KOV- S cyÇca^d^^i^f'^- j j «x4r . _ '-^ H T O I D E L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES TOME I. Depuis fon établilîement en 1666. ;ep jufqu'à 1686, A PARIS. ^ABRiEL Martin, Chez ^6. par MM. Cassini. Obfervations Aftronomiques faites en Flandres , en Hollande, 8c en An- gleterre en 1697. '^ "Îp8. par M. Cassini le Fils. Tables de l'Etoile Polaire , pour trouver à chaque jour de l'année fon paflage par le Méridien ; 8c a toutes les heures du jour fa Déclinaifon Horizon- tale , êc la Hauteur du Pôle en tous les lieux de la Terre , pur le même. Obfervations Phyfiques 8c Mathématiques . 8cc. envoyées de Siam , des Indes , 8c de la Chine , par les PP. Jéfuites , en Correfpondance avec l'A' «ad. avec les Réflexions de MM. de l'Acad. ôc des Notes duP. Gouïe. TABLE T O M E V I I I. Oeuvres diverfes de M. Cassini^ fçavoir: De l'origine 8c du progrès de rAftronomie , 8c de fon ufage dans la Ge'ogra- phie 8c dans la Navigation. Les Elcmens d'Aftronomie vérifiez par le rapport de fes Tables aux Obfer- vations de M. Richer faites en TMe de Caienne. Découverte de la Lumière célefte qui paroit dans le Zodiaque. Régies de l'Aflronomie Indienne pour calculer les mouvemens du Soleil 8c de la Lune. Réflexions fur la Clironologie Chinoife. De rifle Taprobane. Les Hypothéfes Se les Tables des Satellites de Jupiter, reforme'es fur les nouvelles Obfervations. TahHlurum Satellitum Joti'h ufus pricipui. TOME IX. Oeuvres diverfes de M. dje laHire, fçavoir; Traité de Méchanique. Traité des Epicycloides , 8c de leurs ufages dans les Méchaniques. Explicatiop des principaux effets de la Glace ôc du Froid. Diflertation fur les différences des fons de la Corde de la Trompette Marine, Traité des differens accidens de la Vue. Traité de la Pratique de la Peinture. TOME X. Mémoires de Mathématique 8c de Phyfique , tirés des Regiftres de l'Aca- démie Royale des Sciences, années i6pi. i6pî.&c. Mémoires de Mathématique & de Phyfique , par MM. de l'Académie Royale des Sciences ; extraits de differens Journaux , \kc. TOME XI. Analyfe Générale , ou Méthodes nouvelles pour réfoudre les Problêmestle tous les Genres , & de tous les Dégrés à l'infini; par M. De Lagny » mis au jour pat lesfoiiis de M. Richer. AVERTISSEMENT, AVERTISSEMENT- L'Histoire de l Académie Royale des Sciences que nous publwtis anjourd htii y a été fuite en partie fur les Kegifires de cette Compagnie , Csf en partie fur l'Hifioire Latine de M. Du Hamel. M. De Fontenelle Secrétaire perpétuel de l Académie y a/voit conduit cette Hifioire depuis l'origine de l'A- cadémie y jufque 'vers la fin de l année 1679. les autres années jufqu a 1699. où commence la grande fuite de l'Hifioire &' des Mémoires , ont été mifes en François , à peu près fuivant le même ordre que M. De Fontenelle a^vuit gardé dans les précé^ dentés : On trouvera dans les unes ^ les autres des chojes qui ont été obmifes par M. Du Hamel j ^ réciproquement M. Du Hamel a inféré des morceaux qu'on ne trouvera pas ici , foit parce qu'ils ont été entièrement repris , ou feulement traités plus amplement dans la fuite par les Aca- démiciens , fait parce que les premières Années n'é- tant pas abfolument femblables à celles de l'Hifioire Latine , on na pas cru que les fuiuantes duffenty être plus conformes, V Hifioire Latine des Années 1699. €5" 1700. que M. Du Hamel a ajoutée dans la dernière Edi- tion de fon Owvrage , a été faite d'après les Vo- lumes d' Hifioire pour les tnémes Années ^ écrits Hift. de l'Ac. Tome I. é AVERTISSEMENT. €n François pa,r M. De Vontcnelle-^ cefi ce que M.- Du Hamel dit liti-niéine au commencement de Jon fixiéme Livre. Nous fui/ons ici cette Kemurque , a CAufe qu'on a, avancé le contraire , ^ même / inverfe , dans un Abrégé de la. vie de M. Du Hamel , inféré dans les Mémoires pour ferinr à l'Hifioire des Hom- mes Jlluftres dans la République des Lettres , ^c. On a publié depuis peu en Hollande en j Ko- lumes in-40. Mémoires de rAcadémie Royale des Sciences, contenant les Ouvrages adoptés par cette Acade'mie avant fon renouvellement en 1699. Cette Edition renju'è par deux ProfeJ]}urs célèbres de Leyde , eft cependant beaucoup inférieure A la notre. Dans celle-là les Mémoires pour fer^ir à l' His- toire des Animaux ont été copiés trop exactement fur l ancien Imprimé , & l'on ny trou'ce aucunes des CorreBions que nous avons eu le bonheur d'a- c que de-là elles vont toujours en diminuant, elles élèvent plus la moitié inférieure du diamètre vertical du Soleil ou de la Lune qu'elles ne font la moitié fuperieure, S>c par confequent c'efl: la même chofe que fi une partie de la moitié in- férieure du diamètre fe cachoit derrière la fuperieure , ce qui diminueroicneceffairement la grandeur apparents de ce diamètre , Se plus les refradions font grandes , plus cet effet eft fenfible. Vers la fin de la même année , M, Auzout écrivit fur toute cette matière des diamètres apparens à M. Oldem- bourg Secrétaire de la Société Royale d'Angleterre. Il lui rendoit compte de tout ce qu'ils avoient fait M. Picard & lui pour parvenir au point de précifion où ils en étoient; il lui apprenoit qu'ils favoient divifer un pié en 5000. parties avec tant de fureté , qu'à peine fe pou voient-ils tromper d'une feule; que par-là ils mcfuroient les diamè- tres du Soleil Se de la Lune jufqu'aux fécondes, & que tout au plus ils fe tromperoient de 3. ou 4. Il ajoûtoit que par ce moyen ils avoient trouvé que le diamètre du Soleil dans fon Apogée, n'avoit guère été plus petitque Bij jz Histoire DE l'A cademie Royale J666. 3^' 37"> n^ '^^"^ ^°^ Périgée plus grand que 51' 4^" que de même celui de la Lune n'avoir encore guère pafle 33', & n'avoir pas eu moins de 29' 40" ou jj'Mlappor- roir laraifon pour laquelle à l'éclipfe du 1. Juiller, M. Hevclius avoir trouvé le diamètre delà Lune plus grand de 8. ou 9" à la fin qu'au commencement; c'cft que com- me elle arriva le matin , la Lune étoit à la fin plus éle- vée fur l'horifon , & plus les aftrcs s'élèvent vers le Mé- ridien, plusieurs diamètres apparensaugmentenr, quoi- que les yeux jugent tout le contraire. Si l'écliprc étoic arrivée le foir , il eft clair que le diamètre de la Lune eût été plus petit à la fin, parce qu'elle eût été plus baffe. Cela vient de ce que les aftres font plus près de l'Obfer- vateur au Méridien qu'à THorifon de près d'un demi diamètre de la terre , &: cette différence cft quelque chofè principalement par rapport à la petite diftance de la Lune, qui n'eft que de 50. demi diamètres terreftrcs environ. C'cft ainfi que l'Académie qui fe formoità Paris en- troit dé)a en commerce de découvertes avec les Acadé- mies étrangères. Rien ne peut être plus utile que cette communication , non - feulement parce que les efprits ont befoin de s'enrichir des vues les uns des autres, mais encore parce que differensPa'is ont difterentes commo- dités & difîerens avantages pour les Sciences. La Nature fe montre diverfement aux divers habitans du monde } elle fournit aux uns des fujcts de reflexion qui manquent aux autres , elle fe déclare quelquefois plus ou moins, félon les lieux, & enfin pour ladécouvrir ^il n'y a point trop de tout ce qui peut ncrqs être connu. La Compagnie des Mathématiciens étant déjà dans> l'état qu'on la pouvoir fouhaiter, on fongea à leur join- dre des Phificicns , dont le Roi laiffa le choix à M.. Co'bert. Ceux qu'il nomma furent M. de la Chambre Médecin ordinaire du Roi, fameux par fcs Ouvrages^ o E s s C I È i^ C E s. s ■ î î gf &c M.Perraut auffi Médecin, en quibrilloic le génie qui 1666. fait les découvertes, MM. du CI0S&: Bourdelin , habiles Ciiimiftes, MM. Pccqucc &c Gayant , favans Anato- miftcs, &: M. Marchand , qui avoir une grande con- noiflance de la Boraniquc. Le Miniftre joignit à ces Géo- mètres ôc à ces Pliificiens confommés de jeunes gens pro- pres à les aider dans leurs travaux , &: à leur fuccedcr un. jour. Ce furent MM. Niquet , Couplet , Richer , Pi- vert, delaVoye. Peude moisaupar.\vanr M. du Hamel Prêtre avoit été ehoifi pour erre Secrétaire de cette Académie, comme étant d'une afTcs vafte érudition pour entendre les différentes langues de tant de favans hom- mes, & recueillir tout ce qui fortiroit de leur bouche. Il femble que l'ordre dans lequel fe forma l'Académie des Sciences reprefente celui que les Sciences même doivent garder entre - elles ,• les Mathématiciens furent: les premiers, &: les Phificiens vinrent enfuite. Le Roi pour affùrer aux Académiciens le repos & le loifir dont ils avoient befoin , leur établit des penfions, que les guerres même n'ont jamais fait cefTer , en quoi fa bonté pour l'Académie des Sciences a furpaifé celle du Cardinal de Richelieu pour l'Académie Françoife, qui lui étoit néanmoins fi chère, &c celle de Charles IL Roi d'Angleterre pour la Société Royale de Londres, Le Roi voulut même qu'il y eût toujours un fonds^ pour les Expériences , fi neccfTaires dans toute la Phifi- que , de dont la dépcnfe eft quelquefois au-delTus des forces du Phificien. La Chimie la plus raifonnable n'o- père qu'avec allés de frais , S>c les Mathématiques mêmes , horfmis la Géométrie pure , & l'Algèbre , demandent un grand attirail d'Inftrumens , faits avec un extrême foin. D'ailleurs, il fe propofe quelquefois de nouvelles inventions, que leurs auteurs, feduits par le charme de la production, ont rendues fi fpecieufcs, qu'à peine en peut-onappercevoir les inconveniens,ou lesimpoffibilitésj B iij 14 HiSTOiREDE l'Académie Royale 1666. & il efl de l'intcrct public qu'il y ait une Compagnie tou- jours en état de les examiner, &c d'en faire l'épreuve, après quoi les défauts feront découverts , &: peut-être même reparés. Le 11. Décembre, les Mathématiciens & les Phifi- ciens que nous avons nommes, s'aflcmblcrent pour la première fois à la Bibliothèque du Roi. M. de Carcavy leur expofa le dcflein qu'avoir le Roi d'avancer, & de favorifer les Sciences, & ce qu'il attendoit d'eux pour l'utilité publique, &: pour la gloire de fon Règne. On mit d'abord en délibération fi les deux Sociétés des Géomètres &c des Phificiens demeureroient féparées, ou fi elles n'en feroient qu'une. Prefque toutes les voix allèrent à les mettre enfemble. LaGeometric & laPhifique font trop unies par elles-mêmes, &: trop dépendantes du fecours l'une de l'autre, LaGeometric n'a prefque aucune utilité fi elle n'efl: appliquée à la Phifique; & la Phifique n'a de folidité qu'autant qu'elle eft fondée fur la Géométrie. Il faut que les fubtiles fpeculations de l'une prennent un corps, pour ainfidire, en fe liant avec les expériences de l'au- tre; 5c que les expériences naturellement bornées à des cas particuliers, prennent par le moyen de la fpecula- tion un efprit univerfel , &: fe changent en Principes. En un mot, fi toute la nature confifte dans les combinai- fons innombrables des figures & des mouvemens, la Géométrie qui feule peut calculer des mouvemens , Se déterminer des figures, devient indifpenfablement ne- ceflaire à la Phifique; & c'eft ce qui paroît vifiblemenc dans les fiftcrnes des Corps Célcftes , dans les Loix du Mouvement , dans la Chute accélérée des corps pefans , dans les Reflexions &: les Refradions de la Lumière, dans l'Equilibre des Liqueurs, dans la Méchanique des Organes des Animaux, enfin dans toutes les matières de Phifique, qui font fufceptibles de précifion : car pour celles qu'on ne peut amener à ce degré de clarté , comme DES Se lENC ES. I y les Fermentations des Liqueurs, les Maladies dc^ Ani- 1666. maux , Sec. ce n'eft pas que la même Géométrie n do- mine , mais c'eft qu'elle y devient obfcurc & pr. fquc impénétrable par la trop grande complication des mou- vemens Se des figures. Les plus grands Phificiens de no- tre fiécle, Galilée, Defcartes, Gaflcndi, le P. Fabry, ont été aufll de grands Géomètres : & fans doute une des principales caules qui avoir fi long-tems empêché la Phifiquc de rien produire que des termes , c'eft qu'on l'a- voit réparée de la Géométrie. Cependant pour mettre quelque diftindion entre ces deux Sciences, il fut arrêté que les Mercredis on traite- roit des Mathématiques, & que les Samedis appartien- droient à la Phifique. Il fut rcfolu auln que l'on ne revcleroit rien de ce qui fe diroit dans l'Académie, à moins que la Compagnie n'y confcntît. Mais comme il cft difficile que dans un alTés grand nombre d'Académiciens, il n'y ait quelqu'un qui confie à quelque ami des vues ou des découvertes nou- velles qui auront été propoiecs dans l'AfTemblée, il elt arrivé aflés fouvent que ce qui avoir été trouvé par l'A- cadémie , & gardé pour être publié dans un certain tems , lui a été enlevé par des étrangers qui s'en font fait hon- neur. Car quelquefois à des gens verfés dans certaine matière, il ne faut^u'un mot pour leur faire comprendre toute la fineffe d'une invention , & peut-être enfuitc la poufleront-ils plus loin que les premiers auteurs. C'eïl; ce que fit Galilée à l'égard des Lunettes. On lui apprit qu'un Hollandois qui ne favoit point de Mathémati- que , ajuftoit de forte deux verres , qu'il voïoit les objets plus grands & plus diftinds. Galilée fut fuffifamment inftruit en apprenant la pofTibilité d'une chofe fi nouvelle &: fi étonnante-, il fe mita chercher par voyedc Mathé- matique comment des objets pouvoienc paroître plus diftinds & plus grands; & enfin le raifonnement lui fit i6 Histoire DE l'A c ad E Mie Royale l£66. trouver ceque le hafard feul avoir donné au Hollandois, Aulîl-tôc fe découvrirent à Tes yeux les Satellites de Ju- piter, les Taches du Soleil, les Phafes de Venus, cette innombrable multitude de petites Etoiles qui font la Voyc Laftée : &: il ne s'en cft pas falu beaucoup que le même qui a trouvé les Lunettes n'ait fairle miracle de les por- ter à leur dernière perfcdion. Le Telefcope dont Galilée s'eft fervi cftconfervé dans le Cabinet de l'Académie , à qui un favant Italien en a fait prcfent. Ce n'eft pas qu'il importe extrêmement au Public de favoirqui elirauteur d'une nouvelle invention , pourvu qu'elle foit utile -, mais comme il lui importe qu'il y ait des inventions nouvelles , il en faut conferver la gloire à leurs auteurs, qui font excités au travail par cette recompcnfe. Rien ne peut plus contribuer à l'avancement des Scien- ces , que l'émulation entre les Savans , mais renfermée dans de certaines bornes. C'efl: pourquoi l'on convint de donner aux Conférences Académiques une forme bien différente des exercices publics de Philofophie, oii il n'eft pas queftion d'éclaircir la vérité , mais feulcmcntde n'être pas réduit à fc taire. Ici , l'on voulut que tout fût fimple , tranquille , fans oftentation d'efprit ni de fcience , que perfonne ne fe crût engagé à avoir raifon , &: que l'on fût toujours en état de céder fans honte : fur tout , qu'aucun fiftême ne dominât dans l'Académie à l'exclufion des au- tres , &: qu'on laiffât toujours toutes les portes ouvertes à la Vérité. Enfin ilfutrefolu dans l'Académie que l'on examine- roit avec foin les livres , ou de Mathématique , ou de Phi- fique qui paroîtroient au jour , & que l'on fcroit toutes les expériences confiderables qui y feroient rapportées : ce que l'on jugea devoir être d'une grande utilité, fur tout dans la Chimie, &: dans l'Anatomic , qui font de toutes les parties de la Phifiquc les plus fécondes en découver- tes , Scelles auffi dont les découvertes veulent être exa- minées de plus près. , An. DES Se I ENCE s. X-J ANNE'E MDCLXVII. L'Anne'e 166-j. ouvrit proprement les exercices Académiques. L'Hiftoire de l'Académie n'cftpref- <5ue plus que celle de fcs occupations Si de fes travaux. Pour en rendre compte exadement, il faudroit copier ici tous fes Regiftres , ce qui feroit piufieurs gros Volu- mes, & des Traités entiers de Chimie, de Mechanique^ d'Aftronomie, de Géométrie , &c. Mais il fuffira de rap- porter en abrégé les principales cliofcs qui ont été dites dans cette Compagnie, les deffeins qu'elle a eus, la manière dont elle les a exécutés , les progrès qu'elle a faits dans les Sciences , les obligations que lui a le monde favant. Pour mettre de l'ordre dans une matière compofee de tant de matières différences, nous féparerons d'abord la Phifique des Mathématiques; nous rangerons fous chacune de ces deux efpeces les diffcrens fujets qui lui appartiendront, &c nous rapporterons toujours de fuite ce qui aura été dit fur le même fujet dans le cours d'une année, quoi qu'en effet il y ait eu fouvent beaucoup d'in^p jerruption. Nous commencerons par la Phifique, parce qu'elle eft plus facile & moins abftraite. lè^y. Hijt. de l'Ac. Tom. I. i66j. i8 Histoire DE l'Académie Royale P H I S I Q^ U E. PRELIMINAIRES. AU commencement de cctcc année , M. Perraut donna im plan du travail que la Compagnie pouvoit faire lur la Phifique. Il reprcfcnta que les deux parties les plus utiles &: les plus curicufes de la Philofophie naturelle , Se d'ailleurs les plus propres à occuper l'Académie en com- mun , étoient l'Ànatomie , & la connoiflancc des Plantes. 11 fît remarquer que les Obfervations Anatomiques étoient de deux efpcccs; les unes fur la conftrudion des Organes qui compofcnt le corps des Animaux, les au- tres, fur l'ufage de ces organes; que quelquefois certains organes fort connus, comme la Ratte , le Pancréas, les Glandules Atrabilaires, avoicnt des fondions afTés ca- chées, &que quelquefois aufli des effets vifiblcs Se ma- nifeftes , tels que la génération du Lait, & laconfeftion du Sang, dépendoient de quelques organes que l'on ne connoiffoit pas bien ; que par confequent en fait d'A- natomie on devoit employer également fcs yeux & fa raifon , en confervant toujours néanmoins quelque avan- tage aux yeux fur la raifon même, qu'il ne faloit ni fe tourmenter trop à chercher des parties &c des difpofi- lions méchaniques , dont on pourroit prouver l'inuti- lité par raifonnemcnr, comme celle des Conduits parti- culiers qui eulTent porté la bile au cerveau dcsPhrene- tiques, & dont Democrite avoit fait une fi longue Se fi vaine recherche, ni auffi négliger de s'affurcr des cho- fes , autant qu'il étoit poflible , par toutes les expériences DES Sciences. en dix heures de rems qu'elle fut à une fenêtre pcndanC la nuit. De celle-ci, il en étoit forti par la fente quel- que peu de glace-, de l'autre, rien du tout: feulement la. glace s'ccoit pouilce dans la fente. Quelle que foit la caufe d'un effet fi violent, elle n'y paroît d'abord guère proportionnée, &: c'eft-là une de ces chofes dont on ne peut recevoir d'autre garant que rexpcriencc. EXPERIENCES D E L' AVGMENTATION du poids de certaines matières par la, calcination, IL feroit afles naturel de croire qu'un corps ne peut devenir plus pefant, à moins qu'il ne s'y joigne quel- que matière fenfible. Mais M. du Clos fît voir à l'Aca- démie qu'une livre de Régule d'Antimoine , fi bien broyé qu'il étoit réduit en pouffiere impalpable, ayant été ex- pofée au foyer d'un miroir ardent, &: réduite en cendre au bout d'une heure, en étoit devenue plus pefante d'une dixième partie , quoique pendant tout le tenis qu'elle avoit brûlé , elle eiit jette une famée blanche affés épaiffe. Tandis que cette matière étoit allumée, fa furface fe couvroit de grande quantité de petits filamens blanchâ- tres. Le feu du charbon feroit le même effet que celui C iij 11 Histoire DE l'Académie Royale l66j. du folcil, L'experienceécanc rcucréc,on trouvaqucplus la poudre d'Antimoine étoic fine, plus elle s'cchaufFoic promptement, plus elle augmcntoit de poids. On trouva auffi que les minereaux fulphurés , comme l'étain & le plomb, prennent, lorfqu'ils font calcinés , cette aug- mentation de pefanteur. Tout le monde fait que la brique efl: plus pefinte après avoir été cuite , & il cft certain que l'argille dont elle cil faite eft fulphurée. M, du Clos conJc£luroit que l'air qui coule inceflam- tnent vers les endroits où il y a du feu , laiffc fur ces ma- tières embrafées pleines de fouffres terrc-ftrcs , des parti- cules fulphurécs plus volatiles, qui s'unifient avec eux, s'y fixent , &: forment ces filamcns dont nous avons parlé , qui font apparemment toute l'augmentation du poids. Et en effet, fî onmetde l'efprit de vin déflcgmé fur cet antimoine devenu plus pefant, on voit , après quelque digeftion au bain, cet efprit de vin fe charger d'une haute teinture rouge, qui étant toute féparée .l'antimoi- ne refte avec fon premier poids; & il faut remarquer que l'efprit de vin ne tire point de pareille teinture d'un femblable régule calciné d'une autre manière fans aug- mentation de pefanteur. Il paroît par la couleur de l'ef- prit de vin, que les particules dont il s'cft chargé font fulphurécs; & l'on voit que ce font aufîi celles qui étoienc étrangères à l'antimoine , & qu'il avoitacquifes par cette efpece particulière de calcination. Cependant il ne faut pas entièrement fc fier à cette explication, quoi qu'affés fpecieufe. Peut-être l'augmen- tation de poids vient-elle de ce que ces matières ayant été mifes dans des vaifTeaux de fer ou de cuivre, les ont rongés par l'aiStiviré de leurs fels , ôc en ont levé des corpufcules. M. Boulduc a trouvé depuis que l'anti- moine cru calciné dans un vaifTeau de terre , a diminué de poids. Peut-être auffi les faits n'ont-ils pas encore été tournés en affcs de manières différentes. DESSCIENCES. 2.3 EX P E RI EN C E D^VN SEL DOVX tiré de mxtieres fort acres. L'Illuftre M. Boyle, dans fon Mvxt De formarum ori- gine , avoit propoié à tous les Chimiftcsuneefpece d'hnigme; c'étoit de trouver un fel qu'il appelle .4 /?• D iij 30 Histoire de l'Académie Royale lééy. marie 7. livres de cette eau , &: de la matière qui demeura au fond de la cucurbite , la plus grande partie mife fur un fer chauddcvint comme du plâtre calciné, &: fc détrem- pa à l'eau comme du plâtre. Il n'y eut qu'un peu de pou- dre jaune qui étant mife fur un fer rouge fe changea en une efpece de rouille de fer , ce qui fit voir qu'il y a dans ces eaux très-peu de fer par rapport à la quantité de plâtre qu'elles contiennent, &; de-là vient le peu de vertu qu'el- les ont. Celles à'Auteidl , quoiqu'infipides au goût, font bon- nes pour quelques maladies, &: principalement pour les intempéries chaudes des vifceres , félon le témoignage qu'en rcndoit M. du Clos. Après qu'on eut diftilié 4, livres de cette eau, il refta dans le fond de la cucurbite 10. grains d'une efpece de cendre, dont le tiers fut diflous dans de l'eau commune , le refte étoit comme un fable fort fin. M. du Clos conjeduroit que c'étoitlàdu fel ni- treux que l'eau avoir emporté des Carrières qui font vers Auteiiil , &: que peut-être la plus fubtile partie dece fcl avoit écé diftiUée avec l'eau , car ce qui rcftoit dans la cucurbite neparoiflbit pas être en afles grande quantité pour donner à l'eau toute la vertu qu'elle avoit. Par le mot de Nitre , on n'entend pas ici du Salpêtre, mais un certain fuc falin contenu dans les pierres , qui ne fulmine point , & dont il fe peut faire , par le moyen de l'air, un falpétrc qui fulmine. Il y a plulicurs eauxni- treufes ,• mais il n'y a jamais de falpétre dans les con- duits par où l'eau coule dans la terre. L'air forme le falpétre en s'attachant à la terre ou aux pierres, & en y laiflant certains corpufcules qui s'y fixent ; & l'air ne peut s'att.icher à ce qui cft trop humide, non-plus qu'à ce qui cft trop fcc. Les mêmes pierres qui n'ont produit aucun falpétre, tant qu'elles ont été enfermées dans la terre, en produifenr beaucoup .après avoir écé expofées à l'air. Les corpufcules des pierres , qui ont arrêté ceux DESSCIEWCES. 31 de l'air, pour former ce mélange qu'on nonmme falpé- i66y. tre , font ce que nous avons appelle fel nitreux. Les Eaux de Forges en Normandie, examinées avec tout l'art des Chimiftes, parurent imprégnées de mine de fer encore tendre , ou, comme on parle en Chimie, du premier être du fer. Elles donnèrent peu de fel fulphu- reux par la diftilîation. De même , on trouva que ce qui dominoit dans les Eaux de Spa , étoit un fel ferrugineux. Les fameufes Eaux de Fichi s'attirèrent une attention particulière. Il y a dans cette petite Ville plufieurs fources chaudes , mais qui ne le font pas au même degré. L'eau de la Fontaine qu'on appelle la Grille a un goût aigret, & une odeur refmeufe. Deux livres de cette eau donnè- rent une dragme & iz. grains d'une matière qui n'écoic prefque que du fel pur. Ce fel étant fikré, parut acre &c lixivicux comme du fel de tartre,- il fe fondoit à un air humide; il faifoit effervefccnce avec l'huile de vitriol; il précipitoit le Mercure fublimé diflbus dans de l'eau, & \z teignoit en rouge , toutes marques d un fel ful- phuré. On porta prefque le même jugement des Eaux du grand Boulet , & des deux petits Boulets , deux autres Fontaines du même lieu, &: decellesduBourgdeJ'. A/)' é);^, qui don- nèrent tous les fignes d'eaux fulphureufes , hormis qu'el- les fe teignirent en rouge par la noix de galle. Mais on conçut que cet effet pouvoir venir d'un vitriol bitumi- neux, tel que celui qui eft dans le charbon de terre. Les Eaux de F/V - le - Comte paroilToient au goûc fort acides ; cependant la noix de galle ne les faifoic point devenir rouges : & d'ailleurs on y remarquoittout ce qui appartient aux eaux fulphureufes. AulTi quand on eut tiré leur fel , qui fe trouva en afles grande quantité , il fît avec l'huile de vitriol la même effervefccnce qu'au- roit faite du fel de tartre. On n'a vu nul autre fel minerai 3z Histoire DE l'Académie Roy aie. l$6j. qui en fît une pareille, & l'on a cru qu'il devoir être fort bitumineux , &: fort approchant du fel des végé- taux. Par le goût feul on eût jugé de ces eaux-là bien difteremmenr. C'étoitce qui entroit le moins dans leur compolltion, qui fc faifoit le plus fcntirau goût. Peut-être eft ce un mélange trop égal de principes contraires , qui fait que de certaines eaux minérales ne donnent aucun ligne d'être ni vitrioliques , ni lulphu- rées. Telles font celles de \a.Y onizinQ à' Ev es \vichi. On en tira par la diftillation allés peu de fcl, qui avoit le goût de criftal minerai , &: qui ne reflembloit au fel d'au- cune autre eau. Il avoit aflés d'affinité avec le falpétre,à cela près qu'il ne fulminoit pas. Ilétoit rafraîchiftant fur la langue, & quoiqu'il n'eût aucun rapport au bitume ni au fouffre, il fe trouvoit dans une eau dont la fourceeft chaude. On éprouva encore , & par la noix de galle , & par l'efprit de fel armoniac , & par le fel de tartre , différen- tes eaux qui n'en reçurent aucun changement, &: qui cependant paffent pour minérales , comme les eaux de Belefme dans le Perche, dont 8. livres ne donnèrent que 6. grains d'un fel acre ; celles de Vcrbcrie auprès deCom- piegne , qui ne laiflcrcnt prefque aucun fel ; celles à'Oiiarfy dans le Beauvoifis , qui en laiflcrcnt une fort petite quantité mêlée avec de la terre ; ccWcsàc BaUgni auprès de Senlis , donc il ne demeura dans le fond du vaiircau qu'un peu de terre infipide. De deux livres d'Eau de Sainte Reyne , telle qu'on la vend à Paris , il ne fortit que fix grains d'un fel acre , ' qui étant dill/ous dans de l'eau commune, & mêlé avec quelques gouttes d'huile de vitriol, fit un caillé, prefque fans aucune eifcrvcfcence, mais avec une fumée puante, femblable à celle que jette un mélange d'huile de vi- triol , & d'une diflolution de fouffre ou d'antimoine faite par des fels fulphurés. On vit donc par-là que ce fel avoit DESSCIENCES. JJ avoir du rapport au fel d'antimoine; ce qui convenoit i66j, avec ce qu'on favoit d'ailleurs, que le fcl d'antimoine, & l'eau de Sainte Rcyne ont les mêmes effets. Mais parce que cette eau a peu de fel , M. du Clos conicdura,que y. ou 6. grains de fel d'antimoine pris dans un bouillon , auroient bien autant de vertu pour purger le fang, &: empêcher la corruption des humeurs , qu'une grande quantité d'eau de Sainte Reync, qui charge trop l'efto- mac , ou que du moins il en faudroit faire évaporer une bonne partie , &: n'en prendre qu'un ou deux verres , qui auroient confervé tout le fcl de l'eau évaporée , parce qu'il eftaffés fixe. M. du Clos parla aufli des Eaux de Fr ovins , à l'oc- cafion d'un traité fur ces mêmes Eaux , publié en ce tems- làparM. Givre fçavant Médecin. On ne put pas examiner les différentes propriétés des Eaux Minérales, fans rechercher pourquoi il y en a plu- sieurs de chaudes , comme les Eaux de Bourbon. 11 ne feroit pas aifé de comprendre que des feux fou- cerrains , tels que ceux qui fortent par l'Etna ou par le Vefuve , imprimaffent cette chaleur aux eaux. Car la chaleur des eaux eft perpétuelle, &: ces feux, ni ne font perpétuels , ni ne le peuvent être , enfermés , comme ils font, dans la terre, &: manquant d'air, & confumant affés vite , comme tous les autres feux , la matière dont ils font formés ; ce qui paroît par les embrafemens de l'Etna & du Vefuve, qui finiffent en peu de tcms, i>C ne reviennent que long-tems après. D'ailleurs s'ilyavoit en France de czs feux foutcrrains , il feroit difficile qu'ls n'euiïent auffi des foupiraux , comme ils en ont en Sicile , & dans le Royaume de Naples. Enfin , ce qui prouve afiés clairement, que la chaleur des eaux minérales ne vient pas d'un feu véritable & aduel , c'cfl: qu'elles ne brûlent pas la langue, & ne ramolliflent pas l'Ofeille, comme feroit de l'eau commune échauffée au même Hift. de FAc. Tom. I. E j4 Histoire de l'Académie Royale i^éy. '■^'^S'^^ > ^ l^'^ quand on les mec fut le feu, ellesn'en: bouillent pas plus vite, pour être dé)a chaudes. Il vaut donc mieux, à ce que foutcno;t M du Clos, rapporter cet effet à des fumées qui s'élèvent du fond de la terre , & qui fc font fentir dans quelques mines pro- fondes , comme celles de Hongrie. Cette chaleur de la terre peut fe répandre inégalement dans fes parties , félon le plus ou le moins de facilite qu'elles ont à en être pénétrées. Elle peut en s'élevanc vers la fupcrficie ren- contrer des eaux, fe m-éler avec elles, &, comme après avoir été filtrée par une grande profondeur , elle ne peut confiilcr qu'en une vapeur fort déliée; il n'eft pas éton- nant qu'elle n'agilfc prcfquc point fur les corps un peu grolTicrs , comme la langue, qu'elle ne cuife point l'O- feille, & que même clic fe dilfipe facilement par l'agi- tation que le feu donne à l'eau. Peut-être aufli cette mê- me caufe fait-elle encore du moins en partie que les eaux minérales font allés fouvent plus chaudes la nuit que le jour; c'eft que ces vapeurs , étant aulli foiblcs qu'elles font , ne peuvent pas aifément forcer la rcfiftancc de l'air épais de la nuit, & par confcquenc elles demeurent comme emprifonnées dans leur eau. Il femble qu'il y auroittropde hardielle à pouiïcr plus loin fes conjectures fur cette chaleur de la terre. Il fauc cependant qu'elle ait une caufe, foit un feu aâuel, foit des fermentations qui pouffent des fumées chaudes. Mais le feu aftuel cff difficile à concevoir dans le centre de la terre, oià il ne peur attirer l'air qui lui eft necct faire; il y a plus d'apparence aux fermentations, quoi- qu'il faille les imaginer durables & conftantes ; car on peut fuppofer qu'aux matières qui s'ufent aflés vite, 8C qui demeurent hors d'état de fermenter , il en fuccedc toujours de nouvelles, foit par une vraye génération, foit par un mouvement qui les porte en certains endroits. Il eft même poffiblc qu'au lieu des funiées produites DES Sciences. iS par des fermentations , ce foient quelquefois des fermca- 1 667. cations aduelles qui échauiïent les eaux minérales. La chaux vive , la limaille d'acier avec du foutFre, l'écain pur avec du mercure fublimé , toutes c-es différentes ma- tières mêlées dans de Tcau commune, fermentent avec elle, & y produifent de la chaleur. Il eft vrai qu'elles ne fe trouvent pas dans le fcin de la terre , pour aller échauf. fer les eaux qui y coulent ; mais il s'y trouvera des ma- dères qui auront quelque rapport à celles-là , & qui feront propres aux mêmes effets. Il fe peut calciner dans la cerre, par exemple, des pierres, qui feront une efpece de chaux vive. Si l'on trouve encore dans tout ceci quelque obfcurité, on peut fe fouvenir que la terre nous eftjufqu'à prefent plus inconnue que le Ciel même. Ei) 166-j. 7,6 Histoire de l'A c a d e î>i i e Royale f\t <** t\j ""^ * "^ • "^ ' ** ''^ ''^ *""^ ''^4* *"*ij ''^ ''^ ^Sl« - ^ V"*^ (-^ ''^^ '"^i* ''^ f^^ •■^J *Çi» *\j m^> »^.i '1^' '\-j '\J "^J '\l^ •^ 'VJ *%^ '\^ «^jj "^> 't-^i -v» 'V' 'V' '%.* •%* u^ i^ J^ J^ J^ J^ >^ v^ vJ^ ^ '^ J^ ^ '^ >^ k^ >^ ^ v^ J^ J^ J^ A N A T O M I E. LE corps d'une femme de 25. ans fut diffequé au commencement de Février dans l'Académie par M. Gayant ,• on y remarqua les deux belles valvules , qui font à l'endroit où la veine crurale fe partage en deux, celles de la veine axillairc, enfin celles du canal thoraciquc qui font en afles grand nombre. Ces chofes-là , quoique déjà afles connues, n'étoient pourtant pas encore re- çues de tout le monde, tant une vérité nouvelle a de peine à s'établir, même quand elle peut être apperçûë par les yeux. On feringua du lait dans l'artère pulmonaire, & on le vit entrer par la veine pulmonaire dans le ventricule gauche du cœur , route qui eft manifeftement la même que celle que tient le fang. Mais ce que l'on n'eût pas deviné, c'eft que de l'air fouflc par un Chalumeau dans la même artère n'entra point par la veine dans le ventri- cule gauche. 11 ne put palTer par où le fang & le lait, quoique plus groffiers , paflent facilement ,• mais appa- remment c'cfl: cette grofliereté même qui les rend plus propres à forcer de certains partages. La nature a tout fait avec des proportions fi juftes, que le chemin d'une liqueur ne peut pas toujours être celui d'une autre. Quelque tems après on fit aufll la diffcdion de la tête d'un homme, & l'on examina avec un extrême foin la ftruifture du cerveau; mais cela nous mencroit dans un trop grand détail. Cette partie deftinéc a des filtrations très délicates du fang, & a la formation des efprits qui fonc les naoteurs de toute la machine , Se les injirumtm DESSCIENCES. 57 de la penfée , eft d'une fi fine méchaniquc, que tout l'art i66j. des Anatomiftcs n'y peut prefque rien démêler. C'eft toujours par les endroits les plus importans, que nous nous connoiiïbns le moins. MM. Pecquet, Gayant & Perrault firent auffi au mois de Mars la diflTedion du corps d'une femme morte peu de jours après être accouchée; ils découvrirent alors une communication du canal thoracique avec la veine y^^^^ j^, émulgcnte. Les expériences qu'ils firent à ce fujet , furent Mémoires, communiquées à l'Académie & publiées. '^°'"' '"-l*' Vers ce tems - là on faifait beaucoup de bruit d'une nouvelle découverte, dont les Anglois avoient toute la gloire, mais que les François perfedionnoient de jour en jour; c'eft la fameufe Transfufion du fing, fondée fur la circuiacion, qui fembloic promettre avec une in- finité d'expériences curieufes , la guerifon de toutes les maladies qui font dans lefang, & un renouvellement prefque entier de la Médecine. Cette opération qui n'a- voit été d'abord tentée que fur des Chiens , devenoit fi facile, que l'on commençoit à l'exécuter hardiment fur des hommes : quelques Philofophes porroient déjà leurs idées jufqu'à croire que par la transfufion onchangeroic les cara£leres vicieux, ic que le fang d'un Lion, par exemple, gueriroit de la poltronnerie; mais cequitou- choit encore plus tout le monde, c'étoit l'efperancede rajeunir. On examina dans l'Académie une matière fi importante. L'opération y fut faite fur des Chiens jufqu'à feptfois, & elle ne réiiffit pas comme elle faifoitcn Angleterre, & même en France chés les partifans de la Transfufion, Dans la première expérience , le Chien qui recevoir dans une de fes veines le fang qui fortoit d'une des artères de l'autre, mourut , & le ventricule droit du cœur , & la veine cave fuperieure furent trouvés pleins de fang caillé. Dans les autres expériences, celui qui Eiij " jS Histoire de l'Académie Royale 1667. reccvoit le fang écoic prcfquc toujours fort affoibli, au lieu que celui qui le donnoit fe portoic fort bien , ce qui eft encore diredemenc contraire à l'intention de la Trans- fufion. 11 parut toujours que le fang qui paflbit de l'un dans l'autre, fe cailloic dans la veine de celui qui le re- ccvoit, 8c de-làon jugea qu'il en pafloit peu. Lorfqu'on en vint au raifonncment , M.Perrault dc- fapprouva fort cette méthode , fondé principalement fur ce qu'il eft bien difficile qu'un animal s'accommode d'un fang qui n'a pas été cuit &c préparé chés-Iui-mêrae. Il faut que celui qui eft propre à le nourrir , ce fang donc il tire fes efprirs, ait palîe par les conduits & par les fil- tres de fon corps, d'autres filtres & d'autres conduits changeroient une proportion qui doit être exaâ:e,&: fi l'on oppofe l'exemple des greffes, où le fuc d'un arbre en nourrit un autre de différente efpece-, il eft aifé de ré- pondre que la végétation ne dépend ni d'un fi grand appareil de méchaniquc , ni d'une méchanique fi fine que la nutrition des animaux , & qu'on peut bâtir une cabane avec toutes fortes de pierres prifcsau hafard , au lien que pour un palais il faut des pierres taillées exprès, de forte qu'une pierre dcftinée à une voûte, ne peut fervir, ni à un mur, ni même à une autre voûte. Il fc- roit étrange , difoic M. Perrault , que l'on pût changer de fang, comme de chemife. Une marque qu'un fang étranger ne convient pas à un animal ; c'eft que celui qui étoit reçu par les Chiens croit trouvé ordinairement caillé dans leur cœur , ou dans leurs veines-, ce qui caufoit l'affûibliftcmcnt où ils tom- boicnt , car rien ne s'altère & ne fe corrompt fi facile- ment &: fi promptemcnt que le fang; & s'il y a eu des animaux qui ayent mieux foutcnu, il faut qu'ils ayenc reçu peu de fang étranger , à caufe de la coagulation qui s'eft incontinent faite dans les fiphons, on même dan; -îcurs veines , ou enfin ils ont été d'un affés bon tempe- DÊsSciENCES. J51 famenC pour fouftnr fans peine un mélange confidcrable j66j. de leur iling avec celui nu'ils reccvoicnt , ce qui ne peut tirer à confequence pour d'autres animaux. Si le fang d'un animal pafTe aifément dans un autre , ce mouvement violent d'un fang nouveau qui vient à inonder fubitcment toutes les veines de l'animal qui le reçoit, fait du moins dans fon corps le même ravage qu'une grande palFion , & il eft certain que les pallions extrêmes ne font dangercufcs , &c quelquefois mortelles que par le dérèglement qu'elles caufent tout à coup &c avec impctuoficé dans toute l'économie du corps. Peut-être les défcnfeurs de la Transfufion ne fuflent- ils pas demeurés fans réponfe; & il faut avouer même que quelques expériences leur croient fort favorables; cependant aux raifonnemcns de leurs adverfaires Ce joi- gnit l'autorité du Parlement de Paris, qui défendit la Transfulion par Arrêt , comme un remède inutile Se dangereux. M. du Hamel rapporte qu'étant à Londres M. Blondel & lui en 1669. ils virent un homme très- robufte, fur qui on avoit fait la Transfufion , pour le guérir de la folie. Il n'en croit pas moins fou , Se n'en couroit pas moins les rues qu'auparavant ; & ce qu'il avoit de plus raifonnable, c'eft qu'il fe nommoit lui- mê.Tic le Martir de la Société Royale. Ainfi s'eft évanouie la découverte de la Transfufion , qui avoit tenu afles long-tems les efprits des Philofophes en mouvement, &; leur avoit donné des efperances alTés flateufes. \6èj. 40 Histoire DE l'Académie Royale MATHEMATIQUES ASTRONOMIE. DE'S le mois de Janvier 1667.011 travailla à TAftro- nomic. Cette Science , qui, quand elle feroit inutile, tireroit toujours de fon objet une afles grande dignité , eft outre cela une des parties les plus ncceflaires des Mathéma- tiques. D'elle [dépendent la Chronologie, la Géogra- phie, &: la Navigation; c'eft-à-dirc , qu'on ne peut que par fon fecours pénétrer dans les pais éloignés , con- noître ceux même que l'on habite , & régler les dates des iiécles palTés. L'Aftronomie a encore une plus gran- de utilité ; elle ouvre le chemin au Chriftianifme chés les Nations de l'Orient, qui fcmblent avoir pour elle une paflion héréditaire tranfmife des anciens Pcrfes, Arabes , & Caldéens. Le but de toute l'Aftronomie efl: d'avoir des Tables exaûes des Mouvemcns Celeftes , &: l'Académie fe pro- pofa d'en faire de nouvelles , excitée à un travail û ne- cefTaire par les défeduo fîtes de tout ce qui s'eft fait jufqu'à prefcnt dans ce genre. Hipparque jetta les premiers fondcmcns d'une Aftro- nomie méthodique 147. avant J. C. lorfqu'à l'occafion d'une nouvelle Etoile fixe qui paroiflbit, il fit le dénom- brement de ces Etoiles, afin que dans les fiécles fuivans on pût reconnoître , s'il en paroifToit encore de nouvel- les. Ptolomcc 240. ans après , ajouta (qs Obfcrvations à celles DESSCIENCES. 4I celles d'Hipparque ; c'eft-à-dirc , que par l'avantage i66j naturel que les derniers ont toujous en ces matières , il redifia beaucoup celles d'Hipparque. Enfuite l'Aftrono- mic , par la révolution générale qui arriva dans les Sciences, fut fort négligée jufqu'au milieu du treizième fiécle, qu'Alphonfe Roi de Caftillc fit faire des Tables plus cxades que toutes les précédentes ; &C cependant elles l'étoient fi peu , qu'un grand Ailronome de ce lié- cle ayant eu le bonheur de voir toutes les Planètes en une feule nuit l'an 1660. n'en trouva pas une dans le lieu où elle eût du être félonies Tables Alphontines ; Saturne en étoit éloigné de plus d'un demi degré; Jupiter de plus d'un degré & demi; Mars d'un degré 10' ; Venus de 9' feulement,- Mercure de t. degrés ; la Lune de 19'. Dans le fiecle patTé , on s'appliqua à rétablir l'Aftro- nomic. Copernic brilla entre tous les autres, par fon nouveau fiftème, fi hardi &: G vrai femblablc; il com- mença à dreffer des Tables fur fes principes , mais il mourut , &: elles furent calculées après fa mort par Eratme Rhinold, qui les nomma Prutheniques , parce qu'elles avoientété faites en PruiTe. Elles avoient leurs défauts auffi-bien que les autres; &: en 161J. Kepler y trouva une erreur de 5. degrés fur le lieu de Mars. 11 entreprit donc de nouvelles Tables & il tira un grand fecours des Obfervations de Ticho Brahé, qui étoient en grand nombre, &: importantes, & faites avec un extrême foin. Ces Tables furent nom- mées Rodolphines, du nom de l'Empereur Rodolphe, à qui Kepler les dédia. L'erreur s'y glifla encore. L'E- clipfe de Soleil du 14. Nov. 16^9. arriva une demi- heure plutôt qu'elle n'étoit prédite par ces Tables. Mercure le 3, Mai 1660. entra dans le Soleil à 1. heu- res 10' après midi , une heure i' plutôt qu'il ne faloit, félon Kepler. La fameufc Conjondion de 'Venus avec le Soleil du 14. Nov. 1639. Phénomène d'autant-plui Hift. de l'Jc. Tome I. F 41 Histoire DE l'Académie Royale l66y. remarquable, qu'il n'arriva qu'une fois en 235. ans, Ce fie 5>. heures 40' trop tard. Les défauts des Tables Rudolphincs ont engagé divers Aftronomes à en faire d'autres ; Lamber , Durée, Boùillaud ; mais les Rudolphincs font encore les meil- leures. Par-là, on ne voit que trop la difficulté de faire des Tables. Cependant l'Académie ne laifia pas de conce- voir de grandes cfperances. On a des Obfervatton^ en plus grand nombre , &: faites en plus de lieux diffcrens que Ion n'en a jamais eu. On ades inftrumens inconnus aux Anciens, &: on les a plus parfaits qu'ils n'ont en- core été; car du tems de Kepler les Tclefcopes de 6. ou 7. picds'étoicnt rares, & on en fait prefcntementdc 60. pieds, de 100. pieds, & davantage. La Pendule de M, Hughuens marque les fécondes avec plus d'exaditude que les Horloges communes ne marquoicnt les demi- heures. Elles peut même fervir d'inftrument pour avoir les lieux des Etoiles , &: elle donne aflés fouvent ce que les inftrumens ne donneroicnt pas. Enfin à tout cela fe joint cet efprit de précifion répandu depuis peu dans- toutes les Sciences , fi propre à profiter des avantages- étrangers , & même à en faire naître de nouveaux. Pour pofer de bons fondemcns d'Aftronomic , on ne dédaigna point de commencer par la hauteur du Polc, & par la Ligne Méridienne. Il ne faut point s'i- maginer que ces deux opérations , pour être fort com- munes, foient fort faciles. Toute opération Aftronomi- quc dévient délicate, dès qu'on la veut porter à une cer- taine précifion. Peut-être que rien n'eft trop régulier dans les Cieux , du moins rien ne l'eft par rapport à nous. Nous ne fommes point au centre des mouvemens , &c par-là ce qui feroit égal en foi , nous paroît inégal. Il n'y a point de mouvement fimple, & qui ne foit com- pofé de quclqu'autrcs mouvemens inégaux entr'cux , &.' DES Sciences. 43 <5ui fe compliquent difFercmmcnt en difFerens tems. A 1661. peine dans la plupart des corps cclcftes peut-on fuppofer jde l'uniformité pour un jour. Tantôt la Parallaxe fait paroître un Aftre plus bas qu'il n'eft, tantôt la Refraûion le fait paroitre plus haut , & les deux fe mettent fou- vent enfemble , fans fe détruire entièrement l'une l'au- tre. Enfin à chaque pas qu'on fait en Aftronomie,on a , pour ainfi dire^, à fe donner de garde d'une infinité d'en- nemis, & même ce n'eft que depuis peu que l'on fait cous ceux dont il faut (c défier. Entre toutes les différentes manières qui peuvent don- ner la Méridienne, Se l'Elévation du Pôle, on choifit celles qui ne fuppofoient point d'opérations précéden- tes , où l'on eût été en péril de fe tromper. Ainfi l'on tira la Méridienne par deux hauteurs égales d'une Etoile fur FHorifon , avant Se après Lx plus grande hauteur , pourvu que les deux hauteurs de l'Etoile fuflent toujours hors de la portée des refraélions , & on trouva l'élévation du Pôle par la plus grande & la plus petite hauteur méridien- ne d'une des étoiles qui ne fe couchent point pour nous. Mais fi une efpece de pompe S>c de cérémonie peut être comptée pour quelque chofe en ces matières , rien ne fut plus folemnel que les obfcrvations qui fe firent le 2.1. Juin , jour du Solftice. Le Roi pour favorifer pleine- " ment les Sciences , & particulièrement l'Aftronomie, avoir refolu de faire bâtir un Obfervatoire, &: la place en étoi.t déjà marquée auFauxbourg S.Jacques. Comme ce bâtiment devoit être tout favant, &: qu'il étoit prin- cipalement dcfliné aux Obfcrvations Aftronomiqucs , on voulut qu'il fut pofé fur une ligne Méridienne, &c que tous fcs angles répondiflent à certains Alimuths. Les Mathématiciens fe tranfporterentdonc fur le lieu le 2,1. Juin. Ils tirèrent une Méridienne &: huit Alimuths, - avec tout le foin que leur pouvoienr infpircr des con- jeétures fi particulières. Ils trouvèrent la hauteur meri- Fij 44 Histoire DE l'A cademie R-oyale lééj. diennc du Soleil de 64° 41' au moins, ce qui donne pour la hauteur du Pôle a rObfervacoire 48= 49' 30'^ en fuppofant que la vraye déclipaifon du Soleil fut de 23° 30', &c la rcfraftion à cette hauteur d'une demie minute feulement. On trouva que la déclinaifon de l'Eguille aimentée ctoit de i j' à l'Occident. Toutes ces Obfervations furent la confccration du lieu. Les fondemens de l'Edifice furent auffi jettes cette année , & l'on en frappa une Médaille avec ces mots , SicituradAstra. * L'Académi e fit encore pendant tout le cours de l'an- née plufieurs obfervations ou raifonncmcns Agronomi- ques, toujours en vCië du grand deffcin que l'on avoir formé; mais les bornes decetteHiftoire nous défendent tout ce qui auroit trop l'air d'un Traité fur quelque Science , & nous renferment dans ce qui appartient le plus particulièrement à l'Académie, & dans ce qui peut être le plus Cngulicr. Parles mêmes raifons nous paflerons fous filence tout ce qui fut dit fur les Centres de gravité, fur les Tan- gentes des Lignes Courbes, fur les Qucftions où il s'agit de trouver les plus Grands &c les plus Petits,- toutes ces matières font trop géométriques : & d'ailleurs comme elles fe traitent aujourd'hui par des méthodes encore plus fîmples , il n'eft plus guère qucftion de rappeller les an- ciennes méthodes , dont toute la gloire efl: d'avoir fervi de degré pour paffer à d'autres plus aifées &c plus générales. D E s s C I EN C E s. 4J' wwJTîwmww w w m mw w www m wwm ÂNNE'E MDCLXVIlT ,. P H I S I Q^U E. ~r ' kxPERIENCE D V F V I DE. LA fameufe Expérience de Torricelli ayant donné l'idée qu'il pouvoic y avoir un efpace vuide d'air, M. Gcricke de Magdcbourg inventa une Machine qui avoic un Récipient d'où l'air Ibrtoic entièrement. Là , fe voyoicnt pluficurs effets nouveaux , &r imprévus, pro- duits par rabfcncc de l'air , qui n'avoir jamais été éprou- vé , & les corps mis dans ce Récipient étoient comme tranfportés dans un Monde différent de celui-ci. Chaque jour la Pliilique s'enrichiffoit de quelque obfervation nouvelle fur les effets de l'Air; car rien ne le fait ii bien connoitre que ce qui arrive dans les lieux oià il n'cft pas. L'extinction du fon dans le vuide, &c le bouillon- nement des liqueurs , font des phénomènes trop connus prefentement pour être rapportés ici ; nous ne parlerons que de quelques Expériences plus particulières. I. Un Goujon mis dans un vaifleau plein d'eau, ne mourut point quand on eut tiré l'air du récipient; mais dès qu'on l'y eut laiiTé rentrer , il tomba au fond de l'eau , &c y demeura toujours. Il étoit impoffible qu'il en fortît , parce que quand on avoir pompé l'air, fa veffic s'en étoit vuidée , ainfi qu'on le reconnut enfuite par la diffcûion ; & l'on fait que les poiffons ne peuvent monter dans l'eau, que quand leur vefTie prenant plus Fiij 1^68. 4^ Histoire de l'Académie Royale Jé6Î- d'air qu'elle n'en avoir, leur corps entier devient tant foie peu plus léger qu'un volume égal d'eau. i. On voulut voir Ci la chaleur pafToit dans le vuide. On mit du beurre fous le récipient, &c l'air étant pom- pé, on mie au-dellus du récipient uue cloche de fer bien chaude, &: au bout de j. ou 6. minutes le beurre n'é- toit point fondu, quoique le récipient lui-même fût de- venu fort chaud. Il cft vrai qu'en approchant d'avan- tage le beurre du haut du récipient, de forte qu'il n'en ccoit plus qu'à 3. doigts , il commença à fe fondre; mais il fe fondit bien plus vite, lorfqu'on laifla rentrer l'air, quoiqu'cn mêmctems on oftàt la cloche. C'eft que l'air alla s'échauffer contre le récipient, & comme il eft d'une certaine groflicreté , il ctoit bien plus propre à agir fur le beurre que cette matière fine &: délice , qui tenpit la place de l'air dans tout cet efpacc. 3. On renferma dans le récipient un petit vaifTean plein de terre , où l'on avoir femé des graines de plantes , qui commençoient à lever, &: un autre petit vaificau plein d'eau, où trempoit une petite branche d'une plante avec fcs fîeurs. On pompa l'air , Se au bout de 2.4. heu- res, rien n'étoit changé en aucune façon. Le récipient ayant été cxpofé au foleil, les fîeurs qui en furent frap- pées, léchèrent aulTi-tôr. Il s'étoit élevé de la terre d'un des vaifTeaux , des vapeurs qui s'étoient attachées aux ■^ parois du verre , en forme de petites gouttes d'eau. Au bout de 8. jours, il y avoir au fond du récipient une grande quantité d'eau affés confiderable. 11 parut d'a- bord étonnant que les vapeurs pufl'ent s'élever dans le vuide , où les chofes les plus légères , comme de très- petites plumes , tombent aulfi pefamment que du plomb, ce qui marque l'extrême délicateire dt- la matière con- tenue dans le récipient. Mais il efl: certain d'ailleurs qu'il s'y forme de l'air , quand on y enferme quelques corps; car tous les corps contiennent de l'air, qui n'en Ù E s Se I E NC E s. 47 peut fortir, prcfle , comme il cft, par le poids de l'air jé6$ extérieur; mais dès qu'il en cft décharge dans le vuidc, il s'exhale peu à peu, & forme dans le récipient un air qu'on appelle artifcicl ^ Se qui a différentes qualités fé- lon les differens corps d'où il eft forci. Son poids fait re- monter dans le vuide le Mercure , qui écoit entière- ment tombé, lorfqu'on avoir tiré l'air. OBS EKVATIONS SVR LA CHAVX. AU commencement de cette année, un homme ha- bile en Phifique &:en Archite£l:ure, pria l'Acadé- mie d'examiner un Livre qu'il avoir fait fur la prépara- tion de la Chaux ,■ matière importante pour l'Architeélu- l'e , &;quicn mcmc-tcms donne lieu à pluficurs obfcrva- tionsdc Philique. MM. Perrault & du Clos furent char- gés de faire leurs remarques fur cet ouvrage: & voici ce qui refulte , tant de l'Ouvrage que des remarques. La Chaux cft une pierre que l'on a mifc en fufion ,afin qu'elle ferveà joindre &: a fonder enfemblc d'autres pier- res le plus fortement qu'il cft poftible ^ &: par confe- quent toute la préparation de la chaux fe rapporte à en faire un tout bien lié. D'abord , la meilleure chaux cft celle qui fe fait d'une pierre fort dure. Une pierre eft compofée de terre, de fel, &:dephlegme. La terre eft d'elle-même feche, fria- ble, & légère, le fel eft compaéle, & pefant ,1e phlegme eft fluide , &fert à introduire le fel dans la terre, & à l'y arracher. Ainfi la dureté d'une pierre dépend d'avoir beaucoup de fel fixe, & feulement autant de terre qu'il faut pour recevoir le fel, &: autant d'humidité qu'il eft neccflairc pour lier le fel & la terre. Ce qui rend le plâ- tre fi peu propre à faire de la chaux , c'cft qu'il contient 48 Histoire DE l'Académie Royale 166S. beaucoup plus de terre que de f:l fixe, & qucmêmecc fcl eft mal lié par un flegme trop grolfier. De-là vient que le fel du plâtre cft fi aifcmcnt diflbus par l'eau ou par l'humidité qui eft dans l'air, après quoi les parties du mixte n'ont plus de lien commun. Et peut-être cft ce par la même raifon qu'un enduit de plâtre refiftera mieux à une chaleur modérée que celui qui fera de chaux; car il fe peut que cette chaleur ne fera que difliper l'humeur fuperfluë du plâtre, au-licu que comme il n'y en a point de fijperfluc dans la chaux , dès que le feu la raréfie un peu trop , il ruine la liaifon des parties du mixte. La chaux des pierres de roche, & même celle du mar- bre cft excellente , &: l'Auteur du Livre rapportoit qu'à Lyon , les enduits des murailles de clôture , qui font faits de chaux de marbre , deviennent comme une efpecc de maftic , quoiqu'ils ne foient appliqués que fur de la maf- fbnneric de terre II difoit aufti qu'il avoit trouve dans un Village auprès de Fontainebleau, nommé Champa- gne, une pierre dont on faifoit la meilleure chaux qu'il eût encore viàë. Il eft bon que les pierres qu'on veut calciner demeu- rent, pendant quelques années, expofées à l'air, foit pour y exhaler quelque humidité trop terreftres qui peut nuire à l'union des principes , foit pour recevoir quelques fels volatils de l'air qui s'uniffcnt volontiers avec des fels fixes , & augmentent leur foliditç. Quand on cuit la pierre dans le four , il faut donner d'abord un feu modéré , de peur que l'humeur groflierc qui s'envole, n'enlevé avec elle les fels volatils. Mais cette humeur une fois évaporée , il n'y a plus aucun in- convénient à craindre d'un grand feu; au contraire, il rend les particules de fcl &: de terre plus déliées & plus fubtiles , & par- là les difpofe à s'unir plus étroitement: car plus les parties d'un compofé font petites, plus ce compofé eft folide & plein. Il cft ttps-vrai-femblablc que le? DES Sciences. 49 les Cels volatils du bois fe joignent aux fels fixes de la lôiS, chaux , ce qui fait encore à la folidité du tout. Puifque les pierres fe déchargent par la calcination de toute leur humeur grofllere , elles doivent perdre de leur poids ; mais elles n'en doivent perdre qu'un quart, ou tout au plus un tiers , autrement ce feroit une marque qu'elles auroient beaucoup de cette humeur , Se peu de fel fixe mêlé avec une terre trop légère. Après que la chaux ell cuite, elle fe gâte à l'air, non qu'elle perde de fes fels, au contraire, M. du Clos af- furoit qu'elle en acquiert de nouveaux ; mais parce que l'air refout les fels fulphurés , de forte qu'en fe relâchant ils abandonnent les parties terreftres qu'ils tenoient em- braffees , &: les laiffent aller en poufliere. Pour prévenir cet inconvénient, l'Auteur du Traité propofoit qu'on fit apporter à Paris les pierres dont on fait la chaux , & qu'on les y fit cuire pour les éteindre dans le moment , au lieu qu'en apportant la chaux de loin on lui fait perdre beaucoup de fa force. Le meilleur cfl: donc de l'éteindre , dès qu'elle eft cuite. Eteindre la chaux , c'eft y exciter par le moyen de l'eau une efFervefcence , qui ne fépare fes particules les unes des autres, que pour les mêler enfuite plus exademenf. Ainll il faut continuellement remuer la chaux , tandis qu'on l'éteint , afin que l'efFervefcencc foit égale par tout ; éc outre l'eau qui y a été verfée d'abord , il faut encore y en verfer beaucoup, tant pour empêcher l'évaporation des fels qui font dans un grand mouvement, que pour reprimer la violence de leur aftion , qui eft tel que fans ce frein ils entreroient en trop grande quantité dans quelques parties de terre, s'y fixeroient , &formcroicnc de nouveau de petites pierres afiTés dures > &c trop groffes pour fe joindre bien étroitement. Quelquefois de trcs-bonne pierre réduite en chaux , •comme celle de ce Village de Champagne a été un jour /////. de CAc. Tom /. G yo Histoire DE l'A cadëWïe Royale l66î. entier dans de l'eau froide fans qu'il fe fit aucune efFcr- vefccncc, &: il s'en faifoit auflî-tot avec de l'eau chaude, apparemment parce que la feule calcination avoitdéjafi bien lié les principes , que l'eau froide n'avoit pas la force de les pénétrer. Quand la chaux eft éteinte , il la faut couvrir de terre, & la préferver de VzOùon de l'air. Celle qui a été Je plus long-tems gardée en cet état, cil la meilleure. 11 fc fait alors une fermentation lente &: infcnfible des partie les plus délicates, qui achevé ce que la première avoir commencé. Aufli les Romains n'cmployoient à leurs bâcimens que de la chaux éteinte trois ans auparavant pour le moins. 11 faut pourtant excepter les bàtimens qui fe font dans l'eau ; la chaux nouvellement éteinte y eft la meilleure , parce qu'ayant encore un reftc de cha- leur , elle prend promptcment ce qu'il lui faut d'humi- dité , après quoi elle n'en reçoit plus. Sur la manière de faire le mortier ou le ciment , nous n'avons rien d'affés particulier à remarquer. EXPERIENCE POVR DESSALER L'EAV de la, Mer. UN homme qui prétendoit avoir trouvé le fecretde dcflaler l'Haudela Mer, bc de la rendre bonne à boire, vint en faire l'épreuve à l'Académie, & lui de- mander une approbation, qui l'eût fort autorifé. 11 mk de l'eau de la mer dans descucurbites de plomb, &: par le moyen d'un feu de lampe allumé fous les curcubites, il tiroit effcdivemcnt une eau prcfque douce , où il jet- toit un pni d'un certain fel. C'étoitdans ce fclquecorv- iiftoit le plus grand miftcre , c'étoit ce qui rendoit l'eau falubre. Le Chimifte prcflc par l'Académie d'en déclarer D E s s C I E N C E s. ' " y,^^ îa nature , après avoir iifc de quelques détours , &: parlé i (jiJS. quelque tems en Chimiftc , dit enfin que fon fel écoic ciré d'eau de rivière. L'Académie , en fuppofant mérn-e la vérité d'un aveu fort fufpcét , jugea que la manière dont ildeflaloit l'eau de la mer, feroit d'un trop grand emt>arras dans un vaiffeau , par rapport à la petite quan^? t'tté d'eau douce qui en venoit, car en cette matière , la commodité des Mariniers, &: la faciliré de la pratique, eft préférable à l'expérience du monde la plus curieufe. On lui objcda d'ailleurs une autre méthode propoféc par M. Othon de Cacn,qui étoit plus courte, & quifoiir- niffoit en même-tems une plus grande quantité d'eau. Celle qu'on venoit de faire conduifit à des raifonne- mens. M. du Clos fit remarquer qu'on ne peut ôtcr a. l'eau delà mer fa fakue, que par diftillation , tranfco- lation, ou précipitation. Les deux premiers moyens imi- tent la nature qui deflale l'eau de la mer, ou en l'éle- vant en vapeurs dans les airs , ou en la faifant palier dans certains endroits de la terre , à travers des fables qui la filtrent. Se arrêtent fon fel. Quant à la précipi- tation, il n'eft guère poffible qu'elle fafle un bon effet, car le fel de la mer ne fc précipiteroit que par un autre fèl qui lui donneroit un autre mauvais goût ,& ce feroic toujours fel pour fel. Il ajoiitoit que l'eau de la mer feroit très-faine, fi elle croit deffalée ; que même fans l'être, elle avoir guéri, ielon le rapport de Lacut Portuguais , l'hidropifie d'un homme , qui avoir été obligé d'en boire dans un Vaiffeau où l'eau douce manquoir : que cela revient à ce que Fioravanti affure qu'elle cft très-bonne pour les hidro- piques étant diftillée, & qu'il n'en faut que très - peu pour empêcher l'eau commune de fe corrompre, -, Gij Ié6î. ft Histoire de l'Académie Royale A N A T O M I E- L'H I s T o I R E des Animaux, auilî-bien que celle des-- PlanteSjCft d'une étendue prefque immenfe,&: ce font proprement ces fortes d'ouvrages qui n'appartiennenc qu'à des Compagnies , parce qu'elles font immortelles &c qu'ellespeuventdifpoferd'autantdefiéclesqu'illeurenfaur. On fit cette année l'Anatomie d'un Renard , de deux HerifTons , Se de plufieurs Porc - Epies , d'une Choiictte, d'un Blcreau , d'un Ours, d'une Fouine, d'un Caftor,d'un Caméléon , d un Dromadaire , &c. Le premier Animal étranger difTequé par l'Académie, fut le Caftor. M. Marchant, qui étoit auffi grand Ana- tomifte , en monta le Squelete , &c ce fut le premier de la Salle des Squeletcs : dans la fuite on inftruifit un particu- lier qui fe rendit adroit pour ces fortes d'ouvrages. Les Defcriptions des plus confiderables de ces Ani- maux , & celles en mêrae-tems quiétoient les plus exades & les plus fures, ayant été données au public , nous ne rapporterons point un détail d'Anatomie qui feroit in- fini. Seulement pour en donner quelque idée, nous re- marquerons ce qu'il y a déplus fingulier , & déplus pro- pre à chaque Animal. 10. Quoique le Porc - Epie , &c le Heriflbn ayent été compris par les Anciens fous le même genre, on a trou- vé entre-eux des différences fort eflentielles , & par les parties de dehors, & par celles de dedans. Ils n'ont rien de commun que les éguillons dont ils font armés. Mais ceux du Porc- Epie font beaucoup plus longs à propor- tion de fon corps que ceux du HerifiTon; aufli quelques- ims crurent -ils que le Porc -Epie pouvoir lancer les fiens, ce que le Heriffon ne fait pas. Le Porc-Epicn'a DESSCIENCES. ' j-j pas feulement, comme la plupart des autres Brutes, des i66%. mufcles qui fervent à remuer &: à fecouer toute fa peau ^ il en a de plus quatre pour remuer feparémcnt difFerens endroits de la peau. Le HerifTon n'a qu'un mufcle qui fait approcher fa tête du derrière, &c ramalTe coût fon corps en une boule. En cet état il eft couvert de fes éguil- lons de tous côtés , & les Chiens ne fauroient le prendre fans fe piquer. i. On trouva à l'Ours j6. petits reins , aftucllemenc divifés, &c dont chacun avoit fa veine émulgentc, fon artère émulgcnte , & fon uretère. Peut-être ce grand nombre de reins , qui doivent évacuer beaucoup de fe- rofités , reparent-ils le peu de tranfpirarion qui fe fait dans rOurs , à caufc de l'épaiffeur de l'habitude de fon corps , ou de la grande quantité de poil dont il eft cou- vert. L'eftomac de cet animal eft fort petit, fcs inteftins fort étroits, fon foye & fa ratte ont peu de capacité; ainfi voilà bien des chofes qui manquent à la ftrufture méchanique pour une parfaite coftion des alimens : ce- pendant l'Ours mange de tout, 8c digère tout avec une égale facilité; &: d'ailleurs il ne fcroit pas fi vigoureux & fi agile qu'il eft, à moins que fes efprits animaux ne fuflfent fort abondans & fort fubtils. De-la , on jugea que le tempérament de cet animal eft excellent, & que les différentes liqueurs, neceffaires à la vûë, doivent fe former en lui avec une facilité, &c dans un perfeârion , qui ont difpenfé la Nature d'apporter plus de foin à la méchanique des parties. Peut-être auffi la petiteffe des or- ganes delà codion dans l'Ours font-ils aidés par le défaut de tranfpirarion : car on obferve qu'en hy ver &c dans les pays froids où l'on tranfpire peu, l'on digère beaucoup mieux. 3. Le Caftor fcmble être par-devant un Animal de terre, & par-derriere un Animal aquatique; car les cinq doigts de Ces deux pies de derrière font joints par une Giij f4 Histoire DE l'A cademie Royale l66î. membrane, commcauxpiés d'une Oyc , & fa qucuë cft couverte d'écailies, & d'une chair aflesCemblable à celle des gros PoifTons Aufli le Caftor aime à avoir Ces pics de derrière & la queue dans l'eau, partageant en mcme- temsfon féjour entre l'eau & la terre. Il n'cft point vrai, comme l'ont dit les Anciens, que le Caftor pourfuivi par les ChalTeurs, s'arrache &: leur abandonne les parties cij eft contenu le Cafioreum , matière fi utile dans la Mé- decine , & pour laquelle il fait qu'on le pourfuit. Elle eft renfermée dans des efpeccs de poches fituces au-bas des os-pubis, & qu'il nepeuts'arrachet. Elles font au nom- bre de quatre, &c une liqueur pafîe apparemment de l'une dans l'autre pour fe perfectionner par différentes filtrations. On a mandé de Canada, que les Caftors font fortir de cette liqueur , en prefTant avec la patte , les vef- ficules qui la contiennent, qu'elle leur redonne de l'ap- pétit lorfqu'ils font dégoûtés , & que les Sauvages en frotenc les pièges qu'ils leur tendent, pour les y at- tirer. 4. L'Hiftoire naturelle des Anciens , allés fujette à être fabuleufe , l'eft fingulieremcnt fur le Caméléon. Il feroit ridicule de réfuter ce qu'ils on dit , qu'on excite des orages avec la tête de ce petit animal, qu'on gagne des procès avec fa langue, qu'on arrête des rivières avee fa queue; mais il n'efl: pas plus vrai, quoique plus pro- bable &: plus établi , que le Caméléon prenne toutes les couleurs dont il approche, hormis le blanc ,& qu'il ne vivent que d'air. Le Caméléon change de couleur, à la vérité , mais c'cft félon fcs différentes paillons, car il abonde en bile, c'cft félon qu'il eft, ou à l'ombre, ou au grand jour, ou au folcil , enfin ce n'eft qu'en certaines petites éminenccs femées fur fa peau; mais pour les cou- leurs des objets voifins , le Caméléon qu'on obferva à l'Académie, ne prit jamais celles des différentes étoffes 0.14 il fut envelopé exprès ■■, feulement il fe teignit une fois D ES .Se IENCE3. ,' - j j âc bîanc dans un linge où il avoir été i. ou 3. minutes ; 166Î. mais comme cela n'arriva plus dans la fuice , &: qu'il faifoit aflésde froid ce jour là, on jugea plus vrai-fem- blable que le froid l'eût fait pâlir. Au lieu de fc nourrir de l'air &: des rayons du folcil , il eft très-certain qu'il avale des mouches &: des vers; &c pour les attraper, il darde avec une vîtcfTe étonnante fa langue hors de fa gueule , jufqu'à un efpace de fept pouces , & la retire avec la même promptitude, ce qui lui étoit neceflaire pour recompenfer l'extrême lenteur de fon allure, qui ne lui eut pas permis de pourvoir fuffifamment à fa fubfiftance. Il femblc aufli que par la même raifon, & par une fuite de cette recompcnfe qui lui étoit due, il a des yeux qui ravcrtiflcnt de ce qui eft autour de lui, plus fldellemenc que ne four ceux de tous les autres animaux. Car ils ont Un mouvement tout-a-fait indépendant l'un de l'autre; l'un fe tourne en devant, pendant que l'autre eft tourné en arrière ; l'un regarde en haut , pendant que l'autre re- garde en bas , Se ces mouvemcnsoppofés, font extrêmes en même-tems ; de forte que rien n'échapeniàfcs yeux, ni à fa langue. Le Caméléon a encore cela de particu- lier, que par un mouvement différent delà refpiration, il s'enfle & fedefenfle, jufqu'à avoir quelquefois deux pouces depuis le dos jufquau deftbus du ventre, &c quelquefois un. Cette enflure n'eft pas feulement de la poitrine & du ventre , elle va jufquaux jambes & à la queue. C'eft ce qui a fiit direàThcophrafte , que le pou- mon du Caméléon s'étend par tout fon corps; & en effet quand on foufîla dans l'âpre-artere du Caméléon mort, une affés grande quantiréde membranes, qui ne fe dif- cernoient point auparavant, parurent, & formèrent des veffies enflées de vent, qui n'étoient autre chofe que des produdions du poumon. y. La boffe que le Dromadaire a fur le dos , ne pa- rut prefque formée que par le poil , qui en cet endroit fc 5^ Histoire de l'Académie Royale ïâëî. tient élevé, quoiqu'il foie fort doux, & fort mol. Cet animal a quatre ventricules , diftingucs par quelques rc- treciflements , comme ceux des autres animaux qui ru- minent ; on trouva au haut du iccond ventricule plu- fleurs ouvertures qui étoient l'entrée d'environ vingt ca- vités placées entre les deux membranes dont ce ven- tricule eft formé : &C s'il cft vrai que les Chameaux mettent de l'eau en referve dans leur corps , parce qu'ils font fujets à en manquer dans les Deferts arides de l'A- Cie i c'cft apparemment dans ces facs qu'ils la gardent. Peut-être encore ont-ils l'inftind de troubler toujours l'eau avant que de la boire, afin qu'étant plus fangcufe &c plus pefante, elle fe garde plus longs-tcms dans ces refervoirs , ÔC paffe plus tard dans l'eftomac. B OTAN I Q,UE. L'A c A D E M I E ayant refolu de faire une Hiftoirc des Plantes , M. du Clos donna un Mémoire fur la manière dont il croyoit qu'on y dût travailler. Après avoir rapporté toutes les chofcs purement Bo- taniques , aufquels , il faloit faire attention , la figure de la Plante , fon genre , fon efpece , fa culture , ôic , il ve- noit aux moyens d'en découvrir les propriétés. Le plus fimple Se le plus facile de tous , cfl: d'en ti- rer la décodion. On la mêle avec une dilTolution de Vitriol de Mars , ou de Sel de Saturne, &:c. & par ce mélange on juge du fel de la plante. La maxime générale eft que les Plantes dont les fels fulphurés font plus ter- reftrcs, teignent ces difiblutions d'une couleur plus noi- re, & quelquefois même précipitent la matière difToute. Par-là, onrcconnoîtqueles fels de l'Ortie, delà Sauge, 'de l'Ecorce de Grenade, de la Noix de Galle, font des fouft'res DES. Se lENCE S. ^7 fouffrcs fort terrefties , que ceux de la Betolne de la 166^. Véronique, de l'Alchimille, &: de quelques aucres her- bes vulnéraires , font plus lubtils , mais non-pas cane que ceux du Romarin &: de la Lavcnde, qui n'akcrenc point du tout la diiïoiution de fcl de plomb. En faifanc ces Expériences , on trouve quelquefois en fon chemin les caufes évidentes des vertus de quelques herbes ; par exemple , quand on voit les Vulnéraires précipiter le plomb dilTous dans du Vinaigre, il cft clair que c'eft qu'elles abforbent les pointes du vinaigre, & elles doi- vent abforbèr de la même façon les Acides qui fcroienc dégénérer les playes en ulcères. Voilà tout le miftcre de leur adion découvert. Un fécond moyen, & encore fort naturel de connoî- tre la conftitution des Plantes , c'eft de clarifier, &r d'é- vaporer en partie leurs fucs , &: de les lailTcr enfuite dans un lieu frais, où ils fe mettent deux-mêmes en pe- tits Criftaux , qui font les véritables fels de la Plante; car on ne peut les foupçonner d'être altérés , puifqueni le feu, ni aucun autre agent violent n'a pris part à leur formation. Aufli a-t'on donné au fel qui vient de cette manière , le nom è^ejfentiel. Dans les herbes ameres , comme la Fumeterre, le Chardon- bénit , &c. ce fel ref- femble au falpétre , &: fulmine fur les charbons. Dans les herbes ou fruits acides , comme l'Ofeille, l'Epine- Vinette, les Grofeilles rouges, il eft aigre, Sireffemblc au Tartre du Vin. Enfin fi on veut connoître la Plante plus à fond, il faut ufer d'une plus grande violence, & aller jufqu'à défaire entièrement le compofé. Mais le même agent, qui eft aft'és fort pour féparcr les Principes , l'cft trop pour ne les altérer pas un peu en les fcparant, & on ne peuc guère s'afiurer de les avoir tels que la Nature les avoic employés. Ccuxquel'on peut croire qui ontreçùle plus grand changement, font les fels fixes qu'on ne tire que Hiji. de l'Ac. Tome I. H 58 Histoire de l'Académie Royale. 166S. P^r leflivcs après lacalcination. Il fc peut même que ce ne foienc pas des principes difFerens des autres, &: que ces fcls fi opiàtremcnc attaches à leur mixte, ne foienc que des particules terrertres, aufquclles l'huile s'eft liée plus fortement par la chaleur, &: où elle a engagé des î'els volatils qui n'en peuvent plus Ibrtir, Quoiqu'il en foit, M, du Clos jugeoic de ces fels fixes, ou alkali par les teintures qu'ils donnent à certaines difToiutions. Ceux de ces fcls qui produifcnt des couleurs plus obfcures , il les prenoit pour être plus tcrreftrcs. Il fut arrêté que dansl'Hilloire des Plantes , M. Mar- chant qui en étoit particulièrement chargé, fuivroitles vues de M. du Clos. Après qu'on eut traité les Plantes d'une manière Bo- tanique , Se Chimique , on vint à les confiderer Phifi- quement, & l'on tomba fur une matière dont M. Per- rault avoit fait la première ouverture dès l'année précé- dente. C'eft la Circulation de la Sève. M. Mariottcreçû depuis ce tems-là dans l'Académie, avoit eu la même idée, & s'y étoit confirme par pluficurs expériences ,& plufieurs raifonnemens. Tous les deux propoferent à la Compagnie leurs vues, que nous rapporterons fans dif- tinguer ce qui appartient à l'un , d'avec ce qui appar- tient à l'autre. De quoi fcrviroient ces partages fi cxads , entre deux hommes de la même focicté , & , qui plus cfl: , de la même opinion > D'abord l'Analogie delà Circulation de la Sève à celle du fang a quelque chofe de il naturel , qu'elle en efi: pref- quc fcdiiifantcs , &c il femble qu'on ait à prendre garde d'en êire plus touché qu'il ne faut. Mais quoique ce ne foit là qu'un préjugé, il faut avouer que c'efl: un préjugé digne de prévenir les Philofophes jufqu'à un certain point. Puifque la Nature nourrit les Animaux par le moyen d'un fuc qui circule, elle pourroit bien en ufer de même à l'égard des Plantes; plus une manière d'agir DES Se I ENCE s. J9 eft générale , plus elle cft de Ton génie , & ceux qui l'onc i66î. iuivie long-tems dans fcs opcrations & dans fcs démar- ches, peuvent diltinguer avec quelque forte de certi- tude ce qui eft de fou caraclerc , ou ce qui n'en eft pas , à peu près comme l'on ;uge de ce qu'un homme que l'on connoît bien cil: capable, ou incapable de faire. II eft vrai que pour ;ugcr ainfi de la nature, il faut avoir acquis avec clic une familiarité que tout le monde n'a pas. A parler plus philofophiquemenc, il ne paroît pasquc des fucs, qui ont befoin d'une préparation & d'une coc- tion alTés parfaite, la puifTenc recevoir à moins qu'ils ne circulent; & en effet quantité d'expériences perfuadenc cette circulation, ou du moins s'y accordent. Si on coupe une petite branche qui ait une branchctte à côté, & qu'on trempe la branche dans l'eau par l'ex- trémité de fes feuilles feulement, la branchctte qui ne touche point à l'eau, feconfervera verte trois ou quatre jour; elle pourra même croître & pouffer des feuilles. Cela fait juger que l'eau qui entre par les extrémités des feuilles coule jufqu'au bout de la tige : & voilà déjà le mouvement d'une liqueur qui va des feuilles vers la ra- cine, au lieu que l'on ne conçoit ordinairement le mou- vement de la fève que de la racine vers les feuilles. De plus, il faut que cette même eau remonte du bas de la tige pour entrer dans la branchctte qui cft à côté de la branche , &c c'eftuneefprce decirculation. On peur obfcrver fur de jeunes plants de Melon , couverts d'une cloche de verre très -clair, que lorfque le folcil eft fort ardent, il s'attache des gouttes de rofée à leurs f milles , qui demeurent très-vertes , &c trcs-fcrmcs j mais il ne s'y attachera plus de rofée, fi on levé la cloche, &c les feuilles fe flétriront un peu. Ce n'eft pas qu'elles foient plus échauffées qu'auparavant , au contraire, elles a'ont plus les vapeurs chaudes du fumier , &c le vent lc$ 6o Histoire DE l'A cademie RovAtE \66%. rafraîchit-, mais elles manquent de cette rofée qu'elles recevoicnt , & qui les nourrifToit en paffant dans leurs petits canaux. Le fuc attiré par la racine ne fuffit donc pas aux Plantes, il leur faut encore celui qu'elles tirent par leurs feuilles , &: ces deux fucs doivent avoir des mouvemens contraires , l'un , du bas de la Plante vers le haut , l'autre du haut vers le bas. On ne découvre rien de nouveau dans la Nature , fans découvrir en même-tems plufieurs traits de la fageffedc fon Auteur. Dès que l'on s'appcrçoit que les feuilles ti- rent de la nourriture pour la Plante, on voit que celui qui les a faites plates & minces , a voulu qu'elles euffenc beaucoup de fuperficie pour tirer plus de fuc. On voie encore que celles qui paroiAcnt velues , & armées de petites pointes, ont efïcdivement une infinité de petits tuyaux , qui leur ont été donnés pour mieux fucer la pluye &: la rofée. Et ce qui confirme beaucoup cette conjec- ture, c'efl: que les herbes aquatiques , comme le Greffon, & le Nénuphar, qui tirent affés d'eau par leur racine feule, ont leurs feuilles polies & luifantes. Enfin on com- prend pourquoi les rofées font fi abondantes dans des pais où les pluyes font rares. Au défaut de la pluye qui entrant dans la terre, nourriroit les plantes par la ra- cine, la rofée nourrit la plante par les feuilles, & va par cette route jufqu'à la racine. S'il y a dans les Plantes deux fucs qui ayent des mou- vemens contraires, comme le fang artériel, & le fang vcneux dans les Animaux, il pourra arriver quand on coupera une plante par la tige, qu'il ne fortira du côté du tronc que le fuc qui va de bas en haut, de la racine vers les feuilles, & que de la partie féparée il ne fortira que le fuc qui va de haut en bas , des feuilles vers la ra- cine, de même façon que quand on coupe une partie d'un animal , il ne fort du côté du tronc du corps que le fang artériel pouiïé par le cœur vers les extrémités , &: D ES Se I EN C ES. 6l de la partie féparéc du tronc il ne fort que le veneux, i66S. qui alîoic des extrémités au cœur. C'eft ce qu'on a vu par expérience dans les Plantes qui étant coupées rendent beaucoup de fuc, comme le Tithimales , la Chelidoine , la Dent de Lion , &c. le fuc qui coule de la partie féparéc où font les feuilles, eft plus aqueux ,&: en méme-tems plus abondant, que celui qui fort du côté du tronc. Il eft plus aqueux , tant parce que le fuc qui retourne des feuilles vers la racine , eft celui qui ne s'eft pas trou- vé affés cuit pour nourrir la plante, que parce qu'il fe mêle avec le fuc étranger que la plante a fucé par Ces feuilles; &c l'on voit ailes qu'il n'cft plus abondant que par cette dernière raifon. Ce fuc aqueux qui defcend des feuilles vers la racine pour y être cuit èc digéré , eft le Cliile de la Plante. Si une plante étant déjà coupée, on coupe encore fa tige un doigt au-deftbus de la première incifion, il y aura en- core du fuc qui montera , mais il n'en defcendra que très- peu , puifqu'il n'y aura plus de branches ni de feuilles pour en fournir. Ce fera tout le contraire, fi on fait une nou- velle incifion un peu au-deiTus de la première. Mais les canaux où coule le fuc qui monte , Sc celui qui defcend , font-ils diftcrcns comme les veines &c les artères > 11 y a plus d'apparence qu'ils le font. L'écorce qui conduit la nourriture dans les plantes , eft vifiblcment double dans la plupart , & même les deux écorces ont des faveurs fore différentes , marques prefque infaillibles de deux fucs de qualité différente, SC par confequent de deux fortes de canaux. Mais il y a plus que des conjecture ; un Pavot à fleur double coupé 3. ou 4. doigts au-deffbus de la tête lorfqu'il commence à meurir , jette un fuc fort blanc de bas en haut , 8c un jaunâtre de haut en bas. Il faut pour la circulation que les tuyaux differenS ayent enferable quelque communication , enforte que le Hiij 6t Histoire' DE l'A cademie Royale i66B. ^^^ ^^^ tuyaux montans puifTc paffcr dans les defcendans'. &: pour parler encore plus hardiment, des artères de la plante dans fes veines. Mais la ftrudure de ces tuyaux dépend d'une connoidance plus exaâ;c &: plus parti- culière. La Circulation de la Sève devoir bien effuyer quelque contradicVion , après que celle du fang en avoir tantcf- fuyé : il eft afTcs-naturelde nepascroircaifément ce qu'on n'a pas encore crû , & qui a été trouvé par un autre. M. du Clos oppofa au fentiment de MM. Perrault 8C Mariotte des difficuhcs qui n'étoicnt pas invincibles: l'Académie étoit naturellement juge encre les deux par- ties; mais comme une grande partie de la fagcfle con- flftc à ne point juger, elle prononça que la matière né- toit pas encore aflcs éclaircie. 11 faut attendre qu'on aie un alfés grand nombre d'cxpcricnces & de faits , pour en tirer quelque chofe de général ; on eft prciïe commu- nément d'établir des Principes , & l'cfprit court au fiftéme; mais on n'en doit pas croire entièrement cette ardeur. Depuis ce tems-làMM. Perrault & Mariotte, dans leurs EfTais de Phifique, ont appuyé leur opinion par des raifons nouvelles. Une plante ayant été arrachée de terre avec toutes Çç^% racines, dont une partie rrcmpoit dans un vaiiTcau plein d'eau, celles qui ne touchoicnt point à l'eau nelaiffbient pas de croître comme les autres, & de pouffer de nou- velles fibres; ce qui prouve que les racines mcmecroif- fent en partie par un fuc aqueux qui leur vient du hauc de la plante. Qiiand on courbe jufqu'en terre une branche de Vigne ou de faule, & qu'elle y prend racine, il faut bien qu'il y ait un fuc qui parte de la nouvelle racine , & qui fe rheuveà contre fens de celui qui coule du tronc de l'ar- bre dans cette branche courbée. D E s. s C I E N C E s. . ^°^^ tirés, parce qu'ils font plus acres. La fcchcreffe vient des cfprits acides & mercuricls , ou des particules terreftres. C'eft pourquoi le verjus , &; le vinaigre fe glacent facifemcnt. Au contraire les li- queurs empreintes d'efprits ignées & fulphurés , comme leau-de-vie , ou ne fc gèlent point , ou ne fe gèlent qu'a- vec peine. Quand M. du Clos vint à la coagulation, qu'il ap- pelloit tranfmutativc, il commença par l'exemple de l'eau qui fe pétrifie en tombant des voûtes de certaines Grottes , ce qui n'efl; pas fort rare. 11 remarqua ti^cme qu'au rapport du DoÂcur Banc , en fon Livre des Eaux Minérales, l'eau de la fontaine de S. Alyre proche de Clermont en Auvergne fe pétrifiant peu à peu , s'cftfaic avec le tcms un pont de pierre. Tout le monde fait la fameufe expérience de Van-Hel- mont , par laquelle il demeura confiant que plus de 164, livres de bois avoient été formées de la feule eau qui avoit arrofé pendant j. ans la terre où étoit planté un faule. Le Dofteur Rondelet a écrit qu'un Poirtbn gardé 5. mois dans un vaiffeau , oia il n'y avoit que de l'eau com- mune , étoit cru confiderablement. Pour juger de ces coagulations naturelles par les artifi- cielles, oLi les caufes font plus manifeftes, M. du Clos Voy.ey.def tappelloit l'expcrience dont nous avons parlé, par la- ;. 16. quelle il avoit vu que le fel fixe & fulphurcdu tartre, aidé du fel acide & volatile du vinaigre ayant pénétré le fable d'Etampes, avoit dégagé fon foufFre pierreux , &; que ce foufFre ainfi exalté par ce fel avoit pu coaguler l'eau & la réduire en pierre. Il rapportoit donc en général les coagulations tranf- mutatives aux foufFres &; aux fels fulphurés, qui agifToient par leur chaleur defTechante. On peut encore marquer pour une efpece de coagu- DES Sciences. 51 lation tranfmutative, celle quife fait par le mélange de iS^g. deux liqueurs. Ainfi les efprits falins Ibcondenfezic & fe coagulent, ou par d'autres efprits falins , comme l'efprit devin par l'efprit de falpétre , & par celui d'urine, ou par des fels fulpliurés , comme l'elprit de vin par le fel détartre, ou par des fouffres terreftrcs, comme le vi- naigre diftiilé par le plomb, le corail, les perles, &c. Après M. du Clos , MM. Mariotte , Hughuens, Se Perrault , envifagerent ce fujet d'unenianicre plus phyfi- que. Voici à quoi fe peuvent réduire les penfées qu'ils propoferent tous trois , car elles ne font pas alTés diffé- rentes pour les feparer. Les liqueurs ne font liqueurs que parce que leurs par-. ties font petites, détachées les unes des autres, entrete- nues en mouvement par une matière très-fubrile qui cou- le inceffamment dans les intervalles qu'elles laiffent. Sans ce mouvement imprimé aux parties des liqueurs par cette matière fubtile &: étrangère, il n'y auroitque des corps durs. L'Atmofphere, à ce que difoit M. Ma- riotte, fe petriiîeroit , & fe colleroit à la Terre, comme une croûte , tous les liquides fcroient comme des tas de blé , à qui il ne manque rien pour être liquides, finoii que leurs parties fuffent afles déliées pour recevoir l'im- preffion de la matière fubtile, & pour être mues fepa- rément les unes des autres. Si le mouvement de cette matière eft afFoibli jufqu'.à un certain point, les parties des liquides s'arrêtent, & fe fixent aufli-tôt; c'eft-à-dire, que les liquides fe con- gèlent; non-pas que cet effet s'étende en même-tems fur toutes les efpeces de liquides , la matière fubtile deve- nue incapable d'agiter fuffifamment de certaines liqueurs, ne l'eft pas pour cela d'en agiter d'autres , qui feront plus déliées, plus aiféesà pénétrer , enfin plus fufceptibles de mouvement. A ne regarder la chofe que du côté de la matière - Mij $% Histoire de l'Académie Royale j66$. Subtile, le froid, qui fclon toutes les apparences, vicnr de la diminution de fon mouvement, fcroit la feule caufe de la coagulation , aufli cft-ce la plus générale ; mais il y a dans les liqueurs mêmes des difpofitions qui les rcndenr propres à être coagulées indépendamment de la matière fubtile. Les liqueurs ne font pas des compofés fimples , donr toutes les parties foient égaies; ce font au contraire des mélanges des parties affés différentes en groffcur & en figure , qui cependant font toujours dans les termes de la pctitefle , & du peu de liaifon, nccellaires pour faire une liqueur, Le lait a des patties tant foit peu hcrilTces &: branchuës , qui font la crème & la graiflc , & d'autres plus rondes , plus unies, &: apparemment plus déliées , qui font le petit lait. Tant que le lait ell dans fon état naturel , elles font confondues les unes avec les autres , & ce font les parties graffes qui flotent dans le petit lait, à qui appartient plus proprement la qualité de li- queur. Ces parties graffes ont afles de difpofition à s'accrocher j mais par le fcul mouvement qui cft dans le lait, comme en tout autre liquide, elles ne fe ren- contrent pas avec affés de force. Qu'il furvienne un cer- tain degré de chaleur qui augmentera ce mouvement , elles s'iront chercher les unes les autres , fe lieront en- femblc , & fe féparerontdu petit lait. Alors voilà du lait caillé. Si ce même mouvement qui fait cailler le lait étoit trop fort , le lait ne-fe cailleroit plus. Par exemple, fi on le remue pendant qu'on le fait bouUir, il peut arri- ver que les liaifons qui commençoient à fe former, fe rompent. Qiic la chaleur falTe évaporer les parties les plus vola- tiles d'une liqueur , qui communiquoicnt la liquidité aux autres, celles-ci rcftcnt feules, pefantes & groiliercs , &r ne font plus qu'une maffe immobile. Il peut arriver même qu'une liqueur produifc a l'égard DES Sciences. ^j d'une autre l'effet de la chaleur , foie en y caufant une i66^, effervcfccnce , qui faffe exhaler les parties les plus fub- tiles, foit en y excitant un mouvement qui rapproche èc uniffe celles qui font grolFieres & branchuës, C'eftdela première manière que l'huile de vitriol , & l'efprit du falpétre coagulent le fang, la férofité du Tang, l'eau du péricarde, le blanc d'œuf, &:c. &: c'eftdela féconde, que toutes les liqueurs acres ôc corrofives font cailler le lait. On peut encore imaginer d'autres caufes de la coagu- lation d'une liqueur par une autre. Par exemple, fi l'ex- trait de noix de galle, quieft fort aftringent , coagule le lait ; il faut concevoir que cette liqueur , pour être aftrin- gente, doit être compofée de petits corps âpres & heriffés , qui fervent de lien commun aux parties grafles du lait. Les caufes de coagulation une fois conçues, on voie aufTi-tôt celles qui peuvent, ou l'empêcher , ou la retar- der, oul'affoiblir. En général, il n'y a point de corps plus contraire à la coagulation , que le fel. L'eau faléc fe gelé difficilement, parce que les petites particules de fel fe mettent entre deux particules d'eau qui fe feroient jointes, & s'y mer. cent de façon qu'elles ne s'y lient point. Et fi l'on feme du fel fur un morceau de glace, cette glace fond en très-peu de tems. Chaque corps coagulé a fon tiffu particulier ; & félon chaque différent tiftu, il faut auffi quelque chofe de dif- férent, ou pour le rompre, ou pour l'empêcher de fe former. Cette proportion confifte quelque fois dans un point prefque indivifible. Deux corps que l'on croiroic de la même nature, ne font point le même effet, ou ne reçoivent point la même impreffion. L'efprit d'urine n'empêche point la coagulation du fang; & l'efprit de fel ammoniac l'empêche, quoique le fel ammoniac foie extrait de fel d'urine. Qu'y-a-t'ilde plus femblablequele laie &c le fang i Cependant l'efprit de fouffre , & celui de Miij 54 Histoire DE l'Académie Royale t669 miel font coaguler le lait, & empêchent le fang de Ce coaguler. Les plus Pirrhoniens fur la Phifique ne fe fuf- fcnc peut-être pas avifés de douter que le fang &c le laie ne duffent éprouver les mêmes effets de la même caufe. licft pourtant vrai que quelque rapport qu'ils aycnc par un grand nombre de qualités communes , il fuffic qu'ils différent en une feule, pourvu que ce foit jufte- ment celle-là qui agiffc, & qui jouë dans le fait de la coagulation. De déterminer qu'elle eft cette qualité , c'eft un détail , & une précifion , où l'on ne peut guère entrer. Les di- verfes combinaifons des figures &: des mouvemens font un pais d'une étendue infinie. Il eft fi vafte, que l'on y peut être dans une bonne voye , &c n'être pas dans la vraye, c'eft-a-dire, qu'on peut imaginer des figures qui fatisferont au Phénomène, &qai ne feront pourtant pas celles que la Nature y a employées. Dans une fi prodigieufe multitude, ce qui produit un certain effet , n'eft pas toujours unique, peut-être même eft-il quelquefois affés divers. SUR LA PESANTEUR- A Pre' s la coagulation , on mit fur le tapis unfujct encore plus fimple, plus expofé aux yeux de tout le monde, plus connu en apparence, & beaucoup plus difficile. C'eft la Pcfanteur. Rien n'en fauroit mieux prouver la difficulté que l'extrême différence des opi- nions qui furent propofées. M. de Roberval crut qucpourconnoître la Pcfanteur, il nous faudroit quelque fcns particulier & fpecifiquc, dont nous manquons,- Sc ne voulant point s'embarraffer DESSCIENCES. ^j. dans une recherche inutile des eau Tes , il fut d'avis que f^ijg l'on s'en tînt au fait. Comme il étoit grand Géoinctrc il regarda les incertitudes de la Philique avec un mépris de Géomètre. MM. Frenicle Sc Mariette fuppoferent une inclina- tion naturelle que les parties d'un corps ont à fe tenir jointes enfemblc, &: une attradion par laquelle la terre rappelle les Tiennes, quand elles s'éloignent, &; s'é^^a- rent : qualités que l'on ne peut guère attribuer à la ma- tière , fans l'honofer de quelque intelligence. Toutes les anciennes attrapions &c fimpathies revin- rent dans leur fiftémc , i'Aiman , les petites gouttes d'eau qui s'arrondiflcnt pofées fur un lieu fcc , quoiqu elles dulTents'applatir par leur poids , le mouvement par le- quel de petites aiguilles très-lcgeres , Se qui nagent fur l'eau , fe vont chercher les unes les autres , l'eau qui monte jufqu'à un pouce ou deux dans un très-petit tuyau de verre un peu humide, ce qui n'arrive pas au vif- argent , a. moins que le tuyau ne fut de quelque métal , excepté de fer , une goutte de firop qui defcendant du bout d'un bâton, &: ayant filé quelque tems , vient enfin à fe rompre en deux , & tombe du côté d'embas en goutte ronde, tandis qu'elle remonte du côté d'enhaut vers le bâton , &:c. M. du Hamel Secrétaire leur donna un fait de fim- pathie aflTés curieux. Il dit qu'il avoit vu entre les mains de M. Boyle deux phioles chacune à demi pleine de fa liqueur, qui étant approchées l'une de l'autre fans fe tou- cher, paroilToient jctter une fumée affés épaifTe. L'explication de ce fiftéme de la pefanreur , fut accom- pagnée de quelques remarques importantes. M. Fremcle avoit obfervé très- exaétement qu'une baie de moelle de furcau , qui avoit environ 4. lignes de diamètre étant tombée de zo. pies de haut , n'augmen- toit plus fa vîtefle, qu'un autre corps encore plus léger ç6 Histoire de l'A cademie Royale j(ë$. cefToit de l'augmentera iz. pies, & que la baie de moelle de furcau, & une de plomb de même volum.etomboicnt également vite, quand elles ne tomboicnt que de 4, ou j. piés. Ces expériences avoient été faites dans un lieu fermé. M. Mariette prouva que la première vîteffc dont un corps pefant commence à tomber n'eft point infiniment petite, mais d'une grandeur déterminée. Qu'un jet-d'eau vertical choque directement un corps pefant fufpendu à un fil. Si le premier mouvement de ce corps vers le centre de la terre étoit infiniment petit, il feroit furmonté par les premières parties de l'eau jaillif- fante , quelque petite que fût leur viteffe; car elle feroic toujours d'une grandeur déterminée. Donc fi on coupoit le fil, qui foutient ce corps , il ne defcendroit point , 8C feroit foutenu par le jet. Cela feroit fans exception pour tous les cas polfibles. Cependant c'eft ce qui n'arrive que dans unfeul , lorfque la vîtefle des premières par- tics du jet furpaffe autant la première vîcefTe dont le corps tend à tomber , que fa pefantrur furpafle celle des gout- tes d'eau qui font les premières parties du jet; &C en ce cas il eft clair que la première vîtefle dont ce corps tend à tomber eft déterminée , puifque toutes ces grandeurs avec Icfquelles elle entre en proportion , le font auflî. M. Buot peu fatisfait des defirs d'union, & des attrac- tions, les expliqua par des impulGons , & dcfemblables principes qui fe conçoivent. M. Perrault fit même dans la fuite des objedions pofi- tives contre l'attradion de la Terre. Si elle avoir lieu, une greffe pierre pendue en un endroit élevé , attireroic un petit grain de poulliere qui feroit bien proche ; les corps qui tombent dans un puits fort profond diminue- roient fenfiblement leur vîtefle en defccndant, parce qu'é- tant proches du fond, ils feroient retenus par la force de la terre qui eft au-deflÀiSjun plomb le long d'une muraille qui feroit DES Sciences. 97 feroitau pîed d'une montagne, inclineroit vers le pied liS^. de la montagne. Les attraftions détruites , il femble ne refter plus qu'un parti , rimpulfion de quelques corps qui pouffent vers le centre de la Terre ceux qu'on nomme pcfans. C'a été l'idée de M. Dcfcartes , que M. Hughucns fe rendit pro- pre en la rectifiant fur quelques points. Les Corps qui ont un mouvement circulaire , tendent s s'éloigner du centre de leur mouvement, &: cela avec d'autant plus de force , que leur mouvement efl; plus vite. Ainfi quand on tourne une fronde où eft une pierre , on fent que la pierre tire d'autant plus la main , que l'on courne la fronde avec plus de vîtcffe. M. Hughuens détermina par ce Théorème la forced'un corps 3. s'éloigner du centre de fon mouvement. Un corps qui tourne horifontalemenc au bout d'une corde attachée à un centre, la tirera avec autant de force que fi elle le foutenoit fufpendu en l'air, pourveu que ce corps faffe un tour de fon mouvement horifontal , dans le même tems que la corde , fi elle étoit fufpenduë, feroit deux vibrations. La matière fluide qui tourne autour de la terre , Se avec elle, doit donc tendre toujours à s'éloigner du centre de fon mouvement ; &c comme tout eft plein , elle y doic repouffer les corps qui fe trouveroient mêlés avec elle, s'ils font moins propres qu'elle a. fuivre ce mouve- ment. Que l'on fafîe tourner de l'eau dans un vaiffeau qui aie le fond plat, après y avoir mis de petites par celles de quelque matière un peu plus pefante que l'eau , l'on verra qu'au commencement ces petits corps flotans dans l'eau à caufe de fon agitation , fuivront fon mouvement cir- culaire , Se ne s'approcheront point du centre du vaif- feau. Mais fi-tôt qu'ils commenceront à toucher au fond, ijjc que leur mouvement circulaire fera par-là interrompu //{/?. de l'Ac, Tom. I. N 5)8 Histoire DE l'Académie Royale i66$. ou diminué, ils iront vers le centre par des lignes fpira' les , & s'y amartcront. Mais que l'on mette dans ce vail- feau un corps qui ne puiiïc du tout fuivrelc mouvement circulaire de l'eau, parce qu'il fera arrêté entre deux fi, lets; alors il après avoir fait tourner le vaiflcau quelque tems , on l'arrête fubitement , l'eau confcrvera encore fon mouvement circulaire , & ce corps ira au centre , non par une ligne fpiralcj car il ne peut prendre de mouve- ment en rond, mais par une ligne droite; &c là il fe tien- dra arrêté. L'expérience fera encore plus parfaite. Ci ce corps eft précifcment de la même pcfantcur que l'eau ; car alors la pefanteur ne fera à compter pour rien , &: l'on verra que le fcul mouvement en produit l'cftct , car ce corps ne pouvant pas fuivre le mouvement du fluide, il en eft neceflairement choqué dans tous les points de fa furface expofés au courant; mais ce choc eft inégal; il eft plus grand dans la partie de la furface du corps la plus proche de la circonférence du vaificau, ÔJ moindre dans celle qui eft plus proche du centre , car les filets ont d'autant plus de vîtefTe qu'ils approchent plus de la circonférence. Le corps doit donc être chaflé vers le centre, outre que les parties du fluide mu en rond ten- dantes às'échaper par la tangente de leurs révolutions, elles font réfléchies vers le centre par la circonférence du vaiflcau , & par confequent elles doivent y chaflcr le corps qui eft plongé dans ce fluide. Une pierre jcttée dans l'air eft moins propre que la matière fluide à tourner autour de la terre, parce que, félon M. Hughuens , cette pierre fut elle même réduite à un atome de pouflTiere, eft encore extrêmement grofle à l'égard de la matière fubtile; & par confequent elle en reçoit en fes diverfes parties des imprcftions contraires qui fe détruifent. Les unes la portent à tourner d'O- rient en Occident ,• les autres à tourner d'Occident en Orient , &c. Ec par confequent elle demeure fans DESSCIENCES. 99 mouvement circulaire , &r ne peut plus qu'aller vers le 1669, centre. Car la matière fubtile ne tourne pas toute du même fens que la terre; elle a trop de mouvement pour ne fuivre qu'une feule détermination toujours uniforme ; il faut qu'elle employé cette force à décrire autour de la terre une infinité de cercles , ou de furfaces fphcriques , toutes différemment entrelaflees les unes dans les autres , dont la plus grande partie ont pour centre celui de la terre. Etde-là vient que les corps font poufles vers le centre £e la terre. Si la matière fubtile ne tournoitque dans le fens du mouvement journalier de l'Equateur, ellenepouf- feroit les corps que vers le centre du cercle parallèle à l'E- quateur , dans lequel ils fe trouveroient , Se l'on verroic toutes les chutes perpendiculaires à l'axe du monde , Se non pas à l'horifon , ce qui eft contre l'expérience. Il eft vrai que la matière fubtile doit avoir dans ce £ftéme un mouvement prodigieux ; mais quelque rapide qu'il puifTe être, il ne doit point effrayer notre imagi- nation , puifque la vîteffc du mouvement n'a point de limites; & même M. Hughuens alloit fur cela jufqu'à la démonftration , en fuppofant le Théorème que nous avons rapporté. Puifque , par ce fiftéme de la Pefanteur , l'effort dont une mafle de plomb tend au centre de la terre, eft égal à celui dont la matière fubtile tend à s'en éloigner, il faut, par le Théorème de M. Hughuens, que la ma- tière fubtile qui eft vers la furface de la terre , en falTe le tour dans le rems qu'une corde égale au demi diamètre de la terre, feroit deux vibrations. Or, par la propriété connue des Pendules, une corde de la longueur du demi diamètre de la terre , feroit une heure ij' à faire deux vibrations, donc la matière fubtile qui eft près de la furface de la terre, en fait le tour, c'eft-à-dire, Nij 100 Histoire de l'Académie Royale l66p. t^nviron 5000. lieues en moins d'une heure & demie. Siun corps tomboic d'une fi grande hauteur , que par l'accélération continuelle de fa chute, il vint enfin à faire 5000. lieues en une heure 2j',fa chute ne s'ac- celerreroit plus, la matière fiabtile n'auroit plus de vîtefTe à lui donner; &c avant cela , elle lui cnauroit donnéd'au- tanc moins, qu'il auroit plus approché de l'égalité. Mais toutes les chutes qui font à la portée de nos fens , &:de notre expérience, font fi courtes , Se la vîtcfle de la ma- tière fubtile y excède toujours à telle point celle des corps qui tombent, que l'on peut fuppofer fon adion fur eux toujours égale , &C ne conter pour ncn la dimr- nution qui y arrive par l'augmentation de la vîtcfie des corps. Ainfi Galilée a eu raifon de fuppofer l'augmenta- tion des vîtcfTes égale en tems égaux. A l'extrême vîtefle de la matière fubtile , il faut join- dre une fubtilicé proportionnée. Par -là, elle pénètre tout; par-là, aucun corps interpofé ne l'empcchc d'a- gir, non-plus que le verre n'empêche l'aiman d'attirer le fer; par-là, toutes les parties intérieures du corps pe- fànt contribuent à fa pefanteur , puifqu'elles éprouvent l'aétion de cette matière , auffi-bien que les extérieures ; & quoi qu'en partant fi facilement par tout , on pût croire qu'elle n'agit fur rien, il en va comme d'une rivière qui rencontre des rofcaux dans fon cours, llcft certain qu'une infinité de parties d'eau choquent les ro- feaux, & s'y refléchifTent , quoique la rivière ne fe dé- tourne pas. M. Perrault propofa en fuite un fiftéme, à peu près du même caradere. Il fuppofoit les cercles de la matière étherée qui fe meut autour de la terre , moins rapides , & plusfoiblcs, a. mefure qu'ils approchoient plus delà furface de la terre, comme l'caud'une rivière coule moins vite, félon qu'elle approche plus du fond. Le plus petit corps terrçftre mis en l'air , étoit toujours affés grand DESSCÎENCES. ICÏ pour être frappé par plufieurs de ces cercles , Se pour éprouver l'inégalité de leurs forces. Il dcclinoit donc du côté du plus foible, c'cft-à-dirc , vers le centre de la terre, &tomboit de cercle en cercle par une ligne courbe que le mouvement de la terre nous faifoit paroitre droite. Mais fur ce principe tous les cercles de la matière étherée ne doivent poufler que vers le centre de leur plan, perpendiculairement à l'axe du monde , 8c non- pas vers le centre de la terre, perpendiculairement à î'horifon. Pour refoudre cette difficulté, M. Perrault ajoûtoic au Tourbillon de la matière étherée qui va d'Occident en Orient, un autre Tourbillon qui le croifoit à angles droits du Septentrion au Midi. 11 tiroir de ce fécond Tourbillon , égalenforce au pre- mier, un mouvement, qui du plan de chaque cercle paral- lèle à l'Equateur, ramenoit lescorps vers le plan de l'E- quateur , Se les faifoit tendre au centre de la terre. Il pré- tendoitcela plusfimple que le nombre infini des cercles ou furfaces fphériques de M. Hughuens. U eft vrai que le nombre de deux eft plus fimple-, mais deux Tourbillons feuls, pofés fi heureufement à angles droits, paroiffenc plus ajuftés au belbin. l6Sf. Nu) léé(>. loi Histoire de l'Académie Royale SUR LORGANE DE LA VISION- MOnfieur Mariottc avoir fait fur la Vûë une dé- couverte très-étonnance par elle-même, & qu'il étoit encore plus étonnant que perfonne n'eût faite juf- que-là. Un objet éclairé, raifonnablement grand, peu éloigné , environné de toutes parts d'objets que l'on voïoic clairement , échapoit abfolument à la vûë ; ce défaut de vifion arrivoit tous les jours à tout le monde, Se l'on ne s'en ccoit point appcrçû. Le fecret de cette Enigme eft prefentement trop public pour s'arrêter à l'expliquer; on fait que les objets dont l'image tombe précifément fur l'endroit où le nerf optique entre dans l'œil , difpa- roiflent entièrement , & ce qui empêche qu'on ne s'en appcrçoive, c'efl: que l'objet qui échape à un œil , n'é- chappe pas à l'autre, ou que la mobilité extrême d'un feul œil fait que l'image change de place en un inftanc imperceptible. Auflî pour l'expérience de M.Mariotteil faut ne fe fervir que d'un œil , &; l'arrêter fur un poinc fixe fitué à la hauteur de cet œil , &: éloigné de 9. ou lo. pieds. Alors on perd de vûë un objet qui fera à 2. ou 5. pieds plus bas que le point fixe , & à côté vers la droite, fi on voit avec l'œil droit , ou vers la gauche , fi on voie avec le gauche. Ce n'efl: point l'obliquité de l'objet qui le fait perdre, car on en voit d'autres encore plus obli- ques ; c'cft qu'il va frapper juftcment la bafc du nerf opti- que, qui eft au-defTus du milieu de l'œil, &c un peu à côté tirant vers le nés. Sans aller plus avant, on reconnoît déjà pourquoi la DËSSCIÉNCES. ÎO3 Nature a placé ainfi le nerf optique. La vifion qui fe fait 1669. par l'axe &: par le milieu de l'œil, cft plus nette &c plus diftinde que celle des côtés ; & fi le nerf optique fût en- tré dans l'œil par le milieu, la place la plus avanrageufc pour la vifion , eût été perdue. Nous découvrons une nouvelle induftric dans l'organe, dès que nous appre- nons un nouveau fait fur le fcns. Comme la rétine couvre le nerf optique, auffi-bien que le refte du fond de l'œil , M. Mariotte crut qu'elle ne pouvoit plus être l'organe de la Vifion, puifque la vifion manque, où laretincne manquepas; maisimme- diatemcnt derrière cette membrane il y en a une autre, nommée la choroïde, qui manque précifémcnt à l'cn- droitdu nerf optique : celle-là parut donc évidemment» M. Mariotte être 1 organe de la vifion. Rien n'avoit plus l'air d'une Demonftration Phyfique .• cependant MM. Pecquet &: Perrault ne s'y rendirent pas. Leurs objeélions à M. Mariotte, & fcs réponfcs ont été imprimées en i6y6. avec plufieurs autres ouvrages d'Académiciens. Il faut voir cette difpute dans toute fon étendue , pour la voir dans toute fa beauté. Un Ex- trait fupprimeroir une infinité de réflexions fines & in- genieufes , & un détail très - délicat , en quoi confifte toute la fubtilité de la conteftation. 11 ne s'agit que de dé- cider entre deux membranes attachées l'une à l'autre , épaiffbs chacune comme une feuille de papier fin, laquelle eft l'organe principal de la vifion ; il fembleque la difte- rence des deux avis foit auffi petite &c aufl'i peu confi- derable , que la diftance des deux membranes: car enfin laquelle que ce foit qu'on prenne , on ne fe trompe guère ; mais les Lcdeurs feront d'autant- plus furprisde voir fur un fujet fi mince en apparence , des fentimens fi effen- tiellement oppofés , &c un combat fi raifonnableraenc opiniâtre. I66s. 104 Histoire de l'Ac ademie Rotalb M ATHEM ATIQUES- HYDROSTATIQ_UE. ON n'avoic pas épuifé l'année dernière les principes de l'Hydroftatique. M. Mariette en fit un traité, où il fondoit, félon fa coutume, fes principaux raifon- nemens fur des expériences , qu'il faifoic avec une dexté- rité particulière. Tout ce que nous avons rapporté d'Hydroftatique fur l'année 1668. ne regarde que l'effet de la preffion de l'eau, qui fort avec d'autant-plus de vîteflTe, qu'elle eft plus haute , &: par-là , imite l'accélération des corps pe- fans , mais renverfée. Pour ne pas embarraffer la chofe de trop d'idées dif- férentes à la fois , nous n'avons pas remarqué que lapref- fion de l'eau ne peut agir , que quand l'ouverture du tuyau eft fort petite , par rapport à la bafe. Alors la furface fu- pcrieure de l'eau, qui tend à dcfcendre toute à la fois , &: qui ne le peut à caufe de la petitcfle de l'ouverture, pefe & fait effort fur l'eau inférieure , & lui imprime toute la vîteffe qu'auroit une chute de pareille hauteur. Mais fi l'ouverture eft égale à la bafe , la furface de l'eau fupcrieure dcfcend toute à la fois j & comme elle n'a, pour ainfi dire, aucune inclination qui ne foie fa- tis faite, elle ne fait point d'effort fur l'eau inférieure, Se ne lui imprime point de vîteffe, Dc-là préclfément on ne pourroit tirer de jet-d'eau j mais M. Mariette ajoûtoit une obfcrvation importante. DES Sciences. loy îi prctcndoit que la chute de l'eau fe faifant librement i66f. par une ouverture égale à la bafe , s'accelere comme celle d'une pierre dans l'air , 6^ pafTe en tems égaux par les mêmes efpaces , 1,3, j , &c. car enfin la furface fupc- rieure de 1 eaueftun corps pefant qui tombe. En ce cas-là, l'eau ne jaillit qu'environ à la moitié de la hauteur d'où elle cft defcenduë. Car l'eau qui fort à chaque inflant n'a que la vîtefle de la furface fuperieurc de l'eau qui defcend dans ce même inftant-là -, & par conféquent la première eau qui fort a par elle-même très-peu de vîtefle. Il efl: vrai qu'elle eft pouflee par celle qui la fuit , dont la vîtefle eft déjà un peu plus grande; mais aufli cette féconde eau confume une partie de fon mouvement à poulTer devant clic la première -, & cela l'empêche de remonter à la hauteur d'où elle cft defcen- duë. Quand la vîteflTe de l'eau qui fort commence à être aflTés grande , la hauteur de celle qui defcend dans le tuyau eft fort diminuée ; & l'on fait que l'eau ne peut jamais re- monter plus haut que le niveau. Ainfi la hauteur du jet doit être à peu près la moitié de la hauteur de la chute. M. Mariotte confirmoit encore par d'autres expé- riences l'accélération de la chute de l'eau qui defcend librement. ï". Dans un tuyau recourbé , s'il y a un robinet entre les deux branches, qui ait été fermé pendant qu'on en a rempli une d'eau , on voit lorfqu'on vient à l'ouvrir , que l'eau qui monte dans la féconde branche , monte d'abord plus haut que le niveau où elle doit s'arrêter, cnfuite defcend plus bas ,&: ne s'y met enfin qu'après plufieurs balancemens pareils à ceux d'un pendule qu'on a tiré de fa ligne perpendiculaire. Cet effet ne fe peut guère attri- buer qu'à l'accélération de la chute de l'eau, qui eft dans la première branche, comme les balancemens du pen- dule font caufés par l'accélération de la vîteffe qu'il nijl. de CAc. Tom. J. O io5 Histoire" DE l'Académie Royale i6€p. acquiert en retournant à fon point de repos. 1°. Que l'on entretienne un tuyau toujours plein- d'eau, l'ouverture étant égale àla bafe , & qu'on prenne garde que l'eau y tombe doucement , l'eau ne jaillira- prefqtic point àla fortie , faute d'accclcracion. Voilà donc dans deux cas diffcrcns deux mouvemens de l'eau contraires l'un à l'autre ; l'un accéléré , l'autre retardé; tous deux dans la même proportion. Qiiand l'ouverture par où l'eau fort du tuyau eft égale à la bafe , le mouvement eft accéléré depuis le commencement de la fortie )ufqu'à la fin-, quand l'ouverture n'cft qu'une fort petite partie de la bafe , le mouvement va toujours diminuant depuis le commencement jufqu'à la fin; 8c l'on ne compte pour rien le peu de grandeur qu'a l'ouver- ture par rapport à la bafe , car la furface fuperieure de l'eau defcend fi lentement, qu'il ne fe peut faire nulle accélération fcnfible. Il eft aifé de conclure qu'il n'y a qu'un de ces princi- pes qui puifte fervir à faire des jets-d'eau , tels qu'on les ' veut ordinairement , il ne faut faire agir que la preflion de l'eau, & par conféquent ne donner au tuyau que la moindre ouverture qu'il fc puifle , par rapport à la bafe , pourvu néanmoins que cette ouverture ne foit pas ii petite , que le frotement de l'eau contre les bords devînt confidérable, &: que l'eau en fortant fe divifât en trop petites gouttes. Si on a d'autres defleins : fi on veut, par exemple, que l'eau forte toujours d'un tuyau avec une vîtefle a peu près égale, on pourra faire l'ouverture d'une gran- deur moyenne, par rapport à la bafe, trop grande pour laifler beaucoup agir la prcflîon de l'eau au commence- ment de l'écoulement, trop petite pour laifTer beaucoup agir l'accélération de la chute à la fin. Les imprefCons de l'eau à fa fortie, ou fur l'ouver- ture du tuyau, font comme fes hauteurs, c'eft:-à-dire. DES Se lENCES. IO7 comme les poids qui preflent fur l'ouverture du tuyau. i66^. Quand la vîteffe de l'eau eft différente, Ces imprcf- fions font en raifon doublée des vîtefles ; car quand elle coule plus vite, non-feulement elle frappe un corps op- pofé avec plus de force, parce qu'elle va plus vite, mais il y a plus de parties d'eau qui le frappent , Se le nombre en eft d'autant plus grand,que la vîteffe eft plus grande , ce qui fait néceffairement une raifon doublée ou des quarrés. On auroit pu deviner que l'air fuit les mêmes loix que l'eau ; mais on aima mieux n'en croire que l'cx- perience, ou du moins fe fortifier dans fon témoignage. M, Hughuens imagina une machine dans laquelle l'air étoit fucceffivement prefle par différens poids , & s'c- chappoit par un tuyau ouvert. On faifoit avec cette ma- chine deux forces d obfervations ; en y faifant rentrer autant d'air qu'il en fortoit, on voyoit quels poids l'air pouvoit contrebalancer à fa fortie , quelle étoic la force de fon impreffîon fur les corps qu'il renconcroic : &c en ne faifant point rentrer d'air dans la machine , on voyoit combien il étoit de tems à en fortir entièrement , fui- vant les différentes vîtefles que lui donnoient les diffé- rens poids dont il étoit chargé. Par toutes les expériences qui furent faites , il parut qu'il en va de l'air comme de l'eau. L'air fort plus vite de fon tuyau , quand il eft prefie par de plus grands poids î quand fa vîteffe eft z. fois, 3. fois, &c. plus grande, les impreflions qu'il fait à fa fortie fur les corps oppofés j ou les poids qu'il foutient , font 4. fois , 9. fois plus grands , toujours en raifon doublée des vîtefles, par la raifon que nous venons de dire ; les poids qui le font fortir, de qui lui imprimentces différentes vîtefles , font entreeux comme les poids qu'il foutient à fa fortie, £c par confequenc comme les quarrés des vîteffes ; un poids qui fait fortir l'air 1. fois, 3. fois plus vite, eft 4. fois, 5>, fois plus grand. O i) io8 Histoire de l'Académie Royale. I ô6o. Enfin on compara les forces de l'air & de l'ean , quand ils tbnttousdeuxia même imprcffion , quand ils élèvent le même poids ,• il faut que l'air aille 13. ou 14. foiî plus vite que l'eau, félon M. Marioctc ,• car M, Hu- ghuens ne mettoit que 11. | puifquc les forces ou les im- prcfllons de l'air font comme les quarrésde fcs vitcfTcs} quand il a 24. dégrés de vîtcfle il a 576. fois plus de force que s'il n'avoir qu'un degré de vîtcfie. Donc fi l'air croit un corps folide donc la force augmentât félon la vîtcfTc, & non félonie quatre de la vîteffe, il faudroit qu'il al- lât 57(î. fois plus vite que l'eau pour faire une imprcfllon égale. Donc quand Tair & l'eau vont également vite , l'eau a J76. fois plus de force; car c'eft comme fi on comparoir deux corps folides, dont l'un fût 576. fois plus léger que l'autre. En un mot, les forces de l'air & de l'eau , lorfqu'ils vont également vite , font comme les quarrés de i. &: de 14, que l'on luppofc être les vî- telfes qui rendroient leurs forces égales ; &: 'quand leurs forces font égales , leurs vîtciïcs font comme 2.4. Se I. Tout cela fuppofé , pour faire tous les calculs qu'on peut fouhaiter fur les machines dont l'air ou l'eau feront les premiers moteurs , il ne faut plus qu'avoir fur la force de l'un &: de l'autre , quelque mcfiire aducllc qui fervs de pied à toutes les proportions dont on aura bcfoin. On trouva donc par expérience qu'une eau qui coule avec la vîteffe d'un pied en une féconde, &: qui frappe direftcmentun plan quatre d'un pied, le frappe avec la force de 44. | onces , & que l'air coulant avec la vî- tcfle de zo. pieds en une féconde, qui cft celle d'un vent médiocre, frappe un pied quarré avec la force de 36. onces. Par-là, l'on peut aifcmentmefurer la vîrclTcdcs vents , même dans les plus violentes tempêtes ; on peut déter- miner en combien de tems l'air eft tranfporté d'un pais DEsSciENCES. I0c fe relTerrer à mefure qu'il s'é- tend. z. M. Perrault ayant expofé à l'air froid 4. livres d'eau, il les trouva diminuées en 18. jours de près du poids d'une livre; ce qui eft une évaporation étonnante pour cette faifon. 3. Ditfcrentes fortes d'huiles ayant été expofées à Pij 1670. 11^ Histoire DE l'A cadeMie Royale 1^70. l'air froid pendant 24. heures, il y en eut qui ne fe gé-^ lerent ni ne diminuèrent de poids, comme l'huile de lin, &: celle d'amendes douces. 11 y en eut qui s'cndincirent, &C fouffrirent quelque perte par lévaporation , telles furent les huiles d amendes amercs , d'olives, & d'anis, &c pluûeurs autres. 11 y en eut enfin qui ne fc conge- lèrent en aucune façon , & qui s'évaporèrent un peu ; ce furent les huiles de noix & de thcrebentine. 4. M. Picard obfer va que le froid refierre les pier res & les métaux;enforceque fur une longueur d'un piedces corps perdent un quart de ligne. On gardoit avec foin la me- l'ure dans une cave, pour la prefcrver de la froideur de l'air qui agiffoit fur les autres corps , & la tenir tou- jours , s'il cil permis de le dire , en état de bien juger. j. De l'eau qui a bouilli avant que de fe geler , ne fe gèle ni plus ni moins vite que d'autre eau,- mais elle fait une glace plus dure &c plus tranfparcnte. Cette tranfparence &c cette dureté plus grandes vcnoient, fé- lon M. Perrault, de ce qu'une efpece de limon, toujours mêlé dans l'eau , tombe au fond , quand on la fait bouil- lir. M. Mariotte prétendoit que l'eau en bouillant s'étoit purgée de quantité de parties d'air , qui auroient empê- ché celles de la glace de fe joindre afles immédiate- ment. Auffi quand on veut faire des miroirs ardcnsavec de la glace , il faut que l'eau ait bien bouilli aupara- vant, pour conferver le moins d'air qu'il foit polTible. M. Mariotte, qui fe fervoit de cercc exemple pour appuyer fon avis, a fait de ces fortes de Miroirs; 8c c'cft toujours une efpece de merveille, que de la glace puifTc produire du feu. Pour la manière dont fe forme la glace , MM. Per- rault & Mariotte en traitèrent alors fort amplement} mais ils ont donné depuis toutes leurs penfces au public dans leurs Eflais de Phifique. D E s s C I ENC ES, II7 A N AT O M I E :■ -ET B O TA N I (iUE. ON continua les travaux ordinaires d'Anatomie & de Botanique, Le Roi donna à l'Académie des Ani- inaux rares , qui furent diflcqués par MM. Perrault, Pequet &: Gayant , &c donc enfuite les Defcriptions onc été imprimées. Rien n'eft plus avantageux pour l'Ana- tomie, que la comparaifon des Sujets de diftcrence es- pèce. Souvent une partie invifible dans une cfpéce, fe rend vifible dans une autre; fouvenc entre deux diffé- rentes méchaniqucs qui doivent être équivalentes, l'une qui ell plus marquée , &c plus maniftement déterminée à un certain effet, fert à fliire comprendre le jeu & l'u- fage de l'autre, qui eft plus envelopée. Enfin en démon- tant les machines de divers Animaux , on voit avec étonnement toutes les différentes ftrudures que la Na- ture a imaginées, par rapport aux Elemens où ils vi- vent, aux Climats qu'ils habitent, à la nourriture qu'ils doivent prendre, aux fondions aufquelles ils fontdefti- nés : on voit même quelquefois jufqu'à la fourcc de leurs diverfes inclinations, & l'on fe perd avec plaifir dansla contemplation de ce prodigieux appareil de Méchani- que, de cette variété infinie de combinaifons , &c de tant de proportions exadles des moyens avec leurs différen- tes fins. L'Anatomie de deux Lions , & celle que l'on fit en- fuite de deux Lionnes , juftifia l'Alcoran , qui a dit , Piij 1^70, xi8 Histoire de l'Académie Royale 1^70. fclon la manière Orientale, expliquant les chofes na- turelles par des Allégories, ou par des fables, que dans l'Arche le Chat naquit de rétcrnuemcnt du Lion; car on trouva une grande conformité entre ces dcuxefpeccs d'animaux , non-fculement pour la ftrufture particulière des pattes , des dents , des yeux , & de la langue, mais encore pour les parties internes. Cependant le Chat a plus de cervelle, à proportion de fa grandeur, que le Lion , & l'on obfcrve que le plus ou le moins de cervelle , ne règle pas dans les animaux le plus ou le moins d'ef- prit, mais le plus ou le moins de difpofition à la focieté &C la difcipliney tous les poiflons ont très-peu de cervel- le. Se font prcfque tous abfolument indifciplinables, quoique quelques-uns paflent pour être fins Sc adroits, comme le Renard Marin ; &: d'un autre côté le Veau marin, qui a beaucoup de cervelle, n'eft pas fpirituel, mais doux & traitable. De -là vient donc que le Lion , qui donne beaucoup de marques d'efprit , eft en mcme- tems fi cruel ; & que le Chat , qui conferve toujours un fond de férocité, par où il relTcmblc au Lion, en a ce- pendant infiniment moins. On a trouvé à tous les Lions qu'on a diflequés , la glande pineale très-petite , ce que quelques-uns prennent pour une marque de courage &c de hardieflc; & peut-être auffi que la grandeur extraor- dinaire du Cœur, & la capacité de fes ventricules, y con- tribue. La bile domine dans cet animal, autre principe décourage, 5c même d'une longue vie, telle qu'cft celle du Lion. Son corps ne Ce corrompt pas trop promptem.cnc après fa mort, ce qui fait voir que la bile eftuneefpece de baume pour les animaux. Cependant un des Lions qu'on eut entre les mains , en étoit mort , félon les ap- parences; on lui trouva beaucoup de bile épanchée & arrêtée dans le foye &: dans les parties circonvoifines, & cela peut caufer la maladie que Pline appelle, .egri- tttdinem fajtidii , & qu'il prétend être la feule à laquelle DESSCIENCES. I35 ]e Lion eftfiijet, foie qu'on l'entende du dégoût qui le 1670. fait mourir faute démanger, ou de l'ennui mortel qu'il a de fa captivité. Le nom du Chat-Pard femblc d'abord marquer que cet animal eft né du mélange des deux efpcces différen- tes, du Chat &: du Léopard; mais d'un autre côté, il tient trop du Chat , & trop peu du Léopard , & ces deux efpeccs font auffi trop différentes. Il eft vrai que le Chat- Pard que l'on eut à l'Académieétoit fterilc; il manquoic de vailTeaux fpermatiques , & de quelques-autres parties abfolument ncceflaires à la génération; &: il n'y avoir point d'apparence qu'il eût été châtré, quoiqu'il vînt de Barbarie , où les Turcs ne fouffrcnt giiere de mâles dans leurs maifons, de quelque efpcce qu'ils foicnt ; cette ftc- rilité naturelle, femblable à celle du Mulet, auroit pu faire croire que le Chat-Pard étoit né d'un mélange ; cependant on trouva plus vrai-femblable que ce fut une conformation particulière Se accidentelle au fujet qu'on avoit entre les mains , car on ne voit pas que la confu- fion des efpcces retranche aux animaux qui en viennent, aucune des parties qui font dans les autres; le Mulet ne manque d'aucun organe , &: fa fterilité ne vient apparem- ment que de quelque difpofition particulière qui rcfulte dans fon fang, de la différence qui eft entre le fan g d'un Afne & celui d'un Cheval. C'eft ce qu'Ariftote , fuivant Empedocle, a expliqué ingénieufement, par la compa- raifon du Cuivre &: de l'Etain , qui étant féparément duftiles &c malléables , deviennent aigres & caftans , quand ils font fondus enfemble. Il eft vifible que l'in- fécondité fondée fur cette raifon n'eft pas une fujrene- ceftaire &c perpétuelle du mélange des deux efpeces,-les Dogues, que l'on tient être engendrés du Léopard & de la Chienne, ne laiffcnt pas d'être féconds. On eut auffi à l'Académie un Loup-Cervier, autre animal que l'on croit formé d'un mélange , mais il 110 Histoire de l'Académie Royale 1^70. rcflemble très peu au Loup , & à la Leoparde, dont oiv prétend qu'il eft né, & au Cerf qui entre dans fon nom, il paroît qu'il ne peut avoir été appelle Loup-Cervier , que parce qu'il chaffe les Cerfs , comme le Loup fait les Moutons. Cet animal nous vient de Levant, de Mofco- vie, de Canada. On ne trouva rien de particulier en le difTequant. La plus grande queftion étoit de favoir , fi c'étoit le Thos des Anciens, comme le croyent la plu- part des Modernes. On trouva plus vrai-femblable que ce fut le Lynx , tant à caufe que cet animal , au rapport d'Oppian , chafTe aux Cerfs , qu'à caufe d'une houppe de poil noir, qu'Elian dit être fur le bout de fes oreilles: caractère affés particulier , Se qui fe trouva dans le Loup-Cervier que l'on avoit , &c dans ceux qui étoient encore au Parc de Vincennes. On ne vit rien dans la ftruélurc de fes yeux, qui pût l'empêcher d'être le Lynx des Anciens; mais d'ailleurs il n'eft pas bien confiant, fi le Lynx de l'Antiquité , qui avoit la vue fi perçante , étoit un animal ou un homme. Quand les animaux rares manquèrent , on en diffc- qua d'autres plus communs ; car les communs ne font pas encore bien connus , Se fbuvent ce qui eft le plus expofè à nos yeux , ne nous en échappe pas moins. On fît plufieurs expériences fur des animaux vivans^on s'aflura par des injedions de liqueurs dans leurs veines , & du che- min que tient le fang, & de la vertu qu'ont les liqueurs acides de le coaguler , & les acres de le rendre plus fluide. Un Chien a qui on avoit feringué de l'efprit de vitriol dans la jugulaire mourut au bout de 4. minutes, &: l'on trouva que le fang de la veine jugulaire, de la cave fu- perieure, des vaifleaux des poumons, & des ventricu- cules du cœur , étoit noir, acide, &: entièrement coa- gulé. Pour le fang contenu dans la veine cave inférieure jaudefTous du diaphragme , il avoit confervé fa fluidité. On travailla -beaucoup à l'Hiftoire {des Plantes; on en fit DES Sciences. lii fit faite des DefTeins exads , &: on commença à femer 1^70, des graines étrangères, & à les cultiver. M. Marchant en fit les Defcriptions , &: ces Defcriptions furent comparées aux Plantes mêmes. On en décrivit vingt-fix cette année. Il y a auffi une Anatomie pour les Plantes. On féparc leurs Principes par des opérations Chimiques , leurs phlegmes, leurs iels, leurs huiles , leurs terres, on def- affemble en quelque façon la machine de la Plante , & l'on voit à l'œil Tes vertus cachées; mais il faut avouer que cette anatomie n'eft pas toujours fi fure que celle des Animaux , parce que le feu , qui eft le feul couteau dont on fc puifie fervir pour diffequer ainfi les Plantes , peut quelquefois altérer leurs principes. On en examina 41. cette année, foit en les confiderant en elles-mêmes , foit en les com- parant à d'autres. M. Du Clos lut à la Compagnie un Mé- moire fur la manière dont il croyoit qu'on devoir analy- ièr les plantes. Selon lui les pièces les plus confiderables des Plantes re- fbutes en leurs parties conftitutives , finceres ou altérées , font l'Efprit, l'Huile &: le Sel ; car il n'attribuoit aucune vertu fpecifique bien manifefle auphlegme & à la terre. îl donnoit le nom d'Efprit aux liqueurs dilHUées empreintes de quelque fel volatil refout & pafic avec elles. Ces fcis donnent à ces liqueurs une faveur acre ou acide ; & fui- vant leur différence de faveur & de volatilité , M. Du Clos diftinguoit des Efprits fulphurés ,&: des Efprits mcr- curiels. Les premiers font plus fubtils, plus prompts à s'élever par la chaleur; leur faveur cfl acre , ils ont une vertu calefaftive &: defficative , &c de ces Efprits les uns font inflammables, Se les autres ne le font pas. Il nommoit Efprits mercurielsceux qui font moins fubtils , moins volatils , qui ont de l'acidité manifefte , qui rafrai- chiffent &: defféchcnr, L'Huile efl; une liqueur inflammable qui ne fe m.êle point avec l'eau. Il y a des huiles quifurnagent à l'eau &; Bi/. de l'Ac. Tem. I. Q^ lii Histoire DE l'Académie Royale 1^70. 3"x liqueurs aqucufcs, d'autres vont au fonds. Des hui- les qui furnagcnt à l'eau , les unes fontgrafTcs & ondueu- fes , les aucres font plus fubtilcs , ne graiffcnt point les doigts quand on les touche ; on les appelle huiles cfTen- tiellesou écherées. Les huiles qui vont au fonds de l'eau font fort épaiffes & refmeufes; elles ont ordinairement la confiftance & la denficé des Baumes. Le Sel cft une matière qui fe diflout à l'humide, &: fe coagule au fec,ileft toujours affedé d'une faveur aiguë. Le Sel des Plantes eft, ou compofé , ou (impie , S>c le compofé ou mixte l'eft plus ou moins. Le plus compofé eft celui que les Chimilles nomment fel cffcntiel , qui paroît n'érre autre chofc qu'un tartre tranfparent & crif- tallin, qui contient de l'efprit & de l'huile mêlé avec du phlegmc &: de la terre. Le moins compofé cft, ou volatil, qui retient encore un peu d'huile &: de terre, ou fixe, dans lequel il fc trouve un peu plus de terre , mêlée néanmoins avec un refte d'huile, qui lui donne une odeur lixivielle. Le plus fimple de tous eft celui qui refulte de la dernière Ana- lyfe des Efprits , des huiles , & même des autres fels. M. Du Clos ayant expofé ainfi , ce qu'il appelloit les pièces conftitutives des Plantes , il expliquoit de quelle manière elles pouvoient être feparées,- car l'efprit acre, non inflammable , l'efprit acide, l'huile on£tueufe &c graffc , le baume ou huile refineufe , & le fel volatil fe tirent de la plante avec le phlegme, à l'aide du feu, par une feule Se même opération. On les fépare enfuite les uns des autres par d'autres opérations différentes ; &c ce fut de cette manière que M. Bourdelin,3 qui l'on avoir donné le Laboratoire de l'Académie , examina cette année 41. plantes. Mais comme on abandonna cette mé- thode dans la fuite , nous nous difpenfcrons d'en parler ici, &de fuivreplus loin ce que M.DuClos avoit écrit là-deffus. DES Science s. iij EAUX MINERALES. ON reprit aufll l'examen. des Eaux Minérales. On en fie venir de difFerens endroits du Royaume, jufqu'à 60. efpeces différentes ; on les éprouva toutes à la ma- nière que nous avons rapportées, Se l'on trouva, par exemple, que les eaux de Bourbon-l'Archambaut, & celles de Vichi, qui faifoient paroître les mêmes effets que les fels fixes des plantes , dévoient avoir un fel fulphureux &c nitrcux, &: que celle de Bourbon-Lancy & de Barége , ne dévoient avoir qu'un fel à peu près femblable à du fel commun, parce qu'il ne donna que les mêmes effets. De -là on paffa à des differtations fur les eaux com- munes. Les meilleures font celles dont les parties font les plus déliées ; &c l'on juge de cette délicateffe de parties , par la légèreté des eaux , &c par leur fa- cilité à s'échauffer , à diffoudrc le favon , à blanchir le linge. Il ne parut parque ce qu'il y a de terre mêlée dans l'eau, dût aider fenfiblement à la rendre plus péné- trante & plus déterfive, car deux livres d'eau étant ré- duites par l'évaporation aune once, ce qui refta ne fit prefque aucun effet aux épreuves Chimiques. On auroit pu croire que les eaux qui produifent des pierres dans les tuyaux où elles coulent , auroientété de nature à en produire auffi dans les reins des animaux ; mais M. Perrault prévint cette vaine frayeur par l'ana- life de ces deux fortes de pierres. Celles des animaux ne font prefque compofées que de fels &: de fouffres, &:ont très-peu de rcrre , ce qui fait qu'étant mifes fur le feu , elles ne laiffent prefque point de cendres. Aucontraire, les pierres des eaux , n'ont prefque point de fouffres ni 1670, 114^îlSTOIRE de" L'Ac A D E M I E RoYALE 1^70. de fels, ccn'cft que de la terre, &c ces matières terreftres qui font trop groflicrcs pour entrer dans les conduits étroits du méfcntere, & qui fortent facilement du corps, ne font pas , à beaucoup près , fi dangcrcufes que des matières falincs ou fulphurccs qui nous feroicnt con- traires. AuflTi les eaux qui produifcnt des pierres , n'en font pas moins faines , & les eaux minérales qui font mauvaifes, le font extrêmement. MATHEMATIQUES MESVRE DE LA TERRE. LA Mcfure de IaTerre,quoiqu'abfolument néceflai- re pour la Géographie, &c pour la Navigation , avoir été afTés négligée , peut-être parce qu'elle ne dépend pas d'une fine fpecuiation, mais d'une extrême juftelTe de pra- tique. Il ne faut qu'avoir deux lieux qui différent entre- eux en latitude d'un degré célefte, &: favoir enfuite de combien ils font éloignés fur la terre. Mais pour avoir dans la dernière précifion ce degré célefte, pourmcfurer exaétement fur la terre la diftance de ces lieux, quels foins , quelle attention'ne faut- il pas ? Qii cil es pré- cautions contre des erreurs imperceptibles , qui grof- fiflent dans la fuite par la quantité des confequences où elles entrent? Ceux d'entre les Grecs qui avoient cherché la mefure de la terre, étoicnt fortdiffercns les uns des autres: les Arabes fort differens des Grecs-, on remarquoit feule- ment que les plus anciens avoient fait le degré plus grand , & que la terre diminuoit toujours. Les Auteurs modernes , Ferncl , SncUius , ôc le Pcre DEsSciENCES. Î2y Riccioli , ne convcnoient gucre davantage. Fcrnel se- 1^70, toit fcrvi d'une méthode fi grofllere, qu'il n'eût pas été raifonnable de s'y fier. 11 avoit été de Paris vers le Nord , jufqu'à ce qu'il eût trouvé un degré de latitude de plus, &: puis, avoit eftimé le chemin comme il avoit pu. Riccioli avoit mefuré la dirtance de deux lieux élevés, &C les plus éloignés l'un de l'autre qu'il avoit écépoffible. Il avoit pris cnfuitc en chacun de ces lieux l'angle que faifoit fur un plomb perpendiculaire le rayon vifuel al- lant d'un de ces lieux à l'autre, je les fuppofe ici égale- ment élevés ;& comme ces deux angles auroicnt été pré- cifément droits, fi le plomb placé dans ces deux lieux difterens, eût été parallèle à lui-même,. & qu'il n'eût pas toujours tendu au centre de la terre , où par conféquenc les deux lignes de fes deux poficions fe dévoient ren- contrer, il s'enfuit que cet angle formé au centre de la terre par les deux pofitions du plomb, étoit la quantité qui manquoit aux deux autres angles pour être droits. Or la bafe de l'angle fait au centre de la terre étoit la diftance mcfurée des deux lieux; on favoit donc à quelle quantité de toifcs, de lieues, ou de milles, rcpondoit une certaine quantité de minutes ou de degrés d'un an- gle fait au centre de la terre ^&: par confcquent on avoir fa circonférence. Cette méthode paroîtroit la plus fanple , en ce qu'elle eft indépendante du Ciel; mais elle ne laifTe pas d'être fort trompeufe par les rcfraélions qui élèvent les objets fur la terre inégalement , &c fans aucune régie que l'on puiffe découvrir , parce qu'elles dépendent des différen- tes épaiffcurs de l'air que traverfent les rayons vifuels. Plus un objet eft élevé , plus il y a de différence entre l'air d'où le rayon vifuel eft parti, &: celui où il fe ter- mine. Plus l'objet eft éloigné, plus le rayon peut ren- contrer de différences d'épaiffeur dans l'air. Le matin & le foir la différence eft plus grande entre l'air fupericur 1x6 Histoire DE l'Académie Royale 1^70. ^ l'inférieur, que vers le midi, parce qu'à midi l'action du foleil a fait monter les vapeurs plus haut, & les a répandues dans l'air plus également; mais cela n'empêche pas qu'à midi même il n'y ait encore de la rcfradion , ainfi qu'il a paru par des expériences fùres. Le matin la rcfraéîion eft plus grande que le foir à pareille heure, parce que les vapeurs fur lefquelles le foleil n'a pas en- core agi , font plus ramaffées vers la furface de la terre. Il faut joindre à tout cela la différence d'épaiflcur qui arrive chaque jour à l'air de chaque lieu par le plus ou le moins de chaud ou de froid ; enfin par toutes les caufes qui peuvent agir fur une matière aufli fujette que l'air aux changemens,& fujette à des changemensaulli prompts. Sneilius s'étoit iervi d'une méthode plus fûrc que Riccioli, &: ce fut aufli celle que l'on prit, mais enen- chcriflant beaucoup fur l'exaditudc de Sneilius. On avoitcommencédèsl'année précédenteà travailler à la Mefure de la Terre. Il s'étoit fait plufieurs courfcs pour trouver deux termes propres à ce deffein-, enfin on avoir choifi Sourdonen Picardie, &Malvoifine dans les confins duGaftinois &c du Hurepoix.Ces deux lieux font à peu près fous le mêmeMeridien,diftant l'un de l'autre d'environ 3 2. lieues ; & ce qui étoit encore confiderable , on les pou- voir lier par des triangles avec le grand chemin de Ville- juive à Juvify, quieft fort long, affcs droit, &; tel qu'il le faloit pour fervir de bafe fondamentale à toute la mefure. Car on ne peut avoir géométriquement les diftanccs que par des triangles, & pour les grandes diftances, il faut plufieurs triangles, qui ont toujours quelque côté commun ; de forte qu'un triangle connu aide à connoî- tre l'autre, èc l'on pafle toujours ainfi jufqu'au bout de triangle en triangle. Mais il faut que dans celui par où l'on commence, il y ait du moins un côté qui ait été aéluellemcnr mefure; ce premier pas doit être fondé fur uneconnoiffancc méchaniquc , &c pour ainfi dire, ma- DESSCIENCES. II7 tcriclle, après quoi l'on s'engage dans tous ces trian- 1^70. gles, donc on ne découvre les niefurcs que par raiion- ncment &c par géométrie. Cette première bafe fondamentale efl: d'autant meil- leure , qu'elle eft plus grande. Celle de SncUiusn'étoic que de 6}o. de nos Toifes ,• colle de Riccioli, de 1 064 ; celle de M. Picard, qui étoit toute la longueur du cheminVlepuis le Moulin de Villejuive jufqu'au Pavillon de Juvify , fut trou- vée de j 663. Toifes. pour plus de fureté, on mefura encore fur la fin de tout l'ouvrage une bafcde 5901. Toifes. Un des inconveniens qui fe trouvent en formant des triangles à des diftances un peu grandes, c'eft que l'on en met néceflairement la pointe , à ce qui ne paroît aux yeux que comme un point; cependant ce qui ne paroît de loin qu'un point, eft un objet affés grand, & ce qu'on prend pour un triangle, n'eft plus un triangle, mais une figure de plus de trois côtés. Cela ne fepouvoit jamais éviter avec les Pinules des Inftrumcnsquifervoicnt à obferver. Mais ons'avifa heu- reufement de mettre une Lunette au-lieu de Pinules, Se dans le foyer du verre objcdif de la Lunette, deux filets de foye très-fine en croix. Comme les rayons partis d'un point de l'objet, fe réiinilfent exaftement dans un point du foyer de l'objedif ; le plus petit obftacle mis en cet endroit-là, ar- rête tous les rayons partis d'un même point, & empêche qu'il n'en parvienne aucun à rccil,quand même l'oeil chan- geroit de place. On voit les filets comme s'ils étoient ap- pliqués fur l'objet; il ne faut donc que pointer, fi l'on veut, à ce qui eft couvert par l'interfedion des filets, Sc l'on eft afturé que l'on ne pointe qu'à un fcul point. Il falut 13. triangles pour aller de Malvoifine à Sour- don. On réïceroit plufieurs fois l'obfervation d'un même angle. Se même on la faifoit faire par plufieurs Obfer- vateurs qui gardoient leurs Mémoires à p.irt. Quand on voulut prendre le triangle de Malvoifine, Mont- Lhery, ii8 Histoire DE l'A cademie Royale 1^70, & Mareiiil , trois lieux affcs éloignés; on fut oblige d'y faire des feux pendant la nuit, pour les voir tous trois en même- tcms -, Se à cette occafion l'on remarqua que les objets lumineux, même avec les Lunettes-d'approche, paroifTent toujours plus grands qu'ils ne devroient. Car un des lîlets du foyer de l'objcdif, dontla grodcurctoic * la treiz^centiéme partie d'un pouce, occupoit dans une Lunette de 3 e. pouces un efpacc d'environ 4", &: cepen- dant il ne cachoit qu'à moitié un feu de 5. pies de lar- geur , qui félon la diftance où il étoit, n'auroit dû être vu que fous un angle de j". 14'". De la façon dont les i j. triangles étoicnt difpofés, trois lignes d'une grandeur connue, mifesbout à bout, & affés peu inclinées l'une à l'autre , alloient de Malvoi- fincà Sourdon. Cependant, ni elles ne faifoicnt cxaétc- ment une ligne droite, ni cette ligne, quand elle eût été droite, n'eût été cxadement une Méridienne. Il faluc donc voir de combien chacune de ces trois lii^ncs étoit inclinée à la Méridienne du lieu. Cela fe trouva par des Obfervations Aftronomiques. De-là on tiroit la valeur des Méridiennes en toifes, &: les trois Méridiennes étant connues , compoferent la diftance méridienne d'entre Malvoifinc &: Sourdon de 68430. Toifes, 3. pies. Voilà donc les deux termes qu'on avoir choifis fur la terre, dont on favoit exaftement en toifes &: en lieues la véritable diftance prife fur un Méridien. 11 ne reftoic plus qu'à découvrir leur différence de latitude , c'cft-à- dirc, leur diftance par rapport au Ciel , la valeur de ces 68450. Toifes 3. pies en degrés céleftes. Là, il falut redoubler l'cxaditude & la précifion , parce que les plus petites diftances dont! on fe puiife tromper dans le Ciel, répondent à de grandes diftances fur la terre. Si l'on s'eft mépris de la foixanticmc partie d'un degré célefte , on s'cft mépris de près de 1000, toifes fur un degré de la terre, Si dans le calcul de fa circonférence DESSCIENCES, ÎI9 cîrconfcrence cette erreur de looo. toifcs Te multipliera 1^73. 560. fois. On prit la différence des latitudes de Malvoifine & de Sourdon , en obicrvant en chacun de ces lieux la diftance méridienne du genou de Cafllppée au Zenit. La différence de ces diftances méridiennes, & par conféquent celle des latitudes fut trouvée de 1°, Enfin d'un Ci grand nombre d'opérations géométri- ques, &:afl:ronomiqucs , de tantderailbnnemcns&d'ob- fervations , il en fortit la valeur d'un degré d'un grand cercle de la terre de 57064. toifes 5. pies. Mais parce que la ligne Méridienne de Malvoifine à Sourdon ayant été prolongée par-de-là Sourdon jufqu'au parallèle d'Amiens, & la différence de latitude entre Malvoifine & Amiens obfcrvée, il fe trouvoit par cette nouvelle opération 57057. toifes pour la valeur d'un degré, on prit le milieu entre ces deux valeurs 57064. toi. j.piés, &: 57057. toi. dont la différence étoit fi lé- gère, qu'elle pouvoir paffcr pour une conformicéfurpre- nante entre les différentes opérations. On s'arrêta donc au compte rond de 57060. toifes. On ne peut diffimuler ici que Ferncl avoir trou- vé 56746.' toifes , & que fa méthode groffiere &; fon eftime faite au hafard , l'avoient prefque auflî- bicn conduit, que tous les foins & toutes les préci- fions que l'Académie employa. Mais il cft vrai aufft que Fernel , qui étoit fi près du but, ne pouvoit pas raifonnablemcnt s'affurer d'y être ; & ce n'eft pas avoir trouvé la vérité que d'ccte en état de douter fi on l'a trouvée. Les lieues moyennes de France érant d'environ ii8i. toifes, un degré de la terre en contient zj. la circon- férence 9000. & le diamètre 1864. ^. La toife dont on fe fcrvit eft celle du grand Châteletde Paris. //i/. de l'Ac. Toni. I. R. IjO H I s T O I R E D E l'A C AD E M I E RoYALE 1670. M. Picard, qui fut le principal conducteur de ce grand ouvrage, a comparé dans fon Traité de la. Mcfurc delà Terre , nos toifcs &c nos lieues , a différentes mcfures ufi- tées dans l'Europe, afin que d'autres nations puffcnt éva- luer à leur manière ce que nous exprimons fclon la nôtre. Mais comme la comparaifon de ces diftcrcntcs mefures eft pénible, & que d'ailleurs les originaux de toutes les mefures avec quelque foin qu'on les garde, peuvent être réellement altérés par le rems, il fcroit plus commode, &c plus beau d'avoir une mcfurc univer- fclle attachée à quelque chofc qui fut immuable , &; com- mun à tous les peuples de la terre. L'original en peut être dans le Ciel. Il ne faut que prendre un Pendule fimple, dont chaque vibration foie précifémcnt d'une féconde de tems , conformément au moyen mouvement du Soleil. Sa longueur fera la mefure univerfcllc. Quiconque réglera un Pendule à fécondes fur le moyen mouvement du Soleil , retrouvera toujours la même longueur. 11 faut feulement obferver que les vi- brations foient petites,- car au-deffus d'une certaine gran- deur , elles font d'inégale durée. Cette longueur , fclon notre mefure, eft de 3 6. pouces 8. lignes x, de forte que le tiers de ce Pendule à fécon- des pourroit être appelle le pied univerfel, & le double de ce Pendule la toife univerfelle. Cependant il faut avouer que tout ce qui eft at- taché à la matière n'eft guère capable d'une cxafte uniformité. Si , fclon les obfervations que nous avons rapportées de M. Picard, la longueur du Pendule doit être différente en hiver & en été , pour battre égalc- mctit, on ne pourra pas fc fier entièrement à la mefure univerfelle , &: nous rapporterons encore ailleurs plus à propos d'autres obfervations, qui peuvent la rendre fufpefte. L'Académie ayant fait réflexion que comme elle n'a DESSciENCES. IJI" volt mefuré qu'un degré , ou à peu près , l'erreur , s'il y i(;yo, en avoit, fe mulciplieroit 360. tois fur la circonférence, & par-là deviendroicconfiderable , quelque Icgerc qu'elle fût, elle réfoluc de mcfureràla fois un plus grand nom- bre de degrés, afin que l'erreur qui s'y pourroit encore glifTer, fe mukipliâc moins fur la circonférence de la terre; car il n'clt pas plus difficile de prendre la diffé- rence de latitude de deux lieux plus éloignés, que de deux plus proches , &: pour mefurcr de plus grandes diftanccs fur la terre, le travail n'en cft que plus long , & plus fatigant, & non-pas plus fujet à erreur. Elle en- treprit donc de continuer la Méridienne qui alloit d'A- miens à Malvoifme , jufqu'à l'extrémité la plus méridio- nale du Royaume oii elle pourroit aller, tant une plus grande précifion fur cette matière lui parut digne de fcs foins Se de fes peines. La Géométrie-Pratique n'avoit jamais conçu un fi grand deflein. ASTRONOMIE. CEt T E année on fit plufieurs recherches fur l'E- quation des jours , fur les refraftions , fur les pa- rallaxes ; on obfervoit leCicl aflîdument, on comparoir les Hypothéfcs des plus fameux Aftronomes entr'elles & avec les obfervations. Mais la continuation des travaux ordinaires d'Aftronomie , quoiqu'infiniment utile à l'a- vancement de cette fcience , ne pourroit fournir à cette Hiftoire que des répétitions ennuyeufes ; & nous ne rapporterons que ce qu'il y a eu dans ce genre de fingulier &: de nouveau. Telle fut une Etoile qui parut au mois de Juin proche la tête du Cygne. Le P. Dom Anthelme Chartreux à Dijon la découvrit le premier le Rij 131 Histoire de l'Académie Royale 1^70. io- Juin de cette Année, & en ayant donné avis à l'A- cadémie, M. Picard commença à l'obfervcr le ij. M, Mémoires , Caffini l'obferva aulTi de Ton côté. Elle s'évanouit entie- Tom. 10. p. rcment au mois de Septembre. ■"*■ La fameufe Etoile qui fe fait voir de tems en tems dans le Col de la Baleine , ne fe déroba pas non plus à la vigilance de M. Caffini. Il fit des Tables dcfon mou- vement, ou plutôt de Ces Apparitions, fur les obferva- tions qu'il en avoir faites , & fur celles des autres Aftro- nome. M. Picard l'avoir oblcrvée des la fin de l'année i6é8. elle lui avoir paru alors de la troifiémc grandeur , Se même égale à celle qui eft au Nœud des Poilfons. Le Z4. Novembre i66s>- il l'a trouva de même ,& peut-être plus lumincufe; mais elle commença dcslors à diminuer. Par la comparaifon de toutes les obfcrvations qui en avoient été faites , M. Caffini découvrit que les Phafes de cette Etoile rcvcnoient au bout de 170. jours , non- pas cependant fi régulièrement , qu'il n'y eût quelquefois plus de 1 5. jours à dire. En faifant fon Catalogue des Etoiles fixes , il y en mit plufieurs qui n'avoicnt été marquées par aucun Agro- nome, quoiqu'elles fufTent affés grandes. Au contraire, il trouva qu'il en manquoit dans le Ciel quelques-unes qui avoient été marquées par les Aftronomes. On peut croire que dans ces efpaces immenfcs qui compofent l'Univers , &c dans de longues révolutions de tems qui paffcnt toutes nos idées , les Etoiles ont leur naiifance & leur fin, comme à proportion les fleurs d'une Prai- rie. Qiielques millions d'années nous fcroient un nou- veau Ciel i car les fix mille ans déjà écoulés ne font qu'un inftant , & un inftant dont les deux tiers nous ont prefque entièrement échappé par rapport à l'Hiftoire des corps céleftcs ; Se cependant, dans le petit refte de cet inftant, que nous connoiflons, le Ciel n'a pas été tout-à-fait exempt de changemens. DEsSciENCES. IJJ M. Caffini lut âuflî cette année à l'Académie, fa 1^70. Méthode de trouver la différence en longitude par les Obfcrvations corrcfpondantes des Phafes des Eclipfes de Soleil faites en divers lieux j II l'avoit inventée dès l'année 1661. Elle fert encore à déterminer plufieurs points fondamentaux d'Aftronomic. Riij Kî/r- 134 Histoire de l'Académie Royale «î? fjfe» r|? «^ fj? fj» fil» f|? f^ <^ rj? f^ fifc< fj^ ^ ^l^ t^ «^ «^ w^ 1^ <^ i^i <^ *;|4 «|j 1^ 1^ «^ c|j k|w t^ 1^ i^j 1^ ANNE'E MDCLXXI. P H I S I Q U E A N A T O M I E- IL eue été à fouhaiter que rous les Animaux du mon- de eufl'ent pafle en revue devant l'Académie. Non- leulemcnt elle leur donnoit des noms , en retrouvant par une fine Critique ceux qu'ils avoicnt eus dans l'An- tiquité ; mais elle découvroit par une exade Ana- tomie leurs propriétés & leurs natures. Cette année il en parut devant Elle un afles grand nombre, des Ga- zelles, des Vaches de Barbarie, des Autruches , des Ai- grettes , des Grues de Levant, Sec. I. On jugea que la Gazelle étoit/<î Borats, \e Sirc- fjïceros^ ou Chèvre Lybiquc des Anciens. Son nom mo- derne vient de l'Arabe, Algazjel, qui fignifie Chèvre. Quelquefois les maladies dont les Animaux fontmorts, font favorables à l'Anatomie , parce qu'elles font pa- roître des parties, qui dans leur état naturel ne paroif- foient point, foit en les enflant, & en les étendant, foit en changeant leur couleur , qui les faifoit confondre avec des parties voifines. Ce fut par ce dernier moyen que les DEsSciENCES. |}, petites glandes prcfque infinies , qui compofoicnt le j, j foye de trois ou quatre Gazelles , parurent nianifcfte- ment. Elles étoient devenues plus blanchâtres que la partie commune qui les lie & les aflcmblc, & par là elles s'en détachoient. Elles étoient toutes d'une figure approchant de l'cxagone, & percées chacune en Icurmi- lieu par une petite fente, ftrudure vifiblemcnt dcftinée à une filtration. Il y avoit une des Gazelles , où la fub- ûance du foye paroiffoit égale & uniforme , &: telle qu'elle doit être pour n'être pas connue. Quoique les Animaux ayent d'ordinaire quatre ventricules, à caufe des différentes coclions que demandent les herbes qu'ils mangent; alimens qui ne rendent du fuc que par une diifolution lente & parfaite; la Gazelle qui rumine n'a que deux ventricules. Mais on peut fe fier à la fagefle de la nature , que ces deux vaudront les quatre des au- tres. En clïet , on y trouva toutes les diverfes figures êc les fubftances particulières , que les quatre ont accoutu- mé d'avoir, le velouté çompofé d'une infinité de petits mammelons , les éminences entrelaffées en forme de rc- feau, les feuillets bordés de petits grains femblablcs à des grains de millet , enfin toute cette méchanique délicate, qui fert , ou a brifcr fucceirivement les alimens en ditrerentes façons, ou a. les empêcher de s'échapper plutôt qu'il ne faut, ou à former les liqueurs diilolvan- tes , ou à les exprimer. i. La Vache de Barbarie, plus femblable à un Cerf qu'à une Vache, &c qui portoit toutes les marques du Bubaltts des Anciens , avoit dans le tronc de la veine- porte des valvules , que l'on n'avoit encore trouvées à aucun animal. On fait que le mouvement du fàng dans les veines, cft des rameaux vers le tronc , & que dans les artères, il eft du tronc vers les rameaux. La veine- porte efl: veine par Icfang, qui des entrailles coule par îes rameaux dans fou tronc ; mais d'un autre côté , elle ï5^ Histoire de l'Académie Royale iSjx. iniiteles artcrcs , en jcttant du lang de fon tronc dans le foye par des rameaux , qui de-là s'embouchent dans les rameaux de la cave, pour faire aller le fang au cœur , & font que la veine-porte redevient efTcntiellement vei- ne. Mais comme les rameaux qu'elle répand dans le foye font joints étroitement à des artères , dont la dilatation S>c la pulfacion pourroit faire refluer le fang de ces ra- meaux dans le tronc de la porte , il y a des valvules qui s'y oppofcnt. Toutes les autres valvules empêchent que le fane des veines ne retourne du tronc vers les ra- mcaux, celles-là empêchent qu'il ne retourne des ra- meaux vers le tronc, parce qu'à l'égard de ce fang, la veine-porte cft comme une artère. 3. Les Autruches ont des ailes qui ne leur fervent point à voler , comme les Taupes ont des yeux qui ne fervent point à voir, & les mâles de plufieurs efpcces ont des mammelons ; foit que la Nature, attentive feu- lement au gros de l'ouvrage , ayant donné à tout un genre certaines parties qui lui font nécefTaircs , les don- ne aufii, quoiqu'inutilemcnt , à quelques-unes des cfpé- ces qu'il contient, foit qu'elle néglige quelquefois quel- ques cfpcccs fur de certains points , comme il efl; fùc qu'en chaque efpécc elle néglige plufieurs individus, foit qu'en paflant d'un genre à un autre elle obfcrvc des nuances, qui font, par exemple, que l'efpéce d'oifeau qui tient encore à 1 animal terreftre, n'a que la figure d'oifeau , &: n'en a pas le vol. Quoiqu'il en foit , toute la méchaniquc, qui rend les aîles propres à voler , manque à celles de l'Autruche. Un Oifeau ne s'élève que parce que dans l'inftant qu'il étend &: qui! abaiffe fcs aîlcs, il pouffe l'air en embas avec une vîtefle fi foudaine S>c fi brufquc, que l'air ncpeutcirculer&: remonter en en-hauc affés promptement. L'air devient donc par-là uncefpéce de corps folidc qui refifte, &: fur quoi l'aile abailTées'ap- puye, 5c c'cfl; ce qui fait monter le corps de l'oifeau. Pour DESSCIENCES. I37 iPour cela, il paroît d'abord qu'il f;xuc que l'aile, outre fa 1^71. légèreté, ait beaucoup de fermeté. Mais comme dans le moment fuivanc laîle fe relevé, & frape l'air de bas en haut, avec autant de vitcire qu'elle l'avoit frapédcliauc en-bas, l'air qui ne pourroit pas monter affés vite, lui refifleroit, S>C tcroit redcfcendre le corps del'oifcau au- tant qu'il étoit monté, fi quelque mcchanique particu- lière ne prévenoit cet inconvénient. Voici donc ce que la nature a ménagé avec toute fon induftrie. Pour la fermeté del'aîle, elle a fait le tuyau de chaque plume à peu prés cylindrique , en méme-tcms qu'elle l'a fait creux pour la légèreté. Elle a attaché des deux côtés decha- •que tuyau de longs fils, plats, & fitués l'un contre 1 au- tre par le plat, qui ont plus de facilité à fe plier du fens qui les approche , que de celui qui les fépare. De plus, les fils ont de part & d'autre des fibres crochues , vilibles avec le Microfcope , qui s'enlacent avec les fibres du fil voifin , de telle forte que deux fils qu'on a féparés , fe reprennent très-facilement dès qu'ils fe rapprochent. Enfin une partie d'une plume eft couchée fur une partie c qu'elles ont beaucoup de jeu. Les Autruches ont la réputation de digérer le fer &: les pierres ; mais on reconnu: qu'elle étoit mal fondée. Il eftvrai que les Autruches , comme la plupart des oi- feaux , avalent des cailloux , & même , ce qui n'eftpas fi ordinaire, qu'elles avalent des morceaux de métal; mais il n'eft pas vrai qu'elles en falfcnt la digeftion. Avant queles alimens puilTent être diflous par les liqueurs de i'eftomae, il faut qu'ils l'oient broyés grofllerement ; & c'eft ce que font les dents des animaux qui mâchent. Mais comme les oifeaux ne mâchent point , &c qu'ils vi- vent cependant de graines , & d'autre choies dures , la nature leur a donné l'inftincl: d'avaler des cailloux qui leur fervent à broyer ces alimens dans leur eftomac , & ôc leur tiennent lieu de dents. On en trouva un dans le ventricule d'une Autruche , qui étoit de la grofleur d'un œuf de poule. Mais ces oifeaux , qui fontvoraces, ufant mal de leur inftinct , avalent aurti du fer &: du cuivre, qui, quoique propres au mcaïc ufage que les cailloux, leur font d'ailleurs pernicieux , &:fc changent en poifon dans leur eftomac. Aufli a-t'on remarqué que les Autruches , qui en avoient beaucoup avalé , mou- roient bien-tôt après. On peut dire , pour juftifier la nature qui leur a donné ce funcfte inflinét, que les Au- truches ont été deftinées à vivre dans des Deferts , où elles doivent rencontrer beaucoup de cailloux , & ja- mais du fer ou du cuivre. Ces cas trop particuliers fem- blent avoir été indignes de l'attention de la nature. On trouva dans I'eftomae dune Autruche , jufqu'à 70. dou- bles, la plupart confumés prefque de trois quarts, &: rayés apparemment par leur frottement mutuel, &c p.ir celui des cailloux, &c non pas par aucune diftblution , parce que quelques-uns de ces doubles , qui étoient creux 140 Histoire de l'A c a d e m i e Royale 1^71. d'un côté, & boflus de l'autre , étoienc tellement ufés&î luifans du côté de la boiïe , qu'il n'y paroifToit plus rien de la figure de la monnoyc, qui étoit demeurée entière de l'autre côté, que la cavité avoit défendu du frotte- ment, lleft certain que cette cavité n'eût pas garanti le côté où elle étoit, de l'aclion d'un efprit diirolvanc. Tout ce qui étoit contenu avec les doubles dans le ven- tricule des Autruches, étoit verdi. 4. En difTequant deux Pigeons, on remarqua que leur œfophage eft capable d'une dilatation plus grande que celui des autres Oifcaux , & qu'on foufBantdans leur âpre-artere, on fait enfler leur jabot, fans que l'on fâ- che par quels conduits l'airy peut entrer. L'ufagc de cette méchanique paroît avoir rapport à la nourriture que les Pigeons avalent pour la porter à leurs petits. Si elle étoic ferrée &: comprimée dans leur œfophage, elle s'y dige- reroit , ou s'y altereroit du moins confiderablement , avant qu'ils fuflent arrivés à leurs nids ; car le mouve- ment de compreflion eft une des principales caufesdela digeftion y mais la dilatation de l'œfophage , &c l'air donc le jabot s'enflent mettent en fureté ce qui y eft en re- fcrve. j. Pour s'affùrer "que le mouvement du poumon fert à faire pafTer le fang du ventricule droit du cœur dans -3e gauche au travers du poumon, on dilTequa un Chien vivant. AulKi tôt qu'on lui eut ouvert la poitrine , le pou- mon cefTa de fe mouvoir , le cœur ceffa aufli de battre , & le ventricule droit s'enfla cxtraordinairement , parce que le poumon qui s'étoit abattu fermoir le paffage du fang, quieûtdii paflTer dans le ventricule gauche. Mais aulfi-tôt que l'on eut rendu au poumon fon mouvement ordinaire de dilatation &: de conftriftion par le moyen d'un foufflct, avec quoi on poufla de l'air dans l'âpre- artcre, le cœur reprit fon mouvement naturel, & le difcontinuant lorfqu'on cefloit de foufflcr , il recom- DES Sciences. 141 fncnçojt à battre dès qu'on faifoit mouvoir le poumon 1^71, en y foufflant de l'air. Cette expérience fut continuée l'efpacc de plus d'une heure , fans que la vigueur du Chien parût être diminuée; Se l'on peut dire qu'en cet efpace de tems on fit mourir & revivre cet animal plu- fieurs fois. MATHEMATIQUES- MEC H A N I Q^U E. CE qu'on appelle en Méchanique la Réfiftanee des Corps folides efl: une efpéce de Science toute nou- velle, dont Galilée a été l'Inventeur, audi-bicn que de celle des Vibrations , Se du fiftême de la Chute des Corps pefans. Mais il y ^ une forte de fitalité attachée à la gloire de l'invention. Quand on découvre , on eft plus fu> jet à fe méprendre , &: on eft relevé de fes fautes par ceux mêmes qu'on a' éclairés. Galilée n'a pas été exempt de cette deftinée commune aax grands génies ; M. Blondel qui fe faifoit honneur d'avoir été fon difciple dans les derniers tems de fa vie, entreprit de faire voir quelques Paralogifmes oià il étoit tombé fur la Réfiftandê desSo» lides. L'intérêt de la vérité difpenfe d'avoir des petits mé- nagemens , &c des égards trop délicats , & en remar- quant les fautes de ces grands Hommes, ilfuffit dere- connoître qu'ils ont eu quelquefois plus de mérite à les faire, que nous n'en avons à les remarquer. On peut voir à quoi fe réduit prefque toute la Doélrine de la Réfiftance des Solides dans l'Hiftoire de l'Acadé- mie année 1702. pag. 102.. & fuivantes. Nous fuppofons S iij 141 Histoire de l'Académie Royale léjï. ici tout ce qui y eft dit fur cette matiete, & nous n'en reprendrons que ce qui cft ncccfiairc à notre fujct. Si une poutre quadrangulaire eft fichée par un bout dans un mur, & qu'à l'autre bout il y ait un poids fuf- pendu qui tend à la rompre, on ne peut confidercr dans la Réfiftance des difterentes parties de la poutre, que la grandeur des furfaces qu'il faudroit féparcr en differens endroits , & le différent éloignement où cft le poids à l'égard de ces endroits dift'crens , parce qu'il tire de ("on éloignement plus ou moins de force. Dans une poutre quadrangulaire, toutes les furfaces étant égales , il ne refte plus que les dilFercns éloigne- mens du poids à l'égard des différentes parties, &: l'on voit fins peine que le poids agira davantage contre celle dont il eft plus éloigné; que par conféquent, fi la pou- tre rompt , elle rompra près du mur , & que fa force pour réiifter à la féparation de fes parties, va toujours s'aug- mentant depuis le mur jufqu'au poids. Si cette augmentation de Réfiftance lui cft inutile , ôc qu'il (uffife qu'elle en ait une égale en toutes fes parties , on cheiclie quelie figure elle doit prendre, & l'on trou- ve qu'elle doit être diminuée en parabole depuis le mur jufqu'à l'autre extrémité. Or en la diminuant en parabole , on lui ôte le tiers de fa maricre & de fon poids , ce qui peut être utile dans les occafions où il faut accorder la légèreté avec une force toujours égaie. Enfin fi Ion fuppofe la poutre quadrangulaire appuyée par les deux bouts, dans une fituation horifontalc, 8c fans pefanteur, Se que le poids foit fufpcndu fuccefiive- ment en deux endroits differens pris à difcrction entre fes extrémités, il cft certain que le poids la rompra, s'il la rompt , par l'endroit où il eft fufpcndu , &: qu'en même cems les deux extrémités de la poutre qui étoient ap- puyées, dcfccndront. Les deux points les plus bas de ces D E s s C I EN C E s. 14, extrémités feront lés points fixes de deux leviers, par 1^71. rapport aufquels on doit juger de l'aûion du poids. Les furtaces qu'il faut rompre étant toujours égales, les dif- férentes réliftances de la poutre au poids Ibfpcndu fuc- ceirivement en differens endroits , ne dépendront donc que du plus ou moins d'éloigncment où fera le poids à l'égard des deux extrémités tout cnfemblc , puifqu'il agit contre toutes les deux à la fois pour les faire defcendre. Le plus grand éloignemenr où puifTe être le poids à l'égard des deux extrémités tout à la fois, c'eft d'être au milieu; &C par conféquent ce fera dans ce point qu'il aura la plus grande aéVion , &c la poutre , la plus foible réfîftance. Qu'on fufpende le poids à tout autre point , fon aéVion fera moins forte ,& elle le fera d'autant moins que le point de fufpenfion fera plus proche d'une ex- trémité. La réfiftance de la poutre va donc en augmentant toujours départ & d'autre depuis le milieu jufqu'aux deux extrémités appuyées; &: fi l'on vouloir que cette rélif- tance fut égale en toutes fes parties , il faudroit dimi- nuer la poutre depuis le milieu jufqu'aux deux extré- mités également de part 6^ d'autre , félon une certaine figure. Galilée , prévenu de la Parabole , avoir trouvé que cette diminution devoit être encore parabolique; mais M. Blondel prouva qu'elle fe devoit faire en demi cer- cle, ou en éllipfe. Ainfi l'on eft fur qu'une pièce de bois , de marbre, &c. taillée en demi-cercle, ou en demi-élli- pfe, & pofée fur les deux extrémités de fon côté plat, réfiftera également en quelque endroit que ce foit qu'on la veuille charger d'un poids. Les Architectes peuvent quelquefois fe fcrvir utilement de ces fortes de con- noiffances; mais il eft bien vrai-feniblablc que dans la plus fine ôc la plus délicate de toutes les Architeélurcs , qui eft la Méchanique des Animaux , les propriétés des 144 Histoire de l'Académie Royale 1^71. figures géométriques y font fouvenc employées d'une manière qui n'cft pas toujours aifée à reconnoître. On traita aufli dans l'Académie divcrfes autres queilionsquiappartenoicntà laMcchaniquc ; M. de Ro- berval lue une Diflertation fur le centre de Percuffion ; M. Mariette lut auflî fon Traité de U Perciifj.en ou choc des Corps i celui des corps à refTort fit naître un examen de la caufe phyfique du reflbrt. MM. Perrault, du Clos , Mariottc &c Buot communiquèrent là-defTus leurs pen- sées , qui , quoique différentes en apparence entr'elles , parurent cependant pouvoir être réduites à un feul &: mê- me fyftême. On ne négligea pas le fenfible de la Méchani» que. Diverfes Machines renvoyées à l'Académie par or- dre de M. Colberty furent examinées; telle fut, par exemple , une machine pour nettoyer les Ports , &: une autre pour broyer ou moudre les grains , &cc. MM. Niquet &: Couplet continuèrent auffi à faire exécuter des modèles des machines le plus en ufage dans les differens Arts. M. Caffini expofa par occafion la manière dont on fc fert aux environs de Bologne &: de Modene pour avoir des Jets -d'Eau , des Puits, mêmes les plus profonds. D'abord on creufe la terre jufqu'à ce qu'elle paroifle gonflée par la force de l'Eau qui coule & qui pouffe par-deffous , &: alors on plonge dans le fol une cfpcce de tarierre fort longue qui donne une iffuë à l'eau , & la tarierre retirée, l'eau fort avec impetuofité, & remplie non-feulement le Puits entier, mais arrofe encore par fa dépenfe continuelle les campagnes qui en font voifines; peut-être ces eaux viennent- elles par des canaux fouter- rainsdu haut du Mont Appcnin, qui n'eft qu'à dix milles de ce territoire. Dans la balTe Autriche, ou celle qui cft plus vers l'embouchure du Danube , &c qui eft environnée des montagnes de Stiric , les Habitans fe fervent de la fnême manœuvre pour faire venir de l'eau dans leurs Puits. ASTRONOMIE. DES Sciences. 14J 16-ji. ASTRONOMIE. L'A L G E B R E crt fi fimplc & fi indépendante de l'Ex- périence, qu'un Algebrifte, pourvu qu'il eût l'et prit excellent, pourroitfc pafferdu fecours de tous ceux qui l'auroienr précédé. l'Adrononùe au contraire eft toute attachée aux obfervations, &c aux faits,- & il cfl: neceflaire pour fa perfcétiion , que les Aftronomes de tous les fiécles fe donnent la main , &: fe tranfmettent les uns aux autres leurs connoifTances. Mais pour proiitcr dans cette Science du travail des Anciens , il faut pou- voir calculer pour le lieu où nousforames, ce qu'ils ont calculé pour les lieux où ils étoient, & par conféquenc il faut favoir exactement la longitude & la latitude de ces lieux. On ne peut pas préfentement s'en rapporter aux Anciens eux-mêmes , parce qu'on obferve avec des luftrumens & uneprécifion qu'ils n'avoient pas , & qui rendent fufped tout ce qui a été trouve par d'autres voyes. Les Aftronomes dont il étoit le plus neceffaire de comparer les obfervations aux nôtres , étoient Hippar- que , Ptolomée , &C Tycho-Brahé. Les deux premiers étoient à Alexandrie en Egypte ;& félon toutes les ap- parences , ils mirent cette Ville en podefTion d'être la Capitale de l'Aftronomie. C'étoit elle qui donnoic' fur cela des loix à toutes les autres ; & dans l'ancisnne Eglife le Patriarche d'Alexandrie régloit le Cycle Paf- chal , &: l'envoyoit aux autres Evêques. Tycho a tra- vaillé dans rifle de Huen^, fituée dans la Mer Balti- que, vers le Détroit du Sond. Là, il fit bâtir ce fameux Obfcrvatoire, qu'il appella Uranibourg, nom conipo fé m/, de l'Ac. Tom, L T 14^ Histoire de l'Académie Royale i L'Eclipfe de Soleil du zi. Août 1671. qui fut obfer- vée à Paris par M. Caffini , le fut auffi en Cayenne par M. Richer. A Paris le commencement arriva à ^^. 38' 37" du foir à 6''. 8' 34" les pointes ou cornes du Soleil étoient dans un même almicantarat. Cette Eclipfe fut de 8. doigts. En Cayenne M. Richer détermina le commencement de l'Eclipfe à z^. 31' 30", & la fin à 4^. 37', M. Caffini appliqua à ces Obfervations fa méthode de trouver la différence des Méridiens par les Eclipfcs de Soleil; il trouva 3^ 41' pour la différence entre Paris &c Cayenne, à quelques minutes près de ce qui avoir été déterminé par d'autres voyes. Au commencement du mois de Février de cette année , M. Callini revit le cinquième Satellite de Saturne pcn- idant 13. jours. Il le trouva éloigné du centre de Saturne de 10. diamètres & demi de l'anneau , Se découvrit que fa révolution autour de cette Planetce , fe faifoitcn 80. jours. Ce Satellite a une particularité remarqua- ble. Lorfqu'il cft vers l'endroir de fon cercle, où il eft le plus éloigné de Sarurnedu côté de l'Orient, il devient invifiblc, environ pendant 30, jours, & dans fon plus grand éloignement Occidental, on ne ccflc point de le voir. Il n'cfl: point plus éloigné de la Terre ni du Soleil dans l'une de ces fituations , que dans l'autre, &: même on le perd de vue, quoiqu'il s'approche de Nous. Cette bifarrerie apparente peut venir de ce qu'il a un mou- vement fur fon axe, par lequel dans des rems réglés il rourne vers Nous une partie moins propre à réfléchir la lumière, comme une grande Mer, & enfuite quelque grand continent qui renvoyé mieux la clarté. 11 ne faut D E S Se lENCE S. ï^y pas entendre par-là , ni des Mers, ni des Terres par- '1^71. faltement femblables aux nôtres , ce font feulement des parties qui ont à peu prés la même différence à l'égard de la réflexion de la lumière. Du rcfte , la Nature cft trop féconde pour tomber dans des répétitions entières. 1^74- lyS Histoire de l'Académie Royale ANNE'E MDCLXXIV. PH Y S IQUE OBS EKVAT IONS FHTSI ^U ES. LA Phyfique avoit partagé les foins de M. Richer pendant Ton féjour deCaïenne. Il en rapporta des Obl'crvations Phyfiqucs, qui étoient à la vérité en petit nombre, parce qu'un Voyageur , qui ne veut dire que ce qu'il a vu , &: ce qu'il a bien examiné , ne peut pas faire de fi gros Recueils ; mais une partie de ces Obfervations portoient le caradere d'un Voyageur favant , & qui avoit tourné fa vue vers de certaines chofes, que les autres ne s'avifcnt pas de regarder. Le tems , &: les différentes hauteurs de la Marée à l'Ifle de Cayenne ; les Vents d'Eft qui y régnent toujours avec cette feule variation , que tantôt ils déclinent vers Iç Nord, tantôt vers le Sud. Un Crocodile enfermé pen- dant huit mois dans une grande caiffe pleine d'eau, <^u'oii lui changeoit tous les jours, &c qui ne mangea rien pendant tout ce tems-là , quoiqu'on mît auprès de lui du poiffon & de la viande. Un Poiflon femblableà une Anguille, gros comme la jambe , & long de trois à quatre DES Sciences. 177 quatre pieds , qui étant touché, non-feulement avec le 1^74. doigt, mais avecrextrémicc d'un bâton, engourdie telle- ment le bras , qu'on cfl un demi-quart-d heure (ans le pouvoir remuer , èc que l'on eft faifi d'un vertige à tomber par terre,- font des Remarques qu'un autre eût pu faire, quoiqu'avcc moins d'exadtitude, & il cfl; cer- tain qu'une Remarque plus exade & qui devient fûre, mérite de paffer pour nouvelle. Mais il falloit un Mathématicien pour obferver. Que les réfradions de la lumière du Soleil font à peu près les mêmes vers l'Equateur qu'en France. Qu'il n'efl: point vrai , comme plufieurs le croyent , que l'Ai- guille aimantée mife de niveau fur fon pivot, s'incline à l'horifon , Se s'abaifle proportionnellement à la hau- teur du Pôle; car une Aiguille qui s'inclinoirà Paris àey^° du côté du Nord, s'inclinoit encore en Caïenne du même côté de jo", ce qui ne garde nulle propor- tion avec ces deux hauteurs de Pôle. Enfin que la lon- gueur du Pendule à fécondes n'efl: pas la même en Caïenne qu'à Paris, C'cfl: ici la plus importante Obfervation , & celle qui peut le plus exercer les Philofophes. Elle fut réitérée pendant dix mois entiers , avec tout le foin Se toutes les circonfpedions poflibles; Sc il s'efl: toujours trouvé que le Pendule à fécondes , qui eft à Paris de 5. pieds 8. lignes i , eft à Caïenne plus court d'une ligne i. Sans cette variation , la mefure univerfelle étoit trouvée: toutes les Nations auroient déterminé la même lon- gueur, en prenant un Pendule qui eût battu exademenc les fécondes de tems fur le moyen mouvement du Soleil. Cette diftcrcnce de la longueur du Pendule de Paris à celle du Pendule de Caïenne, quoiqu'elle ne foit que *i^ î^ô> "^ peur pas être négligée , parce que comme elle tombe fur la mefure fondamentale , qui eft afles petite , elle fe multiplicroit beaucoup dans des calculs Ni/, de l'Ac. Tom, I, 2 178 Histoire de l'Académie Royale 1^74. "" P^u grands, & produiroit de grandes diftcrenccs, qui ne feroienc cependant comptées pour rien. Ainfi il faut renoncer à l'idée flateufc d'une mefure univerfclle, & fc réduire à avoir , du moins pour chaque pais , par le moyen de ce même Pendule à fécondes, une mefure perpétuelle &: invariable , ce qui ne laiffe pas d'être un grand avantage. Peut-être même, à force d'expériences, trouvera-t'on que la mefure univcrfelle n'ert pas i\ inconftante , & (î peu fùre. Car le Pendule , qui étant plus court à la Caicnne qu'à Paris, auroit dû être plus long dans les pais plus Septentrionaux que Paris, a été trouvé par M. Picard à fon Voïage d'Uranibourg, de la même longueur préci- fément qu'il eft ici ; & quoiqu'on eût cru quelque tems qu'il étoit plus long à Londres , la chofe bien exami- née, il fe trouva égal. Il eft aulll de la même longueur à la Haye qu'à Paris. Et le même M. Picard, qui donna le premier à l'A- cadémie des Réflexions fur cette Obfervation de M. Richer, afTuroic a. la fin de fon Ecrit, qu'à Montpellier & à Uranibourg, la longueur du Pendule par fes pro- pres Obfervations, étoit précifement la même , quoiqu'il y ait entre ces deux lieux une différence de près de 12, degrés r , qui eft plus du quart de celle qui eft entre Caienne & Paris. Ce feroitune témérité de rien établir encore fur toute cette matière; & c'eft une cfpéce de précipitation de chercher des fiftémes Phyfiques, pour expliquer com- ment les corps pefent moins fous l'Equateur que fous les Pôles ; & parconféquent pourquoi un Pendule dans l'Ifle de Caïenne tiré de fon point de repos , y rcdefccnd plus lenrement qu'à Paris, & doit être accourci pour def- cendre auffi vite. Il eft quelquefois à craindre que l'on ne, trouve de bonnes raifons de ce qui n'cft point. DES Sciences. 175; €%t r^ rt* f^ na* fl *"^ c^ ("^ «^ f^ f%» nu f^i» oi» r^ oiu f^ f^ ^^ <^ <'^ <^ '^ *^ ï^ f^ MATHEMATIQUES- ASTRONOMIE. LEs Tables Rudolphines annonçoient que Mercure devoittraverfer le Difquc du Soleil, le 6. Mai de cette année, depuis environ les 6. heures du matin juf- qu'à II. î avant midi. Cependant fur le pied de ce qui avoit été obfervé le 3. Mai de l'an 1661. cette con- jonftion de Mercure avec le Soleil ne fc devoir faire que la nuit du 6. au 7. de Mai ,• &: par confcqucnt on ne devoir point la voira Paris. Cette féconde prcdi fe choquoient avec tels dégrés devîtefTe qu'il vouloic. Le Principe général qui réfulte de toutes fes expé- riences , c'efî que le mouvement fe perd par un mou- vement contraire , c'eft-à-dirc par celui d'un corps qui va d'un fens direétement oppofé. De-là s'enfuivcnt ces conféqucnces. I. Si deux corps fe rencontrent dircûemenc avec des quantités de mouvement égaies, de quelque façon qu'el- les le foient, èc qu'ils aillent de deux fens oppofés, ils s'arrêtent l'un l'autre , &c demeurent en repos après le choc. Car chacune des quantités de mouvement détruit l'autre qui lui eft contraire &c égale, 1. Si un corps en mouvement en rencontre un cii . repos, fa quantité de mouvement doit fubfiftcr entière, puifqu'il n'y en a point de contraire quiladétruife; mais elle DEsSciENCES. l8f elle Ce partage entre les deux corps. Alors c'efl: la mê- 1^74. me cliofe que fi la mafle du corps rr,u étoit augmen- tée de celle du corps en repos , fa quantité de mouve- ment demeurant la même. On trouvera facilement de combien la vîtcffe devient moindre qu'elle n'étoic avant le choc, & ce fera avec cette vîtcffe commune que les deux corps après le choc iront enfemble du mê- me côté, comme feroienc les deux parties d'un même corps. Si le corps en repos avoir z. de malTe , 8c le corps mu4.de mafle, &: j. de vîtefle, la quantité de mouve- ment II. divifée par les deux mafl'es qui font 6, donne z. pour la vîteffe commune qu'ils auront après le choc, au-lieu qu'auparavant le corps mu avoir 3. de vîtefle. 5. Si deux corps fe choquent diredement avec des quantités de mouvement contraires, &c inégales, touc ce qu'il y a d'égal de part & d'autre dans les quantités de mouvement doit périr ; c'cft-à-dire tout ce qu'en avoir îe corps qui en avoit le moins , &: une égale quantité dans celui qui en avoit le plus. Il ne refte donc pour toute quantité de mouvement que ce que le plus fort en avoit par-deflus le plus foible , &c alors c'efl la même choie que fi le premier avec cette feule quantité de mou- vement avoit rencontré l'autre en repos. 4. Si deux corps allant d'un même côté avec des vî- teflcs inégales, fe rencontrent, leurs quantités de mou- vement demeurent entières après le choc , puifqu'elles n'ont rien de contraire l'une à l'autre, &c c'eft la même chofe que fi les deux corps n'en faifoienr plus qu'un. II faut donc prendre la fomme des deux quantités de mou- vement , la divifcr par la fomme des malTes , &: cetredi- vifion donnera la vîteflTe commune , avec laquelle les deux corps iront enfemble après le choc , comme feroienc les deux parties d'un même corps. Si l'un avoit 3 de mafle. Si 4. de vîtefle, l'autre ç. de mafle &: 6. de vîtefle, la vîtefle commune après le choc fera j i. ////. tsle l"A(, Tome I, A a iS6 Histoire de l'Académie Royale 1674. Jufqu'ici, ce n'cft que le mouvement fimplc , mais- quand on y ajoute le rcirort, ce font des conlidérations toutes nouvelles. Un corps à rcflbrt change fa figure, quand il cfl: frap- pé, &c enfuite il la réprend parfaitement fi Ion reflortefl: parfait, comme on le fuppofcra toujours ici. £n reprenant fa figure, il rend au corps dont il a été choqué toute la vitefle qu'avoit ce corps immédiate- ment avant le choc , & le renvoyé en arrière, chan- geant la direâion de fon mouvement en une toute op- pofée. C'eft ce qu'on peut voir par l'expérience, en pofanc une raquette fur un plancher uni , &: l'y aflfermiiTanc par quelques poids qu'on mettra fur fcs bords , &c laif- (ànt enfuite tomber d'une hauteur médiocre une petite boule d'yvoire, vers le milieu de cette raquette. Car la boule remontera par le reflbrt des cordes à la même hauteur d'où elle étoit tombée , à deux ou trois lignes près ; & s'il y aces deux ou trois lignes à dire , c'eft que l'air refifte au mouvement de la boule qui remonte, c'eft que la raquette n'étoit pas parfaitement affermie fur le plancher, & qu'elle a pris un peu du mouvement de la boule, c'eft que la chute de la boule a été un peu obli- que , &c qu'elle n'a pas frappé la raquette par une ligne où fe trouvât fon centre de gravité. . Il fuitde-là, que fi deux corps à refTort fe choquent avec des quantités de mouvement égales , chacun de ces corps après le choc retournera en arrière avec fa pre- mière vîtelTe. Car parlesloixdu mouvement fimple,ils demeureroient tous deux en repos. Tout le mouvement fimple étant détruit, il ne leur rcfte donc que celui qui leur peut venir du refifort. Par le reflbrt , chacun doit être renvoyé en arrière avec la vîtefTe qu'il avoit avant le choc. Si deux corps à reflbrt , au-lieu de fe rencontrer par DES Sciences. 187 îe mouvement , étoient prefTés l'un contre l'autre , &: mis i ^74. en reflTort par quelque caufe que ce fût , il y a de l'ap- parence que quand ils feroicnt délivrés de cette preffion , Se qu'ils fe féparcroient par le mouvement de relTort.le plus grand réliftant plus au mouvement que le plus petit, prendroit une vîtelTc d'autant moindre que fa mafrcferoit plus grande , & le plus petit au contraire. Et en effet , c'eft ce que M. Mariotte trouva toujours par expérience. Au lieu de cette force étrangère que nous fuppofons , il y a toujours dans le choc des corps à reffort une caufe équivalente, qui les met en relTort, & qui les preffe l'un contre l'autre, c'eft la vîtefTe dont ils fe rencontrent, non-pas la vîtefTe abfoluë qu'a chaque corps en particu- lier, Se qui fait partie de fa quantité de mouvement; mais la vîteffe refpedive, par laquelle en un certain tems déterminé , ils s'approchent plus ou moins , & font un choc plus ou moins rude. Que deux corps aillent du même côté avec des vîteffes égales, ils ne peuvent jamais, ni fe choquer, ni même s'approcher, ils font toujours à lamêmediftance,&; n'ont nulle vîtefle refpedive , quelque grandes que puiflent être leurs vîteffes abfoluës. Mais que l'un aille plus vite que l'autre, toujours du même côté , ils fe choqueront , &: le choc fera plus fort ou plus foible , félon que celui qui furpaffe l'autre en vîtefle , le furpaffera plus ou moins. Ils n'ont pour vîteffe refpedive que l'excès de la plus grande vîtefle fur la plus petite. Si l'un fait 100. lieues en I. minute, l'autre ici. ils ne s'approchent que d'i lieuë en i. minute, & ne fe choquent qu'avec une force d'i degré. S'ils fe rencontrent allans de deux côtés op- pofés, les deux vîteffes abfoluës entières confpirent à la force, du choc , & font la vîteffe refpedive. Si l'un fait j, dégrés en i. minute, &c l'autre 4, ils s'approchent de 7. dégrés en i. minute, & fe choquent avec une force qui vaut 7. Si l'un des corps eft en repos , la vîteffe Aaxj i88 Histoire de l'Académie Royale 1674. abfolue de celui qui le va choquer, faic toute lavîccffe rcfpeflive, &: toute la force du choc. C'eft donc cette vîtcfTc refpedive qui prefTc plus ou moins l'un contre l'autre les corps à relTort qui ie cho- quent; & le grand Principe de leurs mouvemens , eft qu'en Ce fcparant après le choc, ils la partagent entre- eux félon la proportion renvcrfée de leurs malTes, le plus grand des deux corps en prend moins , èc le plus- petit davantage. Cela établi, M. Mariotte trouvoit ficilement la fo- lution de tous les cas différens que l'on pouvoir ima- giner , foit que les grandeurs des corps à reflort fuffenc différentes , foit que les viteffcs le fufTent , foit que les direétions des mouvemens fulTent contraires, ou non con- traires, &:c. tout cela ne confiftoit plus qu'à combiner les changemens qui arrivent par le mouvement fimple, avec ceux que produit le mouvement de reflort , oc plutôt avec ce feul changement produit par le reflort , qui efl: ce partage de la vîtefl^e refpcÛive, tel que nous l'avons dit. Par exemple, on découvre fans peine que deux corps à reflort égaux , qui fe choquent direûement avec des vîcefl"es inégales, font échange de leurs vîtefles par le choc. Qii'ils ayent chacun z. de mafle, & l'un 4. de vîtcfle , l'autre 6, il arrivera, félon les loix du mou- vement frnple , qu'après le choc celui qui avoir 6. de vîtefl'e, fera rebrouffer chemin à l'autre, &: le pouflera. devant lui avec i. degré de vîtefl'e commune aux deux. Mais par les loix du reflort , la vîtcfle rcfpedive du choc, qui eft: 10, fera partagée également, & ils au- ront chacun y. dégrés de vîtcfle, en une dircclion con- traire à celle qu'ils avoient avant le choc. Le plus fort, qui avoit d'abord 6. dégrés de vîtefle , &c qui après le choc pourfuivoit fon chemin avec i. feul degré de vî- teflTe, efi donc renvoyé avec 5. dégtés en un fens con- DEsSciENCES. l8p traire. Reftc 4. dégrés en ce fens - là. Le plus foible, 1674. qui avoir auili i. degré de vîtefTe , félon la dircdiondu plus forr , prend de plus par le reirort j. degrés de vî" * teffe en ce même fcns-là. lien a donc 6, & voilà l'é- change des vîcefTes. En fuivanc rou]ours cette route , on arrive à des Pa- radoxes affcs lurprenans. Qu'un corps à rcnort& en repos ait i. de mafle, Se qu'il foit choqué par un corps en mouvement qui aie 5j». de mafle, &c 100. de vîtelTe. Par le mouvemenc iimple, ils iront tous deux avec 99. dégrés de vîtcflcdu même côté qu'alloit le corps en mouvem.emcnt. Par le rcfTort , le petit qui a été choqué prend encore 95). dé- grés de vitelPe du même fens dont il alloit déjà par le mouvement fimple, cela fait 198. de vîccfl'c, &c l'autre ne perd qu'un degré de la vîtcfle du mouvement fimplc par le mouvement de relTort en arrière. 11 pourfuicdonc ion premier chemin avec encore 98. dégrés de vîteiPe. 11 a donc donné à un autre corps prefque le double de la vîtelTe qu'il avoit lui-même, &: il aconfcrvéla ficnnc prefque entière , &C toute la vîtefle qui étoit avant le ehoc , elt prefque triplée par le choc. Si c'ell le corps en repos , qui ait ^^, de mafle, &; que l'autre ait i. de mafle, & 100. de vîtefTe, après le choc, le petit corps aura 98. de vîtelTe en arrière, & le grand z, du fens dont alloit le petit avant le choc. Le grand a donc 198. de quantité de mouvement, & le petit 98. Voilà donc après le choc 196. de quantité de mouvement , au-lieu qu'il n'y en avoit auparavant que 100, & le petit corps a donné prefque deux fois plus de quantité de mouvement qu'il n'en avoit , &c n'a prefque rien perdu de la fienne. Comme on peut faire les mafTes des deux corps plus inégales à l'infini que ne le font i. &: s>9, le petit corps choqué par le grand dans le premier cas pourra être fi Aaiij ipo Histoire de l'Académie Royale 1^74. petit, que le grand, après l'avoir choqué confervera, fenfiblement toute fa vîtefTe , & lui en donnera une double , de la fiennc du même côté ; &: fi elle n'eft pas double dans la rigueur Mathématique, ce qu'il s'en faudra fera toujours moindre que le plus petit nombre qu'on puifle déterminer. De même dans le fécond cas, le grand corps choqué par le petit pourra être fi grand , que le petit retour- nera en arrière avec toute fa vîtefTe , & que le grand n'en prendra rien , du moins ce qu'il en prendra , fera moindre que tout ce qu'on pourra déterminer de plus petit. Voilà uniquement à quoi M. Mariotte attribuoit le mouvement de réflexion. Tous les corps ont un reflbrt plus ou moins vif. La réflexion eft parfaite , c'cft-à-dirc le corps qui en choque un autre retourne en arrière avec toute fa vîteflTe , quand les reflbrts font parfaits ; &: quand d'ailleurs le corps choqué a été inébranla- ble , ou par fa mafle , ou par fa pefanteur , ou par quelque autre caufe que ce foit , & qu'il n'a rien pris de la vîtefTe de l'autre par le mouvement fimple. Hors de ces deux conditions, la réflexion cfl imparfaite. Si le corps choqué étoit en même-tems, & fans rcfTort , & inébranlable , M. Mariotte prétendoit qu'il n'y auroic point de réflexion, & que le corps en mouvement s'ar- réteroit à fa rencontre. Car quelle nouvelle caufc pour retourner en arrière? On voit par expérience, qu'il eft bien plus facile d'arrêter une boule qui roule, & de lui faire perdre fon mouvement , que de la répoufTcr en ar- rière avec la même vîtcfle. DES Sciences. i^i ANiNE'E MDCLXXV. 1^7 y. PHYSIQUE. A N A T O M I E. LEs parties qui font particulières à certains Ani- maux réveillent davantage la curiofité des Anato- miftes. Ainfi en difféquant un Cerf de Canada, ce fuc à fon Bois qu'on eut le plus d'attention. Il avoit j. pieds de long , &c les Andoiiillers , qui étoienc au nombre de 6. à chaque Bois , avoicnt un pied. Entre les cornes, il y en a qui font folides,& d'autres creufes.les cornes folides , comme celles du Cerf , font immédiatement attachées à l'os frontal dont elles nailTcnt ; aufli cet os cft-il en ce cas-là plus rare &: plus fpon- gieux, pour donner paffage à l'humeur épaifle & vif- queufe, qui doit fortir comme une efpéce defueur, Se produire la corne en fe durcilTant, & en fe congelant. Dans le même tems que cette corne , qui eft olTeufe, fe forme, il fe fait deffus une peau velue, comme celle du refte du corps de l'animal , qui croît avec le bois , & qui cft garnie d'un grand nombre de veines &c d'artères, fort tendues , &: fort pleines de fang. Elles le font à tel jfii Histoire de l'Académie Royale 1^7 J. point, qu'elles imprimerie leur figure fur le bois qu'elles revêtent, &c le lillonncnt, comme les vaiffeaux de la fuperficic extérieure du cerveau lillonnent le dedans du crâne. Ce n'eft pas inutilement que ces vaifleaux ont tant de fang , ils font dcftincs à nourrir le bois. Les cornes creufcs , comme celles des Bœufs, s'en- gendrent &: croiflcnt d'une autre manière. L'os du fronc a deux petites faillies revêtues , comme lui , par le peri- crane. Ces faillies ou apophyfcs venant à croître , le peri- crane qui les couvre croît aufli. Mais ce n'efl: pas-là en- y cote la corne. Les artères du pericrane fuent une humeur ' qui s'êpaiffit , & qui fait par-deffus le pericrane une croûte. Le pericrane continuant à fiier, il fe forme entre lui 8c la première croûte une féconde qui poufle la première en avant, & ainfi de fuite plufieurs croûtes fe formant fucceffivernent l'une fous l'autre , compofent enfin la corne , qui n'eft faite que de toutes ces lames ou feuil- lets collés enfcmble. L'apophyfc de l'os frontal qui cft la première bafe de cette produdion , & la portion du pericrane dont elle cft couverte, n'appartiennent point à la corne, elles ne font qu'en remplir une partie du creux. La nourriture vient par-dedans a. cette efpcce de corne, au-lieu qu'elle vient par-dehors à la corne folide. Les coquilles des Limaçons , les écailles des Huiftrcs , s'engendrent comme les cornes creufes ; aulTi les diiFe» rentes couches, & les différents feuillets dont tout cela eft formé, font vifibles , & quelquefois même fc fépa- rent facilement. Toutes les marques de Vottis Se du Scoj>s des Anciens fe trouvèrent dans les Demoifclles de Numidic. Ces Oi- , féaux ont ces longues oreilles de plume qui ont donné le nom àl'Otus, &: le plumage gris-plombé qu'on lui attribue. Et pour l'autre nom de Scops, qui veut dire, moqueur , ils le méritent par leur façon de marcher, par leurs geftcs , par leurs fauts , qui femblent contre- faire D£ s Sciences. i9j faire les nôtres. De-là vient auffi qu'ils ont été appelles kJjj. dans l'antiquité Bateleurs & Comédiens. La figure dé- liée &: noble de leur corps , jointe à la grâce qu'on di- roit qu'ils afFcétent , leur a fait donner en François le noin de Demoifellcs ; & ils le fouticnnent afles bien par leur conduite. Car ces animaux ont beaucoup denvic ^e fe faire voirj ils fuivent les gens fans aucune autre intention , &: dès qu'on les regarde, ils fe mettent à chanter , & à danfer. De 6. Demoifellcs que l'on diffe- qua , 4. avoient le foye fquirreux , &: cette conftitution auroit prefque fuffi pour faire connoîtte que ces foyes étoient compofés comme de plufieurs petits lobes, com- pofés encore chacun de l'amas de plufieurs glandes. Ce qui faifoit paroître cette diftindion de parties ,c'efl: que \t% interftices des glandes , où il étoit demeuré quelque refte de fang , étoient moins durs que les glandes , qui en étoient defticuées à caufe du fquirrc. L'àpre-artere étoit compofée d'anneaux entiers , &: fi durs qu'ils approchoient de la nature de l'os. Ils étoient entaillés Se échancrés chacun en deux endroits , de forte qu'ils entroient l'un dans l'autre par cette échancrurc , & paffoient l'un fur l'autre par toute la partie qui n'é- toit point échancrée, & n'y pouvoient pafTer que juf- qu'à un certain point, félon que l'échancrure étoit pro- fonde. Ils ne pouvoient guère s'approcher ni s'éloigner par les échancrures, aufli étoient-elles placées aux deux côtés du col; mais les furfaces entières des anneaux, par où ils avoient la liberté de pafTer plus ou moins les vms fur les autres étoient placées en-devant & en arrière , où l'oifeau a plus de befoiu de pouvoir fléchir le cou à fa volonté. Lorfqu'on foufïloit dans l'âpre -artère , ces veffies qu'ont les Oifeaux , outre leurs poumons, s'enfloient, & en même tems rœfophagc&: le jabot s'enfloient aufli , .ce qui eflaffés difficile à comprendre; car quelle corn- Hift. del'Ac. Tom, I, ^.b 194 Histoire de l'Académie Royale l6y^. munication de l'œfophage avccrâpre-artere ? Quand on' fouffloic rcciproqucmcnc dans l'œiophage, le vent paf- foic auffi dans l'âprc-artere, mais avec moins de fa- cilite. On trouve ordinairement dans l'œil des Oifcaux une membrane noire en forme de bourfe, qui fort du nerf optique, & dont l'ufagc n'cfl: pas ai(c à deviner. On ne trouva point cette bourlc dans les yeux des Dcmoiiclles ; mais d'un autre côté on vit que la choroïde étoit plus- noire qu'à l'ordinaire. Cela aida à conjecturer que la bourfe peut être deftince à ramafler les parties groffie- res &: terreftres de la nourriture qui vient à l'œil de l'oifcau , afin qu'il n'en refte que le plus pur , &c que les humeurs ayent toute la clarté &: la tranfparencc nécef- faire dans l'œil d'un animal, qui doit s'élever en l'air,. & voir de loin. La choroïde paroît auffi dcftinée à rece- voir cette lie du fang , &: c'cft ce qui la rend noire ; èc comme elle eft plus noire, lorfque la bourfe manque, il femble que la bourfe doit faire avec elle la fonction d'épurer le fang de l'œil. IDans cette même année , M. Perrault examina touc ce qui regarde le Mouvement Periftaltique. Ce nom n'a été donné qu'à l'aftion par laquelle les Inteftins fe reflcrrans dans une partie, &c puis dans celle qui la fuit,, à compter depuis le ventricule, pouffent en avant Icchile , ou les autres matières plus grotfieres. Mais M. Perrault érendoit le nom de mouvement periftaltique à toutes les comprenions qui fe font en différentes parties du corps de l'animal, foit pour battre & pour fubtilifer les liqueurs , foit pour les faire entrer dans les conduits , où elles doivent couler. La Nature a toujours eu en vue l'un ou l'autre de ces effets , ou tous les deux enfcmble, ^ lorfqu'elle a donné à tant de parties de la machine un mouvement fucceflif de conftridion &: de dilatation. Les diffolvants pénétrent, incifcnt. Se font la fonûion DESSCIENCES. Ipy de cifcau; mais les parties qui ferrent ces difTolvants, i^Tj. & les font entrer dans ce qu'ils doivent difToudrc, font le marteau; car ou diroit que la Nature imite l'Art à fon tour. Il y a une infinité de canaux fi étroits, que les li- queurs n'y pourroient entrer , à moins que d'être pouflees avec beaucoup de force , &c cette force dépend du ref- ferrement des vaifleaux qui les contenoient , &: qui les chaffent hors d'eux. Le cœur en fe reflcrrant envoyé dans les artères le fang qu'il contient; &: M. Perrault étoit perfuadé que les artères fe refferroicnt en même-tcms que le cœur , & dans l'inftant qu'elles rcccvoient le fang , parce que fans cela, ni le fang ne feroit fuffifammenc battu , ni fon cours n'auroit afles de violence pour le faire entrer dans les vaiffeaux capillaires. Il cft vrai qu'à la vûë & au toucher les artères femblenr fe dilater , quand elles reçoivent le fang; mais on n'a qu'à fuppofcr , félon M. Perrault, que leur conftridion, qui cft fort grande, cft en partie furmontée par l'impulfion du cœur. De ce que les artères ont ce mouvement alternatif de conftriiàion &c de dilatation qui manque aux veines , M. Perrault en tiroit la raifon pourquoi les veines ont tant de valvules , &c que les artères n'en ont point. Qu'une veine foit comprimée en quelque endroit par une caufc étrangère, le fang doit d'un côté continuer fa route vers le cœur, &: de l'autre, il rcbroufleroit chemin. Ci quelque valvule ne l'en empêchoit; or il eft très-impor- tant pour la circulation qu'une liqueur ne prenne pas un cours contraire à celui qu'elle avoir. Mais qu'une artère foit comprimée , comme elle a une conftridion naturelle, & que cette conftridion cft toujours plus puiflante dans un endroit plus proche du cœur , parce que l'artère y cft plus épaiftc & plus forte, cette réfîf- tancc plus grande fuffit pour empêcher le fang de refluer vers le cœur ; & il n'a pas été befoin d'employer de val- vules à cet ufage. Bbij ip^ Histoire de l'A cadewie Royale léjy. Il eft évident que la conftridion fucccflîve des difFé- rcns cercles qui compolcnt un tuyaCï cilindriquc, doit pouffer les matières qui y font contenues, félon l'ordre où fe fait la condriclion. Le cercle qui fe rcfl'crre les en- voyé à celui qui va fe rcfferrer , &: ainfi de fuite. C'efl: de cette manière que l'œfophage conduit les alimens dans le ventricule ; & que les inteftins conduifent le chile dans toutes les circonvolutions qu'ils forment. Mais ce mouvement des inteftins , qui feroit fuffifanr pour promener le chile dans toute leur étendue, ne l'eft pas pour le faire entrer dans les conduits étroits & imperceptibles de leurs tuniques , &c dans les veines ladiées. C'eft pourquoi ils font en fc ridant mille & mille replis où le chile eft retenu, &: en même-tems, paitri. pour ainfi dire , &: corroyé par la compreffion du péri- toine, 8c qui eft à peu près de la fi- • gure d'une demie-ovale. La grandeur de cet oifeau facilita les moyens d'ache- ver la découverte que l'on avoit commencée dans l'Au- truche des organes de la rcfpiration appartenans aux Oifcaux. Le Cafiiel a ces ve.Ticsdont nous avons parlé ; & il paroît par la ftructure des mufclcs , que les ouver- tures qui font communiquer cesveflies avec le poumon , font la plupart capables d'une conftriclion & d'une relaxa- tion volontaires. Ainfi les Oifeaux, indépendamment du mouvement nccefTaire de la refpiration qui iroit toujours fon train , garderoient de l'air quand ils voudroient , à peu près comme le Caméléon, qui s'enfle quelquefois extraordinairement, & demeure long-tcms en cet état, fans fc defenfler le moins du monde. Mais à quoi fcroic-ilbon que les Oifeaux puffcnc garder de l'air î Ce n'eft pas pour leur aider à s'é- lever; ccz air n'eft pas plus léger que l'air extérieur; mais on peut croire quecomme ils peuvent s'élever affés haut , où ils trouveroient un air différent de celui qui eft plus bas, & moins proportionné aux befoins des ani- maux, ils portent avec eux pour le voyage une provifion de cet air grolTicr , dont la pefantcur fait fur le cœur &: fur les artères la compreffioa néceflaire à la diftribution ^ à la circulation du fang. î! DES Sciences, 205» Il y a donc de l'apparence que l'ufage des veflles du xèji bas-ventre des Oifcaux étant de s'enfler dans l'expira- tion , &C cela néceflaircmcnt comme nous l'avons dit , pour battre & faire remonter les intcftins , l'ufage d'une partie des veffies de la poitrine efl: de faire le mouve- ment contraire, nécclTairement encore , &; celui de l'au- tre partie, c'cft de confcrver de l'air volontairement pour les befoins de l'Oifeau. Il efl vrai que leCafuel ne vole point, & cela femblc faire tomber tous ces raifonnemens; mais ce qui a été donné utilement au genre des Oifeaux , peut être quel- ' quefois inutile à une efpécc. Entre plufieurs chofcs particulières à la Tortue , ce qui fut le plus remarquable, lui étoit en quelque façon com- mun avec leCafuel. Elle a im poumon qui neparoîtfaic que pour garder de l'air , quand elle veut , &c non pour refpirer. Elle jette bien quelquefois un vent froid parla gueule , &: par les narines ; mais c'eft fans aucun or- dre, & jamais avec la régularité que demande la refpi- ration. Dans la plupart des Animaux terreftres, toutlefang circule par le poumon ; &: ce n'eft qu'après l'avoir tra- verfé qu'il paflc d'un ventricule du cœur à l'autre. Dans les Oifeaux cette circulation entière du fang par le pou- mon fe fait aufli; mais il n'y a qu'une partie du poumon qui y fcrve , l'autre eft feulement un refervoir d'air , S>C ces deux parties font aifées à reconnoître par deux con- formations différentes qui ont rapport à leurs ufages. Celle qui fert à la circulation du fang efl charnue , à caufe d'un nombre infini de vaifTeaux fanguins qui la compofent ; l'autre efl membraneufe , &; n'a des vaif- feaux que pour fa propre nourriture. Enfin les Tortues, les Serpens , les Caméléons , les Grenouilles , les Sala- mandres , ont des poumons entièrement membraneux , qui ne font point faits pour faire circuler tout le fang de Hijl. de CAc. Tom. I. Dd aïo Histoire DE l'Académie Royale ig^(j_ l'animal, &: qui n'en reçoivent que ce qui eft néccfTaire pour les nourrir. Delà vient que les ventricules du cœur de la Tortue communiquent enfcmblc par des ouvertures afles larges , parce qu'il faut que tout le fang pafTc im- médiatement de l'un dans l'autre, comme il fait dans le fœtus. AulTi dans une Tortue à qui l'on a découvert le poumon , la circulation &: le mouvement du cœur ne laifTcnt pas de continuer encore , quelquefois plus de 4 jours; ce qui n'arrivcroit pas à un Chien, qui mourroit bien vite en cet état , fi l'on ne lui fouffloit dans l'âpre artère, pour faire enfler le poumon, 8c donner au fang ique le cœur y envoyé, la liberté d'y palTcr. On a en- core lié à une Tortue le tronc de l'artère du poumon , 5c l'on a vu que la circulation n'en étoit nullement al- térée. Mais la diffîcuté eft d'imaginer quel ufagc a donc le poumon de la Tortue. 11 ne fert point à la voix. La Tortue eft abfolument miietce. On hafarda une conjedurc; on crut que le poumon de la Tortue pouvoit lui tenir lieu de la velfie des Poif- fons , que cet animal pour aller au fond de l'eau compri- me par l'adion de quelques mufclcs l'air renfermé dans fon poumon, & par là réduit tout fon corps à un moin- dre volume ; qu'enfuite pour remonter il cefî'e défaire cette comprcJTion , & permet à cet air de fe remettre au large par fon reflbrt naturel , ce qui redonne un plus grand volume, & au poumon , & à tout le corps. Il faut que la Tortue ait fçû prendre d'abord un équilibre bien juftc avec l'eau; aufli eft ce pour cela que quand on les y met , on voit ordinairement qu'elles jettent cet air froid dont nous avons parlé. Elles fc déchargent de ce qu'elles en auroient de trop pour un équilibre fi fin & fi délicat , que la moindre compreflion le doit rompre. Tel eft celui de ces petites figures d'émail crcufes qui nagent dans un tuyau de verre plein d'eau. Pour peu DESSCIENCES. 211 que l'on comprime avec le doigt l'eau du tuyau, on en iSfiî. fait entrer une goutte dans ces figures qui ont un petit trou, SsC auffi-tôt leur pefanteur étant augmentée, on les voit defccndre. Que l'on ccfle de comprimer l'eau , elles remontent , parce que l'air qu'elles contiennent re- prenant fa première étendue, chaiïc la goutte d'eau qu'il y avoit lailîé entrer par force , & leur rend leur pre- mière légèreté. Ce que font par le changement de pefanteur ces pe- tites figures, dont le volume ne change point, les Tor- tues le peuvent faire parle changement de volume , fans changer leur pefanteur. Une expérience que l'on fit, confirma extrêmement cette penféc. On mit une Tortue dans un vaiiTeau plein d'eau , &: fermé très-exa£tement d'un couvercle d'où fortoit un tuyau de verre, au bas duquel l'eau paroiflbit. Qiielque- fois l'eau raontoitdans ce tuyau ; quelquefois elle defcen- doit. Cet effet ne pouvoit venir que du changement de volume delà Tortue , quifaifoit monter l'eau dès qu'elle s'enfloit un peu, & la faifoit defcendre quand elle fc de- fenfloir. La Tortue que l'on diffequa étoit une Tortue de terre , à qui l'on doit convenir que cette conformation parti- culière de poumons n'étoit pas nécelTaire; mais il fuffit qu'elle le foit à toute l'efpéce. On fit fur des Tortues d'eau toutes les expériences dont on eut befoin. Ddij tu Histoire de l' Académie Royale 167^. Tome 10. MATHEMATIQUE . ASTRONOMIE- UNe Eclipfe de Soleil qui arriva le 11. Juin au matin, échappa prefque aux Aftronomes de Paris àcaufe des nuages. MM. Picard &:Roëmcr arrrappercnc rinftanc du plus grand obfcurciiremenc du Soleil , qu'ils trouvèrent de y. doigts {. M. CalTini, dans les momens que les nuages s'entrouvroient , prit les hauteurs du bord fuperieur du Soleil &: de la Lune , &c des deux Cornes de l'Eclipfe; & avec cefoiblefecours, ilnelaifTa pas de déterminer la vraie Conjondion a Paris à ph. j j'^ le commencement de l'Eclipfe à 7''. 55', &: la fin à loh. 51'. On eut de divers endroits des Relations de cette Ecli- pfe, qui fuppléerent aux Obfervations imparfaites de ce Paris. Entre ces difiPérens lieux , celui où l'Eclipfe fut la plus grande, ce fut Avignon. Elle y eut 7. doigts}. Elle parut moindre dans les lieux plus Orientaux ou plus Oc- cidentaux , dont on eut des mémoires. Comme les Satellites de Jupiter font d'une extrême importance , à caufc de la multitude de leurs Eclipfcs, qui vont d'ordinaire à plus de 1300. par anjM.Caflini, Voy. les *iui étoit mieux inftruit que tout autre des nouvelles de Mémoires, Monde-là;, avertit cette année tous les Aftronomes de l'Europe, que l'année fuivante, fur la fin de Mars, le fyftéme des Satellites fe devoir renverfer; c'eft-à-dire, que leurs demi-cercles fupérieurs , qui étoient depuis fix DES Sciences. zij ans tournés du côté du Midi , fe dévoient tourner au i6j6. Septentrion. Par-là , fe détruifoit entièrement l'hipo- théfe établie par Galilée, le premier Obfervatcur des Satellites , &c les calculs de ceux qui l'avoicnt fuivi. Quelques-autres erreurs où ils étoient encore tombés - ' faifoient que l'on voyoit déjà des heures entières, &:: quelquefois même des jours de différence entre leurs prédidions, &c ce qui arrivoit dans le Ciel de Jupiter, auili M. Galllni ne balança plus à déclarer qu'il fe re- tradoit d'un certain mouvement qu'il avoit mis dans fon hipochéfe par une efpéce de déférence & dcrcfpcct pour les obfervations de Galilée. Il eft impolîible que les plus grands géuics parviennent en ces matières à rien d'éxad , ni de parfait, quand ils ont le malheur d'être les pre- miers à y travailler. La gloire de la découverte a pour contre-poids les méprifcs attachées au peu d'expérience. Ce que l'on fonde fur un petit nombre d'obfervations céleftes renferme tojuours quelque erreur cachée qui ne fe déclare qu'en s'accumulant avec le tems , une tierce ne devient fenfible que quand elle eft devenue féconde ou minute ; & il en va de même d'une infinité d'autres efpéces d'erreurs, qui demandent toujours un plus grand amas d'obfervations, à proportion qu'elles font plus dé- licates. Ce ne fut que par ce grand amas d'obfervations que l'on commença à s'appercevoir d'une vérité de Phyfique , ignorée jufque là de tous les Philofophes , &: tellement ignorée , que le contraire étoit prefque un principe conftant. Les révolutions du premier Satellite de Jupiter étant très exadement calculées, &c en très-grand nombre ; Sc par conféquent toutes fes Eclipfes caufées par l'ombre de Jupiter , il fe trouvoit toujours qu'en certains tems il fortoit de l'ombre quelques minutes plus tard ,& dans d'autres plutôt qu'il n'auroit du faire, & l'on ne voyoit Dd iij Voyez les lemc orne f-i7S 114 Histoire de l'A cademie Royale l6y6. aucun principe de cette variation. En comparant cts tems les uns aux autres , M. Rocmcr vit que le Satellite forcoit plus tard de l'ombre juftement quand la Terre Me'moues'" par fon mouvement annuel s'cloignoit de Jupiter, &c Tome 10. plutôt, quand elle s'cn approchoir. De-là, M. Roëmer commença à former cette conjcdure ingénieufe; Que la lumière pouvoir employer quelque tems à fe répandre. Cela luppofc , Cl le Satellite fortoit plûtard de l'ombre quand nous étions plus éloignés de lui, ce n'écoit pas qu'il en fortît efFedivement plûtard; mais fa lumière étoit plus de tems à venir jufqu'à nous, parce que, pour ainfi dire, nous avions fui devant elle. Au contraire, quand nous allions à fa rencontre, le féjour du Satellite dans l'ombre nous devoir paroître plus court. Pour éprouver la vérité de cette pcnfée , il calcula quelle ditïerence dans les forties de l'ombre ou Emer- fions du Satellite, répondoitaux différens éloigncmens de la Terre , &c il trouva que la lumière retarderoit de II' pour une différence d'éloignement égale à la dif- tance de la Terre au Soleil. Sur ce pied-là , il annon- ça à l'Académie au commencement de Septembre, que fi fa fuppofition étoit vraye, une Emerfion du premier Satellite qui devoit arriver le 16. Novembre fuivant, arriveroit 10' plus tard qu'elle n'eût dû arriver par le calcul ordinaire. L'événement répondit à la prédidion de M. Roëmer. Malgré ce fucccs , comme lapenfée étoit fort nouvelle, on ne s'y rendit pas encore ,• on fut en garde contre les charmes de la nouveauté. Le Satellite n'a pas exafte- ment pout centre de fon mouvement, le centre de Ju- piter. De plus , il cfl: confiant que fcs révolutions ont plus de vîtefTe quand Jupiter eft plus proche du Soleil , &c tour cela devoit produire dans fon mouvement des iné- galités. Mais ces inégalités n'cuflent point été préci- (cment réglées comme celle dont il étoit queftion. On DESSCIENCES. 2IJ imagina même une autre hipothéfe Aftronomiquc , qui 1^76". ajuftoit tout; mais elle étoit trop différente de tout ce que l'on connoiflbit d'ailleurs dans le Ciel. Elle pou- voit bien {atisfaire par le calcul à toutes les Obferva- lions ,• mais elle n'avoit pas une certaine vrai-fcmblancs qui fatisfit l'cfprit. Il falut donc admettre le Retardement de la Lumiè- re, fi vrai- fcmbiable félon la Phylique , quand il ne feroit pas prouvé par l'Aftronomie, Pourquoi la Lu- mière pourroit-elle traverfer une efpacc en un inftant , plutôt que le fon , ou pour parler encore plus philofo- phiquement, plutôt qu'un bloc de marbre ? Car le mou- vement du corps le plus fubtil ne peut être que plus prompt,- mais il ne peut pas plus être inftantanéc que celui du corps le plus pefant, & le plus mafTif. Un pré- jugé trop favorable aux Cieux &c aux Corps céleftcs leur a fait donner bien des prérogatives qu'ils commen- cent à perdre. On avoir cru les Cieux incapables de changement &c d'altération ; on en eft préfentemcnc defabufé par l'expérience ; mais fi on avoir bien raifon- né, ç'auroit du être de tout tems un grand préjugé contre-eux , que les altérations &c les changemens des corps fublunaircs.Les mêmes Loix de la Nature ont cours par tout, Se les Cieux ne doivent nullement être pri- vilégiés. Le mouvement d'un bloc de marbre prouve pour celui de la lumière la néceffité de quelque durée. Le mouvement du fon qui fe répand fi vite n'efl en ef- fet , à l'égard de celui de la lumière , que le mouve- ment d'un bloc de marbre élevé à grande peine par une grue. Il fuit des Obfcrvations de M. Roëmcr , que la lumière dans une féconde de tems fait 48203. lieues communes de France, Sc ^V; Parties d'une de ces lieues, fradion qui doit bien être négligée. Le fon ne fait dans le même-tems que 180. toifes , c'eft-à-dire une partie d'une lieue plus de quatre fois plus petite que cette 1X6 Histoire de l'Académie Royale 1676. fradion ^^ , qui ne peut pas être comptée dans le mou- vement de la lumière. Que l'on conclue de-là le che- min qu'elle fait en une minute, & celui qu'elle doit faire pour retarder de dix minutes à notre égard , on fera effrayé, &: de l'immenfité des cfpaces, & de la ra- pidité de la lumière, & de la fubtilité proportionnée à cette rapidité , Se de l'induftrie humaine. On découvrit cette année jufqu'à trois Taches dans le Soleil en différcns tems ,• les dix années précédentes n'en avoient pas tant produit. La troifiéme que l'on vit, parut à la fin d'Oftobre , prefte à aller derrière le Soleil. M. Caflini, fur un petit nombre d'Obfervations , ne laifla pas de déterminer fa route dans le Soleil , &: de prédire fon retour pour le 18. Novembre, car il jugea par fa grandeur, qu'elle ne fc difliperoit pas fitôt. Elle reparut à jour nommé , &: retourna derrière le So- leil le premier Décembre. Elle fe montra pour la troi- fiéme fois le I j. de ce même mois, ce que n'avoir en- core jamais fait aucune Tâche qu'on eûtobfervéc. Celle- là devoir être d'une confiftance & d'une folidité extra- dinaire. Comme elle fut toujours dans la moitié du So- leil tournée vers nous, pendant 13. ou 14. jours de fuite , & cachée autant de tems dans l'autre moitié , on fc confirma dans la penfée que le Soleil qui l'cm- portoit avec lui tourne fur fon axe environ en zy. jours. On ne dcfcfpcroit pas de la revoir pour la qua- trième fois , mais elle ne parut plus , & le Soleil qui avoir jette cette groffe écume fur fa furface , la dé- trpifit, MECHANIQUE. D£s Sciences. 2.17 MECH AN I Q^UE. CEtte année produific aufli quelques nouveautés de Mcchanique, la Balance Arichmecique de M. Calfini, &c le Niveau de M. Roemer. Ce dernier donna aufli la démonftration d'une Balance particulière donc on fe fert en Dannemarc , & qui pefe des poids , fans coni- paraifon , plus grands que la Romaine; mais ces chofes- là font d'un trop grand détail , ou d'un détail trop dif- ficile pour avoir place ici. i6j6. Mijl. de l'Ac. Tem. I. Ec 1^77- 2i8 Histoire DE l'Académie Royale ANNE'E MDCLXXVII. PH Y S I QUE EXPERIENCE DE PHTSJ^VE, MOnfieur Mariotcc prouva par expérience, contre l'opinion de Cardan , & de pluficurs Chimiftcs , que la fumée des métaux ne fixe point le Mercure. Uri feu qui avoir duré également pendant une heure , &:qui avoir toujours tenu en fufion une livre de plomb , au- deflus de laquelle étoit fufpcnduc dans le creufct une once de Mercure, avoit eu afles de force pour élever beaucoup de vapeurs du plomb, &: même la moitié du Mercure, qui formoitune infinité de petites gouttelet- tes, dont la voûte du creufet étoit toute paricméc; Se cependant, ni ces gouttelettes qui s'étoient mêlées fort fouvcnt avec les vapeurs du plomb , ni l'autre moitié du Mercure fufpendu dans le creufet, &: enfermé dans un Imgc qui étoit prefque tout réduit en charbon , ne s'é- toient fixés le moins du monde. Les gouttelettes Ce ra- maflbient facilement avec une patte de Lièvre , & fai- foicntunc demi-once de Mercure fort coulant. DESSCIENCES. 41-9' S V R LES C H E V EV X. MOnfieur Mariotte examina la végétation des Cheveux, &: leur ftrudurc. Ils ne croiflent pas comme les Plantes , qui pouffent leur fève entre leurs fibres & leur écorcc , jufqu'aux extrémités de leurs branches, mais comme les ongles, oîi ce qui cft formé le dernier , pouffe en avant & hors de la chair, ce qui ^toit déjà formé. Quand on fe teint les cheveux , ce qui croît de nouveau près de la peau de la tête, eft d'une couleur différente du refte. Les cheveux font compofés de j. ou 6. fibres enfer- més dans un tuyau le plus fouvent cilindrique , quel- quefois ovale , ou anguleux. Cela fereconnoîc aifémcnt parle Miçrofcope , & même a la vue , car quand les cheveux fe fendent , c'eft que le tuyau fe fend , & s'ou- vre , &C que les fibres s'écartenr. Les fibres & le tuyau font tranfparens, &: cette mul- tiplicité de fibres tranfparentcs doit faire , à l'égard des rayons , le même effet qu'un verre taillé à facettes. Auffi quand on tient un cheveu proche la prunelle de l'œil, en regardant une bougie d'un peu loin, on voit paroître un rayon de chaque cote de la bougie, & cha- que rayon cft compofé de 3. ou 4. petites images de la bougie un peu obfcures , & colorées, ce qui prouve que chaque fibre du cheveu fait paroître par rcfraûion une bougie féparée des autres ; & comme il n'y a que la refradion qui produife des couleurs, celles de chaque image de la bougie la prouvent encore. Ceux qui ont attribué tous les rayons qui paroiffent autour des chandelles aux réflexions qui fe font fur le bord des paupières , fe font donc trompé. Ces réflexions Eeij 1677. izo Histoire de l'Académie Royale lèjj. ne produifenc que deux rayons , l'un fupérieur , & l'autre inférieur; & même la lumière en eflforc blanche, parce qu'ils ne font que réfléchis. Mais tous les autres qui fonc eolorés , viennent des réfraftions faites dans les cils ; & en effet, on en voit davantage, quand on fait pafler plus de rayons au travers des cils en fermant les yeux à demi , & l'on n'en voit point , fi l'on ouvre beaucoup les yeux. SVR LE CHAVD ET LE FROID. MOnficur Dodart propofa fcs Conjecliurcs fur le Chaud &c le Froid,- car en cette matière c'eft bien affés que de conjedurcr, èc il n'y a guère de chofes plus impénétrables à notre raifon , que celles qui font les plus expofées à nos fens. Quelquefois même elles font d'autant plus obfcures à la raifon , qu'elles font plus con- nues par les fens, parce qu'ils en font des rapports in- fidelles , qui jettent dans l'cfprit de fauffes idées , Se for- ment autant d'obftacles à la découverte de la vérité. Il eft naturel , par exemple , de fuppofer dans un rai- fonnement, que ce qui nous paroît plus froid , l'eil da- vantage. De grands Phyficiens ont fait cette fuppofition fans héfiter, &: ils ont conclu, que la froideur de l'air confifte dans un mouvement direft , parce que l'air pouffé direûement nous paroît plus froid. Cependant il peut nous le paroître, &: ne l'être pas. Il fe peut faire que l'air pouffé diredement contre notre peau , chafle «ne vapeur chaude contenue dans les pores, ou qui en exhale, qu'il dépouille, pour ainfi dire, la peau de cet habillement naturel, &: par conféquent la rende plus fcnfible au fioid extérieur. Auffi M. Dodart , perfuadé que le froid parfait , du DES Sciences. m moins une efpécc de froid, confiftoic dans un repos en- 1^77. tier , croyoic que l'air poulTé dirccbcnient en étoïc plus chaud; mais que fa chaleur n'étant pas tant augmentée par ce mouvement , que la fenfibilicé de notre peau , il nous en paroilfoit plus froid. C'eft ainfi dans l'efpéce contraire, que la flame d'une lampe d'Emailleur , quoique devenue apparemment moins chaude par le mélange de l'air qu'elle entraîne avec elle, quand on la poulfe avec force, ne laiffe pas d'en être plus propre à fondre le verre , parce qu'elle a plus d'efficace par ce mouvement, qu'elle n'a perdu de chaleur par l'air qui s'cft mêlé avec elle. Une chofe qui confirme beaucoup la penfée de M, Dodart , c'efl: que la liqueur du Thermomètre , qui juge du chaud &: du froid plus fainemcnt que nous, & fans aucune précaution , ne bailTe point, quoique l'on fouf- flc avec beaucoup de force contre le tuyau. M. Dodart s'objedoit à lui-même, que la vapeur d'une Eolipile bien échauffée, qui bruleroit la main , (I elle s'élevoit librement, ne bruloit pas, lorfqu'elle for- toit par le col étroit de l'Eolipile, quoique, félon fon fyftême , elle dut être plus chaude , puifqu'elle avoir plus de mouvement ; mais il répondoit que ce filet de vapeur étoit fi délié, qu'apparemment il n'avoit pas la force de fendre l'air jufqu'à quelque petite diftance fen- fible, fans fe divifer, & fans fe mêler en s'éparpillant avec de l'air qui le rcfroidifl'oit. Il croyoit donc que tout mouvement, mêmeledireft^ diminuoit le froid par lui-même, Se parconféquent, que la chaleur confiftoit dans le mouvement , quel qu'il fût, &c non dans le mouvement circulaire en particulier. Car n'y-a-t'il pas des effervefcences froides , où cepen- dant la rarefadion qui leur eft effenticlle , &c la ron- deur des boules, femblent marquer néceffairement un mouvement circulaire > Ces effervefcences froides ne Eciij 112, Histoire de l'Académie Royale 1^7-7. font, félon M. Dodart, que des effcrvcfccnces moins chaudes; peut-être le mouvement des matières n'y cft que changé , &c non-pas au'gmenté. En général, tout ce qui cefle d'être mû eft en repos , comme tout ce qui cefTe d'être chaud eft froid. Mais outre le froid négatif, & qui confifte dans le repos, on peut croire qu'il y en a un pofitif & produit par la préfencc de certains corps. , Quoique l'air puifTe contribuera entretenir la fluidité de l'eau, il n'y a guère d'apparence , que dans le plus grand froid, il foit affés deftitué de mouvement, pour ne pouvoir plus fervir à cet ufage. On fait d'ailleurs , que par 1 introduction de certains fels dans l'eau, on fait de la glace au fort de l'Eté. Peut-être des corps de même nature que ces fels, font- ils en plus grande abondance vers les Pôles de la terre, que partout ailleurs; peut-être eft-ce par cette raifon qu'il ne gèle guère ici, que le vent de Nord ne foufflc. II eft toujours certain que par le vent de Nord , il gèle dans des chambres bien fermées , quoiqu'il y faffe moins de froid , qu'il n'en fait dans des tcms où quelque autre vent fouffle , & où il ne gèle point. Il y a des eff"ets de la gélèc, qui fubfiftent dans des lieux fort échauffés. Les cheveux ne laiflentpas défaire ■ un certain bruit, & de fe redreflcr fous le peigne. Les entrailles font toujours plus robuftes. Et tout cela fcmble prouver quelque matière étrangère répandue dans l'air , une caufe pofitive du froid , qui n'cft point entièrement furmontéc par la chaleur du feu. DES Sciences. 223 r(?77. SV K LE SON. -; MOnfieur Perrault entreprit d'examiner à fond tout ce qui appartient au fcns de rOiiyc, &: d'abord il hc part à la Compagnie de (es penfées fur l'agitation particulière, ou des corps, ou de l'air, qui caufelefon. Voici quel ctoit Ton filtême. Les parties invifibles des corps, & qui parleur ftruc- ture & leur configuration font leurs différences eficn- tielles, font encore conipofées de particules plus petites & moins différentes en diffcrcns corps , que ne font les parties. Et les parties, & les particules, ont un re/Tort. Quand les particules font ébranlées de façon que leur redort joue , elles frappent par leur retour les parties de l'air qui les touchent, avec la plus grande vitcffe quel- les leur puilTcnt imprimer , puifqu'elle eft produite par la détente de leur reffbrt; Se cette vîtefle eft fi f^rande qu'elle l'eft plus que celle qu'a ordinairement l'air pour fe retirer derrière les corps qui le frappent. D'ailleurs , comme l'cfpace où le reftbrt a joué eft extrêmement petit, l'air a plus de facilité à faire ce peu de chemin en avant, qu'à fc retirer derrière la particule. La partie de: l'air frappée avance donc d'un cfpace égal à celui où le reflort s'eft étendu , elle poufte celle qui la fuit, & ainfi de fuite jufqu'à l'oreille. De- là vient que le fon fe porte avec tant de vîtefTe &: que les autres agitations de l'air , comme le vent, n'en empêchent que fort peu la propagation, parce qu'elles font trop lentes par rapport à celle-là. L'air agité de cette façon particulière, va frapper tous les corps qu'il rencontre ; il en ébranle les particules de la même manière dont il eft lui-même ébranlé; elles fe 214 Histoire de l'Académie Royale 1^77, mettent en refTorc, &: par leur retour ou détente, frap- pent d'autres parties d'air , & forment un fon rcflcclii qui fe mêle avec le fon direû.lorfque les corps réfléchiflans font proches, & que la différence entre le fon direéV, & le réfléchi, ne peut être fentie. Si les corps réfléchif- fans font éloignés , une partie du fon réfléchi fc con- fond avec ledircd:, le refte s'en fepare; & c'eftcerefte de réflexion que l'on appelle Echo. Les réflexions qui fe mêlent au fon direft, font deux: effets. Elles le fortifient ; c'eft par cette raifon qu'une fufée qui crevé en l'air , fait beaucoup moins de bruic que quand elle crevé près de terre. De plus, elles font que le fon , qui naturellement ne s'étend que fur un& feule ligne droite , eft entendu prefquc également de tous côtés à la ronde; Se que fi quelque obftacle tra- verfc la ligne dire£l:e Se principale, fon défaut efl: faci- lement fuppléé par une infinité d'autres lignes. Cet effet vient fouvent aufll de ce que le corps qui produit le fon , quoique frappé dans un fcul endroit, eft ébranlé dans toutes fes particules, à caufe de la liaifon de fcs parties. Alors le fon fe répand en rond fans le fecours de ré- flexions conjointes. Ces réflexions ont beaucoup de force pour modifier le bruit. Elles le rendent, ou plus clair, ou plus fourd, félon la nature des corps réfléchiflans. Quelquefois mê- me elles le changent tout- à- fait. Si l'on frappe l'un contre l'autre deux cailloux dans un vaiflcau plein d'eau , le fon que l'on entend n'efl: pas celui du choc de deux cailloux, mais celui du choc d'un caillou, & de la ma- tière dont le vaiffeau efl: fait , quoique les cailloux n'ayent point choqué le vaiflTcau. Si le vaiflTcau étoit vuide , SC qu'il fut d'argent, par exemple, le fon des deux cail- loux , quoiqu'un peu argentin , ne le feroit pas tant, que quand le vaiffeau cft plein d'eau, parce que l'eau a plus de force que l'air , pour frapper le vaiffeau , Se en tirer le DES Sciences, izy le fon réfléchi qui convient à fa matière, if^ZZ- , Comme la vîccfle du fon dépend de-celle du reflbrt des particules, clic doit toujours être égale, du moins fenfiblcment, quels que foient les corps qui produifeut le fon , parce que les particules font peu différentes dans les corps les plus diffcrens. La force du fon , qui ne dépend que du nombre des particules ébranlées, ne change rien non-plus au reflort des particules , ni par conféquent à la vîtefTe dont le fon fe répand. Ainfi on entend aufîî-tôt le bruit d'un piftolct que celui d'un canon. Le retardement du fon ne fuit que la proportion des efpaces, indépendamment des corps qui le produifent. La diftindion des parties , &des particules des corps, qui peut paroître d'abord un peu légère, eft cepen- pendant fondée fur des expériences qui femblent la de- mander abfolumcnr. Des balles d'Arquebufe , quoique de matière différente, font toujours dans l'air un fifflc- ment pareil, des flûtes , ou d'or, ou d'argent, ou de cuivre , ou de carton , ou de bois , rendent le même fon , ce qui vient de ce que les particules , peu différentes en différens corps, font feules ébranlées, car fi les parties l'étoient aufli , les fons fcroicnt différens , comme ils le fbnt en des cordes de boyau ou de métal, ou en des timbres de différens métaux. Quelquefois les particules font ébranlées, fans que les parties le foient, ainfi qu'il arrive dans les flûtes, & dans les autres inftrumens à vent. Qiiclquefois l'é- feranlement des parties fait celui des particules , comme dans les cloches. Se dans les cordes d'inftrumcns. Le timbre d'une cloche étant frappe par le marteau , le cer- • de qui a reçu le coup, change fa figure, & devient ovale, &c communique le même ébranlement à tous les autres cercles , qui compoient la cloche. Ils deviennent donc tous ovales en cet inftant, &: ont leur petit dia- mètre au droit du coup. Mais dans l'inftant fuivant, ^//?, de l'Ac. lom. I. F f ii6 Histoire DE l'A cademie Royale ié-7-7. comme ils ont unrefTort qui tend à leur faire réprendre leur figure , &: que tout rertbrt en fe rétablifTant va au- delà de fon point de repos par des cfpéccs de vibra- tions , les cercles au-lieu de redevenir cercles, devien- nent ovales en un fens contraire , & ont leur grand dia- mètre où ils avoient le petit. Ces changemens fucccflifs de figure caufent des frémiffemens , & des ondulations dans les parties qui compofent tous ces cercles , elles fe plient & fe déplient avec une très-grande vîtelTc , &c ces mouvemens des parties fecoiient , &, pour ainfi dire, froiflfent toutes les particules , à peu près de la même manière qu'en ébranlant le tronc d un arbre , on en ébranle les branches , &c par leur moyen toutes les feuilles. Les particules font feules le fon, félon M. Perrault, foit qu'elles foient feules émues , foit qu'elles le foienc par le moyen des parties. Mais il faut que l'ébranle- ment des mêmes particules foit différent quand il eft caufé par celui des parties , ou quand il en eft indépendant. Quand on joUc de deux flûtes de différente matière, c'eft le même fon , mais non-pas quand on les frappe. Une des modifications principales du Son , eft le Ton. Le Ton aigu dépend de vibrations plus fréquentes , &c plus promptes que font les particules mifes en reffort, ou de vibrations faites par un plus grand nombre de par- ticules en un même efpace. Et cet effet peut venir , ou de la matière du corps reffonnant, compofé de parties plus roides, & plus tendues, ou qui s'émeuvent en plus grand'e quantité , ou fimplement d'une moindre grandeur de ce corps , qui fait qu'un même ébranlement l'ébranlé davantage, ou de fa figure, qui donne à fes particules une plus grande facilité de s'ébranler , ou enfin d'une caufe étrangère qui produit une plus grande tcnfion ,ou un plus grand mouvement, foit dans les parties, foic dans les particules. DES Sciences. 217 II eft aifé de voir combien de tout cela il doit naître 1677. de combinaifons divcrlbs; & quelquefois faute de les démêler afles exadement, on pourroit être furpris par quelques effets qui fcmblent devoir être les mêmes , &: qui font fort différens. Par exemple, dans le flageolet, dans la flûte Allemande, dans une flûte fans trous qu'a- voir M. Perrault , Se qui venoit des Sauvages de la Guadaloupe, le ton change par la feule augmentation du vent , ce qui n'arrive pas à une cloche qui ne chan- ge point de fon pour être frappée plus fort. C'eft que, dans la penfée de M. Perrault , les parties de la cloche font toujours ébranlées par le coup , foit qu'il foit fort ou foible, & par conféquent un même nombre de par- ticules eft toujours ébranlé dans un même efpace, parce qu'une partie affés ébranlée pour fc mettre en relTort, fecouë nécefîairement toutes fes particules ; mais dans les inftrumens a. vcnr, le fouflle n'ébranle que les parti- cules, &c un plus foible en ébranle moins dans un même efpace. Lorfque dans deux corps différens , dont les parties ou les particules font en rcflort, les nombres des vibra- tions ont une telle proportion, qu'elles finiffent & re- commencent fouvent enfemble; fi, par expérience, l'un de ces corps en fait 2, précilément, pendant que l'autre en fait i , ou 3 , pendant qu'il en fait 2. , Sec, c'efl;-là ce qu'on appelle des Confonanccs. Le corps qui fait le plus de vibrations a un ton plus aigu; celui qui en fait z pendant que l'autre en fait i , fonne loélave en-haut, ècc. Les vibrations qui ne fe rencontrent jamais, ou trop rarement, font les Diffonances. Il y a plus. Les différentes parties d'un même corps refonnant font différens tons , & par conféquent des confonanccs, ou des diffonnances. Comme une cloche n'efl: pas partout d'un égal diamètre, les petits cercles ont des tons plus aigus : Se une corde tendue, quoique Ffij 2,z8 Histoire de l'Aqademie Royale 1^77. <^'uric égale grofleur par tout,efl: plus tendue vers les extrémités, parce que vers le milieu, Ton poids la cour- be nécelîairement , quelque peu que ce foie. Ainfi dans l'un &c dans l'autre de ces organes, mais beaucoup plus fenlîblemcnt dans la cloche, différentes parties ont dif- férens tons -, &c le ton total qui paroît fimplc , cfl: ce- pendant compofé de tous ces tons partiaux. Les tons qui font confonance, font les fculs qui s'unifient enfcm- ble ; les autres , qui font diffonans , s'eft'acent & fe dé- truifcnc mutuellement. Mais ce qu'il y a de furprcnanc , c'eft que , quoique l'unifTon foit la plus parfaite des coafonances, plufieurs tons , qui , mêlés emfemblcs , font d'autres coafonances , forment un fon plus fort , que s'ils étoient tous à l'uniffon. L'expérience l'a fait voir dans les tuyaux des orgues , dcfqucls on met plufieurs fur une même marche pour un feul ton ; car quand ils font tous à l'unifTon ils ne font pas tant de bruit , que quand il y enaàl'odave , à la doublco£tavc, à la quinte, & à la tierce. Les confonances ne font pas feulement l'effet de plaire à l'oreille par la rencontre fréquente & réglée des bat- teniens, elles augmentent encore, & fortifient les fons, parce que l'air agité par les vibrations d'un corps , en va frapper un autre juftement dans l'inftant qu'il efldif- pofé à recommencer fes vibrations du même fens dont l'air eft agité, C'cft ainfi qu'il n'y a guerre de fi greffe cloche que l'on n'ébranle par dctrès-legeres impulfions, pourvu qu'on les répète fouvent, & qu'on les ménage de forte , qu'elles s'accordent avec l'irnpulfion que la pe- fantcur de la cloche lui donne pour retourner d'un côté à l'autre. On peut caffcr un verre feulement en criant dedans,- mais il faut crier au ton qu'il fonne, & me- furer les élancemcns de fa voix , pour les faire rencon- trer avec les vibrations que fait le verre en fonnant. Il y a donc deux moyens d'augmenter le fon, les DES Sciences. it^ réflexions, & les confonanccs. On les employé tous 1^77. deux dans la plupart des inftrumens de Mufiquc. On obferve dans ceux qui ont des tables, comme les Luts les Violons , 5cc. qu'elles foicnt d'un bois qui ait des fi- bres droites &: égales comme les cordes,- car il ne fuf- fic pas que ces tables faflfent des réflexions; il faut qu'el- les fafTent audi des confonances. Dans ceux qui ont des cordes inégales , comme les Claveffins , on fait les tables plus épaifes au droit des longues cordes. C'eft encore par ces deux moyens que la Trompette parlante augmente fi fort la voix. Le tuyau en eft d'abord égal , pour fortifier également le Ton par les réflexions , pendant un certain efpace,- enfuite il s'élargit, afin que le fon devenu plus fort , rencontre un plus grand nom- bre de particules qu'il agite ; & de plus , fe fortifie par les confonances qui fe forment dans les cercles du tuyau difïcrens en grandeur. L'union de ces deux caufes étrangères, eft quelque- fois fi puifTanre , qu'elle change le ton naturel de l'inf- trument. M. Perrault affûte qu'il avoir vu une cloche qui placée dans un certain lieu, fonnoit la quinte en haut du ton qu'elle avoir dans les autres lieux. Ffiij 1^77- zjo Histoire de l'Académie Royale c^ »T4* r'i* Oi* o^i* c^ i^ r\4* *T4* rw fV *^ r\i* f\* tfTu f%* r^ f*4* rVu r^ t%» ÎTi* MATHEMATIQUE M E C H A N I Q^U E. DV JET D ES BOMBES. COmme on étoit alors en guerre contre la Hol- lande, l'Efpagne, &: l'Empire, M. Blondel , qui écoit homme de Lettres, & homme d'Epée, fongea a rendre les Lettres utiles à la guerre. Il examina à fond toute la matière du Jet des Bombes, &: trouva que l'on s'y étoit extrêmement trompé, pour avoir trop donné à des expériences incertaines, &: à des conjectures, &c trop peu à la Géométrie, &: au raifonncment. Les premières Bombes dont on ait connoiffance, fu- rent jettces dans la Ville de Waftcndonch en Guel- dres, alfiégée par le Comte de Mansfcld en 1588. On dit qu'un Habitant de Vcnlo dans la même Province , les avoit inventées quelque tems auparavant pour des feux d'artifice. Ce fut feulement en 1634. au premier fiége de la Motte que les François con^mcncercnt à s'en fcrvir. Le feu Roi Louis XIII. avoit fait venir de Hollande pour cet effet, le fieur Maltus Ingénieur Anglois. MaisMal- tus , qui n'ctoit pas grand Mathématicien, ne jettoit fes Bombes qu'au hafard ,• &: au fiége de Landrcci en 1637. où il avoit une Batterie, au lieu de tirer fur la Place, il tiroit par-deflus, &: alloit tiier du monde de DESSCIENCES. 23 1 l'autre côté. Jufque-là l'hiftoirc des Bombes cft pleine 1^77. de malheurs caufés par l'ignorance où l'on étoic. M, Blondel affùrc que jufqu'au tems qu'il écrivoit , c'eft-à- dire en 1683. la plus grande partie des Officiers qui fervoicnt aux Batteries de Bombes , n'étoienc que des Elevés de Maltus. Ce n'ertpasque la Projection des Corps n'eût été déjà examinée par quelques Mathématiciens. Nicolo Tarta- glia de Brefce,qui vivoit aucommencementdu fixiéme fiécle, avoir médité fur ce fujct. On a remarqué ailleurs qu'il fut le premier qui découvrit que la ligne décrite par le boulet de canon décrit en l'air, eft courbe; car la plupart des gens croyoient que cette ligne , au fortir du canon , étoit droite , tant que l'impulilon de la pou- dre l'emportoit fur la pefanteur du boulet; qu'aufli-tôc que cette impulfion venoit à être balancée par la pefan- teur, la ligne dcvenoit courbe, Se qu'enfin elle rcdeve- noic droite dès que la pefanteur l'emportoit fur l'irapul- fion. Tartaglia s'apperçut auffi le premier , que les coups tirés d'un canon élevé d'un angle de 45 dégrés, ontune plus grande portée que dans toute autre élévation de la pièce ; mais il paroît que ce même Tartaglia s'étoit trompé fur beaucoup d'autres chofes. Nous paflTons fous filence les noms & les méprifes de plufieurs autres Auteurs , pour venir enfin au grand Galilée , &c à Torricelli fon Difciple , qui feuls ont donné au bue. Selon Galilée, quelle que foit la force de la poudre, qui imprime au boulet un mouvement horifontal , la pefanteur le rabat toujours vers la terre par des lignes verticales, de la même façon que s'il n'avoir nul mou- vement horifontal; &c de la compofition de ces lignes verticales, & de cette horifontale, il réfulte une ligne courbe dans toute fon étendue, qui eft celle que le bou- let décrit en l'air. iji Histoire de l'Académie Royale 1^77. Le mouvemcnc horifontal du boulet cft égal & unifor- me , c'eft-à-dire, qu'il lui fait parcourir en tems égaux des cfpaccs égaux. Le mouvement vertical eft accéléré félon les loix de la chute des corps établies par Galilée ; c'eft-à:dire , que les hauteurs, dont le boulet tombe, font entre-ellcs comme les quarrés des tems. Donc Cl le boulet dans le premier moment s'eft éloi- gné d'une certaine diftance horifontale , & eft tombé d'une certaine hauteur , à la fin du i moment il s'eft éloi- gné d'une diftance horifontale double, Sc cft tombé d'une hauteur quadruple. Donc les diftances horifontales, qui font i & 2, ont leurs quarrés i & 4, comme les hauteurs verticales ; &c il eft vifible qu'il en va de même dans tout autre point de la ligne du boulet. Donc les quarrés des diftances horifontales font entre eux comme les hauteurs verticales; & comme c'eft-làle rapport qui règne entre les Ordonnées & les Abfciffcs d'une Parabole, il s'enfuit qu'un boulet tiié horifonta- lemcnt décrit une demi-parabole, dont le fommet eft' au point où il fort de la bouche du canon. Galilée démontre enfuite qu'un boulet tiré oblique- ment à l'horifon, décrit une parabole d'auftl-bien que celui qui eft tiré horifontalement ; mais c'eft une para- bole entière dont le fommet cft au milieu de fa courfe. La diftance du fomm.ct de la parabole a une ligne horifontale tirée au-deftbus , eft ce qu'on appelle la hau- teur de la Parabole. La diftance horifontale entre le canon , &: le point où le boulet tombe, cft V étendue du Jet, ou V amplitude de la parabole. La force du mouvement du boulet dépend de la quan- tité de la poudre, de fa qualité , &:c. La force imprimée au boulet étant fuppofécs toujours la même , fi on le tire verticalement, il ne doit point décrire DESSCIENCES. Ijj <îécrirede parabole, parce qu'il n'y a dans fon niouvc- i^^t. ment nul mclange de mouvement horifonral. Il retom- bera dans la bouche du canon , & le jet n'aura aucune amplitude. Qii'il foit tiré fuivantune ligne peu éloignée de la verticale , il retombera fort près du canon , &c l'am- plitude du jet fera très-petite. Qiic d'un autre côté le boulet foit tiré fuivant uncdi- rcétion parfaitement borifontale, pourvu que la batterie ne foit pas élevée au-deffiis de l'horifon , il fera dès la fortie du canon rabatu & pouffé contre la terre par fa pefanteur, dont l'adion cft continuelle. 11 ne décrira donc point encore de parabole, &: le jet n'aura aucune amplitude. Qii'il foit tiré fuivant une ligne peu diffé- rente derhorifontale, l'effet fera peu différent. Il paroît donc que l'amplitude étant nulle fous la li-; gne verticale , &: fous l'horifontale , &: commençant à naître dès que la diredion s'éloigne de l'une ou de l'au- tre de ces deux lignes, elle doit être la plus grande qu'il foit poffiblc précifément entre ces deux extrémités , &c égale dans un éloignemcnt égal de l'une ou de l'autre, c'eft-à-dire, que les jets fous l'angle de 4j dégrés ont une plus grande étendue que tous les autres jets pouffes de m.ême force fous tout autre angle , &: que ceux qui font pouffes fous des angles également éloignés de 4J au-deffus , &: au-deffous , ont une égale étendue. Il paroît auffi que la plus grande hauteur d'un jet eft celle de la direûion verticale, puifque toute la force de £bn mouvement eft employée à lui donner cette direc- tion fimple. D'où il fuit qu'à mcfure que les directions s'éloignent de la verticale, les hauteurs diminuent tou- jours , jufqu'à ce qu'enfin elles deviennent nulles àladi- redion horifonrale. Deux jets de même force, & d'inégale hauteur, peu- vent donc avoir la même étendue ; il fuffit pour cela qu'ils ayent été faits fous des angles également éloignés ////. de rjc. Tome I. G g 254 Histoire de l'Académie Royale 1677. Ës Sciences. 2-45 ANNE'E MDCLXXVIII. PHYSIQUE. A N A T O M I E. AP R e's la manière dont les corps produifcnt le fon , il rcrtoit à voir celle donc l'oreille le reçoit; &:c'cft Ci: que M, Perrault examina avec d'autant plus de foin, que )ufque-là cet organe avoit été affés inconnu à tous les Anatomiftes. Comme tous les fcns doivent avoir quelque chofe de commun , & que le génie de la Nature eftde travail- ler toujours fur un même plan, qu'elle fait bien divcr- fifier félon les circonftanccs particulières, la ftrudure de l'œil 6c fes ufages, fcrvirent à guider M. Perrault dans la recherche de la ftrudure & des ufages de l'oreille. D'abord fe préfente l'oreille externe, quia une cavité ouverte en dehors, un peu oblique, & fermée dans le fond exaftement par une niembrane. Le détour oblique de cette cavité, empêche que les qualités cxccfTivesce l'air , & les corps étrangers qu'il peut porter avec lui, n'ailler.t jufqu'à la membrane qu'ils ofFcnfcroient. De plus j une infinité de petites glandes feinées dans cette Hhij 1678. 144 Histoire de l'A cademie Royale l^yg. caviré , l'enduifenc d'une humeur gluante, qui arrctclcs petits corps imperceptibles , voltigeant dans l'air ; au- trement ils iroient fe coller contre la membrane, ils la chargeroient &: s'y amaffiintà la longue , ils luiôteroient cette mobilité délicate dont elle a bcfoin. C'cftainliquc la paupière pafle & repaffe inceffamment fur l'œil , pour efluycr la pouffiere qui pourroit s'y arrêter , & nuire à la tranfparence de la Cornée, ou même pour humecler la cornée, &; entretenir fa tranfparence, , . La membrane qui ferme cette première cavité , c(t déliée, féche , tendue, &d'une fubftance fort égale. Tout cela la rend très- propre a être facilement ébranlée par l'air, & à faire pafler au travers d'elle-même à l'air en- fermé dans une féconde cavité, que M. Pcrraultappellc la Quaiffe du Tambour, l'ébranlement qu'elle a reçu. Elle peut être plus ou moins tendue par le moyen de trois petits oflclets articulés enfcmble , qui la tirent en- dedans , lorfqu'cUc doit être plus tendue pour un petit bruit, & pour des tons graves, ou la lairtent retourner pour les tons aigus , &c pour les grands bruits , qui font fufEfamment fcntis avec une moindre tcnfion. Hors de- là , pour des bruits médiocres , ou pour entendre de grands, & de petits bruits tout à la fois, elle eft dans ime tcnilon moyenne. Cela répond aux changemcns de figure que l'œil fe donne pour les objets proches, ou éloignés, qui demandent que le criftallin , foit plus éloi- gné, ou plus proche de la rétine. Laquaifle, outre l'ouverture fermée parla membrane du tambour , en a quatre autres. L'une eft un conduit long &: étroit , appelle l'Aqueduc, qui va dans le pa- lais, & fait palTcr dans l'oreille interne des vapeurs chaudes de la bouche , néceffaires pour entretenir dans toutes ces parties délicates leur flexibilité , &: leur con- flftance particulière, à peu près comme la fubftanccfpi- ritueufe que fourniffcnt les humeurs de l'œil , fomente Se conferve larctinc. DES Sciences. 2.4^ La féconde ouverture va d'un autre côté fe perdre 1^78, dans certaines rinuofités. Les deux dernières , toutes deux fermées par une mem- brane, vont dans une troifiémc cavité, que M. Perrault appelle le Vcftibulc du Labirinthe, Elle efl à peu près fphérique. îl en fort trois canaux demi-circulaires qui y rentrent, & un quatrième tourné en Limaçon, qui n'a point d'iffue. C'ell-là que finit l'oreille interne. Levefti- bule , les trois canaux demi-circulaires, &: le Limaçon, font tous enfcmble le Labirinthe. Un des plus grands artifices delà Nature dans la conf- truction de l'œil , a été d'empêcher que les rayons ré- fléchis par les parois internes, n'allaficnt troubler les rayons direéls , qui peignent les objets fur la rétine. Dans ce delTein , elle n'a pas fait le canal de l'ouverture de l'œil cilindrique, parce que les rayons qui y paflcnt, iroient aifément donner contre les côtés, & s'y rcflé- chiroient , elle l'a fait fphérique , afin que les côtés fuyent les rayons. De plus , elle a teint de noir les endroits d'où il pourroit partir des réflexions incom- modes, parce que le noir amortit les réflexions. De même, elle a apporté des précautions très-ingé- nieufes pour prévenir les réflexions du fon , qui fe fe- roient dans l'oreille, & qui y troublcroi'ent le fondireét venu de dehors, feul objet de toute cette méchanique. Elle a fait la Quaifl'e du Tambour ample & large d'a- bord, comme la cavité de l'œil , de peur que fielleavoic été étroite à l'entrée comme une Trompette, il ne s'y fut fait aufli des réflexions. De plus , elle a revêtu toutes les cavités de l'oreille de membranes , qui les rendent moins rétentiflTantes , &c font l'effet d'une tapiflTerie. En- fin, &c'cftcequi appartient particulièrement au Labi- rinthe, elle y a mis trois canaux demi-circulaires, qui par leurs détours font que le fon réfléchi fe perd , 8c qui d'ailleurs rentrant dans la même cavité d'où ils fortent , Hhiij 1^6 Histoire de l'Académie Royale 1^78. rapportent ce fon au lieu d'où il étoit parti, &: Icmpê- chent de pénétrer dans le quatrième canal , qui eft enfin le lieuconfacré à la fenfation du fon. On donne le nom de Limaçon à ce conduit, parce qu'il cft tourné en ligne fpirale. Il y a au milieu un os, qui fait l'office d un noyau, d'oii naît une membrane qui s'y appuyé, &c tourne alentour en fpirale, fans être attachée à la circonférence intérieure du conduit. Au dedans de ce noyau qui cft creux, pafie un nctf très- délicat, qui au travers des pores de l'os qui le contient, jette de petites fibres dans la membrane ou Lame fpi- rale. C'eft cette membrane que M. Perrault jugeoit de- voir être l'organe immédiat de l'oiiie. Elle eft par fa fi- tuation très-mobile, n'étant attachée que par fon milieu comme une fraifc qu'on porte au cou , elle préfente à l'air qui la vient frapper une très-grande furface , puif- qu'elle cft tournée en fpirale, elle eft d'une confiftance Crès-proporcionnée à l'ébranlement du fon ; cat les fibres du nerf qui la compofent ayant pafle au travers d'un os, elles ont pris quelque chofe de la fubftance offcufe, &: rendent cette membrane plus féchc, Se plus réten- tifTante. En effet , dans les crânes défléchés, elle paroît féche , opaque, blanche &: caftante comme un os. Il n'auroit pas fufti que la rétine eût été fermée des fibres du nerf optique dilaté, il falloit encore qu'elle fût mêlée avec une fubftance fluide qui la rendît égale & polie. Ainfi la membrane fpirale a dû avoir , outre fa fubftance ner- veufe , qui la rend fenfible, une fubftance ofleufcquila rendît particulièrement fenfibie au fon. M. Perrault étoit perfuadé que tous les nerfs qui font les fenfations, font à peu près fcmb'ab'cs, &: également propres à tou- tes les fenfations diftérrnres; mais que ce qui les dé- termine aux unes plûrôr qu'aux autres , ce font des fub- ftances particulières qui s'y mêlent. Dans fa penfée, le nerf optique pourroit lervir au fon , s'il avoir ccmêlangc DES Sciences. 247 de fubftance oflculb, au-lieu de la fubflance fpiricueufc l^jS. Bc fluide dont il eft abreuvé. M. Du Verney qui étudioit auffi en ce tems-là les Organes des Sens , fie part à la Compagnie de plufieurs Obfcrvations particulières , par exemple. 1. Que quand on cligne l'œil, le tendon qui relevé avec tant de vicefle la paupière de defious , ne pourroic naturellement exécuter ce mouvement fans comprimer le nerf optique fur lequel il pafle, &; que pour prévenir cet inconvénient, la Nature par une des plus ingénicufes méchaniques qu'elle ait imaginées dans tout l'animal , a donné à ce mufcle une efpéce de petite poulie, qui le retire à côté du nerf optique , quand il doit agir. 2. Que quoique l'on ne voye dans tout l'animal au- cun mouvement lans fibre motrice, on n'en peut cepen- dant appercevoir aucune dans la menbranede l'œil , ap- pellée iris, qui fans doute s'élargit, &: fe rétrécit, ce qui peut encore faire foupçonner quelques-autres mouve- mens fans fibre motrice dans des parties de l'œil fem- blable à l'Iris. La Nature peut bien avoir quelque fine méchanique qu'elle n'employé que rarement, & dans des fujets forts délicats , &: peut-être ne la découvrirons- nous jamais , faute d'en avoir des exemples affés pal- pables. Sur l'organe de l'Odorat , M. Du Verney communi- qua aufîi les Obfcrvations Se les penfées fuivantes. Toute la cavité du Nés eft remplie de plufieurs lames cartilagineufes , diftinguées les unes des autres , & dont chacune fe divife encore en plufieurs autres, qui font divers contours. Elles font en plus grand nombre près de la racine du nés, mais plus petites. Elles vont toutes s'attacher à l'os Cribleux , Se M. Du Verney croyoit ' que cet os n'étoit fait que par les racines Sc les extré- mités des petites lames , & fcs petits trous par les inter- valles , qu'elles laiflent entre-elles. 148 Histoire de l'A cademie Royale i^yg. La membrane intérieure du nés ne couvre pas feule- ment l'extérieur de ces lames , elle s'engage dans tous leurs replis , &c les tapifTe par tout fort cxaftemcnc. Ainfi elle a dans un petit efpace une fort grande fupcr- ficie , qui donne lieu aux vapeurs odorantes de (crpcn- ter long-tems dans tous ces détours , ôc de frapper par plus d'endroits les filets nerveux de la membrane jadrclfe que la nature a employée dans tous les organes des fens , pour donner plus de force au fenfations. A proportion que les Animaux ont l'odorat plus fin, ils ont un plus grand nombre de ces lames; les Chiens de chafTe , les Lièvres, les Chats, les Porc-Epis, les Sangliers , les Chevaux , en ont beaucoup plus que les Veaux , les Chèvres , les Brebis. L'Homme n'en a que vois fort fimples. M. Du Verney confidera encore les mufclcs en géné- ral. Ils ont tous eiïentiellement trois parties , une char- nue , qui eft au milieu , Se deux icndineufes aux deux extrémités. La partie charnue eft un vrai refTort qui peut s'alongcr d'une certaine longueur, les tendons ne font que de fimples cordes , qui tirent félon le mouvement que leur donne la partie charnue. Il eft eflentiel que toutes les chairs d'un même mufcle foientégales ; car fi elles s'alongoient ou fe raccourcifibicnt inégalement, elles fe troubleroient & s'embarraffcroicnt dans leurs mouvemens les unes les autres. Si des fibres charnues dans un même mufcle paroifîent d'abord inégales , il faut prendre garde qu'elles ne le font pourtant pas, &: que celles qui defcendent plus bas d'un côté , ne montent pas fi haut de l'autre. La difpofition la plus avantageufe pour la force du mouvement , & celle aufli que la nature afïeéle autant qu'il fe peur, eft que les tendons (oient pofés fur lamé., rue ligne droite, félon laquelle la fibre charnue s'alonge ou fe racourcit. Mais d'ailleurs comme les mufcles auroienc DESSCIENCES. 249 aiiroient tenu trop de place ,&: qu'il en faut fouvcnt i6yi. renfermer plufieurs dans des cfpaces fort petits, la na- ture a trouve moyen de faire pafler les chairs , Se les tendons les uns fur les autres, &: de ramaflcr toutes les fibres dans de fort petits cordons , qui vont s'attacher aux os , qu'ils doivent mouvoir. Plus la partie charnue d'un mufclc cft longue, plus il eft capable d'exécuter un mouvement de grande étendue, plus elle cft épaiflc, plus il cft capable d'un mouvement qui demande de la force. ■ -j . •.:,.; ,..i ..•;i!:.. ^ , Le même M. Du Vcrney rapporta à la Compagnie qu'il n'avoit jamais pu trouver aux Oifeaux ni veines ladées, ni canal thorachique , ni glandes dans le mefen- tere. 11 croyoit que le chile va dans les veines méfaraï- ques , &: de-là dans le foye. ■ Les pierres qu'ils avalent fervent, félon M. Du Vcr- ney, à broyer les grains dans Icui eftomac. Il remar- quoit que quand elles font polies , ils les rendent aufli- tôt, peut être à caufe de leur inutilité, ils ne les gar- dent que quand elles fontraboteufes. Qiiand on leur fait avaler des perles , ils les rendent un peu diminuées de poids, mais plus belles qu'auparavant , ce qui prouve , que le fuc qui fert de diflblvant, n'eft pas acide. M. Dodart fit l'hiftoirc de deux Enfans, tous deux âgés de deux ans, qui après avoir langui de maladies qui paroifloient n'avoir nul rapport à la tête, étoicnc morts fans convulfion, èc avec toute la liberté d'efprit dont on cft capable à cet âge, 11 les avoit ouverts tous deux. Les deux cavités , que l'on appelle Ventricules antérieurs du cerveau , & le troifiéme Ventricule ne fai- foient enfemble qu'une vafte concavité , pleine de trois chopines d'eau , mefure de Paris. La fubftance du cer- veau étoit réduite à l'épailTeur du petit doigt. Dans l'un des deux cerveaux, l'eau étoit très-belle, &c très-claire, ôC la glandule Pineale étoit alllfefur le haut d'une veficule zyo Histoire de l'Académie Royale. 1678. très-déliée, pleine de cette même eau. Le cervelet éroit en aflTés bon état. Les trois ventricules du cerveau ne contiennent donc pais les efprits néceflaires au mouve- ment, & aux adions intellectuelles , & l'eau qui y eft retenue , n'eft pas une caufc fuffifantc d'apoplexie. Mais à quoi fcrt précifément le cerveau ? Comme c'eft appa- remment le fiége de Tamc, il femble qu'il tienne de fa nature, qui efl fort inconnue. EXPERIENCES. i-\ A OnfieurDodart examina, par rapporta la Me- ^y1 decine^en combien de tems le corps humain peut réparer les évacuations des chofes utiles. Il prit pour exemples de ces évacuations la faignée , & le jeûne. S'étant fait tirer 16 onces de fang , il trouva après la faignée, qu'il pefoit précifément ces lé onces de moins ; & n'ayant eu la commodité de fe faire pcfer de nouveau que j jours après , il trouva qu'il pefoit plus qu'avant la faignée , fans avoir mangé plus qu à l'ordinaire. Les lé onces de fang furent donc réparées en moins de y jours ; mais comme il n'étoit pas malade quand il fe fit faigner, il refte à favoir fi le corps refait plus fa- cilement du fang à proportion qu'il en a plus ou moins de befoin. C'eft ce qu'on ne pourroit favoir que parplu- fieurs expériences , dont l'utilité mériteroit bien qu'on les fît avec exaûitude. z. A l'égard de la Diète, M. Dodart rapporta qu'une perfonne de fa connoiffance ayant fait le Carême dans îa rigueur de l'ancienne Eglife , c'cft-à-dire, à ne man- ger que fur les é. ou 7. heures du foir, à vivre le plus fouvent de légumes , & fur la fin du Carême de pain 8c d'eau , on trouva en le mettant à la balance . que le dernier DESSCIENCES, IJI jour du Carême, il éroit diminué de poids, de 8 livres 1678. 5 onces, Qiiatrc jours après , il pcfoit 4 livres davan- tage, ce qui marque la facilité de k réparation. M. Dodart obferva aufll à cette occafion, qu'après un grand repas , on tranfpirc dans les premières heures qui le fuivenc , environ 3 onces , Se dans les dernières , c'eft-à-dire dans celles qui précédent le repas fuivant , à peine tranfpire-t'on une demi-once. ' 3. L'on a toujours cru que le Miel que les Abeilles vont cueillir fur les fleurs , étoit une efpéce de rofée formée de vapeurs , qui s'étant élevées des plantes y retombent lorfque le froid les a condenfées , & fur cela les Poètes , qui ne cherchent qu'à embellir, &: à farder les objets, ont appelle le Miel une production de l'air, &: un don du Ciel. Mais M. Du Verney en fit un examen qui détruific CCS titres pompeux. Voici fcs Obfervations. Si le Miel étoit une rofée , le Soleil le fondroit , & le dilTiperoit; cependant les Abeilles ne vont faire leur ré- colte qu'après le lever du Soleil. Il eft confiant que la Manne , qui eft une forte de Miel , eft un fuc qui découle par les incifions qu'on fait à une efpéce de Frêne, &c que beaucoup de fleurs ont des refervoirs remplis d'une liqueur miellcufc qui en diftile lentement , même pendant la plus grande cha- leur. Il y auroit donc de l'apparence qu-e cette liqueur fc- parée du rcfte de la plante, filtrée , & cuite dans des canaux particuliers qui aboutifl'ent en dehors , feroit le Miel que les Abeilles ramafTent. Mais comme il eft bon de ne fe pas contenter faci- lement en fait de Phyfique, M. Du Verney ne s'en tint pas-là. Il remarqua dans le cœur des fleurs certains pe- tits filets qu'on appelle des Etamines , dont les fommets s'ouvrent en certains tems , & fourniftent une grande 2yi Histoire de l'Académie Royale 1^78. quantité de pouflierc compoféc de petits globules, de différentes couleurs, fuivant les différentes plantes. Ces Etamines, dont le principal ufage eft de confcr- ver & de défendre le ftile, qui en eft environné, fer- vent encore à donner de la nourriture à la plupart des Infedes , qui vont fe promener fur leurs fommcts , Se y prendre cette poufficre déliée. Dans li Couronne impériale, dont les fleurs font pan- chées vers la terre, les refervoirs de la liqueur mielleufe aboutiffenten en-bas ; & jamais, félon M. Du Verney, les Abeilles ne vont là. On les voit toujours fur le haut des Etamines, C'eft donc la pouffiere fine qui en fort , très- différente du miel , qui eft cependant la matière du miel. Les Abeilles auront pour la préparer, & la filtrer, des conduits particuliers, comme les Araignées, & les Vers à Soye en ont pour leur toile. CHIMIE- NO u s pafl!ons fous filence une grande quantité d'A- nalifes de Plantes. M. Bourdelin en avoit analyfé 40 cette année, &: alors le nombre des Plantes analyfécj dans l'Académie montoic 3450, Dans cette forte de tra- vail, chaque partie paroît peu confidcrable, &c l'utilité ne fauroit être fentie que dans le tout , par les compa- raifons qu'on peut faire, &r les réfultats qu'on peut tirer, Quelquefois cependant il fe trouve en chemin descho- fes particulières , qui méritent qu'on s'arrête à les con- lidérer. Nous en donnerons un exemple qui eft dû à M. Dodarr. Il remarqua que les fruits, comme les Pêches, les Pommes, les Prunes, les Meures, qui paroiffent n'être que de l'eau , & dont on ne fauroit tirer prefque aucune DESSciENCES. 2J} huile par la diftillation , ne laiflcnt pas d'être fort nour- 1^78. riffans. Ce n'cft pas apparemment par leur fubltance aqueufe ; il faut que ce foit par quelque huile fixe qu'ils contiennent, Se que l'eftomac fcul en fait tirer. En cftcr, ces fruits laiflcnt beaucoup de charbon , &c ce charbon très peu de cendres; indice manifeftc d'une grande quan- tité d'huile fixe qui n'a pCi être feparée. Ilcftétonnanc combien la Chimie de l'eftomac efl: différepte de notre Chimie artificielle; &c il eft bon d'être averti de cette différence, MATHEMATIQUE ME CH A NI Q^UE- DV JET DES BO MBES. COmme la Phyfique,en s'alliant avec la Mathé- matique, y porte toujours quelque chofe de fon incertitude; on peut faire des objeélions contre les dé- monftrations qui ne font pas de pure Géométrie, & qui appartiennent aux Mathématiques mêlées de Phyfique. Hors les nombres purs , &: les lignes pures , il n'y a rien d'exadement vrai. Sitôt qu'on applique ces grandeurs a. la matière , cette exaéle vérité les abandonne ; il fem- blequela pureté de leur nature foie altérée, dès qu'on leur donne un être réel. to On pouvoir faire des difficultés fur l'Art de jetter les Bombes, que M. Blondel propofoit. 11 eft certain qu'afin que la ligne décrite par le boulet , foit parabolique , même en fuppofant que Thypothéfe li iij 1J4 Histoire de l'Ac ademie Royale 1^78. de Galilée fur la chute des corps pefans , cft vrayc; il faut que la ligne de la dircdion horilontale imprimée au boulet par le canon , foie une ligne droite , dont il parcoure des cfpaces égaux en tems égaux ; il faut que les lignes verticales , fuivant lefquelles le boulet tombe par fa pefanteur , foient parallèles entrc-elles , & toujours dans la proportion des quarrés des tems ; il faut enfin que les deux mouvemens , l'horifontal , Se le vertical , dont le mélange forme la parabole, fe mêlent de forte qu'ils ne s'altèrent aucunement l'un l'autre, c'eft-à-dire, par exemple, que le boulet tombedans un certain tems d'une auffi grande hauteur que s'il n'étoit nullement porté fuivant une ligne horifontale par une violence ex- trême de la poudre. Cependant rien de tout cela n'eft vrai. I. La diredion horifontale imprimée au boulet par le canon, n'eft point une ligne droite; c'eftune courbe femblable à celle de la convexité de la terre. 1. Le mobile ne parcourt point fur cette ligne des efpaces égaux en tems égaux, car la réfiftance de l'air diminue fon mouvements chaque inftant , & le dimi- nue d'aucant-plus qu'il cft plus grand, parce que l'air, qui pour laifter avancer le mobile, doit prendre une vî- teflc égale à la ficnne, a plus- de peine à prendre une grande vîtefle qu'une petite, 3. Les lignes verticales de la chute du mobile ne (ont point parallèles entre-ellcs , puifqu'elles tendent toutes au centre de la terre, & la ligne qui réfulte d'elles Se de la ligne horifontale, eft une fpirale , & non une pa- rabole. 4. La réfiftance de l'air altère auffi la proportion des quarrés des tems que ces verticales dcvroicnt avoir , elle ne leur permet pas d'être aufli longues qu'il faudroit pour cela. j. Enfin la vîtefle imprimée par la poudre étant aufli rapide qu'elle eft, il fcroit inconcevable qu'un boulet DESSCIENCES. 2,fr rire horifontalemcnc, ne laiflac pas, malgré cette pro- 1^78. digleufe vîteffe horiibntale, de tomber autant , même à la fortie du canon, que s'il tomboit librement dans l'air , fans autre mouvement que celui de fa pefantcur. Un boulet qu'on laiife tomber de la hauteur de 3 pieds , n'efl: qu'une demi féconde à parcourir cet efpace. Etant tiré d'une pièce élevée de 3 pieds , &c pointée horifonta- lementjil doit donc en une demi-fcconde arriver à terre. Or il eft fur par l'expérience , que la pièce en cette difpoficion peut le chalTer à la longueur de 800 toifes, & qu'il ne fait point cet efpace en une demi-fcconde. 11 y a des Arqucbufes rayées, qui tirées de but en blanc, portent jufte à la longueur de 100 toifes en une féconde. Cependant la balle dcvroit tomber de iz pieds pendant ce tcms-la, puifqu'en une demi-feconde elle tombe de 3 pieds, &C alors il s'en faudroit beaucoup qu'elle allât de but en blanc. Il faut donc que l'eft'et de la pefantcur foit bien fufpendu par l'impuliion horifontale de la poudre. A toutes ces objedions , voici en abrégé ce que ré- pondoit M. Blondel. I. 11 eft vrai que la ligne horifontale eft courbe, &: que les verticales s'uniffent au centre de la terre, & que de leur compofition il naît une Spirale, &: non une Pa- rabole ; mais les plus grandes projedionsque nous puif fions jamais faire font fi courtes, par rapport à l'étendue de la convexité de la terre, & à la diftance de fa fur- face au centre , que fans aucune erreur fenfible la ligne horifontale peut pafTer pour droite , 8c les verticales pour parallèles. Que l'on fuppofe une pièce d'Artillerie pointée horifontalcment fur une Montagne élevée de 100 toifes , & qui chaffera , félon une parabole à la longueur de 2500 toifes, elle chaffera, félon la fpirale, à la longueur de 145)9 toifes, 5 pieds, 6 pouces i. Or une différence de j pouces '- fur une telle portée, n'cfi: \ i'é' HrSTO r R.E DE l'A'c AD E MI E RoYAtE 1^78. rien , & c'cft encore beaucoup moins dans de moin- dres projedions, celles que celles qui fc font ordinaire- remenr. A peine monce-t'elie à quelques lignes. z. Il eft vrai encore que la rcliftancc de l'air altère, & le mouvement horifontal , &c le vertical. Mais d'abord , l'air réfille moins aux corps plus pefans , parce qu'avec un volume égal, ilsontplus de marierepropre, quiconf- pire toute à leur ouvrir un partage; il réfifte moins aux corps ronds , parce qu'avec une mafle égale ils ont moins de furfacc que les corps de toute autre figure , & par con- féquent rencontrent moins d'air en leur chemin. Or les Bombes & les Boulets font des corps ronds , 6c d'une pe- fantcur confidérable. A la vérité , l'air réfifte davantage aux corps qui ont plus de vitefTe, & les Bombes &: les Boulets en ont une grande. Mais il paroît que même en ce cas, la réfiftance de l'air eft peu de chofc. Deux Pendules de même longueur, qui décriront des arcs fi difterens que l'on voudra, les décriront dans le même tems , ce qui ne devroit pourtant pas arriver, fi l'air diminuoit davantage le mouvement du Pendule qui dé- crit le plus grand arc , & qui par conféquent a plus de vîteffe. Il y a plus. Si l'on veut que la réfiftance de l'air altère confidérablcmcnc les deux mouvemcns du boulet , l'horifontal, & le vertical , il fe trouve heureufemenc, que fi elle agiftbit fur le feul mouvement horifontal , elle feroit tomber le boulet en -deçà du point où il devroit tomber par la régie Géométrique , & que fi elle agiffoit fur le feul mouvement vertical , elle feroit tomber ce même boulet au-delà de ce point , & que par conféquent agiflant tout cnfcmblc fur les deux mouvcmens, elle le fait tomber entre ces deux extrémités, c'cftà-dire , à peu près au point déterminé par la Géométrie. Enfin quelle que foit la réfiftance de l'air , elle ne peut détruire les régies de Galilée , qui ne donnent que des proportions de hauteur, d'étendue , Sic. de différentes paraboles, faites DESSCIENCES. l^J faites fous différens angles. Or ces proportions ne peuvent i gy [ être mifes en pratique , à moins que l'on n'ait fait au- paravant une épreuve très-exaifte d'une portée fous un angle connu. Cette portée première &c fondamentale aura effuyé la réfiftance de l'air , & en aura été ou al- longée , ou accourcie, autant qu'elle aura pu l'être , &: cette altération influera néceffairement dans toutes les autres qui feront réglées par elle. Il faut feulement re- marquer que les projections faites fous des angles égale- ment éloignés de 4J dégrés , ne feront pas précifément d'une égale étendue, comme la proportion; le demande- roit, parce que les paraboles qui font au-deflus de4j dégrés étant plus étendues que leurs corrcfpondantes au- delfous , font auflî de plus de durée, & par-là éprouvent davanrage la réfiftance de l'air, & tombent un peu en- deçà du point où elles devroient aller. j. Il paroît difficile que la violente impulfion de la poudre ne fufpende pas pour quelque tems l'effet du mouvement vertical de la pefanteur , &: que le boulet commence à tomber dès la fortie du canon. Sur cela Galilée apporte une merveille toute femblable , &c ce- pendant bien géométriquement démontrée en Méchani- que, que deux poids, fuftcnt-ils gros chacun comme la Terre , attachés aux deux extrémités d'une corde paiïee fur deux clous, ne la peuvent jamais tendre fi parfaire- ment qu'elle faffe une ligne droite, parce que le poids même de la corde j quelque petit qu'il puifle être, a tou- jours quelque force par rapport à ces deux grands poids fuppofés, &: que quelque peu qu'il en ait, il tire un peu la corde en en-bas, & la courbe principalement vers le milieu. Ainfi quelque petite que foit la force de la pe- fanteur , par rapport à celle qui eft imprimée par la pou- dre, elle agit pourtant toujours, & fait toujours tomber le bouler. Qviant aux expériences par lefquelles ilparoit qu'une pièce pointée horifontalement a une portée dç ////. aie l'Jc. Tome I. K k ij8 Histoire DE l'Académie Royale i6yî, but en blanc , qu'elle ne devroit pas avoir fur le pied de la chute perpétuelle du boulet vers la terre, on peut juger qu'elles font afles fautives , parce que les Canon- niers croyent avoir pointé de but en blanc , quand la li- gne de leur vCië paflant de la culaffeducanon au bourler, découvre le but où ils vifcnt; cependant comme la cu- lafTe cfl: plus haute que le bourlet, le niveau de l'amede la pièce , qui eft la ligne que le boulet doit fuivre , va plus haut que cette ligne de mire, & par conféquent ils pointent plus haut que le but fans lefavoir, &: l'attra- pent fans fortir des régies de Galilée. Que s'ils poin- tent jufle, félon le niveau de l'ame, ils vont beaucoup au-deflbus du but. De plus, dans une pièce pointée félon le niveau de l'ame, le boulet ne fuit pas encore cette direftion. La plupart des grains de poudre , dès qu'ils font allumés, retombent par leur pefanteur vers le fond de la pièce , &: prenant le boulet par-defTous , ils relè- vent, ce qui fait qu'aux pièces qui ont beaucoup fervi. Se dont le métal eft alTès doux , on voit au-haut de la bouche un canal que le boulet y a creufè par fon frote- ment, & qui eft la trace manifefte d'un mouvement qui le portoit en en-haut. Que dans l'expérience des Arque- bufes rayées, rapportée ci-dertus , cet effet naturel de la poudre ait feulement élevé la balle de 3 j minutes de degré, on verra par le calcul que la hauteur de la para- bole, en fuppofant comme on fait, l'étendue de 100 toifes , aura été de 3 pieds , ce qui eft juftement la hau- teur dont la balle , doit tomber par fon poids feul en une demi-feconde, & celle auflî où elle doit monter dans le même-tems , & ces 1 demi fécondes font enfcmble la féconde donnée par l'expérience, & qui a dû être em- ployée par la balle à monter d'abord, puis à defcendre, pour arriver au but. Il fc peut faire aulTi , fans avoir recours à l'effet de la poudre, que l'on croye tirer de but en blanc, & que l'on élevé fon Arquebufe de 35', DESSciENCES. Z^^ car cette élévation cft abfolument imperceptible à la vue- i6-S. A tout cela , M. Blondcl ajoùtoit une expérience faite par M. Petit au Havre de Grâce, & parfaitement conforme aux hipothéfes. Une pièce de 33. livres de balle, élevée de 8 toifes fur le niveau de la campagne, pointée fous l'angle de iz dégrés , chafla à la longueur de 1500 toi- fes en 20 ou 2,1 fécondes. Or par la régie de l'accéléra- tion des chutes , fi une balle efl: une demi-fcconde à tomber de 5 pieds par fa feule pefanteur , ce qui eft le , fondement que nous pofons toujours pour les chutes de ces corps-là, elle tombera de i z pieds ou de 1 toifes en une féconde, de 8 toifes en z" , &c de zoo toifes en 10". D'ailleurs une parabole qui a 100 toifes de hauteur, a 1900 Toifes d'étendue, qui cft juftement la portée de l'expérience de M. Petit. D'où il paroîc que le mouve- ment horifontal de 1900 toifes en 20" n'a aucunement altéré le mouvement fimple de la pefanteur, qui n'a du permettre à la balle de s'élever que de 2,00 roifes en 10", &: qui dans un tems égal a dû la faire tomber des mêmes 100 toifes. Enfin , il n'eft pas irapoflible que le mouvement de la chute d'un corps , mêlé avec une autre impreflTion , fur tout avec une impreflion fort violente , ne foit moindre que li la pefanteur agiifoit feule ; mais en ce cas-là même, il eft bien vrai-femblable que les différens efpaces de la chute, quoique moindres, gar- deroient toujours entre-eux les mêmes proportions , &c cela fuffit pour confcrver la parabole de Galilée. Après que M. Blondel eut fait dans l'Académie tous ces raifonnemens, expliqués plus au long dans le Livre qu'il publia cnfuitc; on fit encore pour plus de fureté di- verfes Machines qui mefuroient les étendues, &: les hau- teurs des Jets faits fous différens angles. M. Mariette , M. Perrault, M. Rocmer, & M. Blondel lui-même, y travaillèrent. La machine la plus fimple fut celle d'un tuyau plein de vif-argent, qui fortoic par un robinet, Kkij 2^0 Histoire de l'Academi'e Royale i6-î. auquel on donnolt tel angk d'élévation que l'on voU'- loit. On. trouva toujours entre les hauteurs ou les éten- dues des Jets de l'expérience , & celles que donnoienC les hipothcfes de Galilée &: de Toricclli, une (i petite différence , qu'elle parut une étonnante conformité. On ne prit nullement pour une chofe contraire à ceshipo- théfes, qu'un jet éloigné du vertical de z. dégrés 7 iù.t plus haut que le vertical même. Car on conçût bien vite que dans le jet vertical les gouttes fupérieurcs du Mer- cure retombant par leur poids fur les inférieures, les empéchoient de s'élever autant qu'elles auroient fait na- turellement, ce qui n'arrive pas dans un jet incliné. Les régies générales ne varient dans les applications parti- culières, que parce qu'il y entre alors quelque chofè d'étranger, fur quoi l'on n'avoir pas compté; & la difficulté de faire des expériences juftes pour ce qu'on fouhaite, co fiftc à en exclure le mélange de tout ce qui n'eu pas précifément néceffaire. HYDROSTATIQ^UE. LEs Eaux de Verfailles, dont la beauté étoit un fpec- racle tout nouveau dans le moodc, &c qui deve- noicnt encore tous les jours plus furprenantes , avoient mis en vogue la Science des Eaux,- & les Mathéma- tiques, toutes fauvages qu'elles paroilfcnt fe rendoient utiles aux plaifirs &: à la magnificence d'un grand Roi. Les Jcts-d'Eau ont bcfoin du fccours de la Géométrie; & comme l'Académie traitoit fouvcnt cette matière , M. Roëmer donna une régie univcrfcUc pour juger de la bonté de toutes les Machines qui fervent à élever de l'eau par le moyen d'un Cheval. La difficulté d'élever un poids eft d'autant plus grande. DES Sciences. z6i qu'il eft plus grand , &c qu'il le faut élever plus haut ; il 1678. s'enfuie donc que la hauteur à laquelle on veut élever l'eau, & la quantité qu'on en veut avoit en 1 heure, par exem- ple, comprennent toute laréfiftancequ'ona àfurmonter. D'un autre côté , la force qu'a un Cheval pour fou- tenir un certain poids , &: le chemin qu'il peut faire en I heure en le foutenanr , comprennent toute la puifTance qu'on peut employer. Par conféqucnt, la force du Cheval multipliée par le chemin qu'il peut faire en i heure, doit donner un nombre égal , à la hauteur où l'on élevé l'eau multi- pliée par la quantité qu'on en veut avoir en une heure. Mais cela ne s'entend qu'en cas que la Machine fùc parfaite; & comme elles ne le font jamais, le premier de ces 1 nombres eft toujours dans l'exécution plus grand que l'autre; ce qu'il s'en faut qu'ils ne foient égaux, marque l'imperfection de la machine, & û on en com- pare deux par cette voyc, on jugera fùrement laquelle eft la meilleure. M. Mariotte entra dans un détail beaucoup plus grand fur la dépenfe que font les Jets-d'Eau , &: fur la quan- tité d'eau néceft'aire pour y fournir. Cela dépend du plus ou moins de vîtefte dont elle coule, de la grofleur des ajuftages par où elle fort, du plus ou moins de fro- tement qu'elle a dans les tuyaux de conduite , toutes cir- conftances que la Géométrie peut feule évaluer. M. Ma- riotte en donna des régies, dont nous ne prendrons ici que l'efprit. I. Le Refervoir étant plus haut, il fe dépenfe plus d'eau, parce qu'elle acquiert plus de vîtelTe en tombant- On fait trop que cette augmentation de vîtefle fuit les racines quarrées des hauteurs , enforte , par exemple, que l'eau qui vient d'un Refervoir 4 fois plus haut, coule z fois plus vite. 1. Il fe dépenfe plus d'eau quand les ajuftages ronds Kkiij i6i Histoire de l'Académie Royale 1^78. par où clic fort foni: plus grands ,& par conféqucnc cette augmentation delà quantité d'eau fuit la proportion des cercles des difFércns ajuftagcs , c'eft-à-dire , en langage géométrique, les quarrés de leurs diamètres. Un ajullage de 6 lignes de diamètre donne 4 fois plus d'eau , que celui dont le diamètre cft de 3 lignes, parce que 3 &c6 font comme i & z , dont les quarrés font i & 4. Cela fuppofé, il ne faut plus, pour faire le calcul de la dépenfe de toutes fortes de Jets-d'eau, qu'avoir un pied fixe, qui ferve de fondement à ces proportions ,&: favoir qu'on a trouvé par plufieurs expériences, qu'un Refervoir de 12 pieds de haut donne par unajuftagc de 3 lignes de diamètre 1 4 pintes en i minute , c'eft-à dire , I pouce d'eau fuivant le langage ordinaire dont on fc fert en cette matière. Cette régie générale ne l'eft cependant qu'en cas que tout le refte foit bien difpofé , car il y a encore d'autres . Observations à faire. 3. L'eau qui coule plus vite a auffi un frotement plus rude contre les parois internes du tuyau , fon cours en eft d'autant plus retardé, que le tuyau eft plus étroit; & fi deux eaux avec des vîteflcs inégales couloient dans des tuyaux de même diamètre, & que l'on fît le calcul de la dépenfe fur ce pied-là, il fe trouveroit dans l'exécu- tion que la dépenfe de celle qui auroit coulé le plus vite feroit moindre que le calcul ne l'auroit donnée, faute d'avoir compté fur le frotement qu'elle auroit efluyé dans un tuyau trop étroit par rapport à fa vîtefle. Le feul moyen de remédier à ce frotement , eft de faire les tuyaux de conduite plus gros à proportion que les eaux coulent plus vite, c'eft-à-dire, géométriquement parlant, que les diamètres de ces tuyaux foient comme les raci- nes quarrées des vîteftcs. Il faut auffi que les ajuftages fuivent à peu près la même proportion. 4. Une chofe fans remède , mais qu'il fautconnoître DES Sciences. i6^ pour ie calcul exact de la dépenfe , efl: la diminution 167g. que la réfiftance de l'air caufe à la vîcefTe de l'eau , &c à l'é- lévation du Jet. Comme l'air réfifte à l'eau qui s'élève, &: d'autant plus qu'elle fait plus de chemin , èc d'autant plus qu'elle le fait plus vite, il eft clair que cette réfif- tance doit être en raifon doublée des hauteurs des Jets. Ainfi quand on connoit combien il s'en faut qu'un jet n'égale la hauteur de fon refervoir, on le fait de tous les autres jets imaginables. j. Il n'y a pas jufqu'à l'épaiflcur du métal dont les tuyaux font faits , qu'il ne faille régler géométrique- ment. Le poids de l'eau tend à rompre, ou à deflbudcr les tuyaux de conduite qui font en-bas, & ce poids agi.; roit félon la malTe du cilindre d'eau, qui eft la hauteur du refervoir multipliée par la furface de l'ouverture du tuyau, c'eft-à-dire par le quarré du diamètre, fi ce n'é- toit que de cette raifon il en faut ôter le diamètre du tuyau , parce qu'un tuyau dont le diamètre , & par con- féquent la circonférence, eft une fois plus grande, aune fois plus defoude, &c par-là plus de force pour réfifter. Il refte donc la raifon de la hauteur des Refervoirs, &; celle du diamètre des tuyaux , au-lieu de celle de leurs furfaces circulaires , & c'eft , félon cette proportion , qu'il faut régler en des Jets de différentes hauteurs , & de différentes grolTeurs , l'épaiffeur du métal de leurs tuyaux. Tant il y a d'attentions différentes à faire pour parvenir à quelque chofe déxad, &c de régulier ! on ne s'imagi- neroit pas tropqu'il y eût tant demiftereàun Jet-d'Eau, & qu'il y falùt tant de Géométrie. 1^75. a^4 Histoire de l'Académie Royale ASTRONOMIE. LE 27 Février MM. Picard, CalTini , Roëmcr, &: De LaHire, obfcrvcrent une Eclipfcde Saturne parla Tome 10. Lune, iaturne rut cache pendant i". 9 minutes envi- p. «oi, ron,on détermina la route apparente delà Lune à l'é- gard de Saturne, M. Caffini remarqua que la Lune avoir eu au tems de cette Eclipfe un mouvement plus accéléré que les Tables ne le donnoicnt. Une Eclipfe de Lune fut obfervée à l'Obfervatoire Voyez les '^ ^^" Octobre,- elle commença à 6 heures 45' 30" du Mémoires foir , S>c finit à lo'". 2o'. La Lunc fut entircment plongée Tome 10. dans l'ombre pendant i^. 41', à peu près. A cette occa- fion , M. Caffuii fit des Réflexions fur la meilleure ma^ niere de régler l'Equation du tems. Le Soleil ne revient pas précifémcnt au bout de 24'>. à un même Méridien, il y revient un peu plus tard, à caufe de fon mouvement propre par lequel dans le cours des Z4''. il a un peu avancé fur le Zodiaque d'Occident en Orient. Il y a donc toujours d'un Midi, au Midi fuivant , un peu plus de 24'\ Ce furplus eft toujours iné- gal d'un jour à l'autre ,• mais on le réduit à l'égalité , en le prenant entre fes deux extrémités dans tout le cours de l'année, &: en le coupant par la moitié. Les 2.4''. du jour , avec cette petite augmentation toujours égaie, font ce qu'on appelle le Tems moyen, différent du Tems ap. parent, qui eft celui que nous donne cfFcflivcmcnt le cours du Soleil. Les Pendules marquent le tems moyen, i5<: les Cadrans, le tems apparent. La différence de ces deux Tems, s'appelle l'Equation du Tems, Les DES Sciences. i6^ Les Anciens calculoient cette Equation fur deux KîyS. Principes. L'un eft l'excentricité du Soleil à la terre , qui fait que quand il en efl: plus éloigné , fon mouvement propre paroîc plus lenc ; l'autre eft l'obliquité du Zodia- que par rapport à l'Equateur, qui fait que des parties égales du Zodiaque, rapportées à l'Equateur, qui eft la mefure du tems , y répondent à des parties inégales , 8c par conféquent à des tems inégaux. Tycho , pour accommoder mieux , à ce qu'il préten- doit , Ces calculs aux Obfervations , ne faifoit rouler l'Equation du tems , que fur le dernier de ces deux principes. Kepler y avoit encore fait quelque change- ment; & M. Caiïini compara ces trois méthodes d'E- quation, pour voir laquelle repréfentoit le mieux le tems . de cette Eclipfe de Lune , tel qu'on l'avoit obfervé. Après avoir fait encore la même comparaifon fur d'autres Eclipfes, Se même fur celles des Satellites de Jupiter, il fe confirma dans la préférence qu'il avoic toujours donnée à l'Equation des Anciens, Mercure ayant paru au mois de Mai proche de Venus , M. Caffini l'obferva à moitié illuminé comme la Lune dans fon premier quartier. On fit avec une extrême éxaditude les Obfervations des deux Equinoxes du Printems,&: de l'Automne, & elles fe trouvèrent conformes aux Tables du Soleil de M. Caffini, & éloignées de trois heures des Tables Ru- dolphines. Une petite Comète fe montra au mois de Septembre dans le Sagittaire -, M. De La Hire l'apperçut le premier ; mais elle fe déroba prefque auffi-tôt à la curiofité des Aftronomes. Le même éloignement qui la faifoit pa- roître fi petite, fut caufe aufll qu'il n'y eut qu'une petite partie de fa route qui nous futvifible. M. Caffini remarqua auffi cette année avec M. Roc- mer, que dans les Conjondions inférieures des Satellites //{/?. de l'Âc. Tern. I. L 1 i.6é Histoire de l'Académie Royale 1678. de Jupiter avec cette Planecte, on appercevoit des Ta- ches à l'endroit même où l'on fçavoit certainement que les Satellites étoicnt, ce qui prouvoit que ces Taches appartenoient aux Satellites mêmes; M. Cafllni avoit déjà remarqué la même chofe, à peu près, en 1665. Si les Satellites ont des Taches , ils nous paroifTent donc plus petits qu'ils ne font en effet; & c'eft apparemment pour cette raifon que l'ombre du quatrième ilir le Difquede % paroît quelquefois plus grande que le Satellite même^ mais parce que ces fortes de taches ne paroifTent pas toujours dans le paffage des Satellites fur le Difque ap- parent de T? , &: que l'on obferve d'ailleurs que ces pe- tites Planettes changent de grandeur apparente dans des fituations les mêmes a. l'égard de Jupiter & du Soleil , M. Cafllni crut être en droit d'en conclure, que les Satellites ont un mouvement fur leur axe, à moins que ces Taches ne paroifTent &c ne difparoifl'cnt quelque- fois par des caufes Phyfiques , à peu près comme il arrive à celles de Jupiter. M. Cafllni foupçonnoit auffi une Armofphéte au premier Satellite , fondé fur ce que dans quelques - unes de fes conjonctions inférieures avec Jupiter, il n'avoit pu appcrccvoir l'ombre de ce Satellite , Se avoit néanmoins fort bien diftin- gué fes Taches , & par conféqucnt le Satellite lui- même; la Tache ferrant du Difque de Jupirer au mê- me inftant que le Satellite paroilToic hors de cette Pla- nette. La nuit dn trois au quatre May, la Lune étant fore proche de la plus haute des trois Etoiles du front du Scorpion, M. CafTmi remarqua en obfervant cet en- droit du Ciel , que cette Etoile étoit double com- me la première d'Aries , &c la Tête précédente des Gémeaux. Une Eclipfe de Soleil fut obfervée le 10 d'Avril de cette année à Kebec en Canada par M. De Saint Martin , qui DES Sciences. i^7 envoya fon Obfervation à M. Picard; le commencement 1^78. de rÉclipfc arriva à midi 43 minutes, & la fin à 3 d. kJ' la grandeur fut trouvée de 10 doigts &: unfjxiémc. Llij 1^7^- i6î Histoire de l'Académie Royale ANNEE MDCLXXIX. PHYSIQUE. SVR LE CHAVD ET LE FROID. ON n'épuife point les matières de Phyfiquc, foit a caufe de la variété des Phénomènes qui regardent un même fujet , foit à caufe de celle des idées que l'cfpric humain peut fe former fur la même chofe. M. Mariette propofa encore des penfées nouvelles fur le Chaud & le Froid, dont on avoit déjà tant parlé dans l'Académie. Il ne reconnoifToit aucune caufe pofuive du froid , non pas même le Salpêtre, Le froid parfait feroit une entière privation de mouvement dans les parties infenfiblcs des corps; mais quelle apparence que cette privation entière ne fe rencontre nulle part? Tout ce qui nous paroît froid, cft donc feulement moins chaud que nos organes qui en jugent. Et en effet, fi delà Cire qui fe fond cft véritablement chaude, pour- quoi de la glace qui fe fond , pourquoi l'eau la plus froi- de , qui n'eft que de la glace entretenue en fufion , n'eft- clle pas auflî véritablement chaude ? 11 ne faut point s'i- maginer que la congélation foit produite par un froid DES Sciences, i^^ parfaic , puifquc l'or Se le plomb , lorfqu'ils commencenc i gjy, à fe congeler, font encore 11 chauds qu'ils nous brûlenc. Que le Soleil luifc également fur de l'Eau-de-vie , gelée, & (ur de la glace, l'Eau-de-vie fe fondra la première, &: dans le moment qu'elle commence à fe fondre parla chaleur, elle n'cft pas plus échauffée que la glace qui ne fe fond pas encore. Enfin la glace elle-même pouffe des vapeurs, puifqu'elle diminue tous les jours de poids, même dans le plus grand froid; Se comment concevoir cette évaporation fans chaleur î AufTi les Bleds, &plu- fieurs autres Plantes croifTentô^ confcrvent leur verdeur dans la nége, & dans la terre gelée. Les herbes aquati- ques fleunllént dans des eaux que nous trouvons -très- , froides , &c les PoifTons y vivent. '' La fameufe Antipcriflafe , l'une des Chimères de l'an- cienne Phyfique , cfl: née en partie de la chaleur des ca- ves en hiver , &c de leur froideur en été. On fait allés préfentement en quoi confifte l'erreur de cette vaine ex- périence. M. Mariotte ayant fait porter des Thermo- mètres dans des caves de différente profondeur , remar- qua, I, Qu'il y haufTent en été, & y bailTcnt en hiver, ainfi que dans les autres lieux, mais beaucoup moins, à caufe que les changem.ens de la température de l'air, n'y font pas à beaucoup près fi grands, i. Qiic la plus grande chaleur des caves eft à la fin de l'été, depuis le ïo. Août jufqu'au 13. Septembre, &: le plus grand froid à la fin de l'hiver depuis le i y. Janvier jufqu'au j. Mars, parce qu'elles ne s'échauffent èc ne fe refroidirent que très-lentement, l'air qui y cfl renfermé ayant peu de com- munication avec l'air extérieur. 3. Que par la même rai- fon la température moyenne de l'air dans les caves , eft à peu près aux mois de Juin & de Novembre , parce qu'au mois de Juin le chaud n'a pas encore pénétré , ni le froid , au mois de Novembre. 4. Que dans une cave plus profonde les changemens du chaud &c du froid font Lliij iyo Histoire DE l'Ac ade M i e Ro y a le lèya. beaucoup moindres, d'où l'on peut conjeâiurer qu'aune profondeur de loo. pieds , il n'y en auroit plus. Après tout cela, il n'eft pas difficile d'expliquer pour- quoi les caves font fumantes en hiver ; faux indice de leur prétendue chaleur. C'cft que les vapeurs qui s'éxa- lent de la terre également en tout tems, rencontrent en hiver l'air extérieur qui eft froid, qui par conféquent les condenfe , &c ne leur permet de Ce mêler avec lui &r de s'élever que lentement , ce qui fait qu'il s\sn amaflc beaucoup dans les caves. SVR LA NATVRE DE L'AIR. CE n'eft que depuis peu que l'on connoît l'Air. l'an- cienne Philofophie n'avoit aucune idée de fa na- ture , &c elle eût traité de paradoxes infoutenables , ce qui eft maintenant très-conftant fur ce fujet. M. Ma- riotte entreprit de renfermer dans un Traité tout ce qu'on en favoit jufqu'alors , & tout ce qu'il en avoir découvert lui-même par fcs recherches. L'air eft pcfant. C'eft par-là que l'on a commencé à le connoître. Grâces à la fameufe expérience de Torricelli , cette propriété fiinconnuc aux Anciens, fi contraire aux préjugés des fens, eft aujourd'hui trop conftantc pour avoir befoin d'être prouvée. Ilaunrcflbrt, ce qui eft encore également nouveau & certain. Il fe dilate , & fe reflcrre, & cela, toujours félon les poids dont il eft chargé. Si en faifant l'expé- rience de Torricelli, on enferme dans le Baromètre une certaine portion d'air avec le Mercure, comme le Mer- cure & cet air enfermé doivent foutcnir enfemble le poids de la colonne entière de l'air extérieur , on voit toujours que l'air fc dilate dans le tuyau, félon que la DES Sciences. 271 hauteur du Mercure lui laifTe une partie plus ou moins 1^75. grande de la colonne extérieure à foutenir. Ainfi M. Mariotte ayant mis dans un tuyau de 40 pouces , 27 pou- ces î de Mercure, &c y ayant laifle 11 pouces î d'air, quand il eut renverfé le tuyau à l'ordinaire , & qu'il l'eue plongé d'un pouce dans d'autre Mercure; le Mercure du tuyau defcendit, & s'arrêta à 14 pouces. Il foutenoic donc alors la moitié du poids de l'air extérieur , qui eft égal à 28 pouces de Mercure. Par conféquent l'air en- fermé dans le tuyau n'en foutenoit que l'autre moitié.- AulTi s'étoit-il dilaté au double, puifqu'il occupoit les 25 pouces reftans du tuyau, au-lieu qu'il n'en occupoit auparavant que 1 2 f- L'air qui touche la furface de la Terre eft le plus condenfé , puifqu'il eft chargé du poids de tout l'air fu- périelir, & à mefure que l'air eft plus élevé, il fe mec plus au large, jufqu'à ce qu'enfin à la dernière furface del'Atznofphere, il ait toute fon extenfion naturelle. Lereftort de l'air d'en-bas ayant été une fois tendu par le poids de l'air fupérieur, il n'eft plusbefoin que ce poids agifte avec lui, &: ime petite goutte d'air prife auprès de la terre , &c qui n'eft plus preftee par l'air fu- périeur, pourvu cependant qu'elle ne fe puifle pas dila- ter à autant de force que le poids déroute l'Acmofphére. Il n'y a rien-la d'étonnant, fi l'on confidére que la tenfion où elle eft doit être égale à la force de toute l'Atmof- phere, qu'elle foutenoit en cet état, Se qui l'erit mife dans une plus grande tenfion , fi elle eût été plus pe- fante. De-là vient que le Baromètre eft aufli élevé dans une chambre bien fermée qu'en pleine campagne. L'air ne fe fépare pas très-facilement d'avec d'autre air. Si le goulet d'une bouteille a moins de 4 lignes de diamètre , on peut la remplir d'eau , & la renverfer per- pendiculairement fans qu'il en forte une goutte, parce que l'air qui devroic.entrer d'un côté du goulet pendant zyi Histoire de l'Académie Royale 1679. que l'eau fortiroit de l'autre, ne fedivifcpas alfémcnten d'aufli petites parcelles qu'il faudroit. De même une bou- teille vuide ,& dont le goulet feroit du même diamètre, demeureroit au fond d'un vaiflTeau plein d'eau , fans qu'il y en encrât une goutte , 5i , ce qui ctt alTés furprenanr , cela n'arriveroit pas, fi elle étoit pleine d'un vin bien purifié, & plus léger que l'eau, car alors l'eau tombcroit dans la bouteille, &c en feroit fortir le vin. Il faut donc que le vin, quoique beaucoup plus pefant, & plus groflier que l'air, ait plus de facilité à fe divifer en petites parcelles. Une autre propriété de l'air peu connue jufque-là, & qui fut très-adroitement obfervée par M. Mariette en pluficurs expériences , c'eft qu'il fe difTout en quelque façon dans l'eau, &: dans plufieurs autres liqueurs. M. Mariette fit bouillir de l'eau pendant une heure. Se après qu'elle fut refroidie , il en remplit une phiole , où il laifTa encrer de l'air de la groffeur d'une noifette. Enfuite il renverfa la phiole, & en fit tremper le bout dans un verre où il y avoir de la même eau. Dans 3 ou 4. jours la plus grande partie de l'air demeuré dans la phiole écoit entrée dans l'eau, & le peu qui en reftoit, y entra enfuite beaucoup plus difficilement, à proportion de fa quantité. Ce relie d'air fi difficile à difibudre paroîc toujours un peu différent de l'autre air, car il s'attache au verre , de ne change pas fi aifément de place , quand on panche la bouteille. Cette diffblution de l'air dans l'eau refiemble à celle des fels , en ce que fi l'eau eft déjà, pour ainfi dire, im- prégnée d'air, elle n'en abforbe plus qu'avec beaucoup de difficulté. Auffi dans cette expérience on la faitbouil- lir d'abord , afin qu'elle fe purge d'air , & qu'elle reprenne plus avidement de l'air nouveau. Cet air diffous dans l'eau, y cft preffé & condenfé , & M. Mariotte s'en étoit convaincu par cette expérience. Après avoir bien fait bouillir de l'huile, & l'avoir laiffce refroidir, DES Sciences, 275 refroidir , il difpofoit un petit verre cilindrique très-court, i ôj^. 6c afles gros, de façon qu'il demcuroit droit fur l'huile , le bout fermé en en-haut, & entièrement plein de cette liqueur, dont il excédoit la furface de la moitié de fa hauteur à peu près. Enfuite iléchauffoit l'huile par-def- fous, diredement vis-à-vis du petit verre, où il feroic monté de l'air, s'il en avoir dû îbrtir de l'huile; mais il n'en paroiflbit point du tout. Après cela , M. Mariotte faifoit couler bien adroitement une petite goutte d'eau vers le milieu de l'huile fous le petit verre, & continuant à échauffer l'huile, il voyoit peu de tems après de petites bulles d'air forties de la goutte d'eau, quis'élevoieut au haut du petit verre, & qui étant refroidies tenoient 8 ou 10 fois plus d'efpace que la goutte entière. Acetair ainfi diffous, preffé, &: en quelque façon déquifc dans l'eau , M. Mariotte aimoit mieux lui donner le nom de matière aérienne que d'air. Pendant cette dernière expérience , lî l'on échauffe trop la goutte d'eau , il fe fait de tems en tcms de pe- tites fulminations , qui foulevent le petit verre, & le met- tent en danger de fe renverfer. La matière qui les pro- duit n'efi: que dans la goutte d'eau , &c elle eft différente de cet air qui y étoit enveloppé; car quoiqu'elle écarte prefque toute l'huile du verre, &c qu'elle en occupe pen- dant un moment la capacité prefque entière, elle fe ré- duit auffi-tôt comme à rien , &c n'augmente pas fenfi- blement la quantité de l'air , qui étoit déjà au haut du petit verre, &c par conféquent c'eftune matière qui fe di- late beaucoup plus que l'air, lorfqu'elle a acquis un cer- tain degré de chaleur. Apparemment ce font des fcls diffous dans l'eau femblables à ce qui fait fulminer le fel de tartre , ëc le falpétre. Voilà donc deux matières mêlées dans l'eau j la matière aérienne, Se cette matière fulmi- nante. L'air qui cft entré dans l'eau, en partie apparemment ffi/. de fAc. Tom. I. Mm i74 Histoire de l'A cademie Royale 1^79. P^' '^ prclîemcnc de l'air fupéricur, & qui y cft devenu matière aérienne, fe doit remettre en air, lorfqu'il efl délivré deceprcffcmcnt. Ainfi dans la machine du vuidc, fitôt qu'on a pompé la moitié de l'air du balon, l'eau bouillonne, & il s'en élevé des bulles d'air comme fi elle étoit lur le feu , &c quand on continue à pomper , ces bul- les fortent encore en plus grand nombre, juiqu'à ce qu'enfin la matière aérienne foit épuifce. La dilatation que lui caufe la chaleur du feu , fait en- core le même effet. Quand l'eau bout, c'eft que la ma- tière aérienne qu'elle renferme, réprend fon cxtcnfion, & fe dégage. Mais il femble que l'eau devroit cefTer de bouillir avant que d'être cnticrem.ent évaporée , parce qu'enfin cette matière aérienne ne doit pas être fi long- tems à s'épuifer. Aufll cela arriveroit-il , s'il n'y avoitune partie de la matière aérienne, qui, comme nous avons vu , efl: entrée plus difficilement dans l'eau, & qui en fort de même plus difficilement ; & fi après toute la matière aérienne il nereflioit enfin la matière fulminante , qui fait le bouillonnement de l'eau fur la fin, parce qu'elle ne fc di- late qu'à une plus grande chaleur. 11 y a bien de l'apparence que ces effervefcenccs fi connues dans la Chimie , qui fe font par le mélange de certaines liqueurs, viennent de ce que ce mélange ouvre, de quelque façon que ce foie, les petites prifons , qui renfermoient , ou la matière aérienne, ou la matière fulminante, &c leur rend la li- berté de fe dilater, 11 faut auffi que quand l'eau fe géle , & que fcs parti- cules fe lient, la matière aérienne qui n'eft pas propre à fe lier avec elles de la même façon , foit alors dégagée ; & c'eft la force incroyable de fon reflbrt qui brile les vaiffeaux avec tant de violence. Par la même raifon,le verglas fait fendre les arbres. 11 forme à l'cntourun en- duit affés folide, qui empêche que quand l'intérieur de l'arbre vient à fe geler , la matière aérienne qui fe DESSciENCES. 27 y remet en air, & réprend fon extenfion, ne trouve dif- KÎ75J. fuë au-dehors. La plupart des effets que les Cartéficns attribuent à leur matière fubtile, M, Mariette les donnoit à fa ma- tière aérienne. Par exemple , il prétcndoit qu'elle rem- plit le haut du Baromètre que le Mercure laifle vuide par fa chute , S>C que n'étant plus chargée du poids de l'air extérieur, elle s'exhale librement dans cet efpace. Et pour preuve de cette opinion, il rapportoit l'expé- rience du Mercure, qui a été bien purgé d'air, ou pour avoir été long-tems dans la machine du vuide, ou pour avoir fervi plufieurs fois de fuite au Baromètre. 11 eft certain que lorfqu'on renverfe un tuyau plein de ce Mer- cure , & haut de 40 ou yo pouces , pourvu qu'on le ren- verfe doucement, le Mercure qui dcvroit defcendre à z8 pouces, ne quitte point le haut du tuyau, apparem- ment parce qu'il n'a plus de matière aérienne qui puifle facilement en aller remplir le haut. Alors, difoit M.Mariottc, fe manifefte la Loi de la Nature, par laquelle tous les corps, dès qu'ils font con- tigus, réliftent à leur fèparation , fi quelque autre corps ne vient fe mettre entre-deux. 11 efl: vrai que û on donne un grand coup contre le tuyau , le Mercure tombe , parce que quelques particules de matière aérienne, qui n'è- toient pas encore difpofées à fe mettre en air , s'y dif- pofent par le choc , à peu près comme les parties in- flammables d'une pierre fe mettent en feu par un choc violent. On voit de même dans le vuide, que l'eau d'un ma- tras renverfe dans l'eau d'un autre vaiffeau, pourvu qu'elle ait été bien purgée d'air, ne tombe point, lors même que l'air du Récipient eft très-affoibli , & que quand elle commence à tomber, il monte des bulles d'air au haut du matras. Ce qui la tenoit fufpenduë, & comme collée au haut Mm ij ijê Histoire de l'Académie Royale I^75>. à\i matras , ce n'étolt donc plus le preflemcnt de l'air; c'écoit la loi de la contiguïté. Et en cftct, li pour féparer deux pièces de marbre bien polies, & pofécs l'unecontre l'autre, il faut un poids de 3 livres dans le Plein , il n'en faut pas moins dans le Vuide , où le prcflement de l'air n'agit plus fur elles. M. Mariotte découvrit par l'expérience fuivante juf- qu'à quel point l'air fe peut dilater. Dans le vuide, il vit monter au haut d'un matras plein d'eau non purgée d'air, & renverfé dans de pareille eau, plufieurs bulles de matière aérienne, qui enfin firent tomber toute l'eau du matras, & le remplirent entièrement. Enfuite on laifTa rentrer l'air extérieur dans le Récipient , & aufli-tôc l'eau remonta dans le matras, & condcnfa la matière aérienne au point qu'il ne rcfta plus au haut qu'une bulle d'air, qui à peine étoit la 40oo':'"«= partie de ce qu'elle étoit auparavant. D'autres circonftances que nous omet- tons prouvcroient que cette grande dilatation oii ctoic l'air du matras, n'étoit pas encore toute celle qu'il pou- voit avoir. Il cft donc confiant que l'air peut s'étendre à 4000 fois plus d'efpace qu'il n'en occupe près de la. terre. Par conféquent, pour mefurer la hauteur dePAtmof- ' phére de l'air au dcflus de la Terre , il faut fuppofcr que i'air le plus élevé, tient au moins 4000 fois plus d'ef- pace que celui que nous rcfpirons. Si l'on imagine donc d'ici au haut de l'Atmofphére 4000 divifions, dont cha- cune ait une égale quantité d'air , la plus élevée aura 4000 fois plus d'étendue que la plur bafie , quoiqu'elle n'ait pas plus d'air, & elles iront toutes diminuant d'é- tendue vers la Terre. Pour trouver l'étendue de la plus baflc divifion , il faut obfcrver de combien le Baromètre defcend étant tranf^ porté du bas d'une Tour , ou d'une Montagne au haut. On voit que pour une hauteur de 60 pieds , à peu près.. »Es Sciences. 177 il defcend d'une ligne, & par conféquent d'un douzième 16"/?. de ligne pour y pieds. Or dans 18 pouces de Mercure, qui font égaux en pefanteur aune colonne entière d'air, il y a environ 4000 douzièmes de ligne, & par confc- quent la première divifion de l'air fera de 5 pieds, Se la dernière 4000 fois plus étendue, fera d'une lieue ràpeu près. Ces deux extrémités étant pofées , il eft aifé de trou- ver par le calcul l'étendue de chaque divifion , &: de tou- tes enfemble. On voit que la looc^^i'^, ou celle du mi- lieu , a 1 0 pieds d'étendue , puifqu'clle eft une fois moins chargée que la première d'en-bas , & de plus , qu'elle eft environ à i ilicuë de la terre, &: enfin que l'extrémité de la dernière doit être élevée de i j lieues. Si l'on fuppofe que l'air fe raréfie plus de 4000 fois, fa dernière extrémité fera plus élevée, mais aulli l'air plus élevé eft , à caufc du froid , un peu plus condenfé qu'il ne devroit être à ne confidérer que le poids qu'il porte. Sur ces principes , il eft certain que s'il y avoir une Montagne haute de i { licuë , de l'eau tiède qui feroit portée au haut boûilliroit , comme elle fait dans la ma- chine du vuidc, quand on en a tiré la moitié de l'air, que les animaux n'y pourroient vivre , parce que leur fang n'étant plus prefle que par la moitié du poids de l'air, boûilliroit auffi trop violemment , &c ne pourroic plus conferver la régularité de fon cours , que les va- ^ peurs de la terre ne doivent pas s'élever bien haut, parce qu'à la hauteur feulement de i 4- lieue , l'air eft déjà plus raréfié & plus léger de moitié, & ne leur per- met pas de monter au-defl"us de lui; que de plus à cette hauteur, & même à une moindre, elles doivent fe ra- niaft'er enfemblc,& former des gouttes d'eau , non-feu- lement à caufe du froid de cette Région qui les con- denfé , mais à caufe du peu de force de l'air qui la Mm iij zj% Histoire de l'A CADE^^IE Royaie 1^79. remplie, de même que dans la machine du vuide l'air ccanc atïbibli de moitié , on voie tomber une petite pkiyc formée des vapeurs imperceptibles , qui voloienc auparavant dans cet air, & y étoicnt facilement fou- tenuës, pendant qu'il avoit toute fa force. On ne croiroit peut-être pas que l'air eût une cou- leur. M. Mariorte prétcndoit qu'il eft bleu ; mais cette couleur ne peut paroitrc qu'au travers d'une grande épailleur. C'efl: par cette raifon, félon lui, que les hautes Montagnes éloignées paroifTent bleuâtres, & que le Ciel même paroît bleu. Il rapportoit même , fuivant fa cou- tume , & fon génie , une expérience fur ce fujer. Qije l'on reçoive fur une moitié d'une feuille de papier blanc la lumière d'une chandelle, & fur l'autre, celle de la Lune, féparécs par quelque corps qui les empêche de fc mêler, la partie du papier éclairée par la chandelle pa- roîtra rougeàtre, parce que cette lumière a eftedivemenç beaucoup de cette couleur , &; la partie éclairée par la Lune fera bleue , parce que cette lumière a travcrfé toute l'Atmofphérc, & y a pris cette teinture. ià> xi> lit ti' î^ y!p l^ ^ l^ V^ 1*^ l^ l^ ^ l^ ^ ^ l^ ï^ l^ l^ \j5r» 7^ <^ f^ f^ *^ *^ ^^ ^^ ^^ *^ *^ ^^ *^ ^^ *^ '^ *^ *^ *'^ ^^ '^ *^ A N A T O M I E. MOnfieur Perrault fît part à la Compagnie de fon Traité de la Méchanique des Animaux. Nous n'entrerons point dans le détail de cet ouvrage , parce que ce font une infinité d'Obfcrvations, la pliipart affcs déta- chées, & dont nous avons déjà rapporté les principales dans cette Hiftoirc, à l'occafion des travaux Anatomi- cjues. Car les Mémoires qui en ont été faits au nom de l'Académie, & donnés au public, ayant été dreflcs par M. Perrault; cet ouvrage commun, & celui L les cartilages. Ainfi la plus induftrieufc Mé- chanique du monde, & la plus délicate Chimie, com- pliquées enfemble, font ce qui compofe un Animal; l'une a ordonné la ftrufture &: réglé la difpofition d'un nombre infini de vaiflTeaux différens , fi délies pour la plupart , qu'ils ne paroiffcnt pas être des vaificaux ; l'autre fait le mouvement &: le jeu de toutes les liqueurs diffé- rentes , & les affemblc , ou les fépare en toutes les ma- nières que demandent la vie &C les fondions animales. Hifi. de l'Ac. tom, 7. Nn iSi. Histoire de l'Académie Royale I^75>. CHIMIE. E T B OTANI Q^U E ON culriva cette année ces deux Sciences à l'ordi- naire. Onanalifa les cxcrcmcns de piufieurs Ani- maux; ceux des Animaux carnadlers donnèrent en gé- néral beaucoup d'huile & de fel volatil, & très-peu d'a- cide; au contraire, les excrémens des Animaux qui fe nouriiTent d herbes, comme les Chevaux, les Bœufs, &c. donnèrent beaucoup d'acide, & très-peu de liqueur fulphureufe, 8c de fel volatil. On tira du fient de Brebis une plus grande quantité d'huile & de fel volatil y mais ilcontenoit aufli beaucoup de liqueur acide. On examina encore celui de Pigeon , de Poule , Sec. M. Duclos examina en Chimifte l'origine , & pour ainfi dire, le fiégc des Odeurs , des Saveurs ôc des Cou- leurs; il fit à ce fujct un grand nombre d'expériences, mais cela nous mcneroit trop loin; ces Matières font trop délicates, pour être bien traitées dans une Hiftoire, &: peut-être n'eft-il pas permis de les effleurer feulement. M. Marchant le fils fit voir piufieurs Plantes dont il donna la Defcription. M. Perrault apporta un Cocos nouveau Se entier. La Botanique & la Chimie tirèrent de ce fruit & de la li- queur qu'il contient, toutes les connoiffances qu'il pou- voir leur fournir. "^ DES Sciences. 2.83 i6y9. MATHEMATIQUE D I O PTR I QUE. SVRLALVMIERE. LEs inconveniens du fiftéme de M. Defcarces fur !a Lumière, obligèrent M. Hughuens à faire fes ef- torcs pour en imaginer un autre plus propre à prévenir , ou à réfoudre les difficultés. Telles font les erreurs de Defcartcs , qu'afles fouvcnt elles éclairent les autres Philofoplies, foit parce que dans les endroits où il s'cfl: trompé, il ne s'eft pas fort éloigné du but, & que la méprife eft aifée à reftifier , foit parce qu'il donne quel- quefois des viiës, &c fournit des idées ingénieufcs, mê- me quand il fe trompe le plus. M. Hughuens , aidé par les fautes de Defcartes , prie donc une autre penfée fur la Lumière. Il précendoit que comme le fon fe répand dans l'air par des 0-nd.cs donc le corps refonnant eft le centre, & qui vont toujours augmentant de grandeur, ôc diminuant de force, ainfî la Lumière fe répand par ondes dans la matière Etheréc; infiniment plus fubtile & plus agitée que l'air ^ que le mouvement delà Lumière eft fuccv^ffif, aufTi-bien que celui du fon , mais plus de fix cens mille fois plus prompt , félon l'obfervation de M. Roëmer , que dans l'un & dans l'autre mouvement, les ondes les plus éloignées du cen- tre fe forment avec autant de vîtcflc que les plus pro- ches , parce qu'elles dépendent du reftbrt de la matière Nnij 184 Histoire de l'A cademie Royale 1^75). où elles fe forment, &: qu'un rcflfort pouflTé avec plus ou moins de force le reftituë toujours également vite , que feulement les ondes plus éloignées du centre, font plus petites &: plus foiblcs , & qu'enfin elles le font au point qu'elles ceflent d'être, ou d'être fenfibles. 11 fuppofoit la matière étherée, &: beaucoup plus du- re, &c d'un reffort beaucoup plus prompt que l'air. Ces deux qualités fervoient à expliquer la plus grande diffi- culté de la Lumière, qui conlifte en ce que tant de rayons différcns , & fouvent direftemcnt oppofés , fe croi- fent dans un feul point fans fe confondre. Qu'il y ait pluficurs boules de Billard pofées l'une contre l'autre fur une même ligne, & qu'avec une autre boule toute pareille, on frappe la première de toute ia rangée, celle-ci qui a frappé demeurera immobile , com- me elle auroit fait par les loix du choc , en frappant direftcmcnt une autre boule égale, à reffort, & en re- pos , à qui elle auroit tranfporté tout fon mouvement. Mais par la même raifon toute la rangéedemeurera im- mobile aufli, hormis la dernière boule , qui s'en déta- chera avec une vîccffe égale à celle de la boule qui a fait le choc à l'autre extrémité. Voilà un mouvement, qui d'une extrême vkefTe a paffé d'un bout à l'autre de toute la rangée, en quelque nombre qu'ayent été les boules, fans qu'elles ayent paru fe mouvoir le moins du monde, &: cette vîtcffe efl: d'autant plus grande que les boules font plus dures. Se d'un rciîort plus ferme. Mais que contre les deux extrémités de cette rangée, on pouffe en même-tems d'une force égale deux boules, alors la rangée entière demeurera immobile, & ces deux boules fe réfléchiront avec tout leur mouvement. 11 faut donc que deux mouvemens direftement contraires ayent paffé dans le même inftant tout le long de la rangée, & que chaque boule qui la compofoit les ait tranfmis tous deux enfemble. C'eft-là l'image d'une particule de DESSCIENCES. 28 J matière échérée, qui ferc en même-tems à des ondes de 1^7^. lumière toutes oppofées. Dans ce (iftcmc des Ondes , chaque point du corps lu- mineux, en forme une dont il elt le centre, & ce qui fait que ces ondes, qui ne paroiffentêtre qu'un ieger ébran- lement d'un fluide , {c confcrvent pendant des efpaces auflî prodigieux que la diftance d'ici au Soleil, ou aux Etoiles, c'cll que dans ces grands éloignemens, un très- grand nombre de points lumineux s'uniiïent pour ne former fcnfiblcment qu'une feule onde. Et de plus, dans le moindre tems imaginable, chaque point lumineux, violemment agité comme il eft , frappe la matière éthé- rée d'une infinité de coups redoublés , qui fortifient l'ef- fet les uns des autres. Se empêchent que l'onde ne s'cf- . face, Qiiand une onde eft formée par un point lumineux , il fe forme encore dans tout l'efpace qu'elle enferme autant d'ondes parriculieres , qu'il y a de points dans le fluide ébranlé; car chaque point du fluide fe fait aufli centre d'une onde. La plus grande onde étant formée par le point lum.ineux, celles qui viennent de chaque point du fluide , font d'autant plus grandes , que ces points du fluide font plus proches du point lumineux ; &: fi on veut marquer le terme , où la grande onde arrive dans un cer- tain tems, il faut néceflTairement que toutes ces petites ondes y arrivent avec elle, &: ce font autantdc circon- férences de cercle plus petites qui touchent toutes, cha- cune en un point, la grande circonférence. Par-là, il eft vifible qu'elles la fortifient, & augmentent l'effet donc elle eft capable. Hors les points, où ces petites circon- férences touchent la grande, elles ne la fortifient point, puifqu'elles ne s'y joignent pas -, & faute de ce fecours, la grande peut devenir incapable d'un effet fenfible. Les petites en font incapables auffi hors dans les points où elles touchent la grande, car ce n'eft que dans ces mêmes Nn iij zi6 Histoire de l'A cademie Royale 1^75. points où elles le joignenc les unes aux autres. Cela fcrvoic à M. Hughuens pour prévenir une diffi- culté qui naiflbit de fon liftémc. Il cft certain qu'un ob- jet lumineux vu par une ouverture, n'eft vu qu'entre deux lif^nes droites tirées par les extrémités du diamètre de cette ouverture; & cependant fi la lumière fe répand par ondes, elle fc répand inconteftablement hors de cet efpace. Mais il eft certain aufli que ce qui s'y en répand, ce ne font plus que des reftes d'ondes particulières , qui ne touchent plus la totale, & ne fe touchent plus les unes les autres; &c tous les points d'attouchement fontnécef- faircment compris entre les deux lignes droites menées par les extrémités de l'ouverture, puifque ces lignes étant tirées du point lumineux, centre de l'onde totale, & partant par les centres des ondes particulières, elles . leur font perpendiculaires à toutes , & par conféquenc vont à leurs Tangentes. Sur cette idée, qu'un rayon de lumière eft toujours une ligne droite perpendiculaire à l'onde totale & aux particulières, M. Hughuens expliquoit fans peine les propriétés de la Réflexion , & de la Réfrai^ion. Nous ne nous y arrêterons pas , parce que les fuites de ces principes font afles claires pour ceux qui font Géomè- tres , & trop géométriques pour ceux qui ne le font pas. Une des plus confidérables fuites de fon fiftéme, étoit l'explication des furprenantcs réfraLlions du Criftal d'iflande, qui renverfoient tout ce qu'on avoir crû )uf- que-là de plus inconteftabic fur la lumière. Ce Criftal , qui n'a été connu qu'en irtyo par un Livre que M. Erafme Bartholin , Danois , en donna au public , fuffiroit fcul pour donner aux Philofophcs , &c une grande défi.ince des principes que l'on croit généraux, St une grande idée de la variété qui régne dans la Nature. Dans tous les difFércns corps diaphanes que nous DES Sciences. 187 connoifTîons jurquc-là, i. 11 n'y a qu'une fcuIc & fimple 167$, réfraûion pour un rayon, z. Tous les rayons obliques fe rompent, Se le perpendiculaire (cul ne fe rompt point. 3. Le rayon incident, &c le rompu, font toujours dans un même plan perpendiculaire à la (urfacc du diapha- ne. 4. Qiielqucs angles que le rayon incident, & le rom- pu fafTent avec la perpendiculaire, les finus de ces an- gles ont toujours cntre-eux une proportion confiante , de 4 à 3 dans l'eau , de 3 à 1 dans le verre. Le Criftal d'Iflandc détruit toutes ces régies, & en a d'autres qui lui font particulières, i. Un rayon tombanc fur une de fes furfaccs , fe parcage en deux , ce qui fait pa- roitre doubles les objets vus au travers de ce Criftal , fur tout ceux qui font appliqués tout contre. 1. Le rayon perpendiculaire fe rompt, &: il y a des rayons obliques qui pafTent tout droit. 3. Après que les rayons qui font tombes d'un certain fcns, Ce font rompus , ils fe détournent à droite ou à gauche du plan perpendicu- laire où ils étoicnt en tombant, ce qui eft un détour fin- gulier, différent de celui de la réfradion. 4. Un rayon s'éiant partagé en deux à la rencontre du criftal , l'un des deux nouveaux rayons qui s'en font formés , a une réfradion réglée par une certaine proportion confiante des finus , ainfi que dans les autres diaphanes ; l'autre a une réfradion réglée par d'autres grandeurs , & cette réfradion différente de la régulière fe divife en deux efpéces qui fe règlent par deux fortes de proportions différentes , félon que les rayons font tombés d'un cer- tain fens ou d'un autre. Comme dans la double réfrac- tion d'un même rayon , la régulière accompagne toujours l'une ou l'autre des deux irrégulieres, il arrive qu'un papier où il y a quelques lettres marquées, étant pofé fous ce Criftal , on voit ces lettres écrites comme dans deux étages différens tout à la fois. L'étage produit parla réfradion régulière qui ne change point, eft toujours à 288 Histoire de l'Académie Royale. 1^79. l-'i même hauteur,- mais l'autre cfl: plus haut, ou plus bas, félon celle des deux rcfraclions irrcgulieresqui agit alors. Avant que M. Hughuens eût imaginé le fiftéme des Ondes , ces phénomènes lui paroiflbienc abfolumenc inexplicables. Selon lui , la réfradion commune confiftc en ce que les ondes de la matière éthérée pafTent au travers d un corps tranfparent, du verre, par exemple, avec plus de difficulté , & plus lentement qu'elles ne faifoient au travers de l'air. De 5 dégrés de viteffe qu'elles avoient dans l'air, elles n'en ont plus que z dans le verre. C'eft ce changement de vîtefle, toujours le même, qui régie la proportion conftante de la réfradion, ou des linus, de 3 a i. Il prétendoit encore qu'un corps peut être tranfpa- rent en deux manières, ou parce que les intervalles que lailTent cntre-ellcs fes parties folides font remplies de ma- tière éthérée, dans laquelle les ondes fe continuent, ou parce que fes parties folides étant dures & a. reiïbrt , prennent elles-mêmes le mouvement d'ondulation, aufli bien que la matière éthérée. Quand la réfraftion eft de cette féconde efpécc , il efl: fort vraifemblablc que le mouvement d'ondulation fe rallentifTe davantage , de que par conféquent la proportion de la rcfraétion devienne différente. Si la réfradion fe faifoit dans quelque corps diapha- ne de ces deux manières tout à la fois, comme ces deux réfraétions feroient différentes, &c qu'elles élcveroienc différemment le même objet vu au travers du diaphane, elles le feroient paroître double; &: c'eft ce que M. Hu- ghuens avoir obfervé avec foin dans le criftal commun , qui par-là ne peut fcrvir aux Lunettes d'Approche, auf- quelles il feroit d'ailleurs fi propre par la netteté de fa tranfparence. Cette DES Se lENCES. ig^ Cette double émanation d'ondes obfervée dans le 1^79. et iftal commun, fcrvic àM.Hughuens de degré pour pl- ier iufqu'au principe de toutes les bifarrcrics du Criftal d'Iflande. Les deux ondulations dans le cnftal commun font toutes deux circulaires , l'une feulement un peu plus lente que l'autre , ce qui ne change point l'efpéce de l'onde, 8c n'empêche point que les fmus ne règlent toujours les deux réfraftions, quoi qu'ils les règlent en mêmetems félon deux proportions différentes. Mais M. Hughucns, obligé de recourir à quelque chofe de plus extraordinaire , s'avifa d'eflayer fi en fuppofant dans le Criftal d'Iflande une double émanation d'ondes, mais dont les unes feroient circulaires, les autres ovales, il pourroit fatisfaire à la fingularité des Phénomènes. Cette idée lui réuflTit. Les ondes circulaires font pour les réfractions régulières de ce criftal, &: les ovales pour les irrégulieres. Ces ondes ovales caufentdes rcfradions à des rayons perpendiculaires , empêchent des rayons obliques de fc rompre , font dépendre de certaines gran- deurs différentes des finus , la proportion de la réfradion , enfin exécutent affés naturellement tout ce que les Phé- nomènes demandent. Mais quelque commodes qu'elles fuflent, il reftoit en- core à découvrir ce qui les déterminoit dans le Criftal d'Iflande à être ovales, au-lieu qu'elles font circulaires par tout ailleurs , & il n'étoit pas moins difficile de jufti- iîer une fuppofition û. heureufe, qu'il l'avoit été de l'i- maginer. Sans doute , il n'y a que la figure des parties infenfibles du Criftal d'Iflande, qui puiffe changer celle que les ondes ont naturellement ; mais c'eft encore une recherche bien délicate , que de deviner la configura- tion intérieure de ces parties. Ce Criftal a auffi des Phé- nomènes très-particuliers, qui ne regardent que fontilfu Se fa compofition, &: qui augmentent beaucoup la diffi- culté de le connoître. Ht/, de l'Ac. Tome L Qo l^O H IS T O I R E DE l'A C AD E M I E RoYALE 1679. ^^' Hughuens, après avoir fuivi jufqu'au bouc cantde Phénomènes extraordinaires , donc il pouvoir fc flater d'avoir trouve le noeud , finiiroic cependant par avouer avec courage , 8c en grand-homme , qu'il en rcftoic un oii il ne lui écoic pas pofliblc de pénétrer. Deux mor- ceaux de ce Criftal étant pofés de forte que tous les côtés de l'un foient parallèles à ceux de l'autre , foie qu'on laiflede l'efpace entrc-eux, ou qu'on n'y enlaifTe point, un rayon qui fc fera partagé en deux dans le premier criftal, Sc qui aura fait une réfraclion régu- lière &c une irréguliere , ne fe partagera plus en entrant dans le fécond ,• mais le rayon qui a été fait de la ré- fraélion régalicre y en fera encore une , &: de même l'autre rayon fuivra fa route. Dans une autre poficion des criftaux, les deux rayons venus d'un feul rayon , en partant du criftal fupérieur dans l'inférieur, font échan- ge de leurs réfradions. Dans toutes les autres pofitions , un rayon fe répartage de nouveau en deux. On diroit que la Nature a eu peur que ce criftal ne fut pas une Énigme afles inexplicable pour les Philofophes , &: qu'elle l'a chargée à plaifir d'obfcurités & de difficultés. De toutes ces confidérations , M. Hughuens paflbic enfin à celle des Lignes Courbes, qui peuvent fcrvir à réunir les rayons de lumière, foit par réflexion, foit par réfraétion. M. Dcfcartes appliqua à ce fujet fa fubtile Géométrie , & ouvrit de grandes vues à tous les Ma- thématiciens. Aufll M. Hughuens , qui traitoit ce même fujet fort à fond , & fort ingénieufement , ne manqua- t'il pas de lui en rendre une efpéce d'hommage. DES SCI ENCE s. ip r DES COVLEVRS. APre's la Lumière , viennent naturellement les Couleurs. Les yeux n'ont qu'à s'ouvrir pour les voir ; mais les yeux de l'Ffprit ne les voyent pas avec la même facilité , & ce qui rend tout vifiblc eft pour eux très-difficile à découvrir. M. Mariette travailla long- tems fur cette matière, une des plus délicates de toute la Phyfique. Celles de cette efpéce lui convenoient par- ticulièrement, 3. caufe du génie fingulier qu'il avoir pour des obfervations fines, &ç pour les expériences qu'il fa- loic imaginer heureufement , ôc exécuter avec dexte- tité. II commença par les couleurs que caufcnt les réfrac- tions . Un rayon , non pas pris pour une ligne Mathémati- que, & fans largeur, mais pour un très-petit faifleau de pareilles lignes lumineufes, qui a pafTé par une pe, tite ouverture, fe teint de différentes couleurs très -vi- ves, après avoir pafTé au travers d'un verre fans cou- leur, taillé en prifme triangulaire. Pour découvrir conv ment cela fe fait, il faut fuivre attentivement le rayon dans fa route, calculer avec le fecours de la Géométrie chaque détour qu'il eft obligé de faire par les loix delà réfraction, & lorfqu'il entre dans le verre, & lorfqu'il en fort, l'obferver en différens chemins pour en faire en- fuite des comparaifons ; enfin , ce qui furprcndroit peut- être ceux qui ne connoifTcnt pas toute l'étendue des ufa- ges de la Géométrie, drcflcr des Tables où des angles, & des nombres repréfentent & déterminent les différen- tes couleurs. Après toute cette recherche, dontnous retranchons Ooij 1^79. i9i Histoire de l' Académie Royale î6yp. les épines , pour n'en donner que le fruit, voici ce que M. Mariotcc trouva. Un rayon qui par la réfradion fe détourne de fa pre- 1 miere ligne droite pour en fuivre une autre , fe courbe en quelque façon , &c l'endroit où fc fait cette courbure a une eïpéce de convexité en-dehors , Se de concavité en-dedans. Lorfque le petit rayon folide a palTc au tra- vers du verre triangulaire, & qu'il va peindre des cou- leurs fur une furface blanche où il eft reçu , le rouge ou le jaune font toujours dans la convexité de fa cour- bure, & le violet ou le bleu dans la concavité. Ces couleurs font tellement attachées à ces différences de courbure , que fi lorfque le rayon pafle de l'air dans le verre, & repafTe du verre dans l'air, fes parties qui étoient dans la convexité de la courbure , par la première réfradion, viennent par la féconde à être dans la conca- vité, & que ces deux courbures foicnt égales , aulfi-bien que contraires , le rayon ne prend aucune couleur, & n'a que fa blancheur naturelle, qui dans tout ceci n'efl point comptée pour une couleur. Si les deux courbures contraires, c'eft-à-dire , dont Tune met dans la concavité les parties du rayon que l'au- tre avoir mifes dans la convexité , ne font pas égales, on voit des couleurs , mais foibics , refte de la plus forte réfraélion , qui n'a pas été entièrement détruite par l'autre. De-là il eft aifé déjuger, que fi les courbures des deux réfradions confpirent au même effet, les couleurs en doivent êcre beaucoup plus vives. Cette vivacité de couleurs dépend non-feulement de l'accord des réfradions , mais encore de la force de chacune. On fait que comme les rayons , lorfqu'ils font perpendiculaires , n'ont point de réfraction , ils en ont une d'autant plus force qu'ils font plus éloignés d'être perpendiculaires. DES Sciences, Z93 Quand le rayon a traverfé le verre , fi on le reçoic tout 1 67^. auprès, on ne voit encore que de la blancheur , parce que comme le rayon folide va toujours en s'ouvrant , & en s'élargifTant, fes différentes parties qui ont été teintes, ou en rouge,ou en violet, par les deux courbures , font encore trop ferrées à la fortic du verre, & détruifent mutuellement leurs couleurs. Car la lumière forte eft toujours blanche ; & ce qui le prouve bien , c'eft que quand des rayons ont paflé au travers d'une loupe de verre coloré, qui leur a donné fa couleur, ils la perdent dans le foyer, où ils font tous réunis , & la reprennent encore au-delà. Le rayon qui s'cft coloré par les réfradions ne mani- fcfte donc fes couleurs qu'à quelque diftancc du verre, & cette diftance eft plus petite quand les réfradionsonc été fortes , Se que de plus , elles fe font accordées à met- tre les mêmes parties du rayon dans la convexité , ou dans la concavité de la courbure. Il y a encore fur la diftance où les couleurs paroiffenc une circonftance à obfcrver. Quand on fait entrer un rayon folide par une petite ouverture , deux rayons par- tis des deux extrémités du Soleil, palTcnt par les deux extrémités de l'ouverture,- & comme elle eft plus petite que le diamètre apparent du Soleil , ils vont fe coupera une certaine diftance au-delà. Le point où ils fe cou- pent eft le fommct d'un triangle, qui a pour bafc le dia- mètre de l'ouverture. Se, s'il eft prolongé jufqu'au So- leil, tout le diamètre du Soleil. Le Soleil tout entier rayonne dans tout ce triangle ; & comme fa lumière y eft trop forte, il ne s'y fait point de couleurs. Mais il s'en peut faire aux deux côtés de ce triangle en dehors, où il ne paffe des rayons que de quelques parties du Soleil feulement; il s'en peut faire auflî au-delà du fom- met, car il s'y forme un triangle oppofé, qui s'élargic toujours enfuitc , &c où la lumière va toujours ens'affoi- bliffant. Ooiij 194 Histoire de l'Académie Royale 1^79. Si l'on reçoit donc le pctic rayon folide plus près de l'ouverture que n'cft la pointe de ce triangle éclairé par tout ie Soleil , on ne voit que de la blancheur au milieu ; d'un côté, c'eft-à-dire vers la convexité de la courbure, on voit du rouge & du jaune-, de l'autre, oîi eft la con- vexité , on voit du bleu & du violet. L'ordre eft tel, le rouge, le jaune , le blanc, le bleu , le violet. Le rouge répond au violet, le jaune au bleu. Il faut remarquer que ces quatre couleurs ne paroiflcnt pas toujours en- femble. Dans les petites diftanccs on voit le jaune & le bleu, & l'on ne voit pas encore le rouge &: le violet. Ces deux dernières couleurs ne fe développent qu'après avoir traverfé un plus long efpace. Si le rayon eft reçu un peu au-delà du point où fe ter- mine le triangle de l'entière illumination, il ne paroîc plus de blancheur entre le jaune &: le bleu , & la fuite des couleurs eft continue. Mais comme à une diftance encore plus grande, les parties du rayon folide qui forment le jaune & le bleu fe croifcnt, èc pafTent l'une fur l'autre, ce mélange for- me du vert. On fait affes que le vert fe fait du jaune & du bleu mêlés également, & qu'une Jonquille viië au travers de la flanie bleue de l'eau-de-vie, paroît verte. Les parties du rayon folide , ou , fi l'on veut , les rayons qui font les différentes' couleurs , ont une propriété fin- guliere; ilsnefuivent point exademcnt les loix delaré- fratStion, ces mêmes loix qu'ils fuivroient à la rigueur, s'ils ne faifoient point de couleurs. M. Mariotte découvrit que ceux qui font le rouge ou le jaune, ont une réfradion plus petite; ôc ceux qui font le bleu ou le violet, une plus grande qu'ils ne de- vroicnt avoir, félon la proportion réglée des finus. Ainfi puifque des parties extrêmes du rayon folide, celles qui font dans la convexité s'approchent moins du milieu , & que celles qui font dans la concavité , s'en éloignent plus DES Scié nceT i^j qu'il ne faudroic régulièrement, tout le rayon en cft , i^J9. pour ainfi dire, grofli &c élargi, à peu près comme un Jec-d'Eau dontles parties intérieures pouiTcnt en-dehors , èc écartent les extérieures. Delà vient que la bafe du rayon coloré eft plus grande, félon l'ordre des couleurs, qu'elle ne devroit être. Tout ce que nous rapportons ici fur les Couleurs , ce ne font que des faits. Mais quelle eft cette vertu qu'a la convexité de la courbure du rayon pour produire du rouge ou du jaune >. Quelle eft celle de la concavité p9ur faire du bleu ou du violet ; Quelle eft la différence ciTentielle du mouvement de la lumière dans ces deux ex- trémités ? Pourquoi les rayons qui fe colorent font-ils difpenfés des loix exaétes de la réfradion ? A tout cela M. Mariette répond , qu'il ne croit pas poifible d'en donner les véritables caufcs. Content d'a- voir découvert par des Obfervations , qui lui ont autant coûté qu'un fiftéme , des faits afles cachés , qui ne fe dé- mentent jamais ; il les prend pour des principes d'expé- rience, & du refte fe renferme dans une fage ignorance, préférable à de téméraires hipothéfes. Après tout, n'en feroit-ce pas bien affés pour nous, fi nous favions fiire- mcnt fur chaque fujct ce fait que la Nature;& ne devrions- nous pas à ce prix-là renoncer à la connoiflance des caufcs? M. Mariette, fur fes principes d'expérience tels que nous les avons rapportés , explique plufieurs appa- rences difterentes, & principalement les apparences Cé- leftes , l'Arc -en -Ciel, les Couronnes des Aftres , les Parélies, M. Defcartes a donné une explication de l'Arc-cn- Ciel fi géométrique, que l'on ne croiroit pas qu'il y eût rien à défirer. Cependant à y regarder de bien près , on voit qu'il s'eft mépris en établiftant certaines chofes , dont M. Mariette avoit découvert l'erreur par Ces expé- KÎ79- 19^ Histoire ^DE l'Académie Royale ricnces. Ainfi il s'eft cru en droit de donner de nou- veau rcxplication de l'Arc-en-Ciel redifiee par ces prin- cipes. Pour former l'Arc-en-Ciel, il faut que des rayons du Soleil fe rompent d'abord dans une goutte de pluye; qu'en fuite allant frapper contre le fond delà goutte, ils fe réflcchiffent ; qu'enfin ils reflbrtent de la goutte par une féconde refradion, & viennent à notre œil. Comme ces mêmes rayons doivent être colorés , il faut que les deux réfradions n'aycnt pas détruit l'effet l'une de l'autre; &c comme ils doivent porter leurs cou-, leurs jufqu'à notre œil à une afTés grande diflance , il faut auffi qu'il y en ait une aflés grande quantité qui vien- nent à notre œil affés ferrés, &: avec peu d'écart, c'cfl- à-dire, qui foient partis de la goutte fous un très-petit angle. Pour découvrir quels font les rayons qui ont ces deux conditions indifpenfables , il eft néceffairedefuivreavec le calcul géométrique le chemin que font en entrant dans la goutte, & en fortant, & de-là jufqu'à notre œil tous les différens rayons qui peuvent tomber fur cette goutte avec quelque angle d'incidence que ce foit. Cela fait, on trouve que les rayons utiles pour le Phénomène étant parvenus à l'œil , font avec une ligne qui pafferoit du centre du Soleil par l'œil , un angle de 39, 40, 41 , ou 42, dégrés. Cette ligne eft d'un grand ufagc dans toute cette matière, elle détermine qucllecfl la hauteur de l'Arc-en-Ciel par rapport au Soleil; s'il eft à l'horifon , elle eft horifontale; & alors par conféquent l'Arc en-Ciel eft élevé de 41 dégrés. A mefure que le So- leil s'élève, cette ligne imaginaire s'abaifTe, &c entre dans la terre, &c l'Arc-en-Ciel n'a d'élévation que ce que le Soleil en a de moins que 41 dégrés , enforte qu'à 42. dégrés d'élévation du Soleil, &: au-delTus, il n'y a plus d'Arc-en-Cicl. Cette. DES Sciences, 2,97 Cette ligne direde tirée du centre du Soleil par le i6yy. centre de l'œil, efl: toujours dans tous les autres Phéno- mènes , celle à laquelle on compare les rayons qui vien- nent à l'œil après des réfradions, pour trouver quelle fi- tuation doivent avoir, à l'égard du Soleil, les Phéno- mènes qu'ils produifent. '.'•.•'.} Par-là, on voit, par exemple , que rArc-en-Cicl ex- térieur, formé par des rayons qui ont été réfléchis deux fois dans la goutte entre les deux réfractions , & qui par conféquent doivent être plus foibles que ceux de l'Arc-en-Ciel intérieur , fait dans fa plus grande éléva- tion fur rhorifon un angle de ji dégrés, ou environ'. Dans les autres Phénomènes , comme dans les grandes & les petites Couronnes qui paroiffent quelquefois avec des couleurs à certaines diftances autour du Soleil ou de la Lune, & dans les Parélies qui accompagnent quelquefois les Couronnes du Soleil , il n'cfl: plus queftion que d'imagi- ner qu'elles doivent être , &c quelles figures doivent avoir les matières répandues dans l'air, qui rompront les rayons des Aftres, de forte qu'ils fafTcnt avec la ligne tirée di- reftement du Soleil par l'œil , les angles nécelTaires , Sc que leurs couleurs foient difpofées comme il faut. M. Mariette attribuoit à des vapeurs aqueufes de fi- gure ronde les petites Couronnes de 4 ou j dégrés de diamètre, terminées à l'extérieur par un rouge obfcur, avec du bleu en-dedans. Et ce qui rend la conjefture cer- taine , c'efl: que l'on voit des Couronnes toutes pareilles autour de la flame d'une chandelle vue à travers les va- peurs épaifles qui fortent d'un vairteau plein d'eau bouil- lante pendant un grand froid. Il attnbuoit les grandes Couronnes , qui ont environ 4y dégrés de diamètre , à de petits filamens de nége qui flotent dans l'air , médiocrement tranfparens , &c qui ont la figure d'un prifme triangulaire cquilateral ; ÔC pour les Parélies , qui font ordmairemenc dans la cir- /il/, de fAc. Torih I. P P 1^79- z^S Histoire de t'A cademie Royale conférence de ces grandes Couronnes à même hauteur que le Soleil, il les rapportoit à quelques-uns de ces petits prifmes de nége, qui ayant une de leurs extrémi- tés plus pcfante que l'autre, étoient obligés de fe tenir dans une fituation perpendiculaire à l'honion. C'eft à la Géométrie & au Calcul à juflifier toutes ces idées. Toutes ces couleurs dont nous avons parlé jufqu'ici, n'ont été traitées par les anciens Philofophes, que de couleurs apparentes; quoi qu'en ce genre-là ce foitêtrc qu&de paroîcre. Il cft vrai du moins qu'elles ne font pas attachées à leurs fujets., &: qu'elles changent luivant plu- fieurs circonftances diftérentes. Outre celles qui fe font manifeftcmcnt par des réfradions de lumière au travers du verre ou de l'eau , iJ y en à qui font , quoique moins fenfiblemcnt, de la même nature , & qui font formées par des réfraftions de lumière au travers de quelques- autres matières tranfparentcs. On les reconnoit à ce qu'elles changent félon la pofition des yeux, Ainfi dans les Opales , & dans la Nacre de Perle , un même endroic paroît fucce/rivement rouge, ou vert, félon qu'il cft vfi plus ou moins obliquement, preuve certaine que les dif- férentes parties du rayon que l'on reçoit ne font difté- rentes que par rapport à la convexité, ou à la concavité de la courbure, & qu'elles tirent dc-là leurs couleurs. Il ne faut pas confondre avec ces fortes de couleurs, les couleurs changeantes , telles que celles du col d'un Pigeon. Ce n'eft pas le même endroit de la plume qui paroît rouge ou vert , félon que l'œil , difi^ér^mment pofé reçoit différentes parties du même rayon, ce font diffé- rentes parties de la plume qui font alternativement rouges &: vertes, ainfi qu'on le voit fenfiblement par le Microf- copc; & c'eft ce que l'art a imité dans les étoffes chan- geantes, où la trame cft d'une couleur , & l'enflure d'une autre. Il y a donc des couleurs indépendantes desréfradions, DES Sciences. 199 foie qu'elles fefaflenc par une réflexion fimple , foie qu'il 1^73» y encre des réfradions, mais inuciles. Car que la lumière pénétre deux furfaccs parallèles, ou qu'en ayant pénétré une elle fe réfléchifle fur rautre,&: rei- forte dans l'air , en traverfant la première une féconde fois, ce font deux réfradtions , mais qui ne produifenc point de couleurs, parce que l'une détruit abfolumenc l'elïet de l'autre. Audi M. Mariotte,en faifant plufieurs Obfervations très-délicates fur les bouteilles de Savon , remarque que dans le commencement qu'elles font formées , fi l'eau écoit peu chargée de Savon, on ne voit point de cou- leurs. Elles neparoiiTenc que quelque tems après, & elles commencent vers le haut , parce qu'il y a des parties fubtiles de l'huile &: du fel alcali du favon , qui après avoir été pendant les premiers momens uniformément mêlés avec l'eau, s'en féparent bien-tôt, & montent par leur légèreté. Alors elles font fur la furface convexe de la bouteille, de petites rides apparemment circulaires; &c c'ell là que (e font les réfraclions & les couleurs , qui ne fe pouvoient pas former auparavant dans les deux furfaces parallèles de la bouteille , l'extérieure , &: l'in- térieure. Quoique les couleurs fixes ne foient pas produites par les réfradions, elles le font cependant, félon M. Ma- riottc, par le paflTagcde la lumière au travers d'une ma- tière fine &c délicate qui couvre les objets, femblable à peu près à la fleur d'un grain de raifin , ou d'une prune. Les rayons traverfant cette matière, s'y colorent, &: rencontrant les parties plus folides du corps , fe réflé- chilTent à nos yeux. C'eft ainfi qu'un rayon paflint au travers d'un ver- re plat coloré , en prend la couleur , non par fcs ré- fraàions, qui font alors inutiles , mais par fon feul paf- fage , enforte qu'il ne fe coloreroit pas moins quand il PP4 300 Histoire de l'Académie Royale- jSip. P-iflfcroit perpendiculairement, & par conféquent fans rcfraftion. Il cft vrai qu'il fcroit fort difficile d'expliquer com- ment ce rayon prend la teinture du verre; mais enfin il la prend. M. Mariette fe contente de ce principe d'ex- périence , & fuppofe fur tous les corps qui ont des cou- leurs fixes, un matière três-délice, difpofée à teindre les rayons de telle , ou de telle couleur. Elle peut être mêlée parmi les parties folidcs des corps, & on peut auffi l'en tirer , fans changer leur tifTu ni leurs configurations. Le bois deBréfil , holiilli dans plufieurs eaux , y laifTe prefque toute ù teinture rouge, fans que la confiftance de fes fibres en reçoivent aucun changement fcnfible. Le Corail rouge perd en peu de tenis toute fa teinture par un feu médiocre. Cette même matière peut pafTer dans plufieurs corps de fuite; ce qui marque encore combien elle cft légère , & fuperficielle fur les corps. Les PlumafTicrs font paf- fer dans leurs plumes la couleur des laines teintes en ccarlate, f i' donna aulTi une Méthode univerfclle pour Mémoires, faire dcs Cadrans Solaires; la Gnomonique fur laquelle Tom. 10. p. jj méditoir, tiroir entre fcs mains des grands fecours des Sections Coniques ; il falloir un Géomètre , Se un Géomètre habile, pour rendre à cette Patrie des Ma- thématiques, très-belle par elle-même, le luftre qu'elle DEsSciENCES. 307 fcrnbloit avoir perdu , par l'ignorance de ceux à qui elle 16S0. étoit , pour ainli dire, abandonnée; il en compofadans la fuite un Traicé complet , dans lequel il joignit la pratique à la théorie d'une manière propre à contenter également les Sçavans &: ceux qui ne cherchent que le manuel de cette Science. M. Huyghens donna aufil cette année pluficurs mor- ceaux fur l'Algèbre &: fur la Géométrie ; il inventa &C propofa alors fon Niveau à luncrte, trop connu pour en faire ici la defcription, il le fit imprimer dans les Jour- vo ez l naux, & il ajouta la dcmonflranon de fon ufage. Mémoires, Tom. 10. ASTRONOMIE. ON continua le Deflein de la Carte générale de la France par les ordres du Roi. MM. Picard & De La Hire furent cette année à Bayonne, & fur les Côtes d-e Guyenne, &: de Xaintonge. Ils partirent au mois de Septembre, parce que dans cette lalfon il y avoit un plus grand nombre d'Obfervations à faire fur les Satel- lites de ]upiter : ils déterminèrent la différence de Lon- gitude & de Latitude entre l'Obfervatoire Royal &: les Villes de Bayonne, Bordeaux & Royan. Ils prirent dans ces différons lieux la Déclinaifon de l'Aiçuille aiman- téc , &à Bayonne ils obferverent l'heure de la Marée en différens jours , ainfi qu'ils l'avoient pratiqué à Brcfl l'année précédente. Ces Obfervationsdonnoient la pofition jufle des Côtes Occidentales de la France, c'eft-à-dire, delà Bretagne, du Poitou, &: de la Gafcogne; d'ailleurs M. Richer, avant que de s'embarquer pour la Cayenne, avoit pris exadement la Hauteur du Pôle de la Rochelle. Une rcftoit plus , pour achever de déterminer la pofition des E3. 311 Histoire DE t'A cademie Royale léSo. Côtes de France fur l'Occan, que de faire les mcmeî Obfervations fur les Côtes Septentrionales de Bretagne , fur celles de Normandie, de Picardie, &: de Flandre. Ces MelTieurs reçurent des ordres à cet effet. M. Picard alla du côté de Bretagne, &: M. De La Hire alla en Flandre. On faifoit en même-ccms à Paris les Obfervations corrcfpondantcs à celles qu'ils faifoienc dans difFérens lieux. On reconnut par - là les grandes erreurs que les meilleurs Géographes avoicnt , ou commifcs , ou adoptées .' dans la pofition des principales Villes; erreurs apparem- ment indifpcnfables dans un tems oii l'on manquoit de méthodes fures pour les corriger , ou d'occafions de pra- tiquer ces Méthodes. Il étoit en effet très-difficile Sc très-long de détermi- ner les Longitudes des différens points de la Terre par les Eclipfcs de la Lune ; le feul moyen connu aux An- ciens , &: le feul qui fut fiàr avant la découverte des Sa- tellites de Jupiter : les Eclipfes de Lune font très-rares, &c demandent fans comparaifon plus d'appareil qne celle des Satellites de Jupiter, quoi qu'en effet on puiffc les obfcrver avec des Lunetes beaucoup plus petites : au-lieu que les Eclipfes des Satellites de Jupiter font très-fré- quentes , puifqu'en chaque année il en arrive ordinai- rement 1500. II y a plus encore ,&: on éprouva cette annéela grande facilité de ces fortes d'Eclipfes dans l'affaire des Lon- gitudes. M. Caflini qui avoir publié dès l'année 1668, les Tables des mouvemens de ces Satellites, les avoic comparé fcrupuleufement avec le Ciel depuis cetcms-là jufqu'en 1680. c'eft-à-dirc, pendant une Révolution en- tière de Jupiter autour du Soleil; il avoir établi des corrcârions à faire à fcs Tables , & les Calculs faits en conféquence de ces correétions réprcfentoient ces Ecli- pfes à une minute tout au plus de l'Obfervation ; par-là un DESSCIENCES. JIJ un Voyageur qui obferveroit dans un lieu quelconque i68o. une Imnier(ion du premier Satellite , par exemple , pouvoit dans un inftant comparer fon obfervation à un calcul très-court, qui lui réprefentoit l'Obfervation elle- même telle qu'elle avoir été faite fous le Méridien des Tables ; &: par ce moyen il dctcrminoic la Longitude du lieu de fon Obfervation fans autre Corrcfpondance ; S'i ce n'eft pas là le véritable fecret des Longitudes , au moins enapproche-t'ilde bien près. A regard des Corrections que M. Caffini fit à fes Tables , nous ne parlerons ici , Se même en peu de mots , que de celles du premier Satellite, d'autant plus qu'il ea fie de nouvelles dans la fuite. Les Tables qu'il en avoit publiées en 166$. étoienc fondées fur 16. années d'Obfervations, comparées aux plus anciennes faites par Galilée, dans le tems même de la découverte de ces Satellites; mais les Obferva- tions faites depuis 1668. ne s'accordoient plus avec ces Tables ; elles montroient dans le mouvement du premier un retardement de plus de fix dégrés de fon cercle en ly. années, de forte que les Tables ne réprefentoient fon mouvement en léSo. qu'à j. dégrés près, dont elles avançoient le Satellite plus qu'il n'étoit en effet. Cette dif- férence viendroit-elle d'un retardement effectif ; & ce re- tardement auroit-il lieu pour les autresPlanettes,tant prin- cipales que fecondaires, à proportion du plus ou du moins de durée de leurs Révolutions ? On n'eft pas encore en droit de l'affùrer ,il faut une plus longue fuite dObfcrva- tions pour prendre ce parti ; il vaut mieux , comme fit M- Caffini, rcjetter cette différence fur l'incertitude des Obfcrvations de Galilée , aufquelles les Tables de 1668. avoient été afTujetties : C'eft pour cela que M. Caffini en reformant fes Tables , abandonna les Obfcrvations de Galilée, & fc fonda uniquement fur les fiennes pro- pres de r8. années, faites avec des Lunetes beaucoup /li/. de CAc. Tome I. R r 314 Histoire DE l'A c ad e m i e R o y a le 16S0. pl>^is parfaites que celles dont Galilée s'étoit fcrvi , ilal- ma mieux réprefcnter les Obfcrvations à venir que les anciennes. Il augmenta la durée de la Révolution de ce Satellite établie dans fes premières Tables d'une féconde d'heure, il fixa une nouvelle Epoque de fon mouvement ,& choi- fit rimmerfion arrivée le zi. Juillet 1680. a i3l>. 54. minutes. Le 8. Avril à 7. heures du foir , M. Caflini revit la fa- meufe Tache de Jupiter , qui n'avoir pu être apperçuë pendant toute l'année précédente. C'cft cette même Ta- che qui avoit fcrvi à déterminer la période du mouve- ment de Jupiter fur fon Axe en 9. heures j6. minutes. Elle fut obfervée cette année au même endroit du Dif- que de Jupiter, où la Table de fon mouvement dcman- doit qu'elle fut, tant les premières Oblervations avoienc été exades. SVK LES PERIODES LVNI-SOLAIRES , ou fuir le Règlement des Temps. LA Révolution apparente du Soleil autour de la Terre qui fait notre année, ne contient pas un nombre jufte de jours ; il y a des fraûions, des heures, des minutes, & d'autres parties plus petites encore, qui font que le Soleil n'arrive pas au même point de fon Orbite dans les mêmes heures , &c dans les mêmes jours de l'année; on a même été long-tems à s'aflurcr avec précifion de la grandeur de l'année folairej les erreurs qui ont échapé fur ce fujet aux Anciens Aftronomcs , ont plus d'une fois troublé l'ordre des Saifons, que di- vers Peuples ont taché afTés inutilement de rétablir d'une manière invariable. DESSCIEKCES. 3IJ Jules Cefar , environ l'an 44. avant J. C. reforma 16'So. l'année fur le cours du Soleil, donc il détermina la duiée de 36^. jours 6. heures. Ces 6. heures au bout de 4, ans formoicnt un jour de plus , & par confcquent une année de 366. jours; mais cette année étoit trop grande, de forte qu'au bout de 400. années, on avoit compté trois jours de trop, par-là l'Equinoxe avoit rétrogradé de 3. jours dans le même intervalle de 400. ans , en forte qu'en ifyj. c'eft-à-dire, feizc ficelés après la Reforme de Jules Cefar, il arrivoit 12. jours plutôt , & alors il tom- boitau II. Mars à minuit environ. On reforma donc de nouveau le Calendrier en i j8 1. & parce que l'on avoit d'ailleurs befoin que l'Equinoxe fut fixe dans un même jour de l'année , ou du moins qu'il ne s'en éloignât pas beaucoup, &c qu'il y revint même au bout de certaines périodes; on chercha de telles pé- riodes qui puflent ramener le Soleil au même point du Zodiaque, aux mêmes jours, ôc à la même heure. Telle eft celle de M. Calfmi ; il imagina un Cycle So- voy. les laire de 33 années, compofé de 8 périodes de 4 années M'^n'oii'es. chacune, dont 3 font communes, & une BilTexcilc; &c p. ^ij, outre cela d'une année fimplc commune,- c'eft-à-dire en général , de 7 périodes quadriennales Juliennes , & d'une période de y années , dont 4 font communes, &c une BilTexcilc. Ce Cycle ramené le Soleil au même point du Zodiaque , au même jour de l'année, & à la même heure; & dans 1 cfpace de ces 35 années, qui font la durée du Cycle , il ne peut y avoir un jour entier de différence dans le lieu du Soleil au même point du Zodiaque, ce qui d'un côté fatisfait à l'intention du Concile de Ni- cée , qui voulut fixer 1 Equinoxe du Printcms au même jour de l'année, & diminue d'ailleurs la diftércnce qui fe trouve dans la Corredion Grégorienne entre les dif- férens lieux du Soleil aux mêmes jours de l'année, fui- vant laquelle l'Equinoxe ne laifTe pas de varier déplus Rrij 3i6 Histoire DE l'Ac adeîviie Royale 1680. de deux jours en 400. ans, au lieu que, fuivant la mé- thode de M. Caflini ,rEquinoxc , par exemple, arrivera toujours dans les années Biffcxcilcs le ii Mars, entre midi &: fix heures du foir, dans la première année après la Bifrcxtile, il arrivera entre 6 heures du foir Se mi- nuit , & ainfi de fuite de 6 heures en 6 heures entre le zi & le 2i Mars, jufqu'à l'année biflfextile fuivante,où le 21. à midi fe trouve le zi à midi, à caufedc l'addi- tion d'un jour au mois de Février. Ce Calcul de M. Caf- llni cfl fondé fur les mêmes hypothéfcs que celles de la Corredion Grégorienne, qui fuppofcnt un excès de j jours entiers dans 400 années Juliennes. Suivant la Corrcétion Grégorienne, en 400 ans , il y ail années extraordinaires, c'cft-à-dire hors de l'ordre des périodes quadriennales complètes de 3 années com- mune, & une Biffextile,- ce font comme on fçait les an- nées 97. 5)8. 99. 100, 197. 198. 199. 200, 297. 298^. X99. 300 : par fe Cycle de M. Cafllni en 400. années , ri y en a de même 11 extraordinaires, fçavoir, 33. 66, 99,132. 165. 198,231.2^4. 297, 330. 3(^3. 396. Ainfi au bout des 400 années , tout revient au même ; la feule différence eft que dans la forme Grégorienne on laifle aller la variation du mouvement de l'Equinoxe plus avant , au lieu que le Cycle de M. Caflîni l'arrêteavanc qu'il foitmontéà un jour entier. Voïez les II établit auflï un nouveau Cycle Lunaire de 3 5'3 an- ToT°io"p "^" ' ^^ boutdefquelles le Soleil & la Lune reviennent au 30' , fondé fur ce que la différence en Longitude entre le Cap Verd & l'Ob- fervatoire Royal déduite des Obfervations immédiates, étant de 19° 30', on pouvoit par la différence en Lon- gitude entre ce Cap &: l'ifle de Fer fe fier aux détermi- nations des Pilotes François & Hollandois qui l'a don- nent de I degré tout au plus, ce qui ne peut pas s'éloi- gner beaucoup du vrai, &: s'accorde à ce que le P. Ric- cioli en a donné , qui fait cette différence d' i degré 5 mi- nutes. Cette Carte de France étoit très- différente de celles qui avoicnt été publiées jufqu'alors par les meilleurs Géogra- phes; on fit fentir cette différence fur la Carte même , en y traçant les mêmes contours du Royaume,fuivant une Car- te deM. Sanfon faite en 1 675). qui étoit la plus jufte d'entre les modernes : d'où l'on peut voir qu'en général les Obfer- vations ont rétréci l'étendue de la France, tant en Lon- gitude qu'en Latitude; &: on fit dès-lors une remarque qui a été confirmée depuis , qui eft que les anciennes détermi- nations éloignoient toujours les lieux les uns des autres DESSCIENCES. Jjy plus qu'il ne falloit, cela vient apparemment de ce qu'on 1682-. s'eù. trop fié aux dj fiances itinéraires fur terrc,& à l'cllime ou au fillage fur mer , ce qui donne la fomme de tous les détours joints enfemblc , &: furpaffe toujours la ligne droite menée d'un lieu à un autre. Au-licu que les Ob- fervations Aftronomiques dont on fe fert pour trouver la pofition d'un lieu quelconque étant indépendantes de tous les autres lieux d'alentour, elles ne font pas fujetes à ces inconveniens. L'Académie étoit fi fort pcrfuadce de cet excès dans l'é- tendue des difFérens pays , tels que les Cartes les répre- fentoient, que dans le grand Planifphere tcrreftre donc nous avons déjà fait mention, elle y eut égard, &c avec fuccès. On y avoir placé les lieux où il y avoir eu des Obfer- vations faites , comme en Dancmarc , en Amérique , &c. & aux Côtes Occidentales de France , ce qui donnoit un afles bon nombre de Pofitions précifes ; on s'étoit fcrvi des corrections faites aux Cartes Marines de la Méditer- ranée par MM. De Peiresk &: Gaflendi; ces deux fça- vans hommes s étoient appcrçûs les premiers des grandes erreurs des Cartes de ces Quartiers-là, & ils avoicnc accourci la diftance entre Marfeille &c Alexandrie de yoo milles ; les autres lieux de la Terre dans lefquels on n'avoir point fait d Obfervations, furent placés fuivanc les Cartes les plus cfiimces ; mais en diminuant leur différence mutuelle en Longitude dans le même rapport que rétoit celle de deux autres lieux extrêmes qu'on avoir déterminé par Obfervarlon, ce qui s'accordoic d'ailleurs aux Réfultats de différentes Eclipfcs de Lune obfervées en divers lieux depuis environ deux fiécles. Après cette corrcdion faite aux Cartes mod^ncs on fut obligé de diminuer de zy à jo dégrés la dif- férence en Longitude entre les Régions les plus éloi- gnés de la France, vers l'Orient &c vers l'Occident , &: j5^ Histoire DE l'Académie Royale 1^82. ce qui en eft une fuite, d'augmenter d'autant ces mêmes diflFércnces pour les pays oppofcs aux Méridiens de ceux où les Obfcrvations avoient été faites. Et nous ne devons pas obmcttre ici une Remarque que fit M. De La Hirc , que files Géographes avoienc examiné avec l'attention néceiVaire, &; fuivi à la lettre les Navigations des meilleurs Pilotes , ils auroienc évité &c même corrigé ces grandes erreurs. Par exemple , la Navigation de François Schoutcn, qui découvrit le pre- mier le Détroit de le Maire , &: qui pénétra jufqu'aux Ifles d'Afic par l'Océan occidental, place les parties Orien- tales déplus de xj dégrés plus à l'Orient, Se s'accorde affés bien avec les Obfcrvations. Le Planifphére de l'Obfervatolre ayant écé tracé fur ces correûions , s'cft prefque toujours trouvé conforme à ce qui réfultoit des Obfcrvations qui ont été faites de- puis en divers Lieux; nous en rapporterons ici deux exem- ples entr'autres ; I. M. Halley, fçavant Aftroncme An- glois , qui avoir obfcrvé les Etoiles Auftrales dansl'Ifle Sainte Heleinc, avoir trouvé par la comparaifon d'un grand nombre d'Obfcrvations des Pilotes que le Cap de Bcnnc-Efperance étoit 7 ou 8 dégrés plus occidental qu'il n'eft marque dans les Cartes ordinaires : lorfqlie cet Aftronome vint à l'Obfcrvatoire, il vit avec plaifir cette correction déjà faite fur le Planifphére dont nous parlons. i. Siam, Capitale du Royaume de même nom ,avoic été placé dans ce Planifphére plus occidental de 23. dé- grés que dans les Cartes Hydrographiques imprimées à Paris dans ce tems-là. Cette pofition û dift'érente futab- folument confirmée par l'Obfervatioa d'une Eclipfe de Lune faite à Siam & à Parisien Février de cette année i68z. DEsSciENCES, 357 SVR LES 0 BS ERFATIONS FAITES en Afrique ^ en Amérique. léSi. MEiïieurs Varin , Dcshayes , & De Glos s'écantéca- VoTex les bli à la Corée pecicc Ifle fore proche du Cap-Verd xom°"." ' y fireiic pluficurs Obfervacions fuffifanres pour établir la 447.' poficion de cette Ifle , &: celle du Cap-Verd. Par deux Emerfions du premier Satellite de Jupiter obfcrvées le 7 Avril & le 7 Mai à la Corée & à Paris, on trouva cette Ifle plus occidentale que Paris de i^, 17'. 40" ou de ipdégrés ij minutes. Le lieu delà Corée où l'Obfervation avoit été faite éroit d'environ 5 minutes de degré plus oriental que l'extrémité occidentale du Cap-Verd, d'où il fuit que la différence en Longitude entre le Cap-Verd & Paris eft de i^. 18' o", où de 19 dégrés 50 minutes. Elleeft moyenne entre les différences établies par Ptolomée &c le P. Riccioli. Mais Blaew l'a- voic déterminée prefque de la même quantité, c'ell-à- dire, à 45 minutes près, dans fon grand Clobe terreftre, La Latitude de Corée déduite d'un grand nombre d'Obfervations des hauteurs méridiennes du Soleil &c des Etoiles fixes fut trouvée de 14° 39' 51", la même préci- fément que dans le grand Clobe de Blaew , mais fore différente de ce que les autres Ccographes avoienc don- né jufqu'alors. L'extrémité occidentale du Cap-Verd étant de 3 mi- nutes plus feptentrionale que le lieu de la Corée où l'on obfervoit, la Latitude du Cap-Verd réfulte d'environ 14° 43'- Ces Meffieurs obferverent auffi à la Corée la longueur du Pendule à fécondes, qu'ils trouvèrent de 36 pouces 6 lignes & 5 de a lignes plus court qu'ils ne l'avoient Yyiij jj8 Histoire DE l'A cademie Royale î6îi. trouvé en France en (e fervantde la même méthode, ce qui confirme en général rObfcrvacion faite en Caycnne en 1671. par M. RicUer, que les Pendules à vibrations ifochrones doivent être accourcis en allant des Pôles vers l'Equateur; enforte que de rObfervatoire Royal à l'Equateur, c'eft-à-dire, pour un arc de 41^ 10' environ la différence de longueur du Pendule à fécondes, par exemple , doit être à très-peu près de deux lignes. Ils obferverent auffi au même lieu les vibrations du Baromètre , les hauteurs du Thermomètre, celles des Marées, & la variation de l'Aiman , qui eft fort in; confiante dans cette Ifle. Ils s'embarquèrent enfuite pour les Ifles Antilles , Se arrivèrent à la Guadaloupe le zi Septembre. Par une Immerfion du i Satellite de Jupiter comparée au Calcul pour Paris , corrigé par les Obfervations faites devant Se après, on trouva la différence de Longitude entre la Guadaloupe Se l'Obfcrvatoire Royal de 4I'. 18' 13", on 64° 33' :^, de 7 dégrés moindre que celle que le P, Ric- cioli avoir établie. La Latitude fut trouvée par pkificurs Obfervations de 14° o'. La Longueur du Pendule à fécondes de 3 6 pouces 6 lignes { à très-peu près la même qu'à la Corée. On obferva auffi la Déclinaifon de l'Aiguille aimantée, Meffieurs Deshayes & de Clos allèrent enfuite à la Martinique, dont la différence en Longitude, par rap- port à rObfervatoire Royal, fut trouvée de 4h. 1^' ^^" ^ ou de 63° 41' xj" par une Emerfion du premier Satel- lite de Jupiter. La Latitude fut trouvée de 14° 44' & la variation de l'Aimnn de 4 dégrés un quart, ou un peu moins, vers le Nord-Eft. DES Sciences. 359 1683. ANNE'E MDCLXXXIII. PHYSIQUE GENERALE. EXPERIENCE SVR LE KECVL des Armes à feu. SI deux Corps à reflbrt Ce choquent directement avec des vîteffes réciproques à leur poids , chacun de ces corps retournera en arrière avec fa première vîtefî'e. Cette propofition démontrée , M. Mariocte on conclue & prouva même par expérience , que dans le Recul des Armes à feu la vîtefTe de l'arme qui recule, & celle de la balle qui eft chaflce, font cntr'elles en raifon récipro- que des poids de l'Arme & de la balle. Si l'on a par exemple un petit Mortier chargé d'une balle dont le poids foit 10 fois moindre que celui du mor- tier , & qu'on le place horizontalement, enforteque rien n'empêche fon recul , M. Mariotte confidcroit que la poudre en s'enflammant devoit faire par le rciTortdela flamme le même effet fur le mortier & fur la balle que le reffort fait fur deux boules inégales, enforte que les vîteffes de ces deux corps en fe féparant fuffent en raifon réciproque de leur poids, & que la balle allât avec une 3(ÎO HiSTOIREDE l'AcADEMIeRoTALE 1^8;. vîceffe lo fois plus grande que celle avec laquelle le mortier reculeroir. M. Mariocte fafpendit un canon de piftolec par fcs cxcrémiccs à deux filets d'un pied de longueur , qui te- noicnt à un autre filet de 5 3 pieds de hauteur ; il fuf- pendit de même &c à même hauteur un petit Cilindre de fer , les filets de fulpenfion étant à un pied de diftance l'un de l'autre. Ayant chargé le canon d'un peu de pou- dre preflTée avec du papier , &c avec un petit morceau de bois fore léger ; il fit entrer le petit cilindre de fer dans le canon jufqu'à ce qu'il touchât le morceau de bois : les poids du canon &: de la charge entière, non compris la poudre, zo à 3. étoient entr'eux comme. Le tout étant dans une fituation horizontale , on mit le feu à la poudre ; le canon recula à 8 pieds , & le cilindre de fer s'éleva à une circonférence de cercle d'environ 4^ pieds. En multipliant 10 par 8. &: divifant le produit par 3 , on voit que fuivant la régie le cilindre auroit dû s'élever à j-j pieds; la différence eft de 8 pieds, qu'on attribua à la réfiftane de l'air , avec d'autant plus de rai- fon, qu'ayant éloigné le même cilindre fufpendu com- me auparavant à 20 pieds de diftance de fon point de repos, & l'ayanc lailfé aller, il ne remonta que de 16 pieds au-delà de ce point , au-lieu que le canon ayant été élevé de même alla jufqu'à 19 pieds. M. Mariette répéta pluficurs fois la même expérience avec différentes charges, &:il trouva toujours à fort peu près la proportion réciproque des poids &:dcs vîteffes. Il fit aufïi d'autres expériences , aulieu de plomb il chargea un piftolet d'eau ; &c ayant mis le feu à la pou- dre , toute l'eau fut reçue fur une feuille de papier de j pieds de largeur, pofée à 8 pieds de diftance ; à 10 pieds il n'y eut que quelques gouttes d'eau qui atteignirent le papier. Et enfin à 12. pieds, l'eau fut tellement raréfiée, qu'elle tomba toute en une efpéce de vapeur ; ce qui fait voir DES Sciences. 3(Si voir que les Jets-d'eau, même par cette raifon ne doivent Ï683. pas monter à la hauteur du Refervoir. DIVERSES 0 B S ERVATIO NS de phj/tque générale. 1. X ifOnfieur Mariette fit avec M. Hombergplu- J[ y _| lîeurs Expériences pour trouver le rapport du poids de l'air à celui de l'eau ; il fe fervit de la ma- chine du vuide de M. Balancé, & il trouva le poids de l'eau à celui de l'air comme 630. à r, 2. Le même M. Mariotte fit auffi à l'Obfervatoire des Expériences fur le Baromètre ordinaire à Mercure, comparé au Baromètre à eau. Dans l'un le Mercure s'é- leva à z8 pouces, & dans l'autre l'eau fut à 31. pieds 5-. ce qui donne le rapport du Mercure à l'eau de 13 iàr. 3. M. Blondel a rapporté la manière dont on fe fert en quelques lieux d'Allemagne pour hauffcr les Marais. Elle confifte à les inonder en y faifant couler de l'eau d'une Rivière voifine dans les tems où cette Rivière eft fort haute, &: que fes eaux font trou'olées. Quand cnfuite la Rivière eft bailTce , 5^: que l'eau du Marais eft éclair- cie, on ouvre leséclufes, &: l'eau qui couvroit le marais retourne dans fcn véritable lit. Le marais demeure ainfi fobmcrgé pendant quelque tems, &c le limon charrié par les eaux y demeure & haufle le fol. 4. M. Dodart a dit que dans le Rilban de Calais , qui eft un ouvrage fait de main d'homme, on creufc des puits dont l'eau eft douce , & haufle avec la Mer. On crut que cette eau perdoit fa faleure en fe filtrant au travers du fable. M. Blondel ajouta à cette occafion , qu'au mi- lieu du Port de Marfeille il y a un rocher dont il fort de l'eau fort douce. ////. de rJc. rom'e I. Z z 3^1 Hl s TOIRE DE L'AcADEM lE RO Y ALE l68?. 5- M. le Com:eMarfigli de Bologne apporta à la Com- paCTiùc des Pierres de Bologne calcinées , & non calci- nées. En ayant expofée quelque tems à l'air une de celles qui étoient calcinées , & l'ayant enfuite portée dans un lieu oblcur , elle parut lumineufc. Il donna aulTi la ma- nière de les calciner. Onleslaifle dans l'eau pendant 24 heures, 6c on les met enfuite dans un fourneau à vent, à nud fur les grilles , & du charbon pardefTus; il faut en- tretenir le feu pendant 7 ou 8 heures, on ôte enfuite la crade qui eft fur ces pierres, & on en trouve quelques- unes de lumineufes. 6. M. Blondel qui avoir beaucoup voyagé , a dit que les Serpens qui ne font point vénéneux dans les autres Ifles, deviennent vénéneux dans la Martinique, &c que ceux de cette Ifle tranfportés ailleurs perdent leur venin. On croit encore que ceux que l'on tranfporte dans l'Ifle de Malthe y perdent aufli leur venin. 7. A l'occafion du tremblement de terre arrivé à Rc- mircmont. dont M. Perrault lut cette année une Rela- tion circonftanciée qu'il avoir reçue de deflus les lieux: M. Blondel dit qu'il avoit vu dans les Alpes & dans les Pirenées plufieurs Montagnes qui ayant été jointes aupa- ravant encr'elles , s'étoient enfuite féparées les unes des autres ; il en tiroir la preuve de ce que deux de ces mon- tagnes , qui n'en étoient autrefois qu'une , avoient récipro- quement des parties faillantes dans l'une qui répondoient à des enfoncemensfemblablesdansl'aurre. Onavûeni6i7 une Ville nommée Chavelle dans la Valtcline enfevelie fous deux montagnes, au pied dcfquelles elle étoitfituée, qui fc déracinèrent &: fe joignirent mutuellemenr. 8. M. Blondel a fait encore d'autres remarques d'Hif- toire naturelle, par exemple, qu'il avoit trouvé plufieurs pierres fort dures entre Fontainebleau & Nemours toutes percées à jour. Il y a apparence que les pluycs ontainfi criblées ces pierres dans le tems même qu'elles fc for- DESSCIENCES. 3(^3 moient. Qii'à Toulon on trouve des pierres qui étant 1683. cafiees, font pleines d'Huitrcs fort bonnes à manger. Qu'entre la Rochelle & Rochcfort il y avoir un Village que la Mer a emporté , Se que la gbifequi cftfur le bord où la Mer vient quand elle eft haute, s'cft pétrifiée en rocher , fur lequel on voit encore des veftiges de pieds d'Hommes & de Chevaux. A N A T O M I E. IL eft fouvent très-difficile de reconnoître dans les ouvrages des Anciens, les Animaux qu'ils ont décrit : la plupart apparemment ont fait ces defcripcions furdes flmples rapports, Se fans avoir vu par eux-mêmes & exa-» miné les Sujets. L'Ibis blanc eft un Oyfeau fingulier d'Egypte, duquel un grand nombre d'Auteurs anciens ont parlé, mais avec des circonftances qui ne fe font point rencontrées dans celui qui fut diftequé à l'Académie. Malgré ce que dit Elien, que l'Ibis étant tranfporté hors d'Egypre, fe laiffe mourir de faim , celui ci avoir vécu plufieurs mois à la Ménagerie de Verfailles. L Ibis a beaucoup de rap- port à la Cigogne, mais il eft pourtant aifé dediftingucr ces Oy féaux l'un de l'autre ,• le bec par exemple , eft cour- bé Se arrondi a. l'Ibis , &: ne fe termine pas en pointe ; à la Cigogne il eft droit, à pans Se fe termine en pointe. L'Ibis a le col par tout d'une égale grofleur, la Cigo- gne l'a beaucoup plus gros vers le bas que vers le haut , Se vers le bas il y a une toutf .: de longues plumes qui ne font point à l'Ibis. Les pieds de l'Ibis font beaucoup plus grands que ceux de la Cigogne , Sec. L'un Se l'autre de ces Oyfeaux tuent Se mangent tes Serpens i l'Ibis apparemment les coupe par le tranchant Zzij " 3^4 Histoire de l'Académie Royale. 1683. ^^ fon bec, & la Cigogne les pique par la pointe du ficn. Les Egyptiens avoient mis l'Ibis au nombre des Ani- maux qu'ils adoroicnt, parce que cet Oyfeau alloit au devant des Serpens aîlés qui venoient en certains tems d'Arabie en Egypte, &: les tuoicnt au partage: & fi l'on en croit Hérodote, qui dit l'avoir vu , il y avoit en ce lieu de grands n>.onceaux des oflcmens de ces Serpens. L'Obicrvation de l'Académie confirma ce que Ciceron a dit de llbis au premier Livre de la Nature des Dieux , que cet Animal ne font point mauvais, long-tems même après fa mort, car la chair de notre Ibis avoit encore une odeur agréable plus de i j jours après fa mort. Ne pour- roit on pas attribuer cette dilpofition à ne fc pointcor- rompre , qui eftdans la chair de l'Ibis , à la bonté des mets dont cet Oyfeau fe nourrit : on fçait que la chair «des Serpens eft très falutaire. L'Ibis n'a point de jabot comme les autres Oyfeaux qui fe nourriflcnt de grain.- le ventricule croit cependant un peu plus folide qu'à ceux qui vivent de chair, &c fa membrane interne avoit les replis &: la dureté des gcfiers ordinaires. La Cigogne avoit aufli un gefier, quoiqu'ella ne fe nourrirteque de chair. On fît une injedion dans la veine méfentérirque de l'une des Cigognes , 8c la liqueur parta dans la cavité des in- teftins, & de même, ayant rempli de lait une portion de l'inteftin, & l'ayant lié par les deux bouts , la liqueur étant comprimée part'a dans la veine méfcnvérique. Peut- être cette voyeeft-elle commune atout le genre des Oy- feaux : comme on ne leur a point encore trouvé de vei- nes Ijftées, on peut foupçonner avec raifon que c'eft- Jà la route du chyle pour pafier des intcftinsdans lemé- fenrére. On apporta à l'Académie la dépouille d'un grand Lézard écaillé, qu'on dit venir des Indes, le même à peu près que Cluûus a décrit. Quoiqu'on n'eût de cet DES Sciences. ^6^ Animal que la dépouille, on crut néanmoins devoir en 1^83. faire la Defcription. Il avoic 5 pieds 10 pouces depuis le bouc du mufeau jufqu'à celui de la queue qui avoic 16 pouces de long. Elle fe terminoit en pointe, ce qui eft le vrai caradere des Lézards. Tout le corps étoit cou- vert d'écaillés , hormis le vencre, le deflbus du col , le deflous de la mâchoire , & le dedans des jambes. Ces écailles écoienc dures &c faites en forme de coquilles de S. Michel, elles écoienc pofées les unes fur les autres à la manière des cuilles , &c elles étoient fermement atta- chées à la peau, tant par le bord le plus large de la co- quille , que par une efpece de feuillure qui écoit en- dcflbus. Les pieds de devant avoient 4 pouces de long jufqu'au commencement des ongles, qui avoient deux pouces de long; ceux de derrière avoient la même longueur , mais les ongles n'avoient que neuf lignes. DIVERSES OBSERVATIONS AncLtomiques. l. MOnfieur Du Verney fît voir dans la difTedion d'un homme plufieurs particularités dont quelqu'unes n'avoient pas encore été obfcrvées. I. Qiie la Dure-mere a des veines qui font collées étroitement avec les artères, & dont quelques branches s'ouvrent dans le fmus longitudinal ,■ c'eft pourquoi l'air fbufflé par la jugulaire interne paffe jufque dans le fi- nus, à caufe que cette veine de la jugulaire s'y dé- charge. z. Un finus particulier qui eft à la bafe du crâne, & qui vient fe décharger à l'extrcraité du finus longi- tudinal. Zz iij }66 Histoire DE l'Académie Royale l6Si 5- Q^"^ ^^^ parties du cerveau , qu'on nomme les piliers latéraux de la voûte , ne font pas diftin- o-uécs des replis que forme la partie poftcrieure du cerveau. 4. Quels font les conduits par où paffent les feroficés qui fe filtrent , tant dans le ventricule de la moelle al- longée , que dans ceux du cerveau. Il fit voir aulli qu'il n'y a point de glande pineale dans les Chiens , & que la glande pituitaire a unefitua- tion diftércnte dans rhommc &: dans les Animaux; dans l'homme elle eft toujours cachée fous la dure-mcre , dans les Chiens , & dans quelqu'autres Animaux , elle eft immédiatement au-deflus. II. Qiielque tems après il fie voir l'organe de l'odorat, dont il lut un Traité entier ,■ on remarqua les petits nerfs qui viennent du nerf olfadif , &: qui fe durciiïenc comme les autres quand ils ont palTé par l'os cribrcux , les trois lames , dont il y cri a une féparéc des autres , &: enfin les finus qui fonr dans l'os frontal , & dans l'os de la mâchoire, &; qui fonr pleins de mucofité qui fe dé- charge dans la cavité du nez. III. Il fit voir aufli dans le cerveau d'un homme, que les nerfs olfaftifs ne font pas comme dans les Animaux, qu'ils font beaucoup plus petits , qu'ils ne font pas con- tinués avec le ventricule du cerveau comme dans les bc- tcs, qu'ils envoyent pluficurs filets à travers l'os cribreux dans les narines ,• enfin il prétendit qu'ils ne font pas creux comme dans les bêtes. DESSCIENCES. 3^7 IV. M. Dodart fit Ton rapport d'un cnfart macrocephale qui avoir une tête extraordinairemrnt grofTc, & le corps fort menu. 11 n'y avoir que des cartilages au lieu de crâne; la capacité du crâne étoit d'un pied de diamètre rem- plie d'eau très-claire au lieu de cerveau, avec une ex- croiflanccdechair derrière la tête, il n'y avoit point de fu- tures,maislescartilagesétoicncdilatcsàlaplaccdesfutures. V. M. Du Verney avoit ouvert une femme qui avoit été trois mois malade fins fièvre ; elle ctoit paralytique des deux côtés. Les parties de la poitrine & du bas ventre étoient fort faines , les ventricules du cerveau étoient pleins de trois demi-fepticrs d'eau. Cette femme ètoit dans un afloupiflement continuel. M. Du Verney lut cette année à la Compagnie un Traité del'Hydropifie, avec une Préface pour fon Traité de i'Ors;anede FOuve. 1685. ' &" CHIMIE. EXAMEN DES EAVX DE VERSAILLES. L'Académie ayant reçu un ordre deM, Colbert le 1 1 AoûtifiSi.detravailler à l'examen desEaux des four- ces de Verfailles, afin de reconnoître qu'elles étoient les meilleures à boire & les plus falubres. On comm.ençapar celles que M. Le Marquis de Blainville avoit envoyées dans des bouteilles. Mais on ne crut pas devoir s'arrèccr aux obfervations qu'on en fit, à caufe que ces eaux ayant été puifécs dans le tems qu'on travailloicaux Acqueducs, 5^8 Histoire de l'Académie Royale 1683. elles étoient un peu troubles; & d'ailleurs les bouteilles où elles avoicnt écé mifes, avoientfervi à mettre du vin. M. Bourdclin en fut prendre lui-même dans les four- ces , il en apporta de dix fortes au Laboratoire ; c'étoic ies eaux de S. Cyr, de Maltourte, du Chcfnay , de Ro- quencour , des Crapaux , de S. Pierre, de S. Antoine, de la porte du Parc de Bailly , de Trianon , &c de Ville d'Avray. On ne trouva dans ces eaux aucune différence fcnfible pour la limpidité, le goût &C l'odeur; par rapport au poids, celles d'Avray &: des Crapaux furent trouvées les plus légères. A l'égard de la ténuité &: de la fubtilité des parties, on l'examina par trois moyens. Le Thermomètre ,1a dif- folution du favon , & la codion des légumes. On jugea que l'épreuve par le Thermomètre étoit plus exacte Se plus précife qu'aucune autre. On attacha fur une même planche deux Thermomè- tres , & les ayant expofés à l'air froid , &c enfuice plongé dans l'eau chaude , on marqua fur chacun le degré où la liqueur avoir été dans chaque expérience , on divifa enfui- te l'intervalle en parties égales. Ayant ainfi préparé les Thermomètres, oh mit dans deux vaiffeaux de verre d'égale grandeur, &dc pareille groffeur , une égale quantirc de deux eaux diftcrentes , l'une de fontaine, & l'autre de puits, &c ces vaiffeaux étant plongés dans un autre plus grand plein d'eau chaude, on plongea les Thermomètres dans les petits vaifTeaux qui contenoient l'eau qu'on vouloit examiner. Les dif- férens dégrés où montoit la liqueur dans les deux Ther-. mometres faifoicnt connoître le plus ou le moins de fubti- lité de chaque cau; on examina de cette manière toutes les eaux dont nous avons parlé, & on les compara avec l'eau de puits, d'où l'on conclut que l'eau de fontaine étoit plus fubtile que l'eau de puits , mais dans des rapports dif- férens. L'eau 1 DESSCIENCES. ^é^ L'eau de puits ayant fait monter la liqueur duTher- i6g;. momctrcàyj. dégrés, celle de la fontaine de Ville d'A- vr.iy la fit monter de ly au-dcfTiis, celle de S. Cyr de 2.0. celles des Crapaux de 21, celle de Bailly de 16. celle de Maltourtc de ly. celle de Roquencour de 14. celle de S. Pierre de 9. celle de S. Antoine de 8. celle de Tria- non de 7. &: celle du Chcfnay de y. On voulut cnfuite juger de la ténuité de ces mêmes eaux par la facilité qu'elles auroient à diflToudre le fa- von. Cette diflolution fut plus parfaite par l'eau des Crapaux, de Bailly, de Maltourtc, de S. A.ntoine , &: du Chefnay, les autres diflblvoient moins parfaite- ment. La cuiflon des légumes ne fit voir aucune différence dans ces eaux. A l'égard des -réfidences dont les unes étoient fai- tes par évaporation jufqu'à fécherefiTc , &c les autres étant réduites de deux livres d'eau à une once , on trouva û peu de chofe qu'on ne put en porter aucun ju- gement. On conclut de ces expériences & de plufieurs autres que l'on fit encore fur le même fujet, que les eaux de Ver- failles égaloient en bonté celles que l'on cftime les meil- leures , telles que font les eaux de la Seine , & celle de Rungis ; &c qu'il ne reftoit plus pour avoir une entière certitude de leur qualité, qu'à fçavoir ce qu'on peut en avoir appris par le long ufage des habitans, ce qui eft fans doute la régie la plus furc pour juger de la bonté des eaux. ////?. de PAc. Tom. I. A a a 37 o Histoire de l'A cademie Royale 1683. EXAMEN DES CONCRETIONS, ^c. de l Aqueduc de Koqucncour. MOnfieur Perrault & M. Bourdclin , qui avoient été villcer l'Aqueduc de Koqucncour, à l'occafionde l'examen des eaux de Verfaillcs , avoient rapporté, Qu'il y a environ 900. toifcs où l'eau coule fur des planches entre des chevrons arrêtés de demi toife en demi toife par des étrefillons fur lefquels il y a d'autres planches oii l'on marche , que les parties de tout ce bois qui font hors de l'eau fc pourrilTent, que l'eau coule fort lente- ment, tant à caufe du peu de pente qu'elle a, que parce que fon cours eft encore arrêté par les étrefillons : que des murs, il fort des champignons à longue queue , la plupart noircis par la pourriture, dont il peut dilliller quelque chofe dans l'eau : que de la voucc il pend en quelques endroits une grande quantité de concrétions fpongieufes en forme demouflfes blanches , fibreufes , qui font des champignons imparfaits qui ont une grande fa- cilité à fe réfoudre en eau pour peu qu'on y touche ; que la liqueur qui diftillc de ces concrétions eft tellement cauftique, que ce qui eft tombé fur les habits les a per- cés & déteints comme fcroit de l'cau-forte, & acftacé l'écriture fur du papier : que dans quclqu'uns des endroits où l'eau croupit entre les étrefillons qui traverfent le conduit, il nage fur l'eau une croûte pierreufe & gravc- leufc : qu'en d'autres il s'y trouve des moufles glaircufes engendrées de la pourriture du bois ; que de 20 en 20 toifes il y a des puits qui vont de la voûte de l'Aqueduc jufqu'au haut de la montagne , &c que les ordures qui s'engendrent en grande quantité dans la longueur des murs de ces puits, tombent dans le conduit de l'eau. DESSCIENCES. 371 Toutes ces circonftances & quelques examens chimi- i5Sj. qucs que Ton fit de cette eau & des matières différentes dont on vient de parler , firent juger que l'eau qui coule dans cet Aqueduc, quoique bonne de fa nature, n'étoic pas propre à boire, & contradoit de niauvaifcs qualités par le mélange des matières étrangères qui fe trouvoienc dans l'Aqueduc. EXPERIENCE CHIMI ^V E. MOnfieur Bourdelin a fait voir de la limaille d'a- cier augmentée de près d'une moitié de Ton poids ayani. été mouillée fouvent , &c enfuite dcflechée. ij onces de cette limaille ayant été humedces pendant 40 jours , après 14 imbibitions, la limaille n'a plus aug- menté. Il sert: fait une chaleur la première fois quidura 18 heures; Se 54 heures après la première imbibition , le poids de la limaille étoit augmenté de 1 onces , &c de 6 onces 7 gros après la dernière imbibition , &: 6 jours de deffechcmcnt. De 18 onces que M. Bourdelin eu diftilla , il en tira 4 portions de z onces 4 gros ; la pre- mière a louchi la folutiondu fublimé , mais elle n'a point noirci la noix de galle, la féconde plus forte a préci- pité le fublimé, & la troifiéme encore davantage. La 4*^ a fait un grand bouillonnement avec l'efprit de fel, M. Du Closcroyoit que l'eau avoit dégagé le fel volatil du fer. Ce qui rcftoit dans la cornue pcfoit i ^ onces &: demie, ainfi la matière n'a point diminué parladiftil- lation. Quelque tems après M. Bourdelin réitéra la même ex- périence. Il prit de la limaille de fer qu'il abreuva d'eau plufieurs fois , &: l'ayant pouflee fortement , elle de- vint fort noire, au lieu que la première étoit rouge. Aaa ij 371 Histoire de l'A c a d e M i e Royale^ i6îz Durant i mois on l'a imbibée de 46 onces d'eau, & après l'avoir deffechcc elle pcfolc 23 onces au heu de 16 qu'elle pcrok d'abord. La matière s'cchautfoit dans le commencement durant 8 ou 10 heures. M. Bourdelm en tira z onces 6 gros & demi de liqueur impregncc de fel volatil. Les 10 onces & plus reliantes, pouffeesaun feu afles grand pour fondre la cornue n'ont rien donné davantage, &: la matière pefoit 4 onces plus qu'aupa- ravant. DIVERSES 0 B S EKVAT I 0 N S chimiques. MOnfîeur Joli Médecin de Vichi , ayant apporté à l'Affembléc plulicurs concrétions de terres &: de Icis qui fe forment aux voûtes des Bains de Vichi ; on a fait plufieurs effays pour connoître leur nature : on a remarqué en gênerai que ces fels font déterfifs 5c lixiviels. Le fel de la fontaine qu'on nomme \s petit Boula efl: plus lixiviel que celui ài\gr.ind Boidei S^às UCrille ,■ il eft de couleur brune, les autres font blans, & il y en a qui font tranfparents comme des Cryftaux. IL M. Borelli a propofé une manière de faire beaucoup d'efpritou iCai^^re de fouffre, par le moyen d'une cor- nue percée à côté par où entre la fumée du fouffre ,■ le col de la cornue entre dansunmuid à demi plein d'eau, & la fumée fc mêle avec l'eau : fi la fumée eft fort abon- dante, on peut mettre encore un long tuyau à l'autre DES Sciences. 373 fonds du muid, Se ajouter un fécond muid dans lequel 1^83. ce tuyau entre. III. M. Dodart lut un Ecrit de M. Piat, Avocat du Roi à Chartres , touchant une eau minérale de cette Ville , qu'il croit être ferrugincufe, parce qu'y mettant de la noix de galle, elle fc teint d'un violet noir comme fi on y mettoit de la coupcrofe. M. Piat croit que cette eau minérale eft l'eau de la rivière même, laquelle paflanc par les terres d'un petit pré qui eft en cet endroit, s'y char- ge de cette impreltion minérale , ce qu'il prouve par plu- sieurs expériences, IV. M. Bourdelin continua les Analyfcs avec MM. Du Clos &: Borcl , tant fur les Animaux , comme la Vipère , les Sanfucs , les Fourrais, &c. que iur les Plantes. Par rapporta celles-ci on examina principalement celles qui font le plus en ufage dans la Médecine. On trouva en gênerai que les Purgatifs donnoient beaucoup d'huile. Deux livres de Jalap donnèrent 3 onces 5 gros d'huile: • deux livres de bon Séné de Levant donnèrent 3 onces 7 gros d'huile, &c 4 gros de fel volatil. De 4 livres déra- cine de Bryone on tira z onces & demie d'huile , de fel volatil concret z gros &z demi. M. Bourdelin examina aufll le lait de Vache , de Chèvre &C d AnciTc. Les deux premiers donnèrent des liqueurs d'un goût Se d'une odeur affés agréables ; elles étoienc plus acides que fulphurées. De 4 livres un peu plus de lait de Vache , & d'une même quantité de lait de Chèvre , il eut 5 onces d'huile, Se un gros environ de fel fimple- Aaaiij 574 Histoire de l'Académie Royale l6S}. ment falin. Le lait d'Aneffe donna des liqueurs d'une odeur fade èc défagréable. VI. M. CalTinia fait voir une liqueur enfermée dans une petite bouteille de verre; ayant ôté 'le bouchon , l'eau fumoir continuellement; M. Borel a dit que cette eau croit faite avec d>u Sublimé, de l'Etain &: du Mercure broyés enfemble. BOTANIQUE. MOnfieur Marchant à continué Tes travaux de Bo- tanique ; il s'efl: appliqué , fuivant fa coutume , à dci-nrc les Plantes qui ne l'avoient point encore été , à faire venir plufieurs graines étrangères, &: à les cultiver, à fournir au Laboratoire les Plantes qui ne fe trouvent point aux environs de Paris. M. De La Hire après fon rerour de Provence a fait voir à la Compagnie l'enveloppe de la tigedu Palmier, qui avoit un tilTu de trois rangs de fibres entre-lafTccs fort au large , de le lieu de la Datte par où le germe fort , qui efl un petit trou fur le dos de la Datte. Il a aufli fait voir la fleur de la Cafiie , qui cfl: d'une odeur fort agréable. Il a fait encore remarquer que les Truffes font des excroiffances qui viennent aux racines des jeunes Charmes & des jeunes Chênes , & qui tien- nent aux racines par des filets. DksSciENCES. 37y MATHEMATIQUE GEOMETRIE- I. \ /^ Onficur De La Hire démontra iincpropo- ^y X '^t^'on de Gcomccrie élémentaire , qui cft qu'en tout triangle, li on divife la bafe en deux parties égales, 5c que de l'angle du fommcr on mené une ligne à ce point du milieu de Ja bafe , la fomme des deux au- tres côtés du triangle eft toujours plus grande que le double de cette ligne tirée dans le triangle. Cette pro- polîtion eft aifée à démontrer , en décrivant un cercle qui aie cette ligne intérieure du triangle pour rayon, &; en prolongeant les côtés du triangle jufqu'à la circon- férence du cercle. z. MM. les Fermiers Généraux ayant reçu d'un Par- ticulier un Tarif pour la jauge des VaifTeaux, conful- terent l'Académie fur la bonté de ce Tarif ,& fur l'exac- titude des calculs de l'Autheur. L'Académie après s'être fait reprefcnter les diverfes méthodes pratiquées tant en Hollande qu'ailleurs , pour jauger les Vaiflcaux de diffé- rentes claflfes, & des profils des différens VaifTeaux ,tant au grand mats, qu'au mats d'Avant, & a. celui d'Arti- mon ; elle jugea que les calculs de la jauge des Vaiffcaux étoient conformes aux régies de la callaifon des épaif- feurs du bois , &c des différens gabaris qui étoient pro- pofés, & fuivant lefquels le Tarif dont il étoit queftion avoit été conftruit; mais à l'égard des régies elles-mêmes l'Académie déclara qu'elle ne pouvoir pas en porter un jugement certain , à moins qu'elle n'eût une plus grande 168;. }j6 Histoire de l'Académie Royale 1685. connoiiTance du détail des mefures des Vaifl'eaux en queftion. M. Blondcl a lu un Traité d'Algèbre à la fuite d'un, autre Traité des Mathématiques en général : &: M. De La Hire a lu un Traité des Proportions. ASTRONOMIE. OBSERVATIONS FAITES SVR LA PLANETE de Saturne. EN l'année 1677 M. Cafiini avoitobfervé fur Saturne une bande parallèle à la ligne de fes anfes lorfque l'Anneau étoit prêt de fa plus grande ouverture , enforte qu'il débordoit du globe d'un tiers de fa largeur , alors cette bande traverfoit le difque de Saturne très-près du centre du côté du Septentrion. Elle paroiiïbit droite, &: par conféquent fi elle falfoit le tour du globe de Saturne , fon pôle ne devoir pas être fort éloigné du bord du difque de Saturne ; 5i par-là devoir différer beaucoup du pôle de l'anneau, qui étoic alors élevé de plus de 30. degré fur le même bord. Le 1 Mars de cette année M. Cafllni vit avec une excellente Lunete de 40 pieds, delà £içon de M. Bo- rel , la même bande obfcure fur le difque de Saturne, mais dans une lituation différente. Elle étoit fort éloi- gnée du centre, &: fe tcrminoit de part & d'autre vis- à-vis la partie méridionale de l'anneau qui pafloitalors derrière le globe de Saturne, la fcptcntrionale étant éle- vée fur le difque. M. Facio de Duilliers , qui étoit prefcnt à cette ob- fervatiou DES Sciences. 377 fervation de M. Calîîni , deflina exaftcmcnt cette appa- kjSj. rence , &: crut pouvoir rcconnoître par -là fi Saturne tourne fur fon centre, en fuppofant que ce mouveraenc de rotation fe fit fur un axe perpendiculaire au plan de l'anneau, comme il fcmbic devoir fc faire. Car la bande de Saturne ayant un axe fort différent de celui de l'an- neau, elle devoir dans la révolution de Saturne fur fon axe avoir diverfcs ficuations fur le difque, 5c diverfes inclinaifons à la ligne des anfcs. Dans cette idée on retourna à l'Obfcrvation 4 heures après , &c on n'appcrçut aucun changement dans la li- tuation de la bande ; il s'enfuivoit donc , ou que Saturne n'avoir pas tourné fenfiblement pendant cet intervalle, ou que s'il a un mouvement fur fon centre, il fe fait fur les pôles de cette bande , fort éloignés de ceux de l'an- neau. M. CaQini obferva même une chofe qui lui perfua- doit cette révolution de Saturne fur cet axe particulier , c'eft que dans la féconde obfervation on voyoit l'inter- valle entre la bande obfcure &: l'anneau, comme une bande fore claire Se blanche , qui n'avoit point paru au- paravant. Les nuages empêchèrent d'examiner ces apparences à d'autres intervalles de tems le même jour ; mais le len- demain , 14 heures après la première obfervation, on apperçut la bande obfcure dans la même fituation, &: la bande claire vCië le jour précédent dans la féconde obfer- vation ne paroiffbit plus ; mais aulicu d'elle on en remar- qua une autre claire au-delà de l'obfcure vers le bord du difque , que l'on n'avoit point vue auparavant. De là M..Ca(rmiconjcâ:ura que ces bandes claires ne font pas le tour entier de Saturne , mais qu'elle font in- terrompues comme on l'obferve dans quelqu'uncs de cel- les de Jupiter, &c que Saturne dans fa révolution fur lui-même nous prefente fucceflivcment les différentes //■//. de l'Jc. Tome I. B bb jyS Histoire de l'Académie Royale 1^8?. bandes claires & ohfcures de fa furface. Peut-être même ces apparences ne font-elles pas per» manentes ; car on ne les avoit point encore apperçùês ; quoiqu'on eut obfervé Saturne fort exadement , & avec la même Lunete, comme il arrive aulTi à quelqu'unes qu'on a obfervées fur la furface de Jupiter. Cependant fi Saturne tourne fur fon centre, il cft dif- ficile de fc perfuader que ce foit fur un autre axe que celui qui elt perpendiculaire au plan de l'anneau ; car autrement, pour peu que l'axe de ce mouvement fut incliné à celui de l'anneau, l'anneau dcvroit paroitre pendant une révolution fous des largeurs bien différen- ces, 6c prefcntcr tantôt un moitié inférieure au centre du difque de Saturne , Sc tantôt une qui lui feroit fupe- rieure; Se dans les cas moyens il paroîtroit traverfer le difque en paiïant par le centre même, ce qui ne s'accorde point aux obfervations , à moins que l'anneau ne fut immobile, & que ce mouvement de rotation ne regar- dât que le globe feul de Saturne. Ce qui abfolumcnc n'cfl: pas impoflible, fur-tout dans l'hypothcfe de M. Huyghens, qui £iit l'anneau circulaire, & tout-à-faic ifolé du globe de Saturne, Se qui eft conforme aux Ob- fervations. SVKVN NOVV EAV PHENOMENE ou fur une Lumière Celé fie. LE Ciel fembloit répondre lui-même aux recher- ches & à la fagacité des Aftronomes , & concourir avec la Terre à produire de ces nouveautés éclatantes qui ne fervent pas moins à illuftrer un fiécle qu'à donner à quelque Sçavant une occafion de fe diftinguer .• une Etoile qui parut de nouveau du tcnis d'Hipparquc, lui DES Sciences, 375) fit naître l'idée de dreiïer un Catalogue d'Etoiles fixes, 1683. projet aufTi grand peut-être , pour qui y réfléchira bien , que celui d'un Monarque qui voudroit ranger le monde entier fous fes loix -, une femblableoccafion fit éclorrc , pour ainfi dire, le fameux Tycho Brahé dans le monde fçavanr. Notre fiécle , fi fécond d'ailleurs en merveilles de toute efpéce, n'aura rien à envier aux autres en ce genre de merveilles celeftes, qui peut-être ne nous pa- roiflent rares que parce qu'il ne s'eft pas toujours trouvé des Hipparques &: des Tychos. Le 18 Mars au foir M. Caflini apperçut pour la pre- mière fois dans le Ciel une Lumière femblable à peu près à la Voye de lait, mais plus claire Se plus éclatante dans fon milieu, &: plus foible vers fes bords; elle s'étendoic depuis l'horizon occidental, jufqu'à pluficurs dégrés au- defTus , & fe terminoit en pointe, &;infenfiblementvers la tête du Taureau; on ne commençoir de la voir que 3 dégrés au-defTus de l'horizon à caufe des vapeurs qui s'étendoient à cette hauteur; la partie claire de cette lu- mière avoir en cet endroit 8 ou 9 degrés de largeur, à la feule cifconftance près delà largeur, qui étoit beau- coup plus grande qu'il n'auroit fallu , cette lumière ref- fcmbloit d'ailleurs à la queue d'une Comète, tant par fa tranfparence , que par fa couleur, & par fa direction à l'égard du Soleil. Dès la première obfervation M. CafTmi découvrir qu'outre le mouvement commun du premier mobile au- quel cette lumière participoitj elle avoir un peu de mou- vement vers le Septentrion. Les Obfcrvations qu'il continua de faire confirmèrent ce mouvement, mais elles lui apprirent de plus que cette lumière s'avançoit aufli vers l'Orient, ce qui fut con- firmé depuis avec une entière évidence par les obferva- tion de (on cours dans les autres figncs du Zodiaque , fur lequel elle étoit toujours étendue, &c de fon retour au Bbbij 380 HisToiREDE l'Académie Royale 1^83. même lieu &c au même jour de l'année. Voilà donc dès-là un Phénoménecofmique& qui doit avoir des caufes réglées & toujours les mêmes; mais par cette raifoniladùêtre apperçùdanslesliécles paflcs. M. CalTini qui sécoit rendu propre tout ce qu'il y ad' Agro- nomique dans les Mémoires de ces tcms reculés , fit voir quelque chofe de femblable obfervé il y a plus de deux mille ans par Anaxagore, &c rapporté par Senequc en fes Qucftions naturelles, où il fait aufli mention d'un autre Phénomène qui y a quelque rapport obfervé par Callifthénes vers le temsquelcs Villes de l'Acliaïe, Hé- lice & Bure, furent abimées dans la Mer par un trem- blement de Terre, c'cll: à-dire environ 271 ans avant J. C. M. Calîlni remarqua aufli que M. Childrcy en avoit parlé dans un Avertiilcment qu'il donne aux Mathéma- ticiens à la fia de fon Hiftoire naturelle d'Angleterre écrite en 16^5). où il dit qu'il l'avoit obfervé pendant plu- fieurs années de fuite. Enfin M. Caflini la compara à un autre Phénomène qu'il avoit lui-même obfervé en 1^68 à Bologne , & qui l'avoit été auffi en Pcrfe fuivant le rap- port de M. Chardin. Mais d'un autre côté il y avoit des différences affés grandes entre ces Phénomènes & le nôtre , pour qu'on pût raifonnablemcnt douter qu'ils fuffcnt les mêmes ; il n'y agueres que celui que M. Childrcy dit avoir obfer- vé qui puifTe paffer pour le même, &; c'eft ce que M. Caffini remarque auffi à la fin du Traité qu'il a com- pofé de cette Lumière après onze années d'obfervations qu'il en avoit faites. A l'égard de la caufe de cette Lumière, nous laiffons entièrement à l'expliquer à l'Ouvrage de M. Caffini. Nous nous contenterons de remarquer d'après lui, que ce Phénomène cft caufé en gènéraj par une matière répandue autour du Soleil jufqu'à une certaine diftance. DES Sciences. 581 plus épain"e à proportion qu'elle en efl: moins éloignée, i6î}> te capable de rcflcchir vers nos yeux les rayons do cet Aftre lorfqu'ils n'y viennent pas dircdement. Des les premières obfcrvations M. Cafllni ne fit aucune diffi- culté d'avancer, conformément à fon hipothéfe , queii on pouvoir voir cette Lumière en prclénce du Soleil, elle lui formeroit une efpéce de chevelure , prediélion hardie , mais d'autant plus belle , qu'elle a eu fon ac- compUifement dans les Eclipfes totales du Soleil qu'on a obiervées depuis. DIVERS ES 0 B S EKVAT 10 N S Aftronomiques, I. MOnfieur Roëmer envoya de Coppenhague à l'Aca- démie l'obfervarion qu'il avoir faite de l'Eclipfe de Soleil du 27 Janvier qu'on n'avoir pas pu obfcrver à Paris à caufe des nuages. Elle commença à Coppenhague à 3''. 5 4' 2.0": à 3'\ ^8' 30" la corde de la partie du limbe écli- pfée étoit égale au tiers du diamètre du Soleil , ou de 4 doigts. Quelque tems après le Soleil fut caché, par les nuages. II. M. De La Hire a déterminé exafiement la Conjonc- tion des deux Plancttes de Jupiter ôide Saturne arrivée le 8 Février, par plufieurs moyens différens, qui fe font tous trouvés d'accord : il a trouvé que cette Conjonétion eft arrivée 8 jours plûtard que les Ephemerides ne l'a- voient marquée, ce qui fervira pour la correébion du mouvement de ces Planettes. L'Obfervation que M. Caf- Bbbiij 381 Histoire DE l'Académie Royale 1^85. fi'ii en avoit faite, fc trouva conforme à celle de M, DeLaHire. M. Roëmer quiravoicauiriobfervée à Cop- pcnhaguc l'avoit trouvée de même au 8 Février à ijh. avec une différence en latitude de 11' 30". Le lieu des deux Planètes au moment de la conjonction étant au 16° 49' 40" du Lion. IIL M. DeLa Hireobferva cette année avec un très-grand foin la hauteur méridienne de Sirius à toutes les heures de la nuit &c du jour , &: même à midi lors de fa conjondion avec le Soleil : il n'y a trouvé d'autre différence que celle qui doit être caufée par le changement de décli- naifon de cette Etoile. C'cft - là la meilleure méthode pour s'affurer fi la Rcfradion eft la même la nuit que le jour, car la différence , s'il y en avoit une, feroic trcs-fcnfiblc , à la hauteur de Sirius, qui eft de 24 dégrés &: ji ou 53 minutes, oii la réfradion eft certainement de plus de z minutes. Par- là il eft clair que Tycho n'a pas eu raifon de fuppofer des Tables de Refradions diffé. rentes pour le Soleil &: pour les Etoiles, M. De LaHirefitlcs mêmes obfervations fur la Lui- ' fante de la Lyre, &c ce fut fur les obfervations de ces deux Etoiles qu'il fonda la Théorie &: les Tables du Soleil, &: la pofition 8c le mouvement des fixes qu'il pu- blia quelques années après. IV. M. Sedileau a fait voir une Table pour trouver la hauteur de l'Etoile Polaire fur l'horizon de Paris dans tous les cercles horaires de ly en i y minutes ,& l'angle du vertical de cette Etoile avec le Méridien pour les mêmes momens, 8c enfin l'heure du pafTage de l'Etoile par le méridien pendant toute l'année. DESSciENCES. 383 Il a fait une Table femblable pour toutes les hauteurs 162', de Polc qui fera très-utile pour la Navigation. On travailla fortement cette année à la prolongation de la Méridienne du Royaume ordonnée par le Roi , tant pour avoir une mefure exaûc de la circonférence de la Terre , que pour une Carte juIle de toute la France. M. Caffini alla du côté du Midi accompagné de MM. Sedileau, Chazelles, Varin, Deshayes & Pernin. M. De La Hire alla du côté du Septentrion accom- pagné de MM. Pothenot & le Févre. Nous nous dirpcnfcrons de rien rapporter àes Ob- fervations qui furent faites dans ces Voyages ; l'Ouvrage entier de la Méridienne ayant été depuis donné au Public. M. Caffini lut cette année plufieurs morceaux d'Aftro- nomie, une méthode de trouver la Parallaxe des Pla- nettes par leur comparaifon avec les Etoiles fixes qu'elles rencontrent dans leurs cours ; une Théorie des Etoiles fixes par l'Etoile Polaire, une Théorie complette de Ve- nus , diverfes Additions & Correélions au Calendrier. M. Blondel fit auffi la ledure de Ton Difcours des mouvemens celeilcs pour mettre à la tête de fon Ou- vrage de la Sphère 5c de la Théorie des Planettes, ?^'^'^'^4"4~^'^'^4"^'^4'"'f"'!'"^ "^ •^J•■:jl~!jl••^■^.^^J■^J••^•l^•^■^•!j^••l{^■^J••^;5^■^.^^ MECHANIQUE. I. ^'^ N s'appliqua beaucoup auffi à laMéchanique. \^ M- Mariette communiqua plufieurs expérien- ces qu u avoir faites à l'Obfervatoirc fur la defccntedes Corps pefans, qui lui donnèrent occafion d'établir quel- ques principes nouveaux fur cette matière; il lut après cela différences demonftrations touchant la réfiftance des 3^4 Histoire de l'Académie Royale ï^Sj. Corps folides , &c quelques additions à fon Traité de la perçu lîion qu'il fit rcimorimer. 1. M. Perrault donna un nouveau Pifton pour les Pompes. Les Piftons ordinaires font d'autant meilleurs que leur adhéllon au corps de pompe eft plus jullc; mais cette juftclTe apporte elle-même une difficulté au mouve- ment du Pifton; car on leur donne toujours la plus torte cohélion qu'il eft poflible , de peur que le Pifton ne de- vînt quelquefois inutile, fi n'étant pas exaftement collé contre les parois intérieurs du corps de pompe , il per- niettoic à l'air ou à l'eau de s'introduire entre le Pifton & le corps de pompe, M. Perrault chercha dans fa conftiuftion des Piftons à faire que la rcfiftance au mouvement du Pifton fût toujour-s proportionelle à la néeefllté d'une cohéfion plus ou moins forte; pour cela il compofe fon Pifton de trois diaphragmes de cuivre éloignés les uns des autres , & d'un diamètre égal à l'intérieur de la pompe : le pre- mier ôc le troificme étoient percés de plufieurs trous aflcs grands , celui du milieu rcftant plein. Il couvre ces trois diaphragmes d'un fac de cuir fouple, fortement attaché à la circonférence des trois diaphragmes , ce qui com- pofe deux tambours féparés l'un de l'autre, dont l'un a des ouvertures du côté de l'air extérieur, & l'autre du côté de l'extrémité. inférieure du corps de pompe. Il eft évident par cette conftrudion que le Pifton fe colcra contrôle corps de pompe, précifcmcnt autant qu'il fau- dra pour empêcher l'eau ou l'air de s'introduire entre deux. Par exemple, lorfquc le Pifton fera tirécncnhauc pour faire monter l'eau , l'air qui entrera par les trous qui font au diaphragme fupérieur obligera le cuir du tambour fupérieur de fc coller aux parois du tuyau au- tant qu'il fera néccflairc pour empêcher lair de palTer entre le tuyau & le Pifton, de la même manière lorfque le Pifton fera pouIFé en cmbas pour refouler , l'eau entrera DESSCIENCES. 38 J entrera dans le tambour d'embas par les trous du dia- 1683. phragme inférieur , &: preflTera d'autant plus le cuir de ce tambour contre les parois du tuyau, que le pifton fera pouffé avec plus de force : par conféquent la cohéfion fera d'autant plus forte , & toujours proportionelle au be- foin qu'on en aura. 3. L'esObjedifs de longs foyers qui dcvcnoient communs, donnèrent occafion à plufieuts peîfonnes de chercher des moyens faciles de s'en fervir. M. BouffartdeTouloufe en propofa quelques-uns dans lefquels il cmployoit les plus grands tuyaux par le moyen d'un miroir. Mais ces moyens n'ayant pas paru praticables , M. Perrault en imagina un autre fort ingénieux, ôc qui fut plus propre pour l'exécution^ ////?. ^ t^ l£r ^ t2r l^ l^ c\^ i"^ fXu f^ r^ r^ <-^ csu r^ r\i» c^ tf^ «^ r^ r^ r^i* r^ c^ rVj* r^ fV»* f%, PHYSIQUE GENERALE. SVR VNE MANIERE DE DESSALER. . l Eau de la Mer. MOnfieur le Chevalier Janfon Anglois prefcnta à la Compagnie une petite difiertation de M. Boyle, fur la manière de deflaler l'eau de la Mer. M. Boyle promettoit dans cet Ouvrage d'ôter la falurc de l'eau de la Mer, & de rendre cet eau bonne à boire , & propre à tous les ufiiges des eaux communes, en fé- parant fon fel par diftillation dans un vaiffeau de 35 pouces de diamètre, capable de rendre avec peu de feu & fans beaucoup de peine ni de dépenfe environ 360 pintes d'eau douce mefure de Paris dans l'efpace de 2,4 heures. Il ajoutoit que dans 400 livres d'eau de Mer il n'employoir d'ingrediens pour la deffaler que pour en- viron I j fols. M. Boyle en publiant ce petit ouvrage avoit fait mif- tere des matières qu'il employoit pour fon opération ; mais M. Du Clos trouvoit que le fecret , quoiqu'impor- tant , n'étoitpas fort difficile à découvrir. Selon M. Du Clos, la falure de la Mer qui rend fon eau de mauvais ufjge, vient feulement du mélange de certaines mines falées , ou de certains bans de fel qui fe Ceci] 388 Histoire de l'A c a d e M i e Royale Ï684. rencontrent en divers endroits du fonds de la Mer ; l'can qui coule fur ces bans lesdifl'out, &: cette falurefe com- munique au refte des eaux de la Mer par l'agitation des vents &c des courants. Et le fel dont l'eau cft imprégnée peut en être fcparée par la diflillation à une chaleur mo- dérée ; car le feu rareHant les parties d'eau , les fait élever au haut du vaiflTeau, d'où en fe condenfant par le froid elles diflillent dans un autre vaiflcau qui les reçoit', répa- rées du fel qui fecondcnfc, &: dont on peut faciliter la condenfation par quelque matière que l'on aura mêlée avec l'eau marine. Or félon M. Du Clos cette matière condenfative'de- voit être un fel précipitante de qualité oppofée à celle qui domine dans lefel commun. Sur cela M. Du Clo'; rappclloitce qu'il avoit fait voir long tems auparavant à la Compagnie , que le fel commun contient des parties diverfes plus ou moins condenfables les unes que les autres ,• telles font les parties nitreufes qui fe condenfent dans l'humide, ainfi qu'on le voit aux Marais falhns, où la portion plus nitreufe dufclfccon- denfe en gros criftaux de figure cubiqueavant que toute l'eau foit évaporée, & ces criftaux font reconnus pour un fel nitreux, parce qu'ils fc mêlent avec les nitres, par exemple, avec le fel fixe de tartre calciné, fans les faire précipiter : d'un autre côté les parties de fel marin reftent diftbutes dans l'eau, & ne fe condenfentque par l'évaporarion totale de cette eau ; mais étant acides ^ el- les condenfent & précipitent les fcls nitreux avec lefquels on mêle de ce fel marin :I1 faut donc ,difoit M. Du Clos, que l'ingrédient que l'on mêle avec l'eau de la Mer pour la deffaler en la diftillanr, foit quelqu'acide quicondenfe & précipite la portion nitreufe du fel commun ,• or le tartre crud eft un acide facile à trouver , & qui coûte peu, & fon acidité augmentant celle de la portion acide du fel marin, la rend moins volatile, & l'empêche de. paffer avec l'eau dans la diftiilation modérée. DESSCIÊNCES. 3S5> M. Du Clos en fie rexpérience fuivante. Sçachantpar 1684. les Expériences de M. Boyle même, que l'eau de la Mer prife aux Côtes d'Angleterre contient un quarante-qua- trième ou un quarante-cinquième de fel commun : com- me on n'avoit pas la commodité de pouvoir faire l'ex- périence fur de véritable eau de Mer , il prit de l'eau com- mune de fontaine , & y fit réfoudre à froid un quarante- quatrième de fel commun bien grènè & bien fec. Ayant en- fuite verfé cette eau falée dans un vaiffeau de cuivre pour la diftiler , il y mèladutartre crud pulverifé en poids égal à celui du fel commun , & mit le tout en diitillation au bain de vapeur. Il eut par l'opération plus des trois quarts de l'eau en divers tems , & cette eau fut trouvée fans au- cune falure manifefte au goût, & auflllimpide &: légère que l'eau commune de fontaine &c de la Seine. Au lieu du tartre crud M- Du Clos remarquoic qu'on pouvoir employer un alcali qui fe joindroit plus intime- ment ail fel commun pour fe précipiter enfemble, & laif- fer plus facilement féparer l'eau fimple par la diftilla- tion; .on en peut avoir en abondance &c à peu de frais, particulièrement celui de la fonde, que M. Du CIosju- geoit très-propre à cette opération. Cette affinité des alcalis avec le fclcommun avoir été reconnue par Becker au fécond Supplément de fa Phyfique foutcrraine. M. Bourdelin réitéra de fon côté la même expérience & de la même manière; de différentes portions d'eau qu'il eut par la diftillation , les j premières n'avoient aucun goût, la dernière rougit un peu le Tournefol, ce que ne peut faire l'eau mêlée avec le fel. Il trouva aufli par l'Aréomètre que l'eau fimple étoit un peu plus légère que celle qu'il avoir tirée par fon opération. On expofa a. l'air libre l'eau diftilléeavec le fel feul, èc elle fe glaça ; celle où l'on avoir mis du tartre crud ne fe glaça poinr,non- plus que celle qu'on avoir diftillée après y avoir mêlé du fel & de la foude en même quantité que dans les expériences précédentes, Ccc iij 1^84- 35)0 Histoire DE l'Académie Royale EXPERIENCES SVR LA CONGELATION. L'H Y V E R tout incommode qu'il eft ne laifle pas d'être une fource féconde d'expériences très-utiles &: qu'on ne foupçonneroit pas ; un Phyficien qui fçait en profiter trouve dans cet engourdiflcment apparent delà Nature de quoi augmenter fesconnoiflances; l'Hy- ver de 1 684 fut très-rcmarquablc par le froid exceflîf qui dura depuis le 11 Janvier jufqu'au 17. En i67oonavoic éprouvé un froid à peu près égal ,8c on n'avoir pas man- qué d'en profiter. On avoir alors principalement obfervé la manière dont le froid agit fur les corps folides en les retréciffant. Dans celui de cette année on s'appliqua à faire des expériences fur la congélation des liqueurs. Pendant les fept jours que dura le grand froid, la li- queur du Thermomètre defcendit bien avant dans la boule où elle n'étoit point encore parvenue pendant d'autres hyvers. M. Perrault , à qui nous devons les expériences dont nous allons parler, cxpofa a. l'air plu- fieurs liqueurs , comme de l'eau de fontaine crue , de la même eau bouillie , de l'eau de glace , & de l'eau de ncge Amplement fondues, &c d'autres bouillies, de l'eau d'alun , du vin , de l'efprit de vin mêlé avec de l'eau , de l'eau où on avoit fait fondre du fcl com- mun , &:c. On n'apperçut prefqu'aucune différence dans la durée du tems qu'il falloit aux liqueurs fimplcmcntacqucufes , foit crues , foit bouillies, pour leur congélation , ou pour leur dégel, toutes firent paroître au bout d'une minute ou environ les premiers filcrs de glace à leur furface, d'où M. Perrault concluoit, que l'clixation, non-plus que la congélation , ne caufcnt aucune altération dans l'eau, que toutes fes parties font homogènes, &: que DES Sciences. 391 celles qui fe perdent lorfque l'eau prend l'un ou l'autre de ^'^^4' ces états ne font point d'une autre nature que celles qui reftent quand l'eau bouillante eft refroidie, ou quand la glace eft fondue. On trouva des différences beaucoup plus fenfiblcs dans le tems de la congélation des autres liqueurs ; l'eau d'a- lun fut z ou 3 minutes à commencer à fe glacer , le vin 10 ou 12, minutes, l'eau mêlée avec l'cfprit de vin plus de 2. heures , &: l'eau qui avoir été foulée de fel ne put abfolument fe glacer , quoiqu'elle eût été expofée à l'air pendant une nuit entière,- mais quand on y eut ajouté de nouvelle eau, elle fe glaça à peu près de même que celle dans laquelle on avoir mêlé de l'efprit de vin. La glace venoit prefqu'à une mêmeepaiiTeur en même- tems dans les liqueurs aqueufcs, feulement la glace for- mée de celles qui avoient bouilli auparavant étoit plus dure & plus tranfparente que les autres ; M. Perrault at- tribuoit cet effet à ce que l'élixation avoit précipité le limon qui fe tient dilTous dans l'eau , &c qui fans doute en diminueroit .la dureté quand elle eft glacée fi cette précipitation ne fe faifoit pas. La Glace des liqueurs où l'on avoit fait diffoudre quelque efpéce de fel , comme l'eau d'alun , l'eau falée , celle où l'on avoit mêlée de l'efprit de vin, ou du vin même , & ces * mêmes liqueurs revenues liquides, croient beaucoup plus troubles Se moins tranfparentes qu'avant la congélation; elles n'avoicnt cependant rien perdu de leur goûr:fur la furface de l'eau d'alun glacée il s'étoit formé une efpéce de fleur blanche , qui éroit de véritable alun mis en poudre très-fubtile , d'où M. Perrault conjeéluroit que la glace fouffre une grande évaporation, même avant que d'être fondue , &c que l'alun s'amaffoit à la furface de la glace, de la même manière qu'il s'amafTeroitau fonds d'un vaifTeauoù l'on auroit mis de l'eau d'alun en évapo- sation à une chaleur douce , car le fel &c les autres parties 3 9i Histoire de l'Académie Royale 1684. edcnticUes de l'alun demeurent attachées à fa terre, &: l'eau pure s'évapore. Par cette même raifon les liqueurs glacées n'ont dùjicn perdre de leur goût après qu'elles ont été remires en leur état de liquidité, puifque les vé- ritables parties falines font demeurées. Se les aqueufes feulement fe font élevées dans l'évaporation , ainfiqu'ij arrive ordinairement dans lesdirtillations oùlephlégme monte avant les efprits ; à l'égard de l'opacité , & de la glace des liqueurs lalécs , &: de ces mêmes liqueurs dé- gelées , elle vient apparemment de ce que les parties tcr- reftres des fels y demeurent fufpenduës , car les fels qui les joignent les unes avec les autres étant plus diflblubles , ils les abandonnent plus aifem.ent, &leur permettent de fe mêler intimement avec les parties de l'eau, cnforte qu'elles ne puiiïent plus être précipitées ; aulieu quc[dans l'expérience contraire faite fur l'eau fimple& rapportée plus haut, le limon qui fe trouve dans l'eau & qui la rend trouble , ne s'y diflout qu'imparfaitement , & y refte en grains plus gros &c capables de s'unir enfcmble & de fe précipiter enfuite par leur propre poids à l'oc- cafion du mouvement caufé par l'ébullition. Et parce que les liqueurs falées apportent bien plus de difficulté à la congélation, M. Perrault remarquoit que • les fels ayant le pouvoir d'augmenter la fluidité des chofcs humides, &c de rendre plus forte la concrétioa des terreftres; on peut fuppofer aulTi qu'ils caufcnt quel- que mouvement dans IcsJ liqueurs qui empêche ou re- tarde du moins leur congélation,- ce qui fervoit encore à M. Perrault pour expliquer divers autres phénomènes delà congélation. Les différentes liqueurs qu'on cmployoit dans les ex- périences , fe glaçoient aulli d'une manière différente les unes des autres ; car au lieu que les liqueurs aqueufes fe glaçoient d'abord a. leur furfacc par des filets qui par- toient de la circonférence fous diverfcs direûions , les liqueur? D E s s C I ÊM C E s. 395 liqueurs falccs fc glaçoicnt imparfaitement toute à la i6î. fois, & formoient une infinité de petites lames entre- mêlées avec le rcfte de la liqueur non-glacée, & cela même un peu diftércmment, fuivant les différens fels dont l'eau étoit imprégnée. M. Perrault rapporta encore d'autres phénomènes du froid , comme le changement qui arriva à deux Pendu- les le matin du 17 Janvier ,qui fut le tems d'un des plus grands froids, & qui étoit prêt de s'adoucir. L'une de ces pendules fut tout-à-fait arrêtée, Se l'autre fit voir une langueur extraordinaire dans les intervalles des coups de la fonnerie, & trois jours auparavant au matin , le marteau d'une de ces pendules ne pouvoit plus atteindre le tim- bre, comme li l'un &: l'autre s'étoient éloignés, le mar- teau en feraccourciffiint, & le timbre en fc retrcciffant ; mais ayant mis cette pendule auprès du feu, elle revint dans fon état ordinaire. Il y joignit aufïï l'obfcrvation qu'il avoir faite de la fonte inégale de la ncge tombée cndifférens tems ; l'une avant les grands froids , Se fur la fin de l'Automne, fc fondit fans le fccours du Soleil beaucoup plus aifément dans les endroits où il y avoit du fable, que dans ceux qui avoient été couverts de terreau , l'autre nege au contraire qui étoit tombée fur les mêmes endroits & après les grands froids , fe fondit plus promptement fur du ter- reau que fur le fable. M. Perrault expliquoit tous ces phénomènes , & de plus un grand nombre d'autres qu'il rapportoit dans fon Mé- moire, qu'il publia quelque tcm.s après parmi fes autres ElTais dePhyfiquc. /li/. de l'Jc. Tm, I. Ddd i6S^. 3P4 HiSTOIREDE l'A C AD E M I E R O Y A LE DIVERSES 0 B S EKVAT J 0 N S de Pbj/ique générale. I. MOnfieur Thuret Horloger ayant obfervé que dans un Baromètre qu'il croyoit avoir cxadcmcnt Icelie par les deux bouts, le Mercure avoir précifcmenc les mêmes variations que dans le Baromètre ordinaire; M. De La Chapelle demanda à la Compagnie, par or- dre de M. De Louvois, l'explication de ce phénomène ; M. De La Hire fut chargé de l'examiner , & il trouva que le Baromètre n'étoit pas exaélcnicntfcellé,&: l'ayant fcellé lui-même hermétiquement, il ne fit plus l'efFctdu Baromètre, mais il devint un véritable Thermomètre; car l'ayant porté au haut des Tours de Notre-Dame, le Mercure s'y tint plus haut qu'au pied des mêmes Tours, cîi la chaleur eft moindre, le contraire arrive dans un Baromètre ordinaire , où le Mercure baifle à niefure qu'on le porte dans des lieux plus élevés. IL M. De La Hire ayant entouré de ncge la boule d'un Thermomètre, la liqueur monta dans le tuyau, ce qui femble prouver que la nege cR un obftaclc à l'effet du froid fur les corps qu'elle couvre, à moins qu'on ne veuille qu'étant plus froide elle-même que l'air, ou agif- fant plus intimement fur le verre , elle rétrécit la boule, & oblige par - là la liqueur de monter dans le tuyau. II L M. Dodart lut une Lettre de M. Thoinard , où il eft parlé d'une cfpccc particulière de verre, qui prend une D E s Se I ENCE s," 55) y couleur rouge étant mis au feu, &: perd cette couleur 1^84. par la fufion. Si on le remet encore dans le feu il la re- prend , èc ainfi de fuite. IV. M. De La Hire a obfervé la Déclinaifon de l'Ai- guille aimantée au mois de Novembre, de 4 dégrés 10 minutes vers l'Oueft. ' . A N A T O M I E- SVR L'ORGANE DE L^OVIE. MOnficur Du Verney fie encore après M, Perrault une recherche exade de la ftrufture dcl'Oreille , & acs ufagcs différens de routes fes parties ; car ces pe- tits fujers font immenfes quand on les approfondit, & il s'en fiut beaucoup que toute l'induftrie Se toutes les ré- flexions d'un feu! homme foicnt capables de les épnifer. M. Du Verney a mis auffi ce Traité au jour , il y entre dans un détail encore plus grand que M. Perrault: com- me nous n'ofons dans cette Hiftoirc traiter les matières trop à fond, & que ce feroit même une peine afles inu- tile quand elles ont été déjà données au Public , nous fuppoferons ici la Defcription que nous avons déjà faite voy. Annie de l'Oreille, quoi qu'afTés fupcrficiclle ; & nous rerpar- ^^i'^- 1■^^'^^* querons feulement les principales différences qui font en- tre M. Perrault &: M. Du Verney, fur les ufages des parties de cet organe. La découverte des ufages cft la partie fpirituelle de l'Anatomie, le refte n'en eft que la partie matérielle, auffi néceffaire cependant que le corps i'eft à lAme. Ddd ij 396 Histoire de l'Académie Royale 1684. -A ce que M. Perrault pcnfoit fur l'Oreille externe, M. Du Vcrney y ajoute que c'cft un cornet naturel dont La cavité polie ramaflc le fon ; &: pour preuve de cela , ceux à qui on a coupé l'oreille n'entendent pas lî bien , &: pour fuppléer à ce défaut, ils ié fervent de la paume de la main, ou d'un cornet. De plus, on voit que quelques Animaux, comme les Cerfs & les Lièvres, tournent l'oreille du côté d'où vient le bruit quand ils veulent mieux entendre. L'obliquité du conduit ne fert pas feulement , félon M. Du Verncy , à garantir la peau du tambour des injures de l'air; mais encore comme elle donne à ce conduit une plus grande furface , elle y augmente le nombre des ré- flexions. C'eftaufli pour empêcher ces réflexions de s'é- chapper, que nous avons à l'extrémité de la joué & tout à l'entrée du conduit de l'oreille une efpcee de petite 'anguettc. M. Perrault prétend que la membrane du tambour eft plus tendue pour les fons foibles , ou pour les tons graves , &: plus lâche pour les fons forts , ou pour les tons aigus; & qa'ainfi elle répare par une plus grande tenfion le peu de force des fons, ou en modère l'excès par fon relâchement. M. Du Verncy prétend au contraire , qu'elle s'ajufte aux fons, qu'elle fe tend davantagepour les plus forts , & fe relâche pour les foibles , & qu'il faut que pour en recevoir l'imprefTion elle fe mette d'accord avec eux , à peu près comme dans l'expérience des deux cordes de deux Luths différcns, dont l'une, que l'on pince, ne fait point trembler l'autre , ou ne la fait trembler que très-peu, fi el'e n'cft à quclqu'accoxd avec elle. M, Du Verney ne {e contente pas que les frémifle- meris de cette membrane ébranlent le peu d'air qui cft contenu dans la quaifle du tambour; il veut encore que par ces frémiflemcns , trois petits oiTelets fort minces, fort fecs j & fort durs, dont nous avons parlé, foient ■' DES S C I E N C £ S. ■ ~ ; ■ 397 ébranlés, Si que cet ébranlement plus fort fc communi- 1^84. que à un os qui renferme le Labirinthe , & au Labirin- the même ; c'eft ainfi qu'une corde de Luth pincée ne fait point frémir celle d'un autre, Ci les deux Luths ne font fur la même table, qui fait pafTer l'ébranlement de l'un à l'au re,- l'articulation de ces trois ofTelets enfem- ble eft d'autant plus favorable à cette communication , qu'elle eft fans cartilages. Outre l'ufage que M. Perrault donne à l'ouverture delà Qiiailfe du Tambour, nommée l'Aqueduc, M. Du Verney veut que ce même Aqueduc , aufli-bien qu'une autre ouverture que nous avons dit qui lui eft oppofée, donne moyen à l'air de Ce retirer lorfque la grande mem- brane de la Quaiilc eft plus tendue &c tirée en dedans; — car s'il n'eut pas eu cette liberté , il eût empêché par fon relîort le jeu de la membrane. .:,. On croiroit volontiers que fi de certains fourds en- tendent le fon des Inftrumens à cordes, lorfqu'ils les fer- rent avec les dents , c'eft que dans leur oreille la mem- brane du Tambour ne fait plus fes fondions ,& que l'air qui prend ce chemin la frappe inutilement , mais que ce- lui qui monte de la bouche dans l'oreille interne par l'Aqueduc , &: qui n'a point bcfoin d'aller frapper la membrane de la Quaiffe, trouve le refte de l'organe bien difpofé. M. Du Verney trouve que cette penfée eft détruite par I expérience même fur quoi on la fonde; car pourquoi faut-il que ces fourds tiennent l'Inftrument avec les dents î il fuffiroit qu'ils euffent la bouche ouverte tout proche; cette nécellK^ de tenir l'Inftrument avec les dents marque qu'il faut que le tremblement fe commu- nique aux os des mâchoires , aux os des temples , aux trois petits ofTelets, & enfin par eux à l'organe imm.édiat del'Ouye; nouvelle preuve delà part qu'ils ont à tout ce mouvement; par cette même raifon il y a des fourds qui entendent mieux quand on leur parle par-dcffus la tête,- Dddiij 35)8 Histoire de l'Académie Royale. léî'^. c'cft qu'on ébranle d'abord tout leur crâne, enfuice les os qui appartiennent à l'Organe de l'Ouye. M. Du Verncy , un peu différent de M. Perrault fut la ftrucVurc de la lame ou membrane fpirale enfermée dans le Limaçon en diffère un peu aufli lur l'ufage. Il prétend que comme elle tourne en vis autour de fon noyau, étant plus large en-bas, &c diminuant toujours de largeur jufqu'au haut, elle eft toujours prête à répon- dre par quelqu'une de fes parties à quelque Ton que ce foit; c'eiî-à-dire que les tons les plus graves ne l'ebran- lent que par fa partie la plus large, qui eft leur uniflbn, les plus aigus par fa partie la plus étroite , de même qu'on fçait par expérience que les grands cercles des pavillons des Trompettes peuvent être ébranlés fans que les petits le foient fenfiblement , &: les petits fans les grands. Ces deux grands Obfervatcurs di(conviennent encore fur l'organe immédiat de l'Ouye : M, Du Verney lui don- ne plus d'étendue : Outre le Limaçon il y comprend le veftibule du Labirinthc, & les trois canaux demi-cir- culaires , fondé fur ce que ces canaux fe trouvent dans les Poilfons &: dans les Oyfeaux fans le Limaçon , fur ce que la même portion du nerf auditif qui va dans le Li- maçon, cette portion dcftinée au fon , envoyé auili deux branches dans le veftibule &: dans les trois canaux ; enfin fur ce que la largeur inégale de chacun de ces canaux femble être préparée pour répondre à différens tons, ainfi que M. Du Verney l'a pcnfé de la Lame fpirale. M. Du Verney finit fon Traité de l'organe dclOuye par une explication des maladies de l'Oreille, fur quoi il entre dans un détail également curieux &c utile, mais qui nous eft interdit ; nous en rapportcions feulement deux chofes. I. Que la membrane du Tambour étant percée ou déchirée , l'ouye ne ccffe pas aufli-tôt , mais feulement en s'affoibliffant par degrés , parce que l'on ne perd DESSCIENCES. jpp d'abord que les tremblemens de cette membrane, qui 1^84. ne font pas abfolument ncceflaires,&: que l'air extérieur qui entre par cette membrane ouverte , &: qui va of- fenfcr , &c enfin détruire par fes Qualités exccflivcs l'organe immédiat, a befoin pour cela de quelque tems. 2. Qtie ce qui caufe le bourdonnement quand on fe bouche l'oreille avec le doigt, c'efl: que l'air renfermé & referré dans l'oreille interne , qui cft alors plus petite , & agité par la vapeur chaude qui fort du doigt, &: peut- être encore par celles qui s'exalent du dedans du conduit, & qui n'ont point dilTuc, ébranle la membrane du Tam- bour, &c par elle tout l'organe, comme feroit un bruit extérieur. Cet exemple fuftît pour donner l'idée des tin- temens , Se de tous les faux-bruits caufés par des ma- ^ ladics. SVR LA PEAV DE LA GRENOVILLE, ^ fur fa, langue. MOnficur A'îery ayant fait une incifion au ventre d'une groffc Grenouille , depuis l'os pubis jufqu'au milieu du fternon, trouva que fa peau n'étoit point unie aux mufcles du ventre, ni à ceux du devant de la poi- trine. Entre la peau & les mufcles du devant , il y avoir une cavité de figure ovale; elle étoit feulement atta- chée par des membranes très-déliées & tranfparentcs, dans les plis des aînés , aux parties latérales des mufcles du ventre , & à la partie moyenne du fternon, où elle formoit trois petites cellules en dedans. Elle ne tenoit auflï aux mufcles latéraux du ventre que par des petites fibres qui fortoient de ces mufcles, &: qui paroiffoient être de petits nerfs de la groffcurd'un che- veu. Elle fotmoic à chaque côcé un fac qui s'étendoit 400 Histoire de l'Académie Royale [^84. depuis le pli fupéricur de la cuilfe iufqu'à rorcillc. II ob- ferva la même chofc à la peau du dos ; clic n'étoit unie aux chairs dans tout le derrière du corps que par quelque petits filets dont la plupart fembloient fortir de l'épine du dos , &c qui paroiflbient être des veines , des artères Se des nerfs joints cnfemble. Par-là toute 11 peau de la Grenouille eft comme par- tagée en quatre facs féparés les uns des autres par des membranes très-déliées , unies d'un côté à la peau , & de l'autre aux mufcles du corps. Ces quatre facs étoicnt , l'un , au devant , l'autre au derrière du corps , &: les deux au- tres aux deux côtés. La peau de la cuilTc n'étoit point attachée à Ces muf- cles, fi ce n'eftdans les plis des jointures, elle formoic deux facs l'un en devant, & l'autre en arrière. La même chofe fe rencontra à la peau de la jambe, Se à celle des pieds. Avant coupé la peau depuis la partie moyenne du ftern'on jufqu'à l'extrémité de la mâchoire inférieure , il trouva qu'elle formoit en cet endroit deux cavités, l'une à la partie fupérieure du fternon qui defcendoit dans le bras , l'autre fous la mâchoire , &c qui répondoit aux cavités qui font aux côtés du ventre. A la partie fupérieure du fternon , M. Mery découvrit un trou qui le conduifit dans une troifiéme cavité for- mée par les mufcles du dcflous de la mâchoire , la peau des bras formoit des facs à peu près femblables à ceux du pied. M. Mery trouva la langue de cette Grenouille d'une conformation particulière & fort difterente decclled'un grand nombre d'autres Animaux. Elle étoit attachée par fa bafc à la fimphife des deux os de la mâchoire, que dans l'Homme on nomme le menton. Elle étoit couverte en deffous de fibres manifcftcmcnt charnues , attachées d'un côté à un cartilage fait en forme de croifTant, &C placé DES SciEN CES. ' ' 461 placé au devant de l'encrée du larinx : la pointe qui écoic 1 5S4. fourchue defcendoit dans le fonds du pharinx. Au milieu du dclTous de la langue il y avoit un trou où commençoit une cavité qui s'éccndoit jufqucs dans le cartilage en croiffant. M. Mcry croyoitque la Grenouille dardoit fa langue hors de fa bouche , & la retiroic cnfuite dans le fonds du pharinx par le moyen des fibres charnues qui la re- couvrent en deflbus. Mais il avertifToit qu'il falloit véri- fier CCS obfervacions fur d'autres fujcts , ne les ayant fai- tes que fur un feul. DIVERSES OBSERVATIONS Anatomiques. I. MOnficur Du Verney fit voir les entrailles d'un Monftre. C'étoient deux enfans qui avoient leurs- têtes diamétralement oppofées, un feul cftomach , deux foyes , une feule veine ombilicale , un feul anus qui étoit bouché , les inteftins grefles doubles , mais qui corn- muniquoient enfemble, une feule veffie. II. M, Mery en noyant une Chatte a obfervé que la pru- nelle de l'œil, qui étoit oblongue de haut en-bas, devint d'abord ronde, & fe dilata cnfuite circulairement de plus en plus, à mefure que l'Animal approcha d'avan- tage de fa mort , enforte qu'après qu'elle eût été noyée entièrement, la prunelle avoit fix^fois plus d'étendue qu'auparavant. Hijl: de fAc. Tûf»e /. Eee 40 2 Histoire de l'Académie Royale 1684. Ayant reciré cette Chatte hors de l'eau, M. Mcry ne pouvoit rien appercevoir au fonds de fes yeux ; mais la plongeant une iccondc fois dans l'eau, le fonds de Tes yeux lui parut entièrement vuide, comme s il n'y eût eu aucune humeur au dedans , la rétine n.ême neparoiflant point: l'intérieur entier du globe étoit fort éclairé, Se par ce moyen M. Mciy vu diftinélement tout le fonds de l'œil, les diflérentes couleurs de l'uvée, & l'cndioic où fe termme le nerf optique , d'oià partoicnt des vait féaux qui parurent étendre leurs branches dans l'uvée, IIL Le même M. Mery , entre plufieurs Obfcrvations de Chirurgie qu'il rapporta , fît remarquer celle-ci. Un Officier des Invalides étant mort après plufieurs jours d'une grande difficulté d'uriner, M. Mery, qui n'avoit pu le fonder à caufc d'un obilacle qui s'étoit rencontré dans le canal de la verge à un pouce du gland , en fie l'ouverture. 11 ne trouva ni pierre, ni obftruéfion dans les uretères. Mais la vcffie étoit remplie d'une urine pu- rulente ,• & ce qui avoir empêché le malade d'être fondé, étoit une cicatrice placée au commencement de l'uréthre , & qui en avoir rétréci le canal , ce qui fit penfer à M. Mery , que ce qu'on prend fouvcnt pour des carnofirés • dans ce canal, ne font autre chofe qu'un femblable ré- trccifîément de l'uréthre caufé par des ulcères guéris. IV. M. Du Verney travailla cette année à la difTcfVion d'un grand nombre d'Animaux. Il en fit voir à l'Acadé- mie diverfcs fingularités. I. Dans le Porc-Epic il fit voir la ftruéfurede la peau j fa partie pofterieurc paroît comme garnie d écailles,- les DESSCIENCES. 405 racines des piquans entrent dans le mufclc cutanée, donc 1684. il fît remarquer l'étendue &: les différentes attaches: les voïcx la aponevrofes des mufclcs fe retirans en dedans, les piquans Mémoires . fe dreiïent en dehors. On examina aufll la ftructure parti- ^'l"^'';."'^' culiere de la langue, qui paroît garnie de plulieurspe- Cuiv." cites dents, &: du mufcle maffatérc qui fert à mouvoir la mâchoire inférieure , &: cft fait comme une bourfe, a. Dans la Civette il montra les poches qui fournif- ' fent la liqueur odoriférante ; & htremarquer deux glan- des qui font aux côtés de l'anus qui s'ouvrent en dehors, & fournifFenc une liqueur très-puante. Il montra quel- que cems après l'épiploon de cet Animal, & les ramifi- cations des conduits adipeux, où il y a des veines, des artères. Se des petits facs. Cette graifTe s'amaffe dans le méfentére aux côtés de la veffie,- on n'en trouve point dans la dure-mere , dans la pleure ,nidansla membrane des Poumons. 3. Qiiclque tems auparavant il avoit fait voir dans un ventricule de Cochon, que la partie convexe de la féconde membrane étoit parfeméc de glandes dont les trous paroiflcnt dans la partie intérieure ; mais dans le ventricule de la Civete on ne voit pas les glandes , on ne voit que les trous ; il y a donc apparence quecette mem- brane eft glanduleufe, Sc qu'elle fuintc une humeur dans l'intérieur du ventricule. 4. Il fit voir enfin les vaifTcaux limphatiques qui ont leurs racines dans les membranes des mufcles, &c dans les vifccrcs mêmes , & qui fc déchargent dans les glandes conglohées, d'où ils renaiffcnt pourfedécharger ,les uns dans le rcfervoir du chile, & les autres dans l'axillaire. Les premiers, c'cft-à dire ceux qui vont au rcfervoir du chyle, font ceux des extrémités inférieures & du bas ventre; tous ceux de la poitrine vont au canal tora- chique, & ceux des bras, de la tête èc du col vont aux veines axillaires. Eeeij 404 Histoire de l'Académie Royale 1^84. j. Dans le Rat rmifqaé on remarqua cntr'aucrcschofes la circonvolution des Intcftins, qui cft à proportion auffi grande que dans les Animaux qui ruminent. 6. M. Du Verney fit aulTi apporter un Singe qui étoit mort crique. Les dents fc joignoient en forme de fcic; on ne trouva point de luette danscefujet. La ratte étoit comme parfeméc de petites glandes; celles du méfcn- tére, le refcrvoir du chyle Se le foye , étoient remplis d'une matière plâcreufe. 7. M. Du Verney difTéqua un HcrifTon. Le cœur n'avoir point de péricarde; il y avoir un ovaire comme dans les Oyfeaux , les intcftins greflcs étoient plus gros que les autres; cet Animal a un mufcle qui fait mouvoir fes piqu.ms comme le Porc-Epic. Le mcmc M. Du Verney diflcqua une Lionne , & en fit une Defcription fort détaillée qu'il lut à l'Académie. CHIMIE. EXPERIENCES SVR LES COAGVLATJONS, & fur les Ejfcraiefcences. MOnfieur Borel fit pendant le cours de cette année plufieurs expériences fur la Coagulation & fur l'hit L-rvcTcencc de diverfcs liqueurs. 1. Du Beurre d'Antimoine rtiflific & fans couleur mêlé avec l'huile de tartre a fait un coagulum blanc fans aucune chaleur. 2. Ayant verfé peu \\ peu de l'huile de Vitriol fur de l'huile de Térébenthine, on n'appcrçut aucune efFcrvef- cence. Mais ce mélange produifit par dégrés une chaleur ^ DESSCIENCES. 40 J & étant agité avec une baguette, la chaleur augmenta 16Î4. beaucoup fans aucun mouvement apparent, le tout prit une couleur rouge. Y ayant verfé de foible efprit d'urine , le mélange devint laiteux. 3. Un mélange d'efprit d'urine 8c d'huile de vitriol produifit une force elFervefcence à peu près comme celle de l'eau bouillante; &: M. Borel afTuroit que fi on verfoLc un peu de cet efprit d'urine fur du- verre, & qu'on y mélàt quelques gouttes d'huile de vitriol , cela produi- roit un éclat aulli fort &: un mouvement de vibration ou de radiation aufli violent que fi on en jettoità froid fur un ferrou2;e. 4. De l'efprit d'urine mêlé avec une forte folution de vitriol, produifit un coagulum de couleur verte. De l'huile de vitriol fit avec des fécules de régule d'Anti- moine mifes en difTolution dans une cave , un coagulum de couleur rouge. Enfin l'huile de vitriol mêlée avec une décoction de chaux vive &c d'arfenic, en produific un d'une très-belle couleur jaune. f . La teinture de Mars faite avec l'efprit acide de la rofée, & mêlée avec la même décodion de chaux vive &c d'orpiment, fe coagule en couleur noire, ôc devient fort puante. 6. La teinture de la mine de plomb tirée à la lon- gueur du tems avec du vinaigre radical, mêlée avec le beurre d'antimoine de la première diftillation&: gardée long-tems, fe coagule en blanc. M. Bourdelin a continue de travailler aux Analyfes des Plantes, dont il a fait cette année un très-grand nombre. Ayant mis cinq livres de feuilles d'ozeille ordinaire fécher à l'ombre fur du bois, elles fe reduifircnt à 19 onces &c demie ; on les mit cnfuite macérer dans 61 onces d'eau de fontaine, &c on leslaifTa digérer pendant Ece iij 4o5 Histoire de l'Académie Roy aie 1684. deux jours au bain marie. Les premières portions rcn- dircnc laiteufe la (bkuion de fublimé, &c jaunirent le vi- triol. On mit enfuite le refte dans la cornue , & la li- queur qu'on en tira fit une très-grande cffcrvcfcence avec l'efpritdefel. On eut neuf gros d'huile, & fix gros qua- rante-cinq grains de fel très-lixiviel. Le Pourpier ayant été féchc , puishumedé de cinq li- vres d'eau, on le remit fécher pendant 35- jours. Il fc réduifit à j onces 7 gros. On lui ajouta de l'eau jufqu'à ce que le tout pesât encore 5 livres, & on en diftilla 73 onces. Les liqueurs qui en vinrent avoient une odeur défagreable, ôc rendirent laiteufe la folution de fublimé. La dernière portion étoit fort chargée de fel volatil. On tira près de 4 gros d'huile , & fix gros quarantc-fix grains de ici. On analyfaaufÏÏ différentes liqueurs tirées du corps hu- main ; cinq livres d'eau d'un hydropique tirées parla ponction , donnèrent une liqueur fort chargée de fel vo- latil , d'huile deux onces. Tous les examens qu'on en fit prouvèrent que l'eau des hydropiques abonde en fel vola- til , &: même en fel fixe. Ayant de même examiné 3 livres de fang humain , elles donnèrent près de 33 onces de liqueur. Les premiè- res portions étoient chargées de fel volatil , & les derniè- res encore davantage; on eut 4 onces d'huile , 3 gros de fel volatil concret. La tête-morte fort légère &: fpongieufe prit une couleur rouge après fix heures de calcination; elle donna deux gros de fel fixe. La limphe analy fée au poids de deux livres &: demie, pa- rut auffi chargée de fel volatil. DES Sciences. 407 MATHEMATIQUE GEOMETRIE E T ALGEBRE. < MOnfieiir De La Hire a lu deux Mémoires fur la conftruûion des Equations. M. I Abbé de l'Annion a donné une feule Régie gêné- raie pour réfoudre les trois cas du troifiéme degré, qui eft la même que celle dont on fe fcrtpour réfoudre cette queftion, connoiffarit te produit de deux grandeurs ^ çy la femme de leurs cubes , trouver chacjue grandeur. M. Rolle, quelque tems avant d'entrer dans l'Acadé- mie, y apporta des Remarques qu'il avoir faites furune Régie donnée par M. Defcartes au 3"^ livre de fa Gco- mecrie, pir laquelle il fenible qu'on peut connoître com- bien il y a de racines vrayes , &: de racines faufl'es dans une Equation par la feule difpofition des fignes/»/»/ ^ moins. M. Rolle prétendoit que cette régie n'étoit pas géné- rale, & que M. Defcartes n'en avoit point averti, & paroifloic lavoir donné pour générale,- l'Académie ayant chargé MM. Caflini &: De La Hire d'examiner cette cri- tique, ils rapportèrent que M. Schoottcn avoit fait la même remarque que M. Rolle, que la régie de M. Def- cartes ne devoir pas être prife généralement, & que M. Schootten prétendoit que M. Defcartes ne l'avoit pas donnée pour telle. 1684. I684. Voy. les 408 Histoire de l'Académie Royale ASTRONOMIE. SVR LES TACHES DV SOLEIL. LE 5 May à midi M. Calîlni appcrçut une Tache noire & oblongue afles proche du bord oriental du Tome 10. i)oJeiI. Il en détermina la fituation, tant par rapport au p.6ii. ^ bord le plus proche, que par rapport au diamètre hori- zontal, c'cft-à-dire , la différence en afcenlion droite, Se en déclinaifon entre la Tache & le centre du Soleil. Cette fituation de la Tache connue, M. Caffinicndé- duilit la route apparente qu'elle dcvoit faire par le mou- vement du Soleil fur fon axe; il trouva par exemple, qu'elle devoit pafler le 1 1 du mois à une minute Se demie du centre du Soleil, ce qui arriva en effet. Le 17 elle parut au bord occidental du Soleil, & M. Caflini détermina la route qu'elle devoit tenir, fi elle avoir affés de confiftance pour paroître encore fane une féconde révolution,- ces deux routes fedevoient croifer, quoiqu'on les fnppofe réellement les mêmes ; cela vient delà divcrfe expofition des Pôles du Soleil au centre de ]a Terre, d'où il fuit que l'Equateur du Soleil & les Parallèles à cet Equateur, doivent changer leurs incli- naifons apparentes à l'égard de la Terre,- car puifque les Pôles du mouvement du Soleil fur fon axe, ou plutôt l'axe lui même du Soleil fait avec l'axe de l'orbite de la Terre ou de l'Ecliptique un angle d'environ 7 dégrés Sc demi, la Terre par fon mouvement fur l'Ecliptique doic voir les Pôles de la révolution du Soleil décrire des cer- cles autour de ceux de l'Ecliptique , marqués furie bord du DESSCIENCES. 405 du difque du Soleil. Ainfi quand la Terre fe trouvera dans 1684. le point de l'Ecliptique , où pafTe un grand cercle mené par les Pôles de l'Ecliptique marques fur lacirconférencc du Soleil, 8c par ceux de la révolution du Soleil furfon axe , ce qui arrive lorfque la Terre eft environ au huitième degré de la Vierge ou des Poiflons, elle verra l'un des deux Pôles fur le difque apparent , tandis que l'autre fera de l'autre côté, l'un &: l'autre éloigné du point de la circonférence le plus proche d'une quantité égale au fmus verfe de 7 dégrés &: demi mefurés fur un grand Cercle du Soleil ; &; les Taches du Soleil pa- roîtront alors décrire ^es lignes courbes quiferoicnt des Ellipfes, fi la Terre ne continuoit pas alors defe mou- voir fur fon orbite. Les convexités de ces courbes re- garderont toujours le Pôle du Soleil qui eft de l'autre côté du difque apparent. Quand au contraire la Terre eft au 8= degré ou envi- ron des Gémeaux & du Sagittaire, c'eft-à-dire à 90 dé- grés des lieux précédens; les deux Pôles de la révolu- tion du Soleil fe trouvent fur la circonférence de fon difque, & fon Equateur coupe l'Ecliptique tracé fur ce difque au centre même, fous un angle de 7 degrés &: demi , &: les traces apparentes des Taches font des lignes droites parallèles à l'Equateur du Soleil. Ce qu'il faut en- core entendre, en fuppofant que la Terre ceflat alors de continuer fon mouvement ; car à la rigueur , &: à caufe du mouvement continuel de la Terre autour du Soleil, les Pôles de cet aftre ne font qu'un inftant dans la mê- me fituation a l'égard de la Terre, Le premier Juinfuivant, )our auquel on attendoitle retour de la Tache au bord oriental du Soleil , on obfcrva cet Aftre dès le matin , & on vit effeûivemcnt la Tache reparoître , mais fous une forme un peu différente. On s''afl"ura par la fuite des Obfcrvations, que c'étoitlamc- me, & elle répondit parfaitement à la prédidion queM. Ni/, de l'Ac. Tom. I. F f f - 4IO Histoire de l'Académie Royale 1684, CalTini avoic faite de la route apparente qu'elle dévoie tenir dans cette féconde apparition. M. Calfini remarqua que les Taches du Soleil font fujettes àdiverfcs inégalités dans leurs mouvemcns ; elles en ont une analogue à linêgalité que Ton obfervc fur terre dans le lever & le coucher des Aftres àditîércntcs Latitudes ; fecondement , elles participent à l'inégalité du mouvement annuel de la Terre autour du Soleil ; il y en a une troifiéme qui fuit de la première, & qui dé- pend de la différente Inclinaifon de leur trace apparente à regard d'un diamètre déterminé S>c toujours le même fur le difque apparent du Soleil , Sç^ncore de ladidancc de cette trace à ce diamètre, ou^u plus ou moins de longueur de cette trace. Ces Inégalités toutes Aftrono- miques ont leurs régies , &c on peut aifcment détermi- ner leur effet; mais les Taches en ont une autre dont il n'cft pas polfible de< difcerner les caufes. C'clt un mouvement de parties qui fait qu'elles changent con- tinuellement de figure, & caufe de la variation dans leur centre , qui efl: le point d'ont on obfcrve toujours la pofition. Et peut-être ces Taches ont - elles encore lin mouvement particulier par lequel elles font tranf- portées çà Se là par quelque caufe qui nous cft incon- nue , de même à peu près que nous voyons les nuages agités par les vents au-deffus de la furfacc de la Terre; cette penfée aura plus de vraifemblance fi l'on conlî- dere que la Tache dont nous parlons étoit beaucoup plus groffe que la Terre, &: l'air qui l'environne, pris enfemble , puifqu'clle occupoit fur le difque du Soleil un efpace de plus d'une demie minute, aulicu que la Terre feule n'y occuperoit qu'environ 10 fécondes par fon dia- mètre. DESSCIENCES. 4II 1^84. SVR LES ECLIPSES DE cette Année. DAn s l'efpace de ij jours il dcvoit arriver deux Eclipfcs , une de Lune le 2,7 Juin , &: l'autre de iolcil le li Juillet, toutes deux vifibles à Paris. Les Aftronomes de l'A.cadémie ne manquèrent pas de profiter d'une fi belle occafion ; elles furent obfervées par MM, Caffini&: Sedileau , d'un côtc,&: par MM. De La Hire &: Pothenot dans un autre endroit , afin de mieux voir l'accord ou la diverfité qui peut fc rencontrer en- tre des Obfervations faites par divers Allronomes, & fouvent par diverfes méthodes. Comme les Obfervations mêmes ont été imprimées. Voyez les nous n'en ajouterons rien ici ; nous nous contenterons feu- ^J™"""* lement de rapporter des points de pure Théorie, quifu- p.6ê4.&fuiv. rent remarqués à cette occafion. Ces deux Eclipfes font arrivées près des moyennes diftances de la Lune à la Terre. Dans la première la Lune alloit vers fon Apogée, & dans la féconde elle alloit vers fon Périgée. Pendant cet intervalle la Lune a parcouru fon demi cercle fupérieur , dans lequel fa diftance à la Terre eft plus grande, & fon mouvement plus lent. Les Obfervations des deux Eclipfcs ont fait connoître la quantité de ce retardemenr. Car à propor- tion de 19 jours 1 1 heures 44' qui cfl: le tems moyen du retour de la Lune au Soleil , l'intervalle entre les deux Eclipfcs auroit dû être de 14 jours 18 heures r% minutes , aulieu qu'on l'a trouvé de i y jours 13 heures &: environ 7 minutes -, il y a donc eu un retardement de I 8 heures & trois quarts à l'égard du moyen mou- vement , ce qui s'accorde alTés bien avec les Tables Allro- nomiques. Fffij 4ia Histoire DE l'A cademie Royale 1684. La prcmicrc de ces Eclipfcs, qui arriva le 17 Juin à i heures & demie du matin, étoit très-propre à déter- miner la Latitude de la Lune , qui a grande part au Calcul des Eclipfes. Tous les Aftronornes n'ctoient pas d'accord qu'elle dût arriver. Par les Tables Rudolphincs elle ne devoir durer qu'une demie-heure, &: n'étoitque de 13 minutes de doigt. Les Tables de Riccioli donnoicnt fa durée d'une heure 47 minutes , & ia grandeur de deux doigts 36 minutes. Par celles d'Horoccius , efti- mées en Angleterre comme les plus exactes, on avoir calculé que la Lune devoir palier fans toucher l'ombre véritable de la Terre, & qu'elle en devoir être éloignée à fon paflagc de deux minutes &; deux tiers, & ne devoir être écliplée que par la Pénombre; ces diftcrences ren- doient l'Obfervation plus importante ; & elle étoit feule en état de décider la Queftion. Il cft vrai qu'on ne connoît pas d'abord en quoi confifte précifemenr le défaur. Dans celle-ci, par exemple, on ne voit pas Ci c'cft parce que la Latitude de la Lune cft trop grande, ou parce que le Diamètre de lOmbre &: celui de la Lune font trop petits; & fi l'erreur fe trouve dans la Latitude , il n'cft pas poffible de déterminer fi c'cfl; parce que le Nœud de la Lune, d'où la Latitude commence, cft mal placé, ou fi cela vient de ce que l'an- gle de l'inclinaifon de la Lune à l'Ecliptique cfl: mal limité; mais la rencontre de ces deux Eclipfcs fi pro- ches l'une de l'autre donne le moyen d'éprouver fi les corrcdions faites pour reprefenrer la première, s'accor- dent encore à reprefenrer la féconde , autrement ou cflaye d'autres corrections qui s'accommodent à l'une &: à l'autre. A l'occafion de l'Eclipfe de Soleil, M. Cafiini traita des Connoiifances néceflTaires pour prédire ces fiertés d'Eclipfes , qui ont plus de difficultés que celle de Lu- ne , à caufe qn'elles font fujettcs à Parallaxe ; car elles DESSCIEKCES. 413 dépendent des diverfes manières dont elles font vues 1684. des diffcrens points de la fiiperficie de la Terre, ce qui eft une recherche li difficile , qu'il ne faut pas s'étonner ii l'on n'efi: pas encore arrivé à la dernière précifion dans le calcul de leurs Phafcs. Lemouvcmcntannueldu Soleil ou de la Terre , celui de la Lune affecté de cinq ou fix irrégularités différentes , qui font varier tant fa Longi- tude que fa Latitude, le rapport des grandeurs du So- leil , de la Lune Se de la Terre , celui des dillances de ces corps entr'eux , qui varie continuellement , fonttous des Elemens très-difficiles à bien établir dans les Eclipfcs; celles du Soleil demandent en particulier une connoif- fancedela Géographie & de la fituation des lieux plus exaûe qu'on n'a droit de l'efperer ; car il eft néccffaire de fixer la Longitude & la Latitude des lieux aufquels on veut en rapporter l'apparence ; par exempte fi l'on veut fçavoir quels font ceux aufquels l'Eclipfe doit pa- roître totale; le calcul cnefl: fi délicat, que la différence d'une minute , particulièrement dans la Latitude d'un lieu, peut détourner la totalité de l'Eclipfe pour ce lieu. De forte qu'une Eclipfe de Soleil pourroic bien être to- tale au milieu de Paris, &C ne pas l'être aux deux extré- mités oppofées , comme à l'Obfervatoire &c a Mont- martre. Ainfi quoi qu'on hazarde de prédire en quelles Villes l'Eclipfe paroîtra totale, ce feroit une cfpéce de merveille, fi l'événement écoit conforme àlaprédiftion ; on avoir prédit par exemple que celle de cette année feroit totale à Rome,- cependant en comparant les Ob- fervations qui ont été faites à Paris ôc en divers autres lieux , M. Caffini trouvoit qu'elle n'avoit dû être à Rome que d'environ 9 doigts. Mais on peut déterminer avec plus d'affurance les Régions entières aufquelles l'E- clipfe paroît d'une grandeur déterminée par exemple totale, fans fixer les lieux particuliers de cette Région , qui font des limites trop étroites pour fonder un calcul cxad. F f f lij 414 Histoire de l' Académie Royale 1^84. U"'^ Eclipfe ayant été oblcrvée dans un certain lieu,' on peut en examinant rObfervation déterminer plus pré- cifément la véritable valeur des Elcmens qui concou- rent à la reprefenter telle qu'elle a été en effet obfer- vée, & alors on eft en état de trouver quelles phafes auront parues en divers lieux de la Terre dans les dif- férens momens de fa durée, & cette recherche ne fcrvît- clle qu'à indiquer les lieux qui auront vCi telle ou telle phafe, ne feroit pas inutile; mais elle a d'autres ufages, ellefert, par exemple à s'alTurer davantage des Elemens du calcul, elle fait connoître 11 les Obfcrvations faites dans les lieux dont la pofition eft connue d'ailleurs , onc été faites avec exactitude, & fi l'on fuppofe cette exac- titude dans les Obfcrvations faites dans des lieux donc la pofition eft inconnue, M. Caffini donnoit la méthode d'en tirer la diftércnce en longitude entre ces lieux-là &c un autre lieu déterminé, par exemple , l'Obfervatoire Royal, ce qui rend l'Obfcrvation des Eclipfes de Soleil, très-importantes pour la Géographie. M. Caflini ayant corrigé le calcul de cette Eclipfe fur l'Obfcrvation qu'il en avoir faire , il calcula les Loneitudcs &c les Latitudes des lieux de la Terre où elle avoir dû paroîtrc totale ou centrale; Se il marqua ces lieux fur le grand globe terreftre de Blaew, qui eft celui qui s'éloigne le moins des Obfcrvations Géo- graphiques faites par ordre du Roi: il les appliqua aulîî , à la grande Carte terreftre tracée fur le plancher de la Tour occidentale de l'Obfervatoire, afin de voir la dif- férence entre cette Carte &c le Globe, lequel augmente un peu trop les diftércnces en Longitude des lieux fore éloignés de notre méridien. L'une Se l'autre méthode lui donnèrent les lieux où. l'Eclipfc avoit dû paroître totale , ou centrale; Sc il en drcfta une lifte qu'il com- muniqua à la Compagnie , en attendant que l'on pûc recevoir de quelquuns de ces lieux mêmes , les Obfcrva- tions qui y auroicnt été faites. DEsSciENCES, 41 y La trolficmc Eclipfc fut une ilc Lune , qui arriva le 168.-'. 21 Décembre, &c fur obfcrvée de même, &i par les mê- mes Perfonnes que les précédentes. Les Percs Fontanay, Visdelou , Bouvet 3c Tachard Jefuites , qui le difpo- foient à partir pour la Chine en qualité de Miflion- naires &c de Mathématiciens du Roi , aiïiltcrcnt à l'Ob- fervation qu'en fit M. CaiTmi. SVR DEVX NOVVEAVX SATELLITES de Saturne. L'Année 16S3 nous a fourni une nouveauté d'Af- tronomie , la lumière du Zodiaque ; celle-ci nous en donne un autre qui n'cft pas moins confidérable ; Sa- turne, cette Planette fmgulicreà laquelle on ne connoif- foit que 3 Satellites, en a préfentement j. &: les deux qui furent découverts cette année par M. Caffini, &: qui font les plus proches du corps de la Planette , de- mandoient plus que les autres pour être découverts, &; des objedifs excellens, &c de très-long foyer , &C un Ob- fervatcur habile ; cette découverte a mérité qu'on en frappât une Médaille dans l'Hiftoire du Roi, qui re- prefente le fyfléme de Saturne , avec cette Légende , Satnrni Satellites primum cogniti. Au mois de Mars 1684. M. Caflîni voulant éprouver un Obje^Vif de 100 pieds travaillé par Campani,ilchercha une Planette propre à être obfcrvée par ce verre placé fur le haut de l'Obfervatoire. On ne pouvoir employer de tuyau , c'efl pourquoi il falloir un Aftre qui futdans fa hauteur mé- ridienne juftemcn. aflcs élevé pour que le rayon pris depuis robjedifjufqu'à l'oculaire, &: qui devoir avoir 100 pieds de longueur, fut compris entre le haut de l'Obfervatoire, & le pavé de la Cour Septentrionale; il failoic prendre 41^ Histoire DE l'Académie Royale 1^84. "" Aftre à fon paffage par le méridien, parce qu'alors fa hauteur ne varie pas fcniiblemenc pendant plufieurs minutes , &: tous les Aftres ne pouvoient pas fervir à , cette épreuve, car le haut de l'Obfervatoire étant élevé de i4toircs ou de 84 pieds au dcfTus du pavé de la Cour Septentrionale, il falloit que l' Aftre fe trouvât dans un rayon oblique de 100 pieds, ou plutôt de 104 pieds de longueur , afin de pofer l'œil commodément à l'ocu- laire. Saturne fe trouvoit alors heureufement dans ces cir- conftances , fa hauteur méridienne étoit de 54 dégrés, ce qui donnoit juftement 104 pieds pour le rayon obli- . que par lequel il étoit vu à fon palTage par le Méridien, ôc fur une hauteur perpendiculaire de 84 pieds. M. Cafllni obfcrva Saturne pendant plufieurs jours avec cet Objedif, qui étoit excellent, &: il découvrit deux nouveaux Satellites à cette Planctte. Le premier ou le plus proche du centre ne s'en éloigne jamais plus que delà diftance d'un diamètre, & un fixiéme de l'an- neau ,• il fait autour de Saturne une révolution en i jour zi heures 18 minutes. Le fécond ne s'éloigne jamais du centre de Saturne , que d'un diamètre &: un quart de l'anneau ,& fait une révolution entière en z jours 17 heures 41 minutes. Ces deux Satellites étant découverts , & leurs périodes étant connues, on voit clairement qu'ils dévoient être fort difficiles à découvrir , & même après cela à être diftingués l'un de l'autre. Le premier fait en moins de deux jours deux conjonftions avec Saturne , une fupé- rieure & une inférieure , Se la durée de ces conjonctions eft fort grande , car dans plufieurs circonftanccs l'anneau cache une partie confidérable du cercle de ce Satellite, ce qui fait quelquefois durer fcs conjondions près de 9 heures , ainfi qu'il fe rencontra dans cette année : d'où il arrive que quand ces longues Eclipfes fe trouvent aux heures DESSCIENCES. 4I7 licurcs commodes pour obferver la Planettc , on ne fcau- léS roitvoir le Satellite, & pour peu que le mauvais tems fe joigne a ces difficultés, on eft 2z jours environ fans pouvoir obferver ce Satellite une feule fois. Le fécond eft fujet aux mêmes difficultés , quoi qu'un peu moins , à caufc qu'il décrit un cercle plus grand ,• mais ces z Satellites en ont une autre qui leur ell commune, c'eft qu'il eft fort difficile de les diftingucr dans leurs plus grandes digreffions, car la différence en eft fi petite, qu'ondoie dans ces termes prendre fouvent l'un pour l'autre. M. Caflîni après un grand nombre d'Obfcrvations , déter- mina le rapport des digreffions du premier à celles du fécond, comme 17 à iz. Le tems de la révolution de ces deux Satellites com- paré avec leur diftance au centre de leur révolution, confirme de nouveau la Régie admirable de Kepler com- me les autres Satellites, tant de Jupiter que de Saturne, avoient fait auparavant; il n'y a rien, pour nous fervir des termes de M. Caffini , qui faffi; mieux connoître l'har- monie admirable dcsiyftémes particuliers dans le grand fyftéme du monde , &c qui manifeftc davantage aux hom- mes la fagefTe infinie qui les a formés. DELA MERIDIENNEDE ^OBSERVATOIRE prolongée du coté du Midi. PO u R prolonger la Méridienne de l'Obfervatoire du côté du Midi, M. Caffini employa la diftance entre rObfervatoirc &c la Tour de Mont-lhery, don- née par M. Picard de i 17^7 toifes, &c ayant connu par diverfes méthodes &: par plufieurs Obfervations celeftes que cette ligne tirée de l'Obfervatoire à la Tour de Mont-l'hery , faifoit avec la Méridienne de l'Obferva- Htjl. de l'Ac. Tome I. G gg T' 41 s Histoire DE l'A cademie Royale 1684. toire un angle de 1 1 dégrés j8' vers l'Occident; on prolongea la Méridienne jufqu'à Saint Sauvicr en Bour- bonnois par le moyen de 21 triangles. On obfervoit les angles de ces triangles avec un In- ftrument femblable à celui dont M, Picard s'étoit fervi , & on y trouvoit la même cxaditudc; par exemple, on trouvoit quelquefois la fomme des trois angles précilc- mentde 180 dégrés , quelquefois moindre ou plus grande que 180 de 10 ou ij fécondes; alors on rejettoit cette différence fur l'angle le moins certain , ou lorfqu'ils l'écoient tous également , on la diftribuoit également cntr'eux. Sur ces Obfcrvations faites depuis l'Obfervatoire Royal jufqu'à S. Sauvier , éloignés l'un de l'autre d'environ 139950 toifes, MM. Sedrleau&: Chazelles avoient cal- culé , non-feulement les côtés des triangles dont on avoir obfcrvé les angles , mais encore la diftance de chacun des lieux obfervés , à la Méridienne ,&: la diftance entre le Parallèle de l'Obfervatoire, & ceux de ces lieux ,me- furée fur la Méridienne même. DIVERS ES 0 B S EKVAT 10 N S Afironomiques. I. MOnficur Caflini a lu fcs Obfcrvations de la Pa- rallaxe de Mars lorfqu'il étoit Périgée, & à une dillance de la Terre beaucoup moindre que celle du Soleil. Il trouvoit à Mars un Parallaxe horizontale de zj fécondes, d'où il concluoit celle du Soleil de 9 fé- condes , & fa diftance à la Terre de ii(5oo demi-dia- metres tcrrcftres , celle de Mars étant de 8 100 des mê- mes demi-diametres. DEsSciENCES. 415) II. M. CaflTmi a encore ICi Tes Remarques fur le voyage de M. Richer en Cayenne ; il a fait voir l'accord des lieux du Soleil obfcrvés en Cayenne hors des refraftions avec les mêmes lieux calculés par fcs Tables, & publiés dans les Ephcmeridcs du Marquis Malvaiic , les Calculs & les Obfervacions donnans la même obliquité de l'E- cliptique. III. M. l'Abbé de l' Anion a rapporté qu'il avoir vu un Phéno- mène extraordinaire le 17 Novembre vers les 10 heures du matin étant proche de S. Aubin en Bretagne; c'étoit une flamme en forme de larme , grofle comme la main qui def- cendit du Ciel afTés lentement pendant rcfpacc d'environ 7a 8 minutes. On voyoit cette flamme afles clairement , elle paroiffoic un peu bleue ; la queue jcttoit des efpéces d'étincelles , & elle étoit oppofée au Soleil. M. Blondel a lu divers morceaux de fon Traité du Calendrier Romain. 1684. Gggi) 1684. 410 Histoire de l'Académie Royale r\w (\t c\u c^ (Ti* *T4* r^ r^^ r^ t^ f^ rVi* r*^ r^ rVu r^ c^ tX. «^ fX» f^ c^* MECHANIQUE. s V R V N E MACHINE CAPABLE (Tauginenter l effet des Armes a, feu, MOnlicur Perrault qui communiqua cette Inven- cion à l'Académie , prcnoit pour principe , que tuuc l'etïec des Armes à feu dépend de la vîtciTe que les Machines qu'on y employé peuvent donner au boulet qu'elles pouffent, d'où il fuit que ce qui peut augmen- ter la vîteffe que la poudre a coutume de produire dans les canons, doit beaucoup augmenter leur eftct. Pour augmenter cette vîteffe , M. Perrault imagina un Canon ordinaire, auquel outre l'ouverture de la lu- mière il y en avoir une autre beaucoup plus grande fituée un peu au-delà du milieu de fa longueur du côté de l'embouchure. Le bout de ce canon fc montoità vis, &r portoit intérieurement en cet endroit un rebord en for- me d'anneau. En dedans de ce premier canon il en in- troduifoit un autre, dont la culaffc qui fe montoità vis ctoit percée en fon milieu pour former la lumière ; ce canon avoir à cette extrémité un collet fixe , & vers fon autre extrémité un collet mobile , tous deux à l'exté- rieur ; un fil d'acier à rcffort, & tourne en fpirale autour de ce canon s'attachoit par fes deux bouts aux deux collets , lefquels dévoient être de même diamètre que l'intérieur du premier canon. Pour introduire le fécond dans le premier , il falloitdemonter le bout du premier , &: après que le fécond canon étoit entré, on remettoit le bout du premier , ic alors le canon intérieur ne pou- DESSCIENCES. 41 ï "Voit plus forcir entièrement , à c.iufc du rcl ord ou an- 1684. ncau que nous avons dit qui étoit placé en dedans à l'extrémité tarodée du bout du premier canon , ce re- bord ayant une ouverture moindre que le diamètre des anneaux du canon intérieur. La Machine étant ainfi préparée, Se le canon inté- rieur étant tiré en dehors autant qu'il ccoit poflible, on inettoit de la poudre par la grande ouverture latérale faite au canon extérieur, Se on lailloit retomber le fé- cond canon, qui fcrvoit de bourre au premier; on char- geoic eniuite ce fécond canon à l'ordinaire, de poudre & du boulet; le feu étant mis au premier par la lumière, la poudre qui y étoit contenue s'enflammoit, & pouiToic le canon intérieur en même-tems qu'elle allumoit la pou- dre qu'il contenoit , 8c par - là donnoit au boulet dont il étoit chargé une plus grande vîtefTc qu'il n'au- roit eue s'il n'avoit été pouffé que par la poudre de fon propre canon, cette vîteîfe rélultoit de celle du fécond canon pouffé par la poudre du premier , 8c de celle que lui imprimoit la poudre du fécond. Par les précautions que M. Perrault avoir prifes, ces deux charges ne pouvoient faire aucun effet capable de rompre la Machine, car le feu du premier canon for- toit par la grande ouverture latérale, &: l'effort du fé- cond canon venoit à ceffer auffi-tôt que fon collet mo- . bile étoit preffé par le collet fixe contre celui qui étoit en dedans du çros canon, ce collet fixe étant contraint de s'approcher de l'autre en pliant le reffort , par le mou- vement du canon entier,- ce qui, fuivant M. Perrault, rompoit fuffilamment le grand effort, 8c ne diminuoic que fort peu la vîtcffc. Ggg iij 411 Histoire DE l'Académie Royale 1684. SVR VN NOVF EAV SABLIER pour la, Mer. Voyez les 1^ i Onfieur De La Hirc ayant remarqué que l'on a Tor'ia' iVlun très-grand befom fur Mer d'Horloges qui p. 671, marquent au moins les minutes de tcms , foit pourcfti- mer le fiUagc, loir pour plufieurs Obfervations Aftrono- miqucs utiles à la Navigation , & que l'on fc fcrvoit d'ail- leurs d'horloges à fable , il fongea à rectifier ces fortes d'horloges, &: à leur faire marquer diftinfliemcnt au moins les minutes. Pour cela il appliquoic un tuyau de verre d'environ 20 pouces de longueur à la place de l'une des phioles des horloges à fable dont on fc fcrt ordinai- rement. Ce tuyau étoit bouche par fon extrémité. Il mon- toitce Sablier fur une planche, comme on monte un Thermomètre, enforte que la boule & le tuyau fu fient à demi cnchafles dans le bois. Pour divifer le tuyau, M. De La Hire fe fervoird'un Pendule à fécondes, & fufpendant fon Sablier enforte que la boule fut en en-haut, il marquoit fur la planche l'endroit où le fable arrivoit dans le tuyau après la pre- .mierc minute, & de même après la féconde minute , & ainfi de fuite jufqu'à ce que le tuyau fut plein , ce qui fvuvoit les inégalités de l'intérieur du tuyau. Ilretournoit enfuice la machine, enforte que laboule fut en embas , & il marquoit de la même manière de l'autre côté du tuyau les points où parvenoit la fupcrficie fupérieuredu fable qui tomboic du tuyau dans la boule. Comme les grains de métal fort petits &: fort ronds feroient très-utiles pour ces fortes de machines , on parla dans l'Académie de la manière de faire cette forte de poudre. M. l'Abbé Galloys dit qu'un Chartreux de fa DESSCIENCES. 42,? connoiflancc en faifoit de très - propre à cet ufao-e en i6Sd méfiant du plomb fondu avec de la cendre , & le remuant fortement dans un gros fac. M. De La Hire a fait voir un modèle pour faire des Tuyaux de bois aufli gros qu'on voudra pour la conduite des Eaux. 1685- 414 H I Ç T O I R E D F. l'A c a d e m î E R o Y A LE ANNE'E MDCLXXXV. PHYSIQ^UE GENERALE. DIVERSES 0 B S EKVAT ION S de Phjjiquc générale. I. MOnficur de la Chapelle a rapporté qu'il a vu dans le Cabinet du Roi , un PoifTon qui fait l'effet duo baromètre. Il eft enferme dans une bouteille pleine d'eau avec du fable au fonds. Lorfque le tems cfl calme & ferein , cet Animal eft fans mouvement; mais auffi- tôt que le tems eft prêt à changer, il fe remue, &c fi c'eft quelque tempête qui doit arriver , il s'agite d'une manière extraordinaire. Ce Poiflon reftcmbleà peu près à une Truite. M. Caftini en fit voir quelque' tems après un autre femblable , &: qui faifoit les mêmes effets. II. M. Thevenot a rapporté que nos Sauvages guerriers de l'Amérique feptentrionale étant revenus du Nord, où DES Sciences. ' 415' où ils avoicnt pénétré beaucoup plus avant depuis qu'ils lôSy. avoicnt des fulils, qu'ils n'uvoicnt olé faire avant que d'c£i avoir , ils avoient rapporté , qu'étant entrés dans une grande Rivicrc, & monté jufqu'à un Lac d'eau douce, ils avoient trouve fur les bords de ce Lac les pilles d'ua Anima! qui leur étoit inconnu; quelque tems après ils appcrçurcnt deux de ces Animaux qui fc retiroicnc vers le Lac ; ils en tuèrent un à coups de fufil, l'autre s'étant jette dans l'eau où il s'enfonça. L'Animal tué avoit le corps de la groflcur de celui d'un buffle , il étoit couvert d'un poil noir de ly à 16 pouces de long mêlé d'un autre poil blanc de même longueur. Scsjam- bes étoient courtes & grolTcs comme celles du Buffle; les pieds étoient faits comme ceux d une Oyc. Sa tête rellembloit afles a. celle du Sanglier, & étoit au moins aufli greffe ; aulieu de nés il avoit deux trous qui lui fervoicnt de narines, les oreilles étoient courtes, &: les yeux petits & enfoncés. Il avoir deux cornes auhautde la tête chargées d'andoiiillcrs comme le bois de Cerf il'ex- trémité deces cornes étoit faite en forme d'une pierre ovale groile comme un œuf d'Oye , 6c brillante comme de l'acier poli. La chair de cet Animal étoit fort rouge &: fentoir fi extraordinairement le mufc , que quelque bcfoin qu'en euflent les Sauvages, dont les provifions n'étoient pas confidérables , ils ne purent jamais en manger. Les coups dont il avoit été tué firent découvrir nos Sauvages à leurs ennemis, qui lé fauverent épou-* vantés du bruit qu'ils avoicnt entendu ; ils ne bif- fèrent après eux qu'une femme , qui n'ayant pu les fuivrc fut faite prifonniere par nos Sauvages , Se emmenée parmi eux. M. Thcvenot qui l'a vue, dit qu'elle eftaflcs bien faite , excepté qu'elle a les jambes plus grofles que. les autres femmes ne les ont ordinairemenc. ■ jr .lo ■ ■■ - :;;M:i;jnu:)i;^i :■ ----■' Hifi. de l'Ac. rom. I. H hh léSj. 41^ HiSTOIREDE l'A C ADE M I E Roy ALfi III. M. Caflïnl rapporta d'après M. DurafTc , qui avoit été en AmbafTadcà Conftantinoplc , qu'on trouvoit dans des pierres fort dures plufieurs petits Animaux qu'on nomme Daftyles , qui étoicnt bons à manger : &c qu'ayant mis une meule de Moulin dans la Mer, &c enfuite re- tirée & caflee , il avoit trouvé en dedans plufieurs de ces Animaux vivans : M. Blondcl ajouta qu'on en voyoit à Toulon de femblablcs , & qu'on y en- vendoic publiquement. IV. M. De La Hire a fait voir une Pierre fort dure qu'il a trouvée dans l'endroit où l'onfouilloit alors Iclit pour le Canal de la Rivière d'Eure. Il croit que c'eft uncef- pecc de PoilTon qu'il nomme une Châtaigne de Mer, ou Echynus Marinas , dont la Coquille aura été entourée de tous côtés de vafe. MM. Thcvcnot & Galloys en ont trouvé d'une autre efpécc dans d'autres lieux, tous fort éloignes de la Mer. M. Sedilcau a fait voir aufll plufieurs autres Pierres prifcs dans le même Canal. Les unes font appcllécs Cafques ^ elles font coupées en fix pans réguliers. D'au- tres enferment en dedans une cfpcce de vitrification. Il en a montré une autre ronde & blanche comme l'albâ- tre , enfermée dans un caillou qui étoit plein d'eau. Au mois de Juin de cette année, le feu prit en plu- fieurs Villages autour d'Evreux , par des feux fouterrains qui crévoient la Terre & s'attachoicnt aux corps com- buftibles qu'ils rcnconrroient. M. Etienne Chanoine de DESSCIENCES. '' ^tj Chartres donna avis à M. De La Hirc d'un femblablc léSy. feu qui prit de la même manière dans un Village du Perche nommé la Eerchcre i ce feu prit couc d'un coup , &: on ne put pas l'éteindre. VI. iC ..T Comme on parloir des Remèdes capables de guérir les Porreaux , M. Bourdelin dit qu'il les falloir toucher deux fois par jour & légèrement d'un peu d'cfprit de Vitriol. M. Perrault ajouta que le fuc de Pourpier fai- foit le même effet. , M. Perrault dit encore que les feuilles de Laurier pilées & mifes fur les piqueures de Mouches ou deGucfpes les gueriffcnt aufli-tôt. M. Blondel aflurala mêmechofe de la corne de Chamois mifc en poudre. M. Thevenot dit qu'ayant fait venir de l'Euphorbe, deux Perfonnesqui en gourèrent s'en trouvèrent fort mal. M. Thevenot leur donna'dujus de Citron qui les guérie parfaitement. ■ " vn. M. De La Javaniere Vidcl a envoyé à M. Pcrraulr, &C par lui à l'Académie, plulieurs Obfervations fuivies qu'il a faites à S. Malo fur la hauteur de la Marée. 11 a communiquée en mcme-tcms la Machine dont il s'é- toit fcrvi dans fes Obfervations. M. De La Hire a dit à cette occafion , que par plu- fieurs femblablcs Obfervations qu'il avoit faites, il avoir remarqué que le mouvement de la Mer fuivoit le moyen mouvement de la Lune , &: non-pas le vray , comme pluficurs Philofophes l'ont penfé. Hhhij léSj. 428 Histoire de l'Académie Royale VIII. M. De La Garoufte a prcfcnté à l'Académie un Miroir de métal de cinq pieds deux pouces de diamètre. C'eft le plus grand qu'on ait vu jufqu'à prefenr. 11 n'eft pas éga- lement p.Tli , & il y a une pièce ajoutée vers le milieu où le métal a manqué. 11 n'a pourtant pas paru que cela, diminuât de fa force. On en fit plufieurs cffays dans l'Académie par ordrede M. De Louvois. On trouva fon foyer à cinq pieds de diftance , un peu plus loin qu'il ne devoir aller à pro- portion de la grandeur du Miroir. On fut affés content de fes etfets , &: l'on crut qu'ils auroient été plus grands ■iî le Miroir avoit été monté fur un pied, & qu'il eût été mieux poli. IX. M. Caflfini trouva au mois de Juin de cette année, la déclinaifon de l'aiguille aimantée de 4 degrés vers l'Oc- cidenr. i.\n DES Science s. ' -~ ~ '■ ' ' 7 ! ' 415) A N A T O M I £.■ " DIVERSES 0 B S E K VAT I 0 N S :.,j,.,,.... ,., , AndtomiqHes. :.._. ::;,;3r;/.aA ;;.b -0'. :iij c;^.;^.. _ . ., :, jici ri;L?:::r>D --A >5 I. ^ .'■^'1 ■ • -. i!^- :-■ • îj AL'occafioti de ce qu'on avoic remarque , qu'il n'y avoic point de Cœcum dans le Chamois diffcqué dans l'Académie, M. Dodarc a dit qu'il croyoit que l'ufage du cœcumétoit de fournir une liqueur quicaufe une nouvelle fermentation aux matières, & les tpailllt. M. Du Verney a dit que le cœcum écoit fort petit dans l'Homme & dans les autres Animaux qui vivent de chair , & fort grand dans ceux qui vivent d'herbes & de grains : il ne croit pas que le cxcum contribue à la confiftance des matières ; mais il donne cet ufagc aux glandes du colon , qui fourniiïcnt une liqueur plus épaifle que les glandes qui font dans les inteftins grefles ; c'eft pour- quoi dans l'Homme le colon environne les autres in- teftins , & eft attache à plufieurs parties. M. Du Verney a ajouté , qu'il croit que les inteftins grefles ont un mouvement pcriftaltiquc. On voit ce mouvement dans la Grenouille, dans le Mouton , ôc dans quelques-autres Animaux. M)!: ".--^ ■-•-■.; • II. s n Quelque tems après, a l'occafion d'une Expérience propoféc parM. Mcry, qui avoit rapport à l'obier vation Hhh jij i^Sy. 430 Histoire de l'Académie Royale I68j. précédente , M. Du Vcrney a fait voir dans rintcflin d'une Poule, que les matières vont dans le icdum avant d'entrer dans le cœcum. III. M. Du Verney a diflequé un Vautour qu'on a envoyé de VerfaiUes. Il lui a trouvé un jabot, contre l'ordinaire des Animaux carnafficrs, Le géfier étoit très -mince &: le cœcum fort court. On a examiné l'organe de l'o- dorat de cet Animal. IV. M. Du Verney a fait la diiïeiSlion d'un Singe femelle , & M. Mcry celle d'un Singe hermaphrodite, de l'efpéce où l'Animal eft proprement femelle ; le feul allonge- ment duClitoris paroît lui donner les parties du mâlc:dans celui que M. Mery fît voir , cet allongement avoit une conformation particulière, en ce qu'il étoit creufé par deffous en forme de goutiere. M. Mery a fait voir auffi le cœur de l'Oyfeau Royal On remarqua à la bafc du cœur en dedans un trou rond qui faifoit la communication du ventricule droit au gau- che; il y avoit à fon embouchure une valvule figmoide. VI. Le même M. Mcry a apporté un lobe ou fac des pou- mons d'une Tortue de Mer, il étoit rempli de vcficuies qui faifoient l'effet d'un rayon de miel : ce fac étoit di- vifé en deux parties par ur/s cloifon membraneufc, Se DES Sciences. ■ ^^j ces deux parties communiquoicnt cnfcmbleà la bafe par léSr. le moyen des vcficules. Il a fait voir encore les mâchoi- res de la Tortue, qui font d'une conftrudion figuUcre. VII. M. Scdilcau ayant prcfTc un Criftallin tout frais, il s'efl: fcparé en quatre parties. .. M. Du Verncy a donné la Defcription de la Palette. BOTANIQUE. ,; OU T R E les Travaux ordinaires de Botanique , M. Marchand a donné la Defcription du Ccljtminum Jndicum flore phxnicco , de la Lattuca Sativa , de la Lychnis umhetlifera , montana , heliietica ; de VHefperis feu Viohi matronalis flore pie no , de VHefperis hortenfls ^ ic de la Clcnidtis Americana. trifoLia. M. Blondcl a apporté une Gouffe de Cacao. Ellecon- tenoit ij Amandes qui avoient le goût de Chocola ; M. Marchand l'a confervée dans fon Cabinet du Jardin Royal. ■-. ■ .,.-• ,. ;; i.- :•' -^r'\ 43 i Histoire de l'A c a d e m i e R o y a le I68y. ASTRONOMIE. SVR LA M AN J ERE D'E M F LOYER ^^ des Tztjaux pour les Objcciifs fuit longs. NOu s rangerons dans rArtlcIe de l'Aitronomiece qui fur propofé cette Année pour le fcrvir des vcncs objcdifs de très-long foyer. Outre les Machines inventées par M. Perrault & par M. Bouifart de Touloufe, dont nous avons fait mention plus haut, M. Calîini, M. De La Hire, le P. Scbaftien Religieux Carme, & M. Cuffet, qui fut peu de tcms après reçu dans l'Académie , en propofcrcnt d'autres. Celle du P. Sebafticn confiftoit en une Vergue ou An- tenne de la longueur à peu près du Tuyau delà Lunette. Cette Vergue étoit compofée de plufirurs pièces de bois ancmblécs les unes aux autres, &c aflu]eties par des liens de fer. Elle étoit fufpenduë en Ton milieu à une chape par le moyen d'un boulon qui traverfoit la chape &: l'An- tenne, cnforte qu'elle pouvoir tourner autour de ce bou- lon. De vingt en vingt pieds il y avoit des poulies de fix pouces de diamètre enchaflecs dans rcpaifTcur delà Ver- gue, fur lefquelles pafToient des cordes attachées aufïï de zo en zo pieds au tuyau de la Lunette. Toutes ces cordes alloient fe rendre au bout du tuyau du coté de l'oculaire, &c fe replioient chacune fur une cheville par- ticulière que rObfervateur pouvoir tourner d'un fcnsou d'un autre, & par-là redrcifcr les difterentcs parties du tuyau , &: le confervcr toujours cxaiStement en ligne droite. M. DESSCIENCES. 455 M. Cuffet avoit imaginé une fufpcnfion toute diffé- rente , & fort ingcnicufe ; il en fit imprimer k Dcf- cription dans les Journaux des Sçavans de cette année, ce qui nous difpcnfe d'en rien dire ici de plus. Mais malgré toutes les précautions que l'on avoit prifcs dans chaque Machine en particulier, elles étoient tou- jours , ou fort compofées, ou fort pefantcs , ou du moins embaraflantes dans l'ufage; &: de plus il en falloit une pour chaque objcélif, ce qui fcroic devenu aflés incom- mode à rObfervatoire, oii l'on avoit des verres cxccl- lens depuis 20 pieds jufqu'à près de 200. C'eft pourquoi M. Caflini fongca à quelque moyen aifé & général d'employer ces différons objcdifs dans toutes les occafions qui feroient néceffaires, fans l'em- barras des tuyaux ,-11 crut qu'un fimple mats fuffiroif, pourvu qu'en y adaptant le verre objeûif on pût l'élever plus ou moins , &c l'incliner auffi plus ou moins de tous les fens. Au lieu de mats il fe préfenta un fupport, & plus fo- lide. Se d'une hauteur plus confidérable, ce fut la Tour de bois de Marly haute de 120 pieds. On examina en particulier l'ufage dont elle pourroit être , & l'ayant jugée très- propre au dcflein qu'on avoit de continuer les Dé- couvertes Celeftes par le moyen des plus longues Lu- nettes , ou qu'on avoic , ou qu'on pourroit renconter dans la fuite , l'Académie ptia M. De Louvois d'obtenir du Roi la permiffion de la faire tranfporter à l'Oblerva- toire, ce qui lui fut accordé, après quelques épreuves que M. Caflini en fit pendant deux ou trois nuits de fuite à Marly même. M. Caffmi fit faire auffi - tôt un fupport pour loger l'objeélif, & lui laiffcrla libcrcéde tourner cntousftns; ce fupport &: le verre qui y étoit enchaffé , pouvoir séle- ver à volonté le long de deux couliffes appliquées aux angles de la Tour ; la méchanique étoit d'ailleurs à peu /Jfjl. de l'Ac. Tem. /. lii 434 Histoire de l'Académie Royale l68y. près la même que celle que M. Huyghens avoir em- ployée lorfqu'il s'appliqua aux Obfcrvations de Sacmne avec des verres qu'il avoit taillés lui-même, & qui lui firent découvrir le fyftême de l'Anneau , Se un Satel- lite de cette Plancttc. Ce fut avec ces nouveaux fjcours que M. CafTmi continua fes Obfcrvations fur les Satellites de Saturne, & qu'il fc trouva bien-tôt en état d'en prefenter au Roi une Théorie complète. SVR L' ECLI PS E DE LV N E de cette Année, L'Ec L I PS E de Lune arrivée le lo Décembre i68<. & obfervée en divers lieux, a été fort importante Tom. 10. pour les AftronomcSj principalement parce qu'elle cft p.709. arrivée lorfque la Lune étoit à très- peu près dans fon Apogée , ce quircnd l'Obfervation très-propre à détermi- ner le moyen mouvement de la Lune, qui eft le premier & le plus confidérable élément des Tables Lunaires. L'Apogée de la Lune fait une révolution par le Zo- diaque félon la fuite des Signes en 9 ans , &: fes Nœuds près defquels elle fe trouve dans les Eclipfcs font une révolution contre la fuite des Signes en 18 ans,- l'Apo- gée & le Nœud fe rencontrent donc au bout de 6 ans , mais dans des points diiférens du Zodiaque, &àdiver- fes diftances de la Lune au Soleil ; d'où il fuit que les Conjonctions & oppofitions Ecliptiqucs qui reviennent dans le même mois à la même diftance de l'Apogée &: du Nœud arrivent à diverfcs heures du jour, ce qui em- pêche d'en pouvoir obferver pluficurs dans le même lieu. M. Caifini a examiné toutes celles qui ont été obfervécs DEsSciENCES. 43^ <3ans les deux derniers fieclcs, plus féconds en Ohlcr- ^^■^S- varions que roiis les prccédciis, &c il lui a été impoflible de les accorder enfemble, &: avec les meilleures Tables, à un quart d'heure près , quoi qu'il diic raifonnablenicnc cfperer cec accord, en ne comparant que des Conjonc- tions Se oppofitions faites à très-peu de diftance de l'A- pogée ; car dans d'autres où cette diftance étoit plus grande, une plus grande différence qu'il trouvoit nelé- tonnoit pas à caufe des autres inégalités de la Lune , & de leur diverfe combinaifon; l'embarras que cela caufe devient encore plusgrand , en ce qu'on ignore fi la différence qu'on trouve vient de l'incertitude des Obfcrvations ou de quelque inégalité encore inconnue dans le mouvement de la Lune. C'eft pourquoi M. Calîini attendit avec im- patience l'Eclipfc du mois de Décembre de cette année , pour en pouvoir déduire une pofition exacte de l'Apo- gée de la Lune, telle que la donneroient les Obferva- cions les plus exa£tes qu'on en pourroit faire , &: parce que fuivant fon hypothéfe particulière du mouvement de la Lune, la durée de cette Eclipfe devoit différer de celle que les autres Aftronomcs lui attribuoient , M. Caffini en fit le Calcul fuivant fon hypothéfe, & le communiqua à l'Académie dès le 24 Novembre, félon lui la durée de l'Eclipfc ne devoit être de 3 '^ 55'. aulieu que d'autres Tables la faifoient de 4'». 18'. différence exorbitante, mais qui tourna à l'avantage dcM.Cafllni, comme il cfl: ailé de voir par les Obfcrvations mêmes de cette Eclipfe faites en un grand nombre de lieux par diffcrens Obfervatcurs. A Paris MM. Caffini Se De La Hire ne purent voir le commencement de l'Eclipfc à caufe des Nuages, mais à cela près elle fut bien obfcrvée dans tout le refte de fa durée; & les Obfcrvations de ces deux M effieurs s'accor- dèrent entr'elles & avec le calcul à i minute près. M. De Chazelles l'obferva auffi à Marfeille ; les Pères lii ij 43^ Histoire de l'Académie Royale lôgr. Jefuitcs de Lyon & M. Rcgnaud robferverent à Lyon. MM.Gallec& Bcauchamp,& le P. Bonfa à Avignon, M. Gauthier à Aix en Provence ,- elle fut encore obfer- véeàGcncs, à Toulon, à Madrid, à Nuremberg, &: même à Siam , ce qui donna les différences en Longi- tude entre ces lieux & rObfcrvatoire Royal. M. CafTuii remarqua dans cette Eclipfe une portion d'Ombre plus dcnfe que le refte, ce qu'il expliqua par l'interception des rayons du Soleil rompus dans l'Atmof- phcre, & qui éclairenc toujours un peu la Lune dans fcs Eclipfes. Car s'il fe trouve dans le bord de la terre vu du Soleil au tems d'une Eclipfe de Lune quelques con- tinens plus élevés que le rcftc du Globe , ils empêcheront ces Rayons rompus de parvenir jufqu'à la Lune, &: par conféqucnt l'ombre fera moins éclairée en cet endroit que par tout ailleurs. Dans celle-ci les Continens élevés de l'Afie &c de l'Amérique fe rencontroient juftement au bord de l'Ombre , au tems que M. Caffini vit cette partie plus noire, qui fut auiïi remarquée par M. Gallec à Avignon. SVR ,^ ELEVES OBSERVATIONS d Eclipfes fuites a, Gjo, , ou fur la Longitude de cette Ville. MOnfieur Thevenoc communiqua à l'Académie quelques Obfervations d'Eclipfcs de Lune faites à Goa , &: qui lui avoicnt été envoyées par les Miffion- naircs. M. Cafhai les ayant examinées les trouva afles cxaâ:cs & d'accord avec celles qui avoient été faites en Europe. Le lyMay i^jo ces MiiïîonnaircsobferverentàGoa la fin d'une Eclipfe de Lune à i4'> iz', A Majorque DES Sciences. 457 Vincent Mut obfcrva la même phafeà y'- }i'24".cequi l6Sj. donne 4'' 49' 3 6" de différence entre ces deux Villes, ou 71° 2,4'. mais la différence entre Majorque & Paris étant de 9'4j"de degré environ , celle qui efl: entre Goa 6c Paris ieradeyio 54' environ. En 161 2, le 14 Mai on avoic obfcrvé à Goa le milieu d'une Eclipfe de Lune à 14'! 45'. '^''endelin l'obferva à à Liège à 9'» j6'. la différence eft de 4'' 49' ou 71° 15' entre Liège &: Goa; mais Liège eft 3" 45' plus oriental que Paris, donc Goa fera de 76 degrés plus oriental que Paris par cette Obfervation ,■ ii l'on fe fert du mi'ieu de la même Eclipfe obfervée à Munich par Scheiner a 10'' 16' on trouvera entre Munich & Goa une diffé- rence de 4^ lij'. ou 64'' 4j'. mais Munich eft plus orien- tal que Paris de 90 j j'. Donc Goa fera plus oriental que Paris de 74 dégrés ,• mais il ne faut pas trop Ce fier à l'Obfervation de Goa, à caufe que le tems n'en fut pas marqué précifément; on fe contenta de dire que l'Eclipfe avoir été obfervée a minutes plus tard qu'elle n'avoir été marquée dans les Ephemcrides d'Origan. L'Eclipfe du zi Décembre de l'année dernière fut en- core obfervée à Goa, Se comme nous l'avons déjà die affés exactement pour donner la différence en Longitude à I degré près. Le milieu de l'Eclipfe fut trouvé à Goa à i j'» 43' 30", à Paris il fut obfcrvé à lo^ 57' jo". la différence eft donc de 4'^ 45' 40". ou de 71° 2. j'. dont Goa eft plus oriental que Paris. Les Cartes modernes faifoient cette différence de Z3 dégrés plus grande. On reçut une autre Lettre de Goa qui contenoft di- verfcs Obfervations fur la Déclinaifon de l'Aiguille Aimantée Se fur les Etoiles Auftrales, On y difoit que ceux qui naviguent d'Occident en Orient connoiffent s'ils approchent des Terres , & de quelles Terres à peu près, par certains Oyfeaux qu'ils lii iij 45? Histoire de l'Académie Royale. léS; rcncontrcnc ; mais ils en jugent beaucoup mieux par la Déclinaifon de l'Aiguille aimantée; car s'ils fçavcnt la quantité de cette Déclinaifon, par exemple, au Port de Lilbonne lors de leur départ, ils connoiirentauflî-tôtde combien elle doit être dans les différons lieux de leur route, & cela par des Obfervations qui ont été faites long tems avant. Par exemple, ils fçavent que lorfquc l'Aiguille ai- mantée n'avoir aucune déclinaifon au Cap des Aiguilles ^ elle déclinoit à Lifbonne de 7 dégrés &c demi vers l'O- rient. Mais fi partant de Liibonne la déclinaifon s'y trouve de 6 dégrés &; demi vers l'Orient, ils concluent qu'elle décline alors de i degré vers l'OueftauCap des Aiguil- les, &: elle augmente enfuite chaque année. Depuis le Cap des Aiguilles jufqu'à l'Ifle S. Laurent, ou de Ma- dasafcar , la déclinaifon vers l'Oucft augmente de iz dégrés, enforte que (uppofant toujours l'exemple précè- dent , lorfqu'elle eft di degré au Cap des Aiguilles, elle eft de 14 à l'Ifle S. Laurent. Depuis cette Ifie juf- qu'aux Côtes de Mozambique &: d'Ajan, elle diminue de 3 dégrés, &c depuis les Côtes de Mozambique jufqu'à Zocotora , elle rcfte à très-peu près la même fans aug- menter fcnfiblemcnt; mais depuis Zocorora jufqu'à Goa, la déclinaifon Oucft diminue de cette manicre,lorfqu'clle ctoiz z.ero au Cap des Aiguilles , elle étoit de 17 dégrés Oucft à Goa, & quand elle étoit venue à 4 dégrés vers rOucft au Cap des Aiguilles , elle avoir avancé d'autant de dégrés vers l'Eft à Goa, enforte qu'elle n'étoit plus que de 1 3 degrés vers l'Oucft. On trouve la variation ani;uclle de déclinaifon de 9 minutes & demie , ou 10 minutes tout au plus, en fuppofant la même Aiguille, &: qu'elle n'ait rien perdu de fa force , & cette déclinaifon ne parcourt pas le cercle entier , mais elle commence à retourner vers le Nord dès qu'elle eft arrivée à un certain degré vers l'Eft ou vers l'Oucft. DES Sciences. 4^9 Le même Millionnaire qui avoitéctic cette Lettre, ajou- ICÎ] toit quelques Obfervations générales fur IcsEtoilcsAuftra- Ics. 11 les avoir comparées avec les Cartes du P. Pardics tant dans le cours du Voyage, que depuis Ton arrivée à Goa. Voici ce qu'il en marquoit. Canopiis eft prefqa'aunTi beau que Sirius ,il a la même couleur &: la même fcintillation. Seulement ilparoitun peu moindre. L'Etoile qui eft à la cuiffe de derrière du Cheval du Cen- taure , & qui eft marquée de la première grandeur , n'cft que de la féconde, mais un peu plus belle à la vérité qu'une autre de la féconde grandeur,qui en eft fort proche. Celle qui eft au pied du Cru~ero eft à très-peu près de la première grandeur , elle étincelle beaucoup, & celle qui eft au \\z\.\z àv\ Cruz^ero , eft prefqu'aufli belle, mais elle paroîc rougeâtre à peu près comme le Cœur du Scorpion, qu'elle furpafte en brillant, quoiqu'elle foie un peu plus petite. Celle du Croifon gauche ou méridional du Criizero eft certainement de la première grandeur, quoiqu'elle foie marquée de la troifiéme dans les Cartes. Celle du Croifon droit n'eftque de la troifiéme. L'Etoile qui eft au pied de devant le plus avancé du Centaure, reflemblc parfaitement à ArHirnts en gran- deur, en couleur & en fcintillation. Celle qui eft .1 l'au- tre pied de devant, qui eft marquée de la féconde gran« deur , eft abfolument femblable à celle du pied du Cm- z,ero. Le Triangle Auftral eft forme par 3 Etoiles des plus petites de la féconde grandeur, ainfi que les 3 qui font à la têre , au dos, & à l'aile droite de la Grue. L'œil du Pan eft une belle Etoile fort brillante. Les 4 principales Etoiles du Toucan , qui font mar- quées de la féconde grandeur , font tout au plus de la troifiéme. 440 Histoire de l'Académie Royale léSj. Celle du Col du Plicnix eft une des petites de la fé- conde grandeur. Celle qui cft àlafourcedel'Eridan , nommée Acarnar^ efl: de la première grandeur ,& fcmblable par fa couleur & par fon brillant à la Lyre, mais clleparoîtun peu plus petite. L'Etoile de la gueule de l'Hydre efl trop petite pour être de la féconde grandeur; elle cft tout au plus de la troifiéme. DI F ERS ES OBSERVATIONS Afironomiques. I. A La fin du mois de Mars M. Gaflîni revit la grande Tache ancienne de Jupiter, qui n'avoit pas paru depuis fix ans. M. Caffmi l'avoit obfcrvée pour la pre- mière fois en 166^. elle fait une révolution entière en si^ j^' ji". Elle peut fervir commodément à déterminer les Longitudes Terrcftres , en employant pour l'obfer- ver une Lunete de 16 ou 18 pieds. IL M. Caflini a continué d'obferver la Lumière Zodia- cale le matin &: le foir dans les différentes faifons de l'année , & il a établi de plus en plus la Théorie qu'il en avoir conçue dès les premières Obfervations ; il en a lu plufieurs morceaux à la Compagnie. Il a fait part auiïi des Obfervations du même Phénomène faites par M. Facio. lïL DES Sciences.' 441 III. M, Sauveur a fait voir un Calendrier pour pkifieurs années qui marque les jours de la femaine , du Mois , de la Lune , les Eclipfes, les Fêtes mobiles , &c. M. Du Hamel a lu une Lettre de M. Huyghens,où il parle d'un Traité qu'il vient d'achever, qui regarde les Obfcrvations Aftronomiques, IV. M. De La Hire a fait voir la Machine pour prédire les Eclipfes du Soleil & de la Lune , dont le Roi a def- fein de faire prefent au Roy de Siam, M. Caffini a commencé la ledure d'un Traité de la Libration de la Lune. léSj. Hiji. de PAc, rente I. Kkk lôSf. 44i Histoire de l'Académie Royale M E C H A N I Q U E. SVR LES CONDVJTES ET LA FENTE, &c. des Edux. LE 10 Mars M. Thevenot apporta à l'Académie une Lettre de M. De Louvois , par laquelle il fouhaitoic que la Compagnie travaillât a. la Tradudion de l'Ou- vrage de Froniin, des Aqueducs de Rome, qui a paru iufqu'à prefent très-difficile à entendre. Pluiicurs per- Ibnncs de la Compagnie, au fait de ces matières, par- tagèrent cntr'eux le Travail , qui fut entièrement achevé Je iç) du même mois. On y fit un grand nombre de Remarques, Se on lut le tout dans les Aflcmblées; après quoi on le remit entre les mains de M. Scdileau, qui avoit fait une étude particulière de cette matière , & enfuite à M. Thevenot, pour y donner la dernière main, &: le mettre en état de voir le jour , ce qui ne fcroit pas fans utilité. La Conduite d'Eau que le Roi fit faire alors donna occafion à cet Ouvrage. SaMajeflé ayant delîein défaire venir l'eau de la Rivière d'Eure à Verfailles , Elle fie l'honneur à l'Académie de la confulter ; cette Rivière a fa fource dans le Perche , & entre dans la Bcauce à Pontgouin. On étoic en peine de fçavoir à quelle hau- teur elle pourroit venir à 'Verfailles, & à quel endroit il falloir la prendre; M. De La Hire en fit les Nivclle- mcns , &: il trouva qu'en la prenant vers Pontgouin, à lo lieues environ au-delà de Chartres , elle étoit de près de 8i pieds plus haute que le Refcrvoir de la Grotte de DES Sciences. 44; Verfailles. Sur la foi des NivcUemcns on travailla àcrcu- léSy. fer un lit à la nouvelle Rivière depuis Pontgouin tufqu'à l'Aqueduc qui commence à 2, lieues cn-dcç"a de Chartres. M. DeLaHirc, ou plutôt l'Académie entière, décida fur la pente qu'il falioit donner à l'eau pour la faire ve- nir de cette diftancc, quiift de 60000 pas, & pour en avoir environ joo pouces à l'cxrémité du Canal. Pendant les Travaux , M. De La Hire , M. Sedileau , &c d'autres Académiciens y firentdetems en tems des voya- ges, afin que tout fut exécuté fuivant les vues de 1 Aca- démie , & le 1^ Août, jour auquel l'eau devoir encrer dans le Canal , M. De La Hire 6: M. CaÏÏini fc trou- vèrent à Pontgouin par ordre de M.DeLouvois. Cela donna occafion de fj.ire plulieurs Expériences &C plufieurs raifonnemens fur les Conduites d'eau , & fur la pente neceiTaire pour qu'elle puifle couler, & encore fur lap-^nte effective de quelques Rivières. M. Calfini fit voir comment le Pô, qui pafle par Fer- rare, fe divife en pluficurs t-ranches , &c de quelle ma- nière les Fcrrarois avoient détourné la Rivière de Renc qui venoit chez-eux, jufqu'à 7 milles au-delà , & l'avoienc enfuite fait revenir à Ferrare par un autre chemin, quoi qu'il n'y ait en tout que 5 pieds de pente. M. De La Hire nivella la Rivière de Seine depuis les Invalides jurqu'aud -là des Minimes, &: il trouva 10 ponces de pente (ur 1000 toifcs de longueur. Quelque tems après la Seine étant à fon pkis bas devant le Cours , il trouva qu'elle faifoit dans le plus fort de fon courant 100 roifes en j minutes, c'cfl: à-diie 110 pieds en une minurc; c'efl: pourquoi fi l'on TuppoCe que deux pouces & demi d'eau donnent un pied cube on une minute, ce qui eft la mêmechofe que 14 pintes d'eau pourun pouce en ime minute, il s'enfuivra que par une ouverture d'un pied quarré , l'eau de la Seine qui y paffrroit avec la même vîteiTe, obfervée par M. De LaHire, donneroit Kkkij 444 Histoire de l'A cademie Royale ifiSy. 3°o pouces d'eau. Il trouva encore dans le même tems par d'aucres nivcllemens très-exa£ls , que la Seine encre le milieu du Cours &: PafTy avoir lo pouces de pence fur 1000 toiles de longueur. MM. Caflini &c De La Hire rapportèrent une autre Expérience qu'ils avoicnc faite , pour fçavoir quelle quan- tité d'eau écoit employée à faire aller un Moulin des Go- belins delà manière donc il va ordinairement; ils avoicnc trouvé qu'il falloir i joo pouces d'eau. M. Perrault donna la Defcription d'une Machine qu'il avoit fait conftruire pour connoîcre la pente que prend l'eau dans un Canal qui eft de niveau. Ce Canal étoit fait de bois gaudronné, il avoit dix toifes de long fur un pouce &c demi de largeur , &: au- tant de profondeur; il recournoit fur lui-même, de ma- nière que fon enrrée & fa fortie étoicnt proches l'une de l'autre. A l'entrée , le Canal écoit fermé par le bout de la même hauteur d'un pouce &: demi , & à la fortie 11 y avoit une cfpéce de petite digue haute feulement d'un pouce , qui tenoit le canal plein par tout de la hauteur d'un pouce. On avoit placé à un pouce Sc demi de l'en- trée une autre petite barre de niveau avec celle de la fortie, & qui traverfoit le Canal , mais .qui le laifloit libre par le fonds, elle fervoit à arrêter le bouillonne- ment de l'eau à fon entrée dans le Canal, ce qui auroic empêché de bien juger de fa hauteur. L'eau cncroit dans le Canal par une communication qu'il avoir avec un autre vaifTcau mis à côté dans lequel leau étoit vcrfée par un Siphon qui nageoit fur celle du Refcrvoir où il la prenoit, enforte que ce Siphon écoit toujours également élevé fur la furficc de l'eau du Re- fcrvoir ; ces précautions avoicnc été prifcs, afin qu'il en- trât toujours une même quantité d'eau à la fois dans le Canal , pendant tout le tems des Expériences. Pour avoir plus ou moins d'eau dans les différentes Expériences, on DES Sciences. 445' mectoic au bout du Siphon des ajutages de diverfcs gran- 1685. deurs. On en avoit par exemple un d'un pouce, qui cm- plifToit une mefure connue en douze fécondes & demie, un autre d'un demi pouce empliffoit la même mefure en ij fécondes. Voici les Expériences qui furent faites. I. Le Canal étant plein jufqu'au haut de la petite digue, c'eft-à-dire à la hauteur d'un pouce, lorfqu'on s'eft fcrvi du petit ajutage, l'eau à commencé de pafTer pardcflTus la digue après i minute ly fécondes , &: lorfqu'on s'eft fervi du grand ajutage , elle a commencé de pafTer après 38 fécondes. a. Ayant jetré de la fciûrc de bois fur l'eau quand elle a été en train de couler , les premiers grains de cette fciûrc ont été j minutes 50 fécondes à pafler d'un bout du Canal à l'autre lorfqu'on fe fcrvoit du petit ajutage, Se lorfqu'on fe fervoit du grand ils n'ont été que 3 mi- nutes 50 fécondes. 3. On a laiffé courir l'eau aflTés long-tcms pour faire qu'elle s'élevcât autant qu'il étoir poilible fur la furface qui étoit à niveau depuis l'entrée du Canal jufqu'à la pe- tite dieue, &c l'on a connu qu'elle étoir autant élevée qu'elle le pouvoit être,lorrque mefurant l'eau qui fortoïc on la trouvoit égale à celle qui entroit : alors en fe fer- vant du grand ajutage , on a obfervé que l'eau étoit élevée à l'entrée du Canal de ilx lignes au-dcflus de la furface à niveau , & qu'à la fortie elle étoit élevée au-deflus de cette même furface feulement de deux lignes , & lorfqu'on fe fcrvoit du petit ajutage , l'eau étoit haute de deux lignes à l'entrée, & d'une ligne feulement à la fortie. D'oià il fuit que la première eau avoit befoin de 4 lignes de pente pour iotoifes,cequifàit 2, pieds 9 pouces 4 lignes pour 1000 toifes, & qu'une ligne de pente fufhfoit à \x féconde eau pour les mêmes 10 toifes, ou 8 pouces 4 li- gnes pour mille toifes. Kkkiij léSy. 44'î Histoire de l'A c a d e m i e R o y a l e SVR VN MOT EN D'ARRESTER ET DE lâcher aifanent les Cables Jur iej quels on tire. TOu TE puilTancc qui tire ou qui poiiffe agit en deux manières , ou par uncaiftion contiiuië &: r-cn itiLcrrompuc, telles font la Peianteur , les Reflorts , &.c. ou par une aftion interrompue , telles lont le Vcnr , 1 i au l'effort des Animaux, &c. Or il eft certain que dans le fécond cas, c'cft-à-dire dans le tems que l'action cft in- terrompue, la puifTance agit toujours, mais agit inuti- lement par rapport à l'ouvrage, pour ainfi dire, qu elle doit faire; û c'efl: un poids qu'elle doit attirer , dansl'jn. tcrrupcion de (on action elle ne l'attire pas , cependant tout ion eftort eft employé à retenir ce poids à l'en- droit où elle l'a déjà fait venir : il eft très utile de pouvoir retenir le poids dans le même état , fans que la puifTance y foit employée, M. Perrault a donné un moyen fort fimple, &enmê- me-tems fort fur de foulagcr entièrement ces fortes de puifTances qui tirent à piuficurs reprifes. Il fait palier pour cela le Cable fur lequel la puifTance tire par une pièce de bois , ou un efpcce de pieu percé pour ccttffec d'un trou dans toute fon cpaiircur. A côré de ce trou &: dans l'épaifleur même du bois, il y a une mortaifedans laquelle on met une pièce de bois ou de fer qu'on pour- roit appellerun pied de retenue , elle cft m( bile par une de fes extrémités fur un axe, & l'autre extrémité vient rencontrer la corde quipaftepar le trou , enfortr qu'elle la peut prcffcr contre les parois du rroti , parce qi^e cette pièce cft plus longue que la plus courte diftance du centre de fon mouvement au côré oppofé du cilindre cr( uxqui forme le trou. Au-defTcus de cette pièce , c'cft-à-dire vers fv- DESSCIENCES. ^47 la face du pieu qui regarde la puiffance qui tire, il y a 1685-. un refTort qui pouffe ce rayon , & tend à le mettre dans une fituation perpendiculaire au côté oppofé du cilindre creux par où paife le cable , ou ce qui eft la même chofe à la diredion du cable , il tend donc à lui faire preffer le cable de plus en plus contre le même côté de ce cilindre; la mortaife a une communication en-dehors du même côté que le reflbrt eik poré,par une petite con- duite oii paff:; une corde qui tient au pied de retenue , & fert à le rcciicr quand on veut , de manière qu'il ceffe de preffer le cable contre fon trou. Par cette méchanique il eft évident que lorfque la Puilfance agit fur le cable & l'attire vers elle, le cable frotte contre le pied de retenue , &c le fait ouvrir en le pouffant du même côté qu'il va. Se en lui faifant preffer le reffort qui l'empêche de s'éloigner trop; mais fi la puiffance ceffe tout à coup d'agir , & que le poids tende à retirer le cable à lui , le même frottement du cable fur le pied de retenue le pouffe encore du même fens que le cable , Se tend pai» conféquent à le mettre perpendiculaire à fa diredion, c'efl-à-dire à l'obliger de preffer le cable mê- me,& de l'arrêter contre le dedans du trou, & cela d'autant plus que le cable eft: ciré avec plus de force , ce qui procure à la puiffance un véritable repos. Mais fi l'on vouloir que le cable allât librement vers le poids , il faudroit tirer la pe- tite corde qui tient au pied de retenue, Se par-là on le feroit ceffer de preffer le cable. M. Perrault laiffi un petit modèle de cette machine que l'on mit en dépôt avec les autres Machines de l'Ob- fervatoire. M. Sauveur a propofé un nouveau fiflême fur la ré- Cftance de l'air au mouvement des corps qui tombent ou que l'on jette en enliaut. 448 Histoire de l'Académie Royale KîSy. Le même M, Sauveur a lu un Examen de l'Ouvra- ge de M. le .Chevalier Morland pour l'Elévation des Eaux. M. Blondel a commencé la Icâiured'un Traicé duref- fort des Montres. M. De Baufre Maître Horloger à Paris , a fait voir uneMontre donc leBalancier a de très-grandes vibrations, &: fait pluficurs tours , ce qui vient de ce que fon pivot a ua pignon remué par une Roue donc le pivot porte les Pa- lettes fur lefquelles agit la roue de rencontre ,• M. Caf' fini qui fut chargé de l'examiner , trouva qu'elle ne s'ar- rêtoic point, qu'elle s'accordoit fore bien avec les Pen- dules de l'Obfervacoire pendant les premiers jours. Se qu'elle retardoit au bout de 8 jours d'un demi- quart d'heure. M. Joué Ingénieur a prefenté différentes Machines , une forme pour les Vaifleaux , une nouvelle Porte d'E- clufe, une nouvelle Conftrudion des Qiiais , & un Ef- calier. y en a donné toutes les proportions pour les conf- truirc en grand. La Compagnie les a fort approuvées, M. Clalfen Flamand a prefenté une Machine pour l'Elévation des Eaux. •^. «■;?, De l'Imprimerie da Jean-Baptiste Coignard Fils , Imprimeur du Roy & de l'Académie.