elle fe pourmene par les orces de quelque riuiere , mare ou eftang , on la voit trembler d'vn pied en l'eau , comme voulant efpouuenter le portion pour le prendre & le manger.Les confiderations de la nature du Héron blanc,& de l'Aigrette,nous ont induit à penfer qu'Ariftote n'en auoit aucunement parlé. Les Aigrettes importunent quelques habitants de régions Mediterranees : car aucunefois iront à grades troupes faire leur aire en quelque touche de ieune bois Portrait de l'aigrette. dehaultefuftayë,qui auràbeaucoup coufté à efleuer, lequel eftat touche de leurs excréments , ceffera d'eftre en verdure , tellement qu'on eft contraint iouuentel- fo!s faire grande defpenfe auant les en pouuoir chatTer. Il y à certaines plumes en deux coftez des selles fur le dos de l'Aigrette , qui font déliées & blanches, qm font vendues bien chères es bafefaus de Turquië:dequoy quelques hommes le re feruent àeuxpourfecret delesaracher dedeflus les Aigrettes : car ceux qui les prennent ou apportent vendre es marchez, n'y prennent garde. Sa chair eit deii- DES OYSEAVX, PAR P. BELON. i 57 cate & tendre , fe rapportât au gouft de celle du Heron.Il femble que Gaza ait eu vn exemplaire Grec dAriftote,difterent à celuy de 1'imprefsion de Venife & Al- magne:car en celle claufule Latine ou il dit,Pettf hcus& fluuioslunco, Cinclus, Albicula , Tringa, Qr'c : Leukos n'eft trouué es exemplaires Grecs: dont auons vou- lu amonefter le le&eur . Comment qu'il en aille, noftre drfeours fur la deferiptiô des Hérons blancs, Aigrettes,& Pales ,leur demeurera certain,encor qu'il y ait in- certitude en leurs appellations antiques. Du Bihoreau,ou Roupeau efpece de Hrori. CHAP. VII. iL N'E S T meilleur moyen pour bien fçauoirfi vnoyfeâli eft rare ou commun en vne protiince , que quand Ion à trouué ' le corps de quelcun au marché, ou fe tiennent ceux qui fe mef- i lent de vendre les oyfeaux : Car le monftrant en prefence de ^plufieurs, chacun en dira ce qu'il en fçait,& félon leurparler,en Jjfera fon rapport. Nous auôs trouué vn Bihoreau qui eft efpe- ce de Herô,fur la hn du mois de M ars, qu'on vendoit au marché. Caries oyfeaux qu'on prent es pais circonuoifirts , font apportez à la ville pour en auoir argent* Quelques chaircuï tiers le voyants plus petit qu'vn Héron, penfoyent que ce fuft vn Heronneau,toutesfois il en eftoit autrement,façhâts que les Hérons n'ont en- cor fait leurs œufs en ce temps lâ,& par confequent nuls petits.En ces entrefaites diuers bruits s'efleuoyent , car l'vn difoit d'vn, & l'autre d'autre. Les vns ne pou- uoy ent accorder qu'il fuft vn Bihoreau légitime, mais baftard ,nay d'vn Héron & d'vn Bihoreau : toutesfois ont conclud fur la fin qu'il eftoit Bihoreau , mais trou- uoyent eftrange qu'on en recouuraft en ce temps la : car comme auons fouuent dit , les oyfeaux ont leur certaine faifon en l'année , en laquelle Ion à couftume de les voir communément . Et à fin de faire mieux entédre quel oyfeau c'eft le Bi horeau, on le pourra Voir par cefte defeription . Il eft plus grand qu'vne Aigret- Vc/crip- te,mais moindre que vn Heron.Ses yeux ont le cercle rouge,& la prunelle noire, tion du Son bec eft noir creux & tranchant, comme celuy du Héron . Le deflusdefa te- BihoteaH fte & du dos eft de plumes colorées , comme le dos d'vn Vâneau, ayant vne li- gne blanche commençant depuis l'ceil,&fuyuantiufques à l'autre par le deuant du front.Et entre les plumes noires de deflus fa tefte , fortent d'autres petites plu- mes blanches longues & déliées , qui fait moult beau voir.Ses selles font comme de Héron de moult belle couleur cendree,& aufsi eft fa queué',mais tout le deffus & deffous du col,& deffous le ventre,les cu'nîes & les plumes de deflbus la queue' font blanches, &fesiamb es longues. Il à la cuïfle dénuée iufques bien haultau deiTus du genoihtant celle partie de la cuhTe que la iâbe , font de couleur iaulnet- te,tirant fur la couleur paillee.Ses ongles ne font gueres lôgs. Les Bihoreaux font Bihore- plus communs aux riuages des mers,tant entour la mer de Bretagne,que*ailleurs, * HX Ils font leurs nids en lieux de difficile accès entre les rochers . Quant au manger tent J"£ s on ne les eftime rien moins qu'vn Heron,& eftre de mefmefaueur,& les fault ha * biller en la mefme manière. Nous les nommons aufsi Roupeaux,à caufe qu'ils fe '"ci mers* 158 LIVRE III I. DELA NATVRE tiennent par les rochers. Cela nous à faitpenfer que ce iudKupex en Ariftote Rupex. au j r ôy ie fin e chapitre du huittiefme liure:mais trouuâts que Kupex & Charadrios HiaticvU eft tout vn, que Gaza à aufsi traduit Hidfico/d, auons penfé quenoflre Roupeau n'eft R«pcx,côme il appert au chapitre du Charadrios . M ais voyants qu'il y à cer- taines plumes fur le fômmet de fa telle , & trouuants que les anciens ont dit que Grus Bakarica eft merquee de tel figne, auons eu occafion d'en toucher quelque mot en cefl: endroit,ioint qu'en auons parlé au chapitre de la Grue.Nous n'auons Crus B*t learica. Btborettu efpece de Heron,que foupeonnons ejlre Grue Bttlearique, moult grades enfeignes à les foupçoner Bakaricas Grues : Car ne le rrouuons es au theurs,fmon en Pline au tréte-fcptiefrne chapitre de l'vnziefme liure,ou eft eferit, Grus Bakarica cirmm in capitegeftdt . Mais quant au nom Françoys , il n'y à chair- cuïtier qui ne le fçache cognoiftre es villes de Frâce . Nous trouuons médon d'vn Horion. °yfeau nommé Hono»,qu'on attribue au récit de Clitarchus, qui â eferit qu'on le trouue naiffant en Indie, efpece de Héron, ayant les iambes rouges , les yeux de couleur celefleXi bien chantant qu'il furpaffe les Sirènes. Du Flament, DÈS OYSEAVX, PAR P. BELON. Du Flament,ou Flambant. CHAP. VI IL ' O Y S E A V que les anciens Grecs & Latins nous ont figni fié fous ce nom' Grec Pbœnicopterus,a, efté dit de nom Françoys Flambant,tant a. caufe de la couleur de fa plume,cjui eft de cou leur de datte,que pource qu'elle eft comme flambante.Les au- fj très le nomment Flament . Ceft oyfeau â efté en grand hon- $ neur es banquets des anciens Romains , comme il appert par les efcrits des anciens liures Latins:mais c eftoit pour la friandife de quelques em- pereurs.Quand à ce qui à efté prononcé par certains autheurs,comme Pline au di xiefme liure quarcnte-huittiefme chapitre, & Macrobe,que quelques empereurs aimoyent à en manger la langue, Galien eft d'opinion que ce foit chofe ridicule, comme il appert par fes mots. Quod fi de \olucrium animalium lingua, dit il,dc rofîro dicere aggrcdiar,quum ea nemo ignoret ,garrire merito exiflimabot. Parquoy Iefdits au theurs Latins ont exprcflement taxé l'abondance de fi friands empereurs, com- me aufsi Martial à dit en vn diftique, Dut mihipenna rubens nomen^fed lingud ç-ulofis NoHrd fapk-.quid figarrula lingua foret? Il â les ïambes longues & rouges, comme eft aufsi fon bec.Et au demeurant,de la grandeur d'vnCorlis,& de moult belle couleur exquife tirant entre l'orengé & xanné. Il n'eft point veu es pais de deçà, fi on ne l'apporte prifonnier : & combien qu'il foit oyfeau paluftre:toutesfois il n'eft guère pnns de ce cofté de Ta mer Ocea ne:mais eft quelquesfois veu en Italie , & plus en Efpagne qu'aillieurs : car on le fait pafTer la mer. Anftote n'en a fait aucune mention, n'eftoit qu'on penfaft qu'il l'euft nommé de quelque autre nom que nous ignorions. Et de nous , demeure- rons en cefte opinion,que fi ce n'eft Glottis&e luy fçaunons foufpeçonner aucun autre nom en Ariftote:Car il eft à prefuppofer qu'il ne l' à ignoré. Phxnka- pterus. Friandife des Empe reurs Ro~ mains. Defcrip- tio du F là ment, ou FUmbah Glottist Phœnicoptems en Grec & L(uin,Nous eflimons qu^riftote l'a nommé Glatis, les Francoys le nomment ^nFlambant. De l'Ibis. C H A P. IX. E S anciens tant hiftoriens, philofophes,que poetes,ont beau- coup parlé d'vn oyfeau nommé Ibis , qui eft particulier au pais d'Egypte , lequel Hérodote â comparé en grandeur à l'oyfeau qu'on nomme Crex . Ceft Ibis, dont prétendons par- c ,ex ' . ■ ler,eft quelque peu moindre qu'vn Corlis, & totalement noir " duquel la tefte eft comme celle d'vn Cormarant , ayant le bec Tibisl gros comme le poulce , poin<3u, courbé, & voulté par deflus,& tout rouge, com f 11 200 LIVRE HIT. DE LA NATVRE me aufsi font fes cuïfles & fes ïambes, aufsi hault enïambé qu'vn Butor, ayât I'ha- jhis deli- bitude & contenance d'iceluy.Les Egyptiens ont eu l'Ibis en grande vénération, ure les pource qu'il les deliure des Serpents: Car ou il en trouue,il les mange,& s'il en eft Eg ypties faoul, il ne les laifle en vie. Touts autheurs font d'accord que c'eft vne efpece de deSerpcts Cigogne. Aufsi Ariftote au xxvii. chapitre duneufiefmeliure,i'àtoufioursmis en la compagnie de la Cigogne. Les Egyptiens, qui eftoyent plus cérémonieux que touts les autres hommes, fentants que tels oyfeaux leur faifoyent profit en leur mange ant les Serpents, les auoyent en vénération , non feulement en leur vie,mais aufsi après leur mort:parquoy à fin qu'ils ne fuffent priuez, de fepulture, les faifoyent confire en diuerfes manières , lefquelles auons defcriptes auîiure in- jbis nigra en Latin,efpece de Cigogne nom en Francqys. H' iï/f.AÎtf' ÏCiit aî àt (CtySiiïa eîm fit Mcù. cù /d£ htwx&i «i/toV » 3 fii\ttnaj, ài *oûS' w i &î A/- S~' elm'y. Arift.lib.ji.cap. 17. titulé Demedicdtocddduere. Tout ce que plufieurs autheurs ont dit de l'Ibis, eft prinsde Hérodote ,& mefmement Ariftote auneufiefme liure, chapitre vingt- 1 j e feptiefme,en à fait métion de deux efpeces,des blâches,&des noires.lîe* Aegypti, e 'P e dit i\,duplic igencre diîlinguntur.funt enim dli<£ candidecies talis efl,niçrra to- td Mehementer eïl. Cruribm gruinis, roflro maximd ex parte adunco. Vadem, qua Crex, magnitudine: & heee quidem Jjiecies ejl nigrarum, quee cum ferpentibus pugnant.At ea- rum,qu£ pedes humanis ftwS.es habit ( nabifariœ ibides Junt) gracile caput ac totu collu pennœ cadidce prœtcr caput ccruicémque ^ extrema alarum & natiu:ququadi xi,funt\chementer nigra, crura & faciès altericonfentanea . Voyla que Ariftote& Hérodote en ont eferit : mais il nous femble que Hérodote ait defcrit la Cigogne en parlant de l'Ibis blanc , comme ferons voir en ce fuyuant chapitre . Et Strabo qui â aufsi cheminé par Egypte,fuyuant les traces de Hérodote, au lieu que Hero-> dote â dit alice candidce^Stiaho à mis alice colore Ciconix-. De la Cigogne. CHAP. X. E S Cigognes font cognues de toutes gents:car on leur drcfTe fouuét des roués fur le faille des palais des villes , ou elles font leur aire , ou bien choififlent lafummité de quelque arbre en lieu marefcageux,lâ ou elles efleuent leurs petits.il eft tout ar- cigognet refté,qu'elles fe tiénent l'hyuer au païs d'Egypte,& d'Afrique: fi ticmiei car nous auons tefmoings d'en auoir veU les plaines d'Egypte ' ^ uer en blâchir,tant il y en auoit des les mois de Septembre & O&obre : par ce que eftâts E &f> te &' la durant & après l'inondation , n'ont faulte de pafture. Mais trouuants la l'efté 2 intollerable pour fa violente chaleur, viennent en noz regios , qui lors leurs font temperees,& s'en retournent en hy uer pour euiter la froidure par trop excefsiue: car eftants la ou il ne gele & ne neige aucunement,font leurs petits pour la fecon de fois, & n'endurent aucun froid . Elles font en ce contraires aux Grues : car les Grues &Oyesnous viennent voir en hyuer,lors que les Cigognes font abfen- tes . Hérodote à entendu la Cigogne fpecifiant l'Ibis blane:car comme dit eft au HîsblSêî précèdent chapitre , il à dit de l'Ibis blanc tout ce que pourrions eferire de la Ci- gogne, tt comme l'Ibis noir à le bec rouge & les iambes longues comme d'oy- ieau paluftre , tout ainfi eft de la Cigogne : laquelle , dit il , feroit toute blanche n'eftoit que les bouts de fes selles font noires, & quelque peu des cuïfles&de la tefte . Qm euft voulu deferire noftre Cigogne n'en euft feeu dire d'auantage, ^ntm- pour la nous dôner à entendre. Les poètes faignent que Antigone feur de Priam ne, deuint fi glorieufe pour fa beaulte, qu'elle ofafe comparer à Iuno. Dequoy icelle cigogus deefTe eftant moult courrouffèe, la conuertit en Cigogne. Qyonlife le cinqief- °"[ f°T„ medclaMetamorfofe d'Ouide.La Cigogne à le bruit d'auoir enfeigné l'vfage „^ M j/~ des clifteres , & que les enfants nourriflent les pères en vieillefTe. Son bec,fes iam- j} et bes font rouges.Ce n'eft pas l'vfage de manger ne les Cigognes,ne les Ogogne- f iii tenu 202 LIVRE III I. DELA NATVRE aux~:nomplusquedutempsdePline,quiàdit ainfi au vingt-troifiefme chapitre du dixiefme liure.Cor». Nepos y qui diui hugufti prinàpdtu obiit > cîim fcriberet Turdos paulo ante cœptos fagimri , addidit Ciconias magisplaccre, quant Grues : cùm hœc nunc aies inter primas expetatw, UUm vero r.emo xelittetigiffe. Voulant dire que les Grues eftoyent en delices,& les Cigognes ri eftoyent touchées de perfonne.Mais main tenant les Cigognes font tenues pour viande royale. Quand les Cigognes s'en vont , on ne les apperçoit en trouppe finô en l'ar: comme il nous aduint au mois VeLrgos en Gnc,Ciconia en Lttin&gogne en Irmcoys. O' mMppt uSéiriTaÀ iipw ij w m-nifuii $ r yauinn »' 5' ttùdfff) % ol «Moi -my oyiïuy Ôtzu ImwJï tj (xaycpAmu 'àm-n^A^ -du) ie'cy-yv- ■se* «V iSt ■m^afyh o-n a.i-nt.fk^iyrm toi/ \&- yym 5?uW,fÏ7!U 7T0ii- ^re^Ao7s■. Arift.lib.?.c. ; j.&Jib.9.c.tf.& 13. d'Aouft, eftants lors à Abidus,vne grand bade de Cigognes Venoyent des païs feptentrionaux , & quand furent fur le commencement de la mer mediterranee, la feirent plufieurs tours en circuït,& s'cfcartants par moindres compagnies, celfe rent de plus aller en troupe . Ce qui fait que ne les voyons , que quand elles font venues,eft qu'on ne les oit crier corne les Oyes ou Grues . Parquoy le bruit qu'el- les font, eft vn fon que font les mafchouëres fe donnâts les vnes cotre les autres, s & no pas voix venât des poulmôs.Cela a efté caufe qu'on les ait eftimees fans lan n'St point S ue - Le ^> TU ^ « a e ^ de touts temps, que les icunes nournflent leurs pères & me- de Une. Tes iavieillizdeur adminilhâts tout ce q'uil leur fault.De la eft forty vn mot qu'on / dit DES O Y S E A V X, PAR P. BELON. 203 dit aux gents qui ne font ingrats , Antipelargia , comme qui dirait en Françpys, comme la Cigognexar Pehrgus en Grec eftà dire Cigogne. Lon à eftimé que le {f r " tif '~ iefier de la Cigogne eft bon contre les venins,& qui aura mangé d'vn Cigogne- p£% us . au ne fera loufche en fa vie. Il â efté deffendu en Theflalie fur peine de la tefte, & eftre puny comme homicide, de ne tuer les Ggognes,d'autant qu elles deliurent les habitants des Serpents. C'eft la mefmeraifon pourquoy les Egyptiens les ont en fi grande recommendation. De la Pie, ou Becaffe de mer. CHAP. XI. L y à vn oyfeau paluftre ia cogneu,lequeI les vns,pource que fes xlks ont vne ligne blache par le trauers corne vne Pie, lot P ; e ottBe appelle Pie de mer. Les autres luy yoyâts le bec aufsi 16g que cajfe de celuy d'vne Becaffe, le nommét Becaffe de mer. Ce bec eft en- "»«■• tre rouge& iaulne par l'endroit qui touche la tefte,mais eftbrû Defiri par le bout,& 16g de quatre doigts,monftrat merques diffère- timdck tes a touts autres longs becs,par lefquelles on le peut facilement diihnguer: car Pie à* on le voit quelque peu applaty à l'extremité,& moult tranchât par les bords. Il a mer - Hamanropus en Grec & Lutin , Pie oit Becaffe de mer en Francoj s. 2o 4 LIVRE IIII.DE LA NATVRE couleur fort noire. Le defliis du corps & des aelles eft noiraftre, tirant fur la cou- leur enfumée : mais fes cofteï, le milieu des aelles, le ventre , & grand partie de la queue font blancs. Il à les iambes & pieds groflets, rougeaftres, mois &[delicats, contraire en ce à plufieurs autres oyfeaux de riuiere. Luy voyants les iambes & H&mtito- pieds rouges l'auons nommé Hœmantopus.ÏÏ n'a que trois doigts enfes pieds,qui t us ' font enfeignes , qu'auons trouuecs en Pline , qui dit en cefte forte , au quarente- feptiefme chapitre du dixiefme \Mve:H<£mantoptis multb minor eft quant Vorphyrio, quanqudm eciiem crurum altitudine: rojlrum quoque ©* aura. rubent.Nafcitur in Aegy- ptOyinfiftit ternis digitis.Vracipuum eipabulum Mufca. Vita in Italiapaucis diebus.Tou tes lefquelles choies trouuons facilement conuenir à cefte Pie de mer,qui autre- ment nous eft aucunement rare en France, finon qu'on les prend quelques fois par les marais de Saintonge, mais ne font gueres bonnes a manger: car elles fen- tentpar trop la fauuagine. Du Corlis,& Corlieu. CHAP. XII. Ethimolo gie dttCor lis. Cttroli. Vêtit Cor- lie». De/cri p- twn du Corlis. E CORLIS eft oyfeau d'aufsi grande corpulence com- me vncAigrette.il à gaignéfonnomFrançoys defoncry:car en volant il prononce Corlieu.Les Milanois pofsible rctenâts ce nom des Françoys,i'appellent Caroli . Il eft confiant en fon plumage, n'eftant couftumier de changer fa couleur, & n'ay ât beaucop de diftindion du mafleà la femelle. Il y a vn autre oyleau quelque peu moindre que ceftuicy , qui à ainfi le bec long,qu'on nom- me en Françoys vn petit Corlieu , que plufieurs penfent eftre tout vn,& toutef- fois cela eft fauls : car en quelques endroits de France, il nous â efté nomme vne Barge. Nous en parlerons plus au long par cy après. Ce Corlis a. le bec tour- né en faucille , beaucoup voulté , ayant vn grand demy pied de long,qui eft gros comme le doigt en l'endroit ou il touche à la tefte : mais beaucoup plus délié par le bout.Sa lâgue nous femble moult courte pour la proportion de fi lôg bec.ll eft de couleur grife,tout merqueté de taches brunes & rougeaftres. Il fent beaucoup la fauuagine.Le deflbus de fon ventre eft blanc,mouchetté de noir,tellement que parceft endroit reflemble à vn oyfeau de proye. Les plumes de deflus fes aelles font prefque femblables à celles d'vn Gerfaut. Sa queue eft courte, qui ne pafle guère la lôgueur de fes aelles, aufsi eft tachée & bigarrée en trauers de brun & de blanc.Il â le col longuet & gros tout entourné de plumes grifes. Ses iambes font longuettes de couleur perfe , ayant quatre doigts en chafque pied , dont les trois de deuant font bien fournis & gros : celuy de derrière eft court . La moy tié de fa cuïfle au deflus du genoil eft toute dénuée de plumes, chofe qui aduient aufsi a touts autres oyfeaux de marais. Nous n'en cognoiflbns aucun autre, qui ait le bec fi long que ceftuy la. Et encores qu'il foit d'vne faueur plus farouche, que nul au- tre^ fente la fauuagine à pleine bouche, ce neantmoins le voyons obtenir vn degré d'honnefteté en dignité entre les oyfeaux qu'on apprefte es feftins & ban- quets de noz contrées. Les Corlieux volent en trouppes,& fe paiflent dedens les prairies DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 2à$ prairies humides des achees qu'ils tirent auec Je bec hors de terre, côme aufsi mari gent toute manière de vermines fur les herbes.Nous n'auons encor trouué aucun nom ancien pour l'exprimer, n'eftoit quel'auouâfsionseftreE/onw.Et de vray Elo, ws eii diâion approchante de la voix que fait le Corlieu. Elorius , dit A riftote , ■ ants eji apud mare \1B1tans Crecifimilis . Cœlo tranqulllo ad littus pafeitur . Et s'il eft femblable a Cr«c,fault entendre que fon becfoit long: car il dit: Habettorro Crex rojîrum longum & deutum, çfc. Elorim en Grec & ixZç! t' 1 " tiededeffuslebeceftnoiraftrc Tlpftkl™ j tr \ " " , , " ar *W» enavne blanche . Il a les pieds tout ainf.foduzquckKcdc^ SÎJ que les deux doigtsde lapamëde dehors fontlie* dVne membrane qXfepa re de celuy,qui eft de la partie du dedes. Le quatnefrne nm,,,! ,a i P que io8 LIVRE IIII. DE LA NATVRE que les plumes ioignantle corps font d'égale longueur quand il a telle fermée aux groffes premières pennes. Telle petite corpulence montée deflus fi haultes efchaflès,chemine gayement,& court moult légèrement. Il hâte les prairies, & le bort des riuieres,&eftangs,&fe tient communément dedens l'eau iufques aux cuïfles.Iln'àfaueurdefauuagc,ains eft de gouft delicat,& de bon odeur aromati- que.On le loue le plus délicieux d'entre touts les oyfeaux de fon ordre. Calidris en Grec&UtmjChcmliet rouge enfnncoys. vint-nu. AriHlib.8.c.j. Du Cheualiërnoir* CHAP, XVI. LEST manifefte qu'il y à diftin&ion duCheualiërnoir au rouge . La preuue en eft facile : car le noir dés fa naiflance a les iambes & le bec noir, mais le deflus du bec qui touche a la tefte eft rougeaftteXa diftin&ion du plumage de ce noir , mo- ftre aufsi la diff erence,qu il eft plus noir que celuy du gris . Qui auroiteoupé la tefte,les iambes,& les aelles au Cheualièr noir, trouueroit le refte du corps quafi femblable à celluy d'vn PigeÔ ramage , qui eft entre cendré & noir. Et s'il eft queftion de parler des Cheualiërs qui font muez, / 1 &diftinguer DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ao; & diflinguer leur couleur d'auec les autf es,qui ont encor leurs ieunes plumes, di- rons auoir obferué vn Pluuier noir en Autonne, lequel mefcognoifsions après fa mue : mais toutesfois tât l'vn que l'autre onttoufiours les pieds noirs. Leurs pe- tits font apportez à la fin du mois d' Auril , & lors eftants encores ieunes , ont be- aucoup dé merques du plumage d'vn Rafle : autremét on n' à point acouftumé de voir les Cheualiers,finon en hyuer* Du Vanneau. C H A P. XVII. f E VANNEAVeft cogneu'en tours lieùx. Noftre opinion , eftqu'Ariftoteautrofiefmechap.duhuittiefmeliure des be- ftesl'âjiommé Aex, que Gaza à traduit Çapella, parce qu'en . criant il femble bélier comme vne Chieure qui dit Aex , Aex. c^e'lU, , Les Grecs le nomment en leur païs de nom vulgaire Trofd- rarfigries WtJ^^SE ^ grios, qui fignifie Paon fauuage. Les Italiens Paonchello, c'eft à Paonchel dire Paonneau: Mais les Françoys au lieu dePaonneau,dientVanneau.U eftbie lo ' approchant de cefiefignification:caril enfuytlePaon enplufieurs merques.il à nne * ' vne huppe,qui eft quelque peu diflemblable : car fa crefte eft faide de cinq ou fix plumes noires moult déliées, & lôguettes : dont les deux de deuant,qui ont cinq ou fix doigts de longueur ArpaflTcnt les autres.L'autre merque enquoy il eft fem- blable au Paon, eft qu'il â le col ainfi grefle en celle partie ou il fe termine à la te- fte, & la tierce efl, qu'il a ainfi les plumes de couleur changeante . Le Vanneau fe paift de Mouches,qu'il prend en volant à la manière des Irundelles, de Emdtopus & Crex.Mais cela n'eft ordmaire,ains feulement quelques fois en eftéxar il fouf- fle en terre a la mode des Pluuiers,& fait ifsir les verms de terre pour les manger. Il yole feu Jet en temps d'efté, toutesfois eft veu en fi grande compagnie l'hyuer, qu il emble a vne grande nuee. Et lors s'ils defeendét à bas fur vne prairie,*! fault qu elle loit large & fpatièufe. Plufieurs le noment diuerfement : les vns Dixhuit, nivU > pource qu ,1 femble qu'il crie dixhuit: les autres Papechieu. Il vole legieremét, & p a Zt quelquestois fait grand bruit de fes «lies en volant.Et pource qu'il eft réputé de- m licieux,auisi eft quelquesfois autant vendu comme ferait vn Chapon , & toutef- ois U n eit de corpulence gueres plus grande que le Pluuier. Il eft moult bien cou D ^„- fl uert de bonnes plumes, qui font toutes noiresàla racine, celle part ou elle tou- tio„ du chmtle corps. Toutesfois que la couleur en eft bien autre par le dehors: car quile Vmttm meta la renuerfc luy eftendant fes xlles, luy trouue bonne partie des plumes de i slie, & celles de deffous le ventre, & les cuïlfes toutes blanches comme neige. Le deflous des adles eft tout noir, & le deffous de la queue de moult belle cou- leur comme tannée. 11 à les ïambes affez longuettes , & les cuïffes defehauffes au deilus des genoux,dont la cûuleur eft rouffe. Les ortueils de la part du dedes font conioin&dvnepeauimais celuy delà partie du dehors, eft beaucoup feparé. L ergot de derrière eft moult petit. La couleur des plumes de defliis le labot eft toutenoire,luyfailantvncoliernoir,commeontles Merles en Sauoye . Il â la gorgetoutcmadreedeblanc&noir.Voylaquantàlapemturedureuers.Mai S t Mo LIVRE III I. DELA NATVRE fi on le met à dent,& conuient l'obferuer par la tefte, on voit fon bec court,rond, noirja langue blanche,canelee en goutiëre . Tout le deflus de fa tefte eft noir , & reluïfant,comme meflé d'autres variè'tez, qu'on appelle couleur geminante . Il à vne tache blanche en chafque cofté du bec, 8c les fourcils vmbrez d'vne ligne blâche,deflus laquelle en à vne autre petite,qui eft noire . Les racines des plumes de fa huppe font îuftcment deflus le iomrnet de fa tefte , & nô pas deflus le front, comme elles font à 1' Alouëtte.Ce qui fait monftrer que le Vanneau à le col fi gref le,eftqu'ila peu de plumes à l'entour du col,&aufsi que les plumes de fa tefte font beaucoup auancees par le derrière. Le refte des plumes de deflus les selles eft de la mefme couleur geminante de la tefte , c'eft à dire changeante , tirant de v4cx en Crec,CapeIla & Parcus en Latin,Vanneau , & Paonchello,en Francoys,^ Italien. H' *^ s l'eau , ne dedens , comme la Poulie , aufsi n' à pas le pied plat. * On la trouue eftre nomee Poullette d'eau , pource qu'elle re£ femble à la deflufdi&e, excepté qu'elle eft beaucoup plus pe- tite^ plus grofle qu'vn Rafle,tellement que la trouuons par- ticipante de l'vn & de l'autre.Plufieurs oyfelcurs, à qui auons môrtré cefte Poul- lette , la voyants fi femblable à la Poulie d'eau, vouloyent maintenir qu'il n'y a- uoit différence finon en grandeur ,& que cefte cy eftoit ieune d'vne année , & la Poulie de plufieurs. Cela nous â fait cercher quelques enfeignes expreffes pour trouuereuidentediftindion.Mais nousn'auons rien eu plus apparent, que de voir la Poullette auoir les pieds verds , retirants à ceux d'vn Butor , n'ayants aufsi les plataines & membranes iarges corne font celles des pieds de la Poulie d'eau. Cela monftre la difïeréce, comme fairîa queue: car celle de la Poullette eft beau- coup plus longue que de la Poulie d'eau : ayant aufsi vne tache fur le fommet dé la tefte encontre le bec , comme la Poulie , mais beaucoup plus petite. La Poul- lette porte ie plumage delà couleur d'vn Rafle, retirant toutesfois àla Poulie d eau .Ceft de la que de prime face regardant cefte Poullette, lon iugeroit que c eft vn Rafle:ck la confiderant exactement, on luy voit la paupière de l'œil blan che par le deflus, qui neeonuientne au Rafle, ne à la Poulie d'eau: & deux plu- mes blanches en la queue, vne de chafque cofté. Elle eft vn peu cyanee par def- fous la poiarine,c'eft à dire,de couleur des blauez,ayât le deflus du dos bien fort tane. Aufsi y en à qui font plus noires que les autres,& ont les plis des selles Macs, & vne autre ligne blanche le long de l'aelleron^ui leur vient de ce qu'vne partie de la première plume eft blanche le long du tuyau.Lon trouue mefme viande en fon eftomach,qu'au Rafle,& à la Poulie d'eau.L'os du Sternon, & celuy qu'on ap pelle Ifchion, ont differéce en forme à ceux des autres oyfeaux, & aufsi à ceux des Poulies d'eau.La chair de la Poullette eft bien tendre,& â les os moult fragilesde icfiër moult gros , comme aufsi le foye, eft fragile, & au demeurant les inteftins, & autres parties intérieures femblables à celles de la Poulie d'eau. Qui la fait ro- t ii m LIVRE III I. DELA NATVRE ftir,luy trouue mefme gouft au mâger,qu a la Poulie d'cau.Sa manière de nicher, & nourrir fes petits,eft comme celle du Rafle. fulicx aligna ftecies,en Latin,Ponllettc ïmoys. Du Rafle noir. Cottnrco- me^n Rafie. Defcrip- tio du Ra fie noir. CHAP. XIX. O N trouue deux efpeces de Rafle : l'vn qui fuit les ruifleaux, & eft cogneu en toutes côtrees: l'autre qu'on trouue es genêts, duquel parlerons cy après. Et pource que ce nom eft moult approchant de celuy d'vn Trafle,voulon$ le nommer,de peur que l'affinité ne tropaft:car il en fera parlé par cy après , en def- ^ criuant la Griue. Il n'y aurait différence entre le Rafle rouge, & le noir, qu'en couleur, n eftoit qu'il y à différence aux becs,& que le noir nous eft beaucoup plus cÔmun que lerouge.Lonà donné le premier heu de bien cou rir au Rafle, tellement que difant,counr comme vn Rafle, fienific courir bien vi- fte.Les paifans Rachats qu'il fe mufle par dedens les hayes , le long des riufleaux, obferuent fes marches pour y tendre : par ainfi le prennent fouuent au laflet . On levoleaufsiàl'Efperuier: mais il n à qu'vnbonvol: parquoy neft difficile a prendre, & encor mieux fi c'eft en pais defcouuert. Ses ïambes {ont courtes com- me aux oyfeaux quiontle pied plat.lïà les articulations^ les doigts moultlogs, & celuy de derrière fort court. Sa plume le fait apparoiftre beaucoup plus gros, ou il n eft : car il n à charnure que d'vn Merle . Les plumes des cuifles ont des ta- i 7 • ches DES OYSEAVXj PAR P. BELON. n 3 ches blanches des deux coftez. par le trauers fur couleur tirant entre le noir Scie bleu,comme aufsi ont celles de deflbus l'eftomach: mais le deflus du dos eft noir merqueté de tanné.Son bec eft long de deux doigts,grefle,& rouge par le defliiSi Sa queue eft courte, comme aufsi eft celle de touts autres oyfeaux qui hantent le riuage,& qui ne nagent fur l'eau. Il nousfembleque les anciens le nommèrent Ortjgometra. Et encores pour le iourdhuy le cômun peuple d'Italie n'a appella- ortygpme tion plus â propos à le nômer, que de le dire le Roy des Cailles.Les Grecs en leur Roy des QWgomett* en Grec,Matrix Cotttmkum en Lttin,RaJle noire» Inncoyu Cailles. Aiift.lib.8.cap.n. Mgage ne le dient pas le Roy des Cailles, mais mere des Cailles. Ariftotc au xviii. ^ eK ^ liure de la nature des animaux, chap.xii.parlât de Ortygontetra,âit qu'il eft le con- céllch duâeur des Cailles lors qu'elles partent pour aller en eftrange pais: toutesfois il nous eft en ce païs fréquent en hyuer, & principalement en autonne , auquel temps il eft fort gras . Il eft médiocrement hault eriïambé , ayant le col longuet. Ses intérieures parties font telles que celles d'vnc Poulie d'eau, comme aufsi eft de mefme faueur , & bien renommé es feftins de noz, cotrees: car eftant de gouft vn peu fauuage,il irrite l'appétit pour mieux fe faouller de boire. t iii ~Defcnf- tion du Rafle rou- ve.oti de Ci Genêt. zi 4 LIVRE III I. DELA N A T V R E D u Rafle rouge, ou de Genêt. CHAP. XX. E R A S L Ede Genêt excède quelque peu le noir en corpu- lence . Il n'eft totalement de couleur rouge, mais tirant furie roux, que nous voyons au plumage d'vn Vautour tanné . Il â le mefme pennage que le noir, ne différent finon en cou- leur, grandeur, & au bec. Ses iambes & pieds font proportion- nez, de mefme. Sa telle reflemble à celle d'vne Perdus gnfe, ou d'vnpetitPoullet. La principale couleur roufle, ou rougeaftrede fes plumes eft defllis les deux coftez. des selles , &^en celuy endroit ou le noir eft taché de blanc fur la plume des cuïfles, ayant les plumes beaucoup plus tannées. Et comme le Ortyoometra altéra ingeniftis degens en Latin, Rafle de Genêt en Trancqys. Rafle noir fe nourrit par les boccages, près des ruïfleaux , ceftuy-cy fe paift par les chintres des partis , & bois taillis , mangeant la femence des Genêts, Senelles , & Perdix ru Gremil. Les Romains , à noftre aduis , le nom ent Ver dix ru fliculaxar à le voir l'on JticuU dirait proprement que c'eft vne efpece de Perdris champeftre . Parquoy auons fa chaelîrl ci ^ cment creu > c l ue 4 uan ^ Martial à dit, c apej re. Ruflicd fum Verdix.Quid refert fi fdpor idem? Cariorefl Verdixfcdfdpitilld mdgis^c. Qiùl entédoit parler de ce Rafle de Genêt, qui eft quelque peu plus rare que Tau tre, & eft plus delicat,aufsi eft plus prifé pour eftre plus grand. Delà 21$ DES OYSEAVX, PAR P. BELON. De la Becafsine,ou Becaffeau. C H A P. XXL E QJV E nous nommons Becafsine , eft nom diminutif de . Becaffe, appellee en Italie Gallinella , à la différence de celle petite qu'ils nomment Piczardella. La Becafsine ou Becafleau ■ feroit femblable à vne Becaffe, n'eftoit qu'elle eft plus petite,& eft de meurs diffcrétes.Ccftvn oyfeau paffager comme la Be > caflè, & fe trouue en mefme temps . La manière de la prendre eft différente à la Becaffe : toutesfois qu'on les prenne toutes deux aux laffets. Elle retire par deffus le dos à la couleur d'vne Caille, ayant les «elles plus noires par le deffus que la Becaffe , & eft plus blanche par deflbus le ventre. Ses iambes, Becafîi- ne. Gallinel- la. Piczgt- della. ^ifcolopakicn en Grcc,Gdlina«p minor en Latin,Becaftne en Francqys. Defcrip- tiande la ^ecajiine ou ¥>ecaf- feati comme aufsi les doigts de fes pieds,font longs & noirs.Son bec eft long de quatre doigts,& noir a 1 extremité,qui eft madré & canellé. Ceft vn gibbier fi frequét en temps dhyuer, quenous nations quafi rien de plus commun par les plaines des pais mediterranees.Et d'autant qu'on les apporte entiëres,& non engluees,ou fra pees.trouuons qu'on les prend feulementau rechargeouèr, qui eft vn archet au- quel Ion a tendu vn laffet , pour les prendre par le pied : car elles fe vont paiflant par prairies & lieux defcouuerts . Quand on luy eftend telle , on luy trouue vne tache blanche en 1 extrémité . Touts ceux qui ont le palais délicat , & ne Veulent manger linon chofes appetiffantes,ne font pas ignorants que les Becafsines font t mi n6 LIVRE IIII. D E LA NATVRE oyfeaux entre touts autres, les mieux fournis de haulte greffe, & defquels le feul gouft reueille fi bié l'appétit endormy , qu'il prouoquc à bien difcerner les goufts des francs vins & friands: quoy fçachants ceux qui font bien rentez,les mangent pour leur faire bonne bouche . En cuifant ccfte cy , & pluficun autres petits oy- ^feolo- £ aux ^ e riuiere ^ ne f au i t {^ er j es tr ip es j u ventre. Encor ne luy auons trouué ap- Gaîlin/t- pellation antique, finon que comme la Becaffe a nom hfcolopax en Grec,& Galli- g>. va go en Latin,nous pourrions bien dire Gallinago tninor, & Afcolopakion. Gttltintir oominor. „ r . %4f co lo- • Del autre Becalsine. pA, ° n/ CHAP. XXII. ESTE autre cfpecc de Becafsine eft moult femblable au fiif- ditBecaffeau:aufsieft elle indifféremment nommée de mef- me nom , comme s'il n'y auoit diftin&ion es deux:mais eftâts oyfillons différents l'vn à l'autre, auons biens voulu deferire cefte autre fèparement. Car fi bien elle eft de mefme corpulé- — ^^^^S^âr ce reffemblant la premiëre,neantm oins il y à différence & au tïode Lu plumage,& au bec, qui eft délié, & long,fe terminant en poindre en toutes deux: tre Becaf- toutesfois le précèdent l' à corne taché,& picoté vers l'extrémité , auquel endroit fine. il eft quelque peu groffet.Dauâtage l'autre a la couleur du dos,du col,& des asiles beaucoup plus mouchetée. Cefte Becafsine à les iambes longuettes,deliës & noi- resjcornme aufsi font fes pieds,& fon bec. Elle eft brune fur la tefte,&; par deffus le dos, tirant fur le cendré obfcur, de plaifante couleur. Elle ri â rie de madré que fur la tefte , & depuis le bec fuiuant la gorge iufques à la poiétrine , ou fes plumes font mouchetées de blanc. Et depuis l'eftomach tout le long du vétre, des cuïffcs, & le deffous de la queuë,porte les plumes blanches comme neigermais les gref- fes de la queuë font madrées de noir. Qui. luy ouure les aellcs la regardant par def fous, luy voit des madrures de blanc de moult bonne grâce . Pofsible eft-ce elle qu'on lit en Ariftote au huittiefme liure des beftes,chapi.troifiefme, & au neufief- me liure chapitre douziefme, fous le nom de Cinclus. Cinclus (dit il) item minor eft Cinchs. q U am Tringa : non apud Idcus folùm , &fluuios , fed vitam etiam apud mare truducit. Et d'autant qu'il eft oyfeau habitant es lieux aquatiques, eftant de petite corpulen ce,affez hault enïambé, il à bonne partie des cuïffcs toutes nues, & noires. Il hâte plus en l'eau , que la Becafsine. Il eft aufsi prins au rechargeouër. C'eft vn oyfeau d'aufsi bonne grâce que nul autre . Il hante toufiours les riuieres , & fent quelque chofe de bon,qui recrée les fcns,& qui retire au mufc.Tant cefte-cy, que la précé- dente hochent toufiours la queuë: mais cefte-cy eft de meilleur manger que la précédente, & dont le gouft prouoque à auoir l'appétit aguifé , & fçauoir mieux entendre la diuerfité du gouft des bons vins :fomme que le fufdit,& ceftuy-cy font oyfeaux moult délicats à manger. Cinclus en Grcc,& Lutin ,autrc efpece de Becaf ine en Trttncojs. cap j.Sc Iib.j. cap.12. DES OYSEAVX, P A R P. BELON. De la plus petite elpece de Becafsine. 217 C H A P. XXIII. miere < T)efcrip~ t ion delà plus petite Becafîi- ne. Veux pour^in. Foutons. sft vne autre efpece de Becafsine , refséblât mieux à la pre- re qua la fecôde:car corne la première a le bec groflet à lex tremité,& picoté, & la fecôde ne F â pas,aufsi cefte petite cy. l' â ainfi groflet, & merqueté. Le deflus de fon dos efl de couleur changeante,comme le dos d'vn Eftourneau. Quelques vns le J nommét aufsi Deux pour vn:car les chaircuidtiers en les ache- tant des pouruoyeurs en prennent deux pour le pris d'vn grâd Becafleau.Le vray nom de fes Becafleaux eft impudique, & toutesfois receu des paifans fituè'z aux ri uages de l'Océan , qui les nomment des Foutons: car c eft vn oyfillon qui remue le plus fouuent la queue, que nul autre. Il eft d'aufsi bon manger que les defluf- dits, & eft apprefte en la mefme manière. De l'Alouette de mer. C H A P. X X I 1 1 1. E S Françpysvoyâtsvn petit oyfillon viure le long des eaux, & principalement es lieux marefeageux près la mer, & eftre dè la corpulence d'vne Alouette, au moins quelque peu plus grâ- det, n'ont feeu luy trouuer appellation plus propre , que de le nommer Alouette de mer , & le voyant voler en l'aer , on le ^louet- trouue de mefme couleur, finô qu'il eft plus blancpar deflbus te de mcT ' le ventre,& plus brun deflus le dos qu'vnc Alouette. Il m'eft aduis qu' Ariftote au Schœniclos en Grec,& Latin,^4louette de mer en Vrmcojs. fuii Sié.y&.ïj n. >ufm-A ftMt w}%âvi. Arift.lib.S.cap.j.& lib.9.cap.i. troifiefme chapitre, du huittiefme liure des animaux, la nomme Schœniclos : car il s ^ œ »i- dit. Adhœc lacus çyfluuiospetunt AlbicuU, Schœniclos, Cinclus^Tringa- quœomnes c os ' ii8 LIVRE IIII.DE LA NATVRE cttuddm motitant. Peu après il dit: Schœniclos in Us tninor e?l Turdo: tiquas dddttiat, (f cdudaillimotitat. Et pour autant qu'il eft oyfeau deriuage, aufsiâil les iambes Vefcrip- noires, grefles,& longuettes, comme aufsi le bec. Sa langue eft noire, eftendue le "mette "d ^° n ? ^ U ^ CC ' ^ cro ^^ em ^^ a ^^ e à vn Becafleau, n'eftoit qu'il eft en tout plus petit: ' ' aufsi a la mefme ligne blâche deffous l'asile. L'on ne peut auoir plus grâdmerueil le de ce petit oyfeau , que d'en voir apporter cinq ou îix cents douzaines vn iour I de Samedy en hyuer. Cela nous fait penfer ou qu'ils font grande quantité de pe- tits à vne fois , ou qu'ils font moult fréquents au pais dont on les apporte; On les trouue de meilleur manger que les Alouettes de campagne. Ils hochet la queue fans cefle, & font fi inconftants qu'ils ne fe peuuent tenir en vne place. Du Martinet pefcheur,Crfjx,& Cerjlus. CH A P. XXV. Martinets i^^^"^^^ ^ n'y à celuy qui n'ait cognôiflance du Martinet pefcheur.-car fejeheurs ( ^^^ ^ noU5 apparoift en tous lieux le long des riuages:mais il y en de deux 'j^^S a deux efpeces, dont ferons voir les peintures.Combien qu'ils e ^ eCa ' jfli|r (Wmà f°y ento y^ eaux P a ^ a S cn i toutes f°i s f°nt leurs petits deux fois JPt^P l'àn:car il s'en partét en téps d'hyuer des lieux mediterranees, Câ^"^^"^ & s'en vont paiftre à la mer pource qu'elle ne gele point. Or dit on qu'ils y font leur nid,pendant que les riuieres font glacées. Les Grecs avâts remerché le temps d'hyuer, auquel ils font leurs nids, c'eft à fçauoir fept iours a- r>/« Hal Uant ^ * our ^ P^ us coun ^ e f annee > & fept après, les ont nommé des Hakjoni- cjomdes. ^ es 'H 1 " e ^ k temps pendant lequel Halcyo» eft en befongne à fon nid,car les au- tres d'après il couue fes ceufs & efcloft fes petits,puis les nourrift. Ariftote autheur Grec , qui auoit fa demeure au riuage de la mer , au quatorziefme chapitre du li- ure neufiefme de l'hiftoire,les à nommez oyfeaux de marine, & les à défaits to- talement femblables à ceux que nous auons es pais mediterranees : aufsi font ils de marine pendant le temps de l'hyuer. Car ils font l'efté feulement trouuez aux riuieres & marais.Nous nations oyfeau de couleur plus exquife que le Martinet, Mmmet auquel donnons le furnom de pefcheur,à la différence de l'efpece d'Hirondelle, » ^ e fl-f ern klablcment furnommee Martinet, & qui fait pareillement fon nid au délie. ^ord ^ e l' eau >comme le Martinet pefcheur.U y â vne drogue en commun vfage Halçyo- de médecine nommée Halcjonium , qu'on trouue maintenant es boutiques des »im. grofsiers,faulfement nommée Spuma maris. Elle eft fi fréquente par les riuages du spuma Propontide,ou les habitants la nomment en leur vulgaire Ark«7//,qu'il n'y â rien déplus commun. Ce nom nous à folicitéd'obferuerlenid deceft oyfeau. Car les Grecz ont ainfi nomme A/a'^wWjl'ayants veu reflembler au nid du Martinet pefcheur.Parquoy nous eftants maintesfois trouuez à defnicher des petits Mar- tinets , & ayants bien confideré leurs nids , voulions entendre la difficulté de ce que les autheurs ont laifle en doute, à fçauoir de qu'elle matière ilefteompofé. Nous en auôs trouué au riuage du fleuue Hebrus & Strimone,ou il n'eft compo- fe que de fimple terre pour le commécement.Se trouuant en lieu à propos au ri- uage de quelque riuiere,il cr eufe la terre quafi deux coudées en profond,auec fon bec maru DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ll9 bec, tout ainfi que le Merops. Mais pource qu'il nourrift fes petits de grade qualité; de poifson , nature les â douez de ce bien,que quand ils en ont digéré & confit la chair en leurs eftomachs,les areftes demeurét étiè'res en vnepelottedefquelles ils reuomifsét en vne petite maffe rôde, tout aîfi corne vn oyfeau de proye rédfa cu- rée des os & plumes de l'oyfeau. Cefte maffe d'efpines & efcailles demeure dedés le permis auec les excréments de l'Halcyon: laquelle eflât la dedés entremeflee a- ueclaterre,fait vne mixture femblable à ce que les Grecs ont nômé Halofachne, Hdofah c'eft à dire F/or [dis . Et qui ne fçauroit ce qu'auons eferit defdicres areftes & efcail- ne ' . Flos/al/s. H alcyon *4f>honos en Grec, ffalcedomuta,oumaior c» Latin, Martinet pefcheur en francoyii •rfw Snhaxraji n[ii-mu, Arift.ibideni. les,confiderant la ftrudure du nid, diroit propremét que les Martinets pefchcurs ont efté chercher les efpines des poiflbns pour les mettre en leurs nids . 'Et nous mefmes au commencement trouuions eftrange d'y trouuer tant d'areftes: mais aytas feeu l'artifice de nature,qui veult qu'ils reuomiffent les efpines quad la chair eft digérée, il ne nous à efté fi difficile à croire. Nous mangeons indifféremment toutes autres efpeces d'oyfeaux de nuiere, fors les Halcyôs,côbien qu'ils fe nour- rirent de bon poiffon . Car mefmement fi les paifans en defnichent grande qua- lité au nuage des riuicrcs,il n'en feront autre eftime, que de les bailler aux enfants pour s'en iouër,ou bien les feicher pour en garder les corps auecques les plumes, pour leur beauté exquife. Ariftote au lieu fufdit â défait le Martinet autant par le menu qu'aucû autre oyfeau, lequel Pline à enfuiuy de mot à mot,au tiétedeuxief me chapitrcdu dixiefme liure:mais il y â efgard en la deferiptio de Pline:car ou il V 220 LIVRE III I. DE LA N A TV RE dit, & cdndidis ad7nîxtis pe»a«,cela n à dit Ariftote, aufsi n'eft trouué es Halcyons auoir celle blancheur. Defcriuant ce Martinet pefcheur tel que nous l'auons veu Vefinp- en q kcc ^ e ft en n0 7. riuages,dirôs auec Ariftote,qu'il effc quelque peu plus grâd l'Halcyo q u ' vn Paifleteau. C'eft l'oyfeau du plus beau plumage que nous cognoifsions . Il ' ne fe fied à terre nô plus q le Picuerd , car il à les iâbes fi courtes & rouges , qu'on diroitquafi qu'il n'en à point: aufsi à il les pieds d'vne autre forte que les autres oyfeaux . Il n à qu'vn doigt derrière : mais des trois de deuant , il en à vn de k partie du dedens moult court: les deux autres font conioinfta enfemble affez, grands,garnis d'affez bôs ongles.Le pied eft plat par le deflous,& coche par tout. Son bec eft noir & rôd de deux doigs en longueur, & qui eft poinctu par le bout. Et la ou Ariftote le met Subuiride, auons fait difficulté de telle di&ion : car nul eft veu l'auoir de telle couleur.Les plumes de deflous fon ventre & des adles font de couleur phcenicee , c'eft à dire rougeaftre tirant fur le fauue , & celles de deflous la gorge, font blanches. Mais le deflus de la tefte, des adles,du dos,& de la queue font mouchetées participantes de verd & bleu fur le champ noir . Il à aufsi vne tache rouffe en chafque cofté de la tefte à l'endroit ou font les ouyees,qui luy cô- mence des le canton de l'œil . Il à la queue courte , qui ne luy pafle gueres oultre les adles:toutesfois on luy compte douze plumes leans.Pline acompagne vn au- tre oyfeau auec le Martinet , lequel il nomme Cayx . Ariftote fait différence en- Ceryl'us. tre Cerylus, que Théodore tourne Cdrulus, & l'Halcyô:car il dit au troificfme cha Carulm. pitre du huitielme hure des animaux : Apud marc Hakedo vcrfatur Cerylus. Halcedo. Antigone vouloit que les Halcyons nulles auoyent nom Ceryli . Nous préten- dons que l'oyfeau qu' Ariftote à nommé Cerylus , & Gaza Cdrulus , eft celuy que Pline nomme Cayx , quand au trente-deuxiefme hure de l'hiftoire naturelle, chapitre huittiefme,il dit ,Vit in mari & Hdkyoneum appellatum } cx nidis \t aliqui exi flimcint Halcyonum Cttycum, Vf dlijèfordibui jjumdrum crdjfefcentibus , alïj è limo, Vf/ quadctmmdris hnugine . L'interprète d'Ariftophanes en la Comédie intitulée sporoihs. Aues, à ainfi eferit : Corylus. Corylus enim eft auis : non enim eîl Sporgilus , &c. Pour ne defguifer noftre opinion en ce Corylus, Cerylus, ou Cayx , penfons que Cayx des anciés eft l'Halcyonvocal,efperats nous'en efclarcir,côme aufsi des autres oy- feaux animaux , & plantes qui nous font en doute , & ce par l'apellation du vul- gaire,que nous apprendrons les paifans de Grèce: qui fera en brief , fi Dieu plaift, encasquefamaiefténousvueillefauluerlavie.Cc qui conforte le plus noftre conception eft, qu'on l' â ainfi nommé,à caufe de fa voix: & de vray qu'on regar- de les fables d'Ouide du Cayx , Ion trouuera tout de mefme en luy que Itis. C'eft que comme le Rofsignol en chantant fèmble prononcer \tis, Itis, les anciés ont pris occafion de parler de \tine ,o\x Itis ( comme ferons apparoiftre en defcri- uant le Rofsignol ) aufsi ont eu occafion en Cayx . Parquoy après auoir baillé le portrait du grand H<*/go»,ferons voir vn plaifant difeours du petit. i DES OYSEAVX, PAR P. BELON. De la Rouflerole,ou Halcy on vocal. CHAP* XX VL CACHA N T S donc qu'il y â deux efpeces de Marti- nets pefcheurs,& que le plus grand qu'auons ia defcrit,efè co- mun en touts lieux: refte à dire de cefte féconde cfpece, qui eft l'vn des oyfeaux du plus plaifant chanter ,que nul autre de ri- uiere . Il efè fréquent en touts lieux marefcageux,& fur les ri- ; uieres qui produifent des roufches . Ariftote en à fait expref- Hdcyon fe mention au troiiîefme chapitre, du huittiefme liure des animaux, le nommant " Vow/i vocal,à la diference dufufdk,qui ne chante point.Et encor qu'il ait furnommé le fufdit Uutum, fi eft-ce qu'il ne l'entend eftre totalement muet : car lors qu'il fe de- part d'vne place, il fait quelque voix comme en cry, annonçant par ce à fon com- pagnon , qu'il s'en eft party . Qui voudra auoir plaifir indicible , aile l'efté s'aflbir fur la riue de quelque douue, ou il y ait des rouz.eaux,il oyrra vne melodieufe har monië des chants d'infinis petits Halcyons vocals , que nommons en Françpys RoufTeroles.il n'eft home, s'il n'eft du tout lourdaut,qui infalliblemét, s'il y prend R OU fp ro . bien garde, n'en foit rendu trifte ou ioyeux. Ils n'ont nôplus de cefle que les Rof- les. fignols. A ceftc occafion aucuns nomment les Rou{feroles,Rofsignols de riuiere. RofsigtoU Tout homme qui oyrra vn chant fi haultain procéder du fini et de fi petite corpu- de m,ere ' lence d'oy fillon,fera de gros efprit & lourd,s'il n'y repéfe deux fois : entendu que d'vne mefme haleinee il maintient fa voix,tantoJt fi haulte,qu'il n'eft deflus d'in- ftrument d 'iuyre qui y puifle monter: tantoft fi bafl e, qu'il n'eft delfous d'vn pot caflequipuifledefcendrefibas. Il n'eft homme fi diligent obferuateur des voix, qui le puifle bonnement contrefaire en chantant. Entre autres il femble quafi pro noncer comme qui diroit : Torojretfwjmyjret : S^en réitérant tel chant en di- uerfes manieres,pafle les nui&ees fans cefler. Il fe branche aufsi fur les arbres:mais il ne fe départ iamais des eaux. Lespaifansacouftumez de l'ouïr, ont tellement retenu fon chant,qu'ils en ont fait des chanfons fi impudiques à la prononciation, qu'il ne ferait licite les efcrire , non feulement les penfer , finon à gents effrenez* Nous auions voulu les mettre en efcrit, & changer les lettres, pour difsimulcr les mots , toutesfois voyants que cela n' à aucune grâce , l'auons omis : d'autant que touts les mots fe commencent par f, ou par c. Ariftophanes autheur Grec, encor plus ancien qu' Ariftote, â eu plaifir de mettre fon chant en efcrit, l'ayant aufsi bié obferue qu à peine perfonne le fçauroit mieux exprimer . Il eft ainfi en fa come^ die des oyfeaux. Huc,hiic,huc,huc, Torojarojoroytorojtorotinx. Cicc*5 I C*S>£<" 0,/ra ô*^ t"» ^âxw-Arift.lib.a.cap.j.&Iib.sieap.iij. faire la chaffe à plufieurs efpeces d'animaux , non encor mis en peinture , qui ap- paroiftront quelquesfois .Ores cheminants par taillis, tendants aux oy filions en prenoyent de moult rares : tantoft fe trouuants par les forefts, auoy ent plaifir de . voir beaucoup d'efpeces d'arbres auec leurs fruiéts : autresfois cueilloyerît diuer- fes herbes fur les montaignes,& entre les vallees.Et la trouuants infinis arguméts nouueaux, y firent Sonnets,Odes,& Epigrammes Grecs, Latins, &Françpys en la louange de celuy qui les y auoit conduicls,& de fes nymphes.Et ayants confa- cré les fontaines,auec grandes cérémonies, rapporterét toutes les reliques de leur enquefte. Dorât l'vn de la compagnie,poète éloquent , voyant que la limphe de Medan conuertift fes larmes en pierre , & voulant en perpétuer la mémoire, im- prima tels mots fur vn tableau: InVillanidemfonteni. Villmts Nynipha prius Villanis eram : Van arfn,amdntem njmpha. Dttmfugio : abforptam terra rogdta tapit. Stat fuperùm pro Vanefduor.dc Naïde lyn, ld, De lymphafiunt \ifcerd noïlrd lapis. DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ni ThojudJ, -jJùtv! nguet&cou^ de couleur de ciel , & qui palîe oultre les des. Sa langue eilnguette & «efle esosdefateftefontfidurs,quils pe uuenteftrecompLauxos 8 duS Papegay :fcauoireft, deux doigts deuant,& deux derrière .Ceftvn oyfeauque v m tp LIVRE IIII.DE LA NATVRE nature à fait boflu : dont ne puis trouuer autre raifon, finô qu'il ayme toufiours i Voler. Il à aufsi de couftume manger des petites pierres , comme font les Iron- delles : parquoy ne m e fuis efmerueille trouuer les femences des lampfanes , can- calles,naueaux,& du froment dedens fon iefier,& de quelques autres aufsi qui vi« uent de Mouches ainfi comme luy.il à le fiel bien grâd, qui eft verd comme vne Efmeraude : & à deux petits inteftins au droit boyau. Il faut exeufer la grandeur du portrait de ceft oyfeau, qui n'efl en la proportion des autres : car il fut fait en fa naïfue grandeur & mis feulet au liure de noz obferuations : & par ce ne l'auons voulu changer. DuPorphyrio. CHAR XXVI IL Porfbyrio *Ziure x. de l'hifi. nat.cbap. xfoi.& xlix. De/crip- tioduPor phyrio. Vorphyrio cognuifl, (çp décla- re l'adulte re. 5fE S anciens Romains hommes haultains amateurs des cho- fesfinguliè'res,fefaifoyent apporter les beftes de toutes parts pour auoir plaifir de les voir . Entre autres, illeur eftoit appor- té vn oyfeau de Lybie , lequel ils nommoyent de nom Grec Porpbyrio. Pline eft d'opinion qu'il en naiffe aufsi es ifles Balea- 'res,& enComagene:carildit* Baléares infuUVorpkyrionê mit- tunt.Lduddtifiimi in Comdgene>On trouue que c'eftoit vn oyfeau de beaulté moult exquife, de la grandeur d'vn Coc, de couleur azurée , ayant le bec & les iambes rouges & longues. Ceft de la qu'on l'eftime eftre oyfeau paluftre, ayant aufsi les pieds fenduz: & par confequent fon col eft long. D'auantage puis qu'il eft aqua- tique , fa queue n'eft pas longue: parquoy fes pieds en volant luy paflent oultre,' comme aux Hérons, & autres, qui ont la queue courte. Les anciens ont obfcrué vne taché en ce Porpbyrio, qu'ils ont attribué à luy feul : ceft qu'il boit l'eau com- me en mordant , & aufsi qu'il trempe fes morceaux en l'eau, les apportant au bec auec le pied pour les manger. Aufti ont dit qu'il ne s'eileue pas enauantquandil vole:& qu'il eft oyfeau qui prend plaifir quafi infatiable de fe veaultrer en la poul dre, & fe baigner: mais qu'il cherche principalement le lieu ou les Pigeons ont couftume de fe baigner: toutesfois qu'on ne l'a encorobferué fe laueren l'eau, ou veaultrer en la pouldre,qu'il n'ait premièrement couru certaine efpace de che min.On le tenoit feulement pour monflre,renfermé de barreaux:car Aelian mef me eferit , qu'il n'auoit encor ouï parler , que quelcun l'euft apprefté es banquets. Polemon efcriuant de fes proprietez,en dit chofe merueilleufe, c eft que felô fon opinion l'oyfeau prenoit garde aux femelles de lamaifon ou il eftoit hourry , & auoit cognoiffance de l'adultère qu'on y commettoit: laquelle quand il auoit ap- perceuë, il fignifioit au maiftre de l'hoftel . en monftrant figne de fe vouloir eftrangler. Velia DES OYSEAVX, PAR P. BELON. Velia ou Helea. C H A P. XXIX. O V S auons cognuvnpetitoyfillon,deIa grandeur d'vne j? petite Mefange,bigarré de diuerfes belles couleurs, lequel fe te '• nantesroufeaux en lieu marefeageux, s'efleuoit incontinent Ç en 1m en chantant,&foudain retumboit à bas : en ce contrai- | re à l'Halcyon,qui demeure coyen chantant, mais ceftuy-cy s'efleue en l^rpour chantenS'ans cela ne l'eufsios veu:& quel- que diligence,& defpence qu'ayons feeu faire,n en auons onc peu auoir vn en no ftrç puiflance.Toutestois foudain que le veifmes, le foupçonnafmes celuy qu'A- riftote entedit pour Helea. Helea (dit il au femefmc chap. du neufiefme bure des ™l aramaux)ett de pente coipulcnce,mais il chante moult bien,harj tant les roufeaux oucaimcsdesmaraisr&ibrtouteftcognuviurecommodcmentJlfetientl'efté au vent,& a I vmbre:& l'hyuer au foleil,&; en ïabry. Vcl'uifiU Eka. FIN DV QVATRIESME LIVRE. LE CÎNQXESME LIVRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX DE CAMPAGNE, QJ? I FONT LEVRS nids fur terrcauec leurs defcriptions & portrai&s, retirez du naturel. Par Pierre Belon du Mans. A PARIS, 1 s s y. AuecpriuiJege duRoj. A V ROY. / E,nous dirons en ce cinqkfme liurede quel- ques espèces d'oj féaux qui Voient peu, & font de pefante corpulence , qui ejl caufe que nature a Vou- lu , qu'ils eufjènt a fepaiïlre,& demeurer par les campagnes,& hou tailli^: defquels nous en trou- uons moult grand nombre qui ne fe branchent fur les arbres, & ne hantet les eaux,& ne font leurs petits, & ne nichent que fur terre. Tels font l' Au- truche, iO!\arde,le Francolin, & autres que no- merons , & defcrirons cy après en leurs propres chapitres. Et tout ainfique ceux qui hantent es eaux ,Je nettoyent les plumes en je la- ' es ul uant ' & C ^ a ff ent k termine par l'eau, aufii les terrestres fe Veaultret en la pouldre "feZlfces. pourchaffer les pouls , & vermine d'entour eux, & fi purger la peau: qui ett lefou- stucs Lo- uerain remède pour cefl effet, dont ils ont efté nommer de propre appellation Latine wees. Pulueratrices 2\xts } comme aufi les oy féaux qui hantent les £vt#x,Lotrices. LE CINQJESME LIVRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX DE campagne , qui font leurs nids fur terre : auec leurs defcriptions & portrai&s, retirez du naturel. >A ut ru- che, v De l'Autruche; CHAPITRE PREMIER. OVRCË que les Autruches viuent es cam- pagnes d'Afrique , nous n'en voirrions aucu- nes en noz contrées , n'cftoit qu'on leur fait paiferla mer. Les paifans des régions de Ly- biè,& d'Afrique fçachants y auoir profit , pren- nent les fauuages en diuerfes manières , &a- pres 'les auoir appriuoifees , les vendent aux marchants , qui les chargent fur nauirespour les nous apporter en noftre Europe : autre- ment s'ils les tuent , & ne les pcuuent liurer en vie , au moins leur en liurent la peau a- uecqucs toutes les plumes : car ils les efcorchent foudain , & enuoyent les peaux aux marchants des prochaines villes . Lon fe peut trouuer en Alexandrie vifitant les drogues par les magasins, ou auons veuplus de deux cents peaux d'Autru- ches, auecques leurs plûmes toutes en vn monceau , & fi nous à ton dit qu'ils en nourriffent des priuees au pais de Lybië, comme nous faifons noz Oyes , & Ca- nes, dont les paifans mangent la chair, & ont profit des plumes qu'ils vendent aux eftrâgen.L' Autruche eft ia fi commune qu'en oultre ce qu'on la cognoift de nom , aufsi y â peu de gens qui n'en ayent veu . Opian autheur Grec a eferit au troifiefme liure de fa vannerie , de quelle induftrië les habitants les prennent.Ce mefme à fait S trabo en fon feziefme liure. Anftote à deferit l'Autruche par le me- nu . Les Grecs l'ont nommée Strutkos , luy adiouftantvnfurnom Ljbtcos: pour- ce que communément ce mot Strouthos eft attribué à autres chofes : car l'on dit ZT'.l!' Strouthonula , pour fignifier des Coignaffcs : & rriefmement vn Paflereau ' eft nommé Strouthwn. Les Latins prenâts leur ethymologie d'vn Chameau , & d'vn oyfeau, ont mieux aymé due Urouthiocdmelus , le voyant animal de double na- t ^ ,on ' ture oudouteufe ,àfçauoirfionles doit référer à animal terreftre , ou à oyfeau. la n'eft il pas oyfeau: car il ne fe peut efleuer de terre pour prendre l'ser . Aufsi fes Stroutko' miU. Sthroti- x n LIVRE V. DELA NATVRE Befcrip- selles luy feruent feulement pour luy ayder à courir . Il n'eft pas couuert de poil non de comrne les animaux terreftres,excepté fur les paupières & dcffus la tefte,& le lôg vviimiv.v-». 7 f £ J - ; O du col-.parquoy on ne le peut bonnement référer eftre terreftre, attendu qu'il eft couuert de plumes par le corps.il à vn long bec,fort, & poinâu.La tefte,& le def fus du col eft fans beaucoup de plumes,mais couuerte de petits poils, comme l'O ftarde. Il à les yeux gros, & noirs, femblables à ceux d'vn Chameau. Au refte il à toute la manière d Vn oy feau,excepté qu'il excède touts autres en ftature , & qu'il Strmhio ^fficus, Struthiocamelus, Stmthocamelus, & Sttuthius, en Grec,& Lnùm^imrmhe en Frttncqys. ri à que deux ergots aux pieds,quifont onglez corne ceux d'vn Chameau faifant comparaifon du grâd au petit, duquel il tient beaucoup de merques: carfes pieds font mois par le deflbus, & ne font point fenduz. en doigts comme ceux des au- tres oyfeaux. Quand on le chafTe il à l'induftriè' de ie&er des pierres auecques les pieds en fuyant,contre ceux qui le pourchaflent.Et fi d'auanture l'Autruche trou- ue vn buiflon , Ion dit qu'il eft fi fot oyfeau,que fe cachant feulement la tcfte,pen fe que tout le refte du corps eft en fauueté . Il ne futonc faifon que fes plumes DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 233 n'aycnt efté eftimees pour orner les acouftremens de tefle,morions,& falades. Et n'eftoit q les Turcs,& les Perfes les ont pour le iourdhuy en plus grand vfage que nous,elles ne nous feroyent fi cheres.Ce rieft pas de maintenant qu'on commen ^ um - ce à s'efmerueiller de luy voir indifteremmét digérer le fer . Car Pline au premier ^ ^ % f " chapitre du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle , difoit . Concoquendi fine deleSlu deuorata, mira natura,fednon minus jloliditds, in tantaycliqui corporis ahitudine, cum collet frutice occukauerint Jatcre fefe exiflimantium, ©*c.Et fi nous confiderions auisi bien la nature des petits oyfillons, qui digèrent les cailloux, & le fablon, nous ne trouuerions fi cftrahge que l'Autruche puifle digérer le fer.Si l'Autruche eft aflail lie de quelque petite befte,pour laquelle ne s'en vueille fuir, elle fe deféd à coups de pieds,tellement qu'il aduient que quand vn homme s'en fuit deuant elle, elle à la force de le mer par terre . L'Autruche fait fon nid en terre,& n'y à oyfeau qui ponne tant d'eeufs qu'elle fait,qui font fi gros qu'ils pourroyent contenir vne pin te de liqueur,ayants la coque fi dure , qu'on s'en peut feruir pour faire vaifleaux à c he. boire. Grande partie des ceufs que nous voyons pendus par les eglifes , font ceufs Ocefî de de Crocodille:& toutcsfois penfons qu'ils font ceufs d'Autruche.La greffe d'Au- Cncoitla truche eftoit anciennement vendue à Rome es boutiques des chirurgiens : car Ion s'en feruoit à tout ce que Ion peut dire de la grefTe d'Oye:mais elle à efté trou ueedeplus grande vertu. Ceux qui font couftumie'rs de manger la chair d'Au- truche, ont rapporté qu'elle eft excrementeufe, & mal ayfee à digérer. Les autres ont dit que le îefier de l'Autruche mangé faifoit faire bonne digeftion , côfelTants toutesfois que le iefier de foymefme ne fe peut bien digérer.. Du Paon. CHAP. IL [ES PAONS ont efté nommez à caufe de leur cry . Il y à P< "" 1 ' beaucoup d'oyfeaux , efquels Ion ne peut diftinguer le mafle de la femelle , mais le Paon a telle diftinétiô à fa femelle qu'on voit du Coc à la Poulie : car comme les Cocs , & Chapons ont les plumes du col & de la queue différentes aux Poulles,aufsi le i Paon â la queuë,& le col differét à fa femclle.il eft tant cogneU d'vn chacun , qu'il n' à que faire d'eftre deferit par le menu . Sa beauté à efté caufe qu'il â efté dédié à la deeffe luno.Le mafle à les grofles pennes phenicees en l'ael- Ve/dnp- le:& combien que fes longues plumes apparoiflent fortir de fa queue , toutesfois Uon d " elles fortent de deflus le dos auprès du croupion,lequel il à gros,& large:ou natu Pae "° re â mis des plumes noires,& courtes pour fouftenir les longues qui font deflus. Lon ne fçauroittrouuer autre raifonpourquoy nature luy a baillé les plumes de deflus le fommet de fa tefte ainfi efleuees,que pour élégance de beauté:nomplus que celles de fa queue, qui luy tombent , finon que pour aornement.La nourritu re des Paons eft de grande defpence,& les petits difficiles à efleuer. Lon en trou- ue aufsi de touts blancs tant mafle comme femelle,mais point d'autre couleur,au moins qu'on le puiflefçauoir.Ils ont les efperons,comme les Cocs, & fe reflentét quelque chofedeleurmaiefté. Il ne fut onc qu'on n'ait acouftumé faire couuer x iit 234 LIVRE V. DELA NATVRE les œufs des Paons aux Poulies: dont Ariftote au neufiefme chapitre dufixiefme liure des animaux , à rendu la raifon.Lon ne peut bonnement accorder ce que quelques pères de famile racomptent : Ceft que les Paons ne couurent leurs fe- melles, ains qu'ils les empliflent en faifantlarouè' deuant elles : mais s'ils con- feffentles auoirveu couurir des Poulies d'Inde, pourquoy ne pourront ils aùfsi accorder qu'ils peuuent couurir leurs femelles? Il ne fauldra donc attribuer ce dé- faut à la longueur des plumes de leur queuë:car ils les peuuent drefler.Les Paons Taos } & Taon en Grec, Pams^ Prf»o en Latin, VaonenTrancqys. tÏKzmoTH. Arift.lib.1. ap.i. & lib. S .cap.<>. ont eu à faire de moult grades adles pour efleuer fi gros faix de leur corps en l'a» Parquoy nature leur en bailla desleurnaiflancede moult fuffifantes, tellement qu'ils les portent afles mal ayfement quand ils font petits , toufiours penden- tes îufquesà ce qu'ils font grandelets . Le Paon fe mirant en fa roue en deuient moult orgueilleux , & principalement deuant fa femelle . Il fe mire deuant le fo- leil,à finquefes plumes receuantsles rayons,foyent plus efclatantes en clarté. Pli ne au vingtiefme chapitre du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle , dit que le re- uenu DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 2}$ uenu futgrandà M.AufidieLurco , qui commença à les engreffer à Rome pour les vendre: & que Hortenfe orateur fut le premier qui les tua pour les manger es feffins :quimefaitpenferqueles Romains les nourriffoyent feulement au para- uant pour leur beauté cxquife. II eft difficile d'efleuer les poulfins des Paons, G- non en téps d'efté. Ariftote en mefme lieu dit,qu'ils viuent communemét vingt- cinq ans , & qu'ils fe defpouïllent quand & les arbres : mais que leurs plumes re- uiennent auec les fueilles.Suetone,en la vie de Tibère àk-Mtlitempratoriamm,ob fumptum è viridario Pauonan, capitepunijt.Ceh nous fait pefer qu'ils les gardoyent anciennement en delices,enfermez es vergers, comme nous faifons encor main- tenant.Ii y a aufsi vn poiffon nomme Prf«o,qui â prins fon nom du Paon. pif- fin. Del'Oftarde. CH. A P. III. E S Oftardcs font les plus grands oyfeaux terreflres , qui font vcnuz à noftre cognoiffance après l'Autruche . On les trouue li femblablcs à la Cane petiére, que n'y auons fceu obferuer diffcrence,finog.en grandeur. Vne Oftarde eft beaucoup plus v e fcnp~ groffe,& plus jKflàntc qu'vne Grue: & pourroit eftre compa tion de reeàiacharnurcd'vn Cygne. Londiroit proprement avoir i'ofinrde. la tefte, que c'eft celle d'vn Vautour, tant eft groffe & lourde . Elle à le bec moult robufie,& bien fendu,fait à la manière de celuy d'vne Poulie . La couleur du du- uet & plumes qu'elle à fur la tefte,& col,eft cendrée & luy continue iufques def- fous leftomach.Le deffus des ailles eft blanc,qui eft la feule merque,ofté la gran- deur,qu'on trouue en elle,qui aitmonflré différence de la Cane petiére . Et pour- • ce que les ïambes font longues,aufsi faïllok que fon col fuft long,qui comtnence a eftre couuert de plumes gnuelees de tanné &noiraftre depuis la poidrinequi continué par deffus le dos. Au refte elle eft blanche par deflbus le ventre , & def- fous Us telles , finon que les extrémité* font noires . C'eft vn oyfeau à qui auons trouue le pertuïs des aureilles plus ouuert que de nul autre terreftre : Car Ion met troit bien le bout du doigt dedens le conduit. Qui. regarde leans , voit deux con- duits,dont l'vn tend vers la partie du bec, l'autre entre tout droit au cerueau. Qui nedefcouunra la plume de deffus les ouyes, ne luy voirra point le pertuïs quaT lions dit . Les plumes de l'Oflarde font rouges à la racine , tout ainfi qu'à la Cane petiére, ayataufsi les euïffes couuertcs déplumes blanches, qui font defcouucrtes deux doigts au deffus de la ioin&ure des genoux.Ses iambes font groffes comme le poulce,Iogues de demy pied,toutes couuertes d'efcailles.Elle à les pieds moult gros,deflous lefquels Ion voit vn gros cal,qui eft corne vn mufcle dedens le pied a ia racine des doigts . Ses ongles font courts, & a feulement trois doigts en cha- cun pied , & toutesfois les autres oyfeaux en ont quatre . Les plumes defa queue font blanches a la racine vers la partie qui touche le croupion, tannées par deffus, merquetecs de noir. Sapoidrine eft groffe & ronde . Aufsifalangue eft dentelée de chafque cofté , poindué, & dure par le bout. La nature de l'Oftarde eft de vi- ure par les fpatiëuies campagnes,comme l'Autruche,fuyant l'eau fur toutes cho- to ^ de ' x nu 3 Att c f cr £- m e au Coc de bois. Sa tefte eft comme d'vne Pef dris grife, & le bec de mefme fa- FnLL. Ç° n > court,& fort.il fe nournft de grains & vermines. Et combien qu'il foit com- munément confiant en fa couleur, toutesfois on en trouue aufsi de touts blancs, qui ne font rien différents à la Perdris blanche de Sauoy e, Gnon en grandeunqui fait qu'ofions bien afleurer que le Francolin blanc eft celuy que les autheurs an- Ugopus c { ens ont entendu pour Laçopus alter . Nous trouuants à Venife , lors que mon- aItcr ' ' fieur de Moruillier eftoit embaffadeur pour le Roy , en auons veu en fon logis, que n'eufsions recogneu pour Francolins,n euft efté que fes gents nous menerét vers celuy,de qui ils les auoyent achetez : & lors conférants les blancs auec ceux qui eftoyent d'autre couleur , trouuafmes mefme corpulence, mefme tefte , iam- bes, & pieds, hors mis la couleur.Le Francolin eft du nombre des oyfeaux quife veaultrent en la pouldredon nomme cela en Latin P«/«eiwe.Car comme les oy- feaux de riuiere fe lauent d'eau pour nettoyer leurs vermines, tout ainfi les tene- ftres trouuent remèdes en f e veautrant en la pouldre.Ce Francolin fait fon nid en terre,& efleue autant de petits que la Perdris.Les anciens medecins,Galien, Ori - bafe,&plufieurs autres fonttelmoins que le Francolin a toufiours tenu le pre- mier lieu es délices anciennes :car fi nous voyons à ce qu'ils en efcriuent , enten- drons qu'il eftoit en mefme degré , que la Perdris: comme aufsi en température es aliments. Aufsi font ils toufiours accôpagnez enfemble,& en mefme dignité. Du Coc,& Chapon. CHAP. VII. Cocsfer- uentd'bor loges. O N croit ayfement qu'il ne fut onc que les Gocs n'ayent fer- uy d'horloges en touts païs & en toute antiquité. Mais mainte nant que nous auons les horloges en touts lieux , il n'y à que , les villageois qui prennent garde à fon chant, auquel ils font fi / duits,qu'ils fçauét à peu près qu'elle heure il eft en la nuicLLes |* horloges tels que nous les auons maintenant font de l'inuen- tion des modernes,toutesfois les anciens en auoyent d'autres qui auoyent leurs mouueméts auec de l'eau,les autres auec du fable,defquels tout le neufiefme cha- pitre du neufiefme liure de Vitruue eft compofé , & par lequel il eft ayfé prouûer qu'il n'y auoit aucune fonnerië : & aufsi que la vertu de la pierre d' Aiment nom- mée en Grec & Latin Magnes , n'eftoit encor cogneuë , & que les anciens n'ont eu l'vfage de petits quadrants pour porter fur les champs pour fçauoir les heures en efté au foleil . Vray eft qu'ils auoyent l'vfage de bracelets , & anneauxxar Vi- truue dit au commencement du mefme chapitre. If cm ex hisgenenbus vti fièrent, pluresferiptarcliquerunt .Donc le Coc , n'ayant rien de plus infigne en fa nature que de feruir d'horloge, eft fi vigilant qu'il annonce les heures de la nuit,& le iour avenir. DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 243 à venir. C'cft la raifon pourquoy on ï a toufiours porté en guerre, chofe cogneuë àpeudegents,&dont Ion à nommé les veilles & guets des sétinelles, première, feconde,tierce.Et pour mieux le fignifier,eux mefmes fe frappent en febattât des aellesde chafque cofté pour s'efueiller . Er des-lors ne ceflentde chanter , qu'ils n'ayent veu le point du iour.Nature leur à donné de longs efperons, que les La- ' Df yj w tins ont nommé maintenant S« (^autrement Cakaria,oa bien Tclct,(k les Grecs ' twn p LIVRE V. DELA N A TV RE Gallina rujhca. trouuions en leur iabot: Car le Tetrao vole par Tus les branches comme le Faifan." Il y à trois chairs au Coc de bois , Car à luy,auquel la poi&rine eft ronde & char- nue, les trois mufcles qui foit ioirtâs à l'os de la poietnne femblent auoir trois di- uers goufts: l'on dit la première de bceuf , car elle eft dured'autre de Perdris : & la tierce de Faifan» De la Gellinote de bois. CHAP. XI. N oyfeau nommé Gellinote de bois,eft quelquefois apporté àlacourt,& à Paris venâtdes forefts d'Ardene, & principale- ' met en hyuer , lequel eftimôs eftre celuy qu'on nommoit an- ciennement à" Rome Gallina rujlica. Les Coquonniers qui ap- portent telles Gellinotcs, viennent communément deuers la . Lorraine . Et fçachants qu'elle eft de plus friand manger , que les Faifans, les vendent quelque fois deux efeus la pièce . Car quand ils en appor- tent , les pouruoyeurs des princes les enuoycnt à la court , ou bien les roftifleurs les retiennent pour les feftins 5c banquets priuez , & pour les nopees des grands Gallina rujlica en Latinfiellinote de bois en Trancqys. feigneurs. Ceft à bonne occafion quel'auons foupçonnee celle que les Latins ont nommée Gallina ruWica.Cx ou Varro difoit:Ga//iW ru,îlic* funt in vrbe rara, necferè tnanfueta ,fwe cauca Vidcntur Kotna; ,fimilesfacie non his yilUticis Gallmis no- Pris, DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. 253 flris JedAfricanbafteiïuQ'fdcie contaminât* inornatibus publias [oient boni ami Pfitaasac Uertilts albis. Item aliis id genus rébus inufitatis : nequeferè in Villis oua acpul losfaaut(mferuitiite enim nonfœtant)fed in [yhm.ll s'accorde entieremetà ce qu'on peut rapporter de la Gelinotte de bois.Parquoy ferons bien d'opinion que Galli- narujlica des anciens, eft-ce que nous appelions maintenant vne Gelinote de Gelimte bois. Elle a donné le nom à vne ifle en la mer Liguftique, en laquelle ceux qui y t^r' yenoyent, voyants beaucoup de telle Gelinote, ont prononcé en Latin Gai- TaS'a. hnaria w/«/ enœ ^ U '° n face d ' a P ri «°&r les Faifans de ieuneflk i eftdiftcdequilsnefe^^^ il fuftit de bailler deux femelles a vnmafle . Us ne ponnent qu'vnefois par an,& mettent quelquesfois vingt a:ufs: mais ne leur en faut lailfercouuer quequinze pour le p us a vne feule Faifande.Elles remuent les mafles feulement en Mars & en Aunl.Les Faifans font difficilement prins au fauuage,finon en temps d'hyuer, 2Î4 LIVRE V. DE LA NATVRE lors qu'on cognoift leurs traces deflus la negcCar la trace de leurs pas & la fiante font comme celle d'vnChapon,& en ce temps la on les préd en diuerfes façons: car on les voit errer par les petits fentiers dedens le bois,& alors on leur baille des amorces de grain pour les acouftumer en vnlieu. Les paifans fçachants quel eft leur naturel, & qu'ils ne veulét endurer autre mafle auprès des femelles, luy met- tent vn grand miroer appuyé à vne languette couuerte d'vne cage tout ioignant l'efmorce. Et le Faifan fe regardant au miroer,penfe que s'en foit vn autre:Lors ne fe peut tenir de luy courir fus,& marchant fur la languette,fe trouue enfermé de- dés la cage. Il y à quafi telle dift in&ion du mafle à la femelle du Faifan,qu'elle eft au mafle à la femelle du Paon. Les Faifans fe perchent la nuiâ: deflus les rameaux Vhajîttnos en Grec, Phafianus en Latin, F m fin en luncoys. h ^tvif.i)Y> Ï 'if/CXI >S«7esef ïjtfuw, à, o?>4 W^'f*» ?«J«vaif!)tles^ t)WMiSSm. Arift.lib.9.c.8. tits par les champs,pour les faire viure de grain, & ou la nuit les préd elles les cou urent de leurs selles à la manière des Poulles.Et fi d'aduenture il forment quelcun quitrouue la Perdris auecfes petits,elle ne s'envolera pas bien loing,mais feule- Fwefp de ment courra ça & la , & en criant rappellera fes petits,lefquels nature à douez de '"Hl'tu bien fçauoir courir, &femuffer& cacher, tellement que trouuant vne volec de ieTfesZ- Perdriaux en fort lieu , il fera difficile d'en pouuoir prendre vn feul . Quant à ce ti t) . qui a efté dit,que la Perdris fe prefente à ceux qui l'ont trouuee auecques fes pe- tits , faignant qu'elle fe veut laifler prendre , fe monftrant comme bleflee d'vne aelle,ou auoir vne iambe rompue, fongeant à la malice pour donner temps a fes petits pour pouuoir efchappcr femble eflrevray femblable,quieftchofequon peut obferuer , tant en la Perdris de Grèce, qu'en la noflre : car fi lon pourchafle fes petits,elle ne cefle d'importuner & voleter au tour de celuy qui la trouuee.Et moyen- DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 157 moyennant qu'on n'y ait point de Chien,il n'y à aucun cfpoir d'en prendre. C eft vneenfeigneinfallibleoyant le chant des Perdris, que le point duiour eft pro- chain.Elles fe tiennét la nuit en troupe,mais fe départent d'enfemble au point du iour,alIants ça & la à leur pafture:car elles fçauent fe raliè'r en compagnee,rappel lants l'vne l'autre.Les Perdris,& les Cailles , ainfi qu'Ariftote à dit , au premier li- ure des animaux chapitre premier,font beaucoup falaces.il dit aufli au huittiefme chap.du neufiefîne liure,que quand les femelles couuent,les mafles, qu'ils nom- ment Cœlibes, fe trouuants veufs, fe combatét enfemble,tellement que celuy qui Verdicts fera vaincu fuy ura le vainqueur le tenant pour fon maiftre, & le con traint de luy cm ^ e t feruir de femelle.il dit en cefte manière . Qui autem \iHus in pugnaftterit , fequitur "yiBoris "venerem patiens , ncc ab alio, mfi à fuo "viSlore fubigitur. Sed fi a comité princi- pis^M quouis xulgari yincdtur^clam aprincipe,acfurto fubigitur. Mais cela ne fe fait, finon en certain temps de l'année . Il eft manifefte qu'on les à eu priuees: car Ari- ftote dir.Nectfo» Verdices manfucti iam dome?lici[ubiguntferos,ç? fyernunt ,contu-> meliosêque traBant.ll eft bien à croire que les Perdris ont efté de touts téps en deli ces:car ceft l'vn des oyfeaux de la plus ferme charnure,& pour ce peu qu'il con- tient eft de meilleur gouft,que nul autre oyfeau que nous ayôs: toutesfois qu'on ne l' à tant eftimee anciennement , comme l'on fait maintenant . Martial dit en cefte manière, Carior efl Perdixific fapit illa m agis. Si la chair de Perdris eft de faueur délicate & deleétable , aufsi eft elle Iouè'e de grand nourriffement, & de bonne & facile digeftion , & qui engendre bon hu- meur au corps: aufsi eft beaucoup meilleure d'auoir efté gardée quelque temps mortifiee.Hippocrates â loué le fiel de la Perdris,gardé en vne boite d'argét,pour les maladies des yeux, & pour faire voir plus clair. Le fang de la Perdris va v jlt auf- fi aux récentes hulceres des yeux,8<à en guérir les rougeurs. De la Perdris grife,ou Gouache. CHAP. XV. ' - V S S I eft à prefuppofet, duc laPerdris grifc ou Gouache,n' a pefdtit pas elte cogneue en (jrece,puis que les autheurs de celle natio Q Qmç }j e . n'en ont fait aucune métion,non plus que les anciés Latins,n'e ftoit qu'on vouluft dire quils l'ayent entendue fous le nom de la première. Elle eft de plus petite corpulence que la rouge, & quife reflent beaucoup de fon excelléce: mais eft aufsi inferieu re en toutes merques à la rouge: parquoy on la vend beaucop moins par les mar cheZ.Elle eft nommée grife pour la couleur de fa plume,comme aufsi fon bec,fcs iambes & pieds font comme gris,ô£ â aufsi du rouge au deux coftez des temples, tout ainfi que la Perdris rouge,& la Grequemais les Perdriaux encor icunes n'en ont point,qu'iîs n'ayent paflé trois mois. Elle vole en troupe , corne les deux fuf- diâes & s'accouple au printemps. Somme qu'elle eft de mefmes meurs,& condi tion , & vulgaire en touts lieux. z iii LIVRE V. DE LA NÂTVRE Verdis minorftlutten Laim 1 Vcrdmj»rife enïrancoys. Syroper- dix. Ee/crip- tiode U Perdris de Dumas. De la Perdris de Damas.ou de Syrie. C H A P. X V I. O M B I E N qu'on trouue autheurs qui font mention d'v- ne Perdris qu'ils dienten Latin Syroperdix, de couleur noire excepté le bec , qui eft rouge,laquelle Ion ne peut appriuoifer, fréquente à Anticche en Pifidie,toutesfois nous ayants obfer- ué vne autre efpece eftâts en Damas, & ne luy fçachants nom ancien , l'auons nommée Perdris de Damas: & pour ne redire vne chofediuerfement, nous auons tranfcrit cccy du quatre vingts & trefiefme chapitre du fécond liure de noz, obferuations,ou auions ia efcrit en céfte manière, le n'ay veu autre gibbier en Damas plus infigne que les Perdris de ce pais lâ.Tel- les Perdris font moindres q les rouges,& Gouafches,ou grifes.La couleur de def- fus leur dos, & du col eft comme celuy d'vne Beccafle: mais les selles font d'autre couleur : car celles de la partie" voifine du corps font blanches , brunes, & fauues. Les dix grofies pennes font cendrées. Le deflbus des 2elles,& du ventre,eft blanc. Aufsi porte vn carcant autour de la poicT:rine,comme celuy du Merle au collier, ou d'vne Cane petiëre, qui eft de rouge,iaulne,& fauue. Le deflus du col, & de la tefte,le bec,& les yeux eft de Perdris. Sa queue eft courte:nous l'eufsions eferite co me efpece de Rafle de genet,ou de Pluuiër^i'euft efté que fes iambes font couuer tes de plumes comme à vne Perdris blanche de Sauoye,ou vn Pigeon pate. Lors nebaillafmesfonportraidennozobferuations,l'ayâtsgardé pour ceft endroit^ DES O Y SE A VX, PAR P. BEL ON. . z # Ileftfait rnétion qu il fut apporté vne efpece de Perdris a. Cefar,plus groiTe quvn Vautour:de laquelle auons parlé au chapitre du Fai&n. Pomme de U Perdris de Dumas. De la Perdris blanche. - C H A P. X V 1 1. O V T ainfiqueleFrancolin,&Cocdebois,quiontàhanter les froides montagnes,ont leurs iambes & pieds couuertes de Peràm plumes,tout aufsi celle Perdris blanche, qui hante fcmblables hlanc ^- contrees,ayant les iambes & pieds couuerts déplumes fut nô- mee en Latin lagopu*. Car qui voiroit vne de fes iambes,dhoit Ugopu. proprement que c eft le pied d'vn Lieure.Pofsible qu'Anftote ne 1 a cogneuènomplus que l'Ofre, entendu qu'il cognoift le Lieure feulqui à poil deflous les pieds : mais l'Ofre en à aufsi, de laquelle baillerons le portrait au liure des beftes prifes a la chaffe de Medan,8^y >llaine,en faueur de M.Ian Brinô, confeiller du Roy.Ceft à bon droit que les Sauoyfiens, & autres habitans des mô tagnes ont nomme celte Perdris blanche : car elle enfuit la Perdris tant en meurs en voix, corne aufsi en la fimilitude & en faueur,iïnon qu'elle eft de moindre coi pulence. On la voit fi fréquente en pais de montagnes, qu'on ne mange eibbier plus commun par les villages & villes fituées entre les hautes montages de Sa- uoye. Aufsi eftoit anciennement vendue à Romme: car Pline au quaSte-huitticf me chapitre,du dixiefme liure defon hiftoire,dit: Frœcipuofcpore Ugopus eft,pedes Z iiii ICO LIVRE V. DE LA NATVRE kporino xillo ei nomcn hoc dedere . Et peu après dit : à Coturnicihus magmtudîne tan- tàm dijfert Letgopus,croceo tinSîu,cibisgratij^ima .11 en dit beaucoup d'auantage . Et Martial en vn diftique,a mis: Si meus aurita gaudet Ldgopede flaccus. Ce n'eft de merueille fi nous ne la voyôs par les plaines de Francetcar elle fe tient toufiours ioignât la neige, es lieux qui ne font efchauffez du Soleil. Si Ion faignoit voir vne Perdris de la grofleur d'un Pigeon blancdon auroit totalement la forme deIaPerdrisbIanche,aufsi ne vole non plus que fait la Perdris. On en prend au laflet,ou à la pautierciSi on la garde en vie,on ne la peut nourrir , d'autant qu'elle ne peut eftre appriuoifee,tant eft de farouche nature . Il n'y à eu gens par le che- min du mont Senis en hyuer , viuants par les hofteleriës, à qui Ion n'en ait feruy à manger : mais peu y prennent garde - Leur chair eft faine, & délicate aux gens fains, & dont les malades pcuuent eftre repeuz fans crainte . Les Latins ont ainfi retenu plufieurs didions Grecques,n'ayant les Latines pour les exprimer :carL<*. gopus eft diâion Greque. Du Pluuier, & Guillemot. G H A P. XVIII. Vlmct. As\ Ë&»S&f& L V V I E R eft oyfeaux qui retient conftamment fon appella tion en touts lieux de noz contrées. Il fcmble qu'il eft ainfi nô- mé pource qu'on le prend mieux en temps pîuuieux qu'en nul le autre fàifon. Nous n'auons rien de plus notable en luy que de le voir fi fréquent en France , & toutesfois eft rare oyfeau à beaucoup d'autres nations . Lon en apporte vendre fi grande quâtité par les marchez des villes tout au long de rhyuer,que c eft chofe nouuel- lcCeft oyfeau ne va iamais qu'en troupe,en laquelle lon n'en voit gueres moins que de cinquante pour volée. Et toqtesfois il n'en apparoift aucun en efté, & peu au printemps:car alors ils font empefehez, & accouplez deux à deux à faire leurs nids, & nourrir leurs petits en autre païs.Ils hantent communément les campa- gnes de terre grafle en plaines labourées. Leur couleur n'eft pas variable à muer au mafle & femelle,comme à plufieurs autres oyfeaux,mais eft fi confiante qu'on nefçauroitdiftinguerlemafledefafemelle. Ceft vn oyfeau paflager qui com- mence à n'apparoiftre plus gueres après qu'il à neigé,nonobftant qu'on en peuft bien trouuer iufques en Carefme. Lon en apporte fouucnt des contrées de la Be- auffe en fi grande abondance, comme aufsi des autres lieux labourables , que qui l'entreprendroit,en trouueroit au marché à charger charrettes.Et d'autant qu'il eft delicat,& de bon manger,encores qu'il ne foit de corpulence que de Pigeô,quel- quefois eft védu au pris d'vn Chapon.Ce point eft pour faire entendre, qu'eftant cogneu de touts,il tient place entre les oyfeaux delideux.Et pource qu'il eft en efti me de haut prisje gain que les paifans y pretédent , fait qu'il s'eftudient de le pré- dre en diueries manières , & quafi en toutes contrées de ce royaume, lefquelles il nous à femble bon efenre en ceft endroit. Les DES OYSEAVX, PAR P. BELON. z6 i Les Pluuiers s'appellants l'vn l'autre au point du iour , s'entrefifflent enfaifant La manie vn tel fon,que feroit vn homme, qui en fublant diroit,fc«ic. Et les paifans aduertiz re de P ren de cela,prennent garde fur iour s'ils en verront quelque volée: car le Pluuier eft drelesPltl de telle nature qu'il fe tient le iour en compagnee, mais la nuit il s'efcartede fon troupeau.Et le lendemain matin eft efpars de cofté &d 'autre,quafi à vn quart ou à demie lieué'J'vn de fautre.Et pour fe rallier, à fin qu'ils fe raifemblent fur iour, ils s'entrefifflent l'vn l'autre .11 y enàvn en toute la troupe que les autres ad- uouent,& cognoiffent comme pourmaiftre,& Roy de toute labende.Ceftuy la à la voix plus greffe que nul des autres, & laquelle ils fçauent bien entendre . Par cela touts fe viennent rendre à luy de toutes parts.Les paifans le nomment l'Ap- ^d- pelleur,lequel ils cognoiffent à ce qu'il tient fa voix plus longue que les autres:car leur > r ® en fublant il dit H« bien huit. Les paifans des confins,qui font alliez par bâdes,ont de> P/w " fait l'afTemblee des le foir, ou ils fe font fait entendre l'endroit ou chafeun doit al- *' W " 1er pour efeouter lePluuier,& ou ils fe doyuent trouuer au point du iour.Et ainfi s'en partans auant iour,s'en vontl'vn ça,& l'autre lâpar les terres iaenfemencees, attendants le point du iour. Les paifans oyants le fiffleur roy des Pluuiers,appel- lant fa compagnee,le peuuent ouïr d'vne grande demie lieuëdors les paifans s'en vont droit à luy , fçachants que toute la volée fe viendra rendre la . Le Pluuier ne chante fi matin que la Perdris,rAlouè'tte,&Vanneau:mais quelque peu après l'au be .Et depuis que le Pluuier appelleur aura entendu les voix des Pluuiers de fa troupe,foudain touts s'en viennent rendre à luy. Et fi d'auenture deux bendes fe ttouuoyent par la campagne , méfiées enfemble toutesfois les Pluuiers fçauront difhnguer la voix de leur Roy,& fe retirer vers luy.Le iour venu les paifans vien- nent à rafTemblee,& la fe rapportent l'vn à l'autre, tout ce qu'ils auront entendu, côcluants ce qu'ils ont à faire. Alors toute l'afTemblee fe départ, marchants de frÔt comme en bataille,tenants mefme chemin.M ais approchants des Pluuiers, com mencentà s'efearter à vn traicl: d'arc l'vn de l'autre, regardants attentiuement à fin d'auifer la volée des Pluuiers de plus loing,q U i s'efl alliée à fon appelleur.Chaf que paifan porte vne marote quant & luy.Ily en à vn deux qui porte le harnois, ainfi appellent le ret à prendre les Pluuiers, qui font la au defcouuert en la plaine campagne.Et les paifans qui fçauent bien qu'ils ne fesfarouchent pour peu de cho fe, vont tendre le harnois affez près des Pluuiers : car pendant qu'vn des paifans s'eft empefché à cela, touts les autres vont les enfourner par derrière , & de touts coftez,ie traînants fur le ventre pour aprocher des Pluuiers le plus près qu'ils peu uent.Et quand ils voyent que le harnois eft tendu,& que le paifan eft preft à le ti- rer . Lors touts les autres qui fe trainét fur le ventre fe leuent de roideur,pour faire la huee,& ieâans leurs marotes en l'sr, effarent les Pluuiers,en les chaffant deuât eux . Et quand celuy qui tient le ret faillant les voit approcher de fon fillet, il le ti~ ' re,& les encloft la defTous. Les marotes que les paifans îeétent en 1'ser , font pour faire peur aux Pluuiers,a fin de les faire tenir leur vol contre terre,& les faire don- ner dedens les rets:car les pluuiers vont merueilleufement vifte.Mais fi la bande des Pluuiers s'efleue en hault pour voler,ils n'en prendront aucun. Ceux qui ont eftimé que le Pluuier ne viue que de vêt , femblent s'eflre trempez.Cela dient ils, par ce que communemét , on ne luy trouue rien en l'eftomach: mais Ion fçait par expenece qu'ils mangent , & aufsi qu'on en à furprins quelques vns, qui auoyent 261 LIVRE V. DE LA NATVRE encores les achecs viuantes dedens la gorge à demy auallees. Et aufsi qu'ils man- gent toutes fortes de vermines qu'ils trouuent par le blé,que les paifans d'entour Paris nomment de la mauue . Les Pluuiers font couftumiers de fuyure le vent, & eftchofeapprouuee qu'ils ne volent gueres contre. Chafquefois que lePluuier defloge fait vn fiiflet,qu'on diroit proprement eftre celuy d'vn hôme.Cela fait il, aduertiflant fes compagnons de s'en partir quant & luy.Les Pluuiers hantentles champs humides,à fin que trouuants la terre molle,ils puiffent mieux fouffler de- dens tcrre,& tirer les verms au dehors.Les paifans qui apportent les Pluuiers ven dre à la ville,& aufsi les chaircuitiers impofent noms particuliers à vne efpcee d'i- Guillc- ceux > qu'ils nomment Guillemotxomme s'il eftoit totalement différent au Plu- uier.Et de fait ils font lors d'autre couleur que le Pluuiencar le Guillemot eft ieu- ne Pluuier , qui n' à encores mué. Aufsi eft il de plus petite corpulence,ayant fem V j( c ".t blablemét le bec noir,rond,court,& ainfi poin&u que le Pluuier,& n' à que trois TinGuil- doigts es pieds.il eft blanc deffous le ventre ayant le deffus de la tefte, du col, du Imot. dos,& des ailles aufsi tanné,& blancheaftre,comme eft la terre. Mais les bouts des plumes font entournez. de couleur fauue . Les groffes plumes des adles font noi- res à l'extrémité, & la queue courte, ayâts quelque peu de blanc par le bout. C'eft vn des oyfeaux le plus gras & le plus refait, qui ioit en cefte efpece, & le plus déli- cieux à manger.Le commun plumage du Pluuier eft iaulne: non pas qu'il foit to- talement iaulne,mais que fur les plumes brunes lia beaucoup de taches iaulna- ftres. Il eft de la grandeur d'vn Pigeon, & a cefte merque particulière , de n'auoir que trois doigts es pieds:& toutesfois il court moult vifte , & aufsi vole fort bien, & a le bec noir,rond,& court: duquel ne fçachants le nom ancien, ferons content du moderne. Du Pluuier gris. CHAP. XIX. mot. Pluuier de mer. N C O R E S yavneautre efpece de Pluuier gris ] qui feroit femblable au iaulne , n'eftoit qu'il eft plus gros & plus fourny: toutesfois il eft tout manifefte que c'eft vn Pluuier. Car encor qu'il foit de pennage diflemblable,toutesfois il àmefmehabi- tude:& n'eftoit que luy auons veu vn petit ergot par le derriè- re du pied , que le Pluuier n' à pas, n'eufsions trouué vne feule enfeigne qui nous l'euft diftingué , fors la couleur . Les poullailliers le nommét vn Pluuier de mer:toutesfois à noftre iugement, il peut eftre le roy des autres, qu'auons par cydeuant nommé lAppelleur.il aie plumage moult femblable à la couleur d'vn Caniard,& le bec plus long-que celuy des autres,quafi long com- me celuy du Merops.Somme fon bec,fes iâbes,& pieds, & façon déplumes font comme celles du Pluuier iaulne. Des DES OYSEAVX, PAR P. BELON. Le Pluuier gnu Caille, Des Cailles,& de leurs conducteurs. CHAR XX. O V T ainfi comme il pourrait fembler chofe indigne à ce- luy,qui n'efcrit que chofes graues , de déclarer par le menu qu'elle eft la figure d'vne Caille, pource qu'elle eft cogneuë d'vn chacun,tout ainfi Ariftote parlant, au douziefmc chapitre du huittiefme liure des animaux,de certains oyfeaux n oramez cyncïnt* Cynchramus, Glottis Matrix, &Otus,en â feulemét fait mention muu - en parlant. Et Pline,cjui â prefque traduit les efcrits d' Ariftote, en fon dixiefme li- Glottis. ure , chapitre vingt-troifiefme, les nomme en Latin quafi de mefmes appellatiôs Matrix. Greques,dorit Ariftote auoit vfé:toutesfois il n'a pas totalement fuyuy la fente- ° ,m ' ce dAriftotedequel au lieu deflus allégué, dit, que les Cailles arriuent en Grèce fans aucun condu&eur : mais quand elles s'en partent, elles ont des conducteurs nommez Glottis, ou Lingulaca, Otus> ou Auritus,Matrix, ou Ortygometra,Sc Auùi LinguU Cjwc/jrdw^qu'interpretonsMi/wm. Ce paflage d'Ariftote nous femble fi diffici- " le,que comme Pline ne l' â bônement comprins,aufsi aduouons n'entendre bon- nement quels oyfeaux Ariftote prenoit pour Cynchramm , & Glottis , & Ortygo- metïd : toutesiois que par foupçpn en auons parlé plus à plain en leurs chapitres, fuyuants l'opinion qu'auons conceuë fur le dire de Pline & Ariftote en c'eft en- droit^ ayants toutesfois entreprins finon d'enfuyure leurfentéce. Les Cailles (dit Ariftote,Vcn partent de Grèce, hors mis quelque petit nombre qui demeurent es ca. Ortygomc m. 2£ 4 LIVRE V. DELA NATVRE lieux chauds,& peut grandement chaloir quel vent il face: Car le vent Auflral ne leur eft bon,d'autant qu'eftant humide,les rend pefantes:qui eft la caufe que ceux qui les veulent prendre obferuent le vent Auftral,qui eft celuy de midy.Mais ce luy de Septentrion,qu'on nomme A.cap.8. de ce vetbe,difcedant, après ce mot Grues : voulant dire que les Cailles arriuent en Italie,auant que les Grues s'en aillent: Car il eft tout manifefte que les Grues s'en Cailles, vont tout l'efté hors d'Italie . L'on à enfeigneméts infallibles contre l'opinion du qy féaux vulgaire,par lefquels Ion peut bien prouuer que les Cailles font paflageres:caren pajfagers. outre que nous fommes trouuez fur la mer mediterranee en deux diuerfes fai- fons de l'annee,en Autonne,& au printemps,i'vnefois lors qu'elles s'enalloyent, l'autre fois quand elles s'en venoyent,fe rendirent laflees fur noftre vaifTeau pour ferepofer. Mais à fin que puifsions donner foy à noftre dire, & alléguer noz tef- moins,l'auons fait voir au dixfeptiefme chapitre du fécond Hure de noz obferua- tions.Car mefmement lors que pafsions de Rhodes en Alexandrie, en mangeaf- mes de celles qu'auions prinfes : es iabots defquelles trouuafmes du froment en- cor DES OYSEAVX, PAR P. B E L O N. 2 ^ cor entier : qui eftoit ligne qu elles n arreftent gueres à paflTer la mer. Concédons toutesfbis q toutes ne s'en vont pas, & qu'il en demeure quelcunexome aufi Ari- ftote 1 a dit en celle manière,au lieu fufdit : Nifi paucx locis apricis remanferint: mais c eft chofe qui aduientrarement.Plulieurs les trouuants pefantes,croyent qu'elles ne s en vont.mais fe cachent l'hyuer,& viuét de leurs plumes qui eft chofe faulce. Auisi eft-ce dont Pline au lieujefïus alléguera dit quafipour merueille: Aura veht \oluntpropter pondus cor paru, Viréfque parues bine Ma conqueflio labore exprefa, dont auos parle au xv. chapitre du premier liurc.Gaza interpret.d'Ariftote à dit- Sunt e- ^corporegrandiore^mytfuispenmsdefempofsintflaborantemmq onere. Sçachant donc que nature leur à octroyé" ce don pour douaire defçauoir trouuer le chemin,elles prennent leur volée pluftoft de nuiét que de iour& s'en vont deux à deux s'efleuants bien hault en l'an: . Car ayant plufieurs oy féaux de proyes ennemis,elles s 'enfçaucnt bien cotregarder.Et là ou Pline dit : Quwpe ve- hsfapc infiïent, & hoefemper noBu , mcrgûntque nauigia: il ne fautpour cela croire qu elles aillent en troupeXors que noz champs font defiiuez de chaulmes & au- tres herbages,n ayants lieu a fe cacher , & que les grains commencent à faMel- les s en partent d'icy pour aller es régions loingtaines,ou à noftre opinion Jes hS- mes y font leurs moiffons, quad nous auÔs l'hyuer. Parquoy accorderay qu'elles paflentaux Antipodes.LesautheursanciésGrecs,& Latins nous font foy, quel- Caill "P^ Jes !fP ar ^ ntau ^ bien de leur pais comme des noftres: ainfi difons d'Angleter- fent ^ te,d EfcofTe,Irlande Holande.Almagne, & autresparriaSeptemtrionalesfcom- meaufndetoutelAfie^deSyrie. Nous auons diuerfes manières delespren- j£T are îeion diuerles iaiions:caraleur nouuel aduenement, lors que le bled eft en Manières verdeur, c* qu elles s entrecherchent mafle & femelle, on â moyen de les attirer ^' Her f es aux nlets.Les hommes ontinuenté certains petits inffrumes de cuir & d'os nom- 4 ***** me* Courcaillets,qui peuuent exprimer lavoix de la Caille,laquelle oyât l'e Cour gfe cailiet 5 penfantquecefoyent les feme les, & voulants les venir trouuer, tombe lZ dansles filets. Mais après lefté lors qu'elles font hors d'amour ne fonnent plus mot,&fetiennent p arlesraftroubles viuants des grains qui font tombezdesef- pics en fiant le bled.Alors on les prend auec autres engins. C'eft, que Ion a aprins vnChiendeles fçauoircognoiftre: &foudain qu'il a fenty la Caille, il s'arrefte touteourt .Leschafleursontvn rets large nommé vne Tiraffe, laquelle ilsdeC ployent,& vont 1 vn deçà & l'autre delâ:dont ils couurent le Chien & la Caille &parcemoyendemeureprinfe. Les viuandiers qui gardent les Cailles en cage, SeLïrrT 811 ^ t a n :Catfi Iaca g ecft °^ulte,elles ne cefleroyen defaulter&fefrapperlatefte.Parquoychafquecagen'efthaultequed'vnecou^ dee&enpourracomprendredeux ou trois cents: car elle aura cinq ou fixeftages ^..f foont P^ Suites quelaCaille,efquelleslonmetàmanger&àboireLa Caille fan fon nid contre terre-Et pource qu'elle à abôdance de pafturage en efté, elle eft pour lors en fort bon point,& graffe.C'eft de ce paflage qu'Anftote veu prouuer que lesammaux fontplus gras , es lieux froids que chaulds, difant que quand les Cai les arnuent en Grèce au printemps qu'elle font maig es,mais que ^ partan. : elles font plus graffes , & que cela les fak plus promptes au defo de leur loindre, pource qu elles font venues des lieux tiedes. Il y auoit ancienne- ment vne opinion entre Ievulgaire,qui faifoit defeftïmer les Cailles, comme Prqyer oy fenu pajftt De/crip- non dit z66 LIVRE V. DELÀ NÀTVRE aufsi maintenant eft de penfer que les Iays tombent du hault mal. Pline s'accorde auec Galien,ejuand au lieu deuant allegué,il àk:Cortumcibus veneni femen,gratif- Çimus cibus:quam ob caufam eas damnauerc menfa. Du Proyer, Prcy tr,ou Pruyer. CHAP. XX. E PRVYER,ou Preyer eft oyfeau quafi couuert des plu- mes d' Alouette, ou de Linote , excepté qu'il n'àpas tant de blanc le long des celles . Nous l'eftimons du nombre des oy- feauxpaflagersj&penfons qu'Ariftote l' à nommé Cencbra- maj.Etpolsiblequ'Areteus, & autres autheurs Grecs enten- , doyent de luy, parlants de Cenchris ,lors qu'ils entendoyent qu'on le baillaft à manger aux malades, le mettant du reng des volailles : toutef- fois que voulons feulement nous accorder auec Ariftote:car s'il y à autres qui ayent confondu lenomdeuà la CrefTerelle auec Cencbramus , nous n'y pour- rions rcmedier.Le Pruyer eft plus grand qu'vn Cocheuis , auquel baillerons vnc enfeigne qui fera cognoiftre duquel entendons:C'eft,qu il a le bec court,& grof- fet ayant comme vne petite bute ronde,dure comme vn os, qui eft dedens le pa- lais deflus fon bec , dont la partie d'embas femble auoir efte expreflemét taillée en Qnchramus,en Grec:Miluris,en Lchra- cam fenfermt aucuns ,intcliigunt jparari àifceffmt. Qui vouldroit tourner ce mot ™ $ ' y Grec,Cf nchramus ,àvcok en Latin, M/fow.Parquoy pretédons que c eft celuy,dôt ^ eft fait mention en Varroxar fi on les gardoit à Romme,auec les Cailles en vie,& Lu&Uca. les engrefloyent de mil pour les vendre es feftins,il failloit qu'il fuft gros oyfeau. onygome Il ne faut donc accorder que Mj'/wràfoit la Linote(côme quelques vnsauovent m \ . ' . penfé)mais que c'eft le Proyer,ou Tcriz. Us nous font fi frequents,que les paifans Mllims ' nous en apportét les petits à douzaines au printemps,des-ia gros côme Mauuis, beaucoup plus aux villes fituèes es plaines ,quepres des monts,& forefts. Du Cocheuis. C H A P. XXII. ettis. E Cocheuis eft ainfi nômé à noftre mode,pource qu'il a quel- Cocfl ' Iques chofes qui tiennent duCoc: C'eft à fçauoir celle crefte de plumes qu'il tiet dreflees fur la tefte à la manière d'vn Paon. Il eftfifemblableàvne Alouette, qu'il n'y à différence finon r en la crefte,& qu'il excède quelque peu l' Alouette en grâdeur. } Tels deux oyfeaux ont efté indifféremment nommez de mef c ^ me nom Grec,& Latin.Les Grecs ont dit Coridos ou Coriddos, & les Latins pour ceridJos. exprimer les demfialerita.Le Cocheuis en eft le principal. Ariftote parlant de ces oyfeaux à dit: Coridalus eft de deux manières , dont l'vn eft terreftre & crefté,qui ne vole en troupe:L'autre efpece n'eft trouuee feule,& aufsi n'eft point creftee,& eft de plus petit corfage . Cefte différence n'eft pas aufsi bien obferuee en vn lieu comme en l'autre: carie Cocheuis eftant oyfeau terreftre ,& qui chante mieux Vefcrip- que l'Alouette, & plus piaifamment , eft fouuentesfois prins pour l'Alouètte.Le *'° du Ce >- Cocheuis à le bec longuet,poinâu,& peu voulté.Les racines de fa crefte font iu- cheu "' ftement fituèes entre les deux yeux, & de laquelle les plumes font quelque peu A 11 268 LIVRE V. DE LA NATVRE noyrettes,& n'y en à que quatre de principale grandeur . Son doseftant de cou- leur cendrée palliflante,eft moucheté de blâcheur,& le deflbus du ventre , & des adles eft blâchaftre.Les plumes de fa queue feroyét toutes noyres, n'eftoit que les deux premières de chafque cofté font de mefme couleur aux adles.il à vne petite lâgue quafi fourchuè'.Et pource qu'il fe pofe raremétfur branche , fes ongles font Capta. lôguets.Sa crefteluy fait auoir diuers noms.Car on le nome aufsi Cajïka,à Cafide Galerita. qui eft à dire vn heaume,& Ga\erka,d Galero^ui eft à dire vn chapeau.Pline nous fait entédre que les Latins emprûterét fon nom Frâçoys pour l'exprimer en leurs ^ilauda. ] an g UeS) gr ain f, changèrent le nom de Galerita , en Alauda, qui toutesfois eft deu à rAloiiëtte,& comme dit Suétone , Cefar donna nom à vne légion AUuda , qui eftoit Françoy fe,pour ce,felon noftre iugemét, qu'ils auoyent des coqueluchons Corjdalis>Cortdalos,& Corydos en Grec,CaJ?ita & Galerita en Latin, ou à la manière de Ga%a interprété d'*4nïlote,^4lauda criJlata t ou terrena,Cocheuis en ïrancqys. K5puA\»y 'ftr fit p. i-n&i àmyutf,*) Kéçsv 'é^oura"8 àm SiiJl&v îg&Zxmi nôfvfif, «Wà rài vit iXs-i^ àt^y» crmhiyity(ie-/cu ûhlw.ùsnii[a; toh^ W wfWaw .Arift. lib.5.cap.i<. & C.8.& lib.S.c.i. comme chaperons d'efcapuc2;ins,à la manière d'vn Çocheuis. Voyants donc que ces mots Galerita, 8cCafiitd, font propres pour le Cocheuis , ferions d'opinion, qu'on ne nômaft YAlouëttefialmta , & Cafîita:mnis hlauda. Le Cocheuis ne fut onc beaucoup plus loué pour eftre propre à la. cuifine : mais plus pour médecine qu'autrement. Diofcoride mefme,& duquel Galien l'a aprins,comme aufsi àfait Pline,d it que le bouillon,dans lequel font cuiétes les Alouèttes,ou bien mangées rofties gueriflent la maladie nommée Celiaque , & la cholique . C'eft vn oyfeau peu farouche: car il hante les grands chemins, tant l'hyuer que l'efté,& ne fepart de noz païs . Il fe refiouïft voyât les hommes approcher: & le préd à chanter. Par- quoy foupçonnons faulte es exemplaires,& qu'Anftote n' à entendu,comme on lit, que les Chocheuis fe départent i'hyuer. DES OYSEAVX, PAR P. BELON. De l'Alouette. CHAP. XXIII. E S Alouettes font plusgraffes l'hyuer que l'efté. Elles vont l'hyuer en troupe, mais l'efté à couples . Si la température des corps eftoit fi facile à fe muer , comme le vulgaire penfe,nous récirions raifon de ce qu'on dit des Alouè'ttes:c'eft,qu'il y â vn vent qui les rend graffes, & vn autre qui les amaigrift: mais ce- la n'y fait rien . Il eft bien vray que le froit les rend plus graf- fes & plus tendres, pource qu'il encloft la chaleur leans , qui n à. lieu de s'exhaler: fçachant que la chaleur difsipe &fait exhaler leur nourriture, & l'engarde defe tourner en graifle.Qui vouldroit,en diroit tout autant du vent de Septentrion & midy,& rendroic l'opinion vulgaire tout de mefme . Il faut que l'Alouette foit ^ilttudd non crtftara,ou Gtegulis-.^ilouettejen Tuncojs. ewwi'.ï(M'?n»i«^B ) é couleur : d'autant que la Farloufe eft plus iaulnette , qui fait qu'elle ne foit totalement femblable à l'Alouette vulgaire, ains monftre eftre efpece differéte. Aufsi eft bien fort roufTette, & iaunaftre, & plus bigarrée de noir que l'Alouette. Lô en fait grâd eftime pour tenir en cage: mais la difficulté qu'on à de les efleuer , & aufsi qu'elle eft mal-aifee en fon manger,fait qu'on en voit en peu de lieux: Toutesfois que fi Ion en efleue quelcune,elle fera trouuee de moult plaifant chanter. Les Farloufes ontvn ergot derrière tout ainfique l'Alouette, & portent quelques plumes blanches es extremitez de la queue, & ont le bec pe- tit,delié, & longuet, reiTemblant à celuy d'vne Alouette . Le plumage de tout le corps qui touche la peau eft totalement noir. Elles ne fe perchent fur branche, & dorment en terre : toutesfois qu'en quelque temps de l'année , s'efleuants en l'a;r, font retentir les confins du defgorgementde la diuerfité de leurs voix: & ayants quelque arbre près d'elles, apperceuants l'ennemy fe mufTentpar les branches: A iiii Fttrloufë. Fallope. alouette de pré. Vefcrif- tionde lit Farloufe. LIVRE V. DE LÀ NATVRE Tarlou/CfO» alouette de fréflit Petite alouette". Ce que ne font les autres éfpeces d'Alouettes . On la nomme Alouette de pre: pource que les villageois latrouuent toufiours faifant fon nid en l'herbe des prez .Elle eft plus petite que toutes autres. De la Beccafle. Ethimolo «iedela Beccajje. VltdeCoc. yyitcoc. Coc de bois. Xilomita Poulie de bois. Gttllinago o tAfcolo- fttx. CH. A P. XXVI. E S Françpys nomment la Beccafle^ caufe de fon bec qui eft longuet. Les autres contrées Françpyfes la nomment Vit de Coc: mais c eft mal prononcé.Ufault dire Vv/ff oc, de diction Angloife,qui Ggmfie Coc de bois, qui eft di&ion correfpôden te au vulgaire des Grecs, qui la nomment Xtlornita , c'eft a di- ^re, Poulie de bois. Gaza fuyuant fon vulgaire Grec, luy a fait vn nom Latin à fon plaifir, la nommant Gallinzgo, -pour la Greque d'Ariftote Afcolopax.Ot que Afcolopax ne foit noftre Beccafle , cela eft manifefte par les en- feignes qu'en baille Anftoteau vingt-fixiefme chapitre,du neufiefmeliure des a- nimaux. Elle eft aufsi grande qu'vnc Poulie (dit il) de la couleur de l'Attagen ( c'eft à dire , Francolin ) mais elle à le bec long : & court bien vifte,& aime be- aucoup l'home, & faitfon nid à terre, & ne fe fied iamais fur branche. Cela efen- uit Ariftote. Mais pour vérifier ce qu'il en dit, fault maintenant accorder les raer- ques que nous en auons , les conférant auec les fiennes.Lc Francolin eft de la cou leur d'vne Cane petiëre , comme eft aufsi la Beccafle , qui eft oyfeau paflager , fe tenant l'efté es haultes montagnes des Alpes, Pyrénées , de Souïfle , Sauoye , & Auuergncou les auons forment veuës en temps d'efté : pais elles fe partent 1 hy- uer DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 473 uer pour venir chercher pafture ça bas par les plaines , & bois taillis . Et d'autant qu'il y â cîe telles haultes montagnes en Grece,ce n'eft chofe trop rare qu'Ariftote n'ait dit qu'elles iont paffageres. Et de fait la Beccafle ne reflemble les autres , qui s'en vont du tout hors la région , entât qu'elles châgent feulement leur demeure l'efté,en la môtagne & l'hy uer es plaines; car lors qu'il fait grand froid,ne fe peu- uants plus tenir fur les haultes montagnes qui font côgelees, & couuertes denei- ge,delcendent ça bas & viennent viure fur les plaines,& la hâtants les fources des eaux de fontaine qui font chau!des,& autres lieux humides pour pafturer , tirent Scolopax, & sifcolopax mGrecjGtdlimjip en Lutin, Beccafjè en Franco}*. fioit» àflaj^i.^sjf) 3 ij -m^i,K) ^ihtâStftnîv '^,râr.cap,i(r. les Achees,qu'on dit autremêt les Verms hors de terre auec leur long bec. Et pouf ce faire volent foir & matin, faifants leur demeure le ioures lieux couuerts,& la nuit,defcouuerts.Ceft à bon droit qu'en la cuifant tout ce qu'on referue de meil- Excre- leur pour luy faire fa faulfe eft ce qu'on ie£te es autres oyfcaux , fçauoir eft, fes ex- ments des crements auec les trippes: qui eft chofe qu'on voit femblablement adueniràvn : Bf< *# s poilTon nommé S r ,*w,au Pluuier , & à peu d'autres oyfeaux , qui fe pafturent de ( ontbonSi Viandes molles,qui ne font aucun excrément qu'on vueille ieder. Aufsi font efti- mees n'auoir rien de fiel non plus que le Pluuier, le Pigeon , & Capriceps. On les prend foir & matin à la volee,tant aux Pentieres,comme aufsi au Pannelet, & au Royzelet . Et à ce faire on fe couure d'vn cheual à Perdris, ou d'vn Foluel: Car la 274 LIVRE V. DELA NATVRE Beccaffe eft moult fottebefte, qui ne s'efpouuente ayfément.Parquoy l'hom- me ainfi couuert approche d'elle moult a{feurément: & après que l'homme â ten du fon Pannelet,ou Royzelet,il la conduit facilement iufques dedens: car les Bec cafles ne font oyfeaux qui aillent en côpagnie.Plufieurs modernes voyâts la Bec- cafle fe prendre ainfi ayfémét à la Pentiere,ont péfé qu'elle fuft aueugle , tellemét qu'il y à aucuns authcurs modernes qui de mot nô Latin, mais barbare , l'ont nô- •xf wcx, • mee j , vn mot nouueau Auicœca, voulâts dire Auis cœcd. Il y àencor vne autre ma „ niere de la prendre,qui de nom Françpys eft nômee la Follaftrerië:& d'autât que rie mmie c e ^ moult plaifante maniè'red'auôs bien voulu efcrire.ll faut que celuy,qui pren rc de pre- dra les Beccaflcs,foit couuert d'vn mâteau de drap,ou toile de tâné:Sçauoir eft de dte ks l a couleur des fueilles de bois, qui font fauues , & ait moufles de mefme , & vn fi Seccaf g ran d chapeau qu'il couure la face & les efpaules , ou il y ait deux troux par ou il S"' puifle voir. Aufsi tiendra deux petits baftons en fes mains en forelles , couuertes de drap de mefme couleur . Et faut que les bouts des deux baftons foy et couuerts de drap rouge à la longueur d'vn poulce: & aufsi que celuy qui veut approcher de la Beccafle foit appuyé fur deux potences,allant bien à loifir, & quâd la Beccaf fe l'aura bien apprins , il faut qu'il s'arrefte: & lors qu'elle commencera à errer , a- donc faut qu'il la pourfuyue , & qu'il porte vne verge à fa ceinture , ou il y ait vn laflet de foye de cheual attaché au bout, & qu'il pourfuyue ladiCtc Beccafle iuf- ques à ce qu'il la voirra s'arrefter fans auoir la tefte leuee:alors frappera les deux ba fions l'vn contre l'autre moult bellement, & la Beccafle s'y amufera , & affollera, tellement que celuy qui la pourfuit, pourra l'approcher de fi pres,qu'il luy mettra le laflet, qui eft au bout de fa verge,dedens le col: car c eft l'vn des oyfeaux,qu'on cognoifle, qui eft le plus fot,& niais, & aufsi comme dit Ariftote, qui aime mieux l'homme . Elle ne fait point fon nid, qu'elle ne foit retournée à la montaigne . La Beccafle à aufsi donné fon appellation Greque à vn poiflbn. FIN D V C I N QJ E S M E LIVRE. LE ^SIXIESME LIVRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX QJV I HABITENT INDIFFEREMMENT en tours lieux,& fe paiflent de toutes fortes de viandes: auec leurs deferiptions & portraicls, retirez du natureL Par Pierre Belon du Mans. A PARIS, On les vend en la grand falle du Palais,en la boutique de Gilles Corrozct; 1 S s s. Auec priuilege du Roy. A V ROY. I R E, nous def rirons plufieurs oj féaux en ce fixiefme hure, qui font différents aux dejfufdifls, tant en meurs , comme en conditions : d'autant qu'ils n'elifent y ne certaine place pour leur demeu re. Parquoyfont trouue^yiander tantofl es gue- rets , tatlli^ ^prairies, pafli^, & no'é^.tantoÛes forets, & le long des riuieres, n'ayants efgard no- plus a leur mangeaille , qu'a leur demeure . Tels font les Corbeaux, les Groles, autremet nommées Grayes , ou Freux , Corneilles, Chouettes, ou Choucas, & tels autres qwauons ta Jf>ectfîe% au premier liure. En ce nombre cyena plufeurspajfagers, ma'u ;f bien apnns de nature, qu'ils delaijfent la région en quelque faifon de l'année, ou pourl'intemperature de l'œr, ou pour le default de paflure, & Je Vontpaiftre celle pan ou ils fcauent que la terre leur a produift quelque chofe à man- ger. Et nous ayants.veu grande partie de ceux qu'auons def m, & autres dont fe- rons mention , en dmerfes contrées, Viuants fauuages, & en plaine liberté, ainfi que nature les auoit aprins, nous a elle' d'autat plus grad auatage de lesmieux obferuer. 2-79 LE S I X I E S M E LIVRE DE LA NATVRE DES OYSEAVX, QJON trouue viander indifféremment en touts lieux: auec leurs deferiptions &portrai£rs, retirez du naturel. Du Corbeau. CHAPITRE PREMIER. V GENRE Corbin, Je Corbeau eft le plus grand , & après luy la Grole,ou Freux,puis la Corneille noire,la Corneille emmantelee,& la Chouquette rouge, & puis la noire. Et par ce que nature voulut que le principal de la nourri ture de ce Corbeau fuit de charongne , elle luy bailla vn moult bon bec gros,& poinctu,quel- , que peu voulté,noir & trenchant par les bords, \ & barbu à la racine , dont le cry eft efpouuenta , ble . Et pource qu'il vit de toute infeéhon, il eft » fculct entre touts les oyfeaux , dont ayons cou- itume de n en manger la cham& toutesfois ne nous abftenons de luy man-er fes petits . Vn Corbeau eft a peu près aufsi gros comme vne Aigle , de couleurfi ex- quifement noire,qu'on ne fçait chofe mieux à propos pour la louange d'vne tem ture noire , que d en faire comparaifon à la couleur d'vn Corbeau . Cela eft caufe qu il ait donne nom a vn poifion qui à nom Coruus , & Coracims: pource qu'il â les ailles noires. Les Grecs le nommèrent Corax , à caufe de fon cry, & les Latins C^Jlprononçem^ nomme aufsi Colas II eft cogneu d'vn chafcun:& à efté célébré par les cients de diucrs autheurs II eft maintenant défendu aux habitants d'Angleterre fur peine degrofleamende,denefaire aucune violence aux Corbeaux,d'autant Jiïs f e nournflent en leurs pais, de charongne , dont ils les en deliurent , qui autrement pourrait empuantir 1 sncomme aufsi vment des poilTons que la mer â deiedé au nuage. Les Corbeaux font leurs nids au fommet de haults arbres , ou ils couuent communément quatre ou cinq petits,lcfquels,apres qu'ils ont puiiTance de voler, ils dechaflent du md,& finalement hors de la regiomCar les corbeaux veulent le maintenir en vn pais, ou il y ait fufhlante eftenduè pour leur viure . Et fi leurs pe- B ii Corbeau le plus grandie fon genre. De/crip- tion du Corbeau. Cornus, et Coruinus fifeis. Corax. 28o LIVRE VI. DELA NATVRE tits y demeuroyent,pourroyent les affamer. Le Corbeau fe combat cotre le Mi- lan, qui luy eft enrtemy,pource qu'il luy rauiftfa viande. Pline au quaréte-trofief H 'êoire me cna P" re dixiefme liure de l'hiftoire naturelle , à eferit vne hiftoire aflez £tm Cor- plaifante d'vn Corbeau,qui nous à femblé digne d'eftre mife en ce lieu.C'eft que beau. les corbeaux peuuent apprendre à parler:dont il y en eut vn à Rome au temps de Tybere Empereur,dont le petit eftoit venu de deflus le temple de Caftor,qui vo- la en vne boutique de coufturier,qui n'eftoit gueres loing de lâ.Le Corbeau ayat efté nourry leans, n'arrefta gueres qu'il n'euft apprins à parler : & par ainfi fut en recommandation au maiftre de la boutique , & principalement pour la religion, d'autant qu'il eftoit venu en fa boutique , de deflus le temple. Ce Corbeau par- toit touts les matins pour aller vers le marché {in rofira) & faluant premièrement Comx,en Grec,Coruus en Latin,Corbem en Franpjs. îçj Tî-jfa^. jç, my7«.Arift.lib..î>.cap.i.& 31. Tybere,puis Drufus les Empereurs,delâfakioit le peuple qui pafloit,le nommant l'vn après l'autre, puis après retournoit àla boutique de fon maiftre : & ainfi dura plulîeurs annecs.Mais vn des voifins de la boutique s'eftât courroucé vn iour co- tre le Corbeau,qui auoit efmuty fur fon foulier,ou bien courroucé d'enuie,tua le Coi beau,pour laquelle chofe le peuple Romain fut fi courroucé , que ceft home fut premièrement banny,& puis après mis à mort. Mais au Corbeau fift enterre- rement honorable,l'ayant mis deflus vn lidt que deux mores portoyent en pom- pe, ayants la trompette deuant eus, &plufieursgents portants beaucoup de di- uerfité de couronnes : & ainfi conduisirent ce Corbeau iufques à fon tombeau,le- quel ils digèrent au cofté dextre du chemin nommé Via Ap/«. Ce neantmoins ce n'eft fans raifon: car on la confond commune- , mét auecques la Grolle ou Freuz,nômé en Grec Spctnwlogus, & en Latin brunie- Z «,&Grrfc«/w.Parquoyceluy qu'on nome en quelques lieux vn petit Corbin, Fr&iep eft le Cormx des ancies: dont Ion en voit vne efpece, qu'on nome Corneille em- Ow«C mâtelee.Etpourcequ'elleeftaufsinommeevneGraye,ilyenàquiontprinsar- lm - B ut I z8i LIVRE VI. DE LA NATVRE gumcnt de dire que c'cîioit Gracculus: mais nous monftrerons cy après qu'il en eft autrement,& que ce nom Françpys eft prins de l' Anglois, qui nome vne Cor Cn ^\ ncille,Craye . La Corneille feroit fcmblable au Corbeau, n'eftoit qu'elle eft plus tionde'la P e " te A moindre que le Freux,ayant le beedes pieds,& iambes noires,auec tou- CorncUlc te la refte du corps.Elle hante en touts lieux , & le long des riuages tant des fleu- ues,que de la mer,mâgeant détoutes chofes.Cela eft caufe qu'Ariftote au troifief- me chapkre,du huittiefme liure des animaux,r à mife au rang de ceux qu'il nom- me Vamphagd, que les Latins dient Omniuora . Elle reflemble moult au Chouca, OmniuQ- Coroni en Grec,Comîx en Latin , Corneille ;en Trançqys. xc f m» ij yKctui.it) xfH-Huv i xsfôn SyKavÇ vxl6{ ffçj.Arift. lib.8. cap.j.& lib.i.ca.i. qu'on nomme autrement Chouchette , finon que la Corneille eft plus noire , & de plus grande corpulence. Et pource que nous la côfondons auecques le Freux, ceftàfçauoirqu'au lieu qu'on les deuroit diftinguer , nous voyons aufsi que le comun peuple appelle les Freux,Corneilles. La Corneille fait (on nid fur la fum- mité des arbres,dont les Corneillaux font bons à manger,tout ainfi que des Cor- beaux^ Grayes. Elle ne vole en moult grandes troupes, comme les Freux, mais comunement vont deux à deux,ou pour le plus que demie ou douzaine entière. Coroni Nous trouuons Coroni ThalaJJïos es voyages d'Arrian difterét à Cornus aquaticus, thMfios. & ( j ont au £ s ia p ar j / au chapitre Je Aetbia. On luy attribue l'induftrie de fçauoir C »jr«r P orter l es noix en 1 a:r,& les laifler tumber fur les pierres,pour les rompre, quand elle ne les peut caffer de fon becLa Corneille meine guerre contre la Chcuechc, & fe vengeants, l'vne mange les ceufs de l'autre la nuit , & l'autre le iour . Encor a inimitiez auec l'oyfeau nomme Tiw/M»«:mais elle eftant la plus forte le tait tref- paffer.Lors que la'Corneille en fe lauât babille beaucoup,fignifie lapluye avenir. De la DES OYSEAVX, PAR P. BELON. *8$ De la Graye, Grolle, ou Freux. CHAP. III. E S noms Françoys Grolle , ou Freux, ont efté donnez pour exprimer vn oyïeau,que plufieurs penfent faulfement eftre la Corneille . Mais il appert autrement,& qu'ils viennent des La tins ¥rugilcgd,Grdcculus.Lcs Latins l'auoyét traduit des Grecs, qui auoyent nommé Spermdtologos.il eft maintenant à fçauoir fi le Freux, & la Corneille font vne mefme chofe, qui eft autât à demander côme fi Ion difoit à fçauoir fi Cora'x,& Frugikga.efi. vn.Et pour mon ftrer que ce n'eft vne mefme choie, ne voulons que le bec des deux pour le prou- uer,& aufsi les meurs d'iceux : car vn Freux ne hante iamais le riuagc,& ne fe paift gueres que de gram,& vermine par les terres labourables :& toutesfois la Corneil Spermolozps,& Spermatolojros,& Cûlios en Grec,Frugikga,& Gracculus en Latin, Graye, Freux,&Grolle,en Françoys. Le Vulgaire le nomme faulfement Corneille. Grolle. Freux. Frugdega GracttluA, Spermato logos. Comparai fond» Freux, à la Corneil le. ZaflMjys »v,«ù mrstcS-nt,™ ySp ÔMixyra J~'xs limmkv makuufiyt. Ari(l.lib.8.cap.j. le aime à hanter le riuage ,& manger de toutes infe&ions qu'elle y trouue.Cc Freux eft oyfeau fi cômun par les champs , & autât criard que nul autre que nous voyons,& de groife corpuléce.Vdrro en fon liure de lingud Ldtina â dit, que Gtdc culus a efté nômé pour ce qu'il vole en troupe qu'on dit en Latin Gregdtim. Grdc- -p^;^. cuii ( dit il ) quoi gregatint : vf quidam Graci greges gergera, (fc. Il eft quelque peu tton du moindre que le Corbeau, mais plus gros que la Corneille , & qui à le bec long, Freux. B iiii 284 LIVRE VI. DE LÀ N A TV RE droit,& poin&u par le bout,s'en feruant quafi comme d'vn pic,fonge en terre , & arrache les verms,& le grain. L'on â eu occafion de le maintenir celuy que Pline â nommé Gracculus-.Car on le voit les foirs & matins voler en fi grandes afiem- bleesentrouppes,qu'ànoftre iugement en auonsobferué d'vne veuë plus de Vingt mille en trois bandes , tant qu'ils couuroyent le ciel , comme aufsi font les Chouchettes ^tellement qu'elles apparoiffent efpaifles .en l'asr comme nues, me- nants vn fi grand bruit,qu'elles en eftonnent l'ser . Suyuant cecy voulons approu uer vn paflage de Pline, du vingt & neufuiefme chapitre du dixiefme liure , par- lant en celte manière. ïmmenfa alioqui finitimo Infubrium traBu examina Gracculo- rum,MonedulafumqueyCuifoli duifuracitas ciuri drgentique pracipuè mira e fï.Puis doc Momdu- que Pline parle de la Chouchette feparément , laquelle il nomme Monednla,8c foi de la Rouge qu'il nomme Vicrocorax,8c du Loriot qu'il nomme Galgulus , & de la Vicroco- Corneille qu'il nomme Corax,& du Corbeau qu'il nomme Coruus, & que noftre r * x j i Grolle,Graye,ou Freux eft différente aux defliifdits, auons conclud que c'eft elle qu'il faut nommer G/dcca/tfj.Maintenant faut conférer auec Ariftote , & fçauoir quels noms il luy à baillé en fa langue. Ce mot Coliam pour exprimer quelque oyfeau, ill'âprinspour vn terme gênerai à la petite Chouchette, tant noire que rouge, & au Cormarant : car puis après il les Ipecine . Parquoy ayants efté en erreur que le vulgaire des Grecs nous auoit fait conceuoir pour l'appellatiô d'vn petit M acreau, qu'ils nomment Colios , en parlerons encor au chapitre du Iay. Nous voyons ces Freux voler en trouppes par terres labourées , & toutesfois & la Corneille,& le Corbeau volent feulets,& ne hantent tels lieux en ce temps la. C'eft l'vn des oyfeaux le plus commun que nous ayons , & ou ilfe met à faire fon aire, il couure aucunefois tout vne foreft, pour le grand nombre qui s'en mettent enfemble.Ses petits ne fontmoins délicats à manger que quelque petit Poullet, & aufsi les pères font bons, quand ils font bien gras,pourueu qu'ils ne gouftent à la charogne: car lors ils n'ont guercs moindre charnure qu'vne Poulie : toutef- fois pource qu'ils font trop horribles à voir pour la couleur de leur chair , Ion n' a point acouftumé de les tenir expofeZ. à la veuë es eftaulx , comme Ion fait les au- ares oyfeaux. Ce qui fait, qu'il eft eftimé bon à manger , eft pource qu'il ne fe re- paift de charongne , comme les Gorbeaux,& Corneilles. Aulugelle autheur La- tin, efcriuantl'onfiefme chapitre du vingtiefme liure des nuids d'Athènes , dit, Vêtus ddagium eîl, Nihilcumfidibus Gracctdo, Nihil cum Amaracino Sui. De la Corneille emmantelec. CHAP. IIIL ELLE manière de Corneille que nous voyons feulement , en l'hyuer,nous fcmble n'auoir efté eferite des anciens,ou fi el le à efté eferite, ne trouuons aucun nom Grec, ne Latin pour • l'exprimer. Elle eft paflagere:car eftant l'efté fur les haultes mô tagnes defeend en hyuer en nos plaines, viuant le long des vil _i les & villages auec les hommes, il eft facile à prouuer qu'il yâ autant de païs defert en guarigues, & montaigne,& delaifle à caufe des veheme- tes DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 285 tes froidures ou afpreté des rochers, comme des plaines habitées , tant en la iurif- di&ion des Roys , & Empereurs Chreftiens , que de Turcquie . Ce rieft donc mcrueille fi tels oyfeaux s'en vont paiftre en ces lieux la durant l'efté.Cefte efpece de Corneille vit de mefmes viandes,que fait la noire,& eft d'aufsi grande corpulé ce , & hante femblablement le riuage : qui eft caufe d'auoir meu quelques vns de dire que les anciens auoyent entendu qu'elle auoit nom Cor«/x,ne fçachants qu'il y en euft vne autre . Elle â la tefte , toutes les «lies, & la queue fort noires , & vn Df y— _ plaftrondeuantl'eftomach de mefme couleur, qui eft bordé par le deffuscom- ff -^, !.C3p.:4. me vne Chouëtte.Ioint l'autorité d'Ouide au feptiefme liure des Metamorpho fes:qui dit, Mutata e'si in auem, âu£ «une moque diligh aurum, Nigrapedes,nigris éclata Monedulapennis. Pline au quatoriieime chapitre du dixfeptiefme liure de l'hiftoire naturelle , dit qu'elle nous a monftré la manière de femer le grain: car quâd elle trouue le bled, & quelque autre chofe , après s'en eftre faoulee,elle à l'entendement de le cacher en terre DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 287 en terre : & les hommes ayants veu que cela eftoit caufe de faire produire des ef- pics,prindrent occafion à fon exemple de femer les grains en terre, & la labourer pour les faire multiplier. Elle n'eft de couleur noire fi exquife corne le Corbeau, pefirif CorneilIe,& Freux-.car ou les plumes du Corbeau , ont les couleurs changeantes, u ™ rf * de force d'élire ternies , tout ainfi cefte Chouette femble tenir du cendré , qui fe mcg!Mai&itt am lu fin iponaéçvy^of. Arift.lib.s.cap.14. ure) Alpittmpcculidrisjuteorofîro: niger, & pntcipuo fapore. Et de vray il eft d'ex- cellent manger.il eft moult criard,& fe fait ouïr de moult loing. Du Iay. C H A P. VIL L E S T à prefuppofer que les anciens ont veu voler le Iay par les foreft de leurs contrées , & qu'ils luy ont impofé quel- que nom vulgaire: ou bien fi le Iay n' à aucun nom ancien, qu'ils n'en ont eu cognoiflance . Toutesfois pource que nous fommes en doute de le fçauoir nommer de nom Grec & La- tin, il faut entendre vn peu noz. propos fur celle matière . Le Iay eftant cogneu en toutes contrées , fait que nous deuons confefTer , qu'il n'eft demeuré fans auoir elle nommé . Quand on lit Pline au quarante-dcuxiefme chapitre du dixiefme Iiure de l'hiftoire naturelle, ou il parle de la Pie, oultre ce qu'il en fait deux efpeces,il femble qu'il en nomme vne du furnom de Glandiere- Verùm (dit il) addifcere alias negant pofîe, quant quœ ex génère earum funt, quœ glande \efcuntur. L'appellation Italienne de ce Iay,eft caufe qu'auons allégué tels mots. GlUem. Nous voyons que par foute F Italie,ils nôment les lày s filanderc s,ou comme pro- Gladaie?^ nonccntles Tufcans, Glandaiez- Mais voyants qu'Ariftoteâ dit tout cela, & que Pline à prins tels paffages de luy, qui dit au treziefme chapitre du neufiefine liure des animaux , Vica glandes cùm dcficiunt colligit , &in repojirorio abditai referutf. Parquoy nous femble , qu'il ferait faulx d'impofer nom Vica glandant, au Iay. Voulants DESOYSEAVX, PAR P. BEL ON 2 §<> Voulants donc maintenant Iuy trouuer fon nom antique, &fçachant que quel- ques poiflbns ont prins leurs noms des oyfeaux , auons eu recours à les conférer enfemble : car le voyant obtenir les marques des petits Macreaux, que les Grecs nommerent,& encor' nomment pour l'heure prefente Colia , fommes entrez en opinion, que le Iay auoit anciennement efté nommé Cbokos: car d'autant que choleou nous lifons diuerfement trois diclrions Greques es autheurs & en Ariftote , dont l'vne eft Colios, générale aux Chouéttesd'autre eft Keleos , qui lignifie le Loriot: & l'autre Coleos, laquelle femble obtenir la lignification du Iay, on les à tournées, ores l'vne Gracculusptzs Galgulus,pouTce qu'elles fe reflemblent moult. Mais les M(tUcocrtmefs,& Molliceps en Grec,&Ltttin, Iaj en Francojs,Benina en Genevois, Timsyii ï fûytins iKiJw nincnu [^ixfw. Arift.lib.p.cap.n. habitants de Chio moitié baftards des Geneuois, moitié des Grecs, nous mettent à en penfer diuerfemenncar touts nomment le Iay vulgairement Bertina, qui eft Bertina. à dire,Cendree.Et nous cherchâts quelque oyfeau de ce nom en Ariftote , ayants trouué, que Mo/Zicfpî eft tout cendré, nous fommes arreftezà telle appellation^ 9 Gaza àainfi interprété ce qu'en a dit Ariftote au vingt-deuxiefme chapitre du neufiefme liure des animaux.Mo/fcep* colore totus cinerco:gratldi,iÇf carttlagineo eft capite, magnitudine paulo minor, cjucim Turdus . Mais pource qu'auons dit que ceux de Lemnos nomment les Calugs de Marfeille,qui font petits poiflbns madrez cô me Macreaux, du nom de Colios , auons cherché ce que les autheurs modernes, qui ont eftudié à eferire les puritez de la langue Latine , en ont dit: & ainfi auons trouué, qu'ils ont efté empefehez es diclrions, Colios & Choleos :non pas qu'ils euf- fent foucy quel oyfcau,ou poiflbn c'eft: car Colios eft nom d'oyfeau & de poiflbn: Co ' w< C z 9 o LIVRE VI. DE LA NATVRE mais feulement pour tourner la diâtion Greque,& la rédre Latine: en cpoy Eraf- me , & Gaza n'ont peu conuenir.Erafme pour Colios à tourné Gracculus : & Gaza telle fois Monedula, telle fois Galgulus. Colios eft quelquesfois prins pourvn oy- feau particuîier,quelquesfois pour diftion générale, fignifiant les Chouè'ttes,noi- re & rouge , & y comprenant l'oyfeau que nous nommons Cormarant: comme aufsi eft quelquesfois mis pour fignifier vn poiflbn femblablë à vn petit Ma- creau : & alors Pline le tournant d'Anftote , le nomme Gracculus . Puis donc que Monedula en Latin eft particulièrement nommé Lycos en Grec, & en Françoys Chouette noire,& que Corakias eft la Chouette rouge , & que Pline,Varro, & au très anciens efcriuent Grdcculus feparément d'auec MoKed«/<*,ilnefaut accorder que Gracculus foit le Chouca rouge. Pofsible que le petit poiflbn nommé Colios, dontauons p:irlé,qui eftprefque semblable au Macreau , & qui à des taches azu- rées le long des coftez , pourroit bien auoir prins fon appellation du Iay : car les oyfeaux ont efté premièrement nommez que les poiflons . Nul ne doute que les oyfeaux n'ayent eu leur nom deuant les poiflons , veu qu'ils ont efté les premiers cognuz.Or maintenât que les liures de Grecs ont efté traduits es autres langues, Ion trouue que Colios à efté par diuers autheurs traduit diuerfement. Gaza en Ari ftote a dit Monedula:Hermolaus le nomme en Latin Gracculus.il eft eferit en quel- ques endroits des annales,qu'il s'eft quelque fois aflemblé vne bande de Iays , qui en trouuerentvne autre de Pies fur les confins de Bretaigne , qui cftoyent enfi grand nombre, qu'il fembloit vne armée combatte contre l'autre, & que les Iays Tiefrii- g a ig ncrent ^ a iournee. Le Iay eft de moindre corpulence qu'vne Pie, ayant cefte uoduiaj. enfcigne,par laquelle chacun apprendra à le diftinguer, d'autant qu'on ne la trou ue en aucun autre oyfeau:c'eft qu'il a les coftez des selles tachées de belles mer- ques trauerfaines azurées, & grande ouuerturc du bec, d'autant qu'il aualle les glands & chaftaignes toutes entières à la manière des Ramiërs.Son bec eft court, & rond, & groflet.ll drefle les plumes de deflus fa tefte tachées de noir, tellemét qu'il femble quafi qu'il s'en face vne huppe. Aufsi à deux taches en chafque cofté de la tefte en l'endroit ou font fes ouïes.Et pource que la plume de deflus fon col, Baretmo. ^ ^ i' e ft omac h e fl. J e cou leur cendrée, il à efté nommé Baretino. Sa queue , & le bout de fes selles font de couleur brune,ayants vne tache blanche en chafque ael- le . Il à aflez bons pieds, quifont de couleur grife, mais il ne vole trop bien. Il eft criard,& apréd moult bien à parler: & comme la Pie eft encline à pronôcer Mar- Richard. got,& les Corbeaux Colas, ceftuy-cy appelle Richard: qui eft caufe qu'on le nomme en plufieurs endroits,vn Richard. Il fait communémét fon nid fur quel- que pômier par les vergiers,n'aymant à nourrir fes petits en lieu fauuage . Il n'eft pas exquis en charnure : parquoy eft réputé de dur manger . Il fe nourrift de tou- tes chofes , & ayme bien fort les pois. C'eft grand déduit de le voir voler aux oy- feaux de fauconnerie , &: aufsi de le voir prendre à la paflee. Le commun peuple tient qu'il tombe du hault mal,mais pour cela ne laifle à le manger, & principale- ment en Autonne : car alors on en prend grande quantité , quand il pafle pour fe muè'nmais on ne tend pas à le prendre , côme on feroit à vn oyfeau délicat poul- ie manger.Les anciens médecins n'en ont onques voulu parler,nomplus que des Pies,& tels autres,dont le peuple n' à vfage de s'en nourrir. Delà DES OYSEAVX, PAR P. BELON De la Pie. CHAP. VI IL Vie S^#|^^^iR I S T O T E en fesliures des animaux ânomé la Pie K.kta, Kl ' ft4 ^ j^WWA^^^^ les Latins Vica -, à la différence d vn autre,cjui eft nômé Pic us. pi C animaux , qu'elle ne fe départ de Grèce en temps d'hyuer , comme de ce pais cy. Mutât fdciem tempore 4 LIVRE VI. DELA NATVRE Defcrip- twn de la Huppe. Giecc,cepaflage pourra biéeftreautrcmétintcrpreté:carfi quelcunen fait nour- rir en fon logis, & qu'il ait veu qu'elle mue fes plumes en hyuer,cela fera felô que l'entend Ariftote. La Huppe ne vault rien à manger, & n'y à perfonne en aucun païs,qui en veulle tafter,combien que l'expérience en ait efté fai&e , que bien lar- dée & roftie , n à efté trouuee moins délicate , qu'vn Merle . Auecques toute fa plume elle fait bien monftre d'vn Pigeon : mais fa charnure n'appert gueres plus groffequ'vnEftourneau.Elle ne nous apparoift pas moult fauuage . Parquoy quand on la trouue le long des grands chemins , elle ne s'esfarouche beaucoup trop de la venue des hommes. Eftant donc ainfi bien garnie de plumes , comme elle eft, vole légèrement en battant Ix't de fes selles à la manière des Vanneaux. Elle à les pieds affes grandelets,mais fes iambes font courtes . Sa queue eft noire, compofee de douze plumes,qui paflent beaucoup oultre celles de Ton selle . Elle eft merquetee d'vne tache blanche en la queue, qui fait vn croiffant en peintu- re, quand on la luy ouure . Elle à grande variété de couleurs en fes selles, qui font madrées de noir,de blanc,& de cendré. Elle à le col fauue , quafi comme rougea- ftre, mais eft entournee d'vn moult beau collier my-party de noir & de tanné. So bec eft long,noir,rond, & quelque peu courbé.Sa crefte eft plus cftrange, que de nul autre Huppercar eftant compolee d'vne vingtaine de longues plumes rou- geaftres,toutes difpofees par ordre,arrengees deux à deux, noires à" l'extremité,el- le les efleue , & abbat ainfi qu'elle veult. Et fçachant que nature ne la luy a baillée fans raifon , encor qu'ayons longuement penfé à icelle,toutesfois n'en auons en- cores peu rien fçauoir. La Huppe ayant le bec long à vne lâgue moult petite. El- le fe nourrift de verms,& de toute manière de petits bagages de bois.Son nid eft fait en quelque creux d'arbre,ou elle ne porte rien pour eftre plus mollemét, mais luy fuffit mettre fes ceufs deffus le bois pourry,ou bié(comme dit Ariftote au lieu fufdit) porte en fon nid les excréments de l'homme. Elle fait vne voix enrouée, qu'on oit de bien loing : & n'eft de merueille fi elle ne fait bonne diftin&ion en fa voix , confideré qu'elle eft quafi fans langue. Il feroit impofsible auecques vne langue fi courte,qu'elle peut mieux exprimer fon chant: car ce qu'on oit, eft quel- que ton,qui n'eft guère varié.La diligence & curiofité d'Ariftophanes,nous admo nefte défaire diligence en noz ouurages:carluy fuyuantlefon qu'elle fait,F a ain Tenus co fiimité:Epopoe,popop0^opoe,^ ont uerty en ^ en j eurs f a kl es q lle Tereus fut conuerty en Huppe. Huppe. * J il Du Loriot. CHAP. XL jSGRIVANTS Charadrias entre les oyfeaux de nuicî, - auons parlé du Loriot , qui eft oyfcau de paflage , & qu'on ne voit que l'efté en ce païs,non plus que la Huppe , s'il n'eft gar- . dé,nourry en cage. Il â gaigné ce nom Françoys , de ce qu en \ criant à haulte voix,femble prononcer,compere Loriot . Ari- ^sssss^' ' ftote au vingt-deuxiefme chapitre,du neufiefme liure des ani- maux,dit, que le Loriot, qu'il nomme Qolios , prend fa nourriture au bois , le long des Colios. DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 255 des eaux 5 & des fleuues,& qu'il eft grand côme vne Turtrelle , duquel la couleur eft iaulne, tirant fur le verd. Et fait vne voix hautaine, & habite volontiers au Pe- loponefe. Pline au dixiefme liure de l'hiftoire naturelle , chapitre vingt- cinqief- me dit, que quand Galgulus à fait fes petits, il fe part d'Italie. Âufsi dit en Fonzief- Galgulus. me chapitre du trentiefme liure, que les Grecs l'ont nommé lïlerus , à caufe de fa i8tm.\ couleur iaulne: & que fi vu homme It"terique,c'eft à dire, ayant la iaulnifle, le re- garde,que l'oy feau en meurt,& l'homme en guerift: aiouftant ce mot, qu'il penfe que c'eft luy que les Latins appellent Galgulus . Il dit aufsi au trente-troifiefme chapitre, du dixiefme liure,qu'il fe péd par les pieds pour dormir plus feuremét & eftre en feureté. Le Loriot eft quafi tout iaulne, comme aufsi font plufieurs autres l£lerus,Chlorion,(Çr Colios en GKc,Gitlj>télus,& Vireo en Lmn,Loriot en François. Chlorit o 'j •^ntiw yyjiçfs ahos.tnc r ^^Zia K^o^gra/.dè*:} W ^o-ms ra? %tz>vat tp&vt&f fjJ.htço. y- n'yà.-^tniTtt^ Jl' î-m afxixçQs 07n7lw.ji.70 3 f«>4.7D ïîw SW ^i/jffl'v.Arift. Iib._9.cap.11.. oyfeaux , tels qu'eft le Verdier, le Bruant, le Serin, & le Tarin. Lon trouue encor que fuyuant noftre appellation de Loriot,les Grecs & Latins l'ont nommé C hlo- r 'iort. Car Pline au vingt-neufiefme chapitre de fon liure dixiefme , dit en cefte ma niëre.Cfe/on'ow cpioque^ui tôt us eil lutcui,hyeme non \>ifus,circa fblslitiaprocedit. En- cor en vn autre pafTage, au trente-troifieime chapitre du meime liure, deferiuant les Pics verds , y aioufte vne quatriefme efpece , lequel il dit pendre fon nid à vn rameau,qu'il attache à la manière d'vne couppe,àfin que nul animal y puifTe arri- uer . Laquelle chofe nous fçauons eftre feulement deuè'au Loriot, & qui en La- tin eft autrement nommé Lurida. Il y a vnoyfeau en Ariftote au treziefme cha- Lurida. pitre du ncufiefme liure des animaux,qu'il nome Lutea , & en fa langue Chloreus, Lute & Vpupa .Et noftre Iay ne s'en va pointraufsi n'eft- ce pas luy qui eft Galgulus. Le Lo j^f riot eft grand comme vn Merle,mais eft beaucoup plus long . Il à les pieds bons, '^ noU & gros , comme aufsi fes ïambes font de couleur plombée : & eft garny de bons ongles . Son bec eft long , rond, & quelque peu courbé, & â la gueule moult ferr- C iiii 196 LIVRE VI. DELA NATVRE duè',& la langue le long du bec bien éntiè're.Il eft palle par deflbus le ventre, tirât au iaulne : mais tout le deflus de la telle , du col, & de l'efchine , comme aufsi la queue , font iaulnes. Les ailles font noires par les deux coftez , combien qu'elles foyent vn peu tachées de iaulne,toutesfois pour la plus grande partie font noires. Sa queue eft longuette,quipafle beaucoup oultre les aellcs. Il mange communé- ment les fruidages , & principalement les Cerifes & Guines : toutesfois ne laifle aufsi à fe paiftre de vermine, qu'il trouue par les bois . Nous nauons couftume de le manger, foit parce qu'il eft difficile à prendre , ou qu'on n'en trouue beaucoup. Si eft- ce qu'il eft veu en touts lieux.il fait beaucoup de petits iufquesau nombre de cinq,quelquesfois trois,autresfois quatre,& lefquels fuyucnt long temps les pe re &mere,iufques à ce qu'ils ayent bienapprinsà fe pourchafler eux mefmes. Nous auons vn Prouerbe Françpys, qui dit, que nul ne trouua onc nid de Loriot, qu'il ne fut pendu: car comme dit eft, il fçait le compofer de moult grande indu- ftrie, toufiours pendu. Nous prétendons que ChlononyQolios^Iireo, Gxlgulus, foyent fynonimes,fignihants le Loriot. DcsPapegaux, & Perroquets. CHAP. XII. Vapegay. Perroquet Pfittuci. E PAPEGAY eft aufsi nommé vn Perroquet: mais tel nom luy à efté impofé à caufe de fa prononciation . Nous co- gnoiflbns maintenat plus d'elpeces d'oyfeaux , venâts des pais loingtains,qu'on ne faifoit ancienncment:car la terre à efté be aucoup plus fréquentée par nauigations,qu'elle n'eftoit ancié- nement: comme il appert par diuerfes efpeces de Papegaux,' qui nous font maintenant apportez, tant du Brefil,que d'ailleurs.Lon trouue que les anciens nommoyent aufsi Indie,ce que nous appelions maintenat le BrefiLPli ne au quaréte-deuxiefme chapitre du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle , efcrit: Super omnia bumanas Vôtres reddunt VÇittaci, quidam etiam fermocittdntes. India banc a- uem mittit.Pfittacem \ocat viridem toto corpore^torque tantàm miniato in ceruice diîiin Bdtn: tellement que le Papegaut que Pline à defcrit,auoit vn collier rouge, lequel nauons onc veu, finon en peindure. Mais maintenant nous en cognoiflbns des grands, & des petits, des gris,des rouges,& de diuerfes autres couleursdefqucls e- ftants fi cogneuz,baillerons feullement leportraid d'vn grand, & confequem- ment d'vn petit . Et tout ainfi qu'ils font de corpulence , & couleurs difte rentes, aufsi font apportez de diuers païs.Mais qui plus eft admirable,ils font de voix dif- ferentes:car les vns l'ont aigre,les autres amiable. Vftttaki DES OYSEAVX, PAR P. BELON. ïyj ?fitt/tki,& Pftttcos en Gtcc$fittMe,& Pjtttttciu en Loin, gttnd Paçegmenïranpjt. Arift.lib.8.cap.ii. Nous auonsdefcrit le Papegaut,auât les Pics verds:car aufsi ont ils les iambes courtes,& les doigts des pieds my-partis,deux deuât,& deux derrière, comme auf fi tiennent leur mangeaille auec vn pied, enleuee en l'$r, & l'aportent au bec à la manière des oyfeaux de Proye.Pline au quarente-deuxiefme chapitre du dixief- me liure de l'hiftoire naturelle,à prefque fuyuy ce qu'Ariftote auoit prononcé du Papegaut: car comme Ariftote au douziefme chapitre , defonneufiefme liure des animaux,auoit dif.Ndf» q> Indien duis,cui nomen Vfittdce } quam hqui :ilfem ble qu Ariftote n'en ait onc veu:car s'il en euft veu,il n'euft pas efcrit, liure des animaux en à mis trois, dont celuy que nous nom- môs le Pic mart,ou Pic verd nous eft le plus commun: toutef- fois qu'en mettrôs encor' quelques autres incogneues aux an- i ciens.Le Pic verd aulne eft de longue corpulence,& plus gros , . - qu'vn Loriot, approchant de bien près celuy d'vne Pie. Il cftd'vneexquife cou- tlon leur diuerfe, combien qu'il ne foit de trop bon manger .lia deux taches rouges p, c y er d. deflus les yeux , vne en chafque cofté , venant des racines de la partie d'embas de fon bec,qui eft long de deux doigts,noir,droit,dur,fort,& poin&u : quafi limé en Dryocolaptos,Pi[ira,Pif>o,CblonHs en Grec,Vicus Martiur nuior^icus ctrbowius, & arboYum cxuator en Ltttm,Pic mart, Pic yerd,ou Pic ictulne en françoys. A%vaha.Tilm }îto! ixiiÇor « ja-flujo^&c.Arift.Hb.i.cap.p. quatre quarres.Laquelle chofe Ariftote aUoit des-ia dit au iij.liure,Df partihus dm maliu Wjchapitre premier . Auium c™,qui eft noftre Epeiche , mage les œufs du îaul- ne , & que par cela ils difeordent enfemble. Qui à conféré les Epeiches des autres D SOI LIVRE VI. DE LA N AT V RE contrées auec celles de France, les a trouuees différer en quelques couleurs. Les vnes auoyenttoutle deffus delatefte,& ledos,&laqueuë,&lecropionnoir,les temples blanches: mais il y à vne reigle générale que toutes ont le deflous delà queue rouge,& les «lies madrees,tachees de blanc. Du plus grand Pic verd. C H A P. X V. A P L V S grande efpece des Pics marts , laquelle Ariftote deferiuant Dryocaloptis, qu'interprétons le Pic verd,àmife au tiers ordre,nous eft incogneuë en noz pais, & toutesfois eft af- fez commune ailleurs. C'eft elle qu Ariftote au neufiefme cha- pitre du neufiefme liure des animaux, à dit n'eftre gueres moin dre qu'vne Poulie. Chacun entend bien que les Pics verds pré- sent fi grande peine à creufer les arbres, pour en manger les verms. Mais ceftuy- cy , qui a le bec quelque peu crochu, femble ne l'auoir propre à cefl effet. C'eft ce qu'Aelian autheur Grec a voulu entédre, quand il dit,que le Pic verd à le bec cro- chu:qui euft efté paflage foupçonneux,fino que monfieur Gisbert Damftredam nous en monftra vn à Rome , & fa peinture , lequel par curiofité l'auoit fait por- traire en diuerfes fortes.il ne fault douter qu'on ne trouue bien cette tierce efpece De/cri ^ c ^ c verc ^> te ^ e q u ' Ariftote la nous à fignifiee,& aufsi ayant le bec croche corne twnîc h Aelian à dit.il à les pieds à la manière des deux autres,c'eft à fçauoir,deux doigts tierce efpe derrière, & deux doigts deuant. lia aufsi diuerfes madrures de plumes au trauers ce de Pic de fes adles,comme ont les precedets , mais la couleur eft différente. Et la. ou l'in- " Vw ^ terpreté d'Ariftote difoit , $unt Vici martij cognomine tria gênera : \nunt minus quant Mcruld,C'cll noftre Epeiche: Aherum maint quàm Mf rwkx'eftle Pic laulne: Tertiu non multo minus quant Gallina , eft ccftuy-cy, dont faifons mention. Ces trois Pics ont leurs langues longues, lefquelles ils tirent fur les Fourmis , & quand elles en font chargees,& les ont retirées ,auallcnt les Fourmis qui eftoyent deffus. Viyocolaftis en Grec, Vicus maior ,feu Pici renia fpecies en Latin , tierce efpece de Pic mart en François. Du Pic de M uraille , que ceux de Clairmont en Auuergne > nomment vne Efchelette. CHAP. XVI. L Y à vne efpece de Pic mart,quiiufquesicy à efté particuliè- re au pais dAuuergne , & cogneuë de peu de perfonnes : Car combien qu'on lapuiffe voir voler par les montaignes, & fur les villes,de Clairmont,& plufieurs autres lieux en Auuergne, toutesfois pource que peu de gents fe mettent en deuoir de les obferuer, demeurent quafi incogneuz,: & de fait tout ainfi que les Pics verds aymét à monter, Se defeendre le long des arbres , ceftuy-cy n' à au - tre DES OYSEAVX, PAR P. BELON 3 ©j tre lieu afsigné à fe pofcr pour viure,que le long des murailles. Nous n'auons doc failly de le nômer Pic de muraille,ne luy ayâts trouué autre nom ancien, ne mo- ^ tc ^ mH derne.il eft bien vray que quelques habitants des confins de Clairmont, le nom- m ment vnTernienmarsc'eft en Auuergnac,comme aufsi quelques autres le nom- Ternieri mentEfchellette,qui eft nom deu aux Pics verds . Sa couleur ne fe peut mieux efchellet voir ,que quand on luy ouure les adles,qui font bien fort madrées dcrouge.Ceft te - VortrttiEl du Pic de murtt'ille,ou d'*4uuerj>ne autrement nommé Temier,& Efchdlette enFrancojs. vn oyfeau gay, & vioge , de la groffeur d'vn Eftourneau , qui fe fait ouïr de bien T>eÇm- loing , & qui à affes bonne voix & mclodieufe. Il eft fort mobile : car il ne fe peut ^'""^ bônemét tenir en vne place, & s'arreftât n'eft pas perché,mais pendu à la manie- re des Pics verds. Il à la queue courte & noire,& quelque partie des œlles : le bec, & la tefte comme celuy d'vn Eftourneau:fon dos,foh col,& tefte font de couleur D ii 3°4 LIVRE VI. DELA N AT V RE cendrée: mais les selles font aufsi mouchetées de rouge, comme celles d'vn beau Papillon. Il vole à la manière des Huppes,c eft à dire,en bâtant des aellesxar aufsi fes selles font tournées en la proportion de celle d'vne HuppcSes iâbes font cour tes,mais les doigts de fes pieds font longs,dont y en à deux deuant & deux derrie re.Il fe paift de Mouches,& Araignes,qu'il prent le long des murailles. Il eft ma- nifefte qu'il vit aufsi bien par les rochers precipiteux des haultes montaignes : car on l'oit voler en ïxv de bien loing,venant de deuers les monts pour s'affeoir con tre les tours des villes . Il fait fes petits dedens les pertuïs des murailles . On ne le voit gueres voler en plus grande compagnie, que deux à deux. Du Torchepot. Sitta. CHAP. XVII. E TORCHEPOT eft afles cogneu en touts pais , lequel Ion à aufsi nommé grand Grimpereau,pource qu'il grimpe & defeend tout ainfi que font les Pics verds : car il eftprefque de meurs femblables , creufant les arbres en mefme façon. Son nid eft compofé auecquesdelatcrre graffe, défi grâd artifice , qu'il ne fçauroiteftre mieux ,encor qu'il euftefté drefféde la main d'vn potier. C'eft de lâ qu'il eft nommé Torchepot. Les Grecs,à noftre îuge ment, l'ont nômé Sitta, auquel les Latins n'ont changé le nom. Ariftote le nous Sitti,& si^* e >*Grec,Sitta en Lntin,Torchefioten ïrançoys. vow&ù'Siifrar,*) où^tuàv,*) &0C/o7W,&c.Arift.!ib..9.cap,i.& cap.17. defcriuantà donné les enfeignes aie cognoiftre , telles que nous luy voyons: car mefmement c'eft vn petit oyfeau de la grandeur d'vn Cocheuis , de meurs auda- cieufes,qui eflift fon domicile es arbres,viuât de vermine de bois,& qui eft moult diligent à fe mettre en deuoir de quérir fa pafture, & d'eiprit vigilant . Quand ce vient DES O Y S E A V X, PAR P. BEL ON 305 vient au temps nouueau, le mafle appelle doulcement fa femelle, criantmouk hnult Guiric,Guiric s Le commun bruit eft,qu'ellenevientà luy finon après qu'il ï à long temps pourcha{Tee,& careflee.Et ainfi fe tenants enfemble le long de le fté,& ayants eileué leurs petits, chacun fe départ l'vn de l'autre pour l'hyuer. Les paifans ont obferué qu'il bat fa femelle quand il la trouue, lors qu'elle s'eft dépar- tie de luy,dont ils ont fait vn prouerbe,pour vn qui fe gouuerne fagemét en mef nage,qu'ilreflemble au Torchepot. Toutes Iefquelles obferuations fe reflentent du dire des anciens,qui eft caufe de l'auoir fait recognoiftre: car l'interprète d'Ari- ftote au dixfeptiefme chapitre,du neufiefmc liure des animaux , a. ainfi mis . Sunt ei,qu font abfents l'efté , ou ils font leurs petits : mais les Ramiers font aufsi bien leurs petits en France & Italie , comme en Grèce . Il femble qu' Ariftote au douziefme chapitre du huittiefme Hure des animaux, à entendu qu'ils s'en partent l'hyuer de fon païs.Parquoy il fauîdroit conclure , qu'ils paffent au noftre : car c'eft lors que . nous en auons en habondance.Les Ramiers font de couleur cendrée, ayants la te f .'^ lté entre couleur de ciel,& rouge entremêliez. Ils ont des taches de plumes blan- R eft chofe pcrniciëufe de s'accorder à ce qu'on en à aperceu au- f^|j trement : car il fault en touts lieux que la vérité emporte lavi- 1 - i. doire.Parquoy ores parlâts du naturel delaTurtrelle,&nevou Turtrelle. C'}.'\^ lants rien difsimulcr de ce qu'en auons obferué , dirons libre- ment que comme aucuns ont penfe que les Turtrelles fe cachent,& perdent leurs plumes en hyuer ; nous les auons veuës au temps d'hyuer en Egypte,lors qu'elles nous font abfentes.Parquoy (fauf meilleure opinion) elles font totallemcnt paf- fageres, & croyons qu'iin'en demeure aucune en noz contrées de France , finon prifonniere, ou impuiflante par maladie. Et s'il eftoit vray qu'elles fe defpouïllaf- fent,& mangeaflent leurs plumes,ou fetiendroyent elles en l'hyuer; Nous deuos donc penfer qu 'aufsi bien le feroy ent elles en cage , comme ailleurs. Ariftote en plufieurs paflages des liures des animaux difoit. Tmtures degût afîate locis frigidis, byeme tepidis: ideôque afîate tantum apparent. Turtur hyeme fe condit aut difcedit: nec enim hybernare apud nospatitur : nemo enimprope dixerim , "vidiffe per hyemem xfpidtn Turthrcm dicitur. Latere autem incipit prapinguis , quanquam pennas in latebra. di- mittit,tamen pinguedinem fcruat,&c. Il peut bien eftre , que cela fe face en quelque contrée de Grèce au païs d'Ariftote,mais il eft rare ailleurs,quoy qu'on ait dit des Hirondelles, Milans,& Grues: & que plufieurs autres tels oyfeaux,fe tiennent ca chez en quelque faifon de l'année en certains endroits de noz côtrces,feriôs d'opi nionqu'ilsfontpaflagersd'vnlieuenl'autrè:quieftchofequi nous à. eftéaffez manitefte en noz pérégrinations . Si en ces entrefaites quelcun difoit qu'il n'en peut chaloir, s'ils s'en aillent ou ne bougent , s'ils fe cachent ou ne fe cachent pas, Ion refpondroit que l'obferuation qu'on fait des chofes , eft pour s'en afleurer, & ayant feeu la pure vérité, perfonne n'y eft iamais trompé.Ceux qui en tel cas font 3 io LIVRE VI. DE LA NATVRE trompez par ignorance en font cxcufez, fçachant que la confcience de l'homme efttoufiours deuers la vérité. Les corps des animaux ont à faire de nourriture pour fe mainteninparquoy il eft mal-aylé qu'ils puriTent viure fi long temps fans mangencar mefmement les belles terreftres, qui fe cachent espertuïs en hyuer, font amas des l'cfté , pour leur prouifion de l'hyuer . Quant aux Serpents, ils font d'autre tempérament qui peut durer plus long temps fans manger que lesoyfe- aux.Les Turtrclles ont bruit d'eftre chaftes, & de ne chercher compagnie, quand l'vne des parties eft trepaiTee. Ariftote à eferit au feptiefme chapitre du neufiefme liure des animaux,qu'elles viuent huit ans.Il y à vn poriTon en la mer , qui à prins Tiygon en Grec,Turtftren Latin,Twtrelleen Fratifoys. V°v i è X Xtt V^ s m MH*t-<ù fvyns £Sm Ix-rà 4TV.ArifV.li b. y.cap.ij. & lib.y.cap.i.& cap. 7. Vafi 'mttctt fon nom de la Turtrelle:car il eft ainfi cendré deflus le dos, & femble auoir les «I- fifeis. les eftendues , comme celles de la Turtrelle . Les Latins l'ont nommé Vaîlinaca. Ve/crip- L a Turtrelle â beaucoup de merques aprochantes au naturel des Pigeons , 8< Bi- ^mtnllc iers > tantcn P^ ure > commeau f s ' en ^ voit la Turtrelle de ' doulce nature , plufieurs ont prins argument de tromper du cceur des Turtrellcs, voulants en faire des pouldres pour l'amour: mais c'eit par abus.Pofsible qu'elles ponnent deux fois ran,l'vne fois en ce païs,l'autre es regiôs chauldes : car nous les auons feulemét en Europe en téps d'efté.Elle fait fon nid à la fummité des arbres, & efcloft deux petits, & vole encor plus roide que les Ramiers, & Pigeons,& eft de moindre corpulence, & moins lbuuent prinfe des oyfeaux de proye . Elles ont la voix haultaine:mais ne chantent,finon quand elles font en amours.Celles qu'on nourrift en cagcn'enfuyuentlaloy des fauuages : car elles font bien fou- uent DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 31Î lient des petits chacun an , & font de blanche couleur . Galien à beaucoup parlé du tempérament de la, chair des Turtrelles:car au Hure des aliments,il dit en cefte manière: Turtur temjperamcnto cfî jicca , & potifiimàm quœ in montibus degit. Recens tamen non Turtur modo non eîl non dandafed ne Perdix>nec alia omnia,qua: ciment hd- bent modcrdtè ficedm . Perdues veto ac Turtures neque durifiimas babent cames , neque concoilu difficiles, neque prauo fucco via'o/is.Parquoy il apert félon fon opinion,que la chair des Turtrelles eft délicate à manger,& de bon nourri{Tement:mais en au tre lieu difoit qu'elle eft plus difficile à digérer que les Pigeons,Griues,& Merles. Ariftote au premier chapitre du neufiefme liure des animaux , dit qu'elle â. inimi- tiez auec l'oyfeau nommé Lutetis: mais eftant la plus foible,demcure vaincue , & tuee.Elle fe combat aufsi auec l'oyfeau que les anciés nommoyent Pyralis , qu'on dit en Latin Ignarid. Des Bifets. CHAP. XXI. E S Bifets font paffagers , tout ainfi que les Turtrelles : & font Et ^ mo i ainfi nômez en Frâçoys à caufe de leur bife couleur : encor di- i Q g te des fons du pain bis,à caufe de fa couleur. Aufsi eft-ce de la que les BÏ/ets. Grecs le nommèrent Pelias, & qu'on à tourné Liuia en Latin. P^'**- 1 Pour paffagers , entendons qui s'en vont loing oultrela mer: Lma ' 1 Carquanteftàcequelesvnslarffent les lieux vmbrez envn temps pour venir au defcouuert en l'autre,nous appelions cela fe muer feulemét de place.Ceux qui penfent que les Pigeons fuyards prennent leur origine des Bi fets,font trompez:car les fuyards ont euidente diftin£tion de couleur,comme Ion voirrapar cy après. Ariftote à moult bien deferit les Bifets: car comme les pieds, & le bec,& la couleur les font feulement fembler différents aux fuyards, Ariftote au cinqicfme liure des animaux chap.xiij.dk: Columbacei vero generis plures fpecies funtxfl enim Liuia diBa à liuore , diuerfum certc a Columbdgenus , quippe quœ minor, quant Coltiba jit,& minus patiens mafuefeere. Liuet etia plumis & pene nigruat , Çfpc* dibus rubiâis fcabrcs'ifque eft-.quas ob res nullus idgenus atllare dit. C'eft à dire, qu'en- tre les efpeces des Colombes , l'vnc eft nommée Kima . Car Liuor eft à dire corn- T>efcrif>- me couleur bife , les autres dient couleur de plomb. Aufsi eft différent à vne Co- non du Bi lombe,d'autant qu'il eft moindre,& ne peut eftre appriuoisé,& que leurs plumes f eU font de couleur fi liuide qu'elle en eft quafi noire , ayants les pieds , & bec rouges, & moult raboteux , 8< qui ne fe peuuent renfermer en lieu clos . La difficulté eft maintenât à fçauoir , fi noftre Biiet, que difons auoir efté nommé en Grec Pelias, & en Latin Liuia^d vne mefme chofe auec Vinago , qui eftoit nommée en Grec vimgo. biM.La. difficulté ne nous femble grande: parquoy nous en dirons ce qu'il nous en femble,fans laiflcr chofe en arrière de ce qui nous en donne plus grande appro bation : car puifcjue Peltos ou Liuia eft noftre Bifet , il fault maintenant monftrer en quoy il eft différent à Vinago, qu'interprétons Pigeon fuyard.Noz fuyards ne s'en vont point. Ariftote au douziefme chapitre du liure huittiefme, à bien dit que les Bifets, & R amië'rs fe partent. Valumbes etiam, dit i\,difcedunt , Liuia , née 3& LIVRE VI. DELA NATVRE Vélins en Grcc,Lima en Latin, Bifct en Tmnçojs, hiberndre apud nospdtiuntur : at que ctiam Turtures, & Hirundines: fcd Cohmbœ mi- nent. Il ne fault donc prononcer qu'Ariftote à nommé Inas, qu'on tourne en La- tin Vinago,8c Pelids ou Liuia, fous diuers noms,pour entendre mefme chofe. Vmago. Qentu. Des Pigeons Fuyards. CHAP. XXII. OIT qu'on ait nommé les Fuyards à caufe des Fuyes, ou pource qu'ils fuyent , pour n'eftre fi priuez que les Pigeons, toutesfois on lit au treziefme chapitre du cinqielme liure des animaux , en celte manière . Maximo inter hac gênera corpore funt Valumbes :fecundum mdgnitudinis locum obtinet Qenas,[iuc Windgo: pdulbmdior quamColumbm efl : minimum ex iis Turtur eff.Et au troifiefme chapitre du liure huittiefme,il dit: Alidfrugibus Viuunt M Pdlu- bes , Columbui,Vinago,Turtur. Vinago Autumnopotifimùm (y con(bicitur,& cdfitur: cui magnkudo maior Colubo,minor quam Valumbi e H.Et au premier chapitre du fixief me liure de l'hiftoire âiï.Columbce ctutem,V 'alumbes,Turtur,V ivdgo-,bindpdriunt oua. Sed Coliïba veldecies anno. Voila donc comme il parle de Velias &de lnas,ou Oenas, c'eftadiredesBifets , & des Fuyards , en diuerfes fortes & en diuers chapitres. Mais dirons quel argu ment peuuétauoir eu aucuns depéfer queL/«i«& Vinago eftoyent DESOYSEAVX, PAR P. BEL ON 313 eftoyent fynonimcs. C'eft,qu'ils fe font imaginé qu'il n'eftpas impertinét, qu'vn oyfeau ne puiffe bien obtenir deux noms. L'vn Inas ou Oinas , à câufe qu'ils fe nournflent des pépins, après qu'on â prefle la védange. Parquoy voyants les paf- fages d' Ariftote , ou il nombre les efpecesde Colombes , il femble qu'en iceux il n'a comprins les Bifets, fi non fous le nom deVinago. Donc n'auons voulu nous acorder à telle opinion , & permettre que le Bifet feuft mcfme chofe , auec celuy qui eft nommé Oinas } ou \nas en Grec,& Vinago en Latin:duquel parlerons en ce prefent chapitre , ayants des-iafaitmention de Liuia . Les grands colom- biers de deflus les châps ont obtenu le nom de fuyes,à caufe des Pigeôs fuyards, qui toutesfois font aufsi trouuez es autres païs de Grèce, & en Afie ne s'enfermét ' non plus que les Bifcts . Il n'y à aucun Pigeon fauuage que le Fuyard , & le Bifet: mais nous les auons aucunement apriuoifez pour en auoir profit. Si donc il s'en trouuoit quelque ramage,nous le voudrôs bien aduoué'r,& maintenir pour Inas, ou VinagoM eft de plus grande corpulence que le Pigeomcar Ariftote diuVinago paulb maior quàm Columbus efï: minor aucun Valumbus . Pline pouuoit faire quelque mention , tant des Bifets que des Fuyards,& toutesfois n'en à onc parlé. Il auoit peu lire en Ariftote fat l'vn que l'autre, en la mefme claufule qu'il à traduire des Ramièrs.Tant les Bifets que Fuyards fondeur aire le lôg des rochers precipiteux, fur les coftes des mers Orientales,& au Peloponefe:car nous fçauôs en auoir veu defnicher le long de la cofte de l'ifle de Cerigo . Ariftote dit qu'on le voit princi- palement & qu'on le prend au Autonne : & que lamaniè're de le prendre eft, quand il s'eft baifle pour boire. Nous péfons que c'eftoit auec vn retz (aillant. En- cor dit qu'il venoit en Grece,lors qu'il auoit efleué fes petits. Oints en Gtecyimtgo en Latin,Vujitrd en Trançqys. » s/va; iwtfa iitt\m ë<7 & qu'Arifto tey euft enuoyé fes oyfeleurs,pofsible n'euft il dit : Ncc Mfytiim alibi nafeens : Car les paifans des païs qu'auôs dit,luy euflent fait voir le côtraire.Et pour le faire bref, y ^ n'ayant différence entre luy& le noir, ne en la grandeur, & corpulence, becs, ^Zle pieds,& ïambes, & eftant de femblables meurs & pareil chant, ne luy voulôs fai- blmci re particulière decription plus claire, que de dire, qu'il fefault imaginer voir vn Merle noir eftre totalement blanchy:alors Ion aura la femblance du Merle blâc: car ce blanc a mefme manière de faire fon nid,& d'efleuer fes petits corne le noirj hors-mis qu'il ne peut eftre veu que en païs de montagne,fcachant qu'il à cela de particulèr , qu'il ne defcend ça bas pour y faire fa demeure : & à le manger on le trouue de mefme gouft que le noir. Nous entendons félon fa nature : car qui en nourrirait eacage,on le pourrait voir deflous terre : ioind qu'encor pour le iour- dhuy Ion en peutvoiren quelques villes es plaines de France ,=qu on y à ap- portez de la montagne. Cotryphos ecieucos enGrec.Mem!* .& 45. defployee:& qu'il fe mue de couleUr,eftant plus noir l'efté que Fhyuer. Le Merle fait fon nid auec de la terre,rond,& defcouuert,mettant au fond de la laine, ou au tre chofe molle.Lon à opinion qu'il fait deux fois fes petits par chafeun ai* & par ce commence de bonne heure des le printemps auant les autres oyfeaux. Il man- ge de toutes manières de viandes, Verms, femenecs, & fruiéts. Et pource qu il eft iî vulgaire , & qu'on le cognoift pour fon chant haultain en touts lieux , & qu on le nourrift en cage, il n'y à perfonne qui l'ignore. Les médecins tiennent qu il en- gendre DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 3 n gendre bonnes humeurs,acomparants fachairà celle delaGriue: aufsiontmain- tenant couftumc de concéder aux malades d'en manger , l'eftimants de facile digefhon. De l'Eftourneau. CHAP. XXIX. 'ESTOVRN EAVcft tant cogneu d'vn chacû,qu'il n'eft Eftout- ia befoing d'en parler par le menu. lia efté nommé des Grecs «eau. V feins, & en Latin Sturnus. Mais pource qu'il eft taché, & a di- Vf*™> uerfcs couleurs, & que la pierre Thebaique , dont font entail- Smnm ' lez les grands obelifques & grofles colorfcs des Egyptiens, eft. quafi femblable en couleur à fon plumage , les anciens nom- merét iceile pierre P/<*roni«w.L'eftourneau eft vn peu plus petit que le Merle, auf fi eft du nombre de ceux qu'on nourrift en cage pour apprédre à parler : qui n'elt chofe moderne : car Pline au chapitre quarente-deuxiefme du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle,dit,que de long téps les fils de l'Empereur auoyent vn Eftour- Vfaros en Grec,Swrnus en L«tin,Eftournetut en françqys S j ^z&t Ï57 Trsix'tMi.fvy.ÏQi J\' 'Qzr Shia» kotIvQk. Arift.Iib.51.cap.1y. neau qui parloit Grec, & Latin. Il eft de couleur changeante, de mefme le collier ^%f~- d'vn Ramier , & madré de merques tannées par tout le corps , méfiées de gris , & fEflour- de cendré, femees feulement fur le bout des plumes : lefquelles ne font commu- neau. nement comme celles des autres oyfeaux, d'autant qu'elles font plus eftroiétes & longuettes,comme font celles qu'on voit autour du col des Chapons. Et com- me l'Oftarde , la Cane petié're , le Tercot , la Gnue ont leurs taches diuerfcment deffus les plumes, quafi depuis la racine : aufsi l'Eftourneau les à feulement mer- m LIVRE VI. DE LA NATVRE quees pat les bouts.Les ieuncs ont le bec de couleur de corne, quafi aufsi long Se large,& quelque peu courbé en faux,comme celuy du Mero/w,& qui deuient rou- ge en vicilliflant,ainfi côme au Merle.Les plumes de fes selles & queue font bru- nes , bordées de tanné . Les Merles vont à grandes troupes en toutes faifons de l'année, fors qu'au temps qu' ils nourriflent leurs petits. Ils font leurs nids dedens les creux des chefnes par les forefts, ou dedens les pertuïs des haultes tours . Et pource qu'en prenant leur pafture ils mangent indifféremment toutes fortes de viande , ils font moult grands dômages fur les vignobles .' L'obferuation du maf- le a la femelle fert beaucoup pour les auoir bien châtants: car la femelle n'appréd fi bien à parler , que le malle . Parquoy pour les difeerner, on leur regarde la lan- gue . Les mafles l'ont poinctuë par le fin bout , mais les femelles l'ont fourchee. Les ieunes font fi femblables à vn ieune Merle, qu'on à peine à les cognoiftre. Et pource qu'on en prend grande quantité, on à acouftumé de les auoir en délices. Les Médecins modernes accordent qu'ils font de gros aliment. C'eft merueille fi les anciens n'en ont parlé . Les oyfeleurs , qui en ont prins envie , leur attachent quelque long fil aux iambes , bien englué, & allants vers vne groffe trouppe d'E- ftourneau, le laiflent voler parmy les autres: celuy qui emporte ce filet englué, s'entre-mefle auec les autres, & eft caujfoid'en engluer quelquesfois vne douzai- ne pour vn coup , qui tombent à tstfe autJt.luy : car ils volent près à près l'vn de l'autre. Quelquesfois l'Efmerillon s'eflayant d'en prédre quelcun de leur troupe, donne plaifir à ceux qui regardent le combat : car encor qu'il fe mette au milieu de la voleeJa multitude l'empefche, qu'il n'en peut chofir aucun. S'il les trouuoit feul à feul à l'efcart,il en viendrait à bout bien ayfemenumais ils volent en trou- pe pour plus grande feureté. De la Paifle folitaire. CHAP. XXX. E S hommes, qui font leur refidence en vn lieu,nepeuuenta- uoir l'intelligence des chofes qui font efloignees d'eux , s'ils ne l'ont par eferit . Il y avn milion d'hommes excellents en tou- tes fciences,viuants pour le iourdhuy en diuers lieux, & do&es es langues, qui en leur vie ne v irent lieu precipiteux , & ne le font trouuez en paflage dangereux, qui ne laiflent pourtant à bien parler de toutes chofes:entre lefquels fi tenions propos de l'oyfeau dont pré- tendons maintenantparler , pofsible qu'ils en voudroyent eftre creuz : tant cha- Pai/fifoli cunprefumedefon fçauoir.Nous deduifons maintenant vnoyfeau que le vul- gaire à voulu nommer vne Paifle folitaire. Si maintenant nous voulons enquérir la raifon,il ne fera trop difficile de la trouuer: c'eft que les habitants des lieux abif- mez entre les montagnes , trouuants vn certain oyfeau faire fon nid es précipi- ces des rochers, l'ont iugé folitaire.Et pource que ce paflage de l'efcripture,qui eft au Pfalme de Dauid cent & vniefme,ou il eft aitJPdjfer Solitarius in tcBo,c{h com- mun à plufieursitout ainfi leur à efté facile impofer tel nom à vn oyfeau, qu'ils co gnoifient aimer à fe tenir au defert. Au commencement que le veifmes,le penfaf- DES OYSEAVX, PAR P. BELON. il} mes feurement nommer Charadrias : mais ayants leu quelques merques de luy, tant en Fhiftoire Ethyopique,& Ariftophanes, comme en ce qu'Ariftote en à ef- crit, fommes refoluz de croire qu'il eft oyfeau différent à la Paiffe folitaire: chofe qu'auonsfaitapparoiftreen fon propre chapitre, en dcfcriuant lesoyfeaux de nuiét.Ceux qui hantent & habitent par les montagnes, oy ants vne douceur rama ge au chant des oyfeaux champeftres,prennent garde ou ils font leurs petits,à fin qu'en les denichant,ils ayent profit deffus: car ils les vont vendre aux villes pro- chaines. Et nous,qui fouuét nous fommes trouuez à les voir dénicher, auons ob- ferué les meurs tant du marie , que de la femelle. Cette Paiffe folitaire tient beau- Deferip- coup du Rossignol } aufsi en à elle la contenance, & eft de la groffeur d'vn Mau- r '°" de ,a ?mj]e fol/taire; taire. uis.Celuy à qui Ion ferait voir vn tel oyfeau,& qu'on ne luy euft point dit fon ap pellation,penferoit facilement que c'cft vne efpece de Griue : car toute la couleur de cefte Paiffe folitaire eft ainfi griuelee. Il y a diftin&ion du mafle à fa femelle: c'eft que le mafle eft plus hault en couleur.Le champ des plumes,principalement de dcffous la poicfrine,& des deux coftez eft de couleur de dacle : mais fes taches font de diuerfes couleurs. Le champ du deffus du dos eft cendré , taché de faulue: la queue de couleur roufle,tout ainfi comme le RofsignoLlaquelle il remue après auoir volé ou marché en auant.Ils à le bec rond, poindu, & blanchaftre, quelque peu obfcurcy de noir par le bout,& beaucoup plus fort que celuy d'vne Griue, & Merle:toutesfois il fe repaift de chair: car il mage des infectes en vie.il à. les iam- bes,& pieds comme celles d'vne Griue,& font de mefme couleur, & les yeux de mcfmes,qui font bordez de plumes blanches.C'eft par merueille fi Ion voit vn tel oyfeau voler en baffe plaine , ou par les vallées . Il fait aufsi fa demeure quelque temps de l'année deffous les tuilles faides en forme concaue,qu'on nomme im- bricees,par les chafteaux fituëz en hault lieu entre les montagnes, comme il apert par quelques lieux d'Auuergne. Telles Paiffesfolitaires ont iaefté veùës ennoz 3H LIVRE VI. DE LA NATVRE plaines de France, qu'on y voit aportees en cage , & rendues priuees: car mefme- mentle Roy Françoys amateur & curieux des chofes vertuëufcs , en à autresfois tant eftimé le chant, qu'il s'en dele&oit autant ou plus que de nul autre oyfeau. Le chant de ceft oyfeau folitaire eftant doux, & peu violant,en eft trouué de bô- ne grace,attendu qu'il chante aufsibien la nuit comme le iour, au moins quand il voit la clarté de la chandelle. Et ne luy {"cachants aucun nom ancien,auons feule- Liberalité m ^ m * s ^ m oderne.Pour ne difsimuler le bié dont il vient, & le fçauoir des per- d'eju. de fonnes,aduouons que comme M. Ian Brinon,feigneur de Villaines , nous a aidé Villaines en noz necefsites , lors qu'eftions en ce prochas, félon qu'il eft libéral enuers tou- emen /« tes perfonnes qui s'adonnent à chofes vertueufes:aufsi M.Loys Chefneau, qu'on hommes nomme Qucrculus , principal du collège de Tours à Paris fon précepteur , & le- doiïes. ^- eur public en Hébreu, nous à communique maints bons paflages des efcritu- fajtt res faindes fur cefte matière de noz. oyfeaux,qui autrement nous euflent efté dif- chefaeau ficiles.il eft d'opinion,felon qu'il apert en fes commentaires fur certains endroits leElew en ^ c J a Bible,que pour Vaffer folitarius, Ion pourroit entendre tout oyfeau folitaire; Hebnu. comme q U i di ro it, huis minimè gregalis:ou filon pouuoit dire huis foltuaga. De la grande Griue, qu'on nomme autrement à Paris de faulx nom , vne Calandre. CHAP. XXXI. Griue. CdUre. Ethimolo ne de U Griue. Ciferre. CicU. Turdi. Vifciuom ViLre. lliitcum. A DIFFICVLTE que chacun qui parlera des oyfeaux^ trouuera en la Griue , fera foudain efclaircie, moyennât qu'on en conftituë trois efpeces , à la manière des Grecs, & Latins. Ceux de Paris au lieu de nommer l'efpece la plus grofle de fon nom propre vne Griue, l'appellent vne Calandre : mais c'eft: par erreur.il eft manifefte que la Griue à ainfi efté appellee de fa couleuncar encor pour le iourd'huy difons vne chofe griuelee , quand nous la voyôs eftre tachée de noir fur le gris, ou autre telle couleur. Aufsi n'y à il oyfeaux plus madrez deuant l'eftomach , que font les Gnues : mais elles ne font pas ainfi deflus le dos : car ne la tefte , ne le col , ne les selles n'ont enfeignes. Les habitants du Lionnois la nomment vne Ciferre. La grofle furnommee Calandre, laquelle Ariftote compare en grandeur à la Pie, tient le premier lieu en ce genre. Il y en â trois efpeces,qui font cogneuè's,& diftinguees de ,ppres noms Frâçpys : car après celle qu'ils nomment la Calandre,qui eft la vray e Griue, eft cogneuë l'autre efpe ce,qu'ils nomment fimplement Griue , tiercement le Mauuis, quartement la Li- torne ont efté nommez d'vn feul nom Grec CicU, & des Latins Turdi: Mais Ari- ftote les ayant fpecifiez au vingtiefme chapitre duneufiefme liure des animaux, attédu que la Griue viuoit de Guis , par ce la furnomma Vifciuorum. L'autre à efte nommée de nom Françoys fimplement Griue,& aufsi Litorne,& en Latin ?ilare. Le Mauuis eft le moindre qui à efté nommé lliacum.La. Griue furnommee Calan dre eft moins commune,que les deux autres moindres efpecesxar elles apparoif- fent la plus part de l'annee,au contraire de la première eipecc, qui nous apparoift feulemét en l'hyuer.On les garde en cage, pource qu'elles chantent plailammét, quin'eft DES OYSEAVX, PAR P. BEL ON qui rfcft chofemoderne: car nous trouuons que Agripine,femme de Claude Ce- far^uoitvneGnuequ^roferoitlesrnotsen VUnem neefcnuo 1 tfonh 1 lto 1 re.Ilfemb equeles Romains les ayent engreflees en cage pourlesvendreenplammarch^carVarrodk^uelefum^ Gnues eft lenteur quifokpour engrefferles champs.Martialdzt, ^ C3 S CSdes j^f- InteretuesTurdusyfiquismeiudicecertet, relie. " \nter quadrupèdes gloriapnmaLepus. Maintenantque voulons donner enfeignes de la Gnue,d,rons qu'elleeft beau- couppIusgrandequvneLitorne.AnftoteauHeu^ deurdvneRe.Orelt-cequellenetientconftanimentfacouleurfcommeS Sijerre a Lwn. Les Grecs dient en y ovaire Myrthofoulli, & Synopoulli. ' Jufcr gradeclarteleas.afinquelesoyfeauxenfermeznevoyentles ovfeaUx de fhors,oudesa^ perchczpourafelesoyreaux.Lapaft des Gnues do^eftreaue? difigueTba- F 3x6 . LIVRE VI. DE LA NATVRE tuè's & de l'efpcautre,q les Italiés noment du F<*r:car les Griues ne peuuét viure de grains.Encor fault auoir egard,q quâd 16 en prédra vne partie pour tuer,on rieffa rouche point les autres : car oultre ce qu'elles ne s'engraifleroyent, fe laifleroyent mourir.Ceux qui les fçauent gouuerner doulcement,les engrènent à moult grâd profht.Lcs fauluages mangent aufsi la faine,& viuent du guis des arbres.La Gri- ue,furnommee Calendre , le Mauuis , & la Litornc ont vn petit bec court , mais la vraye Griue l' à plus iaulne.Lonâ acouftumé démettre des pots pour attirer les Griues à faire leurs petits fur le hault de quelque arbre : autremét eftants faul- uages, ont acouftumé de le faire de fange à la manière des Merles: mais la Gri- ue l'encruche beaucoup plus hault, & aufsi le fait de plus grande induftrie. Nous voyons les petites Griues en touts temps , combien qu'il femble qu elles s'en par- tent hors du pais d' Ariftote:car il dit qu'elles fe cachent, & de fait elles viuent l'e- fté des guis des arbres de Sapins , mais l'hyuer viuent des femences des guis fur les arbres frui&iers. Les médecins anciés dient , que la chair des Griues eft plus du re que celle des Poulles,Perdris,ou'Francolins:mais qu'elle engendre bonnes hu meurs , & que fa chair n'eft excreméteufe. Lon a acouftumé de les farcir auec des baques de Mirthe , & les roftir , pour donner à manger à ceux qui ont le flux de scjnopoul ventre>Les (3 recs VO y ant s l es Griues fe repaiftre des graines de Létifques ,Jes nô - Mynho- ment Scynopoulli. Comme aufsi eftants fréquentes au païs des Myrthes,diét Wiyr- fmili, thopoulllCcfte grande eft de plus excellent gouft que les trois autres. De la petite Griue. CHAP. XXXII. E NOVS euft efté mefme chofe auoir defcrit la petite Gri- ; ue au chapitre de la grande,fans en faire particulière d'efcriptio fcparee:toutesfoisnous l'auonsfait pour rendre meilleure in- ' telligence de quel oyfeau prétendons parler . Cefte petite eft celle que nous voyôs communemét voler à grandes troupes, V U & qui eft la plus cômune en noz plaines de France : & laquel- le lon maintient pour la vraye Griue , combien que ce ne la foit pas , qui ne la dit eftre la petite efpece.C'eft donc à bon droit qu'Ariftote , au vingtiefme chapitre du neufiefme liure des animaux, en à fait diuerfes efpeces en vn mefme genre. Nous allons l'authorité de gents de ce royaume , hommes fages,& dodes,& con ftituëz en dignité, àquiauonsfaitvoirqu'ilyàdes vrayes Griues en ce païs cy, & qu'on en prend aufsi l'hy uer:ils nous feroyenttefmoingsd'auoirveu la gran- de Griue vne fois & demie plus grande que la petite, qui eft de la corpuléce d'vn Vefcrip- Mcrle,celle des-ia qu'on nomme vulgairement Griue: n'ayants autre différence tion delà entre eux ,fmon que la grande eft beaucoup plus madrce de moindres taches. petite Gri Leurs becs,iambes,& pieds font de mefme couleur. Et à fin qu'on ne penfa" que ue • les plus grandes foyent les plus vieilles,& les petites plus ieunes, voulons faire fça uoir que ce font eipeces différentes , par ce mefmement qu'elles font de mceiirs differentes,& que comme la grande eft rarement prife en noz côtrees,aufsi la pe- tite eft rare au lieu ou il y â grande quantité des grandes . Les grandes fe paiflent d'oliues DÉS OYSEAVX, PAR P. BEL ON 3 z 7 d'oliues, & les petites de guis : combié que mefme viande puilTe paiflre toutes les deux.Or puifque il y à fi grande affinité entre les deux , qu'on s'imagine l'vn por * traicl par l'autre. Turdus Vifciiwrus rninor en Zatin } Commtine,ou petite Griue en Françoys. Du Mauuis. C H A P. X X X 1 1 T. V Y S qu'auons ia fpecifié deux efpeces de Griues, refte main- tenant à parler de la tierce,qui eft le Mauuis, voulants que no j ftre difcours fuyue le commun parler Fraçpys.Mais ce faifants prétendons monftrer que ne prendrons fi grande licence en , toutes les efpeces,que ne veuïllions bien nous accorder à la cô mune manière de parler: car fi d'auantureen faifant telle di- ftin&ion nommions vn oyfeau, Mauuis , comme feparé de la Griue , & que tou- Mmttiu tesfois il n'y euft différence finon en grandeur, ce feroit abufer feulement du ter- me^ non de la chofe:car la defcription de celuy qu'aurions mal nommé demou reroit toufiours entière pour celuy à qui elle appartiendrait: & à fin de ne faire di- CichU llinàct en Grec, Tmàm ilictcus en Lati^Mauuis, Trajle,& Toureten îrançojs. ftin&ion des noms,quifignifient vne mefme chofe,mettrons pour exemple que Griue & Mauuis foyentfynonimes,fignifiants touts deux vne mefme chofe, def quels toutesfois Ion en fait diftin&ionJl eft maintenant queftion,fçauoir à quels oyfeaux on les attribuera. Et fi dauantage les petites Griues d'vne année eftoyent diffcmblables aux vieilles, & que pour en faire differéce Fvfageles diftinguaft de F ij 3*8 LIVRE VI. DE LA NATVRE Touret. Defcri- ptwn du Mauuis. noms propes,les appellants Mauuis ; ne fauldrions toutesfois de fuyuir telle di- ftinâion , & maintenir cefte efpece cy pour Mauuis . Mais pource que fçauons pour aûoir efleué les petits de l'vn & de i'autre,qu'il y a différence entre eux,auôs bien voulu donner la defcription du Mauuis . Lon attribue aufsi plufieurs autres noms Françpys à ce Mauuis.Il eft nommé en noftre pais du Mans vn Touret, de di&ion correipondente au nom diminutif d'vn Tours. Et pour ne nous arrefter à telles appellations,voulants plus toftfuyure le vulgaire, dirons que le Mauuis fe- roit femblable à la petite Griue, n'eftoit qu'il eft plus mince , & plus iaulnaftre fur l'orengé par le deflbus,& principalement aux plis des a:lles,ayant aufsi des taches orengees en chafque cofté du col. La couleur de fes plumes du deflus de la tefte, & du dos font tout vn:fçauoir eft,du tanné fur le gris.Son bec,fes iambes,& pieds retiennent la couleur des Griues.il eft blanc deffous le ventre, comme la Litorne: au contraire des deux Griues, qui l'ont merqueté.Sa queue , & ailles font de cou- leur tannee,ayant les extrémités des plumes du fécond ordre , vn peu tachées de blanc par le bord . Les Mauuis font couftumiërs de fe paiftre des raifins , & faire grand degaft es vignes,comme aufsi font les Eftourneaux. Parquoylon en préd beaucoup en vendanges en diuerfes manières, & principalement auecvninftru- mét qu'ils nomment Bref. On fait cela en manière de pipee: car fans Huette,c'eft à dire Y Ma, l'on n'y fait pas grand chofe. Lon en préd aufsi aux gluaux , au grand chauld de l'efté,faifant vne loge le lôg d'vne mare en vne plaine , non trop loing des eaux. On les prend aufsi à la volee,comme encor en plufieurs aultres maniè'- res,que ne mettrons en ce lieu à caufe de briefueté. De la Litorne. CHAP. XXXIIH. Litorne. Defcrip- tion de U Litorne. . Aintenât que défaillons les oyfeaux en termes Frâçoys, qu'on oit communemét exprimer aux paifans,voulons diftinguer les Mauuis, & Griues d'aucc la Litorne. Quelques vns la confon- dent auecques la grand Griue furnommecCalandre,prcnants "vne pour l'autre. Parquoy auant que d'en parler plus auant, _ dirons ce qu'en trouuons.Cefte Litorne eft peu moindre que lagroffe Griue : mais plus grande que le Mauuis, de la grandeur d'vn Merle. Nous aiions quelquesfois veu qu'en la vendant on la difoit eftre vn Merle femel- le:de vray elle luy reffembleroit, n'eftoit qu'elle â le deflus de l'eftomach iaulna- ftre,taché de noir,& aufsi qu'elle eft blâche deflbus le ventre.Ses iambes , & pieds font noirs autrement que la Griue, grande & petite , & le Mauuis qui les à entre iaulnaftres,& blancs. La Litorne eft cendrée deflus la tefte,le col,& deflus le cro- pion.Le deflus du dos eft tanné,ay ant aufsi la queue noiraftre,commc celle d'vn Merle.Les fix premières pennes des selles font beaucoup plus noires que les au- tres d'après, qui tiret fur le roux,ou tâné.Son bec eft beaucoup fendu, moins long que celuy du Merle iaulne,pres de la tefte,en la malchouëre dembas, & quelque peu noir par le bout . Elle eft moins griuelee que l'a Griue , hors mis aux deux co- llez de l'eftomach , & aux plumes des coftez.:car le deffous de l'aille eft blanc: & d'autant DES OYSEAVX, PAR P. BELON. Cychla Trichas en Grec,Tuwlus fiUris en Ltfin,Litornc mTftmçvfs. d'autant qu'elle eft de moindre corpulence , aufsi eft moins vendue. que la Griiiéî Parquoy foit en manger ou autrement, la groffe Griue furnommec Calandre,eft toufiours préférée àlaLitorne. Nous prétendons que c eft elle, qu'Ariftote au vingtiefme chapitre,du neufiefme liure des animaux,à nommée Trichai, de nom Turd'ui Grec,qu'on à tourné en Latin Pi/drà:parquoy entendons nommer cefte-cy,T#r- films, dus pilaris. Du Phénix. CHAP. XXXV. 1 C E n'eftoit que chacun peut voir le plumage dvnbel i oyfeau eftranger,aflez commun dedens les cabinets des grâds ' feigneurs, tant de noftre pais que de Turquie, queftimions - eftre le Phenix,nous n'eufsions rien eu de nouueau à en efcri ^«tux. re après Herodote,Pline & plufieurs autres autheurs. Ceplu- , mage dont parlons eft feulement bourru, & entourné de plu mes déliées , qui font attachées à vne peau dure comme cuir , dont le milieu du corps eft dcfnué de fa chair & os : qui , combien qu'ils fuflent de petite monftre, toutesfoisont eftéoftez deleans, tellement que tout le plumage qui tient à ceftc peau eft trouué fans tefte & fans pieds. Mefsieurs Agricola , & Cardan entre les autheurs modernes en ont fait mention: mais pource que le dernier luy â trouué vn nom trop nouueau, nous Tarions trouué digne d'en faire mention en ce lieu. Vray eft que Tarions nommé au dernier chapitre du premier liure. Eftant donc ce corps de plumes fans tefte & pieds, M. G. Poftel, homme excellent en Hebrieu, F ii j 33 o LIVRE VI. DE LA NATVRE ^ifm. Arabe , & Grec, à prins argument de le nommer Apus , fuyuant l'opinion du vul- gaire , qui dit que ceft oyfeau fe nourrift de vent en l'ser , fans iamais defeendre ne fur arbre , ne fur terre. C'eft errer de le nommer Apus : car Ariftote au trentiefme chapitre du neufiefme liure des animaux à ainfi nommé les grandes Hirondelles criardes, qui nous font communes : par lefquelles Ion peut monftrer que ce nom luy eft mal impofé . Et pour prouuer qu' Ariftote n' à cogneu ceft oyfeau, métros ce qu'il en dit au premier chapitre du premier liure des animaux. Animal, quod vo- lucre tantùm fît, \tpifcis folùm modo natatile eH,nullu nouimus.Nom trouuons des au Rhyntct- theurs hiftoriens,qui à noftre aduis ont aufsi nome ceft oyfeau Kbyntaces: duquel ces - à efté eferit en cefte forte: Apud Verfas auicula gignitur nomme Kbyntaces , in qua ni- hïlinuenitur excrementi,fed interna omnia adipeplena.Quofit "vt eam a'tie atquerore fo lùm nutririarbitrentur. Parquoy fi eftions entrez en opinion que ceftuy-cy fuft le Phénix ce n' à efté fans caufe: car fçachât bien qu'Hérodote, qui eftoit long temps auât Ariftote,& les autres autheurs Grecs,& Romains en ont parlé, il eft tout ma nifefte,que ce que les autheurs Latins,& Grecs,qui font venuz depuis luy,en ont dit de bon,à efté extraie!: dudit Herodotc.Et toutesfois Ariftote,qui â leu les liures d'Hérodote, n à fait aucune mention du Phénix. Tout ce que Pline à eferit du Phénix au fécond chapitre du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle,parlant de Ma nilius fenateur,eft prins d'Hérodote: toutesfois Hérodote mefme dit n'en auoir veu qu'en peinture.Donc s'il eftoit ainfi qu'il n'y euft qu'vn Phénix en ce monde, il auroit efté difficile de le faire mettre en peinture, comme difoit Hérodote. La- dance,Claudian,Ouide en fes metamorphofes, Solin,& plufieurs autres ont par- lé du Phénix. Or Phénix eftdediuerfesfignifications: car c'eft aufsi le nom d'v~ Vhœnix, ne herbe. Soit que nous lifons en la vie de certains Empereurs qu'ils en ont veu nomd'her viure en Arabie , cela ne peut engarder qu'il n'y enpuiffe aufsi auoir ailleurs . Le he ' plumage duPhenix(au récit d'Hérodote , dont Maniliusi'auoittranfcrit,)doic eftre comme doré,c'eft à dire de couleur Phenicee : car c'eft de la, dont le Phénix â prins fon nom , pour la couleur de datte . Ce que ledit Pline â amplement dé- claré au quatriefme chapitre du treziefme liure de l'hiftoire naturelle, parlant delaPalme,encefte manière: htinmeridianoorbe prxcipuam obtnient nobtlitatem Sy agri,proximâmqueMargarides. Et puis après dit: Vnaearumarbor in Cbora ejj'e traditur^na & Syagroruw-mir unique de ea accepimus , cum Vhœnice aue,quym/>- de la grandeur d'vne Aigle. Les plumes qui font autour de font col, font de cou- rion du leur refplédiflate ftir l'or. Le demeurât du corps eft de couleur purpuree.Sa queue Pkmx. eft entre couleur de blauez, & diftinguee de plumes de couleur de rofes . Le def- fus de fa tefte eft embelly de la forme de crefte de plumes efleuees . Tout cela, ou chofes femblables a raconté Pline touchant le Phénix : mais des paroles qu'il dit encor fuyuantes au mefme chapitre,il femble que les autres autheurs, & principa- lement Ariftote,le nomment Qindmomws, Combien que le mefme Pline parle cinamo^ aufsidu Cinanomus, Manilius( dit Pline au mefme paffage) homme très diligent mus. entre les hommes Romains de robe longue, à efté le premier qui en à eferit en Latin. Ceftuy très grand fenateur, excellent en fçauoir, fans auoir efté aprins par aucun enfeigneur , à dit, qu'il ne s'eftoit trouué homme, qui euft veu vn Phé- nix mangeant:& qu'il vit en A rabie fix cents &c foixante ans, eftant côfacré au So- leil:mais que fe fentant enuieilly, il compofefon nid de rameaux de cafle odife- rante , & de rameaux d'Encens , lequel iî remplift d'odeurs, & meurt la deflus: & que des os & moelle il naift premièrement vn petit verm , dont puis eft engen- dré le poulfin du Phénix . Et après que les habitants ont fait les funérailles du Phe nix mortels emportent fon nid en Panchaye, en la ville du SoIeil,& la ils le met- tent deflus l'autel. Aufsi le mefme Manilius efcrit,que la conuerfion de la grande Gf * nie année fe fait auec la vie de ceft oyfeau : & que de rechef les fignifications des téps, mé L«an/<*,ayants ouïr fon chant continuer en \ l'vmbrage obfcure: fçachâts queLacwen Latin, > eft à dire vmbrage,dont eft venu Lucima. Ceux Phylome- qui le nommèrent P^j/owe/tf, empruntèrent le nom d'vne fable ancienne, qui / "« dit que Pandion Roy d'Athènes eut deux filles, l'vneProgné, l'autre Phylome Pro £" é - h.Progné eftoit mariée à Tereus Roy de Thrace . Icelle ayant demeuré auec luy Tcr ""' l'efpacc de cinq ans , luy vint vouloir de voir fa feeur qui eftoit en Athènes : par- quoy pria Tereus vouloir qu'il l'enuoyaft quérir : mais il y voulut aller luy mef- me . Et s'eftants embarquez pafferent la merEftant Tereus arriué la , des-ce qu'il eut veuë Phylomela,en deuint amoureux.-toutesfois celant fon amour,en fin ob- tint de fon pere, qu'il l'emmenaft en Thrace voir fafœurProgné.Et ayants fait voile,arriuerent en Thrace:mais foudain qu'ils furent à tcrre,ne pouuantplus ca- cher fon defir , il la viola. Iceluy voyant qu'elle en eftoit moult courroucée , luy coupa la langue,de peur qu'elle ne le fignifiaft à fa feeur : ioind: qu'il la tenoit en- fermée. Alors Phylomela fe va auifer de tirer à l'eguille fur la toile,le tort que Te reus luy auoit fait , & l'cnuoya à fa feeur: laquelle pour venger l'iniure , fit venir Phylomela, & tuèrent Itis fils de Tereus,pour luy en faire manger à difner.Phylo JW* mêla fe tenoit cachée derrière vne tapifferie, iufques à ce que Tereus demâda ou eftoit Itis. Alors Phylomela,qui en tenoit la tefte encor fanglante,la rua au vifage Gij 33 îltl*.i J àiKÎm $ «tJK»«. AriMb.<î.animal.cap.7. ne chante aufsi bien,tellemét qu'en noftre Frâce on l'enferme en cage , & la tient on au lieu d'vn Rofsignol. Auffi auos enfeignes qui môftrent,que e'eft elle qu'A- . riftote au feptiefme chapitre du fixiefine Hure des animaux, & au troifiefme cha- Hypoùk P itre /* u huittiefme liure,à nommée en Grec Epilais ,ou Hypoldis,que Gaza a inter- cunuca. ' P ret ^ Cwsa ) q ui e ft P ar l'expérience de ce qui nous fait voir , que le plus fouuét leCoqupondenfonnid.Cen'eftfansraifon que le vulgaire de Grèce la nom- me Potamida, car elle fuit communément les ruiflelets : pource qu'elle y trouue mieux fa pafture,qu'elle prend de vermine en vie, qu'elle ne feroit ailleurs. Nous luy donnons ce furnom de pIombee,à la différence de la roufle , qui fera d'efcri- tepar cy apres:car la Fauuette prend ce nom de ce qu'elle entre dedens les foffet- tes & creux des murailles , retenât le mefme nom en Françpys,que les Latins ont prins des Grecs.La femelle eft différente au mafle,de ce que le fommet de fa tefte eft tanné, DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 34 i eft trouué,ay ât cela de particulier corne la femelle du Rofsignol de muraille,à qui le deffus de la tefte eft tout noir. Lon ne fe fçauroit trouuer l'efté en quelque lieu vmbrageux le long des eaux, qu'on n'oye les Fauuettes chantants à gorge def- ployee, fi hault qu'on les oit d'vn grand demy quart de lieuë. Parquoy c'eft vn oyfeau ia cogneu en toutes côtrees. Il y en à qui pronôcent Faruatte. On ttouue f rfWMWf ; leur nid ordinairement tiflli de poils de la queue d'vn chcual ; à l'oree de quelque grand chemin,bien près de l'eau. De la petite Fou ette, ou Fauuette rouffe. CHAP. III I. A FOVETTE,ou Fauuette rouffe eft l'vn des petits oy- feaux , qui nous à le plus dôné de trauail à luy trouuer vne ap- pellation antique. Et toutainfi que les hommes habitants au feptentrion fe cachent fous terre pour la grande froidure, & ceux du midy pour la véhémente chaleur, ont efté nommez par les Grecs , Troglodytes , c'eft à dire,entrants es cauernes : & Trogkdj- penfons que le petit oyfeau que nous nômons Fouette rouffe, pource qu'elle en- f « • tre dedens les foffes,quelques anciens par femblable raifon l'ont nommé Troglo - ^ oue " e dytes. Les vns penfent qu'il faille dire Fauuette,de la couleur fàuue:mais llEtbimo nu ^ e ' Troglodytes en Grcc,& Lutin, fouette touffe en Funçoys. 2â logie de Troglodytes \ enfeigne le contraire, & qu'il fault dire Fouette à Foueis. Elle reffemble moult au Rofsignol de muraille,hors mis qu'elle eft beaucoup de plus petite corpulence , ayant le corps longuet . Nous auons eu opinion que c'eft el- le , que les médecins Grecs Paul & Aece , ont eferit, auoir tant de vertu contre la pierre.Defcriuants cefte Fouette rouffe,& ayâts cogneu que le mafle eft plus rou- gcaftre,aufsi auons feeu que la femelle eft plus blefme.Et entendants que ceft oy- ieau vit de verms,fon bec eft delié,& lôguet. Aece deferiuât Troglodytes à dit cho- 34i LIVRE VII. DE LA NATVRE fe conforme à ce que nous pouuons diredelaFauuette:maisiIy à difficulté es mots du texte, quand il dit qu'elle feroit moult femblable au Roytelet, n'eftoit qu'elle n' à point de plumes dorées fur le front. En ce lieu il eft manifeftc,' que ce qu'il à dit du Roytelet , doit eftte entendu de Tyrannus , que nous nommons vne Soucie, duquel parlerons par cy après. Ceft pourquoyauons des-ia par cy dcuant pensé que le Roytelet eftoit celuy que nous dcuions nommer Troglodytes: mais puis après ayants veu que cefte Fauuette roufle han- te les hayes & les murs,& fe nourrift des verms,& aufsi eft l'vn des plus petits des TyrSnus. oyfeaux,exccpté le Poul,qu'Ariftote aux liures des animaux appelle Tyrannus , Se Regulus. j e R y te l et q U 'il nomme Régulas , & l'oyfeau qu'il nome A plus, auons facilemét m ' accordé au penfer que Aece & Paul entendent de cefte Fauuette, parlants du Tro glodytes,ôc non pas du Roytelet.Elle fait cômunemét cinq petits,& dont les ceufs font cendrez, tachez de noir. Ceft vne chofe infallible, qu'elle fait fon nid dedés quelque herbe, ou buiffon parles iardins, comme furvnecyguë, ou autre fem- blable,oubien derrière quelque muraille de iardin es villes, ou aux villages. Elle l'enduit par le dedens auec de la foye de cheual fi induftrieufement, qu'il eft per- fé à claireuoye,comme vn faffet, tellement que quand fes petits fe nettoyent, tou tes les immundices paffent au trauers . Et par ce point fonttoufiours nets . Cefte Defcrîp- Fauuette n' à guère plus groffe charnure que le bout du doigt . Elle n'eft que d'v- tion de la ne feule couleur de mefme celle de la queue du Rofsignol,& par ce n à à faire de Fauuette plus longue defcnption. Ceft vn oyfeau qu'on ne voit en hyuer, non plus que le roujfe. Rofsignol,& la Fauuette brune. Du Roytelet. CHAP. V. Roytelet. Trochy- lus. Vrefuis. Senator. Regulus. Cladonn- chus. Roy ber- tauld. Berichot. Bœuf de Dieu. E ROYTELET n'eft le plus petit des oyfeaux: car celuy que deferirons maintenât eft encores plus petit. Et pource que ceftuy-cy eft veu voler en toutes contrées , fe manifeftant par fa voix, aufsi eft il cogneu de toutes gents . Les Grecs l'ont an- ciennement nommé Trocbylos,Prefuis,ou Bdfdeus,&c les Latins Troçhylus, Senator, Regulus. On le nomme aufsi Cladorinchus, qui eft celuy qu'on dit entrer dedens la gueulle du Crocodyle, pour luy curer les dents.ll eft diuerfement nommé en Françoys:car les vns dient le Roy Bertauld, les autres vn Berichot,les autres vn Bceuf de Dieu. Il aime à fe tenir feulet,& mef- mement s'il trouue vn autre fon femblable, & principalement s'il eft mafle, ils fe combatront l'vn l'autre, iufques à ce que l'vn demeure vainqueur . Et eft affes au vainqueur que le vaincu s'enfuye deuantluy.il eft toufiours gay,alegre,&vioge, ayant la queue' troufTee,comme vn Coq. A riftote au neufiefme liure de la nature des animaux, chapitre vnziefme en a amplement parlé . Il fe nourrift ordinaire- ment par les buiflons(dit il)hantant les pertuïs, & ne fe prend finon auecques gra de difficulté . Ceft vn oyfeau qui n'eft iamais melancholique, toufiours preft à chantenaufsi l'oit on foir & matin de bien loing, & principalemét en temps d'hy uenlors il n à fon chant gueres moins haultain, que celuy du Rofsignol. Arifto- tedk DES O Y S E A V X, PAR P. BELON. 34 te dit au mefmc lieu,que pource qu'il eft nommé Senateur,& Roy,iî à combat cô tre l' Aigle.Mais penfons que ce combat procède non pas de force , mais de la di- gnité royale.Ce n'eft doc merueille de voir inimitiez entre géts de diflemblables qualitez , veu que le Royteletdefipetiteftaturefaitnuifanceà^' Aigle, qui mai- ftrife touts autres oyfeaux. La ftruâure du nid de ce Roytelet,tel qu'il le fait com munement , à la couuerture de chaume , qui dedens quelque pertuïs de murail- le eft compofé en forme ouale , couuert deflus , & deffous , n'y laiflant qu'vn feul moult petit pertuïs , par lequel il y peult entrer : combien que Ion en trouue aufsi qui habitent es forefts, dedens les efpoiffes hayes & buiflbns. Ses petits font moult difficiles à eleuer pour les nourrir en cage:car combien qu'on les nournfle Tmhilw,CUdorinchtis,PrcfMS,& Vafdeusen Grcc,Rex (tumm^cnator^Kegulus en Latin, Roytclct,Bœuf de~Dieu,{çr Bemhot entrants. c'o )?o^Mt %) hiy^uti.t î) TfKyhm o'miï.Jbmtenix o ïj =fl£!(7rrâr,!csù 7ij»3w ttSnvis. aùCU-ns ;} xsiî-n- i X'^'l^Aw 3 "ty sîCtfjicsrî (ixGihcwt.fio lij iij kvm wrà <.Arift.lib..si.animaI.cap.ii. iufques à quelque temps, fi eft-ce qu'ils fe meurent à la parfin. Mais fi d'auenture Ion en peutconferuer aucun ( qui eft chofe qu'auons veu aduenir ) Ion â autant de plaifir de fon chat que de nul autre oyfeau,d'autât qu'il châte le lôg de lhyuer. Vefcrif- Tant le ma^le que la femelle font de couleur enfumée , ayant le trauers des adles twn ^ H merquetees de noir & cendré, comme aufsi eft la queue . Son bec eft longuet , & Roj>te! " foible : car n ayant eu affaire de grand force , pource qu'il ne caffe les grains, il vit de verms mollets. Nature le luy a baillé grefle, refséblat à celuy de la Bergerônet te. Il à vne petite langue affez lôgue,qui tient tout le lôg de fon bec. Aufsi â bon- nes iambes, & bons piedz: & nournft cômunemét fix petits,& quelque-fois huit. 344 LIVRE VII. DELÀ NATVRE Aultre moult petit oyfeau,que les Lorrains nomment Chofti,c'eft à dire Chanteunceluy pofsible qu Ariftote à nommé en Grec Oe/?r«»/,& Gaza à tourné Afilus : qu'on pour- rait autrement nommer en Françoys Chantre. CHAP. VI. Cbofti. Chateur. Oeflrum. afilus. P R E S le Roytelet,& le Poul, ne cognoiflbns oyfeau de mo- ' indre corpulence que ceftuy, dont parlerons maintenant . Les Lorrains le nomment Chofti, qui vault autant à dire en Fran- 1 çoys, comme Chanteur . Nous l'auons foupçonné eftre celuy >qu' Ariftote à pris pour Oe/?n:l'vne,qu'on l'auoit ainfi nommé en Grèce, à caufe de fa peti- te corpulenced'autre que telle moufche mené toufiours bruit des selles . Aufsi eft- ce que ceft oyfeau ne cefle guère de chanter.ll feroit femblable au Poul , qu'auôs Oejiros en Grec,^ifilus enLatin,Choftt,ou Chanteur en Trançoys. S «T oî'3/Jsf $a,ys. Arift.lib.p.cap. j r. Ïj.UL Dejcrlp- mn du nomme ly^HK^n'eftoit qu'il n' a point de crefte iaulne fur fa tefte,& toutesfois chantre, à du iaulne au ply des ailles : ayant aufsi quelque chofe de iaulnaftre fur les bor- dures des adles,& de fa queuè,& fur le dos:mais le deffous de l'eftomach eft quel- que peu rouffaftre, & le deffous du ventre blanchaftre. Ses iambes, pieds, ongles, & bec font noirs:mais les orées du bec iaulniflent.il eft longuet,& débile, propre à prendre des verms:aufsi vit il de beftes en vie,& non de feméces.& vit en 1 vm- ■.rj us brage des haultes forefts . Oultre ceft oyfeau ainfi nommé , il y à encor vn peut Qeftj} poiflon qui eft pareillement nommé Oeflrum en Grec , & Afilus en Latin, duquel ftfas. auons baillé le portrait en noftre liure des poiflbns . Mais pource qu'aucuns 1 ont prétendu calumnier , ferons apparoiftre quec'eftàtort,monftrants qu'ils nous vouloyent faire à croire,que n'ayons bien entendu, que le Poul de mer, & la Pul- fe de mer font d'efpece différente d'auec Tauan de mer.Ceft endroit nous eft ve- nu à DES OYSEAVX, PAR P. BELON. H$ nu à propos pour nous en exeufer cnuers les iuges équitables. Voila qu auons eferit au chap.De Afilo, ou Oejîro, en noz liures intitulez de Aquatilibm , ainfi que fenfuit. Ariîloteles oBauo de hïslona animalium, Thunni, inquit, Gladij agitantur Oeflro,canis exortu: habent enim y trique per id tempus fubpinna ceu Vermiculum quent Afilum vocant. Idem etuthor Videtur Oejlrum feu Afilum diuerfum a Pediculo ®> Vulice conTtituere ,quumeisetidmfeorfum nomina propria, t toutesfois Gaza l' à tournée R uticilU . Mais noftre Gorge rouge fut nommée en ge. Grèce Erhbacus, que Gaza à traduit Kubeculd. Parquoy voulants nommer vn au- Eritbacm tre £ ce p ro pos, ferons que l'affinité,qui eft es di&ions , ne trompera. Anftote nô P*W« mo * t au *" aU tr01 ^ e ^ nc chapitre du huittiefme liure des animaux ,PjiTfco«/lj tvvt> l^oto'^. Arift.lib.8.cap.$. eft quelque peu plus long , droit , noir & quafi rond, foible, & qui monftre bien qu'elles n'ont pas affaire de grand force à mordre ce dont elles viuent. La Lauan- diere eft madrée défais le dos. On luy trouue deux lignes blanches deffus les x\- les,qui procèdent du fécond & tiers ordre des plumes de deffus l'a; lie. Tout le def fous de fon ventre eft blanc: mais il porte vne tache noire deuant l'eftomach , & à vne ligne noire en chafque cofté du col, qui luy procède des racines du bec. Auf fi eft cendrée deffus la tefte, mais le deffous de la gorge eft tout blanc . Ses fourcils font bordez de taches blanches. Sa langue eft déliée, plate , & poinctuë . Ses iam- bes & pieds font noirs : & eft affes hault eniambee, & court fort . Elle à vne enfei- gne particuliëre,par laquelle on la voit enfuy ure les oyfeaux de riuierc,c'eft qu'el- le â les dernières plumes de fes aelles ioignantle corps, aufsi longues, que les pre- mières de deuant, lefquelles Ion trouue aufsi en touts autres oyfeaux , qui viuent de mouches & verms de terre,Pluuiers,& Vanneaux:mais fa queue eft moultlon gue: fi ce n'eftoit qu'elles quelques plumes blanches entremeflees parmy » fem- bleroit eftre toute noire. Et tout ainfi que la Bergerette â les plumes de deffus le cropion toutes noires,pareillement cefte-cy oultre ce qu'elle les à femblables , el- le â aufsi les plumes bigarrées iufques deffus les genoux. Les ieunes Lauâdieres de fix mois DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 351 fix mois font d'autre couleur que les vieilles dvn an,qui ont mué leur premier plu mage.La Lauandiere n'eft pas de la nature de la Bergerette : car mefmement Ion prend fi grande quantité de Bergerettes durant les mois de Iuillet ,& Aouftxom me au contraire en Septébre,& Ocl:obre,lon préd des Lauandieres , & non point de Bergerettes. Encoresyàvneautreforte de Lauandiere qui n'eft moindre que la fufdite: qui n'eft plus groffe qu'vne Bergerette . Il femble que c'eft quelque efpece entre les deux. Et pource qu'elle eft quelque peu diffembîable à la Lauandiere , l'auons voulu conftituer,comme efpece differente:car par l'obferuatiô qu'on en peut fai- re , Ion peut trouuer des enfeignes , qui monftrent qu'elle eft différente à lapre- miëre.De touts oyfillons fauuages,il n'y en à aucun qui foit fi priué que les Ber- gerettes, & Lauâdieres:car elles viennent iufques bien près des perfonnes fans a- uoir peur, & font vne voix haultaine& claire en volant, ou quand elles ont eu peur: qui eft pour s'entr'appeller. Maisencoroultre celâ,fçauent rofsignoler du gofiërmelodieufement:chofe qu'on peut fouuentesfois ouïr fur le commence- ment de l'hyuer. De la Bergerette,ou Bergeronnette iaulne . CHAP. XI. A BERGERETTE eft de plus petite corpulence que la Lauandiere, comme aufsi eft de femblable couleur, & n' à les iambes & pieds noirs , comme la Lauandiere , mais trop bien ont leurs becs femblables,finon que la Lauandiere l' a vn peu plus noir. La Bergerette eft cendrée deffus le dos , qui toutef- ois retire plus au4au4ne orengé.Tout le deflbus du ventre,de la queuè',& les plumes des cuïffes font bien iaulnes. Ses aelles font proprement de la couleur de celles d'vne Bruande,efquelles Ion trouue aufsi vne ligne blanche, tont ainfi comme en celle de la Lauandiere, qui eft es greffes pennes , & non pas es plumes de deffus.Ariftote au huittiefmc liure des animaux,chapitre troifiefme, défaillant vn oy feau qu'il nomme Cnipologos, & en Latin Culicilega, ri â pas en- tendu de cefte Bergerette,mais de la Lauandiere: & pource qu'il y à différence en ces deux,& que Ion n' à aucun nom ancien pour exprimer laBergerette^xsn la co ftitue pour vne efpece de Lauandiere. Il y a diftin&ion en la Bergerette du mafle à la f emelle,c'eft que le mafle eft fi fort iaulne par deffous le ventre,qu'on ne voit aucu autre oyfeau qui le foit plus. Aufsi à autres lignes iaulnes paillees,qui luy pré nent depuis le bec & montent aux fourcils,& redefeendent vers le col: fa poiâri- ne eft orengee . Mais la femelle eft cendrée deffus la tefte , & deffus le dos . Et au lieu que le mafle a les fourcils orengez, elle les à blancs. Touts deux ont vne plu- me en chafque cofté du dehors de la queue , blanche : le dedens eft cendré . Mais pource que les oyfeaux châgét leurs peintures felô leurs aages, Ion en voit prédre au mois d'Aouft fi grade quantité qu'on les apporte vendre à la ville à centeines. Et toutesf ois en autre faifon font fi rares,qu'on n'en peut recouurer.On les obfer- ue quelque peu châger leur couleur en hyuer . On les trouue en certains liures de H iiij De/crip- t ion de lit te. 35i LIVRE VII. DELA NATVRE Bergeron Fauconnerie,qui les approuuent grandement pour repaiftre vn Faulcon ] qu'on nettes bon Veu ] t f a j re muer incontinent.Tels en font les mots.Mettez, grâd peine(difent ils) / " fW- ^ e recouurer menu2 ' oyfeaux,qui hâtent les riuieres,nommez Berger6nettes,qui font petits , & ont la queue longue : & parce qu'il y en â de plufieurs manières, nous parlôs icy de ceux qui font vers.Cela difoit l'auteur du liure de Faucônerië. les cons en mue. Du Culblanc , ou Vitrée. CHAP. XII. Culblanc ^T^^^^P ^ Culblanc eft oyfcau de la grofleur d'vn Torchepot:fon mâ- ger efl tant de verms de terre, que de chenilles qu'il trouue fur les herbes . Il fuit communément les charues , & le labourage pour manger la vermine qu'il trouue en la terre renuerfee du foc.Sa contenance reflemble à celle du Rofsignol, mais ne hâ- , te point par les grands bois, ains fe tient par les petits buiflons, & ne tait pas de grands volz . Si ce n'euft efté que l'auons veu voler par deffùs les buiflons de Crete,n'eufsions osé l'affermer auoir quelque nom ancien , & de fait Oenanthc en Grec, Vitifiora en Latin,Vitrec,ou Culblanc en Tranfoys. Oenathe. Vitifiora, Vitrée. Defcrip- twn du ne luy en trouuons aucun plus couenable que de le nommer en Grec Oendnthe, que Gaza tourne en Latin Vitifiora : qui eft appellation côforme à ce que les Fran- çoys le dient vn Vitrec.il fait fon nid en quelque pertuïs,dans vne vieille mafure, quelquefois contre terre dedens le pas d'vn beuf,ou dedans v ne carrière. Ce Gul- Culblanc ki anc c fl. des couleurs,comme fenfuif.C'cft,que fon bec,fes elles,fes iambes, & le ou vitrée. bout de fa ë fom noirs>Le deffus du dos e ft cendré . S on bec eft proprement ^ fait DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 353 fait comme celuy d'vn Pluuier. A ufsi à la langue longue,& plate.il fait commu- nemét de cinq à fix petits,& qui font moult femblables aux plus grands,defquels le bec eft rond,& longuet.L'on n' à acouftumé d'en faire eftime,attendu qu'ils ne fçauent point chanter.Aufsi n'en tient Ion communemét en cage. Et qui en veult nourrirais les faut paiftre de telle viande que le Rofsignol.Ils fe rendent moult pri uez,quand on les a nourriz de ieuneffe. Ils courent moult vifte fur la terre , corne aufsi fait la Bergeronnette . C'eft vn Oyfeau qui à petit pied , toutesfois fa iambe eft aflez longue.Tout le deffous de fon ventre , comme aufsi deffus & deffous le cropion,& partie de la queue font blancs :dont il à prins le furnom de Culblanc Du Chardonneret. CHAP. XIII. Ombien que l'appellation Françpyfe du Chardonneret ne cLrdon- > vueille figniher autre chofe que ce que les Grecs dient kun-nmu \ibs: toutesfois ce n'eft pas luy, qui puiffe obtenir ceftefignifi- } cation. Car Acanthis, heantbilis, Sptnus, ou Ligurinui, eft celuy que les Prançpys appellent vn Serin . Parquoy nous nomme- SKvU^rT rons noftre Chardonnerct,Cdni«efe en Latin, & en Grec Piki Iw,que Gaza à traduit Varia. Anftote au premier chapitre , du neufiefme hure des y 'J™ animaux , dit qu'il eft l'ennemy des Alouettes, pource qu'ils fe mangent les oeufs VàtlisenGrec^arduelis en Latin:Gaz$ «dityamChardormcret enïrançoys* •jtbum'JW 3 ij •/AfvSSns mhifûtn ïV.tm $ râà i&Ti£iî°u Acanthidadumi. Ltgunnw On dit donc Acanthis, Spinus, & Ligurinus eftre fynonimes, mais différents à Car- duehs:Câr Pline au dixiefme liure de Moire naturelle,a vsé de cefte diction Car duehs , pour exprimer le Chardonneret , & Acanthis pour fignifier le Serin . Gaza trouuant cefte di&ion (Acanthis) Latine,ne s'en eft voulu côtenterrearil l'a tour- née Ligmnus : toutesfois pofsible qu'il s'eft voulu feruir de la vulgaire di&ion de fon DES OYSEAVX^ PAR P. BELON. $55 ^cmthis enGnc.Spims &Li£uri»m en Latin, SermenFmfqys; cap.j.& lib.p.cap.i. fon pa'is.LeSerineftbienfort femblable au Tarin , GnÔ qu'il eft quelque peu plus iaulne,& de moindre corpulence. Il a le bec court de couleur pafle . Le deflus de fa tefte,& du dos n eft du tout fi iaulne que le Bruant:mais le deflous de la gorge, & de 1 cftomach, auec fa couleur iaulne eft quelque peu madré de tanne : auisi la queuë,& le dcffus du cropion,& des selles eft de iaulne paillé.Et les bouts des plu mes de telle font noirs.Anftote dit qu'il pond douze œufs, & qu il s en part hy- uer de la capagne pour aller trouuer les forefts.il y à inimitié entre 1 Afiie & le Se nn:car l'Aine rongeant les bourgeons des efpines au printemps luy fait toberfon nid, dont ils ont inimitiez. Il y a vn autre petit oyfeau nomme de nom Grec Chrjfomîtr^aue Gaza tourne Auriuittis, comme portât vne coëffe dorée : lequel penfafmes quelques temps eftre le Serin . Mais M. Antoine Martinellus flament nous en monftra vn fec , & falé à Padouë auant noftre départ , difant qu'vn fien amy M.Turnerus médecin Angloys le luy auoit enuoyé. Qui fut caufe de nous efttearrefkzànoftre Serin :ioint que le vulgaire de Grèce le nous confirma de- puis.Parquoy ne dirons autre chofe du Chrj/fotnitris pour celle fois. Du Tarin. C H A P. XV. O VS appelions vn petit oyfeau Tarin, pource que l'oyons Tarki S prononcer telle voix en chantant. Il eft au fécond lieu de bié S» chanter après les Serins . Aufsi font-ils moult femblables. Il cK mange la femence des char dons,ou d'autres plantes: Car il ne fe touche point à la vermine, non plus que le Chardonneret . il _ femblc que les Grecs en ayent eu cognoiffance, le nommants nom quafiapprochantduFrançoys.Carlontrouuequ'Anftoteen à cogneu y fa ' qu'il nomme Thraupis, au troifiefme chapitre du huitiefme liure des animaux. De/crip- tion du Serin. chryfomi tris. ^iuriuit- tis. ^intmius Martinet lus. Tumerus médecin *4ngloysi de vn 35* LIVRE VI I. DE LÀ NATVRE Thmpîs en Grcc,& Latin } Tmn en ïrtnçqys. » fywms àwSn>qu'interpretons Li- note,eft moult petit oyfeaud'interprete au fuperlatif A«w minimd , qui a diflentiô auec l' AOae, pour ce (dit il au premier chapitre du neufiefme liure)que frottât fon dos aux buiflons,il iecte bas les nids de la LinotcEt aufsi que quand fes petits l'en tendent braire, ils en tombent du nid de peur qu'ils en ont : pour laquelle iniure l'oyfillon fe voulant venger, luy vient mordre fes playes efcorchces . Encor dit, au quinziefme chapitre du mefme liure: hegithus eft cognu faire beaucoup de pe tits,& fe nourrir commodement,mais il eft boiteux d'vn pied. Les oyfeleurs font 358 LIVRE VII. DE LA NATVRE fidui&sdebienobferuerles oyfeaux, qui font aifez. à nourrir, & qui ont bon ne voix,qu'ils n'en laiflent aucun.U y en à plufieurs qui chantent moult bien,mais la difficulté de les nourrir fait qu'on ne les voit aucunement . Et cefte Linote eftant facile à efleuer,& qui aprent entre touts autres le mieux à parlerai n'y à village en France , auquel Ion n'en puiffe bié trouuer.Èt aufsi vn autre qui luy eft moult fem Picaueret. blable qu'on nomme Picaueret,duquel ne voulons faire chapitre à part. Le Picaueret eft fi fcmblable à la Linote, que comme Ion à peine à le fçauoir co timdlpi g noi ^ re &lediftinguer,toutainfiyàpeud'enfeignes qu'on puiffe eferire à dif- ciment. cerner l'vn de l'autre. Ce qui eft de plus euident, eft le bec de couleur iaulnaftre, & & les iambes, & pieds noirs. Au reftefont moultfemblables aux Tarines femel- les , & de mefme corpulence , &c ont mefme madrure es plumes , comme les Li- notes. Aufsi chantent de mefme maniëre:car ils font de la mefme efpece. Du Piuoyne. CHAP. XVII. P E I N E fe trouuerahôme de forte, qui ait tât foit peu eftudié en Latin , qui ne fçache que les anciens ont eu les Becafigues, Tours, & Franco lins en délices . Encor que nous en ayons en noz contrées , toutesfois font quafi incognus de nom ancien: S'tfUm (f^/||^IP^\ W car nous ncn tant d'eftime, que les eftrangers. C'eft vn ^cà s^C ^r oyfeau,qui eft aufsi appelle Sifleur,& en autres endroits de Frâ- Groulard. ce eft nommé vn Groulard:qui eft nom deu au Traquet, pource qu'il groule fans cefTe:& grouller eft à dire fe remué'r.On ne le trouue en toutes faifons de l'année. Il eft oyfeau moult priué, & d'affez belle touleur, qui ne vit en grandes troupes: parce on le voit voler la plus part du temps feulet. Il n'eft de plus grade corpulé- ce qu'vn Bruant. Et pourec qu'il y en a grand quantité en Italie , ils en font grand cas en ce pais la . S'il y en a quelcun en vne foreft ou taillis , il fe fait ouïr de bien loing par fa voix. Soit qu'on n'en chercheroit en Auuergne, toutesfois nous en a- uonsouy chanter es forefts de Montboifsier . Encor auons hommes viuantsde ce temps cy, qui feront foy qu'en auons trouué en quelques contrées de Bauiere: Vderiut auec lefquels auons quelques fois accompagné Valerius Cordus , en fes enque- Cordut. ftes fur le naturel des plantes & animaux , par les païs de Bohême, Saxone , & tels Ga/par autres lieux d'Almagne , que ne voulons fpecifier . Gafpar Neuius , trefexcellent medeci» me ^ cc ^ ( l ul ^ ce q u '°n nous à dit)s'eft retiré à Lipfe, eftoit auec nous en la trou- Hierônj- P e ' en ^ an m ^ c ' n 1 cens q uare nte>& Hieronymus Scribonius.Et de vray les voya musScri- g cs du defund Cordus, nous ont incité à en entreprendre autres plus loingtains. bonius. L'hyuer , lors que les Piuoines font bien gras , ils font de fort bon manger . Par- Defcrip- quoy ceux que Ion prend en Italie font deidiez pour le repas des grâds Seigneurs. Vkoine ^ r y a ^ diftinâiô du mafle à la femelle , touts deux ont le bec noir, court,& cro- sica/is. ' c ^ u P ar " e bout,quafi comme les oyfeaux de proyë.Ceft oyfeau eftant friant de fi Ficedula. g ues j a nommé pour Sicalis & Ficedula en Latin : pour laquelle chofe les Ita- Becaftghi liés,& Prouéceaux quafi à l'imitation des Latins, l'ont appelle Becafigbi. Sicalis eft di£ho correfpôdente à ce qu'on dit,Becafigue:dont Martial à parlé en cefte forte: Cùm DES OYSEAVX, PAR P. BELO N* 355 Cùm me ficus alat,cùm pafcar dulcihia xuis, Curpotiàs nomen non dédit vua mibit Cela difoit Martial , pourcc qu'il mange aufsi bien des raifins que des figues . Il â quelque fimilitude auecques la Mefange : mais il eft plufieurs efpeces de Me- fanges. Parquoy femble qu'aucuns l'ayent voulu nombrer entre les Mefanges, que les Grecs nomment Aegytbali,ôc autrement E/eoiyvoulants qu'il fut aufsi no- Aegitha- mé Vyrrhias, pour ce qu'il eft tout rouge par deflous la poi&rinc. Il a la queue & les selles toutes noircs,excepté vne ligne par le trauers,qui eft plombée. Les Cre- g^/^ tes le nomment vulgairement d'vn faux nom Afprocolos , c'eftà dire Culblanc. Cicalisen GrecJicedulaenLatinJon dit aufsi Melancoryphws,& Atricapilla; Piuoine en Franco}!, Becafighi en Italien: Afprocolos en Crète. M^r. Arift.lib.^.cap.ij. Il à toute la tefte noire,tât deflus que deflbus,comme vne Mefange . Il à la queue bien fort longue:& eft cendré deflus le dos. Tout le deflous du ventre, de la gor- f Dc ^ = ge,& de l'eftomach eft de rouge bien aduenant.Ses iambes,& pieds font petits,& p" uo - nc rouflaftres. Il à les yeux noirs , & ronds. Pline dit que Ion trouue des Efmeraul- des dedens leurs nids au païs d'Arabie . Ce petit oyfeau fe paift de toute forte de pafture,comme aufsi de vermine: mais eftant tenu priue', il mange volontiers de la nauette & du cheneuis. Ariftote à dit au quinziefme chapitre du neuiîefme li- uredes animaux,qu'apres l'Autruche,il ne cognoiflbit oyfeau qui hft plus de pe- tits que le Piuoine : car on luy trouue iufques à dixhuit ceufs en fon nid . Aufsi dit qu'en ponnant met toufioursfes ceufs en nôbre impair: & que le propre de ceft Me ig c0 . oyfeau,côme aufsi du Rofsignol,eft qu'il n'y à point dextremité aguë en fa lâgue ry phus. côme ont les autres oyfeaux, qui femblent auoir vne rondeur fpherique fur la te- a«- fte:mais le Piuoine l' à comme cochee. Ariftote à dit que MeUncorjpbus qu'on in- p dU. terprete htrtcdpilld ) 8i Picedula paflelnt d'vn en l'autre : c'eft à dire,qu'en Autonne F'»»*'* 3 tfo LIVRE VII.DE LA NATVRE l'vncftF/Vcrf«Zicedulae{i tout vn. Quelque nom ancien qu'obtienne le Tra- Defin'p- quct,il eft de la corpulence dvneLinote, noir deflus la tefte,& deflus lesselles,& " OT» Serrant au pais du Maine. niùi o wtOw mS-w j? U « v /Vto ùt. -f lifiï;. ■mai fi $mii[ùfy S sfew. hâf)i(t»s Ji -fy £ «?3 ' a*** 7m é : mmtài XjÏKik^iui 4 'i^t Kg.hLÙ,*, w£ilUgo,&Pitrorum maxima en Lutin, Nonnette ou Mefange en Ffttnfojs. ào\ ■rt^ëhtJSf Arift.hb.8.cap.j.& lib.51.cap.15. fon : qui eft la faifon quand les Nonnettes apparoiflfent , que les Bergerettes fail- lent.Noftre vulgaire â trouué vne inuention pour prendre les Mefanges , qui eft puérile: C'eft qu'ils pendent vne noix ia entamee,entour laquelle ils tendent plu- fieurs petits collets fimples de queue' de cheual :& les Mefanges voulants venir manger la noix,fe pendent par les pieds,& la trouuants les collets,fe trouuét prin- fes.Elles portent vne coiffure deffus la tefte,commc aufsifait celle efpece de peti- 3 <î8 LIVRE VII. DELA N A TV RE te Oye qu'on nomme vn Crauant. Ceft dont toutes deux font appellees Non- Defcip., nettes.Cefte Mefange eft de la grandeur d'vn Pinfon:qui eft chofe correfpondan tion dcU te à ce qu'en dit Anftote au troifiefme chapitre du huittiefrne liure des animaux, Mefmge q U i la nomme Aegkhalos , la decriuant en celte manière. Varorum tria funt gênera: Nonette. ¥ringilLgo,qux tndïor cft,quippe quœ Vringillam œquet.Ce que les Grecs ont dit hegi *^£' f * thalus,\cs Latins ont tourné Parus.Doc cefte-cy eft la première efpece des Mefan- Vmis. g es > c l l " a vn P e " t: ^ ec ^ cïl tranchant,rond,& qui n'eft gueres long, mais eft poin &u,& tirant fur le noir.Cefte coiffure qui luy couure la tefte, eft fi noire quelle en ternift;& luy prend iufqucs deffus la gorge, & par les coftez du col : mais elle aies temples blanches,comme aufsi a vne tache blanche en chafque cofté.Les plumes de deflus le dos font de la couleur de celle d'vn Verdier : mais il eft iaulne deflbus le ventre , comme eft vne Bergeronnette,ay ant les selles comme celles d'vne La- uandicre. Son col eft couuert de couleur fort cendrée. Les plis defes ailes font Verds: ayant aufsi vne ligne fur l'aelle par le trauers de couleur pallc . Sa queue eft: pour la plus part cendrée. Les deux dernières plumes es orées de chafque cofté font blanchaftres. Au$i. à bonnes iambes, & bons pieds : &faifant comparaifon du grand au petit, font du tout femblables à celles du Loriot : Cârtouts deux les ont de couleur plombée .bons ongles, Se gros doigts: mais les iambes font cour- tes.Cefte efpece ne fe pend pas tant aux branches, comme les autres.Elle fait grâd quantité de petitsde plus fouuent douze ou quinze pour vne nichée. De la féconde efpece de Mefange à la longue queue. CHAP. XXV. la. onnos. ^^^t^jè^m ESTE féconde efpece de Mefange âefténomee Orinos en Ss^K* Anftote,qu'on à traduit Monticola, ceft à dire^habitant à la mo tagne . Eftant de petite corpulence à la queue bien fort lôgue, & quand on l'à prinfe,& qu'on lapenfe bien tenir,elle laifle fa queue, & ainfi efchappe des mains des oyfeleurs : & par cela noz voifins dient,Pert fa queue, ce que les autres , à la longue ^T'/a 4 ueu ^ • ^ e à toutes les meurs , & manière de viure de la fufdite , mais commune ^MtfLvc ment ne 1" k° is P our venir viure P ar k s iarc ^ ins ^ es villes,& villages en téps à U logue d'hyuer , comme font les deux autres efpeces . Elle fe pend par les pieds aux ra- 5»f«c meaux comme les autres, ayant vn petit bec court,rond, tranchant, dont elle dé- coupe les germes des arbres , qu'elle mange au printemps. Cefte efpece à vn ca- , pichon blanc , au contraire des autres qui l'ont noinmais eft de couleur my-par- tie de blanc & iaulne, ayant aufsi les selles & la queue moitié blanche , & moitié noire. Sa manière de nicher eft comme les autres,& fait aufsi grâd nombre depe- tits,faifant fon nid moult grand,bien tiflu de moufle,& rembourré de plumes.Ce la nous fait à fçauoir, qu'il y a des Francolins es bois des confins de Mcts.Elle châ te fi plaifammcnt au printemps,qu'il n'y â gueres autre oy(eau, qui ait la voix plus haultaine & aè'ree: nous l'auons obferuce en toutes contrées. On les voit l'hyuer voler d'arbre en arbre,ie£tants vne petite voix claire, & allantspar trouppes s en- tr'appelons l'vne l'autre . Sa queue eft quafi fourchee, comme à vne Hirondelle: r ayant DES OYSEAVX, PAR P. BELON. \Aegitldos Or'mo en Grec , Parus mentkoht en Lutin, Mcfimgt à lu longue queue en Trmçojf. • «jîSaMJf !7t w( o f jv3 f) J)à ,i JïuidCm à, «fil ifta tl i[â!» /MXfh t%>1- Arift.Iib-8.cap. 3. ayât les plus courtes plumes es orees,& my-parties de blâc : celles du milieu font longues , & noires . Ce font oyfillons inconftants , & qui ne fe veulent tenir en vne placcLeur bec eft noir,& plus court que des autres efpeces. L oyfeau eft petit comme vn petit Roiteletmais fa queue eft fi longue que qui la replie le long du dos,elle pafïe deux doigts oultre la tefte.Tout le deffous de leur gorge, & du ven tre,eft blanc. b De H tierce efpece de Mefange bleue. CHAP. XXVI. A TIERCE efpece de Mefange eft de moult belle couleur, beaucoup plus petite que la précédente. Ariftote au troifiefme chapitre du huitticfme liure des animaux, l' â compnfe au nô- bre des oyfeaux, qu'il à nommez Acgitbali, & les Latins Pari. Elle nous apparoift au commencement de l'autonne , & du- re tout l'hy uencar l'efté elle va viure aux forefts, ayant fi petite charnure,qu'il n'y en à gueres plus qu'en vn Roitelet. Elle â petit bec,court,rond, De/irip- & poinâu.Le defliis de fa tefte eft de moult belle couleur bleue, ayant vne petite T '°" ^ l * tache blanche entre les deux yeux,commeaufsi aux deux coftez du bec.Sa queue Me f m l c n'eft gueres longue,mais eft toute bleue, comme aufsi tout le deflus des œlles, ou hle " e ' ily à vne ligne blanche par le trauers. Aufsi a deux taches blanches , vne en chaf- que cofté,aux deux cantons des yeux, qui tient quelque peu du deflus du col par le derrière . Encor à vne cein&ure moree,qui luy couure tout le deflus du col.Le K 37° LIVRE VII. DE LA NATVRE ^fegithalostMose»Grec,tcrtU siegithaB fptàes en Lttin, Mefangeble»e,outierceeffecee»fra»fqys. Ve/crip- tïon deU quatrief- me efpece de Mcfan ?e. S 3 té-ns cùy!n>Js Ô(UKi fi-ni-mt, cOafîfj s xf' tAfWy^u Arift.lib.8.animaLcap.j. dos eft de belle couleur cendrée , tirant quelque peu fur le verd. Le deflous de la poictrine eft îaulnaftrc, & le deflous du ventre blanchiflant. Les iambes,& pieds plombez,,gros,& trappes.Elle fait moult grande quantité de petits. Quatriefme cfpece de Mefange. CHAP. XXVII. R I S T O T E n a fait mention que de trois efpeces de Mefari ges, que nous auons ia deferites . Encor en auons trouue vnc quatriefme efpece , que voulons adioufter en ceft endroit. Elle eft de la contenance des autres , ayant le bec , les iambes, pieds, & ongles de mefme couleur noire. Mais la couleur de ^ l'oyfeau en eft différente : car il n'y à de noir en elle, que fur le fommet de la tefte , qui luy defeend iufques deflus le bec. Le deflous delà gor- ge,& les deux coftez des temples,& tout le deflous du ventre eft blanc . Le def- fus du col,& du dos eft entre tanné 6k cendré. Sa queue, & aelles font comme en- tre noiraftre, & palle couleur meflee. Toutes Mcfanges ont les plumes fi auât fui le bec,& longuettes , quelles en apparoiflent huppées . Cefte cy fe tient plus par les forefts & taillis, que de hanter les iardins des villes . Elle eft moyenne en gran deur entre la grande nommée Spizjtes, & l'autre, qu' Anftote a eferite pour la tier- ce efpece.qu'auons furnommé la bleue. * 1 DuPinfon DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 37 i Du Pinfon. CHAP. XXVIII. VANDlon prend vnPinfon,ilfereuégedubec,& pinfeles Pinfon. doigts bien fèrré.C'eft de la qu'il â gaigné Ion appellation Frâ çoyfe: car pinfcr eft quand Ion empongne quelque chofe des ongles : &; le Pinfon ferre fi fort de fon bec , qu'en pinfant les mains,ilcnfaitfortirlefahg.Les Latins l'ont nommé Fringil- la, & les Grecs Spizizes (dit il au troifiefme chapitre du huittiefme liure des animaux)Sp/#e fimilis,^? ma- gnitudine proxima,fed collo cœruko:(f in monùhus degit, vermiculis maxima ex parte yiuit . Mais icy parlons du commun Pinfon. Sa queue eft longuette , compofee de douze plumes : defquelles les deux de chafque cofté font quafi toutes blâches. Ses iambes, & pieds font bruns.U y à diftindion entre les mafles & les femelles: car les femelles ne font fi haultes en couleur que les mafles,n'ayants le deffus des selles tant bigarré.On les garde en cage pour les faire chanter , dont le chant eft fi puiflant , qu'il en eft fafcheux.Les Pinfons font paflagers deux fois l'amcar ils vié- nent du bois fur le commencement de l'hyuer pour fe nourrir par les champs:& 37 2 LIVRE VII.DE LA NATVRE lors on les prend à la paflee, qui dure depuis la S. Michel iufques à la Touflaints.' Il eft meilleur quand lèvent vient d'aual, que quandil vient d'ailleurs : & fait-on mieux quâd le téps eft orbe & fans vent: car les Pinfons en pafsêt plus bas. Il fault chercher quelque bon lieu en bonne paflee , & à ce faire conuient gluer trois ar- bres en trepié bien bas,diftants les vns des autres,& que les pieds foyent fueillars, & les mettre loing des grands chefnes,des gafqueres, des hayes,& buiflbns.Mais ayât efleu place en quelque petite chauue fera mife la mute des Pinfons, qui font attachez, à la ligne,& fera bon que les gluaux n'ay ent que demy pied de long , & bien fort déliez. Fault aufsi auoir quatre ou cinq cagettes à vn traid de pierre , ou feront de bons Pinfons appellants. Aufsi fault eftre des les point du iour à gluer les arbres. Les Pinfons font en ce contraires à plufieurs oyfeaux , Turtrelles,& Hirondelles , qu'ils cherchent le froid , & les autres le chauld. Du Montain. I Montain, CHAP. XXIX. O N trouue quelquesfois que noz paifans retiennétles di&ios telles,que les anciens Grecs ont laifle par efcrit,fans fçauoir dot cela leur vient-.defquelles nous fommes fouuét feruy , pour ex- primer quelque animal,ou plante:côme eft aduenu en ce M5- tain.Il eft fi proprement nommé en noftre langue Françoyfc^ qu'il feroit impofible de luy trouuer nom mieux à propos : car nous n'y penfants point,l'auons ainfi voulu nommer de nom antique,correfpon onfpis^s. dant à celuy d'Ariftote,qui le nomme Orofpizes. Oros en Grec, eft à dire, monta- gne: & Sp;'2rf,Pinfon:tellement que les Françoys le nomment vulgairement vn Pinfon Montain . Les autres dient Pinfon d'Ardenne . Il n'ya à paifan en tout le territoire Parifien,qui le nomme autrement que Montain.Il à les meurs d'vn Pin fon , &c le chat en deux fortes . L'vn eft quâd il a peur,qui eft tout séblable à celuy d'vn Pinfon: L'autre eft qu'il fait en rofsignollât: m ais il luy eft beaucoup diflem- MoiwM blable,& qui approche plus à celuy d'vne Chouette. Nous fçauôs qu'il y à quel- de bois. q UCJ cnc [ ro ift s (] e F rance ,ou il eft nommé Paifle , ou Moineau de bois :mais c'eft Ttefcrip- par errcur.U eft de corpulence & couleur d'vn Moineau: & n'eftoit qu'on l'ouïft tim du chanter,lon auroit bien peine à le fçauoir diftinguer de la PaifTe.Tout ainfi que le Montai». Pinfon â deux lignes par le defliis des aelles en trauers , qui sot de diuerfe couleur: tout ainfi ce Moineau les y â en mefme endroit, mais font de couleur fauue plus obfcures que tannées . C'eft vn oyfeau de moult grand courage: car eftant nauré n'ayât que bien peu de vie, encor fe vcult-il defédre & reuécher, eflayat toufiours à pinfer & mordre.Son bec eft grofTet,& plus robufte que celuy d'vn Pinfon. Ses iambes,& pieds font robuftes, de la couleur de celles de la Griue . Il n'eft malaife accorder ce que dit Ariftote de ce Montain au troifiefme chapitre du huittiefine liure, ou il met Orofpizes collo cœruleo . Le commun Montain à le col de couleur ccrulee . Et en cecy ne fauldroit finon dire quAriftote nomme noftre commun Pinfon, Orofpizes:3c le Montain fimplemcntSpj'^. DES OYSEAVX; PAR P. BELQN. Oroffi%ismGrec,Montifi'mgilk en Latin, Montiinen Vrmçysl m nyXçt ohms nahnKSi(ap(. Arift.lib.8.cap.j. DuGrosbec. CHAP. XXX. N C O R nations trouué autre propre nomFrançoys mieux à propos pour nômer ceft oyfeau,que deTappellerGrosbec: Gnsbec, Car il à le bec moult gros pour fa corpulence . Il eft bien vray qu'es autres contrées onluy donne quelques autres noms :car les M anceaux le nomment Pinfon royal.Ceft oyfeau ne tient vinfan fa couleur conftamment, non plus que grande partie de plu- "J* 1 ' fieurs autres oyfeaux: car l'ayant ia obferué en Grèce, dont en auons rapporté la peau, auons trouué qu'en mcfme oyfeau le plumage eft différent félon l'aage . Il eft quelque peu moindre que l'Eftourneau,portât le bec dur,fi gros, que c eft mer Vefirif ueille. Sa tefte eft orengec par le deflus , ayant vne tache noire deflbus la gorge. ««» du Le deflus du col eft cendré,& le dos fauue. Les extremitez de fes sl-les font chan- Grosbec ° géantes comme le collier d'vn Ramier, & toutesfois font bigarres de blanc entre les plumes.Les extremitez de fa queue font blanches : mais le deflus eft fauue,qui eft de mefme couleur deffous la gorge, l'eftomach , & le ventre.Ce qu'Ariftote â note en fon Varddus ,za vingt-troifiefme chapitre du neufîefme liure des ani- ?.cap.ij. Du petit Grimpreau. CHAP. XXXI. EST oyfillon n àgueres plus grofle corpulence que le petit ■ Roytelet: & eft bien aufsi difficile à eftrc prins . il entourne les branches à la mode d'vne Mefange , & monte & defeend fur - les arbres comme le Picverd, & Torcheponneftant iamais en repos,finon quand il dort. Ariftote à noftre iugement , au dix- v ùfeptiefme chapitre du neufiefme Hure des animaux, l'a nom- mé Gerthia, auquel ne trouuons nom Latin, &c à dit que Certhia eft oyfillon de moult petite corpulence, qui eft de meurs audacieufes,tenâtfon domicile entour les arbres, & viuant de verms,qui mangent les bois, & dont l'efprit eft foigneux enpourchaffantfavic. L'oyfeau dont entendons, a le deuant de la gorge, & la tion du p 01 & r i ne toute blanche : le deflus du dos eft quafi de la couleur d'vn Roytelet, Grimpe- t vn . beC) p i n a;u,& longuet, mais grade ouuerture de gorge . Sa queue nJrm i3pSj»V.sîïf ii p »3w 3p««*f , ^ oîxu «fcî ©<> ^ * f ifim^yt. •Hw 3 fliltlilt aùiifnç.ij iiuça»IuJ(^« *«^raest|'.Arift.lib.<).cap.i7. ge, dit en cefte manière .Nouimus ttuiculam quandam exiguam, nomme Certhiam: eut mores audaces, domiciliant apud arbores, viclus ex cofîisjngenium fagax in vita officiis, yoxelara. Du petit Moucher. CHAP. XXXII. O VS auons dit que le mafle de l'Efperuier eftoit nomme > Mouchet:mais maintenant parlerons d'vn petit oyfillon de 5 la grâdeur d'vne Fauuette,hantant les bluffons , qui mange les \ moufehes , & de la. eft aufsi nommé Moucherolîe. Il y à bien quelques autres efpeces d'oyfeaux qui viucnt aufsi de mouf- a 4 ches, corne eft la Lauâdiere, qui à efté nommée Culicilega > 8c Ap/(t/îer,quimâge les Auettes : mais ceftuy cy tenant fon appellation des mouf- ehes, fera feparement défait, comme ayant Ion efpece à part , différente aux def- fufdits. Il eft fi femblablcàvn Moineau, ou Paiffe, qu'il n'y à que les meurs en De ^ ceux qui viuent , & le feul bec es morts,qui en puiffent faire diftinclson. Il à bon- tlon ^„ nés iambes , & pieds, qui ne font pas noires. Son bec eft delié,& longuet, comme petitMou celuy d'vne Rouge gorge. Sa queue eft affez longuette . Somme que le tout eft cbet. femblable à vn Friquet,hors-mis le bec, & que fon chant eft affez plaifant.Il fe va toufiours cachant par les buiffons & hayes: parquoy hommes d'authorité,dodes & fagcs,qui fefonttrouuez tendants l'erignee auec nous, l'ayantsveufi fembla- ble aux Paiffes, luy ont impofé ce nom Latin Paffer rubi, comme qui diroit Moi- neau de haye. 37^ CIVRE Vlli DE LA NÂTVRE VcMMeHchct^»'o»^omroitnomn$erenLainPal]crnibi. Op/elloi. De la grande Hirondelle. CHAP. XXXIII. VATRE efpeces d'Hirondelles , font vulgaires aux paifans, villageois,& bourgeois de France: dont la plus grande , pour- ce qu elle vole toufiours, & n' à les pieds propres à fe tenir fur terre,à efté nommée Aptts,&c Cypfellos.Czc combien qu'elle ait p les pieds muniz de bons ongles, toutesfois ne fe tient afsife def - comme les autres oyfeaux , mais s appuyant de fa iambe, . s en îert de talon: & aufsi entrant en quelque pertuïs,fe tire en auant,& alors s'en pcult bien fermr quelque petitrcar mefmement le doigt que les autres ont au ta- lon eftarrenge au cofté de Ion pied , en forte que les deux doigts font d'vn cofte, & les deux de l'autre , & là ou fes pieds ne font fuffifants pour la poulfer en auant quand elle entre en fon pertuïs , elle fe fert aufsi de fon bec . Elle prend fa proyë en volant,commc aufsi font les autres Hirondelles. Pour cefte caufe nature luyà De/trlp - donne 11 § randc ouuerture de bouche,qu'elle peult aualer vn Efcherbot tout en- tion de U «er,ou Cerf volant. Ceft l'vn des oyfeaux qui à aufsi bonne veuë,que nul autre: gfSdcH,- car il peult aduifer les moufehes en volant de demy quart de lieuë loing:aufsiâ-iI rondelle. pau pi ere S tant deffus que deffous,à la manière des animaux tcrreflres, & lesyeux ombrez de plumes par deflus . Son bec eft petit, noir ,pcincïu par le bout, ayant deux ouuertures , vne de chafque cofté , qui font de la partie du deffus. Et quand on eltend ce bec , il s'ouure en moult grande efpace de gueule . Son col eft court: ia teite m large par deifus: elle eft quafi de la grofTeur d'vn Eftourneau.Son corps eft fort bien garny de bonnes plumes : fes ïambes font moult courtes, couuertes de plumes DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 377 de plumes iufqùes aux doigts du pied,qui font fanguins & trappes: defquels em- poignant quelque chofedefes doigts , elle l'eftrainâ: fi fort qu'elle le perfetout oultre auecques les ongles . On Toit crier de bié loing en volant : car elle fait vne voix claire,& moult efclatante.Sa couleur rieft pas proprement noire,mais com- me de poil de Souris,tant deflus que deifous : excepté qu'il y à vne tache blanche deffous fa gorge . Sa queue apparoift. fourchee , & quand elle vole,lors fait appa- ^4fm , & Cypfellos en Grec, &> Latin, grande Hirondelle, Moutardier,^" grand Martinet en françqys. roiftre vn arc tendu prouenant de fes selles , qui ont les plumes plus longues que fa queue. Ariflote efcriuant de c'eft oyfeau, difoit qu'il apparoift en toutes faifons de l'année en fon païs: toutesfois ce font les derniers oyieaux qui viénent à nous, & les premiers qui s'en retournét.Parquoy il y à quelque foupçon qu'il entend de ceftoyfeau:&pour leprouuer,prédrons cefte feule merque.Ileft femblableaux Hirondelles(dit il au trentiefme chapitre du neufiefme liure des animaux) excep- te qu'il a les iambes peluës. Pline dit au trente-neufiefme chapitre du dixiefme li- ure de l'hiftoire naturelle, qu'on ne les voit iamais s'affeoir fur terre , comme les autres oyfeaux , qu'ils ne fe repofent finon penduz. en lst , en dormant en leurs nids. Il y à vne ifle en Grèce anciennement nommée Zacinthus , & maintenant Zanthe , qui à vn chafteau la hault fur la roche au deifus de la ville : & la les gar- çons de leans fe mettent aux feneftres, tenants vne ligne en leurs mains , tout ain- fi que s'ils vouloyentpefeher du poi{Ton , ayants vne petite plume pour emorce, liée à vn hameçon, pendante à vne petite cordelle : & prennent grande quantité d'Hirondelles à leur nouuel aduenement: Car trouuants icelle plume pendue,la veulent prendre auec le bec pour porter en leur nid:mais ayants trouué l'hame- çon qui les accroche,demeurent pendues à la ligne du pefcheur: tellement qu'vn L 37 8 LIVRE VII. DELÀ NATVRE homme en prend quelquesfois cinqoufix douzaines par iour : & celles qui font grafles & tendres , font tresbonnes à manger . On les voit voler fans remuer les aelles:& toutesfois citants à terre demeurent immobiles , ne pouuants s'en voler, ne fuir en courant. Nature en fon cndroicl s'eft monftree maiftrefle ouuriere : car comme nous eftimons le Daulphin,que noz poiflbnniers nomment l'Oye de mer, ou Marfouin,eftre le plus vifte des poiflbns, aufsi prétendons que cefte efpe ce d'Hirondelle eft le plus foubdain des oyfeaux: toutesfois maintenons le Daul phin nager aufsi vifte en l'eau de la mer , que cefte Hirondelle vole en l'asr . L'vn nage fans fecoufle de fes pinnules,ou selles de poiflon : l'autre vole fans battre des fiennes.La raifon en à efte diète au premier liure, ou eft fait mention du voler & marcher des oyfeaux.Il eft vn poiflon en lamer,dont auons baillé le portraict en noz Hures De aquatilibus,(]ui à prins fon nom de l'Hirondelle, comme aufsi l'her- Momay- be de Chelidoine. Cefte grande eft diuerfement nommée entre noftre vulgaire: dier. les vns dient Moutardiers,les autres grands Martinets. Grand Delà petite Hirondelle. CHAP. XXXIIII. Dtjcrip- tion de VHiron- ddle. f'H IRONDELLE ainfi fimplcmet proférée en noftre lan gue,eftentéduc de celle que nous cognoiflbns eftre demoyé- ne grandeur, qui eft plus grade que le petit Martinet,& moin- dre que la grande Hirondelle. Elle eft fi bien cogneuë par tout qu'il ne nous la faultia défaire d'auantage: car les autheurs an * ciens en ont afles amplement parlé.Nous ne cognoiflbns oy- feau qui vole plus agilement que l'Hirondelle: d'autant qu'elle a moult bonnes selles: & fe fiant à fon bon voler,entre priuément dedens les maifons , & fait har- diment fon nid es cheminées, & aux planchez. Nous ne voyons qu'elle defeen- de fur terre pour prendre fa viande:car elle mage en volant. Il eft bien vray qu'el- le aualle auisi des pierres,pour fe curer l'eftomach.Il ne fut onc,que les Hirondel- les n'ayent eu des enfeignes de reuge deflbus la gorge : car mefmement ia long temps à, qu'Ouide â dit en cefte forte: TeBa fubitjtieque adbuc depeiïore caâis Excejj' ère notvmi iySt ij j!\tmunv v&esi- Arift.lib.ff.cap. 5. la nommants ChelidomumEt tout ainfi que cefte Chelidoine à vertu de guérir les Chclifà yeux,aufsi penfe Ion que les petits de l'Hirondelle, aueuglez de la fumée des che nmm ' " minées foyét guéris par l'herbe que la mere leur apporte dedens le nid.il y a quel- ques praticiens médecins, qui ont mis parefcrit que l'eau diftillee des Hirondel- les guerift le mal des yeux. Ce qui â efté dit des pierres d'Hirondelle eft tout ainfi de 1' Aledoire,de la pierre d'Aigle , & telles autres fcmblables,qui font pierres na- turelles , qu'on attribue aux oyfeaux. D'vne efpece d'Hirondelle de riuage. CHAP. XXXV. |VYVANTSvn ordre en la defcription des Hir6delles,met- ^ trons icy celle qu'Ariftote au premier chapitre du premier li- . £ ure des animaux,à nommée Drepanhpu R*/wklaquelle nous Dye P ms ' pouuons nommer Hirondelle de riuage, à la différence du 2S« i£ Martinet , qui eft nommé Argatjlis. la auons fait mention de tiiuel- la grande, & de l'autre moindre, qui eft Amplement nommée ^ deriua- Hirondelle . C eft à bon droit que cefte cy à efté nommée fauuage,en comparai- fonde toutes les autres qui hantent les villes & villages , efquels elles font leurs nids de moult grande induftne. L'Hirondelle de nuage ne fait aucun nid ,mais trouuant des permis en terre, en la marge des riuieres, entre leans , & y porte de la plume,pond deflus,efcloft,& efleue fes petits. Celuy qui en lifant Plme,au tren te-troifidme chapitre du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle, obferuera ce qu'il efent des Hirondelles,trouuera qu'il met deux efpeces d'Hirondelles de nua^e, quafi conforme à ce qu'en à eferit Ariftote au treziefmc chapitre du neufiefme hure des animaux, difant : In ripariarum génère Argatjlis, crv.Quelque part qu'on L ij 3 8o LIVRE VII. DELA NATVRE trouue le nid d'vn Martinet pcfcheur,lon doit penfer que celuy d'vnc Hirondel- le de riuage , n'en eft moult loing : & de vray fçachants que fon bec eft foible , & petit , penfons qu'elle ne creufe la terre pour le faire : mais qu'elle entre en celuy des Halcyons , ou Martinets pefcheurs , efquels ils auoyent nourry leurs petits l'année précédente : Car l'Haîcyon eft couftumier de faire vn nouueau creux par Defaip- chacune année , entendu qu'il à fort bec , long,& dur. Les Hirondelles de riuage n ont ' a 1 ueu ^ ^ fourchue,quc les autres & reflemblent à vn Paifleteau tant à les délie dê ri vo ' r voler,comme les regarder. Elles ne font moins cogneues,que les autres efpe nage, ces à qui y veult prendre garde. DrepanisenGrec,Facnlit,& Ripant en latin,Hirondelle de image en Françqys. »f»m. Arift.lib.i.cap.i. Du Martinet, efpece d'Hirondelle. CHAP. XXXVI. Martinet ^irgatylit 9 w O V S mettrons ce Martinet , petite efpece d'Hirondelle, f? pour vne quatriefme efpece: Car onc n'en auons peu plus ob- ^feruer. Nous prétendons que c'eft celle, qu'Anftote nomme ' Argatylis-.tkcpte c'eft celle efpece que nous voyons eftre plus fauuage que la commune Hirondelle.il baftift fon nid de grâ- _ de induftrieje long des vouftes des haults baftiments efleuez, & deflous le sportaux des eglifes.Ariftote difoit au treziefme chapitre du neufief- meliure des animaux: Argdtylis eft ingénieux : car eftantde l'efpece des Hiron- delles de riuagc,il ourdift fon nid auec du fil,faifant qu'il reflemble vne boule rô- de, laiflant l'entrée eftroi&e. Il y à difficulté en ce que Pline en eferit : car après qu'il à parlé de trois efpeces d'Hirôdelles, encor en met vne qu'il ne nomme pas. \n génère item Kipariarum efl ( dit il au trente-troifiefme chapitre du dixiefme liure de l'hiftoire naturelle) cm niius ex mufeo arido ittt abfolutd perficitur pild,vt in~ uenin non po fit aditus.Puis après dit: Argdtylis dppelhtur eddefigurd ex lino intexens. Lifant cecy , & entendant qu Argdtylis eft ce qu'il difoit , I» gtnere Ripdridrum , & n'en faifant qu'vne efpece, Ion aura lamefme fentence d'Ariftote,quivouloit qu'Argûfz'fo,efpecf d'Hirondelle de riuage , ourdift fon nid auec du fil de lin. Lon ne peut bonnement dire qu'Ariftote ait deferit plus de trois efpeces d'Hiron delles,d'autant qu'il n'y comprent ceux,qu'auons nommez Mouftardiers.Defcri uant ce Martinet & le nommant Argdtylis , voulons faire entendre que penfons que c'eft celuy qu'Ariftote à aufsi conftitué le fécond entre les efpeces des Hiro- delles.Et que par ce qu'il ne hante les maifons , comme l'Hirondelle, qui à la gor- ge rouge , on l' a nommée en Latin Kuflicd , Agreflis , ou Sylueïïris . Et ores qu il y euft différence entre Argdf-y/Hd'Ariftote,& Uirundo ruflied de Pline, Argdtylis nous feroit incogneué':toutesfois il en eft autrement. Nous dirons donc preiente- Maninet ment les propres meraucs du Martinet. La couleur de deffùs fa tefte,col,& dos, font Defcrip tion du DES OYSEAVX, PAR P. BELON. 381 font comme de l'Hirondelle priuee,excepté qu'il n'y arien de rougeur deffus & deffous le bec : car au lieu de rouge, tout le deffous de fon bec,de fa gorge,& tout le long du ventre, & iufques à la queue, eft tout blanc. Et mefmement les doigts de fes pieds,& iambes fontcouuertes de plumes blanches. Soit donc acorde pour vneenfeignefinguliereenceft oyfeau, qu'on n'en pourrait trouuer aucun autre qui ait les doigts des pieds chargez déplumes -.car mefmement lesoyfeaux de nuit, le Coc de bois, Francolin,la grande Hirondelle, & autres, n'ont rien que la iambe plumeufe.Encor y à vne tache particulière en ceftuy-cy:C'eft que comme il à le bout de la queue des groffes pennes noires , toutes les plumes , tant deffus AcMtbjlis en Grec, ^irgttylu, Hirundo rujîica, ou agrcjiis en Latin, Martinet en Fmnçqys. T^iniï: a H) » vis à.Ksu^v\lAi 'lyttyv>Tl'Z- Tn'Vkïr.-w y> â'tnrçp fffcû(s t m'/» » ejoiwa -dm tîaSumi h*. xfm. Arift.Iib.animal.51.cap.13. que deffous le cropion, font bIanches,comme au Piuoine, & Culblanc. Parquoy qui le regarde en volant , ne luy trouue du noir que fur le deffus du dos, & de la tefte,des adles,& le bout de la queuë'daquelle cobien qu'on la voyefourchee,tou tesfois ri à celles deux plumes es orées ainfi longuettes, côme la domeftique.Elle feule baftift fon nid en forme fphenque, le couurant deffus & deffous,n'y laiffant qu'vne gueule eftroiétecar les autres le font ouuert par deffus en manière de pa- nier.Nous penfons que c'eft de cefte cy dont Pline à entendu au mefm e paffage; ou il dit qu'elles baftiffent leurs nids en Egypte à l'entrée du Nil en la mer qu'on nomme Werackoticum oîliunt, d'vnc maffe fi ferreedongue d'vne ftade,qu'il en eft inexpugnable : & qu à peine pourroit-il eftre parfait de l'ouurage humain de tel- le fermeté contre l'inondation» FIN DVSEPTIESME ET DERNIER liure de la nature desoyfcaux. L iij saPLAISE AV LECTEVR prendre en gré,ce qu aura approuué DE NOSTRE OBSERVATION en celle langue:attendant qu 'aucc l'aide de Dieu, du Roy,de Mofeigneur le cardinal de Tour- non^ de Mofeigneur F. Oliuier,Chan- celier de France ( qui ont iufques à cy entretenu noftre eftude,fondee fur la médecine) le rendions en au- tre langue , au mieux qu'il nous fera poisiblc,pour le communiquer aux autres na- tions. IMPRIME A PARÏS PAR BENOIST Prcuoft , demeurant en la rue Frementel,prés le cloz Bruncau , à i enfeigne de l'eftoillc d'or. * 5 5 5- t \ Ko (* 3 ÛL '