th in HA ë #3 HE DE fe ti fn 1} HH? ( 4! RH S. £0Y. 427 4 aprliste /17 "an Z r Qù "È tp Coype Int HISTOIRE BLACADEMIE ROYALE Des SCTENCE,S, ANNEE M DCCXIIL Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, pour la même Année, * Tirés des Repifires de cette Académie. AUS UR ANURTE S, DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M DCCXXXIX. = CON Ton Aa ie le où Æ ré LÉ nie MRC Le. ER Ports A :* Mo je Sie cu RES ANR Ut S “px BE YOU R "-L'HES-TO TIRE PHYSIQUE, GENERALE. Ur le Flux dr le Reflux de la Mer. Pabe Ÿ Sur la Hauteur de l'Atmofphere. 6 Sur la Dudiilité de quelques Mariéres. 9 Diverfes Obfervations de Phyfique generale. 12 ANATOMIE. Sur l Emplyfeme. 15! Sur des Defcentes de Veffie. 18. Sur l'Hydropifie Tymparite. d'A ANT) Diverfes Obfervations Anatomiques. 20 Co MU EE Sur l'ufage du Fer en Médecine. 2 $: Sur les Teintures des Métaux. 27 Sur plufieurs Eaux Minérales de France. ‘297 De l'adion des Sels fur différentes Maticres inflammables. 30 Sur le Quinquina. 22 Sur le Vitriol & le Fer. Fès 35 2] T'ANDOLÉ Sur des Marieres qui pénérrent les Métaux [ans les fou- dre. 37 Diverfes Obfervations Chimiques. 39 & O MA MU QU EF; Sur une Plante fauffement rapportée au Genre des Lichen. 42 Obfervation Botanique. 43 GEOMETRIE. Sur les Développées. 44 Sur les Poligones infcrits ou circonfcrits au Cercle. s2 Sur les Interfettions des Courbes. 55 Sur un Efpace circulaire quarrabie. 59 ASTRONOMIE Sür la Figure de la Terre. 62 Sur les Taches du Soleil. . 66 Obfervation Affronomique. 67 A COUST QUE Sur les Cordes Jonores, à fur une nouvelle détermination du Son fixe. Machines où Inventions approuvées par l'Académie en 71 7 76 Eloge de M. Blondin, 78 Hess ds Ac Be BE POUR } LES MEMOIRES. 0°! Bjérvations Météorologiques faites à l'Obfervatoire Royal. Par M. DE LA HIRE. Page 1 Ofervations fir une efpece d’Enflre appellée Emphyfème. Par M. LiTTRE. $ Réflexions fur de nouvelles Obfervations du Fiax & du Reflux de la Mer, faites au port de Bref dans l'année 171 2. Pax M. Cassini. 1 4 Examen de la maniére dont le Fer opére Jur les liqueurs de notre Corps, à dont il doit être préparé pour fervir utilement dans la Pratique de la Médecine, Par M. LEMmERI le Fils. 31 Du Retour de l'Etoile changeante, qui eff dans la Conftellation di Cjgne. Par M. MARALDI. 45 Obfervations des différents degrés de chaleur que l'Efprit de Vin communique à l'Eau par fon mélange. Pa: M. GEOFFROY le Jeune. sf Sur la hauteur de 'Atmofphere. Par M. DE LA Bi RE. 53 Obervation fur une [éparation de l'Or d'avec l'Argent par la Jonte. Par M. HoMBERG. 65 Bo1ETUS RAMOSUS, CORALOIDES FŒTIDUS. Mborille branchuë de figure 7 de couleur de Corail, & très-' puante. Pa M. DE REAUMUR,. 69 FU ACANDUENE De l'Incommeñfurabilité de Polygones infcrits à drconftrits ani Cerck. P. M. SAULMON. 75 De l'attionvdes Sels fur différentes Matiéres inflammables. Pw M. LEmERvy le Cadet. 97 Olfervations fur différentes Maladies. Px M. MERY. 109 Suite des Réflexions qui [e trouvent dans le Memoire du 28 Juin 1712. fur les Developpées, € fur les Courbes réfuttantes du Développement de celles-là. Pa M. VARIGNON, r21 Ofervations far le Viriol &r. fur le Fer. Par M. GEOFFROY .Aïné. 168 De la Figure de ta Terre. Px M. Cassini. 187 Expériences à Réflexions fur la prodigicufe duéfilité de diverfes Matiéres. Par M. DE REAUMmUR. 199 Propriétés des Trapezes. Par M. DE LA HIRE. 221 Nouvelle découverte des Fleurs à des Graines d'une Plante rangée par les Botaniftes fous le genre du Lichen. Par M. MARCHANT. 229 Sur l'Hydropile appellée Tympanite. Par M. LiTTRE. 235 Remarques fur un Paradoxe des Effétions Géométriques. Par M. RoLLE. 243 Obférvation fur une fublimation de Mercure. Pax M. HouverG. 265 . Réflexions fur les Obfervations des Marees. Px M. CassiNr. 267 Hifloire du Café. Par M. DE Jussieu. 291 Déféription d'une Machine portative, propre à foütenir des Verres de très-grands Foyers. Préfentée à l’Académie par M. BranNcHiINI. Pa M. DE, REAUMUR. 299 T.ABYÈFE Obfervations fur des Matiéres qui pénetrent à qui traverfent les Métaux fans les fondre. Par M. HOMBERG. 306 Hifloire d'un Affoupiflement extraordinaire. Pa M. IMBERT. ce Obfervations de l'E clipfe de Lune qui eff arrivée le 2 Décembre - au matin de cette année 171 3, à l'Obfervatoire. Par Mrs DE f LA Hire. 318 Obfervation de l'Eclipfe de Lune du 2 Décembre 1 713, faite à l'Objervatoire Royal, Pax M.'s MarALDI & CassiNr. 321 Rapport des Sons des Cordes d'Infiruments de Mufique aux Fléches des Cordes ; Et nouvelle détermination des Sons fixes. Par M. SAUVEUR. 324 Mémoire fur le mouvement des Inteflins dans la paffion Iliaque. Par M. HAGUENOT. 351 HISTOIRE API LT DS HISTOURE L’'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. Année M. DCCXIII. HONTE CNRC QUARTIER PHISIQUE GENERALE. SUR LE FLUX ET.LE REFLUX DE LA MER. 1] Na continué à Breften 1712 & en 1713, Vie 2L pe SI les Obfervations fur le Flux, & le Reflux, "#7 77° L Elles ont confirmé les connoiffances qu’on JA] avoit déja acquifes*, & en ont produit de. * V. l'Hift. EU) de 1710. p.4. — nouvelles. k , ,, & fuiv. & celle Le mouvement qui fait les Marées eft encore plus-lié à de 1712. p. 1. Hiff. DPI: " À & fuiv. > HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE la Lune qu'on ne penloit. Et voici les nouveaux Phéno= menes qui le prouvent. - Quand la Lune eft dans l’Equateur, les Marées font plus grandes, ou la Haute Mer plus haute; & cet effet diminuë à mefure que la Lune s'éloigne de l'Equateur. On entend affés que tout le refte doit être fuppolé égal. M. Caffini, qui de toutes les Obfervations envoyées à Y Académie tire les conféquences ou pluftôt les principes qui en réfultent, remarque que la précifion fur cet article doit être pouflée jufqu'à y faire entrer la latitude de La Lune. La déclinaifon d'un Aftre eft fa diftance à l'Equa- teur, & la latitude fa diftance à l'Ecliptique. La Lune peut avoir jufqu'à $° 20” de latitude, & la plus grande décli- naifon de l'Ecliptique eft de 23° 30’; d'où il fuit que lOrbite de la Lune dans fa plus grande déclinaifon peut en avoir 5° 20’ de plus ou de moins que l'Edliptique, & être de cette quantité plus ou moins éloignée de l'Equa- teur, & les Marées en feront plus ou moins hautes. Par-là il faut juger de tous les degrés moyens, & par conféquent tenir compte de la latitude de la Lune, qui entre dans fa diftance à l'équateur. On pourroit croire que quand la Lune eft dans l'Equa- teur, elle -agit par ce grand Cercle fur la furface de Ra Mer, & par conféquent y caule une plus grande preffion, que quand elle eft dans tous les autres Cercles paralleles à l'Equateur, qui ne font que de petits Cercles, & qui vont toûjours en diminuant. Cette idée aflés vraifemblable peut avoir cependant quelque difficulté. Les Phénomenes du Flux & du Reflux demandent néceffairement que quand la Lune prefle un endroit quelconque du Globe terreftre, la preffion ou le contre-coup de la preffion foit le même dans l'endroit diamétralement oppofé. Or fi la Lune, en quelque fituation qu'elle foit, agit toûjours à la fois fur deux endroits du Globe diamétralement oppolés, elle agit toû- jours par un grand Cercle. Malgré cela, il femble toûjours qu'elle doit agir différemment lorfqu'elle eft dans un grand à DES SCIENCES. 3 Cercle ou dans un petit, & que de ce qu'elle fera dans un petit, & agira par un grand, il doit réfulter quelque action moyenne. Mais il ne faut pas prétendre encore à établir un fiftêème, & c'eft bien aflés que de s’aflürer des faits. La Lune a donc moins d’aétion fur Ia furface du Globe quand elle eft hors de l'Equateur, mais alors il eft bien naturel que cette moindre aétion foit inégalement partagée. entre les deux Hémifpheres du Globe, Fun Boréal & l'autre Auftral, & que fi la Lune eft, par exemple, dans le Boréal, elle y agiffe plus fortement que fur l'autre, ou au contraire, Suppolons qu'elle foit dans le premier degré du Cancer, & qu'il s'agifle des Marées de Breft, la Lune fera une plus grande impreffion fur Breft que fur le licu qui eft fous le même demi-Méridien que Breft, & de l’autre côté de Equateur à égale diftance : Donc la Marée du même jour & de la même heure fera plus grande à Breft qu’en ce lieu- à, quoique tout foit parfaitement égal de part & d'autre, à cela près que l'un de ces deux lieux eft dans lHémifphere Boréal, & l'autre dans l’Auftral. Mais comme il faut que la Lune, felon ce que nous venons de dire, agifle également en même temps fur deux endroits du Globe diamétralement oppofés, le lieu antipode de Breft à en même temps que Breft une Maréc égale, & ce lieu étant dans l'Hémifphere Auftral, il y a dans cet Hémifphere deux lieux fitués fous le même parallele & fous le même Méridien, dont lun antipode de Breft a une Marée égale à celle de Breft, & l’autre une Marée moindre. Et par la même raïfon, il y a dans l’'Hémifphere Boréal un pese lieu fitué fous le même parallele que Breft & ous le même Méridien, qui a en même temps que Breft une moindre Marée. | De-k il fuit que Breft, & par conféquent tout autre lieu fitué hors de l'Equateur , doit avoir en un même jour deux Marées inégales ; car le mouvement diurne de la Lune fe faifant toûjours par des Cercles paralleles à 'Equateur, fi L SA : HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE Breft eft dans un certain temps le lieu où fe fait une grande Marée par les raifons qui viennent d’être expliquées, il fera néceffairement 1 2 heures après le lieu où fe fera une moin- dre Marée. I! eft bien aifé de voir que {a grande Marée de Breft arrivera quand la Lune pañlera par le Méridien de Breft, c'eft-à-dire, dans le fujet que nous traitons préfentement, par le Méridien d’où dépendent les Marées de Breft, & que la petite Marée arrivera 1 2 heures après, & que par confé- quent fi l'une a été celle du matin, Fautre fera celle du {oir. Par le principe général du Flux & du Reflux, les Marées vont en diminuant des Nouvelles ou Pleines Lunes aux Quadratures, & en augmentant des Quadratures aux Nou- velles ou Pleines Lunes. Par conféquent, d'une Nouvelle Lune au premier quartier chaque Marée du matin doit être plus grande que la fuivante du foir, & du premier quartier à la Pleine Lune chaque Marée du matin doit être moindre que celle du foir, car il faut que chaque Marée foit plus forte ou plus foible que la fuivante felon qu'elles vont à un terme par rapport auquel elles augmentent ou diminuent de force. Par ce principe général les -deux Marées d'un même jour font donc toûjours inégales. Elles le font aufli par le principe particulier que nous venons d'expliquer, & qui confifle dans la diftance de fa Lune à l'Equateur. Il eft vifible que ces deux principes peuvent fe combiner différemment, concourir au même effet ou fe combattre; & même il paroït par les Obferva- tions, que le principe particulier peut l'emporter fur le gé- néral, c'eft-à-dire, que d'une Nouvelle Lune, par exemple; à la Quadrature, la Marée du matin qui devoit naturelle- ment être plus grande à Breft que celle du foir, fera cepen- dant plus petite, parce que la Lune aura paffé à Midi par le Méridien de Breit, & par-là aura rendu plus forte la Marée du foir. Or afin que fa diftance de la Lune à l'Equa- teur ait beaucoup d'effet, il faut qu’elle foit confidérable, DES SCIENCES. Æ& c'eft pour cela que nous avons fuppofé la Lune dans le premicr degré du Cancer; & afin que la Lune étant Nouvelle ou peu éloignée de la Conjonétion, pañle à midi par le Méridien de Bref, il faut que fon lieu dans le Zodia- que foit le même que celui du Soleil ou peu éloigné, & par conféquent le cas que nous confidérons ici doit arriver vers le Solftice d'Eté. Si la Lune étoit Nouvelle & dans le premier degré du Capricorne, ce qui ne peut arriver qu'au Solftice d'Hiver, elle pañleroit à Midi par le Méridien de Breft, & la Marée du foir qu'elle y cauferoit par ce paffage, feroit plus petite que celle qui viendroit 1 2 heures après, ou le matin fuivant, parce que la Lune feroit dans l'Hémifphere Auftral. Donc vers le Solftice d'Hiver les Marées du foir dans les Nou- velles Lunes font plus petites que celles du matin, & alors le principe particulier s'accorde avec le général. Afin de rendre les idées plus fimples & le difcours plus - concis, nous prenons ici les Nouvelles ou Pleines Lunes & les Quadratures, pour les points fixes des plus grandes ou plus petites Marées ; mais il faut entendre, fclon qu'il a été dit ailleurs, qu'elles n'arrivent que deux où trois jours plus tard. De ce qui vient d'être expliqué, on déduira fans peine Je cas où la Lune fcroit dans l'un ou l'autre Tropique vers le temps des Equinoxes : on l'a toüjours fuppofée dans un Tropique, afin que l'effet de ce principe particulier füt plus grand; il eft clair qu'il diminuëra dans toutes Ies fitua- tions moyennes de la Lune, & enfin fera nul lorfqu'elle fera dans Equateur. Voilà tout ce qu'on a obfervé jufqu'à préfent des rap- ports du Flux & du Reflux à la Lune, rapports plus exacts; &, pour ainfi dire, plus intimes qu'on ne croyoit. M. Caf- fini conjeéture que les Marées en ont aufli au Soleil. On les trouve par les Obfervations préfentes, plus grandes vers les Equinoxes que vers les Solflices, tout le refte étant égal, & plus grandes quand le Soleil eft dans fon Périgée, ce qui À ii] V. les M. p. 54 6 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE arrive préfentement vers le Solftice d'Hiver , que quand it eft dans fon Apogée. Mais peut-être ne faut-il pas fe prefier de lui donner part dans ces phénomenes , la Lune paroït trop y dominer, & fi le Soleil y contribuoit, il faudroit changer tout le fifème de la preffion de la Lune pour trouver quelque efpece d'action qui püt être commune aux deux Aftres. ER LA, HA DidiBU. R DE L'ATMOSPHERE. S Les condenfations des parties d'air différemment élevées avoient un rapport réglé & connu aux différents poids dont elles font chargées, ou, ce qui eft la même chofe; aux différentes hauteurs de air fupérieur , les expériences du Barometre faites au bas & au haut des Montagnes, donneroient fürement la hauteur de l'Air, ou de l Atmof- phere. Mais tout ce qu'on peut découvrir du rapport des condenfations de l'air aux poids, eft renfermé dans des obfervations faites fort près du globe de la Terre, & qui ne tirent gucre à conféquence pour l'air pris à des hauteurs beaucoup plus grandes. On a pû voir dans plufieurs des Hliftoires précédentes combien jufqu'ici toute cette matiére eft remplie d'incertitude. M. de la Hire a pris une voye plus fimple & plus fûre pour découvrir la hauteur de l Atmofphere. C’eft une idée de Képler, & qui eft fort naturelle, mais Képler lui-même l'a abandonnée pour la plus grande partie, & M. de la Hire non-feulement la reprend, mais il la reétifie, & la pouffe à fa derniére précifion. Il eft eftabli chés tous les Aftronomes que quand le So+ leil eftà 1 8 degrés au-deffous de l’horifon, on commence ou l'on cefle de voir Ia premiére ou la derniére lueur du ee DES SCIENCES. Crépulcule. Le rayon par lequel on la voit, ne peut être . ‘qu'une ligne horifontale, Tangente de la Terre au point où eft l'Obfervateur. Ce rayon ne peut pas venir direéte- ment du Soleil, qui eft fous l’horifon, c’eft donc un rayon réfléchi à notre œil par fa derniére furface intérieure & con- cave de l’'Atmofphere. I faut imaginer que du Soleil qui eft à 18° fous l'horifon part un rayon Tangent de a Terre qui va frapper cette derniére furface de l'Atmofphere, & de-R fe réfléchit vers notre œil, étant encore T'angent de la Terre ou horifontal. S’A n’y avoit point d’Atmofphere il n’y auroit point de Crépulcule, & par conféquent fi YAtmofphere étoit moins élevée qu'elle n'eft, le Crépuf- cule commenceroit plus tard ou fniroit pluftôt, ou, ce qui eft la même chofe, il commenceroit ou finiroit quand le Soleil froit plus proche de lhorifon que de 18°"& au contraire. On voit donc que la grandeur de f'arc dont le Soleil eft abaiflé quand le Crépufcule commence ou finit, détermine la hauteur de l Atmofphere, Cet arc, quoique pofé de 18°, doit être pris un peu moindre. La réfraction éleve tous les Aftres de 32’, & par conféquent le rayon direét qui étant réfléchi a fait le Cré- pufcule, a été élevé de 3 2°, & a touché un arc du Globe (erreftre, qui depuis ce point d'attouchement jufqu'au point où eft l'Obfervateur a ces 3 2” de moins que 18°, ou n'eft que de 17° 28”. De plus les premiers rayons qui font voirle Crépulcule, partent du bord fupérieur du Soleil, & ce bord eft éloigné de 1 6” du centre que lon fuppofe à 1 8° fous l'horifon. L’arc qui déterminera la hauteur de l'At- mofphere n’eft donc plus que de 17° 12°. Les deux rayons, l’un direct & l'autre réfléchi, qui tou- chent tous deux la Terre, concourent néceffairement dans : T Atmofphere au point de réflexion, & comprennent entre eux un arc de 17° 12’, dont ils font Tangents. De-l il fuit par la nature du Cercle, qu'une ligne tirée du centre de la Terre, & qui coupera cet arc en deux, ira au point * de concours de ces deux rayons, & comme il eft très-ailé Xp. 54. & fuiv. 8 HiISToIRE DE L'ACADEMIE ROYALE de trouver l'excès de cette ligne fur le demi-diametre de Ia Terre qui eft connu, il eft très-aifé d’avoir dans l'hipothefe prélente la hauteur de l’Atmofphere qui n'eft que cet excès. M. dela Hire trouve qu'il eft de 37223 Loifes, ou de près de 17 lieuës, en prenant 2200 Toifes pour une lieuë. C'eft cette méthode dont Kébpler s’efl fervi, mais comme clle lui donnoit la hauteur de lAtmofphere 20 fois plus grande qu'il ne le croyoit d'ailleurs, il a employé divers moyens, mais peu heureux, pour la diminuer. J'ai dit que 17 lieuës feroient la hauteur de l'Atmof- phere dans l'hipothefe préfente. Cette hipothefe eft que les deux rayons, le direét & le réfléchi foient deux lignes droites, mais elle n'eft pas vraye, ce font deux Courbes formées par la réfraction perpétuelle que caufe à un rayon la den- fité de l'Atmofphere toûjours inégale & toûjours décroif- fante depuis la furface de la Terre. C'eft ce qui a été ex- pliqué plus au long d’après M. de la Hire dans l'Hiftoire de 1702%*. Les deux rayons qui étoient des lignes droites, fe changent donc en deux Courbes égales & femblables, ou pluftôt en une feule Courbe qui à fon origine & fa fin touche la Terre, & dont le fommet également éloigné de ces deux extrémités, détermine la plus grande élevation de l'Atmofphcre. Cette Courbe eft concave vers la Terre, & les deux rayons qu'en avoit conçûs d'abord , n'en font plus que deux Tangentes , l'un à fon origine, l'autre à fa fin. Par conféquent leur point de concours eft plus êlevé que le fommet de la Courbe où que l'Atmofpherc. Il eft vifible que ce point de concours & le fommet de la Courbe font fur la mème ligne, qui, tirée du centre de la Terre, coupe en deux Farc de 17° 12°. Pour trouver la jufte hauteur de l'Atmofphere, ou, à peu-près, M. de la Hire mene par le point où eft l'Obfer- vateur, une ligne droite qui fait en deflous avec la ligne horifontale ou avec la Tangente de la Courbe à fon extré- mité, un angle de 3 2’, qui eft l'angle de la réfraction. Cette droite cft donc au dedans de la Courbe, & le point où elle Dur is S CL'E IN CES. elle rencontre la ligne tirée du centre de la Terre eft moins élevé que le fommet de la Courbe. Son élevation au-deflus de la l'erre, ou fon excès fur un demi-diametre de Îa Terre, qu’il eft aifé de calculer, eft de 3 250 1 Toiles. Donc le fommet de la Courbe ou la hauteur de l’Atmofphere cft entre 37223. & 32501, & en prenant le milieu on a 3 53 62 Toiles, ou un peu plus de 16 licuës, hauteur de l'Atmofphere. De-à M. de la Hire prend occafion de déterminer a figure du Crépufcule, quand il eft un peu élevé fur lho- rifon par un temps ferein & froid, car il y faut ces deux conditions ; l'une, afin que la figure puifie être bien ap- perçüe; l'autre, afin qu'elle ne foit pas altérée par les vapeurs de la Terre. Képler n'a pas eu grand tort de croire que l'arc du Crépufcule étoit circulaire, & que tout l'efpace éclairé étoit un fegment de cercle, mais M. de la Hire pouffe la chofe à une plus grande précifion, & prouve que Y'arc du Crépufcule eft hiperbolique , quoiqu'un peu défr- guré par les réfractions. La différence entre les deux {cn- timents eft légere, mais il n’eft pas permis de méprifer ces légeres différences, quand elles peuvent conduire à une plus grande exactitude. SUR TE" A" DU CT T'L'AI T LE” DE QUELQUES MATIERES. À divifibilité de la matiére à Finfini, quoique dé- montrée, effraye toûjours l'imagination, & pour en diminuer le prodige, plufieurs Philofophes ont fait voir des divifions étonnantes aétuellement faites, & qui, quoi- que finies, font déja prelque inconcevables. IE n'eft pas à fuppoier que la divifibilité s'arrête où s'arrêtent quelques divifions qui viennent à notre connoiffance ; mais il fe trouve que ces Philofophes, loin d'exagérer & de furfaire, Hifi 1713. V. les M, p-201- ro HisToiIrEe DE L'ACADEMIE ROYALE font demeurés beaucoup au-deffous du vrai, & M. de Reaumur en donne pour preuve fexamen qu'il a fait de quelques matieres ducäiles, c'eft-à-dire, qui peuvent s'éten- dre & fe tirer beaucoup en long. On fçait qu'un fil d'Or n’eft qu'un fil d'Argent doré. If faut donc étendre par le moyen de la filiére un cilindre d'Argent couvert de feuilles d'Or, & ce cilindre devient fil, & fil toûjours doré à quelque longueur qu'il puiffe parvenir, On le prend ordinairement de 45 marcs, &ila 1 $ lignes de diametre, & à peu-près 22 pouces de hauteur. M. de . Reaumur prouve que ce cilindre d'argent de 22 pouces, vient par la fiiére à en avoir 13963240 ou 1163520 pieds, c'eft-à-dire, qu'il eft devenu 634692 fois plus long qu'il n'étoit, & qu'il a près de 97 licuës de lon- gueur, en mettant 2000 toifes à la lieuë. Ce fil fe file fur de la foye, & avant que de l'y filer, on le rend plat de cilindrique qu'il étoit, & en l'applatiffant on l'allonge ordi- nairement encore de + au moins, de forte que fa longueur de 22 pouces fe change en une de 1 1 1 lieuës. Mais on peut. aller jufqu’à allonger ce fil de + par l'applatiflement, au lieu de ne l'allonger que de +, & par confequent il aura 120: lieuës. Cela doit paroître une prodigieufe extenfion, & ce’ n'eft encore rien. Le Cilindre d'argent de 4$ marcs, & de 22 pouces de long, a pü n'être couvert que d’une once de fcuilles d'Or, H eft vrai que la dorure fera legere, mais elle fera toû- jours dorure, & quand le cilindre paffera par la filiére, & acquerra la longueur de 120 lieuës, l'Or n’abandon- nera jamais Argent. On peut voir déja par-là combien lonce d'Or qui enveloppoit le cilindre d'Argent de 45° marcs, a dû devenir étrangement mince pour fuivre toû- jours l'Argent pendant un chemin d'une pareille longueur M. de Reaumur adjoûte encore à cette confidération , que Yon voit fenfiblement que l Argent eft une fois plus doré en certains endroits qu’en d’autres; & il trouve enfin par le calcul, que dans ceux où il left le moins, il faut que » DES SCIENCES 11 l'épaiffeur de FOr ne foit que de ss de ligne, petitefle fi énorme, qu'elle échappe autant à notre imagination, que celle des Infiniment petits de la Géométrie, Cependant elle eft réelle, & produite par des Inftruments méchaniques, qui ne peuvent être fi fins qu'ils ne foicnt encore fort groffiers. M. de Reaumur met au rang des corps duétiles le moins duétile de tous en apparence, & le plus caflant, c'eft le Verre. I décrit par quel art on en forme des fils d'une grande fineffe, & par quelle induftrie il eft allé lui-même encore beaucoup plus loin, & jufqu'au point que ces fils de verre étoient prefque auffi déliés que ceux de la foye des Araïgnées. Plus ils deviennent fins, plus ils font flexibles, & fur ce fondement M. de Reaumur avance ce paradoxe, que l'on feroit des tiflus & des étoffes de Verre, fi lon avoit des moyens faciles & commodes de l'étendre & de Tallonger fuffifamment. On voit par-à qu'il en eft de la flexibilité comme de la tranfparence. Quand les corps font extrémement minces, les plus caffants deviennent flexibles, comme les plus opaques deviennent tranfparents. De-là M. de Reaumur paffe à une autre maticre duétile, c'eft celle dont les Araignées forment la foye qui enveloppe leurs Œufs. I l'a découverte dans fa fource par une diffcétion aflés délicate de l'infecte. Quand cette matiere eft féche, elle reffemble à une gomme, & eft caffante. Elle l'eft plus que celle de la foye des Vers. Elle ne peut donc, ainfi que le Verre, devenir flexible & fe filer qu'après avoir été extrémement divifée. Auffi left-elle à un point étonnant. Elle fort de l'anus de l'Araignée en plus de 6000 fils à la fois bien fcparés les uns des autres. Il y a fix ouvertures dont chacune donne paffage à 1000 fils, & n'eft pas plus grande qu'une tefle J'Epingle. À Cette merveille fc voit dans une groffc Araïgnée qui fait es Œufs. Mais que fera-ce des petites Araignées qui fortent de ces Œufs, qui naiffent 7 ou 800 à la fois, & qui toutes, dès qu'elles font nées, filent des toiles? IL fort Bi f> HisrTorre DE L'AcADpeMIE Rovare donc de l'anus de chacune plus de 6000 fils bien diftinéts; & de quelle fineffe font ces fils? de quelle pctiteffe font les filiéres? On en peut juger par la proportion qui doit étre entre le corps de la grande Araignée, & celui de 7 ou 8oo Araignées qui en naïflent toutes enfemble. Si - on en faifoit le calcul, même en mettant tout au plus bas pied, on tomberoit dans des abyfmes de petitefle, & l’on aufoit tort de penfer que ce fuffent encore là les derniers. DIVERSES OBSERVATIONS DE PHISIQUE GENERALE, I. R. Deflandes étant en Angleterre fit fur le Charbon de terre qu'on y brüle deux expériences qu'il croit qui ont échappé aux Anglois. 1. Ayant pilé du Charbon, il en mit environ une demi- once dans un verre d'eau, qui devint toute noire. Il laïffa le verre expolé à l'air toute la nuit für la feneftre, c'étoit en hiver, & le lendemain il trouva que l'eau qui s'étoit gelée, étoit d’une couleur rougeître. I falloit pour donner cette couleur à l'eau, que la gelée eût développé les foufres du Charbon, quoique cette aélion ne paroiffe guere lui con- venir. 2. Dela cendre de ce Charbon infufte dans de l’eau-de- vie, & meflée avec de la limaille de fer, fait une teinturenoire, qui s’éclaircit à mefurc qu’elle s’échauffe, Lorfqu'elle com- mence à bouillir, elle prend une couleur plus douce que le gris-de-fer ordinaire. M. Deflandes donna à de la Laine cruë cette agréable teinture, & aucun Ouvrier ne la put imiter. ei A M. Sarrafin, Medecin du Roy en Canada & Corref pondant de l'Academie, dont on a vû une Hiftoire du RATE m/s SCIENCES. LE Cañor dans les Memoires de 1704*, très-exaéte &c très * p.48 &fuivi curieufe, en a envoyé une pareïlle du Carcaiou, que nous donnons ici en abregé. Le Carcaiou eft un Animal carnacier de l Amerique Septentrionale, & qui en habite les cantons les plus froids. H pefe ordinairement depuis 25 jufqu'à 35 livres. Ha environ 2 pieds depuis le bout du mufeau jufqu’à la queue, qui peut avoir 8 pouces de long. Il a la tefte fort courte & fort groffe à proportion du refte de fon corps, les yeux très- petits, les mâchoires très-fortes, & garnies de 32 dents bien tranchantes. Quoique petit, il eft très-fort & très- furieux, & quoique carnacier, il eft fi lent & fi pefant qu'il fe traine fur la neige pluftôt qu'il n’y marche. _ Ifne peut attrapper en marchant que le Caftor qui eft auffi lent que lui, & il faut que ce foit en été où le Caftor eft hors de fa cabane. Mais en hiver il ne peut que brifer & démolir la cabane, & y furprendre le Caftor, ce qui ne lui réuffit que très-rarement, parce que le Caftor a fa retraite affürée fous la glace. Cependant comme le Caftor en hiver même fort pour aller chercher dans le bois des provifions fraîches qu'il aime mieux que les vieilles, le Carcaiou l'y peut attaquer. La chaffe qui lui rend le plus, eff celle de lOrignac & du Caribou. L'Orignac choîfit en hiver un canton où croifle abondamment F'Anagyris fætida, ou Bois puant, parce qu'il s'en nourrit, &c quand la terre eft couverte de $ ou 6 pieds de neige, il fe fait dans ces cantons des chemins qu'il n'abandonne point, à moins qu'il ne {oit pourfuivi par les Chañleurs. Le Carcaiou ayant obfervé la route de l'Orignac grimpe fur un Arbre auprès duquel il doit pañler, & de-là s'élance für lui & lui coupe la gorge en un moment. En vain YOrignac fe couche par terre, ou {e frotte contre des arbres, rien ne fait lâcher prife au Carcaiou, & des Chaffeurs ont trouvé quelquefois des morceaux de fa peau larges comme la main, qui étoient demeurés à l'arbre contre lequel l'O- yignac s’étoit frotté, Bi 14 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Le Caribou eft une efpece de Cerf. Il ef très-léger, & court fur la neige prefque auffi vifte que fur la terre, parce que fes ongles qui font fort larges, & garnies d'un poil rude dans leurs intervalles, l'empêchent d'enfoncer & lui tiennent lieu des Raquettes des Sauvages. Lorfqu'il habite le fort des bois, il s'y fait des routes en hiver comme l'Orignac, & y eft attaqué de même par le Carcaiou. Mais quand il eft dans les endroits clairs où il n’a pas befoin de fe faire des routes, & où il va de tous côtés indifferemment , le Carcaiou qui pourroit l'attendre trop long-temps fans fruit, n'a pas coûtume d'y perdre fon temps, & il ne donne guere fa Chafle au Caribou que dans les endroits épais, tant fon ardeur pour fa proye eft ingénieufe. | IN 2e Comme le P. Feüillée Minime, correfpondant de l'Aca= demie, lui lifoit la Rclition d'un voyage qu'il venoit de faire dans l Amerique Méridionale, & qu'il parloit des Ob- fervations qu’il avoit faites avec l'Aréometre, de a pefanteur de l'Eau de la Mer en différents lieux, on lui objeéta que dans un Climat plus chaud le Verre de l'Aréometre devoit fe dilater, par confequent occuper plus de place dans l'eau qu'on pcfoit, & la faire paroiftre moins pefante qu'elle n'é- toit réellement. Mais M. Caffini répondit que l'eau elle- même étoit auffi plus dilatée par le chaud, & pefoit auffs réellement moins. Ous renvoyons entiérement aux Memoires V les M. p. 1. Le Journal des Obfervations de M. de là Hire pendant 1712. bis ls M-p. Etl'Hifloire d'un Sommeil extraordinaire par M. Imbert, | DES" S'CTE N'CES 15 bb bb ob LLC et de dede ed tee dote de de dd dt dt de de RER RE RRATRAERE ANA TO, MAR: DUO: RL ORPRRANER MERSET "LS ET PRES Ci E doit étre un fpectacle affés étonnant qu'un Homme gonflé d'air par toute l'habitude extérieure du corps,’ & ccla jufqu'à 1 1 pouces d’épaiffeur dans les endroits les: plus enflés. Cet air eft renfermé fous la peau, & remplit principalement les Cellules de la Graiffe. Peut-être un Phi- ficien, même habile, auroit-il peine à deviner comment un ff étrange accident eft poffible. Lorfqu'un homme a été bleffé à la poitrine, il y entre de V'air par la playe, & fr, parce qu'elle fera étroite, où que les chairs fe rapprocheront d'elles-mêmes, ou par quelque autre caufe que ce foit, cet air ne peut reflortir auffitoft, ou ref. fortir dans la même quantité qu'il eftentré, voilà de l'air étranger engagé dans la capacité de a poitrine. A chaque infpiration le Poulmon doit remplir cette capacité en fe gon- flant de l'air qu'il reçoit naturellement, mais alors il ne peut fe gonfler fans preffer L'air étranger, & par confequent il loblige à £ glifler entre les interfices des fibres des chairs, & peut-être à entrer dans les petites bouches des plus petites veines ou des vaifleaux limphatiques. Mais une force encore plus grande l'y oblige dans lé moment con- traire à celui de l'infpiration, & qui le fuit, c’eft-à-dire, dans expiration. Alors {a Poitrine en € refferrant, comprime plus l'air étranger que n’avoit fait le Poulmon en {€ dilatant, & les deux moments ou les deux actions oppofées confpi- rent au même effet. Cet air ainfi pouffé continuellement, doit fuivre toñjours à peu près les mêmes routes, parce V.les M. p. 4 16 HisToiRE DE L ACADEMIE ROYALE que celles qu'il seft ouvertes d'abord deviennent toûjours plus aifées, & par confequent il doit samaffer dans un certain endroit. Ce fera dans les Cellules de la Graiffe pluftôt qu'ailleurs, parce qu'elles ont des membranes plus minces, & qui s'étendent plus facilement; & comme l'air eft parti de dedans la capacité de la poitrine, ce fera dans ha graifle qui couvre la poitrine & qui eft fous la peau que fe fera l'amas d'air étranger. Cette enflure s'appelle Em- hyféme. I eft manifefte que l'Emphyféme que nous venons de décrire ne peut pas être confidérable, puifqu'il n'eft formé que de l'air entré dans la poitrine par la playe, & que cet air ne peut avoir été en grande quantité, avant que la playe foit refermée. Si Le coup avoit pénétré jufqu'à la fubflance du Poul- mon, alors outre l'air qui feroit entré par la playe dans la capacité de la poitrine, il y en auroit encore une certaine partie de celui qui feroit entré naturellement par la refpira- tion, car tout ce qui auroit dû être renfermé dans les Bron- ches ou dans les Véficules ouvertes où déchirées par la playe du Poulmon, ne peut plus que s'échapper dans la cavité dela poitrine, & cet air devenu étranger comme l'autre, cft prefé de même par les dilatations du Poulmon & les conftrictions de la Poitrine, & obligé à s'infmuer dans les chairs. Comme cet air venu par la refpiration fe renouvelle à chaque moment, la quantité en augmentestant que la playe du Poulmon dure, & de-là vient qu'un Emphyféme formé par une playe qui pénétre jufqu'à la fubftance du Poulmon, peut être fans comparaifon plus confiderable que celui que cauferoit une playe qui ne feroit qu'ouvrir la capa- cité de la poitrine. L'Emphyféme caufé par là playe du Poulmon peut aller jufqu'à occuper toute l'habitude du corps, ainfi que l'a vû M. Littre, à qui l'on doit & cette obfervation, & les réflexions. L'air étranger toûjours pouffé peut, comme il a dé dit, entrer dans les veines & dans les routes de Ja , circulation, BP à = = DES SCIENCES. 17 circulation, & par conféquent fe répandre par toute l'habi- tude du corps. Dans le fujet que M, Littre a vû, il n’y avoit que le haut de la tefte, le dedans des mains, & la plante des pieds qui en fuflent exempts, fans doute parce qu'en ces endroits il y a moins de graifle, que les-chairs y font plus dures, & les membranes plus fermes & plus difficiles à écarter. On voit aflés qu'un grand Emphyféme doit être rare, il dépend du concours de plufieurs circonftances. Nous n'en avons rapporté que les principales, il eft aifé d'imagi- ner les autres qui font neccfiaires pour la perfeétion de ce malheureux accident. M. Méry * a fait auffi l'Hifloire d'un Emphyféme qu'il * V. les Me avoit vü, femblable à celui dont on vient de parler. NH P: 12°: étoit général, parce que la membrane qui enveloppe le Pou- mon étoit un peu déchirée, & que par-là il s'échappoit une partie de l'air reçû par la refpiration. Seulement l Ém- phiféme avoit épargné la plante des pieds, & Ja paume des mains. Ïl y a fous la peau une Membrane Veficulaire dont les cellules font affaiflées dans l’état naturel. C’eft dans cés cel- lules que M. Méry prétend que s’infinuë peu à peu & fuc- ceflivement l'air de l'Emphyféme, & cela fans violence & fans douleur, parce qu'elles font naturellement ouvertes, & difpolées à s'étendre jufqu'à un certain point. Si l'emphy- féme alloit plus loin, il deviendroit douloureux, mais d’or- dinaire celui qui eft bleflé au Poumon meurt avant cela De l'idée de M. Méry il fuit que les cellules de la membrane véficulaire communiquent toutes enfemble, C’ef ainfi qu'eft difpofée une Membrane particuliére étenduë fous toute la peau du Pelican, que M. Méry a autrefois découverte. Elle eft pleine d'une infinité de cellules qui fe communiquent , & qui reçoivent de l'air, de forte qu'elle eft une efpece de: Poumon univerfel de Animal, ou que, fi l’on veut, l’Animal a un emphyféme naturel, Hifi. TI7I Je C V. les M. p: 110. # p.110. 8 HisToiIRE DE L'ACADEMIE RoYALE SUR DES DESCENTES DE VESSIE. NE Defcente d’'Inteftin dans le Scrotum cft une ma Jadie fort commune, mais une Defcente de Vefñe eft fi rare, que M. Méry ne connoît aucun Auteur qui en ait arlé. Il en a fait cependant jufqu'à trois Oblrvations, & c'eft une efpece de bonheur fingulier pour un Anatomifte curieux. La Veffie peut donc fe trouver renfermée en partie dans le Scrotum, & y former une tumeur aflés femblable à une Hernie ordinaire d'Inteftin, mais M. Méry ne croit pas pour cela que la Veffie foit tombée dans le Scrotum, parce qu'elle fe fera relâchée comme un inteftin. L’urine qui la remplit, la rend trop groffe pour pafler par les Anneaux par où un Inteftin pafle, & de plus elle eft de tous côtés trop fortement attachée pour pouvoir tomber. Ce n’eft donc pas, felon M. Méry, un fimple accident, mais un vice dela pre- miere conformation, qui fait que la Veflie vient à s'engager dans le Scrotum. Et comme cette conformation eft extraor- dinaire, auflr la maladie l’eft-elle. Ce qu'il y a de plus important, c'eft d'être averti qu'elle eft poflible, non qu'elle puiffe être guerie, nrais parce qu'il feroit dangereux de la prendre pour une Hernie d'Imteflin, & que l'on trouvera plus aifément les foulagements qui y conviennent. Les trois Obfervations de cette Hernie de Veffe, & cellé du 24 Emphyféme de l'art. précédent, font du nombre de fix Obfervations de M. Méry fur différentes maladies fingu- licres, dont nous renvoyons entierement les deux dernieres aux Memoires, * DES SéTENCES +9 SUR L'HYDROPISIE TYMPANIT E. JL. A feule connoiffance des differentes efpeces de mala- dies feroit bien vafte. Nous avons encore après une fs longue experience, beaucoup d'ennemis inconnus. L'Hy- dropifie Afcite ou d’eau eft aflés commune, mais la Tym- panite où d'air eft plus rare, & les Medecins ne convien- nent entre eux ni de la caufe qui la produit, ni du fiége où elle refide particulierement. M. Littre croit avoir en main un affés grand nombre d'Obfervations pour établir enfin le vrai fyfteme de cette maladie. L'air n'entre pas feulement dans notre corps par la Tra- chée, il y entre encore par l'Oelophage , mêlé avec tous les alimens que nous prenons. Comme ils fermentent en- fuite dans l’eftomac & dans les inteftins, l'air fe dégage d'avec ces matieres, & quand elles ne rempliflent plus les cavités de ces vifceres, ou les rempliffent moins, cet air dégagé ÿ demeure, les remplit & les tient dans une extenfion conve+ nable: car fi elles étoient entiérement vuides & de matiéres groffieres & d'air, le reflort naturel de leurs fibres qui ne demandent qu'à fe contracter, & leur propre pefanteur les affaifferoient. L'air enfermé dans l'Eftomac & dans les In- teftins agit donc contre eux pour tenir leurs cavités en état, & il agit par fon reffort qui s’eft étendu lorfqu'il na plus été embaraffé entre les aliments, & qui de plus eft augmenté par la chaleur du corps. Ainfr il y-a équilibré entre la force de l'air pour étendre l'Eftomae & les Inteftins, & celle de ces vifccres pour fe refferrer. Si l'équilibre fe rompt, parce que la force des fibres de ces vifceres irritées, f1 lon veut, par quelque humeur, fera devenuë fupericure à celle de Fair, il faut que l'air en foit chaflé, puifqu'il eft neceffaire alors que les vifceres fe reflerrent, & de-là les deux efpeces de vents qui fortent du corps, L'équilibre peut fe rompre auffi, parce que: la Cÿ V. les M, P:235: 20 ‘HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE force de l'air fera devenuë fuperieure à celle des fibres, & c'eit ce qui arrive lorfqu’après une longue maladie le fang appauvri d'efprits n'en fournit plus à ces fibres pour entre- tenir leur reffort ordinaire. Alors air s'étend en liberté & augmente à fon gré, pour ainfi dire, les cavités qui le ren- ferment Et comme par la voye des aliments il arrive toû- jours de nouvel air qui fe joint à l'ancien, & que d’ailleurs le reflort des fibres une fois forcé jufqu'à un certain point, ne fe rétablit plus, & refifte toüjours de moins en moins, Fenflûre d'air peut devenir très-confiderable , & même pro- digieufe. M. Litre a vû quelquefois des inteflins gros comme la cuifle d’un homme. I fcroit inutile de tirer de tout ceci des confequences, que, par exemple, le ventre des malades étant frappé doit refonner comme un Tambour, ce qui a fait donner à cette Hydropifie le nom de Tympanite, que celui des morts doit refonner comme celui des malades, que l'on ne doit trou- ver de l'air que dans l'eftomac & dans les inteftins, que Ton en doit trouver les membranes très-minces & fans ref- fort, que la ponétion ne ferviroit de rien, puifqu'on ne la feroit qu'au ventre, &c. car ces confequences ne feroient elles-mêmes que les faits fur lefquels le ffteme de M. Littre a été fondé. DIVERSES OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. U NE femme groffe de 3. mois & demi ayant eu une forte envie d'acheter à la Boucherie un Rognon de Bœuf, & ne le pouvant avoir, porta dans le moment fa main droite fur fon front, en avançant fes doigts jufques fur le milicu du fommet de la tête. Elle accoucha à 9. mois d'un garçon bien nourri & bien conformé, à la tête près. Les mes) S: c'e NUCIBLS. Fu 4 differents Os qui en font la charpente, n'étoient ni dans la fituation, ni de Ja grandeur , ni de la figure ordinaire, & fur.le haut de cette tête mal conftruite étoit un creux rem- pli par une tufficur qui reffembloit parfaitement & par fa figure & par fa couleur à un Rognon de Bœuf. L'Enfant vécut 6. heures, mais comme flupide, & n'ayant que des mouvements fort foibles. M. Roïaut l’ouvrit, il ne lui trou- va ni cerveau ni cervelet, & la moëlle de l'Epine ne com- mençoit qu'à la 3.€ vertebre du cou; de-là la foibleffe des mouvements & la prompte mort. Pour donner une idée gencrale de la conformation irreguliere de la tête, il fuffit de rapporter la caufe que M. Roüaut en a imaginée. H croit ue la violente paflion qu'eut la mere, quoique le fujet n'en füt gueres digne, caufa dans fon gerveau une fi grande agitation d'efprits , & par contre-coup dans celui du fœtus, que ce petit cerveau de 3. mois & demi qui n’avoit prefque encore aucune confiftance, perdit abfolument le peu qu'il en avoit, & fut entierement fondu. Par-là il devint incapa- "ble de foûtenir ni les Meninges, ni laflemblage des differents Os du Crûne, qui n’avoient encore eux - mêmes gueres de {olidité. Tout le bâtiment fondit donc , & les picces s’en trouverent difpofécs au hazard. | I I + Ce qui a été dit dans l'Hiftoire de 1712. * decertains *p.27.& petits os pointus trouvés entre la Dure & la Pie mére, -eft füiv. confirmé par une obfervation de M. Lire. En ouvrant la tête d'un jeune homme de 19. ans, mort en 4. heures d'une bleffure qu'il s'y étoit faite par une chûte, il trouva deux petits corps offeux fitués à un pouce Fun de l'autrefu côté droit du finus longitudinal fupericur entre quelques plans de fibres de la Dure-mére. Ils étoient à peu-près ronds, de 4. à 5. lignes de diametre , hériffés de diverfes pointes peu diftantes les unes des autres, longues d'environ une ligne, & très- fines à leur extrémité. Elles perçoient pref que toute la partie inférieure de la Dure-mére, & paf foient d'un ticrs de ligne au-delà, A cette vûë M. Lire Ci 22 HisvoiRe DE FACADEMIE: ROYALE ne douta pas que le mort n'eut eû depuis un temps des maux de tête qui alloient en augmentant, & cela fe trouva vrai. Hs eufent été abfolument incurables, & euflent bien pû devenir accidents épileptiques. M. Littrétrapporte la for- mation de ces corps offeux à quelque liqueur vifqueufe, qui {e fera épanchée de la Au & épaiflie peu à peu. PTIT. L'effort par lequel le Cœur, en fe contraétant, pouffe le fang dans les Arteres, ne fuffroit pas pour le faire aller juf- qu'aux extrémitez de ces vaiffeaux fi longs, fi étroits dans la plus grande partie de leur étenduë, & fi tortueux , il faut encore qu'après que le cœur s'eft contraété, les Arteres elles mêmes fe contraétent, & achevent de poufier le fang. Mais il eft vifible que pag cette action elles le renvoyent autant vers le cœur, qu'elles le pouffent vers leurs extrémités, ce qui cft pourtant la feule direétion qu'il doit avoir. C'eft afin qu'il n'en ait point d'autre que la Nature a mis du côté du cœur un obftacle qui l'empêche de refluer. Cet obflacle, ce font les Valvules placées à l'endroit où les Troncs des Aïteres partent du cœur. À la naiflance de FAorte il y à trois Valvules nommées Sigmoïdes faites comme de petits Capuchons, & difpofées de. maniere que quand le fang fort du cœur , il les applatit, & que s’il fe prefentoit pour y rentrer, il les rempliroit & les gonfleroit, ce qui fait qu'elles ne s'oppofent point à {a fortie, mais feulement à fon retour, La figure circulaire qu'elles ont, quand elles s'enflent, ne per- met pas qu'elles ferment exactement l'entrée du cœur, maïs leur nombre fait qu'elles la ferment fuffifamment , qu'elles empêchent un reflux confiderable & nuifible à la cireu- ktion. M. Littre a cru que dans une femme qu'il a ouverte, le défaut d'une des Valvules Sigmoïdes a été là caufe d'une mort prefque fubite, pluflôt qu'une Hydropifie affés legere: Cette Valvule s’étoit colée contre ke Tronc de PAorte, & par-là ne pouvoit plus recevoir de fang, ni faire fa fonc- tion. Au-deflus de cette Valvule.étoit un ulcere fuperfiache | — DES SCIENCES. L 453 Lé ventricule gauche du cœur fut inondé paï la quantité de fang qui refluoit, & hors d'état d'exercer fes mcuve- ments. C: année M. Anñel Doéteur en Chirurgie, ci- devant Chirurgien + Major dans les Arinées du Roy, & maintenant Chirurgien de Midame Royale, mere du Roy de Sicile, dédia à lAcademie un Ecrit imprimé fur la Fiftule Lacrymale, & fur une nouvelle maniere de la gucrir, qu'il avoit inventée. Une humeur qui arrofe continuellement Iles yeux, & qui eft apparemment neceflaire pour entretenir là netteté ‘& la tranfparence de la coïnée, à fa décharge par deux ouvertures très-petites & prefque imperceptibles, pratiquées vets le grand angle de l'œil. Elles s'appellent Péinés lacry- maux. Ce font deux orifices du Jac lacrymal, conduit afiés large par rapport à l'extrême petitcfle de ces deux ouver- tures. H en a une troïfiéme , fort petite auffr, qui penetré dans la cavité du-nez, & y porte la liqueur qui à été re- çûe dans le fac lac: ya. Ce fac formé d'une membrane glanduleufe, peut auffi filtrer une liqueur qui fe joigne à cclle que l'œil a fournie. Si une joïc ou une trifteffe extraordi- naires rendent plus abondante Îa liqueur de l'œil, ou ref ferrent les deux petites ouvertures par où élle”doit fortir, elle refluë dans l'œil, sy amafle, & forme les larmes. Si Porifice qui s'ouvre dans de nés vient à boucher , toute la liqueur s’amaffe dans le fac lacrymal, le dilate par fa trop grande quantité, Pulcere parce qu'elle fe cor rompt en féjour- nant, & peut enfin ronger & carier l'os où le fac eft ren- fertnés L'excès| de cette liqueur corrompuë fait qu'elle refluë dans l'œil par les Points lacrymaux, & c’eft-là ce qu'on appelle une Fif{ule Jacrymale. Jufqu'ici on n’y connoifioit que des “ae cruels ; comme le fer & le feu, & fujets à de ficheufes fuites. Mais M. -Ancl a imaginé une maniere de gucrir fürement #2 À * 24 Hisroire DE L'ACADEMIE RoyÿALE & avec toute la douceur poflible, toute Fiflule lacrymale , qui n'aura point encore carié l'os. Il faut d'abord recon- noître fi elle ne Fa point carié, & en quel état cft le fac Jacrymal. Pour cela il a penfé qu’on pourroit faire une Sonde fi délicate qu'elle s'introduiroit dans l’un ou l'autre des Points lacrymaux, où à peine une foye de Sanglier peut entrer. La difficulté feroit moindre f1 on pouvoit donner une pointe très-fine à cette fonde, mais elle piqueroit & déchireroit, & il faut au contraire qu'elle porte un petit bouton de figure d'Olive & fort poli, plus gros que toute la tige de la fonde, & qui doit cependant entrer par le Point lacrymal. M. Anel porte ce même bouton à l'orifice que le fac lacrymal a dans le nés, & en le pouffant contre les maticres qui font l'ob- ftruction, il les chaffe de cet orifice, le débouche, & par-R enleve la caufe du mal. Après cela il ne faut plus que reme- dier par des injections de liqueurs à la dilatation exceffive du fac lacrymal, ou aux ulceres qui s'y feront formés, & ces injections, qui ne fe peuvent faire que par les Points lacry- maux, demandent des tuïaux d’une finefle extrême, & en- core plus étonnants que les fondes qui ne font pas creufes. L'extrémité la plus fine des Tuïaux doit être d'or, & M. Anel a eu de Ja peine à trouver des Ouvriers qui les exe- cutaffent. Il a fait quantité d’operations heureufes, & quel- ques -unes très-brillantes par le rang des perfonnes qu'il a gucries. Les Inventeurs, & fur-tout les Inventeurs utiles font rares, & ils ne peuvent être trop chers au public, CHIMIE. mn ts ee DES SCIENCES 2$ SNS N NN NN MINS PA AA RAA CHIMIE. SUR L'USAGE DU FER EN MEDECINE. N feroit trop heureux, fi tout ce qu'il ÿ a de curieux je M.p. 30. dans la Chimie avoit des applications utiles dans 11 Médecine. Le Fer que M. Lémery le fils a beaucoup étudié, ainfi qu ‘on Fa pü voir dans les Hifloires précédentes, a toujours été un grand remede pour plufieurs maladies, füur-tout pour celles qui viennent d'obfiruétion, ou de la difficulté de la circulation, comme les Pafles- RATE mais les recherches de M. Lémery , qui pouvoient n'être d’abord que de fimple curiofité, découvrent & pourquoi ce Metal a ces ufages , &, ce qui cf encore plus important, quelle eft la maniere de TV employer la plus avantageufe. Le fer * eft un mêlange d’une fubftance huileufe avec une * V. l'Hift. de . matiére métallique. L'huile regorge dans ce mélange, & il “FÉES PSS refte de grands pores entre les parties du Mixte. De-lil fuit, ù & que le fer eft très-facile à difloudre, & que fon huile f dégage aifément. Mais quand il eft décompolé, c'eft-à-dire, quand l'huile eft féparée de la partie purement ferrugineufe ou métallique, aucun diflolvant agit plus fur cette elpece de T'efte-morte. Ces remarques feules fuffifent pour découvrir l'abus de plufieurs préparations de fer ordinaires dans la Médecine, & qui confiftent à calciner violemment ce métal, & à le réduire en ce qu'on appelle Crocus ou Saffran, à caufé de la couleur rouge qui vient de la calcination. Cette opération a dû néceffairement enlever au fer fa fubftance huïleufe, du moins pour la plus grande partie, & ne lui à laiffé qu'une Tefte-morte indifioluble. L'huile qui fe fépare facilement Hifi 171 3. . D + V. Hit. de 1707. p. 40. & fuiv. à 26 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE de ce Mixte, s’en fcroit féparée par la chaleur de l'Eftomac, & auroit porté dans le fang, comme dit M. Lémery, un nouveau levain fpiritueux, dont il avoit befoin; & au lieu de cette huile, on ne prend qu'une terre fur laquelle les fucs du corps ne peuvent agir, & qui ne peut qu'embarrafler & que charger les premieres voyes par fon poids. Aufli M. Lémery a-t-il fouvent éprouvé, & d'habiles Praticiens le confirment, que le fer pris en fubftance, ou, ce qui revient au même, en limaille fort fine, vaut beaucoup mieux qu'en Crocus. C'eft grand dommage d'employer Fart à gâter la Nature. M. Lémery a même reconnu que le fer agifloit par toute fa fubftance, & étoit un Abforbant. Cela vient de la grandeur de {es pores, & de la facilité que trouvent toutes fortes de Scls, même groffiers, à s'y infinuer. Des Acides fcorbuti- ques en ont été abforbés. I y a plus; non-feulement les Acides nuifibles du corps entrent dans le fer, maisen y entrant ils en font fortir, & en expriment cette huile falutaire, qui d'aileurs cft mile en mouvement ou gonflée & difpofée à fortir par la chaleur na- turelle. Aiïnfr le fer eft doublement utile, & par l'huile qu'il fournit au fang, & par les fels qu'il en retire. H paroît fuivre de-là qu'un Fer déja tout chargé d'acides, tel qu'eftle Vitriol, ne feroit plus capable d'aucun bon effet. Cependant on connoït fort celui des eaux minerales vitrio- liques, & dans quelques maladies le vitriol a le même fuccès que le fer pris en fubftance. Cela doit venir de ce que les acides qui ont pénétré le fer, n'en ont pas chaffé toute l'huile, & fe font unis avec celle qui eft reflée en aflez grande quantité. Cela fuppofé, la même opération par laquelle on fait de Encre avec du Vitriol & de la teinture de Galle*, fe pañle dans notre corps. Puifque Falkali fulfureux de la Galle sunit à l'acide, qui tient le fer diffous dans le vitriol, le détache du fer, & par-là révivifie le métal, nos liqueurs alkalines & fuifurcules agiflent de la même manicre fur le Vitriol RS DES: SIC ALE N'C'ES 2 que nous avons pris, & en révivifient le fer. Comme il a été très-fubtilement & prefque infiniment divifé dans le Vi- triol, il eft plus capable, lorfqu'il en eft dégagé, d'entrer dans les plus petites routes de la circulation, & d'y répandre fa vertu. Enfin Arbre de Mars *, qui étoit affés curieux pour être difpenfé d'être utile, ne laifle pas de pouvoir l'être auffi en Médecine. Le falpêtre qui s’y forme par l'union de l'efprit de Nitre & du fel de Tartre, cft un feltrès-doux, très-apéri- tif, & très-propre à être le vehicule d’un fer extrémement attenué, comme il l'eft dans cette préparation, & d’ailleurs la partie fulfureufe du fer, qui y eftextrémement raréfiée & développée, ne demande qu'à fe détacher du métal, & qu'à fe mêler avec nos liqueurs. M. Lémery le fils, inventeur de cet Arbre, a eu le plaifir d'en recueillir, pour ainfi dire, des fruits qu'il n’avoit pas efperés d’abord. SUR LES TEINTURES DES MET'AUX. Li: Teinture d'un Métal n'eft qu'une diffolution où le Métal eft encore plus divifé & plus étendu qu'il ne le feroit dans fon Diffolvant naturel & ordinaire. Comme il eft fort attenué, il donne une couleur à la liqueur, & de-là vient apparemment le nom de Zéiuure. Si la teinture étoit #rréducible, c'eft-à-dire, fi le métal diflous l'étoit au point de ne pouvoir plus fe remettre en métal, ou, ce qui revient au même, fi les principes qui le compofent étoient défunis, ce feroit là ce que les Chimiftes ont toüjours fi ardemment fouhaité & recherché avec tant de travaux, fur-tout à l'égard de l'Or, dont la teinture irré- ductible s'appelleroit de lOr potable. Mais on n'a encore réuffr à aucune teinture de cette efpece, l'Or potable n’eft que de l'Or extrémement divilé, & il en eft de même des autres métaux. M. Gcoffroy a trouvé une méthode affés générale de Di * V. P'Hift. de 1706. p. 39. & fuiv. & celle de1707.p.32. & là fuiv. 28 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE faire en cette matiére ce qui fe peut, ou du moins ce qui fe peut Jufqu'à prefent. L’intention des teintures ef de raréfier & d'étendre, autant qu'il eft poffible, les foufres du métal, & de rendre les parties fixes & terreufes les plus fubtiles & les plus volatiles qu'elles puiflent être. Et filon veut en même tems que ces teintures ayent quelque ufage en Médecine, il faut y employer des intermedes , qui n'ayent rien de nuifible ni de défagréable. Pour une teinture d'Or, M. Geoffroy prend des Crif- taux /olaires faits avec une partie d'Or, & 6 ou 7 d'Eau régale, & où par conféquent l'Or eft déja extrémement étendu. H les met dans un mortier de verreavec Îe double de terre foliée du Tartre. Cette terre eff l’alkali du Tartre, impregné d’efprit de vinaigre & d'efprit de vin, & par con- féquent c'eft un diflolvant falin & fulphureux, propre à étendre les foufres de l'Or. On broyele tout enfemble avec le pilon de verre, jufqu’à ce que le mélange fe réfolve en liqueur épaifle. On acheve de le diffoudre dans de l'efprit de vin, & lon a la teinture. Cette teinture prend avec le temps une légere couleur, qui à travers le jour eft pourpre, & à contre jour, jaune. M. Geoffroy employe le même intermede delaterre foliée du Tartre, pour tirer du vitriol de Mars la teinture du fer, des eryftaux de Venus celle du cuivre, &c. On voit aflés pourquoi il prend ou le Vitriol de Mars, ou les Criftaux de Venus. C'eft que dans ces compofés les métaux font déja extrémement divifés & attenués, foit naturellement, foit par art, DES 1S CAEN GE rs 29, JUR PLUSIEURS EAUX MINERALES DEF R'ALN:C'E N a vû dans l'Hiftoire de 170 8.*le deffein de l'Aca- *p. 57. & füiv. démie fur les Faux minérales de France, & lentre- prife que M. Chomel avoit faite, d'examiner Cu del’ Au- vergne & du Bourbonnois. On a vü auflr qu'il les avoit * divifées en trois clafles, chaudes, tiédes & froides. Les chaudes font expédiées , reftent les deux autres clafles. Sans faire l'hifloire des différentes épreuves Chimiques où ces eaux ont été miles par M. Chomel, nous rapporterons feu- lement, comme nous avons déja fait, les indices qui en ré- fultent, & ceux que M. du Clos avoit tirés des mêmes eaux tranfportées à Paris. Voici les tiédes. D'une livre d’eau des fources de Jaude, du Champ des Pauvres & de Beaurepaire, toutes trois près de Clermont, M. Chomel a tiré un peu plus de 1 3 grainsde réfidence, ou de matiére minérale. II foupçonne qu'elles ne contiennent un Nitre pur, comme fa cru M. du Clos, mais un mélange de Nitre, & d'un peu de foufre qui s’évapore aifé- ment, & de-là vient peut-être que ce foufre a échappé à M. du Clos, qui n'a vü ces eaux qu'à Paris. De 8 où 10 fources minérales qui font entre Vic-le- Comte & Mirefleur, il n’y en a que deux qui ne foient pas gâtées par les ébordements de V’Allier dans les temps où elles pourroient être d’ufage. Ces deux font celles des Matres de Veyre & du Cornet. M. Chomel a trouvé dans l'une & dans l'autre 3 4 ou 3 $ grains de réfidence, & il a jugé qu'outre le Nitre pur que M. du Clos y SRE feulement, il y entre quelque portion de Sel armoniac. D'une livre d’eau de S.t Nitaire ou Neëtaire, M. Chomel atiré près de 18 grains de réfidence, dont les trois quarts n'étojent qu'une matiére terreufe & plâtreufe. La matiére Diij V. les M, p. 99: o Histoires DE L'ACADEMIE ROYALE faline qui faifoit le refte, participoit du {el marin & du nitre. Cette eau ne fut point envoyée à M. du Clos. Une livre de l'eau de Chatelguyon a donné $ 3 grains de réfidence, dont près de la moitié n'étoit que de la terre. M. du Clos a cru que le fel de cette eau tient du fel marin, & M. Chomel croit qu’il a plus d'alkali que d'acide, & que le nitre eft le foffile qui s’y manifefte le plus. Une livre de l’eau de-Vic-en-Carladois a donné un gros de réfidence, dont les deux tiers étoient une matiére faline. M. Chomel s’eft accordé avec M. du Clos, à juger que lenitre y dominoit. Cette eau, felon M. Chomel, devroit plütôt être comptée parmi les froides que parmi les tiédes, mais il l'a laifée dans la clafe où M. du Clos avoit mile. Quant aux froides, qui font celles de Befle, de Chano- nat, de Chafoteby, de S.' Pierre de Clermont, du Vernet- Sainte-Marguerite, de Jalerac, & de Pougues en Nivernois, elles ont la plûpart fi peu de matiére faline, les indices qu'elles donnent font fi équivoques & fi légers, & d'ailleurs M. du Clos & M. Chomel différent fi peu dans leurs condlufions, qu'il auroit été prefque entiérement inutile de fuivre fe tout en détail. DE L'ACTION DES SELS SUR DIFFERENTES MATIERES INFLAMMABLES. U N Phénomene de Phifique n’eft jamais plus difficile à expliquer, que quand la méchanique cachée, qui le produit, ne fe rend point fenfible en d'autres occafions, ou ne l'eit que rarement, & que de plus elle dépend d'un aflés grand nombre de circonftances, dont une feule qui man- quera fera manquer l'effet, ou le rendra différent. Alors non-feulement il eff aif que le principe échappe, mais quand même on l'auroit fair, il feroit affés naturel de lâcher prile DES SCIENCES. 31 & de labandonner, parce qu'il ne paroîtroit pas fatisfaire à tout, & qu'on croiroit le trouver en défaut dans des applica- tions particuliéres. ; Que dans un Creufet, aflés chaud pour étre rouge, il y ait un foufre quel qu'il foit, ou une huile, cette matiére s'en- flammera, & f1 l'on jette deflus du falpêtre, {a flamme augmentera tout d’un coup, & de grandeur, & de force, & ‘éclat. Il femble qu'on doive conclurre de-là que le falpètre eft fort inflammable, mais fi on l'avoit mis feul dans le creu- fet, il ne fe feroit pas enflammé; du moins d’autres fels aflés femblables au falpètre, comme Y Alun ou le Vitriol, aug- menteront auffi l'inflammabilité des foufres ou des huiles, mais tout au contraire ils la diminuent beaucoup. Nous pourrions rapporter encore d’autres faits fur la bizarrerie apparente de ces phénomenes, mais en voilà aflés pour faire fentir qu'il y a 1à quelque miftére, & c'eft ce que M. Lémery le cadet a entrepris de developper par fes expériences & par fes réflexions. Nous avons expliqué dans l'Hiftoire de 17 0 1.* laflam- me que produit un efprit acide bien pur, verfé fur une huile effentielle d’une plante aromatique, pourvû que cette huile foit bien exempte d'acides : c’eft que l’efprit entre: avec tant : d'impétuofité & avec tant d'ardeur dans Fhuiïle, où il ne trouve point d'autres acides qui le repouffent, que de la vio- lence de ce mouvement naît une grande flamme accom- pagnée de détonation. M. Geoffroy prend pour principe cette expérience, qui n'eft connuë que depuis peu, & dont application aux faits qu'il veut expliquer, ne fe prefente pas trop d'elle-même. : Ji conçoit que quand du foufre & du falpêtre font mêlés enfemble dans le creufet, la partie huiïleufe du foufre s’éleve, & forme la flamme, qu’en mème temps l'acide du falpètre s'éleve auf, & va rencontrer en air cette huile. Des ma- tiéres qui compofent la flamme, il y en a toûjours quelque partie qui ne devient point flamme, &c c'eft ce qui demeure en forme de fuye. Des parties d'huile qui ne fe feroient point * p. 66. & fuive 32 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyarE enflammées, quoiqu'elles fe fuffent élevées avec les autres, les acides du falpêtre les enflamment, & de-là vient l'augmen- tation de flamme qu'ils caufent, fans compter qu'ils étendent & raréfient beaucoup l'huile enflammée indépendamment d'eux. Cela ne fuffit pas encore, car par l'expérience fondamen- tale il faut que l'huile, pour recevoir l'action des acides, en {oit bien dénuée, & n'y a-t-il pas beaucoup d'apparence que les acides du foufre montent avec fon huile? Ils monteroient en effet, fi les acides du falpêtre, qui fe font dégagés très- promptement, ne laifloient la partie fixe & terreufe du falpêtre dans un état où elle eff alkaline, & avide d'abforber de nouveaux acides en la place de ceux qu'elle a perdus. Elle abforbe donc les acides qui fortent du foufre, & par- A le falpêtre a la double fonction, & de fournir l'efprit qui doit agir fur l'huile du foufre enflammé, & de retirer du foufre ce qui empêcheroit l'aétion de l'efprit. If eft aifé maintenant de voir la caufe des différents cas particuliers, & même de les prévoir. Le falpètre feul jetté dans le creufet ne doit point s'enflammer, tout ce qui en arrive, c'eft que fon acide s'éleve fans rencontrer en l'air aucune huile fur laquelle il agifle, & que fa partie fixe & ter- reufe demeure. L’Alun & le Vitriol n’augmentent point la flamme du foufre, parce que leur acide, ce qui eft conftant ar l'expérience, fe dégage difficilement, & que toute l'huile du foufre eft montée, & s'eft confumée avant qu'il monte. Ces fels ne font au contraire que diminuer la flam- me, parce que leur poids apporte un obflacle à la raréfac- tion & à l'élevation de l'huile du foufre. L’efprit de nitre, - qui n’eft que l'acide du falpêtre, ne doit pas même faire le même effet que le falpêtre, car il ne peut faire que la moitié de ce que le falpêtre fait, & cette moitié n'eft rien fans l'autre. Il eft vifible que cette raïfon ccfferoit, fi ce même ef- prit de nitre agifloit fur une matiére enflammée bien exempte d'acides. Auffi quand on en verfe fur la flamme de D'E SU S'C'TEIN CUENS de l'efprit de vin, il augmente, car alors il ne fort point de Yefprit de vin des acides qui ayent befoin d'être ablorbés. Le Salpètre ne fait pas fur l'efprit de vin le même effet que l'efprit de Nitre. La raifon en eft que Facide du Salpêtre, tout volatil qu'il eft, ne s'éleve pas encore affés vite pour aller rencontrer l'huile enflammée de l'efprit de vin. Il femble ue le nœud de tout cela confifte dans une efpece de point indivifible qu'il faut attraper bien jufte. SUR'LE QUINQU.INA. Er eft à fouhaiter que l’ufage d’un bon Remede s’étende autant qu'il eft poffble, & en même temps il eft à crain- dre, qu’à caufe que ce remede eft bon, on n’en étende l'ufage trop loin. De plus, il n'yen a point dont Fapplication ne demande un foin fort circonfpeét, & de grandes variétez. Ceft dans ces vües que M. Renesume a étudié le Quinquina fur un grand nombre d'obfervations qu'il en a faites dans la pratique de fa Médecine. Nous en détacherons ce qui influe le plus fur cette pratique, & ce qui en même temps nous jette le moins dans un détail trop particu- lier. Le Quinquina eff fenfiblement amer, abforbant, ou aftrin- gent, ou ftiptique; car M. Reneaume ne va point chercher fes proprictés dans la décompofition chimique de fes princi- pes, & il prétend que ce Mixte, ainfi que beaucoup d’autres, agit, non par ces principes défunis, mais par leur affemblage, qui forme des molécules fenfibles & groffiéres. De ce que le Quinquina eft amer, il s'enfuit qu'il adoucit les fucs aigres, car l'aigre & l'amer font le doux. De ce qu'il eft abforbant, ii fuit qu'il émouffe les acides, & em- êche leur action, & par conféquent il entretient la flui- dité des liqueurs que les acides coagulcroïient. De ce qu'il eft fliptique, il fuit qu'il a des parties terreufes qui abfor- bent & boivent les férofités, ce qui fait que les parties qui Hifl, 171 3 Qu 34 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLE en étoient abbreuvées & relichées fc refierrent, & par con féquent le Quinquina augmente le reflort & la fermeté des fibres, ouiles leur redonne. Le Quinquina échauffe, parce qu'il eft amer, & il facilite ou rétablit la tranfpiration, parce qu'il échauffe & augmente la fluidité des liqueurs. C'eft fur ces propriétés qu'il faut fonder les ufages du Quinquina en Médecine. Si les aliments s'aigriflent trop dans l'eflomac, & que la bile qui doit les adoucir en fe mêlant avec eux quand ils en fortent , ne puifle corriger cette aigreur excuflive, ou que quelque obftruétion dans les con- duits biliaires l'empêche de couler en afés grande abondance, Je Quinquina fuppléera à fon défaut, & guérira la fiévre qui auroit eu cette caufe. En général il fait la fonétion de la bile, & par-là il procure au Chile la douceur néceffaire, & répare le vice des digeflions, qui confifte dans l'aigreur des fucs. Mais fi la fiévre étoit caufte de plus par quelque obftruétion confidérable dans les conduits biliaires, le Quin- quina, tant qu'on en feroit ufige, pourroit bien tenir lieu de la bile qui manqueroït, mais il ne vaincroit pas l'obftiuc- tion, & la fiévre reviendroit dès qu'on le quittcroit. Il fau- droit néceflairement alors quelque autre remede plus puiflant, Si la fiévre vient de l'épaifliffement des liqueurs caufé par des acides, la qualité abforbante du Quinquina réublit tout, & promptement, & fans retour. Si l'eftomac, dont les fibres font relichées, garde trop peu les aliments, & les laifle fortir trop cruds, h fliprieité du Quinquina remet les fibres dans leur tenfion naturelle. Enfin, la tranfpiration diminuée reviendra par ce remede à fa premiére quantité, & comme toutes ces différentes caufes ou {cules ou compliquées enfemble produifent prefque toutes les fiévres, il doit y en avoir peu que le Quinquina ne uériffe. Celles qu'il ne guérit pas, ce font les fiévres lentes, qui naïflent de quelque abfcès interne, d'où il s'écoule continuel= lement dans le fang une matiére purulente. M. Reneaume DES SCIENCES. 3$ a même remarqué que le Quinquina y étoit contraire, parce qu'en échauffant & en facilitant les digeftions, il augmente l'appétit des Malades, qui, à mefure qu'ils prennent plus d'a- liments, fourniflent plus de matiére à l'abicès, I n'appartiendroit qu'à un Traité de Médecine de recher- cher en quelles occafions le Quinquina demande des pré- parations , ou quand il doit être accompagné de quelque autre remede. Nous laiffons cela à l'art du Médecin, & ce font peut-être ces fortes de jugements & de déterminations qui en font la partie la plus fine & la plus difcile, Il nous fuffira de remarquer que M. Reneaume, en fuivant l'exem- ple & les inftructions de M. Sidenham, célebre Médecin. Anglois, a donné le Quinquina, & fouvent & avec fuccès, dans des affections mélancoliques ou hyftériques, que l'on, appelle communément Vapeurs, fu-tout quand elles ont eu. des accès bien marqués. Ce remede a auffi fort bien réuffi à M. Reneaume à la fin de quelques Diffenteries. Qu'il ait guéri des maux d'eftomac fans aucune fiévre, c'eftune chofe qui ne mérite prefque pas d'être rapportée, tant elle tient. vifiblement à fa nature, telle que nous l'avons expliquée ici. MSUR LE VITRIOE ET LE FER. : Mme CLE où nous avons parlé du Fer*, n'ena pas. épuilé les vertus. 11 n’a point touché à fa flipticité, que M. Gcoffroy a confidérée particuliérement, & à laquelle feule il attribuë des effets oppolés que le Fer produit en Médecine. Il eft apéritif & aftringent, quoiqu'ouvrir & reflerrer foient contraires. Par exemple, il eft apéritif, puifqu'il re- medie aux Pâles-couleurs , & qu'il rappelle l'évacuation fup- primée; il eft aufli aftringent, puifque quand cette même évacuation cft trop abondante, il la remet dans fes bornes: Ei 36 Histoire DE L'ACADEMIE Royare naturelles. M. Geoffroy prétend, avec beaucoup d'appa- rence, qu'il n'eft apéritif que parce qu'il eft aflringent. Les canaux qui conduifent les liqueurs dans le corps de l'animal, ne font pas de fimples canaux privés d'aélion, ïls aident eux-mêmes au mouvement des liqueurs qu'ils conduifent, & cela en fe reflerrant & en diminuant leur propre capa- cité; ce qui attenuë les liqueurs, & en même temps les oblige d'avancer. Cet effet dépend du reflort des fibres de ces vaificaux, & d’une certaine proportion de forces qui doit être entre ce reflort & la réfiflance des liqueurs. Si le reflort des fibres eft affoibli, & que les liqueurs ne foient plus fufffamment battuës & pouflées, elles s'amaflent dans les vaifleaux en trop grande quantité, & alors il arrive ou qu'elles s'épaiffiffent, & demeurent prefque coagulées, ou qu'il s'en échappe au travers des pores des vaiffcauxune partie qui s'épanche au dehors, & que même elles les rompent, & fe font de nouvelles routes pour fortir. Dans le premier cas, l'écoulement eft arrêté, dans le fecond il cft trop abon- dant & irrégulier, & l'un & l'autre a été caufé par le relà- chement des fibres que la ftipticité du fer corrige. II eft vifible que le même raifonnement s'applique à toutes les maladies où ce relâchement a part ; car un des grands prin- cipes de la méchanique du corps, eft l'équilibre néccffaire entre les fluides qui font pouflés, & les folides qui pouflent. La flipticité du fer étant donc fi utile, & même appa- remment la plus utile de fes qualités, il eft bon de {a porter par art à fa derniere perfcétion. C’eft ce que M. Gcoffroy à fait par trois opérations différentes, qui lui don- nent une Eau-mere de Vitriol rougeätre, onélueufe, extré- mement ftiptique, fans aucune acidité ni corrofion. I] Ja tire du Vitriol, parce que le Fer, qui y eft extrémement divifé & attenué, eft plus en état de recevoir la forme qu'on veut, & fe préfente mieux à l'Artifte. Le Vitriol a été plufieurs fois diflous, filtré, enfuite criftallifé, & l'eau-mere eft ce qui cft refté de liqueur après chaque criftallifation. Il en m'est! Sir ei, NICE IS l'' 37 refte une pareille de tous les fels foffiles qu'on a traités de même, & comme en réiterant toujours l'opération, ils fe réfoudroicnt entiérement à la fin en cette liqueur, on la nomme £au-mere , parce qu'elle contient tous les principes du Minéral, quoique defunis & altérés. M. Geoffroy conçoit que dans fon Eau-mere de vitriof, les acides qui pénétroient le fer, & par-à formoient le vitriol, fe font dégagés, qu'une affés grande partie de l'huile du fer s’eft féparée de la terre métallique la plus groffiére, que les acides fe font réunis de nouveau, les uns à l'huile du fer féparée de la terre, les autres à {a terre féparée de l'huile; que les premiers abforbés dans l'huile ne peuvent plus faire fentir d’acidité, que les feconds unis avec à terre font des Sels alkali, qui ne font point corrofifs, à caufe de l'huile mêlée dans cette liqueur, & qui d’ailleurs lui don- nent une qualité fort ftiptique à caufe de lu terre qu'ils y foûtiennent en aflés grande quantité. Pour prouver que la nature de cette liqueur eft telle que nous la repréfentons ici, il faudroit entrer dans le détail des opérations, mais nous le laiflons à M. Geoffroy. Nous lui laiflons auffi les ufages médicinaux de fon eau ftiptique; il eft aifé d'imaginer qu'elle doit être bonne & à prendre par la bouche, & à appliquer extérieurement ; mais quand on en aura pris cette idée géné- rale, c'eft à l'expérience à fournir toutes les déterminations particuliéres. SUR DES MATIERES Qui pénérrent les Métaux fans les fondre. UoiqQuEe l'extrême divifibilité de Ja matiére & la fubtilité où elle peut parvenir, & d'un autre côté la grande porofité des corps les plus folides, foient les deux chofes du monde les plus établies en Phifique; cependant comme on pourroit peut-être foupçonner que le befoin des E ii V. les M. p 306. XV. ci-deflus P: 9. +! 238 HisToiIRE DE L’'ACADEMIE RoYALE fiftèmes les feroit poufier toutes deux trop loin, il eft bon que l'expérience même nous raflure. Elle Fa déja fait dans cette Hiftoire fur lé premier point *, elle le va faire fur le fecond , avec autant d'évidence & de facilité. li n'y a point de corps plus compaétes que les Métaux, & en même temps il eft bien fürement prouvé qu'ils ent des pores, tant parce que le feu les met en fufion, que parce que les diffolvants les réduifent en liqueur; car fans leurs pores, ni le feu ni les diflolvants n'y pourroient mordre. Mais ces divifrons violentes de leurs parties ne prouvent pas tant leur porofité que feroit le paflage tranquille de quelque matiére au travers de leur fubftance, fans y caufer le moin- dre dérangement ni la moindre altération, car alors il faut qu'ils ayent eu des pores & fort ouverts, & en une quantité prodigieufe, & communiquants tous les uns avec les autres. C'eft là ce que M. Homberg a découvert le premier par le moyen de deux matiéres qu'il a trouvées, dont l'une pénétre le fer & l'autre l'argent, & dont ni l'une ni l'autre ne laifie, pour ainfi dire, aucune trace de fon paflage. Du foufre commun mis fur une plaque de fer fort rouge fait un trou, & pafle au travers. Ce même foufre, mais fort affoibli, tant par certaines matiéres avec lefquelles il eft mêlé, que par les opérationstqu’il a fouffertes, devient le corps qui paffe paifiblement au travers du fer. Ille laiffe auffr malléable qu'auparavant. 11 n'a été queftion que de modérer Fimpétuofité exceflive de cet agent. É De même le foufre diffoudroit l'argent avec violence, le mercure le difloudroit lentement & avec douceur ; le foufre & le mercure mélés enfemble d'une certaine façon feront les principaux ingrédients d'une compofition, qui étant fonduë für une lame d'argent, épaiffe d'une demi-ligne, la pénétrera de part en part fans y faire d'ouverture. II fera auffi malléable qu'il l'étoit, mais il prendra & en dchors & en dedans une vraye couleur de plomb. + JLeft fortremarquable dans cette feconde expérience, que D'E:S : S1 CAT EN CE Se fa matiére qui pénétre l'argent n'étoit point malléable avant que de le pénétrer, & le devient après. M. Homberg con- jecture qu'en traverfant l'argent elle y a dépolé une terre qui empèchoit fes parties d'êure bien Jiées par le foufre qu'elle contenoit,. & par conféquent la rendoit caffante & friable. Peut-être auffi la couleur de plomb vicnt-elle de cette même terre dont l'argent s'eft chargé. Hya toüjours bien des phé- nomenes dans un feul. ‘DIVERSES OBSERVATIONS CHIMIQUES I. R. Geoffroy le cadet a dit que l'Eau de Fleur d'O- range, qui {ent l'empireume, perd cette odeur par la gelée, & en prend une très-agréable. IL. M. Polia tiré du Laurier à grandes feuilles, que l'on ap- pelle Laurier Royal à Lucques, où il l'a trouvé en grande abondance, une huile qui a le goût &c l'odeur d'amandes améres, mais avec beaucoup plus de force. Elle donne ce goût & cette odeur à tout, & fans aucun empireume. Si on en mêle une dragme avec une livre de fucre fin‘bien pul- verilé, & que le tout foit Bien pilé dans un mortier de verre, il s’en forme une poudre blanche excellente pour les douleurs d'eftomac, & qui mème guérit fouvent les fiévres tierces & quartes, pourvü qu'on fe foit purgé avant que d'en ufer. IL n’en faut prendre qu'une dragme pendant quelques jours. PTE Dès que l'on débouche un vaiffeau où eft de VEfprit de Nitre, fur-tout fi cet Efprit eft bien déflegmé, on voit fortir une fumée aflés confidérable. Les autres efprits acides en jeutent moins, & à peine celle de l'efprit de 40 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE {el cft-elle fenfible. Mais M. Geoffroy le cadet a obfcryvé qu'elle le devient beaucoup, fi on approche du vaifieau où eft l'efprit de fel, un autre vaifleau où {oit un fort efprit alkali volatil. Ce n’eft pas, car il faut bannir le merwcilleux autant qu'on peut, que ce voifinage détermine Fefprit de fel à jetter plus d'exhalaifons, mais c'eft que l’alkali en jette auffr de fon côté, qu'elles fe rencontrent dans l'air les unes les autres, & que comme elles ne font que les parties les plus fubtiles des matiéres d’où elles font for- ties, elles font entrelles ce que ces matiéres auroient fait, qu'elles fe joignent intimement, & produifent par leur union un nouveau fel plus fenfible à la vüe que n’au- roient été les deux différentes exhalaifons féparées. Ce fl eft celui qui doit naître de l'acide & de l'alkali volatil, c'eft- à-dire, un véritable fel armoniac. Et en effet, fi on ex- pofe à cette fumée, compofée des deux exhalaifons, une cloche de verre, elle fe charge de fleurs qui font les mêmes que fi on eût expofte à une vapeur des fleurs du fel armo- niac. La fumée de l'efprit de nitre mis auprès de T'alkali volatil, n'en paroit guére plus forte, apparemment parce qu'elle na pas befoin de ce fecours pour fe faire bien voir; feulement de ronge qu'elle étoit, elle devient blan- che, ce qui marque qu'elle eft altérée aufli par celle de T'alkali. LAS Le Bifmuth cft une cipece d'Etain. C'eft une matiére métallique blanche, caflante, difpolée en petites facettes luifantes comme des glaces, ce qui la fait nommer ‘rain de Glace. M paroît être compofé d'un Sel minéral, d'un Soufre groffier, de Mercure, d'un peu d’Arfenie, & de beaucoup de Terre. M. Poli ayant pilé féparément une partie de Bifmuth, & deux de Sublimé corrofif, & les ayant mélées enfemble dans une cornuë à laquelie il avoit adapté un récipient, en tira par la diftillation une efpece de gomme ou de beurre qui s'étoit attachée en partie au col de 1a cornuë, & cn partie étoit tombée dans le récipient. HI diflilla DES S CTE.N CES: 4ï diflilla ce beurre une feconde fois, & outre un nouveau beurre qui vint comme le premier, il refta au fond de la cornuë une poudre très-fine, de couleur de Perle Orien- tale, douce au toucher, & gluante. Une troifiéme opéra- tion lui donna une poudre encore plus fine & plus belle : enfin il réitera l'opération jufqu’à ce que le beurre fût entié- rement changé, partie en Mercure coulant, partie en poudre de couleur de Perle. Cette poudre pourra fervir, foit à imiter les Perles fines, foit à les repréfenter en peinture, foit à don- ner cette agréable couleur à tels ouvrages qu'on voudra. M. Homberg a dit que fous la Zone torride l'extréme chaleur mangeoit le Plomb, & que des Goutiéres y deve- noient terre en trois ou quatre ans. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L'Obfervation de M. Geoffroy le cadet für la cha- V. ls M. p. deur de l'Efprit de Vin. , 53° L'Ecrit de M. Homberg fur une féparation d'Or. V. les M. p, L'Obfcrvation du même für 1 fublimation du Mercure, EM 5 265. | Hif. 1713 °F V. les M. p. 230- * V. THilt. de 1700. p. 70. & fuiv. 4 42 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE BE ETES B'O FAN LOUE: NT TA ZAN TA A PAN TN 7A A A 7 & D CR, UN. :FEx PEN AUNARPE Fauffément rapportée au Genre des Lichen. E Lichen eft une Plante qui naït comme la Mouffe fur l'écorce des Arbres, & même fouvent fur des Pierres. On prétend qu'elle eft bonne pour la Gratelle, & pour les Dartres vives, & qu'elle a pris fon nom de ces maladies mêmes qu'elle guérit, car elles s'appellent ainfi en Grec. Peut-être auf, & cela feroit plus naturel, ce nom vient-il de ce qu'on l'a regardée elle-même comme une galle & une efpece de maladie des arbres fur lefquellcs on l'a d'a- bord obfervée. C'eft un Genre que le Lichen, & il a beaucoup d'efpeces différentes. Il a des femences, mais point de Fleur, & M; Tournefort l'a rangé dans cette claffe *. Une efpece de Lichen, appellée par C. Bauhin Lichen petræus flellatus, devroit donc n'avoir point de Fleur, mais M. Marchant lui en a trouvé une dont il fait la defcription. Les négatives & les exclufions font toüjours un peu dangé- reufes en fait de Phifique. La Fleur de ce prétendu Lichen, qui, comme on peut juger, eft fort petite, a une fingularité remarquable. Lorf qu'elle s’'épanouit, on voit au-dedans un paquet de filets repliés, & en quelque forte confondus enfemble, qui ont un mouvement fenfible par lequel ils s’allongent, & fe débarraffent les uns d'entre les autres. Chaque fois qu'ils font cette efpece d'effort, ou qu'ils le font plus fenfible- ment, il fort d'entre eux une poufliére très-fine qui fe crus. le Ce cie if DES SCIENCES 43 perd en l'air. M. Marchant la prend pour les graines de a Plante, & avec beaucoup d'apparence, puifqu'on voit naître un nombre prodigieux de Plantes de cette efpece autour d'une ancienne, & que de plus il en naît fur des murailles & jufques fur des toits, où il n’y a que l'air qui puifle les avoir femées. S’il y avoit des Infectes en fait de Plantes, les Lichen feroient du nombre, & il fe trouveroit que les Plantes les plus méprifées communément, ainfi que les Animaux, feroient les plus admirables. Puifque le Lichen petræus flellatus a des Fleurs, ce n'eft plus un Lichen, & par cette raifon M. Marchant en fait un nouveau genre, qu'il appelle Marchantia, du nom de fon pere, fameux Botanifte, & le premier qu'ait eu f Académie. On ne peut envier aux Botaniftes, pour payement de leurs travaux, le droit de nommer des Plantes. OBSERVATION BOTANIQUE. R. de Reaumur allant de Saumur à Thoüars au mois de Juin 1711, remarqua dans toute une étenduë de $ lieuës de chemin, que des Pruniers fauvages, qui font communément dans les buiflons & dans les hayes, & qui devoient avoir alors de petites prunes rondes de la groffeur d'un Pois, comme ils en avoient effectivement, en avoient tous À peu-près autant d’une grandeur & d’une figure diffé- rente, Elles étoient ovales, fort femblables à de jeunes Aman- des, fouvent dans le fens de leur grande longueur, une fois & demie plus longues que les fruits naturels & ordinaires. Leur couleur étoit auffi d’un vert moins foncé, & tiroit fur le jaunûtre. Les $ lieuës pañlées, M. de Reaumur chercha inutilement de femblables Prunes pendant 25 lieuës de chemin , quoiqu'il y eût des mêmes Pruniers en abondance. Dans l'étenduë où fe trouvoient les Prunes irréguliéres où monftrueufes, les autres Arbres n’avoient point de fruits qui Le fuflent. C'eft une: chofe aflés finguliére que ce V. les M. p. 71. V. les M. p. IE» 5 V. les M. p. 123. î * V. PHift e1712.p.64. & fuiv. 44 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE mélange prefque égal de fruits naturels & de fruits monf trueux fur une feule efpece d’Arbres pendant tout un fi long chemin, & pendant ce chemin feulement. M. de Reaumur en rapporte {a caufe à quelque pluye d'orage, chargée peut-être de Sels particuliers, qui n'avoit tenu que 5 lieués, qui avoit introduit dans les Pruniers des fucs plus abondants & plus nourriffants qu'à l'ordinaire, & avoit trouvé la moîïtié de leurs fruits en état d’en profiter, au lieu que ceux des autres Arbres n'étoient pas alors dans cette difpofition: N Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L’Ecrit de M. de Reaumur fur une nouvelle Plante, qu'il nomme Boletus ramofus Coralloïdes fætidus. Et celui de M. Juffieu fur l'Arbre qui porte le Café. Do OO D Er a EE LI SR DOROOROICRIQCE QE GONONOONENANQION GE O\M.E-TR:E SURS LES D'EVE LOPPEES. Orc1 la fuite de la Théorie générale des Développe- ments que M. Varignon avoit commencée *. Comme les Développées font modernes, la matiére eft encore affés neuve, & peut fournir beauèoup à qui fçait l'appro- fondir. L'origine d'un Développement eft arbitraire, ceft- à-dire, que quoiqu'il foit plus naturel de commencer à déve- lopper une Courbe au point où elle prend naïffance, il eft cependant permis de commencer à la développer à tel autre point qu'on voudra. Toute Ia différence fera, qu'au lieu qu'un Développement commencé à l'origine de la Courbe TE D Es 1 (SUCAILLEUN, GEST fera continu, celui qui commencera à quelque point de fon cours fera, pour ainfi dire, interrompu & brilé, parce que quand on f'aura développée de ce point vers une de fes extré- mités, il faudra retourner à ce même point pour la déve- lopper de-là vers l'autre extrémité. Il fuit déja de cette feule idée, que fr une Courbe «eft toûjours concave d’un même côté, comme une dermi-Para- bole, & que l'on commence à la développer par fon fom- met, la Développante, qui eft toüjours concave vers le même côté que la Développée, fera une Courbe d'un cours continu, & dont la concavité fera toûjours tournée du même fens; mais que fi on commence à développer la demi-Parabole par un autre point que le fommet, la Développante aura un rebrouflement à l’origine du développement, & deux Bran- ches dont les concavités fe tourneront vers des côtés oppolés. Il eft vifible que cela eft général, & qu'une Courbe quel- conque d’un cours continu , & toute concave d’un feul côté, développée par un point quelconque moyen entre fes deux extrémités, produit une Déveleppante rebrouflée en {ens contraires. Aux Courbes. d'un cours continu font oppofées celles qui rebrouffent, & aux Courbes toutes concaves d’un feul côté font oppolées celles qui le font de différents côtés, & celles-ci ont une Inflexion, ou un Rebrouflement dont les deux branches font tournées de fens contraires; car pour celles qui ontun Rebrouffement dont les deux branches font tournées du même fens, ou, ce qui eft la même chofe, con- caves du même côté, elles ne font oppofées qu'aux Courbes d'un cours continu. Nous venons de voir les Dévelop- pantes que produifent des Courbes d'un cours continu ; ‘& toutes concaves d'un feul côté, foit qu'on ait com- mencé à les développer à leur origine ; ou à quelque autre oint; refte à voir les Développantes que produiront les autres Courbes d'un cours non continu ,1ou concaves vers différents côtés, développées par tel de leurs points qu'on voudra. Fi 46 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Ces Courbes ayant toutes un Rebrouflement ou une Inflexion, elles ont trois efpeces de points par où on peut commencer le Développement. 1°. Leur origine, ou, ce qui revient au même, leur extrémité. 2°. Le point d'infle- xion ou de rebrouflement. 3°. Tel autre point qu'on vou- dra, qui ne fera aucun des précédents. Il eft clair que les Développements commencés par la premiére ou la troifiéme efpece de points, retombent dans le même cas que ceux des Courbes d’un cours continu, & concaves d’un feul côté, pourvû qu'on ne les pouffe que jufqu'aux points d'inflexion ou de rebrouffement. Quant à ceux qui commenceroient par ces points de rebrouflement ou d’inflexion, ils font les mêmes que ceux qui commenceroient à l'origine d'une Courbe fimple, & fi on les confidére de part & d’autre de ces points, ils font les mêmes que ceux de deux Courbes fimples pofées l’une à l'égard de l'autre, comme les deux Branches de la Courbe dont il s'agit; & enfin les dévelop- pements , qui ayant commencé par quelque autre point que ceux d'inflexion ou de rebrouflement, y arrivent & vont au-delà, ne font que ceux des deux différentes branches de la Courbe. On voit donc qu'il eft fort aifé de tracer les déve- loppements, ou, ce qui eft à même chofe, les Dévelop- pantes de toutes les Courbes, à quelque point que lon com- mence à les développer. Les Courbes rebroufées en fens contraires étant dévelop- pées, ou par leurs extrémités où par leur point de rebroufic- ment, produifent des Développantes d'un cours continu , & toutes concaves d’un feul côté. Les Courbes rebrouflées en même fens, étant dévelop- pées ou par leurs extrémités, ou par leur point de rebrouf- fement , produifent des Développantes, qui font pareille- ment rebrouffées en même fens, & du même fens que les Développées. Les Courbes qui ont une inflexion, & que M. Varignon appelle contournées, étant développées par leurs extrémités, produifent des Développantes rebrouffées en même fens., DLE LS MS AC'ALAEUN NC EN 5 & fi elles font développées par leur point d’inflexion , elles produifent des Développantes, qui font contournées comme elles. Si toutes ces Courbes, tant rebrouffées que contournées, font développées par d'autres points, c'eft-à-dire, par ceux que nous avons appellés de la troifiéme efpece, elles pro- duifent des Développantes moins fimples, mais qui fe peu- vent aifément réduire à celles qui ont été produites par les autres développements. Ainfi nous ne nous arrêterons point à les confidérer. Ce qu'il y a de plus important dans une Développante, c'eft fon Rayon ou fon Cercle ofculateur. A chaque point de la Développée répond un Cercle ofculateur dans la Déve- loppante, & chaque Cercle ofculateur a deux de fes côtés infiniment petits, exactement polés fur deux côtés pareils . de la Développante, l'un au-dedans de cette Courbe, f'autre au-dehors, de forte qu'il la touche & a coupe en même temps, ou la touche doublement, & en dehors & en dedans. De-l il fuit que fi un point de Ia Développée eftéqui- valent à deux points, il doit répondre à ce point deux Cercles ofculateurs de la Développante, infiniment proches & égaux. Or dans toute Courbe rebrouflée le point de rebrouffement , qui appartient en même temps à deux bran- ches différentes, eft équivalent à deux points, & par con- féquent la Développante d’une Courbe rebrouffée doit avoir dans celui de fes points qui répond au point de rebrouflement de la Développéce, deux Cercles ofculateurs égaux & infini- ment proches. Puifqu'il eft de l'effence du Cercle ofculateur d'avoir deux côtés infiniment petits, communs avec la Dévelop- pinte, deux Cercles ofculateurs doivent naturellement en avoir quatre, & cela dans le même point ou dans {a même étendue infiniment petite de la Courbe; mais on voit en traçant les Cercles, que des quatre côtés il y enatoüjours deux qui fe confondent én une: : +, 48 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE Si une Courbe rebroufiée en fens contraires a été dévce loppée par fon point de rebrouffement, un des deux Cercles ofculateurs de la Développante a le premier de fes deux côtés intérieur à la Courbe, & le fecond extérieur, & lautre Cercle a fon premier côté extérieur, & le fecond intérieur ; de forte quelle fecond côté du premier Cercle, & le premier du fecond n'ayant que la mème pofition à l'égard de la Courbe & étant contigus, ne doivent pafler que pour un. Si la même Courbe rebrouflée a été développée par fes extrémités, un des Cercles ofculateurs de la Développante a fon premier côté extérieur à la Courbe, le fecond intérieur, & l'autre Cercle a fon premier côté intérieur, & l'autre exté- ricur, & par la même raifon les deux côtés du milieu n'en font encore qu'un feul. H paroït affés par cette difpofition des deux Cercles ofcu- lateurs, qu'ils peuvent auffi & doivent même n'être comptés que pour un, mais pour un qui a trois côtés communs avec la Dévcloppante, au lieu que tous les autres Cercles ofcu- la curs dans tous les autres points de la même Courbe, n'y ont que deux côtés communs avec elle. Ainfi dans les deux cas que nous venons de repréfenter, le Cercle ofculateur de la Développante au point dont il s'agit, non - feule- ment la baife, mais s’entrelace avec elle de deux manieres oppofées. On fçait qu’à chaque côté infiniment petit d’une Courbe, répondent deux Ordonnées infiniment proches, à deux côtés confécutifs trois Ordonnées , quatre à trois côtés, &c, de même en prenant les côtés d'une Courbe quelconque Développanie pour les arcs circulaires infiniment petits, décrits du Rayon ofculateur, aux deux côtés, qu'un Cercle ofculateur a toûjours communs avec la Courbe, répondent trois Rayons: infiniment proches & égaux; & puifque dans les Développantes formées par les Rcbrouflées en fens contraires, le Cercle ofculateur a trois côtés com- muns avec là Courbe, il y aura quatre Rayons ofculateurs infiniment proches & égaux. Par conféquent fi on à une Equation DES SETIENCES. 49 Equation algébrique, qui exprime le Rayon ofculateur pour tous les points d'une Développante de cette efpecc; cette équation aura quatre Racines égales pour le point où le Cer- cle ofculateur aura trois côtés communs avec la Courbe. Voyons maintenant les Développantes formées par le développement de Courbes rebrouffées en même fens. Nous avons dit que ces Développantes feront auffi rebroufiécs en même fens. Sur cela il faut confidérer que non-feule- ment à chaque point de la Développée répond un Cercle ofculateur dans la Développante, maïs encore que chaque point de la Développante a le fien. De-là il fuit que fr un point de la Développante eft équivalent à deux points, il doit par lui-même avoir deux Cercles ofculatcurs infini- ment proches & égaux. Or ici la Développante eft rebrouffée auffi-bien que la Développée : Donc fi le point de rebrouf fement de la Développante eft équivalent à deux points auffi bien que celui de la Développée, elle doit avoir par elle- même en ce point deux Cercles ofculateurs outre les deux qu'elle aura de Îa part de Ha Développée, c'eft-à-dire, quatre Cercles ofculateurs infiniment proches & égaux, ou plüiôt un feul qui aura quatre côtés communs avec elle; & il cft évident que ces quatre côtés produiront cinq racines égales. J'ai dit, f° L point de rebrouffément de la Développante eff équivalent à deux points auffi-bien que celui de la Deve- loppée ; car tout point de rebrouflement n'eft pas équivalent à deux points. Le rebrouflement fe fait de deux maniéres, par deux côtés exaétement polés l'un fur l'autre, où par deux côtés qui font enfemble un angle infiniment petit. Dans le premier cas un côté ou un point eft équivalent à deux, puifqu'il eft formé de deux qui font confondus; mais dans le fecond, l'angle empêche leur confufion, & les deux côtés ou points font toûjours deux. I fe trouve que le point de rebrouflement des Développantes , formées par des Rebrouflées en même fens, eft dans le premier cas; Hif. 171 3. °G so HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyALE & ce qui le prouve, c'eft qu'on verra par les démonftra-. tions de M. Varignon, que le Cercle olculateur de ce point-là, ne prie ni ne peut pafier entre les deux branches de la Développante qui rebrouile, mais eft ou au-dedans ou au-dehors des deux. Eteneflet, felonlapremiére idée que nous avons donnée du rebroufiement, il eft impofñble: qu'aucune Courbe paffe entre deux lignes exaélement pofées June fur l'autre, & qui ne font point d'angle. On voit clairement par tout ce qui a été dit, que les Rebrouffées en fens contraires, produifant par leur déve- loppement des Développantes qui ont un cours continu, & les Rebrouffées én même fens, des Développantes qui font rebrouflées auffr; les premiéres Développantes ne doivent avoir, à caufe de leur cours continu, que quatre racines égales dans le point qui répond au point de rcbrouffement de leurs Développées, & que les fecondes Développantes doivent avoir cinq racines égales à caufe de leur rebrouflement, I refte le développement des Contournées: Si elles font développées par leurs extrémités, elles produifent des Déve- Joppantes rebrouflées en même {ens. Le point d'infiexion des Contournées vaut deëx points, car il faut le concevoir comme formé de deux côtés polés exaétement bout à bout en ligne droite, fans faire entr'eux aucun angle de contin- gence. Donc le point de la Développante, qui répond à ce point d'inflexion, a un Cercle ofculateur qui a trois côtés communs avec la Courbe. Il faut voir maintenant s’il n'en a point jufqu'à quatre, à caufe du rebrouffement de la! Déve- loppañte: Mais ce rebrouffement eft formé de deux côtés, qui font entr'eux un angle infiniment petit; & ce qui le prouve, c’eft que le Cercle ofculateur divife cet angle, & paffe entre les deux branches qui font le rebroufiement. Donc ce Cercle n'a que trois côtés communs avec la Déve= loppante, & il n'y a dans ce point de rebrouflement que quatre racines égales. Si les Contournées font développées par leur point DE ts SUCRRENN Cir's. sr d'inflexion, elles produifent des Développantes qui font parcillement contournées. Alors il femble que la Dévelop- _pante ayant un point d'infiexion équivalent à deux points aufli-bien que la Dévcloppée, le Cercle ofculateur de Ia . Développante en ce point doive avoir quatre côtés communs avec elle, comme le Cercle ofculateur au point de rebrouf- fement d'une Développante rebrouflée produite par une Rebrouffée. Mais il y a une grande différence, qui vient de la différente pofition des Cercles ofculateurs. Quand on développe une Contournée par fon point d'inflexion, le premier côté de la Développante que lon décrit cft l'un des deux côtés qui doivent former fon point d’inflexion, & l'on décrit enfuite toute une branche d’un cours continu, Cola fait, on revient au point d'inflexion de la Dévelop- pée, on Het le fécond des deux côtés qui doivent faire le point d'inlexion de la Développante, & on en décrit la feconde branche, qui n’a qu'un cours continu. Ilarrive de-là qu'au point d' BERIOE de la Développante fes deux bran- "ches ont chacune leur Cercle ofculateur dont les convexités font oppofées. Ces deux, Cercles ont deux côtés communs, chacun avec la branche à laquelle il appartient; mais ils nont aucun côté comimun entreux. Ainfr ce ne font point deux Cercles ofculateurs qui fe confondent en un, . & qui forment un feul Cercle qui ait ou trois ou quatre . côtés communs avec la Courbe, comme dans les autres cas - que l'ona vûs. Il.cft clair qu'en ces cas-là les Cercles ofcu- lateurs qui fe confondoient , avoient la même poñition, ou, ce qui revient au même, leurs concavités tournées du même .côté, ILeff établi chés, eu Rpomene, que le Rayon ofculateur eft La mefure de la courbüré des Courbes. Elle eft plus petite quand il eft plus grand, & au contraire; & par conféquent au point où une. Courbe aura une courbure nulle, elle aura un Rayon ofculateur infini, & elle en aura un infi- , piment petit au point où fa courbüre fera infinies M. Va- k riguon Louve aiment pu fa Théorie Jes gr: andéurs des Gi V.les M.p.76 52 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyazeE Rayons ofeulateurs de chaque Développante, & par con- féquent la différente courbüre de ces Courbes. Il arrive à un Paradoxe afiés étonnant, déja avancé par feu M. le Mar- quis de l'Hôpital, c’eftque dans le point d'inflexion, qui paroît formé de la mème maniére dans toutes les Courbes, & éga- lement conftitué, le Rayon ofculateur eft quelquefois infini, quelquefois nul, c'eft-à-dire, la courbüre quelquefois nulle, quelquefois infinie. Cette matiére demanderoit des réfle- xions qui nous meneroient trop loin. La Géométrie a fes mifléres, dont on fçait déja que plufieurs ne font que des miftéres apparents, puifqu'ils ont ceffé de l'être quand on les a approfondis. Il cft à fouhaiter qu'ils foient tous de la même efpece. SUR L'EST" P'O L' I G'ONNES: INSCRITS OÙ CIRCONSCRITS AU CERCLE. NSsCRIRE dans un Cercle üh Poligone régulier, c'eft- à-dire, dont tous les côtés font égaux, c'eft le difpofer de maniére au-dedans d'un Cercle, que chacun de fes côtés en coupe la circonférence par fes deux extrémités; & le circonfcrire au Cercle, c’eft le difpofer de maniére au- dehors du Cercle, que chacun de fes côtés en touche par fon milieu la circonférence. Chaque côté d’un Poligone inf crit ft donc la corde d’un arc de cercle égal à celui dont chaque autre côté cft la corde, & de même tous les côtés d’un Poligone circonfcrit font les T'angentes d’arcs de Cercle égaux, & fi les deux Poligones, l'infcrit & le circonfcrit ont le même nombre de côtés, les côtés de l'un font cordes, & ceux de l'autre tangentes des mêmes arcs. Un Poligone quelconque étant infcrit dans un Cercle; fi on y en veut infcrire un autre qui ait deux fois plus de côtés, il ne faut que couper en deux chaque arc foûtenu par chaque côté du premier Poligone, & tirer deux nouvelles Di 'E 19 06 ACTE INNCIIE 15 cordes aux deux nouveaux arcs, & il eft clair que cette divi- fion fe peut continuer tant qu'on voudra {lon la progreflion foûdouble. La moitié de la corde d’un arc de Cercle eff le finus de l'arc, qui eft la moitié de celui que la corde foûtient. Ainfr le double d’un finus quelconque eft la corde d’un certain arc, & par conféquent le côté d’un certain Poligone infcrit. Par exemple, le double du finus de Farc de 60 cftla corde de Farc de 120, & le côté du triangle équilatéral, le moin- dre de tous les Poligones qui fe peuvent infcrire dans le - Cercle. Le double du finus de 30 eft la corde de l'arc de 60, & le côté de l'Exagone. Le double du finus de 1 $ eft la corde de 30, & le côté du Dodecagone, &c. D'où l'on voit qu'un arc'quelconque étant donné, fi l’on fçait trouver le fmus de fa moitié, on trouvera de fuite les côtés de * tous les Poligones, qui auront toûjours un nombre de côtés double. M. Saulmon donne une formule-générale pour tirer du finus donné d'un arc le finus-de fa moitié, & par confé- quent pour infcrire perpétuellement dans le Cercle des Poli- gones, dont chacun aura deux fois plus de côtés que le récédent. ÎL n'entre dans cette formule que le Rayon du Cercle, & le finus donné, ou, ce qui revient au même, le dernier finus qu'on aura trouvé en pourfuivant toûjours la divifion de l'arc. La même méthode de M. Saulmon s'étend aux Poligones circonfcrits, à cela près qu'il faut prendre les tangentes des arcs au lieu de leurs cordes. La formule générale ne comprend que les deux mêmes grandeurs. Ainfi, quel que foit le premier Poligone infcrit ou cir- confcrit au Cercle, on peut enfuite infcrire & circonfcrire à ce même Cercle à l'infini, des Poligones d'un nombre de côtés toüjours double; & il eft vifible que plus le nombre de leurs côtés augmente, moins le circuit & l'aire des cir- confcrits furpafent la circonférence & l'aire du Cercle, & moins le circuit & Faire des infcrits font furpañlés par la Gi 54 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLE -même circonférence & l1 même aire; de forte que les divi- fions étant pouffées jufqu'à infini, il paroît néceffaire que les circonfcrits d’un coté & les infcrits de l'autre fe confon- dent abfolument avec le Cercle. M. Saulmon démontre, que fi en faifant la divifion des arcs, ou, ce qui revient au même, en doublant le nombre des côtés d’un Poligone quelconque infcrit ou circonfcrit, on vient à trouver par la formule générale, que la différence du quarré du Rayon du Cercle, & du quarré du finus immé- diatement précédent, ne foit pas un quarré parfait, ce qui emporte que la racine quarrée de cette différence foit un nombre incommenfurable:; alors les circuits de tous les Poligones infcrits & circonfcrits qui fuivront , feront incom- menlurables avec le Rayon du Cercle, & leurs aires incom- menfurables avec le quarré de ce Rayon. En un mot, dès que par la voye que nous venons de marquer, l'incommen- furabilité fera entrée dans un Poligone, elle fe maintiendra dans tous les Poligones fuivants, tant à l'égard du circuit que de l'aire, Cette incommenfurabilité fe trouve prefque toûjours dès le premier Poligone. Elle cft, par exemple, dans le Triangle équilatéral, dans le Quarré, dans le Pentagone; & s'il y a quelque premier Poligone où elle ne foit pas, il cf für qu'elle entrera bien-tôt dans quelque Poligone fuivant, après quoi elle ne fortira plus de cette fuite. Refte à fçavoir fi elle fe foûtient jufque dans l'infini, c'efl-à-dire, jufqu'au terme où les Poligones infcrits & cir- confcrits fe confondent avec le Cercle. En ce cas, il feroit certain que les circuits de ces Poligones, ou la circonférence du Cercle fcroit incommenfurable avec le Rayon, & l'aire du Cercle incommenfurable avec le quarré du Rayon. Le fujet d'en douter eft que lincommenturabilité de deux grandeurs confifte dans un ccriain excès de l'une fur Fautre. Cet excès peut toûjours demeurer égal, ou même augmenter pendant une progreffon infinie; mais il peut auffi diminuer, & 1lorsil deviendroit nul dans l'infini, & l'incommenfurabilité ceficroit. Dé et sn SICILE NC ES Mais il y a bien de l'apparence qu'elle fe conferve juf. ques dans l'infini entre la circonférence du Cercle & fon Rayon, ou entre l'aire & le quarré du Rayon. Car on n'a pü, du moins jufqu'ici, trouver le rapport de ces grandeurs, que par des fuites infinies; ce qui eft une marque d'incom- menfurabilité. * * V. l'Hilt. Quand ces grandeurs feroïient incommenfurables, ce ne DA VEN feroit pas à dire que la Quadrature du Cerdle füt impoffible. RAS: I faudroit & qu'elles fuffent incommenfurables, & que leur rapport ne püt abfolument être exprimé que par des fuites infinies, car alors il feroit bien für que la fomme finie de ces fuites ne fe pourroit jamais trouver, SUR LES INTERSECTIONS MOD ECO RUBENS. UE deux Scétions Coniques fe puiffent couper env. 4 points, c'eft une chofe qui faute aux yeux. Si une, 243.&261. Parabole, par exemple, rencontre par fes deux côtés, qui font les deux demi-Paraboles, une circonférence de Cercle qu'elle coupe, & dans laquelle par conféquent elle entre, il faut néceffairement qu'elle en foie, & elle n'en peut fortir qu'en: coupant encore le Cercle en deux points. Il en va de même des autres Sections Coniques prifes deux à deux, il n'y a qu'à leur donncr éntrelles une difpofition convena- ble. pour linterfeétion en + points. Comme toutes ces Courbes font formées de deux moitiés égales & femblables * féparées par un axe que chaoune d'elles regarde par fa con- cavité, la difpofition qu'on donne naturellement à deux Scétions Coniques, pour faire qu'elles fe coupent en 4 points, cft de les décrire fur un axe, ou du moins fur un diametre commun; de forte que chacune des deux Courbes ait fa moitié, ou du moins une portion de cette moitié d'un 56 HISTOIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE côté de cet axe ou diametre, & l'autre moitié ou une portion de l'autre côté. Enfin quand elles fe coupent en 4 points, on imagine naturellement que deux interfe&tions {e font dans deux branches ou portions de chaque Courbe, con- caves toutes deux vers un certain diametre, & les deux autres interfcétions dans deux autres branches ou portions concaves du côté oppolé du même diametre. Auffi quand M. Rolle apporta à l'Académie cette Pro- pofition, Qu'une demi-Parabole & une demi-Hiperbole pouvoient fe couper en 4 points, de maniere que dans toute l'étenduë où fe faifoient les 4 interfe@tions, les portions de chacune de ces deux Courbes fuflent toûjours concaves du même côté d’un diametre; les Géométres furent d’a- bord furpris du Paradoxe. M. de la Hire & M. Saurin mirent à examiner, & le trouvérent vrai. Si quelqu'un a fait cette obfervation finguliére avant M. Rolle, du moins ne sen fouvint-on point, & c'eft un grand pré- jugé qu'elle eft nouvelle. Quoique nouvelle & finguliére, on peut cependant, maintenant qu’elle eft éclaircie, être étonné qu'elle n'ait pas encore été faite; en voici le dé- nouement. Tous les Géométres conviennent, & nous l'avons dit bien des fois, qu'une Equation déterminée du quatriéme degré, fe conftruit par deux Scétions Coniques, qui pouvant fe couper en 4 points, donneront par les Ordonnées com- munes qu'elles auront en ces points, les 4 Racines de Equation, fuppofé qu'elles foient toutes quatre réelles. Le plus ordinairement ces Racines réelles font mêlées de pofiti- ves & de négatives. Les pofitives font des Ordonnées qui doivent être au-dcflus du diametre par rapport auquel on à. décrit les deux Courbes, & les négatives font des Ordonnées tirées au-deflous de ce diametre. Par conféquent en ce cas les interfections fe font tant au-deflus qu'au-deflous du dia- metre, c'eft-à-dire, dans des branches ou portions des deux Courbes, dont les concavités font tournées vers des côtés oppolés, De plus DES": S CFE N°'CES, s7 > De plus, quand on a une Equation à conftruire, on ne manque point, pour rendre la conftruétion plus fimple & plus élégante, de faire évanouir le fecond terme. Or cet éva- nouiffement ne peut arriver que quand la fomme des Racines pofitives eft égale à la fomme des négatives. On a donc alors un mélange des unes & des autres, & par conféquent les deux Courbes par le moyen defquelles fe fait la conf- truétion, fe coupent des deux côtés, d’un même axe ou diametre. Mais pourquoi ce cas eft-il le feul auquel on a fait attention? Ne peut- on pas mettre dans une Equation déterminée du quatriéme degré 4 Racines réelles & pofitives? Alors elle fe conftruira encore par deux Scétions Coniques, puifqu' elle _eft toûjours du quatriéme degré, & les 4 Racines étant pofi- tives:, les deux Courbes auront 4 Ordonnées communes au-deffus du même diametre, & par conféquent fe coupcront en 4 points, & dans toute l'étenduë de ces 4 interfeétions elles auront leurs concavités tournées du même côté. C’eft- à tout le miftére. Comme l'Equation déterminée du quatriéme degré ne peut avoir que 4. Racines, des deux Sections Coniques ne fe peuvent couper qu'en 4 points, & quand les deux portions concaves, toutes deux du même côté, ont eu les 4 inter- fetions, les deux Courbes ne fe peuvent plus couper dans leurs autres portions ou branches. L'étenduë dans laquelle fe feront les 4 interfeétions, dépend de la différence qui eft entre les 4 Racines pofitives de FEquation. Si lune, par exemple, eft 1, l'autre 6, Vautre 20, la derniére so, ileft clair que les Ordonnées qu'elles repréfentent, ne pourront {e trouver que dans une aflés grande étenduë des deux Courbes aufquelles elles font communes, au lieu qu'elles fe trouveroient dans une éten- duë beaucoup moindre, fi les 4 racines étoient 1, 2, 3, 4e On peut donc trouver les 4 interfeétions avec la condition que M. Rolle y a obfervée, dans une étenduë des deux Courbes, aufli grande & ee petite qu'on voudra, cela - Hifi. 1713 UFR *p. 90. & fuiv. 53 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE dépendra du plus ou moins d'inégalité des 4 Racines, & cette étenduë peut ètre fi petite, qu’il fera impofhble d'y tracer aétuellement les 4 interfections, & prefque inconcc- vable qu'elles y foient réellement. Si les deux Scétions Coniques avoient le même fommet, il feroit impoffible que les 4 interfeétions fe fifient du même côté; car les deux Courbes partant, pour ainfi dire, du méme point, & ayant de part & d'autre de Icur axe commun deux moitiés égales & oppolées, il feroit néceffaire que ce qui arriveroit d'un côté de cet axe arrivât auffi de l'autre, & par conféquent qu'il y cût deux interfections de chaque côté, & non pas quatre d’un feul. Si dans Equation déterminée il y avoit deux Racines égales, les deux Seétions Coniques ne fc rencontreroient, qu'en 3 points, parce que deux Racines où Ordonnées égales produifent un point d'attouchement, qui en vaut deux d'interfeétion; & sil y avoit 3 Racines égales, les deux Courbes ne fe rencontreroient qu'en deux points; je dis dans les deux cas rencontreroienr, parce que dans le premier les Courbes fe toucheroient en un point fans fe couper, & fe couperoient en deux autres, & que dans le fecond cas, les Courbes fe coupcroient & fe toucheroiïent en un point, & fe couperoient fimplement en un autre. La raifon en cft, que deux Racines où Ordonnées égales communes à deux Courbes, donnent un attouchement fans interfec- tion, & que trois donnent un attouchement avec inter- feétion, felon ce que nous avons expliqué dans l'Hifloire de 1710.* Si l'on a à conftruire une Equation déterminée du qua- triéme degré dont les 4 Racines foient réelles & pofitives, il eft für d'abord qu'elle fc doit conflruire par deux Scélions Coniques, dont on peut prendre lune arbitrairement, & par conféquent ce peut toûjours être un Cercle, qui fe com- binera avec l'autre Seélion Conique, que l'Equation don- nera néceflairement, Mais le Cercle entier ne peut pas fervir à cette conftruétion, car la moitié de fes Ordonnées DE Sr-S C. l'E N,CAES. sy font pofitives, & l'autre moitié négatives, & ici il ne faut que des Racines ou Ordonnées pofitives. Voilà donc déja le Cercle réduit au demi-Cercle, feul utile à la conftruétion. Siles 4 Racines font inégales, il eft clair qu’elles fe prennent toutes 4 dans le même quart-de. Cercle. S'il y en a 2 égales, il eft bien vrai qu'il pourroit y en avoir une dans un quart de Cercle, & l'autre dans l'autre; mais il eft vrai aufli qu'elles peuvent être dans le même quart-de-Cercle, où clles feront infiniment proches, & répondront à une Tangente, & de plus elles y doivent être, parce qu'étant communes aux deux Courbes, il faut qu'elles répondent à une Tangente qui leur foit commune, & par conféquent à un point d'attou- chement des deux Courbes; ce qui ne fe peut que dans le même quart-de-Cercle, Donc if n’y aura qu’un feul quart- de-Cercle utile à la conftruétion, & dans cette feule étenduë fe feront toutes les interfeétions dont il s'agit, les concavités des deux Courbes étant toüjours tournées du même côté. Oncomprendaifément que cette Théoriedes interfeétions peut s'appliquer aux Equations plus élevées que le quatriéme degré, & qui fe conftruiront par des Courbes plus élevées auffi que les Sections Coniques. Toute idée particuliére devient générale dès qu'on la dépouille de fes circonftances. individuelles, & qu'on la réduit à ce qu'elle peut avoir de commun avec d’autres idées. SUR UN ESPACE CIRCULAIRE NAN RERO UE LE OMME les Géométres, du moins les habiles, defefpe- Lurent de la Quadrature du Cercle, c'eft une efpece de confolation pour eux de trouver celle de quelque efpace . circulaire. Hipocrate de Chio cf le premicr que l'on fçache qui s'en foit avifé, en démontrant l'égalité de la Lunule qui Hj # p.709. & fuiv. *p. 63. 60 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE orte fon nom avec un efpace rcétiligne. On a vû dans l'Hifloire de 1701, * jufqu'où les Géométres modernes avoient pouffé cette premiére idée, & dans celle de 1703, * d'autres quadratures de certaines portions de Cercle, qui font dûes à M. Varignon. En dernier lieu, M. Saulmon a trouvé une autre quadrature d'un efpace circulaire toute différente. Si quatre Cercles égaux fe touchent, & font difpofés de forte que leurs quatre centres étant joints par des lignes droites, ces lignes faffent un quarré, il reftera entre les 4 Cercles un efpace quadrilatere, dont les 4 côtés égaux feront chacun l'arc d’un quart-de-Cercle. Si ces 4 Cercles, {c touchant toûjours, font difpofés de maniére que les droites qui joignent leurs centres faflent un Rhombe ou Lofange, if reftera de part & d'autre d'un des points d'attouchement deux efpaccs égaux, formés chacun de trois arcs de Cercles égaux, ou deux triangles circulaires égaux, & tous deux équilatéraux. La grandeur des côtés circulaires de chacun de ces triangles dépend de l'angle aigu du Rhombe, qui naît des 4 Cercles difpolés de cette feconde maniére; plus cet angle eft petit, plus ces côtés circulaires le font auffi, & au contraire. Le quadrilatere circuhire, que laiffent entr'eux les Cercles dans la premiére difpofition, eft évidemment plus grand que les deux triangles circulaires qu'ils laiflent pareillement cntr'eux dans la feconde. Mais il eft aifé de prendre dans la moitié du quadrilatere une portion égale à un des triangles, & cela fait, ilrefte une portion du quadrilatere, quieft encore curviligne & circulaire, Cette portion cit la moitié de la différence qui eft entre le quadrilatere & les deux triangles, & c'eftelle ou l'efpace qui en eft le double, que M. Saulmon Va quarrer, Le Quarré & le Rhombe, formés dans les deux difpo- fitions des Cercles par les lignes qui joignent les 4 centres, font deux efpaces redilignes. Le premier eft le Quarré du diametre des Cercles, le fecond eft un Rhombe fait fur RS. DES SCTENCES 61 ce même diametre, & dont les angles font connus. Par conféquent on a ces deux efpaces, & l'excès du Quarré fur ‘le Rhombe, qui eft aufii un efpace rcéiiligne. D'un autre côté le Quarré & le Rhombe comprennent chacun quatre fecteurs circulaires, & la fomme de ces quatre fecieurs eft néceflairement égale dans chacun. Donc en les retranchant tous quatre de part & d'autre, la différence des deux reftes cit la différence du Quarré & du Rhombe. Or les deux reftes font l'un le Quadrilitere circulaire, & l'autre les deux Triangles circulaires. Donc leur différence que nous venons de voir qui eft un efpace circulaire déterminé, eft égale à la différence du Quarré & du Rhombe, qui eft un efpace rectiligne, On voit que le point capital d’où tout ceci dépend, eft que le Quarré & le Rhombe comprennent des fecteurs cir- culaires, qui font de part & d’autre une fomme égale ; c'eft-là ce qui fait que quand on les a rétranchés il refte des efpaces curvilignes, dont la différence eft celle du Quarré & du Rhombe. I fuit donc de-là que l’on trouveroït encore des quadratures de même efpece, en prenant des Cercles inégaux que l'on difpoferoit différemment, & en formant par la jonction de leurs centres d’autres Poligones que le Quarré & le Rhombe, pourvû que ces nouveaux Poligones compriffent entre leurs angles des feéteurs circulaires dont - les fommes fuffent égales. En général, tout l'art de ces fortes de quadratures confifte à retrancher de deux efpaces connus, des efpaces curvilignes égaux ou communs, de forte que les refles foient des efpaces curvilignes d'un côté & rectilignes de l'autre, qui foient égaux, ou qui ayent un rapport connu. La Lunule d'Hi- pocrate, & la Quadrature de M. Saulmon, quoique fi dif- férentes, fe réduifent également là. N°* renvoyons entiérement aux Mémoires L'Ecrit de M. de la Hire fur les Trapezes. Hiÿ V. les M. Pe © 222, V. les M. p- 188. etutotetototetufetotetetetotetesr SR SÉSO RS PÉPESÉ SES SE RSS ÉSEEEÉÉS ASTRONOMIE. SUR LAFIGURE DE LA TÆERRE. N Ous ne parlerons point des différentes Figures qu'on a autrefois données à la Terre comme au hazard , l’une n'avoit pas plus de fondement que l'autre, & chaque Philo- fophe révoit à fon gré. I y a fort long-temps que la raifon a décidé pour la Figure Sphérique, & que l'on s'en tient À. : I n’eft plus queftion que de fçavoir fi cette Figure eft exaéte- * V.PHif. de 1700. p. 114 &fuiv. .* p.96: ment Sphérique, ou fi elle ne tient pas un peu du Sphéroïde ou de l'Ovale. £ Les raifonnements tirés de Îa différente longueur du Pendule en différents climats, ou de l'inégalité de la force centrifuge, qui réfulte du mouvement journalier de la Terre, * font peut-être un peu trop fubtils pour produire une certaine conviction, on peut même n'être pas encore aflés für des principes, & les conféquences peuvent quelquefois être dif- férentes. Ainfi il paroît qu'il vaut mieux n'employer dans. cette recherche, comme fait M. Caffini, que des obferva- tions inconteftables, & qui aillent direétement à décider la queftion. Nous avons dit dans P'Hift. de 1701, *que feu M. Caffini avoit trouvé que dans la Méridienne tirée par toute l'étenduë de la France les degrés alloïent en diminuant du Midi vers le Septentrion, c'eft-ä-dire, que deux lieux fur la Terre, qui différoient entr'eux d'un degré de Jati- tude, étoient moins éloignés lun de autre s'ils étoient plus Septentrionaux. M. Caffini remarque, que cette même inégalité fe trouve dans d'autres mefures d'un degré faites DES SCIENCES. C3 en d’autres climats par d’habiles Mathematiciens, comme Snellius & le P. Riccioli. Sur ce fondement on fuppole, avec beaucoup de vraifemblance, qu'il en eft de même dans tout le refte de l’'étenduë d’un Méridien , ou plütôt d'un quart de Méridien. 11 femble d'abord que puifque les degrés de latitude ter- reftre vont en diminuant de l'Equeteur vers le Pole, un Méridien terreftre doit être plus petit que l'Equateur dont tous les degrés font égaux; car il eft aflés naturel de con- ccvoir le premier degré de latitude terreftre égal à un degré de l'Equateur, & de-là il fuit que la Terre eft un Globe applati vers cs Poles. Mais c'eft une erreur qui a été avancée dans l'endroit qu'on vient de citer. M. Caffini démontre au contraire que de l'inégalité des degrés de latitude terreftre telle qu’on la pofe ici, il fuit qu'un Méridien terreftre cft plus grand que l'Equateur, & que la Terre eft un Spheroïde dont le plus grand axe va d'un Pole à l'autre, & le plus petit eft le diametre de l'Equateur. Un Méridien terreftre eft donc une Ellipfe, & Îe premier degré d’un quart de ce Méridien, à compter depuis fEqua- teur, cft plus grand qu'un des degrés de l'Equateur, tous égaux-entreux. La raifon efentielle en eft, que l’Ellip{e eft moins courbe & plus approchante d’une ligne droite, lorf- qu'elle eft parallele à fon grand axe, que lorfqu'elle lui eft perpendiculaire. Dans le point où le Méridien elliptique coupe lEquateur, il eft parallele à fon grand axe, donc -en ce point-R, & aux environs de part & d'autre, il eft moins courbe que vers les Poles. S'il n'étoit qu'une ligne droite, ce qui emporteroit que a fuperficie de la Terre fût phite, on 'éloigneroit de l'Equateur à l'infini fur cctte ligne, fans acquerir un degré de latitude, donc le Méridien étant courbe, moins il left, plus il faut en parcourir une grande portion pour s "éloigner de l'F‘quateur de fa valeur d’un 1 degré de latitude; donc le Méridien elliptique peut être, & il eft cn effet dans le cas prefent, de telle courbüre, que ce .qh'il en a vers l'Equateur étant moindre que la courbüre 6 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE toûjours uniforme de l'Equateur, qui eft un Cercle, il faut que le premier degré de latitude fur ce Méridien foit plus grand qu'un degré de l'Equateur. Les degrés fuivants du Méidien font auffi plus grands que ceux de Equateur, jufqu'à un certain point où ils deviennent égaux, après quoi ils font toüjours plus petits jufqu’au Pole, & on voit que la fuite décroiffante des degrés du Méridien fait une plus grande fomme que la fuite toûjours égale des degrés de l'Equateur. : Une Ellipfe quelconque étant fuppofée, M. Caffini donne une méthode géométrique de la divifer en degrés inégaux, de forte qu'on aura fur le Méridien elliptique les lieux dle la Terre inégalement éloignés, qui différeront entr'eux d'un degré de latitude. Il ne s’agit plus que de déterminer de quelle efpece eft VEllip{e du Méridien terreftre. Toute la nature d’une Ellipfe dépend de la proportion du grand axe au petit, ou, ce qui revient au même, de li proportion du grand axe à la diftance des deux foyers, qui eft une partie de cet axe. II faut prendre ces proportions telles qu'elles rendent les iné- galités qu'on a trouvées par obfcrvation entre les degrés de latitude terreftres. : On a vû en 1701, qué feu M. Caffini remarquoit, du moins dans l’étenduë terreftre qui a été mefurée, un certain rapport entre l’Ellipfe de FOrbite de la Lune & celle d’un Méridien de la Terre. M. Caffini a cherché auffi fi l'Ellipfe de l'Orbite Lunaire, où la diftance des foyers cft la vingt- troifiéme partie du grand axe, pourroit être de la même efpece qu'un Méridien; mais cette hipothefe s'éloigne trop des obfervations, & il faut, pour les retrouver juftes, pofer que la diftance des foyers dans l'Ellipfe de la Terre, eft la moitié plus grande par rapport au grand axe, c'eft-à-dire, qu'elle en eft environ la onziéme partie. A ce compte J'Ellipfe de la Terre eft beaucoup plus Ellipfe, pour ainf dire, & plus différente d'un Cercle, que celle de 'Orbite de la Lune, Si l'on | | | DES SC1rEN CES. Fr Si l'on pole le grand axe de la Terre de 3000 licuës, fa onziéme partie, qui fera un peu plus de 272 lieuës, fera la diftance des foyers, ce qui donne pour le petit axe où dia- metre de l'Equateur 29 8 6 licuës, c'eft-à-dire, que ce petit axe ne fera plus petit que le grand que de 1 4 licuës; diffé- rence aflés légére, & qui n'empêche pas la Terre d'être fenfiblement Sphérique. Il faut cependant aller jufqu’à cette précifion, pour connoître la caufc de l'inégalité des degrés terreftres de latitude. Si Jupiter eft ovale, comme il l'a paru quelquefois à feu M. Caffini, il faut qu'il le foit bien davan- tage pour le paroître de fi loin. + M.Caffinitrouveen calculant fon Ellipfe felon faméthode, que vers l'Equateur & vers le Pole la différence des degrés el fi petite qu'elle ne va qu'à 2 ou 3 pieds, & qu’au parallele + de 45 degrés elle eft d'environ 1 1 toiles +, plus grande que par tout ailleurs. Heureufement la Méridienne de la France a été tiréc du cinquante au quarantiéme degré, & c’eft ce qui a rendu fenfible la différence des degrés. Le même ouvrage fait en d'autres Pays n'auroit pas produit cette con- noiïflance. On peut d'abord être étonné que Ja courbüre de V’Ellipfe aille toüjours en croiflant, ainfi que nous l'avons dit, de Equateur jufqu'au Pole; ce qui eft néceffaire afin que les degrés diminuent, & que cependant les différences des degrés vers l'Equateur & vers le Pole foient fort petites & égales. Cela vient de ce que c’eft l'augmentation perpétuelle de la courbüre qui fait la diminution perpétuelle des degrés, & la maniére dont la courbüre augmente, qui fait auffi la maniére dont les degrés diminuent. Depuis l'Equateur juf- qu'au quarante-cinquiéme parallele la courbüre augmente de plus en plus, & par conféquent c’eft vers l'Equateur qu’elle augmente le moins, & que les degrés, plus grands que par tout ailleurs, approchent le plus d’être égaux entr'eux. Depuis le quarante-cinquiéme parallele la courbüre augmente encore, mais de moins en moins, de forte que vers le Pole les degrés, plus petits que par tout ailleurs, approchent plus de l'égalité. Hiff. 1713. : 66 HisToIRE DE L'ACADEMIE RoYALE En un mot, la courbüre croit toûjours depuis l Equateur juf- qu'au Pole, mais la différence de la courbüre ne croit que depuis l Equateur jufqu'au quarante-cinquiéme parallele, &c de-là jufqu'au Pole elle décroit. Dans l'Ellipfe de M. Caffini, les degrés décroiffants d'un Méridien terreftre furpaflent toûjours les degrés égaux de l'Equateur jufqu’au cinquante -quatriéme parallele, où le degré du Méridien n’eft pas plus grand qu'un degré de l'Equateur. Après cela les degrés du Méridien font toüjours plus petits que ceux de l'Equateur. Il n'eft prefque pas néceffaire de remarquer que dans lhipothefe de la Terre fphérique toutes les lignes perpen- . diculaires à {a furface, comme font toutes les direétions des corps pefants, doivent concourir au centre de la Terre, mais non pas dans l'hipothcfe déla Terre elliptique; parce que les lignes perpendiculaires à la circonférence d’une Ellipfe ne concourent pas à fon centre, mais fculement tombent toutes à quelque diftance du centrede part & d'autre. Comme hTerre cf peudlliptique, cette différence fcra peu confidéra- ble, & pourraëtrenégligée fans erreur. L'extrème précifion n’a prefque d'autre ufage que de contenter l'efprit philofophique, SUR'ERSTACE ES DU'SOTELIL: Le temps de l'apparition des Taches du Soleil ne font nullement réglés. Depuis 1 69 5, par exemple, juf- qu'en 1700, on n'en avoit point vü. Depuis 1700, nos Hifloires en ont été pleines jufqu'en 1710, où l'on n'en vit qu'une, il femble qu’elles tiraflent à leur fin. En 1714 & 1712, on n'en a point obfervé, & il en a paru une {eule en 1713au mois de Mai. Elle n'a été obfervée que depuis le 1 9 jufqu'au 26, M. Caffini l'ayant rapportée, fui- vant fa méthode ordinaire, fur la figure qui repréfente Le difque du Soleil avec fon Equateur, & les Poles de fa révo- lution de 27 jours +, il a trouvé qu'elle dût pañler par le DES SCIENCES. 6 milieu du difque apparent le 2 $ Mai fur les $ heures du foir, avec une fatitude Méridionale de 14 à 1 $ degrés. ‘ + _OBSERVATION ASTRONOMIQUE. E 6 Décembre à 8 heures 40° du matin, l'horifon- étant chargé de vapeurs épaifles, M. Caffini apperçut autour du Soleil un cercle lumineux, qui étoit interrompu par quelques foibles nuages. Le Soleil en étoit le centre, & deux Parhélies mal terminés étoient aux deux extrémités du diametre horifontal, qui étoit environ de 43°. La lumiére de ce Cercle diminua peu à peu, & le Soleil s'étant élevé au-deflus des vapeurs, il n'en refta aucun veftigc à 9 heures &. demie. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L’Ecrit de M. Maraldi fur une Etoile du Cygne qui paroït & difparoit. La defcription d'une Machine à porter de grands Verres inventée par M. Bianchini. Etles Obfervations del'Eclipfe Lunaire du 2 Décembre, faites par Ms, de la Hire, Caffini & Maraldi, V. les M. p. #7 V. les M. p. 299. V. les M. p 318, & 321. V. les M. p. 324- \ 68 HisSToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE ES ES PNR DS DES DEN PS 2 I NS RS TR TN EE © 123 Re SR SRE ER CR 8 RSR LAS D CAR OR QU AIR MINIME MINI ND INRE MIE MDI PI MINIME LAS VS VS OS RS VS VAS RS ES CS RS CS RS CS OR RS CS A CG QG U'S'FIQOUE: SUR LES CORDES SONORES, ET SUR UNE NOUVELLE DETERMINATION DIDIES CON TIERERTE: D) Es Cordes d'Inftruments de Mufique étant fuppo- fées de même matiére, il n'y a que trois chofes qui puiflent faire varier leur fon, ou, pour parler plus exacte- ment, leur ton; la longueur, la groffeur & la tenfion. On fçait par expérience felon quel rapport chacune de ces trois chofes fait varier le ton d'une Corde fonore, & ä n'y a plus fur cela de doute ni entre les Muficiens, ni entre les Géométres. Il faut fe fouvenir que l’on entend par un fon ou ton Île nombre de vibratious qu'une Corde fait dañs un temps déterminé, & par le rapport de deux fons ou tons, le rapport des nombres de différentes vibrations faites en même 1EmPs. Si deux Cordes ne différent qu'en longueur, leurs tons font en raifon renverfée des longueurs. Si deux Cordes ne différent qu'en groffeur, leurs tons {ont en raifon renverfée de leurs diametres. Quant à la tenfion des Cordes, pour la mefurer régu- liérement il faut les concevoir tenduës ou tirées par des poids, & alors, tout le refle étant égal, les tons de deux cordes font en raifon directe des racines quarrées des poids qui les tendent, c'efl-à-dire, par exemple, que le ton d'une Corde tenduë par un poids 4 fois plus grand, cft d'une DES SCIENCES. 69 oétave au-deflus du ton de la Corde tenduë par le poids qui n'eft que 1. Donc à raffembler tout, le nombre des vibrations d'une corde en un temps déterminé eft d'autant plus grand, ou le fon de la Corde d'autant plus aigu, que da racine du poids qui la tend eft plus grande, qu'elle eft moins longue, &c que fon diametre eft plus petit, & par conféquent l'ex- preffion algébrique générale du rapport de ces trois gran- deurs , eft celle du fon d’une Corde en général, & elle comprend toutes les variétés imaginables dont ce fon eft fufceptible. M. Sauveur, qui, comme on la vü dans plufieurs des Volumes précédents, a entrepris de faire une nouvelle fcience d'Acouftique, a cherché quelque ligne déterminée par Géo- métrie, qui eût rapport au fon exprimé, comme nous venons de dire, ce qui ne peut manquer d'être fort utile dans toute cette Théorie. Pour cela, il a confidéré qu'une Corde horifontale at- tachée fixement par une de fes extrémités, paflant par deflus une Poulie, & tirée à fon autre extrémité par un poids, n'eft jamais tirée par un fr grand poids qu'elle ne fe courbe entre fon extrémité fixe & la Poulie. La raïfon en eft, comme tout le monde fçait, que fon propre poids, quel- que petit qu'il foit, a toûjours quelque rapport au poids étranger qui la tire tant qu'il eft fini, & par conféquent fon poids la courbe toûüjours un peu , & pour cefier de la courber, & la laifler parfaitement en ligne droite, il devroit être infiniment petit. Il faut donc concevoir la Corde entre fon extrémité fixe & la Poulie comme un arc de Courbe, dont la foûtendante cft la droite tirée de l'extrémité fixe à la Poulie. M. Sauveur appelle Æ#che la ligne tirée du milieu de cet arc perpendiculairement à la foûtendante, Ccla pofé, une Corde fe courbe d'autant plus, ou ce qui eft le même, la Fléche de l'arc qu'elle forme cft d’au- tant plus grande 1°. Que le Poids qui tend la Corde eft plus petit, 20. Que la Corde eft plus pefante, 3°, Qu'elle Ji 7ù HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE eft plus longue. Les deux 1." conditions font éviderites pour la 3.m° il eft aifé de s’en convaincre en faïfant réfle- xion que quand deux Cordes inégales en longueur feroient également pefantes & tenduës par des poids égaux, il feroit encore impoflble , à caufe de l'inégalité de leur longueur, que la Fléche de la plus longue ne füt la plus grande. Car ces deux Cordes étant conçües comme deux arcs de Courbes divifés en un nombre infini égal de côtés infiniment petits, les angles du premier & du dernier côté d'un arc avec fa foûtendante, & ceux que feront entr'eux tous Îles autres côtés du même arc, feront égaux aux angles correfpondants de Y'autre arc, chacun à chacun, & cela à caufe de l'égalité fuppofée des poids ; mais les côtés du plus grand arc étant tous plus grands, le premier, par exemple, qui fera le même angle avec la foûtendante que Le premier de l'autre arc, def. cendra plus bas, parce qu'il fera plus grand, & ainfi des autres. Une Corde étant un cilindre, fa folidité ou fon poids eft le produit de fa longueur par fa bafe circulaire, ou, comme il ne s’agit ici que de rapports, & que les cercles font comme les quarrés de leurs diametres, c'eftle produit de la longueur par le quarré du diametre, Donc une Fléche eft d'autant plus grande 1.° Que le poids qui tend la corde eft plus petit. 2.0 Que la longueur de la Corde & le quarré de fon diametre font plus grands. 3.2 Que la longueur de la Corde eft plus grande; & puifque fa longueur entre deux fois dans cette expreffion de la Fléche, elle eft d'autant plus grande que le poids qui tend la Corde eft plus petit, & que les quarrés de Ja longueur & du dias metre de la corde font plus grands. Donc l'expreffion algébrique de la grandeur du fon ou du nombre de vibrations d'une corde en un temps déter- miné, & l'expreffion de la grandeur de la Fléche ne con- tiennent que les mêmes grandeurs, & ne différent qu'en deux points. 1°. La grandeur du fon & celle de la Fléche dépendent également de ce que certaines grandeurs font ALAVDÉE SUIS CRE NICE STI 78 plus grandes par rapport à d'autres plus petites, mais du fon à la Fléche cela fe renverle, c’eft-à-dire, que les grandeurs qui dans l'expreffion du EE doivent être plus grandes, font celles qui dans l'expreffion de la Fléche doivent étre plus petites, & réciproquement. 2.0 L'expreffion du fon ne prend que les racines quarrées des mêmes grandeurs dont l'expreflion de la Fléche prend les quarrés. De-là il fuit que les fons ou les nombres des vibrations font en raifon renverfée des racines quarrées des Fléches. Et comme Ja grandeur de la Fléche eft compofée de trois différentes gran- deurs qui peuvent fe combiner d’une infinité de maniéres, la longueur, la groffeur & la tenfion de la Corde, quelque différentes que foient deux Cordes en ces trois points, leurs tons font égaux, pourvû que leurs Fléches foient égales, de forte que tout fe réduit à la confidération des Fléches. Quoique ce qui vient d'être dit puiffe fuffire pour éta- blir cette importante propofition d'Acouftique , & même pour l'établir fur fes fondements effentiels, M. Sauveur la démontre d'une maniére ‘toute différente & plus géométri- que. Comme il procéde par des rapports de dignes , il a befoin de prendre quelquefois pour égales des lignes qui ne font que très-peu différentes , mais il a foin de calculer exaétement leur différence, & de faire voir qu'elle eft nulle, non pas en Géométrie, mais en Acouftique, c'eft-à-dire, que des fons qui ne différeroïent pas davantage, ne feroient jamais reconnus par l'Oreïlle la plus fine pour être diffé- rents. La Géométrie pure ne roule que fur des idées de YEfprit, qui n’eft jamais obligé de s'arrêter, & de-là vient que la précifion de la Géométrie n'a point de limites; mais celle des Mathématiques mixtes en a nécéffairement, parce qu'elles roulent/fur des effets bornés de la matiére , ou dé- pendent des Organes groffiers de nos fens. Les fons étant en raïfon renverfée des racines des Fléches, M. Sauveur tire de-ce Théoreme une maniére de détermi- ner combien un fon quelconque fait de vibrations dans un certain temps. 72 Hisroire DE L'ACADEMIE Rôyare Dans la corde qui fonne le € So/ Ur du bas du Clave: cin, c'eft-à-dire, dans celle qui a le ton le plus bas du Clavecin, & par conféquent la plus grande Fléche, M. Sau- veur atrouvé par expérience que la Fléche étoit à la foû- tendante de la corde courbée, ou, ce qui éft le même à très- peu près, à la corde comme 1 à 1 600. Si l'on fuppofe que la corde courbée foit un arc de cercle, car une fi petite courbüre ne différera jamais fenfiblement, ou acoufliquement d'une courbüre circulaire, on trouvera par le rapport de la Fléche qui eft un finus verfe à la moitié de la foûtendante qui eft je finus de l'arc, que arc eft environ d'une demi- minute de degré. Cet arc fait fes vibrations autour de la foûtendante. Il faut concevoir chaque point de Farc comme un poids attaché à l'extrémité d’une verge, qui cft la ligne tirée de ce point de Farc à la foûtendante parallelement à la Fléche. Voilà donc une infinité de petits Pendules pa- ralleles entr'eux qui font leurs vibrations enfemble, & le plus grand de tous eft la Fléche. Les grands font leurs vibrations plus lentement, & les petits plus vite, d'où il fuit qu'étant tous attachés enfemble, ils fe modifient les uns les autres, & que le tout, c’eft-à-dire l'arc, prend une viteffe moyenne plus grande que celle d'un Pendule fimple qui feroit égal à la Fléche, & plus petite auffi que celle des plus petits Pendules fimples conçüs dans cet arc. De-là * V. l'Hift. de rélulte un centre d'Ofcillation *, ou, ce qui revient au même, 1703. p.114 j| y a quelque Pendule fimple plus petit que la Fléche, qui ses feroit fes vibrations dans le même temps que tout l'arc, M. Sauveur trouve par la Théorie des Centres d'Olfcillation, que ce Pendule fimple eft égal aux # de la Fléche. C'eft fclon les mêmes idées que l’on a trouvé dans l'Hifloire de *p.65.&fuiv. 17 1 1 *, le centre de gravité d'un arc de Cercle, Il ne refte plus qu'à fçavoir de quelle grandeur eft Ja Fléche de la corde fuppofée qui fonne le C So7 Ut du bas du Clavecin. M. Sauveur a trouvé par experience qu'elle ef de -— de pouce du pied de Paris, D'ailleurs on fçait qu'une Pendule fimple de 3 6 pouces 8 lignes? fait une vibration en DES SCIENCES: 73 en une feconde, & comme les membres des vibrations que font en même temps deux Pendules fimples font en raifon renverfée des racines quarrées de leurs longucurs, il s'enfuit que fi un Pendule de 3 6 pouces 8 + lignes fait une vibra- tion en une feconde, un Pendule qui eft les £ de de pouce, & par conféquent auffi l'arc de cercle dont il s'agit, fait près de 122 vibrations. Après cela à quelque ton que foit une corde quelconque par rapport à la corde fuppolée on fçait par la nature de ce ton combien. elle fait de vibra- tions; pendant que celle-ci en fait 122, par exemple, elle en fait 244 fi elle eft à l'oétave aiguë, &c. On a vû dans l'Hiftoire de 1700, * que M. Sauveur » 531, & avoit trouvé par expérience qu'un Tuyau d'Orgue de 5 pieds fuiv. devoit faire 100 vibrations par feconde. Les mêmes expé- riences répétées depuis avec beaucoup de foin, l'ont déter- miné à prendre r02 vibrations au lieu de 100 pour ce Tuyau. IE cft à l'uniffon du La du bas du Clavecin, & par econféquent ce La fait 10 2 vibrations par feconde. On fçait le rapport du La à l'Ur, qui eft celui de 5. à 3, & fi ce rapport donne 122 vibrations pour le C/ du bas du Cla- vecin, ce fera une confirmation parfaite de toutes les opé- rations & de tous les raifonnements de M. Sauveur, qui: fera arrivé au même point en tenant deux routes auffi diffé- rentes que celle de déterminer les vibrations. des Tuyaux d'Orgue par leurs battements, ainfi qu'on l'a vü. en 1700, & celle de déterminer les vibrations des. Cordes d'Inftru- ments par leurs Fléches comparées à des Pendules. Mais ik eft vrai que par la premiére voye il trouve 6 1. vibrations pour le Ur du bas du Clavecin, au lieu. que par la féconde. il en a trouvé 122. * Cette différence le furprit d'abord, mais il remarqua, bien vite que 6x1 eft la moitié de 1 22, qu'il avoit trouvé. #22 pour fa Corde en la prenant pour un Pendule, qu’en: fait de Pendules ,on compte pour une vibration une a4/fe, ceft-à-dire, l'arc entier qu'ils décrivent en un fens, & pour. une feconde vibration le rerour, ceft-à-dire, arc égal! Hif. 1713. K 74 HisToiR£ DE L'ACADEMIE Royare décrit en fens contraire ; que quand il trouvoit 6r pour Hi même Corde, c'étoit en la comparant à un Tuyau d'Or- gue, qu'il avoit compté les vibrations des Tuyaux d'Orgue ar leurs battements, c'eft-à-dire , par des coups plus fenfi- bles à l'oreille, ainfi qu'on l'a expliqué; que par conféquent il n'avoit conté pour vibrations dans ces Fuyaux, que celles que l'oreille appercevoit , que de deux vibrations comptées à la maniére des Pendules, elle ne peut appercevoir que celle qui eft l'a/ee ou qui vient à elle, & non celle qui eft le retour & qui va du fens oppolé ; & qu'enfin en comptant les vibrations par des Tuyaux d'Orgue, c'efl-à-dire, en tant qu'elles font fentics par l'oreille, on en doit toûjours trou- ver pour le même fon la moitié moins que quand on les compte à la maniére des Pendules, où l'on a autant d'égard aux vibrations qui nous fuient, qu'à celles qui viennent à nous. Ainfi non feulement cette différence, qui paroifioit renverfer tout le fifléme de M. Sauveur, lè confirme à fouhait, mais elle produit encore cette nouvelle propofi- tion, que deux vibrations géometriques, fi Yon veut appeller de ce nom celles des Pendules, ne valent qu'une vibration acouflique. Puifque le Ur du bas du Clavecin fait en une feconde 61 vibrations acouftiques, le 7 du milieu qui cft de deux Oives plus haut en fera 244. Ce nombre, parce qu'il eft au milieu du Clavecin, feroit commode pour être le fon fixe, d'où l'on compteroit des Ofaves fupérieures & inférieures. Mais il lui manque une commoditéconfidérable, La fuite des Oétaves procéde toûjours felon la progreffion double, +, 2, 4, &c. ou, ce qui eft la même chofe, felon les puiffances de 2, & il feroit à fouhaiter que le nombre qui exprimeroit le fon fixe en fût une pour fe trouver jufte au commencement d'une Oétave. 244 n'eft pas une puif- fince de 2, mais 256 peu éloigné de 244en eftune, & c'eft la 8.me Par le rapport de 244 à 256, on fçait de quel ton au-defius de la Corde de 244 vibrations, fera celle qui en fera 2 5 6. C’eft celle-là que M. Sauveur prend - | | PCLST de « | DES: S: CHICELN QUES. 75 maintenant pour la Corde quirendle fon fixe, & il renonce à celle qui fait 100 vibrations, & qu'il avoit prife en 1700 our le même ufage. Les raifons de ce changement viennent d'être expliquées. Le fon qui fait 2 $ 6 vibrations par feconde étant donc établi pour fon fixe & moyen, on trouve aifément par les rapports connus que tous les tons poflibles ont entr'eux , quel nombre de vibrations font tous les fons qui font au- deffus ou au-deflous du fon fixe. M: Sauveur en a conf truit une Table, dont la feule vüe inftruira plus que tout ce que nous en pourrions dire. Chaque fon y a fon nom particulier felon la nouvelle langue que M. Sauveur a in- wentée pour la Mufique*. Par-là dès que lon connoît Je * V. F'Hift. de ton d’un. corps fonore, on fçait quel nombre de vibra- 471: P: 1e tions il fait réellement en un temps déterminé, &c on peut FA donner au fon qu'il rend, un nom qui le diftingue de tout autre fon. Par exemple, on éprouve aflés communément qu'à l'occafion de certains fons forts, comme de Tambours, de Cloches, de Baffes de Violon, des vitres ou des plan- -ches tremblent , Sc même on fe fent quelquefois les en- trailles émûes. ; ces corps agités font apparemment alors à Yuniffon des Corps fonores, & l'on fçaura quelle eftla gran- deur de leur agitation, & le nombre des vibrations qu'ils #ont.en un certain temps. On verra par-là que.ces. nouvelles - où comme aa—YF::Y}Y: aa c'eft-à-dire, en divifant chaque terme par F Ÿ, comme y — 1:1. Donc quand FF — x eft incommenfurable avec Junité, a a Yeft auffi avec TT. Or quand Y Y eft incom- menfurable avec 44: alors De left auffi avec <= ou l'unité; Y Li [: LS 84 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE aa donc leur différence y —1 Peft auffi avec 1. Mais par le Corol. 3. fi quelque aa — R R n'eft pas un quarré parfait commenfurable avec 44, chaque FF de la fuite poftérieure infinie qui eft après À, eft continuellement incommenfurable avec aa; & par conféquent a a Feft aufli alors continuelle- ment avec 7°7, & à plus forte raïfon a l'eft avec 7, par toute l'étenduë de Ia fuite poftérieure infinie des tangentes T, cor- refpondantes aux finus F, qui font après le fmus donné À. Corol. 8. Je conçois qu'un cercle eft divifé en un nombre quelconque g de fcéteurs égaux que j'appelle primitifs, com- me BAL, LAC, & que chacun de ces fec- teurs cft divilé en deux autres égaux, & ceux-ci encore en deux autres égaux, & ainfi à l'infini, puis des points C & £ NS je tire fur À A, les perpendiculaires CR, LR, elles feront les finus Ÿ des angles CA AH, L' AH, & elles formeront la chorde CZ, je tire femblablement des chordes par tout le fcéteur BAL, & par tous les autres feéteurs primitifs, & j'appelle encore # le nombre des angles C AH, HAL, &c. contenus en chacun de ces feéteurs, fuppofant la divifion la même que celle du Corol. 7.47 puis je tire des tangentes pa- ralleles aux chordes. H eft clair qu'à chaque divifion, il fe forme un polygone régulier inferit au cercle, & un autre femblable circonfcrit. Le nombre des côtés eft en chacun £7 3 car chaque côté de l'infcrit cft 2 F, & chaque côté du circonfcrit eft 2 7. L'apotéme À R de l'infcrit Vaa—YY& celuy du circonfcrit eft a ; d'où l'on tire le circuit de Finfcrit D E (811 (SCT tENN MGipEl os: 85 Vlzaa—3aVaaRR) ; & fon aire —= 2 NL gs gre2 ,€n mettant en 4 place de }, = gny—GA fa valeur tirée du lemme. Le circuit du circonfcrit gnav(a—Vaa—RR}) — ; & fon aire fera er2T V(a+Vaa—RR)} 2 fera g n T — Fr V4 — Va — R R ÿ x l_ gnaav(a—Vaa—Rk} ; en mettant à Ja place de 7'fà valeur 2V(a+Vaa—RR) tirée du Corol. 5. où R reprefente la fuite infinie des finus a, À, B, &c. & n eft fuccefivement — 4, 4”, b?, &c. C'eft pourquoi fi l'on appelle P*”, l'aire du polygone infcrit qui correfpond à * T, car les À ou les Ÿ. qui entrent en l'expref- fon de la furface ou du circuit d’un même polygone quel- conque, font du même ordre que ce polygone, c’eft-à-dire, le polygone primitif; P2"* Yaire du polygone qui correfpond à72", & ainfi de fuite, &c. on aura 2! —£ _ FE = a; PB" — — : & aïnfi à l'infini. L'on déter- minera femblablement aire du circonfcrit, puis leurs cir- cuits, en mettant fucceflivement à la place de 7 & Rles valeurs qui leur conviennent felon l'ordre des polygones ou des F. THEOREME I. Si lon conçoit une fuite de polygones infcrits € circonférits au cercle, telle qu'elle eff défignée dans le Corol. 8. que le quarré d'un côté de quelque polygone @ inferit, quel qu'il fois, foit incommenfurable avec le quarré du rayon du cercle ; ou encore fi l'excès aa —RR du quarré du rayon fur le quarré du finus de la moitié de l'angle central de quelque pobgone infcrit au cercle , n'efl pas un quarré parfait commenfurable avec le quarré du rayon du cercle, l'aire d'un polygone quelconque de la frite uJ 86 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE poférieure infinie ou qui eff apres @, l'aire du polygone fembla- ble circonfcrir, qui correfpond à l'infcrit, &r le quarre du diametre du cercle, font trois grandeurs continuellement incommenfurables entr'elles ; leurs circuits dr le diametre du cercle, font auffi trois grandeurs continuellement incommenfurables entr elles. DÉMONSTRATION. Le côté d'un polygone quelconque infcrit peut s'exprimer par 2 À, & fon quarré par 4 RR, en fuppofant À indéter- miné, Or f4R R eft incommenfurable avec aa, RR left auffi avec a a, & par conféquent leur différence 44 — R R l'eft auffi avec aa ; denc a a — R R n'eft pas alors un quarré parfait commenfurable avec a a, donc par le Corol. 3. chaque YY de la fuite poftérieure infinie eft auffr incommenfurable avec aa, & chaque F de la même fuite l'eft avec a; & par le Corol. 6. chaque YF Fat avec 77, & chaque F l'eft avec 7’; & par le Corol, 7. chaque TT l'eft avec aa, ou chaque 7 l'eft avec a: or quand deux grandeurs font incom- menfurables , toutes les grandeurs commenfurables avec l'une des deux, font auflii ncommenfurables avec l'autre: Donc lés grandeurs qu'on vient de trouver incommenfurables avec a, ou avec aa, le font aufli avec 2 a diametre du cercle, ou avec 4 aa fon quarré. Mais l'aire d'un polygone quelconque infcrit, celle du polygone femblable circonfcrit, puis le quarré du diametre du cercle, font par toute l'étenduë de la fuite poftérieure infinie ou qui eft après @, comme YF, TT, 4aa dans le genre d'incommenfurabilité, en tant que ces grandeurs font rationnelles ou irrationnelles en général, ou commegnR, 2gnT, 16 a dans le rapport déterminé; & les circuits des mêmes polygones, puis le diametre du cercle font comme leurs racines Y, 7, 2 4 dans le genre d'incom- menfurabilité : donc ces aires & le quarré du diametre font trois grandeurs continuellement incommenfurables entr'elles ; & à plus forte raifon, les circuits des polygones, puis le diame- tre du cercle font auffi trois autres grandeurs continuellement DES: Sick Nice ES: 87 incommenfurables entr’elles, par toute la fuite poftérieure des polygones infcrits & circoncrits. Corol. r. Si geft— 4, alors le polygone primitif infcrit au cercle eft un quarré, le finus a de l'angle central BAL qui en foûtient un côté, eft égal au rayon a : ce qui donne par le lemme le finus 4, de la moitié de cet angle ou de 45 dégrés +. Mais aa— A A— 24a4a n'eft pas un quarré commenfurable avec a 4, ou ce qui revient au même, (LS etre 4 25 p | Vaa—AA— 2% eft incommenfurable avec a: Donc 2 par le théoreme, faire d’un polygone quelconque infcrit, celle du polygone femblable circonfcrit, & le quarré du diametre du cercle, font des grandeurs continuellement incommen- füurables entr'elles ; & les circuits des mêmes polygones & le diametre du cercle, font auffi continuellement incommenfu- sables entr'eux ; fi en 11 formule-£ er , des polygones inf- crits lon fubftituë 4 à la place de g, & les valeurs dea, À, B, C, &c. fucceflivement à Ia place de R, l'on aura P'* — 2,4 a ou l'aire du quarré; P*" = 2 aa V2 ou l'aire de Toétogonc infcrit; P7— 4 a aV (2 —V2,) ou ke figure infcrite de r6 côtés; PF" — 8 aaV(2—V2 —+-V2;) & en inférant un 2 nouveau fubalterne fous le dernier figne radical de chaque terme, lon aura Ja füite infinie des aires des polygones infcrits; & en général fi l'on conçoit 4— 2, —= au nombre qui défigne l'ordre des polygones ou des Ÿ, car les R ou les y qui entrent en 'expreffion de la furface ou du circuit d'un même polygone quelconque, font du même ordre que ce polygone; &. K— au nombre 2, en- gagé fucceffivement fous autant de fignes radicaux fubalternes, qu'il ya d'unités dans S — 1 ; detelle forte que le 1° figne {oit pofitif, le 2me négatif, & tous les autres pofitifs, lon aura continuellement P°"— #44 K; & le nombre des 83 MEMOYRES DE L'ACADEMIE RoYALE côtés fera 2 &— LT". Si l’on veut, par exemple, connoftre Y'aire d'un polygone infcrit du cinquante-deuxiéme ordre ,: l'on trouvera qu'elle eft la moitié de 4, 503, 599, 627, 370, 496, aa multipliés par k valeur du nombre 2 engagé fucceflivement fous cinquante-un fignes rädicaux fubal- ternes, tous pofitifs, excepté le fecond qui eft négatif, & que le nombre des côtés du polygone cft de b°*— 4? — 9, 007, 199, 254 740, 992, Ceft-à-dire, que fi l'on nomune les bilions après les millions, & que l'on donne trois chiffres à chaque .expreffion, le nombre des côtés fera neuf quadrilions, fept trilions , cent quatre-vingt-dix-neuf bilions, deux cens cinquante-quatre millions, fept cens qua- rante mille, neuf cens quatre-vingt-douze. Corol. 2. Sig ft — 5 le polygone primitif infcrit au cercle fera un pentagone, & f'angle central 8 4 L qui en foûtient un côté, fera de 72 degrés ; & fr l'on appelle encore a, le rayon du cercle ou le côté de l'héxagone infcrit au cercle, Z le côté inconnu du décagone infcrit au même cercle, & le côté inconnu du pentagone qui lui. eft infcrit aufli, l'on aura aavs, RENE DEE par la 9 du 1 3 d'Euclide Z — & par la 10 du mème livre Vases, dont la moitié eft le finus de 36 degrés, ce qui donne par le Coro. 4. du lemme, le V ms PRES a — R*", Etcomme V. . . fon quarré ESS eft incommenfurable avec 4 a, il finus de 2 degrés — eff clair par le théoreme que l'aire d'un polygone quelconque infcrit, de la fuite poftérieure, l'aire du polygone femblable circonfcrit, &:le quarré du diametre du cercle font conti- nucllement incommenfurables, & que les circuits des mêmes polygones, & le diametre du éercle le font auffr. Corol. 3. Si g t— 6, le polygone primitif infcrit au cercle eft un héxigone, & l'angle central À A L, qui en foû- tient un côté, ft de-6o degrés, dont le finus et = à la moitié DE s)S C/LIEN Cl. 89 moitié ee. d'un côté du triangle équilatéral infcrit au même cercle par la 12 du 13 d'Euclide. L'on a donc ne —A—= R'”; ce qui donne par le Corol. r. du lemme 4—<-; 2 mais a a — À A— dt n'eft pas un quarré parfait. Donc par le théoreme 1e", les aires des polygones femblables inf crits & circonfcrits, & le quarré du diametre du cercle font continuellement incomimenfurables entr'eux , leurs circuits, & le diametre du cercle le font aufr, felon toute l’étenduë énoncée dans le théoreme. La fuite des fmus R ou a, B,C, &c. ef" —a, 2 — 4,0") p,aV(s—Vi) 6 z 2 2 . 2 à Li! RER) — D & ainfi à l'infini, en inférant un.nouveau + 2 devant le dernier nombre, qui eft conti- nucllement +- 3. Où l'on voit que le nombre des fignes radicaux fubalternes eft encore égal au nombre qui défigne l'ordre des Ÿ, ou des polygoncs, que le fecond figne eft en- core négatif, & tous les autres pofitifs, d'où il eft aifé de déduire les aires. & les circuits des polygones. Corol. 4. Siget— 15, le polygone primitif infcrit au cercle eft un quindécagone, & l'angle central 2 À L qui en foûtient un côté, eft de 24 dégrés. Si dans le cercle, dont le rayon eft 4, on infcrit un triangle équilatéral & un pen- tagone équilatéral auffr, ayant tous deux un même point pour le fommet commun d’un de leurs angles, & que ducentre . du cercle on tire une perpendiculaire, ou un apotéme für un côté de l’une & de Fautre figure, oppolé à l'angle dont le fommet eft commun; il eft aifé de voir que le quarré de la moitié de Fexcès du côté a 3 du triangle, fur le côté SP en) du pentagone, étant adjoûté au quarré de l'apo- tème Lu - du pentagone, fur Yapotéme = du triangle, font une fomme égale au quarré du côté du quindécagone, Mem. 171 3. 9° MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE & ainfi ce côté fera av(8—V;o—6%—V6+2%$), dont la h moitié eft le finus de 12 dégrés, que j'appelle 4. Ce qui donne par le Corol. 4 du lemme, le fmus a du double de cet angle, c'eft-à-dire, le finus de 24 dégrés — «7H —=Vso+6w) — R'", dont le quarré eft 4 incommenfurable avec a a. C'eft pourquoi fi l'on conçoit des fuites de polygones infcrits & circonfcrits formés comme dans le Corol. #. par des fous-divifions foufdoubles continuës de l'angle central, les aires des polygones infcrits & circonf- crits femblables, & le quarré du diamctre du cercle font encore continuellement incommenfürables ; leurs circuits & le diametre du cercle le font auffr, felon toute l'étenduë énon- cée dans le théoreme. De la fection d'une Courbe quelconque avec fa Chorde. L'E M'ME,RT Dans les figures femblables tous les côtés qui fe correfpon- dent mutuellement, foit rcéilignes, foit curvilignes, font proportionnels. LEMME IIlL Si d'une courbe quelcon- d À D que À BC, un arc quelconque KZ AB donné de pofition cit foûtenu par la chorde AB, & qu'en quelque point Aau C milieu de fa courbüre conti- @ nuë, cet arc foit touché par unc droite À D prolongée de part & d'autre, & que l'on fuppof enfuite que les points A & B s'approchent lun de l'autre, & fe joignent ou s'uniffent, je dis que, felon cette Le DES. SICUTREUN) CES ot piton, l'angle reétligne B 4 7 formé par la chorde & la rangente, diminuera à l'infini, & qu'à la fin, c'eft-à-dire, en la derniére diminution, il s'évanouira. Car fi cet angle ne s’évanouit point, Farc 4 B contiendra avec la tangente, un angle égal à un angle rectiligne, & par conféquent la courbüre au point 4, ne fera point continué, ce qui feroit contre l'hypothefe. LEMME IV. Les mêmes chofes étant fuppofées, je dis que le dernier rapport mutuel de Parc, de la chorde & de la tangente eftu un rapport d'égalité. Car foit au point Z la droite BR perpendiculaire à à la courbe ABC, & pendant que le point 8 s'approche du point À; que l'on conçoive que les droites 42, AD, font continuellement prolongées vers les points 2 & 4 à une dif tance finie quelconque du point A. Soit tirée Ia droite 4 d parallele à la fécante B D; & foit la courbe Ac toüjours femblable à la courbe 4 BC, & l'arc À à toüjours femblable à Parc À B. Les points À, B concourant, ou fe joignant, l'angle dAb par le lemme 3 s'évanouira ; & par conféquent, les droites toûjours finies À b, Ad, & Varc À b contenu entr'elles, tom- beront lun fur l'autre, & ces trois longueurs feront par Coufé _quent égales. C'eft pourquoi les droites AB, AD, & l'arc AB contenu entrelles, leur étant proportionnelles s’évanouiront, & le dernier rapport qu'ils auront fera un rapport d'égalité, LANENO RE ME) MENT Soit BLC l'arc d'une courbe quelconque, dont AZ, DCI; font des perpendiculaires, © B i une tangente. Je divi[e F' angle droit V BE en deux angles égaux, & je fais l'angle iBC égal à l'angle iBN. Du} point B comme centre fur le rayon BC, je décris l'arc CN Z. Je conçois que chaque angle du quart de cercle VBE, eff divife en deux autres égaux, à j; hacuts de ceux-ci en deux autres égaux, à ainfi à l v ni, àT je conçois if 92 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 13h que l'angle EBC eff toéjours égal à l'un des angles de la derniére divifion du quart de cer cle. L'ar VNC fera divifé en une infinité d'angles égaux, à 1 ‘angle EBC en fera un. Cela pofé, je dis que * la chorde B C ne rencontre la courbe te qu'en un point géometrique 7 indivifible. = 7 DES SCIENCES. 93 D'ÉMONSTRATION. Si fon conçoit que l'arc B LC devienne continuellement plus petit, & que le point C foit le plus près de B qu'il foit poffible, &.tout prêt à s’évanouir, ou même qu'il s'évanouit, par la même raifon le point Æ de la tangente du même arc fera auffi le plus près de 2 qu'il eft pofble, & tout prêt à s'évanouir, où même il sévanouira, & par conféquent dans linftant que l'arc B LC eft prêt à s'évanouir ou qu'il s'éva- nouit, cet arc, fa chorde & fa tangente font par le lemme 4 un même fcétion. L'on prouvera par un femblable raifonne- ment que dans l'inftant que la chorde 2 £, eft prête à s’éva- nouir, ou qu'elle s’évanouit, l'arc BME qu'elle foûtient, & la partie BA de la tangente B H de cette courbe feront prêtes auffr à s'évanouir ou s’évanouiront, & puifque la chorde B Ca une feétion commune avec la tangente 2 £ & l'arc B LC; par la même raifon la même ligne B E qui devient dans le fccond cas une chorde de l'arc 2 ME égal & fem- blable à l'arc B LC, aura aufii une feétion commune avec Tarc BTE & fa tangente 2 N, & cette fection fera égale à celle qu’elle faifoit avec l'arc B LC, & avec la chorde BC du premier cas, à caufe de la reflemblance & de lévalité des arcs, des chordes, & des tangentes; & puifque la longueur de la feétion du premier cas, & celle du fecond fe font en h même ligne B £, il eft clair qu'elles ne font qu'une même longucur; donc la fection que la ligne 8 N fait avec l'arc BLC, cft la même que celle qui fe fait par la chorde 2 C avec le même arc B LC: Si l'on conçoit des arcs femblables fur chacun des autres rayons qui déterminent les angles du quart du cercle VB E, ïl eft clair que BV deviendra la tangente du dernier arc, & que la fcétion que cette droite BF fait avec le dernier arc, eft précifément la même que celle qu'elle fait avec le premier arc BLC; & la même encore que celle qui eft faite par la premiére chorde 2 C'avec le même arc B LC. Mais fa fection que 8 V'ou À BV/fait avec la courbe M iÿ MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoYALE B LC eft un point géometrique & indivifible, à caufe qu'elle eft perpendiculaire à la courbe B LC par la conftruction. Donc aufli la chorde 2 C ne coupe ou ne rencontre cette même courbe 8 LC qu'en un point géometrique & indi- vifible. REMARQUE. L'on pourroit former une queftion, fçavoir, fi les côtés des polygones infcrits & circonfcrits au cercle dont il eft parlé dans le corollaire huitiéme du lemme 1, ne deviennent pas vrayement Îa circonférence du cercle dans le cas de l'in- fini au moins du dernier genre, c'eft-à-dire, qu'il faudroit déterminer fi l'incommenfurabilité fubfifte dans le cas de cet infini, autant qu'il eft perceptible felon la teneur d’une telle divifion. Je dis que lincommenfurabilité de ces polygones fubfifte; de telle forte qu'elle ne peut jamais ceffer d’être. 1° Soit, s'il eft poflible, quelque Y Y commenfurable avec aa, & que néantmoins quelque aa — R R de la fuite antérieure ou fupérieure qui le précéde ne foit pas un quarré parfait commenfurable avec 4 a, il eft clair qu'il faut qu'il y ait quelque terme où cette incommenfurabilité cefle, au- trement cet }Ÿ qu'on allégue feroit encore incommenfu- rable avec aa, ce qui fcroit contre l'hypothéfe. Que ce terme ou finus foit Y'; & que le terme ou finus fupérieur foit R'. H eft évident que le quarré À' À" fera encore incom- menfurable avec 44, puifque par l’hypothéfe le changement commence au terme fuivant qu'on appelle Y”, Mais l'on a par Je Tertiiee premier JE Mau = AS Ten 2 à — 2442 Vaa—RR', & puifque YF" eft commenfurable 4 par l’hypothefe, fa valeur left auffi. Donc Van R'°R' n'eft pas un nombre fourd, mais cela ne peut être, à moins que À’ R' ne foit commenfurable avec 44; il l'eft donc en À DES SLC/TIENN cnrs même temps & il ne left pas ; ce qui eft impofhble. Donc auf cet Y°Y" que l’on a pris où l'on a voulu, en l’extré- mité même de l'infini, fi on le veut, regardant cet infini ‘comme s’il avoit des extrémités, n'étoit pas commenfurable avec aa, L'hypothefe qu'on faifoit, renfermoit donc une contradiction. 2.0 Soit, s'il eft poffible, quelque F Y commenfurable avec TT, & que néantmoins quelque 4a — R R de la fuite an- téricure ou fupérieure ne foit pas un quarré parfait commen- fürable avec a a. Leurs valeurs ŸY & ER du Corol, 6, du lemme 1° qui font comme aa— YY & aa, le fe- roient auf. Donc cet Y Ÿ feroit commenfurable avec 44, ce qui eft impoffhble par l'article qui précéde. 3." Soit encore, s'il eft poflible, quelque TT commenfu- rable avec 44, & que néantmoins quelque 44 — R R de la fuite antéricure ou fupérieure, ne foit pas un quarré parfait commenfurable avec a 4. Leurs valeurs Lire & a a, qui aa font comme Y Y &aa—7YF, le feroient auf. Donc YF {croit auffi alors commenfurable avec 44; ce qui eft impoflible par l'article qui précéde. Si l'on fait R— 0, toute la fuite antérieure & poftérieure des finus fe détruit, & ainfi l'angle primitif donné par la premiére hypothefe, n’eft plus par celle-ci; ce qui marque la contradiction de cette feconde hypothefe. La raifon eft que À R défigne le quarré d'un des finus antérieurs ou fu- périeurs, qui étoient tous pofitifs par l'hspothefe de leur gé- nération. C'eft donc une contradiétion que de fuppofer qu'il devienne nul. Ce que on peut voir d'une fimple vüë aux Corollaires premier & troifiéme du Théoreme 1°, où pour continuer la fuite des finus, l’on ne fait qu’introduire le nom- bre 2 fous un nouveau figne radical fubalterne devant le figne radical du dernier chiffre, qui devient auffi alors fubal- terne à ce nouveau figne radical, & qui eft toûjours 7/2 au premier Corollaire, & 3 au troifiéme Corollaire, & ces 96 MEMOSRES DE L'ACADEMIE ROYALE {inus ne peuvent s'anéantir que quand on inféreroit un V4 ou 2, à la place de V2 ou V3. Comme le rayon a, du cercle a été fuppoé divifé en un nombre quelconque de parties égales, fini ou infini, quel que foit le genre d’infini, il eft clair que fi le nombre eft entier, comine on le fuppole, il peut être défigné par le nombre le plus grand poffible de tous les infiniment grands que l'on puifle appercevoir ; donc le moindre finus verfe, s’il étoit poffble qu'il y en eût, feroit défigné par le moindre de tous les nombres, c'eft-à-dire, par lunité linéaire; &c par confé- quent le fnus droit qui lui correfpond feroit encore alors un infiniment grand à fon égard, & il le feroit par confé- quent encore à l'égard de funité. Mais je veux par une hy- pothefe impoffible, que À foit enfin égal à l'unité; l'on aura donc alors Vaa—R RSVaa: = 1, c'eft-à-dire, que cette grandeur feroit encore alors incommenfurable , & par. conféquent Y — vlzaa—:aVaa—RR) fe feroit encore 2 alors, car l'unité adjoûtée à un quarré parfait n’en fait jamais un. Enfin fi les polygones femblables infcrits ou circonfcrits devenoient vrayement Îa circonférence du cercle, dans le cas que leurs côtés feroient des infiniment petits, qu'on appelle du dernier genre; les mêmes polygones deviendroient alors égaux & par conféquent commenfurables. Mais j'ai démontré ci- devant qu'ils ne peuvent le devenir en aucun cas ; donc fi l'on forme une égalité des valeurs des polygones, elle doit donner une contradiétion, & c'eft ce qui arrive. Car la for- mule générale des polygones infcrits eft ei ; & celle des l graav(a—Vaa—RR)} fil a V(a+Vaa—RR), fait une égalité, elle donne la contradiétion R — V=, Ce qui marque que c'eft une impoffbilité que les polygones deviennent polygones circonfcrits eft on en DES SCORE N CEE deviennent jamais égaux. Mais ils le deviendroient s'ils de- venoient vrayement le cercle. C'eft donc une impoflbilité w'ils deviennent vrayement le cercle. De-h, il eft évident que fa circonférence du cercle qui eft ainfi infiniment approchée felon un genre quelconque dé- terminé d'infiniment petits, eft incommenfurable avec le dia- metre, & que l'aire du même cercle infiniment approchée felon le même ordre, eft incommenfurable auffi avec le quarré du même diametre. Au refle mon deffein n’eft pas ici d'attaquer la méthode des infiniment petits, qui peut d'ailleurs être d'un grand ufage dans les Mathématiques, fur la détermination de diverles grandeurs, foit vraye, foit infiniment approchée ; tout ce que je me fuis propolé eft feulement d'indiquer ma penfée fur l'incommenfurabilité de quelques polygones infcrits & circonfcrits au cercle, & fur la commune feétion ou com- mun attouchement d'une ligne droite & d'une courbe quel- conque. DA L'ACTION, DES SELS Sur différentes Matiéres inflammables. Par M. LEMERY le Cadet. UOIQUE les Sels ne foient pas effentiellement in- flammables, & que les feuls Soufres ou Huiles ayent cette propriété, cependant ils ne contribuent pas peu fouvent à exciter & à augmenter très-fort l’inflammabilité des Huiles qu'on a expofées au feu. M. Homberg nous a même fait voir ici qu'on pouvoit faire enflammer certaines Huiles avec quel- ques efprits acides, fans le fecours du feu; mais tous les Sels ne font pas le meme effet, car il y en a un grand nombre Mem. PAEL 26 Août 1713 98 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qui diminuent, ou empêchent l'inflammation des matiéres fulfureules expolées au feu, & l'on remarque que les mêmes acides qui font aflés puiflants pour allumer fans feu les Huiles cflentielles, non feulement ne font rien fur des Réfines natu- rellement très-inflammables, mais encore qu'ils les empé- chent totalement de s'enflammer tant qu'ils demeurent unis à ces Réfines, comme mon Frere l'a prouvé dans un Mé- moire lü en 1711. Ces obfervations curicufes de Chymie m'ont fait naître le deffein d'en faire d’autres fur le même fujet, & d'examiner avec foin Faétion particuliére de plufieurs fortes de Sels fur différentes matiéres fulfureufes, & j'ai tâché par le fecours des expériences, de rendre raifon de quelques phénomenes fingulicrs dont la méchanique n'a point encore été expliquée, & qui méritent bien d'être éclaircis. Pour fuivre un certain ordre dans ces expériences, j'ai pris différents Soufres ou Huiles tirées tant des Minéraux que . des Végétaux & des Animaux, comme le Soufre commun, l'Huile de Petrolle, l'Huile d' Amendes douces, le Suif, la Graifie de Porc, & plufieurs autres. Jai jetté une portion de chacune dans un creufet rougi au feu, pour obferver quel eft leur degré naturel d'inflammabilité; enfuite j'y ai mêlé à différentes proportions plufieurs Sels, comme l’Alun, le Bo- rax, les Vitriols défiechés : j'ai trouvé que tous ces Sels diminuoient confidérablement linflammabilité des Soufres, & qu'ils ne brüloient qu'à mefure qu'ils fe dégageoient des Sels. | Les Sels fixes des Végétaux & des Animaux ont produit le même effet. Les Sels urineux étant fort volatils, je crus qu'ils pourroïent exciter un cffet différent de ceux dont on vient de parler. J'en méki donc avec les Huiles en différente quantité, mais clles n'en brüûlerent pas plus vite, & même quand j'en mettois le double ou le triple, ia flamme en étoit beaucoup affoiblie, DES SCrEenN ces. 99 I! n'arriva pas la même chofe du Salpêtre que j'employai enfuitc: car en quelque proportion que je le mélafle avec les mêmes Soufres dont j'ay parlé, il augmenta fi fort le volume & la vivacité de la flamme, qu'il la fit toûjours fortir du creufet avec une violence très-confidérable. Tout le monde fçait que quand on jette de ce Sel fur des charbons ardents, il s’en élève auffitôt une grande flamme, à peu près de même, & encore plus vivement que quand on y jette une matiére fulfureufe, ce qui avoit fait croire qu'il étoit véritablement inflammable comme les Huiles; maïs fi cela étoit, quand on le verfe dans un creufet rougi au feu? il devroit s’y enflammer comme le font en pareil cas toutes les matiéres inflammables, fans en excepter même celles qui étant verfées fur un charbon ardent, n’y produifent pas, à beaucoup près, une flamme . confidérable que celle qu'y excite le Salpètre. Au refte, il eft inutile, pour expliquer l'effet du Salpètre fur les matiéres fulfureufes, de fuppoler dans fa compofitiont un Soufre: car quand il en contiendroit, il auroit cela de commun avec plufieurs autres: Sels , dans lefquels nous en ap? percevons ; & qui cependant bien loin d’être inflammables, éteignent pluftôt la flamme qui ils ne l'augmentent, tels font le Sel commun, le Vitriol, & même le Criftal de T'artre, dont on retire une très- grande quantité d'Huile. D'ailleurs on ne peut pas dire que l'acide du Vitriol & l’'efprit de Nitre foient inflammables, parce qu'ils font enflammer certaines Huiles eflentielles. Nous ferons voir de fuite que cœ n def point la prétenduë inflammabilité du Salpêtre qui donne lieu à l'effet dont il s'agit, & que ce Sel opére par une méchanique de diffé rente. Comme le Salpère fe réduit par Vanalyfe' en un épi acide très-a@tif & très-corrofif, &l'en une matiere fixe & terreufe ; je me fuis imaginé d'abord que ce n'étoit qu'à raifon de cet acide que le Salpêtre'en fubftance agifloit fr Ni %oo MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE violemment fur nos Huiles: d'autant plus que cet acide dégagé de fa partie terreufe, comme il Feft dans l'efprit de Nitre, étoit alors affés puiffant pour faire enflammer fans le fecours du feu; certaines Huiles efienticlles. Dans cette vüë j'ai verfé de l'efprit de Nitre fur nos Huiles déja enflammées dans le creufet & fur les charbons ardents, & j'ay remarqué qu'il n'opéroit rien de fenfible fur le Soufre commun, qu'il fufoit un peu avec les Huiles, mais qu'il les éteignoit entiérement quand on y en verfoit jufqu'à un certain point, & que quoiqu'il fufât legerement fur les charbons ar- dents, la place où if avoit été verfé, même en petite quan- tité, en devenoit noire; & enfin cet efprit n'a produit fur toutes ces matiéres aucun effet comparable à celui du Salpètre, Ce qui m'a donné encore un nouveau fujet d'étonnement, c'eft que le même efprit de Nitre qui éteint les charbons ar- dents & la flamme de nos Huiles, augmente beaucoup celle de l'Efprit de Vin, quoiqu'il y ait été mêlé en aflés grande quantité; & que le Salpètre qui excite fi fort l'inflammabilité de nos matiéres huileufes, ne produit pas, à beaucoup près; fur l'Efprit de Vin, un effet auffi confidérable que fur ces Huiles, & même y agit moins que l'Efprit de Nitre. Il s'agit prefentement de faire voir 1.° de quelle maniére le Salpètre augmente fi fort l'inflammabilité du Soufre com- mun, & des autres matiéres inflammables dont il a été parlé. En fecond lieu , pourquoi les autres Sels que j'ai nommés, ne le font point, où font même tout le contraire. Et en troifiéme lieu, par quelle raifon le Salpêtre & E£ prit de Nitre, qui m'eft autre chofe que l'acide dégagé de la partie terreufe de ce fel, agiffent fi différemment dans cer- tains cas. , Pour avoir une idée nette de l'action du Salpêtre fur les Soufres, faifons attention. 1.0 Que quand il a été pouffé par un feu fufffant, de Sel moyen qu'il étoit, il devient Sel alkali, parce que le feu lui a enlevé beaucoup d'acides, & qu'il de- yient par-là en eflat d'en recevoir de nouveaux à la place de Pen : DES SCIENCES. tot œeux qu'il a perdus, ce qui fait le caraélére du Sc alkali, Nous remarquerons 2.2 que quand on a mêlé avec le Sat- pètre quelque matiére inflammable, il ne lui faut ni un auff grand feu, ni un auffi long-temps que dans: l'expérience pré- cédente, pour devenir très alkali, parce que le Soufre eft alors un véhicule très -puiflant pour dégager & exalter les acides nitreux. 3.2 1} faut obferver que quand le Salpêtre a brûlé dans un creufet avec une matiére fort chargée d'acides comme le Sou- fre commun, il perd bien par cette opération, une grande quantité de £es acides, mais il en regagne d’autres qui lui vien- nent du Soufre commun. La preuve qu'il perd beaucoup de {es acides propres pendant cette opération, fe déduit natu- rellement des deux expériences précédentes, qui font voir clairement que le Salpêtre en doit perdre, & en perd effeéti- vement quand il a été expofé à l'action du feu, & fur-tout avec un intermede fulphureux, tel que-celui qu'il rencontre abondamment dans le bitume du Soufre commun. Enfin ce qui acheve cette preuve, c’eft que le Salpêtre, après cette opé- ration, perd beaucoup de fon poids. Pour faire voir prefentement qu'à la place des acides ni- treux , il s’en eft introduit d’autres dans le Salpêtre, qui ap- partiennent au Soufre commun; c'eft qu'après l'opération, au lieu d'être devenu alkali, comme il le devient dans les deux premiéres expériences que nous avons rapportées, on le retrouve toüjours Sel moyen, c'eft-à-dire, hors d'état de fermenter avec les acides; mais ce Sel moyen, qui eft le Sel polychrefte ordinaire, eft bien différent de ce qu'il étoit aupa- ravant, car il ne produit plus aucun des effets particuliers au Salpêtre , à caufe des acides Vitrioliques dont il fe trouve alors revêtu ; & err effct on peut avec le Nitre fixé par les charbons & de l'efprit de Soulfre, produire un fel tout à fait femblable en nature & en effets au fel polychrefte, Au refte on ne fera point furpris que dans opération du I polychrefte le Salpètre perde fes acides & en regagne N ïüj to2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE d'autres, fi l'on confidére que l'acide du Soufre aufii bien que celui de l'Alun & du Vitriol, s'éléve très-difficilement par le feu, au lieu que celui du Nitre s'éléve par la même voyc avec une très - grande facilité, comme on peut s’en aflürer en faifant évaporer de l'efprit de Soufre & de F'efprit de Nitre, ce qui avoit peut-être fait dire que l'un étoit un acide volatil, & l'autre un acide fixe. Cela étant, quand le Salpêtre & le Soufre commun brû- lent enfemble dans un même creufet, les acides du Nitre doivent s’éléver bien plus promptement que ceux du Soufre; & ces derniers fe trouvant encore arrêtés par lesspores vuides de la partie fixe du Salpêtre qui eft devenuë alkaline, & qui les abforbe, ils font obligés de laiffer échapper la matiére bitumineufe à laquelle ils étoient unis, & de fe livrer au nou+ veau fe, qui les retient d'autant plus facilement, qu'ils ont déja par eux-mêmes peu de difpofition à s’exalter. Ceci pofé, il ne me paroît pas difficile d'expliquer com- ment le Salpêtre augmente fi fort la flamme du Soufre com- mun, & produit une détonation fi confidérable ; car pre< miérement la partie fixe du Salpêtre, dérobant à la partie bitumineufe du Soufre commun, une portion des acides qui par leur poids la fixoient en quelque forte, & lempêchoient de s’éléver auffr aïfément qu'elle auroit fait fans cela, ce bi- tume doit rentrer par cette perte dans fa volatilité naturelle, & par conféquent s'exalter plus facilement. En fecond lieu; puifque l'efprit de Nitre peut bien, fans le fecours du feu, faire enflammer les Huiles qui ne contiennent point, ou qui con- tiennent peu d'acides, if fuit naturellement de cette obferva- tion que dans l'opération que nous avons à expliquer, le bitume du Soufre ayant été dépouillé d'une partie de fes acides Vitrioliques, par la partie fixe du Salpêtre, il trouve par-R plus en état de recevoir l’impreffion des acides du Nitre, qui s'élévant en l'air avec ce bitume, Ie doivent pénétrer très- facilement, & exciter par-là d'autant mieux fon inflammabilité, que le feu aide encore à rarefier & à atténuer cette matiére. A he ES ES Das. /Slelr EN lee: 6. 103 A Tégard des autres corps fulfureux dont le Salpétre aug- mente beaucoup linflammabilité, comme font le charbon, & plufieurs autres matiéres qui ont été rapportées, ce fel agit de la même maniére que fur le Soufre commun. Il cit vrai que ces matiéres ne contiennent pas toutes autant d'acides ue le Soufre commun, muis elles en contiennent toüjours aflés dans leur état naturel, pour que l'acide du Nitre ne puifle pas alors y ètre admis & y exciter une fermentation, En effet, j'ai remarqué qu'aucune de ces Huiles n'étoit fenfiblement pénétrable à l'efprit de Nitre, & pour qu'elles le deviennent, il faut que l'acide qu'elles contiennent natu- réellement, en ait été enlevé; c’eft auffi ce qui arrive quand on les mêle avec le Salpètre en fübftance dans notre opération, car la partie fixe de ce fel, en abforbant les acides de l'Huile, la prépare en quelque forte à donner un pañlage libre aux acides nitreux, qui fans cela n’y auroïient eu aucun accès, : & n’y auroient produit aucun effet. Pour avoir donc une idée nette de la maniére dont le Salpètre groffit fi fort le volume de la flamme d’une matiére huileufe fur laquelle il a été verfé, il ne faut pas feulement s'imaginer qu'il produife cet effét en rarcfiant fimplement les parties huileufes déja enflammées, il le fait encore en excitant . Pinflammabilité de celles qui ne l’'étoient point, & qui s’ex- haloient avec la flamme en forme de fumée, ou de vapeur, Ce font ces parties non enflammées qui produifent la fuye qui eft elle-même une matiére inflammable, & qui ne feroit point telle fi elle avoit été déja véritablement enflimmée : car alors le tiflu de fes parties auroit été détruit, & auroit perdu fa propriété inflammable. Après tout on n'aura pas-de peine à concevoir que toutes . les parties huileufes expolées à un même feu, ne s'enflamment pas également, fi l'on confidére que quelques-unes peuvent eftre plus chargées d'acides que d'autres, & par conféquent réfifter davantage à l'action du feu; mais quand on y a verfé du Salpètre , la vapeur fulfureufe monte avec moins d'acides, 104 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & en trouve en fon chemin de nouveaux qui excitent fon inflammabilité, ce qui augmente beaucoup la quantité des parties enflammées, & par conféquent la grandeur du total de la flamme. 1 La vérité de ce que j'avance paroît clairement quand on verfe du Salpêtre fur un charbon ardent qui ne jette aucune flamme, car il s’élévoit de ce charbon une vapeur fulfureufe qui, faute d'être enflammée, ne produifoit aucune lueur, mais dès qu'elle a été préparée, & atténuée par le Salpêtre de la maniére que nous l'avons déja expliqué, elle s'enflamme tout d’un coup & avec une vivacité très-confidérable, La méchanique dont le Salpêtre opére fur les matiéres ful- fureufes étant bien entenduë, on appercevra facilement pour- quoi les autres Sels dont il a été parlé, ne produifent pas un effet femblable en parcil cas, & fouvent même en praduifent un tout oppofé. Car premiérement, l’Alun & le Vitriol font deux Sels moyens chargés tous deux d’un même acide Vitrio- lique, qui, fuivant' ce qui a déja été dit, s'évapore avec une très-grande peine par le feu, & qui s'éléve encore bien plus difficilement quand il eft engagé dans fa matrice terreufe qui Vy retient fi fort, qu'en quatre jours entiers d’un feu très- violent, & fans difcontinuation , lAlun & le Vitriol perdent moins de leurs acides, que le Salpêtre n’en perd des fiens en huit ou dix heures ; de plus on fçait que quand on poufe dans une même cornuë le Salpêtre & le Vitriol, pour faire l'eau forte, le Salpêtre après un certain temps fe trouve dé: pouillé de fes acides, qui s’en font envolés, pendant que ceux du Vitriel font demeurés au fond du vaifleau avec la matrice du Salpêtre ; ce qui marque fenfiblement, non-feulement que - le Salpêtre peut agir où ces autres fels n'ont point d'aétion, mais encore d'où peut procéder l'inaétion particuliére de ces fels dans la circonftance préfente ; car s’il leur faut un temps ff confidérable, pour laiffer échapper les acides qui pourroient être propres à produire quelqu'effet fur la vapeur fulfureufe dont il s'agit, & fi ces acides tous dégagés ne s'élévent encore que fort DE S":S.CÂTIENN © ES ‘105 que fort peu à caufe de leur péfanteur naturelle, toute la va- peur fulfureufe fe trouvera épuifée avant que ces acides ayent commencé à fe dégager, & luppolé qu'il s'en échappe, ce fera en petite quantité, & peut-être empêcheront-ils encore la va- peur de s'éléver auffi haut qu'elle le pourroit faire naturellement, En un mot, fi pendant que l'Huile brûle, il ne fe fait pas dans le Vitriol & fAlun une décompofition fufhfante , Ja flamme ne doit point augmenter, car dans notre hypothefe V'acide du fel doit quitter fa matrice terreufe pour aller porter fon action fur la vapeur fulfureufe, & l'acide de l'Huile doit abandonner, pour s'unir à la matrice terreufc du fel, qui ne devient propre à recevoir cet acide, qu'autant qu’elle a perdu auparavant de fes acides propres. Il fuit encore de cette hypothefe que les fels Alkali, tant fixes que volatils, & que l'efprit de Nitre ne doivent rien faire, ou faire peu de chofe fur la flamme de nos matiéres huileufes; car fi le {cl Alkali peut bien enlever à l'Huile quel- ques acides, il n'en fournit point d’autres à la vapeur fulfu- reufe qui s'éléve, ce qui eft néantmoins une circonflance effentielle pour exciter un effet fenfible d’inflammuabilité : on peut même dire que comme ces fels-verfés dans le creufet avec l'Huile partagent avec cette matiére l’action du feu, elle en doit recevoir par-là une moindre impreflion que fi ces. {els ny étoient pas; de plus ils peuvent encore en chargeant la matiére huileufe für laquelle ils font verfés, empêcher qu'elle ne s’éléve fi facilement qu’elle le feroit fans mélange : auffi remarque-t-on que l'Huile ne brûle dans toute fa force que quand elle furnage ces fels, & qu'elle les a précipités en quel- que forte au fond du creufet, & comme les {cs Volatils Alkali ne chargent pas tant les parties huileufes que les fixes, ils ne produifent pas une diminution de flamme fi fenfible. Pour l'efprit de Nitre s’' contient les acides néceffaires pour exciter l'inflammabilité de la vapeur fulfureufe, il lui manque la partie fixe & terreufc des fels Alkali, fans laquelle B: vapeur fulfureufe ne peut être fuffifamument préparée à Mem. 171 3, 106 MEMOIRES DE L'ATADEMIE ROYALE recevoir l'impreffion des acides ; quand clle en contient déja un fort grand nombre, De plus comme l'efprit de Nitre quelque déflegmé qu'il foit, contient toûjours beaucoup de païties aqueufes qui s'y trouvent toutes développées, le pre- micr effet de ces parties aqueufes eft d'éteindre la flamme; & ainfi quand ces acides Nitreux pourroient faire quelqu’effet fur la vapeur fulfureufe, comme cet effet feroit bien peu de chofe à caufe de la grande quantité d'acides que cetie vapeur fulfureufe contient déja par elle-même, les parties aqueufcs éteindroient encore plus de parties fulfureufes que les acides n'en pourroient allumer. ; Les acides contenus dans l'efprit de Nitre manquant done du fecours des fels Alkali, pour exciter l'inflammabilité des Huiles chargées de beaucoup d'acide, & d’un autre côté les fcls fixes ne pouvant produire d'effet fenfible fur ces mêmes Huiles fans le fecours des acides Nitreux, ces deux matiéres unies enfemble & verfées enfuite fur nos Huiles, doivent Yenflammer comme le Salpètre, & par conféquent produire par leur union ce que chacune en particulier n'étoit pas capa- ble de faire. C'eft aufli ce que l'expérience juftifie parfai- tement. Le Sel de Tartre au contraire ou le Nitre fixé par les -charbons qu'on faoulceroit d'acides vitrioliques, ne doit rien faire, & ne fait rien effeétivement fur les Huiles enflammées, parce qu'il n'y a que les acides Nitreux qui dans la circonf- tance préfente, ayent aflés de volatilité pour pouvoir opérer fur la vapeur des matiéres fulfureufes. Suivant ce raïonnement j'ai cru que comme les fels effen- tiels font des Sels moyens qui contiennent beaucoup d'acides, & une partie fixe & terreufe, ceux qui donnoient des in- dices de fls Nitreux, qu'il eft facile d’appercevoir par un certain frais qu'ils excitent fur la languc, devoient produire précifément le même effet que le Salpêtre, & c'elt ce que j'ai rgconnu par l'expérience dans les fels d'Oftitle & de Char- bon bénit ; 1e Ciiflal de Tartre au contraire, qui eft une cfpece D ES SC ILE NC ES 107 de Sel effentiel, & qui ne donne pas les mêmes indices d’aci- des Nitreux, n’a rien fait de femblable, ce qui marque cncorc. davantage l1 vérité de notre explication fur lation différente des Sels dont il a efté parlé. - Je me füuis encore imaginé que le Sel volatil de Succin étant acide, &c s'élévant avec affés de facilité, il pourroit bien être compolé d'un acide Nitreux, d'autant plus qu'une autre cfpece d'acide ne luy auroit peut-être pas permis de s’éléver fi faci- lement; je l'ai donc mis en expérience, & il a toûjours excité linflammabilité de nos matiéres huileufcs, mais comme il contient moins de parties terreufes & abforbantes que le Salpètre, il n’a pas fait une détonation fi forte que ce fel. A l'égard du Borax que j'ai employé, il n’eft pas étonnant qu'il produife le même effet que les fels Alkali: car quelque violence de feu qu'on lui donne, il ne fe décompole prefque point, & il fournit tout au plus un peu de liqueur legerement alkaline & jamais acide, I ne refte plus qu'à expliquer pourquoi le Salpêtre qui produit un effet fi prompt & fi confidérable fur le Soufre commun & fur les Huiles groffiéres, agit infiniment moins fur l'efprit de Vin, en quelque proportion qu'il y ait été mis, P quelque prop quil y & pourquoi F'efprit de Nitre qui na point d'action fenfible fur les unes, & qui fur les autres en a bien moins que le Salpètre, agit bien davantage que ce fel fur l'efprit de Vin. Pour concevoir cette différence, faifons attention que l'efprit de Vin eft une Huile très-exaltée, dont les parties ful- fureufes ont été fi fort atténuées par la fermentation, qu'elles fe font dégagées des parties groffiéres & falincs qui pouvoient : mettre obftacle à leur inflammabilité & à leur élévation : or quand on y mêle le Salpètre, la partic fixe de ce fel ne trouvant pas beaucoup d'acides à abforber, elle n'y produit pas à cet égard une grande altération, & quant à la partie volatile du Salpêtre qui confifte dans fes acides, comme elle ne fe dégage & ne monte pas aflés abondamment & aflés vite pour fuivre toutes les parties fulfureufes de F'efprit de Vin, O ji 108 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qui par elles-mêmes s'élevent & s’enflamment avec une grande facilité, on n'apperçoit pas alors une augmentation fort confidérable dans la flamme; mais quand on fe fert de l'efprit de Nitre, comme cette liqueur contient un grand nombre d'acides tous dégagés, ils peuvent tout d'un coup, & d'autant mieux faire impreffion fur toutes les parties de lefprit de Vin, que cet efprit fermente naturellement & très- fort avec l'efprit de Nitre; auffi dans notre opération remar- que-t-on au fond du vaificau une grande ébullition, qui rarefiant la matiére dès le commencement, la difpofe dès-lors à s'enflammer & à s'élever avec plus de violence, & c'eft pour cette raifon que la flamme, de bleuë qu'elle étoit, de- vient très-rouge & très-ardente. Au refle, la partie aqueufe de l'efprit de Nitre, qui avec les Huiles grofhéres, eft un obftacle à leur inflammabilité, & fouvent même les éteint, comme il arrive en plufieurs occafions, & entr'autres au charbon ardent, où la place fur laquelle a été verfé l'efprit de Nitre, devient noire, de rouge qu'elle étoit; cette partie aqueufe, dis-je, ne produit pas le même effet fur la flamme de l’efprit de Vin; la raifon m'en paroît être que les Huiles grofliéres s’élevent moins aifément par le feu, que le flegme, & ainfr quand Fefprit de Nitre a été verfé fur ces Huiles, fa partie aqueufe de cet cfprit s'élevant par l'aélion du feu, au deflus des Huiles, les étouffe & les empêche de s’enflammer; mais comme lefprit de Vin monte avant le flegme, quand il eft pouffé par le feu, il laiffe au fond du vaifleau la partie aqueufe de l'efprit de Nitre, qui ne pouvant atteindre en affés grande quantité à la flamme de l'efprit de Vin accruë encore par le mélange des acides Nitreux, n'apporte aucune altération fenfble à cette flamme. #e gs Fa DES ScrTENCES to9 OBSERVATIONS SUR DIFFERENTES MALADIES. Par M. MERY%. |: eft fi ordinaire de voir les inteftins pafler les anneaux des mufcles du ventre, & defcendre dans le fcrotum, qu'il n'y a point de Chirurgien, pour peu experimenté qu'il foit, qui nen ait connoïflance. Mais il eft fi rare de voir des hernies de veflies, que je ne connois aucun Auteur qui en ait fait mention. Je vais en rapporter trois que j'ai obfervées. Voici la premiére. I ÿ a quatre ans ou environ, que je fus appellé dans une Mailon religieufe, pour voir le Général de fa Congrégation; il avoit beaucoup de peine à uriner. Ce fut pour cette diff- culté qu'il fouhaita d'avoir mon avis, efperant de recevoir par mon moyen quelque fecours. Après avoir entendu le rapport qu'il me fit de fon incommodité, je lui repréfentai qu'il étoit néccflaire que j'examinaffe {es parties naturelles ; fans quoi je ne pouvois pas reconnoître fa maladie. Il y confemit volontiers. En les examinant, je remarquai dans le côté droit du ferotum, une tumeur fort confidérable par fon volume, dans laquelle je fentis une fluétuation manifefte au toucher; de-fà je jugeai d’abord que la liqueur qui la formoit, étoit ren- fermée dans les membranes propres du tefticule droit, ce qui fait la vraie hydrocelle. Mon opinion me paroifoit d'au- tant plus certaine, que les membranes communes des bour{es étoient minces & fans tranfparence, au lieu qu'elles deviennent fort épaifles & luifantes quand leur tifiu eft abbreuvé de férofité, ce qui fait une œdematie particuliére qu'on appelle faufle hydrocclle. Mais ce faint Religieux me tira aufli-tôt O ïj 17. Juin 1713 ro MEMOIRES DE L’'ACADEM{E ROYALE de mon erreurz car en comprimant devant moi la tumeur avec fes deux mains, il en fit fortir l'urine par le canal de la verge, & l'enflûre difparut entiérément, ce qui me fit auffi-tôt changer de fentiment. Je lui avouai ma furprife, en l'affürant qu'il avoit certainement une defcente de veflie, que fon fond avoit paflé par les anneaux des deux mufcles obliques & du mufcle tranfverfe du ventre, & que l'urine dont il fe rempliffoit, produifoit la tumeur dont il étoit afHigé. Enfin je lui repréfentai qu'il n'y avoit point de remede à fon incommodité, parce que la veflie devoit être adhérente. à la furface intérieure du fcrotum, comme fe trouve ordi- nairement le péritoine prolongé jufqu'aux bourfes, dans les defcentes ordinaires, foit de l'épiploon ou des inteftins; qu'ainfi il étoit abfolument impoffble de réduire la veffie dans fa place naturelle. Je lui confcillai de porter feulement un fufpenfoir. En fortant du Monaftére, je dis au Frere infirmier qui m'accompagnoit, que depuis que je pratiquois la Chirurgie, je n’avois rien vû de fi monflrueux. Je le priai de me faire le plaifir de me permettre d'examiner cette defcente de veffie, après la mort de ce Religieux, qui avoit plus de quatre-vingt ans. Ce Frere eft Apothicaire & Chirurgien de la Maifon ; & comme if n'avoit pas moins de curiofité que moi, de con- noître un fait fi extraordinaire, il n'eut pas de peine à m'ac- corder la grace que je lui demandois, L'ehe ne foit point permis de faire l'ouverture du cadavre d'aucun Moine, moins encore de celui d'un Général. Cependant il me promit de me faire avertir de fa mort, fitôt qu'il fcroit décedé, ce qu'il fit peu de temps après. Etant arrivé au Monaftére, nous allimes feuls dans une des chambres de Finfirmerie où le corps du deffunt étoit en dépôt, & là j'ouvris le ventre & les bourfes. Nous remar- quâmes que la veflie étoit effcétivement adhérente dans le fcrotum de même qu'ailleurs, comme je l'avois jugé aupara- vant. Sa figure repréfentoit celle d'une gourde, qui eft une DES SCIENCES. - Irr cfpece de courge dont les pauvres voyageurs fe fervent pour mettre & conferver leur boiffon. Le fond de la veflie qui en faifoit la partie fa plus évalée, occupoit le côté droit du fcrotum; fon milieu en failoit Ja partie la plus étroite, parce qu'il étoit refferré dans les anneaux des mulcles du ventre: fa fin avoit plus de capacité, mais moins que fon fond; elle étoit placée dans la partie antérieure de la region hypogaftriqué, comme à l'ordinaire ; fon fond étoit recouvert du dartos, fon milieu des mufcles du ventre, le refte du peritoine, de forte qu'elle étoit jointe à toutes ces parties, qui l'en- vironnoient. Nous examinâmes enfuite les vifcéres renfermés dans la sapacité du ventre, nous les trouvämes tous dans leur état naturel, excepté qu’un des inteftins efloit tombé dans le côté gauche du fcrotum. Nous finimes cet examen par la veficule du fl, qui renfermoit une pierre compofée de plufieurs couches pofées les unes fur les autres. La figure de cette pierre étoit ronde ; elle avoit fcpt à huit lignes de diametre en tout fens. Elle ne pefoit cependant qu'un gros & fix grains. Sa couleur & fa confiftance étoient fi femblables à du charbon de terre, qu'on lauroit prife pour un morceau de ce mineral, & S'y tromper, en ignorant le lieu où elle s’'étoit formée. SECONDE OBSERVATION. La feconde defcente de veffie que j'ai vûe dans l'Hoftel- Dieu, à unc pauvre femme groffe de cinq à fix mois, n'étoit pas moins extraordinaire que celle que je viens de rapporter. Cette femme urinoit avec beaucoup de peine. En fexami- nant, je lui trouvai une tumeur d'un volume plus gros que celui d’un œuf de poule. Cette tumeur étoit fituée entre l'anus & la partie inférieure de lorifice externe de la matrice. En la tâtant, j'apperçus quelques gouttes d'urine fotir par Furetre; d'où je conjecturai que cette tumeur pouvoit être caufée par l'urine qui fejournoit dans le fond de la veffie déplacée. Pour mieux m'en affürer, je comprimai peu à peu ‘412 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE li tumeur, & cle difparut entiérement, toute l'urine qu'elle contenoit s'étant écoulée par le canal de la veffie. Cet événe- ment changea mon foupçon en une entiére certitude, Voilà le fait tel que je le remarquai. Je vais examiner maintenant quelle étoit a caufe de la grande difficulté & de la douleur que fouffroit cette pauvre femme, depuis fa groffcfie, en urinant. Si on fait réflexion que quand elle pifloit, fa tumeur ne difparoifloit point, il fera aifé de juger que cette difficulté & cette douleur ne pouvoient être caufées que par l'augmentation du volume de la matrice, qui preflant le milieu du corps de la veflie entre le vagin & le reétum, empèchoit l'urine de fortir du fond de la veflie defcendue entre ces parties, ce qui rendoit les efforts que failoient les fibres de la veflie, pour chafler Turine de la tumeur, laborieux & inutiles. TROISIÉME OBSERVATION. Depuis peu j'ai vû à une perfonne de qualité une defcente de veflie, femblable à la premiére dont j'ai parlé. Cet homme de confidération portoit un bandage d'acier, fuivant en cela Tavis de ceux qu'il avoit confultés, & qui avoient pris fon incommodité pour une enterocelle, ou chûte d'inteftin dans les bourfes. Je lui confeillai de quitter fon bandage, parce qu'en comprimant le milieu du corps de la veflie contre les os pubis, il empèchoit fa partie de l'urine contenue dans fon fond, de remonter du fcrotum dans le refte de la cavité de la veflie, pour prendre {a route du canal de la verge. ‘Il me crut, & fe trouva beaucoup mieux qu'auparavant. Une preuye convaincante que la tumeur du fcrotum étoit produite par un amas d'urine, &. non par l'inteftin, comme on fe l'étoit imaginé, c’eft que toutes les fois que cet homme Ôtoit fon bandage pour faire rentrer fa prétendue defcente d'inteflin, en comprimant les bourfes, il urinoit en abon- dance, après quoi il fe trouvoit toûjours fort foulagé. Mais quoiqu'il Fappliquât enfüuite fon bandage, il n’empêchoit pas cependant D'iEs Se rENîctEîs 113 cependant que l'urine ne recoulât goutte à goutte dans le fcrotum, & ne reformät la tumeur comme auparavant. Ce qui ne feroit pas arrivé, fi la chûte de l’inteftin en avoit été la caufe, parce que le bandage bien appliqué, comme il étoit, lauroit certainement empêché de defcendre dans les bourfes. Quelque difficile qu'il foit de juger fi une hernie de veffie peut fe faire par fon relâchement, comme fe fait ordinaire- ment la defcente des inteftins, ou fi c'eft un effet de la pre- miére conformation, je vais néantmoins hazarder fur cela mon fentiment, que j'abandonne à la critique des experts en Chirurgie. La veflie ne peut s'étendre qu'en fe rempliffant d'urine: Quand l'écoulement de cette liqueur eft füpprimé, fa capacité saugmente Jufquà pouvoir contenir deux à trois pintes d'urine, ce que j'ai vü. M. Thibault, mon confrerc, m'a aflüré en avoir tiré, en une feule fois, jufqu'à quatre pintes & demie bien mefurées. Or il eft vifiblement impoffible qu'avec un fi prodigieux volume, la veflie puiffe paffer par les anneaux des mufcles du ventre, qui font fi étroits qu'ils ne font capables naturellement que de donner paflage aux vaifleaux fpermatiques dans l'homme, & aux ligaments de la matrice dans la femme. D'ailleurs ces anneaux font fermés par le peritoine. If eft donc certain que la veflie étant pleine, ne peut les traverfer. Aïnfr il y a bien de l'apparence que V'hernie de veffie vient plûtôt d’un vice de conformation que de fon relâchement. Elle cft abfolument incurable, parce que le fond de a veflie étant uni aux membranes des bourfes dans lefquelles il cft renfermé, il ne peut être réduit dans fa fituation ordi- naire. Donc lorfque la veflie eft dans fa place naturelle, elle ne peut auffr en fortir pour defcendre dans le fcrotum, parce que fon fond eft fufpendu par l'ouraque à lombilic, fes côtés attachés aux artéres ombilicales, la partie antérieure de fon corps jointe aux aponcvrofes des mufcles du ventre, & fa partie poftérieure unie au péritoine. Mem. 171 3. WP 114 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Cependant M.'s Litre & Rouhault, Anatomiiftes de l’Aca- démie, m'ont objeété, pour éluder ces raïfons, que la vefle en s'étendant, devient flottante dans la capacité du ventre, comme le font naturellement les inteftins; qu'ainfi elle peut alors defcendre, auffi bien qu'eux, dans les bourfes, & être réduite. Si cela pouvoit fe faire, comme ils fe l'imaginent, la veflie devroit forcer la partie du péritoine qui couvre les anneaux des mufcles, de forte qu'on la trouveroit toûjours féparée du cul-de-fac que formcroit le péritoine en defcendant dans les bourfes, de même que font les inteflins, qui ne s'y uniflent jamais, s'ils ne s'enflamment ou fe corrompent. Je puis répondre de ce fait, après plufieurs opérations que j'ai faites pour le réduire dans le ventre. J'ai même remarqué dans un homme qui avoit porté pendant plufieurs années de fa vie, prefque tous fes inteftins dans le fcrotum, qu'ils ne s’y étoient point attachés, Or la veflie du Religieux, que j'ai diflequée, n'a point forcé la partie du péritoine qui couvre les anneaux des mufcles du ventre ; fa fubftince n’étoit nullement alterée : les fibres charnues de fon fond, dépouillées du péritoine, étoient unies au dartos, de forte qu'elle étoit irréduétible. Donc la fuppo- fition de ces Mefieurs, qui n’eft qu'imaginaire, ne fçauroit détruire les preuves que je donne, que l'hernie de veflie vient d'un vice de conformation, & non pas de fon reliche- ment, comme ils lc croyent. Enfin pour leur démontrer que la veflie ne peut abandonner fa fituation, je leur ai fait voir dans un petit cadavre humain, en préfence de Meffieurs les Académiciens, que tout fon corps cft adhérent à toutes les parties qui l'environnent, ce qu'ils m'avoient nié pofitive- ment, pour mieux appuyer leur opinion. Au refle, fi J'hernie de veflie fe faifoit par relâchement, & qu'elle flotiât dans le ventre, comme ils prétendent, elle pourroit arriver auffi fouvent que a defcente des inteftins. Tous les Auteurs qui ont fait des Traités d'Opérations, en auroïent parlé, Je n'en fçais aucun qui en ait fait mention. EE - fai DES SCIENCES. 115 QUATRIÉME OBSERVATION. Sur un Emplifeme extraordinaire, Un pauvre homme âgé de foïxante ans, fut, fur les trois heures après midi du Lundi firxiéme Décembre 17 1 1. ren- verfé par un carrofle, dont les rouës lui pañlérent fur {a poitrine, & lui rompirent la quatriéme & la cinquiéme côtes vraies du côté gauche, dans leur partie moyenne. La néceflité dont il étoit preflé, l’obligea de venir, immédiatement après fa chûte, chercher du fecours à l'Hoftel- Dieu, où il fut reçû auflr-tôt. En l'examinant, on remarqua d’abord la fracture des côtes. Peu de temps après il parut au même endroit une tumeur affés confidérable, caufée par un air renfermé dans le tiffu veficulaire de la membrane qui fe trouve placée fous la peau. Le compagnon Chirurgien, dans le rang duquel ce pauvre blefé fut couché, ne trouva pas à propos d'appliquer de remédes fur cet emphifeme, parce qu'il ne vit au dehors ni playe ni contufion. Il n'ofa pas même fe fervir du bandage qu'on fait ordinairement à Îa poitrine pour la fraéture des côtes, de crainte de nuire à la refpiration , qui étoit déja fort embarraffée. If fe contenta de Ie faigner feulement. La faignée fut repetée les jours fuivants, par l’ordre du Médecin de la Salle; mais elle n'empècha pas que la difficulté de refpirer & lemphifeme n'augmentaffent toûjours jufqu'au Jeudi au foir, qui fut le quatriéme jour de fa blefure, & le dernier de fa vie. | Le lendemain matin j'examinai fon cadavre dans la Salle des morts, & je trouvai que lemphifeme occupoit tout l'extérieur du corps, à la referve de la plante des pieds & de la paume des mains ; de forte que la face, le col, la poi- trine & le ventre, les bras & les jambes étoient remplis d'air, qui fuyoit fous mes doigts, pour peu que je preflafe ly peau au deflous de laquelle cet air étoit renfermé. Pi 116 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Ayant fait une incifion à la peau & aux autres téguments qui couvroient l'endroit des côtes rompues, je remarquai aux mufcles intercoftaux une ouverture, mais prefqu'imper- ceptible, fans aucune échymofe. Enfin ayant ouvert la poi- trine, j'apperçüs une petite portion de la membrane qui enveloppe le poulmon, déchirée. D'une part elle étoit unie au poulmon, & de l'autre elle étoit attachée à une partie des côtes rompues. Il ne s’étoit cependant écoulé aucune goutte de fang du poulmon dans la capacité de la poitrine, ce qui me parut un fait fort fingulier. Après cela il eft aifé de découvrir la route qu'a pris Fair; pour former cet affreux emphifeme. En effet, il eft vifible que du total de Fair qui entroit par la trachée artére dans le poulmon, pendant la dilatation de H4 poitrine, une partie a dû, dans le temps de fon rétrecifiement, en reflortir par ce mème canal, & l'autre s'échapper des cellules du poul- mon, par ouverture de fa propre membrane déchirée, fortir de la poitrine par la petite playe des mufcles intercoftaux, & s'infinuer dans le tiflu de la membrane veficulaire, parce guc fa réfiflance s'eft trouvée plus foible que l'eflort de l'air qui la pénétroit; car il n'y a nulle apparence qu'il s'y foit infinué pendant la dilatation de la poitrine, parce qu'en fe dilatant, elle ne peut forcer qu'autant d'air à entrer dans le poulmon, qu'il s'en trouve aux environs dont elle prend Ja place, & qu'alors elle fe donne au dedans d'elle-même autant de capacité qu'elle occupe d'efpace au dehors. Aiïnfi l'air n'a pas pû s'infinuer dans fa membrane veficulaire pendant la dilatation de la poitrine. Ce n'eft donc que pendant fon rétreciffement, qu'il a pû pénétrer cette membrane; & parce qu'il y eft entré fans caufer de douleur au bleffé, & que même il n'en fentoit point, en quelqu'endroit du corps qu'on preffât la peau fous laquelle on fentoit fuir l'air, on ne peut pas douter que toutes les cellules de la membrane veficulaire n'ayent une communication naturelle entr’elles, de même que gelles de la membrane cellulaire du Pelican, dont l’admirable D'E Su: CN E NChEeS 117 ftruéture forme dans cet oifeau une efpéce particuliére de poulmon que j'ai décrit dans les Mémoires de Académie de l'année 1 69 3. Autrement ce pauvre malade auroit fouffert des douleurs atroces dans tout fon corps, fi lc tiflu de la membrane veficulaire caché fous la peau, avoit été brifé par une infinuation violente de l'air. On ne peut pas dire auffi que ce tiflu ait été rompu par des coups redoublés, comme on fuppofe celui des animaux que l'on foufle, & qu'on croit ne s'enfler que parce qu'en les frappant, on ne peut éviter de brifer ce tifiu; puifque cet homme n'avoit reçü aucun coup après fa bleffüre. D'ailleurs, on ne voit point fair s'infinuer dans une membrane folide. I! ne peut pas même s'échapper par fes pores, lorfqu'on l'y renferme. H faut donc que les cellules de la membrane veficu- lire communiquent entrelles, & foient affaiffées les unes fur les autres avant de fe remplir d'air, comme font celles du poulmon du fœtus, que l'air ne gonfle qu'après la naïflance de l'enfant, qui ne commence qu'alors à refpirer, mais fans douleur, parce que les veficules du poulinon font toutes ouvertes, & naturellement difpofées à le recevoir. Sï elles étoient fermées, l'air ne pourroit y entrer. Après avoir expliqué la maniére dont cet affreux emphi- feme s'eft formé, il me refle à examiner fi en faifant une incifion à la peau, vis-à-vis la petite playe des mufcles intercoftaux, ouverts par la fracture des côtes, j'aurois pû conferver la vie à ce pauvre bleflé. Si lon fuppole que léchappée de Fair des cellules du poulmon par fa membrane propre déchirée par la fraéture des côtes, ait été la caufe de fa mort, parce que la quantité d'air qui fe perdoit par cet endroit, étoit abfolument néceffaire pour entretenir la circulation du fang, fans laquelle on ne peut vivre, ce que je ne crois pas, je fuis perfuadé que 'inci- fion que j'aurois pû faire à la peau, n’auroit pas empêché ce bleffé de mourir; car quoiqu'elle eût pü s'oppofer au pro- grès de eet emphifeme, & même donner lieu à fa guérifon, ; P ii Page 177 118 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE il eft certain qu'elle n'auroit pà empêcher l'air de fortir du poulmon, par l'ouverture de fa membrane déchirée. Donc l'incifion de la peau lui auroit été inutile, il feroit toûjours mort, Cette même incifion ne lui auroit pas été moins infruc- tueufe, fi l'on fuppole que le gonflement de la membrane veficulaire qui couvre la poitrine, a été, comme il y a bien de l'apparence, un obftacle à fa dilatation, & la caufe de la mort de ce bleflé. Car pour éviter cette preflion extérieure produite par l'enflüre des cellules de cette membrane, il auroit fallu fermer l'ouverture des mufcles intercoftaux, & alors Fair intérieur qui s'échappoit continuellement par la déchirure de la membrane du poulmon, étant retenu dans la poitrine, auroit, en comprimant le poulmon, empèché peu à peu Fair extérieur de remplir fes veficules, ce qui auroit caufé la même difficulté de refpirer, & enfin la mort. Donc dans ces deux fuppofitions , Fincifion de la peau n'auroit pas feulement été inutile à ce bleffé, mais préjudiciable, puifqu'elle auroit rendu fa playe plus compliquée qu'elle n'étoit auparavant, & lui auroit abrégé la vie. Enfin l'opération de l'empieme, dont les fignes font fort incertains, comme je le vais faire voir dans ma cinquiéme Obfervation, ne lui étoit point néceffaire; parce que, comme j'ai déja dit, il n’y avoit aucune goutte de fang épanchée dans la poitrine de ce pauvre malade. CIiNQUIÉME OBSERVATION. IF y a fix mois ou environ, qu'un jeune garçon âgé de dix-huit à dix-neuf ans, reçut fur les deux ou trois heures après minuit, un coup d'épée à la partie fupérieure antérieure du bras droit. I} fut tout auffi-tôt conduit à l'Hoftel-Dieu, & couché dans la Salle des blefés. Je Fexaminai fur les fix heures du matin. Voici l'état où je le trouvai. H avoit déja une fiévre très-ardente, une difficulté à refpirer, & une douleur de poitrine, du même côté de fa playe, f D £ S+:,9 CAEN CE 6: 119 violente, que je crus d'abord que la capacité de la poitrine étoit remplie de fang, & qu'il expireroit en peu d'heures, fi je ne lui faifois pas fur le champ l'opération de l'empieme, Cependant fa playe n'avoit au dchors tout au plus que trois . dignes de long fur demi-ligne de large. Elle me parut même aufft réunie qu'une incifron de veine faignée depuis peu, ce qui fit que je ne trouvai pas à propos de fonder fa profondeur, étant refolu de faire l'opération ; mais jettant enfuite les yeux fur la poitrine, J'apperçus fous le mamelon droit, une tumeur de fept à huit pouces de diametre, & de plus d’un pouce d'épaiffeur, réfiftante au toucher, d'où je conjedurai que la playe du bras pouvoit pénétrer le grand mufcle pectoral plûtôt que la poitrine; conjedure fondée fur ce que cette tumeur étoit fans lividité, fans Auctuation & fans emphifeme, fignes certains que ni le fang ni l'air n’en pouvoient &tre la caufe: d'où je jugeai que le tendon du mufcle pectoral ayant été picqué, da douleur avoit déja attiré une fluxion de férofités für toute fa partie charnuë qui couvre le devant de la poitrine, ce qui me fit differer l'opération, que la doulcur de côté, la fiévre & da difficulté de refpirer, fembloient demander abfolument. Je me contentai d'appliquer fur la playe & fur la tumeur, une comprefle un peu épaiffe, trempée d'efprit de vin & d'eau, mêlés enfemble en égale quantité. Je fis auffi-tôt faigner ce pauvre bleflé. La faignée lui fut repetée le foir & Ie lendemain matin, que je trouvai tous fes accidents fort diminués, Cette diminution fi confidérable me fit changer de vüë par rapport à l'opération. Je fis r'appliquer la compreffe toujours mouillée de la même liqueur fur la playe & fur la tumeur, Au bout de huit jours le blefié fe trouva parfaitement guéri. Ce rapport fidéle fait voir combien les fignes d’un épanchement de fang dans la poitrine font équivoques & trompeurs, le ju- gement difficile, & Fopération de l'empieme hazardeufe ; car fuppolé que la poitrine eût été remplie de fang, comme je Yavois cru d'abord, j'auroïs bien pû tirer par fon ouverture celui qui auroit été renfermé dans fa capacité, mais il m'auroit æo MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE été impoffible d'empêcher le fang des vaifieaux du poulmon de fortir de leurs conduits, qui n'auroient pas encore eu le temps de fe refermer. Donc dans cette circonftance, le rifque étoit égal en faifant ou ne faifant pas l'opération. SIXIÉME OBSERVATION. M. Genti Prêtre d'une grande vertu , devenu aveugle fur la fin de fa vie, m'a egué par teftament fes deux yeux pour en découvrir les défauts, & en faire part au public, afin qu'il puilie en tirer quelqu'utilité. Après fa mort, qui eft arrivée au mois de Mars dernier, je les ai examinés, & ai fait voir à l'Académie les remarques que je vais rapporter. 1. Dans l'un j'ai obfervé que !a furface antérieure du crifta- lin étoit ulcerée, fon corps obfcurci, l'humeur aqueufe fort trouble, & que la tranfparence du corps vitré étoit beaucoup diminuée. Dans l'autre j'ai remarqué que l'humeur aqueufe, le criftalin & le corps vitré n'avoient perdu que fort peu de leur tranfparence , de forte que la lumiére pouvoit encore les traverfer. 2. Dans tous les deux, les glandes qui environnent la cir- “conférence extérieure de l'iris & filtrent l'humeur aqueufe, étoient plus groffes qu'elles ne font ordinairement. Dans l'un & l'autre une pluie huileufe extrèmement menuë paroifloit répanduë fur leurs humeurs. 3. Enfin , j'ai remarqué que les nerfs optiques étoient flé- tris, aufli n’ai-je pü en faire fortir de moëlle, comme j'ai fait de ceux qui font dans leur état naturel; d’où je conjeéture que la caufe de l'aveuglement de M. Genti a été la flétrifure des nerfs optiques, & qu'il auroit pü, fans ce défaut, voir de l'œil dont les humeurs avoient confervé, à peu près, leur tranfpa- rence ordinaire, BE SUITE 2raprobe — D.E S°S C'I EN CES, 127 SUITE DES RÉFLEXIONS Qui fe trouvent dans le Mémoire du 28. Juin 1712. Jur les Développées, 7 fur les Courbes réfulrantes du Développement de celles -la. Par M VARIGNON. ANS le Mémoire du 28. Juin 1712. nous n'avons confideré à l'ordinaire les développées que comme con- caves d'un feul côté, & leur développement que comme com- mençant à une de leurs extrémités ; d'où il ne réfultoit que des courbes concaves en même fens que celles-1à, Nous allons préfentement confiderer non feulement ces courbes concaves d'un feul côté, comme commençant à fe développer de part & d'autre à celui de leurs points qu’on voudra, mais auffi celles de concavités différentes, commecommençant à fe développer à quelque point que ce foit ; & de tous ces développements on va voir naître plufieurs autres courbes de concavités très-diffé- rentes de pofition les unes par rapport aux autres, & par rapport à celles de leurs développées ; & comment de fort femblables en apparence auront cependant des proprietés très- différentes felon qu'elles refulteront de différentes dévelop- pées , & felon les différents points où celles-ci commenceront à fe développer : Par exemple, comment & pourquoi parmi les courbes rebrouffées en même fens, il y en a dont le cercle ofculateur en leur point de rebrouffement paffe entiérement en dchors de leurs branches, d'autres où il pañle en dedans, & d'autres enfin où il paffe entre ces mêmes branches; pour- quoi les unes l'y ont avec cinq racines égales, & les autres feulement avec quatre ; comment & pourquoi, au point d’in- flexion des courbes contournées, chaque rayon ofculateur eft infiniment petit dans les unes, & infiniment grand dans les autres, &c. Men, 171 3 ES 24. Mar 1713 Fig. 1. 122 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE EL AVERTISSEMENT. La démonitration de tout cela dépendant de ce que nous avons fait voir dans le Mémoire du 28. Juin 17 1 2. tou- chant le développement commencé à une des extrémités des courbes toutes concaves chacune d’un feul côté, & touchant les refultantes de ce développement; nous allons citer la génération, les définitions, le Lemme, les Théoremes & les Corollaires compris dans ce Memoire, comme s'ils étoient ici, fans le nommer davantage, & fans faire aucune mention des pages où fe trouvera ce que l'on en va citer ; & cela pour ne pas ennuyer par des répétitions trop fréquentes qu’il fau- droit faire du titre de ce Mémoire & de ces pages. s. I. Du Développement des Courbes d'une feule concavité chacune ; commencé à celui de leurs points qu'on voudra. T. On a vû dans le Mémoire du 28. Juin 17 12. que fi AQT'eft une courbe toute concave d'un feul côté, laquelle commence à fe développer à une de fes extrémités, par exemple en À, la refultante AE A de ce développement fera auffi {7}, 2. corol, 1.) toute concave du mème côté que cette développée AoT ; que-fa courbüûre en ce fens ira toùjours (Th.6.. corol. 4.) en diminuant depuis À vers H: de forte / que fa plus grande courbüre fera en fon origine À, & la moin- dre en fon terme 7 ; qu'elle aura par-tout / 7%. 6.) fon cercle ofculateur 3 Æ À (comme on le voit ici Figure 1.) partie au dehors & partie au dedans d'elle, fans le rencontrer ailleurs qu'en chaque point Æ£ d'ofculation, & fans qu'aucun autre cercle / T4. €. corol. 1.) pute pafler entrelle & celui- à, &c. comme dans le Mémoire du 28. Juin 1712. d'où ces citations font tirées. Il. Si préfentement la courbe AQT toute concave d'un feul côté, commence à fe développer de part & d'autre à ÉRECAEE D ES SC TIEN C\E'S. 123 tel point moyen @ qu'on voudra; fes deux parties ® 174, : DNT, commençant-là à fe développer en différents fens vers À, T. 1 1.0 Il eft vifible que ces deux arcs ® AA, ® MT, tra- ceront ainfi chacun de fon point ® chacune des deux bran- ches& DR, &FS, d'une autre courbe RS rebrouflée en ® en fens contraires; puifque ces deux branches & DR, qFS, ainfi décrites, tendent /gener.) vers des côtés oppolés, &c (Th. 2. corol. 1.) avec des convexités oppolées. 2.0, [1 eft vifible aufi que les rayons ofculateurs en © de ces deux branches &G DR, & FS, fcront (gener. 7 def.) infiniment petits de part & d'autre de ce-point æ, & en ligne droïe perpendiculaire {Th. $. corol. 2.) à ces deux branches DR, & FS, de la courbe R4 S réfultante du double développement dont il s'agit ici; & conféquemment que ces deux branches fe toñcheront en 4 auffi bien que leurs petits cercles /def.) ofculateurs en ce point, décrits de ces deux rayons ou côtés contigus en ®, des ares développés & À, OT, & de centres pris chacun à l'autre extrémité de chacun de ces côtés infiniment petits, que l'angle infiniment obtus qu'ils font entr’eux, rend en ligne droite. La réflexion qui va fe trouver en Italique à la fin du nom- Dre 3. de l'article 22. fera voir que la détermination totale de chacun des deux rayons ofculateurs au point % de rebrouffenient de la courbe RDSEFS, c'efl-à-dire, que la détermination, tant de la pofition que de la longueur de chacun de ces deux rayons directement oppofes de part à d'autre, de ce point & , y exige quatre racines égales dans chacun des deux cercles ofcu- dateurs qui s'y toucheront mutuellement en dehors, mais infiniment petites-comme eux, quoique les trois égales requifes pour la détermination de la pofition du rayon ofculateur de chacun de ces deux cercles, puiffent étre finies quelconques, ainfi qu'on le verra dans la reflexion qu'on vient de citer. TT. Les Corol. 2. 3. du Th. 6. font voir de plus que les deux cercles ofculateurs infiniment petits /arr. 2.) de Q ï 124 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la courbe R&S en fon point de rebrouflement ®, couperont & toucheront à la fois, chacun en ce point ®, celle de ces deux branches dont il fera ofculateur en ce même point &. Pour voir comment cela fe doit faire, imaginons deux autres cercles /ZDC, LFG, ofculateurs auffi de ces deux branches DR, @FS, en deux autres points quelconques D, F, lefquels cercles ayent /4ef.) pour rayons les tangentes D, FN, des arcs développés & 14, GNT, & pour centres les points A7, N, où ces tangentes touchent ces arcs. Le Th. 6. part. 1. fait voir que ces deux nouveaux cercles DC, LEG, couperont les deux branches 4 R, GS, en D, F, de la maniére qu'on voit ici, & fous des.angles f petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais pañler (7%. €. corol. 1.) par aucun de ces angles, entre aucun de ces deux-là & celle qu'il coupe de ces deux branches de la courbe RDGFS; & conféquem- ment /Z4. 6. coroll. 2. 3,).que chacun de ces deux autres cercles ZDC, LFG, aura auffi (nonobftant ces coupes ou interfections en D, F,) avee chacune de ces deux branches &DR, 4FS, chacun avec celle qu'il coupe, deux attouche- ments de part & d'autre, de chacun de leurs points d'inter- feétion D, F, un en dehors, du côté de Z, L, & l'autre en dedans, du côté de €, G. Concevons préfentement que ces deux interfcétions D, F, arrivent infiniment près de @, avec les cercles toüjours ofcu- lateurs ZDC, LFG, en avançant de ce côté-là le long des arcs Do, Fo, & que les fils AD, NE rayons (/gener. def. } de ces cercles fe recouchent ainfi fur les arcs développés 419, No, jufqu'à ce que ces points D, F; foient infiniment près de @. I eft vifble que chacun de ces deux cercles /DC, LFG, alors infiniment petits, coupera & touchera encore à la fois (comme ci-deflus en D, F,) chacune des branches DR, 4FS, en ce point infiniment près de d ; il la tou- chera par dchors en l'élement commun où elles & eux fe touchent entre ces deux points, & par dedans en l'élement füivant de chacune où elles commencent à s'abandonner &e à faire angle entr'elles, LR RE <> DES SCIENCES. 125 IV. Le Corol. 4. du Th. 6. fait auf voir que fi les arcs MA, ® NT, de la développée A 1 NT'font des courbüres femblables depuis ® vers À, 7, comme fi cette développée étoit une parabole, une hyperbole, &c. dont . fût le fommet ; les branches © DR, F'S, de Ia courbe RD&@FS rebrouflée en fens contraires en ® , lefquelles rélultent /4yp.) du développement de ces arcs d MA, GNT, commencé en ©, feront auffi des courbüres femblables entre elles depuis ® vers À, S. Au contraire fi les arcs d AA, ONT, font des courbüres diflemblables depuis ® vers 4, T, conime fi la développée AM NT étoit encore une para- bole, une hyperbole, &c. dont le fommet fût entre ® &- 4; le même Corol. 4. du Th. 6. fait voir que l'arc ® 474, ‘alors plus courbe (à longueurs égales depuis @) que D ANT, rendroit auffi la branche © DR plus courbe que d FS, à longueurs auffi égales depuis D. .. V. Quant aux différentes courbüres de chacune de ces deux branches DDR, DFS, fans comparaifon entr'elles, le Corol. 4 du Th. 6. fait aufi voir que quelque diffem- blance de courbure qu'il-y eût dans les arcs développés d 474, GNT, la plus grande courbüre, de chacune de ces deux branches 9 DR, @ FS, {croit à leur origine ® commence- ment du développement de ces arcs, & que la courbüre de chacune en des points différents, iroit en diminuant à mefure que ces points feroïent plus éloignés de fon origine à, ou plus près de fon terme À, ou S; de forte que la moindre de toutes ces courbüres de chacune des branches DDR, @FS, feroit au terme À, ou S, de cette branche, qui, feparément, auroit toutes les autres propriétés démontrées. dans le Mé- moire du 28. Juin 1712. pag. 148. &c. pour une courbe toute concave d’un. feul côté, réfultante /7%, 2. Corol. 1.) du développement commencé à une des extrémités_d’une: autre courbe aufli toute concave du même côté que celle-là. Q +726 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ? s IT. Du Développement des Courbes rebrouffees en fens contraires, commencé à celui de leurs points qu'on voudra. VI. Soit la courbe 74 F rebrouffée en fens contraires en ®, c'eft-à-dire, dont les branches 4, @T, foient de convexités oppofées, ou concaves en dehors vers des côtés différents, chacune d’un feul côté. Soit premiérement le déve- loppement de cette courbe ou de fes branches, commencé en fon point de rebroufiement 4. Le Corol. 1. du Th. 2, fait voir que le développement de la branche 4 Ÿ, ainfr commencé en ® ou en Æ vers À, décrira l'arc EDCA de la courbe ACDEFGH, & que celui de l'autre branche 4 T de la même développée 74 F, aufli commencé en @ ou en £, décrira de même l'autre arc Æ£ F°G H de cette autre courbe ACD EFGH réfultant de ce double développement, foit qu'elle foit décrite /gener.) par le point & commun aux deux branches développées, comme dans la Figure 2. où qu'elle le foit /Scho!. du Th. 6.) par l'extrémité Æ d'une droite quelconque Æ@ qui les touche toutes deux en @, comme dans la Figure 3. où même auffi par l'extrémité Æ d'une telle tangente dans la Figure 2. laquelle tangente £® {oit infiniment petite dans cette Figure 2. & finie dans la Figure 3. Le Corol. r. du Th. 2. faifant voir que les arcs EDCA, EFGH, de la courbe ACD EFGH réfultante du dévelop- pement (commencé en & ) des deux branches de fa déve- loppée 7y V rebrouffée //yp.) en fens contraires en ce point ®, font entiérement concavés chacun du même côté que chacune de ces branchés; il eft vifible par ce même Corol. 1. du Th. 2. que cette courbe ACDEFCGH fera toute entiére concave du côté de fa développée 74 F rebroufiée /Ayp.) en fens contraires en @. Le Corol. 4. du Th. 6. fait auffi voir que le développement D ELS 0 SAC MENN CiE18 127 des deux branches @ , @7, de cette développée Tor, ayant (/yp.) commencé en fon point de rebrouflement @ ; da courbüre de l'autre courbe ACD EFGH rélultante de ce double développement, doit toüjours aller de part. & d'autre en diminuant depuis Æ jufqu'à fes extrémités 4, 4: de forte que fa plus grande courbüre fera en £, & les moindres en fes extrémités À, H; lefquelles deux derniéres courbûres feront égalés ou inégales entrelles, felon que les branches développées ® F, @ T, auront les leurs égales. ou inégales en leurs extrémités W, T'; & en cas d'inégalité entre ces courbüres terminales, la plus grande des deux premiéres réfultera de la plus grande des deux fecondes, VIL L'extrémité Æ de la touchante £® (finie dans la Fig. 3. & infiniment petite dans la Fig. 2.) commune én @ aux deux branches D, QT, de la développée 7@Y rebrouffée en fens contraires en ce point @, ayant tracé (art. 6.) les arcs EDCA, EFGH de la courbe ACDEFGH, par le développement de ces branches ® F, ®7, commencé en © ; il eft vifible (gener. €? def.) que cette droite £@ fera le rayon ofculateur en Æ (fini dans la Figure 3, & infiniment petit dans la Figure 2.) de cette courbe ACDEFGH, & © le centre de fon cercle BE K ofculateur en ce point Æ, fini dans la Fig. 3. & infiniment petit dans la Fig. 2. Soit prélentement un autre cercle ju Ca ES\G « décrit par ce mème point Æ d'un centre V pris à volonté, de l'autre côté de @, fur le rayon ofculateur £@ prolongé.vers L, entre @ & À, dont le point RÀ foit (74. 2. Cor. 3* n0mb. 2.) de ce côté-là le terme des centres ÆV (ainfi pris depuis @ jufqu' en À fur @L) des cercles qui décrits par Æ, rencon- treroient encore ailleurs Ja courbe ACDEFGH. LeTh.s. part. 2. fait voir que puifque (4yp.) ce point Æ eft l'origine commune des arcs ELDCA, EFGH, & À, H leurs termes, le cercle y CA Ed'Ge touchera ces deux arcs, ou la courbe ACDEFGAH par dehors en £, fans la couper qu'en C, 6, où il entrera dedans poux n'en plus fortir, & fans la rencontrer “ Fig. 4. 728 MEMGIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ailleurs qu'en ces trois points C, £, G; de forte qu'il aura toute {à partie CA ESG au dehors de Farc CDEFG de la courbe ACDEFGH, & tout le refte au dedans de cette courbe; ce qui lui arrivera toûjours / 7%. $. part. 2.) en quelque point de R@ (depuis À jufqu'en @) que foit fon centre V: donc lorfque fon centre N fcra infiniment près de @, & que ce cercle CAES Ge fera ainft confondu avec l'ofculateur B£X (fini dans la Figure 3. & infiniment petit dans da Figure 2.) fon arc CA ES G rendu pour lors infiniment petit par l'arrivée de fes deux extrémités €, G, en deux points imfiniment proches de Æ de part & d'autre, touchera encore en dehors en Æ, la courbe ACDEFGA; immédiatement après quoi ce cercle uCx EdG« ainfi changé en l’ofculateur BEKX, coupera encore cette courbe de part & d'autre de cet attouchement extérieur, en entrant de ces deux côtés au dedans d'elle, pour y refter tout entier, à la particule infiniment petite près, dont il ki touchera en dehors en £: il coupera, dis-je, cette courbe aux deux extrémités de cette particule, fans la rencontrer ailleurs, & fous des angles fi petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais pafler (Th. €. Corol. 1.) entr'elle & lui; d'où l'on voit /7 4. de Coroll. 2. 3.) qu'outre F'attouchement extérieur précédent ; il en aura encore deux autres intérieurs avec elle immédia- tement après, & de part & d'autre de celui-là: donc ce cercle BEK ofculateur en Æ de la courbe AC D EFGH, fini dans la Figure 3. & infiniment petit dans la Figure 2. aura ici avec cette courbe, trois attouchements de fuite, & contigus en ce point Æ, defquels celui du milieu fera en dehors, & les deux autres en dedans de cette courbe, immé- diatement après deux coupes faites de part & d'autre de celui- R, ce qui rend ce cercle ofculateur B EX comme entrelacé en £ avec cette courbe ACD EFGH. VIII. Si l'on veut préfentement que les branches 49; H9 de la courbe 4H rebrouffée encore en fens contraires en ®, foient des longueurs égales, & qu'elles commencent ici à D'ElS "S/C?r EN CES. 129 ici à fe développer à leurs extrémités 4, A; defquelles extré- mités elles décrivent ainfi enfemble la courbe ACD£FGA, ‘#çavoir, la branche Ad, Farc ACDE, en fe développant de À vers £, jufqu'à la tangente £@ en ©; & l'autre bran- che Ho, l'arc HGFE, en fe développant de même de A vers Æ, jufqu’au même point Æ de la même ÆZ'@ touchante auffi de cette autre branche en @ : on trouvera ici dans la Figure 4. comme dans les Figures 2. 3. art. 6. 1.0 Que la courbe ACDEFGH fera ici, comme là, toute concave du côté de fa développée A@/. 9 Qu'au contraire de ce qu'on a vû dans cet article 6. la courbüre de cette courbe AC D £FGH ira ici en augmen- tant depuis Æ, de part & d'autre, jufqu'en À, H; de manicre que fa moindre courbüre fera en £, & les plus grandes en À, A. 3.9 Mais que ces deux plis grandes courbüres en À, A, feront ici (Figure 4.) comme les moindres y étoient dans la Figure 2. 3. art. 6. égales ou inégales entr’elles, felon que les branches développées dA, A, (qui étoient-là @F, o7;) auront les leurs égales ou inégales en leurs extrémités 4, A; & qu'en cas d'inégalité entre ces courbüûres terminales, la plus grande des deux premiéres réfultera de la plus grande des deux fecondes. IX. L'extrémité Æ de la touchante E commune en @ aux deux branches A, Hd, de la développée 4 @ A re- brouflée en fens contraires en ce point ©, ayant décrit /arr. 8.) les arcs ACDE, HGFE, de la courbe ACDEFGH, par le développement de ces deux branches 49, A9, commencé en À, A; il eft vifible /gener. & def.) que cette droite £@ fera le rayon ofculateur en Æ, de cette courbe ACDEFGAH, & d le centre de fon cercle BEK ofculateur en ce point £. Soit préfentement un autre cercle Cr EdGe décrit par ce même point Æ, d'un centre AZ pris à volonté fur le rayon ofculateur Æ@ entre @ & P, dont ce point L foit Mem, 171 3. R 130 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE (Th. 2. Corol. 3. nombre 1.) le terme des centres A7 (ainfi pris depuis P jufqu'à @ fur P@) des cercles qui décrits par £, rencontreroient encore ailleurs la courbe ACDEFGH. Le Th. s. part. 1. fait voir que puifque /kyp.) À, H, font les origines des arcs ACDE, HGFE, & E leur terme commun; le cercle Ca Ed'G touchera ces deux arcs ou la courbe ACDEFGH par dedans en ce point Æ, fans la couper qu'en €, G, ou il en fortira de part & d'autre pour n'y plus rentrer, & fans la rencontrer ailleurs qu’en ces trois points C, E, G; de forte qu'il aura toute fa partie Ca Ed G au dedans de l'arc CDEFG de la courbe ACDEFGH, & tout le refte au dehors de cette courbe, ce qui lui arrivera toüjours { T'heor. $. part. 1.) en quelque point de Po (dcpuis P jufqu'en ®) que foit fon centre 47: donc lorfque fon centre 4 fera infiniment près de @, & que ce cercle pCREdGe fera ainfi confondu avec l'ofculateur 8 EK, fon arc Ca ES G rendu pour lors infiniment petit par l'arrivée de fes deux extrémités C, G, en deux points infini- ment proches de Æ de part & d'autre, touchera encore en dedans, en Æ, la courbe ACDEFGH; immédiatement après quoi ce cercle wCAaEdGe ainft changé en l'ofcu- lateur BEK, coupera encore cette courbe de part & d'autre de cet attouchement intérieur, en fortant d’elle de ces deux côtés, pour refter dehors tout entier, à la particule infini- ment petite près, dont il touchera cette courbe en dedans, en £ ; il coupera, dis-je, cette courbe aux deux extrémités de cette particule, fans la rencontrer ailleurs, & fous des angles fi petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais pafler /T'heor. €. Corol. 1.) entre elle & fui. D'où l’on voit (Theor. 6. Coroll. 2. 3.) qu'outre l'attouchement intérieur précedent, il en aura encore deux autres extérieurs avec elle immédiatement après, de part & d'autre de celui-là : donc ce cercle BEX ofculateur en Æ de la courbe ACDEFGH, aura ici avec elle trois attouchemens de fuite, & contigus en ce point Æ, defquels celui du milieu fera en dedans, & DE IS) SU CIRE NI GES. 131 les deux autres en dehors de cette courbe, après deux coupes faites de part & d'autre de celui-R; ce qui rénd ici (Fig. 4.) ce cercle ofculateur Z EX comme entrelacé avec cette courbe ACDEFGH, mis en fens contraires à celui de J'entrela- cement qu'on a vû {ur la fin de l'art. 7. dans les Fig. 2. 3. X. Pour trouver prélentement combien la détermination Fige 2. 3. 4 du rayon £o du cercle BEK ofculateur en Æ de la courbe ACDEFCGH dans les art. 7. 0. Fig. 2. 3. 4. exige de racines égales en ce point Æ origine commune des arcs ÆEDCA, EFGA, de cette courbe dans l'art, 7. Fig. RE & leur terme commun dans F'art, 0. Fig. 4. il faut confiderer dans ces deux articles & dans ces trois Figures, que fuivant le Th. 5. le cercle Cr Ed Ge décrit du centre M par Æ, dans art. 7. Fig. 2. 3. & du centre 2 auffi par £, dans Part. 9. Fig. 4. touche toüjours en ce point Æ, la courbe ACDEFGAH, & de plus la coupe toûjours de part & d'autre en deux points €, G, fans jamais la rencontrer ailleurs qu'en ces trois points €, £, G, dont celui (£) du rilieu- eff fixe, & les deux autres /C, G,) ambulants depuis À, A, - jufqu'en celui-là, comme les centres ÆV, A , de ce cercle CAE dG: le font depuis P, R, jufqu'en @. Donc l'attou- chement de ce cercle avec la courbe ACD EFGH , lui exigeant (74. $. Corol. 4.) deux racines égales, & les deux fections en C, G, de ce cercle avec cette courbe, lui en exigeant auffi deux autres, que la confufion de ces deux points C, G,en Æ (caufée par celle des centres A, AL. en ®, ou de ce cercle u Ca ES Ge en l'ofculateur BEK) rendent égales à ces deux-là : ce cercle Ca Ed Ga ain changé en Yofculateur BEXK, c'eft-à-dire, ce cercle lui-même Z£K ofculateur en Æ origine commune (art. €. 7e Fig. 2, 3.) ou terme commun (arr. 8. 9. Fig. 4.) des arcs EDC À, ÆEFGH, de cette courbe réfultante du développement des branches d’une autre courbe rebrouflée en fens contraires f commencé au point de rebrouflement de cette autre courbe, dans les art. 6. 7. Fig. 2. 3. & aux autres extrémités de Ri Fig. $. 6. 132 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fes branches priles égales dans les art. 8. 9. Fig. 4. Ce cercle ofculateur BEK exige, dis-je, quatre racines égales en un tel point Æ de la courbe ACD EFGH, au lieu de trois feulement / Th. ç. Corol. 5.) qu'exigeroit tout autre cercle ofculateur en tout autre point de cette courbe. X I. I eft vrai que le cercle BEK ofculateur en Æ de la courbe ACDEFGH, ya (art, 7. 9.) wois attouchemens avec elle, & que chacun d'eux exige deux racines égales ; ce qui femble d'abord en exiger fix pour ces trois attou- chemens. Mais dès qu'on fait réflexion que les deux coupes faites (art. 7. 9.) aux extrémités de l’attouchement du milieu, lui font communes, & aux deux autres-attouchements qui lui font contigus de part & d'autre; & conféquemment, que chacune des deux racines égales que ces deux coupes lui exigent, tient auffi lieu d’une racine à chacun de ces deux autres attouchements ; on voit que quatre des fix racines égales qui paroiffoient d’abord ici, fe réduifent à deux, & qu'ainfi les fix fe réduifent aux quatre qu'on y vient de voir dans le précedent art. 10. ce qui en fait encore une nouvelle démonfiration. XII. Si on veut préfentement que les branches @T, @ , de la courbe T@F encore rebrouffée en fens contraires en æ, commencent à fe développer ailleurs qu'à leurs extrémités, par exemple, aux points À, A, d'arcs égaux Ao, Ho; les articles 2. 8. font voir que d'un tel développement des arcs AT, Ao, Ho, HV, de cette développée T@ , il réfultera une autre courbe BAE CH, qui aura trois conve- xités oppolées entrelles, avec deux rebrouffements aux ori- gines À, H, en fens contraires, de part & d'autre de la convexité AEH du milieu, & à la fois toutes les proprictés marquées dans les art. 2. 3. 4. 5. 8. 9. 10.11. En effet, : 1.0 L'art, 2. fait voir que du développement des deux arcs AT, A©, de Ja branche @ 7, commencé en À jufqu’en T, ©, il réfüultera une portion B A E de courbe, laquelle portion fera rebrouflée en fens contraires en À, & terminée LS D'FIS S G-TE NC-ES 133% en Æ à la tangente ®Æ commune en © aux deux branches GAT, QHV, de la développée T'@F rebrouffée auffi en fens contraires en @ ; & que d'un femblable développement des deux arcs HW, Ho, de Fautre branche @F/ de la même développée, commencé en #7 jufqu’en F, ©, il réfultera de même une autre portion CE de cette autre courbe réful- tante d’un tel développement de celle-ci; laquelle portion fera auffi rebrouffée en fens contraires en À, & terminée auffi en Æ à la même tangente @ £ commune en @ aux deux branches développées AT, @ HV, de la courbe Tor rebrouffée auffr /yp.) en fens contraires en ce point @. 2 L'art. 8. fait voir, fuivant l'égalité fuppofée des arcs Ao, Ho, queles réfultants AZ, AE, de leur développement commencé en À, FH, jufqu'en ©, fe réuniront en un 4£H tout concave du côté de ce point @ ; & qu'ainfi les portions courbes BAE, CHE, tracées comme dans le précedent nomb. 1. compoferont enfemble une ‘courbe BAECH de trois vexités oppofées, & de deux rebroufléments en fens contraires alternativement pofés entr’elles. o Les art. 2. 3.4. 5. font voir que les deux portions BAE, CHE, dela courbe B AE HC auront toutes les pro- prictés marquées dans ces quatre articles ; & les art. 8. 9-10. x 1. font pareillement voir que fon arc 4 £ H aura aufit toutes les proprietés marquées dans ces quatre autres articles, On verra affés dans ces huit articles, que toutes ces proprietés conviennent enfemble à cette courbe BAEHC, fans que je m'arrête ici à les détailler. Je pafle donc au développement des courbes rebrouffées en même fens. CN (0 ON Du Développement des Courbes rebrouffées en même [ens, commencé en celui de leurs points qu'on voudra. XTIL. Soit la courbe TV rebrouffée en même fens en ©, ceft-à-dire, dont les branches @F OT, foient concaves en R ii Fig. 7, 8. 134 MEMOIRES DE LACADEMIE RoYALE même fens, & chacune de ce feul côté. Soit premiérement le développement de cette courbe ou de fes branches, com- mencé en @. Le Corol. r. du Th. 2. fait voir que le déve- loppement de la branche @ F ainfi commencé en @ ou en Æ vers À, décrira Farc £DCA de la courbe ACDEFGA; & que celui de l'autre branche @ 7; auffi commencé en ©. ou en Æ vers À, décrira de même l'autre arc EF GA de cette autre courbe ACDEFGH réfultante de ce double développement, foit qu'elle foit décrite (gener.) par le paint @ commun aux deux branches développées @}, @T, comme dans la Figure 7. ou qu'elle le foit /Scho/ du Th. 6.) par l'extrémité Æ d'une droite quelconque Æ@ qui les touche toutes deux en @, comme dans la Figure 8. où même aufit par l'extrémité Æ d'une telle tangente dans la Figure 7. laquelle tangente Æ£d foit infiniment petite dans cette Fig. 7. & finie dans k Fig. 8. Le Corol. r. du Th. 2. faifant voir que les ares EDCA, LEGA, de la cowbe ACDEFGH réfultante du double développement (commencé en @) des deux branches de fa développée To W rebrouflée //yp.) en même fens en ce point @, font entiérement concaves chacune dans le même fens que l'eft chacune de ces branches; il eft vifible que cette courbe ACDEFGH fera aufii rebrouflée en Æ en même fens que celle-là l'eft en @. Le Corol. 4. du Th. 6. fait voir auf que le développe- ment des deux branches @}, @7, de cette développée 7@F; ayant (4yp.) commencé en fon point de rebrouflement ®, la courbüre de chacune des branches £EDCA, EFGH, de l'autre courbe ACDEFGH réfultante de ce double déve- loppement, doit toüjours aller en diminuant depuis leur origine commune £, jufqu'à leurs termes À, A; de forte que là plus grande courbüre de chacune fera en Æ, & la moindre à celui des points 4, À, où elle {e termine. XIV. L'extrémité Æ de la touchante £o (finie dans la Fig. 8. & infiniment petite dans la Fig. 7.) commune en @ DIE SASICAIELN CtEUS 135. aux deux branches @F, QT, de la développée TT re- brouffée en même fens en ce point @, ayant décrit (art. 1 3.) par leur développement commencé en ce même point ®, les branches EDCA, EFGH, de la courbe ACDEFGH auffi rebrouffée en même {ns en £; il eft vifible /gener. & def.) que cette droite Æ@ fera le rayon ofculateur (fini dans la Fig. 8. & infiniment petit dans la Fig. 7.) en ce point Æ de cette courbe ACDÉFGH où de fes branches, & @ le centre de leur cercle ofculateur commun 2 EK en ce même point Æ, fini dans la Figure 8. & infiniment petit dans la Figure 7. Soit préfentement un autre cercle u Ed CG: décrit par ce point £, d'un centre M pris à volonté, de l'autre côté de (eo) fur Le rayon ofculateur £@ prolongé vers L, entre @ & R, dont ce point À {oit /Z4. 2. Cor. 3. nomb. 2.) de ce côté-là le terme des centres A (ainfi pris depuis @ jufqu'en À fur © L) des cercles qui décrits par £, rencontreroient encore ailleurs les branches £EDCA, EFGH, de la courbe ACDEFGH. Le Théor. 5. part. 2. fait voir que puifque (hyp.) ce point £ eft l'origine de ces deux branches, & 4, A, leurs termes, le cercle w Ed CG: touchera ces deux mêmes branches EDCA, EFGH, par dehors en ce même point commun £, fans les couper qu’en deux autres points €, G, ou il entrera dedans pour n’en plus fortir, & fans les ren- contrer ailleurs qu’en ces trois points £, C, G; de forte qu'il aura toute fa partie Ed C au dehors de la branche EDCA, & toute fa partie ES CG parcillement au dehors de l'autre branche £FGH, & tout l'excès de fa circonférence entiére fur chacune de ces parties dans chacune de ces branches de la courbe ACDEFGH; ce qui lui arrivera toûjours /T4. à part. 2.) en quelque point de R@ (depuis R jufqu'en @) que foit fon centre N. Donc lorfque fon centre A {era infi- . niment près de @, ce cercle uw Ed CGe ainfi confondu avec fofculateur BE (fini dans la Fig. 8. & infiniment petit dans la Figure 7.) ayant alors fon arc Ed CG réduit à un Fig. 9. 136 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE infiniment petit par la confufion de fes deux points C, G, en un infiniment proche de Æ, touchera encore par dehors les branches EDCA, EFGA, de la courbe ACDEFGH en cet élement commun à lui & à elles, fuivant lequel elles fe touchent auffi mutuellement ; après quoi ce cercle 4 Ed CGe ainfi changé en lofculateur BEK, coupera encore auffi cha- cune de ces branches à l'extrémité de cet élement commun, du côté de leurs termes À, À, en entrant dedans de ce côté- À, pour y refler tout entier, à la particule infmiment petite près, dont il les touchera par dehors en leur origine com- mune Æ: il coupera, dis-je, chacune de ces deux branches EDCA, EFGH, à extrémité de cette particule, infini- ment près de Æ du côté de leurs termes À, À, fans les ren- contrer ailleurs, & fous des angles fi petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais pafer (Th. 6. Corol. 1.) entre lui & elles. D'où l'on voit qu'outre le précedent attouchement extérieur à ces deux branches, fait avec elles par ce cercle ofculateur BEK, fur la particule infiniment petite en Æ, où elles fe touchent auffi mutuellement, il en aura immédiate- ment après avec elles un intérieur, commun du côté de leurs termes À, A: donc ce cercle BEK ofculateur en Æ de la courbe ACDEFGAH xebrouflée fart, 1 3.) en même fens en ce point Æ, y aura avec elle deux attouchements contigus équivalents à quatre, & communs chacun aux deux bran- ches EDCA, EFGAH, de cette courbe, un en dehors, en £, & l'autre, immédiatement après, en dedans, vers À, A, chacun de chaque côté d'une coupe commune équivalente aux deux €, G, confondues en celle-là, lorfque le cercle uw Ed CGe Feft en l'ofculateur BEK en £; Yattouchement extérieur de la branche £FGH avec ce cercle ofculateur, fe fait, pour ainfi dire, par la médiation de l'élement en £, de l'antte branche £ DC À; & Tintérieur de celle-ci fe fait par la médiation de l'élement fuivant de la premiére, du côté de À, A. X V. Si l'on veut préfentement que les branches 4®, Ho, de la DE S'MIAMIEIN CLEIS 137 de la courbe 49 Æ, rcbrouffée encore en même fens en @, foient de longueurs égales, & qu'elles commencent à fe déve- lopper par leurs extrémiés À, À, defquelles elles décrivent ainfi enfemble la courbe ACDEFGH ; fçavoir, la bran- che AG,*Farc ACDE, en fe développant de À vers Æ, jufqu'à fa tangente £@ en 4 ; & l'autre branche H@, Farc HAGFE, en {c développant pareillement de À vers £ jufqu’au même point Æ de là même £?, tangente auf de cette autre branche en : on trouvera encorc ici dans la Fig. 9. comme dans les Fig. 7. 8. art. 13. 1.0 Que la courbe ACDEFGA fera ici, comme à, rebrouffée en même fens en £, ainfi que fa développée AoH Teft Cp.) en, & en même fens qu'elle. 2.° Qu'au contraire de ce qu'on a vû dans l'art. 13. Ja courbüre de chacune des branchés ACDE, HGFE, de cette courbe ACDEFG A, ïra toûjours en diminuant depuis chacune de leurs origines À, H, jufqu'à leur terme com- mun Æ, auquel cette courbe fe rebroufle en ces deux branches concaves en même fens:; de forte que la moindre courbüûre de chacune d'elles, fera en Æ, & la glus grande, à celle des origines À, 4, où elle commence. XVI. L’extrémité Æ de la touchante £D, commune en ® aux deux branches 49, 0, de Ia développée 494 rebrouffée en même fens en ®, ayant décrit (art. 1 5.) par leur développement commencé en À, A, les branches ACDE,, HGFE, de hi courbe ACDEF GA parcillement rebrouffée en même fens en £; il eft vifible /gener. ér def.) que cette droite Æ ® eft le rayon ofculateur en ce point Æ, de cette courbe ACDEFGH ou de fes branches, & © le centre de leur cercle ofculateur commun ZE, en ce même point £. Soit préfentement un autre cercle ES CG: décrit par ce point Æ£, d'un centre A7 pris à volonté fur le rayon ofculateur E®, entre @ & P, dont ce point P foit (Th. 2} Corol. 3. nomb. 1.) le terme des centres A7 (ainfr pris de- puis juiqu'en @ fur P@) des cercles qui décrits par Æ, Mem. 1 7 1 3. S 138 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE rencontreroient encore ailleurs les branches ACDE, HGFE, de la courbe ACDEFGA ; le Th. 5. part. 1. fait voir que puifque (hp) À, H, font les origines de ces deux branches, & Æ leur terme commun, le cercle w £d CG e touchera ces deux mêmes branches ACDE, HGFE, par dedans en ce même point £, fans les rencontrer ailleurs qu'en €, G, où il les coupera en fortant d'elles, pour n’y plus rentrer; de forte qu'il aura toute fa partie ESC dans la branche ACDE, & toute fa partie ES CG dans l'autre branche HGFE, & tout l'excès de fa circonférence entiére fur chacune de ces parties, au dehors de chacune de ces branches de Ja courbe ACDEFGAH\; ce qui lui arrivera toûjours (T4. $. part. 1.) en quelque point de P@ (depuis P jufqu'en @) que foit fon centre £. Donc lorfque fon centre 47 fera infiniment près de ©, ce cercle u ES CG+ ainfi confondu avec l'ofcu- lateur BEK, ayant alors fon arc Æ J CG réduit à un infini- ment petit, par la confufion de fes deux points €, G, en un infiniment proche de Æ, touchera encore par dedans les branches ACDE, HGFE, de la courbe ACDEFGH, en cet élement commun à lui & à clles, fuivant lequel elles fe touchent auffi mutuellement ; immédiatement après quoi ce cercle w Ed CG ainft changé en lofculateur BE X, coupera encore aufli chacune de ces branches à l'extrémité de cet élement commun, du côté de leurs origines À, F, en fortant hors d'elles de ce côté-là, pour n'y plus rentrer, & pour refter hors d'elles tout entier, à la particule infiniment petite près, dont il les touchera par dedans en leur terme commun £: il coupera, dis-je, chacune de ces deux bran- ches ACDE, HGFE, à l'extrémité de cette particule, infiniment près de £,, du côté de leurs origines À, A, fans les rencontrer ailleurs, & fous des angles fr petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais pafier (74. €. Corol. 1.) entre lui & elles. D'où l’on voit qu'outre le précedent attouche- ment intérieur à ces deux branches ACDE, HGFE, fait avec elles par ce cercle ofculateur BEF, il en aura encore DES S:C LE NIC'ENS 139 immédiatement après avec elles un extérieur, commun du côté de leurs origines 4, Æ. Donc ce cercle BEK ofculateur en Æ de la courbe ACDEFGH rebrouflée (art. r $. nomb. 1.) én même fens en ce point Z, y aura avec élle deux attou- chements contigus, équivalents à quatre, & communs cha- cun aux deux branches ACDE, HGFE, de cette courbe; un de chaque côté d'une coupe commune équivalente aux deux C, G, confonduës en celle-là, lorfque le cercle u £d CGe Yeft en l’ofculateur EX en £ : l’attouchement intérieur de a branche AGFE avec ce cercle ofculateur, fe fera par la médiation de l'élement en Æ de l'autre branche ACDE, & Fextérieur de celle-ci, par la médiation de l'élement fuivant de la premiére vers À, A. : XVIL Pour trouver préfentement combien le cercle BEK Fig. 7. 8.9. ofculateur en Æ de la courbe ACDEFGH rebrouffée en ce point £, dans les art. 13. 14. 1 5.16. Figures 7. 8. 0. exige de racines égales en ce point Æ, terme commun des branches ACDE, HGFE, de cette courbe, pour la déter- mination totale de fon rayon £@; voyons ce que la dé- términation de la pofition de ce rayon ofculateur en ce même point Æ, en exige, & enfuite ce que la détermination de la longueur de ce même rayon £@, en exige auffr. Pour cela : 1.° Imaginons la perpendiculaire ZL ou Eo à déterminer fur une courbe rebroufiée quelconque AD£ FH en fon point de rebrouflement Æ; & hors cette perpendiculaire, un point © du côté de À, A, fur le plan de cette courbe; duquel point O, comme centre, foit décrit par £,, le cercle BEAD7 qui rencontre de plus en D, F, les branches EDA, EFH, de cette courbe A D EFAH. Imaginons enfuite qu'une des feétions ou points D, F, par exemple le point D, auquel Ja branche £D A eft coupée par le cercle BEA Dr, avance le long de cette branche jufqu'en £; on verra non feulement _ le point Æ auquel l'autre branche EFH eft coupée par ce cércle, avancer aufli pour lors jufqu en ce point £; mais Si Fig.1o.11. 12, Fig. 7.8.0. 10. 11e 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE encore, comme dans le Corol. 3. du Th. 5. le centre O de ce même cercle, avancer jufqu'en © fur la perpendiculaire £L ou £©, le long, par exemple, de l'arc O © d’un pareil cercle décrit du centre £ par O : donc la détermination de ce point & de cette perpendiculaire £ZL ou £@, & confé- quemment aufli celle de cette perpendiculaire elle-même, dont lon n'auroit d’abord que le point donné £, dépendant ainfi de la confufion fur elle, des trois rayons DO, FO, EO, en un Æ£» du cercle 8 Ed D 7 devenu de cette maniére touchant en ce point Æ des branches EDA, EFH, de coupant qu'il en étoit, doit lui exiger trois racines égales en ce même point Æ, au lieu de deux feulement qu'il lui fau- droit {Th. 5. Corol. 4.) pour déterminer la pofition d'une telle perpendiculaire en tout autre point de ces branches, ou à un point quelconque d’une feule concavité en ce point. On verra ci-après, dans les articles 27. 31. qu'au point de contour ou d ‘inflexion d'une courbe conrournée quelconque, chaque cercle déterminateur de la perpendiculaire en ce point, n'y exigeroit non plus en cette qualité, que deux racines égales. 2. La pofition de la perpendiculaire ÆZL, où du rayon ofculateur £@ au point Æ de rebrouffement en même fens de la courbe ADE FH, étant ainfi trouvée /nomb. 1.) par le moyen de trois racines égales dans les Fig. 10. 11. ül s'agit préfentement de trouver combicn la détermination de Ja longueur de ce rayon ofculateur Fo, en exige auffi d'égales ; & enfin combien il en exige d'égales en tout, pour fa déter- mination totale. Pour cela, après avoir conçü que tout ce qu'on voit marqué de lettres femblables dans les Fig. 7. 8. 9. 10.11. eft le même dans celles qui les ont; imaginons que le point æ pañle en A dans les Fig. 7. 8. 10. & en A dans les Fig. 0. 1 r. on verra le cercle 8E A Dr des Fig. 10. 1 1. de touchant que le paffage de fon centre O en © l'avoit rendu /nomb, 1.) au point Æ de la courbe 4 DEFAH, rede- venir (7h. 5.) coupant en C,G, de la même courbe, tel | que u ESCGe dans les Fig. 7. 8. 9. avec deux nouveaux DES SCIENCES. I4T rayons NC, NG, dans les Fig. 7. 8. & MC, MG, dans la Fig. 9. adjoûtés par ces coupes à £', ici devenu £ N dans les Fig. 7. 8. & EM dans la Fig. o. équivalent (nomb, 1.) dans chacune de ces trois Fig. 7. 8. 9. à trois rayons égaux; de forte que le paflage de N, M1, en ®, terme /gener. à def.) du rayon ofculateur Æ@, (lequel paffage rend ce triple rayon £N, dansles Fig. 7. 8. & ÆE AZ, dans la Fig. 9. égal à cet ofculateur Æ@) confondant encorc (art. 14. 16.) ces deux autres rayons VC, NG, dans les Fig. 7. 8. & AC, MG, dans la Fig. 9. avec celui-là, en changeant ainfr ce cercle u Ed CG en l'ofeulateur BEX'; le rayon £@ de ce cercle ofculateur équivaudra à cinq rayons confondus ici en un, defquels trois qui étoient DO, FO, EO, dans les Fig. 10. 11. confondus en un £'w, devenu ici égal à Ed, déterminent /omb. 1 .) la pofition de ce rayon ofculateur £o; & ce triple rayon avec les deux autres CN, GN, des Fig. 7. 8. & CM, GM, de la Figure 9. parcillement ici confondus en Æ£@, par le pañfage de N, 7, en @, détermine la lon- gueur de ce rayon ofculateur Æ@ : d'où lon voit que la détermination totale de ce rayon en exigeant trois confondus en un dans le nomb. 1. pour la détermination de fa pofition, & trois ici pour celle de fà longueur; defquels rayons, pris ainfi trois à trois, celui qui a toüjours paflé par £’, fert aux deux ufages : cette détermination totale du rayon ofcula- teur Æ@, n’en exige ni plus ni moins que cinq confondus enfemble, Donc la détermination totale de ce rayon ofcu- teur £@ au point Æ de rebrouffement en même fens de la courbe ACD EFGH des Fig. 7. 8. 9. n’exige pareillement ni plus ni moins que cinq racines égales dans le cercle ofcu- lateur BEX. X VIIL Si lon veut préfentement que les branches @ 7, @/, de la courbe 7@ F rebrouffée encore en même fens en @, où elle foit touchée par © L, commencent à fe déve- lopper par ailleurs qu'à leurs extrémités, par exemple, aux points À, Æ, de part & d'autre, ayant Ag — Ho; il en S ii Fig. 13° i4s MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe rélultera une autre courbe BA E HC, qui aura quatre convez xités ou concavités différentes, tournées en même fens deux à deux, & auffi deux à deux en fens contraire, avec trois rebrouflements en À, Æ, A, dont les deux extrêmes en 4, #4, feront chacun en fens contraires, & celui du milieu Æ, en même fens ; ainfi cette nouvelle courbe BA ÆHC aura à la fois toutes les proprietés marquées dans les art. 2. 3. 4. 5. 15.16.17. En effet, 1.0 L'art. 2. fait voir que du développement des deux ares AT, A, de la branche @ 7, commencé en À jufqu’en T, ®, il réfultera une portion B À Æ de courbe, laquelle portion fera rebrouflée en fens contraire en À, & terminée en Æ à la tangente @ L, commune en @ aux deux bran- ches DAT, @ HV, de la développée 7@F rebrouflée //yp.} én même fens en ce point @; & d'un femblable développe- ment des deux arcs @, HV, de l'autre branche @ de h même développée, commencé en Æ jufqu'en ®, V, ïl réfultera de même une autre portion Æ£ HC de cette autre courbe réfultante d’un tel développement de celle-ci ; laquelle portion fera aufli rebrouflée en fens contraire en À, & terminée auffi à la même tangente @ £, commune en @ aux deux branches développées A7, HV, de la courbe 7oW rebrouflée //yp.) en même fens en ce point @. 20 L'art. 15. fait voir, fuivant l'égalité fuppofée des arcs A@, Ho©, que les rélultants AË, HE, de leur déve: loppement commencé en À, Æ, jufqu'en ©, formeront la portion À £ H de courbe rebrouflée en même fens en £; & qu'ainfi les portions BAE, CHE, tracées dans le nomb. 14 compofcront enfemble une courbe 8 À E HC de quare convexités ou concavités tournées en même fens deux à deux, & auffi deux à deux en fens contraire, avec trois rcbrouffements en À, Æ, H, dont les deux extrêmes en 4, 4; feront chacun en fens contraire, & celui du milieu en Z, en même fens ; lefquels trois rebrouflements différents, font alternativement polés entre les quatre convexités ou concas vités différentes. D EAST NS. CAEN Cent M 49 J b Les articles 2. 3. 4. $. font voir que les deux por- tions BAË, CHE, de la courbe BAFÆHC, auront toutes les proprietés marquées dans ces quatre articles; & les arti- cles 1 5. 16. 17. font pareillement voir que fa portion AE A aura auili toutes les proprietés marquées dans ces trois autres articles. On verra aflés dans ces fept articles, que toutes ces proprietés conviennent à la courbe triplement rebrouflée BAEHC dont il s'agit ici, fans qu'il {oit befoin que je m'arrête à les y détailler. Je pañle donc au développement des courbes contournées ou de concavités contraires de part & d'autre d'un point d'inflexion. S. I V. Du Développement des Courbes éontournées, commencé en celui de leurs points qu'on voudra. XIX. Soit la courbe contournée 4 Mo NT, dont foit le point de contour ou d'inflexion, & laquelle commence à fe développer en À jufqu'en 7. I eft vifible /gener.) que fa partie toute concave A Mo, en fe développant de À vers Æ jufqu'en @ Æ, tangente commune de cet arc & de l'autre /V 7’, au point d'inflexion @ de la courbe AMONT qu'ils compofent enfemble, décrira de fon extrémité 4, Yarc A DE ; après quoi cette courbe continuant à fe déve- lopper depuis fon point © d'inflexion jufqu’en 7; fon autre partie convexe @ /VT obligeant fon extrémité À arrivée en Æ fur @ E, de retourner en arriére de Æ vers A, jufqu'à fa tan- gente AT, lui fait décrire de cette extrémité À, l'arc EFH, depuis Æ jufqu'à fa tangente AT en fon autre extrémité ZT: D'où il fuit, - 1.9 Que cette courbe 4 A7 NT contournée en ®, fe développant ainfi de À jufqu’en 7; décrira de fon extrémité À une autre courbe ADE FH, laquelle fera rebroufée en £; puifque l'une & l'autre de fes deux branches EDA, EFH, cft (7h. 5. Corol, 2.) perpendiculaire en £ à la droite £Ÿ, Fig. 14e 144 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoY4Le tangente commune //yp.) en @ des deux arcs AMo, 4 NT, du développement defquels (commencé en A) ces deux branches réfultent ; & que conféquemment ces deux mêmes branches £ DA, E FH, de la courbe ADEFA, fe tou- chent en £, 2.° Que ces deux branches EDA, EFAH, font concaves du côté de la développée 4 Mo NT, & conféquemment en même fens, puifque /{Z°4. 2. Corol. 1.) elles le font du côté des arcs AMo , @ NT, du développement defquels elles réfultent ; & conféquemment auffi la courbe A DE FH et non - feulement /somb. 1.) xebroufiée en Æ, mais encore rebrouflée en même fens. 3° Que les courbüres des branches 4 DE, E FH, de cette courbe ADE FH, vont toûjours /T4. 6. Corol, 4.) en diminuant depuis leurs origines À, Æ, jufqu'à leurs termes Æ, H, c'eft-à-dire, depuis À jufqu'en £, pour la branche ADE, & depuis Æ jufqu'en A, pour l'autre branche £FH ; de forte que la plus grande courbüre de la premiére DE de ces deux branches, fera en fon origine À, la moindre en fon terme Æ}; & la plus grande courbüre de la feconde © branche £FH en fon origine Æ, la moindre en fon terme A. 4° Que la branche AD£Æ doit être toute entiére dans l'autre branche £ FA, car fi de quelque point arbitraire D de la premiére A DE de ces deux branches, on imagine la droite D @ avec une tangente D N de l'arc @ NT, du déve- loppement duquel réfulte l'autre branche £ FH, laquelle foit rencontrée en quelque point Æ# par cette tangente ND prolongée de ce côté-là; lon aura {Théor. r.) D@ puifque ce cercle 8 E A FD 7 coupant en £ 'ofculateur BEK avec Fautre branche £ F A que cet ofculateur y touche (article 20.) aufli bien que celle-Rà, ce nouveau cercle BEAxFD 7 coupera de plus cette autre branche £ FH en quelqu'autre point F, entre Æ & D; & conféquemment il coupera ainfi la courbe 4 DEFH en trois points D, £, F, qui unis en £, feront pafier art. 17. nomb, 1.) fon centre O en ® fur Æ@ perpendiculaire /Théor. $. Corol, 2.) à Yune & à l'autre des branches AD £, £ F AH, de cette courbe ADEFAH, & qui déterminant ainfi ce point © par le con- cours de fes trois rayons DO, FO, EO, en un E» fur cette perpendiculaire E@, au point Æ de rebrouffement de cette courbe À DE FA, détermine auffi la pofition de cette même perpendiculaire ou rayon ofculateur £@, par le moyen de trois racines égales (article 1 7. nombre 1.) en.ce point de re- brouflement en même fens de ectte même courbe AD'E FH. H cft vrai qu'aucun autre cercle w £e Fy décrit par Æ du centre S\ pris hors l'angle mixte AQE, lequel coupât encore en quelqu'autre point Æ, la branche E FH de la courbe ADE FH, ne coupcroit pas de même ailleurs, par exemple, en D, fon autre branche 4 D E; puifque (Th. r. Corol 8.) a droite d'D feroit moindre que SE, & que par conféquent le pañfage de F'en Æ, qui faifant ainfi pafler / T4. ç. Corol, 3.) fur E@ prolongée vers L, me < RAI 4 DIE st SC TE Nt CiEUS F49 le centre dde ce cercle x Æ+ Fy, détermineroit la pofition de cette perpendiculaire £ @ au point £ de la branche £FAH, par le moyen /7%4. 5. Corol. 4.) de deux racines égales ; mais ne le faifant que comme il le feroit en F, par le paffage de Æ en F, fans aucun rapport à la branche ADF, ne détermine point cette perpendiculaire £@, comme devant l'être auffr à cette autre branche ADEÆ, ni conféquemment comme devant l'être au concours de ces deux branches, ow au point de rebrouffement de la courbe A DEFH qu'elles compofent : au contraire, la détermination de la pofition qui fe fait de cette perpendiculaire, par le concours précedent des trois rayons DO, FO, EO, du cercle 8 E à FD x en un, ne pouvant fe faire qu'en ce point Æ de rebrouffement de la courbe À DE FH, W pofition de la perpendiculaire que ce concours y détermine (arr. 17. nomb. 1.) par le paflage en © qui en réfulte du centre © de ce cercle fur cette per- pendiculaire, la détermine, corame devant l'être en ce point Æ de rcbrouffement; & conféquemment /74. $. Corol. 2.) comme devant être Æ£@ ou Æ£ L, & non aucune autre : donc cette détermination de la pofition de cette perpendiculaire où rayon ofculateur £@ propre à ce point de rebrouflement Æ de la courbe 4 D EFH, y exige l'union & le concours de ces trois rayons DO, FO, EO, en un, & conféquemment trois racines égales en ce point Æ, dans leur cercle BE FD r, ainfi qu'on le vient de voir, conformément au nomb. 1. de l'art. 17. 2.0 Le paflage du centre O du cercle 6E x FD r en o fur £@, ayant rendu ce cercle en a E à touchant en Æ de Ha courbe 4 DE FH & de fon cercle ofculateur ZEK, de coupant qu'il en étoit : fi l'on imagine le centre & de ce cercle BEA FD 7 ainfr devenu a Eb, en mouvement de Æ vers @ fur Æ@, fans que ce cercle ceffe de paffer par Æ, & le point P déterminé fur £®, comme dans le nomb. r. dy Corol. 3. du Th. 2. ce même nomb. r. fera voir ce même- cercle redevenir coupant ED 4 en quelque point D de T ü, Fig. r6:- 150 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la branche À DE (fans la rencontrer ailleurs qu'en D, FE) Jorfque fon centre © fera en #1 fur Po, depuis P jufqu'en ®, & que {es deux rayons DM, E M, suniront enfemble en É®, par l'arrivée de fon centre A en @ ; ce qui détermi- nera la longueur de ce rayon ofculateur Æ@, par le moyen de deux racines égales, & non de davantage, puifqu'en quelque point de £@ que fe trouve le centre & ou 4 de ce cercle, ce mème cercle ne fçauroit rencontrer la branche ADE (Th. 2. Corol. 3. nomb. 1. & Th. $.) tout au plus qu’en deux points, & jamais qu'en £, l'autre branche £FH, qui étant art, 2 0.) toute au dehors du cercle ofculateur BEXK, doit être auffi tout au dehors de tout autre cercle décrit par Æ d’un centre pris depuis Æ jufqu'en ©, fur le rayon £@ de cet ofculateur BEX, 3.° Puifque la détermination de la pofition du rayon ofculateur Æ£@ perpendiculaire {T4. s. Corol. 2.) au point de rebroufiement Æ de la courbe ADE FH rcbroufiée en mème fens, exige /nomb. 1.) trois racines égales dans le cercle déterminant B£AFD=x, changé de coupant en touchant a Eb, par le paflage de fon centre © en w, & que la déter- mination de la longueur de ce rayon Æ£@, en exige encore (uomb. 2.) deux égales à celles-là, dans le même cercle changé en l'ofculateur 8 EX, par le paflage de fon centre w en @; il femble d'abord que la détermination totale de ce rayon ofculateur £@, exige ici cinq racines égales, comme dans l'art. 17. nomb. 2./mais dès qu'on fait réflexion que le même rayon £O à aidé à déterminer /omb. 1.) la pofition de cet ofculateur Æ@, en paflant en £w, & à déterminer (nomb. 2.) la longueur de ce même rayon ofculateur, en devenant £®; on voit que pour ces deux ufages, cerayon £O ainfi changé en £w, & enluite en E@, n'a exigé qu'une même racine, qui comptée deux fois /romb. r. 2.) pour expliquer ces deux ufages, en fait paroître ici d'abord cinq au lieu de quatre auxquelles fe réduifent ainfi ces cinq-là: donc la déterminatjon totale du rayon ofculateur £@ de Er DU ts SCT EN CES. 151 da courbe ADE FH, en fon point Æ de rchrouflement en même fens, n'exige ici que quatre racines égales, au lieu de cinq qu'elle exigeoit en ce point dans d'art 17. nomb. 2. pour là courbe ACDEFG H des Fig. 7. 8. 9. qui y paroît femblablement rebrouffée. On trouvera de même par le moyen de l'art. 17. nomb. 1. Fig. r 2. que la RS rebrouffée en fens contraire en @ dans la Fig. 1. n'y exige que quatre racines égales infiniment petites, pour la détermination totale de chacun de [es rayons ofculateurs oppofes en ligne droite (art. 2. nomb. 2.) & infiniment petits de part 7 d'autre en ce point @ , quoique les trois racines égales requifes (art. 17. nomb. 1.) pour la détermination de la pofition de chacun de ces deux rayons ofculateurs infiniment petits, puiflent être finies quelconques. X XIII. Voilà dans cet article 22. comment un cercle décrit par £ d’un centre © pris dans le triangle mixte AGE, détermine totalement le rayon ofculateur £@, par le paflage de ce centre O en w, & enfuite en @. Quant aux cercles décrits par le même point Æ de centres pris au dehors de ce triangle, comme en d' dans la Fig. 1 5. ce même art. 22. nomb. 1. fait voir qu'aucun d'eux ne fçauroit fervir à la détermination de la pofition perpendiculaire en Æ, du rayon. _ofculateur £@, par rapport aux deux branches à la fois ADE, EFA, de la cowbe ADEFH, & qu'il ne détermincroit cette pofition que par rapport à la feconde £FH de ces deux branches, & en fon point Æ, que comme par-tout ailleurs, fans marquer que ce point £ {oit un point de rebrouffement.. ni conféquemment que cette droite £@ qu'il détermineroit perpendiculaire à cette branche EF AH, par le pañlage de fon: ‘centre d fur cette même Z£@ prolongée vers Z,, doive auffr être à autre branche ADE. [left vrai qu'en fuppofant cette droite £@ perpendiculaire à d'une & à l'autre de ces deux branches ADE, EFAH, en leur point commun Æ de rebrouffement de la courbe ADEFH qu'elles compofent, un cercle Eu Gg qui décrit. Fig. 1.12. Fig. 15. 16: Fig. 165. Fig. 17. 352. MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par £, auroit fon centre A au dehors de l'angle mixte AQE, depuis @ jufqu'au point À déterminé dans Je nomb. 2. du Corol. 3. du Théor. 2. fur ce rayon ofculateur £o prolongé du côté de L, rencontreroït /Z'#4. $. part. 2.) la branche E FH en deux points £, G, & non en davantage, fans rencontrer ailleurs qu'en Æ, f'autre branche A DE£ qui eft toute art. 20.) au dedans du cercle ofculateur BEK, icquel feroit aufii tout entier au dedans de celui-R; & qu'ainft l'arrivée de ce centre A en @ faifant paffer les deux rayons GN, EN, de cet autre cercle Eu Gzg en EQ, détermi- neroit encore de cette maniére la longueur de ce rayon ofculateur £@, par le moyen de deux racines égales ; mais ce cercle ne pouvant fart. 22. nomb. 1.) en déterminer la pofition, en quelqu'endroit qu'on en imagine le centre au dehors de l'angle mixte 4 @ E; il ne peut auffi déter- mincr totalement ce rayon ofculateur Æ@, comme vient de faire (art. 22.) le cercle décrit par Æ d'un centre © pris dans cet angle. X XI V. Si l'on veut que les deux arcs 4/7, MOT, de la courbe 41Q T contournée en @, commencent à fe développer en #2, fçavoir, fon arc MA, de M vers D jufqu'en À; fon arc MOT, de M vers E jufqu'en fon point d'inflexion ou de contour, & enfuite de Æ vers H depuis @ juiqu'en 7° 1.0 L'arc À MO de cette courbe étant /4yp.) concave d'un feul côté, depuis À jufqu'au point d'inflexion @ de cette même courbe, l'art. 2. nomb. 1. fait voir que les deux parties MA, Mo, de cet arc AM, en commençant cha- cune en 4 à Le développer jufqu'en À, , décriront enfemble par ce double développement, la courbe DAZE rebrouffée cn fens contraire en /Z, dont les branches AD, ME, de convexités oppolées, feront terminées aux lignes droites DA, E®, touchantes en À, ®, des arcs MA, M, du déve- loppement defquels elles réfultent. 2.° L'arc A197T de la même courbe À MOT contournée end, MES DINEUSILS- CIE SN) CG ES: 153 PE x ,, A . , LL . 5 en ®, l'étant aufli en ce même point ®, Vart. 19: fait voir que cet arc M T'dans fon développement commencé en 21 juiqu’en T, après avoir décrit de fon point A7, V'are ME par le développement de fa partie 419 julfqu'à fa touchante £ ® en fon point d’inflexion ®, doit décrire aufft de la même extrémité /7, ou de l'extrémité Æ de cette touchante, auquel point fe trouve alors le point #7, un autre arc £F A, par le développement de fa partie ® T jufqu'à fa touchante AT, en continuant de fe développer ainfi depuis 47 jufqu'à fon point Z'd'attouchement ; & que ces deux arcs M£, EFH, compoferont enfemble une courbe 47 E FH rebroufée en même f{ens en Æ, comme dans l'art. 1 9. réfuitante du déve- loppement commencé en 41 jufqu’en Z; de l'arc entier MOT contourné en ®. : 3° Donc {romb. 1. 2.) la courbe entiére À MOT con- tournée {hyp.) en @, en commençant en 47 à fe développer de pat & d'autre jufqu'à fes extrémités 4, 7; décrira Ia courbe entiére DMEFH, par le développement fimultanée de fes arcs MA, MT; laquelle courbe DME FH rchrouffée (nomb. 1.) en fens contraire en A4, & /nomb. 2.) en même fens en Æ, aura à la fois deux rebrouffements d'efpéces différentes. : 4° Son rebrouffement en fens contraire en 4, étant fe mème {romb. r.) que dans l'art. 2. la partie DAZE de cette courbe DME FH aura toutes les proprietés marquées dans les art, 2. 3. 4. 5. & dans la réflexion qui füit l'art. 2. $° L'autre rebrouffement de cette même courbe DALEFA, lequel eft en même fens en Æ, étant le même /romb. 2.) que dans fart. 19. la partie AE FH de cette courbe ainf rebrouffée-en Æ, aura pareillement toutes les proprictés mar- . quées dans les art. 19. 20. 22. 23e 6.0 Donc /romb. 4. 5.) cette courbe entiére DME FH aura tout à la fois toutes les proprietés marquées dans les art.2.3. 4: 5.19. 20.22.23. fçavoir, celles des art. 2. 3. 4-5. par rapport à fon point de rebroufflement 47 cn fens Mem, 171 3. V Fig. 1. 14. 15:16, 17. Fig. 1 Se 154 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoÿyALE contraire; & celles des art. 19. 20. 22. 23. par rapport à fon point de rebrouffement Æ en même fens. Je ne m'arrête point à détailler toutes les proprietés de la courbe DMEFH de la Fig. 1 7. étant trop aifees à recombitre dans tous les art. 2. 3.4. $. 19.20.22. 23. en comparant en mêmes lettres, fa partie D M E avec la courbe R @ S de la Fig. 1. dans les art. 2. 3.4. $. à fa partie MEFH avec la courbe AEFH des Fig.1 4.1 $. 16. dans les art. 1 9. 20. 22.23. Ceff-à-dire, en changeant les lettres de la partie DME, de la courbe DMEFH de la Fig. 1 7. en celles de la courbe R@S de la Fig. 1. 7 M en À dans fa partie MEFH, pour lui donner les mêmes lettres qu'à la courbe AEFH des Fig. 14. 15.16. Cela fait, on verra, dis-je, tout d'un coup dans les art. 2. 3. 4 S. 19.20.22. 2 3. que les proprietés qui y font démontrées convenir les unes à la courbe RQS de la Fig. 1. & les autres à la courbe AEFH des Fig. 1 4: 1 $. 16. conviennent toutes à la courbe DMEFH de la prefente Fig. 17. par rapport à ce qu'elle a (art. 24. nomb. 1. 2.) de femblable à ces deux- la. X X V. Soit enfin le développement de Ia courbe AQT contournéc quelconque en @, commencé de part & d'autre en fon point d'inflexion ou de contour @. 1.0 Il cft vifible que cette extrémité @ de chacun des arcs A, @T, de cette courbe, décrira ainfi chacun des arcs @ 1, © K, d'une autre courbe Æ/@ Æauffi contournée en ©; puifque chacun de ces deux derniers arcs @ A, @K, fera (Th. 2. Corol. 1 :) concave du même côté que celui des deux autres @ À, @T, qui en fcra le générateur; & ces deux-ci l'étant /yp.) en fens contraire, les deux autres doivent aufit l'être en fens contraire, & former ainfi enfemble une courbe Ho contournée au même point @ que fa développée AgT eft fuppolCe l'être. 2.0 Il eft vifible auffi que les rayons ofculateurs en des deux arcs © A, @K, de cette courbe Ho #, feront (geuer. 7 def.) infiniment petits de part & d'autre de ce L DES SCrTENCES. 15 point @, en ligne droite perpendiculaire {T4. 5. Corol. 2 7 à ces deux arcs. X X VI. Les Corol. 2. 3. du Th. 6. font voir que les deux petits cercles ofculateurs de cette courbe Ho #, décrits de ces deux rayons /art, r ÿ. nomb. 2.) infiniment petits, en fon point d'inflexion ®, couperont & toucheront à la #ois de deux attouchements contigus chacun en ce point @, chacun des ares © 4, © K, dont il y fera ofculateur : pour le voir, imaginons deux autres cercles ZDC, LFG, ofculateurs aufli de ces deux arcs en deux autres points quelconques D, F, lefquels cercles ayent /def.) pour rayons les tangentes D M, Æ'N, des arcs développés 9/74, @NT, & pour centres les points d’attouchement 44, N': le Th. 6. part. 1. fait-voir que ces deux nouveaux cercles ZDC, LFG, couperont les deux arcs A, oK, en D, F, de la maniére qu'on voit ici dans la Fig. 1 8. dans laquelle @ eft l'origine commune de ces deux arcs, & qu'ils les coùperont fous des angles fi petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais pafler /7 4. €. Cor. 1.) par aucun de ces angles, entre aucun de ces deux cercles-là & celur qu'il coupe des deux arcs A, @K, de la courbe HoOK; & conféquemment /T4. €. Coroll. 2, 3.) que cha- cun de ces deux autres cercles ZDC, LFG, aura auffr, nonobftant ces coupes ou interfections, avec chacun de ces deux arcs o A, x, chacun avec celui qu'il coupe, deux attouchements contigus de part & d'autre de leur point d'interfection D ou À, un en dchors, du côté de l'origine © de cet arc; & l'autre en dedans, du côté de fon terme A ou À * Concevons préfentement que ces deux points D, F, arrivent infiniment près de @, avec les cercles toüjours ofculateurs ZDC, LFG, en avançant ainfi l'un vers l'autre le long des arcs Do, Fo; & que les fils AZ D, NF, rayons (gener. r def.) de ces cercles, fe recouchent aïnfi fur les arcs développés A, No, jufqu'à ce que ces points D, F, foient infiniment près de @, c'eft-à-dire, jufqu'à ce que les arcs Vi 156 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE @F, @D, foient devenus infiniment petits ; il eft vifible que chacun de ces cercles ZDC, LFG, alors infiniment petits, coupera & touchera encore à la fois (comme ci-deflus en D, F,) chacun des arcs © DA, @ FK, en ce point infiniment près de @: ce petit cercle ofculatcur coupera cet arc en ce point D'ou Firfiniment voifin de @, en le touchant-là (Th. €. Coroll. 2. 3.) de part & d'autre de cette coupe, en dehoïs, fur l'éfement & D où @F, du côté de fon origine ®, & en dedans, fur fon élement fuivant, du côté de fon terme À où À’; ce petit cercle ofculateur en @ d'un des arcs 9 DA, œFK, de la courbe /o K', contournée en ce point @, y trouvant J'autre arc, de cctte courbe, d'une convexité oppofée à la fienne, labandonne-là fans le couper ni le toucher, non plus que s'il n’y étoit pas. XX VIT. Donc ce petit cercle ofculateur en @ d'un des arcs @ #1, @ K,, de la courbe A K contournée en ce point ©, cft fe même que fi cette courbe fe terminoit-là, & qu'elle ne confiffät qu'en un feul de ces deux arcs, lequel eût fon origine en @; & conféquemment ce cercle ofcu- lateur (article 25. nombre 2.) infiniment petit, n'y exige (Th. 5. Corol. ÿ.) que trois racines égales infiniment petites, pour la détermination totale de fon rayon ofculateur; def- quelles trois racines, deux, de finies quelconques qu'elles étoient pour la détermination de la pofition de ce rayon, deviennent infiniment petites dans la détermination de fa longucur, qui fe trouve, par le moyen d'une d'elles & d'une autre, encore infiniment petite, ce qui en fait en tout trois égales infiniment petites pour la détermination totale de ce rayon en @q. Ainfi / 74. 5. Corol. $.) le cercle ofculateur d'une courbe contournée Æ/@ K°, rélultante (art. 25$:) du développement entier d'une autre contournée quelconque AQT, commencé en fon point de contour ou d'inflexion @, vers fes extrémités À, TZ; de part & d'autre, n’auroit par-tout que trois racines égales, en quelque point de cette réful- tante Æ@ Æ qu'il foit ofculateur, ccft-à-dire, au point D'ŒLS JS CAEN Che 157 d'inflexion @ de cette courbe, comme en tout autre: toute la différence, c'eft qu'en ce point d'inflexion il les auroit infiniment petites, & finies par-tout ailleurs ; ces infiniment _ petites augmentant toûjours de part & d'autre depuis ce point d'inflexion @, jufqu'aux extrémités de la courbe con- tournée A9 K, réfultante du développement fait comme ci-deflus art. 2 5.) d'une autre À @ Z'aufli contournée en @, parce que le rayon ou le cercle ofculateur d’une telle réful- tantc Æ@Æ en fon point d'inflexion ©, y eft [arr. 2 5.) infiniment petit, & va toûjours / Lem.) en augmentant de part & d'autre, depuis .ce point jufqu'aux extrémités de cette courbe. De ce que les trois racines égales de ce cercle ofculateur font infiniment petites au point d'inflexion @ de cette courbe Ho X, & finies par-tout ailleurs, cela fervira dans le calcul, à difcerner ce point @ d’inflexion de tous les autres de cette même courbe Æ@ Æ. XX VIII Puifque far. 25.) le rayon ofculateur en Vorigine @ de chacun des arcs @/1, @K, de la courbe HoK contournée en ce point ©, eft infiniment petit, & fini pat- tout ailleurs, & qu'il va en croiffant à mefure que leur point d'ofculation s'éloigne de cette origine @; on voit, confor- mément au Corol. 4. du Théor. 6. que la courbe de chacun de ces arcs A, @K, va toüjours, au contraire, en dimi- nuant vers /7, K, depuis ce point d'inflexion @ de la courbe H@X qu'ils compofent, ou de celle 4 7' qui la trace (art. 25.) par fon développement commencé en ce point @; & qu'ainfi la plus grande courbüre de chacun de ces arcs oH,oK, eft à ce point d'nflexion @ de leur courbe HoK, ou de fa développée À @ 7, & la moindre en leurs termes H, K. Le Corol. 4. du Théor. 6. fait auñli voir, conformément à cela, que fi les arcs développés @ 4, @7, de la courbe AT, étoient des courbüres femblables de part & d'autre de fon point d'inflexion, les arcs © 4, @ X,, rélultants du dévelop- pement de ceux-là, commencé en ce point d’inflexion ®, Vi \ Fig. 18.19. 158 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE feroient aufli des courbüres femblables de part & d'autre de ce même point d’inflexion @ de la courbe H@ X qu'ils compofent. XXIX. Ce ne font pas feulement les courbes contour- nées qui, par leur développement commencé à leur point de contour ou d’inflexion vers leurs extrémités de part & d'autre à la fois, en engendrent auflr de contournées comme . ci-deffus, art. 2 $. car fi l’on fuppofe deux parties détachées, & des convexités oppofées d'une même courbe, telles que font, Figure 19. H À, Ko, lefquelles ayent une même afymptote A@ ; par exemple, deux parties HA, K@, d'hy- perboles oppofées, dont A foit une des afymptotes; & telles que commençant en Æ, K,, à fe développer à l'infini vers A®, en HE, KE, leurs points A, K, foit que ces points décrivants leur appartiennent, ou à leurs prolonge- ments en tangentes de ce côté-là, fe rencontrent à la fin en un même point Æ de leur afymptote commune À 9 ; il eft vifible que ces points #7, Æ°, des arcs HA, Ko, décriront ainfi enfemble une courbe HEËX contournée en £, laquelle aura (def. ) les droites infinies £ A, Ed, pour rayons ofcu- lateurs de fes arcs HE, KE, en fon point d'inflexion £, terme /def.) de ces deux arcs; lefquels rayons ofculateurs ÆEA, Eo, en ligne k: perpendiculaire { 74. 5. Corol. 2.) À ces deux arcs, en ce point d'inflexion Æ de la courbe HEK qu'on y voit ici contournée, feront l’une & l'autre infinis, au lieu que dans la contournée A @ Ken @ de la Fig. 18. les deux rayons ofculateurs de fes deux arcs @ A, @ K, en ce point ®, y font (art. 25.) infiniment petits; de forte qu'ils n'y ont de reffemblance avec les deux ZA, Æo, de la Fig. 19% dont'il s’agit ici, que d'être auffi entr'eux far. 2 $.) en ligne droite perpendiculaire en @, à chacun de ces deux ares A, @X, dans la Fig. 18. quoique la courbe A À que ces deux arcs y compofent, paroifle fi femblable à la préfente HEK de la Fig. 19. qu'il n’y a que leur génération ou le calcul qui les puiflent faire difcerner lune de l'autre, par cette RITDES SCIENCES 159 différence de rayons ofculateurs en leurs points d’infle- xion @, E. La raifon de cette différence infinie du fecond genre, entre ces deux fortes de rayons ofculateurs aux points d’infle- xion @, Æ, de ces deux courbes 4@K, HEK, dans les Fig. 18. 19. vient de celle de leurs développées, dont les arcs développés font infinis en Æ, dans la préfente Fig. 19. au lieu que dans la Fig. 1 8. ils étoient /article 2 5.) infini- ment petits en @, ces arcs développés étant toüjours égaux (Lem.) aux rayons ofculateurs qui leur répondent : ce qui s'accorde avec ce que M. le Marquis de l'Hôpital a démontré à fa maniére /Annal, des infiniment Petits, page 7 9.) de cette différence infmiment infinie des rayons ofculateurs aux points d’inflexion ou de contour de différentes courbes contournées, X X X. Un raifonnement femblable à celui de l'art. 26. - fait voir que les deux cercles infinis, décrits des deux rayons ÆEA, Ed, infinis dans le précedent article 29. Figure 1 9+ ofculateurs de la courbe Z£ K,, en fon point d’inflexion £, couperont & toucheront à Îa fois (Th. 6. Coroll. 2. 3.) de deux attouchements contigus, chacun en ce point Æ, celui des arcs EH, EK, duquel il y fera ofculateur, Pour le voir, imaginons ici, Fig. 19. comme dans art. 26. Fig. 1 8. deux autres cercles ZDC, LFG, ofculateurs auffi de ces deux arcs en deux autres points quelconques D, F, Iefquels cercles ayent {ef.) pour rayons les tangentes D M, FN, des arcs développés AM A, K NO, & pour centres les points d'attouchement 47, N, le Th. 6. part. r. fait voir, comme dans f'art. 2 6. que ces deux nouveaux cercles ZDC, LFG, couperont les deux arcs AE, KE, en D, F, de la maniére qu'on voit ici, où Æ eft /4ef.) le terme commun de ces deux arcs, & fous des angles fi petits, qu'aucun autre cercle ne pourra jamais paffer / 74. €. Corol. 1.) par aucun de ces angles, entre aucun de ces deux cercles-là & celui de ces deux arcs qui en fera coupé; & conféquemment /74. 6. Corol!. 2. 3.) que chacun de ces deux autres cercles DC, Fig, 1 9e Fig. 19. 160 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE L FG, aura auf, nonobftant'ces coupes ou interfctions, avec chacun de ces deux arcs AE, KF, chacun avec celui quil coupera, deux attouchements contigus de part & d'autre de leur point d’interfeétion, un en délee du côté de fon origine A ou #, & l'autre en dedans, du côté de fon terme Z; ce qui fera toûjours vrai, comme dans l'art. 26. pour chacun de ces arcs À £, K£, dans le mouvement continuel de leurs feétions D, F, vers leur terme commun £, jufqu'à ce qu'elles foient enfin l'une & l'autre infiniment près de ce point Z'; que les arcs DE, FE, en foient devenus infiniment petits, & que les cercles ZDC, L FG, ofculateurs de ces arcs en ces coupes D, F, foient devenus infiniment grands, par l'égalité qui fe trouve alors entre leurs rayons D M, FN, & les infinis £A, Eo, defquels ils font alors infiniment proche. Ainfi chacun de ces deux cercles infinis coupera encore chacun des arcs HDE, KFE, en chacun de ces points D, F, ur lors infiniment voifins de Æ, en touchant /7#. 6. Coroll. 2. 3.) cet arc de part & d'autre de cette coupe, en dedans, fur l'élement DE, ou F£, du côté de E, & en dehors, fur l'élement immédiatement fuivant, du côté de A ou X ; & ce cercle infini ofculateur en Æ d’un des arcs ADE, KFE, de là courbe 4 E K contournée (art. 29.) en ce point £, y trouvant fautre arc d'une convexité oppofée à a fienne, labandonne-là fans l'avoir coupé ni touché, non plus que s'il n'y étoit pas, comme il arrive article 26.) à chaque cercle infiniment petit, ofculiteur en @ de la courbe H@K de la Fig. 18. excepté que les attouchements y font à contre-fens de ceux-ci; ce qui vient {/74. 6. Coroll. 2. 3.) de ce que dans la Fig. 1 8. ? ct fart. 2 5.) l'origine commune des ares @ /4,oK, & qu'ici, Fig. 19. £ eft le terme commun des arcs HE, KE. € XX XI. Puifque farticle 30.) le cercle ofculateur au terme Æ£ de chaque arc HE, KE, de la courbe H ZX con- \ tournée en ce point £ dans la Fig. 19. y coupe & touche ét arc, comme fi l'autre n'y étoit pas, & comme fr cette courbe DB IN IS POTLENN UC EL ES 161 courbe fe terminoit-là, ce cercle ofculateur far. 3 0.) infini- ment grand, n'y exige {74 5. Corol. $.) que trois racines égales infiniment grandes, pour la détermination totale de fon rayon ofculateur ; defquelles trois racines, deux, de finies quelconques qu’elles étoient pour la détermination de la pofi- tion de ce rayon, deviennent infiniment grandes dans la détermination de fa longueur, qui fe trouve, par le moyen d'une d'elles & d’une autre, encore infiniment grande; ce qui en fait trois en tout infiniment grandes, pour la déter- mination totale de ce rayon ofculateur de la courbe HEK, en {on point d'inflexion Æ£ : ainfi un cercle ofculateur, en quelque point que ce {oit, d'une courbe contournée AE K décrite conume dans l'art. 29. n’y doit avoir /TA. 5. Cor. $) que trois racines égales, Icfquelles feront infinies au point d'inflexion Æ de cette courbe A EK, depuis lequel ces trois racines iront toüjours en diminuant jufqu'aux extrémités A, Æ, de cette même courbe HE X. XXXIT. Puifque (arr. 30.) le rayon ofculateur au terme Æ' de chacun des arcs ZE, KE, de Ia courbe HAEK contournée en ce point Æ, eft infini, & va toûjours en diminuant, à mefure que leurs points d'ofculation s’éloignent de ce terme Æ; on voit, conformément au Corol. 4. du Th. 6. que la courbüre de chacun de ces arcs HE, KE, va toüjours en augmentant vers À, À, depuis ce point d’infle- xion Æ de la courbe contournée A ÆEK dans là précedente Fig. 19. & qu'ainfi la moindre courbüre de chacun de ces arcs AE, KE, eff en ce point d'inflexion ou terme commun Æ de ces mêmes arcs, & la plus grande à leurs extrémités A, K; c'eft tout le contraire (arr. 28.) dans la courbe contournée Ho K de la Fig. 18. XX XII. Les art. 25.26.27. 29. 30. 3 1. font voir Fig. 18. 19. que les courbes H@Æ de la Fig. 18. & AEX dela Fig, 19. conviennent, en ce qu'elles font toutes deux (art. 25.29.) contournées, la premiére en @, & la feconde en Æ'; en ce que (articles 26. 30.) chacun de leurs cercles ofculateurs Mem. 17 1 3. AS, 4 162 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE oppofés en chacun de ces points d'inflexion @, Æ, y a un double attouchement de part & d'autre d'une coupe qu'il fait avec chacun de leurs arcs pris depuis chacun de ces points®, £, du côté de leurs extrémités ; & en ce que les cercles ofculateurs de ces deux courbes, ont par-tout /art. 27. 31.) chacun trois râcines égales : mais du refte, quoique femblables à l'œil, ces deux courbes H@X de la Fig. 18. & AÆEX de la Fig. 19. font très- différentes entr'elles, 1.0 En ce que les deux rayons ou cercles ofculateurs éppofés à chacun des points d’inflexion @, Æ, de chacune de ces courbes HQK, HEK , des Fig. 1 8.19. font (art. 26.) infiniment petits dans celle de là Fig. 1 8. ainfi que M. le Marquis de l'Hôpital l'a auffi fait voir dans F Anal, des infini- ment Petirs, page 8 o. & (arr. 30.) infiniment grands dans celle de la Fig. 19. ce qui rend les trois racines égales que chacun de ces cercles exige /art. 27. 3 1.) en chacun de ces points d'inflexion @, Æ, infiniment petites /arr. 27.) dans la Fig. 1 8. & infiniment grandes /art. 3 1.) dans la Fig. 19. La raifon de cette différence, vient de ce que le rayon ofcu- lateur (def. 7 Lem.) eft toüjours égal à l'arc développé, qui, en l'origine //yp.) @ du développement dans la Fig. 1 8. cf (art. 25.) infiniment petit, & qui, au contraire, eft infini- ment grand (art. 29.) au terme /hyp.) E du développement dans la Fig. 19. 2. En ce que les deux attouchements contigus de chaque cercle ofculateur en © avec chacun des arcs @ A, @ K, de la courbe Ho de la Fig. 1 8. & en Æ avec chacun des arcs ZA, EX, de la courbe HE K de la Fig. 19. font fart. 26. 30.) de côtés oppolés dans ces deux Figures, celui qui eft en dehors de chacun de ces ares dans la Fig. #8. étant en dedans dans la Fig, 19. & au contraire, eeluï qui eft en dedans dans la premiére de ces deux Figures, étant en dehors dans la feconde. La raifon de ceute différence, vient /T#. 6.) de ce que //yp.) l'origine du développement eft en ©, dans la Fig. 19, & en A, K, dans la Fig, 1 9. D'ENS LS OT EN CET: 16 32 Cctte raifon fait aufli voir / 74. €. Corol. 4.) que la plus grande courbüre de chacun des ares @ #4, @ À, ett en @ (art. 28.) dans la Fig. 18. & (art. 32.) en 4, K, dans la Fig. 19. leurs moindres courbüres, au contraire, font {article 28.) en H, K, dans la Fig. 18. & (art. 32.) en Æ dans la Figure 19. REMARQUES. XXXIV. Le Corol. 4. du Th. $. des Mémoires de 1712. & l'art. 10. de celui-ci, font voir que ces cercles touchants d'une courbe, exigent par-tout deux racines égales, excepté dans les points de rebrouflement, dans chacun defquels , quand ils ne font qu'à deux branches, les nomb. 1. des art. 17. & 22. font voir que le cercle touchant exige trois raoines égales. Un raïfonnement pareïl à celui de ce nombre 1. de Vart. 22. feroit auffi voir, en général, que chaque cercle touchant d'une coupe, en quelque point que ce foit, y exige toûjours autant de racines égales, plus une, qu'il en touche de branches d’un même côté de ce point ; de forte que fi l’on prend # pour le nombre de ces branches placées d'un mème côté de ce point où ce cercle les touche toutes, je veux dire, pour le moindre nombre de branches rebrouflées que la courbe eût d’un même côté, fi elle en avoit de part & d'autre de ce point de rebrouflement ; le cercle qui les y touchcroit toutes, y exigeroit 1-1 de racines égales, pour la pofition d’une perpendiculaire en ce point de rebrouflement , fur laquelle fon centre fe trouvit. C'eft ainfr que les cercles touchants des courbes non rebrouf- fées, torfes ou non, n'y exigent par-tout que deux racines égales, conformément au Corol. 4. du Théor. $. page 176. des Mémoires de 1712. & à l'art. ro. ces courbes n'ayant jamais qu’une branche de chaque côté de chacun de deurs points. Par la même raifon , des courbes rebrouflées à deux branches, des ayant toutes deux d'un même côté du point de leur rebrouflement, le cercle touchant y :exigera trois X ÿ Fig. 1.2. 3. Fig. 1. 164 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE racines égales, conformément au nomb. +. de 'art. 22. II y en exigcroit quatre, fr ces courbes étoient rebrouflées en trois branches, d'un même côté de leur point de rebroufe- ment; cinq, fi elles l'étoient en quatre; fix, fi elles l'étoient en cinq; & toüjours autant de racines égales, plus une, que la courbe auroit de branches rebrouffées d'un même côté, en quelque fens que les convexités ou concavités de ces branches fuffent tournées. XX X V. 1. Ona vü dans les articles 1. 6. 8. qu'une courbe AËH toute concave d’un feul côté, peut être égale- ment décrite par le développement /Fïg. r .) d'une autre AQT auffi toute concave, commencé à une / A) de {es extrémités, & par le développement {F3g. 2. 3.4.) des branches d'une courbe To Fou À H rebrouflée en fens contraire en ®, foit que ce développement commence au point de rebrouffe- ment @ (Fig. 2..3.) de cette développée To F, ou aux autres extrémités A, #, des branches égales / Fig. 4.) de cette même développée 4Q F4. 2.° Le Corol. s. du Th. s. fait voir de plus pour chacune de ces deux fortes de courbes AE H'toutes concaves chacune en même fens, que le cercle ofculateur en quelque point que ce foit, y aura par-tout trois racines égales, excepté au point où la feconde /Fig. 2. 3. 4.) eft rencontrée par @ Æ, tan- gente au point de rebrouflement @ de fa développée, auquel point Æ ce cercle ofculateur aura {art. 1 0.) quatre racines égales. XXX VI. L'art. 2. & [a réflexion italique qui le fuit, font voir enfemble que les courbes 47 concaves d'un feul côté, traceront des courbes À © S rebrouflées en fens contraire, par leur développement commencé par-tout ailleurs qu'à leurs extrémités ; & que ces courbes ainfi rebrouflées au commencement @ du développement, auront chacune deux rayons ofculateurs infiniment petits, oppolés en ligne droite de part & d'autre à leur point @ de rebrouflement, avec quatre racines égales infiniment petites dans chacun de leuss 0 DIE 15.19 CLL'E NC ES. 16$ cercles ofculateurs pareillement infiniment petits en ce point @ de rebrouffement; lefquels cercles s’y toucheront ainfi mu- tuellement en dehors. XXXVIL 1.0 On a auffi vü dans les art. 13.1 5. 19. qu'une courbe À £ H rebrouffée en même fens, peut être également décrite (art. 1 3. 1 $. Fig. 7. #. 9.) par le déve- loppement d’une autre 7@W, où A® F1, rebrouflée en même fens, commencé à fon point de rebrouflement @, ou aux extrémités À, À, de fes branches égales; & (art. r 9. Fio. 1 4) par le développement d’une contournée A@ 7" en @, com- mencé à une de fes extrémités jufqu'à l'autre, ou du moins par-delà fon point @ de contour. 2.° De ces deux fortes de courbes rebrouffées en même fens, l'art. 17. fait voir que le cercle ofculateur au point Æ de rebrouffement de celle / Fig. 7. 8. 0.) qui eft décrite par le dévelgppement d'une autre pareïllement rebrouffée en même fens, aura-là cinq racines égales; & l'art. 22. nomb. 3. fait voir, au contraire, que le cercle ofculateur au point de rchrouffement Æ de l'autre courbe À £ H (Fig. 1 4.) décrite par le développement d’une contournée, commencé ailleurs qu'à fon point de contour ou d'inflexion, n’aura-là que quatre racines égales, nonobftant fa reffemblance qui paroït être entre ces deux fortes de courbes À Æ£ Æ rebrouflées en même fens en Æ, dans les Figures 7. 8. 9. 14. ce qui fervira à diftinguer une de l'autre de ces deux fortes de courbes re- brouffées chacune en même fens, & à reconnoitre par le æalcul, leurs points de rebrouflement. | XX XVIII. r.° On a vû pareillement dans les art. 2 5. 29. qu'une courbe H@K, HE£XKX, contournée en ©, £, peut être également décrite par le développement /Æ3g. r 8.) d'une autre contournée quelconque À @ 7, commencé en fon point @ de contour ou d'inflexion ; & par le développe- ment Fig, r 9.) de deux arcs féparés HA, Ko, d’une même courbe, & de convexités oppofées à un même afymptote, ‘commencé en deux points #7, 4°, qui arrivent enfemble fix X ii Fig. 7. 8.9. 14n Fig. 18.19 Fig. 1, 2 LS 166 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE clle en un même point Æ, après l'entier développement de ces deux arcs infinis HA, Ko. | 2.0 Les art. 25. 29. font voir auffi que ces deux fortes de courbes contournées AQX, HEXK,, auront à leurs points de contour ou d'inflexion @, Æ£, chacune deux rayons ofcu- Jateurs en ligne droite perpendiculaire à ces courbes; mais que la décrite de la prenxiére maniére fart. 25. Fig. 18.) les aura infiniment petits en @, comme la rcbrouflée À @ S en fens contraire de la Fig. 1. les a {arr. 2.) en fon point de rebrouffement @ ; & que la décrite d'une autre maniére (art. 29. Fig. 19.) les aura infiniment grands en Æ; ce qui fervira à diftinguer enu'elles ces deux fortes de courbes contournées AK, ÊIEK, (Fig. 18. r 9.) avec leurs points de contour ou d'inflexion, ainfi qu'on l'a déja remarqué dans l'art. 29. 3.° Les art. 27. 3 1. font voir de plus que le cercle ofcu- lateur deichacune de ces deux fortes de courbes contournées HoK, HEK, n'aura en leur point de contour ou d'infle- xion @, Æ, que trois racines égales, comme /7#. 5. Cor. 5.) par-tout ailleurs; lefquelles trois racines égales feront (arr. 27. Fig. 1 8.) infiniment petites au point de contour @ de fa premiére H@ K de ces deux fortes de courbes, & (art. 37. Fig. 1 9.) infiniment grandes au point de contour Æ de la feconde HEK ; cè qui fervira encore à diftinguer entr'elles ces deux fortes de courbes contournées AK, HEK, (Fig. 1 8. 1 9.) avec leurs points @, £, de contour ou d'inflexion, XXXIX. Les art. 1. 2.7. 9. 12 4 4e I $e 16 19. 204 25. 29. font voir de plus, 1.2 Qu'il y a de trois fortes de courbes À £ H toutes concaves chacune d'un feul côté, les unes (art. . Fig, 1.) qui ont par-tout leur cercle ofculateur BÆK’, partie en dedans, & partie au dehors d'elles; d'autres far. 7. Fig. 2. 3.) qui Vont toût entier au dedans d'elles, en un de leurs points marqué dans l'art. 7..& d'autres au contraire /arr. 9. Fig. 4.) quif'ont tout entier au dehors d'elles, en un de leurs points DT ÆiSw SIC: LE Ni CHE NSe 167 auffi marqué dans article 9. Ces deux derniéres fortes de courbes { Fig. 2. 3. 4.) l'auront par-tout ailleurs (art. 1.) comme la premiére de la Fig. r. 2.° Qu'il y a de quatre fortes de courbes rebrouffées à deux branches; une (art. 2. Fig. 1.) de rebroufiées R oS en fens contraire en o; & les trois autres (art. 13.1 +19 Fig. 7. 8. 9. 14.) de rebrouffées À £ H en même fens en Æ. Les courbes de la premiére de ces trois fortes-ci, ont (art. 14. Fig. 7. 8.) chacune leur cercle ofculateur 8 EX en leur point Æ de rebrouflement tout entier au dedans de la concavité de leurs branches; celles de la feconde forte (art. 16. Fig. 9.) Vy ont, au contraire, tout entier au dehors d'elles; & celles enfin de la troifiéme forte (art. 20. Fig. 14) l'y ont, paflant entre les deux branches de chacune par l'angle DEF que ces deux branches font entrelles, en ce point Æ de rebrouffement en même fens, au lieu que dans les deux autres fortes de rebrouflées en même fens en Æ, dans les Fig. 7. 8. 9. aucun cercle ne fçauroit abfolument paffer entre leurs branches, par les angles DE F que ces branches font entr'elles : ce qui fait voir que de ces courbes 4 EF rebrouf- fées en même fens en Æ; celles de la Fig. 14. ont cet angle DEF plus grand que celles des Fig. 7. 8. 9. 3° Qu'il y a de deux fortes de courbes contournées: es unes AK (art. 25. Fig. 1 8.) ont chacune en leur point @ de contour ou d’inflexion, chacun de leurs deux cercles ofcu- lateurs infmiment petits; & les autres HE X (art. 29. Fig. 1.9.) ont infiniment grand en eur point £ d'inflexion. On pourroit encore adjoëter ici plufeurs autres remarques fur tout ce qui précede, par rapport aux propriétés différentes des courbes réfultantes des différents développements d'autres courbes quelconques; mais outre que ce Mémoire n'efl peut-être déja que trop long , les principes qui y font établis, de même que dans celui du 28.Juin 17 1 2. pag. 1 48. &c. les préfenteront fi clairement au Géometre le moins attentif, qu'il [eroit, ce me femble, inurile de m'y arréter ici davantage. CANCR ON Fig. 1,7. 8. 9: 14u Fig, 18. r9. 168 MEMOIRES DE’L'ACADEMIE ROYALE OB SE RFF AT TONS SUR LE VITRIOL ET SUR LE FER. Par M. GEOFFROY l’Aïîné. : E Vitriol eft une matiére fur aquelle les Chimiftes trou- vent abondamment de quoi s'exercer, foit qu'ils ne s'ap- pliquent qu'à examiner en Phyficiens Forigine de ce minéral, les principes dont il eft compolfé, les changements qu'il a fouf- ferts avant que de paroître en Sel, & les différentes fubftances en quoi il fe convertit; foit qu'élevant plus haut leurs idées , ils le regardent en Philofophes Hermetiques, comme la bale & le premier principe des matiéres métalliques qu’ils efperent purifier jufqu’au point d'en pouvoir former des métaux par- faits ; foit enfin qu'ils le confidérent en Médecins, comme une des principales colonnes de la Pharmacie chimique, & comme une fource prefqu'inépuifable de remédes très-efhicaces pour un grand nombre de maladies. \ Unc infinité de gens ont travaillé fur le Vitriol dans ces différentes vüës. Je ne n'arrêtcrai point à détailler ici toutes les opérations qu’ils ont données fur ce minéral, je rapporterai feulement quelques obfervations que j'ai faites en travaillant . fur ce Sel, qui peuvent fervir à en faire connoitre la nature & les propriétés. à On voit dans les boutiques trois fortes de Vitriol, le bleu; le verd & le blanc. Tous font compolfés d'un Sel acide, tel qu’il fe trouve dans Y Alan & dans le Soufre, à cela près que dans l'Alun cet acide eft mêlé avec une terre abforbante, ou une efpéce de chaux, que dans le Soufre il eft uni avec des parties grafles & bitu- mineufes, & que dans les Vitriols il eft joint avec des parties métalliques. Dans le Vitriol bleu ce fe] acide eff joint avec le cuivre; dans PB 18 FSAC AT IEAN C2E 19 169 dans le verd il eft joint avec le Fer, &: dans le blanc, qu'on nomme autrement Couperofe blanche , il eft joint , ou avec fa Pierre calaminaire, ou avec quelque terre ferrugineufe mêlée de plomb ou d'étain, Je ne parle aujourd'hui que du Vitriol verd, ou du Vitriol dont le fel acide ef joint avec du Fer. | Il faut d'abord remarquer que le Vitriol verd, qu’on nom- me ordinairement Couperofe verte , & qui fe tire de Liege ou d'Angleterre, font de certaines Marcaffites fulfureufes. qui, dans f'analyfe chimique, donnent toutes du foufre brûlant, Elles en font quelquefois fi chargées, qu'on eft obligé de l'en féparer par la diftillation ou la calcination , avant que d’en pou- voir faire le Vitriol. Enfuite on les expofe à l'air, où on les life pendant un affés long-temps, afin qu'elles fermentent en quelque maniére, après quoi elles s'ouvrent, elles fleurif- fent, & fe réduifent en pouffiére faline vitriolique. La pluie qui furvient, lave de temps en temps cette poufliére, en diflout les fels, &. coule enfuite dans des citernes, où on la referve pour la cuire en Vitriol. Il faut fçavoir de plus, que fi l'on évaporoit ces leflives telles _ qu'elles font, on n'en retireroit pas une grande. quantité de Vitrioh, mais une liqueur verdâtre ou brune, prefque. auflr acide que l'Eau forte, dont il n’y auroit qu'une très-petite por- tion qui prit la forme de fel, & dont le refte ne pourroit acqué- rir que la confiftance du beurre ou de l'huile figée. Pour avoir donc une plus grande quantité de Vitriol, on fait bouillir dans cette liqueur tirée des citernes, beaucoup de morceaux de Fer, qui donnent auffi-tôt une effervefcence confidérable. Lorfque ce Fer eft diflout, on fait évaporer la diffolution jufqu'à un certain point, & on la aïffe criftallifer. H fc forme une grande quantité de criflaux verdâtres, & il refte une liqueur rougeâtre, épaifle & onétucufe, qu'on nomme l £uu-mere de Vitiol. Cette liqueur ne fe criftallife jamais, elle ne fe congelé pas même au froid , mais à {a chaleur du feu elle s'épaiflit confi- dérablement, jufqu’à {e deffecher en une maffe jaunûtre, graffe Men, 171 3. s VE 4 470 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoÿaALE au toucher, d’un goût extrémement fliptique, fans acidité ni corrofion, quand on a eu bien foin d'en féparer le Vitriol par la criftallifation. Cette mafle jaunâtre eft graffe, & fe réfout aifément en liqueur à la moindre humidité de Fair. Tous les Sels foffiles laiflent une {emblable liqueur après Icur criftallifation. Mais ce qui eft plus remarquable, c'eft que ces fels, comme l’Alun, le Salpètre, le Sel Marin & ie Vitriol, quelque dépurés qu'ils foient déja, donnent dans toutes leurs criftallifations réiterées, quelque portion de cette Eau-mere où liqueur faline ontueufe, & dépofent en même temps quelque peu de terre fort fubtile & fort fine. Ces liqueurs, onétueufes en apparence, ont un fort grand rapport avec les liqueurs lixivielles, ou les diffolutions des fels alkalis, telles par exemple que l'Huile de Tartre, faites par dé- faillance. On a toüjours cru jufqu'ici que ces liqueurs étoient produites par les fels alkalis de la terre, qui s'étant trouvés en plus grande quantité qu’il n’en falloit pour faouler les acides, reftoient en forme de liqueur onétueule ; mais J'ai reconnu le contraire par mes obfervations ; car fi cela cftoit, un fel une fois criftallifé & bien dépuré de fa graiffe ou de fes fels alkalis, devroit fe criftallifér dans la fuite, fans donncr la moindre goutte d'Eau-mere. Or il en arrive tout autrement, car tous ces {els donnent à chaque criflallifation quelque peu d’Æau-mere, tantôt en plus grande & tantôt en plus petite quantité, fui- vant les différentes circonftances de l'opération : & je crois que fi on avoit aflez de conftance, à force de criftallifations, on réduiroit ces fels minéraux en ces fortes d'Æaux-merts, comme je l'ai fait fur le Vitriol, Car j'ai obfervé que ce minéral dépofe à toutes les diffolu- tions & digeftions qu'on en fait, un peu de terre fort fine, que je regarde comme la bafe ou le premier principe du Fer, & qu'il donne enfuite à chaque criftallifation un peu d'Eau mére : je l'ai même converti tout entier & afiés promptement en cette liqueur, comme on le verra par la fuite. Je vais rapporter les différentes maniéres dont j'ai tiré ces me” | | | | | 4 | DJE;S.,5 CAE NICE S 171 ÆEaux-meres de Vitriol, ou piütôt par lefquelles j'ai converti fe Vitriol en Æaux-meres, où cn liqueurs grafles &c ftiptiques. 1. J'avois fait difloudre, filtrer & criftallifer environ deux livres de Vitriol verd ou coupcrofe verte. Je fis une feconde diflolution de ces criftaux, dans fuffifante quantité d’eau, & je laiflai le tout en digeftion dans un vaifleau de verre ouvert par le haut & dans un lieu moderément chaud, pour quelque autre expérience que je prétendois faire fur cette diflolution. Au bout de quelques mois je m’apperçüs que Îa liqueur avoit pris une couleur rougeâtre plus foncée & un goût bien plus ftipti- que & moins acide, que n'avoit ki diflolution de Vitriol recen- te, & qu'il s’étoit précipité au bas de la liqueur une affés grande quantité de terre jaunâtre. Ayant laïflé ce vaifleau dans le même endroit pendant près de deux ans, je trouvai au bout de ce temps que toute l'humidité s'étoit évaporée, & que le vitriol s’étoit defféché en un pain de fort beaux criftaux verds, pofés fur un limon fort fin : c'étoit une efpéce d'argille de cou- leur cendrée, qui occupoit le fond du vaiffeau en affés grande quantité. 11 paroïfloit entre les criftaux, des cfflorefcences en maniére de petits champignons jaunâtres d’une fubftance graffe ou butireufe, molle fous les doigts, & s’y fondant en quelque maniére, qui expofée à l'humidité de l'air pendant quelques jours, s’y refolvoit en une liqueur rouge-brune, onétucufe, & d’un goût extraordinairement ftiptique & fans acidité. .… 24 La feconde opération qui me donna cette liqueur graffe & ftiptique, fut celle-ci. Je pris du Vitriol verd que je frs dif foudre dans l'eau commune, puis filtrer & criftallifer. J'expo- . faïenfuite ces criflaux au Soleil pendant l'été, où ils fe calciné- rent d'eux-mêmes à la chaleur du foleil, & fe réduifirent en une poudre blanche -auffi fine que de la farine : lorfque ce Vitriol ie parut bien calciné, je verfai deffus fuffifante quantité d’eau de pluie pour le diffoudre; je laïiffai pendant quelques jours digérer au Soleil cette diflolution, puis je la filtrai, & il refta fur le filtre beaucoup de terre jaune comme de l'ocre. Je fis enfuite évaporcr l'humidité au Soleil ; une partie du {el fe | L 5 Premiére opération. / Seconde opération, Troifiéme Opérauion, 172 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE criftallifa, & une partie fe deflécha en maffe faline, à la referve d'un peu de liqueur rougetre & grafle au toucher. Je féparai cette liqueur rougc-brune, & je laifai de nouveau calciner ce fel au Soleil. Je recommençai à difloudre cette chaux par l'eau de pluie, je fa laiffai en digeition au Soleil, puis je {a filtrai & évaporai, féparant toûjours la liqueur grafle, ce que je réite- rai de la forte pendant environ trois ans. À chaque fois il me reftoit un peu de terre fur le filtre, & de cette eau-mere ou li- queur ftiptique à la fin de la criftallifation, en bien plus grande quantité que lorfque l'on fait ces diflolutions & purifications du Vitriol, fans le laifler calciner au Soleil : enfin une grande partie du Vitriol fe réduifit en cette terre jaunâtre & en cette liqueur huileufe & ftiptique. 3.° La troifiéme maniére d'extraire cette huile ftiptique du Vitriol, en fournit une plus grande quantité que les deux récedentes. Je diftillai le Vitriol verd calciné jufqu’à la couleur jaune, dans une cornuë félée ou percée de quelques petits trous, pour avoir l'efprit volatil fulfureux acide du Vitriol, fuivant le procedé de M. Stahl inferé dans les Journaux de Hall en Saxe. Dans cette opération, aufli-tôt que la diftillation com- mence, on fent une odeur de foufre très-forte qui s’exhale des vaifleaux. Il fort des vapeurs fubtiles de la cornuë, qu'on a foin de recevoir dans un recipient, dontlevicrs doit eftre rem- pli d'eau. L'opération étant finie, on fépare le recipient dela cornuë, & l'odeur acide & fubtile qui exhale de ces vaifieaux en les délutant, eft auffi pénétrante & toute femblable à celle du foufre brûlant; de forte qu'on diroit à l'odeur, qu'ils fcroient pleins de foufre enflammé. L'eau contenuë dans le recipient, outre l'odeur fulfureufe, a une faveur acide toute femblable à Yefprit de foufre. Je ne n'arrêterai point à expliquer la caufc de ees effets, cela étant hors de mon fujet, & fAutcur l'ayant très-bien fait DIELS 18/0) IE IN CIS 178 dans l'explication qu'il a donnéede fon opinion dans les mêmes Journaux. Ce qui refte dans la cornuë, eft un «otar beaucoup plus rarcfié que Îc cocotar ordinaire, & d'un rouge plus vif, Ayant laiffé ce colcotar dans des terrines expofées à Fair, je m'apperçüs au bout de quelque temps, qu'il s'humeétoit, & qu'il fe réduifoit en bouillie; j'en fis une leflive, & j'en féparai par la filtration, une liqueur rouge, claire, d’une faveur fort fliptique & acide. Ayant fait évaporer cette liqueur jufqu'à pellicule; je la laïffai criftallifer, j'en retirai de beaux criftaux verds, & il me refta dans la criftallifation , une grande quantité d'Eau-mere ou de liqueur grafle & fliptique. Cette liqueur ou eflence ftiptique de Vitriol, eft de cou- leur rouge-brune, fort pefante, douce ou huileufe au toucher, d'une faveur extraordinairement aflringente, fans acidité ni acrimonie, pourvû que par les criftallifations réiterées, on l'ait féparée fort exactement du fel de Vitriol qu'elle pouvoit contenir. Elle fe defféche ou par l’ardeur du foleil pendant l'été, ou au feu en une maffe jaune faline, qui fe réfout très-promptement à l'humidité en une efpéce de beurre, & enfuite en une liqueur rouge : elle a néantmoins quelque peine d'abord à fe diflou- dre dans l'eau à caufe de fon onétuofité. Si on ne fépare pas foigneufement par la criftallifation, la partie du Vitriol qui fe criftallife, d'avec cette liqueur qui ne fe criftallife point, on s'apperçoit en la gardant quelque temps, qu'elle travaille fur elle-même, & qu'elle fermente fans cefle, quoique foiblement, ce qu'on découvre aux bubes d'air qui s'élevent de temps en temps du fein de la liqueur à'fa furface, ce qui n'arrive point lorfqu'elle eft parfaitement dépouillée de la partie du Vitriol qui e criftallife, Cette liqueur fermente très-confidérablement avec l'efprit de Nitre; elle s'échauffe feulement avec l'huile de Vitriol fans fermentation fenfible. Quand on la mêle avec l'huile de Tartre, il fe fait en premier Yi 174 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Jieu un coagulum, qui fe diflout enfuite, en fermentant affés vivement; & lorfque la fermentation ef cefée, il refle un leger coagulum mucilagineux. J'ai di que cette effence fliptique du Vitriol fe defféchoit ar une forte chaleur, en une maffe jaune faline. Cette matiére fe réduit en colcotar d’une très-belle couleur rouge, en la cal- cinant au feu , & cette mafle rouge fe réfout très-promptement en liqueur, étant expofée à l'air. La liqueur graffe qu'on retire du Vitriol dans ces trois dif- férentes opérations, & dans laquelle on peut convertir tout le Vitriol, eft une fubflance faline, fulfureufe, compote en partie d’un fel acide, en partie d'un {el alkali, & de la fubftance bitumineufe du Fer unie à ces deux fels. Nous avons déja dit que le Vitriol verd étoit compofé de {el acide vitriolique & de la fubftance du Fer, qui eft lui-même formé d’une terre groffiére & d’un bitume tous deux étroite- ment unis enfemble. Quoique le Fer dans le Vitriol y foit diflous par l'acide, au point de n'être plus fenfible à la vûë, fes molecules cependant y font aflez grofles , & il s'en faut beaucoup qu'il ne foit réduit en parties aufli petites qu'il le pourroit être: la raifon en eftque les molecules des acides vitrioliques qui conftituent le Vitriol, font fort groffiéres. Cette grofféreté, & peut-être même auff la figure des fels vitrioliques , les empêche de pouvoir s'enga- ger bien avant dans les pores du Fer : ils ne s'y attachent donc que très-fuperficiellement , en forte qu'ils s’en féparent fort ai- {ément, comme on en peut juger par la faveur acide du Vi- triol, qui n'eft produite que parce que ces pointes acides quit- tent le Fer pour picotter la langue ; on s’en apperçoit encore lorfque faifant difloudre une petite portion de Vitriol dans une grande quantité d'eau , on voit tomber au fond de l'eau le Fer en poudre fubtile, comme une rouille, & dépouillé des fels aufquels il étoit uni : ou lorfqu'ayant diffout le Vitriol dans une mediocre quantité d’eau, on le met endigeftion àune douce chaleur, car pour lors une partie des pointes acides, abandonne rent ren ou. D Es $S'c IE Nc E1$. 175$ Jes molecules ferrugineufes qu'on voit fe précipiter au fond en poudre jaune. Dans nos trois opérations, il arrive plufieurs chofes tout à la fois ; (Cavoir, la defunion d'une grande partie des acides du Vitriol d'avec Les molecules fcrrugineules ; la féparation de la partie bitumineufe du Fer d'avec fa terre la plus groflére, la rarcfaction de cette partie bitumineufe & de la fubftance faline: enfin une nouvelle union qui fc fait d'une partie de ces fels avec ce bitume ou huile de Fer rarefié, & une autre qui fe fait de l'autre partie de ces mêmes fels avec quelques molecules ter- reufes du Fer, pour compofer un fel alkali. Voici de quelle maniére je conçois que tout cela fe fait, Lorfqu'on expofe le Vitriol verd au feu ou au Soleil, & qu'on l'y laiffe long-temps en digeftion, foit à {ec foit diffout dans quelque liqueur, les particules de feu, ou, fi l'on veut, le foufre principe pénétre la partie bitumineufe du Fer, {a ramollit & la rarefie d'autant plus aifément, que le Fer dans le Vitriol eft divifé en plus petites parties. Ce même feu rarefie en même temps les fels qui deviennent par-R trop foibles pour tenir en diflolution les parties métalliques qu'ils foûtenoient auparavant dans le liquide, ou danses criftaux. De-R, il arrive deux chofes, r.e Le changement de couleur dans la diflolution qui devient rouge, & dans le Vitriol calciné, qui fe réduit pre- micrement en poudre blanche, puis jaune par Hi divifion des {els & l'épanouiffement des foufres. 2. La précipitation d'unc terre groffiére qu’on voit tomber au fond de la diffolu- tion, ou que l'on fépare du Vitriol calciné par diflolution & filtration. ÏL arrive dans ce même temps une autre chofe, qui eft le changement d’une portion du fel acide vitriolique en {el alkali, ce qui provient de ce que quelque portion de la terre que les foufics ont abandonnée. & qui fe trouve aflez fubtile pour flotter quelque temps dans le liquide , donne une libre entrée dans fes pores à ceux des acides qui ne font point encore liés avec les foufres; & comme ces acides font fort rarefiés, ils 176 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE pénétrent fort avant dans les pores de ces molecules, lés char< gent de tous côtés, & forment ainfi les pelotons hériffés des {els alkalis, comme nous voyons ces fels fe former dans nos fourneaux, de l'union des acides avec les molecules terreufes. Tous les acides du Vitriol ne fe convertiffent point.en alka- lis, parce que dans le même temps que les molecules de terre enguainent ceux-ci, des parties fulfureufes ou réfineufes du bitume du Fer embarraffent d’autres acides, les enveloppent, & les mettent hors d'état de pouvoir pénétrer librement dans les autres parties terreufes, qui tombent peu à peu au fond de la liqueur. Les nouveaux fels alkalis ne reftent point inutiles : ils ne font pas plütôt formés qu'ils commencent à agir fur les foufres dont ils font les diflolvants naturels : ils les étendent, les divifent, les détachent des parties terreufes avec lefquelles ils étoient étroi- tement unis, & augmentent parce moyen la précipitation de la terre du Fer, D'ailleurs ceux d’entre les fels acides qui n’ont point été convertis en alkalis, parce qu'ils fe trouvoient engagés dans les parties rameufes du foufre, quoiqu'afloiblis par ces efpéces de liens, ne laiffent pas d'agir {ur les fels nouvellement produits, foiblement à la vérité, mais aflez néantmoins pour occafionner la petite effervefcence qu'on apperçoit dans cette liqueur lorf- qu'on en ramaffe une quantité un peu confidérable. Quoiqu'il paroifle que cette liqueur ne dépofe point ou du moins ne dépole que très-peu de terre métallique, il ne faut pas croire néantmoins qu'elle n'en contienne plus. Elle en contient encorc beaucoup ; mais ayant été, auffi-bien que les autres principes, rarefiée très-confidérablement, elle eft en état de flotter dans ce liquide, entremêlée avec les foufres & les fels; & c'eft du mélange de cette terre, des foufres & des fels, que dépend la flipticité de .cette liqueur. J’attribuë ces changements des principes du vitriol aux parties du feu qui pénétrent ce fel dans les digeftions, dans les calcina- tions & dans les diftillations; on n’en pourra pas Mau i on CL DE pis 18: CHE nt CES. 177 f on confidere que lorfqu'on expofc du Vitriol en criftaux au Soleil, il s'y réduit en poudre blanche, non-feulement par la diflipation des parties d’eau qui tenoient les parties falines liées Pune à l'autre dans un certain ordre, mais encore parce qu'à la place des parties d'eau , il s’y introduit des parties de feu; la preuve en eff prife de la volatilité de cette poudre, qui pour peu qu'on la remuë, étant nouvellement calcinée, répand une odeur de Vitriol dans le lieu où on l'agite, qui fe fait ailément {entir par-tout. Une autre preuve encore plus con- vaincante eft que fi on jette dans de l'eau froide ce Vitriol nouvellement calciné à la feule chaleur du Soleil, il échauffe l'eau très-confidérablement, ce qui ne peut provenir que des parties de feu reftées dans cette poudre, puifque le Vitriol, fi fubtilement pulverifé qu'il puifle être, jetté dans l'eau en augmente la froideur, bien loin de l'échauffer. On ne peut point die non plus que dans fa difilation du Vitriol par la cornuë percée de quelques petits trous ou de uelques fentes , les parties de feu ne s’y infinuent , & que ce ne {oit à elles qu’on doive rapporter cette fubtilité & cette vo- latilité des particules acides du Vitriol, qui égale celle de ce même acide dans le foufre minéral lorfqu'on le brüle ; avec cette difference que fa rarefaétion eft lumineufe dans le fouffre, & qu'elle ne feft ps dansla diftillation de l'efprit volatile acide du Vitriol. Qu'il y ait une portion de cette liqueur qui foit alkaline, on le juge de ce que mélée avec l'efprit de Nitre, elle fermente très- vivement avec ébullition, petilement & chaleur , de la même maniére que font les fels alkalis. Cette même liqueur fermente auffi avec les alkalis, ce qui eft une marque qu'elle contient des particules acides. On ne doit point. eftre furpris d'ailleurs de voir dans une mème liqueur les acides & les alkalis confondus, & néantmoinstran- quiles, puifque dans toutes les analyfes des plantes & des ani- maux, nous trouvons des liqueurs qui donnent tout à la fois Mem, 171 3e 178 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des marques d'acide & d’alkali, & qui contiennent réellement Fun & l'autre enfemble, fans qu'ils agifent l'un fur l'autre, fur- tout lorfqu'il y a des parties huileufes ou bitumineufes qui y font mélées, Les Chimiftes, qui recherchent avec tant d'empreffement Yexaltation des foufres des métaux, ont, dans cette occafion, celui du Mars aufir exalté qu'il eft poffible, fans eftre néant- moins tout-à-fait dépouillé de fa terre métallique, ni denué par conféquent, des vertus qu'on attribuë ordinairement au Fer. Car on pourroit tellement féparer cette matiére fulfureufe de literre du Fer, qu’on la réduiroit à une huile fubtile & péné- trante , telle à peu-près que lhuile de Thérchentine , comme M. Homberg l'a fait ; mais pour lors le Fer eft décompolé , & la fubftance huileufe qu'on en fépare, n’a plus rien des pro- prietés du Fer dont elle faifoit partie. Je ne m'arrêterai point à examiner ici fi ce foufre eft le vrai foufre qu'ils imaginent dans le Mars, qu’ils croyent être d'une nature folaire, & propre à teindre les métaux en or. J'ai déja dit ma penfée fur ces fameux foufres métalliques dans les Mémoires précédents. Je dirai feulement que cette liqueur ne differe point eflentiellement d'un grand nombre de prépara- tions que les Chimiftes ont faites du Vitriol, du Fer & de la Pierre Hæmatite, & dont ils nous ont fi fort vanté les grandes proprietés fous les noms de Soufres fixes 7 Anodins du Vitriol ou du Mars , d'Arcanes & de Magifleres de Viriol, de tein- tures & d'huiles de Virriol, de Mars où de Pierre Hæmatite ,. qui n'ont toutes pour bafe que le Fer très-fubtilifé & très- attenué. Cette Eau mere de Vitriol eft un très-bon ftiptique dont je me fuis fervi avec fuccès, tant appliquée extérieurement dans les hémorragies des plaies extérieures, que prife intéricure- ment dans les pertes de fang. Cette liqueur fliptique eft moins corrofive que l'Eau de Rabel, & beaucoup plus aftrngente ; elle n’excite aucune naufée, prife intérieurement; elle arrête les D'E S S CITE N CES, 1 flux de ventre, les pertes de fang & les fleurs blanches ; elle convient dans les crachements de fang, dans les ulcéres de poumon, des reins ou de la vefie, où je la préfere aux gouttes anti-phtifiques des Anglois. Elle a cela de commun avec les autres préparations du Mars, qu'elle provoque les regles fuppri- mées des femmes. IL faut avoucr que cette liqueur tient toute fa vertu du Fer; qu'on regarde tout à Îa fois comme un très-grand apéritif, comme un puiflant aftringent , & j'adjoûterai de plus, comme un bon vulneraire ; car cette liqueur n’eft proprement que le Fer contenu dans le Vitriol , fort rarefié, feparé de la partie acide & furabondante du Vitriol , avec laquelle il n'étoit que foiblement uni, & joint beaucoup plus intimément avec l'autre portion de ce fel, fous la forme de fel alkali, & refout dans un peu d'eau. La ftipticité de cette liqueur, auffi-bien que celle du Vitriol, dépend principalement du Fer qui y eft diffous, car le fel vi- triolique féparé du Fer n'eft point du tout fliptique, comme on le peut reconnoïître en goûtant le {el fixe du colcotar bien dépouillé de fa terre métallique: & lefprit de Vitriol n’eft point fiptique , quoiqu'il puifle quelquefois arrêter le fang, ce qu'il fait par fa cauflicité en brûlant & defléchant le fang, les chars & l'extrémité des vaifleaux. C'eft à la ftipticité du Fer qu'il faut attribuer les vertus mer- veilleufes de ce métal, & qui paroiflent tout-à-fait oppolées, comme d'être apéritif& aftringent , d'arrêter les pertes de fang des femmes, de provoquer leurs regles fupprimées , d'arrêter les dévoyements, d'ouvrir quelquefois le ventre, de lever les obftruétions des vifceres , de remedier à leur trop grand relà- chement, de fubtilifer ces liqueurs trop épaiffes & trop grof fiéres, & de diminuer quelquefois leur trop grande fluidité : ce-qui paroïtroit un paradoxe ou une fiction, fron i'éprouvoit | pas tous les jours ces effets contraires dans la pratique ordinaire de ce remede, Zi 380 MEMOÏIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Les Chimiftes ont reconnu ces différentes proprietés du Fer, & ils ont cru qu'elles dépendoient de deux principes fort différents : C'eft pour cela que dans les différentes préparations de ce métal, ils ont cherché à exalter dans les unes fa vertu apé- riive & à faire un Aars apéritif, & dans les autres à faire ur Mars affringent , en exaltant fa vertu aflringente. De-là font venus Îes chaux, les fafrans , les fels, les teintures de Mars apé- ritives & aftringentes ; les unes dans la vûë d'ouvrir, les au- tres dans l'intention de refferrer. Mais ce qui eft digne d'atten- tion, c'eft que fouvent leurs préparations de Mars aftringent ne laitfent pas de pouffer par les urines & les felles, que les prépara- tions du Mars apéritif guériflent fouvent des flux de ventre opiniâtres & invéterés : & de plus, c'eft que toutes prépara- tions de Mars rappellent les regles fupprimées des femmes, & arrêtent leur flux immoderé. Si je cherche quelle peut être dans le Fer ou dans fes pré- parations, la caufe de deux effets fi contraires, je n'y remarque que la feule aftriGtion ow ftipticité à laquelle je les puiffe attri- buer; & en effet, elle peut fort bien elle feule produire ces différens effets; c'eft ce que l'on concevra aifément, fi on fait réflexion que ces différents accidents font produits pour l'ordi- naire par unc feule & unique caufe, qui eft la foiblefie du reffort des fibres des vaiffcaux dans lefquels les liqueurs doivent cir- culer ou fe filtrer, foit qu'elle provienne du relâchement de ces mêmes fibres, foit que les liqueurs étant devenuës plus épaifles & moins fluides, oppofent une plus grande réfiftance à la force de reffort des fibres qui doivent les poufler & les battre : car comme les fucs du corps ne roulent dans les petits canaux des vifceres , qu'autant qu'ils font pouflés par le battement vif des fibres de ces vaiffeaux , fi leur reffort vient à fe relâcher par quelque accident, ou fi les liqueurs devenues trop épaifles , réfiftent trop à l'impulfion des fibres des vaiffeaux, la liqueurne coulant que foiblement ou point du tout dans ces conduits, fe grumclera & fera des obftruétions ou de petites digues-dans DÉS: SAGE N Cris 187 les extrémités des canaux ou dans la glande, ou bien ff ces fucs arrêtés ne font pas de nature à fe grumcler & qu'ils reftent fluides, ils gonfleront tellement les vaifeaux, qu'ils en écarte- ront les fibres fuffifamment pour fe glifier entr'elles & s'extra- vafer par leurs pores, ou même ilsles déchireront & {e feront ainfi de nouvelles iflues. Il y a bien de l'apparence que c'eft de cette maniére qu'arrivent les flux immoderés de certaines éva- euations ordinaires, ou leurs fuppreffions, auffi-bien que les épanchements de liqueurs qui furviennent contre nature. Dans ces différents évenements on concevra fort aifément que le Fer par fa flipticité, reflerrant les fibres & raffermiffant le tiflu des vaifleaux,, en rétablira le reflort ou l'augmentera ; que le reflort des folides augmenté, lesliqueurs trop épaifles fortement battues dans les vaifleaux, fc diviferont & repren- dront leur fluidité naturelle, & qu'ainfi la circulation de ces mêmes fucs, auffi-biemqueleurs fltrations, fe feront plus libre- ment & plus parfaitement ; que par ce moyen les regles fup- primées par l'obftruction des vaiffeaux, reprendront leur cours naturel ; que les pertes de fang caufées par l'épanchement du fang au travers des pores des vaifleaux gonflés outre mefure, eu caufées par le déchirement de ces mêmes canaux, cefferont; que les hidropifies occafionnées par de legeres obftructions dans quelques parties , ou par le défaut de reffort des fibres des parties, guériront par ce remede; que les dévoyements pro- duits par un fumple relâchement des fibres de l'eftomac & des inteftins, s’arréteront de même, & ainfi des autres maladies qui fe guériffent par l'ufage du Fer. À la vérité, il faut que les obftruétions ne foient pas infur- montables, c’eft-à-dire, qu'elles puiffent ceder à la force de reffort dont les vaiffeaux font capables, fans quoile Fer non- feulement fera inutile, mais même nuifible, parce qu’augmen- tant la circulation des liqueurs, il les pouffera avec plus de vio- Jence vers les digues infurmontables à cet effort, comme # arrive dans les hidropifies invéterées , dans les obitruétions- Z ïij, 182 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE fquirreufes & danslesaffections fcorbutiques poufféesau dernier degré. La même chofe arrivera aufi fi la confiftance du fang eft trop épaiffe & trop forte pour être divifée par la trituration ou le battement des fibres, comme dans les fiévres hectiques ou danses affections mélancoliques invéterées & portées à leur dernier degré: car dans toutes ces maladies, les remedes calybés font très-nuifibles & caufent en quelques-unes des hémorragies mortelles, & en d'autres des fueurs & des dévoyemens qui e- ortent le malade, ; A l'égard des préparations du Fer que l'on doit choifir, les Médecins font fort partagés fur cela; les uns préferent l'acier au Fer, les autres le Fer à l'acier, les uns la fimple limaiïlle à toutes les autres préparations, d’autres le fafran de Mars préparé à la rofée de May, d’autres le fafran préparé avec le fouffre, le fel & la teinture de Mars par le Tartre. Dans les occafions où on veut donner le Mars en fubftan- ce, je préfere le fafran de Mars ouvert par la rofée, à la limaille & aux autres fafrans, parce que dans cette préparation le Mars eft plus rarefié & réduit en plus petites parties que la limaille, qu'il ne charge point l'eflomac comme elle fait très-fouvent ; & que d’ailleurs, la falive & le fuc flomacal qui eft un difiol- vant falin fulfureux , tire plus aifément la teinture de cette rouille, que du Fer en limaille. Je crois par la même raifon le Fer préferable à l'acier , parce que dans l'acier les parties du métal font beaucoup plus com- paétes que dans le Fer. A l'égard des fafrans, je les crois tous fort inférieurs à la rouille préparée par la rofée , parce que dans celle-ci les par- ties du Fer font feulement étenduës & divifées en très-petites parties, fans être altérées , au lieu que dans les autres fafrans, ou bien ils font faoulés d'acides, ou bien fi ces {els ont été emportés par le feu dans de fortes calcinations, la partie bi- tumineufc du Fer qui n’eft pas la moins utile, a été enlevée, où tellement defléchée, qu'elle eft, pour ainfi dire, réduite DES SICLE IN: CES: 183 en charbon : ce qui empêche que ces parties métalliques ne puiflent être aifément diffoutes par les levains de feftomac. * Maïs de toutes les préparations du Mars, je préfere celles qui font en liqueur à celles où on le prend en fubftance ; parce que les parties du Fer réduites en liqueur, font pour lors plus en état de fe mefler avec tous les fucs du corps, de fe porter promptement dans toutes les parties, d'y répandre leur action, & d'y faire leur effet fans fatiguer d'ailleurs l'eftomac. La préparation dont je me fersle plus fouvent, & avec beau- coup de fuccès, eft le vin calybé ; ou le vin dans lequel on a fait infufer de la limaïlle de Fer. Ce métal étant un compofé d'une terre & d’un bitume étroitement liés enfemble, trouve dans le vin un diflolvant très-convenable , compofé d'un fel effentiel, acide, fubtil, & d'une huile très-rarefiée. Pendant que cette huile fe charge du bitume du Fer, le fel acide fait la diffolution de la terre mé- tallique, & le métal fe trouve par ce moyen rarefié autant qu'il le peut être, & réduit en parties aflés petites pour être porté jufques dans les canaux du corps les plus deliés & les plus reculés. On en donne environ quatre onces le matin à jeûn dans quelqu'opozéme apéritif, & autant l'après- diner ; ou bien on l’étend dans beaucoup d’eau , qu’on fait boire au malade en guife d'eau minérale pour la fuppreffion des regles & les maladies d'obftruétions. Dans {es foibleffes d’eftomac & les dévoyements, le malade met une cuillerée de ce vin dans. - chaque verre de boiïffon qu'il prend. Je préfere cette préparation à la teinture de Mars ordinaire faite avec le Tartre, parce que le T'artre étant infiniment plus groffier que le vin, ne divife pas le Fer en parties auffi fines. -&c auffr fubtiles. Dans cette préparation du vin calybé, la partie terreufe- du Fer femporte encore beaucoup fur fa partie bitumineufe ;: & comme il y a des occafions où on a autant befoin de la: 184 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE partie biiumineufe du Fer, que de fa partie métallique & afkringente, comme dans les crachements de fang,, les ulceres du poumon, &c. Je préfcrerois, dans cette occafion, la teinture anti-phüfique des Anglois, ou plütôt la teinture de Mars de Zuelfer, qui eft faite avec la Zerre foliée du T'artre & e Vitriol de Mars broyés enfemble & digerés dans l'efprit de vin, qui prend une très-belle teinture rouge. Cette teinture cft chargée de la plus grande partie du bitume du Fer & d’une médiocre portion de la terre métallique fa plus fubtile, parce que la terre foliéc étant un menftrue fain huileux, ne fe charge prefque que de la partie bitumineufe du Fer, qu'elle dépole enfuite dans Fefprit de vin, & cet efprit ne fe charge lui- même que de la partie fulfureufe la plus rarefiée, à 11 referve d'une très-petite portion de terre fort fine, qui fe trouve infé- parable de la partie bitumineufe:; auffi cette teinture eft-elle cftimée très-propre à adoucir F'acreté de l'humeur qui entre- tient les ulcéres des poulmons , des reins & de a veffie, & à déterger & confolider les mêmes ulcéres. Ce n’eft pas dans cette feule occafion qu'on a reconnu la vertu balfamique & vulneraire du Fer; il ÿ a long-temps que Jon a dit de lui, Pangit € ungir, fauciat 7 fanat. W y a eu des Chirurgiens dans ces dernieres guerres qui ont employé avec fuccès pour la guérifon des plaies, les Pierres vulneraires préparées les unes avec le Tartre & le Mars fimplement , les autres avec d’autres drogues balfamiques & vulncraires qu'ils y Joignoient. Pour la Pierre vulncraire fimple, ils prennent égale par- tie de limaille de Fer & de Tartre blanc pulverifé, ils en font une pâte molle avec le vin ou l'eau de vie, & on laiffe la matiére en digeftion au Soleil durant l'été; la remuant de temps en temps jufqu’à ce que le tout foit entiérement defé- ché. On remet la mafie en poudre, on la détrempe enfuite avec le vin, la faifant digérer de nouveau & puis deflécher; on réitere ces opérations jufqu'à ce qu’on n'apperçoive plus de grains PE pi ft tes tnt ot dir dm dd d sbnttitl 1 Y ; DE S,.$; C;1 E AN..C. Es. 185 de grains de limaille, & que le tout fe mette en poudre fort fine. Pour lors avec l'eau de vie on en forme des boules qu'on laifle deflécher à L'air & durcir: c’eft La Pierre vulneraire fim- ple dont on vante fort les vertus pour la guérifon des playes & des ulcéres, On fait tremper quelque temps cette Pierre dans le vin , Veau de vie ou l'urine, & on lave avec cette diffolution Îes playes fimples, ou bien on en feringue dedans, quelquefois on répand fur la playe, de a Pierre même réduite en poudre pour arrêter les hemorragies, & on applique deffus des com- prefles trempées dans {a même diflolution , qu'on renouvelle de vingt-quatre en vingt-quatre heures. On fait la même chofe pour les ulcéres qu'elle defléche & cicatrife très - prompte- ment. C'étoit de cette compofition ou préparation du Mars que Willis faioit aufli des eanx minérales artificielles, mettant tremper ces Pierres dans une grande quantité d’eau pour faire boire aux malades en maniére d'eaux minérales. C'eft aufi le Mars potabilis de Maëts. La Pierre vulneraire compofée fe fait de différentes manié- res. On en voit plufieurs defcriptions fous les noms de Lapis medicamentofus , Lapis mirabilis, & de Lapis falutis. En voici une dont j'ai vû de fort bons effets. Prenez limaille de Fer, & Picrre hæmatite pulverifées de chacune trois onces, Crême de Tartre fix onces ; faites-en une pâte avec le vin que vous ferés digérer & fécher comme Îa précédente. Réiterés les digcftions & exficcations jufqu'à ce qu'on n'apperçoive plus de Fer. Alors mettés votre pâte féche en poudre fort fubtile : mêlez-y exactement du maflic en larmes & du fafran bien pulverifés, de chacun une demi-once. Faites diffoudre dans le vin une once d'aloës & autant de mirrhe, Arrofés vos poudres de cette diflolution, & verfés par deffus du vin à la hauteur de quatre doigts. Laiflés le tout en digeftion , remuant de temps en temps , puis évaporés la liqueur jufqu’à ficcité, Remettés la pâte en poudre, humectés- Men. HAT ge i À a ‘ 186 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la avec l'eau de vie, & en formés des boules que vous ferés fé- cher pour garder. : Dans ces Pierres le T'artre divife le Fer & la Pierre hæma- tite, qui eft elle-même un fer ouvert. La partie fulfureufe du vin rarcfie le bitume du Fer, & le rend par-là plus en état de confolider les playes & de les refermer. Les gommes & réfi- nes qu'on y joint ne peuvent encore qu'étendre ce bitume du Fer & augmenter Ja vertu balfamique de cette Pierre par la fur propre. DES SCIENCES 187 ‘ DE LA FIGURE DE LATERRE. Par M. Cassini. N Ous n’entreprenons point ici de rapporter les divers fentimens qui ont partagé les Philofophes touchant 1a Figure de la Terre. | On ne peut guéres s’imaginer de Figure qu'ils ne lui ayent attribuée ; car fans parler de ceux qui la crurent femblable à une colomne , à un tambour, à un cone, ou à un arbre dont la racine fur laquelle elle étoit appuyée, s’étendoit à l'infini ; il y en eut quelques-uns qui la Jugerent platte , fans y admet- tre d'autre inégalité que celle qui y eft caufée par les mon- tagnes. | D'autres craignant que les eaux de la mer ne vinflent à s'écouler fi elles n'étoient refferrées par quelques limites, lui donnerent {a Figure d’une Hemifphére concave. D'autres enfin, confiderant que le fommet des tours & des Hautes montagnes s'appercevoit de loin, pendant que leur pied étoit caché fous l'horifon ; que ceux qui étoient dans des lieux plus élevés voyoient le Soleil fe lever plütôt & fe coucher plus tard que ceux qui étoient dans des lieux plus bas; que l'ombre de a Terre paroïffoit avoir dans les Ecliples de la Lune une figure circulaire ; & que les perfonnes qui voyagcoient du Septentrion au Midi, voyoient les Etoiles Auftrales s'élever fur l’horifon à mefure que les Etoiles fepten- trionales s’abbaifloient, jugerent qu'elle étoit fphérique. Ce fentiment qui étoit fondé fur des raifons folides, fut prefque generalement reçû de ceux qui entreprirent avant nous de déterminer la grandeur de la Terre par des opéra- tions géométriques. Ils employérent la mefure d'une petite portion de fa circonférence, pour en conclurre toute fon éten- duë, en fuppofant que tous les degrés des Méridiens de la Aaï 188 MEMoIRESs DE L'ACADÈMIE ROYALE “Ferre étoient égaux entr'eux, & que les lignes perpendiculaires à l'horifon, qui paflent par le Zénit & melurent les degrés dans le Ciel, étoient dirigées vers un même point qu'ils ju- geoïent être le céntre de la Terre. Plufieurs grands Géométres de notre temps ont abandonné cette hypothcfe de Ia fphéricité de la Terre. M. Newton dans fes Principes Mathématiques de là Philofophie naturelle, ayant confideré que la force qu'il nomme centrifuge, & qui réfulte du mouvement journalier de 1 Terre, devoit élevér, fuivant l'Equateur, les parties qui tendent à s'éloigner de l'axe de Ja Terre , jugea qu'elle devoit être abbaiffée vers les Poles, & il trouva felon {es principes, que fuppofant la Terre d'une matiére uniforme , auffi denfe à fa circonférence que vers fon centre, le diametre de l'Equateur devoit être au diametre qui pafle par les Poles, comme 69 2 à 689. M. Huygens dans fon Difcours de Ki caufe de la pe- fanteur , ayant confideré qu'à Cayenne, qui n’eft éloignée de l'Equateur que de quatre à cinq degrés, un pendule qui bat les fecondes y eft plus court qu'à Paris d'une ligne & un quart, d'où il fuit que fi on prend des pendules d’égale lon- gueur , celui de Cayenne fait des vibrations un peu plus len- tes que celui de Pañs ; jugea que la caufe de ce Phénomene pouvoit être rapportée au mouvement journalier de la Terre, qui étant plus grand en chaque pays , felon qu'il approche plus de la ligne équinodiale, doit produire un eflort propor- tionné à rejettcr les corps du centre, & leur ôter par confé- quent une certaine partie de leur pefanteur. Il adjoûte que ect effort, qui réfulte du mouvement circulaire de la Terre , doit écarter de la perpendiculaire un plomb fufpenda à une corde; & que comme la füurface de tout liquide fe difpole en forte que la ligne de fufpenfion lui foit perpendiculaire, parce qu'au- trement il pourroit defcendre davantage, il fuit que la Mer a la figure d'un fphéroïde, & que la T'erre a dû s’y conformer lorf- qu'elle a été affemblée par l'effet de la pefanteur. Sur ces prin- cipes , il avance comme un paradoxe, que la Terre n'eft pas DES SCIENCES. 189 tout-à-fait fphérique, mais d'une figure de fphére abbaiffée vers les Poles, telle que feroit à peu près une Ellipfe en tour- mant fur fon petit axe, & il conclut que le diametre de V'E- quateur excéde l'axe de la Terre de +, au lieu que fuivant M:Newton, cet excès n’eft que de —— du diametre de E- quateur. Tout au contraire, M. Einfenfchmid célebre Mathemati- cien de Strafbourg , ayant examiné la grandeur du degré qui refüultoit de plufieurs dimenfions faites fous différents paralleles par divers Mathématiciens , trouva que la grandeur du degré de {a Terre tirée des mefures de Snellius faites en Hollande, étoit plus petite que celle que M. Picard avoit déterminée par fes obfervations faites en France qui eft plus vers le Midi ; que la grandeur du degré qui refulte des mefures de M. Picard faites aux environs de Paris, étoit plus petite que celle qui avoit été trouvée par le P. Riccioli à Bologne qui cft plus nxridionale que Paris, & que celle-ci étoit encore plus pe- uite que la grandeur du degré qui avoit été autrefois détermi- née par Eratofthenes entre la ville d'Alexandrie & celle de Syene qui étoit fous le Tropique du Cancer ; cette inégalité de degrés qui augmentoient de grandeur en s’approchant de la ligne équinoétiale, lui fit juger que la Terre n'étoit point fphérique, mais qu'elle avoit la figure d'un fphéroïde allongé vers les Poles, dont les Méridiens font repréfentés par des Elhples & l'Equateur, & les paralleles par des cercles. Il détermine fur ce fondement l'inégalité des degrés d'un Méridien de la circonférence de la Le ; mais il avouë qu nl fcroit à fouhaiter qu’on fit encore de ces obfervations près du Pole & de l'Equatcur, pour déterminer plus exaétement & avec plus de certitude la figure & la grandeur de la Terre ; & que la ligne méridienne qu'on devoit tirer par l'Obfrva. toire Royal de côté & d'autre jufques aux confins du Royau- me feroit d'une très- grande importance pour décider cette queftion. H rapporte auffr dans fon Traité de la Figure de la Terre A à iij 390 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE les fentimens de divers auteurs, qui ont, de mème que lui, jugé que la Terre étoit allongée vers les Poles, & il cite entrau- tres M. Burnet, qui confidérant que par la révolution jour- naliére de la Terre, la mafle de l'eau reçoit un plus grand de- gré de vitefle vers l'Equateur que vers les Poles, où elle décrit de plus petits cercles , les parties de l'eau qui font les plus agi- tées, font effort pour s'éloigner du centre de leur mouvement, & ne peuvent s'élever à caufe de l'air qui les environne de tous côtés & qui leur réfifte; de forte qu'elles font obligées de s’écouler de part & d'autre pour fe mettre en équilibre : car, adjoûte-t-il, les eaux qui trouvent quelqu'obftacle, s'écou- lent du côté où elles trouvent un paffage , & où leur mouve- ment cft plus Hbre, de forte que par la diminution des eaux de la Mer qui font vers l'Equateur , le giobe de l'eau s'eft un eu allongé vers les Poles , & la croûte de terre qui s’eft formée par-deffus, a dû prendre la même figure. Dans cette diverfité d'opinions touchant la Figure de Ja Terre, nous avons cru devoir examiner quelle eft celle qui refulte des Obfervations que nous avons faites dans la partie méridionale de la France, comparées à celles que M. Picard avoit faites dans des lieux plus feptentrionaux. La mefure de la Terre de M. Picard s'étend depuis le pa- rallele d'Amiens, qui eft de49% s 4’ 46", jufqu'au parallele de Malvoifine, qui eft de 484 31° 48", & dans cet intervalle qui eft d'environ un degré & un tiers, la grandeur du degré d'un Méridien refulte de 57060 toiles. Nos mefures commencent à l'Obfervatoire Royal de Paris qui eft fous le parallele de 484 50° 10" & fe terminent à Collioure, qui eft vers l'extrémité méridionale de la France fous le parallele de 424 3 1° 13". Dans cette étenduë qui eff de 64 r 8" 5 7" nous avons trouvé la grandeur de chaque degré, Fun portant l'autre, de $7 100 toiles. Ainfi fi l'on fuppofe les obfervations de M. Picard & les nôtres, exaétes dans toutes leurs circonftances, il refulte que les degrés qui font vers le Septentrion font plus petits que ceux qui font vers le Midi, DES SerEnN cEls 197 & que par conféquent la figure d'un Méridien de a Terre doit être telle, que les degrés augmentent plus on s'approche de l'Equateur, & diminuent au contraire enallant vers les Poles; ce qui eft fa propriété d'une Ellipfe dont le grand dia- metre repréfente l'axe de la Terre, & le petit diametre celui de l'Equateur, comme on le démontrera dans la fuite. Cette Ellipfe tournant autour de fon grand axe forme par fa révolution un fphéroïde dont les Poles font aux extrémités du grand axe, & dont l'Equatcur & les paralleles font repré- fentés par des cercles. Cette Figure eft celle que nous attri- buons à la Terre, & nous donnerons, fuivant cette hypothefe, une méthode fort fimple pour divifer les Ellipfes qui repré- fentent les Méridiens de la Terre en degrés & minutes, & déterminer l'inégalité de ces degrés , qui. font terminés dans le Ciel par des perpendiculaires à l'horifon , lefquelles pañlent par le Zénit & coupent tout l'axe de la Terre en des points différents. Soit BDCR , une Ellipfe qui repréfente un Mé- ridien de la Terre , dont les Poles 2 & €, foient à l'extrémité du grand axe BC, & dont les foyers Æ & F, foient pris à difcrétion. On veut divifer cette Ellipfe en degrés, c’eft-à-dire, trou- ver divers points Æ, 1, V, tels que la diftance du Pole au Zénit de chacun de ces points foit d'un certain nombre de degrés donnés tels que fon voudra. Soit mené d'un des foyers de l'Ellipfe E, la ligne ET, qui faffe avec l'axe BC, un angle BET égal à la diflance donnée du Pole au Zénit. Soit pris avec un compas un intervalle égal à axe BC, & de l'autre foyer F, comme centre, foit décrit à cet intervalle un arc dc cercle qui coupe en T'la ligne ET, Je dis que k ligne FT tirée du point 7'au foyer F, coupera 'Ellipfe au point Æ, qui eft tel que Îa diftance du Pole au Zénit de ce lieu foit du nombre de degrés donnés. 5 : 192 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE DOE-M'O N°S"T7 RAT ITOMN: Du point A foit élevée HZ perpendiculaire à l'Ellipf qui pafle par le Zénit Z, & étant prolongée en dedans rencontre l'axe de la Terre en O, & divife par la propriété de l'Ellip{e, l'angle EF en deux parties égales. Soit auf mené du point Æ, HP parallele à l'axe BC,-& dirigé au Pole P qu'on fuppofe à une diftance infinie. L’angle PHZ ou POZ mefure la diftance du Pole au Zénit d'un habitant qui {croit fur la Terre au point Æ. Par la TPE ne ut dent DES SCIENCES. 193 Par la conftruclion FT eft égale à l'axe BC; mais BC par la propriété de l'Ellipfe eft égale à ZA plus AF ; retran- chant FA commun, on aura £ A égal à AT. Les angles ETH, TEH , feront donc égaux, & par conféquent cha- cun la moitié de l'angle externe £HF; mais l'angle EHO eft auffi égal à la moitié de l'angle £HF'; les angles T£AH, . ÆHO , feront donc égaux entreux:, & par conféquent les lignes ZT", HO, feront paralleles entrelles, & l'angle POZ qui mefure la diftance du Pole au Zénit du point Æ, fra égal à l'angle BÆT qui par a conftruction a été fait égal à la diftance donnée du Pole au Zénit; ce qu'il falloit démontrer. . Si l'on fuppofe prefentement la proportion du grand dia- - metre de l'Elliple BC à la diftance ÆF'entre les foyers telle que lon voudra ; on pourra déterminer par le calcul tous les points de lEllipfe comme 77, qui terminent les degrés , en faïfant ; comme 77, ou BC eft à EF, ainfi le finus de l'angle PET diftance donnée du Pole au Zénit, eft au fmus de l'angle £T Fou T EH, dont la valeur fera par conféquent connuë. Cet angle TE H étant adjoûté à l'angle PET; dif- tance donnée du Pole au Zénit du point Æ, donne la valeur de l'angle B£A que la ligne tirée du foyer au point H cherché, fait avec l'axe de l'Ellipfe. Maintenant dans le triangle £AF dont le côté EF" eft connu, aufli-bien que l'angle ÆÆF qui eft le double de l'angle TEA, & V'angle F£H fupplément de l'angle BEA, on aura la valeur du côté ZA connu en parties de l'axe BC. On trouvera par la même méthode les angles BE7, BEV &c. & la valeur des lignes Æ7, ÆV, pour la diftance du Pole au Zénit de tous les degrés de la circonférence de Ja Terre; & dans les triangles A£ 1, ZEV, rectilignes, dont les côtés HE, E1, EV font connus aufli-bien que les angles . compris entre les côtés AÆZ, IEV qui font la différence entre les angles BEH, BEI, BEV déterminés ci-deflus, on connoitra la valeur des cordes 7, IV comprifes entre chaque degré. | Mem, 171 3 : Bb 194 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE On aura donc la proportion exaéte des cordes de chaque degré de la circonférence de la Terre dans l'hypothefe Ellipti- que ; & comme la proportion de ces cordes entr'elles n'eft pas fenfiblement différente de la proportion qu'ont entr'eux les arcs des Ellipfes qu'elles foûtendent, on aura en même temps la proportion entre les degrés de la circonférence de la Terre à telle diftance du Pole que l'on voudra, fuppofant l'excentricité de la Terre d'une certaine quantité. Pour une plus grande précifion , on pourroit calculer Ia proportion qu'il y a entre les cordes des demi & quarts de degré de la circonférence de la Terre, afin que la différence qu'il peut y avoir entre la proportion des arcs & celle des cordes, fût moins fenfible : mais fi l’on confidére que l'excès de l'arc d'un degré fur la corde qui le foûtend, n’eft que d’en- viron quatre pieds, il eft aifé de juger que la différence qu'il y a entre la proportion des cordes de chaque degré & celle des arcs des Ellipfes qu'elles foûtendent, eft abfolument in- fenfible ; joint à cela que les mefures que nous avons em- ployées pour déterminer la grandeur de la Terre, ont été faites fuivant les lignes droites & non pas fuivant la courbûre de la circonférence de la Terre. Ayant appliqué la méthode qu'on vient d'expliquer, à la Figure de la Terre, que nous avons d’abord fuppofée fem- blable à celle de l'Orbe de la Lune dans l'hypothefe Ellipti- que, & dont la diflance entre les foyers ef, fuivant les Afro- nomes modernes, d'environ la vingt-troifiéme partie du grand diametre; nous avons trouvé que, felon cette hypothele, les degrés augmentoient de grandeur en s'éloignant du Pole, & s'approchant de l'Equateur conformement à nos Obfcrva- tions, mais que cette augmentation d’un degré à l'autre à la diflance du Pole de quarante degrés, n’étoit que de deux toiles & quatre pieds, ce qui eft trop peu pour repréfenter l'inégalié des degrés qui réfulte de la comparaifon de nos Obfervations avec celles de M. Picard. Nous avons donc été obligés de fuppofer l'excentricité de FN “HS A: ere à Ur. UE 7 + D ES 48 /G@ 4 EN C6 195 la Terre plus grande, & nous avons trouvé qu'en établiffant la diftance entre les foyers de l'Ellipfe qui repréfente un Mé- ridien de la Terre, double de celle qu'on attribuë à l'Orbe de la Lune, en forte que cette diftance foit au grand diametre de la Terre comme 8 724 à 100000, ceft-à-dire, à peu- près comme 1 à 11, cette Ellip{ repréfente parfaitement la figure d'un Méridien de la Terre, tel qu'il réfulte de nos Obfervations comparées à celles de M. Picard. On trouve par exemple, que le degré compris entre les paralleles de 49 & de so degrés, étant de 57060 toiles, fuivant qu'il a été déterminé dans la mefure de la Terre, celui qui eft entre les paralleles de $o & de 5 1 degrés, cft de 57071 toiles & deux pieds, plus grand de r 1 toifes deux pieds que le précédent; & que la fomme de fix degrés com- pris entre Îes paralleles des lieux dont nous avons déterminé la diflance, eft de 342600 toifes, ce qui donne la grandeur de ces degrés, lun portant l'autre, de $7 100 toifes, telle que nous l'avons obfervée, Ù On trouve auffi que, fuivant l’hypothefe de la Terre Elipti- que, la plus petite inégalité d’un degré à l'autre, eft vers les Poles & vers l'Equateur, où elle n’eft que de deux à trois pieds. Cette inégalité dans les degrés augmente enfuite de côté & d'autre jufqu’au parallele de 45 degrés, où elle eftla plus grande qui foit poffhible, & où on la calculée d'environ 11 toiles & demi. | … Il fuit de-Mà que les ieux les plus convenables pour con- noître s'il y a quelque inégalité dans les degrés d'un Méridien dela Terre, font compris entre les paralleles de 40 & de so degrés, qui font précifement ceux que nous avons déterminés par nos Obfervations. Cette même inégalité dans les degrés, devroit s’obferver vers le parallele de 45 degrés, quand même on fuppoferoit la Terre abbaiffée vers {es Poles ; avec la dif férence que les degrés diminueroient de grandeur en s'appro- chant de l'Equateur, ce qui eft contraire à nos Obfervations. En continuant cette recherche, on trouve la grandeur du Bb 196 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE degré d'un Méridien près du Pole, de 5678 s toifes & demie, _ & celle du degré près de l'Equateur, de $744o toiles, de forte que du plus grand au plus petit degré de la Terre, il y a une différence de 65 $ toiles. Prenant la fomme de tous les degrés d'un Méridien, on aura fa circonférence de 20, $60, 295 toiles, plus grande feulement de 429 $ toiles, que ne feroit la circonférence de la Terre fuppolée fphérique, lorfque la grandeur du degré eft de 57100 toiles. A l'égard de l'axe de la Terre, on le trouvera de 6,557; 040 toiles, plus grand que dans l'hy potefe fphérique der3356 toiles, ou environ fept de nos lieuës. On aura aufli la diftance entre les deux foyers de la Terre de 286, o 1 8 toifes ou 443 Jieuës ; & dans le triangle reétangle DAE dont le côté AE moitié de l'intervalle entre les deux foyers , eft connu auffi- bien que l'hypothenufe ED , qui par la propriété de l'Ellip{e eft égale à la moitié du grand diametre BC, on trouvera AD de 3266020 toiles, dont le double DR diametre de l'Equateur fera de 6, $32, 040 plus petit que l'axe BC de 25000 toiles, ou douze à treize de nos lieuës. La différence entre l'axe de-la Terre & le diametre de Equateur, fera donc la deux cens foixante & deuxiéme partie de ce diametre plus grande de la moitié que celle que M. Huygens a déterminée, & à peu-près de même que celle de M. Newton, mais en fens contraire, Le diametre de l'Equateur étant connu, on aura fa circon- férence de 20, $21, 006 toiles, ce qui donne la grandeur des degrés de l'Equateur, qui dans cette hypothefe font égaux cntr'eux de 57003 toiles, à peu-près de mème que celui du Méridien, qui eft à la diftance du Pole de 3 6 degrés. Prenant la différence entre la circonférence d'un Méridien qu'on a trouvé de 20, 560, 295 toiles, & celle de l'Equa- teur qui eft de 20, $21, 006 toifes, on aura 39289 toiles ouenviron 20 lieuës, dont le circuit de la Terre autour d'un de ces Méridiens, excede fon circuit autour de l'Equinoétial. DE 19): TOUL LE ENT mie 197 On peut, fuivant ces mêmes principes, déterminer en toifes ou lieuës le diametre & la circonférence de chaque parallele : car dans le triangle reétangle ELA, l'angle LEH & lhypo- thenufe ZA étant connus , on trouvera la valeur du côté LA demi-diametre du parallele qui pañle par le point A, dont {a latitude eft connuë. La grandeur des Méridiens & des Paralleles de a Terre, étant ainfi déterminée par rapport à nos Obfervations, on pourra lemployer dans la conftruétion des Globes terreftres & des Cartes Géographiques. Pour en faciliter la defcription, nous avons dreflé une Table où lon a marqué en toifes & en pieds la grandeur de tous les degrés des Méridiens depuis les Poles jufqu'à 'Equa- tebre 4 Cette Table fervira à comparer non-feulement les Obfer- vations qui ont déja été faites à diverfes diftances du Pole, pour déterminer la grandeur de a Terre; mais même celles que l'on pourra faire dans {a fuite dans le même deficin, fous divers autres paralleles. | 198 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE TABLE des Degrés des Méridiens de la Terre. iflance D ‘ Hauteur | Qu Pole DEGRÉS Pole. d'un Méridien. DEGRÉS [Hauteur | pl DEGRÉS . min 4h gs d'un Méridien. Zénit. d'un Méridien, au Zénit. Tuifes. Pieds. , | Degres. Toifes. Pieds. 5. | Degrés. | Toiles. Pieds. é 1 1567853 56952 $ E 57280 1 2 15628529 56962 $ 62 157289 5 3 56786 4 56973 11, FA 57299 2 4 AS 56983 3 | 4 | 6 157308 4 $ SN 3 56994 0 25 6e 57317 S 56791 5700 6 és $ MN Ne eh R 156796 3 57026 3 | 23 | 97 [57343 2 ) ER 703714 21 |'609 [57351772 10 [568031 57048 5 |; 2 157359 0 11 [56807 09 57060 o nl 57366 2 12 156811 2 $7071 2 $: de 57373 2 13 an $ 57082 4 LE æ, 57380 1 F 20 5 570 Le) , 4 lS6gse à SO ER © 16 156831 4 SALE (40 * 7& 57398 3 17 (56837 5 47128 2 | | 57404uR 18 s6È44 x ÿ7139 4 |, 78 57409 0 59 59 ES'I 1 $ dé 56857 5 ee er aa at à 21 156865 0 $7173 4e de 57422 0 21 [56872 4 S7184 FU 9 lg |57425 3 23 [56880 3 57195 5 82 57428 4 ce | 23 [56888 4 57206 51 Ç | 82 |574303 és | 2 |S 68970 7217 $ 8é 57433 5 6 | 20 (56905 5 s7228 3 | 5 |a5.|574355 $ 63 | 27 56914 5 57239 1! . g> 157437 3 03 | 2e [56924 0 57249 41 À | ge |57438 4 EL) 20 | 76 57260 0 | , | g9 157439 3 ét 230 | 0NE2100 37279: 1 1 0 |.-901 15744808 { DES SCIENCES. 199 EXPERIENCES ET REFLEXIONS Jur la prodigieufe duttilité de diverfes Matiéres. Par M. DE REAUMmUR. | aa comme la Nature, a des merveilles que fouvent nous n'appercevons pas, parce qu'elles font continuel- lement fous nos yeux; contents de fatisfaire nos befoins ou notre luxe, nous ne nous avifons guéres d'aller chercher à quelles ingénieufes pratiques nous fommes redevables des chofes dont nous faifons un ufage ordinaire. L'art du Tireur d'or, que nous avons décrit depuis peu dans nos Aflemblées particuliéres, le prouve aflés. Ceux qui fe parent des fils qu'il prépare d'une maniére fi furprenante, font rarement ceux qui remarquent ce que ces fils d'or ont de véritablement admirable. Quelques Philofophes les ont examinés attentive- ment; ils en ont tiré d'excellentes preuves de la prodigieufe divifibilité de la matiére, auxquelles ils euffent encore pû donner plus de force, s'ils euflent été plus inftruits de tout ce que fçait faire l'art du Tireur d'or : ils ont aufli cherché à rendre raifon de cette grande duétilité des métaux, mais c'eft un des plus grands fecrets de la nature. La caufe de la duétilité tient à ce que la Phyfique a de plus obfcur, je veux dire, à la caufe de la dureté, & a outre cela fes difficultés particuliéres. Nous ne fommes pas plus en état que ces Philo- fophes, d'expliquer cette propriété des corps, mais nous fomimes plus en état de faire voir jufqu'où l'art en fçait pro- fiter. Nous avons eu occafion de faire diverfes expériences für cette matiére, nous allons les rapporter; nous examinerons les effets de la duétilité de corps fort différents. On ne fera peut-être pas fâché de trouver réuni dans un même point de vüë, ce qu'il y a de plus fingulier dans un fujet fur lequef 200 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Yart & la nature femblent nous fournir à l'envi des chofes remarquables. En général, les corps duétiles font ceux qui étant frappés, preffés ou tirés, s'étendent fans fe rompre, dans un fens, à peu-près de ce qu'ils diminuent dans un autre; tels font les métaux qui, fous les coups de marteau, acquiérent en lon- gueur & en largeur, ce qu'ils perdent.en épaifleur, ou qui étant tirés par une filiére, deviennent plus longs à mefure que leur grofleur diminue. Nous avons encore une autre efpéce de corps, qui, quoiqu'ils ne foient pas malléables comme les métaux, peuvent néantmoins être appellés duétiles; les colles, les gommes, les réfines, & tous les corps qui ayant été ramollis par l'eau, par le feu, ou par quelqu'autre diffolvant, fe tirent en fils, nous fourniront des exemples de cette forte de duétilité. Les corps duéliles pouvent donc fe divifer en deux claffes, dont la premiére contient les corps dudliles, que nous nommerons durs, & qui font malléables, ce font ceux dont nous parlerons d'abord; la deuxiéme clafle cft compofée des corps duétiles mous, qu'on peut étendre en les tirant, quoiqu'ils ne foient pas malléables, & ce font ceux que nous examinerons enfuite. La maniére la plus commune d'étendre les corps dudiles durs, c'eft de les étendre en les frappant à coups de marteau; avec de pareils coups bien ménagés, la plüpart des ouvriers en or, en argent, en cuivre, en étain, donnent les figures qu'il leur plait à des mafles informes. Quoique ces fortes d'ouvrages méritent plus d'attention qu'on ne leur en donne communément, notre deflein n'eft pas de nous y arrêter; à prefent nous ne voulons confiderer les corps duétiles que par rapport à la grande étenduë qu'ils peuvent acquerir. Il n’y a guéres que les Batteurs d'or qui, avec le fecours feul du marteau, rendent des lames de métal extrêmement minces. [ls nous préparent ces feuilles que nous employons dans la plûpart de nos dorures; on {çait qu'ils les tirent d’un lingot affés gros, dont ils diminuent l'épaiffeur à un tel point, que les FORGE — ae ” 41 DE s"1S 4€ LE IN CES 20f que les feuilles qui en font formées, cedent au plus leger fouffle du vent. Pour fçavoir par une voye plus füre que par le recit des ouvriers, auquel Rohault s'en cft rapporté: pour fcavoir, dis-je, Jufqu'où cet art fçait aéluellement étendre l'or, j'ai pris une certaine quantité de feuilles des plus minces, fçavoir de celles qu'on met dans les livrets ordinai- res; jai mefuré avec foin leur grandeur, & je les ai pefées dans des balances très-fines; j'ai vü qu'un grain d'or battu, (or qu'efl-ce qu'un grain d'or?) avoit une étenduë de 3 6 pou- ces quarrés & demi, & 24 lignes quarrées; c'eft-à-dire, qu'une once d’or qui étant fous la forme d'un cube, m’auroit que 5 lignes & + de ligne au plus, foit en largeur, foit en longueur, {oit en hauteur, & qui ne couvriroit qu'une furface d’en- viron 27 lignes quarrées; que cctte once d'or, lorfqu'elle a été étenduë par les Batteurs d’or, couvre une furfice de plus de 146 pieds quarrés & demi, étenduë près de la moitié plus grande que celle qu'on fçavoit donner à for en feuilles il ya90 ans. On regardoit avec furprife, du temps du Pere Merfenne, que d’une once d'or on pôt former r 600 feuilles, qui toutes cnfemble ne couvroient pourtant qu'une füurfice de 105 pieds quarrés. 11 feroit long d'expliquer ici ce qui a le plus contribué à perfectionner cet art; nous ne voulons pas même nous arrêcer à faire remarquer l'adreffe des hommes, qui a été chercher dans les inteftins des bœufs, ces feuilles d'un parchemin délié, fans lefquelles on ne fçauroit réduire Tor en feuilles fi minces. Après tout, quelque confidérable que foit l'étenduë de {a furface de l'or en feuilles, elle n'aura plus rien de merveilleux, dorfque nous la comparerons avec celle que le même métal acquiert chés Îes Tireurs d'or. I y a à la vérité telle feuille d'or battu, qui, dans certains endroits, n’a pas ss de ligne d'épaiffeur ; mais + de ligne eftune épaiffeur aflés grande, par rapport à l'épaifleur de l'or qui couvre les lames d'argent doré qui font filées fur la foye. 11 Pour mieux connoître combien l'or eft alors étendu, & Mem. 171 3e d 4 Cic 202 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE combien il eft prodigieufement mince, il eft nécefaire d'avoir du moins une idée grofliére des procedés des Tireurs d’or. Ce fil que nous nommons communément du fil d'or, & qui, comme perfonne ne l'ignore, n'eft que du fil d'argent doré, cft tiré d’une grofie barre d'argent; on prend cette barre du poids d'environ 45 marcs; en l'arrondifiant, on en forme un cylindre ou rouleau qui a 1 $ lignes de diametre, & un peu moins de 22 pouces de hauteur; on dore ce lingot avec les feuilles que préparent les Batteurs; on en employe pourtant à cet ufage, de plus épaifles que celles qui font deftinées à nos dorures ordinaires, & on en met fouvent pluficurs les unes fur les autres : après tout, quoique la couche d'or qui couvre ce lingot foit confidérablement plus épaifle que celle de nos autres dorures, elle eft encore aflés mince; il eft aifé d’en juger par le volume d’or qu'on y fait entrer. Pour dorer ces 4$ marcs d'argent, on n'employe jamais plus de fix onces d'or, c'en eft aflés pour faire du furdoré; mais on n'y fait pas entrer deux onces, & fouvent n'y en fait-on pas entrer beaucoup plus d'une, lorfqu'on veut du fil auffi legerement doré-que left le plus commun fil d'or de Lyon; c'eft-à-dire, que la couche d’or qui enveloppe ce lingot, n'a jamais d'épaifleur plus de la r 5."€ partie d'une ligne, que fouvent elle n'en a que la 30.m€ où la 4 5. partie, & enfin qu'elle n'en a quelquefois que la 90."°€ partie. Cependant combien cette couche d'or déja mince, doit- elle le devenir davantage? combien de fois, pour ainfi dire, doit-elle être divifée? On allonge le lingot qu'elle couvre jufqu'à fa finefle égale, ou furpaffe celle des cheveux. On le fait paffer fucceflivement par des trous plus déliés les uns que les autres, ou, ce qui eft la même chofe, par des filiéres. A mefure qu'il pafie par un trou, fon diametre diminuë, il gagne en longueur ce qu'il perd en grofieur, il augmente par conféquent en furface; l'or qui couvre ce lingot d'ar- gent, ne cefle point de le dorer, quelque prodigieufement qu'on l'étende, il fuit toûjours l'argent, il ne le laiffe point DES SCIENCES, 203 à découvert. Cependant combien de divifions a-t-il fouffert, Jorfque le lingot réduit en fil a un diamettre environ 9000 fois plus petit que celui qu’il avoit en lingot? Mais pour nous faire une idée plus fnfible de la prodigieufe duétilité de l'or, voyons la longueur à laquelle arrive {e lingot tiré à fa derniére finefe. J'ai pefé avec foin un demi-gros de fil du plus délié, & jai mefuré avec le même foin la longueur de ce demi-gros de fil, je l'ai trouvée de 202 pieds; par conféquent , l’once de fil avoit 3232 pieds de longueur, & le marc ou 8 onces en avoient 2 3 8 5 6. Notre lingot qui peloit 45 marcs, & qui n'avoit d'abord que 22 pouces de long , étoit donc parvenu entre les mains des Tireurs d’or à une longueur de 1163520 pieds, ou réduifant les pieds en toifes, & pre- nant là lieuë de 2000 toiles, fa longueur de 22 pouces, avoit été changée dans une longueur de 96 lieuës & 1 96 toifes, étenduë qui furpaffe beaucoup celle que le Pere Mer- fenne & Furetiere, ont donnée à l'allongement du lingot : ce- lui-ci dit, après le premier, qu'une demi-once de fil s'étend à 100 toifes & plus, ce plus eft confiderable ; à 100 toiles pour la demi-once, ce ne feroit que 1 200 pieds pour l'once, & nous venons de 1 trouver de 3232 pieds. Rohault a trouvé auffi l'allongement beaucoup plus petit que nous. Ce lingot tout long qu'il eft, lorfqu'on l'a réduit en fil fr délié, n'en refte pas-là, il a encore à s'allonger. La plus grande partie du fil d'or fe file für la foye’, & avant que de l'y filer on Fapplatit, on le fait paffer entre des rouës d'acier extréme- ment polies; les rouës en l'applatiffant, l'allongent de plus d'un 7-%; voilà donc la longueur de notre lingot encore augmen- tée de plus d’un 7.me, c’eft-à-dire, que le voilà parvenu à une longueur de 1 1 1 lieuës; auffi eft-il alors réduit en lames bien étroites & bien minces : la largeur de ces lames, n'eft que d'environ + de ligne, d'où il fuit que leur épaifleur n'a que 35e de ligne. Le calcul en eft aïfé à faire; le poids d’un pied cube d'or & le poids d'un pied cube d'argent, étant connus Cci 204 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par des expériences affés exaéles, nous fuppofons ici que le pied cube d'or pele 2 1220 onces, & que le pied cube d'ar- gent en pefe 1 1 $ 23. Nous ne nous arrêterons point à mon- ter le chemin qu'on doit füivre pour connoître que l'épaif- feur de ces lames d'argent , n'eft que d'un 2 $ 6.m€ de ligne: on aimera peut-être mieux confiderer combien eft mince fa feuille d'or qui couvre des lames d'argent déja fort minces. Il y a de quoi bien étonner l'imagination, fi l’on fe fouvient de la petite quantité d’or qu'en a appliquée fur le lingot d'argent; fuppofons qu'on en ait mis deux onces, nous avons dit qu'on en employoit fouvent moins ; fi fon fe donne la peine de calculer quelle ef la furface que couvrent ces deux onces d'or, on trouvera qu'elle eft de 2 3 80 pieds quarrés, ou qu'une once enveloppe 1 19 0 pieds quarrés, & tout ce que les Batteurs d'or fçavent faire, c'eft de l'étendre à 146 pieds quarrés & quel- ques lignes quarrées. Mais l'or fr prodigieufement étendu, combien eft-il mince® Le calcul précédent fervira encore à montrer que fon épaificur n'a pas" de ligne ; ik faudroit afin que l'épaiffeur de l'or qui couvre l'argent, fût d'un 2, que l'or fût par-tout également épais, c’eft cependant une fuppofition qu'on auroit tort de faire; quelque foin qu'on fe donne en battant les feuilles d'or, il eft impoflible de les «battre également ; on diftingue d'une maniere fenfible par leur plus & leur moins d'opacité,,. qu'elles font au moins une fois plus épaiffes dans certains eï- droits que dans d’autres : ces feuilles lorfqu'elles dorent le Hngot, le dorent donc inégalement, & de façon qu'il y a des endroits où l'or eft une fois plus mince. Or fi l'on cherche Yépaifleur de l'or dans ces endroits où il eft le plus mince, on trouvera qu'elle n'eft égale qu'à la 262 $ 00 partie d'unc ligne, Qu'eft-ce que la 262 ; o0.€ partie d'une ligne? C'eft une petiteffe fi énorme, que l'imagination ne fçauroit fe la repré- fenter; aidons-h néanmoins à s’en faire quelqu'idée, en di- fant que cette épaifieur de l'or eft une auffi petite partie dé la longueur d'une ligne, qu'une ligne eft une pctite partie de HE AS CRE M CMSMAIM 230$ 1822 pieds 1r pouces, ou de près de 304 toifès : or qu'eft-ce que la longueur d'une ligne par rapport à celle de 304 toiles ! | Ce n'eft pourtant pas encore à le: terme jufqu'où peut être pouffée la dutilité de Tor; au lieu de deux onces, on m'auroit pü n'en employer qu'une; l’or qui auroit couvert les lames d'argent, n'auroit donc eu alors d'épaifleur dans certains endroits, que la $ 2 000." partie d'une ligne. En- fin, les lames d'argent toutes minces qu'elles font, peuvent refter dorées & devenir la moitié plus minces, il n’y a qu'à les preffer davantage entre les rouës, en {es applatiffant dou- cement, de façon que le frottement Ôôte peu à des couches déja fi deliées, & ces lames certainement reftent dorées, quoi- qu'on leur donne une fois plus de largeur que nous ne l'avons dit ci-deflus, c'eft-à-dire, quoiqu'on leur donne + de ligne’; Pépaifieur de l'or qui les'couvre, eft donc réduite, alors À n’a- voir pas la millionniéme partie d’une ligne, ou ‘elle eft une aufli petite partie d’une ligne, qu'une ligne eft une petite partie de 1200" toifes : l'imagination ne peut guéres s’accom- moder de cette affreufe petitefle, elle ne peut guere compren- dre que l'art puiffe divifer une ligne dans des parties auffi pe- tites, qu'une ligne eft petite par rapport à une étenduë de plus d'une demi-licuë. Peut-être auffi feroit-on difpofé à croire que l'or qui cou- vre les lames d'argent, a beaucoup plus d'épaifleur que le- “calcul ne lui en donne ; & cela, parce que l'or pourroit.être divifé en petits grains écartés les uns des autres, quoique pourtant affés proches pour donner leur icouleur à l'argent, en un mot, il feroit aflés naturel de croire que l'or qui couvre des lames, ne forme pas une feuille continuë, mais l'expérience démontre le contraire. Si l’on met difloudre dans de l'eau- forte des fils dorés traits, ou des lames dorées, quelque petits que foient ces fils, & quelque minces que foient ces lames, après que l'eau forte a diffous l'argent, les fils &les lames dorées changent en de petits tuyaux creux, parce que l'eau-forte- c ii 306 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE n'agit point fur l'or; d'où on voit évidemment que l'or qui couvre l'argent, forme un corps continu. L'art eft donc par- venu à fçavoir divifer un morceau d'or de l'épaifieur d’une ligne en un million de feuilles. L'art n'eft pas, à beaucoup près, allé fr Join en travaillant les corps duétiles mous ; dans ce genre, il n'y a guéres que le verre qu'on fçache étendre confidérablement. Qu'on ne foit pas furpris , au refle, de ce que nous donnons le premier rang parmi les duétiles mous au plus caffant, & pour ainfi dire, au plus roide de tous les corps; on fçait que lorfque Ja chaleur du feu l'a bien pénétré, ouvrier le peut figurer comme une cire molle. Mais ce qu'il y a de plus fingulicr; & ce qui regarde direétement notre fujet, c'eft qu'on le tire en filets d’une grande fnefle & extrémement longs; les fileufes ordinaires ne forment pas aufi aifément leurs fils de chanvre ou de lin, que les fleurs de verre forment des fils de cette caffante matiére. On connoît ces aigrettes que lon place pour lordinaire fur les bonnets des enfants, & que l'on employc à divers autres ornements; on fçait que ces fortes d’aigrettes ne font que des houppes formées d’une infinité de fils de verre; & quoiqu'on le fçache, on a peine à reconnoître le verre dans ces fils, qui, plus déliés que les cheveux, fe plient comme oux au gré du vent. À un ouvrage fi fimgulier, il ne manque, pour être fort cher & fort eftimé, que d'être plus difficile à faire, mais rien n'eft plus funple que la maniére de l’executer; il occupe en même temps deux ouvriers, & ne demande prefqu'aucune adrefle ni de l'un ni de fautre. Le premier tient un des bouts d'un morceau de verre ou d'émail fur la flamme d’une lampe; lorfque la chaleur a ramolli ce morceau de verre, un fecond ouvrier appli- que contre le verre en fufion, le bout d'un crochet qui eft auf de verre; il retire auffi-toft ce crochet, qui entraîne un brin de verre qui n'eft point féparé du refte de fa puffe ramollie : louvrier engage enfuite ce crochet fur la D'Inss -e D EE Sa90AG LE GES 1, RO; circonférence d’une rouë d’environ deux pieds & demi de diametre, elle eft pofée verticalement, & elle eft la principale partie d’un rouet femblable aux rouets ordinaires: le erochet étant arrêté fur la circonférence de. cette rouë, il ne refte plus au fecond ouvrier qu'à la faire tourner; à mefure, qu'elle tourne, elle tire des, parties du verre.fondu, elle les obli- ge à s'éloigner du refte de la maffe : ces parties toûjours adhérentes à celles qui les ont entraïnées, & à celles qu'elles entrainent enfuite elles-mêmes, forment un fil qui .vient entourer {a circonférence de la rouë ; chaque tour .derouë s’enveloppe d'un nouveau tour de fl, & enfin après un cer- tain nombre de revolutions, la circonférence de la rouë eft couverte par un écheveau de fil de verre, La mañe qui étoit en fufion fur Ja lampe, diminuë. infenfiblement ; comme f elle étoit un peloton, elle fe devide, pour ainfr dire, &.pañle fur la rouë ; les parties qui font éloignées de Ja lampe fe refroïdiflent, elles deviennent plus adhérentes à celles qu'elles touchent, & ainfi par degrés, les parties les plus proches du feu font les moins liées entr'elles : d'où ileft clair que celles-ci doivent toûjours céder à l'effort. que font les autres pour les tirer vers la rouë. Au refte, il ne faut pas croire que l'ouvrier foit obligé de faire tourner la rouë lentement, de crainte que le fil ne fe rompe, il lui donne un mouvement auffi rapide qu'il veut, ou plûtôt auffi rapide qu'il peut ;, plus la rouë tourne vite, plus on expedic d'ouvrage en un certain temps; & le fil ne s'en caffe pas pour cela plus fouvent. | Ces fils formés d'une maniere fi fimple, ne font pas pars tout d'une égale groffeur, leur contour eft un ovale fort applati je veux dire qu'ils ont au moins deux ou trois fois plus dé largeur qu'ils n’ont d'épaifieür, II y:en a d'une grande finefe, & qui, autant qu'en peut juger la vüé fimple, n'ont guéres plus d'épaiffeur qu'un fil de foye de vers; auff ces fils fi fins font: ils flexibles à un point étonnant. Si:on-entrelace les. deux bouts d'un de ces fils de verre, comme on-entrelace les bouts: 308 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'un brin de fil lorfqu'on veut le noüer, & qu'enfüite on tire les deux bouts, avant que ce fil fe cafle, on le plie à tel point que l'efpace vuide renfermé au milieu du nœud, n'a pas une demi-ligne ni fouveñt même + de ligne de diametre, comme je l'ai éprouvé un grand nombre de fois. Quelque roide ‘que nous paroifle le verre en maffe, il n'eft donc pas effentiellement auffr caffant & auffi peu flexible que nous nous l'imaginons ; fi nous'avions l'art d'en tirer des fils beaucoup plus déliés , ils {croient aufli beaucoup plus #lexibles, d'où if femble qu'on peut 56 MEMOIRFS DE L'ACADEMIE ROYALE générales de la tranfpofition des axes. On peut auffi en don- ner Ja démonilration par le moyen du lieu indéterminé rx ay+-mr qui exprime toutes les pofitions d'une ligne droite dans le plan d'une courbe quelconque. Car en le com- parant au lieu de cette courbe pour faire évanoüir x ou y, il cit évident que le nombre des dimenfions de la réduite, ne furpafiera jamais le nombre des dimenfions du lieu de cette même courbe; & comme les racines de cette réduite, déter- minent tous les points où la droite rencontre la courbe à chaque fois que l'on prend arbitrairement des valeurs con- nuës pour a,#=,r, on voit que le nombre de ces points ne furpaficra jamais le nombre des dimenfions du lieu qui ex- prime la courbe, puifque le nombre de ces racines ne fur- pafie jamais le nombre de ces dimenfions. P’R'o Po sr Tur on: TTL I n'eft pas poffible qu'une ligne droite coupe la portion AFI en plus de deux points. Car la droite froit parallele à l'axe OF, ou à l'axe BL, Fig. 3. ou fe coniondroit avec l'un des deux, ou bien elle feroit oblique à l'un & à l'autre. IL eft évident par la génération de la courbe, que l'axe OËE & toute droite qui lui eft parallele, ne peut couper la portion AF1 qu'en un point. Il eft encore clair par la mê- me génération, que chaque droite parallele à l'axe BL, ne peut pas couper cette portion A7 en plus de deux points. Mais il faut démontrer qu'elle ne peut pas être coupée en plus de deux points par aucune droite oblique aux axes. Pour cela, fuppofons qu'une droite coupant la portion AF1, Fig. 3. coupe auf l'axe BL, & que ces deux lignes font des angles obliques au point de leur interfeétion. Alors cette droite coupera l'axe £O & afymptote //G qui lui eft parallele : elle coupera auffi les deux afymptotes AA, GP paralleles à BL. Tout cela fuit d'Euclide & du dernier calcul. Donc la même droite coupera un des quatre ra- meaux afymptotiques d'@, d'a; NS, NR. Donc une droite oblique dE ee ut nou SÈSS À DES SCIENCES: 257 oblique à l’axe BL, coupant la portion AF7, coupera en- core la courbe en un point qui eft hors de cctte portion. Donc dans la fuppofition que cette droite coupe cette por- tion en plus de deux points, elle coupera la courbe entiere en plus de trois points. Mais le lieu Æ qui exprime cette courbe, n'a que trois dimenfions ; donc cette courbe ne peut pas être coupée par une droite en plus de trois points, par Prop. 2. Donc if n'eft pas poffible qu'une droite coupe la portion AFI en plus de deux points. CoroLLAIRE. De-là il fuit qu'une droite ne peut pas couper en plus de deux points a, demi-portion AF, nifon égal & femblable F2 PROPOSITION IV. La portion AF7, (de la Courbe du fecond lieu Æ, Fig. 3- )'eft par-tout cave vers A7, qui fait partie de l'axe 2L. . Car cette portion ne pouvant pas être coupée en plus de deux points par une droite, elle eft alors par-tout cave vers AÏ, füivant la Propof. 1. Or cette portion ne peut pas être coupée en plus de deux points par une ligne droite, felon la 3.° Propofiion. Donc elle eft par-tout cave vers AZ. Ce qu'il falloit démontrer. CoroLLAIRE. Il fuit de cette 4° Propofition, & du Corollaïre de la 3.° que chaque demi-portion AF, F1, prife féparément, eft par-tout cave vers OF & vers AL. . REMARQUES. Pour aider la raifon par les fens, j'ai réduit fa portion AF7 de Fig. 3. à celle qui eft marquée MEDBFZRASN dans la Fig. 4 avec le demi-cercle GEDBSZ RJH que fournit le premier lieu D. Où fon peut voir que les fix interfeétions de ces deux Courbes fe font. aux fix points Æ, D, B, Z, R, d, & que lcs racines de la Propofée font FE, CD, AB, répétées en VZ, SR, 19, On y peut voir auffi que la Courbe entre dans le demi- cercle au point Æ, qu'elle en fort au point D, qu'elle y . Kk Mem, 171 3. \ 258 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE rentre au point 8. Ainfr de fuite alternativement jufqu'aw point d’, où elle en fort pour n'y plus entrer & pour con- tinuer fon chemin vers M. De la définition du Cercle, de ces entrées, de es forties, & de la cavité déja prouvée, on peut conclurre que la Cour- be du fecond lieu eft moins cave que le Cercle dans la Lu- nule que terminent les points Æ, D; qu'elle eft plus cave que le Cercle dans la Lunule de D B; ainfi de fuite du moins cave au plus cave jufqu'à la Lunule À d. Si l’on prend la voye des développées pour avoir une idée plus précife des curvités de la Courbe dans chaque Lunule & dans chaque .point d'interfcétion, il fufhra de faire quelque calcul pour les rayons de la développée de cette courbe; puifque le rayon de la développée d'un cercle, eft toûjours égal au rayon qui eft propre à ce même cercle. Comme la démonftration précedente & ces remarques s'appliquent aifément à tous les exemples du fecond projet, quand on a l'image de Ja courbe du fecond lieu; j'infifterai peu fur les deux exemples fuivants, & j'y fuis encore obligé, parce que j'approche du terme où je dois finir ce Memoire. SECOND EXEMPLE. La Propoféc eft l'égalité G. Gt —r OX + psxx — 5 ox + 248. C'eft la même que l'égalité D des premiers exemples, mais le premier lieu eft ici le lieu L.xx+yy= 16. Ainfi lon +—_67yy+ 840 s 2 22T TE ont la Courbe 210—10}y aura le fecond lieu 7. x— eft défignée par la Fig. 5. Conftruifant le Cercle que fournit le premier lieu fur Vorigine O & fur Faxe DC, il rencontrera en fept points la portion du fecond lieu marquée AFZ. Ce Cercle touchera cctte portion au point Æ° fans la couper, & donnera en ce point OF pour la racine 4 de G qui cft égale au rayon du même Cercle, Il coupera en trois points la demi-portion PT De UT TU IE DIE Sun Où CAPE GUN CHEN Se 259 AFpour les trois racines 1, 2, 3 de G, & encore en trois points la demi-portion F1 pour ces mêmes racines. La démorniftration des Cavités s’abbrege lorfque la Propolce cft de degré pair, & ceneft ici un exemple. Aufli peut-on voir par la génération même de la Courbe, que les quatre racines du Numerateur de 7, donnent les quatre points où Jaxe D C coupe la courbe; c'eft-à-dire, que cet axe la coupe en autant de points qu’il y a de dimenfions dans le lieu 7, Ce qui fournit un abbregément. On peut encore voir que les deux racines-du dénominateur donnent les deux afymptotes KH, VP, &c. REMARQUE. Si l'on réfout analytiquement le probleme des lieux, & fi lon fe détermine à faire évanouir y, alors on ne trouvera point de racines égales dans la réduite. Mais en faifant la fubititution rétrograde, on verra que la rélul- tante de ZL renferme deux racines égales de y par x = 4 On trouvera auffi des racines égales de y dans la réduite des dieux & fans fubflitution rétrograde, fi l'on fait évanouir x, & que la multitude de ces égales eft de nombre pair; ainff l'on pourra fe fervir de l'analyfe pour expliquer l'attouche- ment des Courbes au point Æ, quoique la Propofée n'ait ue des racines inégales. Le femblable arrive dans tous les exemples du fecond Projet, lorfque le rayon du cercle eft égal à une des racines de la Propotée. TROISIÈME EXEMPLE. La Propofée eft B, Box — Bt 2 4x — 3 gxx + 2 3x —0— 0. Le premier lieu eft S. xx+-yy= 7 0. Ainfi le fecond lieu cft celui qu'on voit en D. D 0 8ff—194yy+1146 XX — aie es emo | PP PITESTr Les quatre racines du Numerateur de D, donnent les quatre points 41, À, Z, AN, où la Courbe coupe Faxe 7H, Fig. 6. Kkïi 260 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Les quatre racines du Dénominateur donnent les quatre points 7, &, V, H, pour les quatre afymptotes perpendicu- laires à cet axe 7H. x—=# donne l'afymptote G P parallele au même axe. Ainfi Yon peut prouver, comme dans l'exemple du 3.° degré, que dans celui-ci la portion À F7 eft par-tout cave vers 1 droite À 7; que chaque demi-portion AF, F1 eft par-tout cave auffi, vers cette droite A1, & encore vers OF. En conftruifant le lieu D avec le lieu S fur un même axe & une même origine, la portion ne rencontrera le Cercle qu'en fix points. Cette portion la coupe en deux points, un de chaque côté de OF, pour x = racine de 8. Elle le coupe en deux autres points pour la racine x=— 2. Mais elle coupe & touche ce Cercle en deux autres points our x— 7 qui cft une des trois racines égales de la propo- fée B. Ainfi le Cercle & la portion AF7 font d’égale cour- büre dans ces deux points. REMARQUE I. [left clair par l'énoncé des deux Projets, que l'on peut avoir aifément autant d'exemples qu'on voudra pour chacun de ces Projets, & faire auffi que dans chaque exemple, il y ait des points autant qu’on voudra, où les deux Courbes fe touchent en fe coupant. Mais fi lon veut les exemples les plus fimples de cette forte, pour l'un & pour l'autre Projet, on peut fe fervir d'une Remarque que j'ai donnée dans les Mémoires de 1709 pag. 334 C'eit fous l'indice de 1.° de cette Remarque, que fe trouve la maniére de former ces Exemples : Ce qui fuit au même endroit fous l'indice de 2.0 ne regarde pas les deux Projets dont il eft ieï queftion. Et même l'on y peut voir qu'il y a des exemples où deux rameaux fe touchent fans fe couper, quoique la Propolée n'ait point de racines égales, & que les racines égales d'une des réduites foient en nombre impair (pag. 335.) Pour s'affurer de l'attouchement de ces rameaux, il eft bon de rappeler la regle qui eft dans la pag. 3 3 0 de ces Mémoires. Par exemple, fi la Propoe eft x* — 2 4° x + a = & 1 DES SCIENCE: | 261 {e premier licu y xx + a? — aa x, alors le fecond lieu le RC le: -0 : 2e nn pm hais 0 Lane #p'e-s::S: CR N:C:E4S V 26 fe premier licu y xx + 4° —aax, alors le fecond lieu le plus fimple eftaxx— 24ax+ a —2yyx —ayy. Conftruifant ces lieux fur un même axe & une mème origine, alors un des rameaux du fecond lieu touche un des rameaux du premier lieu , au point que donnent x = a & y —40, quoique la Propofée n'ait point de racines égales, & que x — a foit unc des trois racines égales de la réduite, dont Tinconnuë eft x. REMARQUE Il. Une portion de Courbe peut fe couper ou être touchée par autant d'autres Courbes qu'on voudra, & en autant de points qu'on voudra; mais ce n’eft pas en cela que confifte le Paradoxe, il confifte principale- ment dans les cavités fur lefquelles j'ai infifté. Mais comme il devient plus confiderable à mefure que, lon augmente le nombre des points de rencontre, il faut des exemples plus , compofés que ceux que l’on a vüs ici, pour donner de plus forts indices de ce Paradoxe, & pour préparer à la feconce démonftration. C’eft ce qui fera le fujet d'un autre Mémoire. SUR UNE OBSERVATION DE M ROLLE, Par rapport aux Conffrutions Géomérriques ; propofte à l'Academie comme un Paradoxe. Par M. SAURIN. ] A 1 examiné le Paradoxe que M. Rolle propofa la femaine pañlée, & l'exemple qu'il apporta pour d'établir. J'ai trouvé Texemple bon, & le Paradoxe vrai. Quand on répand fur les chofes un air de m yftére , fouvent ce qu’il y a de plus commun paroît furprenant ; mais quoique le merveilleux que M. Rolle a jetté fur fa découverte, s'évanouifle en partie, lorfque le Paradoxe eft bien entendu; ce qui refte ne laïfle pas d'être encore digne de remarque, KK ii 19 Juillet 1713. 262 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE On fçait que deux Sections coniques peuvent fe rencontrer en 4 points, & que ces 4 points peuvent varier à l'infini par la différente pofition des deux Courbes : mais je ne fçai fi l'on avoit encore obfervé que ces points peuvent fe trouver tous quatre d’un même côté par rapport aux axes principaux : c'eft ce qu'il y a de fingulier dans l'Obfervation de M. Rolle, & ce qu'il démontre par l'exemple propofé, dans lequel en effet une portion de la moitié d'une Hyperbole, rencontre en quatre points la moitié d'une Parabole. Le lieu à l'Hyperbole xx — r0xÿ— so0y+3sx+24—=6; & en voici la conftruétion. Ayant mené leslignes AD, AS qui font un angle droit; & pris fur AS le point À pour l'origine des coordonnées ; fur la même ligne du côté oppolé au point S, je prends AR=— 5j, & par le point À, je mene l'indéfmie ÆA parallele à D À. Je mene auffi du point À la droite AB, faïfant avec A Sun angle tel que AS: SB:: 10:71. je fais AD=— 3; je mene par le point D la droite indéfinie ÆÆ parallele à AD ; & ayant pris fur DA, D L= 3 —+#, je décris par Es SCORE MN es 263 Jepoint L, entre les droites XF, KR, comme afymptotes, YHyperbole CL M, & je dis que cette Hyperbole eft le lieu requis. .. Car nommant A2,x; PM, y; & K D, qui eft connuë, e» Yanalogie AR (5): KD(e):: AP (x): DPF, donnera D: & Von aura KE, où KD+HDF—=e+ = Ona d’ailleurs FM= FN+ NP— PM—=3+ 5x — y; Donc KFxFM= e+ ER ee += Rise E het —t)—%—#DxDL (par la propriétéde l'Hyperbole) = ex 3 — +5; où mul- tipliant par 5, & divifant pare; 1$+32x + xxx — 5y —xy = 1$ — #; & enfin multipliant par z 0, & mettant tout d'un côté, xx — 1 0xy— 50y + 35 x + 224 — 6: ce qu'il falloit démontrer. Cette conftruétion polée, il eft évident, ainfi que M. Rolle Ya montré, que dans FEquation conftruite x étant pris = 7, —=4#=9=16,donney—=1:,—=2,= 3,— 4; que ces quatre points font de même dans la moitié d’une Parabole qui auroit pour axe la droite 4, pour fommet le point À, &c pour parametre Yunité; & par conféquent, qu'elle feroit rencontrée dans ces quatre points par la portion de cette moitié d'Hyperbole, où fe trouvent les mêmes points. | Si la Parabole étant donnée avec les quatre points déja mar- qués, on vouloit trouver le lieu à l'Hyperbole qui paffe par ces quatre points, il n'y auroit qu'à prendre l'Equation du lieu cherchéen exprimant les quantités qui doivent être conftantes, par des indéterminées ; elles fe détermineroient par la fubfti- tution des valeurs données de x &c de y dans les quatre points, & il viendroit le même lieu que nous avons conftruit. Car la moindre attention fait d'abord connoître que l'Hy- perbole que l’on cherche, ne peut avoir d'autre pofition que celle qu'on voit dans la Figure ; c'eft-à-dire, que le fommet de cette Hyperbole, ne fcauroit être au point À qui ef le fommct _264 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de la Parabole, qu’il en doit être éloigné du côté oppolé à SE qu'il ne fçauroit être fur la ligne AS prolongée, ni au-deffus ; qu'il ne peut être qu'au deffous. La fuppofant donc dans la pofition qu’elle a dans la Figure, prenant les droites LF, KR pour fes afymptotes ; & menant la droite 4 B parallele à l'afymptote À F'; on nommera les conftantes, mais indéter- minées, AR,r; AD, d; DL, c; AS,n; SB, L; &les variables AP, x; PM, y; on aura KD = = FV AE A &DF= Lx Vn ir; FM—=d+ Lx; & KD+DFxEM= LV +i+ixV xd+ =x—y—= LarV it Edx Vi + f HEVre Vinci —2ryV at ir LEUR LiyVn + ir = XD *x DL=2rV Er x c ; ce qui étant divifé par V n° 7, & multiplié par #° donne cette Equation ,HÂT HN AX HTX XX —nry — XYZ CNT; OÙ IXX—N0Xÿ —nryÿ+udx I x Cr 00 r <==) 0e Comme il n'y a dans cette Equation que quatre indéter- minées, », d,c,n;il eft évident qu'elles feront déterminées par les quatre égalités que fournira la fubflitution des valeurs de x & de y données dans les quatre points; d’où naîtra le mème lieu que l'on a déja conftruit. L'obfervation de M. Rolle peut s'étendre, & il l'étend en effet à tous les lieux plus élevés. Le fondement de toute cette recherche eft connu ; mais il y a un détail où M. Rolle eft entré & où nous pourrions entrer ici, s'il ne nous paroifloit injufle de le prévenir, & de ne lui pas laifler tout l'honneur de ce qu'il a trouvé. A OBSERVATION DES SCIENCE sr PRES OO BSE RVoAT: T'ON SUR UNE SUBLIMATION DE MERCURE. Pa M HOMBERG. HpArmi les matiéres minérales, le Mercure eft une des plus volatiles, qui fe lie facilement avec toutes fortes de fels, & fe fublime avec eux. Tous ces fublimés paroifient en forme feche quand ils font hors du feu ; mais quelques- unes d’entr'eux fe tiennent long-temps fondus dans une mé- diocre chaleur, ce qui fait qu'en les fublimant on a de la peine de les féparer entiérement de leurs têtes-mortes, parce que la voute du matras fublimatoire, n'étant pas par-tout aflés froide pour que le fublimé sy puifle figer, il recoule con- tinucllement dans le fond du vaiffeau , qui par à fe cafe fort aifément; & la fublimation ne s'y fat qu'à demi dans le fommet feulement du matras, ce qui demande une opération fort longue, & encore faut-il la réiterer dans d'autres vaif- feaux, fi l'on veut féparcr de la tête-morte-tout ce qu'elle peut contenir de fublimé corrofif, Cet inconvenient 1m’eft arrivé depuis peu dans un mêlange de parties égales de fu- blimé corrofif & de fel décrepié, que j'ai voulu fublimer plufieurs fois enfemble ; j'ai cru y remedier parfaitement en mettant ce mélange dans une cornuë, pour faire couler le fublimé dans un recipient par le moyen de la diftillation, comme je lavois vû couler le long des parois du matras fans. fe figer, pendant les fublimations; mais je me fuis apperçù. que la plüpart du fublimé fortoit en vapeurs par les jointures,, parce que n'y ayant point d'autres ouvertures, le recipient feroit crevé ou la cornuë. J'ai donc éteint le feu, & j'ai 2 3 . x .) J 7 percé le ballon-d'un petit trou près de fon fond; j'ai radapté Mem. 171 3. re Leg 6 Septembre 1713 266 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE ce ballon, en le plaçant de maniére, que le petit trou fe trouvoit dans fa partie fupérieure. J'ai remis le feu fous la cornuë fans luter les jointures, & ma fublimation a paflé dans le ballon, fans qu'il fe foit perdu la moindre fumée par la join- ture ni par le petit trou. T'out le fublimé s'eft trouvé dans le fond du ballon, en partie congelé comme du beurre d'anti- moine fec, & en partie comme de la neige, & rien ne s'eft fublimé au haut du ballon. JL y a beaucoup d'apparence quele fublimé ef forti en fumée par les jointures dans la premiére opération, plütôt que d’en- trer dans le ballon, parce que Fair froid dont le ballon efloit rempli, fe raréfiant peu à peu par la chaleur de la cornuë, en eft forti par ces jointures à mefure qu'il s'eft échauffé; & a entrainé avec lui le fublimé qui eftoit encore en vapeurs : mais ce même air froid contenu dans le ballon, ayant trouvé unc iffuë par le petit trou au haut du ballon dans la feconde opération, il en eft forti feul, & la vapeur mercurielle ef entrée dans le ballon fans aucun obftacle ; & comme elle y a trouvé un lieu affés froid pour fe condenfer promptement , elle né s'eft pas élevée jufqu'à la hauteur du trou dont j'avois percé le ballon ; & par conféquent, il ne s'y eft point fait de fubli- mation , mais elle s'eft dépofée au fond du ballon en forme de floccons comme de la neige, & a rempli plus de la moitié du ballon, en forte que ces ouvertures n’en ont caufé aucune perte. * La raïfon pourquoi dans cette opération le fublimé eft plus fufible, & fe tient plus long-temps en liqueur que dans les fublimations du fublimé corrofif ordinaire, & encore moins dans celle du Mercure doux, eft apparemment, parce que le Mercure y cft plus chargé de fels que ne le font ces autres fublimés ; & comme ce furplus de fel, qui s’éleve dans cette opération, ne trouve pas affés de Mercure pour s’y loger, & pour en être abforbé dans h grande chaleur, il s’y! joint un efprit acide, qui l'entretient liquidé pendant qu'il eft encore chaud : cet efprit acide n'eft pas en trop grande. . CI | DES SCIENCES 11 267 quantité dans les premiéres de ces opérations, ce qui fait qu'il fe condenfe aifément avec le Mercure dans un lieu froid, mais en réiterant fept ou huit fois cette même opération, fr du nouveau fel décrepité, comme j'avois fait ici, il s'en fépare - à la fin une fi grande quantité d'efprit acide, que le Mercure n'eft plus capable de Fablorber même dans le froid ; & il paroît alors en huile épaifle, ou comme du beurre d'antimoine fondu. . Toute cette opération s’eft achevée en deux heures de temps fur fix livres de {ublimé, au lieu que par la maniére ordinaire je n'avois pas achevé la fublimation en douze heures fur trois livres de fublimé. La raifon en eft que dans cette derniére opération le fublimé a pû fortir de la cornuë à melure qu'il s’eft. élevé en vapeurs ; au lieu que dans l'opération ordinaire, ne. trouvant pas, de lieu affés froid dans le vaiffeau fublimatoire pour fe figer, il retombe dans le fond de fon vaiffeau à mefure qu'il s'éleve, & y circule Rent Lu: REFLEXIONS. ne 1 SU R fl” LES OBSERVATIONS DES MAREES, qu “du EURE as " Par M. CassiNr fioë 1 SKIS A JU] GITE Le Hlofphest n'ont ee été ju u'à préfhud Adod 2 Août enfemble touchant la caufe & les Us du Flux & du: n713: Réflux de la Mer. :Poffidonius, au rapport de Shot dit que le mouvement! del'Océan imite la révolution des corps celeftes, & qu'il y'a danse fluxide. la Mersünmmouvement journalier,:un mouve-\ ment qui fuit Ja révolution des mois ‘ibnaites 8e ‘un Mouve- ment annuel tatdalutfos 4 2er (2 Pate noise diirneleftbelu que la Mor faitien Lili 268 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE montant & defcendant deux fois le jour ; que celui des mois fe remarque par les différentes hauteurs des Marées qui font grandes vers les nouvelles Lunes, diminuent jufqu’au premier quartier, & augmentent enfuite juiqu' aux pleines Lunes, après quoi elles redeleendent. Qu'à l'égard du mouvement annuel, il a appris des habitants de Cadis, que vers les folftices d'été, les flux & reflux de la Mer étoient les plus grands, ce qui lui faifoit conjcéturer qu'ils diminuoient jufqu'à l'équinoxe d'au- tomne ; qu'ils augmentoient enfuite jufqu'au foliftice d'hyver, après quoi ils diminuoient, & ainfi fucceffivement. Pline prétend que le Soleil &la Lune font la caufe du flux & du reflux; il paroît être du mêmedentiment que Poffidonius en ce qui regarde le mouvement journalier du flux & du reflux de la Mer, & en celui qu'on obfcrve dans chaque révolution de la Lune; mais il affure au contraire que les plus grandes Marées arrivent dans les équinoxes, & les plus petites dans les folftices, & qu'elles font encore plus grandes dans l'équi- noxe d'automne, que dans celui du printemps. Il adjoüte que les Marées font plus petites Jorfque la Lune eft feptentrionale & qu'elle s'éloigne de lai Terre, que lorfqu'elle efk méridionale & que fa force agit de plus près, & que dans Fefpace de huit années, après cent révolutions de la Lune, on obferve les mêmes principes du mouvement des Marées, & les mêmes. augmentations. Il remarque enfin que tous ces changements. n'arrivent point précifément dansles temps marqués ci-deffus , mais quelques jours après, l'effet des chofes qui fe paflent dans. le Ciel, ne fe faifant pas fentir fur là terre auffi-tôt qu'on les apperçoit à la vüé. Divers Philofophes modernes, ont auffi reconnu dans le: flux & le reflux dela Mer;trois fortes de mouvements, l'ün qui fe fait deux" fois tous les jours, l'autre! qui fuit les pcriodes de a » Lune,& letroifiéme dont'ons ‘apperçoit tous mur au temps: D des équinoxes &. des folfficess: 1: ituÿ Ils s'accordent avec Pline, en ce qu ‘ls fippofenet tous que: les Marées font plus grandes dans des é équinoxes que dans les DES SCIENCES. 269 folftices , mais ils font différents entr’eux en ce qui concerne fa caufe de ces phénomenes. Galilée prétend que la caufe principale du flux & du reflux de la Mer, vient du mouvement de la Terre autour de fon axe, qui fe fait en 24heures, pendant qu'elle cft entraînée en même temps par fon mouvement annuel qu’elle fait autour du Solcil * dans l'efpace d'une année. Quoique ces deux mouvements fe faffent de l'occident vers lorient, chaque point de la furface de la Terre doit avoir des degrés différents de vitefle par rapport à un point fixe pris dans le Ciel. Car par la révolu- tion journaliére de la Terre, les parties expofées au Soleil, font emportées d'un fens différent à celui dont la Terre cft mûë par fon mouvement propre, & tout au contraire les parties de la furface de la Terre, qui font dans l’hémifphére oppolé au Soleil, font emportées par la révolution journaliére du même fens dont elles font entraînées par fon mouvement propre; d'où il réfulte un mouvement compofé dont la vitefle eft plus grande que dans le cas précédent, & qui varie fuivant les différentes directions de ces deux mouvemens. Les parties de la furface de la Terre étant donc müës, tantôt plus lentement , tantôt plus vite dans l'efpace de 24 Métées , il fuit que les eaux con- ‘ tenuës dans la Mer, qui ne peuvent pas fuivre exaétement Îe- mouvement de la furface dela Terre, font obligées de fluer & de refluer dans Fefpace d'un jour, de même que feroit l'eau contenuë dans un vaiffeau , qui étant emportée avec un cer- tain degré de vitefle d'un certain côté, reflueroit du côté oppolé, & retourneroit enfuite vers l'autre bord lorfque cette viteffe viendroit à fe rallentir confiderablement. 1} conclut de- R, qu'il doit y avoir un flux & un reflux dans Fefpace de 24 héurét mais qu'à caufe de l'eau qui tend toûjours à fe mettre cn équilibre, & de divers accidents qui peuvent furvenir, com- me des différentes profondes dela Mer, & de la lirehorl des côtes de la Mer, qui interrompent fon mouvement, le flux peut accelerer de 2, 3, 4, 5 à. 6 heures, ce qui. rat qu'on: - oblerve oEnitétion dans: la: -Méditerranée le lux dela Mer Li ü 270 MEMOIRES DE LV'ACADEMIE ROYALE de 6 heures en 6 heures, quoiqu’en d'autres endroits on puiffe le trouver différent. A l'égard du mouvement des Marées. qui fuivent les pe- riodes des mois lunaires, il prétend qu'elles font produites par l'inégalité du mouvement de la terre, qui acquiert un plus grand degré de viteffe lorfque la Lune eft enconjonétion, que lorfqu'elle eft en oppofition. Il fuppofe pour cela que la force émanée du Soleil agit de même à égale diftance de cet aftre, & meut avec plus de vitcfle les corps qui font plus proches du centre de leur mouvement, que ceux qui en font plus éloignés; d'où il fuit que la Lune doit avoir un plus grand degré de vitefle dans fa conjonétion, où elle, eft plus près du Soleil, que dans fon oppolfition, où elle en cft plus éloignée, ce qui contribuë auffr à accelerer ou retarder le mouvement de la terre; femblable à un pendule qui fait des vibrations plus promptes ou plus lentes, fuivant que lon place un plomb plus proche ou plus loin du centre de fon mouvement. Cette inégalité du mouvement de la terre dans les conjonclions & oppofitions, dont la periode eft Ia même que celle de [a révolution de la Lune, eft la caufe ;, à ce qu'il prétend, des inégalités que l'on obferve dans des Marées dans le cours d'un mois. ss, Pour ce qui regarde les inégalités que l'on obferve dans les Marées dans le cours de l'année ; Galilée. juge qu'elles proviennent de la difference qui refulte de la compoñition du mouvement annuel & du mouvement journalier, fuivant ; les différentes fituations de la terre fur l'Ecliptique. Car la révolution journaliére fe faifant autour des Poles de l'équateur, & la révolution annuelle autour des Poles de l'Ecliptique, qui en ct éloigné de 234 +, il fuit que lorfque la terre eft: dans les. Tropiques, le cercle de déclinaifon concourt.avee le cercle de latitude qu'on appelle Colure, & ces deux révo- lutions fe: font fuivant la mème direction; au lieu que lorfque la terre eft dans lés E‘quinoxes, fes dircétions de ces deux mouvements font inclinées l'une à l'autre de 23423, D HIS /S CAIMENUN C'ETSA 271 d'où il fuit une compofition de mouvements différente de celle qui arrive lorfque la Terre eft dans les tropiques. II réfulte, fuivant cet Auteur, de la différence de ces deux mou- À . vements compofés, des inégalités qui font la caufe de celles que l'ôn obferve dans les folitices & dans les équinoxes. j IE conclut de-là, que les periodes des marces qui font 3 reglées fuivant les jours, les mois & les années, ont toutes pour caufe premiére & principale, le mouvement A la Terre annuel, & fon mouvement journalier, & que le Solcil & la Lune n’y entrent que par accident. Defcartes qui paroïffoit mieux informé que Galilée des phénomenes que fon oblerve dans les Marées fur les côtes de l'Océan, & qui fçavoit qu'on y obferve reguliérement le flux &cdle reflux de la Mer deux fois dej jour dans l’efpace de 24 heures 48 minutes où environ, de forte que la Mer employe affés exactement 6h & 12° à monter, & autant à defcendre, attribua les principales caufes de ce PASSES au mouvement de la Lune. I j jugea que la matiére celefte qui environne la Terre, étant müë par le mouvement journalier avec plus de viteffe que la Terre, fe trouvoit refferrée entre la Terre & la Lune, ce qui obligeoit la Terre à céder un peu du côté oppoié : : Que fes eaux étoient par cet effet comprimées de côté & d'autre fuivant la direction de la Lune à la Terre, ce qui les. faifoit refluer de côté & d'autre à la diftance de 90 degrés, où étoit la plus grande hauteur de la Mer. Que la Lune: étant arrivée 6h & 12” après à la diftance de 90 degrés du: + Jieu où elle étoit auparavant , les eaux qui y avoient été éle- vées, s'y trouvoient comprimées par l'interpofition de la Lune, & la Mer y étoit par conféquent plus bafle qu'en aucun autre endroit. Qu’ainfi il devoit y avoir dans un même lieu, une viciffitude de haute & de bafle Mer dans lefpace de 1 2} 24" femblable à celle que l'on y obferve. *A l'égard des Marées, qui, dans chaque Junaifon , font les: plus hautes dans les nouvelles & pleines Lunes”, & les plus: "+ 272 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE baffes dans les quadratures, il prétend que cela provient de la direction du tourbillon de fa T'erre, qui, fuivant fon fyftème, eft elliptique, & a fon petit axe toüjours dirigé vers le Soleil. Que dans les conjonctions & oppofitions la Lune fe trouve dans cette dircétion; & que par confequent, le flux & le reflux de la Mer doit être plus grand que dans les quadratures, où la Lune eft fituée dans la direction du plus grand axe de l'ellipfe. Il adjoûte enfin que la Lune étant toüjours dans un plan qui cft près de l'Ecliptique, & la Terre faïfant fa revolution journaliére, fuivant le plan de l’Equateur , ces deux plans fe coupent dans les équinoxes, au licu que dans les folftices ils font fort éloignez les uns des autres, d’où il fuit que les plus grandes Marées doivent arriver vers le commencement du printemps &. de l'automne. Képler dans fon Aftronomic Lunaire ( pag. 70.) attribuë la caufe du flux & du reflux de la Mer aux corps du Soleil & de la Lune, qui attirent les eaux dela Mer par une vertu à peu-près femblable à celle de FAimant. Il avouë qu'il eft difficile d'expliquer par ce moyen comment le flux de la Mer eftauffi grand à minuit lorfque le Soleil & la Lune font abfents, qu'à midi lorfqu'ils font prefents. Ïl conjefure cependant que le flux de Ja nuit peut être produit par la réflexion qui fe fait contre la côte de l Amerique, des eaux que la Luneaentraïnées avec elle, & réciproquement par la réflexion qui fe fait contre les côtes de l'Europe & de l'Afrique, des eaux que la Lune amene à fon retour. M. Newton dans fes Principes mathématiques , adopte le fentiment de Képler, en attribuant la caufe des Marées à l'attraction produite par le Soleil & par la Lune. II trouve; füivant fes principes, que la Mer doit s'élever deux fois tous les jours , tant Solaires que Lunaires, & que la plus grande hauteur de la Marée doit arriver moins de fix heures après k paffage du Soleil & de la Lune par le Méridien, comme on l'obferve dans la partie Orientale de la Mer Atlantique &. Ethiopique, CR" DES SCIENCE:,s 273 Fthiopique, entre la France & le Cap de Bonne-Efpérance, & fur les côtes du Chilly & du Perou de la Mer Pacifique, où le flux de la Mer arrive environ für la troifiéme heure. Ces deux mouvements.que le Soleil &la Lune produifent, ne s'apperçoivent point diftinétement , mais font un mouve- ment mixte. Dans les conjonétions & oppofitions ces deux effets font joints enfemble & forment le plus grand Flux & Reflux. Dans les quadratures le Soleil éleve l'eau dans l'en- droit où la Lune Fabaifle , & les flux & reflux de la Mer qui réfultent de cette différence, font les plus petits qui puiflent arriver dans le cours d’un mois; & parce que, fuivantles expé- riences, l'effet de la Lune eft plus grand que celui du Soleil, a plus grande hauteur de la Mer doit arriver à la troifiéme - heure Lunaire. H appelle heure Lunaire la vingt-quatriéme partie du temps que la Lune employe à retourner au Méri- dien du même lieu. M. Newton juge auffi que les effets du Soleil & de ia Lune font plus grands dans leurs plus petites diffances à la Terre, que dans leurs plus grandes , & cela en raifon triplée des diametres apparents : que par conféquent, toutes chofes égales, le Soleil étant l'Hyver dans fon Périgée, les Marées doivent être un peu plus grandes que dans l'Eté; & que la Lune étant dans fon Périgée , les Marées doivent être plus grandes que quinze jours avant ou après, où elle eft dans fon Apogée. .… Il adjoûte que l'effet du Soleil & dela Lune dépend de fa déclinaifon ou diftance à l’Equateur : que fi ces deux Planctes étoient dans {a direction du Pole, elles attireroient toutes les eaux uniformement ; de forte qu'il n’y auroïit aucun mouve+ ment réciproque, & qu'ainfi le Soleil & la Lune en s'éloignant del Equateur vers [es Poles, perdent peu à peu leur effort ,& caufent des Marées plus petites dans les fizygies des Solflices que dans celles des Equinoxes ; mais dans les quadratures des Solfices , les Marées doivent être plus grandes.que dans les quadratures des Equinoxes, parce que l'effet de la Lune qui eff alors dans l'Equateur, furpaffe celui du Soleil. Mem. 17 1 3. .Mm 274 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Les plus grandes Marées arrivent donc dans les fizygies, & les plus petites dans les quadratures qui font vers le temps des Equinoxes , & la plus grande Marée d’une fizygie eff fui- vie de la plus petite d'une quadrature, ce qu'il dit s’accorder à l'expérience. [ réfulte auffr de la diftance du Soleil à a Terre, qui eft plus petite dans 'Hyver que dans l'Eté , que les plus grandes & les plus petites Marées précedent plus fouvent l'E- quinoxe du Printemps qu'elles ne ie fuivent , & fuivent plus fouvent l'Equinoxe d'Automne qu'elles ne le précedent. M. Newton trouve enfuüite que les effets du Soleil & de Ia Lune dépendent aufit de Ja latitude des lieux ; qu'on peut confidérer la Mer comme partagée par le flux de la Mer en deux hémifpheroïdes , dont l'un eft vers le Nord, & l'autre vers le Midy; que les Marées de ces deux hémifpheroïdes oppolés paflent fucceffivement par le Méridien de chaque lieu dans lefpace de douze heures ; que les Pays feptentrionaux participent davantage de la Marée Boréale, & les Méridionaux de la Marée Auftrale, & qu'ainfi hors de l'Equateurles Marées de chaque jour font alternativement plus grandes & plus pe- tites. La plus grande Marée arrive trois heures après le paffage de la Lune par le Méridien lorfque cette Planete décline de l'Equinoëtial vers le Zénit, & la Lune changeant de décli- haifon {a Marée fera plus petite. La plus grande différence entreles Marées d’un même jour; doit arriver dans les temps des Solftices, principalement lorf- que le Nœud afcendant de la Lune eft au commencement d'Ariés. Auffi on à trouvé par expérience que dans l'Hyver la Maréc du matin eft plus grande que celle du’ foir, & dans YEté celle du foir plus grande que celle du matin, à Plymouth d'environ un pied, & à Briftol de quinze pouces. Les autres fentiments des Philofophes touchant Ha caufe & les effets du Aux & du reflux de la Mer, fe réduifent prefqué tous à ceux que je viens de rapporter ; c'eft pourquoi Jon a cru devoir examiner quels font ceux qui s'accordent aux expé- siences ,& quels font ceux qui leur font contraires. DIE Sur S GUAUE AN: GES x I 27Se A l'égard de ce qui nous eft rapporté de Poffidonius, if a fort Fou diftingué les trois mouvements des Marées qui fuivent les périodes des jours, des mois & des annécs ; mais. il fuppofe que les Marées font plus grandes vers les Solftices, que vers les Equinoxes, ce qui n'eft pas conforme aux expé-. riences. 11 fe pourroit faire qu’on eût obfervé dans le folftice d'Eté la Marée dans le temps que la Lune étoit fort près de, la terre, auquel cas la Mer auroit dû s'élever à une grande hauteur , ce qui auroit donné lieu de conjeclurer que les plus, grandes Marées arrivent toujours dans les folftices, &. les plus petites dans les équinoxes. En effer, Strabon qui rapporte le fentiment de Poffidonius, dit que cet Auteur ayant été à Cadis. dans le Temple DORE vers le folftice d'Eté, n'avoit point remarqué de Marées extraordinaires dans la pleine Lune, mais, que vers la nouvelle Lune il étoit arrivé dans le Fleuve Botis, ou Quadalquivir un fi grand débor. dement d'eaux , que le rez- de- chauffée du Fanal d'Hercule & le rempart du Port de Cadis avoient été couverts jufqu'à la hauteur de dix coudées. Le fentiment. de Pline touchant les Marées des é équinoxes - & des folftices, paroît plus conforme aux obfervations, pui qu'il afTüre que les plus grandes Marées arivent dans fier équi-, noxes, & les plus petites dans les folftices : mais il avance que les Marées font encere plus grandes: fans 'équinoxe d'Au= tomne que dans celui du Printe , CE que nous n'avons pas pà reconnoiître par les hen@s, Ce qu'il y a de fin- gulier eft qu'il 4, reconnu! que les Marées font plus petites lorfque la Lune s'éloigne de la terre; que lorfqu'elle, s'en ap- roche, & que, fa force agit de plus près :1ce qui eff con- > à nos obfervations. ILremarque aufli que dans l'efpace de huit années après cent révolutions de la Lune , on y obferve les mêmes principes du mouvement des Marées. & les mêmes augmentations ; ce qui a beaucoup de rapport au mouvement, de l'Apogée de la Lune, qui dans J'efpace, de huit à neuf années revient au même point du'Zodiaque après x 18 révolutions de la Lune, que l'on peut prendre par con- Mn ij 276 MEmoïRes DE L'ACADEMIE ROYALE féquent pour la période des principales inégalités que l'on ob- ferve dans les Marées. I'adjoûte enfin que les effcts produits par les mouvements des corps celeftes ne fe font point fentir fur la terre aufli-tôt qu'on les apperçoit à la vüë: ce qui s’ac- corde parfaitement avec nos obfervations. A l'égard de Galilée, qui prétend que la caufe principale des Phénomenes que l'on obferve dans le flux & le reflux de la Mer, doit ètre attribuée au mouvement de la terre, il feroit difficile de concilier fon fentiment avec les obfervations. H convient lui-même que, fuivant fes principes, il ne doit y avoir dans l'efpace de 24 heures qu'un flux & un reflux, & que s'il arrive quelquefois plutôt, cela provient de divers ac- cidents, comme de 1a profondeur de l'eau, de la direétion des côtes de la Mer, &c. Mais fi cela étoit ainfi, comment pourroit-on fe perfuader que ces caufes accidentelles & qui varient en tant de manieres différentes, fuivant les différents Feux, caufaflent un effet affez régulier pour faire en forte qu'au lieu d'un flux & d’un reflux dans l'efpace de 24 heures, il y eût deux flux & deux reflux dans ce même intervalle plus 48 minutes? effet qui eft connu de tout le monde , & Que nous avons remarqué dans tous les Ports de la France qui font fur l'Océan , où, nonobitant la diverfe profondeur de l'eau & la différente direétion des côtes, la Maréc employe affez réguliérement fix RQ & environ un quart à monter, & autant à defcendre. Outre les périodes du flux & da reflux de la Mer qu'on obferve tous les jours, & dont Galilée attribuë la caufe au mouvement de la terre, iltrouve que, fuivant fon fyfléme, il doit y avoir dans les Marées une période réglée fuivant la révolution de la Lune à l'égard du Soleil , la terre ayant, . à ce qu'il conjecture, un plus grand degré de viteffe dans les conjonétions que dans les oppoñitions. On peut répondre à cela que ces divers degrés de vitefle qu'il attribuë à la terre dans les nouvelles & pleines Lunes, n’ont point été connus jufqu'à préfent aux Aftronomes. Mais quand même cet effet DES SCIENCES. 277: qui n’eft peut-être pâs affez fenfible pour être apperçà par les obfervations Aftronomiques, le feroit aflez pour faire quel que impreflion fur la Mer, comme le conjecture Galilée, il fuivroit de-là que les Marées qui arrivent dans les conjonc- tions feroient différentes de celles que l’on obferve dans les oppofitions , & que celles des quadratures feroient les plus uniformes : ce qui ne fatisfait point aux expériences par 1e£ quelles on a trouvé que les plus grandes Marées arrivent également dans les conjonétions & oppofitions, où elles font aflez uniformes; & que les plus petites s'obfervent dans les quadratures, où elles font fujettes à plus d'irrégularités. La’ raifon que Galilée rapporte de la période annuelle des Marées, ne paroît pas non plus s’accorder aux expériences, car dans les folftices le mouvement journalier de la terre fe faifant dans la même direction que le mouvement annuel, il femble qu'alors la compofition de ces deux mouvemens devroit caufer des Marées plus grandes que dans les équinoxes , où les direc- tions de ces deux mouvemens font inclinées fune à l'autre, & cependant on obférve tout au contraire que les Marées font plus grandes dans les équinoxes que dans les folftices. Les différents degrés de vitefle du mouvement annuel de la terre, lorfqu'’elle eft dans fon périhelie ou dans fon aphélie, devroient auffi caufer, fuivant ce fentiment, une très-grande altération dans les Marées on n’obferve pas néantmoins de variations confidérables dans les Marées du folftice d'Hyver où la terre fe meut avec plus de viteffe, au folftice d'Eté où elle fe meut plus lentement. Le fentiment de Defcartes touchant la caufe du flux & du reflux de la Mer paroît plus conforme aux obfervations; car il eft aifé de concevoir que tous les corps céleftes faifant par leur mouvement , quelques impreffions les uns fur les au- tres, la terre eft obligée de céder du côté oppolé à la Lure; de forte que les eaux de la Mer fe trouvent comprimées fui- vant la direétion dela Lune à la terre, & forcées de refluer de côté & d'autre à la diftance de 90 degrés où fe fait la haute Mer. Mu ii 278 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE La raifon qu'il apporté de ce que les Marées {ont plus grandes dans les fizygies que dans les quadratures, eft une fuite de fon fyfteme, dans lequel il fuppofe que le petit Axe du Tourbillon de la terre, lequel eft elliptique, eft toujours dirigé vers le Soleil ; de forte que la Lune eft plus près de la terre dans les fizygies, que dans les quadratures. Mais cela ne s’ac- corde pas toujours avec les obfervations aftronomiques; car il cft vrai que la Lune étant dans les fizygies & en même-temps dans fon périgée, eft plus près de la terre que dans toute autre phafe ; mais on ne peut pas conclurre de-là que le petit Axe. du Tourbillon de la terre , lequel emporte la Lune, foit tou- jours dirigé vers le Soleil : car il arrive fouvent que la Lune eft plus près de la terre dans les quadratures, que dans les fizygies, & cependant on obferve toujours que dans les qua- dratures les Marées font plus petites que dans les fizygies. On ne peut donc point attribuer la caufe des grandes Marées dans les nouvelles & pleines Lunes, à la proximité de la Lune à la terre, & celle des petites Marées dans les qua- dratures, à fon éloignement ; & c’eft ce qui nous donna lieu de conjeélurer que le Soleil auffi-bien que la Lune con- couroit à produire la hauteur des Marées, quoique fon effet fût moins confidérable que celui de là Lune ; que dans les fizygies ces deux caufes agiffant fuivant la même dircélion, les Marées devoient être plus grandes que vers les quadra- tures, où le Soleil agifloit dans une direction perpendiculaire à celle de la Lune. Nous avons trouvé que Képler_& enfuite M. Newton avoient jugé que le Soleil aufii-bien que la Lune contri- buoient à la hauteur des Marées , avec la différence qu'au lieu que nous fuppofons que les Marées font produites par la preffion du Solcil & de la Lune fur la matiére celefte qui en- vironne la terre, ils ont attribué cet effet aux corps du Soleif & de la Lune qui attirent les eaux de la Mer par une vertu à peu près femblable à celle de l'aimant. Ces deux hypo- thefes , quoique fort différentes dans leur principe, femblent : DÉS S'€/TIEN c'E'S 279 pouvoir rendre également raifon de tous les Phénomenes qu'on obferve dans les Marées. IL cft vrai que , fuivant le fyfteme de la preffion , la Mer doit être bafic dans les en- . droits où elle devroit être haute fuivant le fyflême de l'at- traction ; mais comme dans les nouvelles & pleines Lunes la haute Mer arrive en divers lieux, à différentes heures dujour, avant & après midi, il n'eft pas aifé de diféerner à quelle des deux caufes on doit attribuer le flux & le reflux dela Mer. I eft donc plus à propos , avant que d'embraffer aucun fyfte- me, de saffürer d'un grand nombre d’obfervations ; ce que nous avons fait jufqu'à préfent , & que nous avons eu oc- * cafion de continuer par un nouveau Journal d'Obfervations fur les Marées, faites à Breft pendant les années 1712 & 1713. Ce Journal commence au 13 Juillet de année «7 r 2 où le précédent avoit fini, & à été continué jufqu'au dernier Mars de l'année 1713. Dans cet intervalle, qui eft d'environ neuf mois, on a obfervé les Marées de dix-huit, tant nouvelles que pleines. Lunes, entre lefquelles il fe rencontre celle de l'équinoxe d'automne, du folftice d'hyver & de l'équinoxe du printemps. La Marée qui eft arrivée le plutôt , a été oblérvée le 24 Février 1713, à 3P 6’ du matin, la nouvelle*Lune étant marquée ce jour-Îà dans la Connoiffance des Temps, à ro 50° du foir. Celle qui ef arrivée le plus tard, a été obfervée le 1 3! Decembre à 4h 27° +, la pleine Lune étant marquée ce jour-là à 1h 3° du matin. La différence entre ces deux obfervations, qui eft de 1P 2 1’ + peut fe corriger en partie; en fuppofant, de même que dans les Mémoires précédens, le temps moyen de la pleine Mer à Breft à 3° 45°, & y em- ployant équation ordinaire de deux minütés par heure, qu'il faut adjouter au temps moyen , ou l'en rétrancher, felon qu'il retarde ou anticipe à l'égard du temps de la nouvelle ou pleine Lune. Car on trouvera que le 24 Février 1713, jour de la nouvelle Lune & de la plus grande accélération de la: 280 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE Marée, la haute Mer a dû arriver à 3h 7',à une minute près de celle qui a été obfervée, & que le 13 Decembre, jour de la pleine Lune & du plus grand retardement, la haute Mer a dû arriver à 4h 14° +,à 13° près de celle qui a été obfervée. L’obfervation du 24 Février 1713 eft celle où l'on a remarqué la plus grande accélération dans Fefpace de près de deux années, & eft éloignée du temps moyen de Ia haute Mer, de 39 minutes, qui par l'équation prefcrite, fe réduifent à une minute; & l’obfervation du 1 3 Decembre eft celle où Yon a trouvé le plus grand retardement dans le mème efpace de temps , & eft éloignée du temps moyen de 42 minutes, qui par notre équation fe réduifent à 1 2°+, ce qui fait voir la néceffité qu'il y a d'employer cette équation, & lutilité qu'on,en peut retirer pour connoître plus fürement le temps de la haute Mer le jour des nouvelles & pleines Lunes. A l'égard du temps de la haute Mer dans les quadratures, il eft fujet à de grandes inégalités, qu'on corrigera cependant en partie, en fuppofant le temps moyen de la haute Mer à Breft le jour des quadratures à 8h $7', comme on l'a fait ci-devant, & employant l'équation ordinaire de deux minutes & demie par heure , au lieu de celle de deux minutes que l'on fuppole dans les nouvelles & pleines Lunes. On a été obligé d'employer dans les quadratures cette équation horaire de deux minutes & demie , parce que l'on a obfervé que d’un jour à l'autre les Marées retardent beaucoup plus vers les quadratures que vers les nouvelles & pleines Lunes , dont voici la raifon. Dans les nouvelles & pleines Lunes la preffion eft plus grande que vers les quadratures , & par conféquent l'effort produit fur les eaux de l'Océan qui font en pleine Mer, employe moins de temps à fe communiquer vers les côtes que dans les quadratures où la preffion de la Lune étant beaucoup plus petite ,: fon effort employe beaucoup plus de temps à fe communiquer vers les côtes, & caule un FREE ans DES SCIENCES. 281 dans les Marées, ce qui fait un effet femblable aux flots de la Mer, qui font plus grands, & acquiérent une plus grande viteffe, plus la force qui les agite cft grande. Nous avions déja remarqué que la Mer employe plus de temps à defcendre qu'à monter. Cela fe confirme par ces nouvelles obfervations, & il paroît qu'on peut en at- tribuer la caufe à ce que l'effort qui oblige les eaux à sé lever, les poufie avec violence , & par conféquent avec beaucoup de vitefle vers les Côtes, d'où elles fe retirent enluite par leur propre poids avec moins de vitefle qu'elles n'étoient montées. A l'égard des Marées qui arrivent deux fois dans e mème jour, de douze en douze heures, elles doivent changer continuellement de hauteur, puifque dans chaque mois elles font les plus grandes un ou deux jours après Les nouvelles & pleines Lunes; qu'elles diminuent enfuite con- - tinuellement jufqu'à un jour ou deux après les quadratures ; qu'elles remontent enfuite, & ainfi fucceflivement ; mais outre cette inégalité de hauteur qu’on a remarquée de tout temps , il s'en rencontre encore d’autres. Car on obferve fouvent que depuis les quadratures jufqu'aux nouvelles & pleines Lunes , la Marée du foir devant être plus grande que celle du matin, à caufe que les Marées d’un jour à l'autre vont en augmentant, elle nc laiffe pas de fe trouver quel- quefois plus petite le matin que le foir, de la hauteur de plufieurs pouces ; & tout au contraire en d’autres circonftan- ces depuis les nouvelles & pleines Lunes jufqu'aux quadra- tres, on trouve la Märée du foir plus grande que celle du matin, quoiqu'elle-eût dû être plus petite, à caufe que les Marées d'un jour à l’autre vont en diminuant. Cette inégalité de hauteur dans les Marées a été, au rap- port de M. Newton, obfervée à Plymouth & à Briftol par M." Collepreffius & Sturmius, qui ont remarqué que dans l'Hyver la Marée du matin étoit plus grande que celle du foir, &que dans l'Eté celle du matin étoit plus petite que celle du foir. Men. 171 3. . Nn 282 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Ils avoient apparemment fait ces obfervations vers les nouvelles & pleines Lunes qui arrivent près les folftices, où Yon obferve en effet prefque toujours cette variété de hauteur dans les Marées qui fe fuccedent les unes aux autres, de douze en douze heures. Par exemple, le 19 Juin 1712, jour de Ja pleine Lune, Ja Marée du matin fut obfervée à Breft de 17 pieds 1 pouce, plus petite d'un pied un pouce que celle du foir, qui fut trouvée de 18 pieds 2 pouces. Le 2 Juillet fuivant, jour de a nouvelle Lune, la Marée du matin fut obfcrvée de 14 pieds 10 pouces 6 lignes, plus petite de 9 pouces 2 lignes que celle du foir, qui fut trouvée de 1 5 pieds 7 pouces 8 lignes. Tout au contraire, le 13 Decembre 1712, jour de Ia pleine Lune, la Marée du matin fut obfervée de 16 pieds 7 pouces, plus grande de quatre pouces 4 lignes que celle du foir, qui fut trouvée de 1 6 pieds 2 pouces 8 lignes. Le 29 Decembre fuivant, jour de la nouvelle Eune, la Marée du matin fut obfervée de 18 picds 10 pouces, plus grande de 7 pouces que celle du foir, qui étoit de 18 pieds 3 pouces. Il paroît donc par ces obfervations, de même que par plufieurs autres qu'il feroit trop long de rapporter , que vers les nouvelles & pleines Lunes, les Marées de l'Eté font plus petites le matin qué le foir, & les Marées de l'Hyver plus petites le foir que le matin, dont on peut rendre aifé- ment raifon, pourvü que fon fuppole , conformément à notre hypothefe, que les Marées font à peu-près d'égale hauteur dans les lieux de la terre direétement oppolés les uns aux autres. En Eté dans les nouvelles Lunes, cette Planete pañle vers le Midi avec le Soleil par notre Méridien avec une déclinaifon feptentrionale, & par conféquent fon plus grand effort doit fe faire fentir dans les pays Septentrio- maux de notre Hémifphere & dans les pays Méridionaux D, E:5: 49 CUTUE: Nr CUS | 283 de l'autre Hémifphere qui nous font directement oppol&s. Douze heures où environ après vers la minuit, la Lune aflé par le Méridien dans l'Hémifphere oppolé avec une déclinaifon femblable , & par conléquent fon plus grand effort doit s’appercevoir dans les pays Septentrionaux de l'autre Hémifphere, & dans les pays Méridionaux de notre Hémifphere qui lui font direétement oppolés. L'effort où la preflion de la Lune dans les nouvelles Lunes d'Eté, eft donc plus grand à midi,dans les: pays Septentrionaux où nous habitons, que dans les pays Méridionaux ; & tout au contraire cette preflion eft plus grande à minuit dans les pays Méridionaux, que dans les pays Septeñtrionaux ; d'où il fuit que les hauteurs des Marées étant proportionnées aux. différens efforts ou preffions de la Lune , la Marée. du foir immédiatement après midi doit être plus grande dans es - nouvelles Lunes d'Eté, que la Marée qui arrive le matin après minuit. Dans les pleines Lunes qui arrivent auffi dans la même faifon , la Lune pañle à minuit par notre Méridien avec une déclinaifon Méridionale, & par conféquent da. Marée du matin qui fuit immédiatement, doit être plus petite que, celle d'après midi, la Lune paffant à midi par le Méridien d'un lieu dont foppofite eft dans la partie Septentrionale de la Terre où doit arriver la plus grande Marée du foir. T'out au contraire dans les nouvelles Lunes d'Hyver cette Planete pafle avec le Soleil par le Meridien avec une dé- clinaifon Méridionale, &. par conféquent la preflion qu'elle caufe. dans les pays Septentrionaux, doit être alors moins grande que celle qu'elle produit dans les pays Méridionaux,, & la Marée du foir qui fuit immédiatement. doit être plus petite que celle du matin, la-Lune paffant à minuit par Je Méridien d'un lieu dont loppofite ef dans la partie Septen- trionale de a Terre où doit arriver la plus grande Marée du matin. Dans les pleines Lunes d'Hyver, la Lune pañle à minuit par le Méridien avec une déclinaifon Septentrionale, ! Nnj 284 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYarE & par conféquent là Marée du matin qui fuit immédiatement, doit être plus grande que celle du foir, la Lune pafñlant à midi par le Méridien d'un lieu dont l'oppofite eft dans la partie Méridionale de la Terre où doit arriver la plus grande Marée du foir. I paroît donc par ce railonnement, que dans les nou- velles & pleines Lunes , les Marées de l'Eté doivent être plus petites le matin que le foir, & que la plus grande Ma- rée doit arriver le foir. Que tout au contraire dans lHyver les Marées font plus petites le foir que le matin, & que la plus grande Marée doit arriver le matin. On obferve feulement que la différence de hauteur en- tre les Marées du matin & celles du foir, eft plus grande l'Eté que l'Hyver, ce qui doit arriver en effet, parce que la Marée du foir qui dans FEté ef plus grande que celle du matin, par les raifons que nous venons de rapporter, fe trouve encore augmentée de hauteur par l'augmentation qui fe fait dans les Marées de douze heures en douze heures depuis un ou deux jours après les quadratures jufqu'à un ou deux jours après fa nouvelle ou pleine Lune ; au lieu que dans l'Hyver Ja Marée du foir, qui eft plus petite que celle du matin, fe trouve augmentée de hauteur, parce que les Marées qui croiffent dans les nouvelles & pleines Lunes, font plus grandes le foir que le matin, ce qui caufe en Hyver une différence moins grande dans la hauteur des Marées du même jour, que dans l'Eté. Il y a donc deux caufes qui concourent enfemble à ka variation de hauteur que lon obferve dans les Marées qui arrivent dans un même jour de douze heures en douze heures ; l'une qui eft produite par l'augmentation ou dimi- nution continuelle qui arrive entre les nouvelles & pleines Lunes, & les quadratures, & l'autre que l’on doit attribuer à la différente hauteur de la Lune für l'horizon, fuivant que fa déclinaifon eft plus Septentrionale ou Méridionale. Cette derniére caufe l'emporte ordinairement fur l'autre, lorfque la D'EMSX.S: CAE NÉ CHEN Si 285 Lune eft dans les fignes Septentrionaux ou Méridionaux, mais elle eft peu fenfible dans les nouvelles ou pleines Lunes de l'Equinoxe, où {a Lune paffe par le Méridien avec fort peu de déclinaifon. Cette augmentation ou diminution dans les Marées de douze en douze heures , que nous venons de remarquer dans les nouvelles & pleines Lunes qui arrivent vers les folftices , doit s’obferver auffi dans les quadratures qui arrivent vers les Equinoxes. Dans l'Equinoxe du Printemps, la Lune cft dans fon premier quartier dans les Signes Septentrionaux , & pafle par le Méridien fur les fix heures du foir, avec une décli- naifon Septentrionale, & par conféquent la Marée du foir qui fuit fon paflage par le Méridien , doit être plus grande ue celle du matin. Dans le 3. quartier la Lune pañle par le Méridien fur les fix heures du matin avec une dé- elinaifon Méridionale , & par conféquent la Marée du matin doit être plus petite que celle du foir. Ainfr dans les qua= dratures qui arrivent vers l’Equinoxe du Printemps, les Marées font plus pctites le matin que le foir, & les plus petites Marées doivent arriver le matin. . Tout au contraire vers l'équinoxe d'Automne, la Lune dans fon premier quarticr eft dans les Signes Méridionaux; & pale par le Méridien fur les fix heures du foir avec une déclinaifon Méridionale, & par conféquent la Marée du foir qui fuit fon paflage par le Méridien, doit être plus pe- tite que celle du matin. Dans le 3.° quartier la Lune pañe r le Méridien fur les fix heures du matin avec une dé-. clinaifon Septentrionale, & par conféquent la Marée du matin qui fuit fon paflage par le Méridien, doit être plus grande que celle du foir. | | Ainfi dans les quadratures qui arrivent vers l'Equinoxe d'Automne , les Marées du matin font plus grandes que celles du foir, & les plus petites Marécs doivent arriver le foir, Nn ii 286 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Ce raifonnement s'accorde affez bien aux expériences , car le 6 Septembre 1711, jour de la plus petite Marée de l'équinoxe d'Automne , là Marée du foir fut obfervée de 10 pieds 3 pouces, plus petite de 7 pouces que la Marée du matin, qui fut trouvée de ro pieds 10 pouces. Le 23 Septembre 1712, jour de la plus petite Marée de l'équinoxe d'Automne , la Marée du foir fut auffi obfer- vée de 10 pieds 8 pouces 4 lignes, plus petite de 9 pouces 8 lignes que la Marée du matin, qui fut trouvée de 1 1 pieds 6 pouces. Tout au contraire le 16 Mars 1712, jour de la plus petite Marée de léquinoxe du Printemps , la Marée du matin fut obfervée de 10 pieds 10 pouces, plus petite de 3 pouces que celle du foir , & le 20 Mars 1713, jour de la plus petite Marée du dernier quartier , la Marée du matin fut obfervée de 11 pieds 7 pouces, plus petite de 9 pouces que celle du foir. Nous avons remarqué dans les Mémoires précédents, que les diverfes diftances de la Lune à la Terre caufent une très- grande variété dans la hauteur des Marées. Cela fe confirme par ces derniéres obfervations , car le 28 Decembre 1712, jour de la pleine Lune, la diflance de cette Planete à la Terre, étant de 9 36 parties, dont le rayon eft 1000, c'eft-à-dire, la Lune étant fort près de fon Perigée, on obferva le 30 Decembre au matin, jour de la plus grande Marée, la hauteur de la pleine Mer de 19 pieds 2 pouces au-deffus du point fixe , & celle de la bafle Mer de 1 pied 8 pouces, au-deffous de ce point , de forte que la Mer avoit monté ce jour-là de la hauteur de 20 pieds 10 pouces. Le 11 Janvier fuivant , jour de la pleine Lune , la diflance de cette Planete à la Terre étant de 1064. c'eft-à- dire, la Lune étant fort près de fon Apogée, on obferva le 15 Janvier au matin, jour de la plus grande Marée , la hauteur de a pleine Mer, de 17 pieds $ pouces, & celle de la bafle Mer fuivante, de 1 pied o pouce, de forte D':8 1519 (CAL EN Gore 287 que la Mer na monté ce jour-là que de la hauteur de 1 6 pieds $ pouces, & dé 4 pieds $ pouces moins que dans lObfervation précédente, où la Lune étoit près de fon Perigée. H faut remarquer que dans la nouvelle Lune Perigée du 28 Decembre 1712, fa déclinaifon étoit de 234 o! Méridionale , fort éloignée de l'Equinoétial, & par confé- quent fa preffion fur la l'erre devoit être moins grande que lorfque la Lune étant à peu-près à égale diftance de la Terre, elle fe trouve en même-temps plus près de l’Equateur. En effet, nous trouvons que le 24 Février 1713, jour de Ja nouvelle Lune, fa diftance à la terre étant de 953» c'efl-à-dire , près de fon Perigée, & fa déclinaifon de 54 Méridionale, près de l'équateur , la hauteur de la pleine Mer fut obfervée le 26 Février au matin de 2 r pieds 2 pouces, qui eft la plus haute Marée que lon ait obfervé à Breft dans l'efpace de près de deux années. La baffle Mer füuivante fut obfervée de 1 pied 3 pouces au-deffous du point fixe ,. de forte que la Mer monta ce jour-là de Ja hauteur de 22 pieds $ pouces. Le 12 Mars fuivant, jour de la pleine Lune, fa diflance à la Terreétant de 1032, aflés près de fon Apogée, & fa déclinaifon Méridionale d'un degré, c'eft-à-dire , près de’ Equateur, on obfervale 13 Mars fuivant , jour de fa plus grande Marée, la hauteur de Ja pleine Mer de 18 pieds: 2 pouces, & celle de Ia baffle Mer de o pied o pouce, de forte que l'élévation de la Mer n'a été ce jour-là, que de: 18 pieds 2 pouces, moindre de 4 pieds 3 pouces que dans: Yobfervation précédente où la Lune étoit près de fon Pe-- rigée, mais plus grande de 1 pied 9 pouces que dans l’obfer- vation du 11 Janvier 1713, rapportée ci-devant, où ls: Lune étant près dé fon Apogée, fa déclinaifon. Septentrio= nale étoit de 20 degrés. A l'égard des petites Marées, qui fuivent les quadratures.,. nous trouvons auf. par ces derniéres obfervations ; que leurs: 288 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE hauteurs font proportionnées aux diverfes diftances de Ja Lune à la Terre. Par exemple, le 23 Septembre 1712, jour de la plus petite Marée qui a fuivi le 3.° quartier, la diftance de la Lune à la Terre étant de 1063 , fort près de fon Apogée, la hauteur de la pleine Mer fut obfervée le foir, de 10 pieds 8 pouces 8 lignes, & celle de la baffle Mer de s pieds 10 pouces, de forte que la Mer n'a monté ce jour-  que de la hauteur de 4 pieds 10 pouces 8 lignes. Le 7 Oétobre füivant, jour de la plus petite Marée qui a fuivi le premier quartier, la diflance de la Lune à la Terre étant de 976, près de fon Perigée, la hauteur de la pleine Mer fut obfervée le foir de 12 pieds 10 pouces, & celle du matin de 3 pieds 6 pouces, de forte que l'élévation de la Marée a été ce jour-là de 9 pieds 4 pouces, plus grande de æpieds $ pouces 4 lignes, que dans l'obfervation précédente, où fa Lune étoit près de fon Apogée. La dédlinaifon Septentrionale de la Lune étoit le 22 Septembre 1712, jour du dernier quartier de 244 +, & par conféquent la plus petite Marée fuivante devoit être fort baffle, comme on l'obferva en cffct , ayant été trouvée le 23 au foirde 10 pieds 8 pouces 8 lignes, plus bafle de 2 pieds o pouce que le 26 Decembre, où la diftance de Îa Lune à la Terre étant de 1036, près de l'Apogée, & fa déclinaifon Méridionale de $ degrés, la hauteur de la Marée fut trouvée de 12 pieds 8 pouces 8 lignes. Outre les variations dans la hauteur des Marées , qui ré- faltent des diverfes diflances de la Lune à la Terre, & de fa différente déclinaifon à l'égard de l'Equinoétial, il doit y en avoir auffi, fuivant nos hypothefes , quelques-unes caufées par la différente diflance du Soleil à la Terre, & par fa différente déclinaifon. Nous avons déja remarqué que les Marées des nouvelles & pleines Lunes étoient plus grandes vers les Equinoxes, où le Soleil n'a point de déclinaifon , que vers les Solftices où il en a une de 234 29',&ilya apparence que le Soleil qui fe‘trouve alors en conjonétion &en DES SCIENCES. 289 &c en oppofition avec la Lune, concourt avec elle aux diffé- rentes hauteurs qu'on y obferve. A l'égard de la diftance du Soleil à la Terre, comme elle eft plus petite vers le Solftice d'Hyver où le Soleil eft préfentement près de fon Perigée, qu'au Solftice d'Eté, où il eft près de fon Apogée, les Marées doivent être plus grandes en Hyver qu'en Eté, toutes chofes égales, comme on l'obferve en effet. Car le 30 Juillet 171 r, jour de la pleine Lune , la diftance de la Lune à la Terre étant de 960, & fa déclinaifon de 254 29, le Solcil étant aufl dans fon Apogée, on obferva le premier Juillet au foir la hauteur de fa plus grande Marée de 17 pieds ro pouces. Le 8 Janvier fuivant, jour de la nouvelle Lune, la diftance de la Lune à la Terre étant de 9 5 1, & fa déclinaifon de 234 0’ à peu près de même que le 30 Juin; le Soleil étant alors près de fon Perigée, on obferva le 10 Janvier au matin, la hauteur de la plus grande Marée de 19 pieds 10 pouces, plus haute de 2 pieds que dans l’obfervation précédente , où le Soleil étoit dans fon Apogée. Le 19 Juin fuivant la diftance de la Lune à la Terre étant de 036, & fa déclinaifon Méridionale de 244 $o', le Soleil étant alors près de fon Apogée, la hauteur dela plus grande Marée fut obfervée le 2 1, Juin au foir, de 1 8 pieds 4 pouces, plus petite d’un pied Éiuces que dans l’obfervation précédente. Enfin le 28 Decembre 1712, le Soleïl étant dans fon Perigée, la diftance de la Lune à la Terre étant de 936, & fa déclinaifon méridionale de 23 degrés, la hauteur de la plus grande Marée fut obfervée le 30 Decembre de 19 pieds 2 pouces, plus grande de 1 0 pouces que le 19 Juin où le Soleil étoit près de fon Apogée, & la Lune à peu près à égale diftance de la Terre. H refulte donc de ces Obfervations, qu'il y a quatre caufes qui contribuent aux différentes hauteurs qu'on obferve dans les Marées, La premiére dépend des diverfes fituations de Ia Lune à l'égard du Soleil, & produit les variations que fon Mem. 171 3. Oo 390 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE . obferve dans la hauteur des Marées depuis les nouvelles & pleines Lunes jufqu'aux quadratures. La feconde efi pro- duite par les diverfes diflances de fa Lune à la Terre, les Marées étant plus grandes, forfque la Lune eft près de fon Perigée que lorfqu'elle cft près de fon Apogée. La troifiéme cft produite aufli par les diverfes diftances du Soleil à fa Terre, les Marées étant plus grandes lorfque le Soleil dt dans fon Apogée, que lorfqu'il eft dans fon Perigée. Enfin la quatriéme dépend de la diftance de la Lune à l'Equinoxial, les Marées étant plus petites lorfque la Lune a une grande déclinaifon , que lorfqu'elle eft près de l'Equateur. Cette derniére caufe produit auffi les variations que l'on obferve dans les Marées qui arrivent dans un même jour. Ces varia- tions fe doivent appercevoir diverfement en différents lieux de la Terre. Elles doivent être nulles dans les pays qui font fous la Ligne Equinoxiale; mais elles font très-fenfibles dans. les: pays Septentrionaux & Méridionaux , fuivant que la décli- naïlon de la Lune eft plus ou moins Septentrionale ou Méri- dionale. - nf! pis 18 AVE It CE sw) 297 PTS T'OLR EN D UC ARE Par M DE JUSSIEU. "A lû en 171 3 une Relation fur le Café, qui m'avoit été envoyée par M: Gaudron Maiue Apothicaire dé Saint- Malo, qui la tenoit de M. Defnoyers Chirurgien François, nouvellement arrivé pour lors de Zedia, lieu où cette Plante fe cultive, éloigné de quelques journées de la rade de Moka ; mais comme depuis ce temps-là, j'ai eû occafion de mieux examiner Arbre du Café, par le wanfport qui en a été fait en 17 14 d'Hollande à Paris au Jardin du Roy, j'ai cru devoir fupprimer cette Relation, qui n’auroit été que fort imparfaite, & qu'il étoit à propos de fubflituer à fa place le Mémoire fuivant, dont j'ai fait la lecture cette année 177 5. ! Depuis environ foixante ans que le Café «ft connu en Europe, tant de gens en ont écrit fans connoître fon origine; que fi j'entreprenois d'en donner une hifloire fur les relations qu'ils nous en ont laiffées, je ne ferois que confirmer un nom- bre d'erreurs fi grand, qu’un feul Mémoire ne feroit pas fufhfant pour les rapporter toutes. | Incertain comme eux, de la nature de la Plante qui le porte; ou j'adopterois les defcriptions qu'ils nous en ont données, ou je lailerois encore le public dans le doute de fçavoir fi elle conftituë un genre particulier de plante, comme M. Raï & Dale l'ont voulu; fi ceftun Arbre qui ait beaucoup derapport avec le Fufain, comme l'ont prétendu ceux qui en ont parlé après Rauvolf, Profper Alpin & les Bauhins; fi c’eft une plante rempante & fcmblable au Liferon, comme Fa foupçonné Bernier, ou une plante Ieguminéufe telle que la petite Féve, füivant fopinion la plus commune. Qté Mais comme l'autorité des Auteurs qui n'ont pas vüû les chofes, n'eft pas décifive en fait d'Hiftoire Naturelle, & que Oo ij 4 May 1715: 292 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'Académie eft en poffeffion de n'établir fes progrès que fur un examen fcrupuleux de la Nature même, fur des faits averés &c fur des expériences exactes, nous pouvons regar- der comme imparfaites les defcriptions du Café qui ont paru . jufqu'ici, depuis qu'il nous. a été permis d'en faire une d’après Ÿ Arbre mème que nous poffedons aujourd'hui dans le Jardin: Royal. L'Europe a l'obligation dé la culture de ect Arbre aux foins des Hollandois, qui de Moka l'ont porté à Batavia, & de Batavia au Jardin d'Amfterdam ; & la France en ef redevable au zele de M. de Reflon Lieutenant-General de l'Artillerie, & amateur de la Botanique , qui fe priva en faveur du Jardin Royal, d'un jeune pied de cet Arbre qu'il avoit fait venir d'Hollande. Mais M. Pancras Bourguemeitre regent de la ville d’Amfterdam, nous a fourni plus de lieu d'éclaircir cette matiére par le foin qu'il prit l'année derniére d'en faire tranfporter un autre à Marly, où il fut préfenté au Roy, &c de-là envoyé à Paris au Jardin de Sa Majefté, dans lequel nous lui avons vû donner fuccceflivement des fleurs & des fruits. Cet Arbre, auquel on peut donner le nom de Zafminume Arabicum, Lauri folio, cujus femen apud nos Café dicitur, Jafmin d'Arabie, à feiilles de Laurier, & dont la femence nous eff connuë fous le nom de Café, cet Arbre, dis-je, dans l'état auquel il eft aétuellement au Jardin Royal, y eft de la hauteur de cinq pieds & de la groffeur du pouce. I donne des branches qui fortent d'efpace en efpace de toute la longueur de fon tronc, toûjours oppofées deux à deux, & rangées de maniére qu'une paire croile l'autre. Elles font fouples, arrondies, noüeufes par intervalle, couvertes auffi- bien que le tronc, d'une-écorce blanchître, fort fine, qui fe gerfe en fe defléchant. Leur bois eft un peu dur , & eft dou- câtre au goût. Les branches inférieures font ordinairement fimples & s'étendent plus horizontalement que les fupérieures qui terminent le tronc, lefquelles font divifées en d'autres plus. D ES SCT EN d'a 293 menuës qui partent des aiffelles des fcüilles, & gardent le même ordre que celles du tronc. Les unes & les autres font ‘ chargées en tout temps, de feüilles entiéres , fans dentelures ni crenelures dans feurs contours, aiguës par leurs deux bouts, oppofées deux à deux, qui fortent des nœuds des branches, & reffemblent aux feüilles du Laurier ordinaire, avec cette différence qu'elles font moins féches & moins épaifles, ordi- nairement plus Jarges, plus pointuës par leur extrémité, qui : fouvent s'incline de côté ; qu'elles font d'un beau verd-gai &° luifant en deffus, verd-pâle en deflous, & verd-jaunâtre dans celles qui font naiffantes; qu'elles font ondées par les bords, ce qui vient peut-être de la culture, & qu'enfin leur goût n'eft point aromatique, & ne tient rien que de l'herbe. Les plus grandes de fes feüilles ont deux pouces environ dans Îe fort de leur largeur, fur quatre ou cinq pouces de longueur. Leurs queuës font fort courtes. De l'aiffelle de la plüpart des fcüilles , naiffent des fleurs (1) jufqu'au nombre de cinq, foûtenuës chacune par un pedicule court. Elles font toutes blanches, d'une feule piece à peu près du volume & de a figure de celles du Jafmin d'Efpagne, excepté que fe tuyau en eft plus court, & que les découpüres en font plus étroites, & font accompagnées de cinq étamines /2) blanches à fom- mets Jaunâtres, au lieu qu'il n’y en a que deux dans nos Jafmins. Ces étamines débordent le tuyau de leurs fleurs, & entourent un ftile / >) fourchu, qui furmonte l’embrion (4 ) ou piftile placé dans le fond d’un calice (5 ) verd, à quatre pointes, deux grandes & deux petites, difpofées alternativez ment. Ces fleurs paffent fort vite, & ont une odeur douce … & agréable. L'embrion /4 ) ou jeune fruit, qui devient /#) * à peu près de la groffeur & de la figure d'un Bigarreau , fe termine en ombilic, & eft verd-clair d'abord, puis rougeître, enfuite d'un beau rouge, & enfin rouge obfcur dans fa parfaite maturité. Sa chair {7 ) eft glaireufe, d'un goût defagréable , qui fe change en celui de nos Pruncaux noirs fecs lorfqu’elle eft defechée, & a groffeur de ce fruit fe réduit alors en celle: à Oo ii 294 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE d'une baie de Laurier. Cette chair fert d'enveloppe à deux coques ( 8 ) minces, ovales, étroitement unies, arrondies / 9 }. fur leur dos, applaties / 7 0 ) par l'endroit où elles fe joignent ; de couleur d'un blanc-jaunätre, & qui (1 1 ) contiemnent chacune une femence calleufe, pour ainfi dire, ovale, voutée (12) fur fon dos, & platte (1 3 ) du côté oppolé, creufée dans le milieu, & dans toute {a longucur de ce mêmecôté, d’un fillon affés profond. Son goût eft tout-à-fait pareil à celui * du Café qu'on nous apporte d'Arabie. Une de ces deux fe- mences venant à avorter, celle qui refle, acquiert ordinairc- ment plus de volume, a fes deux côtés plus convexes, &. occupe feule le milieu du fruit. : On appellé Café en coque , ce fruit entier & deffeché, & Café mondé, fes femences dépouillées de leurs enveloppes propres & communes. Par cette defcription faite d'après nature, il eft aifé de juger que l'Arbre du Café, qu'on peut appeller le Cafier, ne peut être rangé fous un genre qui lui convienne mieux que celui des Jafmins, fi l'on a égard à la figure de fa fleur, à la ftruéture de fon fruit, & à la difpofition de fes fcüilles ; ce qui eft con- forme au fentiment de M. Commelin, habile Profefleur en Botanique à Amflerdam. Par la vûë du fruit fur l’Arbre, l'idée que l'on. s'étoit formée que ce fruit füt une Féve crûë dans une goufle; fe trouve faufle, & nous fommes auffi defabufés de l'opinion de Rauvolf, qui nous a voulu perfuader que ce qui eft marqué dans Avicenne fous le nom de Punk, & dans Rhafes fous le nom de Bunca, & que la plüpart de leurs Interprétes difent être une racine provenant de Arabic heureufe, foit le Café. Et par a figure que j'en donne ici, on s'appercevra d'abord combien celles des Auteurs qui en ont parlé, font défetucufes, foit parce que les Fleurs y, manquent, foit parce que les feüilles & les fruits y font placés peu exaéle- men. ° D'HEUS SN CUL EN NET RUE. 295$ Si après cette delcription il reftoit encore le moindre doute que cet Arbre füt véritablement celui qui porte le Café que nous tirons d'Arabie , on pourroit s’en éclaircir . pleinement par la conformité qui fe trouve à peu-près entre tout ce que je viens de rapporter, & les Relations de ceux qui font arrivés tout récemment de Zedia, lieu où il fe cultive, éloigné de quelques journées de fa rade de Moka. Ces Relations quoiqu'imparfaites , nous apprenoient que ect Arbre croit dans fon pays natal, & même à Batavia, jufqu'à la hauteur de quarante pieds, & que le diametre de fon tronc n'excede pas quatre à cinq pouces, qu'on le cultive avec foin, qu'on y voit en toutes les faïfons, des fruits & prefque toûjours des fleurs, qu'il fournit deux à trois fois l'année une recolte très-abondante, & que les vicux pieds: portent moins de fruits que les jeunes, lefquels commen- cent à en produire dès la troifréme & quatriéme année après. leur germination: Circonftances qui avoient déja été en partie obfervées dans le même pays, par M. Clyve Anglois, & citées par M. Sloane dans les T'ranfactions Philofophiques d'Angleterre de l'année 1694. Si la variété des noms que Îles Voyageurs donnent à Y Arbre du Café, à fon fruit, à fa femence, pouvoit adjoûter quelque chofe à la connoiffance parfaite que nous voulons en avoir, jen ferois ici une mention exacte; mais outre que la différence de ces noms & de la maniére de les écrire: en rendroit l'énumération ennuyeufe, c’eft que les Auteurs qui les ont rapportés, ni les Interprétes des Arabes, ne con- viennent point entreux de leur propre fignification , ni de leur véritable étymologie, comme feu M. Galand fa fait remarquer dans l'Extrait d'un Manufcrit Arabe de la Biblio- theque du Roy, traitant de l'origine & du progrès du Café.. Qu'il fuffife donc de fçavoir que le mot de Café en François, ou Coffé en Anglois & en Hollandois, tirent l'un & l'autre: leur origine de celui de Caouhe , nom que les Turcs donnent à la boiflon qu'on prépare avec cette femence.. 296 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Des obfervations für la culture d'une Plante, qui par fon ufage eft devenue auffi neceflaire , feroient plus intércflantes pour nous la rendre commune en ce pays, fi le peu de temps qu'il y a que nous la pofledons, pouvoit nous en avoir fourni un aflés grand nombre. Je puis néantimoins établir celles-ci pour certaines ; que fi la femence du Café n'eft pas mife en terre toute recente, comme plufieurs autres femences de Plantes, on ne doit pas efperer de fa voir germer. Les femences qu'en a recucillies M. Commelin, fur les pieds cultivés dans le Jardin d'Amflerdam, & jettées prefque auffi-tôt en terre, ont produit d'autres Arbres: celles tirées des fruits mêmes que ce fçavant Profeffeur m'a envoyées, ont eu peu de fuccès au Jardin Royal, quoique plantées auffi-tôt qu'elles ont été reçüés, au lieu que celles de l'Arbre cultivé depuis une année au Jardin Royal, pour avoir été miles en terre auffi-tôt après avoir été cucillies, ont prefque toutes levé fix femaines après. Ce fait juftific les habitans du pays où fe cultive le Café, de la malice qu'on leur a imputée, de tremper dans l'eau boüillante ou de faire fécher au feu tout celui qu'ils débitent aux Eftrangers, dans la crainte que venant à élever comme eux cette Plante, ils ne perdiflent un revenu des plus confi- dérables. La Germination de ces femences, n'a rien que de com- mun. A l'égard du lieu où nous avons reconnu que cette Plante pouvoit fe conferver, comme il doit avoir du rapport avec le pays dans lequel clle naît naturellement, & où l'on ne reflent point d'Hyver, nous avons été jufqu'ici obligés de fuppléer au défaut de la temperature du climat , par une ferre à la maniére de celles d'Hollande, fous laquélle on fait un feu moderé pour y entretenir une chaleur douce, & nous avons obfervé que pour prévenir la féchereffe de cette Plante, il lui falloit de temps en temps un arrofcment pro- portionné, Soit DES SCIENCES : 207 Soit que ces précautions en rendent la culturc difficile, fit que les Turcs naturellement pareffeux , ayent négligé le foin de la multiplier dans les autres pays füujets à leur domina- tion, nous n'avons pis encore appfis qu'aucune contrée que léelle du Royaume d'Yemen en Arabie, ait la fitisfaétion de la voir croître chez elle abondamment; ce qui paroît étre la -caufe pour laquelle avant le ftiziéme fiécle fon ufage nous étoit prefque inconnu. Je laiffe aux Hifloriens le foin de rapporter au vrai ce qui y a donné occafion, & d'examiner fi l'on en doit fa premiére expérience à {a curiofité du Supérieur d'un Monaftére d'Arabie, qui voulant tirer fes Moines du fommeil qui les tenoit affoupis dans la nuit aux Offices du chœur, leur en fit boire 'infufion fur la relation des effets que ce fruit caufoit aux Chevres qui eñ avoient mangé ; ou s'il faut en attribuer la découverte à la picté d'un Mufti, qui pour faire de plus lorigues priéres & pouffer les veïlles plus loin que les Dervis les plus devots, a paflé pour s’en être fervi des premiers. L'ufage depuis ce temps, en eft devenu fi familier chés les Turcs, chés les Perfans, chés les Armeniens, & même chés les différentes Nations de l'Europe, que je croirois inutile de m'étendre fur la préparation & fur la qualité des vaifleaux & inftruments qu'on y emploie, Je me contenterai de faire obferver que des trois maniéres d'en prendre l'infufion, fçavoir, ou du Café monde, & dans fon état naturel, ou du Café rôti, où feulement des enve- loppes propres & communes de cette femence , auxquelles nos François de retour de Moka, ont improprement donné le nom de Fleur de Café; a feconde de ces imaniéres eft préférable à la premiére & à la troïfiéme, auffi appellée Café à la Sultane, : Qu'entrele gros & le blanchâtre qui nous vient par Moka; & le petit verdätre qui nous cft apporté du Caire par les Cara- vannes de la Mecque, celui-ci doit être choifi comme le plus mûr, le meilleur au goût, & 1e moins fujet à fe gâter. Mem, 171 3. ERP 298 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Que de tous les vaiffeaux pour le rôtir, les plus propres font ceux de terre verniffée, afin d'éviter l'impreffion que ceux de fer ou d'airain peuvent lui communiquer. Que la marque du jufte degré de fa torrefaétion, eff Ja couleur tirant fur le violet, qu'on ne peut appercevoir qu'en {e fervant pour le rôtir, d’un vaifleau découvert. Que l'on ne doit en pulverifer qu'autant & qu’au moment que l'on veut l'infufer. Et qu'étant jetté dans l'eau boüillante, l'infufion en eft plus agréable, & fouffre moins de diffipation de fes parties volatiles, que lorfqu'il eft mis d'abord dans l'eau froide. U me refte parmi ce grand nombre d'opinions fi différentes touchant fes qualités, de donner quelque chofe de certain fur fa maniére d'agir & fur fes vertus. La matiére huileufe qui fe fépare du Café, & paroît fur fa fuperficie lorfqu'on le grille, & fon odeur particuliére qui lc fait diftinguer du Seigle, de l'Orge, des Pois, des Fêves & autres femences que l'épargne fait fubflituer au Café, doivent être les vraies indications de fes eflets, fi l'on en juge par leur rapport avec les huiles tirées par la cornuë, puifqu'elle contient auff-bien que celles, des principes volatils, tant falins que ‘fulfureux. C'eft à fa diffolution de {es fels & au mélange de fes fouffres dans le fang, que l'on doit attribuer fa vertu principale de tenir éveillé, que l'on a toüjours remarquée comme l'effet le plus confidérable de fon infufion. C eft de-là que viennent fes propriétés de faciliter la digeftion, de précipiter les aliments, d'empêcher les rapports des viandes, & d'éteindre les aigreurs , lorfqu'il eft pris après le repas. C'eff par-lâque fa fermentation qu’il caufe dans le fang, utile aux perfonnes graffes, repletes, pituiteufes, & à celles qüi font fujertes aux migraines, devient nuifible aux gens maigres, bi- licux, & à ceux qui en ufent trop frequemment. Et c'eft auffi ce qui chés certains fujets, rend cette boiffon diuretique, i D'EÉS'SCIENCERX 299 MR'érpérience a introduit quelques précautions que je ne fhanioi blâmer touchant Ja maniére de prendre cette infufion, \ ” À VE SK 1 i\ Æ A Ve 48 KI ; Le ponte P. Simonnezu fini. Jeune PERD ENS TSICT EN CES 299 — L'expérience a introduit quelques précautions que je ne faurois blâmer touchant la maniére de prendre cette infufion, telles font celles de boire un verre d’eau auparavant Ja prife du Café, afin de la rendre laxative; de corriger par le fucre Pamertume qui pourroit la rendre defagréable, & de fa mêler ou de a faire quelquefois au fait ou à la crême, pour en étendre les foufres, en embarraffer les principes falins, & la rendre hourriflante. Enfin lon peut dire en faveur du Café, que quand il n’auroit pas des vertus auffr certaines que celles que nous lui connoif- fons, il a toüjours l'avantage par-deflus le Vin, de ne faiffer dans la bouche aucune odeur defagréable, ni d’exciter aucun trouble dans Fefprit, & que cette boiffon au contraire femble l'égaier, le rendre plus propre au travail, le recréer & en diffiper les ennuis avec autant de facilité que ce fameux Necpenthes f vanté dans Homére. MD PSC RU PT T'ON D'UNE MACHINE PORTATIVE, Propre à foutenir des Verres de très- grands Foyers, Prefentée à l'Academie par M. BIANCHINI. Par M. DE REAUMUR. j UANTITÉ d'Obfervations, dont M. Bianchini a enrichi nos Mémoires, ont affés appris au public fon habileté & fon attention à obferver le Cicl. Le zéle de M. Bianchini pour l’Aftronomie, ne s’eft pas borné Îà ; inftruit micux que perfonne du point où cette Science a été portée depuis que fon fçait travailler les grands Verres, il a fongé à en rendre l'ufage facile. M.rs Huguens & Caflini avoient beaucoup fait, en nous montrant qu'on pouvoit fe fervir des Ppi 29 Juillet 1713 300 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Verres des plus grands Foyers fans tuyaux ; c’étoit avoir levé une difficulté confidérable , que d'avoir appris qu’on pouvoit fe paffer d'inftruments qu’il étoit prefque impoflble de conf truire, & dont il n'étoit guéres plus aifé de fe fervir. Malgré cette belle découverte, il reftoit pourtant encore bien des difficultés ; pour placer ces Verres, il falloit conftruire ou des tours de bois , telles qu'on en a vü une à l'Obfervatoire ; ou élever folidement fur terre diverfes poutres : il falloit avoir des terrcins fpacieux; & outre tous cesembarras, il étoit encore neceffaire d'employer plufieurs perfonnes & diverfes machines pour changer la direction de lobjedif, fclon que l'Aftre changcoit de place. Les dépenfes où cela engageoit, étoient au deffus de là fortune & de l’ardeur de bien des particuliers. C'eft ce qui fit croire à M. Bianchini, que rien ne feroit plus propre à multiplier le nombre des Obfervations, ou, ce qui eft la même chole, à perfeétionner l'Aftronomie, qu'une Machine qui eût les qualités fuivantes : r.° Qu'elle foûtint très- haut le Verre objectif, quoique legére. 2.° Qu'on püt faci- lement changer fa hauteur, felon la différente élevation des Planetes au deffus de l'horizon. 3.° Qu'elle fût folide & ferme, fans qu'il fût neceffaire d'employer des clous pour la fixer, ou d’enfoncer des poutres dans la terre. Des qualités précédentes, il étoit auffr effentiel qu'il en refultât deux autres, fçavoir, que la Machine entiére püt être :tranfportée aifément, & coutt peu. Il chercha cette Machine, qui ne paroïffoit pas aifée à trou- ver, & pria M. Chiarelli Prêtre de Vicenze, célébre en Italie pour les ouvrages d'Optique, de la chercher de concert avce lui. Galilée qui a tant fait pour les Sciences, leur fut encore utile dans cette occafion. M. Bianchini, inftruit de ce que ce célébre Auteur a démontré fur la force d’un Cylindre creux, ne douta point qu'il ne pût donner au Verre objeétif un fupport élevé, folide & leger en même temps, en employant des Cylindres creux, c'eft-à-dire, en faifant faire des tuyaux de différents diametres, qui s'emboîtaffent les uns dans les D! ES 191 CHINE NA C'EN 3or autres comme ceux des Lunettes. L’ufage des Lunettes fi fami- lier à M. Bianchini, l'avoit encore conduit là. C’étoit déja avoir un fupport haut, leger, & dont on pouvoit aifément varier la hauteur; deux des qualités effentielles à la Machine chex> chée. Il ne refloit plus qu'à trouver une maniére folide & commode d'élever perpendiculairement à la furface dela terre, ce haut fupport. C’eft ce que M. Chiarelli a executé très- ingénieufement, & qui donne à la Machine tous les avantages fouhaités, comme on le verra par la Defcription que nous en allons donner. Un tuyau exagone * d'environ quatre pieds & demi de haut, y fert tantôt d’étui & tantôt de bafe ou de fupport, à fix autrestuyaux. La largeur de chacune des facès de ce gros tuyau, eft d'à peu-près deux pouces & demi ; il eft compolé de fix petites planches collées enfemble,.ou affemblées. avec des pointes de clous. H eft de la perfection de la Machine, que ces planches foient minces & d’un bois leger. re Le fecond tuyau n'eft différent du premier, que par fa groffeur ; * il doit entrer commodénent dans l'autre, mais il n’y-doit pas flotter; sil a moins de diametre que. celui qui le reçoit, il a un peu plus de longueur , afin qu'on l'en puifle retirer aifément ; oupour le mieux encore, le bout fupérieur de chaque tuyau a un petit rebord, une efpéce de petit collet, qui ne fçauroit entrer dans le tuyau qui lui fert d’étui; dans le fecond tuyau eft renfermé un troifiéme tuyau, * comme le fecond eft renfermé dans le premier, & ainfi de fuite. Pour foûtenir perpendiculairement à l'horizon le tuyau qui fert tantôt de bafe & tantôt d'étui à tous les autres, on lui * AB: * BC-. * CD, * HHF. * Z * HHH. +*KK K * Z, 302 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE defcendre & monter librement, mais il eft toûjours à peu-près entre les limites que nous venons de lui donner. Pour nous exprimer commodément, nous le nommerons un anneau. - À cet anneau font attachées avec des couplets trois tringles de bois. * Ces tringles font égales entrelles, & la longueur de chacune eft la même que celle du gros tuyau, ou elle 1a furpañfe peu. Leur largeur eft-auffi à peu-près égale à celle d'une des faces du même tuyau. Elles font attachées chacune vis-à-vis une face différente: Ces'trois tringles fonc les trois pieds de la Machine; comme elles font tenuës par des couplets, ou, ce qui revient au même, comme elles font affemblées à charniére, on imagine affés qu'en plaçant anneau auquel elles font jointes, entre le milieu & le bout fupéricur du gros tuyau, & qu'en leur donnant de plus une indlinaifon à peu-près égale, qu'elles arc-boutent le gros tuyau de trois côtés, & qu'elles le retiennent dans une polition verticale. Mais comme il y auroit eu à craindre que quelqu'un des pieds ne gliffât, on y a remedié en affemblant à charniére avec l'extrémité inférieure de chaque pied une petite tringle * de même largeur que le pied, & auffi longue que les deux tiers ou environ du gros tuyau. Cette tringle eft affemblée de même par fon autre extrémité, avec un anneau * femblable à celui auquel les pieds font attachés ; il eft inutile de dire que ce fecond anneau entoure auffi le gros tuyau, qu’il peut monter & defcendre librement, & qu'on le place proche de l'extré- mité inférieure du tuyau, lorfqu'on veut élever la Machine perpendiculairement. Il eft vifible que dans cette derniére difpofition les trois tringles inférieures empêchent les trois pieds de s’écarter. La maniére dont ces pieds & les tringles qui les retiennent font aflemblés, fait encore voir que fi l'on fait monter l'an neau fupérieur & Vanneau inférieur le long du gros tuyau ; qu'on oblige en même temps les pieds & les tringles à f coucher fur le tuyau. La Machine entiére occupe alors un petit volume, comme il paroît dans là Fig M/LNN, & D ES :91C0 A EN CHE iS 307 lle eff fi legére, qu'un homme la peut commodément porter fous un bras. Lorfqu'on veut s'en fervir, on commence par la'coucher par terre, ou par la mettre dans une pofition fort inclinée, On fait alors fortir chaque tuyau dedans celui qui lui tient lieu de guaine, autant qu'on le juge neceflaire, & on arrête dans l'endroit où on veut qu’il refte,d’une maniére également fimple & commode. À cet ufage, M. Bianchini a imaginé d'employer des coins de bois extrêmement minces. On ôte aifément ces coins, & on les remet avec la même facilité: l'avantage qu'on retire de-là, eft depouvoir donner plus ou moins de hauteur à la Machine lorfqu'elle eft dreflée, felon que l'élevation de l'Afkre le demande. Legére comme elle eft, il n’y a pas beau coup de difficulté à la mettre dans une pofition verticale, & pour a retenir dans cette pofition, on voit qu'il n'ya qu'à déplier les pieds. Peut-être craindra-t'on que fà legéreté ne diminuë fa fhbilité, & ce feroit une crainte fondée, fi on ne pouvoit pas remedier commodément à cet inconvenient. Dans tous les endroits où l’on trouve des pierres, on donne aïfément à fa Machine la flabilité néceflaire; on en met quelqu’une fur les tringles ou traverfes qui retiennent les pieds. Ainf on charge avec des poids que l'on n'eft point obligé de tranfporter. Afin que le gros tuyau qui fert de bafe à tous les autres ,.ne flotte point dans les deux anneaux qui le foûtiennent , la per- fection de cette Machine demande que l'on perce trois écrouës dans lépaiffeur de V’anneau fupérieur : mettant ame vis dans chaque écrouë, il n'y aura-qu'à ferrer les vis pour aflujettir le tuyau. pi i6b oi! Si l’on appréhende-que fa pointe des vis ne perce avec le :1 temps le bois du tuyau, on peut recouvrir ce tuyau d'uné bande de fer ou de cuivre très-mince dans l'endroit que l'an- neau entoure lorfque la Machine eft montée. En faifant une: entaille peu profondetout autour, on y logera la‘bande dont * O. * P. * Q. k P. s F. “ZX. *r. c4 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nous parlons, & elle ne débordera pas au-deflus du refte du tuyau. I eft à propos aüffi de donner un rebord à l'extrémité ‘inférieure de ce gros tuyau, où d'y mettre quelques pointes de clous } pour empêcher l'anneau inférieur de fortir du tuyau lorfqu'on tranfporte la Machine toute montée d'une place à une autre. Nous ne nous arrêterons point à expliquer awlong com- ment on place lé Verre obje@tif au haut de cette Machine, on le peut füre de différentes maniéres. Celle de M. Bian- chini eft commode. Cet objeélif eft logé à l'ordinaire dans ua tuyau cylindrique * qui n'a que fept à huit pouces de longueur ; mais le mème tuyau a une efpece de queuë, longue d'un pied & plus. * Cette queuë n'eft qu'une gou- tiére de bois. Une efpéce de petit tenon * de bois affés mince eft collé contre la furface extérieure du tuyau ; vers le milieu de la longueur de ce tuyau, ce tenon ef percé d'un trou ; un autre tenon de bois femblable au précédent, en eft éloigné de fcpt à huit pouces, & cft collé fous la qacuë du tuyau. * Dans le dernier des tuyaux exagones de la Machine, on fait entrer une petite piéce dans laquelle cft creufée une en- taille verticale; cette entaille reçoit le premier des deux tenons qui font attachés au tuyau de lobje@if; on y retient ce tenon par le moyen d'une vis. A la feconde des piéces qui eff attachée au tuyau ou plûtôt à la queuë du tuyau de l'objectif, on arrête le bout d'une petite ficelle. Cette ficelle a -du moins autant de Jongucur que les Verres ont de foyer; elle fert à marquer la diftance où l’ocu- lire doit être placé. ; Cet oculaire eft dans un tuyau * femblable à celui de l'objectif, je veux dire; qui a de même uné efpece de’goutiére qui lui fait une queuë* ; fous cette queuë on attache le fecond bout de la ficelle. * Pour foûtenir Le tuyau de l'oculaire, M. Bianchini employe ; auffs Chou DES SCIENCES. 305 auffi un füpport * compolé de tuyaux qui s'emboiflent les + Za. uns dans les autres. H a fait faire ceux-ci quarrés; il leur auroit pü donner une autre figure: Cela eft fort arbitraire ; il ne paroït pas même de raifon cffentielle de donner aux tuyaux qui fervent de fupport à l’objedif, une figure exagone plûtôt qu'une autre. Il a compofé de trois tuyaux le fupport de lobje&if; le dernier, c’eft-à-dire l’inférieur, * eft terminé par une entaille; * &, dans laquelle on fait entrer une petite planche, * & on x 4. arrête cette planche dans lentille par le moyen d'une vis: l'épaiffeur de la planche fert de pied au fupport de l'objec- tif; ce n'eft pas là un pied bien folide, il l'eft pourtant de rcftc, parce qu'on met ce fupport dans une pofition inclinée, de façon qu'il fait un angle obtus avec la partie de l'horizon, qui eft entre lui & le fupport de l'objectif. La ficelle dont un des bouts eft attaché au tuyau de l'objectif, & l'autre bout au tuyau de oculaire, retient le fupport de l’oculaire dans cette fituation. Au refte, il eftaifé de juger de a hauteur que doivent avoir enfemble les tuyaux de ce dernier fupport : elle doit être telle qu'un homme débout ou aflis puifle appliquer l'œil près du verre. Tous les verresavec leurs tuyaux & le fupport de l'objectif, peuvent être renfermés dans une boifte aflés petite & affés legére; de forte que le même homme qui fous un bras porte le fupport de l'objedif, peut porter de l'autre bras la boifte qui contient le refte de Fatirail ; ainfi un Obfervateur qui n'a pas chés lui affés de terrein, ou un terrein propre pour obfer- ver, tranfporte, quand illui plaît, à la campagne tout ce qui. lui eft néceffaire ; il eft en état de choïfir pour ébfervatoire les terreins les plus commodes; il peut feul tout faire; il eft pourtant bon qu'il ait une perfonne avec lui qui abbaife ou. éleve quelques-uns des tuyaux du grand fupport , flon que l'Aftre monte ou defcend, quoiqu'en cas de befoin il puiffe tout faire lui feul. : Mem. 171 3. .Qgq 15 Novemb. 1713. 306 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoYALE Un grand vent ne feroit pas un temps favorable pour obferver avec cette Machine, le vent y fait pourtant moins d'impreffion qu'on ne croiroit. | OO BSER VF AT ONE Sur des Mariéres qui pénérrent à7 qui traverfent les Métaux fans les fondre. Pa M HOMBERG. Uo1qQueE la fubftance des métaux foit plus compacte & plus ferrée qu'aucune autre que nous connoiffions, & qu'elle foit fi bien liée quand elle eft pure & fans mélange de matiéres étrangeres, qu'elle fupporte mieux que toute autre les efforts les plus violents, il fe trouve cependant des matiéres qui les traverfent auffi facilement que fi leur tiflu étoit très- che & de nulle réfiftance. IT y a de ces matiéres qui traver- fent les métaux, fans qu’il paroiffe des ouvertures fenfibles pour leur donner un pañfage libre, & fans laifler aucune trace ou marque après y avoir paflé, comme font, par exemple, la ma- tiére Aimantine, de laquelle nous pouvons juger avec beau- coup de vraifemblance, qu'elle pañle très-librement au tra- vers de tous les corps qu'elle rencontre en fon chemin; pour atteindre le Fer ou l'Acier qui fe prefente dans fon tourbillon. La vapeur de Ia fameufe Encre de fimpathie paroît tra= verfer auffi à une certaine diflance, quelque corps que ce foit, & même des plaques de métal qui couvrent l'Ecriture invifible qui lui convient, pour la rendre vifible, & pour la teindre en Lettres noires. L’exhalaifon fulfureufe d’une Pierre de Boulogne nouvelle- ment calcinée , traverfe tout ce qui eft dans fon voifinage, & elle teint en même temps fuperficiellement Argent en couleur DES SCIENCES 307 d'Or, & le Laton en couleur d'Argent, nonobftant qu'ils 20 ONE REQUIEM dans des_boiftes de Fer, ou de NUE Xi PR Leis L SUBL BON CEUS. 4) 6307 d'Or, & le Laton en couleur d'Argent, nonobftant qu'ils foient exactement enfermés das des boifles de Fer, ou de quelqu'autre métal que ce foit. Je mis un jour une Pierre de Boulogne nouvellement calcinée, dans un tiroir où il y avoit une Montre à boïfle d'Argent; je cherchai environ huit ou dix jours après quelque chofe dans ce tiroir, je trouvai la boifte de ma Montre dorée, & toutes les rouës en dedans argentées, mais quinze jours après la boifte d'Argent étoit devenuë tout-à-fait noire, auffi-bien que les rouës de la Mon- we; qui étoient fi fort corrodées, qu'on n'a jamais pü les nétoïer, ni les faire refervir. : I y a d’autres matiéres qui f font elles-mêmes un paffage forcé, ou un trou au travers d’un morceau de métal, quand clles le peuvent atteindre d’une certaine façon ; comme, par exemple, un morceau de foufre commun mis fur une plaque de fer fort rouge, y fait un trou, & pañle au travers ; un mor- ceau de fublimé corrofif mis fur une plaque d'argent rouge, y fait un trou avec bruit & paffe au travers ; & fi l'Argent étoit trop épais, pour ne le pas pouvoir percer tout-à-fait , il le creufe jufqu'à deux ou trois lignes de profondeur, en répouffant les parties déplacées de l’Argent au bord du trou u'il a fait. Enfin il y a d'autres matiéres qui traverfent la fubftance des métaux plus fenfiblement que celles dela premiere efpéce ue nous venons de rapporter, & moins violemment que celles de Ia derniere, c’eft-à-dire, des matiéres que l'on voit pañfer très-clairement au travers des pores de métal, fans en déranger les parties , & qui ne font point de trou pour y pafler. Nous examinerons avec un peu d'attention quelques-unes de cette derniere efpece, comme plus extraordinaires & moins connuës que les précédentes, ne fçachant perfonne qui en ait écrit ou qui les ait obfervées avant moi. Le premier exemple fera un fl fondu , qui pafle au tra- vers des pores du Fer, comme l'eau paffe au travers du Pa- pier gris. Qai 308 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE J'ai cru autrefois que le Borax étoit une compofition artifr- cielle, fur le témoignage de quelques Auteurs qui le croyoient apparemment ainfi, ce qui n'a fait faire plufieurs difieren- tes opérations tentatives pour découvrir cette compofition; mais le Borax n'étant pas artificiel, mais un el fofile naturel, comme cft le Vitriol ou l'Alun, quoique mon travail n'ait pû réuflir felon mon intention, il a été cépendant l'occafion de uelques découvertes,qui m'ont paru neuves, parmi lefquelles {e trouve le fel dont il s’agit , & qui eft peut-être le plus péné- tant, & en même temps le moins corrofif de tous les {els lixivicls que nous connoiflions : voici comment je l'ai fait. Prenés une livre environ de Chaux vive, verfés deflus deux pintes de Vinaigre, laiffés-les enfemble en une douce digeftion , pendant deux fois vingt-quatre heures, en les re- muant de temps en temps, laiflés raffeoir, & verfés-en la liqueur claire par inclination ; puis prenés Soufre commun une partie , Salpêtre raffiné deux parties, & Sel décrépité trois parties ; pilés le tout, & après les avoir mélés exaélement, vous mettrés au feu un creufct qui puifle contenir toute la matiére; le creufet étant rouge, vous la mettrés dedans cucillerée à cueillerée, jufqu'à ce que le tout y foit entré; la matiére s'enflammera foiblement & fans détonation ; dlle fe gonfle quand elle commence à fe fondre, alors il la faut remuer avec une verge de Fer, & continuer le feu jufqu'à ce que le tout foit fondu comme de Feau; ce qui arrive bientôt après que la flamme du Soufre a fini : vous verferés pour lors votre ma- tiére fondue dans un baffin de Cuivre, où elle fe durcit fur le champ; verfés enfuite fix parties de votre premier Vinaigre préparé , fur une partie de cette matiére , chauffés-les un peu pour la fondre plus facilement ; étant fonduë, filtrés & évapo- rés,puis laiflés refroïdir,& verfés encore autant de ce Vinaigre defius, & évaporés jufqu'à pellicule : mettés cette liqueur à la cave , il fe formera des criftaux , lefquels étant fondus à grand feu dans un creufet de Fer , paffent en très-peu de temps au travers de ce Fer fans le trouer, comme le plomb. paie au Ü DES SCIENCES 309 travers d’une coupelle, mais ils ne pénétréront pas fi vîte un creufet de terre dans le grand feu, que le Salpêtre ordinaire. Les matiéres qui entrent dans cette compofition , font da Chaux vive, le Vinaigre diftillé, le Salpêtre , le Sel marin & le Soufre commun, lefquelles confidérées féparément, ne fçauroient faire un effet approchant,, ficen’eft le Soufre com- mun, qui pénétre à la verité le Fer promptement, mais en le fondant & en le détruifant, comme nous l'avons remarqué dans le commencement de ce Mémoire , au lieu que notre compofition ne le met pas en fonte, ni ne le détruit ; ear le Fer après en avoir été pénétré, refte auffi malléable qu'ilétoit auparavant , & il paroït couvert de moins de Machefer, que fi on l'avoit rougi au feu fans cette matiére. Il y a toute apparence que ation violente du Soufre commun fur le Fer, ne provient que de ce que tout l'acide du Soufre y eft joint à toute fa partie huileufe, car l'acide ayant été feparé du compolé du Soufre commun, fa partie huileufe feule n’eft plus ni inflammable, ni {e diffolvant d’au- cun métal, comme je lai montré dans un Mémoire imprimé: en 1703. & Facide du Soufre feul & féparé de fon huile, nc fait pas plus d'effet fur le Fer, que l'Efprit de Vitriol ou YEfprit d'Alun, c'eft-à-dire, le difloutentement & foible- ment ; mais tant qu'ils font joints enfemble, ils compofent cette matiére inflammable qui pénétre aifément la fubftance du Fer, le diffout & le détruit dans le feu, en produifant dans toute la mafle du Fer qu'elle peut-atteindre, à peu-près le même effet que la flamme de la forge produit fur fa fuperficie feulement ; fçavoir, qu'elle le brûle en Machefcr : auffi voyons- nous que le Fer calciné par le Soufre commun , eff très-fem- blable au Machefer. Mais comme prefque toute cette matiére grafle & inflam- muable du Soufre, a été évaporée dans l'opération quia pro- duit notre Sel ou nos criftaux, il n’y en eff refté qu'une très- petite partie , dont l'activité a été affoiblie confidérablement ;: &, l'acide du Soufre, qui fans cette Ci un foible: ed U} 1o MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYazr dillolvant du Fer, ayant été diffipé en partie dans le feu, & en partie abforbé par les parties alkalines du Salpétre, du Sel commun & de la Chaux, n'eft plus capable de le corroder ou de le difloudre; au contraire la jonction de ces matiéres alkalines, avec ce refte du Soufre commun, a produit le cormpolé de nos criftaux, qui pénétre à la verité aïfément le Fer, mais ce n’eft qu'en paffant au travers de fes pores fans les déranger ou en détruire la fubftance ; & comme les par- ties du Fer, dans le grand feu , fe dilatent & s'écartent les unes des autres, elles prêtent un pañlage fort libre à notre compofition dans le grand feu , mais les parties du Fer fe réjoignant étroitement, & fe rapprochant lorfque le Fer fe refroidit, elles prefient & expriment cette matiére, & Ja chaffent {ur la furface du Fer, fans en garder dans fon inté- rieur, ce qui fait que ce Fer eft auffi malléable en fortant du feu, après cette pénétration, qu'il l'étoit auparavant , & même il ne périt pas fitôt par la rouille , que s’il n’avoit pas touché à notre compofition, ce qui pourra être de quelque ufage quand on Îe {çaura bien emploïer. Le fecond exemple que nous allons examiner, fera une matiére bitumineufe métallique, laquelle ayant été fonduë fur une lame d'Argent , de l'épaiffeur environ d'une demi- ligne, pafle au travers de cet Argent , fans y faire de trou, & elle teint Argent de part en part en couleur de plomb, c'eft-à-dire, qu'elle y fera auffi noire dans fon intérieur que fur fes furfaces, & les autres endroits de la lame d'Argent, qui n'auront pas touché à notre compofition, ne changeront point de couleur nien dedans ni en dehors ; les parties noires de cet Argent , feront auffi malléables que les parties qui font reftées blanches; de forte qu'en les battant enfemble fur une enclume, elles s’étendront également fous le marteau , fans fe crever & fans fe rompre: voici comment j'ai fait cette matiére bitumineufc métallique. Diflolvés de l'Argent fin autant que vous voudrés dans de l'Eau forte à l'ordinaire, précipités-le enfuite en Chaux DES SCIENCES IX d'Argent par le Sel commun , lavés & édulcorés cette Chaux dans plufieurs eaux chaudes, jufqu'à ce que l'eau en forte infi- pide,féchés-la pour lors au Soleil ou fur une très-petite chaleur, & elle fera bien édulcorée ; puis prenés de cette Chaux d’Ar- gent une partie, du fublimé corofif deux parties, & del’An- timoine crû trois parties; mettés le tout bien en poudre, mêlés exactement, & diftillés dans une cornuë de verre par degrés au feu de fable, il en fortira d’abord du beurre d'Antimoine, & enfuite du Mercure coulant : quand il ne fortira plus de Mercure, vous poufferés le feu violemment pendant une heure , puis laïffés refroidir votre cornuë, caflés- À, vous trouverés à l'entrée de fon col, un bourlet épais, d'une matiére noirâtre , que vous détacherés avec un couteau; c'eft notre matiére bitumineufe métallique qui fond comme de la Cire à une chaleur modérée , qui eft proprement un cinabre d'Argent & d’Antimoine. Mais comme cette matiére reflemble en quelque façon au vrai cinabre d'Antimoine, il fera bon de voir ici enquoi ils différent, afin de ne fe pas méprendre quand on voudra faire notre expérience. La premiére différence & la plus con- fidérable que j'y trouve, eft que notre compofition contient du métal, c'eft-à-dire, de l’Argent, & que dans l'autre il n'y en a point, puifque la notre eft une matiére compacte & dure ; _quia retenu fort peu de Soufre brûlant de F Antimoine , & Yautre eft une matiére très-tendre , qui contient beaucoup de Soufre brûlant de l Antimoine, qui fe fond aifément au feu, qui brüle & qui corrompt les métaux & même l'Argent; comme fait le Soufre commun ; auf fait-il ordinairement un trou dans la piéce d'Argent , quand onen veut fairenotre expérience , & ïl rend l'Argentqu’il a touché, dur & caflant ; au lieu que notre compolfition en fe fondant fur l'Argent, s'imbibe dans ce métal, le pénétre de part en part fans y faire de trou , & le teint en vraie couleur de Plomb, l'argent ref- _tant doux fous le marteau, comme il étoit auparavant, &c même la goutte de cette matiére qui a paffe au travers de la 312 MEmofRes DE L'ACADEMIE RoyaLe lame d'Argent, cft auffi douce fous le marteau, que du vrai Plomb, & fe coupe de même ; de forte que l'on connoît aif&- ment que notre matiére bitumineufe métallique, & le cina- bre d'Antimoine font deux compolés fort différents, dont Jun ne confifte qu'en Mercure & en beaucoup de Soufre brûlant d'Antimoine , & f'autreen Mercure, en Argent & en fort peu de Soufre brûlant d'Antimoine. Il fe trouve dans cette compofition deux des plus puiffants diflolvants que nous ayons ; fçavoir, le Soufre brülant & le Mercure commun, qui difiolvent chacun féparément tous les métaux depuis lOr jufqu'au Plomb; mais ils le font en des maniéres fort différentes, le Soufre les diffout avecune violen- ce extrême & toüjours dans le grand feu, qui détruit même tous les moindres métaux ; le Mercure pénétre & diflout avec douceur, mais très-lentement, tous les métaux, & n’en dé- truit aucun ; mais la violence de l'un & la lenteur de l'autre, ont été fr bien corrigées dans l'opération qui a produit notre compofition, qu'ils agifient paifiblement & de concert fur la lame d'Argent qu'on leur expofe, fans la déchirer ni {a trouer, parce que dans cette opération ils ont été enlevés en vapeurs , en mème temps avec une partie de la Chaux d'Argent; & en fe fublimant enfemble, le Soufre & le Mercure ont pénétré cette Chaux, ont employé fur elle leurs plus grands efforts de diffolvants, & ils ont compofé tous trois une matiére paifible, qui n'agit plus comme un diflolvant violent, mais qui a fimplement confervé une difpofition de s'infinuer dans les pores de l’Argent & de les traverfer, fans les corrompre. Mais ce qu'il y a ici de fort extraordinaire , c’eft que cette matiére , qui eft friable &c très-caffante avant que d’avoir traverfé Ja lame d'Argent, eft fouple, duétile & malléable après y avoir paffé, comme eft l'Argent même. Pour rendre raïfon de ce changement fubit, je dirois qu'il y a toute apparence que dans la fublimation de notre maatiére , une trop grande quantité de a terre ere : rülant DES SCHENCES 363 brûlant de PAntimoine, a été poufée en même temps avec les autres parties de notre compolé, vers la voute de 1a cornuë , & s’y eft fublimée avec elles ; cette matiére terreufe s'eft infinuée de toutes parts parmi le Mercure & l'Ar gent, _ & les a empêchés de fe toucher immédiatement, pendant que Ja partie pure bitumineufe du Soufre les a liées en- femble : tant que cctte terre y cft reflée mélée, le com- polé a été caflant & friable , mais en traverfant les pores de {a lame d'Argent, cette terre trop groffiére n'y a pas û pañlér avec les autres: parties, & elle eft refléc, pour ainfi dire, fur l'Argent, qui lui fert de filtre ; les autres par- ties qui ont paflé au travers de la lame d'Argent étant débarraflées de cctte terre inutile, fe font arrangées autre- ment & font devenues. un corps Huibleo réflemblant par- faitement à du métal, tant pour la couleur que pour Je ductilité. PR UT SR DUO OT Re D'UN ASSOUPISSEMENT EXTRAORDINAIRE, Par M. IMBERT. E Sommeil cft l'état de l'homme le plus trifte & le plus humiliant; en fanté il a des bornes que la Na- ture a art de prolonger fouvent par habitude ou par tem- pérament. Parmi les Animaux, le Loire & la Marmotte dorment fix mois de l'année fus s'éveiller. ‘: Un dormeur de cette efpece .cft un exemple rare &:dont Fhifloire n'a parû digne de la recherche d'un Philofophe curieux U vateur. oi Un homme à âgé de: quarante- cinq. ans environ, d'untem- pérament {ec & robufte, nommé Tally, Domflique des Coches de Roüen, Garçon Charpentier de fon métier ; Mem. 171 7. Rr 314 MEMoOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE tomba dans la maladie dont il s’agit, par Faccident que je vais décrire. Il eut querelle avec un Charpentier pour qui il avoit travaillé; on les {épara comme ils étoient prêts de fe battre, chacun s’en alla de fon côté. Peu de temps après notre malade apprit que fon ennemi étoit tombé d'un biti- ment, & s'étoit tué; cette funefte nouvelle le faifit, il fe profterna le vifage contreterre, fon efprit & fes fens s’affou- pirent infenfiblement. Le 26. Avril de l'année 171 5. il fut tranfporté à la Charité, où il eft demeuré jufqu'au 274 Août de {a même année, c’eflà-dire lefpace de quatre mois entiers. Les deux premiers mois il nc donna aucune marque de mouvement ni de fentiment volontaire ; fes: yeux jour & nuit furent fermés; fouvent il remuoit fes pau- pieres; fa refpiration toüjours libre, aifée, fon poux petit , lent, mais égal; mettoit-on fes bras dans une fituation , ils demeuroient ( accident d'une maladie que l'on nomme Catalepfie. } Il n’en étoit pas de même du refte de fon corps, pour le foûtenir on lui faifoit avaler quelques cueillerées de vin pur; ce fut pendant ce temps-là fa feule nourriture, auffi devint-il maigre, fec & décharné; état bien different de celui dans lequel il étoit auparavant. M. Burette entré les mains de qui il tomba d'abord, mit en ufage les fecours les plus puiflants de l'art; faignées du bras, du pied, de Ia gorge, émetique, purgatifs , veficatoires , fangfuës , volatiles, cela fans lui pouvoir procurer d'autre foulagement que ce- lui de parler un jour entier d'affés bon fens à fa famille & aux Religieux, enfuite de quoi il retomba dans fon aflou- piffement. Les deux derniers mois de fon féjour à la Cha- rité, il donna par intervalles quelques marques de fenti- ment, tantôt ferrant les mains de fa femme, tantôt fe plai- gnant douloureufement ( cela arrivoit quand on avoit été plufieurs jours fans le purger) Dès-ce temps il commença à ne plus gâter fous lui, ayant attention de s’avancer fur le bord du lit où étoit une toile cirée mife exprès, & de ne rien rendre qu'il ne fe fentit dans cet endroit; pour lors il DES SCIENCES. 315$ fe foulagcoit de fes befoins & fe remettoit à fa place; il com- mença aufli à fe nourrir de bouillons, de potage, de viande confervant toûjours fes premiéres inclinations, c’eft-à-dire UN grand goût pour le vin. Jamais il ne découvroit par aucun figne es befoins. Aux heures marquées de fes repas, on lui pafloit le doigt fur les levres; à ce fignal il ouvroit la bouche fans ouvrir les yeux, & avaloit ce qu'on lui faifoit prendre ; il fe remettoit enfuite , attendant patiemment un fecond aver- * tiffement. Réguliérement on le rafoit , il étoit pendant ce temps comme un mort appuyé, fans remuer. Le levoit-on l'après-diner, on le trouvoit te fa chaife les yeux fermés, fitué de a même maniére qu'on l'avoit mis. Huit jours avant de fortir de la Charité, on s'avifa de le jetter tout nud dans un baffin d’eau froide pour le furprendre ; ce remede le fur- prit effectivement , il ouvrit les yeux, regarda fixement, ne parla point : dans cet état fa femme le fit tranfporter chés elle, où il cft prefentement : on ne lui a fait aucun remede Al parle d'affés bon fens, il f remet tous les jours. C'et ici l'écueil d'un Philofophe raifonneur ; toûjours impatient de fe rendre maître de la Nature dans fes deffeins les plus cachés, il voit, il admire, il cherche & nc décou- vre point. J'ofe cependant propofer à a Compagnie com- me des conjeclures, quelques réflexions que j'ai faites fur une hifloire auf finguliere. Pour les repréfenter avec ordre, Jexamine premierement comment un chagrin peut pro- duire un fommeil de cette efpece. J'explique en fecond Ticu fes differents changements qui lui font arrivés. Je re- cherche enfin les exemples qui peuvent y avoir rapport. Dans la premiere propofnion, deux chofes à confidérer ; d'où dépend le fommeil, la maniére dont agit Je chagrin. Plufieurs caufes produifent le fommeil en general ; du côté du cerveau, obftruétion dans les glandes , compreffion ou richement : de-à pour l'ordinaire les apoplexies, les fom- moils létargiques ; du côté du fang, appauvrifiement d’ef prits : de-là la neccffité indifpenfable Di à de dormir r'ij 316 MEMotRes DE L'ACADEMIE RoraALE ur les reparer; efprits trop embarraffés par les parties grof- fiéres : de-là la difpofition toüjours prochaine aux maladies d'affoupiflement. Tel étoit l'état de notre malade avant d'y tomber ; Charpentier de profeflion , yvrogne d'indlination, qualités qui fourniffent communément un fang épais, dont les principes actifs fe développent difficilement ; la raifon le prouve , l'expérience le confirme tous les jours. Cela polé, refte à examiner a maniére dont agit le chagrin. Le chagrin efk une maladie de lame des plus affreufes & des plus funefles ; ha fureur , le defcfpoir, la vengeance , la crainte, la mélancolie font fes effets ordinaires. Quels defordres ne produifent pas fur la machine, des paffions de cette nature ! Les unes pré- cipitent fans ordre le mouvement des efprits, d'où prennent: origine les égarements furicux , un nombre infini de maladies aiguës ; les autres en ralentifient le cours, d'où naiflent les affcétions hipocondriaques, la plüpart des maladies chro- niques. Le chagrin du Dormeur en queftion eft de Ia der- niére efpecc; à la nouvelle de fon ennemi tué, fifi de frayeur il ne s'occupe que d'idées trifles ; la crainte & la trif- tefie retiennent fes efprits dans le cerveau ; fon fang naturelle= ment groflier, dépourvû, pour ainfi dire, du premier mo- bile, s'épaiffit de plus en plus, fes parties fe rapprochent, fe lient les unes aux autres, enchaînent les efprits ; if ne faut plus des heures de repos , il faut des mois entiers pour en féparer li quantité nccoflaire à la veille. Je ne crains point de le comparer ici à fa Marmotte ; endormi de la forte il eft fa véritable image, ect animal pefant par fa conftitution na- turelle, engourdi, regorge de graïfle dans le temps qu'il s'en- dort ; pendant les fix mois de fon fommeil, il ne prend point de nourriture, les efprits par les feuls mouvements dela circu- lation du fang & de la refpiration qu'il conferve, fe déga- gent infenfiblement : au bout de ce temps il fe reveille fans aucun fecours : pendant les fix mois qu'il veille, il mange raifonnablement , diffipe peu, fon fang devient de Ja même efpéce , il fe rendort. Peut-être par les mêmes principes & DES SCIENCES. 317 Je même raifonnement, pourroit-on expliquer d'une maniére vraifenblable , Is changements qui font arrivés à notre ma- Jade pendant fon afloupiflement : les deux premiers mois, fon fommeil a été profond, fon fang avoit acquis en appa- rence la qualité du fang dela Marmotte ; les deux autres mois, fans ouvrir les yeux ni parler, il ne laiffoit pas de donner par intervalles quelques marques de fentiment. Par fa dictte exacte qu'il obferva , les efprits fe dégagérent , il s’en fépara: unc plus grande quantité ; à la Marmotte il faut fix mois , la Nature en a ainfr ordonné en la formant ; ici c’eft un acci- dent ,.il peut fe réparer en moins de temps, nous en avons la preuve : notre malade fe rétablit tous Ics jours ; il refte à rechercher les exemples qui peuvent y avoir rapport. Les Auteurs, tant anciens que modernes, n’en fourniffent aucun. M. Hombert lût en l'année 1707. à la Compagnie, l'extrait d'une Lettre Hollandoife imprimée à Gaude, contenant l'Hif toire d’une Létargie extraordinaire ; elle mérite d’entrer ici en parallele ; le chagrin y donna lieu, l'afloupiflement fut pré- cédé d’une affection mélancolique de trois mois. Pour 1a: longueur du fommeil, le Dormeur de Hollande l'emporte fur celui de Paris, il dormit fix mois de füite fans interruption ; ne donna pendant ce temps aucune marque de mouve- ment volontaire ni de fentiment : au bout de fix mois il fe reveilla, s’entretint avec tout le monde, vingt-quatre heures après il fe rendormit, peut-être dort-il encore ; nous n'avons pas la’ füite dé cette hifloire. Le Charpentier: en queftion, de quatre mois de maladie n'en a que deux de vrai: fommeil ; mais l'accident cataleptique, les marques de l'hom- me endormi qu'ila confervées,celles qu'il a données de l’hom: me éveillé, l'effet qui a fuivi le bain d’eau froide, font autant de particularités rares qui rendent le fait digne de l'atten< tion des Phyficiens & des Médecins les plus éclairés ; mon - deffein étoit d'entrer dans l'explication de tous ces accidents particuliers, la crainte d'ennuïer me la fait remettre à une: autre diflertation. Rr ii 318 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE O BSERFV'A TTONS Del'Eclipfe de Lune qui eff arrivé le 2. Decembre au matin de cette année 1713. à l'Obférvatoire. | Par M". DE LA HIRE. 6 Decembre ETTE Ecliple a pû être très-bien obfervée, car le 1713: Ciel étoit ferein, & comme ïl y avoit déja quelques jours que le vent de Nord-Eft fouffloit , l'air pouvoit être fort pur pour faire l'Ombre de la Terre auffi bien terminée qu'elle le puiffe être, comme elle paroiffoit en cffet ; & cette Ombre étoit fi forte, que le limbe de la Lune n'y paroifioit point ; ce qui confirme la puretéde l'air fur la furface de la Terre à l'endroit qui envoyoit fon Ombre fur la Lune. Nous y avons apporté tous nos foins, & outre les Phafes obfervées nous avons encore J'Immerlion & l'Emerfion de plufieurs taches, fur lcfquelles fombre a paflé. Toutes les obfervations des Phafes de cette Eclipfe ont été faites avec le Micromctre appliqué à une Lunette de 7 pieds de foyer, & l'on a obfervé le diametre de la partie qui ref toit éclairée du difque de la Lune , & par confcquent ce diame- tre étant Ôté du diametre entier de la Lune , ilrefte le diametre de la partie éclipée, que l'on a trouvée d'abord en minutes & fecondes de degré comme elles font marquées par le Micro- metre. Nous avons trouvée diametre de la Lune vers la fin de l'Edliple de 31° 14", & nous l'avons pofé de 3 1" 20" vers le milieu de l'Eclipfe où la Lune étoit plus haute que vers la fin, & par confequent plus proche du lieu de la fur- face de la Terre où nous obfervions. On doit ici remarquer que cette obfervation du diame- tre de la Lune vers la fin de 'Ecliple, étoit plus jufle que DES SC IN] Ci EgSail 319 celle que nous avions faite vers le commencement ; car vers la fin le Cicl étoit un peu brouillé & couvert de nuages legers , qui Otoient le grand éclat de la lumiére de 1 Lune comme elle paroifloit au commencement ; ce qui fait qu'on juge les corps fort éclairés fur un fondnoir, un peu plus grands qu'ils ne font en effet, quoiqu on {e ferve d'une Lunette. Enfin nous avons converti les minutes & fecondes de dé- gré, qui ont été obfervées en doigts & minutes de doigt éclipfés, comme on les rapporte ici. On doit encore remarquer, que lorfque l'Ombre de {a Terre fe rencontre fur un endroit du difque de 1 Lune où il y a beaucoup de taches obfcures, on ne voit pas fi dif tinétement le terme de l'Ombre que lorfqu'elle pate fur 15: parties éclairées du difque. Temps. Phafes. 1 Minutes & Secondes, Doigts & Min.. de degré. H. Mas M. S.. D. M à 2 25 15 Commencement de 'Eclipfe. {029 On Oo 44 O 17 214.0 26 ©3117 RE 2 42 $S5: 5 50 2 15 2,47 15 Zi. 16 2: 44 2 50 35 8 23 3 14 3 ÿ 15 10 56 4 + F2 + 3 JA NE 4 36 m die de lun. 12 50 4- 56 Fée 47 20 LM 412 4: 38 4 so 10. 56 4 Là LOMME 1 9249 3 43: 4 16 45 8 2 Del 4 PAR MN 716 2. 44 4 28 30 Si$ 2, 35 320 MEMoIïREs DE L'ACADEMIE RoYyaLeE Temps. Phafes, HE ME 5: M. S. D. M. 4 33 15 4 34 I 49 4 39 5 3- 47 1 16 4 43 25 = = 0 49 4 46 35 O0 44 O0 17 4 49 20 Fin de l'Eclipe. Par Ja comparaifon des Obfervations du commencement & de la fin de l'Eclipte & des correfpondantes qui n'en font pas beaucoup éloignées , on détermine le milieu à , DORE A VA SU 4 Je 3 39 43 Et prenant un moiïen, on peut eftimer ce milieu à 3* 36 40° Paflage de l'Ombre par les Taches de la Lune. A2h 37" 5" Commencement de Mure Humorum 2 37 35 ‘Commencement de Tycho. 2 953 35 Fin de Mare Humorum. 3 24 25 (Cyrillus FE $s Commencement de Langrenus. 3 44 21 Fin de Langrenus. 305% $ Emorfion de Mare Humorum, 3 54 35 Fin deSchichardus. 4 6 s Milien de Capuanus. æ 10 S$1 Commencement de Mare ANellaris. 4 15 25$ Milieu de Tycho. 4 16 $$ Theophilus. 4 24 S$ Milieu de Langrenus. 4 27 S Fin de Mare Neltaris. 4 40 15 Snelius. 4 49° 21 Fin de FEdclipk. OBSERVATION DES SCrENcEs 321 OBSERVATION PO UDerE “clipfe de Lune du 2 Décembre 171 3 faite à l'Obfervatoire Royal. Par M" MARALDI & CASSINI. (l L yaeu cette année 1713 deux Ecliples de Lune par- 6 Décembre tiales, dont la premiére eft arrivécle 8 J uin, la Lune étant 1713. près de fon Nœud afcendant , & la feconde a été obfervée le 2 Décembre, la Lune étant près de fon Nœud defcendant. Dans la premiére, la latitude de la Lune étoit Méridionale & fon difque a été écliplé dans fa partie Septentrionale ; & dans la feconde, la latitude de Ja Lune étoit Septentrionale, & fon _difque a été éclip{é dans fa partie Méridionale. Nous n'avons pas pû obferver ici à Paris l'Eclipfe du 8 Juin, qui, fuivant nos Tables, devoit être de quatre doigts & cinq minutes , & dont la fin devoit arriver de jour à 74 40" 36" du foir, un peu auparavant le coucher du Soleil E mais cle a été obfervée à Bologne par M. Manfredi, qui en a déterminé fa finà 8h 16’, & c’eft la feule Obfervation que nous en ayons reçüë. Le temps a été aflés favorable pour l'Obfervation de lEclipfe derniére. Nous primes dès le foir précédent, le paf fage de la Lune & de fes Taches par les fils de la Machine Parallactique , pour déterminer leur fituation dans-le dique apparent, qui eft fujet à quelque variation à caufe de la libras tion de la Lune. L'obfervation de l'Ecliple a été faite en deux endroits differents de lObfervatoire, avec deux Lunettes de 8 pieds, dont lune avoit un Micrometre à fon foyer, & l'autre des Réticules placés à égale diftance un de l'autre, & on Mem. 1713, VOL 322 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE déterminoit en même temps l'entrée des Taches dans l'Ombre & leur fortie, de la maniére qu'on va le rapporter. Oüfervation faite avec les Réticules.- A ! On commen oit déja à voir la Penombre. 5 ç °] aù" us 53° Commencement de l'Eclipfe. La Lune étoit éclipfée d'un doigt. Un doigt & demi. L'ombre au bord de Tycho. L'ombre au milieu de Tycho, & au bord de Mare Humorum. Tycho ett entiérement dans ombre. Deux doigts. L'ombre au bord de Gafiéndus. L'ombre au bord de Bulialdus. Trois doigts. L L'ombre éloignée de Gr imaldus de deux de fes diametres, où elle refte pendant plufieurs minutes. Quatre doigts. L'ombre au bord de Snéllius & F urne- rius. Snellius & Furnerius entiérement dans l'ombre. Quatre doigts & demi. L'ombre au bord de Fracaftorius. | Fracaftorius entiérement dans l'ombre. L'ombre au bord de Petavius. L'ombre au milieu de Petavius. Cinq doigts. | Gañlendus eft forti entiérement de l'om- bre. - L'ombre au bord de Langrenus. La Lune eft éclipfée de $ doigts & 9’, qui eft la plus grande Ecliple. DES SCIENCES. 323 A 3 41° 8" Langrenus entiérement dans l'ombre. 49 8 so 48 LAN 4 8 10 DORE 4. 5$ 40 F'E9 F8+, 120 14 40 LAN 10 20 25 24 30 0 40 39 16 40 50 4 48 16 Bulialdus eft entiérement forti del’ombre. Mare Humorum eft entiérement hors de lombre. Cinq doigts. Capuanus eft forti de l'ombre. Quatre doigts & demi. * Pitatus eft entiérement forti de l'ombre. Quatre doigts. Trois doigts & demi. Tycho commence à fortir de l'ombre. Tycho eft entiérement forti. Trois doigts. % Langrenus eft entiérement forti de l'om- bre. 1] Deux doigts. Petavius eft entiérement forti de ombre, Un doigt. Fin de l'Eclipfe. Suivant ces Obfervations , le milieu de lEclipfe eft arrivé 23h36 35". Sa durée a été de 2h 21° 24”, & fa grandeur de $ doigts 9 minutes. On a remarqué pendant la durée de l'Edlipfe, que Ie Ciel étant également ferein, fombre paroiffoit quelquefois mieux terminée dans des temps que dans d'autres. Sf ij, Figure 1. Figure 13. 24 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 324. RAPPORT DES SONS D'E S CORDES D'INSTRUMENTS DE MUSIQUE, AUXQELECHESYNDESMCO RDES: Et nouvelle détermination des Sons fixes. Par M Sauveur. L Remarques générales fur les Cordes fonores. RS avoir établi les premiers fondements de l’Acoufi- que dans l'Hiftoire de Ÿ Académie de 1700, & dans les Mémoires de 1701, 1702, 1707 & 1711, j'ai pris le parti d'examiner en particulier chaque corps fonore, en com- mençant par les cordes d'Inftruments comme les plus fimples. J'ai découvert des propriétés finguliéres, utiles non-feulement aux Méchaniques, mais encore à la Phyfique. 1. Pour entrer dans les propriétés des cordes fonores, if faut fuppofer la corde À B tenduë horizontalement par un poids P après avoir paflé par-deflus une poulie G. Cate corde formera par fa pefanteur une courbe À DB convexe du côté du centre de la Terre. Si on imagine une ligne droite AC B coupée également en C, & la verticale CD entre ces deux lignes, nous l'appellerons la Fléche de cette corde AD B. On peut regarder CD comme l'axe de la courbe DB, & CB comme fon appliquée, ou bien fi cet arc étoit celui d’un cercle, CB fera le finus de BD, & CD fon finus verfe. 2. L'expérience montre que cette corde À D B rend fenfiblement le même fon étant tenduë par un même poids + Pentre deux chevalets 4, 2, qui gardent la même diftance, | DES SCIENCES, 325 foit que FInftrument fur lequel eft tenduë cette corde foit polé horizontalement ou incliné à l'horizon, ou enfin qu'il foit polé verticalement. 3. La feule différence des fons que cette corde rend lorf qu'elle eft horizontale, avec ceux qu'elle rend étant verticale, vient du frottement de la poulie qu’on eft obligé de mettre dans la premiére fiuation. Cette différence eft petite, comme nous expliquerons ci-après /art. 1 2.) 4. Pour mefurer la longueur de cette corde, nous nous fervirons des pouces aftronomiques, dont les 36 font la longueur du Pendule fimple à fecondes, & cette longueur eft de 3 6 pouces 8+ lignes du pied de Paris reformé, en forte que leur rapport eft de $ 2 à $ 1, & 40 pouces aftronomiques font 40 pouces 9+ lignes de Paris; à l'égard de l'ancien pied. de Paris, la longueur du Pendule eft de 3 6 pouces 62 lignes, en forte que leur rapport eft de 68 à 67. s- Nous diviferons le pouce aftronomiqueen 100 parties; ce n'eft pas que la Fléche CD fe trouvera dans la fuite être une partie du pouce aftronomique divifé en plus de 1000000 parties; le calcul donnera cette précifion, l'oreille la {ent , elle eft 10000 fois hors de la portée de la vüë, & l'imagination Sy perd. . 6. Il eft indifférent de quel poids lon fe ferve pour pefer une longueur déterminée de corde, que nous fuppolerons toû- jours de 40 pouces, pourvû qu’on fçache le rapport de fon poids avec celui qui tend cette corde: Nous nous fervirons de la livre du poids de Marc, qui contient 9216 ou 2° x 3° grains, nous marquerons en grains le poids de 40 pouces de corde, & nous réduirons le poids qui tend cette corde auffi en grains. Voyes l'art, Cr. 7. Je préfére la connoiffance du poids d'une longueur déterminée d'une corde à celle de fon diametre ; parce que 1.0 le diametre de la plus groffe corde de métal d'un Inftru- ment de Mufique , n'eft tout au plus que de + de ligue, ainfr il eft très-difficile, pour ne pas dire pole & connoître ii Figure 1 2. Figure 1 3. Figure 13. 326 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE ls rapports des cordes par leurs diametres. 2.0 If eft au con- traire plus jufle & plus commode de connoître le poids de 40 pouces d'une corde, ou, fi l'on veut, de huit fois cette longueur ; puifque les plus grofies cordes de cette derniére longueur pefent plus de 1000 grains, & Îes plus petites environ 40 grains. 3.° L'on peut connoître les rapports des diametres des cordes de mème matiére par leur poids, puifque les diametres font comme les racines des poids, & les poids comme les quarrés des diametres. 4. If eft néceffaire de connoître le rapport du poids qui tend une corde, à celui de la corde, &:non pas à fon diametre. 8..En-tendant une corde ; que je fuppofe toüjours de métal, il ne faut pas appliquer un poids trop grand qui la - cafferoit ; l'expérience montre qu'une corde d'acier cafle étant tenduë par un poids qui eft environ 12000 fois plus grand que le poids de 40 pouces de cette corde, celle de cuivre jeune par un poids 9000 fois plus grand, & celle de cuivre rouge par un qui l'eft 5600 fois: c'eft pourquoi appelant « le nombre des grains que pefe une corde de 40 pouces, le poids ne doit pas pañler livres de poids de marc pour bander Ja corde d'acier, ni {c) livres pour le cuivre jaune, éc ‘ + ni pour le cuivre rouge. 9- Dans les expériertces, il eft inutile d'aller à des préci- fions plus grandes que celles qui nous font marquées par les fens; ainfr on peut fe contenter dans ces expériences, de mar= quer-les {ons par des eptamérides, parce que l'erreur d’une demi-eptaméride eft infenfible; cetie erreur fait unc différence de 1 fur 870 pour les longueurs des cordes, ou de 1 fur 43 $ pour les poids f art. 26. ) | ! 10. Dans les calculs on peut regler ‘un intervalle d'un fon par décamérides, puifque une décaméride qui eft-2 d'u eomma cft abfolement infenfible, l'erreur d'une demi-décas méride cft de 1 fur 8700 pour la longueur des cordes, & de x fur 43 5 o pour les poids. a D'ÆiSJ1A CMLELN CHBiSuaiM $27 11. Ï eft vrai que fi l'on multiplie une erreur, elle peut devenir fenfible; mais comme l'étenduë des fons fenfibles ne pafle pas environ douze oétaves, & que les expériences fe font fur les fons qui font vers la quatriéme octave, à:com- mencer par la plus grave, il s'enfuit que la plus aiguë n'eft éloignée au plus que d'environ huit octaves, dont les vibra- tions font multipliées par 2°=— 2 5 6, de forte, que l'erreur de 1 fur 4350 *2$56— 1113600 ne peut point devenir fenfible par aucune multiplication dans l'Acouftique ; & pour nous fervir de nombres ronds, nous dirons qu'une erreur de r fur 2000000 ne peut point devenir fenfible dans la longueur des cordes, ni de 1 fur 1000000 dans les poids. 12. Pour trouver l'erreur que peut caufer dans le fon, le frottement de fa poulie marqué dans l'article 3, j'ai remarqué Figure 2. qu'il falloit une puiflance qui fût moins du quart: d’un poids pour le faire gliffer fur un plan horizontal, les furfaces étant acier & de cuivre poli; fuppofant donc que le diametre de l'effieu d'une poulie foit 1, & le diametre de la poulie foit 4, la puïflance doit être 7 du poids qui la preffe, comme la poulie eft tirée horizontalement felon H direétion GR; & verticalement felon G7: Tirant par le centre € de lEffieu La ligne GS & les autres ST, SR, paralleles aux deux direclions GR, GT, le poids P {/p) fra. au preffement de la corde contre la poulie, comme 7GàGS, ou comme $ à 7, ainfi la réfiftance par le frottement fera ART — 2% qui eft à p comme 7, cft à 20 d, ce qui fait dans le fon une erreur de 7 fur 40 4. Comme le diametre de la poulie, dont je me fers, eft $7 foisicelui dé fon cfeu, fuppofant 4 — 5 7; l'erreur caufée pare frotte- ment fera de 7 fur 2280, ou de 1 fur 326,:& l'erreur dans le fon fera de 1 fur 652 , comme nous montrerons dans l'article 26. Cette erreur eft moindre que les + d'une æptaméride, draob seen 5h 1 LP ! Figure 3. Figure 4. 328 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE IT. Que les fons des cordes d'Inffruments, font en raifon reciproque de leurs Fléches. 13. Suppofons les mêmes chofes que dans l'article r, & qu'enfuite l'on tire les tangentes 4 £, EB (+) àVarc AD B (n) &les paralleles À F, 8 Faux deux tangentes, que l'on continuë la Fléche C D ({ f ) jufqu'aux tangentes & à fes paralleles, nous aurons la foûtangente CE /x) & la petite diagonale EF, { 2x) Yappliquée CB /y) foit pris une longueur /a ) de cetre corde, dont le poids foit appellé c ; par conféquent, le poids de la corde 4 DB (n) fera . 14 Par les regles de méchanique, le poids © de la corde À D B {n ) eft aupoids P /p) qui teñd cette corde, comme la petite diagonale EF {2 x) eft à la tangente EZ (t)Donccnt—2apx. 1 $- Si l'on veut connoiître la nature de la Courbe À D B par l'extrémité D de la Fléche, tirés l'horizontale AD F qui coupe la tangente B£ en F, tirés la verticale FG, & DG parallele à ÆB. Les méchaniques nous apprennent que le centre de gravité de la corde DB eft dans la verticale FG. Suppofons enfüite la verticale D Æ égale à l'arc DB, (in) tirés À H parallele à E B ou à DG, foit D H— 3. Suppofons une puiffance qui tire horizontalement la corde felon la ligne D A; par article précédent la puiflance qui tire par D FH eft au poids de la corde D B ou D K:: D F. FG::BC (y). CE (x):: HD (q). DK (+n) Done gx=—=3ny,ceft-à-dire, que le produit de l'appliquée CB & de l'arc D B eft égal au produit du demi parametre 7, & de la foutangente x. H fuit 2.° que fi l'arc +7 eft infiniment petit, il devient égal à l'appliquée y, alors gx —+ y y, & cet arc dégénére en celui d'une parabole 2 7x = y. ou d'un cercle 2 g9x—xx— VS 5 CA — XX eft un infiniment petit du quatriéme degré. 16. D'où il fuit, que f DB où D X (En) marque la longueur D'{ ENS 4 19:04 1 LE 1 GE) Si el: 320 Hongueur & le poids de la corde, D H /q}) marquera la Jongueur & le poids de la puiffance qui fera conftante, & HX marquera la longueur & le poids p d'une corde dont le poids fera égal au poids P qui tend la corde D B. 17. Remarqués, 1.° que dans toutes les Expériences que j'ai faites lorfque la corde À D B fonne le fub-bis PA, c'eft- à-dire, le C-So/-Ut du bas du Clavecin ou le fon d'un tuyau d'Orgue de 8 pieds ouvert, le rapport de CE à CB eft moindre que le rapport de = pouce à 2 $ pouces, ou de 1 à 4000; & fi du centre Z & de l'intervalle BC l'on décrit l'arc CZ, la partie Æ Z fera moindre que == de C B qui eft de 4000 parties; par conféquent , le rapport de la diffé- rence 1 (t—y) de BE (r) à CB (y) eft moindre que de 1 à 32000000, ce qui eft abfolument infenfible par l'art. 1 1, & à plus forte raifon, la différence de l'arc D B à CB où # — y eft abfolument infenfible. 18. D'où il fuit, que l’on peut prendre les trois lignes CB(y) DB(+n) & EB (1) Vune pour l'autre, & réduire l'égalité de article 14, cnt— 2 apx à celle-ci SCHN— 24PXOUCHN— 4APX 19. Remarqués, 2.° que le centre de gravité de la demi- corde D B eft dans la verticale FG. (arr. 1 5.) 20. Si l'on prend C 41 moitié de CB, la partie A1G fera plus petite que le quart de Æ2. Car partageant C M & MB en parties égales, mais infini- ment petites, & tirant des verticales par ces divifions qui couperont l'arc D B en parties inégales dans les points O,Q, V, S qui feront plus grandes à proportion qu'elles approchent de B ; a premiére D O fera égale à C L, & la derniére BS fera partie de la tangente BÆ, ce qui eft évident; divifés également £ Z en Æ. | 21. Si l'on regarde C B comme un Levier dont 44 eft le milieu, pour avoir le centre de gravité /V des arcs DO, _BS, il faut faire cette analogie DO + BS. DO::CB. BN ; mais DO—CL =, & AE il s'enfuit Mem. 171 3. St Figure 3. Figures 4. Sa Figures 5. 6: Figure 6. 30 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE quCB+BE.CB::CB. BN; prenant la moitié des antécédens BX. B1:: BM.BNendivifan BX.1K:: BM.MN. Mais B M cft moindre que la moitié de B K; donc AN cit moindre que + ZX ou que + E 7; & par conféquent, AZN eft moindre que = de BK; & à plus forte raifon de BC: 22. Puifque l'arc OQ eft plus grand que DO, & VS plus petit que S 2, ils approchent davantage de l'égalité; donc leur centre de gravité approche davantage de A que N. En prenant de même deux à deux les arcs également éloignés de la verticale qui pañle par 47, on trouvera que leurs centres de gravité approchent de plus en plus de 41. 23. D'où il fuit, que le centre commun de gravité G de toutes ces parties, ou de tout l'arc DB, eft entre N & A7, & par conféquent //G eft beaucoup plus petit que 41 N ou que —=55es de MB ; donc par l'art. 1 1. on peut à plus forte raifon négliger cette différence. 24. À caufe des parallcles, BG. BC::BF.B E::CD. CE. Mais BG eft fenfiblement moitié de BC ; donc CD left auffi de CE, & la différence eft beaucoup moindre que 73555555 de C'E ; d'où il fuit que 2CD /2f)—=CE/(x) & l'égalité de l'art, 18, cnn = 4 a px fe change en celle-ci cnn—= 8 apf ; donc f— Sn & eee d'où nous tircrons ces trois conféquencess 25- 1.° L'expérience nous montre que les fons / S) d'une corde tenduë par un même poids, font en raifon reciproque de fes longueurs, /») c'eft-à-dire, S— :. Suppofant Var Sn dl Ae L s — = 1, il s'enfuit que V+ =+—=S. 26. 2. Que les fons /.S) d'une corde d'une même lon- gucur, mais tenduë par des poids différens /p) font en même raifon que les racines quarrées de ces poids ou S = 1 Vp, fuppofant mie —= 1, il s'enfuit que Vz Sir € DYE'S ASICUMENN GENS 31 27: 3° Que les fons /S) des cordes de diflérens diametres mais de même matiére, de même longueur & tenduës par le même poids, font en raifon reciproque des diametres de ces cordes ou { par l'art. 7.) des racines quarrées des poids d'une même longueur de ces cordes, c’eft-à-dire, S$ — ir, € 28. Par les expériences que j'ai faites, lorfqueles cordes qui font de différentes matiéres ne s’allongent point par les poids qui les tendent, les fons /$) font auffi en raifon reciproque des racines des poids de ces cordes de même longueur. Suppo- fänt re = 7, il s'enfuit que É ares ee Pet 29: 4° Qu'enfin les fons des cordes font en raifon compo- fée directe des racines des poids qui les tendent, & renverfée des longueurs’ des cordes & des racines dés poids d’une même e ÿ suite —— 1Vp î longueur de ces cordes, c'eft-à-dire, que S — E. Suppo- | Pitt °, > 0 RECRUE 1 Vp 2 fant 52 — 1, il s'enfuit que ae ==" 30. D'où il fuit, que dans tous les cas précédens les fons de toutes les cordes d’Inftruments de mufique font en raifon renverfée des racines quarrées de leurs fléches S — V+ 3 1. C'eft pourquoi fi les fléches de différentes cordes font égales, les fons font les mêmes. 32. Et fi les fléches font inégales, les fons font en raïfon renver{ée des racines de ces fléches, ce que l'expérience con- firme dans toutes les cordes qui ne s’allongent point ou qui ne s’allongent que peu fenfiblement. DIT. Que les Pendules fimples Hochrones avec les Vibrations d'une corde fonore, font les Ÿ de la fléche de certe corde. 33- Nous avons démontré (art. 24.) que la fléche CD Figure 6. (f)-étoit moindre que la moitié de a foutengente CE (x ) d'une quantité plus petire que de "= de CE: mais fuppofant f = Lx 3 de CB, fitx— 1, alors CB Tti Figure 7. " Figure 8. 332 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyarE {era de 8000 parties; & fuppofant que l'arc 4 D B foit celui d'un cercle, le rayon fera 32000000 — + & la fouten- genteCE fera 2 +5 dont la moitié eft 7 D, ce qui donne la mème diflérence infenfible que celle que nous avons trouvée ci-deflus. Donc /art. 1 $.) on peut prendre cet arc pour celui d'un cercle, dont il contient environ + minute de degré. 34. I s'agit de trouver le centre d'ofcillation P d'un petit arc de cercle AD B qui fe meut autour de la foutendente AC B, ou la longueur € P (p) du Pendule fimple ifochrone avec les vibrations de l'arc À D B. (24). 3 5: Sur l'ablcifie C H {x ) foit appliqué perpendiculaire- ment ZX (y) & IL infiniment près; foit la fléche C D (f) le Pendule fimple CP (pk moitié de l'arc DB (a) h partie D À (u) les différentielles de w, x, y foient du, dx & — dy. j 3 6. Selon M. Huguens, dans fa cinquiéme propofition du centre d'ofcillation, le centre de gravité du double de l'arc DK (u) eft fase & la diftance CP /p) du centre d'ofcil- lation du double de cet arc autour de la ligne CF, eft p __ Jyrdu fydu? Mémoires de l Académie en 1703 , pag. 282. 37: D'où il fuit, quefi AD & D B font deux lignes droites, dont Je rapport à CD foit . , alors d u — 2 fysdu _ fyydy br dm ddr 3 8. Suppofant AD B (2a) un arc de cercle, dont W foit le centre, ÆF le diametre parallele à la foutendente ce qui s'accorde avec M. de Bernoulli dans les — dont l'intégrale eft p — + = AT _ ACB (2e) foit prolongé la fléche D C & les appliquées KH, LI. (y) Soit tiré l'appliquée BT. Soit le rayon XN (r)CN,HQ,IR, BT (b) KQ.(:) alorsy—=7—0, &yy—=yr—2t7+ 00. KM (d7= dy.) DES) S'CYER EE) NLG'E S 39e Nous avons dit (art. 36.) que p = PE: à lieu de y & de y y fubftituant leurs valeurs /art. 38.) l'on 3 ___ Jrrdu—2bfrdu+ {du LEE N Mar frdu— [du F 40. Comparant enfemble les triangles femblables VQ X. ‘KML. Yon trouvera que NX (r).QK (1) :: KL (du) ML (dx) donczdu=rdx, 8 alors pe EE, 41. Enintégrant, fdx=x,fdu=u,&frdx = N DKQ=NDK+QNK—=Iru++23x; doncp ___ srrUH T2 brx+bbu __ rrutrxz—4br3+2bbu ' 7x — bu 21#— 2bu : aÿr+2abb—3ber uppofantu—=a.x=c,.2=b.p=———————— S ppofant # CZ: b.p 2cr— 2ab » P arrzabb— 3bcr & le rapport de p à ffera;— PART MENT ET 42. Suppofant que DB foit un quart de cercle, alors f—r, &—0,a—=157080,& ?— 78540, Si DB eftunarc 190000 de 8 1 22 degrés par les tables de V’Arithmétique Britanni- 2.795632: Si 96 que, on trouvera que + — 72563, Si DB et de 40 degrés, = — 279921, Si DB eft de 20 #$: degrés, À f 79982 : P__ 80000 — 792982, ce qui approche fenfiblement de = = ice —#, donc par approximation le Pendule fimple {p) ifo- chrone avec les vibrations de Farc À BD eft les + de La fléche f. - 43. Mais pour démontrer ce même rapport par {es În- Figure où finiment petits : Dans l'égalité ;. = < — : ee fuppofant les quantités à, b,c, f.p. variables, & r conftant, les différentielles feront da, — db, dc, db; & db + dp. Et comme la différentielle de F eft x Infiniment petite, puifqu'elle f termine à une quantité gaie Tt ii Figures 8. 9. 334 MEMOIRES DE L’ÂCADEMIE RoYaALr finie, il s'enfuit que la difference de l'égalité precedente fra ? rrda+ 2bbda— gabdb— ;brdc+ ;cr4b ES pr Pr er de M COUT f — 2zcrdb+ 2frdc— 2abdb + 2afdb — 25fda 44 Puifque les triangles NBC, B L M. font fembla- bles, alors BL (da). BN(r)::BM(db). BC(c):: LM{(dc). NC (b) de forte que fi da — +, alors 44 = +. de —À, fubftituant ces valeurs & multipliant par ? n+2bbr—qabc— ;bbr+ zccr NN 5 OR 7 a CO» l'on aura, F 2tcr+26fr—2abc+z2acf—2hfr r— bhr— gabc + geer En nee are rural in IP) CRU gccr — gabc __. 2cr— 2ab 2ccr — 2abc+ ZAR OUR abc etre 20r—24ar+ 2af 2 f + Ppetee donc enfin vb cap 45. Il s'agit maintenant de trouver la valeur de a lors qu'il eft infiniment petit. Pour ccla, je prends dans le fegment À D B, la diflince CG /g) du centre G de gravité des ML {dc) (Figure VIII.) qui fera égal au fegment 4 D B divifé par la foutendente AB, c'eft-à-dire, CCE = NADIEN TAC EN où g —= ar be & le rap- port de CDàiCG té aie Ages, . g = rda— bdc + cdb _rr — bhb+Hee la difference eft FE = Na = ce= fr —f.bf= rf—f) done Lion COUT =f enr eg + 2cr— cf réde Lt UE 2cf T'ANIT Yu 4 7 EI +24 46, Dans l'égalité (arr. 44.) + Ermes TT Er fi l’on fübftituë la valeur dea, l'on aura enfin + + ms HER h & comme f ef infiniment petit, alors 2 —# & p —4#f, c'eft-à-dire, que le Pendule fimple eft les +de la fléche. TL DES SCIENCES. 33$ IV. Maniere de trouver le nombre des Vibrations qu'une corde fonore fait dans une feconde de temps. can 47. Nous avons trouvé (art. 24.) la fléche f — TT la longueur du Pendule fimple ifochrone avec les vibrations de la corde fonore (art. 46.) p = # = 7335 + appellant g la longueur d’un Pendule fimple à fecondes, l'on aura le rapport de ces deux Pendules Pr —<"21. Enfin appel- lant f le fon de Îa corde, c’eft-à-dire, le nombre des vibra- tions qu'elle fait dans une feconde de temps, lon aura f=° ST jet à Vroapq ii V2f 7 Von » comme nous fuppofons toûjours a 40 (art. 6.) alors [= Ve —— STE 4: 48. Si l'on fe fert des pouces du pied de Paris, alors g—= 30% (arg)&f—22$ IE tzvr, 49: Exemple. J'ai pris une corde blanche de Clavecin, éeft-à-dire, d'acier, dont 40 pouces {a ) du pied de Paris peloient 20 + grains /c) du poids de marc, la longueur (n) entre les deux chevalets étoit de 67 pouces, & le poids (p) qui tendoit la corde cfloit de ro livres ou de 92160 grains, Cette corde fonnoit le /ub-bis PA, où le C-So/-Ur du bas du Clavecin qui répond au tuyau d'Orgue de 8 pieds ouvert. On demande la valeur de / ou le nombre des vibra- tions que cette corde fait dans une feconde de temps. DRE ; TT EN 2 MARS RS Par l'article 48 Von trouvera f— CE = 121 4 vibrations. 50- Par les expériences que j'ai faites, j'ai trouvé par calcul /art. 24. ) que les fléches /f — FR ) des cordes qui #onnoient le fub-bis P A eftoient toüjours de -1- pouces du pied de Paris, fuppofant donc f = 375, dors (art. 48.) [= 7 =121.70. vibrations. 436 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE $ 1e D'où il fuit que le PA (clefde C-So/-Ur) fait 487 vibrations par feconde. ; 2. Dansl'Hifloire del Academie de 1700. j'avois trouvé que le f4b-bis LO ( L À du bas du Clavecin ) faifoit environ 10 1. vibrations, en forte que le PA en fait environ 242 &, ce qui fe trouve confirmé par plufieurs expériences en quatre jours différents dans les années 1699. 1700. & enfuite 1704. chez le fieur Deflandes très-habile Faéteur d'Orgue, en prefence du P. Scbaftien Truchet, & de plufieurs autres, en nous fervant des Tuyaux d'Orgue entre 4 & 2 pieds où nous trouvions que le /ub G À ( MI au-deflous de Ia clef FUT-FA) failoit 1 $2 vibrations, & par conféquent PA (clef de C-Sol-Ur) faioit 243 + Ces expériencès faites avec beaucoup d'attention & de pa= tience, donnent lieu aux Remarques fuivantes. 53: 1.° Qu'ayant trouvé qu'un même fon faifoit avec les cordes deux fois autant de vibrations qu'avec les tuyaux, il s'enfuit qu'il faut prendre dans les cordes une allée & un retour pour une vibration du fon, parce que ce n'eft que Vallée qui fait impreffion contre l'organe de l'ouie ,.& le retour n’en fait point , & dans les tuyaux d'Orgue les ondu- lations de l'air ne font d'impreffion que dans leurs allées & n’en font point dans leur retour. 5 4- 2.° Comme le fon fait environ 1 80 toifes, ou 1080 pieds par feconde, il s'enfuit que les 243 vibrations du fon PA fe fuccedent l'une après l'autre de la diftance de 4 + pieds, c'eft-à-dire, à peu près de deux fois la longueur du tuyau P À qui eft environ de 2 pieds, ce qui fervira à con- noître la nature des ondulations du fon dans l'air. , 55- 3-° Cette convenance du nombre des vibrations du | fon déterminé par des principes très-differents, nous te lieu d'en douter, & en conféquence nous corrigerons les formules des articles 47. 48. en prenant les moitiés & les exprimant auffi par logarithmes. 5 6- Si l'on fe fert de pouces Aftronomiques 9 = 36. (art. 47. } DE 8: S: 6 T'E-N C.-B, RTE k 1 PAT NUE REA DEC on? (art. 47-11 = 2 CUT oo; ple ou f = [a Ve» & en logarithmes S — 0. 25$8— FF. S—;; P—C 7ZZ801r$S —N + F ke 4e 57- Si l'on £ fert de pouces du pied de Paris (arr. 48.) | 338695 ARE Cos 88 vp OATE 100000f 7 rooonve » & en logarithmes P—C 0. $2981— FouS—7r,78228 — EUR S— 0.529 0 ADO É AN EE 53 Enfin, fi lon fe fert de pouces de Ia toife ancienne de Paris, pour les expériences qui ont été faites avant l'année P P q 1666. (art. 4.) [= 232772 ou f — {2175 vr 10000 Vf 1000nVc? & en logarithmes S — 0. $ 2900 — Fou Sr 78158 —N+ + Les valeurs précédentes de doivent être priles avec les précautions fuivantes. à | 59: I ne faut pas { fervir de cordes d'inteftins, de foye ou de fil, parce que leur matiére eft inégale & qu'elles s’af- longent différemment étant tenduës par différents poids, ainfr il faut prendre des cordes de métal tirées à la filiére. A la vérité elles s'allongent un peu, mais celles qui n'ont paru les plus füres, font les cordes blanches, c’eft-à-dire, celles dé fer où d'acier. : N 60. Le poids avec lequel on doit tendre les cordes, doit être limité (art. 8.) , nie sobitoiloee | 61. L'érreur dans Je calcul vient principalement du poids des 40. pouces de corde, mais pour diminuer cette erreur, il-en. faut peer 2, 4, 8, 16,,32,ou même 64 fois cette longueur de 40. pouces de corde, dent la longueur fait, # toiles multiplié par ces. nombres, par-lelquels, il auf aug multiplier & +1 EC OT + no "sbasr sup:doistins 62. En mefurant Ja longueur de_cette corde il: faut, a tendre par un poids qui foit à peu-près la moitié deccelui qui deu ler di dihiumot St Sante où 54 ns di Mem. 171 3 , Vu 338 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare 63. Enfin, fi l'on craint que la corde foit plus groffe par un bout que par l'autre, il faut fe fervir du milieu de celle qu'on a pefée pour en tirer Le fon fur l'Inftrument. V. Nouvelle détermination des [ons fixes. Table des fons Jixes. Conflruttion d’un Echometre. 64. Dans l'Hifloire de l Académie de 1700. & dans les Mémoires de 1701, j'avois déterminé le fon fixe par celui qui failoit 100. vibrations par feconde, parce qu'alors étant occupé à mon fyftème gencral des intervalles des fons, je ne pris ce nombre que par provifion. 65. Mais faifant attention que l'étenduë des fons felon l'aigu & le grave, eft partagée par oélaves felon la progreffion double, & que par les articles 49 & 52, j'ai trouvé que Ja Clef de C-Sol-U faifoit environ 243 + vibrations, j'ai fait d'abord la progreffion double fuivante, que j'ai accom- pagnée des puiffances de 2. 1,2, 4, 8, 16,32, 64, 128, 256, $12,1024, aies dalle 25hh2f est ones it, jai 2048, 4006, 8192, 16384, 32768, 65536. 16 EE be as, a 2.’ 2, 66. J'ai reglé le fon fondamental de chaque oétave fixe & l'ordre des oétaves, par les nombres & les expofants de l progreffion double; ainfi le fon qui fait 256 (2.°) par feconde , eft le fon fondamental de la 8.° oétave fixe. 67. En divifant les nombres compris entre ceux de la pro= greffion, ( comme les nombres qui font entre 256 & 512) en 43 moyennes proportionnelles, l'on aura les fons fixes de chaque octave divifés par merides ; en divifant les fons compris entre chaque meride en 7 où 70 parties, l'on aura les fons fixes divifés par eptamcrides ou décamerides. 68. Pour avoir les intervalles des fons fondamentaux de chaque oélave, prenés les logarithmes de nombres de Ja DES SCIENCES, || 339 progreffion double, ou bien multiplés 3010300 par les expolants de la progreflion double. Ainfi l'intervalle du fon fondamental 2 5 6 de la 8.° otave fixe, eft 24082400. 69. Otant les 3 ou 4 derniers chiffres de cet intervalle, Ton aura 240 8 2 décamerides, ou 2408 eptamerides : Ces eptamerides étant divilées par 7, donncront 344 merides pour l'intervalle de la 8.° octave fixe. 7 0. Aux merides de chaque oétave ajoûtant r, 2, 3,4, &c on aura toutes les merides de cette octave. Aux eptamerides ou décamcrides, ajoûtant le produit de ces nombres par 7 ou 70, l'on aura les eptamerides ou décamerides de chaque octave, 7 + Ayant enfuite trouvé que le nombre 2 56 de cette progreffion double approchoit le plus de 243 © de l'article S2, j'ai pris le fon qui failoit 2 5 6 vibrations, pour le fon fixe fondamental de oétave moyenne ; en forte que les nombres füivants $12, 1024, 2048, &c. forment les fons fonda- mentaux de la 1.91 2,6 3.e octaves fixes, & les précedents 128, 64,32, &ec. de la 17e 2.e 3e fous-oétaves. 72. J'appelle 2A les fons fondamentaux de chaque oétave fixe, & je défigne les autres fons de chaque oétave par les noms marqués dans les Mémoires de 1701, en diftingant ceux de chaque oétave par les clefs des noms. 73- Je défigne de même ces fons fixes par les notes, que j'ai marquées au même endroit. 74+ À limitation des Facteurs d'Orguc, nous défignerons auffi le fon fondamental PA par celui d’un tuyau d'Orguc de 2 pieds ouvert, qui rend à peu-près ce fon, les PA des ‘octaves en montant par ceux de 1 pied 6 pouces, & ainfi de moitié en moüié, & les PA des fous-oétaves par 4, 8, 16, 32 pieds. Pour rendre plus fenfible tout ce que je viens de dire, & pour ôter la peine du calcul, je propole la Table générale des fons fixes fuivante. 7 5« Cette T'able contient 1 3 colonnes, dont les premiers Vuï 340 MEMGIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nombres inférieurs font ceux de a progreflion double (art. € 5.) qui marquent les fons fondamentaux de chaque octave / art. 66.) Ces o€taves vont depuis la 3.€ jufqu'à la 1 $.* inclufivement, parce que tous les fons poffibles ne paficnt pas cette étenduë, 76. Dans chaque colomne, il y a 43 nombres en pro- portion continuë, qui marquent le nombre des vibrations de tous les fons de chaque oétave de meride en meride /art. 67.) les 13, 14, 15 oélaves ont ces nombres en entier, & les autres en décimales, c'eft-à-dire, en 10.55, 100. & 1000.55, ce qui cft d'ufage pour le calcul, une plus grande précifion eft inutile, 77. Au-deflous de ces nombres, if ya 6 rangs, le 19° marque l'ordre des oétaves fixes / art. F6. Le 2.4 les décamerides, qui marquent les intervalles des fons fondamentaux P À de chaque oétave / art. 68.6 9.) Le 3.elcs mêmes intervalles en merides. / art. 6 9.) Le 4.° les fous-oétaves, & les oétaves à l'égard du fon fondamental de l'oétave moyenne. / art. 71.) Le se les Clefs des noms qui diftinguent les noms des fons de chaque oétave, qui font d'ailleurs les mêmes. (art. 72.) Le 6.° la longueur des tuyaux d'Orgue qui rendent à peu- près les fons P À de chaque oétave. (art. 74.) 78. A gauche de la Table, ily a $ colomnes. La r.cre du côté de la Table, contient les merides des fons de chaque oétaive. La 2.e les Décamecrides. La 3.° les noms nouveaux des fons par Merides. La 4. les noms anciens. Et la s.° les intervalles diatoniques. Ce qui eft expliqué dans les Mémoires de 1701. fe&. 11. 79+ Comme les cordes d'Inftruments de Mufique fe di- wifent exaétement en parties qui rendent les fons marqués dans la Table, mais dans un ordre renverfé, je propofe une regle Echometre fuivante, qui eft une mefure des fons des e- DES SeTENCESs 34t cordes d'Inftruments, laquelle fuppofe 1. qu'on fe ferve de . CoVp pouces Aftronomiques, 2.° que / — Se rene IOS ) 60 x 6. If x2$6 3° que — 4096, donc f= + = LT. 80. Sur une regle de bois d'environ 5 + pieds ou feulement Figure 16; la moitié, tirés une ligne, fur laquelle prenés la partie 4 B de 60 pouces Aftronomiques, ou de 61 pouces 2+ lignes du pied de Paris, divifés- A 8 en 64 parties égales, ou plütôt en 256. Tirés une 2. ligne parallele à la précédente, {ur laquelle prenés une partie 4 8 de 2 $6 parties de la précé- dente échelle, prenés fa moitié AC, enfuite de moitié en moitié AD, AE, AF, AG, &c. Marqués fur ces divifions VI VII VIII IX. X. XI. &c. octaves ; & pour di- vifer chaque octave en 43 merides, fervés-vous de la Table précédente, en prenant les nombres de la 7.° oétave, qui font entre 128 & 256 pour divifer lotave BC, & les nombres de la 6.° octave pour divifer DC, & ainfi les autres à proportion: lorfque les merides font grandes, il faut les divi- feren 7 parties égales, pour marquer les eptamcrides. 8 r. Vous marquerés dans chaque oétave les merides de ‘5 en $ avec des nombres, & de autre côté les intervalles diatoniques. On pourroit adjoûter fur cette regle les noms des fons, & même le nombre de leurs vibrations, mais il vaut mieux chercher ces dernieres chofes dans la Table. Nous donnerons dans la fuite lufage de la Table générale des fons fixes, -& de la regle Echometre. VI. Maniere de rrouver les Sons fixes. 82. Nous propoferons plufieurs maniéres dont les pre- miéres font les plus fimples par rapport aux machines, mais en même temps les plus compolées par rapport au calcul, & les derniéres font au contraire. 83. [. Sur une planche pofée verticalement foit attaché une corde à un cloud À, laquelle pañle par-deffus les chevalets Vuii Figure 10. Figure 11. 42 MEMOIYRES DE L'ACADEMIE ROYALE B &C, au bas de laquelle foit attaché un poids P ; appuyés le doigt fur le chevalet €, & pincés cette corde entre les deux chevalets; il s’agit de trouver le fon fixe de cette corde, c’eft- à-dire, le nombre des vibrations qu'elle fait dans une feconde de temps, ou bien fon oétave fixe & fon intervalle dans cette octive. Si l’on veut tirer un fon plus fort de corde, il faut que le chevalet Z foit appuyé fur le corps d'un Inftrument de Mufique. 84. Pour trouver ce fon fixe, il faut 1.2 connoîtré en grains le poids « de 40 pouces de cette corde; fart. 6 1.) 2. le poids p qui tend la corde qu'il faut réduire en grains; 3° la longueur # de la corde B C'entre les deux chevalets en pouces & parties de pouces. . 8 5. Si vous vous êtes fervi de pouces aftronomiques, on 60 Vp aura le {on f— P—cC = ou en logarithmes S = 1.778 1 $. — N + . (art. $6.) 86. Si vous avés pris des pouces du pied de Paris, vous 60588 Vp [roconVe P—C 78238—N+ e . (art. $7.) 87. Soit l'exemple de l'art. 49. lon trouvera S = 6 0, 88. vibrations & en logarithmes S=— 1.78 44 9. 88. Dans le premier cas, S— Co.88. marque que ce fon fait dans une feconde de temps 60 -Ê£ vibrations, & pour fçavoir fon oétave, prenés le plus grand nombre 3 2 de l’ar- ticle 65. renfermé dans 60, il vous marquera que ce fon eft dans la 5.° oétave fixe, & que fon rapport au fon fondamen- tal de cette oétave eft S25$, 89. Mais pour connoître exaétement l'intervalle de ce fon, je cherche dans la table ce nombre 60. 88. je trouve le plus proche 60 . 004. qui eft à la 39.° meride de la 5 oétave fixe ou de la 3.° fous-oétave. J'ôte 60. 004. de 60.880. lereftceft 876. j'ôte auffi 60. 004. du nombre fuivant 6o . 979. de la table, le refte fera 97 5. aurés le fon f —= ou en logatithmes S = 7. D'els) SctreE NC ES 343 Je fais cette regle de trois, 975. 876::70. 63. ce qui marque 63 décamcrides ou 6 eptamcrides & 3 décamerides; de forte que le fon fixe de cette corde eft à $ odlaves, 39 merides, 6 eptamerides & 3 décamcrides fixes. 90. Dans le 2.4 cas S— 7.784249. marque l'intervalle fixe de ce fon ; pour le trouver, divilés ce logarithme par 30103, vousaurés 5 octaves, & il reflcra 279 3 2 ou 2793 décamerides qu'il faut divifer par 70, on aura 39 merides, &il reftera 6 3 décamerides ou 6 eptamerides & 3 décamcrides comme ci-deflus. 9 1. Ayant trouvé l'intervalle fixe de ce fon, l'on fçaura fon nom par la table, car cet intervalle étant $ oétaves 40 merides moins 1 eptameride, plus 3 décamerides, fon nom fera en mcrides fubterpo ou fubterdu , en eptamerides Jubterpon où Jubterdun, & en decamerides fubterponi où fubterduni ; le nom en merides fuffit pour Fordinaire. { Voyez les Mém. 170 r. Seéion 1 1.) 2. IL. Pour diminuer le calcul, fervés -'vous de poids acouftiques qui font en proportion double, dont le plus petit eft de + de 9 grains, & le plus grand de 1 6 ou de 3 2 livres, appellant le plus petit n.° o, & les autres de fuite n.° 1,n.° 2, n.° 3, &c. - Pefés une longueur de la corde dont vous voulés tirer le fon, qui foit de 40 pouces Aftronomiques, ou de 40 pouces 9 2 lignes du pied de Paris. Je fuppole que fon poids foit de celui des n.° 7, n.° 6, n.° 4. j'adjoûte 1 2 à ces n.° j'aurai un poids compofé des n.° 19,n.° 18 & n.° 1 6, dont je me fers pour tendre la corde, alors le fon S — 24 = = qui fe trouvera comme ci-deflus. Pour faire cette opération avec plus de précifion, prenés le poids de 8 fois la longueur précédente de la corde, mais aux n.° de ces poids n’adjoûtés que 9. 93: UT. Pour ôter ce dernier calcul S— delaregle Echomerre (art. 8 0. Fig. XVI. ) appliqués le bout À 3840 ; fervés-vous 44 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de la regle fur le chevalet À de la corde ( Fig. X. & XI.) le chevalet À maxquera fur la regle l'intervalle fixe du fon en octaves, merides, &c. 4 IV. On peut encore fe fervir de la Machine Echometre verticale (Fig. X 111.) ou horizontale (Fig. XIV.) qui confifte 1.° Dans unc caifle quarrée D £ F°G fur laquelle eft attachée la corde en À & le chevalet fixe 2. 2.2 Un manche Æ K'attaché à la caifle, & dont la longueur foit en- viron de 6 pieds, on peut faire une petite machine qui ne foit que la moitié ou le quart de la précédente. 3.° Le long du manche & par-deflus attachés un dircéteur le long duquel on puifle faire glifier un chevalet mobile 47/7, ce direéteur doit avancer jufqu'auprès du chevalet immobile, fans neant- moins appuyer fur la caifle. 4.° Le long-de ce directeur, il faut marquer les divifions de ha regle Echometre /art. 80.) en commençant les divifions au chevalet immobile 2, & les continuant indéfiniment à l'autre extrémité du manche. $.° Le chevalet mobile A7 doit fe mouvoir parallelement le long du directeur AK, & s'arrêter où lon voudra par le moyen des refforts ( Fig. XV.) il doit avoir à côté une piece mou- vante avec kquelle on puiffe ferrer la corde fans la tirer ni cher; vis-à-vis le point où la corde eft fcrrée, le chevalet mobile doit marquer fur le dircéteur l'oétave, les merides & eptamerides du fon de la corde. 6. Mais pour cela, il faut tendre la corde avec les poids acouftiques. / art. 92.) . Si la machine acouftique eft horizontale , il faut y adjoûter une poulie G fur laquelle paffe li corde ; cette poulie doit être fort ronde, grande & legere, l'effieu doit être peu gros, d'acier fort Bof & tournant dans une crapaudine de cuivre, pour diminuer le frottement autant qu'on peut. ( Voyez art. 1 2.) 96. Pour l'ufage, 1.° Pefés la corde comme dans 1 ‘article 84. 2.° Attachés {a corde au point À, & à l’autre bout dé la corde attachés le poids P trouvé comme dans l’article 8 4. 3 Meués le chevalet mobile 41/44 fur telle divifion de l'Echometre HAT UD Ris2:S0 Tr N cris, , PEchomctre qu'il vous plaira. 4.° Serrés la corde avec 1a piéce qui cft à côté du chevalet mobile, 5° Pincés la corde, elle rendra un fon qui fera dans l'intervalle fixe marqué par J'Echometre, ou qui fera par feconde le nombre des vibra- tions qui répondent dans la Table (art. 7 5.) à F'intervalle marqué par l'Echomctre. * 97+ Ve Au lieu des poids & de la machine acouftique ; l'on peut fe fervir de la balance acouftique füivante. 98. Soient trois fléaux Z F, A1, LM, dont les points Figure 1% fixes foient Æ, ÆZ, L. Les petits leviers ED, HG, KL, foient les-8.s parties des longs leviers précédents. En D foit attaché la corde D A que l'on veut faire fonner. En G foit attaché l'extrémité du long levier £ F, & en X celui de AL 99+ Dans cctte difpofition, il faut que les trois balances foient en équilibre, c'eft-à-dire, que les fléaux foient de niveau; enfüite attachés la corde D°A à une cheville À, & fufpendés en Mune longueur de 8 fois 40 pouces aftronomiques de a même corde; tournés la cheville À, en forte que les fléaux foient encore de niveau ; mefurés avec a regle Echomctre l'intervalle BC'entre les deux chevalets : preflés la corde fur les deux chevalets, & la pincés entre ces chevalets, elle rendra de fon fixe marqué par l'intervalle de l'Echometre, VIT Ufages des Sons fixes, & Remarques. 100. Dans l'Hiftoire de l'Académie de 1700, & dans le Mémoire de 1701 fection 12, on a marqué plufieurs ufages des fons fixes, nous adjoûterons les fuivants. 101. Par l'article 71. le fon fixe fondamental 2 A fait 25 6 vibrations par feconde, & le PA (clef de C-So/Ur) ou les deux pieds de l'Orgue dont le tuyau m'a fervi à regler des fons des cordes, en fait environ 243 & (art. 52.) L’inter- valle de ces deux fons eft environ 3 merides, d'où je conclus - que les fons de cette Orgue font plus bas que leurs femblables {ons fixes de 3 merides. + 102. C'eft pourquoi je dirai que cette Orgue eft à la 3. Mem, 1713 XX 346 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fous-meride, & je défignerai de même les tons de la Cha- pelle, de l'Opera & des autres Concerts, après en avoir fait j'expérience. | 103. Si après avoir fçû le degré du ton d'un Inftrument; par exemple de cette Orgue, je veux fçavoir combien un fon comme BO (clef de G-Re-Sol) fait de vibrations par fecon- de, je chercherai BO dans l’oétave moyenne, & en prenant 3 fous-merides, je trouverai que ce fon BO, ou plütôt be, fait 365 vibrations par feconde. 104. De cette maniére l’on fçaura combien de vibrations Y'épiglotte fait par feconde dans chaque ton de la voix d'une perfonne, & combien elle en fait au moins dans fon plus bas ton, & au plus dans fon ton le plus aigu: de même combien le ton le plus bas d'une voix bafle, & le ton le pius haut d'un haut-deffus font de vibrations: on fçaura de même le nombre des vibration$ ou des fremiffements de la levre, lorfqu'on fifHe, ou bien lorfqu'on joue du cor ou de la trompette, & enfin le nombre des vibrations des tons de toutes fortes d’Inftruments de Mufique, dont nous avons donné l'étenduë dans la 3.° Planche des Mémoires de 1701 & de 1702. . 105. Ceîte derniére remarque nous fait conclurre que comme le fon le plus bas de Orgue qu'on puifle diftinguer, cft celui du tuyaa de 32 ouvert, qui fait 16 vibrations par feconde, l'on peut prendre ce terme. pour conelurre qu'un fon qui fait moins que 16 vibrations par feconde, ne peut pas fe faire entendre ou diftinguer. Il eft à préfumer qu'on ne peut diftinguer le fon qui pañleroit le r 5° ordre des oétaves fixes, ou qui feroit 65 5 36 vibrations par fe- conde, comme feroit un tuyau de 1 + ligne, puilque le plus petit tuyau des Orgues eft plus bas de 2 oétaves que celui-ci. 106. Connoiffant le ton d’un corps fonore, c'eft-à-dire, fon degré d'aigu & de grave par le moyen d'un Monochorde monté fur le ton d'un fiffet ordinaire, ayant corrigé ce He OS Dr aS CRE Me Css 347 degré { art. 10 3.) pour le réduire dans l'intervalle des fons fixes, l'on connoîtra le nom de ce fon par l'article 9 1, qui fera diftingué feulement par mérides. Par exemple, la grofle Cloche de Notre-Dame de Paris, appellée Zmanuel, fonne le Juë-bis LO (LA) ôtant 3 mérides (art. 10 3) fon nom fera fub-bis-le, ainfi nous dirons que l'Emanuel eft un Jub-bis le. 107. En me fervant du Mémoire des tons des Cloches que m'a donné M. Chaftelain Chanoine Honoraire de Nôtre- Dame de Paris, confervant les noms anciens de leur ton marqués dans ce Mémoire, dont quelques-uns font tranfpofés, je donnerai à ces Cloches es noms fuivants, après avoir cor- rigé la tranfpofition & le ton felon l'article 103. . 108. Les Cloches des deux Tours de Notre-Dame de Paris, font l'Emanuel / LA) que je nomme /ub-bis-le ; Marie (S 1) fub-bis-de ; Gabrielle (UT) fub-bis DO, l'intervalle de celle-ci à la fuivante cft de 1 + ton; Guillaume (RE) fub-ro ; Pafquier (M1) Jub-go. Thibaut (FA) Jub-fe ; Jean (SOL) fub-be ; Claude (LA) fub-le ; Nicolas (SL) Jub-de. Les Cloches du petit Clocher font, Catherine (RE) ro; Magdelaine Matiphas { M1) go; Barbe (FA) ge; Anne { SOL) be. : | Les Cloches de Saint Germain-des-Prés, font, Germain {UT ) fub-bis-du ; Nincent (R E) fub-ro. Les Cloches de Saint Paul font (RE) fub-g0 (M1) fub-SO ( FA) Jub:-be. (SOL) fub-de. (LA) PA. De Saint Jean en Greve (FA) fub-fe. (SOL) fub-be. ( LA) fub-le. De Saint Viétor (RE) fub.-go. (M1) jub SO ( FA) Jub-be (SOL) Jub-le. (LA) PA. (S1) RA. (UT) go. De Sainte Geneviéve à Paris, & de Saint Amé à Doüay (RÆ) fub-go. (M1) dub SO. (FA) fub-be. =. À Rome la groffe Cloche de Saint Jean de Latran / UT) Jub-bis, DO, comme à la Cathedrale de Gand. Celle de Saint Pierre { SI) fub-bis-de , comme à Sens & à Reims. 109. Ces noms étant bien vérifiés, ferviront 1.9 à fervir Xx ij 348 MeMmotREs DE L'ACADEMIE ROYALE de termes pour regler d'autres fons fixes. 2.° A connoître leurs accords reciproques. 3.° Ils ferviront auffi à connoître Icurs poids relatifs, & même leurs poids abfolus de cette maniére; on dit que l'Emanuel /4b-bis-le pele 30000 livres, pour fçavoir le poids de la Cloche de Saint Jean de Latran fub-bis DO, je cherche dans la Table des fons fixes, 1.® l'intervalle de fub-bis-le à [ub-bis DO, je trouve 10 mé- rides. 2. je triple 10, j'aurai 30 merides. 3.° je cherche dans le corps de la Table 30000, ileft à peu-près la 37.9 méride de la 14° oftave. 4. jôte 30 de 37, il reftcra 7. s° je cherche 7 dans la 14.° oétave, je trouve 18344 qui {era à peu-près le poids de la Cloche de Saint Jean de Latran. 110. Dans l'article 106, lon a eu le nom des corps fo- nores feulement par mérides, mais on peut les avoir avec plus d'exactitude, c’efl-à-dire, par eptamérides, & même par décamérides felon l'article 89. L'on auroit ainfi des noms plus exacts des Cloches précédentes aùffi-bien que les rapports de leurs poids, l'on pourroit ainfi nommer les voix moyennes des perfonnes, & le plus bas ton des Inftruments. 111. L'on fçait que certains corps tremblent à loccafion de certains fons forts, comme la table d'un Inftrument à l'occafion du fon de certaines cordes; de même des plan- ches, des vafes & même les entrailles d'une perfonne. Si lon connoît ces fons, c’eft-à-dire , leurs intervalles fixes où leur nom, l'on connoitra à quel nombre de vibrations par feconde ces corps fympathiques font capables d'être ébranlés, ce qui peut contribuer à connoîûre leur natüre. 112. Si Jes fons fixes étoient établis par toute la terre, & s'ils euflent été chés les Anciens, & qu'on eût donné des noms convenables aux corps fonores dans leurs différents: états, on connoîtroit par eet endroit la différence des hom= mes, des animaux & des corps de différems pays, leurs changements dans les temps différents, & la différence des tons des Anciens d'avec les nctres, | Me. de l'Acad. 1713. PL. 9. Dix 2 À — rt op Bere y Filius, / ts | Mer de L'Acad_1713. 11 0 pag 348 vue nu 2" WA: Aù °7 Fiy.XI Fig. XII Fig IUT Fig VII (e ax Re LP UT Mer. de l'4cad. 1713. Pl.10.pag, DNS FIXES es fons par fecondes de temps es et par merides dans chaque octave . 6553! Intervalles | diatoniques. À Ariciens <& 8 HiS » Nine & [Gb ER lin = [6 où 00 BSN MS où S % SE hhlole n » [uk mini 8 [SU Rio vole & 0 09940: 09781. SU NÉ sin 8 S | % Shi | à | Decamerides à, 03 \ Merides des PA 30 Sous-Octavedquye efs des Nonk._ Longueur des qua 19 lignes 3 . pere f TABLE GENERALE DES SONS FIXES Cesta dire du nombre des Vibrations que fontles fons par fecondes de temps dans iétendue de toutes les octaves er sous-octaves sensibles et par merides dans chäque octaye . Honveaux Noms 100769 gg1.51 975.06 g6o. où J## TI 929.60 91474 4030. : 16122. 0 64488 3966 795 15864.2 63457 3202 15611 02442 3840 CMITELIE 61443 3578 755 RCA Gogo 3718 14874 59494 3658. 14636 58543 14402 57607 14171 22 MDccrneriles Heride 8 b 2800 2730 2660 2590 12520 | 2450 | 32 5 , 00012 2380 | : à 79 88571 2310 ë : . p 8y1.55 2240 ? ; ( 857.61 NN NINit RS LR IR & 0 GN 950 CRE ER 3600 3542 3486 #40: 3375 3321 3268 Hi kRk a+ |o k one 2170 | © - y 08 83 ço 2100 7 3 £ 830.41 2030 4 ” 817.13 & WA 1960 } 5 l204 2 S040% 1890 À £ 197: & ÿ 791.20 [1820 | 26 L 33 ÿ 194 ; 778:55 DTA g É 191. £ L 766.10 1080 3 7 3 188 ÿ 753.85 (2010 £ £ ê 185.45 741.80 be [1540 4 | 182 729.93 ! 2 + où LE 12062 24429 11809 27738 11079 23348 11492 22984 45909 11308 22617 452934 11128 22254 44511 10950. |21899: |43700 10775. |21449: 43098 10602 2120% #2409 10473 20806 41731 1DeRO | 202 Er OrEE 0102 20204 40407 29940 19881 39761 09781 19563 3912%. 6or 56 E 2962% 19250 738500 591: 94 7 5 |09471 18942 37884 582.47 093210 |1#639: |37278 573.16 | 1146 2292: as | or eee) 0 80 567 99 09024 189048 36096 28880 17759- [35518 08738 174751834950 Lossos 17190 34392 08400 16921 33841 08725 166$0. 33700 8192 16394. |32708 L'EST = E nie k RER RER Ur & oitr 1470 is ; £ 7 718.26 1400 | 2 7 7 4 706 78 « ,|1330 ? 86; à é L Ë 695.48 [1260 38 ANT 684.76 677.41 662.65 652.05 641.62 631.36 621.27 CARE] GG mOlnih QUiR ko « = St% 5 © is hs [8 ORDRE DES OCTAVES FIXES 13 15 Decamweride. r PA fixes 9031 12041 15051 39134 45155 Merides des VA fixes 129 | 172 215 ot 344 #73 559 645 Sous Oétaves # Octaves 5° ous-oct. | 4 fous-oût. |4° fous-oct 1° fous-oct} OCTAVE fOctave |“ Oëtave |4° + | Octave 7° Oétave léfs des Noms Subquin- | Subqua- | Subter- L Sub MOYENNE « À qua quin— Jep- énqueur des tuyaux dOrques 6g picde | 32. pieds 16. pieds 7. pouces 1 liunec 9-lignes 1 dignes » «D 'e s:$S'o$'ÉMemSMAMN 34 #12. Les ouvriers des [nftruments de Mufique, trouve- ront dans la regle Echometre (art. # o ) un diapafon general, qui regle les tuyaux d'Orgue pour les Faéteurs d'Orgue, les, dimenfions des Cloches pour les. Fondeurs, les touches des: Inftruments à manche pour les Lutiers, les monochordes pour! les Faifeurs de Clavecin, & les machines. Echometres pour. les fpeculatifs qui veulent fçavoir les nombres des vibrations des corps fonores, ou bien les rapports ou les intervalles des fons de toutes fortes de corps fonores. or nl de 60 vVp 4 : ce qui 1 14 Nous avons vû (art. SO ) que f— AVE nous marque que # étant déterminé, le fon eft toûjours Île même de quelque groffeur que foit la corde, pourvû que fon poids c ait toüjours le même rapport au poids p qui fa tend, & l’on peut voir (art. 8 ) combien au plus on peut augmenter le poids qui tend li corde, ou (art. 8 5,86 ) combien on peut augmenter Je fon avant que là corde cafe, 115. À limitation de ces propriétés, l'on peut trouver par le fon de quelques cordes que ce foit, à quel ton elles euvent monter avant que de fe caffers Enfin les curieux peuvent faire desynotes pour exprimer les tons des oifeaux, des animaux ou des fauvages, qui vont par petits intervalles qu'on ne peut exprimer par les notes ordinaires. 116. Je paffe d'autres ufages que l'on pent trouver fur le même fujet ; j'adjoûterai feulement deux Remarques. La r.ere et que les principes que je viens d'établir, font de la nature des autres principes de Phyfique, ils fervent de fondement aux expériences, qui font quelquefois alterées ar de nouvelles circonftances, comme il arrive dans la parabole pour la projeétion des bombes, dans la progrcffion des nombres impairs pour Faccéleration des corps pelants, 8 dans la cycloïde pour les Pendules. 117. La 2.e cit qu'en effet M. Marius, fi connu par les Clavecins brifés & par fes autres inventions, qui a fait toutes X x iij gso MEMOIRES DE L’'ACADEMIE RoYALr les expériences qui m'ont fervi à établir les principes précé dents, a remarqué que le fon des cordes les plus grofles étant divifées de moitié en moitié par un chevalet, montoit non- feulement à la 1,976 à [a 2.9 à la 3.° &c. octave, mais plus haut de r ou de 1 + mérides, ce qui eft différent des cylin- drés de même grofleur, dont l'un étant la moitié & même le quart d'un autre, il produit un fon qui ne monte pas à ’octave. Ces nouvelles circonftances donneront lieu à de nouvelles recherches. Ce Mémoire ayant été imprimé depuis la mort de Mr Sauveur, le Lecteur excufera les fautes qui pourroient s'y trouver. DES SCrrnNcES 351 Pstotototototet tutelle ttott tte TER Ÿ DDR SSSR SS STRESS SDS ES SD EE ES SES ES MESSIEURS DE LA SOCIETE … Royale des Sciences établie & Montpellier; ont envoyé a l'Académie l'Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roy au-mois de Février 170 6. MEMOIRE: SÛR LE MOUVEMENT DES INTESTINS DANS LA PASSION ILIAQUE. Par M HAGUENoT, Es expériences qu'on a faites dans ces derniers temps fur le vomiflement, & qui prouvent qu'il ne dépend point de la contraction violente & antiperiftalrique de l'efto- mac, me donnérent occafion de réfléchir fur-la méchanique du mouvement renverfé & antiperiftaltique des inteftins, dont les Auteurs, tant anciens que modernes, font tant de cas, & qu'ils croient abfolument néceflaire pour expliquer le vomiflement flercoreux qui arrive dans la paflion iliaque, ou Miferere. Après plufieurs férieufes réflexions, je n'eus pas de peine à m'appercevoir de la fauflété de leur opinion, que je sÂchai enfuite de détruire entiérement, non-feulement par des raifonnements vraifemblables, mais encore par des faits certains & par des expériences réitérées, Mais avant detaréfuter, 352 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE je crois qu'il ne fera pas hors dc propos de donner une idée de la: méchanique qu'ils éabliffent. AIT Is commencent d'abord par ce qui fe paffe dans l'état na- trcl, & fuppofent que les fibres de l'eftomac & des inteftins font fans action dès qu'il n'y a ni chyle ni excréments, mais qu'elles fc mettent ‘en mouvement dès qu'elles ÿ font follici- tées par quelque corps contenu dans leur cavité: ils difent enfuite que les fibres charnues du ventricule fe meuvent na- turellement avec affés de force pour rétrécir la capacité de ce vifcere; & par confëquent, pour chaffer les matiérés conte- nues vers Le daodenum ; que là elles ébranlent la tunique ner- veufe des inteftins, & déterminent Fefprit animal par la difpo= fition méchanique du cerveau, à couler en plus grande quan- tité dans les fibres longitudinales & orbiculaires de 11 tunique charnue, qui répondent à cette partie, lefquelles venant à fe contraéter, obligent les matiéres qui ont occafionné la con- traction à defcéndie vers le bas, à caufe de la valvule du pilore qui s'oppofe à leur retour vers le ventricule. Mais ces ma- tiéres ne pourront être ainfi chaflées, qu’elles ne fe placent fous d'autres fibres, qui fe contraétcront de nouveau par la même méchanique, & poufferont ce qui eft fous elles’ vers I reélum, parce que la partie précédente de l'inteftin demeure contraétée pendant quelque temps, & ne lui permet pas de rcbroufler chemin ; & ainfi répondant fucceffivement à diffé. rentes fibres des inteflins, &les faifant contracter de haut en bas les unes après les autres, il eft de toute néceffité qu'elles eontinuent leur chemin fucceffivement du pilore jufqu’à l'anus, & c'eft ce qu'on appelle mouvement vermiculaire ou periftals tique. Cela étant ainfi fuppofé, ils raifonnent de la forte. Le chyle & les matiéres fécales font portées vers le reétum par un mouvement de hauten bas. Donc par la raifon des contraires, pour que ces mêtnes matiéres fc portent de bas en haut, if faut néceffiirement que le mouvement foit oppolé, & que les fibres orbiculaires & longitudinales des boyaux fe meuvent de bas D eus SL C/TIENN cir1 352 de bas en haut, & c’eft ce qu'ils appellent mouvement antipé- riftaltique, ou antivermiculaire. Cette méchanique ne différe en aucune maniére de la premiére, fr. ce n'eft par rapport à la détermination du mouvement, la voici. Il faut fuppofer d'abord avec eux, qu'il y a toûjours un obftacle dans quel- qu'un des inteftins, mais plus fouvent dans l'iléum, qui em pèche les matiéres de defcendre vers l'anus, & que le mou- vement eft périfliltique depuis l'eftomac jufqu’à l'endroit de l'obftruction ; mais lorfque les’ matiéres qui ont été pouffées jufque-là, y font parvenuës, elles commencent le mouve- ment antipériftaltique, en occafionnant un influx d’efprits dans les fibres charnues qui font au-deflus; car ces fibres venant à fe mettre en contraction, doivent comprimer & chaffer par conféquent les excréments & les matiéres chyleufes vers l'endroit où elles trouvent moins de réfiftance. Or il y en a moins au-deflus, puifque l'obftacle ft infurmontable, Donc elles doivent fe porter vers le haut & répondre à de nouvelles fibres ; ces fibres fe contraéteront de nouveau, & prefferont encore les excréments: ceux-ci ne pouvant pafler par le bas, parce que la contraction des premiéres fibres n'a : pas encore fini, feront obligés de toute néceffité, de remonter ainfr fucceflivement de bas en haut jufqu'au pilore, dont ils: forceront enfin la valvule, & fe feront jour dans la cavité propre de l'eftomac, où ils exciteront un vomiffement fter- coreux. Voilà, à la vérité, une méchanique bien ingénieufe & bien prévenante. Ne femble-t-il pas qu'il n'eft rien de fi fimple, & que cela fe doit faire ainfr? Ne paroît-il pas probable que les fibres des inteftins ne fe meuvent qu'à l'approche des ma- tiéres fécales ou chyleufes, & qu’à caufe de Y'obftacle, la ma- tiére étant chaffée par la contraction des fibres vers la partie fupérieure, cette contraétion fe continue en ce fens ? Cela’ n'eft-il pas foûtenu par la vraifemblance du commerce des nerfs de la membrane nerveufe inteftinale avec ceux qui abou- tiflent à la charnuc? Tous les Auteurs ne tombent-ils pas Mem. 171 3. .Yy s4 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE d'accord de cette vérité? Enfin le magnifique appareil de différentes fibres dont l'Auteur de la Nature a muni les in- teftins felon toute leur longueur, n'autorife-t-il pas cette méchanique ? Quelque fimple & quelqu'aifée qu'elle me parût, je ne pouvois me réfoudre à y foufcrire ; malgré cette apparence de vérité qui me frappoit, je foupçonnois toüjours l'inaétion & l'infuffifance des inteftins, & fçachant qu'ils avoient à peu- près la même ftruéture que l'eflomac, je conjeélurois de l'expérience qui détruit le mouvement renverfé de ce vifcere, & que j'ai faite moi-même plufieurs fois, que les inteftins n'avoient pas plus de part au retour des excréments dans la paffion iliaque, qu'ils en avoient dans l'action du vomiffement. Plufieurs raifons me confmoient dans ma conjeture. En premier lieu, je ne pouvois concevoir que les mêmes inteftins fuffent agités prefque dans le même temps, de deux mouvements aufli contraires que font le périftaltique & l'an- tipériftaltique ; ce qui devroit pourtant arriver, puifque lon avale dans cette maladie, des bouillons & autres aliments ou médicaments qui font portés par conféquent de haut en bas par le mouvement vermiculaire, & qu'on les rejette enfuite quelque temps après par la bouche, d’une odeur puante, ce qui ne peut être caufé, felon eux, que par l'antivermiculaire. En fecond lieu, je ne pouvois me perfuader qu'il fe fit auffi deux mouvements oppofés au-deflus & au-deffous de Yobfiruétion des inteftins, l'un de bas en haut pour produire l'iléum, & l'autre de haut en bas depuis l'obftruétion jufqu'à Vanus pour la fortie des excréments. Le premier de ces mou- vements fe déduit du vomiffement ftercoreux, & le fecond ne peut fe nier, puifqu’il confte qu'on évacue dans ces fortes de maladies par le moyen des lavements, les matiéres fécales qui font au de-là de l'obftruétion. J'ai remarqué auffi que les Chats & les Chiens que j'ai fait mourir du miferere, & qui avoient les gros inteftins pleins d'excréments, les rendoïent quelque temps après comme dans l'eflat naturel. D ES. SNCLNE Ni CES 355 En troifiéme lieu, il eft conftant que dans les vomific- ments bilieux, la bile remonte du duodenum vers l'eftomac, & donne la couleur jaune aux matiéres rejettées ; mais l'on convient par l'expérience du vomiflement, que dans ce cas elle peut par fa quantité, fa raréfaétion, ou fon acreté, dif- tendre, picoter, ou tirailler la membrane nerveufe de l'in- teftin, de telle forte qu'en conféquence de ces irritations il fe faffe des contractions violentes du diaphragme, & des mufcles de l'abdomen pour les chaffer vers le ventricule, fans aucun mouvement antipériftaltique du duodenum. Donc les excréments peuvent aufli remonter des autres inteftins fans le fecours de ce mouvement. En quatriéme lieu, fi les matiéres fécales étoient portées de bas en haut par le mouvement antivermiculaire des boyaux, peu de temps après, c'eft-à-dire, dès que la matiére auroit atteint l'obftruction, le vomiffement ftercoreux arriveroit, ce qui eft contraire à l'expérience journaliére. La même chofe devroit fe faire dans toutes les conflipations, car dans ces deux cas les excréments pouflés vers fobftruétion par le mouvement naturel & périftaltique, doivent par la mécha- nique ci-deflus expofée, y exciter le mouvement oppoié, & ainfi fucceffivement jufqu'au ventricule. En cinquiéme lieu, faifant réflexion à un canal compreffi- ble, plein de liqueur, bouché à fa partie inférieure & ouvert à la fupérieure, je voyois qu'il étoit indifférent de le com- primer en bas, au milieu, en haut ou en quelqu'autre endroit de fa longueur, pour en exprimer la liqueur contenue par l'ouverture; ce que je déduifois aifément de la feule conti- nuité de la liqueur. Aïnfr fuppofant d’un côté un embarras dans les inteftins, qui ne permet pas la defcente des excré- ments, & de l'autre deux caufes mouvantes qui compriment l'inteftin remplt depuis l’obftruétion jufqu'à l'eftomac, telles ue le diaphragme & les mufcles du bas ventre, je trouvois ie bien mon compte à expliquer ce fymptome fans ce pré- tendu mouvement. Yyi 356 MEMOIRES DE LÂACADEMIE RoÿALE Enfin quand mème les inteftins ne feroient pas tout-à-fait remplis depuis l'embarras jufqu’au ventricule, je ne me fentois point porté à accorder la moindre chofe à ce mouvement renverlé de leur tunique charnue; les contractions du dia- phragme & des mufcles de Fabdomen me paroifloient fuffi- fantes, &, felon l'ordre de la faine Philofophie, je nevoulois point multiplier les êtres fans néceflité; de forte que détrompé de cette méchanique, je tàchai d'en établir une autre plus fimple que je vais rapporter en peu de mots. Pour proceder avec ordre, je fuppofe d'abord trois chofes inconteftables tirées de la fituation des parties, de leur ufage & des obfervations de tous les Auteurs. Premiere fuppofition. Comme par l'anatomie des parties contenues dans le bas ven- tre, je fçai que F'eftomac eft fitué au-devant du diaphragme, je me perfuade que c’eft principalement fur lui que toute fa force s'applique; car quoiqu'il pouffe, en fe contraétant, les vifceres qui font renfermés dans la cavité de l'abdomen, & que par confequent il prefle auffi les inteflins, il doit bien plûtôt par rapport à fa fituation, & s'appliquant immédiate- ment fur le ventricule, le comprimer, & en faire fortir les matiéres contenues vers l'inteftin duodenum ; ainfi je regarde le diaphragme comme la force mouvante qui pouffe les ma- tiéres de l'eftomac vers les boyaux, ou pour mieux dire, comme le preffoir du ventricule. Seconde fuppofition. Comme les mufcles de l'abdomen font fitués au-deflus des inteftins, & qu'en fe contraélant ils les preffent de toutes parts, je dois auffi confiderer ces mufcles comme leur puiflance motrice & leur prefloir: car quoyqu'ils compriment l'eflomac dans le vomiffement, néantmoins dans le train ordinaire de la refpiration, ils ne le compriment point , ou du moins ne le compriment que très-peu, ce que chacun peut obferver en lui-même. De ces deux fuppofitions il füit que dans le temps de l'infpiration auquel le diaphragme s'applanit & fe contraéte, l'eftomac étant preflé chafle ce qu'il contient vers les inteflins, & qu'enfuite dans l'expiration, DIE sc 1S7 GE Br NI ELS 357 es mufcles du bas ventre s'appliquant immédiatement fur ces derniers, pouflent encore plus avant les maticres que le diaphragme leur a renvoyées ; de cette maniere les aliments que nous avons pris, & le chyle qui en refulte, ne ceffent jamais d'être en mouvement par ces deux prefloirs, qui, comme autant de piftons, agiflent continuellement l'un au défaut de l'autre, & qui femblent alternativement fe prêter la main pour chaffer les parties des aliments les plus fubtiles dans les veines latées, & Les plus groffiéres vers l'anus. Sans cette précaution de la nature, le chyle & les excré- ments auroient croupi dans l’eftomac ou dans quelque autre endroit des boyaux, & auroient produit des inflammations d'autant plus dangercufes qu'elles nous font cachées, & dont nous voyons quelquefois de fatales expériences. Derniére fuppofition. Enfin, il faut fuppofer avec tous les Auteurs, dans quelqu'un des inteftins, un obftacle quine permette pas la defcente des excréments. Ces trois chofes ainfr fuppof&es, il ne fera pas difficile de rendre raifon de a méchanique du vomiflement qui arrive dans la paffion ilia- que, fans admettre le mouvement antipériftaltique. En effet, fi par quelque caufe que ce foit, leur cavité eft diminuée en telle forte que les matiéres fécales ne puifent être portées vers le bas, il faut néceflairement que ces mêmes matiéres féjournent à l'endroit de l'obftruétion ; & comme il en arrive toûjours de nouvelles, foit de la part des aliments, foit de la part des fucs ou ferments qui {e féparent du fang, il faut auffi que le canal fe remplifle depuis l'étranglement de l'inteftin jufqu'au pilore, qu'il regorge, qu'il en foit fort diflendu, & qu'enfin les deux prefloirs dont j'ai déja parlé, -agiflant fur les inteftins, les matiéres fécales foient obligées de remonter vers le ventricule où elles trouvent moins de réfiftance, & où elles exciteront par leur préfence le vomif- fement ftercoreux. La plenitude des inteftins eft prouvée par Yordre conftant des fymptomes qui ont accoûtumé d’accom- pagner cette maladie ; au commencement, c'eft une colique, Y y il 358 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE un grouillement, une tenfion du bas ventre, enfuite des rap- ports, des envies de vomir, le hoquet, & enfin le vomifie- ment. Celui-ci même d’abord eft pituiteux ou bilieux , parce qu'on ne rejette que fes matiéres qui font dans l'eflomac ou le duodenum , & qui n'ont pas reçü cette derniére altération qui leur donne l'odeur de fiente; mais bien-1ôt après les ma- tiéres rejettées font d’une odeur très-defagréable, & pour lors elles refluent bien avant de la cavité propre des inteflins, ou à caufe du féjour qu'elles y ont fait, elles font devenues pro- pres à exciter en nous ce fentiment ficheux & defagréable. Je remarque outre cela que le vomiflement n'arrive ordinai- rement que trois ou quatre jours après J'obftruétion , & quel- quefois même plus tard; or pendant ce temps-là les mala- des avalent des bouillons, prennent des remedes, la falive & les autres ferments font toûjours fournis: Donc leurs in- teftins doivent regorger & fe remplir entiérement. Mais quand même ils ne feroient pas tout-à-fait pleins & dilatés depuis lembarras jufqu'à l'eftomac, il fufht que le dia- phragme & les mufcles de l'abdomen fe contraétent avec aflés de force pour diminuer leur diametre, ce qui ne peut être revoqué en doute, puis que tous les Anatomifles con- viennent que ces mêmes mufcles ne fervent pas peu dans l'état naturel par leurs contractions alternatives , à chaffer le chyle & les excréments. Perfuadé par toutes ces raifons, dela faufleté du mouve: ment antivermiculaire des inteflins, mais non pas encore pleinement convaincu, je voulus examiner fi mon raifon- nement s'accorderoit avec l'expérience. Pour fçavoir feule- ment fi les inteftins étoient remplis dans le miferere, les Cadavres faifoient bien mieux mon affaire, queles Animaux; mais outre qu'on n'a pas occafion d'en ouvrir tous les jours, il y a une fi grande répugnance, quoique mal fondée, dans Ja plûpart des familles pour ces fortes d'ouvertures, qu'on ne fçauroit par-Rà s'éclaircir d'aucun fait, ainfi j'eus recours aux Animaux, d'autant plus volontiers, que faifant mes D Æ S:9, CII:E,N-C.E (S 3 59 expériences lors qu'ils font encore en vie, j'efperois pouvoir découvrir en eux plus facilement, fi le mouvement étoit an- tipériflaltique dans le temps mème du vomiffement fterco- reux ; & comme je fçavois que le mouvement des inteftins eft plus fenfible dans les Chats que dans les Chiens, je préferai d'abord ceux-ci à tous les autres. J'eus donc une Chatte que j'attachai {ur les trois heures du foir à une table, & à qui je fis une ouverture à Fabdomen fdon la longueur de la ligne blanche, affés lirge pour pouvoir donner pañlage aux intcflins. Je les examinaï pendant quelque temps fans obferver le moindre mouvement, le feul que je püs décou- vrir avec ma loupe, & piquant en même temps les intef- tins, fut un trémouflement très-peu confidérable, Mais com- me ma recherche ne fe terminoit pas 1, & qu'il ne s'agifloit pas tant du mouvement périftaltique que de celui qui lui cft oppolé, je lui fis la ligature de filéum & recoufus en- fuite la playe ; je la fis manger dans le deffein de a voir vomir bien-tôt après, mais j'attendis jufqu'à fept heures du foir inu- tilement, puifqu'à cette heure-à elle n'avoit pas eu fcule- ment de naufée. Je la détachai & la mis dans un fac, afin que pendant la nuit elle mangeât en liberté, & que le len- demain matin je pufle obfcrver ce que je fouhaitois; mais le vomiffement furvint à je ne fçai quelle heure dans la nuit, ce que je reconnus par la feule approche qui exhaloit une odeur puante très-femblable à celle de la fiente de Chat, & par les mêmes morceaux de viande que je lui avois fait pren- dre fur les trois heures. Je ne pus donc être témoin de ce qui fe pafloit au-dedans dans le temps du vomifilement; de forte que le lendemain ayant trouvé la Chatte prefque fans force, & ne pouvant faire de grands mouvements du dia- phragme & des mufcles de l'abdomen, je jugeai bien qu'elle n’étoit plus en état de vomir. Voyant donc que j'avois manqué mon coup, je rouvris la playe coufue, pour obfer- ver les inteftins; je les trouvai remplis depuis la ligature jufqu'au pilore. Pour ce qui eft de leur mouvement, les 360 MEMoiRes DE L'ACADEMIE ROYALE examinant des yeux, je n'en remarquai aucun avec Îa loupe, & en les piquant je ne voyois qu'un trémouflement prefqu'infenfible, femblable à celui que j'avois auparavant re- marqué. Il fallut en venir à une feconde expérience, que je fis fur une autre Chatte, à peu-près de la même maniére qu'aupa- ravant, avec cette différence que je la fis manger beaucoup plus, & que je lui fis la ligature fur les huit heures du ma- tin, comptant par-là de la voir vomir pendant la journée; mais je fus trompé dans ma conjedlure, rien ne parut ju£ qu'à huit heures du foir, pas mème la moindre envie de vomir; je me retirai fort mécontent, & defefperant quaff de venir à bout de ce que je cherchois. Enfin, le lendemain à fept heures du matin, l'ayant trouvée, comme dans la pre- miére expérience, fans force & hors d'état de vomir, après avoir ouvert la playe du bas ventre, je trouvai l'eftomac en- tiérement plein & les inteflins auffi fort gonflés, jufque-à que leur diametre étoit deux fois plus grand qu'il ne doit être naturellement. Quelque mécontent que je fufle de ces deux expérien+ ces, je ne me rebutai point; & après plufieurs réflexions fur ce qui pouvoit en empêcher la réuflite , je ne doutay pas que la gêne où étoit l'animal attaché par les quatre pattes; & la trop grande quantité d'aliments que je lui avois fait prendre, n'euflent été des obftacles au vomiflement. A la vérité, dans ces deux cas, les mufcles de l'abdomen , ces puif- fances motrices fi nécefaires, ne pouvant s'appliquer avec affés de force fur l'eflomac, foit par le tiraillement qu'ils fouffroient dans la fituation gênée dont je viens de parler, foit par la trop grande diftention qu'ils recevoient de la part des aliments, n'étoient point capables de produire un vo: miflement. Pour éviter à l'avenir ces inconvenients , j'imaginai un endroit où je puffe enfermer un Chat, le laiffer manger en liberté, l'obferver fans le perdre de vüe, & le tirer quand je voudrois DE st :S CITIEUN core 361 voudrois pour examiner les boyaux ; je fis faire pour cet effet une efpéce de Cage d’une figure à peu-près ovale, gar- nie tout autour de fil d'archal. Après y avoir mis de quoi boire & manger, j'y enfermai un gros Chat, à qui j'avois fait l'opération dont jai parlé ci-deflus : comme je l'avois fait jeûner 24 heures, il mangea & but quelque temps après, mais peu. Je pouvois obferver facilement à travers a Cage jufqu'au moindre de fes mouvements, ce que je fis avec toute l'attention poffible pendant 25 ou 26 heures, après lefquelles il jetta par le haut quantité de matiére fluide que je reconnus à l'odeur n'être point de la fiente, & enfin deux heures après il fut attaqué du vomifiement flercoreux. Je l'attachai fur le champ & lui ouvris l'abdomen, je fis fortir Vinteftin iléum, qui fut fort diftendu , enflammé au-deflus de la ligature, & rempli de matiéres fécales depuis l'endroit lié jufqu'à l’eftomac; & comme Sennert Auteur très-grave, affüre que le mouvement naturel des intefins eff fort obfeur, mais que lantipériftaltique eft manifefte, je pris ma loupe pour tâcher de le découvrir, je piquai l'inteflin bien avant avec une aiguille, avec un canif, je déchirai les membranes, tout cela inutilement; je ne pus jamais obferver le moindre mouvement, ce qui ne me furprit point , car les tuniques des inteftins étoient fi diftenduës & fi enflammées, que les - fibres charnues étoient aflürément hors d'état de pouvoir faire leur jeu de reflort pour rcfferrer les inteflins, je recou- fus la playe comme auparavant, & remis mon Chat en Cage. Un moment après les naufées & le vomiffement ftercoreux recommencerent avec plus de violence que jamais, & dure- rent près de quatre heures. Après la mort du Chat, ayant fouillé dans le ventricule & les inteflins, je trouvai deux vers fænia, lun dans la cavité de l'eflomac, & l'autre à l'en trée du duodenum, que je remis à M. Gauteron , qui doit: en donner un Mémoire à fa Compagnie. Le fuccès que j'a- vois eu en faifant cette expérience , m'encouragea à Ja re- faire fur d'autres Chats, & prenant la même précaution, Mem. 171 3%. . L2z . 362 MEMOIÏRES DE L'ACADEMIE ROYALE Jobfervai pluficurs fois tout ce que j'ai marqué cy-deffus : je tentai la même chofe fur les Chiens, la réufite fut toûjours égale. Je trouvai conftamment les boyaux rouges, enflam- més au-deflus de da ligature, fort dilatés, remplis de liqueur jufqu'au pilore & dénués de tout mouvement périftaltique ou antipériftaltique. Mais pour nraflürer encore mieux de cette derniére vérité, J'ai ouvert fouvent l'inteftin dans ces deux efpéces d'animaux au-deflus de l’obftruétion, & ayant introduit le petit doigt dans l'ouverture, je nai jamais fenti la moindre petite compreflion, ni aucun mouvement inté- rieur de bas en haut ou de haut en bas. De plus, comme tout ce qui concerne ce prétendu mouvement antivermicu- lire, me paroifloit fufpcét, je voulus encore nr'éclaircir fur la diftribution du chyle dans la pañlion ifiaque, qui, felon l'Au- teur que je viens de citer, ne fe fait pas comme il faut, à caufe du mouvement renverfé des inteftins, je fus convaincu du contraire par l'expérience fuivante. Ayant ouvert l'abdomen à un chien que j'avois fait manger environ trois heures auparavant, & auquel j'avois lié l'iléum depuis 24 heures, je vis avec plaifir le méfentere parfemé d'une infinité de petits vaiffeaux laiteux tout farcis de chyle, comme on Fapperçoit ordinairement quand on veut découvrir ces vaifleaux. J'ai vû auffi la même chofe dans ceux qui avoient déja vomi la fente, mais outre cela, j'ai gardé pendant un mois & demi un fort gros chien que j'avois operé, qui pendant ce temps-là vomifloit frequemment, quelquefois même des excréments, quoiqu'il les rendit auffi par l'anus, parce que la ligature n'avoit pas été affés ferrée pour leur boucher entiére- ment le paffage. Or cc fait ne peut pas s'expliquer fans ad- mettre la diftribution du chyle dans les veines laétées, puifque ces fortes d'animaux ne fçauroient vivre fi long-temps fans aliments. Enfin il ne fera pas permis de revoquer en doute la réplé- tion des inteflins, fr l'on fait attention au période du vomifle- ment que j'ai remarqué varier dans les Animaux, fuivant leur p'E SAMSNCII EN CES 363 différente grandeur, felon la grande ou la petite quantité d'aliments que je leur faifois prendre, & enfin füuivant la fituation de la ligature; par exemple, les Chats vomifient plütôt que les Chiens, parmi ceux-ci les plus petits ; parmi les animaux de même grandeur ceux qui mangent le plus; & enfin, parmi ceux qui étoient à peu-près de la même grandeur, & qui avoient mangé également , ceux-là étoient plütôt attaqués du vomiflement auxquels la ligature étoit plus haute. H ne me refte à prefent que de fitisfaire à deux objections qu'on a coûtume de propoler, & qui femblent en quelque maniére favorifer le mouvement antipériflaltique, c’eft, dit- on, qu'il confte par les obfcrvations de plufieurs Auteurs, que les lavements & les fuppofitoires ont été rendus par le haut dans le Aiferere. Je réponds premiérement pour ce qui eft des lavements, qu’on peut expliquer facilement leur retour vers Feflomac, par la feule méchanique que j'ai déja établie, en. fuppofant un obftacle à l'anus qui empêche les matiéres con- tenues d'être mifes dehors, & Îe canal inteftinal rempli juf qu'au ventricule; car pour lors fi l'on force extérieurement Tobftacle, & que lon injecte un lavement, comme enfuite il ne peut plus fortir, & qu'il diftend davantage les mem- branes des inteftins , il faut que le diaphragme & les mufcles. de l'abdomen sappliquant fucceflivement fur eux & fur l'efto- mac, en tâchant de mettre dehors les parties du lavement mélées avec les matiéres fécales, les faffent remonter en- femble vers le haut avec d'autant plus de facilité qu’elles ont: déja reçü cette détermination de mouvement, & que la val- vule du colon fe trouve ouverte & abaiflée par le fluide qui en. remplit la cavité. La difficulté fera plus grande du côté des fuppofñitoires. En: effet, il fmble qu'ayant leur fortie libre vers l'anus, ils doi-- vent plûtôt être chaflés dehors, que d’entrer dedans le reétum,, ou-quoiqu'ils entrent dans le reétum, qu'ils doivent demeu- rer à l'endroit de lobftruétion, tant à caufe à leur: maffe: f Zi 364 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE lourde & pefante, qu'à raifon de leur folidité, qui ne {eur permet pas d'obéir facilement aux deux prefloirs fuppofts. Quoique ce fait paroifle fufpect à ceux mêmes qui foûtien- nent le mouvement antipériftaltique , il-ne fera pourtant pas mal-aifé d'en rendre raifon , fi l'on fait attention à ce qui fe paffe quelquefois dans ceux qui font conftipés, à a figure circulaire des boyaux, à leur dilatation & à {eur plé- nitude. On remarque dans la conftipation, que fi ayant déja fait fortir des excréments endurcis, on contracte le fphinéter & es releveurs de lanus, on adjoûte pour lors de nouvelles forces à la contraction du diaphragme, & des mufcles du bas ventre, & on mct entiérement dehors les excréments ; que fi au contraire on vient à relever & fcrrer l'anus dans le temps qu'ils font prêts à fortir, on fent qu'ils entrent en dedans avec beaucoup de précipitation, de forte que la même caufe qui, dans le premier cas, fert à l'expulfion des excréments, les fait rentrer dans ce dernier avec beaucoup de violence, fans qu'il foit befoin d'aucun mouvement an- tivermiculaire du reétum; cela fe déduit aifément de la dif- férente maniére dont s'applique le fphinéter fur les excré- ments endurcis, fi c'eft fur l'extrémité inférieure, il faut néceflairement qu'ils entrent en dedans, fi c'eft fur la fu- périeure, ils devront être pouflés dchors à peu-près comme nous chaffons un corps gliflant contenu dans la main, tan- tôt par un bout, tantôt par l'autre, fuivant la différente maniére dont s'applique fur fa furface le mouvement de nos doigts. Dans, la pañlion iliaque, le fuppofitoire eft quafr tout - à- fait introduit dans la cavité de F'inteftin rectum, Donc toute la force du fphinéer doit faire fon eflort fur fon extrémité inférieure; & en même, temps les releveurs venant à agir, devront! le chafler vers le haut ; mais comme Jinteflin: reétum ef ehflummé, & par conféquent plus fenfible que dans: Férat naturel, les irritations feront aufli plus grandes , les influx d'efprits plus abondants; & enfin, DE s, S,GUI,E NC ELS 365 les contractions du fphinéter & des releveurs de l'anus plus violentes. Donc le fil auquel le fuppofitoire eft attaché, fe rompra, comme le rapporte Mathæus de Gradibus, & le fuppofitoire fera porté bien avant dans le reétum, & ju£ qu'au commencement du colon ; delà if pourfuivra fa route vers le cæcum, tant à caufe de la détermination du mouve- ment qu'il conferve encore dans cet inteftin, que parce que le conduit inteftinal fe trouve fort dilaté par la grande quan- tité de matiéres fluides, au milieu defquelles il glifle avee beaucoup de facilité. La gravité du fuppofitoire ne doit point être un obftacle à fon retour , puifque les inteflins font plu- ficurs circonvolutions dans l'abdomen; d’où il fuit que tantôt il monte contre fon propre poids, tantôt il tombe par ce même poids vers le ventricule, ainfï il paroît indifférent pour le faire monter ou defcendre. Au furplus, comme il confte en Phyfique que les corps reçoivent du mouvement par rap- port à leur mafle, & que les fuppofitoires en ont beaucoup, ils doivent auffi recevoir une plus grande quantité de mou- vement par les contractions des mufcles du bas ventre; de forte que leur folidité & Leur mafle femblent favorifer leur paflage, bien loin de s’y oppofer. Enfin il pañiera du colon dans l'iéum par une détermination perpendiculaire, nonobftant le fac du cæcum horizontal, fi nous fuppofons que ce cul-de-fac eft comblé, & quela valvule du colon eft ouverte par la quan- tité du fluide dont les inteftins font remplis, comme je l'ai dit ci-deflus. F Mais fi par les raifons que je viens de rapporter, l'on cefle d'accufer l'effomac & les inteftins de tant de maux qu’ils pro- duifoient, combien doivent craindre ces reftaurateurs d’un ancien fyfteme, pour tous les bons effets qu’ils leur attribuent? Ils font, difent-ils, les auteurs de la digeftion, c’eft par la force extraordinaire de leurs fibres qu'ils opérent ce grand ouvrage, c'eft l'eftomac d'abord qui par les fecouffes continuelles & vio- lentes divife, attenue & brife les aliments en des molécules très-fubtiles, qui enfuite acquiérent la derniére diflolution & PART + M. Aftruc. 66 ME. DE L'ACAD. ROYALE DES SCIENCES. perfeétion dans les inteftins, par la contraction réñérée de fa tunique mufculeufe. Cette opinion paroît fort vraifemblable du premier coup d'œil, & a de fort anciens privileges, elle péche pourtant par une trop grande crédulité pour les anciens Auteurs qui l'avoient autrefois enfeignée, & par un défaut d'attention fur ceux qui l'avoient renouvellée dans ce dernier fiécle: ce qu'un Académicien * de cette Societé a prouvé dans une Affemblée publique, en démontrant la fauffeté du calcul exorbitant de Pitcarnius ; mais après tout, je ne doute point que s'ils veulent jetter les yeux fur ces vifceres dans les Ani- maux vivants, fans qu'il foit befoin d'aucune démonftration géométrique, ils ne fe détrompent de leur préjugé, & ne reviennent d'une erreur d'autant plus préjudiciable qu'elle fe préfente à eux fous un beau dehors, & avec une apparence de vérité prefque fenfible. } : « . ; ‘ , , & 1 i ”. * \ : FR È Ltitesti oies RARE s à ti Fe ë ne ; 1ÿ} ; Fest