MASTER

NEGA 71 VE NO. 91-80216

MICROFILMED 1991 COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARffiS/NEW YORK

as part of the Foundations of Western Civilization Préservation Project"

Funded by the NATIONAL ENDOWMENT FOR THE HUMANITIES

Reproductions may not be made without permission from

Columbia University Library

COPYRIGHT STATEMENT

The copyright law of II]. United States - Title 17, United States Code ~ concems the niakiiiL of photocopies or other reproductions of copyrighted iiiat r

Columbia University Library reserves the right to refuse to accein a copy order if, iii its'jLidgeiiieni, fulfiîlinwiii cf the order would involve violation of the cc^pxTiglir law.

\ UT H OR:

BENDER, HERMANN

Ti ri t

... HISTOIRE ABREGEE DE LA LITTERATURE ...

PL A Cl

PARIS

DA TE :

1885

COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARIES PRESERVATION DEPARTMENT

Mas ter Négative #

BIBLIOGRAPHIC MICRQFQRM TARGET

Original Material as Filmed - Existing Bibiiograpliic Record

870.9 B432

Bender, Hermann, 1835-1897.

. . .Histoire abrégée de la littérature romaine par H. Bender. Tr. de l'allemand par J. Vessereau ... Avec une introduction et des notes par F. Plessis... Paris, Klincksieck, 1885.

3 p.l ., XX, 179 p. 3,fold. tables. 17^ cm (Nouvelle collection à usage des classes IX)

I,

Restrictions oi\ Use:

•j.j,70'i

TECHNICAL MICRQFQRM DATA

FILM SIZE:__0^_2Trrv.:i___ REDUCTION RATIO: Jjx_

IMAGE PLACEMENT: lA ÎLX IB IIB

DATE FILMED: ±LJAJ31 INITIALS ^]2^

HLMEDBY: RESEARCH PUBLICATIONS. INC WQQDBRIDGE. CT

n

Association for Information and image lAanagement

1100 Wayne Avenue, Suite 1100 Silver Spring, Maryland 20910

301/587-8202

Centimeter

1 2 3

il liii

Jmil

4 5

liiiiliiiil

iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

7 8

iiliiiiliiiil

9 10

iiiiliiiilinilm

11

Uilll

12 13

iiliiiiliiiiiiiii

14 15 mm

Hiilnii|ii|i'

TTT

T\\\\

T

ITT

I I I I T

I I I

Inches

1.0

M

1.25

tt- Il 2-8

|5.0 = 15.6

2.5

43

«0

3.6 4.0

t A 11

2.2

1.4

2.0

1.8

1.6

MfiNUFnCTURED TO fllIM STnNDflRDS BY RPPLIED IMRGE, INC.

NOUVELLE COLLECWH A L IISACE SES CUSSES

IX

H. BENDER

LITTÉRATURE ROMAINE

TRADUITE PAR J, vESSEREÂU

AVEC INTRODUCTION ET NOTES PAR F. PLESSÎS

PARIS

LIBRAIRIE C. ÎLiraCKSIEtlS

* Il

LIBRARY

î

i-a

■%•/

•i II ih iM'iiiitMiinWiMiiiiilliiàiiwiBliiiii^^ -jj'Tj.'. ".:

^^ ft t,i- - ^4'i«:*ir^V?-&,«?*«S^^:^tâ(S«lîi»^«^«^ ^ rf-f- A.M^^a« «Sw^ «.feA«WwK.«»; .

..a^, «■ iSui*'ïs«i6#w-**¥^

fllSÏOIllK-ABRÉGÉË

DE LA

LITTÉRATURE ROMAINE

-^ '*i~^4.=?'Vi^5î#AîVrX>V*«4d**5i ^t*!"*. -r'iÇJs»W«ff*.K«^«,^«®d,iîS{sSt«i«Mfl!^^ i^ a*- w .^^w JïïwSrTr^^b^

NOUVELLE COLLECTION A L'USAGE DES CLASSES

IX

HISTOIRE ABRÉGÉE

DE LA

LITTÉRATURE ROMAINE

PAR

H. BENDER

Traduite de V allemand par^

J. VESSEREAU

Boursier d'agrégation à la Faculté des Lettres de Poitiers

A,vec MHO intrudKicHi)n et des notes par

I *' *■'

F. PLESSIS

Maître de ronf"rncei tt langue et liatrafue l-tides â ii ^acuité des lettres de Caen.

PARIS LIBRAIRIE G. KLINGKSIEGK

il, RUE DE LILLE, 11 1885

.. -■"■---iMhiilyygiiiiiriH

■^""^"-'•-"""■^

t-WiH^ i ■* "=' ^Jî

«Wwa.»i^ '*".*» 5«A w- ■#-**,■**.% ^vi to*«fisat'jw»fô:&.aïWMaja«^

11.

(S

i

5i

t 'V)

I

^ M.A. CHASSANG

<

INSPF.CTET-R GÉNÉRAL Di: t/i\>;TRTJCTIOX PUBLIQUE

CETTE THADrOTION

^s-fjr4^3

EST RESPECTT^ET^SEMEXT

DÉDIÉE

J. VKSSEREA V

F. PLESSIS

1

'H4

■■,..i:t^^^-.^..,>.J

INTRODUCTION

« Quand on compare les deux peuples classiques, ce qui frappe au premier abord, c'est que les Grecs ont produit beaucoup de littérature avant d'écrire, tandis que les Romains, au contraire, I ont écrit pendant des siècles, mais n'ont com- ' mencé d'avoir des écrivains qu'après quatre ou « t cinq cents ans remplis par des travaux de scribes (1). » Le peuple romain a agi en bon père de famille : il a commencé par s'assurer le néces- saire et l'utile avant de songer au superflu. La situation exposée de la ville, prise entre les Etrusques, les Sabins et les Volsques, l'obligeait à la guerre en faisant d'une série de conquêtes la condition de son indépendance.[ Il fallait vivre,] et dans cette lutte pour l'existence, il n'y avait place à aucun luxe, pas plus au luxe de l'esprit qu'à tout autre ; il fallait fonder la cité, le foyer domestique, se pourvoir soi et ses descendants, et ce serait affaire à ceux-ci d'embellir dans la suite la maison tout d'abord solidement bâtie. En ne s'abandonnant que tard aux goûts litté-

(1) Louis Havet, Leçon d* ouverture du cours d'élo- quence latine au Collège de France^ le 7 décembrel882.

UTTÉRATURE ROMAINE 1

II

raires, le peuple romain prouvait sa sagesse : ii marchait avec méthode à l'empire du monde. Soumis dans la paix à la loi sévère de l'épargne, dans la guerre à la vie pénible des camps, ces soldats laboureurs gagnaient à leurs fils l'aisance et la sécurité qui permettent de se livrer tranquil- ^». lement à de belles occupations. L'éloquence, sans doute, fut maniée dès les premiers temps : mais c'était un instrument politique . L'histoire fit de + bonne heure son apparition ; mais c'est qu'elle apportait, avec l'expérience du passé, des leçons pratiques et directes pour la conduite des affaires. t La poésie n'était pas tout à fait absente : mais elle se manifestait surtout dans les éloges funèbres, genre profondément latin (2), qui, par l'énu- mération un peu sèche des vertus du mort, des honneurs qu'il avait recueillis, se rattachait moins à la production littéraire qu'à l'éducation civique. En revanche, de toutes les spéculations de la pensée, celle que Rome éloigna davantage et ne devait jamais embrasser complètement, ce 4 +1 fut la philosophie, parce que, combattant parfois ou discutant la morale commune, elle constituait

_ ^^ ^ „, __,„ _ ».^

pour les mœurs un danger fort clair à l'œil natu- rellement soupçonneux des vieux Romains.

Prétend-on conclure de que le retard de la culture intellectuelle ait été uniquement le i^ésul-

1

(2) Voy. G. Mauhiâ, Mtnâes morales sur f antiquité,

uotauiit.Dijt p. 3 et suiv.

ni

\

tat d'une sage réflexion, d'un calcul habile, d*une idée préconçue ? On doit à coup sur reconnaître, sans avoir besoin pour cela d'évoquer le souvenir de la Grèce, que le génie latin n'était pas des plus heureusement doués. On a, comme on dit vul- gairement, les déXauts de ses qualités: le sens pra- tique et l'imagination ne s'accordent pas toujours ; la patience, la réflexion, ne favorisent ni la viva- cité, ni l'abondance de la pensée ; l'esprit d'ordre et de discipline, sans s'opposer au développement individuel quant au fond, risque beaucoup de l'arrêter dans l'expression et d'imposer un aspect trop uniforme à des œuvres nées de cer- veaux bien différents. Il n'importe pas moins de rappeler que les conditions^ extérieures furent longtemps un obstacle avec lequel il était sage de compter, et qu'en cela Rome a suivi une marche logique, de sorte que son éclosion litté- raire s'est produite dans le moment et dans les cir- constances les plus convenables pour faire valoir tout son génie. La poésie populaire et spontanée, l'épopée naïve qui berce l'enfance de certains peuples et dont s'enivra la Grèce à la coupe d'Ho- mère, demande des qualités qui sont précisément tout l'opposé des qualités latines ; il est heureux que Rome, en dépit de l'hypothèse de Niebuhr aujourd'hui condamnée, n'ait jamais eu ce genre de poèmes : c'est alors que la comparaison avec la Grèce eût été véritablement écrasante. L'enfance est sérieuse chez ceux qui partent de rien et qui

/■•

y-

_ IV

veulent parvenir à tout ; le travail se charge de l'assombrir, de lui enlever son sourire et son charme naturel ; mais le lalbeur et la réflexion j conviennent à Tàge mùr ; c'est donc dans sa ma- turité qu'une race laborieuse et réfléchie donnera le mieux la mesure de ce qu'elle vaut. Ainsi, la littérature romaine devait gagnera ne se produire que vers une époque déjà avancée, savante, enri- chie par l'expérience et la tradition. •^ On a dit qu'elle est toute d'imitation ; deux opinions contraires se sont traduites par ce même ^ repi'oche. Les uns ont pensé que l'influence hellé-

nique avait fait dévier le génie latin et qu'il avait perdu, dans une abdication servile, sa propre sève et sa verdeur native. Faut-il, en eflet, dé- plorer l'invasion de l'hellénisme dans la prose et surtout dans la poésie romaines, et reprendre à notre compte, en lui donnant un sens dogma- tique et détourné, le vers de Naevius : Obliti 4- nunl Romac loqitier lùigua lalinn ^ Mais d'abord n'oublions pas que les Latins sortaient de la même souche que les Grecs, qu'ils sontfdeux branches Y d'une même famille,; que c|e JauiJ^m^^^^^ par la ' Sicile et la cote méridionale de la péninsule, par Cumes, qui n'était distante que d'une cinquantaine . ^C' lieues, Rome communiqua avec la Grince et de bonne heure connut les poèmes d'Homère (3).

V

{■\) \n\. .1. A. \\\\\\^la Lt'ijcaOc d' i:,ï''e acant Virgile,

V

Puis, si Ton songe que le génie latin n'était ni prompt ni facile, que les ressources de la langue étaient singulièrement pauvres, si l'on reconnaît, malgré quelques fragments remarquables, la médiocrité littéraire des débris du latin archaïque, comment blâmer les Romains d'avoir cherché des maîtres et d'avoir pris les meilleurs, de s'être mis à la plus glorieuse des écoles, et d'avoir recueilli leur part dans l'héritage de la race? Il en est des peuples ainsi que des hommes : celui qui, pour rester lui-même, dédaigne de mettre à profit le travail des générations antérieures, celui-là prétend à une chimère qui est de se créer soi-même de toute pièce, et se prive volontaire- ment de l'avantage d'être venu après d'autres et d'ajouter à ses ressources naturelles le bienfait de leurs acquisitions Le rapprochement avec le dix-septième siècle français a déjà été fait ; il s'impose tout naturellement. Nos classiques n'ont pas agi d'une manière autre que les Romains ; aussi ont-ils encouru, de la part de certains criti- ques, le même reproche. On a blâmé la renaissance et le dix-septième siècle de s'être tournés vers l'antiquité, d'avoir ainsi corrompu le génie national, et l'on a opposé à leur œuvre si belle le prolongement imaginaire de notre triste moyen âge : mais, à prendre la réalité, quelques pages curieuses, quelques vers légers et naïfs sont de- meurés les trop maigres résultats de tant de siècles et d'efl'orts. La lumière nous venait de la Grèce et

'^)

.— -vi

VII

■t

^

do Rome : à Rome, elle vennit d'Athènes, et ce n'est pas seulement pour l'éloquence qu'un romain ^ pouvait dire avec Cicéron : Mnriwe wihi occur- runt^ Ailice, et quasi laccitt Alhenae tune (4).

Une autre opinion très répandue, presque géné- rale, n'en veut pas aux Romains d'avoir imité les Grecs, mais voit dans cette imitation leur seul titre à la gloire et leur dénie, ou peu s'en faut, toute espèce d'originalité. On demanderait volon- tiers à ceux qui partagent ce sentiment pourquoi, si Virgile n'a fait que copier Homère, eux-mêmes le mettent au-dessus d'Apollonius de Rhodes ou de Quintus de Smyrne ; et si Properce n'offre qu'une image de Callimaque, pourquoi préférer le portrait au modèle ? C'est qu'en réalité Rome n'a j- pris à la Grèce que la forme : le fond est demeuré latin. L'a me de la Grèce et l'àmè^Se^ Rome sont bien différentes. < )n concède assez volontiers aux Romains les mérites de l'exactitude, de la ré- flexion, de la gravité ; on leur accorde même un certain avantage dans la prose, dans le style juri-

-j. j^ dique et lapidaire, la} brevïtas i/nperalorïa^: cette concision souveraine, devant laquelle il faut bien par instants bon gré mal gré se soumettre ; mais il y a deux caractères profondément empreints chez eux, et que l'on a moins souvent mis en lu-

/: -f- mière : Tindividualisme et la moralité. La pau- vreté relative de la langue, le sentiment fidèle de

B

M

I I

}

la discipline, le goût de l'équilibre, la timidité dans l'innovation imposaient aux œuvres latines un nombre restreint de procédés de style et de métrique, par conséquent une surface commune, un premier aspect un peu monotone ; mais si l'on pénètre mieux, on admire d'autant plus qu'avec ce peu de ressources les écrivains de Rome aient aussi bien appris à marquer leurs livres d'un ^cachet personnel; soumis à l'obligation d'user ii sans cesse de lieux communs, ils se sont ingéniés 1 » tour à tour à les renouveler, à les rajeunir, de sorte que des auteurs, qui au premier abord sem- blent de la même famille, révèlent au contraire au lecteur attentif des tempéraments fort éloi- gnés les uns des autres. Quoi de plus semblable, à première vue, que la plupart des distiques d'Ovide, de Properce, de Tibulle ou de Lygdamus ? Ce sont les mêmes images, le même vocabulaire, les mômes dispositions de mots, à peu de chose près ; mais dans ce peu de chose chacun a su mettre son empreinte, de sorte qu'un lecteur fa- milier avec l'élégie romaine n'y pourrait être que rarement trompé. On a remarqué (5) que la reli- gion des Romains, se réduisant à peu près au culte et ne se composant guère que de pratiques, r était, sous une apparence d'uniformité, tout à fait personnelle et changeait aisément d'un homme à l'autre ; il est permis d'étendre la môme obser-

+ +

i'i) CicKRoN. lîrutus. 7. 20.

(5) Cf. BoissTER, la Religion romaine^ t. I, p. 218.

VIII

J

vatioii à leur littérature : rarement on s'est trouvé en présence d'une aussi grande diversité de talents et d'idées sous des formes aussi peu

, variables et aussi traditionnelles.

J'ai dit que la moralité est un des traits les plus frappants du caractère latin . Etranger aux vastes conceptions qui cherchent à expliquer l'existence du monde et le problème de la vie, un

' romain ne prendra de la philosophie que ce qui 4- touche directement à la morale quotidienne, so-

; ciale ou individuelle : les systèmes sur la nature des choses n'auront pour lui d'intérêt que s'ils lui < donnent des raisons de choisir entre le plaisir ou la vertu, ou des couleurs pour justifier un choix déjà fait ; il ne verra que cela, mais il concentrera sur ce point toute la force de sa pensée, toute l'industrie de son talent. Nier que le peuple ro- main ait été le plus moral de l'antiquité, en s'ap- puyant sur sa conduite dans la guerre vis-à-vis des autres nations, sur ses violences ou ses per- fidies, ce serait prendre la question par un côté faux. Sans doute, lorsqu'on invente la légende de

"t î!ɧ"l"^ P^"^ ^^^'^^ oublier d'abominlbl'es traite- ments"" commis sur des prisonniers carthaginois, on double une cruauté d'une hypocrisie ; mais faire le mal en sachant que l'on fait mal, c'est être, en même temps que plus coupable, plus éclairé : se défendre d'une mauvaise action par un mensonge, c'est reconnaître et dire à tous qu'une telle action est mauvaise. Le peuple qui a porté si loin et si haut la science du droit, qui a

IX

donné aux vaincus les bienfaits nouveaux de l'ordre et de la sécurité, quia dompté d'immenses pays par la supériorité de son organisation, ce peuple a fondé son empire sur ses mœurs (6), il a moralisé le reste du monde.

Ce qui domine dans l'activité romaine et dans ses diverses manifestations, dans la littérature comme dans la politique, c'est le bon sens ; dis- position plus favorable, il est vrai, à la perfection de la prose qu'à celle de la poésie. Mais il ne faudrait pas faire à la poésie l'injure de la croire inconciliable avec le bon sens ; lorsqu'il s'élève à une certaine hauteur, il peut prendre, lui aussi, un caractère d'idéal. C'est par surtout que la France et Rome se donnent la main : la mesure, la raison, la clarté, leur sont des qualités com- munes ; aussi entrons-nous, comme on l'a dit, de ^ plain-pied dans la littérature latine (7) ; nous nous y trouvons chez nous, nous nous y recon- naissons, «c Nous avons été romains autrefois » (8); c'est à Rome qu'il faut chercher l'origine de notre grande littérature, et en quelque sorte nos pre- miers classiques. Sans doute, on a raison d'étu- dier la Chanson de Roland au point de vue philo-

y/

((>) Moribiis anflquis res stat romana viHsqtie (Ennius).

(7) Sainte-Beuve, Poésies, «'pîtiv :'i M. Patin ; toute la pièce est à lire.

(8) E. Benoist, Oeuvres deVhy/ile, jirande édit., t. III,

ntrod. p. 21.

1*

X

logiqno of d'y reconnaître, an point de vue littéraire, de réelles beautés ; niais la tradition de la poésie fraur-ni^^o, qui rcMnouic^ de Musset à

-- Chéiiier, de Ciiéniur à Racine et à La Fontaine, se rattache bien plutôt à Virgile qu'à l'auteur d'un poème qui nous fait sortir tout à fait de nos habitudes d'esprit. Cela est toUernent vrai, que le moyen âge lui-même ne s'y est pas trompé : il

f s'est tourné d'instinct vers Virgilo, v^rs celui qu'il nommait V enchanteur Qi qui n"a pa. r.ssé de l'être, dans un autre sens. De nos jours surtout, en face d'une activité littéraire d'où naissent des (Buvres remarquables , mais parfois enta- chées d'excès et d'invraisemblance, il est bon de se retourner vers les époques disciplinées et correctes, vers les siècles sobres et modérés, de se retremper de b-mps à autre aux sources calmes. Aussi bien qu'il y a trente ans, on peut dire avec Sainte-Beuve : « Jamais la littérature latine, étudiée dans sa période classique, dans sa nuance d'Auguste, avec ce qu'elle offre de digne, de grave, de précis, de noble et de sensé, n'a été plus nécessaire qu'aujourd'hui. » (9^

Ainsi donc tout -- rmmi pour taire un devoir à l'Université de fortifier les études latines, pour encourager les jeunes gens à y prendre goût, les pères de famille à n'y point soustraire lniuy. <Miiants: la connaissance de la

^\iNTF-lîir\., K/udesur Virgile, p. 107.

langue et de la littérature latines sont nécessaires pour la connaissance sérieuse de la langue et de la littérature françaises ; c'est par elles que nous avons un plus facile accès aux beautés si merveil- leuses, et déjà lointaines, de la civilisation grec- que ; enfin, en négligeant d'apprendre le latin, on se condamne à ignorer des chefs-d'œuvre qui méritent d'être connus pour eux-mêmes ; on laisse dans l'ombre des hommes qui, bien que nourris d'hellénisme, furent doués d'un tel génie qu'ils ne sauraient passerpour de simples imitateurs, Virgile ou Cicéron, d'autres que l'on ne peut guère ratta- cher à un modèle grec. Tacite écrivain de premier ordre, « le plus grand peintre de l'antiquité » , Lii- cainqui nous transmet si bien l'éclat delà majesté romaine. C'est en vain que l'on accuserait l'étude de l'antiquité latine de nuire, en leur dérobant des heures, à des connaissances d'un ordre plus pratique : on a déjà répondu, et il faut le redire, que les sciences physiques, par exemple, ne sont pas davantage indispensables au plus grand nombre (10). On peut vivre, travailler, être un fort honnête homme sang avoir la moindre notion de physiologie ou de botanique ; il n'en est pas moins vrai que des connaissances élémentaires, acquises pendant nos premières années dans l'une et l'autre de ces sciences, nous donnent

10) Voyez là-dossus Patin, Etudes sur la poésie la- Une. I, p. 20 et suiv.

XII

du monde et de nous-inc^me m\e conception plus juste, plus éclairée, une impression d'ensemble qui survitpour toujours à l'oubli des détails; elles contribuent ainsi à Téducation morale, personne ne songe à le contester. Il n'en est pas différem- ment des études de langue et de littérature an- ciennes, à condition, bien entendu, qu'elles reposent sur un fondement solide et ne se dissipent pas en une rhétorique nuageuse : il serait singu- lier que la familiarité, contractée pendant les années de l'enfance avec le génie romain, avec les œuvres du peuple le plus pratique qui ait ja- mais existé, n'eût pas pour ettet de développer

-^ justement pour l'avenir le sens pratique. C'est à quoi doivent réfléchir les parents qui redoutent de voir leurs fils perdre à des travaux d'imagina- tion un temps qui pourrait être plus utilement rempli. S'il ne s'agissait que de former des lati- nistes, bien qu'il y ait un devoir de patriotisme à faire sur ce terrain une figure convenable visa vis de nos voisins, il serait Injuste de sacrifier aux ambitions savantes de quelques-uns les goûts et les besoins du plus grand nombre : mais il y a dans le maintien et la consolidation de l'enseigne- ment classique quelque chose de plus, un intérêt

Xde morale sociale, d'éducation civique, qu'il ne faut pas perdre de vue. L'Allemagne et l'Angle- terre prennent plus que jamais souci de ces études : ce n'est pas à nous, héritiers directs de Rome, qu'il conviendrait de les laisser dépérir ; nous ne

XIII

leur sommes pas seulement redevables de jouis- sances intellectuelles, qui ont aussi leur réalité ; avec l'élévation du goût, nous leur devons pour une bonne part celle des sentiments ; et les tra- ditions de bon sens, de discipline et de travail, qui sont le patrimoine de la race, subiraient par leur affaiblissement une inévitable atteinte.

Nous ne manquons pas en France de travaux éminents sur la littérature latine ; mais nous n'avons pas un manuel qui résume dans un en* semble aussi complet que possible, au point de vue des faits, l'histoire de cette littérature qui donne sur les dates, la biographie, les œuvres de chaque écrivain les résultats acquis jusqu'ànouvel ordre par la science, y ajoutant sur le talent et le rôle de l'auteur une appréciation rapide et con- forme à l'opinion dominante de la bonne critique; ouvrage indispensable cependant, non-seulement aux étudiants de nos facultés, mais aux élèves de nos lycées, ouvrage utile aux gens du monde qui tiennent à se procurer à l'occasion un renseigne- ment exact, aux professeurs eux-mêmes qui ont parfois besoin d'un mémento. Je ne veux pas dire que, l'on doive tenir pour non a\;enus des livres composés avec méthode comme celui de A. Pierron, la verdeur du style ajoute encore à la valeur d'une critique consciencieuse, ou brillamment écrits et faciles à lire comme les deux volumes un peu superficiels de Paul Albert ; mais, en tant que livres de renseignements, ces deux ouvrages

XIV

ne sont plus au courant de la science, ne l'ont môme j.iinnis; été suffisamment, et so tiennent à une trop grande hauteur au-dessus des textes pour ne pas les perdre souvent de vue. Le travail estimable de M. de Caussade serait mieux appro- prié aux besoins du moment, si lauteur ne s'était pour ainsi dire arrcté à mi-chemin dans sa tenta- tive, confondant trop souvent des sources d'une valonr iné^nlo. et restant fort en retard sur un trop t^rand nombre de points. Quant au résumé de R. Lallier, il a été écrit pour une destination spéciale, l'enseignement des jeunes filles : il peut rendre service aux «Hèves des facultés et des lycées, il ne saurait leur suffire. Nous possédons, il est vrai, une traduction de l'Histoire de la litté- rature latine de Teuifel ; mais, d'une part, on a eu le tort de commencer cette traduction sur la troi- sième édition allemande, déjà un peu ancienne, dans le moment inrine M. Schwabe préparait la quatrième, qui a paru depuis; d'autre part, ce grand ouvrage elt'raie les étudiants, qui ne savent pas toujours s'en bi^n servir, et n'est pas accessible à toutes les bourses.

Dans ces circonstances, il m'a semblé utile d'offrir au public français une traduction d'un précis déjà traduit en Angletcire et en Italie ; l'auteur de ce petit livre, M. Hermann Bender, professeur à Tubingue, est un écrivain distingué connu par diflerents travaux, entre autres un grand ouvrage de vulgarisation, Rome et la vie

11

,J| iii

I

XV

romaine dans ranlif/idfé, et une Anthologie des poètes Jrfti})s. M. lîendoi'. qui a surtout suivi Teufiel, a apporté dans son travail d'abréviateur des qualités personnelles ; il a légèrement rema- nié le plan de son modèle, et il l'a fort sensément adapté aux exigences d'un livre élémentaire. Les jugements qu'il porte sur les ('crivains latins sont le plus souvent équitables et repré- sentent presque toujours l'opinion généralement répandue : d'ailleurs, on n'est pas forcé de les adopter; je me suis permis sur quelques points d'indiquer en note mon dissentiment. Sur ces questions de critique littéraire, nos étudiants sont suffisamment pourvus : ils ont à leur dispo- sition les livres de MM. Patin, Nisard, Martha, Boissier, E.l^enoist, pour ne nommer que les prin- cipaux ; un candidat à la licence, ou même un bon élève de rhétorique, n'est pas en droit de ne pas les connaître. Ce que leur offrira le précis de M. Bender, c'est un tableau d'ensemble, une série d'indications sur lesquelles ils appuieront le reste de leurs études.

Un de mes anciens élèves, M. Jules Vessereau, boursier d'agrégation à la faculté des lettres de Poitiers , s'est chargé de la traduction ; j'y ai, pour ma part, ajouté des notes qui sont presque toutes bibliographiques. Deux motifs m'ont décidé à leur donner ce caractère : nous avons été trop longtemps habitués en France à nous contenter, surtout pour les auteurs latins, de

XM

maiivnisos éditions classiques ; c'est depuis quel- ques années seulement, sous l'impulsion de M. E. l^enoist, que cet état de choses a cessé ; nos étudiants ne sont pas tous suffisamment avertis de cette utile révolution. En second lieu, c'est avant tout par la lecture constante des textes que l'on connaît une littérature ; c'est en lisant les auteurs eux-mêmes qu'on se forme un jugement personnel et qu'on apprend une langue. On vou- dra bien se reporter à ce que je dis plus haut du but que, mon collaborateur et moi, nous nous sommes proposé en traduisant le manuel de M. Bender, pour comprendre la méthode que j'ai suivie dans le choix des (''ditions : j'ai cité les éditions classiques ; les éditions annotées en fran- çais ou en latin, de préférence ; les éditions étran- gères, allemandes ou anglaises, à leur défaut ou parfois à cot*' d'elles ; les meilleurs textes ; enfin, j'.ii cru bon d'indiquer pour quelques auteurs cer- taines éditions savantes, très célèbres, qu'il faut connaître de nom, quand même on ne sej^ait pas appelé h s'en servir immédiatement (11).

(M) Je u'ni [tas tMiteridii donner aux in<heations biblio- ^ra})lii((iios un caractère d'exclusion : ])arce que je ne iioiiniie pas une édition, U ne s'ensuit pas (pie je pré- tende la condamner; mais, pour conserver à ce livre son caractère sommaire et pi-atifiue, j'ai ne signaler que l<s è.litions les meilleures, surtout les mieux appro- Itrièes aux besoins des étudiants. Je ne rèi)ouds point «Tailleurs de <{uel((ues (tmissions involontaires, inévi- tables dans uti travail de cette nature.

_- Je signale, dés maintenant, deux ouvrages utiles qui, par leur caractère d'anthologie, ne se rattacheraient à aucun auteur spécialement : Etudes litléraires sur les grands classiques la lins, (î. Merlet, Paris, 1884; Anthologie des poètes latUs, H. b'allex, 2 vol.. Paii ;. 1878. '

l

XVII

Tel qu'il est, avec ses imperfections, notre tra- vail nous a paru pouvoir rendre quelques servi- ces, et c'est à ce titre que nous nous sommes per- mis d'en oftVir la dédicace à M. Chassang, un des maîtres qui ont le plus et le mieux contribué au progrès des études classiques dans notre pays.

F. PLESSIS.

Caen^ octobre 1884,

i

l^in tammi. -aigjaiflhiijMHBlii

UgMH

PRÉCIS DE 1/IIISTOIRE

I>E LA

LITTÉRATURE ROMAINE

Avant-Propos

Ce précis de riiistoirr- rie la littérature romaine a siicruiiuiiient jjour but de satis- faire aux besoins des écoles ; il fout donc qu^il renleriiie non-seulement ce que doit savoir un élève de nos gymnases, mais aussi et d'abord, tous les éléments de l'histoire litté- raire qui peuvent trouver place dans l'ensei- gnement classique. Sans prétendre à être complet dans la matière, je crois n'avoir omis rien (Kessentiel au but que je viens (Findiquer. Je inc suis ('1îoîT(' (]o donner une exposition brève et sonimairr, mais en même temps aussi claire et aussi précise que possible.

Quant à la disposition de l'ouvrage, j'ai suivi en principe, dans chaque période, la division des genres ; cependant, je n'ai pas

XIX

cru devoir me placer toujours à ce point de vue, à regard de certains poètes ou prosa- teurs, qui ont écrit dans des genres diffé- rents; j'ai placé tout ce qui les concerne dans la division consacrée au genre ils se sont le plus distingués, comme Cicéron dans VÉloqiience, Je pense qu'on voudra bien excuser cette inconséquence, qui m'a d'ailleurs permis de présenter ces écrivains dans un tableau ayant de la suite et de l'unité.

On n'exigera pas d'un professeur qui compose un ouvrage comme celui-ci, qu'il ait fait des recherches spéciales dans chaque brandie ; il suffit qu'il ait une connaissance exacte de la littérature en elle-même (et non simplement de la littérature scolaire), et qu'il fasse preuvee de jugement person- nel. Je crois avoir satisfait à ces conditions indispensables.

Les tables qui accompagnent l'ouvrage reproduisent tous les noms cités dans le texte.

Pour la composition du livre, je dois beaucoup à mon vénéré maître, le D' Teuffel, professeur à l'Université de cette ville ; outre les renseignements nombreux que j'ai puisés

^a^^^Ui^à'^S^^Su^i^Êi^û

XX

dans son Histoire de la Littérature romaine, il u bien voulu in^iider Jui^rnèmo de ses conseils avec hx phis grande bienveillance; je lui en exia-iine ici mes plus vifs remer- ments.

Tubingue, avril 1810,

H. BENDER.

i

LITTÉRATURE ROMAINE

§1

La littérature romaine ne s'éleva que tard à une

véritable hauteur : ce fut seulement du jour Rome

entra en relations suivies avec la Grèce et reçut

d'elle une riche et puissante inspiration. Le caractère

romain n'était guère favorable au développement des

lettres. Il manquait précisément des qualités que

demande la production littéraire et surtout la poésie

et, par lesquelles se dislingue le génie ,uTec : iinagina-

I tion fertile et créatrice, sens de la forme et sentiment i

f instinctif du beau, tendance vers l'idéal et libre épa- ^

j nouissement de l'individualité. Les qualités qui cons- '

tituent le caractère romain étaient toutes du domaine ! pratique : sens exact, rètlexion calme, tempérament ' viril et grave, mais par suite sans jeunesse, applica- tion laborieuse , tendance marquée vers le réel , alliance de l'intérêt individuel et de l'intérêt général subordination rigoureuse du particulier à lEtat. Les * occupations littéraires des Grecs n'étaient aux yeux des Romains qu'un amusement frivole, une sorte d'oisiveté occupée, et même Votium des Romains, du moins dans les temps les plus anciens, représentait une activité plus réelle que l'insouciant oiium des Grecs ou que la zoXu7rpay(xocuvy] enjouée des Athéniens. Aussi les Romains n'eurent pendant longtemps que du f dédain et de l'aversion pour tout ce qui était grec, et môme bien aprèi que ]es> classes supérieures eurent

■.:,jg,fa||9 ■;>-;■

\

•4

coumieiicé à so laisser pénétrer par les éléments de la civilisation grecque, eUes durent dissimuler ^es sympathies qui demeuraient impopulaires, et montrer une confiance, souvent affectée, dans leur propre supé- riorité. Par suite de son exactitude minutieuse en tout ce qui regarde les devoirs envers la famille et envers l'Etat, le Romain n'avait ni le goût ni le temps nécessaires pour des occupations purement littéraires; aussi pendant cinq siècles ne vit-on paraître en littéra- ture que des œuvres qui ne pouvaient prétendre à une forme artistique, comme les farces populaires, ou qui servaient à un but essentiellement pratique, comme les chants du culte, les chroniques, simple accumulation de faits, les recueils de textes juridiques. C'est également pour cette raison que chez les Romains, contrairement à ce qui arrive chez la plu- , part des autres peuples, la prose, qui peut s'en tenir simplement aux faits, se trouva prête pour l'usage classique avant la poésie dans laquelle la beauté de la forme est un point capital. Dans l'épo- pée héroïque, en particulier, laquelle caractérise le début et la période la plus brillante de la poésie grecque, il n'y eut point à Rome de production origi- nale; c'est que les Romains, dépourvus d'imagi- nation, n'avaient pas une mythologie riche en figures et en légendes ; dans leur religion, l'idée l'emportait sur l'image. Trouvant chez eux un fonds si peu favorable, Ja littérature avait besoin, pour prendre son élan, , d'une vigoureuije impulsion du dehors ; aussi la poésie ^ artistique à P.omo obéit surtout à l'inlluence de la Grèce. C'est également au grec que la prose romaine emprunta sa forme littéraire, même dans les genres qui, comme l'éloquence, paraissent essentiellement

romains par leur nature et par leur origine. Mais le triomphe de l'élément grec ne s'accomplit entièrement et sans résistance qu'aux sixième et septième siècles de Rome ; c'est pourquoi toutes les productions htté- raires antérieures à cette époque, si originales et si vigoureuses qu'elles soient souvent, sont cependant encore grossières et informes ; elles marquent une tentative, un premier pas vers des œuvres plus artis- tiques et d'une forme plus parfaite.

§2

La langue de l'Italie, comme le grec et le sanscrit, dont elle est sœur, fait partie de la famille des langues indo-germaniques. Elle compte parmi ses dialectes le latin, et parallèlement au latin, l'ombrien et le sabel- lien (osque), qui disparurent peu à peu. L'alphabet latin fut emprunté aux Grecs bien avant la fondation de Rome. Composé à l'origine de 21 lettres, il subit par la suite de nombreuses modifications (1) : ainsi le K disparut et le G fut introduit ; Torlhographe et la prononciation s'altérèrent également : S, par exemple, fut souvent remplacé par R ; l'aspiration des muettes ne commença qu'au temps de Sulla ; le redoublement des consonnes n'était point pratiqué avant Ennius* L'écriture, la prononciation et la grammaire ne furent soumises à des règles bien fixes qu'à l'époque oii la

(1) Voy., ponr l'alphabet latin, G. E.lon, Ecriture et pro^*^ nvnaatwn du latin savant et du latiifpôTmlairef Paris 1882 p. 1-10. ' *

/

-f

■f-

t

4

littérature prit >ou essor, dans le courant du sixième et du septième siècles de la fondation de Rome. Les rela- tions avec les Grecs eurent une grande influence sur le développement de la langue, et chez les Romains même, Ennius faisait époque, comme un de ses créa- teurs, pour avoir introduit l'hexamètre dans la poésie; mais le latin classique ne remplaça définitivement le latin archaïque qu'à l'époque de Cicéron. Le carac- tère de la langue et surtout de l'esprit romain était plus favorable h la prose. Le latin des premiers temps était encore trop peu souple et trop grossier pour être le vêtement llottant et léger qu'il faut à la poésie. D'ail- leurs, la langue latine ne fut jamais douée de ces qualités propres à la langue grecque et qui se prêtaient d'elles- mêmes aux exigences de la muse: légèreté et élégance, liberté et souplesse, harmonie et rythme naturels ; au contraire, la langue des Romains avait pour caractères distinctifs l'expression exacte et précise, la correction logique, la concision syntactique. la pompe et la gra- vité oratoires, et une précision qui allait jusqu'à la lourdeur. Aussi convenait-elle surtout aux besoins de la prose dans le domaine tout pratique de la jurispru- dence, de la législation, de l'éloquence et des annales dont l'unique but était de recueillir les faits. C'est avec Cicéron que la prose brilla à Rome de son plus grand éclat ; quand à la poésie, ce n'est qu'au temps d'Auguste qu'elle acquit le nombre, lélégance et la grâce. L'époque de Cicéron et d'Auguste est donc la véritable époque de la prose et de la poésie clas- siques ; ensuite commence une décadence graduelle de la langue ; la simplicité et le naturel disparaissent peu à peu ; les limites qui séparent la prose et la poésie deviennent de moins en moins distinctes ; la pompe

m

- 5 __

afTectée, la surcharge oratoire prennent le dessus ; la langue littéraire tend à se séparer toujours davantage du parler populaire; l'influence des éléments provin- ciaux se fait sentir de plus en plus : de là, cette déca- dence dont on distingue les ditlerentes périodes sous le nom d'âge d'argent, d'ûge d'airain et d'âge de fer.

§ •>

On peut distino:uer dans la littérature romaine les périodes suivantes :

I. Temps préhistoriques, jusqu'à LiviusAndro- nicus, 2i0av. J.-C.

IL Période arcliaïque, de Liv. Andr. à Cicéron 540-70 av. .T.-C.

III. L'âge d'or, 70 av. J.-C. 11 apr. J.-C.

1. L'époque de Cicéron.

2. L'époque d'Auguste.

IV. L'âge d^argent, 14-120 apr. J.-C.

V. L'époque de la véritable décadence, âge d'airain et âge de fer, de 120 apr. J.-C. jusqu'au sixième siècle.

! 0 V:.

"■ ro

UTTÉUATURE ROMAINE

y

_-, (3

r'IlEMlÈlŒ rElUODE

7

Documents préhistoriques de la littérature romaine (jusqu'en 240 avant J.-G.)

§4

Durant les cinq premiers siècles, les Romains n'eurent ni le temps, ni l'impulsion naturelle, ni la culture intellectuelle qu'il leur eut fallu pour produire une œuvre littéraire importante. Cette période est pour eux une période de combats et de luttes : luttes à l'extérieur pour assurer l'existence de la cité et de l'état, pour imposer et maintenir la suprématie de Rome sur l'Italie ; luttes à l'intérieur pour établir une constitution et fixer les droits civils. Le peuple romain a su se dominer et marcher à pas comptés à l'établissement d'un droit et d'institutions propres et nationales. Sans doute, il ne resta point isolé ; de tout temps, il entretint des relations avec les Grecs dans l'Italie méridionale ; mais non d'une manière continue, recherchée, intellectuelle ; aussi n'en reçut- il pas d'abord cette influence profonde sans laquelle il ne pouvait prétendre à un développement littéraire. La poésie ne consiste qu'en essais informes, sans art, sans inspiration et sans valeur idéale ; elle a pour règle unique de répondre aux besoins tout pratiques des relations sociales, de la tradition historique, des chroniques domestiques, du culte. Il en est de même de la prose qui ne sert qu'à des objets purement pra-

tiques. Il ne parait encore aucun liomme de talent qui impose à la langue et à la littérature des règles et 'des formes , ou qui lui fournisse des sujets d'une nature plus élevée. Le langage de ces temps primitifs était devenu à peu près, sinon entièrement inintelligible à l'époque de Gicéron et d'Horace ; il est pour nous d'un grand intérêt au point de vue de l'histoire de la langue; mais il n'en offre aucun pour l'esthétique Httéraire.

§5

1. LA POÉSIE

D'une poésie épique analogue aux chants homériques de la Grèce, on ne trouve chez les Romains aucune trace; ni alors, ni plus tard, Fesprit latin n'était capable de produire une oeuvre poétique de ce genre. L'hypothèse de Niebuhr sur une épopée populaire qui aurait embrassé les antiques traditions de Rome, sup- pose un génie poétique et surtout une imagination^ . mythologique que n'avaient pas les Romains. Il exis- tait néanmoins une certaine forme rythmique, employée dans tout ce qui n'était pas notice purement statisti(iue ou simple registre : c'était ce qu'on j appelait carmen [casmen, de cano!^ un intermé- i 1 diaire entre la prose et la poésie. On faisait usage pour cecannen du vers appelé versus saturnins qui se présente ordinairement sous la forme suivante ;

-8

Il est surtout caractérisé par sa division en deux moitiés, l'une iamhique, l'autre irochaïque, et par la fixité des temps forts (les temps faibles peuvent être supprimés) ; pour le reste, il ne paraît soumis à au- cune règle (1). Ce rythme était celui des vers_à

t- sujet liistorique que Ton chantait dans les festins (Cic. Tusc. I, 2 IV, 5 Hor. Od. IV, 15. et sqq., etc.) habituellement avec accompagnement de musique ;

-t des chants en l'honneur des morts, ou neniae, dits à l'origine par les parents du défunt et plus tard

+ par des pleureuses à gage, des car mina trium- phalia (ordinairement chants alternés, avec le refrain lo triumphe], et surtout des chants religieux,

^ comme le carmen saliare, chanté par les Saliens dans leurs processions solennelles en Thonneur de Mars, et le cliant des frères arvales, chanté dans la procession que ceux-ci faisaient dans les champs au mois de mai ; ce dernier nous est parvenu en partie grâce à une découverte faite à Rome en 1777. En voici le début :

Kilos, Lase«, jiiwitc !

Ncvc lue rue, Manriar, sins inciirrcrc in pleorcs.

(1) Le vers saturnien était, en réalité, un hexamètre tro- chaï(x«e précédé trune apacrouse, c'est-à-dire d^iine syllabe laible : T, !| ' ^ | ' v^ | ' u |f ' u \ ' yj \ ' kj. On pouvait sup- primer non tous les t* mps faibles, comme parait le croire M. Bender, mais seulement l'avant-dernier temps faible de chaciue héniistiche. f.a coupe se trouvait on général après le temps faillie du troisième pied, quelquefois après le temps fort du môme pied ; dans ce cas. comme dans l'autre, les six temps forts du vers étaient ainsi partagés en trois et trois. Voy., sur cette question, le de Saturnio latinorum versu de v_ L. Ilavet, Paris, 1880.

9

c;-à-d.: Nos, Lares, juvate iiove luom ruom [ ruinam], Maniers, sinas iiicurrere in iduros (1).

On employait encore ce même rythme dans les pres- crjptions rituelles (nous avons un spécimen de ces dernières dans les tabulae Iguvinae CJ), décou- vertes en IMi h Iguvium), dans les oracles, les pré- ceptes météorologiques, les formules magiques, etc. 1! servait également pour les inscriptions lumulaires, comme celle de L. Corn. Gn. F.' Scipio, qui fut con- sul en 51)8 av. J.-C. (cf. Mommsen, H. R. 1^ p. 458) :

Cornolins f jiciiis |i Scipio Tîarbatii^

(iiiaivod patic jtro-natiis || lortis vif sai)i«'iis({uc'

Qiiojiis lorma virtii i| tel parisniiia l'iiit

(ioiis(d (MMisor aidilis i| ([iioi Cuit apud vos,

Tauiasia Cisauria |i Sanniio ccpit

Siilii-iit (nniic Loucatiaiu l! opsidi^squc abdoncit.

Le thé;Ure fut de bonne heure à Rome un diver- ^ tissemenl populaire ; il trouvait un terrain fertile dans le caractère railleur des Italiens et dans leur ta- lent naturel d'observation et d'improvisation. La forme des cliants alternés, comme ceux des Arvales, était déjà une préparation au dialogue scénique ; on y ajouta

(1) Selon M. G. Edon, ce fragment célèbre n'appartiendrait nullement au chant des frères arvales, dont rien ne nous serait parvenu : nous nous trouverions en réalité en présence d'un

^^-Bi 'lemural, destiné à conjurer les Lémures ; M. Edon a <

soutenu savamment cette hypothèse hardie, d'une part dans onS i^"^'*"^^'^ ^^J^"^ ^^^6 Ecriture et prononciation du latin, p. ^93-324, d'autre part dans un livre spécial : Nouvelle étude sur

le chant Lchnural, Paris, 1884. - Pour les Lémures et le culte qui leur était consacré, voy. Les dieux de l'ancienne Rome. Preller, trad. Dietz, p. 342-343.

(2) Michel Bréal, les Tables Euguhines, Paris, 1875.

^iÉuk

««iÉ^lialiiiÉUyaiMMiÉaJlÉlM

10

la musique, la danse et les travestissements, et Ton eut la comédie populaire, comédie composée sans plan et suivant la fantaisie de l'improvisateur, à peu près comme une farce de carnaval. Cette simplicité, encore indépendante des règles scéniques, caractéri- sait les F es ce n ni ni (ainsi nommés de la ville de Fescennium, dans l'Etrurie méridionale, cf. Hor. ep. II, 1, l;î9, sqq.), représentations d'une gaîté dis- solue, pleines de grossières railleries personnelles, et qui, dans les temps postérieurs, plus dt^licats, ne fu- rent plus admises qu^ dans les noces. On retrouve le même caractère de simplicité primitive dans la sV tu r a (soit lanx sattird, plat rempli de fruits de toute espèce cf. Tuttlfrulii, Potpourri ; soit chant, mascarade des sattiri « des gens pleins » (1). Les satu- rae étaient des représentations comiques avec chan- sons, danses et accompagnement de flûte, données à Forigine, par la jeunesse des campagnes, et plus tard, après l'érection d'un théâtre àPiOme(en 361av. J.-C), par des chanteurs et des acteurs de profession, his- triones; aussi bien étaient-elles plus régulières et plus conformes aux exigences de la scène que ne l'étaient les fescennini. Mais lorsque le drame dans les règles de l'art fut étal)li à Borne, la satura ne fut plus em- ployée que comme exodium (petite pièce gaie après la grande).

Telle fut également la destinée des A tell an ae, qui firent leur apparition à Rome vers l'an 210 av. J.-C. Ces fabiilae étaient ainsi nommées de la ville cam- panienne d'Atella, sorte de Schœpenstedt ou de

+

(1) Cette dernière explication est la meilleure : elle a été défendue par Mommsen et par 0. Ribbeck.

11

Sc/u7da latine. On appelait aussi Fatellane ludicrum o^scum. Ressemblant, d'ailleurs, à la satura, elle était caractérisée par certains types invariables : Maccus l'Arlequin, Bucco, le glouton, Pappus, le vieillard toujours dupé, Pantalon, Dossennus, l'adroit coupeur de bourses, le dottore. Déplus, au lieu d'être jouée par des acteurs de profession, FAtellane était représentée par de jeunes Romains masqués ; aus^^i avait-elle un caractère plus noble que la Satura. »

Toutes ces pièces étaient improvisées bien plu- f tôt qu'elles n'étaient rédigées par écrit ; elles n'eu- rent jamais d'importance vérital)lement littéraire, par suite de leur manque de plan et d'unité, de leur jros- f sièreté et de leur rudesse. C'est à l'époque suivante seulement que la sature et l'atellane furent compo-

sées suivant les règles de l'art.

; 4-

§0 2. LA PROSE

La prose écrite ne se développa à Rome que dans le courant du sixième sircle : c'est Caton l'Ancien qui ouvre Fhistoire de la prose littéraire. Tous les monu- ments littéraires des premiers siècles, (sauf quelques exceptions), consistent en inscriptions fort courtes, mentionnant un événement, une loi, une formule reli- , gieuse, etc. ; elles sont, d'ailleurs, très souvent en ~j~ vers saturniens. Le sentiment conservateur des Ro- mains et leur attachement aux traditions les portaient à consigner le souvenir des faits passés dans des mé-

12 -

moires officiels ou privés, tournant, à vrai dire, la plupart au panégyrique, sans scrupule à l'égard de la vérité historique.

Les documents historiques officiels consistaient en plusieurs traités d'une époque très reculée, comme celui de Tarquin-le- Superbe avec Gabies , écrit sur la peau d'un taureau, comme le traité d'alliance avec les Latins, de 498 av. J.-C, gravé sur une colonne d'airain. (Le traité de commerce avec Cartilage, que l'on date communément de 509 avant J.-C, est reporté à la date plus récente de 348, par Mommsen et d'autres). Malgré la haute antiquité de leurs dispositions, on ne saurait faire remonter jus- qu'au temps des rois la rédaction des [eges regiae, coutumes fort anciennes, dont la collection reçut plus 4- tard le nom de jus Panirianum et les commen- tarii regum. qui contenaient, sans doute, des dis- positions et des règlements concernant les fonctions royales. Les magistrats civils avaient aussi leur manuel professionnel dans les commentarii magistra- tuum, dont les plus importants étaient les tab ulae censoriae, tables statistiques des censeurs. Les noms des magistrats étaient consignés dans les libri magistratuum, appelés aussi, quand ces nomsétaient écrits sur toile, libri lintei.

La littérature sacerdotale avait pris plus d'extension que la littérature civile. A ce genre appartenaient : les libri pontificum, qui contenaient le rituel sacré et les préceptes du droit ecclésiastique; les commentarii pontificum, recueils de déci- sions. A côté de ces derniers, on mentionnait égale- ment les libri et les commentarii de dilîérents col- lèges sacerdotaux, comme celui des augures. Les

13 -

^

1

pontifes étaient, en outre, chargés de la tenue des f asti , tableau des jours siégeaient les tribunaux, des jeux et des fêtes dont l'ensemble composait le ca- lendrier ; elle renfermait aussi de courtes notices historiques. On possédait également, sous ce nom de fastes, des listes des consuls (fasti consulares), des triomphes (f. triumphales), des prêtres (f. sacer- dotales). Les annales pontificum, nommées aussi a. maximi, étaient destinées à la publicité; elles consistaient en de courtes notices, gravées sur une table blanche, allnnn, ' que Ton exposait publi- -|- quement, et faisaient ainsi connaître les événements remarquables, et particulièrement les prodiges.Ces annales formèrent plus tard une collection de 80 vo- lumes, et devinrent une des sources principales de l'histoire primitive de Rome, ce qu'elles n'auraient pas être, en réalité, à cause de leur contenu et de leur point de vue trop exclusivement sacerdotal ; d'ail- leurs, les plus anciennes de ces annales avaient été détruites dans l'incendie de Rome par les Gaulois en 390 av. J.-C. Au contraire, c'est probablement au-delà de cette époque que remontent plusieurs chroniques privées, conservées dans les familles nobles depuis les temps les plus reculés. Mais ces chroniques, destinées avant tout à l a glorification des familles, n'étaient pas plus dignes de confiance que les lj.udationes fu- nèbres, éloges funèbres que l'on conservait égale- ment dans les archives de famille, et qui n'ont pas moins contribué à la falsification de Ihistoire romaine. Quant aux lois des XII tables, qu'on appre- nait encore par cœur dans les écoles du temps de Ci- céron, on en possédait au deuxième siècle de notre ère une copie établie après l'incendie de Rome par les

2*

t.-st.jtLx-^. -..-mj- ■ajii&«Latfj.«.ijdm w^-- ..^j.».^

Gaulois. Les l^[s action es servaient à Finterpré- tation des XII tables ; elles étaient, à Forigine, dans la Possession exclusive des patriciens ; mais elles furent publiées, par la suite, en même temps que les Fastes par le scribe Cn. Flavius (304 av. J.-C.) ; dès lors f onlesconmitplutôtsouslenomde jus flavianum. Le premier, et pendant longtemps, le seul Romain qui ait attaché son nom à la prose littéraire, est A p - pius Claudius Caecus, qui fut censeur en 312 ; on possédait encore longtemps après sa mort le dis- cours qu'il avait prononcé devant le Sénat contre Fal- liance avec Pyrrhus (1).

DEUXIÈME PÉRIODE

De Livius Andronious à Gioéron (240-70 av. J.-C.)

§7

Cette période, durant laquelle Rome atteint ^on apogée en politique, est encore, en littérature, une période d'ébauche et de préparation ; les productions nationales n'ont encore ni grâce, ni forme ; la langue e le-meme avait besoin de se soumettre à dos rè-les plus précises; mais l'imitation grecque ne laissait pas assez de place à 1 "indépendance et à la libre inspira-

Le^Vfp?/ Sfï^Plêter ce chapitre, consultez le livre de J. V VmJiiTdf%C^^^ ^'' ''^^^^^^ Paris, Ta4, et

15

tion, et c'est seulement 5 la fm de cette période que la civilisation hellénique pénétra assez profondément chez les Romains, pour les rendre capables de produire des œuvres personnelles de quelque valeur. C'est uniquement sur la httérature grecque que s'appuie la littérature artistique des Romains. L'influence grecque, qui n'avait jamais complètement cessé, devint alors de jour en jour plus générale, plus agissante et plus fé- conde. Les relations de Rome avec les Grecs, d'abord dans Fltahe méridionale, puis, dès la première guerre >|' punique (1), en Sicile ; plus tard enfin , après la deuxième guerre punique, dans la Grèce et en Asie-Mineure, l'activité littéraire d'Ennius à partir de '204, l'enthou- siasme ardent des classes supérieures, et surtout des Scipions pour la nouvelle civilisation, le nombre tou- jours croissant des Grecs à Rome, la connaissance, de plus en plus générale, de la langue et des écrivains grecs, Femploi des poètes grecs dans Fenseignement de la jeunesse, les relations des Romains avec les dif- férents peuples, relations qui s'étendaient sans cesse en même temps que Fempire, toutes ces causes réunies eurent pour résultat d'obhger le caractère te- nace des Romains h s'incliner et à s'effacer devant une civilisation étrangère et supérieure. La résistance des conservateurs, comme Caton l'Ancien, devint un anachronisme, et l'expulsion réitérée des philosophes

(1) Cf. Aul. Gell. N. A. XVII, 21:

Poonico bello secundo Musa pinnnto gradu Intulit se belllcosam in Romnli gentem feram.

« Dans la seconde guerre punique, la Muse s'est rendue, d'un pas rapide, chez le peuple sauvage et belliqueux de Romulus.

(Note de Bender).

- IG -

et des rhéteurs grecs étal)lis à Rome n'eut pas plus de résultat :

('ii;i<'. i;i VA\)\-A iVrmn viclorom copit et nrtos Intulii a^rosti Latio.

(Hor. q)ist. II, 1, 150 sqq.)

Cette marche progressive de rinQuence grecque eut deux résultats : d'une part, il n'y eut que les classes supérieures à se laisser entraîner par le courant des idées nouvelles ; de l'autre, les écrivains qui voulurent persévérer dans les voies nationales, ne purent pas se maintenir à la hauteur de la culture intellectuelle de l'époque, et perdirent les qualités qui les auraient fait bien accueillir de la société cultivée. Ennius, le : poète grécisant, tait époque pour le rythme et pour la langue : en introduisant l'hexamètre et en fixant la quantité des syllabes, il fit disparaître toutes les indé- cisions qui existaient à l'égard de la quantité, de la position, etc., dans le vers saturnien et dans la mé- trique scéiiique : aussi coiitrihua-t-il beaucoup à la formation de la langue liltéraire. En poésie, le théâtre, ou plutôt la comédie, reste encore au premier plan, mais il témoigne de rinfluence prépondérante de l'imi- tation grecque ; à c.'.té se place l'épopée, représentée principalement par Ennius. Dans le domaine de la prose, nous assistons aux débuts, d'ailleurs très hono- rables, de l'éloquence, de l'histoire et de la jurispru- dence. Cependant, malgré les progrès considérables que firent les Romains durant cette période, tout con- serve encore un caractère archaïque qu'on ne goûtait et qu'on ne comprenait plus guère à l'époque clas- sique (cf. Hor., epist. If, 1, 50, sqq.), mais qui re- < trouva de vives sympathies au deuxième siècle de

- 17 -

notre ère. Parmi les poètes de cette époque, Ennius. le patriarche de la poésie, fut le seul qui obtint l'estime des hommes tels que Gicéron. Mais le premier en date de ces poètes est Livius Andronicus.

1. L\ POÉSIE

a] i.r. Tni':.vTnn

La comédie populaire nationale continua bien d'exis- ter, mais en s'elïarant de plus en plus devant le drame grécisant. La sature et l'atellane ne disparurent pas, il est vrai ; mais on ne les joua plus qu'à titre de pièce accessoire (exodium i avec Je drame littéraire; et, à cet effet, on s'y conforma aussi aux règles de l'art. Cette traiiï^tbrmation, accomplie vers la fin de cette période (l)l) av. J.-C), est due à deux poètes que nous ne connaissons pas davantage: No vins et L. Pomponius. Il arriva, comme l'exigeait la nature de ces farces, qu'elles conservèrent un caractère po- P"l^ire, propre à exciter l'hilarité générale, grossier, \ par conséquent, et obscène ; elles gardèrent aussi cer- taines figures invariables et certains thèmes tradi- tionnels (railleries à l'adresse de diverses professions, ; comme celle de foulon, de paysan, de proxénète ; en '

^ outre, excursions du côté de la mythologie).

Le drame grécisant eut beaucoup plus d'importance. C'est d'abord pour Rome un fait significatif que, mal-

I gré de nombreuses productions tliéatrales, malgré !

j l'admission des femmes au spectacle, la gratuité des

i représentations et le grand nombre des spectateurs, il

<^

i

maaâj^ a*âifai*M!8Hf If lahWBBriMwlMi

'— " 18

I n'y eut pas, pendant cette période, de théâtre permtî- + nent et commodément installé ; le premier théâtre de ce genre fut élevé par Pompée en J3(; av. J.-C. ; en outre, la profession d'acteur étant regardée comme déshonorante, il n'y avt/it que les esclaves et les af- franchis qui parussent sur la scène. D'ailleurs, le drame littéraire ne s'adressait qu'à des gens d'un goût encore peu délicat, peu capal)lcs, par conséquent, d'apprécier les sujets sérieux et profonds ; aussi ce fut la comédie «lui prévalut définitivement sous la forme

f delà fabula palliata, ou comédie composée d'a- près des modèles grecs. Ce genre trouvait ses modèles dans la nouvelle comédie attique du troisième et du quatrième siècles, comédie dont les principaux repré- sentants étaient Ménandre, Philémon et Diphile.' L'in-

^ trîgue de ces pièces consistait ordinairement en une

4 histoire d'amour ; les caractères sont, en quelque sorte, stéréotypés ; ce sont des pères, tantôt avares et sévères à l'excès, tantôt indulgents et généreux ; des jeunes gens frivoles ou vertueux; des parasites;^ des courtisanes trompeuses, mais fidèles aux jeunes gens qui les aiment ; des esclaves qui rendent de

J bons offices. Les sujets sont empruntés à la vie journalière, sans idéal élevé, et sans allusion poU-

^ tique ; le fonds est généralement vrai, à la portée de tous, se prêtant à une application facile et d'au- tant plus convenable pour Rome, que les allusions po- -f 4- htiques n'étaient point tolérées sur la scène. Au reste,, bien que la palliata eût un fonds grec, l'élément ro- main, cependant, n^ faisait pas défaut. L'économie de la pièce était entièrement grecque ; il n'y avait pas de chœur ; le texte se divisait en dialogues (diver-

- bium), et en parties chantées avec accompagnement

- 10 ~

de flûtes (c^ntica), le mètre est ordinairement ma- n^ nié avec sm]£[esse, mais il n'est pas fixé définitive- ment. Suivant leur plus ou moins de vivacité, ces pièces se divisaient en fabulae motoriae (surtout chez Plante), statariae et mixtae. Assez fréquem- ment, on arrangeait une pièce latine avec des em- prunts faits à deux ou à plusieurs pièces grecques ; c'est ce qu'on appelait cpntaminare. " ;^

Les principaux représentants de la palliata sont : Livius Andronicus (284^204 av. J.-C), amené dans sa jeunesse comme prisonnier de guerrre à Rome, il fut ajTranchi par un certain Livius (L. Salinator?); il composa des comédies, des tragédies et des poésies épiques (cf., § 9, l'Epopée) ; il fut en même temps acteur ;

Q. Ennius (cf. § 9);

Cn. Naevius, 264-194, natif de Campanie, condamné à Rome à la prison, puis à l'exil, cause de sa hardiesse politique, mort à Utique ; sa première pièce fut représentée en 225. Naevius était un homme d'un talent populaire, actif et audacieux ; il avait cons- cience de sa propre valeur, comme le témoigne l'épi- taphe en vers saturniens, qu'il s'était lui-même com- posée :

hiinoi-talos mortalos [[ si forot fas flore. Fièrent divae Gameiiae || Naeviiiiii })oetam. Itaquo ijostqiiain est orcino || traditus tliesauro, Obliti sunt Homai |l lo([nier linj^ua latiiia.

T. Maccius Plautus (1) joue un rôle beaucoup

(1) C est le vrai nom du poète qu'il n'est plus permis de mettre en doute après les travaux de M. RitschI et les discus- sions récentes qu'a soutenues M. Martin Hertz'. (E. Benoist.t Morceaux choisis de Haute 2' édit. p. XX""cre la notice sur ^lauie). On a longtemps nommé Plaute Marcus Accius : vov. i la réfutation développée de cette erreur dans l'édition du Rudens de E. B«noist, p. 79-82.

-20

plus important. à Sassina, en Ombrie, sorti de la classe inférieure, et réduit à Rome par la pauvreté à des occupations serviles, il travailla comme valet dans une troupe de comédiens, et comme manœuvre dans un moulin ; il écrivait pour gagner sa vie (cf. Hor.

+ épist. IL 1. r/T)! ; il mourut en 184. ToiUes ses pièces

-^ sont des palliatae. Sur KiO environ, qu'on lui attri- buait, le savant Varron n'en considérait comme authentiques que '21, <|ui nous sont toutes conservées, moins une. En voici les noms: Aniphitnw (parodie mvlholo,iTii[iie. ou ["hiiln rhinloniaV. ; Asinaria (la comédie des àiics; , Aululanu (la comédie delà Marmite ; ressemblance avec VA rare de Molière) ; Bacchidcs (les deux Bacchis); Captivi (sans intri- I gue amoureuse, pièce très-morale, et, d'après Lessing,

-fia meilleure qui ail jamais paru sur la scène); CifrcuUo (le Charançon, nom donné au parasite) ; Cachai ! nom [noprei ; Cùtellaria (la Cassette, con- servée en partie); Epidicus (n. pr.) ; Mostella- ria (la comédie du revenant); Menaechmi (n. pr.,

■t pièce imitée par Shakespeare dans sa t Comédie des Erreurs » ) ; Mile^ gloriosus (le soldat fanfaron, imitée par A. Cfryiihius dans son Horrihilicribrifax) ; Mcrcittor : Psciulolus (n. pr.) ; Poenulus (Célèbre par quelques passages en langue punique); Persa ; lludens (le Cable) ; Stichus (n. pr. conservf'H^ on partie) ; Trinummiis (le Trésor) ; TruculciiLus (le Bourru). Les meilleures de ces pièces sont les Bacchides, les Captifs, l'Aululaire, les Méneclmies et le ailles Gloriosus.

Pour caractériser le talent de Plaute, on peut citer son é[>itaphe dont il est l'auteur présumé :

- 21 -

Postquam est mortein aptiis (adeptus) Plautus, comoedia

[luget, Scaona est déserta (ac) deiu risns jocus ludiisqiie

Et nmiK'i'i iiHiunuM-i siniul omnes collaiiiiiiariint.

Plante se distingue par les plaisanteries populaires + qu'il a toujours sous la main, bien appropriées au goût d'un public grossier, par un comique saisissant et naturel, par la vivacité du dialogue, et par une grande habileté dans le nianiement de la langue et du mètre. En revanche, le pjan et l'exposition de'ses pièces ne sont pas toujours irréprochables. Au point de vue prosodique, le vers de Plaute occupe une posi- rtion intermédiaire entre le rythme saturnien et le vers if I grec ; le poète manie les mèti-es avec une liberté qui trahit rinfluence du langage populaire. Plaute fut hau- tement apprécié à l'époque suivante, surtout par Cicéron et par Varron ; il était bien moins goûté par Horace (cf. epist. II, 1, i;o sqq. Art. poét. 270 sqq.) Plusieurs de ses pièces, entre autres les [Çajnifs, furent fréquemment représentées après lui, et ' pendant longtemps étudiées dans les écoles. (Edi- tiens classiques avec commentaire : Trinummiis, Captivi, Menaechmi, par J. Brix, Leipzig, Teubner: Mostellaria, Miles i/loriosas, par F. Lorenz, 13erlin, Weidmann (1).

(1) KdUioiis <Ie Plante: Morceaux dio\s\f> publies avec une préface, une notice sur la vie de Plaute, des remarques sur la prosodie et la métrique, des arguments et des noies en fran- çais, par E. B<3noist, 2e édit. Paris, 1877. Les mêmes 4'

étude sur la mctrique et la prosodie de Plaute par E . Benoist, Paris, 1873.

v«»o, ^w/ i^t. j-^ciiuisi, ^^ euu. x'ans, 10/ /. j^es i morceaux choisis traduits par E. Sommer avec une sur la mctrique et la prosodie de Plaute pa^'E. Benoist, 1873. ^

L'Aululaire, avec 7%otes en français par E. Benoist, 5* ti- rage, Paris, 1878 ; la Cistellaria, notes en latin par le même ^ 18(13 ; le Ruilens, préface et commentaire en français par le même, 18(14.

oo

p. Terentius était un peu plus jeune que Plaute. à Carlhage en l^r», et amené à Rome comme

..-,r.^n

:ivp, il fut affranchi et admis dans la société de Scipion r Africain et de C. Laelius (de là, la tradition 1 qui faisait de ces derniers les auteurs de ses pièces) ; il mourut en 1.7.), durant un vova<?e en Grèce. Il nous reste de Térence six palliatae. imitées pour la plupart t de }klénandre, et «jénéralemeiit conlaminées : An- drid (rAiidricnne) ; Kunuchus (l'Eunuque, pièce honorée d'une récompense de . 8,000 sesterces) ; I fcinitonlimorumenos (1) (le Bourreau de soi-même), Phormio^ Hectfni (la Belle-Mère K Adelphi(Ti V (les Frères, la ineilleure piècedeTérence). Térence . l'ait souvent contraste avec Plaute : Plaute reproduit au naturel le langage du peuple, Térence la conversa- tion d'une société choisie ; Plaute se montre original, son esprit inventif éclate en saillies, Térence a le don de l'adaptation et de l'imitation, il est homme de réflexion et d'étude ; chez l'un, c'est la nature avec sa

+ { -le'

T. Macoi Plauti comoediae, Alfr. Fleckoisen, 2 vol. con- tonant, le V : V Amithitrijon, 1rs Captifs, le Miles gïoriosus, le Rtiff^'mt. Ir Trinummus ; * le 2" : VAsinaria, les liacchides, le l'seudolus et le Stichiis ; le texte seulement.

L.s .•ditions citées par M. Bender sont annotées en alle- mand : il V a des éditions, avec notes en an^îlais par W. W a K n e r , du Trinummus { Cambridge, 1875), de VAululaire (1870), drs Mcnerhmesmi^).

Une vieille édition de Plaute, très célèbre et très utile, est celle do Paré us, U119; de nos jours, grande édition critique de Ritscliirrontinuée après sa mort par ses élève;^. Tra- duction de Nni'î'^t, 4 vol. 2* édition, 1 Si. "j.

(1) D'après iientleyet W. Wagner, il vaut mieux écrire Hauton Timorumeros : en grec exjTiv, avrôv. Cf. Wagn., p. 367 de son édition de Térence.

(2) C'est Adelphoe qu'il faut lire, oe représentant oi;

- 33 -

i

rudesse et ses vivacités, avec une action pleine de

IbouiTonneries, mais qui intéresse toujours, chez l'au- tre un art exquis et étudié, une complète tranquillité. I En général, il manque à Térence virtus ac vis comica (1). il est surtout caractérisé par une diction élégante et soignée, par une allure d'une bienséance continue, par un p]an_méthodi(pe, et par laj3einture correcte des caractères. Ces qualités en firent un auteur favori du moyen-âge, en même temps que la lïToralité de son théâtre le faisait lii^e et représenter fréquemment dans les écoles. V Eunuque était traduit en allemand dès 14(SG ; toutes ses pièces le furent en 1499 (2).

>^

même chez Cicéron, canephoroe.

(1) Allusion à répi{?ramme de César. Mais ce dernier n'a point reproché à Térence de manquer de la « force comique » voici les deux vers :

j Lonibus nLquo utinam scriptis adjuncta forot vis | I Comica ut a(M{iiato viilus pnllcrct honore ! |

On met i)arfois une virgule après comica^ d'où la citation fréquente de l'expression vis comica que César n'a pas voulu employer ; comica porte d'une manière évidente sur virtus. César regrette qu'à la douceur Térence n'ait pas joint la force, parce que la valeur comique de ses pièces y gagnerait .

(2) Editions de Tërence : complète, le texte scidementy D z i a t zk o , Leipz . , 1884 ; avec un commentaire en anglais j W. WagJier, Cambridge, 1809.

L'Andrienne, préface et notes en français par E- Benoist, Paris, 2- édit, 1885.

Les Adelphes, avec introduction et notes en français sous la direction de E. Benoist, par J. Psichari, Paris, 1881 ; avec un commentaire explicatif et critique en français par F. Plessis, Paris, 1884.

Avec des notes en allemand : l'Andrienne et les Adelphes, édit. Spengel, Berlin, 1875 et 1879; le Phormio et les Adel- phes, édit. Dziatzko, Leipzig, 1874 et 1881; Hauton timoru- menos, édit. W. Wagnjer, Berlin, 1872.

L'édition de Rh. KJotz, 2 vol., Leipz., 1838-40. reproduit le commentaire de Do nat; édition critique d'U mp fenbac h, Berlin, 1870. Traductions de Mme Dacier, 3 voL, Amster- dam, 1724. '" "'" '^ "' ■" - ^ ■'■ ' -' -

i

. _ o\

Il y eut encore d'autres auteurs de palliatae : Sta- + tms Gaecilius, du pays des msubres, qui fut amené à R(^me comme prisonnier de guerre, et qui semble devoir se placer, aussi bien par la date que par sa valeur poétique, eiitre Plaute et Térence ; 4- Luscius Lavhiiiis (ou Lanuvinus), rival et ennemi de Térence ; et d'autres. ^ ^ î A (('.tt' de la palliata, qui avait pour elle toutes les ' . préférences, |)arut la comédie iiationale, la fabula togata. Celle-ci avait pour objet de décrire la vie des délasses mlerieures, et surtout l'esprit des petites villes municipales. Comme on n'osait pas faire paraître sur la scène les citoyens de Rome, la pièce se passait ha- bituellement dans une ville du F.atium. Il nous reste i- -^ tort peu de fragments des togatae; les principaux re- présentants de ce genre étaient 1M t i n i u s contempo- rain de Térence, T. Quinctius Atta, mort en 77, et -l- avant tous les autres, L. Afranius qui Hérissait vers l'an 10(1 av. J.-C. (1).

Les tendances précisantes de l'époque dominèrent aussi dans la tragédie ; cependant camme les frais de

4 ^'à représentation étaient plus considérables, et que le

pulilic cherchait avant tout le divertissement et le plaisir, la tragédie fut naturellement moins cultivée que la comédie. D'ailleurs, les auteurs tragiques à ' Home ne trouvèrent pas le vrai ton qui convenait au genre : chez eux, la gravité et le pathétique dégénéraient le plus souvent en lourdeur et en entlure. Leur modèle était ordinaii-ement Euripide. A côté de la tragédie

(1) On trouve les fragments (|iii ont survécu des onivres de Caecilius, de F.uscius Lanuvinus, de Titinius, d'AtIa et d'Afra- nins dans les Comicorumromanorum fnupneniade 0. Ribbeck, LeipzijT, 2'' édit., 1873.

\

i

i

25-

grécisante, le drame national romain, la fabula -4- praetexta qui empruntait ses sujets à l'histoire, ne put parvenir à se faire une place importante.

Dans le domaine de la tragédie, on peut citer : Livius Andronicus, qui prenait le sujet de ses pièces dans la mythologie et particulièrement dans les légendes du cycle troyen ;

Cn. Naevius, qui composa aussi des praetextae ; Q. Ennius. et surtout les deux suivants : M. Pacuvius, à Brundisium en 220, amené à Rome par son oncle Ennius, et mort à Tarenteeni;33; il fut peintre en môme temps que poète et composa 12 tragédies et une prétexte: Pcmbfs (vraisemblable- -j- ment Paul F^mile) ;

L. Accius lAttius), 1)0-94, auteur de tragédies au nombre de 40 environ, et de quehjues prétextes, dont l'une, intitulée Dcciiis, traitait de la mort héroïque de P. Décius Mus le Jeune à Sentinum ; il était fort ap- \ précié par Gicéron, Horace et quelques autres écri- 1 vains qui le qualifiaient de « gravis, ingeniosus, altus poeta » ; Attius composa aussi des Didasralica (Histoire de la poésie grecque et romaine), des Prag- matica (traitant de littérature et d'histoire), et des Annales. De toutes les tragédies et prétextes de cette période, il ne nous est parvenu que des frag- ments (1).

4- +

(1) Voy. ce qui a survécu des œuvres tragiques de Livius Andronicus, de Naevius, d'Ennius, de Pacuvius et d' Accius dans les JVagicorurn romanorum fragmenta de O . Ribbeck, a. Leipzig, 2e édit. 1871. Pour connaître tous ces~ poètes,, l'ancien tbéâtrc latin, tragédie ou comédie, et, d'une manière générale, la poésie primitive des Romains, il est indispen- sable de lire les Etudes sur la poésie latine de Patin 2 vol., Paris, cl spécialement sur la tragédie et Accius, G. Boissier, 1 Le poète Attius, Paris, 1857.

2îJ

/'/ i.iiMii'i.i:

07

Les Romains ne pouvaient avoii- d'épopée liéroïque nationale, analogue à Tépopée homérique des Grecs ; il leur manquait le fonds de légendes indispensable, ainsi que des dieux et des héros réels et vivants ; aussi les poètes épitfuf^s ù Rome durent-ils. à défaut de su- jets mythulugiqucs, recourir aux sjjjets historiques. C'est ainsi (|ue le premier en date, Livius Androni- cus, se contenta de donner une lourde traduction de rOdyssée(l). Cette traduction, qu'on ne pouvait plus lire :i l'époque suivante (bien que, d'après Horace. ei)ist. H, 1, (iî) sqq., elle servît encore de livre d'école àOrbilius), était en vers saturniens. Aulu-Gelle en cite le premier vers, N. A. XVIII, 9 :

Viiuin iiiilii Gamciia 11 insecc vcrsiitum.

Les poètes qui suivirent s'adressèrent décidément et avec succès à l'histoire nationale. L'exemple fut donné par Cn. Naevius qui traita, toujours en vers saturniens, le sujet de la première guerre punique, « luculente, sed minus polite », dit Cicéron (Brut. 19, 75). Cette œuvre, dont nous n'avons plus que des fragments ('2), a été à juste titre assimilée aux Chro-

I (1) Il ne nous reste «lerOdyssée de Livius qu'une quarantaine

-f de vers \)\ns ou inoiDs mutilés. M. L. Havet en a donné une

I édition dans sou livre de ISaturn. latinor. versu, p. 425-430.

Voy. aussi i^gger, laiini scrmoms reiiauiae, Paris, 1843.

p. 110-121.

j_ (2) Une dnquanfaine de vers cn bien mauvais état ; on les trouve dauiTlH même ouvrapc de M. L. Havet, p. 434- 'i37.

Cf. Kgger, ouvr. cité, p. V2i.

r

1

niques rimées du Moyen-Age. Maevius fut bien dé- -h passé par Q. Ennius. en 239, àRudies en Apulie, et amené de Sardaigne à Rome par Caton, Ennius trouva un accueil des plus bienveillants dans les principaux cercles grécisants, et particulièrement dans la société de Scipion l'Africain l'ancien, et de M. Fulvius Nobi- lior Til reçut le titre de citoyen romain et mourut en j69. Outre des comédies, des tragédies et des saturae, il composa des Annales, son œuvre principale, il racontait en 18 livres l'histoire de Pvome depuis sa fon- dation jusqu'au temps il vivait. Pour la métrique, les formes grammaticales, les llexions et la formation des mots, par l'introduction de l'hexamètre à la place du vers saturnien, Tœuvre d'Enmus marque une date importante.

En réalité, son hexamètre était encore bien lourd, comme le suivant, par ex. :

Cive^« RuuKUii tuuc fucti suiit CûUiipani,

OU bien:

lutroducuntur legati Miutui'ueuscs,

(ce qui rappelle le fameux vers du comte de Stolberg :

Eiiieii zwei uiul /wau/.iy- Elleu laiii^eu Scliiffsspeer) ;

le vers d'Ennius péchait souvent contre le goût, par exemple :

0 Tito, tutc, ïati, tibi tanta tyiauiic tulisti,

ou bien il était brutalement construit, cf. latmèsebien connue :

Cere coinuiinuit bruni. (==:: ccrebrum).

Mais on rencontre aussi des passages d'une vigueur et d'une beauté vraiment poétiques ; (cf. les

a»....^... ^■-■.a»...-,^.......-^.^.,..,»^...^..,»»^..-..,,..^..^...»...

28

citations de Gicéroii : de div., I. 20, 40. sq(i. ; 48, ]()7, 10 ; de offic. I. 1*2, :i8). Ennius était un homme d'un talent remarquable ; doué d'une imagination J- vivo et d'une sensibilité profonde, il était plus que tout autre, capable de créer un style et une langue vraiment littéraires. Bien que pendant longtemps les Romains aient considéré son œuvre comme leur plus grand poème épique national, elle n'en remplaçait pas moins l'épopée naïve et populaire par l'épopée ar- I tistique et « grécisante '. Gicéron admirait tout -f particulièrement Ennius, et Quintilien disait de lui (X, 1, 8S) : Ennium sicut sacros vetastate lucos adorc- muSf in ^/>M/n/. (ji-andia cl antiqua rohora jam non iantam Itaouni apcciem quantani religionem (1). Ennius donna aussi une importance nouvelle à la 4. -{ satura, en appliquant ce nom à un recueil de poésies didactiques mêlées, en rj[thmes divers. Le successeur d'Enniuscncegenrefut C. Lucilius, né^en 150 (2) à Suessa Aurunca en Gampanic, d'une famille de cheva- liers, ami de Scipion l'Africain le Jeune ; il mourut en l'an lOèi. Dans ses poésies, aussi variées pour le fond que pour la forme, négligées et sans élégance, mais hardies et spirituelles, Luciiius soumit les mœurs publiques, et ses conlcmporainsJ en lesjwiïimant^ar

(1) Editions «rEnninM : conipjète, Ennianae poesis reliquiae, J. Vahlen, liCipz., 1854 ; —'fragments, chez Egger, oiivr. cité, p. 137, sqq. ; O. lliblicck, iragicor. fraym.f p. 15-75.

(2) Date très contestable : Lucilius a naître en 180, comme l'a démontré L. M Ciller (dans son édition p. :;i89, et dans son petit livre sur la vie et les œuvres de Lucilius p. 8 suiv.) ; saint Jérôme, qui donne la date de 150, a été trompé par la similitude «l*^ noms des consuls de cette année avec ceux de l'annoe 1«U.

- 29

^ leur nom, à une critique mordante ; il donna ainsi h \ la satura le caractère qu'on attacha depuis au nom de satire, celui d'une critique en vers ; ce genre de satire atteignit sa perfection avec Horace (1).

t

10

2. LA PROSE.

La libre volonté et les nécessités de la vie réglèrent à celte époque l'emploi de la prose écrite ou parlée, devant le Sénat et devant le peuple, pour les orateurs, les jurisconsultes, les historiens et les érudits; toute- fois, cette prose ne fut jamais bien remarquable au point de vue du style. Aussi les prosateurs antérieurs à Cicéron, dont la liste se continue sans interruption depuis Caton, et que nous ne connaissons que bien im- parfaitement par suite du nombre relativement restreint -f des fragments qui nous en sont parvenus, passaient déjà au temps de Gicéron, pour grossiers, surannés, et f à peine intelligibles. Cette prose archaïque offre de f l'analogie avec la prose allemande antérieure à la Réforme.

,^- 11

aj l'histoire

L'histoire ne consista pendant longtemps qu'en de simples annales, sèche énumération chronologique

Patin, Etudes sur la poésie latine II, p. 336-400; Berger et 4, Cucbeval, ouvr. cité II, 179 sqq. ; L. Millier, Lebcn und Werke des Gaius Lucilius, Leipz. 1876.

tlTTÉRATUJŒ HO.MAIMK 3

30

f +

■«f»

-H

des événements de chaque année, qui correspon- dait îi peu près à ce qu'était lajogographie grecque ayant Hérodote. Les chroniques étaient le plus sou- vent comp"bsées par des hommes faisant de la pohtique active, ou tout au moins s'y trouvant intéressés. Les premiers annaUstes, jusqu'au temps des Gracques, n'étaient satis doute pas fidèles en tout point à la vérité, mais par suite de leur naïve ignorance de la cri- tique, ils sont plus dignes de confiance que les anna- listes postérieurs ; ceux-ci, en eifet, en dépit ou peut- être par suite des progrès successifs de la forme et du métier, ne craignirent pas de dénaturer sciemment l'histoire au profit de l'état, de certaines familles ou de certains personnages, et se laissèrent souvent inspirer par l'esprit de parti. La plupart de ces an- nales n'étaient au fond que des au^tqbiographies. Les plus anciens annalistes écrivaient en grec, sans doute à cause de l'indigence de la lan^^ue latine. C'est ainsi que Q. Fabius Pictor , le même qui fut envoyé en 216 consulter l'oracle de Delphes, composa, après la deuxième guerre punique, une histoire romaine qui allait depuis Enée jusqu'à l'époque vivait l'auteur; celte histoire fut une source très utile pour les écri- vains postérieurs, particulièrement pour ï. Live.

On ne sait si les annales latines qui portaient son nom étaient une rédaction latine (due à lui-même ou à quelque autre écrivain) de ces mêmes Annales grec- ques, ou si c'était une œuvre entièrement différente. C'est également en grec qu'écrivirent L. Cincius Alimentus, jeune contemporain de Fabius, et un peu plus tard G. Acilius Glabr|o et A. Postu- mius Albin us.

Le premier des romains qui ait écrit en latin et +• + fondé_véritablement la prose latine, est M. Porc iu s

t

-1.

4

9

- 31

CMP, à Tusculum en 234, consul en 195, censeur en 184 (d'où le surnom de cemorius), et mortent49 ; Caton est le dernier type caractéristique du vieil e'sprit r^"^^!"- Indépendamment de l'activité qu'il déploya comme homme politique et comme soldat, Caionfutun écnvamjécgnd et universel, et le plus ancien prosateur qui pût encore se lire par la suite (cf. Cicér. Brut. 18 , 69; ; bien plus, et rien ne saurait mieux caractériser la puissance envahissante de la civilisa- tion grecque, malgré ses tendances antihelléniques, il consentit sur ses vieux jours à apprendre le grec. Il composa une œuvre historique en se^pt livres, à laquelle il donna le titre de Origines (les origines), parce que les trois premiers livres racontaient les commencements de Rome et son existence sous les rois, ainsi que l'origine des villes italiques, sans doute à propos de leur soumission à la domination romaine ; le quatrième livre traitait de la première guerre punique; le cinquième, de la seconde; le sixième et le septième, des guerres suivantes jusqu'en 149.. L'exposition, quoique animée par des connaissances et de curieuses remarques géog raphiques et mythologi- ques, était saris méthode et sans style; en même temps, très partiale à l'égard de la noÎ3Ïesse. On y trouvait une nouveauté : des discours intercalés dans le récit, entre autres, ceux de Caton lui-même. Comme sources, Caton utilisa les légendes et les traditions de l'ancienne Rome, ses souvenirs personnels et probablement aussi les chroniques des villes italiques. L'œuvre était fort estimée à Tépoque suivante ; Cicéron (Tusc. IV, 2, 3) qu^Me Caton delgravissimtis auctor.\l[ ne reste de + son ouvrage que qudquesfragprients, Caton com- posa aussi un recueil de bons motk (àTcofpeeyiAaTa) ;

^ -f-

•f

■t

'T

t + -1-

^^ O-v ^^

4 plus tuid on recueillit de même les siens, qui sont ordinairement spirituels et piquants. (Sur Caton ora- teur, voy. § 12; agronome, ):i 18.)

A ces anciens annalistes, qui racontaient, sur la foi de l'opinion vulgaire et dans une langue archaïque, la légende et l'histoire depuis Enée jusqu'à leur propre époque, il convient de rattacher Cas s lus Hemma,

» contemporain de Caton ;L.Calpurnius Piso Fru- jri, censeur en 150 ; G. SeiTipronius Tudita-

nus, consul en 159. La seconde génération des annalistes commence -f- avec L. Gaelius Antipater, qui écrivit en 120 une \ histoire de la deuxième guerre punique, dans un style 1 un peu plus correct et plus oratoire. Comme auteurs d'autobiographies, ou d'histoires cojitemporaines, on f cite entre autres P. Rutilius Rufus, consul en 105, banni de Rome comme^îiristocrate, et qui mourut en 77, en Asie ; à la ibis juriste et philosophe distingué, Rufus était un homme du plus noble caractère; f Q. Lutatius Catulus, consul en 102, mort en 87 ; -t Sempronius Asellio, qui visait au récit exact des faits et qui s'occupait surtout de l'histoire intérieure de Rome; le dictateur L. Cornélius -I- Sulla, auteur de mémoires inspirés par l'esprit de parti et composés dans un but de glorification per- -t sonnelle ; L. Cornélius Sisenna, 110-67, qui écrivit une histoire de la guerre des Marses et de ! Sulla, et que Cicéron préférait à tous ses prédécesseurs, j malgré son style prétentieux et ses tendances archaï- ques. D'un autre côté, plusieurs contemporains de Sulla écrivirent des histoires d'une étendue plus consi- dérable et qui allaient jusqu'à leur propre époque ; tels sont : Claudius Qua^drigarius, dont l'ou-

1

h

vrage (en 23 livres, au moins) commençait à l'incendie de Rome par les Gaulois ; Vînerius Antias, dont l'histoire remontait aux temps les plus anciens ; il était fameux par ses exagérations mensongères, surtout dans la donnée des nombres, exagérations peu à peu reconnues que T. Live a souvent citées; il eut | par une influence nuisible sur la véracité des écri- l"^"^ vains postérieurs ; C. Licinius Macer, mort f en 06 ; il remontait également à la plus haute antiquité et il écrivait à un point de vue démocratique; il se distingnait surtout par le soin qu'il prenait de recourir aux documents; Tite-Live retira beaucoup i. de profit de son œuvre. 1

§ 12

bj L'ÉLOorrNCE (1)

L'éloquence trouvait à Rome des éléments favora- bles dans les dispositions naturelles et dans le caraç- Jère des Romains, dans leur esprit prati({ue, dans leur tendance à la précision, au pathétique, à l'eflet ; de plus, l'habitude de traiter librement et en public toutes les questions de la vie politique fit jouer de bonne heure à Fart oratoire un rùle important ; une certaine facilité de parole était indispensable à quiconque voulait se rendre populaire ou se lancer dans la carrière politique. Aussi, avant même que les relations avec les Grecs fussent devenues plus i étroites, l'éloquence avait déjà acquis de l'importance

(1) Pour ce paragraphe et le suivant, vov. Berger et Cucheval, ouvr. cité.

34

I

+

1

et pris de rextension. Cependant, bien que l'éducation oratoire et l'exercice de la parole fissent partie de la vie publique du Romain dès sa jeunesse, l'éloquence resta longtemps sans art et méthode. C'est l'influence de la rhétorique grecque qui donna la première à Téloquence romaine le style, la méthode, les préceptes théoriques et pratiques. Mais rarement, ou plutôt jamais orateur ne put réunir toutes les qualités qu'exi- ge Cicéron (Brutus, 9:^, 32-2) : éducation savante et, particulièrement, piiilosophique, connaissance du droit et de l'histoire, dispositions naturelles à passer aisément du plaisant au sérieux, du concret à l'abstrait, à convaincre l'auditeur, aie récréer et à l'émouvoir sui- vant les besoins ou au gré de celui qui parle. Les ora- teurs qui firent alors époque dans l'histoire de l'élo- quence sont, d'après Cicéron ( Brutus J : M. P or ci us Cato, le premier (depuis App. Claudius Caecus) ; il écrivit ses discours, au nombre de plus de 150 ; le caractère de son éloquence est suffisamment indiqué par des expressions telles que les suivantes : Orator vir bonus est dicendi peritus ; Rem tene, verha sequentur ; S. Sulpicius Galba, con^'ul en 144, qui se sert déjà, par suite de l'intluence grec- que, des ornements de la rhétorique ; C. Gj^cchus dont réducation avait été fort incomplète, mais qui n'en était pas moins aussi plein de verve que riche d'idées ; les deux orateurs M. Antonius (consul en 99), et L. Crassus (consul en 95), qui se distin- guèrent, le premier par des talents naturels, par la mémoire, l'imagination, la vivacité du débit; le second, par une éducation soignée, par des connaissances juridiques, par la correction du style et par son esprit. Le dernier pas qui restait à faire pour arriver avec

- 35 -

Cicéron à la perfection de l'éloquence fut franchi par Q* Hortensius (114-50), le dernier représentant -j- du genre asiatique , genre qui , par opposition à la simplicité du genre attique, se distinguait par une diction fleurie et souvent surchargée. De tous les ' orateurs de cette époque il ne nous reste que de rares fragments. En revanche, nous possédons un manuel de rhétorique, composé, il est vrai, d'après des sources grecques, mais qui n'en est moins original et fait à un point de vue romain, dans un but tout pratique : *f c'esi\ci\W te torica ad Herennium; en 4 livres, composée probablement par un certain Cornificius, et qui, en i, tout cas. n'est pas l'œuvre de Cicéron,

_V- -t

§13

cj GENRES DIVERS

Au premier rang doit se placer la Jurisprudence, pour laquelle les Romains eurent les mêmes disposi- tions naturelles que pour l'éloquence. Le droit romain j se développa comme science classique avec un carac- tère vraiment national d'originalité et d'indépendance. Le droit civil et surtout le droit criminel subirent des améliorations méthodiques, qui en même temps entraînèrent un développement général analogue dans la constitution romaine et dans le droit public. Quand le jus Flavianum (voy. |6) eut fait connaître au public les règles du droit, aussitôt parut une série d'érudits qui rassemblèrent et publièrent les interprétations, les décisions (responsa) jles juriconsultes, les consul- tations, les enquêtes, etc., et qui fondèrent ainsi la science du droit avec un succès et une influence d'au-

-36 -

.4-

tant plus considérables, que ces sortes de connais - sances étaient indispensables dans la carrière poli- tique. Peu à peu, il se forma une tradition juridique, conservée et transmise comme un liéritage dans cer- taines familles (entre autres, celles des Mucius, des Aeliiis, des Sulpicius). Le premier livre de droit fut composé par S. Aelius Paetus, consul en 198, sous le titre de TripeHita ; c'était un commentaire des XII Tables, qui reçut plus tard le nom de jus aelia- >un>i, et qui fut considéré comme le début de la science du droit romain. Gjijon et son fils M_ar^s composèrent aussi des écrits juridiques. La famille des Mucius compta parmi ses membres des juristes et des écrivains distingués, entre autres: P. Mucius Scaevola, consul en 183, plus tard grand-pontife, et surtout son fils Q. Mucius Scaevola, consul en 95, tué en 8*2. qui fut, comme son père, grand-pontife ; il apporta le premier une méthode générale con- servant Tunité dans la diversité, et il exerça par et par les nombreux élèves qu'il forma une grande influence sur l'époque suivante.

Dans 1,1 science de fantiquité, on faisait rentrer la langue aussi bien que les faits. D'un côté, il s'agissait de fixer la langue littéraire, de déterminer l'étymologie et l'interprétation des mots ; de lautre, il fallait éclaircir au point de vue des faits, les anciennes productions poé- tiques. Les études philologiques reçurent une impul- sion puissante du grec G rates de Mallos. qui enseignait à Rome en 159. Les études archéologiques, particulièrement les études linguistiques, devinrentpeu à peu une mode et une passion, en même temps que la langue romaine entrait en relations plus étroites avec la langue grecque. Le véritable fondateur des

études linguistiques et archéologiques, ainsi que le premier en date des philologues romains fut L. Aj3 1 i u s Stilo, à Lanuvium en 150, le personnage le plus . instruit de son temps ; Varron et Gicéron furent ses U ses élèves. U interpréta les plus anciens monuments de la littérature, comme le chant des Sahens, les XII Tables, les œuvres des vieux poètes, etc.

Sur l'économie agricole et domestique, Gaton com- posa un manuel complet, De re n/sh'caj que nous possédons encore (1) ; en outre le Sénat fit traduire en latin, après la prise de Carthage, une œuvre du Car- thaginois >[a^ 0 n sur le même sujet. +

D'autres sciences, telles que la géographie, les mathématiques, l'astronomie, ne prirent point pied dans la littérature durant cette période, bien que plusieurs romains ne fussent point étrangers à ces connaissances. L'art militaire ne fut exposé d'une façon méthodique qu'à l'époque impériale.

TROISIÈME PÉRIODE

L'âge d'or de la Littérature romaine (de 80 av. J.-G. jusqu'à 14 apr. J.-C)

i 1^1

Ce qui caractérise la littérature romaine et donne sa mesure à son apogée, c'est la prépondérance

(1) Voy. dans les Scriptores rei rusticae.

3*

jitoaMâiiiritofcijaiiMÉrfhMiiaùaÉ&iMaaMfciM*" «^.t^.^

- 38

incontestée de l'esprit grec; Vamnis abundantissimus graecannn dUciplinarum et artium (Gic. de rep. II, 11), ai) répandit alors dans tous les sens son in- fluence. Connaître les œuvres grecques d'art ou de science, la patrie de ces œuvres' et les villes . elles étaient le plus en honneur, Athènes surtout, devint de plus en plus une nécessité, ou du moins une marque de bon ton pour les Romains de haute nais- sance. La plupart de ceux-ci, d ailleurs, parlaient et écrivaient couramment le grec ; ils avaient à cœur d'aller étudier à Athènes, à Rhodes ou dans d'autres villes de la Grèce. D'autre part, il était venu à Rome des Grecs en grand nombre, employés comme rhé- theurs, précepteurs, lecteurs publics, etc., tous gens, à vrai dire, souvent peu considérés à cause de leurs allures légères et fanfaronnes, Gmcciili, mais qui

j étaient néanmoins indispensables. Car, malgré les manières dédaigneuses que même des hommes comme Cicéron affectaient pour tout ce qui était grec

jj en dépit des prétentions de l'esprit romain à la supé- riorité en tout genre, les Grecs conservaient 'encore dans le domaine de l'art une domination absolue. Les œuvres littéraires grecques, les discours surtout, - étaient alors traduits dans les écoles en guise d'exer- cices ; ces mêmes œuvres, par suite de l^xtension commerciale de la librairie, se répandirent ra'pidement de tous côtés ; des bibliothèques publiques furent ouvertes par Auguste et Asinius Pollion. De toutes ces causes, l'activité littéraire reçut une impulsion puis- I santé, irrésistible; ïotium consacré au culte des muses se trouva justitîé, aussi bien que le negotium au

, service de 1 Etat. La littérature nationale, représentée

I seulement par un petit nombre d'écrivains, comme

+

30 -

Lucrèce et Varron, n'occupa plus qu'un rang subal- |; terne, grâce à ces tendances grécisantes, et ne put d'ailleurs se soustraire elle-même complètement à. l'influence grecque.

Ce caractère unique de la littérature à cette époque se manifeste cependant avec une grande différence, qui se retrouve aussi dans la vie politique, suivant qu'on en considère la première ou la seconde moitié, le temps de Cicéron ou celui d'Auguste, le déclin de la RépubUqueou le début de l'Empire. D'une part, la vie politique excitée au plus haut degré ; de l'autre, cette même vie assoupie et systématiquement étouffée ; là, une liberté qui vajusqu'à.la licence; ici, la répression, la réserve imposée, l'acceptation servile des goûts et des préférences de la cour et du prince. D'une part, les esprits sont formés presque exclusivement pour la vie publique ; d'autre part, ils se façonnent à toutes les servitudes du courtisan ; là, les études préférées sont, comme l'éloquence et la httérature politique, celles qui sont utiles dans les débats publics ; ici, le choix se porte sur les sujets Ton excelle par l'expression pai- sible d'un art parfait , sur la poésie avant tout ; d'un côté on envisage l'effet pratique, les conséquences utiles des faits, de l'autre on donne la préférence à la perfection de la forme, à la satisfaction esthétique. Ainsi, ces deux moitiés de l'âge d'or forment un tout complet ; ce qui est en trop dans l'une, est en moins dans l'autre ; les qualités de la première offrent justement ce qui manque dans la seconde. Les cir- constances exigeaient qu'il en fût ainsi : à mesure que l'empire développait le goût, l'élégance, la perfec- tion de la forme, il fallait se résigner à voir disparaître la spontanéité, la vivacité et l'énergie. La littérature,

11+

V

+

+

40

' la poésie surtout, se retirèrent à l'écart de la vie pu-

î blique, du forum et des bruits de la foule, et cherchèrent uu refuge dans le cabinet d'étude, dans les salons, à la cour; le genre populaire disparut, par suite des tcn-

. dances exclusives dune éducation raffinée.

Au temps de Cicéron (80-40 av. J.-C), l'éloquence avait une importance exceptionnelle ; elle se déployait alors avec un plein succès dans un cercle d'action ^ÏPM^nse, et elle atteignit avec lui le plus haut point de perfection. Elle donnait alors la ' main à l'étude théorique des préceptes, qui était cultivée surtout parmi les Grecs. En même temps florissait l'histoire, dont les principaux représentants, César et

f Salluste, écrivirent à un point de vue politique en même temps que personnel.

La philosophie était surtout représentée par Cicé- ron, l'érudition par Varron. Il ne se trouva, dans ces temps agités, que peu de poètes vraiment remar- quables : dans l'épopée (didactique), Lucrèce ; dans la poésie lyrique, Catulle. Le théâtre se réduisit au mime. Au centre de ce mouvement littéraire, il faut placer Cicéron, le créateur et le modèle de la prose régulière.

Après ravénement de l'empire, l'agitation politique fut contenue et immobilisée ; le respect du monarque exigea des attentions et des manières de diplomate; la littérature politique devint muette, le principe d'éga-

; lité, de nivellement dans les esprits, comme dans les divisions de j'empire, paralysa, étouffa l'individualité

Il des esprits et l'iiKlépendance des caractères. Les genres républicains, l'éloquence et l'histoire, furent encore cultivés, mais d'une façon conforme au carac- tère des temps nouveaux. L'éloquence, bannie du

- M -

forum, se réfugia en partie au sénat et au barreau, en partie dans les écoles ; l'histoire reporta ses elïorts sur l'étude des temps passés. Pour la môme raison, les genres non suspects à la politique et pratiquement utiles prirent une grande extension. La poésie gagna en importance et fut favorisée par de hauts person- nages, comme Auguste, Mécène et d'autres encore ; mais elle ne sortit pas d'un cercle étroit de sujets choisis. Volontairement et avec intention, elle cessa d'être populaire, elle prit le ton poli de la cour pour en revêtir une pensée toujours correcte ; souvent elle présenta une forme meilleure que le fond. Pour beau- coup, elle se réduisit à des procédés techniques ; elle devint une affaire de métier et de mode. La manie de versifier, invita Minerva, se vulgarisa et fut encouragée par les lectures publiques qu'institua Asinius PoUion. A prendre chaque genre en particulier, nous voyons prédominer le genre lyrique (Horace, Ovide, Tibulle, Properce), le genre épique (Virgile), le genre didac- tique (Virgile, Ovide), et la satire (Horace). Le théâtre n'eut aucune importance littéraire.

En somme, Factivité littéraire fut alors très grande ; mais la plupart des poètes, dépouvus d'inspiration véritable, d'originalité et de convictions intimes, ne produisirent que des œuvres à la mode, faites en vue du succès (1).

Ce niouyementlittérmre, favorisé parje . œmme^^^^ de la librairie qu'avait surtout accéléré T. Pomponius

,+

+

+ t

(1) Ce jugement est trop sévère; une époque, si favorisée qu'elle soit, ne saurait produire ])eauconp d'écrivains de génie; sa part est déjà belle, lorsqn'au-dessous de maîtres comme Virgile, comme Horace, elle fournit des poètes de talent, tels que Tibulle, Properce, Ovide, pour ne nommer que les plus illustres et pour laisser dnns l'ombre bien d'autres dont les œuvres, mutilées ou perdues, étaient dignes de survivre.

"~' %M .""" .

Atticus (1), se propagea de plus en plus, même dans les régions les plus éloignées de Tltalie, et jusque dans I quelques provinces. Parmi les littérateurs les plus •f ! fameux du siècle d'Auguste, aucun ne vit le jour à Rome; tous étaient originaires de diverses villes d'Italie. Toutefois ce qui constituait Vurbanitas, qualité essentiellement romaine, mais plus ou moins bien sentie et comprise, se maintint encore, au moins %?? '^^ prose, et se distingua toujours "^""{qj^ provincial.

§ 15

1. LA POÉSIE

aj I.i: TIIKATRE

Le théâtre littéraire, dans ses différents genres, pal- liata, toijata, praete.cta^ ne se renouvela guère. Les nouvelles pièces (p. ex. les tragédies d'Asinius Pollion. d'Ovide, de Varius ) étaient destinées ^ être lues dans des cercles choisis ; aussi les représentations publiques se bornèrent-elles aux pièces anciennes. Gomme a^çteurs remarquables, on vit paraître, dans la comédie, Roscius ; dans la tragé-

(1) Atticus avait réuni chez lai un grand nombre de copis" tes habiles qu'il formait lui-même ; après les avoir fait travailler pour lui,... il les faisait travailler pour les autres, et vendait très-cher au public les livres qu'ils copiaient. C'est ainsi qu'il fut un véritable éditeur pour Cicéron, et comme les ouvrages de son ami se vendaient beaucoup, il arriva que cette amitié qui était pleine d'aj^réments pour son cœur, ne fut pas inutile à sa fortune. » (G. Boissier, Ciceron et ses amis p. 134, sq.) ; voy. aussi un article du même sur Atticus, éditeur de Cicêron dans la Revue archéologique .

- 43 -

<^ie, EsojDc. Du reste, à partir du temps de Sulla, la pièce littéraire, et même la pièce populaire, recula devant le progrès du mime et du pantomime. Le mime ((xTjaoç), mot qui désignait en même temps la pièce et les acteurs (on disait aussi planipesj, était "" lêûS^^el'^alie antique; c'était un genre apparenté de très près aux Atellanes et n'en différant que par un plus grand déploiement des gestes et de l'action. Il avait pour caractères distinctifs la caricature et la bouffonnerie, un langage souvent improvisé, rempli d'allusions personnelles, une préoccupation constante dÇi^ii'.^ éc^^ter le rire, des tableaux de la plus honteuse obscénité, surtout dans les nMes féminins, qui étaient joués par des femmes. Les^sujets étaient empruntés à ^^viede tous les jours, ordinairement à la vie des gens mariés, quelquefois aussi à la mythologie. Le^jeu se concentrait presque tout entier sur un seul acteur, Varchimimus ; les autres rôles, comme celui du para- site, lui étaient subordonnés. Le langage était ordinai- rement celui des plébéiens ; la fliite servait d'accom- pagnement à la danse et au chant. Parmi les auteurs de mimes, il faut nommer, comme les introducteurs de ce genre en littérature, le chevalier romain Deci-

ïl^us Laberi us (105-43) (1), que César fit paraître

en public sur la scène pour châtier en lui un esprit inquiétant de liberté, et, à une date un peu plus récente, Fauteur de sentences Publilius Syrus,

f

t

Laberlus dans

(1) Voy. ce qui a survécu des œuvres de D. ^ ^

les Comicor. frarpn. de G. Ribbeck, p. 277,sqq. ; fragments chez Kgger, lat. serm. rel., p. 29>^, sqq.

>SifthlteiliMtaJMiaJJ^!aimtA£^^ —^

1

I

■4**

44

natif d'Antioche (1). A Fépoque impériale, le mime fut déhiissé pour le pantomime (ballet), qui sous Auguste, grâce à Bathylle et à Pylade. prit un certain cachet artistique. Les sujets du pantomime furent presque toujours mythologiques et même fort souvent tragiques ; les représentations consistaient en exer- cices chorégraphiques, auxquels s'ajoutaient le chant d'un chœur et la musique d'un orchestre nombreux. Le rôle du danseur était de suppléer par un jeu muet à l'absence de paroles. Aussi, le pantomime exigeait, ce que d'ailleurs il créa, une grâce et une souplesse parfaites, l'élasticité et l'harmonie des mouvements, un jeu parfaitement expressif, diserte saltare: d'autre part, il lit prévaloir d'une façon exclusive la beauté de la forme et il eut, comme le ballet moderne, une iniluence corruptrice au pointe vue esthétique et moral.

45

i 1^

b) L'i':ropÉE

L'épopée narrative et l'épopée didactique, ainsi que les genres divers qui s'y rattachent, comme le récit en vers, la satire, l'épiti'e en vers et ridjile, furent cultivées avec beaucoup plus de succès. L'épopée narrative se divisa en épopée historique, dont les

'D Fublilius, tel est le véritalile nom du poète, restitué par i:. Wôlflin, et non Publius, comme on l'a trop souvent écrit.

Editions de Pnblilins Syrns : dans les Comicor, fragm. de 0. Ribbeck, p. 303 sqq . , 307 sqq. ; A. Spengel, Berlin, 1874, notes critiques en latin.

I

m

[Vl

sujets étaient empruntés à l'histoire, et en épopée \ héroïque, qui s'adressait à, la mythologie et qui reposait p entièrement sur l'imitation des Grecs, et surtout des '1 Alexandrins. L'Enéide de Virgile représente une fusion des deux genres. La poésie didactique eut pour représentants Lucrèce . Virgile , Ovide ; la satire , Varron et Horace ; 1 epitre en vers, Horace et Ovide ; l'idylle. Virgile, et dans quelques pièces, Horace.

Parmi les nombreux poètes épiques de cette époque» il faut surtout distinguer :

Ci ce r on, auteur de poèmes épiques sans succès> écrits dans un but d'apologie personnelle : de suo consulatu, composé en Tan (Ji) ; de temponbiis niei.s, (sur mes jours malheureux), composé en 55.

P. Terentius Varro, d'Atax ■Alacinusl, ville de la Gaule Narbonnaise ; il remania avec habileté des originaux grecs, comme les Argonautica d'Apollonius - de Rhodes ; il écrivit, outre des satires et des élégies, une épopée, Bellum sequamcum, destinée probable- ^ ment à la glorification de César.

L. Va ri us, l'ami bien connu de Virgile, auteur d'un poème épique en l'iionneur de César ^de morte .,. CaesarisJ et d'Auguste.

Pedo Albinovanus, auteur d'une Thcseis, et d'une épopée sur les événements de son temps.

Rabirius, auteur d'un poème sur la guerre civile entre Octave et Antoine.

Dans l'épopée didactique, le premier rang appartient à Lucrèce (T. Lucretius Car us, chevalier ro- main, qui vécut de 98 (ou 05 ?) à 55. Il composa un poème didacti(iue en G livres, De rcrum natnra (le poème n'est pas terminé et manque de conclusion). Le dessein du poète est de délivrer les hommes de la j.

I

4-

46 -

crainte des dieux et de la mort, et surtout des formes djverses de la superstition (cf., I, 9:î0, sq., artis Relli^ (fîonuNi animum nodis easolvere pergo] par rétude tisonnée des lois de la nature laaiimte specieiratio- que II, 60) ; Ja pliilosophie d'Epicure est pour lui le moyen d'arriver à ce but. La stérilité du sujet, le carac- tère si peu poétique du matérialisme et du méca- nisme d'Epicure, l'absence presque complète d'un vocabulaire philosophique dans la langue de l'époque, ' offraient au poète les plus grandes difficultés ; cepen- dant l'enthousiasme pour l'idée, la vigueur avec laquelle est conçu le système, la conviction sérieuse et indépendante du poète, sa lutte avec le sujet et avec la langue, et enfin son génie, qui se montre dans cette lutte même contre tant d'obstacles , font du poème une œuvre du plus haut intérêt. Néanmoins, le cachet archaïque et le contenu souvent abstrus le ren- dent parfois difficile à comprendre et à goûter. Lucrèce I exerça une inlluence considérable sur les poètes qui ! lui succédèrent, comme Ovide et Horace ; les écrivains du siècle suivant le préféraient même, dans leur goût faux pour l'archaïsme, aux poètes du temps d'Auguste (1).

(1) E<lUioiis de Lncré«e: édition complète, le texte seule- ment, ^ . Bernays, Leipzig 1874; le cinquième livre, «î?6c un commentaire critique et explicatif e7i français, E. Be- ?e^Q/ ^^ V^." toi ne, grande collection, Hachette, Paris, rfV -^^t'^'t^d^ '•^"crèce par H. Berjîson, Paris, 1884: Cl r 0 II s I e , P 0 >' a r d . '

Deux grandes éditions, très importantes et très connues, sont: celle de Lachmann (Berlin. G. Reimer), offrant dans un volume le texte avec des variantes, dans l'autre un commen- taire en la m ou sont traitées d'une manière supérieure, à pro- pos du texte de Lucrèce, un urrand nombre de questions gêné- raies de latinité; celle de Munro (Cambridge, 2 vol.) commentaire et traduction en anglaise

On doit connaître, sur l'œuvre de Lucrèce, le livre de G. Marina : Le poème de Lucrèce, Paris, Hachette.

Iraduction: Patin, Paris, 1873. - En vers: Sully

'tràil?'^'^^' ^' ^" ^''^'^' '-^^ '^'^'^ ^^"^' ^^ '^^ Lefèvre,

I

47

Dans le domaine de l'épopée, Virgile surpasse tous ses rivaux ( « Vergilius » est l'orthographe antique ; Virgiliiis est le nom consacré parle moyen-âge) (1) P. Vergilius Maro, le 15 octobre 70, à Andes, près de Maritoue, était fils d'un paysan de con- dition aisée ; il étudia spécialement la philosophie et la rhétorique, sous des maîtres grecs, à Giémone, à Milan et, depuis 53, àRome ; il revint ensuite à Andes^ pej;;dit à deux reprises son patrimoine, dans les distri- butions de terres de 41 et de 40, en obtint la restitu- tion par l'entremise d'Asinius Pollion et de Mécène, et entra en 31) en relations intimes avec ce dernier ; dès lors, fort estimé d'Auguste, d'Horace, etc., il vécut pour la plupart du temps en Campanie, jouissant d'une agréable situation, mais souffrant et maladif (maux d'estomac , crachements de sang) ; il mourut , en revenant d'Athènes-, à Brindes, le 21 septembre _19, et fut enseveli non loin de Naples. On fit à son sujet l'épitaphe suivante :

Mantua ino ^^enuit, Calabri rapuore, tenet nunc Parthenope ; cecini pasciia. rura, duces.

Virgile était une âme douce ïanîma caiidida], d'une pureté irréprochable, aimable, sincère et timide ; son extérieur était gauche (cf. Horace, sat., I, 3, 29, sqq.). Comme poète, Virgile réussisait surtout dans l'analyse des sentiments tendres et intimes, des

(1) Les inscriptions de la république et des premiers siècles de l'ère chrétienne, les bons manuscrits donnent Vergilius d'une manière prépondérante. L'orthographe Virqilius l'a emporté au moyen âge, à dater du IXe siècle, par suite de la fausse étymologie virgo. Dès le XV« siècle, Ange Politien pro-

testait contre Yirgilius ; au tranchée

'nui , la "question paraît

llBIïlliÉlfai'Sl'BlSU'^^'*-'"- - - --l'Ja^-— ^

.— . .48

émotions douce--, dans îa peinture des tableaux idyl- îiques, dans la poésie sentimentale; aus>;i était-il un .admirateur sincère et enthousiaste de l'ère de paix amenée par Aucruste. Ce n'était pas un talent + impétueux , original , un génie inspiré ; c'était un poète lent . ne travaillant ({u'avec ePiort et dans un but déterminé, d'une patience infatigable ; c'est ce (|ui fait de Virgile un modèle de correction et d'élégance. L'ordre chronologique de ses poésies semble devoir être le suivant : - dans les années 41-39 (;i; ?), lùfloffup. ^l 'A, ", 1, u, 4, i;, 8, 7, JO; - entre 37 et .;u, ie^ irurycques ; de 29 à 19, YEnéide,

1.—- Les Biicoliriiies, recueil de dix idylles, appelées ^ aussi eclofiae d), genre de poésie inconnu à Rome, I étranger au caractère romain. Virgile, tout en imitant Théocrite, introduit ordinairement dans ses églogues des aventures personnelles; aussi les bergers sont * presque toujours des personnages allégoriques (p. ex. égl. I, Tityre -= Virgile ; égl. V, 1 )aphnis ~ César) ; ' les situations sont enjpruntées aux événements de la vie du poète; en outre, quelque intention par- t ticulière domine dans ses poésies (l'égl. V a trait à César, éii^l. I, remerciements à Octave; égl. IX, plaintes du poète sur la perte de sa fortune; ~ égl. IV, glorification de Pollion ; égl. VI. dédi- cace à AIfénus Varus ; VIII, à Pollion, X, à Cornélius Gallus) ; ce caractère ne convenait pas au

(I) C'est Bucoliques \e vôritalHo titre; il vient prohaj.lement de Virçile lui-m^mo : cf. Ovide, Trist. II, 537-8; A. Gell. n. att. IX, 1), 4; Coluinell. VII, 10. Ecloç] ne ^xgmWù tout simplement choix •, - recueil » (de po(^sies bucoliques ou autres).

f

10 -

$?enre naturellement naïf et populaire de Tidylle (1). Cependant, les Bucoliques eurent chez les Romains un grand succès que favorisèrent ces allégories, au lieu d'y mettre ol)stacle, et (|ue vint encore augmenter Félégance de la langue et du vers.

2. Les Géorgiques, composées à l'instigation de Mécène. Elles ont pour sujet l'agriculture en Italie. Le livre I, traite du labourage ; le L. Il, de la culture des arbres ; le L. IIl, de l'élève des bestiaux; le L. IV, de l'éducation des abeilles. Au fond, le dessein de Virgile est de remettre en honneur, surtout aux yeux des grands propriétaires instruits de son temps, une occupation si fort estimée des vieux Romains; ce- pendant, il ne faudrait pas voir dans ce poème un simple manuel à l'usage des agriculteurs. Quelquefois Virgile emprunte aux auteurs grecs com.me Hésiode, Aratus, etc ; mais en général, l'œuvre est indépendante et correspond au génie individuel et à l'expérience personnelle de l'auteur; le ton est vif, ému, la langue maniée avec assurance; —les épisodes (parti- culièrement 11, l;;(J-17(s éloge de l'Italie ; —II, 323- 345, éloge du printemps ; II, 458-540, éloge de la vie champêtre ; - III. 339-3S3, la vie pastorale des Scythes; III, 478-5()6, épizootie dans la Norique ; IV, 315-558, mythe d'Aristée), les épisodes offrent des diversions charmantes , de sorte que ce poème « est la production (d'une certaine étendue) la plus parfaite de la poésie didactique des Romains » (TeufTel).

î

!+

, ^î^^®„S^"'® ^^ \irgilea rendu possible cette alliance; il faut d ailleurs se garder de tomber dans les excès de l'école dite des allcgoristes, qui en arrive à voir dans Silène. Chromis et !VInasylleC6« egl.) le philosophe Siron, Virgile el Varus

\

50

3. V Enéide, en 12 livres, poème inachevé, que Virgile en mourant voulait faire détruire, mais qui fut j néanmoin.=î publié par ses amis Va ri us et Tucca, sans aucune addition (d'où 58 vers incomplets)'— Le poème a pour sujet les aventures dTnée après la des- truction de Troie, son arrivée en Italie, ses guerres et , ses alliances avec les indigènes. Virgile prit pour modèle l'Odyssée dans les 0 premiers livres,riliade dans . les G derniers. Le but du poète est de faire remonter Rome à rétablissement des Troyens en Italie sous la conduite des dieux et en même temps, de f are des- cendre des colons troyens les familles praticiennes de son temps, entre autres, celle des Jules du fils d'Enée Juins, et par de glorifier le peuple romain et la "* dynastie julienne. Toutefois la légende d'Enée avait trop peu de fondement dans le sentimont national ; aussi Virgile fut-il obligé d'introduire dans son poème un grand nombro de notions savantes, acquises par une étude assidue ; il ne réussit pas à peindre le per- sonnage d'Enée, qui nous apparaît non pas sous les traits du vérilable héros antique, mais sous ceux de l'homme sentimental, doux, mené pal* les dieux comme une marionnette ,>ius Acneas) (1). Les par- ties les plus brillantes de l'œuvre sont celles oili la -|- psychologie joue le nMe principal, et avant tout l'épi- sode de Didon, au livre IV ; c'est que Virgile est bien à la hauteur de sa tache. La langue est travaillée 'f avec le plus grand soin, mais elle manque , surtout par comparaison avec Homère, de simplicité et de

f

(1) Rectifiez ce que cette opinion, beaucoup trop répandue, a d injuste par la lecture du livre de Sainte-Beuve Etude sur Virgile, Paris, édit. 1870.

51

naïveté; elle est oratoire et souvent patliétique sans + nécessité. Chez les Romains, surtout dans les classes élevées, la tendance généreuse 'et patriotique d'un poème qui avait leur patrie pour théâtre, les allusions nationales et locales, et l'éclat de la poésie valurent à l'Enéide un succès considérable.

Onaattribué encoreà Virgile plusieurspetits poèmes: Culex, Morctum (c'est le meilleur), Copa, Catalecia, Ciris; ce sont pour la plupart des tableaux de genre d'un caractère idyllique ; dans tous les cas, la Ciris n'est pas de Virgile (1).

Virgile eut à Rome une grande réputation ; cf Pro- perce, II, ;J4, 65, sq:

Ceditf, Romani scriptores, ceilitc Grai : Nesciu quid niajus nascitm- Iliade.

^ Ses poèmes servirent de bonne heure comme livres -t d^école, et furent fréquemment imités et comm'ëntés (commentaire de Servius au IV« siècle ap. J.-C. ; cf § 39) ; on les consultait comme des oracles en les'ou- + vrant au hasard ^sortes vergilianae^) ; au moyen-â-e, une foule de légendes se formèrent autour de la personne de Virgile, qui devint une sorte de thaumaturcre et d^enchanteur ; Dante, dans sa Divine Comédie, le prend pour guide à travers les enfers. (Edit. class. avec corn- ment, par Wagner, Ladewig; l'Enéide par Kappes - Texte de Paldam, Haupt, Ladewig, Ribbeck, etc.)

Virgile, ediU maj„ vol. III (2» tirage, 1880), inirod. p. 38-49.

^£\.^*""**"' ^*- ^'"**^"* ' ^- Benoist, grande édition avec un commentaire critique et explicatif, 3 vol. Paris Ha- cnettedervol. BucoL et Ôéorg.^AdïU 1876 ;i Vol Me

t>»>

f ^

+

Ou peut citer parmi les poètes didactiques du temps d'Auguste : i\r^ \'n]< Faliscus, auteur des Cyne- tjctica eiir):;ti ii Aamcucs H. et surtout Manilj_us, dont Ja personne nous est inconnue, auteur d'Astrono- vrifc^ en T. livres, œuvre pleine d'originalité, et qui, malgré ses tendances à l'astrologie {'2), témoigne d'un esprit bien doué et se présente sous une forme très correcte.

^ 17

Avec Lueilius, la satire avait pris le caractère d'une

criti(2ueà l'adresse des mœurs du temps, et reçu la

i forme d'un discnurs en vers. M. Terentius Varro

( voy. ^2\) s é'jarla île nouveau de cette forme en mélan-

4- géant la prose et les vei:s dans ses 150 livres de Satu-

rtfc Menippeac, Le nom de satura menippea vient du

I-Vl et S" vol. Knêide VII-XII, et peut s poèmes, 2nir. 1880).

IC. B e n 0 i s t , petite édition avec des remarques sur la pro- sodie, la métrique et la lanifue de Virf/ile etc., Paris ,7' tirage.

Une édition célèbre est celle «le ^eyne, plusieurs fois ré- iinjnii! il faut préférer la édition revue par Wagner (."> vol. 1830-1841). Celle de O. lUbbeck, Leipzig, 5 vol., 1859-1868, est de première importance pour la ré- cension des manuscrits. Les princii>aux éditeurs modernes de Virgile sont, en dehors des précédents et de ceux que nomme M. Benderren Allemagne, F o rb ig e r. en Angleterre, C o- nington. —On trouvera d«ns les préfaces de E. Benoist (grande édition) tous les renseignements désirables sur les tra- vaux relatifs à Virgile Lire notamment dans la Religion romaine de P.oissier, les cba]iitres sur Virgile et le livre de l'Enéide, t. 1, p, 2'^M-;:ri. Traduction abrégée à l'usage des clas>. -. C.. Colomb, Paris, 1884.

{ 1 ) Dans le t. I di s Poctae latini minores de W o r n s d o r f (re- prod. dun> la collection Lemaire) tt des poet. lut. min. de B a h r e m s .

(2) Editiou de îHaiillins : Frédéric Jacob, Berlin, 184G.

53

philosophe cynique Ménippe, que Varron imitait et qui avait composé des satires de ce ^renre. Sous une ^<i^H!^A^]^itraire, (prose et vers, mélange de mots grecs et de phrases grecques, mètres variés), et sans déve- l2££Ë!^ent bien suivi, Varron traitait des qi^stions P!H!2^2Phic[^es et des événements de son temi)s ; son point de vue, bien national et bien romain .'était ^'él2?2_i^': ^^" ^i^"'^ temps., et par suite la c_riti£ue ^lijÉPoque contemporaine. Il n'en reste que des frao^- ments (1). C'est avec Horace que la satire atteignit son plus haut point de perfection.

Q. Horatius Flaccus naquit le 8 décembre 65 (epist. r, •.>!), o; ; _ od. nr, 21, 1) à Venouse (sat. ïf, 1,34, si[.) ; ilétaitfils d'unalTranchi (sat. I, 6, G, sqq.), qui le tit néanmoins instruire à Rome avec le plus grand soin (sat. I, G. 71, sqq.). A Athènes, il entra en i'2!iii^^^s_avec M. Brutus, qui se l'attacha et hil con- fia la charge de tribun militaire (sat. I, 6, 48) ; mais ce ne fut point sa bravoure qui eût sauvé la cause de la République à Philippes (od. II, 7, 9, sqq.).

Dépouillé de son bien par la répartition faite aux sol- dats d'Octave, il prit une charge de scribe des ques- leurs et se tourna vers la poésie (epist. II, 2,50, sqq?;; ses vers le firent connaître de Virgile et de Va- ' rius, et par leur entremise, de Mécène, en l'an 39 (sat. I, 6, 54. sqq.) ; reçu bientôt après dans le cercle des amis d'Auguste, il vécut dès lors dans la situation la plus charmante. En 37, il accompagna Mécène à Brindes (sat. I, 5) ; en 33, il reçut de ce dernier une

aJII ?,^i^°"^'®^^ fragments des satires ménippées de Varron -4- l^édil'tu. ^"''"'''^ ^' ^'' Bûch^e^ler, Berlin^ ^

UTTÉRATURE ROMAINE A

:/i

vilLi luudcbU', mais agréablement située, iiuii loin de ' Tibur, le Sabinaiu dont il parle si souvent (sat. II, G,

I, sqq.). H mourut le *27 novembre de TanSav. J.-C. à r.li^e (le r,) ans. Horace était petit de taille et replet (sat. II, ;J, "509 ; epist., I, 20, 'i4) ; ses cheveux, qui étaient noirs, tombèrent dans ses dernières années (epist. 1, 7, *J(i).

Les poésies d'Horace consistent, d'une part, en Satires et en Epîtres, appelées du nom commun de

^ Sermones (1) ; de l'autre, en poésies lyriques, Odes et Epodes. (^uant à leur composition, en voici la date pro- bable : le livre I des satires fut publié en l'an M ; le livre II en 30, et sans doute en la même année, les épodes; odesliv. I-III en 2:]; épîtres, 1. I, en 20; Carmen saeculare, en 17; odes, liv.IV, composées à partir de IH:^ épîtres. liv. II, à partir de 17 ; la der- nière de ses productions est lepître S du 1. Il, l'art

T poétique.

1. ^enno/ies, satires et épîtres. Le sujetdes satires varie beaucoup. L'esprit critique particulier à ce genre n'apparait pas dans toutes les pièces ; parfois, Horace expose au public lettré de son temps ses principes, le fruit de son expérience, sans toutefois s'interdire les pointes, les attaques détournées que suscite l'occasion. Ainsi, sat. 1, 4 et

II, 1, il fait connaître le caractère de ses satires; f I, 10, il se compare particulièrement à Lucilius (2) ; II,

i

(1) Dans certaines éditions, les satires sont désignées sous le titre de sermones « conversations » par opposition aux epistu* lae « lettres . Si l'on a compris sous le nom de sermones les satires et les épît'-es, c'est parce ([u'ellos sont écrites, les un. s ^ t les aiitie^, dan^ un langage familier, par rapport aux udes, animées d'un soutTie de haute poésie.

(2) Les \Trs 1-0 de la satire X du I*"- livre ne sont point d'Ho- race ; cette satire ne commence véritablement qu'avec le vers iVrmpt' incomposito etc.

;>j ~

(i, il dépeint ses relations avec Mécène et le bonbeur de celui qui vit retiré à la campagne ; I, 6, il vante les joies d'une modeste indépendance : II, 2, il loue la simplicité de la vie et des mœurs. Le plus souvent,, le poète prend à partie certains exemples de per- ^Ëi:^":JHi'ale, de faiblesse ou de travers ridicules appartenant soit à^n époque, soit àPhiimanité en général : ainsi, 1. 1, il blâme linconstance des bommes qui ne sont jamais contents de leur sort ; I, 2, il expose les excès oii se portent les passions; I,'9, 'les basses importunités de certains personnages auprès des gens de haute condition ; II, :î,les exagérations de la philosophie stoïcienne; IL 5, la chasse aux héri- tages ; IL (S, il se moque du faste grossier du riche parvenu. Ce qui accroît encore la variété qui règne dans ces sujets, c'est qu'Horace prend le t^n^de la con-"^ versation, d'une causerie familière. Il ne dispose pas ses pensées suivant une méthode rigoureuse ; il se ^^se^aljer, avec une aimable nonchalance, partout soïï jujet l'entraîne. Il n'emprunte pas au moraliste ses accents vigoureux et indignés pour tonner contre l'immoralité ; il s'amuse des travers qui ont un côté ridicule, des préoccupations mesquines qui assiègent les hommes, soit dans la vie sociale, soit dans les rap- ports littéraires ; il en fait l'objet d'une crUique enjouée, t qui sait à l'occasion devenir sérieuse. Enfinrilse tient y touioursJi^réca.rt de la politiqu^, qui jette si facile- | ment le trouble dans les esprits. Toutes ces causes contribuent à éveiller et à entretenir chez le lecteur des dispositions favorables et ui. vif intérêt, d'autant plus que les traits sous lesquels Horare représente ses types ont ordinairement une portée très générale et ne subissent aucune atteinte du changement de temps ou de lieu.

-- 56

f

L'BS éjHtres , plus soignées dans la forme (xqe les satires, décèlent un espu'it avisé et amoureux d'une v[e tmn<iuille. Elles nouslfont connaître tout au long les

-h amitiés et les relations personnelles du poète, mais ordinairement elles ne se bornent pas à ces détails (excepté quelques-unes très courtes, L 4, 8, 9,

20). Elles sont riches en pensées frappantes, et, sans mélange d'enflure ni de mauvais goût, nous décrivent

t les rapports les plus divers de la vie, surtout dans la vie littéraire, les résultats d'une longue expérience et d'observations pleines de sagacité. Nous trouvons un intérêt particulier dans celles qui nous font connaître ses rapports avec Mécène, I, 1, 7-19, ainsi que dans celles du second livre, Horace expose ses théories littéraires et renvoie à l'imitation des chefs-d'œuvre grecs, par opposition h ceux ([ui alTectaient de retour- ner à la vieille poésie romaine (II, 1) ; il se plaint aussi (II, 'D du mauvais goiît esthétique de son époque, si funeste aux œuvres poétiques. De toutes les épitres , la plus longue et la plus substantielle est l'épître ad Pisoncs, II, 8, que Quintilien désignait déjà sous le nom de Liber de arte poetica. Dans cette épître, Horace, sans prétendre à être complet ni sys^- matique, formule des jugements justes et indépendants sur une foule de questions de littérature, principale- /ment en ce qui concerne l'art dramatique.

2. Cartnina, odes et épodes.

Les trois premiers livres des odes, auxquels s'ajouta

, plus tard le quatrième, se placent chronologiquement

* entre les satires et les épitres. Le lyrisme d'Horace

s'inspire de l'imitation des poètes lyriques grecs, sur-

•4- tout des méliques éoliens, Alcée, Sappho, Anacréon,

"f

57

qui ont su peindre avec le plus de vérité les senti- ments et les passions de l'àme Immaine. Toutefois, le poète latin s'élève par une gradation croissante à des créations originales. Image d'une nature réfléchie et 4- intelligente, le lyrisme d'Horace est avant tojitJ*œuvre de la pensée, le fruit d'un labeur assidu; aussi n'y j trouve-t-on ni le h^^ de Timagination, ni le vilem- !

portement de la passion ; mais l'expression chaleureuse ' ^t sincère des sentiments s'y fait" vivement sentir (cf. ! Od. IV, 2,31, sq.). Parmi ces petits poèmes, les meilleurs sont ceux qui retracent avec complaisance l'image d'un repos heureux, goûté au sein d'un paysage ou d'une société agréables, ou qui exposent d'un ton paisible la philosophie du poète ; c'est dans ces der- niers qu*Horace se dépeint tout-à-fait au naturel (p. ex. I, 4, 7, 22, ol ; - II, 2, 3, 7, 9, 10, 14; - III, 13, 21).

Les Odes, au contraire, qui prennent un ton élevé, i peu conforme ou môme entièrement contraire au 1 génie du poète, de même celles qui sont dues à une ! inspiration étrangère, font une impression bien moins satisfaisante (voir III, 1-G). Mais pa7tout"on y trouve des pensées justes et fortement exprimées; de plus la variété des mètres, dont Horace sut se servir avec -ff tant d'art et qu'il ne cessa de perfectionner en cor- rection et en élégance, devint le modèle et le type de la forme lyrique à Rome. Quintilien, X, I, 9b : « Lyricorum Horatius fera solus legi digmis ; nam et imurgit aliquando etplenm est jucwiditatis et gratiae et variis figuris et verbis felicissime aiidax. »

Les épodes iiessemblent aux odes pour la mesuie. ^"^ satires pour le sujet. (Ce nom d'épodes ne vient pas d'Horace, il indique la juxtaposition d'un vers

1+

1

_ 58

lonj,^ et d'un vers plus court ; Horace donnait à ces

•f-f- sortes de compositions le nom de jamhij ; ce sont or- dinairement des attaques très vives contres difTérents personnages, faites sur un ton insultant et quelquefois cvnique.

^ .1 i.a personnalité d'Horace revit dans ses poèmes avec une précision extraordinaire. Ce qui prédominait en , lui, c'était Ijnteiligence et la réflexion ; ses jugements ,1 et ses principes n'étaient pas fondés sur un système fi! particulier de philosophie, bien qu'il sefùtjloiiné pour

épicurien ; ils découlent naturellement d'un esprit sain, d'un don d'observation prudente et avisée, d'un tempérament modéré et bien équilibré ; Horace se pro- pose le bonheur par la douce jouissance d'une vie modeste et cachée, par l'indilTérence à l'égard des choses extérieures, par le libre progrès et le dévelop- pement intime des facultés. Obligeant, sociable et lidèle dans ses rapports avec ses amis, il sait main- tenir son indépendance et rester dans la réserve avec le>^ plus grands personnages, même avec Auguste, quand ses proi)i('s idées ne concordent pas avec celles des autres. Par Tabondance et la variété de la pen- sée, par le ricli<' trésor de son expérience, par la, tolérance de ses jugements, par son humeur agré- able, par la grâce et l'élégance de la forme, Horace inspire à ceux qui le lisent un attrait qui ne saurait diminuer. Aussi a-t-il trouvé de tout temps, plus peut- être qu'aucun autre poète, des admirateurs, des imi- tateurs, et des commentateurs. Cependant l'hypothèse trop exclusive d'une perfection sans tache en a égaré quelques-uns, par niple, le hollandais Hofman Peerlkamp (depuis 1831), et d'autres après lui, qui rejetaient comme dépourvu d'authenticité tout ce qui

50

leurparaîssait tant soit peu défectueux. L'antiquité nous a légué les scolies de Porphyrion (environ 200 ap. J.-C); un recueil de scolies qui parut pour la première fois au VIT siècle porte le nom (TAcron.

(Ed. classiques avec commentaire, d'Orelli, Dûntzer, Dillenburger, Kruger-Nauck) (1).

(1) Editions d'Horace: avec notes en latin, Orellj, revue successivement par Bailer , et par Hirschfelder , Berlin , 2 vol., 1882-8.3; Dillenbiirprer , Bonn. édit , 1883. En français: Fr. Djbner, Paris, Lecofire. En allemand: H. Schiitz, Berlin, 3 vol., 1881-S3.

Les^bde's et les épodes, Lucien Millier, Giessen, 1882 notes en allemand ; Wickham, Oxford. 1878, édit., notes en anglais; l'art poétique, avec notes en français par P Lallemand, Paris, 1881.

Le texte seulement, complet: Haupt (LeipzifT, 3* édit 1879), L. Mûller (Leipz., 1879; édit. de poche, 1874), Petschenig (Leipz. et Prapue, J883).

Avec un apparat critique abrégé, en latin: Keller et Hol- der, Leipz., 1878, édit. minor.

MM. Keller et Holder ont publié, à Leipzig, de 1864- 1870, une grande édition d'Horace, très importante au point de vue de la récension des manuscrits ; M. Keller y a joint des Epilegomena, 1879-80. -- Il faut aussi connaître l'édition ^^ S^tLey, Cambridge, 1711. rééditée en dernier lieu à Berlin en 1809 ; celle de P e e r 1 k a m p (odes et épodes Amsterdam, â« édit., 1862. satires 1863), qui, en voulant reconnaître dans l'œuvre d'Horace un grand nombre d'in- terpolations, reprenait la tradition de philologues français, Guiet, Tanneguy-Lcfévre, Dacier, le P. Sanadon. -- Cf." les articles publiés récemment dans le Journal des Savants par E. Benoist. ' ^

Les traductions d'Horace sont innombrables : la plus ^ùre 4- est celle de Patin, Paris, 2 vol.

Lire, sur la vie et les poésies d'Horace, les deux vo^ de Walckenaer, Paris, édit., 1858, mais avec précaution, la science avant marché depuis l'époque fui composé cet ouvrage ; la Vie d'Horace, p&r Noël des Vergers, en tête de la petite édit. Didot. Paris, 1855; surtout Bio(}raphie , historique et littéraire d'Horace de L. Millier, traduite par + E. H. Rabiet avec préface de E. Benoist, Paris. 1885 Voy. aussi, dans le livre déjà cité de Sainte-Beuve, Etude sur Virgile, p. 427 sqq„ un court et charmant article sur Horace.

Langue et métrique: Ad. Waltz. Variations de la langue , et delà métrique d' Horace, Vsiris.lSSl; H. Schiller, (traduc- tion R i e m a n n ) , Mètres lyriques d'Horace, Paris, 188.^. '

+

+

60

Virgile et Horace, bien qu'ils aient été étroitement liés, offrent sous beaucoup de rapports un contraste complet : Virgile, grand et maigre, d'une apparence maladive, lent et maladroit dans ses mouvements ; Horace, court et trapu , solide et bien portant, se produisant en société avec l'aisance d'un homme du monde ; Virgile, timide, sans grâce ni vivacité dans la conversation ; Horace, plein d'esprit, de saillies, de malice même, dans ses entretiens ; Virgile, nature chaste, tendre, tournée vers les sentiments intimes ; Horace, se plaisant h l'expérience de la vie. acceptant résolument les relations du monde et s'en servant à l'occasion ; Virgile, homme plein" de cœur, sérieux et religieux ; Horace, homme de l'entendement, se déci- dant pour l'inditTérence philosophique, inaccessible aux secousses du dehors comme aux passions du dedans; Virgile, vénérant Auguste avec conviction, comme son bienfaiteur, et comme le pacificateur de l'univers ; Horace, persistant, malgré ses témoignages de respect, dans un éloignement qui lui assurait l'in- dépendance ; Virgile, usant de la rhétorique, poète harmonieux, plein d une molle langueur, et d'uno sensibihtô féminine ; Horace, naturel, clair, perspi- cace, conservant une assurance mâle et ayant la pleine conscience de sa valeur. Tels furent les deux plus grands poètes du siècle d'Auguste.

§ 18

LA POÉSIE LYRIQUE

La poésie lyrique qui jusqu'ici était restée au second plan, prit durant cette période, et surtout sous

61

Auguste, un développement important. Le genre le plus cultivé fut celui de l'élégie, empruntée aux Alexan- drins, mais bien_supérieure à son modèle pour la forme et pour le fon_d ; du reste on se borna à peu près à l'élégie erotique qui était déjà représentée par Catulle, et qui fut traitée avec talent et avec succès par Ovide, Tibulle et Properce, tandis qu'Horace se con- tentait de composer des odes. La poésie lyrique à Rome, étrangère à la vie politique, emprunta ses sujets à la sphère des sentiments jgénéraux de l'âme humaine, qui sont le fondement de la poésie à toutes les époques.

Parmi les poètes lyriques de l'époque d'Auguste, le plus important (en dehors de G. Licinius Calvus dont nous ne possédons que quelques vers) (1), est C. VaXerius Catullus ("i), à Vérone en 87' av. J.-C, d'une famille riche, qui possédait la presqu'île de Sirmio dans le lac de Garde ; il vécut la plupart du temps à Rome, dans un monde aristocratique et de mœurs légères, suivit en Bitliynie (57-56) le propréteur Memmius, et mourut en 58. Ses poésies erotiques s'adressent à Lesbia, pseudonyme qui cache proba- \ blement le nom de la sœur du fameux P. Clodius ; les T autres poésies, comme par exemple la pièce sur la mort de son frère en Bithynie, se rapportent à ses relations avec ses amis, ou avec ses adversaires ; il attaque, en -f- eflet, violemment Gésar, moins cependant par des raisons politiques que par antipathie personnelle contre le favori du maître, Mamurra. "+

+ ■1-

(1) Publiés par L. Miiller à la suite de son édition de Catulle, voy. plus bas.

(2) Au lieu de G. {GajusJ, quelques éditeurs lui donnent à tort pour prénom Quintus.

4*

Parmi les pièces d'une certaine étendue (en dehors des imitations de poèmes alexandrins), il faut surtout ^ distinguer Tliymne sur les noces de Manlius Torqua- tus. Les pièces les meilleures de Catulle sont les t petites^piéces erotiques et les tableaux de genre (il est à comparer à cet égard avec E. Mœrike) ; poète entièrement naïf, sans retenue dans l'amour comme dans la liaine, souvent tendre, profond, plein de gaité i et d' « humour >. souvent, aussi, cru et mordant jus- ' qu'au cynisme, Catulle se distingue toujours par la + manière savante dont il manie les mètres les plus variés, et souvent les plus rares (comme le galliambe dans le poème d'AttisV Ses pièces de vers, rangées + dans un ordre arbitraire, sont au nombre de lU) (1). Sous Auguste, la poésie lyrique eut pour représen- tants Corn. Gallus, Ovide, Tibulle et Properce.

Corn, (lallus na<jult à Forum JuUi en jJî); il fut Tami de Virgile, qui lui adressa sa dixième églogue, et pendant quelque temps, celui d'Auguste; ayant en- couru la disgrâce de ce dernier, après avoir été préfet d'Egypte, il se donna la mort en 2(_î ; nous ne possé-

(1) Editions de Catnile : K. Benoist, texte et commentaire critique et explicatif, avec une traduction en vers par E. Rostand, Parts, 2 vol.. 1871)-1885.

Le texte seulement: !.. Miiller, Leip/ig, 1874; avec TihuUe et Properce : 1 1 a u p t et V a h 1 e n , Leipz . 1870 . Parmi les éditeurs considéraldes de ('atuUe, il faut nommer La c h m an n {18'2'J, dernière édit. 1874), Schwabo (Giessen, 18G2.GG), 4- Bahrens (Lip .. 1870). et surtout R. EUis auteur d'une grande édition avec commentaire (Oxfôrrl, 18G7-7()).

Sur la liiogiapliic de tlatulle, vo.v- Vie de CatuUe en tHe de -i- la traduction de E. Uostand. Etude sur Catulle^ Gouat,

Paris, 1876. , '

+ Vov. aussi Patin. Etudes sur la poésie latine, t. I, p. 76-116.

(>;^

dons rien de ses poésies. (Récit imaginaire sur sa + destinée dans le « Gallus » deBecker-Rein.) (1).

Ovide (P^ J) vidius Naso) naquit le 28 mars 43 à Sulino, dans le pays des Péligniens ; fils d'un cheva- lier romain de fortune aisée, il étudia la rhétorique à Home, exerça, mais pendant peu de temps, les charges équestres, voyagea ensuite en Grèce et en Asie- Mineure, so maria deux fois, fut exilé subitement par Auguste, et relégué à Tomes, sur la mer Noire (près de la ville actuelle de Kustayi) ; il y mourut en l'an c^./-'^ 17, sans avoir pu obtenir sa grâce malgré les plaintes et les prières les plus touchantes. Ce cruel bannisse- ment avait pour cause, d'après Ovide (Trist. H, 207), <L Carmen et erroryK Sous \e nom de cainnen, il faut sans doute entendre Vars amatoria^ dont la frivolité pou- vait déplaire à Auguste ; quant à Verror, on en est réduit à de pures conjectures. Si Ovide, avec sa nature tendre et habituée aux jouissances physiques et morales de Rome, ne sut pas faire face à son exil, nous devons l'en excuser par le climat et la sjtuation de Tomes.

Les premières poésies d'Ovide appartiennent à l'élé- gie erotique. Ce sont : Amores, en 8 livres, publiés en l'an 14 av. J.-(', ; Epistidae {on Heroides), lettres d'amour supposées de femmes de l'époque héroïque, comme Briséis, Pénélope, Phèdre (2) ; Ars amatoria,

+

(1) Sur Corn. Gallus, lisez kl. Isl i col as , De la vie et des ouvrages de Corn. Gallus, Paris. 1851. L'ouvrj.ge de Bek- ker a été réédité en 3 vol., 1S8U-1882. en allemand, par les soins deH . Ciô 11, Berlin.

(2) Certaines pièces publiées parmi les Hcroïdes, n'appartien- \ Tient pas à Ovide : par exemple, l'épîlre de Sappho qui ne peut +" être antérieure à Lucain et à .luvrnal.

64

en 3^ livres, publiés vraisemblablement en l'an 2 av. J.-G. ; les Hcniedki nmoris, en 1 livre, contre-partie du dernier poème, et les Medicamina faciei, conser- vées en partie ; tous sont écrits sur un ton léger etsou- •h vent frivole. C'est la mythologie qui fournit le sujet des + 15 livres des Mêtarmophoses, écrites dans le mètre épique ; elles traitent des mythes, qui aboutissent à une transformation, depuis le commencement du monde jusqu'à l'apothéose de César; c'est une imi- tation assez libre des modèles grecs ; les diiTérentes parties se succèdent sans enchaînement Jbien_suivi, Il l'exil du poète ne lui permit pas de mettre la der- llnière main à l'œuvre. (Edit. class. des Métarmophoses dans les morceaux chosis de Feldsbausch, Eichert, , Siebelis Polie). Les G livres des Fastes sont plus simples, plus sérieux, et traitent de faits plus réels ; ! ils forment une sorte de calendrier en vers élégiaques, renfermant, avec une partie astronomique, un exposé mythologique et historique de l'origine des fêtes romaines. L'exil empêcha é^j^alement Ovide d'achever f] cet ouvrage, qui était divisé en 1^ livres correspon- ; dant aux 12 mois, et qui, malgré une méthode super- ficielle, renfermait nombre de renseignements précieux sur le culte de l'Italie antique. A Tomes, Ovide composa -Y 5 hvres de Tristia, en vers élégiaques; c'est un recueil de plaintes sur les fatigues du voyage et les chagrins de l'existenca chez des étrangers, avec une lettre à Auguste (1. II) et des lettres à sa femme ; Epistulae + <-'-<' Ponto, en 4 livres, lettres à différents personnages t désignés nominativement ; Vlhis, poème injurieux dirigé contre un personnage qui n'est pas nommé ; .enfin, les Halieutica , poème didactique inachevé » (132 hexamètres), sur les poissons de Ix Mer Noire.

65

D'autres poèmes, entre autres un éloge d'Auguste en , lancrue gète, ne nous sont point parvenus. '' *

Ovide est une nature de poète richement douée et heureusement organisée ; mais chez lui, le poète" aussi bien que l'homme manque de gravité et de maintien. Son tîilent se montre surtout supérieur dans Ta légè- reté prodigieuse d'une versification qui pour lui était un don naturel, une nécessité (Trist. IV. 10, '26 : Et quod tempt(d)a))ï scribere versus eratj : au contraire, le ti:^IiiL «pi est nécessaire pour perfectioner un talent heureux, le rebutait rapidement ; aussi peut-on dire de ses créations poétiques ce qu'il dit lui-môme au sujet des occupations politiques, Trist. IV, 10, 37 ; 40 :

Nec corpus pati<'iis ucc mens IViit apta labori, Otia jndicit» s<mi4)(M' aiuata iiico.

Déjà les anciens critiques regrettaient qu'ils se fut trop abandonné à sa facilité de style et à son imagina- tion exubérante; cf. Quintil. X, 1, 98 : Ovidi Medea (tragédie aujourd'hui perdue) videtnr inihi ostendere quantum ille rir praestare potiterit, si ingenio suo tempemre quant i.idulgere hmluisset. On lui repro- chait d'avoir lui-même souhaité qu'une pureté et une perfection trop continuelles fussent tempérées par un défaut qui les rendit piquantes; Senec. Controv. II, 10, 12: aiebat decentioremfaciem esse, in quaaliquis naevos fuisset (on doit à cet égard, et même en général, le comparer à H. Heine). Ovide vécut pendant longtemps dans une situation agréable, parmi les classes élevées de la capitale, imprégné des idées et des mœurs de son temps ; aussi est-il le poète de la cour, de la société polie, mais légère et frivole ;son talent, san_s jnMr*2i.tion profonde, est propre à délasser agréa- ^^]£lïlâllt. Ovide est pétillant d'esprit et traite souvent son

' sujet avec une ironie franche ou voilée, mais trop sou- vent il manque de gravité et de mesure, et tombe 1 dans le l)adinage et dans le cliquetis des mots (l). Au moyen-fige , les Métarinoplioses surtout étaient lues

f avec assiduité ; AUjrecht de Ilalberstadt en lit en l'an V^f^^y un remaniement en distiques allemands, à l'ins- tigciLiun du Landgrave Hermann de Thuringe.

Tibulle ( A llj i u s T i b u 1 1 u s ), naquit en Tan 54 av. J.-C, d'une famille équestre opulente; malgré les pertes que subit sa fortune dans les distributions de terre de l'an 11, il conserva quelques ressources, s'att;irha à Valerius Messalla, et l'accompagna en l'an 2S dans la guerre d'Afjuitaino; il mourut en l'an ^19.

4- Après quel([ues essais poétiques à la manière des alexandrins (comme le panégyrique de Messalla, IV, 1, si toutefois il est bien de Tibulle), son talent atteignit son apogée dans les vers à sa maitresse

4- Délie (L. I', et sur les relations de Sulpicie et de Cérinthe (IV, -J, V); d'auteur de IV, 8-12 est Sulpicie elle-même). Le livre II raconte les relations du poète avec Xémésis ; (le L. lïî n'est pas de Tibulle, mais d'un imitateur inconnu). Ijbulle est le pre-

- mier des élégiaquts romains (-2) ; c'est une nature pro-

(1) Kilition» «rovide : le texte seulement. A. Rie se, 3 vol., 1871-1874, L<'ip/ ; Morkel, Leipz., 1807-72. Les Meta- morplioses : Z i ii i? e r 1 e , Leipz , 1884.

Arr fn,('S r,> oUemand, le.s Motam. Haupt et Korn, Ber- lin, 2 vol . . 1 s , I ;- 7S : clioiK dos Métam. Siebelis et Polie, Leip ' 'ascir., 11" et 10« édit.

.4(,., ..ul'js en lai>>' -l'uvres complotes, collortion Kemairc. Lisez, sur les Métai ti avail de G. F. i- .' Ion, en latm, Paris,

1882 ; sar 1-- riti~;''s .ie l'exil d'Ovide, G. Boissier, Revue des deux Mondes, année 1867.

Ovide, sa vie tt s •• E. Nageotte, Màcon. 1872.

(2) Celte opinion e^i cuuiubiable ; la phrase de Quintilien, que M. Bender cile à la fin de ce paragraphe, montre que dans l'antiquité comme de nos jours, on pouvait lui préférer Properce.

~ C7 -

prement « élégiaque », pleine d'enthousiasme pour l'amour passionné et pour la peinture sentimentale de la vie modeste et paisible quj était son idéal, de la vie^hampétre ; il nous apparait en proie à une tristesse mélancolique (surtout I, 1, ;i, 10, IL l), simple, ému, profond, d'un goj^it délicat et d'une perfection de stv[ejvoilée par une apparence de naïveté. (Horace lui adresse l'ode I, 83, et Tépitre I, 4) (1).

Properce (S. Propertius), contemporain de Tibulle, mais plus jeune que lui, naquit en 50, en Ombrie. probablement à Asisium ; il perdit dans les distributions de terres de Al une partie de sa fortune, ot vécut dès lors à Rome il se familiarisa avec les œuvres des alexandrins, surtout avec celles de Calli- 4 jmaque. Il fut introduit chez Mécène en Lan j2(;, après , la publication de son premier livre de poésies et mou- T rut en l'an 15 av. J.-C. Le livre I de ses poésies a pour sujettes premières et les plus sincères amours du poète pour Cynthie (courtisane, qui n'est sans doute autre qu'Hostia) ; il fut publié par Properce lui-même au début de l'an '^G (2). Les livres U et III (ou bien, sui-

(1) Editions «le Tibulle : le texte seulement, avec Catulle et Properce : H a u p t et V a h I e n , Leip/ . 1879 ; seul, !.. M ii 1 1 e r , Leipz., 1875. Editions importantes : Lachmann, Berlin' 1829, Disse n, Gœttinnron, i vol., IHHÎ}. Voy. plus loin : « Morceaux choisis des Klégiaqucs » .

L'attribution duJlIt-' livre à un poète inconnu, qui se donne le nom de Li/'/damus^ n'est pas douteuse , sur l'attribution d.\s pièces du IVe livre, Us unes a Sulpicie, les autres à Tibulle, et sur l'auflienticité du panogvri([ue d(! Messalla, voy. G. Lar- roumet. de -/• TibuUi llhro , Paris. 1882 (cf. Bulletin mensuel de la Faculté des Lettres de Poitiers, année 1883 n 208-215). ' ^'

(2) La chronologie de la vie et des oeuvres de Properce est très incertaine ; M. Hender se montre un peu trop affirmatif sur la question. Rien ne prouve que Properce ait publié de son vivant d'autre livre que le premier.

Il

'

\i^

68

vant Lachmann. II-IV (1), parurent plus tard ; le Livre iy(\', d après Lachm.). qui renferme quelques pi«"^ces analogues aux Fastes d'Ovide sur riiistoire primitive de Rome, ne parut qu'après la mort de V Properce. L'élégie érotiriue cliez Properce est le pro- duit naturel et immédiat de son caractère et de son .existence ; Properce est un poète sensuel, passionné, 'riche d'imagination; le plaisir que procurent ses poésies est souvent gâté par des épisodes mytholo- giques qui touchent à la surcharge et à l'obscurité ; mais l'étude des alexandrins les rend coulantes et harmonieuses, en mr-me temps cependant qu'elle leur communique queiijue chose d'incontestablement^ af- fectédans l'expression (2).

Quintilien dit (XJ,0:i). en parlant des élégiaques romains : Hlc/ia r/raecos provocainiis; cujus mihi ter^ sus f>t'<"" '•^"■l'tns ini(riy)}r> videtiir auctor Tibullus ; siinl iiui i rupcriiahi nialiut ; Ovidius utroque lasci- vioï\ siciit durior (iallus. (-*>).

(1) Il faut rejeter la division de Lachmann qui coupe en deux le deuxième livre ; on commence du reste à l'abandonner.

(2) EdltioiiA de Properce : le texte seulement, avec Catulle et ïibulle, H a u p t et V a h 1 e n Leipz., 1870 ; seul, L. M lil 1 e r Leipz. 1870 (ces deux éiUt. ont le tort de retenir la division en 5 livres de T.acliin), A. P a l m e r , f.ondres et Dublin, 1880.

Avec notes en latin : collection L e m a i r e ; en anglais, P a 1 e y , 2' édit., Londres, 1872.

Des éditions très importantes sont celles de Lachmann (Leipz . 1816 et Berlin, 1821)), H e r t zb e rg , 4 vol. (Halle, 1843- 45 1 , B ii h r e n s { Leipz , 1880)

Voyez la note suivante.

{ti) Morceniix: elioisis «Icfi él^ipinqneA romalDS : (Catulle, TibuUe, Properce, Ovide), avec noies en allemand^ K. P. Schulze, Berlin. 2" édit., 1884; C. Jacob y, Leipz., 2 fasc, 1882; dans V Ayithologie des poètes latins de H. Bender, Tubingue, 1884. (Catulle, TibuUe, Properce), avec notes en anglais, Wratislaw et Sutton, Londres, 1869 ,* les mêmes (avec un choix de Lucrèce et f^f) Lucain), C ro we i 1 , Boston, 1882. (Catulle, TibuUe, Properce), avec notes en italien, P.errini, Turin et Borne. 1882.

(

69

^ 19

'2. L.V PROSE a) L'F.I.OOrKNCF'

Au style surchargé et ampoulé du gcnu>^ asiaticum s'opposa, mais avec l'exagération du contraire, le genus atticurn qui se rattachait surtout à Lysias et qui affec- tait la simplicité, le naturel et la sobriété d'ornements ; entre les deux genres se plaçait le genius rjwdmm. Le genre asiatique fut représenté principalement par Hortensius, le genre attique par César, M. Binitus, Gaelius Rufus. etc., et plus tard par Asinius Pollion, le genre rhodien par Cicéron. Avec le mouvement poli- tique de l'époqued'Auguste, l'éloquence dut disparaître de la scène publique ; elle se réfugia dans le sénat, dans le tribunal des centumvirs, et surtout dans les écoles et dans les audjtoires. L'éloquence publique et pratique céda le pas à la rhétorique et à la décla- mation ; au lieu d'orateurs, on eut des rhéteurs (cf. Tac. Dial. 14 : novorum rhetovum veteriwi ora- toruni]. Déjà, la rhétorique avait été introduite à Rome au temps de Sulla par les professeurs grecs ; déjà, Cicéron avait joint dans l'art d'écrire la théorie à la pratique ; mais c'est l'empire qui (porta l'une et Fautre à son plein développement. C'est alors seule- ment que l'éloquence cessa d'aspirer à un but pratique^ et qu'elle ne traita plus que des sujets fictifs; elle ne fut plus qu'un exercice de style et de déclamation. Les déclamations se divisèrent en coîi^'over^iae, suaso- riae et laudationes ou vituperationes.

Parmi les orateurs publics de la première moite de cette période, on doit citer (outre Q. Hortensius, cf.

l

_ 70

-|- §1'2): Caesar (summîs oratorihus aemulus ^ Tac. Ann. XIII, :î) , M, Calidius, C. Me m mi us, C. Gurio, M. Gaelius Ru fus, et un peu plus tard A s i ni u s P o 1 1 i o n (tendance à l'atticisme poussée à l'extrême, orateur rude et archaïque, son modèle est Thucydide^ ; M. Valerius Mess ail a (qui se rapprochait davantage de Cicéron) ; à l'époque d'Au- guste, on trouve C a ssi us Se ver us, que son éloquence agressive fit bannir en l'an l'2 après J -G. - Quintilien donne une caractéristique de ces orateurs (Xil, 10, 11) : « Vim Cansaris, indolem Caelii, suhtilitatem Cnliilii (Hiujenthfhi Pollionis, dignitatem Messallae, !/)'(( ritatem Jh'Kti, acerbitatern Cassii reperiemus. »

G'est avec Gicéron , M. TuUius Cicero, que l'éloquence atteignit son point culminant:

TdblcfUi cliroKohKjlque de. la vie et des œm-res

de Cieéron,

Av. J.-C.

10«"., ;i j.inv. Naissance do Cicéron à Ar^ii- niitii. V>0 f4 Cicéron ('tuilio à Ronic la rhé-

^^''^- tîiCiaytî, sous des maîtres

;^f('(>, entre autres Moloii, et lail coiiiiaissancc avec les orateurs Antonius et Çras- sus ; il est diri^'»' dans IV'tudo du ih-oit par l'au^îiiie ' *Tucius Scaevola, et le ^i uni pontife Q. Mucius S(;ic\(tla. •'^'* I! sert dans l'atniL-r de Cii.

Ponipeius Strabo.

Av. J.-C.

89

81

m

U 7r.

70 01)

Cvî

G^2

m

58

57

54

5:i 52

il -50

71

U étudie la philosopiiie sous Phèdre et Pliilon.

DE INVENTIONE (On

ne sait en quelle année), premier discours

PRO OUINTIO. ORAT. PROS.RdSCK^

Amerino.

(Uct'i'oii va (''tudi«'r tMi (in-tt', à Rhodes l't en Asie Mineure.

Il éjiouse Terentia.

Il est quf^steiii- en Sicile.

Il pn'hd paît aux procès des SitilitMis contii' Verres.

Il est nommé ('dile.

Il est nommé préteur.

Cinisulat d(M'ac(''i-oti ; il reçoit le titre de « j)atei' patr'iae h pour avoir di'couveil la con- juration de Catilina; il s(* tourne vers le parti de l'aris- tocratie.

Oratioxes Yerri-

NAK.

43) EPIST. AD At-

TICUM.

Orat. de imp. Cx.

P0M1»KII.

Orat. IV ix (Iati- lixam; pro Mu- rex a.

■i

4;î) Epist. ad fa- mil. ; Orat. pro SULLA, pro Ar-

CHIA.

5î) Epist. ad

QuiNTUM FRA- TRKM.

CiciMon est Itaiini et se relire à

ÏJH'ssajonique. 4 sept. Il_reiitre à Rome. H hésite entre le parti des

triumvirs et celui du Sénat. Il est au^'uie.

11 est proconsul en Cilicie, et reçoit le titre d'irnperator,

DE ORATORE.

51)derepublica Orat. pro Milone.

Av. J.-C.

49

45

4t

43

-72

En juin, il se lend auprès de

Pompée, à Dyniichiuia. En septeinl)re, il rentre en

Italie ; st'jour forcé à Brindes. En septembre, il rentre à Rome

avec Tautorisation de César. 11 répudie ïerentia (*t épouse

l'iil.iilia.

Mort de sa fille Tullia ; ij^j^»'

sépar-e lie Puhlilia. Il applaudit au meurtre de

Orat. pro Ligario ; lÎRUTUS ; Ora- TOR ; DE Legi- Bus; paradoxa;

DE part. orat.

Orat. pro Dejota-

RO;— DEFINIBUS; ACAD. (CON- SOI,. TlMAEUS).

Orat. Phil. XIV, (t> sept. 44 22 avr. 43) ÏOPI-

CA; DE OPT. GEN.

ORAT. ; Tus-

CULAN. DISPUT. ; DE NAT. DEOR. ; DE SENECT. ; DE DIVIN . ; DE FATO ;

DE AMICIT. OFFIC.

DE

Cicéron est assussiui^ le 7 dé- ceuibre.

Dans réloquence, Cicéron occupe une place consi- dérable à la lois par ses discours et par ses ouvrages de rhétorique.

a] Les discours. Quintilien dit (X, 1, 112), en

parlant de Cicéron orateur : <i Apud posteras id est

consecutus, ut (Heero jam non hominis noynen, sed

eloque7itiae haheatur. * Cicéron possédait toules

-f- les qualités physiques et morales q^ui font un orateur :

73

organe fait pour la tribune, aspect aimable et sérieux, mémoire heureuse, rapidité d'intelligence et de com- binaison, nature impressionnable, imajj^ination vive, saillie brusque et piquante ; à ces dons naturels s'a- joutaient un désir de s'instruire qui ne connaissait point de bornes, une application infatigable, une étude continuelle et méthodique. Les discours de Cicéron ont pour caractères distinctifs une verve entraînante, un pathétique irrésistible, la variété et la rajïïde succession des sentiments, le feu du débit, la surabondance des expressions, et un talent supé- rieur dans la recherche des moyens les plus propres à agir sur le cœur et sur l'esprit de l'auditeur ; mais ils manquent parfois de force réelle et de gravité morale : sous ce rapport, Cicéron est inférieur à Démosthène.

Des discours de Cicéron, 57 nous sont parvenus en entier, et nous avons les fragments d'environ ^iO au- tres ; il en reste :>:> dont nous ne savons rien, sinon qu'ils ont été prononcés. Parmi les discours conservés, les plus remarquables sont : pro Quiniio, le premier que prononça Cicéron ; pro S. Roscio Amerino, discours plein d'intérêt, parce qu'il attaque un favori de SuUa, Chrysogonus ; les Verrinae, contre le spoliateur Verres, qui avait été préteur en Sicile, avec la divinatio in Caecilimn, qui les précéda et par laquelle Cicéron s'assura le droit d'accuser : ces dis- cours contre Verres sont pleins de renseignements précieux pour la connaissance de l'administration des provinces romaines; de imperio Cn. Pompeii, par lequel Cicéron fit donnera Pompée le commandement en chef dans la guerre contre Mithridate ; m L. Catilinam^ discours qui furent prononcés les 7 et 8 novembre, 3 et 5 décembre 63; —pro Murena, défense

II

■i

- 74 -^

du consul Licinius Murena, accusé de ambilii, discours amusant par des traits malins à l'adresse des juristes; pro Sulla, défense de Sulla qui était accusé d'avon- pris part à la conjuration de Gatilina ; jjro Ardiia, pour conserver au poète Archias ses droits de citoyen romain ; pro Sestio, défense de Sestius, accusé de violence, longs détails sur les luttes des partis à Rome ; pro Cddio, intéressant pour l'étude des mœurs ; pro Milone, défense de Milon, après le meurtre de Clodius ; le discours tel que nous . le possédons est un remaniement du premier discours prononcé par Cicéron ; pro Lh/ario, intercession auprès de César' en faveur du Pompéien Ligarius ; pro Dcjotaro, défense du roi de Galatie, Déjotarus, accusé d'une tentative de meurtre sur la personne de César ; les 11 Philippicac, contre Marc Antoine ; la plus importante est la seconde, qui ne fut pasjro- noncée. (Edit. class. avec comment, par C. Halm, Koch, Richter.)

/' ' /\<'s ouvrages de rhétorique. Grfice h l'enseigne- ment des rhéteurs grecs, à l'étude des théoriciens comme des orateurs, particulièrement d'Hermagoras (II« siècle av. L-C ) . dAristjjte, de Démosthène et d'Isocrate, Cicéron avait pu se familiariser étroitement avec les théories des écoles. Cependant, par suite de son éducation scientifique et du caractère pratique de sa carrière oratoire , il ne se contenta point des î théories toutes faites : il eut toujours devant les j yeux les besoins et les expériences de sa propre 'époque. Par suite, ses ouvrages renferment un j_ système fondé, ej2jji^andej)artie, sur une expérience personnelle. Les divers écrits de Cicéron sur Tart ora- toire, sont : de invcniioneUbri2, ouvrage de jeunesse^

/t>

inexpérimenté ; de oratore libri ^, sous la forme d'un entretien qui aurait eu Heu en 91, et dans lequel paraissent entre autres les deux grands orateurs L. Crassus et M. Antonius ; le ton en est vif, le style élégant et bien nourri. Le livre I traite de la culture nécessaire à l'orateur, le livre II de la manière de traiter le sujet, le livre III de la forme et du débit (Edit. class. par C. Piderit) ; Brutus, sive de claris oratoribus, également sous forme de dialo;,^ue, histoire sommaire de l'éloquence romaine (Edit. class. de C. Piderit et d'O. Jahn) ; Orator ad M. Brutum, portrait de l'orateur idéal (Edit. class., par Piderit et Jahn) ; Partitiones oratorinc, sorte de catéchisme oratoire ; Topica, commentaires sur la Topique d'Aristote : de optimo génère oraiorum, sur le style de l'école attique et de l'école asiatique.

§ "21.

b) CICÉRON ET lA PHILOSOPHIE A ROME

Ce fut, en second lieu, dans le domaine de la philo- sophie, que Cicéron porta sa féconde activité. Le pre- ( mier accueil fait par les Romains à la philosophie ' + grecque n'avait pas été bienveillant. Ennius avait bien traduit les œuvres du philosophe rationaliste Evhé- mère, mais les Romains voyaient leur religion atteinte par ce système qui renversait et mettait à néant tout un monde de divinités traditionnelles. De plus, la phi- losophie grecque de cette époque, philosophie de dé- cadence, et représentée presque uniquement à Rome par la sophistique, y était considérée comme nuisible -f

70

li

aux alTaires et à la pratique de la vie. Aussi, vers l'an l')~> les trois philosophes grecs députés à Rome

I par les Athéniens, l'académicien Carnéade, le stoïcien

Diogène. et le péripatélicieri Gritolaïis, furent, sur la

1 proposition de Caton, congédiés le plus tôt possible.

Cependant, la génération qui suivit se mit à étudier

cette même philosophie, et peu à peu les leçons d'un

-^ philosophe grec devinrent le complément nécessaire

d'une bonne éducation. Parmi les systèmes en vogue,

4- le stoïcisme, avec sa morale austère et ses tendances

^) pratiques, était celui qui oiTrait le plus d'attrait aux

Romains ; c'était aussi celui qui se conciliait le mieux

. avec leur religion ; surtout il s'adaptait à leurs institu-

; tions sans aucun effort ; depuis Scipion le jeune, la plupart des hommes d'Etat et des juristes étaient stoï- ciens. Les deux Q. Se xti us Niger, le père et le fils, qui écrivirent en grec au temps de César et d'Auguste, suivaient le système de Pythagore mélangé de stoï- cisme. Le système d'Epicure et celui de la nouvelle Académie qui favorisait le scepticisme, rencontraient aussi des sectateurs ; parmi les disciples d'Epicure, il faut nommer surtout le poète Lucrèce. D'autres n'adoptèrent pas un système déterminé, ils prirent dans chacun ce qui leur plaisait ; c'est cette sorte d'édectisnie que pratiiiua Cicé^^^^ En somme, toute

P la science philosophique que possédèrent les Romains fut empruntée aux Grecs ; ils n'ajoutèrent à

. cette science rien d'original. Ce qu'ils voyaient

surtout, ce n'était pas les théories, mais les

-f j- conséquences pratiques (1) ; telle est, en effet, la

"t

f

(1) Vov. sur le caractère de la philosophie chez les Romains, les livres de C. M art h a, le Poème de Lucrèce^ les Mora^ listes sous VEmpire romain. Etudes morales sur Vantiquitéy aris.

77

défmition qu'en donne Cicéron. Tusc. IV. :L .1 : la philosophie est l'art de bien vivre, 6e/ic vivcndi disciplina,

Cicéron ne voyait dans la philosophie, suivant les préjugés de son temps, qu'un auxiliaire de la rhéto- n^e ; il n'en composa des traités qu'à l'époque la toute-puissance de César lui interdisait l'exercice de la vie politique. L'étude qu'il avait faite de la philosophie grecque était une étude d'amateur, très variée, mais ^"^^^^qgiiL§PPJ'ofondie ; dédaignant de se livrer à un examen sérieux et indépendant, l'illustre orateur ré- digea en un temps très court une foule d'écrits philo- sophiques, qui ne témoignent que trop de la rapidité de l'exécution. Il réussit assez bien à concilier la théorie et la pratique ; il montre sa préférence pour ^a noil^Me Académie, à cause de sa sophistique ap- propriée aux besoins des avocats et des orateurs, et pour le stoLcisme, à cause de sa forte morale. L^épicu- rÇi^m? lui inspirait de la répugnance ; les Romains ne voyaient dans ce système que la permission de se livrer à toutes les jouissances sensuelles.Les systèmes anciens de Platon et d'Aristote ne sont connus à Ci- céron que d'une manière superficielle. Le principal mérite de Cicéron fut d'avoir enrichi la langue latine d'un vocabulaire quil dut créer en grande partie, d'avoir rendu la philosophie grecque accessible aux Romains, et d'en avoir fait l'objet d'un intérêt très vif et très répandu. A l'exemple de Platon, il donne ordi- nairement à ses traités la forme de dialogues ; mais il ne rend pas la vie et la fraîcheur de son modèle.

Voici la liste chronologique (cf. de divin. II, 1) des ouvrages philosophiques de Cicéron : de republica^

LITTÉKATUilE fcOMAIXE .n

+

4-

1 "t" t

k

--78

sur la meilleure forme de gouvernement ; c'est un dia- logue entre Scipion l'Africain le jeune, Laelius, etc. Des r. livres qu'il comprenait , nous ne possédons guère que 1«'- doux, premiers, et encore incomplète- ment, plus lu àutnnluin Sri pionis, \qm appartenait au livre, et qui nous a été conservé par Macrobe. La plus grande partie de ce que nous avons a été décou- verte en 1822, par le cardinal Angelo Mai, dans un I palimpsesîe du Vatican. Le deuxième livre contient un essai sur l'histoire de Rome primitive, particulière- ment sur sa constitution ; de legihus, inacheyé ; il comprenait probablement 6 livres ; 3 seulement nous sont parvenus, mais sous une forme altérée ; l'ouvrage expose un droit public et un droit sacré, conçus d'après des principes stoïciens; Parado.ca, exposé de principes stoïciens;— L:(jiisol(ttw , inspirée par la mort de sa fille ; il n'en reste que des tVaginen.ts, ainsi que de VHoHensius, oii il recommandait l'étude de la philosophie ; de finibus bonorum et malorum, en 5 livres, répertoire des doctrines des philosophes grecs sur le souverain bien *'t le souverain mal, avec une critique de «»-> doctrines ; ledit, class. de H. Uolstein) ; Academica, en i livres, aperçu des théories diverses de la connaissance, avec des détails particuliers sur les académiciens ; l^nsciilnnae disputationes, en 5 livres, enseignant rcs ad heate vivenditm maxime ne- cesuirias\ le livre 1 traite de conternnenda morte; le Vivve il, de tolenmdo dolore; \e livre 111, de aegritU' cline Umienda ; le livre \\\de yeliiiuis animi pertiirba- tionibiis ; le livre V, ad heate vtvendum virtutem se ipsa esse eontentain ; les livres les plus intéressants - sont IV et V (édit. class. de Tischer-Sorof et de 0. Heine) ; Tlmaeus, reproduction du dialogue de

- 79

Platon (fragments) ; de natura deorum, en S^livres, exposition de différentes théories sur la divinité et sur ses relations avec le monde, entre autres de celles des épicuriens il. 1), des stoïciens (1. II), des académi- ciens (1. III) ; (édit. class. de Schumann) ; de divina- tione, enj3^1ivres ; exposition (l. I), et réfutation sou- vent humoristique (L II) de la doctrine stoïcienne sur la divination ; - Cato major, sive de senectute, éloge de la vieillesse placé dans la bouche de Caton, ouvrage "5i^L^^A^Jl^i^?"^ admiré, attrayant par la douce cha- leur du ton et du style (édit. class. de Lahmeyer, Meissner , Sommerbrodt) ; de fato (fragment) , contre la doctrine stoïcienne sur la destinée ; Laelius, sive de amicitia, éloge de l'amitié vraie et reposant sur un fondement moral, placé dans la bou- che de Laelius le jeune (édit. class. de Lahmeyer, Nauck) ; de officiis, en 3 livres, traité des devoirs, conçu d'après les stoïciens, mais avec de libres emprunts à différentes sources ; l'ouvrage traite spé- cialement de la nature de l'honnête (L. I), et de l'utile (L. II), ainsi que de la subordination de l'un à l'autre, (L. III) (édit. class. de Gruber, 0. Heine). Nous ne possédons plus les traités de gloria, devirtutibus, non | plus que des traductions de Xénophon et de Platon. \

i 22

C) LETTRES DE CICÉRON

Avec Gicéron, la correspondance par lettres, Vépis- \ tolographie, devint un genre littéraire important. Nous T possédons JLjecueils de lettres de Gicéron ::ad fami- liares/(iiive employé pour la première fois dans l'édi- t

ii

m

I

4-

80 -

tioa d'Henri Etienne. LVili ; l'autre titre ad diversosj n'est ni le litre primitif, ni même une tournure latine), l() livres; (fd AnlcNu}, U> livres; —ad Q. fratrein, lYlivres ; <«( liraiuut, '2 livres, ("os lettres, au nom- bre de 8(il dont 00 adressées à Cicéron, vont de l'an 68 au '28 juillet de l'anj:]; maïs elles se distribuejU inégalement dans le cours de cette période : ainsi, par exemple, nous n'avons aucune lettre datant du consulat de Cicérôn ; de même, l'époque qui précède la guerre civile est relativement plus pauvre à cet égard que la période suivante. Rien que Cicéron ait t'u eu vue la publication de ses lettres, ceji'est pas lui (jui_rajjiréparée, ainsi que le prouvent certaines let- tres qui furent pul 4 lées avant les autres, et qui nous montrent le caractère de leur auteur sous un jour peu favorable ; cette i)ubUeation fut faite, sans doute, avec le concours spécial de son alfrauchi ïjron et de son ami Atticu<, (jui pouvaient retirer un profit du com- merce de ces lettres ; ejic eut lieu bientôt après^Ja mort de Cicéron, mais sous le règne d'Auguste. Du reste, il y avait beaucoup plus de lettres de Cicéron répandues dans l'antiquité que nous n'en possédons aujourd'hui, (les lettres sont une source d'une valeur inappréciable pi^ur l'histoire de l'époque : Corn^Nepos disait, en pari. tut des lettres ;i Atticus : < Quae qui Icffai. 110)1 jimlliuit (iesidercl hhtorkini conU\itam illo- raiH it'/)^/'e/(()^/.)> Elles sont naturellement, degenres très divers ; les unes sont plus officielles, et prépa- rées à tout hasard en vue d'une publication éventuelle, par suite écrites avec plus d'attention et plus de réserve ; les autres , particulièrement celles qui s'adressent a Atticus, ne servent qu a une commu- nication intime, et nous dévoilent par conséquent

81

davantage les relations, les opinions, les joies et les ^peines, les sympathies et les antipathies de Cicéron. Pour la môme raison, le style est tantôt solennel et soigné, tantôt vif, négligé, et d'une concision qui va parfois jusqu'à l'obscurité, tantôt grave et mesuré, tantôt gai et pétillant d'esprit. L'ordonnance des let- tres suit, en général. Tordre chronologique dans le recueil ad Atticuni ; au contraire, les lettres ad fami- liares sont le plus souvent ordonnées d'après les noms des destinataires ; p:) r exemple le livre VI II ne renferme que les lettres de M. Caelius à Cicéron : le 1. XIV ne contient que celles de Cicéron aux membres de sa famille. Tandis que le recueil des lettres à Atticus ne renferme que des lettres de Cicéron lui-même, le recueil ad familiaros contient î)0 lettres adressées à Cicéron par difTérents personnages tels que M. Caelius, César, Pompée, Munat. Planons, Dec. et M. Brutus, Sulpicius Rufus, etc. Dans le recueil ad Uuuitum fra- trem, la première lettre du livre 1 est d'une impor- tance toute particulière : elle contient une instruction détaillée sur les charges d'un proconsul romain. Les savants ne s'accordent pas sur l'authenticité des lettres à Brutus (tout au moins du deuxième livre) ; la plupart même la mettent en doute. Les lettres de Cicéron étaient déjà lues et eny^loyés sous forme d'ex- traits dans l'antiquité ; cependant les manuscrits n'en furent découverts qu'au 14'' siècle, par Pétrarque (édit. elass. des Epist. ad fam.: Extraits de Siipfle, Dietsch, avec comment, par F. HofTman et J. Frey).

Sur Cicéron poète, v. ^ Ifî ; sur Cicéron historien, |23.

Après avoir été d'abord l'objet d'une admiration sans réserve, Cicéron a été récemment attaqué, surtout de

a-

t

Qi>

*""■ O^' "~"

-f la part de Drumann et de Mommsan, par une critique souvent outrée et dédaigneuse. Il est certain qu'on doit reprocher à Cicéron des défauts et des faiblesses graves ; c'est ainsi qu'il nianque d'indépendance et de

•f fermeté dans sa vie politique, qu'il se laisse tro-p domi- ner par les succès et par les revers. Il obéit trop à

^ l'impression du moment et à l'instabilité de son carac- tère, même dans la littérature, par laquelle il a acquis son principal titre à la gloire ; dans ses discours, il

^' vise à l'etHet; dans ses écrits philosophiques^ il man- que de consistance et de profondeur ; mais, malgré tout, Cicéron est et reste dans l'histoire littéraire une figure remarquable, et on doit lui appliquer le mot de Varron : « ifiid major pars vilae aiqiie ingenii stetit, ea judicaitdxiii de liominc ext. » Cicéron, à une épo- que des plus corrompues, eut une conduite irrépro-

"^ chable, désintéressée, incorruptible ; patriote sincère, il tendit sans cesse vers le bien, vers le vrai et vers le l)eau ; tendre pour les siens, obligeant pour ses amis, toujours prêt à encourager lu jeunesse, humain pour ses esclaves, Cicéron fut un homme de cœur, une belle àme. douée des facultés les plus brillantes, d'un ra_re taloiit déloquence, d'une riche imagination, et d*un es[)rit de saillie inépuisable. L'influence qu'il exerça en littérature marque un progrès dans le déve- loppement de la culture intellectuelle, en général ; il fut une sorte d'intermédiaire des plus précieux entre le monde romain et la civilisation grecque ; il porta la lan^nie latine à son plus haut degré de perfection ; et s'il ne fut i)as un caractère précisément romain, du moins il introduisit à Rome les éléments de l'éducation intel- lectuelle la plus variée (1).

(1) Lire tout d'abord G. Boissier, Cicéron et ses amiSj Paris.

- sa

23

iV l'histoire

L'histoire eut, dans cette période, de nombreux représentants. La connaissance de plus en plus éten- due des œuvres grecques, le perfectionnement de la langue latine, le développement sans cesse croissant des théories oratoires, et le progrès de la culture intellectuelle produisirent une historiographie ' a rtis- j^ tique, [ méthodiq^ue, qui tantôt se bornait à i histoire contemporaine ou au récit d'événements isolés, tantôt embrassait l'histoire romaine tout entière, et môme l'histoire universelle, en suivant un plan déterminé et . une métlîode d'exposition réfléchie et conforme au sujet. Les historiens furent, pour la plupart, des liornmes mêlés aux mouvements politiques, ou appar- ^_ tenant à un parti ; aussi leurs oeuvres ne représentent- elles, le plus souvent, que les idées de leur parti. Il y eut également nombre de Mémoires. Tandis qu'au f + temps de la PtépubliquC; la liberté de la parole permet-

Edition» de Cicéron : Editions conipU''tes. le texte seule- ment : B a i t e r et K a v s e r , Leipz., collect. Bernhard Tauch- nitz, 11 vol. 18()0-18i)l) :"Rh. Klotz, Leipz., 11 vol., L%9- 1^74. ^ Avec des notes critiques, index, seholiaates, Orelli (conUn. par Baiter et Haliii), 8 vol., Zurich, 18:^3-57.

En dehors des éditions indiquées pour chaque ouvrage séparé par M. Bender, lesquelles sont annotées en allemand, il faut signaler celles du I^o Archia et du De suppHciis {actionis in Verrem secnndae liber quintusj de E. Thomas, avec un commentaire critique et explicatif en français, Paris. 1883 et 1885; pro Archia, C. Binn, Paris, 1881; la seconde philip- pique, J. Gantrelle, Paris, 1881: choix de lettres, V. C achevai; do fnibns libri I et 11, de senectute, de amicitia, de republica par E. Charles, etc.. Paris.

Traduction des œuvres de Cicéron : J. V. Le Clerc.

iM^^toM

84 -

tait aux historien?; de raconter les événements contem- ^j porains ou les faits les plus récents, leurs successeurs \ se virent presque toujours réduits par la tyrannie de 1 l'empire h choisir leurs sujetsdans le passé.

î.es historiens do la première moitié de cette période furent : T. Pomponi us Attjcus, qui composa un sommaire de l'histoire romaine entière sous la ti)rme de tableaux secs et conds. [liberj Annali' ; il écrivit d'une façon analogue la généalogie de quelques gran- des familles : C i ce r o n, qui composa une histoire de son Consulat, aujourd'hui perdue ; Aelius T u b e- ^ L9» auteur dune histoire rouiaine qui allait jusqu'à l'époque de Tauteur.

Les historiens suivants sont l>ien plus importants : C, Julius Caesar, le 1:2 juillet 100; neveu_de Marins, (|ui le lit iiominer en 87 flam en di (litige ésïxr épousa en <X:j la lille de Cinna, ce qui le fit épargner à f regret par SuUa ; il servit en Asie, 80-78, se fit^ con- naître en 78 par des accusations contre la noblesse, eut pour maître Molon à Rhodes, en 76 ; il futen 08 ques- teur en Espagne, en G.-) édi[e, en m grand pontife, en 6'2 Pléteur, en Gl gouverneur de l'Espagne ultérieure, en ()0 triumvir avec Pouipée et Crassus, en r»î) consul, de 58 à 50 proconsul en Gaule ; il commença en 49 la f t^uerre civile contre Pompée et le régime aristocratique, triompha de Pompée à Pharsale, et des Pompéiens en Afrique et en Espagne (48-45\ et obtint [)ar la dicta- ture ; il fut assassiné le 15 mars 44. Doué des talents les plus variés. César possédait le don de l'éloipience, ■f dans une mesure peu ordinaire. Comme orateur, les anciens le plaçaient, du moins pour le talent, à côté 4 de Gicéron. César écrivit môme su£laj.angue latine un traité en deux livres, intitulé : analogia ; il fit des

85

vers dans sa jeunesse ; il écrivit contre Caton deux -\- Anticatones ; on lui attribuait aussi un ouvrage sur l'astronomie. Mais il doit, avant tout, sa renommée à ses commentaires de hello gallico et de hello civili. Le premier de ces ouvrages expose en 7 livres les actes de César dans les Gaules, 58-5'2 ; le L. 1 raconte la dé- faite des Helvètes et d'Arioviste, en 58 ; le L. If, celle des peuplades du Nord (Nerviens) et du Nord- Ouest (Armoricains), en 57; le L. 111, la guerre maritime contre les Vénètes. et la lutte contre les Aquitains, les Ménapiens et les florins, en 5() ; le L. IV, la défaite des Teuctères et des Usipètes, le premier passage du Rhin, et la première expédition contre les Rretons, on 55 ; le L. V, la deuxième expédition en l]retagne, le massacre de 15 coliortes romaines par les Eburons, en 5 1 ; le L. VI. le réta- blissement de la tranquillité dans le Nord, le deuxième passage du Rhin, le massacre des Eburons, en 53 ; le L. VTl, la lutte contre Vereingétorix et la soumission définitive des Gaules, en 52. Excursions géograplii- ques, IV, 1-P), sur les Suèves ; V, 12-14, sur la Breta- gne; VI. 0-21) sur les Gaules. Les comruentarii de hello civili racontent le début de la guerre civile, l'ex- pulsion de Pompée, chassé d'Italie, et la guerre d'Es- pagne (L. 1), - les luttes de ^^larseille, la nomination de César à la dictature, et la défaite de Cnrion en Afrique (L. 11); la suite de la guerre jusqu'au début (le la guerre d'Alexandrie (L. Itl).

C'est dans ces ouvrages que se dessinent le plus clairement les traits caractéristiques de César : clarté de Pintelligence, finesse du jugement, sûreté de la conception, rapidité de combinaison, empire sur les événements au milieu des plus grands embarras,

5*

86

87

travail facile qui semble ne lui coûter aucune peine, et cependant un sang-froid, un calme tenant au fond du cœur. Son esprit ne conçoit et ne recherche que Je f. ^ réel et l'utile ; sa^manière de voir est essentiellement romaine : ce qui n'est pas romain n'a aucun droit k Texistence. Au point de vue de la forme, les anciens louaient déjà dans les Commentaires Velegantia, l'ai- sance, la simplicité, la clarté (Cic. Brut, 75, 262: , valde prohandi, midi enim sunt, recti et venusti, omni ornatu orationis tanquam reste detracta). Sous +- 4- leur_gbiectivité apparente se cache un art profond. f Ces œuvres sont, du reste, inspirées essentiellement par l'esprit de parti ; elles devaient, en effet, justifier la conduite de César à l'égard des Gaulois, et son élé- vation politique à partir de l'an 50. Cette tendance domine tout l'ouvrage ; mais elle se laisse deviner plus clairement dans l'exposition des causes, qui toujours poussent César \ irrésistiblement, { et des motifs, qui nous apparaissent toujours comme justes et de^lqrce majeure, non moins que dans la narration même des événements. Il faut cependant reconnaître que la vérité est en général respectée, plus encore cependant dans le de hello (jallivo, que dans le de heho civili, composé avec moins de soin. 11 est -h probable que César écrivit en 52-51 et publia en 51 les Commeniaii de bello gallico, et qu'il compo^, sans les publier, dans les dernières années de sa vie, les Comment, de bello civili. Il y eut des continua- tions aux œuvres de César, de bello gallico liber VIII, etbelliim alexandrinum, composés sans doute tous les deux par le légat de César, A. Hirtius, avec un certain talent : et quelques écrits beaucoup plus complets et plus détaillés sur la guerre d'Afrique et

4.

sur la guerre d'Espagne par des auteurs inconnus et moins instruits. (Edit. class. du BeU. gall. par Rhein- hard et Stïiber, Hinzpeter, Kraner-Dittenberger, Doberenz; du BeU, civil, par Kraner-Hofmann, Doberenz) (1).

Cornélius Népos,néen94 dans la haute Italie, vécut la plupart du temps à Rome, mais sans exer- cer de magistrature ; il fut ami de Catulle, de Gicéron | et surtout d'Atticus, et mourut en l'an 30. Il com- posa plusieurs œuvres aujourd'hui perdus : Chroni- con^ Exempta, Vita Catonin, Vitd Cieeronis, mais surtout le de viris illustrihus, qui renfermait au moins 16 livres, et traitait d'un grand nombre d'hommes d'état, de capitaines, de poètes, etc., en mettant en face les uns des autres Grecs, Romains et Barbares. De cette œuvre, il nous est parvenu le de excelle iitib us ducibus exterarum gentium^ recueil de 4. 19_biographies de capitaines grecs, ordonnées généra- lement suivant l'ordre chronologique, avec la biogra- phique du perse Datame, des carthaginois Hamilcar

(1) Editions «le César : SOUs presse, une grande édition avec commentaire critique et explicatif en français par E. B e n o 1 s t .

Œuvres complètes avec le supplément d'Hirtius, le bellum africnnum et le hélium tiispaniense, le texte seulement, B. Din te r , Leip'^. 1876.

De bello Gallico, avec notes en français : Gonstans et Denis, Paris, 1884 ; Janne ttaz, 1882; L. Koersch, Liège, 1870 ; A. Legouez; .T. M. Guardia, Paris, 1880.

Giande édition de F. Dûbner, Paris, 18G7. Edition critique de A. Holder, Fribourg et Tubingue, 1882.

Sur V Armée Romaine au temps de César, lisez le travail de Kraner, traduit par L. Baldy et Larroumet avec préface par E. Benoist.

Sur le caractère, la conduite et les vues de César, G. Bois- sier dans Cicér on et ses amis, p. 22\-S20. D. Nisard, letqicatre grands historiens latins, 1874.

88

9

+

4.

T-

et Hannibal, de Caton l'ancien et d'Atticus. Cornélius Népos semble avoir eu le double dessin de répandre parmi les Romains la connaissance de rhistoireTeFën même temps d'agir inoralem sur les esprits. Aussi sa langue est-elle s|mple et populaire ; il montre une joie sincère devant ce qui est bien, il a horreur de ce qui est mal ; il s'efibrce d'être impartial, même à l'égard d'un Hannibal ; mais il a le djfaut de voir toujours un idéal dans le héros qu'il décrit. Il lui manque le coup d'œil pénétrant et libre de l'historien; il choisit souvent son sujet sans jugoment ; au lieu de nous présenter des faits d'une réelle importance, il ne nous raconte souvent que d<'s particularités anecdotiques ; à tous ros délauts s'ajoutent des erreurs et des inex- .n'tltuilus assez nombreuses, (pii témoignent de la légèreté dans l'emploi des sources (Thucydide, Xéno- phon. Théopompe, etc.). Hnlin, le style est monotone et niaiique parfois de puî'et-'- ; aussi tous ces défauts ont fait sujiposer que le i ccueil ([ue nous possédons aujourd'laii aurait été composé à l'époque de lliéo- dose. i'\ <ra[>rès l'original de Corn. Népos, pai' un (••Mtain Aemilius Probus: jnais nous n'avons pas de preuves sulïisantes de cette assertion. C'est pour la même rai-oii (|ue l'on refuse aussi d'admetlrc que que Corn. Nêpos ait servi de livre de lecture dans les écoles. (E<lit. (iass. de Siebelis. Nippei'dey, Horstig- Fxkstein, Ilinzpeter etc.) (1 ).

Salluste (('. .^allustius Crispus), en 8lj dans la ville sabiticd'Amiternum.menafi Rome dans sa jeu-

(1) EflitlonM «1«» Corn^liiifi W|»os«: A. Mony^inot, grande édition avec un €(i>>i>nentairc critique cl explicatif, Paris, 2* édi- tion, 1882; pplit< (édition, noies en français l'iHl. I^e texte seulement : C. 11 1 m , Leipz., 1875.

89

nesse une vie dissipée ; questeur, puis tribun du peuple en 52. il fut ad_versaire de Cicéron et de Pompée, 4- ei pour cette raison, peut-être aussi pour sa mau- vaise conduite, il fut chassé du Sénat en 7)0 ; il y fut réin- tégré par César, qui le lit préteur et l'envoya en 46 f comme proconsul en Afrique, il s'enrichit (les Jiorti f sallustiani à Romo) . Après l'assasinat de César, il vécut "f livré uniquement à des travaux littéraires: il mourut en S^. Salluste composa trois ouvrages : Catilina, BeUu))) Jn^uHlrinuin et Historiae.

1) Le (kitilina, ou dp conjaratione Catilinae liber, raconte la conjuration de Catilina en ()3-(i'2 ; la cor- > ruption morale des Romains, surtout dans les hautes! classes, y est dévoilée à <iess. in. Salluste ne rabaisse' pas le mérite de Cicéj-on ( 1 ), qui avait été son adversaire; il traite également Caton avec inqjartialité ; mais César -j- est l'objet d'une prédilection marquée. On peut signa- ler comme particulièrement intéressants dans l'ou- vrage, les discours (cli . 51 -.', i » <io Csar et de Caton dans lesdiscussiunsdu Sénat surle châtiment à infliger aux conjurés incarcérés, et le jugeiiicnl porté sin* les deux oVateurs. !/ouvrage fut |)id^li('' (^n 4'i. a

'.*) Le lU'Unni ./ui/urthintnii expose la guerre des Romains contre le roi île Numidie Jugurtha, 111-106; le fond de l'ouvrage consiste dans la peinture de ' la dégradation des muiurs à Rome sous le gouverne- ' ment déplorable de l'oligarchie. d.''gi'«»<lîdion qui est ,

(1) r.eh n'est pas tout à fait exact : .^alliist.' ].aile le moins possible ilo Cicoron, lonjoin>- avrc iroi<leur; il dissimule en 1 -l. partie le lùle politiijue du grand orateur, ^t s'il n'en dit pas de ' mal, il est facile de deviner ?on antipathie -:ous sa circonspec- tion.

90

surtout mise au jour dans les discours du tribun du peu- ple G. Mernmius (cli. ol) et de C. Marins (ch. 85). A la tin de la guerre et en face de la terreur inspirée par a les Gimbres, Mari us apparaît comme le soutien de la république.

;î) Hisioriar, comprenant l'époque qui s'écoule de 78 à liT ; il ne nous en reste que de raj^^es fragments, enTre autres quelques discours, qui témoignent d'un

•^ art oratoire plus mùr que les discours du Catilina et du Jugurtha.

Martial dit de Salluste, XIV, 191 : primus Rornana Crispas in historia; jugement juste, entantqne l'écri- vain a traité l'histoire comme un art, dans une méthode savante pour le fond vuiuiiic i^our la forme. Salluste I eut surtout pour modèle Tliucydide. Bien qu'au .fond il se l)orne à l'histoire des temps présents, il donne cependant un aperçu général de l'histoire entière de Rome ; il a des vues assez bonnes sur le déve- loppement graduel des institutions, du culte et des mœurs (cf. surtout Cat. T.- 1:;. Tupr. 1 1 sqq.). Lacorrup-

-*- tion de son temps le pousse à un patliétique, que ses erreurs de jeunesse ont souvent fait considérer comme faux et aiïecté ; cependant, il convient d'admettre que ses principes et ses idées morales ont bien pu chan- ger dans ses dernières années. Bien qu il appartint

4. personnellement au parti démocratique, c'est-à-dire impérialiste (parti de César), et qu'il s'etïbrçàt de montrer la faiblesse innée du gouvernement républi- cain, Salluste est néanmoins impartial, et môme équi- table à l'égard des grands persomiages de l'aristocratie, comme Métellus, Caton et Sulla. Il ne ferme pas les yeux sur le caractère démagogique de Marins. Son ^ récit n'est pas complet : il est même parfois inexact

91

au point de vue chronologique. Salluste réussit sur- tout dans la peinture des caractères et dans la déter- | mmation psychologique des motifs; il sait habilement ï faire ressortir, dans la marche de l'histoire, l'importance des individus marquants (cf. surtout Catil. c. 53\ La langue de Salluste est souvent d'un archaïsme alïecfé, + étudiée et fréquemment obscure ; mais elle est riche r en idées, vigoureuse, exacte quand elle caractérise, artistique quand elle peint et décrit , souvent d'une vivacité et d'une clarté dramatiques (édit. 1 class. de Fabii. Dietsch, Jakobs, Hinzpetor, Eussner, Jordan) (1).

C'est à tort qu'on a attribué à Salluste certains écrits tels que : Epistidae ad Caesarem, Invectiva in Cice-

ro7iem, etc.

A l'époque d'Auguste, ce sont les historiens qui occupent le premier nmg parmi les prosateurs. L'his- toire contemporaine fut traitée par A u g u s te et par f son ami M . V i p s a n i u s Agrippa; le premier . écrivit 18 livres de rilK sua et un index rerion a se gestariun conservé en grande partie par une copie retrouvée dans le temple d'Auguste à Ancyre, et par

(1) Editions de Saiiiiste : K. L allier, notes en français ^ observations sur la la7igue et ta grammaire, etc., Paris, 1883;

L. Constans', notes en français, surtout grammaticales, indication des variantes principales, Paris, 1881; avec un apparat critique en latin, H. Jordan, Berlin, édit., 1876.

Le texte seulement : édition complète, avec If s fragments des Histoires, D. F. Gerlach, Leipz., 1856.

^ Grande édition, très connue, de Kj^itz. Leipz., 18'28-1834. ^ Guerre de Juguvihai: grande édition avec un commentaire critique et explicatif en français, par K. L a 1 1 i e r , Paris, 1885; notes en français, P. Thomas, Mon s, 1877.

D. Nisard,Zejf quatre grands historie^is latins, p. 143- 197 ; Taine, Essai sur T. Live, p. 327-331. L. Constans, de Sermons Sallustiano, Paris, 1862.

92

■*•

^

suite nommée non >' wnitum Ancyranvm (1), le second composa mic aiuuiuographie et (]p< mémoires ; M. V a 1 e r i u s M e s s a 1 a écrivit aussi des Faits mémo- rables, peut-être en grec. A s i n i u s P o 1 1 i o (75 av. 5 ap. J.-( omposa dans un esprit j'épubli- cain vme histoire de la ^^uerre civile depuis l'an (K) av. J.-C. Ht", llrff. ()(1. 11. l);lcotte œuvre qui ne fut pas terminée est aujuunrhni perdue.)

Mais riiistorien le plus important de l'époque d'Au- guste est Tite-Live (T. L i V i u s), à Patavium (Pa- doue) en r/,) avant .!.-('.. probablement sorti d'une famille considéraljle , il étn<lia la philosophie et la rhé- torique à liome. il se fixa l)ientôt; il entra en reia- tiojis avt'c Auiiuste, resta sans exercer de charges publiques et sans s'occuper de politique, et mourut en l'an l}ap. .!.-(]. dans sa ville natale, on lui t'ieva un mausolée en 1548. Outre quelques écrits ^dinln'i'i' (le r]!t''tori(pu' et de j^hilosophie. (jui ne nous sont pas [lai'vt'iius, Titt'-I.ivr ccrivit une histoire de Home de^juis Enée jusqu'à Tan l) avant J.-C. au moins en 11 J livii lie devait probablement en contenir 15(1, et aller jusqu'à la mort d'Auguste\ ah urhe coiiiiHit lihri ^. Il n'en reste que les livres I-X, XXI- XL V, qui comprennent les années 754-293 et*ilS-l(i7: les livres i)erdus sont représentés, mais l)ien insuflisamment. par des periociuto ou epiio- tiKic. Le dessin de Tiie-Live était (cf. sa préface) de

(1) MoniiMient d'Ancyro, vov. (i. Pcrrot et K, Giiil- laiiinr, Exploration archéologique de la (iclatie et de la Bithyui Paris 1S62.

4- (2) Tel ef^t le véritable titre, d'après le palimpseste de Vérone- T. Live lui-même y fait allusion, VI, 1, 1.

93

ressuciter et d'opposer à la décadence déplorable de son époque, lesjvertus du temps passé, qui lui appa- raît comme un idéal, et de présenter à ses contempo- rains dans son histoire, connue dans un miroir, un tableau des mœurs romaines (voy. surtout préf. | 10 : Tétat présent est désespéré et sans remède : ncc vitia nostrtf )}('(' remédia pâli postninnfyi^ Thistoire offre suf- fisamment d'exemples des choses que l'on doit faire et de celles que l'on doit tolérer). Tite-Live possédait les qualités nécessaires à foxécution de son dessein; ^- il en possédait quelques-unes dans une large mesure : imagination vive, enthousiasme moral, chaleur d'ame, amour de la vérité, sympathie sincère pour tout ce qui est noble et bon, éloquence naturelle, perfectionnée par les exercices de rhétorique. Déjà les anciens louaient chez lui : arira facuadia, jucundila!^, candor, lactea xd^ertas, Qnintil. X. 1. lôl : Li ri a>i rfoididissimiis omnhtfn magnorum ingeniuram i(('sti)}a(tor,Sen. 9;UiiS, VI. 21 sq. Au point de vue religieux, Tite-Live tient fermement aux coutumes établies, comme au fonde- ment de l'Etat ; il accorde de la valeur aux prodiges et aux cérémonies sacrées, tout en exprimant accidentel- lement quelques idées fatalistes : en politique, il est par- tisan de la République et du gouvernement aristo- cratique (Auguste l'appelait pompéien », Tac, Ann. IV, 34); toutefois, ses convictions manquent de profon- deur, et en tout cas. il n'a pas de tendance sérieuse à faire de l'opposition. L'œuvre de Tite-Live pèche surtout dans l'exposition du développement intérieur de l'état + romain; l'auteur a des vues souvent fausses, absurdes même sur la constitution primitive de Rome, en particulier sur les véritables relations qu'elle entretint durant les luttes avec les villes d'Italie, et sur les affaires

t

94

militaires en général ; en outre, il ne se donne pas la

4- peine d'étudier avec soin les documents et les inonu- ments qui existaient encore de son temps; dailleurs,

4- il s'attache surtout à l'histoire extérieure et imli- taire. Parmi les annalistes romains, Tite-Live mit principalement à profit les plus récents (Licinius Macer, Valeriiis Atitias. dont il ne reconnut les exa- gérations incroyables que dans le cours de son ouvrage, etc.) ; il manque de critique, il ne sait pas conclure, n^se former une opinion [)ersonnel!e. A partir de la troisième décade, il utilist- principalement l^olybe, mais toujon»< -m- IV.lteution indispensable; aussi son u'Uvi'Lî rt-iiLLUiif nnml)re d'inexactitudes, de répé- titions, et de contradictions. Tito-l/ive suit la disposi- tion généralement adopté(\ ce Ht' des Annales. On oublie volontiers ses défauts, quand on considère son amour de la vérité (qu'il altère cependant quelquefois sous l'intluence du patriotisme et de la tradition, par ex. quand il parle d'Hannibal), ses sentiments d'honnê- teté et d'humanité, son élégance, la clarté et la faci- lité de l'exposition {Quintilien le compare, sous ce rapport, à Hérodote), la couleur poétique ravissante dont il re\ét iiarliculièrement l'Iiistoire des temps anciens, et enliii l'art oratoire (jui brille dans les nom- l>reux discours, conq)osés un peu arbitrairement, dont t si semée son histoire, Tite Live obtint, de son

•^ . vivant munie, une grande rélébrib'^ (puisque, d'après Pline, Kpit. H, î, un hoiouic Ut le voyage de Gadès (Cadix) à Rome, uniquement pour le voir). Cepen- dant Asinius l^ollion trouvait dans sa langue une sorte

-j- de ton provincial. fHitarinitas, dont le caractère est pour nous difficile à saisir. L'œuvre de T. I.ive fut

.f divisée en décades, vers l'an 5')0 ap. J.~G. ; la troisième

t

95

décade, qui racontait la deuxième guerre punique, était tout particulièrement lue et copiée. Quant aux i hvres qui nous manquent, au 17^^ siècle le philologue . J. Freinsheim, natif de Ulm, qui fut professeur à Upsal j et à Heidelberg, a tenté de les remplacer en imitant le ! style de Tite-Live. (Edit. class. principalement de Veissenborn, les hvres séparés par Fabri-Heerwagen, Frey, WGItllin) (1).

Un contemporain de Tite-Live, Trogue-Pompée f (P 0 m p e j u s T r o g u s), écrivit M Wvres' dit istoriae philippicae,'\\\sto\ve universelle depuis Ninus jusqu'à son temps, avec des détails spéciaux sur la Macédoine et l'époque des diadoques ; il laisse dans l'ombre This- toire romaine. L'œuvre ne nous est connue que par le court et sec abrégé de Justin ( J u s t i n u s) achevé f probablement en 150 ap. L-C; l'auteur a supprimé t tout ce qui n%Hait ni utile, ni intéressant » ; mais il a exécuté ce travail sans beaucoup de jugement C2).

Il) Kdltions ilc Tite-I.lve : éditions complètes : avec notes enallemand. W. Weisso n l.o in et H. J. Mûllur, Berlin, 10 vol . Le texte seulement : W e i s s e n Ij o r n . Leip/ . (i vol M. Herz, collecr. Bernh. Tauchnitz, 4 vol.

Edition célèbre de Madvig et Ussing, Copenhague, 4. 18BI-1876, 4 vol.

Livres XXl-XXV : O. Bieinann et E. Benoist, notes critiques et explicatives eu franeais, remarques sur la langue de T. Live, notice sur sa vie et ses ouvrages, index des noms propres et' des aniiquit(K'<, etc. Paris, 1881-1883: Al. Ha- rant , notes historiques, littéraires et philologiques, en français,

Paris, 1881-1883. . ^ m r-

Etudes sur la langue et la grammaire de i. Live, par r».

Riemann,2» édit.,Paris, 1884; Emendationes et adnota-

tiones ad T. Lirium, Al. llarant, Paris, 1880.

H. T a i n e , Essai sur T. Live ; D. N i s a r d , Les quatre

grands historiens latins, p. 201 sqq.

Traduction précédée du texte lalin par Max. Gaucher,

Paris.

(2) Ediiloos «le Justin: Joli anneau et Diibner, Paris, 1838, 2 vol.; le texte seulement, J. Jeep, Leipz., 1872.

)

96

^^^ ^S^'^ ^■''nrtfws formaient une source historique importanli! , c'était un recueil des procès- verbaux du sénat, qui fut rédigé et publié à P^''^»'' cle -j^av. J.-G. d'après un décret de César, et qui fut simplement rédigé, sans être publié, d'après une ordonnance d'Au- guste; on peut considéref encore comme source his- torique les acta populi {Hoitiani) ou piihliea, sorte de gazette du jour qui publiait les nouvelles officielles et [•rivées de toute sorte, et qui exista pendant toute la durée de l'empire ; nous n'en possédons cependant aucun reste autlienliijue. Ces deux sortes (Vacta étaient conservées dans le ^r/v(/^r//^n>/ (archives), et pouvaient être utilisées pour les besoins littéraires (1).

§ 2X

GENRES DIVERS

Varron (M. Ter e n tins \' a r r o^ s'occupa tantôt d'histoire, tantôt de toute sorte d'études spéciales. en 1 1 G, à Réate dans la Sabine, partisan de Pompée pour lequel il combattit en Espagne en 19 sans succès, Varron fut gracié par César, qui le nomma directeur

t de la première bibliothèque piibliijue; il fat proscrit en 4:î, réussit à s'échapper, et niosirut en ■.'] av. J.-C. Varron fut riiotnmele plus instruit et l'écrivain le plus

i fécond de l'antiquité romaine ; on le nommait polij^

histor (dans le style élevé) ; ses connaissances et ses

productions littéraires embrassaient à peu près tous

les genres imaginables.

Le nombre total de ses écrits s'élevait à plus de 70,

' 1 I \'ij\ . J) \ jovrno'i.'' i C 1 e i' (■ .

/' '^^ les Romains par J. Y. r,o

97

qui comprenaient plus de 600 livres. Parmi ses productions poénques, le premier rang appartient aux SaturaeMenippeae voy. | 17). Les plus importantes de -^ ces œuvres étaient : libri IX <UscipUnari(m, encyclo- 4 pédie des sciences, entre autres de celles qu'on appela plus tard les sept arts libéraux, à savoir, le trivium : grammaire, dialectique et rhétorique, et le quadri- vium: arithnétique, géométrie, astronomie, musique, et en outre, médecine et architecture ; les I^nctgi- 4 nés ou hebdomades, en 15 livres, contenant des por- traits des Grecs et des Romains illustres, avec de cour- tes explications en vers. L'archéologie romaine 'dor- mait le sujet des llbn MA <tntiqnitatum (les res -v humanae traitées en 25 livres, les res divinae en 16), et d'une série de monographies : <lr g ente populi 4- ro)nani Aetia, aiiLa. explication de coutumes ancien- nes, etc. L'histoire littéraire , était traitée dans de nombreux écrits, avec des détails particuliers sur la technique du théâtre ; la science du droit l'était dans les lil>ri X de jure elrili, la science du langage dans les /. XXV de lingua latlna, dont nous possédons les -^ livre.'. V-X, mais incomplets et corrompus (1) (Fen- sem jle du sujet est traité sans compétence) ; l'agricul- ture, dans les libri Jll rerani rustieari(m, conservés | pres(iue en entier, qui traitaient du labourage, del l'élève des bestiaux, des animaux de basse-cour et de la pisciculture (*2). Dans tous ses écrits, ce qui a le

41) E<lUionN du de llnjc»» latin»: E. Egger, Paris, 4- 1837, d'après celle de C.O. Millier, Leipz.,183o.

(2) Texte des lihri Jll reruni rasticaram dans les éditions d'ensemble des Scriplores rci rasticae vcieres latini, par ex., 1. M. Gessnrr, 2^ édit., revue par Ernesti, Leipz.,2 vol., 1773-74. Tiadiiction dans lacollect. Nisard.

-i.

98

plus d'intérêt, c'est le fond ; Varron attache peu d'im- portance à la forme; aussi sa langue est très-inégale et présente un mélange d'éléments populaires et archai(|ues ; cependant il n'est pas rare d'y rencontrer de M l'humour », assez bizarre. Le point de vue de Varron est e-^sentiellement romain ; toutefois, il sait apprécier la civilisation grecque. Le grand nombre de sujets que traita Varron, le lit souvent mettre à profit pjir les anciens, particulièrement par St-Augustin ; c'est pour cette raison, que nous en possédons beau- coup de fragments (1).

On peut encore citer comme ayant écrit à cette épo- que dans des genres spéciaux : dans la science du droit, S. S u 1 p i c i u s R u f u s, en 1()5, consul en 51, et mort en 4:î, l'ami de Cicéron, et le juriste le plus instruit de son temps, auteur de nombreux ouvrages; A. ofilius, son élève, non moins fécond, et très estimé, particulièrement de César; C. T r e b a t i u s Testa, en 90, qui était encore pour Auguste une autorité juridique ; il eut pour élève M . A n t i s t i u s L a b e o, iiO av.-U ap. .1 .-C, que sa vaste et profonde (audition, aussi bien que l'indé- pendance de son caractère et de son attitude politi- que rendait bien supérieur à son rival, le courtisan

préféré d'Augustt

Atejus Capito, :;4 av.-21

ap. J.-C. ; tous les deux furent de féconds écrivains. L'archéologie et la philologie furent représentées (en deliors de Varron) i)cu* P. N i g i d i u s F i g u 1 u s, mort en lo av. J.-C. qui écrivit aO livres de commen' tffrii gmmmatici et dilTérents traités sur la théologie

si

(1) Sur la vie et les ouvrages de Varron, lire le livre de G. Boissier, Paris, I8G1.

90

et les sciences naturelles; par M. Verrius ^ Flacc u s, affranchi qu'Auguste choisit pour précep- teur de ses petits-fils, et qui mourut sous Tibère ; d écrivit des fn^th et une œuvre archéologique très savante de verbonim signilïvalu - Pompejus Festus 4.+ en fit, probablement au deuxième siècle, un extrait dont nous possédons une partie, et qui a lui-même encore été abrégé par Paul Diacre sous Charlemagne ; malgré les corruptions qui résultent de ce travail d'abréviateurs, ce qui reste de l'ouvrage est encore plein de laits précieux (1); - Hygin (lui i us Myginus), , atTranchi d'Auguste, et directeur de la Bibhotheque \ palatine, écrivit de nombreux ouvrages sur la geogra- phïe7f histoire, féconomie rurale, etc., ainsi que des commentaires sur Virgile. Nous possédons d'Hygin la | plus grande partie de ses 2n fabulac, manuel de mythologie, mais sous une forme qui n'est pas celle de ^ l'œuvre originale, et 4 Livres de astronomia (2).

En architecture, il nous reste de l'architecte Vitruve -f (Vitruvius PoUio) 10 livres de architectura (Livres 1-7, édifices ; L. s; aqueducs : L. 9, cadrans solaires; L. 10. machines). L'ouvrage, dédié à, Auguste, est plein de renseignements et très détaillé ; mais l'exposition est inégale, et souvent fatigante (o). i

m

il) Fragments de Verrius Flaccus dans Vedition dndc lingua latina d^Byirerixoy. plus haut, en note), et dans le I^e.tus d'Ottfr. Millier.

(2) Edition» d'Hyerln: B. Bunte, /aMac, Leipz., 1857, astronomica, Leipz. 1875; L. W. llasper, cZ. imagimbus coeli (pour caeli], Leipz., 1861.

(3) Editions «le Vitrnve: Rose et H. Mûller-Striibing, Leipz., 1867, avec un index de Nohl, 1876. ,.^„ «:„

Traduction avec texte et atlas par Tardicu et Lousin,

Paris, 1839.

100 -

La géographie , abstraction faite des ouvrages déjà nommés de Varron et d'Hygin, des récits de voyages, et des observations accidentelles qui se trou- vaient dans les miivips fiistoriques et autres), reçut unetorte irnjMilsionpai- Ja levée du plan de l'empire ro- main projetée par résar, achevée par Auguste en 19 av. J.-C; Agrippa y prit une part importante en ras- semblant des mdications orographiques, hydrogra- phiques et topographiques, et en faisant exquisser une carte du monde.

Après sa mort, Auguste fît étal»iir, d'après cette esquisse, une carte du monde qui fut suspendue au portique désigné sous le nom d" Agrippa.

QUATRIÈME PÉRIODE

L'âge d'argent de la Littérature romaine (14-117 apr. J.-G.)

Dr TilMT<> X I;i moi L ,Jc Tntjaii.

Le siècle de Gicéron et d Auguste légua aux généra- tions suivantes uîi h.''ri(;igo litténmv extraordinaire- inent riche, mais le gouvernement despotique qui pesa sur rem[.ire romain depuis Tibère jusqu'à Do- mitien à Ti xception des deux courts règnes de Ves- pasien et de Titus), fut très délavorable "^à la mise en œuvre, à Ki culture féconde, au développement d'un tel hériLagL. loulc liberté de pensée, de parole et

^ loi

d'action fut de plus en plus réprimée ; le domaine de ^'^1^5"^"^^ ^t ^G l'histoire, s'était surtout montrée la force originale de lesprit romain, fut interdit; la YiâJiubligue fut entièrement supprimée. Il en résulta chez les uns une résignation apathique, ailleurs une colère sourde, une opposition déguisée ou au contraire, une Halterie rampante et louangeuse à l'excès. Les écrivains ne pouvant être simples, ouverts et naturels, essayèrent de dissimuler leurs défauts, qu'ils ne sen- taient que trop, soit par un éclat de style hors de pro- portion avec le sujet, soit par de piquantes subtilités, par une élégance d'un art raffiné, par une mise en scène prétentieuse, vide de pensées, mais remplie de sentences et de ligures de rhétorique, par une re- cherche outrée des contrastes et des effets brillants. Ainsi, de même que la vie, l'éloquence et la littérature manquèrent de franchise et d'ingénuité ; chacun, se sachant observé à toute heure et en tout lieu, observait à son tour les événements. Les pensées et les sentiments véritables redoutant de paraître au grand jour, on en vint à jouer sa vie comme sur un théâtre, à, se parer de vains artifices, à s'écarter avec mépris de ce qui était simple et droit pour prendre des manières pleines d'alTectation. Ces écarts et ces erreurs étaient déjà une preuve manifeste de la déchéance et de la ruine fu- tures ; on s'habitua à les considérer comme un pro- grès et une conquête ; on se complut dans cette nouvelle manière, et on l'encouragea en s'en rendant plus ou moins compte. Dès lors, la langue de cette époque appelée c âge d'argent » eut un caractère très dilTérent de la langue de l'époque de Cicéron et d'Au- guste; le vocabulaire se modilia considérablement soit par la création de mots nouveaux, soit par la perte

LITTÉRATURE ROMAINE g

4

4-

et 1 abandon d'expressions et de tournures usitées

! jusqu'alors. Des figures de rhétorique se substituèrent . à l'expression juste et naturelle ; la période harmo- nieuse de Cicéron et de Tite-Live s'émietta en une foule de petites propositions courtes, isolées, sans aucune coliésion. l.es règles objectives , les lois générales du langage furent sacrifiées au goût per- sonnel et à la fantaisie de chacun ; la prose et la poésie franchirent les limites qui les séparaient ; le sentiment de leur dilTérence sobscursissait de jour en jour. Sénèque nous fournit un modèle de ce style ; Quintilien chercha vainement à en arrêter le progrès. Cependant, malgré cette situation défavorable, la littérature pouvait encore prohter de certains avan- tages ; les trésors littéraires transmis par la tradition étaient connus et étudiés, le commerce de la libraine se développait, les bibliothèques étaient de plus en I plus fréquentées et mises à proiit, les lectures 1 publiques ^rrcilationes! se multipliaient. Mais, pour jouir en paix de tous ces avantages, la littérature devait se montrer inolTensive et réservée à l'égard du pouvoir. Les gcmes [»rédominants étaient la poésie u, et 1.1 rhétorique, ({ui tirenaicfjt une grande part dans l'éducation ilc la jeunesse et «jui se développaient Mais la poésie n'était ({uo rarement le fruit dune inspiration sincère cl indépendante, la convic- " tiun lui faisait défaut ; elle revêtit une forme savante, ce ([ui lit donner aux poètes de ce temps le nom ■f.de doclf. Dans le genre lyrique, elle se montra pré- tentieuse . sans originalité et sans valeur réelle. Le genre épique fut cultivé particulièrement parce qu'il pouvait emprunter au domaine fécond de [ la mythologie une matière riche et inépuisable. On

103

prit pour modèles, on imita servilement les -recs et les poètes romains de Tâge d'Auguste, surtout Vir-ile et Ovide ; d'ailleurs, la poésie rapportait honneur'' et , . profit ^Itonos et pmemhun], car la plupart des empe- reurs y prenaient de l'intérêt. Domitien établit même . 4. un concours dont le vainqueur était récompensé par une couronne poétique. En résumé, tout ceci ne/ produisit qu'une poésie d'amateur, pénible et ennuy-H euse, ou une poésie de client, servile et calculée » ^^^î^6"<^^' chassée de la place publique, se réduisit aux exercices de V(^(^o\Q,imxdeclnmationes,sumoriae, -f surtout aux nmU^oversiae, choisissant de préférence ^ les sujets qui s'écartaient le plus de la réalité, ou môme de la vraisemblance et de la possibihté. En même temps l'érudition, surtout telle que la possédait 4- Phne l'Ancien, prit une place importante. ~

L'histoire, à moins de se montrer servile, fut natu- rellement, en ces temps despotiques, complètement supprimée ou cultivée dans le plus grand secret; ce fut seulement sous les règnes deNervaetde Trajan » qu'elle put, de même que la satire, se mouvoir plus à ^ Taise et prendre un nouvel essor. Durant cette période, \ Rome ne cessa pas d'être le centre du mouvement et de l'activité littéraires ; mais on vit de plus en plus paraître parmi les écrivains des noms, non pas seule- f ment de l'Italie, mais aussi de diverses provinces,'' comme de la Gaule et de l'Espagne.

"■4

lui

1. I.A POÉSIE. aj LE THÉÂTRE

Au théâtre, ce furent encore le mime et le panto- mime(voy. §15) qui dominèrent durant cette période. Les essais de pièces, particulièrement de tragédies, qui se produisirent alors, étaient destinés moins à la représentation qu*à la lecture privée ou publique. Comme auteurs de tragédies on distinguait : Pompo- nius Secundus qui vécut sous Tibère et sous Gali- gula, et que Quintilien (X, 1, 98) déclare le premier tragique de son temps; un peu plus tard, Guria- tius Mate rn us (le même que nous voyons paraître dans le dialogue des orateurs deTacitej, auteur de tra- gédies mythologiques et de praete.rtm d'une tendance libérale (par ex. ('''[on). Nous ne possédons de cette époque que les 10 tragédies de Sénèque le philosophe (Imit en entier, et deux incomplètes); les sujets sont tous empruntés à la mytliologie grecque et traités d'après des originaux grecs, mais sur un ton oratoire qui leur fait perdre leur caractère dramatique. On ne peut mettre en doute que Sénèque ne soit Tauteur de ces dix pièces ; mais il n'est certainement pas l'auteur d'une praetc f(( qu'on lui attribue également, Oclaria^ qui traite de la destinée de la malheureuse épouse de Né- ron (1). Grâce à leur versification correcte, aux

\ / ?■■■■■ '

maximes qu'elles otl'rent en abondance, ces tragédies servirent de modèles aux tragiques français de Té- poque classique, Corneille, Racine, etc. - DeLucain (voy. ï:; -27), on mentionne une tragédie inachevée, Médéa.

j

KilitioiiH «11»» tras^dle» de Semaine: Frédéric Léo, Berlin, 1878-71), 2 vol. dont l'un conlient une étiule critique en latin, l'autre le texte avec variantes.

105

i 27

h) l'kpopke

L'épopée prit ses sujets soit dans l'histoire, soit dans la mythologie. On citede l'empereur Néron un poème, Troica, d'où était tirée VàXiociç 'IXiou qu'il chanta sur la cithare pendant Tincendie de Rome de 04 ap. J.-C. Le poète épique le plus important de cette époque est Lucain (M. Annaeus Lucanus), en oO ap. J.-G. à Conipue en Espagne, neveu de Sénèque le philo- sophe. Élevé à Rome, Lucain fut pendant quelque temps le favori et le flatteur de Néron ; étant ensuite tombé en disgrâce (sans doute, voy. Tacite, X\'. 49, parce que Néron devint jaloux de ses talents poétiques), il prit part à la conspiration de Pison et fut contraint, après la découverte de cette conspiration, de se donner la mort ; il se fit ouvrir les veines, 05 ap. .l.-C. Les œuvres poétiques de Lucain étaient très-variées ; il écrivit, entre autres ouvrages, des SatnrnaHa, des Silvae, des épigrammes, une tragédie [MedeaJ, sans compter des compositions en prose. Nous ne possé- dons de ses poèmes que la Pharmiia (inachevée), en 10 livres, poème sur la guerre civile entre César et Pompée, jusqu'au siège que soutint César à Alexan- drie. L'histoire, dans ce poème, est suivie fidèlement, môme trop fidèlement ; aussi n'est-il pas sans valeur comme source historique. L'auteur est partisan décidé et volontairement partial de Pompée, qui représente à ses yeux la liberté, comme aussi de Gaton et de la République. Stoïcien fervent, le poète fait preuve, et môme fait montre de sentiments élevés ; il déploie un talent énergique et vif, mais sa jeunesse l'entraîne hors de la juste mesure et lui enlève le sentiment d'une

1

-4.

106

forme claire et précise ; l'œuvre renferme beaucoup trop de discours pathétiques et de descriptions. Les morceaux les plus brillants sont les peintures de carac- tères, par exemple ceux de Pompée et de César, I, 129- 1.")!», de Gaton d'Utique, II. :i80-39L Les défauts du poème avaient été déjà reconnus par les anciens , cf. Quintilien, X, 1, î)0 : Lucamis ardens et concitatus t'f scifti'iitiis (■l(iri><simi(s et nwtfis oratorUms quam foeiis uii/f":-'"^ : Servius . ad N'erpr. Aen. ï. 3S2 : Jj(canti'< vtdelnr hiaturidin cuuiiwtytdsse ^ non poema (1).

En dehors de Lucain, on peut citer comme poètes épiques: C. Valerius Flaccus, qui écrivit sous Vespasien ses S iivre< -r [rgunautica, imités d'Apol- lonius de Rhodes ; lu iunne ea est correcte, mais la diction est verbeuse et déclamatoire/ souvent affectée et obscure (2).

(1) Edition!^ «le Liicain : le texte seulement, clans la petite collt r a a c h n i t z , dernier tirajçe 1872 ; avec notes en latin, Weber, Leipz., 1S21-31. 3 vol.; C. H. Weise, Ouedlinbourg, 1835; collection ternaire, 3 vol.

^Morceaux choisis, avec notes en anglais, dans les Sélections

frnni latin poets de Crowell, Boston, 1882; avec notes

'lli'ma)id,lî. Btnder, Anthol. ans llom. Dielit., Tubing.,

15«4 .

a Traductions en vers, 1'. rébeuf; récemment, Demogeot,

Paris.

1). X isard, dans les Poètes latins de la décadence, i'aiis. ;;■ ('m Ht., IS) vol., a consacré une longue étude à

Lucain, t. IJ, p. sr>.437 ; ne pas oublier, en lisant ce livre d'un maître, que le ju^'ement est des plus sévères et qu'il ne faudrait pas aller au-delà ; cf. l'article que Sainte-Beuve écrivit à ce sujet en 1836 et (jui est reproduit dans le t. II de ses Portraits contemporains.

Vov. aussi G. Boissier, L'opposition sous les Césars, ■^ p. 289-303.

(2) Editions «i© Vnlériii<ii Flaccus : avec un apparat critique en latin, C. Schenkl, Berlin, 1871; Bahrens, liCipz., 1875;— grande édition de Thilo, Halle, 1803.— Avec notes en littn^ collection Lemaire.

T

*^1

107 -

C. Silius Italie us, en 25 ap.J.-G. ;ilfutconsu- en ()8, et vécut ensuite dans l'opulence en Campanie, au milieu des relations les plus agréables. Il se laissa mourir de taim en l'an 101, pour échapper au.K souf- frances d'une cruelle maladie. Admirateur enthousiaste 4- de Virgile, mais doué d'un médiocre talent, Silius Italil I eus écrivit un poème épique en 17 livres, les Punica, * récit de la seconde guerre punique jusqu'au triomphe ^ de Scipion ; l'auteur imite servilement Homère et Vir- ' gile et poui* les faits suit scrupuleusement Tite-Live, majore cure (fuaiti in'jcnio. dit Pline, Ep. III, / (1).

Stace (Papinius Statius), en 45 ap. J.-C. à Naples, et mort en 1)6 ; llatteur et affranchi de Domi- tien, Stace écrivit , outre une Achilleis inachevée (1 livre li2), une Tliehfdx, qui a pour sujet la légende 4- d'Étéocle et de Polynice, poème diffus, obscur, bour- souflé, et rempli par Férudition mythologique. Les plus parfoites et les mieux goûtées de ses poésies, celles qui correspondent le mieux à son genre détalent, sont les ^'^/tv^rc, au nombre de 32, poésies pleines 4- \ de talent et de grâce ; elles coulaient comme de : source de l'inspiration facile et légère du poète, qui, par contre, avait consacré douze ans à la ïhébaïde seule. Ces petits poèmes, distril)ués en 5 livres, ne traitent que des sujets de circonstance, une naissance, une mort, un départ, la statue équestre de Domitien, etc. ; le mètre est le plus souvent le mètre épique ; mais on y rencontre aussi des vers alcaiques, saphiques et phalé- ciens (hendécasyllabes) (2).

(1) Editions de Silius Italiens: le texte seulement^ dans la petite collect. G. Tauchnitz, 1834; avec noies en latin, collect. Lemaire, 2 vol.

i'î) Editions de Stace: «mivres complètes, le texte seule-

108

I/épopée (lidactig.ue trouva de nombreux interprètes- on peut citer : Germa nicus, le fils de Drusus qui traduisit avec assez d'habileté le manuel astronomique d'Aratus de Soli, les Phaenomena ; peut-être aussi Cacsius Bassus, l'ami de Perse dont il publia les satires ; on lui attribua un poème didactique de me- tris. De l'époque de Néron date en outre VAet7ia poème sur les volcans, en (J4:) Iiexamètres très corrects rauleur se place à l'égard des mythes en opposition avec les idées populaires, et à un point de vue tout rationaliste; on attribue ce poème à Lucili us Ju- nior (1 ., qui fut procurateur impérial en Sicile, et qui nous est connu pai- s;i correspondance avec Sénôque.

'j i.A sATiuK i:t la I \i;i.i;

r.a satire avait à sa disposition dans cette période un terrain fécond et même trop fécond ; mais elle n'osa pas, tant que dura le despotisme impérial, se risquer sur le terrain politique (toutefois Sénèque crut pou-

Tern^^'"^' Leipz ;851 - vol ; avec noirs en latin, collect.

«1- Cette attribution n'est pas .instiliable; Tauteur de V Aetna ou te uTV.^"^'"''/"'""""' appartenait à rêpo<jue d^^^:

^nau^a ^f "nro, Cambridge, 1867, œcec un cornmenuùr,:

10! » ~

voir se permettrede coxn^o^QvY Apocoloointosis contre l'empereur Claude). Elle dut donc se borner aux su- j^^^ littéraires et à certaines questions sociales. Ce n'est qu'à l'époque de Trajan que la satire put jouir, elle aussi, d'une plus grande liberté. Sous l'oppression du despotisme, elle eut presque toujours un ton aigre, dissimulé (Perse. Juvénal) ; Pétrone seul ne se laissa pas troubler dans sa bonne humeur.

Les principaux représentants de la satire furent : Perse (A. Persius FI ace us) (1), en 34, à Volaterrae, en Etrurie ; il étudia à Rome, particulière- ment sous le stoïcien Annaeus Cornutus, et mourut jeune en lan n;2. D'une grande pureté de sentiments, et d'une conduite irréprochable, plein d'enthousiasme pour l'idéal stoïcien de la vertu, en désaccord, par suite, avec l'esprit de son temps, Perse n'avait pas un grand talent poétique et connaissait mal les réalités de la vie. Il écrivit satires, qui ne manquent pas de vigueur, tout au moins îa première, sont exposées les théories poétiques de l'auteur ; mais ce ne sont en général que des dissertations théoriques sur la doctrine stoïcienne (par exemple, sat. IV, sur la con- naissance de soi-même ; sat. V, sur la vraie liberté du sage, c'est-à-dire du stoïcien ; sat. VI, sur la vie con- forme à la nature). Bien que la concision obscure et l'allure contournée de la phrase, les métaphores pré- tentieuses, et l'absence fréquente de suite dans les idées le rendent très difficile à comprendre, Perse n'en a pas moins été, à cause de ses tendances mo-

l

t

i\) Le pr<^nom est Aulcs, et non Aulus.

6*

raies, admiré par l'antiquité et étudié tout particu- lièrement par le moyen-ûge (1).

Nous voyons, au contraire, les réalités de la vie ex- primées au vif, chez deux autres poètes satiriques, Pé- trone et Juvénal. Sénèque le philosophe composa une satire politique, et renouvela la forme de la satire ménippée (voy. ,^ IV) dans son Liidus de morte Claudii nommé a\issi\ipocolocyntosis, métamorphose en ci- trouille; c'est une parodie virulente de l'apothéose de l'imbécile empereur Claude, qui avait exilé Sénèque en Corse en 11. Claude, dans le ciel, doit continuellement jouer aux dés avec un cornet sans fond, de sorte que les dés sortent toujours ; il est ensuite adjugé comme esclave et espion de police, à Caliguia, et finalement à Ménandre affranchi d'Eaque ; à ces railleries fait pen- dant la glorification de Néron.

Le caractère et la forme de la satire ménippée sont encore ceux du romande mœurs satirique de Pétrone, (P e t r 0 n i u s A r b i t e r) ; sur les '20 livres dont il se composait ii l'origine, nous ne possédons plus qu'une suite de fragments, entre autres la cena Trimai- ehionis, description d'un banquet donné dans lamai- d'un parvenu excessivement riche, auquel ses mœurs toutes plébéiennes et son manque absolu de goût et d'éducation font étaler sottement une « initidisdma jactatio 7:i). Le lieu de la scène est l'Italie méridio-

I

(1) Edltionii de Perse; avec un apparat critique 0. Jahn (dans le môme vol. que Juvénal et Sulpicie), Beilm, 1868 : le texte seulement, C. F. H er m an n, Leipz , Teuhn. 1872.

Avec notes, traduction et comynentaire en anglais. Coninf?- ponet Nettleship, édit. Oxford. Clarendon press. 1874.

Voy. Les moralistes sous V empire romain de G. Martha, p '101-154 {Un poète Stoïcien); les Poètes latins de D. Ni- sard, t. I. p. 233-29S.

- 111

1 0§le ; le récit est placé dans la bouche de différents per-

sonnages, entre autres de l'affranchi Encolpius ; le Jan- ' gage varie suivant le degré d'éducation de celui"qui a "^ la parole. L'ouvrage fourmille de crudités souvent fort grossières ; il est néanmoins plein d'esprit et de sel, et *^'"" ^i^î^'?"^® intérêt pour la connaissance des mœurs ^^^*^?^ conditions sociales de l'époque, aussi bien que du langage de la conversation, surtout parmi le P^^^- Q^ant à décider si l'auteur est bien le même que le C. P e t r o n i u s qui fut, d'après Tacite, Ann. XVL n, sqcf. le confident et le maître de plaisir de l'empereur Néron, mais que ce dernier força à se donner la mort en m ap. J.-C, le portrait que fait Ta- cite de ce G. Petronius rend cette opinion assez vrai- semblable ; toutefois elle est moins sûre que la date de l'ouvrage, que l'on doit placer à l'époque de Né- ron (1).

Le poète satirique le plus important de cette période est Juvénal (Dec. J uni u s J u venalis), à -f ^ÎHi"""^' vers l'an 50 (?). Il étudia la rhétorique à Rome, fut quelque temps avocat, et sous Domitîen fut envoyé en Bretagne comme trihunus miHtiim : il fut exilé dans un âge avancé (probablement sous Ha- drien), mais on ne sait si c'est en Egypte ou en Bre- tagne (2) : cet exil paraît avoir eu pour cause une

T?iV' **'lî'**"t, ^f Pétrone : avec notes critiques en latin, îranc. Bucheler, Berlin, Weidm., édit., 1883 C^LT;\'"%ot«-^ ^; Boissier,Z'op;,o«Yeon sous les ^n.fcjL^:- .' 'LT ^- <^liassang, Éistoire du roman dans l antiquité, p. 404, sq.

(2) Je le crois bien, puisque, malgré la tradition aveuglement admise Juvénal n'a jamais été exilé, comme J. A. HUd vient de le démontrer dans une série d'articles du Bulletin mensuel de la faculté de Poitiers (année 1883, p. 170 sqci année 1884, p. 14, sqq. ; 267, sqq. ; 322, sqq.) (réunis en l^rol chure chez Leroux, Paris, 1884). Il ressort de ce remarquable l

112

- 11^: -

t

^

allusion (U- la satire VIL Oi), à un favori de renaereur; il t'bl |jrol>al»lt' ([no .luvénal mourut en exil. Nous avonsd>'.lu\.'iial satires eu5 livres, qui se succèdent suivant la date de leur coiiiposition. Bien qu'elles aient rté écrites sous le rège de Trajan et d'Hadrien, elles ont presque toujours pour sujet, du moins quand elles ne traitent pas de l'humanité en général, l'état de la société romaine sous le règne de Domitien. La satire de Juvénalest un effet du gouvernement deter^ reur de Domitien ; le poète nous fait lui-même con- naître. L 81), sa disposition d'esprit : facit indignatio rt'r.'^iun ; ** -t <r.n indignation qui le fait poète. Par suite do eu .[u n .t \ u et éprouvé, il est pessimiste dans sps vues sur l'humanité, nihiliste à l'égard des idées religieuses ; comme peintre de mœurs et poète, il at- teint un réalisme qu'il pousse même à l'extrême. La société dépravée de l'époque, société (jui étalait oririioillousement sa corruption, est montrée par Ju- vénal dans tous les plus hideux détails, par exemple et surtout dans la sixième satire, tableau des mœurs féminines à Rome. Le ton des satires est oj;aiolre et pathétique ; elles accueillent jusqu'à des faits scanda- leux etrévôltants ; le style est presque toujours éner- ique et d'un intérêt saisissant, mais aussi quelquefois presque inintelligible. Les dernières satires sont ('(•rites sur un ton moins vif et moins passionné que les premières, par suite de l'âge avancé du poète ; une criti.jue mal fondée et insoutenable (celle d'O. Ribbeck)

«T

travail, destiné à renouvelor sur plus «run point la critique biographique et littéraire, que Juvénal n'était ni fils d'affranchi., ni pauvre ; (ju'il n'y a aucune raison de croire qu'on l'ait ja- mais exilé, qu'en réalité il a été pourvu d'honneurs, et qu'il faut déi'i-lément renoncer au Juvénal de fantaisie si haut vanté par tant <le gens qui ne l'ont pas lu.

a révoqué en doute Tauthenticité des satires X , XIl-XV, et de quelques passages des autres (1). Les satires les plus intéressantes sont : I, motifs qui ont engagé le poète à écrire ; IIL désagréments du séjour de Rome ; IV, anecdote du temps de Domitien ; V, misère des clients ; Vil, sur la situation des gens de lettres (édit. classique des Sat. ;'>-."), parC. L. Roth)('2). La Fable, que Sénèque, consolât, ad Polyb. 8, 27, traitait encore de inteniptatutn romanis inrjcniis opus, devint pour la première fois un genre poétique propre- ment dit avec Phèdre; tout ce qu'on sait sur cet . auteur c'est qu'il était originaire de Piérie. qu'il vint à Rome comme esclave, qu'il fut alTranchi par Auguste et persécuté sous Tibère i)Our quelques vers renfer- mant des allusions désagréables. Ses fables, au nombre de 02, en ') livres, ont pour acteurs des ani-f maux et sont pour la plupart imitées d'Esope ; le vers est le trimètre iambique ; elles renferment quelques anecdotes et tendent au perfectionnement moral du lecteur ; néanmoins le ton en est assez gai (cf. prolog. ^ du liv. I : duple.r libclll dos est : aiiod risum movet ' -f*

(1) L'édition «lu .Tiiv.'tial do 0. Ribbeck est de 18C9 -^ TjeipzifT, collect. lîernhanl Tauchnitz. M. Bender s'exprime i avec un peu trop de rigueur au sujet de cette tentative : sans donner gain do cause aux témérités de M Uibbeck, Il n'est pas défendu de croire que, dans les satires qui portent le nom de Juvénal, on ait affaire à deux poètes différents; tout au moins se trouve-l-on en présence de phases très distim'tes, et souvent opposées, d'un môme talent.

(2) Editions <le Jnvénnl : avec un apparat critique en latin. 0. Jahn (dans le même vol. Perse et Sulpicie) Berlin, 1868; le texte seulement, avec la satire de Sulpicie, t^ F. Hermann' Leipz. 1873. '

Avec 7iotes en allemand, A . W e i d n e r , Leipz. Teubn.1873. .Lisez G. Boissier, L'opposition sous les Césars, p. S20- 361; D. Nisard , Poètes latins^ t. II, p. 8 81; J. A. Hild, Juvénal, notes biographiques, Paris, 1884. Traduction E. Despois, 2' édit., 1873, Paris.

i

J /i F„ ^ fàwt tu^U^mM. . 114

Et quod prudenli ritam consiUo inonot]. Elles sont généralement correctes au point de vue métrique, et écrites dans un style facile, mais manquant quel- quefois de pureté (surtout dans les derniers livres). I II est douteux que les fables contenues dans l'appen- dice remontent jusqu'à Phèdre (édit. class. de Siebelis, Eckstein, Raschig-Richter, Nauck, Eichert (1).

i \?r>

dj LA POÉSIE LYRIQUE ET L'ÉPIORAMME

I La poésie lyrique ne fut représentée durant cette ' période par aucune œuvre littéraire importante, bien que ce fût alors une occupation très ordinaire de com- poser des poèmes lyriqnes sur une mesure et un mo- dèle fixés ; bien des gens môme regardaient comme un (ïnvoji- de produire de temps en temps, parfois mêniij Luus les jours, quelque pièce de vers. Quintilien (X, 1, 1)6), cite comme poète lyrique G a e s i u s B^a s- s u s, Fami de Perse (cf. § ;27) . On doit nommer parmi les meilleures poésies lyriques de l'époque lesS'i'/m^î de + Stace (cf. § 27). A r r u n t i u s S t e 1 1 a, ami de Stace, composa des pièces erotiques, ainsi que Sulpicia, femme de Calenus, à laquelle on attribue également une satire, qui fut d'ailleurs écrite probablement plus tard. Cette satire est ordinairement imprimée à la suite des œuvres d'Ausone ou de Juvénal. Au contraire, l'Epigramme fut traitée avec un arte

(1) EdiUonn d* Phèdre : L. Mûller, Leipz., le text seulement, 1873 ; grande édition annotée en latin, par le même, 1877.

115

accompli par MarUal (M. V a 1 e J J u s Martial! s), -f- à Bilbilis. en Espagne, vers l'an 40 ap. J.-G. , Mar- tial vécut la plupart du temps à Rome, dans une situation assez précaire, bien que ses flatteries l'aient fait honorer par Domitien du jus triuyn liberorum et du -f tribunat ; vers 98, il retourna à Bilbilis. une domina Marcel la lui fit, par admiration pour ses vers, don d'une propriété ; il mourut probablement, vers 102. Ses épigrammes, au nombre de 1555, sont réparties en 14 livres, auxquels se joint un liber spectacnloriim ; ce -j- sont tantôt de simples épigraphes pour des cadeaux de saturnales (particulièrement les livres XIII,. renia^XlV, apophoreta), tantôt des épigrammes proprement dites se terminant par une pointe calculée et visant à l'ef- fet ; elles sont écrites en vers élégiaques, phaléciens et choliambiques. Martial possédait un talent remar- quable pour saisir en chaque chose ce qui était ridicule et piquant, comme ce qui était vulgaire, obscène et repoussant ; il renfermait dans chacun de ces petits poèmes un esprit intarissable et des traits d'une surprenante ironie. « Bien peu de poètes, disait Lessing en parlant de Martial, ont écrit autant d'épi- grammes, et aucun, sur un aussi grand nombre, n'en a composé autant qui fussent bonnes, et autant qui fussent excellentes. » Mais pour le lecteur qui se res- pecte, le plaisir est souvent gâté par les sentiments de bassesse et de servilité avec lesquels Martial célèbre -f ses protecteurs et les glorifie , Domitien surtout ; sentiments que ne saurait justifier la situation misé- rable du poète. On ne peut souffrir non plus le sang-froid avec lequel il outrage le sens moral de plein gré, et sans trouver d'excuse suffisante dans le désir de s'accommoder au goût du pubhc, dans les exigences

/i

~ ik;

et les prédilections de ses protecteurs, dans l'exemple d'autres poètes, et enfin dans une conduite person- nelle irréprochable ( 1).|

+

"2. LX PI 10 SE aj L'rnsToiRE

Il <' tait impossible, durant ce siècle de despotisme, de concevoir et de raconter avec indépendance This- toire de l'époque présente et de celle qui remontait jusqu'à la chute de la république; en efTet. d'une part, on flattait sans pudeur ; de l'autre, on exécrait ceux qui tenaient le pouvoir Uibidiiœ assentandi, vef odio adversm dominantes^ Tacit., hist. I, 1). Il ne put y avoir d'historiens indépendants dans leur pensée et dans leurs œuvres sous la dynastie julienne et sous Domitien. A. C r e m u t i u s C o r d u s fut forcé, sous Tibère, de se donner lui-même la mort ; ses Annales, qui traitaient avec indépendance des dernier^temps delarépublique, furent brûlées par l'ordre d'un sénat sans volonté, mais n'en furent pas moins lues et £é- pandues, cf. Tac. ann. IV, :5i, sq. L'histoire des <^^'énements contemporains fut, la plupart du temps, T t racontée par les princes régnants eux-mêmes : à l'exemple d'Auguste. Tibère, Claude, sa femme laseconde Agrippine. etplustard Vespasien,

(1) Editionii €le Martial : F. G. Schneidewin, le texte seulement, Leipz. 1871. - Kpigrammata selecta avec notes en anglais Paley et Stone, Londre.^. 1868.

\<n-. D. N isard, Pokcs Inlins, t. I, p. 388 - 471

117

écrivirent des mémoires [commentnni\ Sous Ti- bère, A ufidius B a s su s écrivit une histoire de la guerre civile et de la guerre contre les Germains; i^ eut pour continuateur Pline l'ancien, qui composa '20 livres hcllorum germaniae, et ôl livres a fine . l ufidii Bassi. Fabius R u s t i c u s , qui paraît avoir été encore vivant en lOS, et Gluvius Ru fus (vers l'an 70). écrivirent également l'histoire de^ leur temps (41-i;i>).|Toutes ces œuvres sont per- dues.j Par contre, celles des écrivains suivants nous sont parvenues : Vellojus Paterculus, tri- bun militaire depuis l'an 1 ap. J.-C, servit en Ger- manie sous les ordres de Tibère, et fut nommé ques- teur sur la recommandation de ce dernier. Il écrivit un ouvrage qui avait pour titre historiae romanae ad M. Viciniinn eonsulem lihri II (M. Vicinius, consul de l'an :îf)) ; le début du premier livre, qui servait d'introduction, est perdu, de même, la partie qui s'étend de l'enlèvement des Sabines à la guerre contre Persée de Macédoine. Vellejus Paterculus commence par l'histoire primitive, qu'il traite d'une façon très som- maire, en s'attachant surtout à suivre l'ordre chrono- l2aiQîue; le récit se développe ensuite de plus en plus et se termine par une glorification impudente de Tibère, écrite avec une ennuyeuse prolixité. Les re- cherches de l'auteur sont suj)erricielles ; il conçoit et traite son sujet en aniateur et à un point de vue per- sonnel ; il concentre son intérêt plutôt sur les per- sonnes que sur les choses, surtout quand il vient à parler de ses chefs. Le style est recherché, souvent d'une enjlure de mauvais goût qui s'élève jusqu'au ton du panégyrique. Mais, en même temps, l'œuvre té- moigne d'un jugement sain, etofTre quelques portraits

t

+ +

4-

+

|jjmg^m)l,ygaai&Mafc.jtltf >fa-^./.^'.i-..»^v.^ ^...-ir^

I

de caractères viproureusemerit tracés (par ex. ceux de

--■ -

C. Marius, II, 1 1 ; de ^litliridate roi de Pont II, 18 ; de Pompée IL '?9 ; de Caton d'Utique, II, :>.") ; de César, II, il, etc.) (1).

Val ère-Maxime ( V a 1 e r i u s i\I a x i m u s) est moins un liistorien, (\u\u\ compilateur d'anecdotes_et de iiolico ; li LNiivii suu^ Tibère i "^ forum et dictorum me)norabiliutt( Ulrn-IX (dont nous possédons aussi deux extraits du 7f et du /** siècle) ; c'était, probable-

j. ment, une collection d'exemples, composée à l'usage

u des rliéteurs dans un but intéressé. Les exemples, fournis soit par l'iii^itoirp mn-iaine. soit par l'histoire étrangoro . sont lauj^^u^^ t;l classés d'a|)rès_d[vers

I titresKpar ex. de reWfione, de miracKlis, suivant les diiîérentes vertus, les ditTérents vices, etc.) Le tout

I est traité su,ns jugement et sans goût, souvent d'une

I faron tout-à-iïiit niaise et (Mif.intine ; le style est pres- que toujours d'une 1»! Miioii ridicule et pathétique hors de propus ; on reiicontru de temps en temps des flatteries éhontées à l'adresse de la famille impériale.

/l'nut au plus pourrait-on accorder «[uelque valeur à f -f cette œuvre à cause des faits qu'elle nous transmet;

jmai^ el!'^ •^•■>nt trop la rliétoriti'ip, et la < liuqne en est trop .ii».stiiLe, pour ipie l'hisLorien puisse y ajouter foi

i sans [)lus ample examen ci).

(Juinte-Curcf (C u r t i us U u tu s), (jui était proba- l)al)lement un rliéteur, vivait, suivant l'opinion géné-

(1) Hflitioiis de VellejuM PatercMiliis : avec un apparat cri-

tique, C. H al m, Leip/. Tcuhii. l^'^' acec notes en latin, coll. I.emaire.

('2) Editioiit* «1« Talére Mitxlme : avec un apparat critiquCf et les abrégés d" Julius Paris et de Januarius Nepotia^ius ; C. II al m. Ltipz. 1860 ; avec notes en latin, coll. Lemaire, 3 vol.

119

ralement admise aujourd'hui, au début du règne de Claude, auquel s'appliquent très exactement les pas- sages X, 1), 3-(j ; d'autres le font vivre sous Auguste, ou sous Vespasien. Il écrivit historiae Alexandri Matjni lihri X, dont nous ne possédons plus les livres I et II ; dans cette œuvre, il s'attache à suivre scrupu- leusement les sources qu'il avait à sa disposition, surtout l^alexandrin Clitarqu©. Quinte- Curce paraît avoir pe_u_ de sens historique; il ne comprend à peji près rien à l'art militaire ; il ne fait ressortir que les succès d'Alexandre : il semble méconnaître son impor- tance comme homme d'état. Le livre avait pour but de fournir une lecture intéressante : aussi l'auteur s'arrête complaisamment sur le merveilleux, sur l'extraordinaire, sur tout ce qui éveille l'imagination,

Quant au style, on y retrouve une imitation mani- feste du vocabulaire et de la phrase de Tite-Live ; toutefois la période de Tite-Live est ordinairement remplacée par des phrases courtes, asyndétiques, domine une certaine couleur poétique, conforme aux exigences du Lioùt de l'époque. Du reste, Q. Gurce s'entend à grouper lo^ faits d'une manière dramatique et à peindre en vue de l'etlet; les liaran- gues, par exemple sont écrites avec soin, et sur un ton oratoire (édit. class de Miïtzell, C. G. Zumpt, Vogel) (1).

Tous les historiens de cette époque, aussi bien que

(1) Editions de <talnte-€iirce : avec notes explicatives en français^ remarques grammaticales, dictionnaire historique et géographique, S. Do'sson, Paris, 18K2 ; édition critique "H e d i c k e , Berlin, 1867 ; le texte seulement, Th. Vogel, Leipz., 1880.

Sur Q. Curce, romancier, lisez Chassang, Histoire du roman dans l'Antiquité, p. 318-31'.>.

de l'rpoifue précédente, sont surpassés par Taeite 4 (^-^jMielius Ta_ci tus), probablement en l'an 5-4, au plus tard, d'une famille considérable. On le fait naître à Interamna, en Ombrie (aujourd'hui Terni), en s'appuyant sur ce fait que l'empereur Tacite, qui fit recueillir les œuvres de l'historien, était originaire du môme lieu : mais le fait que la cité de Terni lui lit élever une statue en 1M4. ne prouve pas du tout que Tacite y soit réellement. Il étudia la rhétori- que à Rome sous M. A^er, Julius Secundus, peut- être aussi sous OuintUien, épousa, en 7S\ la fille de Jïïliys xVgricola, et fut revêtu des magistratures ordi- dinaires jusqu'à la préture sous Vespasien, Titus et Domitien. Il resta absent de Rome (comme légat?) pendant les années 90 et suivantes, fut consul en 1)7 sous Nerva, et mourut probablement au début du règne d'Hadrien.

Voici la liste de ses écrits par ordre chronologique :

1) Jitfthxjuc « de onitorihiis * dialogue, placé en 75, ayant poui' sujet le déclin de^ l j^^^^^^^^^^^ sous i;ern- pjre ; les interlocuteurs sont Curiatius Maternus, M. Aper, Julius Secundus et Vipstanus Messala. L'ou- vrage fut écni sous Domitien ; l'ampleur, l'abonciance

■^ *!iLËï!^» *I^^^ ^''"^^ ''"'^^ <^^ Cicéron, ont engagé beau- coup de savants l'attribuer à dilTérents écrivains, autres que Tacite ; toutefois, lésait général du dialo- gue accuse incontestablement ia main de l'historien.

2) De vita et ivorilnis Julii A</ricolae, ouvrage com- posé en 97 ou 98 ; c'est une biographie du beau-père de Tacite, qui fut de 78 à 85 gouverneur de la Bre- tagne, et qui, en dépit de ses glorieuses actions, fut rappelé par le soupçonneux Domitien, et mourut en

l:>i

93, sans doute empoisonné. A(/ricola n'est pas une laudatio proprement dite ; c'est, sous la forme d'un développement de rhétorique, une œuvre de souvenir et de piété filiale.

8) Gcrmania (ou de dtii, inorilnts et jwpHlis Ger- maniae), composée probablement en 98: c'est avant tout une étude monograpliique, destinée à une œuvre historique plus considérable, et qui était peut-être, (si Tacite fut envoyé comme légat en Germanie), fondée en partie sur une observation personnelle. L'auteur, en face de la corruption des mœurs romai- nes, nous montre, dans une lumière idéale, l'indépen- dance, la simplicité et la moralité des Germains ; peut-être même devrait-on. avant tout, voir au fond de l'ouvrage une tendance morale et satirique. La première partie, ch. 1-j;. traite in commune de omnium (Jermanornm origine ac inorihus; la seconde, ch. 28-46, des différents peuples, suivant leur posi- tion géographique. Cet ouvrage est dans la littéra- ture ancienne, la source principale que nous possé- dions pour connaître les anciens Germains.

4) Historiae, en lj£Jivres à l'origine ; nous n'avons plus que les livres 1-4, et une partie du 'f. L'ou- vrage racontait l'histoire de l'époque qui s'étend de Galba à la mort de Domitien, 69-9( ; ; ce qui nous reste embrasse l'année (i9 et une partie de 70. Un des morceaux les plus intéressants est l'excursus sur la Palestine et sur les Juifs. Les historiac furent com- posées sous Trajaii .

5) Annales (plus exactement : ah e.ccessu divi Augiisti liber], en 16^1iyres. dont nous ne possédons que les livres 1-4, 12-15,' et des fragments des livres 5, (J. 11, l(i. C/était une histoire de la dynastie julienne

0

t

"' 11*»

1

4 0v)

J|. /^"v

depuis la mort d'Auguste jusqu'à celle de Néron, à laquelle faisaient suite les historîac. Il nous manque les années ^l)-;'.!. 37-1) t entre autres, par conséquent, le régne H.- r.aligula tout entier), et l)l)-G8. L'ouvrage fut'compu.^c entre 115 et 117. l/ordre suivi est, en principe. Tordre chronologique ; cependant les événe- ments anidcgues de plusieurs années sont souvent

réunis dans le récit.

Tacite ne mit pas à exécution le projet qu'il avait formé .r.''.i lie l'histoire de répo([ue d'Auguste, puis de celle de Nerva et. de ïrajan.

Tacite compose d ai»rès une étude sérieuse et com- plète des sources. C'étaient soit les traditions orales, soit les documents et les écrits anciens, tels (juc les <irl>f (liin-na et les actd senatus. les ditîérents mé- Hjuires, comme ceux de la secoiith^ Agrippine, les iiaivres historiques de Gluvius lUdus, de Pline l'ancien, etc. 11 s'ejl'orce d'écrire avec une critique sérieuse et impartiale ^sinc ira et sfudio, Ann. I. 1. avec une jhlcs incorrupla, liist. I. 1); mais ses oitinions polili(iue^ -"vt netremptu mariiuées dèsje début. Le gouvei iieuiuul du suuai, durant la belle époiiue de la répubhque., luiai»parait comme un idéal: le !;uuveri ICI lient imi)érial est un mal nécessaire. Aussi, eirîpolïïïqiie. est-il p^irtisan décidé de l'aristocratk", et admirat(Mir i\" V' république. Il tait, quoique à regret, des concessions a la triste réalité de son temps; il s'y résigne, mais il ne s'incline qu'à contre-cœur devant la nécessité. Toutefois, le despotisme impérial, surtout celui d'un Domitien, dont la défiance sanguinaire s'atta- qua aux propres parents de Tacite, aigrit l'historien si profondément, que, dans le règne même de Nerva, ce n'est qu'à regret (ju'il reconnaît enfin l'union de la

libertas et d\i pruiâpalas. Aussi, dans tout ce qu'il écrit, perce cette a mère disposition d'âme qui le fait douter même de la Providence divine et qui lui inspire parfois des jugements d'une partialité et d'une sévérité injustes. C'est ce qui a conduit certains écrivains modernes, comme Ad. Stahr entre autres, à émettre sur Tacite des opinions plus par- tiales encore et nullement justifiées et à nous le pré- senter comme un historien de parti, sans critique, rempli de préventions, malveillant même et dénatu- rant à dessein les faits, qui aurait, avec une aigreur aristocrati<[ue, falsifié sciemment l'histoire, surtout pour le régne de Tibère.

En général. Tacite s'efïorce sérieusement de donner des événements un récit vraiment exact, en recher- chant et exposant los rausac et ratîones, les causes intrinsèques et extrinsèques, et le principe de chaque chose ; aussi fait-il preuve d'un talent sans égal dans l'analyse des sentiments et dans la peinture des caractères (voy. avant iout l'histoire de Tibère, Ann. I-Vl). Tacite ne semble pas avoir en philosopliie d'opinions bien nettes et se rattacliant à un système quelconque ; ses idées reli.uieiises ne sont ni bien lixées, ni même cuiiseiiutMites avec elles-mêmes ; par- fois, en présence du spectacle qu'il a sous les yeux, il est disposé à rejeter toute idée d'une Providence divine dans le gouvernement du monde; et même assez sou- vent, il se laisse aller à des opinions fatalistes, tout en cherchant des déterminations psychologiques, et en faisant un exposé raisonné des événements. Le style de Tacite est encore empreint d'un cachet cicé- ronien dans son premier écrit (le dialogusj : dans le second et le troisième {VAgricoîa et la (iermaniajj il

124

rappelle manitesteinent Salluste ; dans le qualriùrae et le cinquième (les Histoires et Annales), il atteint une originalité bien caractérisée; il est plein de gravité, de noblesse, <le modestie (gcj^vo;), d'une certaine pompe aristocratique ; jamais il ne se laisse aller au ton pas- sionné; il est riche en pensées, et d'une concision pleine d'idées, qui excite vivement l'imagination. Tacite évite toujours le commun et le trivial, et il se plaît aux tournures inusitée:^ (1).

(Edit. class. du texte seul : C. Halm et 0. Nipper- dey ; avec comment.: VAgricola, par Tiicking, Drager ; la CemKuii't, par Tiicking, Schweizer- Sidler, Jloltzmami-Uolder : les llisloriae , par Heraeus ; les Annales^ par Nipperdey et Drâger).

(1) EditionH «1« Tacite: rruvres complètes, le texte seule- meiit,C. Mal m, r.eipz., 2 vol., 1871-72; avec notes en latm^ F. Dûbnf'i-, Paris, IS^.').

I.cs Histoires et les Annales, avec notes en français, intrO' duction, index, Emile Person, Paris, 1880-83.

Les Annales, E m I le .1 acob, jurande «kliiion avec commen- taire critique, philologique, explicatif en français ^ Paris, 2 vol.

Petite édition du môme arec notes en français, 1879.

Dialogue des orateurs : édition critique, E. B;ihrens, Leipz,. 1881; avec notes enallrmand. (i. André sen, Leipz.

Gerniania, le texte seulement, A. llolder. Fribourg, 1882; «^ec / allemand S c h \v e i d e r - S i d le r, Plalle, 2«» édit.

187/1.

Afjricola <'r>-e noirs en allemand, A. Dr.ioer, Leipz., 2- édit. ^ '

Grai.tutaire et stijle de Tacite.^. Gantrclle. Paris, édition ; on trouvera dans la préface de ce livre l'indication d'^ travaux savants sur la langue et les usages de Tacite ; notez surtout ceux de Dr;iger.

Au point de vue moral et littéraire, voy. D. Nisard, Zes quatre grands historiens latins, p. 255-300; G. Boissier, L'opposition sous les Césars, p. 303-320.

1:^5

§31

^>J l'êloqvesca:

Il ne manqua pas. à l'époque qui nous occupe d'hommes instruits dans Fart oratoire, qui se livrèrent h la littérature et publièrent des discours; mais 1 élo- quence ne trouva ni la liberté, ni l'occasion, ni le courage et les dispositions d'esprit qu'il lui eût fallu pour se produire librement et en public. Elle se réfu- gia, sans oser jamais en sortir, dans les tribunaux des centumvirs (tribunaux civils), qui n'avaient rien à faire avec la politique, et dans le sénat ; aussi tomba-t-elle dans une décadence de plus en plus complète (sur cette décadence, qui était liée étroitement à l'évo- ^^112^ politique, et sur l'opposition de la nouvelle et de l'ancienne éloquence, voy. Tacite, diaL omt.J. Mais en même temps se multiplièrent les exercices Q^l^^Q^^^s ^^a»s les écoles, exercices l'on n'accor- dait de. valeur qu'à la forme, à l'expression et au style, aux tournures ingénieuses et élégantes, aux pensées subtiles et spirituelles, aux descinptions et aux anti- ^!iËS?«en un mot à tout ce qui pouvait frapper l'esprit et produire un elTet momentané. On peut juger du sujet et des tendances de toute cette rhétorique par l'ou- vrage, si intéressant pour l'histoire de l'éloquence, ^^® ^1 n è (( u e le r h é t e u r. Ce Sénèque, Annacus Seneca, père de Sénèque le philosophe, était origi- naire de Cordoue, en FJspagne, et vécut à peu près de l'anojl av. J.-G. jusqu'à l'an 40 de l'ère chrétienne, la plupart du temps à Rome. L'ouvrage,* intitulé : Omtorum et rhetormn sententiae, divisiones, colores, et composé par Sénèque peu de temps avant sa mort surja demande de son fils, comprenait 10 livres de

UTrÉHATURE WOMALM; 7

I

I ^

- Conlroversiae (dont nous possédons la moitié environ

en entier, et le reste dans un abrégé composé plus

I tard), et 1 livre de Suasonm' ro sont des exercices

d^école suivis de leur déveiuppcinent. L'auteur, plein

de contiaiice en sa mémoire extraordinaire, entreprit

cet ouvrage avec plaisir ; mais il éprouva bientôt, en

y travaillant, un ennui qui est une preuve de son bon

' sens (1).

Le rhétour le plus important de cette période fut

■f Quintilien (M. Fabius Q u i n t i I i a n u s ), à Calagurris, en Espagne, probablement du temps de Tibère. Il fut le premier professeur d'éloquence entre- tenu à Rome aux frais du trésor et conserva sa cliarge pendant vingt ans ; Domitien le choisit pour précep- teur de .^cô petits-neveux ; il rerut les honneurs du consulat et mourut vers Fan Î)S. Quintilien était un lioiiime de sentiments nobles et bienveillants, d'une vaste érudition, et d'un jugement calme et éclairé. De ses écrits, il nous reste l'ouvrage qu'il composa après :ivoir renoncé à sa charge de professeur public, Vins- titutio oratoria, en 12 livres, guide complet pour l'étude de l'éloquence. L'auteur oppose au goût corrompu de son temps (surtout de Sénèque le philo- sophe) et présente comme modèles, les anciens, d'aburd Cicéron, le type de l'orateur parfait. Le livre I traite des études grammaticales préliminaires, le 1. Il, des éléments et de l'essence de la rhétorique ; les livres IILVIL de Tinvention et de la disposition ; les 1. VIILXl, de Félocution, de la mémoire et de la prononciation ; le 1. XII présente le type de l'orateur

M

accompli. Le dixième Hvre est d'un intérêt particulier en ce qu'il renferme, sous forme de parallèle, une revue et un examen critique des poètes et des écri- vains grecs et romains les plus importants (édit. du ' liv. X, avec comment, par Uonnell et par Kriiger) (1). Un des élèves les plus instruits de Quintilien fut C. P 1 i n i u s C a e c i 1 i u s S e c u n d u s , connu habituellement sous le nom de Pline le Jeune, à Novum Coïmim (Corne), en (|2 ; consul en 100, gou- verneur de Bithynie en 111-112, il mourut sans doute peu après son retour à Rome. Pline était un avocat très i^cherché ; de ses discours, nous possédons encore le j>anéguri(jue qu'il adressa à Trnjan pour le remer- - cier de sa nomination au consulat, discours gâté par des louanges exagérées, par une emphase étudiée, et aussi par une ennuyeuse rhétorique. On trouve beaucoup plus d'attrait et d'intérêt dans ses Ejjistulae (en 9 livres, auxquels se joint sa corrt3spondance avec |- Trajan), qu'il écrivit de 9(1 à 101), puis en 111 et sqq., dans l'intention de les livrer à la publicité, et qu'il publia en effet par la suite. Ces lettres, précisément ( parce que l'auteur avait en vue leur publication, ne produisent pas sur nous l'impression vivante que nous éprouvons à la lecture de celles de Cicéron ; à leur forme monotone et étudiée, on reconnaît qu'elles ne sont pas Texpression toute simple des sentiments de l'auteur. Elles nous olVrent néanmoins un tableau pré- cieux de répogue, plein de renseignements, surtout sur

1 Kdillon «le 8ênéqtic le rlK^lenr : Ad. Kiessling, édilion criliiiuo. Lcip/,.. 1S72.

(1) Edition» «le <luintillen : œuvres complotes, le textô seulement. Ed. Bonnell,2 vol . , Leipz . , 1809-72 .

Le livre X, avec notes en français, introduction, index, etc. J. A. Hild, Paris, 1885; avec remarques grammaticales, notes, dicUoUiiaircs des noms propres, S. Dos son, Paris, 188 't.

f

tiûj^ij^ÊMdmSS^^^^S^ÊàÈiÊ^SS^iÊ&^^ÊÈifi^lMi^ÊÊÈi

l'J8

les uccupaliuiis littéraires souvent stériles de ^ ce

temps: elles nous montrent IMine sous les traits d'un

I esprit sans originalité, il est vrai, et en même temps

I vain rt i.édant, mais aussi bienveillant, humain

iusqu'à la faiblesse, avide de s'instruire, sintéressant

I à tout, aspirant sincèrement au bien et au beau. Un

livre séparé comprend la correspondance de Trajanet

de Pline pendant le temps que ce dernier gouverna

la Bitbynie ; dans ce livre, les lettres qui ont rapport

■i la manière dont les chrétiens étaient traités, 96 et

ii;, sont particulièrement précieuses (voy. VL 10, la

dp<rri[)tion de Féruption du Vésuve, qui eut lieu

en ;n ' I '. Sur racilo, auteur du dial. des or., voy. § -U).

(

r) 1,.V IMilLOSOPHlE

Ceux ([ui s'adonnèrent à la philosophie ne furent

pas non plus rares à cette époque; mais la plupart

I étuiont dos aimiteurs, n'ayant ni science solide, ni

Tsvstèm.^ raisonne. Tout d'abord le stoïcisme en attu'a

I un s^rand nuinljre. siutout parmi ceux ({ui faisaient de

roin>osilion polituiue, comme PaetusTlu-aséa, Lucain,

IV'ise, llelvidius Priscus, etc. Toutefois, ces philo-

soplies n'étaient pas exempts d'un certain désir d'exa-

(li EdillonN de Pline le Jeune : a'uvres complèles, Ze texte seulei^ent, H. Keil, beipz. 187:5.

Choix de lettres, avec 7iotes m franc» tis, remarques sur fa lawj sfiih'y introduction, index, A. NNaltz, Fans,

'- Mommsen, Etude sur Pline le jetme, trad. en français par C. Morel, Paris, 1873.

120

gération et d'ostentation, comme leur conduite exté- rieure le témoigna parfois. Le grand nombre de philo- sophes grecs qui avaient envahi Rome discrédita la philosophie et provoqua les décrets de Vespasien et de Domitien qui les chassèrent d'Italie. Parmi les écrivains philosophes, le plus. remarquable de beau- coup fut L. Annaeus Seneca, vers Pan J^ de l'ère chrétienne, à Cordoue en Espagne, et fils de Séiièque le rhéteur (voy. ^ -T). Elevé à Rome et devenu sénateur, il fut, sur les instances de Messaline, exilé en Corse, par Claude, en Tannée 41 ; l'intercession d' Agrippa le fit rappeler en 49 ; il fut précepteur de Néron, puis consul en 57 ; en bô, accusé d'avoir pris part à la conjuration de Pison, il fut forcé par Néron de se donner la mort (il s'ouvrit les veines au baini. Sénèque n'eut pas toujours une vie bien conforme aux préceptes du Portique, dont il se donnait pour dis- ciple : il accumula des richesses colossales ; il fut indul- gent à l'excès pour les vices de Néron, peut-être à vrai dire par nécessité et pour prévenir de plus grands maux ; il justifia le meurtre d'Agrippine. Dans ses , écrits comme dans sa vie, Sénèque n'est pas toujours \ exempt de frivolité ni de recherche de l'eflét ; toute- fois il cherche à produire, autant que possible, une impression salutair^', et déploie un talent extrêmement varié, une abondance de pensées extraordinaire, uni don d'observation pénétrante, un sens pratique qui ' sait garder la mesure et éviter les exagérations du stoïcisme ; mais d'autre part, il s'élève, dans ses idées \' morales, à une hauteur de vues étonnante, qui dé- passe son siècle et son entourage; il devance ainsi son époque ; en même temps, il dépouille les idées étroites de l'esprit romain, et conçoit l'humanité indépendante

iflty

■i

des nations. Tout ceci explique la tradition chrétienne qui en fait un chrétien et un ami de l'apôtre saint Paul. Le style de Sénèque est linverse de celui de Cicéron ; Quintilien le caractérise, X, I, 129, comme ahunflans dulclhus vitiis ; Caligula (Suétone, Calig. 5:}) fait à son sujet une comparaison heureuse, t arena sinticalre •. Ce style, conforme au goût du temps, est précieux et recherché; il procède ordinairement par phrases courtes, sans liaison, remplies de paradoxes et d'antithèses piquantes ; les pensées sont toujours exprimées d'une manière neuve et ingénieuse, mais leur variété même devient vite fatigante. Les écrits de Sénèque (conservés seulement en partie), sont, les uns en vers (les trag., § 21), des passages de VApocoloh., § 28), les autres en prose ; ces derniers à leur tour sont, soit des ouvrages sur les sciences naturelles (les Naturales quacstioncs. vn '■', livres, qui servirent au moyen-âge de manuel de physique), soit des traités de morale (par ex. de ira, :\ livres, de heneficiis^ 7 livres, plusieurs consolatinnes : de tranquillitate animi, etc.). Ce que Sénèque a laissé de plus intéressant ce sont 1^1 Kptstiilae tid Liœilhim (surLucilius, voy. §27, à la fin), écrites en vue de la publicité : petits Jtraités de m.orale populaire qui renferment'une foule d'obser- vafions remai-quables et de règles de conduite. Il s'y trouve aussi beaucoup de traits caractéristiques de la vie de lépoque. Une correspondance avec saint Paul (1 I lettres), que lui attribuait déjà un des pères de l'Eglise, saint Jérôme (vers Tan 100), est apocryphe, mais elle repose sur ce fait avéré que, souvent, les

Lil

idées morales de Sénèque concordent d'une manière surprenante avec les idées chrétiennes (1).

^' r.KNRES DIVERS

Voici quels furent, dans les genres spéciaux, les principaux écrivains de l'époque :

Dans la jurisprudence, à Capito ( voy. ^ 21) se ratta- cha M a s u r 1 u s S a b i nus (de l'ibère à Néron , auteur d'une iruvre fort commentée, juris civilis H- hri lir. et h Labéon, S e m p r o n i u s P r o c u 1 u s , qui vécut un peu plus tard. Ces deux hommes créèrent les deux écoles connues habituellement sous les noms d*école des Sahinicns (ou des Cassieni<, de Cassiusi ^ L on g i n u s , élève de Sabinus) et école des Procu- \ lêiens. L'une et l'autre eurent des représentants litté- , raires distingués.

La science du langage, en même temps que la rhé- -f torique), fut de plus en plus étudiée. Quelques empe- reurs s'y intéressèrent vivement : Claude méditait une réforme de l'alphabet ; il essaya d'introduire trois lettres nouvehes (j = v consonne, o antisigma remplaçant hs etjjs, h pour le son intermédiaire entre i et tt) ; Vespasien nomma Quintilien professeur de j- grammaire. Les principaux grammairiens et commen- tateurs de cette époque sont :

(1) Editloim <lc Nënèqne le philosophe : (iMivres com- plètes (prose), Ze texte seulement, Fr. Haase Leipz. 3 vol., 187l-'<3 (pour les tiagédics, voy. plus haut paragr. 20i ; avec lin commentaire en latin, C. R. Fickert, Leipz. 1842- 45, 3 vol.

Vov. C. Martha, Les moralistes sons V empire romain, p. + l-KM).

-132-

Q. Remmius Palaemo, de Vicence, qui vivait sous le rè^tie de Claude, auteur d'une grammaire fort répandue ; Q. A s c o n i u s P e d i a n u s (!) qui écrivit sous Claude, sous Néron et sous Vespasien ; nous pos- sédons de lui, sur cinq discours de Cicéron, entre autres sur le pro Milan t\ des commentaires pleins de renseignements mais qui ne subsistent plus en entier; M. V a 1 e r i u s P r o b u s . de Béryte, qui vivait vers l'an <)(), et qui appliqua la critique à l'étude des écri- vains, et spécialement des poètes classiques de Rome; sous Domitien, Aemilius As^) er; sous Ti'a- jan, FI a V i u s C a p c r et V e 1 i u s L o n £U s ; de l'un et de l'autre il nous reste un traité do orthof/ra- f'hi'f : etc. r.2\

Dans les sciences matliémati<[ues, les écrivains les plus importants sont les arpenteurs, a(/riniensores ou i/romatici (de ijroina = bâton d'arpenteur), et parmi ces derniers, deux spécialistes distingués : Sex. Ju - 1 i u s F r 0 ji t i n u s , vers Fan 10 ; il fut deux fois consul, alla comme général en Gaule, en Bretagne, et en Germanie, fut nommé en 1)7 ciiralot' aquariun, et mourut vers 10;) ; de son traité d'arpentage nous ne possédons (jne des extraits. Il écrivit, lorsqu'il était (Hrifior uiiudruiii. un traité de cnjuis arins Romae, rempli de renseignements précieux pour nous {'•)) : liyi^nn (H y g i n u s ), qui écrivit sous Trajan un ou- vrage d'arpentage dont nous possédons des fragments.

(1) Asvonius Pediannii : voy. redit, de Cicéron d'Orelli, Baitei- et Haliii, vol. V, pars II.

(2) Pour tous ces grammairiens, y compris Remmius Palae- mon, voy. la grande étlition des Grammatici latini de H. Keil, qui se trouve dans toutes les bibliothèques universi- taires.

(3) Editions du de aquis urbis Rornae: Fr. Bùclieler, Leipz. 1858.

133

Tous les deux écrivirent également sur Fart militaire ; ) Frontin composa un traité de Tactique qui s'est perdu, et un ouvrage qui nous est parvenu, les stratage- maia (ruses de guerre), en :> livres, auxquels se joint un 4*' livre servant de supplément, les stratdf/ema' tica, Hygin écrivit encore un traité de munU'uniibu^f et peut-être aussi un autre, de limitihus.

Dans le domaine de la géographie, on doit nommer Fauteur de la première description du monde qui nous i ^ soit parvenue, Pomponius Mêla, deTingentera, en Espagne, qui composa sous le règne de Claude, en puisant à des sources anciennes, 3 livres de situ orhis ^de chorograidiùf^ (1).

C'est en outre à la littérature géographique qu ap- partiennent, en tout ou en partie, la Germania et -f VAgricol(( de Tacite, les Naturales Qunestiones de Senèque, et surtout les livres III-VI de l'Histoire naturelle de Pline Fancien. C. Pli ni us Secun- -|. dus, en l'an 2;] à Novum Comuni (Côme) , servit dans la guerre de Germanie , et fut envoyé plus tard comme procurateur impérial en Espagne; Vespasien crut pouvoir lui confier l'administra- tion des finances et de la marine ; il mourut le 24 août 79, lors de l'éruption du Vésuve, victime de son zeTe pour la science (cf. Pline le jeune, epist. VI, 16). Pline Fancien, oncle de Pline le jeune, était ^ l'homme le plus actif eTîe^Tus instruit de son temps ; outre ses œuvres historiques, voy. § 30, et différents, traités de tactique, de grammaire, de rhétorique, comme le de jacahitione equestri, les duhii serrnonis

(1) KdHions Poinpouins Mël» : in usum scholarum A. Weichert, Leipz. 1816;- édit. critique, G. Parthey, Berlin, J867.

1

t'A

lihri Vflf, studlitsi 1. fil, ouvrages qui ne nous soiit point piirvemi^. il composa une œuvre que nous pos-

•f scdjns encore, sa -V'at£i^i£_/ii»£or/aj en SJ_ jivres,

sorte d'encyclopédie des sciences naturelles ; elle embrasse 1 astronomie, la géographie, l'anthropo- logie, la zoologie, la botanique, la minéralogie, et en Jurande [)artie la médecine. Les matériaux en sont empruntés aux œuvres de près de 500 écrivains (envi- ron 'JOOO volumes) ; c'est une mine inépuisable de tous les faits qui peuvent exciter de l'intérêt ou de la curiosité ; mais l'auteur traite son sujet souvent en

4.. amateur, et sans critique suffisante. Gomme Pline avait alïaire, avant tout, à un sujet extraordinairement ' riche, son exposition est généralement sèche, mais imssi parfois d'une enflure qui sent la rhétorîtjue ; il fait ressortir la grandeur et la majesté de la nature et de l'univers, et se met en opposition ouverte avec !«^s ci'oyanc'^s populaires sur les dieux (1).

De l'œuvre encyclopédique de Cor n^iî us (Jelsus l'époque de Tibère), qui traitait de l'art de la guerre, de Téconomie agricole, de la rhétorique et de la philosophie pratique, nous possédons encore ^ livres de mrdirina {de r,' medica), y compris la chi- rurgie. — b 0 r i b 0 n i u s L a r g n s . médecin ordinaire de l'empereur Claude, écrivit un recueil de de recettes, eorttf)osit loues ttiedicamentorKm, d'une

(Il Editions <!« Pline rnncien : le texte orec un index qui occupe tout le dernier volume, Ludovic Jan, Leipz., G vol. 1859-1875 (le volume réédité par C. MayliolT avec un apparat critique ■. Morceaux choisis, avec notes par ('has- sang, Paris.

Vo y . Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1. 1 1, p . 44, sqq.

Traduction française par Ajasson de Grandsagne, avec des notes de Cuvier, Letronne et autres, Paris, 1829-1833, î20 vol.

im

valeur scientifique et d'un style assez fciibles ; il nous en reste 271 recettes (1) .

L'économie rurale fut spécialement traitée par Mo de rat us Co lu me 11 a, de Gadès, contem- f P9£'}''\ ^^ compatriote de Sénéque, dans une oeuvre qui témoigne des connaissances techniques, des inten- ^i2iî^ji'^2iL^s ^^ du bon goût de l'auteur : De re rw^- tica lihri XH ; le livre X, sur rhorliculture, est écrit envers hexamètres ; l'auteur reste bien au-dessous de Virgile, qu'il prend pour modèle (2).

CINQUIÈME PÉRIODE

L'empire depuis Hadrien (117 ap. J.-G.).

Cette époque fut pour la littérature, comme pour la politique, une époque de décadence in injer rompue. -4- Les rares œuvres, qui jusqu'alors" témoif^nS^^^^^ ,

core chez leurs auteurs d'un talent original et indé- ' pendant, disparurent complètement. Le goût et le jugement, n'étant plus réglés, perdirent leur sûreté et leur finesse ; on vit paraître des imitations serviles et

(1) Une édition du De medicina de Ceise, par G. Darem- herg, a paru à Leipzig en 1859,- de Acrlbouias I.nr^ns. les

principales éditions sont celles de Bhodius, Padoue, 1655 et . de Bernhold, Strasbourg, 1786. '

i4^^ ^*""*"* •'« C'oinnieiie: Gesner, 2 vol.. Manheim l-«l le livre dans les poefoe lat. min. de Wernsdor (coll. Lemaire).

l:î(î

maladroites des écrivains antérieurs, surtout de ceux des premiers siècles, un stvle sans iiatiirel et sans simplicité, une rhéj.qri(iue pédante, agrémentée de phrases pompeuses et hors de proportion avec le suj^et insignifiant qu'elles traitaient. Tout eiïort personnel de l'esprit fut remplacé par l'étalage prétentieux d'une science d'emprunt, souvent rassemblée à grand peine. Le goût corrompu de cette époque se révèle surtout dans le mom pmont nrchaïque dont le rhéteur Fronton fut lo priiK ipai iu[)iL=.uiitant, et qui, en face des œuvres de l'époque classique, donnait la préférence à I celles de l'époque antérieure. Ou vit la poésie dispa-

4 -f raitre et la prose croître en importance ; ce fut une 1 conséquence de l'inertie stérile des esprits, non moins j que de l'intluence toujours rruissaulo ({ue prirent la

^ 4 rhét^^'^î?^'? ^^J^ sophistique grecques, encouragées et eiitretenuesirgrands frais par les classes instruites, et par une suite d'empereurs, comme Hadrien. Antonin le Pieux, Marc Aurèle. Les provinces prirent dans le domaine de la littérature une importance qui alla tou- jours en augmentant ; d'Afrique sortit toute une série d'écrivains, surtout d'écrivains chrétiens, caractérisés par leur manque de logique et de simplicité, par la surchar.L'e oi-atoire, par un vocabulaire et une syntaxe arbitraires, cinK.us à Timage de leur propre esprit; la Gaule (en particulier, Lugduuum) fut un centre pour l'étude de la rliétorique. Toutefois, en dépit des encouragements prodigués à la littérature dès le début de cette péri.] par les empereurs Hadrien, ]\Iarc- I Aurèle, et plus tard par Alexandre Sévère, le désarroi

"t"I politique du :. -' ' -le faillit amener la j-uine des lettres ;

ce ne fut qu'api u^ i i triomphe du christianisme et de la nouvelle constitution donnée à Fempire par Gons-

'4"

137 -

tantin le Grand, que Ton vit de nouveau surgir des écrivains remarquables, parmi les chrétiens comme parmi les païens. D'ailleurs, tout ce quj__avait un ca- ractère exclusivement romain disparut : de plus eu plus, rég.ilité politique s'étendit à tout l'empire, grâce à l'édit de Caracalla qui accordait aux provinces le dr(»it de cité romaine. La culture littéraire se propagea, d'une part dans l'église chrétienne et devint l'apanage du clergé (littérature patristique), d'autre part à la cour où. dépourvue d'élévation et d'idéal, elle n'eut plus que des visées toutes pratiques, connue la glori- fication des empereurs (littérature panégyriste), et le développement de la science du droit. Cette pé- riode ne produisit aucun écrivain du premier, ni même du second rang (si l'on tient compte en même temps du fond et de la forme) ; ce n'est que dans les genres spéciaux, surtout dans la science du droit, que pa- rurent des o'uvres remarquables et môme en partie dignes de servir île modèle.

114-

I

^ :Vi

1. hX POKSIF.

((' LA l'oKSIE lAKK^l K

La poésie lyrique n'eut, durant celte période, que bien peu de repsésentants dignes d'être mentionnés.

On ne sait au juste de quelle épO(iue date le -P^'''i- giliuni Vcrn'ri^, glorification de N'énus Genetrix et du prîntëuqjs, en 9:i septénaires trochaïques assez bien tournés. Les deuxgenres épique et lyrique sont mé- langes dans les œuvres d'un écrivain assez bien doué

MaiirfaMiiMW'tl'iillilMitlâlitlliiiriliilifMlirli'ii n iiliÉ'iriiTi

im

i"

\

i

par la nature, et très habile versificateur, Aiisone i^^''- -^^^ i; n u s \uson"[u s), à Burdigala (Bordeaux», en Gaule. Précepteur de l'empereur Gra- lien, [Kiis consul en 379, Ansone se convertit au christianisme, mais il ne fut chrétien que de nom; il

revint finalcnifiit. sous Théodose i«'', dans sa patrie,oii

il s'adonna h la culture des belles-lettres. Ses poésies sont très variées pour la forme comme pour le fond: épigrammes et épitrcs, poèmes sur des personnages vivants ou morts, sur les empereurs, sur les villes célèbres: les plus connus sont ses idylles, et entre autres la dixième , intitulée Mosella. description (enis:: liexamètres) d'un voyage sur la Moselle de- puis liingen jusqu'à Trier ; ce poème intéresse par la variété des détails qu'il contient et par un sentiment très vif de la nature (1). ""

\jj plus éminent des poètes véritablement chrétiens est l^judence ( A u r e l i u s P r u d e n t i u s G i e- mens), en Espagne en :{48, qui fut rhéteur, revê- tit les charges les plus élevées, et mourut vers 410; il composa des odes en Tlionneur des martyrs et des hymnes il emploie les mètres d'Horace, ainsi que des poésies dogmatiques, polémiques et épiques (2).

(1) Editions cl'AnHone : œuvres complètes, C. Schenkl, (jrandf édition critique avec préface en latin, indexa etc., dans les Monumenta Germaniae historica, t. V, pars posterior, Berlin, 1883; édition bipontine, 1785.

Le poème de la Moselle, dans les Poet. lat. minores de Wernsdorf (coll. Lemaire).

(2) £<liilonfi «le Prudence: avec notes en latin, Th. Obbarius,Tubingue, 1845; édition critique de A. Dressel, Leipzjr», 1860; dans la Patroloifie de Miqne. IJX et LX. "

m)

h^ T.'ÉPOPÉK

L'épopée traita tantôt des sujets mythologiques, et tantôt dégénéra en panégyriques en l'honneur de rem[)ereur et d'autres grands personnages, accompa- gnés d'unepolémique obligée contre leurs adversaires. Un représentant des deux genres, très brillant pour son siècle, est Gl^udiGn ( Claud ius Cl a u d i a n u s) d'Alexiindrie. Il composa, vers l'an 400, de nombreux poèmes, soit histonques (par exemple, en l'honneur de l'empereur Honorius, et surtout de Stilicon, avec toute une polémique contre le ministre Paifin, et l'eunuque Eutrope, consul à Constantinople, dans laquelle cepen- dant Claudien n'altère pas essentiellement les faits), soit '^^ll!]l^!'^o^a^es (:1 livres de'raplu Proseridnae), Il écrivit en outre des épitres, des idylles, des épi- grammes, ordinairement en vers élégiaques ou héroïques. Claudien témoigne avant tout d'une grande facilité de versification, d'une imagination vive, d'une connaissance étendue des poètes cfassiques, d'un_pro- fond enthousiasme pour la grandeur de Rome; mais ces heureuses qualités sont détruites par la fnvolité des sujets à laquelle le poète cherche vainement à sup- pléer, par un s^le étudié et hyperbolique (1).

A côté du poète païen, Claudien, on trouve des poètes chrétiens, mais bien moins remarquables: C.^ Vettius Aquilii s J uven eus, prêtre espa- i gnolde l'époque de Constantin le Grand, auteur d'une Ili^toire cvangélique, en vers hexamètres ;

I

t

I

(1) Editions de Clandien : édition critique de L. .Teep Leipz.,_ 3 vol. 187G-7'.»; —avec notes en latin, collccfioi Lemaire, 3 vol.

H. Chotard, Quid ad historiam conférât Claudianus, 1860.

fion

l'iO

Flavius Merobaudes, rhéteur espagnol, auteur d'un poème sur le Christ, et de différents éloges historiques, entre autres du général Aëtius ;

f Sidoine Apollinaire ( Apollinaris Sidonius), vei^ I :î0^f^^^, de Lyon, évoque de Clermont, auteur de panégyriques de phisienrs empereurs, gâtés par une phraséologie trop savant.' ( 1 ' :

i Dra contins, de Cartilage, auteur d'épopées mythologiques, d'un poème (Vidaclique de Deo, etc. (2): Fortunat ^ V c n a n t i u s F o r t u n a n t u s ), au i'f surir (''v,Mino de Poitiers, auteur d'un poème épique en IhoiM.. tir dr Si-Martin, de Tours, et de nombreux pané'^vri(iurs en riionnéur de personnages élevés CA).

c! ï.\ IMiKSIE KIDACTIQUE

On lu'ut mentionner dans la poésie didactique et

descriptive :

" Kei'iesianus, de Carthage, vers :>S0, auteur

(1) Editions Ile Sidoine Apollinaire: liue édition de E Châtelain doit paiaitro prochainement; -avec "»e intro- duction bioi/raplii.lue on français et une hreve annotation en lalhi Eug. Haret, Paris. 1871»; - ancienne édition très *>«;timép par J. Sirmond, 2% Paris, Ib.xî. estimée, P^"/^^^^^. ^ssm sur ApolL Sid., Montpellier, 1840;

_ (i. A. uhaix, Saint Sid. ApolL et son f^''^'\^^f^' Fenand, 18(J7, 2 vol. - Cnti.pie du texte hatelain. Revue de philologie, 3, r)4 et 154.

(ON EditionH de Draj-onf in» : aveC un apparat critique, œuvres comphtes. F. de Diihn ._ I.eipz., l^';!' " J^^'^^f '^ tranoedia,K. P.1IHM-, l^'^slau, 1875 et dans les l'oet. lat. mm. de lialirens, t. V, p. 218.

(3) Kditionji* de Fortnnat: dans la Patrologie de Migne;-- les poésies, dans les Monumenta Germaniae ni^lonca, t. IV, jvn u- -lit. critique de Fr. T.éo, Berhn, 1881.

141 -

d'un poème didactique sur la chasse, Cynegelica (1) F e s t u s A V i e n u s , vers 870, auteur de poèmes î.;3tronomi(iues , historiques, et surtout géographi- ques C-i) :

Claudius Rut i lins Namatianus (-•)), le -^ plus remarquable des poètes didactiques, originaire de la Gaule, préfet de la Ville en lit. En U(i, il ra- conta son retour par mer de Rome dans son pays natal (^6^ ï^editu suo libri II : le '2° livre ne nous est ' pas parvenu en entier). C'est une description gra- cieuse et pleine de sentiment, ornée de nombreux 1 épisodes et de détails intéressants. Partisan enthou- siaste de la vieille Rome et de l'antique religion païenne, le poète est ennemi acharné des juifs et des chrétiens (i).

(1) Xeuiesinnns : dans les Poet. lat, tninores de Werns- dorf (coll. Lemaire) et de B;ihrens. -—' II nous reste aussi «le i Nemesianus ({uatre pièces bucoli([iies jointes ordinairement à + celles de Calpurnius.

(2) Festns Avienus : dans les Voet. lat. min. de Werns- dorf.

{'3) Namatianus, et non Niimatianus, comme on l'a souvent -4- écrit.

(1) Eloiro enthousiaste do Rorno, I, 17-1()1 : v. 53 et suiv.

<,)l»i'uerint citius scolcrata oldivia soh'm, Quaiii tuus ex iiostro corde recédât honos.

81 Hi[. :

Omnîa per|)etuo quae servant sidéra motu Nullum viderunt pulchrius impcrium.

397, sq. :

Latius excisae pestis conta^Tia serpunt : Victoresque suos natio victa premit. 525, sq. :

Non, rogo, deterior Circeis secta vcnenis? Tune mutabantur corpora, nunc animi.

[Noie de BenderJ. Edliion» de Kutiiiiis Xamatianu» : le Itxtf. seulement,

14^

Un recueil de fables, trys répandu plus tard dans les écoles, fut composé par A v f^fffu"^ vers l'an vlOO : suivant l'exemple d'Ksope,del^abrius, de Phèdre, etc. : il reproduisait, en vers éléj^iaques, £i fables ésopiennes (1). '

r.A IMtOSE

a \. i;i (k/i:f.N('K

j^l l'cndatii lonî4tt'!a|is, les plus vives sympathies du ' iiublic furent pour la rhétorique ; celui qui cultiva cet art avec le plus de succès et le plus de complai- sance fut 1^'ronlon (Cornélius Fronto). ;\ Cirta, en Afrique, Fronton vécut environ de 100 à

t F/.'), et fut nommé consul en 1 |;'. ; précepteur et_ami de rem[)ereur Marc-Aurèle, doué d'un caractère alTec- tuenx('f'.>.ô^Tor;o;) et loyal, il fut, dans ses etTorts comme (l;tn> |)roductions littéraires, le type d'une éjocxue qui fait do lu rhétorique pour la rhétorique elle-même. Nous avons de Fronton des œuvres oratoires et des let- tres ordinairement caractérisées par la n-ullitédu fonds

Lucien Millier, f.eipz., 1870; avec une traduction et des notes en français, et le texte de ^V. Zttmpt accompagné d^un apparat critique, V. Z. CoUombet, Paris et Lyon, 1842. -- Dans 1rs loet. lat. min. de Wernsdorf et de Biihrens. Ohservationes in RutiL.eic.j W. Zumpt, Berlin, 1837.

(l) Avlnnas : r.achmann, Berlin, 1815; dans les Poet. UH. minor. de Bahrens, t. V, p. 31, S(|tj.

';^y*^*

- lîi^î -

(correspondance avec Marc-Aurèle, L. Verus, An- tonin le Pieux, avec ses amis ; et aussi quelques lettres grecques). Pour lui, tout se ramène à la rhétorique : il est persuadé, sincèrement, que hors de la rhé- torique, il n'est point de salut. En ce qui concerne la langue. Fronton admire de préférence les écrivains et les orateurs les plus anciens, antérieurs à l'époque classique. Plante, Ennius. Gaton, G. Gracchus, et même encore Salluste ; c'est un peu malgré lui qu'il reconnaît la valeur de Gicéron. Dans une lettre à l'empereur Verus, voici, par ex., comment il caracté- rise les orateurs : (jnidonatHr (lato infe^l*\ (irifcrhua twJndciilc, Tifllius coy/Zr/se ; iti judiriis saecil (lato, Irhiinpliifl i'.icero, tumi(UuatKr (iruccltus, (Idlrus ricatur. Il naccorde de valeur qu'aux ornements de rhétori([ue uiy.o-jz;^ rerlni notahilin^doniriHtiva, etc.). Mais il faut dire que ce raffniement et que cette dé- pravation du goût apparaissaient à ses contemporains comme une perfection (1 >.

L'Afrique produisit encore un rhéteur célèbre dans Apulée (L. A p u l e j u s ). à Madaure, vers F-25, Apulée s'exerça comme rhéteur et avocat dans beaucoup d'endroits, sans jamais se fixer dans aucun; il se rendit célèbre aussi comme magicien. Apulée est un écrivain fécond et très varié, mais trop souvent hâbleur ; son stvle, du reste très original, est un nié- lange de néologismes créés sans nécessité, de tour-

4.

f

(1) Editions <le Frontou : avec les lettres d'Antonin le pieux, de Marc Aurèle. L. Vériis, Appian), A Ntai, Milan, 181."), 2 vol.; G. N. du Rieu et S, A. Naber, Leipz.' 1807; - Niebuhr, édit., Berlin, 18h).

Lise/. Revue des deux inondes, 1*' avril 1808, p. G71,Ci. Boîs- | sier, l.a jeunesse de Marc AunMê elles lettres de Fronton. '

4-.

- 142

Un recueil de fables, très répandu plus tard dans les écoles, fut composé par iVvUnjis, vers l'an TÔÔ ; suivant l'exemple d'Esope, deBabrius, de Phèdre, etc. : il ! reproduisait, en vers élégiaques, l'i fables ésopiennes (1).

^* ^»^»

o

T. A PrtOSR

^!!

•"T

Pendant lonn^temps, les plus vives sympathies du public furent pour la rhétorique ; celui ([ui cultiva cet art avec le plus de succès et le plus de complai- sance fut i^'ronlon ( <^ o J3lJ_|^s_ Frojito). à Clirta, en Afrique, Fronton vécut environ de 100 à 1/5, et fut nommé consul en 113 ; p£écepteur et_ami de reinpereur Marc-Aurèle, doué d'un caractère atTec- tueux('ftX6cTGpYo;) et loyal, il fut, dans ses efforts comme dans ses productions littéraires, le t^pe d'une époque^ qui lait de la rhétorique pour la rhétorique elle-même. Nous avons de Fronton des œuvres oratoires et des let- tres ordinairement caractérisées par la n-ullitédu fonds

Lucien Millier, Leipz., 1870; avec une traduction et des notes en français, et le texte de W, Zumpt accompagné d'un apparat critique, F. Z. Collombet, Paris et Lyon, 1842. - Dans les Foet. lat. min. de Wernsdorf et de Bahrens. Ohservattones in Rutil.,eïc., W. Zumpt, Berlin, 1837.

(l) Avlanos: Lachmann, Berlin, 1845; dans les Poet. lat. minor. de Bahrens, l. V, p. 31, sqq.

^ r43 -

(correspondance avec Marc-Aurèle, L. Verus, An- tonin le Pieux, avec ses amis ; et aussi quelques lettres grecques). Pour lui, tout se ramène à la rhétorique : il est persuadé, sincèrement, que hors de la rhé- torique, il n'est point de salut. En ce qui concerne la langue. Fronton admire de préférence les écrivains et les orateurs les plus anciens, antérieurs à Fépoque classique. Plante, Ennius, Gaton, G. Gracchus, et même encore Salluste ; c'est un peu malgré lui qu'il reconnaît la valeur de Gicéron. Dans une lettre à Pempereur Verus, voici, par ex., comment il caracté- rise les orateurs : (Undionatur (lato infeste, Gracchus iurhulcnle, Tidlius co/nosc : in judiclis saevit Cato, trnmipiiat (Ucero, tumultnatnr Gracchus, Calnis riratur. Il n'accorde de valeur qu'aux ornements de rhétorique (cixovc;, verha notabilia,deminntiva, etc.). Mais il faut dire que ce raffinement et que cette dé- pravation du goût apparaissaient à ses contemporains comme une perfection (1 ).

L'Afrique produisit encore un rhéteur célèbre dans Apulée (L. Apulejus). à Madaure, vers 125, Apulée s'exerça comme rhéteur et avocat dans l)eaucoup d'endroits, sans jamais se fixer dans aucun; il se rendit célèbre aussi comme magicien. Apulée est un écrivain fécond et très varié, mais tmp souvent hâbleur ; son stvle, du reste très original, est un mé- lange de néologismes créés sans nécessité, de tour-

+

f

t

(l) Editions fie Fronton: (avec les lettres d'Antonin le pieux, de Marc Aurèle. L. Vérus, Appian), A- Mai, Milan, 1815, 2 vol.; - G. N. du Rieu et S. A. Naber, Leipz.' 1807; - Niebuhr, édit., Berlin, 1816. ^, , ^ .'

Lisez. Revue des deux fnandes, l!lavnlJ868, p. 671, G. Bois- f sier, « r^i jeunesse de Marc AurèlêëTIes lettres de Fronton, t T

144 --

. nures bizarres, d'enflure el d'affectation ; il est néan- moins dune clarté qui surprend, et respire de la gaité, (le Vlnnuind- ([ui ne nianciue pas de charme. De ses écrits, le plus connu est son roman fantastique, Meta- 4- hioi-fihnsron lihyi \i, qui raconte les aventures d'un honune clianj^é en âne, et renferme de nombreuses histoires de brigandage et de magie, dont la scène est ordinairement la Tliessalie. Cet ouvrage, (jui se ter- mine par une glorificaHon des mystères d'Isis, est imité du A&j/.w; de lAicien, mais traité d'une faron bien |)lus étendue et avec des altérations qui ne sont pas toujours heureuses, f.os livres IV--VI renferment ' le conte si connu, peut-être allégorique, de l'Amour et de Psyclié. Parmi les autres ouvrages d'Apulée, on peut citer VAfiolo'iia, il réfute, dans un style simple, les accusations de magie portées contre lui, et les Fhn-ifhi. anthologie extraite de ses discours et de ses déclamations (\).

On doit encoie citer, mais à une époque bien pos- 4 téi'ieure, le rhéteur Symmaque (L . A u r e 1 i u s S y m- m a c h u s le filsV qui fut consul en 8!)1, et dont nous possédons 1) discours, tous incomplets. Ce sont des discours prononcés devant le sénat, et deux panégy- riques des empereurs Valentinien I et Gratien. Nous avons aussi dt^ SymuKKpie un recucnl de lettres en 10 livres, nfi il protiil IMiiie le Jeune pour modèle ; les plusiutct ^:-aiiiu:5 M dit Ics icttres du dixième livre,

(1) Eaitions «i*A|>tiiée : œuvres complètes, avec notes en latin, (>. V\ Ilihlo b ran cl , Leipz., 184*2, "^ vol.; floridorum

quae siipersunt, (î. Kniger, Berlin, 1.SG4 ; Metamorphoseon, F. Kyssenhar.lt, Berlin, IHtill; Psyché et Cupido, O. la lui, Leipz., 18.').").

Trailiicti^Mi : V. Ii«' t itla ii d , Paris, î» vol.

- I'i5 -

Symmaque, en Fan ;j81, insiste au[)Tè5 de l'empereur Valentinien II, pour faire rétablir dans le sénat l'autel de la Victoire qui avait été enlevé sur l'ordre de Gra- tien. 11 demandait par le maintien de la religion païenne. La démarche de Symmaque provoqua diffé- rents écrits de polémique de la part des écrivains chré- tiens, par exemple de l'évèiiue de Milan, saint Ambroise, et demeura sans succès (1).

^ -w

h) l.\ PIllLOSoPillE

Bien que la philosophie fût attaquée par des rhé- i teurs comme Fronton, elle n'en obtint pas moins la 1 faveur de plusieurs empereurs, entre autres des An- tonins, et monta même jusque sur le trône en la per- sonne de l'austère stoïcien Marc Aurèle, qui + écrivit en grec'1'3 livres de J'ensi'es, sous le titre : A moi-même, si; aÛTov (^2). Mais elle ne pouvait plus vivre d'une vie saine et forte, elle s'égarait souvent dans un ; mysticisme confus, ou dans une frivole recherche du merveilleux, comme chez Apulée (voy. ^ •'.('») qui com- posa des traités philosophiques de tnundo, dr dco So- cndifi etc. Avec le christianisme s élevait contre elle un adversaire nouveau, plein de jeunesse, de vigueur, qui souvent ne craignit pas d'emprunter des arguments

(1) ):<1iiions «jminnqnctdansla Vairologid de Mignc; - Kehiiones, édition critique, (r. Meyer, Leipz., lS/2.

(2) Pour Marr-Aurèle, voy. phis haut la note sur les éditions

de Fronton. i-?i

C. M art ha, Les moralistes sous l empire romain, ^. 1/1*

214.'

- liG

aux pliilusoplies et aux rhéteurs païens. Cette lutte engagea nombre d'esprits puissants à tenter de ra- jeunir la philosophie ; tel fut entre autres Boèce (Anicius ManH-i^ Torquatus Severinus Boe tiu s ), gendre de Syunumiue (voy. ^ :>(;), eousul en 511). et condauHié à mort en 525 sur l'ordre du roi des ostrogoths Thôodoric, sous le prétexte d'un complot de haute tra- hison qu'd aurait tramé de complicité avec la cour de Constantinople.

(Quoique chrétien, lioèce était un admirateur en- thousiaste de l'antiiiuilé classique; il traduisit beau- coup d'ouvrages grecs, particulièrement d'Aristote, et composa des traités sur les mathématiques, sur la grammaire, etc. ; il est surtout connu [)ar son de con- >^ohtfione, qu'il composa en prison. La Iangue"de^e\ traité, un peu précieuse, se comprend cependant assez aisément ; lii prose est mélangée à des vers de mètres fort variés: l'œuvre toute entière témoigne d'un sen- timent moral très pur, pénétré de l'esprit de la philo- sophieancientie, de Platon surtout, et ne respirant que de loin l'esprit du christianisme. C'est à tort (ju'on attribue aussi à IJoèce des traités théologiques, par L'xomple sur la Trinité (1).

/■!

L HISTOIRE

L'histoire eut de nombreux représentants; mais il lui manquait, pour prendre un essor plus élevé, la

(1) Eilitlons Ile Boi-cc: dans la Patrolofjie de Mignc , t. 63, C)4, Paris, 1817; Pkilosophhtc consolatio, 11. Peiper, Leiitz . , 1 S a I ) b 1 » a r i II s , léna, 184;] .

ii7

liberté de la pensée et de la parole ; elle ne put ré- sister, elle non plus, à l'influence envahissante de la rhétorique. On vit disparaître l'ordonnance scienti- fique et le libre choix des sujets, ainsi que l'analyse psychologique des motifs ; on cessa d'avoir en vue un vaste horizon ; on se borna davantage aux faits per- sonnels, aux écrits biographiques ; la préférence fut donnée aux minuties, aux anecdotes ; l'histoire devint une peinture des détails, souvent un racontar de valets subalternes. Les anciens histbriens furent accommodés au goût du public et mis à sa portée par des extraits. Avec le triomphe du clunstianisme, les historiens se tourntrent de plus en plus vers des su- jets bibliques et ecclésiastiques

Suétone ( C. S u e t o n i u s ï r a n q u i 1 1 u s ) avait déjà écrit sous le règne de Trajan. vers 75, Sué- tone, rhéteur et avocat, fut pendant quelque temps secrétaire intime d'ïladrien ; ayant été congédié par cVàernier, il se livra à l'étude et se mit à écrire sur les genres les plus divers, sur l'histoire du culte, sur la science du langage, sur la chronologie, etc. Outre plu. sieurs fragments de vlris illustrilms (sur la grandeur littéraire de Rome jusqu'à l'époque de Domitien), entre autres, par ex. ceux qui renferment les vies de Térençe et d'Horace, il nous reste de Suétone un de vita Caesaram, renfermant la biographie des 1^ pre- miers empereurs depuis César (dont le début parait manquer) jusqu'à Domitien. Cette œuvre, composée en 120, est pleine de renseignements précieux, puisés à des sources nombreuses et soigneusement mises à profit ; elle montre chez l'auteur une tendance tout impersonnelle; déjà cependant, par suite de l'intérêt inhérent au sujet, on voit dominer fanccdote et le

11

i"

f

\

148

I trait personnel, quelquefois mémo le détail irisigniliant

I et trivial. En distribuant son sujet d'après certaines divisions (par ex. vices, vertus, habitudes extérieures), Suétone néglige la marche chronologique et la liaison réelle des faits . ainsi que l'exposé psychologique des motifs. Son style est simple, naturel et facile à comprendre (1).

Déjà les historiens suivants sont bien inférieurs à Suétone :

FI or us (le mémo peut-être qu'un certain P. An- nius Morus. poète et rhéteur) écrivit, probablement sous Hadrien, lieUoriDii omiuam ((nnorum DiJl lihri

^ U ; c'est une histoire romaine de Romulus à Auguste, suivant presque toujours Tordre des guerres, peu exacte à Tégard de la chronologie et pleine de faits erronés, d'anaclironismes, et môme d'altérations pré- méditées ; elle est g.Uée dailleurs par une théologie

Xinepte et alîectée in inajifrcm i/bn-iam populi ro- uHfni ; l'auteur manqur^ absolument du coup d'œil liistorique, et ne l'ompreinl rien aux influences psycho- , logiques. Le style, surchargé d'ornements oratoires et rempli dcxpressions et de phrases stéréotypées, ne laisse |)as cependant d'être i>;u' intervalles clair et [)ittort\Nque, et d'attfMn<hv li^ ton (jui convient au sujet ['}). Un certain {,. A m p e l i u s , tout-à-fLiit in- comm du reste, écrivit, sous Anton in le Pieux, un petit manuel encyclopédique assez sec, le liber me-

(1) KditionH tle Kiu>(oiie t uiivres complètes, le texte seulement. C. L. llo th , Leipz.. 1871; praeter Caesarum lihros reliquine. grande édition de A. lleifferscheid, Leipz.,

ISCO.

(2) Eflitiotis fie riorns : le texte s>'ul>ment, C. Halm^ Leipz., 1872; avec notes en latin^ coll. Lemaire.

140

moriaïis, qui traitait de géographie, de mythologie et particulièrement d'histoire (1).

De Granius Licinianus, qui vivait à la même époque, et qui écrivit un abrégé de l'histoire romaine, nous n'avons plus que quelques fragments.

Il ne nous est rien parvenu des ouvrages de M a - ri us Maximus, qui écrivit, vers l'an 230, la biographie des empereurs depuis Nerva jusqu'à Ela- gabal, et dont le travail fut mis à profit par les écri- vains postérieurs, particuhèrement par les écrivains de l'histoire Auguste.

De ceux-ci, les uns écrivaient sous Dioclétien, comme Aelius Spartianus, .'Volcacius Gallicanus et TrebelJius Pollio ; les autres sous Constantin le Grand, comme Flavius Yopiscus, Aelius Lampridius et Julius

^y^.^^^^^^^^"'- 0" ignore par qui et à quelle époque a été formé ce recueil de l'histoire Auguste: il ren- ferme la biographie des empereurs depuis Hadrien jusqu'à Numérien, 117-2S4 ; le récit manque de va- riété et d'élégance et procède ordinairement par petites phrases courtes ; pas de distinction entre les faits importants et les détails insignifiants; pas de plan dans l'exposé des événements. Telle qu'il est néan- moins, ce travail est fort important, car il constitue la seule source à consulter pour l'histoire de cette époque. De ces biographies, il en est plusieurs qu'on ne sait au juste à qui attribuer; mais la plupart sont l'œuvre de Spartien et de Yopiscus ('2).

■Xi*

(1) L,. Ampelina: le texte, Ed. Wôlfflin, 1873.

(2) Scriptorcs tiintorlae Anenstae : avec un apparat cri' tique, Peter, Leipz., 1865, 2 vol.; édition bipontine, 1787.

LITTÉHATURE BOMAINE

8

ï.3*?-*i'

150

151

■i

t

Sous le nom d' Au re l i u s Victor, (jui lut gou- verneur de la Pannonie sous Thcodose le Grande, nous avons plusieurs ouvrages : de Caesarihus. de César à Constance, compilation sans jugement, écrite dans un style guindé ; cet ouvrage est accompagné d'un Ejn- iome, qui s'écarte souvent de l'original, et s'étend jusqu'à une époque bien postérieure, celle de Théo- dose le Grand; cet abrégé puise d'ailleurs à des sources différentes et se comprend plus facilement que le de I Caesarihus lui-même. Ces deux ouvrages sont peut- I être des abrégés d'une œuvre plus considérable d'Au- relius Victor. On ne connaît pas les auteurs de cer- tains ouvrages qui portent également le nom d'Aure- lius Victor, un de viris illustribus, "allant de Procas à Cléopâtrc, composé avec assez de bon sens, et une orir/o (jeniis romwiae, de Saturne jusqu'à la mort de Romulus, œuvre extravagante et sans aucune va- leur (1).

Un contemporain d'Aurelius Victor, Eutrqge (Eu- tro pi us) , écrivit sous Valens un breviarium Jiisto- riue Romanae en 10 livres, s'étendant de l'origine de Rome jus(iu'ij Jovien ; cet ouvrage, simple en général et exact, est sec dans les premiers livres l'histoire intéiieure de Rome est complètement mise de côté ; il devient plein de vigueur et abondant en détails dans les livres qui traitent de l'époque impériale et qui renferment de nombreuses peintures de caractères assez justes (par ex. de Trajan, VIII, 4; de Cons- tantin le Grand X, 7 ; de Julien, X, l(j ). L'abrégé

(1) Anrcliiin Victor: les (lualrc ouvrages inscrits sous son nom, dans l'édilion bipontino des historiae romanae scriptcres minores, 1781); de viris illusirihus, F. A. Brohm, 3* éd't., Leipz., 18H0, et E. Keil, Breslau, édit., 187:;;.

1

d'Eutrope servit fréquemment par la suite de livre d'école (édit. class. avec notes par 0. Eichert (1).

Une œuvre précieuse comme source historique est celle d'Ammien Marcellin (Ammianus Maicelli- nus) originaire d'Antioche; après avoir longtemps servi dans différentes expéditions, il composa à Rome, vers Fan 390, Rerum gestanim lihri A'A'A'i, histoire de l'époque qui va de Nerva à Valens ; il ne nous reste que les livres 14^31 (époque qui s'étend de 353 à 3/6). Ammien Marcellin écrit à un point de vue païen, en admirateur enthousiaste de Julien l'Apostat ; impartial et fidèle à la vérité, il fait preuve de sentiments sin- cères et d'un jugement sain ; souvent il exprime des idées qui lui sont propres et raconte d'après ses im- pressions personnelles. Mais, par contre, le style man- que entièrement de naturel et de simplicité ; il paraît être le résultat <ie vastes lectures et d'une accumula- tion de notions mal digérées, aussi bien que dune éducation insuffisante et inachevée, incapable de saisir le génie de la langue latine; aussi la lecture de cette œuvre est-elle rebutante et fastidieuse (2).

Deux prêtres écrivirent, en se plaçant au point de vue chrétien, des abrégés de l'histoire universelle : laquitain Siil|3i_ce Sévère (Sulpicius Sève ru s), vers 400, et son contemporain, l'espagnol Prose (0 ro sius) ; ces abrégés, qui allaient d'Adam jusqu'à

(t

>

T

l

I'

\

(1) Entrope: l'édition de 0. Eichert {notes en allemand}^ citée par M. Bender, a paru à Hanovre en 1871; -— le texte seulement, G . Hartel, Berlin, 1872; K. Dietsch, Leipz., 1875.

(2) Editions d'Ammieu Marcellin : avec un apparat cri'- tique f V. Gardthausen. liCipz., 2 vol. 1874-75;— cum nous variorumy J. A. Wagner et G. A. Erfurt, Leipz., 1808. 3 vol.

152 -

l'époque vivaient les auteurs, n'ont à peu près

aucune valeur (1).

Plus tard, C^assiodore (Magnus Aurelius

Cassiodorius ou Cassiodorus), 480-575,

secrétaire privé de Théodoric, retiré à partir de 540

au monastère de Vivarium, dans le Bruttium, écrivit

+ une Chronique allant depuis Adam jusqu'à l'an 519

^ après J.-C; une Injtoire des^^^^ q"i ne nous est

parvenue malheureusement que dans un sec abrégé

du Goth Jordanès ( J o r d a n i s , vers l'an 550) ; J2

t livres Variarum, recueil de documents officiels,

t ainsi que de nombreux ouvrages théologiques et ency-

clopédiqae:^ « .

[/histoire de la Bretagne, à partir de Tan 449 ap. J.-C, fut écrite au sixième siècle par le Breton Gil- ^ fUs , et rhistoire de l'empire des Francs, par Gr_é- J^ go ire de Tours, (il fut évoque de cette ville à partir de :.";:;). Ces deux écrivains unissent à la préoccupa- tion de Fortliodoxie un sentiment éclairé de la vérité

historique {'■)).

' Pour la statistique du bas-empire, on a une source

importante de documents dans une sorte d'annuaire

II) Siupiee si'wère, édit. critique de C. Halm, Vienne, 1866 ; _ Patrologie de Migne, t. 20; Oro«e, C. Z an^em ei ster (dans \e Corp. scrïptt. ecd. lat. vindoh., vol. V), Vienne, 188:> . _ patiologie de Migne, t. 31.

(2) Casslodore, T. Mommsen, Leipz., 1F61 ; Patrologie de Migne. t. 09 et 70. Jorclaiil» Bomana et Getica,T. Mom- msen dans les MonumentaGeinianiaehistonca, t. 5, pars 1, Berlin, 1882.

(3) Gilclas dans les Monnnienla historica britannica, t. I, Londres, 1848 ; dans la Patrologie de Migne J- ^9; - av^c préface en allemand, San Marte (A. Schulz), Berlin, 1844.

«rt^goirc de Tonre : fatrolcgie de Migne, t. 71.

153

officiel composé à la fin du quatrième siècle et qui a pour titre: Notitia dignitatum et administra- tionum omnium tam. civilium qiiam jnilitarium in partibus orientis et occidentis (1),

§ 39

dj GENRES DIVERS

Le premier rang dans les genres spéciaux appar- tient à la science du droit. Nationale et essentielle- ment romaine à toutes les époques, cette science at- tejgnïï^s^^^^^ sous les empereurs qui suivirent

Hadrien jusqu'en 230 ; le droit civil fut exposé étu- dié d'une façon magistrale par les juristes renommés qui vécurent à la cour impériale, jouissant d'une haute considération, et dont on suivit pour l'administration de la justice les décisions, les arrêts (responsaj et les traités sur la matïè~re7 Plus tard, quand l'activité lit- téraire, ^lartir du milieu du troisième siècle, eut cessé de produire des œuvres juridiques, on se mit avec em- pressement, au quatrième siècle, à recueillir et à co- difier les sources du droit que l'on possédait alors.

Les juristes (2) les plus importants de l'époque furent : Salvius Julianus, qui écrivit plu- sieurs ouvrages et qui composa et publia sous Hadrien, vers l'an 131, Vt:dictu7n perpetuum, recueil d'édits des préteurs romains depuis l'époque de la répu- blique ; c'est une source juridique très importante pour les temps qui suivirent.

I

t

1

(1) Editions de la VotiUa, etc. : E. Bôcking, 2 vol., Bonn, 1839-53; 0. Seeck, Berlin, 1876.

(2) Pour tous ces écrivains, voyez le Corpus juris civilis.

154

Sex. Pomponius, contemporain du précédent, composa de nombreux ouvrages, souvent consultés après lui.

G a 3 u s composa vers IGO un manuel de droit qui fut très répandu ; les 4 livres d'iiistitutiones (intro- duction à la science du droit) ; cet ouvrage qui nous -l est parvenu presque en entier, servit de modèle aux Institutes de Justinien. Un peu plus tard vécurent deux jurisconsultes fort + remarquables : Aemilius Papinian us, préfet du prétoire sous Septime Sévènv mis à mort par ordre de Caracalla, auteur de re^i'uusa. et de quaestiones^ qui furent fréquemment consultées et qui se distinguent par l'étendue des vues , la liberté du plan et le sentiment moral; en second lieu Doraitius + Uj pja nus, de Tyr, préfet du prétoire sous Alexandre Sévère, assassiné en 2'2S, auteur de nom- f breux ouvrages, dont on trouve des extraits surtout dans le Digeste de Justinien.

Un contemporain d'Ulpien, Julius Paulus, se

livra également à ces travaux, et ses œuvres furent

souvent mises à profit dans les Pandectes de Justinien.

Ulpien eut pour élève Herennius Modestinus.

Parmi les recueils des constitutions impériales qui

parurent d'Hadrien à Dioclétien , la première en

4 date est le Codex Gregorianus, œuvre d'un juriste du

nom de Gregorianus; après celui-ci vint le Codex

4 Hcrmogenianus, vers la fin du règne de Constantin le

Grand, à la même époque que les Fragmenta Vatl-

i cana : environ cent ans plus tard, en i-'îS, parut le

i Codex Theodosiamis, qui renfermait en IQ livres les

constitutions établies depuis Constantin le Grand, et

qui fut en vigueur jusqu'au Code de Justinien dans

l<

^*à,-'"

155 -

l'empire romain d'Orient. Enfin cet édifice grandiose de la science du droit eut pour ainsi dire comme clef de voûte le Corpus juris, composé sous le règne de "h + Justinien par une commission de juristes, à la tête desquels se place Tribonianus. Le Corpus Juris comprenait : le Code de Justinien, qui date de529;i^ les Institutiones, q'ûi en bo}}, furent substituées au\ Code dëlustinien ; les Bi^csia ou pandectes (extraits des principaux juristes, en 50 livres), et une édition augmentée du Code de Justinien, datant de 534. A ce Corpus s'ajoutèrent encore, après la mort de Justinien, trois recueils privés, ordinairement rédigés en grec : -|> \e^Novellae. Le Corpm juris rendit inutiles les traités i des juristes antérieurs, dont il résumait le contenu dans son essence ; il donna au droit une égalité et une stabilité définitives : il resta le point de départ des développements «lui furent par la suite donnés à la l

science du droit.

Outre la jurisprudence, la science du langage et Tétude de l'antiquité furent très cultivées à cette époque. Sous Hadrien, Antonin le Pieux, et Marc Aurèle, les érudits qui se livraient à ces sortes d'é- | tudes, étaient fort considérés et richement rétribués. ! Mais de jour en jour le jugement perdait en indépen- | dance, en sûreté et en justesse ; on continua à abré- | ger et à exploiter les œuvres anciennes sur une plus

large échelle, mais on le fit souvent sans goût, sans

critique, avec une préoccupation exclusive, plus ou moïns inintelligente, d'accumuler des faits et de recueil- lir des notes. Cette activité eut pour résultat de donner naissance soit à des recueils encyclopédiques et à des compilations sur des sujets de toute sorte, soit à des traités de grammaire, de métrique, d'orthographe,

IBfi

de lexicographie, soit h des commentaires sur les anciens poètes, et en particulier sur Virgile. Les plus connus de ces érudits sont les suivants :

1) (jOnipilateurs :

^ Auju-Gelle ( Aulus Gellius), vers 1:10, fit ses études à Athùiits et vécut ensuite à Rome ; il se donna pour tâche de compiler les œuvres des anciens écri- vains, et consigna les résultats de nombreuses années

-f d'études assidues dans ses 20 livres de NocteSjAUicqe, ainsi nommées, parce que l'ouvrage fut commencé en Attique, durant les longues nuits d'hiver. Cette œuvre qui n(V!< '--^ |)arvenue, (moins le livre VIII), traite de la înni^iie, ae la littérature, du droit, de philosophie et des sciences naturelles. Aulu-Gelle nous y appa- raît sous les traits d'un érudit adonné tout entier à son travail, mais dénué de jugemejit personnel; néanmoins l'œuvre a poiu- nous une grande importance intrinsèque, d'autant plus que les sources que l'auteur a mises à profit et dont il nous donne des extraits ne nous sont pas môme parvenues en partie (1).

N o n i u s M a r c e 1 1 u s (probablement originaire d'A- friqu.;; .;oiiipusa, vers l'an 2§0. une œuvre sous forme de lexique (compendiosd doctriiia per litteras!, qui témoigne chez son auteur de peu de critique et de peu do science , mais qui est précieuse pour nous parsês_i;itations (2).

(1) Editions (PAala-Gelle : le texte seulement, Martin Hertz, Leipz., 2 vol. 1871-72 ; grande édit. critique par le même, Berlin, 1883 (le !••• vol. seul a paru).

(2) Edition de Nonlns 9Iarc«lius : L. Ouicherat, Paris, 1871.

1

157

Un recueil analogue à celui d' Aulu-Gelle, et qui lui fait d'ailleurs de nombreux emprunts, fui composé vers l'an 400, par Macrobe (Macrobius Theodo- sius) qui revêtit les hautes magistratures, et se con- vertit probablement au christianisme. Ce recueil, en 7 hvres, intitulé Saturnalia, parce qu'il est écrit sous lâTforme d'un dialogue tenu pendant les Saturnales^ renferme des discussions sur les sujets les plus divers, principalement sur les qualités de Virgile. Nous avons aussi de Macrobe un commentaire sur le Somniuui Sdpionis de Cicéron (extr. du VP^ L de la Républ.) qui nous a été conservé de cette manière (1).

"Martianus Caiiejla, (de Madaurc en Afrique, compatriote d'Apulée et lui ressemblant beaucoup dans son style\ composa vers Tan 4:50 une œuvre encyclopédique moitié prose, moitié vers, dans le goût de Varron, auquel l'auteur emprunte d'ailleurs nombre de faits ; les livres I et II racontent les noces de Mercure et de la philologie, les livres III-IX trai- tent des sept arts libéraux, savoir : de la grammaire, de la dialectique, de la rhétorique, (qui forment le Trivium du moyen âge), de la géométrie, de l'arilh- métique, de l'astronomie, de la musique (qui formait le Quadnvium). Cet ouvrage fut très étudié dans les écoles du moyen âge (2).

2) Auteurs de traités élémentaires (artes), et de commentaires (commentarii) :

-♦- +

it

T

-f

(1) Editions de Macrobe : édition critique de F. Eyssen- hardt, Leipz., 1868; avec notes en latin, L. Jan, Qued. linbourg, 1848-52, 2 vol.

(2) Edition de Martianus Capell» : édit. crlt. de F. EyS- senliardt, Leipz., 186G.

8*

4. Torentiiis Scaurus composa sous Hadrien une grammaire latine, une* poétique, et différents com- rnentaires ; nous n'avons plus aujourd'hui que son ^ traité de orlhograiilna.

C . S u l [) i c i u s A p p o 1 1 i n a r i s . de Cartl uige, maître d'Aulu-Gelle, écrivit des (luacstioncs episfulicae ;

(1)- Helen ius Acro, qui vivait vers Tan 200, composa

des commentaires sur Térence, Horace, et Perse ;

toutefois le recueil de scolies sur Horace qui porte le

nom d'Acron date tout au plus du seî^tiôme siècle.

P 0 m p 0 n i u s V u r p li y r i o , \ ^OQ-^'f), écrivit des scolies sui* Horace qui nous sou l parvenues {'2).

Plot ius Sacenlt>>. sous Dioclétien, composa une Ars 'iroimnalica ij compris la métrique) que nous i)ossédons encore : ^ ï e r e n t i a 1 1 a s M a u r u s , de Mauritanie, qui vi vai t également sous Dioclétien, composa un traité de litte- ris, syllahis. m 'tris, dont nous possédons la partie ((ui traite de la métrique ; pour l'exposition des diffé- rents mètres l'auteur emploie le mètre même dont il est question ;

J u b a , ori'^inaire probablement d'Afrique, vers 3 îO écrivit un traité de métiique, qui fut d'un grand usage par la suite ;

159

(1) Sulpice Apollinaire composa aassi, pour les comédies de Térencf^. des art,'iiinents de 12 sénaires iaiiibiqiies chacun (on les trouve sous le titre de periocliae en tète des pièces de Térencp) ; il en lit probablement de 15 sénaires, pour le tliéàtre de Plante; i! «écrivit également des arguments pour ie^ 12 livres de l'Enéide, .1' <i hexamètres chacun (Bahrens, poet. lat. min, t. IV, p. KVj; A. Itiese, Anthol. lat., n" 053, pars. I, fasc. 2, p. lOG).

(2) rorphyrioii : Edit. critique, W. Mayer, Leipz., 1874,

Marins Victorinus, vers 850, composa une 4- métrique qui noiïs^est parvenue, et des commentaires sur les ôpltres de saint Paul ;

Aelius Donatus, vers o50, composa un traité + de grammaire et un commentaire sur Térence, con- servés tous les deux; cependant le commentaire ne nous est pas parvenu sous sa forme originale ;

Flavius Gharisius, vers 880, composa une grammaire qui nous est parvenue en partie ;

Diomède (Dio modes) vivait à la môme époque et se rencontre fréquemment dans ses idées avec Ghari- sius.

Servius Honoratus, vers 390, composa un commentaire sur Virgile, plein de renseignements

précieux ; . ,

Priscien (Priscianus), vers 500, écrivit 18 livres !T àe Imtiiutiones ijninimaticae, qui forment la gram- maire la plus complôle de l'antiquité, et qui servirent à l'enseignement dans les écoles du moyen âge, avec les œuvres de Donat, Diomède et Gliarisius. Cette œuvre exerça, sur les études grammaticales, la plus grande influence (1).

Dans le domaine de la géographie, on peut men- tionner :

Une compilation historico-géographiciue ;collectanea

rerum memorablliumJ, composée sans beaucoup de

(l) Pour tous ces auteurs (Plotius - Priscien), voy. la grande édition des Grammatici laiini de Ke i 1 , et les Scnptores latini rei metricae de Gaisford (Oxford, 1837).- Ou trouve le com- mentaire de l>o«at sur Térence dans plusieurs éditions de ce dernier, entre autres dans celle de Kh. Klotz, Leipz., 2 vol., 18*î8-40 Du commentaire de Ser*ius sur Viigile, une grande édition par C. Tliilo et II lia ^- en, a paru à Leipz. en 1878; li.e, pour Servius, le travail de E. rhomas, bco- liasU'.s de Virt^lc, Essai sur Servtus, Paris, 1880.

'^Sifeasaha;

t

160 -

critique par le grammairien C. JuHus Solinus,

vers le milieu du troisième siècle ; la partie géogra- plii'iue repose surtout sur l'Histoire naturelle de Pline (1) ;

Une Cosmograpltie du septième siècle attribuée à un certain A e t h i c u s I s t e r (2) ;

Et surtout, sans compter différents autres traités sans importance, les Itinemria, sortes de manuels à l'usage des voyageurs sur terre et sur mer, qui furent composés au quatrième siècle (o) ;

Les deux catalogues des régions de la ville de Rome : la Noiitia et le Curioisuin urbis Roniae (4) ;

Entin, les cartes géograiihiques, dont une, dressée au temps d'Alexandre Sévère, servit de base à la Table de Peutinger (tabula Peutingeriana), carte routière de l'empire romain dressée à Colmar en 1265 ; cette cartn, ainsi nommée du nom de son premier possesseur, le savant conseiller d'Augsbourg» Konrad Peutinger, se trouve aujourd'hui à la bibliothèque impériale de Vienne.

L'astronomie, ou plutôt l'astrologie, fut traitée avec un respect religieux par le rhéteur sicilien Fi r mie us Ma ter nus, qui composa vers l'époque de Constan- tin le Grand, un ouvrage plein d'une gravité pieuse et inspiré par la superstition néoplatonicienne, intitulé

(1) Jaillis Solinus : édition critique de Mommsen, Ber- lin, 1864.

(2) Aethicnii ister : édition de d'Avezac dans les Mém. de l'Acad. des Inscr., Paris, 1852.

(3) Voy. L. Rénier, Itinéraires romains de la Gaule, Pa- ris. 1850.

(4) Voy. H. Jordan, Topographie der Stadt Rom, t. IL Berlin, 1871.

ci

161

Mathesis, en 8 livres. Ce Firmicus Maternus, qui était païen, ne doit pas être confondu avec le chrétien Firmicus Maternus, son contemporain, qui adressa aux tils de Constantin le Grand un traité de errore profanarum religionum qui invitait à la des- truction du paganisme et qui nous est parvenu presque en entier (1).

Dans l'art militaire, nous possédons une œuvre im- portante, VEpltoma rei militaris de Végèce (Fla- vius Vegetius), composée vers l'an 890, qui expose l'art de la guerre chez les Romains ; le livre I traite de la levée et de l'éducation des recrues; le livre II, de la discipline; le livre III, de la guerre même ; le livre IV traite spécialement de l'art des sièges (2).

En médecine, on peut citer une sorte de dispensaire, de mcdicamentis, composé sous ïhéodose I, et por- tant le nom d'un certain Marcelin s Empiri- cus, (-i) et plus particulièrement les traités de Cae- l i u s A u r e 1 i a n u s de Numidie (i) : traités des ma- ladies chroniques et [ùgiiès (tardarum et celeru7n ou chronicarum et acutarum passionum), ainsi qu'un catéchisme médical {m'^dicinales responsiones). En outre, beaucoup de traités de médecine furent tra- duits du grec en latin à partir du cinquième siècle.

+

(1) Il n'y a pas d'édition moderne de Firmlcas Materons lo païen; N. Pruckner en donna une à Bàle en 1533, puis une seconde en 1551 ; c'est cette dernière qu'on cite le plus souvent. Editions de FIrmIcns Maternas le cïirétlen :

Patrologift de Migne, t. 12 ;— C. Halm dans le Corp. Scriptt. ecd. vindob., vol. II, Vienne, 1867.

(2) Editions de Végéce : C. Lang, Leipz., 1869.

(3) Bfarceilas Empirions: GornarTus, Bâle, 1536.

(4^ f^aeiiu» Aureiianns : J.-C Amman, Venise, 1757, (l'" édit. du même, Amsterdam, 1709).

iX*

162

A la médecine se rattache encore, en partie, en tant du moins qu'il traite de Fart vétérinaire et de dif- férentes questions médicales, un ouvrage sur l'écono- mie rurale dont nous possédons des fragments, com- posé au troisième siècle par Gargiiius Martia- lis (1). Une grande partie de cet ouvrage a passé dans le traité d'économie rurale en 14 livres de Pa I - 1 a d i u s R u t i l i u s qui vivait au quatrième siècle (2).

§ \0

LES DOCTEURS DE l'ÉGLISE ROMAINE

Parmi les écrivains qui travaillèrent, dans l'intérêt immédiat de l'église chrétienne, à défendre et à justi- fier le ctiristianisme contre les accusations du paga- nisme, ainsi (ju'à établir et à développer les dogmes et les institutions de riv_rlise> écrivains connus sous le nom de Pères de l'Kgiise (littérature patristique), on peut mettre les suivants au premier rang :

^linucius Félix, avocat à Rome, écrivit vers la fm du second siècle un dialogue intitulé Octavius, il démontre la supériorité du christianisme sur le paga- nisme, surtout au point de vue des mœurs et de la ci- vilisation. Le style de ce dialogue est soigné et rap- pelle celui de Gicéron et de Sénèque ; la langue est d'un naturel presque irréprochable pour l'épo- que (3).

(1) Oarjçilius Martialiîi : V. llose, Leipz., 1875.

(2) PAiiadiiiti Kiitiiiiiii, dans le vol, des agronomes latins de la collect. Dulot.

(;j) KdUiouii lie Miiiiielus Félix .• in usum schol., .1. B, Kayser, Paderborn. 1803;— édition critiqiu; de C. Ilalm dans le Corp. àcriptt. eccl.lat»^ I. U, Vienne, 1867.

■■î

S''

163

Tertullien (Q. Septimius Florens Tertullianus), 150-2:'.0, de Carthage, rh^theur et avocat àPtome, plus tard prêtre à Carthage et montaniste, était un esprit original et plein de feu , cherchant à concevoir le divin sous une forme concrète. Rêveur ascétique et dialecticien subtil , il a une langue pleine de de caractère, mais qu'il manie suivant son caprice et qui lui demeure spéciale. Le plus remarquable de ses nombreux écrits est VApologeticus composé en 199 (1).

St-Gyprien (Thascius Caecilius Gyprianus) , évéque de Garthage, martyr en 258, composa un ou- vrage important pour rétablissement des institutions de l'église : de iDiitate Ecclesiae (2).

A r n 0 b e ( Arnobius) de Sicca en Numidie, composa vers 295 sept livres adversas nationes (contre les ♦païens), écrits en un style déclamatoire et inégal, sans connaissance profonde de la doctrine chrétienne (3).

Par contre, on considère comme le Gicéron chré- tien, au point de vue du style. Lacta n c e (Lactan- cius Firmianus), rhéteur à Nicomédie sous DiocléLien, et qui fut ensuite chargé de l'éducation du fils de Constantin le Grand, Grispus. Ses ouvrages, entre autres surtout ses divlnarum institutionum libri VII,

■f

+

+

(1) E<litioii$) de Tertullien: Apologcticus J.-B. Kay- ser, Paderborn, 1865; le môme avec les deux livres ad nationes^ notes en latin, Fr. Oehler, Halle, 1849;— de spectaculis E. Klussmann , Lludolstadt,. 187G. Voyez aussi Patrologie de M igné, t. 1-3.

(2) Editions fie st-CIyprlen : Patrologie de Migne, 14.; grande édition critique de W. llartel, Vienne, 1868-71,3 vol.

(3) Editions d'Arnobe : Patrologie de Migne, t. 5; édit. critique de A. Reiffersclieid, Vienne, 1875.

i-dRiii»wt.

4

t

164

témoignent d'une connaissance approfondie des meil- leurs écrivains et poètes classiques, et d'un esprit éclairé et tolérant (1 ).

La souveraineté de T Église eut un champion redou- table dans Saint-Ambroise (Ambrosius) , mort évêque de Milan, en 3:)8, personnage plus important par la fermeté de son caractère et par son activité personnelle que par ses écrits. Il fut un des principaux réformateurs du cirant d'église, et composa lui-même des hymnes en vers iambiques dimôtres, avec la rime établie en principe (mais il n'est pas l'auteur du Te Dell tu, dit ( l'hymne ambrosien », qui fut composé plus tard) [2),

L'un des écrivains les plus féconds et les plus éru- dits de l'époque fut Saint-Jérôme, (Hieronymus), de Stridone en Dalmatie, 331-420, « le disputator et le dialecticien de l'Église militante », écrivain familier avec la littérature classique et versé dans la connais- sance de l'hébreu ; la plus importante de ses œuvres est sa traduction latine de la Bible, qui servit de base à la Vulgate encore en vigueur aujourd'hui (3).

Mais le plos éminent de tous les docteurs de l'Église fut Saint- Augustin (Aurelius Augusti- nus), à Tagaste en Numidie en 354, évêque d'Hippone (Hippo Regius), mort en 430. Esprit des plus variés,

(1) Editions tl© l^actance : Patrologie de Migne, t. 6 et 8 ; ~ Le BruQ et N. Lenglet du Fresnoy, Paris, 1748, 2 vol. ; 0. F. Fiitzsche, Leipz., 1842-44, 2 vol.

(2) Edition de st- A.mbrols© : Patrologie de Mîgne, t. 15.

(3) Edition St-Jér6ino : Patrologie de Migne, t. 22-30. Goelzer, Etude leocicojraphûjue et grammaticale sur la

latmitè de St-Jérôme, Paris, 1883.

- 165

réunissant en lui les qualités et les aptitudes les plus diverses, Saint-Augustin fut un polémiste de la plus haute valeur pour le développement du dogme. Parmi ses ouvrages très nombreux, on met au premier rang ses 22 livres de civitate Dei (de la Cité de Dieu), œuvre historique et philosophique, qui témoigne d'une connaissance approfondie des littératures grecque et romaine, et qui nous en a conservé beaucoup de fragments; mais ses Confessions demeurent son ou- vrage le plus populaire (1) .

Parmi les Papes, on peut nommer :

Léon !«'-, dit le Grand, pape de 440 à 461, qui consolida la primauté du siège de Rome et défendit vigoureusement lunité de l'Eglise; ses œuvres qui consistent en sermons, prêches les jours de fête, et en lettres, sont écrites dans un style assez pur pour

l'époque ;

^ G r é g 0 i r e I « '* , dit le Grand, pape de 590 à 604, qui méprisait les règles de la grammaire et les sciences profanes ; ses écrits les plus importants sont ses lettres et ses hvmnes ; il s'occupa très activement de la réforme du chant d'Eglise (2).

I

r

î

(1) Editions de st-Angnstlu, œuvres complètes: Patrologie de Migne, i . 32-47 ; de civitate Dei, B . D o m b a r t , 3' edit., Leipz., 1877, 2 vol.; - Confessiones Uaumer, Giitcrslob,

1876. . ,

Xe5 Con/*t;55wn5, traduction par P. Janet, avec une intro-

duction. Paris.

(2) l.éon 1" et Grégoire !«% voyez Patrologie de Migne t. 54-56, et 75-79.

Addenda

t)t

Gorrigenda

P. 8 noto, Zir/ue 5; après (Vime syllal»e fail)lo, ajoutez de pivlude.

P. 12, au lieu de Panirianum, lisez Papirianuni.

P. 23, {noie 2, à la fin], au lieu de Traductions, lisez Tra- duction.

P 37, Tl/re: »e 80 av. J.C. jusqu'il 11 app.

J.-C. ; M. lîender partout ailleurs (et. notam- ment p. 5) fait commencer l'àj^e d'or de la litté- rature romaine en 70 ; il y a sans doute ici une erreur de clnlfie, qui a d'abord éclia])pe à notre attention. Elle est du reste sans importance, les époques d'une littérature ne pouvant guère êtres fixées à des dates précises.

Voici la division adoptée par R. Lallier (Pre- mières leçons d'histoire littéraire A (^roiset, Lallier, Petit de Julleville, Paris 1884, p. 68 suiv.) :

Période primitive 754-240 av. J.-G.

2 " Période de formation 240-84 av. J.-G.

3' Période de perfection 8o av. J.-G. 14 ap.

J .— L<.

(Siècle de Cicéron 83-43, siècle d'Auguste 43-14) 4' Période de décadence 14-470 ap. J.-G.

(Dynastie Julienne 14-68 ; Flavicns et Antonins 69- 180 de la mort de Marc-Aurele à la Im de 1 em- pire 180-470)

P. 52 (1 17), Usez en titre La Satire. P 53 note : une édition des fraojments des Sat. mén. de * ' Varron, avec notes critiques et commentaire en latin, par L. H a v e t , est en préparation.

108

P. ce, note /, ajoutez : avec notes en français, remar gués sur la urammnire et la métrique eU\ mor- ceaux choisis <los M('t:tinorphoseH, L. Ariiieu- gaud, Paris, l,\Si.

P. Oi;, ai' li.'n (h> i 28, lisez % 3'..

P. it2, ligne i. rniK-iriii-. lisez leiiiperear.

5, au lieu de sons le règne, Usez sons les rrgnes.

P. l'?8, note, dernièn' lif/ne. au lieu de dictionnaires lisez diclioini:iir<'.

V.'i23, AJouli'z r,i noir: Kditioii!^ (rilyjriti l'nr-

peiitfeiii*, Lange, Gotting, J8iS, Gemoll, Leipz., 18/1>.

P. lo7. >uj lirx de l -il. lisez l 85.

P. l-'J.*, /^'./., .:i, s>iii]>

la rtr''-'' ' après suppléer.

P. Pli), lif//ie 10, iw U''i' (le F ovin n a n tus, Usez F o r t u lia Lus.

T". i'i2, lifjuc -\, ^jprrs 'HO. au lieu d'un point-et-vir- (juh\ iitettr:. ffuf cirgule.

P. ih't^, lif/ne 17. (in [n'c de Hk'.»!-»-!,.. lisr:. phraséolo-

gie.

TABLE ALPHABÉTIQUE O

(LES NOMUniIS INDIQUENT LES PAGES)

Accius, '2^). Acilius Glabrio, :îl). Acro. Helenius, 158. Acta senatus, Î)G. Acta populi, 9iî. Aelianum, voy. Jf(s. Aelius Lampridius, 149. Aelius Paetus, :)6. Aelius Sparlianus, 149. Aelius Stilo, èr/. Aelius Tubero, 84. Aemilius Asper, 13'2. Aeniilius Probus, 88. Aesopus, acteur tragique,4:) Aethicus Ister, KîO. Aetna, 108, et la note. Afranius, 24. Africaine [latinité], IBO. Agrippa(M.Vipsan),91,100.

Agrippine (la seconde), IIB Ambroise (saint), 145, 1()4. Ammianus Marcellinus, 151

y

Ampelius, 148.

Annales maximi ou Poiiti-

ficuni^ 18. Annalistes, -)0. Antistius Labeo, 98. Antonius (M.) l'orateur, 34. Apollinaire,voy. Sidoine. Apulée, 14:*., sq. irchdique [prosej, 29. Arnobe, 103 Arruntius Stella, 114. Arts libéraux, l'M- Asconius Pedianus, 132. Asinius Pollio, 38, 69, 92,

94. Aie] us Capito, 98, 131. Atellanes, 10, 17. Atticus, (T. Pompon.), 41,

42 (et la note], 84. Aufidius Bassus, 117, Augustin (saint), 164. Auguste, 91. Aulu-Gelle, 156. Aurelius Victor, 150. Ausone, 137 sq.

U) M. J. Vessereau a remanié et complété avec soin, et d'une manière heureuse, Vindex de M liender (K P.).

- m -

171

Avianus, 142. Avienus, 141.

B

Bibliothèques, 38, 10:2. Boece, 141».

Caecilius, voy. Stalius. Caelius Aiitipater. ;;j. Gaelius Aurelianus, Uil. Caelius lîufus, 70. Caesar, voy. César. Caesius Bassus, 108, 114. Calidius, 70.

Calpurnius Piso Frugi, 3*2. Carmen, 7.

Cassiodore, l.j-i. Cassius ïlemina, 3*2. Cassius Longinus, 131. Cassius Se \ crus, /(). Caton le censeur, 20, 30,34,

36, 37. Catulle, 61 . César, 70, S 1 . Celsus, voy. Cornélius. Chants de triomphe, S. Chant des Arvales, 8, 0 [et

la note!. Chant des Saliens, S. Charisius, 1511. Chroniques, l;i, 3U.

Cicéron, 45, 69, 70-8'2, 84.

Vie et œuvres, 70. Poèmes épiques, 45. Discours, 72. Ouvrages de rJiétor., 74. Philosophie, 75. Lettres, 79.

(KuvresJiiRtoriques^'Sii, Caractère, 81, 8'2. Cincius Alinientus, 30. Claude (empereur), 110,

11(», 131. Claudius Caecus (Ap.) , 14. Claudius Claudianus,139. Claudius Quadrigarius, 32. Cluvius Rufus, 122. Code Crégorien, 154. Code d^Hermogène, 154. Code de /^(«tinie/z, 154,155. Code de Théodose, 154. Columella, voy. Moderatus. Comnientarii magistra-

tuum, 12. Comynentarii pontificum ,

12. Commentarii regum, 12. Commerce des livres, 'SS,

42 à la note, 102. Con taminare, contaminées^

1»', /o'^» Cornélius Celsus. 134. Cornélius Gallus, 62. Cornélius Nepos, 87. Cornélius Sisenna, 32. Cornillcius, 35. Crassus (L.), orateur. 34. Cremutius Cordus, il6.

Curiatius Maternus , 104,

120. Curio, 70.

Curiosum Urhia Romae, 160 Curtius Rufus, voy, Q.

Curce. Cyprien (saint), 103.

Digeste, 155. Diomède, 159. Donat, 159. Dracontius, 140.

Edit perpétuel, 15. Ecrivains de l'Histoire

Auguste, voy. Histoire

Auguste. Elégie, 61. Eloges funèbres, 13. Ennius, 16, 17, 19,' 25, 27,

/o.

Epopée populaire, 7, 26.

Eugubines [tables], voy.

Tables. Eutrope, 150. Exodium, 10, 17.

Fabius Pictor, 30. Fabius llu^ticus, 117.

Fable, 113, 142. Fabula palliata, 18, sq. Fabula praeiexta, 25. Fabula rhintonica, 20. Fabula togata, 24. Fastes, 13. Fescennines, 10. Firmicus Maternus le chré- tien, 161. Firmicus Maternus le païen,

160. Flavianum, voy. Jus. Flavius Caper, 132. Florus, 148. Fragmenta T'aticana, 154.

Freinsheim, 95. Frontinus, 132. Fronton, 136, 142,145.

Gajus, juriscons., 154. Gargilius Martialis, 162. Gellius; (Aulus), voy. Au-

lu -Celle. Genre asiatique .^ 35, 69. Genre attique, 35, 69. Genre rhodien, 69. Germanicus, 108 . Gildas, 152. Gracchus C), 34. Granius Licinianus, 149. Gratins Faliscus, 52. Grégoire I, le Grand, 165, Grégoire de Tours, 152.

■?%'. ,

172

Grèce f influence de la), 4,

G, 11 s(i., 33. 38. ;:.'sq.

Gromatici (scriptores), 182.

H

Herennius Modestinus, 154 Hexamètre, KJ, 2). Hieronymiis, voy. Jérô- me (SM. Hirlius, 8(). Histoire Auf/usie (I^cri vains

de r), 149. Historiqucfi [(:hrfnts\ S. Horace : :):;-(;().

Satires^ M, 55.

Epifrrs, 5(;,

Odes, 5().

Epodes, 57. Horace et Virgile, (;'). Hortensias, :î5. Hyginus (Juliiis), 90. Hyginus (arpent.), l:V2.

173 -

I

Ifjuvinae talndae^ voy . Ta- bles Ki((jubi)ies,

InscriptioJîs tu mu (aires, 9.

Institutioncs ^iHstiiiUes de Jusirnien \ 155.

Italie {Langue et dialecte de V], 3 sq.

Itinéraires, KJO.

Jérôme (Saint), 104.

Jordanès, 152.

Juba, 158.

Julius Capitolinus, 149.

Julius Paulus, 1.54.

Jus Aciianum, 3(5.

Jus Flavianuni^ 14, .35.

Jus Papirianum, 12.

Justin, 95.

Ju vénal. 111-113.

Juvencus (A(iuilius), 139,

Laberîus (Dec), 43. Laclance, llj3. Latine [Langue], 3 sq. Laudaiiones funèbres, voy. Eloges funèbres.

Lectures publiques, 41, 102. Leges XII Tabularum, 13. Leges regiae, 12. Léon I, le Grand, 165. Libri lintei, 12. Libri magistratuum , 12. Libri pontificum, 12. Licinius CaJvus, (il. Licinius Macer, .33. Livius Andronicus, 19, 26. Loi des XII Tables, voy.

Leges. Lois royales, voy. Leges. Lucain, 104, 105 sq.

f;

t.-

Lucilius(r ),28,e^ la note 2 Lucilius Junior, 108, 130. Lucrèce, 45. Ludicrum oscurn, 11. Luscius Lavinius, 24. Lutatius Gatulus, 32. Lygdamus, 67, note 1.

M

Macrobe, 157- Maecenas, voy. Mécène. Mago, 37. Manilius, 52. Marc-Aurèle, emp., 142,

148, 145. ^ Marcellus Empiricus, 161. Marias Maximus, 149. Martial, 114 sqq. Martianus Gapella, 157. Masurius Sabipus, 131. Mécène, 49, 53. iMeia, voy. Pomponius. Memmius, 70. Merobaudes, 140. Mimes, 43, 104. Minucius Félix, 162. Moderatus Columella, 135. Monument d'Ancyi'c, 92. Mucius Scaevola (P. et Q.),

ou.

N

Naevius, 19, 26. Nemesianus, 140. Neniae, 8.

LITTÈRATUHE HOMAiNE

Néron, 105. Nigidius Figulus, 98. Nonius Marcellus, 156. Notitia dignitatum,, 153. Notitia Urbis Bomae, 160, Novellae, 155. Novius, 17.

Octavia, prétexte, 104. Ofilius, 98. Orose, 151. Ovide, ()3.

Pacuvius, 25

Palladius Rutilius,i62. Palliata, voy. Fabula. Pandeetes, 155.

Pané(fyriste^ [ Littérature J, 137.

Pantomime, 44, 104 Papinianus, 154. Palristique [Littérature],

137, 162. Pedo Albinovanus, 45. Perse, 109.

Pervigilium Veneris, 137. Pétrone, 110 sq. Pcutinger voy. Table. Phèdre, 113. Philosophie à Rome, 75. Plante, 19-21. Pline l'Ancien, 117, 133 sq. Pline le Jeune, 127 sq.

9

174

175

Plotius Sacerdos, 158. Pompée (Trogue-), 95. Pomponius (L.), 17. Pomponius Mêla, V\-\. Pomponius Secundus, 104. Pomponius (S.), jurisc.

PorciusCato censorius, voy

Caton. Porphyrio, LIS. Postuinius Albinus, ;jO. Praetexta, vov. Fabula. Priscianus, l')!). Proculus, voy. Sempronius. Properce, <i7. Prudence (Aurelius), 1:)8. Publilius Syrus, l:>.

Q

Quinclius Atta, 24. Quinte-Curce, 118, sq. Quintilien, 126.

Rabirius, 45. Mecitationes, voy. Lectures

publiques. Remmius Palaemo, 1M2 iihetorica ad llerennium.

Rhétorique, G9, 125, 136. Roscius, acteur comique,

4-i. Rutilius Namatianus, 141 . Ilutilius Rufus, 32.

Sabinus, voy. Masurius.

Salluste. 88-91.

Salvius Julianus, 153.

Satire, 28, 108 sqq

Satura, 11, 17, 28.

Satura Menippea, 52, 110.

Saturnien (vers], 8 (et la note],

Scaevola, voy. Mucius.

Scribonius Largus, l;J4.

Scriptores Ilistoriae Au- gustae, voy. Histoire Au- guste.

Semproiiius Asellio, 82.

Sempronius Proculus, 131.

Sempronius Tuditanus,32.

Sénèque le Rhéteur, 125,

Sénèque le philosophe : 104, 110, 129-131. Tragédies, 104. Satire, 110. Guivres philosophi- ques, 129. Lettres, 130. Servius Honoratus, 159. Sextius Niger (père et fils),

/b. Sidoine Apollinaire, 140. Silius Italicus, 107. Sisenna, voy. Cornélius. Solinus, 100. Stace (P. Papinius\ 107,

114. Statius Caécilius, 24.

i^^.i

Suétone, 147.

SuUa, :\2.

Sulpicie, auteur d'élégies, 67, note 1.

Sulpicie, auteur d'une sa- tire, 114.

Sulpicius Apollinaris, 158.

Sulpicius Galba, 34.

Sulpicius Rufus, 98.

Sulpicius Severus, 151 .

Symmaque, 144.

Tables Ettgubines, \). Table de Peutinger, KiO. Tacite, 120-124.' Térence, 22 sqq. Terentianus, 158. Terentius Scaurus, 158. Terentius Varro, Polyhis-

tor, 52, 90. Terentius Varro Atacinus,

45. TertuUien, 163. Théâtre à Rome, 17. Tibère, empereur, 116. Tibulle, 66. Tite-Live, 92-95 . Titinius, 24 Togata, voy. Fabula. Traités, 12. Trebatius Testa, 98. Trebelhus Pollio, 149. Tribonianus, 155.

Triomphe [chants dej, voy.

Chants. Trogue-Pompée, 95. Tucca, 50.

U

Ulpien, 154.

Valerius Antias, 33.

Valerius Flaccus, 106.

Valerius Maximus. 118.

Valerius Messalla, (Uî, 92.

Valerius Probus. 132.

Varius (L.), 45, 50.

Varron,le polygraphe,voy. Terentius.

Varron d'Atax, voy. Teren- tius.

Végèce, 161.

Velius Longus, 132.

Vellejus Paterculus,117.

Vénance Fortunat, 140.

Vergilius, voy. Virgile (et la note de la />. 47 j.

Verrius Flaccus, 99.

Vespasien, empereur, 116.

Victorinus, 159.

Virgile, 47-51 , voy. aussi Horace et Virgile.

Vitruve, 99.

Volcacius Gallicanus, 149.

Vopiscus. 149.

TABLE DES MATIÈRES

'<■• ,'-

Pages

Introduction I

Avant-Propos XVIII

§ 1. G:iract('re du penj)le romain ; sa place dans

la littérature 1

§2. La lanj»uo latine 3

I 3. Les (lilVérentes périodes de la littérature ro- maine 5

Première période. Documents préhistoriques

g 4. Caractère de cette période 6

§ 5. 1. Poésie 7

6. ± Prose li

Deuxième période. Epoque archaïque

240-70 av. J.-C.

g 7. _ Caractère général de cette période 14

§ 8. 1. La poésie

a) Le théâtre 17

§ 9. È!/ L'épopée 26

§ 10. 2. La prose

§ 11. a) L'histoire 29

§ 12. h) L'ékxiuence 33

§ 13. c) Genres divers ..,...» 35

178.

- m

Troisième période. Epoque de Cicéron et

d'Auguste

de 70 av. J.-C. à 14 ap. J.-C.

Pages

§ 14. Caractère j^énéral 37

^ 15. 1. Poésie.

aj Le théâtre 42

§ 16. bj L'épopée 44

g 17. cj La satitc 52

I 18. dj L.i poésie lyrique 60

^ 19. 2. Prose.

aJ L'éloquence 69

§ 20. Cicéron 70

§ -1- bJ Cicéron et la ]>liilosopliie à Rome 75

§ 22. cJ Lettc's (1.^ Cicéruii 79

g 23. dJ L'Iiistonv 83

§ 24. ej Coures divers 96

■£•-

§25.

§ 27. i 28. §29. § ^^.

§ 31. §32. |33.

Quatrième période. L'âge d'argent

14-117 ap. J.-C.

- Caractère général 100

- 1. Poésie.

aJ Le théàtie 104

bJ L'épopée 105

c) La satiie et la fable 108

dJ La poésie lyrique et Tépiij^ranime 114

- 2. Prose.

aJ L'histoire HO

bJ L'éloquence l'25

cJ La })lulosophie 128

dJ Cenres divers 131

i ' w

■4t,

Cinquième période

depuis Tan 117 ap. J.-C.

Pages

34. Caractère général 135

§35. 1. Poésie.

aJ La poésie lyrique 137

bJ L'épopée 139

cJ La poésie didactique 140

§ 36. 2. Prose.

a] L'éloquence 142

§ 37. bJ La philosophie 145

§ 38. c) L'histoire 146

§ 39. dJ Cenres divers 153

§40. Les docteurs de l'Eglise romaine 162

Addenda et corrigenda 167

Table alphabétique 169

Table des Matières 177

Tableau synoptique, .., ^ : tv: :'\ : .-.

••, ,,»••••••••

* •« ••• ••••••'

,*•,' .'••

,•»••• •• ••• •• "

. ; —- 1 1 ' f.

. ... ••. /. ;•. *. /

. . » . .

. . . . .

Nancy, imprimerie lorraine, rite du crosne, 5;

OllYRAGES PROPRES A L'ENSEIGNEINT CLASSIQUE, EN ENTE A LA

Librairie C. KLINCKSIECK, 11, rue de Lille, PARIS NOUVELLE COLLECTION A L'USAGE DES CLASSES

(Flxpcdition franco contre envoi du iiiix en timbres-poste)

OBSEnFATIOXS SUR LES EXERCICES DB TRADIIGTION

cin Français en I^ntin

D'aprfts la préface du Dictionnaire allemand-latin de C.-F. Ingerslev, par F. ANTOINE,— avec Préface par E. BENOIST. Un volume in-l'i : 1 fr.

II

MANUEL D'ORTHOGRAPHE LATINE

D'après le Manuel do W. Uhambach, traduit, augmenté de notes et d'explications, par F. ANTOINE. Un volume in-l-J : 1 fr. 50.

III

METRIQUE GRECQUE ET LATINE

avec un appendice historique sur le développement la. ini^-étriquio clxez les axiciens

par L. MUELLER, traduit de l'allemand par A. Legouëz. et précédé d'une intro- duction par E. Benoist. Un volume in-12 : S fr.

IV

MÈTRES LYRIQUES D'HORACE d'après les résultats de la lléCriquo moderne, par H. Schiller

Traduit sur la édition allemande et augmenté de

Notions élémentaires de musique appliquées à la métrique

par 0. RIEMANN. Un volume in-12 : 1 fr. 50.

V '.

RÈGLES FOxXDAMENTALKS DE LA

SYNTAXE G II E C O U E Par M. SEYFFE.RT et A. VON BAMBERG

Traduction fuite sur la lie éditiuii allemanJe jiar CH. CUCUEL. Uuvue et annotée par Û. RIEWJANN. l'n '«^olume iH-12 : S francs.

VI

L'AKMEI^] HOAIAINE AU TEMPS DE CESAR

..F^r F. XRANER

Ouvrage traduit de l'aUemand, annoté et complété sous la'direction de M. E.BENOIST,

par L. BALDY et G. LARROUMET Un volume ln-i2, àvfic 5 planches cl>rtimù-lilhot;r., cart. : Q fr. SO.

. 1 1.' ' vir ' -—

iinte:

Par E. BERGER

Traduite de l'allemand par F. GACHE et S. PIQUET, revue et adaptée aux besoins des élèves français, par M. BONNET.

Un volume in-12, cart. : «I fr. SO. VIII

PHRASEOLOGIE LATINE

Far G. MEISSNER Traduite de rallernand sur la 4e édition par G. Pascal,

Un volunio iu-U' cart. : 3 le. 50.

REDUCTION

RATIO

CHANGE(S)

WITHIN TITI E

lEus^xj- s^yisro

POESIE

Première

période

jusqu'ci

240 av. J.-C.

Théâtre

Epopée

Poésie hjriqut

Fescefwi >>("■<

- Forme métrique : le vers <uturiiien

Chauds à sîtjets hhtoriqttes

Neniae

C/i(tnf.s de triomphe

Chants des Ari:alit>.

insci'ipiiojis luuiula ires

Sal"i'(' ^Snfi'iui. (1(1 IIS h' sens le

2)lUS Ht(i-i''i' (h' lûùt)

Chants des Saiiens chants du ctitfe

Deuxième

période,

240-80 av. J.-C.

200

100

A tellanes Fabula praele.rla

togata

pallidtd Livius Andronicus Cn. Naeviùs

Q. Ennius P 1 a ut e Statius Caecilius Térence,-H Titinius,

Lavinius M. "PTc'u V i u s L. Accius T. Quinclius Atta; L \ f r a r

Novius

I, }'ûmi)onius

Lu 5

5C1US

US

Livius Andronicus Cn. Naevius Q." Enn ius

L. Accius

C Lucilius, satura satire

et autres

PROSE

Histoire

Anciens traités

Eloquence

(Uaniaentarii ci libri magislratam (L

linieil

Fastes Annales des pontifes Chroniques do/aestiqaes Etages funèbres

(Vp. Ciaudius Gaecus

f f

1 ■f

t

iQ. Fabius Pictor, L. Cincius Alimentus, C. Acilius Glabrio, A. Postumius Albinus.)

M. Porcins Cato censorius

Cassius Hemina,

C. Sempronius Tuditanus,

L. Calp. Frugi

L. Caelius Antipaler.

P. Rut. Rufus, -^ Q. Lutalius, Sempronius Asellio, L. Corn. Sisenna, Val. Antias, L. Corn. Sulla, ^ Claud. Q'uîîdng.. C. Licinius Macer

Catulus,

VI. Porcius Cato ^'^•^ Sulp. Galba

-•

Science du droit

Leges regiae

Coniûientar. regmn.

Libri pontificu ni

Comnicnt. pontifie.

Fasii

Lois des XII Tables

Jus Flaviannm

. Gracchus

,.►'.

Vlarc-Antoine

^. Crassus

»*•

^. llortensius Hhct . "i> llercnèùiini

P. Mucius Scaevola 1-

Q.. Mucius S c a e

-t- 1

vola

Planche

Genres divers

Philologie et A rchéologie

Économie rurale

t

L. Aelius Stilo ^

M. Porcius Cato

i Mago). c,M,^„^\

l^ U K s i i\

Troisième période

de 81) av. J -G. à 14 ap. J.-C.

30

Théâtre

Mime -Dec. Laberius

Publilius Syrus

Panfoynime ( Pvlade . Ba- thylle)

Epopée

Lucrèce Cicéron

-le. Licinius Calvus Catn lie

P. Terentius Vairon d'Atax

L. Varius

Pedo Alblnovanui;

V i r fj i 1 e Rabirius

GraliLi.-^ l'aii^cus Manilius

Ovide

Poésie li/rique

Horace

Cnrn. Galliis Tibulle

r r n perc e

Ovide

Llijlle

Satire

Virgile

Varron Horace

É pitre

11 ura ct-

'i ) V i (1 1^

Histoire

i- populi

Cicéroii QîAelius Tubero

T. Poniponius Alticu.s Jules César A. Hirtiiis '^Orn. Nepos Sàlluste

Au.^nste

•^î Nipsaiiiiis Agrippa

A>iiims Pollio

n l .' - L i V 0 I '■tj<:ue-Poiiipée

Eloquence

G. Memmius

Cicéron Jules César M.Galidius

C. Curio

M. Caelius Rufus

Asinius Pollio

M. Valerius Messala.

Gassius Severus

PhiU '^^P^'^^

Gic

W 0 S E

G E N R E ï

Science du droit

Philologie et A rchcologie

r 0 n

//) »- exti i

S. Sulpicius Il u t u s

Varron A. Olilius

M. Anlistius Lab eo G. Ateius Capito

P. Nigidius Figulus

Varron

Jules César

EC07 10

m

Varrc

M. Verrius Flaccus Hygin

DIVERS

mie 'aie

m

Matltématiques et A rchitecture

(îéorirai>hie

Science militaire

\

Vitruve

M Vips.

ALTi|)p.l

Hygin

V 0

K s I p;

yi;atrième période

i;-n: m-, i.-c.

ItM)

Théâtre

Epopée

Pomponius Secundus

CunatiUb Mulernu;

Lucain

S é n è q u e

L'Oclarie

Geinianicu:

Planche 2

Néron

Lucain

(Lucilius

Junii)!', C. Val. Flaccus C. Siliut^ Italicus Stace,

Poésie lyrique

(laesius Bassus

Stace,

Ammtius

Stella

Sulpicie

Satire

Perse

Sénèque

Juvén il

Fable

Phèdre

Epigrammr

-Marf i;il

P n 0 S K

Histoire

A] Crf mutins Conlus \'k\)i'iv (reiiip.); Claude ;

a seconde A^^rippine A|ititliu-< Bassus

V e 1 1 ej us Pa t er c u - u s,

\ -idèie Ma Mine

(>

! Il 1 •■ - 1 . u rce

r< 'iiip. Ve-^pasion P iiK' raiicien iivius iluiiis

Fihius Rusticus

T

ac i t

Eloquence

Sénèque l'ancien

Tacite

( Hi i 11 t i ^

1 i e 11 P 1 i u e 1 e

j e vt n e

Philosophie

(t e nues 1)1

i: Il s

iScie>icc (lu droit

S é n è ({ u e

Manii Sahi

'iiis us

Seiup Piocu

■ou,

lus

Gassiii Lon|j:ip

s 111^

I'hilolu(jie et Archéologie

Mathi'niutiques et Arcliifecture

|,"eiiipcieui- (llaude {). Hciiiuiius l'alaeuu)

- M. Val. Prohus

O. As((>iiiusPe<liauii' Pline rautien

Aeniil. Asper

Flav. ( laper \'el. Lonuus

S. .Iulius t'runtinus

^ Hy^qn

EcunoHiie] rurale

Geograj)hic et ficiences naturelles

Modéra tus Coluiuella

[V)uij)uiiius Mrla ^énèque

Médecine

Coin. (>eisus

Scie?ice militaire

rtl i n e r a n c i e u

ScriboniusLar- gus

Pliue l'ancien

'r(»n1in

Hygin

i* () K s I >:

Cinf[ui(Min'

jtéiiotle

à part il' il"'

417 ap. J.-C:

2(M»

:n)

Ai H)

7m

Epopée

Noiiiostaiiiis

('.. Vctliiis Afjinlins

.hlVfMUIl.'<

Kestus Avit'nn> Pnulomv A u s o n »'

(i 1 a u tl i o n

C 1 . i; Il I i I i II s N a lit a t 1 .( n 11 s . Sidoine Apolliuaiiv Dracontius

Forlnuat

Poésie L\friquC'

l'eri'viiliiVi^ Veneris '

Fahle

Avianus

Histoire

Kloiiuence

S II (■' t () n e

Imiis .lusliii

I.. Aiiipeliu? riraiiius Liciiiiaiius

Marins Maxiinus

Kirivaiiis de Vhistoirc Awjuste

Ammien Marcellin Kiitrope Auivl. Victor Notitia di^nitatum

Su I pire Sévère Oiose

Cassiodore

Gilda.s

ritt'^ioiie de Tours

F r 0 n t o n Vpulée

Philo^oiihie

Syuimaque

ApultV (1/t'iiipereur Mair-Aurèle)

Boèce

Science du droit

Salvius Juliamis Sex. Pomponius Gaius

P a p i 11 i 0 u

U I p i e n Jul. Paiilus

Hereiiii. Modestinus - Cod. GregoriauHs

Cod. Henno{ieniani(s FriKjrn. Vaticana

Cad. Tlu'oUosiiinus

Corpus j u ri s

Tiilionianus

Philologie archéolog

1 ' Il O S F.

C. Sulpic. Apolli Teront. Seau ru s A u I u - G e 1 1 o Helenius Acri»

Pompon. Porph^

Nonius Marcelin

Plotius Sacerdns

TcriMitiaiiiis M,ni

Juba

Marius Victoriim

1) o n a t

Flav. Chaiisiii-

Dionièilo

Servius

Macrobe

Maitiauiis Gapcll

P r i S ( i 0 n

et

te

naris

rut

11^

(1 K N II K S 1) I V E U S

Matiuhnatiques et Astronoinie

Firniiciis Mateinus

Econoïnie rurale

Garyilius Martialis

Palladius Kutilius

Géographie < Sciences natun

t lies

(Table de Peutii ger)

C. Julius Solinuï

Xotitia } Urhi (hiriosum) lioin

î

ae

Aethieus Isttn

Médecine

Science 7)nlitairc

Marcelin s Fnipiricus

Gaelins Aurelianus

ey>'ce

Docteurs de

l'Eglise

Miniicius Félix

T e r t u 1 1 i e n

S ' C y p r i e n

Arnobe Lactance

S ' A m b r 0 i s e

S ' Jérôme S ' Augustin

Léon (1) le grand

4m

Grégoire (I) le grand ^,,

/>

J

/

i»?

(*iC.

COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARIES

V

\

010666311

This book is due two weeks from the last date stamped below, and if not returned at or before that time a fine of five cents a day will be incurred.

/

870.9

:E>+aa,

^m

PHOïJCûry "

m » 7 \^

1

s

f

ëî