En laquelle eftmonftré l’ordre& l’art de choifir, dompter, pi- quer 3 drcflTer& manier les cheuaux,tant pourl’vfage de la guerre qu'autre commodité de l’homme. Auecques figures dediuerfes fortes de mors débridé. N' aguicr es traduite d'italian en François , & nouvellement reueu'è & augmentée ,& enrichie d'abondant de la figure & de fer t- ption du bon Chenal, A PARIS, Chez Guillaume Auuray,rue S.Iean de Beauuais,à l'en- feigne du Bellerophon couronné. i 5 7 ?. AVEC PRIVILEGE DV ROY. A PVISSANT ET ILLVSRE SEI- GNEVR ME S SIRE FRANÇOIS DE SCO V- hleau Seigneur de Sourdis y cheualier de l'ordre du Roy , Gentil - homme ordinaire de fa chambre , Sous-lieutenant de la compai- gnie de Monfeigneur frere de fa Maie (le , Confeiller & premier Efcuyer d’Efcuirie de monâit Seigneur, Onseignevr , voyant celle perfed;ion,qui accom- plit auiourd’huy la vertu de la Noblefle Frâçoife, laquel le ayant oublié ne Içay quoy de groftîer,qui la rendoit ia- dis quelque peu reflemblat aux humeurs des Barbares, cecy pour le feul efgard des lettres, defquelles elle Eefloi gnoit de telle forte, que l’eftre ignorant eftoit le luftre & la gloire des nobles du temps paffé, & qu’aprefent noz nobles peuuent dire auec Horace, Venimus ad fummun fortune pingimus , atque Ppillimiisf& lutfamur) ^yichmts doftius vnftis, Signifians parla que les lettres, la painture, la mufique, la paleftre,la lutte font à prelent aufli familières à vous Mefs.de la noblefle que iuftement vous pouuez & de- uez vous vanter d’auoir ce luftre ôc de nature & de ver tu, lvn vous venant de voz anceftres,& vous ayant ac- quis l’autre par voftre adrefie. Ayant cefte confidera- EPISTRE tion,&defireux défaire chofe qui vous fut agréable, & vous feitparoiftre dubondefir & affedionnée deuo- tion queiay de vous faire treshumble feruice, fçachat en quoÿ vous prenez plaifir ôc voyant l’honefte& loua ble exercice auquel vous vous adonnez fer liant au pu- blic, ôc trauaillant pour le proufit du public ôc gloire de ce Royaume comme le liurede lTfcuir^ de Fede- ric Gnfon me loit tombe en main, mai corred peut e- lli e,i ay ofe entreprendra dé le remettre hors encor vn coup ôc bien lime ôc bien corred, affin que fous voftre nom il ofe fe faire, voir & paroiftre parrny tous les fei- gneurs de ce Royaume. Et bien que (Monfeigneur ) ie vous face prelent du voftre melme,c’eft àfçauoir d’viie fcience en laquelle vous excellez autant que Gentilho me qui viue: fi eft ce quen cela fuis-ieexcu fable que ie n ay voulu fouffrir quvne piece tant neceffaire def- failiift à la pofterité, laquelle à quelque frais que ce foit ie ftis mettre en lumière pour l’offrir &dedierà ceft illuftrefeigneur de Sourdis lequel, acceptât le peu des p refaits d’vn petit tel que le fuis, fe rend admira- teur de. la propre vertu ôc fait hôneur ôc à l’auteur Ita- lien, 3c au tradudeur François, Ôc à moy, de nous au- thorifer, ôc couurir fous belle de fa grandeur ôc arrou- fer des faneurs de la courtoifie,ie fçay bien que il y en aura quitrouuerontmauuais queiededie ccuurenon fortie de moy ôc laquelle d’autrefois a elle mile en lu- mière, mais il me fuffit de voftre commandement au- quel ç defire obéir, & me plais d’en vler ainfi pour rai- fon de cequei’ay dit délia, affin que l’art d’Efcuirie ne femblaft l’en voler lors que le plus elle eft ôc proufita- ble ôc necelfaire en France.Et fans mentir, ce feroit fiti! B P I S T R E îir grandement, fi on fouffroit que telle fcience fut ba- nie par faulte de préceptes, veti le pris auquel elle a efté parmy tous les peuples les plus grands guerriers 6c en tre les princes les plus recommandez parl’hiftoire,de£- quels fi i’envoulois faire vn difeours particulier il en faudroit aulfi drefier vn i ttfte volume.Seulement ie di~ ray,Monfeigneur, que non fins grande raifon les Em- pereurs Grecs 6c apres euxnoz Rois de France layant apris es courts impériales ont fait fi grand compte de ceux qu’ils appelloiét, Cuftodes equorum & prœfcao tjta- lu.lt, àfçauoir gardes des chenaux 6c gouuerneurs de l’eftable, veu que de cefte efcole fortoyent non pas les fetils cheuaucheurs, ou piqueurs defeuirie , ains les vaillans cheualiers & hardis gendarmes , defquels les Efcuyers eftoyent les peres 6c les précepteurs aux armes 6c en tout exercice deu , 6c propre à la No- blefle . Et neft pas fans caufe fi vous auez efté choi- fi 6c appelle à ceft eftat , qui eft des plus fègnalez de la maifon d vn prince , comme eftant Maiftre , non des cheuaux , ains des Cheualiers , 6c le patron , guide & addrefie de ceux qui veulent paruenir vniouraux honneurs parl’honnefte 6c neccfiaire exercice des ar~ mes: veu que non feulemêt vous en entendez la prati- que 6c expérience, ains en fçauez leffect 6c théorique, en ayant fait preuue , non es combats imaginaires, ains es lieux où fe trouuent 6c font congnoiftre les gens de bien 6c où la republique eft deffendue, veu que ce ne feroit pas grand chofe que parler de la ver- tu, ny des armes, fi vn homme ne fçait que vault IVneenlafuyuant 6c les autres en les maniant quand il eft neccfiaire. Ce font ces ch^fes.Monfcipnem*, qui i EPiSXRK. vous rendent ay me 6c chery des Rois 6c Princes , ad» miré de voz femblables 6c honoré des moindres : Et pour l’efgard defquelles iay ofé m enhardir ( fous vo- Ure bon vouloir) de vous adreffer ce liure, que ie vous fupplie accepter 6c chérir, tant pour iauthorifer que pour donner cœur à vn ieune homme lequel ne crain- dra les enuieux ayant la faueur 6c fupport d’vn Seigneur fi excellent, fi bien qualifie tant ïlluftre 6c fi bien renommé par tout ce Royaume. Et ce pendant ie baiferay les mains de voftre grandeur en toute humi- lité priant le tout puiflant, Monfeigneur , vous donner en fanté 6c accroifle- ment longue 6c heureufe vie. De Paris ce fécond iourd’Aouft, 1 5 7 5- Voftre treshumble 6c trefobeiflant feruiteur, gvillavme avvray. i MARQUES ET ENSEIGNES DV BON CHEVAL. L E B alzan qui relire au halé en cculn r Efi pluflcfl mort que las 7 tant iU gentil cœur. Le morean qui méfié d'autre couleur n'efl point Sera du tout parfait 3 ou me fichant de tout point. L e poil qu'en Italie efl appelle zaine De rebours dr fingard efl l'infaliblefigne . Le moucheté de roux n'efl du tout fi parfait Mais fi peut il feruir en vn bien bon effet. Le cheual qui efl blanc 3 dr de noir moucheté Efl bien fort a louer pour fa ligereté . hufii le cheual blanc qui fera moucheté De poil roux dr de noir 3 efl de grande bonté . Le cheual moucheté dr quatauanat on nomme Jamais d'or dr d'argent il ne vaudra grand fomme . Le cheual moucheté , par derrière dr d'auant T out enfemble efl tresbon , dr parfait entre cent. Le moucheté de blanc , de la main én auant Deproueu de vigueur fe trouue fortfouuent . lue moucheté de blanc de la main en arriéré Efl fort dr vigoureux dr prompt a la carrière . Les Remolins qui font aux hanches du cheual Sont marques d'efirc heureux entier dr fort leal. Le cheual qui du ciel le remolin a heu Sur le front efl toujours de grand bonté prouett. De celuy qui en a de tous les deux coflez On ne pourra affez haut louer les bontez. Cheual quiportera vn remolinpour ftgne Enfin col fera bon dr de valeur infigne. Le cheual qui fera marqué d'vn remolin En lieu qu'tl pourra voir fera mauuaife fin. Le cheual qui au front deux efl cilles aura s'entretenant point mal fortuné fera. Le balzan de la main que la brtde maitrifè Ne fira pas ch e uat que grandement on pr'tfie. Le balzan du bras droit au maniement fe monfire Bien a droit maie ilt fl de malheur eufe encontre . , ,^A U balzan du fié droit en combat ne te fie Son vice & fin orgueil hasarderont la vie . C heual balzan du pied du montouoir a /' honneur. D'eftre bon a la cour fi , (fi chenal de bon cœur . Le balzan des deux mains mal fortuné fira Et pourl'vn des bieds blancs fin mal n amendera Le balzan des mains (fi pieds eft entier (fi loyal Et de gentil humeur mais non pas fort cheual. Du balzan de la main (fi du pied delà lance Muras petite eft me ^ (fi petite fiance . LC'bal%an de la main (fi du pied droit neft point , Bien qu'il f lit mal marqué fi mejehant de tout point. Le balzan du bras droit (fi du pied de l'efirier Eft dangereux a mort de tomber couflumier. Le balzan du bras gauche (fi du pied de la laine M cefi autre n’y agiter es granddifference. Le cheual ne fira ïamais bien excellent jQuiaura moins de blanc derrière que deuant , Le balzan des deux pieds aiant leftoile au front ' Eft bon & courageux (fi à bien faire prompt. Le balzan du pied droit femble eflre valeureux Mais qnoy qu'il femble fi eft il malheureux, cheual quia du blanc au lieu du noir aux yeux Sur la neige (fi au froit ne verra pas des nœuds Sur le cheual qui a l'vn des deux yeux verons Ne monte fins bafion (fi deux bons efperons. Le balzan des deux pieds pour fis marques a bruyt Et plus fi en fin front vne eft aile reluyt . FIN. LE S C V I R I E DE M. FEDERIC GRISON GEN- TIL-HOMME NAPOLITAIN. LIVRE PREMIER. L ny a en tout l’art militaire discipline plus belle qu e celle qui enfeigne à dô pter, piquer, & drelferles cheuaux.xar elle n’eft feulement ornée debeaux& gratieux effets, ains neccflairc & de grand pris. Et d’autant plus difficile^ digne de louange, qu’il eft befoin en icelle vfer de temps, firmefure : &l’vn & l’autre diminuer & accroiftre aucc vn vray iugement & bon difcours:tcllemet qu’encore le fens de l’ouyc & de la veuë vous fera plus capables d’icelle, fi vous n’auczla pratique d’icelle reglee d’vn fubtil entendement. Partât ic ne fay point de doute que quicôquc verra que i’ayc voulu en efcriuant enfeigner ccft art de piquer & drefler che uaux, il ne fe pourra tenir de condamner exprelfcmcnt mon entreprife: l’eftimant vnc peine perdue, comme employée en chofe, laquelle, félon la couftume vniuerfelle,ilfemblequ’el le fapprenne plus auec le trauail du corps, qu’auecqucs le dif- cours de parolIcs.Toutesfoiscognoiflant qu’cncores de l’cf- pric,parccquifeoit&felit,peutnaiftre la pcrfe&ion delà chofe, combien qu’elle ne fe puifte voir: & defireux du prou- fit public, i ay trouué bon,toüt tel qu’il eft le mettre en lumiè- re: me fouciantpcu de plufîeurs,lefqucls ne confideransà l’auenturc parle menu ce quei’en efery , cerchcront curieu- fement tous moyens de le mordre & me reprendre: me con- fiant aufti qu’il y aura grand nombre de chcualiers de bon iu- gemenr, qui apres l’auoirbien entendu, & mis enœuurepar leur trauail, à la fin efclarciront auecques l’effed , ce quei’ay auecquesla plume trafic obfcuremcrjt furie papier, defquels a L’ECVIRIE DE i’éfpere,ainsfuis certain qu'il naiftra de rares cffets,& que de iceux bien aifeementfe tirera vn frui& merueilleux. Si a-ile- ftévn temps qu’en vne ville du royaume de Naples nom- mée Sybares, non les hommes feulement, mais encore les cheuaux apprenoientàballeraufon delà cornemufe.Cene fera donques pas grande merueillc fi ores le cheual animal tant docile & amy de l’homme, fe montrera par cy apres parlemoyende ces miens enfeignemens-, vaillant, adroit, & obeiûànt . Partant les lifant fouuent fans detrà&ion , & a- uecquesfincerité telle comme ie les ay eferits , corrigeant les fautes h vous y en trouuez , auifez d’auancer le don, lequel en ceft aage par le moyen de mes labeurs Vous eft courtoifemét prefenté non tant de moy,que de la puifiTantc& liberale main de Dieu. Et fil vous femble qu en mes phrafes & maniérés de parler, ienàyeefté fi diligent & exquis qu’il appartiendroit. penfez que i’ay prins de plus près garde à bien faire qu'à bien dire.-àfin que chacun quiles lira apprenne plus àdrefier&r piquer cheuaux qu’à parler: & que ne fe piaifànt à la le&ure il ne farreftepasàicelle,ains comme chafiedefaruddfc,incon tinent il recoure au fruit &à lvtilité delœuure. Or qui vous pourroit iamais dire à plein les louanges & la grande vertu du cheual ? Qui eft ccluy qai ne le recognoift Ray des animaux, ains vne rocheinexpugnable, & tresfide- 3c compagnon des rois? Attendu mefmemcnt qucBucephal accouftrc de fes harnois royaux ne fe voulut iamais laiffer cheuau cher par autre queparfon Alexandre: & blcflfé à la pri ic dcThebes ne voulut iamais fouJfrirqu’AIexandrc démon- tait de luy pour monter delfusvn autre. Semblablement le cheual de. Cæfôr ne voulut iamais porter autre que Cæfar: en lifant les hiftoires vous trouucrez mfinisadles genereux &: geftes glorieux de beaucoup d’autre cheuaux , pour raifon defqueisenlcurvicilsont cftécbcrstenuz&careifcz 5 & ac- confirez de draps précieux : & depuisleur mort honorez par pompes funèbres, braues fepulehrcs > hautes pyramides, & par vers pleins de leurs louanges. Apres q> Bucephal fut mort Alexandre feit baftir vne ville, là oii il fut enterré, laquelle en mémoire de luy il appcllaBuccphaHc.Le grand poète en fon Eneide Z FED. G R I S O N LIVRE I. Enéide voulut comme pourvnc excellence furnommerle roy Picus dompteur de cheuaux:comme aufli feit il en diuers autres lieux le grand Meflape fils de Ncptunedequel Neptu- ne dieu de la mer,cedient les fables, engendra auecques Me- dufe le cheual aillé nommé Pegafe , lequel volant iufques au ciel fut conuerty en vn Aftre. Aufli figurent les fables que Bel lerophonfilsdu Roy Glauque monté deffus ce cheual com- battit 8c veinquit la monftrueufe Chymere , pource qu’il fut inuenteur&lcpremicrau monde qui entreprint démonter Les tgurt delfus les cheuaux.Combicn que depuis !uy les Peletroniés ». les ront. Lapythes trouueren t\_sFumé‘iGsrf'] les mors & les tours: &que finablement furent les ThefTaliens les premiers qui me ne rendes chenaux à la guerre.Ce qu’ils firent à la vérité dVn jugement non moins profitable que diuin . Car il ne fe peut dire qu’il y eut iamais ny abondance de viures, ny fefte a ccô- plie , ne braue icu , ny bataille grande où les chenaux n’ay ent eft é,ne degré, eftat, qualité ne profeflion humaine, foit de re- ligion, de lettres, ou d'armes , où ils n’ay eut toufiours efté, 8c ne foient perpétuellement ncceflfaires . Aufli cft la valeur du cheual par delfus toute autre valeur &puiflance,&avn ligne par dcfliis tout autre ligne d’honneur merueilleux certaine- ment, 8c fur toute autre chofc admirable: pource que ks no- bles &grans feigneurs, ains les péris compagnons 8c Amples foldats fe font parles forces 8c dexteritez des chenaux, hauts, grans,braues &illuftres . Qui ne dira que tout Prince fe rient parraifon glorieux d’eftre appellé Cheualier $ &toutesfbisil prend ce nom de ceft animal vraiement Royal . Des vertus & louanges duquel quâd ie voudrais ie ne pourrois aflez fuf- fîfammcnt parler : car au refpeâ: de fon excellence , la langue ne pourrait fuffire à en parier félon fa valeur. Parquoy con- traint de m’en taire, ie lailferay prefentement à vous en faire plus long difeours. le diray donc premièrement que la qualité du cheual dé- pend des quatre elemens,&fe conforme plus auccceluy du- quel plus elle participe. S’il tient de la terre plus que desautres il fera mélancolie, terrein, pefant, & de peu de cœur : 8c eft couftumierementdepoilmoreau,ou de couleur de Cerf, ou a ij L’ECVIRIE DE {ammelato) pommelé 3 ou de poil fouris,ou de telles autres cou leurs meflees. Si plus de l’eau, rl fera phlcgmatiq , tardif, 5c mol : & le plus fouuent il eft blanc . Si plus de l’air , il fera fan- guin , gaillard , prompt , & temperé en fes mouuemens : & a couftume d’eftre Bay.S’il tient plus du feu,il fera colerejeger ardant , & fauteur , & n’auient guiere qu’il foit fort ncrueu, & eft communément [Saura] roux alezan, refemblant à Ja flam- me,ou pluftoft à charbon ardent:mais quâd auec la deuë pro- portion il fera participât de tous les elemens enfemble, alors il fera parfait. Or entre tous lespoilz ,1e bay chaftain,Ie [liardo rotato ] gris roue, que vulgairement on appelle [liardo p omat o] gris pommelé , le [Sagenatofopra negro } rouan [ cauez , - %tdi moro ] nommé teftede more , & encore ( Sauro metalind) roux metallin, lequel en langueEfpagnole fappell c(ala%an to- ftado ) alezan obfcur , font les plus attrempez & les plus efti- mez: de fait ils font de plus robufte & de plus gentille nature. Apres eux font plus à prifer ceux qui de plus près leur reflem- blent: entre lefquels sôt le Bay doré ou rouge en couleur cô- ^euiVna me ro ^ e 5 ou véritablement obfcur, qui ne foit pas de ces Zains iLnU ch e qui ont le tour des yeuxje muffle 5 1 les flans lauez. Le (Sauro) mUm rouxoualezanàguifede charbon ardent, & non de flamme: IneZ 11 ' Le blanc moucheté de noir: Le ( liardo argenta ) gris argenté marque, qui a Jes eztremitez noires , c’eft afçauoir les pointes des au- Z,l* ud reillesjles crins, la queue, les iambes &les bras:& fi depuis les crinsiufquesà la queue il aura la raye noire, encore vaudra il P couiÈ'L m * cux * Le gris qui va tirant furie (pardiglio) pa«lil:toutesfois gris (en- qui n’ait pas les extremitez noires; mais qui ait les iamjpesôc dré,oud e les bras verrez ou rayez.Et deuez noter que de tous les mau- Bras.um uais poils ceux qui auront les extremitez noires lerot lçs meu bes de de- Jeurs.Encore ne vous faut il pas celer qu’aucuneibrte de poil bien qu’il foit excellét,ou bay, ou(// & fouuent bien fort excellent, 6c plus ou c ™&dept foit befoin de vous en faire autre plus long difeours . Mais fil e- tLt J i ftoit feulemét moucheté par les flans,vers la crouppe ou au col vers les efpaules,ce feroitvn mauuais ligne, & fappelleroit a- lors le cheual tel \yAtauannto ] tauelé ou frelonné, pource que tels cheuaux nailTent depuis la my Iuin iufques à la my Aouft: pource qu’ils font encore ieunes,ils ne 1e peuuêt auec le mu- fle ofter les freflons (que les Efpaignols appellent Tauanos)dcs flans:& encore ne peuuent ils atteindre de la queuë pour chaf- fer ceux qu’ils ont delfus les ejpaules dont ils ont,nô de nature, mais à 1 ’occafion deces morfures de frellôs, les taches de poil blanc.Et pource que leur naiffance eft tardiue ,encore font-ils moins forts au trauail , tant par ce qu’au grand befoing l’herbe leur defaut, & leurs meres ne peuuêt auoir abondance de laiéfc, qu’aulfl parce que l’hyuer arriuant n’ont pas aagefuffifantpour fouflrir cesincommoditez,&à ce moyen leur diminuent les forces, & ne font fi gaillards comme les autres. Le cheual blanc moucheté de noir, fera fort leger, & allez adroi& & de bon fens:femblablement quand il fera moucheté de rouge : toutesfois le moucheté de noir eft couftumieremët plus fort & plus courageux. Le cheual de poil [Uardo] gris qui a feulemét quelques mou chetures rouges ou tannees aux machoires,6e au muffle fera perbe:&r quelquefois fe defpite fefgare de bouche. Le cheual [Gazzo] Pie, le plus fouuent fera trompeur & ne. fera de franc vouloir, riere, porte apparence de valeur fil eft femé de poil blanc ^ ese fp au de la main en auant,le plus fouuent aura peu de force. les en der moins félon la nature du pelage fur lequel fera la moucheture. tits poils Ce que vous pourrez aifeementcognoiftre, parce que ie vous h L’ECVIRIE DE Le cheual qui a le noir des yeux blanc , quand il chemine parla neige & par le froid, ne voit fi bien comme parles autres lieux. . 9 Le cheual qui n’a ne marque blanche ne balzane aucune, fe rebours , ’ monftre fouuent(Æ4wi/?g0)rebours,& fera gay & maniableice- morne & y au j ent à cheual de tout poil , mais plus au moreau , & à toute remis. p orfe poilbay,principalemét au bay brun.(/faw/>?g<7)rebours gu’eft eft appellé le cheual qui ne va point de train certain & qui n’a point Te fp rit repofé: & l’vn eft plus malin quel’autre; car tel fe trouuera , que plus vous le voudras forcer , moins prendra il le train vny,mais ira comme fil auoit deux CG2urs,l’vn le pouffant l’autre l’arreftant , & fera tout fon mouuement de l’efchine . Si le cheual a Fcfpy feul ou accompagné auec (Spada Romand) l’efpee Romaine fur le col auprès des crins , il fera heureux : & plus encore d’autant qu’il palfera plus egalement d’vn collé à l’autre.Et fera encore meilleur quand il aura deflus le front:D’a uantage fera ce figne bonô£ notable,le faifant apparoir de cou- rage franc & pur qu’il fera très heureux en guerre 5 quand il l’aura fus les deux hanches de derrière à l’endroit du tronc de- là queue, là où il ne fe peut regarder. Et combien qu’il euta- uec ce figne quelque Balzane mauuaife,neantmoinsayantce figne, il fera non feulement en partie, mais du tout retiré & pre ferué de celle mauuaife influence .Toutesfois quandil al’efpy ou remolin fur l’efpaulc , ou defiùs le cœur ou en autre lieu des flans , ou il le peut choifir de l’oeil , c’elt vn mauuais & malheu- reux figne, & contraire à ccluy que i’ay diél: & fera pire d’autâc qu’il fe trouuera plus près du cœur,foit vers la partie de deuant ou celle de derrière. Mais auifez-vous que ieneparlepasdesefpisou remolins qui font naturels,lefquels tout cheual a aux lieux ordonnez par la nature , ff auoir eft , au milieu du fronc , au gofier , en l’efto- mac, au nombril, & aux flans : mais des autres qui d’abondant & comme par accident font produis ou en icelles Ou en autres parties du corps du cheual. Le remolin ou efpy eftoit appellé des anciens, petit cercle: ouefty pource que ce font certains poils retors,qui font ordinairemét en forme ronde comme vn pet&cerçle peu plus ou moins grâd * qu’vn FED. GRISON. LIVRE I. * qu’vndemydouzain denoftre monnoyc: &qucIquesfoîsccs poils font longs plus ou moins en façon de plume: laquelle lô- gueurau-iourd’huy f appelle, efpee Romaine . Et combien que le cheual foit de bon poil & bien marqué, - & que par là il demonftrc gaillarde complexion, & non feule- ment bonne volonté, mais aulïiheureufeconftellation:neanc moins il eft neceflaire que fes membres foient bie n adiuftez,& formez auec deiie proportion,autrement la vertu du cheual ne feroit deüemcnt accomplie . T ellemét que pour fatisfaire à vo- ftrc delîr, ie vois breuement vous dire quels ils doiuent eltre, & commenceray aux parties bafles,efquelles le cheualier voulant regarder & viutcr le cheual, doit premieremét arrefter fa veue &fondifcours. « Le cheual doit auoir la corne de l’ongle, liftee & polie, noi- re, large, ronde, fechc, & creufe . Et encore quelle fut tendre ou molle, pourueu qu’elle ait le talon large, ce ne fera que plus grand ligne de legereté . La raifon eft , pourcc que le cheual à caufe de la tedreté & foibldfe de fon ongle du iour qu’il eft né, commence à cheminer parla campaignelegercmétnefofant appuyer fermement fur l’ongle: mais faydant principalement des bras ot du mouuemcnt de l’efchine.Les couronnes deliees & peluës, Les patturons cours , non trop couchez , ne trop re- leuez.-A ce moyen il fera plus fort par bas, & ne bronchera ft toft en auant. Les iointes grofles, & fi derrière elles il a vn tou- pet de poiI,ce fera vn ligne de force.Les iambes droittes ôdar- ges : Les bras neruus, auecques les canons cours , égaux & iu- ftes&au furplus bienfaits: pareillement les genoux gros de- charnez&vnis. Les hauts des bras, ou mufcles quifeftendent depuis le genouil iufques à l’efpaule , quand le cheual fe tient droitfur fes piedz , doiuent eftre plus élargis & diftans l’vn de lautre,par haut que par bas.Les elpa'ules lôgues, larges & char- nues: La poidtrine ou eftomac large & rond:Le col, qui ne foit point trop court, mais qui tiéne plus du lôg que du court, gros vers la poi£tnne,(z»arcato ) voûté parle milieu, & grelle auprès delà tefte:Les aureilles petites ou pluftoft aigues & droites, de bonnelongueur & larges plus ou moins félon la taille du che- nal. Le front décharné & large: Les yeux noirs & gros ; Les fa- «fpee Hu- maine* Les canot font les parties qui s'ejie- det depuis les pattu- rons iuf- ques aux genouils . L’ECVIRIE DE lieras deflfus les fourcils pleines , & eminentes dehors: Les mâ- choires deliees& maigres.-Les nareaux ouuers & enflez,de for- te que le vermeil de dedans le puiffe voir, à fin que la refpira- tion luy foit plus aifee , & qu’il ait plus d’haleine ; La bouche grande:Et finalement toute la telle prinfe enfemble doit eftre des deux collez de la face & de rencontre longue, feche & sé- blable à celle d’vn Mouton, monllrant les veines par tout.Mais leGenetou cheualleger doitauoir la telle petite, auecques les mcfmcs parties quei’ay dictes itoutesfois ne la doit rant auoir femblable à celle du Mouton . Les crins clerlèmez & longs: Et ne fuis point du tout cotraire à l’opinion de ceux qui les veu- lent efpais:#ar pourueu qu’ils ne le foient point exceffiuement -oTlT & en tro P g rande q uantité 5 ds ne font pas pourtâtàmefprifer: \ftfurL & fils fontcreppes ou bien clairs & deliez, ils lignifient enco- fuidt* col re plus grande gaillardife : & fils efloient gros, ils demonllre- Trhuau roicnt que le cheual feroitplus de robuftc nature:comme aulïî commun- fils font deliez, monllrent plus grand ligne de bon fens , tou- v?[chL d e e tesfoislegereté & delicateflfe à i’œuure , &peu de force àpor- deuant le ter peine. Le garrot non feulement aigu, mais quafi eftendù& fremier droit , & que là fe voye le departement des efpauîes : Le dos a>) ° u court & qui ne foit courbé ne voûté, ne aulfi creux ny enfoncé [■ t lombi] Les reins ronds, & mieux valent, plus ils font plains& vnis vers l’elpine du milieu : laquelle efpine du dos le cheual doit auoir double & vuidee en canal . Les colles larges, ôdon- gues auec vn petit interualle entre la colle de derrière & le neud de la hanche : Le ventre long & grand, neantmoinspro- portionneement caché delfous les colles: les flans pleins : & l’cfpy ou remolin naturel qui fetrouue ordinairement en tous cheuaux près de chacun flanc , plus il monte en haut vers le neud de la hanche, & plus l’vn regarde l’autre, plus efl grande l’apparence que le cheual foit leger :1a crouppe ronde &vnie, &vnpeu raualee vers le canal qu’elle doit auoir au milieu: a- uecques alfez grande dillance de l’vn des os ouneudsdeia hanche, iufques à l’autre : Les cuilfes longues &larges, auec- ques les os bien formez, & fort charnues dedans & dehors : Et Faki >C e- ** l c c h cua l a l es iarrez amples, fecs, & bien eftcndnz, & les fie «w-'faulx 5 ou vuidures des greues, que Htalian appelle [falci] courbes: FED. GRISON. LIVRE I. 3 courbez & larges, comme lésa le Cerf, il fera ville & adroit: inais fil a les hanches & les iarrez courbez , & les fatilx eften- dues : il fera naturellement bon chemineur. La queue touffue & bien fournie de poil , & longue iufqu’à terre , auec le tronc gros de bonne méfure,&bien affis entre les cuiffes 5 côbien que aucuns veulentla queue rare & clerfemeede poil , file poil e* ftoit vndé & crefpe,il en feroitplusàprifer. Lescomllons auec le membre, petits , combien qu’il y ait beaucoup de bons che- uaux qui les ont grans ôc gros : mais ie parle félon la vrayerai- fon de phyfionomie,fuiuant ce que le plus fouuent fexperien- ce demonftre . Et fault noter que tous les membres du cheual doiuent eftre correfpondans & proportionnez à la grandeur de fon corps: qui fera comme celuy du Cerfplus hàult derriè- re que deuant :toutèsfois fil eftoit outre meiure plus bas par deuant,il feroit dangereux àlacourfe .Eteft le cheual grande- mét à eftimer quâd il a bon cœur, & il eft leger,ce qui luy vaut mieux que la force.-car fil eft fort & n’a point de cœur,ne de le- gereté , il ne pourra auoir la vertu & dextérité propre pour fe bien manier : mais quand il fera leger & courageux au trauail, encorequ’il ne foit pas tant fort, fi durera-il plus quvnplus robufte,&: en tout ce qu’il fera ilferaiugé plusgétil & gaillard. Neâtmoins celuy qui aura toutes ces vertus enfemble,fera fin gulier,&: digne qu’on face grand côpte de luy.Encore me fem ble-ilbon de vous aduertir qu’en l’efchine du cheual font requi fes quatre qualitez fort recommandables. La première eft, quand elle eft foupîe,de forte que le cheual cheminât l’abâdon ne toute, &: brâfle fort quand il va,& fait le trot à deu x fois, femble nager des reins, que l’Italian appelle \nauigari lombi .] La fécondé, quand le cheual au commencement qu’on le che- uauche, f amaffe 6e amoncelle tout, courbant l’efchine,(que l’I- talian dift [ agnrpgar &far fehena dagato: ] famonceler & faire efehine de chat)& fait de mefmes quâd il galoppe,ou quâd il fe veut manier à [r^^/^/]paffades, &nefefpargne en rien à faire tout ce qu’il peut affemblât Remployât toute fa puiffance . Et apres qu’il acheminé vn efpace de cefte forte, ne pouuant plus retenir fes membres , il fabâdône &felaifte aller mefmcment fil chemine loin:En quoy apparoift la foib!effe:mais ce defaut eft moindre que l’autre. b iij bure du derrière au lo& femblablement vous tiendrez iuftement les refnes de la main gauche,& la baguette de la main droitte, vous tenant enlecheuauchantiuftc&droit delfus luy, & vous afteurant auecques les genoux, & auec les cuiffes bien vniment dilpofees, de forte qu’elles femblent col- lées auecques la fellc: ôdaififerez aller voz iambes toutes droit tes, de la forftie que vous les tenez eftant debout fur voz piedz: 6c quand il fera befoing vous en foulagercz le cheual plus ou moins, ainfi qu’il y efeherra: Or laiflant aller voz iambes dé ce- lle façon, les piedz f’en iront pofer furies eftriers en leurs lieux propres ,aucc la pointe & le talon de chacun d’iceux tournez de la part qu’il faudra: de manière que tournant le vifage , que vous teniez droit & iufte,del’vn ou de l’autre cofté, fans le fon- cer toutesfois, & fans rcmouuoir le corps , & regardant en bas vers l’etrier,vous apperceucrez que la pointe de voftre piéfera tournée droit où fe drelfera la pointe de voftre nez . Et félon laqualitedc la felle vous cheuauchercz plus court ou plus iôg: pourueu que toufiours l’ettrier droit foit de demy point plus court que le gauche : & tiendrez letriuiere deflbus le genouil, pource que vous en chcuauchcrez plus à l’aife &plus gaillarde- ment, & plus magiftralement pour foulagerle cheual rant au faultque au maniement, de-fait auiourd’huy on en vfe ainfi, toutefois quâd vous tiendrez l’etriuiere fur le genouil ou che- uaucherez IO FED. GRISOR LIVRE I. uaucherez. plus long & plus brauement, 5c regardera chacune pointe de voz piedz droità la pointe de chacuneaureille du cheuaL&non droità l’efpaule, comme aucuns ont voulu dire, caril feroitfaux. Cefte façon decheuauchcr, retriuiercdefïus le genouil ,anciennementfembloit plus gentille, 5c eftoit en plus grand vfage ,pource que les cheualièrs de ce temps-là v- foientfort decheuaux bardez , 5c eftoit befoing, pour atteins dreiufques àleurvcntre,auoir dcsefperons longs enuiron dV- ne paulme: tellement qu’ils eftoient contrains quafi par neeelfi té,decheuaucher de cefte façon .Et auftî viendroitil bien à propos de le faire ainfi auiourd’huy, quand on cheuaucheroic vncheual bardé à la mode antique. Finablement au corps, à l’efchine,auxmains, aux cuiftes ,auxiambes, aux talons fault tenir 5c obferuer le temps 5c la mefure : laquelle f’apprend feu- lemét du bon difeours, & delà bonne do<5irine,& de la longue expérience qu’on a des cheuaux, 5c puis apres toutes les ordô- nancesdepas en pas, au difeours que ie vous feray, vous feront claires 5c manifeftes.Mais iulques à ce que le cheual vienne au temps de porter bride, comme ie vousdiray tantoft, illuy fe- roit bien plus commode de le cheuaiicher auec la baftine : fur laquelle entendant bien les pofes de la fclle , fans vous en dire f ar / tllpar la forme que ie vousay ditte . Et celle façon fappelle, maniement contre temps, pource que le cheual voulant faire la première pofade, &lors qu’il veut commencer à fe leuer en l’air pour faire pofa- de, vous luy dérobez & cloyez la volte, & ne luy accordez pas le temps dé faire & acheuer la pofade:toutesfois à la fin quand vous irez vous arrefter, vous luy en ferez faire vne. Et vous a- uife qu’ainfi comme le maniement de tout temps, luy fera plus aifé quand il fçaurapremieremétbien faire le maniement à de- my temps: auffi ne fera il iamais fi parfaittement le maniement contre temps, fil n’a par-auant congnoiffance pareillement du demy temps,lequelà ce moyen profitera autâtpour l’vn que pour l’autre. Encore fe pourroit bien manier le cheual à l’vne de ces trois maniérés que ie vous viens de dire, à temps, demy temps, ou contre temps,bas& près de terre, le faifant couler auecques les faulx l’entretenant plus ou moins aux voltes felô le temps que vous en vou drez vfer,& les cloyant eflroittes comme il appar- tient, ôc auec l’ay de qu’il leur eft neceffaire, encore feroit il la ^f lîe l u e e iambette : & quand vous le voudrez manier de celle façon il y ne main feroit bon (comme aulfi feroit il louable aux autres façons de maniement)trouueraucunesfois vn lieu, auquel à chaque bout fu et . e iij L'E C V ï R I E D E où on va parer & donner la volte, il y eut vn petit pendant où le terreinfutduret: (& encore qu’il ne fut dur, il n yauroitpas grand danger) car il contrcindroit le chenal de forte qu’il vie- droit à manier iuftement& auec bonne mefure: fi faut- il neât- moins noter que le cheual ne vien droit iamais à fe faire en fa perfedion , fi on ne l’auoit par-auant fait leger du deuant auec les pofades Et fert beaucoup en toutes fortes de maniement , tant aux {vepolons ] paffades comme aux voltcs redoublées d’accompa- gner toufiours les voltes auecques laperfonne fans felaiffer pendre de codé ne d’autre , comme ie vous en ay défia vne au- tre fois aduerty. Et à fin qu’il vous foit plus aifé, ores le vous di ray-ie plus clairement. Qu_âd le cheual fait la volte à main droit te, vous l’accompagnerez auec le corps droit, contournant feu- lement l’efpaule gauche vn peu vers l’oreille gauche du cheual, plus ou moins félon ce que vous congnoiflrez qu’il en fera be- foing alors fi vous laifîez pendre vn peu voftre corps en ar- riéré , ce ne luy fera que plus grand fecours: mais faudra faire l’vn & l’autre à temps : correfpondant ace mouuement que le cheual fera (falcando ) fauchant à la volte, & non autremcnt:car en cefte maniéré non feulement le corps , mais les hanches a- uec toute la perfonne luy aideront à clorre toufiours la volte plus furieufe: & plus iufteauec grande facilité, & en vn mefmc lieu auec merueilieufe mefure: &: ainfi encore à toutes les vol- tes qu’il fera à main gauche, vous luy tournerez vn peu l’efpau- le droitte vers l’oreille droitte, parquoy tout ainfi que vous fait- tes à la volte droitte, ainfi ferez vous à la gauche:& cela luy fer- uira d’vn grand contrepoix pour le faire toufiours cheoir iufte, & en mefine routte. Il auient bien fouuent que fe trouuant le cheual las& fafché oufoible, foit que cela luy vienne de nature ou de trop grande ieunefie , il prendra trop de trauail fi on le manie ainfi forment au trot : partant vous dy-ie qu’il luy fera profitable de le manier quelque fois fculemeotau pas, &: auec vn de ces temps, dont ie vous ay parlé n’aguieres, luy faire prendre les voltes félon la qualité du maniement que vous luy voudrez faire faire, telle- mêt qu’orcs au pas, ores au trot, vous luy montrerez toufiours la manière FED. G RI S O N. LIVRE I. 20 la manière que vous voudrez qu’il retienne: ôc vous fouuienne que pour vn temps il ne faut point laifïer l’ordre que vous au- rez commencé au trot, ou au pas: car le faire changer fi fouuét ne feroit que le confondre. Apres que le cheual fe fçaura bien manier de toutes ces facos au pas ou au trot, vous le manierez puis apres au galop auec'les mefmes temps ôc les mefmes ordres dont ie vous ay parlé , au trot, luy faifant faire les voltes , à chacune main vne, mais que la première ÔC la derniere foient à main droitte: ôc vn peu deuât que vous luy donniez la volte, fouuienne vous de tourner la baguette du cofté oppofite , à fin que le cheual entende voftre volonté, ôc qu’il ait loifir de fy accommoder: car par ce moyen il ferala volte plus aiféement& de meilleure grâce : ôdorsque vous le voudrez arrefter, aydes-leauecles efperons pareilz,ou bien feulement auec le mol des iambes,& aueclavoix & la baguette, Sc luy faiétes faire les pofades Mais notez qu’à la fin quand vous voulez que le cheual f arre Re, ôc pare, fi le maniement fera de tout temps, vous luy ferez faire trois pofades : fil fera de demy temps , vous luy en ferez faire deux :& fil fera contre temps vous ne luy en ferez faire qu Vne: toutesfois fi à chacun de fes maniemens il faifoit deux ou trois pofades, ce ne feroit pas faute à reprendre: mais ce fe- roit beaucoup mieux fait,& en cheuaucheur pi 9 accort d’y pro ceder en la forme que i’ay ditte.D’auantage en chacune pofade onluy pourroit bienayderàluy faire faire vnccouple derua- des, pourueu qu’il fuft défia appris à les bien faire: car autre- ment il ne les feroit pas en temps ôc lieu, ny à la façon qu’il les faudroit faire. Et fil eftoit défia fait ôc prompt aux ruades ,on les luy pour- roitbicn faire faire non au parer feulement, mais auffi aux vol- tes:toutesfois au maniement contre temps, elles ne luy feroiéc pas propres : mais elles ieroient bien feantes au maniement à demy temps , ou de tout temps : ôc pour ce faire feroit bon in- continent que 1e cheual à la fin de la paffade [fiilcando ] fauchât fait la première ou la fécondé pofade, l’ayder de la voix, ou de * la baguette , ou des efperons , ou des deux ou trois enfemble, félon ce que vous auiferez qu’il en fera befoing, pour luy faire L* ECVIRÏE DE tirer vnc couple de ruades en arriéré , &: au clorre de la volte v- ne autre couple en auant:& fuiuantpuis apres la pofade vous luy ferez faire le femblable à la volte de l’autre bout, & faudra ainfi continuer tellement qu’à chacune des deux il tirera deux couples de ruades,vne couple en arriéré &vne couple en auât à chacune volte qu’il fera . Combien qu’encore à chacun bouc de palfade on pourroit bien lors qu’il cloft la volte luy faire dô- ner où il tenoit la tefte&où il a la croupe,vne couple de ruades &: non plus. Quand le cheual fera bien feur & bien iufte en tous fes manie mens, vous le pourriez bië à voftre phantafie (car il n’eft point befoing d en donner règle) manier encore le faifant contour- ner & retourner par les palfades de la forme que coule fur la terre vne anguille ou vn ferpent, mais ie vous aduerty que vous gardiez d’en vfer au maniement des cheuaux ieunes,car ce leur tourncroitpluftoft à dommage qu’à leur auantage.Et f'autfça- uoir que chaque volte qui fe fait en chaque forte de ces manie- mens des palfades , fe peut appeller , demie volte, & encore fe peut nommer volte fimple. Si auant que manier le cheual,ou en quelque autre faifon que fefoit,on vous prefente la baguette, vo 9 la deuez prendre tout doucement fans furie 3 à fin que le cheual ne f en efpouuante:& apres que vous l’aurez prife, vous le careflerez en l’afïeurant,& luy en mettant la moitié furie col , ou bien le grattant auprès du garrot auec le bout de la baguette qui vo fortira au délions du poing droitdont vous la tenez. Et pource que c’eft chofe necefifaire de Içauoir a temps chan ger main à la baguette(ce que puis apresvous feruira beaucoup à manier l’efpée quand vous combattrez voftre ennemy, pour- ce que voftre main fera défia accouftumée àfepofer & remuer comme il appartient ) partant vous dy-ie que maniant le che- ual il vous faut tenir la baguette de la main droitte,auec le bras y eftendutoutà bas, tenant le poing fur la cuilfedroitte ou der- rière elle, de forte que la baguette luy pafteau trauers duxol quaft en la forme d vne croix Sainét André : & quad il aura pris à la fin de la palfade la volte droitte, vn peu 'déliant que vous ar- riuiez à l’autre volte gauche, vous la leuerez delà,& la tiendrez au co- FED. GRIS ON LIVRE I. n au cofté droit peu plus peu moins de deux paulmes loin de l’œil delà bride ou de l'oeil du cheual, & la pointe delabaguet te, tant longue ou courte foit-eile, f’auancera en auant,en quel que lieu quelle l’arrefte , & toufiours auec le bras eftendu:& quand vous aprocherez de l’autre voltc droitte,vous la remet- trez au trauers du col du cofté gauche comme vous feiftes au commencement:& en celle façon félon la volte vousluy char- gerez de lieu . Toutesfois auifez que combien que le cheual face la volte à maingauche pour vne fois, ce ne feroit pas faute de luy tenir la baguette fur le col, de la forme que ie vous ay dit te,at tendu que c’elt Ion premier & plus propre lieu-.ôc d auanta- ge, pource que le cheual de fon naturel eft plus prompt à la vol te de main gauche , il n’y auroit pas grand danger en la luy fai- faut faire , de ne luy bailler pas 11 fouuent le fecours de la veuë delai baguette :& vous déclaré] que naturellement &: félon la vraye difeiplineon la doibt porter plus ou moins d’vn cofté que d autre félon le befoing qu’il en eft,c’ell à fçauoir du cofté duquel le cheual eft moins ferme, & d’où il feiette le plus: tel- lement que fil eft: d’vn cofté foiblc de col, en luy donnant le maniement tenez toufiours la baguette de ce cofté-là duquel il pend: mais fil eft égal &iuftc autant d’vn cofté que d’autre, vous la châgerez quelque fois de main: &: alors fi vous la teniez par fois fur fon col s de la forme que ie vous ay dit, il n’y aura pas grand dâger: & à mefure que vous auilerez qu’il en fera befoin vous le pourrez bien ayderouchafticrauec la baguette del’vn ou de l'autre cofté de la crouppe , ( ainfî qu'il efeherra ) ou des flans, ou des efpaules: & à la fin faudra toufiours retourner à po fer la main qui tient la baguette en lvn de ces deux lieux , les- quels deux lieux font les deux gardes principales de l’efpecoa dcTeftoc. Mais quand à raifon de quelque grand defordre , il feroit be- foing de le chaftier parla tefte& entre les aureilles, combien que lors la baguette fc portail ou plus ou moins haulte & hors du deuoir,cela ne fepourroit pas appelierfaulte: parce qu’eftât le cheual vitieux,& voulanteftre à celle caufe chaftié par le me bre, fur lequel il craint plus les coups , il faudroit feulement a- uoir egard à le battre à temps:& partant pour celle occafion fc- L’ECVIRIE DE roïtilbien permis en telcaslatenirlàd’oùilferoitplusaiféde le battre, à fin qu’il ne puifte fuir le coup. Et quand il le faut fe- courir ou corriger de la baguette , ie le vous ay défia dit, & le vous diray par cy apres plus amplemét en tous les endroits où le propos y efcherra. Et notez que quand vous pourmenez, ou quand vous ne ( Voulez en aucune forte vous ayderde la baguette, lors il la vous fault tenir haulte la point e en fus vers l’efpaule droitte auec le braseftenduenbas:& la tiendrez entre le poufle & les autres doigts de la main qui ne foient pas closdaquelle main vous tié- drez fur la cuifie droitte, ou peu deuant, ou peu derrière elle:& puis quand il la faudra mettre en œuure, incontinent cloiant le poing, vous la pourrez deualler bas au cofté gauche ou droit, ainfi qu’il efcherra, comme ie vous ay défia dit. Vous le pourriez bien encore manier, & tenirlabaguette haulte, de la forme qui fe tient la lance quand on court, le poing bas fans le mettre furlacuiffe & toutes les fois que vous ferez proche delà volte, vous la pourriez abailfer de la main qu’il fe- roit befoing, & apres la volte la retourner là en fon premier lieu. Et à fin de vous en donner plus claire intelligence i e vous dy quand vous maniez le cheual, fil ne cloft du tout la volte, ou- tre les autres fecours qui y efcheent, comme ie vous ay défia dit,& vous diray encore cy apres à fin qu’ il f en aille ferrer de- dans la vraye routte , vous le faudra ayder auec la baguette, ou le battre en l’vne ou en l’autre épaule du cofté oppofitc à la vol te que vous ferez, & de ce cofté vous la clorrez puis apres , de laformequeievousayditte,&aueccefte ordre cotinuâtlema niement, vous luy changerez de main . Quand vous irez pourmener fâns baguette , vous faudra te- nir la main droitte ouuerte. fur l’arfon , furlebortdu quel vous poferez le pouffe: mais le voulant manier ou faire courre,ce fe j roitvice de tenir la main: ains lors vous faudra feulement delà main droitte prédreles refnes parle milieu d’où elles pendéf, & ainfi clofe en les ferrant la tenir là , où vous la foulez tenir, & employer tenant la baguette. Âpres que vous l’aurez manié au galop furieuxou 2Z FED. GRIS ON. LIVRE I. quand il fera en haleine &ilaurareprins fon vent, lors vous le pourmenerez au pas fans le tourmenter par la mefmeroutte enuiron douze fois qu’à aller qu’avenir: & à chacune fois que vous arriuerez au bout de la routte, vous le ferez volter, de for te quele bras oppofitefencheualle deiïus l'autre, comme n’a- gueresie vousay amplement déclaré, car par ce moyen en le maniant le iour enfuiuant, Vous le trouuerez difpofé de accou- ftré aiiec plus grande aifance fans ce qu’il face aucune faulte: de toutes les fois qu’il perdra fon ordre, de ne fera les voltes de cé fte mefure, il le vous faudra corriger delà maniéré que ie vous enfeigneray bien toft au fécond liure : de tant plus vous Iuy ac- coutumeriez ceft ordre en vn garet, d’autat plus deuiédroit-il legerà tout maniemenr. Et feroit fort bon, auant que le manier foit au trot,foit au ga lop , de de quelque vitelfe ou temps que ce foit aucunesfoisje pourmener ainfiparla routte ou il deura predrelemaniemct, & pareillement luy faire faireau cômencement ce que ie vous ay dit n’aguieres que Vous luy deuiez faire faire a la fin; car cela luy montrera la voye plus certaine,laquelle il continuera auec plus grande gay été puis apres, de auec le vray ordre, & de meil- leure grâce , de ainfi que vous levoudrez,ô£principalemetquâd il commencera à apprendre. D'auâtage il vous fault auifer qu’aucunefoifc le cheual ieune, pource qu’il n'a pas encore toute fa force,natureIlement,pour auoir moins de peine, fi toft qu’il arriuera, voudra prendre la volte,&fuyra le temps qui y fera propre: tellement que lors quand vous luy donnerez ces pafFades, foient courtes ou lon- gues , ou au trot , ou galop, at tiuc au bou de chacune d icelles, vous luy ferez faire lespofades en nombre tel que requiert la qualité du maiîiemciit que vous luy voulez faire:mais ce feroit bien le meilleur les luy faire faire au nombre qui eft propre aux voltes de tout temps ou de demy temps, puis voys arrefter quel que peu de le carefler,puis apres luy donner la voke auec les fe- cours que ie vous ay dit, de vous diray cy apres : fur laquelle fil ne tenoit pas encore bien l’ordre,&: eftoit trop prompt à f’auâ- cer, vous pourriez vnpeu arrefter , car il deuiendra puis apres iufte , égal de leger aux voltes: & apres qu’il y fera feur&aifé à f *j L’ECVIRIE DE voftreplaifir, vous le pourrez bien manier virement & fans paufe en toutes les fortes de touttemps 3 demy temps& contre temps. Mais fi le cheual eft bien entendu, il n’aura point befoing de cela: ains pour l’entretenir 3 fufïira apres que vous l’aurez pour- men é , aller feulement vne fois au galop , l’efpace d’vne petite carrière, & à la fin en le tenant droit auec les pofades, vousar- refterlà vne piece ,& puis vous en pourrez retourner au pas ou au trot iufques à l’autre bout duquel vous elles party,& apres le retourner 3 & le manier par la mefme routteauecle temps qu’il fç ait bien faire. Mais auifez aufti que fi le cheual eft trop fenfiblc , & encore il vous dérobé le temps , & pre nd la vol te plus toft que vous ne voulez, & à l’auenture la prend couchée, ce feroit bien aftez de le bien manier fouuent , non en autre maniéré qu’à tout temps 5 au pas 3 ou au trot 3 ou au galop 3 l’arreftant vne piece , & puis le faifant tourner bas 3 bas, luy faire encheuallerles bras, ou bien luy fai re faire la iambette : laquelle ie vous diray au quart liure comment on luy aprend : par ce que prenant ce fte accouftu- mance,il ira auec plus grade mefure & toufiours iufte 3 au temps & à la façon que vous voudrez. Il y a beaucoup de cheuaux de leur nature fuperbes ‘defpitz, lafehes & foibles: lefquelzpour auoir efté mal nourriz & bat- tuz outre raifon quand vous les voulez manier , & ilz font arri- uez au bout de la paffade ou au trot, ou au galop, lors que vous leur donnez la volte, ilz la prennent à grand contrecœur: & le plusfouuent la font large & peu iufte comme il eft befoing ,& qui n’a nefon temps ne fa mefure. Partant vous dy-ie,que pour les chaftier de tel vice , vous faudra leur faire faire la pafi fade au pas: & quand vous ferez près du bout à la longueur d’vn cheual, lors vous luy donerez plus grande viftefle de trot ou de galop : §£ arriué là vous ferez faire la volte à droitte qui foit iufte, & apres quelle fera clofe vous arrefterez vne piece, 8c puis vous prendrez acheminer du pas tout doucement par ce- lle mefme routte: & tour ainfi que vous feiftesàla volte droit- te,en approchàntdu bout, vous le hafterez à furie de trot ou de galop 3 & luy ferez faire la volte à gauche & vous arrefterez a- presiçeî- FED. GRIS ON. LIVRE I. i 3 près icelle:&puis retourner cheminerez au pas ne pP ne moins qu’au commencement& de mefme ordre, tant qu a l’aller & au venir vous faciès ainfiiufquesà hui<5t fois,&à la fin vous fau- dra parer auec les polades . Et ne fault oublier que chacune de ces voltesferafelon le maniement que vous luy voudrez faire faire,ouàtemps,ouàdemytemps ou contretemps. Mais notez bien que chacune fois que vous luy auez fait fai- re la volte, & que vous elles arreflé ainfîque ie vous ay dit, vous pourrez cheminer au pas enuiron trois pas,& puis le m et tre au trot:&quand vous approcherez du boutà la longueur de corps du cheualle mettantau galop, ou continuantlc mefme trot, vous luy ferez faire l’autre volte, vous arreflant femblable ment apres icelle: &: de celle forme encore continuant voz or- donnances. Quand vous apperceuerez que le cheual entend 5 1 va de ce temps que vous luy auez monflré,apres que vous luy aurez fait faire la volte, & vous ferez vn peu arrell é fur icelle : vous en i- rez au galop, & continuerez quelques iours ainfi le faire: &a- pres qu’il fera bien feur & bien iufle, & entenderala mode, a- pres qu’il aura clos la volte vo ? n’vferez plus de celle maniéré, mais fans luy donner ny arrell ny paufe,vous le ferez cheminer auant : autrement il prendroit vn mauuais vice , duquel pour- roientnaillre plulîeurs grandes fautes: car cell arrell apres la volte fe doit faire feulement quand le cheual pour aucunes des caufes que ie vous ay dittes cy deuât,ne faitpas la volte vraye&: iufle comme il appartient. Plufieurscheuaux mal nourriz &: inllruitz , tournent èn fe maniant la crouppe &: les hanches plufloll que les efpau!es:tel- lement qu’en ce faifant il leur feroit impolïible de fe manier bien &iullement .-partant vous di-ie que quand vous viendra entreles mains vn cheual enuieilly en celle mauuaifeaccoullu mance,il faudra auec grande diligence le folliciter au pas ou au trot de droit en droit, dedans le garet en vne raye ou lillon, & le corriger touliours , non feulement quand il chemine , mais aufli quand vous luy fai&es faire la volte , ores auec le gras des iambes, ores auecques l’efperon de la iambe oppolite à la volte que vous luy donnez quand vous elles au bout,& ores au court L’ECVIRIE DE à la longueur du corps du cheual, & ores au longeât que peult dire longue la pafiade ou la carrière, vne pieceàl’vne & vne pièce à l’autre mode, tant qu’à la fin il fauife de fa faute. Et fi cela ne fuffifoit'pour le corriger, vous irez pourmener en vn lieu où vous ayez dvn cofté vne pante de mur , duquel vous approcherez le plus près que vous pourrez:&: quand vous en ferez au bout, vous ferez parer le cheual ,&pui$ volterà droitteauecques plus ou moins d’ayde delà iambeou de l’ef- perongauche, & plus ou moins promptement félon que vous en verrez eftre befoing , combien qu’aux premières fois ordi- nairement il auient qu'il fe tourne tout doucement : &: retour- nant par la mefme routte: vous aurez le pan de mur à main droitte: & quand vous ferez au bout, vous le tournerez fembla- blement hors du mur à main gauche , l’aydant de la mefme fa- çon que vous feiftes à la volte droitte :& comme vous feiftes par la raye ou feillon, vous le pourmenerez au pas ou au trot tât qu’il vous femble qu’il cômence à entédre ce quavous voulez, Sautant qu’ille peut porter : car en cefte maniéré il ne pourra tourner la crouppe, & fera contraint quand il fe maniera puis a- près, fe tourner toufiours auec la poitrine. Et outre tout cela auecques toutes ces aydes , pareillement le pourriez-vous manier en vn fofte : lequel fi vous n’auiezà main , vous en pourriez faire vn à voftre plaifir , aufli long que vous voulez longue la paiïade, & qui foit large par deftous en- uiron de deux paulmes , & peu plus ou moins profond d’vne paulme: & qui d'autant en montant feflargifte peu à peu,de for te que la largeur de la bouche monftre la forme d’vne barquet- te:&au plus on le pourroit faire profond de quatre paulmes,& d’autant plus le faudroit-il tenir large à l’cmboucheure .Mais en cefte manière vous fera befoin lors en luy faifant faire la vol te,vfer d’vne plus grande tempérance, de plus grande fer- meté de main & de temps & de mefureauecquesle vrayart,& piquer le cheual des efperons en temps &faifon conuenablc du cofté oppofite à ceîuy de la volte, ôc encore de l’autre cofté quand il efeherra, & principalement fi vous vouiez feruir de ce fofte pour donner la iambette, comme ie vous diray. Combien qu’vn parfait cheuaucheur apres qu’il aurapris lapratique dés ordon- FED. G RIS O N. LIVRE I. H ordonnances & préceptes de l’art que ie vous ay dit &diray, fans ayde ne de liîion,nedepantede mur,ne de folié au milieu de la rafç câpaigne pourra manier le cheual & luy enfeigner tou te vertu 3 & làaifémentle corrigerdetoutviceou defaut qu’il pourroir auoir. Quand le cheual fe fçaura bien tourner &volter à toutes mains, dextre &: prompt à f employer à toutes ces fortes de ma niemésqueie vousay dit, lors àvoflrebon plailîrluy pourrez- vous ofter les faulfes refiles : & vous faudra aufli bien apres les luy auoir o liés, luy tenir toujours la main de la bride ferme, a- uec vn doux appuy , comme quand il les portoit : & toutesfois [corne vienfotto'] quand ilfembriderabien luy faudra accour- cir les refnes:& quand vous cognoiftrez qu’il tiendra la telle fermer iulle en fon iieu,comme pour aller ferir droit du front, il ne luy faudra faire autre chofe linon de l’y entretenir , en luy donnant fouuent les voltes, & encorelc maniement au trot ou au pas, &aucunefois au galop,& pareillement fur le trot ou fur le galop luy faire faire les poiadesauplan ou au pendant de la forme que l’ay dit, le faifant fouuent cheminer ores au trot fu- rieux & long,ores au trot plus doux & plus court, & aucunefois au pas dedans vn garet qui foit frefchement&: profondément labouré, luy tenant touliours la main de la bride ferme & roide fans luyiamais donner autre liberté iufques à ce qu’il foit dom- pté &fait(li nela faut-il pas toutesfois tenir lîferme que fa fer- meté le face fortir du vray tempérament &dela iulle mefure) & à ce moyen il deuiendradeluy mefme merueilleufement lé- ger, &• prendra vn doux appuy mafehant la bride auecques grand plaifir: & en cela conlille vn des plus grands moyens, & des plusaifez pourarreller la telle du cheual: car cobien quel- le foit vainc & peu arrellee,il la compofera de bonne façon, & n’en fera plus mouuçment qui ne foit propre & bien feant . Et ce que maintenantie vous en aydit elt contraire à la maniéré dontfouloient vfer les anciens rlefquelsapres auoir manié ou fait courre le cheual, penfans feulement à le carelfer pour l’en- courager à bien faire , lafchoient la main pour quelque temps, iufques à cequ ’ilfull arrellé, &luy abandonnoientla bride. L' EC VI RIE DE Et faut bien noter qu’eftant le chenal réduit à tenir la telle iu ûe droitte [_& col majtacio di fotto'] & quand il f embride bien, lors plus il eftpefant à la main & chargé de mâchoires & fore en bouche, tant plus à la carrière &: aux palfades, &r en quelque forte qu’on le manie, luy faut-il porter & tenir la main de la bri de legere & tempcrec: car autrement il palferoit outre en f’ap- puyant fur la bride, & f’appefantiroit outre mefure,& deiour à autre feroit moins de copte de la bride , &: refifteroit toufîours alencontre:mais aulfi n’ellant point contreint de celle maligni té de bouche, il faudra faire le côtraire, ainfi que ic vous ay déf- ia difeouru. 11 n’y a pas encore long temps que beaucoup de cheuau- cheurs vfoient de la Camarre , non pas feulemét pour alfeurer la telle du cheual , mais auifi pour le faire plus léger du deuant & aux pofades, &: à fin de le faire aller auec l’efehine gaillarde, & alfemblé en toute fa force : neantmoins quand on luy olloit puis apres , fapperccuant de la liberté, il branloit & remuoit plusfortla telle, tellement qu apres qu’on luy auoitollé la ca- marre, il eut bien elle befoinl’ayder & chaflier fuiuant les or- donnances, aydes, fecours & challiemens que ie vous ay dit & diray , & luy faire eognoillre fa faute , car fans cela la camarre en fi peu de temps n’eut pas eflé fuffifantc : toutesfois elle luy eulibien peu feruirli par long efpace detcmpsilfefullaccou- (lumé à la porter: ce que nous deuons fuir côgnoilfans com- bien ell brieue la vie humaine, à fin que nous venions plufloft à iouir des grâces que Dieu nous a faiétes.Or retournant à noftre propos ie vous dis que fans la camarre aifémét auec les reigles que ie vous baille, le cheual deuiendra feur, ferme, & leger, 6c alfemblé en toutes fes forces: toutesfois quand vous voudrez vfer delà camarre, la faifant porter peu plus ou moins de quin zc iours , à vn cheual pefant & peu leger du deuant , difficile & malalfeuréde telle, pourueu que vous vfiez puis apres des or- donnances que ie vous ay baillées quand il efeherra, véritable- ment en moins de temps vous le trouuerez beaucoup auancé. Le premier inuenreur de la camarre fuflMelfereEuangelille deMilan, de fon temps trelfingulier cheuaucheur & grand mai Ere à manier cheuaux, Orquâd FED. GRISON. LIVRE I. 25 Or quand vous voulez mondrer le cheual en la compagnie de plufieurs Gentils-hommes & Cheualiers,à vn grand Prince, à vn Roy, à vn Empereur, le vray lieu propre à ced efFed, doit edre difpofé de forte, que ces Princes puifient bien voir la car- rière de l’vn des codez Sc près dulieu oùle cheual vient parer: & doit edre ce lieu loing d eux enuirô d’vne iufte pafiade, d'où ilz pourront aifcment voir le commencement, le milieu , & la fm,& chacune particularité du maniement qu’on luy fera faire. Partatfoyezauertiz que le codé droit y fera beaucoup meilleur à cauie que le cheuaucheur ou l'Efcuyer à chacune volte qu'il fera aux paflades leur tournera toufiours le vifage & non les ef- paulcs: combien qu’aucuns veulent dire que tels grans Seig. doiuent edre à l’autre bout d’oùlecheualfe vient pofer:maisil me femble que cela ne viendroitpas bien à propos, nonfeuie- mentàcaufe que peu fouuent la routteferoit commode pour donner lieu & commodité à tous ces feigneurs de voir manier le cheual : mais aufli à caufe que fi la gourmette , ou les refnes, ou le p orte-mors fe rompoir,ou fi le cheual auoit forte bouche, il en pourroitaifémentauenir quelque malheur:Ce quin’auié- dra iamais edans les feigneurs du codé & de la forme que ie vous ay dit: mais il feroit bon pour le feul prince de demourer au lieu contraire, pourueu qu’au bout de ce lieu, auquel le che- ual fe va parer y eud vnefchafFaut, ou vnefenedre, ou vne lo- ge, d'où il peud regarder à fon aife,fans ce qu’il fud moté à che- ual . Neantmoins les cheualliers tk les princes de ce temps cy, n’vfent point auiourd’huy, cerne femble,de tâtde ceremonies, & ne regardent de fi près à toutes ces particularitez: toutesfois i’ay bien voulu vous en difeourir amplement , afin que vous ayez cognoiiTance du vray ordre qu’on y doit tenir . Par- quoy notez , maintenant la forme , de laquelle il y faut pro- céder. Vous partirez au trot tenant la pointe de la baguette hault vers l’efpaule df oitte, ainfi que ie vous ay cy deuant dit vous en feignant l’ordre de la baguette : quand vous ferez au bout de la carrière en abaidant la baguette, vous ferez faire au cheual v- ne demie volte iufce à droitte, vous arrederez vn peu: & puis vous cheminerez tout doucement de la longueur du corps du g L’ ECVIRIE DE chenal & incontinent apres vous partirez furieiifementluy dô- nant carrière, & palïerez par deuant le prince de la forme & mefurequeie vous ayditte :lequel fera à voftre main droitte vous regardant:& quand vous ferez au parer,& vos faulx ferôt acheués, lors à la première, eu à la fécondé, ou bien à la tierce pofade félonie maniement, duquel vous voudrez vfer à temps ou demy temps, ou contretemps, & félon ce que le cheual fçait faire & peut fouffrir, incontinent vous le ferez volter à droitte & retournerez auecques la paftade par la routte de la carrière, & quand vous ferez au bout delà paftade auecle tépsque vous printes la première fois vous le ferez volter à gauche , &: che- minerez parcelle routte, & quand vous en ferez au bout vous le ferez volter à la droitte comme vous feiftesaucommencc- mét par celle routte vous en irez parer où vous feilles la vol te gauche , & ferez les pofades au nombre çonuenable au ma- niement que vous ferez: & ainfi vous arrellerez au deuant du feigneur ou prince, lequel en cefaifantfe trouuera ayant la fa- ce tournée vers voftre collé gauche, à la longueur du corps du cheual. Ou bien quand vous luy donnerez carrière , vous pourriez bien puis apres le retenir, &: parer vn peu plus en arriéré que le lieu où eft le Prince, à collé: lequel à ce moyen vous feroit lors à main droitte. Et quand le cheual fera du tout arrefté, 5c aura fait les pofades, vous le ferez palTerauantà[//re^//??] routte,& encore vous rendre toufiours au mefine lieu d’où vous partirez [col repolone] auecques la paffade : de où vous luy aurez fait faire la prcmierevolte vous deuez toufiours puis apres arriueriufqu’à cemefmes lieu, &là luy donner toutes les autres voltes.Et pour cognoiftre que le cheual eft en tout & par tout égal, iufte de obeiftànt,ilfera fort bon, allant qu’acheuer le iufte nombre des [; repolons ] pafla des, luy changer de main, & luy donner les voltes àrebours,& quand vous le menez parer, luy faire toufiours faire la derniè- re à main droitte tout ainfi que la première, comme fouuent ie vous ay dit. Et eft finguliercmentànoter(nommémcntpourcequecha cunfait du contraire ) que fi au terrein où fe manie le cheual, foit à [repolons] paflades foit à voltes redoublees,ftil fe trouuoit à l’aduenture quelque pierre, il vous faut bien garder de l’ofter, pource qu’elle ne luy fera aucun empefehement , m^is ce luy feraoccafion de le faire aller plus iufte, de plus correét, &rauec plus grande fubie&ion àfon cheuaucheur : mais au Contraire quand on luy apprendra le maniement, f’il ne fy trouue point de pierre, FED. G RIS O N. LIVRE II. 28 depierre,aucuncsfois vous y en faudra mettre. Semblablemét quand puis apres vous voudrez manierle cheual , lî aux boutz des [repûlons " patfades y auoit vers les coins des collez où fe fe- ront!esvoItes,vne pierre ou deux d’cnuironvnc paume de hau tcur,le cheual pour crainte d’elles viendroir à faire les voltes plus clofes, & à l’auenture auec la iambette, fans ce qu’il fuft be foing defuiurc les ordonnances que ie vous donneraycy apres quand ie vous parleray des formes dont on peut vferenlaluy donnant itoutesfois quand on le fait courre, le chemin ou la carrière par où il court,doiuent eftre nets, par ce qu’il en cour- ra pluflofl & plus feuremçnt, .Gardez vous bien quand v ous baillerez la volte, que elle ne fojtcouchee:car c’efl vne chofe laide &dangereufe , & dont peu decheuaucheurs fauifent:mais il faut qu’elle foit iufle, & que le chenal mette la telle droit te ment où il a la crouppe , ce que auec les paroles ie ne vous puis fuffifamment monflrer: neantmoins fi vous l’entretenez en le maniant fouuentau trot furieux, & le aydez en vn feillon ou en vne routte fai< 5 te de tra- uersenvn garct mol auec l’ordre que ie vous ay dit,&rnefortât point de ce feillon ou de celle routte, de luy mefmeil viendra aifément à faire la volte ellroittc, naturelle , & iufle : & la vous faudra faire balfeiufques à ce que le cheual l’entende bien, tou- tesfoislafaifantbalTe du temps que vous la voudrez, il lafera touliours mieux,& de meilleure grace:& auiédra par ce moyen qu’il fe duira à faire toutes les voltes auec le bras plié, & agile à faire la iambette. Quand au maniement des palfades le cheual prend les voltes larges ou couchées, ! ors vn peu deuantque vousarriuiez au lieu où vous les deuez faire, vous faudra à cha- cune fois le chaflier de la bride, en 1 a barre ou emboucheure qui elldu collé duquel vous ferez la volte .Et vous fouuiennc que quand il fera corrigé ,il ne le vous faudra plus autrement molelter : car il viendra iulle auec fon vray temps, & n’oferaia- mais plus fauancer hors de la routte battue. Et ce challiement de bride aux barres ou emboucheures: vous le trouuerez auec toutes fes particularitez au troifieme liure. Le defordrede faire la volte couchee (combien que le plus fouuent il auienne au c ontretem ps ) quand il efehet au manie- L’E CVI.RI E DE ment du demy tëps ou de tout temps , au iugemét de plufieurs fera pire & moins fupportabie . Partant file cheual efffoible vous faudra prendre garde qu’apres quii fera bien feur & iufle à la main, alors qu’il fait \_glt îalchî\ les faulx , fi vous le couchez yn peu plus dvne paulme : vers le collé duquel vous le voulez volter,il fermera la volte plus aifément&gracieufemenr, fans ce qu’il force ou defpite: & vous fera feulement en tel cas per- mis qu’il fe couche, & non point d auantage que ie vous ay dit, carie faifant autrement ce feroit vice. Mais quand le cheual à quelque forte de maniement que ce foit, ou au pas, ou au trot, ou au galop, auec la furie qui plus luy eft propre, ou foit de tout temps, ou de demy temps, ou de co- tre temps, fera la volte de main droitte faulfe,ou il ne la fera pas iufte.-ou bien fi contre voflre volonté il la fait trop haulte, ou trop baffe, alors quand vous l’aurez fait volter le faifant chemi nerenauant vous le chaftierez le piquant vue fois ou deux de l’efperon gauche plus ou moins félon le fentiment qu’il a : ôc quand il fera arriué au lieu accoutumé faites le encore volter à la me fine main droitte: car parle moyen detelchaftiemenc il viendra à faire celle volte iufte &corre<5le, & haute ou baffe delà forte que vous la voudrez.Et fuîuant puis apres la paffade quâd vous ferez arriué à l’autre bout, faites le volter à main gau che tellement que où efcheoit la volte droitte, fe fera lagauche, & où efcheoit la gauche fe fera la droitte : & auec celte mefure vous pourfuiurez le nôbrc de voftre maniement. Pareillement fil ne faifoit bien la volte gauche, le vous faudra chaftier auec ques lefperon oppofite qui cft le droit, retournant à la volte gauche, & aux paiïàdesfemblablemcntaueçquesl'ordrequeie vousay dit. Etainfi mettrez-vous les voltes l’vne deuant l’au- tre, de la façon que ie vous ay dit n aguieres , quand ie vous ay parlé qu’il feroit bon en faifant le maniemet pour faire cognoi lire 1 égalité, l’obeiffance , & le iulte maniement du cheual , de changer la main ,& nuancer les voltes au rebours l’vne deuant l'autre. Car en ce faifant tant à la volte droitte comme à la gau- che aucunefois fans le chafliemcrît des efperons, fe ulement en nuançant les voltes l’vne deuant l’autre le cheual fe corrigera, D auantage, quand le chenal fera du tout appris, fil prenoit ce- lle crain- FED. G R I S O N LIVRE II. 2 j en to pcla decouurir, & le fecourir à temps d’vn cofté, ou de toupies deux fuiuant ce queie vous ay dit, &; diraycy apres par tout où il efeherra d’en parler: toutesfois quand on manie le cheual, naturellement, fauttoufiours com- mencer à l’ayder du cofté oppofi te à la volte. Et de ce fecours afTez de fois ( fil n’auoit pas le temps & la vrave te iufte mefiire des FED. GRIS ON. LIVRE II. 3 o des talons) le pourrez- vous ayder feulement,fans 1 arrondiç du codé de la volte en vn mefme tcmps,âuecqucs l’autre efperon {^principalement fil eft de bonne $fgentile nature: & fi vous n’eftes contraint d’autrement le faire par fa dureté &lourdife, ou par quelque autre accident que vous cognoiflrez qu'il aura prins de la mauuaife creâce ou nourriture qu’il aura eüe de fon cheuaucheur. Et pour le vous faire plus clairement entendre, ie vous dy que fi lecheual eft plus dur d’vne main que de l’autre 3 quand vo 9 le voudrez f~ ire volter de celle main la il le vous faudra ai- der auec le gras de la iambe oppofite, &: en vn mefme temps l’arrondir auecqucs l’efpcron du collé que vous le voulez faire volter, qui feral’oppofite de celuy que ie vous ay dit, néant- moins le vous faudra peu à peu réduire à luy faire cognoillre le vray fecours des efperons ainfi comme il appartient, &laiffe- rez celle forme laquelle ell contraire au naturel , & appartient feulemet à cheual Vieil & mal nourry & inllruit en ieunelfe, ou qui fait les voltes coachees.Tellemët que ie vous dy derechef, que fi aucune de cesneceffitez ne vous y contraint, il fuffira que vous l’aidiezfeulcmentdel’efperon du collé oppofite, en temps &lieu comme ievousay ditau commencement. D’auantage,pour faiuller de telle & de col, & à fin qu’il vié- ne égal quand il fe manie, fi vous cognoilfez qu’il en prenne fa ueur &auancement,ilferoitbonaucunesfois de l’ayderdel’c- jflrier delfous l’efpaule du collé oppofite à la volte: & bien qu’ô n’en vfe guieres, toutesfois cela fouuent profite à vn cheual ieune, iufques à ce qu’il foit appris. Et faut bien noter, quele plus fouuent le cheual ,quandil entend bien les voltes, écrecognoill les efperons, en la manié- ré que ie vous ay dit,&il oit venant à la fin delà palfade ce mou uement & fon de langue, & fe fent alors vn peu tirer la bri- de pour luy donner la volte, il n’attendera pas l'ayde des efpe- rens, mais de foy-mefmela prendra: &lors il ne feroitpas bon de luy faire aucun fecours des efperons, ains fuffira feulement ce fon de la langue , quelque fois l’ayde du gras des iarnbes de la mefme forme qu’on a couftume de l’ayder : & apres qu’il a fait la volte, alors faiétes-le aller en auanr, le piquant auec les L* ECVÎRIE DE efpcrons pareils feulement au commencement delà paflade: toutesfois fil eftoittrop eueilléilnauroitbefoindervnnede Tautre.Et partant vous faut prendre garde qu’il luy faut bailler du fecours plus ou moins felô fa qualité : combien que de quel- que qualité & complexion qu ’il foit, quand il a efté bien nour- ri &inftruit 5 il fouffre& prend bien tout le fecours que vous luy voulez donner, foit de la main, foit des efperons, & Tenté- dra iuftement auec Tordre conuenablc,& prédra le temps que vous voudrez. Et quand il le fouffre& prend bien , afin qu’il aille pareille- ment prendre la volte iufte & à temps, aflez correéte, toutain- £ comme au commencement de chacune paflade vous le fai- étés aller auanr, le fecourant auecques les efperons pareiîz/em blablement non feulement quand il vous refpondbien, mais encore le plus fouuent quâd vous approcherez d’enuiron feize paumes (plus ou moins félon la logueur delapaflfade) du bout où vous deuez faire la volte, foit à droitte ou à gauche le vous faudra battre auec les efperons pareilz : & toutes les fois que vous le piquerez, le vous faudra pareillement ayder toufiours delà voix, tant pour luy donner courage, que pour le faire plus iufte & plus correpartant vous dy-ie qu en ce cas il faudra ferrer le cheual, de forte que les fers de derrière foient plus cours que de couftume: ôe ne luy faudra pas donner fi grand nombre de tours,ny auec fi grande furie: car en le che uauchant fouuent la force luy croiftra toufiours auecThaleine & à mefure que ces deux croîtront , pareillement luy croiftra la bonne volonté, & tavifteffeàraller,foitautrot,foitau ga- lop. Et outre cela encore luy profitera beaucoup quafi toutes- les fois qu’il Ce frappçrades fers despiezà ceux des mains , le chaftier à temps, de l’efperon oppofite , au tour qu’il fera . Et fi cheminant en chemin droit en quelque forme quecefuft,il forgeoit ainfi que dit eft, il Ce pourroit pareillementcorriger de l’efperondece cofte du ventre, duquel il a le col plus dur: & aucunefois il Ce pourroit pareillement chaftier de la baguette, de l’vn & de l’autre collé del’elpaule . Etfemblablementilluy pourra beaucoup feruir deie faire aller au trot, ou au galop par des chemins , ou/ des champs pleins de pierres : & fi vous n’auiez celle commodité, vous pourriez faire femer dedans les l;ecvirie de ronds de paulme en paulme plufieurs pierres de toutes fortes, petites, moyennes , &: grottes: & cela fera occafîon que le che- nal cheminera fi franchement, fi legerdeuant&'auec telle dif- crction , qu’il ne fc battra plus les mains auec les fers des piez que bien peu & rarement:toutesfois fi le cheual auoit mamiais ongles, quoy que foit, fil n’auoit pas trop bon pié , cela ne luy viédroit pas bien à propos, pour doubte qu’il ne feift faux quar- tier: mais luy donnant peu à peu l’haleioe,& bien à manger, & nelerompant & abattardiflant point auec trauail excettif , & ne le tourmentant ou aigrittant point auecques trop grande furie , &: le chaftiant à temps de la forme que ie vous ay diét , ie fuis certain qu’il prédra force, & à la fin vous le trouuerez bien corrcft , fans ce qu’il fe batte plus les mains des fers des piedz» D’auâtage ie vo° appréd que fi par les rôds de lieu à autre vous faifiez cauer depetis fottezoudegrez,celaluyferoit occafio de fe corriger de ce vice:& encor au cheual ayât ce vice, profi- tera de le pourmener fouuét debics à trauers des feillos de quel que gueret fort profond : mais en tout cecy vous vaille voftre difeours , car de toutes ces formes queie vo° ay dit profitables corriger le cheual qui forge , vo s deurez choifir celle que vous cognoiftrez plus propre& comode à la côplexiô du cheuahcar combien quelles foient toutes bonnes, fi y a-il des chenaux lefquelz ayans crainte de quclqu Vn de ces chaftiemens, pren- dront grand amendement parle moyen d’iceluy: & d’autres aufquelz faifant le femblablc n’y trouuerez aucun amendemét: de forte qu’il feroit befoing de leur donner quelque autre cor- rection, de celles queie vousay di&. Et fi d’auenture ilauientque le cheual ne foi t point iutte & arrefté en cheminant, ains qu’il aille branlant & remuant la tefte , & alongeant le mufeau tant aux tours que vous luy ferez faire au pas, ou au tror, ou au galop, comme encore cheminât par le chemin droit en quelque forte ou maniemet que ce foit ou court, ou long, ou bien eftantarretté en quelque lieu, incô- tinent que vous luy verrez faire vn tel defordre , vous luy donnerez de la baguette vn grand coup entre les deux aureil- les, &puis vous l’en batterez , plus ou moins félon ce que vous en verrez ettre befoing , & enfçmble le chaftierez delà voix: &: FED. GRISON. LIVRE II. 39 voix : & quelque autre fois puis apres quand il fera fembl able faute r fans luy donner autre coup,vous le chaftierez feulement de la voix , ou bien des efperons &: de la voix, & aucunefois des efperons feulement de l’vn ou de l’autre collé, principale- ment lors que voyant la baguette, fe fouuenant d’en auoir elle frappé entre les aureilles, il branllera ou remuera la telle: defquelles formes de challiements, mefmcment des efperons, & du moyen qu’il fault garder, ie vous en ay délia parlé, & vous en parleray encore, quand il y efeherra. Et notez bien qu’apres que le cheual arecongneu deux ou trois, ou quatre fois les coups de la baguette fur les aureilles oyant puis apres feulement la voix, ou fe fentant toucher à téps del’efperon,fans le plus moleller de la baguette, il fe rendra merueilleufement fuieél & fe corrigera : & fi le challiant dé la baguette il vous femble qu’il fe mette en plus grand défi ordre & mauuaiftié, & que lors il égare plus fort la telle, ne doutez neantmoinspourchofe qu’il face,qu’il ne vienne à la fin à fe corriger de fon vice , & à cheminer correél 6e iulle , & qu’il ne fuyueauec bon ordre tous les maniemens que vous luy vou drez donner, recognoilfant & cè challiement & tous les autres. Tellement qu’encores aduenantqua vn chenal extrêmement mauuais,opiniaftrc, & vitieux, pour fa grande malice ( & non autrement)vous faifiez. cognoillrele challiement de labaguet te, luy en donnant de grans &c horribles coups, ou d’vu ballon vnefois fculement,ou au plus deux ou trois fois , bien qu’il fuit de fort maligne nature, fi nefaudroit-iliamais plus tout le de- mourant delà vie, luy donner firude challiement poureeque puis apres le challiant à temps de voix feulement, ou del’efpc- ron ,ainfi que ie vous aydiél, le ballon qu’il auroit par-auant fenty fur fa telle, & fes aureilles ,luy reuiendroit toufiours en mémoire, de forte qu’il fe corrigeroit & amenderoit franche- ment. Or vous vueil-ie bien maintenant bailler la forme des ronds, que ie vous ay défia tant de fois offerte, auec quel- ques parolles eferittes dedans: car par icelles , & ce que ie vous ay défia dit par auant , vous les pourrez bien aifeement & fac ilement .entend rc : & auflide la forme dont ie vous les FED. GRIS O N LIVRE II. 4o poindray,vous entendrez aifecmenr combien ils font différés des ronds anciens, defquels on vfoit encores naguieres entre les arbres & en la campaigne^ eftoient beaucoup pluslar- ges^ellementqu’on n’alloit dedans iceux auccques aucune mefure ne proportion ne de nombre ne de largeur, en chan- geant de lieu,n’auecques h bonne ordônance comme Ion faiéfc auiourd’huy. Ces deux demies voltes iointes enfemble Rappellent vne volte entière qui font quatre tours , c'eft à Içauoir, deux tours de chacun cofté , comme vous les voyez icy figurées , Si com- me ie vous ay défia dit parauant : & fe commencent toufiours à la main droitte , & chacun tour enfait vn quart : lequel tour ie vous aduerty qu’il fe peult encore appe!ler,rond, cercle, ou contour. Or quand vous ferez ardue au bout de cefte \ftlco] routte ou feillon ( lequel fe pourroit pareillement bien faire d’vn des coftez du tour droit) parant le cheual apres Iuy àuoir faitfaireIespofades,vou$rarrefi:ereziàvnepiece.& apres qu’il fera repofé &iufte,fi vous luy voulez encores cnfeigner à re- doubler, vous luy donnerez tout doucement deux voltes e- ftroittes à main droitte l’aidant auec la langue, &modcftemcnt de la baguette du cofté contraire , & du gras de la iambe gau- che quelquefois doucement de l’elperon de lamefme iam- be, peu à peu & plus ou moins félon qu’il én fera befoin: incon- tinent apres vous ferez le femblableà main gauche, l’aidant femblablement de mefme façon de la iambe droitte, Si à la fin vous ferez encore deux voltes à main droite, ain fi qu’au cô- mencemét>& puis vous l’arrefterczàla maniéré accouftumec, & luy ferez les careffes ordinaires. Et faultdepres prendre garde que le cheual en redoublant fai& les voltes à main droitte 5 il doit encheualler ou eniam- ber le bras gauche par deffijs le droit , & quand il volte à main gauche, pareillement il faudra qu’il face paffer le bras droit par deffus le gauche, conformément à l’ordre du manie- ment des paffades, dont ie vo is ay parléau premier iiure: & le contraindrez daller iuÛe, fansfeflargir, de forte qu’il retour- ne toufiours en vn mefme iiej ) &par vne mefme J rout- te & qu’il remue fort les bris & les efpaules & toutes les fois L'ECVIR'IE DE que vous luy douerez la voire à quelque main que ce foit,vous tiendrez cefte mefure deluy faire toufiours mettre la telleou ilaîacrouppe, & clorre la volte du codé où eftoit tourné vo- ftre vifage quand vous la commenpaftes. Si le cheual n’eft alîez prompt à bien remuer & manier fes bras auec le vray ordre , c’eft à Içauoir, quand il volte à main croître, tant fen fault qu’il encheualle le bras gauche ddfusle droit, qu’il le fait palfer delTous,& encore fen frappe il bien fou uent contre l’autre; & fait le mefme voltant à gauche, mettant le bras droit fous le gauche, ou pareillement fen frappant : ie vous auife que tel vice n’eft pas de grande importance , & que plus il eft mal adroit à fe volter de chacune main ,& plus il fe bat fes bras l’vn de l’autre en voltant, tant plus viendra-ilàfen corriger , & fe faire dextre à la fin , & le fouuenant du mal qu’il iSbette, fe fait, il viendra à fen garder, ou en faifant laiambette,ouen- q, M nd le cheuallant Tvn pié fur 1 autre , comme il eft requis , tellement tnTmain que puis apres il fe trouuera plus leger,plusiufte,& plus à droit en l'nir à volter. tnesfùs Mais a ^ a * rc ven ^ r P^ US aifement à fe corriger , &c le frappât d’au tan t plus qu'il ieroitde faux & mauuais entendement^ f 0 f eurs P eu difposà bien fe manier, vous faudra aller au boutd’vn lôg une” rC chemin & pofeement fans furie le faire volter en celle manié- ré vne ou deux voltes à droitte, & puis cheminer deux pas en auant, &larreftant luy faire faire encore autant de voltes à gauche, & puis cheminer encore deux pas en auant, défaire en core apres autant de voltes à droitte, & continuant ainfipalfc rez tout ce chemin, faifant toufiours de deux en deux pas les deux voltes, ore à droitte , orc à gauche n’outre- paftanc ne ce nombre ne ceft ordre auquel vous aurez commencé , l’aydant neantmoins toufiours auec la langue & la iambe, & auec l’cfpc ron contraire à la volte que vous ferez lors , comme ie vous ay diepar-auant: &: encore fera il bon dcl arrondir quelquefois: & l’ayder auec les deux efperons , ainfi que ie vous ay défia dit. Cheminant ainfi, le cheual le trouuera pareillement acheminé à tourner &encheuallerquafi toufiours lvn bras fur l’autre en voltant, comme le vray ordre le requiert; & ladernierefois quand vous ferez arriué au bout de ce chemin , ne le vous fau- dra plus I FED. G RI S O N./LI VJLE II. 41 drapjus faire cheminer deux pas auant:ains apres qu’il aura volté à droitte fans mouuoir delà mefrne[/vyùf]routie le volrer encore à gauche,& puis derechefle volter à droitte & cela fai& vousarrefterlà. Neâtmoins auifez, que fi le cheual ne fait les voltes de Tvn des coftez fi bien & iuftementcommq il appartient, il vaudra mieux de deux en deux pas le faire toufiours volter de ce mefi me codé: & tant en faifant ces deux pas, comme apres les voi- les acheuees le chaftier de lefperon ducofté oppofite à la voi- le que vous ferez lors, 5 c continuer ainfi iufques à ce qu’il fe ren de corred & iufte: mais apres qu’il fe fera rauifé & ira bien, lors tant au pasqu’à la fin des voltes,le daterez &carefîerez,levoI- tant vne fois ou deux de chacune main en la forme deuant ditte. Encore pourrez vous bien de deux en deux pas le faire vol- ter deux fois à droitte , & autant à gauche, ou bien de deux en deux pas vous ferez fix voltes , deux à droitte, deux à gauche, & puis encore deux à droitte: & ainfi fuiure le chemin luy don nanti temps fil y efehet le chaftiemét ou le fecours de la for- me que ie vous ay dit,& diray quand il viendra à propos. Mais notez qu’en tous fes ordres & façôs toufiours les der- nières voltes ne pi 9 nemoins q les premières fedoiuét bailler à droitte,& fe doiue nt enfeigner au cheual en le faifant aller a- uanten quelqu’vne des formes queievien de dire : non feule- ment pour rendre legerle cheual ÔC luy faire cncheualleric bras l’vn fur l’autre : mais auifi pourcc que quand il redou- ble, pour peu ou prou qu’il fcretiraften arriéré, indubitable- ment la volte feroit rrouuee fauiïe, & partant feroit grande- ment à blafmer:car la perfcâion de la volte efi recongnuc feulement en cequ’elle fe face en vne mefme [/>//?e] routte, & lemblablemrnt auifi en vn mefme lieu:& encores que le cheual en voltant faduantageaft vn peu en auanr, ce ne feroit pas vice, comme fil lereculloit en arriéré ,ou fe retiroitde quelque coftéf. Et fi le chemin où vous ferez tout ce que ddïus,efloit court pourfaire les pas & les voltes, faudra Seulement, quand vous ferez au bout, tourner vifage , & puis faire aller auant le cheual L‘ ECV IRIE DE toufiours parla routte, battue, & parles mefmes traces où vous aurczpaffé, par auant Si encore auec le mefme ordre, tellement qu’allant Sivenât vous pourrez faire ce chemin trois fois, ou plus ou moins félon ce que vous verrez que befoin en fera. Puis âpres il ferabiToinartifîcieufementluy donner plus de furie à ces voltes redoublées auec vne certaine mefureplus haftce,autremét tout ce que vous en ay dit feroit de nul profit. Et pour ceft efFe&oreieyous dy, qu il vous faudra faire aller le cheual ou au trot ou au galop, autant que tient vne petite carrière, ôil’arrcfter au bout du cheminauec vne ou deux ou trois pofades : puis apres laydant de la langue & del’efperon gauche, & fil eftoitpefant Si de peu de fens. Si encore fil ne vous reipondoit bien, l’arrondiffant en vn mefme temps,auec qucsl’vn Si l’autre cfperon le faire volter[y*^/2] fouleuéen l’air du codé droit , luy mettant la tefte où lors il a la crouppe, qui fera vne demie voIte,8i puis larrefter vne piece, S£ du mef mecofté droit auecques mefme ordre clorre l’autre moitié de la volte^le pofantiufie en la mefme routte en laquelle il eftoit au commencement : Si ainfi egallement ferez vous du cofté gauche : 8i à la fin retournerez en faire encore autant à main droitte, tellement que fe feront trois voltes , la première Si la derniere à main droitte, Scelle du milieu à gauche, 8i le folici- tant fouuent en cefie maniéré vous luy apprendrez les voltes Lfifp e f e ] clcueçs , furieufes , Si hautes , ou bien de demy air , ou moyennes: 8i quand puis apres il fera duit, Si les fera aifeemét vous luy pourrez bien alors redoubler le nombre , cloyant cntierementles voltes à chacune main fans aucune paufe, Outre ceftc forme, vous pourriez bien encores vfer d’vne autre, c’efl: à fçauoir, toutes les fois que vous donnez au cheual les deux voltes à droitte , fuppofé qu’il entende l’ordre de re- muer Si encheualler les bras de la forme queievous ay did, faudra à chacune fécondé volte quand vous ferez à la moitié d’icelle, l’ayder delà langue, de la baguette Si de l’efperon cô- traire à la volte que vous ferez lors : Si par ce moyen il viendra prompt Si" ailé à clorre toufiours d’vne bonne grâce Si auec vn bel air la dçrniere demie volte. Etîe FED. GRIS ON LIVRE IL 42 Et le mefmc ferez vous à la moitié cle chacune fçconde voi- te qu’il fera à gauche, i’ay dant pareillement de la langue , de la baguette &dcl’efperon contraire plus ou moins, & plus de l’vn que de lautre félon le fens & l’efpïit du cheual: mais tant voltantà l’vne comme à l’autre main vous l’arrondirez enfem- Llement de l’autre efperon, au moins fil y efchct : & c’eft arrcn difïement quand il fe fait en temps & lieu, luy fcrtd’vnfecours merueilleuxpour luy faire prendre en defpit de luy toutesfois que vous voudrez la volte iufte,egale, furieufe &haute.Notez ïieantmois félon celle reigle que maintenant ievous baille, que les premières voltes, (oient de main droitte ou demain gauche , ne doiuent pas eftrc furieufes , & fuffira allez qu’on les baille auec mefure encheuallant le bras côtraire par delfus l’au tre,& puis à la moitié de chacune fécondé volte luy don ervn peu de furie , la cloyant à la fin de la forme que ie vous ay dit. Etàfînque plus clairement vouspuifliez entendre ce que maintenant ie vous enfeigne , ie vous aduife que quand on re- double, chacune volte reuientàdeux quarts, tellement que deux voltes à droitte font quatre quarts , & chacun quart de- mie volte: & commentant du dernier quart , de quart en quart vous luydoHnerez vn peu plus de furie , mais tant qu’il n’aura point de furie à Tvn , vous ne luy en baillerez point aufli à l’au- tre: & tout ainfi ferez vous aux deux voltes de la main gauche qui font fcmblable ment quatre quarts, &fuiuant celle manière vous apperccuerez puis apres que de foy-mefme il viendra, & aux premières &'aux fécondés voltes de chacune main, furieux & à temps, & iufle. Encorepourriez-vous bien pour quelques iours feukmenr au dernier quart de chacune volte le hafter,&: le faire aller loger & eleué en l’air. & le faire tomber au lieu mefme d’où il auoit cômencé les voltes. Et a la fin quâd il enté dra bié toutes les voltes auec la viftefTe requife,vous faudra ordi nairemët ( iufques à ce qu’il fçache bien aifeement redoubler) luy faire faire trois voltes à chacune main, &auifer que la pre- mière volte feface toufiours doucemét & paufemét,carpar ce moyé vo’luy trouuerez puis apres les bras acheminez àfe plier & ëcheualler de bone forte, & le verrez fuiure de foy-mefme le geremét &haftiuemêt auecquesbône mefure les autres deux L’ECVIRIE DE voltes doubles de chacun cofté fans fc confondre ny egarer, &vous enhorte de prendre bien près garde à ce que ie vous dy maintenant, pource que chacune de ces formes fera de merueil leufement grand efted pour rendre tous cheuaux plus prôpts 6c adroits au redoubler: & combien que le cheual foit pelant, pa relTeux,& de gros entendement, neantmoins par ces moyens il deuiendra aifé, leger, adroit , & vifte : mais auflfi vous faudra il diftmguer ^prudemment difeerner à quel cheual fera plus pro pre l’vne ou l’autre forme.Car luy voulât enfeigner à faire rua- des en redoublant cefte fécondé forme ne luy viendroit pas fî bien à propos, comme celle que ie vous ay ditoutainfi corne quand il prend mieux les efperons, il demonftre par cela qu’ila plus de force: routesfois fil eft bien né & bien nourry de quel- que nature &: complexion qu’il puiffe eftre, il entendra & r pren dra le fecours des efperons mieux que tous les autres . Et notez que tant au pas comme au trot & au galop , &àla carrière, & au maniemét des paffades,& aux voltes redoublées quand fe vient àclorre l’vne ou l’autre voire, toutes les fois qu’au retenir le cheual fe dérobe devons &fenfuitàlamain droitte, vous faudra lors à l’inftant ou peu auant qu’il farrefte, luy approcher le gras de voftre iambe droitte, & encore l’efpe- ron du mefmc cofté, fil y efehet, près de fon ventre : & quand ce fera vers la main gauche, tout ainfi ferez-vous de la iambe & l’efpcron gauche: & de l’vn ou de l’autre cofté duquel il fera ce- fte faute, plus ou moins le piquerez-vous de l’cfperon félon ce que vous cognoiftrez qu’il fera prompt & entendu: & par ce moyen il fera puis apres toujours contreint de farrefter 5 ega- lement & iuftement & en vne mefme routte, & fe trouuera àla fin tellement corrigé, qu’il n’aura plus de befoing d’aucun fe- cours ne de ceftuy- cy ny d’autre: de forte que fi lors vo* luy bail liez, il retourneroit à vice. Encore me femble-il bon de vous eclercir le maniement, & la corre&ion , & enfeignement du cheual en tout ce qui me fera poffible. Partant il vous faut entendre que toutcsles fois qu’il fera droit,prompt & aifé au redoubler vous pourrez bien petit à petit au pas ou au trot luy enfeigncràfemanierà pafla- des en cefte forme. Quand VOUS fefêi âll bout de la pafiàdc,dô nez luy vne volte & demie redoublée 3 & incontinent apres re tournez parla routte de cefte mefm pas 3 ains fen ira auant plus defcfpcrement , &fi d’auentureil f’arrefte& fe retient en partie au moyen de lafpreté de la bride, il fera le plus fouuent des beftiauxraouuemensde la telle, 6c viëdraauparcrdepiteufemét & hors de toute mefure. Mais luy mettant vn mors qui ne l’offence point, & le rei- glant auec rarité de carrière, & auec la vray e haleine, & la vraie difeipline ainfique ie vousay did, & vous diray encore cy a- pres, le chenal fe maintiendra & maniera bien. Et vous dy lèm blablement qu’il eft befoing d’vfer de bonne reigle & de bon- ne dodrine quand le cheual pour e lire trop gaillard &: fenfible & pour n’entendre le vouloir de fon cheuaucheur f en va tant qu’il peult fans ordre , reigle, ne mefure. Partant vous vueil-ie dire maintenant quel mors fera plus leger, quel plus gaillard, pareillement à quelle bouche fera propre l’vn, & à quelle bou- che fera bon l’autre. Mais ie parleray feulement des brides & mors qui font plus propres &conuenables, & lailferay vfer des autres au vulgaire populace tât que bon luy femblera fans en faire mention aucune :& vous enfeigneray puis apres plu- fieurs belles ordonnances qui feruiront pour corriger les che- uaux de toutes leurs faultes, &: de leur faire perdre tous leurs vices. TROISIESME LIVRE DE L’ECVL R 1 H DE M. FBDERIC G R I S O N. E premier mors qu’on doit bailler au che- ual ,foit de bonne ou de mauuaifc bouche, c’eft leCannonauecles branches droittes, comme ie vous ay défia dit au premier li- ure: & iufquesà ce qu’il fera ferme, & feur* &c qu’il fe fçaura bien manier, & qu’il enten- dra tout ce qui eft propre & conuenable, auvrayordredu maniement, nela luy faudra iamais changer. Puis apres fila bonne &: gentille bouche, vous luy pourrez bien bailler vn cannon qui ait les gardes tournées . Quand le cheual fera demonftration d’auoir labouche quel- que peu dure, vous luy baillerez la [S caria} qu e nous appelions n L* ECVIRIE DE communément mors à hotte. Si le cheual n’a pas grande bouche , toutesfois délicate èc au trement bonne, outre ces mors on luypourroit bien propre- ment mettre vn melon doux & poly àfemblance d’oliue, qui n’euft par defïus que la Siciliane feulement. Ces melons fe pourroient bien faire ronds, & vn peu grof- fets>&à chacun cafté d’iceux par dehors faudroit mettre vn anneau ou rouelle, que l’Italian appelle vulgairement [fallo] & eft ceft anneau ou rouelle propre à vn chenal qui fait vn peu de (chiomazuoli, ) c’eft à dire, qui fe defend auec les lcures,& ne fe pofe pas furies embouchures comme il doit, mais fe les r’enfer me dedans la bouche de telle forte qu'il fappuye fur icelles , & vous force merueilleufement. Neantmoins notez qua cheual qui fera ccs[chiomazuoles] viendra plus à propos de luy bailler vn mors à poire ou à can> panelleà cul de baflîn, encore pourroit bient eftreàcul plat.Et quand I’vn ou l’autre de ces mors feroient (a faciette ) à faces ou boffes, gardez vous bien de luy en bailler: mais fil y a à chacun d’iceux vn annelet du cofté de dehors tant plus puiftant fera-il pourfaire fon effet dedans la bouche du cheual: toutesfois à cheual ayant ce vice profitera pareillement de luy bailler vnc Scacc auec vn bouton entaillé &aifé à fe tournera chacun des coftez d’iccllc:& plus les boutons ou ballottes ferontgros, tât plus la fcace fe couurira&fera forte, mais ie feroie toufiours d’auis qu’ilz fuftent de moyenne groffeur , ains plus toft bas & petis: & encore à chacun cofté du nœud auprès du boutton^ou ballotte , pourrojt-on mettre deux annelets , ou patenoftres, &: fi les bouttons ou ballottes eftoient vn peu plus eftroits lors faudroit-il mettre trois anneletz, ou patenoftres, & (èroitee mors bien propre à cheual qui porte la langue hors la bouche. Et combien qu’on vfe bien fouuent pour corrigerles (chioma- T^oles) d’vne poire double ou d’vnecampanelle pareillement double à cul de baffin, c’eft à fpauoir , deux petites poires, ou deux petites campanelles à chacun cofté , ou d’vn baftonnet a- uec les boutons ou ballottes rondes, ou auec lesanneletx gail- lars, & affez éleuez en gtîife de roües : neantmoins ie vous con feilleden’en vfer point, pource que peu fouuenty trouuerez vous FED. G RIS ON. LIVRE III. J0 vous auancement ou amendement , &: principalement du ba- llonnet qui a les anneletz gaillards. Tous ces mors qui font à melons ronds , à poires , à campa- nelles,àfcaccs, & à baftônetsauec les boutons combien qu’ilz foient clos, fi ont-ils neantmoins vn peu de refemblance à l'ou- uert : & fi non beaucoup , au moins en partie ils font la langue plus libre. Mais notez bien que à ces mors ny à autres n’eft propre ne bien feante la caftaigne au milieu , corne on en vfoit ancienne ment, & comme quelques ieunes cheuaucheursvfentencores auiourd’huy en quelques endroits de parle monde, qui eftv- nechofe treftnauuaife: & laquelle caftaigne il feroit pi 9 côuena ble de la nommer roüe, ou roüelle. Toutcsfois fil vous femble bon écore de Iuy dôner quelque [lie chef ] billot au lieu de la caftaigne vous metterez auprès du noeud à chacun de ces mors vn annelet , ou deux au plus , &C quelque-fois trois de chacun cofté , ainfi que ie vous ay di Jferoit-il ( a chtappo ) à couplet ou crochet & fimplementaura c f Zu% la feule Siciliane ou tranfchefille par deftùs, & le tour {délia centra j venatura ) de l’ouuerture & coudure fe peult faire en deux maniérés: c’eft à fçauoir, à pied de chat, ou à cold’oye: la- milieu du quelle façon à cold’oye fera le cheual plus libre de langue, monUnt » n ij I/ECVIRIE DE & plusfubiedfc de bouche, tellement qu’il fera en partie plus fort que lautre. Si le cheual n’eft point délicat d’emboucheure$ 3 & fil engor ge fa langue , vous luy baillerez le cannon ( fvenato] ouuert Si coudé, entier aucc les bracelets, pleins dannelets,ainfi qu’on en vfe generallement: mais ceftuy-cy Si ceftuy là fe pourroient bien noüer Si ioindre auec vnepiecette au milieu , & ainfiluy feront-ils la bouche vn peu plus fubiette , auec plus grande li- berté de langue.Encore luy pourrait- on bienbailler vne de- mye fcace ((venata) coudee 8i ouuerte , laquelle ferait taillee ainfi que le demy cannon duquel ie vous ay n’agueres parlé, & fe pourrait pareillement le tour d’icelle faire à pie de chat, & à. cold’oye. Si le cheual eftvn peu dur d’emboucheure,8i ilengorgefa langue, vous luy baillerez vne fcace coudee ou ouuerte, ainfi qu’on a accouftumé, auec les bracelets: & pareillement l’vne Si l’autre fc peult nouer Si ioindre auec la piecette . Si le fera plus libre de langue Si plus fubieét de bouche. Encore pourrait on bien en la fcace tant coudee ou ouuerte comme clofe, à chacun descoftez d’icelle, où le cheual fap- puye, faire deuxpourfils efïeuez ronds en guife depctitscor- dons vn pourfïldefFus Si l’autre deffous, qui foientvn peu plus gros qu’vne fifcelle double: car par ce moyen la fcace le pref fera fur lcs emboucheures. Si ne le fera pas feulement plus fu- ie&,mais le gardera de faire (< chiomaz>uoles .) Et tantâu cannon coudé Si ouuert corne à la fcace coudee. Si ouuerte, à cheual qui fe boit , la bride les bracelets lors fe pourroient bié attacher des coflrez des ( (iangnettes ) tenons ou œils de branches à ces trous où on a accouftumé demettreles (polfewets)to\i{ei delaSiciliâffce: Sicôbien quefeulemctauec l’art , pourueu que le cheual ait vne bride plaifante, ilfoftera de ce vice, comme ie vous declsareray incontinent apres , tou- tesfoisil m’a femblé bon vous nommer routes ces façons de mors de bride, afin qu£ vous fo>yez bien expers à cognoiftre facilement toute bonne bride de laquelle on doit propre- ment v 1er. Si le cheual eft fort dur demb/oücheures, vous luy baillerez FED. GRISON. LIVRE III. 51 \n[chiafpon\ pas d afne aucc lc:s oliues ou auec les melôs doux & polis * & il au melons il y âuoitdes anneletsouroüellesdu cofté de dchors,il feroit aucunesfois plus à craindre. Si le cheual a la bouche grande & eft dur d’emboucheures, vous luy baillerez \n[fcaçe]mors à hotte à [chiappone ] pas dafne. Si le cheual eft dur de bouche, &fe defend fort auec Ies[réù? mâ&uoles ] vous luy baillerez vne poire à chiappon , ou vne câ- panelle à chiappon, laquelle campanellefe pourroit bien faire a cul plat ou à cul de baflîn, & femblablement à chacunes def- dites poires & campanelles, on pourroit encore mettre vn an- nelet du cofté de dehors ,& la façon en feroit encore bien plus gaillarde. Etnotez que tous ces [chiappons~\pas dafne doiuenteftrc fains & entiers aux mitans, aufqüelz doit pendre la faliuiere , &: SaU(lierty tous le doiuent noüer auecques les baftonnets qui tiennent les bauemte melons, <& les campanelles Sc .es poires, où f’appuye le cheual, abahlüoe mais quand ils font d’vne pièce auec les collez, fuyez-lcs&: n’envlez point, car telz mors fonttouliours afpres &depeu defaueur. Encore chacun de c z%[chia)pons ] pas d afne , fe pourroient Lien faire auec les bracelets ptins de anneletz attachez du co- fté du montant, & en ces trouiou onmetcouftumierementla Siciîiane,& non aux lieux aufquels fe fouftient & enchalfe l’em boucheurc ( comme au comnencement on en fouloit vfer , encoresauiourd’huy onvfeenbeaucoupdelieux.)Toutesfois on les doit feulement baillera cheuaux qui font defortmau* uaife nature, chargez de malchoires , & durs d’emboucheures & de bouche, ou bien qui bornent le mors. Mais fault noter que tant plushault feront les trous àcsjîanguettes tenons ou oeils des branches où fe nouent les bracelets,tant plus en fera le mors gailiard:&:de mefmevous dy-ie quand femblablemétvo* attacherez les bracelets aux cannons: (/ùf/?4//)coudez,& fea- cçs ( pvenates ) coudees , comme ie vo us ay diét nagueres vous en parlant. Ges bracelets, paf beaucoup demaüftres,& en beaucoup de lieux font appellets fiietz , anciennement tous les chiappons n iij L’ ECVIRIE DE f appelaient, mors à fer de cheual, enfpecifiantà chacun dï- ceux !c n5 de la qualité des coftez ou eftoit l’appuy du cheual, en cefte maniéré mors à fer de cheual auec les melons, mors à fer de cheual auec les poires , fcaceou mors à hotte à fer de cheual , à pas d’afne , & ainfi des autres. Si le cheual a petite bouche & eftdurd’emboucheures,on îuy pourra bailler vn fiipple&: entier pié de chat auec les mé- los doux ou auec les oliues: mais fil a la bouche grande &dure, baillez le luy encor’ toufiours auec les poires ou lescâpanelles. Si le cheual a la bouche feiche& fans faueur, & iln’eftpas fort dur d’emboucheures , & neantmoins va auec la tefte baflfe, vous luy pourrez bien bailler vndemypié de chat auec deux melons doux &: polis aux coftez, ou bien deux poires, ou deux èampanclles, quand outre tout celailferoitencoresIes[^/0- mazuoles ] . Ce demy pié de chat eft quafi femblable au (chiap- pori) pas d’afne , duquel ie vous ay nagueres parlé, & y a feule- ment différence de ce que ceftuy-cy eft [^e^/ 0 ]reprins & re- joint parlemilieu,&quarré,& vn peu plus eftroit deffus le montant qu’il n’eft defïoubs , & eft entier d’vne piece aux co- ftez où le cheual f’appuye, & là encore fe pourroit-il bien agra- fer &: attacher, & lors feroit il moins fort , & à la Siciliane ( fi vous vouliez) vous pourriez aufïî mettre deux ou quatre fali- uieresou bauerettes. Encore fe pourroit il appeller [chtappon Jpezzat^ pas d’afne reprins , & faut noter qu’au milieu ou il fe reioint,il fe peult lier Ôc reprendre enfemble [apernô] à clou ou (« à ebiappo ) à couplet, toutesfois repris,( a chiappo ) à couplet, il fera le plus fouuentle cheual plus ferme, plusieurs plusiufte de tefte & de col. Beaucoup de gens appellent le mors de ce- lle façon, vn quadret, mais notez que le montant fe peult fai- re non feulement à pié de chat, mais aufïî à tour de bonne grâ- ce, à col doye, ainft qu’on fait aux (chiappons ) pas d’afne ou en- tiers ou reioins de laforme que ic vous ay diète. Or tous ces mors ( [venais ) coudez & ouucrs , fe pourront faire plus ou moins haultz de mon tant, felô ce que vous verrez qu’ilz feront plus propres, à la bouche du cheual . Sçachcz ne- antmoins que plus le montant ferai hault , plus il rendra le che- nal fuiet ; &plusferabas,pr fera Icëheuallibrc,d<; forte que l’vn FED. GRISON. LIVRE III 52 fera plus d’effaiét que l’autre: mais la plus grande hauteur qu’ô doit donner au montant, fera feulement d’autant qu’il fumt à rendre la langue du cheual libre , R ne fault qu’il luy offenfe le palais en aucune forte, autrement feroitvne grande faulte, qui eftoit toutesfois en vfage au temps pafle. Et notez que lî le cheual n’eft feur de tefte , ou fil la porte trop bafle, à chacun de ces mors, foient clos, foient ouuers,vous faudra faire les branches droittes,Rd’autant plus droittes que le cheual baifle la tefte. Autrement vous deburez faire les branchestournées: & alors plus elles font droittes,R reuiennent en arriéré vers le cheuaucheur,tant moins gaillard feralemors,&reIeuerale nez au cheual, luy faifant alongcr le muffle .‘Etau contraire plus elles feront tournées R courront en auant , tant plus le cheual fembridera Rapprochera toufiours le muffle de fon eftomach, le vous dy d’auantage,que plus l’œil de la bride efthaulf, plus il releu e le col & la tefte du cheual, & au contraire plus il cft bas, plus rabaifle.Toutesfois i’eftimeray toufioursR en tou- tes chofes le moyen , quil ne foit trop hault ne trop bas : mais qu’il foit commun & iufte , ainfi que requiert la propor- tion du mors , encore fi la ncceflité ne vous contraint d’autre- ment le faire. Encore vous veil-iebien auertir, que le mors doit eftre plus ou moins long félon la grandeur du cheual , R fuiuant la force qu’il a, R félon ce qu’il porte la tefte: car fi le cheual eft de gra- de taille, ou foibîedcfchine, ou fil porte la tefte baffe R peuafi feurée, fi vous luy baillez le mors vn peu plus long que l'ordi- naire, cela luy auance beaucoup. Neantmoins prenez garde que le mors que i appelle long, beaucoup d’autres le pour- ront appeller court: car à quelque cheual que ce foit (fil n’y a- uoit grade ncceflité) ie ne veuil point que vo 9 baillez gueres le mors plus long d’vne paulme:tellement que vous deuez effor- cer tant qu’il vous fera pofîîble, de bailler plus toft au cheual lesbrâches courtes que lôgues:nô tât courtes toutesfoisquel- les ne reuiennent à iufte mefure félon la proportion du cheual. Et corne ie vous ay défia d ien enfumant lesregles &les ordonnances que ic vous ay dit parauant, & que ie vous diray encorcscy apres, il fuflira pour fa correction. P L’ECVIRIH DE Et fi vous le voulez auecques plus grande force contrain- dre de venir du tout fe renger du cofié duquel il a le col plus dur, vous tournant faudra que vous abailfiez lcfpaule A tout le corps de ce cofié là , A que vous teniez la telle baffe regar- danttoufiours à l’œil du cheual, & encore fera-il bon que vous tourniez vn peu la main de la bride de ce mefme cofié, ainlî que ie vous ay dit par-auât: A tout foudain vous apperceuerez quelecheualdecefi œil vous regardera au vifage,Afaifantce mouuementil fera contraint de famollir le col de ce cofié là: mais alors mefmes que vous ferez cela,fera bon que vous aco- ftiez du mefme cofié, duquel vous aurez le vifage tourné ,1e gras de voftre iambe au ventre du cheual, plus ou moins félon ce qu’il en fera befoin, & que ie vous ay dit en l’autre réglé , A vous faudra vn peu retirer à vous celle mefme iambe , & vous appuyer ferme de l’autre pié fus l’eftrier pendant de l’autre co- llé: car d’autant plus aiféement abailferez-vous la telle de l’au tre collé , duquel il a le col plus entier ainlî comme ie vous ay dit par-auant : tell ement que des hanches en bas vous pendrez toutd’vn collé, duquel collé, pour la force que vousy ferez en pendant, fabbailfera vn petit la felle, Adepuisles hanches en haut, vous ferez panché A pendant du collé duquel il a le col plus dur A roide, Acheminerez ainlî tors en donnant au cheualle contrepois de toute voftre perfonne enuiron vn mil le, comprins l’aller & le venir,ou bien aux voltes pour Taiufter plusaifément, vousvferez de celle ordonnance à chacun tour auquel ilporterale colplus dur.Neaintmoinsauifez , queiufi qucsàcequele cheual foit corrigé d e ce vice, vous Iedeurez ainlî chaftieren quelque lieu de la cacnpaigne où perfonne ne vous voye, pource que non feulement les ignorans , mais be- aucoup d’autres par-auanturc lefqBeds prefument fçauoiren ccftart tout ce qui f’en peut feauoir, pource qu’ils n’étendront pas les raifons,vous voyans cheuauc hj ' !)■ I L’ECVIRIE DE il fc tourne en voltant gaillardement, fans luy donner autre fe- cours nefaueur. Et fi le cheual en faifant ces voltes Te laiiïoit tomber de for- tune ,nen faites point autre compte, mais le laiflez tomber tant qu’il voudra , car il fe relcuera de luy mefmes , & f en trou- uera à la fin mieux corre& & chaftié . Puis apres quand vous apparceuerez qu’il fera vn peu las, vous luy détacherez ce bout de laniere ou courroye qui eftoit attaché à la furfangle , & puis monterez deflus, & en cheminant au trot tiendrez ce bout de la main droitte , & au bout d’enuiron cinquante pauîmes vous arrefterez : & lors > tout ainfi que ie vous ay dit en la reigle des tours,fai renforçant tout ours d hommes, de pier- res & de battons plus fa malice &r obftination fera grande : & encore feroit il bon de le faire volteraucunes fois ducoPrédu- queFil recule & fait femblant de vouoir aller & l’y faire furieu fement cheminer au galop furieux & eftroit i’etpâce d'vne car ricre, le menaçant toujours de la veix & le battant entre les aureilies &fur latefte, & puis le voltcr derechef vers le cofté auquel il refufera d’aller , & le forcct depatfér auant, le corri- geant lors de la parole Scde la voixplusqne du ballon, & t’il chemine , lors vous taifant le careffeiez , &: à la fin il le rendra, & o- FED. GRIS ON 3 LIVRE III. & obéira feuremenr à voftre volonté, cognoiffant clairement qu’il aura eu beaucoup moindre fafcherie à cheminer auant auecques carefEs, qu’à f'arrefter obftinémét, ourecullcren ar riere,& à courir & galopper auecques tant de coups & ba- ftonnades. fctiîd’auentureil perfiftoit encore en fa malice, & ne vou- loir cheminer , vous luy pourriez faire faire vne demie voire, & incontinent apres,luy tirant la bride le faire reculler en arrie re enuiron dix pas , auec la plus grande furie qu’il fera poffible, & puis le faire volterluy tournant la tefte du cofté, duquel il la tenoit premièrement, & où il ne vouloit pas pafTcr auant, & le femondre de cheminer: &à ce moyen il aduientfouucnt que le cheual fachemine à bien faire. Et à fin que plus aifeementvous le puiflîez du tout corriger de fa malice : outre toutes ces reigles, vous luy pourriez enco- res lier vne corde au tronc de la queue l’entortillant au tour dece tronccommefentortilleleiubanou trouffequeüe quâd vous le cheuauchez & la biffer pendre Setrainer à terre enui- ron la longueur de fixpas. Puis apres vous faudroit pareille- ment cheuaucher le cheual parle mefme chemin & vous ef- forcer de le faire aller auât au pas, au trot,ou au galop, en l’cfpa ce en laquelle il aura accouftumédefedeffendre &farrefter leplusfouuent: & f’il ne veut cheminer auanr, ains fe recule en arriere,(oudain vn hommeàpied prenne celle corde pendete & la tire en arriéré vers luy rlors le cheual pour la crainte qu’il aura de fe faire ainfi tirer en arriere,paffera auant f’cfïorçat d’e- chappcr des mains de cel uy qui le tirera par derrière : & fi toft que le cheual ira auanr , faudra foudain que ceîuy qui tiendra ccfte corde, la h fiche , &£ lors le cheual fie Tentant ce traineau de corde à lâ quel! C^chcimincra encore plnftoft:& à chacune fois qu il fie voudra ainfi dlefendre & faire le rétif, ceft homme qui le fuiura par derrière,, reprendra incontinent la Corde &c la tirera à foy ,& incontinent qu'il commencera acheminera- uant,la biffera, &pour phusfortc corre&ion vous le ferez toufi iours outre cela moleficr de baftons,de pierres,de menaffes,&: de cris, comme ie vous ay <ü t parauant. Et cela vous feruira piojr plus grande feureté: car en tirant L’EC V I RIE DE ceftecorde,ellefc pourroitbiedeftacherdu tronc dclaquetie diœhcual(commeaifeemcntilpeutauenir)8cfenvenirtouteà celuy qui la tire, principalement fil ne fçait bien faire le dernier nœud de la corde auec le poil de la queue , ce qui ne fe peult bien dire ÔC exprimer de paroles, partât le faudroit voir àlœih Et pource, pour atfeurance plus grande à celuy qui ne Cç auroit faire ce nœud , m’a femblé bon de vous aduertir, qu’il faudra attacher le premier bout delà corde à la boucle de la felle,à la quelle Ion attache la croupiere, & puis apres l’entortiller au- tour du tronc delà queuë :8c à ce moyé elle fera ferme ôcaflfeu rçe fans iamais fe delier pour force qu’on Iuy face en la tirant, ôc en viendra meilleur 6c plus feur effedl. Quand vous cognoiftrez que le cheualferarettif feulemét araifon de fa gaillardife, Ôc par la faulteducheuaucheur qui fuft couard ôceuft crainte du cheual alors vous monté fus luy irez en vn champ labouré de frais , ôc quand en luy baillant la leponil fera femblant de Parrefter & de ne vouloir aller auant au pas, au trot, ou au galop, incontinent qu’il farreftera,ou a- uec ruades ou fans ruades , ou qu’il fera femblant de Parrefter comme ie vous ay dit en la reigle precedente qu’il vous falloit tenir coy 8c vous taire , maintenant tout au contraire vous fau dra le menafferôc crier apres luy à haute 8c horrible voix,6c luy donner baftonnades fur la telle ,& entre les aureillcsôc furie deuant des bras: & combien qu’il face lors quelque femblant de fauter, ou fe ruer 6c mettre de trauers, ou de fe planter & ar- refter,de fe coucher, alors tant plusilfefforcera de faire telles ou pareilles malices, tant plus vous fauît-il renforcer ôc redou- bler voz menaftes, cris 8c baftonnades, 6c pour le trauailler d’a- uantage luy donner à temps en furie les voltes de l’vne main? 6c de l’autre, ou bien de cçlle de laquelle il vous force le plus 6c à lafin quand il f auifera qu’il ne vous peult oflfenfer ne vain- cre, ne depenfee ne d’effeél il fe rendra tellemét fubied à vous qu’il cheminera p uis apres de tous les coftez, Ôc tout ainfi que vous voudrez, 6c fe maniera fans aucun vice ou defordre:mais tout ainfi qu a l’autre reigle, n’oubliez pas auflitoft qu’il fe ren dra vaincu ôcobeiftfant de le careftfer de la voixÔc de la main fur le col , ôc le fai&es aller au long du champ enuiron dix fois au trot, 8c FED. GRISON. LIVRE III. tfp trot , 5c puis apres au galop, 5c à la fin au petit pas : & quand il retournera à fa mauuaifc 5c obftinée volonté* vous rccommcn cerez femblablement à lechaftier. Combien que le cheualfoitrettif par fa gailla^dife , néant- moins vous le pourriez bien corriger 5c cfaffierdelaforme queie vous ay diéle premièrement parlanrde lacorreélion du cheual rettif, à faute de cœur 6c de force, comme auffi cefluy- cy f c pourroit bien corriger parle feu! chafhement du cheuau cheur, combien quel autre cbaftierrent,duquelie vousay par- lé premièrement foit beaucoupy lus naturel. Notez que quâd le cheual «ecognoiftles grands coups qu il a receuz far la telle & ent* les aureilles , il fuffira puis apres de le chaflier feulement t voix & de cris hautz & horribles, 5c auec tempéraments croiftre & diminuer amfi que croiftra & diminuera fon'obftination 6c fa malice, & dautanr plus que vous appa^eurez par la qualité de fon poil & par autres lignes qu’il foit naturellement rebours & farouche,6c de deux cœurs. Hr /cachez que contre vn tel cheual ne fuft,ncfl, 8c ne fera ia- mais meilleur ne plus feur chalWnt 8c qu’il craigne plus que la vote de Rhomme: laquelle eCl de telle efficace ôc vertu, quel le ne le confond, ne deltourne, ne débauché, ne égaré de foy, neaffoiblit de cœur,nemetenfuitte,.ne le dépité 8c obfline, ne le defefpere & abandonne, comme font bien fouuent les ba flonnades: lefquelles bien quelles facent de grands effe&z, 8c foient caufes d’infinies vertuz , auffi les fault-il donner en téps & lieu ,8c puis apres luy faire congnoiftre auecqueslés caref- fes : 8c applaudiffemens que fa faulte fuft occafion de fon cha- fliement. En vne grade n eceffité, 8c lors feulemét que le cheuaucheur n’entend 8c ne tiêfrtny do&rine netempsnemcfure à dopter le cheual, n’à luy faire recognoiflre fa faulte, vous prendrez vn chat le plu s mauuais que vous pourrez recouurer, 6c le lierez à la renuerfe le ventre deffus au bout d’vne longue perche en gui fe d’vne pique, 6c longue enuiron d e feize paumes, mais le fau- dra lier de forte que la telle 6c les piedz luy demeurent francs: ôc quand 1 e cheual fera femblant de faire le rettif 6c de ne vou- loir pas ch eminçr auant, vn homm e à pié prendra cefle perche L’ECVIRIE DE & foudain mettra le chat, ores entre les iatnbes, orëaux iar- retz, ores entre les cuiflës , & fouuent entre les couillons & fur la crouppe, & luy & autres qui feront alentour , lors menace- ront &: crieront apres le cheual qui fera par ce moyen côtraint defe rendre & aller auant , mais encores faudra toujours que celuy qui fera monté ddTus fe tienne coy & fe taife, &r que feu- lement il prenne garde ale carelfer toujours quand il com- mencera à bien faire. Encore fert-il beaucoup pour chaftier vn cheual rettif, de prendre en la main droitte vn clou ou vn poinfon , & lors qu’il fait difficulté d'aller auant,l’en poindre & piquer bien fort par derrière, à l’enuiron de la boucle où l’attache la croupiere,&: pour malice ou defordre qu’il face, fait de faults ou de rua- des, ne cefferiamais de 1 en poindre iufques à ce qu’il ceffede fes malices , &: qu’il fe rende prompt à cheminer auant. Mais auffi incontinent qu’il fera vaincu, il ne le faudra plus poindre, ains de la mefrne main droitte le carelfer fur le col: & fi quel- quefois puis apres il fe fouucnoitde renchoir en fon vice, lors auffi toft que vous luy toucheriez fur la crouppe feulemctauec la main ouuerte fans autrement le poindre du clou, ilfad- liiferoitde fafaulte &fe corrigeant chemineroit auant au delir de fon cheuaucheur. Apres que le cheual fera vaincu, & ayant perdu fa mauuai- fe opinion, cheminera franchement fans contrainte, lors vous le pourres bien manier au pas , au trot , & au galop , aux paf- Jàdes,&aux voltes,&luy monftrer la manière de les faire dextrement , & d’encheualler les bras, &c de faire la iam- bette au manimét, & toutes les autres vertuz &: dexteritez des maniemés dont ie vous ay difeouru parauant, & vous parleray encore cy apres. Meffire V incét R efpin de Naples:me dift vn iour qu’il auoit eu de 1 ecuirie du Roy vn cheual qui eftoit rettif de longues années,&: qu’vue fois il luy fît lier derrière la queue vn herifïon parvn piédequel ne fe prit pas pluftoft àfeherifler & crier, q le cheual en eut grâd peur, qu’il comméça. incôtinét à aller auât & à courre de grande viflelïe, telle ment qu’il deuint puis apres il prôpc à la courfe, qu’il y eut bien à faire àl^iufter de bouche pour FED. GRISON, LIVRE III. 70 l’arrefter & garder toujours de prédrc à chacüe fois la courfe. Mais combien qu’alors tel remede fe trouuaft bon & bien à propos pour corrigervn chcual detel vice, ievous dy néant- moins que ce feroit vn bien grand defordre de vousenfer- uir à tous propos , pource qu’il auiendroit quïl eftourdiroit & feroit defefperer quelques cheuaux,qui n’entenderoient point voftre volonté .-comme auffi feroit ce de leur lier deffoubzla queüe de la croupiere vn petit chien ou quelque autre animal mordât& de grande voix, qui pende enuiron deux paulmes, &c qui foit bié lié d’vne corde qui palfe entre les cuiflfes du cheual, laquelle le cheuaucheur tiéne de la main droitte,& la rire pour faire crier le chien, & ainfi molefter le cheual : ou bien au lieu de l’animal luy lier par derrière en la mefme forme vn fer long enuiron d’vne paulme &c demie , & large d’enuiron trois doigts , tout plein de poin&es en guyfe d'efpines , & lç>rs que le cheual ne voudra cheminer, luy tirer femblablement la corde pour le poindre de ces pointes , & ainfi le faire aller.Et partant prenez pour refolution que tous telz chaftiemens font de peu d’importance, & qu’il vaudra beaucoup mieux fuyurc les ordonnances & lesreigies que ievous ay baillées par-a- uant auec foin & diligence, car il n’y a cheual tant rettif qui par le moyen d’icelle ne fe corrige de fon vice.T outesfois ie ne vueil pas nier qu’il ne foit bien feant à vn efcuyer ou cheualier d’auoir cognoiflance de ces chafHements,&de tous autres quelques petis & de peu d’importance qu’ilz foient , & de tout ce qui peult feruir à corriger toujours le vice d Vn tel che- ual: defquelz combien que ie vous peuffe parler plus ample- ment: toutesfois pource qu’ilz ne me femblent point profita- bles: i’ay mieux aymé vous en finir icy le compte, pour paf- fer outre à vous dire chofes de plus grand effetf: & de plus gra- de fubftance. Mais fil vous tombe entre les mains vn cheual, lequel en le cheuauchant apres qu’il aura vn peu cheminé, ou quand il fera arrefté , ou en quelque autre forte que ce foit fe couche à terre: vous ferez quvn homme àpié bien expert f’arrefte deuant luy au lieu auquel vous aurez encore délibéré de le faird arre- fter, ou que vous faurez qu’il fe voudra coucher: incôtinét que L’ E C V I R I E DE le chcual Rapprochera de luy , cefluylà le menaçant dvn ba- llon auechaults& ho cribles cris * les haulfanr &abbailTantdc voix en temps & lien , félon qu’il auifera que plus ou moins luy croiftralafantafic de fe coucher, & auec gelles terriblesle regardera toufiours entre deuxycux ,à fin de Redonner parce moyen & le rendre fubiet. Et à la fin le chcual en aura fi grand peur qu’il perdra la volonté de fe coucher, & regardant en- core auec grande crainte ceftuy-là entre deux yeux dcmourc- racoy &ententif à la volonté de ion cheuaucheur, lequel a* lors cependant qu’on le chaftiera de celle façon, fe tiédra coy & fe taira fans faire aucun mouuemcnt : mais puis apres il fau- dra faire trotter le cheual par les ronds, & mettre à lentour des hommes à pie qui facenttoutle femblable, & à ce moyen il fe corrigera: & fi d’auéture il fe couche à terre, vous le ferez tenir là à force quelque efpace de temps en defpit de luy, le cha- înant cruellement de la voix, & à grands coups de ballon fur la telle ôc entre les aureillcs & de tous les collez que vous le pour rez frapper, & fi pour tout cela il ne fe corrige, ce fera la faul- te de celuy qui fera deuant luy , & pareillement des autres qui feront à lentour de luy aux ronds, lefquels n auront grâce ne raifon, nemefure, ne contenant ^iTezfiere pour le bien cor- riger. Et en ce cas ceux pourront bien vfer d’vn ballonlong enuiron de fix paulmes, au bout duquel ilz attacheront vn petit botteau de paille ou d’efloupe qu’ilz allumeront ,& in- continent que le cheual fe couchera ou fera femblanr de fe coucher, ilz luy mettront foudain foubs le nez : & lors le che- nal en aura fi grand frayeur tant de la flamme qui luy ellincel- lera aux yeux comme de la fumee qui luy entrera dedans les nareaux ôc du feu qui luy brûlera le nez & la telle qu’il fera con trainr de fe lcuer.Ce challiement fe pourroit bien pareillemét bailler par derrière à vn cheual rettir, ore aux iambes,tantofl aux iarrets , ore entre les cuilfes , tantoll aux couiHons , mais doucement &tant qu’il luffiroitpour luy donner crainte fans l’offencer. Encpres quand le cheual fe couche,il feroit bon de luy met tre à chacun collé vn homme à pied tenant vne feringueplci- ne d’eau en la main, lequel incontinent que le cheual fecou- ch croit FED. G RI S ON. LIVRE III. 71 chcroitou feroit femblant de fe coucher, luy ietteroit celle eau dedans les yeux.Et cela pourrait bien profiter parcillcmct à la creance, pourueu qu on iertall 1 eau en 1 œil du colle con- traire de la creance ; ôc par ces moyens 6c chacun d i ceux il a- uiendra peu fouuent que 1 on ne face du tout perdre au cheual fa mauuaife 5c vilaine couffcume, encore que le cheuaucheur foit peu ingenieu* ôc peu expert: toutesfois ie vous déclaré qu’vn bonefeuyer ou accort cheualier , ôc de bonne difcipline iamais ne l’aidera que bié peu de telles fortes de chafliemens, pource que par fon bon difeours , & de fa propre vertu il fera fans tout celafemblables cffaits en milles autres diuerfes ma- nières Encore vous vueil-ie dire qu’il y abeaucoup de chenaux îef- quels cheminent franchement ôc ne font point ret tifs, 6c ne fe couchent pointa terre : mais quandee vient à palier vne eaue grande ou petite qu elle foit, ils ne veulent pas palier, 6c d aiian tage fe couchent dedans. Et n^fault point douter. que tels che uaux ne fbiêt nez foubs le ligne du Lion qui a grande influen- ce 6c participation du feu:& toutesfois tous ceux qui (ont nez foubs ce ligne ne font pas fubieélsàce vice, comme auflîil n’eft pas vray , foubs corrcftion , que Ion cognoifletel vice au col du cheual au ligne de lefpy^ ou au dents quand elles luy tombent , ains la vraye cognoilfance quon en peult auoir , cil de les voir tomber 6c coucher en l’eau. A tel vice corriger, n y a point de plusfeurs remedes que ceux que ie vous vois dire. Vous ferez cheuaucher le cheual quia couftume de le coucher en l’eau, par vn vallet, & ferez aller trois hommes à l’entour de luy :6c quand le cheual lcra entré dedans l’eaUjtant celuy qui fera monté deffus comme ceux qui feront auprès le forceront à toute force de mettre la telle foubz l’eau, de forte que leau luy entre dedans les aureilles ,6c faudra quilsne la luy laiflent haulfer pour mine qu’il face: ains outre cela qu ils luy don- nent force bail on na des, ôc le mettent tous à crier hautement & horriblement apres luy,6cf’il fait force pour fe hauflei , que ilsleforcent au contrairede tenir la telle foubs leau endelpit qu’il enait : 6c apres qu’ils l’auront longuement trauaille en ce- fte facomincontinent qu’il aura leuéla telle hors de 1 eaue, 6C * f nj L’ECVIRIE DE commence ra à refpirer , luy faudra donner force baftonnades entre les aureilles: & puis apres luy replonger encore à toute force la teft e dedans l'eau, & quand on luy aura allez longue met tenuj&r il fe fera leué la tefte hors de l'eau,& vous l'en vou- drez faire fortir.tous ces homes le fuiuront incontinent à gras cris & fortes mcnaces,&auec lourdes baftônades,iufquèsa ce qu’il foit hors del’eau : mais aulfi quandil fera dehors,il nele faudra plus tourmenter: car ce luy ferait donner occafion de delordre ou autre plus grand vice. Puis apres le iour enfuiuât vous le ferez autres fois cheuau cher parce vallet,&: entrer en la mefme eau:& quâd il y entre- ra,fi celuy qui fera monté deffus fapperçoit qu’il face lemblât de l’arrefter pour le coucher, & aucunesfois deuât qu’il f en ap p e rç en u e,m conti n en t que le cheual fera entré en l’eau,fans luy donerloilîrdy penlerqu’ille pique des efperons,& luy donne baftonades fur la tefte,& entre les aureilles,& aux flâcs.Ie me- naçant auechaulte & horrible voix:car parcemoyenilinter- romperafonpenfemenr 3 &:îefera pafterfeurement.Etfetrou- uera des cheuaux aufquelz il ne fera point befoin de donner le chaftiement precedent,ains auec ce dernier feulement le cor*’ rigeront aiféement. Encor luy pourroit-on bié faire perdre ce vice Juy faisat paf fer vn nœud courât à l’étour delà bource des couillons 3 & fai- sat fortir être les cuiffes de derrière le boutde lacorde:& lors celuy qui fera delfus le cheual prenant ce bout de corde en la main droite entrera dedans l’eau 3 5c quand il apperceura que le cheual fera femblantdc fe coucher, incontinent il tirera la corde, le piquant enfemble des efperons 5c le menaçant de la voix : fi le cheual pour fe chaftiement pafie auant fans fe cou cher,Iuy faudra àl’inftant lafcherla corde ,& le nœud qui fe- ra courant pareillement fe Iafcherafans plus luy donner de fa- Icheiie .Et autant de fois qu’il retournera à fon malin pëlèméç 5\ C Je coucher, celuy qui le cheuauchera luy recomencera fem Diablement le pareil chaftiement en toutes les formes que ie Y 0 " s ?y ^ t: & ie cheual(nonobftant tous ces chaftiemés)ne fecoucher >y faudra pour renfort plonger la tefte dedas l’ea u de la maniéré que ie vous ay distant que l’eau luy entre F E D. G R I S O N, LIVRE III. 1 x entre dedans les aureilles, & luy tirer la corde du nœud courât qui luy ferrera les couillons,à fin que par la douleur qu’il fentira ü fe corrige de fa faulte. le vous vueil bien aduertirque les anciens à tous cheuaux réttifs de quelque efpecequece fuft,vfoient femblablement du nœud courant : & neantmoins que celanemefemble pas bon d’vfer d’vne chofe , quand le cheual perleuere en fa faulte, laquelle outre ce qu elle ne porte point feurremede, encore offenfe-elle fa fanté:ce que ne ferôt pas les autres chaftiemens & les reigles& ordonnances que ie vous ay parauât amplemét déclarées: car toutes les fois que perfeuerant en icelles, on vfe- radu téps,mefure & proportiô côuenable,l’efFe<5l& le fucces en fera heureux & certain: & doit on vfer de ce nœud courant feulemét en extreme necelfité pour corriger vn cheual traiftre & enuieilly en celle mauuaife accouûumâcc de farreller & de fe coucher en l’eau. Or vous vueil ie maintenât parler du vice contraire au rectif, qui eft quad le cheual tire & palfe auant en delpitde celuy qui le cheuauche: lequel vice ne procédé pas feulement de ce que le cheual a mauuaife bouche, mais aulfi de la creance queluy donna fon premier cheuaucheur, laquelle fut fans ordre, r eigle,ne raifon, pource qu’eflant le chenal trop fenfible & trop vif, ou trop dur de bouche, comme ie vous ay defclaré parauant, ne le pouuant fon cheuaucheur vaincre, ne dompter, ne luy donner à entendre fa volonté,ne quand il doit farreller Sc parer,tirât à la main & prenât lefrein aux déts ne farrellera pas , ou fil farrelle,il fera vn defordre d’arrell & de côtcnâce. Lequel vice recorrigera non auec la bride feule- ment,mais auec la crainte du challiement que vous luy donne- rez, qui fera tel que ie vous vois dire. Vous tombant entre les mains vn cheual entaché de ce vice, vous commencerez à le cheuaucher auec plus grand egard, & diligence, quel! cefull vn poulain. Et premièrement fera be- foing en vn lôg chemin & fermé des deux collez, que vo 9 luy apreniez à farreller fur le pas , puis fur le trot , puis apres fur le galop:& chacune-fois qu’il farrellera apres le trot, le pas,ou le galop, vo 9 luy ferez faire les pofades,defqües ie vo 9 ay enleigné par-auât la forme, auec les fecours &: challiemétsnecelfaires. t/EC VIRIE D E Mais pource qu’il aura pris celle accoutumance & maligne li- berté de f en aller & tirer auant fans farreter, vous faudra bien garder de le faire courre pour deux ou trois mois durans , ains à chacune*fois qu’apres le galop il aura fait les pofades, vous ferez mettre deuant luy vn homme quiauravnebaguette ou vnbaftonenlamain,qui lors luy batteralegerement les bras, 2e peu forment le muffle , & le fera ainfî reculer enamerepeu plus: peu moins de cinq paulmes: & àcemoyenlecheualco- gnoilfant vollre volonté , incontinent qu’il fera arrêté, & ver- ra deuant luy celuy qui tiendra le ballon en la main , & fentant encore que vous luy tirerez vn peu la bride, fe reculera de foy- mefme fans fe faire battre. Puis apres qu’il fera bien ferme & bien aifé à parer, & bien feur à le retirer, vous irez encore au mefme lieu & fans le piquerdes efperons ne frapper de la ba- guette,& fans mot dire,ou trop le forcer vous luy baillerez dou cernent la carrière. Et quand vous ferez auprès du lieu auquel il a de coutume de farreter fur le galop , lors vous luy ai- derez de la voix à parer & encore celuy qui fera deuant luy, l’aydant femblablement delà voix pour plus grande feureté,le menacera pareillement du bâton: & fil i’appcrpoit que le che- ual facefemblâtde vouloir tirer auant & palfer outre, il luy en donnera vn grand coup furie muffle: mais ie fuis feurquvfant en temps lieu èc bien à propos des rcigles ordonnances que ie vous vien de donner , il ne fera iabefoin de luy donner coup débattu: car oyant feule mentla voix dont vous aurez accoutumé d’vfcr enfaifant les pofades, &fe fentant enfem- bk tirer la bride, & Voyant deuant foy cet homme tenant le bâton, il f arrêtera aifée^entdefoy-mcfrne>&auffitot qu’il fera arreté, vous commencera q lccareffer,& ne plus ne moins que vous feiftes a la fin du tfot ou du galop, vous le fe- rez reculer en arriéré, St puis 3pres allant &: venant vous le fe- rez pourmener par ce chemin enuironfix fois, vous arrêtant toufiours en ce mefme lieu auquel vo 9 aurez acoutumé de pa re r. Et puis apres pour qlques iours ne le faudra plus faire cour re, mais. le faire aller au trot &: au galop ainfi qu’au commence- ment : & vous fouuienne de luy mettre toufiours deuâtluy ce- luy qui tiendra le bâton en la main, lequel encore fans auoir bâton FED. GRIS O N. LIVRE III. l3 bafto pourroic bien tenir en Tes mains certain nombre de pic r- res,&: les Iuy ietter à temps vers le muffle, ou contre les bras, mais alors il feroic befoing d’auoir la main fort alfeurée pour tirer la pierre, ce qui n’aduientgueres, & partant ieferois d’ad uis qu’on ne famufaft jamais à luy ietter des pierres, mais fi on mettoit deuant luy, vn ou deux hommes qui eulfent des petis boteaux de paille allumez & attachez au bout d’vn ballon , de la faço que ie vous ay diète pour corriger le cheual qui fc cou cheà terre, ce iuy feroit correétion grade pour le faire foudain parer. Neantmoins vous vueil-ie alfeurer que feulement auec- ques la bride qu’il porte,fans ces pierres & celle paille, auec les autres corrections que ie vous ay par-auant di&es & qui font trop plus àloüer, facilement il farrellera. Encore celle paille allumée pourroit leruir à la corre&ion d’vn cheual qui a crean- ce , en luy mettant du collé contraire à la creance pour le faire foudain tourner: de laquelle creance, combien que ie vous en aye ia par-auant amplement parlé, pource qu’il eft maintenant venu à propos, ie vous ay bien voulu dire ce mot en palïantinô pource routes-fois que ie vous confeille de vous en ayder . Or confiderez & auifez bien combien profite l’afpre challie- ment , pourueu qu’il foit rude & terrible . Et pour vous en faire preuue ie vous dy,qu’alTez de fois on a veu quelques cheualiers & efcuyers, lefquelz par fortune fellans mis à faire courre leurs cheuaulx en vue grande campaignc, delpitez de ce qu’ils leur voyoient auoirfi mauuaifc bouche, &: pource entrez en gran- de cholere, quafi en volonté de les faire mourir à raifon de leur grande malignité, les auroient faiét courre fi longuement & fi defelperémcnt , les battans toufiours des efperons & de la baguette entre les aureilles & de tous collez, les menaçans à hautes & horribles voix, que lescheuauxperdansl’haleine &C plus ne pouuans, fe feroient à la fin arreflez de foy-mefinc : tel- lement que le iour fuyuant, les faifans courre en iulle carrière & à la fin leur tir2ns vn peu la bride , ilz f arrelloient aiféement &: fans contrainte. Mais ne penfez pas pourtant que ie vous vueille confeiller d’vfer de ce challiemét : car outre ce que ce- la dcfuoye & defefpere le cheual, & le met en grand danger de fa vie: encore nen reuient-il toufiours bonne iüue, pource qu’à t \ L’ECVIRIE DE quelques cheuaux de tnauuaife fantafie, il eft befoing faire co- gnoiftre auecques plus grad artifice la vraye cauft de leur cha- ft iements : & le vous ay di& à fin que vous foyez bien expert à l’intelligence d u cheual pour vous donner gard e qu’elle fera fa promptitude aux bonnes fe artificielles corre&ions, à chacu- ne fois que l’homme le chaftie auecques temps, mefure & rai- fon.Mais cechaftiement dcfefperé leroit bonàvn cheual, le- quel tirant à la main prenant le frein aux den$,fuyroic& vous emporteroit Sc forceroit. Et vous faulc noter & retenir ceftereigle generale que iuf- ques à ce que le cheual fe fçache bien tenir & parer au pas &au trot, ne luy faut point donner de galop &puis apres iufqua ce qu’il fe fçache bien tenir & parer au galop, ne luy faut ia mais donner carrière ne courfe.Et fi vous voulez qu’il ne face point les pofades , il fuffira feulement à la fin du pas , ou du trot , ou du galop, quand il fera arrefté en luy tirant la bride, & luy dô- nant la crainte de celuy quiferadeuantluy, auecle bafton,luy faire faire quelques pas en arrière, & puis fuyure la reigle que ie vous ay diète: toutesfois faifant les pofades il f acheminera à-fe tenir- plus feurement & certainement. Mais fi vous voulez auec moins de peine le corriger de ce vice,outre toutes ccsreigles vous luy faudra bailler vn mors conuenable & bien propre à la qualité de fa bouche , ainfî comme ie vous les ay remarquez au commencement de ce liure. Et combien que le cheual fuft de la pire nature du monde, & enuicilly en ce vicede tirer auantfe paffer outre en defpic de fon chcuaucheur,{ifcra-ilaiféà corriger en luy baillant le chaftiement fuyuant les ordônances & les reigîes que ie vous ay diètes , & luy mettant la cordelette foubz les gcnciues, atta- chée aux yeux du mors, comme ie vous l’ay amplement decla- ré, combien que la cordelette feule le plus- fou uent fera ceft ef- feèt, auec vnfimple mors, mais apres que par ce moyen il fera bien chaftié de la bouche, il ne luy fera plus befoing ne de ce- fiuy , ne d’autre fecours , ains toujours puisapres il farreftera fetiendra en luy tirant feulement la bride. Neantmoins notez que pour entretenir, iuftefe en bonne haleine / FED. G R I S ON , LIVRE III. 74 haleine le cheual, tant en ce que ie vous ay did, comme en ce que ie vous diray encore cy apres, ne vous faultiamais biffer voz tours ou rouds,& puisde l’allcgerfur le pendant, & faire vozpofades. Mais pource que beaucoup de gens iugêt feulemët félon ce qui fe prefente à eux de prime face,& ne fondent point les rai- fons où il les fault fonder, & par-tant pourroient-ilz dire que lechaftiement du ballon fait le cheual craintif, &luy oftela hardiefle , i’ay eflé d’aduis de vous déclarer que celle opinion eftfaulfe: car quand on corrige lecheual incontinent qu’il a fait la faulte, apres qu’il f’en fera corrigé il cognoiflra claire- ment que fa malice en fut caufe:& cela fe void manuellement par l’cxperience que luy mefme continuellement vous en mô- ftre.-car apres que par le moyen du chaftiement il fe fera corri- gé, il ne retournera iamais puis apres à faire la faute, ne de mou uoir la telle, ne de la creance, ne de faire le rettif, ne de fuir & tirer à la main, ou fe desborder de bouche, ne de fe coucher en terre ou en Feau,ne de fe ietter de collé, ne des autres fantalïes toutes- fois quand on luy baille le coup de ballon fans ce qu’il ait fait aucune faulte, alors il fe trouue confus, & ne pourra re- foudre ne péfer la caufc pour laquelle on l’aura battu; tellemét que toujours apres quand il verra le ballon ou la baguette , il fera tout efpouuanté.-ôc ne fepeult pas faire pire chofe que de battre cheual, principalementfurla telle, quand il vous obéit & va bien. Et par-tant vous ay-ie diét & diray encore cy apres qu’il elt befoin que le chcuaucheur ou efcuyer donne lécha- lliement & le fecours ou aide au cheual, en lieu, à temps, & a- uec mefure. Et pource qu’ô me pourroit dire qu’il femble qua li impolïîble que le cheual ait tel difeours : à cela ie refpons, qu’eftantlé chenal crée de Dieu pour falferuir&fe conformer à la volonté de l’homme, ne fe faut point efmerueiller fil cil en partie conforrne ànollre entendement. Et quelle afieurance en voulôs nous plus grande que celle que l’experience nous en monllre tous les iours, no n feulemét de l’intelligéce, mais éco re de l’obeilfance & de la jprôptitude d’efprit que le cheual no 9 fait apparoir en fes operatiôs. Et encore ql animal voyez-vous en ce mode affaire & hardy,& pi 9 approchât de l’hôme q luy? t ij L’ECVIRIE DE Lequel vous pouuez tous les iours voir courir de fî grande pro- ptitude dedans les armées, entrer & fortir des bataillons fans craindre n’armes ,n’efpées, ne lances, ne tant de voix, de Tons, de bruits Sc de rumeurs diuers, ne feu, ne eauë, ne fer, & enco- re qu’il foitblefTc à mort, ia mais ne fe retire de fon droidi che- min , & auec fon cheualier perfide iufqu a la fin: neantmoins à plus grande cautelle,ic vous veuil bien ramenteuoir que ces chaftieméts de baftôs & de baguettes, quand ils fe ferôt par vn homme de pié , il ne les faudra iamais faire finon en vne extrê- me neceffité,comme quand le cheual eft enuicilly en la crean- ce, ou de long temps accouftumé à emporter fon homme: & la raifon eftpource que peu d’hommes fe trouveront qui enten- dent & fâchent bien donnerle chaftiemét au cheual, à temps &auecmefure, ainfi qu’il efchet& appartient. Or faudra-il donc lors que le cheual fera déreiglé & décou ragé à raifon des coups de bafton que luy aura donné fon che- uaucheur hors temps , faifon & mefurc , & fans auoir failli , luy faire artifïcieufement entendre que voftre vouloir eft, qu’il ne craigne ne bafton ny efpée, n’autre chofe quelconque: car ce- ftuy fera le moyen de lefaircreueniràfon naturel^ vnirfon vouloir au voftre : & fil eftoit de fa nature, ou par quelque ac- cident lafche& poltron, cela luy feruiroit pour luy faire reue- nir le cœur. Quel deura eftre le moyen duquel il vous y fau- dra vfer, ie le vous vois briefuement déclarer en ce quart & der nier liure:& vous donnerpareflement quelques aduis dequel ques autres vertuz que vous luy pourrez enfeigner. LE QVA- 75 LE QUATRIEME LIVREDE LECVIRIE D V SIEVR Federic Grifon. V a n d vous ferez monté fur vollre cheual, tant qu’il ira au pas ou au trot, vous irez pareil lement toujours 1’alTeurant, & luy tenant la 1 baguette entre les aureillcs, &tantoflàl’vn, tâtoft à l’autre collé de la telle près des yeux & fouuét le careflerez la luy palïànt fur le col. Puis apres quand il fera alfeuré en celle façon, vous en irez en vnlieu tel que bon vousfemblera , & ferez mettre deuat vous Vn homme à pied qui tiendra vn ballon en la main, lequel peu à peu commencera à faire femblant aucheual de le vouloir battre de ce ballon par la telle, & lors aulïi vous donnerez courage au cheualde fauancer contre ccll homme en le fai- lant aller vers luy,lequel alors fera femblant de fuir,&: recule- ra en arrierc:& quand vous cognoillrez que le cheual ne crain- dra plus le ballon, vous femblablement ferez venir cell hom- me à pié contre le cheual auec vneefpccenlamain ,& conti- nuerez d’ainli faire iufques à ce que le cheual foit du tout af- fcuré:mais notez qu’en ce faifant il vous faudra bien garder qu’on ne frappe le cheual pat la telle ne de ballon 5 ne d'cfpce car ce fera bien alfez qu’on luy en face moltre & ligne au long delà telle, & qu’il aillehardimcnt à l’encontre de cçluy qui luy fait ce ligne. Âpres cela il (croît bô pour luy croiftre le coura- ge que vous feimez venir déniant luy pîufieurshômcsà pie, qui Jemenapffenc auecques hauilte voix & cris horribles, &lors vous qui ferez delfus ,1e fenez auancer & aller trois fois vers eux. La première fois au pas :1a fécondé au trot: latieceau galop: & lors ceux là feront contenance de fuirferetirans en arriéré :& fi outre cela ils m enapoient auec ballons &" efpees, d’autant plus feroit-ce pouir plus-fort alfeurer &: enhardir le t ii) L’ECVIRIE DE cheual. Encore feroit ce bô moyé de luy dôner grâd courage &hardiefle,file cheuauchantvous l’accofticz. d’vn cheual ou le mettiez au milieu de deux cheuaux aguerris^ feurs au bruit & aux coups d’artillerie, & puis peu loing de luy, faire lafeher quelques harquebuzes fans boulet &: tant plus il f’afleurera de tant plus près de luy les pourroit on faire fonner: & lors le vous faudrait toufiours afleurer de la main, & le careflcrdepa rolles, &en toutes fortes poflibles.defquellesievous parlc- ray tantoft : tellement qu’ordinaircment vous ne ccflerez de le mignarder , & carefler & luy faire bonne chere tant qu’il fera ce que vous voudrez & fe rendra prompt & obeiflànt à voftrc defir. Mais pource qu’il eftbicn befoin qu’il ait hardiefle & grand courage à l’encontre des autres cheuaux, vous le ferez face à face aller contre vn autre cheual, mais vous faudra bien garder qu’il ne reçoiue ne donne aucun coup, de paour que le coup ne l’eflonne ou intimide.Et lors que vous l’auâcerez cotre l’autre cheual: fi l’autre cheual efl: de bas cœur, il fe reculera en arrière, &fileftoit courageux, il vous faudroit dôner ordre que celuy qui feroit defius luy retirant la bride lefift reculer en arrière: car par ce moyen le voftre prendra coeur & hardiefle defauâ- cer toufiours plus vigoureufement . D’auantage, vous en irez en vnecampaignc enfemblc auec vn autre cheuaucheur monté defius vn autre cheual, & vous mettrez Tvn deuât l’autre reculez d’enuirô dix pas le lôgdela pafiade, & puis partirez enfemble au trot, & viendrez l’vn contre l’autre, vous pour aller d’où il part, & luy pour venir là d’où vous ferez party, &arriuez que vous y ferez chacun de vous voltera à droitte,rerournera pafier,&à faut bout vol- tera à main gauche , & maniant ainfi les cheuaux de ceft ordre à chacune fois , au milieu de la pafiade l’vn cheual pafiera loin dej’autrc enuiron d’vne paulme: tellement que ces deux che- uaux ainfi paflans & repaflans , fafieureront l’vn auec l’autre, 6c pourrez encore faire demefme puis apres au galop. Mais auifez bié qu e paflant &c repayant les chenaux ne heur- tent pas rvncontrcrautre,maisfuffira feulement qu’en paflant bien près l’vn de l’autre, toutefois ils ne fe touchent point. Enco- FED. G RIS ON, LIVRE III I. 7 <* Encore pourrez vous bien aller à la campaigne où ferôt voz toursou ronds,& encommécer au trot la volte à main droitte, & en mefme temps vn autre cheualicr par le mefme rond pren- dra la volte à main gauche & de mefme ordre changerez les tours & fuiurez les voltes & à fin que vous ne heurtiez aux ren cotreSjl’vnde vous fcflargiraautourde la volte d’éuirô deux paumes plus qu'il n’eft large, ^pareillement pourrez vous bien puis apres faire le mefme au galop: & parce moyen aduiendra femblablement que tous les deux cheuaux voltant de cefte fa çon&rencôtransfouucntrvnlautrefencourageront-& f en- hardiront facilement. le vous dy d’auantage , qu’il feruira beaucoup à voftre che- ual pour laffeurer, fi eftant deffus, vous le tenez arrefté au Ipmgdes tours ou ronds & le faites regarder vn autre che- ual qui ira en iceux au trot ou au galop. Aufïrluy profitera il beaucoup de vo^arrefter en vn lieuauquelvn cheual enfin de carrière viendra parer, ou bien de vous tenir fur le chenal à co Ré de la carrière par laquelle il court: & fi le cheual par nature ou par accident qu’il euft eu, lors que l’autre faproche près de de luy , de frayeur le voltoit de cofté > en ce cas vous faudroit donc faire tenir vn autre cheual hardy & courageux au cofté duvoftre,carà l’exemple deceftuy*là le voftre pareillement prendra cœur & f affeurera fans plus fe reculer ne fuir: & enco reluy profitera il beaucoup pour l’enhardir 3 & le pourmener aucuncsfois par la ville auec vn autre cheual afîeuré & de bon vilâge^ Etpourcequebien fouuentil aduiendra que le che- ual fera farouche & creintif par la ville où il rencontre grande variété de differentes chofes, partant ic vous déclaré que tel vi ce prouient bien fouucnt de la ieuneffe du cheual, & à faute de luy faire beaucoup voir 3 &de le cheuaucher en lieux publics & fréquentez: ou bié cela peuît venir à raifon dé quelque mal ou offenfe qu’on luy a fai&e , od qui luy cft incidemment auenuc en paffant par quelque ru ë,&puistoutes les fois qu’il rencon- tre vne femblable chofeil feftonnc& f efpouucnte : ou bien cela luy aduiendra ( qui fera bien le pis ) pour auoir courte & mauuaife veuë. Quand ce vice aduiendra à cheual icunc, gardez vous bien L’ECVÏRÏE DE quand vous luy verrez faire ces contenances de frayeur , pour quelque chofe nouuelle qu’il verra, de: le battre ou tourmenter en aucune forte: car fi vous le batte z il penfera que les coups luy viendront de ce qu’il verra , 5c à chacunesfois qu’il viendra à voir puis apres vne telle chofe, il fi en effrayera plus fort & en craindra d’auantage:mais pour le bien corriger, il vous fau- dra arrefterSc raffeurer:&: cobien qu’il face puis apres quelque difficulté de paffer , vous appcrceurez bien toft apres que peu à peu ore f’arreftant , ore cheminant il f’affeurcra de la chofe qu’il auoit cômencc à creindre:& lors vous l’en faudra appro- cher, Scie faire arrefter ou deffus ou auprès quelque efpace de temps : 6c quand il fera tout affeuré & commencera à chemi- ner, fouuienne vous de le careffer fur le col: toutesfois il pour- roit bien aduenir qu’aucunesfois il vint en obffinatîon de a- paffer point, ce qui aduient le plus fouucntquandila receu quelque mal de ce qu’il void ou qu’il fenr,ôc lors il feroit befoin de vous taire & tenir coy fans luy donner aucune fafeherie , & qu’vn homme àpié fe mift derrière & le follicitafl du truc des leures ôc le menaçaft delà voix, & par fois luy auançaft quel- que baftonnade fur la crouppe ôefur Jesiambcs, & quand il commenceroit à cheminer, lors il le faudroit careffer . Neantmoins quand le cheual eft tout appris & bien leur au pas, au trot, au galop, à la courfe , au parer , aux paffades , aux maniements , à toutes mains , 6c entend bien tous les chaftie- ments6c les fecours que ie vous ay déclarez ôcencoresdccla- reray , alors fil a frayeur 5c f arrefte : vous faudra incontinent, fans luy faire autrement recognoiftrece dont il a crainte , lè fo- licitcr de paffer auanc auecques la voix,& auecques le gras des ïambes, ou auecques les efperons enfemble &Ia baguet- te , ôcparce moyen vous verrez toufiours qua lafiail paffe- ra outre. Quand par débilité de veuë , le cheual chem ine en doubre, alors ne le faut-il pas battre, mais pea à peu le faire allerauât, 6c l’ayder en le careffant: & aucuncsfois vous l’ayderez feule- ment de la parolle, 6C iï vous cognoiffez qu’il ait quelque fray- eur, ôcquil facedoubte de paffer ou de ne paffer point, lors en vn infiant fans luy donner loyftr d’entrer en plus grand doubte, FED. G R I S 0 N, LIVRE IIII. 77 doute, mais en luy donnant courage vous l’aiderez de la voix, &des efpcrons Fil en e(t befoin,& le plus fouuent il quittera le doute de la crainte qu’il feftoit figurée de imaginée de cheminât pafiera outre. Mais pour du tout afieurervn cheual ieune,il pro fitera beaucoup de lecheuaucber de nui<5t,& le cheuaucher de iour par les rues de places où font beaucoup d’artifans de difïe- rétes fortes de où il y a toufiours du bruir,côe par les marchez, par les grandes places,entreles marclchaux & chauderôniers, armeuriers de orfeures,&: par les lieux où il y a beftes mortes de oùfe voiét leurs peaux,&par là cheminer pas à pas,& à chaque fois que le cheual fera côcenâce d’auoinfrayeur, vous luy don nerezle chafttmentfelon les ordonnances que ie vousay bail lees,& il f affeurera, aucunefois aufli fert au cheual peureux de luy mettre pour quelques ioursvn ventail au front ou vu peu pi 9 bas qu’vne des aureilles, attaché fous le cuir de la tefiiere,& ainfi cheminât de iour ou de nuiét ce vérail prédra vent,& tour nant roidemét Se rouant eôtinuelleméc deuâtles ye ux de près des aureilles du cheual, >1 i’é affeurera plus fort.& à raifon de la blâcheur des elles du ventail qui enfournant luy donnera aux yeux, la veuë f affairera de n'aura plus crainte de fes ôbres que pour la débilité elle fefiguioit de imaginoitparauâr. Ce vêtail eft appelé molinet : c’eft celuy que portent les enfans & qu’ils prennçt plaifir à fairetourrer courâs à l’encôtre de l’air.Neant moins ievo 9 vueilbié aduertirqu a la plus part des cheuaux ce ventail profite beaucoup, n aisauflfi y ail des cheuaux aufquels la frayeur augmente apresqu’on leuraofté & ainfi leurnuift plus qu'il neleurprofite.Toutefoisie ne m'enfuis pas voulu tai re,mais levous dy que qumd vous apperceurez telle qualir é aux cheuaux , qu’il vous ffaidra bien garder de plus vferde tel artifice, mais des autres rcéigles queic vous ay baillées parauâr, par le moyen defqudles fi fera pareil effeét , ainfi queievous l’ay parauant amplememt déclaré. Encorequad vous vferez de ce ventail ou moulimet, vous luy pourrez laifïer les ailles blanches au pur naturel dlupapier, ou les luy peindre de iaune, verd,rou 2 e,bleu,noir, &' à toutes les autres couleurs que vo 9 penferez plus propres pour affeurer vollre cheual. Et tout ainfi qu’il n’efit }oit)tnecc(faireà vn bon Cheuallier v L‘ ECVIRIE DE de fçauoir iouer à la balle ou à la pau me, ou voltiger, & néant- moins ce luy eft chofe honmefte,& bien feante de le fçauoir, no feulement pour la bonne grâce, mais pour le faire plus adroit 8z plus agile à tous les nianiemens des armes: tout ainfi vous di ray ie du cheual ,que côbien qu’il ne luy foit neceifaire de fça- uoir faire lacapriole, qu’il aille ondoyant & [con aggrupparfi’]’*- uec amonceleures ou acroupiffeures & [ dagruppo wgruppo] de bond en bond, & prompt & leger de mains & pieds deuant 8z derrière, toutesfois on ne peut nier qu’en cefaifant il n ait fort bonne grâce, & que ce ne luy foit vn moyen de le rendre plus prompt Sz adroit aux autres vertuz necelïaires 0 Et partant me lémbleil maintenant bien à propos de vous dire la maniéré par laquelle on peut encore apprendre vn cheual à bien faire la capriole. Apres que le cheual fçaura bien faire les p ofades,& que lau rez encore allégé du derrière, de la façô que ie vous ay dit par- auant vous baillant les reigles &ordonnâces de Tvn & del’au tre, vous en irez pour quelques iouts au trot fur le pendant qui fera long & entre les deux premiers terreins vous larrefterez pour luy faire faire deux polades, dz incontinent apres le vous faudra ayder aucc le truc des leurcs pour luy faire faire au trot deux pas en auant denuiron trois paumes, & au dernierpas vous luy ayderezà faire deux autres pareilles pofades que les premières, & puis continuerez femblablemêtces deux pas au trot, & à la fin d’iceux deux autres pofades, 6z puis vous I’ar- refterez . Et apres qu’il entendra bien cela, ôz à chacune fois qu’il ira puis apres parer, au lieu de ces deux pas au trot, vous luy ferez faire (duo gruppi} deuxfauts amoncelez iuftes& e- gaux fe fouleuant en arriéré, &fereleuant de bonne grâce a~ uec les pofades en auant: & puis de paume en paume il l’en ira paiiottat ondoyant del’efchine f amoncelant roufiours &pallottant a- fZTcial" uec les bras iuftemens ployez , & en celle maniéré toutes les fois que vous voudrez il vous fera la capriole: & lors li vous le voulez ayder, à chacune accroupiffeurc ouamôceleureil vous donnera vne couple de ruades , Sz auec grande facilité & bon ordre à peine touchera il des piez à terre qu’il ne fereleue in- continent en haut:mais il faudra bié auifer qu’il ne fe defuoye du temps FED. GRISON. LIVRE IIII. 78 du temps & de la mefure: & du commencementiufquesàla fin qu’il aille toufiours égal &: iufte. Si le cheual eft foible de reins , que l’Italian appelle [ lombî\ il fera fes pas au trot bas & près de terre , ou bien feleuera ega- lement toufiours d’vne mefure Ôt d’vn nombre , faifanties pofades puis apres défi bonne grâce & de telle mefure >que combien qu’il ne face point d’amonceleures, fi fera il toutes- foisla capriole de bonne grâce telle qu’elle fera fort belle avoir. En cefte maniéré le cheual tenant de la generte, encore !uy pourroit on bien enfeignerà faire les couruettes, toutesfois quand il eft grand de face, la capriole Iuy eft bien mieux feante GramdJe laquelle fefaifantbafle, a bien peu dedifferéce d’auecles cour f rfte ^ e nettes: car ces couruettes ne fe font pas feulement en allant a- faille, liant comme en faifant la capriole, mais eftant arrefté envn lieu & n en bougeant pour vn temps, en danfant deffus les hâ- ches & les bras , & femblablement fe retirant puis apres en ar- \Ï™L'L riere & del’vn& de l’autre cofté. Notez que ce que vous faites faire au cheual luy donnant Iacapriole,encoreluy ferez- vous faire quâd vous luy voudrez donner îe galop gaillard.Partant de deux en de*x pas, il faudra bien prendre le temps &: la mefure, & l’ayder: mais en cecy 8c mefmes aux couruettes, pour néant vous efforceriez- vous, d’y employer l’art 8c la dourine, fi le cheual n’eftoit de fa natu- re prompt 8c leger du corps , nomméemét ailegre & fouple de bras 8c de iambes. Aufurplus fi vous luy voulez apprendre à faire la iambette (laquelle luy fera profitable, &luy donnera fort bonne grâce en ce maniant ) montez deffus le cheual 8c vous en allez en vn lieu fort efiroir ,oubien dedans vn fofTéquifoitfaitdel’vne des deux fortes que ie vous ay dittespar-auant vous baillant la reigle pour corriger le cheual, lequel voltant tourne les han- ches plufiofi: que les efpaules, & là tout doucement le ferez volter à main drojtte , & puis apres à main gauche, retournant neatmoins toufiours à la volte droitte de quart en quart , vne ou deux, ou trois fois pour main, de lafaçô q ie vo 9 ay dit vous parlant des voltes redoubléesxar çilant la place eftroitte ,& le v ij L\E C V I R I E DE tournant ellroittement ,1e chcualàchacunefoisqu’ilvoltera ne pouuant fans grande peine lors qu’il viendra pour clorre la voltc encheualler les bras Tvn fur l’autre, craindra toujours de fe frapper ce bras du bras côtraire à la volte, de forte que pour fen garder puis apres faudra qu’ainfi roidedecol 8c ferme de tefteil leleue en hault,& que par ce moyen il vienne à faire la iambette. Et apres qu’il aura pris celle accouftumance , à cha- cune fois que vous l’ayderez puis apres de l’efperon contraire à la volte, & il orra le fecours de lalangue, ou des deux enfem- ble ou de l’vn ou de l’autre , il fera toufiours la iambette du co- llé duquel ilfe tournera ainfi comme il appartient .-mais ilfe faudra bien donner gardequelecheualenlieude fouleuerle bras ne fe recule en arriéré, ou en tournant qu’il ne forte hors du creux du foffe: car ce feroitvn vice tout contraire à ce que vous auriez intention de faire :& par-tant il faudra que vous foyez bien curieux & diligent à faire volterauec fermeté 8c température de main, 8c le chaftier à temps 8c auec mefurc, 8c l’aidiez quelque fois & le carelïiez des maniérés que vous fça- uez maintenant après les auoir fi fouuent ouyes de moy, & qui d’heure à autre vous viendront en plus grande cognoiffance. Et encore pourrez-vous ou en ce chemin efiroit ou dedans ce fofié , faire aller le cheual la lôgueur de la paflade au pas ou au trot,ou enuiron quinze paulmes plus court que la paffade ,6c luy donnant à l’vn des bouts la demie volte à main droitte:&à l’autre bout la demie volte à la gauche il faccommodera beau coup plus aiféement le bras à faire la iambete: 8c là encores v- ferez-vous defemblables chafliemens ou fecours quand vous verrez qu’il en fera befoi-ng, tellement qu’aux pafiades enco- res puis apres il fe pourra manier auec l’vn ou auec l'autre bras* toufiours auec la iambette.Et fe fera le mefine effet écores plus aifémêt en vn lieu auquel il y ait vn chemin courbé: vn peu e- leué aux deux coftez,& fetrouuera fouuét en la châpaigne en quelques endroits où la pluye par la force de l’eau &delalaua fe qui aura couru , aura carné vn petit chemin creux d’enuiron deux paulmes, qui aura des deux collez le terrein vn peu eleué en biés quafi en forme debarquette,defaçôdu folfé dôt ie vo* ay parlé par auâutellemét que fe tournât 8c voltant dedans ce creux. FED. GRIS O N LIVRE 1 1 1 1. 7 us ay dit parauant . Les raisôs pour lefquelles la main de la bridene fe doit point porter haute, (ont infinies: & entre les autres qui font en grand nombre, pour vous fatisfaire, &c aux autres qui n’ont pas la capacité, pour breueté ic vous en diray feulement quelques vnes. Chacun fçait que portant la main de la bride haut en l’air ou tre ce que le bras delà main qui la tient, fe laflera aiféement, & qu’au befoin on ne pourra pas la tenant faire au cheual telle for ce qu’on voudroit , encore l’cfcuycr ou le cheualier ne paroi- liront pas auec fi bonne grâce. Chacun fçait auffique portant la main de la bride haute, on pourroit en combattant bien aiféement coupper les re fnes : & d’auantagcle cheualier n’ira pas fi iufte, fi vny, ne fi eftroit, co- rne il feroit de la maniéré que ie vous ay diét, ce qui eft néant- moins bien neceflaire . Chacun fçait auflfi qu’en combattant, fi vous portez la main delà bride haute, vous ne perdez pas feulement la commodi- té de la plus grande defenîedel’efpéeque vouspuiffiez atioir, mais encore nepouuez pas fi aiféement offcncer les ennemis qui vous feront à main gauche, & fi leur eftes toufiours dccou- uerr. Chacun fçait auflî que portant la main haute, vous donnez au cheual occafion de prendre plus grande liberté, de forte que peu à peu il vous dérobera la main, & fi ne pourrez pas fi ailée- ment vous auifer de fa faute : ains fera bien difficile qu’en cefte façon il fe puifle chaftier de forte qu’il fe rende fubiet à vous:& combien que quelque chenal conduir de cefte façon vous fem ble au commencement bien al 1 er, fi fcra-il bien mal aifé qu’au long aller il ne face quelque dt fürdre. Chacun fçait auffi queportamtlamaindelabride haute, le cheual n’aurapoint d’arreft ou ri biê puifle appuyer fa bouche: car il n’y a doubte que la main-haute branle quafi toufiours, tel- lement quileft bien mal aifé de manier le cheual auec la me* fure conuenable. Doncques ne laiftez point la vraye doétrine, par le moyen de laquelle il fe r endra tant ferme &tant iufte que puis apres de quelque faç on, ou haute ou baffe que vous y üj L'ECVIBtlE DE portiez la main de la bride, il vous obéira & refpondra diuinc- ment , ains qui plus eft non feullement en portant les refnes de la main gauche, mais encorcsque vous les portiez auecques les dents, il ne lailfera pas à bien faire , & pour quelque [ fuffre - nade ] tour de bride que vous luy donniez, il ne fera aucun mouuemcnt de telle. Or celle couflume de port er la main de la bride haute (c pratique fort en Numidie & a ux enuirons où font les Arabes & autres telles nations de gens,lefquelles ne font pas capa- bles delavraye dilciplinede cheualeric .-dont la cognoiffan- ce eft propre au vaillant & vertueux gentilhomme. Et celle fa- çon leur eft bien feante,pource qu’ils cheuauchent trop court, & auecques Celles pleines ôcfort retirées en arriéré, & leurs cheuaux font gaillards, libres & accouftumez à la liberté ,1a plufpart defquels vont fans frein, mais ils les arreften t & tour- nent auec vn certain maniement de la lance : & partant ne va- lent ils rien pour combattre à cheual corps à corps , comme il eft requis félon la vraye difeipline militaire,qui eft le vray fon dement de toute cheualerie. Et pource que telles maniérés de gens ne fçauent pas l’art ne l’ordre qu’il fault tenir pour donner aux cheuaux force & haleine, outre ce qu’ils les font courir continuellemét, quand les cheuaux ont enuiron deux ans, ils leur mettent fur le dos vn fac plein de fable , contrepointé par deftous auec de la lai- ne, ainfï qu vn paneau, &: les font demourer de bout ainfî char- gez vne grande partie du iour dedans l’eftable , & peu à peu tous les iours ils leur renforcent & augmentent leur charge, iufques à ce qu’il leurfemble qu’cllefoitdupoixdVnhommc pefant &armé. ' Mais pourreuenir à noftrc propos d’enfeigner bien vn che- ual de noftre climat , ie vous dy que vous pourrez commencer àluy apprendre tous lesmaniemens & les vertuz dontievous ay parlé,quand il aura attaint les trois ans ou les trois ans &c de my : combien que vous pourriez bien auffi commencera che- uaucher le ieune cheual depuis qu’il auroit pafte les deux ans: toutesfois I’a3ge de trois ans & vn peu au deftus eft plus forte pour porter Ietrauail, &pour entretenir le cheualauec plus grande / FED. GRIS ON, LIVRE 1 1 1 1. 88 grande feureté gaillard & allaigre, Tain , Ôc entier de corps, de bras 6c de iambes. Et partant l' Empereur Federic ne vouloit point que 16 chcuauchaft les cheuaux de Ton haras qu’ils n ’cuf- ient quatre ans, mais quand vous commencerez à les cheuau- cher&à les manier, ne faudra point que vous changiez de lieu à la campaigne, fi lancceflîté ne vous y contraint : car fi le chcual va bien 6c fait bien Ion dcuoir au lieu qu’il a acouftumé, toutes les fois qu’il y arriuera il le fouuiendra des ordres qu’on luy aura apprins, touliours allant de bien en mieux, 6c ne fau- draàauoirmemoirede tous les chaftiemés qu’onluyaura don nez pour le corriger de fes fautes, tellemét qu’il deuiendra fub- iet,ôcobeiffant,feur & ferme en toute bonté: toutesfois en au cun cas particulier, comme d’vne grande crainte, en changeât de lieu il feroicbiépluftoft vaincu 8c dompté.Faudraaulfi tous les iours fans intermiflion au matin auant que luy donner fon auoine le manier 8c folliciter , 8c ne cefier iamais iufques à ce qu’il entende les tours , & les autres vertus que ie vous ay dit: 8c quand il vous femblera qu’il aura pris haleine,& qu’il enten- dra parfaidemét toutes fes leçons, lors fera allez de le cheuau- cher de trois en trois iours& puis apres fufîra de le manier deux fois la fepmaine:mais aulfi quand vous cognoifirez que le chc- ual (à raifon de ce repos)deuiédra poltrô,& foubliera de quel- que chofe qu’il aura apprife, lors vous faudra retourner à le cheuaucher tous les iours plus ou moins d’vne heure félon qu’il pourra refifter, 8c le manier félon l’ordre que ie vous ay dit en le corrigeant defesfautes. Etvousauife qu’il n’yache- ual, lequel continuant les reigles 8c les ordonnances que ie vous ay déclarées par ie menu , dedans quatre ou fix mois au plus, ne foit inftruit en tous les maniemens que ie vous ay para- uant déduits & déclarez, 8c en tout ce qu’il eft poflible de luy apprendre. Il eft vray qu’il y a des cheuaux de quelque race qui font tar- difs ,lefquels pluftoft qu’ils ayent la bouche faiéfe,& les mem- bres pleins & charnuz enuiron l’aage de cinq ou fix ans,com- bien qu’ils entendent & fçaehent bien toutes les reigles & or- donnances, toutesfois ils ne feront demonflration ne de for- ce ne de valeur, ne de leur bonté 6c vertu. L’ECVÎRIH DE Et pource que quelque gentilhomme pourroit bieneftre curieux de fçauoir, quelle fera la difpofition & l’aage du che- ual plus propre au combat & à la bataille. Partant ie vousdy pour ceflelfeâ: que plus le cheualeft de grande taille & mieux vault, pource que toute efpece d'ani- maux, fors que l’homme le plus petit craint le plus grand que luy. Et depuis fix ansiufques à quinze le chenal fera généra- lement parfait en toute chofe,6c encore fil eftbien gouuer- né,Scnon excefliuement trauailié fans opprefîion de coups ne de maladies 3 il durera toufiours égal en fa bonté iufquesà l’aage de vingt ans , A ce propos ie vous pourrois bien reciter plusieurs beaux exemples mais pour ne vous ennuyer, ie vous diray feulement ceux cy. * Le Roy Charles hui&iefme retournant de Naples auec- ques cinq cens hommes d’armes que cheualiers, eut rencon- tre de larmeedu Duc de Milan , qui feftoit couplé auecques les Vénitiens, ôc auecques le Ferrarois 6c leMantouan , 6cne fut pluftoft arriué à Fornoue, qu’il n’entendift que ces enne- mis fulfent plus forts Sc plus gaillards que luy, ainsiufques au nombre de mille cinq cens hommes d’armes. Ettoutesfois le Roy de France fe fiant au bon cœur, en la vaillance, & la pru- dence de fes hommes ôc cheualiers, 6c du feigneur Iean la- ques Triuolfe, gentillomme Milannois fon lieutenant gene- ral, combien qu’ils luy diffent tous qu’ils luy feroient bien che min pour fauuer fa perfonne, voulut leiourfuiuant donnerla bataille, ^montant deffus vn cheual moreau vilain d’Efpaigne, lequel eftoit borgne d’vn œil , ôc auoit vingt ôc quatre ans,en- uoyafon carriage deuant: contre lequel la plufpart de l'armee Italianne auecques grand defordre fauança foubs efpoirdu butimôc le Roy ce pendant commenpaà combattre ôc donner deffus fi courageufement ôc vaillamment qu’il paffa à trauers de fes ennemis fuiuant fon voyage: entre lefquelsfe trouue- rent, que morts que prins,dix-fept capitaines des principaux de l’armee. Mais le cheual fur lequel le Roy eftoit monté combattit de telcœur&de telle force que Je Roy maintefois , puis apres difoit auffi que ce cheual auoit efté occafion de fa vi&oire. Défait FED. GRISON. LIVRE IIII. $ mais du tout non fi fort. FED. G RI I S O N. [Scace] mors à hotte [foenaia ] coudé &ouuerf 5 entier. Pour cheual qui eft dur dernboucheure, & engorge fa langue. E I HH Autreàmefmeefïe&quece dernier precedent, mais il rend la bouche du cheual plus fubiette & plus libre de langue. FED. G R I S O N, 18 [Scace] mors à hotte [fucnata] coudé & ouuert , auec le pourfil d’auatage & auec la moitié icy peinte à l’enuers à fin quon puiffevoir i ou > & comment doit eftre affis Ton pourfil. L’E C V I R I E DE [Scaee ] mors à hotte [fuenata ] coudé & ouuert, auec les bra- ceIets,oufîlets, au lieu de laSiciliane ou trenchefîlle. Autre pour cheual qui fe boit la bride. F ED. G R IS QN. 19 [chidppon] pas d’afne,auec les oliues,^: generaîement il cor- rige & drelTe mieux le che nal que le [cbUppon ] pas d’afne, auecques le melon doux. Autre pour cheual qui eft fort dur d’emboticheure. E iij L’ECVIRIE DE Camoanellc à [ chiappon] pas dafnc 3 & fe pourra faire [col tcm- pagno piuoles\ PHD. GRIS ON. Demy pié de char à poires. 24 Pdur cheual qui a là bouche feiche 5 & fans fatieur & n’eft fort dur d’embouchenre , & neantmoins va auec la telle baif fee,& auffi fil faifoit [ chtûmaz>uoles ~\ . VE C VI R LE DE Pié de chat auecques fes poires. Four cheual qui a la bouche grande,& eft dur demboucheure. F ED. GRIS ON' Demy pied de chat à campanellc. Pour cheual qui alabouche feiche&:fansfaueur 5 & n’eft fort durdemboucheure, &neantmoinsva auec la telle bai(îee 3 & aufli fil faifoit [ chioma&uoles ] . G va FED. GRISON it Demy pied de chat à Campanellc. Aucuns en vfentpour alfeurerlatefte ducheual 8c le faire plus leger dudeuant, 8c aux pofes 8c pour le faire aller auecques l’efchine gaillarde & afiemble en toute fa force, toutesfois le S. Federic Grifon ne laprouue du tout. G ii E S pieds de chat(autrement appeliez carrez [o chiapponi Jpe^ati] ou pas d’a fi ne reprins & reioints) fe peuuent ioin- dre & attacher non feulement à[chiap- __ _ _ couplet comme ils font peins :mais aufli à [perno] clou : toutesfois ie les penfe meilleurs attachez à couplet. Et encore les peult on tourner, ou en forme de pied de chat, ou en forme de col d’oye,ain fi qu’il plaira au cheualier . Mais ie ne les ay point vou- lu figurer à part , à fin de ne reprefenter plufieurs fois vne mefme chofe: & pource que ie me fuis affeuré que vous pourrez aifément de vous-mefines difcernerles vus des autres, & les acommoder à profit, lifant ce que i’enayefcrit parlant des mors débridé, ôevoyans les defleins que ie vous en ay reprefenté fur celle fin . Et combien que tous ces mors, tant ceux qui font clos a- uec les gardes droittes , comme ceux qui font ouuers auec les gardes tournées, fepuiffent faire auec gardes plus auancees ou plus retirées, & pareillement auec les yeux plus bas ou plus hauts, ainli quelanecelïité ôc qualité du chenal en fait demonllration : toutesfois pour garder l’ordre ie les ay feulement fait peindre, en vne forme de droittes , vne forme de tournées , ôc vne forme d’yeux abbaiflez. Et tout ainli que les mors ou- uers qui ont les gardes tourneesle peuuent faire auec les gardes droittes : aulïi les mors clos auec les gardes droittes fe peuuent bien faire auec les gardes tour- nées . Ce que vous pourrez apprendre du troifieme hure, auquel ie vous ay déclaré en parlant des mors de bride, lequel ell le plus gentil, ôcquel le plus lourd, que fi par K fi par faute de la plume, ou par quelque autre inaduer- tence il eftoit auenu qu aucun de ces deffeins ne fut re- prefenté fi égal , iufie , & proportionné comme il doit eftre,non des gardes ieulement,mais auffi de l’embou- cheure, l’elperonnier pourra aiféement amender telles fautes , en voyant feulement la forme . Au furplus ie confeille à toute perfonne qu’il ne prenne la peine de faire vne table ou répertoire à ce liure : car on peut croire que fi i’euffe cognu le profit des leébeurs fauan- cer le moins du monde d’vne table , i’eu fie auffi toft: prins la moindre peine, comme aay fait la plus grande: mais ie m’en fuis exprès déporté, fçachant que tat plus fouuent & diligemment on lira 6c relira ces ordon nances, (iefquelles confiftët plus en la pratique de tout l’art, qu’en la théorique de quelque particulier enfei- gnement) tant plus parfai&e deuiendra la cognoiffian- ce de la chofe qu’on y recherche. PRIVILEGE DV ROY' [E n r y parlagracc de Dieu Roy deFrâce, àtoqsles Pre» ùqfts, Bailiifs Senefchaux de noilre Royaume, qu à leurs .Lieutenants,Preuoft de Lion, ou fon Lieutenant, & à cha 'cun d’euîx cndroid foy,fi comme leur appartiendra falut. [Guillaume Auuray l’vn des libraires de noftre ville^vni* ucrfité de Pans , nousafait remonftrer que continuant le defir 8c affe- dion qu’il a de faire profit àla republicque,&: voyant lapenurie& def* fault des liures de L’Ecuirie du feigneur Federic Grifon, La maniéré de bien emboucher les cheuaulx de Fiafche, L’art Yeterinaire de Macé,La Marefchallerie de Laurent Rufé,& L’att Vétérinaire de Vegece : Et que plufîeurs grands , 8c notables perfonnages defiroient fort en recouurer pour la grande vtilité , 8c commodité que l’on en a cy deuant peu rece- uoir, auroit délibéré iceulx faire imprimer auec plufîeurs belles augme- tations commodes 8c necefiaires : Enquoy' il auroit pour faire tailler beaucoup de figures 8c pourtraits defdites augmentations, 8c recouurer les aurres,lefquelles auoientefté efgareespar mefpris & negligence,faic beaucoup de fraiz: Il craint maintenant que les autres Imprimeurs le voulfifTent frufirer de sô labeunEt s’eiouifsat de Cep cxcplairesôc prenas formulaire fur iceulx les feifient pareillement imprimer, vendre, & de- biter.Pourà quoyobuieril nous a rreshumblementfaidfupplier, 8c re- quérir luy vouloir pourueoir. Nous à ces caufes, Auons permis, 8c per- mettons audid Guillaume Auuray de pouuoir imprimer, ou faire im- primeries liures cy deflfusfpecifiez en tel volume que bon luy femblcra 8c ce durant le temps, 8c terme de dix ans, fuiuans, 8c confecutifs,à co- in en cet du iour 8c dade que l’impreflîon de chacun defdits liures fera paracheué. Et à fin que le fuppliant ne foit fruftré de fefdits fraiz . Nous auons inhibé, 8c défendu , inhibons , 8c défendons à tous Libraires , 8c Imprimeurs, durant ledidtéps n’imprimer, ou faire impriraer,védre,& diftribuer aucuns defdits liures en quelque forme que ce foit, fans le le vouloir & confentement dudid fuppliant . Et ce fur peine de confiG cation defdits liures , &c d’amende arbitraire . Si vous mandons trefex- preficment, enioingnons par ces prefentes à chacun de vous endroid i oy, fi comme à luy oppartiendra, que de noz prelens licence, & priuile ge,& de tout le contenu en ces dites prefentes vous faides iouir 8c vfer ledit fuppliant plainemér, 8c paifiblcmét durant ledit téps,à commécer comme deflus, cdlàns 8c faifant ceffer tous troubles,& empefehemens au contraire. Voulons en outre qu’en mettant par brief le contçnu en ces prefentes au commencement , ou à la fin de chacun defdits liures, que cela foit de tel efféd, force, & vertu, que fi elles effoient en leur ori ginal fignifics à chacun defdits Libraires,Imprimeurs,& contrcuenants aeddites prefentes , Au vidimus defquelles faidfoubz feel Royal, ou feing (eing de Pvn de noz amez & féaux Notaires, & Secrétaires foy foir ad~ iouftee, comme au prefent original ; car tel eft noftre plaifir. Mandons 8c commandons à tous noz iulliciers,officiers 8c fubieetz qu’à vous& àchacun devons en ce faifant obeillanr. Donné à Paris le cinquiefmé iour deluillet Pan de grâce mil cinq cens foixante quinze . Et de noftre régné le fécond. PAR LEÇONS E IL. LE RO Y. 1; GRISONE, Federico. L ’ ecuir ie . . . en laquelle est monstre l'ordre & l'art de choisir, dompter, piquer, dresser & manier les chevaux, tant pour l'usage de la guerre J' qu’autre commodité de 1 'homme .. .nouvellement reveuë & augmentée, & enrichie d'abondant ■, de la figure & description du bon cheval. 4to. 2 parts in 1. (4), 90 leaves; 28 ( leaves (incorrectly numbered) . Large woodcut device (variant of Renouard 871) qji jj title-page. 2 full-page woodcuts in first part and 51 in second part. Contemporary ownership inscription on title-page. Fine copy. Modem vellum backed boards. Paris. 'j Guillaume Auvray, 1575.* $1,850.00 |i ij Rare French translation of this influential work on calvary and équitation which I 1 first appeared in 1550 in Italian. The first part, on équitation, is illustrated il with two full-page woodcuts depicting mounted figures in various situations. The ;! second section is illustrated with fifty— one, almost full-page, and very ornate i ! woodcuts of horses bits. Mennessier de la Lance indicates that there should be only i, twenty-six erratically numbered leaves in the second section, however, ours has a i 1 total of twenty-eigh t . The présent édition has been enlarged and a new préfacé by : the publisher has been added. It should be noted that the Italian édition was illus- j trated with only twenty-five woodcuts of bits. Not in the NUC which only locates one ; French édition of 1565 in one copy (Yale). Cf. Cocke^ no. 707; Mennessier de la !j Lance 580; Brunet II, 1759.