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L. P. CUBIERES , l'aîné, de la Société des Sciences et Ârts de Paris , et de celle d'Agriculture du Département de Seine et Oise. MAUVE RSUASLEES. De l'Imprimerie de Pu.-D. PIERRES , rue de fa Paix, n°, 23. ELLE EUR EEE CE ETEP CETTE LUCE ECEETEEE TT An VIIL | NE 4 (RUN, «EL SES à Mr mn AUX FEMMES. Mon but , en composant cet ouvrage , a été d'écrire pour les Femmes : c’est donc à vous, sexe aimable, que je l'adresse et le dédie. On a peu écrit sur l'objet que je traite; cependant les Coquillages de mer forment une branche agréable de l'Histoire raturelle, qui doit pla're à vos yeux , ainsi qu’à votre esprit. Souffrez que je vous donne ce conseil: ne vous bornez pas à vos graces et aux avantages que vous donne la beauté, joi- gnez-y l'écude des sciences. Les talens er les arts rempliront utilement vos journées, ils vous donneront le moyen de combattre, avec a … ij AUX FEMMES. succès , deux ennemis enfans de la paresse, qui sont le désœuvrement et l'ennui. L'étude enrichit la mémoire , développe l'imagination , fait éclorele génie, perfectionne le cœur, contribue au bonheur, et donne une sagesse préférable à celle qui s'acquiert par'expérience, en ce qu'elle s'obtient plucôr, et qu’elle n’est point payée par des épreuves. Pour parvenir aux succès dans tous les genres, la nature ne vous at-elle pas donné les mêmes moyens qu’à nous? Sans doute; car , malgré la coupable négligence que lon met à vorre éducation, malgré cet absurde système , aucorisé par lhabitude, qui vous éloigne des occupations sérieuses pour vous attacher à des frivolités, malgré les préjugés qui vous poursuivent, et les obstacles sans nombre que vous avez à combattre, il est peu d'arts, de talens et de sciences dans les- . quels les Femmes n'aient excellé. * N'a-t-on pas © Lisez l'éloge des Femmes, par Piutarque ; le catalogue des AU REF TEIM MIE. S il} vu des femmes soutenir des thèses, remplir des chaires de philosophie, professer l'anatomie, la médecine, commander des armées , écrire dans toutes les langues { N’ont-elles pas montré de l’habileté dans la peinture, la poësie, les mathémaciques , lastronomie , et dans Part de gouverner ? Athènes et Rome , la France et l'Angleterre, l'Allemagne er la Russie, se glorifient d’avoir des femmes célèbres. L'histoire dépose donc contre celui qui oseroit dire que les Femmes ne sont point propres aux sciences même les plus abstraites. Comme nous, sans doute , elles atreindront a la perfection , dans tous les genres, lorsqu'on ne leur enlevera pas les moyens d'y parvenir’. Femmes célèbres, par Wo/f; les Femmes illustres de Bocace ; la vie des Femmes illustres , par Brantome ; l'éloge qu’en fait Ribera , Betussi, Sardonati, Descartes , Marmontel, Thomas , etc. etc. * Plutarque dit avec raison que l'on pourroit faire le parallèle d'Anacréon et de Sapho, de Semiramis et de Sésostris, de Tana- quille er de Servius, de Brutus et de Porcie, etc.; et l’on sait com- bien de succès Periclès dut à Aspasie. En Pan de Rome 260, cette capitale du monde fur sauvée par a 1] iv AUX FEMMES. Ne trouve-t-on pas dans les Femmes toutes les preuves de la perspicacite © Il est reconnu qu'en général elles apperçoivenr plus vite que nous, Roue moins long-tems et voient plus juste. jai remarqué dans les Femmes dont l'éducation avoit été soignée, l'esprit de philo- sophie qui médice, celui d'observation qui réfléchit, celui de mémoire qui recueille, et celui d'imagination qui crée. Pourquoi donc ne pas Rs à l’éduca- tion des Femmes, les mêmes secours er les mêmes maîtres qui sont appellés à celle des hommes ? O vous, jeunes personnes, qui ne con- noisscz encore que la dissipation et lennui, acquerez des connoissances ; ne craignez pas de les accumuler ; vous trouverez bientôt, 5 . ’ “1 . les femmes. Pour les en remercier, le sénat rendit un décret qui ordonnoit aux hommes de leur céder par-tout le pas ; il fit en mème tems élever un monument dans le lieu où la mère avoit fléchi son fils, LA A . . la femme son époux , et où Coriolan avoit été rendu à la vertu. AU EX MPLE MM EE S. V dans l’étude que vous en ferez , la douce récompense de vos peines; alors tous vos momens seront occupés ; plus d'intervalle lan- _guissant : l'espace qu'il y a d’un plaisir à un autre, sera rempli; vous ne connoïtrez plus cette anxiété, ce besoin fatiguant de vous fuir vous-mêmes, d'aller où vous n'êtes pas. Le tems, toujours trop rapide ou trop lent, lorsqu'il n’est mesuré que par les plaisirs bruyans et le désœuvrement, s’écoulera pour vous avec charme, en laissant après lui des traces bienfaisantes. Plusieurs hommes célèbres ont mal parlé des Femmes, je le sais ? Qu'est-ce que cela prouve? Seulement qu'Æuripide et Juvénal. ont fait des efforts d’espric, ou qu'ils ont voulu, peut-être , se venger sur les Femmes en général, des torts particuliers qu'ils peuvent avoir eu envers une d'elles. Sophocle prétend que le silence est la seule chose qui puisse rendre une Femme recom- mandable. Que je le plains | et avec lui VS UAURÎIFEMMERS cout homme qui n’a jamais goûté le charme de la conversation d’une Femme aimable et instruite. | Mais Platon, ce bon juge, ce grand maître dans l’art de penser, leur rend plus de justice... [l dit positivement que les Femmes sont susceptibles des mêmes occupations que les hommes. Aristote le dir aussi, et il ajoute que c’est un bien plus grand crime de porter dommage à une Femme qu’à un homme. Il a raison, Comment justifier un égarement, qui peut entraîner jusquà attaquer un être, qui n’a, pour se défendre , d’autres armes que sa douceur et ses larmes ? Au seul aspect d'une Femme aimable, limagination s'épanouit, les idées gracieuses naissent, deviennent bientôt des sentimens; et l'homme froid qui projette de juger sévè- rement une Femme, se surprend quelquefois à soupirer pour elle. Ah! combien, en effer, n’a-t-elle pas de moyens, cette Femme aimable, pour attirer nos cœurs et pénétrer AUX FEMMES, Vi} nos amies ! Son regard est un charme, sa parole un bienfait , ec son intérêt un bonheur. Oui, les Femmes ont sur nous mille avan- ages; elles naissent, en général, avec le germe de toutes les vertus. Quel est homme qui peut mettre ses soins parernels en compa- raison avec les sentimens si cendres et si tou- chans de la maternité ? Sans cesse les Femmes nous donnent les douces leçons de la bienfaisance ; er Le spectacle de la misére ou du malheur, a rarement trouvé une Femme insensible, Souvent les Femmes, par leur seule pré- sence, ont réveillé notre courage; souvent aussi elles nous en ont donné des exemples inimitables.. ...." C’est donc à vous, Sexe charmant , que nous sommes presque toujours redevables de nos succès. Vos conseils nous ® Lisez la jolie pièce de vers, adressée aux Femmes, qui est à la tête de l'intéressante comédie de Paméla. Vii} AUX FEMMES. font entreprendre , vos éloges nous sou- tiennent ; et nous trouvons la récompense d'une bonne action dans vos applaudissemens. C’est pour vous seules que j'ai entrepris cet ouvrage ; et je me trouverai bien payé, si l’histoire du peuple coquiller, que vous allez lire , peut me valoir un sourire de votre reconnoissance. DES COQUILLAGES DE MER, DE LEURS MŒURS, ERA ES ETE NV RSI AM OU RS DE. L'HISTOIRE NATURELLE DENT CE NICE RON EE T'oure la nature appartient à l’étude de l'Histoire naturelle. Pline la nomme l’histoire du monde, et il ya lieu de croire qu'elle a été le principe de toutes les sciences, comme la chimie l’a été de tous les arts. Mais depuis quelque tems, on à donné A 2 O!B SERV AT I ON: particulièrement le nom d'Histoire naturelle à la connoissance des substances coquillières, pier- reuses et métalliques. Si l'attrait de la nouveauté est une jouissance pour l'esprit, l'Histoire naturelle nous en offre le charme : en effet, une collection de pierres, de métaux, de coquilles, donne à observateur une source inépuisable de plaisirs. Le naturaliste recueille les productions de la nature; il les observe et les classe. Le physicien en explique les phénomènes; le chimiste les décompose, les analyse, et passe ses découvertes aux arts, qui les appliquent aux besoins des hommes. L'étude de l'Histoire naturelle nous fait donc connoître les productions de la nature; la physi- que nous en apprend les miracles, et la chimie nous en montre l'usage. Les hommes ne peuvent étendre le domaine de la science, et rapprocher les points de son cercle imparfait, qu'en joignant aux connoissances de ceux qui les ont précédés, les connoissances qu’ils acquiérent eux-mêmes. SUR LES COQUILLAGES DE MER. 3 Quelle est utile cette foule d'amateurs d'His- toire naturelle, dont la plupart rassemblent en peu de tems les matériaux que la nature, en silence, compose à l’aide de plusieurs milliers de siècles! Un curieux regarde, un observateur médite, un homme de génie combine les faits, tire des conséquences, forme des systêmes; et c'est ainsi qu'on soulève un coin de l’épais rideau que la nature a placé entre elle et nous. La première vue portée sur un cabinet d'Histoire naturelle, est comme le premier coup-d'œil jetté de la cime d’une haute montagne, sur le pays qu'elle domine ; le regard étonné n’apperçoit d'abord que l’ensemble; il parcourt, il erre, il voudroit voir tout en même tems, et ne sait où se fixer. C'est aussi ce qui arrive à celui qui, pour la première fois, entre dans un cabinet d'Histoire naturelle. Mais il ne suffit pas qu’une collection plaise au regard, par sa beauté et la variété des choses qui la composent, il faut encore qu’elle instruise par l'ordre et la suite qui y règnent; il faut qu'elle nous offre la première formation d’un objet, son A 2 4 OBSERVAT. SUR LES COQUILLAGES DE MER. accroissement, sa perfection, sa décomposition et sa transmutation; qu'elle nous présente les passages successifs de cet objet à d’autres objets, afin que l’on puisse facilement saisir la chaîne des rapports, l’analogie des genres, la similitude des espèces et la relation des caractères ; il faut qu’elle nous apprenne quelles sont les parties constituantes de telle montagne, de quelle nature est tel rocher, quels sont les métaux qui enrichissent telle ou telle partie du globe, et de quels parages viennent telles coquilles. | Une collection ainsi classée, met sous nos yeux un tableau, en raccourci, des immenses , des étonnantes productions de la nature. Le regard d'abord surpris, enchanté ensuite par la varièté des objets, force bientôt l'esprit à l'admiration, soit qu'on en considère l’ensemble, soit qu’on en exa- mine les détails; et de ce tableau, il résulte un aliment pour l'observation, qui, en nous faisant jouir de toutes ces beautés, remplit notre ame d’admiration pour les résultats, et de respect pour la cause première. DES COQUILLAGES DE MER RNA OUT ANS DR AU Te Lr tableau historique des productions coquillières de la mer, que je vais présenter, est le résultat de mes observations, ét l'expérience m'a appris que l'observation peut seule dissiper l’obscurité des conjectures, détruire les objections minutieuses, et faire disparoitre les faux systèmes. Aucun système ne se trouve dans : cet ou- vrage, parce que je crois qu'il n'est permis qu’à un très-petit nombre de personnes d’en proposer. Pour les faire adopter, il faut savoir les présenter avec une extrême sagacité , et pour se les faire pardonner, y joindre une grande magie de style. N’étant point doué de ces heureux avantages, je me bornerai, dans cet essai, à indiquer Les classes, les familles et les genres de coquilles; je citerai les plus rares et les plus recherchées pour leur beauté, les plus bisarres par leurs formes, les plus remarquables par l'intelligence des animaux qu’elles 6 DES. (CIO ONU A LIL S renferment, et les plus estimées par leur produc- tion et leur utilité. | Pour éviter cette sécheresse qu’entraine souvent après lui un ouvrage didactique, je ne donnerai pas le signalement de toutes les coquilles. J'aime à penser , jaime à citer, jaime à rire; aussi me suis-je livré, quand l’occasion s'en est pré- sentée, aux idées accessoires et aux citations relatives : j'espère qu'on me pardonnera d'avoir placé quelquefois une gaieté auprès d’une réflexion sérieuse. Quelque intéressante et curieuse que soit l’his- toire des coquillages de mer, elle ne peut cependant être que très-courte. Le naturaliste, malgré son insatiable curiosité, malgré son infatigable activité à suivre la marche de la nature, à observer ses mouvemens, à étudier ses phénomènes, ne parviendra pas entièrement, peut-être, à la connoissance parfaite des mœurs, des amours, des habitudes et de la vie privée des coquillages, la plupart de ces animaux quittant rarement le fond des mers, où l'observation ne peut les atteindre. ŒÆN GÉNÉR AI 7 _ Les coquilles tiennent bien plus qu'on ne le pense, au grand système du monde. _ Il est aisé de démontrer qu'elles sont le prin- cipal intermède que la nature emploie pour la formation des pierres du second ordre, et que par- là elles font partie constituante du globe. Les coquilles couvrent la surface de la terre; elles remplissent son sein; les plaines, les Gp en présentent des débris ; e carrières en montrent de larges filons; le fond 4 la mer en est parqueté, ses côtes en sont jonchées; les volcans en vomis- sent, et la cime des plus hautes montagnes en offre aux regards du voyageur étonné. | De leurs détrimens, de leurs débris, sont for - mées la marne, la craie et presque toutes les pierres calcaires; la plupart des marbres en offrent des fragmens, et souvent la coquille elle-même s'y trouve toute entière. Les pierres qui ont servi ala confection des monu- mens de la Grèce et de Rome, au temple de Minerve, à celui de Pestum et aux pyramides d'Eo gypte, por- tent l'empreinte de la substance coquillière. La LumacHELLe, cette brillante pierre calcaire, 8 D'ErS1 CO Où 1 LL 28 qui nous offre les couleurs du prisme, ne doit qu’à la nacre coquillière qu’elle renferme, le bel orient dont elle brille à nos yeux. Ce marbre opalisé est d’un tel éclat, qu'on en fait des bagues et des tabatières très-agréables. | Une si prodigieuse quantité de coquilles répan- dues sur la terre, étonnera moins lorsqu'on saura combien elles multiplient, avec quelle rapidité elles croissent : cette dispersion sur toutes les par- ties du globe, doit être une preuve qu'il a été généralement submergé. Il n’y a personne qui ne sache que la plupart des coquillages ne soient très-bons à manger , et qu'ils ne soient sur-tout d’une très-srande ressource pour les habitans des côtes. Les Romains, très-amateurs de cette nour- riture, avoient appris, par l'expérience, qu'un usagc fréquent d’huitres, de moules et d’our- sins, rendoient aux vieillards usés et aux jeunes gens épuisés, un moment des forces de leur bel âge; mais l’abus de cette nourriture étant devenu trop général, le sénat, par un décret, en défendit l'usage, Le BONE TC EN EL, AE: 9 Le chimiste a démontré que les coquilles font effervescence avec les acides, et que, par consé- quent, elles ont la propriété des alkalis. .. Le médecin, qui ne doit jamais perdre de vue cé scrutateur de la nature, profitant de sa décou- verte, en fait une application utile à l'humanité, en l’administrant comme absorbant. Les coquilles sont aujourd’hui employées pour faire de la chaux, pour blanchir les cires, les étofles, et pour féconder la terre. Dans les pays où la nature n'offre point de dépôts calcaires en masse, on brüle les coquilles, on les calcine, et la chaux qu’elles produisent est égale à celle fournie par le marbre blanc, qui est la plus pure. Il y a des coquillages qui ont enrichi la teinture des plus brillantes couleurs, comme on le verra dans cet ouvrage; d’autres donnent une espèce de soie dont on fait des gants, des bas et même des Rabits. Les Turcs chargent de coquilles les harnois de leurs chevaux. Les Canadiens en forment des colliers qui leur servent et de parure et de signe de paix. B 10 D'ÉNS: (CO 0 O'ILMLE ETS Les * Egyptiens en ornent leurs oreilles, leurs jambes et leurs bras. Les femmes de Zanguebar en Afrique, en font des ceintures pudiques. Les anciens faisoient des instrumens de musique avec des coquilles, et quelques sauvages s'en servent encore aujourd'hui pour faire des espèces de lyres, avec lesquelles ils chantent leurs amours et cadencent leurs pas. La sculpture a souvent pris les coquilles pour objet de son imitation, et on les voit employées dans les ornemens d'architecture antique et mo- derne. On en remarque particulièrement aux débris des temples de Neptune et de Wénus; on en voit encore dans les magnifiques restes de Palmire, et de grandes coquilles ornent Île haut des niches d'un monument, assez bien conservé, à Balbec, ville du Liban. Certains insulaires ont voulu qu'une petite coquille, qui est de la famille des PORCELAINES, eût la valeur représentative de la monnoie; et les 1 Les Chinois la font entrer dans la confection de la porcelaine, Ainsi que les Siamois, ils font une prodigieuse quantité d'ouvrages avec la nacre. ENS CEE ER LÉ : à sauvages d'Amérique ont fait une divinité d’une autre coquille, que pour cette raison nous appel- lons idole. La nacre, qui n'est autre chose que la tablette de certaines coquilles , est agréablement employée à faire des ornemens et des bijoux de toute espèce; la perle dont l’usage remonte si haut, et dont le luxe a fait un objet de commerce si lucratif, est une production coquillière. Il est donc bien facile de prouver que non seulement les coquilles jouent un grand rôle dans la nature, mais encore qu’elles sont aussi agréables qu'utiles, par lPemploi qu’en font les arts, la médecine, l’agriculture et le commerce. Quant à l'animal ou poisson renfermé dans la coquille, il est démontré qu'il est lui-même son architecte. Réaumur, qui à fait de savantes observations sur ce coquillage, nous dit que le corps de cet animal est percé de quantités de pores, d’où s'échappe un fluide composé de parties visqueuses et de parties calcaires. Cette substance se rassemble sur le corps de animal, s’y épaissit, s'y fige et s’y durcit; B 2 E2 D &'$S: 6 0.0 UE LL IE!S ainsi l’on voit dans le corps de l’homme plusieurs membranes cartilagineuses s’ossifier avec le tems. De même queles os, les coquilles sont de nature calcaire; elles en diffèrent en ce que los, dans sa fracture, présente un tissu réticulaire ou caver- neux, au lieu que la coquille présente des couches écailleuses. Il sufht , pour avoir la preuve de cette organisation, d'exposer une coquille au feu, et bientôt on verra ces couches se séparer successivement. À peine l’enfant coquille est-il formé, qu'il est doué, comme tous les êtres vivans, du besoin d'exister, et cet instinct naturel le conduit non seulement à chercher sa nourriture, mais aussi à augmenter sa demeure, en raison de laccrois- sement de son individu. Cet animal a avec lui sa carrière, et il crée les matériaux qui lui sont nécessaires pour l’agran- dissement de sa maison, il en place successive- ment des couches sur la partie de l'ouverture de la coquille, et c’est par ce moyen qu’elle devient d'autant plus grande que lanimal vieillit davantage. LA UN T6 0 ONE 0 Te 13 Cette substance lui sert aussi à réparer les dom- mages faits à sa coquille; et les cicatrices que l’on remarque sur certaines coquilles, sont des sutures ou des pièces que lanimal y met lorsque sa maison a éprouvé quelque accident. Ainsi de son suc, le poisson compose sa coquille, comme du sien l’arai- gnée forme sa toile, et le vers sa soie. Lorsque le coquillage a échappé à la voracité de son ennemi et à l’adresse du pêcheur, et qu'il est enfin parvenu aux deux tiers de sa car- rière, il commence à prendre le caractère de la vieillesse, il se décolore, perd de son activité, dépérit et meurt. Le cours de sa vie n’est point à l'abri de maladies qui arrêtent son accrois- sement et lui font perdre l’éclat de ses couleurs; tant il est vrai que les maux laissent leurs traces sur tous les êtres, et que le tems imprime son cachet par-tout. En examinant le testacée ou le coquillage, il semble que la nature ait voulu nous faire voir l'étendue de ses moyens, et les calculs se trouvent renversés, en dirigeant sur le poisson renfermé dans la coquille, observation anatomique que l'on T4 D' ESC É-0 QuMLIE ES porte sur les autres animaux. Dans ceux-ci, les os placés dans l’intérieur du corps, forment la char- pente qui sert d'attache aux muscles dont les os sont eux-mêmes recouverts; dans le testacée, au contraire, la coquille, qui est la substance osseuse ou le corps solide, recouvre les muscles et leur sert de point d'appui. La nature n’est pas moins extraordinaire dans ganisation sexuelle du coquillage que dans 5 son système ostéologique. Outre les mâles et les l'or femelles dont sont composées la plupart des familles, les autres nous offrent des hermaphro- dites de toutes les espèces et de tous ‘les genres. De même que léléphant, plusieurs coquillages ont des trompes armées de dents, qui leur servent à percer les autres coquilles, et à sucer la chair des poissons qui y sont renfermés. Les coquillages dont la bouche est armée d’une trompe, sont car- nivores ; tous ceux, au contraire, qui nen ont point, sont frugivores. Tous les coquillages, et sur-tout les carnivores, sont ennemis les uns des autres; chacun se cherche et trouve dans le sentiment de son courage ou de EN: GÉNÉRAL; 15 sa force, la confiance d’attaquer, et dans son esprit de ruse, le moyen de vaincre ou de se soustraire à la poursuite de son ennemi. Le plus borné est la proie du plus adroit, qui, à son tour, devient celle du plus fort. On croiroit que les hommes ont été à leur école. Ce n’est passeulement à l'égard les unsdesautres, que les coquillages déployent l'esprit de subter- fuge dont la nature les a pourvus; souvent ils trom- pent l'espérance du pêcheur qui veut les atteindre, et se dérobent à la recherche du naturaliste qui croit les saisir. La nature ne nous donne pas les coquilles telles qu'on les voit dans les cabinets d'histoire naturelle, Lorsqu'on les retire de la mer, la plupart sont couvertes d'un drap marin, enveloppe grossière, plus ou moins épaisse, qui contribue à leur con- servation. Le coquillage, ainsi qu’un avare, a soin de nous cacher la richesse de sa robe sous cette enve- loppe brute : mais à l’aide d’un acide tempéré ou d'une pierre ponce, on la fait bientôt disparoitre, 16 DES. OO NRC UES et les tissus les plus agréables s'offrent alors à nos veux; c’est l'éclat de la nacre, l’orient du rubis, de lémeraude, du saphir; ce sont toutes les couleurs divisées ou réunies. Les coquilles qui viennent des grandes Indes possèdent particulièrement ces bril- lans avantages. La nature n’est pas moins variée dans les formes >] 0 qu’elle donne aux coquilles, que dans les couleurs dont elle les pare; et si le peintre est saisi d’éton- nement en examinant cette variété infinie de ! À LATE ! nuances , le géomètre est extasié devant la régu- larité des compartimens qu’elles lui présentent. La dénomination que l’on a donnée au plus grand nombre des coquilles, est, en général, en raison de leur ressemblance avec les productions de l’art ou de la nature, de leurs formes, de leurs couleurs, ou des parages dont elles viennent. Il semble que les coquillages, dont le plus grand nombre fait son habituelle et tranquille demeure sous les sables de la mer et dans les antres des x Ï x . LA 1 À LI! . . . 4 . d rochers impénétrables au jour, soient avertis du renouvellement de la nature , de cerenouvellement ui fait, au printems, passer dans presque tous les q PAT PF ne: êtres EN 4 GÉANT E RUE Le 37 êtres terrestres ce sentiment de bien-être qu'il est si doux de ressentir. à Au printems, on voit une foule de coquillages se réunir par familles et se jouer à la surface de l'onde, se suivre, s'atteindre, s’éviter et se rejoin- dre encore. | D'autres viennent sur le rivage s’y ébatre, y paître l'herbe tendre et nouvelle | y satisfaire leurs desirs amoureux, et y déposer le fardeau de leur fécondité. | Le printems est donc le moment le plus favo- rable pour enrichir nos cabinets; aussi est-ce dans cette saison que l’on fait la recherche et la pêche des coquillages. Il y a plusieurs manières d'y procéder. On fait usage du rateau, du filet et même de la ligne. On jette un hamecon recouvert d’un appât, devant la cavité d’un rocher; le coquillage qui l’apperçoit, sort de sa caverne et s'approche avec confiance de la funeste pâture; il la saisit : mais le fer perfide dont la pointe déchire son gosier, l’avertit trop tard du péril où il se trouve; il s’agite, ilrecule, il veut fuir; chaque mouvement l’enchaine davantage, C 18 DES COQUILLES EN GÉNÉRAI. et le pêcheur, riant de ses eflorts, l’attire à lui sans peine. F | Le quadrupède féroce exerce, dans l'épaisseur des forêts, sa force et son adresse; l’oiseau s’élevant vers la voute azurée, échappe au regard le plus pénétrant; le poisson trouve dans les abimes des mers un abri contre la poursuite; en s’enfonçant dans les graviers sous-marins et dans les rochers caverneux, le coquillage se soustrait à la recherche. Cependant l’homme dompte l'ours; il voit tomber l'aigle à ses pieds; il fait servir la baleine à ses besoins; l’agile habitant des ondes embellit ses festins, et les coquilles les plus brillantes parent son cabinet. Ainsi donc, quelque terribles, quelqu'adroits, quelque méfiants et rusés que soient les animaux, l’homme, par son génie, sait triompher de tous: DIV IS EkO N. ee —— À_'misrome des coquillages de mer, quoique très- intéressante, n'a fixé que très-tard l'attention du naturaliste classificateur. Ce n’est qu'au commen- cement du dix-septième siècle que l’on a fait d’une manière satisfaisante des divisions méthodiques sur les coquilles, encore en est-il quelques-unes dont le rang n’est pas définitivement fixé; car sur les limites, il est difhicile d’assigner une place à la coquille qui paroït appartenir à deux espèces en même-tems. Voici la méthode la plus généralement adoptée pour la classification des coquilles. Elles sont divi- sées en trois classes, les classes en familles, et les familles en genres, en espèces et ex variétés. La première classe est composée des familles UNIVALVES, ainsi nommées parce qu’elles ne sont formées que d’une seule valve, c’est-à-dire , d’une seule pièce. La seconde classe comprend les BrvaLves, qui sont composées de deux valves, deux pièces ou de deux battans. f He] 20 D) HENSE ESS MÉTOTPINEe Dans la troisième classe sont les MurrTivaLves, dont les coquilles offrent trois, quatre, six et même un beaucoup plus grand nombre de pièces. La division par le nombre des pièces de la coquille, m'a paru la plus claire et la plus facile, aussi l’ai-je préférée aux divisions qui ont été faites d’après l'ouverture, la base ou le sommet des coquilles, le nombre des cornes ou la confi- guration des animaux. Cette dernière division est d'autant plus diflicile à suivre, que les poissons ne peuvent être conservés, même dans l'esprit- de-vin. \ Les observations classées ont donné naissance aux sciences, et ont perfectionné les arts. La classification des objets qui sont du domaine de l'Histoire naturelle, a dissipé, de cette partie, le nuage de la confusion, et la clarté dans la méthode, doit en faciliter l'étude. RE UE R'EMCE ASS .E. DES OU NT VALVOENS: Les Univarves sont des coquilles formées d'une seule pièce. Les parties que lon distingue dans les Unr- VALVES, sont l'ouverture, la volute et la columèle, ou l’axe de la coquille, sur lequel se roulent les spires. | La plupart des animaux ou poissons qui sont renfermés dans les UnivaLves, ressemblent assez bien aux Limaçons. Comme eux, ils ont un corps sinueux qui présente et suit la forme de la coquille; leurs tètes sont aussi armées de cornes qui se meur- vent dans tous les sens, se ployent, s’allongent, se raccourcissent et disparoissent en rentrant entiè- * rement dans la tête même de l'animal. Cette corne est un tube cylindrique qui porte l'œil du poisson à sa base, à son milieu ou à son extrémité; elles sont ordinairement au nombre de quatre. . L'œil est composé des mêmes parties que celles 22 DE SLCU NT ILOV A URON UE S, qui constituent l'œil humain. Par le moyen de la dissection, et avec le secours d'un bon microscope, nous sommes parvenus à en distinguer le cristalin, l'humeur vitrée, le nerf optique et la retine. Ces cornes sont, sans doute, d’une utilité indis- pensable pour ces animaux, puisqu’en leur faveur la nature s’est écartée de ses lois ordinaires, et à voulu, à ce sujet, leur accorder un privilège tout particulier. Lorsque, par quelqu'accident, ces poissons perdent leurs cornes, ce qui peut se véri- fier par l'expérience, en les coupant, dans très-peu de tems elles repoussent avec d'autres yeux, et semblables en tout à celles dont on leur avoit fait l’'amputation. Dans les UnivaLvEs seulement, c’est à l'origine de la corne droite que l’on distingue les mâles des femelles. Les coquillages Univarves vivent dans le sable, s'attachent aux lithophytes et aux plantes marines, se colent aux rochers et souvent restent suspendus au milieu des eaux. On en voit aussi quelques-uns abandonner leurs demeures aquatiques, pour aller paître sur le rivage l'herbe tendre que la nature y A NUL NAT IT UE VE 9 33 fait croître dans laimable saison où toute la vége- ation se renouvelle, Quelques familles des UNIvALVES ont un oper- cule; c’est une pièce du diamêtre de l'ouverture de la coquille, dont lanimal se sert pour en clore l’orifice; c’est une espèce de porte dont il ferme l'entrée de sa maison, et qui le met à l'abri des attaques de l'ennemi. Ces opercules sont de deux sortes; il y en a de cartilagineux et d’autres de [a même substance que la coquille. FRERE | Cet opercule ne tenant point précisément à la coquille , et n’y étant, pour ainsi dire, que come accessoire, n'a pas sufhaux naturalistes pour exclure de a famille des Univarvesles coquilles qui en sont pourvues. Il est de fait que cette pièce ne fait point partie constituante de [a coquille ', et que le poisson peut s’en passer; il n'est point adhérent à la coquille, mais il est fixé au muscle pédiculaire de l'animal; ce muscle est elliptique; lanimal s’en sert pour ramper sur les corps solides, et 1 Le mot coquillage sert à désigner ensemble la coquille avec l'animal qu'elle renferme, et le mor coquille s'entendra de la coquille seule, 24. D ES UMENT TE MRASEM UE" SE quelquefois comme de nagcoire pour se diriger en pleine eau. La classe des UNIVALYES est composée de quinze familles, qui sont : Les LÉpPas, Les OREILLES DE MER, Les Tuyaux et VER- MISSEAUX, Les N'AUTILES, Les LimAÇçons à bou- che ronde. Les Limacons à bou- che demi-ronde, Les LiMaAcÇçons à bou- che applatie, Les CoORNETS ou V'OLUTES, Les OLives ou C Y- LINDRES, Les ROCHERS ou MURESs, Les TONNES, Les PORCELAINES, Les 'BUCCINS, Les POURPRESs, Les Vis, Ces familles sont subdivisées en genres , en espèces et en variétés, par leur forme et par leurs couleurs : nous parlerons de toutes celles qui nous offriront de l'intérêt, sous quelque rapport que ce soit. DES ; ss « À g , . C2 La along han TM RE To den R LEE Sr eur ot x No US + NÉ nt le a Chan À, FES , Del. et Jap. Fi. PAEUS LU -N IEP LNEE NS, 25 BORIS "LH PAS PREMIÈRE FAMILLE DES U NIVALVESs. Légpas, en grec, signifie écaille de rocher; c’est le nom qui a été donné à cette coquillé par Aris- zote, le plus ancien des naturalistes dont les ouvrages nous soient parvenus. Son disciple A/exandre, auquel ce philosophe avoit donné le goût des sciences, voulut contri- buer à leurs progrès. Après sa première conquête en Âsie, il se hâta de procurer à son instituteur les moyens de travailler sur l'Histoire naturelle, Des milliers d'hommes furent employés dans les nouveaux pays de sa domination, pour arracher aux entrailles de la terre et enlever du sein des mers les objets qui pouvoient y être relatifs : des sommes immenses furent données pour fournir aux frais de cette louable recherche. Aristote répondit si bien aux intentions de son éleve, que malgré le tems qui s’est écoulé et les D 26 DE SIu N 1? NV NILV ES ge qu’ Aristote fit à cette époque, est encore regardé découvertes qui ont été faites depuis, l’ouvra comme le meilleur que nous ayons dans ce genre. Le caractère générique des Lépas, est d’avoir leurs coquilles en forme de cône plus ou moins élevé, sans être contournés. La famille des Lépas se divise en quatre genres, qui sont : le Lépas PLEIN , le Lépas PERGÉ , le CHAMBRÉ et le CABOCHON. Ces coquilles, qui ressemblent effectivement à une écaille, se réunissent quelquefois en si grand nombre sur le même rocher, qu’elles en couvrent toute la surface. Elles s'y attachent d'une telle manière, qu'il est plus facile de les briser que de les en arracher. La force de WMilon, selon un auteur ancien, auroit échoué contre la tenacité du Lépas. Cette observation à aussi servi de comparaison à Aristophane, pour peindre les senti- mens d’une vieille femme en faveur d'un jeune homme; elle lui estattachée, dit le poëte satyrique, comme un LÉPas à son rocher. Les pêcheurs de coquillages sont obligés de join- dre la force à l’adresse pour enlever celui-ci. Ils se ES EU N'I VALVE 6 27 servent d’un large couteau dont ils insinuent la lame entre le LÉpas et la pierre, et ne parviennent même souvent à l'en arracher, qu'en coupant une portion du muscle adhérent de l'animal. Peu de naturalistes ont cherché à expliquer cette adhérence; je me suis convaincu, par des expé- riences répétées, que le LÉpas tient à son rocher comme un récipient adhère à la platine d’une ma- chine pneumatique, lorsqu'on en a pompé fair. Ce qui m'a prouvé que la nature avoit donné à cet animal un moyen de former le vuide dans sa coquille, c’est que toutes les fois que j’en ai percé la sommité pour y faire rentrer Pair , le coquil- lage s'est séparé à l'instant du rocher auquel il étoit attaché. Est - ce auprès des LéÉpas qu'Ouo Guerick inventa la machine pneumatique, et seroit-ce en étudiant les rochers qui en sont couverts, que Boyle la perfectionna? Mais nous trouverons bien d'autres modèles de méchanique et de physique, dans les coquillages dont nous allons parler. Le Lépas ne reste pas toujours à la même place; lorsque celle qu’il occupe vient à lui déplaire, D 2 28 DE $ . U N'IV ALVE S. il s’en détache, se traîne à la manière du L'imaçon, et va se fixer ailleurs. Tous les corps durs lui sont propres. Au printems, onle voit quitter un aride rocher, pour aller dansdes prairies humides réparer les forces que la disette d’un long hiver lui à fait perdre. Quoique la marche de cet animal ressemble à celle du Limaçon, elle n’en a pas la lenteur. Plu- sieurs paris faits par des Anglais, sur l'espace que peut parcourir un Lépas, dans un tems donné, a prouvé qu'il s’'avance de cinquante pieds en moins d’une heure. I faut que les Lépas soient dépouillés de leur drap-marin, pour qu'ils offrent à nos yeux tout ce qu’ils ont de charme, d'éclat et de variété. Les plus remarquables de cette famille sont le Lépas RUBIS, qui, étant placé entre une lumière et l'œil, offre l'éclat de la pierre dont'il porte le nom. Le GRAND Boucier, dont le rose jaspé sur un fond blanc, produit un si agréable eflet. L'AILE DE PAPILLON, d’un cramoisi foncé, à belles marbrures, à roues foudroyantes, et dont 9. [ve LA l’intérieur est nacre. DE S VU NEVÉLVE S 29 Le Dazan, qui est percé naturellement à sa sommité, et qui joint à l'agrément de Ja forme, le charme du coloris. | Tournefort à donné une description très-exacte de l’animal renfermé dans la coquille Lépas. Cette espèce de poisson est remarquable par les deux cornes qui portent ses yeux et par sa mâchoire gar- nie de dents. Il a le goût de l'huitre, et comme elle, il se mange cuit et cru. Les Lépas acquièrent à un tel point le ton de couleur des rochers auxquels ils sont attachés, que les Vermiculaires, les Glands de mer et les autres coquillages y sont trompés et s’établissent sur le Lépas, le confondant avec la pierre. C'est sans doute ce qui a fait dire à Hésrode, que le Lépas étoit fils de la roche. Cette méprise des Glands de mer nous rappelle celle de ces matelots qui prirent pour une isle une baleine échouée. Le feu qu'ils établirent sur le dos du monstre, lui fit faire un mouvement qui fit craindre aux nouveaux débarqués les hor- reurs d'un tremblement de terre ; mais leur effroi se changea en éclats de joie dès qu’ils reconnurent 3° D, SL QU UN: ROMANE NMVOETTSe leur méprise. Îls firent la conquête de l’isle pré tendue, et se vengèrent de leur frayeur, en s’emparant de tout ce qu’elle avoit de richesses. Les Latins ont donné au Léras le nom de Pa- tella, qui veut dire petite coupe, à cause de la res- semblance qu’ils ont cru trouver entre cette coquille et le vase de ce nom. La première coupe qu’on dit avoir été imagince par l’athénien Chorebus , fut modele sur le sein d'une jeune fille. Peut-être emprunta-t-il cette idée aux Égyptiens? Ces coupes servoient aux magiciens de ce pays pour prédire l'avenir; les Orientaux et les Perses avoient aussi des coupes de semblable forme, avec lesquelles ils acquerroient la connoissance de toutes les choses naturelles et surnaturelles. Nous avons un grand Lépas d’une forme si agréable, d’une blancheur si éclatante, et qui ressemble tellement à la première coupe des Égyptiens, qu’ Æébé auroit le droit de le nommer l’indiscret. ARTE réf: eur 207 mA Vi raies Su à Li PAL L T4 20 À É 4 PA PARU SU RAR NE Eat © * PET) FR tas F à à F d EN SURIYES es le Le BA TS RTE PU PAUSE A LAS EEE) ! dés $ PANES OREILLES DE MER. s Clin. Del LS eu. DS, ÙU NTNALVE.S 31 DES OREILLES DE MER. DEUXIÈME FAMILLE DES UNIVALVES. L_'ORnILLE DE MER, nommée ainsi à cause de sa ressemblance avec le cartilage de l'oreille hu- maine, est une coquille oblongue, un peu bom-. bée et légèrement contournée en spirale. Elle a une rangée de trous rondsdisposés sur une ligne courbe: ces trous sont aunombre de sept; à mesure que l’ani- mal grandit, il fait un nouveau trou sur le bord de la partie antérieure de sa coquille, et en ferme un dans la partie postérieure. Dargenville prétend que ces trous servent à l’ani- mal pour vuider ses excrémens. Si j’osois combattre l'opinion de ce naturaliste, je dirois qu’il est bien plus probable de penser que ces trous lui servent pour recevoir l’eau, l'air et les particules des plantes qui lui sont apportées par les flots, lorsque ce co- quillage est collé au rocher; car il s'y attache comme le Lépas, mais toujours à fleur - d’eau. 2e DE S LUN EMASLINE SA Ce qui me feroit croire que l'OREILLE DE MER tient de l’amphibie, c’est qu’elle se détache sou- vent de son rocher pour aller, sur-tout pendant les belles nuits d'été, paitre l'herbe fraiche qui croit près le rivage. Les trous dont nous venons de parler, servent aussi à connoitre l’âge de la coquille. L'OREILLE DE MER est toujours couverte d’un drap marin terreux et fort épais, sous lequel elle cache l'éclat d’une nacre qui brille de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Cette riche coquille donne quelquefois des per- les; mais elles sont petites, et par conséquent de peu de valeur. On divise cette famille en deux espèces, qui sont l'OREILLE DE MER percée et nacrée, et celle qui n’est ni l’un ni l’autre. Les plus remarquables de la première espèce, sont l'OREILLE DE MER des grandes Indes; le vert, le jaune, le rouge et le violet sont fondus de Ia manière la plus agréable dans cette coquille, qui est d’un éclat éblouissant. La GRANDE OREILLE arrondie, dont la partie intérieure DUR UN OL NE AMD MCE. 5 33 intérieure réunit toutes les espèces de nacre, azurées, brunes, pourprées , joue les couleurs changeantes de l'iris et de la gorge de pigeon; et cette coquille, la plus brillante sans doute de cette famille, cache l’éclat de sa robé sous une enve- loppe pierreuse, qu’il est difhcile d’enlever. Une coquille de la seconde espèce de cette famille, et connue depuis fort peu de tems, mérite aussi d’être citée. Elle n'est point percée, et sa robe ne brille point de l’éclat des orients, comme la précédente; mais l'élégance de sa forme lui a mérité le nom d'OREILLE DE VÉNUS; elle est petite, agréablement tournée, d’un beau blanc en dehors, et légèrement teinte de couleur de rose dans son intérieur. : L'animal renfermé dans l'OREILLE DE MER a une tête très-distincte; elle est garnie de quatre cornes; ses yeux sont placés au sommet des deux plus pe- tites; lorsqu'il marche sur terre, sa plaque ou la partie charnue sur laquelle il porte, déborde de beaucoup la circonférence de sa coquille. Ce coquillage, médiocrement bon à manger, est destiné à faire des ornemens ou à parer nos cabinets. E 34 D'ES (UN IVALVUES. Au commencement de ce siècle, le mauvais goût s’étoit emparé de l'OREILLE DE MER pour en décorer des pavillons de jardins. Rien ne me paroît plus ridicule que de voir les coquilles réunies avec profusion, attachées par des fils-de-fer, et placées bien symmétriquement à côté les unes des autres, pour former le ciel et la tapisserie du pavillon d’un jardin, dans lequel on ne trouve souvent pas une goutte d’eau. L'emploi économique qu'on en fait encore quelquefois dans les cascades et dans les grottes, n'est pas sans agrément. 5 Quoique l'OREILLE DE MER n'ait pas une spire très-étendue, il est pourtant bon de dire ce que les coquilles en spirales ont de particulier. Elles propagent le son d’une manière remarquable. En les portant à l'oreille, on entend le bruit que fait l'air qui y circule; le seul frottement de la main, de la joue et même des cheveux, lui donne du retentissement. Parlez le plus bas possible dans le Limaçon que l'on nomme Burçau, il vous rendra vos paroles avec éclat. La partie intérieure de l'oreille humaine 2 la D'ÉSUUN VALVE S 33: forme d’une spirale, et par cette raison on lui a donné le nom de LimacoN. Je laisse aux géométres à expliquer pourquoi cette forme est la plus favorable aux rayons sono- es, pourquoi ils y sont réfléchis avec plus d’avan- tage, et par quel accord les angles d'incidence et de réflexion viennent en foule se rendre au centre de la spirale, pour y acquérir un plus grand degré de force. Denys le Tyran mit à profit, à sa manière, la remarque faite sur le LimaçoN de l'oreille, ou sur les coquilles en spirale. Il fit construire des prisons dans cette forme; il plaça la chambre du geolier au centre de la spirale, de sorte que de ce point il entendoit tout ce que disoient les prisonniers logés dans les parties de la spire convergente, quelque bas qu’ils parlassent. Tant il est vrai que l’homme méchant rapporte tout à ses passions. E 2 36 DE S DULN EM ML NE ,S: DES TUYAUX DE MER, VERMISSEAUX, VERMICULAIRES ou VERS DE MER. TROISIÈME FAMILLE DES UNIWALVES. Le ver, animal rampant, naît et se trouve dans la terre, dans les fruits, dans les arbres, dans les plan- es, dans les animaux etmême dans le corps de l’homme; il rest donc pas étonnant que la mer en offre à l'œil de l'observateur attentif. Ceux dont nous allons parler sont renfermés dans . des tubes de même nature queles coquilles. On les nomme Tuvaux lorsque ce tube est de forme régulière , et VERMIssEAux ou VERMICULAIRES lorsqu'il ne l’est pas; et cette différence caractérise les deux genres. | L'animal renfermé dans cette espèce de ss aides est le seul de la gente coquillière qui ait la faculté de sortir de son enveloppe testacée et d'y rentrer à sa volonté. Il se sépare de son étui pour aller plus particulièrement chercher à devenir père, et TUYAUX ET VERMISSEAUX sas R. Gallien, Del. et Jeu. Î TR ae RS RES PT @r un Lam, LEnve Née ay t pe HS QU: NL M BL NT ES 37 la nature lui a donné dix à douze pattes pour courir plus vite au plaisir. | Les l'uyaux sont divisés en sept espèces, dont les plus remarquables sont la DENTALE, qui res- semble à une dent d’éléphant. L’ARROSOIR est une coquille très-rare; sa tête présente la forme de celle de l’ustensile de 14 j ll à \d k à ‘ F es" ; F4 J LR " L d >: ÿ f J ds Uu L 1 ot A da ire Aro ar us LAGEN PORN OT M, AO A à Par | AUS 4.4 DES «UN I VALVE S: 65 dont les robes, qui offrent toujours l'éclat de ‘émail , sont aussi distinguées par la richesse des couleurs que par la singularité des distri- butions; ce sont des reseaux, des rubanures, des ondulations, des lizerés, des marbrures de toute espèce. Les Cornersles plus estimés sont la Couronxe IMPÉRIALE, dont la clavicule applatie est réguliè- rement couronnée de petites tubercules. Elle ne se trouve que dans la mer des grandes Indes. Le GRAND AMIRAL, auquel on a donné ce titre par excellence, à cause de son émail, de l'éclat de ses couleurs, de la beauté de sa forme, du charme des compartimens de ses taches et de ses fascies ou bandelettes. Le SPECTRE, ainsi nommé à cause de ses taches noires et brunes, sur un fond blanc, lesquelles présentent des figures plus où moins bizarres”, Le Damier, qui forme sur toute sa surface un 1 J'ai vu à Livourne une créole dont l'amant étroit depuis plus d’une année à Constantinople , tromper le rourment de son cœur, en dévotant de l'œil, soir et matin, un Srscrea sur lequel elle croyoit appercevoir la figure de cer amant chéri. L'amour a ses bochets, son fanatisme et ses prestiges. 66 DÉS IN IVALVE S compartiment régulier de cases blanches mélangées avec des cases noires. L'HÉBRAÏQUE, qui doit ce nom aux marques noires assez semblables aux caractères hébreux , répandues sur sa robe blanche. On compte dans le genre des VoruTes plus de cinq cents variétés, dont quelques-unes sont très- estimées, très-rares et fort chères. Le CEDO NULLI, entr'autres, a été payé jusqu à trois mille livres. Les RourEAUx sont moins coniques que les Vozures; ils ont la bouche plus ouverte , plus d’enflure de corps, la clavicule plus élevée, et sont presqu'égaux aux extrémités. La robe des RouLEaux et des Corners n’éblouit point par l'éclat des orients, mais elle offre le charme du dessin joint à la variété des couleurs; et si l’on compare les BurGaux aux parures bril- lantes, tissues d’or et d'argent, des femmes riches, on peut comparer les Corners et les RouLEAUx aux robes d’indienne et de perse de ces jeunes femmes, dont la simple et modeste parure relève si bien l'éclat et la fraicheur. Les plus remarquables des RouLEAUX, sont le DES UNIV ALV NW 67 BROCARD DE SOIE, ainsi nommé parce que sa surface est ornée de grandes et de petites taches couleur maron, brun, rouge et pourpré sur un fond lilas, imitant parfaitement cette ancienne étoffe. Celui que l’on nomme le TArrerTas, dont les variétés nombreuses ressemblent aussi très-bien aux tissus dé ce nom. On peut en dire autant de la Morre, du Drap D'or, du DRAP D'ARGENT, etc. Les animaux enfermés dans les VorureEs et dans les RouLEAUx, se ressemblent parfaitement. Ils sont ovipares. Leurs œufs, en grand nombre, et qu'ils déposent par paquets, sont ordinairement enveloppés d'une substance gélatineuse, de laquelle le poisson se débarrasse au moment où il éclot. Il est armé d’une espèce de suçoir assez semblable à celui de la sangsue, avec lequel il prend sa nourri- ture aux dépens de l'animal auquel il s'attache par l'aspiration. Cette espèce de petite trompe lui sert aussi à faciliter le transport de sa coquille, qui est d'un volume non proportionne à la petitesse de son corps et de son pied. 12 63 DES UN 1 VALVE S D, Fes SH OMELN PS: NEUVIÈME FAMILLE DES UNIVALVES. Les Orives, dont le caractère distinctif naît de la ressemblance avec le fruit dont ces coquilles por- tent le nom, sont de deux espèces : les OLives ALLONGÉES et les Orives vENTRUES. Elles ont, comme les CorneTs, les spires roulées sur elles- mêmes. Les OLIvEs sortent aussi de la mer sans drap marin, et peuvent être placées, sans prépa- ration , dans le cabinet du naturaliste. Leur surface unie et brillante le dispute à l'éclat de la porce- laine; et les couleurs, les taches, les zones dont elles sont ornées, composent des variétés aussi nombreuses qu’agréables. Les zones ou les taches que l’on remarque sur les OLIVES, sont presque toujours ombrées par des couleurs opposées; la couleur aurore est ombrée de vert, la jonquille l'est de bleu, etc. Les plus estimées de cette famille, sont les OLIVES. ÆPU,7. R.Gallwn, Del et Jeu. ï k { ! ‘ Î d \ d'a ca, ect À ù BALE RL 1 L* 2 ; à ET : ; ’ = È : ; ï n + Là É | , , > 4 1 . J " Ho" x js " SU nl ÿ \ æ 4 … 4 æ | ' ; APE "T" ) Ê # 2 OEN ï 8 ‘ L = . { £ 1 0 ll 3 ï " + | FALL fr rl Pr É * Ra él ul 4 + » nn # 4 À L J ' * . = PAS 3 # AGP QUE TS PR RE TE ET TS “ , F ; h x k \ \ t L Fr L 1 “ (2 "DM , « # d AA: ‘ ans k b x Ê < FA À ns L où L . LE 2 s î * \ V \ & 154: TL + \ 3 7 DE SOU ON t'NAILNVE 69 Ozives de PaNAMA, ou le PORPHIRE, qui rappelle parfaitement la couleur jaspée de cette pierre dure. L'OLIVE À BOUCHE AURORE, dont l’intérieur de la lèvre a un grand éclat. L'OLivE À CARACTÈRES, sur laquelle on voit dis- tinctement les lettres À, S et autres. Cette OrivE portant alphabet, est très-recherchée; mais on juge de quel prix elle doit être pour celui qui trouve sur cette coquille le chiffre de celle qu’il aime. Le poisson renfermé dans l’'OLIvE est armé d’une forte trompe, avec laquelle il perce des coquilles du plus gros volume, telles que le Murex, la FarTière, le Bureau. Ce dernier étant averti par les douleurs les plus aigues, qu’un ennemi vit à ses dépens, fait de vains efforts pour lui faire quitter prise; il plonge dans les flots, se roule dans les abi- mes, s'élève au-dessus de l'onde, quitte les eaux, froisse le rivage ; mais vains efforts ! inutiles moyens! POzIvE s'attache de plus en plus à sa proie, la suit par-tout, ne fait avec elle qu’un même corps, et ne la quitte qu'après s'être rassasiée de sa substance. L’'OzivE a un opercule qui, moins étendu que l'ouverture de la coquille, n'en ferme tout au plus 70 DURS UN, L'UNASENNE S que les deux tiers de son orifice. L'animal renfermé dans cette coquille, ressemble assez bien à celui qui habite dans le Corxer, et c’est peut-être par cette raison, et parce que la configuration de l'Orive se rapproche un peu de celle des Rou- LEAUX , que plusieurs naturalistes ont placé lOxive dans l’une ou l’autre de ces variétés. Quoiqu'hermaphrodites, les OLives ont besoin d’être deux pour se reproduire, et la petite quan- tité que l’on en trouve, vient sans doute de la froideur que ce coquillage éprouve dans ses amours. L'animal renfermé dans cette jolie coquille, est : un poison mortel. Heureusement que cette espèce est rare, et qu'elle ne se trouve que dans les mers d'Afrique. Il est à remarquer qué la providence, presque toujours attentive à placer le remède à côté du mal, a confié à un autre coquillage le contre-poison de celui-ci; c’est la POURPRE qui est son correctif. . ROCHERS. 22.8. LR. GCallin, Del. et Sep. BE SAUT NYENPRAME VUETS: a DES ROCHERS ou MUREX. DIXIÈME FAMILLE DES UNIVALVESs. Les Rocuers ou Murex, sont ainsi nommés, sans doute, en raison des aspérités ou élévations dont leurs surfaces extérieures sont chargées. | Autant les trois précédentes familles sont régu- lières dans leurs formes, lisses et brillantes dans leurs robes, autant celle-ci l’est peu. Il semble que la nature, pour les mettre en opposition, se soit appliquée à donner aux coquilles dont nous allons parler, les formes les plus bizarres. Les ROCHERS sont couverts de pointes, de cro- chets, de pattes, de rides, de tubercules et d’ex- croissances. [ls nous offrent cinq genres différens, qui sont : le ROCHER AILÉ, à DOIGT, à FUT RIDÉ, à ÉPINE, et le ROCHER CASQUE. Ne croiroit-on pas que la nature a donné au Murex toutes ses aspérités, pour qu'il eut un 72 Dr S: : VND Es, rempart à opposer à la trompe meurtrière du RouLEau et de l’OLIvE ? Cette famille nombreuse à aussi ses espèces rares : ce sont les ARAIGNÉES qui ressemblent sur- tout, par le nombre de leurs pattes, à certaines grosses araignées de mazures. La Foupre, qui, par les zigzags couleur de feu qu'elle présente, rappelle les carreaux de Jupiter, l'aile d'auge, l'aile de moulin à venr, etc. Le Murex donne une liqueur rougeâtre que les anciens employoient à la teinture; mais cette cou- leur étoit bien moins belle que celle de la POURPRE. Le poisson renfermé dans cette coquille exhale une odeur très-désagréable ; cependant quelques habitans des côtes de l'Amérique septentrionale s’en nourrissent; mais il faut, pour le rendre sup- portable, qu’il soit fortement assaisonné d’acide et de moutarde. Il a beaucoup de propriétés médicales ; son infu- sion dissipe les tayes des yeux. En le mêlant avec du miel, on en compose un onguent propre à guérir les tumeurs , les ulcères et les morsures d'animaux. Lorsqu'il est desséché et réduit en poudre, DES Ut N° ACL V£Ei.S. 73 poudre, il enlève les taches de rousseur et fait dis- paroître les boutons qui viennent à la peau. L’utilité de ces coquillages en rend la pêche assez habituelle. Voici comment on y procède. Le pêcheur con- noit le tems où la nature a placé dans le Murex l'impérieux besoin de se reproduire; il choisit ce moment pour en faire la récolte. Placé dans un bateau, il suspend à une ficelle attachée au bout d’une perche, un Murex femelle qu'il promène dans les flots; les mâles arrivent en foule, se ras- semblent autour de la femelle, cherchent à l’envi l'un de l’autre de s’en approcher; mais le malin pêcheur fait jouer à celle-ci le rôle d’une coquette, qui échappe adroitement aux empressemens de ceux qui croient atteindre. Le pêcheur trompant ainsi l’espoir de cette foule d'aderateurs, leur fait faire à son gré, par le moyen de la ficelle, mille circuits, mille sinuosités; ils suivent avec empres- sement le bateau perfde, et arrivent enfin au lieu destiné à leur perte. Le pêcheur lève un filet caché dans les flots, et tire à lui les infortunés dont les desirs causent le trépas. K 74 OLE-S JUIN EVMALVM ES S DES TONNES gr CONQUES SPHÉRIQUES. ONZIÈME FAMILLE DES UNIVALVES. CR Les Tonnes ou CONQUES sPHÉRIQUES , ont un grande bou- che. Voilà le caractère distinctif de cette famille, ! 1: corps rond, renflé par le milieu, une dans laquelle nous comptons quatre genres diffé- rens, qui sont : la TONNE À CORDELETTE, à GON- DOLE, à FUT RIDÉ et à CÔTES. Les plus estimées sont la COURONNE D'ÉTYOPrIE, remarquable par les aspérités circulaires qui ornent sa sommité. | La Harre, si agréable par sa forme, par le ton chaud de sa couleur et par les stries longitudinales qui rappellent les cordes de l'instrument dont on lui a donné le nom. : La PELURE D'oIGNoN, le Rapis, la Noix, la Mure, la Ficur, etc; car tous ces fruits sont. représentés par les formes distinctes que la nature PLg. Li Ù d id PE jh à | \ 4 1 AN \ A | nn \\ |, M NY ÿ ÿ) | NN UP /| » | \S N \ À L CZ À Gellen, Del. et Jeupo. den -à S e cé e .. A4 Hi s È ï k a a pe a è 4 à ñ ( + 7 b f 1,4 QTRP 2 Hot fa Bu DR Cut ter STE SARA AL A ts Le NP TD EU LA in DU ES ER OR MEN EEE AT LS) ANRT 0 0 pr 7 Die US SPP TE EE An ‘ “ . DE SU N'IN É LE S 75 toujours ingénieuse, a donne à plusieurs coquilles de cette famille. La CoNQuE, nommée (PréPucIum}), est un objet de vénération chez les sauvages d'Afrique. Îls en ont fait un dieu nommé Kïaonia. Un pareil culte doit paroitre bien bizarre au peuple asiatique. T'els sont les hommes! ils rejettent dans un pays ce qu'ils adorent dans un autre. Cependant ces sau- vages ne font en cela rien de bien extraordinaire : ils croient voir dans cette coquille l’image d’un dieu créateur, et cet exemple leur a été donné par d'anciens peuples qui adoroient la puissance génératrice de toutes choses, sous le symbole de ce qui donne la vie. Le LiNGam étoit en grande vénération chez les Indiens. Les Grecs adoroient le PHaLLus, et le dieu des jardins étoit l’objet du culte des Romains, ce qui est la même chose sous trois dénomina- tions différentes. Les femmes grecques et romaines avoient une telle dévotion à ce dieu, qu’elles en portoient des images au col, preuve, sans doute, de leur innocence, et de la pureté de leurs mœurs. L'animal qui habite la CONQUE MARINE est K 2 70 D'É SUD NIV LTÉE SR très-vorace. Il a deux mâchoires; sa langue est une espèce de trompe garnie de dents à son extrêmité; il s’en sert pour percer les autres coquillages et sucer leur chair ainsi que celle de tous les poissons qu’il peut saisir. Îl a deux cornes triangulaires qui sont dans une continuelle agitation, et ses yeux sont placés à la partie moyenne de ces cornes. Son corps est un boyau divisé par cinq ou six diaphrag- mes qui paroissent former autant de petits sacs tous remplis d’une substance gélatineuse. La lar- geur et l'agilité de son pied lui donnent une grande facilité pour suivre sa proie au milieu des eaux et dans la cavité des rochers sous-marins. Ce poisson est pendant six mois de l’année sen- sible aux impressions de l'amour; il obéit à ses loix comme le moineau dont il a l’inconstance. Il est ovipare, et d’une telle fécondité , que le nombrede ses petits, à chaque portée, est de plusieurs milliers. Ïls naissent avec la première couche de la coquille toute formée. Quoique la chair de la CONQUE soit dure et coriace, les habitans du Sénégal s’en nourrissent en la faisant cuire, après lavoir boucanée dans de l’eau de ris. DE SOU UNEEN A LIVEE TS. A7 Les habitans de l’isle de Gorée se contentent de la faire griller sur les charbons. Plusieurs T'onNES sortent toutes polies de la mer. Chez les anciens, la CONQUE MARINE tenoit lieu de la trompette. À l'entrée de Cléopatre dans Babi- lone et au triomphe d’ Alexandre, on entendit les nombreux retentissemens de la CoNQUE MARINE. Chez les Tyriens, dit ÆAristophane, le son mélo- dieux de la CONQUE MARINE frappoit agréablement les oreilles. On admire à Rome un tableau de Raphael représentant Neptune entouré de Tritons qui paroissent annoncer l’arrivée. de ce dieu au son de la CoNQUE MARINE. Ce tableau est d’un effet si magique , quil semble qu'Éole ait confié tous ces trésors aux joues rebondies de ces Tritons. La CoNQUE MARINE sert quelquefois d’ornement à l'architecture, et Michel. Ange a employé d’une manière très-agréable une double Conque à l’esca- lier du capitole. 78 DES | U NE NNRVUE 0 f DES PORCELAINE DouzIÈME FAMILLE DES UNIVALVES. D ES D Ces coquilles doivent l’étymologie de leur nom au beau poli, à l’éclat de l'émail dont elles sont parées, qui imite parfaitement celui de la porce- laine. Les Latins l’ont désignée par le nom de CyPrREA, ou vulgairement PucELAGE. Le caractère générique de cette espèce de coquille, est d’avoir une forme ovoïde, d’être bombée d’un côté, avec _une ouverture de l’autre, en forme de fente, bordée dans toute sa longueur par une lèvre dentelée. Cette famille offre autant de charmes et de variétés que les Corners etles TONNES. On la divise entrois genres différens, qui sont les RENFLÉES, les PROLONGÉES et celles qui sont à BOURLET. Jamais elles ne sont couvertes d'aucun drap marin ni d’au- cune pellicule. | Elle étoit connue par les anciens, sous le nom de CoNCHA VENEREA , COQUILLE DE VÉNUS, et ce PORCELAINES. 2V;70, 11 ds | ï n \ { DE (! Hi ù b AI ah Jui | AR 4 7, by: D) JL (\ Î uf LR Calhen, Del. et Sexo. PAT + "4 1" 18 F s À * pa " : ic to À , L l ART) où Û .v: “patrair l [a LS ï < À } “ fs L * Ati à 3 a # BE. LD, PONT Fa Mo + pie NL NOE À 2 r— RS sé TE DES. JUS NAT WE S 79 sont sans doute les habitans de Cythère qui lui ont donné ce nom. À Lampsaque, elle étoit consacrée à la déesse de la beauté. De même que cette divi- nité, elle sort de la mer parée de tout son éclat et de tous ses charmes. Periandre, pour se venger de l’assassinat que les Corcyriens avoient commis sur la personne de Lycophron, son fils, fit enlever six cents enfans des premières familles de Corcyre, les fit embarquer sur un de ses vaisseaux, pour les envoyer en Lydie, au roi Alyaite, qui devoit les faire mutiler; mais on dit que ce bâtiment fut arrêté dans sa marche par une telle quantité de PORCELAINES qui s’y atta- chèrent, qu'il fut obligé de relâcher x Samos. Les habitans de cette isle furent si révoltés d’un pareil projet, et tellement touchés du sort qui menaçoit ces malheureux enfans, qu’ils trouvèrent moyen de les sauver et de les renvoyer à leurs parens. Les Grecs ne doutèrent pas que cette espèce de mira- cle ne fut opéré par la mère des amours, et se crurent obligés de lui faire un hommage public de l’objet dont elle s’étoit servie. Ce fut aussi en mémoire de cet événement, que la PORCELAINE ou 8o D' Fi S: IU: N° EN NE à COQUILLEDE VÉNUS, fut dédiée à cette déesse, et placée dans le temple de Gnide, où elle a été depuis en grande vénération. | Les PORGELAINES les plus distinguées sont : L'Œur, à cause de sa gras blancheur et de : sa belle En | L’ARLEQUINE, en raison de ses taches triangu- laires, rondes ou octogones, et qui sont très- variées, par les couleurs qu’elles offrent. La NAvETTE, à cause de sa forme et de sa rareté : sa couleur est blanche sans taches. La CARTE GÉOGRAPHIQUE présente sur sa robe brune, une grande trainée blanche qui imite le cours et les sinuosités d’un fleuve; les autres taches répandues sur le reste de la coquille, donnent l’idée des lacs et des villes qui se trouvent sur le globe. Le GRAND ArGus, dont la surface est parsemée de petites taches rondes ponctuées en dedans, et de couleur brune sur un fond chîtain. L'animal renfermé dans cette coquille, rampe sur une membrane, comme le LimAçoN; son long co porte une petite tête chargée de deux cornes très- DES D NTI K'LVIE 8r très-pointues, formant un arc ; sa bouche est garnie d'une quarantaine de dents; sa longue langue, dont elle recouvre l'ouverture de sa coquille lorsqu'il lui plaît de se retirer danssonintérieur, lui sert aussi de trompe et de suçoir. C’est un tube cylindrique percé dans toute sa longueur et garni de dents à son orifice. C’est avec cet instrument que la Por- CELAINE perce les autres coquilles, et en pompe la chair dont elle se nourrit :. Ce coquillage est employé en médecine, pour blanchir les dents : on en fait un opiat pour les yeux et pour fondre les loupes. On faisoit usage à Rome de ces grandes coquilles pour verser à boire. ù La superstition attribuoit aux petites PorRcE- LAINES de très-grandes vertus; aussi les femmes 1 Qua sequuntur, Gallico sermone , ut parbm verecunda, in Latinum verti cebere existimawi. Duorum sexuum ueu ac voluptatibus piscem in PORCFLLANIS inclusum natura dotavir: sed, er positionis et spatii organorum interjecti causàâ, necesse est, ut duo alii, ad se invicem regenerandos, hunc adjuvent, ita ut unus masculi munus erga primum adimplens, cum tertio se conjungat, cui, eodem momento, vas femineum præbet. Quà ratione, permultæ hujusce generis conchx, sæœpe L sœæpius in scriem non intermissam dispositæ reperiuntur. 82 DE 8 OU IN OTIN ML INTENSE. les portoient-elles au col en guise d’amulettes, attachées à des chaines d’or et de pierreries. Onles croyoit propres à conserver la santé, à écarter les maladies qui tiennent à la grossesse, et particuliè- rement à affoiblir les douleurs de l’enfantement. On nommoit cette espèce de coquille Calcul: uterint, et c'est peut-être pour cette raison qu'on leur conserve aujourd'hui le nom de CoriQues. On s’en sert en Turquie et en Grèce pour polir le papier et le carton. En Égypte et en Afrique, on en fait des bra- celets et des pendans d'oreilles; dans quelques isles, on les porte au bout du nez. À TZangagouara, on en fait des ceintures pu- diques. Les Canadiens en forment des colliers, et nul traité ne se fait, nul engagement ne se contracte entr'eux, sans se donner réciproquement cette parure pour gage de leur bonne foi et pour assurer leur parole. Les habitans de la Guinée, du Sénégal, du Cap-Vert, des Philippines et du Bengale, sont tellement attrayés par la séduisante forme de cette HSE S (UN LMMUNE S 83 coquille, qu’ils lui ont donné la valeur représen- tative de l'or : ils en ont fait une monnoie. Pour voit-on rendre un plus bel hommage à cet objet insensible :? Les Chinois, qui les premiers ont fait des jar- dins du genre de ceux qu’on nomme aujourd’hui jardins anglais, employent différentes coquilles, et sur-tout les PORCELAINES, pour produire un effet qui rende plus affreux le site qu’ils destinent a représenter un désert. Îlssuspendent ces coquilles à la cime des arbres, de manière que les bouffées du vent, en les traversant, leur fait rendre un bruit oues de la mer, tantôt 8 celui du sifflement des serpens. qui imite tantôt celui des va 1 La PORCELAINE, qu'en Europe on appelle Cauris, fait un objet de com- merce assez considérable; on s’en sert pour la traite des nègres. C’est la même que les Siamois nomment B14, et qui leur sert de petite monnoie courante. 84 DES | N'ONANEENErS SE PP DE SRE OC EMEN :S: TREIZIÈME FAMILLE DES UNIvVALVvEs. Bucciws. Ce nom vient du mot Buccinum, qui signifie trompette. Les Romains faisoient servir cette coquille à cet usage, et P/aron nous dit que les discours des héraults étoient annoncés par le bruit du Bucarx. Pour la rendre sonore, on en brise la pointe, et en soufilant par cette espèce d'embouchure , ou lui donne du retentissement. Les habitans de plusieurs isles s'en servent encore aujourd’hui de cette maniere ’. Les peintres comme les poëtes, mettent le Buc- 1 Il y avoit anciennement un instrument de musique appellé Coqui/le. 11 étoic tourné en spirale et se terminoit en pointe. On en voit encore [a représentation dans quelques monumens. Arr. du Dictionn. des Origines, au mor CoqQuiLe. Dans un des bas-reliefs de la tour des Vents, à Athènes, le vent Borr4s est figuré soufflant dans un Buccin. Chez les sauvages de la nouvelle Zélande, le Buccin est employé à faire un des principaux instrumens de guerre et de fêtes. Woyage de Cook. A la côte de Coromandel on voir , dans plusieurs temples, la divinité Vichenou représentée avec quatre bras, tenant d’une main un BucciN que dans le pays on nomme Sangou. Voyage aux Indes, par Sonnerat. R.Galher, Del et Sup BUCCINS. PLATS te “im = ee Dé SIT NOVVETES 85 CIN à labouche des Tritons, pour annoncer l’arrivée de Thétis ou d'Amphitrite, ou le placent entre les mains de ceux qui se jouent autour des Néréïdes. On compte trois différens genres de Bucans, qui sont le BuccIN À BEC courT, celui qui est A BEC LONG, le BUGGIN À QUEUE LONGUE, celui qui est A QUEUE COURTE, & le BUCGIN AILÉ. Le caractère générique du Buccn, que l’on confond souvent avec la PourrRE et la Vis, est d'avoir la partie du milieu très-renflée, la bouche large , la tête allongée ainsi que la queue; la PourPRE, qui est toujours chargée de pointes, à la bouche ronde, la tête plate, la queue courte, recourbée et cannelée; la Vis est plus filée; elle a la bouche oblongue et n’a point de queue. Les plus estiméssontle Buccin A CÔTES DE MELON; Le Buccin rEuILLETÉ du Magellan, dont les stries circulaires sont interrompues et chargées de côtes longitudinales très-fines : sa couleur gris de lin ajoute à sa beauté, et ce qui le pare encore, c'est la belle couleur pourpre qu'il présente dans sa partie intérieure ; La HIARE, ainsi nommée parce que ses 86 DESIUNIVALVE & premières spires sont couvertes detubercules, diri- gées vers son sommet, de manière à former une triple couronne; elle est d’un rouge vif sur un fond blanc. Comme la suivante, elle sort de la mer sans drap marin. La M1TRE est une belle variété de la précédente. Le Minarer, dont la forme présente l’image des tours des mosquées de Constantinople, à plusieurs étages de balcons en saillie, sur lesquels montent les crieurs pour appeller le peuple à la prière; Le Fuseau, dont la dénomination indique la forme, a une légéreté, une grace et une élégance admirables. Le poisson renfermé dans la coquille nommée Buccin, est armé d’une trompe avec laquelle il fouille le limon, et dont il se sert pour pomper et rejetter l’eau de la mer. Cette trompe n’a point de dents à son extrêmité comme celle de la POURPRE. C’est aussi par sa trompe qu'il laisse écouler cette liqueur purpurine dont parle Aristote, et dont, pen- dant quelque tems, on a fait le même usage pour la teinture que de celle de la Pourpre, qui lui est bien supérieure. Cette liqueur, naturellement D E $S :U N I V AL V-E «. 87 jaune, acquiert un ton de couleur rouge, par l'effet de la chaleur ou par le mélange d’un acidetempéré. La Cochenille inconnue aux Romains , la Cochenille, insecte qui s'attache particulièrement au figuier d'inde, en nous donnant la belle couleur écarlate, nous empêche de regretter la teinture que les anciens tiroient des coquillages. Cette teinture, beaucoup plus rare, étoit aussi plus dif- ficile à extraire. Le Bucaix à un opercule qui se trouve au bout de la plaque sur laquelle il rampe, et qui sert de porte à sa coquille lorsqu'il veut s’y renfermer. Pour se livrer aux plaisirs de l'amour, il se retire sur les rochers les plus arides, sans doute afin de n’être point distrait dans son bonheur. Que faut-il à tout amant bien épris ? sa compagne. Mon cabinet peut offrir à la curiosité du natu- raliste, des embrions de Buccins qui sont renfer- més dans des membranes entièrement semblables à Pamnios qui, dans le sein de la mère, enveloppe le fœtus humain. Chacun de ces amnios coquilliers est d'un pouce de diamètre, et formé par deux diaphragmes 88 DE SU N HN AL VE. 6. transparens, circulaires et cartilagineux. Ces dia- phragmes sont réunis dans leur pourtour par une bande de la même substance, qui a la largeur d’une ligne. Ces espèces de poches sont en grand nom- bre, placées de champ et réunies successivement l'une à l’autre par un muscle ou une espèce de cordon ombilical, qui est attaché à ces amnios cir- culaires par un des points du cercle. Chacun contient deux ou trois petits embrions de Bucaixs, qui n’ont pas deux lignes de long, et qui peuvent s’échap- per de leur enveloppe par un petit orifice qui se trouve placé dans la partie de l'amnios qui est opposée au muscle. C’est par ce trou que le Buc- ciN franchit le seuil de la vie, et qu'il entre dans le monde lorsqu'il est assez fort pour s’y soutenir; mais il trouve les portes de la vieillesse bien près de celle de la vie : le cours de la sienne n’est que d’un demi lustre. Les Bucaixs, infiniment variés par leurs formes, sont agréables et utiles. La médecine les employe avec succès contre les palpitations et les douleurs d'estomac ; les médecins italiens s’en servent pour disposer les femmes à la fécondité. DES rides CSN RUE À 1 Q u À sa ARR POURPRES. PL 22. | HLAL. | qLL } ñ SNS à R Galler, Del et Seup D'AIR S.0 U'NNIOY M'ÉLUVE $. 89 Des, POURPRES QUATORZIÈME FAMILLE DES UNIVALVES. Ox 2 donné le nom de Pourpre à cette coquille, parce que l’animal qu'elle renferme possède une liqueur dont on fait une teinture. Ce fluide donne à l’étoffe qui en est empreinte, une couleur pour- pre du plus grand éclat. Le caractère générique de la POURPRE est d’être | couverte d'aspérités. Cette famille se divise en trois genres, qui sont la POURPRE à vive ARRÉTE, celle à FEUILLAGE, et celle à BEC ALONGÉ. Les plus remarquables sont la CHicoRÉE, qui est couverte d’aspérités assez semblables aux petites feuillés frisées de la plante potagère dont elle porte le nom. La CHausserRAPE est chargce de trois séries de pointes longitudinales qui sont placées triangu- lairement entre elles, de sorte que de telle manière M 99 DE S (UN TN ALME.S qu'on place cette coquille, elle repose sur deux lignes de pointes qui lui servent de point d'appui, tandis que la troisième menace verticalement Île ciel. Elle ressemble parfaitement en cela à cette machine du même nom, dont on se sert à l’armée, dans une retraite forcée, pour entraver les pieds des chevaux de l'ennemi, et ralentir sa poursuite. Mais la coquille de cette famille dont les ama- teurs font le plus de cas, et qui doit fixer l’admi- ration même de celui qui n'est point connoisseur, c'est la BÉGASSE ÉPINEUSE des grandes [ndes. Quelle élégance, quelle régularité, quelle finesse dans les arrêtes qui la couvrent depuis sa clavicule jusqu’à l’extrêmité de sa queue! Cette charmante coquille est du petit nombre de ces objets dont la description, quelle quelle soit, est toujours insuffisante pour donner une juste idée de ce que l’on veut faire connoitre. Les PourPREs sont tellement hérissées de poin- tes et d’épines, que l’on pourroit les comparer à ces personnes d’un caractère si àpre, qu'on ne sait comment les prendre. Rarement les aspérités morales cachent un Or E S G NF N M EVE S: 91 intérieur intéressant; la POURPRE, au contraire, sous une cuirasse chargée de dards, recèle un tré- sor dont les Romains connoissoient tout Le prix. Un dragon à griffes menaçantes défendoit les pommes d'or; la PouRPRE couvre de ses pointes aigues un trésor aussi utile pour elle que précieux aux arts. Hercule terrassa le monstre qui défendoit le jardin des Hespérides ; un Tyrien brava le premier les dangereuses piquures de la PourPre, et lui ravit la précieuse liqueur dont elle étoit déposi- taire. Ce Tyrien jouissoit du double bonheur d’ai- mer et d'être aimé. Sa maïtresse avoit un extrême desir de posséder un voile de couleur pourpre. Que ne fait-on pas pour celle qu’on adore? Il cher- che , il observe. Soit le hasard aveugle, comme l'amour, soit ce dieu lui-même qui le conduit, l'habitant de Tyr découvre que cette couleur est renfermée dans ce dangereux coquillage; à l'ins- tant il se met en course, parcourt les rivages, les mers, rassemble des pêcheurs, soudoye des plon- geurs, les envoye consulter les cavernes submer- gées, parvient à faire une abondante récolte de Îa M 2 92 D ES CON ENORME S: coquille épineuse, en extrait la liqueur, en teint ge à son amie. C’est d’après cela que Lucien a nomme la Pour- un voile et court en faire homma PRE la coquille de ‘T'yr. Les Romains ont disputé long-tems cette découverte aux Tyriens. /’zrgile en fait mention, et dit dans l’Enéide : Tyrioque ardebat Murice lana; et Ovide en parle ainsi : Nec qua de Tyrio Murice lana ruber ‘. On doit penser que cette coquille étoit bien précieuse, puisque deux nations s’en disputoient la découverte. Les Romains, en effet, connoissant éclat et la beauté de la teinture de ce coquillage, y attachèrent un prix digne de l’usage qu'ils en firent. Cette couleur fut employée exclusivement à teindre le palludamentum, qui étoit le manteau des souverains, et les empereurs se servirent aussi ge 5 de cette encre Ctoit un crime de IÎèse-majesté pour de cette liqueur pour signer leurs rescrits. L'usa tout autre qu'un souverain. ne gg 1 Pline, Cicéron, Martial, Juvénal et autres, parlent avec détail de la teinture que donne Ja Pourpre, D. ES UN NA RNE.S. 93 La classe des pêcheurs de ce petit coquillage étoit très-nombreuse. La PourPRE devoit donc la : LA . ? 1 EC \ . ? pérsécution qu elle éprouvoit à la richesse qu elle renfermoit en elle-même; mais, Peut-être qu’adorant la main qui l’immoloit, D'un si brillant emploi lorgueil la consoloit. L'amour-propre de l’homme le porte trop sou- vent à croire qu'une chose est inutile, lorsqu'il en ignore l'usage ; mais il est prouvé au constant observateur, que la nature n'a rien fait à quoi elle n'ait assigné un emploi. La .PourPRE est non-seulement hérissée de pointes qui lui servent d’armure à opposer à son agresseur ; mais encore, lorsqu'au milieu de l’onde elle est poursuivie par un ennemi plus fort ou mieux armé qu'elle, cette liqueur purpurine dont nous avons parlé, lui devient, dans cet instant, d’une heureuse ressource; elle en lâche quelques gouttes qui, se mêlant à l’eau qui l’environne, en obscurcit la limpidité; et à la faveur de cet épais nuage, elle se dérobe à la voracité du pois- son qui la poursuit, ou à l’adresse du pêcheur qui croit l’atteindre. PPS ER TS a SNS 94 DES ,UNIVALVE S. La Pourpre joint à cette faculté de se soustraire à la poursuite d’un ennemi, la finesse et la ruse qui donnent les moyens de surprendre une proie. Elle se met à l’affüt, s'enfonce dans le sable, se tapit sous l'herbe qui borde le rivage, ou se cache dans des touffes de plantes marines; alors elle étend sa longue langue qui, couverte d’un suc muqueux, lui sert de piège pour prendre tous les insectes marins qui vont imprudemment s'y reposer; et si quelques petits poissons s'arrêtent dans ses eaux, comme le Chat qui happe la Souris, elle s’en saisit et en fait son repas. La goutte de liqueur pourprée dont nous avons parlé, est renfermée dans une petite poche vessi- culaire, que l’animal porte au col comme une espèce de goître. ; Chaque peuple à ses opinions, chaque pays sa mode. Les femmes de la Novalaise ont des goitres qui sont regardés dans le canton comme un trait de beauté. Un gros cou chargé de cette espèce de vessie, est un charme de plus aux yeux d’un amant bien épris, et c’est un surcroit de moyens pour la coquetterie de celle qui veut plaire : peut-être en D ES CN PRMALE ACER SS 95 est-il de même dans la société des POURPREs. Quoi qu'il en soit, cette petite vessie ne contient que deux ou trois gouttes de liqueur. Sa rareté et l’u- sage qu'on en faisoit, donnent l’idée du prix dont elle devoit être. Quelle quantité de coquillages de cette espèce ne falloit-il pas pour teindre seulement le manteau d’un sénateur. Il y a deux manières d'extraire cette liqueur. On extirpe la poche qui la contient, on la jette dans l’eau; elle sy coagule; on la tire de son enveloppe et on s’en sert; ou bien, on pique la vessie qui la renferme, on en empreigne des lambeaux de linge, comme font les Hollandois de la teinture de violette et de tournesol, et on l'en sépare ensuite d’après la même méthode. Cette liqueur est jaunâtre quand on l'extrait de l'animal ; mais elle devient d’une très-belle couleur pourpre, en y jettant quelques gouttes d'acide, ou en l'exposant quelque tems aux rayons du soleil. Pour qu’elle ait tout l'éclat dont elle est suscepti- ble, il faut que la coquille ait été pêchée dans le tems de la canicule. Cette liqueur employée ne s’ef- face plus, et acquiert de l’éclat par la vieillesse. 96 D'E S . UiN A HOIEMES. … La PouRPRE à une trompe armée de dents à son extrémité. Elle se sert de ses dents pour percer la coquille dont l’animal qu'elle renferme appelle son appétit. Elle y applique sa trompe, qui lui sert de sucoir; elle s’y attache comme l'enfant à la mamelle, et attire le suc nourricier du malheureux qui est devenu sa victime, et qui, à la longue, finit par en périr. Les POuRPREs, comme tant d’autres animaux, n'éprouvent qu'au printems le besoin de se repro- duire; alors elles se cherchent, s'associent et s'unissent. Lorsque le moment de la ponte est arrivé, car elles sont ovipares, elles se rassemblent et se réunissent en grand nombre dans le même lieu. Elles y jettent une substance ou matière géla- tineuse, qui a la consistance d’une cire molle, et dans ce gâteau elles déposent des milliers d'œufs d'où sortent autant de petites Pourpres. C’est dans ce tems qu'on les voit souvent paître l'herbe qui croit sur le rivage; elles choisissent les plantes les plus aromatiques et les meilleures, comme dans la mer elles préfèrent les poissons les plus délicats, ce quia fait dire à ÆApollodore, en parlant d’un gourmand : BR S'IU NIMRMLME,S. 97 gourmand : il est friand comme une Pourpre. La chair de la POouRPRE a une odeur fétide et fait une mauvaise nourriture; mais en la faisant cuire dans le bouillon, avec de petites herbes, force canelle et force poivre, elle perd sa mau- vaise odeur et devient mangeable. La PourPRE à un opercule cartilagineux, que les anciens nommoient ongle aromatique. En le met- tant sur les charbons ardens, il répand une odeur très-agréable. Cette vapeur est bonne pour les con- vulsions et pour les attaques de nerfs. On distingue l’âge de la PourPRE par le plus ou le moins d’élé- vation qui borde l'ouverture de sa coquille. La partie postérieure de son corps est un contre-poison, sur-tout pour le venin de certaines Ozives. Cette vertu , la teinture dont elle enrichit le commerce, et la parure dont elle est pour les cabinets des arnateurs d'histoire naturelle, sont un triple motif pour chercher à se procurer cet utile coquillage. Aussi les habitans des parages dans lesquels on en trouve, n’en népgligent point la pêche. L’appât du piège qu'on tend à la NauTILE, est N 98 DES \ UN lUALME.S la volupté, et celui qu'on présente à la PouRPrRE friande, est calculé sur:sa gourmandise. On forme de petits paniers d’osier, dont les branches laissent entr’elles des vuides suflisans; on les remplit de CAMES séparées de leurs coquilles. Ce panier suspendu à une corde attachée à l’extré- mité d'un bâton, est promené dans l’eau. Les PourPREs, avides de cette nourriture, entourent la corbeille, allongent la trompe, l’introduisent à travers les branches enlacées de l’osier, et pénè- trent jusqu'aux CAMES, qu'elles commencent à humer; mais la trompe délicate de la POuURPRE, pressée entre deux branches d’osier, ne tarde pas à s’enfler, au point qu'elle ne peut plus la dégager. Alors le pêcheur enlève le panier, et avec lui les malheureuses POURPRESquis’ ytrouventsuspendues. Celles qui échappent à la recherche des pé- cheurs et à la voracité des poissons, vivent douze à quatorze ans. SN we ns À Ÿ 4 v \ ; ' FAT } S Au : ' L _ LS de ; k- ti 1% 470 4 A de . : (NS Ci = ï « ï : S . F1 CSN L x. % 4 ? ; 27110 sk, 4 x à sh an L'4 “ A | + { a. L és à « # “une 4 É à LP 2% 2 :@ : … ; À , VE NE À L ” 2 CE | FRA à " 3 # FE + » À 1 ' NUE e. » n ‘ ; K à 4 IE t : Ê * LL MES 4 | # Nas i À Ua 0. à r un Fy È 1 : A U k. : C1 . à ÿ : Por d A À à » . me # 1e 4 o Pi Î ÿ J * * £ ] A l 1H k £ ‘ Ÿ L à 2 | & un VV d ( € MeF UT s "Te " : { à ' A to F2 F. a % : Cal 1 D Y AR " HE: … 1 a "tra x Res ON TS j ç Yoù PU DV Ps MATE TA Pa NT NOT AIR UR RE RE PAP RIRES HRRRIES Léo D — 4 t k À - # {? Ne he, - - x. À ÿ ë ë , va = à AC Û É Le Fi 4 * ’ « e. j : * AT 3 “ t k Er © un ET 134 1 + r 1 * J ». a *: f # Y ÿe 1 ; d. 3 de x » | x 1} } k 1 ji A l 1 Ÿ 2 { \ % . { " à ï u "2 CR : À | x a 4 { 4 À 1 LA 14 v l F à Ÿ êk t ii : Ÿ 6 + VIS. F1.173. 2. Callen.Del.ct Jeu. DUR -S + MANIA LIVE 99 Des Vis QUINZIÈME FAMILLE DES UNIVALVES. La Vis, dont le nom nous indique la forme, est divisée en trois genres, qui sont : la Vis à BOUCHE ALONGÉE, la Vis À BOUCHE RONDE, et celle à BOUCHE ÉVASÉE, Le caractère générique de cette coquille, est d'être composée d’un grand nombre de spirales, dont les circonvolutions tournent imperceptible- ment en manière de vis, pour former un sommet mince, aigu, éflé et fort alongé. Les Vis renferment une multitude d'espèces et de variétés, non-seulement par le nombre et la figure de leurs spires, que lon peut compter depuis cinq jusqu'a trente, mais encore par les différentes couleurs dont elles sont marquées. On trouve dans cette classe de coquilles, la ressemblance avec toutes les espèces de vis que la méchanique peut offrir, telles que la vis de N 2 CP) Ep =. ‘100 D ES U-N-I'VOALNVE S. pressoir, la tarrière, la vrille, le percçoir et la vis d’Archimède. Ce savant mathématicien, qui, dans le sac de Syracuse, fut, maloré les ordres de Mar- cellus, victime de son application, pourroit bien avoir été conduit, par l’observation, à l’école du coquillage dont nous parlons, et y avoir pris la figure et l’idée de la vis ingénieuse qui a conservé son nom. Les Vis, comme presque toutes les coquilles Uxivarves,se meuvent à la manière des Limagons. Un muscle leur sert de pied; ce muscle adhère à un opercule, qui est une petite plaque de subs- tance coquillière, et qui, s'appliquant exactement sur l’orifice de la coquille, en ferme hermétique- ment l'ouverture. Les coquilles les plus estimées dans cette famille, sont : le TÉLESCOPE, dont la figure présente un cône élevé et chargé de stries circulaires, très- agréables, le Porncon, la CHENIILE, L'ALÈNE, L'OBELISQUE CHINOIS, la SCALATA, etc. La ScaLaTA. Ce nom lui a été donné par les Ita- liens, à cause de sa ressemblance avec un escalier tournant. Cette coquille, uniforme dans sa robe, DES U'INFIOV AL NUE.S, IOI offre au regard la couleur aimable qui caractérise la candeur. Elle est réculièrement tournée en spirale, dont les orbes séparés sont à jour, et sem- blent être soutenus seulement par une série de petits anneaux extrêmement déliés. L’élégance de cette coquille, ainsi que sa rareté, ont contribué à la rendre très-chère. Elle vient de l’isle d'Am- boise. Les femmes de Batavia la portent aux oreil- les, et la regardent comme la plus riche parure; les Indiens la portent au col, et la mettent au nombre de leurs bijoux les plus précieux. La plus belle ScaraTa que j'aye vu, offroit qua- tre pouces de long sur trois de diamètre, et avoit couté six mille livres. On assure que la plus belle ScaLATA connue se voit dans le cabinet de l’impé- ratrice de Russie. On sait que cette souveraine n ctoit étrangère à aucune science ni à aucun art , et que si elle tenoit d'une main savante et ferme les rênes d’un gouvernement difhcile, elle n’en diri- geoit pas moins habilement de l’autre la loupe de l’observation, sur les objets dignes d’une attention philosophique. L'animal renferme dans la Vrs ressemble un peu 102 D ES ULON: EN ATEUMER SE à celui du Limaçon. Son col est très-long, ses yeux sont placés à la base de ces cornes, et sa bou- che est bordée de petits filets qui, semblables aux cils des yeux, ont un mouvement continuel, sans doute pour éloigner quelqu'insecte ennemi. Les Vis vivent enfoncées dans les sables de la mer, ou se trainent dans la vase; elless’y nourrissent de scolopendres et d’autres vermisseaux marins. _ Nous terminerons l’histoire des UNIVALVES par celle de BERNARD L'HERMITE, espèce de crabe qui s'approprie ce genre de coquilles, et les fait servir à son usage. Ce petit animal est couvert d’écailles comme l’'écrevisse. Comme elle, il est aussi armé de deux fortes pinces; mais nul n’est entièrement invulné- rable, et le talon d'Achille n'avoit pas été trempé dans le Stix. Ainsi que ce héros, BERNARD L'HERMITE a son côté foible. C’est la partie postérieure de son corps, qui, au lieu d’être couverte d’une cuirasse crustacée comme son avant-main, ne l'est que d’une légère pellicule. Mais bonne nature qui veille à la conservation en D'E S UN ENORU EYES. 103 de tous, lorsqu'elle a été distraite dans son ou- vrage, répare communément sa faute par une plus grande portion d’instinct qu’elle donne à l'individu qui pourroit devenir la victime de sa négligence envers lui. BERNARD L'HERMITE est une preuve de ce principe conservateur. Suivons-le dans ses opé- rations. Pour mettre à l'abri la plus foible partie de son corps, que fait-il? Il cherche une coquille qui lui convienne; c’est le plus ordinairement un Bucain ou une Vis; il examine, en fait plusieurs fois le tour, en mesure toutes les proportions, et lorsque, par tous les rapports , il juge qu’elle lui convient, il s’en empare, mange le poisson qu’elle renferme; il lappuye, la fixe contre une pierre, et, s'y plaçant à reculons, il y introduit son derrière avec assez de force pour se rendre cette coquille comme adhérente. Il s’y établit ainsi que Diogène dans son tonneau. ÎVais ce m'est point par le même sentiment d’oroueil qui dirigeoit toutes les actions Ô du cynique d'Athènes, que BERNARD se fixe aussi dans une espèce de tonneau, c’est l'instinct de sa propre conservation, c'est pour cacher son foible derrière et le mettre à l'abri des coups dangereux 104 DES UN TN SPAM TS, que pourroit lui porter son ennemi, qu'il adopte cette maisonnette dont il ne se sépare plus qu’au bout d'un an; alors il sort de cette demeure pour déposer ses œufs, ou lorsque, par son propre accroissement, elle lui est devenue trop étroite, il en prend une autre plus à sa convenance, et s’y établit de nouveau pour un an. Mais si deux de ces Crabes cherchant un asile, viennent à se rencontrer devant une seule coquille qui peut convenir à tous les deux, ainsi que deux guerriers rivaux, ils se regardent, se mesurent, s'attaquent ; c'est Marius et Sylla, c'est Pompée et César. Chacun rempli de son courage, fier de sa force, confiant dans ses armes, s’élance sur l’autre ; ils se saisissent, s’épuisent en efforts, se pressent comme dans des tenailles : la chaleur du combat fait oublier à chacun la vivacité de ses douleurs; mais enfin l’un des deux expire de ses blessures, et la coquille reste le prix du vainqueur. Tels, du tems de Périclès on voyoit à Athènes deux athletes déployer leur vigueur, leur adresse et leurs ruses pour terrasser chacun leur adversaire et gagner le prix du combat. DEUXIEME Dr ame | DEUX I EME CE A4" SOS CE. MS BE VYA LNIDES Les Brvaives sont les coquilles formées de deux pièces. Ces pièces qu'on nomme battans, valves ou gales, quelquefois elles sont [a écailles, sont souvent é inégales ; tantôt elles se joignent, tantôt elleslaissent un grand vuide entr’elles. Ces pièces sont réunies dans un des points de la coquille, par un nerf ou par une charnière denticulaire. On voit dans l’inté- rieur de presque toutes les Brvaives, l'empreinte des muscles par lèquel l'animal y est fixé, et qui lui servent à en rapprocher ou écarter les battans. Au moindre danger apparent, au moindre bruit, l’ani- mal ferme sa coquille avec une telle vitesse, que l'œil du naturaliste peut difhcilement l’observer vivant. Le corps du poisson renfermé dans les Bivarves présente, en général, une masse charnue de forme irrégulière et d’une consistance molle, dans la- quelle on à de la peine à distinguer la tête, la bouche, les yeux et autres parties. Lister, qui a O 106 DR SSP NO ATEN RUS porté l’observation anatomique sur ces animaux, est parvenu à leur découvrir un estomac, des vis- cères, des intestins et un cœur. | À l'exception de P'HuITRE, toutes les BIVALVES ont un muscle pédiculaire qui leur sert de nageoire dans l’eau et de pied sur terre. Les UNIvVAIvEs, à l’aide de leur muscle pédiculaire , se trainent et glissent lentement sur les corps solides; le muscle pédiculaire des BivaLves, par un mouvement élas- tique, donne de l’élan à la coquille, et la fait voyager par des bonds réitérés. La classe des Bivaives est composée de sept familles, qui sont : Les HuITRES, Les PETONcLEs, PEI- Les CAMES, GNES ou PELLERINES, Les MouLres, Les SO LENSEMON ES UDEDEINES. MANCHES DE Ées CŒEURS,. C O UT E NUS Ces familles sont divisées et subdivisées en gen- res, en espèces et en variétés, par leurs formes et par leurs couleurs. Onverraque, sous plus d’un rapport, cette classe n’est pas moins intéressante que la précédente. EUITRES; | : ) \ \si a TT à, D R, Callen,Del.et Sent. DES -BTVALMES 107 RE DES HU LIT R Hs: PREMIÈRE FAMILLE DES BivaLves. — L'érvmorocre du nom de l'HUITRE, vient du mot latin Osrreum. Le caractère générique de cette coquille, est d’avoir deux battans inégaux, dont linférieur est concave et le supérieur presque plat. Ces battans sont réunis ensemble dans leur sommet par un ligament ou par des dents qui entrent dans des cavités correspondantes. Cette famille se divise en cinq genres, qui sont: les HuiTRESs UNIES, les FEUILLETÉES, les ÉPINEUSES, les CANNELÉES et les TUBERCULÉES. Ces cinq genres nous offrent diverses espèces, et ces espèces des variétés sans nombre. On en voit d’hérissées de pointes, d’excroissances, de côtes et d’aspérités de toute espèce; d’autres font briller à nos yeux la nacre dans tout son éclat, ainsi que O 2 108 DÉS BL VAOLIMES les nuances de toutes les couleurs, depuis le gris terne jusqu'au pourpre le plus vif. Les Hurrres les plus estimées par les natura- listes, sont la SEiLE PoroNoise. Cette coquille est demi-transparenté, mince, luisante et fragile; elle est d’une substance demi-nacrée, et dans son intérieur elle imite assez bien le brillant du talc; sa couleur est pourprée, nuée de blanc et de rose. La VITRE CHINOISE, dont les écailles sont aussi minces que du papier, est unie, transparente, et peut avoir jusqu à six pouces de diamètre. . À Rome, au lieu de vitres, on faisoit usage du Mica; en Chine, on se sert des écailles de l'HuITRE dont nous parlons, pour garnir les fenêtres de cer- tains bâtimens. Ainsi que les glaces non polies, elles donnent un assez beau jour; mais on ne dis- tingue pas les objets au travers. Le poisson que renferme cette HUITRE est extrêmement mince, délicat, et fait une excellente nourriture. L'HIRONDELLE, qui, par sa forme, ressemble assez bien à un oiseau, est couverte d’un drap marin cartilagineux, auquel elle doit la jonction de ses valves; c’est pourquoi, lorsqu'elle en est De 'S BUI M ANNE UMNUES. 109 dépouillée, ses écailles cessent d’être adhérentes entr’elles. Le MarTeau est une HuiTRE des plus bizarres. Ses deux parties latérales, qui s'étendent sur une tige perpendiculaire, sont placées à angle droit, et présentent la figure d’un marteau. Il y en a de violettes et de blanches; ces dernières sont extré- mement rares et les plus recherchées. Le GATEAU FEUILLETÉ, couleur de chair ainsi que les HuiTREs ÉPINEUSES couleur de rose et pourpre, sont très-chères lorsqu'elles sont bien entières et bien conservées, ce qui est rare. Les HuITRES ÉPINEUSES sont couvertes d’épines plus ou moins longues; quelquefois ces épines sont accumulées sur les bords de la coquille, leurs pointes sont dirigées de manière à en défendre l'entrée, et l’on diroit que ces dards sont destinés à répousser les ÉroiLes DE MER, les Grenouilles pêcheuses et autres animaux qui font ordinairement la guerre à toutes les Hurrres. Îl est certain que les HuITRES ÉPINEUSES sont moins attaquées que toutes les autres. | Les couleurs. dominantes qui ornent la surface TIO Due Sy BB 'E VW AE Ve RAR Ss extérieure des plus belles HurTRES ÉPINEUSES, sont les nuances amaranthes, violettes et pourpres. On en voit aussi dont les épines sont du rouge le plus vif, sur un fond aurore ou blanc. La Mère PERLE, l'HuITRE PERLIÈRE ou la NaGRE DE PERLE; enfante un bijou qui fait un très-riche objet de commerce, en ce que le luxe y attache un grand prix. Cette parure introduite pa le caprice, adoptée de tous les tems par la mode, perfectionnée par l’art, choisie pour rele- ver l’éclat de la beauté, la perle enfin nous est donnée par une HuiTRE. L'HuiTRE PERLIÈRE fournit aussi un ligament que l’art a encore su employer au profit du luxe. Ce muscle ou ligament, chatoyant comme la plume de Paon, étant placé sous un cristal de roche taillé convenablement , ui communique tout éclat de ses couleurs. Ces deux substances ainsi réunies, sont nommées Pierre de Paon; on em-. ploie cette pierre à faire des colliers et des bagues très-agréables. Les HurTRes ne sont pas moins variées par leur volume que par leur forme. Il y a des espèces CAES) Bi VAE Ve : PrA d'HuiTres dont le diamêtre de la-coquille n’excède pas un pouce, et d’autres dont le diamètre s'étend jusqu'à un pied. Les HuiTREs restent rail @ taches toute leur vie dans le lieu de leur naissance. Les rochers, les pierres, le bois, les productions marines, tout leur est propre; souvent même elles sont groupées et collées les unes aux autres; mais quelque considérables que soient ces groupes, les HuiTres sont toujours placées sur la valve infé- rieure, de manière que l’écaille supérieure peut s'ouvrir et se fermer facilement. Elles naissent, vivent et meurent à la même place. Elles sy nour- rissent du fluide, des plantes et des insectes qui leur sont apportés par la marée, leur pourvoyeuse. L'HuiTRe n'a donc aucun moyen pour aller chercher sa subsistance, et le nombre de ses mou- , vemens se borne à deux seulement. Par le premier, l'animal élève la valve supérieure de sa coquille, qui s'ouvre à chaque marée, et par le second il la referme. Sa bouche est bordée de larges lèvres chargées de suçoirs. D'après cette constante immobilité individuelle, 112 | LP ENST BEI NORME ON EU il est aisé de voir l'impuissance dans laquelle se trouveroit une HuITRE de se rapprocher de lob- jet de ses affections, si le génie qui préside à la reproduction des êtres, n'eut suppléé à ce défaut d’action, en donnant les deux sexes à chaque individu de cette famille; elle est her- maphrodite et n’a pas besoin des secours d’une autre pour concourir à la propagation de son espèce. ; | Au mois de Mai, l'HuiTRE se soulage du fardeau de la conception. Elle laisse échapper un frai composé de petites particules de forme lenticulaire; dans chacune de ces particules, à l'aide d’un bon microscope, on distingue une petite HuITRE toute formée. Willis et Lister assurent avoir eu plusieurs fois la preuve que ces petits poissons se couvrent d’écailles en moins de vingt-quatre heures. Deslandes prétend que les HuiTRES sont rem- plies, au mois de Mai, d’un infinité de petits vers rougeâtres qui les disposent à l’enfantement, et que sans le secours de ces insectes, qu'il nomme vers accoucheurs, l'HUITRE ne Jjetteroit point son frai, MELISSA NN EE ME 5: 113 frai. Les expériences qu’il cite à ce sujet sont satisfaisantes. Un grand méchanicien ne demandoit qu’un point d'appui convenablement solide, pour faire, à sa volonté, mouvoir le globe; l'HUITRE a aussi besoin d'un point d'appui, non comme ce savant, pour changer le mouvement annuel de notre planète, mais, comme nous l'avons déjà dit, pour y fixer son immobile existence. Aussi le frai d'Huirre est-il enveloppé d’un gluten qui l’attache dans la mer à tous les corps solides qui s'y rencontrent; voilà pourquoi on voit dans les cabinets des morceaux de bois, des madrépores, des bouteilles même, chargés de groupes de coquilles qui s’y sont atta- chées pendant que ces objets ont séjourné dans la mer. Une chose qui'paroit extraordinaire au premier abord, mais qu'on explique, et qui est constatée par üne foule de voyageurs, c’est que dans une isle des Antilles, on voit des arbres dont les branches sont tellement chargées d'Huirres, qu’elles flé- chissent sous leur poids. Ces arbres sont plantés sur Je rivage de la mer; les vagues en mouillent 1< 114 MES DB IN ANIME les branches les plus basses et y déposent le frai d'HuUITRE qui s’y attache et y éclot. Ces branches, appesanties par les HuITRES, se trouvent, par la courbure qu’elles en reçoivent, à portée d’être bai- gnées deux fois par jour par le flux et reflux de la mer. Au Sénégal, sur les bords du Niger, et à Cayenne, on voit aussi des mangliers chargés d'Huirres. Les habitans de ces différens pays sa- musent quelquefois de la surprise des voyageurs, en leur servant des branches d’arbres couvertes d'HuiTres jaunes, rouges et couleur de rose. Les gourmets s’attendent sans doute à trouver ici un article sur les HuiTRES VERTES; il ne faut pas qu'ils soient trompés dans leur espoir. Pour rendre les HurrRes dignes du palais délicat des amateurs, et pour leur donner cette couleur verdâtre que l’on aime à leur voir, on les dépose dans des fossés de trois ou quatre pieds de profon- deur, qui sont tapissés d'une espèce de varec ou d’une mousse grasse très-abondante en sucs. Ces fossés sont disposés de manière à avoir com- munication avec l'eau dela mer, qui y étant portée par la marée, et y arrivant avec force, froisse le PS TVR NOM ONCE" Se IIS varec; des particules s’en détachent, et se mêlant à l’eau, alimentent et colorent en même tems l'HUITRE VERTE que nous trouvons si bonne. Pour être parfaites, il faut que les Hurrres soient bien closes et difhciles à ouvrir. L'HuiTRE, qui ne présente à notre rapide regard qu'une masse informe, n’en possède pas moins des viscères comme les autres animaux. Lister, dans sa Zoomorphose, en décrit les ouies, les œso- phages, le ventricule, l'estomac et le cœur. L'homme tranquille et bon n'en à pas moins des ennemis, ce qui fait peu d'honneur à l’huma- nité. L'HuITRE qui ne va jamais se placer sur le chemin de qui que ce soit, et qui n'attaque per- sonne, a aussi les siens; ce sont les ÉTOILES DE MER, les Mouxes, les PEroncres et les CRABES. Plusieurs naturalistes dignes de foi attestent, comme témoins oculaires, le fait suivant. Le CRABE a reçu l'industrie qui nous fait admi- rer en lui le moyen ingénieux dont il se sert pour se nourrir sans peine de la chair délicate de l'Hur- TRE. [l épie le moment où ce coquillage, pour recevoir une onde salutaire, ouvre les battans de Pa 116 DE SC BAT VA NLIVE US sa demeure, et à l'instant où elle fait son baille- ment, avec sa patte il place adroitement, entre les deux valves, une petite pierre qui les empêche de se rejoindre; l’'HUITRE, malgré ses efforts, ne pouvant plus refermer ses bassins, reste à la merci de son ennemi, qui s’en régale à son aise. Quel raisonnement ne faut-il pas à ce petit animal pour mettre en action ce stratagème ! Toutes les HUITRES NAGRÉES produisent des per- les, qui se trouvent attachées dans l'intérieur de la coquille. Ces perles sont formées par la nature même de la nacre; c’est l'abondance de cette liqueur qui, plus pure que la nacre même, en transsudant goutte à goutte de l'animal, au lieu de s'étendre sur la surface intérieure de la coquille, reste dans la même place, s’y coagule et sy conglomère. Quelquefois aussi on trouve des perles dans le corps de l’animal; c’est la même substance qui les forme par dépôt. Les perles les plus grosses et les plus régulièrement rondes, sont les plus esti- mées. On fait moins de cas des perles haroques, que l’on nomme ainsi à cause de leur irrégularité. DE S BALN AeL VE: 217 Cette différence de forme vient de la manière dont la liqueur s’est déposée. Plus la nacre de l'Huirre est belle, plus la perle l’est elle-même, et son volume répond assez ordinairement à celui de la coquille; elle est de la même nature , et fait effervescence avec les acides. Le savant Réaumur a observé que la couleur de la perle répond toujours à celle de la nacre. Le Marteau et l'HIRONDELLE, dont la nacre est violette, donnent des perles de cette couleur. La PinraDe, dont l’intérieur est gris de lin, en donne de cette nuance , et la PINNA MARINA nous en offre dont l’éclatapproche de celui de corail. Ces derniè- res espèces de perles sont fort petites et très-rares. Le cas que l’on fait des perles remonte à la plus haute antiquité. L'histoire nous apprend avec quelle ardeur plusieurs peuples recherchoient ce bijou. Les Phéniciens, entr'autres, en faisoient des colliers, des bracelets, des cordons de chaus- sure, et l’on préféroit cet ornement à ceux qui étoient faits en or. Clodius, le magnifique Clodius, fit, par faste, servir plusieurs fois à sa table des perles dissoutes 118 DÉS ETAT TES dans le vinaigre. Cest le même qui, à la mort dé son père, fit revêtir de marbre noir sa maison de ville, sa maison de campagne, et tout le chemin qui conduisoit de l’une à l’autre; la distance étoit de quatre à cinq mille, et ses maisons étoient immenses. Cette reine d'Égypte, si célèbre par sa beauté, son esprit, ses talens et ses graces, Cléopatre, à la fin d’un repas, détache de son oreille une perle que Pline évalue à quatre-vingt mille louis, elle la jette dans une coupe pleine de vinaigre et l’avale. Cette action, qui a paru à bien des personnes un acte de démence, n'étoit point sans motifs ; Cléopatre vouloit, en consommant aux yeux de Marc-Antoine un objet aussi précieux et aussi cher, lui donner une lecon relativement aux regrets qu'il paroissoit avoir sur les dépenses qu'il avoit faites à Tarses et à Rome, pour satisfaire aux plaisirs, au luxe et à la magnificence de cette princesse . On sait quel prix on attache encore aujourd’hui aux perles d'une certaine grosseur. Le roi de Prusse 1 Je me sens disposé à patdonner à C/éopatre cette folle prodigalité , en faveur des soins qu’ellé se dotina pour rétablir la bibliothèque d'Alexandrie. D ES BOIN AA EL NE $ II9 en à payé une cent soixante-dix mille livres. La pêche des FuiTREs À PERLE se fait dans l’isle de Ceylan et dans le golphe Persique. Il y a plu- sieurs manières d'y procéder. On attache un plomb au pied d’un plongeur ; on le descend rapidement dans la mer, et la, avec un instrument de fer, il se hâte d’arracher les HuirTres du rocher, il les jette dans un panier, et on les retire l’un et l’autre, lorsqu'il en donne l'avertissement par le moyen d’une ficelle correspondante qu’il a à cet effet. Une agtre méthode est celle de la cloche, sous laquelle on place le plongeur que l’on descend au fond des eaux, et qui, par le même signal que le précédent, se fait remonter lorsqu'il a absorbé la masse d’air qui étoit sous cet appareil. Mais il est des pêcheurs dont l’impatience et l’intrépidité ne leur permet pas d'avoir recours à ces moyens étrangers. Quand la sonde leur apprend que le banc d'Hurrres est à une distance raisonnable, alors entrainé par Pap- pêt du gain et par le courage qui fait affronter un péril qu’on à l'espoir de surmonter, le pêcheur se jette à l’eau, et avec la vitesse du trait, il descend dans la profondeur des mers; d’une main audacieuse 120 DIR S" BAM AIME NES il saisit l'Huirre, l’arrache de sa retraite et la fait paroiître au grand jour. Ce plongeur doit joindre à une grande force, un regard pénétrant, un esprit actif et une atten- tion très-éveillée. Il acquiert par lhabitude ces rares qualités. La loi de l’ostracisme, en usage à Athènes, a pris son nom du latin Osrreum, qui signifie Hui- TRE. Lorsque le peuple vouloit condamner à l'exil un citoyen dont il craignoit la puissance, on procédoit au ban de l'ostracisme; on formoit à cet effet un enclos de planches dans la place publique, et chacun y jettoit une coquille d'Hui- TRE, sur laquelle étoit écrit le nom du citoyen qu'il vouloit bannir. [l falloit au moins six mille voix contre un Âthénien, pour qu’il füt banni par l’ostracisme. Cette loi n’entraïînoit ni le déshon- neur ni la perte des biens. Il est impossible de parler de l’ostracisme, sans se rappeller le beau trait d’Aristide. Un paysan qui ne savoit pas écrire, ayant rencontré, un jour de ban, ce rival de 7 hémstocle, le pria, sans le connoitre, de mettre sur sa coquille le nom d’Arrsuide ; celui-ci T DAC: S" LB ME NACRE Ve PP, Se E27Y celui-ci demanda au paysan s’il avoit à se plaindre du citoyen qu'il vouloit bannir. Non, lui répond cet homme; mais je suis fatigué de l’entendre tour jours appeller le juste. Aristide, sans répliquer, écrivit son propre nom sur la coquille, et la rendit au paysan. Les HuiTRes nous sont utiles et agréables, sous plus d’un rapport; les HuiTres sont, pendant cinq mois de l’année, l’objet des paris de société, aux- quels préside communément la gaieté; car le projet de manger des HuITRES, est presque toujours une partie de plaisir. À combien de déjeuners n’ont- elles pas fourni l'esprit d’un couplet, le sel d’un bon mot, et le trait d’un madrigal! Les coquilles d'HUITRES communes sont em- ployées à faire de la chaux, qui est reconnue pour être d’une excellente qualité. Lorsqu'on les répand sur un terrein usé, les sels qu'elles y déposent, l'engraissent et lui rendent ces sucs nourriciers si nécessaires à la végétation. La médecine les donne utilement comme ab- sorbant. Quelques médecins anglais en font usage pour calmer les douleurs de la gravelle, et on les Q raz DH S ABOUT Y'A Mis: employe souvent avec succès contre le scorbut. On voit tous les jours quel parti les tabletiers, les éventaillistes et les bijoutiers tirent de la nacre des Huirres. Les Chinois en font un emploi encore plus général; ils en forment des colliers, des bra- celets et des ornemens de tous les genres et des 5 plus agréables. Les HuiTREs, par l'huile grasse et 5 les sels volatils qu'elles contiennent, excitent l'appétit et nourrissent fort peu; elles sont diu- retiques et aphrodisiaques : elles réveillent les forces épuisées et donnent des sensations à la vieillesse. La perle, cette substance calcaire réduite en poudre, est encore employée très-utilement contre les vomissemens et contre le scorbut. Quelque quantité d'HuITRES qu'on prenne dans les endroits où elles viennent naturellement, l’an- née suivante on y en trouve ordinairement le même nombre; cela prouve avec quelle facilité elles se multiplient, et avec quelle promptitude elles acquièrent leur accroissement. DER NES RUE DEENTETNRL ES) id an ‘ à ’ j Re 0 R PV PSE RO fe. \ an" pe gp * Lhté. À. Callien, Del. c£ Jeu. DRE SA BAM LE, ‘123 POS OS IN ONEPERSS DEUXIÈME FAMILLE DES BIVALVES. LA famille des CAMES nous offre deux genres , qui sont les CAMES uNIES et les CAMES STRIÉES. Leur caractère distinctif est d’avoir les deux pièces également convexes et parfaitement semblables. Leur charnière est composée de trois dents qui s’engrainent dans trois cavités correspondantes. Cette famille présente une grande variété par ses stries ou cannelures, ses couleurs et les différens dessins de sa robe. Les unes sont d’une délica- tesse à être brisces par la compression la plus légère; les autres sont si dures, qu'il ne faut rien moins qu'un marteau pour les mettre en pièces. Les plus recherchées de cette famille, sont : lÉcrirure cHiNoise, le Point p'HoncriE, le Rezeau, le Cepo nuit, l'Évenrair, la CAME à BEC DE FLUTE et la CAME À JouERr. Cette dernière Q 2 124 DE "SAT IN EANIE "VENT. est une coquille très-plate et très-agréable. Dans l’Inde, en Chine et au Japon, on s’en sert pour jouer comme nous faisons ici avec des cartes. Rive 5) fait remonter l'invention des cartes à l'année 1330, et en attribue l'invention à un Espagnol nommé Nicolas Pépin; mais si cet Espagnol a donné dans son pays le premier modèle qui atteste l'existence des cartes, telles à-peu-près que nous les voyons aujourd’hui, il en auroit puisé l’idée chez les In- diens, qui les premiers ont gravé sur la CAME dont nous parlons, des figures analogues à celles des cartes dont on se sert. Plusieurs savans ont attribué aux Français cette invention, et l'autorité qu'ils en donnent, est qu'il se trouve des fleurs de lys sur les cartes de presque tous les peuples de Europe; mais ces fleurs de lys n’ont cté placées sur les cartes qu’à l'époque de l'invention du jeu de piquet, lequel fut imaginé, à la vérité, par un Français, pour calmer la mélan- colie de Charles WT, et ces cartes ainsi ornées pas- sèrent chez les autres nations, qui n’y firent de long-tems aucun changement. Le poisson renfermé dans la Camr est arme de DE SRB VEARE VE S 125 deux trompes, dont les orifices sont garnis de poils ; l’une de ses trompes lui sert à pomper l’eau et l’autre à la rendre. Il s’en sert encore pour fouil- ler la terre, etc. Îl a une membrane élastique qui lui sert de pied, et dont il fait usage comme d’un ressort, non pas pour marcher, mais pour s’élancer ; de sorte qu'il ne voyage que par sauts et par bonds. Les Cames habitent ordinairement les fonds vaseux dans lesquels elles se cachent et vivent la plus grande partie de l'année; mais dans l'été, lorsque la mer est tranquille, on les voit, en trou- pes, s'élever à la surface de l'onde, et se laisser porter sur les eaux. La Came se place sur le plat de sa coquille, ouvre un de ses battans à angle droit pour lui servir de voile, tandis que l’autre lui sert de navire, et elle se laisse aller ainsi au gré du zéphir. C’est un spectacle amusant que de voir une flotte de ces coquillages voyager de la sorte. Mais à l’as- pect d’un poisson ennemi, ou au jet d’une pierre lancée d’un vaisseau, chaque coquille se referme, la flotte disparoît, coule bas et retourne se cacher 126 DES IBÉL WOAINE VE. dans le sable d'où elle étoit sortie. Cette compagnie de coquilles est quelquelois surprise et jettée sur gner le rivage, elle fait usage de la membrane elliptique la plage par les Hots orageux. Pour rega qui lui sert de pied ; par le ressort et l’élasticité de cette membrane, elle saute, bondit, s’élance, fran- chit l’espace et tâche de se dérober à la poursuite des enfans, qui se font un jeu de cette chasse. Les noms de Camée et de Camayeux, viennent de celui de la coquille dont il est ici question; et voici ce qui a donné lieu à cette dénomination. Pompée enleva à Mithridate des vases Murrins, dont il para son entrée triomphale dans Rome. Ces vases, inconnus jusqu'à lors, étoient des coupes d’agathe de plusieurs couleurs, chargées de superbes bas-reliefs. Scpion À Africain apporta aussi dans cette capitale du monde, des Onyx tra- vaillées avec toute la perfection de l'art. La plus grande partie de ces Onyx sont des agathes formées de deux couches, dont la première est d’un blanc laiteux sur un fond ardoise. Les graveurs habiles avoient tiré partie de ces différentes couches, en faisant servir l’une au fond du tableau , et l’autre aux DIE. SUB MT NOMME VE S 127 personnages qu’ils vouloient représenter. En raison de l'extrême dureté de cette matière, ce travail étoit pénible, long et difhcile. La charlatanerie, la paresse ou peut-être l'intelligence des artistes de Rome, leur fit chercher à imiter avec facilité ces belles pierres gravées avec tant de peines, et dont le prix étoit analogue à la beauté de la matière, à sa dureté et à la perfection de l'ouvrage : la CaMr BOMBÉE leur en fournit le moyen. Cette coquille, très-épaisse, et dont la surface est d’un blanc laiteux, a une seconde couche d’un gris bleuâtre. L'art l'employa avec succès à limi- tation des pierres gravées , en faisant servir cette première couche à la confection du sujet qu'on vouloit imiter, tandis que l’autre en présentoit le fond. Cette imitation étant parvenue à son plus haut degré de perfection, les amateurs se donnè- rent à peu de frais la copie de ces superbes Onvyx venus de l’Inde ou de la Grèce. Ces fausses Agathes-Onyx devinrent donc très- communes, et pour les distinguer des véritables Onyx, on les appella Camées, du nom de la coquille qui étoit employée à cette imitation ; de-Rà 128 D: Et SON UV AID (Vie US vient aussi le mot de Camayeux, pour désigner un tableau dont les figures sont blanches sur un fond bleu. Au musée britannique, à Londres; au palais Borghèse, à Rome, et au Vatican, on voit de ces Onyx copiés sur coquilles, de manière à tromper l'œil le mieux exercé. Les artistes même sont quel- quefois obligés de les toucher pour pouvoir les distinguer. L’on sent facilement la différence de pesanteur qu'il y a entre une agathe et un frag- ment de coquille. La CAME est une nourriture délicate et stoma- chique. Cependant il est un tems de l’année où elle acquiert une telle acidité qu’elle enflâme la bouche au point de ne pouvoir la mâcher. C’est sans doute pour cette raison que dans quelques pays la CAME porte le nom de FLAMME. Le Naurie est tellement friand du poisson ren- fermé dans cette coquille, qu’on se sert utilement de la CAME, comme appât, pour prendre les Nau- TILES de toutes les espèces. DES ae eee et rte ain Mir. es CR CIN TAN . r- Pet en R.Galien, Det.et Sup. DCE SCOR AV ANR VUE S, 129 DES MOULES. TROISIÈME FAMILLE DES BIVALVES. L.æ nom de Mouxe vient du mot latin Musculus, Muscle , à cause de la ressemblance qu’on a cru trouver entre un muscle et le poisson renfermé dans cette coquille. Cette famille se divise en deux genres, qui sont la Moure ovaLe et la MouLe TRIANGULAIRE. Elle nous offre l'éclat et la variété des couleurs, ainsi que lutilité sous plus d’un rapport. Le caractère spécifique de la Moute, est d’être formée de deux valves égales en longueur, en largeur et en profondeur. Elle est oblongue et couverte d’un drap marin cartilagineux, sur lequel les acides n'ont point de prise; aussi pour enlever cette enveloppe, est-on obligé d'employer le secours de la lime et de la pierre ponce. Les Moures de nos côtes ne présentent rien d’agréable dans leurs couleurs; mais celles que nous R [30 DHL SN CR JAN À AP NU RDS tirons des parages éloignés, nous offrent le brillant éclat de la nacre, dont les nuances dominantes sont le bleu, l'opale, le violet, l'aurore, le vert, le gorge de pigeon, la diaprure de l’ametiste et celle de l’arc-en-ciel. Les espèces les plus recherchées de cette classe, sont la Moure DE Macerran. Elle présente un bel orient, mélangé d'une couleur émeraude et pourpre, formant des ondulations avec les nuances changeantes de la gorge de pigeon ; La T'urrre, Moure transparente et légère, qui , P gere, qui, par sa forme, ses rayons de couleurs variées et ses flammes longitudinales, nous offre l'aspect de la fleur dont elle a pris le nom; a TE DE MER, semblable au fruit de ce La Dar à blabl fruit d nom, tant par sa figure que par sa couleur ; L’'HIRONDELLE, qui est nacrée en dedans, donne > q , de petites perles que les joailliers appellent loupes de perles ; La MourE DES PAPONS, qui est nuée de rose » q , de lilas et de couleur de chair ; Le JAMBONNEAU, ainsi nommé à cause de sa 2 couleur et de sa forme, et la PINNA MARINA, DIS MB INVRAN D VAE 6 137 par sa ressemblance avec une aigrette que les soldats Romains portoient à leurs casques, et qui s’appelloit Penna, sont des variétés aussi singuliè res par leurs formes qu’utiles par leurs productions. Cette coquille est la plus grande de la classe des Bivarves. J'en ai vu une de deux pieds de long, venant de la Chine, qui pesoit dix-sept livres, et dont l'intérieur étoit rouge; elle avoit des perles de la même couleur. © Ainsi que le Ver à soie, la MouLE TRIANGU- LAIRE file une espèce de filoselle d’une couleur fauve-argentée. Cette soie, qu'on appelle Byssus, s’ourdit facilement et conserve toujours sa couleur brune et brillante. Ce Byssus est un faisceau composé de trois cent cinquante ou quatre cents fils, de la longueur de six pouces, formant une espèce de houpe qui sort de la partie moyenne de la Mours. Ainsi que les cheveux, dont ils ont la finesse, ces filamens paroissent tubiques au microscope, €t lorsqu'on les brüle, ils ont l'odeur de la soie : avant que la soie fût connue, l’art avoit présenté au luxe l'usage de l’étofle tissue avec les fils de la PInNA R 2 [32 D,E SL 5B TV AMEL PARENTS. MARINA; les riches en étoient vêtus et les habits sacerdotaux en étoient formés. Les villes de Tarente et de Palerme, qui étoient renommées par leur commerce, l’étoient aussi pour la fabrication de ces singulières et brillantes étoffes. En Sicile, en Corse et en Sardaigne, on em- ploye encore aujourd’hui le Byssus pour faire des gants, des bonnets, et l’étoffe qui en résulte est si légère, si fine et tient si peu de place, que j'ai vu une paire de bas contenue toute entière dans les deux portions réunies d’une coquille de noix. Ces bas ont encore le double avantage de garantir et du froid et du chaud. Les tissus formés avec le Byssus ont tous la même couleur fauve; cette espèce de soie ne prend de teinture d'aucun genre. L'observation nous apprend tous les jours, lem- ploi des choses dont on n’avoit pas d’abord soup- çonné l'usage. Celui que la PINNA fait de son faisceau capillaire, a été une découverte difhcile, mais elle est sure. Ce coquillage ne cherche point les cavités D''ES.VBFIOV RASE VERS. 133 tortueuses des rochers sous-marins; il vit habi- tuellement dans les parties basses de la mer; il s’y fixe non pas comme l’HUITRE, d’une manière immuable , mais il s’en détache quelquefois , lors- que les beaux jours du printems et la fraicheur de l'herbe nouvelle l’appellent sur les bords verdoyans du rivage. La PINNA MARINA a un muscle en forme de doigt, qui dans l’eau lui sert de nageoire et de pied pour voyager sur terre. Ce muscle digital, placé à côté du Byssus, sort aussi de la partie moyenne de la coquille. Ge poisson prend, avec cette espèce de doigt, chaque extrêmité de ses fils les uns après les autres, et les fixe, par le moyen de sa gomme, aux pierres qui sont à sa portée et auxquelles il veut s'attacher. Ce travail achevé, le coquillage suspendu par ses filamens au milieu de la mer, y vit une partie de l’année, avec une sécurité égale à celle d'un pilote dont le vaisseau est à l'ancre, et de même que lui, il voit avec calme, sans doute , les oscil- lations de la mer et les horreurs de la tempête. : Mais il est d’autres dangers à redouter pour lui, [34 DUR ST BU NAME VAN et l’état de station dans lequel il passe une partie de sa vie, devient une situation bien favorable à la gente gloutonne qui vit dans le même élément. Fixée de la sorte, la PINNA MARINA ne peut fuir l'ennemi qui veut l’atteindre. Elle n’a reçu de la nature ni l’art de l'attaque, ni celui de la défense; et cependant il faut se soustraire au péril; car il n'est point d'individu qui n'ait, hélas! un ennemi qui cherche à lui raccourcir le chemin de la vie. Chez le riche, c’est la cuisine; chez l’homme civi- lisé, c’est le point d'honneur; chez le militaire, c’est l'amour de la gloire; chez le moribond, c'est la médecine; chez le pauvre, c’est la privation; chez les Moures, c’est le SaBorT, petit Limaçon qui se place sur la coquille de la Pinna, la perce de sa trompe, et en suce le poisson jusqu'à l'entier desséchement. La MouLE TRIANGUIAIRE a bien d’autres enne- mis. La Poulpe polype à huit pattes, est pour elle des plus dangereux : lorsqu'il surprend cette coquille ouverte, il en saisit le poisson avec autant d'adresse que de rapidité, et le mange avec délices. Mais la PinNA MARINA alebon esprit de s'associer Dr EE Se BI VAE Va Er Si 135 un ami qui lui est tout dévoué; c’est un petit cancre semblable au BERNARD L'HERMITE, nommé PINNO-PHYLAX , qui partage sa demeure, lui donne tous ses soins et veille à la conservation de son hôte. T'el on voit un berger s'associer un Chien fidèle qui, ne le quittant plus, veille pendant son som- meil, l’avertit du danger et s'expose sans réserve pour défendre son maitre; quand le PINNo-PHYLAx apperçoit un ennemi, aussi-tôt en pinçant la Moure, il l’avertit de fermer ses battans, pour se mettre à l'abri du péril qui la menace. Si un petit poisson se précipite dans les valves de la PINNA MARINA, qui restent habituellement ouvertes, le PINNo-PHyLAx l’avertit de la même manière; la coquille se referme, et les deux amis se repaissent à loisir de la commune proie. Epi- carme parle avec admiration du gardien que ce coquillage a pour sa sureté. L'association dela PINNA MARINA avec le PINxo- PHYLAX, n’est pasle seul exemple de ce genre que nous ayons observé : la Baleine nous en offre un semblable. 136 DES BA V ML. La Baleine, ce géant maritime, ce poisson monstrueux , qui se roule avec lenteur dans les flots de la mer, la Baleine, à laquelle la nature, pour ralentir sans doute ses excès meurtriers, a refusé la perfection du regard, est toujours précédée d’un petit poisson qui dirige sa route, qui lui indique les traces qu’elle doit suivre, la proie qu’elle doit saisir, et le danger qu’elle doit éviter. Le Pilote ou le Conducteur, car c’est le nom qu'on lui a donné, est le compagnon fidèle, l'ami chéri de la Baleine, il est son guide et son gardien; aussi ce monstre na-t-il d'égards que pour lui! Le Pilote nage avec sécurité devant son museau, sans craindre sa dent meurtrière; il se repose même sur les moustaches de la Baleine, et y trouve de quoi satisfaire son appétit; car c’est là qu'après le repas de l’animal vorace, il prend le sien. Mais si, par un fatal événement, la Baleine perd son Conduc- teur, alors, incertaine, inquiette, ne sachant quel chemin suivre, errante à l'aventure comme un vais- seau qui a perdu son gouvernail, elle finit souvent . par aller échouer contre un rocher où elle termine sa carrière. La DOS BAIN AL VIES. 137 La PINNA MARINA perd-elle le PINNo-PHyLAx, son guide, son ami, elle devient bientôt la proie du premier glouton qui la rencontre. Pour pêcher la PINNA MARINA, qui habite ordi- nairement le fond de la mer, où elle est fixée par ses fils, le plongeur se passe une ceinture autour des reins ; d’une main il se munit d’un morceau de plomb , et de l’autre d’un panier suspendu à une corde; après avoir fortifié son courage et combine l'espace qu'il va parcourir, il prend une gorgée d'huile et se jette dans la mer; descendu dans ses derniers abimes, il lance l'huile qu’il gardoit dans sa bouche; à l'instant, un faisceau de lumière vient éclairertout ce qui l’environne; il voit les coquilles, les arrache ,- les jette dans le panier , lâche le plomb, agite la corde avec célérité, et à l'instant il est remonté par ses compagnons attentifs au signal convenu. À la sortie des flots, il trouve les éloges que lui méritent son travail, son courage, sa force et son adresse. | Mais cette pêche présente aussi des dangers. Si, par mal-adresse, le pêcheur place la main entre les deux valves de la coquille, lorsqu'elle est d'un S 138 UNE SC BE OA VUE, à certain volume, il est exposé à avoir les doigts coupés, tant elle met de force et de rapidité à se refermer. Quelquelois même le malheureux plongeur ter- mine sa carrière dans cette audacieuse pêche. Hélas! c'est fait de lui s’il rencontre dans son trajet le vorace Requin, ce qui se reconnoit à l'agitation irrégulière de la corde; alors ses camarades saisis d’effroi, s’empressent de le remonter ; mais la résis- tance qu'ils éprouvent augmente leurs trop justes craintes; s'ils parviennent à le tirer jusques sur le rivage, ils ont la douleur de le voir déchiré par les morsures du monstre à mille dents. À ce spec- tacle affreux, ils abandonnent la plage, et le cœur navré de douleur, les yeux baignés de larmes, ils retournent dans leurs foyers; cet événement est pour eux une calamité publique. À Smyrne et à Siracuse, on fait aussi la pêche de la Pinna MARINA; mais dans ces parages, on, y. procède sans danger, ce coquillage n'y, étant, pas très-éloigné de la surface de l'eau, On l’arrache facilement des rochers ou des plantes marines, avec une espèce de fourche à dents recourbées, BR SCOR VILA TE À 139 C'est ordinairement au mois de Mai que se fait cette pêche. Les Moures sont sujettes à une maladie : lors- qu'on les mange quand elles en sont atteintes , elles causent des éruptions à la peau‘. À cela près, toutes les MouLes font une très-bonne nourriture. Lés Grecs en servoient habituellement dans leurs festins; et Rumpilius dit que celles d'Ephèse étoient les plus estimées par la bonté de leurs sucs. Les Mouies NACRÉES donnent des perles, qui sont d'un très-petit volume : celles de là Moure TRIANGULAIRE sont violettes; elles étoient très- estimées du tems de Sa/omon. Œlien, Prolomé , Strabon et Theophraste s'accordent à dire , que les perles produites par ces coquillages , étoient les plus recherchées , à cause de leur couleur gris-de- lin. Quelques auteurs prétendent que la fameuse perle donnée par César à Servilie , mère de Brutus, et qui fut estimée à une somme égale à celle de cinquante mille louis , étoit de cette nuance. Nous avons sur les côtes de Toulon et d'Afrique, une espèce de Moure qui se loge dans la pierre; £ 11 faut avoir recours aux vomitifs pour arrêter cette indisposition, S 2 140 D'E S ABII VUANL ME 6 mais nous nous réservons de parler de ce singulier coquillage à l’article des PHorapes , dont c’est particulièrement la manière de vivre. Les Moures sont ovipares , conçoivent d'elles- mêmes, et ne sont point redevables de leur nais- sance à deux parens. Si la MourE, par un accident quelconque, vient à perdre sa languette, son pédicule ou sa filière, la restaurante nature lui en accorde le prompt rempla- cement. Nous avons vu se reproduire le pédicule d’une moule qui avoit été coupé sous nos yeux, et cette opération s’est renouvellée avec le même succès, deux fois dans le même mois. Les Italiens ont une adresse extrême pour former des bouquets artificiels avec des coquilles. Les diffe- rentes espèces de Mouzes leurs servent particuliè- rement à cet usage. Nous avons vu, dans les chapelles de Vierges à Florence , à Rome, et surtout à Lorette, des bouquets de coquilles , dont l'éclat pouvoit le disputer aux plusbelles fleurs naturelles. DE # BAT IANL Ts 141 Re B'ESu LE EL LE L-N Es QUATRIÈME FAMILLE DES BIVALVES. Les Tenues ont beaucoup de ressemblance avec les Cames et les Moures. Aussi plusieurs conchi- liologistes les ont-ils placées tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre de ces différentes classes. La TELLINE differe essentiellement de la CaME, en ce que celle-ci est plus ronde ; elle differe de la Move, par la situation de la charnière , qui , dans cette dernière, est toujours placée plus près d'une extrémité qu’au centre de la coquille ; elles ont en général , à une de leur extrémité , un espèce de plis qui s'élève tant soit peu ; il yena aussi dont un des côtés est cambré : telle est la variété que l’on nomme TELINES ÉPAULÉES. Mais un coup d'œil jetté sur ces coquillages, fera mieux sentir la différence qu’il y a entre ces trois espèces, que la description comparative que nous pourrions en faire. 142 D'E S 1B:I NV oOAUNL V E €. La famille des TELLINES , peu nombreuse et peu variée , se divise en deux genres , qui sont, les T'ELLINES dont les côtés sont égaux , et celles dont les côtés sont inégaux. Les TeLuiNes dépouillées de leur drap marin, nous offrent les nuances du blanc , du violet et du rose, avec l'éclat de l’émail. Les plus recherchées de cette famille, sont : le Bec DE CaNarD , qui est d’un gris cendré, et dont l'intérieur est rempli d'une substance pierreuse ; La LANTERNE, dont une des extrêmités reste ouverte , est papiracée , transparente comme le talc , et fragile comme le verre ; La LANGUE p'oR, qui a la couleur de lambre jaune ; La TELLINE DE LA CHINE, qui à des stries d’une extrême finesse , et dont la robe est couleur de rose ; Le SoLEIL LEVANT, où l’on voit , sur un fond blanc, des lignes aurore, qui, partant du même point de la coquille , s'étendent en divergeant vers sa circonférence, et offrent l’image agréable des Di HS" RUR WA Vis: 143 rayons que l’on voit briller à lhorison au lever ou au coucher du soleil. Les TELLINES parviennent , entrès-peu de tems, au dernier période de leur accroissement , et sont rarement d'un gros volume. | L'animal renfermé dans cette coquille, a un muscle pédiculaire assez semblable à une queue d’anguille ; il s'en sert pour creuser son lit dans le sable, oùla TELLINE vit une partie de l’année. Ce muscle, plein de force , et qui à l’élasticité d’un ressort , lui sert aussi à bondir et à s’élancer du côté où elle veut se diriger ; et c’est par ce moyen que la FELLINE retourne à lamer, lorsque par un coup de vent elle à été jettée sur la plage. Ce muscle lui sert encore à sauter et à s'élever quelquefois au-dessus de la surface de l’eau, où elle paroit, avec la rapidité de l'éclair, à l’œil de l'observateur et du voyageur étonné. Îl est une autre espèce de TELLINE qui voyage terre à terre. Le pied de celle-ci n’a point assez de base pour soutenir sa coquille, ni assez de force pour s’élancer au loin. Mais à l’aide de son pied , l'animal creuse une ornière, dans laquelle il place 144 VE IS. B IV ANMIERS sa coquille sur le tranchant ; il la fait glisser dans cette ornière , qui lui sert de double support; et c’est ainsi que ce coquillage se meut et change de place. Le poisson renfermé dans la TELLINE , y est attaché par deux forts muscles ; il est armé d’une double trompe ; il est hermaphrodite , et se multiplie sans le secours d’un autre ; le même coquillage contient le père et la mère. On trouve des TELLINES dans presque toutes les mers ; mais celles des Indes sont les plus agréables et les plus belles. Les TeLzines sont très-bonnes à manger ; leur chair est même très-délicate. DES k # a d cs CŒURS. 1 LS — R Galien, Del, et Seupo. EME) SO ORUNMEEV I OREMECVE CE Se 145 D'E.5 CŒURS. CiNQUIÈME FAMILLE DES BIVALVES. Lonrsous les deux battans de cette coquille sont joints, elle présente, au moins dans une de ses faces, l’exacte forme d’un cœur, et c’est de cette ressemblance qu’elle a pris son nom. Les valves des Cœurs sont beaucoup plus bom- bées que celles des CamEs , avec lesquelles ils ont quelques rapports. Cette famille se divise en trois genres, qui sont le CŒuR A FORME RONDE, le CŒUR À FORME TRIANGULAIRE, et le CŒUR À FORME RHOMBOÏDE. Avec variété nature les forma, a dit un aimable auteur de ce siècle. Les Cœurs dont nous parlons ont- aussi leurs variétés. On en voit qui sont épineux, striés, ridés, cannelés : il y en a de longs, de solides, de lourds, de légers, de papiracés , de larges , etc. Les plus remar- quables sont le Cœur ÉPINEUX, qui charme par E 146 DES BIiVAL VES l'élégance de sa forme, et se fait craindre par les pointes très-aigues qui couvrent ses cannelures. Cette coquille appelle la comparaison d’une femme qui, séduisante par sa beauté , repousse par ses défauts. Le Cœur rEsANT. Cette coquille épaisse, d’une dureté égale à celle du marbre, est d’un blanc sale et couverte de tubercules; sa charnière est remar- quable par sa ressemblance avec les fines dents d’une lime ; ses battans n'ont presque point de jeu, ce qui fait que ce Cœur s'ouvre très-peu. Le Cœur DE VÉNUS est une coquille papiracée, transparente. et fragile ; elle est dentelée dans ses contours, et légèrement ondulce à sa surface, par des stries parallèles : ces stries partent de deux extrémités de la charnière, et se réunissant sur la même ligne, tracent, par leurs courbures, autant de Cœurs dont la grandeur diminue à mesure qu’elles parviennent au centre de la coquille. L’élégance de sa forme est encore relevée par des points couleur de rose sur une robe d’un blanc d’albâtre. Les battans de cette charmante coquille se joignent à son centre sur une ligne verticale, DE S :BA-VKRIEL VE 53 147 en quoi elle diffère des autres Brvazves , dont les pièces se séparent en sens contraire. L’ARCHE DE No, rangée parmi les Cœurs, donne l'idée d’une barque assez semblable à celle que les peintres nous représentent pour être celle du premier navigateur. L'ouverture qu'on remar- que sur cette coquille, sert à l’animal pour passer un muscle avec lequel il s'attache aux rochers. La CONQUE EXOTIQUE est un cœur bombé pres- que sphérique; il est d’un très-beau blanc, mince, transparent et couvert de larges stries saillantes et creuses , sans communiquer avec l'intérieur de la coquille. Ce coquillage habite ordinairement les retraites obscures que la mer creuse sous les rochers , et ne surnage à la surface de l'onde, que quand l'animal en est entièrement détruit. Voilà sans doute pourquoi on trouve rarement dans les cabinets, les deux battans homogènes de cette belle coquille. La FarTiÈRE ou la T'uILÉE, est couverte d’é- cailles couchées les unes sur les autres. Elle est aux autres coquilles, ce que la Baleine est aux autres poissons. On a vu des FAITIÈRES quiavoient 2 148 BE S (Bi VAL WE S jusqu’à cinq pieds de long sur trois de large, et qui pesoient plus de quatre cents livres. Cette coquille extrêmement épaisse, a la blancheur, la dureté et la pesanteur du marbre. La République de Ve- nise voulant faire à François I”. un présent rare, lui envoya une FAITIÈRE qui a servi de bénitier à Saint-Sulpice. Depuis ce tems, le nom de bénitier a été donné à cette coquille. Le poids de sa maison retient ce coquillage au fondde la mer. La FAITIÈRE reste donc sur les fondemens de l'empire de Mep- tune, retirée dans le sein profondd’une mer immense; elle n’y éprouve point les agitations de la tem- pète; les vents impétueux n’y font point sentir leur souffle cruel. Les plantes marines, telles que l’algue, le fucus et le lithophyte, s'offrent à son appétit, et la vase y produit tout ce qui peut servir àses besoins. Dans cesantres ténébreux, la FAITIÈRE vit en paix; elle y éprouve, au printems, les desirs de l'amour, et y dépose le fruit de sa fécondité. Cette espèce a plusieurs variétés. Le Cœur DE BŒUF est une coquille pesante, épaisse, courte et ramassée; elle est couverte de larges stries longitudinales. Sa chair est bonne et DE S BTMMAEL VE & 149 facile à digérer. Cette coquille, calcinée et réduite en cendres bien fines, a la propriété de nétoyer les dents. Le ConcHA VENERIS, à similitudine pudendi mulierts. Lorsqu'en socicté on fait la lecture d’une jolie pièce de vers intitulée le Cœur, j'ai toujours vu les femmes baisser les yeux, et les hommes sourire. Pour ne point réveiller la malignité d’un sexe, ui blesser la modestie de l’autre, je me bornerai à dire de cette coquille, que ses lèvres couleur de rose , et les petites pointes fines qui en parent les contours. .... ont mérité à ce Cœur le nom de ConoQuE DE VÉNUS. L'amour montre du doist le ConcnA vENERIs. La CRÉOLE, la GOURGANDINE et la VIEILLE RIDÉE, sont des variétés remarquables du Coxcxa VENERIS. Cette famille , dont nous ne citons qu'un petit nombre , offre une grande variété de formes à l'œil du naturaliste observateur. L'animal renfermé dans cette coquille, nous paroît , sous quelques rapports, avoir été mieux 150 D' ES BE V OUT VO ESS traité par la nature, que la plupart des autres testacées. | Deux espèces de trompes, dont les orifices sont garnis de filets, lui sont un double moyen pour pomper l’eau, la rejetter au loin avec force, se défaire des insectes ennemis, et enfin pour saisir tout ce qui peut être nécessaire à son exis- tence. Ce poisson a un muscle pédiculaire qu'il fait sortir du milieu de sa coquille ; ce muscle a la faculté de se cramponer aux corps solides : une membrane triangulaire qui sort en forme de longue queue , de la partie postérieure de la coquille, sert aussi de pied à l’animal; et c’est par l'accord combiné de ces deux muscles, que quelques-uns de ces Cœurs marchent au fond de la mer, nagent au milieu des eaux, et gravissent les rochers les plus escarpés. 2.16. SOLENS. PEIGNES ET 77/2 À. PTE > Del. et Se 6 pe 4 agsiré deg À SERA re S re on RAT 1 ES " P+ pus 3, 1 0 re il Ds . a F4 : » : 2 1 L { È L N D » # NE Ÿ 7 “ { < 1 17 = À \\ à 4 4} . . "tm { { A "4 L; ES MEN # r "a . # 4 k DUT DEA EUR JUN qu d à j LEA S "RrA A Li l ré Nu hetaut RE Mn DNA AT pb He » + È AR à ’ " Ce É . ’ k ; : on 0 #1 de ‘Le, 2; , ge &: WE HT À us ‘ 1 [e » TT £ é À na 3 "ie. Mur ( mnt: F « " &! à Le £ fi » "= y ï 75 Ir " #0 y H : 1} \ A Ci \ We. 1 UE i 3 De. ; MAN ue ‘ TA ZA + à, » 4 Ê Fr L , ï { » à * } s f 4 } . 4 AE ’ h DE SUB ENEPANLUNE 151 DES PEIGNES, PELERENES | ET PETONCLES. SIXIÈME FAMILLE DES BIVALVES. Les premiers nomenclateurs ont donné le nom de PEIGNES à ces coquilles , parce qu'ils ont cru trouver , dans les stries longitudinales qu’elles ont, de la ressemblance avec Îles dents paralleles d’un peigne. L'usage qu’en font les pélerins , les a fait aussi nommer CoQuiLes DE SAINT-JACQUES ou PELERINES. Qui a rencontré ces dévots ambulans, connoïit les Peicnes; ils en font leurs parures; ils en atta- chent à leurs bourdons, en ornent leurs chapeaux, en chargent leurs collerettes, en décorent leurs robes; en un mot, ils en font l’objet de coquetterie de leur piété. Cette mode est passée. Chargé d'un costume bizarre , on ne va plus visiter la terre sainte ; on n’abandonne plus sa patrie, ses amis , sa famille, pour aller à Saint-Jacques de Com- 152 D'E.S BI NW ALES postelle , dans l’espoir d'obtenir du ciel, par sa médiation, un bonheur que les vertus domestiques font trouver chez soi. La famille des Peicxes offre trois genres dif- férens, qui sont : les PEIGNES à deux oreilles : ceux qui n'en ont qu'une, et ceux qui n'en ont point. Ces derniers se désignent plus particulière- ment par le nom de PEroNcLEs. Ces trois genres de coquilles donnent des espèces moins rernar- quables , par la variété de leurs formes , que par celles de leurs couleurs. On en voit cependant quelques-unes qui sont plus ou moins bombées , et d’autres qui sont plus où moins couvertes d’épines ou de tubercules. La Sore des grandes Indes est une de celles que l’on recherche le plus; sa valve supérieure est d’un rouge vif, tandis que sa valve inférieure est d’une blancheur éclatante. Le ManrEau DpucAL est un PEIGNE de la plus grande beauté , par la distribution et la variété de ses couleurs, qui forment des zones ondulées de diverses nuances amaranthes, sur un fond aurore nué de blanc et de rose. Le DE S BOL V AVE S.. 153 Le PEIGNE orangé de la mer caspienne, mérite aussi d'occuper une des premières places dans une collection distinguée. Le corps du poisson renfermé dans le P&iGne , paroït être formé de quatre membranes feuilletées, dont les deux plus fortes sont fixées à chacunes des valves de la coquille. Lorsque cette coquille n’est qu'entr'ouverte, on apperçoit dans son contour , en forme d’aureole , une grande quantité de filets, dont la mi-partie est terminée par de petites bulles assez semblables à autant de perles : ces filets, avec lesquels le coquillage paroït quelquefois s'attacher aux rochers , sont courts et grossiers ; art n’a pu encore en faire aucun usage. Cet animal a la faculté de donner à ses écailles un mouvement semblable à celui du battement des ailes d’un oiseau ; et c’est par ce mouvement sou- tenu, progressif et accéléré, qu'il voyage dans tous les sens au milieu des eaux : mais lorsqu'il est fatigué de ces mouvemens, à la manière des CaMEs et des NERITES, il vogue à la superficie de l'onde; il s’y place sur l’écaille convexe de sa coquille, tandis que l’autre, élevée à angle droit, présente au V 1ÿ4 DRSBANALMES . zéphir une surface suffisante pour la faire naviguer. Dans cette situation , le PEIGNE est quelquefois surpris par un coup de vent, et jetté à sec sur le rivage. Pour regagner la mer , il ouvre ses battans. de toute leur étendue, et les referme avec tant de prestesse , qu'il acquiert une élasticité assez forte pour s'élever à deux pieds de terre, et c’est par ses bonds réitérés, qu'il parvient jusqu’à son élément naturel. Il est amusant de voir les habitans des côtes aller à la poursuite de ce coquillage, qui, ainsi qu'un jeune cabri, échappe, en sautant , aux mains qui veulent le saisir. C’est sans doute encore par le jeu de ses muscles, que le PETONGLE glisse rapidement sur la surface du tranquille fluide. Ainsi qu'un ricocher lancé par un enfant, On le voit sur les eaux passer en bondissanr; Et sans suivre le cours de l'onde fugirive, Aller se reposer sur le bord de la rive. La chair de ce coquillage, plus nourrissante que celle de PHurTRE , est aussi plus délicate. Les Grecs et les Romains croyoient ajouter à la recherche de leurs festins, lorsqu'ils en servoient à leurs convives. DE MN CBINASL VE & 155 DES, SO LE NS: SEPTIÈME FAMILLE DES BIVALVES. on Le SOLEN, le COUTELIER, ou le MANCHE DE COUTEAU, Cette dérnière dénomination donne une juste idée de la figure de cette coquille. Le nom de SOLEN correspond au mot grec qui veut dire canal, et en effet, le CouTELIER a la figure d’une espèce de tuyau ouvert des deux extrémités, ét la forme d’un manche de couteau de table. Il est composé de deux pièces longitudinales réunies dans un point par un ligament à ressort. Cette coquille est couverte d'une pellicule qui contient ces deux battans, et les empêche de se trop ouvrir. Cette famille, aussi pauvre dans ses nuances que peu variée dans sa forme, n'offre qu’un seul genre. Sa couleur uniforme est d’un blanc sale et quel- quefois violacée, Les coquilles les moins communes de cette V 2 156 DES | BR I VU L'VIESR, famille, sont le SaBre HonGrois, dont la forme est un peu recourbée ; il est mince, fragile, trans- parent et d’une nuance lilas; : Le Dorcr, dont l'extrémité est arrondie comme l’ongle humain. Par l’une des ouvertures de cette coquille tubi- que, l’animal fait sortir une tête fort allongée, et l’orifice opposé donne issue à un pédicule mem- braneux qui lui sert à creuser sa niche dans le sable où il se fixe verticalement, et où même il s'enfonce quelquefois tout entier. Le SoLEN étant une bonne nourriture, c’est un motif pour chercher à se le procurer ; mais il paroit difhcile d'atteindre en pleine mer un coquil- lage qui sort rarement du sable dans lequel il se loge. L'industrie est fille du besoin : voici un des moyens qu’on employe pour faire la pêche de ce testacée. On jette, en guise de ligne, un long boyau de mouton dans l'endroit où l’on soupçonne ce coquil- lage. Le Sorex, gourmand de cette nourriture, saisit avec voracité ce qui lui en est offert, et avale précipitamment ce que son estomac peut en con- tenir; alors le pêcheur souffle par l’autre extrémité DTE S *B'T-VEA LV ES. 157 du boyau; le SOLEN se gonfle, son estomac se remplit de vent, il perd ses forces, et sa pesanteur spécifique étant annullée par l'air dont il est rempli, il quitte insensiblement sa niche, échappe au fond de la mer, et venant surnager à la surface de l'onde, il s'offre aux yeux du pêcheur satisfait de sa ruse. Celui-ci lattire à lui avec le bovyau qui, en même tems, lui a servi de ligne, d’ *Pore et d'hamecon. Quelquefois on trouve des SoLENs enfoncés dans le sable de la plage abandonnée par l'effet de la marée. Pour les faire sortir de leur retraite, on les couvre d’une poignée de sel; le coquillage s’agite, se tourmente, et sortant de son trou, devient facile à prendre. Îl est à remarquer que l’eau de la mer est saturée d'acide marin; que le SoLEn s’abreuve de l'eau salée dans laquelle il vit, et qu'il redoute pourtant le sel lorsqu'il est à l’état concret. Ce coquillage est employé utilement contre la maladie de {a pierre. TROIS LÉ ME OL A: SP EN DE SM DL TVA Es ES Ed Dans la troisième classe sont placées les Muzri- VALVES : c’est ainsi que l’on nomme les coquilles qui sont composées de plus de deux pièces, soit adhérentes, soit jointes, soit articulées entre elles, Les MurrivaLves n’offrent point , ainsi que les classes précédentes , une grande variété de formes et de couleurs; mais elles n’en sont pas moins intéressantes , tant par l’organisation que par la manière d'exister de l'animal qu’elles renferment. Cette classe se divise en cinq familles , qui sont: L'OscABRION, Le GLAND DE MER, L'OursiN, Et le PoussE-PIED. La PHo1aDE, | | 4 Les fleuves et les rivières nourrissent dans leur sein des coquilles analogues aux UNIVALVES et aux BivaLves , mais la mer seule recèle des MuLTIVALVES. éx due ds à à | ei OSCABRIONS ET OURSINS. ÆL2 ou LR Gallen,Del.et Seut. DES MULTIVALVES. 159 rome DE L’'OSCABRION, CLOPORTE ou NACGEFEL LE: PREMIÈRE FAMILLE DES MULTIVALVES. L’Oscasrion doit son étymologie à la supers- tition, et à la ressemblance qu'a ce coquillage avec POursin. L'idée populaire en Islande à été pendant long- tems, que celui qui pouvoit avaler la pierre qui résulte de l'OscaBrion desséché, obtenoit l’'accom- plissement de ses souhaits. Oskar signifie vœu , et Biorn ou Brion veut dire Oursix. Le nom de CLOPORTE de mer lui a été donné à cause de la faculté qu'a l’'OscaBrioN de se rouler sur lui-même en forme sphéroidale, et de se cacher tout entier sous sa cuirasse arrondie comme le Cloporte terrestre. Si l’homme n’avoit point construit de bateau, il en trouveroit un modèle parfait dans l’Osca- BRION , lorsqu'il est développé ; aussi lui at-on encore donné , avec raison , Le nom de NACELLeE. 160: DES MU LT LV AR Vies Cette coquille oblongue , a communément un pouce de large sur trois de longueur ; elle est com- posée de huit pièces courbes, longitudinales et de la même forme que les planches qui composent le fond d’une chaloupe. Ces pièces sont contenües par une membrane flexible qui, en les réunissant aux extrémités , borde le contour de la coquille, de sorte que po- sées en recouvrement les unes sur les autres, elles se meuvent comme la queue d’une Écrevisse. Cette coquille évidée et parfaitement ouverte, présente l’exacte forme d’un bateau dans lequel on distingue les membres, les varanges, les bordages , etc, Cette famille, peu variée dans ses couleurs ainsi que dans sa forme, se divise en deux genres, qui sont l’'OscABRION LIssE et l’'OsCABRION VELU; ce dernier est très-rare. Cette coquille n’a qu’une seule couleur, d'un vert plus ou moins foncé à sa surface extérieure, et d’un vert-d’eau dans sa partie intérieure. L'OscaBrioN a comme le Lépas, la faculté de se coller aux rochers. Il choisit, à deux ou trois pieds au-dessous de la surface de l'eau, un empla- cement DES Y MU L T'TNV UE V'ECSÉl rOTr cement caverneux, et le plus qu’il peut hors de la portée des animaux marins; là , il se fixe pendant deux mois de l’année pour y élever sa famille, Sentiment conservateur et précieux de la mater- nité ! qu'il est doux pour l'observateur , de te retrouver dans tous les êtres ! Lorsque léducation du jeune OscaBrioN est faite, que l'enfant coquille a acquis assez de force pour pouvoir seul satisfaire à ses besoins, ainsi que chez les oiseaux, il est abandonné à sa bonne ou mauvaise fortune. L’'OscaBrioN quitte son rocher pour aller vivre en parasite aux dépens des poissons sur lesquels il se colle; mais il s'attache plus particulièrement à la Baleine, et se fixe assez long-tems sur ce rocher vivant, où il trouve amplement à satisfaire son appétit. Ce singulier coquillage a huit nageoires qui lui servent aussi de pieds pour courir sur le rivage où on le surprend quelquefois. Lorsqu'il ne craint ni l’en- nemi ni la tempête, ilsemet sur le dos à la surface de l'onde; c’est-à-dire, que placé sur la partie convexe de sa coquille, elle lui sert de bateau, et il se X RG: DNS) MU L (TIENNE VN ES laisse aller au gré des eaux. Mais veut-il changer de situation , ct atteindre rapidement son périgée, il se roule sur lui-même, forme la sphère, et tombe comme une balle au fond de la mer. | Le corps de l'OscaBrioN n'offre à la loupe de l’anatomiste qu’une matière rouge, transparente et gélatineuse. Quelque tems après la mort de l'animal, cette matière se durcit et donne la pierre dite de Saint-Pierre. C'est, comme je l'ai dit plus haut , cette pierre votale à laquelle certains peuples attachoient tant de vertus surnaturelles. Îl est cepen- dant vrai qu’elle a des propriétés médicales. On s’en sert utilement dans l’épilepsie, dans les affections cardiaques; elle est bonne pour la phthisie et la pleu- résie: en l’avalant, onse garantit du mal de mer; et ce poisson lui-même, en le mangeant vivant, a la faculté d’étancher la soif la plus ardente. Une partie bien digne de fixer l'attention de l'observateur, c’est l'œil de l’Oscagrion. Cet œil est écailleux et immobile. Vu au microscope, il présente un treillis dont chaques compartiments, qui peuvent être au nombre de deux ou trois cents, sont autant d’yeux séparés. DÉBES TE MU ITIEMAARE VNEENSE- pa L’extrême timidité que l’on a remarqué dans cet animal, ne viendroit-elle pas de cette prodi- gieuse quantité d’yeux que lui a donné la nature, en effet, lorsqu'un ennemi se présente à lui, son œil, comme un multipliant , doit lui faire voir une armée. L’œil du Cheval paroit avoir quelque rapport avec celui de POscagrioN ; dans l’œil de lP'OscagrioN les objets se multiplient, dans celui du Cheval ils s’agrandissent , et la conquête que l’homme à faite du Cheval , est peut-être dûe à l’organisation de l’œil de ce superbe animal, puis- qu'il est prouvé par sa conformation , que les objets quiviennent se peindre sur sa rétine, s’augmentent au point de lui présenter un géant dans le foible enfant qui le conduit. Ainsi, pour l’OscaBRION et le Cheval, c’est l'organe visuel qui grossit Le danger ; dans l’homme pusillanime , c’est la peur. L’'OscaBrion est une assez bonne nourriture. Sa découverte est récente; les anciens n’en ont point parlé. EO4) MDMENS À MU LT LV MH :vVAELS DES: OUR SANS, DEUXIÈME FAMILLE DES MULTIVALVES. Ox a donné le nom d'OursiN à ce singulier coquillage, parce que le premier qui fut décou- vert, étoit de l'espèce de ceux qui sont hérissés de pointes noires, qui, par leur longueur et leur finesse, rappellent les poils dont l’ours est couvert. Cette configuration a encore fait donner à l’'Oursin le nom d'HÉRIssON et de CHATAIGNE DE MER ; mais ces dernières dénominations sont peu usitées. Cette coquille ne ressemble point à toutes celles que nous avons décrites. Elle a, en général, la forme plus ou moins régulière d’un petit pain. Elle est composée de plusieurs pièces réunies par des sutures imperceptibles , et couverte d’une prodigieuse quantité de pointes ou d’aspérités. Ces pointes, variées dans leur forme, ont la consistance et la fragilité d’un bâton de cire d'Espagne. Les unes ressemblent aux piquants dont est chargée DAENS Te VE ME ITOMIRILOVSENSS EG l'enveloppe d’une châtaigne; d’autres ont la forme, la finesse et la longueur d’une aiguille à coudre; celles-ci présentent des lames d’épées triangulaires, celles-là des baguettes digitales, etc. Ces nombreuses pointes , mobiles dans leurs charnières , servent de défense, de nageoires et de pieds à l'animal ; elles tombent après sa mort, et laissent à découvert les apophises ou élévations auxquelles elles étoient articulées. L'Oursix est percé d’une quantité prodigieuse de trous; la plus parfaite régularité règne entr'eux. Ces trous, petits comme ceux d’une pointe d’é- pingle, servent de passage à autant de petits filets charnus, semblables aux cornes du Limacon. Ces filets, dont on na pas encore découvert l’usage, n'ont d'action que dans l’eau et se flétrissent dès que l’'Oursin est exposé à l'air. Le nombre de ces ‘trous, ainsi que des pointes solides, sont quelque- fois de douze ou treize cents. Dufay prétend avoir compté jusqu'à trois mille pièces dans un seul OursiN. D’après cela on auroit tort de dire que ce coquillage a usurpé la place qu'il occupe parmi les MurrivaLves. ROC OURS MU AL LCI OR ER On voit ordinairement deux ouvertures dans l'Oursin ; l'une est la bouche de l’animal garnie de cinq ou six dents: ces dents séparées de la coquille, conservent la forme d’une lanterne qu'ona nommée LANTERNE D'ARISTOTE; l’autre ouverture est la porte échapatoire de ses immondices. L'Oursix n’a donc qu’à fermer ces deux ouver- tures, pour faire de son corps un globe épineux, et pour opposer à celui qui veut l'attaquer ou le prendre, une palissade de dards. Cette famille se divise en cinq genres qui sont: 1°. Les Oursins de formes sphériques. 2°. Les Oursins de forme ovales sans échancrure. 3°. Les Oursins de forme ovale avec échancrure 4°. Les Oursins de forme applatie. $°. Les OursiNsà pans irréguliers. La variété des couleurs de cette famille se borne aux nuances du brun , du gris et du violet. Les Ovursins les plus estimés sont, le BOUCLIER, le Gateau, la Rorue, le DiciTé et le T'urBAN MAURE : les piquants de ce dernier sont pyrami- daux, striés et forés. Quelques observateurs prétendent que les Our- sis présagent les tempêtes par leur agitation à la DURS" IMAUPEN ER CIVIL. NE 5 607 surface de l’eau, et que pendant l'orage, ils vont s'attacher avec leurs cornes aux plantes qui se trouvent au fond de la mer. Ils sont ovipares. L'Oursix devient rouge par la cuisson, comme l'Ecrevisse dont il a le goût, et fait aussi une excel- lente nourriture. Sa chair est une substance gélati- neuse, soutenue par quelques muscles. On pêche les Oursins avec une pincette de bois, quand ils sont à une distance peu éloignée de la surface de l'onde; et lorsqu'on les trouve sur les bords de la mer, comme cela arrive souvent, on les ramasse d'une main gantée. : Un homme ayant, par ignorance, mis dans sa bouche un petit OuRSIN avec tous ses piquants, se crut, par amour-propre , obligé de le manger devant les personnes qui le regardoïent. Dans l'ins- tant, comme on le juge bien, il eut la bouche en sang , et le lendemain elle étoit dans un état tel, qu’il fut plus d’un mois sans en pouvoir faire le moindre usage. Le médecin qui lui sauva la vie, ne put y parvenir qu'en le nourrissant, pendant longtems, avec des lavemens de crême de riz. Les Fossiles les plus généralement répandus 168 D ES MU IL T'INV IAE VE eo sur le globe , sont peut-être les Oursins ; on en rencontre partout ; on les trouve pétrifés, silexiés et même agathisés ; les baguettes pétrifiées des Oursins se trouvent également en profusion dans le sein de la terre. Avant que le fer ne fut connu, on se servoit de ces pierres aigues pour armer les flèches, et c’est ce qui à fait donner aux baguettes d'Oursins pétrifiées le nom de Bélemnites ou Pierres de Flèches. Dans les temps les plus reculés, la superstition, dieu de l'ignorance, fit croire que ces mêmes pierres étoient produites par le tonnerre, et le nom Ceé- raunite ou Pierres de Foudre , leur fut donné. Le peuple conserva long-temps cette opinion : les artistesse prévalant du nom de ces pierres et de l’idée que l’on avoit de leur origine , en firent usage en les joignant l’une à l’autre par la base, pour représenter la foudre: et pour indiquer qu'elles sortoient de la région des nues , ils entourerent ce symbole du tonnerre , des feuilles d’une plante aquatique. En Grèce la Bélemnite servit de type aux mon- noies ainsi qu'on peut le voir encore par les mé- dailles d'Apollonie et de Trapezonte. DES ut 4, 6 di SOU 2 HAT NET à V2 LA PHOLADES ET GLANDS DE MER. sis 2, Galhen, Del.et Jeu. = DE SUMIU E TE MW ANS N:E Si | (F60 DES: PH O.L À DES, TROISIÈME FAMILLE DES MULTIVALVESs. Le nom de PHoLADE vient du mot PAélas, qui, en grec, signifie chose cachée. On verra qu’en effet ce coquillage mérite bien ce nom. La PHOLADE est composée de deux grandes val- ves, à la surface ou dans l’intérieur desquelles sont placées deux, trois et même jusqu’à quatre pièces enveloppées et fixées ensemble par différens liga- mens. Ces pièces tombent ordinairement lorsque le poisson perd la vie; elles sont si minces , si fragiles qu’il est difhicile de les conserver avec la coquille; aussi est-il rare de trouver, dans les cabi- nets des amateurs, la PHOLADE munie de toutes ses pièces. Cette famille se divise en trois genres et en quelques variétés qui se distinguent par le nombre, l'inégalité et la forme de leurs pièces. La plus remarquable est la PHOLADE d'Amérique; Y ! +} 1200 DEN Ce LME US LA DV AME: MES elle est plus grande et plus blanche que toutes les autres. Nous avons vu des coquillages vivre dans le sable de la mer, d’autres fixer leur immobile exis- tence sur la surface d’un rocher, se suspendre à des branches d’arbres, ou se cacher dans les plantes marines; fais nous n'en avions point encore vu vivre dans le sein même de la pierre. La PHoiaDe nous en offre l’étonnant exemple. Ce coquillage, qui craint sans doute, autant le grand jour , que les oscillations contrariantes des flots , et la vora- cité des habitans de l'empire de Neptune, pour s’en mettre à l'abri, vit dans un trou qu’il se creuse lui-même. Ce poisson, non content de la coquille dont il est couvert , se fait dans le rocher une niche qui lui sert de berceau, d'habitation et de tombeau. Suivons ce coquillage pour voir comment il peut parvenir à s’introduire dans l'intérieur des Corps les plus solides. FA surface extérieure dela PHOLADE est chargée destries transversales assez semblables à celles d’une lime : c’est avec un des angles de sa coquille qu’elle réussit à entamer le rocher , dont elle à fait choix ! DE 9. 2MOUR ES TR FO NCRAMEU VE 171 pour y établir sa demeure : par le frottement con- tinu, la PHOLADE mine la pierre, use , la creuse et s’y introduit à la profondeur de cinq à six pouces. La PHOLADE a un pied fait en forme de cône, d'un demi pouce de saillie qui sort de la partie posté- ricure de sa coquille. Ce pied lui sert, en lappuyant plus ou moins contre les parois de sa retraite, à se donner le mouvement nécessaire pour en user jour- nellement l’intérieur, augmenter l’étendue de son habitation , et la modeler progressivement à sa taille, à sa grosseur et à sa forme. La terre argilleuse, le bois, la pierre calcaire, les marbres les plus durs, sont les diverses sub- stances que les PHOLADES choisissent, pour y creu- ser leurs habitations; mais toujours à la hauteur du niveau dela mer, car il faut que les flotsy atteignent ; et l’eau s’y introduisant par l’orifice qui a servi à l'animal pour y pénétrer, en balayant la cellule de la PHorADE, lui apporte en même tems la subsi- stance qui lui est nécessaire. Les PHorADESs n'ont, dans leur manière de se loger, aucune position uniforme; les unes sont placées parallèlement à l’horison; d’autres le sont Y2 PRES MOSS ME UT EC EVE AOME LES verticalement. Mais dans leurs travaux , deux PHorADpEs viennent-elles à se croiser, l’une des deux périt dans les combats qu’elles se livrent , comme deux mineurs de parti opposé qui se rencontrent. Un autre cas où la PHOIADE est en danger de périr , c’est quand le froid d’un hiver rigoureux gelle l’eau de la mer , ou lorsque la mer quitte son niveau, et que par sa baisse, laissant la PHozADE à sec, elle l’expose à la bouillante ardeur des rayons du soleil. En brisant la pierre dans laquelle est renfermé ce coquillage, on voit que le trou qui lui à servi à y pénétrer, se prolonge en forme d’entonnoir jusqu’à la loge de la coquille. La variété des nuances, l'éclat des orients, la richesse de la robe, deviennent inutile à celui qui se voue à une éternelle solitude; aussi la PHOLADE laisse-t-elle à l'Ozrve le charme des couleurs et ne dispute point au Burçau le ton resplendissant de sa superbe nacre; une couleur modeste est celle qui lui convient. La PHOLADE est ordinairement d’un brun fauve ou d’un gris blanc, d’une même et seule nuance. DES MQUTICES FMoA EN Er Se 175 Le poisson renfermé dans cette coquille pos- sède une trompe qui se contracte et s’allonge a sa volonté; elle s'étend du fond de sa cellule jusqu'aux bords extérieurs de l'espèce de canal que l'animal a pratiqué pour sy introduire. Tantôt cette trompe recueille les insectes et les particules végétales qui sont propres à alimenter la PHOLADE; tantôt elle lui sert à pomper les sucs marins qui l'environnent; elle lui sert encore à pousser, en forme de jet d’eau, le fluide qui lui est superflu. Si quelqu'animal importun est conduit auprès de sa cellule, et qu'il cherche à y pénétrer, la PHoOLADE à l'instant lance avec violence l’eau de sa trompe contre l'indiscret , et l’éloigne souvent par ce foible moyen. On remarque à l'extrémité de la trompe de la PHOLADE, un second orifice très-petit, qui lui sert à rejetter hors de sa double maison, les immon- dices qu'elle ne peut y garder. Cette singulière organisation donne lieu de penser que ce coquil- lage, en se claquemurant dans la pierre, obéit plutôt à sa prédestination qu’il ne cède à son goût pour la retraite. FAR D EST MU LATE M AUDI" ES Qui croiroit qu'un être aussi solitaire, ayant aussi peu de moyens de nuire, eut des ennemis à redouter? Le fait est pourtant certain. Maloré sa vie retirée, la PHocaDe a dans la Puce et le Sco- lopendre de cruels persécuteurs. Ce dernier est un serpent de mer à mille pattes, long de huit à dix pouces, dont le contact seul cause, comme l’ortie, des démangeaisons et des ampoules. Cet animal, que rien ne peut rassasier, s'introduit facilement dans la loge de la PHOLADE, qui, n'ayant nulle arme et nul moyen de retraite, ne peut ni fuir, ni se défendre ; le venimeux serpent la pique, la suce ct la dévore. Mais si la PHOLADE échappe à la recherche de ces cruels ennemis, elle vit long- tems dans sa solitude; ses occupations se bornent à creuser son sarcophage, et ses plaisirs a multiplier son espèce. La vocation que la jeune PHOLADE montre, dès sa naissance, pour l'isolation singulière à laquelle elle est appellée, indique assez qu’elle est herma- phrodite; elle n’a pas besoin d'une autre pour tra- vailler à sa postérité. Ce coquillage nous rappelle l’ingénieux système de l’androgyne de Platon; ce DIE 8 AM WI NM AL VIEIS do sont deux ames sous la même enveloppe; le même individu renferme en même tems un ménage tout entier, qui vit dans une parfaite égalité, et qui ne connoît ni l’inconstance ni la jalousie. La PHOLADE se perpétue par une espèce de frai qu’elle lance hors de sa cellule; le coquillage se forme en très-peu de tems. Son premier besoin, comme sa première action, est de percer la pierre qui doit lui servir d’éternelle demeure. La DATTE DE MER ou le Dai, a été mis dans la classe des Moures; mais la troisième pièce que je lui ai trouvée, l'ayant vu vivant, et son usage de s’introduire dans les pierres ou le bois, ainsi que la PHOLADE, m'ont déterminé, avec un très- petit nombre de naturalistes, à le ranger dans cette famille, dont sans doute il fait une variété. Le Daiz que j'ai trouvé dans le port de Toulon, creuse son habitation dans une pierre calcaire noire, qui a la dureté du marbre. Quelques auteurs ont prétendu que les PHora- DES, au lieu de creuser leur niche, se trouvoient prises et renfermées dans la pierre, par la pétrif- cation du terrein. 126: DE LS (M U'L TANT AM WE) Je puis attester un fait qui prouve d’une manière concluante l'erreur de cette opinion, et ce fait est confirmé par une foule de voyageurs. À Pouzzole, sur la côte de Baya, près de Na- ples, on admire les restes du temple de Serapis, dont trois colonnes du porche sont encore sur pied. Les matières qui y ont été employées, et la sculpture qui en reste, prouvent assez que ce temple étoit de la plus grande magnificence. En l’examinant, ainsi que tout ce qui l'entoure, on est étonné des révolutions qu'a éprouvé le sol de ce pays. Il est prouvé que ce monument à été pen- dant un laps de tems considérable, couvert des eaux de la mer, qui, par un autre effet de la nature, s’est retirée à près d'une demie lieue de-là, et par ce mouvement rétrograde , a laissé à sec les ruines du temple et tout le terrein environnant. Les trois colonnes qui restent de ce monument, ont cinquante pieds d'élévation, et sont d'un seul morceau de marbre chipolin; ces colonnes, quel- ques fragmens des chapiteaux et quelques portions de l’entablement renversés sur le terrein, sont per- cés de trous faits par les PHOLADES, et dans ces cavités , DS) MU ITIL VOAUL VE 0 177 cavités, on en voit encore à la profondeur de quatre à cinq pouces, qui sont dans leur entier. On ne croira pas, sans doute, que ces marbresaient été employés dans un état de molesse ou avec ces perforations. Il est donc évident que c’est pendant le tems que les eaux de la mer couvroient les monumens de Pouzzole , que les PHOLADES ont creusé leurs demeures dans ces marbres antiques, dont la dureté approche de celle du granite. À l'appui de cette preuve, je puis apporter mes expériences faites à Toulon sur les PHoraAprs. Après en avoir pris plusieurs toutes vivantes en bri- sant la pierre qui les contenoit, je les jettai sur différens terreins, dans lesquels je les vis peu detems après, les unes se cacher dans la bourbe, les autres s’enfoncer dans la terre, d’autres enfin cherchoient à se faire un asyle en creusant une terre argilleuse solide , sur laquelle je les avois placées. On se tromperoit en croyant que cet animal, qui se réfugie dans l’intérieur même des pierres, soit condamné à vivre dans une éternelle obscurité ; la nature lui à donné une propriété phosphorique Z 178, DES MU L TILIV AL V ES | qui éclaire la cellule dans laquelle il est renfermé. Toute la partie charnue de la PHoLADE est lumi- neuse, et le fluide que l’on en retire par la macé- ration , l’est autant que le meilleur phosphore. Un linge qui en est imbibé, acquiert cette vertu qu’il perd en se desséchant; mais on la lui rend en l’humectant avec de l’eau de mer. Pour la pêche de ce poisson, la ligne, les filets et le rateau deviennent inutiles. Il suiht, pour s’en emparer, d'avoir un bon marteau avec lequel on brise la pierre qui contient ce coquillage. La retraite de la PHOLADE est indiquée par un petit trou qu'on voit à la surface de la pierre qui la renferme, et la nuit elle est décélée par le point lumineux qui brille à l'entrée de son habitation. Ce poisson est délicat, et il a toujours été recher- ché des gourmets. Aristote cite comme les meil- leures, les PaoraADEs d'Héraclée, et Polybe vante celles qu'on trouvoit à Iliberis. | DOS MUQU/L TLIN AËL VE S ‘470 DES GLANDS DE MER. QUATRIÈME FAMILLE DES MULTIVALVES. Le Granp DE MER doit sa dénomination à la res- semblance qu'a cette coquille avec l'enveloppe d’un gland de chëne. _ Cette famille nous offre peu de variétés et ne nous présente que deux genres, qui sont le GLAND DE MER APPLATI, ou de la petite espèce, et le GLAND DE MER ÉLEVÉ, ou de la grande espèce. La forme du GLAND DE MER de la petite espèce rappelle l'enveloppe du gland de chëne, celle du GLAND DE MER de la grande espèce nous présente la forme d’une tulipe. Ce dernierest composé de douze petales ou pièces triangulaires, dont les unes ont la pointe tournée vers lehaut, tandis que les autres ont les leurs dirigées dans le sens contraire. La forme de calice qu'a cette coquille, jointe à la couleur amaranthe et violette, mêlée de blanc dont elle est ordinairement nuée, lui donne l'apparence ZL2 RO D ELS MU ILE DIN NTI 'R L6 d'une tulipe qui commence à s'ouvrir ; aussi l’a t'on appellé du nom de cette fleur. Le GLAND DE MER pose sur une base applatie; sa partie supérieure est plus ou moins ouverte. | Outre les douze pièces dont la partie extérieure du GLAND DE MER est composée, quatre autres pièces triangulaires placées au milieu de la partie supérieure interne du GLAND , bien emboîtées entr'elles, forment une espèce de cône ou de pyra- mide, qui paroit être une seconde coquille, mais qui n’est autre chose que la bouche et les dents de l'animal. Les GLANDS DE MER vivent en société; ils se grouppent et se fixent en naissant sur les rochers, les madrépores, les litophytes et les coraux ; ils s’attachent souvent sur des coquilles et quelquefois même sur les poissons dont l’écaille leur offre une solidité sufhisante. Fixés sur un point, ils y passent leur vie. De préférence à tout autre objet, ils se rassem- blent et s’attachent aux vaisseaux, quelquefois en si grand nombre, qu’ils en ralentissent la marche; c'est pour cette raison que les Anglais, les premiers DS OMG LOUP IN ANL VE) Ss. "EU observateurs sur ce point, pour remédier à cet inconvénient, ont fait doubler leurs bâtimens en cuivre. Îls avoient remarqué que les GLANDS DE MER, comme les Vermiculaires et autres testacées qui ont les mêmes habitudes, n’ont point de prise sur le métal. Les GianDs DE MER les plus recherchés , sont le TurBan, le GLAND ÉPINEUX, qui est le plus rare, le GLAND sTRIÉ; celui-ci s'attache plusparticu- lièrement sur les coquilles, telles que les Bucarxs, les Huirres et les Lépas. Le GLAND nommé la GRANDE T'ULIPE, quoique des plus agréables à l'œil, est cependant de très-peu de valeur. Le caprice na point encore étendu son pouvoir sur cette TuurE coquille, comme il l’a fait sur la Tulipe fleur . L'animal renfermé dans le GLAND DE MER, mé- rite l’attention de l'observateur. Si ce coquillage ressemble à l'HUITRE par la manière dont il se fixe sur la place qui doit lui servir d’éternelle demeure, ee | * A Harlem, en 1632, l'oignon de la Tulipe nomméele Vice-Roi, fut payé 6000 livres de notre monnoïie ; et cet amour pour les Tulipes fut porté si loin, que les États=Généraux furent obligés , pour l'arrêter , de faire une loi ad hoc. 18 D ERA MODE LOT A BV: il en differe par le moyen que la nature lui a accordé pour s'emparer des objets utiles qui peuvent se trou- ver à sa portée. Ce poisson possède vingt bras qui sortent de la pyramide intérieure dont nous avons parlé; ces bras sont terminés par autant de mains qui res- semblent assez à une espèce de panache. Ces mains s'ouvrent, se ferment, saisissent comme les notres, et servent à l'animal pour ra- masser les particules végétales dont il fait sa nour- riture, ou pour prendre l'insecte imprudent qui s’en approche. Au moment où ce coquillage perd la vie, tous ces filamens se détachent, tombent et se décom- posent. Les GLANDS DE MER, ainsi que les HuITRES et les PHorADEs, sont hermaphrodites. Le corps de ce poisson est cartilagineux, glai- reux; il exhale une mauvaise odeur ; aussi est-il - ! peu estime. TR À. Callen, De Let fcap. POUSSEPIEDS. DÉS MVL MIN ANLIV ES 163 Det POUSSE PRE D: CINQUIÈME FAMILLE DES MULTIVALVES. Lx nom de Pousse-Piep a été donné à cette co- quille, parce qu’on à cru lui trouver de la ressem- blance avec le pouce du pied. Mais il paroit qu’elle a des rapports bien plus directs avec le règne végétal; et sous ce point de vue, cette dernière famille des coquilles mérite toute notre attention. Ainsi qu'une plante, le Pousse-rIED croit, vit et meurt sur la place qui l’a vu naître. Il y est fixé par une racine qui sort d’un pédicule ou d’une tige qui s'élève à la hauteur de six à sept pouces. À sa partie supérieure, il porte une espèce de calice formé par la réunion de dix à douze pièces rassemblées à la manière des pétales ; ces pièces, ces valves ou ces petales présentent assez bien, aux nuances près , la forme d’une fleur : elles s’épanouissent, et l'animal fait sortir du milieu de © Quelques auteurs l'écrivent Poucr-Prsp. 184 DE S/ MAU) LUI TIVURNT Y ES son calice, des filamens semblables à un panache qui doit facilement rappeller aux botanistes les étamines que l’on remarque plus particulièrement dans la plante qu'on nomme Zipericum kalmianum. Ce panache, dont chaque filet qui le compose est garni de poils, ressemble à une main par son mouvement; c'est-à-dire que le poisson a la faculté de l'ouvrir , de la fermer à sa volonté, et qu'il s’en sert habituellement, comme le GLAND DE MER, pour‘ramasser autour de lui les objets qui peuvent servir à sa subsistance. Le pédicule cartilagineux qui porte cette singur- lière coquille, a la faculté de s'étendre et de se raccourcir; il a le mouvement complet de rotation; il est noir et ressemble parfaitement à la peau de chagrin dont il a le grain et la consistance. Les Pousse-PrEDps sont toujours sur les rochers, groupés en forme de bouquets et placés de manière que la marée les couvre et les découvre alternati- vement. Îls sont hermaphrodites et ovipares. Ainsi que certaines plantes, qui, autour d'elles, répan- dent leurs graines, le Pousse-PIED jette ses œufs au bas de son pédicule ; et c’est de la cime de sa tige DIS MU IL TT OV A LE VLENSeL 195 tige qu’il voit s'élever sa petite famille. Plusieurs naturalistes disent qu’il se multiplie aussi par bou- ture. Je n’ai pas été à portée de le vérifier; mais si ce fait est vrai, c’est une’ ressemblance bien remarquable qu'a de plus ce coquillage avec la plante. | Cette famille est divisée en deux genres, qui sont le Pousse-pren dont nous avons parlé, et la CONQUE ANATIFÈRE, qui nous offre deux autres variétés. CoONQUE AXATIFÈRE signifie CONQUE PORTANT CANARD; et voici le motif de cette dénomination. La ConNQuE ANATIFÈRE étant communément placée à peu de distance de la surface de la mer, la Bernache , oiseau marin, profite de la position de cette coquille, pour en détruire l’habitant; elle y place ses œufs , y procéde à l’incubation ou à la couvée. Le tems arrivé, l’œuf éclot et l'oiseau échappe. Toutes les sciences ont eu leur en‘ance, et l'his- toire naturelle a été long-tèms au berceau. Les premiers observateurs ayant vu plusieurs fois un oiseau sortir de la même espèce de coquille, À a 186 DES MU L'T IV AL V ES: crurent que c’étoit le poisson lui-même qui éprou-. voit cette métamorphose, et l'amour du merveil- leux accrédita cetteopinion. Leshommess’attachent plus facilement aux merveilles qu'ils imaginent, qu'a celles dont la nature les entoure, et il est souvent plus aisé d'inventer des phénomènes, qu'il n'est facile d'expliquer ceux qui existent. La ConoQuE ANATIFÈRE ressemble au PoussE- PIED , par un pédicule qui sert de support à la coquille, dont les valves pétaliques le couronnent. Il en diffère par la longueur de sa tige, qui est de huit à neuf pouces; par sa couleur qui est jaunître, et par le nombre des petales de sa coquille, qui n’est que de cinq asix pièces. Ces pièces ont du jeu, et en s’ouvrant, elles laissent sortir un panache ma- nué, absolument semblable à celui du Pousse-PrEp. Cette houpe lui sert de même à ramasser les animal- cules et les parcelles végétales dont il se nourrit. La CoNQUE ARBORESCENTE est une autre inté- ressante variété des Pousse-rreps. Les espèces de branches qu’on voit sortir de différens points de sa tige, lui donnent une plus parfaite ressemblance encore avec l’arbuste. DESSMEEMEVALNES 187 Ainsi que les plantes parasites, les Pousse-r1Eps, et sur-tout les CONQUES ARBORESCENTES, s’attachent aux rochers, sur les litophytes, les coraux, les madrépores et toutes les plantes marines. Le pédicule du Pousse-PIED contient un muci- lage glaireux, qui se hume après avoir été préparé. La chair de ce poisson, qui est naturellement blanche, devient, comme celle de l’Ecrevisse, rouge par la cuisson; son goût rappelle celui de l'Huirre, et, de même, elle est aphrodisiaque. Une nourriture de PoussE-PlED , pendant l'espace de quinze jours, restitue l'appétit à celui qui l'a perdu. Ce dernier coquillage de la dernière famille des coquilles, appelle sans doute tout l'intérêt du natu- raliste, par le rôle qu'il joue dans ce vaste univers. Comment laisser échapper les rapports qui se trouvent entre la plante et ce singulier poisson. Comme elle, il prend racine dans le lieu où il reçoit la naissance; il y vit, il y végète; son corps est un pédicule, sa partie supérieure est un calice formé par la réunion de ses valves ; et la membrane qui en occupe le centre, est, par la ressemblance, un faisceau d’étamines et de pistils. A22 TO D ES AM OU LIT DIV A DIV À à Le Pousse-Prep CONQUE ARBORESCENTE offre donc un chapitre intéressant à la méditation. Ne semble-t-il pas effacer à l'œil de Fobservateur, la ligne de démarcation qui sépare le règne animal du règne végétal? Ne paroit-il point, par des rap- ports similaires, être un des anneaux qui joint l’être animé à la plante? Le règne végétal " nous offre plu- sieurs exemples correspondans. On ne peut contes- ter que le simple contact ne donne du sentiment à la sensitive; et, sous ce rapport, n'est-il pas aisé de se persuader que la sensitive est en quelque sorte la plante animale, comme le Pousse-prep est l’ani- mal plante? 1 Le savant Dicquemarre a trouvé entre l Anémone de mer etle végétal, des ressemblances , bien plus frappantes encore, que toutes celles que nous venons de citer. CONCLUSTON. Js viens de présenter , le plus succinctement qu'il PME ie ., : m'a été possible , les remarques que j'ai faites, le résultat de mes études, et, en quelque sorte, le 4 4 ° 4 . résumé des ouvrages des différens auteurs qui ont écrit sur les coquilles. C’est sur le bord de la mer, dans les anses des : rochers, que j'ai suivi et observé avec constance les coquillages de mer, lorsque le calme et la limpidité de l’eau me l’ont permis. Mon desir a été, en composant cet Ouvrage, de faire passer dans l’ame de mon lecteur, le plaisir que j'ai goûté moi-même en étudiant les testacées, et en ob- servant ce que les animaux renfermés dans les . ? ! 4 . coquilles , m'ont présenté de neuf, de curieux et de surprenant. Sous combien de rapports, en effet, ne sont-ils pas intéressans | En les considérant sous celui de l'agrément ou de la simple curiosité, les coquilles nous offrent 190 GiOUN GE US MON NE: une nombreuse variété de formes, la transparence du crystal , les nuances de toutes les couleurs; elles nous présentent l’image de la plante, la res- semblance de la fleur et l'éclat de son émail. Le tablettier leur doit le charme de ses ornemens, et le luxe une de ses plus riches parures. Si nous les examinons sous le rapport de luti- lité, nous verrons que les coquillages servent à la nourriture de l’homme, qu’ils lui donnent des vête- mens, qu'ils fournissent des cosmétiques conserva- teurs au beau sexe, et des médicamens à l'humanité. Les coquilles ont fourni des instrumens à la musique, des couleurs à la teinture, des ornemens à l'architecture; et le graveur en camées y a trouvé des ressources pour leur facile imitation. Les coquilles, en servant de barrière aux frimats et en laissant pénétrer les rayons de la lumière, ont rendu d'anciens peuples indifférens sur la décou- verte des carreaux de vitres. En remplacant le numéraire, elles ont épargné les sueurs de l'exploitation à quelques habitans des côtes, et leur ont tenu lieu de ces métaux si recherchés , dont la valeur n’est qu'idéale. CON) GE USE ON. 191 Sous le rapport de l'instruction , nous voyons que les coquillages ont donné des lecons au physi- cien , et des exemples au navigateur. Îls ont fourni des traits à l’histoire, des ressources à la fable , et des hochets au fanatisme. Observons-les sous le rapport moral, et nous croirons voir un trait de prudence et de modestie dans le coquillage qui se cache avec les frag- mens des autres coquilles, et qui, sous ces débris étrangers, échappe en même tems au péril et aux regards de l’envie. Un autre semble nous offrir le tableau du senti- ment précieux de l'amitié. [l se voue à celui qu'il a adopté; il devient son appui, son guide, son conseil; il l’avertit du danger et partage avec lui sa bonne ou sa mauvaise fortune. L'esprit de justice paroit être le caractère de celui qui ne montre l’aspérité de ses dards, qu’à l’être qui veut lui nuire. Un autre, plus doux, se contente de se dérober à la poursuite de son ennemi, à la faveur du nuage dont il s’enveloppe. Un autre, par la ruse et l'adresse, arrache de sa 192 GO UN: GC: Li US FAO UN. demeure , le poisson qui nen ouvre les portes qu'avec réserve. Tel, en se creusant une retraite dans le rocher le plus dur, nous prouve qu'avec dela persévérance, le foible réussit dans une entreprise qui, d'abord, paroissoit impossible. Quelques-uns rassemblés en nombreuse société, semblent n’étre forts que de leur union. On croiroit que d'autres ont voulu placer sous nos yeux le tableau de l'amour maternel , qui met son bonheur à passer sa vie dans un même lieu, entouré de sa nombreuse famille. Enfin, il est facile à l'observateur de voir que ces animaux connoissent la mesure de leur force ; que les effets des desirs amoureux leur font tout entreprendre pour parvenir à leur but ; et que le sentiment de la jalousie ranime leur courage pour combattre un rival dangereux. On est étonné sans doute, on est frappé d’admi- ration, en découvrant dans le peuple coquiller, une partie des passions et des sentimens qui remplissent et honorent le cœur de l’homme. Fan TX DB LE Des Matières contenues dans ce Volume. AUXWPFEMMES 2. ue NERO NE: oo. RATE «. page j DE L'HISTOIRE NATURELLE EN GÉNÉRAL:...:. ï DES COQUILLAGES EN GÉNÉRAL-.............. s ADN ee RQ LS RSI tee eee 19 PRE M ILE RE LG LE ASSISHE RON EP ALES. dei En ne eh Un eue 21 mule LArAs edit ds. Lt. 26 IT-. Farnille, OREILLES DE MER--:-..:-.+........ 3 IIT-. Famille, TUY AUX DE MER, VERMISSEAUX , VERMICULAIRES ou VERS DE MER:---.+-...... 36 D Pme UN AU LILES ee oil ve tee AIG De ae 43 V'. Famille, LIMAÇONS 4 BOUCHE RONDE::-.--.. 49 VT:. Famille, LIMAÇONS A BOUCHE DEMI-RONDE:- 4 VII:. Famille, LIMAÇONS 4 BOUCHE PLATE:----.. 58 VIII. Famille |, CORNETS ou VOLUTES:-.:.:........ 64 LA Tamil ODIP ES 2 ee à ae 0 ee cuite eee FN ES X°. Famille , ROCHERS ou MUREX:.--::.......... 71 XT-. Famille | TONNES ou CONQUES SPHÉRIQUES--:. 74 B b 194 T'ÉB L'E. XII: Famille, PORCELAINES ELU SRE TI SES 78 XIII. Famille BUCCINS er. ee Me Et 84 XIV®. Famille, POURPRES-....: RAC AE Retard 89 NP Pan PR RE NCA NE PAS ART D'EU XAIEM'E:CL A:SISrE DES DIPALPES. 20 UT NS PANIER 10 LE Famille | HOITRES à Sa dec US SERRE FAP JF Farille SICHMES AN D DL NAS 18370 III Famille, MOULES-.erre.oesesseessesosve sue 129 IV. Famille |, TELLINESe..s.s.essssse too + 141 PV, Famille, CŒURS--.... de sac etie Pare TRS 145 VT.. Famille, PEIGNES , PELERINES et PETONCLES:+ 161 VII. Famille, SOLENS ou MANCHES DE COUTEAU: 165$ TR OL SI"E ME) CEA SES DÉS MULIIVALPES SLA à = Vêtu v 2 A8 NN 158 I". Famille, OSC ABRIONS, CLOPORTES ou N'ACELLES. 169 IT: Famille. OURSINS = 12 1 vai vo tee 154 II. Famille { PHOLADESe paies aie « CRIER 169 : IV°, Famille, GLANDS DE MER--eeeese.svereneee 179 V*, Famille, POUSSE-PIEDS:.-... serrer + 183 CONCEUSION Ne er nee e UN NS 189 Fin de la Table, NOMS Des Coquilles représentées dans les Planches de cet Ouvrage. Nota. Pour éviter les trop longs détails dans cet Ouvrage , qui n'est qu'un abrégé , plutôt fait pour inspirer le goût de l’étude des Coquillages , que pour en donner une entière connoissance , on a cité dans le texte celles qui sont les plus remarquables ; et pour donner une idée plus étendue de leur nombreuse variété , on a cru devoir en faire graver quelques-unes, dont on n’a point . parlé, quoiqu'elles méritent d’être connues par le rang qu’elles tiennent dans les Cabinets. Les personnes qui voudront approfondir cette partie intéressante de l'Histoire Naturelle, y parviendront facilement en étudiant les savans Ouvrages que préparent dans ce moment de célèbres Naturalistes. On a préféré, comme plus facile pour les Femmes , la dénomination Française à la nomenclature Grecque , Latine, etc. UIN'ENVT A LME .S. P'LCA CN CHE: NI ES <: F1G. 1. Le grand Cabochon , ou le Bonnet de Dragon. 2. Le Rubis radié, ou le Grenatin, avec son animal. 3. La Corne d’abondance, 4. L'Entonnoir, s- Le Dazan, ou le Trou de Serrure radié, 6. Le Bateau. 7. L’Astrolépas, ou l'Étoile de Vénus. 8. Le Tuilé , ou le Lépas écaillé. 9. Le Succiné, ou L’Ambre jaune. Bb 2 196 & N OMS PLU No OR ENT LES DE (NT FR Fic. x. L'Oreille de mer de la Chine , ou l’Oreille d’Ane. 2. 3. 4. s- L'Oreille de mer raboteuse , dans laquelle on voit quelques petites perles. L'Oreille striée d'Afrique, avec son animal développé. L'Oreille de Vénus, ou le Sigaret. L'Oreille de mer feuilletée. Pa es Tone PA vx 3e Ven NET SISTER F1G. 1. Le Pain de Bougie. FIG. 2e 3 4 S 6 7 nr + er Le Vermet, ou le Serpenteau , avec son animal. L’Animal du Vermisseau représenté Fig. 6. Les Tuyaux d'Orgue, ou le Tubipore musical pourpré. La Dentale, ou la Défense d’'Eléphant. L'Ombrical, ou les Boyaux de Poisson. L'Arrosoir, ou le Pinceau. Pie a AIN AUOT LL ES . Le Nautile chambré. L’Animal habitant le Nautile papiracé. Coupe centrale du Nautile chambré. Coupe longitudinale du Nautile chambré. Le Nautile papiracé à pointes. L’Argonaute , ou le Nautile papiracé , avec l'animal tel qu'on le voit voguer sur les ondes. Nota. Plusieurs célèbres Naturalistes , rels que Richard et La Marck, assurent , contre l'opinion des anciens , que l'Animal représenté sous les numéros 2 et 6 de cette planche , est une espèce de Sèche ; que la Sèche ne forme point la coquille que l’on nomme le Nautile papiracé , et qu’elle n’en est que le locataire. Ce sentiment , à la vérité, s'accorde avec la description que ei DES COQUILLES, etc. 197 Swammerdam donne des différentes espèces de Sèche. Quoi qu'il en soit, l'admiration de l'observateur ne doit rien perdre à ces différentes opinions ; et peut-être est-il plus surprenant encore de voir un animal s'emparer d'une coquille, qui ese absolument étrangère à son espèce , pour la faire servir à son usage particulier. 7. Coupe longitudinale du Nautile papiracé. 8. Le Nautile vitré. Nota. On n’en connoît que trois en Europe , dont le plus beau est au Cabinet d'Histoire Naturelle de Paris. Pr. $. Les Trois FAMILLESs Des LiMAçoNs. F1G. 1. La Quenotte , avec son opercule, | 2. La Fripière, 3. Le Cadran. 4 La Natice à zigzag, avec son animal. s. La Toupie , ou la Nilotique. 6. La Veuve, ou la Pie. 7: L'Éperon solaire. 8. La Maçonne. 9. Le Dauphin. Pr 6 1,C ORNE sou VOL: 0 TES. F1G. 1. Le Gloria Maris , ou la Gloire de la Mer. - 2. Le Millepoint à zones. 3. La Peau de Chagrin. 4. La Fausse Flamboyante avec son animal. s. Le Janus fascié. 6. La Couronne Impériale. 7. Coupe longitudinale d’un Corner. PET TOE RIVES. F1G. 1. L'Ondoyante , ou la Ceinture. 2. La Lettrée, ou l’Olive à caractères. 198 J Nr & Frc. A . % bb © © NN A 7 +R NOMS La Pyramidale. . L'Olive de Panama, avec son animal. . La Queue de Paon. .. La Moire. LA . L’Ecriture Chinoise. Pit ROCHER S, 00 MUBrx La Céramique , ou l’Aigrette cornue. . La Capitale, avec son animal. L’Aïle d’Ange. . L’Araignée , ou la Chiragre. . La Musique. . La petite Aîlée Tuberculeuse. . Le Millepied ,. dans son moyen âge. . Le Casque tricoté. . La Racine de Brione , avant la formation de ses doïgts. Nota. C'est la même Coquille que celle représentée sous le numéro 4. Paie T'onNnNE si; jou :0 6 No ue FIG..1: LA . La Couronne marbrée d'Ethiopie. La Harpe à côtes serrées , ou le Manteau de Sainte-James. . Le Melon, ou la T'onne mouchetée. . L’Yet du Sénégal, avec son animal. . La Lycorne. . La Tasse de Neptune. . La Muscade , ou l'Ampoule, Pix. : To. 400 RC TEANTX LA Ti Pie L’Argus. . La Cyprée Mauricienne , ou la Tête de Serpent , de l'Isle de France. NN -R FrG:'1. SIENS FIG. 1. un HR b Does) :GO'OMGIMMENLLE s , ect, 199 . La petite Tigresse. . Le Pou , avec son animal. . La Monnoie de Guinée. . La Navette. . La Carte géographique. Pet pr 1 0 € Cr NS. Le Buccin ondé, renfermant un Bernard l’'Hermite. . Coupe longitudinale d’un Buccin. . Le Plomb, ou la Poire mouchetée. . Le Fuseau à côtes, avec son animal. . Le Fuseau de la Chine. . La Grimace d'Amérique. . Le Fuseau brun. PPT TD PO DR DR re . La Massue d'Hercule. . Le Trongule de la Méditerrannée, ou la Pourpre à bandes, avec son animal. . La Massue épineuse , avec son animal. . La Becasse épineuse des grandes Indes. . La Chicorée à crochets. . La Pourpre à crochets. . La Chicorée crèpue à plusieurs rangs. PE Tati NA La Vis de pressoir. . La Scalata. . La Vis lignée. . La Fileuse, avec son animal. . Le Télescope. 200 N OMS 6. Coupe longitudinale d’une Vis. 7. Le Popel, ou le Clocher Chinois. BE V AML'NVMENS: Pom re UE UE CRIE F1G. 1. Le Marteau. 2. Le Rastellum. 3. L'Hirondelle, ou l'Oiseau en z1gzag. 4. La Feuille plissée. Nota. C'est un groupe d'Huitres, attaché à une branche, comme elles s’y fixent quelquefois. 5. La Vitre Chinoise, ou la Micacée. 6. L'Orange épineuse , ou le Spondyle orangé. 7. Une Valve d'Huitre perlière, dans laquelle on voit des perles. PE Ie CA MIE Se F1G. 1. Le Bec de flutte. 2. L'Écriture Chinoise. 3. Le Trictrac. 4 La Clonisse, avec son animal, s- La Flambée. 6. La Ponctuée. 7. La Chione. Pis ac (M Oo VOTE She CUOTIE EL L'iae F1G, 1. Le Coin Radié. 2. Le Tugal, ou la Gousse, avec son animal. 3. Le Soleil levant. 4. Pinna Marina, avec son animal et son byssus, ou sa soie. s, La Moule du Magellan. I°B;5" CS CRO UOTE ST MELCE. ‘SO 6. Le Jambonneau des Indes. 7. L'Opale. Le ns CG ŒUVRE F1G. x. La Conque exotique. | 2. Le Cœurde Bœuf, dont on voit un peu l’animal. 3. La Faitiere, ou le Bénitier. 4. La Boucarde, avecson animal. s. Le Concha Veneris. 6. Le Cœur de Venus. - . Le Cœur à Anses, ou le Cœur épais de la Jamaïque. Pa: 18: Prices ET SOLENS. F1G. 1. Le Manche de Couteau , avec son animal. . La Sole des Grandes Indes. . La Cornaline. . Le grand Pétoncle ouvert , avec son animal. . Le Peigne operculé. 2 3 4 s. La Lime douce. 6 7. Le Couteau Polonois. MOQUE TROY AE V ES: Por ro Os CAR RM OpNIS Er LOTIR ST Ne. F1G. 1. Le Disque violet, ou lOursin à double échancrure. 2. Le Clavigere. 3. Le Turban Papilleux. Nora. C’est l'Oursin du n°. 2, dépourvu de ses baguettes. 4. L'Oscabrion velu, vu par son intérieur. s. Le Soleil, ou le Herisson. 6. Le Cloporte, vu par sa surface extérieure. 202 NOMS DES COQUILLES, ect. 7.. L'Artichaud violet. 8. Le Diadème. 9. Le Spatage granuleux. Pr. 10 PHoLADESs ET GLANDS DE MER. F1G. 1. La grande Pholade à côtes, vue par son extérieur. 2. La Tulipe, groupe de Glands de mer de la grande espèce. 3. La Pholade d'Amérique, vue par sa surface extérieure. 4. Pyramide , ou pièces séparées qui forment la bouche du Gland de mer, avec le panache ou la main de l'animal. Le Pitant, ou le Dail de Provenceavec son animal. . La Tellinifere. . Groupe de Glands de mer re la petite espèce. . Le Dactyle. CON AOL Pr: 21. Po vis ss pie pus: FIG: a . La Conque anatifere isolée, avec son pédicule. . Groupe de Poussepieds. . Un Poussepied isolé, avecson pédicule et son panache. La Conque arborescente unie à un Litophyte. . L’Animal de la Conque anatifere. (on Vs LE a . La Crète de Perroquet, ou la Couronne de Serpent. 7. L’Animal du Poussepied, Fin De L’'Ouvracer.