4 He js HÉREHRNES Hi 1 5 ER FE RIT. { 1 ï == 1e ‘ \ } vf n . | ù Le L: LE, : Ï CL. L'A4 y . e | : | É. à L.4 ee ? L L ww LACADEMT | FOYAES. DES SCIENCES Année M D CC XIX. Avec les Mémoires de Mathématique & de Rhyfique, pour la même Année. Tirés des Regillres de cette Académie. DE L'IMPRIMERIE ROYA M. D CE XXI, Le » AVR sd 23 ja FA se L oe ie 1 - sie ve pre. 0 + a ‘ S enherthns ne +2 a CAES De nn. 24 Ê nt 2.4 ' Cut Le ” ia en ni 4 | NUE à A A 2 5 Ne EC ON ON OS ONE EIRE RIRE TABLE POUR: ‘LHISTOIRE "à PHYSIQUE GENERALE. UR la Lumiére Septentrionale. Page 1 Sur la Caufe générale du Froid en Hyver, & du Chaud en Eté. = 3 Sur le Gypfé. 10 © Sur les Guefpes. 13 ur Ohiroarins de rh que ga 20 A NA © T O de FEU De | Sins Noyés. 1 26 Sur la réparation de quelques parties di qu humain * mutilées. 29 * Sur la Digefhion. 33 © Djverfés Hi nues. 38 L CHY MI E. Sur le Mir Jauvage, & lElaterium. Sur un moyen de fe préferuer des Wapeurs nuifibles ou fe gréables des Diffolurions, #6 47 1j LÉASBNE'LE, Sur les Analyfes ordinaires. st « Sur le Chacril 53 BOTANIQUE. Sur la produéfion de nouvelles Efpeces de Plantes. 57 GEOME-TR ILE. :+. 59 . __ ASTRONOMIE. Sur les Hauteurs apparentes des Affres. È É Sur une Etoile de la Baleine. Sur la premiére Equation des Planetes dans l'Hhpude L Kepler. - Sur la Réfraëtion du Vuide dans P Air. se Sur les Taches du Soleil. 74 MECHANIQUE. - Sur les Vireffes des Corps. Machines ou Inventions approuvées par L'Académie en 1719. 81 Eloge de M. de Montmorr. 83 Eloge de M. Rolle. 94 Eloge de M, Renau. 301” XEXEMENS . ARE BXEX ee Lu alba cpbes POUR: LES MEMOIRES. O roro Météorologiquts faites à l'Obférvatoire Royal pendant l'année 1719. Par M. DE La Hire lAiné, Page 1 Caraëteres de quatorze genves de Plantes ; Le dénombre- ment de leurs Efpéces ; les defcriptions de quelques-unes, dr les Figures de plufieurs. Par M. VAILLANT. 9 Obférvations [ur les Maufiles de l’'Omoplate. Pa M. .. WinsLow. 48 Conffrution facile à exaëte du Gnomon, pour régler une Pendule au Soleil, par le moyen de fon palage au Méri- dien. Par M. Deuisce le Cadet, s4 Obfervations fur la nature des Plantes, Pa M. Mar- CHANT. HAE 52: Théorême. de Géometrie commune ; où lon voit dans des Triangles diffémblables & variables à Pinfini , quelque chofé de fémblable à la propof. 47. du Liv. 1. des Elé- mens d'Euclide , avec plufieurs autres propriétés remar- quables. Pa: M. VARIGNON. “Moyen facile d'arrêter les Vapewrs nuifibles qui s'élévenr # ii} T AR LvE des Diffolutions métalliques. Pat M. GEOFFROY lAïné. g 71 Réflexions fur plufieurs obfervations concernant la nature du Gypfe. Par M. DE Jussieu. ; 82 Obférvations fur l'Etoile changeante de Ja Baleine. Par M. Marazpr. : 4 Mémoite furtla Caufe générale du Froid'en Hyver, © de la Chaleur en Eré. Par M. DE MairaAN. | 104 Mémoire [ur la Quadrature du Cercle ; € fur la mefure de tout Arc,tout Seëteur, @ tout Segment donné. Pa M. DE Lacny, 135, Comparaifon de quelques Obférvations de M. le Chevalier de Louville avec celles qui ont été faites à l'Obfervaroire. Par M. MaraLpi. 145 Méthode de déterminer la premiére Equation des Planeres fuivant l'Hypothefe de Kepler. Par M. Cassint. 147 Sur la Méchanique des Cartilages Semilunaires, Par M. WINsLOW. ; 157 Defcription de deux nouvelles Plantes , dont Pune ef un , * CHARDON FTOILE , @' l'autre Une AMBRETTE. Par M. DanTy D'IsNarD. 164 Réfexions Phyliques fur le défaut & le peu d'utilité des Analyfes ordinaires des Plantes. &7 des Animaux. Par M. Lemery. TS é. Defcription d'un nouvel Inflrument Aflronomique pour obfer- ver facilement ©. exattement les. Afcenfios droites ‘des UP ROSE S Affres. Par M. le Chevalier De Louvint: + 188 Comparaïfon des viteles des Corps de pefanteurs quelcon- ques, en defcendant ou en montant dans le vuide | tant) en lignes droites qu'en lignes courbes auff quelconques. Par M. VARIGNON. | EA OS 195 Hifloire des Guefpes. Par M. DE Reaumur. 230 Suite de l'Etabliffement de nouveaux Caraëtères de Pine tes à Fleurs compofées. Claffe II. Des Corymbiferes. Par M. VAILLANT, 277 Obférvation de 'Eclipfé d'Aldebaram par la Lune, faite à RHôrel de Taranne à Paris, le 22 Avril 1719 an Joir. Par M. Deuisce le Cadet. 318 Obférvation de PEclipfe d'Aldebaram par la Lune , faite - à l'Hôtel de Taranne à Paris, le 30.Oclobre 1719 au «+ foir. Par M. Deus le Cadet, — 319 Machine pour faire fur | le: Tour toutes fortes de Polygones. Par M. DE La Hire. Une | > 320 Obférvation de l'Eclipfé de Lune ‘du 29 Auf 1719: Par M MaRalDs À L'ù 325. Obférvarion de PEclipfe de Lune du 2 2 AG 1719. fai- te à P'Obférvaroire Royal de Paris. Par M. Cassinr. 328 ad Détail de l'expérience de la Réfractiode L Air dans le Vuide. Par M. DeLisLe le Cadet 330 Obfervations Anatomiques fur le Corps de l'Homme , avec 1 CPE À « « “à: 4es Kfexions fur le Syfléme nouveau, qui regarde la Tri TRUBEL ET Fe © uration dans P Eflomac , comme la-caufe de la Digeftion des Alimens. Par M. HeLvETIUS. | 336 Obfervations fur ce qui fe pratique aux Mines d'Almaden en Efpagne , pour en tirer le Mercure ; ©* [ur le Caraëte- re des Maladies de ceux qui y travaillent. Par M. pe Jussieu. 349 Nouvelles manieres de toifèr Les Voûtes en Cul-de-Four , où en Dôme furhauffées & furbaiflees, & les Voûres en Are: de Cloitre & d'Arêre. Par M. SENES& . 363 HISTOIRE A ad e\ UNE LA , L’'ACADEMIE ROYALE DES NS CRE N C'E &$ Année M. DCCxIx. BARRE RO PHYSIQUE GENERALE. SUR LA LUMIERE SEPTENTRIONALE. À LuMIERE dont nous avons parlé en 1716*), 1717*, & 1718*, a paru encore *p. 6! cette année , en différenstems, & en diffé- , P° j: ens pays. Elle n’avoirété guere vûe à Paris que par les Obfervateurs de profeflion, mais le 30 Mars à 8 heures 18’ du foir elle y devint un phé- noméne populaire. Tous ceux qui étoient dans les rues en Hif. 1719. 2 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYAZE furent frapés , & dans le même inftant il s’éleva un ct d’admiration de toute cette grande Ville. Heureufement M. Maraldi fut aufli fpeétateur du Meteore. C’éroit une Co- lonne de feu élevée de 20 degrés fur lhorifon, & cou- chée prefque parallelement à l'horifon fur une étendue de 25 ou 30 degrés, un peu plus large que le demi-diamétre du Soleil dans fon extrémité orientale , & terminée en pointe dans l’occidentale. Dans toute fa longueur le haut étoit beaucoup plus clair que le bas qui étoit fort rouge. Le tout enfemble effaçoit la lumiere de la Lune , quoi- qu’elle fut alors dans fon 8e, jour , & fort nette , parce que le Ciel étoit ferein. Ce Méteore étoit entre le Nord- Nord-Oueft & l'Oueft, & avoit un peu de mouvement vers l'Oueft. A peine M. Maraldi l’eut obfervé pendant quelques fecondes , qu’il difparut entiérement en un inf- tant, & fans avoir changé de pofition par rapport à l'ho- rifon. Le 7 Avril à 9 heures du foir M. Maraldi obferva en- core depuis le Nord-Eft jufqu'au Nord-Oueft un autre Méteore d’un éclat aufi vif que le précédent, mais non pas tranquille comme lui, ni uniforme, ni d’une courte durée. Il reflembloit par des Colonnes qui s’élevoient de tems-en-tems , & difparoifloient, à celui dont il a été parlé en 1716. Il dura près d’une heure & demie. Quand ces fortes de Méteores ne font pastranquilles , mais agités, il paroït que leur agitation eft ordinairement la même. IH y a un fond, une bafe de lumiere, d’où il s’éleve à diffé- rentes reprifes des Colonnes verticales. Il y a peut-être dans l’embrafement général des matieres qui n’ont pas en- core pris feu, qui ne le prennent que les unes après les autres , & commencent toujours à le prendre par le bas où elles font plus inflammables. De pareils Méteores ont été vûs le 22 Fevrier à Vi- cence & à Bologne, & le 25 Mars à Montauban en Lan- guedoc , une heure ou deux après le coucher du Soleil. M. Manfredi a calculé que celui d'Italie ne pouvoit avois DES SCIENCES: été élevé au-deflus de la Terre de moins de quatre lieues. Voici donc depuis 1716 inclufivement quatre années confécutives où ces Méteores ont paru affez fréquemment, quoique pendant tout le Siéclé paflé on n'en compte guere que quatre apparitions. Le plus fouventils ont été de l'efpéce de ceux que nous appellons tranquilles , ils ont paru une heure ou deux après le coucher du Soleil , dans un tems médiocrement froid . & fort fec, & ils ont été vûs en différens pays de l’Euro- pe dans desintervalles de tems peu éloignés. Cette der- niere circonflance prouve que la même difpofition a ré- gné en même tems dans une affez grande étendue de l'Atmofphere , ce que M. Maraldi avoit déja remarqué par les grandes variations du Baromiétre. SUR LA CAUSE GENERALE du froid en Hyver, © du chaud en Eté. C E qui n’eft pas une queftion pour les Philofophes en eft quelquefois une pour le commun des hommes, & pareillement ce qui n’eft pas une queftion pour le com- mun des hommes en eft fouvent une pour les Philofophes. Il n'y a guere qu'eux qui puiflent trouver des difficultés fur la caufe générale du froid en Hyver, & du chaud en Eté, & fur le détail de toute cette matiere. M. de Mairan a jugé qu’elle avoit été jufqu’à préfent peu approfondie , & qu'elle méritoit de l'être. Il faute aux yeux que cette caufe générale ef la diffé. rente élevation du Soleil fur l'Horifon en Eté & en Hyver, mais cela ne laiffe pas de demander de la difcuffion , & cette difcuffion fait fentir la difficulté. Les rayons du Soleil , ainfi que tous les autres corps, frapent un plan qui les reçoit avec d'autant plus de force qu'ils lui font moins inclinés , & au contraire; & il ef vili- ble qu'en Eté ils font moins inclinés à la pue de la fur- 1) V. les M. P. 104, 4 HISTOIRE DE L'ÂCADEMIE ROYALE face de la Terre qui a l'Eté, fi l’on prend cette furface pour exaétement fphérique, mais il s’en fautbien qu'elle le foit , fur-tout à l'égard des rayons du Soleil. La plaine la plus unie, & que fera-ce des autres? eft un affemblage d'une infinité de petits plans différemment inclinés, & qui re- coivent des rayons du Soleil fous tous les angles poflibles, de forte que l'inclinaifon générale du Climat n'eft plus à compter. Par cette raifon quelques-uns croyent que ce n'eft pas fur la furface inégale de la Terre qu'il faut prendre cette inclinaifon du Climat , mais fur celle de l'Atmofphere qui eft parfaitement unie, parce que c’eft un fluide, & un fluide tranquille, du moins dans fa région la plus élevée, La par- tie de l’Atmofphere correfpondante au Climat de Paris , par exemple, fera donc plus vivement frapée en Eté par les rayons du Soleil , & par conféquent plus échaufiée, & échauflera Paris. Cela peut pe AS mais outre cette cha- leur mediate communiquée à la Terre par lAtmofphere, & qui n'empêche pas qu'il ne fafle toujours beaucoup de froid fur les hautes Montagnes , il y en a conftamment une au- tre caufée immédiatement fur la Terre par les rayons du Soleil moins inclinés , & c’eft celle dont il s'agit principa- lement. Quelques Phyficiens rapportent aufli à l'Atmofphere ;, mais d’une maniere un peu différente, la caufe du froid & du chaud. Ils difent que les Corps étant d'autant plus fa cilement refléchis par une furface fur laquelle ilstombenr, qu’ils y tombent plus obliquement , ainfi qu'il paroït par Fexemple des Ricocherts que l’on fait fur l'eau avec des pier- res, qui la pénétreroïent, fi elles y tomboient avec moins d'inclinaifon, FAtmofphere refléchit par fa furface fupé- rieure & convexe d'autant plus de rayons, & par confé. quent en laïffe d’autant moins paffer jufqu’à la Terre, qu'ils tombent plus inclinés , & au contraire. Mais M. de Mairan prétend que par toutes les expérien- ces qui ont été faites, & par celles qu’il a faites lui-même . L DES SCIENCES. » 5 fur la Lumiere, il ne paroît point que quand fon incidence eft plus oblique, la quantité qui s’en refléchit foit plus grande par rapport à celle qui fe rompt. L'exemple du Ricochet pourroit ne pas tirer à conféquence pour la Lu- miere, qui a fes propriétés à part. Il eft bien vrai, & c’eft une fuite néceffaire du rapport conftant & dérerminé des Sinus d'incidence & de réfraétion , que quand la Lumiere pafle d'un Milieu plus denfe dans un plus rare, de l'eau dans l'air , par exemple, il y a une certaine obliquité déter- minée , après laquelle tout Rayon qui a une incidence plus oblique ne peut que fe refléchir, & ne fe rompt point pour paffer dans le fecond Milieu , ce qui repréfente par- faitement le Ricochet. Mais nous fommes ici dans le cas oppofé , où la Lumiere pafle d’un milieu plus rare dans un plus denfe , de l’Ether dans l'Atmofphere, & ce cas-là permet également à tous les Rayons de fe rompre, quelle que foit leur incidence , & l’on n'a pas lieu de foupçonner que dans des incidences plus obliques il s'en refléchiffe plus qu’il ne s’en rompt. Un grand Aftronome a cru que la chaleur s’augmentoit par une incidence desrayons fur la Terre plus approchante de la perpendicularité, parce qu’un Rayon perpendiculaire fe refléchiffant fur lui-même échauffe une feconde fois le même air qu'il a déja échauffé , & que les autres Rayons en font autant à proportion de ce qu'ils approchent plus d'être perpendiculaires. Mais il ef vifible qu'il n'importe en aucune maniere, que ce foit le même air qui foit échauffé une feconde fois par la réflexion des mêmes rayons, & que tout rayon refléchi échauffera une feconde fois un air déja échauffé par quelque autre rayon incident, parfaitement égal en force au premier. On ne fçauroit rien tirer du plus grand ou du moindre éloignement du Soleil à la Terre , lorfqu’il eft dans fon Apogée, ou dans fon Perigée. Il eft préfentement dans fon Perigée à la fin de Decembre, & cette plus grande proxi- mité m’adoucit guere la rigueur de nos Hyvers j & augmen- 1} \ 6 « HisTOIRE DE L'ACADEMIE RovaLe tera peu la chaleur des Etés de notre Climat, lorfque dans un grand nombre de Siécles le Perigée fera au mois de Juin. En effet cette plus grande proximité n’eft pas la 3ome partie de la diftance totale du Soleil à la Terre. M. de Mairan a donc recours à d’autres principes. II re- garde la Lumiere comme un fluide , & c’eft effectivement l'idée la plus naturelle qu'on en puifle prendre. Une fur- face étant déterminée, un fluide qu'il faut concevoir comme divifé en uneinfinité de filets paralleles entre-eux , la frape par tous fes filets , s’il la frape perpendiculairement , & ne la frape par aucun , s’il lui eft parallele ; d’où il fuit que plus il la frape obliquement, plus la quantité des filets par lefquels il la frape , eft petite, & au contraire. Il en eft de la force du choc de chaque filet comme de leur nombre ; le choca toute fa force poflible quand le filet eft perpendiculaire à la furface , & quand il lui eft parallele , cette force eft nulle, puifqu'il n’y a pas de choc. Par conféquent & le nombre &c la force des filets dépendant l’un & lautre de leur angle d'incidence fur la furface, ils font mefurés chacun par le Sinus de cet angle, & tous deux enfemble par le quarré de ce Sinus. On trouve par les Tables, qu’à Paris le Sinus de la hau- teur méridienne du Soleil fur l'Horifon au Solftice d'Eté, eft au Sinus de fa hauteur méridienne au Solftice d'Hiver à peu près comme 3 à 1 , & par conféquent l'effet total des rayons du Soleil, ou la chaleur d’un Midi doit être neuf fois plus grande que celle de l’autre. Ce raifonnement n’eft vrai dans toute fon étendue & fans modification qu’à l'égard de la portion de la furface extérieure de l’Atmofphere correfpondante à notre Climat. I] fubfifte encore à l'égard de la Terre ou de Paris pour ce qui eft de la quantité des rayons , mais non pas pour ce qui eft de la force de leur choc; car , comme on l'a vû, leurin- cidence eft toujours fort différente fur les plans différem- ment inclinés du terrain de Paris. M. de Mairan fupplée à cela par une réflexion. Il conçoit, & de plus il a obfervé DES SCIENCES. 7 que tous les petits plans différemment inclinés, qui forment la furface inégale d'un terrain, étant frapés par les rayons du Soleil, jettent des ombres du côté oppolé ; que ces om- bres étant d’autant plus longues que le Soleil eft moins éle- vé, elles rafraichiffent , pour ainfi dire, un plus grand nom- bre de plans voifinsique de-là vient que le terrain s’échauffe d'autant moins , & que c’eft le contraire quand le Soleil eft plusélevé. Alorsle mélange d'ombre étantbeaucoup moin- dre, prefque tout eft en feu. Par ce moyen l’effer de la force des rayons du Soleil fuit aufli-bien que leur quantité les différentes hauteurs du Soleil fur l'Horifon. | Aux deux principes déja trouvés d’une plus grande cha= feur au Solltice d'Eté, il s’en joint un troifiéme qui doit avoir beaucoup d'effet. Plus les rayons font inclinés , plus ils ont une grande épaiffeur de lAtmofphere à traverfer,ow plusils y font de chemin, & par conféquent ils rencontrent d'autant plus de parties folides qui les interceptent , ou les amortifflent , & au contraire. Mais on ne peut pas s’aflurer que ce troiliéme principe fuive comme les deux autres le rapport des Sinus de la hauteur du Soleil. La raifon de: cette différence eft que le premier & le fecond font com- pris entre deux points fixes & déterminés , dont l’un eft la perpendicularité où les rayons ont toute leur force , & leur: nombre entier , & l’autre le parallelifme où ils n’ont nulle: force , & ne fonten aucun nombre ; mais le troifiéme prin- cipe n’eft pas de cetre nature ; dans le cas de la perpendicu- larité même il ya encore des rayons interceptés ouamortis: par l'Atmofphere , & l’on ne fçaitquelle en eft la quantité , ni de combien elle eft plus grande pour chaque angle d'in- clinaifon. Ce n’eft donc que par eftime qu’on peut mefurer- ce troifiéme principe, encore faut-il que l’eftime foit diffé rente pour chaque Climat. L'augmentation ou diminution de lumiere fuit celle de la chaleur, &.il eft certain qu’un pays eft fenfiblement moins: éclairé en Hiverqu’en Eté. M. de Mairana obfervé dans les Eclipfes de Soleil que quand la moitié de fon. difque eft 8 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALr couverte, & qu'il nous envoye par conféquent la moitié moins de rayons , il n’y a encore aucune diminution de lu- miere qui foit fenfible ; & de là il juge aflez fürement que quand elle left, comme en Hiver, il y a donc une diminu- tion de plus de la moitié des rayons. Il n’en prend que la moitié pour éviter d’enfler fon calcul , & par conféquentil y a en Eté deux fois plus de rayons qui pénétrent l'Atmo- fphere , & viennent jufqu’à nous, ou, ce qui eft le même, le troifiéme principe multiplie par deux le produit des deux autres qui étoit neuf pour Paris, ou enfin la chaleur du Sol- flice d'Eté y eft dix-huit fois plus grande que celle du Sol- fice d'Hiver. Cela feroit géométriquement vrai quand le Soleil feroit dans ce moment au Solfice d'Eté, & dans le moment fui- vantau Solftice d'Hiver, & que l’on compareroit ces deux momens enfemble , mais phyfiquement cela n’eft , ni ne peut être ainfi. Le Soleil échauffe davantage des terres déja échauffées, & de-là vient qu'après le Solftice d'Eté la cha- leur eft plus grande qu'avant ce Solfice à pareille hauteur du Soleil. Il y a dans l’aétion de la chaleur une efpéce d’ac- célération , mais dont on ne fçauroittenir un compte exaét, &c d'autant moins qu’elle eft interrompue par les nuits , & toujours inégalement interrompue dans notre Sphere obli- que. Mais enfin il y a toujours quelque refte d'accélération qui augmente le rapport de 18 à 1 de quelque valeur. Elle doit aller affez loin , à en juger par la différence très« fenfble de la chaleur qui fuit le Solftice d'Eté à celle qui le précéde. C’eft la même chofe pour le Solftice d'Hiver, qui eft fuivi d’un froid beaucoup plus grand que celui qui l’a précédé. Cette accélération de chaud ou‘de froid ef ordi- nairement dans fa plus grande force quarante jours après l'un & l’autre Solfice. En paffant par deflus toutes les difficultés particulieres ; & apparemment infurmontables, qui fe trouveroient dans le calcul de l'accélération de la chaleur, M. de Mairan juge en général qu’elle doit être proportionnée à la grandeur des DES SCIENCES 9 des joufs qui font vers le Solflice d'été. Orils font alors à Paris deux fois plus longs que ceux du Solfice d'hiver. Mais il y a plus , non-feulementle Soleil a été alors deux fois plus de tems fur l’'Horizon, mais il a eu trois fois plus de force. Il eft vrai que cette force paroît avoir été déja employée, quand on a trouvé le rapport de o àt pour le Solftice d'été & celui d'hiver , mais il faut remar- quer que ce n'eft pas la même force. La premiére étoit celle des rayons d’un Solfiice comparés à ceux d'un autre, la feconde, dontil s’agit ici; eft celle qui refte du jour du Solfice d'été au fuivant, & de celui-ci à un autre, puifque ce n’eft qu’en cela que confifte l'accélération. On pourroit donc prendre le rapport de 6 à 1 pour celui de l’accélé- ration de chaleur caufée par le Solflice d'été, ou croiffante depuis ce Solfice, à l'accélération de chaleur décroiffante” au Solfice d'hiver , ou, ce qui eft le même , au froid de ce Solftice , mais M. de Mairan, pour mettre tout fur le plus bas pied, ne prend que le rapport de 4 à 1 , ce qui mul- tipliant le rapport de 18 à 1, lui donne pour Paris la plus grande chaleur de Pété foixante-douze fois plus grande que celle de l'hiver. Il a cependant le fcrupule de ne s’en tenir pas encore à ce rapport. Îl a égard à ce que le rapport des Sinus du Solflice d'été & du Solfiice d'hiver n’eft pas exaétement celui de 3 1, à ce que la réfraétion élevant toujours le Soleil, quoiqu'inégalement, fait demeurer fes rayons plus long-tems fur l'horifon , enfin à ce qu'il eft plus proche de la Terre pendantnotre hiver; & tout cela mis en compte, réduit finalement le rapport cherché à n'être que celui de 66 à 1. M. de Mairan fe fait lui-même une obje&tion, qui pa- toit d’abord renverfer fa Théorie & fon Calcul fans ref- fource. Nous avons dit dans l'Hif. de 1702 * que par des obfervations de M. Amontons X chaud qu'il fait à Paris aux rayons du Soleil à midi dans le Solflice d'été ne * Page7, différe du froid qu'il y fait ; quand l'eau fe glace , que comme : l B Hi. 1719. V. les M. p- 82. 10 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE 6o différe de $1 + ou 8 de 7 à peu près. Que devient donc le rapport de 66à 1? Les expériences de M. Amontons ont été faites avec le Thermométre , qui fent , pour ainfi dire , toute la cha- leur qui eft dans un lieu, & en rend compte. Ainfi au Solftice d'hiver il y a à Paris $ 1 + degrés de chaleur , & éo au Solftice d'été. Mais le calcul de M. de Mairan ne marque que le rapport de ce que le Soleil produit de cha- leur en hiver , à ce qu'il en produit en été , de forte que s’il ya un fonds de chaleur indépendant du Soleil caufé, foit par l'agitation continuelle de la mariére fubtile ; foit par les feux fouterrains , ou même que la terre aura acquis à la longue par l’aétion du Soleil, & qu’elle ne perdra plus, la chaleur de l'hyver fera 1 degré quis’ajourera à ce fonds de chaleur , & la chaleur de l'été 66 degrés. Or il ef aifé de trouver un nombre tel qu’en lui ajoutant 1 d'une part, & d'un autre 66 , les deux nouveaux nombres réfultans de ces additions foient comme $ 1 + & 60. Ce nombre eft 393 » à une fraétion près, de forte que l’on a 393 pour le fonds de chaleur conflant & perpetuel du Climat de Paris, auquel laëtion du Soleil ajoute 1 au Solftice d'hiver, & 66 au Solfice d'été. C’eft ainfi que les vérités, quelque oppofées qu’elles puiflent paroitre, font obligées de fe re- joindre. SUR: L E:G Y PSE. IE n’y arien à négliger pour les Philofophes, & une Pierre aufli commune, & aufli peu riche en phénomenes brillans que le Gypfe, qui eft celle dont on fair le Plätre, n’eft pas indigne de partager leur attention avec la Pierre d'Aiman. Le Gypfe , felon la définition de M. de Juffieu, eft une pierre tendre, friable , infpide, fans odeur , aifée à calciner par le feu, indiffoluble dans l’eau. Quand elle eft calcinée, DES SCIENCES. 11 elle eft Plâtre, tout le monde en fçait l’ufage , mais onne fçait pas fi communément que les fragmens du plâtre durci, qu’on appelle Platras ,ne peuvent plus fe calciner de nou- veau , quand il a été bien battu , ni par conféquent rede- venir par le mêlange de eau une pâte molle femblable à celle qui étoit le plâtre gâché.- Par des obfervations que M. de Jufieu a faites dans les Mines de Cuivre de S. Bel dans le Lyonnois, & dans celles d’Alun qui font à Almafaron, Bourg du Royaume de Mur- cie , il a trouvé qu'il entroit du Gypfe ou de la matiére gypfeufe dans ces différens Minéraux , que l’on n'auroit pas trop crû qui en duffent contenir , & de-là il conjec- ture que ces particules gypfeufes pourroient être à peu près aufli répandues dans les Mixtes, que les Salines , ou Nitreufes , &c. Il découvre du Gypfe dans des matiéres Chymiques jufqu'ici peu examinées , par exemple, dans une Crême blanche, argentine, écailleufe en forme d'écu- me qui s’éleve fur l’eau , quand on fait le Sel de Glauber. Cetre Crême étant recueillie & defléchée , a toutes les propriétés du Gypfe. Le fel de Glauber a été fait de Sel Ar- moniac, & d’huile de Vitriol. L’une ou l’autre de ces deux matiéres, ou peut-être toutes deux, renfermoient donc des particules gypfeufes. Dans la Montagne d’Almafaron il y a des Cavernes re- vêtues en dedans d'un velouté blanchâtre, & quand on l’a détaché on voit que ce font des paquets d’aiguilles blan- ches colées les unes contre les autres. Une partie de la ma- tiére de ces paquets eft de l’Alun, & l’autre eft du Gypfe; car M. de Juffieu en les mettant à la flamme d’une Bougie a vû qu'une partie rougifloit & confervoit fa flipticité comme fait l’Alun, & que l’autre fe réduifoit en une pouf- fiére blanche toute femblable à celle du Gypfe calciné; ce peu de Gypfe l’avoit été fuffifamment par la flamme de la Bougie. M. de Juffieu diftingue le Gypfe en trois efpéces. La premiére eft en blocs & en groffes mafles, comme les pier- Bi 12 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE tes ordinaires ; la Montagne de Montmartre n’eft prefque qu'un grand tas de Gypfe , dont on fait le plâtre de Paris. Ce Gypfe s'appelle Pierre de Plätre, ou Pierre à Plätre. La _feconde efpéce eft cryflalline , luifante & blanche à peu * Page 121. © Juiv. près comme du Verre , difpofée par feuilles ou par couches comme du Talc. Il s’en trouve à Montmartre, & à Pafli. On la nomme Pierre fpéculaire, où Miroir aux Afnes.En 1710 * nous avons parlé de cette pierre , & de fes réfrac- tions finguliéres, d'après feu M. de la Hire. La troifiéme efpéce eft à longues aiguilles ou fries argentées & paralle- les, comme l’Alun de plume. # Quandtous ces Gyples ont été réduits en une poufliére fort fine , & qu’on la regarde au Microfcope , on voit une infinité de petits parallelipipédes tranfparens , dont la lon- gueur excede de beaucoup les deux autres dimenfions, & dont la furface eft femée irréguliérement de globules fort petits par rapport à eux. M. de Juflieu ayant obfervé que quand l'air éroit humide ces globules changeoïent de figu- re , & en prenoient une ovale applatie , & qu'ils difparoif- foient quand l'humidité s'évaporoit , a jugé par leur difpo- fition à fe charger de cerie humidité , & à être enlevés avec elle ;, que c’éroient des parties falines , qui entrent dansla compolition du Gypfe. Quand on obferve de même au Microfcope de la pouf- fiére de platras, ou de plâtre de/animé & inutile felon -ce- quenousavons dit, on voitencore lesparallelipipédes & les globules , maisils font mêlés avec beaucoup d’autres petits corps différens d’eux , & de figures irréguliéres. Ces corps. étrangers doivent avoir été introduits par l’eau , quand on a gâché le plâtre, & ce font ceux qui empêchent le pla- tras de pouvoir être recalciné, & redevenir utile; tant les premiers tiflus des Mixtes , c’eft-à-dire ceux d’où dépen- dent leurs effets & leurs propriétés, font délicats, & con- fiftent dans des combinaifons uniques , ou prefque indi- vifibles. M. de Juflieu ayanttoujours trouvé dans tousles Gypfes; DES SCIENCES. 13 quelque altération qu'ils euffent effuyée, les parallelipipédes élémentaires , en a conje@uré qu'ils étoient incapables de changement. Or fi le Gypfe a des élémens inaltérables , il n'eft pas le feul qui en ait, ou plûtôt tous les corps en ont. Nous voyons d’ailleurs bien fenfiblement que l’eau , les fels , les foufres , &c. ont beau changer de forme, fe déouifer , fe mafquer , ils redeviennent toujours ce qu'ils étoient. Il eft donc fort apparent , & c’eft la penfée de plu- fieurs Philofophes , qu’il y a des Corps primordiaux immua- bies, dont les différens aflemblages forment tous les Mix- tes. La quantité de mouvement qui eft dans l'Univers aura été tellement proportionnée à leur folidité , ou à leur force de confiftence, qu'ils feront invincibles à tous les chocs, &c à toutes les attaques du dehors, & cette jufeffe de propot- tion n'auroit-elle pas feule demandé une Intelligence ? SUR EL OENS AGIT ES S> PLE:S. Uranr que les Abeilles fe font attiré de faveur de [a part des Hommes, & pour ainfi dire, de confidération & d’eflime, autant les Guelpes s’en font-elles attiré de mé- pris & d'averfion. L'ouvrage qu’elles font nous eft abfolu- ment inutile , & elles (ont ennemies des Abeilles que nous aimons. Mais comme ce ne font pas nos utilités ou nos goûts qui doivent régler les rangs dans l'Univers, les . Guefpes & les Abeilles font affez égales aux yeux des Phi- lofophes , quien cela, s’il n’eft pas trop hardi de le penfer, imitent un peu les yeux du Créareur. Après l'étude que M. Maraldi a faite des Abeïlles, & dont nous avons rendu compte en 1712 *, M. de Reaumur en a fait autant furles Guefpes ; autre Nation moins connue , d’ailleurs moins polie & plus groffiére , & qui eft à peu près à l’égard des Abeilles ce qu'étoientles Sparriates à l'égard des Atheniens. Nous allons voir les différences & les conformirés des deux Souvernemens , en fuppofant celui des Abeilles connu. pat l'Hiftoire de 1712. B ii V. les M. P. 23% #V. PH. de 1712.p.ç. © Juiv. 14 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Toutesles Guefpes , ainfique les Abeilles, conftruifent un Edifice qui confifle en rayons à Cellules exagônes , on l'appelle Guefpier. M. de Reaumur diflingue trois efpéces de Guefpes par rapport aux différens lieux où elles le pla- cent. Les unes le bâtiflent à découvert fur des branches d'arbres ; les autres dans des troncs, ou dans des greniers peu fréquentés ; les derniéres fous terre. Celles de la fecon- de efpécefont les Frélons, elles fontles plus groffes de tou- tes ; celles de la troifiéme font les plus communes en ce pays-ci, & quoique la fituation de leur Guefpier les rende lus difficiles à obferver , du moins quant à l’intérieur de leur érat , c’eft fur elles cependant que M. de Reaumur a fait fes principales obfervations. Il a eu l’adreffe , & même le courage ( car cela ne s’eft pas fait fans quelque péril ) de découvrir des Guefpiers dans leur trou, & de les tranf- porter dans des Ruches vitrées , où ils fuffent expofés aux yeux comme les travaux des Abeilles. Un Guefpier eft ordinairement rond ou à peu près, de 13 à 14 pouces de diamétre; la matiére dont il eft fait reffemble plus à du papier fin qu’à toute autre chofe. On voit d’abord une enveloppe affez épaifle , qui eft de plu- fieurs feuilles de ce papier mifes les unes fur les autres. Il ne faut pourtant pas concevoir que chacune de ces feuilles foit d’une piéce, ni fafle un feul plan; chacune eft de plufieurs iéces qui font en forme de coquille d’'Huitre, & qui ont La convexité en dehors; ces efpéces de coquilles font comme collées les unes aux autres par leurs bords d’une maniére affez fenfible , & là elles font affez aifées à féparer. Plufieurs feuilles ou plufieurs couchesainfi formées laiffent nécefairement entre elles de grands vuides , de forte que dans l'enveloppe totale qu’elles compofent, quoiqu'aflez épaifle , il entre peu de matiére. L’efpace compris dans la furface la plus interieure de cette enveloppe eft coupé par quinze plans tout au plus, pofés horizontalement les uns au-deflus des autres, & par conféquent tels à caufe de la fi- gure fphérique du Guefpier , que le premier & le dernier DES SCIENCES. 15 font les plus petits de tous, & celui du milieu le plus grand, Ils laiflent entre eux des intervalles d’un demi-pouce, ils font attachés par leurs bords'à la furface intérieure de l’en- veloppe, & de plus fufpendus les ups aux autres par des li- gamens difpofés d’efpace en efpace ; ils font précifément de la même matiére que l'enveloppe commune, & portent tous fur leur furface inférieure des cellules exagônes , encore de la même matiére. Ce font là les Rayons ou Gâteaux des Guefpes. Les cellules ne font deflinées qu’à recevoir leurs œufs, on n’y voit nulles provifions comme dans celles des Abeilles. L'enveloppe commune du Guefpier eft percée de deux trous éloignés l'un de l'autre , dont l’un ne fert qu'à Pentrée des Guefpes, & l’autre qu’à leur fortie. Il eft rare que quelque Guefpe imprudente ou plus hardie change l'ufage de lune ou de l’autre de ces deux portes. Comme les Guefpes périffent prefque toutes pendant Phiver , fuppofons qu'au commencement d’un Printems il n’en refle que 10 ou 12 dans un Guefpier, ou même, fi l'on veut , une feule , car il eft poflible qu’une feule fuf- fife pour rétablir la Nation. Cette Guefpe abandonnera d'abord l’ancien Guefpier où elle a vécu jufque-là , & en- treprendra d’en conftruire un autre, ou plürôt en jettera les fondemens. Pour cela elle ira à la campagne ramafler de quoi faire fon papier, ce font de très-petites parcelles de bois, comme desfciüres, elle les prend für certains bois, tels que des échalats de Vignes, des contrevents de fené- tres , &c. dont la furface ayant été plulieurs fois humeëtée de la pluie, en eft devenue plus molle , elle en détache le plus qu’elle peut de filamens en les rongeant. Ces filamens fe collent enfemble ou par leur vifcofité naturelle , ou par Paddition de quelque liqueur gluante fortie de la Guefpe; ils compofent alors une efpéce de pâre qui s'étend & fe file aifément , comme celle dont fe forme le papier. De ces matériaux la Guefpe bâtit le premier petit Dôme du Guefpier fphérique , qû’elle a collé par dehors à quelque endroit folide, & elle n'oublie pas d'y attacher en dedans . 16 Histoire DE L'ACADEMIE RoyaLe les ligamens qui doivent tenir fufpendu le premier gâteau horizontal. Elle procéde de même à la confiruétion du fe- cond gâreau , & fait en même*tems la portion d’enveloppe commune qui doit y répondre. Dans chaque gâreau elle éleve de la mêmematiére les murs des cellules exagônes,de forte cependant que celles qui font précifément aux bords du gâteau ne font pas exagones, mais font feulement à trois pans vers le centre du gâteau où elles font touchées par d'autres cellules, & elles font demi-circulaires de l’au- tre côté , qui eft le. bord du gâteau. Comme les cellules du centre font les premieresbâties , chacune a été dans le tems de fa conftru&tion une cellule du bord, & par conféquent a paflé par être une cellule à trois pans d’un côté, & demi- circulaire de l’autre. Dès qu'il y a un petit nombre de cellules faites , la Guef- pe fuppofée unique va pondre un œuf dans chacune. Elle a été fécondée au mois d'Oétobre précédent , & pendant tout l'hiver qu’elle a paflé fans manger, le principe de cette fécondation eft demeuré aufli fans action, & a attendu le Printems pour mettre les œufs en état & dans la néceflité de fortir. L'œuf éclos eft d’abordun Ver, enfuiteune Mou- che, à la maniére des Abeilles, & de mille autres Infeétes. Nous laiffons à M. de Reaumur tout le détail de l'Hiftoire de l'œuf & de fes métamorphofes. La Guefpe a dû nour- rir les petits Vers fes enfans, elle leur apporte ou des fucs qu’elle a pris fur des Plantes , & qu'elle dégorge dans fon: nid, ou des ventres d’Infeétes , ou même des morceaux de viande, dérobés dans des Boucheries , & quelquefois prefque aufli gros qu'elle. Comme en général les vers qui fe métamorphofent & prennent des ailes, ont toute leur grandeur & toute leur force dès qu'ils font ailés, les Guefpes nouvellement nées aident leur mere à continuer la confiruétion du Guefpier qui n’eft encore guere avancé, & à mefure qu'ilavance, ce qui va plus vite, parce qu'il y a plus d'ouvriers , la mere pond de nouveaux œufs dans les nouvelles cellules , & les jeunes DES SCIENCES. 17 jeunes Guefpes lui aident aufi à nourrir leurs freres ou leurs fœurs. Selon cet ordre toujours continué, le Guefpier s’acheve , & fe remplit d’habitans. Cela fuppofe une extrême fécondité dans une feule Guefpe, car tout eft venu d'elle, & il y a au moins dans un Guefpier 10000 cellules, dont chacune a reçü un œuf, Bien plus , chacune en reçoit fucceflivement 2 ou 3 dans un Eté, & à ce compte une Mouche en auroit produit 25 ou 30 mille. Mais nous avons déja vu que la fécon- dité du Roi des Abeilles peut aller jufque-là ; il eft nécef- faire que dans une efpéce qui-périt prefque entiérement en Hiver, & ef très-nombreufe en Eté, les individus quila téparent ayent été prodigieufement féconds; certains Poif- fons nous donnent l’idée d’une fécondité encore plus gran- de ; enfin il n’appartient pas à notre imagination , & à nos courtes expériences, de prefcrire des bornes à rien. Il y a dans une Ruche d’Abeilles, comme nous l'avons vu en 1712, trois fortes de Mouches. Les Abeilles pro= prement dites, qui font toutes ftériles, ni mâles, ni femelles ; le Roi qui fait lui feul une efpéce , & ef le feul qui ponde des œufs , il eft par conféquent femelle , & mériteroir mieux le nom de Reine; les Bourdons quifont tous mâles, & les mâles de la Reine feule, elle reffemble à quelques Reines d'Orient & d'Afrique qu’on dit qui ont des Serrails d'Hom- mes. M. de Reaumur a démêlé parmi les Guefpes ces trois mêmes efpéces. Il appelle Mulets celles quinefontnimäles ni femelles , & par conféquent fiériles , elles méritent en- core ce nom par être les plus fortes , & les plus laborieufes de toutes. Il n’y a pas pour une femelle, ou tout au plus deux ou trois comme chez les Abeilles, il s’en trouve quel- ques centaines. Il en va de même des mâles , & le nombre des Mulets eft fans comparaifon ie plus grand. Ils font d’ailleurs les plus petits entre les trois efpéces , enfuire font - les mâles, enfin les femelles. Elles ont un gros ventre pe- fant, ce qui convient à la prodigieufe quantité d'œufs dont elles funt chargées. Les mâles qui figurent avec les Hifl, 1719. C 48 HisToiRe DE L'ACADEMIE ROYALE Bourdons des Abeilles ont aufli cela de commun aveceux de n'avoir point d'éguillon, les Mulers & les Femelles en font pourvüs. F Les fonétions font affez bien diftribuées dans cette Ré- ublique, & à peu-près comme dans celle des Abeilles. fi Mulets, qui à caufe de leur ftérilité font inutiles pour l'avenir, portent dans le tems préfent les plus rudes char- ges ; ils vont chercher les matériaux de l'édifice , ils le conftruifent, ils vont à la chafle & à la provifion tant pour eux que pour toutes les autres Mouches demeurées au Guefpier , & même pour les petits. Les femelles ne bä- tiffent guere , fi ce n'eft au commencement du Printems, où le nombre des ouvriers étant encore fort petit, il faut que tout le monde mette la main à l’œuvre. Du refte, le foin de leurs petits les occupe uniquement. Les mäles ont un loilir avec dignité, & cetre dignité eft d’être males, les propagateurs de l’efpéce, les garants de fa perpétuité, Une chofe finguliere , & que M. de Reaumur a décou- verte , c'eft que quand la Guefpe unique que nous avons fuppofée au commencement, ou plulieurs , qui auront fur- vêcu au refte de la nation éteinte par la rigueur de l'Hiver, fe mettront au retour du Printems à la rétablir par la onie de leurs œufs , elles ne pondront d’abord , & affez - Ms » que des œufs d’où doivent éclorre des Mulets, & pendant le même-tems ni elles, ni les jeunes Guefpes, compagnes de leur travail , ne bätiront que des cellules à loger des œufs de Mulet; car les Mulets étant beaucoup pus peurs, & pareillement les œufs d'où ils fortent, il ne eur faut que de plus petites cellules. Après cela on bâtit de plus grandes cellules , & il vient pour les remplir de plus gros œufs , qui font ceux des mâles & des femelles. Quoique les mâles & Jes femelles différent en grandeur ;, les œufs qui les produifent n’y different pas affez pour mé- riter des cellules inégales. Il paroit que dans la régénéra- tion de l’efpéce les Mulets font produits les premiers,parce qu'ils font les plus grands travailleurs , & les plus nécellaires DES SCIENCES 19 à l'Etat naïffant. Il faut donc que dans l’Ovaire d’une Guef- pe femelle la Nature air arrangé les œufs exaétement felon un certain ordre, ou qu'elle ait difpofé leur fécondation à ne procéder que felon cet ordre. Voilà bien du foin. L'’accouplement des mâles & des femelles eft vifible , & M. de Reaumur en rend un compte aflez exaët. Il fe fait au mois d'Oftobre comme celui de toutes les autres Mou- ches. Comme il y a dans un Guefpier deux ou trois cens Guefpes mâles, & autant de femelles, il feroit difhcile qu'un fi grand peuple cachät aufli-bien fes amours que fait ‘a Reine des Abeilles , qui eft feule , ou a peu de compa- gnes , fans compter.que les Guefpes n’ont peut-être pas na- turellement tant de pudeur. Quoi qu'il en foit, les Guef- pes ont trahi la miftérieufe Reine des Abeilles , car M. de Reaumur après avoir vu l’accouplement des mâles & des femelles Guefpes, ne doute point qu'il n’y en ait un pareil des Bourdons & de cette Reine. Nous avons vu dans l'Hifoire des Abeïlles qu’au com- mencement des froids ou de l’hiver,elles déclarentla guerre aux Bourdons , les tuent ou les chaffent, & détruifent mê- me tous les œufs quiferoient devenus Bourdons. Les Guef- pes font encore pis dans le même-tems. Elles détruifent tous les œufs & tous les petits fans exception. Les Mulets & les mâles y trawaillent avec fureur, il n’y a que les fe- melles ou les meres que M de Reaumur n’a pas bien con- vaincues de cette barbarie. Peut-être, après-tout, n’eft-ce qu'une barbarie apparente , les Guefpes ne font point de provifions pour l'Hiver, & elles épargnent à leurs petits beaucoup de langueur & de fouffrance. Elles s’y réfolvent pour elles-mêmes. Ellesne mangent point du tout pendant l'Hiver, même quoiqu’on les en follicite en leur préfentant tout ce qu’elles aiment le mieux. Tous les Mulets & tous les mâles meurent, il n’échape que quelques femelles, peut-être une feule de tout un Guefpier. Elles avoient été fécondées au mois d'Oûtobre précédent, & c’eft-là la reflource de la nation, qui au Ci 20 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE commencement du Printems fe réparera comme nous avons dit. Quelle eft la diverfité qui regne entre les différentes efpéces d’Animaux à l’égard de la génération ! Il y a des efpéces où tout eft mâle ou femelle , d’autres où tout eft mâle & femelle en même tems, d’autres où il n'y a pref- que ni mâles ni femelles, & où rout ef fans fexe , à l’ex- ception d'un petit nombre d’'Individus. Il femble que la Nature ait pris plailir à fuivre les regles des combinaifons; & plus on comparera enfemble fes différens ouvrages , lus on trouvera que ce génie de combinaifon y domine. ETES en fuivant cette idée devineroit-on quelquefois affez heureufement. —_—_—— DIVERSES OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GENERALE. \# De Reffons a fait voir à la Compagnie l'expérience e fuivante. Il a chargé un füufil d’une balle forcée fans aucune Poudre , & l'a attaché à un poteau, parce qu’il feroit dangereux qu'un homme l’appuyär contre fon épaule. Il a enfuite mis de la poudre dans un piftolet fans bourre , êt ayant adapté la bouche du pifiolet à la lumiere du fu- fil, de forte que les deux canons du piftolet & du fufil fai- foient un angle droit, il a tiré. La poudre du piftolet en- flamée qui entroit par la lumiere du fulil , en a fait fortir la balle avec tant de violence , qu'elle pouvoit percer une porte à 15 pas, ce qui excéde la force du piftolet. Il pa- roit par-là, & par un plus grand bruit du coup, que la force eft augmentée , du moins n’eft-elle ceftainement pas diminuée, & il femble qu’elle le devroit être, puifque Vetfort de la poudre, qui ne peut jamais être plus grand que quand il fuir une ligne droite, a été rompu par l'angle CT ES * DES-SCIENCES. 21 droit 2 avec le fufl. Cependant ce détour & cette brifére ne l'affoiblit point , la poudre enflamée agit comme un liquide, comme l’eau , qui, quoiqu’elle ait été conduite par des tuyaux que l’on a difpofés felon différens angles , fait toujours un jet de la même impétuofité, Pout bien réuflir dans cette expérience, il faut choifir un full qui ait la lumiere grande, & un piftolet qui ait le calibre petit , il faut aufli démonter la platine du fufil , non feulement parce-qu’elle feroit inutile, mais parce que la bouche du piftolet s’en appliquera mieux à la lumiere du full. II. Il y eut en baffle Bretagne Ia nuit du r4au 1$ Avril 1718 un l'onnerre extraordinaire, dont M. Deflandes , qui étoit alors à Breft , a donné lhiftoire à l'Académie. Il fut précédé par des orages & des pluyes qui avoient duré prefque fans interruption pendant plufieurs jours ; enfin vint cette nuit du 14 au 15 qui fe pafla prefque toute en éclairs très-vifs , très-fréquens , & prefque fans intervalles. Des Matelots qui étoient partis de‘Landerneau dans une petite barque, éblouis par ces feux continuels , & ne pou- vant plus gouverner, fe laiflerent aller au hazard für un endroit de la Côte , qui par bonheur fe trouva faine. A quatre heures du matin il fittrois coups de Tonnerre fi hor- ribles , que les plus hardis frémirent. Environ à cette même heure, & dans l’efpace de Côte qui s'étend depuis Landerneau jufqu'à S. Paul de Leon , le tonnerre tomba fur 24 Eglifes , & précifément fur des Egli- fes où l’on fonnoit pour l'écarter. Des Eglifes voilines où Von ne fonnoit point furent épargnées. Le peuple s’en pre noit à ce que ce jour-là étoit celui du Vendredi Saint où il n’eft pas permis de fonner. M. Deflandes en conclut que les cloches qui peuvent écarter un Tonnerre éloigné ; fa» cilitent la chute de celui qui eft proche, & à peu-près ver- ticai, parce que l’ébranlement qu'elles communiquent à Fair difpofe la nue à s'ouvrir. Ci 22 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Il eut la curiofité d’aller à Gouefnon, Village à une licue & demie de Bref, dont l'Eglife avoir été entiérement détruite par ce même Tonnerre. On avoit vû trois globes de feu de 3 pieds & demi de diamétre chacun, qui s'étant réunis avoient pris leur route vers l'Eglife d’un cours très- rapide. Ce gros tourbillon de flamme la perça à 2 pieds au- deffus du rez de chauflée, fans caffer les vitres d’une grande fenêtre peu éloignée, tua dans l’inflant deux perfonnes de quatre qui fonnoient, & fit fauter les murailles & le toit de l'Eglife comme auroit fait une mine, deforte que les pierres étoient femées confufément à l’entour , quelques- unes lancées à 26 toifes, d’autres enfoncées en terre de plus de deux pieds. Des deux hommes qui fonnoient dans ce moment-là, & qui ne furent pas tués fur le champ , il en reftoit un que M. Deflandes vit. Il avoit encore l'air tout égaré, & ne pouvoit parler fans frémir de tout fon corps. On l’avoit retiré plus de 4 heures après enfeveli fous les ruines , & fans connoiffance. M. Deflandes n’en puttirerautre chofe finon qu'il avoit vü tout d'un coup l'Eglife toute en feu, & qu’elle tomba en même-tems. Son compagnon de fortune avoit furvêcu 7 jours à l'accident , fans avoir aucune con- tufion , & fans fe plaindre d'aucun mal que d’une foif ar- dente, qu'il ne pouvoit éteindre. III Un Gentilhomme , Confeiller de la Ville de Laufanne, donnoit fes ordres à un de fes valets pour arranger tout dans un prefloir où l’on alloit porter le raifin, lorfqu’il perdit tour-à-coup la parole & la connoiffance. On le crut tombé en apopléxie , & on lui fit les remedes ordinai- res en pareil cas. ls furent tous inutiles. Le malade de- meura profondément affoupi pendant quelques femaines. Il ne lailoit pas d'ouvrir les yeux de tems-en-tems , il fembloit même regarder , mais on ne pouvoit s'aflurer à aucune marque qu'il vit effeétivement, ni qu'il eût de la connoiffance. On lui faifoit avaler quelques bouillons. T out DES SCIENCES. 23 d’un coup l’affoupiffement fut accompagné d'inquiétude, Le malade s’agitoit , il vouloit fe lever , mais toujours fans connoiffance. Enfuite vinrent des convulfons, qui fe ter- minerent par une affez grande quantité de pus forti de la bouche & desnarines. La Létargie n’en devint que plus profonde. L’art des Medecins étant à bout, un Empirique qui lui appliqua force ventoufes fur la tête, eut l'honneur de la cure. Elle fut fubite , la parole & la connoiffance re- vinrent en un inftant au bout de fix mois. Par hazard le même Valer qui avoit reçu les ordres fur le preffoir éroit dans cet inftant auprès de fon Maître, qui lui en demanda compte , comme s’il n’y avoit pas eu fix mois d'intervalle, Sa connoiffance reprit au même point où elle avoit ceffé. Il a vécu dix ans depuis cet accident en aufli bonne fanté que jamais , & eft mort d’une fiévre ordinaire. L'Académie doit cette Relation à M. de Crouzas, fameux Profeffeur en Mathématique à Laufanne. I V. Le 6 Avril il tomba dans la Mer Atlantique à 4s de- grés de latitude Septentrionale, & 322° 45’ de longi- tude , une pluye de fable qui dura depuis 10 heures du foir jufqu’au lendemain à une heure après midi. Elle fut récédée par une lumiere femblable à celle qui fut vûe a Paris le 30 Mars * , mais de moindre durée. Les vents éroient alors à l'Eft-Sud-Eft. Le Capitaine du Vaifleau , & tous ceux qui y étoient, ont attefté ce fait au P. Feüillée, à qui ils ont donné de cette pluye, qu'il avoit été facile de garder. Il en a fait voir un petit paquet à l'Académie. C’eft du fable commun, & fort fin. La terre la plus pro- che du lieu qui a été déterminé eft l’Ifle Royale, qui en eft à 8 ou 9 lieues, La pluye de fable aura donc fait au moins ce chemin-là dans l'air. V. L’Académie Royale des Belles-Lettres, Sciences & Arts de Bordeaux a envoyé à Monfeigneur le Regent, qui a eu la bonté d’en faire part à l'Académie , des offemens trous *V. ci-deflus, p. 1. & fuiv. #V. les Hit. de 1703. pag. A2: de 1706.p. 9. de 1708.p.34. de1710.p.19. de 1718. p. 3. * V.l'Hif. de 1715.p. 1. & füiv. 24 Histoire DE L'AcADEM1IE Royaze vés dansune Roche, avec un Memoire dont nous ne don: nerons qu'un extrait. Dans la Paroiffe de Haux, pays d’en- tre deux Mers , à demi-lieue du Port de Langoiran , une pointe de Rocher haute de 11 pieds fe détacha d'un cô- teau , qui avoit auparavant près de 30 pieds de hauteur , & par fa chute elle répandit dans le vallon une grande quan- tité d’offemens, ou de fragmens d’offemens d Animaux, quélques-uns pétrifiés. Il eft indubitable qu'ils en font, mais il eft très-dificile de déterminer à quels Animaux ils appar- tiennent. Le plus grand nombre font des dents, quelques- unes peut-être de Bœuf, ou de Cheval, mais la plüpart trop grandes ou trop groffes pour en être , fans compter la différence de figure 1l y a des os de cuiffes ou de jam- bes, & même un fragment de bois de Cerfou d'Elan. Le tout étoit enveloppé de terre commune , & enfermé entre deux dits de Roche. Il faut néceflairement concevoir que des Cadavres d’Animaux ayant été jertés dans une Roche creufe , & leurs chairs s'étant pourries, il s’eft formé par deflus cet amas une Roche de 11 pieds de haut, ce qui a demandé une longue fuite de fiécles. S'il n’y avoit dans cet amas que des offemens d’Ani- maux marins, nous avons des inondations d’ailleurs bien avérées*, qui expliqueroient aifément ce fair. S'il n’y a que des offemens d'Animaux terreftres, ce lieu aura été peut- être quelque voirie. S'il y aun mélange d’offemens ma- rins & de terreitres, l'explication fera plus difficile. Mr. de l’Académie de Bordeaux , qui ont examiné toute cette matiere en habiles Phyficiens ; ont voulu éprouver fur ces offemens ce que M. de Reaumur avoit dit de l’origine des Türquoiles*. Ils ont trouvé qu’en efferun grand nom- bre de fragmens mis à un feu très-vif font devenus d'un beau bleu de Turquoife , que quelques petites parties en ont pris la confifience, & que taillées par un Lapidaire, elles en ont eu Ig poli. Hs ont poullé la curiolité plus loin , ils ont fait l'expérience fur des os récents, qui n'ont fait que noircir, horfmis peut-être quelques petits morceaux qui tiro1ent Dis SictE N CES: 25 titoient fur le bleu. De-là ils concluent avec beaucoup d'apparence , que les os pour devenir T'urquoifes ont be- foin d’un très-long féjour dans la terre, & que la même matiére qui fait le noir dans les os récens fait le bleu dans ceux qui ont été long - tems enterrés , parce qu’elle y a acquis lentement & par degrés une certaine maturité. Il ne faut pas oublier que des os qui appartenoient vifiblement à différens animaux, ont également bien réufli à devenir Turquoifes. N Ous renvoyons entiérement aux Mémoires J Le Journal des Obfervations de M. de la Hirepen- V.les M. dant l’année 1718. EAU Et lEcrit de M. de Juflieu fur la Mine d'Almaden en V: les M Efpagne. Pe 342: 26 HiIsTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE ANATOMIE SUR: LE'S"INi OT" S. N croit communément que ceux qui meurent noyés, meurent de la quantité d’eau qu’ils ont avalée , & qui ayant rempli l'Eftomac, les Inteftins , & même le Poumon, a Ôté à ces parties le mouvement néceffaire. Cependant Beckerus dans un Livre intitulé: De fubmer[orum morte, fine pota aqua, aflure qu'ayant ouvert deux Hommes & un Chien noyés , il ne leur avoit point trouvé d’eau dans ces vifceres. ; Ce paradoxe méritoit d'être approfondi, & c’eft ce qu'a fait M. Littre, qui a eu occalon de vifiter beaucoup de cadavres d'hommes noyés. Il a obfervé qu'ils avoient de lécume autour du nés & de la bouche, le ventre enflé, affez d’eau dans l’eflomac, moins dans les inteflins, peu dans le poumon , & une eau écumeufe , la Glotte toute ouverte, & l'Epiglotte relevée. 11 femble que ces deux derniéres circonftances contredifent le peu d’eau du poumon ; car pour y faire entrer une liqueur; que faut-il, finon que l’Epi- glotte qui en s’abbaiflant ferme abfolument lentrée de la Trachée Artere, ou la Glotte, fe releve & laifle la Glotte ouverte ? Mais on va voir comment cela s'accorde, aufli- bien que les obfervations de Beckerus, & celles de M. Littre. La principale force qui fait le mouvement par lequei on avale eft celle d’un mufcle nommé Oefophagien ; parce qu'il ef fitué à l'entrée de l'Oefophage, qu’on appelle le Pharinx. Ce mufcle , en fe contraétant fucceflivement de haut en bas , poule en ce fens ce qui eft contenu dans le DES SCIENCES. "27 -Pharinx, & le fait entrer dans l’'Oefophage. Ce n’eft qu’a- lors que lOefophage eft véritablement un conduit, il s’ou- vre & fe dilate par le mouvement de ce qui y pañle. En même-tems la langue aide à l’a@tion d’avaler en fe re- courbant en enhaut, & fe portant en arriére. De-là il fuit que la langue par fa racine preffe l'Epiglotte , la fait abbaif- fer, & lui fait fermer le Larinx ou la Glotte, & par cette méchanique rien de ce qu’on avale ne peut entrer dans la Trachée, où il ne doit entrer que de l’air. M. Littrea donné une defcription plus particuliére & plus fçavante de tout le jeu & de la liaifon de ces mouvemens. Mais il fuf fira d’en prendre cette idée générale. Quand un homme eft fubmergé dans l’eau, il y a bien -de l'apparence que par un mouvement naturel il ferme auf fi-tôt la bouche, de peur d’avaler de l’eau qu'il doit crain- dre, mais il ne peut empêcher qu'il ne lui en entre par le nés dans le gofier. Cette eau abondante qui féjourne là fans difcontinuation, fait deux effets. 1°. Elle amollit & abreuve le mufcle Oefophagien au point que fes fibres trop relâchées ne peuvent plus fe contraéter comme il feroit néceffaire pour le mouvement d’avaler , fans compter que l'homme n’en a nulle envie. 2°. Comme elle eft toute prête à être avalée , elle ne laïfle pas d'irriter les mufcles de la langue dont lation accompagne le mouvement d’a- valer , & de les irriter de la même maniére que fi on ava- loit ; & par-là la langue abaïffe l’'Epiglotte , & lui fait fer- mer la Glotte, de forte que rien n’entre dans le poumon. Cette irritation continuelle caufée par l’eau eft fi doulou- reufe & fi infupportable , qu'il eft difficile que pour s’en délivrer on n’avale un peu d’eau de tems en tems. Il left pareillement que les mufcles qui tiennent la langue recour- bée & renverfée comme quand on avale , ne fe relâchent à la fin aufi-bien que l'Oefophagien, que par conféquent l'Epiglotte ne fe releve un peu , & quil n'entre dans le Poumon une quantité d’eau proportionnée. On voitpar-là que les deux noyés de Beckerus n'ont D j 28 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE rien de contraire à ceux de M. Littre, mais feulement qu'ils font dans un cas plusrare. L’Epiglotte relevée dans tous ceux de M. Littre paroît un phénoméne oppofé à tout ce qui vient d’être dit; car il devroit donc être entré beaucoup d’eau dans le poumon, & autant qu'il y en auroit pù tenir: mais M. Lire croit que tant que le Noyé a été dans l’eau, l'Epiglotte a été abaiflée ; qu’elle ne seft relevée par fon reflort que quand on l'a retiré, & qu'il a eu vuidé de l’eau par la bouche. En effet, M. Littre aflure qu'ayant abaïflé l'Epiglotte à plu- fieurs Noyés, elle s’étoit relevée dès qu'il avoit ceflé de la. contraindre. Il ne croit pas que Peau qui eft entrée, foit dans l’efto- mac, foit dans le poumon, caufe la mort; elle y eften trop pre quantité,fur tout dans lepoulmon. Les Pulmoniques, es Afihmatiques , les Hidropiques ont le poumon bien autrement embaraflé , & ne laiffent pas de vivre. Cette fauffe caufe de mort étant retranchée, il ne faut pas cher- cher la vraie bien loin. On ne refpire plus l'air. Beckerus a cru que l'air fe raréfioit exceflivement dans le poumon des Noyés, c’eft ce que M. Littre n’a trouvé par aucune de fes expériences. Seulement l'écume qui envi- ronne le peu d’eau contenue dansle poumon , doit venir de quelque petite raréfa@tion de l’air enfermé dans cette eau. Il réfulte de tout ce qui a été établi, qu'il n’y a qu'un homme vivant, qui étant fubmergé dans l’eau en puifle avaler. Un mort qu'on jetteroit à l’eau n’en avaleroit pas une goutte ; fon Oefophage eft abfolument fermé ; & fon Epiglotte abaiflée. Peut-être eft-ce là pourquoi les Noyés de Beckerus, qui à ce compte n'auroient pas été de véri- tables Noyés, n’avoient abfolument point d’eau dans Pef- tomac, ni dans le poumon ; mais toujours, ce qui eft plus. important, eft-ce là un figne qui aide à reconnoitre fi des corps qu'on a retirés de l’eau y ont été jettés morts où vivans. M. Littre a noyé plufieurs Chiens & plufieurs Chats » DES SCIENCES 23 pour obferver für un plus grand nombre de fujets les cir- -conftances de ce genre de mort. Elles font à peu près les mêmes que dans l'Homme, horfmis que ces Animaux avalent beaucoup moins d’eau , & quelquefois point du tout. Peut-être, felon la conjeture de M. Littre > ont-ils le mufcle Oefophagien plus fort, & moins fujet à céder aux irritations de l'eau, Leur Epiglotte relevée quand on les a retirés de l’eau après leur mort, & leur poumon qui eft cependant fans eau, confirment affez ce qui a été dit fur ce phénoméne dans l'Homme. EE SUR. Le À REPARATION. de quelques parties du Corps humain mutilées. L s'en faut bien que les Animaux n’ayent dans Jeurs Ï pertes les mêmes reffources que les végétaux. Un arbre à qui on a coupé une branche en repoufle une autre ; on peut même lui donner une branche étrangere qu'il adopte- ra, & qu'il nourrira comme s’il l'avoit produite. Mais les parties que les Animaux perdent, ils les perdent pour ja- mais, & ils n’en reçoivent point une nouvelle qu'on leur grefferoit. Seulement les jambes des Ecreviffes renaiflent*; mais ce privilege leur eft particulier , & dût-il s'étendre encore à d’autres Animaux, il fera toujours bien rare. » Cependant l’art de la Medecine ou de la Chirurgie a eu l'audace de fonger à réparer certaines parties du Corps hu- main mutilées, telles que le nés, les lévres, ou les oreil- les Les Anciens qui ont entamé prefque tout, & porté leurs idées affez loin , ont eu celle-là > témoin Celfe, Ga- lien, Paul Æginete qui ont parlé de cette pratique. Elle étoit très- cruelle chez eux , & même inutile ; car on ne faifoit que changer par de grands tourmens une difformité En une autre à peu près égale. Par l’hiftoire que M. Reneaume a faite de cette opérations, on la voit renaître dans Tropéa Ville de la Calabre > Où D ii; XV. HiE. de 1712. P, 35. & fuiv. 30 HiasToire DE L'ACADEMIE ROYALE elle fe confervoit par tradition dans la famille des Boiani ; gens adonnés à la Medecine de pere en fils. Il peut paroï- tre étonnant qu’ils pufent pratiquer leur fecret feulement une fois dans chaque génération : car il n’eft pas commun de perdre fon nés ou fes oreilles; quelques malfaiéteurs , à qui cet accident fera arrivé par ordre de la jufice , ou quelques foldats, ne font pas à cela près, & le plus fouvent ils ne doivent avoir ni le courage de foutenir l'opération, ni le moyen d’en faire la dépenfe. Peut-être cependant les mutilations affez communes dans l'Empire Grec ont-elles rendu cetre pratique plus familiere. Taliacotius Medecin Italien de la fin du 1 çme, fiécle qui l'avoit apprife de quel- qu’un des Boiani , eft le premier Moderne qui en ait écrit, ou fi l’on veut , abfolument le premier, puifque de la ma- niere dont les Boiani la pratiquoient , & dont il l'avoitrec- tifiée , elle ne refflembloit plus à celle des Anciens. Pour en prendre une idée générale, il faut fe repréfen- ter un Homme à qui on veut rendre un nés qu'il a perdu. On prendra fur fon corps un morceau de peau de la gran- deur néceffaire , & en tel endroit qu'il puiife paffer de-là à la place du nés. On le prendra donc fur la partie du bras qui fe trouve la plus proche du nés, lorfqu'on a la main ofée fur le fommet de la tête. Il faut par une incifion qu'on fait au bras en détacher ce morceau de peau qu'on aura choif; il eft pris fur le Mufcle Biceps ; on le laïffe tenir encore au bras par deux bouts , par celui d'enbaut, & celui d'embas, deforte que c’eft comme un petit pont fous lequel on peut pañfer. On traite la playe du bras, & on la fait fuppurer , tant afin qu’elle fe cicatrife, qu’afin que la fuppuration épaiffiffe le morceau de peau détaché, & lui donne plus de corps. Quand il eft en état, on détache ce- lui de fes deux bouts qui doit pafler au haut du nés ; on en rafraichit la playe, & en même tems l’ancienne playe du haut du nés mutilé; afin que les chairs de ces deux endroits fe puiffent joindre plus aifément, on pañfe des fils dans ces deux endroits deftinés à fe joindre , & quand ils DES SCIENCES 34 fonttous paflés , on les racourcit tous enfemble en appro- chant le bras du nés autant qu’il eft poflible , & on fait une future qui lie au haut du nés l'extrémité détachée du morceau de peau du bras. L'autre extrémité tient encore au bras , jufqu'à ce que les deux parties qu’on a liées foient parfaitement unies par l'opération de la Nature; alors on: détache du bras cette feconde extrémité , on la façonne avec les mains en forme de nés, on y perce deux narines, &c on la joint par une feconde future’au haut de la lévre fupérieure. Nous fupprimons la defcription des Inftru- mens & des Bandages , tout cela dure au moins 60 jours. Les deux playes qu'il faut faire ne font pas ce qu'il y a de plus douloureux , c'eft l’immobilité parfaite, & que l’on aflure bien par des Bandages , où fe tient pendant 14 jours le Patient qui a la main clouée fur le haut de la tête. Quandil fort de cette pénible fituation il ne peut, & il ne devroit pas même , reprendre d’abord les mouvemens or- dinaires de fon bras, il faut qu'il les rappelle par degrés. Cette opération eft une véritable greffe ou infition pra- tiquée fur un Animal ; la peau du bras à été entée à la place du nés, & des vaiffeaux étrangers les uns aux autres £ font abouchés ou anaftomofés enfemble. Il y a une infi- tion végétale qui pourroit avoir donné l’idée de l'infition: animale des Boiani ou de Taliacotius. On prend une jeune branche de Vigne, & fans la féparer du Sep qui l'a pro- duite, on l’attache à un autre Sep après avoir un peu ôté de l'écorce & du bois de la branche & du Sep étranger, afin que leurs vaiffeaux s’abouchent mieux. Quand cer abouchement eft fait , on détache la branche de fon Sep naturel, qui lui a fourni des fucs jufque-là , & elle n’ap- partient plus qu'au nouveau Sep, & ne reçoit plus de nourriture que de lui. C’eft-là ce que Catona très-propre- ment appellé ab/atfatio , parce que la branche a été févrée: des fucs qu’elle devoit naturellementrecevoir. M. Reneaume rapporte pour exemple d'infition anima le, que quelquefois à la campagne on coupe à un Coq l& * Pag.33. & 34: 32 Hisroire DE L’'AcaDemie Rovare crête & l’un de fes ergots, & qu’on l'ente à la place de la crête où il reprend très-bien. Mr. Verduin & Sabourin ont imaginé chacun de leur côté une nouvelle méthode pour l'amputarion des membres, dont nous avons parléen 1702*, & qui eft encore une efpéce d’infition animale. L'opération de Taliacor eft fi hardie & fi peu croyable, qu'il a été fort à propos que M. Reneaume cirät d'habiles. gens tels que Ficinus & Fabricius Hildanus,qui avoient été témoins du fuccès. D’autres comme Alexander de Bene- ditis, Vefale , Schenckius , Paré, Fallope, Jean - Baptifte Corteñus en ont écrit en l’admettant pour réelle. Sur-tout Gourmelin Doëteur en Medecine de la Faculté de Paris, cite une Lettre, où Calentius invite fon ami Oppianus à venir voir les miracles d'un Sicilien nommé Branca , qui rétablit des nés perdus. C'éroir précifément par l'opération de Taliacot , que ce Sicilien voilin de la Calabre avoit pu apprendre, ou de la tradition des Boiani, ou de Taliacot A même. M. Reneaume bien fondé fur ces témoignages à ne pas croire l’opératiôn chimérique , a fongé à la perfeétionner après T'aliacot, comme Taliacot l'avoitperfeétionnée après les Boiani. Il croit qu'on en peut beaucoup abréger la du- rée & la réduire à 1$ ou 16 jours , en faifant en même- tems les deux différentes playes que Taliacot ne fait qu’à 15 jours l'une de l’autre, Nous ne nous étendrons pas fur cette matiere , l’occalion de pratiquer cette opération ne peut-être que très-rare à l'égard de quelqu'un qui en mé- rite la peine. C’eft affez d'avoir prévenu l’idée de l’impofli- bilité , & peut-être même diflipé d'avance le ridicule qui auroit fuivi la propofition. FRE D SUR DES SCIENCES 35 EEE SUR LA DIGESTION La dû être fort aifé de fe perfuader que la Digeftion des alimens fe fait par des fucs diffolvans que four- niffent les Animaux mêmes; & c'a été un raffinement in- génieux de quelques illuftres Modernes, de n’attribuer la Digeftion qu'à une trituration, ou broyement, ou faffement, qui en frottant à diverfes reprifes long-tems réitérées les parties des alimens les unes contre les autres, les brife & les atténue. M. Helvetius, qui n’entre pas dans ce Syftême, trouve d’abord que ce mouvement de faflement ou de tri- turation devroit être affez confidérable, & qu'il ne peut l'être dans l’eflomac de l'Homme. Pour juger des mouve- mens de ce vifcere, de leur force, & de leur effet ;il en a exactement étudié la ftru@ure , qu'il a trouvée affez diffé- rente de ce qu’elle a paru jufqu'à préfent aux Anatomiftes. Ses obfervations peuvent fe réduire à trois principales, 1°. L'entrée de l'Oefophage dans l’eftomac eft entourée de deux plans de fibres, qui comme deux bandes fe croi- fent l'un & l’autre fous l'Oefophage. Ces bandes mufcu- leufes en fe contraëtant, refferrent cette extrémité du ca- nal qu'elles embraffent, & empêchent qu’elle ne fe dilate trop ou par des alimens avalés avec trop de précipitation, ou par les efforts du vomiffement. | 2°. Le fond de l'eflomac eft tapiffé de plufieurs faif- ceaux de fibres à peu-près circulaires & concentriques , dont le centre commun feroit le milieu de ce fond. Le poids des alimens abaiffe cette partie inférieure de l’efto- mac, & lui donne une figure de poche pleine; mais quand les cercles mufculeux viennent à fe contraéter ils relevent ce fond en l'aplatiffant , & rapprochent les alimens du Pi- lore, par où ils doivent fortir. 3°. Ces cercles mufculeux qui ont rapproché les ali- mens du Pilore , les remettent, pour ainfi dire, à d'autres Hifi. 1719. V. les M P- 336. 34 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE qui les portent jufque-là. Ceux-ci embraffent le Pilore ; mais ils ne l'ont pas pour centre; leur centre eft plus avancé vers le fond de l’eftomac, & la convexité de leur circon- férence regarde ce même fond. En fe contraétant ils s’ap- platiflent comme les premiers, & fe relevent jufqu’à la hauteur du Pilore. Il fuit de-là , & un détail plus ample le prouveroit en- core mieux, que les mouvemens de l’eftomac ne peuvent être que très-lents & très-doux , & par conféquent inca- pables de broyer ou de faffer les alimens. Ilne s’agit que de faire fortir de cette cavité peu-à-peu & goutre-à-goutte. l'efpéce de bouillie en laquelle ils font réduits. C'eft en vue de eette lenteur , que la Nature a élevé beaucoup au- deflus du fond de l'eftomac le Pilore par où ils fortent. Les inteflins, qui font une continuation de l'eftomac, & aufquels on n’a jamais attribué aucune trituration , ont auffi leur mouvement périftaltique ou vermiculaire très- doux, qui chaffe lentement les alimens hors de leur cavité, Pourquoi voudroit-on que les mouvemens de l’eftomac fuffent plûtôt capables d’une trituration ? Ils font pareils à ceux des inteftins par le degré de force , & ont certaine- ment un effet commun à produire ; il y a bien de Pappa- rence qu’ils n’en produifent pas d'autre. Les alimens font convertis dans l’eflomac en un fuc grifätre , qui devient blanc dans le Duodenum , premier inteflin qui les reçoit au fortir de l’eflomac. Ce change- ment de couleur, qui en emporte un dans la fubftance , fe fait dans le Duodenum fans trituration , le premier chan- gement doit s'être fait de même dans l’eftomac. Il eft vrai que le Duodenum reçoit & du Foye, & de læ Veficule du Fiel, & du Pancreas,une grande abondance de liqueurs qui doivent être diffolvantes; & Brunderus, au rapport de M. Helvetius, a obfervé dans ce même Duo- denum une telle quantité de glandes, qu’il peut être re- gardé comme un fecond Pancreas. Mais les alimens, tant qu’ils font dans l’eftomac, ne font pas moins arrofés & pé- DES SCIBNCES. 35 nétrés de liqueurs. Ils le font d’abord de la falive que leur fourniffent les deux glandes parotides par les deux canaux falivaires, qui s'ouvrent dans la bouche à droite & à gauche. La quantité de cette liqueur eft fi grande, qu'un Soldatayant reçü à la joue un coup de fabre qui lui coupa le canal fa- livaire, & ce canal s'étant fermé du côté de l’intérieur de la bouche , de forte qu'il refta long-tems du côté de la joue une efpéce de petite fiftule , cet Homme à chaque fois qu’il mangeoit rendoit par-là affez de falive pour en mouil- ler plufieurs ferviettes pendant un repas affez court. Toutes les parties par où pañlent les alimens font encore femées de glandes; l'eflomac left aufli , quoique de glandes moins vilibles, mais que les Anatomiftes exa@ts ont bien {çû remarquer. Tant de fources de liqueurs ne font pas inutiles , & le changement que caufent celles du Duode- num fans trituration eft un puiflant préjugé pour les au- tres. On entend affez qu'il faut toujours admettre la tritura- tion faite dans la bouche par les dents ; ce n’eft pas celle- là dont il s’agit; elle n’eft qu'une préparation grofliere pa- ‘seille à celle qu’on donne aux matieres Chymiques, quand on les écrafe ou qu’on les coupe avant que de les mettre en diffolution. Pour envifager cette queftion dans une plusgrande éten- due, M. Helvetius a examiné les quatre eftomacs d’un Boœuf, encore pleins d’alimens fraîchement avalés ou ru- minés; car on fçait que les Animaux ruminans ont plu- fieurs eftomacs. Dans le premier qu’on appelle /4 Panfe, il n’y avoit que du foin qui ne différoit en rien du foin ordinaire, fi ce n’eft quil étoit plus humide. Dans le fe- cond qui eft /e Bonnet ou le Réfeau, le foin, qui avoit été ruminé , étoit haché plus menu & plus humeté que celui de la panfe. Dans le troifiéme ou Feuiller, il étoit plus imbibé que dans les deux précédens , & il étoit mêlé d'un peu de liqueur verdâtre. Enfin dans le quatriéme ou Caillerte, ce n'étoit que la liqueur verdâtre épaiffe comme de la purée, mêlée feulement de quelques petits mor- E ÿ 36 HisToiRE DE V'ACADEMIE ROYALE ceaux de foin. Il eft vifible que dans les deux premiers eftomacs il n’y a eu nulle trituration , & que le’ foin n'y eft divifé qu'autant qu'il l'a été par les dents du Bœuf, tant quand il a été mâché pour la premiere fois ;, que quand il a été remâché une feconde, après quoi il eft re- tombé dans le fecond eflomac. Il pourroit plütôt y avois eu une trituration dans le troifiéme , qui eft compofé de plufeurs feuillets membraneux, affez grands, inégaux , perpendiculaires à la furface concave de cer eflomac, fé: parés les uns des autres par d’affez petits intervalles. Peut- être foupçonneroit-on que le foin renfermé dans ces in- tervalles étroiîts y avoit été broyé ou faffé, & changé enli- queur verdatre ; mais M. Helvetius ne juge point que les feuiliets foient propres à cette opération. Ils font trop mous , trop fléxibles , & leurs fibres trop délicates; de plus Ja pofition ou direétion de ces fibres fait voir que leur mou- vement ne peut que tirer doucement les feuillets de haut en bas, & en rapprocher l'extrémité fupérieure du fond de Peftomac où ik fontattachés, or ce n’eft pas- là le mou vement que demanderoir la trituration; il faudroit que le foin füt violemment comprimé entre les feuillets , & tour- menté en divers fens. Comme ces feuillets ont leurs deux furfaces toutes re- vêtues d'éminences glanduleufes, il y a tout lieu de croire que la Nature n’a multiplié les furfaces dans cet eftomac par le moyen des feuillets, que pour y multiplier les glandes, & que par conféquent ces glandes verfent les diflolvans néceffaires pour la Digeftion. Quant au mou- vement des feuillets qui n'eft pas propre au broyement, il l'eft à exprimer la liqueur verdâtre d’entre les feuillets où elle s'eft formée, & à la faire paffer dans le quatriéme eftomac. En un mot, foit que la Digeftion fe faffe par diffolution ou par trituration, il y a toute apparence qu'elle fe fait par degrés dans les quatre eftomacs , de forte que les derniers ne font que perfeétionner ce qui a été commencé par les. DES SCIENCES. 37 premiers. Il ne fe fait certainement dans les premiers au- cune trituration , & il s’y peut faire une diffolution , parce qu'ils font tour tapiflés de glandes; doncil s’y fait un com- mencement de diffolution, qui ne confifte qu'à pénétrer les alimens de liqueur, & cette diffolution s’acheve dans les derniers eftomacs par le moyen de leurs glandes. IL feroit tout-à-fait bizarre qu’à une diffolution commencée fuccé- dât une trituration ; dans des organes difpofés comme ceux où la diffolution auroit été commencée. De tous les Animaux il n’y en a point dont l’efltomac foit plus-favorable au Syfême de la trituration que celui des Oifeaux. Leur gefier a toute la force , & les direétions de fibres néceffaires, & les Oifeaux voraces , qui ne fe donnent pas le loifir de féparer l'écorce dure des grains qu'ils prennent pour nourriture , avalent en même-tems de petites pierres, par le moyen defquelles leur gefieren fe contraétant fortement cafle ces écorces. C'eft-là une vraie trituration ; mais ce n’eft que celle qui dans les autres Ani- maux appartient aux dents : feulement elle eft tranfpofée dans ceux-ci , &t remife à leur eftomac, ce qui n’empêche pas fes liqueurs de diffoudre les grains dépouillés de leur écorce par le broyement ou frottement des petites pierres. Avant cet eftomac il y a encore une efpéce de poche qui doit y verfer une grande quantité de fuc blanchâtre , puif- que même après la mort de Animal .on peut l’en expri- mer en la preffant légerement. M. Helvetius ajoute qu’on trouve quelquefois dans l'Oefophage du Cormoran des Poiffons à demi digérés ; il n°y a pas eu là de trituration. IL paroït que le Syftème de la diffolution , quoique le moins fin & le moins recherché, pourroit bien cependant demeu- set viétorieux; du moins a-t-il jufqu’à préfent la pluralité des fuffrages. AVR Eÿ fu pag: 27. & 1Ve 38 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE DIVERSES OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. Rouhautaenvoyé de Turin,où le Roi de Sardaigne M: lui a fait l'honneur de l’appeller , pour être fon pre- mier Chirurgien, une Relation & un deffein des ongles monftrueux d’une pauvre femme de Piémont. On jugera de leur grandeur par celle du plus grand de tous , qui étoit longlesdu gros doigt du pied gauche. Il avoit depuis fa racine jufqu’à fon extrémité 4 pouces +. On y voyoit que les lames qui compofent l'ongle font placées les unes fur les autres comme les tuiles d’un toit, avec cette différence qu’au lieu que les tuiles de deffous avancent plus que celles de deflus, les lames fupérieures avançoient plus que les inférieures. Ce grand ongle & quelques-autres avoient des inégalités dans leur épaiffeur , & quelquefois des recourbe- mens, qui devoient venir ou de la preflion du foulier, ou de celle de quelques doigts du pied fur d’autres. Ce qui donna occalion à ces ongles de faire du bruit, & d'attirer la curiofité de M. Rouhaut, c’eft que cette femme s'étant cru poflédée , & s'étant fait exorcifer , elle s’'imagina & pu- blia que le Diable s’étoit retiré dans les ongles de fes pieds, & les avoit fait croitre fi exceflivement en moins de rien. LE L'Hidropique dont nous avons parléen 1718 *, d’après M. Morand, étant mort 73 jours après l’extraétion de fon Kifte, intervalle qui prouveroit aflez lui feul que la mort n’avoit pas été caufée par cette extraction, M. Morand ne manqua pas d'examiner foigneufement le cadavre , & d'en rendre compte à l'Académie, foit pour vérifier, foit pour rétraéter fes premieres conjeëtures. Il trouva un refte de Kife , tout pareil en fubftance à la portion qui avoit été DES SCIENCES. 39 tirée de l’Hidropique vivant, attaché par un très-petit cor- don de même fubftance à la tunique extérieure du F oye y long de 1 pied +, large de 9 ou 10 pouces. Il n'éroit pas croyable que ce für une dilatation de cette tunique du Foye : l’extenfion eût été énorme; le poids des eaux con- tenues dans le Kifte tirant toujours cette tunique en embas, Fauroit en partie détachée du Foye, ou auroit enfin altéré fa liaifon étroite avec ce Vifcere, ce qui n’étoit point; la tunique auroit été émincée , & au contraire elle étoit plus épaille , parce que le Foye étoit devenu fquireux Onne pouvait croire non plus, tant à caufe de la grandeur de l’éxténfion que de l'extrême égalité de fineffe dans le tiflu, que ce füt une glande du Foye dilatée. Enfin ce n’étôie pas un Vaïffeau Limphatique, parce que ces Vaiffeaux font en quelque forte coupés , felon leur longueur , par des Valvules très-proches les unes des autres, & une dilatation ne fe pourroit faire qu'entre deux Valvules, ce quine forme- roit qu'une petite Hidatide. Il reftoir donc uniquement ce que M. Morand avoit conjetturé d’abord, que le Kifte s’étoit formé des parties les plus épaifles de Ia férofité épanchée , & les plus propres à s’accrocher. On voit dans le fang avec le Microfcope des parties blanches , longues, filamenteufes , difinétes des rouges qui font rondes, & ce font celles qui font la férofité & la gelée du fang , & qui peuvent faire un tiflu membraneux. M. Morand a vü lui- même en cuifant des eaux d’un Hidropique mort dans la po- che où l'on les avoit trouvées renfermées , que la poche s'étoit toute fondue en férofités parfaitement femblablesaux eaux, & que le tout étoit devenu une gelée aufli folide. - III. Dans un pied d'Orme de la groffeur d'un Homme, trois ou quatre pieds au-deflus de là racine , & précifément au milieu, on a trouvé un Crapaud vivant, de taille mé- diocre, maigre ; qui n’occupoit que fa petite place. Dès que le bois fut fendu , il fortit & s’échapa fort vite. Jamais Orme n’a été plus fain , ni compofé de parties plus ferrées 40 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE & plus liées, & le Crapaud w’avoit pu y entrer par aucun endroit. L’œuf qui l’avoit formé devoit s'être trouvé dans l'Arbre naiffant par quelque accidentbien particulier. L’A- nimal avoit vêcu là fans air, ce qui eft encore furprenant, s’étoit nourri de la fubftance du bois, & n’avoit cru qu’à mefure que l'Arbre croifloit. Le fait eft atteflé par M. Hu- bert, ancien Profeffeur de Philofophie à Caën , qui l'a écrit à M. Varignon. AA M. Geoffroy le cadet a fait voir deux Poiffons qui lui avoient été envoyés de Dieppe, l’un mâle , l’autre femel- le. Il étoit forti de la femelle par une membrane rompue 66 petits vivans. Ce Poiflon avoit aflez la figure d’une Lotte, quoique l’on ne connoiffe que des Lottes de riviere. M. de Juffieu crut que ce pouvoit être le Ga/eus Pifcis de Rondelet. V Le Capitaine du Vaiffeau Amazone revenu du Séné- gal , montra à M. Deflandes un Animal qui avoit été pris par des Chaffeurs dans le Portendic ou Portandy en Bar- barie, & que les Habitans même du pays ne connoifloient pas. M. Deflandes le nomma Cani-apro-lupo-vulpes , à caufe des refflemblances qu’il aaveciles différens Animaux dont les noms compofent ce bifarre nom. Il a près de 2 pieds de haut, & environ 2 pieds + de long. Son poil eft roux, mêlé de taches noires & jaunes , affez femblable à la foye de Sanglier. Cette foye a 3 pouces de long par tout le corps , & près de s fur le dos ; elle fe dreffe quand ileft en colere , & alors il refflemble à un Porc-épic. Sa tête a quelque rapport avec celle d’un Loup ; mais elle eft beaucoup plus large par le haut, & diminue infenfible- ment. Ses yeux font noirs, & d’une vivacité furprenante, fes oreilles fort longues, & toujours droites. Ses jambes de devant font un peu cambrées, beaucoup plus groffes , & plus hautes que celles de derriere, & de la même couleur que les jambes d’un Tigre. A chaque patte il a 4 doigts bien DES SCIENCES. at _ bien féparés , avec des ongles très-courts , & un peu cro- chus. Sa queue eft longue & épaiffe , & reffemble à celle d'un Renard. Il court fort vite, principalement {ur un ter- rain inégal ; car fur un terrairr uni il eft fujet à glifler , tant parce qu’il n'a point de talon, que parce que fes jambes de derriere font fort foibles en comparaifon de celles de devant : il grimpe facilement. Quand il eft échauffé, il ré- pand une odeur de mufc affez forte. Quoiqu'il foit in- quiet, & que le moindre bruit l'alarme , il eft aflez doux, & fe laifle approcher & careffer fans peine. Il crie rare- ment & a un cri très-aigu. Il ne mange que de la viande gâtée & corrompue. On pourroit foupçonner que cet Animal feroit un Monftre , c’eft-à-dire, né d’un Mâle & d'une Femelle de différente efpéce ; on donne volontiers ces fortes de Monftres à l’Afrique , à caufe des rencontres fortuites d'un grand nombre de différentes efpéces d’Ani- maux fur les bords des riviéres qui font rares, & dans un chimat très-chaud qui les excite à fe mêler indifféremment ; mais il ne faut pas abufer de cette idée pour faire des Mon- flres de tout ce qu'on ne connoît pas. Nil M. Deflandes a appris par les Officiers du même Vaif. feau que les Sangliers d'Afrique font aflez différens des nôtres. Ils n’ont point de foye par tout le corps ; leur peau eft liffe , unie , mais extrêmement dure ; ils ont, à la manié- re des Lions, une criniére très-longue & foyeufe, quileur floe fur le col , & s'étend jufqu’à leurs pieds. Leurs dé- fenfes fonrattachées à la machoire fuperieure , au contraire de nos fangliers , & elles fe terminent en une pointe très- acérée. M. Deflandes a vû celles d’un jeune Sanglier, tué par des Chaffeurs. Elles font rondes , exaétement tournées en Spirale , d’un blanc aufi éclatant que l'Yvoire, & de plus d’un pied & demi de long. VII. M. de Juffieu a dit qu'il connoiffoit une jeune Fille de Hif. 1719. EF 42 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE 7 à 8 ans qui a l'anus fermé, & rend les excrémens par la Vulve. VIII M. Lémery a dit contre le fyfême de la Digeftion pas trituration, qu'il y a dans les matiéres végétales beaucoup de Sel fixe , & dans les animales au contraire beaucoup de Sel volatil prefque fans Sel fixe ; qu’on ne peut tirer des végé- tales par la trituration aucun Sel volatil, mais feulement ar la fermentation ; que par conféquent dans les Animaux qui vivent de Plantes, la fermentation a produit le Sel vo- latil dont ils abondent, IX. M. du Verney a fait voir deux Eftomacs humains , dans Pun defquels le Pylore étoit fquirreux & bouché, & lau- tre avoit en dedans de petites éminences , comme des Glandes gonfiées. M Une Fille de 24 ans eft fujette depuis l’âge de 16 ans à une extinétion de voix qui lui prend dans le tems de fes Regles , & lui dure 2 ou 3 jours , pendant lefquels elle ufe fréquemment d’une Tifanne de Chien-dent , & de Coquelicot. Cette boiflon humeëte fa poitrine , qui en a grand befoin , mais fans lui rendre la voix, qui ne revient que quand les Regles font paflées, & paroît revenir d’elle- même. Un coup qui lui caffa le bras däns le tems de fes Regles, & un chagrin vif qu’elle eut en même tems, les arrêterent, & lui cauférent des étouffemens & des vapeurs violentes. Elle en fut guérie par un grand nombre de fai- gnées du bras & du pied, par l'Emétique , & par plufieurs Médecines ; mais l'effet de tous ces remédes fut fuivi d’une extinétion de voix continue. A peine fe faifoit-elle enten- dre , quoiqu’on approchit l'oreille tout près de fa bouche ; pour peu qu’elle parlär, elle en étoit fi fatiguée qu’elle étoit obligée de s'arrêter ; elle fentoit un poids confidérable à la Région de l'Eftomac , & elle ne pouvoit fe donner le moindre mouvement fans perdre prefque la refpiration. DES ScIENCES 43 Elle étoit bien réglée ; mais toutes fes incommodités re- doubloient dans ces tems-là. Du refte elle avoit le vifage bon, de l'appétit , & faifoit bien toutes fes autres fonctions. Cet état dura 3 mois malgrétous les remédes qu'on put imaginer. Enfin M. Lémery. fur l'exemple d’une pareille maladie rapportée en 1700 *, & guérie par feu M. fon Pere avec des Vulnéraires pris en infufon, en ordonna à la malade. Dès qu'elle en eut pris une feule Tafle, fa voix - revint forte & vigoureufe , & telle qu’elle étoit avant la maladie ; plus d'oppreflion ni de difficulté d’agir & de fe mouvoir ; & une circonftance finguliére qui accompagna encore une guérifon fi fubite, c’eft que le poids que cette Fille fe fentoit à l'Eftomac, elle le fentit dans le moment fe précipiter vers le nombril , où il s'arrêta, Comme en- fuite elle changea de lieu , M. Lémery ne l'a plus revue, & n'a pas füivi l'hiftoire plus loin. * Ous renvoyons entiérement aux Mémoires Les Obfervations fur les Mufcles de l'Omoplate par M. Vinflou. L’Ecrit du même fur la Méchanique des Cartilages Sé- milunaires. Xp. 43. fe conde Edit. V. les M. + 48. J V. les M. Pe 157 44 HISTOIRE DE L’ACADEM:E ROYALE SPP PR PERRET É DODCPOCOCODSSOCSESCRCCES à RAR de EEE CHYMIE SUR LE CONCOMBRE SAUVAGE ENT ER EC A TIE R'EURE É Histoire des Purgatifsentreprife par M. Boulduc, & dont on a déja vû un grand nombre de morceaux en différens Volumes, l’a conduit au Concombre fauvage, qui eft un des plus violens Hidragogues ou Purgatifs pour les eaux ou férofités , que nous ayons dans la Médecine. Le Concombre fauvage différe principalement du Con- combre domeftique ou de Jardin par la petitefle de fon fruit, qui n’eft que de la groffeur d’une Olive d'Efpagne , à laquelle d’ailleurs il reffemble aflez par la figure. Quand il eft mûr, il fe détache de fon pédicule au moindre vent, & au fimple toucher , & darde fa graine avec violence aux environs de fon terrain. De-là le Concombre a été appellé Elaterium, qui chafe avec force ; mais ce nom efl demeuré principalement à un Extrait que les Anciens faifoient de {on fruit , & peut-être eft-ce de-là qu'il a paflé dans Hippo- crate à tous les Purgatifs violens. Dans l'intention de rendre plus doux & plus pratiqua- bles les remédes tirés de cetre Plante , M. Boulduc la tra- vaillée de toutes les maniéres que l’Arta püû lui fournir , & qui ont été expliquées plus en détail dans les Volumes pré- cédens à l’occafion de fes autres purgatifs. Il a trouvé dans le cours de fes expériences, que cette Plante n’a prefque pas de principes fulphureux , parce que VEau-de-vie & l’Efprit-de-vin n’agiflent prefque pas fur elle, & que ce qu'ils en tirent ce ne font même que des DES SCIENCES. 4$ Sels , qui ont été diflous & entraînés , non par le foufre de ces Diffolvans, mais par le flegme qu'ils confervent toujours. Le Concombre fauvage n’a donc que des parties falines , en quoi confifte fa vertu ; & comme c’eft un fort Purgatif, il en faut conclure que les Sels font auffi propres à cet effet que les Soufres , auxquels cependant on l’attri- bue plus ordinairement. M. Boulduc s'eft confirmé dans la penfée que les fucs tirés par expreflion ont moins de vertu que les déco@ions ou infufions. Dans la premiére maniére d'opérer on laiffe comme inutile un marc , qui ne l’eft pourtant pas » & qui contient des principes de la plante dont l'union avec les autres feroit néceflaire ou pour les corriger, ou pour les fortifier. Par la feconde maniére on tire tout également, & même quand le Mixte péche en force ou en acreté, les principes unis & liés enfemble que l’on tire, font ce qui s’eft pü détacher le plus aifément , & ce qui a été le plus doux. Après avoir tourné la Plante de tous les fens, & par différentes fortes d’opérations , tantôt la prenant avec toutes fes parties, tantôt n’en prenant que quelques-unes, enfin M. Boulduc eft parvenu à faire de la racine féche par une fimple décotion un Extrait préférable à celui qui feroit fait de toutes les autres parties , & qu'il a reconnu par ex- périence pour un Hidragogue fort doux & puiffant. La dofe en eft depuis 24 jufqu'à 30 grains, joint à quelques grains de Mécüoacan ou de Rhubarbe, & de Sel d'Abfin- the incorporés avec l’Extrair de Geniévre. L’Elaterium , reméde fameux chez les Anciens, fe faifoit avec beaucoup de foin & d'attention, & peut-être avec. trop de myfleres. Ceux d'entre les Anciens qui ont parlé de cette préparation, en ont parlé affez obfcurément, & ne paroïllent pas s’accorder. Il feroit même difficile de prati- quer tout ce qu'ils difent qu'ils pratiquoient. Diofcoride, qui en a parlé avec moins d’obfeurité que les autres., dit qu'il faut aller fur le lieu où font des PARrP fauva- En] 46 Histoire DE L’ACADEMIE ROYALE ges dont les fruits touchent à leur parfaite maturité , les mettre dans l'inftant qu’on les a cueillis fur un T'amis , les y fendre en deux , recevoir dans un Baflin pofé fous le Tamis le fuc qui coulera , en féparer, quand il fera tout ramaflé & repofé la partie claire d'avec l’épaifle & muci- lagineufe, & garder celle-ci, qui étant deffechée , étoit le véritable & le meilleur Elaterium ; car on faïloit aufli quelque ufage du fuc clair & fluide. On étroit averti qu'en cueillant ces fruits , & en faifant la préparation , il falloit, autant qu'il étoit poflible, tourner le vifage d’un autre côté; autrement il fe feroit enflammé , & rempli de veflies , tant étoient vifs les corpufcules qui exhaloient de certe Plante. Si elle ne fait plus icile même effet , il faut s’en prendre au climat ou auterroir. ; Comme les fruits du Concombre fauvage ne meuriffent que les uns après les autres , qu'il falloit les prendre au mo- ment précis, pour ainfi dire , qui précédoit leur maturité parfaite , parce qu'un moment plus tard ils tomboient & dardoient leurs graines, ce qui les rendoit inutiles , M. Boulduc juge que la pratique des Anciens devoit être fort penible , fi elle n’étoit quelque chofe de plus Toujours eft1l für qu'il y along tems qu’elle eft perdue. Il a voulu la renouveller en partie, il a confervé ce qu’elle avoit d'ef- fentiel , & il eft parvenu à faire un Elaterium aufli bon que celui des Anciens , & apparemment même meilleur, puifqu'au poids de 6 grains il purge très-bien, & fans vio- lence. Il faut le joindre à quelque poudre de Rhubarbe, & à quelque Sel alkali. Mais le plus fimple Elaterium qui puiffe jamais être eft celui qu'il a fait dans la penfée que la plüpart des bons re- médes végétaux fortent tout préparés des mains de la Na- ture ; il a bien fait fécher des fruits de Concombre fauva- ge , les a mis en poudre avec leurs graines, & a trouvé que c'étoit là un très-bon Hidragogue. Jufqu'ici dans toutes les Analyfes que M. Boulduc a données des Plantes purgatives , il n’a point été queftion DES SCIENCES. 47 de leurs Sels effentiels , qui cependant felon l’idée de plu- fieurs Phyficiens , en doivent contenir toute la vertu ; & en effet rien ne paroît plus vrai-femblable , ni. plus plaufible, Cependant M. Boulduc s’en eft défabufé par une longue fuite de travail & d’obfervations. Les Sels effentiels fontun Tartre de chaque Plante , du même genre que celui du Vin, mais qui a des différences fpécifiques. C’eft toujours un Acide joint à quelques parties terreufes, ou fulphureu- fes, &c. C’eft un Suc qui fe cryfallife , & qui fe cryftallife- roit dans toutes les Plantes, de forte qu'on tireroit detou- tes un Sel effentiel , fi quelquefois la matiére huileufe & gluante n’étoit en trop grande quantité, & n’empéchoitla cryftallifation. Quels que foient les Sels effentiels, ils n’ont point les qualités de la Plante; d’un autre côté le Suc d’où Von a tiré ce Sel , ne les a pas non plus. Quelle eft donc la partie qui les contient ? Ni lune ni l’autre, mais l’une & Pautre , Ou toutes les deux jointes enfemble. On pourroit appliquer là qu'i/ ne faut point que l'Homme fèpare ce que Dieu a joint. SUR UN MOYEN DE SE PRESERVER des Vapeurs nuifibles ou défagréables des Diffolurions. Es Diffolutions Chymiques ; qui ne fe font que par à sk l’adion violente d’un Diffolvant fur un Mixte , font la plpart accompagnées de fumées ou de vapeurs fenfi- bles , & fouvent très-épaifles. Elles font formées de l'air, qui ayant été jufque-là emprifonné dans les petits pores du Mixre , eft dégagé parce que fes prifons lui font ouver- tes par le Diflolvant , qui entrant avec impétuofité dans le Mixte en détruit tout le tiflu , & en écarte routes les parties. Cet airs’éleve donc, & entraîne avec luiles parties les plus legéres & les plus agitées tant du Mixte que du Diffolvant. Elles compofent une vapeur ou nuilible ou défagréable, felon le Mixte & felon le Diffolvanr. D'un côté les Efprits V. les WG. Pe 7. 48 HisTOiRE DE L’'ACADEMIE ROYALE de Nitre, de Virriol, de Sel, mais fur-tout ceux de Nitre, & de l’autre le Mercure ,le Cuivre, l'Antimoine, le Plomb, font les matiéres d’où il s'éleve les vapeurs les plus dange- reufes. Quelques-unes le font à tel point, qu'il ef témérai- re de s’y expofer , avec les précautions communes , qui font affez legéres. M. Geoffroy en a trouvé une fort fimple , & qui pré- vient abfolument le péril. C’eft de mettre de l'Huile furla Diflolution. Moyennant cela, ilne s’éleve plus de vapeurs, & l'opération n’en réuflit pas moins bien ; au contraire, parce qu'il ne s’éleve plus de vapeurs dont une partie pro- venoit de la fubflance du Diffolvant , il demeure tout en- tier attaché au Métal, le diflout avec plus de force , ou en peut difloudre une plus grande quantité. En même-tems comme l’effervefcence elt moindre, il n’eft point à craindre que la liqueur ne s’épanche par-deffus les bords du Vaiffeau. Cette idée eft venue à M. Geoffroy fur ce qu'on en ufe ainfi dans les cuites de Sucre ou de Miel pour empêcher ces matiéres de fe trop gonfler. Î Quand l'opération eft achevée, cette Huile étrangere fe trouve changée en une efpéce de Suif, ce qui vient de la quantité d’efprits acides qu’elle a retenus & abforbés dans fes parties branchues , qui par-là ont acquis plus de mafñle & de confiftance. Mais quelle eft la vertu de l'huile pour empêcher les vapeurs de s'élever ? Pour cela, il faut fçavoir comment & par quelle caufe elles s’élevent quand il n’y a point d'huile, 1°. L’extrême agitation que la diflolution produit ,éleve une infinité de particules du Diffolvant. 2°. L’Air dégagé des pores étroits du métal où il étoit extrêmement condenfé, {e rarefie aufli tôt, & monte. Com- me les parties du fluide au travers duquel il doit paffer font tenaces & vifqueules jufqu’à un certain point , la petite bulle d'air qui monte en pouffant devant foi par fa partie fupérieure quelques unes qu'elle ne fépare pas , elle s’en re- vét, & en fe rarefiant également de tous cotés, elle donne a DES! SCIENCES. 49 à fon enveloppeune figure ronde. En cet état la bulle d’air arrivé au haut de la liqueur, & tend à s’échapper dans l'air libre en brifant fon enveloppe , & en emportant avec foi les parties les plus difpofées à la fuivre ; mais cette enveloppe s'attache par fa partie inférieure au haut de la furface de la liqueur , & forme une efpéce d'hémifphére creux, qui, par la tenacité de fes parties & par fa figure de voûte , réfifte à leffort de l’air enfermé, & fe maintient tant que cette réfiftance eft plus grande ou égale à cet effort. S'il l’'em- porte, labulle creve, & l'air en fortavec quelques parties de la bulle crevée. Ce font elles qui font la vapeur, jointes aux autres particules du diffolvant , que la feule violence du mouvement a élevées. | Si on conçoit toute la furface fupérieure du liquide couverte de ces bulles demi-fphériques , on entend aifé- ment que fe touchant toures par leur partie inférieure ou bafe, elles fe foutiennent les unes les autres, & s’arc-bou- tent , de forte qu’elles en ont plus de force chacune pour réfifter à l’air intérieur qui tend à les crever. Une couche d’autres bulles qui s’éleveront de dedans le liquide peut venir fe pofer fous ces premiéres, & les fou- lever fans les rompre, de façon qu’elles s’arrondiront en- tiérement. Une troifiéme couche fera le même effet à l'é- gard de la feconde , & ainfi de fuite, & il fe formera une moufle affez épaifle. Comme les bulles qui compofent cette mouffe font fort petites , & par conféquent fort ferrées les unes contre les autres , le liquide monte dans cesinterftices étroits autant qu'il faut pour les remplir , & par-là fournit aux bulles des parties qui fe joignant à celles dont elles étoient déja for- mées , les fortifient d'autant , & les mettent en état de fub- fifter enfemble en plus grand nombre. Plusil y en a d’amaflées pour former la moufe , plus quand elles viennent enfin à crever , la vapeur eft forte de ce chef. L'huile empèche tout, ou du moins la plus grade parties Hift. 1719. so HISTOIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE Elle arrête les particules du Diffolvant qui s’élevent feules; & comme ce font des Acides, ils s’uniffent aifément à ces parties branchues qu'ils rencontrent. Le Suif qui fe forme en rend témoignage. Quandles bulles d’air montent, l'huile les arrête aufff , parce qu’elle eft difficile à pénétrer, & ces bulles fort foi- bles. De plus, comme elle eft plus froide que le refte du liquide aui eft en effervefcence, elle condenfe Pair des bul- les , dont les parties n’étant plus affez foutenues par dedans, retombent confufément, & ne font plus une bulle. Il eft aifé de fuivre , felon cette idée , toutes les autres circon- ftances de leur formation, & de voir comment l'huile eft contraire à toutes. M. Geoffroi obferve qu'il faut que l'huile qu’on em- ploie foit tirée par expreflion , comme l'huile commune ; & non pas par difillation, comme les huiles effentielles. Celles-ci ayant paflé par le feu dont elles ont retenu une infinité de particules , fermenteroient vivement avec les Acides, dès qu’elles les recevroient, & par-là altéreroient Paétion du Diffolvant fur le métal , aétion qui doit être confervée en fon entier , fauf à fe préferver des vapeurs. Avec ces Huiles il fe forme ; non pas un Suif, mais une Refine, & cette Refine feroit formée avant que le Difol- vant eût agi confidérablement fur le métal. Un peu d’Efprit-de-vin verfé fur l'huile change en une odeur agréable celle des Diffolutions faites avec l'Efprit de Nitre , la plus défagréable de toutes , mais cette addition, quoique très-legére pourra bien être négligée par les At- tifles , qui ne font pas fi délicats. REF DES SCIENCES ss NA A RP AN AL Y SES ORDINAIRES. | mi ADE MIE commença fes travaux Chymiques par des Analyfes faites felon la pratique ordinaire. Plus de 1400 Plantes, comme nous l’avons dit ailleurs, travail- lées de cette façon , ne lui donnérent que les mêmes pro- duits , quelque différentes qu’elles fuffent entre elles, & ne lui apprirent autre chofe , finon que ce travail ne pouvoit conduire à la connoiffance de l’intérieur des Mixtes. T'out devenoit égal par ces décompofitions , ce n’étoient que des materiaux. & des platras tout femblables de bâtimens dé- truits, & il ne reftoit dans cet amas confus aucunes mar- ques des difpofitions réguliéres qui avoient formé les dif- férens bâtimens. M. Lémery, dont nous empruntons cette comparaifon, a propofé des Réflexions fur ces anciennes & inutiles Ana- lyfes. Il a une penfée , que nous avons déja infinuée plu- fieurs fois dans le cours de nos Hiftoires , que pour bien connoître les Mixtes , il ne les faut pas tant décompofer ; mais feulement les réfoudre en d’autres Mixtes moins mix- tes, qui feront des principes à leur égard. Les plus confidé- rables dËces fortes de principes font les parties falines , & les parties graffes ou fulphureufes. La partie faline des Plantes & des Animaux y eft ordi- nairement contenue fous la forme d’un Sel concret. Le Sel qui fe trouve plus communément dans les matiéres animales eft le Sel Armoniac, c’eft-à-dire , un compofé d'un Acide Nitreux , & d’un Alkali volatil, ainfi quenous l'avons défini en 1716 *. Il fe trouve aufli dans les Ani- maux de véritable Sel commun , & du Salpêtre qui ne dif: fére point du Sel Armoniac par fon acide, mais feulement par fon alkali qui eft fixe *. Les matiéres végétales ont du Sel commun, du Salpêtre, du Sel Armoniac, du Sel vitrio- Gi V. les M, P: 173. *p.28.& fiv. * V.PHift. de1717.p.29, & fuiv. fé , *V. P'Hift. e1712. p.45. © fuiv. 1 $e HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE lique. En général elles ont plus de parties fixes que les matiéres animales, qui n’ont prefque rien que de volatil, ët par-là il fe trouve plütôt du Salpêtre dans les Plantes que dans les Animaux , & plütôt du Sel Armoniac dans les Animaux que dans les Plantes. Le Sel Armoniac nitreux eftfi commun dans les Ani- maux, que quoiqu'il ne paroïfle pas impoflible que tout autre acide qu'un acide nitreux fe joignit aux alkalis vo- latils qu'ils contiennent , M. Lémeri aflure qu'il n’en a pù découvrir aucun autre. Les Analyfes ordinaires ont été bien trompeufes fur le fujet de cet acide des Animaux, puifqu’elles ny en ont jamais reconnu. Feu M. Homberg en avoit trouvé dans le fang *, mais par une opération particuliére ;après lui M. Lémeri en a trouvé beaucoup dans les matiéres animales, & ce qui a été long-tems un problème doit préfentement ceffer d’en être un. Par les Analyfes communes cet acide étoit ou en fi petite quantité ou fi enveloppé de l'huile qui abonde dans les Animaux , qu'il échappoit aux Chymiftes. Une fuite néceffaire de cette erreur des Analyfeseft que Von crût que le Sel alkali volatil qui fe tiroit feul des Ani- maux , puifqu'ils ne donnoient point d’acide, y étoit con- tenu naturellement ,& n'étoit point ouvrage du feu, com- me il l’eft cependant en effet. Mais pourquoi l'acide du Sel Armoniac des Animaux a-t-il tant de peine à paroître ? Pourquoi ne monte-t-il pas avec fon Sel volatil alxali , comme il arrive dans la fubli- mation ordinaire du Sel Armoniac, qui monte tout entier en fleurs, c’eft-à-dire fans être décompofé ? ou que de- vient-il quand fon alkali l’a abandonné ? M. Lémery répond fimplement , quant à préfent, que quand le Sel Armoniac n’eft point engagé dans un Mixte, le feu enleve à la fois les deux parties de ce Sel, toutes deux volatiles , quoiqu'inégalement ; au lieu que quand ce Sel eft embarrafé dans un Mixte qui l'appefantit, 1l eft naturel que le feu n'agiffe que fur la partie du Sella plus DIEMSN SIG TE N° GC ENS 53 volatile , & que lacide foit arrêté par la partie terreufe du Mixte ; & cela eft fi vrai , qu'un feu plus violent que celui des Analyfes ordinaires enlevera aufli des acides. Si de plus on mêle dans les matiéres animales un inter ._méde terreux, il s’élevera & beaucoup plus d'acides, & beaucoup plus d’alkalis féparés , parce que l’interméde qui fert à leur féparation a été augmenté. Aïnfi c’eft en partie parce que les Animaux contiennent peu de terre, que leur acide n’eft pas fenfible dans les Analyfes. Il arrive quelquefois qu’il s'éleve du Sel Armoniac des Animaux une aflez grande quantité & d'acides & d’alkalis féparés, & que ces deux différens principes deflinés à fe combattre vivement dès qu'ils fe rencontrent, & à fe réu- nir après ce combat pour compoferun Sel moyen ou con- cret, demeurent cependant tranquilles dans la même li- queur, & n’y caufent point le trouble ordinaire. M. Hom- berg avoit déja remarqué un Phénoméne tout pareil * en- tre d’autres matiéres, & avoit rendu raifon de ce petit pro- dige. M: Lémery croit que dans l’occafion préfente c’eft l'huile dont les acides nitreux font enveloppés ; qui empé- che leur aétion. Le Salpêtre des matiéres végétales devroit fuivre le Sel Armoniac des animales ; mais cela eft remis à*un autre tems, aufli-bien que la méthode de faire de nouvelles Analyfes plus exaétes que les anciennes , & quiproduiront plus de connoiffances. Elles ne laifferont pas d’avoir en- core leurs défauts , mais moindres, & , ce qui eft un grand avantage , connus. À force de rectifier, on va loin. ANS OR TE UE RE AT COR PE: T° Chacril , reméde peu connu , & dont les Livres qui traitent des Drogues médecinales, du moins ceux de ce Pays-ci, ne font nulle mention, eft une Ecorce affezli- gneufe, épaiffe depuis une ligne jufqu’à neige demie» G y *V. l'Hifr. de 1701.p 70, & fuiv. $4 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE de la couleur à peu près du Quinquina ordinaire, d'un brun plus pâle , moins compaëte , & plus friable , d’un goût amer , un peu fiptique , piquant la langue avec affez d’acrimonie , & laiffant à la fin une impreflion d’amertume mêlée de quelque chofe d'aromatique. Cette écorce eft couverte d’une pellicule blanchâtre , mince & infipide, ridée & fillonée legérement en divers fens. C'eft écorce d’une Plante du Perou encore inconnue. Elle a tant de refflemblance au Quinquina , que comme on en compte préfentement jufqu’à fix efpéces , on la met pour une feptiéme. Aufli quelques -uns la nomment-ils Kinakina fpuria où falfa, ou Kinakina urens, ou Kinakina odorifera : elle porte chez les Droguiftes le nom de Cortex Elaterii , fans doute par rapport à fon amertume piquante *V. ci-deflus, femblable à celle de l'Earerium * ; mais d’ailleurs il n°y a Fee pas d'apparence que cette écorce foit celle d’un Concom- bre fauvage. Le nom de Chacril dont nous nous fervons vient de l'Efpagnol Chacarilla, ou Cafcarilla. L Malgré fa reffemblance avec le Quinquina , le Chacril en différe beaucoup. Au goût il eft plus amer, plus âcre, & prefque brulant, au lieu que le Quinquina eft d'une amertume plus défagréable, & a plus d'aftriétion , ou de flipticité. Le Chacril échauffé ou brulé donne une agréa- ble odeur aromatique que n’a point le Quinquina. Enfin le Chacril allumé à la Bougie jette une fumée épaifle & beaucoup de fuliginofités, & ce qui en refte eft un char- bon bourfouffié & rarefié , pareil à celui des réfines brulées, ce qui marque une grande quantité de matiére réfineufe par rapport à ce que le Quinquina en peut contenir. De-là M. Boulduc le fils qui voulut étudier la nature & les effets du Chactil , jugea qu'il donneroit par l’Efprit-de- vin beaucoup d'Extrait réfineux ; & en effet une once en donna cinq gros d'un goût amer, piquant & aromatique , le même que celui du Mixte , & d'une belle couleur de pour- pre. M. Boulduc ne connoït point de végétaux qui don- nent tant d'Extrait. À peine d’une ônce de Quinquina DES SCIENCES. É. tire-t-on 2ograins. Le Marc defléché pefoit 3 gros, & n’étoit plus que la partie terreufe & fixe du Chacril. Il pa- roît par-là que le Mixte en petite quantité doit avoir beau- coup de vertu. Feu M. Fagon avoit dit plufieurs fois à M. Boulduc que dans le tems où le Quinquina étoit encore rare en France ilavoit fouvent employé le Chacrilavec fuccès dans les fié- vresintermittentes. Apparemment fa partie réfineufe & pe- netrante divife & attenue les matiéres mal cuites, épaiffes, vifqueufes , qui font le levain de la fiévre. Ce fébrifuge a cet avantage fur le Quinquina, qu’il agit en plus petite dofe , & n’a pas befoin d’être fi long-tems continué. En général M. Fagon , au rapport de M. Boufduc, étoit fi perfuadé que dans les Fébrifüges c’eft la partie réfineufe qui agit le plus pour la guérifon de la fiévre, qu’il faifoit fouvent faire une infufon du Quinquina avec l'Eau-de-vie, pour l'ajouter aux infafions ordinaires , & hâter par-là l'effet du Quinquina. Quelques-uns y ajoutent d’autres matiéres réfineufes en fuivant la même idée. Apinus , fameux Médecin & Profeffeur à Altorf, paroît être le premier qui ait employé le Chacril en teinture ou eninfufion pour les fiévres Epidémiques & Catharrales , & en fubftance pour les fiévres ordinaires. L’illuftre M. Stahl , Médecin du Roi de Pruffe , a étendu fon ufage aux Pleurefies , aux Péripneumonies , & à ces toux âcres & convulfives qu'onappelle Quintes. C'eft encore en incifant & enatténuant des vifcolités,que le Chacril produit fes bons effets. Par la même raifon il eft fort utile dans les cas où il faut aider ou augmenter la tranfpiration. M. Boulduc à éprouvé lui-même la vertu du Chacril dans des Coliques venteufes, dans des affeétions Hifteriques ou Hipochondriaques , qu'on appelle communément Va- peurs. Mais il eft bon de remarquer que s’il ne s’agit que de fubtilifer des liqueurs,la teinture deChacrilfuffit,parce qu’el- le contient tout le réfineux ; que s’il faut de plus rétablir & affermir le reffort de quelques parties qui ontété fecouées, 56 HisToiRE DE L’ACADEMIE ROYALE agitées, tiraillées , il faut le Chacril en fubftance , atcé qu'on a befoin que fa partie terreufe & füprique fafle fon office d’aftringent. Le Chacril en fubfance réuflit pour les Hémorrhoïdes internes, qui ont peine à fluer, pourvü que le malade ait l'habitude du corps un peu graffe. C’eft qu'alors le tiflu de la peau n'étant point trop ferré , le Chacril augmente la tranfpiration , toutes les liqueurs ont plus de liberté, & les Hémorrhoïdes s'ouvrent. Peut-être aufli le Chacril con- tribue-t-il à les faire couler en refferrant les vaiffeaux qui contiennent le fang hémorrhoïdal. M. Boulduc a été té- moin du fait. Mais ce qu'il a vû de plus particulier & de plus avanta- geux au Chacril, c’eft le grand fecours dontil a été dans les Diffenteries de 1719 , foit qu'elles aient été accompa- gnées de fiévre ou non. L’Hipecacuanas’y eft prefque déf- honoré, & le Chacril y a acquis beaucoup de gloire, ce qui ne tire pourtant pas à conféquence pour une autre an- née; car malheureufement il n’eft que trop certain que d’une année à l’autre les maladies qui ont les mêmes noms font différentes. M. Boulduc a reconnu qu’au lieu que l'Hi- pecacuana >ainfi que les autres végétaux Emétiques, laifle un long abattement , & beaucoup de foibleffe d’eftomac , le Chacril remet l’eftomac fort promptement , & luirend toute fa force. Le voilà donc qui a les vertus de fes deux Compatriotes , le Quinquina , & l'Hipecacuana , & qui les a peut-être avec quelque avantage tant fur l’un que fur l'autre. RIPPIE IEEE BOTANIQUE DES SCIENCES. 57 SC de ddr DD BOTANIQUE SUR LA PRODUCTION DE NOUVELLES ESP IE CMS MDNE PL LAN T'ES U mois de Juilletr71s , M. Marchant apperçut dans fon Jardin une Plante qu'il ne connoifloit point , & qui s'éleva jufqu’à $ ou 6 pouces. Elle fubfifta jufqu’à la fin de Décembre, où elle fe deffécha & périt. Il crut ne la pouvoir rapporter qu'au genre dela Mercuriale ; & com- me elle étoit toute nouvelle , & n’avoit point encore été décrite par les Auteurs , il la nomma Wercurialis foliis ca- Pillaceis. ; L'année fuivante au mois d'Avril dans le même endroit où avoit été cette Plante, il en vit paroître 6 autres , dont 4'étoient toutes femblables à l’ancienne, & 2 autres affez différentes pour faire une autre efpéce de Mercuriale , qu'il nomma ÂMercurialis foliis in varias © inæquales lacinias quafi dilaceratis. Elle fubffta auf jufqu’à la fin de Dé- cembre , en quoi ces deux efpéces font différentes de la Mercuriale vulgaire , qui, quoiqu’annuelle aufli-bien qu’el- les , ne dure pas fi long-tems. Ces deux Plantes nouvelles fe font multipliées depuis dans l’efpace de7 ou 8 pieds de terrain, & , ce qui eft éron- nant, jamais M. Marchant ne leur a pû découvrir aucune apparence de graine. Cependant la petite étendue où elles renaiflent tous les ans prouve affez qu’elles doivent être venues de femences qui y feront tombées des Plantes pré- cédentes. Comme on a découvert depuis quelque tems les fecrets dont plufieurs Plantes fe fervoient ie cacher Hif. 1719. V. les M. P« 59- V. les M, p. 2. & 774. V. les M. P- 164. 58 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE leurs graines , il eft plus merveilleux quil y en ait encore qui puiffent réuflir à les dérober. Mais la principale réflexion de M. Marchant fur fes deux Plantes , eft qu'il ne feroit pas impofible qu'il fe produisit des efpéces nouvelles : car il y a toute apparence que celles- ci le font ; comment auroient-elles échappé à tous les Bo- taniftes? L'art, la culture , & encore plusle hazard, c’eit- à-dire certaines circonftances inconnues , font naître tous les jours des nouveautés dans les fleurs curieufes , telles que les Anémones & les Renoncules, & ces nouveautés ne font traitées par les Botaniftes que de variétés , qui ne méritent pas de changer les efpéces ; mais pourquoi la Na- ture feroit-elle incapable de nouveautés qui allaffent juf- ques-là? 11 paroit qu'elle eft moins conftante & plus diver- fe dans les Plantes que dans les Animaux , & qui connoit les bornes de cette diverfité ? A ce compte les anciens Botaniftes n’auroient pas eutort de décrire fi peu d’efpéces d’un même genre ; ils n’en con- noifloient pas davantage, & c’eft le tems qui en a amené de nouvelles. Par la même raifon les Botanifies futurs fe- roient accablés, & obligés à la fin d'abandonner les efpé- ces pour fe réduire aux genres feuls. Mais avant que de prévoir ce qui fera, il faut fe bien affurer de ce qui ef. 7 © M: Marchant a donné la Defcription du Lychnis hirræ minor flore variegato À. R. P. du Cucurmis Sylueftris Dod. Concombre fauvage , & du Cucumis Syluefris ,foliis Anguriæ. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires N Les Caraéteres de 14 Genres de Plantes par M. Vaillant. La Defcription de 2 nouvelles Plantes par M d'Ifnard. DES SCIENCES. s9 D A A el RE re Pie Se À VE Sr SR UE RP VA EF KFSSSE KA ÉSDISPDIPÉRÉEDÉPEPPPPODÈLSUDOES | GEOMETRIE ETTE année M. Bernard Ingénieur du Roi a donné Fat à l'Académie la maniére de toifer géométriquement le vuide ou la capacité d’une V'oûte confruite de la maniére fuivante. Il faut imaginer un Cercle horizontal, dans lequel un quarré eft infcrit , & une ligne verticale égale au rayon du Cercle tirée de fon centre, & élevée fur fon plan. On éleve fur ce même plan ceux de deux demi-cercles dont les diametres font les deux Diagonales du quarré infcrit, & qui fe coupent à angles droits. Leur interfeétion com- mune eft dans la verticale , & ils fe terminent à fon extrémi- té. Cela fait une figure qui depuis fa bafe jufqu’à cette ex- trémité de la verticale va en diminuant. Si l’on conçoit à l'un des 4 côtés de cette figure , & de même’aux 3 autres, qu'un des côtés du quarré infcrit parte de fa place, fe meu- ve parallelement à lui-même le long de deux Quarts-de- Cercles verticaux différens , & diminue toujours de gran- deur aurant qu'il fera néceffaire pour être toujours terminé à ces deux Quarts-de-Cercles, jufqu’à ce qu’enfin il arrive à l'extrémité de la verticale, où il ne fera plus qu’un point, il fe formera un Solide creux, ou plein , il n'importe, qui aura fa furface compofée de 4 furfaces courbes égales. C’eft là le Solide ou la Voûte que M. Bernard confidere, Il y a plufieurs Dômes pareils, & on en voit à l'Obfervatoire. M. Bernard a démontré que la folidité ou capacité ou vuide de cette Voûte étoit à la folidité de la Sphére dont le grand Cercle feroitle Cercle horizontal pofé d’abord, comme ce Cercle eft au Quarré infcrit. Il a fait voir aufli quelle feroit la furface de ce Solide. Hi V. les M. p. 66, V. les M. P-135« 60 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Ous renvoyons entiérement aux Mémoires Un Théoréme de Géométrie commune par M. Varignon. L’Ecrit de M. de Lagni fur la Quadrature du Cercle, & fur la mefure de tout Arc, tout Seéteur , & tout Segment donné, DES SCIENCES, ét FRÉRERRPERRERELEREESREERERSEREERERRENEE RE PRE CON DAEN E Hiieieielenieider etes à ASTRONOMTE. SUR LES HAUTEURS APPARENTES DES ASTRES. UoiqQu’iL n’y ait rien dans la Nature que de très- régulier , il y a cependantune infinité de chofes très- bitarfes en apparence , je ne dis pas feulement dans le Phy- fique , qui eft fi compliqué , & dont une fi grande partie nous échape , mais même dans le Mathématique , qui eft in- finiment plus fimple, & plus à notre portée. Eüt-on cru qu'un Aftre obfervé avec une Lunette pût paroïtre baïffer en approchant du Méridien , & haufler en s’en éloignanté On juge bien que la Réfra@ion , ni quelque défeétuofi- té de la part de la Lunette, ou de fa polition, ñ'ont aucu- ne part à ce phénomene , il ne mériteroit pas d'étrerappor- té. Il eft conftant & invariable dans les circonftances où il a lieu, & précifément de la même nature que le phénomene 2... & commun des ÂAftres qui hauflent en appro- chant du Méridien , & baiffent en s’en éloignant. Il y a des cas pour l’un , & des cas pour l'autre. Il faut fe repréfenter deux fils qui fe croifent à angjes droits au foyer d’une Lunette. On met ordinairement l'Af- tre obfervé dans cette interfe&tion. La Lunette étant pofée horizontalement & de façon qu’un de fes fils que j'appelle #Æe premier foit parallele à Phorizon, ce fil peut être alors cenfé dans le plan même de Phorizon, & le fecond, qui lui ef perpendiculaire, doit être dans le plan de quelqu'un des Cercles verticaux ou Azimuths, entre eRRs es le Méri- -. ü} 62 HisToIRE DE L'ACADEMIE ROYALE dien. Avec la Lunette ainfi pofée on ne peut obferver qu'un Aftre qui foit à l'horizon. Si l’on veut fuivre le mouvement de lAftre qui s’éleve ; on hauffe la Lunette ; & fi l'on tient le premier filtoujours parallele à Lhorizon , iln’eftplus dans le plan de ce Cercle, mais dans celui d’un autre grand Cercleincliné à horizon, qui pafle par l'œil & par l'Afre. Ce Cercle peut être ap- pellé vi/uel. Dans la premiére pofition de la Luhette, l'ho- rizon & le Cercle vifuel fe confondoient. Quand lAftre eft au Méridien , le fecond fil eft dans le plan de ce Cercle, & repréfente le Méridien qui coupe le Cercle vifuel à angles droits. . Si l’on conçoit, commeil ef fort naturel , que le Cercle vifuel fe termine à l’Afire , ou, ce qui eft lamême chofe, que fa circonférence pañle par l’Aftre , le premier fil dans toutes les pofitions de la Lunette eft une Tangente de ce Cercle , ou la repréfente. Nous ne confidererons les Aftres qu’arrivans au Méri- dien , & pour cela nous fuppoferons la Lunette ou plûtôt fon axe exaétement placé , & immobile dans le plan de ce Cercle. De plus, comme on eft obligé à confiderer ici les Aftres un peu avant & après leur paflage par le Méridien , il faut fuppofer l'ouverture de la Lunette affez grande pour les contenir pendant un peu de tems, ou pour renfermer quelque petite portion du Cercle qu’ils décrivent. Legoint du milieu de cette petite portion fera le point où ils font dans le Méridien , & en même-tems c’eft le point du mi- lieu des deux fils , ou celui de leur interfeétion. On voit donc l’Aftre dans la Lunette avant & après fon pañlage par cette interfeétion , ou par le Méridien ; & dans ces deux tems , il fait deux routes égales & contraires , & toutes deux différentes des deux moitiés du premier fil quj leur répondent , puifqu'il m'arrive à ce fil qu’au dE u’il arrive au Méridien. 11 femble d’abord que ces deux routes devroient être au- deffous du premier fil & ne le rencontrer l’une qu’à fon D'ELSUS.c EE KN GES. 6x extrémité , & l’autre à fon commencement, moyennant quoi on verroit dans la Lunette PAfre s'élever en appro- chant du Méridien, & s’abbailler en s’en éloignant, ce qui eft naturel, & paroît même abfolument néceffaire, Mais fi malgré cela il eft démontré que les deux routes peuvent être au-deflus du prenuer fil, de forte que la pre- miere ira en s’abbaïflant-jufqu’à ce qu’elle le rencontre , & la feconde en s’élevant depuis ce même point, il faudra que PAfire foit alors vü defcendre dans la Lunette quand il approchera du Méridien, & remonter quandil s’enéloi- nera. r Il ne s’agit plus que de fçavoir quelles font ces deux rou- tes , & comment elles font pofées à l'égard du premier fil, Tout Aftre par fon mouvement diurne décrit ou l’'Equa- teur, ou un parallele à l’'Equateur ; & par conféquent les deux routes égales & contraires de l’Aftre comprifes dans la Lunette, font deux petits arcs égaux de fon parallele pris de part & d'autre du Méridien. La pofition de ces deux petits arcs par rapport au pre- mier fil eft donc Iâ même que celle du parallele entier par rapport au Cercle vifuel dont ce premier fil eft la Tangente. Or la polition des paralleles par rapport aux Cercles vi- fuels peut être telle que les paralleles foient quelquefois plus élevés que ces Cercles, & quelquefois plus bas. C’eft tout ce qui refte à prouver. - Une hauteur quelconque de Pôle étant déterminée , par exemple la nôtre ; concevons une fuite de différens Aftres i à leur hauteur méridienne foient difpofés fur les 90 de- grés du Méridien compris entre le Pôle & l'Equateur, & que le Cercle vifuel foit dirigé fucceflivement à ces diffé- sens Aftres , à commencer parle plus proche du Pôle, dont par conféquent le parallele n’aura qu’un degré de rayon. Il ef clair que ce parallele fera plus bas que le Cercle vifuel dans tous fes points ; hormis dans celui oùil le rencontre, & le touche; car ce parallele eftentre l'Horizon & le Cer- cle vifuel, & par conféquent plus proche de l’Horifon ,ou 64 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE plus bas que ce Cercle. Donc quand FAftre décrira la pe- tite portion de ce parallele comprife dans la Lunerte, il pa- roîtra avant fon pallage par le Méridien venir de plus bas ou s'élever , & après ce pailage s'abbaifler, ce qui eft le cas ordinaire. * ‘ Cela aura néceffairement lieu tant que les paralleles fe- ront plus bas que les Cercles vifuels, où compris entre l'Ho- tizon du côté du Péle , & ces Cercles. Mais quand les pa- ralleles feront plus hauts que les Cercles vifuels, ce fera le contraire , & le cas fingulier & paradoxe arrivera, Or quand les parallèles font-ils plus hauts que Les Cercles vi- fuels ? C’eft quand la circonférence des Paralleles enfer- me le Zenith au-dedans d'elle , ou ,ce qui eftle même, quand le rayon de ces paralieles eft plus grand que 41 de- grés que je fuppofe être la diftance exaéte de notre Zenith au Pôle; car alors les Cercles vifuels font entre les paral- leles & l'Horizon du côté du Midi, ou plus bas que les paralleles , & par conféquent PAfire qui décrira la portion d’un de ces paralleles comprife dans la Lunette, paroîtra venir d’un lieu plus élevé au point du Méridien, ou defcen: dre , & enfuite au contraire remonter. Il eft clair que cela durera jufqu’à l'Equateur, parce que les Cercles vifuels feront toujours plus bas que les paralleles. Donc tous les Aftres qui font depuis le Pole jufqu’au ‘ Zenith font dans le cas naturel , & tous ceux qui font de- puis le Zenith jufqu’à l'Equateur font dans le cas fingulier. En fuivant ces idées on voit aifémentque l’Aftre dontle parallele palfe précifément parle Zenith, doit paroître dans la Lunette ne hauffer ni ne baifler, mais décrire une ligne droite , qui eft la Tangente de l'arc qu'il décrit, & quife confond avec le premier fil de la Lunette. Si un Aftre eft dans l'Equateur , alors le parallele qui eft l'Equateur , & le Cercle vifuel fe confondent, & l’Aftre pa- roït décrire ou fuivre le premier fil dans toute fon étendue, & par conféquent il ne haufle ni ne baifle comme dans le cas précédent , mais il fuit une route différente, Après DES SciENCcEs 6$ Après l'Equateur , s'il eft queftion d’un Afire qui foit dans le premier & plus grand parallele Méridional, le Cer- cle vifuel pañle entre l'Equateur & ce parallele , & par conféquent eft plus haut que ce parallele. Il en va de même par-tout de ce côté-là ; & par conféquent tous les Aftres qui ont une déclinaifon méridionale , font dans le cas naturel. Il ne refte donc plus d’Aftres qui n'aient point été con- fidérés à l'égard du fujet que nous traitons, que ceux d’en- tre les Aftres Septentrionaux qui ont deux hauteurs méri- diennes , l’une fupérieure , l'autre inférieure ; toutes deux dans une feule révolution diurne ; cette hauteur inférieure n’a point encore été confidérée. Il les faut concevoir dif- pofés depuis le Pole jufqu'a l'Horifon ; & il eft évident que les Cercles vifuels feront plus bas que les paralleles, & que par conféquent ces Afîres à leurs haureurs méri- diennes inférieures feront dans le cas fingulier , qui cepen- dant n’eft pas fingulier pour eux ; car il faut bien qu'ils baïffent réellement en arrivant au point le plus bas de leur parallele, & fe relevent enfuite. Ainfi ils ne font pas propre- ment à compter parmi ceux qui font dans le cas fingulier. De ces Aftres qui ont des hauteurs méridiennes inférieu- res, les uns à leurs hauteurs fupérieures font entre le Pole & le Zenith, les autres entre le Zenith & lEquateur juf- qu’à une certaine diftance du Zenith ; par exemple , à no- tre élevation de Pole fuppofée de 49 degrés, ce qui donne la diflance de notre Zenith au Pole de 41, tous les Aftres, qui à leur hauteur méridienne inférieure font moins éloi- gnés du Pole que de 41°, font à leur hauteur fupérieure entre le Pole & le Zenith, & tous ceux dont la diftance au Pole eft depuis 41 jufqu’a 49 la plus grande de toutes, font à leur hauteur fupérieure entre le Zenith & l'Equa- teur. Or ona vû qu’à ces hauteurs fupérieures les premiers font dans le cas naturel , & les feconds dans le cas fingu- lier ; de forte que fi les uns & les autres à leurs hauteurs inférieures étoient proprement dans le cas fingulier , les I Hif. 1719. V. les M. p. 94e 66 HISTOIRE DE L’ACADEMIE ROYALE premiers y feroient à leur hauteur inférieure , & dans le cas naturel à la fupérieure ; & les feconds feroient dans le cas fingulier à l’une & à Pautre hauteur. De tout cela on peut juger pourquoi le cas fingulier à été découvert fi tard. Il n’eft que pour les Aftres qui à leur hauteur méridienne font entre le Zenith & l'Equateur , & c'a été effettivement en obfervant les Aftres dans cette po- fition que M. Caffini s’eft appercu de cette bifarrerie appa- rente. On ne s’en peut apperceVoir qu'avec des Lunertes qui aient une ouverture d'une certaine grandeur, & qui foient exaétement dans le plan du Méridien. Si d'autres Aftronomes s’en font apperçus ils auront rapporté ce phé- noméne à quelque réfrattion irréguliére, ou à quelque dé- faut de la Lunette , ce qui étoit une penfée fert naturelle, Ila fallu pour croire le fait, en avoir trouvé la caufe que M.Caffini a développée,&tce phénoméne n'a pü être admis que fur la foi d’une Théorie qui en démontrât la nécellité. L'Ecrit de M. Caffini , dont tout ceci ef} un Extrait, devroir fe trouver dans les Mémoires ; mais il a été réfervé par l Au- teur pour un grand Ouvrage qu'il va donner au Public fur la Méridienne de l'Obférvatoire ; tirée par toute l'étendue de la France. SUR UNE ETOILE DE LA BALEINE. O N eft défabufé préfentement de l’immutabilité des Etoiles fixes : les taches feules de notre Soleil fufi- roient pour la détruire , ou pour la rendre fort fufpeëte ; mais fans tirer fon exemple à conféquence , il y en aaflez qui par elles-mêmes font fujertes à des changemens vifi- bles, & énormes puifque nous les appercevons. Parmi cel- les-là font celles qui paroiffent & difparoiflent, & une des plus fameufes eft une Etoile de la Baleine, dont nous avons * V. THif, déja dit * que la révolution étoit ordinairement de 14 de 1706. 111. & fuiv, P mois, c'eft-à-dire , que fi ayant été invifble elle come DES SCIENCES: . 67 mence à patoître pour la premiére fois le premier Janvier d'une année, elle difparoîtra dans le cours de cette année, & recommencera à paroître au commencement de Dé- cembre , & ainfi de fuite. On entend aflez que les obfta- cles étrangers ne font pas comptés ici, les tems où cette Etoile eft dans les rayons du Soleil, ou dans les Crépuf. cules , & les clairs de Lune. M. Maraldi ayant joint aux Obfervations qu'il a faites de cette Etoile , toutes celles qu’il a pà raffembler , voici ce qui en réfulte. Depuis 1596 , tems de la premiére Obfervation, juf. qu'en 1687, la révolution fuppofée de près de 11 mois, ou plus précifément de 10 mois 25 jours, s’eft trouvée alfez jufte. Depuis 1687 jufqu'en 1710 la révolution a toujours été en augmentant , & s’eft trouvée plus longue qu'elle navoit été fuppofée. Depuis 1710 elle a été en diminuant. Le tems pendant lequel l'Etoile paroît dans une de fes révolutions, eft affez inégal. Le plus court a été de 3 mois & quelques jours , & le plus long de quatre mois & demi. Depuis fa premiére apparition elle croît, & enfuite dé- croît Jufqu'à ce qu’elle difparoiffe , mais elle eft moins de tems à croître qu'à décroitre. Elle arrive en 1 $ ou 20 jours à fon plus haut point de grandeur, où elle s’arrête quelque tems , & enfuite elle met aumoins 30 ou 40 jours à diminuer. Le plus haut point de grandeur ou de clarté où elle ar- rive, n’eft pas toujours le même. Les deux termes entre lef. quels il varie , font les Etoiles de la deuxiéme grandeur, &, celles de la quatriéme. Quand l'Etoile eft plus grande, ou plus lumineufe , elle paroît aulfi plus long-tems. Le fyflême des demi-Soleils expliqué en 1706, & qui paroit le feul qu’on puifle appliquer à ces phénoménes, demande des fupplémens ou des augmentations confidé- rables pour convenir à cette Etoile. Comme les révolutions d'apparition qu'elle a à notre Ti * p. 80. & fuiy. 68 HisTOIRE DE L'AÂCADEMIE ROYALE égard , dépendent des révolutions qu’elle fait réellement for fon axe, il faut que ces révolutions fur l'axe foient af- fez irréguliéres , ce qui n’a point encore d'exemple dans les Corps céleftes. Elles auront été pendant 90 ans affez confiantes; enfuite elles auront augmenté de grandeur ou de durée par degrés , ou, ce qui eft la même chofe, fe feront rallenties; & maintenant elles retourneront vers leur premiére grandeur, ou redeviendront plus courtes. Il faut qu'il y ait un furieux défordre dans un Tourbillon dont le Soleil tourne fi inégalement fur fon axe ; ou s’il n’y a pas de défordre dans ce Tourbillon, il faut que l’or- dre en foit bien différent de celui du nôtre , où les mou- vemens font fi uniformes. On verra dans le Mémoire de M. Maraldi quelle peut être la Phyfique des autres irregularités. On en a déja donné une légere idée en 1709 “ fur une Etoile de l'Hi- dre. Il eft affez facile d'imaginer ou de grandes taches pañagéres qui s'aflemblent diverfement avec des taches fixes , ou une matiére liquide & lumineufe répandue com- me une Mer fur le globe d’une Etoile, & qui même ait des mouvemens tantôt en même fens que celui du globe, tantôt en fens contraire ; mais quoi que ce foit que l’on imagine, il en faudra venir à reconnoître de prodigieux changemens dans cette Etoile , une différence étonnante de ce Monde d’avec le nôtre, & la poflibilité d’une infi- nité de changemens prefque incroyables que la fuite des fiécles peut amener. DES SCIENCES. 69 SUR LA PREMIERE EQUATION -_ des Planétes dans l'Hypothefe de Kepler. Ous avons expliqué en 1704 * ce que c’eft que la é les M. N premiére & la feconde inégalité des Planétes. Leur P, pote & premiére Equation eft ce qu’il faut ajoûter à leur mouve- fiv. ment moyen, ou ce qu'il en faut retrancher pour tenir com- pte dela premiére inégalité , ou pour avoir le mouvement vrai, ou pour avoir le lieu du Ciel auquel la Planéte feroit rapportée par un Speëtateur placé au centre de fon mouve- ment; car tout cela n’eft que la même chofe. Selon Kepler le centre du mouvement de toutes les Planéres principales étant le Soleil placé dans un foyer commun des différentes Ellipfes qu’elles décrivent autour de lui, & le centre du mouvement de la Lune étant la Terre placée de même dans un des foyers d’une Ellipfe que la Lune décrit en un mois, & de plus des lignes droites étant tirées du foyer à la circonférence de l’'Ellipfe quelconque , de forte que ces Seéteurs ou efpaces elliptiques qu’elles comprennent, foient égaux, les efpaces égaux du mouvement moyen font repréfentés par ces Secteurs , & les efpaces inégaux par- courus par le mouvement vrai font repréfentés par les arcs elliptiques correfpondans. Cette Hypothèfe eft générale- ment reçûe. Comme la Terre y eft à l’égard de la Lune, ce que le Soleil eft à l'égard de la Terre & des autres Pla- nétes principales , on doit appliquer ici aux Planétes qui tournent autour du Soleil , ce qui a été dit en 1710 * fur . * p. 104. la Lune qui tourne autour de la Terre. RENE Tout cela fuppofé , il s’agit d'une Méthode par laquelle le mouvement moyen d’une Planéte pour un inftant quel- conque étant donné, qui l'eft toujours , on trouve la pre- miere Equation de la Planéte pour cet inftant. Différens Aftronomes ont réfolu ce, problème qui eft abfolument néceflaire, tant pour la Théorie que pour la pratique de l'Aftronomie; mais l'extrême importance & le grand ufage 1 iüg 40 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE dont il eft, font qu’on ne peut trop s'appliquer à en don: - ñer des folutions fimples & faciles, M. Caflini en propofe ici une de cette efpéce. n Il fuppofe un Cercle qui a pour diametre le grand Axe de l'Ellipfe quelconque décrite par une Planéte, & qui par conféquent enferme l’Ellipfe. Le fommet commun de ces deux Courbes le plus éloigné du foyer où eft le Soleil, ef le point de l’Aphelie , d’où l’on conçoit que la Planéte part pour décrire fon Ellipfe. Le Cercle repréfente la Courbe qu’elle décriroit par fon mouvement moyen, & dont elle parcourroit toujours des arcs égaux en tems égaux. Mais quand même elle décriroit ce Cercle ,elle ne paroïitroit pas en parcourir des arcs égaux en tems égaux étant vûe du Soleil , puifque le Soleil n'eft pas au centre du Cercle. C’eft donc la diftance du Soleil ou d’un foyer de l'Ellipfe au centre commun de l'Ellipfe & du Cercle qui rend le mouvement apparent de la Planéte inégal , & une plus grande diftance le rend plus inégal ; de forte que la grandeur de Pinégalité dépend de la diftance d’un foyer de l’Ellipfe à fon centre , ce qui eft lexcentricité de la Planéte , & détermine l'efpéce de l’Ellipfe qu’elle décrit, le grand Axe étant toujours fuppofé Le même, Lorfque par le mouvement moyen ou égal, qui eft feint, la Planéte feroit dans un certain point du Cercle, par exem- ple ; au 20% degré à compter depuis l'Aphelie , ce qu'on appelleroit 20 degrés d'ÆAnomalie moyenne , il faut fçavoir à quel point de l’Ellipfe elle fera parle mouvementinégal ou vrai, ou,cé qui eft le même, a quel point duCercleelle feroit rapportée étant vüe du Soleil au point de fon Ellipfe où elle eft alors réellement,ce qu'on appellerafes degrés oufonarc d’'Anomalie vraie , toujours à compter de l'Aphelie. Voilà ce que M. Callini trouve.géométriquement, & en général, & d’une maniére qui ne demande que très-peu de calcul. Elle a même une commodité aflez confidérable. Dans le calcul de la folution générale il y a un certain arc de Cercle , & fon Sinus dont il faut avoir la différence en DES SCIENCES, 71 nombres. Cette différence n’eft nullement à confidérer, quand la plus grande différence du mouvement moyen & du mouvement vrai d’une Planéte > qui fe trouve tou- jours aux moyennes diffances , n'eft que dun degré & demi. Or elle n’eft jamais que d’un degré pour le Soleil , & de 25” pour Venus, ce qui abrége d'autant le calcul, & le rend plus fimple. De plus, cette plus grande différence des deux mouvye- mens ne va pour la Lune qu'à 2° 30/, pour Jupiter qu’à 2° $0”, pour Saturne qu'à 3° 15”; ce qui pour Saturne ne produit que 6” pour la plus grande différence qui puifle être entre l'arc & le Sinus , & moins pour la Lune & pour Jupiter à proportion. Or comme on ne peut pas déter- miner le vrai lieu d’une Planéte à 6” près , il feroir encore änutile de tenir compte de ces légeres différences. IL n’y a que Mars & Mercure , qui en aient qu’on ne doit pas négliger. La plus grande différence du mouve- ment vrai& du moyen dans les moyennes diftances eft pour Mars de près de $° 30, & pour Mercure de plus de 24°. On voit affez que cela vient de la différente excen- tricité des Planétes, & que celle de Mercureeft de beau- quoique fujette aux mé- mes inconveniens que la Logue par rapport aux Courants, a paru ingénieufe , & elle pourroit être utile dans les gran- des Mers où regnent les Vents Alifés ; & où la navigation Hif, 1719. 82 HisTOIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE eft plus-tranquille. T1 peut furvenir quelques irrégularités de la part de l’inégale tenfion de la Chaîne. ILE Un Carroffe de M. du T'anney de Gourney , qui ne doit point verfer au moyen d’une efpéce de Cheville ouvriére ou de Pivot, qui porte fur le milieu de l’Aïflieu du train de derriére, & autour duquel , comme centre , la Roue qui trouve une hauteur peut tourner. L'invention a paru inge- nieufe , & ona cru qu'effettivement le Carrofle ne verfe- roit point ; tant que les Aïflieux des deux trains demeure- roient à peu près paralleles ; mais que quand l’Aiffieu de de- vant fe trouveroit en tournant dans la même direétion que l fléche, la bafe fur laquelle eft foutenu le corps du Car- roffe fe réduifant alors à une ligne droite, il y auroit beau- coup de peril, à moins qu'on ne trouvêt quelque reméde à cet inconvenient. DES SCIENCES. 83 AE EE EE re DODDOSSOSCOSCOCCOCCSLECS À PARA TN ALERT IT TESTS TRI SAT TA TT SSL ES PL ONG E DE M DE MONTMORT. | sécu REMOND DE MONTMORT naquit à Paris le 27 Oûtobre 1678, de François Remond Ecuyer Sr. de Breviande , & de Marguerite Ralle. IL étoit le fe- cond de trois freres. ' Après le Collége, on le fit étudier en Droit, parce qu’on le deftinoit à une Charge de Magifirature, pour laquelle il avoit beaucoup d’averfion. Son Pere étoit fort févére & fort abfolu , & lui fort ennemi de la contrainte, d’un efprit affez haut , ardent pour tout ce qu'il vouloit , courageux pour prendre les moyens d'y réuflir. Las du Droit & de [a maifon paternelle , il fe fauva en Angleterre ; dès que la Paix de Ryfwick eut rendu l'Europe libre aux François il paffa dans les Pays-Bas , & de-là en Allemagne chez M. de Chamoys fon Parent , Plénipotentiaire de France à la Diete-de Ratifbonne. Ce fut là que la Recherche de la Verité lui tomba entre les mains. On ne lit guère ce Livre-là indifféremment, quand on eft d’un caraétere qui donne prife à la Philofo- phie ; il faut prefque néceffairement ou fe rendre au fyfé- me, ou fe croire aflez fort pour le combattre. M. de Mont- mort s’y rendit abfolument, & en éprouva les deux bons effets inféparables ; il devint Philofophe & véritable Chré- tien. If revint en France en 1699 , & 2 mois après fon retour fon Pere mourut, & le laiffa à l'âge de 22 ans maître d'un bienaflez confiderable , & de lui-même. Maisla Re- cherche de la Verité, & les autres ouvrages de la même main ; les confeils de PAuteur qui Pavoient engagé dans Li 84 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE ’érude des Mathématiques, prévinrent les périls d’un état fi agréable. Il n’avoit pas des goûts foibles, ni des demi- volontés. Ilfe plongea entiérement dansles exercices d’une: piété fincére , dans la Philofophie, & dans les Mathémati- ques. Il vivoit dans un défert, puifqu'il ne voyoit plus que fes pareils , fur-tout le P. Malebranche , fon Maitre , fon Guide, & fon intime Ami. En 1700 il fitun fecond voyagea Londres, & il étoit beaucoup plus digne de le faire. Il n’avoit été en Angle- terre la premiére fois que pour fortir de France , & alorsil y alla pour voir un Pays fi fertile en Sçavans. Il ofa dès ce tems-la rendre vifite à M. Newton. C'étoit de M. Carré & de M. Guifnée qu’il avoit appris: les premiers Elémens de Géométrie ; & d’Algébre, & rien: de plys. Il n’avoit fallu que lui ouvrir la route , une grande pénétration d’efprit naturelle & la premiére ardeur d’une jeunefe fort vive , appliquées toutes deux enfemble & fans interruption à un feul objet, devoient faire , & firent effec- tivement un chemin prodigieux. M. de Montmort fe mé- nagea encore un fecours très-utile ; il s’affocia M. Nicole, jeune homme qui avoit déja quelque teinture de Géome- trie, & qui promettoit beaucoup. Ils {s'inftruifoient l'un l'autre, s’éclairoient ,s’animoient , fe communiquoient du goût & de la palion. Dans ce cas-là le compagnon d'un travail le rend plus tendu , & cependant plus agréable. Ils pañférent trois ans dans l'yvrefle du plaifir des Mathémati- ques. Ils pénétrerent jufque dans le Calcul intégral , qui les piquoit d’autant plus, qu'il étroit plus épineux & moins, connu ; mais toute cette félicité fut troublée , quoiqu’elle ne parût pas devoir être fort expofée à la jaloufie de la For- tune. On avoit revêtu d’un Canonicat de Notre-Dame de Paris le frere cadet de M. de Montmort, fans trop conful- ter fon inclination. Il voulut renoncer à l'état Eccléfiafti- que , & fe donner pour fucceffeur ,ou M.de Montmort, s'il le vouloit être , ouunautre, à qui les fuffrages des Gens D'HSUSICI E N CES 8$ de bien n’étoient pas fi favorables. Ils agirent auprès de M. de Montmort pour le réfoudre à prendre le Canonicat , lui qui vivoit déja comme le meilleur Eccléfiafique du monde. Il n’avoit à leur oppofer que laflujettiffement pe- nible & perpetuel de la vie de Chanoine , très-adouci à la vérité par l’ufage ordinaire , mais dont il voudroit porter tout le poids ; & dans le fond il étoit retenu aufli par fes che- res Mathématiques , qui devoient foufirir beaucoup de fon affiduité au Chœur. Mais enfin fa délicatefle de confcien- ce , même pour autrui, lui fit tout furmonter. Il fut Cha- noine , & le fut à toute rigueur. Les Offices du jour n’a- voient nulle préférence fur ceux de la nuit , ni les afliduités utiles fur celles qui n’étoient que de piété. Seulement le peu de tems qui pouvoit être de refte étroit foigneufement ménagé pour ce qu'il aimoit. Il avoit reçu de la Nature des inclinations nobles , géné- reufes , & bienfaifantes ; & tout ce qui pouvoit les porter à un haut degré de perfe&tion fe réunifloit en lui, la Philofo- phie ;'laReligion , les engagemens encore plus étroits de l'Etat Eccléfiafique. Il faifoit imprimer à fes frais des Livres d'autrui , qui, quoique bons , n’euffent pas trop été recher- chés parles Libraires, comme celui de M. Guifnée fur Application de P Algébre à la Géometrie, ou des Ouvrages rares , qui par certaines circonftances ne fe fuffent pas aifé- ment répandus, comme le Traité de M. Newton fur la Quadrature des Courbes ; il marioit ou faifoit Religieufes des filles, qui, faute de bien, n’euffent trouvé que des Amans, &t pas même des Monafteres ; & pourvû que les befoins ne fuflent pas tout à-fait difproportionnés à fon pouvoir, il ne manquoit jamais ni à l'amour des Sciences, nià celuidu Prochain. Cependant il fautavouer qu’au milieu de la dou- ceur inféparable des bonnes attions, il n’étoit point pleine- ment content; fa vie rigoureufe de Chanoïine fur laquelle il ne fe faifoit aucun quartier , le gênoit trop ; il ne fentoit point qu'il füt où il auroit voulu être. Vers la fin de 1704 il acheta la terre nu ie L ii} * V.Y'Hift. de 1705. p.148. & fuiv. 86 HisToOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE A celle de Mareuil qui eft dans le voifinage,;demeuroit Ma- dame la Duchefle d'Angoulême, qui par un paradoxe chronologique étoit Brû de Charles IX , mort il y avoit alors 130 ans. M. de Montmortalla rendre fes refpeëts à cette Princeffe , & il vit chez elle Mademoifelle de Remi- court fa petite Niéce & fa Filleule. Après certe vifite, fon Canonicat lui fut plus à charge que jamais ; & enfin il fe défit de limportune Prébende pour pouvoir prétendre à cette Demoifelle , dont il étoit toujours plus touché, parce qu'il la connoïfloit davantage, & il l’époufa en 1706 au Château de Mareuil. Avant le mariage , & malgré une ex- trême envie de conclure, il lui déclara de lui-même & fans aucune néceflité, qu'il avoit dépenfé 25 mille écus de fon bien ; tant il avoit peur de tromper , même en cette occafion , où l’ufage autorife les tromperies en ne les punif- fant pas par le déshonneur qu’elles mériteroient. Il fut faci- le de juger à quoi ces 2$ mille écus avoient été employés; fans cela on n'auroit jamais fçu jufqu’où il avoit pouflé la générofité, ou la charité chrétienne, & il arriva qu'une vertu fut trahie par une autre. Etant marié il continua fa vie fimple & retirée , & d’au- tant plus que par un bonheur affez fingulier le mariage lui rendit fa maifon plus agréable. Les Mathématiques en pro- fitérent. Plein de diflérentes vûes , il fe fixa fur une matié- re toute neuve, car le peu que Mrs Pafcal & Huguens en avoient'effeuré ne l'empêchoit pas de l'être ; & il fe mità en compofer un ouvrage , qui ne pouvoit manquer d’être ori- ginal. Feu M. Bernoulli avoit eu à peu près le même def- fein *, & l’avoit fort avancé; mais rien n’en avoit paru. L’'Efprit du Jeu n'eft pas eftimé ce qu’il vaut. Il eft vrai qu'il eft un peu déshonoré par fon objet, par fon motif, & par la plüpart de ceux qui le poflédent ; mais du refte il refflemble affez à l'efprit Géometrique. Il demande auffi beaucoup d’étendue pour embraffer à la fois un grand nom- bre de différens rapports , beaucoup de jufefle pour les comparer , beaucoup de fureté pour déterminer le réfultat DES SCIENCES. 87 des compäaraifons, & de plus une extrême promptitude d’o- pérer. Souvent les plus habiles Joueurs ne jugent qu’en gros, & avec beaucoup d'incertitude, fur-tout dans les Jeux de Hafard où les partis qu'il faut prendre , dépendent du plus ou moins d'apparence que certains cas artivent,ou n’at- rivent pas : on fent affez que ces différens degrés d’appa- rence ne font pas faciles à évaluer ; il femble que ce feroit mefurer des idées purement fpirituelles,& leur appliquer Ja Regle & le Compas. Cela ne fe peut qu'avec des raifonne- mens d'une efpéce particuliere, très-fins , très-glifflans , &x avec une Algébre inconnue aux Algébriftes ordinaires. Auffi ces fortes de fujets n’avoient-ils point été traités ; c’é- toit un vañle Paysinculte , où à peine voyoit-on cinq ou fix pas d'hommes. M. de Montmort s y éngagea avec un cou- rage de Chriftophle Colomb , & en eut auffi le fuccès. Ce fut en 1708, qu’il donna fon Effai d Analyfe fur les Jeux de Hafard, où il découvroit ce nouveau Monde aux Géomé- tres, Au lieu des Courbes qui leur font familieres, des Se- €tions Coniques , des Cycloïdes , des Spirales , des Loga- rithmiques , c'étoient le Pharaon, la Baflette , le Lan(que- net, l'Ombre, le Tridrac, qui paroïfloient fur la Scéne af fujettis au calcul, & domptés par l'Algébre. Dans ce même tems un autre jeune Géometre tourna fes vües de ce même côté ; c’étoit M. Nicolas Bernoulli, Neveu des deux célébres Jacques & Jean Bernoulli Jac- ques qui étoit mort avoit laiflé un Manufcrit imparfait inti- tulé De Arte Conjeëtandi , & quand le Nèveu foutint à Bafle en 1709 fa héfe de Docteur en Droit, il prit pour fujet De Arte conjectandi in Jure ; comme il étoit habile Géométre , aufli-bien que Jurifconfulte, il ne put s’empé- cher de choifir dans le Droitune matiére qui admit de la Géométrie. Il traitoit du prix où l’on doit légitimement mettre des Rentes Viageres & des Ufüfruits felon les diffé rens âges , du tems où un Abfent doit être cenfé mort ; des Affurances entre Marchands, de la probabilité des Té- moignäges, &c. il appliquoit à tout cela les principes de 88 HISTOIRE DE L'AcADEMIE ROYALE fon Oncle qui lui étoient connus ; & enfuite entrainé par Le charme de la nouveauté & de la difficulté ,ils’enfonça dans les mêmes Théories que M. de Montmort. Cette confor- mité de goûts & d’études fit naître entre eux l'amitié & lémulation. M. Bernoulli vint à Paris, & M. de Montmort l'emmena chez-lui à fa Campagne , où ils pafférent 3 mois dans un combat continuel de Problèmes dignes des plus grands Géométres. Il s’agifloit toujours d’eflimer des ha- fards , de régler des paris, de calculer ce qui fe déroboit le plus au calcul. Leurs journées pafloient comme des mo- mens, grace à ces plailirs , qui ne font pourtant pas com- pris dans ce qu’on appelle ordinairement les plaifirs. Les Problèmes qui occupoient ces deux Géométres, conduifent néceflairement à des Combinaifons très com- pliquées , & à des Suites de Nombres formées felon certai- nes conditions, & compofées d'une infinité de termes,dont tantôt il falloit trouver les fommes finies ou infinies , tan- tôt , ce qui eft fouvent plus difficile, les fommes d'un nom- bre déterminé de termes , tantôt un terme quelconque. La Théorie de ces Suites infinies eft une Clef de la plus fublime Géometrie des Courbes ; car elles fe réfolvent en des Suites conditionnées d’une certaine maniére, & leurs Circonférences oules Efpaces qu’elles renferment font des fommes de ces Suites. Mais outre ces ufages fçavans , les Théories de M. de Montmorten peuvent encore avoir une infinité de politiques & de civils. Le Chevalier Petty An- glois, a fait voir dans fon Arithmetique politique combien de connoiflances néceffaires au gouvernement fe réduifent à des calculs du nombre des Hommes, de la quantité de nour- riture qu'ils doivent confumer , du travail qu'ils peuvent faire, du tems qu'ils ont à vivre, de la fertilité des terres, de la quantité des Naufrages dans les Navigations, &c. Ces connoiffances,& beaucoup d’autres pareilles, étant acquifes par l’expérience, & pofées pour fondemens , combien de conféquences en tireroit un habile Miniftre pour la perfec- tion de l'Agriculture, pour le Commerce tant intérieur qu’extérieur ; DES Sciences 89 qu'extérieur, pour les Colonies , pour le cours de l’Argent, &c ? mais il faudroit qu’il paffât par lés Combinaifons , & par les fuites des Nombres, à moins qu'un grand génie na- turel ne le difpenfär d'une marche fi lente & fi pénible, fans compter que la nature des affaires ne demande pas la préci- fion géométrique. Enfin il eft certain , & les peuples s’en convaincront de plus en plus, que le monde politique auffi-bien que le phyfique , fe régle par poids ; nombre & mefure. : Après le Livre de M. de Montmort, il en parut un en Angleterre fur lamême matiere, intitulé, De menfura Sortis. Il eft de M. Moivre , fameux Géométre , que la France a droit, puifqu'il eft François , de revendiquer fur l’'Angle- terre, d’ailleurs fort riche. Je ne diffimulerai point que M. de Montmort fut vivement piqué de cet ouvrage, qui lui parut avoir été entiérement fait fur le fien, & d’après le fien. Il eft vrai, qu'il y étoit loué, & n’étoit-ce pas aflez, dira-tson ? mais un Seigneur de fief n’en quittera pas pour des louanges celui qu'il prétend lui devoir foi & hommage des terres qu'iltient de lui. Je parle felon fa prétention , & ne décide nullement s'il étoit en effet le Seigneur. M. de Montmort, voifin à fa campagne de Madame la Ducheffe d'Angoulême, s’étoit fort attiré fon eflime & fa confiance; peut-être aufli avoit-il pour elleune forte de re- connoiffance de ce que fon mariage étoit heureux. Après qu’elle eut vendu fa Terre de Mareuil pour l’arrangement de fes affaires , il lui offrit la plus belle partie du Château de Montmort pour fa demeure, & elle l'accepta. Elle y fut trois ans, au bout defquels elle mourut en 1713, ayant encore augmenté de 10 ans la merveille d’être Belle fille de Charles IX. Elle laiffa fon Hôte chargé d’une Lettre our le Roi , & fon Exécuteur teftamentaire. Il fallut que le Philofophe allât à Verfailles, & , ce quieft encore plus . terrible , au Palais, & fort fouvent ; car il fe trouva fur les bras deux Procès que le T'eftament avoit fait naître. Ilavoit pour les affaires la double haine & d’honnête-homme & de Hifi. 1719. + pag. 109. & fuiv. 90 HisTOIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE Sçavant; cependant il en fit parfaitement fon devoir, & gagnales deux Procès. En comparaifonde ces fortes d'hon- neurs funébres qu’il rendit à la mémoire de la Princeffe , les Obfeques dignes d’elle qu'il lui fit faire, & l'Epitaphe qu'il compofa , ne méritent pas d'être comptés. En 1714 il fit une nouvelle édition de fes Jeux de hazard très-confidérablement augmentée,& enrichie de fon Commerce épiftolaire avec M", Bernoulli oncle & neveu, far - tout avec le neveu, qui ne refpiroit alors comme lui que Combinaifons , & Suites infinies de Nombres. Ce n’étoit pas feulement avec ces deux illuftres Mathé- maticiens qu’il étoiten commerce, maisavec tous les autres de l'Europe, M", Leibnits, Halley , Craige, Taylor, Her- man, Poleni. Tous les plus grands noms dans ce genre com- pofoient la Lifte de fes Amis. Il apprenoit par eux les nou- velles les plus fraiches des Mathématiques , leurs vües par- ticulieres, leurs projets d'ouvrages, leurs réflexions fur ce qui paroifloit au jour , l'Hiftoire anecdote des Sciences ; il recevoit & rendoit des folutions de Problêmes difficiles , des jugemens raifonnés, des Differtations méditées avec foin ; un Géométre médiocre auroit été fouvent fort em- barraffé de pareils commerces. Pour luiil ne pouvoit l'être que quand il falloit fe ménager entre des Sçavans brouillés enfemble, comme dans la querelle qui s’éleva fur l’inven- tion des nouveaux Calculs , & dont nous avons parlé en 1716 *. D'un côté étoit toute l'Angleterre en armes pour M. Newton, & de l’autre M. Leïbnits, & après fa mort M. Jean Bernoulli, qui aufli-bien que Jacques fon frere, ayant prises premieres idées de ces Calculs dans des Ecrits de M. Leibnits où tout autre qu'eux ne les eût pas prifes , les avoit pouffées fi loin qu'il y pouvoit prendre le même intérêt que M. Leibnits. M. Bernoulli feul , comme le fa- meux Coclés , foutenoit fur le Pont toute l'Armée Angloi- fe. On en étoit venu aux grandes hoflilités , à des défis de Problèmes , & M. de Montmort toujours pofté entre les. deux partis ennemis , dont chacun tâchoit de l’attirer à foi, a DES SctEnNcEes., Or recofinu prefque pour juge en quelques occafons, avoit befoin de toute fa fagefle. IL étoit peut-être plus liéaveclés Anglois qu'il connoifloit perfonnellement : cependantilfe maintint parfaitement neutre en ufant du feul artifice qui pôt réufir ; il difoit toujours vrai de part & d'autre , mais du ton qui fait pañler la vérité. Les Sçavans avec qui ila eu le commerce le plus étroit , font M':. Bernoulli, oncle & neveu , & M. Taylor. En 1715 il fit un troifiéme voyage en Angleterre pour y obferver l'Eclipfe folaire, qui devoit être totale à Lon- dres. La Société Royale ne le voulut pas laiffer partir fans fe l'être acquis , & fans l'avoir reçû dans fon Corps. À quelque point que cet honneur le flatât, il ne le fé- duilit pourtant pas en faveur.des Ætrraëtions , dbolies , à ce qu'on croyoit, par le Cartefianifme, & reflufcitées par les Anglois, qui cependant fe cachent quelquefois de l'amour qu'ils leur portent. M. de Montmort eut de gran- des querelles fur ce fujet avec M. Taylor fon ami particu- lier, & lui compofa même avec foin une affez longue Dif- fertation , par laquelle il renvoyoit les Attrattions dans le néant, d'où elles tâchoient de fortir. M. Taylor y répon- dit peu de tems après. Il eft certain que fi l’on veut enten- dre ce qu’on dit , il n’y a que des Impulfons : & fionnefe foucie pas de l’entendre, il y a des Attrations , & tout ce qu’on voudra; mais alors la Nature nous eft fi incompré- henfible qu'il eft peut-être plus fage de la laiffer-là pour ce qu'elle eft. M. de Montmort, pour remplir quelque devoir de Mem- bre de la Société Royale de Londres, lui envoya un grand Ecrit fort curieux & fort profond fur les Suites infinies, qu’elle fit imprimer dans fes Tranfaétions en 1717. M. Tay- lor très-verfé aufli dans cette matiere , comme il paroît par fon Traité De Methodo.Incrementorum , y fit une addition ; ce qui marquoit entre deux Géométres vivans unejiaifon affez tendre, & une efpéce de fraternité, M. de Montmort deftinoit aufli un pareil morceau à Mi 92 HIsTOIRE:DE L'ACAPEMIE ROYALE l'Académie des Sciences, où il avoit été recû Affocié libre en 1716 ; mais étant venu de fa campagne à Paris au mois de Septembre 1719 pour des affaires, il fat pris de la pe- tite Verole, qui faifoit alors beaucoup de ravage , & en mourut le 7 O&obre fuivant. Quand il fat extrêmement mal, & que felon la coutu- me on l'envoya recommander aux prieres de trois Paroif- fes dont il étoit Seigneur , les Eglifes retentifloient des gé- miflemens & des cris des payfans. Sa mort fut honorée de la même Oraifon funébre ; Eloges les plus précieux de tous; tant parce qu'aucune contrainte ne les arrache, que parce qu'ils ne fe donnent ni à l’efprit, nt au fcavoir , mais à des qualités infiniment plus eftimables. Iltravälloit depuis un tems à l'Hifloire de la Géométrie. Chaque Science, chaque Art devroit avoir la fienne. El eft très-agréable , & ce plaïfir renferme beaucoup d’inftruétion, de voir la route que l'Efprit humain a tenue, & pour parler géométriquement, cette efpéce de progreflion, dont les intervalles font d’abord extrêmement grands, & vont en- fuite naturellement en fe ferrant toujours de plus en plus. L'Hiftoire de la Géométrie ancienne auroit été d’une dif- cullion & d’une recherche fort pénible, & il eût fallu beau- coup travailler pour ne rien apprendre que des méthodes embaraffées, qui ont conduit les plus grands génies à ce qui n'eft préfentement qu'un jeu. La Géométrie moderne, dont l'Epoque eft à Défcarres ; qui a changé la face de tout, eût été plus agréable & plus intéreffante , mais en même-tems plus dangerèufe à traiter. Non feulentent les Particuliers , mais les Nations mêmes ont des jaloufies. Heureufement M. de Montmort étoit aflez intelligent & affez laborieux pour la premiere partie de fon ouvrage , af fez inftruit & affez équitable pour la feconde. I] n'était pas encore fort avancé. Puifle-t1l avoir un digne fucceffeur! Le fort de fon travail n'étoitiqu'à fa campagne , où il pañoit la plus grande partie de l’année ; la vie de Paris Jui paroïfloit trop diftraite pour des médiations aufli fuivies pes, Sc rE N CES: 93 que les fiennes. Du refte, il ne craïgnoit point les diftrac- tions en détail. Dans la même chambre où il travailloitaux Problèmes les plus embarraffans , on jouoit du Clavecin , fonfils couroit, & le lutinoit , & les Problèmes ne laifloient pas de fe réfoudre. Le P. Malebranche en à été plufieurs fois témoin avec étonnement. Il y a bien de la force dans un efprit qui n’eft pas maïtrifé par les impreflions du de- hors, même les plus légeres. Il faifoit volontiers les honneurs de Paris aux fçavans étrangers, qui la plüpart s’adrefloient d'abord à lui. Quoi- que vif, & fujet à des coleres d’un moment, fur-tout quand on l’interrompoit dans fes études pour lui parler d’affaires, il étoit fort doux ; & à ces coleres fuccédoir une petite hon- te, & un repentir gai. Il étoit bon maître , même à l'égard de domefliques qui l’avoient volé , bon ami, bon mari, bon pere, non feulement pour le fond des fentimens , mais ce qui eft plus rare, dans tout le détail de la vie. Mü 94 HISTOIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE DRE RS R EL ONE: DE: :: 1 ROLL; LE. IcHez ROLLE nâquit à Ambert, petite Ville de [A la baffle Auvergne le 21 Avril 1652. Son Pere, Marchand peu aifé , après lui avoir fait bien apprendre à écrire , & un peu d'Arithmétique , le mit chezun Notaire, & enfuite chez différens Procureurs du pays, pour le for- mer aux affaires & à la pratique , qui devoient être le prin- cipal fond de fa fubfiflance. Mais il fe laffa bientôt de ces fortes d’occupations, qui en effetne font pas médiocrement dégoutantes pour qui n'y eft pas appellé par la Nature ; & à l'âge de 23 ansil vint à Paris avec la feule reffource d’écri- re affez bien pour en pouvoir donner des leçons. Le peu d’Arithmétique qu'il fçavoit , & qui eft commu- nément joint à cette profeflion , étoit une foible femence qui germa bien vite chez lui par la bonne difpofition du terroir. Il entra plus avant , & toujours plus avant dans la fcience des Nombres; & enfin, fans en avoir eu lintention, & prefque fans s’en appercevoir, il fetrouva conduit jufqu’à l'Algébre. C'étoit-là où la Nature le vouloit. Il s’enfonça dans la plus abftraite Analyfe; la difficulté n'étoit que de trouver du iems : fa profeflion , devenue d'autant plus né- ceffaire qu'il étoit déja chargé de famille, l’occupoit beau- coup ; mais tout ce qu’elle pouvoit lui laiffer de loifir, tout ce qu'il pouvoit dérober à fon fommeil , la paflion domi- nante le prenoit, & l’on fçait que les paflions font toujours leur part affez bonne. Feu M. Ozanam avoit propofé ce Problème , Trouver 4 nombres tels que la différence de deux quelconques foit un quar- ré; © que la fomme de deux quelconques des trois premiers DES SCIENCES. 95 Joit encore un quarré. Xl avoit ajouté que le moindre de ces nombres n'auroit pas moins de so chifires, & qu'il ne croyoit pas qu'on en pô trouver de plus petits. M. Rolle en 1682, c'eft-à-dire âgé de 30 ans, réfolut le Problême par 4 formules algébriques, qui exprimoient les 4 nombres ; n'avoient que deux inconnues ou indéterminées , telles qu'en fuppoñfant d’abord que la premiere étoit 1, & la fe- conde 2, ce qui eft la plus fimple des fuppofitions , il ve- noit 4 nombres conditionnés comme on les-demandoir , & uin'avoient chacun que 7 chiffres au lieu de so; cfpéce d'infalte fçavante qu'on faifoit au Problême. M. Rolle don- noit de plus la maniere d’avoir 10 millions de fois mille . milliars de réfolutions, dans lefquelles le plus grand nom- bre n’auroit pas so chiffres, infulte infiniment redoublée. Aufli-tôt M. Colbert , qui avoit des efpions pour découvrir le mérite caché ou naïflant, déterra M. Rolle dans l'extrê- me obfcurité où il vivoit, & lui donna une gratification , qui devint enfuite une penfion fixe. Encouragé par une récompenfe fi prompte, & en quel- que forte fi prévenante , & plus encore par la gloire d’un début fi brillant , il fe dévoua entiérement à l'Algébre, & y fit de fi grands progrès qu'en 1685, trois ans feulement après que fon nom eut paru pour la premiere fois, il fut re- çû dans l’Académie des Sciences , pour y tenir une place qu'un autre eût peut-être eû de la peine à remplir. Tlny a point d’habiles Mathématiciens qui ne fçachent beaucoup d’Algébre, ou du moins aflez pour l'ufage indif penfable. Mais cette fcience pouffée au-delà de cet ufage ordinaire ef fi épineufe, fi compliquée de difficultés, fiem- _ baraffée de calculs immenfes, & pour tout dire, fi affreufe ; que très-peu de gens ont un courage aflez Héroïque pour s’aller jeter dans ces abîmes profonds & ténébreux. On eft plus flaté de certaines Théories brillantes, où la finefle de Perit femble avoir plus de part que la dureté du tra- vail. De plus, il ne s’agit dans l'Algébre que de l’art de dé- mêler une grandeur inconnue au travers de mille nuages 96 HisTOIRE DE L'AcaDEMIE ROYALE qui la couvrent , fuppofé qu’on ait deffein de la connoître; mais ce deflein, ce font d’autres parties des Mathématiques, des intérêts particuliers, pour ainfi dire, qui le font naître en certaines occalions , & on les attend pour fe donner la peine d'employer l'Algébre , ou, ce qui eft encore plus court, quand affaire en eft venue-là , on fe contente de la renvoyer à l’Algébre, qui eft obligée de s’en charger. M. Rolle ne la traita pas ainf ; il l’aima pour elle-même, & en brava toures les horreurs, fans fe propofer autre cho- fe que de les furmonter. Cependant comme l’Algébre & la haute Géométrie font devenues inféparables , il pénétra aufli jufqu'à cette Géométrie; mais il n’alla jamais jufqu'à celle qui eft mêlée de Phyfique , peut-être parce que l'Al- gébre , à laquelle il étoit fi fidelle, ne l'y conduifoit pas neceflairement. M. de Louvois, dont un des fils avoit appris de lui les Elemens de Mathématique , lui donna au Bureau de l'Extraordinaire des Guerres une feconde place, qui valoit mieux que celle de l’Académie, & pouvoit le mener plus loin. Il tâcha pendant quelque tems de les accorder tou- tes deux, & même M. de Barbezieux voulut bien lui per- mettre de s’abfenter deux fois la femaine pour venir aux Affemblées de la Compagnie. Mais tout cela étoit forcé , il s’accabloit de travail, il prenoït trop fur fon fommeil , enfin il fentit l'impoffibilité abfolue de fervir à deux Mai- tres, & dans la néceflité de choifir , il préféra celui que fa fortune étroite ne lui confeilloit pas, mais que fon goût demandoit. Il a fait encore d’autres facrifices courageux à l'Algébre, & à fa liberté, ou plûütôt à l'Algébre feule ; car il n’avoit befoin de liberté que pour elle. Il y a entre les Sciences & les Richefles une ancienne & irréconciliable divifion. En 1690 il publia un Traité d’Algébre in 40. Ce quiena le plus brillé , a été fa méthode des Cafcades , qui réfout les Equations déterminées detousles degrés. Onapproche toujours de la valeur de l’Inconnue par des Equations difté- rentes ee DES ScirENCESs. 97 rentes & fucceflives , qui vont toujours en baiffant ou en tombant d’un degré, & de-là eft venu Le nom de Cafcades. Il enrichiffoit encore le Di&tionnaire de l’Algébre de quel- ques termes nouveaux , tels quel’ Arbre de direction , l Ar- bre de retour , &c. La nouveauté des chofes avoit produit néceflairement celle des morts. Commeil s’étoit contenté d’expofer fa méthode des Caf. cades fans la démontrer, il donna l’année fuivante un nou- vel cuvrage, Démonffration d'une Méthode pour réfoudre les Egalités de tous les degrés, fuivie de deux autres métho- des , dont la première donne les moyens de réfoudre ces mé- mes Egalités par la Géometrie , &° la fèconde pour réfoudre plufieurs Queflions de Diophante qui n'ont point été réfo- lues. I arrive quelquefois dans ces matiéres que l’on trou- ve de bonnes méthodes , & qu’il n’eft pas aifé d’en trouver la démonftration aflez précife ou affez claire. On voit la route qu'il faut tenir, on voit que l’on arrivera, on arrive toujours ; mais à toute rigueur on pourroit douter , & on ne forceroit pas un incrédule, triomphe indifpenfable pour les Mathématiques. 11 manquoit aux Cafcades , & leur Au- teur le leur affura. Quant aux Queftions de Diophante, que la propriété des Quarrés des 3 côtés du Triangle rec- tangle a fait naître, & qui regardent les nombres quartés, elles ont exercé plufieurs Géometres modernes, qui en avoient encore laïffé à M. Rolle une affez grande quantité des plus difficiles à réfoudre. La multitude de calculs & de combinaifons dont il avoit l'efprit plein, le rendoit fingu- Bérement propre à cette entreprife. En 1699 il publia encore un Ouvrage intitulé, Mérho- des pour réfoudre les Queflions indéterminées de l'Algébre. Il les avoit promifes dans fon grand Traité de 90. Le Journal des Scavans aflura qu’elles étoient les feules générales que l’on eût jufqu’alors pour réfoudre par des lignes les Equa- tions indéterminées , & qu'elles étoient de plus fort utiles, êt quelquefois néceffaires pour réfoudre auffi par des lignes toutes les Equations déterminées. On fçait affez quelesin- Hif. 1719. * V.V'Hif, de 1707. p.130. * V. l'Hift. de 2701.p.87. % {u1y, 98 HISTOIRE DE L’'ACADEM:&E ROYALE déterminées expriment des Courbes , & que les détermi- nées fe réfolvent par des interfeétions de Courbes , ce qui fait le grand & important commerce de lPAlgébre & de la Géometrie. Mais il femble que M. Rolle avoit foin d'y donner toujours beaucoup d'avantage à l'Algébre , & de lui faire jouer le perfonnage le plus confiderable. En ce tems-là le Livre de M. le M. de l'Hôpital avoit paru , & prefque tous les Mathématiciens commençoïent à fe tourner du côté de la nouvelle Géometrie de PInfinis jufques-là peu connue. L'univerfalité furprenante des mé- thodes, l'élegante briéveté des démontftrations, la fineffe & la promptitude des folutions les plus difficiles , une nou- veauté finguliére & imprévûe , tout attiroit les efprits, & il fe faifoit dans le monde Geometre une révolution bien mar- quée. Elle n’étoit pourtant pas abfolument générale; dans le pays même des démonftrations on trouve encore le moyen de fe divifer. Feu M. l'Abbé Galois, comme nous l'avons dit même dans fon Eloge *, ne goûtoit point la nouvelle Géometrie; mais il étoit bien- aife de ne la combattre qu’a- vec le fecours, ou à l'abri d’un Géometre de rom, & heu- reufement il trouva dans M. Rolle les difpofitions nécef- faires pour s’unir à lui. II mit dans la fociété le courage d’en- treprendre la guerre, & l’art de la conduire , qui tous deux auroient peut-être manqué à M. Rolle, & celui-ci ne fut obligé que de fournir les raifonnemens. La contefation éclata dans l'Academie * , qui eut d’abord la fagefle d’é- couter tout ; & enfuite celle d’affoupir par fon autorité une difpute , qui n’en devoit pas être une, du moins de la ma- niére dont elle létoit; car il pouvoit bien y avoir, & il y a certainement encore des difficultés à éclaircir dans le Syflême de la nouvelle Géometrie; mais on parloit de renverfer le Syflême total, & la propofition offenfoit trop les oreilles fçavantes. Quand la paix des Infiniment petits fut faire , ou le fi- lence ordonné , M. Rolle donna fon application à d’autres fajets de Géometrie ,où l’Algébre dominoit toujours. Iine DES SCcrENcESs 99 Jaioit pas d'y glifler encore adroitement des accufations d'infuifance ou même de fauffeté contre le nouveau Cal- cul , avec lequel il ne s’eft jamais bien réconcilié, & les In- finitaires étoient au guet pou: ne lui rien pafler qui les in- térefsät trop. II fe mit aufli à examiner , & pour ne rien diffimuler , il attaqua ouvertement la Géometrie de Def- cartes fur fa merveilleufe Théorie de la Conftruétion des Egalités; feu M. de la Hire s’en rendit le défenfeur , comme M5 Varignon & Saurin l'étoient des Infiniment petits. Cette matiére produifit des difcuflions fort fines & fort déli- cates , dont la plus curieufe eft dans l'Hiftoire de 1710 *; & il eft vrai que malgré un grand zéle pour la gloire de Defcartes, il fallut accorder à M. Rolle quelques-unes de fes prétentions, & reconnoître ce qu’on lui devoit fur des points affez importans. Il réfultoit de tout cela que quandil ouvroit une matiére dans l’Académie, il fembloit qu’on dût fe préparer à combattre : une legére différence de forme dans ce qu'il propofoit eût prévenu cet inconvenient, l’ob- jection la plus fulminante peut fans rien perdre de fa force devenir un fimple éclairciffement qu’on demande, mais il déclaroit trop nuement & trop géométriquement le fond de fa penfée fur des ouvrages révérés. La Géométrie n’a qu'un ton ; mais peut-être feroit-elle bien elle-même d’en changer quelquefoisun peu, puifqu’elle parle à des hommes, Quelques-uns foupçonnoïent M. Rolle de tendre des piéges aux autres Mathématiciens par des Queftions artifi- cieufement conçues , où il vouloit fe donner le plaifir de les voir plus embarraffés que la chofe ne méritoit ; cepen- dant il s’eft trouvé dans des occafions importantes que ces foupçons étoient injuftes , les queftions très-réelles , & les #olurions très-folides, témoin le cas nouveau & paradoxe de Pinterfeétion de deux Seétions Coniques en quatre points du même côté de l'axe, dont nousavons parlé dans l'Hiftoire de 1713 *. Il croyoit lAlgébre encore fort imparfaite , & fufcepti- ble d’une étendue que lon ne penfe pas même à y défirer. Ni »* p. 88. & fuiv. * pe 55 & fuiv, too HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Il en méditoit des Elémens tout nouveaux ; mais dans ce qu'il communiquoit à l'Académie , il rapportoit quelque- fois certaines chofes à ces Elémens inconnus, ou les fup- pofoit , ce qui donnoit à fes Ecrits une apparence de fim- ples Projets , & même de l’obfcurité. Ses idées pouvoient fe nuire les unes aux autres par leur multitude , & l’efpace borné de nos Mémoires ne fufhfoit pas toujours pour les contenir toutes ; le champ étoit trop petit pour y ranger armée en bataille. C’eft dommage qu'il n'ait fait fes Elé- mens, où il auroit pû £e développer en liberté ; on ne peut douter que l’ouvrage n’eût été fort confidérable , & un homme capable comme lui de fe facrifier entiérement à l'Algébre n’eft pas un préfent que la Nature fafle tous les. jours aux Sciences. Il eut en 1703 une attaque d’Apoplexie , dont il fortit avec tout fon efprit, & prefque la même force pour le tra- vail. Mais dix ans après , une feconde attaque le jetta dans une Paralifie qui ne lui permit plus de fortir , & dont il mourut le 8 Novembre 1719 âgé de 68 ans, après avoir donné toutes les marques d’une folide piété. Ses mœurs: avoient toujours été telles que les forment un grand atta- chement à l'étude, & l’heureufe privation du commerce du monde. M. de Mairan a eu la place de Géometre Penfonnaire de M. Rolle. CS 5 TN RS DES SCIENCES 101 RSR RES RS Lt dd Fr. clé " DES RÉ lE ‘ - És de nt EE its FI OÙ GE Pubs DDR ERUNT 4 UT. ERNarD RENAU D'ELIsAGAR AY nâquit dans le Bearn en 1652 d'un Pere qui avoit peu de bien ; & beaucoup d’enfans. On croit que ce fut par Madame de Gaflion, femme d’un Préfident à Mortier du Parlement de Pau, & fille de M. Colbert du Terron, Intendant de Ro- chefort, qu'il fut connu , fort jeune encore, de cet Inten- dant, qui conçut aufli-tôt beaucoup d’affe&tion pour lui. Il avoit une très-petite taille , mais très-bien | proportionnée ÿ & qui tiroit de l'agrément de fa petitefle même ; lair adroit, vif, fpiituel, courageux. M. du Terron le prit chez-lui ; où îL devint le frere de Madame la Princefle de Carpegne, & de Madame de Barbançon fes deux filles cadettes; cat elles l'ont toujours appellé de ce nom; & pour Madame de Gafion l’aînée des trois Sœurs, il étoit fon fils. Quelque aimable que:füt naturellement un jeune enfant étranger dans une maïfon , il falloit encore que pour y être aimé “de tout le monde il fcût bien fe rendre aimable. On lui fit apprendre les Mathématiques > apparemment parce que le féjour de Rochefort lui avoit donné lieu de faire paroître des difpofitions à à entendre la Marine ; enfin on avoit très- bien rencontré, & on vit par fon application & par fes progrès , qu'il étoit dans la route où fon génie Pappelloit. IL ne s’infiruifoit pas par une grande leure, mais par une profonde méditation. Un peu de ledure jettoit dans fon efprit des germes de penfées , que la méditation faifoit enfuite éclore, & qui rapportoient au centuple. Il cher- choit Les Livres dans fa tête » & les y NP qu'il y ii, 102 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE a de plus fingulier, c’eft qu’il penfoit beaucoup, & pañloit peu de tems dans fon Cabinet & dans la retraite. Il pen- foit d'ordinaire au milieu d’une converfation , dans une Chambre pleine de monde, même chez des Dames. On fe mocquoit dei fa rêverie & de fes diftrations , & on ne laifloit pas en même-tems de les refpeëter. Il faifoit natu- rellement & fans affeétation, ce qu’avoit fait pour une épreuve ou pour une oftentation de fes forces, ce Philofo- phe qui fe retiroit dansun Bain public où il alloit méditer. Il y a apparence que M. Renau lut la Recherche de la Vérité , dès qu’il fut en état de la lire. Son goût pour ce fameux Syftême , & fon attachement pour la perfonne de l’Auteur ont toujours été fi vifs, qu'on ne les fçauroit croire fondés furune impreflion trop ancienne. Quoi qu'il en foit, jamais Malebranchifte ne la été plus parfaitement ; & com- me on ne peut l'être à ce point fans une forte perfuafion des vérités du Chriftianifme, & ce qui eft infiniment plus difi- cile , fans la pratique des vertus qu’il demande, M. Renau fuivit le Syftême jufque-là. Son caraétere ferme & vigou- reux ne lui permettoit ni des penfées chancelantes , ni une exécution foible. Quand il fut affez inftruit dans la Marine, M. du Terron le fit connoître de M. de Seignelai , qui devint bien-tôt fon Proteéteur , & un Proteéteur vif & agiflant, I] lui pro- cura en 1679 une place auprès de M. le Comte de Ver- mandois Amiral de France , qu'il devoit entretenir fur tout ce qui appartient à cette importante charge. Il en eut une penfion de mille écus. Le feu Roi voulant perfe&tionner les confiruétions de fes Vaifleaux , ordonna à fes Généraux de Mer de fe ren- dre à la Cour avec les Conftruéteurs les plus habiles , pour convenir d’une méthode générale, qui feroit établie dans la fuite. M. Renau eut l'honneur d’être appellé à ces confé- rences , qui durérent 3 ou4 mois. M. de Seignelai y afliftoit toujours , & quand les matiéres étoient fufhifamment pré- DES SCIENCES. 103 parées , M. Colbert y vénoit pour la décifion ; & quelque- fois le Roi lui-même. Tout fe réduifit à deux méthodes , Fune de M. du Quefne , fi fameux & fi expérimenté dans la Marine , l’autre de M. Renaw, jeune encore & fans nom, La concurrence feule étoituneaflez grande gloire pour lui; mais M. du Quefne en préfence du Roi lui donna la préfé- rence ; & tira plus d'honneur d'être vaincu par fon pro- pre jugement, que s'il eût été vainqueur par celui des autres. S.M. ordonna à M. Renau d'aller avec M. de Seignelai, M. le Chevalier de T'ourville ; depuis Maréchal de France, & M. du Quefne le fils à Breft, & dansles autres Ports, pour y exécuter en grand ce qui avoit été fait en petit de- vant Elle. Il n’infruifit pas feulement les Conftruéteurs , mais encore leurs enfans, & les mir en état de faire à l’âge de 15 ou 20 ans les plus gros Vaiffeaux, qui demandoient auparavant une expérience de 20 ou 30 années. En 1680 les Algériens nous ayant déclaré la guerre, M. Renau imagina qu'il falloit bombarder Alger, ce qui ne fe pouvoit faire que de deflus des Vaiffleaux , & paroïffoit abfolument impratiquable ; car jufques- là il n’étoit tombé dans l’efprit de perfonne que des Mortiers puffent n’être pas placés à rerre , & fe pañler d’une afiete folide. Les Ef- prits originaux ont un fentiment naturel de leurs forces ; qui les rend entreprenans, même fans qu'ilss’en apperçoi- vent ; il ofainventerles Galiottesà Bombes. Aufli-rôrécla- tale foulevement général dû à routes lesnouveautés, princi- palement à celles qui ont un auteur connu que le fuccès éle- veroit trop au-deflus de fes pareils. Cependant aprèsque dans les Confeils il eut été traité en face de vifionnaire & d'infenfé , les Galiottes paflérent, & dès-là la meilleure for- tification d'Alger fut emportée. On chargea l’'Inventeur de faire conftruire ces nouveaux Bârimens , deux à Dunker- que, & trois au Havre. Il s’embarqua fur ceux du Havre pour aller prendre ceux de Dunkerque, & comme on 104 HISTOIRE DE L’À CADEMIE ROYALE doutoit encore qu’ils puffent naviguer avec füreté , celui qu’il montoit , les deux autres étant déja arrivés à Dunker- que , fut battu prefque à l'entrée de la Rade d’un coup de vent des plus furieux, & le plus propre qu'on püt fouhaiter Ré une épreuve inconteftable. L’ouragan renverfa un aftion de Dunkerque, rompit les Digues de Hollande, fubmergea 90 Vaifleaux fur toute la Côte , & la Galiotte de M. Renau cent fois abimée échappa contre toute appa- rence fur les Bancs de Fleflingue , d’où elle alla à Dun- kerque. Il fe rendit devant Alger avec fes cinq Bâtimens de nouvelle Fabrique, déja bien für de leur bonté ; il ne s’agif. {oit plus que de leurs opérations , & c’étoit le dernier re- tranchement des Incrédules ou des Jaloux. Ils eurent fujet d'être bien contens d’une premiére épreuve. Un accident fut caufe qu’une Carcaffe que M. Renau vouloit tirer mit le feu à la Galiotte toute chargée de Bombes , & l'Equipa- ge, qui voyoit déja bruler les cordes & les voiles , fe jeta à la mer. Les autres Galiottes & les Chaloupes armées voyant ce Bâtiment abandonné, crurent qu’il alloit fauter dans le moment , & ne perdirent point detems pour s’en éloigner. Cependant M. de Remondis Major, voulut voir s’iln y avoit plus perfonne , & fi tout étoit abfolument hors d’efpérance. Il força l'épée à la main l'Equipage de fa Cha- loupe à nager, il vint à la Galiotte, fauta dedans , & vit fur le Pont M. Renau travaillant lui troifiéme à couvrir de cuir verd plus de 80 Bombes chargées; rencontre finguliére de deux Hommes d’une rare valeur également étonnés , l’un qu'op lui porte du fecours, l’autre qu’on fe foittenu en état de le recevoir, & peut-être même de s’en paffer.M. de Re- mondis alla dans le moment aux Chaloupes, & les fit re- venir, On jetta dans la Galiotte 200 hommes, & quoiqu’en même tems 300 piéces d’Artillerie de la Ville , fous lefeu defquelles elle étoit, tiraffent deflus , & fort jufte , on vint à bout de la fauver. Le F8 DES SCrENCcES 10$ Le lendemain M. Renau plus animé par ce mauvais fuc- cès , obtint de M. du Quefne qui commando, que l’on fit une feconde épreuve. On remit les Galiottes près deterre, on bombarda toute la nuit, un grand nombre de perfonnes furent écrafées dans les maifons, la confuñon fat horrible aux portes de la Ville , d'où tout le monde vouloit fortir à la fois pour fe dérober à un genre de mort imprévû , & les Algériens envoyerent demander la Paix. Mais les vents & la mauvaife faifon vinrent à leur fecours ; & l'Armée navale ramena en France les Galiottes à bombes victorieufes,non pas tant des Algériens, que de leurs ennemis François. Le Roi en fit faire un plus grand nombre , & forma pour elles un nouveau Corps d'Officiers d’Artillerie , & de Bombardiers , dont les rangs avec le refte de la Marine furent réglés. Une feconde expédition d'Alger termina cette guerre, — êtles Galiottes à bombes, qui foudroyerent Alger, en eu- rent le principal honneur. M. Renau avoit encore inventé de nouveaux Mortiers qui chafloient les Bombes plusloin, & jufqu’à 1700. toifes. Mais nous fupprimons déformais des détails qui feroient trop longs ; il y a du fuperflu dans fa gloire. | Il fe crut dégagé de la Marine après la mort de M. l'Ami- ral à qui il étoit attaché ; il demanda au Roi, & obtintla per- miflion d'aller joindre M. de Vauban en Flandre. Le Roi le deftina à fervir en 1684 au Siége de Luxembourg ; mais l'expédition de Gennes ayant été réfolue, M. de Seignelai qui la devoit commander, jugea que M. Renau lui étoit né- ceffaire , & le redemandaau Roi. Après le Bombardement de Gennes, il fut envoyé à M. le Maréchal de Bellefonds quicommandoit en Catalogne, & qui lui donnala conduite du Siége de Cadaquiers , que M. Renau lui livra au bout de quatre jours. Delà il retourna trouver M. de Vauban ; qui fortifioit les Frontieres de Flandre & d'Allemagne. La vüe conti: Hif. 1719. 106 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE nuellé des ouvrages de ce fublime Ingénieur, & de la ma niere dont il les conduifoit , auroit feule fufifamment inf- truit un difciple aufi intelligent que M. Renau; mais de plus, le Maitre paffionnément amoureux du bien public, ne demandoit qu'à faire des Eleves qui l’égalaffent; & ce qui forma encore entre-eux une liaifon plus étroite, ce fut la conformité de mœurs & de vertus, plus puiffante que celle de génie. En 1688 ils furent envoyés l’un & l’autre à Philisbourg, dont M. de Vauban devoit faire le Siége fous les ordres de Monfeigneur , & parce que le Roi écrivit à Monfeigneur de ne permettre pas que M. de Vauban s’expofät, ni qu'il mit feulement les pieds à la tranchée, M. Renau, qui avoit fa part aux projets, eut de plus tout Le foin de l'exécution , & tout le péril. Il conduifit enfuite les Siéges de Manheim, & de Fran- kendal. On n'imagineroit pas qu’au milieu d’une vie fi agitée & fi guerriere il faifoit un Livre. Il ytravailloit cependant, puifqu’en 89 parut fa Théorie de la Manœuvre des Vaif: eaux. L'Art de la Navigation confifte en deux parties, le Pi- lotage qui regarde principalement l’ufage de la Boufole , & la Manœuvre qui regarde la difpofition des Voiles, du Gouvernail , & du Vaiffeau , par rapport à la route qu’on veut faire , & aux avantages qu’on peut tirer du Vent. Le Pilotage qui ne demande que la fimple Géométrie Elé- mentaire avoit été aflez traité, & aflez bien; mais aucun Géométre n’avoit touché à la Manœuvre : il y falloit une fine application de la Géométrie à une Méchanique épi- neufe & compliquée. M. Renau moins effrayé que flaté de la difculté de l'ouvrage lentreprit, & il fut donné au Pu- blic de l'expres commandement du Roi , parce qu’on le jugea original & néceflaire. Il contient deux déterminations dif ficiles & importantes ; l’une de la fituation la plus avanta- DES SCIENCES. 107 geufe de la Voile par rapport au Vent & à la Route; l’autre de l'angle le plus avantageux du Gouvernaïlavec la Quille. Le Calcul-différentiel a une mérhode générale pour ces fortes de Queftions , que l’on appelle De Maximis & Mi- nimis ; mais M. Renau ignoroit alors ce Calcul qui étoit encore naiffant , & l’on voit avec plaifir qu'il a l’art de s’en pañler , ou plütôt qu'il fçait le trouver à fon befoin fous une forme un peu différente. \ Cependant M. Huguens condamnaune des propofitions fondamentales du Livre, qui eft que fiun Vaiffeau ef pouffé par deux forces dont les direétions faffent un angle droit, & qui ayent chacune une vitefle déterminée , il décrit la Diagonale du Parallélogramme dont les deux côtés font comme ces vitefles. Le défaut de cette propofition qui pa- roit d’abord fort naturelle, & conforme à tout ce qui a été écrit en Méchanique, éroit felon M. Huguens, que les cô- tés du Parallélogramme fontcomme les forces, & que les forces fuppofées ne font pas comme les vitefles, maiscom- me les quarrés des viteffes ; car ces forces doivent être éga- les aux réfiftances de l’eau, qui font comme ces quarrés, de- forte qu’il en réfulte un autre Parallélogramme, & une au- tre Diagonale. Et afin que l'idée de M. Renau fubfft , il falloit que quand un Corps pouffé par deux forces décrit la Diagonale d'un Parallélogramme, les deux forces fuffent, non comme les côtés, mais comme leurs quarrés, ce qui étoit inoui en Méchanique. Une preuve que cette matiere étoit affez délicate, & qu'il étoit permis de s’y tromper, c’eft que malgré l'autorité de M. Huguens, qui devoit être d’un poids infini, & qui plus eft, malgré fes raifons, M. Renau eut fes partifans , & entre-autres le P. Malebranche. Peut-être l'amitié en gagnoit-elle quelques-uns , qui ne s’en appercevoient pas ; peut-être la chaleur & laflürance qu’il mettoit dans cette affaire,enentraïinoit-elle d’autres ; mais enfin ils étoient tous Mathématiciens. M. le Marquis de l'Hôpital en écrivit à O ï 108 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE M. Jean Bernoulli alors Profeffeur à Groningue, & lui ex- pofa la queftion de maniere que celui-ci qui n'avoit pas vû le Livre de M. Renau fe déclara pour lui;autorité d’un poids égal à celle de M. Huguens, & qui rafluroit bien l’Auteur de la Théorie, fans compter que l’expofition favorable de M. de l'Hôpital marquoit tout au moins une inclination fecrette pour ce fentiment. Enfin de quelque côté que la vérité püt être , puifque le Géométre naïffant avoit partagé des Géométres li confommés, fon honneur étoit à couvert. Ce fera un fujet de fcandale ou plütôt de joie pour les pro- fanes, que des Géométres fe partagent; mais ce n’eft pas fur la pure Géométrie : c’eft fur une Géométrie mixte, où il entre des idées de Phyfique, & avec elles quelquefois une portion de l'incertitude qui leur ef naturelle. De plus, après quelque difcuflion, toute queflion de Géométrie fe décide & finit , au lieu que les plus anciennes queftions de Phyfi- que , comme celle du Plein & du Vuide, durent encore , & ont le malheureux privilège d'être éternelles. En 1689 la France étant entrée dans une Guerre où elle alloit être attaquée par toute l’Europe , M. Renau en- treprit de faire voir au Roi contre l’opinion générale, & fur-tout contre celle de M. de Louvois, très-redoutable ad- verfaire , que la France feule étoit en état de tenir tête fur Mer à l'Angleterre & à la Hollande unies. Son courage pouvoit d'abord rendre fufpeéte l'audace de fes idées ; mais il les prouva fi bien que le Roi en fut convaincu, & ft changer tous les Vaifleaux de 5o ou 60 canons qui étoient fur les Chantiers, pour n’en faire que de grands , tels que M. Renau les demandoit. Il inventa en même-tems ou ex- pofa de nouvelles Evolutions navales, des Signaux, des Ordres de bataille , & il en fit voir au Roi des repréfenta- tions très-exaétes en petits Vaifleaux de cuivre, qui imi- toient jufqu’aux différens mouvemens des Voiles. Tant de vües nouvelles & importantes qu'il avoit don- nées , celles que fon génie promettoit encore, fes fervices DMAISUNSAC I E N C'ENS! 109 continuels relevés par des aétions brillantes, déterminerent le Roi à lui donner une commiflion de Capitaine de Vaif- feau , un Ordre pour avoir entrée & voix délibérative dans les Confeils des Généraux, ce qui étoit fingulier ; & pour comble d'honneur, une Infpeëtion générale fur la Marine, & l'autorité d’enfeigner aux Officiers toutes les nouvelles pratiques dont il étoit l’Inventeur , letout accompagné de 12000. liv. de penfion. La maladie de M. de Seignelai retarda expédition des Brevets néceffaires ; & M. Renau euimpatient de jouir de fesrécompenfes,ne chercha point à prendre adroïtement quelque moment pour en parler à ce Miniftre , qui étoit en grand péril , & dont la mort pou- voit tout renverfer. Il mourut en effet; & M. de Pontchar- train, alors Contrôleur Général, & depuis Chancelier de . France, eut la Marine. M. Renau inconnu au nouveau Mi- niftre ne fe fit point prélenter à lui; il abandonna fans re- gret ce qu'il tenoit déja prefque dans fa main , & ce qu'il avoit fi bien mérité, & ne fongea qu’à rerourner fervir avec M. de Vauban , vers qui un charme particulier l'ap- pelloit. Quand les Officiers Généraux de Mer eurent donné au Roi leurs Projets pour la Campagne de 1691 , il demanda à M. de Pontchartrain où étoit celui de M. Renau. Le Mi- niftre répondit qu'il n'en avoit point recû de lui, & qu’il ne lavoit pas même vû. Le Roi lui ordonna de le faire cher- cher, & M. Renau s’excufa à M. de Pontchartrain fur ce . qu'il wétoit pas du corps de la Marine ; qu’à la vérité M. de Seignelai avoit eu ordre de lui expédier une Commiffion de Capitaine de Vaiffeau avec d’autres Brevets fort avanta- geux ; mais que n'en ayant eu de lui qu’une promeffe ver- bale , il avoit pas crû que ce füt un titre fuffifant auprès d'un nouveau Miniftre , qui wétoit pas obligé de l'en croi- re fur fa parole. Comme il fe trouva par l’éclairciffement qu'il difoit vrai, il reçût de M. de Pontchartrain tout ce que lui avoit promis M. de Seignelai, & a Roi lui fir 4} 110 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE honneur de lui dire, que quoiqu'il eût voulu s’échaper de la Marine , fon intention étoit qu'il continuat d'y fervir, ce qui n'empêcheroit pas qu'il ne fervit aufli par terre, S. M. eût alors la bonté de lui confier le fecret du Siége de Mons qu'Elle alloit faire en perfonne , & où elle l’em- ploya avec M. de Vauban. Delà Elle l'envoya faire la Campagne fur l'Armée navale , efpéce d’A mphibie guer- rier, qui partageoit fa vie & fes fonctions entre lun & lau- tre Elément. j Il vint à Breft, où il voulut ufer de fes droits, & enfei- gner aux Officiers fes nouvelles pratiques. Ils fe crurent deshonorés s'ils fe laifloient envoyer à l'Ecole, & réfolu- rent unanimement d'écrire à la Cour pour faire leurs re- montrances. Deux d’entre-eux, & d’ailleurs fort amis de M.Renau, M. le Chevalier des Adrets, & M. le Comte de S. Pierre, aujourd’hui premier Ecuyer de Madame la Du- chefle d'Orleans, quoiqu'ils ne fuffent pas au fond plus coupables que tous les autres, en furent diflingués par de très-légeres circonftances qui leur étoient particulieres , & elles leur attirerent une punition qui ne pouvoit pas tom- ber fur tous. Ils furent un an prifonniers au Château de Bref, & enfuite caflés. M. Renau fe jetta aux pieds du Roi pour obtenir leur grace qui lui fut refufée. 1] eût pû agir par politique; & quoique cette efpéce de politique foit aflez rare, & qu’elle ait quelque air de vertu , fon ca- raétere prouve affez qu’il agifloit par un principe infini- ment plus noble. Il leur rendit dans la fuite tous les fer- vices dont il put trouver l’occafion , & eux de leur côté ils eurent la générofité de les recevoir. L'ancienne amitié ne fut point altérée. Il eft vrai qu'il ne falloit que de l’é- quité de part & d'autre ; mais la pratique de l'équité ef fi oppofée à la nature humaine, qu’elle fait les plus grands Héros en Morale. | Au Siége de Namur, que le Roi fit en perfonne , il fer- vit encore fous M. de Vauban. Le Roi lui parloit plus fur / 4 | | DES SCIENCES. 111 le Siége qu'a M. de Vauban même qui étoit trop occupé ; & cet avantage qui fait la fouveraine félicité des Courti- fans , flate toujours beaucoup les gens les plus raifonna- bles. De Namur il courut fauver S. Malo , & 30 Vaif- feaux qui sy étoient retirés après le combat de la Hougue , fi glorieux & fi malheureux tout enfemble pour la Na- tion. Les ordres qu'il mit par-tout avec une prudence & une promptitude égales , rompirent l'entreprife des Enne- mis très-bien concertée , & prête à éclater. En 1693 le Projet de la Campagne navale dreffé par les Officiers Généraux , & après bien des délibérations ap- prouvé par le Roi même, fut communiqué par fon ot- dre à M. Renau, qui eut la hardieffe de lui refufer nette- ment fon fuffrage , & d'en préfenter un autre à la place. Il eft vrai qu'il fe fit foutenir par M. de Vauban, qui entra pleinement dans fa penfée; mais en l’état où étoient les cho- fes, le fecours de M. de Vauban lui-même étoit foible. Comment revenir contre ce qui a été décidé fi murement? ny aura-t-il donc jamais rien d’arrêté ? un homme ou deux font-ils feuls infaillibles ? cependant il fallut céder aux raifons de M. Renau , & à la vigueur dont il Les ap- puyoir, fans quoi peut-être elles n’euffent pas opéré le mi- racle. Ce changement prévint tous les mauvais évene- mens qu'on auroit eus à craindre , & valut à M. de T'our- ville la défaire du Convoi de Smirne , & la prife d’une par- tie des Vaiffeaux. Le Roi fur payé du courage qu’il avoit eu de fe retra@ter, & marqua à l’auteur de fa rétractation combien il en étoit fatisfait. … M. Renau avoit fait conftruire à Breft un Vaifleau de 54 Canons parfaitement felon fes vûes, & il vouloit l’é- prouver contre les meilleurs Voiliers Anglois. La fortune le fervit à fouhait. Il fut averti de deux Vaifleaux Anglois qui revenoient des Indes Orientales richement chargés. I1 en apperçut un à qui il donna chafle, & qu'il joignit entrois heures de tems, parce que fon Vaiffeau fe trouva en effet 112 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE excellent de Voile. L’Anglois qui étoit de 76 piéces dé Canon, & avoit toute {a batterie baffle de 24 livres de bal- le, au lieu que M. Renau n'avoit que quelques Canons de 18, mit en ufage toute la fcience de la Mer, & toute la valeur poffible , animée par les tréfors qu'il avoit à con- ferver ; cependant au bout de trois heures de combat M. Renaule prit à la vüe de trois Gardes-Côtes, qui n’étoient qu’à trois lieues fous le vent. Il eut plus de 100 hommes tués fur le pont, au nombre defquels fut un frere de M. Caffini, & 150 hommes hors de combat. Le Vaifleau en- nemi criblé de coups ne pur être fauvé, & coula bas le len- demain. Le Capitaine mit 9 paquets de diamants cache- tés entre les mains de M. Renau, qui lui dit qu'il ne les prenoit que pour les lui garder; mais le Capitaine ayant ajoûté qu'un Bombardier qu'il défigna par un coup de fa- bre reçu au vifage dans le combat, lui avoit arraché un autre paquet qui valoit plus de 40000 piftoles, M. Re- nau lui demanda fi ceux qu'il lui avoit remis valoient au- tant; & fur ce qu'il apprit qu’il n'y en avoit pas un qui ne valüt davantage , il retira fa parole de les luirendre, & en fit faire un Procès-verbal en préfence de fes Officiers. Le paquet volé par le Bombardier fe retrouva, mais déca- cheté ; il en laifla à fes Officiers un autre qui étoit tombé entre leurs mains. Par l’ufage établi alors dans la Marine , les diamants ap- partenoient à M. Renau; mais la grandeur de la fomme, qui le devoit faire infifter fur fon droit, le lui fit abandon- ner. Il les porta au Roi, qui en jugeant la queftion contre lui-même les accepta , & lui donna 9000 livres de rente fur la Ville, non comme un équivalent d’un préfent de plus de quatre millions, mais comme une légere gratifi- cation que la difficulté des tems excufoit. Il demanda pour véritable récompenfe , & obtint l'avancement de fes Ofü- ciers, & de plus la confirmation du don qu'il leur avoit fait du paquet de diamants. I DES SCIENCES 113 Il s'étoit trouvé fur le Vaiffleau Anglois une Dame Niéce de l'Archevêque de Cantorbery avec une Femme de chambre & une petite Indienne. Comme elle avoit tout perdu par le pillage du Vaiffeau , M. Renau fe crut obligé de pourvoir à tous fes befoins , & même à ceux de fa condition , tant qu’elle fut prifonniére en France. Il en ufa de même à l'égard du Capitaine, & il lui en couta plus de 20000 livres pour les avoir pris. .…. Nous pañlons fous filence un grand deffein qu'il avoit formé fur l’Amerique où il alla , & d’où la Pefte le fit re- venir en 1697, & un fecond voyage qu'il y fit après la Paix de Ryfvick pour y mettre nos Colonies en fureté. Tout changea de face bientôt après par la mort de Char- les IL. Roi d'Efpagne. Le nouveau Roi Philippe V. ne fut pas plutôt à Madrid, qu’il demanda M. Renau au Roi fon Grand-pere , qui le lui envoya en toute diligence. Il ne devoit être en Efpagne que 4 ou $ mois. Son principal objet étoit de mettre en état de fureté les plus importantes places , comme Cadis. Depuis long- tems cette Puiflance n’avoit eu rien à craindre dans l’'Ef- pagne même, hormis du côté de la Catalogne; & cette longue fécurité , le mauvais ordre des Finances, & la né- gligence invétérée du Gouvernement, avoient prefque anéanti les Fortifications les plus indifpenfables. On difoit bien que l’on étoit réfolu de remédier à touts on mon- troit de grands Projets bien difpofés fur le Papier : mais au moment de l’exécution les fonds & les Magafins promis manquoient abfolument. M. Renau après y avoirété trom- pé une fois ou deux , apprit nettement au Roï, mais inuti- lement felon la coutume , d'où venoit un fi prodigieux mécompte. Sa fincérité n’épargna rien, quoique fon filence feul eût pà lui faire une fortune. - En 1702 les Galions d'Efpagne revenus d'Amérique étant dans le Port de Vigo en Galice , efcortés par une flotte Françoife, M. Renau cria que les deux flottes étoient Hifl. 1719. P 114 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE perdues, fi elles ne fortoient incefflamment. Le Confeil d'Efpagne oppofoit quelques raifons à cet avis,du moins des raifons qui alloient à différer ; & il étoit rafluré par les Généraux des deux flottes qui ignoroient leur peril. De plus ils fe mirent bientôt eux-mêmes hors d'état de fortir. M. Renau obtint tout au moins, mais avec des peines qu’on ne fe donne psint pour les affaires publi- ques dont on n’eft pas chargé, due l’on tranfporteroit à terre 30 millions d'écus, que les Galiotes apportoient. Il y vola , & y mit une vivacité d’exécution que l'on mavoir point vüe en Efpagne de tems immémorial. Il fit marcher 3 ou 4000 Chariots de toute la Galice, & 18 millions étoient déja déchargés quand les Ennemis pa- rurent devant Vigo. Heureufement ils donnerent encore un demi-jour à M. Renau , qui s’en fervit à leur enlever les 12 millions reftans. Quand ils furent maîtres de Vi- go , & débarqués , ils voulurent marcher à argent , qui fuyoit dans les terres : mais M. Renau les contint avec 300 chevaux feuls qu'il avoit ; car toutes les Milices avoient fui au premier coup de canon. Il couvrit les Cha- riots dont les derniers n'étoient pas à deux lieues , & fau- va près de 100 millions à l'Efpagne , moins glorieux de les avoir fauvés , qu'afigé d’avoir pù fauver la flotte, & d’en avoir été empêché. Le Siége de Gibraltar qu'il fit en 1704 mériteroit une hiftoire particuliére. Tous les événemens heureux qui avoient juftifié fes entreprifes, ne fufifoient qu’à peine pour le mettre en droit d'en propofer une fihardie. Il promet- toit , par exemple , qu’une Tranchée pafleroitenfureré au pied d’une Montagne , d'où l’onétoit vü de latête jufqu'aux pieds , & d’où 8 piéces de canon, & une groffle Mouf- queterie plongeoïent de tous côtés ; il-promettoit que7 canons en feroient taire 40 : il fut cru, & remplit toutes fes promeffes. La Ville alloit fe rendre ; mais l’arrivée d’une puiffante Flotte Angloife fit lever le Siége. Quant à ce qui Des ScrenNcrs _ 1$ regardoit M. Renau, Gibraltar qu'on avoit cru imprena- ble étoit pris. Û Le Siège de Barcelone, où il ne fe trouva pas, lui fit encore un honneur plus fingulier. Il étoit deftiné à y fuivre le Roi d'Efpagne , & en effet il l’accompagna affez loin; mais les cabales de Cour l’arracherent de-là. On prenoit pour prétexte qu'il éroit néceffaire à Cadis; car on ne lui pouvoit nuire que fous des prétextes honorables. Il étoit fort naturel qu’en quittant la partie ; il fouhaitat qu’on s’ap- perçût de fon abfence devant Barcelone : maïs au con- traire il fit tout ce qu'il put pour n’y être pas regretté ; il laiffa au Roi en préfence de fes principaux Minifires les vües particuliéres qu’il avoit pour la conduite de ce Siége, & qu'il croyoit indifpenfables. Cependant c’étoit là peut-être une vengeance qu'il prenoit de fes Enne- mis ; il tâchoit d’aflurer le bien des affaires qu'ils traver- foient. Il arriva à Cadis, où , felon les magnifiques promeffes de ceux qui l’y faifoient envoyer , il devoit trouver 200 ‘mille écus de fonds pour les Fortifications. Il ny trouva pas un fou, & il eut recours à un expédient qu’il avoit déja pratiqué en d’autres occafions pareilles; il s’obligea en fon nom à des Négotians pour les affaires publiques , & les foutint tant qu'il eut du bien & du crédit, On peut croire que les Miniftres même qui le défervoient, le connoiffoient affez bien pour compter fur cette générofité , comme fur un fecours qui ne leur couteroitrien. Quand il eut achevé de s’épuifer , il fut réduit , après cinq ans de féjour & de travaux continuels en Efpagne ; à demander fon congé , faute d'y pouvoir fubfifter plus long-tems. Il vendit tout ce qu'il avoit pour faire fon voyage , & arriva en France à S.Jean-pied-de-port avec une feule piftole de refte, re- tour dont la mifere doit donner de la jaloufie à toutes les ames bien faites. Il avoit trouvé en Efpagne un cd ME nom 1j 116 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE d'Elifagaray , qui lui apprit qu'il étoit fon parent, & lui communiqua des Titres de famille , dont il n’avoit jamais eunulle connoiffance. La maifond'Elifagaray étoitancien- ne dans la Navarre ; & il y a apparence que quand Jean d'Albret Roi de Navarre fe retira en Bearn aprèsla perte de fon Royaume, quelqu'un de cette maifon l'y fuivit , & de-là étoit defcendu M. Renau. Toutes fes aétions lui avoient rendu cette Généalogie affez inutile. Il rapportoit aufli d’Efpagne le titre de Lieutenant-Gé- néral des Armées du Roï Catholique , qu'il auroit ew plutôt, fi on n’eût pas impofé à S. M. Malgré les Etats de la Guerre qui faifoient foi du tems où il avoit été Maréchal de Camp en Efpagne ;, on l'avait fait pafler pour moins ancien qu'il n'étoit , tant on eft hardi dans les Cours ; il eft vrai que ces hardieffes y font d'ordinaire: impunies & heureufes. Le feu Roi lui avoit ptomis que fes fervices d'Efpagne lui feroient comptés comme ren: dus en France. Il fe retrouva donc ici accablé de dettes, dans un tems qui ne lui permettoit prefque pas de rien demander de plu- fieurs années de fes appointemens qui lui étoient dues, fans aucun avancement, ni aucune grace de la Cour, feu- lement avec une belle & inutile réputation. Il ramaffæ comme il put les débris de fa fortune , &-enfin la Paix vint. Dès qu’il eut quelque tranquillité, il reprit la quefion fi long-tems interrompue, de la route du Vaiffeau. M. Huguens étoit mort; mais un autre grand Adverfaire lui avoit fuccedé , M. Bernoulli, qui mieux inftruit par la lec- ture du Livre de la Manœuvre avoit changé de fentiment, & en étoit d'autant plus redoutable. De plusil foutenoit la caufe commune de tous les Méchaniciens, dont tous les ou- vrages périfloient par le fondement, fi M. Renau avoitrai- fon. Il faifoit même fur la Théorie de la Manœuvre une feconde difieulté que M. Huguens n’avoit pas apperçue ;. DES. SCIENCES, F1Y mais on ne traita que de la premiére. M. Renau accoutumé à des fuccès qu'il devoit à l’opiniâtreté de fon courage, ne le fentit point ébranlé dans cette occalion aufli terrible en fon efpéce , que toutes celles où il s'étoit jamais expofé; il avoit peut-être encorefa petite troupe, mais mal aflurée , & quine levoit pas trop la tête. La conteftation où 1l s'enga- gea par lettres en 1713 avec M. Bernoulli fut digne de tous les deux , & par la force des raïfons , & par la politefle dontils les aflaifonnerent. Ceux qui jugeront contre M. Renau, ne laifferont pas d’être furpris des reflources qu'il trouva dans fon génie ; il paroït que M. Bernoulli lui-mé- me fe fcavoit bon gré de fe bien démêler des difficultés où il le jettoit. Enfin celui-ci voulut terminer rout par fon Traité de la Manœuvre des Vaiffeaux qu'il publia en 1714; & dont nous avons rendu compte dans l’Hiftoire de cette année *, La Théorie de M. Bernoulli étoit beaucoup plus compliquée que celle de M. Renau , mais beaucoup moins. que le Vrai, qui, pris dans toute fon étendue, échapperoit aux plus grands Géometres. Ils font réduits à laltérer & à le falfifier pour le mettre à leur portée. Après l’impreflion de cet ouvrage, M. Renau ne fe tint point encore pour vaincu ; & sil avoit cru l'être , il n’auroit pas manqué la gloire de l'avouer. | = Pendant le féjour d'Efpagne il avoit perdu le fil du fer- vice de France, & une certaine habitude de traiter avecles: Miniftres, & avec le Roi même, infiniment précieufe aux Courtifans. On devient aifément inconnu à la Cour. Cependant il fe flattoit toujours de la bonté du Roi, & l'état de fa fortune le forçoit de faire auprès de S. M. une: démarche très-pénible pour lui ; il falloit qu’il lui deman- dât une audience pour lui repréfenter fes fervices paflés , &c la fituation où il fe trouvoit. Heureufement il enfut difpen- £é par un événement fingulier. Malte fe crut menacée. par les Turcs, & le Grand-Maître fit demander au Roi par fon Ambafladeur M. Renau , pour être RE ? ii}, * S P. 107 & fuiv.. 519 HisToiRE DE L’'ACADEMIE ROYALE de fon Ifle. Le Roi laccorda au Grand-Maître ; & M: Renau en prenant congé de S. M. eur le plaïfir de ne lui point parler de fes affaires, & de s’affurer feulement d'une audience à fon retour. L’ailarme de Malte étoit faufle , & le Roi mourut. M. Renau qui avoit l'honneur d’être connu de touttems, & fort eftimé de M. le Duc d'Orleans Regent, & qui même avoit fervi fous lui en Efpagne , n’eut plus befoin de folliciter des audiences. Il fut fait Confeiller du Con- feil de Marine, & Grand-Croix de l'Ordre de S. Louis. S. A. R. ayant formé le deffein de faire dans le Roÿau- me quelques effais d’une Taille proportionelle ou Dime qu'avoit propofée feu M. de Vauban, & qui devoit re- medier aux anciens & intolérables abus de la Taille arbi- traire ; M Renau accepta avec joie la commiflion d'aller avec M. le Comte de Chateaurhiers travailler à un de ces effais dans l’Elettion de Niort. Rien ne touchoit tant fon cœur que le bien public ; il étoit Citoyen comme fi la mode ou les récompenfes euffent invité à l'être. De plus, il ne croyoit pas pouvoir l’être mieux qu’en fuivant les pas de M. de Vauban, & en exécutant un projet qui avoit pour garant le nom de ce grand homme. Tout le zéle de M. Renau pour la Patrie fut donc employé à l'ouvrage dont il étoit chargé ; & ceux qui à cette occafion fe font le plus élevés contre lui, n’ont pû l’accufer que d’erreur, accufation toujours douteufe par elle-même , & du moins fort legére par rapport à la nature humaine. C’eft un homme rare que celui qui ne peut faire pis que de fe tromper. . Il étoit fujet depuis un tems à une retention d'urine pour laquelle il alla aux Eaux de Pougues au mois de Septembre 1719. Dès qu'il en eut pris ; ce qu'il fit avec peu de préparation, la fiévre furvint , la rétention aug- menta, & il s'y Joignit un gonflement de ventre pareil à celui d'une Hydropifie Timpanite. Il fit prefque par hon- = DEÆES SCIENCES. 119 nêteté pour fes Médecins & par maniére d’acquit, les re- médes ufités en-pareil cas : mais il fit avec une extrême confiance un reméde qu'il avoitappris du P. Malebranche, -& dont il prétendoit n'avoir que des expériences heureu- fes,, foit fur lui, foit fur d'autres ; c’étoit de prendre une grande quantité d'eau de riviére aflez chaude. Les Mé- decins de Pougues étoient furpris de cette nouvelle Mé- decine, & il étoit lui-même furpris qu’elle leur fût incon- nue. Il leur en expliquoit l'excellence par. des raifonne- mens Phyfiques, qu'ils n’avoient pas coutume d’enten- dre faire à leurs Malades ; & par refpeë&t foit pour les au- torités quil citoit , foit pour la fienne , ils ne pouvoient pas s'empêcher de lui pafler quelques pintes d’eau : mais il alloit beaucoup au-delà des permiflions | & contreve- noit même aux défenfes les plus expreffes. Enfin ils pré- tendent abfolument qu'il fe noya. 1l mourut le 30 Sep- tembre 1719 , fans douleur, & fans avoir perdu l'ufage de fa raifon. La mort de’cet homme qui avoit paflé une affez longue vie à la Guerre , dans les Cours ; dans le tumulte du monde’, fur celle d'un Religieux de Ja Trappe. Perfuadé de la Religion, par fa Philofophie, & incapable par fon carattere d’être. foiblement perfuadé, il regardoit fincére- ment fon corps comme un voile qui lui cachoit la Vérité éternelle , & il avoit une impatience de Philofophe & de Chrétien ; que ce voile importun lui füt ôté. Quelle diffe- rence, difoit-1l, d'un moment au moment fuivant ! Je vais pañler tout-à-coup des plus profondes ténébres à une lumiére parfaite. Il avoit été choili pour être Honoraire dans cette Aca- démie dès qu’il y en avoit eû, c’eft-à-dire , en 1699. La nature prefque feule l’avoit fait Géométre. Les Livres du Pere Malebranche, dont il étoit plein, infpirent affez le mépris de l’érudirion; & d’ailleurs il »’avoit pas eu le loi- fix d’en acquérir. Il fauvoit fon ignorance par un aveu li- 120 HistT. DE L'Acap. ROYALE DES SCIENCES. bre & ingénu , qui , pour dire le vrai , ne devoit pas couter beaucoup à un homme plein de talens. Il ne démordoit guère ni de fes entreprifes , ni de fes opinions, ce qui af- furoit davantage le fuccès de fes entreprifes , & donnoit moins de crédit à fes opinions. Du refte la valeur , la pro- bité, le défintéreffement , l'envie d’être utile, foit au Pu- blic, foit aux Particuliers , tout cela étoit chez lui au plus haut point. Une piété toujours égale avoit regné d’un bout de fa vie à l’autre ; & fa jeunefle , auffi peu licentieufe que l’âge plus avancé, n'avoit pas été occupée des plaifirs qu'on lui auroit le plus aifément pardonnés, MEMOIRES \NE ; dE Eng > 7] à JL j EE — LLÈTRES, STI) 4 MEMOIRES MATHEMATIQUE DE PHYSIQUE; _TIRES DES REGISTRES de À Académie Royale des Sciences. De l'Année M. pccxix. L OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES faites à l'Obfervatoire Royal pendant Ÿ Année 1719. Par M. pe LA Hire lAîné. Le de faire quelques découvertesfur l’origine des 7-Janv. Fontaînes,engagea mon Pere en 1688 à faireplufeurs “7°?* expériences par rapport à ce fujet. Elle lui fit aufli com- mencer en 1689 à examiner la hauteur de l'Eau que fournit Mem. 1719. (A 2 MEMOIRES DE LÂCADEMIE ROYALE la pluye quitomberoit chaque année à l'ObfervatoireRoyal. En 1696 il joignit aux Obfervations de la pluye celles du Barométre, du Thermométre & des Vents, & il les a . continuées jufqu'en 1718. Comme il m'a paru que ces Obfervations ont été aflez bien recûes du Public, & qu’elles peuvent être de quelque utilité dans la Phyfique, j'ai eu foin que la fuite n'en ait point été interrompue , comme on le va voir par les Obfervations que je vais rapporter. Quoique l'année précédente ait paru fort féche &c fort chaude; cependant elle le paroîtra encore davantage qu'om ne l’auroit cru, par les Obfervations que nous avons faites. Sa grande féchereffe n’a pas empêché qu’elle n’ait été très- abondante : ce n’eft pas cependant qu'il foit tombé beau- coup de nége; car étant réduite en eau , elle n’a donné que 4 lignes : mais c’eft que la pluye eft tombée dans le tems précifément-où la terre en avoit befoin , tant pour ce qu'elle produifoit que pour ce qu'elle devoit produire ; enforte que l’on peut dire, que pendant toute cette année il n’a point plu inutilement ; & c’eft tout ce qu'on peut dé- firér pour avoir une bonne récolte en toutes chofes. Examinons d’abord la quantité de pluye qui eft tombée *pendant tout le cours de l'année, dont nous ne donnons que le réfultat de chaque mois. lignes _ . | lignes En Janvier"... 722% En Juiller : .,. 0170 Fevrier 20400208 AO re. SALUE Mars. 35% Septembre .. .. 9+ Avril «14022 Oûtobre . . ... 164 DE, 3 re LR Novembre : . . 42 JR - + 00 US Decembre . .. . 62 La fomme de la hauteur de PEau eft de 157 lignes +, ou 13 pouces une ligne +, qui eft beaucoup plus petite que 18 pouces 8 lignes, que 30 années d'Obfervation ont dé- terminé pour être l'année moyenne. DES SciIENCcESs $ + L'année précédente a été fi féche , qu'il n’y a eu depuis 30 ans que l’année 1694 qui lait été plus que celle-ci, & elle ne l’a été que d’un pouce quatre lignes + de plus. En confidérant le réfulrat de’chaque mois, on voit qu'il a plu prefque une moitié de-plus dans le Printems & dans FËté, de ce qu'il a plu dans P Automne & dans l’'Hyver ; car il eft tombé dans le Printems & dans l'Eté 7 pouces 11 lignes d'Eau; & dans l’Auromne & dans l’'Hyver, $ pouces 2 lignes. LUS * Les vents ont été à l'ordinaire affez variables. Sur le Thermométre. Le Thermométre, qui eft toujours le même & qui n’a point changé de place, eft défcendu au plus bas à 21 par- ties + le 10 Fevrier, ce qui n’eft pas une marque qu'il ait fait un fort grand froid. ns Le chaud n’a pas fuivi le froid par rapport à l’état moyen, ila été bien plus grand; car le Thermométre eft monté au plus haut vers le lever du Soleil à 70 parties le 22 Août; & pendant le même jour vers 3 heures après-midi à 82 parties, non feulement ce jour-là , maisencorele 11, le 21 & le 23 du même mois : enforte que fion ôte48, qui eft l'état moyen , de 82, il reftera 34 pour la différence de l’état moyen au plus grand chaud ; & fi on ôte 34 de 48, il reftera 14 pour le point où le Thermométre auroit dû defcendre fi le froid avoit été égal à la chaleur par rapport à l’état moyen, au lieu qu'il n'eft defcendu qu’à 21 par- ties +. On peut regarder la chaleur qu'il a fait en 1718 com- me la plus grande que nous ayons obfervé à Paris ; non pas que le même Thermométre , qui fert encore aujourd'hui, mait monté aufli à 82 parties en 1706, 1707 & 1709; mais c'eft qu'il na monté à ce point qu'une fois dans cha- cune de ces années, & qu’en 1718 il ya monté quatre - . . . . , jours différens, dont il y en a eu trois de fuite; & c’eft cette chaleur continue , quoique la même, qui nous la fait fentir aufli grande. À ij 4 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Il fembleroit par ces Expériences que l’Air feroit con me l'Eau; c’eft-à-dire, qu'il ne feroit fufceptible que d’un certain degré de chaleur; car l’on fçait que l'Eau qui a bouilli un certain tems n’augmente plus de chaleur, quoi- que l’on continue de la faire bouillir. Nous tâcherons de découvrir fi l’Air auroit cette propriété, en faifant plufieurs expériences que nous avons imaginées, & nous les join- drons à plufieurs autres que nous avons déja faites fur une matiere qui a beaucoup de rapport avec celle-ci, pour les donner toutes enfemble à l'Académie dans un autre Mémoire. Si nous n'avions pas encore éprouvé l'effet d'une cha- leur continue, aumoins avions-nous bien reffenti celui d’un froid continu ; car celui de 1709 fut un peu moins grand que celui de 1716; cependant le premier a pañlé pour le plus grand qu'il ait jamais fait, parce qu’il revint plufeurs jours au même point , & qu'en 1716 il ne fut au plus bas que pendant la nuit du 21 au 22 Janvier. Ces grandes chaleurs & ces grands froids nous ont donné occafion d'examiner quels étoient les plus grands froids moyens & les plus grandes chaleurs moyennes ; & nous avons trouvé pour le plus grand froid moyen, entre ceux des vingt-trois an- nées d'Obfervations exaétes que nous avons faites, ‘que le Thermométre dont nous nous fervons devoit defcendre: à 19 parties £; & qu’il devoit monter à 75 parties + dans les plus grandes chaleurs moyennes. Si on prend la diffé- rence entre le plus grand froid moyen & la plus grande chaleur moyenne, on aura $$ parties -Æ, dont la moitié étant ajoutée au plus grand froid moyen, on aura 47 par- ties +, que l’on peut regarder comme l’état moyen ; mais ce point n’eft écarté que d’un demi de 48 parties , qui eft le point où ce Thermométre refte dans les caves de l'Ob- fervatoire; donc on a eu raifon de regarder l'Air de ces. caves comme l’état moyen. D£Ss SCIENCES. ÿ Sur le Barométre. C'eft le même Barométre qui a toujours fervi depuis que nous en faifons des Obfervations, & qui eft toujours placé à la même hauteur par rapport au niveau de la Ri- viere ; il a defcendu au plus bas à 27 pouces o ligne o point le 11. Janvier avec un vent Sud, & a monté au plus haut à 28 pouces 4 lignes 2 points le 15 Fevrier par un tems calme, & enfuite avec un vent foible Nord-Eft. Ces deux Obfervations du plus grand abaiffement , & de la plus grande élévation du Mercure dans le Barométre, s'accordent parfaitement avec ce que l’on a penfé depuis quelque tems , que les vents du côté du Nord élevent l'Atmofphére , & que ceux du côté du Midi l’abaiffent. On peut même, pour foutenir ce fentiment, rapporter qu’il y a 23 années que nous faifons des Obfervations très- exactes fur le Barométre , & que de ce nombre d’années if y en a 17 où le venta été vers le Nord, quandle Baro- métre a été au plus haut; & des 6 autres, quelquefois il ne faifoit point de vent fur terre; ce n’eft pas qu’il n’en püt fai- re en l’Air , où le vent avoit changé tout d’un coup, & il ne s’étoit pas encore fait fentir au Barométre , ou ce n’é- toit qu'un vent de terre & de peu d’étendue , qui n’étoit pas capable de faire changer l'Atmofphére. C’eft à peu-près la même chofe pour les plus grands abaïffemens; car de ces 23 années il y en a eu 15 où le vent a été vers le Sud, quand le Barometre a été au plus bas , & dans les autres ik a pü arriver que le vent fe foit trouvé dans les mêmes cir- conftances que celles que nous avons rapportées dans les plus grandes élévations. Nous n'avons fait attention qu'aux pludlgrands change- mens du Barométre , parce que nous avons été perfuadés que ce feroit dans ces points que la caufe en feroit plus marquée , & par conféquent plus aifée à reconnoître. La remarque ci-deflus paroît avoir tant de rapportavec lesautres qui fuivent, qu'il nous femble qu’elles viennent PA AT 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de la même caufe , & ainf il les faut expofer toutes devant que d’en chercher la raifon. Pendantles 23 années d'Obfervations exactes, il y en a eu 21 où le Barométre a été au plus haut avec un vent quin’aété que médiocre dans le plus fort , & qui étoit vers le Nord. Ce n’eft pas feulement dans ces points de plus grande élévation, qu’il ne fait prefque point de vent & qu'il eft vers le Nord; mais il n’y a pas eu d'années où il ne foitarrivé deux ou trois fois que le Mercure ait été au-deflus de 28 pouces pendant 8 ou 10 jours avec un vent très-foible vers le Nord. A l'égard des plus grands abaïffemens qui font arrivés dans le cours des 23 années , il y en a eu 13 où le vent étoit au moins fort & du côté du Sud. En continuant d'examiner les Obfervations fur le Ba- rométre ; nous avons encore remarqué que les plus grands changemens n’arrivoient au Barométre que dans les deux premiers mois de l’année & dans les deux derniers, & principalement dans le premier & dans le dernier; puifque des 23 années il y en a eu 20, où le Barométre a été au plus haut pendant les deux premiers & deux derniers mois de l’année, & 17 où il a été au plus bas pendant les mêmes mois ; & dans ces deux nombres d’années, de 20 & de 17, il y en a eu 12 dans le premier, & 11 dans le dernier , où il a été au plus haut & au plus bas dans le mois de Janvier & de Decembre. Il ne paroît pas cependant qu'il puiffe arriver de grands changemens à l’Atmofphére pendant le commencement & la fin de l’annge ; tout ce que nous remarquons dans ce tems-là, c’eft de fentir une préparation au froid , le froid même, & une ceflation de froid ; on pourroit donc dire que l'Air, devenant plus ou moins foi, ou plus ou moins condenfé , produiroit dans le Barométre fes plus grands changemens. Pour foutenir cette conjeëture, nous pou- vons fuppofer vrai-femblablement que dans le Nord le ce Mid DES. SCIENCES. 7 froïd n’eft pas continu pendant tout un Hyver, quand une fois il a commencé , & qu'ileft comme dans ce Pays-ci, quelquefois plus & quelquefois moins grand; mais. pour peu que le froid diminue, l’Air s’y dilatera confidérable- ment, à caufe qu'il eft fort condenfé par le froid ; mais cet Air dilaté faifant effort de tous côtés , & trouvant ce- lui du Midi le plus foible de tous, il fait tout fon effet de ce côté-là, & nous fait fentir un vent de Nord qui ne peut as être violent, ni durer long-tems, parce que la cha- Ho ou l'Air dilaté qui la produit n’a pas pû être ni confi- dérable , ni de durée , à caufe du pays & de la faifon ; & comme ce vent eft beaucoup plus froid que l'air d'ici, il le condenfera, & remplira la place qu'il lui a fait aban- donner à mefure qu'il y arrivera, & la condenfation fera d’autant plus confidérable que le vent qui vient du Nord fera plus froid par rapport à notre Air. Il y aura donc dans le même efpace beaucoup plus de parties d’Air, qu'il n'y en avoit auparavant , qui peferont deflus le Mercure, & qui léleveront fort haut dans le tuyau du Barométre, On ne ourra gueres trouver, comme l'on voit, que les vents de Nord froids ; quoique foibles, qui puiflent produire cet effet dans le Barométre. Par cette explication des plus grandes hauteurs du Ba- rométre pendant le froid, on rendra fort bien raifon des grands brouillards qui les accompagnent prefque toujours; en ce que le froid rend vifibles les parties aqueufes qui nas gent dans l'Air, & cet Air étant devenu plus pefant, les fou- tient fans qu’elles puiflent faire aucun effet fur le Baro- métre, contre le fentiment de quelques perfonnes, qui leur attribuoient la caufe des plus grandes hauteurs, puif- qu'elles ne peuvent au plus que tenir la place d’un pareil volume du liquide dans lequel elles nagent, fuivant la re- gle des corps innatans. Au contraire , les vents de Midi de la fin de l'Automne & du commencement de l’Hyver, venant d'un payschaud, ê où l'Air ef dilaté, & arrivant dans celui-ci où il eft beau- 8 MEMOIRES DE L'AÂACADEMIE ROYALE coup plus froid ou plus condenfé, ils le dilatent, & lui impriment un mouvement pour aller du côté du Nord; mais comme il y trouve beaucoup de difficulté, à caufe que l'Air y eft fort condenfé , il lui faut une grande force pour vaincre cet obflacle; c’eft pourquoi il ef néceffaire que le vent de Midi foit violent; mais ce vent ne peut être violent qu'il n'emporte avec luibeaucoup , non feule- ment de PAir qu'il avoit dilaté, & qui n’y pouvoit plus ref- ter, mais encore de celui qui ne peut réfifter à la violence du mouvement; enforte qu’il fe trouve beaucoup moins de parties d’Air dans le même efpace qu'il ne s’en trouvoit auparavant , & par conféquent le Mercure doit baifler con- fidérablement. Quoique nous puiffions nous pafler , comme onle vient de voir, des élévations & abaiffemens de l’Atmofphére, pour rendre raifon des grandes hauteurs du Mercure avec un vent foible de Nord, & des grands abaiffemens avec un vent violent Sud dans le commencement & à la fin de chaque année, nous n’ofonspas cependantavancer comme un fait certain , que l’Atmofphére ne contribue jamais, en changeant de hauteur, à aucun de ces effets quenousavons rapportés ; ce n’eft pas que nous ne foyons très-perfuadés que quelque vent qu’il faffe fur la terre ou proche de la terre, il puiffe jamais altérer la figure que le mouvement de la terre fur fon axe en 24 heures a fait prendre à la fur- face de lAtmofphére. Nous aurons foin dans la fuite de faire attention aux re- marques que nous venons de donner , pour voir fi elles s’accorderont avec les Obfervations que nous ferons. De la Déclinaifon de l'Aiman. Nous avons obfervé la déclinaifon de l’Aiguille aiman- tée le 30 & 31 de Decembre 1718 par un tems aflez calme, le 3 1 avec une Aiguille de 13 pouces & demi dans la Bouffole de pierre, & nous l'avons trouvé de 11 degrés 30 minutes au Nord-Oueft , comme nous avons remarqué que / DES ScrIENCES. 9 que les Obfervations du 30 & 31 Décembre donnoient une trop grande différence de 1717 à 1718, nous nous fommes déterminés à en faire encore une le 7 Janvier 1719 par un tems affez calme, en aimantant auparavant l’Aiguille , de crainte qu’il ne lui füt arrivé quelque acci- dent; mais elle a toujours donné la même déclinaifon. Nous avons encore obfervé la déclinaifon aumême en- droit le 7 Janvier 1719 avec une Aiguille de 8 pouces, & nous l'avons trouvée de 12 degrés 20 minutes, quoi- qu’elle eût été aimantée en même-tems que celle de 13 pouces + & avec la même pierre. — ‘CARACTERES D E QUATORZE GENRES DE PLANTES; Le dénombrement de leurs Efpéces ; les defcriptions de quelques-unes , & les Figures de plufieurs. Par M. VAILLANT. I lon avoit occafion d’examiner toutes les Plantes qui fe trouvent rapportées dans les Auteurs les plus exats & Les plus méthodiques , combien n’en excluroit-on pas des genres où ils les ont réduites ? combien, aux dé- pensde ces genres dont plufieurs font à fupprimer , ne pour- roit-on pas en rétablir d'anciens ? combien n’en formeroit- on pas de nouveaux des faufles efpéces qu'ils y ont ran- gées? & combien enfin ne diminueroïit-on pas le nom- bre des véritables, puifqu'il s’en rencontre tant de répétées fous divers noms, fans compter celles qu'ils ont partagées dans differens genres , comme fi une même Plante pou- voit être Chou & Rave. Voilà le point de progrès où la Botanique ef} parvenue * Mem. 1719. B'7 11 Janv, 171% * Tatrodu£tion à la connoiffan- ce des Plantes, ?e 24 Ibid. p. 18. * 1. Herma- phrodites. 2. Males. 3. Femelles. Introd, rc. ?- 21. to MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par leurs Obfervations. Or on ne peut douter qu'elle ne doive attendre fa derniére perfe@tion de celles qui fe fe- ront dorênavant dans les Pays étrangers, puifque l’Auteur de l’Introdu&tion à la connoiffance des Plantes y a vû & appris tant de belles chofes, & qu’il nous affure que c’eft de-là que la méthode qu'il fuit , tient la plus grande partie de fon état de perfe&ion. C’eft fans doute du plus reculé de ces divers Pays, d'où lui eft venue la nouvelle & ingénieufe définition qu’il nous donne des fleurs, & qui profcrit pour jamais la commune, mais trop ancienne notion qu'on s’en étoit formée. Vous entendons par fleurs , dit-il, ce compofe de parties appellées dans les Plantes Etamine & Pifile /ervant à leur mulripli- cation , & nous ne regardons ces feuilles colorées , c'eft-à-dire, les petales ou les fleurs mêmes, qui environnent ces parties, que comme des enveloppes propres à leur conférvation. Après cette définition , qui n’embraffe que la premiére des trois fortes de fleurs connues”, il ne laiffe pas de don- ner le nom du compofé à l’'Etamine , quoique fort éloi- gnée du Piftile , laiffant d’ailleurs à deviner comment il faut appeller celui ci, lorfqu'il naît feul, & fe trouve féparé d’elle. C'eft de ces Pays étrangers qu’on a appris que toutes les Plantes à fleurs en Lys donnent des fruits à trois loges ; & que cependant il ne falloit pas placer dans cette nom- breufe famille les vingt-fept genres fuivans, quoi qu'ils en portent tous le véritable caraëtere : 1 Lilium Convallium ?, 2 Polygonatum?, 3 Rufcus<, 4 Juncusd, $ Juncago ©, 6 Butomusf, 7 Veratrum8 , 8 Afparagus h, 9 Orchis”, 10 Helleborine* , 11 Calceolus\, 12 Limodorumm , 13 Ophrisn , 14 Nidus avis°, 1$ Ananas? , 16 Caraguata 3, 17 Karatas : , 18 Maranta S, 19 Mufa*, 20 l'anillau, al. R. Herb. 77. b Ibid. 78.c Ibid. | mI.R.H.437.n Ibid. 427.9 Thid, 79. d Ibid. 246. € Ibid. 266. Ibid. | 437. p Ibid, 6$3. 4 Plum. Nov. 271 g Ibid. 272. h Ibid. 300. | Gen. Io0.r Ibid. 10.5 Ibid, 16. :1bid. 431. x Ibid,436.11bid,436. | * Ibid, 24, u Ibid, 25, DES SCIENCES 11. 21 Cortufa*®, 22 Alpinab, 23 Renalmiac, 24 Zanoniad, 2$ Bromelia® , 26 Commelinaf, 27 Bihais. C'eft de-là qu’on fçait que routes les Plantes legumineufes ont des fleurs de cinq piéces, reffemblant à des Papillons , & qu’il ne falloit pas regärder pour telles la Mnofa h, l Aca- ciai , la Senna, la Poinciana1, la Caffia® ,le Tamarindusn, llngao, la Bauhinia P, la Parkinfonia, le Bonduc*, & la Cafalpina S ; maïs que toutefois on ne devoit pas exclure d’entre ces Plantes le Trifolium, quoique la plüpart de fes efpéces ne donnent que des fleurs monopetales. C'eft dans ces Pays-là qu’on a obfervé que Les fleurs de la Fumetere ? ne font que de deux piéces, quoique par-tout ailleurs elles en aient certainement quatre ; & où on a jugé qu’il étoit à propos de faire un genre particulier “ de l'une de fes efpéces, fe gardant bien d’ailleurs d'approcher de ces -deux genres lHypecoon *, le Chelidonium y , l'Epimedium?, le Glaucium a , &c. qui devroient être de leur bande. C’eft-là que fe trouvent toutes ces Plantes dont on pré- tend que /e calyce de la fleur fert d'enveloppe immédiate aux fémences, témoins fontles calyces qu’on prête à lÆ/zrumbr, au Ricinus €, &c. & qui ; mal-à-propos, ont tant fait écar- ter ce dernier genre du Tirhymalus dd auprès duquel lui, le Ricinoïdes €, le Manihot#, le Tithymaloïdes 88 , la Chame- leabh, la Tragia ï, & la Mercurialis k, doivent être rangés. Enfin c’ef-là où il fe rencontre d’autres Plantes qu'on ne voit point ailleurs ; car qui avoit jamais entendu parler que /e fruit qui naît de la bafe d’un piflile , occupe le centre de la fieur ; © s'étend quelquefois de devant en arriére jujqu à la partie exterieure qui lui [ert de calyce & de pédicule ; ou qu'#/ eff formé de toute la longueur de ce même piflile, ce qui veut dire de l'ovaire & de fa trompe , 0 feulement de fon a Ibid. 26.b Ibid, 26.c Ibid. 27. 421. u Capnoïdes, I. R. H. 427. dlbid. 28 e Ibid. 46.f Ibid. 48. x Ibid. 230.y Ibid. 221. z Ibit & Ibid. fo. h I.R. H. Gos. i Ibid. 232. sa Ibid. 2$4. bb Ibid. $Sor. 6o5.k Ibid. 618.1Ibid. Gr 9.m Ibid. cc Ibid. $22. dd Ibid. 85$. ce Ibid. 619.n Ibidem 660. o Plum. Nov. 655. fF Ibid. 658. gg Ibid. 654. Gen. 13. p Ibid. 23. q Ibid. 25. bh Ibid. G$T. ii" Plum, Nov. Gen. T4, r Ibid, 24.5 Ibid, 28. t I, R., H. K LR, H. 534, # Bi Introd. ce: p. 21. Introd. ŸC Dr2Te Ib.p. 22. Introd. p. 22. 23. 12 MEMOIRES DE L’ACADEM1IE ROYALE extrémité fuperieure, ce qui ne fe peut entendre que du pa- villon de cette même trompe. GENRE I. Algoïdes. Alguette. I. . L’Alguerte eft un genre de Plante aquatique, dont les Fe fleurs font effleurées & hermaphrodites. Chaque fleur & De fort de l’aiffelle d’une feuille, & n’eft ordinairement com- pofée que d’un teflicule ? ou étamine ,& de plufieurs ovai- res c difpofés en rond , lefquels deviennent autant de “capfüles d folides & monofpermes. Il faut ajouter que les: feuilles font fimples, entiéres , fans queue, & le plus fou- vent comme oppofées par paires. Nous ne connoiïffons qu'une efpéce d'Alguette. 1. Algoïdes vulgaris. Tab. Fig. 1. Potamogeton capilla- ceum, capitulis ad alas trifidis. B. Plin. 193. Prod. 101. Raï hift. 1.190. n° 12. Îrem , Potamogeito aflinis , Gra- minifolia , aquatica. Raï ibid. n° 13. Îremque , Potamo- giton omnium minimum , Graminis facie capillaceum ; filiculis curvulisbinis, ternis, dorfo dentato. Hort. Cath. ejufd. Raï hift. 3. 122. Potamogeito fimilis Gramini- folia, ramofa, & ad genicula polyceratos. Pluk. tab. 102. Fig. 7. Equifetum Polygoncides , aquis innatans , Pota- mogeitonis tenuifoliæ facie , ad genicula vafculiferum. Hift. Oxon. 3. 621. n° 20. 1! eft étonnant qu'une Herbe qui eft fi commune dans nos eaux, ne foit pas rapportée dans l’Hifloire des Plantes qui naiffent aux environs de Paris. On doit remarquer, 1°. Qu’encore que M. Raï ne füe pas de ces Botaniftes qui, fans néceflité, fe plaifent à mul- tiplier les efpéces , il en a cependant fait trois de celle-ci» comme on le voit par les citations des différens fynony- mes que nous y avons joints. 2°. Que quoiqu'il fafle en- DES SCIENCES. 13 trer dans le caraëtere du Potamogeton , les fleurs difpofées en épi , & qu'ilait obfervé que celles de cette Plante, def- quelles il n’a pas connu la ftruéture , font difperfées le long des tiges & des branches, il n’a pas laiflé que de la réduire fous cet ancien genre, d’où à la vérité il l’a enfuite exclufe tant dans la derniére édition de fon Synopfis , que dans celle de fa Méthode. 3°. Que fi cet Auteur na vû que deux , trois , ou tout au plus que quatre filiques ou petites cornes ( car c’eft aïnfi qu'il nomme ce que j'appelle cap- fules ) à chaque nœud de la Plante , c’eft qu'il en étoir tom- bé ou avorté quelqu'une , puifqu'on y en compte ordinai- rement cinq , & quelquefois même jufqu’à fix. Comme ce genre de Plante naît au fond des eaux, & que fes feuilles reflemblent à celles de P 4/4, j'ai cru que le nom d’Æ/goïdes lui conviendroit mieux que tout autre, Pag. 28F: Pag. 144 Celui d’Alguette , qui vient de Algue, comme fi on difoit- petite Algue , lui a été donné pour la même raifon. p GENRE Il Eluvials. Naïade. La [Naïade eft un genre de Plante aquatique dont Îes efpéces portent de deux fortes de fleurs fur le même indi- . . nl bei . , / Ÿ er’ vidu, mais dans des endroits 4, b, féparés. De ces diffé- rentes fleurs 4, à, lefquelles partent alternativement de l’aif- felle des feuilles , les unes 4 font incomplettes, réguliéres, monopetales & mâles; & les autres » font efleurées & femelles. Chacune de celles-ci n’eft qu’un ovaire furmonté de fa trompe , lequel devient une capfule folide & mono- fperme. Ajoutez que les feuilles font fimples, dentelées, fans queue , & le plus fouvent oppoiées par paires. Les efpéces de Naïade font , 3 Huvialis vulgaris , latifolia. Tab. 1. Fig. 2. Fluvialis Pifana, foliis denticulais. J. B. 3. L 38. p.779. Hift. Parif. 196, Fucus fuviatilis ,aculeatus , undulatus./E R.. : B ii E PLANCHE Fig. 3. 14 MEMOIRES DE L’'ACADEM1E ROYALE Heïb. 569. Potamogiton fluviatile, Sargazo fimile , lu- cens ; foliis margine dentatis. Pluk. tab. 216. Fig. 4. Raï hift. 3. 121. 3 2. Fluvialis angufto , longoque folio. 3. Fluvialis anguflo , brevique folio. Fluvialis fpecies folio angufto ad margines denticulis fpinofis incifo , Flagel- lum Chriffi dicta. Raï hift. 3. 121. Item, Fluvialis fpe- cies angufto , brevique folio , undequaque fpinis infefta. Hort. Cath. 241. ejufd. Raïi ibid. 132. | Que M. Plukenet ait fait un Potamogeton de notre premiére efpéce de Naïade, on ne s’en doit pas étonner, vû que ce Botanifte ne s’arrêtoit à aucune méthode ; & fi on ef furpris que M. Raï l'ait fuivi, & placé la derniére efpéce dansle même genre & fous le Po/ygonum, fans toute- fois lui en faire porter les noms, on le doit être davantage de rencontrer la premiére entre les efpéces de Fuc%5, dans un Auteur qui fe piquoit d'être plus exaét que les autres. La feconde Naïade eft une Plante nouvelle qui a le port de la premiére ; mais on l’en difingue aifément parfes feuilles , qui font de moitié plus étroites ; quoiqu'aufli lon- gues. Elle nait dans la Riviére de Loing , où nous l’avons remarquée M. Danty d'Ifnard & moi, en pañfant cette Ri- viére au Village d'Epify. Je n’ai point vû la troifiéme Naïa- de ; mais le célébre Botanifte M. Sherard qui la conferve dans fon Herbier , & auquel j'ai communiqué la premiére & la feconde , m’a fort afluré qu’elle en étoit différente, Fuvialis vient de fluvius , fleuve. On a donné le nom de Fluvialis, & celui de Vaïade, à ce genre de Plante , parce que fes efpéces naïffent au fond des Fleuves & des Riviéres. GENRE II. Limnopeuce. Pin aquatique , ou Pefle d'eau. La Peffe d'eau eft un genre de Plante, dont les fleurs font incomplettes, monopetales, réguliéres & androgynes. DES SCIENCES. 15 Chaque fleur 4,b, eft une bandelette circulaire c qui ter- mine & couronne l'ovaire d. Cet ovaire part immédiate- ment de l’aiffelle d’une feuille. Il porte à fon fommetun feul reflicule e accompagné d’une trompef, & devient en- fuite une capfüle folide & monofperme. Il faut ajouter que les feuilles font fimples, entiéres ; fans queue, & difpofées en rayons g,qui, comme aux Plantes Rubiacées , acco- lent la tige d’efpace en efpace. Nous ne connoiffons qu’une efpéce de Peffe d’eau. 1. Limnopeuce vulgaris. Limnopeuce. Cord. hift. r1so, Equifetum paluftre , brevioribus foliis, polyfpermon. B. Pin. 15. Theat. 242. Hift. Parif. 268. Raï Hift r. 129. Item, Equifetum paluftre, Linariæ fcopariæ folio. B. Pin. 15. Prod. 24 Equifeti facie Polygonum fæœ- mina. J. B. 3.1. 36.p. 732. Polygonum fœmina. Matth. 952. Cam. Epit. 689. Quoique le caraétere de cette Plante wait rien de com- mun avec celui que M. Raï nous donne de l'Eguifétum, il n'a pas laïffé que de la rapporter à ce dernier genre. Il ne manquoit plus que d’y joindre l’Eguifetum paluftre , Li- narig fcopariæ folio. B. Pin. Et c’eft aufli ce qu'il a fait dans le troïfiéme tome de fon Hiftoire des Plantes , page » 103. fans avoir pris la peine d’avertir qu’elle pouvoit être la même efpéce, comme ce l’eft en effet; ce que j'ai reconnu fur la Plante prife dans l'endroit où l'indique C. Bauhin. Elle m'a été envoyée de Bâle par M. Stehelin, célébre Profeffeur d’Anatomie & de Botanique , & dont le digne Fils aîné, qui, à fon âge, efl un prodige dans ces deux vañtes fciences , va travailler à nous donner l'Hiftoire des Plantes qui naiffent aux environs de cette Ville-là. Limnopeuce eft compofé des mots Grecs Ain, flagnum, étang , & de ivur, Picea, Pelle , parce que ( dirCordus qui a donné le nom à cette Plante) elle naît dans les étangs, & que fes feuilles font femblables à celles de la Peffe. IT. PLANCHE Fig. 2. Hifi. Pari! ?: 290. 16 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE GENRE IV. Hydroceratophyllon. Hydre cornu. L’Hydre corns eft un genre de Plante , dont les efpéces portent des fleurs mâles & des fleurs femelles fur le même individu , mais dans des endroits féparés. Ces fleurs 4,b, font incomplettes, monopetales, réguliéres, découpées en plufeurs parties, & partent de l’aiffelle des feuilles. Cha- que fleur mâle a renferme plufieurs tefticules c, & chaque fleur femelle à contient feulement un ovaire d qui devient une capfule folide & monofperme. Il faut ajouter que les feuilles fg font rameufes & difpofées en rayons # :, qui d’efpace en efpace /, m, n, accolent la tige. Les efpéces de ce genre font , 1. Hydroceratophyllon folio afpero, quatuor cornibus armato. Tab. 2. Fig. 21. Millefolium aquaticum, cornutum. Raï hift. 1. 191. J. B. 3.1. 37. p. 784. guoad defcript. Equifetum fub aquâ repens , foliis bifurcis. Flor. Pruff. 67. cum Fig. Patamogeito affinis , Equifeti facie, r@3- quan, Pluk. Amalt. 177. An, Millefolium aquati- cum, minus. B. Pin. 141 ? “2. Hydroceratophyllon folio lævi , octo cornibus armato. Tab. IA Fig. 2» Il eft furprenant que Mrs Rai & Tournefort aient pris notre premier Hydre cornu pour le Millefolium aquaticum, cornutum , maqjus. B. Pin. 141. Prod. 73. vû que les moins verfés dans la vérification des Plantes , reconnoiffent au premier coup d'œil, que ce Millefolium eft une Grenouil- lette. La feconde efpéce d’'Hydre cornu n’eft ni décrite , ni nommée, que Je fçache , dans aucun Auteur : car qui voudroit simaginer que l’Hippuris [etis bifurcis Ephem, nat. cur, cent. $. © 6. App. $9. Tab. 13. Fig. 2. füt cette 3» FE: $, Bee née DNS CIE NC EMMA y même Plante, accuferoit de la derniére négligence , le Bo- tanifte qui l’auroit fi mal obfervée. On la diftingue facile- ment de la premiére efpéce par fes feuilles , qui font mol- Jaffes , lifles, & pour lordinaire une fois plus découpées, & par fes capfules qui ne font point armées de ces longs piquans qu’on remarque k à celles de l’autre. Elle fe trouve également dans la plüpart des étangs, des mares, & au- tres eaux dormantes des environs de Paris. Hydroceratophyllon eft compofé des mots Grecs üdwp; aqua, eau, de Liege ; Cornu , Corne ; & de guMor, folium, feuille ; comme fi on difoit, Plante aquatique à feuilles ar- mées de cornes. Auf eft-ce pour ces raifons que nous ap- pellons ce genre Hydre cornu. GENRE Y. Chara. Luftre, ou Girandole d’eau. La Girandole d'eau eft un genre de Plante dontles fleurs faiflent fur les feuilles de fes efpéces. Chaque fleur a eft _incomplette , réguliére , monopetale & androgyne. Elle porte fur le fommet d’un ovaire b, où, fi fes découpu- res , elle forme une couronne antique. Par-là cet ovaire devient une capfule couronnée , laquelle ef folide & mo- nofperme. Il faut ajouter, 1°. Que les feuilles font fimples, fans queue , & difpofées en rayons quiaccolent la tige d’ef- ace en efpace. 2°. Que celles d’où naiffent les fleurs font P P toujours découpées de maniére que les fegmens d’un cô- té font direétement oppofés à ceux de l’autre, pour former conjointement comme des mors de pincettes , dans cha- cun defquels un ovaire fe trouve engagé. Les efpéces de ce genre font, 1. Chara vulgaris, fetida. Tab. 3. Fig. 1. Equifetum foti- dum , fub aquâ repens. B. Pin. 16. Prod. 25. J.B. 3.1. 38. p. 731. Hift. Parif. 268. Raï Hif 1. 130. Hi, Oxon. 3. 621. n° 8, Mém. 1719. C IIL PLANCHE, » 18 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 2. Chara major, fubcinerea, fragilis. Equifetum fragile , ma- jus , fubcinereum , aquisimmerfum. Hift. Oxon. 3. 621. tab. 4. fe&. 15. Fig. 0. . Chara major ; caulibus fpinofis. Tab. 3, Fig. 3. Equifetum mufcofum , fub aquà repens , femine Lithofpermi D. Sherard. Raï Hiftor. 3. 104. Equifetum f. Hippuris mufcofus , fub aquâ repens in Hibernia. Pluk. Alm. 135. tab.193. Fig. 6. Equifetum five Hippuris muf- cofus , cauliculis fpinulis crebrius exafperatis , fub aquis repens. Hift. Oxon. 3.621. n° 10. 4. Chara afpera , fragilis , fegmentis foliorum per intervalla confertis. Equifetum granulofum , fub aquis repens. Flor, Quafimodog. 32. cum Fig. . $- Chara foliis fenis, énferioribus integris. Tab. 3. Fig. $. An , Equifetum f. Hipputis lacuftris , foliis manfu are- nofis Gefnero. Pluk. tab. 29. Fig. 4? 6. Chara minor , caulibus & foliis tenuiffimis. Equifetum fub aquà repens, ad genicula polyfpermon D. Sherard. Raï Synopf. 43. & Hift. 3. 104. n° 14. 7. Chara Florentina, pullo-viridis. Equifetum fœtidum, pul- lum , aquis immerfum. D. Micheli. | 8. Chara tranflucens , magor , flexilis. Tab. 3. Fig. 8. 9. Chara tranflucens , minor , flexilis. Tab. 3. Fig. 9. | | U) Tout le rapport que ces Plantes peuvent avoir avec l'Equifétum , où les Auteurs les ont rangées, ne confifle qu'en ce que les feuilles de celles-là, & les branches de celui-ci , font difpofées de la même maniére. La premiére efpéce de Chara eft la feule qui foit rap- portée dans l'Hifloire des Plantes qui naiflent aux envi- rons de Paris, quoique la 2de, la 3me, Ja çme, la gme, & la gme, fe trouvent aufli dans ces mêmes environs. Defripton La Charatranflucens ; major, flexilis. Tab. 3. Fig. 8. eft d PE une Plante haute d’un pied, & quelquefois d’un pied & ee demi. Sa racine eft une touffe de cheveux blancs, longs environ d’un pouce, d’où part, pour ainfi dire, une gerbe D'E-S' S C IE N CE:$. 19 de tiges rondes, liffes , luifantes, vert jaunâtre, pleines de fuc & tendres, fans être cependant caffantes. Les plus for- tes n'ont qu'une ligne de diametre , & toutes font entre- coupées de plufieurs nœuds, mais fi éloignés les uns des autres, qu'on n en compte que fept à huit fur les plus lon- gues de cestiges. Ces nœuds font entourés , les uns de quatre , les autres de cinq, & la plüpart de fix feuilles ver- miformes, dela couleur ; de la conliftence , & prefque de la groffeur de latige. Celles des nœuds de fa partiemoyen- ne, font ordinairement les plus longues. Elles ont un pouce _& demi , quelquefois davantage , d’autres fois moins; & celles des nœuds fuperieurs qui font les plus courtes, n’ont fouvent que deux ou trois lignes. Outre ces feuilles il fort de quelques-uns des nœuds , tantôt une, & tantôt deux branches , où des feuilles toutes femblables aux autres, gardent aufli le même ordre. Si on interpofe cette Plante entre l'œil & la lumiére , fur-tout lorfqu’on l’a deffechée proprement, on trouvera que fes tiges & fes feuilles font tranfparentes , & que d'efpace en efpace elles font garnies de valvules tran{verfales & d’obliques. Tel étoit l'état de cette Plante, lorfque vers la fin du mois de Mai, nous la trouvâmes M. Danty d’Ifnard & moi, dans les foffés d'une chauflée de la Forêt de Mont- fort-l’'Amaury , en decà de S. Leger en Ivelines. La Chara tranflucens , minor , flexilis. Tab. 3. Fg. 9. ef abondante dans quelques-unes des mares de la Forêt de Fontainebleau , ou plütôt des Landes qui précédent cette Forêt, entre Chaïlly &c la Buvette Royale. Elle ne différe de la précédente qu'en ce que fes plus hautes tiges n’ont que fix à fept pouces fur environ demi-ligne d’épaiffeur , &c que fes plus longues feuilles n’ont que huit à neuf li- gnes. Ses capfules , qui, comme en la plûpart des autres efpéces, font de petits corpsovoïdes ou pyriformes, rouge “orangé, paroiffent en Juillet & Août, & forment conjoin- tement avec les feuilles d’où ils naïffent , un ou deux verti- cilles à la fommité des tiges & des branches. Ci Defcription de la neuvié- me efpéce de Chara, Tome I. ?. 1070. I. PLANCHE Fig. 4. 20 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE On eft convaincu que P'Hippuris mufcofa , fetis per ex- tremum flellatis. Ephem. Nat. Cr. Cent. $. à €. App. $8 tab. 13. Fig. I. appartient à ce genre ; mais de la maniére que cette Plante eft décrite & figurée , il n’eft pas poffible de décider fi c’eft notre huitiéme efpéce de Chara , ou fi ce ne l’eft pas ; peut-être a-ton pris fes branches pour des feuilles terminées en étoile. Chara , felon l'Auteur de l’'Hifoire des Plantes de Lion, eft le nom que les Lionnois donnent à la premiére efpéce de ce genre. Celui de Luftre ou de Girandole d’eau, que nous donnons à ce même genre, vient de ce que fes vet- ticilles ou rangs de feuilles chargés d’ovaires couronnés , repréfentent affez bien ces fortes de chandeliers branchus, qu'on nomme Luftres ou Girandoles. GENRE VI Stratiotes. Plume d’eau. La Plume d'eau eftun genre de Plante dont la fleur & eft complette, monopetale , réguliére & androgyne, con- tenant l’ovaire b, La partie pofterieure de cette fleur eftun tuyau c , & l'anterieure une rofette dou efpéce de pavillon découpé en plufieurs parties égales , ainfi que le calyce c. L’ovaire à devient une capfule d'une feule cavité, dans la- quelle font contenues plufieurs femences entaflées les unes fur les autres autour d'un placenta. Ajoutez que les fleurs naiffent par anneaux autour d’une tige, dont la partie qui s'éleve hors de l’eau eft fimple & dénuée de feuilles. C'et principalement par cette difpofirion de fleurs quece genre différe de l Androface , & de tous ceux qui peuvent yavoir du rapport, tant par la forme deleurs fleurs, que par celle: de leur capfule. Nous ne connoiffons qu'une efpéce de Plume d’eau. 3. Srratiotes vulgaris, flore albo. Müllefolium aquaticumr ;, feu viola aquatica, caule nudo. B. Pin, 141. n° 4 DABNIMISN ENT E: NC US 21 Jsem , Millefolium aquaticum , Equifetifolium , caule nu- do. Ejufd. ibid. n° $. Millefolium aquaticum , diétum viola aquatica. J. B. 3. 1. 38, p. 782. Raï Hift. 2. 1101. lrem, Millefolium aquaticum , diétum viola aqua- tica, fecundum J. B. 3.1. 38. p. 783. Myriophyllon alterum. Matth. 1168. Stratiotes fluviatilis. Gefn. Hort. 283. Girofiée d’eau. Lug. Gall. 1. 891. Eadem flore purpurafcente. Encore que notre Plume d’eau , dont les Bauhins font mal-à-propos deux efpéces , foit une Plante très - remar- quable & fort abondante dans les mares de Bondy, de S, Clair de Roufligni & autres des environs de Paris, elle eft cependant une d’entre près de cinq cens autres efpé- ces de divers genres qui manquent à l'Hifloire des Plantes qui naïiflent aux mêmes environs. J'ai trouvé la variété que je rapporte à fleur purpurine, dans les mares de la Forêt de Montfort-l Amaury. Stratiores vient de spariornc , miles, foldat, qui dérive de gene , exercitus , armée: parce qu’on a remarqué que la Millefeuille ordinaire , à laquelle plufieurs Auteurs ont donné le nom de Srrariotes , eft excellente pour guerir les playes des foldats. Or comme la Plante dontil s’agit, lui reflemble en quelque façon, par rapport à fes feuilles qui font découpées fort menu, il a plû a Gefner de l'appeller Sratiotes. La Plume d'eau eff le nom François que je donne à ce genre de Plante aquatique ; parce que fes feuil- les repréfentent parfaitement bien de petites plumes; c’eff pourquoi ce nom lui convient beaucoup mieux que celu# de Girofée d’eau. GENRE VII Lentibularia. Lentibulaire: : ! + AE ‘ IT. La Lentibulaire eftun genre de Plante aquatique dont pra veus L fleur 4 eft complerte, monopetale, irréguliére & andro- Fig 2. Cüj I. R. Herb. 168. tab. 76. 22 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE gyne contenant l’ovaire g. On ne peut mieux comparer cette fleur qu’à celle de la Linaire , vû que le devant c eft un mufñle clos par une gencive d d'où pend la babine in- férieuree, & que le derriére eft terminé par une têtine 4 placée au-deflous de l'anus. L’ovaire g qui part du fond d’un calyce # fendu en deux parties égales & oppolées , devientune capfule dont la cavité eft remplie de femences entaflées les unes fur les autres autour d’un placenta. Il faut ajouter que les feuilles font lacinées , & que les fleurs naïf- fent à des tiges fimples & dénuées de feuilles. Les efpéces de Lentibulaire font, . Lentibularia major. Petiv. Herbar. Brit. tab. 36. Fig. 11. Lentibularia Rivini Icon. Lentibularia vulgaris. Hifi. Parif. 479. Millefolium paluftre , galericulatum. Raï Hif. 2. 1322. Hift. Oxon. 3. 622. Millefolium aqua- ticum , lenticulatum. B. Pin. 141. Millefolium aquati- cum , flore luteo galericulato. J. B. 3.1. 38. p 783. Lob. Icon. 791. 2. Lentibularia minor. Petiv. Herbar. Brit. tab. 36. Fig. 12. Millefolium paluftre , galericulatum , minus, flore mi- nore. Raïi Synopf. 279. Pluk. tab. 99. Fig. 6. Aparine aquis innatans Trevifana, foliis Perchepier , capreolis donata. Bocc. Muf. 1. 23. tab. 4. Raï Hifi. 3. 636. 3. Lentibularia Americana , Fæniculi folio. Linaria paluftris, Fœniculi folio. Plum. Cat. 6. M. Tournefort a eu raifon de ne pas rapporter au genre dela Linaire notre premiére Lentibulaire ; qui ef la feule qu'il a connue , & le P. Plumier qui s’efforçoit à fui- vre la méthode de cet Auteur célébre , a eu tort d’y pla- cer la troiliéme, vû que le calyce, le fruit & les feuilles de la Linaire , n’ont rien de commun avec les mêmes parties de la Lentibulaire ; d’ailleursil n’étoit pas befoin d’augmen- er Les efpéces d’un genre qui en étoit déja furchargé, mais que nousallégerons par le rétabliffement de ceux qu'on DES SCIENCES. 23 y a confondus , quoique leurs marques de diftin@ion fau- tent aux yeux. ÿ La feconde efpéce de Lentibulaire n'eft pas à beaucoup près fi commune que la premiére dans les environs de Pa- ris, puifque je ne l’ai remarquée qu'a S. Leger en Ivelines dans la prairie marécageufe , à l'endroit où le Piment Ro yal fe trouve en quantité; aufli manque-t-elle, ainfi que cet Arbrifleau , à l'Hiftoire des Plantes qui naïffent aux envi- tons de Paris. Le nom de Lentibularia a été donné à ce genre de Plan- te, parce que les feuilles de fes deux premiéres efpéces font chargées de petites vellies affez femblables à des Len- tilles. GENRE VIII Myriophyllon. Volant d’eau. Le J’olant d'eau porte des fleurs 4 complettes, régu- liéres & hermaphrodites. Chaque fleur 4 eft ordinaire- ment de quatre petales d pofés en croix autour de l’em- bouchure d’un calyce b à rebords découpé en quatre quar- tiers égaux c. Ce calycee contientune maffe f, formée par l'affemblage de quatre ovaires # oblongs & monofpermes. On peut ajouter que les feuilles g font fimples , laciniées & difpofées en rayons quiaccolent la tige d’efpace en efpace. Les efpéces de ce genre font, x Myriophyllon vulgare , majus. Potam ogeton foliis pen- naus I. KR. Herb. 233. Hift. Parif. 224. Potamogiton pennatum Petiv. Herb, Brit. tab. 6. Fig. +. Item, Pota- mogiton pinnis Millefolii. Ejufd. ibid. tab. c. Fig. 7. Millefolium aquaticum, pennatum , fpicatum. B. Pin. 141. Prod. 73. Raï Hifi. 1. 191. Müillefolium penna- tum, aquaticum. J. B. 3.1. 38.p. 783. 2. Myriophyllon vulgare , minus. Potamogeton flofculis ad foliorum nodos. Inft. R. Herb. 233. Hift. Parif. 224. Gale frutex odoratus fep- tentrionalium J. B. 1. L.8, p.225. DE PLANCHE Fig. 34 Hif}. Oxon. 2. 621. num. 7. Hif}.2.1322. ap.230. b 221. 222. d 2220 R. Herb. 24 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Millefolium aquaticum , flofculis ad foliorum nodos. B. Pin, 141. Millefolium aquaticum, minus. J. B. 3.1. 38. p. 783. Raï Hift. 2. 1322. Myriophyllum aquaticum , minus. Cluf. Hift. cclij. Clufius n’a pris la fleur de cette derniére efpéce de Vo- lant d’eau pour une fleur de huit petales, que parce qu'il a compté & compris dans ce nombre les découpures du calyce. Morifon , qui l’a fuivi en cela, range mal-à-propos cette Plante entre les efpéces de Préle, & prétend que c’eft l'Equifetum palufire;ramofum, aquis immerf[um. Ambrof.214. mais il n’y a nulle apparence. M. Rai n'a pas mieux ren- contré , quandil a placé cette même efpéce entre les Her- bes anomales , & l’autre parmi celles dont les fleurs , felon lui, font à étamines. Il eft vrai que dans fon Synopfis ; p. 279. on ne trouve pas ces deux Plantes fi fort éloignées l'une de l’autre, puifqu’elles n’y font féparées que par nos deux premiéres Lentibulaires. Si M. de Tournefort fe fût donné la peine d’examiner les fleurs de ces Volans d’eau, peut-être ne les eût-il pas rapportés, comme ila fait, au Potamogeton ; & s'il eût bien connu la ftrudture de la fleur de ce dernier genre, il ne l’auroiït pas mis au nombre des Plantes à leurs en croix, c’eft-à-dire , de quatre petales, puifqu'il eft très-certain que cette fleur, outre qu’elle n'a point de calyce, eft d’une feule piéce ; d'ailleurs quel rap- port y at-il entre le fruit des Plantes à fleurs en croix & celui de Potamogeton ? Quelque jour nous ferons voir qu'il faut exclure du même rang, nor a, le Chelidonium +, l'Epimedium ©, & l'Herba Paris à, Myriophyllon , uvercquMor, vient deuuescc , innumerus 3 innombrable , & de guxor, folium , feuille ; comme fi on difoit Plante dont les découpures des feuilles font en grand nombre. Nous avons donné à ce genre le nom de Yolant d'eau , parce que fes feuilles reffemblent à des plumes , &c qu'elles font difpofées comme celles d’un AU car fi on coupe la tige immédiatement au deflus, & à quelques lignes DES SCIENCES. 2$ lignes au-deffous d’un de leurs rangs , on aura une efpéce de Volant, telle qu’elle eft repréfentée en 4. GENRE IX. Sagitta. Sagette , ou Fleche d’eau. La Heche d'eau eft un genre de Plante dont quelques Voyez Dama- efpéces ne donnent ordinairement que des fleurs herma- fonium, P/.4. phrodites, & dont quelques autres efpéces portent des fleurs mâles & des fleurs femelles, parmi lefauelles il s’en ren- contre aufli quelquefois d’androgynes. Toutes ces fleurs font complettes 4, tripétales & régulieres. Leur calyce à ef d’une feule piéce fendue en trois parties égales. Dans les fleurs femelles & dans lesandrogynes, les pétales 1.2.2. entourent la bafe d'un placentac, chargé de plufeurs ovaires d, lefquels deviennent autant de capfules folides & monofpermes. Il faut ajouter que les tiges font dénuées de feuilles ; que les fleurs y font le plus fouvent difpofées par anneaux, & que les feuilles qui s’élevent hors de l’eau font en fer de fleche , ou à deux oreilles pointues. Les efpéces de Fleche d’eau font, 1. Sagitia major. J. B. 3.1. 38. p. 700. Matth. 1138. Sagitta aquatica , major. B. Pin. 194. Ranunculus pa- luftris, folio Sagittato maximo. I. R. Herb. 292. 2. Sagitta minor. Matth. 1139. Tabern. Icon. 743. Sa- gitta aquatica , minor, latifolia. B. Pin, 194. Item , Gra- men bulbofum aquaticum. Ejufd. ibid. 2. Prod. 4. Sa- gitta. J.B. 3. 1. 38. p. 789. Ranunculus paluftris, folio Sagittato, minori. I. R. Herb. 292. Hift. Parif. 524. Eadem minima. Sagitta aquatica, omnium minima. D. Pluk. Raï Synopf. 143. 3. Sagitta minor , anguflifolia. J. B. 3. 1. 38. pag. 790. Tabern. Icon. 744. Sagitta aquatica, minor, anguftifolia, B. Pin. 194. Sagitta. Cord. Hift. 87. Rarunculus paluf. tris, folio fagittato anguftiori. I. R. Herb. 292. Mem. 1719. VoyezI. R. Herb. 3. tab. 455: LV PLANCHE, 26 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Eadem foliis variis. Sagitta aquatica , foliis variis. Flor. Prufl. 234. ; 4. Sagitta Americana , latifolia , non ramofa. Ranunculus aquaticus, Americanus , Sagittæ folio breviori. I. KR, Herb. 292. Plum. Cat. 7. s- Sagitta Malabarica , ramofa , folio obtufo. Gulitamara Horït. Malab. 15.93. Tab. 45. Sagittarix foliis Planta, glomerato fruétu monopyrene , Coriandri fere figura. Pluk. Tab. 220. Fig. 7. 6. Sagitta Sinenfis, folio in tres partes æquales divifo. Sa- gittaria Chinenfis , foliis ternis longiflimis. Petiv. Ga- zoph. Tab. 19. Fig. s. M. Tournefort qui a fupprimé ce genre, & entremêlé fes quatre premieres efpéces avec celles de Renoncule, n'indique que la feconde dansles environs de Paris ; cepen- dant la troifiéme n’y eft pas rare, fur-tout dans la Marne ;, où M. Danty d'Ifnard l’a obfervée en quantité. La Figure que M. Petiver nous a donnée de la fixiéme efpéce, eft défettueufe , en ce que les fleurs y font alternes, & les feuilles attachées à la tige. On a donné le nom de Sagitta à ce genre de Plante, par rapport à la figure de fes feuilles , qui repréfentent des fers de fleche à barbillons aigus. GENRE X. Damafonium. Flute de Berger. La Fute de Berger ne differe de la Fleche d’eau qu’em ce que toutes fes fleurs 4 font ordinairement androgynes ; que fes feuilles font entieres, ou tout au plus taillées en forme de cœur; & que dans quelques efpéces;. chaque capfule contient plus d’une femence. D'ailleurs, fes fleurs font quelquefois difpofées autrement, comme on le peut voir fur la Figure que nous donnons de la huitiéme efpéce de ce genre, où chaque fleur porte fur une hampe qui | DES SCIENCES. 27 part des nœuds enracinés dont les jets de cette Plante font garnis. Les efpéces de Flute de Berger font, + Damafonium fellatum. Lugd. 10$8. 1. R. Hexb. 2 s7. Hift. Parif. 431. defcrip. Damafonium ftellatum Dale. champii. J. B. 3.1. 38. P. 789. Plantago aquatica , ftel- lata. B. Pin. 190. Plantago aquatica, minor altera. Lob. Icon. 301. Plantago aquatica, minor, ftellata. Raii Hift. 1. 701. 2. Damafinium Americanum, fru&tu globofo majori. Dama- fonium Americanum , maximum , Plantaginis folio,flore flavefcente, frudu globofo. I. R. H. 257. Plum. Cat. 7. 3: Damafonium Americanum , amplo Plantaginis folio, ma- xëmo flore. Ranunculus aquaticus, Plantaginis folio, flore albo , calyce purpureo. Plum. Cat, 7. I. R. Herb, 292. 4 Damafinium , lato, Plantaginis folio. Ranunculus paluf- tris, Plantaginis folio ampliore. I. R. Herb. 292. Hifi. Parif. 298. Plantago aquatica , latifolia. B. Pin. 1 90. Plantago aquatica. J. B. 3.1. 38, p. 787. Raï Hift. 1. 618. Matth. 482. | 5: Damafènium angufo , Plantaginis folio. Ranunculus pa- luftris, Plantaginis folio anguftiore. L R. Herb. 292. Hif. Parif. 298. Plantago aquatica anguñifolia. B. Pin. 190. Plantago aquatica , minor. Tabern. Icon. 734. 6. Damafinium angufliffimo, Plantaginis folio. Ranunculus paluftris , Plantaginis folio, humilis & fupinus. I, R.H. 292. Hift. Parif. 298. Item, Ranunculus aquaticus , Plantaginis folio , anguftiffimo. I. R. Hetb. 292. Hift. Parif. s25. defcr. Petiv. Gazoph. Tab. 26. F ig. 12. Raii Hift. 3. 305. Plantago aquatica , humilis, angufifolia. J, B. 3. L. 38. p. 788. Raï Hift. 1. 618. Lob. Icon. 300. 7. Damafonium Algæ longifimo , latoque folio. Plantago aquatica Aerouaxpopuanos . Flor. Pruff. 199. 8, Damafinium repens ; Potamogetonis rotundifolii folio. Tab. 4e Fig. 9, Ranunculus paluftris, foliis pur + fub- I] y S 8 € Defcription de la huitiéme efpéce de D-- mafonium, Pl. 4. Fig, 9, 28 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE rotundis. Des Lergres d'un Medecin à un Medecin , p. 47. “9. Damafonium ramofum, folio cordiformi. Sagitraria Virai- niana, obtufiore lato folio , loribus minoribus albis. Hit. Oxon. 3. 618. fe&. 15. Tab. 4. Fig. 6. 10. Damafonium ramofum , folio cordiformi ampliore. Ra- nunculus aquaticus , Afari foliis , ad nodos umbelliferus. Plum. Cat. 7. I.R. Herb 286. S'il eft furprenant que les Bauhins , Morifon & Raïayent confondu notre fixième Damafonium avec la cinquiéme, il ne left pas moins de voir que M. Tournefort en ait fait deux efpéces de Renoncule, & qu'il fe foit donné la peine de la décrire comme une nouvelle Plante. D’ailleurs il s’eft trompé quand il a dit que fon calyce étoit de trois feuilles. L’Auteur des trois Lettres d'un Medecin à un autre Medecin, nous a donné d’après le fec une affez mauvaile figure de la huitiéme efpéce de ce genre. Si je m’en fou- viens bien, dit cet Auteur, les fleurs de cette Plante font affez femblables à celles du Ranunculus Hederaceus , rivu= lorum , [e extendens, aträ maculä notatus J. B. Mais cette reffemblance ne fe trouve que dans la couleur , puifque les fleurs de cette Renoncule font de cinq pétales, & que celles de la Plante dont il s’agit, n’en ont que trois difpofées en triangle. Chaque pétale 7, 2,3, eftblanc, & feroit pref- que ronde; fi on en rognoit l’ongle f jaune & pointu. De la racine de cer ongle partent cinq lignes ou rayons qui fe: perdent infenfiblement vers le bout oppofé à l'ongle. Ce pétale a environ quatre lignes de longueur fur trois de largeur : ainfi la fleur dont l'odeur ef douce & approchante de celle du Miel, peut avoir huit à neuf lignes de diamé- tre. Elle entoure la bafe d’un placenta c roñd & plat, & eft foutenue par un calyce# découpé en trois parties égales qui fe roulent le plus fouvent en-deffous. De la circonfé- rence du placenta, s’élevent fix étamines verdâtres , diftri- buées par paires. Ces étamines entourent tantôt huit, tan- tôt dix , & quelquefois douze ovaires d pyriformes dons PES TER DÉS ScrenNcEs. 5ÿ la trompe forme là queue de la poire. Chaque ovaire de- vient par la fuite une capfule en cornichon , longue en- viron d’une ligne, & qui ne contient qu’une graine. La racine de cette Plante eft une touffe de fibres blanches, chevelues , & longues de cinq fixpouces De fon collet o partent un ou plufieurs jets fort foibles , dont les uns fe trainent fur la vafe, & les autres s’élevent & rampent à fleur d’eau. Les feuilles que pouffe cette racine , font ordi- nairement de deux fortes. Celles de la circonférence , ou qui paroiffent les premieres , font graminées , & n’artei- gnent jamais la furface de l'eau ; au lieu que les autres qui flottent deflus, font ovales, liffes , vert-pâle & luifant par la face qui regarde le ciel , mais vert mat & plus pâle du côté oppofé ; , lequel eft comme pointillé ou fouetté de rouge brun. Les plus grandes de ces feuilles, k, ont un pouce de long fur moitié moins de large. Toutes font relevées en-deflous ; de trois nervüres longitudinales, & creufées en-deflus k d’un pareil nombre de legers fillons. La lon- gueur de leur queue eft toujours proportionnée à la pro- fondeur de l’eau où naît cette Plante. Des nœuds / des jets fortent d’autres racines, des feuiiles, & quelques ham- pes ou pédicules longs d'un pouce ou deux fur chacun defquels porte une fleur telle que nous l'avons décrite. Cette Jolie Plante fe plait fort dans les mares des landes & dans celles de la Forèt de Fontainebleau où on la trou- ve en fleur pendant prefque tout l'Eté & l’Automne. Elle eft encore une de celles qui manquent à l'Hifioire des. Plantes qui naiflent aux environs de Paris. Cordus & Lonicer nomment Fiflula pafloris , Flute de Berger, la quatriéme efpéce de ce genre, parce qu’ils pré- tendent que fa tige refflembie à une Flute; ce quipeut être vrai ( d'autant qu’elle eft creufe & nue) fi on la coupe au- deffus de:fon origine & au-deffous de fes branches. D à; AMEUR. EL, D. 257. b Pulfatilla, I. R. Herb. 30 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE GENRE XI. Anemonoïdes. Sylvie. La Sylvie eft un genre de Plante dont la fleur eft incom- plette, polypétale , réguliere & androgyne. Cette fleur en- toure la bafe d’un placenta chargé de plufieurs ovaires qui deviennent autant de capfules, nues, folides & monofper- mes. Ajoutez que la tige eft une hampe terminée par quel- ques feuilles difpofées en rond, d’entre lefquelles s’élevent un ou plufieurs pédicules qui ne portent chacun qu'une fleur. Ce genre differe de lAnemone * par la nudité de fes capfules , & de la Coquelourde t par fes mêmes capfules, qui ne font point terminées par des trompes barbues. On . le diftingue du Thakiëfrum par fa hampe, & des genres fuivans par fa fleur qui n’a point de calyce. Les efpéces de Sylvie font, 1. Anemonoïdes vulgaris , monanthos , flore albo. Ranunculus hragmites, albus, vernus. J. B. 3. 1. 30. p. 412. I. KR. Herb, 285. Hift. Parif. 135. Anemone nemorofa, flore majore , Candido. B. Pin. 176. Anemone. v. Dod. Pempt. 435. Eadem flore purpureo. Ranunculus phragmites, purpureus , vernus. ŸE 3.1 30. p. 412. I. R. Herb. 285. Hit. Parif. 134. Eadem flore purpuro-rubente. Ranunculus nemorofus , ex rubro purpureus, ij. Tabern. Icon. 46. I. R. H. 285. Eadem flore albo, pleno. Ranunculus nemorolus , flore albo pleno. H. R. Blef. 298. I. R. Herb. 285. Eadem flore pleno violaceo. Ranunculus nemorcfus , flore pleno, violaceo. H. R. Blef. 299. I. R. Herb. 285. Eadem fiore albo pleno, foliis cinéto. Ranunculus nemoro- fus , flore pleno, albo, foliis cinéto. I. R. Herb. 285. Anemone nemorofa, flore pleno, albo. B. Pin. 177. Ranunculus fylvarum , pleno albo flore. Cluf. Hift. 247. DES Si Cr E N c'8s, VW: 3L- Eadem flore pleno , purpurafcente, foliis cinéto. Ranunculus nemorofus, flore pleno purpurafcente. I. R. Herb. 285. Anemone nemorofa, flore pleno, purpurafcente. B, Pin. :77. Ranunculus fylvarum pleno flore purpuraf- cente. Cluf. Hift. 248. 2. Anemonoïdes monanthos, flore albo, minor. Anemone ne- morofa, flore minore. B. Pin. 177. Ranunculus nemo- rofus, Anemones flore , minor. B. Prod. 9$. n°. £, 3, Anemonoïdes monanthos, latifolia , flore albo. Ranunculus nemorofus , trifolius. H. L. Bar. s 14. I. R. Herb. 28+. Anemone trifolia , flore albo. J. B. 3. 1. 30. p. 412. Anemone trifolia. Raï Hit. 1. 627 B.Phytop. 3 17. Hift. Oxon. 2. 424. Dod. Pemprt. 436. 4. Anemonoïides monanthos ; cærulea ; minor. Ranunculus ne- morofus, flore cæruleo , minori. I. R. Herb. 285. em, Ranunculus nemorofus, flore cæruleo , foliis minoribus, Apennini montis. Mentz. Pug. Tab. 8.1. R. Herb. 285. Tremque, Anemone Geranii Rupertiani folio, an Diof- coridis ? B. Pin. 174. I. KR. Herb. 277. Anemone Ge- ranifolia. J. B. 3. |. 30. p. 405. Raï Hifi. 1. 625. Anemone horrenfis, tenuifolia ; 1, fimplici flore. Cluf. Hif. 254. $- Anemonoides monanthos , cærulea , major. Ranunculus ne- morofus, flore cæruleo , foliis majoribus, Apenninimon- tis. Mentz. Pug. Tab. 8.1. R.Herb. 285. Eadem alba, major. Ranunculus nemorofus , foliis majori- bus , Apennini montis, flore majore , albo. Cor. I. K,. Herb. 20. 6. Anemonoïdes lutea , interdum monanthos ; interdum bifioræ aut triflora. Ranunculus nemorofus, luteus. B. Pin. 178. I. KR. Herb. 284. Hift. Parif. $22. Lob. Icon. 674. Tabern. Icon. 44. Ranunculus phragmites , luteus, ne- morofus. J. B. 3. L 30. p. 413. Anemone nemorofa , lutea. Raï Hif. 1. 625. Eadem flore pleno. Ranunculus phragmites, nemorofus ; luteus , flore pleno. Hift. Oxon. 2. 437. 32 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Eadem foliis eleganter incifis. Ranunculus nemorofus , fo- lis minoribus eleganter incilis , flore luteo , fimplici. Pluk. Alm. 310. I. KR. Herb. 285. 7. Anemcnoïdes polyanthos , hirfuta, flore albo. Ranunculus nemorofus, hirfutus , humilior, Narcifli flore. B. Pin. 182. I. R. Herb. 290. Ranunculus Alpinus, Narciffi flore. J. B. 3. App. 860. Ranunculi montani ij. fpe- cies altera. Cluf. Hift. 235. Pulfatilla trianthos , falphu- rea , femine non pappofo. Barr. Icon. 494. 8. Ænemoncides polyanthos , hirfuta, purpurafcente flore. Ra- nunculus montanus, hirfutus, purpurafcente flore. B. Pin. 181. I. R°: Herb. 290. Ranunculus montanus al- bus, hirfütus. J. B. 3. App. 861. Ranunculüs montanus ii. Cluf. Hift. 235. | 9. “inemonoïdes polyanthos, hirfuta ; Aconiti Lycoétoni folio, flore albo. Ranunculus Orientalis, Aconiti Lycoëtoni folio , flore magno , albo: Cor. I. R. Herb. 20. ’oyage du Levant, 2. 245$. Fig. Eadem flore purpurafcente. Ranunculus Orientalis, Aconiti Lyco@toni folio, flore magno purpurafcente. Cor. I. R. Herb. 20. 10. Anemonoïdes polyanthos , lanuginofa , Napelli folio , flore albo. Ranunculus Orientalis , Napelli folio lanuginofo, flore albo. Cor. I. KR, Herb. 20. 1 Le Rannnculus nemorofus, Aquilegie foliis , Virginianus, Afphodeli radice. Pluk. Tab. 106. Fig. 4. & le Ranunculus neimorum, Fragariæe foliis, Virginianus. Ejufd. Tab. 106. Fig. 3. paroiflent être de ce genre. Peut-être que les trois premieres Renoncules du Corrollaire de M. Tournefort en font aufli. Mais comme nous n'avons pas eu occafion d'examiner ces cinq Plantes, nous aimons mieux les pafler fous filence , que de les hazarder ici. J'ai bien cherché des fois la Sylvie jaune dans le Parc de P'Abbaye de Charrone, où M. Tournefort l’indique ; mais foit qu'il l'en eût enlevée en la trouvant, foit qu’elle y foit DES SCIENCES M y Soit motte, ou qu'elle m'ait toujours fui, jamais je ne l'y ai rencontrée non plus qu'ailleurs. M. Danty d'Ifnard a découvert notre troifiéme efpéce de Sylvie dans les Bois de Chantilly. Elle n’eft point rap- portée dans l'Hiftoire des Plantes qui naiffent aux envi- rons de Paris. Anemonoïdes vient d’'Anemone ; comme fi on difoit, Plante qui reffémble à l'Anemone. J'ai donné le nom de Syl- vie à cegenre, parce que fes efpéces naïflent ordinaite- ment. dans les Bois ou Domaines du Dieu Sylvain, GENRE XII. Myofuros. Queue de Souris. La Queue de Souris eft un genre de Plante dont les fleurs AC font complettes, polypetales , réguliéres & androgy- nes. Chaque fleur entoure la bafe d’un placenta G chargé de plufieurs ovaires qui deviennent autant de capfules H 1 ,ou KL, ou OP ,folides & monofpermes. Ajoutez que latige eft une hampe nue qui ne porte qu’une fleur. C’eft par-là principalement qu'on difingue ce genre de la Re- noncule dont le cara@tere , tel qu'il fe trouve établi dans les Inftitutions de Botanique , p. 285. convient non-feu- lement aux efpéces de Queue de Souris, mais encore à toutes celles de Thalitrum , d’Anemone , d’ Anemonoïdes , de Pulfarilla, de Filipendula ; de Clematitis, de Caryophyl: lata , de Fragaria , de Quinquefolium , de Tormentilla , de Pentaphylloïdes ; de Sagirra, & à la plüpart de celles de Damafonium. Lesefpéces de Queue de Souris font, 4. Myofuros annua , verna , Graminifolia. Ranunculus Gra- mineo folio , flore caudato , feminibus in capitulum fpi- catum congeftis. I. R. Herb. 293. Hift Parif. Addir, MyofüurosJ. B. 3.1. 31. p. s12. Raï Hift. 2. 1332. Holofteo. affinis , cauda muris. B, Pin. 190. Hift, Parif, Mém. 1719. E Voyez les I. R. Herb. Tab. 149. 34 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE 471. Adonia pufilla, fegetalis, Gramineis foliis foiffis > flore obfoleto , fpicà caudam murinam æmulante. Pluk. Alm. 12. Plantagini five Holofteo affinis cauda muris. Hit. Oxon. 3. fect. 8. Tab. 17. Cauda muris. Dod. Pempt. 712. 2. Myofuros annua , verna , Ceratophylla. Ranunculus Cera- tophyllus , feminibus falcatis in fpicam adaë@tis. Hif. Oxon. 2. 440. I. R. Herb. 289. Raï Hift. 1. 583. Barr. Obf. n° 580. Ranunculus Alopecuroïdes Ajugæ foliis. Bocc. Rar. PI. 28. Melampyrum luteum, mini- mum. B. Pin. 234. Perpuñllum Melampyrum luteum. Lob. Icon. 37. Lugd. 1. 420. 3. Myoftros latifolia , férrata , Afphodeli radice. Ranuncu- lus latifolius , bullatus , Afphodeli radice. B. Pin. 181. I. R. Herb. 286. Irem , Ranunculus Lufitanicus , folio fubrotundo , parvo flore. I. R. Herb. 286. Ranunculus Luñtanicus , bullatus. J. B. 3. App. 867. 1rem, Ranun- culus autumnalis , folio lato , rotundo. Ejufd. ibid. Ra- nunculus grumofa radice. 1. Cluf. Hift. 238. Raï Hift. 1. 591. Item , Ranunculus grumofa radice 1. fpecies ij. Cluf. ibid. Esdem flore pleno. Ranunculus latifolius, multiplex ; fero- tinus. Corn. 94. I. R. Herb. 286. Ranunculus latifo- lius , bullatus , autumnalis , flore pleno & prolifero. Hift. Oxon. 2. 447. n° so. 4. Myofuros perennis , trifido folio , flore cæruleo. Ranunculus tridentatus , vernus, fore fimplici cæruleo. 1. R. Herb. 286. Trifolium hepaticum, flore fimplici. B. Pin. 330. Raï Hift. r. $80. Hift. Oxon. 2.433. Trifolium he- paticum, five Trinitatis herba, flore cæruleo. J. B. 2. 1. 17. p. 389. Hepatica trifolia, cæruleo flore. Cluf. Hlift. coxlvij. Eadem flore violaceo. Ranunculus tridentatus, vernus , flore fimplici cæruleo. I. R. Herb. 286. Eadem flore fubpurpureo. Ranunculustridentatus , vernus » flore fimplici fubpurpureo. I. K. Herb. 287. en lé dite in fie a É PEESE DES SCIENCES. 35 Eadem flore rubro. Ranunculus tridentatus , vernus » flore fimplici rubro. I. R. Herb. 287. Eadem flore carneo. Ranünculus tridentatus, vernus ; flore fimplici carneo. I. KR. 287. 1 Eadem flore cinereo. Ranunculus tridentatus, vernus, flore fimplici cinereo. I. R. Herb. 287. Eadem flore albo. Ranunculus tridentatus, vernus, flore fimplici albo. TI. R. Herb. 287. Item, Ranunculus tri. dentatus,vernus, flore fimplicialbo , magno. I. R. Herb. 287. Eadem flore albo , cum âpicibus rubris. Ranunculus triden- tatus , flore fimplici albo , cum apicibus rubris. I. R. H. 287. Eadem flore pleno , cæruleo. Ranunculus tridentatus, vernus , flore pleno, cæruleo. I. R. Herb. 287. Eadem flore pleno , purpureo. Ranunculus tridentatus > VEI- nus , flore pleno , purpureo. I. R. Herb. 287. Eadem flore pleno , carneo. Ranunculus tridentatus > VENUS ; flore pleno , carneo. I. R. Herb. 287. Eadem folio variegato. Ranunculus tridentatus , vernus, fo: lio variegato. 1. R. Herb. 287. 5+ Myofuros perennis , foliis varis. Ranunculus minimus, Apulus Columnæ ( féd perperam ) luteus. Barr. Obf, n° 579. & Icon. 791. Si on en croyoit Morifon touchant la defcription & la figure qu'il donne du Ranunculus montanus, Betonicæ foliis. Park. on feroit de cette Plante une fixiéme efpéce de Myo- firos 3 maïs nous ferons bientôt voir qu’elle n'appartient ni à ce dernier genre , ni à celui de Renoncule. M. Tourneforta pris le calice de notre premiére Queue de Souris, pour la fleur même , & celle-ci pour les éta- mines. Cette fleur 44 eftà cinq petales verdâtres, qui font autant de petites cfpateles ee courbées comme en S N dont le haut bout qui eft plat & large, regarde le ciel ou l'horizon , pendant que l’autre eft collé à la bafe du pla- Eï Hifi. Oxon. 2. 445 .num,42, Hif. Parif. Addir, PI, 2, Fig. 4. PL, 2.F. 4. 36 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE centac , de laquelle s’élevent dix étamines à fommets blanr- chètres. Cinq autres efpateles plus grandes que les premié- res, & coudées dans leur partie moyenne , qui eft l’endroit par où elles s’attachent immédiatement au-deffous des pe- tales, forment le calyce de cette fleur. Ainfi les queues pen- dantes que M. Tournefort préte à celle-ci, appartiennent de droit à celui-là, puifque ce font les menus bouts de fes piéces. La figure du Ranunculus grumofa radice 1. Cluf. repré- fente notre troiliéme Queue de Souris lorfqu'’elle eft cul- tivée ; & la figure du Ranunculi grumof& radice x. fpecies if. du même Auteur, la fait voir telle qu'elle fe trouve en campagne ; ainfi C. Bauhin a eu raifon de rapporter ces deux Figures à une feule Plante; & M. Tournefort qui Pavoit vûe dans ces états différens, auroit dù le fuivre, & ne pas nous donner , comme l'a fait Morifon, une autre variété de cetre même Plante , pour une troifiéme efpéce. On ne doit pas être furpris de trouver notre cinquiéme Queue de Souris , dans les œuvres de Barrelier , fous un nom qui ne lai appartient nullement , d'autant que cetou- vrage pofthume eft plein de pareilles fautes d'impreflion. Myofuros vient des mots Grecs uüs, mus , fouris, & de Sex, cauda, queue. On a donné le nom de Myofuros à ce genre de Plante , parce que le placenta g de la pre- miére efpéce eft une pyramide , qui, conjointement avec les capfules dont elle eft chargée , repréfente une queue de Souris. GENRE XIII. Ranunculoïdes. Grenouillette. s La Grenouillette eft un genre de Plante aquatique , qui, par fa fleur & par fes capfules,reflemble au Myofiros : mais on l'en difingue aifément par fa tige , qui eft accompagnée de feuilles, & par la difpofition de fes fleurs , lefquelles portent chacune fur un pédicule nud: qui part de l'aiffelle 4 D ÉIS SCIENCE $. 37 d'une feuille ; d’ailleurs la fommité de cette tige & de fes branches, n’eft jamais immédiatement. terminée pat une fleur , mais ordinairement par une feuille ; ce qui difingue effentiellement ce genre d'avec le fuivant. Les efpéces de Grenouillette font , 1. Ranunculoïdes repens, bijugis Hederaceis foliis. Ranun- culus aquaticus, Hederaceus , flore aibo parvo. I. R.H. 286. Ranunculus Hederaceus, rivulorum, fe extendens, atrà maculà notarus, J.B. 3. 1. 38. p. 782. Hifi. Parif. 526. Ranunculus aquaticus , Hederaceus, luteus. B. Pin. 180. Ranunculus Hederaceus Dalechampiüi Lugd,. 1031. 2. Ranunculoïdes repens ; Cotyledonis folio. Ranunculus aquaticus , umbilicato folio. Col. 1. 315. Ranunculus rotundi folius , aquaticus , umbilicatus. Ejufd. Icon. 1. 316. 3. Ranunculoïdes foliis varüs. Ranunculus aquaticus , folio rotundo & capillaceo. B. Pin. 180. I. R. Herb. 291. + Hit. Parif. $24. Ranunculus aquatilis, albus , tenuifo- lius. J.B. 3.1. 38.p. 781. Ranunculus aquatilis. Dod. Pempt. 587. Eadem flore pleno. 4. Ranunculoïdes folio circinato , tenuifimè divifo. Ranun- - culus aquaticus, albus , circinatis tenuiflimè divifis fo- lis, floribus ex alis longis pediculis innixis. Pluk. Tab. 55. Fig. 2. Millefolium aquaticum , cornutum, majus. B. Pin. 141, Millefolium aquaticum cornutum. Prod. 73.J.B. 3.1 38. p.784. quad Iconem. $- Ranunculoïdes Fœniculi folio breviore. Ranunculus aqua- ticus , capillaceus. B. Pin. 180. item, Millefolium aqua- ticum , foliis Abrotani, Ranunculi flore & capitulo. Ejafd. Pin. 141. Ranunculus aquatilis omnino. J. B. © 3.1. 38. p. 781. E R. Herb. 291. Hift. Parif 298. Ranunculus tricophyllus aquaticus, medio luteus. Col. 17314 6, Ranunculoïdes Feniculi folio longiore. Ranunculus aqua- E i 38 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYaLe ticus, albus , fluitans, Peucedani foliis, H, L. Bat. s 14. I. KR. Herb. 291. Hit. Parif, s24, Millefolium aquati- cum, foliis Fœniculi, Ranunculi flore & capitulo. B. Pin. 141. Ranunculo five polyanthemo aquatili albo affine, Millefolium Maratriphyllon fluitans. J. Bauh. 3. L 38. pag- 782. Jufqu'ici perfonne n’a diftingué notre feconde efpéce de Grenouilletre de l'Hydrocotyle vulgaris. I. R. Herb. 328. avec laquelle Fabius Columna l’a confondue le premier. La Millefolium Maratriphyllon , tertium , flore & femine Ranunculi aquatici, Hepaticæ facie. Lob. Icon. 791. que M: Tournefort rapporte à notre fixiéme efpéce de Gre- nouillette , appartient à la cinquiéme. Et le Myriophyllum Mararriphyllum , palufre , alterum. Lob. Icon. 790. que C. Bauhin confond avec la fixiéme, doit fe rapporter au Po- tamogeton Gramineum ; ramofum. Pin. 139. Prod. 101. nas Bien que la quatriéme efpéce de Grenouillette ne foit pas moins commune dans nos eaux que la premiére & les quatre derniéres, elle n’eft cependant rapportée , ni dans l'Hiftoire des Plantes qui naïflent aux environs de Paris, ni dans les Inflit. de Botanique. Sa fleur eft de cinq péta- les, & non pas de quatre feulement , comme le veut C. Bauhin. Ranunculoides vient de Ranunculus, Renoncule. On a donné le nom de Ranunculoïdes à ce nouveau genre de Plante, parce qu'il a beaucoup de rapport avec celui de Renoncule. Pour appuyer & faire mieux fentir les raifons que nous avons eues d'exclure tant de Plantes du genre de Renon- cule, où, fans fondement , on les trouve placées dans les Inftitutions de Botanique, nous clorrons ce Mémoire d’un caractere nouveau , qui diftinguera cet ancien genre, non- feulement des cinq précédens , mais aufli de tous ceux qui par leurs fleurs & leurs capfules , peuvent lui reffembler. ee et ER ETS DES SCIENCES. 39 GENRE X [ V. Ranunculus Renoncule, La Renoncule eft un genre de Plante dontles fleurs 4C font complettes, réguliéres, polypétales & androgynes. Le calyce EF de ces fleurs , eft de plufieurs piéces difpofées en rond, ainfi que les pétales à la bafe du placenta G. Ce placenta eft chargé de plufeurs ovaires qui deviennent autant de capfules HI, ou KL, ou 0 P ,folides & mono- fpermes. Il faut ajouter que la tige eft branchue, ou du moins garnie d’une ou de plufieurs feuilles ordinairement alternes , & qu'elle fetermine, de même que fes branches &t leurs rameaux, par une fleur. C’eft par cette derniére circonftance qu’on diftingue ce genre de la. Grenouillette ; c’eft par les deux précédentes qu'il différe du Ayofuros ; & c’eft enfin par fon calyce de plufeurs piéces qu’on le démêle d’entre la Félipendula , la Caryophyllata, la Fragaria, le COR pet » le Pentaphylloïdes , la Tormentilla, &c. omme le dénombrement de toutes les efpéces de ce genre ; nous meneroit trop loin, pour abréger, nous n'y rapporterons que celles qui naïiffent aux environs de Paris, en marquant d'Afterifques ; ce qui en eft échappé à M. Tournefort. | <. Ranuwnculus montanas ; folio Gramineo.B. Pin. 180.1.R. Herb. 292. Hift. Parif. 523. Item, Ranunculus Grami- neo folio , bulbofus. B. Pin. 181. I.R, Herb. 292, Ra- nunculus pumilus , Gramineis foliis. J. B. 3. App. 866. Trem, Ranunculus angufifolius , bulbofus. Ejufd. ibid. Ranunculus bulbofus , Gramineus, montanus. Col: 1. 313, Ranunculus Gramineus. Fabern. Icon. 51. 2, Ranunculus longifolius ; palufiris major. B. Pin. 180. LR. Herb. 292. Hift. Parif. 524. Ranunculus longo folio ; maximus , lingua Plinü. J. B. 3. App. 863. Ra- nunculus lanceatus , major. Tabern. Icon. 48. I. R. H. Tab. 149, 40 MEMOIRES DE L'AÀ CADEMIE ROYALE * Idem ferratus. Ranunculus flammeus, latiori Plantaginis ” + * x folio , marginibus pilofis. Pluk. Alm. 3 r2. I. R. Herb. 292. Ranunculus longifolius , Lingua Plinii diétus , fo- lis ferratis. Ambrof. Phytol. 458. Ranunculus longifolius , paluffris | minor. B. Pin. 180. I. KR. Herb. 292. Hit. Parif. 135. Ranunculus longifo- lius , aliis Flammula. J. B. 3. App. 864. Flammula Ra- nunculus. Dod. Pempt. 432. Idem folio ferrato. Ranunculus paluftris, ferratus. B. Pin. 180. I. R. Herb. 292. Flammula Ranunculus, folio ferrato. Dod. Pempt. 432. Idem flore femipleno. » * 4. Ranunculus Parifienfis , pumilus , Plantaginelle folio. * * 6. Tab. 4. Hg. 4. Petiv. Gazoph. Tab. 25. Fig. 4. Raï Hif. 3. App. 248. n°. 3. ltem, Ranunculus Siculus , folio rotundo vix ferrato. Petiv. Gazoph.}T ab. 24. Fig. 9. Raï Hit. 3. App. 248. n°. 4. Ranunculus Alpeñtris, paluñiris, lignofus, Ocimi folio ,echinatus. Hort. Cath. 185. Raï Hifi. 3. 317. n°. 27. . Ranunculus vernus , rotundifolius , minor. I. R. H. 286. Ranunculus præcox, rotundifolius , granulatä radice. Hift. Oxon. 2. 446. Hift. Parif. 33. Item , Ranunculus arvenfis, grumofa radice , rotundifolius ; minor, Hifi, Parif. 354. Scrophularia minor, five Chelidonium mi- nus vulgo diétum. J. B. 3. L. 30. p. 468. Chelidonia rotundifolia, minor. B. Pin. 309. Chelidonium minus, Lob. Icon. 593. | Idem maculatus. Ranunculus vernus , rotundifolius , mi- nor-maculatus. I. KR. Herb. 286. Idem fore femipleno. Ranunculus vernus, rotundifolius , petalis forum gemino ordine digeñlis , I. R. Herb. 286. Ranunculus rotundifolius ; vernus [ylvaticus, J.B. 3. App. 857. Ranunculus nemorofus vel fylvaticus, folio ro- tundo. B. Pin. 178. I. R. Herb. 285. Hift. Parif. 226. & 522. Ranunculus auricomus ; Ranunculus dulcis Tragi. Lob. Icon. 669. 7. Ra- DPEMSISNC/L EN C'ES Fe gi 7. Ranunculus pratenfis , ereëtus acris. B. Pin. 178. 1. KR: Herb. 289. Hift. Parif. 32. Ranunculus reétus , non repens , flore fimplici luteo. J. B. 3. 1. 30. p. 416. Ra- nunculus pratenfis , furreétis cauliculis. Lob. Icon. 665. * Idem maculatus. Ranunculus pratenfs, ereétus acris, ma- culatus. B. Pin. 178. I. K. Herb. 289. * 8. Ranunculus polyanthemos, fimplex. Lob. Icon. 666. L R. Herb. 289. Ranunculus fylveftris. Tab. Icon. 42. 9. Ranunculus reëtus, foliis pallidioribus , hirfuris. J. B. 3.1. 30.p.417. I. R. Herb. 289. Item, Ranunculus olera- ceus , major. T'abern. Icon. $ 2. I. R. Herb. 289. Hiff. Parif. 523. Item, Ranunculus paluftris , Api folio , la- nuginofus. B. Pin. 180. I. R. Herb. 291. Hift. Parif. 226. Item, Ranunculus pratenfis ,ere@us, dulcis. B. Pin. 179. I. R. Herb. 289. Iremque, Ranunculus arvenfis , parvus , foliotrifido. B. Pin. 179. I. R. Herb. 289. Ra- punculus hortenfis, ereétus, flore fimplici luteo. Eyft. * Idem flore pleno. Ranunculus dulcis flore pleno. B. Pin. 179. L KR. Herb. 290. 10. Ranunculus pratenfis , repens , hirfutus. B. Pin. 179. I. KR. Herb. 280. Hit. Parif. 32. Ranunculus repens , flo- re fimplici, luteo. J. B. 3.1. 30. p. 419. Ranunculus pratenfis , reptante cauliculo. Lob. Icon. 664. Ranun- culus hortenfis. Dod. Penipt. 425. * Idem foliis ex albo variis. Ranunculus pratenfis, repens, hirfutus , folis ex albo variis. H. KR. Par. & I. KR. H. 280. 11. Ranunculus magnus valde hirfutus , flore luteo. J. B. 3. 1. 30. p. 417. Ranunculus montanus , lanuginofus, fo- lis Ranunculi pratenfis , repentis. B. Pin. 182. Prod. 96.1. R. Herb. 291. Ranunculus nemorofus, hirfutus foliis Caryophyllatæ. Flor. Pruff. 220. cum Fig. * Idem macularus. Ranunculus nemorofus , hirfutus foliis Caryophyllate maculatis. Flor. Quafñmodog. 44. 12. Ranunculus pratenfis ; radice verticilli modo rotundä. B. Pin. 179. 1. R. Herb. 289. Hift. Parif. 33. Item , Ra- nunculus pratenfis , radice verticilli modo rotundà , mi- Mem, 1719. 42 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE nor. B. Pin. 182. I. KR. Herb. 289. Ranunculus tube- rofus, major. J.B. 3.1. 31. p. 417. Ranunculus bul- bofus. Lob. Icon. 667. * 13. Ranunculus Chærophyllos ; Afphodeli radice. B. Pin. 181.1. R. Herb. 289. Ranunculus montanus , lepto- phyllos, Afphodeli radice. Col. 1. 31 1. 1rem,Ranuncu- lusgrumofa radice, folio Ranunculi bulbofi. B. Pin. 181. Prod. 96. I. R. Herb. 290. Iremque, Ranunculus Al- pinus, Fumariæ folio. H. K. Par. & I. R. Herb. 289. * Idem flore pleno. Ranunculus Rutæ folio, ferotinus, flore aureo pleno. H.R. Par. & I.R Herb. 280. 14 Ranunculus palufiris, Apii folio, levis. B. Pin. 180. I. KR. Herb. 291. Hift. Parif. 34. Ranunculus paluftris , flore minimo. J. B. 3. App. 858. Ranunculus fylveftris, primus. Dod. Pempt. 426. 35. Ranunculus arvenfis ; echinatus. B. Pin. 179. I. R.H. 289. Hift Parif. $ 22. J. B. 3. App. 859. Ranunculus ar- vorum. Lob. Icon. 665. Ger. emac. 951. 16. Ranunculus arvenfis , foliis Chamæmeli , flore phœniceo. I. R. Herb. 291. Hift. Parif. 523. Adonis fylveftris ; flore phœniceo , ejufque foliis longioribus. B. Pin. 178. Adonis Matth. 906. Idem flore citrino. Ranunculus arvenfis , foliis Chamæmeli , flore citrino. I. R. Herb. 291. Hift. Parif. $23. Adonis fylveftris, flore pallido, ejufque foliis longioribus. B. . Pin. 178. 37. Ranunculus arvenfis , foliis Chamæmeli , flore minore atrorubente. 1. R. Herb. 291. Hift. Parif. 523. Adonis hortenfis , flore minore atrorubente. B. Pin. 178. 1tem, Adonis flore majore. Ejufd. Pin. 178. Flos Adonis vulgo , aliis Eranthemum. J. B. 3. 1. 26. p. 125. Des dix fept Renoncules que nous venons de rappor- ter,il y en a onze dont on à fait trente-quatre efpéces dans les Inflitutions de Botanique. La 1re, y eft comptée pour trois ; la 24e, pour deux, la 3m, pour autant, la çme. DES SCIENCES. 43 pour quatre , la 7%, pour deux, la 8m, de même , la pme, pour fix, la rome, pour trois, la 12m, pour deux, la 13m, pour quatre, la rm. pour deux, ainli que la 16m, On a pû remarquer que notre 6%, Dama/onium s’y préfente pour deux efpéces; que notre 1 ©. Sylvie s’y donne pour fept; que la qme, la çme, la éme, & la om, y font cha- cune pour deux; que notre 3m, Queue de Souris s’y compte pour trois, & la 4me. pour 13. Si on épluchoit bien celles qui y font détaillées fous le titre marginal de Ranunculus Afiaticus , p. 287. je doute fort que de trente- trois qui y font de fuite, il pût s’en trouver plus de quatre ou cinq véritables. Mais tout cela n’eft rien en comparai- fon de ce qu'on remarque dans le genre d’Anemone,p. 275. où une feule efpéce eft multipliée jufqu’au nombre de plus de fix vingts ; d’ailleurs on y a renfermé deux Plantes qui ne portent point le caraétere d’ÆAnemone ; l’une eft l'Anemone tenuifolia , Cretica , magno flore albo. B. Pin. qu'il faut réduire à la Renoncule, comme l’a fait J. Bauhin*, & l'autre qui fe trouve tout à la fois dans l’un & l’autre genre, eft l’Anemone Geranii Rupertiani folio, cærulea ; an Diof- coridis ? B. Pin. de laquelle nous avons fait notre quatrié- me efpéce de Sylvie. Outre toutes les Plantes que nous avons bannies des efpéces de Renoncule, & partagées en cinq différens gen- res, il faut encore en exclure le Ranunculus montanus , Be- tonicæ foliis. Park. Theat. 335.8 338. que Mrs. Morifon, Rai & Tournefort y rapportent, ne s'étant pas apperçüs que cette plante eft la même que celle qu'ils nomment unanimement Caryophyllata Alpina , Chamædrycs folio. Enfin des cent trente & une Herbes qui fe préfentent pour autant d’efpéces dans les Auteurs que nous avons cités & critiqués à leur occafion, il ne nous en revient de bien réelles & effe&tives que foixante-douze. Si on joint à ce nombre, les cinq Plantes que nous avons données * Ranunculus Creticus , albo flore majore, quäm Papaveris Rhæadis. Hiff, 3e App. 862. d Fi 44 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE comme nouvelles, on aura celui de foixante-dix-fept , quë eft le total des efpéces rapportées & difiribuées fous les divers genres que nous venons de caraétérifer. Ranunculus vient de Rana, Grenouille ; parce que les premieres Plantes aufquelles on a donné ce nom, naïffent ‘ dans les lieux où habitent les Grenouilles. EXPLICATION DEs FIGURES DE ELA PLANCHE E Algoïdes vulgaris. Fig. I. aa, marquent les fleurs dont il ne paroïît que l'étamine ou le tefticule. b, l'étamine ou le tefticule. c, les ovaires adolefcents. dd, les mêmes ovaires prefque mûrs. e, un ovaire ouvert, dans lequel on voit la femence. f, femence. Eluviahs. Fig. 2. aa, fleurs mâles contenant chacune plufeurs tefticules ou étamines. bb, ovaires furmontés de leurs trompes. €, ovaire coupé horifontalement dans la partie inférieure duquel on voit la femence d. 43 femence qui remplit la cavité de l’ovaire 2 ou c. Limnopeuce. Fig. 3. aa, fleurs avec toutes leurs dépendances , & vües de front , la premiere par devant , & l’autre par derriere. bb, les mêmes fleurs dont on a amputé le tefticule e. cecc, les fleurs proprement dites, dont chacune eft um diadème ou bandeau circulaire. dd dd, ovaires. eee, tefticules. FFFF; trompes capillaires. &> une moitié ou partie inférieure d’un ovaire , dans Îæ l'BHIPISASNC LE NC ES 4$ quelle on voit la partie fupérieure de la femence # ou z. k, femence contenue ou engagée dansune moitié d’ovaire. ä, une femence à nud. kk, feuilles difpofées en rayons autour de la tige. Stratiotes. Fig. 4. a, fleur complette. b, le jeune ovaire qui étoit contenu dans le bocal du tuyau _e de la fleur. c , le tuyau , ou la partie poftérieure de la fleur. d, le pavillon, ou la partie antérieure de la fleur. e, le calyce. f; la trompe de l'ovaire 8. £g, une feuille, EXxPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE If, Lentibularia. Fig. x. aaa, fleurs de Lentibularia vulgaris , major. b, têtine de la fleur. ccc; la partie antérieure de la fleur, repréfentant un mufle clos. - d, gencive de la fleur. €; babine inférieure qui pend de la gencive d. f; babine fupérieure. g> le jeune ovaire qui étoit engagé dans la fleur, & qui en enfloit l'anus. k, le calyce, 3, l'anus de la fleur. k, la trompe de l'ovaire. 7, une petite feuille de la plante, chargée de véficules. m, deux véficules détachées. Hydroceratophyllon. F 19, 2e 44, fleurs mâles , contenant chacune plufieurs refticules. # , leur femelle, contenant un feul ovaire d. | Fi 46 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE . La # # A : ce, teficules détachés, couronnés à l'antique. d, ovaire engagé dans la fleur . f, une feuille de la feconde efpéce de ce genre. g, une feuille de la premiere efpéce de ce genre. h, une portion de tige garnie d’un rang de feuilles. i, une autre portion de tige garnie d’un rang de feuilles. k, un ovaire de la premiere efpéce de ce genre. Imn, marquent divers rangs de feuilles. o, un ovaire de la premiere efpéce de ce genre, coupé tranfverfalement pour voir la femence qu'il contient. p; un ovaire de la feconde efpéce de ce genre , ouvert felon fa longueur en deux parties. q la femence. Myriophyllon. Fig, 3. aaa, fleurs vûes de trois manieres différentes. bbbb, le corps du calyce. cccc, le rebord du calyce, découpé naturellement en quatre quartiers. d, un pétale détaché. e, calyce dont la forme s’eft un peu changée par l’accroif- fement des quatre ovaires qu’il contient. f; le même calyce qu’on a fendu pour voir les ovaires. g, une portion de la tige du fecond Myriophyllon gatni d’un rang de feuilles & d’un rang de fleurs. h, un ovaire entier. i, une moitié d’ovaire dans laquelle fe voit la femence. k, une femence à nud. - Myofuros. Fig. 4. a, la fleur complette de la premiere efpéce de ce genre. b, la même fleur vüe en-deffous. c, le placenta chargé d’ovaires. dd, deux des piéces du calyce avec des lignes poinétuées qui marquent l'endroit par où elles s’attachent à la bafe du placenta, au-deffous des pétales ee. Re mm ets ass. mom RS ne. DES SCIENCES. 47 ee, deux des pétales de la fleur. f; le placenta chargé d’ovaires, qui, conjointement avec lui, repréfentent une queue de Souris. g ; deux ovaires détachés. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE III. Fig.1.1. Chara vulgaris, fœtida. Fig. 3. Chara major, caulbus fpinofis. Fig. $. Chara fohis [enis , inferioribus integris. Fig. 8. Chara tranflucens, major, flexilis. Fig. 9. Charatranflucens , minor , flexilis. aaa, fleurs incomplettes , régulieres , monopétales & an- drogynes , portant fur le fommet des ovaires b bb. bb, ovaires couronnés de la fleur , & dont le plus bas eft beaucoup plus gros que nature. ce, feuilles chargées de fleurs. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE IV. aaaa, fleurs complettes de la huitiéme efpéce de Da- mafonium. & , le calyce. c , placenta chargé d’ovaires. d , ovaires. e, un pétale détaché de la fleur. f» l'ongle du pétale. £> une étamine. k, les premieres feuilles de la Plante. 5, feuille grande comme nature, vüe en-deffous. k, feuille grande comme nature, vûe en-deflus. 111, nœuds des jets d’où partent des racines , des feuilles & des hampes ou pédicules nuds qui portent chacun une fleur. m; une fleur détachée de la 4m, efpéce de Renoncule, 25 Janvier 171% LA 48 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE OBSERVATIONS SUR LES MUSCLES DE L'OMOPLATE. Par M. WiINsLow. Es mêmes raifons qui n’avoient engagé de faire une nouvelle revûe de la fitéation & de la conformation de plufieurs vifceres, m'ont aufli obligé d'en faire autant à l'égard d’autres parties, dont la connoiïffance eft réputée fi commune, qu'on fe perfuade facilement d'en bien fça- voir la ftructure & l’ufage. M. Abbé Bignon m'en a ouvert un beau champ, m'ayant fait l'honneur de me marquer, qu'il fouhaitoit un examen particulier de la mécanique des articulations & du mouvement des extrémités du Corps humain. Il me fit fentir très-vivement que ce que l’on avoit publié là-deflus jufqu'alors , n’étoit pas fufifant pour expliquer certains phénoménes affez communs , dont on parlera dans la fuite. Cette entreprife , qui d’abord paroïfloit ftérile , m’a en- fin découvert plufeurs particularités , dont les Auteurs ne font pas mention, fur la conformation , la connexion & l'ufage de plufieurs os, cartilages , ligamens & mufcles. Elle m'a fait trouver une conformité particuliere des ex- trémités fupérieures avec les inférieures , & la raifon d’une correfpondance alternative de l'extrémité fuperieure d’un côté avec l'inférieure du côté oppofé dans le marcher. Elle m'a développé une mécanique particuliere des Cartilages mobiles ou gliffans de quelques articulations , des Rotules & des Os fefamoïdes ; & par la même occafion, la maniere dont fe fair le craquement des doigts & d’autres articles. Pour rendre compte de mes recherches, je commen- cerai Et à siennes > te cd ' COLLE LL 22 Z CA PA (L p Le LE — SE Æ PT 7/1 / f IS « E LL CALLL LL SJ'Haliotes. l Prrana, folie nticulatis DZ. 4 F4. P-779- Mem.de TA cad.1719 - 7224 2.pag - 44. Lenhbularia. fr. feualle chargee de vesicules & . NS y llon ANT RR = dora \ bus ST N TAN / \= ER /, 2 IS II = ù TE Æ vdrocerato | SE 4 k e JS «> = Se R / < _ NU #7 || AK SN S VE: \ fe à (l 7 à SN: : ZX NN NA (NX FD ù te S \(! / 6 >, SE Da \W, À ANR Ni ff 7 AI FT >» A Lfotas 28 Vartas etinæquales lacinias guast dilaceratis. CAIN) JS f Ês 2 RSS N ES | PA de DÉEISANSACOTE Nc es ounM 6 &onnoît aujourd’hui dans quelques genres de Plantes juf- ‘ques à cent. cent cinquante, & même jufques à plus de deux cens efpéces diftinétes & conftantes appartenant à un feul genre de Plante. La preuve de ce qu'on avance au fujet de la produétion des efpéces , paroît d’autant mieux fondée, que l’on fait que les plus anciens Botanifies n’ont fait mention que d'environ quatre cens chefs de genres de Plantes , aufquels ils ajoutent peu d’efpéces , ce qui donne à penfer qu’alors les efpéces n’étoient pas encore fort nombreufes ; au lieu que nous connoifflons à préfent plus de huit cens chefs de genres, furchargés de treize à quätorze mille efpéces ou davantage , entre lefquelles , à la vérité , plufeurs font ré- pétées, & d’autres ne font que de fimples variétés. On doit encore être perfuadé que les Botaniftes , en pat- courant des pays ci-devant inconnus, découvriront denou- veaux chefs de genres de Plantes à l'égard des Phyficiens, quoique créés depuis tant de fiécles , ainfi qu’une infinité d'efpéces qui en feront provenues. Ce qui, dans un tems à venir, & fuivant les conjetures ci-devant rapportées , pourroit engager de réduire la Botanique: aux feuls chefs des genres ,enabandonnantles efpéces , pour éviter la con- fufion qu’elles pourroient faire naître dans cette fcience. Cependant quelque chofe qu'il en puifle arriver, nous devons profiter des nouvelles découvertes, pour illuftrer l'hiftoire des Plantes. Les efpéces pourrontencore avoir d’autresufages, quoi- qu'il foit vrai que la plûpart des Plantes, dont on fe fert en Medecine, font ordinairement celles qu’on appelle chef de genre, parce qu’elles font les premieres en-qui on a re- marqué certaines vertus & des caracteres particuliers , qui -conflituent chaque: genre de Plante ; mais comme faute d’avoir les genres , on leur fubflitue fouvent des efpéces dans la Pharmacie , on ne doit pas négliger laconnoiflance -des efpéces, bien qu'il n’y ait point de corps vivans dans la Nature qui fe multiplient en plus grande abondance, & Mém. 1719. I 4 Fevrier 1712. .66 MEMOIRES DE LÂACADEMIE ROYALE qui faffent plus de diverfités que les Plantes, ainfi qu'ila été dit, fi toutefois on en excepte les infeétes , qui en appa- rence vont à un plus prodigieux nombre, mais qui ne nous font point encore fi bien connus que le font les Plantes. LB ITE.O.R.E IL E 1 DE GEOMETRIE COMMUNE, Où Ton voit dans des Triangles diffemblables &> varia- bles à l'infini, quelque chofe de femblable à la pro- pol. 47: du Liv. 1. des Elemens Euclide, avec plu- freurs autres propriétés remarquables. Par M. VARIGNON. N fçair depuis Pythagore, qu'on dit l’Inventeur de cette propolition d'Euclide: fçavoir, que le quarré de lhypoténufe d’un Triangle reétangle , eft toujours égal à la fomme des quarrés des deux autres côtés de ce triangle; & qu’ainfi le quarré d’un de ces côtés de l’angle droit, eft toujours égal à la différence des quarrés de l'hypoténufe & de l’autre côté de cet angle droit. Voici quelque chofe de femblable avec d’autres Remarques dans les triangles d'un fommet commun pris ou donné à volonté fur le plan d'un parallelogramme quelconque ;, dont deux côtés conti- gus, & la diagonale qui pañle par l'angle qu'ils font entr'eux;, que j'appelle Angle capiral,feroient les bafes de ces triangles: {çavoir, que quelque diffemblables & quelque variables que foient à l'infini ces trois triangles de bafes conflantes; le conitruit fur cette diagonale quelconque , fera auili tou- jours égal à la fomme des conftruits fur ces deux côtés ad- jacents , tant que le fommet commun de cestrois triangles fera dans un des complemens ( à deux droits) de l'angle capical compris entre ces deux côtés du parallelogramme DES SCIENCES. 67 propofé. Quant aux autres cas, le premier de ces triangles fera toujours égal à la différence des deux autres , lorfque leur fommet commun fera dans cet angle capital, ou dans fon oppofé au fommet ;, fans être fur la direétion de la Diagonale qui pañle par cet angle; & lorfque ce fommet commun des trois triangles fera quelque part fur la direc- tion de quelqu'un des côtés de cet angle capital, ce pre- mier triangle fera toujours égal à un des deux autres ; en- fin lorfque ce fommet commun fera quelque part fur la di- rettion de la Diagonale qui paffe par cet angle capital, ces deux derniers triangles feront égaux entre-eux : voici la démonfiration de tout cela. THEORENME. Si fur deux côtés contigus AB , AC , d'un parallelogramme quelconque ABDC, & fur la diagonale AD qui palle par l'angle capital BAC compris entre ces deux côtés , l'on fait autant de triangles ASB, ASC , ASD , d'un fommet commun S donné à volonté, autre que le point À, fur le plan de ce parallelogramme ABCD ; o4 du moins deux de ces triangles, Ji la pofition donnée de ce fommet commun S rend le troifiéme impoffible : Je dis, TL. Que lorfque ce point S féra dans le complement (à deux droits) BAF ox CAE de l'angle capital BAC , comme on le voit dans les Fig. 1. 2. 3. le triangle ASD confiruit fur la diagonale AD du parallelogramime quelconque propofè ABDC , fera toujours égal à la fomme des deux autres trian- gles ASC, ASB; conffruits fur les côtés AC, AB, de cet angle capital BAC : c’eff-à-dire , qu’alors on aura toujours le triangle ASD—ASC + ASB. IL. Que lorfque le point donné S fèra dans l'angle capital BAC, ou dans fon oppofè EAF , fans étré fur la direction AD , comme on le voit dans les Fig. 4. $. 6.7. le triangle ASD fera toujours égal à la différence des deux autres ASC, ASB, defquels le plus petit aura! pour bafe le côté qui avec la dia- gonale fait des angles oppojès ; dans un defquels fe trouve le Ti) J Fig. Fig. 4. 4 $° 6. 7: Fig. 68 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE point S , comme ici letriangle ASB , dont la bafe cf} le côté AB ui avec la Diagonale AD forme les angles oppojés DAB, AË,, dans un defquels ce point S fe trouve : c’elt-à-dire, qu'a- lors on aura par-tout ici le Triangle ASD—ASC—ASE. III. Que lorfque le point S [era [ur un des côtés (pro- * Jongé cu non) de l'angle capital BAC du parallelogramme ABDC, comme on le voit fur AB dans les Fig. 8. 9. 10. le triangle ASD fera toujours égal à celui ASC qui aura pour bafe l'autre côté contigu AC de ce parallelogramme en A : c’eff-à-dire, que l'on aura toujours ici le triangle ASD — ASC: IV. Si enfin le point S eff fur la diagonale AD ( prolon- : gée, ou non ) comme dans les Fig. II. 12. 13. l'on aura toujours le triangle ASB — ASC. DEMONSTRATION. Préparation pour tous les cas. Si du fommet commun $ * des triangles 4SD , ASB, ASC, dont il ef ici queflion , . l'onmene SG perpendiculaire en G, H, aux côtés paralle- les AC, BD, du parallelogramme 4BDC; l'on aura GS, GH, HS, pour les hauteurs des triangles 45€’, BAD , + BSD , au-deflus de leurs bafes 4C, BD, perpendiculaires © (confir.) à ces hauteurs. Par conféquent on aura leurs aires + ASC=EACxGS, BAD=—:BDx GH=+ACxGH, ‘ BSD —:BD x HS—+ACxHS. Ce qui donne 1°. BAD + BSD —+: ACxGH+ dis maté are. dt DES SCIENCES. 71 } — MOYEN FACILE D'ARRETER les Vapeurs nuifibles qui s'élévent des Diffolutions métalliques. Par M. GEoFFRoOY l'Ainé. L eft permis au Chimifte, en travaillant à approfondir. À les fecrets de la Nature , de fonger à fe conferver lui- même , & à fe garantir du danger où il s’expofe, lorfqu'il traite des matieres dont les vapeurs font nuifibles. . C’eft principalement dans les diffolutions qu’on fait des fubftances métalliques par le moyen des efprits corrofifs que ces fumées font plus violentes & plus à craindre. Les exhalaifons du Mercure, de l’Antimoine, du Plomb, du Cuivre, les vapeurs des efprits corrofifs du Nitre, du Vitriol , du Sel , font tout-à-fait pernicieufes, & encore plus quand ces fumées corrofives & métalliques font réu- nies enfemble. Aufli ne fçauroit-on apporter trop de foin pour les éviter , fi on ne veut être la viétime de fa curio- fité ou de fon zéle pour fa profeflion. On prend ordinairement la précaution de faire ces for- tes d'opérations au grand air ou fous les cheminées : mais on n’eft pas quelquefois le maitre de prendre ces précau- tions, ou bien par quelque hazard elles fe trouvent inuti- les. Pour fuppléer à leur défaut , je propofe ici un moyen fort fimple de fupprimer entiérement ces vapeurs , ou de “ es diminuer fi confidérablement qu’on ne s’en appercçoive PPETE prefque point. Tout l'artifice confifte à couvrir la diflolu- tion d’une matiere capable de retenir les exhalaifons qui s'en élevent , fans nuire toutefois à l’opération. L'huile d'Olives ou les autres huiles femblables tirées par expreflion des fruits & des femences m’ont paru fort propres à cet effer, d’autant plus qu’elles abforbent au de- dans d'elles les fels acides fubrils qui exhalent de ces fortes de diffolutions. 72 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE Ce qui nv'a conduit à cela eft une expérience affez-con: nue de ceux qui travaillent aux cuites du Sucre; fçavoir, que lorfqu'ils ont dans une chaudiere une quantité de Su« cre confidérable qui bout avec trop de violence , & qui menace de paffer par-deflus les bords de la chaudiere, un peu d'huile d’Olives ou autre femblable jetté defflus, abbar fur le champ le bouillonnement. On arrête de la même maniere l’ébullition trop violente du Miel. Il y en a qui ne font que tracer avec du Savon un cercle autour des bords de la bafline, & le Miel en bouillant, ne s'éleye gueres au-deflus de cette trace : ce que le Savon n'opere que par fes parties grafles & huileufes Cela ma porté à effayer fi l'huile étant capable d'arrêter le bouillonnement du Sucre & du Miel fur le feu, pour- roit aufli réprimer l'effervefcence qui accompagne les dif- folutions métalliques par les efprits corrofifs. L’ayanttenté, j'ai trouvé que non feulement l'huile réprimoit fort bièn cette effervefcence ;, mais encore qu'elle retenoit la plus grande partie des vapeurs acides & métalliques qui ont coutume de s'élever de ces fortes de mélanges pendant leur effervefcence. Il n’a paru de plus qu’elle repercutoit fur la diffolution une partie de ces efprits acides qui s’en exhalent fous la forme de fumée : ce qui augmente beau- coup la force du diffolvant. Cette pratique a donc trois avantages confidérables : 1°. De garantir l’artifte des vapeurs nuïlibles qui s’élevent dans le tems que les fubftances métalliques fe diffolvent dans l’efprit corrofif 2°. De modérer cette grande raré- faïtion, qui fait que la matiere s’éleve quelquefois au-delà des bords du vaifleau & fe répand. Enfin , le troifiéme avantage eft que le diffolvant agit avec plus de force ,*8e qu'en même quantité il diffout plus de matiere. Voici en quoi confifle cette pratique. Il faut mettre dans une cucurbite , ou autre vaïfleau de verre élevé, la matiere qu'on veut diffloudre, l’humeéter d’un peu d'Eau ou d'efprit de Vin, jetter enfuite de l'huile deflus, & y verfer … 2 M som.) SCC RENT DES SCIENCES 73 verfer enfin le diffolvant. L’efprit acide tombe au fond du vaiffeau par fa pefanteur , qui eft beaucoup plus con- : fidérable que celle de l'huile. Il y trouve le Metal ou le Mineral fur lequel il agit bientôt après. Je mouille le Mineral d’un peu d'Eau ou d’efprit de Vin, pour empêcher l'huile de lengraiffer , ce qui pourroit faire que l'Eau forte n’y mordroit pas fi aifément. On pourroit fe pailer d'humeéter les matiéres que Les efprits corrofifs n’attaquent Pas trop promptement, & en ce cas-là il faut verfer d’a- bord lefprit fur la fabftance metallique & l'huile enfüite. On doit mettre plus ou moins d'huile, felon-la quantité de matiére à diffoudre , & felon l'effervefcence plus ou moins violente qu'elle a coutume d’exciter. # On apperçoit dans cette opération les bulles d’air s’éle- ver de la diffolution fort abondamment & avec beaucoup. d'impétuofité, fe féparer les unes des autres > En entrant dans l'huile, & s’évanouir pour la plüpart, en la traverfant avant que: d'arriver jufqu’au haut. Il y en a peu qui foient pouffées jufques à la furface de l'huile où elles fe crevent, & donnent quelque legére exhalaifon. On voit de tems en tems des gouttes du diflolvant élevées par un grand nombre de bulles jufques dans l'huile retomber aufli-tôt dans le fein du diffolvant , après avoir été abandonnées d'une partie des bulles d’air qui les foutenoient. Au contraire dans les diffolutions ordinaires où il n'y à point d'huile, les bulles d'air s'accumulent les unes fur les autres en grande quantité à la furface de la liqueur , & forment une écume qui monte fouvent jufqu'au haut du vaifleau , & pale quelquefois par-deflus les bords, s’il n’eft pas aflez élevé, » La raifon de ces effets me paroît aifée à concevoir. Les bulles d'air qu'on appercçoit en fi grande quantité dans les diffolutions métalliques , viennent pour la plus grande par- tie de la fubftance qui eft en diffolution. À mefure que le diffolvant écarte les molecules du metal les unes des au- tres, il donne jour à quelques parcelles d’air qui y étoient Mém, 1719. 74 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE engagées & extrêmement condenfées. Ces parcelles s'é- chapant de leurs prifons avec beaucoup d’impétuofité , re- prennent aufli-tôt leur volume naturel , & deviennent fen- fibles par leur groffeur , d’invifibles qu’elles étoient aupa- ravant , à caufe de leur extrême petitefle. Commele choc des molecules du diffolvant & du corps à difloudre échauffe tout le liquide , les parcelles d’air qui viennent de s’y répandre , fe rarefient de plus en plus par cette chaleur , & acquiérent un volume affez confidérable pour s'élever à la furface de ce liquide. Aufli-tôt qu’elles y font arrivées , elles devroient l'abandonner & s'unir à l'air extérieur , fi les parties du liquide qui les enveloppent & qui les touchent immédiatement, n’avoient quelque te- nacité ou quelque peine à fe féparer les unes des autres. Ces parcelles d’air reftent donc quelque tems enveloppées d'une efpéce de pellicule formée par quelques parties du liquide. Il faut confiderer que les petites parties d’eau qui com- pofent cette pellicule fe font rangées de forte , qu’elles fe foutiennent par leur contaét immédiat & exaët de la mé- me maniére que fe foutiendroient les pierres d’une voûte dont les furfaces feroient bien polies & très exaétement appliquées les unes contre les autres , & dont la pefanteur feroit beaucoup moindre que la force de leur adhefion. Cette pellicule reflera entiére & retiendra la bulle d’air prifonniére , quoiqu'à demi hors du liquide , tant que cet air enfermé ne fe dilatera point affez pour rompre lunion des parties de F'edu qui l’enveloppent. H arrivera même que cette pellicule ne fera point dé- truite par la dilatation de l'air enfermé, s’il fe trouve fuñ- famment de parties d’eau autour de cette petite voûte pour remplir les vuides que cette trop grande dilatation pour- roit y caufer, & par-là cette. velicule pourra s'étendre à proportion que l'air enfermé pourra fe dilater. Lorfque ces bulles d'air fe trouvent en grand nombre, elles fe foutiennent les unes les autres, & ne crevent pas n." | DES SCIENCES 75 fi aifément. Elles s’entaffent même fouvent fur la furface du liquide jufqu’à y faire une écume très-haute, & dont les bulles groffiffent beaucoup plus qu’elles ne feroient fi elles étoient féparées , commeilarrive dans l’effervefcence . quiaccompagne les diffolutions des Metaux , & dans l’ébul- lition forte & violente de la plüpart des liqueurs fur le feu. Il fembleroit que dans cette occafion les bulles d'air qui font foûlevées par d’autres , & qui ne touchent plus le li- quide immédiatement , n’ayant plus de quoi s'étendre, de- q , ) vroient crever très-promptement. Cependant on les voit fe conferver long-tems & groflir même confidérablement. Quelques-unes groffiflent à la vérité par la réunion de plufieurs bulles en une feule. Mais outre cela la plüpart s'étendent & s’augmentent beaucoup , parce que quelque portion de la diffolution s’éleve jufqu’au haut de l’écume, & nourrit, pour ainfi dire, les bulles d'air qui la forment, en fourniflant matiére à l’extenfion de la pellicule qui en- veloppe chacune d’elles. s On concevra aifément comment cette liqueur peut s’infinuer jufqu’au haut de l'écume, fi on fait attention que ces bulles laiffent entre elles des interfiices , qui, quoique très-petits à la vérité, font néanmoins fufifans pour don- ner paflage à cette liqueur. Il en monte quelque portion dans tous les intervalles de ces globules d'air, qui s'infi- nue jufque dans les interfices des derniéres bulles, de la même maniére que nous voyons l’eau monter peu à peu jufqu'au haut d’un pain de Sucre dont le pied tremperoit dans un baffin d’eau, & par le même principe que l’eau s’éleve dans les tuyaux capillaires. Une autre circonftance augmente encore beaucoup cette écume , qui eft que cette liqueur étant compofée tant des parties du diflolvant que de celles du corps métallique qui fermentent actuellement enfemble , il fe reproduit à chaque inflant de nouvelles bulles entre celles qui font déja formées , ce qui fouleve toute la mafle : outre que toutes ces bulles fe rarefient de plus en plus par la chaleur K ij 76 MEMOIRES DE LÂCADEMIE ROYALE de la fermentation qui fe continue dans cette moule. Lorfque la diffolution eft couverte d’huile , il en arrive tout autrement. 1°. Une très-grande partie des globules d'air emportés par le mouvement rapide du diffolvant ve- nant à heurter obliquement le deffous de l’huile fe réfle- chiffentfur le liquide du diffolvant, & forment ainfi dans certe liqueur une efpéce de tourbillon : ce qui arrive de ce que l'huile, ayant plus de tenacité que le fluide du diflolvant , fait plus de rélifance à ces globules d’air que le diflolvant , de forte que portés avec rapidité contre l'huile qui leur réfifte, ils trouvent plus de facilité à reve- nir dans le diffolvant qu’à pénétrer ce fluide gras & tenace. 2°. Une partienéanmoinsaflez confidérable ne laiffe pas de pénetrer dans l'huile emportée par la rapidité de fon mouvement qui lui fait furmonter la tenacité des parties. de l'huile & leur réfiftance. Mais entre ces globules d'air quelques-uns ne vont pas bien loin dans ce nouveau fluide. Leur mouvement s’y rallentit bientôt , & la chaleur de Fhuile étant beaucoup moindre que celle de la diffolution , ces globules d’air s'y condenfent promprement , de forte qu'ils s’'évanouiffent bien vite dans ce liquide , ou bien ils retombent dans le fein de la liqueur d’où ils font partis , leur volume devenant beaucoup plus pefant qu’un égal vo- lume d’huile. 3°. Quelques-uns de ces globules qui font parvenus. jufques à la fuperficie de l'huile, féparés par ce fluide gras & de nature tout-a-fait différente , ne s’uniffent plus les uns aux autres, & font par conféquent privés du fecours mutuel qu'ils fe prétoient en quelque façon pour fe con- ferver fans crever. L'huile les tient donc féparés les uns des autres , à moins que dans une très-vehémente Nr: cence le nombre des bulles qui s’élevent de la diflolution: ne foit fi confidérable & fi ferré, & leur mouvement fi impétueux, qu’elles fe foutiennent toutes, qu’elles furmon- tent enfemble la réfiflance de lhuile , & qu'elles arrivent à fa furface fans être détachées : mais il faut pour cela que l'effervefcence foit extrême, DÉS" 1 E N' CE S 77 4°. Ces mêmes bulles ne confervent des parties du dif- folvant que celles qui touchent immédiatement la petite maffe d’air. Par conféquent la pellicule qu’elles forment ne fçauroit plus s'étendre davantage fans fe déchirer , de forte qu'on voit fouvent ces bulles s’évanouir à la furface de l'huile aufli-tôt qu’elles y font arrivées. 3 s°. Comme d’ailleurs les interflices qui font entre ces bulles fe trouvent remplis d'huile , la liqueur du diffolvant ne peut s’y infinuer, & par conféquent elle ne contribuera point à la confervation des bulles ni de l'écume qui pour- roit fe former. La mouffe qui s’éleve de ces diffolutions métalliques eft accompagnée d’une fumée ou vapeur très-épaifle, fur-tout dans celles qui fe font avec l’efprit de Nitre. Cette vapeur eft compofée des parties acides du diffolvant raréfiées par la matiére du feu renfermée au-dedans de lui, & par l'air fubtil qui s'échappe des pores du metal , à mefure que fes molecules fe défuniffent. Peut-être même y furvient-il de dehors de nouvelle matiére fubtile, pompée, pour ainfi dire, - par la raréfa@tion tant des parties métalliques que des par- -ties du diffolvant. Cette matiére fubtile , après avoir péné- tré la liqueur , & mis toutes fes parties dans un mouvement très-rapide, s'échappe & enleve avecelle une grande quan- tité de fes parties tant aqueufes qu’acides & autres. Cette vapeur , en entrant dans Fhuile, y laiffe les parties acides qui s'embarraffent & s'arrêtent dans les parties bran- chues & ondées de cette liqueur, pendant que la matiére fubtile, les parties de feu & l'air raréfié la traverfent & fe diffipent en l'air, Dans les diffolutions qui fe font avec lefprit de Nitre, Jorfque l’effervefcence efl finie, & que tout eft refroidi, lhuile refte figée en une maffe ferme, de confiffance de graifle ou de fuif. Ce qui eft particulier à l’acide nitreux, les autres acides ne donnant point à huile cette confiftan- ce. On peut attribuer cette propriété de l'acide nitreux à la figure de fes parties que l’on compare à des aiguilles lon- 78. MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE gues& délices à la différence des parties des autres fels acides qui font des molécules plus groffes , plus courtes, & dont les angles font beaucoup moins aigus : ce font des rhomboïdes ou des cubes. Si d’ailleurs on confdere les parties de l’huile , nous les fappofons comme des filamens fouples, ondoyés & branchus, qui fe réuniffent en plufieurs petits pelotons plus ou moins gros, plus ou moins ferrés. Si la longueur des aiguilles nitreufes furpafle de beaucoup le diametre des molecules ou pelotons de lhuile, quoi- qu’elles s'engagent fort avant dans ces molecules, la pointe qui reftera dehors fera encore aflez longue pour s'engager dans un autre peloton, & les unir ainfi deux enfemble. Ce qui Ôtera enfin la fluidité de l'huile , & lui donnera cette confiflance ferme de fuif, quand un affez grand nombre de ces pelotons feront liés & engagés l’un avec l’autre. Au contraire les particules des autres fels étant beaucoup plus courtes, feront abforbées prefque entiérement dans cha- cune de ces molecules ou pelotons, fans les pouvoir join- dre l’une à l’autre. On obferve cette différence entre les huiles graffes ti rées par exprefion des fruits & des femences, & les huiles effentielles tirées par difillation , que lorfqu’elles font mê- lées & digerées avec les acides nitreux, les huiles effen- tielles après une fermentation fort vive jufqu’à s’enflammer quelquefois, fe convertiflent en réfine , & les autres au contraire ne fermentent point fenfiblement, & fe transfor- ment en graifle ou en fuif. Les huiles effentielles , ou qui ont paflé par la difilla- tion, étant compofées de molecules fort tenues, il n’eft pas furprenant qu'elles faflent avec les acides un compolfé très- fin, tranfparent & fort inflammable , tel que la réfine. La fermentation vive & prompte que ces mêmes huiles pro- duifent avec les acides vient de la grande quantité de par- ties de feu qui font mêlées dans ces huiles, & dont le mouvement ne fçauroit être que très-impétueux & très- violent. D'RBINSNIGI E NCIS. 79 Au contraire les huiles par expreflion n'ayant point pallé par le feu, font moins chargées de ces parties ignées, & par conféquent ne fermentent point avec les acides, du moins fenfiblement : comme d’ailleurs elles font compo- fées de molecules fort grofliéres &t vifqueufes que les par- ticules acides ne peuvent ébranler ni mettre en mouve- ment, elles embaraffent par leur tenacité les acides , elles les lient en quelque forte , & il en réfulie un compofé plus * ferme, plus groflier, & moins inflammable que n’étoit l'huile. Si on attenue ces huiles grafles tirées par expreflion , en les paffant par le feu, & en les diflillant, on les rend fort approchantes de la nature des huiles effenrielles , & elles en ont les effets mêlées avec les acides, c’efl-à-dire, qu'elles forment réfine avec eux. Car par la difüillation on divife leurs parties groffiéres , on fépare leurs parties aqueu- fes & terreftres , & il fe mêle beaucoup de parties de feu parmi les parties de l’huile qui ont été attenuées & fubti- lifées. Ainfi l'huile d'Olives qui a été difillée avec la chaux ou avec les briques plufieurs fois , mife fur nos diflolutions nitreufes , y fermentera très- vivement , & fe convertiraen une efpéce de réfine , au lieu du fuifqu'elle formoit aupara- vant , fans aucune fermentation fenfible. C’eft à raifon de cette effervefcence violente que les huiles effentielles concçoivent avec les acides , qu’on ne pourroit pas les employer, au lieu des huiles graffes, dans nos diffolutions , parce qu'elles changeroïent trop promp- tement la nature du diffolvant , & qé'elles auroient fait réfine avec lui auparavant qu'il eût entamé confidérable- ment les fubfiances métalliques. ; Ce fuif artificiel qu’on retire de deflus nos diffolutions ef fort acide ; mais on lui ôte une grande partie de fon acidité , fans néanmoins lui ôter beaucoup de fa confiflan- ce, en le lavant plufieurs fois dans l’eau chaude, Cette graifle ne paroît pas fe charger d’une portion So MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE confidérable des fubftances métalliques qui ont été diffou- tes, puifque celle qui a été expofée fur la diflolution du Cuivre par l’efprit de Nitre refte blanche , au lieu que fi elle contenoir quelque portion métallique , elle devroit paroiître bleue ou verdätre. je ne prérends pas dire néan- moins que l’huile n’en retienne rien du tout, particuliére- ment dans les diffolutions des fubftances minerales & de quelques-uns des métaux imparfaits. Nous fcavons que les vapeurs qui s’élevent des diffolutions du Fer font toutes fulphureufes, puifqu’elles s'allument aifément , & par con- féquent l'huile figée fur cette diffolution retiendra, felon toutes les apparences , quelque portion de cette huile fer- rugineufe. Dans la diffolution du Bifmuth on obferve quel- que portion de matiére bitumineufe qui refte à la fin dela diffolution , & fur laquelle lefprit de Nitre n’agit point. On remarque fouvent dans l'huile figée fur cette diflolution quelque portion de cette fubflance bitumineufe. Dans la diflolution du Mercure les vapeurs enlevent avec elles quelques parcelles de ce mineral affez volatil de fa nature: ce qui rend cette graifle , quoique lavée , fort propre pour les maladies de la peau. Je propofe pour exemple de l'effet de l’huile fur nos diffolutions la diffolution du fer dans l’efprit de Nitre, qui eft de toutes les diffolutions métalliques celle qui m'a paru donner des vapeurs en plus grande quantité, & faire la plus forte effervefcence. Dans un grand verre d’environ chopine , on met demi- once de limaille de Fer, & après l'avoir humeétée d'efprit de Vin, on verfe deflus de l'huile d'Olives à la hauteur de quatre ou cinq travers de doigts. On y jette pour lors deux onces d’efprit de Nitre. ? Peu de tems après l'effervefcence commence avec beau- coup de vehémence, fans que toute la liqueur s’éleve con- fidérablement dans le verre, ni qu'il en forte que très-peu de vapeurs au commencement de la diflolution. Le Métal s’y diffout à l’ordinaire. Lorfque la diffolutioneft achevée, on LES SCIENCES. 8: on laïfle refroidir les matiéres , & l'huile fe fige. Pour lors on fépare le fuif qui eft au-defius de laliqueur , & on em- ploie la diffolution aux ufages auxquels on la deftine. Si on fait de la même maniére la diflolution d'Argent , & fi on n'emploie que la quantité fuffifante du diffolvant, on verra fe former des criftaux dans la diffolution, à me- fure qu’elle fe reftoidira, comme il s’en fait dans les diffo- lutions ordinaires. Il ne m’a pas paru que l’huile apportât aucun change- ment à ces diffolutions. J’ai trouvé feulement, comme je l'ai déja dit , que par ce moyen la même quantité d’efprit acide diffolvoit une plus grande quantité de Metal, parce que , felon toute apparence, il s’en diflipe moins. On peut employer plufieurs fois la même huile, quoi- qu'épaiflie en confiftance de fuif, la lavant chaque fois, & la faifant fondre avant que de la verfer fur la diffolution, afin qu’elle la couvre plus exaétement. Si on veut effacer entiérement le peu d’odeur défagréa- ble que ces legéres vapeurs répandent quelquefois dans notre préparation ; il faut verfer par-deflus l'huile un peu d’efprit de Vin. Pour lors le peu de vapeurs acides qui tra- verferont l'huile , fe mêlant avec l’efprit de Vin, s’y dul- cifieront en quelque forte, & répandront une odeur gra- cieufe qui n'incommoderàa point l’artifte. Cela n'apporte aucune altération à la diffolution. J'ai effayé de verfer fur les diffolutions métalliques, au lieu d'huile un peu d’efprit de Vin affez doucement pour qu'il furnageit lacide fans s’y mêler, & j'ai trouvé qu'il en réprimoit merveilleufement bien l’effervefcence & les va- peurs ; de forte qu'au lieu des vapeurs roufles, épaifles & défagréables que les diffolutions avec l’efprit de Nitre ont coutume de donner, il ne s’en élevoit que quelques legé- res vapeurs blanches & d’une bonne odeur, & lamatiére ne fe gonfoit prefque point. Les bulles qui s’élevent dans cette diffolution font très-petites , & s’évanouiflent très- + promptement, fans s'arrêter à la furface de la liqueur. Ainfi Mém. 1719. 24 Mars 1719. 82 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE on pourroit fort bien fe fervir de ce moyen , pour répri- mer ces vapeurs défagréables & nuïfibles des diffolutions, fi ce n’eft que l’efprit de vin fe mêlant en peu de tems avec le diffolvant, peut apporter quelque changement à la dif- folution qui, quoique très-peu confidérable, eft néan- moins de quelque conféquence en certaines occafions. RE HRLSE AN I 'ON AK SUR PLUSIEURS OBSERVATIONS CONCERNANT LA NATURE DU GYPSE. Par M. DE Jusstreu. L: E Gypfe en général eft une pierre tendre, friable , in- fipide , fans odeur , & aifée à fe calciner par le moin- dre feu. La Chaux qui provient de cette calcination , s'appelle Plätre. On la détrempe avec de l’eau , & ce mêlange fait une pâte à laquelle , tandis qu’elle eft molle, on donne telle figure que l’on veut , & qui dans très-peu-de tems fe dut- cit tellement qu’elle acquiert la confiftance d’une pierre, Les fragmens de cette pâte brifés fe nomment Plâtras. Nouveau genre de pierre incapable d'être une feconde fois réduit en chaux par aucune calcination, ni de fervir déformais à la compofition d’une pâte femblable à celle dont il tire fon origine. Nous connoiflons trois efpéces de Gypfes. La premiére qui fe trouve en blocs & en groffes mafes, de même que les pierres ordinaires qui fe tirent des Car- riéres , n’en différe que parce qu’elle eft tendre comme du DES SCIENCES 83 Moëlon , & qu’elle a plus de facilité que toute autre à fe calciner avec un feu leger, pour en faire le Plâtre; aufli la nomme-t-on Pierre à Plätre , Pierre de Plétre, ou Pierre Plätre. C’eft celle dont prefque toute la Montagne de Montmartre eft formée. La feconde efpéce de Gypfe a fes parties difpofées par couches comme le Talc & la pierre Selenite, eft tranfpa- rente comme elles, & n'en différe que parce que celles-là ne peuvent fe calciner au feu comme celles-ci. Sa tranfpa- rence lui a fait donner le nom Latin de Lapis fpecularis ; & le François de Pierre à Miroir. On en voit de cette efpece de deux figures différentes aux environs de Paris, décrites par feu M. de la Hire; & il s’en trouve encore d’autres figures dans d’autres Pays. | La troifiéme efpéce de Gypfe a fes parties rangées par aiguilles prefque comme l’Antimoine , ou par fibres & ftries argentées & perpendiculaires comme celles de lA- lum de Plume, ce qui donneroit fouvent lieu à les con- fondre , fi leur différence n’étoit affez marquée par l’aci- dité &. par la flipticité qui font propres à ce dernier, & par fa facilité à fe difloudre dans l’eau. On s'étoit peu appliqué jufqu’ici à examiner la nature du Gypfe , foit parce que cette Pierre avoit eu le fort des chofes, qui, pour être trop communes, font fouvent né- gligées , foit parce qu'on a peut-être regardé fa fubftance comme aufli impénétrable que celle de la Chaux. Néanmoins comme l'attention à des phénoménes né- gligés ne laiffe pas de conduire quelquefois à la découverte des caufes les plus cachées ; je crois devoir une connoif- fance de ce Mineral plus parfaite que l’on ne l’a eue juf- qu'ici, aux réflexions que j'aï eu lieu de faire fur les caufes de quelques cryflallifations que j'ai vües aux Mines de Cui- vre près de S. Bel en Lionnois, & dans les Cavernes de la Montagne d’Almafaron au Royaume de Murcie. Mes obfervations fur cesfortes de cryftallifations ayant été appuyées furun examen exaétau Microfcope deschofes Li 84 MEMOIRES DE L’'A CADEMI£ ROYALE que j'avois vues à l'œil, elles m'ont convaincu: 1°. Que commeil y a des fubflances falines , virreufes ; c'eft-à-dire , de la nature du Verre , fulphureufes & métal- liques répandues dans différens corps ; il y en a de même de Gypfeufes mêlées dans de pareils fujets. 2°, Que ces parties Gypfeufes qui entrent dans la com- pofition de certains mixtes , ont une figure déterminée qui leur eft propre , qu'elles confervent, quelque altéra- tion qui puifle arriver à ces mixtes, foit par la calcination;, foit par la trituration , foit même par le mélange d’autres corps employés pour les détruire. 3°. Que certe figure eft fi conftante dans ces parties Gypfeufes , que lorfqu’elles abondent dans quelque fujet ; les autres parties qui les compofent avec elles, foit qu’elles foient falines, foit qu'elles foient métalliques , fe confor- ment dans leur difpofition à la figure de ces mêmes par- ties Gypfeufes. 4°. Que ces mêmes parties Gypfeufes que l’on n’auroit point foupconnées entrer dans la compofition d'un mixte, ou que l’on y auroït cru détruites, après les y avoir apper- çues , ne laïffent pas de devenir quelquefois fenfibles, de: reparoître fous leurs formes ordinaires , & de reprendre leurs premiéres qualités , ou par un effet naturel , ou par le fecours de Part. 11 ny a perfonne qui ne tire ces conféquences des ob- fervations fuivantes. La premiére que J'ai faite près de S. Bel, dont la Mine de Cuivre , me fervit, en 1709, de matiére à un Mémoire que je préfentai à la Compagnie, a été dans ces mêmes Mines. : La pierre qui couvre ordinairement les veines de cette Mine, & qui lui eftadhéranre, eft compofée de plufeurs lames couchées les unes fur les autres , de couleur argen- tine fur leur furface , & grifâtre dans leur intérieur. La couleur de cet intérieur , la quantité de petits points brillans ; & la pefanteur de la pierre par rapport à L DES SCIENCES. 8 fon volume ; ont fait juger qu'étant pleine de parties mé- talliques ; elle ne devoit point être rejettée du choix de celles dont on efpere tirer du Cuivre ; aufli la fait-on en- trer dans le fourneau defliné pour la calcination des mor- ceaux de la veine métallique. Il eft conftant que le feu employé à cette calcination devant pénétrer & rougir entiérement ces pierres dont les morceaux grifâtres font très-compaétes & de la groffeur du poing ;, furpafle de beaucoup en force le degré de ce- lui dont on fe fert ordinairement pour calciner le Gypfe. Ainfi Fon ne peut douter que fi la matiére qui couvre la furface argentine de la plûpart de ces pierres eft un Gypfe , ce Gypfe n’ait eu plus de feu qu'il n’en falloit pour être bien calciné , & par conféquent réduit en Plâtre. Après cette calcination,on jette dans des cuves ces mor- ceaux de pierres devenus prefque aufli rouges que du Col- cothar; & l’eau que l’on y verfe , fe charge de leurs pat- ties cuivreufes , vitrioliques & Gypfeufes ; elle ne s’en dé- gage qu’en coulant de cette cuve dans un baflin, au mi- lieu duquel on a pofé des fragmens de vieux Fer qui fem- blent s’y transformer en Cuivre. Cette métamorphofe ne fe fait jamais qu’on ne voie une fumée aflez épaifle , & femblable à un nuage blanc qui fe répand non-feulement fur les bords de ce baflin , mais encore près d’un pied au-delà de fon étendue. Ce nuage. fe réfout infenfiblement , & j'ai remarqué, lorfqu’il s’étoit abbaiflé , que non-feulement les bords du baflin, mais même la terre qui les environnoit , étoient couverts d'une infinité de petits cryftaux blancs, plats,longs d’un demi-pouce fur environ une ligne de largeur, de f- gure approchant du Parallelepipede, tranfparens, infipides & uniformes , que ce nuage y dépofe. Ces cryftaux, par la réiteration de cette opération, fe trouvent ramaflés en aflez grande quantité pour former une maffe femblable à une pierre, qui, par fa figure & fa couleur, approche des grolfes pierres de Tartre crud que Li} _ sf 86 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l’on apporte de Marfeille ou de Montpellier , & qui eflen: tiellement n’eft autre chofe qu’un vrai Gypfe , puifque les cryftaux dont cette pierre eft formée font infipides , tranf- parens, de figure parallelepipede, ne fe diflolvent point dans l’eau , & fe calcinent aifément au feu ; propriétés qui conviennent toutes au Gypfe. Dans la progreflion de cette obfervation je crois avoit fuffifamment fait remarquer , que la pierre de laquelle on tire ce Cuivre & ce Vitriol , a quelque apparence de celle du Gypfe; qu’elle a fouffert une calcination plus que fuffi- fante, pour que la partie Gypfeufe qui entre dans la com- polition de cette pierre foit réduite en Plâtre; & que par l’altération que ce Plâtre reçoit dans fa diffolution dans l'eau, il devient une matiére femblable au Plâtre gâché qui fe convertit en plâtras. On voit néanmoins que contre l'ordinaire de ce que l'on remarque dans la nature du plâtras, qui ne peut plus ni fe calciner , nis’employer comme le Plâtre; on voit, dis-je , qu'il fort de ce Plâtre gâché que l’on a toujoursre- gardé jufqu’ici comme défanimé , des cryftaux dont les par- ties font femblables à celles qui compofent notre Gypfe; & j'ai même fait l'expérience que la maffe qui foutient ces cryflaux , & qui ne paroït à nos yeux qu'un vrai plâtras, eft fufceptible comme ces cryftaux mêmes d’une nouvelle calcination aufliaifée que le Gypfe , & eft capable comme le Gypfe dont elle à tiré fon origine , d’être pareillement réduite en Plâtre. A l'égard de la couleur rougeâtre que l’on apperçoit dans cette mafle de cryftaux , on ne doit l’attribuer qu’à la poufliére du Colcothar, qui, lorfqu’on le remue à ceten- droit , fe répand dans tout le voilinage des cuves de cette Mine. Cette découverte a donné lieu à un examen que j'ai fait des phénomenes qui arrivent au Vitriol dans la torture qu'on lui donne pour en tirer l’efprit, & dans le procedé qui fe pratique enfuite pour compofer le fel que l’on nom- me de Glauber. DES SCIENCES. 87 J'ai trouvé dans la premiere de ces deux opérations, une grande conformité de l'efpéce de Colcothar produite par la calcination des pierres de la Mine de S. Bel, avec le Vitriol qui fe met dans la cornue , lorfque l’on veut en tirer l'efprit; puifque comme j'ai fait voir que ce Colco- thar de S. Bel jetté dansune quantité proportionnelle d’eau fe réfout en une liqueur bleuâtre, füiptique & corrofive, de laquelle outre la matiere cuivreufe qui s’en fépare, il s’éleve par leffervefcence une matiere Gypfeufe quife ré- fout fur les bords des ballins en criftaux parallelepipedes, de même dans la compofition du fel de Glauber dont Mrs. Boulduc & Geoffroy nous ont donné fi exaétement le dé- tail, lorfque l’huile ou l’efprit de Vitriol eft fufifamment étendu dans une quantité proportionnelle d’eau, il s'éleve fur Peau dans le tems de fon évaporation une crême blanche, argentine , écailleufe en maniere d’écume, qui étant retirée de cette eau & defléchée , fe trouve être in- fipide au goût ,indiffoluble dans l’eau & facile à fe calciner, étant expofée au moindre feu : qualités qui la rendent toutefois femblable au Gypfe que j'ai obfervé que l’on tire des bords du baflin qui reçoit la folution du Colcothar , provenant des Mines de S, Bel. La feule différence que l’on peut remarquer entre ce dernier Gypfe & celui de S. Bel ;eft que celui-là fe montre fous une figure écailleufe , au lieu que celui-ci paroît en forme de criftaux. Mais on doit d'autant moins s'étonner de cette différence , que cette figure écailleufe & argentine du Gypfe provenant du Vitriol , convient avec celle de la fuperficie argentée que j'ai fait remarquer que lon apper- RC. + —. D'où il s'enfuit que divifant cette Serie par le rayon sr LL Tr er &c 2 . + =" , le quotient Es Fr EI rr +4 re + 7 fera égal à l'arc du Seéteur donné, c’efl-à-dire, que ° Fr=Hit cet arc eft égal à la fomme des quarrés du rayon divifés par les quarrés de toutes les Secantes comprifes arithméti- quement dans ce Seéteur. Ce qu’il falloit démontrer. Exemples en Nombres. SoitleRayonr—10,&la Tangenter=—7. L'arc du Seéteur correfpondant à cette Tangente fera entre les deux fommes des deux Series fuivantes : rt ner Lg Dr Mn NE hat Un SU. Gens aident er La différence de ces deux Series eft ;*?- qui eft beau- coup moindre que l'unité , & même moindre que +. Donc nous avons trouvé la valeur de l’arc donné en nombres ra- tionnaux à moins d'unité près. Cette différence eft en s 1e général ———, & par conféquent plus la Tangente fera grande , ou, ce qui vientau même, plus l'arc donné appro- chera du quart de Cercle , & plus la différence fera grande à l'infini; car la fraétion Ro eft évidemment d'autant plus grande que t eft grand. Mais comme le quart de Cercle, & à plus forte raifon DUSÉSMENG ÎT EIN CE 5 14t tout arc plus grand que le quart de Cercle, n’a point de T'angente proprement dite ; on ne peut appliquer ma mé- thode qu'aux Seéteurs moindres que le quart de Cercle; & c’eft par cette raifon, que j'y ai mis cette reftriflion. Il n’y auroit rien à fouhaiter de plus pour la mefure du Cercle entier , & de tout arc dont la Tangente feroit ex- primée en nombres aufli-bien que le Rayon , fila méthode étoit aufli facile dans la pratique qu’elle eft fimple dans la théorie. Tout ce qu'on peut exiger en matiere de rapports de grandeurs qui ne font pas commenfurables, c’eft de dé- terminer indéfiniment & en fi grands nombres qu’on vou- dra ces rapports, enforte qu’il y ait toujours moins d’une unité de différence. Or comme le Rayon étant le même & commenfurable à deux ou plufieurs Tangentes, il eft démontré que les arcs correfpondants à ces T'angentes font pourtant incommenfurables, il s'enfuit néceffairement que PArc & la Tangente font en général incommenfurables. Ainfi le Rayon étant 10, & les Tangentes 10, 9,8,7, &c. l'Arc qui répond à la Tangente 10 fera la 8me. partie de la circonférence entiere ; mais l'Arc qui répondra à la Tangente 9 ,à la Tangente8, 7, &c. fera abfolumentin- commenfurable à la circonférence; d’où il s’enfuit que des T'angentes 10,9,7, &c. une feule au plus peut être par fuppofñtion commenfurable à Parc qui lui répond. Ces dé- monftrations font d’un genre tranfcendant ; mais elles n’en font pas moins certaines. C’eft ainfi qu'il eft indubitable que fi les Logarithmes arbitraires de 10, de 100, de 1000, &c. font exacts , tous les autres Logarithmes , fans exception , comme ceux de 2, de 3, &c. ne font qu’approchés. Mais la méthode ci-deflus eft de beaucoup trop longue. C’eft pourquoi j'en ai cherché une autre, ou plûtôt j'ai transformé cette premiere en une feconde indéfiniment plus aifée & aufli générale , fuivant laquelle, tout de même que dans la premiere, plus la Tangente eft petite par rap- portau Rayon, & plus promptement on trouve la gran- deur de l'arc cherché & correfpondant; mais a lieu que ii] x42 MEMOIRES DE L'ACADEM1E ROYALE dans le Theorême précédent la reftriétion porte que le Secteur foit moindre que le quart du Cercle, dans celle-ci il faut qu'il ne foit pas plus grand que Le demi-quarr. Ces reftritions au refte , n’ôtent rien à la généralité ou univer- falité de la méthode, parce qu'il eft toujours fort aifé par la bifledion , ou tout au plus par la quadrifeétion répé- tée d'un Secteur , foit géométriquement, foit arithmétique- ment, de le rendre moindre que la huitiéme partie d'un Cercle. THEOREME III. Suppofant la même Figure & le calcul Algébrique ci- deflus, on pourra transformer par la divifion continuelle FR Fr rr Tr » &c. + la Serie précédente = + = + érle prece ente,; rr +4 rr+9 rr+it c # De 27 li È en celle-cir +7 &c. à l'infini, ou en . 27° 0— 11 7r— 517 Zrr?t#9—917 celle-ci Sri F7 Dyré On fe fervira très-utilement de la feconde Serie qui eft toute additive, lorfque rr fera multiple de #r ; & lorfque rr n’eft pas multiple de #r, il eft plus commode de fe fervir de la premiere Serie. 11 faut encore obferver que ? ne doit jamais être plus grand; mais qu'il peut être indéfiniment plus petit que r, & que plus il eft petit par rapport à ce mêmer , plus la méthode donne promptement ce qu’on cherche. &c. DE MONSTRATION. . À A rr - pr Chaque terme de la Serie = + 5 MS &c. peut être repréfenté en général par certe formule rx» enforte que divifant continuellement rr par rr + x x , le quotient repréfentera tous les termes. Le nombre de ces termes eft égal au nombre qui exprime la T'angente, & la fomme de tous ces termes reprélentés eft égale à l’arç de Cercle correfpondant à la Tangente donnée, Î à 4 ROSE 2 + : CP RP TE" 4 DES SCIENCES. 143 OPERATION. Divifeur ( Dividende Quotient xx x x° ” I La PA = — = — TH xx Fr nr NES? &c. Otez . 2 rrE xx relte SIN — xx 4 DEC Z EU MOUS PSI! me 9 D te Fr refte à Si CEE Er Ôtez . : x Eu SR RE PE AE LT Fa & d 6 2 SORA Mn AE re En LR r4 £ à C2 \] DFE Z UNE LEP ARS NT NOTE ERER DRARÇ ET IEEE r+ r$ RE SEA ee ie A FE Era &c. &c. O d S . xx LT) x r dans cette Serie 1— +; &c. le nom- bre des 1 eft, puifqu'il y a autant de termes quet a d'unités. Le nombre des xx eft encore r ; &t comme xx eft fuc- ceflivement égal à 7, puisà 4, à 9, &c.à rt, ileft évi- 3 dent que 1 +4 + 9, &c.+ti=1r#, Donc — d LEA 317T © Le nombre des x+ eft aufliz ; & comme x* eft fucceffi- vement égal à 1 , puis à 16, à 81,à 625,&ec.à1*,ileft Fe évident que la fomme 1 + 16 + 81 + 625, &c: +r* —=;#, & ainfi de fuite. r#. rr L rr rr Donc la Serie EDP ot Ce ME POP TIR Ld \ 15 15 27 transforme en celle-cir—— + ra lCEE. à .l'infini Ce qu’il falloit premierement démontrer. OS 13 LENS 3r'1—18 AU, 3r° 25 27 7r15— 517 Œ —_— Marre 144 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE » 9 11 LILAS & . — — a = > & ainf de fuite. Ce qu'il falloit aufi démontrer. COROLLAIRE. Sir=18&t—1, on aura l'arc de la huitiéme partie du Cercle = 1—+Hi—5+4HI— 2, &c. à l'infini Cette Serie paroît à la premiere vüe très-fimple & très- élegante. C’eft celle de M. Gregory, attribuée enfuite à M. Leïbnitz, démontrée par M. Ozanam, & que j'avois aufli trouvée moimême en 1682, & publiée à Touloufe avant d’avoir lù ni connu les ouvrages de ces grands Géométres. Invenire fubriliratis eff ; primum inveniffe fortune. Mais l'expérience de M. Ozanam a fait voir que par rap- port au Problème de la Quadrature du Cercle, lorfqu'il s’agit de déterminer en nombres le rapport du diamétre à la circonférence , cette Serie eft entiérement inutile par fa lenteur & la longueur du calcul où elle engage. Il faut plus de trois cens opérations , & prefque un Livre entier, pour trouver feulement le rapport de 100à 314. Mais en me fervant de la L'angente de la douziéme par- tie de la circonférence qui eft égale à Fr. le rayon étant égal à 1, & y employant les deux dernieres Series , j'ai trouvé par deux opérations effentiellement différentes , l'une par addition continuelle , & l’autre par des additions & foufra@ions alternatives, que le diamétre étant exprimé par l'unité fuivie de cent vingt-fept zero , la circonférence du Cercle eft, 3141. 5926, 5358. 9793. 2384. 6264 3383. 2795: 0288. 4197. 1693. 9937. SIO$. 8209. 7494 4592. 3078. 1640. 6286. 2089. 9862. 8034 8253. 4211, 7067. 9821. 4808. 6$ 183. 2723. 0664 7093. 8446. + & 8447. —> Ce calcul dontje ne veux ici que prendre datte, & dont je donnerai la démonfiration tout au long dans un autre, Mémoire, a été fait avec une extrême facilité. En matiere de grands calculs il ne fuffit pas que la méthode foit, pour ainfi dire, infaillible de droit, il faut par le concours de deux Ur DES SCIENCES, ! 14$ deux ou de plufieurs méthodes entiérement différentes, donner à ce mème calcul une infaillibilité de fait. © Enfin j'ai réduit le problême de la Quadrature du Cet- cle en deux méthodes générales aufli exaétes & aufli ré- glées que cet autre problême. Le côté du quarré étant donné en nombre, trouver fa diagonale. Ce côté eft à fa diagonale comme 1 eft à 1 + -2-,&c. de mêmele périmétre du Triangle équilatéral circonfcrit étant 3, ou fon côté étant 1, la circonférence du Cercle eft + 2 +5, &c. C’eft le fujet d’un fecond Mémoire, qui 240$7° cémprendra plufieurs autres nouvelles découvertes. COMPARAISON De quelques Obférvations de D. le Chevalier de Louville avec celles qui ont été faites à l'Obfervatoire. e Par M MaraLD:1. ANS le deffein que M. le Chevalier de Louville a non feulement de rendre utiles au public les Obfer- vations qu'il fait, mais de profiter encore de celles qui fe fort ailleurs , il a voulu connoîitre la fituation du lieu où il obferve par rapport à l'Obfervatoire. On a cherché la différence des Méridiens en deux manieres. La premiere a été par des opérations Géométriques. Comme M. de Lou- * ville voit du lieu où il obferve, qui s’appelle Carré, le Clocher de St, Croix d'Orleans, il a déterminé en toifes la diftance entre ces deux lieux'par une bafe mefurée & par les deux angles obfervés à extrémité de la bafe. Par cette diftance & l'angle de pofirion ;, il a trouvé la diftance parallele-entre fa maïfon & S*. Croix de 1765 toifes qui font 2! 45" de degré de différence des Méridiens, dont la maifon eft plus Orientale que S', Croix; il a trouvé auffi Mém, 1719. T . 1. Juilleg 171% “ ‘146 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par la même opération la diftance Méridienne de 233 toi- fes qui font 15 fecondes, dont la maifon eft plus Septen- trionale. Ainli la pofition de fa maifon eft déterminée par rapport à S*. Croix. La fituation de S", Croix, par rapport à l'Obfervatoire ; a été déterminée par des opérations géométriques dans le premier Voyage de la Méridienne de feu M. Caffini. Car la diftance Méridienne entre l'Obfervaroire & S', Croix a été trouvée de 53319 toiles, qui donnent 56’ 2/ de degré. Et fuppofant la hauteur du pole de l'Obfervatoire 48° so’ 10”, la hauteur du pole de S®. Croix fera de 4° 54’ 8”, & de la maifon de M. de Louville 47° $ 4/23”. La diftance parallele entrele Méridien de l'Obfervatoire & S®. Croix a été déterminée dans le même Voyage de la Méridienne de 16396 toifes, qui font 25’ 36” de diffé- rence de longitude , dont S*. Croix eft à l'Occident ; mais : la maifon de M. de Louville, par les opérations qu'il a fai- tes, eft plus à l'Orient que S®. Croix de 2’ 45”; donc la différence des Longitudes entre la maifon & l'Obfervatoire réfulte de 22’ 51”, qui font une minute & 31” de tems, dont la maifon eft plus à l'Occident. Voilà la différence des Méridiens qui réfulte de la méthode géométrique. On a pratiqué la feconde parles obfervations du Ciel. Nous avons obfervé, M. Caflini & moi, le 22 de ce mois l’émerfion du premier Satellite de l'ombre de Jupiter, qui a été obfervée aufli par M. de Louville. M. Caffini l'obferva dans l'A ppartement d’embas avec une Lunette dé 16 pieds à 10! 5’ 8”, Je l’obfervai dans l'Appartement fu- périeur avec une Lunette de 17 piedsà 10" $/7/, de forte que nous fommes d’accord à une feconde près dans cette obfervation , ce qui arrive affez fouvent dans de fembla- bles Obfervations. M. de Louville a obfervé avec une Lu- nette de 23 pieds la même émerfion à Carré proche d’Or- léans à 10°3/ 29”. Avant que de comparer cette Obfer- vation avec la nôtre, il faut remarquer que la Lunette dont M. de Louville s'eft fervi eft de 6 à 7 pieds plus longuëé pdt -mamde. ass DES SCIENCES 147 que celles que nousavons employées, ainfi avec fa Lunette ila dû voir l’émerfion plütôt qu'il ne lauroit vûe avec une Lunette de la longueuf des nôtres ; & par plufieurs Expériences faites depuis long-tems, on a trouvé qu'avec ‘ une Lunette de 23 pieds on voit les émerfions 7 ou 8 fe- condes de tems plütôt qu'avec une Lunette de 17 pieds. Il faut donc ajouter Ces 7 ou 8 fécondes à 10" 3° 29/, heure de l'Obfervation de M. de Louville, & on aura 10h 3! 37/, qui étant ôté de 10" 5’ 8”, tems de notre Obfer- vâtion, on aura la différence des Méridiens de 1” 31” ou 32" de tems, comme elle réfulte par l'autre maniere que nous avons trouvée de 1° 31". Cette expérience n'’eft pas la feule que nous ayons de l'accord merveilleux qui fe trouve entre ces deux métho- — des dans la détermination de la différence des Méridiens. . Nous avons encore trouvé l’année derniere la même pré cifion à Dunkerque , à l’extrémité la plus Septentrionale de da Méridienne de l'Obfervatoire, &'en 1701 vers l’extré- mité Méridionale. L'accord merveilleux de ces deux mé- thodes fi différentes en tant de rencontres , fait voir la pré- cifion de l'une & de l’autre. M3 . METHODE De déterminer la premiere Equation des Planetes si fuivant l'hypothèfe de Kepler. Par M. CassiNt L Es Affronomes ont propofé différentes hypothèfes 12. Juille pour repréfenter le mouvement apparent des Plane- 1712: tes. Les uns ont fuppofé qu'elles décrivoient des Cercles ; les autres des courbes ou Ellipfes de différentes efpéces, entre lefquelles celle que Kepler a découverte, paroît être la plus généralement reçüe des Aftronomes modernes, Ti ARE LE Re ee rs CAE 148 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Il fuppofe que le Soleil étant placé dans un des foyers d'une Éllipfe, Ja Planete qui tourne autour de lui décrit cette Ellipfe, de maniere, qu'en tems égaux, elle parcourt des aires égalef ; c’eft-à-dire , que fuppofant le Soleil en S au foyer de l’'Ellipfe 4LGB , & la Planete en L fur la cir- conférence de cette Ellipfe , le tems que cette Planere em- ploye à faire fa révolution entiere ëft au tems qu’elle em- ployeà parcourir l'efpace ZL, comme toute l'aire de lEI- lipfe ef à l'aire LSA ; & fuppofant la Planete dansune au- tre fituation en G, le tems qu’elle emplove à décrire l'arc ÆL , eft au tems qu’elle employe à parcourir l'arc LG, comme l'aire ÆLS eft à Paire LSG ; de forte que fi ces ‘deux aires font égales entr'elles , les rems des révolutions font aufli égaux. __ On a déja donné diverfes méthodes pour déterminer , Juivant cette hypothèfe , le mouvement apparent des Pia- netes à l’égard du Soleil, & de la Lune à l'égard de la Terre, qui eft le centre de fon mouvement ; ce qui ne fe peut faire que par approximation. Car , comme il s'agit de calculer l'aire d’un feéteur terminé par un arc d'Ellipfe, la réfolution géométrique de ce Problème fuppofe la quadra- ture de l'EMipfe ou du Cercle qui n’eft point connue. Aufi tous ceux qui ont donné la maniere de calculer les Equa- tions des Planetes fuivant cette hypothèfe , n’ont prétendu autre chofe que de les déterminer avec autant de préci- fion qu'il eft néceflaire pour les Calculs Aflronomiques. Nous avons une de ces méthodes dans l'Aflfonomie de M. Gregori. M. de la Hire en a donné une autre dans les Mémoires de l’Académie de l'année 1710, qui paroît plus facile à pratiquer; & quine laifle autre chofe à defirer, finon qu'on puiffe par ce moyen trouver immédiatement PEquation d'une Planete qui convient à chaque degré d'A- nomalie , & M. Keill, Profefleur d’Afironomie à Oxford, en a aufli publié une dans les Tranfaétions Philofophiques de l’année 1713, tirée des Principes de M. Newton, oùil enfeigne la méthode de calculer cette Equation. CHE D'EMSAGNIE TE N CES UML van Comme il ef très-important, pour la perfe@tion de A£ tronomie, de pouvoir déterminer avec facilité les Equa- tions des Planetes fuivant les différentes hypothèfes, afin . d’être en état d'examiner celles qui font les plüs conformes aux Obfervations, nous avons cru devoir propofer une nouvelle méthode direéte, pour déterminer à chaque degré d'Anomalie le vrai mouyement des Planetes fuivant l’hy- pothèfe de Kepler ; qui nous a paru très-aifée à pratiquer. A Pour l'intelligence de cette méthode, foit 4LGB une Ellipfe qui repréfente l’orbe d'une Planete, dont Cfoitle centre , & Sun des foyers, où foitplacé le Soleil , enforte que AC foit à CS, comme le demi-diamétre de l’orbe de cette Planete à fon excentricité. Soit circonfcrit à cette Ellipfe un Cercle ZIDB, & par le point L qui repré- fente le vrai lieu de la Planere; foit tirée fur AB la perpen- diculaire IL F, qui étant prolongée , rencontre le Cercle AIDB en 1. Suivant l’hypothèfe de Kepler , l'aire ZLS eft à Paire entiere de l'Ellipfe, comme le tems que la Fos em - | ii] so MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ploye à décrire l’arc AL, eft au tems qu’elle employeà parcourir la circonférence de l'Ellipfe. Mais le tems que la Planete employe à parcourir arc ÆL, eft au tems qu’elle employe à décrire l’Ellipfe, comme le moyen mou- vement qui répond à l'arc AL du vrai mouvement, eft au moyen mouvement qui convient à la révolution entiere, puifqu’en tems égaux les Planetes ont une égale quantité de moyen mouvement. Donc l'aire ALS eft à toute Paire de l'Ellipfe , comme la quantité du moyen mouvement de la Planete qui répond à l'arc ZL eft à la quantité du moyen mouvement qui convient à toute fa révolution. | Soit ce moyen mouvement qui convient à toute la ré- volution, exprimé par la circonférence du Cercle AHBM, & celui qui convient à l’arc 4L exprimé par l'arc AD. On aura l'arc AD eft à toute la circonférence du Cer- cle, comme l'aire ALS eft à Paire entiere de l’Eilipfe. Mais l'arc D eft à toute la circonférence du Cercle, comme le fetteur ACD ef à toute l’aire du Cercle ; donc l'aire ZLS eft à toute l'aire de l'Ellipfe, comme laire AÇD eft à toute l’aire du Cercle. Mais par la propriété de l’El- lipfe, l'aire ZLS eft à toute l'aire de l'Ellipfe, comme l’aire AST eft à l’aire entiere du Cercle. Donc l'aire ACD eft à toute l'aire du Cercle , comme l'aire Æ4S1 eft à la même aire du Cercle, & par conféquent le feéteur CD ef égal au feéteur SI. L’angle CD du moyen mouvement étant donc donné, il s’agit de trouver l'arc L du vrai mouvement, qui doit être tel, que tirant du point L fur 4B la perpendiculaire LF prolongée en I, l'aire ASI foit égale au fecteur 4CD. Pour déterminer cet arc AL, il faut confidérer que l'aire AST eft compofée du feéteur ACT, & de l'efpaceT'riangu- laire ICS. Mais le feéteur ACD qui lui doit être égal , eft compofé du feéteur CI plus le feeur DCI. Ketran- chant le feéteur /2CI qui eft commun, on aura le feéteur DCI égal à l’efpace Triangulaire 1CS. Le feteur DCI eft égal à l'arc DI multiplié par un de- RE EST DES SCIENCES 151 mi CI. L’efpace Triangulaire ICS eft égal à la ligne SE perpendiculaire fur LE, multipliée par un demi CI. Divi- fant les deux termes de l'égalité par un demi CI, on aura l'arc DI égal à la ligne SE. $ Du pont D foit menée la ligne DO parallele à IE. SE étant égal à l'arc DI & EO à DI finus de l'arc DT, on aura SO égal à la différence entre le finus DT & l'arc DI. Cette différence n’eft que d’une demi-feconde, lorfque l'angle DCI n'excede pas un degré & demi; c’eft pourquoi on peut entierement la négliger ; & alors les lignes DT, SE peuvent être cenfées égales, &t les lignes DS, LE , pa- ralleles, d’où lon trouve que l'angle CDS et fenfible- ment égal à l'angle DCI. C’eft pourquoi dans le Triangle DCS dont les côtés DC, CS font connus aufli-bien que langle DCS compris entre ces côtés , qui eft le fupplé- ment de l'angle CD du moyen mouvement donné, on trouvera la valeur du côté DS & de l'angle CDS ou DCI, qui étant retranché de l’angle 4CD , refte l'angle - ACT; & dans le Triangle ICS dont les côtés IC & CS font connus aufli-bien que l'angle ICS compris entre ces côtés qui eft le fupplément de l'angle CI, on trouvera l'angle CIS ;, qui étant retranché de l'angle ACT, refte l’an- gle ASI. Maintenant dans le Triangle reangle GCS, dont le côté GS eft égal à ÀC & CS eft connu, on aura la valeur de GC ; mais par la propriété de l’Ellipfe, HCeft _à GC comme 1F eft à FL , & IF eft à FL comme la Tangente de l'angle ISF eft à la Tangente de l'angle LSF. On aura donc HC à GC, comme la"T'angente de l'angle ASI que l’on vient de trouver, eft à la T'angente de l’an- gle A4SL, qui danslhypothèfe de Kepler mefure le vrai mouvement qui répond à l'angle CD du moyen mou- vement donné , ce quil falloir chercher. Lorfque l'angle DCI excéde un degré & demi, alors il faut prendre la différence entre l'arc DI & le finus DT qu'on trouvera, en fuppofant le rayon du Cercle de 100000 parties & fa irconférence de 628318, ce qui 152 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE : donne larc d'un degré de 174$ parties, & les autres à proportion. ‘ La difiérence entre cet arc & le finus qui lui répond, qu'on trouvera dans les Tables des finus , mefure SO qu’on trouvera en fecondes de degré. On fera enfuite comme DS déterminé ci-deffus eft à SO , ainfi ke finus T'otal eft à l'angle ODS, qui étant retranché de l'angle DCS, refte l'angle CDO, qui, à caufe des paralleles LE, DO eftégal à l'angle DCT, cet angle étant connu, on déterminera, ainff qu'il a été expliqué ci deflus , les angles ACT, CIS, ASI, & l'angle SL du vrai nfouvement qu'il falloittrouver. Pour facilirer ce calcul, on a dreflé une Fable, où l'on a marqué la différence entre l’arc D I & Île finus D Ten parties , dont le rayon ef 1000000c. On a réduit auffi cette différence en fecondes de degré , qui font chacune de 48 + parties dont le rayon eft 10000000. Il faut préfentement confidérer, que dans la Théorie du Soleil, l'angle DCIn'excéde jamais un degré, & qu’ainfi la différence entre l'arc DI1 & le finus DTne monte pas à un quart de feconde , qu'on doit par conféquent négliger. On ne doit pareillement y avoir aucun égard dans la Théorie de Venus, où l'arc DI ne peut être au plus que de 25 minutes. A l'égard de la Lune , arc DIn'excéde jamais deux de- grés & demi, ainli dans les moyennes diftances où1l eft le plus grand , il ny a que trois fecondes à retrancher, qu’on peut négliger fans erreur fenfible. Dans la Théorie de Jupiter l'arc DIeft dans les moyen:- nes diftances de 21 50", aufquels il convient dansla Table 4 fecondes, qu'il faut retrancher de l'angle CDSpour avoir l'angle DCI. - Dans la Théorie de Saturne, l'arc DJeft dans les moyen:- nes difances de 34 15", aufquels il convient 6 fecondes. À l'égard de Mars , fon excentricité eft plus grande que celle des Planetes précédentes, & l’arc.D1I dans les moyen- nes diflances eft de près de $ degfés & demi, aufquels il convient DES SCIENCES. 153 #onvient 30 fecondes pour la différence entre cet arc & Le finus qui lui répond. L’excentricité de Mercure eft encore plus grande que celle de Mars, enforte que dans les moyennes diftances, fa premiere Equation eft de plus de 24 degrés, & larc DI excéde douze degrés. Il y aura donc, füivant la Table, en- viron 6 minutes à retrancher de cet arc pour avoir fon finus correfpondant , aufquelles il faut néceflairement avoir égard dans le calcul de la premiere Equation. Comme dans la Théorie des Planetes, il n’a pas été poffi- ble jufqu’à préfent de déterminer leur vrai lieu À quelques fecondes près, il fuit qu'il eft inutile de tenir compte de la différence entre l'arc DI & le finus DT dans le calcul de la premiere Equation du Soleil , de la Lune , de Venus, de Jupiter & de Saturne, & qu’on doit feulement recourir à la Table pour trouver les Equations de Mars, & princi- palement de Mercure, dont les mouvemens ne font pas encore réglés fuffifamment, à caufe que la lumiere du So- leil donc il eft fort proche, empêche de l’appercevoir dans tous les lieux de fon orbite. EXEMPLE I. On veut trouver, fuivant lhypothèfe de Kepler , l’Equa: tion de la Lune qui convient à 60 degrés d’Anomalie moyenne , fuppofant l'excentricité de 4344 parties dont le rayon eft 100000. On trouvera d’abord dans le Triangle GCS reétangle en C, dont le côté GS eft égal au rayon 4C, & l’excentri- cité CS eft connue, le côté GC de 9990$ ; qui mefure le _ petit demi-diamétre de l’Ellipfe, ce qui fervira pour le calcul de tous les degrés. Les côtés DC & CS étant connus, & l’angle compris in DCS de 120 degrés, fupplément de l'angle 4DC de l'Anomalie moyenne , on aura l'angle CDS de 2d 6’ 31”, aufquels il convient dans la Table une feconde, qu'il faut zetrancher de CDS pour avoir l'angle DCI de 24 6! 30/, Mem. 1719. V 354 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Retranchant cet angle de l'angle DCA de 60 degrés, oft aura l'angle ACI de $7d 53” 307; & dans le Triangle ICS dont les côtés IC, CS font connus , & l'angle compris ICS, on aura l’angle CIS de 2d 3° 36/, qui étant retranché de l'angle ACI de $7a s3/ 30”, refte l'angle A4SI de 554 49° 54”. On fera enfuite comme HC 100000 ; eft à GC 99905; ainfi la Tangente de l'angle A4SI de 5 54 49! 547” eft à la Tangente de l'angle 4SL du vrai mouvement qui répond au moyen mouvement donné, qu'on trouvera de “55448 20”, & qui étant retranché de 60 degrés , donne la premiere Equation qui convient à 60 degrés de 44 11° 40/. Comme dans le Calcul de cette Equation, il faut ré- foudre deux Triangles, dans lefqueis les côtés connus, fça- voir le rayon plus l'excentricité & le rayon moins l’excen- tricité , font toujours les mêmes; il fufhira de prendre la diflérence entre les logarithmes de ces côtés, & la retran- cher du logarithme de la Tangente de la demie fomme des angles cherchés. On prendra aufi la différence entre: les logarithmes du grand & du petit demi-diamétre de TEllipfe , qu'on retranchera de la T'angente de l'angle 4SJ, pour avoir la Tangente de l'angle ÆSL du vrai mouve- ment cherché, ce qui rend ce calcul très-facile à pratiquer. ExEmMpre EE On veut trouver l’'Equation de Mars qui convient à 45 degrés d’Anomalie moyenne , fuppofant l’excentricité SC de-92$4 parties dont le rayon BC eft de 100000. On trouvera d’abord que SC 9254 eft le finus de sd 18’ 35”, dont le complement mefure GC qui eft de 99571 parties, dont le rayon eft 100000. Dans le Trian- gle DCS les côtés DC & CS étant connus , & l’angle com- pris DCS de 1364, on trouvera l'angle CDS de 34 30! $3”& SD de 106750. . L'angle CDS étant de 34 30’ s3//, on trouvera dans la Table, la différence S0 entre l'arc DI & le finus DT de 8/; DES SCIENCES. 155 8. on fera comme SD 106750 eft au finus total ; ainf 0 8 fecondes , eft à l'angle SDO de 7 fecondes & demi, qui étant retranché de l'angle CDS de 34 30’ s3//, donne l'angle CDO ou DCI de 343045". Le retranchant de l'angle ACD de 454 o' o”, on aura l'angle ACI de 414 29" 15"; & dans le Triangle ICS dont les côtés CI, CS font connus, & l'angle compris ICS de 1384 30' 45", on aura l'angle ASI de 384 12' 22". On fera enfuite comme HC 100000 ft à GC 99571; ainfi la T'angente de l’angle ASIde 384 12 22" eft à la Tangente de l'angle ASL du vrai mouvement, qu’on trouvera de 384 s' 11". On voit dans cet exemple, qu’on auroit pû s’épargner le . calcul de l'angle SDO qui ne differe de SO que d’une de- mi-feconde; & ainfi tout le calcul fe réduit à prendre la différence entré les logarithmes de AC’ plus CS, & de AC moins CS, de la retrancher du logarithme de la Tangente de la demi-fomme des angles DSC, CDS pour avoir le logatithme de la Tangente de la demi - différence de ces angles ; qui étant rerranchée de leur demi-fomme donne l'angle CDS ou DCI, qu'il faut retrancher de l’angle ACD pouravoir l'angle ÀCT. On retranchera de même la diffé- rence entre les logaritimes de 4C plus CS & de AC moins CS dulogarithme de laT'angente de la demi - fomme des angles CSI & CIS , pour avoir le logarithme de la Tangente de la demi - différence de ces angles, qui étant ajoutée à leur demi-fomme , donne l'angle 4$1. On re- tranchera enfin du logarithme de la Tangente de l'angle ASTI la différence entre les logarithmes de HC & de GC pour avoir le logarithme de la Tangente de l'angle SL du vrai mouvement cherché. rate "re Re 3 156 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE TABLE DES DIFFERENCES Entre les Arcs d'un Cercle € les Sinus ; en parties ; dont le Rayon eft 100000."00 , © en fécondes de degrés. Differ. en parties, | Différence Differ. en parties, | Différence | dont le rayon eft| en fecondes dont le rayon eft | en fecondes 100000. 00. de degrés. 10000C. 10. de degrés, nl 9 o 3037 L+.:- StY 15 ô 3259 Xe 2 23 ° 3492 I 12 3r 373$ x, 17 42 1 3990 1 22 56 1 4256 1 28 71 1 4532 E "38 90 z 4821 1 39 113 2 12% r 46 139 3 5436 Er 52 169 3 5762 1 59 203 4 éror Tr 239 ÿ 6451 2 17 281 6 6816 2 ai 328 7 7285 2 28 380 8 7587 2 36 437 3 7593 Z 4$ 499 19 8413 2, 5 s67 12 8847 3 3 641 13 9297 3 12 720 15 9761 3 21 807 17 10247 A RE 2 900 19 10736 » 3: «4I 1000 21 11247 RSR 1108 13 11972 + "322 1222 25 12315 4 14 1344 28 12874 4 26 1474 :4 13450 #” 37 1613 33 14042- æ fo 1759 36 14652 $ 2 1913 39 15278 CS à 2077 43 15923 5 28 225$ 47 1658$ $ 42 2432 so 17266 s 56 2625 54 1800$ 6 xx 2827 58 18682 6 25 3037 SE 19417 6 41 DES SNCATIES.N, CE S: 157 SUR LA MECHANIQUE DES CARTILAGES SEMILUNAIRES. Par M WrnsLco vw. TH" Our le monde fçait que le Genouil eft une efpéce : dé charniere, faite par l'articulation du Femur avec ke Tibia. On fçait aufli que l’extrémité inférieure du Fe- mur fe termine en deux éminences appellées Condyles , en tre lefquelles il y a une cavité; que l'extrémité fupérieure du Tibia a une éminence au milieu de deux furfaces , fur efquelles les condyles du Femur roulent dans la flexion & dans l’extenfion de la Jambe. On fçait que fur ces deux farfaces du Tibia, & par conféquent entre-elles & les con- _dyles du Femur, font placés deux Cartilages mobiles, ap- pellés Semilunaires, parce qu'ils font figurés en maniere de Croiffant ; que ces Cartilages font épais du côté de‘leur circonférence externe, & minces du côté de l’interne, qui -eft comme tranchante. On fçait aufli qu’ils font fort ad« hérants au ligament membraneux qui environne le Ge- nouil ; que leurs cornes font attachées par des ligamens particuliers au Tibia, & que les cornes de Fun font tour- nées vers les cornes de l’autre. On fçait encore que les fur- faces fupérieures de ces cartilages font caves,les inférieures "prefque plates, & toutes deux très-polies. + L’ufage que lon attribue communément à ces deux Cartilages , eft de former des cavités fur les furfaces du Tibia pour recevoir les condyles du Femur, & pour em- pêcher le déboëtement du Genouil. Perfonne, à propre- ment parler, n’a commencé à donner de raifon de leur ‘ufage avant l'illuftre M. Borelli, qui ayant confidéré que k convexité des condyles du Femur eft PSE elliptique » d u]. 158 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoOvaALE ou en quelque maniere fpirale , que cylindrique , a penfé que par la mobilité de ces Cartilages l’axe de révolution des condyles fe tranfporte réciproquement en devant & en derriere fur le Tibia dans la Hexion & dans lextenfion de la Jambe. Il y a lieu de croire que s’il avoit vécu , il auroit pouffé fon obfervation plus loin , & auroit décou- vert tout l’artifice que je vais tâcher d’expliquer. M. Mor- gagni, illuftre Profeffeur à Padoue, dans fes Remarques cri- tiques fur le Théâtre Anatomique de M. Manget, paroît avoir de la peine à admettre la penfée de M. Borelli, à caufe d’une adhérance particuliere des cornes de ces Carti- lages , qu'il dit avoir obfervée. Il ajoute cependant que ce: lui qui joindra à l’exaétitude des obfervations Anatomiques unegrande connoiffance desMathématiques,commel'avoit M. Borelli , fera le plus propre à trouver l'utilité de ces Car- tilages, & même de ceux qui font placés dans l'articulation de la Mâchoire inférieure. Il exhorte en même-tems de faire attention fur l’élafticité confidérable de ces Cartilages, comme pouvant fervir dans des mouvemens particuliers. , Voilà ce que M. Morgagni en a dit , après avoir remar- qué judicieufement que des Cartilages mobiles font fabri- qués pour autre ufage que pour former des cavités, & que la feule conformation du Tibia auroit fufh pour cela. Il y a long-tems que j’avois obfervé un certain mouye: ment dans la Jambe, outre celui de flexion & d’exten- fion ; mais je l’avois feulement obfervé dans la Jambe flé- chie, comme elle eft pour l'ordinaire , quand on eft aflis, Car alors on la peut tourner de côté & d'autre comme un cylindre qu’on feroit tourner fur fon axe alternativement en fens contraire. M. Cowper, excellent Anatomifte Ans glois , eft le premier & le feul qui a clairement marqué ce mouvement dans fa Myotomie réformée, où il dit quele mouvement de la Jambe fléchie fe fait par l’aétion alterna- tive des Mufcles fléchiffeurs , principalement par celle du Biceps & du Poplité. Mais il n’a rien remarqué de plus fur la maniere dont ce mouvement fe fait, ni fur ce qui re- DES SCIENCES. M #9 garde la frudure du Genouil par rapport à ces deux fortes de mouvemens. Ingrallias , ancien & très-fçavant Auteur Italien, dans fon Traité des Os, avoit déja parlé d’un mou- vement latéral du Tibia , l'ayant aufli attribué au Mufcle Poplité. Mais comme il n’en a jugé que par la foupleffe & le peu de fermeté de cette articulation, & paroït l’ad- mettre dans la Jambe étendue, il m'a fait qu’entrevoir. Car fi cette articulation eft lâche, la Jambe étendue dans PHomme vivant, ni aucun mouvement latéral fe peut faire dans cette fituation. Il eft vrai que dans un Cadavre on trouve les Mufclesaffez relàchés pour pouvoir un peu tour- ner la Jambe étendue; mais il n’eft pas de même dans le vivant, pour des raifons qu’on dira enfuite. Mes attentions fur ce mouvement particulier s'étant ren- contrées avec l’examen général des Cartilages mobiles des articulations ; que j'ai entrepris pour farisfaire aux intentions de M.l'Abbé Bignon , m'ont enfin donné occafion de dé- couvrir l’artifice de ce mouvement, dont perfonne , que je fçache, n’a encore fait mention, & qui dans le fonds eft auffi fimple qu’il eft fingulier. Sa méchanique dépend principa- fement des Cartilages Semilunaires. La conformation dela Jambe ; celle du Femur, aufli-bien que la ffru@ure des li- gamens & de la Rotule, y contribuent. Pour m’exprimer plus nettement, j'appellerai ce mouvement en langue Ana: tomique Rotation de la Jambe fléchie , pour le diftinguer - de la Rotation de la Jambe étendue , qui dépend unique: ment de larticulation du Femur avec la Hanche. De plus, afin de faciliter l'imagination , je comparerai cette Machine naturelle à une artificielle, qui eft une efpéce de Porte- Lunette. Celui dont je veux parler eft compofé detrois prin- cipales parties ; fçavoir , d’un pied-d’eftal, d’une petite piéce tournante,que les ouvriers appellentGenou,ët d’une grande ps faite en gouttiere , & qui en porte aufli le nom, fur aquelle on pofe les grandes Lunettes d'approche. La pe- tite piece eff placée entre les deux autres. Cer inftrument à deux fortes de mouvemens , l’un de charniere & l'autre de io MEMOIRES DE L’'ACADEM1E ROYALE pivot. Le mouvement de charniere fe fait par l’affemblagé de la gouttiere avec la petite piece, indépendamment du pied-d’eftal;&c le mouvement de pivots’exécute par l’affem- blage de la même piece tournante avec le pied-d’eftal,indé- pzndamment de la goutriere. L'artifice de ces deux mouve- mens;très-différens l’un de l’autre,dépend de la piecemoyen- ne. Je trouve un appareil femblable dans le Genouil de Jhomme,mais bien plus artiftément fait,ce qui ef aflez ordi- naire aux ouvrages de la Nature, dont ceux de PArtne font que des copiesimparfaites.Jecomparele tibiaau pied-d’eftal, leFemuràlagouttiere&lesCartilages femilunairesà lapiece tournante. Les deux différens mouvemens du Genouil dé- pendentdes Cartilages Semilunaires,comme ceux duPorte- Lunette dépendent de la ftrudure de la piece moyenne. Avant que d’expofer l’artifice des Cartilages Semilunai- res par rapport aux deux mouvemens marqués, Je crois de- voir rapporter quelques obfervations qui aideront à l'éclair- cir. Les deux furfaces de l'extrémité fupérieure du Tibia ; qui portent les Cartilages Semilunaires, différent entre elles , en ce que l’interne eft un peu cave ou enfoncée dans le milieu, & applatie vers les bords, & que l’externe eft plusélevée & comme convexe , principalement en arriere. Les furfaces inférieures des Cartilages Semilunaires font moulées à celle du Tibia. Les ligamens latéraux qui joi- gnent l'os de la Cuille avec ceux de la Jambe ; ne font pas direétement attachés fur le milieu de chaque côté, mais un peu plus en arriere, de forte qu'ils font bandés dans l’extenfion de la Jambe , & lâches dans fa flexion. Les liga- mens qu’on appelle Croifés font d’une ftrudure très-fin- guliere & fort compofée , dont jeparlerai dans une autre occafñon. Il fuffit pour le préfent de faire remarquer que l'un d'eux eft prefque droit, & l’autre tout-à-fait oblique. Le ligament droit eft attaché intérieurement à la partie antérieure de l'interftice des condyles du Femur par un bout , & par l’autre derriere l’'éminence du T'ibia à l'inter- valle des deux furfaçes de cet os. L’oblique provient du çôté \ DES, SCT EN CES... 161 ‘côté du condyle externe ; de-là il pañle deffous & devant de premier, pour s'inférer à la partie antérieure de l’émi- nence du T'bia vers la furface interne. De forte que quand da Jambe fléchie-roule fur fon axe en dehors, le ligament oblique s’écarte du droit, & quand on la tourne au-dedans, il s’en approche & s’y applique. Les ligamens particuliers des Cartilages Semilunaires qui attachent leurs cornes, font très-fouples , &difpofés de maniere qu'ils permettent à ces Cartilages , non feulement de gliffer en,avant & en arriere , comme M. Borelli l’a remarqué , mais encore fur les côtés dans de certains fens. A.quoi contribue auffi la foupleffe de ces Cartilages , qui fe ferrent & s’écartent dans des différens mouvemens, pour s’accommoder aux diffé- rens degrés de convexité des condyles du Femur. L'inf- pection oculaire , & l'examen de ces mouvemens dans un Genouil difféqué le démontrent aflez , & leventen même- tems la-diiculté que M. Mcrgagni femble avoir eue fur l'idée de M. Borelli J’aiencore obfervé que les ligamens des cornes du Caïtilage Semilunaire externe font plus étendus que ceux de l’interne; que celui-ci eft fort attaché à un des ligamens latéraux ci-deffus mentionnés, & que Fexterne ne l’eft pas tant. De forte que le Cartilage Semi- lunaire externe paroît plus mobile & gliffant fur le Tibia que l’interne. Je ne parle pas ici des ligamens particuliers qui paflent tranfverfalement de la grande circonférence de l'un de ces Cartilages à celle de l’autre , tant par devant que par derriere. Je ne m'arrête pas non plus à une def- cription plus détaillée des ligamens dont je viens de parler. … Ainf quand on fléchit ou étend la Jambe, ce font les Cartilages Semilunaires , qui font la fonétion de charniere, parce que les condyles du Femur roulent dans leurs cavi- tés. Alors on peut en quelque maniere regarder ces Car- tilages comme une même piéce avec le Tibia. Et effei- vement ces Cartilages refteroient pour lors fans branler fur le Tibia,comme la petite piéce du Porte-Lunete fur le pied- . d'eftal, fi la convéxité des condyles du Femur étoit uni- X Mém. 1719. 162 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE forme ; mais comme elle ne left pas, pour des raifons qui feroient trop longues à déduire à préfent ; & qu'ainfi l'axe de leur révolution change prefque à chaque degré de fle- xion & d'extenfon , il eft néceffaire que les Cartilages gliffent en avant ou en arriere par les mouvemens des condyles , felon l'obfervation de M. Borelli. Il faut remar- quer, en pañfant, que la convexité du condyle externe pa- roît moins concentrique que celle de l'interne. Dans l’extenfion parfaite & entiere du Tibia , les Mufcles extenfeurs, qui font principalement attachés à la Rotule , tirent cette piéce avec force ; d’où il s'enfuit que le liga- ment de la Rotule eft très-bandé , & qu'en même-temsles ligamens latéraux le font aufli, en ce que ceux-ci par leur fituation en arriere bornent l’extenfion du Tibia, & em- pêchent que le Genouil ne fe plie en devant. Le ligament croifé droit peut auffi réfifter à ce renverfement ; car l'obli-. que ne paroît y contribuer en rien. Dans les autres degrés d’extenlion & dans ceux de flexion, les condyles du Fe- mur roulent dans les cavités des Cartilages Semilunaires , à peu près comme l'extrémité inférieure du Bras roule dans la cavité du Coude. Mais pour venir au mouvement , dont il s’agit princi- palementici, je veux dire celui de Rotation de la Ebe fléchie ; dans ce mouvement les ligamens latéraux & celui de la Rotule font relâchés, & ne s’y oppofent pas. Il femble aufli que c’eft à caufe de cette Rotation que la Rotule ne fait pas uns même piéce immobile avec le Tibia , comme l'Olecrane le faitavec le Coude. Car à cela près la Rotule & l'Olecrane ont tous deux prefque un pareil ufage. L'un & l’autre fervent, 1°. à faciliter l’a@tion des Mufcles exten- feurs, en éloignant la direétion de ces Mufcles du centre du mouvement de l'articulation; 2°. à garantir les tendons des mêmes Mufcles de la compreflion qu'ils fouffriroient dans les grands efforts par le frottement contre les extré- mités du Bras & de la Cuiffe ; 3°. à permettre que l’on puiffe appuyer le Coude & le Genouil fur les endroits durs ; fans bleffer les tendons. 3 reg à ” ge re de cé Res Me nee à DES. SCIENCES. 1 163 * Les ligamens croifés fervent de liens particuliers dans le mouvement de Rotation, & leur rencontre paraît le borner en dedans ; au refte ce mouvement eft borné de côté & d’autre par les ligamenS latéraux, & peut-être auffi par celui de la Rotule. Il me femble que ce mouvement ne fe fait pas également par les deux Cartilages, & que le centre de Rotation fur le Tibia eft plütôt vers le côté in- terne que vers l'externe. Cela s’accorde affezavec les diffé- rences que jai fait remarquer dans la conformation de tou- tes ces parties. Sur-tout, cela s'accorde avec l’enfoncement de la furface interne du T'ibia, & avec la convexité de l'ex- terne dont j'ai parlé ci-deflus. * De toutes ces obfervations on voit clairement, queles Cartilages Semilunaires femblent uniquement fabriqués pour faire deux différentes fortes d’articulation , & peut- être trois ; fçavoir une en charniére pour la flexion & l’ex- tenfion, & une aûtre en pivot pour Le mouvement de Ro- tation de la Jambe fléchie. Et fi l’on fuppofe le centre de cette Rotation fur Ja face interne de l’extrémité du Tibia, on en pourra compter trois ; car alors la face externe au- roit un mouvement particulier, en ce qu'elle ne feroit que gliffer réciproquement en avant & en arriére, en décrivant une petite portion de cercle autour du centre de la furface- interne, Ce dernier mouvement feroit une véritable ar- throdie, dont je parlerai plus amplement dans un autre Mémoire. , L'artificé de ces Cartilages eft d'autant plus furprenant, que quoique petits & minces, ils ne laiffent pas de former plufeurs articulations de deux grands os , qui font très-dif- férentes entre elles. En un mot, il auroïit fallu plufieurs os confidérables pour faire les articulations & les mouyemens dont je viens de parler. L’Auteur -de la Nature y fait ad- mirablement fuppléer Partifice fingulier, quoique très-fim- ple , des Cartilages Semilunaires, lequel, auffi-bien que leur ufage, a été caché jufqu'ici aux plus habiles Mathémati- ciens, & aux plus curieux Anatomiftes, Cette Né 1) 3o Août. 171 9e 164 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE m'a aufli donné des ouvertures pour expliquer non-feule- ment celle des Cartilages mobiles de la Mathoire infé- rieure , comme M. Morgagni le fouhaite , mais encore le: jeu fingulier de toutes ces fortes de Cartilages , dont l'in- comparable Vefale a le premier fait le dénombrement; que: perfonne depuis n’a augmenté. SR QE 2 A (BAT Emo AD DRE 19 14 DE DEUX NOUVELLES PLANTES; Dont l'une ef? un CHARDON ETOILE',, Er l'autre une AMBRETTE. Par M. DANTY D'ISNAR&D. S I dépouillé de tous préjugés, on fe donne la peine de: comparer enfemble les Caraëteres que les Botaniftes méthodiques ont aflignés aux divers genres qui compofent fa famille des Plantes que M. Vaillant appelle Cynaroce: hales,on trouvera que ceux qu'il a donnés l’année derniére à cette Académie, font incomparablement mieux établis que les caraéteres des autres Auteurs. Eonvaincu que je fuis de cette vérité, par ma propre expérience , je me fens obligé de fuivre fa méthode , pour pouvoir avec facilité & ecrtirude rapporter à leurs véritables genres les efpécesque je vais décrire, & que J'ai fait graver ,ne féachant pas qu'au: cun Auteur en ait parlé , fi ce n’eft de la derniére que M.. Vaillant a nommée comme je le dirai enfuite. J'ai donné à cette nouvelle efpéce de Chardon étoilé: le nom de Calcitrapoïdes procumbens ; Cichorii folio , flore purpuraftente: Cette Plante eft vivace, onla cultive depuis deux ans au Jardin Royal des Plantes Médecinales de Paris ; fes fez- mences y ayoient été envoyées de Hollande, DES SCIENCES. 165 - Sa raëine eft d’un blanc-fale en dehors, plus blanche en dedans, épaiffe à fon collet a d'environ fix lignes , fe parta- geant un peu au-deflous er plufeurs parties ondées,, lon- gues d’un pied, accompagnées de fibres tortues , qui font garnies de quelque chevelu: + Cette racine pouffe plufieurs tiges difpofées en rond , à demi-couchées par terre, longues d’un pied , quelquefois plus, d’autres fois moins , quarrées pour l'ordinaire, épaiffes d’une ligne & demie à leur naïffance , allant de-là un peu en diminuant jufqu’au-deflus de leur partie moyenne, où elles commencent àfe renflerinfenfiblement, & acquérent deux lignes, & nrême jufqu’à deux lignes & demie de dia- métre à leur extrémité. Leurs faces font vertes, fillonnées felon leur longueur , dont les angles font le plus fouvent teints d’un rouge brun. Ces tiges font creufes ou fifluleu- fes , parfemées de poils blanchätres qui les rendent un peu rudes au roucher, les plus longs de ces poils ont environ: deux tiers de ligne. Chaque tige eft accompagnée de feuilles fans queue’, difpofées alternativement; des aiffelles de la plüpart de ces feuilles part une branche. p Les plus grandes feuilles font celles qui occupent le bas - des tiges qu'elles embraffent à demi ; elles ont jufqu’à qua- te à cinq pouces de long , fur quatorze à quinze lignes de large, & reffemblent affez bien aux feuilles de la Cicho- t rée fauvage; leurs feuillets regnans fans interruption de- - puis la bafe jufqu'à la pointe de la carene, ou grofle côte ; qui en fait le partage , & donne de chaque côté des ner- “ vures qui s'étendent jufqu'au bord des feuillets. Ces ner-- | “vures & la côte d’où elles partent , forment par deffous a …. feuille des côtesarrondies, & par deflus elles font creufées - “defillons. Chacune de ces grandes feuilles fe découpe af- « fez profondément fur les côtés en deux outroislobes cèc oblongs, étendus enforme d’aîles , enfuite elle fe termine L. par deux grands lobes #, d, qui conjointement repréfentent . “un. fer de pique ; longsd’environ deux pouces fur quatorze: X üj, 166 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à quinze lignes de largeur, dont le contour eftgarni de dix à douze dents de fcie d’inégale grandeur, vers la pointe defquelles vont fe terminer la*plus grande partie des ner- vures , l’autre partie étant difiribuée aux lobes, dans chacun defquels on en remarque une qui le partage en deux fe- lon fa longueur. La forme de la plüpart des autres feuilles, tant des tiges que des branches , eft à peu près la même ; mais plus ces feuilles font éloignées de celles qui accom- pagnent le bas de la tige , plus elles font petires & moins découpées; les derniéres qui pour l'ordinaire font les moin dres, terminent le haut des tiges & des branches, d’où for- tant au nombre de quatre ou cinq, & quelquefois de fix à fept, elles forment une efpéce de fraife fous la bafe du calyce de chaque fleur, ces feuilles ayant la plüpart un pouce de longueur fur trois lignes de largeur, lesunes font entiéres, & les autres feulement garnies de quelques dents, Toutes ces feuilles font un peu âpres au toucher , à caufe qu’elles fe trouvent parfemées de poils blanchätres , Longs d’une demi-ligise. La couleur de ces feuilles eft d’un verd mat, plus foncé en-deflus qu’en-deflous. -Les fleurs de cette Plante paroiffent en Juin & Juillet, elles font purpurines , n’ont que fort peu d’odeur & fortent immédiatement & direétement de l’extrémité des tiges & des branches, fur chacune defquelles on n’en voit jamais qu’une feule. Chaque fleur 3 eft à couronne; elle a quinze à dix-fept lignes de diamétre, dont le difque en emporte environ fix & la couronne le refe. | Cette couronne f eft formée de quinze ou dix-huit fleu- £ons neutres, coudés chacun $ en équerre , à trois ou qua- tre lignes au-deflus du faux germe g , & à cinq ou fix du bord du pavillon. La partie du fleuron qui fe trouve au- deffous du coude ; , & qui fait à peu prèsles deux tiers de la longueur du tuyau de ce fleuron , eft blanche & renfer- mée dans le calyce , & celle qui fe trouve entre ce coude i & le pavillon # du fleuron, tient un peu de la couleur pus: purine de ce pavillon, DES SCIENCES. 167 * On ne peut guère mieux Comparer l'ouverture de ce pavillon‘ # qu'à une gueule béante dont les babines font . Tongues d'environ trois lignes , la fupérieure étant fendue ordinairement en quatre lanieres égales, & quelquefois en trois feulement à deux lignes de profondeur, & l’inférieure toujours en deux. Le difque k eft compofé de quarante à quarante-cinq fleurons réguliers & hermaphrodites 4 longs de fix à fept lignes , dont le tuyau / qui eft blanc, cylindrique , & tota- lement plongé dans le calyce, en a environ trois, fur letiers d'une de diamétre, le pavillon men a quatre fur une d’épaif- feur. La partie faillante ou fupérieure de ce pavillon eft urpurine , peu évafée & découpée en cinq lanieres égales + "he de deux lignes, la partie inférieure eft blanche en- tiere, cachée ou enfoncée dans le calyce. La gaine # friée cylindrique , formée par l'union des fommets des cinq éta- mines qui partent des parois intérieurs du pavillon, eft d'un blanc fale, tirant un peu fur le jaune. Cette gaine déborde l'ouverture du pavillon d'environ une ligne, & après que les fommets fe font ouverts pour répandre leur pouffiere fur la trompe de l'ovaire, pour lors cette trompe achevant d’enfiler la gaine, celle-ci fe trouve furmontée à fon tour de près d'une ligne par l'extrémité o de celle-là, qui eft.or- dinairement fourchue & teinte de purpurin en cet endroit. Chaque fleuron fe trouve engagé par le bas dans une couronne p de poils blancs, qui orne la tête de l'ovaire, fur laquelle porte immédiatement ce fleuron. Cet ovaire 9 & fes femblables font pofés fur un placenta 8 hériffé de poils blancs longs de trois lignes, entre lefquels les ovaires & les faux germes fe trouvent nichés. Toutes ces parties font contenues dans un calycer écail- leux, de forme conique, d'environ fix lignes. de long fur plus de cinq lignes de diamétre vers fa bafe, qui eft un peu convexe. Ses écailles font d’inégale longueur, rangées en fpirale , les inférieures qui font les plus courtes , ont deux à trois lignes, & les fupérieures plus de cinq. Le pureau LA 163 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE ou la partie apparente de ces écailles eft pyramidale, verte, bordée de blanc, longue de deux à trois lignes, terminée ou becquée de plufieurs aiguillons fort foibles, blancs-fa- les , difpofés en rayons ou en main ouverte , étendus hori- fontalement , dont celui du milieu, qui eft le plus long, a environ une ligne. Le nombre des aiguillons de chaque écaille n’eft pas déterminé , la plüpart en ont fept, entre celles du bas du calyce, lesunes font becquées de trois, & les autres de cinqaiguillons. Lorfque les ovaires font mûrs, ils deviennent de cou- leur cendrée ayant chacun 9 une ligne & demie de lon- gueur, fur une ligne d’épaifleur; leur couronne /f’eft peu ouverte, formée de poils blancs , longs de plus d’une ligne. Les racines, les tiges, les feuilles & les fleurs de cette Plante étant machées féparément, fe trouvent également ameres; elles laiflent enfuite une légere aftriétion dans la gorge. Leur fuc rougit le Papier bleu. Calcitrapoïdes vient de Calcitrapa, comme fi on difoit ; Plante qui a du rapport au Calcitrapa, Explication des Figures qui repréfentent une nouvelle efpéce de Chardon étoilé, fes différentes parties. 1, La Plante entiere, réduite au tiers de fa grandeur natu- relle. 2 , Une des moyennes feuilles , ou de celles qui occupent la partie inférieure des tiges. Les parties fuivantes font grandes comme nature. 3» La fleur. 43 Un fleuron du difque portant fur fon ovaire, $ ; Un fleuron de la couronne portant fur fon faux germe, € , Une écaille vie de profil. 7 ; Une autre écaille couchée fur le dos, 8 » Une Men. de LAcad. F7 DOVE. 9- pag16#. 0 2. 2 | : 4 = / \ | \ ; : | J S Ù au SQ Ÿ- = | ERR prit Polo , flore pPuUrpurascente . PR EST EE à | A} I LR ANSE Caleirapoides prec umbens , Cichoru Je = Lo . Flor- e pPurpurascente Ë DES SCIENCES. 169 @ , une moitié du placenta hériffé de poils, entre fefquels fe voient des cavités qui contenoïient des ovaires, &c où on voit aufli deux ovaires qui rempliffent de pa- reilles cavités. 9» un ovaire mûr, chargé de fa couronne. Defcription d'une nouvelle efpéce d'Ambrette. Amberboï Eruce folio, minus. D. Lippi. La racine 4 de cette efpéce d’Ambrette ef fimple, un peu tortue , longue de deux ou trois pouces, épaifle à fon collet 6 d’environ deux lignes; de-là diminuant infenfible- ment , va fe terminer en filete, & donne d'efpace en ef- pace quelques fibres capillaires. Son écorce eft d'un blanc- fale , elle couvre un corps ligneux qui ef plus blanc. De cette racine part une tige d ailée par intervalles, branchue d'efpace en efpace , laquelle s’éleve de neuf à onze pouces, & qui de fon origine, où elle a environ deux lignes de groffeur , va infenfiblement en diminuant jufqu’à J'extrémité de {es branches & de leurs rameaux , de forte qu'ils n’ont en cet endroit qu’un tiers ou un quart de ligne d'épaifleur. Cette tige eft folide ou pleine , verd-pâle , le- gérement friée dans toute fa longueur , parfemée de poils blancs-fales , dont les plus longs n’ont pas une ligne. Étant coupée , fon intérieur paroit d'un verd plus clair & plus blanchäâtre que celui de l'écorce. Les feuilles de cette Plante font d’un verd mat , aflez foncé en deflus, & plus pâle en deffous ; elles font prefque plates , minces , fans queue , difpofées alternativement, & ie de poils blancs-fales; les grandes accompagnent e bas, & la partie moyenne de la tige & des principales branches; les petites feuilles garniffentlerefte.Lesbranches & les rameaux partent chacun de l’aiffelle d’une feuille. Æntre ces grandes feuilles qui refflemblentaffez bien à celles de quelque efpéce de Roquette, il s’en rencontre qui ont jufqu'à trois pouces ou trois pouces & demi de longueur, Mem. 1719. 2 Septemb. 1719 170 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fur un pouce ou quinze lignes de largeur , fe découpant de: chaque côté très-profondément , les unes en quatre, & les autres en cinq lobes eeee , qui ont fix à fept lignes de lon- gueur, fur trois à quatre de largeur, recoupés chacun en: plufeurs parties un peu arrondies & terminées par une pointe d’un verd jaunâtre & comme féche , très- courte , & qui ne pique pas ; les deux grands lobes 2, qui conjointe- ment terminent chaque feuille , font aufli recoupés dans leur contour, en plufieurs parties qui ne différent en rien: de celles des autres lobes : les aîles ondées & denrelées qui: fe remarquent en quelques endroits de la tige & des bran- ches , femblent appartenir à ces feuilles , n’étant que des appendices de leurs feuillets. Ea plüpart des petites feuilles confervent affez bien la forme des grandes , quoique leurs feuillets n'aient pas tant de découpures : entre les feuilles qui garniffent le haut des branches & des rameaux , il s’en: trouve qui ont depuis deux jufqu'à neuf lignes de longueur fur une demi-ligne jufqu'à une ligne & demie de largeur; dont quelques-unes fe trouvent fimplement dentelées, &t quelques autres font entiéres; ces derniéres reflemblent à des feuilles de Linaire: | La côre ou la carene f de toutes ces différentes fortes. de feuilles , & les nervures qu’elle diftribue dans leurs feuil- lets , font d'un verdblanchâtre ; elles forment des fillons en deflus & des côtes arrondies en deffous.. Les fleurs de cette Plante n’ont prefque point d’odeur; elles font colorées de gris de lin , à couronne de fleurons neutres : la tige, les branches & les rameaux n’en donnent. Jamais à leur extrémité qu’une feule chacun, laquelle eft diflante tantôt de fix lignes & tantôt d'un pouce & demi de la derniére feuille. Le diamétre de chaque fleur 3'eft d'environ neuflignes,. dont le difque g en emporte ordinairement deux lignes & demie à trois lignes de diamétre : ce difque g eft compofé de quinze ou dix-huit fleurons $ , réguliers & hermaphro- dites , longs de trois lignes, faillans hors du calyce de deux. DES SCIENCES. 177 tiers de ligne, qui eft à peu près la longueur des découpu- tes de leur pavillon & la moitié de fa profondeur ; l’autre moitié qui eft blanche, aufi-bien que fon tuyau cylindri- que , qui a environ une ligne & demie de long, fur pref- que la cinquiéme partie d’une ligne de diamétre , font plon- gés dans le calyce. Ce pavillon; eft aufli cylindrique , dé- coupé en cinq lanieres égales , gris de lin, il s’évafe fort peu, & n'a qu'environ une demi-ligne de diamétre; le bout de fes découpures , ou de fes cinq lanieres, fe roulent & fe recoquillent en dedans. De la partie inférieure & in- terne de ce pavillon, s’élevent cinqétamines, dont les fom- mets forment par leur union une gaine cylindrique, friée, longue d’une ligne & demie, épaiffe d’un quart de ligne , enfoncée d’une demi-ligne dans la bouche du pavillon , cette partie enfoncée eft blanche, & le refte qui déborde cette bouche eft couleur de pourpre. . Le bas de chaque fleuron porte fur un ovaire k blanc, haut d'environ demi-ligne fur un tiers de ligne d’épaiffeur , dont la tête eft chargée d’une couronne antique qui n’a guere plus de hauteur. De la têre de l'ovaire partunetrompe capillaire, laquelle après avoir enfilé le fleuron & la gaine, déborde enfin celle-ci d'environ demi-ligne , y compris fes deux cornes / qui font teintes en gris de lin. Dix à douze fleurons neutres 4 & irréguliers portans chacun fur un faux germe", forment ordinairement la couronne de cette fleur , le tuyau # de chaque fleuron eft blanc, cylindrique , long de deux lignes , du diamétre de plus de la cinquiéme partie d’une ligne, totalementenfoncé dans le calyce , rerminé par un pavillon o long de trois lignes & demie à quatre lignes , large de deux dans fa partie antérieure. Ce pavillon eft une efpéce de gueule prefque clofe, dont la babine fupérieure eft fendue à une ligne en- decà de l’origine du pavillon, en trois lanieres à peu près égales , & quelquefois en deux. La babine inférieure p eft entiere , tant foit peu plus courte que la fupérieure , & un peu plus large que ne font fes lanieres. Yi 472 MEMOIRES DE L’'AÂCADEMIE ROYALE Le Placenta eft hériffé de poils blancs , longs de deux li gnes ou deux lignes & demie,entre lefquels les ovaires font nichés. Toutes ces parties font contenues dans un calyce écail- leux , pyriforme , long d’environ quatre lignes fur deux lignes & demie ou trois lignes de diamétre dans le fort de: fon épaiffeur’, qui eft vers fa bafe. Ses écailles 6, font oblon- gues , entieres , vertes fur le dos , blanchâtres fur lesbords, chargées de poils tirans fur le blanc, & terminées par un becquillon fec 4, long d’environune ligne, couleur de bois, dont la bafe eft brune. Ces écailles font luifantes & comme argentées du. côté qui regarde la cavité du calyce. Les plus grandes € n’ont qu'environ deux lignes & demie de lon- gueur entre le becquiilon 4 & la racine de l'ongle , fur prefque une ligne de largeur. Les ovaires 7. 8 , étant dans leur parfaite maturité , font de figure conique, couleur de bois, velus, cannelés felon: leur longueur, qui n’eft que d’une ligne , fur moitié moins de diamétre à leur bafe, fur laquelle porte la couronne anti-- que. Cette couronner eft pour lors ouverte d'une ligne & demie ; fes rayons font blancs, luifans, inégaux ,:les plus longsayantdeuxtiersde ligne , & les plus courts un quart feulement. On remarque à la pointe de l'ovaire une petite cavité dans laquelle s’articuloit le mammelon fiftuleux d'où: partoit le cordon. ombilical qui fournifloit la nourriture à la: femence que cet ovaire contient. Cette Plante eft annuelle, elle fleurit en Juin & Juillet ,, & donne des femences mûres dès le commencement de: ce dernier mois. Ayant maché de fes feuilles, je les trouvai d’abord d'un: goût défagréable , enfuite de quoi elles me laifferent dans: la bouche une faveur un peu acide. Le fuc des racines, des feuilles & des fleurs rougitle pa-- pier bleu. | Feu M. Auguftin Lippi, Médecin de la célebre Faculté: de Paris, a découvert cette Ambrette en. Egypte, entre Alexandrie & Roffette. à 3 : à È à # =S Ÿ FE dE | y cu 8 Mer dm ? DÉS SCIENCES. 173 Amberboï eft le nom que les Turcs ont donné à quel- ques efpéces de ce genre. Explication des Figures qui repréfentent une nouvelle efpéce d'Ambrette, © fes différentes parties. 3. La Plante entiere réduite:aux deux tiers de fa grandeur naturelle. Les parties fuivantes fônt grandes COMME RATUT 2, une des grandes feuilles. 3, la fleur. Lie 4; un des fleurons neutres de Îa couronne , qui porte fur un faux germe. $', un fleuron du difque, portant fur fon ovaire. 6 , une des plus grandes écaïlles du calyce, armée de fon becquillon. 7; un ovaire vû de front. &, un autre ovaire panché de maniere que l’on re voit que le deffous de fa couronne. REFLEXIONS PHYSIQUES Sur le défaut © Le peu d'utilité des Analyfes ordinaires | des Plantes © des Animaux. Par M. LEMERY. PS:: répandre uh plus grand jour fur ce que j'ai à dire dans la fuite, je commencerai ce Mémoire par une-comparaifon qui me paroît venir affez bien au fujer. : Je propofe deux Edifices , qui ayent à peu prèsla même forme: extérieure , quoique conftruits avec des matériaux différens,, & différemment arrangés les uns par rapport Aux autres, Si pour découvrir cette différence de matériaux: Y üj, 2: Aoû 37196" 174 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royazre & leur arrangement différent dans l’un & dans l’autre Edifice, on s’avifoit de détruire chacun de ces Edifices, & d’en faire, s'il m'eft permis de le dire, une efpéce de dé- compolition ou d'Analyfe par le fecours d’un agent a@if& violent, qui bien loin de ménager les matieres fur lefquel- les il auroit à agir, & cela en ne faifant que les féparer les unes des autres, & les laiffant en leur entier après léur def union , ne feroit propre au contraire par la force & la vi- vacité naturelle de fon mouvement qu’à les réduire en peu de tems en poufliere ; dans cette efpéce de cahos où tout fe trouveroit non feulement confondu , mais encore con- fidérablement altéré, feroit:l bien poffible de diftinguer & de reconnoitre la nature & la différence des matériaux qui feroient entrés dans la compofition de chaque Edifice ? Ne ourroit-il pas même arriver que la poufliere réfultante de la démolition d'un Edifice paroitroit femblable à celle de l'autre Edifice ? D’où l’on ne manqueroit pas de conclure que les deux Edifices auroient été bâtis avec les mêmes matériaux, quoiqu'ils l’euffent réellement été avec des matériaux différens. Voilà à peu près l'image & la repréfentation de ce qui fe paffe dans les Analyfes ordinaires des Plantes & des Ani- maux : le feu qu’on employe pour ces fortes d'opérations eft l’agent vif & a&tif dont il a été parlé; il ne ménage au- cune des fubftances foumifes à fon ation; ilnetarde guere à les broyer, a les atténuer, &, s’il m'eft permis de le dire, à les réduire en une efpéce de poufiere; & foit par le trou- ble , la confufon & le dérangement, foit par les parties nouvelles qu'il porte & introduit dans les différentes fub- flances du Mixte, il donne lieu à la formation de nouveaux compofés , qui différent fouvent très-fort de ceux qui habi- toient naturellement dans ce Mixte; c’eft apparemmentpar les raifons déja alléguées, & par un certain déguifement que le feu apporte aux différentes parties des Plantes & des Animaux, qu’il arrive fouvent que deux Plantes dont l’une ef très-falutaire & l’autre un poifon, & dont la com- 22 DES SCIENCES. 175 pofition naturelle eft par conféquent très-difiérente, fe ref- femblent néanmoins très-fort par les fubflances qu’on en retire, & par la quantité de ces fubftances ; de maniére que fi on ne connoiïfloit pas d’ailleurs leurs qualités , on feroit tenté de croire , en vertu de lAnalyfe , qu’elles feroient les mêmes. Quand je dis que le feu change & déguife fi fort les fubftances qu’on retire des Mixtes, je ne prétends pas don- ner ces fubftances pour des principes ; ni faire croire que les principes dont les Mixtes font compofés, foient altéra- bles par le feu. Ce qui a donné lieu à cette opinion, c’eft que certaines fubftances à qui l’on donne communément & mal-à-propos le nom de principes , reçoivent véritable: ment par le feu l’altération & le déguifement dontil s’agit; mais je prouverai une autre fois , en examinant quels font les corps qui méritent en bonne Chymie le nom de prin- cipe, qu'il y a tout lieu d’affurer que ces corps ne chan- gent point de forme par lation du feu , ou plütôt que s'ils: font fufceptibles de quelque altération par cet agent, l’al-- tération ne tombe fur aucun des principes en particulier, mais feulement fur leur union , c’eft-à-dire , fur la maniére dont ils font liés les uns avec les autres, en telle forte que le feu peurbien changer la forme du compofé , en defunif- fant fes parties, & les arrangeant d’une autre maniére ; mais. il ne peut rien faire à celle du principe dont la folidité est. telle que fes parties ne peuvent être féparées , & par con- féquent dont la forme eft inaltérable. On dira peut-être que fi avant que de s'engager dans: Te grand travail des Analyfes, oneût bien examiné le fruie qu'on en pouvoit retirer pour la connoïffance des Mixtes, Finutilité du travail n’auroit pas manqué d’en faire évanouie le projet; ce qui auroit épargné beaucoup de peine , de: dépenfe, & fur-tout un tems confidérable qui auroit pû être mieux employé. Je réponds qu’on n'a été à portée de penfer jufte fur le compte des Analyfes que depuis qu’elles ont été faires; 8: 176 MEMOIRES BE L’'ACADEMIE ROYALE qu'on a püen confidérer avec foin toutes lescirconftances, & les comparer les unes aux autres. La connoiffance de leur peu d'utilité étant donc le fruit de l'expérience , il fal- “loit, pour en être convaincu , & pour être en état de dé- couvrir en quoi confiftoit leur défaut ; il falloit, dis-je que ces expériences euffent été faites ; & quand bien même on auroit pû prévoir avant ce tems-là tout ce que l’expérien- ce a fait reconnoître depuis , les raifons qui auroïent été alléguées pour détourner du travail des Analyfes, n’au- roient tout au plusété regardées que comme de fimples con- jeétures , incapables de captiver & de fixer la confiance , & qui n’auroient pas même tenu contre l'idée des avantages que le public prétendoit tirer du travail dont il s’agit. En- fin, comme ces conjeétures n’auroient pù être vérifiées que par Le travail même des Analyfes, il auroit toujours fallu les faire , avec cette feule différence qu’elles feroient venues après les conjedures, & qu’elles en auroientété en quelque forte la confirmation , au lieu que dans le cas pré- {ent elles ont précédé & fait naître nos réflexions. Aurefte, quand toutes les Analyfes qui ont été faites, ne £erviroient qu’à nous détromper de ces mêmes Analyfes, & à nous indiquer ce qu’on en doit penfer, ce feroit toujours là un avantage qui dédommageroit aflez du tems & des foins qu'elles auroient couté ; mais ce qui contribue encore à juftifier ce travail , c'eft qu'en examinant le recueil de ce qui a été fait fur une longue fuite de Mixtes, on y trouve un grand nombre de faits curieux , dont on eft redevable au projet des Analyfes , & qui pourront avoir leur utilité dans la fuite. L’exécution de ce projet ayant donc fuffifamment fait connoiître le peu de fruit qu’on peut retirer des Analyfes ordinaires, & ne laiffant plus aucun lieu d'en douter, ce n’eft point là ce que je me fuis propofé d’examiner , & de faire voir dans ce Mémoire. Je fuppofe le fait, que je re- garde comme certain & inconteftable , & j'en cherche la raifon ou la caufe phyfique dans la maniére même dont on *; DES SCIENCES. . 177 ona coutume de faire les Analyfes, c’eft-à-dire, dans la violence & l’ativité du feu, qui eft l’agent qu’on emploie pour cela, dans le dérangement, le trouble & la confufion qu'il porte dans toutes les parties du Mixte. Nous avons déja donné une idée & une explication de ce trouble & de ce dérangement au commencement de ce Mémoire ; mais comme cette idée ou cette explication eft un peu générale, & qu’elle a befoin elle-même d’être prou- vée & éclaircie par un examen plus précis de l'altération particuliére qui furvient à chacune des fubftances du Mixte, J'entrerai d’aurant plus volontiers dans cet examen > qu'en. confidérant de plus près en quoi confifte le défaut des Ana- lyfes ordinaires, nous acquerrons par-là desidées plus cor- reétes fur cette matiére , & nous parviendrons peut-être à imaginer & exécuter d’autres efpéces d’Analyfes plus lor- gues à la vérité que les premiéres, mais auffi plus exaétes, exemptes de leurs inconveniens > & beaucoup plus pro- pres à nous faire connoître l’intérieur des Mixtes. Pour juger fainement du changement que le feu ap- Porte aux différentes parties d’un Mixte analy£é à la manié- re ordinaire , il ny a qu'à confidérer chacune de ces parties dans leur état naturel, & comparer cet état à celui qui leur furvient , quand elles ont paffé par le feu : deux fortes de fubfances dans les Plantes & les Animaux méritent parti- culiérement notre attention , l’une eft leur partie faline , l'autre eft leur partie graffe. … J'ai déja dit que je ne prétendois pas donner ces fub- flances pour des principes ; & en effet , en déclarant ce que je penfe fur les principes chymiques , je ferai voir que _chacune de ces fubflances fe réfout en différentes parties ; quine font pas elles-mêmes des principes ; mais toutes com- pofées qu’elles font, il eft important , pour la connoiffance de la vertu des Mixtes » de les retirer & de les connoitre telles qu’elles habitent dans ces Mixtes > c'eft-à-dire, dans leur entier, & nullement défigurées ; car c’eft ainfi qu'elles agiflent immédiatement fur nos liqueurs ; & cette adion Mem. 1719. 178 MEMOIRES DE L’ÂCADEMIE ROYALE ne dépend pas en particulier de telle ou telle partie dont elles font compofées , mais de lPunion totale de toutes ces- parties , d’où réfulre certaines mafles , dont les effets font: fouvent très-différens de ceux de chacune de leurs parties, foit qu’on les confidere en particulier , & agiflant de cette: maniére , foit qu’on les fuppofe fimplement mêélées & con- fonduesenfemble, mais non pas étroitementunies, comme elles le font dans le Mixte. Il eft donc clair qu'on ne peut apporter trop de foin pour connoître ces maffes dans leur état naturel , & pour les retirer autant entiéres qu'il eft pof- fible, Et fi l’on veut enfuite entrer dans l’intérieur de ces: malles féparées du refle des parties du Mixte ; c’eft feule-- ment alors qu’on pourra les analyfer avec fruit, comme. nous le prouverons clairement, quand il s'agira de ces fortes d’Analyfes. Je compare ces mafles aux matériaux des Edifices que: nous avons propofés pour exemple au commencement de: ce Mémoire ; car pour connoître la compofition intérieure de ces Edifices ,il ne fuffit pas de les détruire ,en rompant: l'union de leurs matériaux, il faut encore que ces matériaux. foient retirés en leur entier, du moins ne doivent-ils point. être méconnoiffables de ce qu’ils étoient dans l'Edifice mê-- me, ou avant la conttruétion de l’Edifice, fans quoi ils ne nous donneront jamais qu'une idée fauffe ou obfcure dela compofition intérieure du batiment: c’eft aufli ce que font: les différentes fubftances extraites des Plantes ou des Ani- maux par le procédé ordinaire des Analyfes ; car on va voir par l'examen de chacune de ces fubftances, que bien loin: de rapporter après l'Analyfe & au fortir du Mixte la forme extérieure qu’elles avoient dans le Mixte , elles deviennent: fouvent fi différentes de ce qu’elles y étoient , & acquiérent- des vertus {i oppofées à celles qu’elles y avoient, qu’on au- roit de la peine à croire cette diflérence, fi l'expérience: ne nous forçoit en quelque forte à le faire. La partie faline des Plantes & des Animaux y habite: communément fous la forme d’un fel concret, dont ils’y en trouve de plufieurs eipéces.. DES SCIENCES. 179 J'ai remarqué, en examinant un grand nombre de ma- téresanimales, & cela à l’occafon du travail que j'ai fair furle Salpêtre, & dont j'ai déja donné deux Mémoires en 4717 ; j'ai, dis-je, remarqué que ces matiéres contenoient une grande quantité de Sel ammoniac, c’eft-à-dire , un fel de la nature de celui qu’on peut faire , en joignant enfem- ble un acide & un fel volatil; de l'efprit de Sel, par exem- ple,& du fel volatil de corne de Cerfou de Viperes. J'ai de plus obfervé que l'acide du Sel ammoniac naturel con- tenu dans lesmatiéres animales, dont il a été parlé , étoit ni- treux , c'eft-à-dire , pareil à celui qu'on tire du Salpêtre, en telle forte qu’on pourroit , par une fuite d'opérations, dé- pouiller fi bien cet acide des matiéresgraffes qui l’enve op- pent naturellement dans l'Animal, qu'il fût réduétible en une Jiqueur ou efprit de Nitre qui ne différeroit en rien de lefprit de Nitre ordinaire. Enfin, les mêmes matiéres animales for lefquelles j'ai fait mes obfervations , ne m'ont laiflé aucun lieu de douter qu’elles ne continffent une petite quantité à la vérité de véritable Salpêtre , c’eft-à-dire , d’un fel fem- blable à celui qu’on formeroit de l’union de l'acide de l’ef- prit de Nitre & d’un fel fixe alkali. En un mot, dans ces matiéres où l'acide nitreux fe trouve en très-grande quan- tité ; quoique fibien enveloppé , que fans beaucoup d’in- dufirie & de travail, on ne peut l’obliger à fe manifefler ; dans ces matiéres , dis-je, la plus grande partie de l'acide dont il s’agit fe trouve jointe à une matiére volatile » & forme un Selammoniac , & une petite portion de cet acide eft arrêtée par une matiére fixe , & forme du Salpêtre. Outrele Sel ammoniac nitreux & le Salpêtre contenu dans toutes les matiéres animales que j'ai examinées > J'ai -encore retiré de quelques-unes de ces matiéres avec beau- coup de facilité une quantité affez confidérable de véritable Selcommun, toutfemblable au Sel commun ordinaire = smaisil ne m'a point paru qu'aucune deces matiéres contint un Sel ammoniac fait avec l'acide de ce Sel. Jene nie pout-= tant pas le fait; je crois feulement être en We d'avancer; - 1 “80 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE en conféquence de toutes les expériences que j'ai faites fur lés matiéres animales, que la plus grande partie de leur Sel ammoniac ef nitreux, & que s'il y en a quelque portion formée par un autre acide, elle y eft en bien moindre quantité que celui du Nitre : mais enfin de quelque nature que foit l’acide contenu dans les Animaux, il a déja été remarqué que la difficulté qu'il y a àle faire paroître, prou- voit aflez qu'il y eft forrement enveloppé;& comme l'acide nitreux y forme naturellement ou un Sel ammoniac, ou un Salpêtre , fuivant la nature des matiéres dans lefquelles il eft engagé, il y a lieu de croire que tout autre acide y efkcaché, du moins pour la plus grande partie, fous les mêmes enveloppes ; ce qu’il fufit de fçavoir pour l’intelli- gence de ce qui fera dit dans la fuite. Le Sel ammoniac n’eft pas auffi common dans les ma- tiéres végétales que dans les animales; il ne laiffe pourtant pas que d'y en avoir ; mais ce qui s’y trouve en beaucoup plus grande quantité , c’eft unfel concret , dont la matrice ou la bafe eft une matiére fixe; & comme il y a en effet plus de matiéres fixes & rerreufes dans les Plantes , & plus de mañéres volatiles dans les Animaux, l'acide qui dans les. Plantes forme ordinairement un fel de la nature de celui qui réfulteroit du mêlange artificiel de cet acide avec un fel fixe, produit au contraire dans les Animaux, comme ik a déja été dit, un fel femblable à celui qu’on pourroit faire; en joignant enfemble un acide & un fel volatil. Cela étant, en ne doit point être furpris, s’il y a dans certaines Plantes infiniment plus de Salpêtre qu’on n’en trouve dans aucune matiére animale , & s'il y a plus de Sel ammoniac nitreux dans les matiéres animales en général , qu'il n’eft poffible d’en trouver dans aucune Plante. Nous avons expliqué dans notre fecond Mémoire fur le Nitre , comment le Salpêtre des Plantes devenoit Sel ammoniac nitreux dans les Ani- maux ; & comment le Sel ammoniac nitreux pouvoit re- devenir Salpêtre dans les Plantes. Mais le Salpêtre & le Sel ammoniac nitreux ne font pas: Ds SETENCES _ #81 la feule efpéce de fel concret contenu dans les Plantes ;äl s’y en trouve encore d’autres efpéces formées à la vérité par une matrice femblable, c’eft-à-dire, fixe ou volatile,mais par un acide d’une autre nature, tel par exemple, que ce- lui qui a été retiré ou du Vitriol ou du Sel commun ; & tous ces fels contenus en différentes Plantes forment diffé- rentes claffes de fels effentiels qui ont des propriétés & des effets différens, fuivant l’efpece d’acide qui donne à chacun d'eux fa forme faline. Je n’entrerai pas plus avant dans ce dérail pour le préfent , je remarquerai feulement qu'entre ces fels il y en a dans lefquels l'acide eff fi bien enveloppé dans fa matrice, qu'étant mis fur la langue , ils n’y excitent qu'une impreffion de falure & nullement d’acidité; & qu'en les mêlant avec un fel alkali, il ne fe fait ni fermentation: ni jonCtion des deux fels ; tel eft le fel eflentiel de la Bou- roche, celui du Pourpié, qui, à proprement parler, fontun: véritable Salpêtre ; mais il y a d’autres Sels effentiels dont les acides moins profondément engagés dans leur matrice. reffortent en quelque forte au dehors , & y préfentent cha- eun l'extrémité d’une de leurs pointes, qui fe trouvant li- bres-par cet endroit, excitent aufli par-là une impreflion: d’acidité fur la langue , où les fels dont il s’agit ont été po- fés: c’eft par la même méchanique que ces fels fermentent & s’uniflent avec les fels alkalis; nous trouvonsun exemple de cette efpéce de fel dans le cryflal de Tartre. .… Après avoir examiné le caraëtere , l’état & la compolfi- tion naturelle des fels qui fe trouvent ordinairement dans les matiéres végétales & animales, voyons préfentement ce qu'ils deviennent quand ils ont paflé par le feu, communé- ment employé dans les Analyfes ordinaires ; & commen- cons par le Sel ammoniac contenu dans les Plantes & dans les Animaux. Hit Comme les deux parties. dont ce fel ef compofé font toutes deux de nature à pouvoir être enlevées par le feu. foit qu’elles foient féparées , foit qu'elles foient unies ,.en: telle forte qu'après avoir été élevées, elles confervent tou- Zi / 182 MEMOIRES DE L'ACADEMTE ROYALE jours l’union qu’elles avoient enfemble avant l’opération; il fembleroit que le Sel ammoniac qui habite dans les Plan- tes & dans les Animaux , devroit aufli monter de même par l’aétion du feu, c’eft-à-dire , en fon entier. Cependantil ne s'éleve point tel; il fouffre auparavant une défunion dans les parties donril eft compofé ; & chacune de ces par- ties montent féparément par la diftillation ; on remarque même dans l’Analyfe ordinaire des Animaux , que tout ce qui s’en éleve par cette voie n’eft ou ne paroît être qu'un fel volatil alkali, c’eft-à-dire, la portion la plus volatile du Sel ammoniac , féparée de l'acide qui fe manifefte fi peu dans les fubftances que le feu a faitélever, qu'on a été long- tems à croire que les matiéres animales n’en contenoient point, & que ce n’eft même que depuis peu qu’on s’eft ap- perçu du contraire , qui a été regardé comme une décou- verte d'autant plus curieufe , qu’elle détruitun préjugé fon- dé furles Analyfes d’un très-grand nombre de matiéres ani- males. Il eft donc vrai qu’en ne confidérant que ces Analy- fes , on tombe dans deux erreurs manifeftes ; l’une qu'il n’y a point d’acide dans les Animaux , quoiqu'il y en ait réel- lement beaucoup , comme je l'ai prouvé ailleurs ; l’autre que leurs fels y font fous la forme d’un fel volatil alkali, quoique l’on fçache d’ailleurs très-certainement que ces fortes de fels, comme les fels fixes alkalis , n’ont été rendus alkalis que par le feu qui les a décompofés à demi, en les privant d’une portion de leurs acides ; de maniére qu’en leur rendant ces mêmes acides , on les rétablit parfaite- ment dans le même état où ils éroient dans le Mixte avant qu'il eût fouffert l'aétion du feu. Nous nous fommes affez étendus fur cette matiére en d’autres Mémoires, pour nele pas faire davantage dans celui-ci. Il s’agit préfentement d'expliquer pourquoi l’Analyfe ne fait voir qu'une partie du Sel ammoniac contenu dans les Animaux, & ce que devient la partie acide de ce Sel; com- ment l’une fe fépare de l’autre ; & pourquoi elles ne s’éle- vent pas enfemble , comme il a coutume d’arriver dans la fublimation ordinaire du Sel ammoniac. DES SCIENCES. 183 Pourréfoudre toutes ces difficultés , je dirai d'abord que quand les circonftances font différentes ; les effets doivent aufi être différens. Par exemple; l'expérience nous ap- rend que les fels volarils alkalis font plus volatils, c’eft- a-dire , que le feu les enleve plus aifément que les parties de l’eau ; & cependant quand on fait la difillation de la Vipere, & d’un grand nombre d'autres matiéres animales, le phlegme qui tient moins au refte de la matiére monte d’abord & avant le fel volatil ; mais quand ce même fel volatil a été dégagé des efpéces de liens qui le retenoient & l’arrêtoient dans le Mixte, & qu'il eft queftion de le féparer du phlegme avec lequel il eft allé fe mêler & fe confondre dans le récipient , ce n’eft plus le phlegme, c’eft le fel volatil que le feu éleve , & fublime alors le premier. Ilarrive quelque chofe de femblable dans le cas du Sel ammonidc ; quand ce Sel fe trouve feul, qu'il ne tient à rien ,. & qu'il eft en quelque forte ifolé, le feu l'enveloppe & l'enleve tout entier fans beaucoup de peine , & fans être. obligé de s’y prendre à deux fois. Mais quand ce Sel eft dans-un Mixte, il eft alors intimement uni aux parties ter-- reufes du Mixte , qui le fixent & l’appéfantiflent, & qui lempêchent de céder auffi aifément à l’aétion du feu qu'il. auroit fait fans cela, de maniére que le feu ne pouvant pas emporter alors tout le fel, il en détache & en enleve la: portion la plus volatile & la plus facile à s'envoler ; ce qui: donne lieu à la partie acide de s’engager de plus en plus: avec la partie terreufe du Mixte , à mefure que fon fel vo- fatil Pabandonne. Ce raifonnement eft parfairement jufti-- fié par l'expérience, puifqu'en mêlant une quantité fuffi-: fante de matiére alkaline avec du Sel ammoniac ordinaire, & pouflant le tout par le feu, ce fel ne s’éleve plus en: entier , comme quand il eft feu ; c'eft feulement fa partie: volatile & alkaline qui céde d’abord & qui s'échappe, pen- dant que l'acide du fel s’incorpore profondément dans les pores de la matiére alkaline , dont il ne & dégage enfuire que par un effort du-feu plus confidérable que le précé- - 184 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE dent. Voilà précifément ce qui fe pafle dans la difillation ou l’Analyfe ordinaire d’une matiére animale : car le feu qu'on a coutume d'employer pour cette opération , fuffit bien pour dégager le fel volatil, le phlegme & une bonne partie de l'huile ; mais il ne fuffhit pas pour l'acide, fur-tout depuis qu'il eft plus profondément engagé dans la partie terreufe du Mixte ; & c’eft pour cela qu’on n’en apperçoit point dans les portions différentes, quife fontélevées pen- dant l’Analyfe ; ous'il y ena, c’eft en fi petite quantité, & il eft fi fort enveloppé dans les mariéres huileufes, qu'on ne peut le découvrir: & ce qui prouve la vérité de ce raï- fonnement- ci, c’eft que fi on poufle la matiére par une vio- lence de feu plus conlidérable que celle que l’on a coutume d'employer, il s’éleve alors une liqueur qui donne desmar- ques fenfibles d’acidité ; & on obferve en cette occalionun fait affez curieux , qui a-été déja remarqué par feu M. Homberg ; c’eft que les acides , dont il eft queftion , après avoir été obligés de céder à l’effort du feu, fe rendent & fe retrouvent dans la même liqueur avec les fels alkalis qui leur étoient unis auparavant ; & malgré le nouveau mê- lange de ces acides & de leurs fels alkalis dans le même lieu , il ne fe fait ni fermentation fenfible, ni réunion de deux corps qui y confervent chacun leurs propriétés parti= culiéres , l’un d'acide, l’autre de fel alkali. M. Homberg prétend que c’eft au peu de phlegme con- tenu dans le mêlange, qu’on doit attribuer cette particula- rité, d'autant qu’on voit fouvent en pareil cas des acides &c desalkalis demeurer enfemble dans l’inaétion ; mais je crois auffi que les parties huileufes qui fe trouvent répandues dans la liqueur, & dont quelques-unes ont pû contraéter une union particuliére avec les acides pendant l'opération, ce qui empêche peut-être d’en pouvoir bien diftinguer le caractere, comme il fera dit dans la fuite , que ces parties huileufes , dis-je , en enveloppant les acides, contribuent beaucoup à empêcher leur aétion fur le fel volatil alkali, Et en efler , fi ôn n’avoit égard qu'à la raifon alleguée par DES SCIENCES. M. xs M. Homberg , on auroit de la peine à répondre à une diff- culté , c’eft qu’il y a fouvent aflez de parties aqueufes dans la liqueur , pour qu'il s’y fit au moins quelque petite ébul- lition, qui feroit bientôt fuivie d'une réunion fenfible des acides & des alkalis. Comme il y a tout lieu de croire que dans l’Analyfe des Mixtes chargés deSelammoniac la décompofition de ceSel ne fe faitalors qu’à proportion des parties fixes &c terreufes contenues naturellement dans ces Mixtes, je me fuis ima- giné que les matieres animales qui abondent particuliere- ment en parties volatiles , pourroient bien ne pas contenir affez de parties terreufes pour toute la quantité du Sel am- moniac de ces matieres , & par conféquent que tout ce Sel ammoniac ne fe décompofoit point dans l'opération de FAnalyfe,mais qu'unepartie oureftoitayecle caput-mortuum de la matiere , ou perdoitune mediocre quantité de fes aci- des, & devenant en cet état moins volatile à la vérité que les fls volatils plus dépouillés d'acides , mais plus volatile auffi que le Sel ammoniac qui n’en a perdu aucuns, tenoit alors un milieu entre les deux , qui le mettoit de niveau de vola- tilité avec les parties aqueufes dans lefquelles il va fe réfu- gier pendant l'opération , & dont on ne peut enfuite le fépa- rer par la voye de la difüllation ; parce que n'étant ni plus ni moins léger que l’eau, il ne s'éleve ni devant , comme les {els volatils alkalis ordinaires , ni après , comme le Sel am- moniac qui eft en fon entier ; & comme cette liqueur qui conftirue ce qu’on appelle communément Efprit, fermente avec les acides, foit par quelques fels volatils qu’elle a re- tenus, foit par rapport aux acides que le Sel ammoniac de la liqueur a perdus,& en place defquels lesnouveaux acides vont fe loger, on a cru être en droit de conclure de cette fermentation, que l’efprit n’étoit qu’un phlegme chargé des mêmes fels volatils qu’on retire de la matiere fous une for- me concrete : mais {i cela eft, pourquoi ne dépouille-t-on pas totalement, ou du moins jufqu'à un certain point cet efprir de fes fels volatils, en le plaçant dansun matras along Mem. 1719. Aa 186 MEMOIRES DE L’'ACADEM1IE ROYALE col avec un chapiteau & un récipient, & donnant lieu par: une douce chaleur à ces fels qui doivent être plus légers que: l'eau, de fe féparer de ce liquide, en s’élevant jufqu’au haut comme un feb volatil concret diffout dans l’eau, ou même dans l’efprit, a coutume de le faire en pareille circonftance;: on peut donc croire avec aflez de vrai-femblance, que dans V'Analyfe ordinaire des matieres animales , toute la quantité: de leur fel ammoniac fe décompofe inégalement ; c’eft-à- dire, que dans les différentes portions de ce fel il ne fe: fait pas une défunion égale de l'acide d'avec fa partie alka- line ou fa matrice , qui eft ce qu’on appelle communément: Sel volatil des Animaux. Entelle forte que certaines por-- tions de ce fel fe dépouillent jufqu’à un certain point des: acides qu’elles contenoient dans le Mixte ; que d’autres en retiennent davantage , & qu'il y en a peut-être d’autres qui : #4 1 # C . en perdent encore moins , & qui malgré l'opération, de- meurent à peu près fous la forme naturelle qu’elles avoient dans le Mixte, de même qu'il arrive dans certaines diflilla- tions d’efprit volatil de Sel ammoniac , où faute d’une affez grande quantité d’interméde abforbant, il n’y a qu’une par+ tie de ce Sel dont il fe détache des Sels volatilsalkalis , qui montent d'abord,pendant que Fautre portion du Sel ammo- niac refte en fon entier au fond du vaiffeau ; & étant pouf- fée enfuite par un plus grand feu , elle s’éleve fous la forme de fleurs , qui ne font autre chofe qu'un Selammoniac tout entier, ou du moins avec la plus grande partie de fes acides. Ce quime paroît confirmer la conjeéture que j'ai avan- cée ; fçavoir, que tout le Sel ammoniac des matieres ani- males ne fe décompofe pas également pendant le tems: de leur Analyfe, & cela, faute de contenir naturellement affez de parties terreufes ; c’eft qu'en fuppléant à ce dé- faut, c’eft-à-dire, en mêlant avec ces matieres une aflez grande quantité de nouvellés parties terreufes pour opérer la décomipofition d’une plus grande quantité du Sel am- moniac, dont il s’agit, on parvient enfin à défunir & à met te enliberté un grandnombre d'acides & de Sels volarils ;, D'ESASICN'E NC'E 5/3 187 dont fans cela l'union auroit toujours fubffié ; &, par ce nouveau procédé, non feulement on obtient plus de Sels volatils alkalis, mais encore la liqueur qui monte fur la fin de la difillation , & par le degré de feu qui lui con- vient ; eft beaucoup plus aigre & plus chargée d'acides, que “quand on wa point mêlé d'interméde terreux avec la ma- P tiere animale avant que de la diftiller. Il eft donc conftant que les matieres animales contien- nent beaucoup d’acides,dontlesAnalyfes ordinairesne don- noient aucun indice; ce qui marque le peu de fond qu'on doit faire fur ces Analyfes ; mais il faut convenir aufli que les moyens nouveaux à qui nous devons la découverte des acides des Animaux,ne font pas encore exempts de défauts fur le fait même de l’acide qu'ils découvrent ; car fi en dé- gageant cetacide, ils en fontappercevoir où on n’en voyoit point auparavant, comme le développement de cet acide fe pafle dans le fein même du Mixte,&c au milieu des diffé- rentes parties dont il eft compofé, l'acide, après avoir été féparé du Sel volatil alkali qui l'enveloppoit , fe retrouve toujours enfuite confondu dans une même liqueur avec différentes parties qui lui permettent bien à la vérité de fe faire connoîitre pour ce qu'il eft, c’eft-à-dire, pour un acide en général, mais dont le mêlange cache le carattere fpéci- fique de l'acide, & empêche de diftinguer à quelle claffe patticuliere d'acides il appartient ; ce qu'il eft néanmoins très-important de fçavoir , quand on veut être inftruit à fond de ce qui regarde la partie faline d'un Mixte. On tà- chera de ne pas tomber dans cet inconvénient , quand il s'agira de prépofer de nouveaux procédés pour l’Analyfe des Mixtes. Après avoir confidéré l’a&tion du feu fur l’efpéce de Sel, dont les matieres animales font particuliérement chargées , je veux dire fur le Selammoniac contenu dans ces matieres, il refte à faire le même examen fur l’autre efpéce de Sel - qui habite principalement dans les matieres végétales , c’eft- à-dire, fur celui dont l'acide eft naturellement engagé dans Aa ij $ Août 3719 1893 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE une matrice fixe ; mais comme le préfent Mémoire n’eft peut-être déja que trop long, & que l'examen dont il s’agit nous meneroit un peu loin, nous le remettrons au pro chain Mémoire. a DE S,G4R LE, TON D'UN NOUVEL INSTRUMENT ASTRONOMIQUE Pour obferver facilement © exaëlement les Afcenfions droites des Aflres, Par M. le Chevalier DE LoUvILLE. C ET Inftrument eft compofé d’un Niveau à Lunette, & d'une feconde Lunetre qui eft attachée à angles droits avec la premiere. La premiere Lunette 4B ef celle qui fert à niveller, que Jj'appellerai la Eunette fixe, ou la Lunette du niveau. La feconde eft repréfentée par la Fi- gure CD, qu’on nommera la Lunette mobile, parce qu’elle fe peut mettre à toutes les hauteurs qu’on voudra depuis. Thorifon jufqu'au Zénith. Ce qu'on a eu en vûe dans la conftruëtion de cet Infirument, a été de rendre fenfibles par un feul point tous les points du Méridierr. Au lieu que par le moyen d’un Quart-de-Cercle mura il faut avoir un plan parfait qui repréfente ce Cercle, ce qui eft d’une difficulté extrême , outre que la Lunette mo- bile qui frotte continuellement contre la furface de ce Cercle venant à s’ufer, ou à ufer le limbe de l’Inftrument,, on ne peut point compter qu'elle refte toujours dans le même plan, & on ne fçauroit s’appercevoir qu'avec bien de la difficulté des erreurs que cela peut produire, ce qui eff caufe qu’on eft obligé de vérifier chaque degré dulimbe pour voir de combien ils s’éloignent du Méridien eélefte: DÉS SCIENCES. 189 Dans cer Inftrument nous »avons qu’à avoir attention à la Lunette fixe, & pourvû qu'elle foit placée comme il faut, on eft sûr que l’autre ne fçauroit s'éloigner du vrai Méridien ; & fi elle s'éloigne de fa véritable pofition, on le connoit à la vüe fimple. Soit donc AB un tuyau quarré, compofé de quatre la- mes de fer d’une feule piéce chacune, jointes enfemble par le moyen de plufieurs diaphragmes ou piéces de fer quar- rées , percées d’un trou rond dans le milieu , qui attachent enfemble les quatre Regles de fer qui forment le Fuyau de la Lunette; il ÿ a à l'extrémité Zun Objeëtif d'environ trois pieds de foyer, & à l’autre bout B un Oculaire propor- tionné au foyer commun de ces deux Verres, l’on met deux fils de foye en croix, c’eft-à-dire , qui fe coupent à Angles dreits au centre du Tuyau. P & © font deux Cylindres de cuivre qui fervent d'axe au mouvement de la Lunette du niveau , lorfqu’on veut hauffer ou baifler le bout C de la Lunette mobile DC, ces deux Cylindres font enfermés dans des Anneaux ou Cy- lindres concaves , dans lefquels ils roulent, mais quelque exactitude qu’on puifle apporter à la confiruétion de ce mouvement , il ne faut pas s’attendre que la Lunette 4B puifle garder exaétement fa fituation dans le mouvement de la Lunette mobile , il fera rare qu'elle ne fe dérange pas, c’eft pourquoi il a fallu trouver le moyen d'y remédier. L'on a marqué fur une muraille blanche vers l'Orient ( on peut fe fervit de l'Occident, fi cela fetrouve plus com- mode) une ligne horifontale d’une grandeur de 2 ou 3 pieds , afin que le véritable point d'Orient ou le véritable Ef fe trouve dans cette ligne. Certe ligne doit non feule, ment être de piveau avec la Lunette 4B , mais avoir tous fes points paralleles à l’horifon , ce que le niveau fera con- noître ; ou bien après avoir trouvé le milieu de cette ligne, qui doit être un point qui foit de niveau avec l'Objeëtif 4, on tracera cette ligne avec un niveau de Maflon, qui eft une longue Equerre qui porte un fil avec un pu à une a il 190 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de fes branches, l’autre branche fervira à tracer cette ligne horifontale ; la plus grande difficulté eft de trouver le véri- table Orient, ou le véritable Occident, c’eft ce qu’on va enfeigner. pe On fuppofe qu'on ait un Quart-de-Cercle & une Pen- dule à fecondes pour placer cet inftrument; ainfi pour le placer, il faut un Affronome ; mais quand une fois il le fera, tout le monde peut fe fervir de cet infrument pour régler fes Pendules; ce qui peut être fort utile à ceux qui font bien-aifes d’avoir des Pendules bien réglées , & qui n’ont pas de Quart-de-Cercle, ou qui ne fçavent pas prendre des hauteurs correfpondantes du Soleil. La premiere chofe .… qu'il faut faire ; eft de vérifier fi le Tuyau EF, qui porte le perpendicule ( qui eft un cheveu, aux deux extrémités du- quel font attachées deux petites boules de cuivre qui fer- vent de plomb ) eft perpendiculaire à l’axe de la Lunette AB, ce que l’on connoït aifément par le renverfement du Tuyau EF, en obfervant un point vifible à l'horifon qui doit fe trouver dans la feétion des fils de faye qui font au foyer de la Lunette 4B, dans l’une & l’autre fituation de la Lunette CD, c'eft-à-dire, foit que le bout C foit en haut, foit qu'il foit enbas , enfuite de quoi il faut placer la Lunette CD , de telle forte que les deux Lunettes 4B & CD faffent entre-elles un angle droit, ce qui fera facile fi : l’on a un Quart-de-Cercle avec une Alidade qui foit bien ajuftée, en obfervant avec les deux Lunettes du Quart- de-Cercle, deux objets remarquables, les plus éloignés que l’on pourra, qui fe trouvent dans la feétion des fils de cha- que Lunerte ; alors plaçant la fetion T dans le même en- droit qu'étoit le centre du Quart-de-Cercle , l'on exami- nera fi les deux objets que l’on avoit obfervés avecle Quart- de-Cercle fe trouvent exaétement dans la fe&tion des fils des deux Lunettes 4B, CD. Si cela eft, l’on a ce que l’on cherche, finon il faudra faire avancer ou reculer le Quarré /” de la Lunette CD , en l'approchant du Tuyau qui porte le cheveu, ou en l’éloignant jufqu'a ce que le D: ES NSICIT'E N C'É s: F9 x filet vertical qui eft au foyer de cette Lunette tombe exac- tement fur l’objet. On fuppofe pour cela qu’il y ait deux vis qui attachent ce Quarré /’au Tuyau EF; ou s’il ny en a pas, il faudra avec les doigts faire faire un mouvement à ce filet, qui doit être attaché avec de la cire jufqu’à ce qu’il fe trouve dans la fituation requife. Il y a une autre maniere de placer ces deux Lunettes à angles droits, encore plus précife que la précédente, mais qui eft plus longue à pratiquer; c’eft de fe placer au milieu d'un grand Jardin qui ait au moins rap toifes en quarré en tout fens , & de marquer fur les murailles oppofées qua- tre lignes horifontales qui foient de niveau avec l’Infiru- ment , & de pointer les deux Lunettes fur deux de ces li- gnes, & de marquer les points où les filers verticaux qui font aux foyers de ces Lunettes couperont ces lignes ho- rifontales ; enfuite l’on fera mouvoir l’Inftrument de ma- niere que la Lunetre 4B fe trouve placée fur l'objet que Fon voyoit par la Lunette CD , & l’on marquera l'endroit où cette Lunette CD, ou plütôt fon filet vertical coupera k ligne horifontale qu'on a marquée, qu’on doit prolonger affez pour que cela arrive ; enfüite tranfportant la Lunette AB fur cette nouvelle marque , on marquera encore le point où la Lunette CD coupera la troifiéme ligne hori- fontale ; enfin faifant mouvoir encore l’Inftrument jufquw’à ce que la Lunette 4B tombe fur cet objet, on obfervera: fi lx Lunette CD tombe exaétement fur la feétion des deux premieres lignes. Si cela eft, on fera affüré que les deux Lunettes feront exaétement à Angles droits, puifqu’elles partagent l'horifon en quatre parties égales, finon onrap- prochera ou on reculera le filet vertical qui eft au foyer de la Lunette CD , de la quatriéme partie de la différence qu’on aura trouvée dans la derniere Obfervation: Ces deux Lunettes étant à Angles droits , & la Lunette AB étant aufli placée à Angles droits avec le porte-cheveu EF; voici la maniere de trouver un point qui foit au vé- ritable Orient ou Occident. 192 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE On placera l'axe R de l'Inftrument , non pas fur les trois pieds qui fervent pour le nivellement, mais fur un Pilier folide & ferme, foit de pierre, foit de bois, enforte que l'on foit für qu'il n’y puifle point avoir de variation; enfuite on tracera une ligne horifontale, à peu près où l’on foup- connera que fera ce point Oriental ou Occidental à so ou 60 toifes de diftance ou plus, & l'on réglera une Pen- dule à fecondes à la maniere ordinaire par des Obfervations correfpondantes, de forte qu'elle marque à midi le tems vrai; puis marquant une ligne verticale qui coupe cette ligne horifontale en quelque point, on dirigera la Lunette AB,de telle forte qu'on apperçoive que la feétion des deux lignes ainli marquées, tombe exaétement fur la feétion des fils qui font au foyer de cette Lunette, & l’onélevera la Lunette mobile fur le Soleil quelque inftant avant midi, en obfervant de replacer toujours la Lunette Æ4B für le point marqué , fi elle s’en éloigne dans ce mouyement ; & l'on obfervera à quelle heure le bord précédent du Soleil touchera le filet vertical de la Lunette CD ; on obfervera enfuite à quelle heure le bord fuivant ou Oriental du So- _ leil arrivera au même filet ; le milieu de ce tems fera l’inf- tant auquel le centre du Soleil fera arrivé au filet vertical de la Lunette. Si ce tems eft le vrai midi, on aura ce que l'on cherche, finon on calculera, comme on va l'enfeigner, de combien il faudra avancer ou reculer la Lunette 4B, pour que la Lunette CD , fe trouve placée dans le véritable Méridien, Suppofons, par exemple, que lon ait trouvé que le centre du Soleil ait paflé par le filet vertical qui eft au foyer de la Lunette CD 10 fecondes de tems après midi, la Lunette 4B étant pointée fur la feétion X des deux li- gnes marquées fur Ja muraille XZ, & que la hauteur Mé: ridienne apparente du centre du Soleil füt ce jour-là de 654 0’ fur l'horifon, donc la diftance du centre du Soleil au Zénith auroit été de 2$ degrés, que le diamétre appa- rent du Soleil fût ce jour-là de 31” 38/ de grand Cercle, & I 2 Re. DES SCIENCES - 193 & que le tems que ce même diamétre employe à pañler ce_jour-là par le Méridien fut de 2’ 18/. On calculera d’abord combien 31” 38/ de degrés de grand Cercle font de minutes & de fecondes de petit Cercle fur le Cercle parallele à l’horifon , ou fur l'Almicantarat , dont le demi- diamétre eft égal au finus de la diftance du centre du So- leil au Zénith par cette analogie. Comme le finus de 25 degrés , diftance du Soleil au Zénith au finus total. Ainfi le finus de 15’ 49/ moitié de 31” 38/ à un qua- triéme terme. Ce quatriéme terme fera le finus de l'arc qu’occupera le demi-diamétre du Soleil fur lAlmicantarat , dont le fi- nus eft de 25 degrés. Enfuite on fera comme 2 18// de tems eft au nombre de fecondes qu'occupe le diamétre du Soleil fur cet Al- micantarat. Ainfi 10” de tems a un quatriéme proportionnel. … Ce quatriéme proportionnel fera l’angle X4Z qu’on doit faire faire à la Lunette AB, afin que la Lunette CD fe trouve placée dans le Méridien ; la démonftration en eft facile. | Car fuppofant qu'on faffle mouvoir la Lunette CD au- tour d’un axe perpendiculaire à l’horifon , en latenant tou- jours élevée fur l'horifon d’un angle de 65 degrés, detelle forte qu’elle décrive un Cercle entier autour du Zénith, ou 360 degrés de fon Almicantarat , il eft clair que la Lu- nette horifontale 4B parcourroit dans le même tems tout Phorifon, ainfi elle feroit autant de degrés & de minutes de grand Cercle que la Luneite CD en feroit de petit Cercle. Mais fi on ne faifoit parcourir à la Lunette CD que le diamétre entier du Soleil, alors la Lunette 4B ne parcourroit que le même nombre de minutes & de fecon- des qu'en occupoit le diamétre du Soleil dans le petit Cer- cle parallele à l'horifon ; or puifque le diamétre du Soleil » aété 2’ 18/”à pañler parle Méridien, on trouvera combien ne: Mém. 1719: 94 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE il appartient de minutes & de fecondes de degré pour 10” de tems dans la même proportion. Ce qui fera connoître l'angle X AB. On mefurera enfuite la ligne ZX en toifes, & avec le Quart de Cercle on mefurera l'angle AXZ , on connoïtra donc dans le Triangle XZ le côté XA, l'an- gle AXZ & l'angle XAZ , d’où il fuit qu'on pourra par la Trigonométrie ordinaire trouver en lignes la longueur de la bafe X2Z°, & ayant le point Z, on y élevera à da li- gne horifontale XZ une perpendiculaire ; & c’eft fur la commune feétionde ces deux lignes, qu’on placera la fec- tion des deux fils de la Lunette 4B ; qui détermineront la Lunette CD à être dans le plan du Méridien; ce que l'on pourra vérifier une autre fois par des hauteurs correfpon- dantes du Soleil à l’ordinaire. Pour les autres parties de cet Inftrument qui font mar- quées dans la Figure , en voici l'explication. Il y a en L une vis de fer qui fait hauffer ou baiffer la Lunette 4B autour de l’axe horifontalO , par le moyen de la Roue K qu’on fait tourner avec le doigt. Il y a une branche de fer SH qui porte à fon extré- mité H une vis horifontale que l’on fait tourner par le moyen d’une roue de cuivre femblable à la roue K ; cette vis fert à caller l’Inftrument , c’eft-à-dire , à faire approcher ou éloigner le bas du Tuyau EF du cheveu jufqu’à ce qu'il le rafe fans s’appuyer deflus, il paroïtau-deflus de F, & en G deux petites lames-d’argent avec une ligne droite fur la- quelle le cheveu doit battre, pour que la Eunertte 4B foit de niveau. Lorfqu’on renferfe l’Inftrument pour le vérifier, le plomb qui pendoit en Fs’accroche dans la fente qui eft dans la lame d’argent, & s’y engage de telle forte, qu'il fert à tenir en équilibre l’autre poids égal qui eft en G, & qui pend à fon tour pour fervir de perpendicule; ces deux petits plombs font faits de maniere, qu'étant fphériques, ils, ont au milieu une meche de cuivre ou petit cylindre ou- vert où l’on attache le cheveu, & quitourne avec quelque réfiftance , pour racourcir le cheveu, quand il eft troplong, | Mem.de l'Acad.17:9. Pl u. pag. 194: C E >) (| |. E e a _— _— = — _ = = — BL) | ) | sy | — HR = “|| BSSSSS = = si +— N S | : | dé | 3 | | e \ V. H Æ < D | 11 Mem. de lAcad. 1729. PL 1. pag.194- | D = | Fh Sumanne Del cé feu l DElsN SIC E NC E:8. 1} 19$ afin que chacun de ces poids ne tombe pas de trop haut, & ne cafle pas le cheveu. IL y a encore au bout B de la Lunette quarrée une boëte qui porte les filets de foye , par le moyen de laquelle on peut reculer les fils pour donner des coups de niveau proche, & qui les fait hauffer ou baïf- fer, & s'incliner par le moyen d'une clef comme une clef de Montre, lé tout pour une plus grande commodité. COMPARAISON Des vitefles des Corps de pefanteurs quelconques , en def* cendant ou en montant dans le vuide ; tant en lignes droites qu'en lignes courbes auf] quelconques. Par M. VARIGNON. Newton dans le Liv. 1. fe&. 8. prop. 40. de fes M. Princ. Math. dela Philofophie naturelle, M. (Jean) Bernoulli dans les Mem. de l’Acad. de 1710. pag. 524. & M. Herman dans le Liv. 1. prop. 19. de fa Phoronomie, ont tous trois démontré , chacun à fa maniere, que fi deux corps font de mafles égales & de pefanteurs égales à hau- teurs égales ou de pefanteurs par-tout proportionnelles à leurs mafles en hauteurs égales quelconques, c’eft-à-dire , à diftances égales du centre commun, auquel ces pefanteurs tendent toujours : ces trois Auteurs ont { dis-je) démontré que dans le vuide, fi ces deux corps en defcendant ou en montant l’un & l’autre, c’eft-à-dire , en s’approchant ou en s'éloignant de ce centre commun de leurs pefanteurs , lun en ligne droite , & l’autre en ligne courbe quelconque, fe trouvent quelque part en hauteurs égales,& avec des vitefles égales que je prendrai pour énitiales par rapport aux füui- vantes, & pour finales par rapport aux précédentes; ils au- ront par-tout dans leurs routes des vitefles égales entr'elles Bbi 15. & 18. Juillet. 1719 196 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à hauteurs égales quelconques. Mais fi au lieu de mafñles égales & de pefanteurs égales en hauteurs égales, ou de pefanteurs par-tout proportionneles à leurs maffes en hau- teurs égales , & de viteffes quelque part égales entrelles à de telles hautéurs, que ces trois Géométres fe font contenté de fuppofer comme fufifantes à leurs deffeins ; l’on fuppofe des maffes quelconques de vitefles initiales ou finales quel- conques, & de pefanteurs quelconques entr'elles en raifon: cofiflante quelconque à hauteurs égales ; on trouvera que les différences des quarrés de ces vitefes initiales ou finales aux quarrés des aétuelles en hauteurs égales, y feront par- tout entr'elles en raifon compofée de la réciproque des mafles mues , & de la direéte des pefanteurs qu'elles ont en ces hauteurs égales deux-à-deux. Ce qui, dans le cas des trois Auteurs précédens, donne ce que je viens de dire avoir été démontré par eux. C’eft-là ce qu’on trouve à hauteurs égales quelconques, en y comparant entr'elles non feulement les viteffes de defcentes, & auf entr'elles celles d’afcenfions de deux corps de pefanteurs en raifon conffante quelconque en tou- tes ces hauteurs égales deux-à-deux , quelque variées que ces pefanteurs foient à des hauteurs inégales ; mais aufli en y comparant les vitefles de defcente de l’un de ces deux corps avec celles d’afcenfion de l'autre, tout le refte de- meurantici le même que-là. Quant à un même corps de pefanteur quelconque , le- quel defcend & remonte enfuite ( par quelque caufe que ce foit) fuivant la même route quelconque , on trouve qu’en chaque point de cette route la différence dont en defcendant , le quarré de la viteffe aétuelle en ce point, furpaffe le quarré de l’initiale ;'ou eft furpañlé par le quarré de la finale, eft toujours égale à la différence , dont au con traire en montant, Le quarré de la vitefle aétuelle au même point , furpaffe le quarré de la finale, ou eft furpañlé pat le quarré de l'initiale. Voilà ce que j'ai trouvé d’abord pour des pefanteurs par: DES SCIENCES. _ 197 tout en raifon conflante quelconque entr'elles à des hau- teurs égales, quelque variables que ces pefanteurs foient Chacune d’une hauteur à l’autre , & quelles que foient tant les maffes des mobiles, que leurs viteffes initiales ou fina- les à hauteurs égales. Enfuite pour rendre tout cela plus général encore, j'ai ceflé de confidérer ces corps à des hau- teurs égales , & d’en fuppofer les pefanteurs entrelles en raifon confiante à ces hauteurs : j'aipris en général ces deux corps à des hauteurs quelconques, & avec des pefanteurs quelconques tendantes à un même centre pour chacun d'eux, ou (ce qui revient au même) à un même centre pour les deux, les laiffant toujours de males quelconques, & de vitefles initiales ou finales aufli quelconques; & j'ai trouvé en général que les différences des quarrés de ces viteffes initiales ou finales aux quarrés des aétuelles de ces deux corps (les unes & les autres prifes à hauteurs quelcon- ques) font toujours entr'elles en raifon compofée de Ia réciproque des mafles de ces corps, & de la droite des aires queje vas dérerminer. Voici le tout compris dans le T'héo- rême fuivant, & détaillé dans fes Corollaires. THEOREME. Soient deux corps de malles quelconques m , # ; @* de pe- fanteurs on de forces centrales quelconques f, + variables à volonté, toujours tendantes à quelque point fixe P. Soient ces deux corps m , #, toinbans ou montans le long de deux lignes différentes , chacun le long de la même : l'un (1m ) le long de la verticale AP, l'autre (4) le long d'une autre hgne quelcon- que HEK ( courbe ou droite inclinée comme l'on voudra dans un plan vertical quelconque ) en commençant de part © d'au- tre à diflances quelconques du centre P avec des vitelles ini- tiales auffi quelconques : par exemple , aux points À ,H, avec des vitelles initiales a, h , en defcendant, lefquelles deviennent enC,K, les finales, b, 8, de ces deféentes ; & à ces points quelconques C , K, avec des ufeffes initiales c ,k, en montant, lefquelles fé trouvent réduites en À, H, aux finales e, +, de Bb ii Fig. x, 193 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ces afcenfions. Du centre P par H, © par un point quelcon- queË de la courbe HEK foenr les arcs circulaires HL , EG, guirencontrent en L, G, la droite PK prolongée de ce côre-la. Soient de plus fur les axes AP , LP, deux courbes quelconques DEM, OoQ, dont les ordonnées BF , Go; perpendiculai- res à ces axes, expriment les pefanteurs totales F, © , des mo- bilesm,#, en B,E, aux diflances quelconques où ces ordon- nées font du centre P de ces pefanteurs ; lefquelles en A ,H, foient exprimées de même par les ordonnées correfpondantes AD, LO, de ces courbes DEM, O®Q;& en C,K,; par les ordonnées pareillement correfpondantes CM, KQ , de ces mêmes courbes , qui pour cela feront appelées Courbes des Pefanteurs.. Cêla pofe , foit que les mobiles de males m, +, defcendent des points À, H, le long de ABC , HEK , ou qu'ils montent des points C, K, le long de CBA , KEH , chacun le long de chacune de ces lignes , le long de laquelle il fè meuve tant en montant qu'en défcendant : je dis que dans tous les autres points quelconques B, E, de ces deux rôutes, fi l’on y prendu; v, pour les viteffes aëtuelles de ces deux mobiles m, &æ,tanten montant qu'en defcendant ; lon aura ( fuïvant ces noms &* les autres précédens) les huit équations fuivantes ; SA ME ABFD — TE. | Ed is MCBF = 7-0. | ,=u,bn ( Déféentes. Lee el LGoO EE, BB RAIN RER QKGv— = —., Chan le ot dE mt Are QRGE = EE Eee | D...... ABFD— meme, ? Afin 2 | x OL LGsO— “re, | L. 2% J IYAMON DIM SAGE EN CES 195 DE MONSTRATION. L Après avoir imaginé infiniment près de BF une au-* tre ordonnée 4 f de la courbe D FM, & infiniment près : de G + une autre ordonnée g e de la courbe 0 « Q, avec l'arc circulaire g 8 concentrique à GE , & quirencontre en 8, e, la drone EP, & la courbe quelconque HEK qui ait ex perpendiculaire en à fur fon élément Ee : foient ap- pellées 4B,x; HE,s; LG, r ; des deux premieres def quelles les élémens B6, Ee, correfpondans foient parcou- rus pat les corps #, «, pendant les inftants dt, ds , tant en montant qu'en defcendant. Soit de plus appellée x ; la force fuivant Ee, rélultante de la centrale 9 fuivant EP. (M; #3 mafles des corps mus fuivant 4BC, HEK , ou fuivant CB A, KEH. 43 h, leurs viteflesen 4, H, de defcentes , prifes pourinitiales de ces defcentes. b, 8, leurs vitefles en C, K,.de defcentes , prifes pour finales de ces defcentes. c, k;, leurs viteflesenC, K, d'afcenfions, pri- fes pour initiales de ces afcenfions. e, +, leurs vitefles en 4, H , d'afcenfions, _prifes pour finales de ces afcenfions. #, v, leurs vitefles actuelles aux points quel- Nomsici |. conques B,ËE, tant d’afcenfons fui- fuppofés. { vant BA, EH, que de defcentes fui- At | vant BC, EK. fa e» leurs pefanteurs, où noms des ordon- nées BF, Go , qui expriment ces pe- fanteurs en B, E , fuivant BP, EP. dt, da, inftants employés à parcourir les élé- mens Bb, Ee, en defcendant , ou 4B, - €E , en montant. % Sr, noms des dbfcifles AB, HE, LG. 2,, nom de la force fuivant Ee , réfultan- te de la centrale ou pefanteur », fui- Vant EP, à ,* 200 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare Suivant ces noms, l’on aura Bb=— + dx, Ee+ ds, _Gg=+ dr; & +du,+dr, pour les accroiffemens ou décroiïflemens des viteffes actuelles #, », caufés pendant les inftants dt, de, par les forces f, à, fuivant les élémens Bb, Ee, qui font ( 2yp.) les directions de ces forces. Dans tout cela les fupérieurs des doubles fignes + font pour le cas de defcentes des corps m, # , fuivant ÂBC, HEK ; & les inférieurs, pour le cas de leurs afcenfons fuivant CBA, KEH,; parce que dans le premier de ces deux cas les 4B (x), HE (5), LG (r), augmentent avec les vitefles actuelles u, v ; & que dans le fecond ces abfcifles 4B, HE, LG, d'origines 4, H, L, diminuent avec ces vitefles. IL. Cela pofé, la feconde des Regles des forces centrales ou pefanteurs, que j'ai démontrées dans les Mem. de 1707. ) , 707 —mdu TE 187 __æ+ædyu pag. 267. donnera ici f =, & à — Tr tenDE forte qu'ayant auffi en général # _—— ” — +; & conféquemment + dx =udt, + ds — » di : l'on auraici fdx—mudu, &xds=—#vdv, tant en montant qu'en defcendant. Or les triangles (conffr.) femblables Ese , Ene, donnant Ee, (ds). Er(æ+dr)::E8, Ex::ga. tant pour la defcente du corps “le long de HEK , que pour fon afcenfion le long de KEH ; l’on aura iciads =? dr pour ces deux cas à la fois. Donc on y aura auf à la fois les différentielles fdx=—=mudu, & 9 dr = uvd ,pourles defcentes & pour les afcenfions de chacun des corps, m,r;le long de chacune des lignes ABC, HEK ; defquelles différen- tielles les intégrales primitives (en prenant q pour ce qu'il y aura de confiant à y ajouter, ou à en retrancher) font /fdx PIE Le uv = HE 4 pour le corps ", & frdr=+— + pour l’autre corps#; lefquelles intégrales ont + à caufe que (art. 1.) + du,+ de, font ici les différentielles de uv: de forte que les fupérieurs des doubles fignes +, y étant ( art. I. ) pour le cas des defcentes de ces deux corps m, « , & les inférieurs pour Le cas de leurs afcenfions ; l'on aura DES SCIENCES. 507 aura ici, en y prenant ( dis-je ) 4 pour ce qu’il y aura de conftant à y déterminer, 1°. ffdx = + non (B), &fodr=+ + q (Æ), pour les cas des defcentes de ces mêmes corps, 4 le long de ABC, HEK. 2. ffdx = © + ga (G), & fodr =— + q(L), pour le cas de leurs afcenfions le long des mêmes routes CBA, KEH, chacun d'eux remontant ( par quelque caufe que ce foit ) le long de celle de ces deux hgnes’fuivant laquelle il étoit defcendu. IIL. Si l’on confidére préfentement que fuivant la con- firuétion & les noms marqués dans l’art. 1. l’on aura dx BF x Bb—=FBbf, & edr = Go x Gg—=®Gge; on verra non-feulement que /fdx — AB ED , & f°dr — LG®0,en defcendant de 4 jufqu'en B, & de H juf- qu'en E; mais encore queffdx — MCBF, &/f,dr — 0 KG®,en montant de Cjufqu’en B , & de K jufqu'en E. Donc les intégrales primitives B,E , G , L , des nomb. 1, 2. du précédent art. 2. font aufli 1% ABFD=+ + q(B), &LG80=+É 2 + q (E) , pour les cas des defcentes des corps m,#,com- mencées en /, H, jufqu’en B,E, lelong de ABC, HEK. 2, MCBF= — 7% 4 q(G),& OKGS—— E°! 2 2 + g(L), pour le cas des afcenfions des mêmes corps #, k, commencées en C;K , jufqu'en B, E, le long des mê« mes routes CBA , KEH. IV. Or il eft vifible que les points indéterminés B,E ; pris en 4, H, pour les commencemens des chüûtes ou defcentes des corps ,# , le long de 4BC, HEK , ren- droient les aires 2BFD —0, LG&0O—0, & les virefles (art, 1.)u—a, u—h ; que cespoints B,E, pris en C,K, our les fins ou termes des mêmes defcentes , rendroïent . Lo ABFD = ACMD , LG®0= LK00, & les Mem. 1719, Ce 202 MEMOïIRESs DE L'ACADEM1IE ROYALE vitefles (art. 1.) u—b,v=—p ; Qu'aux mêmes points C, K; pris pour les commencemens des afcenfions des mêmes corps "1, # , le long des mêmes routes CB 4, K E Hi, les points B, E ,rendroient les aires MCBF—0, OKG5=—03 & les vitefles ( art. 1. )u—=c , v—k ; qu'enfin aux points À, H, pris pour les derniers où l’on confidere ces afcen- fions , les points B, E, rendroient MCBF=— ACMD; OKG°®= LK 00, & les vitelles(arr. 1)u=e,=5« Donc 1°. Au point À pris pour le commencement de la def- cente du corps "1 le long de 4 BC, l'intégrale primitive ABID = +" + q(B) du nomb. 1. de l'art. 3. doit fe réduire à0=+ "+9 ; d'où réfulre 9 = —"#*, Par conféquent cette intégrale completteeft 4BFD— = "€ ( À ) pour le cas de defcente du corps » fui- vant Â4BC, commencée en 4 par la viteffe initiale 4, jufqu’au point B quelconque , où la vitefle actuelle de def- cente de ce corps fera=#, laquelle (art. 1.) fe trouve = # en À, quelle qu’en puiffe être la finale en C, non comprife dans cette équation 4 qu'il falloit 1°. démontrer. 2°. Au point € pris pour le terme ou la fin de cette defcente ( 70mb. 1.) du corps "m le long de 4BC , la même = +9 (B) du nom- bre 1. de l’art. 3. doit devenir ACMD = + me + 45 d’où réfulte g9— ACMD — #8 . Donc cette intégrale complette eft aufli ABFD = + _—_ +ACMD — ir où = ACMD — ABFD = MCBF, c'eft-à- dire, MCBF = "=" (F) encore pour le cas de def- cente (nomb.1.) du corps m fuivant {BC jufqu’au point B quelconque ; où la vitefle aétuelle de defcente de ce çorps intégrale primitive 4BFD —=+ DES SCIENCES, 207 fera encore # , laquelle ( art. 1.) fe trouve —ben C;quelle qu'en ait été l’initiale en 4, non comprife dans cette Ééga- lité F qu'il falloit 2°: démontrer. 3°. Au point H pris pour le commencement de la def- cente de l'autre corps # le long de HEK, l'intégrale primi- tive LG®0O = + + q (E) du nomb. 1. de Part. 3. . . bh :1 A (4 doit fe réduire à 0 = + #2 +9, d'où réfulte q=—#*. Par conféquent cette intégrale complette eft L G®0 = = EE (A) pour le cas de defcente du corps # fuivant HEK , commencée en H par la viteffe initiale 4 ; jufqu’au point E quelconque , où la vitefle a@uelle de ce corps fera”, laquelle ( art. 1.) fe trouve — 4 en H, quelle qu’en puiffe être la finale en K , non comprife dans cette équation H qw'il falloit 3°. démontrer. 4. Au point K pris pour la fin de cette defcente (nomb. 3.) du corps # le long de HEK ; la même intégrale primitive LG®0 —=+# + 9 (E) du nomb. r. de Fait, 3. doit devenir LKO00 =+ se + q 5 d'où réful- te 49—LKQO — HF. Par conféquent cette intégrale complette eft aufli LG®0 — ++ LKQO0—, ou — LKQOO—LG®0—=QKG®,ceft-à-dire, OQKGo=— EE (# ) encore pour le cas de defcente (nomb. 3.) du corps # fuivant HE K jufqu'au point E quelconque, où la viteffe aëétuelle de defcente fera encore —v, laquelle ( arr. 1. jfetrouve—f en K , quelle qu'en ait.été l’initiale en H, non comprife dans cette équation ® quil falloit 4°. démontrer, s“. Au point Cpris pour le commencement de l'afcen- fion du corps le long de CBA , quelle js {oit la caufe, Ce 204 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'intégrale primiive MCBF=—"#"*+9 (G) du m #. EE 4; 2 d'où réfulteg =". Par conféquent cette intégrale com- plette eft MCBF =" "© \(C) pour le cas d’afcenfion du corps m fuivant CBA, commencée en C par a viteffe initiale c, jufqu’au B quelconque, où la vitefle aétuelle d’afcenfon fera — #, laquelle ( art. 1.) fe trouve — cen C, quelle qu’en puiffe être la finale par-delà B , non com- prife dans cette équation C qw'il falloit $°. démontrer. 6°. Au point quelconque 4 ( pris au-deflus de B quel- conque ) de cette afcenfion (nomb. $.) du corps mlelong de CB A, la même intégrale primitive MCBF= — — + 4 (G) du nomb. 2. de l'art. 3. doit devenir 4CMD =œ—7"+ 4, d'où réfulte 9 = ACMD +=. Par 2 conféquent cette intégrale complette eft aufli MCBF — = + ACMD +, où € = AC MD 2 — MCBF= ABFD, ceftè-dire, ÀB FD =" ( D encore pour le cas d’afcenfion (nomb. $.) du corps » fuivant CB jufqu’au point quelconque B où il aura en- core (arr. I.) fa vitefle a&tuelle = #, en prenant e pource qu'il en auroit au point 4 quelconque au-deflus de B, : quelle qu’en ait été la viteffe initiale en € , non comprife dans cette équation D qu'il falloit 6°. démontrer. 7°. Au point K pris pour le commencement de l’afcen- fion de l’autre corps # le iong de KEH , quelle qu’en foit ? ». La . » Ft, Huu aufli la caufe , l'intégrale primitive © K Go—— + 9 ___#“Rkk 2 nomb. 2. de l’art 3. doit fe réduire à 0 —=— (L ) du nomb. 2. de l’art. 3. doit fe réduire à o — 2 x k # e + 4, d'où réfulte 9 = Hit . Par conféquent cette inté- DES SCIENCES 230$ gtale complette ef QKG®— EE (K) pour le cas d’afcenfion du corps #fuivant KEH, commencée en K avec la viteffe initiale k, jufqu’au point quelconque E où la vitefle aétuelle d’afcenfon de ce corps fera — », la- quelle (art. 1.) fe trouve — ken K , quelle qu’en puiffe être la finale par-delà E , non comprife dans cette équa- tion K gwil falloir 7°. démontrer. 8°. Au point quelconque H ( pris au-deflus de E quel- conque ) de cette afcenfion (nomb. 7.) du corps #le long de KEH ;la même intégrale primitive 0 KG = — <= + g(L)du nomb. 2. de Part. 3. doit devenir LK 00 — Les 1 : Clay GE oi a 9 £ € =— +3; HA réfulte 49 — LKQOO+HÉ. Par conféquent cette intégrale complette eft auffi © KG — CR Huu H£Ee A MUUITTUREE Ar — OKGs—LGs0, ceft-à-dire, L Go0—= (0) encore pour le cas d’afcenfion ( nomb. 7.) du corps “ füui- vant KE, jufqu’au point quelconque E , où il aura en: core(arr. 1.) fa vitelie atuelle = * , en prenant « pour ce qu’il en AURO au point H quelconque au-deflus de E ;, quelle qu’en ait été la viteffe initiale en K ( capable de le porter jufqu’en H ou par-delà E ) non comprife dans cette équation À, qu'il falloir 8°. démontrer. Cor? OL \LRAUTLIRVE LT * Suivant Le précédent art. 4. à quelques hauteurs B, E, c'eft-à-dire, à quelques diflances BP , EP , du centre com- mun P des pefanteurs , qu’on confidére les mobiles #, #, dans leurs defcentes prifes comme commencées en 4, H, avee des vitefles initiales 4, # , fuivant ABC, HEK, lef- quelles viteffes de defcentes croiffent jufqu'aux finales, 8, enC, K ; & dans leurs afcenfions prifes comme commen- cées enC, K , avec des vitefles initiales « , k, fuivant les Ccii 206 MEMOIRES DE L'ACADEMIEROYALE mêmes routes CBA, KEH, lefquelles vitefles initiales d’af- cenfions diminuent jufqu’aux finales e , «, en À, H : fi pre- nant aufli #, », pour les vitelfes aétuelles tant de defcentes que d'afcenfions de ces deux corps #,#, aux points quel- coriques B & E de leurs routes, prisentre 4, C, & H,K ; Pon compare deux à deux les huit précédentes équations A,EF,H,#,C,D,K,0, desnomb. 1.2. 3.4 5.6 7.8. du précédent art. 4. de la démonfration: L. Pour la comparaifon des vitefles de defcentes de ces deux corps , #, fuivant 4BC, HEK ; | 1°. Les équations 4, H, donneront par-tout 4B FD; LGo0::muu— maaprow—kvhh. 2°, Les équations F ,®, donneront de même par-tout MOCBEF. OKG® c:Mmbb— muu. BBE— pou, II. Pour la comparaifon des virefles des Afcenfions des deux mêmes corps "7 ,#, le long des mêmes routes CBA, KE£EAH , chacun d'eux remontant par celle le long de la- quelle il étoit defcendu ; 1°. Les équations C, K , donneront aufli par-tout MC BF. OKGo:: mcc—muu.wkk—p#ve, 2°. Les équations D , 0 , donneront de même par-tout ABFD . LGS0':: MUU—MEE. pour ese III. Pour la comparaifon des viteffes de defcente du corps » le long de ABC, & d’afcenfion du corps . le long de KE H; 1°, Les équations F, K , donneront auffi par-tout MC BF. OKGo::mbb= mu. #kRk—mv. 2°. Les équations 4, O , donneront de même par-tout ABFD.LGS30::muu— maa.nvrpre IV. Pour la comparaifon des viteffes de defcente du corps 4 le long de HEK , & d’afcenfion du corps mlelong de CBA ; 4 1°. Les équations ®, C’, donneront auffi par-tout [KG o. MOCBF::u86— mov,mcec— mu. 2°, Les équations H, D, donneront de même par-tout LG®0, ABFD ::uvu—uhh.muu—mee, dé uvre MD: ESS GATE NC ES: I 807 - V. Pour la comparaifon des vitefles de defcente & d’afcenfion du corps m par une même route 4BCen def- cendant, & C B À en montant; 1°. Les équations F, C, donneront partout bb— x —=cC—uu. ; 2°. Les équations 4, D , donneront de même par-tout UU— GA A—UU—ee, VI. Enfin pour la comparaifon des vitefles de defcente & d'afcenfion de l’autre corps + par une autre même route quelconque HEK en defcendant , & KEH en mon- tant; 1°. Les équations, K, donneront auñfi par-tout #8 mnt —©kk Ve 2°, Les équations A, 0, donneront de même par-tout dv —hh—= ie, ÿ jt COR OE HAN RES EL Si l’on fuppofe préfentement que les commencemens 4, H, des defcentes des corps” ,#, le long de 4BC, HEK, foient à difances égales du centre P de leurs pefanteurs 3 ®; que les commencemens C, K, de leursafcenfions le long des mêmes routes CBA ,KEH , foient auf à difian- ces égales de ce centre P; & que tant en defcendant qu’en montant , on confidére ces deux corps m, 4, par-tout en des points B, E , équidiftans aufli du même centre P ; aufquel- les diflances égales prifes ainfi deux à deux ; les pefanteurs ou forces centrales f, +, de ces deux corps m,#,tendantes toujours au même point fixe P , foient par-tout entr’elles en raifon conftante quelconque de » à » , : ces füppofitions de difances égales deux à deux , quirendent les conftantes 4P ==HP=LP;CP=KP ;& par-tout les variables BP—EP —GP , rendant ainfi par-tout 4B=— LG , BC=GK ; & la fuppofition de f. 6: :#., jointe à l’art. 1. qui donne en général BF.Go::f.6. rendant de plus ici par-tout BF. Go::n.,.à diftances égales de P ; il eft vilible que l’on y aura pat-tout les aires 4BED. LGa0::n,,:: MCBF, HOBU Ç \ Fig. 2. 3. 508 MEMOIRES DE L'ACADEMIE R OYALr K G%. Donc en ce cas:ci les nomb. 1. 2. des art. 1. 2} 3- 4. du corol. 1. donneront à hauteurs égales, pour la comparaifon des vitefles des corps m,#, defcendans &: montans par des routes difiérentes BC, HEK , chacun par la fienne ; PU — Maa pouv—phh .n.y::muu—maa.uvuu—wmhh.ou » mbb = man meE—pu ñn L Equations dont chacune eft pour les defcentes des corps m,u, le long de 4BC, HEK , fuivant les nomb. 1. 2. de l'art, 1. du corol. 1, | 29,n.vi:mbb—muu.p8B—muvvou == MCC me TN: kk— 3%. n.v::mcc—mMmunmkk== pu u ou QI 2 cha » muu — mee DU—MUEE AN VI IMUU—MEC. MUU—UEE, OÙ —— Pre " y : Equations dont.chacune eft pour les afcenfions des corps m ; w , le long de CBA , KEH , fuivant les nomb. 1.2. de Part. 2. du corol. 1. bb — kk— snr::mbb=mun. phkk— uv. ou Li viens late n » 3 Eu n.s:imuu—manpuu—mse, ou 72H MA HI TEEE Equations dont chacune eft pour la defcente du corps #7 le long de 4BC , & pour l'afcenfion de l'autre corps. le ong de KEH , fuivant lesnomb. 1.2. de Part. 3. du cor. 1. J M CC — Ut __HBB— pou 8. n.r:imuu—mee.muu—wmhh. où Hg ce rue 11 ae vi Bi 7°. n.ssimcc—muu, mEB—Hyu, ou Equations dont chacune eft aufli pour la defcente du corps - le long de HEK , & pour l’afcenfion de l’autre corps 2 le long de CBA , fuivant lesnomb. 1. 2. de l'art. 4 du çorol, 1. , CoROLLAIRE III. Si l'on fuppofe de plus que les mafles m,#, des mobiles de ces noms, font égales entr'elles, & que leurs FrAEn 2 PE PE © -" DES SCIENCES. 209 À ® » font auffi égales entr'elles à diftances égales quelcon- ques de leur centre commun ? , marquées fur leurs routes ABC, HEK , dansles Fig. 2.3. par lesarcs 4H, BE, CK, décrits de ce centre P; ou que les pefanteurs f, +, de ces deux mobiles, prifes ainfi à hauteurs égales en raifon de # à»; y font par-tout proportionnelles à leurs mafles #, #; chacune de ces deux hypothéfes rendant ».4: : f. @ (hyp.) ::#.,. Et en conféquence == <# ; l’on aura ici 1°. — Ga — vv— hh 2°, bb— vu —88— 00 pour les defcentes des corps m,#, ou d’un même le long de BC, HEK , fuivant les nomb. 1. 2. du corol. 2. o 2e. re dre #k cs F Equations dont chacune eft our les afcenfions des corps #, #, ou d'un même le long de CBA, KEH , fuivant les nomb. 3. 4. du corol. 2. s°.bb—uu=kk— GO. uu— qa—œvu—ee L pour la defcente du corps" le long de ÆBC , & pour l'af cenfion de l’autre corps - le long de KEH, fuivant les nomb. $. 6. du corol. 2. Chacune de ces deux équations dans la préfente hypothéfe , eft aufli pour la defcente le long de ABC, d’un corps de pefanteur quelconque , tou- jours tendante en P, & pour l'afcenfion du même corps le long de KEH. 7° CC — VU RE —v v Suu—ee— 00 —hh pour la defcente du corps « le loñg de HE K, & pour Equations dont chacune eff Equations dont chacune eft Equations dont chacune eft . Jafcenfion du corps» le long de BC, fuivant les nomb. 7. 8. du corol. 2. Et dans la préfente hypothéfe, chacune de ces deux équations eft aufli pour la defcente le long de HEK d'un corps de pefanteur quelconque toujourstendan- te en P, & pour l’afcenfion du même corpsle long de CB A. On voit que dans chacune de ces huit équations les dif- férences dont les quarrés des vitefles atuelless, v, furpaf Mém. 1719. Dd 210 MEMOIRES DE L'AÂACADEMIE ROYALE. fent les quarrés desinitiales ou des finales qui les y accoms pagnent ; ou font furpaflés par eux, font par-tout égales entr'elles : c’eft-à-dire , que les différences dont les quarrés de ces viteffes aëtuelles #, u, y furpaffent les quarrés tant des initiales en defcendant , que des finales en montant; ow y font furpaflés par les quarrés tant des finales en defcen- dant , que des initiales en montant ; font par-tout égales entr'elles dans l'hypothéfe du préfent corol. 3. CoROLLAIRE IV. Toutes chofes demeurant les mêmes que dans le pré- cédent corol. 3. fil’on fuppofe de plus: 1%. 4=h, oùa—0o=—=h, lon aura par-tout alors 4 = v à hauteurs égales fuivant le nomb. 1. du cor. 3, c’eft-à-dire, pour les defcentes fuivant 4BC, HEK , que fi aux points A, H, équidiftans de P, les vitelles 4, #, prifes pour les initiales de ces defcentes des corps » ,#, fontégales en- trelles, ou toutes deux nulles, comme dans le cas des chü- tes commencées au repos en À, H ; les vitefles attuelles #, v, de ces deux mobiles ou d’un même , feront par-tout égales entr'elles en tous les autres points quelconques B, E , de leurs defcentes, équidiftans deux à deux du même centre P de leurs pefanteurs. 2°. Sib—8, l’on aura aufli par-tout #—v en ces points B,E, fuivant le nomb. 2. du corol. 3, c'’eft-à-dire , encore pour les defcentes des corps m,#, fuivant 48C, HEK,que fi aux points C, K , équidiftans de P, les vireflesb, 8 ,prifes pour finales de ces defcentes, font égales entr'elles ; les auelles #, v , de ces deux mobiles, ou d’un même, feront encore par-tout égales entr'elles en tous les autres points quelconques B , E, de leurs defcentes , équidiflans deux à deux du même centre P. 3°. Sick, l'on aura de même par-tout #=—v, à hau- teurs égales fuivant le nomb.3. du corol. 3, c’eft-à-dire, pour les afcenfions des corps m,#, fuivant CBA,KEH, que fi aux points C, K , équidiflans du centre P de leurs pefan- DES SCIENCES. , DIE teurs, les viteflesc, k, prifes pour lesinitiales de ces afcen- {ions , font égales entr’elles ; les a@tuelles #, v , de ces deux mobiles, ou d’un même, feront auffi par-tout égales entr’el- les en tousles autres points quelconques B, E , de leurs af. cenfions , équidiftans deux à deux du même centre P. 4. Sie—t,oue—0—e, l'on aura auff par-tout#—v en ces points B, E, fuivant le nomb. 4. du corol. 3 , c’eft-à- dire , encore pour les afcenfions des Corps m , w, fuivant CBA, KEH , que fi aux points 4, H, équidiftans de P, les vitefes e, «, prifes pour finales de ces afcenfons, font Éga- les entr'elles, ou toutes deux nulles ; les auelles #, v,de ces deux mobiles, ou d’un même, ferontencore égales entr’el- les en tous les autres pointsquelconques B, E, de leurs af- cenfions , équidiftans deux à deux du même centre P. 5°. Sib—k, l'onaura de même #— v à hauteurs égales, fuivant le nomb. ç. du corol. 3; c’eft-à-dire, que fi la vi- reffe # prife pour finale en C, de defcente du corps " fui- vant ÆBC, eft égale à la vitefle k prife pour initiale en K, d’afcenfion du corps -fuivant KEH, & que cespoints C; K, foient à diftances égales du centre P ; les vitefles aétuelles 4, v, de defcente & d’afcenfion de ces deux mobiles, ou d'un même, feront aufli par-tout égales entr’elles en tous les autres points quelconques B, E, de leurs routes, équi- diftans deux à deux du même centre P. 6°.Sia—e,oua—0o—+, l’on aura aufli par-tout #=v à hauteurs égales, fuivant le nomb. 6. du corol. 3 ; c’eft-à- dire, que fi la viteffe z prife pour initiale en 4 de defcente du corps mfuivant ABC, eft égale à la viteffe ‘ prife pour finale en H d'afcenfion du corps # fuivant KEH, ou que ces deux vitefles , 4, :, foient nulles en ces deux points 4, H, équidiflans de P; les virefles aëtuelles #, », de defcente & d’afcenfion de ces deux mobiles, ou d’un même, feront encore par-tout égales entr’elles en tous les autres points quelconques B, E de leurs routes ; équidiftans deux à deux du même centre P. 7° Sic=e; l’on aura de même partout #—v à hau- Ddÿ 212 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE teurs égales fuivant le nomb. 7. du corol. 3, c’eft-à-dire, que fi la virefle c prife pour initiale en C, d'afcenfion du corps #7 fuivant C B 4, eft égale à la virefle # prife pour finale en K de defcente du corps # fuivant HEK , & que ces deux points €, K , foient équidiftans de P ; les vitefles actuelles #, v, d’afcenfion fuivant CB, de defcente fuivant HEK , de ces deux mobiles , ou d'un même, feront aufli par-tout égales entrelles en tous les autres points quel- conques B , E, de leurs routes , équidiflans deux à deux du même centre P. 8°. Sie—h,oue—0=h, l'on aura aufli par-tout #—v à hauteurs égales, fuivanr le nomb.8. du cor. 3 ; c'eft-à-dire, que fi la vitefle e prife pour finale 4 d'afcenfion du corps #1 fuivant CB, eft égale à la vireffe 2 prife pour ini- tiale en H de defcente du corps # fuivant HE K, ou que ces deux viteffes e, k, foient nulles en ces deux points 4,H, équidiftans du centre P ; les viteffes actuelles #, v, d'afcen- fion fuivant CB, & de defcente fuivant HEK, de ces deux mobiles , ou d’un même , feront aufli égales entr'elles en tous les autres points quelconques B, E , de leurs routes, équidiftans deux à deux du même centre P. COROLLAIRE V. De tout cela les nomb. 1. 3. du précédent corol. 4 font voir feuls ce que j'ai dit au commencement de cet Ecrit avoir été démontré par Mr Newton, Bernoulli, & Herman: fçavoir que fi un mobile, ou deux, de mafles éga- les & de pefanteurs égales à hauteurs égales, ou de mafñles proportionnelles à leurs pefanteurs toujours prifes à hau- teurs égales, c'eft-à-dire, à difances égales du centre P de leurs pefanteurs, fe trouventune foisavec des viteles égales entr'elles à diftances égales de ce centreP,foit en defcendant le long de 4BC, HEK , foit en montant le long de CBA, KEH, & même aufhi avec des vitefles nulles aux commen- cemens de leurs defcentes , équidiftans de P ; ces deux mobiles ( ou un même ) auront par-tout des vitefles égales DES SCIENCES. 213 entr’elles à diflances égales quelconques de ce centre P, tant en defcendant par ces deux différentes routes , qu’en remontant chacun par la fienne ; & dans ce dernier cas, ces vitefles égales d’afcenfions, s'éteindront enfin à diftan- ces égales du centre P. C'efi-là, dis-je, ce que j'ai dit au commencement de cet Ecrit, avoir été démontré par M. Newton dans la prop. 44 Je. 8. Liv. 1. de fes Princ. Math. de la Phil. natur. Par M. ( Jean) Bernoulli, dans les Mém. de P Acad. de 1710. page $24. © par M. Herman dans la prop. 19. Liv, 1. de Ja Phoronomie. CoROLLAIRE VI Les nombres 1. 2. 3: 4. $. 6.7. 8. du corol. 3. qui ont donné ceux du corol. 4. donnent aufli les réciproques de ceux-ci : fçavoir que fi deux viteffes aétuelles #, v , de def- centes ou d’afcenfions le long de 4BC, HEK , ou dont une à volonté foit de defcente , & l’autre d’afcenfion, fe trouvent quelque part égales entr’elles à difances égales quelconques du centre P des pefanteurs des deux mobiles fuppofés là comme ici, égaux en tout, ou de pefanteurs pro- portionnelles à leurs mafles, & par-tout à hauteurs égales ; leurs viteffes initiales ou finales , toutes deux de defcentes ou d’afcenfons , ou bien dont une à volonté foit de def- cente, & l’autre d’afcenfon, feront alors égales à hauteurs égales qu’on leur peut toujours afligner ,en ne prenant ces vitefles pour telles qu’à ces hauteurs : le détail’ s’en prou- vera de même , & par les mêmes équations du cotol. 3. que celui du cor:4. ce qui en conféquence prouvera que fi deux viteffes attuelles #, v , des deux mobiles ici fuppofés, fe trouvent quelque part égales entr'elles à diftances égales du centre P de leurs pefanteurs ; toutes leurs autres viteffes ferontauffi par-tout égales entr’elles deux à deux en tous les autres points de leurs routes , équidiftans deux à deux de ce centre P. Ce qu’on voit de deux mobiles égaux en tout, fe dira aufli d’un même de pefanteur queiconque mû Ddiij 214 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE comme eux fuivant les routes différentes qu’on leur vient de fuppofer. ; COROLLAIRE VII Donc en général (coro!. 4. 6.) pour des corps encore de mafles égales & de pefanteurs égales à diftances égales de leur centre commun P , ou de pefanteurs par-tout pro- portionnelles à leurs mafles en ces hauteurs égales deux à deux ; le corol. 4. fait voir qu'en prenant fur les lignes AC , HEK, les points 4, H, équidiftans de ce centre P, pour les commencemens dés chûtes de ces corps fuivant ces lignes, ou pour les termes de leurs afcenfions fuivant ces mêmes routes, foit que ces corps foient tombés de plus haut que 4, H, & qu'ils puiflent remonter plus haut , ou non ; & qu'en prenant de même fur ces mêmes lignes les points C , K, équidiftans aufli du même centre P, pour les termes des chûtes fuivant 4 BC, HE K, ou pour les commencemens des afcenfions fuivant CB, KEH : lorf: que les viteffes initiales ou finales, foit de defcentes ou d’afcenfions, oubien dont l’une à volonté foit de défcente; & l’autre d’afcenfon , feront égales entr'elles en ces points A,H,;,ouenC,K, les vireffes aétuelles#, v ,tant dedef- centes que d’afcenfions, feront aufli par-tout égales entre elles deux à deux , aux autres points quelconques B,E, de leurs routes , pareïllement équidiftans deux à deux du mê- me centre P des pefanteurs des deux mobiles. Tout cela fe trouve démontré dans lesnomb.'1. 2. 3. 4. $. 6. 7. 8: du corol.4. Le réciproque de tout cela fuit de même du précédent corol. 6. dontle corol. 3. fournira un détail ré: ciproque à celui qu'il a fourni du corol.:4. CoRoLLAIiRE VIII. 11 fuit auffi des nomb. 1. 2. des art. $. 6. du corol. 1. pour les vitefles de defcente & d'afcenfion d’un même corps de mafle & de pefanteur quelconques le long d'une même ligne aufli quelconque, fuivant le plan de laquelle la pefanteur variable à volonté de ce corps tende toujours DES SCIENCES. 215 vers un même point fixe quelconque : il fuit, dis-je, des nomb. 1.2. des art. $. 6. du corol. 1. TR 1°. Que fic, c’eft-à-dire , que fi la viteffe initiale & en Cd’afcenfion du corps m fuivant CB À, eft égale à la finale # au même point C de defcente du même corps, fui- vant la même route 4BC, le nomb. 1. de l'art. s. du corol. 1. fait voir que les viteffes a@uelles # d’afcenfon & de defcente de ce corps #, ferontalors par-tour égales en- tr'elles en chaque point B quelconque de cette route BC, 2°. Que fia—e, oua=0o—e , c’eft-à-dire , que fila vitefle finale e en 4 d’afcenfion du même corps » quelcon- que fuivant CB A, eft égale à l’initiale 4 en ce même point Æ , de fa defcente ; ou que ces vitefles 4, e, fnient toutes deux nulles en 4, auquel point la viteffe 4 de defcente com mence au repos , & cellee d'afcenfon s’éteigne enfin tout- à-fait ; le nomb. 2. de l’art, s. du corol. 1 fait voir que les vitefles actuelles # d’afcenfion &:de defcente du corps #7 feront aufli pour lors égales entr'elles en chaque point B quelconque de fa route 4BC 3°. Que is, c'eft-à-dire, que fi la vitefle initiale & en K , d’afcenfion du corps # fuivant KEH , eft égale à fa finales au même point K , de fa defcente fuivant Ja même route HEK , le nomb. 1. de l’art. 6. du corol. x. fait voir que les vireffes aëtuelles v d’afcenfion & de defcente dece corps # quelconque , feront alors par-tout égaies entrelles en chaque point E quelconque de fa route HEK. _ : 4. Quefih=+,ouh—0—+, c'eft-à-dire , que fi la viteffe finale « en H d’afcenfion de ce même corps # quel- conque fuivant KE H, eft égale à fon initiale 4 en ce même point. H, de fa defcente fuivant la même route HEK ; ou que ces vitefles h , :, foient toutes deux nulles en H,, auquel point la viteffe 4 de defcente commence au re- pos, & celle + d’afcenfion s’éreigne enfin tour-à-fait : le nomb. 2. de l’art. 6. du corol. 1. fait voir que les viteflés actuelles v d’afcenfion & de defcente du Corps # feront aufli par-tout égales entr'elles en chaque point quelconque Ede fa route HEK, 516 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE I] ef} à remarquer que les hypothéfes du corol. 2. font inuti- les au préfent corol. 8, COROLLAIRE IX. Les nomb. 1. 3. du précédent corol. 8. font voir que fi un même corps de mafle quelconque, & de pefanteur va- riable à volonté , toujours tendante en P, tombe de Hfui- vant une ligne quelconque HEK , jufqu’en un point quel- conque K , d’où ce corps remonte enfüite fuivant la même ligne KEH( par quelque caufe que ce foit) avec une vi- teffe initiale d’afcenfion , égale à la finale de defcente qu'il avoit en ce point K ; il aura par-tout en chaque point E de fa route la même vitefle en remontant qu'il y avoit en defcendant , foit que fa defcente ait commencé par une vitefle imprimée, ou au repos. De-là il fuit que ce corps remontera ainfi toujours à la même hauteur À, d’oùil a commencé à tomber; puifqu'il y aura toujours une vitefle d’afcenfion égale à celle de chûte qu'il y avoit, D'où l’on voit que fi fa chûte y a commencé par zero de viteffe , c’eft-à-dire , au repos ; fa viteffe d'afcenfion fe trouvera pour lors nulle en ce point H,auquelelle s’étein- dra tout-à-fait ; & conféquemment alors ce point H fera le plus haut auquel le mobile puifle monter. Donc alors il remontera toujours jufqu’à la hauteur H de fa chûte fans pañfer outre, C'OROLIATRE CE, Toutes chofes demeurant ici les mêmes que dans le précédent corol. 9. & la conftruétion y étant aufli la même que dans l’art. 1. de la démonftr. du Théoreme par rap- port à la ligne quelconque HEK de la Fig x. filon prend ici # pour la vitefle de defcente fuivant HEK d’un corps de maffe quelconque , & de pefanteur aufli quelconque, toujours tendante en P ; v pour la viteffe d’afcenfion du même corps fuivant KEH ; dt pour l'inftant employé à par- courir DES SCIENCES. 217 &ourir l’élément Ee de cette ligne en defcendant vers K : & 4 + pour l'inftantemployé à parcourir le même élément eE €n remontant de K, où ce mobile ait une vîteffe initiale k d'afcenfion , égale à la finale 8 de defcente qu'il avoit en ce point K : l'on aura non feulement en général # = v =; mais encore dans cette hypothèfe de k= 4, le nomb, 3. du corol. 8. donnera #— v en chaque point E, Donc on y aura aufli = — = * & conféquemment ds =— 45: ceft-à-dire, que les inftants dr, ds, employés à parcourir chaque élément Ee ou eE de la ligne quelcon- que HEK ; tant en defcendant qu'en montant le long de cette ligne, feront par-tout ici égaux entr'eux deux-à-deuxs Donc la fomme de rous les inftants dr employés à par- courir tous les élémens £e en defcendant de £ jufqu'enK, fera ici précifément égale à la fomme de tous les inftants dé employés à parcourir tous les élémens e E en remon- tant , fuivant la même route depuis K jufqu’en E, après être parti de K avec une viteffe k d’afcenfon, égale à celle £ de chute que le mobile avoit en ce point K, Or la fomme de tous les inftants: 4: employés à parcourir tous les élé- mens Ee en defcendant de £ jufqu’en K, c’eft le tems z employé à parcourir EK en defcendant; & la fomme de tous les inftants d + employés à parcourir tous les élémens eE en remontant par la même route depuis K jufqu’au même point E , c’eft le tems + employé à parcourir le même efpace KE en remontant. Donc le tems # que le mobile employe à tomber de Een K, fuivant EK , eft égal au tems $ que ce mobile employe à remonter de K juf- qu'au même point E, en partant de K vers A, füivant la même route quelconque KEH, & avec une vitelfe k égale à celle & qu'il avoit en ce point K en y tombant fuivant HEK. Par conféquent un même corps de mafle quelcon= que, & de pefanteur aufli quelconque, parti de K vers H, Mém, 1719. Ee 318 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE füivant une ligne quelconque KEH , avecune vireffe égale à celle qu'il avoit en ce point K en y tombant füuivant. HEK , remontera toujours fuivant la même route à quel- que point E que ce foit de cette route, dans un tems égal à celui qu'il avoit employé à tomber de ce point E en K. Par conféquent aulli ce corps remontera ainfi de K jufqw'au plus haut point H de fa chute, dans un rems égal à celui qu'il avoit mis à tomber de ce point AH juf- qu'en K , fuivant la même route HEK. CoOROLLAIRE X I. Or le corol. 9. fait voir que ce corps en remontant de K vers H, fuivant KEH , parti de K avec une viteffe ini- tiale d'afcenfion , égale à celle de chute qu'il y avoit en y tombant de H, fuivant la même route HEK , aura tou jours en chaque point E de cette route en montant, la même vitefle qu'il y avoit en defcendant; & qu'il remon- tera toujours ainfi jufqu'au commencement Hde fa chute ; où il aura de même une viteffe d’afcenfion égale à celle: de defcente qu’il avoit en ce commencement H de chute: vers K. Donc ce corps de pefanteur quelconque toujours tendante en P, & parti ( par quelque caufe que ce foit) de K vers Hfuivant KEHavec une viteffe d’afcenfion , égale à celle de defcente qu'il avoit en ce terme K de fa chute commencée en H fuivant HE K ; remontant toujours (corol. 10.) en chaque point E de cette route dans un tems égal à celui qu'il avoit employé à tomber de ce point E en K : ce même corps , non feulement remontera toujours ainfi de K en E dans un tems égal à celui qu'il avoit mis à tomber de ce point E en K par la même route; mais encore aura toujours en ce point Æ quelconque em remontant , la même viteffe qu'il y avoit en defcendant. Par conféquent prenant ce point indéterminé E pour le com= mencement H de la chute de ce corps, non feulement il remontera de K en H, fuivant KEH( corol. 10.) dans un tems égal à celui qu'il avoit mis à tomber de H en K fui. dns ar animes: stat D'ENSISICÎTE N © € & 219 want lamêmeroute HEK ; mais encore il aura en ce point Æ(corol. 9.) une viteffe d’afcenfion, égale à celle par la- quelle fa defcente y avoit commencé vers K : de forte que fi cette defcenteou chute a commencé au repos ou à zero de vitefle en ce point H, l’afcenfion de ce corps commen- cée en K fuivant KEH avec une vitelle ( hyp.) égale à celle de chute qu'ilavoit en ce point À, fe terminera auf pour lors (coro/. 9.) en cepoint H oùelle s’éteindra tout-à-fait, & d’où la pefanteur quelconque de ce mobile le fera auffi- tôt retomber comme auparavant fuivant HEK. COROLLAIRE XIT. Concevons préfentement far un plan qui pañle par P, une courbe HE K FG d'arcsHEK,GFK, parfaitement femblables en tout de part & d'autre de la verticale AP, _&t femblablement pofés par rapport à cette verticale & à ce centre P de la pefanteur quelconque du mobile : d’arcs (dis-je) tels que le premier HEK tournant autour de cette verticale fixe AP, aille fe coucher exactement fur l’autre GFK ; lefquels arcs HEK, GFK, & leur axe commun AP, foient rencontrés à leurs extrémités » C3 À, par un cir- culaire HAG décrit du centre P&jen E;F,8B, par un _. arc circulaire quelconque EBF concentrique à ce- lui-là. Imaginons qu'un mobile de maffe quelconque , & de pefanteur auffi quelconque toujours tendante en P, & égale à diflances égales de ce point fixe P, quelque variée que cette pefanteur foit à différentes diftances de ce même cen- tre P : imaginons, dis-je, que ce mobile ait des ofcillations le long de la courbe fuppofée HE K FG en conféquence d’une chute commencée au repos en À, jufqu’au plus bas point K de cette courbe , d’où il continue de fe mouvoir fuivant KFG, avec la viteffe acquife en ce point K par fa chute de Hen K le long de HEK. Celapofé, le corol 11. fait voir qu’en deux points quel- conques de la courbe HEKFG, équidiftants a centre P, ei Fig. 7 Fig. IF 350 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE tels que font (hyp.) les points E , F; ce mobile aura des vitefles égales de defcente & d’afcenfion ; & qu'il montera de K en F dans un tems égal à celui qu’il aura mis à tom- ber de Een K , de maniere qu’il montera aufli de K en G dans un tems égal à celui qu'il aura mis à tomber de H en K, & que fa viteffe d'afcenfion fe trouvera nulle en G comme celle de fa chute l’étoit ( kyp.) en H ; ce qui per- mettra à la pefanteur de ce corps de le faire alors retomber de G en K, d’où il remontera de même jufqu’en H; du quel point Hil retombera encore en K, d’où il remontera encore jufqu'en G ; & toujours de même le long de la même route HEKEFG , en faifant ainfi en tems égaux des ofcillations égales de part & d'autre jufqu'en H, G ; dans lefquelles ofcillarions ce mobile aura toujours des viteffes égales de chute & d’afcenfion en tous les points de fa route HEKIG, équidiftants deux à deux du centre P de fa pe- fanteur ; & les tems de defcente d’un de ces points en K; & d’afcenfion de K en l'autre , feront toujours aufli égaux entr’eux deux-à-deux. CorROLLRIREXIIL Retournons à la Fig. 1. dans laquelle les diflances ÆP ; BP, CP, des points 4, B, C, au centre P des pefanteurs, foient telles qu'on voudra par rapport aux diflances HP , EP, KP , des points H, E, K, à ce centre P , ainfi que dans le Theor. & dans fon corol. 1. Quelles que foient, dis-je ; ces diftances des mobiles au centre P de leurs pefanteurs , il fuit du corol. 10. que fi ces deux mobiles de ce Theor. fuppofés de maffes quelconques m,#, & de pefanteurs aufli quelconques f, + , toujours tendantes en P ; après étretom- bés des points quelconques , 4, H, jufqu’aux quelconques C, K , fuivant des routes aufli quelconques 4BC, HEK , quelles qu’ayent été leurs premieres viteffes en 4, H, re- montent ( par quelque caufe que ce foit ) fuivant les mê« mes routes CB, KE H, chacun fuivant la fienne , em commencant en C, K, avec des vitefles d'afcenfions,égales DES SCIENCES 224 chacune à chacune de celles qu'ils y avoient en tombant : les tems que ces deux corps #, #, emploieront à remonter ainf de C, K, jufqu'aux points quelconques B , E, de leurs routes , feront toujours entr’eux en raïfon de ceux qu'ils auront employés à tomber de ces points B, E, jufqu’en C, K , fuivant leurs routes ; puifque le tems que chacun de ces corps m,#, aura mis à parcourir ainfi chacune des lon- gueurs quelconques CB , KE ;en montant, fera ( corol. 10.) égal à ce qu'il en aura mis à la parcourir en defcendant. CorROLLAIRE XIV. Toutes chofes demeurant les mêmes, il fuit aufi du co- rol. 9. que les vitefles que ces deux corps »,#, auront aux points quelconques B, E, de leurs routes en remon- tant ainfide C, K, vers 4, H, fuivant CBA, KEH , feront pareillement entrelles en raifon de celles qu'ils avoienten ces mêmes points B, E ,en y tombant de 4 , H, fuivant ABC, HEK ; puifque la viteffe que chacun de ces corps m ,#, aura en chacun de ces points quelconques B,E ,en y remontant de C, K, fera (corol. 9. ) égale à celle qu'il y avoit en y tombant de 4 ou de H. CoOROLLAIRE X V. Revenons préfentement aux égalités des diflances des corps »,#, au centre P , marquées par les arcs circulaires AH, BE , CK, décrits de ce centre P dans les Fig, 2. 3, fuppofons ; dis-je, comme dans les coroll. 3. 4. $. 6. 7. que les mafles m, #, des deux corps de ces noms, font par-tout proportionnelles à leurs pefanteursf, +, en diflan- ces égales quelconqués du centre commun P de ces pe- fanreurs ; que les chutes de ces corpsm,+, fuivant 4BC , HEK , ont commencé en 4, H, à des diftances égales de ce centre P avec des vitefles égales quelconques, ou au repos ; & que leurs afcenfions ( quelles qu’en ayent été les caufes ) fuivant les mêmes routes CB, KEH, ontcom- mençéen C, K , à diftançes égales aufli du Rene centre P, € if Fig. 2: Fig. . concourantes en quelque point P que ce foit du plan de fa Don h NN NH 4 252 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE avec des vitefles égales à celles qu'ils y avoient en tom: bant. ‘Tout cela fuppofé ; les coroll. 4. $. 9. font voir en- femble que les deux viteffes actuelles de defcentes de ces deux corps », #, & leurs deux attuelles d’afcenfions , fe- ront toutes quatre égales entr’elles à diftances égales quel- conques B, E , du centre commun P de leurs pefanteurs LE ? Car puifqu’on fuppofe ici les viteffes initiales d’afcen- fions de ces deux corps m,#, égales en C, K, à celles que ces corps y avoient en y tombant de 4, H, de hauteurs (hyp.) égales , aufquelles les defcentes de ces deux corps étoient ( Ayp.) de vitefles égales ou nulles; lecorollaire 5. fait voir que leurs vitefes initiales d’afcenfions commen: cées en C, K , de hauteurs auffi (Ayp.) égales , y ont été pa- reillement égales entr'elles; & conféquemment qu’à hau- teurs ou diftances égales quelconques du centre P , pat exemple, en B,E, les viteffes actuelles des afcenfions de ces deux corps feront ( corol. 4. nomb. 3.) égales entr'elles com- me y éroient ( corol. 4. nomb. 1.) celles de leurs defcentes, Or de ce que leurs vitefes initiales d’afcenfions commen- cées en C, K , y font (hyp.) égales à celles que ces deux corps, "M, “, ÿ avolent en tombant, le corol. 9. fait voir que lesviteffes d'afcenfion & de defcente de chacun de ces deux corps m, #; feront aufli égales entr'elles en chacun des points de leurs routes. Donc leurs deux vitefles de def= centes , & leurs deux d’afcenfions, feront ici toutes quatre égales entr'elles aux points quelconques B, E, de leurs routes , équidiftants de P, c’eft-à-dire, à diftances égales quelconque du centre commun P de leurs pefanteurs. CoRoLLaIiRE X VI. . Tout ce qui précéde des Poids, chacun de direétions route, étant vrai à toutes diflances même infinies de ce oint P ; il eft manifefte qu'il feroit encore vrai dans le : cas des directions de ces poids,parallelles entre-elles;fçavoik DÉS SCIENCES. 55 à toutes hauteurs au-deflus des plans perpendiculaires à ces dire@ions parallelles de pefanteurs quelconques dans le pré- cédent Theor. & dans fon corol. 1. Fig. 1. & à hauteurs égales au-deffus de ces plans dans tout le refle, Fig, 2. 3. &. $. 6. 7. depuis le corol. 2. jufqu'ici ; aufquelles hauteurs égales quelconques les pefanteurs f, +, font fuppofées dans le corol. 2. en raïfon confiante quelconque de » à. De forte que ce cas des direétions des poids parallelles entrel- les, rendroit aufli tout ceci vrai dans l'hypothéfe de Galilée fur la Pefanteur , en y fuppofant # .,;:m.#. Et confé- quemment f. ®::m.#. comme dans le corol, 3. ainfi que cet Auteur; lequel, outre ce parallelifme , fuppofe aufli les pefanteurs f, e , des corps ( je veux dire leurs pe- fanteurs totales , comme par-tout ici) en raïfon de leurs males m, «, defquelles les élémens égaux font alors fup- pofés de pefanteurs égales. CoROLLAïIRE XVII Dans ce cas de parallélifme des direétions de pefanteurs quelconques, caufé par l'éloignement infini du point P, vers lequel on les fuppofe toujours rendre , & qui étant le centre des arcs circulaires 4H, BE, CK , dans la Fig. 2. les rend par fon éloignement infini d’eux , autant de lignes droites perpendiculaires à la verticale infinie ZP,ou à fa partie finie quelconque ÆC, laquelle prife pour axe de la ligne HEK , les auratoutes pour ordonnées orthogo= nales de cette ligne, ainfi qu'on les voit dans la Fig. 8. en faquelle la Fig. 2. fe trouve ainfi changée par l'éloignement infini du centre P. Dans ce cas, dis-je, tout le refte de la Fig. 2. corol. 3. 4. $. 6. 7. 15. demeurant le même dans la Fig. 8. dont AC, HK , font deuxlignes droites comme dans la Fig. 2. & en prenant fur la verticale C de cette Fig. 8. les diffances entr’elles des horifontales /H;, BE, CK ; pour les hauteurs des chutes & des afcenfions , lef- quellés feront ici appellées hauteurs égales , lorfqu'elles fex xont toutes d’un des plans horifontaux que ces droites ho Fig. 2. ; 8, Fig, 8, 24 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoOYyarE rifontales expriment, à un feul autre quelconque de ces plans, c’eft-à-dire, toutes entre deux mêmes plans horifon- taux quelconques ; 1°. Si les corps fuppofés de pefanteurs proportionnelles par-tout à leurs mafles en hauteurs égales , quelque dif- proportionnelles qu'elles leur foient en d’inégales, ont en 4,H,des vitefles initiales égales ou nulles de defcentes vers C,K ,le long des plans 4C, HK , perpendiculaires au ver- tical CAHK , qui les coupe fuivant leurs longueurs C, HK : les vitefles aétuelles de ces corps feront par-tout { corollaire $.) égales entr'elles en hauteurs égales quel- conques, comme en B, E, le long de cesplans 4C, HK, depuis 4, H, jufqu’en C, K , où les finales de ces chutes feront conféquemment aufli égales entrelles. D’où l’on voit que le plan HK étant (4yp.) d'inclinaifon quelconque, fuivant fa longueur par rapport à celle du vertical AC, f les chutes faites par un ou par plufieurs corps de mafles proportionnelles (en hauteurs égales) à leurs pefanteurs quelconques de direétions toutes parallelles entr’elles, le long de tant de plans qu'on voudra fuppofer inclinés à volonté, c’eft-à-dire, fuivantleurs longueurs d’inclinaifons quelconques prifes pour celles de ces plans qui en ce feul fens s’appellent inc/linés ; fi, dis-je, ces chutes le long de ces Le inclinés , ont commencé toutes à hauteurs égales quelconques , avec des vitefles égales ou nulles, les corps u’on y fuppofe tomber, y auront par-tout des vitefles ‘égales entr'elles à hauteurs égales jufqu’à la fin de ces plans compris entre les horifontaux 4H, CK. Ce qui compre- nant l’hypothèfe de Galilée fur la pefanteur , prouve l’éga- lité de ces viteffes finales que cet Auteur s'eft contenté de fuppofer au commencement de fon Traité De motu na- turaliter accelerato. 2°. Si préfentement les corps fuppofés remontent de C,K, vers 4, H,le long des plans C4,KH, en commen- ant en C, K, avec des vitefles égales ; ils y auront auf par-tout (corol. 5.) des vitefles égales entr'elles à hauteurs égales; onda ic lemme 1 DRE D ESMSNCIT E N CES 0 225$ égales ; & ces viteffes d’afcenfons faites malgré les pefan- teurs de ces corps, s’éteindront enfin en des points de leurs routes, également diftans de C, K. 3°. De plus files afcenfions de ces deux corps fuivant CA, KH ,commencent en C, K ;, avec des viteffes égales à celles qu'ils y avoient égales ( romb. 1.) en y tombant de À , H, où leurs chûtes avoient commencé par des vitefles | égales ou nulles : non-feulement ces deux corps autont des vireffes égales entr'elles en hauteurs égales , tant ( nomb. 1.) en defcendant , que ( romb. 2.) en montant : mais encore (art. 9.) chacun d’eux aura pour lors en chacun des points de fa route , la même viteffe en remontant qu'il y avoit en defcendant. De forte que leurs deux viteffes de defcentes, &leurs deux d’afcenfions, feront ici toutes quatre égales entr'elles à hauteurs égales, c’eft-à-dire , en des points quel- conques B, E, de leurs routes 4C, HK, équidiftans du plan horizontal CK ou 4H. ; | 4°. Donc le plan HK d'inclinaïfon ( yp.) arbitraire par rapport au vertical 4C', pouvant être pris fucceflivement pour tant de plans qu’on voudra , inclinés à volonté, & de même hauteur quelconque AC que lui , c’eft-à-dire, com- pris comme lui entre les horizontaux 4H, CK : non-feu- lement fi les mobiles ( fuppofés par-tout ici de pefanteurs proportionnelles à deurs mafles en hauteurs égales quel- conques) commencent tous leurs chûtes à l'horizontale AH avec des vitefles toutes égales quelconques , outoures nulles ; ils auront par-tout ici depuis À H (nomb. 1.) des vitefles égales entr'elles à hauteurs égales en tombant le long de ces plans : mais encore fi ces corps remontent pat quelques caufes que ce foient, le long de ces plans, chacun le long du fien, en commençant tous en CK avec des viteffes quelconques toutes égales entr'elles ;tous ces corps y auront aufli (romb. 2.) depuis CK des viteffes égales en- tr'elles à hauteurs égales en montant le long de ces mêmes plans inclinés à volonté. Et fi ces vitefles initiales d’afcen- fions droites CK vers 4 H, font égales à celles des def- Mém, 1719. FF: 226 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE centes que ces corpsavoient en CK en y tombant de 4H de la maniére qu’on le vient de fuppofer; leurs viteffes de: defcentes & d’afcenfions feront toutes (170mb.3.) égales en- tr'elles à hauteurs égales quelconques ; aufquelles confé- quemment il y aura toujours ici deux fois autant de viref- fes égales qu'il y aura de corps ainfi müs le long de tous: ces plans 4C, H,K, &c. inclinés à volonté entre les hori- zontaux 4H, CK, conformément au corol. 15. que la pré- fente hypothéfe de P infiniment éloigné dans la Fig. 2. réduit à ceci en la changeant en la préfente Fig. 8. COoROLLAIRE MN LT. Puifqu'un même ou deux corps différens de pefanteurs: par-tout proportionnelles ( en hauteurs égales ) à leurs maf- fes, & dirigées parallélement à À C, lefquels commence roient en À, H, avec des viteffes égales ou nulles, à tom- ber le long des plans ZC , HK, jufqu'enC, K , y auroient (corol. 17. nomb. 1. ) par-tout à hauteurs égales quelcon- ques, des vitefles égales depuis 4H jufqu’en CK ; par exem- ple, en B,E ; fi infiniment près de l'horizontale BE on lui imagine une parallele e, on verra que les inftans 4, do, employés à parcourir les élémens correfpondans Bb, Ee;. de hauteurs égales , & ainfi parcourus de viteffes égales, fe- roient par-tout en raifon de ces élémens, c’eft-à-dire, qu'à chaque hauteur l’on auroit icidr. de:: Bb.Ee:: AC. HK. Donc cette raifon étant conftante , la fomme des d& fe trouveroit toujours ici à la fomme de d! , en raifon de la fomme des Bb à la fomme des E e : c’eft-à-dire que les ms ? ,e, employés à parcourir depuis l'horizontale 4H, des parties femblables quelconques des longueurs 4 C;. HK, des plans fuppofés de hauteurs égales, & conféquem- ment aufli à parcourir ces longueurs entiéres ; feront LE tout ici entr eux comme ces longueurs 4C, HK , des plans fuppofés. D'où l’on voit que le plan HK d’inclinaifon (4yp.) arbitraire , pouvant être fucceflivement pris pour rant d’au- tres plans qu'on voudra, inclinés à volonté & de même "11 DES SCIENCES. 227 hauteur que lui, ou compris comme lui entre les hori- zontaux ÂH,CK ; les tems requis pour parcourir tous ces plans, chacun par chacun d’autant de mobiles, tous de pefanteurs proportionnelles par-tout à leurs maffes, en hau- teurs égales quelconques, & toutes dirigées parallélement à la verticale AC, feront toujours entr'eux comme les lon- gueurs de ces plans. Ce qui , dans le cas de la pefanteur confiante fuppofée par Galilée , comprend les prop. 3. & 40. de fon Traité De motu naturaliter accelerato. COROLLAIRE XIX. Par un raïfonnement femblable à celui du précédent corol. 18. fi les deux corps de pefanteurs par-tout propor- tionnelles à leurs mafles en hauteurs égales, lefquels on vient de fuppofer dans ce corol. 18. tomber de À, H, juf- qu'en C, K,le long des plans /C,HK, en commençant leurs chûtes en 4, H, avec des vitefles égales quelcon- ques , ou nulles, remontent le long de ces mêmes plans en commençant en C, K,avec les viteffes égales ( corol. IT nomb. 1.) à celles qu'ils y avoient en tombant: on démon- trera (comme l’on vient de faire dans le précédent cor. 18. pour les tems ou durées de leurs chüûtes fuivant 4 C ë HK ;) que les tems que ces deux UE emploieront ici à monter de C, K, à hauteurs égales le ong de ces plans CA, KH, feront aufli toujours entr'eux comme ce qu'ils auront alors parcouru de longueurs de ces plans , ou com. me ces longueurs elles-mêmes , foit que ces mobiles n’en parcourent que des parties de hauteurs égales au-deflus de CK, ou qu'ils parcourent ces longueurs entiéres en mon- tant le long d'elles depuis CK jufqu'en 4 H ; puifque les vitefles d’afcenfions y feront (coro/. 17. nomb. 2.) par-tout égales entr'elles à hauteurs égales au-deflus de C'K, par exemple en B,E, comme celles des chûtes y étoient ( cool. 17. nomb. 1.) égales entrelles en defcendant le - Tong de ces mêmes plans 4C, HK, depuis 4H jufqu'en CK. Tout cela fe dira de même de tant de pan qu'on 1] 228 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE voudra , inclinés à volonté entre 4H, CK, par la raifont de ce qu'on a dit de tous ces plans inclinésdansle corol. 17. linclinaifon arbitraire ( 4yp.) du plan HK, permettant de le prendre fucceflivement pour tant d’autres plans in< clinés à volonté, compris comme lui entre les horifon- taux /H, CK. CoOROLLAIRE XX. I] fuit des trois précédens corol. 17. 18. 19. que file Tong de tant de plans qu’on voudra, tous de même hau- teur AC, & tous inclinés à volonté entre les horizontaux AH, CK , autant de corps de pefanteurs par-tout propor- tionnelles à leurs maffes en hauteurs égales, & toutes dis rigées parallélement à 4C, tombent jufqu’en CK , chacun fuivant chacun de ces plans inclinés, en commençant leurs chûtes en /Havec des vitefles toutes égales quelconques; ou toutes nulles ; & qu'après être arrivés en EX, ils en repartent ( par quelques caufes que ce foient ) avec des vitefles égales quelconques en remontant vers 4H fuivant les mêmes plans , chacun füuivant celui le long duquelil eft tombé : il fuit, dis-je, des coroll. 17. 18. 19. 1°. Qu’à hauteurs égales quelconques , comme en BE ; tous ces corps auront { corol. 17. nomb. 4.) des vitelles éga+ les , tant en defcendant , qu'en montant le long de tous ces plans , chacun le long du fien: c’eft-à-dire , toutes éga- les entrelles en BE, en y tombant ainfi de 4H le long de ces plans; toutes égales aufli entr'elles en la même hau- teur quelconque BE, en y montant de CK le long des mêmes plans; & enfin toutes ces vitefles de defcentes, égales à toutes celles d’afcenfons , les unes & les autres prifes à cette même hauteur quelconque BE, fi les afcen- fions de ces corps commencées en CK, y ont commencé toutes avec la même vitefle qu'ils y avoient tous à la fin de leurs chûtes commencées ( yp. ) en 4H avec des vitefles aufli toutes égales entr’elles , ou toutes nulles. 2°, Que des parties femblables des longueurs de tous. DÈS SérENCES 529 és plans différemment inclinés, comprifes entre deux ho- tizontaux quelconques depuis 4H jufqu’en CK , ou depuis CK jufqu'en 4H ,feront toujours ici parcourues tant en defcendant ( coro/. 18.) qu’en montant (corol. 1 9.) dans des fems qui feront éntfeux comme les longueurs de ces mêmes plans ; & conféquemment que ces fongueurs en« tiéres, comprifes entre les pers horizontaux 4H, CK, fe. font ici toutes parcourues de même, tant en defcendant qu'en montant , pendant des tems qui feront auffli en- treux comme ces mêmes longueurs des plans différem: ment inclinés entre ces deux horizontaux 4H, CK. Les quatre derniers coroll. 17. 18. 19. 20. étant pour des corps de pefanteurs par-tout proportionnelles à leurs males en hanteurs égales , © de direëtions toutes paralleles entr'elles, Joitique chacune de ces pefanteurs varie d'une hauteur à l'au- tre ; ou qu'elle foit par-tout la même ; il eff vifible que. ces quatre corollaires conviennent en tout à l’hypothéfe de Galilée fur la pefanteur qu'il fuppofe conffante &* par-tout la même dans chaque corps ; & de direëtions toutes paralleles entr’elles dans tous les corps qui en font affectés. À cf}, à remarquer que les différentes courbes particuliéres pour lefquelles on pourroit prendre les deux générales DEF M i O%Q, de la Fig. I. pourroient encore fournir ici Llafieurs autres corollaires. Mais en voici affez pour faire fentir a fe sondité du Théorème qui vient de les donner. F Fiij 15 Novembre 1712. 230 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE HAS ToiOQ: TRE D'ENS :G U E SP ES Par M. DE REAUMUR. N s’intérefle naturellement aux aétions des Animaux qui vivent en fociété. Sans être obfervateur de la Nature , on aime à entendre parler de l'intelligence des Caftors , qui travaillent de concert à bâtir avec de la terre & du bois des édifices à plufeurs étages pour fe défendre contre lesinondations. Les républiques des Fourmis, celles des Abeilles, fe font fait admirer danstousles fiécles. Les fociétés font peut-être le premier & le plus bel ouvrage de notre raifon. Nous fommes étonnés de voir que des Animaux que nous méprifons , nous imitent dans ce point effentiel. Après nous être cru toute l’adrefle & route la prévoyance en partage , nous ferions prefque tentés d’ac- corder à des Infectes plus de génie qu’à nous; les difcours des déclamateurs ont fouvent été jufques-là. Ceux qui ont voulu faire valoir l’efprit des Infeétes, n’en ont guére trouvé qui leur aient autant fourni que les Abeilles; leur hiftoire eft pleine de faits finguliers ; il n'eft point d’Infeéte qui ait été plus obfervé ; il avoit ce- ndant befoin de l'être dans un fiécle auffi éclairé que le nôtre ; M. Maraldi l’a fait avec foin il y a quelques an- nées. Ses obfervations exaétes nous ont appris ce qu'il fal- loit rabattre des faufles merveilles qu’on leur attribue , & ce qu'il falloit ajouter aux véritables; elles ont arrêté les regrets qu'on avoit de ce que les Obfervations de * Swam- donnera le tout au public, quand la Traduétion Françoïle , qu'il a fait commencer fous fes yeux , fera” achevée, * Ces Obfervations , avec les Planches que cet Auteur avoit fait graver, ont pañlé entre les mains de M. du Verney , qui fait efpérer quil DES SCTENCES. 23r merdam fur le même fujet n’avoient pas vü le jour. Ces Abeilles font un petir peuple pacifique , qui tra- vaille pour nous; en revanche nous nous intéreffons pour lui. D’autres Infeétes leur font la guerre, nous les avons: en horreur. Elles n’ont point de plus redoutables ennemis: que les Guefpes, qui ne s’en tiennent pas à aller enlever le fruit de leurs travaux ; elles les mangent elles mêmes. Ces Guefpes comparées avec la république douce & poli- cée des Mouches à Miel, nous paroïffentune nation feroce; une nation d’Antropophages ; nous n’en jugeons pourtant fi mal que pour ne les pas connoïtre. Il en eft des Guefpes comme de ces peuples éloignés que nous penfions être barbares , & par lefquels nous nous fommes trouvés fur- pafñlés en bien des chofes. Les républiques des Guefpes ne: le cédent en rien à celles des Abeilles ; pour être plus guer- riéres , elles n'en font ni moins induftrieufes , ni moins la- borieufes ; leur hiftoire même nous fervira à éclaircir celle des Abeilles; elles permettent d’obferver des faits effen- tielsque les autres n’ont encore que laïffé foupçonner. Je fouhaiterois fort que le récit que je vais faire des obferva- tions les plus finguliéres qu’elles m'ont fournies , amufit auffi agréablement pendant une demi-heure * que ces mêmes obfervations ont agréablement occupé pendant plufieurs mois mes heures de délaffémens. vis Si je n'étois propofé de faire connoître les différentes efpéces de Guefpes dont les Naturaliftes font mention, de donner des defcriptions exaétes de leurs figures, de carac- térifer les efpéces par les différences les plus marquées, un Mémoire entier y fufhroit à peine ; il feroit naturellement la premiére partie de l’hifloire de ces Infeêtes. Mais je crois qu'on me fçaura gré de ce que j'épargnerai ici ces détails fecs, pour ne m'arrêter ; pour ainli dire , qu’à leurs mœurs , à découvrir leurs induftries , à raconter comment elles peuplent & gouvernent leurs républiques. Je ne dirai donc rien des efpéces qui vivent prefque folitaires, dont les unes percent des trous en terre, où elles éleyent feule- * Ce Difcouts futlû dans une A flemblée pu- blique. 232 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYAL£ ment quelques petits, & dont les autres fontifur des feuil- les d’Arbres ou fur des murs de longs Tuyaux de terre rapportée , qui-défendent peu d'œufs & les Infeétes qui en éclofent contre les injures de l'air. Jene parlerai que de celles qui vivent en fociété , de celles qui travaillent des efpéces de gâteaux compofés de cellules exagonescomme ceux des Abeilles, mais faits d'une matiére fort différente de la Cire. Ces amas de cellules font principalement deftinés à lo- ger les œufs & les embrions jufqu’a ce qu'ils puiflent pren- dre l’eflor ; aufli les nommerons-nous quelquefois le nid des Guefpes , & quelquefois le Guefpier , pour rendre en François les noms de 7’e/parium & de l’efpetum que quel- ques Auteurs lui donnent. Nous comprendrons fous les mêmes noms tout ce que les Guefpes batiflent autour des gateaux. Nous nous contenterons de diftinguer ces Infec- tes en trois clafles , & cela par rapport aux différentes pla- ces qu’elles choififlent pour conftruire leur nid ou leur Guefpier, Celles de la premiére l’attachent à des Plantes . ou à des branches d’Arbres. Il y en a plufieurs efpéces * renfermées fous cette claffe , qui font des plus petites, & quine compofent aufli que-des républiques peu nombreu- fes. Les Guefpes * de la feconde claffe mettent ordinaire- ment leur Guefpier à couvert; elles le conftruifent ou dans des troncs d'Arbres, ou dans des greniers peu fréquentés. Celles-ci font les plus groffes de roures , & Je ne vois que la différence de leur groffeur qui aït pû déterminer Al- drovande à les tirer du genre des Guefpes ; elles en ont d’ailleurs tous les caraéteres; nous les appellons Fré/ons en François , elles font nommées en Latin Crabrones. Enfin celles de la troifiëme claffe * ne bâätiflent leur Guefpier . que fous terre: elles font PER moins grofles que les Frélons, mais ellesle font quelquefois davantage que celles de la premiére claffe ; ce font les plus communes de tou- tes dansle Royaume, & celles qui font affemblées en plus grand 4 DES SCIENCES. i 1232 grand nombre ; plufieurs milliers de ces Mouches vivent en fociété. Je ferois moins connoître les Guefpes en général, quand je dirois que c’eftun Infeéte à aiguillon , à quatre ailes, plus long par rapport à fa groffeur que les Abeilles & les gros Bourdons,& beaucoup plus agileque toutes ces autres Mouches , marqué ordinairement de bandes ou taches noi- res & jaunes ; je les ferois moins connoitre , dis-je , que je ne ferai, en avertiffant que c’eft principalement contre cel- les de la troifiéme clafle , qu’on a tant de peine à défendre les fruits, & fur-tout les Mufcats ; & que les autres efpéces ne différent de célle-ci que par la groffeur ; la longueur , ou par d’autres différences legéres. Celles de toutes ces claffes fe reffemblent aufli en adreffe ; elles travaillent toutes leurs Guefpiers à peu près avec le même art ; leurs occupations font à peu près les mêmes dans l’intérieur du Guefpier ; aufli ne décrirons- nous en détail que l’hiftoire de celles de la troifiéme claffe, des Guefpes fouterraines. C’en fera affez de parler de celles: des autres par comparaifon, d’avertir de ce qu'elles ont de particulier. Les Guefpes qui bâtiffent fous terre, ne font pas feule- ment avides de fruits ; elles font au rang des Infeétes les plus carnaciers ; elles font une guerre cruelle à toutes les autres Mouches. Ce qu’elles attrapent à la chaffe , ne leur fuffit point encore ; on les trouve en grand nombre dans les boutiques des Bouchers de campagne. Après s’y être faoulées de viande, ellés en coupent quelquefois des mor- ceaux plus gros que la moitié de leur corps, & fi pefans, qu'après s'être élevées avec peine, elles retombent pour s'être chargées d’un trop grand poids; ellestranfportent ces morceaux de viande dans leur Guefpier ou nid. De cha- que côté de la bouche elles ont une ferre *, ou, filon veut, une longue dent mobile. Les bouts de ces deux dents ou : ferres font taillés en fcie ; c’eftavec ces dents,qu’elles cou- pent les morceaux de viande qu'elles veulent emporter; Mém. 1719. 1 Gg * PI. I. Fig. 8e 9. 10, CC 234 MEMOIRES DE LÀ CADEMIE ROYALE elles les prennent fouvent au milieu d’une piéce ; elles les rongent tout autour & par deffous ; jufqu'a ce qu'ils ne tiennent plus à rien ; elles y font occupées avec tant d'avi- dité , qu'il feroit aifé de les tuer, nième avec la main, fans tifque d’être piqué , & d'en détruire de la forte un grand nombre chaque jour. Malgré leurs larcins les Bouchers de campagne vivent cependant en paix avec elles; j'en ai même un à Charenton qui fait plus : le foye de Veau eft la chair qu’elles aiment le mieux; vers la fin de l'Etéil leur en abandonne quelquefois un chaque jour ; ou quelque- fois feulement une rate de Bœuf; elles s’y attachent par préférence; elles ne touchent point aux äutres viandes, foit que celles-ci foient plus de leur goût , foit qu'étant plus tendres, moins fibreufes, elles foient plus aifées à couper. Ce n’eft pas au refte pour les empêcher de toucher à l’autre viande, que le Boucher leur abandonne celle ci;une autre raifon d'œconomie l'y engage ; les Mouches, & fur-tout les groffes Mouches noires,dépofent des vers fur la viande, qui la font corrompre plus vite ; les Guefpes gardent la viande contre ces grofles Mouches, elles n’ofent refter dans la bou- tique, il n'y fait pas für pour elles ; les Guefpes leur donnent la chaffe , & il n'en coute pour cela au Boucher qu'une rate de Bœuf, ou tout au plus qu’un foye de Veau par jour. Quand elles fe font faoulées & chargées de proye, elles retournent à leur nid où Guefpier. La premiére porte qui y conduit eft un trou d'environ un pouce de diamiétre , dont l'ouverture eft à la furface de la terre : Les bords de ce trou font labourés comme ceux des clapiers des Garennes peuplées ; mais la terre des environs eft couverte d’herbes à l’ordinaire. Ce trou eft uneefpéce de gallerie que les Guefpes ont minée ; il va rarement en ligne droite à leur habitation ; il n’eft pas toujours de même longueur , parce que le Guefpier eft tantôt plus près , tantôt plus loin de la: furface delaterre. Je n’en ai pointtrouvé, de Guefpier,dont la partie la plus élevée n’en füt au moins à un demi-pied ;. mais j'en ai trouvé d’autres qui en étoient diftans de plus d’un pied; ou d'un pied & demi, : \ RE DES SCIENCES U es : Ce trou eft le chemin qui conduit à une petite Ville fouterraine * , qui n’eft pas bâtie dans le goût des nôtres, mais qui a fa fymmétrie ; les rues & les logemens y font réguliérement diftribués ; elle eft même entourée de murs de tous côtés: Je ne donne point ce nom aux parois du creux où elle eft fituée ; les murs dont je veux parler ne font à la vérité que des murs de papier *, mais forts de refte pour les ufages auxquels ils font deflinés ; ils ont quel- quefois plus d’un pouce & demi d’épaiffeur. Ces murs, ou pour parler moins métaphoriquement, certe enveloppe extérieure du Guefpier a différentes figu- res & grandeurs felon la figure & la grandeur que les Guef- pes ont données aux ouvrages qu'elle renferme. Commu- nément la figure extérieure du Guefpier approche de celle d’une boule ; ou de celle d'une boule allongée , dont le plus petit diamétre ef tantôt horizontal & tantôt vertical. J'en ai trouvé quiavoient la figure d'un cône applati, & un peu retréci vers fa bafe ; ce cône avoit quinze à feize pouces de hauteur, & environ un pied de diamétre près de fa bafe : le diamétre de ceux qui font en boule ; eft pour l'ordinaire de treize à quatorze pouces. J'ai dit que cette enveloppe eft de papier ; je ne connois oint de matiere à qui elle reffemble davantage , quoi- qu’elle différe un peu du nôtre; fa couleur dominante eft un gris cendré , mais de diverfes nuances; quelquefois elle tire fort fur le blanc, & quelquefois elle approche du brun ou du jaunître ; ces couleurs font variées avec irrégularité, par bandes ou raies d'environ une ligne de large, ce qui donne une couleur affez finguliére à tout l’extérieur du Guefpier , & quifait une efpéce de marbrure. Mais ce qui le rend encore plus fingulier , c’eft l'arran- -gement des différentes piéces dont cette envelo pe eft fai- te; nous l’avons comparée à desboules ou à des cônes; nous n'avons pourtant pas voulu faire entendre qu’elle en avoit le poli ; fa furface eft raboteufe ; au premier coup d'œil on a prendroit pour une efpéce de roche faite de congelations; Ggi *p4. I, G' III * PL. IL. Fig. aaa, * PI. II. Fig. z. bb, cc. dd. dc. 236 MEMOÏRES DE L'ACADEMIE ROYALE ou pour en donner une image plus reflemblante, elle pas roit faite de coquilles d’une figure approchante de celles: de S. Jacques non canelées, & cimentées les unes fur les autres , de façon qu’on ne voit que leur côté convexe. Nous. examinerons bientôt plus particuliérement fa ftrudure.. Quand cette enveloppe eft entiérement finie, elle a au moins deux portes , qui ne font que deux trous ronds ; les Guefpes entrent continuellement dans le Guefpier par un de ces trous, & fortent par l’autre; chaque trou n’en peut faifler pafler qu'une à la fois ; quoiqu'ils foient étroits ; au moyen de cet ordre, le mouvement des Guefpes n’eft point retardé ; je n’en ai jamais vû entrer par celui qui leur donne la fortie, & j'en ai très-rarement vû fortir par celui: qui eft établi pour Pentrée. / Nous ne fommes encore arrivés qu'aux portes ; péné- trons dans l'intérieur du Guefpier. Il eft occupé par plu-- fieurs gâteaux plats, paralleles les uns aux autres , & tous placés à peu près horizontalement *. Is reffemblent aux. gâteaux ourayons de Mouches à Miel , en ce qu’ils ne font: chacun qu'unamas d’alvéoles ou de cellules exagones, très- réguliérement conftruites ; mais ils en différent par bien des circonftances: ils font faits de la même matiére que l’en- veloppe du nid, c’eft-à-dire , d'une efpéce de papier: au lieu que les gâteaux des Abeilles font compofés de deux rangs de cellules, dont les unes ont leurs ouvertures fur une des faces du gâteau, & les autres fur l’autre ; ceux-ci n’ont qu'un feul rang de cellules, & toutes ont leurs ou- vertures d’un même côté, fçavoir en embas. Ces cellules ne contiennent ni Cire ni Miel ; elles font uniquement def. tinées à loger les Oeufs , les Vers qui en éclofent, ou les jeunes Guefpes qui n’ont point encore volé ; au lieu que les: Vers des Mouches à Miel font couchés prefqu'horizonta- lement , ceux des Guefpes font prefque tout droits , & ils. ont la tête en embas , parce qu'ils l’ont toujours tournée: vers l'ouverture de la cellule. L’épaiffeur des gâteaux eft à peu près égale à la profondeur des cellules, & proportion née à la longueur des Mouches, ‘ Des SCIENEES. 237 T'ous les Guefpiers ne contiennent pas un nombre égal de gâteaux ; j'en aitrouvé à quelques-uns jufquà quinze, & à d’autres feulement onze ; le diamétre des gâteaux change en même proportion que celui de l'enveloppe: Le premier, le fupérieur n’a fouvent que deux pouces de dia- métre, pendant que ceux du milieu en ont un pied; les derniers font aufli plus petits que ceux du milieu. Fousces gâteaux font difpofés comme autant de planchers , ou d’éta- ges »qui fourniffent de quoi loger un prodigieux nombre d'habitans ; nous en pouvons faire un calcul groflier. Au lieu de nos quinzeïgâteaux à diamétres inégaux , fuppofons qu'ils avoient chacun huit pouces ; ou pour un calcul en+ core plus commode, fuppofons ces gâteaux des quarrés dontles côtés avoient fept pouces. Je ne crois rien faire de trop favorable à notre calcul. J'ai trouvé que fept cel- lules rangées les unesauprès des autres n’occupoient qu'une: longueur d'un pouce & demi. Par conféquent dans le pouce & demi quarré il y a 49 cellules ; or fi un pouce & demi quarfé donne 49 cellules , 49 pouces quarrés, qui font la furface d’un de nos gâteaux, donneront environ 1067 cel- lules ; donc nos quinze gâteauxaurontenviroû 16005. cel- lules. A la vérité il y a quelque chofe à rabattre pour une remarque que nous ferons faire dans la fuite fur l’inégalité des cellules. Mais quand il n’y auroit que de quoi loger dix mille Mouches, c’en feroit affez pour donner idée du nombreux peuple de ces petites républiques ; fur-tout lorf- qu’on aura vü qu'il n’y a. peut-être pas de cellule qui, l’une portant l'autre , ne ferve à élever trois jeunes Guefpes. Ainfun Guefpier produit par an plus de 30000 Guefpes.. Ces différens planchers , ces différens gâteaux. laifient entr'eux des chemins libres aux Guefpes ; il y a toujours de Fun à l’autre un demi-pouce de diftance:cela ne fait pas. des érages fort élevés ; mais leur hauteur ef proportion- née à celle des habitans. Ils font tous fufpendus de façon: que le premier eft prefque chargé du poids de tous Les au- tres ; celui-ci eft attaché au haut du Guefpier ; le feçond: Gg ii * PL, IIL.Fig.2. PP, * pl, III.Fig. 1. 238 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE eftattaché au premier ; letroifiéme l’eft au fecond , & ainfi de ifuite jufques au dernier. Ils font tenus par des liens maflifs de même matiére que les gâteaux & que le refte du Guefpier. Ces liens femblent autant de petites colom- nes * dont l’architeëture eft à la vérité fimple , à peine font- elles rondes , leurs bafes & leurs chapiteaux ont pourtant plus de diamétre que le refte ; elles tiennent par l'une au gâteau inférieur, & par l’autre au gâteau fupérieur. Vers le milieu, elles n’ont guère qu’une ligne de diamétre , & en ontplus de deux à la bafe & au chapiteau. Il ya donc toujours entre deux gâteaux une efpéce de colonnade ruf- tique * ; car les grands gâteaux font fufpendus par plus de cinquante liens pareils ; les gâteaux tiennent aufli en quel- ques endroits aux bords des parois du Guefpier, ce qui fou- lage d'autant le gâteau fupérieur. Jufques ici nous n'avons encore pris qu’une idée grof- fiére de l'édifice ; à préfent il faut voir comment les Guef- pes le bâtiffent , de quel ufage il leur eft, à quoi elles s’oc- cupent dans fonintérieur; en un mot il nous faut voir tout le gouvernement de ce petit peuple. Mais ce font des myfleres qui fe paffent fous terre ; on ne fçauroit les péné- trer , fi on laifle les Guefpes dans leurs habitations natu- relles. J'ai cherché à les en tirer; j'ai tenté de les mettre plus à portée d'être obfervées, & Je fuis parvenu à les loger dans des Ruches vitrées , comme les curieux y logent les Abeilles. C’eft-là où j'ai vû à loifir tous leurs petits mané- ges , & que je les ai fair voir à tous ceux qui font venus à ma Maifon de campagne. Il ne femble pas aifé de donner à fon gré un logement à des Infeétes fi peu traitables ; amour qu'elles ont pour leur Guefpier , & pour les petits qu’elles y élevent , m'y a pourtant fait réuflir. Après avoir fait préparer des Ruches vitrées , j'ai fair fouiller dans les endroits où je fçavois des nids de Guefpes ; j'ai fait enlever de tous côtés la terre qui le recouvroit. Le Guefpier étant ainfi à découverr, je lai fait mettre dans la Ruche, S'il y a quelque cas où l’hiftoire à S D'ESy SITE N CE ss! 239 naturelle expofe à des hazards, celui-ci en eft un; il faut braver les aiguillons de plufieurs milliers de Mouches ; qui de toutes parts attaquent celui qui vient les troubler, qui toutes cherchent à lui faire des blefures, qui ne font pas mortelles à la vérité, mais qui font très-douloureufes. On a pourtant vû des Chevaux périr par des piquüres réitérées de ces Infeétes. Il ne feroit pas sûr aufli de s’expofer à déterrer leur Guefpier fans précaution. J’avois foin de faire bien couvrir de toutes ‘parts ceux que j'occupois à ce tra- vail ; je mettois fur leur tête un camail dont le devant étoit garni de gaze, ou de toile à tamis, afin que , fans courir rifque d’être piqués au vifage, ils puffent voir. Ces fortes de camails font en ufage dans les pays où on ôte le Miel & la Cire aux Abeilles fans les faire périr. Malgré pourtant ces attentions, il eft bien dificile d'éviter toute piquàre ; äl y atoujours quelque endroit quin’eft pas affez recou- vert , & entre plufeurs milliers de Guefpes qui le cher- chent , quelques-unes le trouvent. Je ne fçaurois dire com- bien de piquûres a efluyé un Laquais que javois aguerri à ce travail ; il n’eût pas été jufe que le Maïtre en eût été toujours exempt. Les gands de Chamois les plus épais ne fufifent pas pour défendre les mains ; laiguillon pañle au travers : il falloit faire mettre encore des férviettes en plu- fieurs doubles par-deflus les gands. : J'enlevai le premier nid avec toute la terre dontil étoit environné naturellement. Je fis couper une groffe motte au milieu de laquelle il fe trouvoit placé. Après avoir fait porter cette motte dans mon Jardin, je la perçai de différens côtés , pour ménager des jours qui me laiflaf- . ent voir ce qui fe pañloit autour du Guefpier ; mais J’at trouvé dans la fuite qu'ilétoit inutile d'enlever ainfi leur nid en motte ; l'amour qu'ont ces Infeétes pour ce nid, ou plûtôt pour leurs petits eft inconcevable ; quelque déran- gement qu’on fafle à leur nid, quoiqu’on le brife ; qu'on le mette prefque par morceaux , elles ne lPabandonnent point , elles le fuivent par-tout ; 1l eft plein de Mouches 240 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE naiflantes qui demandent Îeurs foins ; de forte -que pour avoir la Ruche dans laquelle on a mis le Guefpier, bien peuplée , il ne faut que donner à ces Mouches le tems d'y rentrer , & pour cela attendre jufqu’au foir à le tranf- porter , autrement on perd celles qui étoient à la campa- gne. Celles qui y étoïent lorfqu’on a tranfporté le Guefpier, & qui quand elles reviennent à leur trou n’y trouvent plus ni compagnes ni nid, ne fçavent plus où aller; elles ref tent plufeurs jours de fuite autour de ce trou avant de fe déterminer à l'abandonner ; d’ailleurs la nuit eft encore plus favorable que le jour pour les tranfporter, & même pour les déterrer , parce qu’elles font plus tranquilles , qu’elles cherchent moins à piquer ; mais avant de voiturer la Ru- che où le Guefpier a été mis, il eft bon de la boucher de toutes parts. Voilà, dira-t-on , bien des foïns pour des animaux qui ne les méritentguère ; car après tout on n’en tire ni Cire ni Miel comme des Abeïlles : mais ceux qui obfervent les Abeilles, ceux qui les logent dans des Ruches vitrées , ne le font pas pour avoir leur Cire ou leur Miel, & les occu- ations de nos Guefpes ne font pas moins amufantes que celles des Abeilles; elles font plus aifées à obferver , leurs ouvrages fe font moins tumultuairement; une fois placées en Ruche, elles font pacifiques, elles netouchent point à l'obfervateur , pourvû qu'il fe contente de les contempler. Naturellement même elles ne piquent que ceux qui les irritent : J'ai vh des Dames qui s’étoient familiarifées avec elles jufques à les laiffer appuyer fur leurs mains; les Guef- pes les quittoient fans leur faire le moindre mal. Après qu’elles ont été mifes en Ruche , elles commen cent par travailler à réparer les défordres qui ont été faits au Guefpier. Elles tranfportent avec une aétivité merveil- leufe toute la terre & toutes les ordures qui peuvent être tombées dans la Ruche ; enfuite elles fongent à attacher folidement leur nid contre les parois de la Ruche oùila été mis ; elles travaillent à en réparer les breches ; elless’oc- cupent DES SCIENCES 24% eupent à le fortifier; elles augmentent confidérablément l'épaiffeur de fon enveloppe. Pour attacher ce nid à la Ru- che, les unes font des liens, des efpéces de petites colon- nes femblables à celles qui fufpendent les gâteaux; d’au- æres conftruifent des bandes larges & minces, un peu pliées en arc, dont elles collent un des bords à la Ruche, & l’au- tre à l'enveloppe du nid; mais pour mieux entendre com- ment elles exécutent tout cela, prenons une idée générale de leur architeéture. Elle fe réduit à trois fortes d'ouvrages; à la conftruétion des gâteaux à cellules exagones, à celle de l'enveloppe des gâteaux, & à celle des liens, qui font les piéces qui portent & l'enveloppe & les gâteaux eux-mêmes. L’enveloppe du Guefpier eft un ouvrage particulier à “os Mouches ; les Abeilles ne couvrent point leurs gâteaux. Nous avons dit que cette enveloppe a fouvent plus d’un pouce & demi d'épaiffeur; toute cette épaifleur n’eft pas un maflif, elle eft faite de plufieurs couches qui laiffent des vuides entr'elles *; elle eft formée par un grand nombre de ceintres , des voûtes mifesles unes fur les autres , & les unes à côté des autres ; chacune de ces voûtes n’a guere que l'épaifleur d’une feuille de papier très-fin ; nous avons comparé l'extérieur de cette enveloppe à une roche faite de coquilles de S. Jacques; chacune des voûtes dont nous parlons, refflemble au côté convexe d’une de ces coquilles, l'intérieur eft tout compofé de parties pareilles. A mefüure que les Guefpes épaififent cette enveloppe , elles bâtiffen fur les couches déja formées une autre couche compofée de pareils morceaux ceintrés. Cette enveloppe eft une efpéce de boëte, qui femble faite pour renfermer les gâteaux, & les mettre à couvert * PI. IL Fig, 2. Ÿ' 3. PL IL, Fig. I. de la pluye qui perce quelquefois la terre. Elle y ef propre : quoiqu'elle ne foit que de papier, & cela au moyen de J'archiretture que nous venons d’expliquer ; toute maflive, elle feroit plus aifée à s’imbiber. L’eau qui a pénétré une des voûtes , n€ peut mouiller celle de deflous fans dégouter, Mém, 1719, * PJ. II. Fige. 2e 242 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE au lieu que fi tout étoit mafñif, l'eau perceroit par le feul contaë ; d’ailleurs cette forte d'archireëture leur épargne: confidérablement des matériaux. Rien n’eft plus amufant que de les voir travailler à éten- dre ou à épaiflir cette enveloppe. Il n’eft point d'ouvrage qu’elles conduifent plus vite ; un grand nombre de Mou- ches y font occupées; mais tout fe fait fans confufion,& leur: travail eft aifé à remarquer , parce qu'une feule Guefpe en: entreprend une bande d’un ceintre , & mene feule plus d’un: pouce ou un pouce & demi d'ouvrage à la fois ; cependant au bout d’un inftant ce qu’elle à fait eft aifé à reconnoitre. Elles vont chercher à la campagne les matériaux nécef- faires ; la Guefpe qui les ramafle , les met elle-même en: œuvre; celle qui travaille à bâtir, ( car d’autres ont d’autres. emplois , dont nous parlerons dans la fuite, ) revient char- - gée d’une petite boule; elle latiententre ces deux mêmes. ferres , dont nous avons dit qu'elles fe fervent pour couper la viande : cette boule eft la matiere prête à être mife en œuvre ; la Guefpe arrivée dansle Guefpier , la porte à l’en- droit qu'elle veut étendre. Suppofons une voûte commen-- cée qu’elle veut élargir; elle fe place * à un des bouts de cette voute contre lequel elle applique & prefle fa petite boule. La boule eft molle comme une pâte ; elle s'attache: à la partie contre laquelle elle eft preffée. Aulli-tôt on: voit la Guefpe marcher à reculons; à mefure qu’elle mar- che, elle laiffe devant elle une portion de fa boule; cette portion eft applatie, & n’eft pourtant pas détachée durefie ; la Guefpe tient ce refte entre fes deux premieres jambes, pendant que les deux ferres allongent , étendent & appla- tiflent ce qu'elle en veut laiffer & coller à chaque pas contre le bord de la bande, ou du ceintre qu'elle veut élargir. Qu’on imagine une pâte qui fe laiffe filer aifément, ou fi lon veut, un morceau de terre molle qu'on veut ajouter autour du bord d’un vafe de terre qu’on a deffein d'élever ,. & on fe fera une idée de la façon dont la Guefpe travaille ; fes deux ferres agiffent comme feroient les deux premiers: DES SCIENCES. 243 doigts du Potier, qui colleroient lanouvelle terre contreles bords du vafe;quiallongeroient cetteterre,& l’applatiroient, Cette bande, qui ne vient que d'être appliquée par la Guefpe , eft trop épaifle, mal-unie ; louvrage n’eft encore que dégrofli; il refte à l’amincer , à l’applanir ; elle va le reprendre où elle l'a commencé, & cela fans perdre un inftant ; elle met Pépaiffeur de la nouvelle bande entre fes deux ferres, & répéte un manége aflez femblable au pré- cédent; je veux dire qu’elle s’en retourne à reculons avec vitefle ; tappant toujours avec fes deux ferres la nouvelle bande , mais fans y ajouter de nouvelle matiere; tout a été ordinairement employé la premiere fois. Ses ferres font les fonctions des palettes des Potiers à creufets; en tappant la matiere molle , elles Pétendent. L'effet de leurs coups eft fenfble; fi on compare l'endroit que la tête de l’Infedte vient de quitter avec ceux qui lui reflent à parcourir, les ‘premiers font vifiblement plus larges : elle retourne de la forte quatre fois, ou cinq au plus, fans y comprendre celle ‘qui a été employée à appliquer la matiere , après quoi l'ou- vrage eft fini. La nouvelle bande eft réduite à n’avoir que l’épaiffeur du refte, ou celle d’une feuille de papier. Mais il eft toujours à remarquer que c’eft avec une extrême vitefle que la Guefpe travaille , & toujours à reculons ; par- là elle eft en état de juger continuellement du fuccès de fon travail ; Le mouvement de fes ferres eft encore alors plus vite que celui de fes jambes. . On difiingue facilement du refte la nouvelle bande ; elle eft toujours plusbrune, parce qu’elle eft encore mouil- lée. Dans l’ancien ouvrage on difingue aufli ce qui a été fait à la fois, ou d'une même boule. Chaque feuille eft compolée de petites bandes larges environ d’une ligne, chacune de différentes couleurs; les unes font plus blan- ches, les autres plus brunes, & les autres plus Jaunatres , {elon la couleur de la matiere dont elles ont été compofées. * Quoique les feuilles faffent un tout continu, leurs parties tiennent moins enfemble dans les endroits où le travail.a Hh i 244 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE été repris , que dans l'étendue de chaque bande; je veux dire que fi on tire ce papier doucement, mais affez fors néanmoins pour le déchirer, qu'il n'arrive gueres qu'il fe déchire au milieu d’une bande , mais on voit qu’une bande fe détache de celle à laquelle elle tenoir. Je me fuis convaincu que ces bandes de couleurs diffé rentes étoient faites aufli de boules de matieres diverfe- ment colorées, en attrapant des Guefpes qui arrivoient chargées de ces boules, ou qui commencoient à les em- ployer. L'un & l’autre m'étoit également facile : non feu- lement mes Ruches étoient vitrées, leurs carreaux étoient en couliffe ; je m’étois de plus avifé de me munir de bà- tons frottés de glu ; j'enlevois de la Ruche la Guefpe que je voulois choilir , je n’avois qu’à la toucher avec le bout de mon petit bâton. Le même expédient m'a fervi à m'éclaircir fur bien des faits qui fe pafloient dans l'intérieur de la Ruche. Celles que je prenois chargées d’une boule; ne l’abandonnoient point malgré la violence que je leur failois ; elles vouloient conferver le fruit de leur travail. Entre ces boules les unes étoient blanches, les autres jau- nâtres & lesautres noirâtres. Ce qu'on peut de plus obferver dans ces boules , c’efé qu’elles ne fontqu'un amas de filamens. Quelquefois on trouve entre ces filamens de petits grains noirâtres; mais ils viennent d’une matiere érrangere, aufli-bien que tout ce qui donne des couleurs brunes ou jaunâtres au papier: J'ai lavé de ces boules brunes ou jaunâtres; après avoir paité par plufieurs eaux , leurs filamens font reftés blancs comme ceux dés boules blanches. Les gâteaux & les liens qui les fufpendent font faits de la même matiere. Elles travaillent aufli les cellules qui compofent ces gâteaux de la même façon que les feuilles qui forment enveloppe ; mais elles font le tiffu des cellules plus lâche, plus approchant du réfeau; au contraire le tiffw des liens eft plus ferré: Ces liens font entiérement maflifs,, ils ont befoin d'être plus forts, Elles les enduifent quelque+ DES SCIENCES 24$ fois d'une efpéce de vernis , elles les frottent avec la bou- che, les endroits frottés paroiflent luifans & demeurent toujours tels. Ce vernis eft peut-être la colle qui lie en- femble les filets dont leur papier efl compofé. Les cellules des gâteaux fontexagones. Je ñne fçai pour- tant fi cette figure entre dans le deffein de leur architec- ture , fi ce n’eft point que les Vers , en preffant les cellules, achevent de la leur faire prendre ; ce que je fçai, c’eft que les cellules qui font au bord d'un gâteau ont la moitié de leur circonférence ronde *, il n'y a que la partie intérieure qui foit à pans ; elle en a ordinairement trois, le refte ef circulaire, de forte que ces cellules font à moitié cylindri- ques. Or les cellules les plus proches du milieu du gâteau ent été autrefois à la circonférence ; car pour croître les gâteaux , elles ajoutent des cellules à celles qui font déja formées. Ces cellules n’ont pas une direëtion abfolument perpendiculaire aux deux plans du gâteau, dont l’un eff formé par l’ouverture , & l’autre par le fond des cellules, Les plus proches du milieu du gâteau approchent plus de {a diretion perpendiculaire , & celles qui font les ne près des bords font plus inclinées. Une feule remarque fera entendre dans quel fens eff cette inclinaifon , & pourquoi elle varie en différentes cel- lules , mais toujours en augmentant, à mefure que les cel- lules approchent des bords. Cette remarque eft que cha- que cellule eft un peu plus large à fon ouverture que vers le fond, ie tie: | Une grande partie des Guefpes que nous avons mifes dans la premiere claffe, de celles qui font leur nid fur des Plantes, ou fur des branches d’Arbres, ne donnent point d'enveloppe à leur Guefpier. Leurs gâteaux font à nud. Le plan de ces gâteaux eft vertical, de forte que les cellules de ceux-ci font à peu-près horifontales comme celles des: Abeilles. ; blu. Lesefpeces de cette claffe fe contentent fouvent de faire un feul gâteau. Les unes ne lui donnent qe deux à trois A h üij * PL. 17. Fig. s.Ÿ 6: * PI, IV. Fige 6. * PL. V. Fig. Ze Ze * PI. VI. & YIL * pl, VII, Fig. Z, 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pouces de diametre , les autres lui en donnent cinq à fix Quelquefois pourtant elles en font deux outrois paralleles les uns aux autres. J’ai vû travailler par des Guefpes de cette claffe un gâteau à double rang de cellules *; cles n'y étoient pourtant pas difpofées comme celles des rayons de Mouches à Miel; le derriere du gâteau, la face où font ordinairement les fonds de toutes les cellules , étoit elle- même couverte de plufieurs cellules qui lui étoient peu inclinées. Il y a pourtant dans le Royaume , des Guefpes de cette claffe , qui donnent à leur nid des enveloppes fingulieres. M. Varignon en apporta un à l'Académie , il y a quel- ques années, dont l'enveloppe reffembloit affez à une Rofe à mille feuilles qui n’eft pas encore épanouie * ; elle éroit de même compofée de plufieurs feuillets appliqués les uns fur les autres. : Mais toutes les Guefpes du Royaume, que je connoïs;ne font rien d’aufli fingulier qu'une efpece de Guefpe du Ca- nada, dont le Guefpier eft au Cabiner du Jardin du Roi, & ma été communiqué par M. Vaillant. Au premier coup d'œil, & même après s'être arrêté quelque tems à en exa- miner la furface, on le prendroir pour un ouvrage de main d'homme *. Son enveloppe reflemble fi fort à nos cartons, que ce n’eft pas affez de dire qu'elle y reflemble. Onne trouve aucune différence entre ce carton & lenôtre;ilen a le poli, la couleur, qui à préfenteft celle d’un carton vieux qui a été blanc autrefois; il en a aufli la tiffure , c’eft un carton fin, & épais comme ceux des porte-feuilles ordi- naires. Cette enveloppe approche de la figure conique , le fommet du cône n’eft pourtant pas bien pointu ; près de ce fommet il a un trou long dans lequel pafle une branche d'Arbre, qui avoit été choifie par les Infetes pour y fuf- endre le nid; on ne fçauroit plus retirer cette branche fans déchirer Le carton, L'intérieur du Guefpier eft occupé par onze gâteaux *, à peu près paralleles les uns aux autres, Écs gâteaux ne font pas plats comme ceux de nos Guefpes du DÉS SETENCES, 347 Royaume ; la face qui eft tournée vers le fommet du cône - eft concave, celle qui regarde la bafe eft convexe. Ils ne tiennent point les uns aux autres par les liens dont nous avons parlé à l'occalion des Guefpiers fouterrains. Ils ne: font fufpendus que par leur circonférence , qui fait corps avec l'enveloppe. De-là leur vient peut-être leur figure courbe, le poids propre du gâteau, celui des Vers & des Mouches dont il eft chargé, peut au moins contribuer à leur faireprendre cette figure. Iciles Mouches ne trouvent donc point de pañlage d’un étage à l’autre entre les gâ- teaux. & l'enveloppe ;il n'y refle aucun vuide. Mais elles fe ménagent une entrée au travers de chaque gâteau. C’eft un tou rond * ; l'endroit où il eft placé a une forme +», Es différente du refte, il ef fait en portion de pavillon d’en- z.F, tonnoir ; dont la cavité eft tournée vers le haut du Guef- pier. Le contour de ce trou ; de cette portion qui eft faite en pavillon d’entonnoir ; eft life comme l'enveloppe ; On w’y voit point les cellules quirempliflent le refte du gâ- teau. L'ouverture d'un gâteau n’eft pas tout-à-fait vis-à-vis. Pouverture de l’autre gâteau ; elle n’en eft pourtant pas bien: éloignée. On peut juger jufques où va cet éloigne- ment; le trou d'un des gâteaux des plus élevés. eft à peu- ; près au milieu du Guefpier , & celui du dernier eft bien: plus près d’un des bords que du milieu , les autres trous. font à des diflances moyennes entre celles-ci, Les parois des cellules font minces, mais toutes ces cellules tiennent à une feuille de carton forte & épaiffe ; la face fûpérieure du gâteau, celle qui n’a point de cellules ,.eft polie. Je n'ai: point vû les Guefpes qui travaillent avec tant d'artifice ;, mais à juger de leur groffeur par la grandeur de leurs cel- ‘lules;:elles font des plus petites. | Les Guefpes de la feconde claffe, les plus greffes de tou- ts,qu'onappelle des. Frélons, font dans des greniers ou ‘dans des creux d’Arbres des nids femblables à ceux de nos Mouches fouterraines ; leurs gâteaux. font de même’hori- fontaux. J'ai trouvé des nids qui.en avoient fept à huit , - "mie OR LE ES, 2, 12 * PI. IV. Fig. 1.Ÿ 2. 548 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & renfermés d'une enveloppe compofée de plufieurs cou: ches. Le nombre de ces couches n’eft pas fi grand que dans les enveloppes bâties par les Mouches fouterraines ; elles laiffent aufli entr'elles de plus grands vuides, & ces cou- ches font faites de plus grands morceaux *. La couleur dominante du papier de celles-ci ef jaunâtre , au lieu que Ja couleur dominante de celui des autres eft gris-cendré, Mais la principale différence qui eft entre ces deux papiers, c’eft que celui des Guefpes fouterraines comparé à celui des Frêlons eft un papier fin comparé au plus gros papier gris : au lieu que le premier ef fait de fibres; le fecond , regardé attentivement, ne femble compofé que de fcieure de bois, | Les Guefpes de toutes ces claffes commencent par bâ- tir le premier gâteau, oule fupérieur. Avant de commencer un gâteau, de quelque rang qu'il foit, elles conftruifent un des liens qui le doit fufpendre ; fur le bout inférieur de ce lien, elles bâtiffent la premiere cellule du gâteau, elles l’entourent enfuite d’autres cellules;elles commencent de nouvelles attaches à mefure que l’augmentation ‘du nombre des cellulesle demande, & elles étendentleursen- veloppes à mefure que lenombre des gâteaux augmente, Mais nos Guefpes fouterraines & les Frêlons ne ferment cette enveloppe que quand tous les gâteaux font finis ; le deffous refte ouvert de toute la largeur d’un gâteau ; alors l'envelofpe a l'air d’une efpece de cloche; le dernier gâ- teau étant achevé , elles ferment l'enveloppe parembas, elles y laiffent feulement les deux trous qui fervent de portes. Jufques ici nous nous fommes contentés de comparer les ouvrages des Guefpes à nos différentes efpéces de pa- piers & de cartons; mais nous n'avons point encore expli- qué quelles font les matieres dont elles les compofent , ni où, ni comment elles ramaflent ces matieres. Il n’eft rien dans l’hifloire de ces Infeétes, qui n'ait été caché plus long- tems, DES SCIENCES 249 tems; tous ces faits ont prefque échappé à mes recher- ches , je les ignorois encore lorfque je lus ce Mémoire à l'Affemblée publique de 1719. J’avois eu beau obferver les Guefpes danstouresles circonftances où j'avois pû foup- conner qu’elles alloient chercher des matériaux, je navois ûréuffir à les furprendre pendant qu’elles s’en chargeoïient. Me Abeilles qui vont recueillir fur les fleurs leur Cire & leur Miel, les Guefpes même qui s’appuyent fur des Plantes & des Arbres pour fu le fuc de leurs feuilles, ou celui qui s'échappe de leur s, m'avoient jetté à quartier. C’é- toit fur de pareilles Plantes,ou des Plantes analogues, que je croyois les trouverarrachant des fibres pour en former leur papier. Lorfque je ne fongeois plus à fuivre ce genre d’In- fecte , une mere Guefpe, de la claffe des fouterraines, vint m'inftruire de ce que j'avois cherché tant de fois inutile- ment. Elle fe pofa auprès de moi fur le chaffis de ma fené- tre , qui étoit ouverte. Je la vis refter en repos dans un en- droit d’où il ne me parut pas qu’elle pât tirer rien de fort fucculent. Pendant que le refte de fon corps étoit tranquil- le, je remarquai divers mouvemens de fa tête. Ma premié- re idée fur, que la Guefpe détachoit du chañlis de quoi bâtir , & cette idée fe trouva vraie. Je l’obfervai avec at- tention, je vis qu’elle fembloit ronger le bois, que fes deux ferres ou dents mobiles , dont nous avons parlé plufieurs fois , agifloient avec une extrême a@tivité ; elles coupoient des morceaux de bois très fins. La Guefpe n'avaloit point ce qu’elle avoit ainfi détaché ; elle lajoutoit à une petite maffe de pareille matiére qu’elle avoit déja ramañlée entre. fes jambes. Peu après elle changea de place; mais elle con- tinua à ronger le bois , & à ajouter ce qu’elle en arrachoit au petit amas fait ci-devant. Après m'être affez affuré de ce travail , je pris la Guefpe dans lation même, je la trouvai chargée à peu près de la quantité de matiére qu’elles ont coutume de porter au Guefpier; elle n’en avoit pourtant pas formé encore une boule. Cette matiére n’éroit pas hu- mectée autant qu'elle left quand l’Infeéte la met en œuvre, Mém. 1719. Ji 250 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE J'examinai cet amas de filamens , qui à cela près qu'il n’étoit point encore bien humetté, comme je viens de le dire , étoit parfaitement femblable aux boules que j'avois ôté à des Mouches prêtes à travailler , ou qui avoient com- mencé à travailler. Ces filamens paroifloient néanmoins différens de ce qu’un Infeëte devroit détacher du boisen le rongeant. On croiroit qu'ils devroient reflembler à de la fciure de bois , que chaque brin eût dû être à peu près auffi large que long, ou n'avoir pa idérablement moins en diamétre qu’en longueur; chagäéffilament au contraire étroit extrêmement délié , quoiqu'il eûtau moins une ligne de longueur , il y en avoit même de beaucoup plus longs. Des morceaux de bois gros & courts pareils à ceux de la fciure n’accommoderoient pas nos Guefpes fouterraines; ils feroient peu propres à s’entrelaffer, pour faire un papier fin ; il leur faut des filamens pareils à ceux du papier dont nousnous fervons. Aufli avons-nous à remarquer iciune des adreffes de la Guefpe. Elle ne fe contente pas de hacher le bois, ce qui ne lui donneroit que de petits morceaux courts pareils à ceux de la fciure ; avant de le couper, elle le charpit, pour ainfi dire ; elle prefle les fibres entre fes ferres , elle les tire en haut , par-là elle les écarte les unes des autres , & c’eft après les avoir ainfi charpies qu’elle les coupe. Outre que j'avois appris en obfervant la Guefpe, que c'éroit en cela que conliftoit fa principale adreffe ,.je m'en fuis encore afluré,en détachantmoi-même des fibres du bois avec un ganif. Je frottois d’abord ce bois legérement avec la lame du ganif pour écarter les fibres les unes des autres , & je le frottois enfuite plus fort avec la même lame pour les détacher. J'ai ramaflé de la forte des filamens; je les aÿ comparés avec ceux dont la Guefpe avoit fait amas, & je n'ai remarqué aucune différence entre les uns & les autres, Quand on a une fois apperçu certaines fingularités qui nous avoient échappé , on les trouve à tous momens fous fes yeux; oneft furpris de ce qu’on ne les avoit pas vûs plü- DES SCIENCES. 251 #ôt. Depuis que j'eus obfervé la Guefpe qui détachoit du bois de ma fenêtre, j’aiété attentif à obferver les a@tions de celles qui s’'appuyoïent fur le bois fec, & j'ai vû que les Guefpes de toutes efpéces y vont couper les filamens dent elles ontbefoin pour faire leur papier. Je les ai vû fur-tout S’atracher aux treillages des efpaliers , aux chaflis, & aux contrevents des fenêtres. Mais il eft à remarquer qu’elles ne S'attachent qu'au bois vieux, fec, & qui a été pendant long tems expofé aux injures de l'air. Il ne feroit pas facile de tirer les fibres du lin nouvellement arraché ; pour tirer fes fibtes , on le laïffe rouir pendant du tems , c’eftà-dire, qu’on le tient pendantplufieurs femaines enfoncé dans l’eau, après quoi on le fait fécher. La premiére furface du bois qui a été expofé plufieurs années aux injures de l'air , a été tant de fois arrofée par la pluie, qu'elle fe trouve dans l'état du lin roui. Nos Infeétes en dérachent aifément des fila- mens incomparablement plus fins que ceux qu'elles tire- roient du bois qui auroit toujours refté à couvert. Auffi quand les treillages d’efpalier ont été peints , nos Mouches fe donnent bien de garde de les attaquer dans les endroits où la peinture s’eft confervée ; mais fi elle s’eft écaillée quelque part , elles s’y arrêtent , & en tirent des filamens. La couleur du papier de nos Guefpes fouterraines eft blanchâtre, d’un gris à peu près cendré; couleur fort diffé- rente de celle du bois de chêne , & de celle des autres bois mis en œuvre dans nos appartemens. Mais la cou- leur de leur papier n’eft nullement différente de celles que rennent les furfaces de ces mêmes bois ; lorfqu’ils ont été here expofés à la pluie. Qu'on approche de leur pa- rie contre de vieuxtreillages, on y appercevra que les cou- eurs en font les mêmes. T'oat bois expofé à l'air, & toutes les parties du même bois expofées à l’air ,ne prennent pour- tant pas les mêmes nuances. De-là viennent aufli en partie les variétés qui font entre les différentes bandes de ce papier. Le papier des Frélons, ou groffes Guefpes, dont les par- ties font fi mal liées enfemble ; n'eft pas fait de brins ii 252 MEMOIRES DE L'ACXÂDEMIE ROYALE fi propres à s’entrelaffer. Ces Frêlons rongentle bois fans le charpir ; ils n’en détachent qu'une efpéce defciure qu'ils tirent des bois pourris ou prefque pourris, de-là vient la couleur jaunâtre de ce papier. Les Guefpes de Amerique, qui font un fi beau carton, vont apparemment comme les nôtres arracher les fibres de bois commun dans le pays qu’elles habitent. Les unes & les autres nous apprennent qu’on peut faire du papier des fibres des Plantes fans les avoir fait pafler par être linge & chiffon ; elles femblent nous inviter à eflayer fi nous ne pourrions pas parvenir à faire de beau & de bon papier , en employant immédiatement certains bois. Si nous en avions de pareils à ceux dontles Guefpes de l’Amerique fe fer- vent pour leur carton , nous pourrions avec ces bois faire le papier le plus blanc; car ce carton ef très-blanc. Les bois blancs y feroient probablement propres. En brifant , en di- vifant encore plus les fibres du bois , que ne font les Guef- pes, & employant mince la pâte qui en viendroit ,nous en compoferions un papier très-fin. C'eft une recherche qui n’eft nullement à négliger ; que même j'ofe dire impor- tante. Les chiffons dont on compofe notre papier ,ne font pas une matiére dont on fafle communément grand cas; les maitres des Papeteries ne fçavent pourtant que trop que c'eft une mariére qui devient rare La confommation du papier augmente tous les jours, pendant que celle du linge refte à peu près la même. Les étrangers fçavent d’ailleurs nous enlever ces mauvais haillons pour leurs Papeteries. Où trouver donc dans la fuite de quoi fournir au papier, & de quoi l'empêcher d’être trop rare & trop cher? les Guefpes femblent nous en enfeigner un moyen. Les re- cherches d'hiftoire naturelle , même celles qui ne femblent être que de pure & de vaine curiofité , peuvent avoir des utilités très-réelles , qui fufliroient pour les juflifier auprès de ceux mêmes qui voudroient qu’on ne cherchât que des chofes utiles , fi avant de les blâmer on avoit la patience ma que le tems eût appris les ufages qu'on en peut [Ge j: 3 4 à Û PP PES nn cos Mir dr ram sat ft ét Din nee DES SCIENCES. CIE . La conftruétion du Guefpier n’occupe pas feule nos ouches, il ny en a même qu’une petite partie qui y tra- vaille. Les autres ont d’autres emplois. Pour bien faire en- tendre en quoi ils confiftent, il faut que nous commen- cions par donner une connoiffance plus parfaite des habi- fans de notre petite république , que celle que nous avons donnée jufqu'ici. Ce que nous allons en rapporter fervira à confirmer les idées que M. Maraldi a eues fur celles des Abeilles. Dans le genre des Infe&tes, les Infeëtes à aiguillons font un peuple tout particulier, qui ne reffemble à aucun ou prelque à aucun desautres ; le même Guefpier eft habité par trois fortes de Guefpes différentes en groffeur , & qui ont aufli des différences de figure , ou fi l’on veut, il eft habité par des Guefpes de trois fexes ; fcavoir les mâles, les femelles, & celles que je nomme les Mhulets, quoiqu'el- les n'aient de commun avec les vrais Mulets que de n'être -pas propres à perpétuer leur efpéce. C’eft de quoi je me fuis pleinement convaincu par mes obfervations. Les mâles font parmi les Guefpes ce que font les Bourdons parmi les Mouches à Miel; les femelles y tiennent lieu du Roi ou de la Reine des Abeilles. Mais au lieu qu'on ne trouve dans une Ruche de Mouches à Miel que trois à quatre femelles, jen ai vû dans des Guefpiers plus de deux à trois cens à la fois. Enfin celles de nos Guefpes , que je nomme les Mu- lets, font parmi elles, ce qu'eft le gros des Abeilles dans les Ruches de Mouches à Miel. Ces Mulets font la plus nombreufe partie de cette ré publique; ils en portent toutes les charges ; ce font eux qui bâtifflent , qui nourriflent les mâles, les femelles 5:80 même les petits pendant une grande partie de Fannée; ex- cepté ceux qui font occupés à allér ramaffer les matériaux pour la confiruétion de l'édifice, & à les mettre en œuvre, les autres vont continuellement à la chafle ; les uns attra- -pent de vive force des Infeétes dont ils portent ordinaire: ment le ventre au Guefpier, & quelquefois see entier i üj F PI. I. Fig. I. & 6. * PL. I. Fig. 4. 7e * PL. I, Fig. 2. Ÿ' 2: 254 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d’autres pillentles boutiques des Bouchers, d'oùils arrivent chargés de morceaux de viande plus gros que la moitié de leurs corps ; d’autres ravagent les fruits , en rapportent le fuc. Arrivés dans la Ruche , ils font part de leur proie aux femelles , aux mâles, & même à d’autres Mulets , quipour avoir été occupés dans l'intérieur , n’avoient pü aller cher- cher de quoi vivre. Plufieurs Guefpes s’afflemblent autour du Mulet qui vient d'arriver , & chacune prend fa portion de ce qu'il apporte. Cela fe fair de gré à gré , fans com- bats. En voici une bonne preuve ; ceux qui au lieu d’aller à la chaffe , ont tombé fur des fruits , ne rapportent jamais rien de folide dans le Guefpier; car ils n’y rapportent ja- mais ni fruits ni portions de fruits. Ces Mulets, qui en ap- parence ne rapportent rien , ne laiffent pourtant pas de ré- galer leurs compagnes. J’ai vü plufieurs fois qu'après être entrés dans la Ruche, ils fe pofoient tranquillement au: deflus du Guefpier, après quoi ils faifoient fortir de leur bouche une goutte de liqueur claire , qui étoit avidement fuccée , quelquefois par deux Mouches dans le même inf- tant ; après cette goutte, le Mulet en failoit fortir une fe- conde & quelquefois une troifiéme , qui éroient auf diftri- buées à d’autres Mouches. Les Mulets *, quoique les plus laborieux , font les plus etits; ils font les plus vifs, les plus legers & les plus aëtifs. ae femelles * font les plus groffes & les plus pefantes ; elles marchent plus lentement. La groffeur des mâles * eft moyenne entre celle des Mulets, & celle des femelles. Ces différences de groffeur font fi confidérables dans le genre des Guefpes qui bâtiffent fous terre , qu’elles fufhifent pour faire diftinguer ces Infeêtes les uns des autres. Je les aï pefés, & j'ai comparé leur poids. J’aï toujours trouvé que deux Mulets ne pefoient enfemble qu'un mâle, qu'il falloit fix Mulets pour faire le poids d'une femelle ; auffi paroïf- foient-elles d’une groffeur monftrueufe par rapport aux Mulets. Quoiqu’une femelle pefe à peu près autant que trois mâles, les mâles les égalent à peu près en longueur, RTS VIT 7 D.BLS SIG EN CES. Nu ace ais ils font beaucoup moins gros; les mâles font encore aifés à reconnoître, parce qu'ils ont les antennes ou cornes plus longues que celles des meres & des Mulets, & parce qu'elles font recourbées par le bout. Depuis la poitrine ju{qu'au bout de la queue, les meres & les Mulets n’ont que fix anneaux, & les mâles en ont fept. J'ai trouvé cette derniére différence conftante dans les Guefpes des différentes clafles ; mais la différence de grof- feur n’eft pas fi confidérable en toutes les claffes que dans celles de nos Guefpes fouterraines ; la femelle y ef toujours plus groffe que le mâle , & le mâle plus gros que le Mulet, mais non pas dans une fi grande proportion. Pendant les mois de Juin, Juillet, Août, & jufqu’au commencement de Septembre, les meres fe tiennent dans Vintérieur du Guefpier ; on ne les voit guère fortir qu'au commencement du Printems , & dans le mois de Septem- bre ; dans les autres tems , elles font occupées à pondre, & fur-tout à nourrir leurs petits , ce qui n’eft pas avoir peu d'occupation; feules elles n’y fçauroient fufire. Nous avons calculé ci-devant qu’une Ruche qui a tous fes gâteaux, a quelquefois plus de dix à douze mille cellules ; entretoutes ces cellules il n'y en a pas peut-être fept à huit qui n’aient un œuf ou une Jeune Guefpe, Les jeunes Guefpes ne font pas dans ces cellules fous la forme de Guefpe ; quand elles l'ont prife,elles y reftent peu. Elles viennent d'un œuf blanc , tranfparent, de figure ob- longue , affez femblable à un pignon de pomme de Pin, à cela près qu'il eft plus gros par un bout que par l’autre, Ceux des différentes efpéces de Guefpes, & des Guefpes de différentes clafles, différent en groffeu: comme les {n- feétes qui en doivent naïtre. Ceux des petites efpéces ne font guère plus gros qu'une tête d'épingle ; le bout de cet œuf le plus pointu , eft le plus proche du fond de la cel- lule , & eft collé ou attaché contre les parois, de façon qu'il ef difficile d'arracher l'œuf fans le cafler. Ces œufs même demandent les foins des Guefpes, quoique très-récemment # Fig. 13. &* 27. 256 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pondus; on la voit entrer plufieurs fois le jour, la tête la premiére, dans la cellule où ils font : il n’eft pas aifé de fca- voir à quoi elle leur fert ; mais j'ai mieux vû quels font les fecours qu’elles donnent aux Versqui en éclofent. Je nefçai pas tropaufli combien de fois ceVer change de peau ou de forme ; ce que je fçai , c’eft que huit jours après que l'œufa été mis dans la cellule, on y trouve un Ver quieft confidéra- blement plus gros que l'œuf; peut-être que ce Ver n'eftque Fœufmême plus développé ; fa tête alors eft reconnoiflable, on y diflingue déja les deux ferres , dont nous avons vü les Guefpes faire tant d’ufages ; ces Vers continuent de croitre jufqu’à devenir aflez gros pour remplir entiérement leurs cellules ; quand ils font parvenus à une certaine groffeur, leur tête efl mieux formée , les ferres deviennent plus bru- nes, & on diftingue plufieurs parties qui font autour de la bouche ; le refte du corps de ces Vers eft tout blanc, ils n'ont aucuns poils , ils font recouverts d’une peau molle. * Ce font ces Vers qui demandent les principaux foins des Mouches qui fe tiennent dans l’intérieur du Guefpier; elles les nourriflent comme les oifeaux nourriflent leurs petits, d’inftant en inftant elles leur portent la becquée. C’eft une chofe merveilleufe que de voir l’aétivité avec laquelle une mere Guefpe parcourt les unes après les autres les cellules d’un gâteau; elle fait entrer fa tête affez avant dans celles dont les Vers font petits, ce qui s’y pale eft dérobé àl'ob- fervateur ; mais 1l eft aifé d’en juger par ce qu'elles font dans celles dont les Vers plus gros font prêts à fe méta- morphofer. Ceux-ci plus forts font moins tranquilles , ils avancent leur tête jufqu’au dehors de la cellule , & par de petits baillemens , femblent demander de la nourriture; on voit la Guefpe la leur apporter ; après qu'ils l'ont reçue, ils reftent tranquilles ; ils fe renfoncent pour quelques inf- tans dans leur cellule. Les Guefpes de la groffe efpéce , les Frélons , avant de donner la nourriture à leurs petits, leur preffent un peu la tête entre leursdeuxferres. Au refte les meres ne fçauroient fuffire feules à difiribuer la nourriture à tant s DE SU SAONE N CE &. 257 tant de petits. J’y ai vû les mulets occupés très-fouvent. Je ne fçai fi l'attention de ces Guefpes ne va pas jufqu’à pro- portionner la nourriture à la force des Vers ; j'en ai vû qui ne donnoient qu’une goutte de liqueur à fuccer à de gros Vers, & j'en ai vû qui donnoient à des Vers encore plus gros de la nourriture folide. Jai fait une obfervation fur une Guefpe de la premiere claffe, qui prouveroit que ces Infeétes nourriflent leurs petits à la façon des oifeaux qui dégorgent , c’eft-à-dire , des oifeaux qui avalent le grain & le laiffentun peu s’amollir , fe digérer dans leur jabot avant de le donner à leurs petits. Je remarquai une mere Guefpe de certe efpéce, qui rapportoit de fa chaffe un ventre d’In- fe&e. Après l'avoir fait entrer dans fa bouche, & l'en avoir fait refortir à plufeurs reprifes , parce qu'il étoit trop gros, elle parvint à lavaler entiérement ; je la vis enfuite parcou- rir fes cellules, & qu’elle avoit laiffé aux Vers de quelques- unes des morceaux fi gros qu'ils ne pouvoient aufli les avaler. J'ai fait toutes ces dernieres obfervations fur des Guef- piers dont j'avois entiérement emporté l'enveloppe. Je les ai faites aufli commodément fur les gâteaux des Guefpes qui ne font point recouverts naturellement. Enfin ÿai eu quel- quefois des fragmens de gâteaux pleins de gros Vers; ces Vers, au défaut de la becquée de la mere qui leur manquoit, fuccoient ce que je leur donnois. Il n’eût peut-être pas été impoffble de les élever fi on en eût voulu prendre la peine. Quand les Vers font devenus affez gros pour remplir leur cellule, ils font prêts à fe métamorphofer ; ils n’ont plus befoin de prendre de nourriture, ils fe l’interdifent eux-mêmes, & tout commerce avec les autres Guefpes. Ils bouchent l'ouverture de leur cellule. Ils lui bâtiflent un petit couvercle ; quelques Vers le font prefque plat, ce font ordinairement ceux qui doivent être des mulets; d’autres le font convexe, & même alongent un peu les côtés de la cellule , en faifant à cette cellule un rebord de la même “ matiere que le couvercle, Ce couvercle eft un tiflu pareil Mém, 1719. RE" * PI. I. Fig. F4. Ê IS. 258 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à celui des coques des Chenilles ou des Vers à foye. Nos Vers de Guefpes font aufli alors des efpeces de Vers à foye ou de Chenilles fans pieds; ils filent cé couvercle, précifé- ment comme les Chenilles filent leur coque ; ils fe donnent les mêmes mouvemens de tête. Le fil dont ils le forment eft fi fin, que je n'ai pü obferver précifément d’où ils le ti- rent , quoique j'aye quelquefois tenu à la main des gâ- teaux dont les Vers travailloient à fe fermer. II m'a pour- tant paru que ce fil venoit comme celui des Cherilles d’un peu au-deffous de la bouche. En moins de trois à quatre heures , le couvercle d’une cellule eft entiérement fait; j'aï fouvent pris plailir à brifer ceux qui étoient commencés ; pour les faire refaire. Mais il faut qu'il refte encore pro- vifion de foye au Ver; car fi on détruifoit un couvercle faic il y a plufieurs jours , il n’en fileroit pas un nouveau. Ces couvercles font extrêmement blancs, fur-tout dans les: Guefpiers des Frélons. Je n’ai pas d'obfervations affez précifes fur le nombre des jours qui fe paflent depuis que l'œuf a été pondu juf- ques àce que le Ver fe renferme dans fa cellule. Il me femble que ce nombre de jours ne va dans les Mouches de la premiere claffe qu’à vingt ou vingt-un. Mais je fça que les Vers des mêmes Guefpes ne reftent au plus que neufjours dans leurs cellules, après les avoir bouchées. Peu après que le Ver s’eft ainfi renfermé , il fe transforme enr nymphe *; il quitte fon ancien fourreau pour en prendre un extrêmement mince, & fi tranfparent, qu'il laïfle voir la figure & la couleur de toutes les parties de la Guefpe ;; quoique œæ fourreau tienne l’Infeéte emmailloté. Enfin: vers le huit ou le neuviéme jour cet Infeéte fe dépouille de: cette derniere enveloppe, & paroît fous la forme de Mou- che. Le premier fourreau refte fi exaétement appliqué: contre les parois de la cellule, qu'il femble y faire corps. La Guefpe, qui vient de fe dépouiller, commence parfaire ufage de fes ferres ; elle s’en fert pour ronger tout autour le couvercle qui la renfermoit ; le couvercle étant ainfi: À DES SCIENCES 259 détaché, elle fort fans peine. Les Frélons ou groffes Guef- pes rongent d’abord leur couvercle par le milieu, & agran- diffent le trou jufqu’à ce qu’il puiffe les laiffer paffer. La Guefpequi vient de fortir de fa cellule, nef différente de celles de fon efpece & de fon fexe, qu'en ce qu’elle eft d’un jaune plus pâle, plus citron. Elle n'eft pas long-tems fans profiter de la nourriture que les autres apportent au Guelpier; & dansles Guefpiers qui font fans enveloppe j'ai vû des Mouches qui dès le même jour qu’elles s’étoient transformées , alloient à la campagne,ëêt-en rapportoient de la proye qu’elles difribuoient aux Vers des cellules. La cellule d’où ef fortie une jeune Guefpe ne refte pas long-tems vacante ; d'abord qu’elle a été abandonnée, une vieille Guefpe travaille à la nettoyer ; la dépouille du : Vers refte pourtant collée contre les parois ; enfin peu de jours après on y trouve un nouvel œuf. Ainfi une même cellule fert à élever plufieurs Mouches. J'ai fait obferver que le Ver devient fi gros, lorfqu'il ef rêt à fermer fa cellule , qu'il la remplit, c’eft pourquoi fa dépouille refte appliquée contre les parois. Mais les Vers de Mouches de différent fexe ne doivent être , ni ne font, de même groffeur ; car la Mouche, dès qu’elle eft devenue Mouche , n’a plus à croître. Les mulets fix fois plus petits que les femelles , ne demandent donc que des cellules fix fois plus petites ; leurs cellules le font aufli à peu-près dans cette proportion ; quand nous avons dit que dans unquarré, dont les côtés font d’un pouce & demi, il y a quarante-neuf cellules ,nous entendions parler de celles des Vers mulets, le même quarré eft rempli par bien moins de cellules de Vers femelles ; ces dernieres font aufli plus profondes que les autres, parce que les femelles furpaifent les mulets en Jongueur comme en groffeur. Non feulement il ya des cellules confiruites unique- ment pour élever des Vers mulets, & d’autres pour élever des Vers femelles ou mâles; il eft même à remarquer que les cellules desmulets ne font jamais mêlées avec celles des ET 260 MEMOIRES DE L'ÂCADEM1E ROYALE mâles ou des femelles. Un gâteau eft compofé en entier de cellules à mulets; mais les cellulesà Vers femelles & à Vers mâles font mêlées dans le même gâteau ; ils ont befoin de cellules également profondes. Les mâles n’ont pas befoin: d'en avoir de fi larges que les femelles , aufli les leurs font-- elles plus étroites dans la proportion que demande leur dif- férence de groffeur. La différence qui eft entre ces cellules eft moins fenfble que celle qui eft entre celle des Vers mulets & des Vers femelles. Elle fe diftingue pourtant; jaÿ fouvent ouvert dés cellules dont les Guefpes étoient prè- tes de fortir , & j'ai toujours trouvé ou des mâles ou desfe- melles dans celles où je comptois de trouver les unes ow les autres. Cet amas de gâteaux, les liens qui les attachent, lenve- loppe qui les couvre, en un mot tout l'édifice des Guefpes,, eft un ouvrage de quelques mois, & ne doit fervir qu'une: année. Cette habitation fi peuplée pendant l'Eté, eft pref- que déferte pendant l’Hiver, & eft entiérement abandon- née au Printems. Il n’y refte pas une feule Mouche; celles: qui ont paflé la rude faifon, vont commencer un nouvel édifice , qui doit, aufli-bien que toutes les Mouches dontil: fe trouve peuplé , fon origine à un petit nombre de Guef pes, pour ne pas dire encore à une feule. Une des remar- ques des plus fingulieres que nous fournit l’hiftoire de ces Infeétes, c’eft que les gâteaux qui font faits les premiers ne font abfolument compofés que de cellules où peuvent croi-- tre des Vers mulets. La république dont les fondemens viennent d'être jertés , a befoin de travailleurs , ce font eux. qui naïflent les premiers. A peine une cellule eft-elle fi nie, & fouvent elle n’eft pas encore à moitié élevée, qu'un: œuf de Vers mulet y eft dépofé. Par cette raifon il eff plus aifé à la mere, malgré fa groffeur , de mettre l’'œufprès du fond dela cellule. De quatorze à quinze gâteaux renfer- més dans un Guefpier, il n’y a quelquefois que les quatre à cinq derniers qui foient compofés de cellules à femelles. & à mâles; ainfi avant que les femelles & les mâles puif-- ù D'ESUSNCI E NC ES | 261 fent prendre l’eflor , le Guefpier s’eft peuplé de plufeurs milliers de mulets. Il n'eft donc pas étonnant qu’on ne voye paroître les meres fur le Guefpier que vers le commencement de Sep- tembre. Je fis périt par l'odeur du foufre une Ruche de ces Guefpes vers la fin d’Août ; entre plufieurs milliers de mu- lets, je n’y trouvai que deux ou trois meres , & dans une faifon plus avancée j'ai vû les meres attroupées à plufieurs centaines dans les Ruches. Mais les mulets qui naïffent Îes premiers périflent aufli les premiers ; quelques foins que j'aye apporté pour bien: couvrir mes Ruches, je n’en ai pas trouvé un feul en vie à la fin d’un Hyver doux , je les ai vüs prefque tous périr dès les premieres gelées. Les anciens Naturalifles, de qui nous pourrions tirer de fort bonnes obfervations, fi malheu- reufement elles ne fe trouvoient confondues avec d’autres fouvent plus qu'incertaines , ont aufli remarqué qu'il y a: des Guefpes qui ne vivent qu’un an, & d’autres quien vi- vent deux. Ariftote appelle les premieres operarä, ce font aufi nos laborieux mulets , & les autres marrices qui font nos femelles. Ces femelles plus fortes, & deftinées à perpétuer l'efpéce,. : foutiennent mieux l'Hyver ; heureufement pour nous néan- moins que la plus grande partie périt, fans quoi nous ne pourrions avoir aflez de fruits pour nourrir ces Infe&tes fi prodigieufement féconds ; à peine à la fin de l'Hyver en étoit-il refté une douzaine en vie; plufeurs centaines étoient mortes dans la Ruche. ‘ C’en eft encore trop par rapport à la fécondité furpre- nante de ces Infeétes : un Guelpier que nous avons fupputé être habité par plus de trente mille Mouches , doit fon ori- gine à peu de Guefpes, je crois même qu’il la doit à une feule ; je nai pù pourtant encore me le démoritrer dans la claffe des Guefpes fouterraines, ni dans celle des Frêlons;. gar je n'ai pü trouver de Guefpiers de cette efpece qui ne: #uflent que commencés ; mais j'en ai trouvé de tels dans Kk il} 262 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la claffe des Guefpes qui bâtiffent fur des Plantes. J’ai com- + pl. IV. Fig. mencé à obferver un nid de Guefpes de ce genre * qui n’a- s. voit encore que cinq à fix cellules ; c’étoit le prendre bien près de fon origine,ces cellules n’avoient pas même encore d'œufs; j'y ai vü dépofer les premiers. J'ai pris plailir pen- dant plus de fix femaines à obferver ce petit gateau dont le nombre de cellules augmentoit peu-à-peu. Toutes les fois que je l'ai oblervé, je n'y ai jamais vü qu’une feule & même Guefpe ; elle ne l'abandonnoit que quelques quarts- d'heure , de fois à autre, pour aller chercher des matériaux pour l’étendre , & de la nourriture pour fes Vers. Les pre- miers œufs n’ont pourtant paru que plus de quinze jours après que j'ai eu commencé à fuivre le gâteau ; enfin j'ai vû groflir les Vers éclos de ces œufs, je les ai vû boucher leurs cellules, & la Guefpe n’a eu de compagne que quand le premier Ver a été transformé en Mouche, À mefure que le nombre de cellules débouchées a crû, j'ai vü augmenter le nombre des Guefpes; le gâteau croiffoit plus vite alors, le nombre des ouvriers étoit augmenté ; à la fin de l'Eté cette petite république avoit plus de foixante Mouches; les Mouches de cette claffe ne multiplient pas autant que celles des autres, il en étoit péri plufieurs, toutes étoient nées d’une même mere , & il n’avoit point paru de Guef- pes mâles fur le nid. Je ne fuis pourtant pas sûr que les Guefpes de ce fexe , les mâles, périffent tous pendant lHy- ver comme les mulets; je n'en ai pourtant pas confervé en vie dans mes Ruches, mais je crois en avoir vû voler au commencement du Printems. Mais j'ai eu beau être attentif, dans la même faifon, à obferver les Guefpes que je voyois s'appuyer fur les Plantes, je n'ai jamais vû alors un feul mulet, prefque toutes les Guefpes étoient femelles, Je ne crois pourtant pas qu’elles produifent fans le com- merce des mâles ; mais je penfe que les accouplemens qui fe font faits avant l’'Hyver, fufiifent pour féconder tous les petits que la mere doit mettre au jour au Printems. Les DES SCIENCES 263 œufs font fécondés,;comme les embrions des Animaux vivi- ares , plufieurs mois avant que de naître. Il eft furprenant à la vérité qu'un feul Infeéte renferme tant de milliers d'embrions ; mais ce n’eft pas le feul exemple que la nature nous en donne; cette fécondité eft peut-être bien inférieure à celle de certains Poiffons. . Lemifiere de laccouplement des Mouches à Miel a été caché jufques-ici aux obfervateurs les plus attentifs ; je n’en fçache point aufli qui ayent furpris les Guefpes dans leurs accouplemens, & il n’y a pas apparence qu'on y eût p& parvenir fans fe donner les foins de les mettre en Ruche comme je l'ai fait, au moins pour ce qui regarde les Guef- pes fouterraines ; le voile qui dérobe ces aétions fecretes: eft trop épais , 1l a été levé quand leur Guefpier n’a plus été entouré que par du verre. J'ai pô appercevoir alors com-. ment elles perpétuent leurs efpéces ; depuis ces obferva- tions je n'héfite plus à regarder les Bourdons comme les: mâles des Mouches à Miel. Les mâles des Guefpes ont de: commun avec eux de n'être point armés d’éguillons. Dans- la claffe de nos Guefpes fouterraines, la partie qui occupe la place de l’éguillon eft d'une figure finguliere.* Si on preffe le ventre de l'Infeéte , on fait fortir cette partie comme on feroit fortir Paiguillon ; elle eft brune & écailleufe comme lui; on ne fçauroit la comparer à rien de plus reffemblant qu'à une petite cuillere à cuilleron rond, telles que l'ont les cuilleres à pot ; le manche de cette petite cuillere eft rond ; il a un canal qui va depuis fon origine jufques où commence la convéxité du cuilleron ; là ce canal s’élargit, & forme une plus grande cavité, une-efpéce de réfervoir. Si on preffe le canal près de fon origine , ou vers le com- mencement du manche, on voitune petite partie blanche qui fort dans cette cavité. Près de la: racine, près du bout de ce manche, il y a deux petits corps longs, tortueux, que l’on: prendra, fi Von veut, pour les vaifleaux fpermatiques, ow les tefticules. On ne peutau plus avoir que des conjeétures for lufage de fi petites parties ;. mais il ef plus sûr que cette * PL. I. Fig. 17.0 19. g Fig. 18. K; # PL. I. Fig, Zz7.f£ : 264 MEMOIRES DE L’ACADEM1IE ROYALE cuillereavec fon manche ef la partie qui carattérife le mâle. Je les ai vû en faire ufage vers la mi-Oétobre, dans des jours chauds pour la faïfon, & où le Soleil donnoit für la Ruche, Leur accouplements’accomplità peu-près comme celui des autres Mouches ; j'ai vü alors le mâle en amour marcher avec viteffe fur l'enveloppe du Guefpier , & pour ainfi dire avec un air inquiet , allant & venant, retournant brufquement fur fes pas; la petite cuillere qui eft ordinai- rement toute rentrée dans le corps , en étoit prefque toute fortie; lorfque le mâle appercevoit quelque femelle il cou- roit, & même Éle voloit deflus avec agilité; il fe plaçoit fur fon dos de façon que le bout de fon corps alloit un peu par-delà le bout du corps de la femelle. Outre la partie qui a la forme de la cuillere, le mâle en a encore deux qui lui font particulieres, elles font aufli de matiere écailleufe , brunes & peu fenfibles dans les aétions ordinaires de l’Infeéte, quoiqu’elles foient affez groffes * ; elles ont plus de longueur chacune qu'un des anneaux, elles font au bout du dernier , ou fi l'on veut, elles com- pofent enfemble leur dernier anneau qui eftécailleux. Ces deux parties femblent unies,elles s'écartent cependant l’une de l’autre, comme les deux branches d’une pince ; dans le tendre accès le mâle les entrouvre, & faifit entr'elles le bout de la queue de la femelle , la prenant alternativement & à diverfes reprifes d’un côté & d'autre; ce font-là les premiers préludes amoureux. C’eft entre les deux bran- ches de cette pince qu’eft précifément placée la partie faite en cuillere. Après ces petits préludes , le mâle tâche d'infé- rer fa cuillere dansuntrou , qui eft au-deffous de la bafe de l’éguillon de la femelle. Je ne fçai fi j'ai vü l'accouplement complet; mais toutes les fois que j'ai obfervé ce petit ma- nége , le cuilleron eft entré feul, & ileft peu refté. La fe- melle fembloit faire quelque réfiftance , elle marchoit mé- me, quoique lentement. Je ne fçai aufli s'il y a de plus longs accouplemens ; il fuffit qu'il y ên ait. La partie qui caraétérife les mâles des Guefpes Frélons ou rar o D ES: SGEN CE pAMaN 26 ou groffes Guefpes “eft placée comme celle des mâles des * p7 1 rie. * Guefpes fouterraines entre les deux branches d’une efpéce 27. & 24. de pince écailleëfe *. Mais elle a une figure différente, Cet °F, Fig: un{imple tuyau écailleux , un peu plus gros à fa bafe, à fon 22. & 24.fr. origine, qu’à fon extrémité qui a deux petits crochets. Cet- te extrémité aune ouverture où une petite épingle entre- roit aifément, Si on preffe la bafe du canal, on fait fortir par. cette ouverture une goutte de liqueur blanche, qui a la confiftance d’une bouillie claire. Le nombre des mâles de chaque Guefpier m'a paru gaz ler à peu près celui des femelles. | Sion ouvre le corps des femelles , onle trouve prefque toujours plein de petits corps oblongs, qu’on ne f&auroit prendre que pour leurs œufs; ils ont la figure de ceux qu’elles dépofent dans leurs cellules; ils n'en différent que par la groffeur ; on peut même les reconnoître dans celles qui viennent de fortir de leur cellule pour la premiére fois, qui ne font, pour.ainfi dire, Guefpes que depuis un inflant. Mais ils y font beaucoup plus perits,, moins oblongs; ce ne. font prefque que des points ronds. Les femelles ont comme les Mulets un aiguillon , il n’y a que les mâles qui n’en ont point. Les anciens Natufaliftes ont aufli écrit qu'il manquoit à celles qu’ils ont appellées Matrices , d'oùil femble qu'ilsauroient donné ce nom à nos mâles; cependant ils ont dit que les matrices font plus grof- fes que toutes lesautres , & nos mäles font moins gros que les femelles. Il réfulte de là , & de plufieurs autres faits dont:il eft inutile de parler , que leurs obfervations fur les Guefpes font fort incertaines. Moufet prétend malgré tout ce qu'en ont rapporté les Anciens, que toutes les Guefpes ont un aiguillon; qu'ayant fait périr un Guefpier avec l’eau bouillante, illeur en trouva à toutes. Apparemment qu’il les fitpérir avant que les mäles fuffent éclos. L’aiguillon des meres eft femblable à celui des Mulets, mais bien plus long & plus gros; la piquûre en eft peut- être aufli plus fenfible. Je n'ai pas cru en devoir faire Mem. 1719. LI 266 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Fépreuve. On fçait que la douleur qu’on reffent après ces fortes de piquûres vient moins de la plaie qui a été faite par une pointe fi fine, que de la liqueur Venimeufe que la même pointe y dépofe. Cer aiguillon fi fin, eft un tuyau creux, ouvert près de fa pointe; quand on preffe le derriére dés Guefpes & des Mouches à Miel, on fait fortir une goutte de liqueur par l'ouverture qui eft auprès de fa poin- te ; l'Infeéte la fait même fortir quelquefois , lorfqu'on le tient entre les doigts ; j'ai vû plus faire à une mere Guefpe frélon , pendant que je la tenois, & que j'obfervois fon ai- guillon, elle fit jaillir un petit jet de liqueur , à plufieurs pouces de diflance; il fembloit que cette liqueur eût été pouffée par un pifton, Si on doutoit de l’effet de cette liqueur , ou qu’on ne le crût pas affez prouvé , on en feroit convaincu par l’expé- rience que jen ai faite, après lavoir commencée un peu malgré moi. Etant piqué d'une Guefpe, je crus qu'il valoit autant prendre fon mal de bonne grace ; je la laïffai-ache: ver de me piquer tout à fon aife ; quand elle eut elle-même retiré fon aiguillon, je la pris & la pofai en lirritant fur la main d'un Laquais aguerri , & qui n’étoit pas à une piquûre près ;'la piquüre ne lui fit que très-peu de douleur, Je re: pris aufli-tôt la Guefpe, & je me fis.piquer moi-même pour la feconde fois. A peine fentis-je la piquûre ; la liqueur ve- nimeufe avoit été prefque épuifée dans les deux premié: res; enfin j'eus beauirriter enfuite la Guefpe ,elle ne vou: lut pas faire une quatriéme plaie. Cette expérience & quelques autres , qu’on n'aura peut: être pas plus d'envie de répéter, m'ont appris que quand on fe laïlle piquer pailiblement , que jamais l’aiguillon ne demeure dans la plaie. Il eft flexible , il ne perce pas un trou bien droit, la plaie eft courbe ou en ziguezague ; fi on oblige la Mouche à fe retirer brufquement , les frotte: mens font affez forts pour retenir l’aiguillon , qui eft en quelque forte accroché, ils l’arrachent ; au lieu que fi l'on ne prefle pas la Mouche, elle Le dégage peu à peus. | DES SCrENCESs. MA. 207 . Les piquûres des Guefpes frêlons font plus fenfibles que celles des Guefpes plus petites, elles ne le font pourtant pas ; au moins dans ce pays , au point qu'ont fait entendre quelques Auteurs qui prefcrivent contre elles des remédes, comme contre les poifons les plus dangereux. Je n’ai jamais vû les mâles travailler à bâtir , les femelles ne s’y occupent que dans le Printems ; mais j'ai fouvent vü les mâles emporter les ordures du Guefpier, & fur-toutles corps morts. Ces corps morts font des plus lourds fardeaux qu'ils aient à tranfporter ; deux s’aident quelquefois à le trat- ner; ou quandune Mouche eft feule, elle coupe la tête du cadavre & le tranfporte à deux fois. Cette république n’eft pas fans combats, il y en a fou= vent de Muler contre Mulet, & de Mulet contre mâle. Ces derniers , quoique plus grands, font plus foibles ou plus l- ches ; après avoir un peu tenu , ils prennent la fuite. Ces combats vont rarement à mort. J'ai pourtant vû quelque- fois le mâle tué par le Mulet. Nos Guefpes font moins meurtriéres que les Abeilles ; elles ne traitent pas fi mal leurs mâles , que les autres traitent les Bourdons de leurs Ruches; quand eiles les combattent, c’eft plusbravement, à partie égale. Vers le commencement d'Oëtobre les Guefpes ne fon- gentplus à nourrir leurs petits ;elles font pis, de meres ou nourrices fi tendres , elles deviennent de vraies marâtres ; elles arrachent des cellules les Vers qui ne les ont point encore fermées, elles les portent hors du Guefpier ; c’eft alors la grande occupation des Mulets & des mâles. Je ne fçai fi les meres ytravaillent auffi, je ne les ai pas vû le . faire, Ce n’eft point au refte à une feule efpéce de Vers à qui nos Guefpes s’attachent, comme M. Maraldi l’a ob- fervé des Abeilles, qui en certains tems détruifent les Vers bourdons; rien n’eft iciépargné. Le Mulet arrache indiffé- remmentles Vers mulets de leurs cellules;le mâle arrache ‘les Vers mâles, & même le ronge un peu au-deffous de la tête ; le mañfacre eft général. Athens de deviner la 11] 263 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE raifon de cette barbarie appärente ? efl-ce qu’elles veulent faire périr des petits qu’elles ne croient pas pouvoir nourrir, ou qu'elles croient ne pouvoir venir à bien, à caufe desfroids qui les menacent, auxquels les Guefpes les plus fortes ont eine à réfifter? car le froid les étonne toutes extrêmement. es premiers jours de gelée blanche , elles ne fortent que quand le Soleil a un peu échauffé l'air. Quand la chaleur commence à fe faire fentir, les meres fortent du dedans du Guefpier , & s’attroupent fur fon enveloppe , ou auprès de cette enveloppe; elles font en tas les unes fur les autres fans fe donner de mouvement. Quand le froid devient plus grand, elles n’ont pas même la force de donner la chaffe aux Mouches communes qui entrent dans leur Guefpier , & le froid les fait enfin périr. Il n’y a , comme nous l'avons dit , que quelques meres qui réchappent; elles paflent tout l'Hyver fans manger, elles ne font point de provifion com- me les Abeilles ; quand elles en auroïent de faites, elles nent profiteroient pas. J'ai fouvent mis dans leur Guefpier du Sucre, du Miel, & d’autres mets qu’elles cherchent pen- dant l'Eté ; en Hyver elles n’y touchoient pas. Au reftece n'eft pas une chofe particuliére à nos meres Guefpes de pañfer l’Hyver fans manger, les Mouches communes fe renferment aufli l’'Hyver dans des trous de murs oùelles n'ont aucune nourriture. En faifant détacher pendant lHy- ver uné vieille ferrure , je trouvai dix à douze Mouches d’un vert doré, qui s’y étoient logées ; elles éroient fans mouvement , comme mortes , elles s’envolerent néan- moins lorfque je les eus un peu rechauffées. Les jours de pluie continuelle & les jours de grand vent retiennent toutes nos Guefpes dans le Guefpier , elles ne fortent point ; par conféquent il faut que tout faffe diette , les Vers comme les meres, car elles n'ont rien enprovi- fion ; elles font auffi plus foibles les jours pluvieux ; & après des jours de pluie, leurs excrémens font liquides comme de l'eau. : | Toutes celles que j'ai vû revenir de la campagne dans le DES SCIENCES 069 ioiïs d'Oétobre , avoient à leur bouche une goutte d’eau qu'elles rapportoient au défaut de nourriture plus folide, Les Mouches font alors plus rares , & Îles Guefpes moins vigoureules pour les attaquer. Je les ai vü dans cette faifon les laiffer entrer paifiblement dans leur Ruche. Les fouterrains habités par nos Guefpes de la feconde claffe , prouvent qu'elles font naturellement grandes mi- neufes, qu’elles percent & remuent la terre avec habileté; peut-être profitent-elles des trous que les Taupes ont ou- verts, mais il leur refte toujours beaucoup de terre à en- lever pour donner à ces trous plus de 14. à 15. pouces de diamétre ;, comme ils les ont fouvent dans l’endroit qu’oc- cupe le nid. Si on bouche l'ouverture de ce trou avec de la terre rapportée ,; comme Je lai fait plufieuts fois, elles ne seftent pas long-tems prifonniéres , elles percent en peu d'heures cette nouvelle terre , & la tranfportent. Pour la détacher & la tranfporter , elles fe fervent de ces deux ferres qui font auprès de leur bouche, Ariftote & Pline prétendent, que lorfqu’elles ont perdu leurs chefs , qu'elles vont habiter des lieux élevés, que c’eft alors qu’on les voit bâtir des nids fur des Arbres ou dans * des greniers ; mais cette remarque ne doit-elle point être mife au nombre de celles que les Anciens nous ont laiflées avant de les avoir aflez avérées ? Je ne fçai fi par leurs chefs ils entendent les femelles ou les mâles ; mais je fçai que quelques défordres qu’on faffe à leur nid, qu’elles ne laban- donnent point, & il n’y a guère d’apparence que pour mar- quer leur regret de la perte de ces chefs , qu’elles quittent eur premiére habitation, pour aller en établir une nou- velle dans unterrain fi différent de celui qu’elles choififfent raturellement. * La bouche ou la trompe de ces Infeétes, (carje laifle à choifir le nom qu’on voudra donner à cette partie qui con“ duit les alimens-dans le gofier ,) a une ftru@ure qui mérite d'être connue. Après l'avoir bien examinée à la loupe, je ne fçai rien de plus reflemblant à quoi je puifle là comparer üp #PJ.I, Fig. 9. “ ‘ *P], I. Fig: 9. é 270 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qu'à ces efpéces de fleurs que les Botaniftes nomment Fleurs en gueule *, la levre fupérieure eft cependant fenfi- ble fans le fecours de.cet inftrument , & fur-tout dans les Guefpes mortes , où elle eft allongée par-delà le refte de la tête ; mais on la prendroit pour leur langue , & je l'ai prife pour telle dans les Guefpes vivantes , à qui j'ai vû en faire ufage , pour lecher des fruits, des fucs , &c. Certe levre fupérieure eft découpée en quatre parties dont les deux des côtés font étroites par rapport à celles du milieu, & divifées fiavant, qu'elles femblent faire deux parties fé- parées. La découpure qui fépare les deux parties du milieu n’eft pas à beaucoup près fi profonde , ces deux parties font enfemble un angle obtus , elles deviennent l'une & l’autre plus étroites à mefure qu'elles s’approchent de l'ouverture par où paffent Les alimens qui entrent dans le corps.Cette le- yre forme un demi pavillon d’entonnoir. La levre inférieure ef fipetite , qu’elle n’eft fenfible qu'avecla Loupe ,encore avant de l’obferver faut-il avoir emporté la levre fupé« rieure. Les parties qui compofent la levre fupérieure fem- blent travaillées avec grand art ; on y découvr@ des fillons longitudinaux ,& d’autres tranfverfaux , qui enfemble font un fort joli effet, & qui indiquent que ces parties doivent - exécuter bien des mouvemens différens. Aufli font-elles la fonétion de langue pour conduire les alimens ; elles font même, fi l’on veut, celle des dents, lorfqu’elles les preffent. A l’origine de cette levre ef letrou qui reçoit les alimens , & qui eft l'ouverture d’un canal à moitié écail- leux, il left du côté du ventre de l’Infeéte *. Vers l’origine de ce canal il y a diverfes autres parties longuettes , écail- leufes , ayant plufieurs articulations comme des antennes; je les regarderois volontiers comme autant de mains ou de doigts qui viennent quelquefois au fecours de la levre fu- péri pour l'aider à tenir les corps folides dont elles’eft alles , DES SciENCES 271 Éxplication des Figures qui regardent l'Hifloire des Guefpes. PLANCHE I. Elle repréfente les principales efpéces de ces Infe£tes, & quelques-unes de leurs parties deflinées féparément, vües au Microfcope. ÿ La Figure 1. eft une Guefpe de l’efpéce la plus com- mune dans ce Pays-ci, de celles que nous avons nommées de la troifiéme claffe, ou Guefpes fouterraines ; dans ce genre €lle eft une de celles que nous avons nommées Mulets. Les Fig. 2. & 3. font des Guefpes de la même claffe ; & de la même efpéce que la précédente; mais elles font les mâles de cette efpéce. Les Fig. 4. & $. font des femelles de la même efpéce., La Fg.\6. eft comme la Fig. 1. celle d'un Mulet, mais plus petit ÿ il fe trouve dans le même Guefpier. Il y a beaucoup moins de ces petits Mulets que des autres. La Fig. 7. eft une Guefpe mere des Figures 4. & $.vûe du côté du ventre. La Fig. 8. eft la tête d’une des Guefpes précédentes groflie par le Microfcope , & vûe de front. Les têtes des meres, mâles & Mulets ne différent fenfiblement entre elles qu’en groffeur. 4 a , les antennes. 2 b, les yeux pareils à ceux des autres Moûches. cc, les ferres ou dents mobiles dont elles fe fervent à tant d’ufages. La Fig. 9. eftune têre de Guefpe de:la même efpéce vue par-deflous , dont on a écarté les ferres, & prefté la trompe vers fon origine pour l’obliger à s’alonger. cc, les deux ferres. d, la trompe. Fig. 70. la même tête vûe par-deflus. cles ferres. d;: la trompe. #5, les antennes. Fig. 11. partie de la trompe repréfentée féparément:- . Fig. 12, les ferres repréfentées féparément.- 272 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Fig. 13. Ver qui doit devenir une. mere Guefpe, 4, en ef la tête. Les Fig. 14. & 15. font celles du Ver de la Fig. 13: lorfqul s’eft transformé en nymphe. La Fig. 14. repré- fente la nymphe vûe du côté du dos, & la Fig. 15. la re- préfente vûe du côté du ventre. La Fig. 16. eft la nymphe prête à devenir Guefpe.», eftune portion du fourreau qui enveloppoit toutes les par ties de lInfeêéte qui a été tiré en embas. Ce fourreau eft ” fait d’une membrane mince & blanche, de forte qu'il ne paroît point fur les parties qu'il recouvre, lorfquil eft éren- du deflus ; mais fi on frotte ces parties, on détache cette membrane , & alors elle devient fenfible , & les parties de deflus lefquelles on l’a êtée, paroïffent de couleur plus vive, moins blanchätre qu'auparavant. Fig. 17. ef la partie écailleufe qui termine le corps des Guefpes mâles des Fig. 2. & 3. certe partie el repréfentée grofie par le Microfcope. e, partie brune & écailleufe qui tient au dernier des anneaux. ff, les deux pinces écailleu- fes entre lefquelles eft la partie de l'Infeéte deflinée à la génération, g, le bout de cette partie, fait en cuiillére, & vû du côté du creux de la cuillére. Fig. 18. font les mêmes parties que celles de la Fig. 17. mais encore plus groflies par le Microfcope, & vües du côté oppofé. 2, les deux pinces. K ; la cuillére dont on voit le cuilleron du côté convexe. :4, font peut-être des vaif- feaux fpermatiques. Fig. 19. la partie deftinée à la génération repréfentée féparément. /, en eft le corps ou le manche de la cuillére , dont g eft le cuilleron. Fig. 20. mere Guefpe de la feconde clafle, ou mere Guefpe frélon. Fig. 21. mâle des Guefpes frélons ; le mulet n’en eft pas fort différent, D “n Fig. 22. tête des Guefpes frélons groflie au Microfco- pe & vüûe par-deffous, Fig: « DES SCIENCES. Me 7E Fig. 23.& 24. font des parties du mâle frélon, vües par- deflus & par-deffous. ff, les deux pinces écailleufes & brunes. K , g, les parties qui caraétérifent le mâle. Fig. 25. & 26. Guefpes de la premiére clafle. On ne s’eft pas attaché à faire repréfenter ici les différences qui font entre les mâles , les femelles & les mulets ; les dif férences en groffeur & grandeur font fenfibles , mais elles ne font pas bien confidérables. Fig. 27. eft un Ver de cette claffe prêt à fe changer en nymphe. 4, en ef la tête. Fig. 28. ef la têre d’un Ver de Guefpe , groflie au Mi: crofcope, & repréfentée vüe de face. ?, eft l’ouverture de la bouche ; je l'appelle bouche, parce qu'il n’y paroît point de tuyau qui forme une trompe , comme il y enaun dans les Mouches à l’état defquelles ce Ver doit parvenir. P L'AUNC HE) EL La Fig. 1.repréfente un Guefpier vû par dehors. Il ef pourtant difhcile qu’on s’en puifle former une idée bien pette fur cette Figure , dans laquelle toutesles parties font confidérablement moins grandes que le naturel. Ce Guef- pier avoit près de 14. pouces dans fon plus grand diamétre. La Fig. 2. eft un petit morceau de ce Guefpier repré- fenté à peu près de grandeur naturelle. En 4 eft une Guef- pe qui travaille à élargir & former un ceintre. + La Fig. 3. eft une portion d’une coupe verticale de lens veloppe du Guefpier, pour faire voir comnient les ceintres font pofés les uns fur les autres , & les vuides qu’ils laiffent entreux. - La Fig. 4. repréfente feule un de ces morceaux ceintrés dont l’afflemblage forme l'enveloppe du Guefpier. On ya repréfenté de grandeur naturelle, les bandes diverfement colorées dont ces ceintres font formés. | PLANCHE IIL t La Fig. 1. eft celle d’un Guefpier dont on a emporté Mém. 1719. Mu 274 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE une partie de l'enveloppe pour mettre l’intérieur à décou= vert. 44 , l'enveloppe quirefte. #6, cc, dd , ee , ff, &c. mar- quent différens gâteaux qui occupent l’intérieur du Guef- pier. Les ouvertures de ces cellules paroiffent au-deffous des gâteaux. Les ouvertures des cellules des gâteaux fupé- rieurs bb, cc , dd, ee font plus petites que celles des cellules des pâreaux inférieurs ff, gg; les mulets s’élevent dans les cellules des premiers, & les mâles & les femelles dans celles des derniers. Ces derniers gâteaux gg, kh, n’ont pas autant d'épaiffeur que les autres, mais c’eft qu'ils n’ont pas encore toute celle qu'ils doivent avoir. Souvent un œuf ou un Ver eft dépofé dans une cellule qui n’eft encore que commencée. Entre deux gâteaux on voit Les liens qui fuf- pendent l'inférieur au fupérieur. | Fig. 2. un des gâteaux repréfenté féparément, & vüpar- deflus. PPP, marquent quelques-uns des liens qui fufpen- doient ce gâteau. Fig. 3. gâteau vû renverfé , afin que les ouvertures des cellules fe trouvent en-deflus. Il eft aifé d'y difiinguer les cellules ouvertes de celles quiont été bouchées par les Vers prêts à fe méramorphofer. Des Mouches font prêtes à for- tir de quelques-unes des cellules. Des Mouches font en- trées dans d’autres la tête la premiére, & ne laïiffent voir que le bout de leur queue. Fig. 4. quelques cellules repréfentées à peu près, de grandeur naturelle, afin que leur couvercle füt plus fenfi- ble, & qu’on vitmieux la fruéture des cellules mêmes, Pa Ne HE LV: Les Fig. 1. 2 & 3. repréfentent des fragmens des Guef- piers De Lrélons La Fig. 1. fait voir des portions de ceins tres pofées lesunes fur les agtres. Les Fig. 2, & 3. montrent: des morceaux de ces ceintres. L'intérieur de leur Guefpier étant difpofé comme celui des Guefpes fouterraines , on a: cru qu'il étoit inutile de le faire defliner, D'ailleurs il y en a deux Figures dans Aldrovande. DES SCIENCES, 275 Fig. 4. font des cellules de ces Guefpes , repréfentées féparément , & prefque de grandeur naturelle, Quelques- unes ont leurs couvercles , qui forment des demi-fphérés ctéufes. . La Fig. $. eft un Guefpier des Guefpes de la premiére claffe; il confifte dans un feul gâteau attaché contre une branche d’Arbre. Fig. 6. eft le même gâteau vû par derriére. Le derriére de celui-ciaaufli descellules dont quelques-unes font mar- quées par cccc, mais ces cellules ne font pas ordinaires à ces fortes de gâteaux; ils font unis de ce côté-là , comme célui de la Fig. 2. PL. IIT. PIT'AINNCNEHNE IN VE 1 D" La Fig. 7. repréfente un Guefpier des Guefpes de la “premiére claffe, qui a été apporté à l’Académie par M. Va- rignon. Il reflemble aux Rofes à mille feuilles, quine font pas encore épanouies. On n’a pas pris garde à la fituation dans laquelle étoit ce Guefpier dans l'arbre. Mais à juger de la fienne par celle des autres, fa pofition eft renverfée dans le deffein. o , l’ouverture du Guefpier qui étoit en em- bas, ou placée horizontalement. 4 4, enveloppe du Guef- Le , compofée d’un grand nombre de feuilles appliquées es unes fur les autres comme les feuilles des Rofes , mais beaucoup plus grandes. 2, petites branches d’Arbre auf. quelles ce Guefpier étoit attaché. ig. 2. eft ce même Guefpier dont j'ai coupé une pattie de l'enveloppe pour faire voir l’intérieur.o , ef l’ouverture pat où les Mouches entroient. de, de ,de, marquent la coupe de l'enveloppe. On voit les différentes feuilles, po- fées, les unes fur les autres , dont elle eft compofée. g,G, les deux gâteaux qui occupoient l'intérieur du Guefpier. Les Vers avoient prefque tous bouché leurs cellules, & étoient prêts à fe métamorphofer , comme il eft aifé d’en juger par les couvercles élevés qui paroifent au-deflus des cellules, M m i] 276 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALé La Fig. 3. efl le gâteau g repréfenté féparément , & vû du côté oppofé à l'ouverture des cellules. À, eftle lien ,ou le pied qui attachoit ce gâteau au gâteau G. Aldrovande nous a donné la Figure d’un Guefpier fait en bouteille , qui eft , je crois , l'ouvrage de Guefpes pa- reilles à celles qui ont travaillé celui-ci ; c’eft une variété d’architeëéture , mais les principes de l’une & de l’autre ar- chiteéture paroïflent être les mêmes. PLANCHE VI. Ellerepréfente la Figure d’un de ces Guefpiers de l’A= mérique qui font faits d'un véritable carton pareil au nôtre. Celui-ci m'a été communiqué par M. Vaillant. 44, l'en- droit où ce Guefpier étoit foutenu par une petite branche d’Arbre.bbbb , enveloppe du Guefpier.cc cc, ouverture de l'enveloppe qui a été aggrandie , les Guefpes lavoient fait plus petite. DEF, le dernier gâteau, ou le gâteau infé- rieur. D, partie du gâteau qui eft occupée par les cellules. E , partie de ce gâteau qui n’a point de cellules, & qui eft polie comme lenveloppe. F, trou par où les Guefpes pañfent pour entrer dans l'intérieur du Guefpier. PLANCHE VIE La Fig. 1. ef le Guefpier de la Planche précédente, dont Jai emporté une partie de l'enveloppe , afin que lon pût voir la difpofition de tous les gâceaux.ggg£g, hh, marquent les bords des endroits où l'enveloppe a été coupée, & en même-tems l’épaiffeur de Fenveloppe. K , marquent cha- cune un gâteau. Elles font de plus chacune placées vis-à- vis l'endroit où eft le trou par où les Guefpes communi- quent avec celui de deffus ou celui de deffous. La Fig. 2. eft une partie de la piéce qui a été emportée de la Fig. 1. //, marquent un des gâteaux, on y voit com- ment ils s’uniflent avec les paroïs de l'enveloppe. »m ", la furface intérieure de l'enveloppe qui ef très-polie. La Fig. 3. eft un des gâteaux repréfenté féparément & ones mm OS PL des Guerpes. Mem. de l'Acad.1719. PP 13 p.23; Mem. de l'Acrdiig. Pl i3-paré Pl der Euespes PA Simonnean Del 2e Seule 27219 - Pl14. Pag-276- cad. N Ÿ ù à Pl: 2° des Cuespes: Acadr719 . Fl:4.pag276 Mer. de L 7 EST S Ÿ À s Ÿ Pl. 32 Pulp ae PA limenneth DA € .. PAU se DD qe 1} que LL ue 1) 1 Memn.de l'Acad. 1719 k Pl. pa PL. 2 der Gucspes. : —_ MemdelAcadi79 . Fliy pa76. Pls£ der Guespez. Fig-1° Ph Jimonneau Del et Soufp = | Fi Ua | de l'Acad. 2729 PS 4 À Pl:8.pag-276. _ - + Echelle de 10 —+ pouces Mem- de L4cad.1719. Pl29.pag.276-. Mem.de licad. 2719. Pl19.pag.276. FL 7€ des Gucsper . Fig.1 + _ — —- Echelle de 40. pouces a he. DES SCIENCES : !l! 297. vû par-deflus. nn", marquent ce deffus qui eft poli:v0, une partie de l'enveloppe qui a été confervée. pp, l'endroit où commence l’entonnoir , dans lequel eft percé le trou: ou la porte de communication. F, ce trou ou porte de communication. SYUI T'FE ) De l'établifement de nouveaux Caraëbleres'de Plantes à Fleurs compoées. GhErAUSIS EE APE DES CORYMBIFERES. Par M VarLranT. S Ous cetitre de Corymbiferes, je comprends toutes les Plantes dont la fleur eft en difque , & toutes celles dont , Yo. Juiller, 1719 la fleur eft radiée. Car de prétendre que par rapport à.ces. deux fortes de fleurs, on puifle partager ces Plantes en deux différentes claffes ou Genres fupérieurs , ainfi que l’ont tenté quelques Auteurs , l'expérience fait voir qu'on:ne le: : 2 peut, puifqu'entre les individus d’une même efpéce , ilar- rive fouvent que les uns produifent des fleurs en difques &.les autres des fleursradiées: Or, fans être Botanifte ; pour. : le peu qu’on examine la Nature, on eft bien-tôt convaincu. que les demi-fleurons tant des fléurs radiées que quelques Auteurs nomment fimples ; que de celles qu'ils. appellent doubles ; & que je nommerai monfrueufes , ne font, à pro: prement parler , que des fleurons traveftis & mutilés, lef quels répondent à ces fleurons gigante{ques & irréguliets _ qui, dans certaines Plantes Cynarocéphales ;: forment la couronne de leurs fleurs. Ainfi il faut convenir, ou que j'ai raifon de renfermer dans unemême famille les Plantes dont: Mami Fleur en dif- que , ce que c'eit. Fleurradice, ge que c’elt. 2798 MEMOIRES DEL'AICADE MIE ROYALE la fleur eft en difque , & celles dont la fleur'eft radiée; ou’ que tous les Auteurs ont tort d’avoir mis pêle-mêle , com- me j'ai fait après eux les Plantes dont la Aeureft enhoupe, & celles dont la fleur eft à couronne. 1:17 ) La fleur en difque eft un amas Fig. 1. ou 2. de fleurons? hermaphrodites 13, 04 14. ou un mêlange 7. de fleurons.. mâles 20. & de fleurons femelles 1$.0# 16. ou bien c'eft un aflemblage 4. ou $. de fleutons androgins 13. ou 14 & de fleurs efeurées 23. on 24. ou 25.0 26. c'eft-à-dire, d'evaires deftiués-de feurons. … ! : is 3 La leur radiée 10. eft compofée de fleurons mâles 20. ou de fleurons hermäphrodites 73.04 14. lefquels forment un difque 4 Fig. 10, entouré d’un cercle rayonnant 4 4 88 formé par des demi-fleurons femelles 18. o4 19. ou neu- nes 22.9 3 HATIAMYHOD 24 Les fleurons tant de l’une que de l’autre fleur ,confiderés dans leur état naturel ; & non ionftrüeux; font, le plus fouvent , à pavillon régulier, découpé en quatre ou cinq pointes de couronne antique; lefquelles forment conjoin- tement une croix 4 Fig. 14.1ouù une étoile a Fig. 17» ouDO 1h91 sb 16ON. é Entre les fleurs en difque il s'en trouve quelques-unes qui ont l'apparence ‘de fleurs radiées Fg. 3. en ce que leur difque eft bordé de fleurons femelles 7$. dont le pavillon a eft irrégulier & découpé en quatre quartiérs: & on en rencontre quelques autres ; où les fleurons de la circonfé- rence font femelles a Fig. 16. & n'ontni pavillon ni dé- coupures apparérites. É Les fupports immédiats des piéces dont je viens de par- ler, font ou des ovaires monofpermes 4 Fig. 13. 14 1 $. 16:47, 18:19. &e. où des faux germes & Fig. 20, ou 22. articulés fur:un placenta à Fig.’ 2 1. Ceplacenta eft ras” dans les deuxtiers ou environ, des genres de cette clafle; & fi, de lautre-tiers, on en excepte un feul genre qui l’a hériffé de poils ; tous les autres l'ont chargé de bales 43. ou 44. entré lefquelles les ovaires fe trouvent nichés. dinvro T piE Sa SodhEm CEISO MIIÉ oééo Ce que j'ai fait obferver touchant latête des ovaires des Plantes Cynarocéphales *, doit s’appliquer à la même par- tie de ceux des Corymbiferes: car cette partie eft chauxé , ou nue , Fig. 29.30, 31. 32433. 34 dans certains gen- res; & on la trouve dans d’autres chargée ou garnie de quelque ornement Cet ornement eft fimple ou double. Le fimple eft une couronne de poils, 4 Fig. 37. 38. 30. ou de plumes, 4 Fig. 40. où enfin à l'antique : ou bien c’eft un diadême owlfimple bandeau , 4 Fig. 3.5, Et Forne- ment double qui fe rencontre dans le Corona Sobis ;,&t. dans FHiflerophorus , repréfente des oreilles. A :_ Enfin chaque fleur avec fes dépendances eft contenue dans un calyce. Ce calyce fe trouve fimple 21. 0 27. dans plufeurs de ces Plantes; double dans quelques-unes (.com- me au Doronic ) & écailleux; a Fig. 2. ou, 6. dans les autres. Au refle , toutes ces Plantes ne donnent que des feuilles fimples , qui, dans le: plus grand nombre, font difpofées alternativement. Ne -On a donné le nom de Corymbiferes à ces fortes de Plantes pour deuxraifons: La premiére , parce qu'elles pot. tent des fleurs compofées de’ différentes piéces ramaflées enforme de tête: &lafeconde., parce que dansuné grande partie des genres, ces mêmes fleurs font difpofées de ma- mére qu'elles repréfentent des bouquets, ou ce qu’on ap- pelle improprement des grappes de Lierre. Car cor hnB fer eftcompofé des mots Grecs x0puGor , corymbus, corymbes. qui fignifie un grain ou une baye de Éierre ; ou par fynèc- doche, l'umbelle ou l’afflemblage de plufeurs grains: & de ote> , porto, je portes comme fi.on difoit, Plantes qui portent des Corymbes. dFQTION re * Mém. de l’Acad. Royale an. 1718, Pa 149 Etymologie: Genre I. Genre II. +280 MEMOIRES DE'L'ACÀDEMIE RoYaALr DÉC CT 1 O N: d Des Corymbiferes dont la fleur ef? ordinairement en . difque, Ÿ* dont le placenta efl ras , chargé d'ovaires à tête nue. Balfamita. Cocq. Le Cocq porte des fleurs en difque dont les fleurons font hermaphrodites & à pavillon régulier. Ses ovaires ont la tête nue , & font plantés fur un placenta ras. Toutes ces parties font contenues dans un calyce écailleux. Ajoutez que les fleurs naïffent à la cime des tiges & des branches, & que les feuilles font entiéres , ou tout au plus dentelées, Les efpéces de Cocq font: 1. Balfamita major. Dod. Pempt. 29$. Tanacetum hortenfe; foliis & odore Menthe. H. L. Bat. 697. & Inft. R. Herb. 461. 2. Balfamita foliis Agerati. Bellis fpinofa , foliis Agerari. B. Pin. 262. Bellis fpinofa. Pr. Alp. exot. 327. 3. Balfamita Conyzæ folio , flore cernuo. Conyzoïdes flore flavefcente , cernuo. Act. Acad. Reg. Sc. Par. an. 1706. pag. 86.@ Barr. Of. num. 1023. Afler cernuus. Col. x Ados | 4. Balfamita Ægyptiaca, Virgæ aureæ folio , flore purpus rafcente, D. Lippi. Balfamita vient de Balfamum , Baume , parce que l'odeur de la premiére efpéce de ce genre approche de celle du Baume qu’on nomme Menihe. A Tanacetym. Tanefie. La Tanefie ne différe du Cocq , qu’en ce que fes feuilles font ou laciniées ou découpées profondément en plufieurs parties. Les DES SCTENCES 7! 281 Les efpéces de Tanefie & leurs variétés font ; %. Tanacetum vulgare, luteum. B. Pin. 1 32. à Inf. R, Herb. 461. Idem foliis eleganter variegatis. Hif. Oxon. 3. 2. Idem flore albo. B. Pin: 132. Idem foliis cuifpis. B. Pin. 132. & LR. Herb. 461: 2. Tanacetum Africanum, ftuticans ; multiflorum, foliis - Tanaceti vulgaris, duplo minoribus. H. Amft, 2. 199 - AMillefolium camphoratum,aureum , Monomotapenfe. Pluk. Mont. 130. Tab. 430. Fig. 7. 3-1TFanacetum Orientale , Sophiæ foliis. Millefolium Orien< tale, altifimum , luteum , Abrotani folio. Cor. I. R. H. 37 4. Tanacerum annuum, villofem, Abfinthii Auftriaci folio. Abfinthium umbelliferum , annuum. IL. R. Herb. 458. Eli- chryfim Hifpanicum , maximum. Bar. Of. 982. $: Tanacetum afperiufculum, laciniatum , foliis fuperiori bus trifidis. É/ichryfam trifidis foliis afperiufculis, ficulum. - Bocc. Muf. 2. 42. Tab. 37. & I. R. Herb. 452. Eli- chryjum trifidis foliis , Hifpanicum , majus. Barr. Obf, num. 983. 6. Tanacetum laciniatum , foliis fuperioribus trifidis, minus. Elichryfam trifidis foliis, Hifpanicum , minus. Barr. Of: . num. 984. Icon. 190. 7. Tanacerum perenne, incanum, Abfnthäi Auftriaci folio, Abfinthium Orientale, incanum, renuifolium, floribus luteis - in capitulum congeflis & furfum fpeétautibus, Cor. L R, Herb. 34. 8. Tanacetum Africanum , arborefcens, foliis Layandulæ multifido folio. H. Amfel. 2. 2o1. 9: Tanacetum Africanum, frutefcens, Crithmi folio. Eli- chryfom Africanum , frutec. foliis Crithmi marini. H. + Ami. 2. 143, Elichr}fm Æihiopic. s Srechas arborea, fol. Abrotani frigofis ,floribus umbellam quodammodo men- tientibus fragrantiffimum, Pluk, Alm. 134. Tab. 325$, Fes | Mém. 1719. Nan Genre IT, 282 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 10. Tanacetum monanthemum, Chamæmeli folio & facie: An, Santolina Hifpanica , Chamæmeli folio. 1. R. H, 461. Abfinthium. Abfinthe. La fleur de l’Æbfinthe eft un difque de fleurons andro- gyns dont le pavillon eft ordinairement régulier. Ses ovai- res, Fig. 31. ont la tête nue, & font plantés furun placenta ras. Toutes ces parties font contenues dans un calice écail- leux & hémifphérique. Ajoutez que les fleurs font difpo- fées comme en épi, Fig. 32. ou en grappe le long des ti- ges & des branches , & que chaque fleur a repréfente une tête fphérique, pendante ordinairement à un pédicule cour- be ou crochu, qui, le plus fouvent, eft garni de quelques feuilles. Les efpéces d’Abfinthe font , 3 Abfnthium arborefcens. Lob. Icon. 753. ©’ Inf. R. Herb. 457. 2. Abfnthium vulgare majus. J.B. 3. 1. 26. p. 168. 46- finthium lonticum [cu Romanum officinarum , [eu Diofco- ridis. B. Pin. 138. & I. R. Herb. 457. 3. Abfnthium Ponticum , montanum. B. Pin, 138. & I. R. Herb. 457. 4. Abfnthium infipidum. J. B. 3. 1. 26. p. 173. Æfin- thium infipidum , Abfinthio vulgari fimile. B. Pin. 139. I. R. Herb. 458. s- Ablinthium Orientale, incanum, Tanaceti folio, inodo- rum. Cor. I. R. Herb. 34. 6. Ablinchium Alpinum , villofum, Achilleæ folio , magno flore. D. Charles. 7. Abfinthium tenuifolium , odoratiflimum , monomota enfe. Breyn cent. 1. 166. 8. Ablnthium Ponticum , tenuifolium , incanum. B. Pin, 138. & LR Herb. 457. Idem caulibus purpurafcentibus, foliis fupina parte viri- dioribus. B. Pin. 139. © I. R. Herb. 457. DES SCIENCES. 283 &. Abfinthium Ponticum, tenuifoliumi, Auftriacum. B. Pin. 139. I. R. Herb. 457. tem, Æbfinthium Orientale , tenuifolium , incanum , Lavandule odore © amarum , flore deorfum fpeétante, Cor. ER. Herb. 34. 0. Abfinthium Santonicum , Judaïcum. B. Pin. 135. 41. Abfnthium Ponticum, repens, vel fupinum. B. Pin: 139. & I. R. Herb. 458. Item, Æbfinthium Orientale , tenuifolium , argenteum © fericeum , flore magno. Cor. I. KR. Herb. 34. Abfinthium pumilum , palmatum , minus , argen- reo fericéoque folio, Hifpanicum. Barr. Obf. num. 1006. 42. Abfnthium Alpinum , incanum. B. Pin. 139. & I R. Herb. 458. Item, Abfinthiuin Seriphium , montanum, candidum. B. Pin. 139. & L R. Herb. 458. Abfinthium umbelliferum, Mutellina quibufdam. J. B. 3 1. 26. p. 183. 13. Ablinthium Orientale , incanum, capillaceo folio, flo- Hibus in capitulum congefis. Cor. L. K. Herb. 34. 14. Abfinthium incanum, minus , floribus rarioribus ; odore feminis contra. Æbfinthium Seriphium,Hifpanicum, . flore rotundiore , odore feminis contra. L R. Herb. 458. ÆAbfinthium incanum , lanuginofum , crifpo , crillato folio, longiori pediculo, feu majus , acrius © amarius denfiorique Jolio , Barr. Obf. num. 1009. & Icon 433. 15. Abfinthium fubincanum , floribus crebrioribus , odore feminis contra. 46. Abfnrhium maritimum , Sénarum, Lavandulæ folio ; pulchrioribus corymbis, inodorum, fapore aromatico. Pluk. Amalt. 3. Tab: 353. Fig. ç. \ 47. Abfinthium Sinicum,latiori folio, cum pulchris corym« bis ex Infulâ Cheufan. Pluk. Amalt. 1. Tab. 358. Fig. 1. 18. Abfnthium maximum, Delphinü folio fubincano , odore Camphoræ. Æbrotanum mas, angufhfolium , maxi- mum. B. Pin. 137. & I. R. Herb. 459. Item , 4brota- num mas, anguflifolium ; majus. B. Pin. 136. & E R. H. 459. Gallicè Aurone. 19. Abfnthium frutefcens , Delphinii folio fubincano , corymbis majoribus, Abroranum humile, corymbis majo- Genre IV. 284 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE ribus aureis. H. R. Par. & I. R. Herb. 459. Item, bros tanum mas, anguflifolium , minus. B. Pin. 136. & I. R. Herb. 459. 20. Abfinthium frutefcens , incanum, Delphinü folio: Abrotanum mas , anguflifolium , incanum. B. Pin. 136.& I. R. Herb. 459. ‘ 21. Abfinthium Orientale, Chamæmeli folio. Æbrotanum Orientale , Chamæmeli folio. Cor. I. R. Herb. 34. 22. Abfinthium edule, Lini folio viridi. Æbrotanum Lin: folio acriori , & odorato. I. R:H. 45 9. Gallicè Effragon. Abfinthium vient du mot Grec 43, plaiir, & de la particule privative 4; commefion difoit, Plante defagréable, © qui ne donne aucun plaifir, à caufe de [a grande amer- tume, Artemifia. Armoife. La fleur de l’Ærmoife eft un dique, qui, dans quelques efpéces, n’eft formé que de fleurons androgyns , mais qui dans d’autres eft compofé de femblables feurons & de fleurs eMleurées, Fig. 23. Les ovaires, Fig. 31. ont la tête nue, & font plantés fur un placenta ras. "f outes ces parties font contenues dans un calyce écailleux & oblong. Ajoutez que les fleurs font difpofées comme en épt,, Fig, 326. © 45. ou en grappe le long des tiges & des branches ;où , dans la plûpart des efpéces, elles paroïffent être, ou font en effet, immédiatement attachées ; & que chaque fleur forme une tête qui differe de celle de l'Ablintheen ce qu'elleeft ellip- tique ou ovoïde dans quelques efpéces, conique ou pyri- forme dans quelques-unes, & cylindrique dans quelques- autres. Sion nes’accommode pas de ces marques de difiin@ion, qui font aufli réelles que le port où nous renvoye l’Auteur des Infitutions de Botanique eft imaginaire , on fupprimera ce dernier genre, comme on a été contraint de fupprimer celui d’Abrotanum,& onrangera fes efpéces parmi celles de æ” DES SCIENCES: 285 TAbfnthe ; car après avoir bien tout confidéré, il me pa- roit que c’eft l’unique parti qui refte à prendre. Les efpéces d'Armoife & leurs variétés font , #. Artemifia oficinarum, flore purpurafcente. Arremifia vulgaris , major , caule & flore purpurafcentibus. B. Pin, 137. & I. R. Herb. 460. Item , Artemilia polyfpermos. B. Pin. 137. Eadem flore fulphureo. Artemifia vulgaris, major , cauleex viridi albicante. B. Pin. 137. & I. R. Herb. 460. Eadem foliis exluteo variegatis. H. R. Par. & I. R. H. 460: 2. Artemifia Chinenfis, cujus mollugo Moxa dicitur. Pluk, Alm. so. Tab. 15. Fig. 1. & Raït Hifi. 3. 233. 3. Arremilia Orientalis, l'anaceti folio , inodora. Tournef, Voyage du Levant , 2.385. & Cor. I. R. Herb. 34. 4. Artemifia Lavandulæ folio , capitulis cylindraceis pen- dulis. Æbfinthium maritimum , Lavandule folio, B. Pin. 139. & I. R. Herb. 458. $- Artemilia fubincana , foliis inferioribus trifidis vel quin- quefidis. Abfinthium maritimum , foliis fuperioribus in ali- quot lacinias divifis. B. Pin. 139. & I. R. Herb. 458. ÆAbrotanum latifolium , rarius ; Artemifiæ folio. Col. 2.75. Fig. 76. 6- à FA cri Ma ELA folio. Abfinthium marinum magis diffectis foliis. Cam. Epit. 465. Fig. F. ÆAbfinthium minus, majoribus altiufque incifis foliis cinereis, Hifpanicum. Barr. Obf. num. 107. & Icon. 459. an Ab- Jinthium marinum. Matth. 687? 7. Autemifia tenuifolia. Dod. Pempt. 33. Æbroranum cam- pellre, caulibus albicantibus. B. Pin.136.& I. R.H. 450. Eadem caulibus rubentibus. Æbrotanum campeflre , caulibus rubentibus. B. Pin, 136. & I. R. Herb. 459. Arremifia tj. Cluf. Hifl. 340. 8. Artemifia frutefcens, viridis , tenuifolia, Hifpanica. An: Abrotanum mas ; tenuifolium , latifolium , Hifpanicum » sent. Barr, Icon, 447 ? N n i 386 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 9. Artemifa Hifpanica, cinerea , fapore fervido , foliis altè incifis, flore purpurafcente. 10. Artemifia tenuitolia , major , Hifpanica. Barr. Icon. s4. Abrotanum tenuifolium , majus, Hifpanicum. Barr. Obf num, 101$. 11. Artemifia maritima, cinerea, Sophiæ foliis. Æb/finrhium Seriphium , tenuifolium , marinum, Narbonenfe. J. B. 3. 1 26. p.177. Abfinthium minus, tenuifolium , alte incifis fo- lis, cinereum , [alfum , Hifpanicum. Barr. Obf. num. 1008. & Icon. 460. 42. Artemilia tenuifolia, media, Hifpanica. Barr. Icon. 89: Abrotanum tenuifohum, medium ; Hifpanicum. Barr. Obfe num. 1016. æ3. Artemilia tenuifolia 12, Cluf. Hift. 340. Æbrotanum Hifpanicum, Abfinthii Pontici folio, I. R. Herb. 459. Ab- finthium minus , tenuifolium , crifpum , Hifpanicum. Barr. Obf: num. 1o11. © Icon. 485$. ubi pro ynonymo ineprè refertur. Abfinthium Seriphium , Hifpanicum , fl. ob- longo. I. K. Herb. 458. 34. Artemiia maritima , incana, lanuginofa , Rutæ minoris folio. Æbfinthium Seriphium , Belgicum. B. Pin. 139. & I. R. Herb. 458. 35. Artemifia incana, lanuginofà, tenuiflimè laciniata , ra- mis expanfis & quafi pendulis. Æbfinthium maritimum , Seriphio Belgico fimile , lariore folio, odoris grari. D. Pluk. Raï Syn. 94. & I. R. Herb. 458. #6. Artemilia incana , lanuginofa, Abfinthii arborefcentis folio. Abfinthium Santonicum , Gallicum.B. Pin. 1 39.8& IR. H. 458. Seriphium vulgo diélum. Cam. Epit 458. 27. Artemilia incana, lanuginofa , Fumariæ tenuifoliæ fo- lio , flore croceo. Æbfinthium Orientale, fruricofum, inca- num ; amplo folio tenuiffime divifo. Cor. I. R. Herb. 33. Abfinthe Pontique. T'ournef. Voyage du Levant. 2. 208. defcr. 38. Artemilia incana , Rutæ minoris folio , odore Lavan- dulæ & infipida. Abfinthium Orientale, renuifolium , inca- ; DES SCIENCES, 287 num , odore Lavandule © infipidum. Cor. I. R. Herb. 34. 19. Artemilia incana, crebris, crifpis, criftarifque folio!is. Abfinthium Hifpanicum , flore oblongo. 1. R. Herb. 458: Abfinthium incanum, criflato , crifpo, renuioreque folio ; medium. Barr. Obf. num. 1010. © Icon. 434. 20. Artemilia leptophyllos , Sinarum , ex Infulà Crocodilo. rum. Pluk. Amalt. 37. Tab. 353. Fig. 2. 21. Artemifia Sinenfis, tenuifolia, corymbis crebrioribus. Abrotanum Sinenfe , tenuifolium , corymbis majoribus ele- gantiffimis. Pluk. Amalt. 2. Tab. 351. Fig. 5. 22. Artemifia viridis, Tingitana , trifido , vel quinquefido folio. Æbroranum campeflre fimile , Tingitanum. H. L, Bar. 2. Fig. 3. © I. R. Herb. 459. 23. Artemilta tenuifolia, denfe fruticofa, exiguis corymbis. Abrotanum tenuifolium , denfe fruticofum , cum exiguis corymbis , ex Infulä Cheufan. Pluk. Amalt, 1. Tab. 353. Fig. 6. 24. A Led Jtalica, elatior, Delphini folio viridi, in- odora. ÆAbroranum quoddam inodorum. Raï Syll. 269. Forte Æbrotanum elatius fubincanum , foliis creberrimis : Jécundüm caulem in mete formam fafligiatis. Pluk. Alm, 2. Tab, 121. Fig. 2. I. R. Herb. 459. 25. Artemilia Canadenfis, Ferulaceo folio. D. Sarrazin. 26. Artemilia Hifpanica, maritima, folio craflo fplendente & rigido. Æbroranum Hifpanicum, maritimum, folio craffè fplendente & rigido. I. R. Herb. 459. Abrotanum inodo- rum, fol. Crithmi obfcurè virentibus. Schol. Bot. 180. 27. Artemilia Sinenfis , latiori folio , rigidiufculis apicibus: fpinularum æmulis infignito. Abrotanum Sinenfe , latiori © mulrifido Artemiliæ folio ; rigidiufculis apicibus fpinula- rum æmulis infignito, cum parvis corymbis. Pluk. Amal. z. Tab. 353. Fig. 4. Artemifia , felon quelques-uns, vient d'érr##, Artemis. Diane l’accoucheufe, à caufe que l’Armoife commune aide ou facilite l'accouchement:& felon d’autres,ce genre porte: Genre V. 288 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE le nom d'Artemifia, époule de Maufole Roi de Carie ; pat. ce que certe Reine en mit quelque efpéce en ufage, Cotula. Cotule. La fleur de la Corule, Fig. 3. eft un difque de fleurons: hermaphrodires entouré de fleurons femelles, Fig, 15. à pavillon 4 irrégulier. Ce pavillon z fe découpe ordinai- rement en quatre quartiers, dont trois font fort courts ; prefque égaux, & difpofés en trefle. Le quatriéme , qui eft beaucoup plus grand , s’étend en-dehors pour former avec fes femblables une couronne rayonnante, laquelle donne à cette fleur l'apparence d’une fleur radiée. Les ovaires font en forme de cœurs un peu applatis & bordés d’un ourlet ; äs ont la tête nue, & portent fur un placenta ras , a Hg. 21. Toutes ces parties font contenues dans un calyce fimple ; Fig. 21. évafé & découpé en plufieurs lobes, Les efpéces de Cotule & leurs variétés font, 1. Cotula flore albo. Ctula Africana, calyce eleganti, cæfo; I. R. Herb. 495. Eadem flore luteo. Eadem flore monftrofo. Chamæemelum Æthiopicum, lanugi: nofum , flore pleno. Breyn. Prod. 2. 30. 2. Cotula minima. Chamæmelum Æthiopicum ; minimum ; incanum. Pluk. Alm. 98. Tab. 275. Fig. 7. Les deux Plantes fuivantes paroiffent être de ce genre: 3. Chamæmelum s. Leucanthemum peregrinum , elatiùs ; cauliculis plurimis tenuibus non ramofus, flore minore. Pluk. Alm. 98. Tab. 274. Fig, 3. à. Senecio parvus, pennatis foliüs, Æthiopicus. Pluk. Alm, 343. Tab, 314. Fig. 6. Ananthocyclus) } È À DES SCIENCES. 289 Ananthocyclus. Couronne effleurée. La fleur Fig. $. de la Cowronne effleurée eft un difque de fleurons hermaphrodites , bordé de fleurs eMeurées , Fig. 24.Les ovaires font oblengs,un peu applatis, à tête nue, flanqués ou bordés de deux aïles, & plantés fur un placenta ras. Toutes ces parties font contenues dans un calyce écailleux. On peut ajouter que les fleurs naiffent à la cime des tiges & des branches , & que les feuilles fons alternes & découpées. Les efpéces de ce genre font, x. Ananthocyclus Coronopi folio. Chryfanthemum exoris cum ; minus ; capitulo aphyllo, Chamæmeli nudi facie. Breyn. Cent. 1. Tab. 76. 2. Ananthocyclus Chamæmeli folio. 4n, Chryfänthemume exoticum, perpufillum, nudum, foliis Coronopi. Pluk. Alm. 101. Tab, 274. Fig. 6? Ananthocyclus eft compofé des mots Grecs 4’, fine, où abque ; fans; de äv5es, flos , fleur ; & de riuxe, circulus, cercle; parce que la fleur de ce genre eft bordée ou cou- ronnée d’un ou de plufieurs rangs circulaires d’ovaires defti- tués de fleurons. Sphæranthos. Boulette. On peut dire que la Bouletre eft entre les Plantes Co- rymbiferes ce qu’eft l'Echinopus parmi les Cynarocéphales, puifque la tête de l’un & de l’autre ef fphérique , & com- pofée de plufieurs fleurs complettes ; articulées fur un pla- centa, ou une ame commune. Nous dirons donc que la fleur de la Boulette, Fig. 12. eft formée de plufieurs petites fleurs en difque. Chaque difque eft un amas de fleurons dont ceux du centre font mâles & à pavillon régulier , au lieu que ceux de la circon: Mem, 1719. 00 Genre VI, Genre VIL: Genre I: _290 MEMOIRES DE L'ACADBEMIE ROYALE férence font femelles , fans pavillon ni découpures appa= rentes, & portent fur des ovaires oblongs , à têtenue, T'ou- tes ces parties font contenues dans un calyce fimple, ordi- nairement pentagone , à fondras, & enfin fendu jufqu'à fa bafe en cinq lobes. Ce calyce & fes femblables font, comme nous l’avons déja dit , articulés fur une ame com mune , & féparés les uns des autres par des écailles. Les efpéces de Boulette font , 1. Sphæranthos folio fubrotundo , flore purpureo. Adacas manjen. H. Malab. 10.85. Tab. 43. 2. Sphæranthos folio oblongo, major. Scabiofa Indica , ma: gr , caule © pediculis folofis. Pluk. Alm. 335. Tab. 312. 19. 6. 3. SE naneE folio oblongo, minor. D. Lippi. An, Sca- bio[a minor , alato caule, Madrafpatenfis. P/uk. Alm. 335. Tab. 108. Fig. 71 Sphæranthos eft compofé des mots Grecs ee ,fphæera, fphére , & de 5, flos, fleur ; comme fi on difoit, Plante dont les fleurs font ramaffées en globes. SxcTi-0 N IE Des Corymbiferes dont la fleur ef} crdinairement en difques © dont le placenta ef? ras , chargé d'ovaires à téte couronnée. Hehchryfum. Immortelle. La fleur de l’Immortelle, Fig. 2. eft un difque de fleurons androgyns, ou un mélange de ces fleurons & de fleurs effeurées 14. Ses ovaires, 27 ou 38. font couronnés de poils,ou de plumes,& portentfurun placenta ras. Toutes ces parties font contenues dans un calyce a Fig. 2. écailleux à contour arrondi, & dont le pureau des écailles eft fec;mem- braneux , & Le plus fouvent luifant, 11 fe trouve quelques . DES SCIENCES 207 efpéces de ce genre où le pureau des écailles n’a rien de fec que le béquillon dont il eft rerminé. On peut ajouter que les feuilles font alternes , entiéres & fans queue. Les efpéces d'Immortelles font ; 2. Helichryfum Africanum, lanuginofum , latifolium , ca- Îyce Aoris argenteo & ampliflimo , O/den!. I. R. Herb. 453. Xeranthemum fpeciofum ; e Cap. Bon. Spei, f. aibo, maximo. Petiv. Gazoph. Tab. 1. Fig. 9. 2. Helichryfum Africanum, lanuginofum , angufiffimo folio , calyce floris argenteo & ampliffimo , O/den1.I.R. Herb. 453. Xeranthemum Capenfe, Rorsfmarini folio, fore albo. D. Petiv. Raï Hifi. 3. App. 239. num. 22. Xeranthemum Sefamoïdes, flore albo, Éricæ foliis caulito- mento adffrictis , ad radicem verd Srechadis citrinæ longio- ribus © folutis, ex Infulà Crocodilorum, P/uk. Amal. 213. Tab. 449. Fig. ç. 3. Helichryfum Polygalz folio, flore fingulari, calyceam- plo purpurafcente, Xeranthemum fpino[um, Ærhiopicum, capitulis compaifis, purpurafcentibus. Breyn. Prod. 2. 4. Helichryfum minimum , tomentofum, Ericæfolium , flore fingulari,calyce albo. Xeranthemum flore albo, Erice folis, tomentofis ; Promont. Bon. Spei. Plk. Alm. 395. 5. Helichryfum fylvefre , latifolium , flore parvo fingulari, LR. Herb. 452. Jacea Hifp. Stæchadis citrinæ foliis per. multis, brevibus, capitulo fingulari magno, Pluk. Alm.1 93. 6. Helichryfum{ylveftre , larifolium , fore magno fingu- lari. L. R. Herb. 452. La: 7. Helichryfum Siculum, folüs utrinque viridibus , flore e fingulari I. KR. Herb. 452 8. Het fylveftre, angufifolium , capitulis conglo- _ batis. B. Pin. 264. & I. R. Herb. 453: 9. Helichryfum fruticofam ; Rorifmarini folio, calyce al- bido. Chryfocome peregrina. Eyf. Elichryfum [eu Stæchas citrina, Rorifmarini foliis. Barr. Obf. num. 973. 10. Helichryfum feu Stæchas citrina, FER B, Pin, Oo Helichryf fpecies capi- tulo fingular£, Helichryf pecies , capi- tulis pluribus glomeratis. 392 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE 264. Stæchas citrina. Dod. Pempt. 268. 11, Helichryfum Orientale, B. Pin. 264. & Inff. R. Herb. 453. Elichryfum latifolium , album , repente radice. Barr. Obf.num. 988. Elichryfum Africanum , frutefcens , an- gullis & longioribus fohiis incanis. H. Amft. 2. 109. a2. Helichryfum Orientale , foliis amplioribus fubrotun- dis. Cor. L. R. Herb. 33. Sræchas citrina , globofo & am- plo flore , Cretica. Barr. Icon. 814. Elichryfum Crericum. B. Pin. Barr. Obf. num. 987. fed perperàm. 43. Helichryfum Germanicum , calyce ex aureo rutilante: I.R. Herb. 453. Item, Elichryfum feu Stæchas citrina ;. latifolia. B. Pin. 264. © I. KR. Herb. 453. 44. Helichryfum Orientale , glutinofum 3; Lavandulz folio. Cor. I. K. Herb. 33. 15. Helichryfum feu Stæchas citrina, minor. Barr. Icon: Obf. num. 975. Stæchas citrina ,tenuifolia , Narbonenfis. J'B.3.L 26: perse 26. Helichryfum foliis oblongis Stæchadi citrinx fimilis Dodonzi. B. Pin. 264. Helichryfum. Cam. Epit. 787. »7. Helichryfum foliis oblongis, paucis, Stæchadi citrinæ anguftioribus. B. Pin. 264. © I. R. Herb. 452. Item, + Elichryfam umbellatum, maritimum, Hifpanicum. Inf. R. Herb. 452. & Barr. Obf: num. 976. 18. Helichryfum incanum , anguñtiflimo folio. Stæchas ci trina. Munt. Phytog. Fig. 242. 29. Helichryfum humillimum , ex Promontorio Sacro. I. KR. Herb. 454. 2c. Helichryfum foliis brevioribus & crifpis, capitulis mi- noribus. Cor. I. KR. Herb. 33. 21. Helichryfum Africanum , luteum , Polii folio , O/denf, I. R. Herb. 454. Elichryfum Africanum , folio oblongo fubtus cano , fupra viridi, flore luteo. Boerh. Ind. Plant. 42. 22. Helichryfum Africanum , tomentofum & incanum ;. Helianthemi folio. Gnaphahum Africanum , floribus mini- mis albicantibus , inodorum. Flor. Norib. 194. cum Fig. 23. Helichryfum latifolium, villofum , alato caule, odora- DÉS SCIENCES. } 293 äffimum. Pluk. Alm. 134. Tab. 173. Fig. 6. Elichry- Jam Africanum , umbellatum , odoratum , lureum , Oldenl. I. R. Herb. 453. 24. Helichryfum Africanum, folio oblongo,angufto, flore rubello , poftea aureo. Boerh. Ind. Plant. 42. Elichryfum Æthiopicum , numerofis & anguflis Sræchadis citrinæ fo- lis , minds albicantibus , forum [quamulis carbunculi in modum f[cintillantibus. Pluk. Alm. 134. Tab. 279. Fig. x. 25. Helichryfum Africanum, tomentofum, incanum , an- guftifolium , floribus rubris, Oldenl. I. KR. Herb. 454. Gnaphalium Æthiopicum , minus ,ramofum , capitulis coc- cineis. Pluk. Alm. 172. Tab. 298. Fig. 4. 26. Helichryfum Africanum , frutefcens , Coridis folio , Oldenl.X. R. Herb. 453. Millefolium Æthiopicum ; Ericæ foliis incanum , flore fpeciofo. Pluk. Alm. 251. Tab. 308. Fig. 2. 27. Helichryfum Afficanum , tomentofum, Lavandulæ fo- lis rarioribus, floribus aureis , glomeratis. Flacourt Hort. Sicc. an Elichryfum Cap. B. S. Lavandule folis lanuginofo. Muf: Petiv. num. 200 ? 28. Helichryfum Africanum, tomentofum , odoratum, nu- merofis, Lavandulæfoliis, floribus glomeratis. Flacourt Hort. Sicc. 29. Helichryfum incanum , tomentofum, foliis fubrotuns dis , O/denl. I. R. Herb. 453. Gnaphalium Æthiopicum', ramofum , floribus aurantiacis ,s. Gnaphalium, Elichry[o- des, comis aureis, ex Promont, Bon. Speï Pluk. Manr: 92. Tab. 350. Fig. 6. t 30. Helichryfum Africanum , romentofum , frutefcens ; calyce argenteo. Commel. PI. rar. 37. 31. Helichryfum Africanum , tomentofum, frutefcens , ca- lyce aureo. Commel. PI. rar. 38. 32. Helichryfum ramofiflimum , tomentofum, calyculis rofeo colore tinétis. Flacourt ; Hort. Sicc. 33. Helichryfam montanum, flore rotundiore , candidoz- L K. Herb, 453: Oo it 204 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Idem flore rotundiore , fubpurpureo. I. R. Herb. 453. Idem flore rotundiore, fuaverubente. I. R. Herb. 45 3. Idem flore rotundiore , variegato. I. KR. Herb. 45 3. 34. Helichryfum montanum , longiore & folio & flore __albo. I. K. Herb. 453. Idem flore purpureo. I. R. Herb. 453. Idem flore fuaverubente. 35. Helichryfum Africanum , fœtidiffimum , ampliffimo folio. I. KR. Herb. 454. Conyza Africana , graveolens, capitulis argenteis. Pluk. Alm. 117. Tab. 243. Fig.1. Eli- chryfum Africanum, latifohum , fetidum , capitulo ar- genteo. H. Ami. 2. 111. Idem calyce aureo. Elichryfam Africanum, larifolium, fæ- tidum , capitulo aureo. H. Amfi. 2. 111. 36. Helichryfum Africanum , duriufculis Plantaginis foliis glabris & nervolis. Pluk. Mant. 67. Helichryfum Afri- canum , Plantaginis folio. I. R. Herb. 454. 37. Helichryfum humile, Plantaginis folio. Gnaphalium Plantaginis folio , Virginianum. Pluk. Alm. 171. Tab. 348. 38. Helichryfum fylveftre, latifolium capitulis conglobatis. B. Pin. 264. & I. R. Herb. 45 2. Item , Gnaphalium ma- jus, lato oblongo folio. B. Pin. 263. 39. Helichryfum Peruvianum , tomentofum , majus, Ÿ3ra- vira diétum. P. Feuillée manufc. 40. Helichryfum latifolium, ercétum , floribus congloba: tis. I. R. Herb. 453. &1. Helichryfum Luftanicum, comis argenteis. Gnapha- lium Lufitanicum , comis argenteis, Pluk. Alm,. 171. Tab. 31. Fig. 5. | 42. Helichryfum Americanum , Lychnidis coronariæ fo- lio tomentofo & undulato. Plum. I. R. Herb. 45 3. 43. Helichryfum Americanum, latifolium. L. R.Herb. $ 3; 44. Helichryfum Africanum, tomentofum & incanum., comis argenteis. Gnaphalium floribus argenteis , Oldenl, Muf: Periv, num. 227. but cities css DES SCIENCES. 295 &s. Helichryfum aquaticum , ramofum, capitulis foliatis. Inf. R. Herb. 452. Hago paluftris , capitulis nigricanti- bus, fupina. For. Jenenf: 185. 46. Helichryfum fupinum , tomentofum , capitulis foliatis. … Gnaphalium fupinum , Lavandule folio. Bocc. Muf. 2. 107. Tab. 8$. | 47. Helichryfum Alpinum pulchrum , comis foliofis. F;- lago Alpina , capite foliofo. 1. R. Herb. 454. 48. Helichryfum Alpinum , pulchrum , tomentofum , mi- nus, comis foliofis. Graphalium Alpinum , magno flore ; folio brevi. B. Pin. 264. 49. Helichryfum Africanum, tomentofum, latiore folio flore rofeo, capitulis foliofis. Gnaphalium laticre folio, Æthiopicum , flore rofco , calyculis fpinofis. Pluk. Alm. 171. Tab. 323. Fig. 1. $o. Helichryfum fpicatum. I. R. Herb. 453. Graphalium majus , anguflo oblongo folio. B. Pin. 263.num. x. Item; Gnaphalium magjus ; anguflo oblongo folio , alterum. Ejufä. Pin. ibid. num. x1. s1. Helichryfum fpicatum, minimum. E/chryfum Alpi- num, minimum , capillaceo folio. I. R. Herb. 454. Gna- phalium Alpinum, nanum , feu pumilum. Bocc. PI, rar.1 10. Tab. 20. Fig. 1. | Outre le jme. & le 34me. Elichryfum des Inftitutions de Botanique, defquels nous avons fait, fçavoir de celui-ci, notre 31€ efpece de Conife, & de celui-là notre me. Tanefie , il faut encore retrancher de ce genre & même de cette claffe des Corymbiferes,l'E/ichryfum Americanum, ar- borefcens , Licis cocciglandifere folio. I. R. Herb. 45 3. Com- me cette derniére Plante fe trouve marquée au coin de nos Cynarocéphales 2 parmi lefquelles nous avons oublié de la rapporter , & qu’elle a le caraétere du 3e. genre b de la 6me. feétion ©, nous la nommerons Rhaponthicoïdes arbo- refcens, Uicis cocciglandiferæ folio, flore luteo. Elle doit être placée entre la 26m6& la 27me. efpéces ; & les deux fui- Helichryf fpecies , capi- tulis ad bafim foliatis, Helichryf fpecies fori- bus in fpicam difpofitis, a Mém. de l’Académ. ans 1718.p.149s bp. 177. CP. 174 Genre II, 296 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE vantes qui nous ontaufli échappé, s'inséreront l'une 4 entré la me & la 6me. & l’autre * entre la 1ome. & la 11m S Rhaponthicoïdes fruticofa , Capparidis folio trinervi, In- fularum Stæchadum. D. Fagon Hort. Sice. * Rhaponthicoïdes Afticana , vermiculato folio , calyce cylindraceo. Argirocome Capitis Bonæ Spei,Thymi foliis, Mauf: Periv. num. 144. & Gazophyl. Tab. 7. Fig. 3. Helichryfum, Ever , eft compofé des mots Grecs jus; Sol , Soleil , & de zrvces , aurum , or ; parce que la fleur , ou plürôr le calyce de la plüpart des efpéces de ce genre , eft jaune , & qu'étant frappé des rayons du Seleil, il brille , pour ainfi dire , comme de l’or. Quelques-uns prétendent qu’Helichryfum vient de ïes, palus, marais, & de xrvris , au- rum, 0x ; congme fi on difoit , Plante qui naït au bord des eaux ; © dont la fleur eff dorée. Filago. Herbe à Coton. L'Herbe à Coton différe de lImmortelle , 1°. en ce que fon calyce , Fig. 6. eft le plus fouvent relevé de cinq côtes felon fa longueur; 2°. que fes fleurs Fg. 7. font conglobées, c'eft-à-dire, qu'il en fort plufieurs du même point de divi- fion où elles font immédiatementattachées ; 3°. & que dans toutes les efpéces , les ovaires font couronnés de poils. Les efpéces d'Herbe à Coton & leurs variétés font : 3. Filago feu Impia. Dod. Pempt. 66. & I. R. Herb. 454: Eadem procumbens. 2. Filago fylvatica , lanuginofa , ere&ta, Lavandulæ folio. Gnaphalium medium. B. Pin. 263. an Filago feu Impia Hifpanica , major. Barr. Obf. 990? 8. Filago incana , tomentofa, ereéta. Filago vulgaris , flo ribus per caulem fparfis. Hifi. Parif. 80. Hlago altera. Dod. Pempr. 67. & I. R. Herb. 454. 4. Filago vulgaris , tenuiflimo folio, ercéta. I. R. Herb. 45 &e | DES SCIENCES, AW 297: &s4 Gnaphalium parvum sramofiffimum , foliis angufiifi- “mis , polyfpermon. Raii Hiff. 1.296. : À Eadem procumbens. Gnaphalium alterum, Verius angufio- r£ folio , Cyrnæum. Bocc. Muf. SFilago brevi anguftoque folio , erea, Filago minor. Ger. 641. & I. R. Herb. 454. Eadem procumbens. 6 Filago Africana , tomentofa » foreluteo. Gnaphalium to- mentofum , flore luteo. D. Oldeland. Muf Periv, num. 2 31 Filago vient de filum , fil ; parce que les efpéces PRE genre étant cotoneufes, on peut en tirer une forte de fil. © Héichryfoïdes. Hélichryfoïde. + Genre LE Les fleurs de l'Helichryfoïde font de petits difques con- globés ;: ou ramaflés par pelotons. Chaque difque n’eft le sen ne 2 à PE ntour arrondi ,.& qui n'aniéclat; ni couleur particuliére. On peut ajouter queles 1. Hieiehrfoides Tamarifci facie, floribus fpicatis. Abfin: _ thium Africanum , arboreftens, folio Vermiculato,incano ; Oldenl. I. R. Herb. 458: Frutex cineraceus ; mufcofus Herbe Impiæ:capitulis in fpicam fefilibus. Pluk. Mant, 2 85. Tab. 297. Lg. 1. Tamarifeus Æthiopicus., Coridis … olio glabro, Herbe Impie capitulis in fpicam Seffilibus. + Bjufd. Man. 478, Breÿniana Cineroïdes Capenfs. Periv. , GA 0 $ Tab:3. Fig. 9. FS HAUCL is à dE QAes Tamarifci facie, oribus in ramulorum fammitatibus. Elichryfum Capit. Bon. Spei ferrugineum, rxEricoides. Muf. Petiv. num. 199 ST 3. Helichryfoïdes J unipericreberrimis , aduncifque foliis 4 U Mém, 1719. y PP ( Genre IV. 298 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE - floribus in ramulorum cymis. Conyza Africana , fruref= cens, foliis Ericæ hamatis © incanis, Oldenl. I. R. Herb. -4$s. an Eupatoroïdes Capenfis , capiratus. Periv.Gazoph. Tab. 8. Fig. 1? dyer La Breyniana Capenfis, capitulis albis plumofs.Periv. Gazophe Tab. s. Fig. 4. paroït être de ce genre. Helichryfoides eft comme fi on difoit, Plante qui a du rapport à l'Helichryfum. " Coniza, Conife. La fleur de la Conife eft ordinairement en difque. Ce difque qui , dans la plüpart des efpéces, n’eft formé que de fleurons hermaphrodites , Fig. 14. fe trouve dans quel- ques-unes , compofé de pareils fleurons , entourés , ou en- tremêlés de fleurs eMeurées. Hg. 2$.Les ovaires Hg. 37. ou 38. font oblongs, couronnés de poils, & portent furun placenta ras. Toutes ces parties font contenues dans un calyce écailleux dont le pureau des écailles n’eft pas fec comme celui de l'Immortelle , mais d’une confiftence à peu près femblable à celle de leur partie cachée. C'eft princi- palement par cette dermiére circonftance, qu’on diftingue aifément certaines efpéces de Conife de toutes celles d’'He- lichryfum. Pour ne pas confondre le genre dont il s’agit avec le fuivant, il faut a'outer que les feuilles font alternes, Les efpéces de Conife font, 1. Conyza major, vulgaris. B. Pin. 265. & I. R. H. 454: 2. Conyza latifolia, vifcofa , fuaveolens, flore aureo , à * Gallo-provincià. I.R. Herb. 455. & Pluk. Alm. 117. Item, Euparoria Conyzoïdes maxima , Canadenfis , foliis caulem amplexantibus. Pluk. Alm. 141: Tab. 87. Fig. 4. Eadem flore radiato. Conyza Pyrenaïca , foliis Primule vez ris. Par. Bat. 127. 3. Conyza Verbafci folio acuto. Afler V’erbafti folio. H. R. Par, ©’ LR, Herb. 483. Chryfanthemum Ragvfinum; IA DES SCIENCES AIT 299 Tufolio Verbafei. Hifl. Oxon. 3. 18. Item, Afler montanus romentofus ; luteus, Verbafci folic. Hifl. Oxon. 3. 118. ÆEaden flore radiato. | ‘4. Conyza Crerica, fruticofa; folio molli candidiffimo & : tomentofo. Cor, L. R. Herb.33. 4fer l’erbafci folio. H. R, Par. Barr. OÙf. num. 1059. fed perperàm. Jacobæa Cretica incana ,integro Limonii folio. Barr. Icon. 217: $: Conyza tomentofa & candidiflima, fubrotundo craffo folio , flore luteo. D. Sherard. Baccharis Smirnea, folio | fébrôtundo pannoo. AG. Phil. Lond. ann. 1713. D. 184. ww num. 26. Fi 6. Conyza major , flore globofo. B. Pin. 266. Conyza mi- nor. Matth. 871. Conyza caulibus rubentibus , tenuiori- «bus, flore luteo nudo. Bot. Monfp. & I. R. Herb. ASS. . Conyxæ fpecies , foliis Virgeæ auree.J. B. 2.1. 24. P. 1049. 7: Conyza Hifpanica, glutinofa, odorata, Hyfopifolia. D, .… Juffieu. 8. Conyza Orientalis , pumila, incana , Olezx folio. Cor. I. R: Herb. 33. : : 9. Conyza annua, folio oblongo, ferrato, floribus glome- .… ratis, Baccharis Palmenfis , fo/io fabrotundo , ferrato. Muf. Petiv. num. 152. | 10. Conyza Americana, purpuro-cæruleo flore. Senecio Âmericanus , purpuro-cæruleo flore. 1. R. Herb. 45 6. Hie= ractum cæruleum, Americanum. Icon. Ac. R. Sc. Par. 11. Conyza Americana, frutefcens, folio Verbafci dentato. Plum. I. R. Herb.æçn 12. Conyza Americana, arborefcens, purpurea, folio Ver- bafci undulato. Plum. I. KR. H. 455. Item , Evpatorium Americagum ,V'erbaféi folio. I. R. Herb. 456. 13. Conyza Americana , frutefcens , foœtidiffima. Eupato- rium Americanum , frutefcens ; færidifimum. Raï Hifi, 3. ‘ 190. num. 37 à 14 Conyza Americana, Salicis caprez folio, flore albo. I. « R.Herb:455. . r5. Conyza Mariana, flore pulchrè Le de Baccharis EPpy 800 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Marianus , flore pulchrè rubente. Petiv. Aët. Phil. Lond. num. 246. p. 401. PI, 22. ; 16. Conyza fubrotundo , ferrato, molli & incano folio. Eupatoria Conyzoïdes, integro, Jacobææ folio, molk & incano.Ind. Orient. Pluk. Alm. 140. Tab. 177. Fig. 1: 27. Conyza folio fubrotundo , ad fedem ampliore , comà. deauratâ. Eupatoria Conyzoïdes, integro , Jacobææ folio, ad fèdem ampliore ; coma deaurat4. Pluk. Amal, 8x. Tab. 395. Fig. 4. 18. Conyza Virgæ aurez villofis foliis, flofculis pallefcen- tibus. Eupatoria Conyzoïdes, Madrafpatana, V'irgæ au- reæ villofis foliis , flofculis pallefcentibus.. Pluk. Amalt. 80. Tab. 395. Fig. 7. © Tab. 396. Fig. $. 49. Conyza Madagaftarienfis , fruucofa, tortuofo caule ;- Corni folio. Tfi-mandats. Flacourt , Hifi. 133. num.7. 20. Conyza Madaga/carienfis, glutinofa , Amygdali folio:, flore luteo. Fianouts s. Voulibohits. Flacourt, Hifi. 130. num. 4$+ 21. Conyza Ægyptiaca, frutefcens ,altiflima, Virgæ aureæ folio , flore purpurafcente. D. Lippi. 22. Conyza frutefcens, folüs anguftioribus nervofis. P, Feuillée. Obf. 75 1. Tab. 37. Conyxa Africana , humilis , foliis anguflioribus nervofis , floribus umbellatis. LR. Herb, 455$. Eupatorium Africanum, Agerato affinis Peruviane , 5. Quinquine falfo dicte foliis , floribus albis, Pluk. Alm. 400. Tab. 328. Hg. 2. 23. Conyza Virginiana , Halimifolio. I. R. Herb. 45 5. 24. Conyza Indica, Virgæ aurez folio ; magno flore pur: purafcente. Conyza Werbafci foliis ferratis.. Inf. R. Herb. App. 666. Cartu-Schiragam. H. Malab. 2. 39. Rhapon- ticoides V'irgæ aureæ folio , fummo caule ramofo, AG. Ac: R. Sc. Par. ann. 1748. pag. 177. 25. Conyza fruticofa , flore pallidè purpureo ;-capitulis à lateribus ramulorum fpicatim exeuntibus. Cat. Jam. 124 Eupatorium arborefcens , floribus cæruleis. Plum.: Cat. 10. 26; Conyza American , frutefcens , Cydoniæ folio..P/unr: DES SCIENCES. 30r ER. Herb. 455. Item , Eupatorium Americanum, frutef: cens, Herede terreftris folio ; flore purpurafcente. Plum. I. KR. Herb. 45 6. 27. Conyza Alopecuroïdes , Helenii folio, alato caule. ». Plum.:Cat: 9.211; 28. Conyza altera , foliis Helenii angufñis , alato caule. Plum. Cat. 9. 29. Conyza Succifæ folio , floribus ferè verticillatis. Ch:- baïboua Caraïbæorum. Surian Hort. fice. 30. Conyza Americana , arborefcens , lutea, folio trifido. Plum. I. KR. Herb. 445. | 31. Conyza Ægypriaca ; Juniperi folio tricufpidi fæepius _auriculato, floribus aureis. DLippi. 32. Conyzalongiffimo;ftri&iffimoque folio,floribus folita- riis è foliorum alis. Elichryfum arborefcens , Rorifmarini folio , Africanum , Oldeni..L. R. Herb. 454. 33. Conyza Linariæ folio. I. KR. Herb. 455. Linaria fo- liofo capitulo luteo ,. major &* minor. B. Pin. 213. Chryfo- … come, Diofcoridis & Plinii. Col. 1.81. | 34 Conyza Africana, frutefcens , foliis Rorifmarini , OZ. denl. I. R. Herb. 45 $. Conyza Æthiopica flore bullato , … aureo, Pinaffri brevioribus, foliis lete viridibus. Pluk. Alm. 400. Tab. 327. Fig: 2. Coma.aurea Africana 'fruticans , … fol. Linarie anguflis major. H. Amfi. 2. 89. 35. Conyza Africana, humilis, Coridis folio , perennis.. Coma aurea Africana., fruricans , foliis Linariæ anguftio- = vibus , minor. H.. Ami. 2. 89. 36. Conyza Africana , Ericæ folio. Coma aurea Africana ;. fraticans , Ericæ folio. H..Amfi, 2.95. . Gonyza vient, dit-on, du mot Grec +#2+, galle, deman: geaifon, parce que les Anciens fe fervoient de la Conife pour guérir la galle, Æmbrof. p. 173. "pu Genre V. 302 MEMOIRESs DE L'ACADEMuE ROYALE Eupatorium. Eupatoire. L'Eupatoire ne differe de la Conife , qu'en ce que les feuilles de fes efpéces , ou du moins la plus grande partie, font oppofées le long des tiges. D'ailleurs, on doit remar- quer qu’il fe trouve des efpéces de ce genre dont le calyce eft fimple, ou n’a que très-peu d'écailles ; & qu'il s’en ren- contre quelques-unes dont les ovaires font courorinés à l'antique. Les efpéces d'Eupatoire font, 1. Eupatorium Cannabinum. B. Pin. 320. & IL R. H. 455: Idem flore candido. Flor. Pruff. 71. 2. Eupatorium Americanum, Sophiæ folio, flore purpureo. Plum. I. K. Herb. 456. 3. Eupatorium folio oblongo, rugofo, caule purpurafcente. I À. Herb. 456. Idem caule virefcente. I. R. Herb. 45 6. 4. Eupatorium novæ Angliz, Urticæ foliis , Aloribus pur: purafcentibus, maculato caule. H L. Bat. € I. R, Herb. 456. É pbs novæ Angliz , Betonicæ foliis villofis, flore albo. Par. Bat. 160. © I. R. Herb. 456. Eupartorium Americanum , flore albo, Betonicæ folio. Hijt. Oxon. 3, 98. num. 20. 6. Eupatorium Vrginianum , Salviæ foliis longiffimis , acu- minatis, perfoliatum. Pluk. Alm. 140. Tab. 87. Fig. 6. & I. R. Herb. 465. Idem folio trifoliato. Pluk. Alm. 140. 7. Eupatorium Marianum ; Salvix longiffimis , acuminatis; anguftioribus foliis , non perfoliatum. Pluk. Amalt. 81. Tab. 385. Fig. 2. Item, Ewparorium Marianum , lon- giffimis, acuminatis foliis | non perfoliatum , floribus albi- cantibus, Pluk. Mant. 71. 8. Eupatorium triphyllum , Mexicanum , floribus albiçan- tibus. Pluks Alm, 140, RE DES SCIENCES MO: 9. Eupatorium Urticæ ampliffimis folis ternis circa caulem ambientibus. Esparoria Floridana, Urticæ ampliffimis fo- liès ternis circa caulem ambientibus. Pluk. Amalt.8o. 20. Eupatorium Æmericanum , Petafitidis folio. Plum. Cat. 10. & I. R. Herb. 456. @r. Eupatorium Urticæ foliis , Canadenfs , floribus albis. Pluk. Alm. 140. Conyéa Americana, Urtice folio, flore albo. I. R. Herb. 455. 42. Eupatorium Senecionis facie , folio Lamii. Par. Bar. Icon. Conyza Americana , Lamii folio. I, R. Herb. 45 s. Idem flore cærulefcente. 43: Eupatorium Peruvianum , folio fubrotundo trinervi, utrinque acuto , flore cæruleo. Conyza fulio fubrotundo , utrinque acuto , vulgo Manga-Paki. P. Feuillée Obf. 749. (r4. Eupatorium Æmericanum , folio triangulari dentato,flo- re purpuréo. Calaomecou Caraïbæorum.Surian Hort. Sicc. 25. Eupatorium Origani foliis amplioribus. Centaurium ciliare, minus , Bnagaricum ; Origani foliis amplioribus, ‘ floribus in umbellis. Pluk. Alm. 93. Tab. 81. Fig. 4. (16: Eupatorium Americanum , Meliffæ foliis magis acumi- natis. Pluk. Alm. 140. Tab. 87. Fig. 3. 47. Eupatorium Marianum , Schrophulariæ foliis, capitulis globofis , colore cæleftino. Pluk. Mant. 71. Tab. 394. * Fig. 4. Euparorium Marianum , Melife foliis tenuioribus, foribus purpurafcentibus , filamentofis. A&. Phil. Lond, um: 246.p. 400. PI. 21. Conyza Indica, Schrophularie Sfolio, flore purpurafcente. 1. R. Herb. 45 5. 38. Eupatorium Americanum,Schrophulariz folis,aureum; * Pluk. Phytog. Tab. 395. Fig. 1. #9. Eupatorium Americanum , frutefcens , Schrophulariæ folio. Boulatoboï Caraïbæorum. Surian Hort. Sice. 20. Eupatorium Americanum , frutefeens , Celtidis folio trinervi, flore albo. Ayouinitobou Caraïbeorum. Surian "ONE Sec. | 21. Euparorium Americanum , fcandens ; Pervincæ folio … magis acuminato ; flore purpureo. Ovloubouli Caraïbæo- “gum, Surian Hort, Siccs 304 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE Rovarr 22. Eupatorium Americanum, Sideriditis folio acuminato.. Manaimbanna , Caraïbæorum. Surian Hort. Sicc. 23. Eupatorium Americanum ; folüis Urticæ mollibus &c incanis. L. R. Herb. 456. 24. Eupatorium Floridanum , latiori folio, ler 3 re pallidiore. Eupatoria Floridana, latiori folio , triphylla, fore pallidiore. Pluk. Amalt. 80. Tab. 394. Fig. 3. | 25. Eupatorium Americanum , fcandens, haftato magis acuminato folio. Clematitis novum genus , Cucumerinis fo= lis , Virginianum. Pluk. Alm. 109. Tab. 163. Fig. 3. 26. Eupatorium Americanum , Teucrii folio , flore niveo: Eupatoria Valerianoïdes , flore niveo , Teucri foliis ; cum pediculis, Virginiana. Pluk. Alim. 141. Tab. 88. Fig. 3. 27. Eupatorium Americanum , foliis rotundioribus abfque pediculis. Euparoria F° alerianoïdes, Virginenfis, TrifJaginis foliis , abfque pediculis. Pluk. Alm. 141. Tab. 88. Fig. 4. 28. Eupatorium Virginianum ; Lavandulz folis , loribus albis. H. Beaumont. 16. Eupatoria hirfura , Hyfopi fo- liorum æmula , Virginiana. Pluk. Alm. 141. Tab. 88. Fig. 2. Eupatorium Virginianum , flore albo, Hy[opi fo- liorum æmulum. Hifi. Oxon. 3. 98. num. 23. , 29. Eupatorium flritiffimis foliis, ad nodos caulium ver: äicillatis. Eupatoria Floridana , ffriéfiffimis foliis , ad nodos caulium verticillatis. Pluk. Amalt. 83. Tab. 395. Fe. 6. 30. Eupatorium Bermudenfe, latifolium , Aoribus pallefcen: tibus. Pluk. Alm, 141. Tab. 243. Fig. 2. USE 31. Eupatorium Americanum, frutefcens , Atriplicis folio; flore albo. Plum. I. R. Herb. 456. 32. Eupatorium frutefcens, cæruleo flore, Atiplicis folio. Plum. Cat. 10. y 33 EUROPE fcandens , Solani folio angulofo. Conyza fcandens , Solani folio angulofo. Plum. manufc. Eupatorium , virerdewr, vient d'éirarer , Eupator , fur- nom qu'on attribue à Mithridate Roi de Pont, qui, peut- être , mit en ufage quelqu'une des efpéces de çe genre. ti) “ sé Petalitess D ES SCA INIC ESC UM age 30$° Petafites. Herbe aux teigneux. * La fleur de lHerbe aux teigneux eftun difque qui , dans quelques efpéces , n’eft formé que de fleurons androgyns Eg. 14. mais qui, dans d’autres efpéces »eft compofé de femblables fleurons entremélés de fleurs eMeurées. Fig. 25. Ses ovaires font couronnés de poils, & portent fur un pla- centa ras. Toutes ces parties font contenues dansun calyce en forme de cylindre, ou de cone tronqué Fig. 28. dé- coupé jufqu'au placenta en plufieurs lanieres > & dont la bafe.eft le plus fouvent garnie de quelques languettes qui forment une calotte oychatonà claires voyes. Ajoutezque les feuilles qui partent de la racine, font échancrées à l'in. - frrion de leur queue : Que celles qui accompagnent la. tige font d’une forme toute différente , & de toute autre Genre VE, confiftence : Que cetre tige ef fimple, & terminée ou par une feule fleur , ou par plufieurs fleurs difpofées en épi Les efpéces d'Herbe aux teigneux font : x. Petafites major & vulgaris. B. Pin. 1 97. © LR H.4çr: 2. Perafites minor. B. Pin. 197. & I. R. Herb. 451. 3. Petafites minor, alter, Tuffilaginis folio. H. R. Par. @: LR. Herb. 451. 4: Petafites minor, Alpinus, folio angulofo ; craffiori. LR: Herb. 451. Perafites minor , Tuffilaginis folio. Hift. Oxon. 3. quoad Icon. Tab. 10. feét. 7 | 5- Petafites monanthos, rotundifolius » glaber. Tuffilago AI." Pina ; rotundifolia glabra. B. Pin. 1 97- Item, A/arina foliis Afari. Ejufa. Pin. 197. Idem canefcens. Tufilago Alpina, rotundifolia, canefcense x B. P in. 197» ; É … Perafites vient du mot Grec réruss , petafus, chapeau, ouparafol ; à caufe que les feuilles de la premiere efpéce de ce genre , font fi étendues qu’elles pourroient fervir de chapeau ou de parafol. Mém, 1719. Qq Genre VI. 506 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Cacalia. Pied de Cheval. Le Pied de Cheval eft tout-à-fait femblable à l'Herbe aux teigneux par fa fleur , par fes ovaires, & par fes feuilles in+ férieures ; mais on l'en difiingue aifément ; 1°. par fa tige qui eft ordinairement branchue & garnie de feuilles , dont la plüpart refflemblent affez à celles qui partent de la racines 2°. par la difpofition de fes fleurs, lefquelles forment des touffes ou des bouquets à la cime de la tige & des branches. Les efpéces de ce genre font, | 2. Cacalia foliis cutaneis, acutioribus& glabris. B. Pin. 198. © I. R. Herb. 452. 2. Cacalia Pyrenaïca, Alliariz folio. I R. Herb.45 2. Taffi= lago Alpina, five montana Dalechampii. Lugd. x. 10522 - 3 Cacalia foliis craflis , hirfutis. B. Pin.:198. & In. R+ Genre VIII, Herb. 45 2. 4. Cacalia tomentofa. B. Pin. r98. & LR. Herb.4$2s 5- Cacalia Alpina, foliis utrinque denfo & candidiffimo tomento oblitis. I. R. Herb.452 A1 On a donné le nom de Pied de Cheval à ce genre de Plantes, parce que le contour de fes feuilles inférieures re- préfente aflez bien celui du'bord de l’ongle d’un Cheval. : Sénecio. Seneçon. La fleur du Seneron, Fig. r. eft uñ difque de fleurons androgyns. Ses ovaires, Fig. 37. ou 38. font couronnés de poils, & portent fur un placenta ras. Toutes ces parties font contenues dans un éalyce, Fig 28. en forme de‘cylin- dre, ou de conetronqué;ftrié felon fa longueur, découpé juf- qu’au placenta en plufieurs lanieres , & dont la bafe eft gar- nie de quelques languettes qui forment une calotte où un chaton à claires voyes 4, Fig. 1.08 18. Pour mieux diftin- guer ce genre des deux précédens, il faut ajouter que fes efpéces n’ont point de feuilles échancrées à l’infertion de RE - LT 'HRATS PATENT CHAOMINT ÿgs leur queue ; & pour ne pas confondre ces mêmes efpéces avec celles, qui dans PEuparoire , font à calyce fimple, ou peu écailleux, on doit obferver que les feuilles du Sene- nn LUN nn EE Ne Ph Sonenneu Seulp DES SCIENCES: 32$ T', les Vis qui arrêtent cette piéce fur le T'outrillon. D, l'Alidade. E,, l'ouvrage comme on le voit par derriére lorfqu’il eft -… maftiqué fur la piéce qui le porte. La quatriéme Figure fait voir la Piéce-ouvriére garnie de deux Etriers qui la traverfent en haut & en bas, avec leurs Vis qui fervent à ferrer & retenir l'ouvrage entre les Etriers. Cette Piécé-ouvriére ainfi garnie fert feulement Lorfqu'on veut faire une Regle fur le Tour avec cette Ma- chine. OBSERVF ATION DE L'ECLIPSÉ DE LUNE - du 29. Août 1719. " Par M. MARALDI. LE Ciel étoir fort férein au tems de cette ÉclipRe, comme il avoit été depuis plufieurs jours, & l'ombre de la terre qui fe voyoit fur le difque dela Lune éroit affez obfcure ; ce qui marque que dans la feétion de l'ombre par où la Lune a pañlé , il y avoit pour lors peu des rayons du Soleil rompus par l'Atmofphére de la Terre. Cepen- dant l’ombre n’a pas été bien terminée vers le commence- ment & vers la.fin de l'Eclipfe , & la penombre étroit fore grande ; car fur les 7 heures, c’eft-à-dire, plus de 20 mi- nutes avant l’'Eclipfe , on commença de da voir répandue für une grande partie du difque de la Lune qui étoit: du côté duNord-Eft où devoit commencer PEclipfe. A 7 h 16’ la penombre parut plus denfe entre Ariftarchus & Heraclides. Top : Sf ii]. L 2. Septemb; 17192 326 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE A 7l21° o” On voyoit une grande noïirceur du côté d'Heraclides. 7 23 © On commence à ne plus bien diftinguer le bord de la Lune , ce qui fait douter du | commencement de l’Echpfe. 24 30 Le commencement de l'Eclipfe eft certain. 28 O Grandeur de lJ’Eclipfe x doigt moins une minute. 33 8 L'ombre à l'Helicon. Grandeur . de l'Eclipfe | id 9! 36 38 1 49 38 8 L'ombre à Ariflarchus. 40 18 L'ombre au milieu de Platon. 42 50 2 18 2 31 ECS Grandeur de PEclipfe | 3 3 D en > LE sci €: 57 30 Lz3 30 59 o L'ombre arrive au bord de Mare ferenitatis & rafe de l’autre côté la tache de Kepler. 1 Oo Grandeur de PEclipfe 3. 5 o L'ombre éloignée de Copernic du diamé- tre de cette tache. 14 © La plus grande obfcurité 4 41 18 o On voit Galilée , Kepler, & Copernic pro= che de l'ombre. Ce dernier en eft plus roche. . | . La grandeur de lEclipfe au même état de 4 41 8 32 30 Manilius & Menelaüs font proche de l’om- bre. Elle s'éloigne de Copernic fans l'a- voir éclipfé. 8 38 o L'ombre rafe le bord de Menelaüs. 8 40 o Ariftarchus paroït , quoique plongé dans l'ombre. 8 43 o Grandeur de l'Eclipfe. 3 4ÿ D ds Co œ JNNNINNINNINN « SJ [US EN oO co D D w o 3 FL. 2 DYELS Sciences No Ces 8b4s’ 12” Ariftarchus fur le bôrd de l’ombre: M7 o 3 10! g 1 o | 3 27 9 ps Grandeur de lEclipfe ; ss 9 50 € ARE] 9 13 5o 2 47 9 16 o Helicoh découvert. 19 30 2 18 9 22 40 Tout Mare férenitatis découvert & le milieu de Platon. 9 24 49 | 1 41 9 28 46 | 1 34 253 o | Grandeur de l'Eclipfe À 1 9 ? 37 30 0 dE 9 39 30 L° 28 9 4t oo Fin de Eclipfe. En comparant le commencement de l'Eclipfe avec [a fin, on a la durée de 2t 16’ 30”; la moitié, qui eft de 1° 8’ 15”, érant ajoutée au commencement, ona le milieu de l'Eclipfe à 8° 32! 45". Si l'on compare auflile tems que l'Eclipfe a été de 149’, quand elle alloit en augmen- tant , ce qui a été obfervé à 7h 33’, avec le tems qu’elle eft arrivée à la même phafe d'un doigt & 9’ lorfqu'elle: diminuoit ,.ce qui a été obfervé à 9h 33/8 ,ona la diffé rence de deux heures préciles; la moitié, qui eft une heure, étant ajoutée au tems de la premicre phafe , donne le mi. lieu de l'Eclipfe à 8h 33’ 0” comme parle commencement & par la fin. $; | Immédiatement après l'Eclipfe, le diamétre de Ja Lune a été trouvé par le Micrométre de 30/ 307, bu Ex 328 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE OBSERVATION De l'Echpfe de Lune du 29 Août 1710. faite à l'Obférvatoire Royal de Paris. Par M. CASSINE 2. Septemb. E Ciel a été fort ferein pendant tout le tems del’E- RATS clipfe ; mais il a été difhcile d'en déterminer exaéte- ment le commencement & la fin, à caufe de la penombre qui étoit fort denfe, & qu'on ne diftinguoit pas aifément de l'ombre véritable, A 7h23 55” La Lune commence à s’éclipfer. 31 45 L'ombre eft à Héraclides. 33 25 L'ombre à Hélicon. 34 55 L'ombre au commencement d’Ariftarque. 37 40 Ariflarque eft entiérement dans l'ombre. 37 45 L'ombre au commencement de Platon. 35 Platon eft entiérement dans l'ombre. 47 55 L'ombre aü commencement de Timo: charis. so o L'ombre au milieu de Timocharis. s1 35 Timochariseft entiérement dans l'ombre. o 35 L'ombre eft au bord de Galilée. 13 40 L'ombre à Meffala & au milieu de Poffi- done. 1$ 17 Meffala eft entiérement. dans l'ombre. 30 L'ombre eft au bord de Copernic, qu’elle continue de rafer fans l’éclipfer. 8 35 55 L'ombre rafe Manilius & Menelaüs fans ; les éclipfer. 8 42 40 Âriftarque commence à fortir. 8 44 35 Ariflarque eft à moitié forti, RBOUNN NJININNNNI I CS] Le) © re Le, 8 45 à DES SCIENCES Our gag .4$ S$ L'ombre au bord de la Mer Cafpierne. * 46 56 Ariflarque eft entiérement forti. a $6 26 On voit par la Lunette de 8 pieds diflinéte: ment toute la partie de la Lune éclipfée. $9 $5 La partie de la Lune éclipfée paroît d’ühe _ couleur brune ; tirant un peu far le rouge, &t terminée par une bande brune dû côté de la partie éclairée. : © ë 10 23 Heraclides commence à fortir. : 1 11 $6 La Mer Cafpienne eft entiérement horside l'ombre. OS EE @ [69 Æù co 16 8 Helicon fort de Pombre. : |! : | 22 $$ L'ombre pañle parle milieu de Platon: 24 26 Platon eft entiérement forti. “41 10 Fin de lEclipfe. » 10: W © LÉ * Suivant ces Obfervations Ja durée de l'Éclipfe a été de 2" 17 15”, la demi-durée der 8/ 37/, ce qui donne le milieu de l'Eclipfe à 8h 32’ 32", auquel tems nous avons déterminé fà grandeur de 4 doigts 39° minutes. L'entrée des Taches dans l'ombre & leur-fortie ont été déterminées fort exattement verslecommencement & la fin de PEclip- fe ; mais. vers le milieu ces Taches entroient'dans l'ombre, ouen fortoient avec tant de lenteur, qu’on ne pouvoit pas en déterminer les phafes avec la même précifion. Cette Obfervation a été faite par une Lunette dé 8 pieds, où l’on avoit placé au foyer commun du Verre obje&tif & de l’ocu- laire des reticules paralleles entreux, pour obferver les diverfes phafes de cette Eclipfe, qu’on a réduites en doigts en cette maniére. 8 A 723! 55” Commencement de lEclipfe. - 7 30 36 Undoigt: :: 4: ip 7 40 17. Deux doigts. 7 45 20 Deux doigts & demi, - :7150/26: , Trois doigts, 1:44 iaMA Le Mem. 1719. Tt 339 MEMOIRES DE L'AÂACADEMIE ROYALE so 20 Trois doigts & demi. 10 4$ Quatre doigts. 33 o La plus grande Eclipfe étoit de 4 doigts 39 minutes. s7 10 Quatre doigts. 6 15 Troisdoigts & demi, 12 45 Trois doigts. 20 Deux doigts & demi, 23 45 Deux doigts. 29 30 Un doigt & demi. 34 20 Undoigt. 38 10 Un demi-doigt. 4s 10 Fin de l'Eclipfe. © L W Lo W W © \S © ‘© 00 ll Lee) DETAIL DE L'EXPERIENCE D E LA REFRACTION DE L'AIR DANSILE FUIDE Par M DEezisze le Cadet. ? ». Août P Our faire cette Expérience je me füis fervi du même 3739. Tuyau que M. Homberg avoit préparé en 1700. Il a 2 pouces de diamétre & 16 pouces de long. À une de fes extrémités perpendiculairement à fa direétion M. Hom- berg avoit cimenté un Verre plan, & à l’autre extrémité il avoit ajouté une emboïture de cuivre jaune fort épaiffe pour y placer un fecond Verre incliné de 45° à la direétion du Tuyau. Cette emboîture n’avoit point été foudée avec le Tuyau qui eft de cuivre rouge; on s’étoit contenté de lenfoncer à force , & de recouvrir la jonétion d’une com- pofition mêlée de cire & d’autres ingrédiens que je ne con- nois pas, Mais m'étant apperçu que cette compolition ne DES SC1ENCES #37 fermoit point affez exaëtement le paflage à PAïr ; J'ai fup- primé cette partie, & en fa place j'en ai fait fouder une plus mince , mais encore affez forte pour réfifter à l'effort de l’Air. Cette nouvelle piece foutient aufli un Verre in- cliné de 454 à la dire&tion du Tuyau. J’ai fait faire une pareille emboiture pour l’autre bout du Tuyau, afin que les deux Verres étant chacun inclinés de 454, l'effet füt dou- ble de ce qu'il auroit été, s’il n’y en avoit eu qu’un feul. Quelque précaution que lon ait pris à incliner chacun de ces Verres de 454 jufte, il s’eft trouvé , après avoir examiné leur inclinaifon , que l’un étoit incliné de 454 s2/, & l’au= tre de 454 20’. Pour reconnoître la quantité précife de cette inclinaifon, j'ai collé fur le milieu de la furface exté- -xieure de chacun des Verres un petit rond de papier ; ce qui m'a fervi à reconnoître la direétion du Tuyau, en ex- pofant ce Tuyau au Soleil , de maniere que l'ombre de l’un de ces ronds tombât fur l’autre. Ayant enfuire arrêté le Tuyau dans cette fituation , j'ai reçu fur un plan l’image du Soleil refléchie par le Verre tourné du côté du Soleil. J'ai reçu cette image à peu-près à autant de diftance du Verre que ces deux Verres éroient éloignés l’un de lautre,enforte que cette image & les deux Verres formoient à peu-près un triangle reétangle ifofcele. J’ai enfuite mefuré fort exac- tement la longueur des côtés de cetriangle, d’où j'ai conclu la grandeur de l'angle fait au Verre tourné du côté du So- lil , dont la moitié du fupplément au demi-cercle eft lan: gle d'incidence des rayons fur ce Verre, lequels’eft trouvé pour l’un des Verres de 44% 8”, & pour l'autre de 444 407. Pour pouvoir examiner la quantité de la Réfraëtion fui- vant les différentes raretés de l'Air , j'ai jugé à propos de mefurer ces différens degrés de rareté par les différentes hauteurs du Mercure dans un Barométre fimple rempli avec foin. Pour cet effet, j'ai fair faire un petit trou au-def. fous du Tuyau, vis-à-vis duquel j'ai fait fouder un petit canon de cuivre perpendiculairement à la direétion du Tuyau, pour y introduire la brançhe Ce Baro: Ati] 532 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE métre. Je crois que c’eft faute d’avoir appliqué le Baromé: tre, que l’Expérience n’a point réufli, lorfque l'Académie l'effaya en 1700. Les premieres fois que j'ai fait l'expérience, & le jou que je la fis voir à la Compagnie, je ne me fuis fervi que d'une petite Machine pneumatique qui ne püût faire def- cendre le Mercure qu'à un pouce près du niveau. Le Tuyau ainfi vuidé de la plus grande partie de fon Air, a été dirigé à un objet affez éloigné que l’on voyoit au travers du Tuyau : & au travers d’une Lunette de 20 pieds, que javois placée dans la direétion du Tuyau. Au foyer de cette Lunette étoient deux fils paralleles qui mefuroient la variation de l'objet par ces diflérens milieux. En comparant la diftance des fils entr’eux avec la longueur du foyer de l’obje@if, j'ai - trouvé qu'ils comprenoient un angle de près de so”, ce qui ne donne qu'une Réfrattion de 25” pour une incidence de 44 à 45 degrés. Dans la fuite m'étant fervi de la Machine pneumatique de l'Académie, j'ai fait defcendre le Mercure à trois lignes du niveau, & J'ai trouvé par plufieurs fois la variation de l’ob- jet de 1” 1” ou 2 fecondes, ce qui ne donne qu’un peuplus d’une demi-minute de Réfraëtion pour la même incidence que ci-deflus. Enfin étant parvenu les dernieres fois à faire defcendre le Mercure à une ligne près du niveau, j'ai trouvé la va= riation de l'objet encore plus grande, fcavoir de 1/1, ce qui donne + de minute pour l'incidence de 454, & voilà tout ce que J'ai pü faire. J’efpérois trouver par ces expériences une Réfra&ion égale à la Réfraëtion Aftronomique, parce que, fuivant la 10m, propof. du 2e, livre de l'Optique de M. Newton la fomme de toutes les Réfra@ions faites aux différentes couches de l’Atmofphére , quien s’'approchant dela Terre; augmentent de denlité dans quelque proportion que ce foir, eft égale à l'unique Réfraétion faite du paffage immé- diat de la lumiere de la premiere de ces couches à la der- | DES SCIENCES. 333 niere, & qu'il me paroifloit que le Barométre étant au ni- veau, le Tuyau devoit être aulli vuide d’Air que s’il avoit été rempli de la matiere de la premiere couche de l’At- mofphére, puifqu'à cet endroit le Mercure fe feroit mis de lui-même au niveau. Je me voyois confirmé dans cette opinion par les der- nieres Expériences de la Société d'Angleterre, par lefquel- les on a trouvé 34/ de Réfraëtion pour un angle d'incidence de 324; ce qui n’eft qu’à 3” près de la Réfra@tion Afrono- mique pour ce lieu-là,fuivant les Obfervations de M. Flam- fted. Ileft vrai que leur premiere Expérience avoit donné 2! 23" de Réfraûion pour un angle d'incidence de 62°, ce qui eft so” plus que la Réfra&tion Aftronomique ; mais cette premiere Expérience pourroit bien n'avoir pas la mé- me certitude que lafeconde, parce que l’on sy eft pris fort différemment, & que la feconde eft plus fimple. Il y a dans la derniere Expérience des Anglois une cit- confiance particuliere qui en prouve en quelque maniere la certitude , c’eft qu'ayant condenfé l'Air de leur Tuyau,de maniere que le Mercure s’élevât dans le Barométre au dou- ble de ce qu'il s’éleve par le poids de l'Air ordinaire, ils ont trouvé la Réfration égale , mais d’un autre fens, à celle qu'ils avoient trouvée de l'Air naturel au vuide d'Air mon- tré par le Mercure defcendu au niveau. Ils ont encore pouflé la condenfation de l'Air jufqu’à faire élever le Mer- cure au triple de fa hauteur ordinaire, & ils ont trouvé la Réfra&tion double de celle qu'ils avoient trouvée de l'Air naturel au vuide. De toutes ces Expériences, les Anglois ont conclu que les Réfractions étoient en raifon direëte des denfités de Air, montrées par les hauteurs du Mercure, J'ai trouvé la même chofe par mes Expériences ; car j'ai toujours vû que l'objet varioit à proportion que l'Air en rentrant dans le Tuyau faifoit élever le Mercure , en forte que lorfque le Mercure étoit au tiers ou au milieu de fa hauteur ordinaire, l'objetavoitpareillement varié du tiers ou de la moitié de fa variation totale, T t ii 334 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Si l’on compare cependant Îes différentes quantités dé la Réfradtion totale que J'ai obfervée dans mes différentes Expériences , on ne trouvera pas que la variation totale de l’objet dans chaqueExpérience foit proportionnée à ce qu'il s’en falloit que le Mercure ne für defcendu au niveau. Car Îa Réfrattion Aftronomique étant pour Paris d'environ 2 min. & + pour la fomme des incidences dont je me fuis fervi. Si la variation de l’objet fuivoit toujours la propor- tion des hauteurs du Mercure ; dans l'Expérience où je n’ai pû approcher qu'à un pouce du niveau, j'aurois dû trou- ver la variation totale de l’objet feulement de 5’ plus pe- tite que la Réfrattion Aftronomique , au lieu que je l'ai trouvée de près d’une minute + plus petite; de même qu'il feroit arrivé fi le Mercure n’étoit defcendu que de 10 pou- ces de fa hauteur ordinaire. Dans mes 2de- & 3me. Expériences étant parvenu à faire defcendre le Mercure à 3 lignes près du niveau, & enfuite àune ligne, j'aurois dû trouver la variation totale de l’ob- jet fenfiblement égale à la Réfrattion Aftronomique , au lieu que je l'ai trouvée dans le premier cas d’une minute + plus petite, & dans le fecond de de minute plus petite ; comme il feroit arrivé , fi dans le premier cas le Mercure nétoit defcendu que de 1 2 pouces +, & dansle fecond de 18 pouces + au-deflous de fa fituation ordinaire. Ainfi il paroît que la regle du rapport direét des Réfralions avec les hauteurs du Mercure n'eft pas toujours vraye ; mais que fort près du niveau une petite différence dans la hauteur du Mercure produit une grande différence dans la Réfrac- tion totale. Ce qui vient peut-être de ce que l'Air fort rareñé pafle au travers des pores du Mercure; d'oùil arrive que , quoique l’on le rarefie encore davantage, la hauteur du Mercure ne change pas pour cela, mais feulement la Réfra&tion : c’eft ce que la fuite des Expériences pourra apprendre à ceux qui voudront continuer cette recherche: Na ce que j'ai trouvé à redire dans mes Expériences , à quoi l’on peut remédier. La premiere chofe eft que le DES SCIENCES. 335 Tuyau dont je me fuis fervi pour en tirer l'Air étoit trop grand; il n’éft nullement néceflaire qu’il le foir tant, & moins il aura de capacité , & plus on pourra approcher du vuide exaët. En fecond lieu ce Tuyau ne n'a point paru aflez large, ce qui fait que les verres ne font point affez découverts, & que les objets ne paroiffent point au travers aflez diftinétement. Par la même raifon je crois qu’il n’eft pas néceffaire que les Verres foient fi fort inclinés ; il eft vrai qu'en les inclinant moins , on diminue la quantité de la Réfra@tion , ce qui la rend plus difficile à mefurer , mais aufli on voit moins diftinétement au travers des Verres fort inclinés ; ainfi il me paroît qu'il faut prendre un milieu entre l'un & l’autre. 11 faudroit encore de la part de ia Machine pneumatique de l’Académie, trouver moyen d’ap- pliquer ce Tuyau plus immédiatement que je n’ai pû faire au corps de pompe. La confiruétion particuliere de la Ma- chine dont je me fuis fervi, a demandé que l’on miît en- tr'elle & le corps de pompe plufieurs ajuftemens différens dont la multitude ne peut que nuire à l’exaétitude des Ex- périences. Enfin il faudroit rendre cette Machine propre à condenfer l'Air, en arrétant bien fermement la foupape, êt faifant faire des liens pour arrêter la Machine dans la= quelle on voudroit condenfer l'Air affez ferme pour réfif. ter à la plus grande condenfation que l’on pourroit faire. Il faudroit alors avoir des Tuyaux de Barométre affez longs pour y mefurer la quantité de la condenfation par l’éleva- tion du Mercure. On le peut encore, comme onfçair, par le nombre des coups de pifton , lorfque l’on aura mefuré les capacités du corps de pompe & du Tuyau dans lequel on condenfe l'Air; mais comme cette méthode fuppofe une grande exaétitude dans la conftrué£tion de la Machine +2 1e ne {çai pas fi on pourra l’'employer avec fureté, 15. Novemb. 1719 336 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE OBSERVATIONS ANATOMIQUES SUR L'ESTOMAC DE L'HOMME, Avec des Réflexions fur le. Syflême nouveau , qui regarde la Trituration dans PEflomac, comme la caufe de la Digeflion des Alimens. Par M. HELvVETIuUSs. 1) E toutes les parties du Corps Humain , l'Eftomac eft celle dont l’ufage ou les fonétions ont le plus exercé ; depuis quelques années , l'attention des Médecins & des Phyficiens. Tout le monde fçait qu'il eft l’organe principal de la Digefion des Alimens,; cependant peu de gens convien- nent entr'eux de la caufe de cette Digeftion. Il eft vrai que plufieurs Auteurs refpeétables ont tâché d'expliquer, par différentes hypothéfes , la méchanique dont la Nature fe fervoit pour changer les Alimens en ce fuc laiteux qu’on appelle Chyle. Mais aucun d'eux n'a effayé de prouver fon fentiment par la flruéture même de la partie. La diverfité d'opinions qui les partage, m'a engagé d'examiner avec foin toutes les parties de l'Eftomac de l'Homme, & de plufieurs Animaux, dans l’efpérance d'y trouver des éclairciflemens fur la caufe de la Digeftion. Voici les obfervations que j'ai faites ; elles contribueront peut-être à faire connoître quels font les agents que la Nature emploie pour changer les Alimens en Chyle. En confidérant l'Eftomac de l'Homme, j'ai obfervé que fes deux Orifices, c’eft-à-dire, l'entrée de l’Oefophage mar- qué À, & le Pilore marqué B, ne font pas firués Le un DES SCIENCES. it Say Puh de l’autre. Ainfi lorfque l'on coupe l'Eftomac en deux parties égales , felon fa longueur , on trouve que l'Oefo- phage eft tout-à-fait attaché à la face ou parois antérieure de l'Eftomac , au lieu que la plus grande partie du Pilore s’unit à la face pofñtérieure. : : J'ai obfervé fur l'Eftomac, autour de l'entrée de l'Oefo- phage, deux Plans mufculeux. L’un ; qu'on découvre vers le fond de l'Eftomac marqué D), entoure toute cette moi- tié de l’Oefophage qui regarde le même fond: Ce Mufcle jette obliquement plufieurs paquets de Fibres jufqu’au mi- lieu des Parois tant* antérieures que poflérieures del'Eftomac. Plufieurs de ces Fibres s'étendent jufques à la partie infé- rieure ; ce font celles que les Auteurs ont appellées Fibres: obliques de l'Eflomac. # L'autre Plan mufculeux marqué E, entoure de la même. maniére l’autre côté de l'Oefophage, c’eft-à-dire, celui qui regarde le Pilore ; il fe termine de côté & d'autre vers le fond de l'Eftomac marqué C Ces deux Plans de Fibres font autour de l'Oefophage comme deux bandes charnues qui fe croifent l’une l'autre fous l'Oefophage, tant fur la partie antérieure de l'Eftomac que fur la partie poftérieure. Les Fibres longitudinales font à peu près telles que les Auteurs les ont repréfentées; elles font très-minces , & pa-, roiffent commencer environ à un pouce du Pilore. Elles s'étendent le long de la partie antérieure & poftérieur de. lEftomac jufqu’à la hauteur de l'Orifice fupérieur. Enfin elles font attachées à la partie antérieure & poftérieure du Pilore par deux bandes ligamenteufes ou tendineufes mar- quées F', que je n'ai vü décrites dans aucun Auteur. - Cesbandes marquées F, ont quelque vraifemblance avec celles de l’Inteftin-Colon. Elles gccupenttoute Ja longueur # Quoique M. Winflow ait dé- |] cependant devoir me fervir des ter- montré que les Parois de lPEflomac |] mes de Parois antérieures & Parois doivent fe nommer Parois fupérieu- || poflérieures, qui ont été reçus juf- res & Paroïsinférieures , parrapport || ques à préfent, pour me faire enten- à la fituation naturelle dé cette par- || dre debut le monde. ù aie dans le Corps Humain, j'ai cru | Mem. 1719. > Vu 338 MEMOIRES DE L’'ÂACADEMIE ROYALE du Col de l’'Eftomac , & peuvent être aifément diftinguées par le toucher. On les voit aufli très-facilement, lorfqu'on plie auprès du Pilore le Col d'un Efomac gonflé, & qu'on le reñverfe vers la partie antérieure , ou vers la partie pof= térieure. Les Fibres du fond de l'Eftomac font dans un ordre fort différent de celui que les Autéurs nous ont marqué; ce font divers faifceaux de Fibres circulaires marqués ©, fépa= rés les uns des autres. Ils décrivent plufieurs Cercles muf- culeux autour d’un point qui paroît comme le centre de cette partie. Le premier Plan des Fibres forme un très-petit Cerele autour du centre du fond de l'Eftomac. Les autres Plans forment aufli des Cercles qui font plus ou moins grands , à proportion qu’ils s’éloignent plus ou moins de ce point central. Cet ordre de Cercles mufculeux fe continue juf- ques à un demi-pouce, ou environ; de l'Orifice fupérieur, après quoi les Fibres charnues prennent un ordre dif: férent. | . Les Fibres appellées par les Auteurs Fibres circulaires marquées GC, dont l’Eftomac eft entouré, ne font point des Fibres placées les unes auprès des autres qui partent de la partie nt de l'Eftomac , & qui aillent fe terminer à peu près au même point d’où elles font parties. Je n’en remarque pas une qui fafle le tour de l'Eftomac; il pa- roît plütôt que ce font plufieurs perits mufcles ou faifceaux de Fibres qui font fitués à certaine diftance les uns des au- tres. Ils fe fourniflent & reçoivent mutuellement plufieurs petits paquets de Fibres charnues qui fe difiribuent d'une maniére fort irréguliére ; car elles traverfent les intervalles que les faifceaux mufculeux laiffent entre eux, & elles for- ment une efpéce de Raifeau charnu, qui laiffe voir dans tous fes Interftices la Membrane nerveufe de l'Eflomac. On peut comparer ces Interflices aux mailles que forme un filet, excepté qu'ils approchent affez de la figure des lozans ges oblongs. Ainli on doit regarder tout ce corps charnu DES SCIENCES. 339 qui entoure l'Eftomac comme un Raiïfeau mufculeux dont il eftenveloppé. : Il faut obferver que ce Mufcle à raifeau fe moule fuivant la figure de l'Eftomac. Tous les faifceaux ou petitsmufcles qui fe trouvent au-deflous de lOrifice fupérieur , ou aux environs , forment tous enfemble un plan en ligne droite depuis la partie fupérieure de l'Eflomac jufqu’à l’'inférieu- re. Au contraire tous ceux qui font vers le-milieu de l'Ef tomac paroïflent fe contourner un peu felon la figure de cette partie, & former des fegmens de cercles dont la partie convexe eft du côté du fond de l'Eftomac. Enfin, ceux qui font fur le Col de FEflomac paroiffent encore lus courbés , & leur courbure augmente à proportion qu'ils s’approchent davantage du Pilore. » Telles font les obfervations que j'ai faites fur la ftruéture des Fibres de l'Eftomac. Elle ef fort différente de celle que tous les Aureurs ont décrite. Nous ne pouvons pas douter qu’elle n’ait aufli quelques ufages différens. «Les Bandes mufculeufes qui font autour de l’extrémité de l’'Oefophage peuventempêcher que l'Orifice fupérieut de PEftomac ne foittrop dilaté, ou par les Alimens (lorf- qu'onles avale imprudemment & fans mâcher) ou par les efforts du vomiflement. . On peut aifément fentir de quelle utilité font les Cer« ‘cles mufculeux que j'ai remarqués. au fond de l’Eftomac. Les Alimens qui feroïent tombés dans cette efpéce de po- che qu'on nomme le fond de PEflomac , ne pourroient trouver d'iflue pour en fortir, fans la difpofition merveil- ‘leufe de ces Mufclescirculaires. Ils croupiroient, pour ainfi dire, danscette partie, & altéreroient toutes les Digeftions; mais l’arrangement de ces Cercles mufculeux eft tel qu’ils ne peuvent fe mettre en contrattior, fans applatir le fond de l'Eftomac’ pour lors ils pouffent néceffairement les Ali- mens jufques vers laspartie moyenne de l’Eftomac , d'où äls font portés vers le Pilore, comme je le ferai voir dans la fuite, On doit reconnoître çes Cercles me les premiers vu 340 MEMOIRES DE L’ACADEMIE RovyzaLe mobiles du mouvement periftaltique qui fe fait dans l’Efto mac, & qui eft femblable à celui que tous les Anatomiftes ont reconnu dans les Inteftins. ÿU" 4 Lotfque les Alimens ont été pouflés hors du fond de PEftomac par l’aétion des Cercles mufculeux que j'ai dé- crits , ils tombent fur ce Raïfeau charnu qui eft compofé de Fibres que les Auteurs ont nommées Crculaires. Elles forment des fegmens de Cercles dont la partie convexe regarde le fond de l’Eftomac ; lorfqu’elles viennent à fe contracter , le milieu de ces fegmens s’applatit , s'éleve & chafle néceffairement les Alimens vers le Pilore ; ce qui fe fait avec d'autant plus de facilité , que l’aétion de ces Fi- bres eft fortifiée par celle des Fibres longitudinales. Em effet, ces derniéres qui font attachées au Pilore par les deux Bandes ligamenteufes que j'ai décrites , font couchées & étroitement attachées, fur le Raïfeau charnu. Par leur con- traction elles approchent du Pilore le milieu de l'Eftomac vers lequel les Fibres charnues pouflent aufli ce qui fe trou- ve dans la cavité de cette partie; ainfi tout ce qu’elle con- tient ne peut manquer de couler vers le Pilore. Le Raïfeau mulculeux a d’autres avantages non moins confidérables. Il peut s'étendre aifément, & donne parcon- féquent à l'Eftomac la facilité de contenirune plus grande quantité d’Alimens. De plus, ft les Fibres qui entourent J'Effomacétoient circulaires (comme les Auteurs Font ima=, giné ) il arriveroit qu’étant toutes ramaflées dans la partie fapérieure de l'Eftomac , beaucoup plus étroite que l’infé- rieure , elles s’y placeroient néceflairement les unes fur les autres, & y formeroient un plan de Fibres très-fort & très- épais que nous n'y remarquons pas. Ces mêmes Fibres , étendues fur la partie inférieure de l'Eflomac, qui eft beau coup plus ample, n’y formeroient qu’un plan de Fibres très- mince & très-foible, ce qui feroit contraire à l'œconomie animale ; car c’eft principalement en cet endroit, que l’Efto- mac doit être fortifié par une plus grande quantité de Fibres. Suivant çe que nous venons d’obferver, les Fibres de DES SCIENCES 34T PEftomac font difpofées de maniére qu’elles ne peuvent fe éontraéter , fans pouffer les Alimens du côté du Pilore. Elles reviennent enfuite dans leur état naturel: 1°. Parce que le poids des Alimens les y détermine. 2°: Parce que la force, qui les mettoit en mouvement , a ceflé d'agir. Peut-être pourroit-on citer pour une troifiéme caufe qui les oblige de rentrer dans leur premier état , la contraétion des Fibres charnues qui entourent POefophage du côté du fond de l’Eftomac , & qui s'épanouiffent fur la partie anté< rieure & poftérieure de l'Eftomac. NE Les Fibres qui enveloppent l'Eftomac étant tombées dans le relâchement, doivent néceflairement fe mettre en contraétion, ou par l’impreflion que font les Alimens dans’ PEftomac , ou par quelque autre caufe ; qu'il importe peu de connoitre à préfent ; ainfi le mouvement alternatif fe continue tant que les Alimens reftent dans l'Eflomac. * Quoique ce mouvement ne foir que vermiculaire , très= doux , & prefque infenfible , il a néanmoins induit des Hommes illuftres à penfer qu’il fuffifoit pour la Digeftion. - Ces Aureurs rejettent le fecours des Liqueurs qui fe mé- lent avec les Alimens. Ils croient que par ce feul mouve- ent ; qu'ils nomment Safement où Tritaration , les Ali- mens fe froiffent les üns contre les autres, fe brifent & fe divifenten des parties très-fines qui compofent le Chyle. C’eff ce qu'on peut voir dans quelques Traités qui ont paru’ fur cette matiére. ge 860 JUS . Pour moi je ne puis me pérfuader qu'un mouvement fi foible puifle produire un fi grand changement. Voici les: raifons fur letquellé®We me fonde. ; « Prémiérement, le mouvement qui fe fait dans l’'Eftomac eft très-doux. Il éft pareil'au mouvement periftaltique des Intefléns ; & eft peut-être plus foible ; car il eft cerrain que les Fibres dont le Canal Intefinal eft entouré , font beau- coup plus fortes à proportion , quê celles qui entourent lEflomac, & qui caufent fon mouvement. Or tout lé monde fait que le mouvement periftaltique des Inteftins Vuii 342 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ne fert qu’à faire mouvoir & à charier peu à peu les corps qui font contenus dans leur cavité. Pourquoi done attribuer un autre ufage au mouvement des Fibres de lEftomac, puifque ce mouvementeft le même , & eft également né- ceffaire à cette partie pour charier & faite fortir par le Pis lore les Alimens qu’elle contient ? ce Secondement, je demande fi l'Inteftin Duodenum au mouvement qui lui foit particulier , & pareil à celui de {Eftomac ; car on convient univerfellement que le Fluide qui réfulte de Ja Digeftion des Alimens, eft d’une couleur grife quand il fort de lEflomac, & qu'il ne devient blanc qu'après qu'il. a été travaillé dans le Duodenum, où:il ac= quiert cette couleur blanche. Je demande donc fi l'on doit attribuer le changement de ce Fluide à la Trituration qui ne jee avoir-Jlieu. dans ces Inteftins, roifiémement, à quel deffein cette abondance incroya= ble de Liqueurs qui fe mêlent avec les Alimens dans tou- tes les parties oùils doivent recevoir quelque changement® Pour nee une idée groffiére de leur exceflive quantité ; je me crois obligé de fuivre les Alimens depuis la Bouche jufqu’à ce qu’ils foient changés en Chyle. | Tandis que les Dents broyent & triturent les Alimens dans la Bouche , les Glandes parotides fourniffent une uantité de falive fi extraordinaire , qu'il feroit impoflible dé fe l'imaginer , fans l’exemple qu’on.en a eu dans la blef- fure d'un Soldat du Régiment des Gardes, Je rapporterai le fait, quoique connu de quantité de Médecins & de Chi- rurgiens, . s . Un coup de Sabre, que ce Soldatfrecut à la joue, lui coupa le Canal falivaire qui part de la Glande parotide , & s'ouvre dans la Bouche. Ilarriva par des circonftances inutiles à rapporter , que ce Canal fe ferma du coté de l’in- térieur de la Bouche, & refta long-tems ouvert du côté. de la joue comme une petite fiftule. Chaque.fois qu’il many geoit ,il fortoit par cette ouverture une abondance prodi- gieufe de falive jufqu'à mouiller plufieurs ferviettes pens é tromodedt é é d * + » Ds SCIENCES © 1! 3; dant le diner, qui neft pas fort long à l'Hôtel:Dieu. + Cette malheureufe expérience nous apprend qu’une Eux le Glande parotide eft capable de fournir une très-grande quantité de falive. Joignons-y celle qui coule également de l'autre Glande parotide, Confidérons de plus routes les Liqueurs qui difiillent abondamment pendant qué nous mâchons, tant des Glandes qui s'ouvrent dans la Bouche que de celles qui font dans le Gofier, & dans toutes les parties par où paflent les Alimens ; pour lors nous avoue- rons que cette extrême abondance de Liqueurs eft tout« à-fait furprenante. ” Quoiqu'elle tombe avec Îes Alimens dans l'Eflomac ; cependant il eff certain que cette partie fournit encore de nouvelles Liqueurs. M. Wepfer a découvert dans l'Efto- mac humain quantité de corps glanduleux avec des Orifices bien fenlibles. M. Winflow , qui me les a démontrées dans des fujets humains , m'a fait voir de plus (en foufflant avec un Tuyau très-fin fur ces corps glanduleux ) une efpéce de follicule qui eft à leur Orifice , & qui eft à peu près fem- blable à celles qu'on trouve dans les Glandes ftomachi- ques des Oifeaux. nt) M. Rhuyfch a remarqué dans l'intérieur de l'Eflomae : de l'Homme plufieurs éminences où monticules que j'ai eu l'honneur de faire voir à la Compagnie. Ila encore ob- fervé plufeurs inrerflices pareils à ceux qui paroiffent dans lé fecond Eftomac du Bœuf, qu’on nomme le Bonnet. Or # comme tous les interflices de ce fecond Eftomac du Bœuf font chargés d'une prodigieufe quantité de petites éminen ces qui me paroiflent glanduleufes, on pourroit pénfer que les Interftices pareils découverts dans l'Hommé par M. Rhuyfch font ainf deftinés à renfermer une grande quanti- té de Glandes quinous échappent à caufe de leur petitefle; car nous ne pouvons démêler qu'imparfaitement par le fe-! cours même d'un excellent Microfcope , les Inrerftices! qui les foutiennent. ”’ L’Eftomac n’eft pas la feule partie par oùles Aliméns rés 344 MEMOIRES DE L'ACADEM4E ROYALE çoivent une altération ,confidérable , comme je l'ai déja remarqué. Ils y fontchangés à la vérité en une liqueur gri- fafe qui na plus aucune apparence d’Alimens ; mais ce n’eft qu'un fuc groflier, & trop peu digeré, pour paflerpar lesVeines la@tées , & pour fe mêler avec la maffe du fang. De plus, fuppofé qu'il y en pût paffer quelque petite quan< tité , elle n’auroit pas le caractere néceffaire pour nourrir, les parties, & foutenir toutes leurs fon@tions. Ce fuc gri- fâtre eft donc converti de nouveau en un fuc blanc qu'on appelle Chyle; & ce changement fe fait dans l’Intefin. Duodenum, qui eft incapable de trituration, mais qui re- çoit une quantité prodigieufe de liqueurs, car le Foie & la Vélicule du Fiel y verfent par le Canal cholidoque une, grande quantité de bile, & le Pancreas y fait couler en abondance la lymphe pancréatique. C’eft dans ce même Inteftin que Brunderus a découvert. une furprenante quantité de Glandes qu'il regarde comme un fecond Pancreas ; elles fourniffent beaucoup de liqueurs, au Duodenum. Il eft donc vrai de penfer que c’eft au mê- lange de ces différentes liqueurs, qu’on doit attribuer le: changement qui eft arrivé dans cet Inteflin au fuc grifâtre, forti de lEftomac. j Or fi cette feconde Digefion qu'éprouventles Alimens’, dans le Duodenum ne peut fe faire par la Trituration ; fi elle eft l'ouvrage des différentes liqueurs qui font verfées : dans cet Inteflin, il y a lieu de croire que la Nature em- ploie les mêmes moyens pour opérer la Digeflion des Ali- 4 mens dans l'Eflomac, & que cet pour ce même ufage qu'elle y répand une fi prodigieufe quantité de liqueurs. D'ailleurs nous ne remarquons aucune ftruéture dans l'Efomac, qui foit favorable au fyftêémelde la Trituration. Nous fçavons au contraire que la Nature nous a donné. our fervir à la Trituration , un organe particulier, qui eft É Bases Elle l’a munie de Dents, qui font des corps durs, : & qui par la diverfité de leur firuéture font parfaitement propres à ouvrir, à couper & à moudre les Alimens. 2 ot DES*SCIENCES "3x5 doit donc être perfuadé que la Trituration des Alimens ne fe fait que dansla Bouche ; qu'elle n’eft qu'une prépa- ration indufirieufe. de la Nature, néceffaire pour donneraux liqueurs , qui doivent faire la Digefion des Alimens, la facilité de les pénétrer plus promptement & plus exaéte- ment ; de même que les Chymiftes broyent, rompent , ou divifent les corps durs, qu'ils veulent faire difioudre par quelques liqueurs. : Quoique tous ces faits puiffent paffer pour des preuves Convainçantes , j'ai cru cependant devoir encore examiner l'Eftomac des Animaux qui ruminent > & des Oifeaux, pour connoître plus exa@tement la caufe principale de la Digeflion. - Après avoir confidéré l’Eftomac de ces Animaux, je n'ai pas trouvé que la Nature y décidät plus favorablement pour la Trituration. Pour m'en éclaircir, je me fis apporter Îles quatre Efto: macs d'un Bœuf tous entiers , fans avoir éré lavés, & enco: re pleins du Foin qu'on lui avoit donné. J'en trouvai dans la Panfe une très-grande quantité qui ne différoit en rien du Foin ordinaire, fi ce n’eft qu'il éroit plus humide. Le Foin qui étoit dans le Bonnet, & qui avoit été ru- miné , c’eft-à-dire, remâché par Animal, étoit haché plus menu, & beaucoup plus humeété que celui de la Panfe. Dans le troifiéme Eftomac nommé le Feuillet , le Foin étoit difiribué & partagé entre tous les Feuillets qui font dans cet Eflomac. Il paroiffoit plus imbibé que dans les autres. . J'apperçüs dans le quatriéme Eftomac une liqueur ver: dâtre , épaiffe comme de la purée , & mêlée de quelques petits morceaux de Foin, Un changement fi prompt dans cet Aliment me caufa quelque furprife. Enfin, après avoir examiné ces différens Eftomacs , & avoir refléchi fur le changement que J'avois remarqué dans le Foin » je me pers fuadai que dans cet Animal la Digeftion ne pouvoit dépen; dre dela Trituration. Voici quelles furent mes raifons, Mém, 1719. X x 346 *MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Premierement, je n'avois point trouvé de changement confidérable au Foin qui s’étoit rencontré dans les deux premiers Eftomacs; ce font néanmoins ceux dans lefquels le faffement ou la Frituration des Alimens pourroit fe faire le plus aïifément. é Secondement, fi la Digeftion dépendoit de la fimple Trituration , j'aurois dû découvrir quelque changement confidérable dans le Foin, fur-tout après avoir été ruminé. Car pour lors il fe fait une Trituration aflez forte dans la Bouche du Bœuf. Cependant je n’y trouvai qu'une légere altération. De plus , le Foin que je vis dans le troifiéme Eftomac, étoit encore un vrai Foin, plus haché & plus humetté. Or la ftruêture de ce troifiéme Eflomac eft telle , que les Alimens qui y font tombés ne peuvent ni être broyés ni être faffés ; car ils font placés & enfermés, pour ainfi dire; entre des cloifons fort élevées , & qui s’approchent fi fort les unes des autres, qu’elles ne laiffent qu'un très- petit in- tervalle entr'elles. Ainfi, quelque mouvement qu'on veuille attribuer à cette partie , elle ne pourra jamais déplacer les particules des Alimens qui y font contenus, & leur don- ner le mouvement néceffaire pour les faffer , & les chan- ger par ce fimple faffement en cette liqueur verdâtre que Fon y trouve ; fecondement , les Fibres charnues qui font dans l’intérieur de ces feuillets entre les deux membranes qui les forment, fonttrès-minces & en petite quantité ; elles partent des Fibres charnues quientourent cet Eftomac;elles vont fe terminer au rebord de cgs Feuillets; ainli elles ne peuvent qu’abaiffer foiblement les Feuilles vers le fond de cet Eftomac. Or en faifant agir & les Fibres charnues qui entourent ce troifiéme Eftomac, & les Fibres charnues des Feuillets , il n’en peut réfulter quun mouvement très-foi- ble , incapable de caufer certe compreflion confidérable, néceffaire pour broyer les Alimens, & les changer en une liqueur verdâtre. Ces Fibres ont deux ufages principaux. Le premier eft d'exprimer doucement le fuc des Alimens DES SCIENCES. 347 qui ont été digérés, & qui refteroit long-tems embarraffé parmi ceux qui ne l'ont pas encore été. Le fecond eft de faire pafler dans le quatriéme Eftomac ce fuc ou cette liqueur qui n’eft pas encore affez travaillée pour mériter le nom de Chyle. | La ftruéture de cet Eftomac convient parfaitement pour ces deux opérations; car tandis que les Fibres qui l’entou- rent fe contraétent & reflerrent fa cavité, les Feuillets qui ont été foûlevés par les Alimens qui font entrés dans cet Eftomac, font abbaiflés ou tirés vers le fond de cet Eftomac par la contraétion de leurs Fibres. Ces Feuillets, en s’ab- baiflant, compriment mollement les Alimens, ils expri- ment le fuc de ceux qui ontété digérés , Le féparent des au- tres Alimens qui ne le font pas encore, & lobligent de paffer dans le quatriéme Eflomac. De plus , comme ces Feuillets fonr mols & flexibles, ils sabbaiffent & s’appro- chent du fond de l'Efomac, à proportion qu'il y a plusou moins d’Alimens qui ontété digerés , ainfiils peuvent com- -primer jufqu’à la moindre partie des Alimens qui ont entré dans cet Eftomac, & faire pafler dans le quatriéme toute la liqueur qui réfulte de leur Digeftion. + Ce n’eft pas affez d'avoir fait voir que Ja Digeftion des Alimens ne dépendoit que de la Trituration ni dans l'Hom- me ni dans le Bœuf. {1 faut examiner à préfent la maniére dont elle peur fe faire dans les Oifeaux ; car la ftruéture par- -ticuliére des parties des Oifeaux deftinées ala Digeftion, eft l'argument qui paroit favorifer davantage la Trituration. : Il eft vrai que ces Animaux font pourvûüs d’une partie -qui leur eft particuliére , & dont la flru@ture eft très-pro- pre à broyer. Je fuis même perfuadé que c’eft le feul ufage de cette partie ; quon appelle Gefier ; mais fa ftruQure n’au- torife "pas à conclure que la Digeftion dépende unique- ment de la Trituration. J’ai déja dit que le broyement eft une préparation très-utile & très-néceffaire. Sans fon fe- cours , les liqueurs qui doivent digérer les Alimens, ne pourroient les pénétrer aifément, & la Digeftion feroit plus X x ij 348 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE lente & plus imparfaite. Cette préparation fe fait dans Îa Bouche de l'Homme & de la plüpart des Animaux. Ne pourroit-on pas croire avec raifon que par un ordre parti- culier elle fe fait dans le Gefier des Oifeaux ? Plufieurs de ces Animaux caffent pour l'ordinaire l'écorce du Grain avec leur Bec, & la laiffent tomber , tandis qu'ils en avalent la fubftance ; d’autres qui font les plus voraces , & qui avalent le Grain fans le dépouiller de fon écorce, avalent en même tems de petites pierres qui tombent dans le Gefier ; ainfi quand cette partie fe met en contraétion , elle preffe forte- ment ces petites pierres contre le Grain pour en caffer' lécorce: difpofition très-néceffaire pour la Digeftion. Mais dans tous ces Animaux nous remarquons avant le Gefier une partie qui ef comme une Poche, & qu’on pourroit regarder comme l'Eftomac. Nous y trouvons plufeurs fol- licules ou bourfes glanduleufes qui fourniffent une grande quantité de fuc laiteux ou blanchätre. Ce fuc , qui coule abondamment dans le Gefier, fort encore des bourfes mê- mes, après la mort de l’Animal , lorfqu’on les preffe legé- rement. Cetre œconomie ne doit-elle pas faire penfer que ce fuc laiteux eft la liqueur qui doit faire digérer le Grain, ê& que le broyement du Gelier ne fert qu'à le mêler inti- mement avec ces Grains, & le faire pénétrer plus exaéte- ment , afin que la Digeftion foit plus prompte & plus par- faite ? En effet , nous fçavons que la liqueur qui coule de ces bourfes glanduleufes arrofe continuellement les Ali: mens, tandis que le Gelfier les broye & les agite. Voilà ce qui me détermine à embraffer cetre idée , qui me paroît fimple , & conforme à ce qui fe paffe dans les autres Animaux. C’eft par les liqueurs que les Alimens font digérés ; mais ils ne pourroient en être pénétrés, s'ils n’étoient auparavant broyés & triturés. Rien ne peüt donc nous empêcher de croire que la Digeftion fe fait dans les Oifeaux par la même méchanique, puifque leur Eftomac fournit de même les liqueurs néceffaires à la Digeftion. IL ne s'y trouve aucune différence par rapport aux autres de è $ à AS È Ÿ à È à + EE s | em de lAcad 1719. FL as pa9348 | Desnigne par? Simomneau RU crgrais DES SCIENCES. » 349 Animaux , fi ce n’eft que l'organe qui doit triturer eft con fruit & placé différemment. Tous ces faits, aufquels on pourroit ajouter les obje@ions faites par M. Aftruc; les raïfons rapportées par M. Lemery dans la Théfe qu'il a fait foutenir dans l'année 1710, & les expériences que nous fournit fouvent le Cormoran , qui nous laifle voir dans fon Oefophage des Poiffons à moitié digérés, me perfuadent quela Digeftionne dépend pas de la Trituration dans les Oifeaux , & que cette Trituration ne fe fait ni dans l'Eftomac de l'Homme, ni dans celui des autres Animaux terreftres. « OBSERVATIONS Sur ce qui [e pratique aux Mines d'Almaden en Efpagne pour en tirer le Mercure. Er fur le Caraëtere des Maladies de ceux qui y travaillent, Par M DE Jussieu. ’UsaGe donteftle Vif argent, autrement dit Mercure, | Spa les Arts , & fur-tout pour la purification de l’Or & de l'Argent , a rendu les Princes dans les terres de qui fe trouve ce Minéral , fi attentifs aux moyens d'en multi- -plier le produit, que Fexamen des travaux par lefquels on y réuflit, devient également curieux & intéreffant pour ceux qui n’en font pas informés. C’eft dans cette vûe que pour tirer tous les avantages que j'ai pà du Voyage que le Roi & Son Altefle Royale Monfeigneur le Duc d’Orleans m'ont ordonné de faire en ÆEfpagne par rapport à la Botanique, il ma paru que m’é- tanttrouvé à portée de confidérer ces travaux dans la Mine ‘qui pañle pour la plus anciennement connue & pour la plusriche de l'Europe , la relation de l’examen que j'en X x ii] 15, Novemb, 1719. 3so MEMOIRES DE L’ACADEMIE Royarr ai fait ; à la faveur des permiflions de Sa Majeñté Catholi- que, pourroit nous donner en France des lumiéres, en cas de la decouverte de quelques Mines de ce genre. Celle d’Almaden, dont je veux parler , prend fon nom d’un Bourg qui fe trouve dans une petite Les d'Ef pagne appellée /4 Manche ; limitrophe de l'Eftramadoure par le Couchant , & environnée du côté du Midi de plu- fieurs montagnes dépendantes de la Sierra Morena , ou Montagne noire. . Ce Bourg eff fitué fur le fommet d’une montagne, fur le penchant & au pied de laquelle du côté du Midiily a cinq ‘ouvertures différentes qui conduifent par des chemins fou- terrains aux endroits d’où fe tire le Cinabre. Ne On ne voit point aux dehors de cette Mine; ni de ces terres qui caractérifent par quelque couleur extraordinaire le Minéral que l'on trouve dans fon fein , ni de ces décom- bremens qui rendent ordinairement leur entrée difficile, ou qui exhalent quelque odeur fenfible. De ces cinq ouvertures il y en a deux dont f’abord eft entouré de murs qui forment deux efpéces de grandes cours, dans l’une defquelles font les forges fervant au ra- commodage des inftrumens de fer propres pour l’ouver- ture des Mines , & les apentis fous lefquels fe fait la char- pente néceffaire pour ce travail. . Dans l’autre de ces cours, qui eft à une diftance de quelques pas au-deflus de cette premiere en montant vers le Bourg , eft un puits creufé affez profondément, qui don- ne du jour à un des boyaux fouterrains des plus confidéra- bles de la Mine ; mais outre cetufage, il fert encore à faire pafer les poutrelles & les étais que l'on y defcend par le moyen d’un tour pour foutenir les terres ; 6 par le même moyen on tire les gros quartiers de Mine que l'on auroit eu peine à charier jufqu’à la premiére ouverture qui fert d'entrée aux ouvriers. C’eft dans cette féconde cour, qu'avec une longue piéce de bois pofée horifontalement & par fon milieu fur un MES SCIENCES, 357 pivot élevé de terre d'environ demi-pied, on pefe les gros quartiers de Mine tirés par ce puits, & que fuivant leur poids on paye les Mineurs du lieu gagés pour ce travail. La troiliéme ouverture , qui eft à quelques pas de la pre- miere , prefque fur la même ligne , eft renfermée dans un bâtiment qui fert de prifon aux Forçats condamnés aux Mines ; & c’eft par celle-là qu’ils defcendent & remontent de la Mine. La quatriéme , qui eft fur la hauteur de la montagne & dansle Bourg même, ne fert pour defcendre aux Mines par cet endroit que dans des cas finguliers. Et la cinquiéme enfin , qui eft à côté & dans le parc même de la premiere de ces ouvertures ; .eft toujours fer- mée, & ne s'ouvre que pour y faire entrer des malades afigés de douleurs de Rhumatifme, parce qu’elle conduit à un endroit d'oùil s’éleve une vapeur fi chaude, qu’elle eft capable de leur procurer une douce fueur. Ce que cette Mine a de particulier, eft le ménagément des lieux, en forte que les boyaux qui conduifent aux en- droits abandonnés, fe rempliffent infenfiblement des terres que l’ontire de ceux où l’on travaille a@tuellement ; moyen par lequel on évite un tranfport de terre éloigné, & par lequel on fe met à couvert des écroulemens, qui n'arri- vent que trop fouvent dans les lieux fouterrains. A l'égard des boyaux qui conduifent aux travaux, leur future eft d'une grande propreté; on les perce à la hau- teur de fept pieds fur quatre à cinq de largeur, & on a la . précaution d'en foutenir les voutes par des folives de Chêne ofées fur deux montans de même bois appuyés contre s deux parois du boyau. Le terrain des chemins n’y a pas cette Humidité f ordi: naire à ces fortes de lieux, parce que outre la précaution qu'ont les Mineurs d’y pratiquer au pied de l'un de ces- parois une rigole, qui étant continuée jufqu’aux dehors de l'ouverture de ces Mines, conduit l’eau à un puits qui y eft creufé , ils ont foin de couvrir cette rigole & le milieu: 32 MEMGIRES DE L’ACADEMIE ROYALE du chemin de planches ajuitées de bout-en-bout, & qui {e fuivent jufqu’au lieu du travail. Le plan uni que ces planches forment, facilite la çon- duite de certains petits chariots à quatre roues qu’on a chargés de trois à quatre paniers pleins de fragmens de Mine , & que les ouvriers font rouler en les pouffant. Ces veines qui paroiflent au fond de l'endroit où les Mineurs font attachés , font de trois fortes. La plus commune ef de pure roche, de couleur grifätre à l’extérieur,& mêlée dans fon intérieur de nuances rouges, blanches & cryftalines. “i Cette premiere en contient une feconde qui fe choilit des parties intérieures les plus rouges qu'elle renferme, & dont la couleur approche de celle du Minium. La troïfiéme enfin , dont la fubftance eft compaéte, très- péfante , dure & grenue comme celle du Grais, eft d’un rouge mat de brique, parfemée d’une infinité de petits bril- lans argentins. Parmi ces trois fortes de veines de Mine-qui font les feules utiles, fe trouvent différentes autres pierres de cou- leur grifâtre & ardoifée, & deux fortes de terre grafle & onétueufe , blanche & grife que l’on rejette. Le choix des fragmens des trois fortes de veines de Mi- ne dont je wiens de parler, étant fait, on les porte dans un parc à l'extrémité du Bourg fur la hauteur de la mon- tagne du côté du couchant, dans lequel font confiruits plufieurs fours deftinés à la féparation du Mercure, ul Ces fours qui font joints deux-à-deux, forment à leur extérieur un bâtiment quarré long , de la hauteur d’environ douze pieds, & reffemblent aflez par leur intérieur, qui n’eft large que de quatre pieds & demi, à nos fours à chaux. | L Leur foyer, qui a environ cinq pieds de hauteur , eft defliné pour mettre le bois, & l’efpace qui depuis la grille jufqu’au dôme eft d'environ fept pieds , fert à contenir les fagmens des trois fortes de pierres que je viens de remar+ quer, DES SCIENCES, 257 quer. Ceux de la premiere , qui font de la groffeut de nos moëlons, fe placent immédiatement fur la grille qui eft de brique, par une porte ouverte de côté & au niveau de cette grille. Ceux de la troifiéme ; qui font d’une moindre grof- eur, s’'ajuftent dans l'intervalle & au-deflus des premiers. Ya Et enfin ceux de la feconde , qui ne peuvent être placés par la porte de la grille, fe rangent par l'ouverture du dôme. Et comme ces derniers font les plus menus , parce que leur veine s’égraine facilement, on les mêle avec de la terre grafle, & on en forme des mottes ou pains quarrés , qui ne s’arrangent dans la partie fupérieure du four que lorf< qu'ils font fecs. + Le four étant ainfi rempli à un pied & demi-près, que Fon laiffe pour la circulation des vapeurs, & la porte qui conduit à la grille, de même que le dôme, étant fermés avec de la brique, on allume au foyer un feu de bois dont la fu< mée s’échape par un tuyau pratiqué dans l’épaiffeur du mur qui forme la porte du foyer, & continue en maniere de cheminée jufqu’à deux à trois pieds au-delà du comble du bâtiment. - Le derriere du four, qui eft le côté oppofé à l'ouverture du foyer, eft appuyé jufqu’à un pied & demi près de toute fa hauteur contre une terrafle, & ce pied & demi excédant la terrafle, eft percé dans fon étendue de feize foupiraux, chacun de fept pouces de diamétre , rangés fur une même ligne horifontale. … Cette terrafle, qui n’a pas plus de cinq toifes de lon= gueur , eft terminée par un autre petit bâtiment qui fait . face au derriere de ces fours , & fon terrain qui eft pavé; defcend de chaque extrémité par laquelle elle touche à ces bâtimens oppofés en une pente douce qui forme une ri: gole au milieu de cet efpace. . L’urilité de cette terraffe eft de foutenir plufieurs alu= dels. Aludels font des vaiffeaux de terre percés par leurs deux bouts. Ces aludels ont un demi- pied de diamétre fr deux de longueur ; & qui depuis les fcize foupiraux Mém. 1719. Yy. 354 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des deux fours jufqu'aux ouvertures pratiquées en pareil nombre dans le pied du mur de la façade du petit bâtiment oppofé à ces fours, forment des lignes de communication femblables à de gros chapelets. C’eft par le moyen de ces aludels que les vapeurs fou= frées & mercurielles de la Mine échauffée par un feu vio- {ent qui dure treize à quatorze heures, fe portent jufqu’à ce petit bâtiment oppofé , & ne s’échapent à la faveur de quatre tuyaux de cheminée qui y font ouverts , qu'après avoir dépofé dans ces aludels leurs parties les plus pefan- tes , qui font le Mercure revivifié. On laiffe refroidir ces fours pendant trois jours, après lefquels on délute les aludels , dont on va verfer le Mer- cure dans une chambre quarrée , dont les côtés font em talus qui aboutit à un petit puits placé au milieu de la: chambre. C'eft en coulant des extrémités de cette chambre juf- qu'à ce puits ,que le Mercure fe purifie encore d’une pouf- fiere noire qui s'attache au fol de cette chambre , & que des femmes ont foin de balayer. L’ufage de la rigole de la terraffe eft de raffembler tout le Mercure qui auroit pà s’échaper par les aludels mal-lu- tés, ou lorfqu’on les remue. Et les quatre chambres dans lefquelles eft diftribué le petit bâtiment qui termine la terrafle, font comme autant de récipients , où la fumée, par le féjour qu’elle y fait, ne Liffe pas de dépofer encore une partie de Mercure que l’on: y trouve, de même que dans les aludels. On entre dans chacune de ces chambres par une fenêtre que l'on a foin: de fermer exaétement avec des briques lutées dans le tems de l'opération. La quantité de Mercure qu’une fournée de fragmens des trois fortes de pierre de cette Mine eft capable de donner dans une feule cuite, eft fi confidérable, qu’elle va au moins à vingt-cinq quintaux de ce Minéral revivifié , quelquefois ätrente, & on l’a vüe aller jufques à foixante, au-delà de la: quelle elle n’a jamais paflé. DÉS SctrENcESs - 35$ On potte le Mercure que chaque cuite produit dans ur magafin conftruit dans le même parc, où il eft confervé dans des poches de peau de mouton fufpendues fur des vaif feaux de terre jufqu'à ce qu'on l'envoie au Mexique. On comptoit dans ce magafin en 1717 jufqu'à vingt-cinq mille quintaux de ce Minéral, reftant d’une quantité beaucoup plus confidérable que l’on venoit d'envoyer à Seville. Je pourrois après cet examen donnerici quelques éclair- ciflemens fur la qualité des différentes efpéces de Cinabre dont Pline a parlé fi amplement dans le chapitre 7m. du 33% Livre de fon Hiftoire , & faire voir que la Mine d'Ef- pagne de Cinabre, dontil dit que les Romains étoient fi ja loux , qu'ils en faifoient tranfporter de toute pure à Rome jufqu’à dix milliers par an, pour la mettre eux-mêmes en état d’être employée à leurs peintures & à leurs fards, étoit Ja même que celle d’Almaden ; ce que j’autoriferois non- feulement par la qualité du grain de cette Mine qui fe trou- ve aujourd'hui femblable à celle que Pline décrit, par fa couleur rouge & vive, mais encore par la fituation du lieu où il la met dans la Bérique , dans laquelle fe trouveaujour-— d'hui la Manche , & par la tradition aëtuelle du pays: mais Jaime mieux donner des obfervations conftantes que de me jetter dans cette difcuffion. La premiére, qui me paroît autant utile qu’elle ef fim- ple , eft la maniére dont on peut éprouver une pierre pour juger fi elle contient du Mercure, & s’affurer à peu près de la quantité. On choifit un morceau de la pierre que l’on foupconne tenir du Cinabre par fa péfanteur & par fa couleur, on en fait rougir au feu un petit fragment, & lorfqu'il y paroït couvert d’une lueur bleuâtre, on l’en retire tout brulant pour le mettre fous un verre en forme de cloche ; l’on ob- ferve à travers du verre les fumées qui s’en exhalent ; & fi ellesfe condenfent en goutteletesargentines qui s’attachent aux parois du verre , ‘ou qui en découlent , on eft für de ce qu’elles contiennent de Mercure, 4 | Yyi 356 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Cette expérience n'a conduit à une autre plus aïfée pour déceuvrir la fophiftication dont on pourroit douter dans quelques morceaux de Cinabre que ce foit que l’on préfen- te. C’eft de le pulvérifer, & d’en jetter la poudre fur un charbon ardent ; la couleur de la flamme fervira d'indice de la pureté de la Mine , ou de la qualité du corps étran- ger dont on fe fera fervi pour l’altérer : car fi elle eft pure, la flamme qui en paroitra plus épaifle ; fera d'un bleu tirant fur le violet fans prefque aucune odeur, au liea que fi certe #amme tire fur le rouge , ce fera une marque que le frag- ment de Cinabre fera altéré avec le plomb calciné en rou- ge; fi elle produit une efpéce de bouillonnement joint à une fumée odorante dans la torréfaétion de la matiére , ce fera une preuve qu’on y a mêlé cette Gomme rouge ap- pellée Sang-Dragon. Secondement , à la vûe duterrain que les Mineurs ou- vrent pour en arracher la roche, & dans les endroits même de la veine la plus riche , je ne me fuis point apperçu que l'on trouve cette quantité de Mercure coulant que l’on s’imagine , & s’il y en paroïit quelquefois quelques onces, ce n’eft qu’un effet de la violence des coups que les Mi: neurs donnent fur les rochers avec leurs inftrumens defer; ou de la chaleur & des écarts de la poudre dont on s’eft fervi pour pétarder ces Mines. S Troifiémement , m'étant informé , & ayant examiné fi lon ne trouvoit point de Minéraux d’une autre efpéce dans ces Mines, fuivant l’idée de quelques Chymiftes qui fe font figuré que le Mercure étoit le principe des métaux, j'ai appris qu’on n'y en avoit encore apperçu d'aucune autre efpéce, & je n'y en ai moi-même point remarqué. Ma quatriéme obfervation concerne la maniére dont on fépare le Mercure du Cinabre , qui a quelque chofe de dif: férent de celle dont les Efpagnols fe fervent au Pérou , & qui ne tient abfolument rien de celle dont les Italiens le pratiquent dans les Mines de Frioul; puifque à Guanca- veliça, Mine fameufe de Vif-argent au Perou, cette opéra: ; 7 DimistS)e ME NUCLE 580 MAM. “867 tion he fe faifant que dans de petits fourneaux ; elle n’eft qu'une efpéce de raccourci de celle d'Almaden; ce qui obli- ge les artifles de ce pays-là de rafraîchir leurs aludels par une certaine quantité d'eau qu'ils y mettent intérieurement, & par celle dont ils les arrofent à l'extérieur pendant l’o- pération du feu pour mieux condenfer les vapeurs mercu- rielles ; au lieu qu'à Almaden c’eft l'allongement dela ligne de ces aludels continués d’un bout de la terraffe à l’autre & leur nombre, qui donne ce rafraichiflement. Pourée qui eft de cette opération aux Mines de Friouf, elle eft beaucoup plus pénible, rend moins , & occupe plus de tems & un plus grand nombre d'ouvriers par la quantité des lavages que l'on y fait du Cinabre naturel trituré pour en féparer le Mercure par fa pefanteur avant que de met- tre ce Cinabre, comme on le fait dans ce pays-là , dans des cornues ; au lieu qu’à Almaden trois hommes fufhfent pour faire en trois jours , & à peu de frais, une cuite qui pro- ‘duit trente quintaux de Mercure. _ Cinquiémement , une autre facilité à remarquer dans Topération d'Almaden eft fon fuccès, fans aucun intermé- de extraordinaire , pas même de la limaille de fer donton a coutume de fe fervir par-tout aïlleurs pour faire une révi- vification du Mercure fans perte de ce Minéral, A quoi les Efpagnols parviennent à Almaden par le mélange de la pierre & de la terre dans lefquelles ef enveloppée la Mine, & qui fervent à retenir ou à embarrafler les parties fou- frées du Mercure à moins de frais que la limaille ne le fait dans la cornue. Il ne m'a pas femblé moins important de faire attention aux impreflions que font capables de faire les vapeurs mer- curielles tant fur les corps qui fe rencontrent dans leur atmofphére, que fur ceux des hommes occupés aux ou- vrages de ces Mines ; le préjugé même que l’on a ordinai- rement contre les wapeurs qu'exhale ce Minéral , redou- bloit mon attention. Mais j'ai compris que cette opinion étoit dunombre de celles qu'il faloit joué au rang des A da: 358 MEMOIRES DE L’ACADEM1IE ROYALE erreurs populaires, puifque bien loin que les terres qui font far ces Mines foient ftériles , elles fon: au contraire abon- dantesen grain, & en plufieurs fortes de plantes qui ne participent nullement de la malignité arfenicale prétendue du Mercure que la montagne renferme en fi grande quan- tité , & que les fources qui du côté du Nord fortent du penchant de cette montagne, donnent des eaux qui fer- vent deboiflon aux gens du pays , & de laquelle ils ne fe trouvent point incommodés. * La fomée même qui dans le tems de l'opération s'éva- pore par les cheminées des bârimens oppofés aux fours, & dont l'effet devroit être plus pernicieux dans la circon- férence du terrain fur lequel elle fe répand , ne caufe non- feulement aucune altération aux arbres du voifinage, nine fe rend fenfible par aucun accident extraordinaire aux ha- bitans du Bourg qui demeurent les plus près de ces fours, Il eft vrai que le Cinabre naturel donné intérieurement, produit quelquefois des effets tout contraires à l'avantage que l’on fe propofe d'en tirer, foit par le vomiffement , foit par les tranchées qu'il caufe à ceux qui en ont avalé ; mais ces fymptomes ne doivent s’artribuer qu’au peu de précau- tion qu'on a eue de choilir un Cinabre de la qualité de ce- lui de la premiére veine que j'ai décrite, dans laquelle il eft mélangé de parties vitrioliques , au lieu de préférer ceux du caraétere de la feconde & troifiéme veines que J'ai mar- qué être les plus pures. A l’égard des accidens dont on eft frappé en approchant de l'endroit du fouterrain où les Mineurs travaillent, j'ai remarqué qu’on fe trompe fouvent , en les attribuant tous plütôt à une vapeur qui s échappe feulement de certe efpé- ce de Mine, qu'à celle de tout autre lieu fouterrain-dans Iequel il n’y auroit aucune autre Mine métallique, puifque étant entré depuis dans la même faifon , qui étoiren hyver, dans d’autres lieux fouterrains, & {ur-teut dans les carriéres de S. Leu de Ceran près de Chantilly , qui font creufées fort avant fous terre, j'aiété furpris de fort loin par une DES SCIENCES 359 odeur aigre, qui ne provenoit que de la fueur des hommes qui y travailloient , & j'ai éprouvé une difficulté de refpi- rer , & des douleurs dans les membres à peu- près fembla- bles à celles dont je me trouvaï atteint dansles Mines d'Al- maden ; mais en même-tems je me fuis convaincu que ces fenfarions différentes font des effets néceffaires du paf- fage fubir que l’on fait dans ces fortes de lieux d’un air chaud à un froid, & d’un fec à un humide , puifqu’il y à dans certains de ces boyaux , comme je l'ai remarqué au commencement de ce Mémoire ; des endroits fi chauds , qu'ils fervent comme d'étuves à certains malades que l’on veut faire fuer.. Une autre erreur dans laquelle on eff touchant la caufe’ des maladies dé ceux quitravaillent aux Mines de Mercure, eft de fe figurer que ce foit la refpiration continuelle de Ja vapeur qui s'en exhale. On eft defabufé de ce préjugé par la comparaifon que l’on fait de l’état des Mineurs du bourg d'Almaden qui travaillent librement aux Mines, à celui des. Forçats & des Efclaves qui y font contraints. Ces premiers. par le foin qu'ils on à leur retour.des Mines , de quitter généralement tous les habits qui leur ont fervi dans le tra- vail, & d’en changer depuis les pieds jufqu’à la rête , & de fouliers fur-tour, fe confervent en fanté , & parviennent au: même âge que les autres hommes , au lieu que ces pauvres malheureux, à qui la mifere ne permet pas de changer d’habits , & qui- prennent leur repas dans les Minés mêmes où ils touchent leur pain fans fe laver , font fujets aux en- flures des parotides , aux apthes, à une falivation & à des puftules répandues fur leur corps. Accidens que Pon voit être l'effet du contatt , ou plûütôr de l'entrée dés particules du Mercure dans les pores de la peau ; tel qu'il arrive x ceux qui font dans les remedes mercuriels. La pratique des Medecins d’Almaden eft bien différente - de celle dont on fe fert ordinairement pour arrêter ces fymp- tômes , qui eft le recours aux purgatifs & aux faignées. Toute la cure ne s’en fait que par lexpofition de ces fortes. 360 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de malades au grand air , & par le feul ufage de fimples abforbants , tels que la Corne de Cerfbrülée, l'Ivoire, les yeux d'Ecrevifle ; & ce qu’il y a de fingulier dans cettecure, eft qu’elle réuflit prefque toujours à l'égard des fujets fo- bres, & qui s’abftiennent du vin, au lieu que ceux qui y font fujets, périffent fans reflource. A l'égard des F orçats &c des Efclaves, qui entrans dans ces Mines , y feroient atta: qués de quelques maladies Vénériennes , il y a des exem- ples qu'ils y trouvent leur guérifon. Ce n’eft donc que la mal-propreté, l'intempérance dans la boiffon, & la continuité du contaët du Mercure qui font capables de caufer à ces Mineurs , après une fuite d'années “de travail , les tremblemens dont ils font atteints, & qui ne font pas continuels, mais qui deviennent plus ou moins fenfibles , lorfqu’on leur imprime avec plus ou moins de vivacité , quelques mouvemens de furprife ou de crainte. Triftes effets du féjour du fang dans des vaifleaux du cer- veau devenus variqueux par le poids de quelques particules mercurielles qui y ont féjourné; ce qui arrive également à ceux aufquels on a donné du Mercure mal-à-propos &c en trop grande dpantté à ASE a Ces obfervations fur la maniere de connoître une Mine de Cinabre, fur l'indufrie avec laquelle on travaille à la tirer de la terre fans endommager lesterres quila couvrent, fur la confiruétion des fours, fur la difpofition de la matiere dont onles remplit, & des aludels dans lefquels le Mercure fe dépofe , ne fçauroient être inutiles au cas qu’on voulût faire quelque ufage du Cinabre que l’on trouve aux envi- rons de S. Lo en Normandie, & l’expérience des moyens de fe préferver des accidens dont on eft prévenu que font atteints ceux qui s'occupent à ces travaux, les feroit peut: être tenter plus hardimenr. | DES SCrENCES. 361 EXPLICATION DES FIGURES qui appartiennent à l'Hifloire des Mines d'Almader. PLANCHE LL ue du parc dans lequel font les fourneaux où fe fait la féparation du Mercure , & le Magafin Royal où il fe con- ferve. aya,a,a, l'enceinte du parc. b,b,b,b,b, &c. fourneaux dans lefquels fe fait la fé- paration du Mercure. cycyc, apentis fous lefquels fe mettent les bois & les inftrumens fervant aux fourneaux. d , Magafin Royal dans lequel le Mercure eft enfermé fous plufieurs clefs. | PLANCHE IL Dans laquelle font repréfentés en grand les fourneaux fervant à la féparation du Mercure. 4, deux fourneaux joints enfemble , dans lefquels s’ar- rangent les morceaux de Mine de Cinabre qui doivent fournir le Mercure. B, porte d’un des fourneaux, ouverte de côté, au niveau de la grille, & fervant de paflage pour placer fur cette grille les morceaux de Mine. C, C', dômes des deux fourneaux. D ,D, tuyaux des cheminées des deux fourneaux. E,E,E, feize ouvertures en forme de foupiraux , dans léfquels s’embouchent les aludels. F,F,F, E, terrafle qui fert de communication des four- peaux aux chambres qui tiennent lieu de récipient. G , efcalier pour monter à la terraffe. H, H, ligne d’aludels. Laludels entaflés, & dont on doit former d’autres lignes, K , bâtiment divifé en quatre chambres , dans lefquelles Mem. 1719. ZZ 362 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fe raffemble la famée qui y eft portée par les aludels. L, L, L, feize foupiraux ou ouvertures, dans lefquelles s’embouchent les aludels, & qui répondent à ceux des four- neaux. M,M,M, M, fenêtres par le moyen defquelles on entre dans les chambres. N,N,N, N, tuyaux de cheminée par lefquels paffe la- fumée conduite dans ces chambres par les aludels. Pranwcume III Fg. 1. poutre en équilibre fervant de balance pour pe= fer les groffes parties de Mine. Fg. 2. quartiers de Mine. Fig. 3. marteau & cifeau employés pour tirer la Mine. Fg. 4. chariot qui fert dans la Mine à tranfporter les: terres & les fragmens de Cinabre. Fig. $. ais que l’on met fur le petit chariot pour foutenie les cabats. - Fig. 6. hotte pour porter les inftrumens de fer employés pour brifer la Mine. Fig. 7. poche de peau remplie de Mercure, & prête à être envoyée dans les Indes. Fig. 8. aludel. Fig. 9. grand pot de terre dans lequel on metle Mer- eure pour le conferver dans le Magafin Royal. Fig. 10. panier ou cabat que l’on remplit des petits frag- mens de la Mine, & qui fe met fur le petit chariot. Fig. 11. efpéce de moule pour donner une forme aux mottes qui font compofées de terre grafle & des menus fragmens de la Mine. 2€ # Mem de lacad 1729 - PL. a,3 - Pa9-.36 : ge2 ul ———— a —— ES £ L quel Sont 5 © Je fait a Almaden « nr eparatr. À FE ercure. er Mem. de lacad.rp9. Pl23 Planche I Dee du pare Destiné Sur le leu eegrave par PA Jinonneau Le FL, dans Le quel Sont ler fourneaux où e fair à Almaden la Sépararion du mercure | —— EE HET L al UN Dr) 1 2 fem de lAcad 3719 Plag.paggbs | Il (LIN pes SCIENCES 363 Ce DRRRRRRERRRAPRAEReRERREEES A CS CR CESÉDPÉDHPEÉDESÉTELEÉESES EEE MESSIEURS DE LA SOCIETE Royale des Sciences ; établie a Montpellier | ont : envoyé à l'Académie lOuvrage qui fuit; pour entretenir l'Union intime qui doit être entre-elles ; comme ne fafant qu'un feul Corps ; aux termes des Sratuts accordés par le Roï au mois de Février 1706. é EE NOUVELLES MANIERES De toifer Les Voûtes en Cul de Four, on en Dôme fur< haullées & furbaiffées , & les Voutes en Arc de Cloître &° d’Aréte. Pa M. SENF s. Es pratiques dont on fe fert pour toifer ces Voutes A, font fi défectueufes , qu'il eft furprenant que perfonne jufqu’ici n’en ait donné de précifes, fur-tout depuis qu'on en a ouvert le chemin par les découvertes que l’on a faites fur la furface des Sphéroïdes & les Onglets cylindriques. Ceper.-ant cette recherche méritoit l'attention des Géo- métres autant que bien d’autres incomparablement moins utiles : mais plus attachés à la fpéculation qu'à la pratique, ils n’ont pas tourné leur vüe de ce côté-là, & je n’y aurois de même point pen{é, fimon emploi d'Ingénieur ordinaire du Roi ne m'avoit donné occañon de faire de ces fortes de Toifés. P ". 364 MEmoiKEs DE L'ACADEMTE ROYALE Le P. de Chales, dans fon Cours Mathématique, a bien eu le même deffein fur les Voutes d’Arête; mais fa méthode donne précifément la même erreur qu'il veut corriger. La meilleure maniere qu’on ait pratiquée pour mefurer la fur- face des Voutes d’Arête, c’eft de les développer; mais outre la difficulté qu’il y a à mefurer les développemens bien exac- tement, on ne peut gueres par leur moyen trouver la foli- dité de la Voute : d’ailleurs , comme ils exigent une opéras tion afflez longue, il arrive que foit par ignorance, foit pour s’en éviter la peine, la plüpart toifent ces Voutes comme des Voutes en berceau, ce qui donne de grandes erreurs, fouvent très-préjudiciables aux intérêts du Roi dans les toifés de fes Bâtimens , & aux particuliers qui font bâtir. M. Parent a aufli donné dans le Mercure de Paris du mois de Mars 1712. des Pratiques pour mefurer les Voutes en Dôme furhauflées & furbaiflées ; mais celle qui regarde les Voutes furbaiflées ou demi-fphéroïdes applatis , donne plus qu'il ne faut, & l'erreur va fouvent à plus d’un hui- tiéme; ce que j'ai vérifié, en la comparant avec ma ma niere & avec celle du Traité de la Pendule de M. Huygens. D'ailleurs , peu de perfonnes s’'accommoderont des longs calculs de ces pratiques. Les manieres que je donne ici font précifes, & très-fa- ciles à pratiquer : j'en ai trouvé pour toutes fortes de cas, dont je ne donnetaï cependant qu'une partie qui comprerid le cas le plus fimple, mais qui eft en même-tems le plus d'ufage, c’eft lorfque les arcs des Voutes font des demi- Cercles ou des demi-Ellipfes. Je réferve pour un Traité de tout le Toifé, que je pourrai donner un jour, fi mes occu- pations m'en laiffent le loifir, celles dont les arcs fontmoirr- dres que des demi-Cercles ou des demi-Ellipfes ( que Pal: ladio appelle J’outes à la Remenée) & les Goriques ou‘à Tiers-point. ; La mefure des furfaces des Sphéroïdes oblongs & ap: platis donne celle des Voutes en Dôme‘furhauflées & fur< baiflées , & eft d’ailleurs utile pour trouver la furface des | | DES SCIENCES. T 36$ Voutes d'Arête & en Arc de Cloitre furhauffées & fur- baiflées ; mais cette mefure, par la méthode de M. Wallis dont je me fers, dépend de la quadrature d’un fegment de Cercle dans le Sphéroïde oblong , & de celle de l'hyper- bole dans le Sphéroïde applati. On trouve fort facilement la fuperficie approchée d’un fegment de Cercle, & la fuper- ficie approchée de l'hyperbole fe trouve aufli par les Mé- thodes de Mrs: Mercator, Wallis & Huygens; mais ces méthodes employant des Calculs qui ne font pas commo- des pour la pratique des Toifés, je donne une autre ma- niere qui a la fimplicité & la jufteffe convenables à cette pratique. . Je commence par quelques Lemmes ou Theorêmes qui ferviront de fondement àtout ce qu’on dira dans la fuite. LEMME L v Soient EC ,OF , le grand & le petit axe de l'Ellipfe OE FC; du centre K-par C Joit décrit le quart de Cercle CDA, € du point O ayant tiré à EC la parallele OD rencontrant Parc CDA en D, fôit achevé le reétangle KODI, © fait fur DI prolongée, 1G égale à RC: foit auffi du:centre K par le fommet F & le point G, décrite la, demi-hyperbole FG , &, achevé le rectangle KLGI.. ; 1°, Le rectangle KODI fera à la figure KADT, comme la fürface de la Sphére dont le rayon ef KO, à la Jurface du _ Sphéroïde oblong qu'on conçoit décrit par la révolurion de PEF. dipfe COEF autour de l'axe EC. da “2°, Le rectangle KLGI féra à la figure KREGI , comme l& furface de la Sphere dont le rayon ef KC, à la furface du Sphéroïde applati décrit par la révolution de l'Ellipf OEFC. autour de laxe OF... M. Wallis a donné cette propofñition dans fes Oeuvres: Mathématiques (page 559.) où l’on en pourra voir la dé: monftration , qu'il feroit trop long de mettre ici. un Fig; 14 Fig. 2. 366 MemuoiREs DE L'AcAbemimRoyaLe LEMME IL Sur ABC guart d'un Cercle ou d'une Eflipfe ABEY dont AC, BC, font les demi-axes , foit une portion de cylindre DABC rerminée par la farface cylindrique DAB , par le plan incliné DXAC, © par le triangle DBC perpendiculaire au quart de Cercle on d'Ellipfe ABC. Si le côré DB de ce triangle ef} perpendiculaire à ce quart de Cercle ou d'Ellipfe ABC , (auquel cas ÿ appelle cette portion droite ) je dis qw’1l y aura même raïfon de la circonférence de Cercle faite dn rayon CB, à DB; que de la furface courbe de l'hémifphére ou du demi-fphéroïde formé par la révolution du quart de Cercle ou d'Ellipfe ABC à l'entour de AC; à la furface cylindrique D'AB de certe portion DABC:€& pa= teillement que de cet hémifphére ou ce demi-fphéroïde, à cette portion DABC. : DEMONSTRATION. Si fur les ordonnées telles que FZ infinies en nombre; qui rempliffent le quart de Cercle ou d’Ellipfe 4BC , lon conçoit destriangles XFZ paralleles au triangle DBC, ils lui feront femblables. Ainfñi DB : XF:: CB: ZF::la circonférence du rayon CB : à la circonférence du rayon ZF. Donc la circonférence du rayon CB : DB : : la cir- conférence du rayon ZF: XF: : le nombre infini de cir- conférences des rayons ZF qui forment la furface de l’hé- mifphére ou du demi-fphéroïde faits par la révolution de ABC à l’entour de AC, c’eft-à-dire , cet hémifphére ou ce demi-fphéroïde : au nombre infini des lignes XF qui com- pofent la furface cylindrique D AB, c’eft-à-dire, à cette fur- face cylindrique. Donc la circonférence du rayon CB: DB :: la furface de cer hémifphére ou-ce demi-fphéroïde : à cette furface cylindrique D AB. Ce qu'il falloir premie- vement démontrer. |: QI . De plus, la circonférence du rayon CB : DB : : le Cer- cle de ce rayon CB : au triangle D BC: : le Cercle du DES SCrENCES. 367 rayon ZF: au triangle XFZ :: lenombre infini de Cetcles des rayons ZF qui compofent l’hémifphére ou le demi- fphéroïde ci-deflus : au nombre infini de triangles XFZ _ qui compofent la portion cylindrique D ABC, c’eft-à-dire z: cet hémifphére ou ce demi-fphéroïde : à cette portion DABC; donc la circonférence du rayon CB: DB::cet hémifphére ou le demi-fphéroïde: à cette portion D ABC. . Ce qu'il falloit auffi démontrer. COROLLAIRE. Il eft évident par cette démonftration, que la même circonférence du rayon Z F: XF :: la furface courbe du fegment de Sphére ou de Sphéroïde fait par la révolution du demi-fegment de Cercle ou d’Ellipfe 4FZ à l’entour de AZ : à la furface cylindrique X4F de la petite portion XAFZ ( que j'appelle Segment de portion) & pareillement :: ce fegment de Sphére ou-de Sphéroïde: à ce fegment de portion XAFZ.. Le Lemme fuivant n'eft qu'une fuite de celui-ci. ac LEMME IIl. Si le côté DB du triangle DBC r'eff point perpendiculaire au Quart de Cercle on d'Ellipfé ABC auquel cas j'appelle cette portion oblique ) tour le refle demeurant le même qu'au Lemme précédent , © imaginant une fe&fion du même cylindre (JFavoir le Quart de Cercle ou d'Ellipfé À fb:C ) à laquelle de côté DB ou l'axe du cylindre foit perpendiculaire ( je nom+ ame ces feëtions perpendiculaires à l'axe du cylindre , feétions droites ). Je dis qu'il y aura même raifon de la circonférence de Cer: cle du rayon Cb à DB côté de la portion oblique DA BC,. Fr de la furface de l'hémifphére ou du demi-fphéroïde fait par a révolution du Quart de Cercle ou d'Ellipfe Afb C à l'en- zour de AC, à la furface cylindrique DAB de cette portion: oblique DABC ; © pareillement que de cet hémifphére ou ce: demi-fphéroïde à certe portion DABC. Fig. 33- 368 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaL®# D'É M0 NIS TR À TT ON. La fe&tion droite, c’eft-à-dire, le Quart de Cercle ou d'El. lipfe 4fb C étant perpendiculaire au côté D b , il eft évi- dent que les portions cylindriques D 4bC, BA &C , font droites. Sil’on nomme donc, pour abréger , la circonféren- ce du rayon © (B), la furface courbe de l'hémifphére ou du demi-fphéroïde fait par la révolution de 4fb C à l’entour de’ AC (S), la furface cylindrique de la portion droite D A6C(F), & la furface cylindrique de l’autre portion droite BABC( Y) ; on aura ( Lemme 2.) ces analogies C: Db::S:1; C:Bb::S:Y; donc C:S:: Dh: :: Bb :Y. DoncC:S$:: Db+ Bb (ou DB): VF +Y, c'eft-à- dire, ( C) circonférence durayon C? eft à DB côté de la portion oblique D ABC ; comme ($ ) furface courbe de lhémifphére ou du demi-fphéroïde , à + Y ou D AB furface cylindrique de la portion oblique 0 ABC. De même fi l'on nomme la circonférence du rayon (C) , Phémifphére ou le demi-fphéroïde ( S) , la portion droite D ABC(F), & l’autre portion droite BAbC(Y), on aura les mêmes analogies que ci-devant, & l’on con- clura par un pareil raifonnement pour cette portion D 4 BC, ce qu’on a conclu pour fa furface ; fçavoir que la cir- conférence du rayon C# eft à DB , côté de la portion obli- que D A BC, comme l’hémifphére ou le demi-fphéroïde fait par la révolution de 4fb Cà l’entour de 4C, à la pots tion oblique D ABC. Ce qu'il falloit démontrer. ‘4 COROLLAIRE. On voit par cette démonftration , que la même circone férence du rayon Ch : au même côté DB, ou la circonfé- rence du rayon Z f: Xf :: la furface courbe du fegment de Sphére ou de Sphéroïde fait par la revolution du demi- fegment de Cercle ou d'Ellipie 4f2Z à l'entour de 4Z: à la furface cylindrique X4F du fegment de portion obli= que oil cm urnes lit cts si DÆES SCTEN C Es... 369 que XAFZ, & pareillement:: ce fegment de Sphere ou de Sphéroïde : à ce fegment de portion. : Voici une pratique dont on aura befoin dans le Problém Jüuivant. | | LÉ: Faire une ligne droite égale à un arc de Cercle. Soit l'arc de Cercle 4BC, qui n’excede point la demi- circonfrence , la foutendante duquel foit 4C, & l’un & Vautte foit divifé en deux parties égales par la ligne DB. Ayant tiré la foutendante 4B, il fau en prendre les _ & les mettre depuis 4 jufqu’en Æ dans la ligne CA pro- longée. Puis ayant diminué la ligne DE de fa dixiéme par: tie ÊF, il faut mener FB, & enfin EG qui lui foit perpen- diculaire, & l’on aura la ligne 4G égale à l'arc AB , ou fa double à l'arc 4BC, qui excédera de fi peu, quelors même que cet arc fera égal à la demi-ciréonférence du Cercle, il n’y aura pas à dire == de fa longueur, mais s'il n°eft que d'un tiers de la circonférence, il n'y aura pas = de dif- férence , & s'il n’eft que d’un quart, il ne s’en faudra pas 750 de fa longueur. Cette pratique eft de M. Huygens. On peut aufli le faire mécaniquement, en parcourant l'arc propofé avec le Compas très-peu ouvert,& appliquant ‘enfuite ce Compas ainfi ouvert fur une ligne droite autant de fois qu'il l'aura été fur Parc, la longueur déterminée fur cette droite , fera à peu près égale à cet arc. : PROBLEME IL. © Trouver la farface d'un Sphéroïde oblong. Du centre K de l'Ellipfe COEF ( dont on conçoit que la révolution autour du grand axe CE décrit ce Sphéroïde) par C, extrémité de cet axe , foit décrit le quart de Cercle CD A rencontrant le petit axe FO prolongé en A, Du point O, extrémité de ce petit axe , tirez à KC 2 la parallele OD , & du point D, où elle joint le quart de Mem. 1719. Aaa Fig. 4 Fig. fa 370 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Cercle, menez DI parallele à OK , ce qui formera le rec: tangle KODI. Soit enfuite fur le demi-axe KC, fait KM égale à Parc AHD , tirez du point I au point 4, la droite 14, & menez du gs M, MB, parallele à LA, rencontrant KA prolon- ée en B. à Je dis que le produit fait en multipliant la circonférence de Cercle du rayon KO moitié du petit axe de l'Ellipfe , par la ligne FB, eft le contenu de la furface du Sphéroïde propofé. DEMONSTRATION. Soient tirées la ligne BD , le rayon KD , la corde AD, & KG, perpendiculaire à cette corde. Par la conftruttion KB : KM : : KA: KI, donc KB — KA:KM — KI :: KA: KI, & KB — KA x KI —KM—KIxK A ; & mettant 4B au lieu deKB— KA, OD au lieu de fon égale K1, & l'arc AHD, au lieu de K M qui lui a été faite égale; on aura 4Bx0D=— — AHD —0D x KA ,ou— 4HD xKA—ODxKA, au lieu de KB—KAxKI—KM—KIxKA. Mais à caufe des triangles femblables K 4G, D AO ;0D : AD::KG:KA; donc0ODxKA—/ADxKG, & met- tant /D x KG, au lieu de OD x KA ci deflus, on aura AB x OD— AHD x*KA — AD x KG, & prenant leurs moitiés AXOD > AFDXAACE RE ADRAG © Nf; AEX 0D 2 égal au fegment de Cercle 4 HD À ; donc ce triangle ABD ef égal à ce fegment 4AHDA ; & ajoutant à cha- cun le trapeze K ADI ; on aura le trapeze KBDI égal à la figure KAHDI. Maintenant ( Lem. n. 1.\le re&tangle KODI: à la figure KAHDI : : la furface de la Sphere du rayon KO :à la = DES SCIENCES. it 57% furface du Sphéroïde propofé ; nommant donc (C).la cir- conférence du rayon KO & (S) la furface du Sphéroïde ; & pour la figure K 4 HDI, mettant É8+2I% DO va- leur du trapeze KBDI qu'on a démontré lui être égal ; on aura KO x OD: +21 xOD ou KO : +2 LS E x C (égal à la furface de la Sphere du rayon KO ):S ; donc 2K0 »%x C x +7 ou KO »x CxKB+DI— — KO x S, & enfin Cx KB<+ DI ou (à caufe de KB + DI=FB) Cx FB —S; c'eft-à-dire, le produit fait de la circonférence du rayon KO par la ligne FB eft égal au contenu de la furface du Sphéroïde propofé. Ce qu'il falloit démontrer. On peut trouver cette longueur FB par le calcul, con- noïffant feulement les demi-axes KC, KO, du Sphéroïde, en faifant ces analogies. 1. Comme KD ou KC, grand demi-axe au finus total, ainfi KO petit demi-axe au finus de Pangle KDO. Otez les degrés que contient l'angle KDO, de 90, & le refte donnera ceux de l’angle DKO ou de l'arc ZHD ; dites énfuite : ; 2, Comme 360 degrés aux degrés de larc 4HD, ainfi la circonférence du rayon KC à la longueur de l'arc 4HD ou à KM. 3. Comme le finus total à KD ou KC; | ainfi le finus de l'angle DKO à OD ou KI. 4 KT: KM::KAouKC:KB, Aa 1j 372 Memotres DE L'AcaDemte ROyare A laquelle KB ajoutant la valeur du demi-axe KF, of aura celle de FB. CoOROLLAIRE. Il eft évident que le produit fait de la même circonfe- rence du rayon KO par FIV moitié de FB , donnera la fur: face courbe du demi-fphéroïde CO FO, ou du demi- fphéroïde OCEC, ou du demi-fphéroïde quelconque CS OS ; car ces furfaces font toutes égales entr’elles , étant chacune moitié de celle du Sphéroïde, De même le produit fait de la moitié de la circonfé- rence du rayon KO par FN, fera le contenu de la furface courbe d'un quart quelconque du Sphéroïde, le produit fait de l'arc 7°F de la même circonférence par FB, don- nera la furface courbe du fufeau C//EFC, & le produit du même arc /’F par FN, celle du demi-fufeau CY°F. Je mets immédiatement ici les pratiques du Toifé des Voutes en Dôme furhauffées , afin qu'on ait plus préfenr le Probléme précédent dont ces Pratiques dépendent. Je fuivrai le même ordre pour les autres Voutes. Pratiques du Toifè des Voutes en Cul-de-Four ou em dôme furhaulfées. AVERTISSEMENT. Nous fuppofons toujours que les arcs des Voutes fur: hauffées & furbaiflées dont nous traitons dans ce Mémoire, font des demi-ellipfes ; ces courbes donnent aux ouvrages autant de folidité , & font meilleur effet à la vûe que toutes les autres ovales. Si cependant on employe d’autres ovales, on pourra également fe fervir de nos regles fans s’éloigner de la précifion que très-peu. Il faut fe rendre familieres les pratiques pour trouver les longueurs telles que FB du Problème précédent , & telles que OB du fuivant, & obferver de tracer les Figures fort grandes pour avoir ces longueurs plus exaétement, RE 2 ET ES, jé DES SCIENCES. 373 PRATIQUE JL. ” Mefurer la furface d'une Voute en Cul-de-Four furhauffée. Soit MDOG le Plan de la Voute, MR Q fon profil par MD, pour en avoir la furface intérieure , trouvez par rap- ort à KC hauteur de la Voute depuis le deflus de l’im- pote & à FO fa largeur , la ligne FB comme au Problème . précédent, & multipliez la circonférence intérieure ODF GO du plan par EN , moitié de la longueur trouvée FB, & le produit donnera la furface requife: ce qui eft évident ar le corollaire du même Problême. Exemple. Soit le diamétre FO — 3 toifes 3 pieds, & la ligne trouvée FB — $ toifes : trouvez la circonférence ODFGO qui fera de 11 toifes, prenez la moitié de FB, qu eft deux toifes 3 pieds, & faites la multiplication à lor- inaire. ODFGO. Circonfer. .. 11t°. oPi. opo. at FN. Haut.réduite 2 3 o À OP Ed Ces 27 toifes 3 pieds feront le contenu de la furface intérieure de la Voute. Cette pratique fert auffi à mefurer la furface d'une Voute dont le plan eft elliprique. Soit GMRO le Plan de la Voute, & GMR fon Profil ; & cette Voure foit telle que les arcs verticaux qui la for- ment ou fes Cintres, fçavoir les Cintres fur OF, & fur des. paralleles à OF, foient des demi-Cercles; on trouvera, par rapport à KC, KO, la ligne FB comme au Problême pré- cédent , & multipliant pareïllement la circonférence du rayon KO par FN moitié de EB ; le produit donnera ( Cor. Prob. preced. ) la furface intérieure de cette Voute. Il eft évident que la furface intérieure des Voutes em Niche qui feront la moitié des précédentes , qu’on imagine coupées par un plan vertical qui paffe par leur fommer ; feratrouvée en multipliant la demi-circonférence.du rayom Aaa iÿ Fig. 6. "Fig: 7+ Fig, 6. % 374 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE KO par la même FN ; fcavoir, en multipliant ici $ toifes 3 pieds par 2 toifes 3 pieds, on aura 13 toifes 4 pieds 6 pouces pour le contenu de cette furface. Si la Voute enfin ( Fig. 6.) avoit pour Plan un arc de Cercle moindre ou plus grand que la demi-circonférence, il faudroit multiplier le pourtour de cet arc par FN. Tout cela eft clair ( méme corollaire ). On opérera de la même maniere pour avoir [a furface extérieure de la Voute, en fe fervant de KM, KR , au lieu de KO, KC, dont on s'elt fervi pour avoir une longueur telle que FB , &c. mais on doit remarquer que lorfque la furface intérieure ou l’extérieure ef elliptique , l’autre ne left point; parce que deux Ellipfes concentriques ne peu- vent pas comprendre un efpace également large par-tout : ce qui feroit cependant néceflaire pour rendre l'opération exaéte , parce qu'on donne d'ordinaire à ces Voutes une égale épaiffeur ; mais l'erreur que cela donne , ne peut pas être confidérable. PR AT 10016 BEL. Mefurer la folidité des Voutes précédentes. Trouvez comme ci-devant le contenu de la furface moyenne qu'on imagine divifer l’épaiffeur de la Voute en deux également, dont le Profil eft mr, & multipliez ce contenu par l’épaifleur 40 de la Voute pour avoir fa foli: dité, on en fera de même (Fig. 7.) Exemple. Soit q9m , diamétre moyen de la Voute — 3 toifes $ pieds, la circonférence moyenne fera— 12 toifes o pieds $ lignes, la longueur 4 # trouvée comme FW( Prob, preced.) foit = 2toifes4 pieds $ pouces, & l’épaifleur = 2 pieds. Donc md gg m. Circonférence 1 moyenne 1219, opi, 3p0, çli, Sul y gn Haut.réduite 2 4 $ o f?? 1400 MO. Épailleur.,0 2 o 0. 1 DES SCIENCES. 37$ Ces 32 toifes $ pieds 9 pouces 4 lignes donneront la fo- lidité requife. Pour faciliter ces pratiques ; en les montrant tout d'un coup aux yeux, on a mis à côté des dimenfions dans les exemples précédens , les Lettres qui marquent ces dimenfions, ©* on en fera de même dans la fuite. Mais il ne [era pas néceflaire en donnant le Toifé d'un ouvrage, d'y mettre de pareilles Lettres, REMARQUE. Il y a des manieres géométriques faciles pour toifer la folidité des Sphéroïdes, & par conféquent celle des Voutes en Cul-de-FouraOn les confidere comme pleines, on re- ‘tranche le demi-Sphéroïde du vuide du demi-Sphéroïde total qui comprend l’épaiffeur de la Voute & ce vuide , & Fon prend ce qui refte pour la folidité de la Voute. Mais comme, fuivant ce qu’on a déja dit, le demi-Sphéroïde total, & le demi-Sphéroïde du vuide ne fçauroient être tous deux elliptiques , fi la Voute eft de même épaifleur par-tout : ces manieres ne font pas danis la derniere exaéti- tude , & celle que je donne ici fera au moins aufi précife, & plus convenable aux Toifés , où il eft toujours mieux que les trois dimenfions des ouvrages , foient marquées. PROBLEME IL Trouver la furface d'un Sphéroïde applati. Du centre K de l'Ellipfe OEFC ( dont on conçoit que la révolution autour du petit axe OF, décrit le Sphéroïde ) ar (C) extrémité du grand axe, foit décrit le quart de Cercle CD A, rencontrant le petit axe prolongé en 4, & tirez à KC par les extrémités O , F, du petit axe, & par le point 4, les paralleles indéfinies 04, MFD , RAG,& par le point D où MFD rencontre l'arc de Cercle , menez à OA la parallele 4G, rencontrant RG en G,& OD en 4. Divifez enfuite O4 en deux également en s, faites 40° Fig, 8, 376 MEMOIRES DE L'ACADEM1IE ROYALE égale à la troifiéme partie de Os, & tirez du centre K , 8e. de l'extrémité C du demi-axe KC par les points 6, 8, deux droites qui fe joindront en 7. Faites Kf égale à KF, & tirez par le point (f) au point de rencontre (7) la droite f7 qui coupera 46 au point ( 5 ) par lequel menez à 0 A la parallele STQ. Maintenant faites 4 L égale à "4 Q, & menez par les points G, L, la droiteGL , & parle point ©, 0H, parallele à GL , rencontrant KL en H, Pareillement faites ZW égale à 4F, & tirez du point(G) au point (0) extfémité du petit axe , la droite GO, & du point (V) V8 parallele à GO , rencontrant KL en (8). Sur 8 H,comme diamétre, décrivez le demi-cercle HR8 coupant RG en R, portez ÀR de(F) en (M) & la diflance KM de Ten 7. Parles points G, 7’,tirez la droite G7Z rencontrant AD en Z, joignez FG, menez à cette droite par le point Z la parallele ZY, rencontrant 1G en Y, & portez Y de K en B, Je dis que le produit fait en multipliant la circonférence de Cercle du rayon KC moitié du grand axe de l'Ellipfe ;, par la ligne 4Y ou OB, fera à très. peu près égal au contenu de la furface du Sphéroïde applati propofé. DE’ MONSTRATION. Du centre K , pour rayon KM, décrivez le demi-cercle XM, & tirez du point X, où ilrencontre KL au point 7 la droite X7”, qui fera (conf/r.) parallele à 4G , tirez auffi FY, & décrivez la demi-hyperbole FG. Le rectangle 8 4H eft égal au quarré de ZR, ou de fon égale FM, & le reétangle » FX eft égal au même quarré de FM ; donc 8 4AH—4FX, & par conféquent «F ou OX (qui lui eft égale) : 8 4:: AH:FX; & donnant la hauteur G à tous les rermes; on aura OX x AG: 8 À x AG :: AHX AG : FX x AG. Mais à caufe des paralleles GO, N8 & GL, QH,ona 8 A: AN you à fon égale AF :: 0A: AG, & AH: AL où | DES SCIENCES, 377 üu 40 :: 40 : AG, donc 84 x AG—0AF, & AH NN C— AQ. Mettant donc dans l’analogie ci-deflus le rectangle OAF , au lieu de 84 x AG, & AD, au lieude AH %x AG , on aura la fuivante OX x AG : OAF: :AŸ : FX x AG , & ( prenant le produit des extrêmes & celui des moyens) OXF x AG— AOF xA Q. D'où il s'enfuit A 7 ou XV :: AOF: OXF, & par conféquent que le point Z7 eît fur la demi-hyperbole EG. Mais nous avons trouvé qu'une droite tirée par le point G & le point 7” de l’hyperbole , tel qu'il a été déterminé fur la ligne TO ,la coupe de forte que l’efpace exterieur FZV eft à peu près égal à l’efpace intérieur ou fegment hyperbolique /vG ; donc ajoutant l’efpace commun ZYv GD , le triangle ZDG fera à peu près égal à l’efpace hyper- bolique F7/vGD. Mais ce triangle ZDG eft égal au trian- gle FDY (car à caufe ( conffr.) de ZY parallele à FG, & de l'angle commun D, les côtés de ces triangles font en raifon réciproque, fçavoir FD : ZD :: DG : DY) doncle trian- gle FDY fera à peu près égal au même efpace hyperbo- lique F//0GD : & ajoutant le reétangle commun KFDI, on aura le trapeze K FYT égal à peu près à efpace KFWvGI. Maintenant ( Lem. 1. n. 2.) le reétangle AKIG : à l'ef pace KFV0G1 : : la furface de la Sphere du rayon KC : à la furface du Spheroïde propofé ; donc nommant la circon- férence de Cercle du rayon KC ou K4(C) & la furface du Spheroïde (S), & pour l'efpace KF/vGI mettant LESC KIou + OB>x KI (ca OK—KF & confr. KB — 1Ÿ) valeut du trapeze KFYI qui lui eft égal ; on aura le reétangle /K1G , fçavoir KA X-KI: + OB x KI, ou KA:10B::2K2 x C( égal à la furface de la Sphere du rayon KA): 5. Donc 2K 4 x Cx £OB ou ( ce qui eft le même) KAxCxOB—KA%xS,& enfnC x OB—S; c'eft-a-dire, le produit fait de la circonférence du rayon KÇ Mém. 1719. Bbb 378 MEMOIRES DE L'ACADRMIE ROYALE par la ligne OB, eft à peu près égal au contenu de [a furà face du Spheroïde. Ce qu'il falloit démontrer. Si on veut trouver par le calcul, fans tracer aucune figure, la longueur OB par la feule connoiffance des demi- axes KC, KP, il faut multiplier KC+ KFpar KC—KF, & tirer la racine quarrée du produit , laquelle donnera la longueur FD = AG=—0a, dont on prendra le fixiéme pour avoir 46 : après quoi l’on fera ces analogies. RG: KC=KPF=FCIPC.rE Retranchez 8 $ de O8 moitié de Ua, & il reftera [a valeur de Os = A0. 2°. AG: ALou 40 :: 40 : AH. 3°. AG : AN ou AF = KC—KF:: 40—KC + KF:: 48. Multipliez 48 par 4H, & au produit qui fera le quarré de 4R ou de FM , ajoutez le quarré de KF, & de leuf fomme tirez la racine quarrée, qui donnera la longueur de KM ou de fon égale TP. | Otez KF ou Tr de TF7 pour avoir le refte 177, & Fr de FD pour Dx. 4°. DG—*F : DG où FA:: Ds : DZ. s°. DF:DC°° D "Dr F2. A laquelle FB ajoutant la valeur du petit axe OF, on aurä la longueur requife OB. CoOROLLAIRE. Il eft évident comme au corollaire Prob. 1. que le pro- duit fait de la circonférence du rayon KC par UP moitié de OB , fera égal à la furface courbe du demi-Sphéroïde OECE ou du demi-fpheroïde EOIO, ou de quelconque autre demi-fpheroïde. | .… Pareillement le produit fait de la démi-circonférence du rayon KC, par OP ; fera égal à la furface courbe d’un quart quelconque de Spheroïde , le produit de l'arc ES de la même circonférence par OB donnera lafurface courbe du fufeau UEFSO , & le produit du même arc ES par OP, celle du demi-fufeau OES, ; FT DES SCIENCES 379 REMARQUE. Ayant tracé la demi-hyperbole dans les différentes rai- fons qui peuvent être entre les demi-axes K F s KC, de lEllipfe O E FC, j'ai toujours remarqué que la parallele $ T Q tirée par le point (s) trouvé comme je l'ai dir, coupe cette demi-hyperbole en un point 7”, par lequel & le point G ayant tiré la droite GVZ, les efpaces FZ7, V’oG fe trouvent à peu près égaux, comme on l'a fuppofé. Et comme la différence entre ces deux efpaces ne peut être qu’une fuperficie très-petite qui fe trouve ici changée en un triangle , dont le fommer eft au point ( F) & la bafe fur DG, elle ne peut donner pour erreur fur D Y de part ou d’autre du point Y, que la bafe de ce triangle , du- quel la hauteur DF étant fort grande, il s'enfuit que cette bafe, & par conféquent cette erreur, doit être fi petite comparée à UB, qu’on peut la négliger pour profiter dela pratique fimple & commode que procure cette maniere. Pratiques du Toifé des Voñtes en Cul de-Four Sur baifées. Befurer la furface d'une Voûte en Cul-de-Four Jurbaiffée. Soit E D CG le Plan de la Voûte & EO Cfon Profil Fig.s. par E C Pour en avoir la furface intérieure , faites KF = KO, & trouvez la ligne OB par rapportà KC,OF, comme au Problême précédent: Multipliez après la cir- conférence intérieure EDCGE par OP moitié de OB, & le produit donnera la furface de cette Voûte ( Coro/. même Prob. ) Exemple. Soit le diamétre EC — $ toifes 4 pieds 6 pouces, la circonfrence E D CGE fera — 18 toife$ © pied $ pouces, & foit 0 P = 2 toifeso pied 11 pou: ces. Donc , ODCGE, Circonf. . ..18to. op epo. È x OP. Hautréduite 2 o Ne } 38 SE $PG Bbbij Fig. 10. 3%o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Ces 38 toifes s pieds 5 pouces donneront la valeur de 14 furface requife. Si le Plan OCFE de la Voûte étoit elliptique , & fes Cintres fur l'axe CE & fur des paralleles à cet axe étoient des demi-cercles; il faudroit aufli trouver , par rapport à KC, OF, la longueur O B comme au Problème précé- dent , & multiplier pareillement la circonférence durayon KC par la moitié de la ligne trouvée OB, pour avoir au Pac Corol. Probl, préced. ) la furface intérieure de cette oûte. On voit qu'ayant trouvé les Jlongueurs telles que O0 B; les Pratiques enfuite ne différent point de celles qu'on a données pour les Voûtes furhauffées. Aïnfi on trouvera de la même maniere , la furface intérieure des Voûtes en Niche, qui feront moitié des précédentes, ou partie de celle (Fig. 9.) leurs furfaces intérieures & leur folidité; ce qu’il feroit inutile de répéter. REMARQUE. Les Problèmes précédens font voir l’erreur confidérable qu’on fait , par la maniere ordinaire de mefurer la furface des Spheroïdes, qu'Errard & d’autres Géométres ont cru géométrique , qui eft de multiplier la circonférence du grand Cercle du Spheroïde , par la longueur de l’axe qui eft perpendiculaire à ce Cercle. Car dans le Spheroïde oblong ( Fig. $.) portant la longueur FB de E en P ; on voit que cette maniere ordinaire donne de trop , un refangle qui a pour bafe la circonférence du rayon KF & pour hauteur la longueur P C: & dans le Sphéroïde applati ( Fig. 8.) ce qu’on trouve par la même maniere: eft moindre qu’il ne faut d'un reétangle, qui a pour bafe la circonférence du rayon KC, & FB pour hauteur. PROBEÈEME IIE Trouver la furface courbe D'AB de la portion de cylindre: droite on oblique DABC des Lemmes 2 , 3. < DES SCIENCES, 389 PREMIER Cas. Lorfque la baf A CB de la portion droite ou la fétfion droite À b C de la portion oblique ef} un Quart-de-Cercle. Le produit fait de DB par AC fera égal au contenu de la furface courbe D 48. SECOND Cas. Lorfque la bafe ABC de la portion droite ou la féction droite Ab c de la portion oblique, ef? un quart d'Ellipfe, dont AC ef} la moitié du grand axe. Il faut trouver( Fig. 2, 3.) par rapport à l'axe BY & au demi-axe AC ( portion droite) ou àbYŸ, AC(portion oblique , ) une longueur pareille à lalongueur F B ( Prob. z Fig. s.) & le produit fait de D B par la moitié de cette longueur trouvée fera égal au contenu de la furface DB: de la portion droite ou oblique. Par exemple fi la longueur trouvée eft 0 0 & fa moitié OR, le produit DB x OR fera le contenu de la furface D AB. TROITSIEFME Cas. Lorfque la bafe A BC de la portion droite ou la fetion droite À DC de la portion oblique , ef un quart d'Éllipfe, dont AC eff la moitié du petit axe. On trouvera par rapport à l'axe ÂE & au demi-axe CF (portion droite) ou à ÂE, bC, ou CY (portion obli- que ) une longueur pareille à la longueur O B ( Prob. 2. Fig. 8.) & le produit fait de D B par la moitié de cette longueur trouvée , donnera la furface requife D AB de la portion droite ou oblique. : Soit la longueur trouvée MP & fa moitié MS, le pros: duit DB x MS fera la valeur de cette furface D 4B, Bbbiy Fig.2,3,& 11,12, 13. qui font les mêmes ren- verfées, Les mêmes Fi: gures ferui- rontpour tous les cas , pour en évirer la multiplicité. Mémes Figur. Fig. 143 15, J6% 382 MEMOIRES DE L’'ACADEM1IE ROYALE DE MONSTRATION. Soit «= ACou0RouMS,b=DB,c= à la ci conférence de Cercle du rayon CB ou Cë, Si Pon fait c: b: : ac ( égal à la furface de l’hémifphere , ou par les ço- rollaires Prob. 1, 2. à celle du demi-fphéroïde, faits par la révolution de ABC ou 4b C'autour de AC ) : 2 — ab ; ab fera ( Lem. 2 , 3.) égal à la furface cylindrique D 4 B; mais ab eft — DB x AC,ou DB x OR ou DB x MS, Donc, &c. : PROBLEME IV. Trouver la folidité de la même portion de cylindre droite ou oblique DABC , © du fègment de portion XAFZ. 1°. Le produit fuivant 2 DB x BC x A C lorfque la portion eft droite , & celui-ci + DB x bC x A Clorfqu'elie eft oblique , donne la folidité requife. 2°. Pour avoir le fegment de portion X 4AFZ,AE (Fig. 10.) étant le diamétre du Cercle, ou l'axe de lEllipfe, dont 4FZ ou la fe&ion droite 4 f Z eft un demi-fegment, AZ la fléche , & C le centre ; faites fur une ligne droite ZM tirée librement du point Z,ZL=ZE,& LM — AC:tirez LA, & menez MO parallele à LA, quiren- contrera Z À prolongée en 0 , & faites ZI= + ZO. L'on peut trouver ZO , & par conféquent ZI par le cal- cul , en faifant cette analogie. ZE ouZL:ZE+ AC ou ZM::ZA:Z0, dontle tiers donnera Z I. Maintenant le produit + FX x FZ x ZT, lorfque le fegment de portion eft droit, & + FX xfZ x ZIlorf qu’il eft oblique, donne la folidité requife. DE MO NSTRATION, Soita= AC ,b= DB ,c = 4, la circonférence de Cer- ple du rayon BC( portion droite) ou £c ( portion oblique ) &r=aàce rayon BC ou C,FZ, du fegment droit ou DES SCIENCES. 383 FZ du fegment oblique = 4, S = à la circonférence du rayon FZoufZ , Zloui ZO—f& FX =g. 1°, Il eft démontré que 2rc x 2 a ou rca ef Égal à Figrs re, lhémifphere ou demi-fphéroïde fait par la révolution de 13. ABC ou À bC à l’entour de AC. Faifant donc c : 4 :: + rca: “outbra; 3 brallfera ( Lem. 2 , 3.) égal à la folidité de la portion D ABC: mais 1 br a eft égal à? DB XBCxAC ouà IDBxbCx AC Donc, &c. 2°. À caufe des triangles femblables 4 LL,OZM; Figi4ts, (Fg.X.) ZLou ZE: ZMou ZE + A4C::ZA:Z0; * donc + dSf eft égal au fegment de Sphére ou de Sphé- roïde fait par la révolution de 4FZ ( Fig. 14.) ou de AfZ\ Fig. 1$, 16.) à l’entour de AZ ; & fi l’on fait S ig::T ASF: 282S où = gdf; > gdf fera (Corol. :Lem, 2; 3.) égal à la folidité du fegment de portion X4FZ ; mais + g df eft égal à + FXxFZ xZIouà2FXxfZ xZ I Donc, &c. COROLLAIRE. Si du prifme triangulaire droit HG ACBD =2+ DB Fig. in xBCx AC, on retranche la portion droite cylindrique DABC= ( Prob. précéd.) : DB x BCx AC, le refe 3 DB x BCx AC fera égal au folide HG 4B DA que j'ap- pelle Partie fuperieure. De même retranchant du Prifme triangulaire droit AG Fig. 14, ALIX=SFX x FZ x ZA, le fegment de portion XAFZ —( Prob. précéd.) 2 FX x EZ x ZI, lorfque ce fegment eft droit , le refte £ EX x FEZ x IA fera égal à la partie fuperieure HG AFX A. Lorfque cette portion & ce fegment de portion feront Piles, De obliques , il eft évident que la partie fupérieure de la por- 15,16, dk tion fera égale àZ DB xbC x AC, & la partie fuperieure du fegment de portion égale à 2 EXx/fZ x LA, Fig. 17,18. 384 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Pratiques du Toifé des Voütes en Arc de Cloftre. P'R'AUT.1 OU EE Mefürer la furface d'une Vofte en Arc de Cloître, dont le Plan ABCH eff un Quarré ou un Rhombe. La maniere de mefurer Fe furface de ces Voñtes n’eft pas différente de celle pour les Voñtes en Cul-de-Four : on multiplie , quand elles font en plein Cintre, leur pourtour, c’eft-à-dire la fomme de tous les côtés , par la hauteur per- pendiculaire depuis la clef jufqu'au niveau du deflus de l'impofte, & le produit donne la furface requife. Et quand elles font furhauflées ou furbaiflées, on multiplie le même pourtour par des longueurs trouvées comme aux Problé- mes 1 ; 2. Soit GABCH l'intrados d’une Voûteen Arc de Cloître; & DF perpendiculaire à 4B le diamétre du Cintre DGF. 1°. S4 la Voñre ef} en plein Cintre, c'eft-à-dire fi le Cintre DGF eft un demi-cercle, multipliez le pourtour 4BCHA par la hauteur GE , qui eft ici le demi-diamétre du Cercle, ainfi fi( Fig. 17.) BC ou D F eft—a4 toifes, G E fera de 2 toifes, & le pourtour 4ABCHA— 16 toifes. Donc ABCAH. Pourtour ....: 161: oPi: oP°- Te GE. Hauteur ..... 2 0 o V3ae OP: OP9, Lefquelles 32 toifes donnent le contenu de la furface re uife. De même ( Fig. 18.) file pourtour eft 16 toifes , & la largeur DF de la Voûte, de 3 toifes 3 pieds , GE fera = 1 toife 4 pieds 6 pouces. Donc ABCHA. Pourtour .. ..… 16t°. oPi: opo- £ GE. Hauteur... 714 u@ 6 F 28t0. oPi: ope, Ces 28 toifes donneront la furface de la Voûte. 2°, Si la Voûre ef} furhaulfée , c'eft-à-dire fi le Cintre _ DGE D "A, 4 DES SCIENCES 38ç DGF eft une demi-ellipfe, dont D F ef le petit axe, & GE la moitié du grand; trouvez par rappottàGE, FD, comme au premier Problème , la longueur FO pareille à la longueur FEB ( Fig. s.) & multipliez le pourtour ZBC HA dela Voûte par FN moitié de FO pour avoir fa fur- face. Exemple. Si( Fig. 18.)le pourtour de la Voüte eft — 16. toifes , & FO — $ toifes o pieds 6 pouces , fa moitié EN fera — 2 toifes 3 pieds 3 pouces, Donc. L ÆABCHA. Pourtour ...... 16t0, opi, oPo, Dh so ce EN Hauteur réduite 2 3 3 40". 4Pi oPo, Ces 40 toifes 4 pieds feront le contenu de la furface de Ja Voûte. 2 3° Së la Woûre ef} furbaiffée, c’eft-à-dire , fi fon Cintre DGFeft une demi-ellipfe , dont DF eft le grand axe, & GE Ia moitié du petit ; faites fur le plan DGF, EK = EG , trouvez par rapport à EF, GK, comme au Prob. 2. la longueur GM pareille à la longueur OB ( Fig. 8. ) & mul- tipliez le pourtour 4BCHA par GP, moitié de GM, & le produit donnera la furface requife. _ Ces prariques font évidentes , ( Prob. 3.) car AGBE A eft une portion de cylindre pareille à la portion oblique DABCD ( Fig. 13.) donc le produit de AB par GE, lorfque la Voûte éft en plein Cinure » par EN, lorfqu'’elle ef furhauée , & par GP, lorfqu’elle eft furbaiflée ; donnera. le contenu de la furface G AB. Mais il eft évident que les quatre furfaces GAB , GBC > GCH,GHA , font égales en- tr'elles ; donc le produit du quadruple de 4B, c’eft-à-dire, - le produit du pourtour 4BCH A par GE ou FN ouGP, fera le contenu de la furface de toute la Voñte, On mefurera de lamême maniere la furface des Voûtes en Cul-de-Four à pansen plein Cintre, ou furhauffées ou furbaiflées, dont le plan fera un Polygone régulier, On aura donc cette furface, en multipliant le pourtour de la Voûte, par exemple, le pourtour 4BCHLO A par fa hauteur GE ? Mém, 171 9» | Ccg Mêmes Figur: Fig. 15 Fig. 20. 336 MEMOIRESs DE L'ÂACADEMrE ROYALE fi elle eft en plein Cintre ; & fi elle eft furhauffée ou fur: baïflée, par des hauteurs ou longueurs trouvées (Prob. r, 2.) par rapport à une des portions de cylindre dont elle eft compofée , comme on l’a fait en la portion 4G B E 4 (Fig. précéd.) cela eft évident. Si la Voûte n’eft point entiére , & fait feulement partie des précédentes , fi elle en eft, par exemple, la moirié GABC (Fig. 17,18.) G ABCH où GDBCHEF ( Fig. 19.) il eft clair qu’on aura la furface de cette moitié, en mul- tipliant le pourtour 4BC , ou ABCH, ou DBCHF par les mêmes hauteurs que deflus. LRU TIQUE TE Mefurer la furface d'une Voûte en Arc de Cloître, dont le Plan n'étant niun Quarré, ni un Rhombe , ni un Polygone régulier , ef} une figure rectiligne quelconque. On en toifera en particulier les faces différentes, & on prendra la fomme des produits. On multipliera , par exem- ple, pour la face GA4B , la longueur 4B par la hauteur qui lui conviendra , felon que l'Arc ou Cintre de cette face fera en plein Cintre ou non, & pour la face GBC fa lon- gueur B Cpar fa hauteur aufli convenable, & la fomme des deux produits doublée ( à caufe que dans cette Figure le plan étant un Parallélogramme , les faces oppofées à cel- les-là leur font égales ), donnera la furface G 4BCH de la [Voûte, La furface de l'extrados de toutes les Voûtes précédentes fera trouvée par les mêmes pratiques. On multipliera le ourtour extérieur , par exemple( Fig. 17,18.) abch par a hauteur GE augmentée de lépaiffeur de la Vote, fielle eft en plein Cintre, & fi elle eft furhauffée ou furbaiflée, par des hauteurs trouvées ( Prob. 1, ou 2.) par rapport aux axes du Cintre de l’extrados. e pen, . DES SCIENCES - 387 PRATIQUE IIL Mefurer la folidité des PVoûtes en Arc de Cloître précédentes ; . dont Pextrados ef} parallele à l'intrados ; &* defcend juf: gw à l'impofte. On trouvera par les pratiques ci-devant le contenu d'une furface moyenne , c’eft-à-dire , d’une furface qu’on imagine qui pafle par le milieu de l’épaiffeur de la Voute, & on mulripliera ce contenu par cette épaifleur. Exemple. Pour le cas de la Voûte en plein Cintre, dont le Plan aèch eft un Quarré ou un Rhombe. Soit le côté moyen » m de ce Plan, de 4 toifes 2 pieds, fon pourtour fera de 17 toif. 2 pieds , & la hauteur moyenne de 2 toifes 1 pied. Soit l’épaifleur de 2 pieds. mnopm. Poutt. moyen 1710. 2Pi. opo, z E. Haut. moyenne 2 1 © Sato, pi, spo, qli, 4 D..0.1. Epañleur... 3042. .0, .Ces 12 toifes 3 pieds 1 pouce 4 lignes donnent la folidité de la Voûte. - Onenfera de même pour les cas où la Voñte eft fur- hauflée ou furbaiflée , en fe fervant des hauteurs trouvées comme aux Prob. 1, 2. par rapport à ŸX,EZ, . … Si le Plan de la Voüte étoit un Polygonerégulier, c’eft- à-dire , fi c’éroitune Voûte en Cul-de-Four à pans, la pra- tique feroit la même , en fe fervant du pourtour moyen du Polygone, comme on a fait du pourtour moyen du quarré, AUTRE MANIERE, «Soit que le Plan de la Voêre Joit un Quarré on un Rhombes ou un Parallélogramme quelconque. Multipliez continuellement les deux tiers d’un côté ex- térieur (par exemple de 4b) de la Voûte, la largeur exté- fieure df prife perpendiculairement à çe côté, & la hau- teurg E de l'extrados, : Cccy Fig. 214 Fig. 21. 22, 25e 26» 388 MeMoOIREs DE L'ACADEMIE ROYALE Otez de ce produit celui qui vient en multipliant cor: tinuellement les deux tiers du côté intérieur ZB, corref. pondant au précédent, la largeur intérieure D F, & la hau- teur GE de l’intrados. Et le refte donnera la folidité de la Voütegabch. Exemple. Soit ab—4toifes4 pieds, donc +ab= 3 toif. © pieds 8 pouces. Soit df—4 toifes 4 pieds, & g£E=—=2 toifes 2 pieds. - De plus foit 4 B— 4 toifes, donc ? 4B —2 toifes 4 pieds , foit D F— atoifes , & GE = 2 toifes. Donc 24b. Longueur réduite 310. opi, 8po, df.” Largeur....:..4 4 o 3310. 5 Pi. 320 gE. Hauteur......2 2 0 Parties à retrancher. Z AB. Longueur réduite 2 4 o DF.. Largeur. M. ego: or fat :a. 6 GE.» Hauteur... 4 2,. Q 0 Il refte pour la folidité de la Voûte .... 1210. 3pi. 3po. On a fuppofè dans cet exemple la même Voûre en plein Cintre que dans l'exemple précedent 3 Mais cette pratique con= vient également aux Woûtes furhauflées & frbaifses > de même que les pratiques fuïvantes. : La petite différence ( qui n’ef} ici que d'environ 2 pouces ) qui fe trouve entre ces deux maniéres , vient de ce que nous avons dit dans la Remarque qui ef} à la fin des Pratiques du Toifè des V’oûtes en Cal-de- Four furhauffées. La démonfration de cette feconde maniére eft évidente ( Prob. 4.); car ( Fig. 21.) les portions cylindriques 4g2E, AGBE, d'une des quatre parties de la Voûte font pareilles aux portions de ce Prob. 4. Fig. 13. donc+ab x dE xgE —=agbE#, & + AB x DExGE — AGBE. Otant done AGBE( c'eft-à-dire le vuide) de 4gb E , il refte la partie bga AGB de la Voñte ; mais on démontrera que les qua- nc ché =. DES SCETENCES : 389 tre parties qui compofent la Voûte font égales entrelles , donc dans les produits ci-deflus , au lieu des tiers de 44 à ÆB , mettant leurs deuxtiers, c’eft-à-direleurs doubles ,& au lieu de dE, DE, leurs doubles 4f, DF, on aura le quadruple de ces produits ( fçavoir + ab x dfxgE — 2 AB xD Fx GE ) égal aux quatre parties, c’eft-à-dire , à la fo- lidité de la Voûte. Imaginant de pareilles portions cylindriques fur les au- tres Figures , on fera le même raifonnement. Les quatre parties de la Voûte font égales comme je l'ai dit , parce que les quatre portions cylindriques de la Voûte confiderée pleine font égales, & les quatre portions cylin- driques du vuide, pareillement égales ; d’où s'enfuit que les quatre reftes , c’eft-à-dire , les quatre parties de la Voûte font égales. L'égalité de ces portions cylindriques vient de ce que leurs Plans , par exemple, les Plans de celles du vuide ( fçavoir les triangles 4ËB, BEC, CEH, HEA,) font égaux dans un Parallélogramme , étant évident que les portions cylindriques de même hauteur fur des trian- gles ou Plans égaux font égales : car chacune de ces por« tions eft égale au produit fait du tiers du double de la fur- face de fon Plan, par fa hauteur; fçavoir ( Fig. 27, 22. ) la portion AGBE eft ( Prob. 4.) —=1ABxDE ( qui eff le tiers du double de la furface du triangle 4 E B) par fa hauteur GE ; & la portion HGAE=—. dont la bafe eft 4BC H; que le premier des trois qu'on retranche, eft égal ( ?rob..4.).au vuide , & que les deux autres enfemble ( Cro!. Prob. 4) font égaux au folide fupérieur, dontle Profil eft OPNzM; donc le refte donne la folidité requife. à Pour abréger on ne donne point d'exemple ; Pon n'aura qu'à ranger les articles de ce Toifé dans le même ordre qu'en l'exemple précédent. Fig. 25: 26, 27e . : Fig. 22. 23: 25e 26 / : 392 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE P'R AT LOUE NE Mefurer la folidité d'une Voñre en arc de Cloftre en plein Cin tre, ou furhauffée ; ou furbaiffée , dont Le deffus ou couronne ment ef} de niveau , ou terminé en pyramide , ou en quel- que autre figure toifable ; [on plan étant un parallélograms me quelconque. 1°, Si lextrados repréfenté( Fig. 28.) par OP du Profil paffant par DF perpendiculaire à AB, eft de niveau; du produit 4B x DFx gE égal au Prifme fur le Plan BCH de la Voûte, duquel le Profil eft DOPF, on retranchera le produit ? 4BxDFxGE égal ( pratiques précédentes ) au vuide de la Voûte , & on aura pour refte la folidité de cette Voûte, dont le Profil ef DOPFGD , fcavoir AB x DFxgE — + ABxDFxGE—à la folidité de Ia Voûte. 2°. Si l’extrados repréfenté par Mg IV (Fig. 28.) eft en Pyramide ; de la fomme du produit 4Bx DFxKE égal au Prifme fur ÂBCH , dont le Profil DM NF, & du produit 4B x D F x =gK égal à la Pyramide, dont le profil eft Mg NV, & la bafe, ÆBCH ; on retran- chera le même produit + 4B x D E x G E égal au vuide ; & le refte donnera la folidité de la Voûte , dont le profil et D Mg NF. Donc ABxDFxKE+ABxDFx:gK—?:ABxDE x GE — à la folidité de la Voûte. Lorfque le couronnement formera quelque autre figure toifable , on en trouvera la folidité qu’on ajoutera au Prifme dont le Profil eff D MIVF, & de la fomme on enre- tranchera le vuide de la même maniere. Tout cela eff évident. ( PRATIQUE BE's #S CE N.C-E & - 1: 393 PRATIQUE VI IMefurer la folidité des Voûtes en Arc de Cloître précédentes; en plein Cintre ,ou furhaulfées ou férbaifées , dont Les Plans n'étant point des Quarrés ni des Rhombes , ni des Parallé- logrammes , font des Quadrilateres , ou des Polygones quel. conques. Il faut toifer à part chaque partie de la Voûte confidé- rée pleine, & de la fomme des produits qu’on trouvera, retrancher la fomme des produits qui donneront les por- tions qui compofent le vuide, & les parties fupérieures, sil yena, & le refte fera la folidité requife. 1°. Lorfquel’extrados eft parallele à lintrados & defcend jufqu'à l'impofte tirant d E perpendiculaire à 42, on aura ( Prob. 4.) le produit £ ab x dE x g E pour la folidité de la portion 4gbE confidérée pleine, & de pareils pro- duits pour les autres portions : on fera donc une fomme de tous ces produits qui fera égale au contenu de toute la Voûte confidérée pleine. On aura aufñli le produit : 4 B x DE x GE pour la folidité de la portion 4GBE du vuide, & de femblables produits pour les autres portions du même vuide. Faifant donc aufli une fomme de ces produits, & la retranchant de la fomme précédente, il eft évident que le refte donnera la folidité de la Voûte. 2°. Lorfque le Couronnement eft de niveau ou en Py- ramide ou autrement, on toifera la mafle ou folide qui comprend la Voûte confidérée pleine , d’où l’on ôtera la fomme des produits qui donneront le vuide , pour avoir la folidité requife. 3°. Lorfque l'extrados eft parallele à l’intrados , & ne defcend pas jufqu’à l'impofe ; il y aura beaucoup de Cas différens , dont le détail nous meneroit trop loin, d’ailleurs on ne fait guère de ces Voûtes fur des Plans irréguliers, Mem. 1719. D dd Fig. 294 Fig. 19. 594 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE PRATIQUE VII Mefurer la folidité d'une Voûte en Cul-de-Four à pans'en plein Cintre , ou furhauffée ou Jurbaiffée ; dont le Plan ef un polygone régulier. Soit abchloa le pourtour extérieur du Plan de la Voûte, & 4 BCHLOA le pourtour intérieur , dE la dif- tance perpendiculaire du Centre E aux côtés extérieurs , & D É, celle du même Centre aux côtés intérieurs, gE fa hauteur depuis l’extrados , & GE fa hauteur depuis lintrados. 1°. Si Pextrados ef? parallele à Pintrados , à defcend juf- qw à l'impole. +abchloaxdE xgE (Voûte pleine) — £ 4BCHLOA x DE x GE ( Vuide) fera — à la folidité de la Voûte. 2°. Si l'extrados ef? parallele à l'intrados , &' ne defcend pas jujqu'à l'impofle , le Plan de la Voñie étant ABCHLO,; & fon profil par DE étant ( Fig. 24.) DMg NF. Trouvez g Î par rapport au demi-fegment de Cercle où d'Ellipfe gMK , de mème que Ta été trouvée ( Fig. X, Prob. 4. n. 2.) pat rapport au demi-fegment de Cercle ou d'Ellipfe ZEZ ( Hg. 14.) Et 2 ABCHLOAXx DE xgE (Prifme)—:4BCHLOA xDExGE(Vuide) — 1 ABCHLOA xDE xgI (Partie fupérieure ) fera — à la folidité de la Voûte. 3°. Si le Couronnement eff de niveau, le plan de la Vouté étant ABCHLO , & fon profil par DEF (Fig. 28.) étant DOPFGD,. + ABCHLO Ax DExgE(Prifme)—+1 4BCHLOA x DExGE( Vuide) = à fa folidité requife de la Voûte. 4°, Si le Couronnement repréjenté par Mg N ( Fig. 28.) eff en pyramide. 2 ABCHLO A x DEXKE (Prifme) + 1 4BCHLO A x DE x +g K (Pyramide) —+ 4BCHLOAXxDExGE { Vuide } = à la folidité de la Voûte, DES ScrENcEes, 395 Cette Pratique eft la même que la précédente : on fait ici tout d’un coup ce qu’on n’a fait là que par parties ; car au lieu de toifer chaque portion de la Voüte > & de pren- dre les fommes des produits , &c. on fe fert des pout- tours de la Voûte , ce qui donne tout-à-la-fois ces mêmes fommes , &c. PROBLEME . Soit DHGE AB nr demi-cylindre droit on oblique dont la feétion droite b ae ( ou comme nous l'avons dit , la féétion faite par un plan auquel l'axe CF eff Perpendiculaire ) eff un demi-cercle ou une demi-ellipfe far un de fès axes be, & dont les bafs DHG,BAE, font perpendiculaires au plan DBEG ; lequel demi-cylindre Joit coupé par deux plans DAC,GA C ; paflant par Les points D ,G, © par À C Perpendiculaire à BE au centre C. Trouver la furface courbe ADHG de la portion de cylin- dre, droite ou oblique DCGHA Ra entre ces deux plans & la ba D'HG. PREMIER Cas. Lorfque la féétion droite ba e eff un demi-cercle. 1°. Si la portion DCGHA eft droite , le produit fait de l'excès de la demi-circonférence D'HG for fon diamé- tre DG , par la longueur CF de la portion , fera égal au contenu de la furface requife 4 D HG, c'eft-à-dire # DHG—DG x CF— A D HG. 2°. Si la portion DCGHA eft oblique, ayant tiré du point G, Gg, parallele à CF, & du point D à Gg la per- pendiculaire Dg ; qui fera ici le diamétre du demi-cercle Dhg; le Produit fait de l'excès de la demi-circonféren- ce DHG fur fon diamétre Dz , par la longueur CF de la portion , fera égal à la furface À D HG > C'eft-à-dire, D'ig—Dg xCF=ADHG, F D dd ÿ Fig. 30, 3% Fig. 30; Fig. 31: Fig. 30; 31e Fig. 30, 31. 396 Memoires DE L'AC&DEME RoyaLrr DEMONSTRATION. Il eft évident que les folides D ABC, GAEC , font des portions de cylindre pareilles à celles des Lemmes 2, 3; donc le produit DB x AC étant ( Prob. 3.) égal à la fur- face courbe DBA , & le produit EG x AC, égal à la fur face courbe GEA; & DB, EG , CF étant égales entre eHes , il s'enfuit que le produit 2 4C x CF ou (Fig. 30. à caufe dd24C—BEouDG)G x DCF fera égal aux deux furfaces DBA, GE A. Mais le produit D HG x CF eft égal à la furface courbe DHGEAB du demi- cylindre ; tant donc dé ce produit, le produit DGxCF ; on aura D'HG— DG x CF égal à la furface DAHG de la portion droite. Pareillement ( Fig. 31.) à caufe de 24C=—Dg; Dg x CF fera égal aux deux portions DBA,GEA, & le produit D kg x CF étant égal à la furface courbe DHGE AB du demi-cylindre oblique , il s'enfuit que Dhg— Dgx CF eft égal à la furface 4 D HG de la portion oblique. Ce qwil falloir démontrer. SECOND Cas. Eorfque la féction droite bae eff une demi-ellipfe fur un axe be. Ayant tiré comme ci - devant les lignes Gg , Dg ( Fig. 31. ) fur le milieu de Dg , on élevera la perpendi- culaire Af— HF, & à l’entour de l'axe D g & du demi- axe Lf, on décrira la demi-ellipfe D £g. Enfuite 1°.fi DG , Dg font les petits axes des ellipfes DHG, D hg, on opérera ( Mg. 30.) fur l'axe DG , &le demiaxe HF, & ( Fig. 31.) fur l'axe D g & le demi-axe hf, de même qu’au premier Problème, pour trouver des longueurs G Q , g © pareilles à la longueur FB( Kg. $.) Etle produit D HG — 6 9 x CF(Fig. 30.)ou le produit | DES SCIENCES. 397 Dhg—gO xCF( Fig. 31.) fera égal au contenu de la furface requife ADHG. 2°. Si DG, Dg, font les grands axes des Ellipfes, & HZ , hZ les petits, on trouvera par rapport à ces axes, de même qu’au Prob. 2. des longueurs HP, 4 P pareilles à la longueur OB ( Fig. 8.) & le produit D HG—HP x CF( Fig. 30.) ou Dhg—hG x CF( Fig. 31.) don- nera la furface 4ADHG. La démonftration eft évidente par la démonfiration pré- cédente , & par celle des Cas 2, 3. Prob. 3. PROBLEME VE Trouver la folidité de la méme portion de cylindre, droite ou oblique DCHA. Je fuppofe toujours que C Feft l'axe du demi-cylindre ; que HF eft perpendiculaire fur DG au milieu F, & que D f eft perpendiculaire à l’axe Cfprolongé. Le produit 6 2CFx+DF x HF, lorfque la portion ef droite ( Hg. 30.) & le produit 6 : CF x:DfxHF Torfqu’elle eft oblique ( Fig. 31.) donne la folidité de cette portion. DEMONSTRATION. Fig. 305 31% “IA:1I ET ee ouit DFx HF Fig 34 égal à la furface du demi-cercle ou demi-ellipfe DHG, qui multipliée par CF, donne € CF x DF x HF égal à la folidité du demi-cylindre droit DHGEAB ; de laquelle retranchant le produit CFx DFx HF , ou ( ce qui eft le même) + B D x CB x A Cégal( Prob. 4. ) aux deux por- tions évidemment égales DBAC, GE AC, on aura pour refte =? CF x DF>x HF égal à la folidité de la portion D CG HA : mais le produit 6 £ CFx: DFx HFef égal à ce refte 4 CFxDFxHF;il eft donc égal à la fo- Dddiüy Fig. 31° Fig. 32: 33: 398 Memoires DE L'ACADEMIE ROYALE lidité requife de la portion droite DOGHA. Ce qwil falloit démontter. Il en fera de même de la portion oblique , car fuppofant la fe&ion droite Dhg , on aura CF x Dfx HFoukf qui lui eft égale pour da folidité du demi - cylindre DH GEAB ; d’où retranchant4 CFx D fx HF égal ( Prob. 4.) aux deux portions égales DBAC, GEAC , on aura pour refte 2 CFx D fx H F égal à la folidité de la portion obli, que DCGHA , &c. COROLLAIRE, Imaginant les lignes 4m, 42 , mn, paralleles aux lignes CD, CG, DG, on aura le Prifme triangulaire AmnGDC, duquel retranchant la portion cylindrique CD G A H, il reftera le folide ou la partie fupérieure À m D HG n À qui fera égale à 2 CFxzFD x HF(Hg.30.)oua2CFx + Rp RE He 28) | | Car fuppofant CF = 4, DF ou Df =, HF=c;le Prifme 4mnG DC fera — abc ; mais on vient de dé- montrer que la portion cylindrique DCGHA= XX abc; donc abc—abc=#abc=2CFx 3; DFxHEF (Fig. 30.) ou =?CFx+DfxH F( Fig. 31.) fera égal à la folidité de la partie fupérieure AmDGnA. PRO BLÆM E VMILC Coupant le demi-cylindre droit ou oblique des Problèmes précédens par un Plan parallele à BD EG, on aura un feç- ment de cylindre & un fégment de portion droits ou obliques, Soit ce fezgment de cylindre D'HGEAB, € ce fêgment de Portion DCGHA. Trouver la filidité de ce fëgment de portion. Soit HF perpendiculaire à D G en fon milieu F, tirez la droite CF, & trouvez FI par rapport au demi-fegment de Cercle ou d'Ellipfe HDF , de la même maniere que ZI a été trouvée ( Prob. 4. n. 2.) par rapport au demi-fegment AFZ (Fig. 14,15; X) DES SCrENcESs 309 Après cela , 1°. le produit fait en multipliant la furface Fig: 32 DGH du fegment de Cercle ou d'Ellipfe par CF, moins le produit qui vient de la multiplication continuelle de CF, DF, FI, fera égal au contenu de la folidité du fegment de portion droite DCGHA ; c'eft-à-dire , furface D GH XCF— CFxDFxFI— DCGHA. 2°. Pour le fegment de portion oblique , ayant tiré PAT Fig. 33; le point C, CR, perpendiculaire à DG prolongé, s’il le faur, & par le point D, Df, perpendiculaire à CF prolongée ; le produit fait de la furface du fegment D G H par cette perpendiculaire CR , moins le produit fait en multipliant continuellement CF ; Df, FI, donnera la folidité requife du fegment de portion'oblique, c’eft-à-dire, furface DGH XCR —CFxDfxFI— DCGHA. DEMONSTRATION. Elle eft évidente, car { Fig. 32) le produit furf DGH & CF eft égal au fegment de cylindre droit DHGEAB, & le produit CF x DF x FI eft égal ( Prob. 4. n. 2.) aux deux fegmens de portion évidemment égaux DB AC, GEZAC, doncfuf DHGxCF— CF» DF x FI eft égal au fegment de portion droite DCGHA, Pareillement (Fg. 33.) furf. DHG x CR ef égal au fegment de cylindre oblique DHGEAB & CF > Df x FT eft égal ( Prob. 4. n. 2.) aux deux fegmens de por- tion , DBAC, GEAC ; donc furface DGE x CR — CF .XDf x FI eft égal à la folidité du fegment de portion oblique DCGHA. Ce qu’il faut démontrer. COROLLAIRE, Pour trouver la partie fupérieure 4m D HG n À du fegment de portion précédent, ayant fait FK=—FI, CF x DFxHK— ff DGH xCF (Fig. 32.)ou CF Df*>x HK — furf. DGH x CR ( Fig. 33.) donnera la folidité de cetre partie fupérieure. Car fi( Fig. 32.) de CF x DFx HF égal au Prifne Fig. 343 35 400 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE AmnGDC, l'on retranche furf. DGHxCF—CFxDF x FI égal( Prob. précéd. ) au fegment de portion droite DCGHA, lerefte, fçavoir CFx DFxHF+CFx DF x FIou FK — farf. DGH x CF, ou ( ce qui eft le même) CE x DF x HK — furf. DGH x CF fera égal à cette par- tie fupérieure 4m D HG n A. Il en fera de même de la partie fupérieure de la portion oblique , (Hg. 33.) Pratiques du Toifé des Voñtes d’Arête. ERA OT QUE SE Mefürer la furface d'une Voûte d’Arête, dont le Plan ABCD, eff un Quarré ou un Rhombe. 1°. Si la Voûte eft en plein Cintre; de la circonférence de Cercle AFDHA , dont le diamétre eft D ( Fig. 34.) retranchez le double de ce Diamétre AD , & multipliezle refte par le même ZD , ou par 4B qui lui eft égale. Oui la Voûte eft telle ( Fig. 35.) qu'ayant tiré Ad perpendiculaire fur CD prolongée, cette ligne Æd foit double de E F hauteur de la Voûte ; de la circonférence de Cercle 4fdA, dont Ad ef le diamétre , retranchez le double du même diamétre Zd, & multipliez le refte par 48. Le premier produit 4F D HA— A D x AB(Fg.34.) oule fecond 4fd H A — A d * AB ( Fig. 35.) donnera. la furface G BCD A de la Voûte. | Exemple. Soit (Hg. 34) 4 D ou AB = 3 toiles 3 pieds , fon double fera — 7 toifes, & la circonférence 4F DHA=— 11 toifes; donc 11 tojfes moins 7 toifes — 4" toifes. Donc ; ‘AFDHA—2AB Circonf.réd. 4to. oPi: oPo- LV s4t0 opi opo AB:,10 + 4% a ODA ETS Éene * Lefquelles DES SCIENCES “404 Lefquelles 14 toifes donneront le contenu de la furface GABCD A de la Voûte. 2°. Si la Voûte eff furhaullte, c’eft-à-dire , fi fon Cintre AFD eftune demi-ellipfe , dont 4 D eft le petit axe & FE la moitié du grand : il faut trouver ( Fig. 34.) par rapport à FE , AD, comme au premier Problème; lalon- gueur DO pareille à la longueur FB ( Fig. $.) Epfuite de la circonférence 4FD HA de l'Ellipfe ayant retranché le double de la longueur trouvée DO, multi- pliez le refte par 4B, & le produit donnera la furface re- quife , favoir AFDHA— 2D0 x AB = GABCD À: Pareillement ( Fig. 3 5.) ayant tiré fe — FE , & perpen- diculaire à À d en fon milieu e, on trouvera( Prob. 1.) par rapport à fe, Ad, la longueur dO pareille à la longueur FB ( Fig. ç.) & de la circonférence de l’Ellipfe décrite à l’entour des axes 4d, fH— 2FE, retranchant le double de la ligne trouvée 40 , on multipliera le refte par AB, pour avoir cette furface , fçavoir 4fd HA — 2d0 x 4B —GABCD A. " À Exemple. Soit ( Fig. 34.) la circonférence de l’Ellipfe AFDH = 14toif. 3 pieds ; la ligne DO —; toif. o pied 6 pouces, 2 DO fera = 10 toifes 1 pied, & foit 2D ou AB — ÿ toifes 3 pieds. Donc A4FDHA— 2 DO. Circonf. réd. 4to. 2pi. opo- FR CASE Longueur..3 3 o. Vuston OP Ces 15 toifes 1 pied feront le contenu de la furface GABCD A de la Voûte. 3°. Si la Voûte eff furbaiffée , c’eft-à-dire , fi fon Cintre AFD eft une demi-ellipfe, dont D eft le grand axe & FE la moitié du petit , trouvez ( Fig. 34 ) par rapport à ED , FH , comme au Prob. 2. la longueur FM pareille à la longueur OB ( Fig. 8.) & trouvez ( Fig. 35.) par rapport àaed,Fh=2FE, la longueur f M aufñ pareille à la lon gueur OB (Fig. 8.) Mém, 1719. Ece 402 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Je fuppofe dans cette Figure 3$ , que e d'eft plus grand que fe ou FE hauteur de la Voûte ; car s’il étoit moin- dre, comme il peut arriver, ce feroit le Cas de la Voûte furhauflée du num. 2. précédent, & s'il étoit égal à FE, ce feroitle Cas de la Voûte en plein Cintre num. 1+ Maintenant ( Fig. 34.) de la circonférence de l'Ellipfe AIDE, retranchez le double de la longueur trouvée FM, & ( Fig. 35.) de la circonférence de l'Ellipfe 4 fd H décrite: à l'entour des axes /d , f H, retranchez le double de la longueur trouvée f M , & multipliez ces reftes par 4B. Le premier produit ÆFDHA — FMx AB (Fig. 34-) & le fecond 4fdHA—$FM >x AB (Fig. 3$.) donnera la furface requife GABCD A. ù La démonftration de ces pratiques eft facile ; car la portion cylindrique 4 K D FG , une des quatre dont la: Voûte eft compofée en la fuppofant pleine, eftpareïlle à la portion cylindrique D CG HA( Fig. 30 , 35.) donc (Fig. 34.) la furface courbe GA F D de cette portion AKDFIG eft égale ( Prob. £.) au produit de la demi-cir+ conférence 4FD — AD ( lorfqué la Voûte eft en plein: Cintre) ou — DO ( lorfqu’elle eft furhauffée ) où — FM {lorfqu’elle eft furbaiflée ) par KE. Mais le Plan BCD: étant un Quarré ou un Rhombe par la fuppofition , il eft évident que cette furface G FD & les trois autresGDpC; GCNB ,GBLA, font égales entr’elles; donc le quadruple du produit ci-deflus , c’eft-à-dire, le produit de la circon- frence 4FDHA — 24D ,ou— 2D0 , ou — 2FM, par 2KE ou AB , donnera le contenu de ces quatre furfa- ces, ou ( ce qui eft le même) de la furface GABCDA de toute la Voüte. ° L'on fera un pareil raifonnement pour la Voûte oblis que ( Fig. 35.) DES SciENCcrs | 403 PrREA TT Q UE - "II Mefurer la farface d'une Voûte d'Arête , dont le Plan ef} une Jigure rectiligne quelconque. Il faut toifer chaque Lunette de la Voûte féparément ; & prendre la fomme de tous les produits pour avoir la furface requife. Soit GAFD la furface d’une des Lunettes de la Voûte, 1°. S cette Lunette ef} en plein Cintre , de la demi-cir- conférence de Cercle AFD (Fig. 36, 38.) où la Lunette ef droite, c’eft-à-dire, où la ligne KE tirée du centre K au point E , milieu de AD , eft perpendiculaire à AD , retran- chez le diamétre ZD , multipliez le refte par KE ; & le produit, fçavoir 4 FD — 4 D x KE donnera la furface GAFD de cette Lunette. Pareillement ( Fig. 327 , 39.) où la Lunette eft oblique, c’eft-à- dire, où laligne KE tirée comme ci-devant n’eft pas perpendiculaire à 4D , ayant tiré D d parallele à KE , & A à perpendiculaire à Dd ; fi Ædeft double de FE ; de la demi-circonférence du Cercle dont le diamétre eft Æd, retranchez ce diamétre 44, & multipliez le refte par KE pour avoir au produit 4fd — À d x KE valeur de la fur- face GAFD de la Lunette oblique. | 2°. Si la Lunette GAFD ef furhauffee , 11 faut trouver ( Prob 1.) tout de même qu'aux Figures 34, 35. de la pratique ci-devant , la longueur DO ôu 40. Après quoi ( Fig. 36, 38.) le produit demi- circonférence d’'Ellipfe AFD—DOxKE, ou (Fig. 37, 39. Afd étant la demi- circonférence de l'Ellipfe décrite, à l’entour de l’axe 44, & du demi-axe fe ou FE ) le produit 4fd— do x KE donnera la furface requife de la Lunette. 3°. Si la Lunette ef} furbaiflée , on trouvera auffi (Prob. 2.) eomme on a dit pour les Fig. 34, 35. la longueur FA ee i] LEO Fig. 36. 37 8.32. 404 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ou f M. Cela fait, le contenu de la furface de cette Lunette fera égal au produit ZFD— FMx KE (Fig. 36, 38.) ou au produit 4fd—fMxKE (Fig. 37, 39.) lorfque e d eft plus grand quefe ou FE ; car s'il étoit égal ou moindre, ce feroient les Cas précédens num. 1 , 2. & il faudroit opérer comme en ces nombres. La démonfiration de ces pratiques eft évidente ( Prob. s.) On toifera de la même maniere chaque autre Lunette de la Voûte, & la fomme de tous les produits donnera fa furface. Mais s’il y a des Lunettes égales , il eft bien évident qu'après en avoir toifé une , il n'y aura qu'a multiplier le produit qu'on aura trouvé pour la valeur de la furface de cette Lunette, par le nombre des Lunettes égales; par exemple ( Fig. 36, 37.) ayant toifé les Lunettes GAD, GBA , & fait une fomme des deux produits, on doublera cette fomme pour avoir la furface de toute la Voûte, les deux autres Lunettes oppofées à celles-là leur étant éga- les à caufe que les plans oppofés font des triangles égaux. De même ( Fig. 39.) ayant toifé la furface de la Lu- nette GAD, on la doublera pour avoir les deux GAD , GPR, & on trouvera enfuite la furface de la Lunette GDB qu'onmultipliera par $ pour avoir les cinq Lunettes de la Voüte qui font égales entr’elles, enfin on trouvera. la furface de la Lunette G PA. Il eft encore évident qu’on aura la furface GAF des demi-lunettes , en prenant la moitié des produits, ou en fe fervant de + KE au lieu de KE pour multiplicateur. Je m'étend fur les chofes de pratique pour être entendu des moins appliqués. La reéfification de P Ellipfe n'ayant pas encore été trouvée, pour mefurer [a circonférence, on la parcourra avec le Compas. très-peu ouvert , © appliquant enfuite ce Compas ainfi ou- vert ; fur une ligne droite autant de fois qu'il aura été ap- pliqué [ur la circonférence de l'Ellipfe, la longueur marquée DES SCIENCES. 490$ fur cette droite fera à peu près égale à cette circonférence. … Oupour S'éviter. la peine de tracer PEllipfe , on prendra La moitié de la fomme de fes deux axes, © on dira comme 7 eff à 22: ainfi cette moitié à un quatrième proportionnel qui fêra à peu pres égal à la circonference de l'Ellipfe. I y a d’autres pratiques , même plus préoifés ; dont on pourra fe Jérvir. PRET OU Eu AT. Mefurer la filidité d'une Voûte d'Arête en plein Cintre, ou fuxhaulfée ou furbaiffée , dont le Couronnement ef de niveau, & le Plan un Parallélogramme. . Soit ABGD le Plan de la Voûte, & 40 Pg ( Fig. 42.) fon profil par 2g perpendiculaire aux côtés 4 D, BG. Du centre de l'Arc de la Voîte élevez fur #g la perpen- diculaire 77€. Multipliez continuellement + ZD , : gh, HC', plus continuellement 4D , hg , VH , & la fomme de ces deux produits donnera la folidité dela Voûte d’Arête fur 4BGD, foit qu’elle foit en plein Cintre, ou furhauffée ou furbaiflée. Exemple. Soit AD —3 toifes, kg = 4toifes, HC= 2 toifes, & }’H—2 pieds; +4 Dfera= 2 toifes, = hg=—3 pieds 5 pouces une ligne Æ (ces 1 ligne - peuvent être négligés. } Donc Premiere Partie: + AD. Longueur réduite, 2t°. opi, opo, +hg. Longueurréduite. o 3 $ Sato, rpi, S8po. HICNEMTEUr. 20e 2. 0 0 Seconde Partie. AD. Longueurréduite. 3 o o hg. Longueur réduite. 4 o 0 4 o o PF auteur» «4 + 10,4 2 © OR 0 ue e tee ee GR TV S Fig. 40: 472 # 406 MEMOIRES DE L'ACADEMI:&E RovyarE Lefquelles 6 toifes 1 pied 8 pouces donneront la foli- dité de la Voûte propofée un peu moins à caufe de ce qu’on a négligé ; mais ce font des minuties aufquelles on . ne doit point avoir égard dansun T'oifé. Démonfiration. Du point Cmenez CF parallele à AD.II eft évident que les vuides des Lunettes ou parties de la Voûte fur DCG, GCB, BCA, ACD font des portions de cylindre pareilles aux portions DCGHA( Fig. 30,31.) donc ( Corol. Prob. €.) la partie fuperieure ( par exemple ) de la portion fur DCG, dont le profil eft km Hng, eft égale au folide ? CFx+ hCx HC. Mais cette partie fu- périeure & les trois autres pareïlles des portionsfur GCB , BCA, ACD font toujours égales entr'elles , lorfque le plan de la Voûte eft un parallélogramme, ou, ce qui eft le même , lorfque les Plans des Lunettes fontégaux entr'eux, ce qu’on a démontré ci-devant; donc le quadruple du fo- lide? CF x + hCxHC, fçavoir 4 AD x + hg x HC ( car AD — 2CF & hg=2h0C) eîft égal à ces quatre parties fupérieures, auquel ajoutant 4D x hg xl” A égal au Prifme , dont » P eft une des faces, & 4 BG D la bafe, lequel eft la partie reftante de la folidité de la Voûte; il s'enfuit que 2 AD x + kg xXHC+AD x kg x VH eft égal à cette folidité. Ce qu'il falloit démontrer. I! n'eff pas néceffaire de tirer hg, lorfque le Plan de la Voûte ef rectangle, comme en la Fig. 40, puifque D G cf égale à h g. On ne l'a fait, & on ne le fera dans la fuite que pour abrèger le difcours. S'il y a des Arcs doubleaux à côté des Voñûtes d’Arête, ils feront des Voûtes en Berceau, dont le toifé ne renferme aucune difhculté. DES SCIENCES. 407 PRATIQUE IV. Wefrer la folidité d'une V’oûte d Arte en plein Cintre ; on furhaul]ée ou furbaiffée , dont le Couronnement ef? de niveau ; & le Plan n'eft point un parallélogramme. Il faut toifer à part chaque Lunette, & prendrela fomme de tous les produits , qui donnera la folidité de la Voûte. Soit DCG le Plan d’une des Lunettes de la Voûte , & DP fon'profil par DG. Tirez CF du Centre Cau milieu F de DG, du point D , Df perpendiculaire à CF, & par le fommet H du Cintre , la droite mn parallele à DG. » Enfuüite mulipliez continuellement ? CF, Df, HF; plus continuellement CF, Df, VH, & la fomme des deux produits, fçavoir 2 CFx:DfxHF+ CFx Df x V’H, donnerzxla folidité de cette Lunette. On fera une femblable opération pour chaque autre Lu- nette , & on prendra la fomme de tous les produits pour avoir la folidité de la Voûte. La démonftration eft évidente, car? CFx: DfxHF eft égal ( Corol. Prob. 6.) à la partie fupérieure , dont le Ée et mmGHD, & CFx Df x VH eft égal au rifme , dont la bafe eft un triangle égal à CDG, & l’H eft la hauteur ; lefquels Prifme & Partie fupérieure font toute la folidité de la Lunette, &c. P] PRATIQUE V. Mefurer la folidité des Voutes d'Arête précédentes, lorfque le Couronnement wefl pas de niveau, mais qu'il eff en pente ou terminé en dos d'âne fur chaque Lunetre ,ou d'une autre figure toi[able. On trouvera la folidité de toute la Mafle de Ia Voûte confiderée pleine, dont on retranchera la folidité du Vuide.. Ainf, : ji 1°. Lorfque le Plan de la Voûte fera un parallélogramme,. Fig. 43. 44 Fig.40,47, 44. Fig. 43 ; 44. Fig, 455 46, A7 48: 408 MemoiREs DE LV’ACADEMIE Royare on ôtera de la folidité de cette Maffe, dont le profil eft ( pae exemple Fg. 44.) DmPG ou DmVnG;, le produit . 6: AD x + hg x HF égal à la folidité du Vuide des quatre Lunettes , & le refte donnera de la Voûte. Ce produit 64 4D x+ hg x HFeft égal au Vuide des qaatre Lunettes, car la portion cylindrique du Vuide d’une des Lunettes, par exemple, de fa Lunette fur DCG, étant ( Prob. 6.) égale à 6 + CFx+ hCx HF, & ayant été démontré ci-devant que les quatre portions de ce Vuide font égales entr’elles , il s'enfuit que le quadruple de 6ICFx:hCx HF, fçavoir (à caufe de AD —2CF & de Ag—2hC)6+:ADx+hg x HF ef égal à ce, Vuide des quatre Lunettes 4 BCG. 2°. Lorfque le Plan de la Voûte ne fera pas un parallé- logramme , on retranchera de la folidité de ladite Maflede la Voûte , la fomme des produits qui donnent les Vuides de chaque Lunette. Le Vuide (par exemple) de la Lunette fur DCG eft donné ( Prob. 6.) par ce produit 62CFx> DfxHF, & chaque autre Lunette eft donnée par un pa- reil produit; on ôtera donc la fomme de tous ces produits, de la folidité de la Mafñfe de la Voûte, pour avoir dans le refte la folidité requife. Ceci convient également aux Voûtes de la pratique précés dente, & même on abrége. PRraAT:@UE VI Mefurer la folidité d'une Voûte d’Arète en plein Cintre ou fürhauffée ou furbaiffée , dont Pextrados ef} parallele à l'intrados , &° defcend jufqu'à l'impofle, &* dont le Plan eff un parallélogramme, Soit le parallélogramme IKLM le Plan de la Voûte, MVL fon profil par ML ou IK. Tirez librement la ligne xr perpendiculaire à 1 M, & élevez du Centre © de YArc de la Voüte, #Q perpendiculaire à M L. Enfuite foit quela Voñte foit à l’équerre ou non, mul- üipliez DES ScrenNceEs. 409 tipliez continuellement 62 1M,+x7y, PQ, & duipro- duit retranchez les deux fuivans 6 +4 D x + kg x H-Q furface DGH+ furface 4 DE x 2xh ; & le refte don- nera la folidité requife de cette Voûte. Exemple. Soit IM = 3 toifes 2 pieds, AD = 3 toifes, xr—a4toiles, hg — 3 toifes 4 pieds ;, JR = 2 toiles, HQ—1: toifé $ pieds, Exxh— 1 pied, ML (Fig. 45.) = 4toifes, DG— 3 toifes 4 pieds. 6 + 1 M fera — 21 toifes o pied 8 pouces, = xr — o toile 3 pieds $ pouces une ligne, 6 + 4D—19 toifès ; + g — otoife 3 pieds un pouce 9 lignes, la fur- face D GH ( qui eft ici un demi-cercle ) fera trouvée = $ toifes 1 pied 8 pouces , & la furface 4 D E ( qui fera une demi-ellipfe) —ætoifes 1 pied 10 pouces, donc la fomme de ces deux furfaces — 9 toifes 3 pieds 6 pouces. Donc 6+1IM, Longueur multiple . . , 21t0. opi. 8po. ol. Far | Largeur réduites. #5 0 3 se “x Va oPi. 6po, 71. É0-xH@tent.t Sets uv o2l rol 0 Parties à retrancher. 1. 6