Eng ; u HISTOIRE "L'ACADEMIE ROMA. TL E MESISGTENCES. ANNEE M DCCXXX/V. Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, pour la même Année, Tirés des Repiftres de cette Académie. MU A À LS) DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M DCCXXXVIII. l MENT VOLE 4 rio ii, nés IE + sb ES ofbgs AE y SANS Be es à DATI VON oates Male es sat WE OEM “à —» Homer) à sb ARRETE = We LE EH DIS IVIOXE SR PHYSIQUE GENERALE. S°: la Lumiére des Diamanrs &r de plufeurs autres Corps. Page à Obfervation de Phyfique générale. 4 A'N'AT OM IE. Sur l'Adion par laquelle les Enfants terent. 9 Sur les Réunions d'Inteffins. IL Sur la maniére d'arrêter les Hémorragies des Arteres Jimplement ouvertes. 14 Obfervations Anatomiques, ie 16 GK M LÀ E. Sur le Sel Armonias 3 23 Sur les Vitriols. Se 26 Sur les Eaux de Forges. 32 BOUT AIN I QUE. Sur une Efpece de Prune finguliére, 35 * ÿj T.A:B:L E GEOMETRIE. 37 ARS TIR OEN OM IE. Sur la Détermination de l'Equinoxe. 38 * Sur les Rotations des Corps Céleffes. 41 Sur la Figure de la Terre. 47 MECHANIQUE. Sur la Depenfe des Eaux. 70 Sur une nouvelle Théorie des Pompes. 72 Sur la Longueur du Pendule. 81 Sur les Olcillations caufées par une impulfion quelconque. 92 Machines ou Inventions approuvées par l’Académie en 1735. 101 Eloge de M. de Refons: 105 a — RE Ce || 20 m0 1630061 21 OU à Dr |] LES MEMOIRES. M NIÉRE de déterminer afronomiquement la différence en Longitude de deux Lieux peu éloignés l'un de l'autre. Par M. DE LA CONDAMINE. Page 1 Analife Chimique du Zinc. 1.‘ Mémoire. Par M. HELLOT. 12 Sur l'Obfervation de l'E quinoxe. Par M. BoucuEr. 32 De la maniére dont les Enfants tetent, Par M. PETIT. A7 Suite de l' Examen du Kermès Minéral. Par M. GEOFFROY. $4 Méthode de déterminer fi la Terre eff Sphérique ou non, à le rapport de fes degrés entr'eux, tant fur les Méridiens que fur TE'quateur & fes Paralleles. Par M. Cassini. TE Obfervations fur les Parhelies. Pax M. Du Far. 87 Sur la Figure de la Terre. Pax M. DE MAUPERTUIS. 98 Sur le Sel Ammoniac. Pax M. Du HAMEL. 106 Sur la nouvelle Méthode de M. CASSINI, pour connoftre la figure de la Terre. Par M. CLAIRAUT. DN7 Defcription Anatomique de l Œil du Cog-d'Inde. Par M. PErir le Médecin. 122! Æxpériences fur la Longueur du Pendule à Secondes à Paris : Avec des Remarques fur cette matiére, à fur quelques autres qui s'y rapportent. Pa M. DE MaAIRAN. 153 Analife Chimique du Zinc. 2.4 Mémoire. Pax M. HELLOT. 221 * iÿ FT. AUROELE < Obfervations far les Diflributions ér les Dépenfes des Eaux, avec des Regles pour déterminer leurs mefures en pouces € lignes. FA M. FIPUE 244 Sur la Réunion des deux bouts d'un Inteflin , une certaine portion du Canal étant détruite. Par M. MoR AN D. 249 Seconde Méthode de déterminer fi la Terre efl Sphérique ou non, indépendamment des Obfervations Aflronomiques. … Par M. CASSINI. 255 Nouvel E clairciffement fur l'Alun, fur les Vitriols, particulié- rement fur la Compofition naturelle , &r jufqu'à préfent ignorée, du Vitriol blanc ordinaire. Premier Mémoire. Par M. ._ LÉMERY. 262 Examen des différentes Ofcillations qu'un corps fufpéndu par un 1, peut faire lorfqu'on lui donne une impulfion quelconque. Par M. CLAIRAUT. 281 Deux Obfervations Anatomiques , Va Premiére, Sur une contor- Jion involontaire de la Téte. La Seconde, Sur une roideur douloureufe du côté droit du Col, avec uh grand battement de la Carotide, 7 une efpece de cliquetis au fond de la Gorge. Par M. WiNsrow. 29 Derniere Partie du fecond Memoire fur le Kermes. Sa Préparation par la Fonte. Px M. GEOFFROY. 31I ÆEffais d'une Théorie nouvelle de Pompes. Pax M. Prtor. 327 Recherches Jür la Euriére des Diamants , dr de phufieurs autres . matiéres. Par M. pu Far. er 4 Obfervation fur un nouveau Phénomene, concernant la flrudure du fruit d'une efpece de Prunier. Par M. MaRCHANT. 373 Æxamen de quelques parties d'un Singe. Par M. HunauL». | 379 Second Mémoire fur les Vitriols, ér particuliérement fur le Vitriol blanc ordinaire. Px M. LÉMERY. 385 De la Perpendiculaire à la Méridienne de Paris, décrite à la diflance de 6oooo Toifes de l'Obfervatoire vers le Midi. Par M. DE Taurr. 403 TABLE. Suire des Recherches fur le Sel Ammoniac. Seconde Partie. Pax M. pu HAMEL. 414 Troiliéme Mémoire fur les Hémorragies. Pax M. PETIT. 43 5 Analyfe des Eaux de Forges, dr principalement de la Source appellée la RoYALE. Par M. Bouzpuc. 443 De la Révolution du Soleil à des Planetes autour de leur Axe ; d de la maniére que l'on peut concilier, dans le Sifleme des .… Lourbillons, la vitefle avec laquelle les Planetes fe meuvent à leur furface, avec celle que l'É‘ther ou le Fluide qui les envi- roune, doit avoir fuivant la regle de Képler. Par M. Cassinr. 453 Sur la Maniére de conferver les Œufs. Pax M. DE REAumUR. | 465 Obfervation de l'Etlipfe de Lune du 2 O@obre de cette année 1735, faite à Thury. Pax M. Cassinr. 473 Obfervation de l'E ‘clipfe partiale de la Lune du 2 O&obre 1 7 3 5. Par M. GRANDIJEAN DE Foucurx. 477 Obfervation de l'E clipfe partiale du 2 OGobre 17 3 $ au matin, faite au College de Harcourt. Pax Ms LE MONNIER Pere & Fils. | 479 Suite des Recherches fur le Sel Ammoniac. Troiiéme Partie. Par M. pu HAMEL. . 483 La Longueur du Pendule fimple, qui bat les Secondes du Temps moyen, obfervée à Paris &” au Petit Goave en l'Îfle Saint- Domingue. Par M. Gopin. 505 Extrait d'une Lettre de M. BOUGUER, écrite à M. D& ReEaumuRr, du Petit Goave dans l'Ifle de Saint-Domingue, le 26 Olfobre 1735, fur la Longueur du Pendule. 522 De la Mefure du Pendule à Saint-Domingue. Par M. DE LA CONDAMINE. 529 Olfervations du Thermometre, faites à Paris pendant l'année 173 5, comparées, avec celles qui ont été faites fous la Ligne, à V'Îfle de France, à Alger, àr en quelques-unes de nos Îfles de l'Amérique. Par M. DE REaAumuRr. 545 FT LETE | Examen de la Réponfe de M. FONTAINE à mes objections contre [a Méthode pour trouver une Courbe qui touche conti- nuellement les côtés d'un Angle conffant, dont le fommet gliffe dans une Courbe donnée. Par M. CLAIRAUT. Obfervations Méréorologiques faites à Utrecht pendant l'année 1735, extraites d'une Letrre de M. MusSCHENBROEK. Par M. pu Far. s8r Obfervation d'un Parafelene , faite à Paris la nuit du 7 au 8 Mai 1735. Par M. GRANDJEAN DE Foucuy. 585 Obfervations Méréorologiques faites à l'Obfervatoire Royal pen- dant l'année 1735. Par M. MARALDI. 5387 Obfervation d'une Mole. Px M. RipEux, de la Société Royale de Montpellier. HISTOIRE » HISTOIRE L’'ACADEMIE ROYALE D'E,5 :. SCLE.N CE S. $ Année M. DCCXXXY. LD EDR BCD CDR CAT MCD Eu :PHISIQUE GENERALE. SUR LA LUMIERE DES DIAMANTS ET DE PLUSIEURS AUTRES CORPS. | CUITE À Lumiére eft en quelque forte devenue plus y. ts M; A] commune qu'elle n'étoit. Les Phofphores fe p.347. font extrémementmultipliés*,un grand nom- + y. pxigs AN) bre de Corps Electriques font lumineux*, & de1730. "7 M. du Fay, qui a déja fuivi’aflés loin ces deux “HE æ fujets, s’eft engagé, à l'occafion du fecond, dans de nouvelles y PH recherches fur les Corps lumineux fans être Electriques, ainff de 1734. . qu'il Favoit promis en 1734 : P- 1: & fuive Ffe 1735: + À 2 Hi1sToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE Les anciens Naturaliftes, & après eux un petit nombre d’Auteurs répandus çà & là dans un grand efpace de temps, doivent avoir eu quelque connoiffance des phénomenes dont il s’agit, ils les ont mal ou peu obfervés, exagérés dans leurs récits, altérés par un mêlange de faux, & à l'heure qu'il eft on démêle le vrai dans leurs relations, à peu-près comme l'on reconnoît des Hiftoires dans les anciennes Fables. Le Phifique & l'Hiftorique ont eu le même fort. M. du Fay a eu la curio- fité de ramafler ce qui étoit épars dans les Livres fur cette maticre, I ya des Diamants qui luifent dans 'obfcurité. Cette obfcurité eft néceflaire à caufe de la foibleffe de leur éclat, faut de plus que l'on fe foit préparé à le voir par un féjour de quelque temps dans ces ténébres, comme d’un quart d'heure, afin que la Prunelle s'étant ouverte & élargie autant qu'elle Va pü, reçoive une plus grande quantité de rayons. On ferme les yeux quoique dans l'obfcurité, car elle ne pourroit pas ordinairement être affés parfaite, mais M. du Fay a éprouvé qu'il fuflifoit qu'un des deux fût fermé, ce qui eft plus com- mode, parce qu'avec le fecours de l’autre, on pourra, pendant le quart d'heure prefcrit, faire foi-même différents petits pré- paratifs par rapport à l'expérience. On ne peut voir enfuite la lumiére du Diamant qu'avec l'œil qui aura été fermé. Avant qu'on apporte le Diamant dans le lieu obfcur, if faut qu'il ait été tenu au Soleil ou fimplement au jour pendant un certain temps ; moins d'une Minute peut fufhre, & peut- être 8 ou 10 Secondes, & cela, pour lui donner le plus de lumiére qu'il en puifie prendre. Sa lumiére dans l’obfcurité durera quelque 1 2 ou 13 Mi- nutes au plus, s’affoibliffant toûjours par degrés infenfibles. I s’en faut beaucoup que tous les Diamants expolés au Soleil ou au jour, ne prennent cette lumiére, le nombre de ceux qui ne la prennent point eft du moins aufli grand. De ceux qui font les plus femblables entre eux, les uns la pren- nent, les autres ne la prennent point ; Îes plus diflemblables s'accordent quelquefois ou à la prendre, ou à ne la prendre pas DES SCIENCES. 3 Nulle Reple, nulle apparence imparfaite de Regle, qu'on puiffe tirer ou de leur éclat naturel, ou de leur netteté, ou de leur grofleur, ou de leur forme, feulement M. du Fay a-t-il trouvé que tous les Diamants jaunes, qu'il a eflayés en aflés grand nombre, étoient lumineux. Seroit-ce que cette couleur jaune leur viendroit d’une plus grande quantité de Soufres qui s’allumeroient plus aifément , ou rendroient une flamme plus fenfible ? Bräler des Diamants eft une opération par laquelle on les rend plus blancs, en leur ôtant par le moyen d'une forte chaleur qu'on leur fait fentir, fans les endommager, une teinte jaune ou brune qu'ils ont quelquefois , & qui leur vient de quelque portion d'huile, qui s’eft infinuée dans leurs fèlures imperceptibles, quand on les a polis. Le feu la brüle, & la fait difparoître. M. du Fay foupçonna que les Diamants qui devenoient lumineux, étoient ceux qui avoient été brülés, ou peut-être ceux qui ne l’avoient pas été, car que fçait-on ? II trouva par expérience que deux Diamants, dont l’un de- venoit lumineux , & l’autre ne le devenoït pas, ayant été brûlés de la même façon, demeuroient tels qu'ils étoient auparavant. Non feulement le jour fimple fans le Soleil fuffit aux Dia- mants qui peuvent prendre la propriété de luire dans les téné- bres, & même pour la prendre auffi-bien de cette façon que de l'autre, mais ils la prennent quoique couverts d’un Verre, quoique plongés aflés avant fous l'Eau, fous du Lait. M. du Fay a cherché s'il n'y avoit point quelque moyen de faire conferver aux Diamants cette lumiére qu’ils gardent fi peu. Il n’en a point encore trouvé d'autre que de les en- fermer dans cette Cire noire & molle qui fert à tirer les empreintes des Graveures. Ils font encore lumineux après y avoir féjourné fix heures, mais il n’y a pas d'apparence que ce moyen foit unique. S'imbiber de lumiére par la feule expofition au Soleil ou au jour, eft une propriété fine & délicate, pour ainfi dire, . & fi elle n'appartient pas à tous les Diamants, à plus forte A ÿj 4 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE raifon n'äppartiendra-t-elle pas à toutes les autres Pierres pré- cieufes qui font moins parfaites. Aufli ne s'eft-elle pas trouvée dans des Rubis Balais, dans des Saphirs, des Topales d'Orient, des Emeraudes, quoique de la plus grande beauté & de la plus grande netteté, mais par une fuite de la bifarrerie qui regne toüjours ici, une feule Emeraude brute, parmi vingt autres, avoit cette propriété f1 rare. Toutes ces Pierres qui en font privées, ne laifloient pas de l'acquérir par des moyens plus violents, par être ou chauffées ou frottées, car tous les deux ne conviennent pas à toutes fans exception. [ls conviennent tous deux au Criftal de Roche, le premier feul à la Prime d'Emeraude d'Auvergne, à l'Amé- tifle de Catalogne, & le fecond feul au Rubis. Le Diamant devient lumineux de toutes les trois maniéres, mais malgré la dignité de fa nature, il n'eft pas le feul. Pour reconnoître quelle liaifon, quel rapport avoient entre elles les trois propriétés, M. du Fay a fait diverfes expériences qui n'ont guere encore produit que des doutes. Seulement il paroît que quand un Corps a les trois propriétés, ou l’une des deux derniéres avec celle de luire par l'expofition au jour, c'eft celle-ci, celle que nous appellons la plus fine & la plus délicate, qui réfifte le plus aux violences qu'on Jui fait pour les lui arracher, il la conferve après avoir perdu les autres par de fortes calcinations. On diroit que les caufes fe cachent à mefure que nous connoiffons mieux les effets. OCDYS SE SR TANT A OPNI DE PHISIQUE GF NERALE M Granger, Correfpondant de l’Académie, a écrit à M. de Reaumur le fait fuivant arrivé au Caire peu de temps après qu'il y fut arrivé. De jeunes gens Cophtes, qui buvoient quelquefois en- femble, voulant rabbattre la vanité d’un d’entre eux, qui fe piquoit d’être le plus fort de tous, s'aviferent de lui diffoudre, DOUÉ. SL SIC E INMCLELS. fans qu'il le fçût, une dragme d'Opium dans un verre de vin qu'il but ; ils prétendoient par-là l’endormir plâtôt, &le faire paroître vaincu en peu de temps. Quelques heures après avoir pris cette boiffon , le jeune homme fut en délire, extravagua, & tomba enfuite dans un profond afloupiffement. Le lende- main fes Camarades , qui l'allerent voir pour jouir de leur faufle viétoire, & pour l'infulter, furent fort furpris de le trouver fans pouls, livide, la bouche fermée, en un mot, mourant. On envoya chercher un Prêtre, qui étoit aufli Mé- decin, & qui tourmenta inutilement le Malade par les re- medes les plus violents. Il voulut y faire venir M. Granger lui-même, qui n’arriva qu'après la mort. La maladie n'avoit duré que quinze heures. Le Cadavre étoit couvert de tumeurs livides aux bras & aux cuifles, en forme de Loupes, groffes comme la T'ête d’un Enfant de quatre mois, d’où il fortoit une odeur infupportable. Ce qu’il y eut de fingulier, c’eft que deux ou trois cens Chats des maïfons voifines de celle du Mort s’y rendirent à la hâte & en foule. On les prit pour des Sorciers métamorphofés qui venoient enlever le Cadavre, mais ni les priéres, ni les Signes de Croix, ni l'Eau-benite, n'opéroient fur eux. M. Granger & le Prêtre eurent beau dire que c'étoient de véritables Chats attirés par l'odeur du Corps, quoique très-mauvaife, les Affiftants n’en furent per- fuadés que quand on eut ouvert la porte du lieu où étoit ce Corps, & qu'on vit auffi-tôt les Chats fauter deflus, & le lécher avec une fi grande avidité, que fi on les eüt laifié faire, ils l'auroient dévoré. C Ette année M. de Mairan expofa à l’Académie une nou- velle idée fur la Mefure de la Lumiére, dont M. Celfius, Profeffeur en Aftronomie à Stokholm, Favoit prié de faire part à la Compagnie. Nous avons déja dit quelque chofe fur ce fujet en 1726 * d'après M. Bouguer, mais M. Celfius y * p. 11. adjoûtoit une propofition importante, & qui peut étonner & fuir. d'abord les Géometres mêmes. À iÿ 6 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Un point lumineux quelconque étant placé à deux diffé- rentes diflances d’une furface qui reçoit directement fes rayons , la force ou intenfité de la lumiére en ces deux cas eft dans la raïfon renverfée des quarrés des deux diftances du point lumineux. Cela eft démontré, & très-facilement. M. Celfius n’a eu garde de n'adopter pas ce principe, mais fes expériences l'ont conduit d’un autre côté , & plus loin. I a tracé fur un papier trois pra Cercles concentriques, qu'éclairoit une Chandelle polée à une diftance du papier telle qu'on voudroit. Le papier étoit fur une Tablette immo- bile au bout d’un long Bâton divifé en degrés égaux, & une Tablette mobile percée d’un petit trou, qui fervoit de Pinnule où l'œil de l'Obfervateur s'appliquoit pour voir les Cercles du papier, pouvoit courir fur toute l'étenduë du Bäton appellé Lucimetre , & par-là mefuroit les diftances de 'Œil au papier, à l'Objet vü. L'Objet n'étoit cenfé vû, que quand les trois petits Cercles paroifloient également & fuffifamment dif- tinéts, & un peu d'habitude apprenoit bientôt à l'Œil à juger fürement de cette égalité ou /uffifance. H eft clair que cette diftinétion de Objet dépendoit de fa proximité ou à lŒi, ou au Point lumineux dont il étoit éclairé, c’eft-à-dire alors, à la Chandelle, M. Celfius ayant l'œil appliqué à fa Pinnule pofée fur un certain point du Lucimetre, voyoit lObjet, & fe mettant enfuite par rapport à cet Objet, à une diflance double de celle où il étoit d’abord, diftance qui fe trouvoit très-aifément par le moyen du Lucimetre, il ne voyoit plus. Il n'avoit d'autre moyen pour revoir de cette feconde flation où il étoit, que de rapprocher la Chandelle de l'Objet. Mais de combien la falloit-il rapprocher ? il ne s’étoit éloigné de cet Objet que du double, on eût cru naturellement qu'il ne falloit donc auffi en rapprocher la Chandelle que du double, mais on eût été bien loin du vrai, M. Celfius apprit par l'expérieñce qu'il falloit rendre la diflance de la Chandelle à Objet feize fois moindre qu'elle n'étoit. Les deux diftances fucceflives de TŒil à l'Objet avoient été r & 2, les deux correfpondantes DES SCIENCES. 7 de la Chandelle à l'Objet furent r 6 & 1. La même propor- tion s’eft toujours maintenuë dans les différentes expériences, c'eft-à-dire, par exemple, que comme r 6 eft la 4me puiflance de 2, ainfi fi les deux diftances de lŒül à Objet, prifes fur le Lucimetre, avoient été 1 & 3, il falloit rendre la diftance de la Chandelle à Objet 8 1 fois moindre qu’elle n’avoit été, parce que 8 r ef la 4° puiflance de 3. De-à naît un principe d'expérience. Maintenant les deux diflances de FŒüil à Objet ayant fait connoître celles de la Chandelle à Objet, c’eft de ces deux derniéres que dépend la force ou l'intenfité de a lumiére dont Objet a été éclairé. Ici s'applique le principe tout géomé- trique des quarrés des diftances que nous venons d’énoncer. Les diftances de la Chandelle à Objet ont été comme r & 16, comme 1 & 8 r, donc les intenfités correfpondantes de la lumiére fur Objet ont été comme 256 à r, comme 6561 à r. Des deux principes, Fun d'expérience , l'autre purement géométrique fe forme une Regle générale que les Géometres verront du premier coup d’cil. Voilà ce qui paroît furprenant. Pour voir le même Objet à une diflance double, ou triple, &c. il faut qu'il foit 2 56, 6561 fois, &c. plus éclairé, & il fuffroit par le principe géométrique des quarrés des diftances, qu'il le fût 4 fois, 9 fois, &c. davantage. D'où peut venir cette énorme diffé- rence ? Le principe géométrique n’eft que pour la lumiére directe répanduë immédiatement du Point fumineux fur une furface, ici il ne s’agit que d'une lumiére réfléchie. I eft vrai qu'il femble que la lumiére réfléchie devroit füivre la même loi que la directe, & ne perdre de fon intenfité que felon la raifon: des quarrés des diftances, mais ileft poffible que parce qu'elle eft réfléchie, affoiblie par la réfléxion, elle perde davantage en s'étenglant, & l'expérience prouve invinciblement que cela eft ainfi. De plus le principe géométrique fuppofe une fimple fürface fur laquelle là lumiére s'étend, mais fans agir fur elle, où du moins fans éprouver de f part aucune réfiffance, I VW. les M. p- 87- p.465: P- 545 p.581. p.535: P- 587° 8 HisToIRE DE L'ACADEMIE ROYALE n'en eft pas de mème de Œil, il réfifle jufqu'à un certain point à l'ébranlement que le Corps lumineux tend à lui caufer, il ne le prend pas tout entier, & par-là la perception de l’'Ame , qui eft alors ce que nous appellons proprement lumiére, eft moins forte. Peut-être démêlera-t-on ce que fa lumiére perd d’intenfité par être réfléchie, d'avec ce qu'elle en perd par agir fur nos yeux, en attendant il faut fe contenter de voir que l'effet total eft compliqué, & lon peut raifonna- blement croire d'avance que ce qui domine dans ce compofé, c'eft la perte par la réfléxion. On fçait, il y a déja du temps, que les rayons de la Lune, réunis par le Miroir ardent, n'y prennent abfolument aucune chaleur. Le rapport de la lumiére de la Lune à celle du Soleil a été bien examiné par M. Celfius, qui n’a pas manqué d'y appli- quer fa Méthode, & cela dans tous les états où la Lune peut fe trouver à l'égard du Soleil. En général il retrouve ce que M. Bouguer avoit trouvé en 1726 par une Méthode diffé- rente, la lumiére de la Lune eft 3 00000 fois plus foible que celle du Soleil, diminution prefque prodigieufe, & cependant affés bien conftatée. M. Celfius a promis de ne pas borner-là les ufages qu'il tirera de fa Theorie, on fuit avec plus de plaifir un chemin qu'on s'eft ouvert foi-même. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires Les Obfervations de M. du Fay fur les Parhélies. L'Ecrit de M. de Reaumur fur la Maniére de conferver les Œufs. Les Obfervations du Thermometre à Paris, comparées à celles de diñérents autres lieux par M. de Reaumur. Un Extrait de M. du Fay des Obfervations Météorolo- giques de M. Muflchenbroek. L'Obfervation d’un Parafelene par M. de Fouchy. Les Oblervations Météorologiques de cette année 173 5j par M. Maraldi MR, AA ANATOMIE, 11 DES Sox MC omis bi ca 10:0:0/0:0:0:0:0:0:0:0:0:00:0:0:0:0:0:0:0.0:00:010:010/0:0:0! ANATOMIE. A EAN ET TON | PAR LAQUELLE LES ENFANTS TETENT. M. Maloet ayant vü un Enfant nouveau-né qui ne vou- Joit point teter, quelque Nourrice qu'on lui préfentât, & qui par conféquent ne le pouvoit, felon toutes Îles appa- xences, découvrit, en lexaminant, qu'iln’avoit point dePalais. I manquoit tant des parties Offeufes qui forment cette Voute, que de la Membrane qui les tapifle, &, ce qui en eftune fuite, quand on lui regardoit dans la Bouche, on lui voyoit l’inté- rieur du Nés. Alors M. Maloet crut avoir trouvé la caufe du défaut de cet Enfant. Dans l'aétion de teter, lorfque l'Enfant fuce le Mammelon de fa Nourrice, il en éloigne l'air qui l'environnoit, & forme tout à l'entour dans fa Bouche un petit vuide. En même temps tout le corps de la Mammelle ef toüjours environné & preffé à l'ordinaire par Fair, & comme 1e Mammelon ne l'eft pas, . ou left moins, fe Lait doit fe porter dans ce petit tuyau, & foxtir par-là. Alors la Bouche fait l'office de Pompe afpirante. Mais il faut pour cela que la communication de Ia Bouche . avec le Nés foit interrompue par Îes Organes propres à cet ufage, car fi elle fubfifloit, L'air, qui pafle continuellement par le Nés pour la refpiration, entrant dans la Bouche de l'En- fant, iroit prefler le Mammelon, & par conféquent. empé- cheroit la fortie du Lait; la AT ne feroit plus l'office de Pompe afpirante, puifqu’ il ne fe feroit plus de vuide. .… C'eft de-là que M. Maloet tire les raifons qui ont empêché de teter V'Enfant né fans Palais. Sa Bouche & fon Nés com- nr toüjours enfemble. : Onétoit obligé dele nourrir de Lait qu on lui faifoit avale B VAE 1735: * V.les M. e- 47: to HisToiIRE DE L'ACADEMIE ROYALE en le verfant dans fa Bouche avec une Cueillere I ne vécut que quinze Jours. Quand M. Maloet eut expolé fon fentiment à l'Académie, M. Petit le Chirurgien ne convint point que l'Enfant ne püt teter *, & voici le précis de fes raïlons. es Un vuide dans la Bouche n’eft point abfolument néceflaire pour l'action de teter. Les femmes qui trayent les Vaches, font fortir le Lait par la feulé compreffion de feurs mains qu'elles conduifent l'une après l'autre du haut du Pis jufqu’en bas, en forte qu’une main reprend toûjours où l'autre a quitté. U n'y a À ni Vuide, ni Pompe afpirante. Qu'on examine bien un Énfant, il en fait autant. H faifit le Mammelon avec fes Levres qu'il avance en fermant la Bouche, & dont il fait une efpece de Canal charnu, qui ferre doucement le Mammelon. L’Anatomie démontre qu'il y a dans ce Canal des fibres de deux différentes directions, les longitudinales & les tranf- verfes qui font oxbiculaires. Avec les longitudinales auffi allongées qu’elles peuvent l'être, l'Enfant prend le Mammelon le plus près de la Mammelle qu'il peut, & quand ces mêmes fibres fe contraétent & s’accourciflent , elles amenent le Lait de la Mammelle dans le Mammelon. Pour les fibres tranf verfes, elles ne font que ferrer, mais plus ou moins. On voit aflés ce qui réfulte de la combinaïfon de Faétion , & des différents degrés d’aétion de ces deux fortes de Fibres. M. Petit adjoûte encore que le Mammelon étant plus gros à fon origine qu’à fon bout, äl glifferoit aifément hors de la Bouche de l'Enfant, & que pour l’en empêcher, l'Enfant eft obligé de reprendre le Mammelon plus haut, après quoi s’il glifle encore un peu, le Lait n’en eft que mieux conduit de haut en bas, Ce n'eft pas cependant que la compreffion des Levres , en y joignant même celle des Machoires de l'Enfant qui peut concourir avec elle, foit la feule caufe qui entre dans l'action de teter. La fuétion y a beaucoup de part. La Langue de YEnfant applique fon bout antérieur fous le Mammelon, & Tembrafle aifément , parce qu'elle eff très-molle, très-fléxible DE SP SterE NOCIÉIST el QY @ très-mince. Quand ce bout fe retire vers le fond de Ia Bouche; ül:fe fait fous 1e Mammelon un petit Vuide qui dé- termine le Lait à couler de la Mammelle, fans compter qué ce même mouvement dé la Langue aide encôre B° md to à celui du Lait. ! La Langue étant alors par ce bout aikéent une épée de | Pifon de Pompe afpirante, M. Petit prétend qu'elle eft auf par l'autre bout un Pifton de Pompe foulante, car après avoit conduit le Lait jufqu’au fond du Palais comme dans uneGou- tiére elle preffe contre ce fond, & Foblige à tomber dans TŒfophage. A peine at-elle hdhEVÉ fon coup de Piftomfou- ant pour avaler, qu'elle a déja recommencé Ses de Pifton afpirant pour fucer. IL eft poffible qu'elle foit privée de la fonction 4 Pifton * foulant, & qu'elle ne le foit pas de celle de Pifton afpirant ; en ce cas-là l'Enfant pourroit fucer , mais non pas avaler, & M. Petit foupçonna que celui, que M. Maloet avoit vü, périt par cette raïfon. De toute cette Théorie de M. Petit fur l'action de teter, il réfulte qu'un Enfant né fans Palais en eft capable, puifqu’il left & de comprimer le Mammelon avec fes Levres de la maniére convenable, & de fücer par le moyen de fa Langue. La queftion demeura pourtant encore indécife, car une décifion füre en Phifique eft bien rare. M. Maloet oppof des autorités. D'ailleurs il avoit certainement vû l'Enfant avaler, il ne mourut donc que faute de fucer. SUR LES REUNIONS D'INTESTINS. Li reflources de la Nature pour remédier aux maux qui attaquent le Corps humain, ne font pas à la vérité en auffi grand nombre que ces maux, mais elles font du moins én plus grand nombre que ne font quelquefois crü, même Îes plus habiles. Hippocrate a décidé par ur Aphorifme qu'un Inteftin grêle divifé ne fe reprenoit point, on {çait aujour- dhuï le contraire-par expérience, &'de plus cette éfpece de” Hif, 1735. * Bi V. les M P: 249e L. 2 p- 273. & fuiv. . 24e Edit, * P: 32: 33: 12 HisToiRe DE L'ACADEMIE ROYALE merveille eft toûjours allée jufqu'ici en augmentant. On eft quelquefois obligé de couper un Inteftin, parce qu'il s’eft pourri ou gangréné dans une Hernie qu'il formoit. On:a vû dans les Mémoires de 170 1 *, que dans ce cas-là M. Méry ayant coupé 4 à $ pieds d’Inteftin à une Fille, elle fut guérie, Elle ne rendoit plus fes excrements par 'Anus, puifque tout Je Canal inteftinal ayant eu vers fon milieu une partie entié- rement détruite, il n'y avoit plus de communication entre {a partie qui venoit de l'Eflomac & celle qui fe terminoit à FAnus; les matiéres qui vénoient de l'Eftomac auroient donc dû sépancher dans la cavité du Ventre quand elles feroient arrivées où a continuité du Canal manquoit, & par-là au- roient bien-tôt caufé la mort ; mais la premiére portion du Canal coupé, celle qui partoit de l'Eflomac, s'étoit collée par fon autre extrémité à l'ouverture de la playe qu'on avoit faite par l'opération de la Hernie, & cette ouverture avec une ifluë au dehors, étoit devenuë une efpece d’Anus artificiel qui fappléoit à l'autre demeuré fans fonétion , auffi-bien que la feconde portion du Canal coupé. L'Hifloire de 1723 * nous a appris de plus que les deux parties d’un Inteftin coupé dans une étenduë à la vérité beau- coup moindre, & aidées par Fart dont M. de la Peyronnie avoit ufé, fe font reprifes enfuite naturellement, & ont re- commencé à former un Canal continu, ce qui eff le comble du prodige en cette matiére. Voilà donc deux cas très-différents. Dans le premier, les deux parties du Canal inteftinal coupé reftent féparées, & il faut un Anus artificiel. Dans le fecond, elles fe rejoignent, & l'Anus naturel fait fa fonction. M. Morand explique de quelle maniére arrivent ces deux cas.. H faut pour l'un & pour l'autre que les deux bouts coupés de l’Inteftin foient attachés & aflujettis quelque part, on en. verra clairement la néceffité fi on les imagine libres & flot- tants. Naturellement des parties bleffées & fanglantes fe col- lent aux parties les plus voifines, fur-tout fi celles-ci font: bleffées auffr,, il fuffit même affés fouvent que les unes ou les. TUNER ONE PR ES MEME EN CUT Yutres foient enflammées, inflammation les rend plus vif- queufes par une tranfpiration plûs abondante des liqueurs dont elles regorgent. L’Inteftin gangréné dans la Hernie à toüjours près de fn quelque partie enflammée de l'Epiploon, ou du Peritoine, ou de l Anneau; il fe trouvera donc affés d’endroits où le bout coupé de F'Inteftin pourra fe coller, & où il demeurera aflujetti, j'entends dans le prentier cas le bout de fa premiére portion, qui fra l'Anus artificiel par où fortira ce qui fera venu de l’Eflomac. Pour l'autre bout qui va à 'Anus, & qui doit demeurer inutile, il faut l'aflujettir par art, s’il ne s’aflu- jettit pas de lui-même, pour le fermer enfuite entiérement, puifqu'il ne doit plus rien recevoir. C’eft ce que M. Littre a enfeigné dans les Mémoires de 1700 *. Dans le fecond cas, où les deux bouts coupés doivent fe reprendre, la grandeur de l'entre-deux qu'on aura emporté n’y fera point un obftacle, pourvû que ces deux bouts qui ont tous deux pañlé par l Anneau fe trouvent après l'opération encore aflés proches. M. Morand fait voir comment le mou- vement naturel de leurs Fibres tant fongitudinales que tranf- verfes & circulaires executera la réunion. Les longitudinales s'allongeant de part & d'autre, iront faifir peu-à-peu des points d'appui toûjours plus éloignés chacun en particulier de leur premiére pofition, mais par-Rà Fintervalle entre les deux bouts diminuera toûjours. D’un autre côté l'action des Fibres cir- culaires diminuera Île diametre de l'ouverture de chacun des deux bouts, les froncera, & rendant leur furface moindre, les difpofera à fe coller plus aifément dès qu’ils pourront fe ren- contrer. Quand le Canal aura repris fa premiére forme de canal continu, il y reftera par un endroit plus étroit, par un étranglement bien fenfble, la trace de l'accident qu'il aura efluyé. Ce n'eft point là une chofe devinée, quoiqu'elle eût pü l'être, M. Morand l'a vüë. - Comme cette réunion ne peut fe faire que lentement, on conçoit aflés que pendant ce temps-là les excréments fortent, mais tojours de moins en moins, par artificiel * n- p: 300. "& fuiv. 2de Edit, V. les M. P:435° *_ p.30. & fiv. p.435 & fuiv. r4 HIisToire DE L'ACADEMIE RoyarE par l'ouverture de la Playe, jufqu’à ce qu'enfin l'Anus naturel rentre feul dans fa fonétion. On voit auffi que ceux qui por- tent cet Inteflin réuni, doivent s’en fouvenir fans cefle, & fe foumettre à beaucoup de précautions génantes, mais pour peu qu'ils raifonnent, ils fe croiront encore trop heureux. SUR LA MANIERE D'ARRESTER LES HE MORRAGIES DES ARTERES SIMPLEMENT OUVERTES. N°: avons parlé en 173 3 *, d'après M. Petit le Chi- rurgien, de la maniére d'arrêter les Hémorragies qui viennent après l'amputation de quelque membre. Tout ce que peut alors la Chirurgie, eft d'empêcher l'écoulement du Sang par un Bandage, par une compreffron la plus commode & 1a plus avantageufe qu'il fe puifle, & de donner à la Nature le loifir & la facilité de former un Caïllot de fang qui formera entiérement l'ouverture de Ja grofle Artere qu'on aura coupées Mais fi en d’autres occafions, comme dans une Saignée, l'Ar- tere n’a été fimplement qu'ouverte, fera-ce la même chofe pour arrêter l'Hémorragie? Dans le cas d’un Tronc d'Artere coupé, le Sang qui con- tinuë de s’y rendre, ne doit plus y couler que jufqu’à l'endroit où il rencontrera une branche collatérale entiére dont il enfi- lera la route, au moyen de quoi la circulation s'achevera. De cet endroit où il fe détourne jufqu'au bout coupé, le Sang qui y étoit arrivé, eft ferré par le Bandage, il demeure fans mou- vement, il fe coagule, & devientle Bouchon, qui ayant acquis une certaine folidité, fermera fuffifamment l’Artere, quand on aura Ôté le Bandage. Ce Bouchon peut avoir quelque 5: ou 6 lignes de longueur , ä eft de figure à peu-près Cilindri- que, & fi avant que d’être affés folide, il a laïflé échapper au dehors plufieurs gouttes de fang, elle fe feront amañlées & coagulées autour de fon extrémité, & lui feront une efpece de couvercle extérieur qüi le débordera, & l'affermira fur le bout coupé de Artere. DES SCcirENCESs. 15 Dans le cas de l'Artere fimplement ouverte, & qui par conféquent n'a rien perdu de fon étenduë, le Sang doit couler encore comme il avoit toüjours fait, le Caïllot né- ceflaire pour la fermer ne peut être que de l’épaifleur de la membrane qui a été bleflée, épaiffeur très-peu confidérable, & comment un Caïllot pourra-t-il fe former malgré le mou- vement continuel & rapide du Sang , & comment y réfifte- roit-il tandis qu'il fe formera, étant toûjours fr mince & fi foible ? On fuppofe que dans ce cas-ci le Bandage aide toû- jours la Nature comme dans l'autre, mais la difhculté eft de {cavoir fi la Nature pourra agir fuffifamment. 1 eft bien fûr que le Bandage devra être beaucoup moins fort, puifqu'il faudra toûjours laifler couler le Sang dans l’Artere ouverte, au lieu qu'on l'arrête entiérement dans 'Artere coupée. M. Petit moins perfuadé que le Caïllot dût fe former dans un cas que dans l'autre, l'efpéroit pourtant dans le cas le moins be H comprenoit que fi dans l’Artere coupée le Bouchon étoit beaucoup plus fort & plus folide qu'il ne pouvoit Fêtre dans l’Artere ouverte, du moins dans celle-ci le couvercle du Bouchon feroit plus étendu & plus fort, parce que la compreffron modérée du Bandage feroit toûjours fortix hors du Vaiffeau, pendant la formation du Bouchon, beau- coup de gouttes de ce Sang qui couloit toüjours, & qu'il s'en feroit un couvercle beaucoup mieux conditionné que dans T'Artere coupée, où au contraire on empèchoit, autant qu'il étoit poflible, qu'il ne s’épanchât du fang au dehors. Or la partie du Caïllot que nous appelons le couvercle, eft très- importante par rapport à l'effet qu’on a en vüë ; placée au dehors, comme elle Feft, elle tient le bouchon plus ferme dans fa fituation, & lui donne plus de pied, de forte qu'il fe peut faire une efpece de compenfation entre deux Caillots, dont Fur aura le Bouchon plus fort & le couvercle plus foi- ble, & Fautre le bouchon plus foible & le couvercle plus fort. … De plus les Arteres étant couvertes & enveloppées d'une efpece de tiflu cellulaire fpongieux & aflés mobile, au lieu que leur Membrane propre eft plus ferme & plus fixe, il arrive 16 Histoire DE. L'ACADEMIE ROYALE que la Lancette qui en traverfant ce tiffu, va percer la Méin- brane, continue enfuite à aggrandir l'ouverture de la Mem- brane, tandis qu’elle ne fait prefque que pouffer devant elle le tiflu qui fe laifle mouvoir, & lui rélifte moins. Ainfi l'ou- verture faite à la Membrane eft plus grande que celle du tifiu, il ort plus de fang par l'une qu'il n'en peut fortir par l'autre, ce furplus de fang s'engage aifément, & s'arrête dans un tiflu cellulaire, il s'y coagule, & forme un Couvercle plus folide, & plus capable de foûtenir le Bouchon. À Naturellement M. Petit ne pouvoit faire autre chofe que s'en tenir à ces conjectures, qui peut-être parce qu'elles étoient trop fines & trop recherchées, en auroient été moins fuffi- fantes, mais le hazard lui mit heureufement fous les yeux ce qu'il n'avoit fait que deviner. If ouvrit le cadavre d’un Homme mort fubitement deux mois après avoir été parfaitement guéri d’ane ouverture à lArtere Brachiale. IT vit que les deux levres de la playe ne s’étoient point réunies, mais qu’il s'étoit formé entre deux un Caillot qui bouchoit exactement l'ouverture, & s’attachoit à toute la circonférence. Il avoit un couvercle en dehors. M. Petit conferva cette Artere, & il en a fait des expériences qui lui ont appris que le Caillot n’avoit rien perdu de fa confiftence, ni de fon adhérence à l'ouverture de l'Artere, pour avoir trempé deux mois dans l'Eau, & enfuite trois ans dans l'Eau-de-vie. Cela prouve que ce Caïllot eft fort analogue aux Cicatrices, & il doit l'être en effet, puif qu'il paroît formé comme elles des fucs deftinés à la nourri- ture des parties. OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. C EsT une opinion afiés établie, que la Bile contenuë dans la Véficule du Fiel, a été filtrée dans cette Véficule même par des Glandes répanduës dans l'intérieur de cette cavité, mais ces Glandes font plütôt fuppofées que vüës & .-démontrées, \ DES SCIENCES: 1 démontrées, & fi on donne ce nom à des efpeces de grains qu'on voit quelquefois, il n'eft nullement für que ces grains #éparent la Bile, puifqu'ils manquent dans la plüpart des Sujets qui ont ces Vifceres fains & exempts d’obftruétion. Quand ‘on a été bien convaincu que ces Glandes n'exiftoient point, on a imaginé des Vaïfleaux , des Conduits, qui alloient ra- mafler dans la fubftance du Foye toutes les gouttes éparfes de Bile qu'il contenoit, & les conduifoient jufqu’à la furface in- térieure de la cavité dé la Véficule où üls s'ouvroient, pour des verfer enfuite dans cette cavité; mais ces Conduits ne font pas plus démontrés que les Glandes, & il feroit difficile d’ac- corder ni les uns ni les autres avec un fait que M. Lieutaud, Médecin à Aix, & Correfpondant de l'Académie, a écrit à M. Winflow. . h I à trouvé dans un Cadavre, qu'il difléquoit, la Véficule du Fiel fi diminuée de volume, fi referrée, qu'il ne crût pas d'abord que ce füt cette Véficule. Son Col étoit bouché par une portion d’un corps noirâtre, à peu-près fphérique, de $ lignes de diametre, formé par couches, & de la nature des Pierres qui fe trouvent affés fouvent dans la Véficule ; l'autre portion de ce corps, & la plus groffé, étoit engagée dans une poche faite par l'écartement des deux Membranes dont la Véficule eft compofée. Celle-à ne contenoit que quelques gouttes d’une eau fort claire. Ses parois qui étoient très-blan- ches, paroiïfloient n'avoir jamaïs renfermé de Bile, & les parties voifines , ordinairement teintes en jaune, ne l'étoient point du tout. Le Canal Cyftique &le Pore Biliaire étoient - fort dilatés , & ce Canal étoit rempli de Bile jufqu'à en être engorgé. Le Foye étoit très-beau, bien conformé, fans aucune ob des mo Hub imb où voss eu Si des Glandes'féparoient la Bile dans la Véficule, où fr des Vaifleaux l'y apportoient, tout cela fe feroit fait dans la Véficule, quoique bouchée par fon col: Cet accident fingu- lier, accompagné de fes circonftances, doit donner des vüës pour découvrir d'où viendra la Bile. Il paroït déja qu'il faut qu'ellé-pañfe par le col de Ha Véficule, | 1°» JAN ET AUS EX RE C 18 Histoire DE L'ACADEMIE Rorarr F1 3 Le même M. Lieutaud ouvrant le Cerveau d’une fille de 18 ans, morte dans une frenéfie caufée par de violents maux de tête, trouva cette partie bien conftituée, à cela près qu'elle étoit un peu trop molle, mais les Ventricules étoient extré- mement dilatés, & contenoient au moins deux livres d'une liqueur fort claire. e Encore une obfervation du même. Un homme avoit un mal de tête très-violent avec de la fiévre. Il toufloit, & cra- choit du pus, & l'on ne douta pas qu'il n'eût un abfcès dans le Poumon. Il mourut en peu de temps. M. Lieutaud lui trouva le Poumon fort fain, tout le mal étoit à la tête, où les Sinus Sphénoïdaux, Frontaux & Maxillaires étoient rem- plis de pus au point de n’en pres contenir davantage. V. Un homme de $ 0 ans, très-connu dans Amfterdain, aflés fanguin & un peu mélancolique , ayant eu une Hémiplégie dont il eft très-bien revenu, fujet depuis plufieurs années à la Gravelle, dont ïl lui eft arrivé de rendre près d’une once à la fois, fut tout-à-coup, après un violent exercice de corps, faïfi d'une rétention d'Urine qui lui caufoit de vives douleurs jufqu’à l'extrémité de l'Uretre. Au bout d'un-peu de temps if fortit de ce Canal un corps nojrâtre, de la groffeur d’une plume d'Oye, & de la figure d'un Ver, qui ayant été tiré doucement, fut fuivi de la décharge de lUrine mêlée avec beaucoup de fang. Il étoit long de 20 pouces. Un quart d'heure après il en vint un fecond long d’une aune, & depuis ce temps-là , pendant quatre jours & quatre nuits, ileft toû- jours venu de demi-heure en demi-heure de pareils corps, inégaux en longueur, dont le plus long a jufqu’à 1 2 aunes. C’eft vifiblement du Sang auquel l'Uretre a fervi de Filiére, il fort très-brun , & devient plus vif en couleur, dès qu'il eft expolé à l'air. Sa fuperficie reprend par nuances fucceffives fà couleur naturelle, & la conferve enfuite dans l'Efprit de vin; de plus ce fang y-acquiert une grande ténacité. Ces faits ont (DES SCrTENCES : fa été écrits à M. du Fay par M. Tronchin, Médecin du Malade. On fçait que le Trou Ovale a une Valvule, qui dans le Fœtus laifle paffer le Sang d’une Oreillette du Cœur dans l'autre, & qui après Ja naïflance de l'Enfant fe colle peu à peu, à la circonférence de ce Trou, & ne permet plus cette com. munication qui étoit entre les deux Oreillettes. M. Hunauld . a fait voir à l Académie le Cœur d’un Sujet de $ 0 ans, où. cette Valvule collée exaétement, comme elle ES être, - à la circonférence du Trou Ovale, étoit percée dans fon mi lieu d'une ouverture d'environ 3 lignes de diametre, & par - _ conféquent donnoit au Sang un paflage d’une Oreillette dans l'autre, auffi libre qu'avant Îa naïffance, fi elle avoit toûjours été collée, & prefque auffi libre, fi elle ne l’avoit pas toüjours été. L'ouverture de la Valvule n’avoit été produite ni par un déchirement, ni par une fuppuration, & cela fe reconnoifloit facilement à {on rebord. Il eft néceflaire que le Trou. ovale foit ouvert dans le Fœtus qui ne refpire pas, mais il n’eft pas f.néceffaire qu'il. foit fermé quand on refpire. pe: VI. - M. Hünauld à fait voir auffr à Académie le Cœur d'une femme de 30 ans, où les Valvules de FOreillette gauche étoïent collées les unes avec les autres, &nelaïfloient qu'une ouverture très- médiocre au milieu du plan formé par leu réunion. Le Sang venu du Pournon dans cétté Oreillette, ne pafloit donc de-là dans le Ventriculé qu'avec difficulté, & par . cette raifon Oreillette forcée à s'étendté pour contenir beau- -coup de Sang’, étoit devénuë plus grande qu'elle ne doit être naturellement. II yavoitdés points, de petits commencements d'Offfication, en différénts endroits des Valvules réunies. La femme dont il s’agit étoit morte Phtifique ; le Poumon de- voit fe féntir de la difficulté qu'avoit le Sang’ à entrer dans le Véntricule gauche. M. Hunauld à dit qu'il avoit obfervé à péu-près 14 mêmé réunion des Välvules de l’Oreilletté droite dans'une Fille de 13 ou r4'ans ps HERO y 20 HisToire DE L'ACADEMIE ROYALE VE | Tout le monde fçait qu'il f trouve beaucoup de variétés dans la diftribution des Vaifleaux, même dans les T roncs les plus confidérables, en voici une que M. Hunauld a encore vûé. L'Aorte dans fa courbure donnoit d’abord un Fronç commun , qui { divifoit bien-tôt pour former les deux Ca- rotides ; enfuite partoit la Souclaviére gauche, & un peu plus bas partoit {a Souclaviére droïte, mais de la partie poftérieure de 'Aorte, d’où elle fe réfléchifloit derriére le Tronc com- mun des Carotides pour gagner le côté droit, & fournir en- fuite de ce côté-là fes Rameaux à l'ordinaire. VIII Un homme, dont la fanté avoit paru toûjours égale jufqu'à Vâge de 33 à 34 ans, devint fujet aux vapeurs. Elles ne furent pas violentes pendant 1 8 ans, mais il s'y joignit des palpitations de cœur dont il fut incommodé jufqu’à fa mort, qui arriva deux ans ou deux ans & demi après. Ces palpitations , legeres dans les commencements , de- | vinrent fi fortes dans la fuite, que l'agitation fe communi- le] quoit aux Côtes, & étoit fenfible aux yeux lors même que le Malade étoit habillé. Si l’on appliquoit a main à la région du Cœur, on la fen- toit fe foülever confidérablement. Les Arteres avoient leur battement proportionné à celui du Cœur, les Veines des parties fupérieures étoient fort gonflées. Les derniers jours de fa vie, fes jambes s'enflerent, & il devint Hidropique. M. dela Faye, Maître Chirurgien de Paris, en ouvrant fon cadavre, trouva la Poitrine & le Bas-ventre pleins d’eau, les Poumons fains, mais affaiffés, l'Epiploon fondu, les Inteftins dans leur état naturel, le Foye & la Ratte fains, mais un peu plus gros qu'ils ne devroient être, le Pan- créas très-gros, très-dur & fquirreux, les Veines de l'Eftomac fort groffes & remplies de fang ainfi que celles des extrémités fupérieures. Le Cœur pefoit plus de deux livres, il étoit f gros qu'il rejettoit vers la partie fupérieure de la Poitrine le Lobe gauche du Poumon ; il avoit à fa bafe 1 s à 1 6 pouces D'EASHISACAE NAGER S IT 2 de circonférence, fes deux Ventr icules étoient pleins de fang caillé, le droit étoit à peu-près de la grandeur ordinaire, mais le gauche qui devoit être-plus petit que le droit, étoit fi di- laté qu'il pouvoit contenir une chopine de liqueur, mefure de . Paris, cependant fes par ois n'avoient pas pérdu leur épaifieurs Le Péricarde, étoit un peu épais, exaétèment appliqué aù Coœur ; il avoit fur fa fuperficie,, du «côté: des. Côtes, une Tumeur grofle comme un petit œuf, & pleine de fang caillé. L’Aorte étoit offifiée à l'endroit. où elle fort du Ventricule gauche ; tous les autres Vaifleaux qui for tent de Ja bafe du Cœur étoient dans leur état naturel. PEN 1. M.de la Faye regarde Ia dilatation. extraordinaire du Ven- tricule gauche de ce Cœur comme un Anevrifme de:cette partie, & cette obfervation fournit une nouvelle preuve à ce si a été écrit fur cette Maladie par Lancifi & par M. Morand. 8) M. Fra a fait voir àla Céthpataiel Je Gosse d’un Sol- dat mort à F'H6pital de laCharité, d'unicoup d'Epée à la partie: antérieure datérale gauche de. Ja Poitrine. Îl fut trois jours fans aucun accident: grave ; le 4° jour’de la bleflure ,: il eut de la fiévre, & une fort grande difficulté de refpirer. Malgré tous les fecours qui lui furent donnés , il mourut ayant vécu 9 jours & 4 heures après fa bleffüre. -1 On ouvritle cadavre, on vit que le coup d'Epéé qui en- toit au deflous du Mamelon gauche , dans la Poitrine; entre la jme & la 6me des vrayes Côtes à deux travers de doigt du Sternum, perçoit le Péricarde à fa partie antérieure, traver{oit le Ventricule droit du Cœur à fa partie inférieure près fa pointe, perçoit le Péricarde à Ja partie oppolée, le Diaphragme- & le Foye à un pouce deprofondeur. Il yavoit du Sang dans lé Péricardé ; un petit caillot deSang dans la playe du Cœur, & environ trois demi-feptiers d’une{érofité purulente dans chaque côté de la Poïtrine. IL eft étontfant qu'un homme ait pû vivre fi dong-temps le Cœur bleflé. … JXtA MI OILPONS } à 1MZampolle F Chiaurgien en M. le Die de Guafllla, 2 À C ii V. les M. P: 123. R200 P:379- 22 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE écrit à M. Morand le fait fuivant, dont il citoit plufeurs témoins. | Domenica B.. . fille de baffe condition , âgée d'environ 20 ans, couchoit avec une autre fille qui auroit voulu faire avec elle des fonctions dont elle étoit incapable. Elle fe fervit d'une groffe Aiguille d'Os à tête, de la longueur d'un doigt , qui dans’ une aétion païticuliéré entre les deux compagnés; entra par l'uretre de Doménica, & tomba dans la Veflie. Peu dé jours après, Domenica commença à n’uriner que goutte à goutte, & avec detrès-grandes douleurs. La honte de déclarer fon avanture lui fit cacher fon mal pendant cinq mois, mais enfin maigriffant & ayant de la fiévre, elle eut recours à un Chirurgien, qui ayant introduit le doigt dans le Vagin, &c ayant fenti une dureté, découvrit avec un inftrument un bout de F Aiguille, emporta les matiéres pierreufes qui étoient à l’en- tour, & crut avoir fait une bélle opération, mais la Malade continuant d’être dans le même état, & n'ayant eu par cette manœuvre aucun foulagement, M. Zampollo fut appellé. IL introduifit la Sonde dans 1 Veffie, qui étoit déchirée 8 ulcérée du côté du Vagin, & il fentit un corps dur; pour fou: lager les vives douleurs, il ft prendre à la Malade beaucoup d'Huile d'Olive, & quelques jours après la pierre qui s'étoit formée autour! de Aiguille parut à l'orifice du Vagin par le trou fait à la Veffie, &'on latira avec la main fans V'aide d'au- cun inftrument.: une incontinence d'Urine , & de temps en temps de legeres inflammations dans ces parties. oi INSY renvoyons ‘éntiérement aux Mémoires - N La defcription anatomique de Œï du Cocq-d'In par M. Petit le Médecin. MANS) 1 HOTTES Deux Obfervations Anatomiques de M. Winflow, la pre- miére fur une Contorfion involontaire de la Tête, la feconde fur une roideur douloureufe au Col, &c. : L'Examen de quelqueÿ' parties d'ün Singe par M.Hunatld. ©: Le" dà DE :S 4 SCIE NUCAEIS A | 123 DO EE PEER SEE TERRES CHIMIE (SUR LE SEL ARMONIAC N Ouys avons dit en 1720 * comment Forigine inconnuË v. Jes M. N du Sel Armoniac, qui nous. vient du Levant, avoit été p. 106.414 conjecturée par M. Geoffroy en 171.6, & comment deux ES Relations d'Egypte nous, avoient enfuité appris-qu'il avoit GP, 4° deviné jufte, Le Sel Armoniac eft formé de la Suye-de Boule de Vache qu'on brüle au dieude bois. I eft incertain fi on y adjoûte du Sel Marin , il y a plus d'apparence que non, car iln'yeft point néceffaire. Le Sel Armoniac eft un Sel concret donton fçait très-certainément que l'Acide eft celui du Sel Marin, & l'Alkali un Alkali volatil urineux, tous deux pro- venus de la Boufe brülée & élevée en Suye. + Si lon veut tirer du Sel Armoniac fon Acide de Sel Marin, ‘on employe un Acide Vitriolique reconnu pour plus puiflant que. celui du Sel Marin, il enleve à cet Acide par fa fupé- ) riorité de force l'Alkali qui étoit {à bafe où fa matrice, il en fait la fienne, & l’Acide du Sel Marin , alors dégagé & libre, pañle dans la diftillation. | toi tb s alu + $i au contraire on veut: tirer du Sel Armoniac fon Alkali volatil, on employe des fubftances-Alkalines qui agiffent fur fon Acide de Sel Marin, qui l'abforbent & le retiennent, & auffi-tôt l’Alkali s'envole à la moindre.chaleur. : : : :. Cet Alkali qui s'eftenvolé, peut paroître dans le Vaifieau Sublimatoire fous deux formes différentes, où. en forme fi- quide, & alors c’eft un £fprit, ouen forme féche & de Sel concret; quelquefois il paroït fous toutes les deux, c'eft-à-dire qu'une partie de cettematiére alkaline fublimée. eft-fous une desces formes, & d'autre partie fous l'autre, C'eft fur quoi. roulent une grande partie des expériences de M, du Hamel, qui a beaucoup travaillé fur le Sel Armoniac. ko y * p. 35. niv * p.38. & fuiv. 24 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE On a déja vû en 172 1 * une petite Théorie qui montre Ja poffibilité des deux formes fous efquelles les Alkali urineux du Sel Armoniac monteront dans la diftillation, mais tout ce fujet va être traité plus amplement d’après M. du Hamel. Hfaut pour tirer du Se Armoniac , l Alkali, qui en eft fa partie la plus précieufe & Ja plus recherchée, diftiller ce Sel avec un intermede alkalin qui arrête fon Acide, & par confé- quent les plus puifflants Alkali, les plus fixes, feront les meil- leurs pour cette opération. M. du Hamel a employé le Sef de Tartre, le Sel de Sonde, la Craye, la Chaux. Tous ces intermedes, horfmis la Chaux, donnent le Sel volatil urineux en forme féche. I n’y a pas lieu de s'étonner de cette forme, ces fubftances naturellement privées d'humidité, avoient en- core été defféchées avant l'opération. Mais ce qui pourroit furprendre un peu, c'eft qu’elles ayent quelquefois donné plus d’Alkali volatil qu'il n’y avoit depoids de Sel Armoniac, dont cependant cet Alkali étoit forti, fans compter qu’il devoit être refté au fond du Vaiffeau tout l Acide retenu par l’intermede, & qui avoit fait partie du poids total du Sel Armoniac. Nous avons cru en 1723 * que la grande quantité de Sel volatil que M. Tournefort , & encore plus M. Geoffroy, avoient tirée du Sel Armoniac, étoit fort re- marquable, parce qu'elle approchoït beaucoup de celle de ce Sel mis en diftillation, ici elle va au de-là. On imaginera fans: peine qu'il faut que le Sel urineux foit affés volatil pour en- lever avec lui quelque portion de fon intermede, quelque: fixe qu'il puifle être. t Refle à fçavoir pourquoi la Chaux eft {a feule matiére de fon efpece qui employée dans la diftillation du Sel Armoniac pour intermede, fafle monter le Volatil urineux en forme Hi quide, en Efprit. Il en monte peu, & rien en forme féche, & s'il ne monte rien en forme liquide, ce qui arrive quelque fois, il ne monte abfolument rien, au lieu qu'avec les autres intermedes il peut monter plus que le poids du Sel Armoniac,» On fçait que ce qui s'appelle un Efprit, ce font desSels qui: ont été diflous par une Eau, du moins par quelque humidité» _ del D'ESVSCrTENTCE Ss' 2$ de la matiére mife en diftillation , & qui en montant, ont emporté leur diflolvant avec eux. La Chaux, quoique privée d'humidité par l'opération qui la renduë Chaux, en a pu conferver aflés pour fournir au peu d’Efprit que l’on tire en Yemployant, & quand on n’en tire point, c'eft qu'elle a été parfaitement defléchée. En effet on n’a qu'à l'arrofer d'Eau, & il viendra beaucoup plus d'Efprit, & avec tant de facilité, que le moindre feu y fufhra. … Maïs enfin tout cela n’explique point encore pourquoi la Chaux differe des autres intermedes, en ce qu’elle ne fait rien * monter en forme féche. M. du Hamel repréfente que par fa formation non feulement elle eft dépouillée d’Acides, & dé- nuée d'humidité, mais encore des parties graffes qu’elle pou- voit avoir, foit par les Coquillages dont elle auroit été faite, foit par le Bitume naturel des Pierres, qu’elle eft extrêmement avide de reprendre tout ce qu'elle a perdu, qu'elle s’eft chargée d'une infinité de particules de feu, qu'avec ces particules elle - peutagir fur la matiére urineufe, & par conféquent grafle, qui eft en fi grande abondance dans le Sel Armoniac, foit qu'elle fe l’unifle intimement, & de maniére à ne la plus laiffer échap- per, foit qu’elle la décompole, & en quelque forte la brûle.’ Ce qui paroît confirmer beaucoup cette conjecture, c’eft que M. du Hamel ayant pris 4 Gros d’Efprit urineux tiré du Sef Armoniac par la Chaux, & l'ayant mis en diftillation fur r Gros d'autre Chaux, il a eu un peu de Sel volatil concret. - Cette Chaux en fi petite quantité par rapport à celle de a graiffe de l'Efprit urineux dont on l’avoit /aoulée, n’avoit plus été en état d'empêcher que de l'Efprit qu'on avoit verfé il ne fe formât un peu de Sel en forme féche. I eft aifé de con- clurre avec M. du Hamel que par la Chaux même on tireroit du Sel Armoniac un Sel volatil en forme concrete, pourvu que la quantité du Sel Armoniac fût plus grande jufqu’à un . certain point que celle de la Chaux. l L'Efprit & le Sel volatil concret étant tous deux tirés du Sel Armoniac, il eft clair que l'Efprit fera le plus pénétrant, & aura le plus d’odeur. I n’eft point lié comme le Sel à une RIZ. V. les M. p. 262. & 385. 26 HIisToiRE DE L'ACADEMIE RoYyA1E maticre naturellement fixe, & il peut plus aifément aller frap- per l'Odorat en fe dégageant du fluide qui le porte. Le Sel en forme féche eft fi volatil, que: mis fur la Pelle rouge, il fe diffipe entiérement., quelque fixes, que foient: les matiéres où il a été incorporé, Heft toñjours plus volatil qu'elles ne font fixes, & il les emporte avec lui. Quoique par cette expérience il paroïffe aflés que l'union qu'il a.contractée avec ces matiéres eft la plus intime qu'il fe puifle, & la plus propre pour faire un Sel véritablement concret, M. du Hamel n'a pas laiflé de s'en affürer encore, par d'autres expériences. Il a éprouvé auffi que cette union. étoittrès-difhcile àrompre, que ce Sel concret ne fe décompofe prefque pas. IL n’eft pas indifférent avec quels intermedes on.diftille Le Sel Armoniac. Il faut fur-tout qu'ils ne contiennent ni Acide Nitreux, ni Acide Vitriolique. Le premier rencontrant la partie grafle & fulphureufe du Sel Armoniac, pourroit faire une détonation,, & cafler les Vaifieaux; le fecond, qui eften- core plus dangereux, pourroit dégager une. portion du Sel Marin qui fe rejoindroit au Sel volatil où ilne doit pas entrer, & de plus il formeroit avec la matiére grafle-un Soufre volatil d'une odeur très-defagréable, qu'il eft bon de ne pas laifier, fi on peut, à un Remede. Le Bol a un Acide vitriolique, & eft par conféquent à rejetter. LeGipfe a donnéune liqueur fumante d’une odeur infupportable. Enfin fans entrer dans un plus long dénombrement, le Sel de Soude, & fur-tout la Craye, font les deux intermedes dont M. du Hamel s’eft le mieux trouvé, encore faut-il du choix à la Craye, & n'en faut-il pas à tout, quand on fe propofe d'approcher de la perfeétion ! SU ROLE SC PI PEROU RES UELLE matiére a été plus entre les mains des Chi- miftes, plus examinée, plus tourmentée par eux, que le Vitriol, & toutes fes efpeces? cependant M. Lémery trouve encore fur ce fujet de nouvelles obfervations à faire, & une Théorie prefque toute nouvelle à établir, NB HNSÈNTE NÉ ST à Tout Vitriol eft un Sel moyen où concret formé de deux principes, dont Jun eft un Acide nommé visriolique, parce qu'on le réconnoît par fes effets pour différent des autres Âcides, l'autre eft une bafe qui le porte , une matricé où il eft engagé. [ne s’agit que de déterminer quelle eft cette bale où matrice, & quelles font les circonftances dé fon union avec PAcide, car pour? Acide lui-même il eft bien aïfé à connoître, & bien connu. - Cértainement Ie Vitriol vert a pour bafe une matiére fer- rugineufe. Nous ivons expliqué aflés au long en 1707 *, * p. 40. d’après M. Lémery, comment {Encre fe fait de cette matiére. & fuiv. La :bafe du Vitriol bleu ou de Cipre eft du Cuivre. Ce n'eft pas qu'il foit für que ces bafes ne contiennent que du Cuivre ou du Fer, maïs il left du moins que ces Métaux y dominent, & que les deux Vitriols en donnent l'indice par leur différente couleur. Si un Vitriol avoit une couleur qui tint également . du vert & du bleu, ou s'il avoit du vert & du bleu féparés, én”feroit bién‘fondé à juger qu’il contiendroit du Fer & dù Cuivre. | : NH y a un Vitriol rouge, qu'on appelle Chalciis. Ï eft rare & cher. M. Lémery n’en ayant eu qu'en trop petite quantité “pour en pouvoir faire plufieurs expériences différentes, en fit fondre fucceflivemént au Miroir de feu M. Ie Duc d'Orléans quelques petits morceaux qui étoient d'un rouge brun, & tous devinrent des boules noirés d’un Fer fi'véritablement Fer, que le Couteau aimanté lés attiroït. Aïnfi le vert & le rouge du Vitriol annoncent également le Fer. Un autre morceau de Chalcitis mêlé de rouge, de jaune, de vert, de blanc, a été le fujet & d'opérations & de réflé- xions plus curieufes. M. Lémery en a fépaté les parties dé différentes couleurs autatit qu'il l’a pu, il a verfé fur toutes dé la décottion de Noix de Galle, & toutes oht donné à Vinftant de l’Encre d’un beau noir & du même noir, marque indubi- table de Fér également dominant malgré la différence des couleurs. rai ‘Sur cela M. Léméry a 'euune penféé qui ne doit pas étre D ji 28 HisToiRE DE L'ACADEMIE RoyazE affée fous filence. Le Vitriol le plus vert étant calciné, de- vient blanc, &, comme on le peut bien juger, il n'en conferve pas moins fon Fer. Si on pouffe encore a calcination, il prend du jaune, & enfin du rouge. I ya donc beaucoup d'apparence que le Chalcitis dont il s’agit, qui étoit naturel, avoit reçu dans le Laboratoire de la Nature, une calcination inégale felon que fes différentes parties avoient été par elles- mêmes différemment difpofées à la recevoir, ou différem- ment expofées à l'action du feu fouterrain. I étoit originai- rement vert en fon entier, & il eft aifé de voir ce qui devoit être arrivé enfuite par la calcination naturelle. Cette conjec- ture devient un fait par les expériences de M. Lémery, il a calciné de nouveau quelques parties blanches de fon Chalcitis, & elles ont pris le jaune & le rouge, qui font les derniers états de couleur pour elles. IL eft à remarquer que c’eft l'Eau contenuë dans le Vitriol vert qui lui donne cette premiére couleur par a grande quan- tité qui s'en trouve dans ce Minéral. Auroit-on cru qu'elle fait feule plus de la moitié de fon poids ? comment peut-elle s'y cacher fi-bien à nos fens! c'eft pourtant un fait très-avéré, Que l'on diminuë jufqu'à un certain point, par la calcination, cette quantité d'Eau contenuë danse Vitriol, H devient blanc, & fi on veut qu'il redevienne vert, on n’a qu'à lui rendre, en le diflolvant, l'Eau qu'il a perduë. Cette alternative de blan- cheur & de verdeur durera avec l'alternative de calcination & de diflolution, jufqu'à ce qu'enfin le Vitriol fe décompole, & devienne indiffoluble à l'Eau, parce que fes Acides qui feuls {e diffolvoient, fe font dégagés de leur bafe ferrugineufe en affés grande quantité. Cependant il y en refte encore aflés pour la faire paroître fous la forme d'une Rouille jaune ou rouge, qui n'eft pas alors attirable par l’Aiman, & ne le de- vient qu'après avoir perdu par un feu de fonte le refte de fes Acides, & pris une couleur noire. De ce que le Vitriol vert devient blanc par la feule fouf- traction d’une partie de fon Eau, & n’en eft pas moins Vitriol, il fuit qu'il y aura un Vitriol naturel originairement blanc, DES SCIENCES. de pourvû qu'il ait été calciné en blancheur dans les entrailles de la Terre, ou qu’il ne foit entré dans fa premiére formation qu'une quantité d'Eau trop petite pour aller jufqu'au vert. C'eft de quoi la Chimie peut s’affürer parfaitement, L'Huile de Vitriol & YEfprit de Vitriol contiennent lun & l'autre l'Acide qui pénétre le Fer, & le change en Vitriol, mais Huile le contient très-concentré, très-peu mêlé de parties aqueufes, & l'Efprit au contraire. L'Huile verfée fur de la limaille de Fer en fait un Vitriol blanc, & ne le fait que len- tement, l’Efprit en fait un Vitriol vert, & p'omptement. La différente quantité de parties aqueufés ne fait pas feulement à la couleur, mais à la vivacité de l’action des Acides. On pourra donc aifément faire un Vitriol blanc auffi-bien qu'un Vert, & la Nature en fait aufi un tout-à-fait femblable, mais ce Vitriol blanc naturel n’eft pas le plus commun, M. Lémery a mème fait voir qu'il étoit fort rare, & que le Vitriol blanc naturel ordinaire & fort commun différoit du premier, 1° parce qu'avec la Noix de Galle le premier fait une Encre très-noire, & que le fecond en fait une qui n'eft que brune. 2° Parce que le premier Vitriol blanc naturel fondu dans l'Eau, & criftallifé enfuite de l'évaporation de Ia liqueur jufqu'à pellicule, n’eft plus blanc, mais vert, au lieu * que le fecond Vitriol blanc naturel diflous dans l'Eau, & e- paré de même du liquide par l'évaporation, fe retrouve toû- jours dans le même degré de blancheur qu'il avoit avant fa diflolution. 3° Parceque quand on verfe de Y'Huile de Tartre par défaillance fur une difolution du premier Vitriol blanc dans l'Eau, il fe fait auffi-tôt un Coagulum verdâtre , au lieu qu'il s'en fait un blanc avec l'Huile de Tartre verfée für la folution du fecond Vitriol blanc. M. Lémery rend raifon de ces différences par la grande quantité d’Alun qui fe trouve naturellement mélé avec du Vitriol de Mars dans le Vitriol blanc ordinaire ; & ce que l'analife lui a fait découvrir fur la dofe d'Alun contenuë dans . ce Vitriol blanc naturel, d'où naïffent les propriétés expéri- mentales de ce Vitriol, la voye de a compofition le lui à D ii o HISTOIRE DE L'ACADEMIÆE ROYALE auffi parfaitement manifeflé ; car en mêlant une certaine quantité de Vitriof de Mars & d’Alun, il en réfuite un tout qui, avec la Noix deGalle & l'Huile de Tartre par défaillance, eft parfaitement fufceptible des mêmes effets que de Vitriol blanc ordinaire, ou le fecond Vitriol blanc naturel. S'il y a de l'Alun dans ce fecond Vitriol blanc, pourquoi n'y en auroit-il pas aufli dans les autres efpeces de Vitriols naturels? c’eft auffi ce que les expériences de M. Lémery lui ont fait appercevoir fur les Vitriols d'Angleterre & d’Alle- magne, mais il a remarqué que le Vitriol blanc naturel con- tenoit beaucoup plus d’Alun que ceux d'Angleterre & d'AI- lemagne, qui font des Vitriols verts, & que celui d'Allemagne en contenoit plus que celui d'Angleterre. L’Alun fe décompofe plus difficilement par la diftillation que le Vitriol. Ainfi lorfque dans un Mixte formé de Vitriof & d’Alun, le Vitriol s’eft décompofé , que fon Acide, du moins pour la plus grande partie, a quitté fa bafe ferrugi- neufe, qu'il ne refle que la Tête-morte du Vitriol, ou le Colchotar, qui n’eft plus alors difloluble , on trouve encore de lAlun en fon entier, & qui a toûjours confervé fa folu- bilité dans l'eau, maïs ce n'eft pas là tout ce qu'il y en avoit dans le premier Mixte, car dans le même temps que tout le Vitriol s’eft décompofé, il s'eft décompolé aufli une certaine portion de l'Alun, & la Tête - morte de cette portion eft confonduë dans le Colchotar. On ne fçait donc pas préci- fément quelle étoit dans le Mixte la dofe de l’Alun par rap- port à celle du Vitriol. Pour le fçavoir avec plus d’exactitude; M. Lémery a décompofé pendant le même temps, & au même feu, deux quantités égales d’Alun pur & de Vitriol de Mars pur. L'opération étant finie pour le Vitriol, elle ne létoit pas encore pour l'Alun, il'en reftoit, par exemple +, qui n’étoit pas encore décompofé, en voilà afiés pour donner une proportion par laquelle on jugera combien dans le Mixte où il entre de l’Alun & du Vitriol, il s’'eft décompofé d'Alun pendant l'entiére décompofition du Vitriol, & combien il faut par conféquent adjoûter d'Alun à ce qui en éft reflé Lio mE. Si Ste v5 N°cis 5, 3t d'entier &. de non décompolé, pour avoir fa quantité totale. I fe trouve par cette méthode, que le Vitriol d'Allemagne contient près de trois fois plus d’Alun que le Vitriol d'An- gleterre, & près de deux fois moins que Îe Vitriol blanc. Si le Vitriol d'Angleterre en a 1, celui d'Allemagne en à à peu près 3 , & le Blanc 6. = Dans le Vitriol d'Angleterre, l'Alun eft au Vitriol comme 1 à16, ou en ef, de forte qu'il eft —- du Vitriol d'Alle- magne, & -£ ou + du Blanc. On peut être füurpris, non pas qu'un mélange fifort fe trouve dans un Mixte formé en quelque forte au hazard dans les entrailles de 11 Terre, mais que ce mélange ait été fi long-temps ignoré. On ne foupçon- noit pas non plus P’Alun du Vitriol d'AHemagne, ni de celui d'Angleterre. La nature de ces trois Vitriols étant mieux connu, les différents accidents qui leur doivent arriver fe peuvent aflés prévoir. La décoétion de Noix de Galle féra un plus beau noir furléVitriol d’ Angleterre que fur les deux autres, peut- être cependant égal für celui d'Angleterre & für celui d’Alle- magne, parce que la différence n’en fera pas affés fenfible aux yeux, mais toûjours fürement plus beau fur fe Vitriol d'An- gleterre que fur le Blanc. L’'Huile de Tartre blanchit la Solu- tion d’Alun, & en précipite une matiére blanche & terreufe, &avec le Vitriol qui n'a que du Fer, elle fait un Coagulum verdâtre, il eft aifé de voir ce qu'elle fera avec un Mixte compofé d'Alun & de Vitriol, & cela flon les différentes dofes de ces deux Mineraux. Le Mixte peut encore être plus compofé que nous ne Vavons imaginé jufqu'ici. 11 peut contenir du Vitriol bleu avecile vert, c’eft-à-dire du Fer & du Cuivre. Autant que le Fer pris intérieurement eft utile, autant le Cuivre, de l'avis unanime des Médecins, eft nuifible. I y a donc bien plus que de la curiofité à rechercher foigneufement le Vitriol bleu qui peut être caché dans les Vitriols que lon employe en Médecine, & à ne Fy pas laiffer inconnu, mais M. Lémery n'a prefque fait encore qu'efeurer très-legerement ce dernier füjet, & promettre qu'il le traitera, V. les M. Par # p- 30. & fuiv. *Ip422: & fuiv. 32 HisToiRe DE L'ACADEMIE RoxALE SUR LES" EAUX DE FORGES. U NE occafion, où il s’agifloit d’une fanté extrêmement précieufe, a mis M. Boulduc en état de fe faire apporter à Paris, avec toute la diligence poffible, une auffi grande quan- à tité d'Eaux de Forges qu'il voudroit, & de les examiner avec tout le foin que méritoit un Remede auquel on à fi fouvent recours, & encore plus l’augufte Perfonne qui en ufoit. On a vû en 1726 * &en1729* a que M. Boulduc avoit fait fur les nouvelles Eaux de Pafly près de Paris, &, fur celles de Bourbon’ Archambaut. Tout fon art de les exa- miner, confiftoit à féparer fi délicatement les différentes ma- tiéres contenuës dans ces Eaux qu'elles fuflent confervées en. leur entier, ou le moins altérées qu'il füt poffible, enfuite à les confidérer chacune à part, & à conclurre, quand il le falloit, de celles qu'il voyoit celles qu’il ne pouvoit voir , mais ui leur étoient néceflairement liées. II a voulu tenir, à l'égard | q ; des Eaux de Forges, la même conduite dont il s'étoit bien. | trouvé, mais fes premiéres tentatives ne lui ayant pas affés | réuffi, il n’a appliqué d’abord fa méthode qu’à un Sédiment que laiffe dans fon Canal ou Rigole Ÿ Eau de la Source appellée la Royale, qui eft la feule fur laquelle il ait opéré. Ce Sédi- ment eft un amas confus de toutes les matiéres que l'Eau avoit emportées avecelle, & qui s'en étoient féparées d’elles-mêmes,. parce qu'elles ne pouvoient fuivre fon cours-jufqu'au bout. C'eft une premiére opération déja faite par la Nature, & épargnée à l'Art: Ce Sédiment, féché feulement à Fair, a fait voir qu'il contenoit des parties ferrugineufes que le Couteau aimanté attiroit. Des Acides foit Végétaux, foit Minéraux, verfés fur! ce même Sédiment, ont caufé une fermentation aflés vive, donc ils ÿ rencontroient une matiére Alkaline:& abforbante. Après la fermentation il a paru une concrétion criftalline &c, particuliére, qui a été reconnuë pour être formée de ces mêmes particules ou Sels de Sélénite, qu'on trouve auffi dans les Eaux DES (SC 1e N ces 3 les Eaux de Pañy & de Bourbon*. Voilà trois connoïffances * P es endroits bien füres, qui n’ont prefque rien coûté à M. Boulduc, trois efpeces de points fixes auxquels il a dirigé les recherches qu’il a faites enfuite fur les Eaux mêmes, car il devoit y trouver ce qu’il avoit déja vü, & n’y rien trouver qui ne s’accordât avec ce qu'il avoit vü. | Le Fer invifible dans l'Eau, y étoit donc diflous très-fine- ment, & il n'y pouvoit être fous cette forme à moins que d'y avoir été apporté dans un Vitriol dont l'Eau s'étoit chargée. Les matiéres Alkalines & abforbantes contenuës auffi dans TEau, avoient enlevé à ce Vitriol fon Acide, & en avoient privé le Fer, qui n’étoit plus que du Fer extrèmement atténué. Le Vitriol décompolé n'étoit plus dans l'Eau fous la forme de Vitriol, quoique ce qui l'avoit compolé y füt encore, il m’avoit plus l’odeur ni la faveur qu'on lui connoït. L’Acide Vitriolique s'étant uni à une certaine Terre, avoit fait la Sélénite, ‘qui n’eft auffi difficile à difloudre qu'elle l'eft, que parce que la quantité de la Terre eft fort grande par rapport à celle de l'Acide. S'il fe trouve dans l Eau un Sel de Glauber, comme il s'en trouve en effet dans l'Eau de Forges, auffi-bien que dans les autres dont nous avons parlé, c'eft que ce même Acide Vitriolique aura rencontré une bafe de Sel Marin, & sil a rencontré cette bale ; il y avoit apparemment dans cette Eau du Sel Marin décompolé, & on y découvre effective ment du Sel Marin. Ce Sel eft ordinairement accompagné de Bitume, & cette Eau donne des indices de Bitume incon- . teftables quand elle eft réduite à une aflés petite quantité & concentrée par le feu. Elle a amertume defagréable, & Y'odeur du Bitume, fes particules de Sélénite en font rouflies, Les dofes de ces différentes matiéres font fi petites, qu'il eft prefque étonnant qu'on les y puifle démêler. Selon le Calcul de M. Boulduc, le Sel Marin n’eft que 7 du vo- lume de l'Eau, le Sel de Glauber n’en eft que © C’eft par ces dofes, plus que par la qualité des matiéres, que les Eaux de Paffy, de Bourbon, doivent différer entre elles, car on voit qu'il n'a tiré que les mêmes matiéres de Hif, 1735. E cités ci-deffuss V. les M. P- P- P- P: 12e Je 221. SUIS 34 Histoire DE L'ACADEMIE RoyaLE toutes les trois. Quand on en connoïtroit précifément les différentes dofes, la comparaifon ne donneroït pas beaucoup de lumiére fur la différence des vertus, quand même on fup- poferoit qu’elle y füt bien exactement proportionnée, il fau- droit toüjours en revenir à l'expérience, qui ne peut jamais elle-même être exacte. Ette année le Parlement ayant fait honneur à l Aca- y démie, par Arrêt du $ Juillet, de lui demander fon avis für une préparation de FOrfeille des Canaries par le S* la Fon, T Académie répondit qu’elle n'avoit pu la comparer qu’à celle d'Auvergne, qui eff la feule qui s'employe à Paris, & qu'elle avoit trouvé par fes expériences que celle du S' la Fon don- noit, tant fur la Laine que fur la Soye, une couleur beaucoup plus belle & plus vive que celle d'Auvergne, réfiftoit mieux aux épreuves du débouilli, contenoit plus de matiére colo- rante, & par-là foifonnoit beaucoup plus. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L’Analife du Zinc par M. Hellot. Une Suite de l'examen du Kermès Minéral par M. Geoffroy. Une Suite de lAnalife du Zinc par M. Hellot. La derniére partie de Jexamen du Kermès par M. Geoffroy. L Hanné (TS D'EtSs: 1 SCT: EN ICHEuS 35 DODPODOCODOODEDOS BOTANIQUE. SURUNE, ÆSPECE, DE PRUN E SINGULIERE. OurTEs les Prunes ont un Noyau offeux ou ligneux, dur en un mot, &une Amande enfermée dans ceNoyau. L’Atnande contient le Germe oula Radicule, d’où il viendra ün Prunier, quand on aura mis cette femence en terre, &c il eft très-naturel, & prefque néceflaire, de penfer que le Noyau eft fait pour empêcher l Amande de fe pourrir trop tôt, pour lui donner le loifir de ne fe développer qu'avec la lenteur néceflaire, pour conferver pendant ce temps-là fes parties huileufes qui fe difliperoient , & même pour fournir de fa opre fubftance à la Plante naiffante une nourriture conve- nable, car il fe réfout à la fin en une poufhére très-fine. : On n'a jamais vû de Prunier dont les fruits n’euffent {eur Amande dans un Noyau, de quelque Greffe qu'ils fuffent venus, & en géneral on ne fçait point qu'aucun art, aucune préparation ait pü priver de cette partie digneufe, des fruits i da devoient avoir pour enveloppe de leur Amande. Cependant M. Marchant a-fait voir à l'Académie des Prunes dont l'Amande n'a point de Noyau, elles viennent d’un Prunier qui n’en porte point d’autres, & les porte depuis 20 ans. L’Amande, au lieu d'avoir un Noyau, eft couverte d'une peau rouffâtre, rude au toucher, & d’une feconde peau intérieure fort blanche, fine & tranfpar ente. L’Amande en elle-même n’a rien de particulier, mais elle porte toüjours fur fa furfacé extérieure, & toûjours du même côté, & à une marquée, un petit corps très-dur & offeux ; plus ou moins ‘crénelé de petites dents aiguës fur fa partie convexe, gros: de:x digne de diametre fur 6 à:8 de longueur , courbé E ij V: les M, Pe 373° | 6 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE en faucille, nullement adhérent à l Amande. On croiroit que ce feroit là le Noyau défiguré par quelque accident, & devenu monftrueux, mais cela eft conftant & uniforme. Sera-ce la peau de Amande qui fera dans ce fruit la fonc- tion de Noyau ! elle y paroîtroit propre, parce qu'en effet elle fe détache aifément de la pulpe, de la chair de la Prune. Si cela n’eft pas, le petit corps dur, offeux, ne feroit propre, à cette fonétion que par fa dureté, & du refte il ne le paroît en aucune façon. Si ce n’eft ni l'un ni l'autre, ce Prunier ne fe perpétuera pas, & fur cela M. Marchant a été conduit par l'analogie des Animaux, à pen{er qu’il pouvoit y avoir en fait d'Arbres des Mulets, des Jumars, des Arbres nés d’une conjonction de tel Sauvageon & de telle Greffe, qu'ils fuflent incapables de produire leur femblable. On ne connoïît point l'origine de ce Prunier, & rien ne s’oppofe à la conjecture. M. Marchant a appliqué des Greffes de ce Prunier fur des Sauvageons, ilen a mis des Boutures en terre pendant plufieurs années confé- cutives, rien n'a réuffr, voilà la ftérilité bien marquée. Ce- pendant fon Amande a germé, & on fera bien attentif à obferver les jeunes Arbres qui en viennent. Ils décideront la queflion, ou peut-être la rendront encore plus embarraffante, Marchant a lu la Defcription ée De lEpimedium. C. B. Pin. 9 3 3. Epimedium quo- rumdam. J. Bauh. T. 2. 391. Du Lepidium latifolium. C. B. Pin. 97. Et du Lepidium Pauli. J. B.T. 2. 940. Pañlerage. M le Controlleur général ayant fait l'honneur à lAca- . démie de lui demander fi elle jugeoit à propos qu'on hiffät entrer dans le Royaume du Quinquina femelle, qui differe du Quinquina ordinaire, en ce qu'il laifle fur la langue bien moins d'amertume, & qu'il eft plus épais, plus fpongieux, & garni en dedans de filaments ligneux, la Compagnie a répondu qu'on n'avoit reconnu à ce Quinquina, par l'ufage « D'E S: SCIE NC E:S. 37 médicinal, aucune mauvaife qualité dont l'autre fût exempt, mais qu'il étoit feulement beaucoup plus foible, que par-à il perdoit l'avantage très-confidérable, & ineftimable en plu- fieurs cas, de pouvoir arrêter promptement la Fiévre : que fi on le laifloit entrer , on n'en verroit plus d'autre, parce qu'il coûteroit moins, que dans le plus grand befoin de bon Quin- quina on Îe prendroit aïfément pour tel, fur-tout quand il feroit en poudre, & qu'enfin en le défendant févérement, on n'en auroit encore que trop, mais toüjours beaucoup moins que fi on l'avoit permis. A GEOMETRIE. NIOu renvoyons entiérement aux Mémoires À Un Ecrit de M. Ciairaut pour répondre à un autre de M. Fontaine. 1 Î LOGLGY JA 7 Eiÿ V. les M. Pe 577: V. les M. P- 32. 38 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLE BEBE MERE RER ED M M MERE RE PE À SLR NO ME E. SUR. LA DETERMINATION DE L'EQUINOXE. M Bouguer, en partant pour le Voyage de l’'Equateur; entrepris à limitation de ceux qui n’ont encore été faits qu'en France pour la Mefure de la Terre, propola uné Méthode qu’il-avoit inventée, & qu'il devoit pratiquer dans Je Pérou, pour déterminer le moment de l’Equinoxe, & par-là l'élévation de l’Equateur, en quelquelieu que ce fût, avec plus de précifion que l’on ne fait ordinairement. Une Lunette portée où par un Obfervateur qui eft debout, où fur un Pied, eft dans un plan perpendiculaire à la furface de la Terre, & par conféquent dans celui d’un grand Cercle; & comme la diftance d’un point de a furface de la Terre à fon centre n’eft rien par rapport à celle des Aftres, les deux extrémités de la Lunette ne peuvent être dirigées qu'à deux points diamétralement oppofés , c’eft-à-dire, entre lefquels foit compris tout le diametre de 1 Terre, ou en général celui d’un grand Cercle‘de la Sphere. Je fuppofe qu’on puife voir par les deux bouts de la Lunette ; il eft certain alors que ft je vois par un bout un certain point déterminé, celui que je pourrai voir par l'autre bout lui fera oppolé diamétralement ; fi le premier eft un point de l'Equateur, le fecond fera un autre point de l'Equateur, fr le premier efbun point du Tro- pique de Cancer, le fecond fera un point, non de ce même Tropique, mais de celui du Capricorne. Pour appliquer ceci aux oblervations du Soleil, il faut fçavoir comment on y détermine des points. Le Soleil étant eonçu divifé par deux diametres, l'un horifontal, l'autre ver- tical, l'extrémité de horifontal qui eft vers leNord, s'appelle 11 2 L HAL DE S::$ CG JE Ni CHE ss, 39 le Bord Septentrional , Yantre eft le Méridional ; Vextrémité fupérieure du diametre vertical, quand le Soleil fe leve, ef le bord Oucidental, parce que ce bord arrivera le premier à TOccident , l'autre eft l'Orienral, 1 Le jour de l'Equinoxe, car on en fçait toñjours le jour, &il ne s'agit que de l'heure & du moment, fi au lever du Soleil on a pris fon-bord Septentrional avec la Lunette fup- polée, ce qu'on aura fait en faifant toucher ce bord par un fil vertical du Micrometre de la Lunette , & fi douze heures après au coucher du Soleil, fans qu'on ait abfolument rien changé à la Lunette, on y voit le bord Méridional touché par le même fil vertical, on en conclurra que ces deux bords font donc à l'oppoñité l’un de l'autre dans un grand Cercle qui coupe l'E quateur très-obliquement, & quele centre du Soleil quieft à égale diftance de ces deux bords, a été dans l'Equa- teur précifément à Midi, qui {era l'inflant de l'Equinoxe. , # Dans cette Méthode on a l'avantage dé n'avoir pas befoin _de la connoïflance du diametre du Soleil, qui eft ordinaire- ment néceflaire, & rarement bien füre, De quelque grandeur que puifle être ce diametre, le centre eft toûjours entre Les deux bords qu'on a pris, & c’eft ce centre qui eft ou dans Equateur au moment de l'Equinoxe, ou hors de-là à une certaine diftance de l'Equateur, qu'on appelle déchinaifon. : Le cas où le centre du Soleil eft dans l'Equateur précife- ment à Midi pour le lieu où l’on eft, eft unique, & par conféquent très-rare. Hors de ce cas on ne pourra plus pren- dre le foir dans la Lunette immobile le bord Méridional tou- chant le fil vertical, comme le bord Septentrional le touchoit le matin, ce bord Méridional fera ou en de-cà ou au de-là du fil. S'il eft en de-cà, le centre du Soleil ne féra airivé dans Equateur qu'après midi, s'il eft au de-là » ce centre y fera arrivé avant midi, & plus il fera en de-cà ou au de-R, plus le centre fera arrivé tôt ou tard par rapport au midi. Il eft vifible qu’il faut alors, en faiffant la Lunette dans fa direction, faire mouvoir de fi vertical, de forte qu’il vienne à toucher le bord Méridional, & comme cé mouvement fe fait par la 40 HisrToiRE DE L'ACADEMIE Royare Vis du Micrometre, dont on connoït exaétement la gran4 deur des tours, & leur rapport aux efpaces céleftes , & le rapport de ces efpaces aux temps dans lefquels ils font décrits,» on fçaura exactement le moment de l'Equinoxe où le centre du Soleil étoit dans l'Equateur. Les Aftronomes comptent pour un avantage, d'être obligés d'employer le Micrometre, parce-qu'il mefure les petites grandeurs avec plus d'exaétitude que les autres Inftruments ne mefurent les grandes. Or les petites font les feules importantes quand il s’agit de l'extrême précifion , & les grandes ne font jamais fi bien mefurées que quand elles le font par les petites qui les compofent, bien connuës. Si Ton ne faifoit pas l'obfervation dont il s’agit, le jour même de l'Equinoxe, on la pourroit faire en tel temps que, le centre du Soleil étant trop éloigné de l’Equateur, le champ de la Lunette feroit trop petit pour contenir en même temps le bord Méridional du Soleil & le fil vertical du Micrometre, quelque mouvement qu'on eût donné à ce fil. Alors il fau- droit en donner à la Lunette elle-même, & changer fa di- rection jufqu'à ce que fon champ püût comprendre enfemble les deux objets que lon veut. Mais la quantité de ce change- ment de la Lunette étant connuë, on raifonneroit à peu-près comme on à fait fur le changement de pofition du fil vertical: Tout cela fuppofe une chofe impoflible, ou qui du moins n'eft pas, il n'y a point de Lunette par les deux bouts de la+ quelle on puifle obferver, fi on a vû un point de l'Horifon par un bout, & qu’on veuille voir enfuite le point oppofé fans déplacer la Lunette, il faut néceffairement lui faire faire un demi-tour {ur fon centre, afin que le même bout parioù Yon à déja obfervé, fe retrouve à Œül de l'Obfervateur: Mais M. Bouguer a imaginé lexpédient de:contrepointer deux Lunettes, c’eft-à-dire, de les pofer exactement ou l'une fur autre, ou lune contre l'autre, de maniére que le bout de Yune par où l’on ob{erve, réponde au bout oppolé de l'autre; moyennant quoi elles font l'effet d'une feule Lunette condi- tionnée comme il faudroit. foi En DES, SC1'EMN CES En obfervant le Soleil levant ou couchant le jour de TEquinoxe, ou à peu-près, on a des arcs de l Horifon com- pris entre l’Equateur & le centre du Soleil, qui ne font pro- prement que des amplitudes ortives où occafes, mais que lon peut prendre fans erreur fenfible pour des arcs de déclinaifon, pourv que l’oblervation fe fafle dans un lieu aflés proche de l'Equateur. Ce feroit une grande commodité dans {a pra- tique, & qui épargneroit des calculs & des réductions péni- bles. Aufli fut-ce en fe préparant au Voyage du Pérou, que M. Bouguer imagina cette nouvelle Méthode, pour s'en fervir en ce pays-là. Par la comparaifon qu'il en fait aux autres Méthodes connuës, il trouve qu’elle donnera le moment de l'Equinoxe avec 80 ou 100 fois plus de précifion. Ce n'eft pas là un profit à négliger. < > nat RO TA TT ON "DES CORPS CELESTES. D ANS le Sifteme des Tourbillons on a toûjours concü, & on a dû concevoir, que les Planetes faifoient {eurs révolutions autour du Soleil, emportées par le grand Fluide où.elles nageoient, de forte que leur vitefle étoit précifément égale à celle de la couche de ce Fluide où elles fe trouvoient enfermées, car chaque Planete ne reçoit fa viteffe que de cette couche, & par conféquent n’en peut pas avoir une plus grande, elle ne peut non plus en avoir une plus petite qui durât, puifque par l'accélération continuelle qu'elle recevroit de fa couche, elle feroit bientôt amenée à l'égalité. Demême les Planetes, qui, outre leurs révolutions annuelles autour du Soleil, en ont de journaliéres fur leur axe, ou des rotations, ne, peuvent avoir dans ces rotations qu'une vitefle égale à celle de la couche dont leur furface eft immédiatement tou- chée. Le Soleil lui-même, qui n’a point de révolution an- nuelle, mais feulement une rotation, doit fubir cette Loi. :: Cependant il fe trouve qu'elle n’eftsjamais obfervée dans Hifl, 1735: | E V. les M, P: 453 * V. DHift. de 1732. P-73- & fiv, 42 HisrToiRe DE L'ACADEMIE ROYALE toutes les rotations connuës. La Regle de Képler, qui donne les rapports entre les diftances des Planetes au Soleil & leurs révolutions autour du Soleil, donne par-là les rapports de leurs vitefles égales à celles des couches où elles nagent, & même toutes les vitefles abfoluës en années, jours, &c. puif- | que l’on connoît les vitefles abfoluës de la Terre. Or en appli- quant cette Regle, voici ce qui en réfuite. Le demi-diametre du Soleil eft roo fois plus grand que celui de la Terre. On a donc la diftance d’un point quel- conque de fa furface à fon centre, qui eft celui de toutes les révolutions annuelles & de fa rotation. Sur ce pied-là, en prenant une révolution quelconque connuë, on trouve qu'un point de la furface du Soleil doit faire fa rotation en 2 heures 41’, & l’on voit par les Taches qu'elle ne fe fait qu'en 25 jours + à l'égard des Etoiles fixes, auxquelles il faut ici la rapporter. Le centre de la Terre étant le centre d’un T'ourbillon dans lequel la Lune fait une révolution connuë , un point de la furface de la Terre comparé à la Lune, devroit faire fa rota- tion en moins de 1 heure+, & il ne la fait qu'en 24 heures. De même il fuit de la révolution des Satellites de Jupiter autour de cette Planete, qu’un point de fa furface, dont la diftance au centre eft connuë, doit faire fa rotation en moins de 3 heures +, & ïl ne la fait qu’en 9 heures $ 6”. On ne peut guere encore rien dire des autres Planetes. On ne connoît point de rotation à Mercure. On laifle celle de Venus comme pouvant être encore douteufe dans fa quan- tité*, Mars a une rotation bien conftante, mais il n’a point de Satellite, qui fafle connoître quelque révolution dans le T'ourbillon particulier qui lui appartient. Saturne a des Satel- lites, mais point de rotation connuë. Aiïnfi à en juger par tout ce que l'on fçait jufqu’à préfent, les rotations des Corps céleftes ne s'accordent nullement , dans le Sifteme des Tour- billons , avec la Regle de Képler, fi inviolable d’ailleurs dans tout le Ciel. C'eft-là une des plus fortes objections que l’on ait faites .< - DIE S S° CIE N CE: 43 contre le Sifteme Cartéfien, & M. Caffini a entrepris d'y répondre. Nous avons déja vû par plus d’un exemple, que ce Sifteme ef fujet à efluyer de violentes attaques, & aflés accoûtumé à n'y pas fuccomber. La Regle de Képler s’obferve entre les différentes couches d'un Fluide, qui fe meuvent indépendamment les unes des autres, & avec différentes vitefles proportionnées à leurs différentes diftances au centre commun. Mais elle ne s’obfer- vera pas entre les parties d’un Globe folide, liées les unes aux autres ; au contraire dans ce Globe les couches fphériques auront d'autant plus de vitefle qu'elles feront plus éloignées du centre du mouvement, & dans le Fluide elles en avoient d'autant moins. Si la Terre étoit plus groffé qu’elle n’eff, il eft certain que fa furface feroit touchée par une couche du Fluide de l'Ether, dont la viteffe feroit moindre que celle de la couche dont on la fuppofe touchée dans l’état préfent, & par conféquent fa rotation feroit de plus de 1 heure +, & enfin on peut fup- pofer la Terre fi groffe, que fa rotation feroit de 24 heures. Alors toutes fes parties ne circuleroient toutes également qu'en 24 heures, & la Regle de Képler ne feroit pas violée par ces parties, qui ne feroient qu’un même T'out folide, : + Une Atmofphere qui fe tiendra toûjours attachée à [a Terre, & n'aura de rotation que 1a fienne, fera, quant au point dont il s’agit, le même effet que fi 1e Globe folide de la Terre étoit réellement plus gros. La derniére furface de cette Atmofphere, plus élevée que celle du Globe, fera tou- chée par une couche d'Ether plus lente, qui imprimera un moindre mouvement de rotation. au Tout formé du Globe terreftre & de l’'Atmofphere. 53 * ILeft certain que l'Atmofphere eft une efpeced'enveloppe qui n'abandonne jamais la Terre, & circule précifément en même temps qu'elle. Sans cette parfaite égalité de temps dans a durée des deux rotations, on fentiroit toûjours au haut des grandes Montagnes ; comme fur le Pic de T'énériffe, un Vent foit d'Orient en Occident, fr Ja Terre alloit plus vite que Emi F p 3e 44 HIisToiRE DE L'ACADEMTE ROYALE 'Atmofphere, foit d'Occident en Orient , fi l'Aimofphere alloit plus vite que a Terre, & ce Vent feroit d'autant plus violent que l'inégalité des deux mouvements feroit plus grande. Or l'air eft auffi tranquille fur fe Pic de Ténériffe que par tout ailleurs. La vitefle par laquelle la Terre décrit une circonférence de 200 millions de Lieuës en 3 65 jours, & par conféquent plus de 6 Lieuës en 1 Seconde, eft fi prodigieufe, par rapport au Vent le plus violent, qui dans ce même temps ne fait que 10 Toifes, que fi l'Atmofphere n’avoit pû la fuivre, il y a long-temps qu'elle l'auroit abandonnée ; peut-être ne l'auroit- elle pas accompagnée pendant un jour. Refte à fçavoir fi Y Atmofphere peut être afés haute pour aller rencontrer une couche de Y'Ether qui ne lui imprime qu'une rotation de 24 heures. On trouve aifément, par a Repgle de Képler, à quelle‘ hauteur, par rapport au Soleil, doit être la couche quirn’a que cette vitefle, & enfuite quelle hauteur elle aura par rapport à la Terre. 11 en réfulte que l'Atmofphere aura bien roo0o Lieuës de hauteur. Toutes nos expériences vont toûjours de plus en plus à augmenter la hauteur de l Atmofphere, & en dernier fieu nous'avons vû en 1733 *. li falloit déja que cette hauteur allât Zier au de-là de 500 Lieuës, mais il paroit que 20 fois au de-là ce foit beaucoup. Il eft fort poffible cependant que ce foit f'ima- gination feule qui s'effraye, parce qu’elle n’eft pas encore accoûtumée à cette idée. Que l’on conçoive le demi-diametre de la Terre ou des 1 $00 lieuës qu'il a réellement , ou ‘de 20000, ce n'eft prefque.également rien par rapportaux 3 3 millions de Lieuës dont eft le demi-diametre de l'Orbe de la Terre. sat À On na point encore cherché ce qui arrive quand un Tourbillon fluide, comme notre Atmofphere, & qui fe main- tient toûjours comme elle, eft enfermé dans un Tourbillon plus grand, dont il reçoit fon mouvement. Peut-être fa der- | miére couche ne peut-elle pas prendre toute la vitefie de celle. du grand T'ourbillon dont il eft touché immédiatement ,.& IDE 7 SPC TUE NTCTE IS 45 en ce cas il ne féroit pas néceflaire que la hauteur de notre Atmofphere füt fi grande. Toûjours eft-if bien certain pre- miérement, que quand on a trouvé la rotation de la Terre fi éloignée de la Regle de Képler , on a confidéré {a Terre nuë, & que cependant il doit y avoir du changement quand on {a confidérera revêtuë d’une Atmofphere qui ne la quitte point, -& en fecond lieu que ce changement doit aller à augmenter Ia durée de fa rotation, & à la rapprocher de la Regle de Képler. :1 Sur les mêmes principes qui viennent d’être employés pour la Terre, M. Caflini calcule quelle doit être la hauteur dé l Atmofphere du Soleil , afin que la lenteur de fa rotation, telle qu'on lobferve, rentre dans la Regle. II fuffit que cette hauteur foit de 3 7 demi-diametres du Soleil. On fçait que fon demi-diametre eft 100 fois plus grand que celui de la Terre, & l'Atmofphere fera de $ millions $oo mille Lieuës. Ici if fe trouve le contraire de ce qu'on a trouvé à l'égard de la Terre, PAtmofphere du Soleil eft beaucoup trop petite, puif que la lumiére Zodiacale, qui eft cette Atmofphere, s’étend certainement plus loin que ka Terre*, qui eft à 33 millions * V.lHif, du Soleil. de 1732. M. Caffini répond à cette difficulté, qu'il eft fort poffible P° 3:64 que la lumiére Zodiacale s'étende beaucoup au de-là de l’At- mofphere du Soleil proprement dite, qui ne fera qu'un amas des vapeurs & des frunées du Soleil les plus grofhéres, dont da pefanteur les aura empêché de monter plus haut. Un pareil amas paroît plus propre à compofer une Atmofphere qui ne fe détache point du Corps central, & qui ait affés de folidité pour donner prife à l'impreffion d'où réfulte ki rotation. L’Atmofphere du Soleil, telle que la pofe M. Caffini, ne ! - s’étendroit qu’à la moitié à peu-près de la diftance de Mer- cure au Soleil. De plus M. Caffini fait cette réfléxion, que {4'Atmofphere du Soleil enveloppoit les Planetes même les ælus proches, fon mouvement de rotation troubleroit ces mouvements fr réguliers &:fr bien proportionnés que les couches de l'Ether impriment aux Planetes, _. effet laRegle F ii 6 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE de Képler, Loi fondamentale de f Aftronomie, demande que toutes les couches de l’Ether ne foient muës que du mou- vement général d'un grand Fluide, où tout fera en équilibre, & d’autres mouvements confidérables, qui fe complique- roient avec celui-là, dérangeroïient cette harmonie des Cieux fi conftante & fi exacte. Il eft donc convenable que la vraye Atmofphere du Soleil n’aille pas jufqu'à Mercure. Jupiter ne produit aucune difficulté. Son Atmofphere fera élevée d'environ 34 mille lieuës au deflus de fon centre, & de 19 mille au deflus de fa furface, car fon demi-diametre eft de 1 $ mille lieués. On obferve dans Jupiter deux fortes de Taches, les unes fixes & permanentes, les autres variables & pañlageres. Les unes appartiendront à fa furface, & feront comme des Mers, les autres appartiendront à fon Atmo- fphere, & feront comme des Nuages, ce qui fera plus naturel que d’imaginer dans le corps folide de Jupiter des change- ments trop violents & trop brufques. Voilà, comme nous l'avons déja dit, les trois feuls Corps céleftes qui puiffent entrer dans la recherche de M. Caflini. Saturne lui échappe, parce qu'on ne connoît point fa rota- tion ; fi on la connoiïfloit, il y a toute apparence qu'elle feroit trop lente par rapport à la révolution des Satellites autour de Saturne, & on détermineroit a hauteur qu'une Atmofphere de Saturne devroit avoir pour fatisfaire à la Regle. Pour fup- pléer à ce qui manque ici, M. Caffini fuppofe à Saturne une Atmofphere dont la hauteur foit la même que celle de ’An- neau, qui eft connuë, & fur ce pied-là Saturne fera fa rotation en 1 jour $h 19’. Il feroit bien heureux qu'on parvint un jour à lui en découvrir une, qui ne fût même qu'un peu approchante de celle-là. Toûjours c'eft une grande préfomption en faveur du Sif- teme de M. Caffini, que toutes les rotations que l’on connoiït, & qui peuvent être calculées par la Regle de Képler, foient trop lentes, & que la fimple confidération d’une Atmofphere ou conftante par le fait, ou plus que vrai-femblable par l'ana- logie, fafle tout rentrer dans la Regje, DES SCIENCES. 47 SUR LA FIGURE DE LA TERRE. dr TTE matiére déja aflés amplement traitée en 1734, n’y a pourtant pas été épuifée, On y a propofé de nou- veaux projets pour décider la queftion, & on a rendu compte de projets executés. L'Académie fit réfléxion que les 8 degrés L en latitude, mefurés atuellement & géométriquement fur l'arc du Méri- dien, qui paflant par Paris, traverfe toute {a France, pou- voient ne pas fufhre abfolument pour déterminer fi la T'erre eft ellipfoïde, & principalement en quel fens elle left. En effet les Newtoniens ne fe rendoient pas encore, & il eft vrai que leurs raïfonnements, & ceux qu'avoit faits M. Huguens, purement fpéculatifs, mais très-dignes de confidération, de- mandoient le Sphéroïde applati contraire à lallongé qui ré- fultoit des mefures Françoifes. On penfa donc que la queftion feroit terminée, fi lon pouvoit avoir ou quelques degrés de l’Equateur que l'on compareroit à un pareil nombre de degrés d'un Méridien, ou feulement un nombre fuffifant de degrés d'un Méridien pris dès fon interfection avec l’Equateur, pour comparer enfuite ces degrés à ceux que l’on avoit mefurés dans l’étenduë de la France. If n’étoit poffible, dans l’execu- tion d'aller chercher l'Equateur, qu’au Pérou fous la domi- nation d'Efpagne, & fi dans un femblable travail qu'on avoit fait feulement de Paris à Strafbourg, on avoit trouvé des obftacles nouveaux, imprévüs, & prefque capables de faire tout manquer, que ne devoit-on pas trouver dans le Pérou, dans un pays inconnu, horfmis les Villes qui y font très-rares, dans de vaftes marécages, dans des Forêts fans routes, dans des Montagnes inacceffibles ? Que ne devoit-on pas craindre & des différents lieux où il plairoit à la ligne droite qu’on fuivroit , de jetter les Obfervateurs, & des Habitants qu'on y _pourroit rencontrer, capables de faire regretter les Deferts? Cependant Mrs Godin, Bouguer & de la Condamine s’en- gagerent à cette entreprife, qui malgré les faveurs du Roi, V. les M. P: 98. 48 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE & la protection que promettoit le Roi d'Efpagne, étoit toûs jours très-courageufe. Ce fut en ce temps-là que M. de Maupertuis donna une Formule géométrique, qui, dans la fuppofition que la Terre fût un Ellipfoïde quelconque, faifoit voir tout d'un coup tout ce que lon pouvoit tirer de certaines chofes connuës par obfervation ou par melure actuelle. La Formule comprenoit la relation néceflaire de ces cinq chofés entre elles, des deux Axes, du 1°" degré de latitude pris fur un Méridien depuis fon interfeétion avec l’Equateur, un autre degré de latitude quelconque, le Sinus de ce 24 degré. Il eft bon que ces deux degrés foient pris affés éloignés, afin que leur différence, s'il en a, car le Sphéroïde pourroit être une Sphere, foit fen- fible, & il eft bon auffi que chacun ne foit que de la petite étenduë d’un degré, afin que la différence foit apperçüë auffi- tôt qu'il fe pourra, & entre des grandeurs d’ailleurs égales. Cela pole, il eft évident que toute la nature de l'Ellipfe étant renfermée dans le rapport de fes deux axes, fi on a ce rapport, on en tire auffi-tôt celui du 1°* degré de latitude & d’un autre quelconque, &conféquemment de fon Sinus, c'eft-à-dire, par exemple, que fi on a le rapport de l'axe de la Terre au diametre de fon Equateur, on trouvera celui d'un 1° degré de latitude au 24, au 3m, &c. & quels feront pour chacun les angles de latitude ; car ils s’appelleront 1°", 24, 3e, &c. par une divifion inégale faite fur une Ellipfe, & non par la divifion égale qui mefure les angles fur un Cercle. Ainfi fi par le rapport connu des axes de l'Ellip{e, on fçait quel eft celui du 1°" degré de latitude fur 'Ellipfe au some, on fçaura en même temps que ce $0®° appartient, par exe. à ce que nous appellons le 49m degré de latitude. Si lon fait des mefüures aétuelles fur le terrain, les Voyageurs fcau- ront jufqu'où ils doivent aller pour trouver une certaine inégalité de degrés telle qu’ils voudront, & s'ils font parvenus jufqu'au lieu de cette inégalité connuë, ils fçauront quel fera le degré de latitude de ce lieu. Il eft aifé de voir que l’on trouvera réciproquement Îe rapport DAMMDITE 2% MS CHIC ENVICS RNA 49 rapport des deux axes de l'Ellipfe par quelques rapports que l'on connoîtra entre les autres grandeurs renfermées dans 1 Formule de M. de Maupertuis. I a été encore plus loin. Ia vû qu'il devoit y avoir dans PEllip{e un point , ou plütôt un certain arc où l'inégalité des degrés feroit plus grande que par tout ailleurs. Il a cherché paryles Regles:connuës ce plus grand, il Va tiré de à For- mule, & a déterminé le Sinus de l'angle de la latitude, où il fetrouve. On fçaura donc encore le lieu ou plütôt les lieux où lon doit aller pour découvrir plus aifément ce que l’on cherche, & avoir befoin d’un moindre nombre d'opérations. IL eft vrai que Texpreflion de ce Sinus eft aflés compliquée, mais il n'importe, la Géométrie en à fait fon devoir. La grandedificulté eft que certainement les deux axes de la Terre font très-peu inégaux. Qu'eft-ce que le rapport de 577 à 578 felon M. Huguens, où de 229 à 230 felon M. Newton, qui feroit entre le diametre du Méridien & celui de Equateur ? Qu'eft-ce que le rapport de 65 79 368 à 6510796, qui dans l'opinion oppolée fera, felon M. Caflini, entre les mêmes diametres ? L | : «La difficulté dont il s'agit eft telle que les 8 degrés 1 de latitudequetient la France, atuellementmef urés,neparoiflent pas encore tout-à-fait fuffifants pour levér l'incertitude. M. de Maupertuis fait réfléxion , que quand on 2 eu entre les mains, pour ainfi dire, cette vafte étenduë de Terrain connuë par la fuite des opérations Trigonométriques , il n’a pas été entiérement indifférent en quels lieux on plaçitles opérations Aflronomiques qui devoient correfpondre aux Trigonomé- _triques. Cela va s'expliquer. : Une erreur de 1 Seconde dans l’obfervation célefte en produit une de 1 6 Toifes fur le Terrain. Les meilleurs Ob- fervateurs ne peuvent guére répondre que d'une précifion qui. foit à, 4 Secondes près; on fuppofe d'ailleurs les Inftruments auffi juftes qu'ils puiflent l'être. Par conféquent l’obfervation la mieux conditionnée, & à laquelle on: fe fiera le plus, peut produire 64 Toiles d'erreur fur le Terrain, Nous fuppofons fl. 1735. HONTE $o HIisTÔIRE DÉ L'ACADEMIE RoyaLe que ces 64 Toïfés d'erreur fe trouvent toljours dans chaque épération Aftronomique , & que de plus elles foient toüjours du même /ens, c'eft-à-dire, qu'elles aïllent toüjours à augrmen- ter où à diminuer les degrés fur le Terrain, & que celles d'une opération ne réctifient point celles d'une autre, du Moins en partie, ce qui eft pourtant le plus naturel , & appa- rémment le plus éommün, Avec ces précautions nous pré- ons lé parti le plus für. Les 8 degrés? de la Méridiérine de Paris ayant été mefurés géométriquement fur le Terrain dans toute l'étenduë de a France, fi enfuite on prend dans le Ciel, par des obfervations de la latitude, le premier degré de toute cette étenduë & le dernier , on aura pü dans chaque opération aftonomiqué commettre deux fois les erreurs qui produifent 64 Toiles {ur le Terrain , car chaque degré de latitude a deux extrémités qu'il a fallu prendre, & par conféquent à chaque opération il peut ÿ avoir de quoi produire 1 28 Foifes d'erreur fur le Terrain. On ne fçait point encore fi les degrés font inégaux, ni felon quelle progreffion. Après qu'on a pris dans le Ciel les deux degrés extrêmes de l'arc de 82, on compare les deux degrés terreftres qui leur répondent , & comme il eft certain que leur différence ne peut jamuis être que fort petite, il eft fort poffible que deux fois 128 d'erreur fur les deux opérations, ou feulemient 1 28 ; la faffent difparoître tout-à- fait, ou la changent beaucoup: \ Car les différences dés 8 degrés foit égales, foit croïflantes, peuvent être fr petites, que du premier degré au dernier le fomme ne fera qu'égäler les erreurs commifes. Mais hors de ce cas-là il peut encore arriver que la fomme des différences, qui réellement s'accumulent toüjours, n'arrive à égalér où à furpaflér les erreurs que vers le 3m ou 4me, &c. degré, & alors fr Pon compare les deux degrés extrêmes, le dernier eft trop grand par rapport au premier, dont on n’a pas toute la grandeur réelle. 4 On éviteroit cet inconvénient , f: aux deux opérations Aftronomiques que lon a faites aux extrémités de Fare de DIE S SCIENCES. sx 8 degrés, on’ en adjoûtoit une troifiéme qui {e fit au milieu de d'arc. C'eft-là précifément le point où il fe fera accumulé Je plus de différences d’une partie des degrés Par rapport aux différences de l'autre partie. En divifant une ligne par la moi- tié, ondonne à fes deux parties le plus de grandeur qu'elles puiflent avoir toutes deux enfemble. Si on avoit coupé l'arc -en deux parties, dont June eût eu 2 degrés, l'autre 6 , des deux degrés euffent püparoître fans différence. . : Tout cela fuppofoit que l'on n’avoit lamelure actuelle que de 8 degrés + pris en France, & c'étoit précifément parce qu'on n'en avoit pas aflés qu'on alloit au Pérou. M. de Mau- Pertuis propofa un autre Voyage moins long, moins pénible apparemment, & moins dangereux, mais aufli utile, celui du Nord, III trouvoit que le 67e degré de latitude Septentrio- -nale, bien obfervé aftronomiquement , devoit donner fur le Terrain le degré des oo T'oïles plus-petit que celui de Paris, di la Terre a la figure que M. Caffini lui donne, & de 200 Toifes plus grand , fi elle a celle de M. Newton. Ce ne font -pas là des différences qui -puiflent échapper. IL eft bien für que la comparaifon des deux Voyages du Midi & du Nord produiroit plus que ce que peut produire un feul.de ces Voyages, & qu’en prenant ainfi la Terre de tous des fens , on forceroit enfin fa véritable figure à fe découvrir. : Les érreurs-inévitables des opérations aftronomiques, ou “feulement l'incertitude qui y refte toûjours jufqu’à un certain - spoint, ,ont fait chercher à M. Cäffini, tout favorable qu'il doit être à ces opérations, une Méthode -où elles n'entraffent point. Soit fous Equateur une Montagne aflés-haute, d'où l’on -puifle découvrir àd'Hoxifon une portion de la Mer qui com- prenne au moins un Quart de Cercle,entier, renfermé entre “deux points.confécutifs quelconques des quatre points Cardi- maux, le Nord, l'Orient,.le Midi &Occident. M.,Caffini “fuppofe qu'un Obfervateur, placé fur le fommet de cette Montagne, dirige fa Lunette au point de l'Horifon, qui. fera, fon veut , le Nord, & enfuite au point de FOrient. Pour Gi V. les M. P: 71-117 &X 255$. 52 HisTÔIRE DE L'ACADEMIE ROYALE attraper l'un & l'autre de ces deux points, il baiffera fa Lu- nette d’une certaine quantité dans l'une & l’autre obfervation, ou, ce qui eft le même, fa Lunette fera un certain angle avec l'Horifon. Si la Terre eft exactement fphérique, on conçoit naturellement , & fans autre preuve, que la Lunette fera éga- lement baiflée dans les deux obfervations, mais fila Ferre eft un Sphéroïde, ce n’eft plus la même chofe. Le point du Nord que l'Obfervateur a pris, eft un point du Méridien dans le plan duquel il fe trouve, & le point de l'Orient eft un point de l'Equateur dans le plan duquel lOb- fervateur eft auffi. Si la Terre eft une Sphere, ce Méridien quelconque & l'Equateur font égaux ; fi c'eft un Sphéroïde, ils font inégaux , & alors fi le Méridien eft le plus grand, fon point apperçû à l'horifon par la Lunette fera plus élevé que le point de l'Equateur pareillement apperçü , car l'Equateur plus petit fe reflerre, pour ainfi dire, & fuit la Lunette, & c'eft le contraire du Méridien, par conféquent il faudra baïfier plus la Lunette pour prendre le point de l'Orient que pour celui du Nord. Il eft vifible que ce fera le contraire, fi 'E qua- teur eft plus grand que le Méridien. pit La différence entre les deux abbaiffements ou angles de la Lunette avec l’horifon, fera d’autant plus grande, que le Mé- ridien & l'Equateur , ou, ce qui eftle même, les deux axes du Sphéroïde de la Terre, feront plus inégaux. M. Caffini donne le moyen de tirer géométriquement de la différence des deux abbaiflements, celle des deux axes, ou de celle des axes connuë, celle qui fera entre les abbaiffements. Outre cette différence entre les abbaiflements, effentielle en quelque forte, parce qu'elle vient de la nature du Sphéroïde, il y en a une accidentelle qui vient de la hauteur de la Mon- tagne d'où l'on obferve, & qui doit entrer dans les calculs. Plus la Montagne fera haute, plus les différences des abbaif- fements feront grandes, & ce fera dans la raifon des racines quarrées des hauteurs, de forte qu’une hauteur quadruple don- nera une différence double, Une hauteur de 3 o Toifes feule- ment donnera une différence de 10 Secondes, ce qui eft 2, DES "Sie rE N°cle's 53 déja une grandeur aflés fenfible aux Inftruments, & de-Kà eft aifé de juger qu'il y aura fous l'Equateur une infinité de lieux très-différemment élevés, d'où l'opération fe pourra faire avec fuccès. © Ieft bon’, pour plus de füreté , que la différence dont il s'agit foit éntre deux angles, dont le plus grand foit de 1 degré- ou à peu-près. On trouvera par T'rigonométrie, quelle doit être la hauteur d'où la Lunette fera avec l’horifon cet angle de 1 degré. Cette hauteur eft environ 500 Toifes. ? Jufqu'ici nous avons toûjours fuppofé l'Obfervateur fous l'Equateur, mais fi cette foppoñition étoit indifpenfable, la Méthode de M: Caflini feroit fort imparfaite. Élle s'étend, mais par de plus longs calculs, à tous les lieux poffibles de 1a proches. OR Si d'Obfervateur eft fous un Pole, es deux différentes di- rections de fa Lunette à l'horifon n’attrappent plus, l’une un point d’un Méridien, l'autre un point de Equateur, mais toutes deux différents points de Equateur, car alors c'eft Equateur qui eft l'Horifon. Ainfi quelle que foit la figure de la Terre, la Méthode cefle là abfolument, & ne cefle abfolument que là. Müis il en refte toûjours des \conféquences importantes. De FEquateur’au Pole les différences des abbaifiements ou angles vont toûjours diminuant , & la Méthode va toüjours “diminuant auffi de facilité & de füreté. Si on la veut prati- quer dans un pays tel que la France, il vaut mieux que ce foit “dans les Brovinces Méridionales que dans les Septentrionales. Si on à l'Horifon terminé par la Mer, tant au Nord qu'au Midi, il vaut mieux prendre le Midi. 13 | - Les refractions peuvent faire naître du fcrupülé fur: cette Méthode, qui ne demande que des obfervations faites à THorifon, où les refractions -caufées par les vapeurs font “plus grandes que par tout ailleurs , plus capables d’altérer les Terre, horfmis les Poles, & les lieux qui en feroient trop ‘véritables grandeurs, 8, ce qu'il y a de pis, plusinégales & . … plus irréguliéres. Mais les refraétions ne font que la 1 om où Gi - à Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE ge partie d'un degré que l'on prendra pour les abbaifieménts ou inclinaifons à Horifon, & il y a toute apparence que cette petite quantité fera égale fur tout l'Horifon de la Mer, tant à l'Orient qu'au Nord, auquel cas il n'y auroit nulle erreur, ou fi elle n'étoit pas exactement égale, l'erreur ne pourroit tre que fort legere. I feroit même très-aifé, pour plus de précaution, de n'obferver que fur le haut du jour, temps où les vapeurs, plus également répanduës, ne pror duifent que des refraétions moins nuifibles. A Cette difficulté cependant paroît avoir donné occafion à M. Caffini d'imaginer une feconde Méthode plus exempte du périldes refraétions, parce.qu’elle n'eft guére que la premiére renverfée, & qu’au lieu de l'Horifon de la Mer on y obferve des fommets de Montagnes élevés au deflus des refractions fenfibles. Ceci demande une affés longue explication. Que l'on conçoive deux Plans quelconques , perpendicu- laires à la furface de la Terre, l'un dirigé fous fEquateur, l'autre fous de Méridien :du Lieu. Deux droites verticales de ces deux Plans prolongées au deflous dela furface de Ja Terre fe rencontreront à fon centre, fi élle eft fphérique, mais fr elle ne d'eft pas, & fi on la fuppofe un Sphéroïde allongé vers les Poles, il arrivera du changement. + Si Ton conçoit que:la Terre, d’abord fphérique , vienne par un certain mouvement à S’allonger vers des Poles, {on Equateur fe reflerre, & devient un plus petit Cercle, mais il demeure à la même place , & h droite verticale quiétoit dans fon plan , aboutit toüjours au centre. de la Terre, & devenuë plus courte, fait toüjours avec l'axe de la Terre de même angle qu'auparavant. Il n’en vapas de même de ('autre,çôté. Le Méridien s’allonge en devenant Elliptique, il s'incline da- vantage à l'axe dela Terre, &c la verticale qui eft-dans! fon plan, &-ne peut pas en fortir, quitte le centre de la Temé, pofe l'extrémité qui y étoit:furun autre paint de l'axe, & y devient plus inclinée en devenant plus longue. Tout cela.eft aifé à fe repréfenter. H s'en -enfuit que dans-le Sphéroïde allongéicelle des deux droites perpendiculaires à fr furface, & LAMNIE SS:6'FE NUCTEI 8" ss prolongées au de-là, qui eft dans le plan du Méridien, fait un plus petit angle avec Faxe de’ la Terre que cellé qui eft dans le plan de l'Equateur. Ce n’eft pas la peine de dire que ce feroït le contraire dans le Sphéroïde applati. Maintenant foïent trois Montagnes dont deux foient dans le plan de Equateur , & à une certaine diflince l'une dé Faute, & la 3% dans le plan du Méridien, & auf éloignée de l'üne dés deux de l'Equateur qué ces deux le font entre élless Ces Montagnes auront la ligne de leur plus grande hauteur perpendiculaire à da furface de la T'érre, & ces trois peïpendiculaires ou verticalés ont ou fe rencontrer toutes au centre de la Terre, ou fe terntinér à différents points dé fon axe. | Du fomimet de la Montagne, qui eft à l'angle de PE‘qua- teur & du Méridien ; on obferve le fommet de celle qui eft dans le plan de l'Equateur, &c Fon prend exactement Vanglé que fait la Eunette où le rayon vifuel avec le fomimet de cette 24e Montagne, & enfuite du fommet de cette même Mon- tagne où l'on fe tranfporte, on obferve réciproquement le fommet dé la 17° d’où l'onavoit obfervé, & on prend l'angle qu'il fait avec le rayon vifuél. H fe forme donc un Triangle dont 2 côtés font les deux hauteurs dès Montagnes prolon gées au deffous de la furface de fa Terre, & le 3m côté où la bafe éft cé rayon viluel qui a été le même pour les deux obférva- tions, & fur lequel font les deux angles qu’elles ont fait con- noître. De-là on conclut néceflairement le 3€ angle que les deux perpendiculaires, dont un demi-diametre de fx Ferre en eft l'une, font entre elles. Refte Ja 3me Montagne, celle dui prife avec la 1'e eft dans le plan du Méridien. On fait fur ces deux-ci les deux obfervations réciproques que l'on à faites précédemment, & lon a un 24 Triangle qui donne, comme a fait le 1", Fangle du demi-diametre de la Terre ‘avec la hauteur prolongée de la 3me Montagne. Si cet angle éft plus petit que celui que faifoit avec fe même CAE dE metre la hauteur de la 24 Montagne fituée fous l'Equateur, . a Terre eft un Sphéroïde allongé, 56 Hisrorrx DE WACADEMIE ROYALE Il eft clair que cette 24e Méthode de M. Caffini ne pour: roit non plus que la 1'° être pratiquée fous le Pole, car quoi- que trois Montagnes y fuffent placées de façon à former deux plans qui fe couperoient à angles droits, ces deux plans ne pourroient jamais être l'Equateur & le Méridien , mais feule- ment deux Méridiens différents. I faut donc auffi conclurre pour cette 2de Méthode, qu'il vaudra mieux Ja pratiquer fous l'Equateur que par tout ailleurs, & toûjours aux moindres latitudes qu'il fe pourra ; car quoique nous ayons fuppofé d'abord que l'on füt fous l'Equateur, on s’appercevra aifément que cette fuppofition n'étoit nullement néceflaire, & que hors de l’Equateur il n’en doit coûter que très-peu de calcul de plus. L'égalité de diftance des deux Montagnes extrêmes à celle du milieu eft encore moins néceffaire. Les deux Triangles que l'on conftruit fe formeront toûjours bien, quoiqu'avec des bafes plus inégales, mais il faut que les diftances des Mon- tagnes entre elles foient les plus grandes qu'il fe puifie , afin que les angles des perpendiculaires avec le demi-diametre de la Terre foient aflés grands & affés fenfiblement différents. Ce qu'il y a de plus important , & ce qui fait l'objet au- quel cette Méthode doit fa naïflance, c'eft que les fommets des Montagnes foient aflés élevés pour être au deflus des refraétions caufées par les vapeurs. Mais quand on aura pris par rapport à ce qui vient d'être dit des Montagnes affés éloignées entre elles, les fommets qui {e verront réciproque- ment feront aflés élevés pour n'être plus fujets aux refraétions., M. Caffini rapporte une pratique dont il fe fert pour recon- noître jufqu'a quelle hauteur il y en a dans le lieu où lon obferve. Elles ne feroient plus du tout à compter, fi les diftances des Montagnes entre elles &.les hauteurs de leurs fommets étoient égales , car les refraétions le feroient auffi par-tout, &c par conféquent feroient comme nulles. Mais ce cas eft trop fingulier pour qu'on puifle l'efpérer. M. Caffini l'a cependant. rencontré à peu-près dans les Vofges. Une HDMENS LS CONE NYGENST I . $7 .… Une diflance d'un degré ou de quelque 50000 Toïles entre les Montagnes donnera des angles dont la différence fera très-fufhfamment fénfible, même à de médiocres Inftru- ments. De plus elle fera double de celle qu'on auroit trouvée en pareilles circonflances par la premiére Méthode de M. Caffini. Mais il avouë que celle-ci a de grands avantages, elle fait avec deux obfervations ce que l’autre ne fait qu'avec quatre, elle fe fait toute entiére en un feul lieu, & pour l'autre il faut fe déplacer quatre fois, ce qui expofe les Inftruments à fe déranger, & oblige du moins à les vérifier autant de fois qu'on fe déplace, fans compter que la feconde, à caufe des différents lieux où il faut fe tranfporter, demande fans com- paraifon plus de temps que la premiére. La multiplicité des Méthodes eft cependant très-utile, ce font différents Inftru- ments tout prêts, dont on fe fert fuivant les différentes ‘occafions. Tandis que lon cherchoïit encore par Théorie de nou- veaux moyens de décider a queftion de la Figure de la Terre, on continuoit d'employer encore dans la pratique les moyens déja connus & ufités. Le Roi voulut, malgré les dépenfes extraordinaires de la Guerre, que puifqu’on étoit, pour ainfi dire, en haleine de grandes opérations T'rigonométriques, on fit un travail très-utile à la perfection de la Carte de la France. C'étoit de tirer par Orléans une ligne perpendiculaire à la Méridienne de Paris, qui prolongée vers l'Occident, fuivroit à peu-près le cours de la Loire, la plus grande de nos Ri- viéres, & iroit fe terminer aux Côtes de Bretagne, dont nos plus importantes navigations demandent une exacte connoif- * fance. Mrs Maraldi, & de Thury l’un des Fils de M. Caffini, accompagnés de M": l Abbé de la Grive, le Roi & Chevalier, furent chargés d’executer ce deffein. : Sur ces perpendiculaires à des Méridiennes, ou, ce qui eft le même, Tangentes de Paralleles, il eft bon de fe fouvenir de ce qui a été dit en 1733 *. Ce froient naturellement +, -des droites entiérement tirées en l'air, horfmis le point dans & füiv. - Jequel elles toucheroient le Parallele terreftre, & couperoient Hi 1735. + P: 55- & fuiv. : * p: 74e & fuiv. 58 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE un Méridien, mais la néceffité de les fuivre fur le terrain, fait que ce ne font réellement que des affemblages de grandes - droites pofées bout à bout, & faifant entre elles de très-grands angles obtus. La grandeur du Globe terreftre permet que lon ne compte pour rien la différence réelle qui feroit entre la Tangente ou Perpendiculaire tirée en Y'air, & cet aflemblage de droites formé fur le terrain, cependant quand les Triangles qu'on a conflruits, l'ont été de lieux fort élevés, on a égard, pour plus de füreté, à cette différence, qui eft alors un peu moins petite, & peut-être moins infenfible. Il eft clair, & on l'a déja vû , que ces lignes s'écartent toû- jours de plus en plus du Parallele dont elles font T'angentes, auffi-bien que du Méridien d’où elles font parties. Leur écart du Parallele eft un arc de latitude pris fur la Terre ; & leur écart du Méridien eft un arc de longitude. Quand on compare enfemble deux de ces lignes, comme celle qui part de Paris & celle qui part d'Orléans, il eft vifible que l'endroit où elles font plus proches l'une de l'autre, eft celui où elles coupent un même Méridien, & que de-là elles vont toûjours en s’écartant. On reconnoîtra fans peine les occafions où il faudra avoir égard à cette plus grande pro- ximité. L'hiftoire du travail des Mathématiciens voyageurs ne feroit prefque ici que la répétition de ce qui a été dit en 1733 * &1734* fur la Perpendiculaire tirée de Paris aux extrémités Orientale & Occidentale du Royaume. Heureu- fement dans les pays où fe faifoit cette derniére courfe, on avoit d'anciennes déterminations Aflronomiques faites par M": Picard & de la Hire, elles tinrent lieu de celles que leurs Succeffeurs ne purent pas faire à caufe du mauvais temps prefque continuel. Elles fervirent même à vérifier la jufteffe des opérations géométriques qu’on venoit de faire, car quand für le fondement de ces opérations on cherchoit quelle de- voit être la latitude ou la longitude d’un Lieu où Mr de la Hire & Picard avoient obfervé, on retrouvoit précifément ce qu’ils avoient conclu, ou avec des différences qui n’étoient 1 n l \ n'E ÿ4 ë LA À. +, [A t DES SCIENCES. pas à compter. Par-tout les degrés de latitude fe font trouvés plus grands que ceux de longitude, & par conféquent le Sphéroïde allongé continué toujours à l'emporter. Un con- cours déja fi grand de preuves favorables feroit bien furpre- pant, sil étoit trompeur. Dans l'hipothefe de la Terre Sphé- rique, la diflance de Breft à là Méridienne de Paris feroit de 261 364 Toiles, & elle ne s'eft trouvée que de 259330, c'eft-à-dire, de 1 1 o Lieuës & plus de + à 228 2 Toifes par Lieuë. On voit bien que c'eft-là un effet du rétréciflement de a Terre dans le fens de l'Equateur. Nos Mathématiciens qui, dans de cours de leur voyage, avoient déja été: priés de faire quelques déterminations gra- tuites, pour ainfi dire, & qui n'étoient point de leur projet, le furent auffi à Breft par Mrs fes Officiers de Marine, de déterminer la pofition de fIfle d'Oueflant, qui eft le premier objet remarquable que l'on découvre en arrivant à terre de ce côté-là. Par la fuite non interrompuë des Triangles con- ftruits depuis Orléans, & qui étoient au nombre de 57, le Fanal d'Oueffant fe trouva à plus de 280000 Toiles de la Méridienne de Paris. La terre manqua là, après que l'on eut fixé la pofition de plus de $00 Lieux ou Objets remarqua- bles, & couronné le travail à l'ordinaire par une Bafe de 1800 Toifes aétuellement mefurée, que l'on eut le plaifir de - voir fort approchante de celle qui réfultoit des 57 Triangles. : Après le départ des Académiciens deftinés au Pérou, & tandis que d’autres travailloient à a Perpendiculaire d'Or- léans, on fongeoit au Voyage du Nord, qui trouvoit encore de nouveaux Zélés pour l'entreprendre. M. Clairaut, qui devoit.en être, s’y préparoit par de nouvelles recherches fur l'utilité que pouvoient avoir dans le Nord des mefures en Jongitude par rapport à la figure de la Terre; M. de Mau- . pertuis avoit déja traité les mefures en latitüde. Nous allons donner une idée de 11 Théorie du tout enfemble. Que la Terre foit exactement fphérique, & qu’il ne s'agifle que de mefurer fa grandeur, äl fuffra d’avoir la grandeur de quelques degrés d'un grand Cercle LERROEEr Ici, en 60 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE Europe, nous n'avons pas de choix, nous ne pouvons me- furer que quelques degrés d'un Méridien, degrés de latitude, mais fi nous étions fous l'Equateur, nous pourrions auffr en mefurer quelques degrés, qui feroient des degrés de longi- tude. Ÿ auroit-il un choix à faire, fi on étoit obligé d'en faire un? Lequel feroit à préférer d’un Méridien ou de l'Equateur, de la melure en latitude , ou de la mefure en longitude, pour l'exactitude & la füreté géométrique de l’execution ? car pour la facilité, elle ne pourroit dépendre que de circonftances étrangeres. H faut fuppofer qu'on ne pratiqueroit que ce qui a été pratiqué jufqu'ici, c'eft-à-dire, qu'après avoir tracé fur-le terrain, par des opérations Trigonométriques, uneligne droite, d'une certaine étenduë , foit dans la direction d’un Méridien, foit dans celle de l’'Equateur, on prendroïit par des opérations Aftronomiques, la différence des deux extrémités de cette ligne, ou en latitude dans le r°* cas, ou en longitude dans le 24. H s’agit de fçavoir dans laquelle de ces deux pratiques il y auroit effentiellement plus de péril d'erreur, les opérations étant faites avec la plus grande jufteffe qu’elles puifient l'être par d'habiles gens. Les déterminations de la latitude fe font par des hauteurs Méridiennes d’Etoiles fixes, & les meilleurs Obfervateurs ne peuvent s’en aflürer qu'à 10 Secondes de degré près. Les déterminations de la longitude fe font par des différences du temps où un même phénomene célefte a été vü en deux lieux différents, & ce n'eft qu'à 4 Secondes de temps près qu'on peut répondre de la meiïlleure détermination. Voilà ce qu'une expérience générale & affés longue a appris aux Aftronomes. Un degré célefte d'un grand Cercle quelconque ayant une étenduë à laquelle répondent fur la Terre 2 $ Lieuës, fi l'on veut, de 2282 Toifes chacune, 1 Seconde de ce degré vaut fur la Terre 1 6 Toifes à peu-près, & r 0 Secondes d'erreur dans la détermination de la latitude, produiront 1 60 Toiles d'erreux fur un degré dans la mefure en latitude. De l'autre b D'EMSN STE HUE N'ICAEIS 6r côté, à 4 Secondes de temps répond 1 Minute de degré pris fur l'Equateur , & à cette Minute répondent 9 $o Toifes fur le terrain dans la mefure en longitude, de forte que les erreurs qui peuvent provenir des opérations Aftronomiques far un degré égal dans les deux mefurés font entre elles comme 160 & 950, ou 16 & 95, ou celle en longitude près-de fix fois plus grande que celle en latitude. I! n'y auroit donc pas à délibérer entre un Méridien & l'E quateur, le Mé- ridien feroit préféré, & notre pofition fur 1e Globe terreftre nous a d'abord déterminés néceflairement au bon parti. On ne fonge point ici aux erreurs qui pourroient venir des opérations Trigonométriques, on eft en droit de les re- garder comme nulles, tant elles fe font trouvées legeres & infenfbles dans les grandes entreprifes dont nous avons rendu compte jufqu'ici. À peine y aura-t-il une incertitude de quel- ques Toifes fur toute l’étenduë de Ia France. Que lon mefure fur la T'erre une longueur de 2 $ lieuës fous un Méridien quelconque, & à une diftance quelconque de Equateur, cette longueur répondra toûjours à un degré célefte de latitude, & fera toûjours fujette à 11 même erreur de 160 Toiles, la Terre étant toûjours ici fphérique. Mais fi Von mefure la même étenduë terreftre en longitude fous V'Equateur, & enfuite fous un Parallele quelconque, les deux opérations feront fujettes à la même erreur de 9 50 Toiles, mais cette erreur ne fera pas la même par rapport au Ciel, ou plus précifément par rapport au nombre de degrés aux- quels répondront les 2 lieuës mefurées. Ces 2 $ lieuës ne répondront fous l'Equateur qu'à 1 degré, & fous le Parallele à plys de 1 degré, à 2, par exemple, Si le Parallele eft à un certain éloignement de l’Equateur, & par conféquent lorfque d’un degré mefuré on viendroit à conclurre la circonférence du Cercle total, l'erreur de 9590 . Toifes fe répéteroit 3 60 fois pour la circonférence de l'Equa- teur, & 180 fois feulement pour celle du Parallele fuppoé, ce qui rendroit l'erreur 2 fois moindre. H eft vifible que ce Parallele, où les 2 $ lieuës vaudroient 2 degrés de l'Equateur, H ii 62 HisToiRE DE LACADEMIE ROYALE feroit celui dont le rayon feroit à celui de l'Equateur comme 1 à2, & puifque l'erreur de la mefure en longitude y feroit diminuée felon Ja même raifon , il s'enfuit que fous un Paral- lele dont le rayon feroit à celui de l'Equateur comme 1 à 3, l'erreur ne feroit plus que + de ce qu'elle étoit, & + lorfque les deux rayons feroient comme 1 & 6.Or en ce dernier cas l'erreur de la mefure en longitude feroit, par ce qui a été dit, un peu moindre que l'erreur conftante de la mefure en lati- tude, donc l'erreur de la mefure en longitude, beaucoup plus grande fous l’Equateur, va toûüjours en diminuant par rapport à celle de la melure en latitude depuis l'Equateur jufqu'a un certain point, qui eft le 8ome degré 2 s' où les deux erreurs font égales, après quoi celle de la mefure en longitude eft toûjours la plus petite jufqu'au Pole. H vaudroit donc mieux dans nos Climats, fi l'on ne peut mefurer qu'une étenduë de 2 5 lieuës, régler a grandeur de RTerre par des arcs de Méridien que par des arcs de Parallele; plus les Paralleles feront petits ou Septentrionaux, moins la mefure par leurs arcs fera fautive par rapport à celle qui feroit faite par des arcs de Méridien ; & enfin il y a un Climat fort Septentrional où les deux mefures n’ont point d'avantage fune fur l'autre. Tout cela fuppofe que lon ne mefure que 2 $ lieuës ter- reftres, valeur d’un degré d'un grand Cercle, mais fi l'on en mefure davantage, il y a une nouvelle confidération à faire, Les erreurs qui viennent des opérations Aftronomiques, n'en font pas plus grandes pour être faites fur un plus grand nom- bre de degrés céleftes. Que l'on prenne par des hauteurs d'Etoiles 1 ou 2, ou 3, &c. degrés de latitude, il n’y a:toû- jours que l'erreur de 10 Secondes de degré à craindre ; de même que lon prenne par des Immerfions de Satellites, 1a différence de deux lieux en longitude, un plus grand éloigne- ment de ces lieux ou un plus grand nombre de degrés dont ils différeront, ne fera pas que les obfervations des Satellites faites à chacun d'eux, en foient plus douteufes, ni qu’il sy puifle glifier une erreur de plus de 4 Secondes de temps. Si ES PRER ER SO ute CU ee pe Mt PP nf TES TS PES DS dm D ke DES SCIENCES. 6: je mefure fous l'Equateur une étenduë de $ o lieuës, l'erreur réfultante des opérations Aftronomiques qui me donneront 2 degrés ap itide. fera toüjours comme elle étoit, de so Toifes, mais elle ne fera que de 47$ pour chacun des 2 degrés, & elle n’auroit été que de 237 +, fi j’avois mefuré 100 lieuës, & enfin de 1 58 +, fr j'en avois meluré 150; or 158 + approche fort de 160 Toifes, qui font l'erreur conftante de ja mefure en latitude fur quelque étenduë que ce foit, auffi-bien que fous un Méridien quelconque, & à une diftance quelconque dé l'Equateur , & on peut rémarquer ici que l'erreur de la mefure en longitude, qui eft par les opéra- tions Aftronomiques 6 fois à peu-près plus grande fur une étenduë de 2 5 lieués prife fous l'Equateur, que l'erreur con- ftante de la mefure en latitude fous un Méridien , eft réparée & égalée à l’autre dans une mefure de 1 5 o lieuës fous ’Equa- teur, qui font 6 fois 2 $, de même que nous avons vû d’abord qu'elle étoit réparée & égalée à l’autre quand on prenoit les rhèmes 2 5 lieuës fous un Paralléle dont le rayon étoit 6 fois moindre que celui de Equateur. Donc lorfque l'on fait les opérations Trigonométriques fous Equateur, il faut mefürer r 5 o lieuës, fi l’on veut que cette mefure en Jongitude ne foit pas plus fautive qu'une me- fure en latitude, & fi l'on veut qu’elle foit même plus fûre, il faut méfurer plus de 1 so lieuës, & plus on les pañfera, plus l'opération fera jufte; fi l'on mefure fous un Parallele, 1 faut pafler les 1 50 lieuës, & plus le Parallele fera petit, plus il Îes faudra pañfer, &c. ” Voilà quels font les principes qui ferviroient à comparer enfemble les différents moyens que lon pourroit employer à mefurer la grandeur de la T'erre fphérique. Elle ne l'eft plus aujourd'hui, & il s’agit plus de connoître fa figure que fa grandeur, mais les mêmes principes y doivent encore fervir, non feulement parce qu'il eft fr qu'elle ne fera guére difé- rente d'une Sphere, mais plus effentiellement parce qu'il en- trera toüjours beaucoup de Circulaire dans fa figure, quelle qu'elle foit. M. Clairaut a tranfporté ces principes de la Sphere ’ 64 HISTOIRE DE L’ACADEMIE ROYALE à un Ellipfoïde quelconque , en les exprimant par Algebre avec toutes les combinaifons dont ils font fufceptibles, de fortequ'il ne faut plus qu'un peu de calcul poufavoir toutes les réfolutions particuliéres qu’on peut chercher. Si la Terre eft le Sphéroïde allongé ou l'Ellip{oïde de M. Caffini, dont le grand axe, qui eft le diametre du Méridien, furpafle de = le petit axe, M. Clairaut trouve par fes For- mules, que fous le Cercle Polaire les deux mefures en longi- tude & en latitude, faites fur une étenduë de 2 $ lieuës, feront à peu-près également füres, ce qui convient à la Théorie générale que nous avons expolée, & c'eft une utilité particu- liére du Voyage du Nord, puifqu'il eft avantageux d’avoir pour le même fujet deux Méthodes égales tant en bonté qu'en facilité. Comme elles ne font ici qu’à peu-près égales, M. Clairaut ” détermine combien il faudroit, pour leur égalité parfaite, que la mefure füt plus grande que de 2 $ lieuës fous le même Cer- cle Polaire; il n’y faudroit adjoüter que 3 lieuës. Donc fi l'on eft à la hauteur du Cercle Polaire, c'eft-à-dire, à 67 degrés+, & fi on ne peut mefurer que 28 lieuës, foit en longitude, en fuivant la direction du Cercle Polaire, foit en latitude, en. coupant ce Cercle à angles droits, il eft indifférent de laquelle des deux melures on fe ferve, & celle en latitude ayant été depuis l'E‘quateur jufqu'au Cercle Polaire la plus avantageufe pour ces 2 $ lieuës, ce fera de-là jufqu’au Pole celle en lon- gitude qui le fera davantage. C'eft-là une efpece de bonheur, car quand on fera parvenu fous le Cercle Polaire, il fera, felon toutes les apparences, plus aifé de cheminer en longitude qu'en latitude, c'eft-à-dire, que d'avancer encore vers le Pole. On a lieu d’efpérer tout au moins une étendué de $ o lieuës, où lon feroit des opérations d’une grande juftefle, Dans l'hipothefe de la T'erre fphérique, l'égalité des deux mefures, pour l'étenduë de 2 $ lieuës, n’arrivoit que fous le Parallele dont le demi-diametre étoit + du demi-diametré de la Terre, c'eft-à-dire, au 8ome decré 2 5’ de latitude. Dans l'hipothefe de l'Elliphoide de M. Caffini, cette même | égalité DES, SGRENMNRES. …. 6 £galité fe trouve un peu au de-là du Cercle Polaire, péut-étré au 68 ou 69m degré, & par conféquent le point de l'égalité s'eft avancé vers l'Equateur, d'où il fuit en général qu’il s'avanceroit encore plus de ce côté-fà fi la Terre étoit plu: 1 allongée, & que ce fera le contraire fi elle eft applatie, & aa elle le fera. ss - Left pofñble que Ie Sphéroïde foit ou fi peu allongé ou fi peu applati, que les erreurs qui font ici fuppofées inévi- bis pour le plus für, cachent, & pour ainfi dire abforbent a différence de ce Sphéroïde à Ia Sphere. Les Formules de À « Clairaut donnent aifément les limites où ce péril fera renfermé pour chaque Sphéroïde, & pour chaque étenduë mefurée ; & fuppofé qu'on fe trouvât dans ces limites, les mêmes Formules font voir combien il faudroit augmenter Yétenduë des mefures. 11 ne s’agit en toutes ces matiéres, que de s'être une fois mis en pofleflion d'une bonne fource de vérités. re \Ette année M. le Monnier, fils de M.le Monnier, mem- Nbre de l'Académie, y apporta les productions d'un tra- vail qu’il avoit fait fur la Lune, travail déja long par rapport à fa jeunefle, & fuivi avec une extrême affiduité. IT avoit entrepris une Sélérographie, ou Carte de Ia Lune, plus exacte que celles que lon a jufqu’à préfent, auxquelles les bons Inftruments & les Méthodes fcrupuleufes des derniers temps n'ont pas été employés. … Nous avons parlé affés amplement en 172 1 * de la Libra- tion de la Lune. C'eft elle qui fait la principale difficulté de la Sélénographie , en amenant fur le Difque apparent de fa Lune, mais feulement jufqu'à un certain point, des Taches qui.n'y étoient pas, & en faifant difparoître quelques-unes de celles qui y étoient, & cela fans aucune Reple qui foit encore bien connuë. Il faut des pleines Lunes pour voir toutes les Taches qui font alors fur le Difque, toute a Phafe entiére, 4 VA P: 534 & fuir, Ÿ &on n'a pas encore deux pleines Lunés dont on foit für que … es Phafs foient exactement la même. Hif4 1735. on à: 66 Hisroire DE L'ACADEMIE ROYALE . NH feroit néceflaire auffi de fçavoir précifément quelle eft A figure de la Lune, fi c'eft une Sphere, comme on efl porté naturellement à le croire, où un Sphéroïde, comme M. Newton l'a cru dans fon Sifteme, car il eft vifible que la détermination de cette figure doit influer fur la Sélénographie, ainfi que la figure de la Terre influë, les proportions gardées, fur la Géographie. Pour cela il faut connoître exactement les deux diametres apparents de la Lune, c'eft-à-dire, le vertical & l'horifontal, qui certainement différeront le plus par les apparences, à n’y confidérer que l'apparence, & qui en même temps donneront plûtôt que les autres, des indices de diffé- rences réelles, s’il y en a. As Le diametre horifontal d’une pleine Lune fe mefure par le temps qu’il employe à paffer par le Méridien. Ce temps étant connu, on fçait quelle partie il eft de celui qué la Lune em- ploye à décrire un grand Cercle par fon mouvement jour- nalier, & l’étenduë du diametre obfervé eft la même partie de l’étenduë totale du grand Cercle. L’étenduë du diametre vertical fe prend immédiatement par le Micrometre fur le Méridien dont il eft un très-petit arc. Il eft à propos de remarquer que les obfervations faites avant l'mvention du Micrometre dans des occafions où ïl feroit employé aujour- d’hui, peuvent affés légitimement être foupçonnées de n'avoir: pas atteint une certaine précifion. Hévélius & Riccioli, qui ont fait des Sélénographies, ont manqué de ce fecours. Les Aftronomes qui avoïent entrepris avec le plus d'art & de fubtilité de comparer les deux diamétres de la Lune, trou- voient toüjours le vertical plus grand que lhorifontal, & l'on étoit fur le point d'en tirer les conféquences, quand on s’ap- perçut d'une erreur qui fe cachoit aflés finement; peut-être prit-on le premier foupçon für ce qu'il n’étoit guére naturel que deux diametres, dont Fun n’eft horifontal & l'autre ver- tical que par une pofition accidentelle à l'égard de notre Ho- ‘rifon, pofition qui devoit appartenir tantôt à lun, tantôt à l'autre, fuflent néantmoins réellement toûjours inégaux de la même façon, D'E,S, S CIE N,CE S. .: Voici comme M.le Monnier explique la caufe de le PA La manjére dont on prend la grandeur du diametre horifontal eft la même que fi on la prenoit du centre de la Terre, & non de fa furface, un AU a qui comptera le temps em- ployé par le diametre horifontal à parcourir un certain arc d’un Cercle concentrique à la T'erre,comptera le mêmetemps, oit qu'il foit placé au.centre de la Terre, ou fur un point de fa furface, cela eft évident, pour peu qu'on y penfe. Mais le ‘diametre vertical, mefuré par le Micrometre, ne l'eft, & ne ‘peut pañler pour l'être, que de deffhs {a furface de la Terre, & al profite, pour ainfi dire, de ce qu'il eft vü de plus près, donc. on doit le trouver toûjours plus grand que l'horifontal, ÿ Muppolé qu'ils foient réellement égaux, & même leur inéga- lité conftante d’un certain côté eft une aflés bonne preuve de Jégalité régle , car il feroit bien difficile que quelque inégalité réelle ne changeät l'apparence de l'inégalité conftante. Auffi M: le Monnier fe détermine-t-il à croire la Lune Sphérique, -&ilraflemble plufeurs chofesquifavorifent cette conclufion. En ce cas-là on aura fa parallaxe de la Lune d’une maniére nouvelle, on fçaura de combien fon diametre, vû de defus la furface de la Terre, fera plus grand que vü de fon centre, or .ce fera dà l'effet de la grandeur du diametre de la Terre à T'égard de la Lune, & par conféquent la parallaxe de la Lune. + I n'eft pas néceffaire de dire qu’il faut faire entrer dans ces calculs & linégale élévation de la Lune fur 'Horifon, & fon inégale diftance au centre de la Terre. Celle-ci n’y a qu'une part très-peu confidérable. | Ce ne font encore à que les préliminaires d'une Séléno- graphie. Pour peu qu'on ait d'idée de la Lune, vüé avec le .Télefcope, on fentira aifément combien il doit être difficile -de pofer jufte ce nombre prodigieux & confus de Taches & de Points lumineux jettés comme au hazard fur ce Difque, à deffein qu’ils échappent aux yeux, même en fe montrant. -M.le Monnier a compté 5 0 L'aches remarquables à un Equi- _noxe, & 70 à un Solitice d'Hiver, car à l'Equinoxe le Soleil +&la Lune, quandelleseft pleine, font tous deux es le mème 1j 68 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE Cercle de l'Equateur, & à un Solftice loin que fe Soleil & Ia Lune foient dans le mêmeCercle, l'un eft dans un Tropique, & l'autre dans l'autre, ce qui fait une différence d’afpeét & d'irradiation du Soleil fur Ja Lune, qu’il eft facile de fe repré- fenter. Pour les Points lumineux, M. le Monnier en compte plus de 2000. Tous ces points, foit lumineux, foit obfcurs, ne changent point de fituation entre eux, du moins fenfiblement, & on viendroit enfin à bout, par une très-longue fuite d’obferva- tions, de les poler tous fur une Carte les uns par rapport aux autres, moyennant quoi on auroit la Sélénographie du Difque ‘qui nous eft vifible. Mais le mouvement de Libration en lon- gitude & en latitude fait que ce Difque n’eft pas toüjours le même vers Îles bords, & il faut fçavoir de combien ïl change, ou quelle eft l’étenduë de ce changement. Pour cela M. le Monnier choifit certaines Taches qui foient en même temps & très-remarquables, & aflés proches des bords, fans pouvoir ‘être cependant à portée de difparoître par les changements que la Libration caufera au Difque. Ces T'aches font Grimaldi, * Ariftarque, Platon, Proclus & Ticho. Elles font prefque le tour du Difque dans l'ordre où elles viennent d’être nommées. 1 faut à chaque pleine Lune qu’on obfervera, déterminer leurs diftances aux bords du Difque, diftances qui feront variables, & entre lefquelles s’offriront d’elles-mêmes les plus grandes & les plus petites poffibles, quand le nombre des pleines Lunes obfervées fera aflés grand. On aura alors l'étenduë & les li- mites de [a Libration. M. le Monnier donna à Académie les Méthodes qu'il a trouvées pour faire dans toute la précifion néceflaire des obfervations fi délicates par elles-mêmes. Il y adjoûta l'idée encore plus finguliére d’une Sélénogra- phie conftruite par des opérations l'rigonométriques à peu- ‘près pareilles à celles que l’Académie a faites pour la Géogra- phie. Les diftances refpe@tives des cinq Taches choîïfies forme- ront des Triangles dont les angles & les côtés fe mefüreront avec la fubtilité de lAftronomie moderne. Ces Triangles front fondamentaux, parce qu'ils feront dans un efpace a: DE 8x SuC LE: NCuEiSus IT 6ÿx entiérement exempt des variations de la Libration , & ils fer- Viront à former tous les autres qui comprendront les Points quelconques compris ou dans cemême efpace, ou au dehors. On imagine naturellement que ces Triangles doivent être reétilignes, parce qu’ils feront fur-une furface qui paroît plane, mais fi à caufe de Ja réalité on vouloit qu'ils fuffent fphéri- ques, M. le Monnier a fait voir qu'il n'en feroit ni effrayé ni embarraflé. L'Académie à loué tant de vüës &: de fagacité dans uneauffi grande jeunefle, jointes à tant d'ardeur pour le travail. “eye MNT Ous renvoyons entiérement aux Mémoires 4 La maniére de déterminer aftronomiquement la diffé- V. les M, rence en longitude de deux Lieux peu éloignés, par M. de p. 1. la Condamine. - L'Obfervation de l'Edclipfe de Lune du 2 Oétobre Par p.473: M Cam 2 4560 5 25 dits k, «à L'Obfervation de la même Edclipfe par M. de Fouchy. … L'Obfervation de la même Eclipfe par Mr: Le Monnier, Pere & Fils. ; P: 477 P: 479» V. les M. p. 244e ÿ p.110. & fuiv. 70 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE RLRRERERERS RP E = A cosesess esse... 1ECHANIQUE 1 + SUR LA DEPENSE DES EAUX LÉ eft évident qu'on ne peut abfolumentmefurer la Dépenfe des Eaux, c'eft-à-dire, la quantité d'Eau qui fort par une ouverture dans un certain temps, fans connoître non feule: ment la grandeur de cette ouverture, mais encore la vitefle dont l'eau fort. Cette vitefle dépend, comme l'on {çait, de {1 hauteur d'où l'Eau tombe, & on fuppofe qu'après en'être . tombée, elle prend une vitefle uniforme, & coule horifon- talement, ou à peu- près. Si l'ean fortoit d'un Tuyau vertical par une ouverture ho- rifontale, il ny auroit nulle difficulté à mefurer fa vitefle, la hautèur ou longueur du Tuyau’étant connuë, mais elle en fort communément par une ouverture verticale, où les parties de la furface de l'eau qui fort ont des viteffes différentes à caufe de leurs différentes hauteurs ; les plus baffes fortent plus vite que celles qui font plus hautes, & cette inégalité eft d’au- tant plus grande que l'ouverture eft plus grande. 1 faut une Regle générale pour avoir la fomme totale de ces vitefes différentes. M. Pitot la trouve affés heureufement dans cette propo- fition que nous avons rappor tée d'après lui en 1730 *, que le quarré de la vitefle-uniforme que préndra l'eau eft égal à $ 6 fois la hauteur d’où elle fera tombée. I fautera aux yeux des Géometres qu'il y a là une Parabole, dont la grandeur conftante 56, ou plütôt 5 6 pieds, puifqu' ici ordinairement on mefure par pieds, étant le Parametre, la hauteur indéter- minée du Réfervoir fera l'Abfciffe, & la viteffe uniforme correfpondante de l’eau fera l'Or PRET car dans la Parabole Je Se du Parametre & de l'Ablcifle eft égal au quarré de l'Ordonnée, A | | À ’ DE SM SECULE Nacipre re: }l … Si. un Réfervoir a une ouverture verticale &. quarrée qui commence dès le haut , il eft donc certain que fi du haut de ce Réfervoir on décritune Parabole de 5.6 pieds deParametre, du côté où l’eau doit jaïllir enfortant, la-hauteur de l'ouver- ture quarrée fera l'Abicifie comprife entre la premiére Or- donnée ou la plus élevée, infiniment petite, & la dérniére finie, que ces deux Ordonnées repréfenteront les viteffes de J'eau à fa fortie du plus haut point, & à fa fortie du plus bas, Qué l’on aura la quadrature de 'efpace Parabolique compris éntre ces deux Ordonnées, ou la valeur de la furface d’eau qui fera fortie, & en la multipliant pard’autre dimenfion de lou verture égale à la premiére, un Solide Parabolique qui fera toute la quantité d'eau fortie avec des viteffes partiales diffé- rentes. Si l'ouverture étoit reétangulaire au lieu d’être quarrée, äl feroit bien aifé d’y avoir égard. Voilà quel eft 'ufage de la Parabole. : 1: Ho SA | -) Le cas de l'ouverture placée tout au haut du Réfervoir eft de feul que les plus habiles Auteurs ayent traité, & peut-être ont-ils obmis les autres, dont le calcul eft plus difficile, faute d'avoir trouvé da Parabole. Mais avec fon fecours l'ouverture peut être placée où l’on voudra, la Parabole fera toûjours dé- ‘crité du point le plus haut du Réfervoir, feulement il faudra retrancher du Solide Parabolique une certaineportion déter- minée par l'endroit où commencera l'ouverture. Les ouvertures font prefque toüjours circulaires , & non pas reétilignes, & alors ce n’eft plus un Solide Parabolique “qu'il faut calculer, mais un Cilindre d’eau , toûjours coupé par la même Parabole, c’eftà-dire, la portion de ce Cilindre ‘déterminée par cette Parabole, ouplûtôt par le plan Parabo- dique. Le calcul devient plus compliqué, fur-tout fi l’ouver- ‘ture n’eft pas au haut du Réfervoir, on tombe dans des fom- mations de Suites infinies, mais que ne peut aujourd’hui l’art des Géometres ? y2 Histoire DE L’ACADEMIE Rorare SUR UNE NOUVELLE THEORIE DES" POMPES. ? one tout ce qu'on a déja vû de M. Pitot fur le Mou- vement des Eaux, fur les calculs géométriques qu'en . en peut faire, &c. on croira fans peine qu'il étoit en état de donner une nouvelle Théorie des Pompes, matiére qui, à caufe de fa difficulté, n’avoit encore été qu'ébauchée, du moins que l'on fçache, par de fort habiles gens, & qui à caufe de fa grande utilité | méritoit d'être traitée plus à fond. Toute Pompe, foit foulanre, foit afpiraute, éleve une :cer- taine quantité d'Eau, & la même quantité, toutes chofes d’ailleurs égales. Si la Pompe eft foulante, le Pifton mü de haut en bas, en refoulant l'Eau contenuëé dans un 1* Tuyau, la fait pafler dans un 24 qui communique par embas avec le 1e", Eau monte dans ce 24, & n’en peut plus refortir, parce qu'elle en eft empêchée par une Soupape ou Clapet, qui eft à Y'endroit de la communication des deux Tuyaux. Si fa Pompe cft afpirante, le Piffon mû de bas en haut fait un vuide dans un Tuyau, qui eft unique, & par-là y fait monter l'Eau, qui n'en peut plus refortir, parce qu'elle eft arrêtée par un Clapet. Tout cela eft extrêmement connu. | Ur L'Eau élevée eft donc un poids que l'Agent ou la Force qui a mû le Pifton a dû foûtenir, & élever avec une certaine vitefle. Aiïnfi cet Agent ou cette Force fe mefure par Ia quantité d'Eau, & la vitefle qui a dû lui être imprimée. La quantité d'Eau eft d'autant plus grande abfolument , & en elle-même, que la furface du Pifton, qui remplit toüjours exactement le Tuyau, eft plus grande, Quant à la vitefle, la fürface du Tuyau étant toûjours, par les raifons que l'on fçait, plus grande que la furface de l'ouverture du Clapet par où il faut que l'Eau pañe, la vitefle de l'Eau doit néceflairement être d'autant plus grande qu'une plus grande quantité d'Eau mûE par le Pifton fera obligée de pañler par une plus petite ouverture ste a , at bis D'ESUVSNCUTE NE St 211 ; ouverture du Clapet, ou, ce qui eft le même, que la furface du Pifton fera plus grande par rapport à celle du Clapet. Et en même temps ce qui augmente la vitefle de l'Eau, augmen- tant auffi fa quantité en même raïfon, la quantité de l'Eau eft encore de ce chef, d'autant plus grande que la furface du Pifton eft plus grande par rapport à celle du Clapet. Ce 24 rincipe de l'augmentation de a quantité d'Eau, tiré de fa vitefle, eft relatif, au lieu que le 1° étoit abfolu. Les Géo- metres verront du premier coup d'œil, que les furfaces qui font ici circulaires, étant comme les quarrés de leurs diametres, lexpreffion algébrique de Îa force néceflaire pour mouvoir le Pifton eft 1 6m puiflance du diametre du Pifton divifée par la 4e puiflance du diametre du Clapet. De“ il fuit fans Algebre, que de deux Pompes qui auront des Piftons égaux & des Clapets inégaux, celle qui aura le plus petit Clapet demandera une plus grande force mouvante, & que par conféquent il faut faire les ouvertures des Clapets les plus grandes qu'il fe puiffe, ce qu'on ne croyoit peut-être pas ; & que fi au contraire les Clapets font égaux, & les Piftons inégaux, la Pompe qui aura le plus grand Pifton, de- mandera une plus grande force. Mais il n'y a que l’Algebre qui détermine que dans le rer cas les forces feront entre elles enraifon renverfée des 4mes puiflances des diametres des Cla- pets, & dans le 24 en raïfon des 6mes puiflances des diametres des Piftons. La vitefle de l'Eau, que nous venons de confidérer, eft fa … vitefle néceffaire que le Pifton lui imprime à caufe du rapport de fa furface à celle du Clapet. Mais il y a une autre vitefle de l'Eau qu'on peut nommer arbitraire, parce qu'elle dépend du plus ou moins de viteffe qu'on voudra donner au Pifton ; lorfqu’il en aura une plus grande, l'Eau aura auffi une vitefle plus grande de ce chef, & au contraire. , + Quelle que foit la force abfo/uë qui meut le Pifton, réglée par le rapport des puiflances marquées ci-deflus du diametré du Pifton à celui du Clapet, c'eft toüjours une force qui prife en elle-même peut être confidérée comme une Colonne Hif 1735. ei K - HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE d’eau d'un certain poids, pefant fur fa bale, & fi l'eau s’échap- poit de cette bafe, elle auroit une vitefle qui s’exprimeroit par la racine quarrée de Ia hauteur de la Colonne. Si lon comparoit deux différentes Colonnes, les vitefles différentes de l'eau qui en fortiroit, feroient comme les racines de leurs hauteurs. Les hauteurs font tout ce qui fait la force de ces Colonnes pour poufler l'eau, donc en mettant à [a place de ces hauteurs deux différentes forces abfoluës motrices du Pifton dans deux différentes Pompes, leurs racines feront les expreffions des deux différentes vitefles que prendra l'Eau dans les deux Pompes. I fuit de-là très-évidemment que fi les forces abfoluës motrices de deux Piftons en deux différentes Pompes font égales, les vitefles de l'Eau élevée de part & d'autre ne font que la même, quelque différence qu'il y ait d'ailleurs dans les Pompes, car on voit aflés que les différents rapports des Piftons aux Clapets fe feront combinés de maniére à ne pas empêcher, ou même à produire l'égalité des forces abfoluës. Quoiqu'ici l'Eau foit élevée avec la même vitefle, il eft clair cependant que ce n’eft pas en la même quantité. Le Pifton, dont la furface eft la plus grande, en éleve une quantité plus grande en même raifon. La vitefle étant déterminée de x pied en 1 Seconde, par exemple, il y a un Cilindre d'Eau élevée, dont la hauteur eft de 1 pied, & la bafe ef Ja furface connuë du Pifton. Ainfi dans le cas préfent on a deux Cilindres d’eau dont la hauteur eft égale, & qui par conféquent font comme leurs bafes, ou les furfaces des Piftons. Voilà le fondement du calcul qu’on peut faire de toute la quantité d'Eau élevée. On fçait que 1 pied cubique d’eau pele 70 livres, & que r pied cilindrique, c'eft-à-dire, le cilindre qui ayant auffi r pied de hauteur, a 1 pied pour diametre de fa bafe circulaire, pele $ 5 livres. Autant qu'il y a de pieds cilindriques dans la quantité d'Eau élevée par la Pompe en 1 Seconde, autant il y a de fois 5 5 livres, & par-là on a le poids ou la quantité d'Eau élevée en tout autre temps plus long que 1 Seconde. x DES | © C'F'ENN"CNEUS Ici, comme en toute autre Machine poffible, il ÿ a toû- jours égalité entre la force mouvante ou la puiflance müé d’une certaine vitefle, & l'effet produit où un poids mü. Si un homme tirant où pouflant horifontalement, a une force de 2 5 livres, & une de 40 à $o quand il agit verticalement, parce qu'alors il employe Ie poids de fon corps, & fi dans l'üné ou l'autre de ces actions il a une vitefle de 3 pieds _én 1 Seconde, ül fe fera un produit de cette force par cette vitefle, tel que cet homme ne le pourra jamais excéder en “faïfant mouvoir un Pifton de Pompe, c'eft-à-dire, que le pro- duit de la quantité d'Eau qu'il élevera par la vitefle dont elle fera élevée, ne fera jamais qu'égal à ce premier produit polé. * Une Potnpe fra la plus parfaite qu'il fe puifle, quand elle ne fera pas un effet moindre que celui que cette égalité promet. Jufqu'ici nous n'avons parlé que des Pompes en général, foit afpirantes, foit foulantes ; les afpirantes, qui font & les plus utiles, & les plus communes, & en même temps les plus curieufes à examiner, demandent des confidérations païti- culiéres. ae * Soit une Pompe afpirante d’une longueur ou hauteur in- Z déterminée, & dont le Pifton puiffe parcourir toute l’étenduë, - de forte qu'étant au plus bas qu'il puifle être il pole fur le Clapet, il eft certain que fr alors on tire ce Piflon, & qu'on 'éleve jufqu'à la hauteur de 3 2 pieds, l'Eau ayant ouvert le Clapet fuivra le Pifton jufqu'à cette hauteur, & non pas au de4à, quand même il iroit plus loin. Tout le monde en fçait la raifon, une Colonne de toute l'Atmofphere n’égale en poids qu'une Colonne d'Eau de même diametre & de 32 _ pieds de haut - Sile Piflon, qui auroit eu alors dans a Pompe une étenduë de mouvement où un jes de 3 2 pieds au moins, n’en pouvoit pas avoir un fr grand, comme en effet il eft très-rare dans da pratique que cela puifle être, il y auroit eu donc au bas de - Ja Pompe un vuide, c'eft-à-dire, un efpace rempli feulement P P P d'un ait condenk, comme il left, au bas de notre Atmofphere, & tel que nous le refpirons. Le Pifton qui n’avoit pü defcendre C K ij 76 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE que jufqu'au haut de cet efpace étant enfuite élevé, l'air du vuide s'étend & fe rarefie néceflairement pour fuivre le Pifton, & fe rarefe d'autant plus que le Pifton s'éleve davantage, parce que cet air en a un efpace d'autant plus grand à remplir. En même temps la Colonne d'air extérieur qui pefe fur l'Eau où trempe le bout inférieur de la Pompe, ayant tout fon poids égal à celui d'une Colonne d’eau de 3 2 pieds, & étant plus forte que la Colonne d'air rarefié contenuë dans la Pompe, y fait monter de l'Eau jufqu'à un certain point, & ce point eft plus ou moins haut felon l'excès de force de la Co- lonne d'air extérieure fur lintérieure. Or cet excès eft d’au- tant plus grand que la Colonne intérieure eft plus rarefrée par rapport à l'extérieure toûjours conftante, & cette intérieure eft d'autant plus rareftée qu'elle occupe, après le mouvement du Pifton, un efpace plus grand que celui qu'elle occupoit auparavant, & ce 24 efpace qu’elle occupe eft d'autant plus grand par rapport au 1° que le 1e étoit plus petit, & que le Pifton s’eft enfuite plus élevé, d’où il fuit manifeftement que dans une Pompe où il y avoit un premier vuide entre le Clapet & le Pifton, l'Eau s'éleve d’autant plus que ce vuide étoit plus petit, & que le jeu du Pifton eft plus grand, & au contraire, car il eft bien clair que plus ce vuide feroit grand, & le jeu du Piflon petit, moins {1 Colonne de Fair de la Pompe fe rarefieroit, plus elle auroit de force pour réfifter à la Colonne extérieure , & par conféquent à l'élévation de l'Eau. P I y a donc toûjours une proportion géométrique dont les 4 termes font, la hauteur de l’efpace qu'occupe dans la Pompe Yair rarefié, celle de l'efpace qu'il occupoit étant condenfé, les 3 2 pieds de la Colonne conftante de l'air extérieur, les mêmes 3 2 pieds diminués de la hauteur de l'Eau qui eften- trée dans la Pompe, ou , ce qui eft le même, s’y eft élevée par le jeu du Pifton. Les expreffions algébriques de ces 4 gran- deurs font très-aifées à trouver, l'air rarefié s'exprime par la hauteur de l'air condenfé, plus celle du jeu du Pifton, moins celle de l'Eau élevée, ce qui ne laifle aucune difficulté pour à > A ms NT ESC? LE ANT GES 77 _les autres expreflions. De cette proportion où Equation * fondamentale & générale, M. Pitot ne manque pas d'en faire tout l’'ufage qu'il fe peut pour réfoudre différentes queftions qui fe préfentent. Si, par exemple, on demande quel doit être le jeu du Pifton, afin que l'Eau s'éleve à Ja hauteur du vuide qui étoit dans la Pompe, on trouve auffi-tôt que ce jeu du Pifton fera égal au produit de 3 2 pieds & de la hauteur du vuide, divifé par3 2 pieds, moins cette hauteur, d'où ül fuit que plus cette hauteur fera petite par rapport à 3 2 pieds , plus fera petit Le jeu du Pifton ; & que fr enfin il n'y avoit point de vuide, le jeu du Pifton feroit nul. Céla ne fignifie pas que le Pifton ne pourroit jouer pour élever l'Eau , le contraire eft bien conftant, mais que le jeu du Pifton n'auroit point d’étenduë déterminée. Les expreffions algébriques difent toüjours vrai, müis il faut les entendre. . Si au contraire la hauteur du vuide devient plus grande par rapport à celle de 3 2 pieds, dont elle efl retranchée, le jeu du Pifton en doit être toûjours plus grand, & fi enfin elle eft égale à 3 2 pieds, le jeu du Pifton eft infini, autre expref fon algébrique plus difficile à entendre que la premiére, car ni un jeu de Pifton ne peut être infini dans la réalité, ni il n'eft vrai que le vuide ayant été pris égal en hauteur à 3 2 pieds, le Piffon eût befoin d’une force infinie pour s'élever, & attirer l'Eau ; il eft bien für & bien évident qu'il éleveroit, & l'attireroit mû avec la plus petite force finie. Que veut donc dire l'éxprefion algébrique ? hé: Le vuide ayant 3 2 pieds, & le Piflon étant pofé à cette “hauteur, pour peu qu'on l'éleve, Ja Colonne d'air extérieur équivalente à 3 2 pieds d'eau fe rarefie à proportion , & par -conféquent l'Eau commence à monter. Si le Pifton étoit élevé de 3 2 pieds, la Colonne de l'air du vuide en auroit donc 64 de hauteur au lieu de 3 2 qu'elle avoit, & par confé- quent feroit 2 fois plus rarefiée, & auroit 2 fois moins de #orce pour réfifter à {a Colonne de l'air extérieur, & à l’élé- vation de l'Eau, & laifferoit monter 16 pieds d'Eau, moitié K iÿ « 1 9 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE de Ja Colonne de 3 2 pieds. Si enfuite on éleve encore 1é Pifton de 3 2 pieds, {a Colonne d'air extérieur affoiblie par les r 6 pieds d'Eau qu'elle a élevés dans la Pompe & qu'elle foûtient, ne peut plus élever à cette 2de fois que la moitié de l'Eau qu'elle avoit élevée la 1° fois, c'eft-à-dire 8 pieds, & de même à une 3° fois, quoique le Pifton y foit plus élevé de 3 2 pieds, on aura 4 pieds d'élévation nouvelle, & enfuite 2 & 1, ce qui fait déja une fomme totale de 3 r pieds, mais comme on n'auroit après cela que +,+,+, &c. dont la fomme pouflée à l'infini ne fait que r, il eft clair que pour avoir la fomme géométriquement exacte de 3 2 pieds d'eau élevés, il faudroit que le Pifton füt élevé à 3 2 pieds une infi- nité de fois fucceffives, & l’une au deffus de l’autre, ou, ce ui eft le même, qu'il eût un jeu infini. Il eft vrai que nous n'avons jufqu'ici confidéré l'élévation de l'Eau que comme faite par un feul où premier coup de Pifton, & que le raifonnement qui vient d’être fait eft fondé fur une infinité de coups fucceffifs, mais il eft vifible que fr dans la même hipothefe de 3 2 pieds de vuide, on ne vouloit qu'un feul coup de Pifton , il faudroit de même que le Pifton parcourût un efpace infini, mais continuèment, au lieu que nous avons conçü qu'il ne le parcouroiït que par repries inft- niment répétées, & par-là la folution du Probleme rentre dans l’hipothefe que nous avions toûjours faite tacitement d'un premier ou feul coup de Pifton. On peut obferver que cette derniére folution donne en général l'idée de ce qui arrive par les coups de Pifton fuc- ceflifs. Ils font tous également pénibles à l'Agent, & font toüjours une moindre élévation d'Eau. C’eft le premier qui regle tous les autres, & il fera connu par la Théorie préfente. M. Pitot a pris un tour différent pour la folution de ce = cas du vuide de 3 2 pieds. I y trouve des Racines imaginaires, & il en conclut que ces Racines marquent que l’on peut toû- jours par de nouveaux coups de Piflon augmenter l'élévation de l'Eau, ce qui eft vrai, mais peut-être paroïtroit-il furpre- nant que des Racines imaginaires qui emportent toüjours [LABELS MSNCURNE) NICE. 79 - Fimpoffbilité du Probleme dont il s'agit, en donnafent ici une folution non feulement réelle, mais plus étenduë & plus C4 ample qu'on ne l'attendoit. Cette difficulté eft levée par notre 4: folution du même cas, qui nous a jettés dans l'Infini, car quoi- | que l'Infini ne foit pas imaginaire, il eft auffi impoffible dans la réalité que l'imaginaire, &c il y a lieu d'admirer ici combien les indications de l’Algebre font füres, lors même qu'elles ont de lobfcurité. Nous avons fuppolé jufqu’à préfent des Pompes terminées par leur Clapet qui trempoit dans l'Eau, dont une partie devoit s'élever, mais fouvent leur conftruétion eft différente, für-tout quand il faudroit qu'elles fuffent fort longues, & que l'on veut épargner la matiére. On met au deffous du Clapet un Tuyau qu'on nomme l'a/pirant, d'un diametre égal à celui du Clapet, mais moindre que celui du Pifton ou du corps de Pompe. Le bout inférieur de Fafpirant trempe dans l'Eau, c'eft par-R qu'elle s'éleve. IL eft vifible que fi lafpirant n'eft que de Ia hauteur néceflaire pour faire que le jeu du Pifton éleve l'Eau jufqu'au Clapet, elle n'aure plus de force pour entrer dans le corps de Pompe, & que par conféquent l'effet de la Pompe fera le plus petit qu'il puiffe être. En cet état l'Eau afpirée étant de la même hauteur que . Fafpirant, la proportion trouvée ci-deffus fe change en une peu différente, dont les 4 termes font la hauteur de Fair rarefié qui n’eft plus que celle du jeu du Pifton plus celle dur | vuide qui eft dans le corps de Pompe, la hauteur de ce vuide + oufair condenfé, les 3 2 pieds dela Colonne d’eau qui égalent "A tout le poids de l Atmofphere, & ces mêmes 3 2 pieds dimi- _nués de la hauteur de fau entrée dans l'afpirant. Cette Pompe peut être appelée fiéfice, parce qu'elle ne feroit pas d'ufage, & c'eft à elle que commencera la Suite des Pompes ‘qu'on peut executer. La proportion géométrique qui exprime Îa nature de 1a Pompe fiétice n’a que 3 grandeurs qui puifent varier, la hau- teur de l’afpirant, celle du jeu du Pifton, & celle du vuide dur - corps de Pompe, & par conféquent 2 de ces grandeurs étant 8o HisToiRE DE L'ACADEMIE RoyALE connuës ou données, la 3° s’en déduit aufli-tôt néceflai- rement. Si, par exemple, le jeu du Pifton étant donné de 8 pieds, & celle du vuide de 2, on demande quelle fera dans la Pompe fidtice celle de l'afpirant, elle fe trouvera très-aifément de 2 $. pieds+, c'eft-à-dire, qu'il faudra que l'afpirant ait 2 s pieds}, afin que l'Eau afpirée s’éleve feulement jufqu'au Clapet fans entrer dans le corps de Pompe, & comme l'Eau y entreroit dès que l'afpirant feroit moins haut ou plus court, il s'enfuit que tout nombre au deflous de 2 $ + pourra ètre la hauteur de l'afpirant d'une Pompe non fiétice, où l'Eau entrera dans le corps de Pompe, & qui aura 2 pieds de vuide, & 8 de jeu de Pifton, & cette Pompe fera d'autant plus parfaite que la hauteur de fafpirant fera au deffous de 2 $ 4. C’eft ainfi que la Pompe fiétice devient modele par fon extréème imper- fecion. De même fi dans la Pompe fictice Ia hauteur du vuide eft 2, & celle de l'afpirant 2 $ +, le jeu du Pifton fera 8, c'eft-à-dire, quel Eau afpirée n'étant alors arrivée qu'au Clapet par ce jeu de Pifton, elle montera plus haut dès qu’il fera un peu plus grand que 8, & que plus il pañléra ce nombre, plus la Pompe fera parfaite. Cela fuffit pour faire comprendre comment deux des trois grandeurs qui entrent dans la Pompe fiétice étant données, ou, ce qui eft le même, deux aflujettiffements fur trois, où Yon peut fe trouver en cette matiére, étant fuppolés, la Théorie de M. Pitot donnera des Pompes d'une perfection telle qu'on voudra, & qui n'aura de bornes que celles que la pratique & lexecution mettent néceflairement à tout. Feu M. Parent, qui avoit de grandes vüës pour évaluer par Géométrie le plus haut point de perfeétion où lon puiffe porter les Machines en général, avoit propofé fur le fujet des Pompes huit Problemes à réfoudre, qu'il jugeoit auffi difficiles & plus dignes d'attention que ceux qui ne font que de pure curiofité, & n’ont que le mérite d'embarrafer les grands Géo- metres. M. Pitot les a tous réfolus par fa Méthode, & les deux exemples DES SCIENCE s. 8r° exemples que nous venons de donner font deux de fes {olu- tions. La plüpart des autres Problemes font un peu plus com- pliqués, mais la folution en eft également facile par la Théorie de M. Pitot. Le principe en eft fi bon, qu'il ne faut pas beaucoup d'art pour le manier. —————_—_— SUR LA LONGUEUR DU PENDUILE. UAnp le Voyage du Pérou fut réfolu dans l'Académie, on ne manqua pas de penfer qu'il ne falloit pas s'en tenir à la mefure actuelle des degrés dans un Climat fi éloigné pour décider la queftion de la Figure de la Terre, mais qu'il y falloit encore employer la mefure de là longueur qu'on trou- veroit au Pendule qui y battroit Les Secondes , parce qu'elle ferviroit auffi à la même décifion. Quelque temps après on réfolut le Voyage de Suéde dans les mêmes vüés que celui du Pérou, & ces deux Voyages devoient être d'autant plus utiles que le Pérou & la Suede font plus éloignés. If falloit auffr fonger d'autant plus à en profiter, qu'ils ne pouvoient être que fort rares. Des Académies ne font pas toüjours en état d'envoyer fr loin des Commifiaires ou des Députés, & le temps n’eft pas encore venu où les Sçavants n’ayent qu'à écrire fous l'Equateur ou fous le Pole pour fatisfaire leur curiofité. Autrefois un Grec, qui vouloit {çavdir des nouvelles de l'Egipte à laquelle il touchoit, étoit obligé d'y aller. * On a vû en 1700* &en 1703 * ce qu'on a fait jufqu'à préfent pour la détermination de {a longueur du Pendule à Secondes, comment cette détermination tire à conféquence pour la figure de la Terre, & combien en même temps elle eft difficile, puifqu’il eft arrivé que de bons Obfervateurs ne trouvaflent à cet égard aucune différence entre Paris & Co- penhague. . Pour connoître, s’il eft poffble, la variation de la longueur . du Pendule en différents Climats , il faut avoir établi bien fürement {a longueur qu'il a en un certain lieu, à Paris, par _ ” exemple, & c’eft ce que M. de Mairan a entrepris de faire | L He 1735. V. les M. Pe 153- % 3 P. 1162 fuiv. 24e Edit. * p. 130. & hr. 24 Edit, S2 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE par une fuite d'opérations qui ont duré trois mois de l'Eté de cette année. M eft impoflible que dans un fi long temps on ne penfe à tout, que l'on n'effaye de tout, que lon ne remédie à tout. Voici une idée générale des opérations dé M. de Mairan. D'un côté une Horloge bien réglée fur le temps moyen, bien vérifiée, battoit les Secondes de ce temps, ou les marquoit, ou même quelquefois les fonnoit. De Fautre un Pendule, c'eft-à-dire, comme on fçait, un Poids fufpendu à un fil d’une longueur connuë , tiré de fon point de repos, faifoit des vibrations ou ofcillations que l’on comptoit ; fi leur nombre étoit précifément égal à celui des Secondes donné par l'Hor- loge, le fil du Pendule, ou, comme on parle communément, le Pendule étoit donc de la longueur dont if devoit être à Paris pour battre les Secondes. Mais fi ces deux nombres n'étoient pas égaux, comme on ne comptoit pas effeétive- ment qu'ils duflent l'être, on fe fervoit d’une Analogie fon- damentale de Théorie qu’il faut rappeler ici. Selon le Sifteme de Galilée, un corps pefant qui tombe parcourt des efpaces qui font entré eux comme les quarrés des temps employés à les parcourir, ou des vitefles acquifes à la fin de ces temps. Cela étant appliqué aux Pendules, les efpaces qu’ils parcourent en faifant leurs vibrations font des arcs de Cercles, dont les longueurs des Pendules font les rayons, & par conféquent les arcs ou les efpaces parcourus par les Pendules font entre eux comme leurs longueurs. D'un autre côté les vitefles des Pendules font plus grandes en même raifon que le nombre des vibrations faites en même temps eft plus grand. Donc les longueurs des Pendules font entre elles comme les quarrés des nombres des vibrations faites en même temps, & l’on entend aflés que cette proportion eft renverfée, car le plus grand nombre de vibrations appartient toüjours nécéffairement aux longueurs plus petites. Si l'on fçait que les nombres des vibrations de deux Pendules font 2 & 3, on fçaura auffi-tôt que leurs longueurs font comme 4 & 9, la longueur 4 appartenant à celui qui fait 3 vibrations. tn nie TE UNE ST PS TCRAMEN NC NET 83 Si le plus petit Pendule étoit r, qui feroit donc 3 vibrations, le grand qui n'en feroit que 2 feroit ? où 2 +. L Par-l ïl eft très-ailé de voir quelle Analogie M. de Mairan | tiroit de fon oblervation. Le nombre des Secondes que fui donnoit fon Horloge pendant un certain temps, & le nombre des vibrations que fon Pendule quelconque avoit faites pen- dant le même temps, étant tous deux quarrés, avoient Ie même rapport que la longueur connué de fon Pendule, & celle d'un autre Pendule cherché qui n’auroït fait qu'un nom- bre de vibrations égal à celui des Secondes'de Horloge, & qui par conféquent auroït battu fes Secondes. . Tel eft l'efprit de la Méthode, mais les détails de la pratique en font prefque infinis. Comme il ne s'agit que de 1 ligne ou tout au plus de r ligne + fur une longueur qui fera certai- ñement un peu au deflous de 3 pieds 9 lignes, & qu'eft-ce que 1 ligne fur 1 $ 3 ? le nombre des attentions néceflaires pour l'exactitude eft d'autant plus grand, & elles font d'autant plus néceflaires, & en même temps d'autant plus délicates , que la quantité dont on cherche à s'affürer eft plus petite. Quand on verra toutes les précautions de M. de Mairan, on fera plütôt étonné qu'il y en eût tant à prendre que lon himaginera qu'il ait pü lui en échapper quelqu'une. Nous ne nous engageons pas à rapporter tout, ni dans tout le détail qui pourroit cependant-y être utile. = Ceux à qui cette matiére fera nouvelle, pourroient d'abord demander pourquoi l'on cherche la fongueur du Pendule à Secondes, lorfque lon a une Horloge qui les bat réguliére- ment & d'accord avec le mouvement des Etoiles fixes, car cette Horloge a un Pendule dont on n'a qu’à mefurer Ia lon- gueur, & n'éft-ce pas là celle du Pendule à Secondes toute trouvée? Il eft vrai qu'elle peut l'être, mais elle peut auf ne l'être pas. Celle que lon cherche eft celle d’un Pendule qui tombant par la feule aétion de la Pefanteur, décrive chacun de fes arcs circulaires précifément en 1 Seconde, le Pendule de l'Horloge n'eft pas dans ce cas-là, ce n'’eft pas la feule Péfanteur qui lé meut, c’eft auffi le Reflort, & en général | Li 84 HISTOIRE DE L'ACADEMIE Roÿazr toute autre puiflance motrice de l'Horloge, tout l'aflemblage de la Machine agit fur lui. C’eft un Probleme délicat que de. déterminer de combien, en vertu de fa conftruction ou de fa compofition , fa longueur ef altérée par rapport à celle d'un: Pendule abfolument fimple, & la difficulté du Probleme a, invité M. de Mairan à le réfoudre. Ainft Horloge n'eft qu'une piéce de comparaïfon qui ne fert qu'à donner les Se- condes écoulées pendant le temps que le Penduie d'obfervation ou d'expérience , dont la longueur eft encore indéterminée, fait {es vibrations. Comme l'erreur dans les opérations, & principalement dans leurs réfultats, fera d'autant moins à craindre que l'on aura obfervé un plus grand nombre de battements tant du Pendule de l'Horloge que de celui d'expérience, il faut donc que celui-ci batte affés long-temps. Tout ce qui pourroit l'en empêcher & arrêter fon mouvement, c'eft la réfiflance de Y'Air. L’Air réfifte à une vitefle quelconque felon le quarré de cette vitefle, & un Pendule plus court en a plus de vitefle, donc l'Air lui réfiftera davantage de ce chef, & il y faut avoir égard dans le choix de la Jongueur. … Par rapport à cette même durée du mouvement du Pen- dule d'expérience, plus le Poids, que l'on fuppole être une boule ou une Sphere de métal attachée au bas du fil, fera grand, plus il aura de force par fa maffe pour vaincre la réfiftance de FAir, & moins il éprouvera cette réfiftance à raifon de fa fuperficie, car dans une Sphere la folidité croît felon une plus grande raifon que la fuperficie, donc quand le Poids fphérique fera plus grand, fon mouvement fera moins diminué par l'Air, & durera plus long-temps. Si on prend le Pendule d'expérience beaucoup plus long que celui de Horloge, égal à peu-près à celui qui doit battre les Secondes, c'eft-à-dire, à 3 pieds 8 lignes plus ou moins, ce Pendule fr Jlong aura bien-tôt des vibrations fi lentes, qu'il fera difhcile de difcerner à l'œil fa fin d’une vibration d'avec le commencement de la fuivante, le Pendule fera en quelque forte flationnaire pendant quelques inftants, & quand DE s «4 S 0 15 N CES: 8 on voudra terminer l'opération, on ne fera pas bien für de la terminer par la rencontre jufte de la fin d'un nombre total des vibrations du Pendule avec Îa fin d'un battement de Se- conde de l'Horloge. M. de Mairan démontre que fi on fe trompoit feulement de + fur la derniére vibration du Pendule d'expérience, l'erreur dans la conclufion qu'on en tireroit pour la longueur du Pendule à Secondes, feroit de plus de + de ligne, ce qui eft très-confidérable par rapport à la précifion que l'on cherche. - de ligne même feroit encore ici une _trop grande quantité. . Le meilleur remede à cet inconvénient des Tongs Pen- dules, eft de les prendre tels que le nombre de leurs vibra- tions, néceflairement moindre que celui des vibrations ou battements du Pendule de l'Horloge, lui foit commenfurable, par ex. qu'il foit 7, come il fera pour un Pendule de 6 pieds & près de 3 pouces, tandis que le nombre des vibrations ou Secondes de l’'Horloge fera 10. Les deux Pendules fe ren- contreront donc, où auront un inftant de concours, de 10 en 10 Secondes, & quand l'Horloge en aura battu 100, le Pendule d'expérience aura fait 70 vibrations jufte. Ainf un premier ou deux premiers concours étant bien obfervés, & ce font heureufement ceux qu'il fera le plus facile de bien obferver on fera difpenfé de la peine defagréable, & par-là même fujette aux méprifes, de compter fans relâche toutes les vibrations du Pendule d'expérience , on pourra fans péril ‘ en interrompre F’obfervation, l'abandonner, & quand on y reviendra on fçaura par l'Horloge combien il aura fait de vibrations, pourvû que lon prenne toüjours fur l'Horloge un nombre de Secondes multiple de ro. .Si on donne au Pendule d'expérience une longueur fort approchante de celle du Pendule de l'Horloge, les deux Pen- dules commenceront par battre fenfiblement enfemble, mais non pas exactement, puifqu'ils ne font pas parfaitement égaux, à la longue ils fe fépareront, l'un gagnera toûjours un peu fur Vautre, & enfin gagnera un battement entier, c’eft-à-dire, que fuppolé qu'ils ayent commencé par tomber enfemble de EL üi % p.114. & fuiv. 24e Edit. 96 HisToirE DE L'ACADEMIE ROYALE droite à gauche, celui qui aura gagné üñ battément entier tombera de gauche à droite, & du point le plus haut, qu'il le puifle à gauche, dans le mème inflant que l'autre commen- cera une vibration en tombant de droite à gauche. C'eft-à ce que M. de Mairan appelle moment d'oppofition. Celui qui a gagné, continuant à gagner, il gagnera encore un battement, moyennant quoi il reviendra au concours, à tomber de droite à gauche avec l'autre, comme il avoit fait dans le premier inftant où ils font partis enfemble, Mais de ce premier inftant de concours au dernier , il y a eu néceflairement un grand iniervalle, & dans cet intervalle deux battements de plus ou de moins au Pendule d'expérience, felon qu'il aura gagné ou perdu, & c'eft ce qui pourra être incertain, à caufe de la facilité de fe tromper en comptant un grand nombre de vibrations pendant un long-temps. M. de Mairan en conclut u’il vaut mieux que les longueurs des deux Pendulss foient aflés fenfiblement différentes. Tout le monde fçait que la longueur du Pendule d'expé- rience n’eft pas celle du fil depuis fon point de fufpenfion jufqu'au point où le Poids fphérique y eft attaché, ni même jufqu'au centre de ce Poids, mais que c’eft la longueur ou diffance qui eft depuis le point de fufpenfion du fi jufqu'au centre d'ofillation du fil & du Poids enfemble. Il {éroit bon de fe rappeler ici ce qui a été diten 1703 * fur les centres d'Ofcillation. Si le fil, & c'eft-là le cas général, a par lui- même un poids qui puiffe être quelque chofe par rapport au Poids proprement dit, ou à la Boule, il fe fait un Pendulé compo/é, dont le centre d’ofcillation eft au deffus de la Boulé fur quelque point du fil d'autant plus haut que le poids du fil {era plus grand, & la diflance du point de fufpenfion du fil à ce centre d’ofcillation eff là vraye longueur du Pendule. Site poids du fil n'eft pas à compter, ce qui eft le plus commun, le centre d’ofcillation n’eft pas même alors au centre de Ia Boule, M. Huguens a démontré qu'il étoit plus bas felon une certaine proportion du rayon de la Boule à la longueur du fil, parce qu'il a fallu avoir égard, non au poids du fil, qui ne DES SU CU ,E IN CES, 87 fubfftoit plus, mais à la diflance de la Boule au-point de fufpenfion du fi, qui fubfiftoit toüjours. On à fait voir dans l'endroit cité combien ces diftances font importantes. Si la longueur du fl excede jufqu'à un certain point le rayon de la Boule, cet abbaïfiément du centre d’ofcillation au deffous du centre de la Boule ne fera plus à compter. La longueur du Pendule d'expérience ne fera donc plus celle d’un Pendule compolé, & par-là fujette à des modifi- cations pénibles, fi ce n’eft dans le cas où le poids du fil aura un rapport fenfible à celui de la Boule, comme Jorfqu’il fera de métal, & la Boule d’une certaine petiteffe. On pourra augmenter la Boule, mais un grand poids agira avec aflés de force pour tirer, pour étendre & pour allonger, peut-être continuellement, le fil de métal, d'autant plus que le Pendule qui décrit des arcs circulaires, acquérant toûjours d’inftant en inflant , dans le cours de chaque demi-vibration, une plus grande vitefle, fa force centrifuge croiflante {e joindra à l'action de la pefanteur pour tirer le fil, & ce qui n’eft pas un moindre inconvénient, pour le tirer inégaiement, & pat reprifes. Le fil de métal a encore une défeétuofité. Dans les expé- riences de M. de Mairan le fil du Pendule eft fufpendu à une Pince d’Acier formée de deux lames qui prennent entre elles I bout fupérieur de ce fil, & le ferrent ‘par des Vis autant qu'on le juge néceffaire. Le fil mis en mouvement va donner de part & d'autre contre le tranchant inférieur de chacune des deux lames parfaitement égales & paralleles, & c’eft ce point où il les rencontre que l'on prend pour fon point de füfpenfion, & d'où lon compte fa longueur, s'il eft d’une matiére fort fléxible, parce qu'il { fait là un pli au deflous duquel feulement toutes fes parties prennent le mouvement d’ofcillation. Mais fi le fil eft de métal, fon peu de fléxibilité empèche le pli de fe former précifément au tranchant de la . lame, il ne peut fe former qu'un peu plus bas, parce que la force qui meut le fil a befoin d’être aidée par un petit bras de levier, & par conféquent la vraye longueur du Pendule en 88 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE eft réellement un peu moindre. Mais ce moins, ce point précis du pli , font des chofes incertaines. Si le fil eft de lin, de chanvre, de foye, le poids de la Boule l'allongera fort aifément, & il faut du moins avant que de s’en fervir, l'avoir laïffé quelque temps chargé de ce poids, afin qu'il ait pris toute f’extenfion qu'il peut prendre, & qu'il ne rende pas les expériences, où il fera employé, fautives par une augmentation de longueur imprévüë & inconnuë. Un fil de Pite, qui eft une côte d’une feuille d’Aloës, eft ce que M. de Mairan a trouvé de meilleur pour cet ufage, il a alés de fléxibilité, & en même temps il ne s'étend pas faci- lement. Cependant pour profiter auffi des avantages qu'auroit un fl de métal par fa force, & fur-tout par fon uniformité plus grande que ne peut être celle d’une matiére végétale, M. de Mairan propofe un fil de Pendule compofé de deux fils, l'un de Pite dans fa partie fupérieure, où l'on a befoin de fléxibilité, l'autre de métal pour la partie inférieure. Quant aux Boules, on voit déja en général par tout ce qui a été dit, qu’il les faut d'un poids proportionné à la force & à la longueur du fil, mais il y a encore quelques confidé- rations à faire. Une Boule de métal peut fe trouver ‘par les accidents de la fonte, plus chargée de matiére en un endroit que dans les autres, ou avoir quelque vuide, que l'on appelle une fouffüre. Tout cela change fon centre de gravité, & l'empêche d’être le même que le centre de figure, & par conféquent le centre total d'ofcillation du Pendule, qui fe regle par rapport àu centre de gravité, change auf. 1 hauffe ou baifle fur le ff du Pendule, hauffe pour un excès de matiére qui fera dans la partie fupérieure de la Boule attachée au fil, baifle, fi ce même excès eft dans la partie inférieure. Ce fera le contraire pour une foufflüre. Il eft vrai que M. de Mairan, à qui cette _attention n'échappe pas, a trouvé qu'il ne pouvoit réfulter de-là aucun effet fenfible, même en cette matiére qui exige une précifion fr rigoureufe, mais il falloit fçavoir qu'il n’y avoit rien à craindre de ce côté-à, & M. de Mairan ne fait pas LT ge Lin en à ke rene mieu SC E At Grise if Bo pas de difficulté d'augmenter le poids de la Boule, en l'atta- chant au fil par un petit anneau ou crochet de métal, Si deux Boules de groffeur inégale ont chacune la même irrégularité, qui confiftera en ce que quelques-uns de leurs diametres font de + ligne plus longs que les autres, la plus grofle fera la plus parfaite, parce que + ligne d’excès ou de défaut fera une moindre quantité par rapport à un grand dia- metre que par rapport à un petit, cependant il vaudra mieux fe fervir de la petite boule, parce que la longueur de eur rayon entrant toüjours abfolument & fans aucun rapport dans a longueur du Pendule, la même erreur de + ligne fera plus forte dans 1e Pendule qui répondra à la grofle Boule que dans autre. C’eft ce que le calcul fait voir. M. de Mairan préfere donc les petites Boules aux grofles, mais fi on veut en em- ployer une grofle, il avertit qu'il fera bon de ne compter pour fon véritable diametre que celui qui fe trouvera dans la digne de fufpenfion du Pendule, C’eft en effet celui-là feul dont la longueur entre dans celle du Pendule. M. de Mairan a trouvé qu'une Boule de Cuivre d'environ 1 pouce de dia- metre étoit le Poids qui convenoit le mieux à un fil de Pite prefque auffi délié qu'un Cheveu. Si lon veut un Poids de la figure la plus avantageule en cette opération après la fphé- rique, M. de Mairan juge que ce feroit un Ciindre qui auroit 10 fign. tant pour fa hauteur que pour le diametre de fa bafe. I eft néceffaire que le Pendule foit bien exaétement ver- tical, & par conféquent la pofition de la Pince d’où il eft fufpendu bien horifontale. M. de Mairan s’aflüroit de cette pofition par de petits Niveaux d'Eau. Il s'affüroit de même de celle d’une Bafe de bois bien poli, pofée exprès pour ÿ rapporter l'extrémité inférieure du Pendule, qui ne doit pas aller tout-à-fait jufques-là de peur d’un frottement. Le Péndule doit fe mouvoir bien exactement dans le même plan vertical, & n’en point fortir. Pour peu qu'il en forte, il fait des ofcillations coniques , au lieu de les faire planes ou latérales, c'eft-à-dire, qu’il décrit la furface d’un Cone dont Je fommet feroit au point de fufpenfion , au lieu de décrire le Hi, 1735. © HisToiRE DE L'ACADEMIE "ROYALE plan du T riangle générateur de ce Cone. Si le fil du Pen- dule eft de chanvre, ou de foye, il eft tors, & il peut arriver que par quelque accident il fe torde encore ou fe détorde, ce qui rendra les ofcillations coniques ; il eft certain que fi on les rend exprès primitivement telles, ce fil fe tordra ou fe détordra un peu à chaque fois qu'il donnera contre le tranchant de la Pince, le pli fe fera un peu plus bas, & fa véritable longueur du Pendule fera diminuée. Il paroîtroit cependant que Îes ofcillations coniques ne feroient pas tant à craindre, puifque on fçait par la belle Théorie de M. Huguens, qu'une de ces ofcillations en vaut deux planes, pourvû qu'elles fe faflent toutes dans une petite étenduë, où fe maintienne l'ifocronifme des vibrations que l’on fuppole toûjours ici. On auroit donc toüjours le nombre des unes par les autres, mais la difficulté feroit de les diftinguer ; quand les planes font devenuës coniques, elles peuvent redevenir, & redeviennent ordinairement planes par des degrés infen- fibles. Il faut donc éviter les ofcillations coniques, & pour cela M. de Mairan avoit tracé fur la bafe de bois dont nous avons parlé, une ligne droite le long de laquelle il conduifoit avec grande attention le Pendule en lui donnant fon premier mouvement. Pour peu que fa main fe fût écartée de la ligne, cet écart auroit rendu les ofcillations coniques. -On peut bien croire que dans une recherche aufii fcrupu- leufe, & qui ne rouloit, pour ainfï dire, que fur des Infini- ment petits, M. de Mairan n'a pas oublié de voir quelle part pouvoient prendre à fes Expériences les variations du Chaud, du Froïd, de la température de T'Air. I a obfervé que r$ ou 20 degrés de chaleur où le Thermometre expolé au Soleil montoit au deflus du degré où il étoit dans un lieu clos, aliongeoient environ de - de ligne une verge de Fer Jongue à peu-près comme le Pendule à Secondes , maïs n'ayant pas fuivi cette matiére autant qu'il l'auroit voulu pour fe contenter pleinement , il a eu foin du moins de joindre à toutes les Expériences qu'il a rapportées , le degré du Thermometre dans le temps de l'opération, celui du Barometre, & le Vent. | DES SCIE NC:E4,. 9x Toutes les opérations ont été faites en Mai, Juin, Juillet, & il ny a nulle apparence que dans ces trois mois confé- cutifs, & dans un même lieu il ait pü arriver du côté de l'air des variations qui dérangeaflent rien. M: de Mairan a eu même égard, ou plûtôt a examiné s’il en falloit avoir, à la hauteur du lieu où il obfervoit, qui étoit de 57 ou 58 Toiles au deflus du niveau de la Mer, car il eft certain qu'un point de la furface de la Terre plus élevé, cir- culant avec plus de viteffe, fa force Centrifuge plus grande diminué davantage faction de la Pefanteur, & par conféquent les Corps font moins pefants à cette élévation, & le Pendule à Secondes y fera plus court. Maïs il faudroit des Montagnes, & des plus hautes, pour fournir une élévation dont l'effet pût être fenfible. M. de Mairan juge que le Pic de Ténérifle, qui a près de 1 Lieuë de ‘hauteur, pourroit être fuffifant, & que des obfervations qu'on y feroit fur la longueur du Pen- dule féroïent aufi utiles que celles de Cayenne, & feroient toüjours un fecond moyen qui auroit le même objet. . Les Expériences de M. de Mairan ont été faites de diffé rentes maniéres, avec des Pendules tantôt plus longs, tantôt plus courts, des Boules plus grofies ou plus petites, différents fils, car nous avons vü, ou du moins on peut le conclurre de ce qui a été dit, que plufieurs maniéres ont un pour &un contre, mais dans chacüne il a apporté toutes les précautions dont elle étoit fufceptible. Dans tous fes Calculs les grandeurs, qui faifoient les Unités, n'étoient que des centiémes parties de Ligne, ce qui allongeoit beaucoup les opérations Arith- métiques fi fatigantes & fi defagréables, mais produifoit une grande précifion , au delà même du befoin. Enfin il a fait 15 Expériences, dont il en a rejetté 3 qui ne lui ont pas paru aflés füres, & prenant fur les 1 2 reftantes la longueur moyenne du Pendule qui en réfultoit, illa trouve de 3 pieds 8 lignes & + de ligne: C’eft ce que l'on fçavoit déja, peut-être à + de ligne près, puifqu'on la croyoit ordinairement de 3 pieds 8 lignes+, mais on ne le fçavoit pas avec une certi- … tude, à beaucoup près aufli grande. Jamais ces Expériences | M ir V. les M, p. 251. 92 HI1STOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE n'avoient été faites ni en auffi grand nombre, ni avec tant de foin, & on peut compter que l'on a à Paris un Pendule dont la longueur eft bien conftatée, & auquel on n'aura qu'à comparer ceux de tous les autres Climats, ce qui pourra devenir d'une extrême utilité pour de grandes Théories. Quand des Mathématiciens capables des plus hautes fpécula-. tions, & qui même y font accoûtumés, s'occupent long- temps à des détails de pratique, il faut qu'ils en fentent & en prévoyent l'ufage par rapport à ces fpéculations, qui feroient certainement plus de leur goût. C’eft peut-être aufii pour fe juftifier de ce grand foin des détails, que M. de Mairan y a fait entrer le plus qu'il fe pouvoit de fine Théorie, jufqu’à faire incidemment des Remarques de pure curiofité géomé- tique fur les Centres d'Ofcillation de plufieurs Corps, du Cilindre, des Conoïdes, & à relever les erreurs où quelques Géometres font tombés fur un fujet fi délicat, où il fe trouve des elpeces de merveilles que lon n'eût pas prévüës, ni foupçonnées. + SUR LES OSCILLATIONS CAUSEES PAR UNE IMPULSION QUELCONQUE. UAN D on ne veut, ainfr qu'il eft ordinaire, que mettre un Pendule en mouvement, on l’éloigne de la ligne verticale, où il étoit en repos, & on le laïffe enfuite retomber naturellement fans lui donner aucune impulfion, & même en prenant garde de ne lui en point donner. Il defcend jufqu’à fon point le plus bas en décrivant un arc de Cercle, de-à en vertu de la vitefle accélérée qu’il a acquife par fa chûte, il remonte par un fecond arc de Cercle égal au premier à la même hauteur d’où il étoit defcendu. C'eft-là fa premiére ofcillation ou vibration, qui eft fuivie de beaucoup d’autres. Elles fe font toutes dans un même plan vertical, pourvû que la condition du Pendule mû par fa {eule pefanteur , foit DE Es RC ARE Nic igus s | 3! bien obfervée. Mais s’il reçoit quelque autre impulfion étran- gere, fi la main qui le lâche, lui en imprime quelqu'une, ou fi dans le cours de fon mouvement quelque accident fait le même effet, comme nous l'avons dit ci-deflus *, il fort auffi- tôt de ce plan unique où il fe feroit renfermé, & peut aller jufqu'à décrire la furface d’un Cone, au lieu d’un Secteur de Cercle M. de Mairan n'ayant touché qu’en paflant, & autant que‘fon fujet le demandoit, ces fortes d’ofcillations diffé- rentes des ordinaires , M. Clairaut voulut approfondir une matiére qui n'avoit encore été traitée que par M. Huguens, & dont M. Huguens n'avoit confidéré qu'un feul cas. - Si on tire de fa ligne de repos un Pendule d'une longueur déterminée, qui fera la feule que nous lui fuppoferons, & que par conféquent on l’éleve à une certaine hauteur, il fe forme un, plan qui comprend Ja ligne de la premiére pofition du Pendule, & celle de la feconde. Si en laiflant partir la Boule du Pendule on lui donne quelque impulfion , cette impulfion fera d'une certaine force ou vitefle, & aura une certaine di- reétion par rapport au plan que nous venons de po£ér. II s'agit de l'effet de cette impulfion quelconque, & M. Clairaut em- brafié le Probleme dans toute fa généralité. Mais pour le f1- ciliter d’abord , il fuppofe que l'impulfion étrangere ait une direétion horifontale & perpendiculaire au plan pofé. I feroit inutile de Ja fuppofer en embas, puifqu'elle ne feroit qu'aug- menter l'action de fa pefanteur, ni en enhaut, puifque l'on m'aen vüë que des Pendules qui doivent tomber autant & auflr vite qu'ils le peuvent. Quant à la perpendicularité de la direction, il {eroit bien aifé d'y ramener une direction obli- que. Ainfi nous nous en tiendrons toûjours ici à-ces limita- tions du Probleme, qui ne font prefque pas des limitations. - .. À ne confidérer dans le Pendule que l'action de fa pefan- teur, il doit, dès qu'il part du point où il a été élevé, re- tomber & fe rapprocher toûjours du point où il étoit en repos, Mais il a reçû une impulfion horifontale & perpendi- culaire au plan où il alloit fe mouvoir, il faut qu'il obéiffe à ces deux impreffions, & {es concilie autant qu'il eft poffble, . M ii ë * p. 89. 94 HisToIRE DE L'ACADEMIE RoyarE il faut qu'en vertu de l'impreffion étrangere il forte du plant où il feroit mü, mais au lieu de fe mouvoir felon une droite horifontale à l'infini, non feulement il tombe par lim preffion naturelle, mais il tombe en fe rapprochant toûjours de fon premier point de repos, parce qu'il eft aflujetti par fa fufpenfion. I décrit donc une Courbe qui, depuis le point d’où le Pendule eft parti, defcend toüjours en fe rapprochant du plan où il fe feroit mü naturellement. Comme cette Courbe change toûjours de plan , elle eft une des Courbes à double courbure de M. Clairaut. Le point pafié lequel le Pendule ne peut plus tomber, eft vifiblement le point le plus bas de la Courbe, mais il neft pas pour cela dans le plan que le Pendule auroit décrit natu= rellement , il en eft feulement plus proche que tous les autres points de la même Courbe. Le Pendule a été d'abord éloigné de ce plan autant qu'il pouvoit l'être, puifque limpulfion étrangere lui étoit perpendiculaire, mais ce n’eft pas tout, il en a été d'autant plus éloigné, ou, pour parler plus précifé- ment, d'autant plus difpofé & forcé à s'en tenir éloigné que limpulfion qu'il a reçüë a eu plus de vitefle, car ïl en a mieux réfifté à l’action de Ia pefanteur qui le rapprochoit toûjours du point dont il s’agit. L'impulfion étrangere, jointe à l'effet de la fufpenfion dw Pendule , tendoit à lui faire décrire un Cercle autour de fa ligne de repos, il n’auroit pü le décrire fans acquériruneforce Centrifuge d’autant plus grande qu'il auroit circulé avec plus de vitefle. Il n'a pas décrit ce Cercle, mais une autre Courbe le long de laquelle il n’a pas laïffé d’avoir toûjours une force centrifuge proportionnée à fa vitefle, & qui lorfqu’elle étoit plus grande, l'éloignoit davantage du plan où il fe füt mûs H y a encore quelque chofe de plus. La force centrifuge, qui augmente toûjours avec la vitefle, augmente donc dans le même Pendule à mefure qu’il tombe, puifque fa viteffe s'accélere par fa chüte. On peut ne pas compter cette legere augmentation. H eft aifé de concevoir que le Pendule n'étant tiré qu'in= L * * times ÉlerÉENNICEBMETEI HT 0% finiment peu de fa ligne de repos, & n'ayant reçû qu’une impulfion étrangere infiniment petite, ne laïffera pas de faire au moins une circulation entiére infiniment petite fans re- tomber dans fa ligne de repos. A plus forte raifon quand il aura reçû une impulfion finie, & pariconféquent une force centrifuge finie auffi, fe tiendra-tf dans fon point le plus bas hors de fon plan saturel, du moins pendant une ofcillation où circulation, & c'eft tout ce qu’il faut préfentement. + Le Pendule arrivé à ce point le plus bas, doit faire, les proportions gardées, tout ce qu'il auroit fait, s’il n'eût point reçü d'impulfion étrangere. [f remontera autant qu'il ‘étoit defcendu , & par une Courbe égale & femblable à la pre- miére , feulement pofée à contre-fens, ce qu’il eft facile de fe repréfenter ; enfuite au lieu de revenir fur fes pas’comme à l'ordinaire, il décrira de l’autre côté, & au de-là de fa ligne de repos, des arcs femblables à ces deux premiers ; & pour en donner une idée fort fimple, c'eft-là une efpece de cir- culation , qui n'eft, fi l'on veut, qu'une ofcillation, quoi- qu'on puifle dire qu'elle eft compofée de deux. H füffira de confidérer la re dé ces branches, car elle repréfentera toutes les autres. CPAS L'action de la Pefanteur eft toûjours la même, avec quelque autre force qu’elle foit mêlée. Un Boulet de Canon pouflé horifontalement avec quelque vitefle que ce foit, defcend toüjours dans les mêmes temps de la même quantité prefcrite parles loix de la Pefanteur. La force centrifuge qu'aura le Pendule, à n'y compter point celle qu’il aura par lui-même, & fans impulfion étrangere , dépend de la vitefle de cette impulfion, qui peut être telle qu’on voudra. Ainfi dans le mouvement que prend le Pendule, il { fait une combinaifon d'une force toüjours Ja même avec une autre’ variable à volonté, À : 201 +. 29 SDAS "Dans le cas, & celui-là eft par fa nature le premier de tous, où le Pendule ne feroit tiré qu'iifiniment peu ‘de: fa ligne de repos, & ne recevroit qu'une impülfion étrangere infiniment petite, il eft clair que la force centrifuge ne feroit 6 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE qu'infiniment petite, la Pefanteur du poids du Pendule exer- çant d'ailleurs toute fa force. Pour peu qu'on tire finiment le Pendule de fa ligne de repos, & qu’on lui imprime de vitefle finie, il eft certain que la force centrifuge deviendra finie, & croîtra toûjours enfuite tant que l'on voudra par un plus grand écart du Pendule, & par l'impreffion d’une plus grande vitefle, Puifque la Pefanteur eft une force toûjours conftante, & d’une certaine valeur ou quantité finie & déterminée, & que la force centrifuge peut toüjours croître, il faut qu’elle puiffe enfin parvenir à égaler la Pefanteur. Alors la Pefanteur qui jufque-là avoit toûjours fait defcendre le Pendule, & l'avoit toûjours rapproché de fon premier point de repos, ne pourra plus faire ni lun ni l'autre, fon action étant balancée par l’action ou tendance précifément contraire d’une force centri- fuge qui lui eft égale. Le Pendule ne defcendra donc plus, &. fera toûjours à {a même diftance du point dont il fe feroit toûjours approché, & par conféquent il décrira un quart de Cercle horifontal. C’eft-là ce qu'on appelle ofüillation Conique. Plus on écarte le Pendule de fa ligne de repos, plus on lui fait décrire un grand Cercle, s’il en doit décrire un, car le rayon de ce Cercle fera toûjours le Sinus de l'angle de l'écart; ce Cercle déterminé par l'écart doit être décrit avec une cer- taine vîtefle, afin que la force centrifuge qui naïtra de Ià foit égale à la Pefanteur, & c'eft l'impulfion étrangere qui difpofe de cette vitefle, il la faut donner jufte, fi l’on veut des ofcil- lations coniques. Toute vitefle moindre, l'angle de l'écart étant pofé, & toüjours le même, ne produira que ce quart de Courbe def- cendante, & s’approchant toûjours d'un certain point, que nous avons repréfentée, & cette Courbe fera d'autant plus defcendante, & s’approchera d'autant plus de ce point, que la vitefle de l'impulfion étrangere aura été plus petite par rapport à la vitefle uniforme qui auroit produit le Cercle ho- rifontal. Toutes ces Courbes, à les compter depuis ce Cercle, en font toûjours plus différentes, & plus différentes entr’elles, Mais | | | : 3 | | DiE US SCO E NOTE Er: 1 | 97 Mais fr, le refte demeurant le même, la viteffe dont nous parlons étoit plus grande que la vitefie unique qui fait le Cedehorifontal qu” arriveroit-il ? la force centr ifuge devenuë plus grande qu'elle n'avoit encore été, ne permettroit plus au mouvement du Pendule de fe rénfétrriers comme il avoit toû- jours fait jufque-là, dans l'angle de l'écart pofé d'abord, elle l'en feroit fortir, le feroit monter plus haut que le point dé- terminé par cet écart, & lui feroit décrire un Cercle d'un plus grand rayon, & un Cercle horilontal, parce que la Pefanteur Vaincuë par la force centrifuge n’auroit plus d'effet. Si la vitefle croifloit toûjours, ce feroient toù jours de plus grands Cercles horifontaux , jufqu' au dernier qui auroit enfin pour rayon la longueur même du Pendule, mais alors il faudroit que la viefle imprimée fût infinie, & furpañlàt infiniment celle que peut produire la Pefanteur. Ce fera toûjours la même chofe, quel que foit l'angle dé ‘écart du Pendule, H y auratoûjours pour chaque écart diffé- rent une vitefle différente & unique, qui produira les ofcil- lations coniques, & de-là tout le refte s'enfuit. Maintenant il s'agit de réduire toute cette Théorie en expreflions Algébriques, fans quoi elle demeureroit prefque inutile aux Géometres, & manqueroit même de quelques déterminations précifes que le feul raifonnement Métaphi- fique ne fourniroit pas. La Courbe générale à double cour- bure, que forment les ofcillations caufées par une impulfion quelconque, M. Clairaut la rapporte à un plan horifontal qu’il imagine qui pañle par le point de fufpenfion du Pendule, & il la rapporte par. des droites perpendiculaires à ce plan, tirées de tous les points de la Courbe à double courbüre, moyennant quoi elle a une projection qui n'eft plus à double courbure, mais qui la reprélente, & la fera connoître.dès qu'elle fera connuë. Comme cette projection feroit tracée par le mouvement d'un point ou d'un poids attaché à l'extrémité d’un fil dont l'autre extrémité feroit immobile, & qui circuleroit horifon- Hif, 1735: 98 Hisrorne DE L'ACADEMIE ROYALE talement, & avec une vitefle uniforme ou variée autour du point fixe, le point mû eft dans le cas d’une Planete qui ayant toûjours ine tendance vers le Soleil, & retentë par cette tendance das fon Orbe, le décrit perpétuellement au- tour du Soleil, quelque vitefle qu'elle ait, I éft donc naturel & facile d'appliquer ici une Regle de Képler, & de prouver que le point mobile qui décrit la projection, en décrit les différents arcs en des temps qui font entre eux comme les Secteurs de la Courbe términés par ces ares. De ce prin- cipe M. Chairaut tire FEquation algébrique de la Courbe dé projection, & par conféquent celle de là Courbe à doublé courbüre, d C’eft principalement paiyapport à l’'ifocronifme que fe fait toute cette recherche, & l'Equation de M. Clairaut ren- ferme eflentiellement les temps. 11 s'attache particuliérement à en faire tout l’ufage qu’on peut fouhaiter dans cette vüë, & comme il a en main, outre les détérminations des Ofcillations planes & coniqués que lon avoit déja, celles de toutes les autres Ofcillations poflibles, il marque dans quelles limites préciles font renfermées les Ofcillations quelconques, que l'on peut regarder comme ifocrones, quoiqu'elles ne foient pas faites par des arcs de Cycloïde. Ces grandes précifions intéreflent les grands Géometres, foit quand ils voyent qu'on va par un calcul fin & adroit, foit quand ils veulent def- cendre de la Théorie à la Pratique. Ette année M. Bigot de Morogues, Officier dans Royal- Artillerie, communiqua à l'Académie un Ouvrage in- titulé Effai de l'application des Forces Centrales aux! effets de la Poudre à Canon, d'où l'on déduit une Théorie propre à perfec- tionner les différentes Bouches à feu. L' Auteur confidere fous Fidée de fa Force Centrale d’un T'ourbillon agiflant du centre vers la circonférence, les divers effets dé la Poudre enflam- imée, foit dans un efpace & dans un air libre’, oït dans un efpace & entre des parois qui la renferment, & s’oppofent à MoEusvÉemiEUN cigare 94 fa dilatation; & il prouve, tant par des expériences que par les principes de Phifique les plus reçûs , que l'inflammation de la Poudre fe fait toujours ou tend à fe faire fphériquement ; il fait voir de la même maniére que l'inflammation de la Poudre eft d'autant plus prompte que fa quantité et plus grande en raifon des Racines cubiqués de cette quantité, de forte que s’il y avoit, par exemple, deux trainées, l'une ayant ä | : L À . # 1 pouce cube de poudre & l'autre 8 , la vitefle de l'inflam- mation de la feconde {era à la vitefie de l’'inflammation de la premiére comme 2 à 1 ; l'inflammation de la Poudre fera même plus complete, auffi-bien que plus prompte. De’ces principes, & de quelques autres qui ne font pas moins fé- :conds, l'Auteur déduit en Géometre & en Phificien, les divers efforts de l1 Poudre dans fes explofions, lorfqu’elle eft enfer- mée dans un Canon cilindrique ; il en donne des Formules, . des Exemples & des Tables pour diriger les ouvriers dans la conftruction des Piéces d’Artillerie, & en déterminer les proportions, autantque le peut permettre un calcul prefque toûjours fondé fur des expériences très-délicates, & fouvent équivoques à plufieurs égards. Car M. de Morogues fçait bien reconnoître &faire fentir à fes Leéteurs ce qu'il pouvoit y avoir de douteux dans la matiére qu'il traite, par fa com- plication perpétuelle avec le Phifique , tant de la part de la Poudre que de celle des Métaux & de la fabrique des Piéces d’Artillerie. I n’a pas négligé'auffi de réfuter certaines erreurs de fait qui fe font accréditées, on ne fçait comment, parmi quelques gens du métier, celle-ci, par exemple, que les Piéces d'un moindre calibre portent à proportion plus loin que les groffes Piéces. Ce qui a été prouvé de l'inflamma- tion de la Poudre, lorfqu'elle eft en plus grande quantité, feroit afés préfumer le peu de fondement de cette opinion, mais M. de Morogues en démontre la fauffeté par des expé- riences fans réplique, plus convaincantes pour ceux à qui les meilleures Théories font toûjours fufpectes. Cet ouvrage, d'ailleurs rempli de vüës & de réfléxions curieufes, a paru N jÿ V. les M. P: 505: P: 522. p.129: 100 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE marquer beaucoup de fçavoir dans l'Auteur fur la matiére. qui fait fon objet, & un efprit d'obfervation peut-être encore plus rare & plus utile dans les Sciences & dans les Arts que le fçavoir même. N°: renvoyons entiérement aux Mémoires L’Ecrit de M. Godin fur la longueur du Pendule à Paris & à St Domingue. Celui de M. Bouguer fur le même füjet. Celui de M. de la Condamine fur le même fujet. ‘ 1 DES SCIE NC E's. I0f. MACHINES OU INVENTIONS APPROUVEES PAR L'ACADE MIE EN M DCCXXXV. EL N Moulin de M. Lollier, executé en grand, qui peut fervir utilement dans les endroits où l'emplacement ne permet pas de multiplier le nombre des Rouës, & d’avoir un grand Rouet. Ce Rouet eft fujet d’ailleurs à des inconvé- nients affés confidérables dans l’execution, & c’eft un avan- ‘age qu'il ne foit pas fi grand. La conftruétion de M. Lollier, qui na que trois Rouës, dont la premiére eft horifontale & fixée dans le Plancher , à paru ingénieufe, & l’on ne croit pas qu’elle ait encore été employée. On en a vü l'effet; un Septier de Bled a été très-bien moulu en 24 Minutes avec 2 Che- vaux qui n'alloient que leur pas ordinaire, mais qui paroif- foient tirer fortement. FT. Une Machine à élever les Eaux, préfentée par M. des Parcieux. Son jeu confifte en ce que deux Balanciers en Bafcule, dont l'un éleveun Pifton, & l'autre enlaifie defcendre un pareil, étant liés enfemble par un troifiéme Balancier en Bafcule auf, font déterminés à fe mouvoir toûjours à contre- fens l'un de l'autre. Cela a paru plus fimple, moins fujet à réparation, & à laifler perdre la force, que les Machines où Ton employe des Rouets & des Lanternes. Celle-ci étant deftinée pour la Seine dont le courant varie beaucoup en #orce, M. des Parcieux change la diftance des points de tirage au centre de tout le mouvement, de forte que la force du courant, qui eft la motrice, étant moindre, la Machine ne diflera pas d'élever l'Eau avec la même force, ce qui a paru nouveau, & bien entendu. X p.9I:. 2e 502 HisTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE 1 « Une Pompe inventée par M. Douffan , & préfentée par lui & par M. de Pugniéres. Une addition faite à la Pompe ordinaire, & une nouvelle difpofition de fes parties, font que celle-ci eft afpirante & foulante tout. enfemble, de forte qu'elle ne perd point comme les autres la moitié de fon temps au moins, & donne de l'Eau fans interruption. On l'a comparée à une Pompe de Vaifleau, qui müë par 4 Hommes, a élevé 9 Muids d'Eau à 18 pieds de haut en 12 Minutes, & la nouvelle Pompe, avec la même puiflance, a élevé la même quantité d'Eau à la même hauteur en 4 Minutes +. Les deux Pompes avoient d'ailleurs quelques avantages & defavantages réciproques, mais tout compen{é, on à jugé que la nouvelle méritoit la préférence. IV. Un nouveau Pifton inventé par M. le Brun pour fa Ma- chine à élever l'Eau, dont nous avons parlé en 173 1 *. Par les expériences qu'il en a faites en plufieurs endroits, & avec un fuccès qui l'animoit à la perfectionner, il s’étoit apperçü que le Cuir, dont on garnit un Pifton, duroit moins quand le diametre du Piflon étoit plus petit, & que cela alloit fr Join, qu'à un Pifton de 6 pouces il étoit fouvent ufé en 8 jours, au lieu qu'il ne l’étoit qu'en $ ou 6 mois à un Pifton de 12 ‘pouces. À pparemment les mouvements alternatifs, qui plient le Cuir en fens contraires {e tourmentent davantage, & ont plus de force pour rompre la liaifon de fes parties, lorfqu'il eft d'une moindre étenduë. Selon cette idée il falloit de grands -Piflons, mais de grands Piflons élevoient une grande quan- tité d'Eau, & par con féquent demandoient une force motrice, plus grande fouvent que celle que l'on avoit, ou que l'on vou- loit employer. L'expédient de M. le Brun fut très-ingénieux & très-fimple. IT fépara un même Piflon en deux , ou plütôt il en mit deux fun au deffus de l’autre à la diftance d'environ Sont ddl ae à | | Î | | Le. 4 L ee A LÉ ha EYAÏDIESS NISICTIIE NY Gi Eis. 103 x pied, le fupérieur étant d’un moindre diametre que lin- férieur , moyennant quoi on m'élevoit plus & on n’avoit plus à foûtenir qu'une Colonne d'Eau dont la bafe eût été égale à la couronme qui étoit la différence des aires circulaires des deux Piftons. Comme le rapport de leurs diametres détermi- noit la grandeur de cette couronne, & qu'on étoit maître de ce rapport, on n'élevoit que telle quantité d'Eau qu’on vouloit avec un Pifton de à grandeur qu'on avoit jugée convenable. L'Académie trouva cette invention très-utile, & ne crut pas avoir rien vû jufqu'à préfent de meilleur en ce genre. V. Une Rappe à Tabac, d’une conftruétion nouvelle, inven- tée par M. l'Abbé Soumille. On a vü qu'elle pouvoit rapper une Once de T'abac fans beaucoup de déchet en 1 Minute, ce que les autres font à peine en 8. I a-paru qu'elle étoit d’un meilleur ufage, & pouvoit durer long-temps fans avoir befoin qu'on y retouchit. VI. Une Machine à élever les Eaux de M. Renou. If y à fait une application qui a paru nouvelle, de l'échappement des Rouës de rencontre fi connu dans l'Horlogerie, mais il eft à craindre que cet échappement ne fe détruife promptement, & n'engage à de fréquentes réparations. La Machine eft très-fimple. VII. Une propofition de M. Bertier du Mans pour élever l'Eau. , Q [7 . Qu'un poids sifément mobile, comme du Mercure, pole fur un Pifton enfermé dans un Tuyau où il peut fe mouvoir li- brement, il eft vifible que fi ce F'uyau eft mis en balancement, fi on lui fait faire des ofcillations circulaires, le Mercure à chaque defcente pouffera le Pifton avec toute la force qu'it 104 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE tiréra de fon poids, & de la hauteur, ou de la viteffe de fa chûte ; & fi ce Pifton rencontre de l'Eau qui ne puifle fe mouvoir qu'en montant par un Tuyau vertical, il l'y fera monter avec toute cette force. Voilà le principe de M. Ber- tier ; le Tuyau qui contient le Mercure & le Pifton eft ba- lancé par un Contrepoids qui fera auffi gros qu'on voudra, & qui en confervera d'autant plus long-temps le mouvement où il aura été mis une fois ; le refte de la Machine eft aifé à imaginer, & à fuppléer. L'idée a paru nouvelle & ingé- À nieufe, mais d’une execution extrêmement difficile. ) 4 t £ELOGE DE SU S"Cr.E A'CHALE 105$ DEMO NCE NOTICE E MODCOICONEMCENEE IE nl E LOGE DE M DE RESSONS HEan-BapTisre DeEscHiens DE REssons naquit à Châlons en Champagne le 24 Juin 1 660, de Pierre Defchiens Secretaire du Roi, & de Marie Maurifet, Son Pere, qui étoit fort riche, le deftina aux emplois qui du moins confervent la richefle, mais la Nature le deftinoit à un autre où le Patrimoine eft fort expolé, fans compter la vie, À 17 ans il fe déroba de la maïfon paternelle pour entrer dans les Moufquetaires noirs, il en fut tiré par force, & ne demeura chés fon Pere qu'autant de temps qu'il lui fallut pour ménager une feconde évafon. Il fe jetta dans le Regiment de Champagne, où il eut bien-tôt une Lieutenance, & d’où il fut encore arraché. Enfin pour finir ce combat perpétuel entre fa famille & lui, en la mettant plus hors de portée de le pourfuivre, il alla à Toulon, & y fut reçû dans {a Marine en 1683 Volontaire à Brevet. Cette inclination invincible pour la Guerre promettoit beaucoup, & elle tint tout ce qu'elle promettoit, une valeur fignalée, de l'ardeur à rechercher les occafions, de l'amour pour les périls honorables. II {ervit avec éclat dans les Bom- bardements de Nice, Alger, Gennes, Tripoli, Rofes, Palamos, Barcelone, Alicant. Dès l'an 1 6 93» 10 ans @près fon entrée dans Ja Marine, il étoit parvenu à être Capitaine de Vaifeau, élévation rapide, où la faveur & l'intrigue n’eurent cepéndant aucune part. j y a une infinité de Gens de guerre, qui font des Heros dans l'action, & hors de-là ne font guere de réfléxions fur leur métier. En général le nombre des Hommes qui penfent eft petit, & lon pourroit dire que tout le Genre humain Hi. 1735. | O * V. les M. de 1716. p.19. & füuiv. 106. HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE reflemble au Corps humain où le Cerveau, & apparemment une très-petite partie du Cerveau, eft tout ce qui penfe, tandis que toutes les autres parties, beaucoup plus confidéra- bles par leur mafle, font privées de cette noble fonétion, & n’agifient qu'aveuglément. M. de Reflons s’étoit particuliére- ment adonné à l’Artillerie, il ne fe contenta pas d’en prati- quer les Regles dans toute leur exactitude, il en voulut appro- fondir les Principes, & examiner de plus près tousles détails, & quand un bon efprit prend cette route en quelque genre que ce foit, il eft étonné lui-même de voir combien on à hiffé-encore à faire à fes recherches & à fon induftrie. Dans V'Art de tirer les Bombes , dont tant d’habiles gens fe font mélés, M. de Reflons compta jufqu'à vingt-cinq défauts de pratique qu'il corrigea avec fuecès en différentes ren- contres *, M. le Duc du Maine, Grand Maitre de l’Artiflerie, voulut avoir dans ce Corps qu'il commande un homme qui y convenoit fi bien. 1] le détermina à quitter le fervice de Mer pour celui de Terre fur la fin de 1704, & fit créer en fa. faveur une dixiéme Charge de Lieutenant général d’Artillerie fur Terre. A tout ce qui l'animoit auparavant il fe joignit ce choix fi flateur & les bontés d’un fi grand Prince. Ainfi nous fupprimons tout le détail de fa vie militaire pendant la Guerre de la Succefion d’Efpagne, il ne pouvoit ni manquer d’occa- fions, ni leur manquer. Dans les temps de Paix, cet homme qui n'avoit refpiré que Bombardements, qui ne s’étoit occupé qu'à faire forger ou à lancer des Foudres, faifoit fes délices de la culture d’un aflés beau Jardin qu'il s’étoit donné. Il avoit aflürément fait plus de ravages que ces premiers Confüls ou Diétateurs Ro- mains, plus célébres par leur retour aux fonctions du Labou- rage après leurs triomphes que par leurs triomphes mêmes. Ces fortes de plaïfirs fr fimples & fi peu apprêtés, qu'on ne goûte que dans la folitude , ne peuvent guere être que ceux d’une ame tranquille, & qui ne craint point de fe voir & de Le DES SCIENCES Yo7 f reconnoitre.: Il faut être bien avec ceux avec qui lon vit, & bien avec foi quand on vit avec foi. M. de Reflons. porta dans fon Jardin le même efprit d’obfervation & de recherche, dont il avoit fait tant d'ufage dans l'Artillerie, & quand il fut entré en 171 6 dans l'Aca- démieren qualité d'Aflociélibre, tantôt il nous donna ce que nousavons déja rapporté fur les Bombes, ou de nouvelles maniéres d’éprouver la Poudre *, -tantôt de nouvelles prati- ques d'Agriculture, comme celle.de garantir les Arbres de d * V.THift. e 1720. leur Lepre, ou de la Moufle*, alternativement Guerrier & P: 112- Laboureur; ou Jardinier, toüjours Citoyen. Ilavoit des idées particuliéres fur le Salpêtre. II en tiroit de certaines Plantes, & prétendoit faire une compofition meilleure que la commune, & à meilleur marché, On dit que le Prince Regent, dont le fuffrage ne fera ici compté, fi l’on veut, que pour celui d’un habile Chimifte, avoit aflés approuvé fes vüës, l'Académie accoûtumée aux difcuflions rigoureufes , lui fit des objetions qu'elle fçavoit bien mettre dans toute leur force; il es efluya avec une douceur qui auroit pû fervir d'exemple à ceux qui ne font que Gens de Lettres, mais il ceffa de s’expofer à des efbeces de combats auxquels il n'étoit pas aflés exercé. Il a laiffé un Ouvrage confidérable Manufcrit fur Le Salpètre & la Poudre. Dans les derniéres années de fà vie, tomba dans un grand affoibliflement, qui ne fut pourtant pendant un temps aflés Tong que celui de fes Jambes, dont il ne pouvoit plus fe {ervir; tout le refte étoit fain. I navoit point attendu l'âge ou les infirmités pour fe tourner du côté de la Religion, il en étoit bien pénétré, & je fçais de lui-même qu'il avoit écrit far ce fujet. Je ne doute pas que la vive perfuafion & le zele ne _fuflent ce qui dominoit dans cet Ouvrage, mais ft la Religion pouvoit fe glorifier de ce que les Hommes font pour elle, peut-être tireroit-elle autant de gloire des foibles efforts d’un homme de Guerre en fa faveur, que des plus fçavantes pro- duétions d'un Théologien, I mourut le 31 Janvier 1735, * V.PHIfE, de 1716. Pe31e to8 Hisr. DE L’AcAD. ROYALE DES SCIENCES. âgé de 7 $ ans, ayant fait tout le chemin qu'un bon Officier devoit faire par de longs fervices, feulement peut-être un meilleur Courtifan auroit-il été plus loin. Son caractere étoit aflés bien peint dans fon extérieur, cet air de guerre, hautain & hardi, qui fe prend fi aifément, & qu'on trouve qui fied fr bien, étoit furmonté ou même effacé par la douceur naturelle de fon ame, elle fe marquoit dans fes maniéres, dans {es difcours, & jufque dans fon ton. À peine toute li bienféance d’un état abfolument différent du fien auroit-elle demandé rien de plus. Il avoit époufé Anne Catherine Berrier, fille de Jean- Baptifte Berrier dela Ferriére, Doyen des Doyens des Maîtres des Requefles, & de Marie Potier de Novion. Il en a eu deux Enfants. MEMOIRES l rÆ il MEMOIRES | DE : MATHEMATIQUE DE PHYSIQUE, TIRES DES REGISTRES de l'Académie Royale des Sriénces, De fAnnée M. DCCXXxX V. MANIERE DE DETERMINER + ffronomiquement la différence en Longirude de deux Lieux peu éloignés l'un de l'autre. Par M. DE LA CONDAMINE. He] À célebre Méthode de feu M. Caffini pour la ZA] détermination des Longitudes par l'obferva- SA tion des Satellites de Ju iter, a cet avantage AN dense en longitude } [ll = ne font par ce moyen ni plus difficiles à obferver, ni füujettes Men, 1735, A qu'il eft plus important de bien déterminer, 8 Janvies 1735e à MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à une plus grande erreur que les moindres. Si, par exemple, Finflant qu'un Satellite difparoït en fe plongeant dans lom- bre, ou celui qu'il commence à reparoiître, n’eft pas le même pour deux obfervateurs placés dans Je même lieu, & que la différence de leurs vûés & des Lunettes puiffe en caufer une de 10 fecondes de temps entre leurs obfervations, comme on le reconnoît par l'expérience ; on ne pourra être für qu'à 10 fecondes près de l'exaéte contemporaineté, qu'on me per- mette ce terme, de deux obfervations correfpondantes. Ces 10 fecondes de temps répondent à 2 minutes & demie, où à la 24. partie d'un degré terreftre, efpace qui fur un grand Cercle feroit d'environ une lieuë commune de France. Or cette erreur d’une lieuë ne fera pas plus grande, fi les deux obfervateurs font éloignés du diametre entier de Ia Terre, que s'ils n'étoient qu’à quelques lieuës lun de l'autre. Mais, par la même raifon ; cette méthode fi admirable pour les grandes diftances, dévient pour les petites prefque entiérement, & dans quelques cas, totalement inutile. Car Terreur poffible d’une lieuë qui dans le cas précédent où les obfervateurs font fuppofés aux deux extrémités d'un dia- metre de la Terre, peut étre comptée pour rien fur 4500 lieuës, deviendroit confidérable de plus en plus, fi les ob- fervateurs fe rapprochoient ; jufques-là qu’elle furpañeroit à a fin leur diftance mutuelle, f cette diftance étoit moindre que la 24.me partie d'un degré. Dans le travail que nous nous propofons d’executer fous PE quateur aux environs de Quito dans l Amérique Méridio- nale, le pays habité par les Efpagnols ne s'étendant d'Occi- dent en Orient qu'à environ 80 ou 100 lieuës de la côte, il y a apparence que nous ne pourrons gueres mefurer que 4 ou $ degrés au plus en longitude. Une lieuë d'erreur répartie fur 4 ou $ degrés feroit au moins de $ 00 toifes par degré, ce qui eft bien éloigné de la précifion qui eft à dé- firer, & à laquelle on fe propofe d'arriver dans cette opéra= tion, pour en tirer des conféquences exactes fur la figure de la Terre, AE D: Est 5 CAE NC S L'obfervation des Satellites de Jupiter ne peut donc nous donner qu'une approximation infuflifante en ce cas ; & par cette feule voye on ne doit pas efperer de conclure exacte- ment la mefure d’un degré de Y Equateur terreftre. C'’eft cependant jufqu'à préfent unique moyen qui aït été mis en ufage pour d'évaluation des degrés de longitude, du moins c'eft le plus exact, puifque les Eclipfes de Lune & celles de Soleil, dont on peut fe fervir auffi, donnent encore moins de précifion. I feroïit donc fort à fouhaiter pour la Géographie en général, & en particulier pour tirer plus de fruit de nos opérations fous la Ligne, d’avoir, pour la détermination des. Méridiens dans les petites diftances, une Méthode qui püt fuppléer à celle des Satellites, & être pratiquée dans les cas où la premiére ne peut donner la jufteffe requile. La queftion, comme tout le monde fçait, fe réduit à deux points. 1.° A trouver un moment précis qui puifle être remarqué à la fois des deux lieux dont on cherche 11 différence en longitude. 2.° A fcavoir bien exactement quelle heure ïl eft en ce moment au Méridien de chaque lieu. D'où il fuit que deux principes d'erreur peuvent nuire à la jufleffe de Topération. Le premier eft celui que nous avons déja remarqué provenant du défaut ou de la différence des Lunettes ou des yeux des obfervateurs, & il peut caufer une erreur de 10 fecondes de temps. Le fecond vient de la difficulté de fçavoir l'heure exactement dans les deux lieux choïfis pour les obfervations correfpondantes, foit par le défaut de jufteffe dans la Pendule, ou d’exactitude dans 1a Méridienne tracée. C’eft uniquement au premier obftacie que nous nous attachons ici, & auquel nous cherchons à remédier. La premiére idée qui fe préfente pour avoir un moment qui puifle être remarqué à la fois. par deux obfervateurs, eft de faire un fignal qui puifle être apperçü des deux lieux dont on cherche Ia différence des Méridiens. L'apparition ou la difparition fubite de ce fignal obfervée A ij Arc. Mem. de l'Academie, 1.7- p.224. Hiff. de l'Ac. TC TiT: 146. A Met. Mchod. for difoucring the dongiud. dc. Lond. 1714. Journ. litrer. de la Haye, £ 4 P:443: MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au même inftant dans les deux lieux , donneroit par fa diffé- rence d'heure comptée au Méridien de chaque lieu 1eur différence en longitude. I paroît que de tous les fignaux le plus convenable à ce deflein, c'eft-à-dire, celui qui peut être vü de plus loin & le plus diftinétement, eft un feu pendant la nuit. Tout fimple & tout naturel qu'eft ce moyen qui, à la diflance près, a un rapport manifefte à limmerfion & l'émer- fion des Satellites, je ne fçache pas qu'il ait été pratiqué jufqu'à préfent qu’en une feule occafion. Ce fut par M. Picard en 1671, pour déterminer la différence des Méri- diens entre la Tour aftronomique de Copenhague & Ura- nibourg dans lIfle d'Huene, différence qui fut trouvée d'en- viron 7 minutes & demie, ou un huitiéme de degré. Le projet propolé en 1714 par deux Anglois, pour découvrir les Longitudes tant fur Mer que fur Terre, par le moyen des Bombes, eft à la vérité fondé fur le même principe; mais l'execution en a paru impoñfhble, & on a eu peine à concevoir que deux Auteurs célebres l'euflent pro- pofé férieufement. On na dit que feu M. Delifle, de cette Académie, avoit eu deffein de fe fervir des Feux pour fixer les longitudes des principaux points d'une nouvelle Carte de France, dont il avoit formé le projet, mais cela n’a pas eu d’execution. Il y a lieu de s'étonner que depuis foixante & tant d'années que ce moyen a été mis en pratique avec faccès, on ne s’en foit pas fervi dans la conftruétion de tant de Cartes qui ont paru depuis ce temps-là. M. Godin a déclaré que dans le Voyage que nous fommes près d'entreprendre, il comptoit fe fervir des Feux, comme du moyen qu'il jugeoit le plus für pour déterminer les degrés en longitude. J'ai auffi appris avec grand plaifir, en lifant ce Mémoire à la Compagnie, que M. Caffini, qui n’en avoit pas encore fait part à l'Académie, avoit eu la même vüé en décrivant fa Ligne perpendiculaire au Méridien de Paris, & qu'il avoit deflein d'en faire ufage dans la fuite de fon travail. C'eft D'ESSL S TC TE N CES 5 fe nouvelle preuve de Putilité du moyen propofé. M. Caffini a bien voulu depuisme communiquer fon Mémoire fur ce fujet. Je ne prétends donc point à la gloire de donner ici une idée nouvelle, mon deffein feulement eft de propoler quel- des nouvelles vüës pour rendre cette pratique plus fimple & d'une plus grande utilité, d'indiquer des moyens pour leverles difficultés qui fe préfentent dans l'execution ; enfin, & c'eft mon but principal, d’en faire l'application au cas préfent de notre Voyage, & d'examiner quel avantage nous en pouvons retirer dans l’execution de notre projet, en comparant la précifion qu’on doit attendre de cette méthode dans les circonftances préfentes à la méthode ordinaire des Satellites. M. Picard ne fait aucun détail des précautions qui furent prifes pour faire difparoître fubitement le feu qui lui fervoit de fignal. Dans les petites diftances, telles que celles de 1a Tour de Copenhague à Uranibourg, qui n’eft que d'environ fix lieuës, comme il n'eft pas befoin d’un feu d'un grand volume pour être apperçü diftinétément, il y a mille moyens de réuflir, mais les difficultés croiflent & fe multiplient par Yéloignement. On fçait, par les expériences rapportées par le même 4x. em M: Picard dans fon Traité de la Mefure de la Terre, qu'un #/ 4 1. 71 feu de trois pieds de large, vû à la diftance d'environ 1 3 * Af& l'Aes lieuës pendant la nuit, paroït à la vüë fimple comme une Etoile de la 3.m€ grandeur. Pour qu'il puiffe être apperçû aifément & diftinéternent à cette diflance, nous fuppoferons qu'il ne doit avoir gueres moins de 10 à 1 2 pieds de dia- metre, & qu'il doit être augmenté par de-là cette mefure à proportion de Ia diftance. Si on veut faire paroître fubitement un feu d’un fi grand volume, il femble que ce ne peut être qu’en laiffant tomber un grand tableau qui le cachoït d’abord, & qui par fa chûte le découvrira aux yeux de l’obfervateur éloigné. Si on veut de mème le faire difparoître tout-à-coup, ce ne peut être A il] À — 1.1. 1670% p.128, & MEmorrés DE L'ACADEMIE RoYyALE qu'en le dérobant au même obfervateur par l'interpofitiom fubite d’un rideau ou tableau; & comme pour élever l'un ou pour glifler l'autre horifontalement, il faudroit un temps qui pourroit rendre équivoque le moment de l'occultation du feu, il femble encore qu'il n'y a point de plus fimple ni de plus court moyen de faire difparoître le feu fubite- ment que de tenir le tableau, qui le doit couvrir, fufpendu au deffus du feu, & dele daïfler tomber librement (& même, s'il en eft befoin, en y adjoûtant un poids) dans linftant où le feu doit être caché. Toute cette méchanique, quelque fimple qu’on puiffe la rendre, demande toüjours un aflés grand appareil : des po- teaux de bois, d’autres piéces de charpente, des cordes, des poulies, un grand amas de matiéres combuftibles, &c, fans parler des accidents qui peuvent empêcher ou retarder le jeu de la machine, fans compter que la flamme d'un bucher allumé eft fujette à difparoître quelquefois par des coups de vent des minutes entiéres aux yeux d’un fpectateur éloigné, & qu'enfin un tableau de 10, 12, 15 pieds de haut par fa chüte, quelque prompte qu'elle füt, ne cou- vriroit & ne découvriroit pas le feu en moins d’une feconde, ce qui feul pourroit caufer une petite erreur qu'il eft bon de prévenir, s'il eft poflible. Et comme dans les chofes de pratique on doit toñjours aller au plus fimple, les difficultés ne manquant jamais de fe multiplier dans fexecution, fur-tout quand il eft queftion d'une pratique nouvelle. ou peu ufitée , if eft certain qu'on y gagneroit à fe pañler du tableau & de tout l'appareil qu'il demande. On conferveroit, ce me femble, tout l'avantage de ce moyen, & on préviendroit les plus grands obftacles, en fervant du feu d'un canon, qui paroït avoir toutes les condi- tions requifes. On pourra, en augmentant la quantité de poudre, s'il en eft befoin, donner à la flamme, à propor- tion de la diflance de lobfervateur, toute l’étenduë qui fera néceflaire pour être apperçüë. Son embrafement eft fubit, . DITEr S1 28 CU EIN CBS & l'effort de la poudre qui agit en tous fens, ne permiettra pas au vent d'abbattre la flamme , & de da dérober: à l’'ob- fervateur éloigné ; de plus , le bruit du coup que l'on fçait par expérience qui s'étend à 20 ou 30 lieuës’, fervira r.° à renouveller Fexpérience de la vitefle du Son, puifque la diftance des deux lieux dont on cherche les longitudes eft fuppofée déja exactement connuë en toiles par les opéra: tions trigonométriques précédentes. 2:°: À vérifier par de fon, quand on aura comniu fa vitefle, la conféquence déja tirée par la vüé de la flamme fur la différence des Méridiens, en forté qu’on aurà deux preuves pour une. … I fera d'autant plus utile de renouveller#les expériences de da vitefle du fon, qu'elles n’ont vrai-femblablement jamais été faites à des diftances ni fi grandes, ni fr exacte: ment mefurées, qu'il eft poffible de le faire dans le cours de notre opération ; & qu'il paroît d'aïlleurs qu'on a trouvé d'affés grandesvariétés dans les réfultats, foit qu’elles pro- viennent de la différénce des liéux, ou de la température de l'air, foit que les expériences n’ayent pas été faites avec aflés de précifions. ! . Si l'on n'étoit pas à portée d'avoir ur Canon, ou qu'il y eût trop, de difficulté à le tranfporter , on pourroit du moins avoir de la poudre, dont on feroit un ou plufieurs tas qui commüniqueroient à une traînée commune à laquelle on! mettroit le feu en comptant les fecondes , pour avoir précifément l'inftant de la grande inflammation qui ferviroit de'fignal. Si Ton jugeoit, par les raifons alléguées, qu'il fût utile de joindre 1e bruit à la vüë de la flamme, on pourtoit enterrer la poudre, en: faifant une efpece de mine qu'on garniroit de boites ou d'autres artifices propres à augmenter le bruit, &.on la feroit jouer à une diftance convenable avec les précautions néceffaires pour prévenir lés accidents. : On a objecté que la flamme de Ia poudre à canon pour- roit n'être pas vüé d'auffi loin que 1a flamme ordinaire d’un: bucher allumé. C’eft à l'expérience à faire connoître fi ce: doute a quelque fondement, &en: ce cas il eft aifé d'y 8 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE remédier, foit en augmentant fon volume pour fuppléer aû défaut d'éclat, foit en rendant la flamme moins rougeître, & par conféquent plus brillante, par une moindre dofe de charbon, où par une augmentation de foufre & de falpêtre dans la proportion qu'on reconnoïîtra la plus avantageufe. A une très-petite diflance, une fufée, un fanal, un feu de paille, fufhroient pour le vrai fignal, mais à de plus grandes diftances on pourra s'en fervir comme de fignaux à préparatoires pour avertir les obfervateurs de fe rendre attentifs au lieu & au moment du vrai fignal, afin d'avoir le temps d'y diriger la Lunette, fi on na pas pris la pré- caution de la pointer de jour, ce qui feroit encore mieux. A la vüë de ce fignal d'avertiflement, on commenceroit à compter les fecondes, & même les demi-fecondes dans les moindres diftances. Soit avec le canon, foit avec la feule poudre, on aura donc un inflant indivifible, aifé à remarquér par les deux obfervateurs, qui eft ce qu’on peut défirer de plus favorable. + On ne fait point entrer ici en ligne de compte le temps que met la lumiére à traverfer la diftance entre les deux obfervateurs. Que la lumiére fe communique ou non en un inftant, on fçait du moins que fa vitefle eft telle que le temps peut être réputé nul dans des éloïgnements beaucoup plus confidérables. Comme le lieu du fignal qui doit être apperçû de loin fera vrai-femblablement élevé, par exemple, . un fommet de montagne, il pourroit arriver que l'endroit ne fût pas commode pour y placer & y régler une Pendule, M. Caflini a donné le moyen de mettre à profit cet incon- vénient. Il n’eft pas néceflaire, comme on fçait, que le fignal fe fafle dans le lieu même où eft aétuellement l'un des deux obfervateurs, il fuffit que ce fignal puiffe être apperçü des deux lieux où on obferve, ainfi chacun des deux obfervateurs pourra fe tranfporter & s'établir avec toutes fes commodités où il lui plaira, pourvû que du lieu qu'il aura choifr, il puifle voir le fignal. Outre la commodité des obfervateurs, Ja pofition d fignal DAETSMIS C1 EN CIS fignal en un lieu tiers pourra procurer deux autres avantages. “Premiérement , de mefurer d’une feule opération une dif- tance double. Un feu, par exemple, qui ne pourroit être apperçû de plus de x 5 lieuës, s'il eft placé à diftance égale entre les deux obfervateurs, pourra fervir à mefurer la diffé- rence en longitude de deux lieux éloignés de trente lieuës, d'oùil feroit impoffble de faire des fignaux qui puñlent être vüs d'un lieu à l’autre. Secondement, en doublant {a dif: tance des deux obfervateurs, on diminuë de moitié l'erreur de l'obfervation, fi petite qu'elle puiffe être, puifque la même erreur fe trouve répanduë fur une double diftance. H y a des temps, particuliérement fous la Ligne , & dans les pays de Montagnes, où l’on pourroit, à moins de frais, faire & réïtérer ces fortes d’obfervations, fur-tout dans les petites diftances ; les T'onnerres, fi ordinaires dans les pays chauds, en fourniroient fouvent les occafions. I eft évident que l'éclair pris pour fignal, peut tenir lieu de la flamme du canon, mais comme les éclairs fréquents pourroient - caufer quelque équivoque, & que le même éclair pourroit quelquefois n'être pas vü des deux obfervateurs, parmi plu- fieurs. obfervations d’éclairs pendant le même orage, on choïfiroit celles qui feroient évidemment reconnués pour correfpondantes par la même différence en temps qui fe trouveroit de lune à l’autre, pour en conclure la différence des Méridiens. Ce moyen auroit l'avantage de pouvoir être pratiqué de jour ; mais outre que ce n'eft que du hazard qu'on en peut attendre les occafions, il paroît qu’il demande de grandes précautions. Soit éclair, foit flamme d’un canon, foit amas de poudre enflammé, il paroït moralement impofhble qu'un bon ob- fervateur fe méprenne d’une feconde {ur F'inftant du fignal. Je crois donc démontré que par ce moyen on peut au moins répondre, à une feconde près, de la correfpondance des deux obfervations dont on ne pourroit étre für qu’à 10 fecondes près par la méthode des Satellites; &comme il eft aifé de répéter plufeurs fois là même opération} Mem. 1735: B ro MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE par exemple, d'heure en heure pendant une ow plufieurs nuits, en prenant le moyen réfultat de toutes les différentes obfervations, on approchera du but encore plus près ; fup+ pofons à une demi-feconde, l'erreur fera réduite à la ving+ tiéme partie de ce qu'elle étoit, & fi on ne peut aller plus loin, c'eft moins la faute de [a méthode que parce qu'im plus petit intervalle de temps qu'une demi-feconde ne paroît pas faififfable par l'obfervateur. Quant à ce qui regarde-en particulier notre travail fous l'Equateur , voici l'avantage que nous pouvons tirer de cette méthode. On fçait qu'il y a de très-hautes Montagnes, & peut-être les plus hautes du Monde, dans le pays où nous allons opérer. La Montagne de S.t° Marthe, à 50 lieuës de Car- thagene & de la côte, fe voit à plus de 30 lieuës en Mer. Les plus grands Fleuves de l'Amérique méridionale pren nent leurs fources à quelques lieuës de Quito, & prefque fous Equateur ; ce n'eft donc pas trop hazarder que de fuppofer qu'en choïfiffant un endroit favorable, le feu qu’on y fera pourra être apperçü à 20 lieuës de diflance depart & d'autre, en forte qu’il y ait 4o lieuës entre les deux obfervateurs. Ceci poff, fuppofons que le degré de l'Equateur foit de 60000 toiles, plus grand de 3000 que Mrs Picard & Caffini n’ont trouvé les degrés du Méridien en France. Les deux minutes & demi, ou la 24." partie d'un degré terreftre dont on pouvoit errer par la méthode des Satellites, feront 2 $00 toiles qui fe trouveront réduites à un vingtiéme, en fe fervant du feu de la poudre, e’efkà-dire; à 7 fecondes & demie de degré qui, dans la fuppofition précédente, valent r 25 toifes : de plus, cette quantité eft à repartir fur 4o lieuës, c’eft-à-dire, fur environ 2 degrés. On pourra donc déterminer la valeur d'un degré de l'Equateur à 65 toiles près, & celle d’un degré de toute autre parallele plus précifément encore, & d'autant plus précifément qu'il différera plus de celui de l'Equateur, puifque la même dif- “tance répond àun plus grand nombre de degrés de longitude DIE: SUIS CAEN CrHib ): | LL à mefure qu'ils décroiflent en s’éoignant de YEquateur. | En fuppofant qu'on ait un arc d’un parallele à l Equateur mefuré dans nos climats avec {a même précifion, cette appro- ximation eft plus que fufffante pour décider la queftion * de la Figure de la Terre qui divie les plus célebrés Géometres & Aflronomes de nos jours. La différence d'un degré de longitude fur la parallele de Paris qui réfülte de l'hypothefe Elliptique de M. Caffini à l'hypothefe Sphérique eft, fui- vant M. Caflini même, par la comparaifon de {es opérations Trigonometriques aux ob{ervations de M. Picard, au moins de 1037 toiles, à plus forte raifon cette différence feroit- elle plus grande entre deux degrés d'un même parallele, comparés dans les deux hypothefes oppofées du Sphéfoïde oblong & du Sphéroïde applati. Me Il eft vrai que dans le calcul précédent on n'a pas fait entrer l'erreur des Pendules ; cette erreur, qui dans la mé thode ordinaire pouvoit avec raïfon être prefque: comptée * Mem. de l’Acad. 17334 P:153: pour rien par rapport à l’autre qui étoit décuple, devient …- maintenant {a plus confidérable, mais on fçait qu'avec une grande attention de la part des obfervateurs & de fréquentes vérifications, on peut s’aflürer de l'heure vraye à une feconde rès ;.& comme erreur ne peut pas. être toûjours du même côté, il eft très-vrai-femblable: que le moyen réfüultat de diverfes obfervations qui peuvent ne pas différer d’une fe: conde, fera fouvent exempt d'erreur. Jufqu'à préfent il ne paroïît pas permis d’efperer rien de plus. Dans la Phifique: la juftefle a fes bornes : nous ne devons pas nous attendre à anéantir les erreurs ; tout ce que nous pouvons prétendre, c’eft d'en reflerrer les limites. 26 Mars 1735: Ann. 172$. B-57: Imprimé em 2668, Anprimés en 2665. 12 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ANALISE CHIMIQUE DU ZINC. PREMIER MEMOIRE. Par M. HELLOT®T. E Zinc eft une fubftance métallique d’une nature peu connuë, quoiqu'il foit depuis long-temps entre des mains des ouvriers en cuivre, qui lemployent ou feul ou mêlé avec le Laiton pour en compofer leur foudure. Depuis la découverte du métal du Prince Robert, on a allié le Zinc avec le Cuivre rouge; & de fes différentes pro- portions avec la Rofette, avec le Cuivre jaune, quelquefois avec le Fer, il a réfulté un métal de Prince plus parfait au- quel on a donné le nom de Tombac. M. Geoffroy a donné fur ce métal compofé un Mémoire auquel on peut avoir recours. Les Chimiftes qui ont tant analifé les matiéres minérales & métalliques, femblent avoir méprifé celle-ci; car hors la préparation des fleurs de Zinc, on trouve peu d'opérations décrites qui tendent à découvrir ce que c'eft qu'une matiére métallique fi finguliére. Les Alchimifles au contraire fe flattent de tirer de fa partie fulphureufe de grands fecours pour la réuffite de quelques procédés qui ont le grand œuvre pour objet. Refpour, dans fon Livre intitulé Rares Expériences [ur l'Efprit minéral pour la préparation à tranfmutation des Corps métalliques , prétend obtenir par le Zinc, l'Alcaeft ou le menftruë véritable & univerfel des métaux. Nicolas de Locques, autre Auteur du même ordre, dans fes Rudiments de la Philofophie naturelle ;' Vappelle la premiere matiere des Phil {ophes. Ms promettent l'un & l'autre des chofes fi merveilleufes du réfultat de quelques opérations qu'ils décrivent énigmatiquement, que ces deux Livres font devenus rares & d’un prix déraifonnable, 4 DR ST ESUC TT 'ENN CEE 13 Vérifier les procédés obfcurs de ces Auteurs, démontrer la fauffèté du plus grand nombre de leurs promeffes par une analife méthodique du Zinc, c'eft ce que M. Geoffroy fa propofa de faire il y a deux ans; & comme c’étoit un plaifir & un amufement pour moi de l'aider dans ce travail, j'ai fait un grand nombre d'expériences qu'il a vérifiées, & qui pourront donner quelques éclairciflements fur cette matiére. Toutes ces expériences, mifes en ordre, fourniront trois Mémoires. Le premier contient de fimples obfervations fur les diffolutions de cette efpece de métal. Le fecond, un fupplément à ces obfervations, où l’on examinera plus fcru- puleufement que dans le premier, le réfidu de ces diflolu- tions, après qu'on en aura retiré le diflolvant par la diftil- lation. Dans le troïfréme, on rendra compte des altérations où changements que le Zinc peut caufer en l'introduifant dans les métaux par le fecours du feu, ou par fon mélange avec leurs diflolutions. Quant à préfent M. Geoffroy me permet de reprendre la part que j'avois dans ce travail, & c'eft cette part qui eft la matiére du Mémoire füuivant. H ne paroît pas que les Anciens ayent connu cette fub- flance métallique ; du moins, quelque recherche que j'aye pô faire, je n'en ai trouvé aucun qui en ait fait mention. Schroder femble ètre le premier qui en ait parlé : il nomme ce métal Marchaffita pallida : d'autres Auteurs Allemands Yont appellé Conterfeth : d’autres le nomment Sreauter ou Spiauter, mais ce dernier nom appartient à une efpece par- ticuliére de Zinc, qui eft jaune, qu’on trouve rarement, & qu'il eft très-difficile d'avoir fans quelque mêlange de Cuivre ou d'autre métal. Le Zinc eft nommé par les Anglois Spe/ter : ils s’en fer- vent principalement à blanchir, à purifier & à durcir Etain de quelques -unes de leurs Mines de la Province de Cor- nouailles ; mais ils n'en mettent qu'une très-petite portion, de crainte de le rendre trop cafant. Nous trouvons ici deux efpeces du Zinc ordinaire ou blanc ; lune qui nous vient des Indes Orientäles en petits B ii 14 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYaALr pains ou lingots plats, que les marchands Indiens falfifient prefque toüjours, en introduifant pendant la fonte une maffe pefante & ferrugineufe dans le milieu du lingot, dont elle fait fouvent le tiers du poids. L’autre efpece de Zinc blanc vient d'Allemagne en gros pains : il eft plus pur & plus eflimé que celui des Indes. L’Auteur de l’A/chimia denudata dit qu'on en trouve aufft dans les mines d'Etain ; M. Juncker cite le Zinc d'Angle- terre, & dit qu'il eft plus tenace que le Zinc d'Allemagne, & qu’il rend les métaux moins caflants ; il y a aufli quelques Minéralogiftes qui parlent d’une mine de Zinc autrefois en valeur dans la Boheme, mais qu'on a abandonnée depuis plufieurs années. Nous ne fçavons pas de quelle Mine on tire le Zinc qui nous vient des Indes Orientales ; mais M. Stahl a donné un. détail de la fabrique de celui de Goflar où l'on fond tout le Zinc qu'on tire des Mines de Plomb de Rammelsberg dans le Duché de Brunfwick ; & comme je me propofe de donner une analife complette de celui-ci, je crois qu'il n'eit pas inutile de traduire le procédé de fon extraétion, tel que ce célebre Chimifte l'a publié. 5» Onletire d'une Mine de Plomb qui fe fond difficilement, quoiqu'elle ne foit ni pierreufe ni ftérile, & qu'au contraire elle foit aflés nette & compolée de feuillets ou lames petites & interrompuës. Trois des côtés du Fourneau où l'on fond ÿ ÿ ÿ » cette Mine font conftruits en briques : le quatriéme ou la » partie antérieure fe ferme avec une plaque compofée de plu- >» fieurs carreaux de pierre grife qui fe refend comme l'ardoïle, » mais qui réfifte au feu. On ne laifle à cette plaque que » lépaifleur d’un pouce, afin que dans le temps que la Mine » eft en fonte, cette plaque puiffe être raffraichie par l'air - » extérieur, ou par des afperfions d’eau froide, fi la fraîcheur, » de l'air n’eft pas fuflifante. » On employe douze heures de feu non interrompu, pour » achever chaque fonte de Ia quantité de Mine que le fourneau » peut contenir. La Mine étant en fonte par le fecours des « ARS EE SE te mie de. EN SL 70 = DIE SA MB ICOUIENN CRENS, Tr foufflets, le Zinc fe fépare du Plomb, s'éleve en fleurs, dont la plus grande partie s'attache aux parois du fourneau qui font conftruites en briques, & y forme une croute de l’épaifieur : d'une plume’ à écrire, de fa confiftence ou fous la forme d'une terre cuite & à demi-vitrifiée. À A chaque nouvelle fonte, il s'applique une nouvelle couche de cette matiére à la précédente, & toutes les cou- ches réunies de plufieurs fontés rétréciroient la capacité du fourneau, f1 on p’avoit pas la précaution de les en détacher de temps en temps. Ces croutes font la Cadriïa Fornacum. On trouve adhérente à la plaque de pierre qui ferme Ja partie antérieure du fourneau, une autre matiére ( moins calcinée) femblable à un plomb fondu, dont quelques partiés paroiflent prefque réduites en chaux. A la fin de chaque fonte de Mine, on Ôôte les charbons embrafés du bas de cette partie antérieure : on y fubftituë du charbon groffiérement pulvérifé, non embrafé, & l'on frappe la plaque à petits coups de marteaux. Le Zinc qui s'y étoit attaché fe revivifie, & coule éommie un Etain en fu- fion, mais beaucoup plus ardent que l'Etain ne le feroit, & avec une flamme fi brillante, qu'en peu de témps il feroit réduit en cendres légeres & blanches, s'il ne prenoit pas dans l'inftant la forme de métal en traverfant le charbon pulvérifé qu'il embrafe én paflant. On l'en retire auffi-tôt qu'il eft refroidi, & avec un feu modéré on le refond pour le mettre en pains ou lingots. Cette fabrique du Zinc fait voir qu'il né différé de Ia Cadmia Fornacum que par le dégré de calcination, & que le froid de l'air extérieur ou l'afperfion de l’eau l'émpêchent de perdre entiérement fa forme métallique. On fait auffi près d’Aix-la-Chapéllé une éfpece de Zine - qu'on nomme Arco. Il fe fabrique en faifant fondre la Ca- amine avec du charbon de bois. Ce qui ét moins purifié que l'Arco, lequel eft affés impur lui même, fe nommé Ras. M faut le purifiér une féconde fois pour en fairé l'Arco. Les Fondeurs retirent éncote une autre matiéré je » » * Let. de M. ? Clermont, Med. de Liege. 16 Memorres DE L'ACADEMIE ROYALE blancheître qu'ils nomment en Flamand BJoeme, & qui n'eft autre chofe que des fleurs de la Calamine adhérentes à la partie fupérieure du fourneau qui a fervi à faire l'Arco*, Le Zinc a plufieurs caracteres qui appartiennent aux mé- taux, puifqu'il fe met en fonte comme l’Etain, comme le Plomb, puifque le Mercure s'amalgame avec lui à l'aide d'une digeftion, puifqu'il a le brillant d’un métal, & qu'il eft, pour ainfi dire, Ductile : car du moins les premiers coups de marteaux qu’on frappe deflus font leur impreffion, & Yapplatiflent un peu fans le rompre : il faut fes répéter pour le gercer davantage & pour le divifer Mais la chaux de ce métal n’eft pas fixe comme celle du Plomb & de l'Etain. Un feu affés foible le réduit en une chaux volatile, car je crois qu'on peut ainfi nommer les fleurs de Zinc, du moins pendant qu'elles s'élevent. Cette chaux ne fe reffufcite pas non plus en métal comme celle du Plomb & de l'Etain, par l'addition d'un principe inflam- mable tiré des Végétaux ou des Animaux. | C'eft à ces fleurs que des Alchimiftes ont donné les noms myftérieux de Tulc des Philofophes, de Sericon, d'Eau Jéche des Sages, de Cotton philofophique. L'huile qu'ils en tirent par le moyen du Vinaigre eft, felon eux, une Auile ringente : c'eft Vhuile de Tale tant recher- chée, mais inutilement, faute de connoître le vrai Talc. Enfin cette chaux eft, fuivant Glauber, le remede de toutes les playes ulcéreufes, de quelque nature qu'elles foient ; & fon huile prétenduë, un remede prefque univerfel. On verra par les Mémoires qui füivront celui-ci, fi toutes ces. pro- priétés font chimériques ou non. J'examine à préfent de quelle maniére cette fubftance métallique eft difloute par les acides, & ce qui rélulte des diflolutions qui en ont été faites tant fur la forme de métal qu'après l'avoir réduit en fleurs. Le plus fimple des moyens qu'on puifle employer pour avoir des fleurs de Zinc, pures & bien blanches, eft dele fondre dans un creulet haut de bords; d’incliner ce creufet dans un fourneau fous un angle de 45 degrés ou environ, de faire DÉS SCIENCES). 17 de faire deflous un feu modéré, feulement un peu plus fort que pour tenir le plomb en fonte. Si on laifle le Zinc en fufion au fond du creufet, fans Tagiter de temps en temps avec une verge de fer, il fe forme fur fa furface une croûte cendrée qui empêche fa fulmination, & fous laquelle il fe réduit peu-à-peu en une -chaux grumeleufe. Ainfi pour faciliter l'élévation des fleurs, il faut avoir foin de rompre cette croûte, lorfqu’elle com- mence, & à chaque fois qu'elle fe reforme. IL paroît auffi-tôt une flamme blanche & très-brillante : à deux pouces au deflus de cette flamshe il fe forme une fumée épaifle, & avec cette fumée il s'éleve des fleurs très-blanches qui reftent quelque temps adhérentes aux parois du creufet fous la forme d'un cotton fort délié. es Ces fleurs étant recueillies à mefure qu’elles fe forment, afin d'en perdre le moins qu'il eft poflible, donnent une augmentation de poids. Car de 4 livres de Zinc, j'ai retiré 3 livres 14 onces de belles fleurs blanches, 2 onces 2 gros d’autres fleurs moins fines & un peu brunes, & 1 once d'une terre calcinée, ou qui en avoit l'apparence : ce qui fait une augmentation de 2 gros & demi par livre; fans compter la portion de fleurs que la fumée du Zinc emporte avec elle, quelque foin qu’on prenne pour l'en empêcher. Car fr à deflein de les retenir, on préfente à l'ouverture du creufet un grand balon à col-coupé & du même diametre que cette ouverture, la communication libre de air extérieur fe t'ou- vant interrompuë, la fulmination cefle prefque dans l'in- ftant, & par conféquent l'élévation des fleurs. Cette fumée épaife du Zinc a une légere odeur d'ail ; .ce qui doit faire foupçonner dans ce métal un principe arfé- - nical. ILeft même dangereux de s’y tenir long-temps expolé ; cette fumée affecte les poulmons, & excite une toux incom- mode qui dure pendant plufieurs jours. La réduction du Zinc en fleurs ou cotton paroît être une . … deftruction fans retour de fa forme métallique. Les moyens ordinaires , employés pour reffufciter les chaux des autres Men 173$: C 19 MemoIREs DE L'ACADEMIE ROYALE métaux, font inutiles pour la revivification de ces flénfé, malgré ce qu'en dit Caflellus dans fon Lexicon Medicum, au mot Zincum, & je me fuis fervi fans fuccès de la Poix, de Yhuile de Lin, du Charbon pulvérifé, du Suif, employés féparément. Ainfr le principe fulphureux qui donne la liaifon aux parties de ce métal, paroît être d’une nature particuliére. I faudra le chercher apparemment dans un autre regne que dans celui des Végétaux ou des Animaux. Les tentatives que j'ai déja faites, & que je ferai encore pour le découvrir, feront rapportées dans un autre Mémoire. Je vais rendre compte à préfent de tout ce qui fe pafle pendant la diflo- lution du Zinc dans les efprits acides, en commençant par les plus foibles. J'ai mis dans 4 petits cryftaux de Montre le poids de à grains de Zinc rompu ‘en petits morceaux. Après avoir ajufté le premier fous un bon Microfcope à trois verres, j'ai verfé deflus 1 2 gouttes de Vinaigre diftillé, bien déflegmé. Lés bulles d'air n'ont commencé à paroïître qu’au bout de 3 minutes : elles ne fe formoient d'abord que fur les facettes du métal, ternes, refenduës ou inégales, & ce n'a été qu'à l 36e minute que j'en ai apperçü fur les facettes polies ou brillantes. Une heure après, les petits morceaux de Zinc font devenus noirs comme du charbon, & le 24 jour je les ai trouvé diflous, à l'exception d’une matiére noire, rare & fpongieufe dont il fera parlé dans la fuite de ce Mémoire. Ayant mis évaporer au bain de Sable cette petite quantité de diflolution, il s’eft formé une concrétion faline blanche, dont un petit morceau étant approché d’une bougie allumée, a donné une flamme vive d'un très-beau bleu avec une wdeur aflés agréable. Dans le fecond cryftal de Montre, j'ai verfé ‘1 2 gouttes d'efprit de Sel. J'ai vü les bulles d'air fortir dans V'inftant de toutes fes parties du métal luifantes ou ternes. La diflolu- tion a été finie au bout de $ heures, & ïl n’en eft refté de non-diflous qu'un fédiment peu différent de la matiérenoire & fpongieufe de l'examen précédent. Après l'évaporation de : pets c'e NO mSMnaT ES toute l'humidité, il eft refté une mafle jaunâtre ; & dans lefpace de $ où 6 jours, il s'eft élevé une efpece dé mu- cilage gras & onétueux au toucher. J'ai fait deflécher ce mucilage au bain de Sable, & il m'eft refté- une concrétion falinetjaune qui shumecte facilement à Fair. | Les 2 grains de Zinc du 3° cryflal ont été diflous en moins d'une minute par 12 gouttes d'efprit de Nitre, fans qu'aucune partie du métal ait été épargnée, la liqueur étant reftée tranfparente & fans fédiment. En faifant évaporer Jentement cette diflolution, il s’'eft formé une cryftallifation nitreufe qui, -mife {ur un charbon ardent, y fufe avec le bruit ordinaire du Nitre, mais avec cette différence qu’elle ne s'y enflamme pas, qu'elle s’y convertit en une liqueur qui éteint le charbon, & qu'il y refte une chaux jaunâtre. Je n'ai verfé fur les 2 grains de Zinc du 4e cryftal que 6 gouttes d'huile de Vitriol, parce qu'elle étoit très-concen- trée. Cet acide l’a attaqué d'abord avec beaucoup de viva- ‘cité, mais fon action :a ceflé au bout de 2 minutes. J’ai adjoûté fucceffrvement jufqu’à 6 gouttes d'eau ; à ce degré d’affoibliflement la diflolution a recommencé avec des phé- nomenes différents que dans les difiolutions par les autres acides. Ici, chaque bulle d'air emportoit avec elle, à la fur- face de la liqueur, une ou deux particules détachées du métal, -& la diflolution complette de ces particules s'achevoit à cette furface. Après 6 minutes, les bulles d'air ont ceflé de paroître. Il reftoit un peu de fédiment blanc qui en 17 mi- nutes a été diflous fans aucune ébullition. Cette diflolution évaporée lentement, m'a donné un Vitriol de Zinc, ou Vitriol blanc. | : Le Microfcope ayant fait voir tout ce que par fon fecours ‘on peut découvrir du méchanifme de ces diflolutions, il faut examiner de fuite quels feront les produits d’une quan- _tité raifonnable du même métal & de fes fleurs dans les mêmes diflolvants. : Ci #5 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE DISSOLUTION DU ZINC ET DE SES FLEURS dans le Vinaigre. En dix jours, 8 onces de Vinaigre diftillé ont diflout, à l'aide d'un feu de digeftion, une once moins 6 grains de Zinc, après quoi l'acide a ceflé d'agir. Le Vinaigre s’y étoit adouci à peu-près comme il auroit fait fur le Plomb. Je dis, à peu-près ; car je craignois de le gouter, ayant été averti par M. Groffe qu’il étoit dangereux de le tenir dans la bou- che, & que pour peu qu'on en aval, il donnoit des naufées, faifoit vomir, & caufoit quelquefois une diarrhée doulou- reufe. L’Académicien, que je cite, & fon Neveu ont reffenti eux-mêmes ces effets. Par une diftillation lente, j'ai retiré 6 onces 2 gros de ur flegme, ou du moins qui n'avoit qu'une acidité prefque infenfible. Enfuite le feu ayant été augmenté, il a paru des ftries au chapiteau : j'ai changé alors de récipient. A la liqueur fpiritueufe, dénotée par les flries, a fuccédé une fublimation en fleurs blanches & déliées. Enfuite il a monté des vapeurs blanches qui fe font condenfées au chapiteau de la cucurbite en gouttelettes d’une huile d’abord jaune, puis d'un verd foncé. La diftillation étant finie, j'ai trouvé dans le récipient près de 4 gros d’une liqueur très-fulphureufe, ui s’enflamme comme l'efprit de Vin, & qui eft la même que celle dont M. Homberg a parlé dans fon Mémoire de #Pæ.231. 1710 *. J'ai mis cette liqueur dans une fiole cylindrique remplie d’eau aux trois quarts : elle a furnagé d'abord, puis elle s'eft mêlée avec l'eau comme fait l'efprit de Vin, & üf n'a reflé de furnageant que trois gouttes d’une huile rou- geâtre aromatique que M. Homberg croit être l'huile du Zinc. Je n’ai pas eu comme lui le bonheur de réuflir à la preuve qu’il en donne, quoique j'aye employé à difloudre les fleurs de Zinc, un elprit de Vitriol aufli afloibli qu'il Rd. p.232. le prefcrit *. J'ai répété deux fois l'expérience, cependant je n'ai vû paroître à la fin de la diftillation aucun veftige d'une huile femblable à la précédente. Je crois pourtant qu'il DIE SNS CL EN C Mie: Sy tft néceflaire de répéter plufieurs fois le procédé avant que de rien conclure contre un fait avancé par un Chimifte fi célebre. | C'eft à cette huile tirée par le Vinaigre que des Alchi- miftes attribuent la propriété de fixer l'Argent, c’eft-à-dire, de le concentrer au poids de l'Or, de le défendre contre l'attaque de l'Eau-forte, & de le rendre difloluble feulement par l'Eau régale. Mais fi cette huile n'étoit qu'une huile du Vin, que deviendroïient de femblables promefes ! . À l'égard des fleurs qui fe font fublimées au chapiteau pendant la diftillation, elles brûlent à la lumiére d’une boupie, & donnent une belle flamme bleuë comme la concrétion faline dont j'ai parlé ci-devant. Ce même fublimé, mis dans l'efprit de Vin, ne fait que s’y divifer. Il lui donne d'abord une belle couleur d’opale, puis il fe dépofe au fond de la bouteille fous la forme d’un mucilage. Si l'on place au Microfcope un peu de ce dépôt, on reconnoît aifément que ce n’eft autre chofe que des fleurs de Zinc très-déliées, que la partie inflammable du Vinaigre avoit élevées avec elle. | . J'ai mis des fleurs de Zinc dans pareille quantité de Vinaigre diftillé, & dans ces huit onces d’acide végétal il s’en eft diflout en fix jours un même poids d’une once moins uelques grains. Par la diftillation j'ai eu les mêmes liqueurs, inflammable & huileufe, que celles de l'expérience précé- dente, mais un peu moins de fleurs fublimées. H refte à la fm des deux opérations que je viens de dé- crire, un caput mortuum de la couleur des cendres ordi- naïres.. Par ce caput mortuum on peut avoir encore une huile qui nv'a paru différente de Ja précédente. I faut verfer deflus le flegme légerement acide qu'on a retiré des diftilla- tions, l'y laïfler en digeftion pendant 8 où 10 jours ; le verfer enfuite par inclination ou le filtrer, puis le diftiller jufqu'à {ec , il reftera au fond de la eucurbite une matiére -réfineufe qu'il faut mettre à part, jufqu'à ce qu'en répétant les mêmes extraétions avec la même liqueur diftillée, on ai£ Ci © 22 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE . un volume fuffifant de cette efpece de réfine. On la mettra alors dans une petite cornuë qu'on chauffera par degrésijuf- qu'à la faire rougir. I fortira une petite quantité d’une liqueur fulphureufe & jaunâtre qui fera fuivie de vapeurs opaques & blanches. Lorfque le récipient fe fera éclairci, opération fera finie. On trouvera dans ce vaifieau fa liqueur jaunâtre dont je viens de parler, fans aucune marque d'huile : mais fi on fait pañler cette liqueur fur une poudre blanche qui fera adhérente au récipient, dans la partie qui pendant la diflillation fe trouvoit fous le col de la cornuë, la liqueur difloudra cette poudre dans Vinftant, & l'on verra aufli-tôt furnager plufieurs gouttelettes d'une huile rougeätre. J'ai enlevé de ces gouttelettes d'huile avec la pointe du pinceau, & j'en ai fait des traits fur une feuille d'Or & fur une feuille d'Argent battuës. Il m’a paru au bout de 24 heures que la partie touchée par le pinceau avoit été également difoute dans une & Vautre feuille. Je ferai enforte dans la faite d’avoir une quantité plus confidérable de cette huile, pour répéter l'expérience, que je n'ai pù faire encore qu'une feule fois. DiIssOLUTION DU ZINC ET DE SES FLEURS dans l'efprit de Sel. Trois onces d’efprit de Sel ont diffout jufqu'à parfaite faturation 3 gros moins 2 grains de Zinc rompu en petits morceaux. Ï s'eft élevé pendant la diflolution des vapeurs fi chaudes, que le col de a cornuë en a été fèlé. Cet acide, ainfi que celui du Vinaigre, épargne une matiére noire, rare & fpongieufe. J'ai furvuidé Ha diffolution dans une autre cornuë pour en féparer cette matiére non difloute que j'ai édulcorée avec de l’eau chaude : elle a pris en féchant une couleur d'ardoife : fur Or & fur le Cuivre elle n'a donné aucun indice de Mercure, quoiqu'il y ait quelques Auteurs qui prétendent qu'elle en contient ; auffi eft-elle trop legere pour qu'on y en puifle foupçonner. J'en ai approché une petite portion- DES, «SCIENCES. 23 de la lumiére d'une bougie, elle s’y eft calcinée fans brûler. Sur le charbon ardent elle fe calcine de même, & rien ne s'en reflufcite en métal. L'efprit de Nitre & l'huile de Vitriok la diflolvent également. Quant à la diffolution décantée, je lai diftillée à feu gradué, & j'en ai retiré d'abord 2 onces de pur flegme, enfuite 2 gros d’efprit de Sel foible d’une odeur fort agréable, IL.s'eft füublimé alors quelques fleurs à la voûte de la cornuë. J'ai changé de récipient pour la troifiéme fois, & j'y ai reçû 17 gouttes d'un efprit de Sel jaune doré & d’une acidité furprenante. Je diftingue ces 17 gouttes de lefprit de Sel paflé dans le fecond récipient, parce que celles-ci font mon- tées en vapeurs , qu'ellès étoient colorées, & que le précé- dent efprit de Sel ne l'étoit pas. J'ai trouvé le lendemain à la voûte de la cornuë un fublimé affés compacte, d'un blanc citronné, & au fond une matiére gommeufe, tenace & noiïrâtre. J'ai replacé cette cornuë à un feu de reverbere, où je Lai fait rougir : le fublimé a augmenté de volume, mais il n’eft forti aucune vapeur de la cornuë malgré la vio- lence du feu. Les vaiffeaux étant refroidis, j'ai coupé cette cornuë, & j'en ai trouvé la partie fupérieure enduite d’un Vernis tranfparent parfemé de veines opaques & blanches : ce Vernis s’eft humecté auffi-tôt qu'il a été expolé à l'air. ‘Au fond de la cornuë il y avoit une matiére épaïffe noirâtre & vitrifiée comme un Verre de Borax, & qui, comme ce rétendu Verre, s’humecte facilement à l'air. Le tout avoit une odeur fulphureufe, vive & fuffocante. J'ai expofé à l'air tous les morceaux rompus de la cornuë , les enduits & la mafle du fond sy font mis en un deliquium que j'ai filtré. IL eft refté fur le filtre une matiére blanche qui lavée, féchée & placée au Microfcope, paroït être des fleurs de Zinc très-fines. . La liqueur filtrée étoit d’une aftrition infupportable & d'un goût très-defagréable : au bout de fix mois il s’en-eft précipité une poudre rougeätre, & l'afriétion a paru moins tCe » » 24 MEmoirEs DE L'ÂACADEMIE ROYALE Dans un pareil poids de 3 onces d’efprit de Sel j'ai diflout peu-ä-peu jufqu'à 3 gros $8 grains de fleurs de Zinc. La diflolution s'en eft faite affés vite & fans eflervefcence. Il étoit refté au fond de la cornuë un dépôt noir & pelant, qui a eu befoin d'un feu de digeftion pour être totalement diflout. Par la diftillation au bain de Sable, j'ai retiré près de 2 onces de pur flegme, & enfuite 4 gros d’efprit de Sel fort foible ; après quoi la diftillation a ceflé, faute de chaleur fuffifante, & les fleurs difloutes font reftées au fond de la cornuë en une mafle rouge & gommeufe. Le deflous de cette mafle, vû à travers le verre de la cornuë, étoit formé en étoile à fix rayes, affés réguliére ; étoile que j'ai trouvée dans le même endroit toutes les fois que j'ai voulu concentrer l'efprit de Sel par les fleurs de Zinc. J'ai placé cette cornuë à un feu de reverbere, avec les précautions néceflaires pour la faire rougir fans qu'elle fe flat : il en eft forti 28 gouttes d'un efprit de Sel jaune extrêmement acide. Lorfque la cornuë a été rouge, il a aru des vapeurs blanches & épaiffes qui ont amené avec elles des fleurs dans le col de la cornuë & dans le récipient. Enfuite il s'eft élevé un beurre de fleurs de Zinc couleur de foufre. A la fuite de ce beurre, il s’eft fublimé un peu de matiére rouge au col & fur la voûte de la cornuë , au fond de laquelle il eft refté fixe une petite mafle rouge, percée à jour d'une infinité de petits trous, & ayant à fa circon- férence de petites particules brillantes qui, vüës à la Loupe, reflemblent à des raclures de corne blanches & très-fines. Ce beurre retiré encore chaud, pefoit 3 gros & demi. Expofé à l'air, il fume beaucoup, & s’humecte facilement : la petite male rouge pefoit 1 2 grains. Ces deux expériences offrent quelques différences à ob- ferver. Premiérement, il y a une violente effervefcence pendant la diflolution du Zinc : il n’y en a prefque point pendant celie de fes fleurs, 2.° J'ai rétixé par les fleurs x rl gouttes DES SCIENCES. Lèr gouttes d'elprit de Sel jaune & concentré plus que de fa _ difflolution du Zinc fous fa forme métallique, 3° Un beurre de Zinc qui a monté au col de la cornuë, au lieu que le précédent étoit refté prefque tout entier fixe dans le fond ; & comme vitrifié, quoique la violence & la durée du feu ayent été égales dans l'une & l’autre expérience. 4.° Un caput mortuum rouge qui ne m'eft pas refté de la ciflolu- tion du Zinc en métal, & qui fera examiné pour le fecond Mnone, Il ÿ a quelques opérations indépendantes de l'objet pré- fent, pour lefquelles on a befoin d’un elprit de Sel concentré ou d'une acidité extrême, ce qui ne fe fait bien que par la calamine ou par les fleurs de Zinc : mais dans les deux maniéres précédentes de le concentrer, on ne peut le chafier tout entier, quelque violent feu qu'on employe : il faut pour cela avoir recours à l'huile de Vitriol. J'en ai donc ver{é fun: du beurre de Zinc fait felon le dernier procédé, & avant qu'il fe fût humeélé à l'air. Il y a eu une vive effervefcence; &.fans feu, il a diftillé un efprit de Sel très-acide que j'ai achevé de retirer, en mettant fous la cornuë tubulée un feu de lampe d'un ful lumignon. L'acide vitriolique a faifi Le Zinc en chaffant l'acide du Sel marin, & avec cette bafe il a formé un fel vitriolique peu différent de celui dont je parlerai dans F'article de ce Mémoire qui concerne la diflo- lution de ce métal dans l’efprit de Vitriol, DissoLuTroN Du Zivc ET Dr SES FLEURS Mis _ dans l'efprir de Nitre.. L'efprit de Nitre diflout le Zinc, d’abord avec une vive effervefcence, mais qui fe rallentit bien vite. Ainfi pour que l diflolution s’en fafe promptement, & fans trop d'évapo- ration des vapeurs rouges, que dans bien des cas on doit conferver, il faut fur un efprit de Nitre tiré d’une partie de Salpêtre raffiné & de fix parties d'Argile, verfer un poids égal d'eau diftiée, Six onces d'un tel mélange ont diflout $ Bros & demi de Zinc réduit en petits morceaux , & Îa Mem 1735. D 26 Memoires DE L'ACADEMIÉ RoyAtr diflolution s’en eft faite en moins de deux heures. Cet acidé, comme je l'ai déja dit, diflout ce métal tout entier , & s'if fe dépofe un peu de la matiére noire dont j'ai parlé précé- demment , il n’y a qu'à agiter la liqueur, ce fédiment fera diflout prefque dans l'inftant. J'ai placé à un feu de Sable doux la cornuë qui conte- noit cette diflolution pour la déflegmer. J'ai retiré d’abord 4 onces de pur flegme ; après quoi j'ai changé de récipient, & en trois heures que la difillation a continué à ce degré de feu, il n’a pañlé que 6 gros d’efprit de Nitre affés foible : le plus acide s'étant concentré dans le Zine, reftoit avec lui au fond de la cornuë en une mafle tranfparente, tenace & d'un jaune orangé. J'ai porté cette cornuë à un feu de reverbere, & au bout d’une demi-heure il en eft forti des vapeurs rouges en fi grande abondance que j'aurois rifqué la rupture des vaiffeaux, fi je n’avois pas éteint le feu fubi- tement. J'ai trouvé le fendemain ces vaifleaux aufli remplis de vapeurs que pendant la diflillation : il y avoit dans le petit balon un gros & demi d'efprit de Nitre, verd comme 14 plus belle émeraude, & ce petit balon, quoique bien évouté, a demeuré pendant huit jours rempli de vapeurs rouges. En eflayant au col de la même cornuë un autre moyen balon où j'avois mis de l'eau commune, ïl eft forti fur le champ de cette cornuë, quoique froide, une colonne de vapeurs rouges qui a toüjours été perpendiculaire à la fux- face de l’eau, dans quelque pofition que füt le col de fa cornuë par rapport à cette furface, ce qui a duré près d'une heure ; après quoi les vapeurs ont ceffé, parce que la cornuë n'en contenoit de libres que ce que la matiére du fond en avoit afpiré pendant la nuit du premier balon qui avoit reçû le premier efprit de Nitre verd. Après avoir ajufté un 16ng canal de verre entre le col de la cornuë & Île nouveau balon où j'avois mis de l'eau, j'ai recommencé la diftillation à un feu très-modéré, & il a paflé en quatre heures 9 gros d'efprit de Nitre qui, malgré : DES SCTENCES 27 Veau du balon, a paru d'un verd prefque auffi beau que {e premier gros & demi qui étoit fans eau. J'ai vérfé le tout enfemble dans une bouteille de cryftaf que j'ai bouché d'un bouchon de liége trempé dans de la cire fonduë : mais malgré cette précaution ; la couleur verte de cet efprit de Nitre, qu'on nomme gradué , s’eft diffipée au: bout de trente heures, & la liqueur eft demeurée jaunâtre. On ne peut conferver cette couleur que dans un vaifeau * fermé hermétiquement, ou, ce qui eft prefque la même chofe, dans un flaccon de cryftal fermé d’un bouchon auf de cryftal : comme ils ont été ufés l'un contre l'autre pour fermer plus exaétement, le poli du cryftal en étant ôté, les vapeurs extrêmement acides qui s'élevent continuellement de cet efprit gradué ou coloré , corrodent bien vite les fur- faces dépolies du: eryftal, & foudent enfémble le bouchon êe le col du flacon; ce qui interdit tout pañlage à ces vapeurs volatiles. J'ai de cet efprit de Nitre coloré que je conferve ainfi depuis près de deux ans : maïs ce n'eft pas ici le lieu de parler de fon ufage, & de vérifier les propriétés que Becher & Kunckel lui attribuent. . Les fleurs de Zinc fe diflolvent auffi très-vite dans l'efprit de Nitre affoibli par un poids égal d'eau commune, & 6 onces de:ce mélange en ont diflout 6 gros 34 grains: Cette difolution diftilléekau bain de Sable à rendu Æ onces de flegmé prefque infipide , au feu de reverbere: 9 gros & dei d'efprit de Nitre un peu moins verd que le précédent. Le refte de l'acide s’eft évaporé, comme dans l'autre expérience; par les jointures des vaifleaux où il eft: demeuré concentré dans une mafle terreufe qui, dans lune &l'autre expérience, eft reftée au fond de lacornuë, & qui vers la fin de l’opéra- tion a mis les cornuës en plus de cent piéces : car quelques précautions que j'aye prifes en traitant le Zinc avec l’efprit de Nitre, je n'ai pu éviter la rupture des vaifleaux : c'eft ce qui n'a fait négliger de rapporter le poids de ces réfidus. _ + Ces mafles terreufes reflémblent à un Tripoli groffier : leur fiuface efti mégals & remplie de tubercules ;. elles ne: D ij ? Onen ,, &rouve aufli dans la Mine ? de Cuivre de Hernn- Ground en Hongrie. ,, V.&N. so. des Tranfact. ? ghilolophig. » ?- 1 043 . * Chalcitis ? eu NVitri » poupe. 3 »” » æ 28 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royarr s'humectent point à l'air, & ne paroiffent pas avoir de goût remarquable. Dans l’efpérance qu'elles pourroient me donner le Phof- phore de Balduinus, je les ai calcinées à feu de forge, mais elles n’y ont fouffert aucun changement ni fur leur furface, ni dans leur couleur : elles n'ont pas donné non plus de lumiére dans l’obfcurité. DISssOLUTION DU ZINC ET DE SES FLEURS par l'acide Virriolique. Trois onces d'huile de Vitriol concentrée, affoiblie par 3 onces d’eau, diflolvent 6 gros 20 grains de Zinc. A ce point de faturation il commence à fe former des cryftaux, & au bout de deux mois la liqueur fuperfluë étant évaporée, il eft refté dans la capfule un petit pain de Vitriol aflés tranfparent. A l'occafion de ce Vitriol, qui peut indiquer la manipulation d'un Vitriol blanc factice, voici l'extrait d'une Lettre écrite à M. Geoffroy par M. Newman, alors premier Apothicaire du Roy de Pruffe, & Directeur de fon Labo- ratoire. | : Perfonne n’a rien écrit en détail fur le Vitriol blanc; ce qui vient de ce qu'on ne fçauroit approfondir affés ni dé- couvrir fa véritable compofition. Il n’y a, fuivant l’auteur de la Lettre, qu'un feul endroit où il fe faffe * : c’eft à Goflar où on le prépare de la Mine de Plomb de Rammelfberg. Cette Mine contient tant de Métaux & de Minéraux, qu'or a fujet de s’en étonner, par conféquent il n’y en a point qu'on puifle lui comparer, & il n’y a perfonne qui ait pû imiter parfaitement le Vitriol blanc. La Mine en queftion contient du Plomb, du Cuivre, de l'Argent, de l'Or, du Zinc.& de la Calamine, du Soufre, du Vitriol, du Mify * & de l'Ocre. Il s’en trouve quelques veines qui font plus riches en Zinc que les autres. C’eft de celles-ci qu’on fait une extraétion ou leffive avec de l'eau, & qu'on cryftllife- enfuite le Vitriol blanc felon l'art, après l'avoir bien caïcinée auparavant. Il y a auffi quelque petite portion de Cuivre Des IS 10 EN CES 29 dans le Vitriol blanc, c’eft ce que marque non feulement {1% vertu émétique, mais encore la légere précipitation de ce « métal fur un Fer poli. Ainfi fa bafe eft aflürément du Zinc « ou de la Calamine qui dans cette Mine fortent d’une même « famille ». L’acide vitriolique fe concentre fur le Zinc & fur fes fleurs fans qu’il paroifle de différence : il diflout un peu plus de fleurs qu'il ne diflout de métal, mais cette petite différence de poïds ne mérite pas, tout le refle étant égal, que je divife l'expérience fuivante en deux articles. J'ai fait difloudre 4 onces de Zinc dans 1 6 onces d'huile de Vitriol affoiblie par 1 6 onces d’eau de pluye. De ces 36 onces de diflolution, j'ai retiré au bain de Sable 17 onces de pur flegme, puis au même degré de feu une once & demie d’efprit de Vitriol qui commençoit à être fufphureux, alors la diftillation a ceflé. J'ai tranfporté la cornuë dans un fourneau de reverbere : à la premiére impreflion de ce feu nud , il s'eft développé une odeur d’hepar Sulphuris qui eft devenuë vive & fuffocante vers la fin de la diftillation. Au bout de deux heures de ce feur les vapeurs blanches ont paru comme dans la rectification de l'huile de Vitriol ordinaire. J'ai changé alors de récipient, & j'ai reçû dans ce dernier 2 oncés & demie d’une huile de Vitriol fulphureufe fi con- centrée, qu'en en verfant quelques gouttes fur l'huile de- Vitriol foible paflée dans le récipient précédent, elles y tom- boient jufqu’au fond avec autant de bruit que fi c'eût été de petits morceaux de fer rouge, & elles échauffoient cette premiére huile, déja très-acide, comme l'huile de Vitriol ordinaire s’échauffe avec l'eau. : . Le flegme du premier récipient pefoit r7 onces, l'huile de Vitriol du fecond 9 onces & demie, la concentrée du troifiéme 2 onces & demie. Voilà 29 onces retirées dés 3 2. x onces de liqueur employées pour la diflolution des 4 onces de fleurs : ainfi les 3 onces d'acide qui manquent au total étoient reftées unies à une mafle blanche & cryftalline qui étoit demeurée féche dans la cornuë. D ii 39 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE . J'ai tenu cette maffe au plus grand feu pendant deux heures, & jufqu'à ce que la comuë commençit à fe fondre, fans qu'il en fortit aucune vapeur. Le lendemain je trouvai au fond de ce vaifleau 6 onces 6 gros d'un Sel blanc, figuré prefque comme le Sel fédatif. Ce Sel eft brûlant fur la lan- gue ; il s’'échauffe confidérablement quand. on verfe de l'eau deflus : il s’humecte à l'air, mais lentement. À la partie du fond de la cornuë la plus expofée au feu, il étoit demeuré, aflés adhérent au verre, un enduit rude & grenu d'un beau rouge. Sur cette matiére rouge l’efprit de Vin a pris en deux jours. une teinture dorée aflés belle. Ayant verfé cette liqueur teinte pour remettre de nouvel efprit de Vin, ce fecond efprit n'a point pris de teinture, & le premier a perdu la fienne en neuf jours, fans qu'il parût aucun précipité au fond du. flaccon., mais il avoit confervé un goût ftiptique. J'ai mis dans une fiole cylindrique & coupée horifonta- lement au deflous du col, une once de Selaiguillé ou figuré en fédatif dont je viens de parler, &c ayani pefé exaétement ce vaifleau avec le Sel, je lai. expofé à Fair, mais à l'abri de la pluye,, pendant les trois premiers mois. de. l'année. derniére , & j'ai trouvé à la fin. de Mars que ce Sel étoit augmenté de près d'un. fixiéme de fon. poids; & d’un dou- ziéme ou environ de fon volume. L'efprit de Vin mis.en digeftion. fur ce Sel aiguillé pen- dant huit ou dix jours, y prend la. même odeur que celui qu'on fait digerer fur Fhuile de Vitriol! pour la. préparation, préliminaire qui doit fournir la liqueur éthérée de Frobinus ou de M. Grofle ; & comme il fe charge d’une portion de Tacide vitriolique,, le Sel. change de figure, fe réduit en une poudre, prefque impalpable,, & s’adoucit de telle forte. qu'il n'a plus qu'une légere aftriction. De tous les faits raffemblés dans ce Mémoire, on ne peut rien conclure encore fur la nature du Zinc ; il en faut une, plus ample colleétion pour fe déterminer. On retrouve fes. fleurs prefque fans altération. dans le réfidu de fes diffolutions,. PESTE DES ScrENCES. DRE _& par conféquent on pourroit peut-être les faire par les diflolvants comme par la fonte. L’exiftence du principe ful- phureux -n'eft pas douteufe dans cette fpece de métal, fG fulmination quand il eft en fufion, l'odeur d'hepar que l’huile de Vitriol en développe, en font des preuvés. Mais cette partie fulphureufe s'échappe aifément, & une fois échappée, le métal perd fa forme pour toûjours. Trouver un autre principe fulphureux à Jui fabftituer pour reffufciter cette chaux, c'eft ce dont je n’ofe me flatter: cela ne feroit pas cependant fi difficile, fi, comme M. Homberg fe croyoit, le Zinc étoit un mélange naturel du Fer & de d'Etain. Au refle les expériences auxquelles on s’eft engagé dans le com mencement de ce Mémoire feront continuées, & il y alieu d'efperer qu'elles fourniront des faits affés curieux qui, comparés à d’autres expériences fur divers Minéraux, pour- ront fervir à établir la probabilité des conféquences qu'ont en tirera, ? 15 Janvier 735: 32 -MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE RoyatE SUR: L O.B SERV À T'LON DE. . L'ENVOMOMIENSO "AXE : Par M. BoucuER. [: me paroît qu'on pourroit joindre aux autres utilités qu'on doit retirer du Voyage fous Equateur projetté par l'Académie, une détermination beaucoup plus exacte que toutes celles qu'on a obtenuës jufqu'à préfent de l'inflant de TEquinoxe. Hipparque & Ptolémée ont ,pù fe tromper d'une partie confidérable d’un jour dans cette obfervation, tant par l'effet de la refraction aftronomique, que par la conftruétion trop compofée de l'Inftrument dont ils fe fer- voient. II eur falloit non feulemerit orienter leur Armille, ou faire en forte que le Cercle qui repréfentoit l'Equateur coupât Fhorifon dans les points exacts de l'Orient & de l'Occident ; il étoit encore néceflaire qu'ils inclinaflent ce Cercle de la même quantité qu’eft incliné Equateur, & il étoit très-dificile de réuflir dans toutes les parties de cette opération. Maintenant on obferve l'Equinoxe d'une maniére plus immédiate ; on fupprime l'Armille, mais la méthode eft dans le fond toûjours la même. On peut encore fe tromper de 20 ou même de 3 0 fecondes de degré dans la déclinaifon ou dans la diftance du Soleil à lEquateur; ce qui entraîne une erreur, Ou au moins une incertitude d'un quart d'heure ou même d’une demi-heure dansJa détermination de l'Equi- noxe, puifque c'eft à cette partie du temps que répond vers le 21 de Mars & le 23 de Septembre un changement de 3 0” dans la déclinaifon. On nexagere rien, Jorfqu' on avance qu'on efl fujet à une RTC de 20 ou même de 3 0” dans la déclinaifon : car on eft obligé d’obferver la hauteur de l'Equateur & celle du Soleil, dans lefquelles on peut fe tromper aifément de 10 ou 5 PDO S CNE N CHA! à; ou 15". Lorfqu'il ne s'agit que de mefurer de très- petits Arcs, on peut le faire avec un Micrometre, ou avec des - ‘inftruments qui ont un très-grand rayon : mais un arc de 40 ou de jo degrés ne fe mefure ni avec la même facilité, ni avec la même exactitude. Sans compter ce qu'on a à craindre des irrégularités de Îa refraétion, de la parallaxe, de quelques fecondes d'erreur dans les diametres apparens du Soleil, dés fautes particuliéres même qu'il faut prefque toûjours fe éfoudre à commettre, on eft alors encore livré, pour ainfi dite, à toute l'imperfection de l'inftrument. I[ n’eft donc que trop certain qu'on peut fe tromper, comme nous l'avons dit, d’une quinzaine de fecondes , en déterminant la hauteur polaire par deux hauteurs méridiennes de quelque Etoile qui ne fe couche pas : car toute autre méthode d’obferver la Latitude, fuppoferoit en partie ce qui eft en queftion. Mais fi l'on fe trompe dans la hauteur du Pole, on ne fera pas exempt de fe tromper dans celle du Soleil, & il yla dieu de croire que fi l'on fe fert des mêmes inftruments, les deux etre dans le même fens, & à peu-près égales, parce qu'elles ont à peu-près la même origine, & que les deux hauteurs ne font pas dans ces pays-ci fort différentes : c’eft-à-dire, que fi la hauteur du Soleil eft trop grande, la latitude le fera auffi. Or il fuit de-là que lorfqu'on compa- rera la hauteur du Soleil avec celle de Equateur, pour avoir la déclinaifon, on tombera dans une erreur qui fera la fommie des deux premiéres, puifque fa hauteur de l'E quateur ;' qui eft le complément de fa latitude, fera trop petite, en même temps que la hauteur'du Soleil fera trop grande. Cela ne montre que trop évidemment que nous aurions befoin d’une méthode plus exacte pour obferver le moment de l'Equinoxe : nous croyons être en état de prouver que … celle que nous avons à propofer, eft préférable de beaucoup à toutes les autres. Elle n'exige nullement qu'on mefure de grands Ares de Cercle, ou de grandes parties du Ciel. Tout - peut fe déterminer ou immédiatement avec le Micrometre, ou avec un inftrument auquel on peut donner fans peine … Mu. 1735. 34 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE deux ou trois cens toiles de rayon , & même beaucoup plus; ainfi on peut juger jufqu'à quel degré de précifion on portera la détermination dont il s'agit. Il eft vrai qu’en France, & que dans les autres pays où la Sphere eft fort oblique, cette méthode n’auroit pas le même fuccès : mais fi nous fouhai- tons qu'on en fafle ufage par tout, nous fouhaitons princi- palement qu'on l'employe fous l'Equateur, où par le con- cours de plufieurs circonftances favorables elle jouit de tout fon avantage. Si l’on veut fe fervir du Micrometre, on n'aura befoin que d'un inftrument bien fimple, il ne faudra rien autre chofe que deux Lunettes de trois ou quatre pieds de longueur, ou, fi lon veut, de fept ou de huit qu'on joindra enfemble, & qu'on contrepointera exactement : c'eft-à-dire, qu'il faudra qu’elles ayent leurs axes parfaitement paralleles, mais qu'elles foient dirigées à Foppofite Fune de Fautre. H ne fera pas difficile de donner cette fituation à deux Lunettes, pourvü qu'en les attachant lune à l'autre par des liens de fer ou de cuivre, on laifie à l’une des deux quelque mouvement, afin qu'on puifle changer un peu fa direction par le moyen de quelques vis. Je crois qu'il feroit pour cela plus expédient que lés tuyaux de ces Lunettes fuffent quarrés, On les mettra, comme on le jugera à propos, l’une à côté de l'autre, ou lune fur l'autre; nous les fuppoferons-ici dans gette derniére fituation. IE y aura, comme à l'ordinaire, des fils en croix qui feront fixes au foyer commun des deux verres ; il n’eft pas néceflaire qu'il y en ait d'oblique, mais ü faudra que le fil mobile du Micrometre dont au moins une des deux Lunettes fera armée, foit vertical. L'inftru- ment étant conftruit de cette forte, il faudra, pour le recti- fier, le faire porter dans une longue avenué, le placer hori- fontalement, & vifer à deux objets oppolés par les deux Lunettes. Chaque objet fera, fi on le veut, une longue regle placée verticalement, ou plütôt une corde attachée à une certaine hauteur, & chargée par en bas d’un poids affés confidérable, qu'on pourra encore, par une plus grande DUT DES SCtEnNcEs. précaution, faire entrer dans un vale plein d'eau. Enfin il n'y aura qu'à faire en forte que chaque regle ou chaque corde foit cachée par le fil vertical qui fra au foyer de chaque . Lunette. Après cela on fera faire un demi-tour à l'inftruz ment; des Lunettes changeront mutuellement d'objets ; &ff l'une des deux étant exactement dirigée, l'autre répond auffi précifément à fon nouvel objet, ce fera une marque qu’elles fontexaétement contrepointées. Mais on doit s'attendre que la feconde, au lieu d'être pointée à fon objet, le fera le plus fouvent à quelque autre, éloigné d’un certain nombre de toifes. On lui donnera alors la fituation qu’elle doit avoir, en changeant un peu fa direction par le moyen des vis, & en faifant en forte qu’elle ne foit pointée ni à cet objet au- quel elle devroit répondre, ni à ce point qui eft à côté, mais qu'elle foit exactement dirigée au milieu. Enfin on répétera l'opération jufqu'à ce que les Lunettes répondent aux objets avec la même précifron avant & après le demi-tour. Au lieu de faire faire le démi-tour à l'inftrument, on pourroit fe contenter de le renverfer, en mettant en haut la Lunette qui étoit en bas; & fi les deux Lunettes font par- faitement contrepointées, elles doivent toûjours être dirigées aux mêmes objets. Tout ceci a trop de conformité avec la rectification ordinaire de plufieurs inftruments connus, pour: w'il foit néceflaire que nous defcendions dans un plus grand détail. Nous devons cependant encore faire cette remarque, que comme il eft aflés difficile de s’afiürer fi les axes des deux Lunettes font exaétement fitués au deffus du genouil qui les … porte, & qu'il peut arriver qu'ils foient quelques lignes à droite on àgauche, il faut que Ia diftance des objets foit aflés grande, pour que cette petite quantité puiflé être re- ardée comme nulle, » L'inftrument étant fuppolé conftruit, il nous refle à en expliquer l'ufage , qu'on va trouver. tout-à-fait fimple. Le jour de FEquinoxe, lorfque le Soleil fe levera ou fe cou- chera ; il n’y aura qu'à pointer une des Lunettes fur lé bord feptentrional ou méridional de fon difque , en faifantien forte E ji 6 MEMoïIRES DE L'ACADEMIE ROYALE que le fil vertical touche ce bord. On fixera l'inffrument dans cette fituation, & 12 heures après, lorfque le Soleil reviendra à Fhorifon du côté oppolé, on examinera fi l'autre Lunette eft exactement pointée à l'autre bord, c'eft-à-dire, au méridional, fuppofé qu'on ait vilé au feptentrional la premiére fois. On mefurera avec le Micrometre la différence; ce qui fera fort facile, puifque le Soleil par fon mouvement avancera parallelement au fil. I n’y aura plus enfuite qu'à prendre la moitié de cette différence, & on aura la décli- naifon qu'avoit le Soleil à midi ou à minuit, ceft-à-dire, la déclinaifon moyenne, celle qui convient au milieu des deux obfervations, & qui fera boréale ou auftrale, felon que le bord du Soleil fe trouvera fitué vers le Septentrion ou vers le Midi par rapport à l'axe de la Lunette. Après cela i n’y aura plus rien à obferver : car aufli-tôt qu'on a la déclinaifon à midi ou à minuit, il eft facile de déterminer Vinftant de l'Equinoxe, puifqu'on fçait, par la théorie du Soleil, combien la déclinaifon change dans un jour, & combien elle change à proportion dans un certain nombre d'heures. Si l'on ne vouloit pas après tout nous permettre d'avoir recours aux Tables du Soleil, nous n'aurions qu'à répéter la même opération pendant quelques jours de fuite, nous n’en parviendrions que mieux à une détermination exacte, & nous n’emprunterions abfolument rien des obfer- vations des autres Aftronomes. Nous pointerions toûjours le matin ou le foir une des Lunettes fur le bord feptentrional ou méridional du difque ; nous mefurerions 1 2 heures après avec le Micrometre combien l'autre bord feroit éloigné de Yaxe de l'autre Lunette, & la moitié de cette quantité nous donneroit toüjours la déclinaifon moyenne qui appartien- droit au milieu des deux obfervations. Ceci fe continueroit un certain nombre de jours ; on ne feroit obligé de ceffer que lorfque le champ de la Lunette n'auroit plus afiés d'éten- duë pour comprendre le double de {a déclinaifon. j Pour voir la raifon de cette pratique, on n’a qu'à faire attention à cette premiére propriété du mouvement journalier PUR Er | BE Si STE NICE ES + des Cieux, qui fait qu'un Aftre ne fe leve & ne fe couche dans des points direétement oppolés, que lorfqu'il eft fur Equateur, & qu'aufli-tôt qu'il eft à quelque diftance de ce Cercle, il s'en manque toujours le double de fa déclinaifon. que fon lever & fon coucher ne foient à loppoñite l'un de l'autre. Lorfqu'on pointe la premiére Lunette fur un Aftre qui fe leve à quelque diftance de l'Orient, l’autre Lunette qui eft exactement contrepointée, fe trouve dirigée à {a même diftance de l'Occident, mais du côté oppolé ; ainfi lorfque lAitre vient fe coucher, il fe trouve éloigné de Taxe de cette feconde Lunette de la fomme des deux décli- naïfons qu'il avoit à fon lever & à fon coucher, & il n'ya donc qu'à en prendre la moitié pour avoir la déclinaifon moyenne. Ceci deviendra encore plus fenfible, fi l’on jette les yeux fur la Figure premiére, dans laquelle le Cercle ALBT repréfente le Méridien, AOBE YHorifon, QE TO TEquateur, & LS Ps le Parallele du Soleil, & les points M & H les deux Poles du Monde. Suppolé que le Soleil fe leve en S à une diftance de 7 ou 8 minutes de l'Orient vers le Septentrion , & que l'obfervateur qui eft placé en C dirige exactement la premiére Lunette, il eft évident que la feconde, à caufe de fa fituation par rapport à la premiére, fera dirigée. au point À qui fera éloigné de l'Occident vers le Midi de cette même quantité. Or il fuit de-là que fi le Soleil venoit fe coucher en s à 7 ou 8 minutes de diftance de l'Occident vers le Septentrion , il fe trouveroit éloigné de l'axe de la: feconde Lunette de la quantité #5 du double de la décli- naifon, c’eft-à-dire, de 14 ou 16 minutes. Il eft vrai que: la déclinaifon n’eft pas la même pendant toute Ja journée, & qu'elle fouffre fur-tout un grand changement aux environs des Equinoxes. Mais il eft facile de s’affürer que cela n’ap- porte ici aucune différence : car fuppofé que la déclinaifon foit feptentrionale, & plus petite le matin qu'à midi de 6. minutes, il arrivera qu'en pointant la premiére Lunette fur le Soleil levant, Fautre qui eft tournée vers l'Occident fera. dirigée fur un point K, moins avancé vers - Sud de 6’; ii Fig. Fe Fig. 1, D 38 MEemoiReEs DE L'ACADEMIE ROYALE, mais en récompenfe la déclinaifon fera plus grande fe foir de la même quantité , le Soleil fe couchera 6 minutes plus vers le Nord. Aiïnfi cet Aftre fera encore à la même diftance s X de axe de la Lunette, & on trouvera toüjours par conféquent les 7 ou 8 minutes de déclinaifon moyenne, en prenant la moitié des 14 ou des 16 minutes que le Micro- metre nous donnera pour la fomme des deux diverfes décli- naifons que le Soleil avoit le matin & le foir. C'eft à peu- près auffr par la même raifon que nous vifons à des bords différents du difque au lever & au coucher. Nous le faifons, afin que le demi-diametre apparent adjoûte d’un côté à la déclinaifon ce qu'il ôte de l'autre, & que nous foyons dif- penfés de connoître ce demi-diametre. Au furplus comme c’eft plütôt l'amplitude que la décli- naifon que nous trouvons par cette méthode, nous fuppofons toûjours ici que notre obfervateur eft exactement fitué fous TE'quateur, parce que dans la Sphere droite, ou aux environs de la Sphere droite, amplitude & fa déclinaifon font égales. Si le lieu de l'obfervation avoit beaucoup de latitude, & que le Soleil eût été obfervé lorfqu'il eft dans l'horifon ra- tionnel, outre qu'il feroit néceflaire de faire attention à Ja parallaxe, il faudroit convertir l'amplitude en déclinaifon , ou la diftance oblique S £ à l'Equateur en diftance perpen- diculaire. Il faudroit pour cela renverfer la proportion dont on fe fert ordinairement pour calculer l'amplitude. On diroit le finus total, eft au fmus, de la quantité S Æ donnée par Fobfervation, comme le fmus complément de la latitude, eft au finus de Ja déclinaifon requife. Peut-être auffi vaudra-t-if toûjours mieux obferver Je Soleil lorfqu'il eft en D & en d dans le cercle horaire de 6 heures, que lorfqu'il eft dans l'horifon. On fçaura que cet Afre eft dans le cercle horaire de 6 heures par le moyen d'une Pendule bien réglée, & on n'aura alors abfolument rien à craindre des irrégularités de Ja refraétion, puifqu’on n'aura aucun écard à la hauteur apparente de l’Aftre. Il faudra que les 12 heures d'intervalle qu'il doït y avoir entre les DIR 19 * SIC IT IENN CES 39 deux obfervations foient mefurées dans la derniére exaéti- tude, fans qu'il importe beaucoup que Horloge foit mile fcrupuleufement fur heure. C’eft ce que nous ne difons pas pour authorifer à rien négliger , car nous fommes perfuadés qu'on ne fçauroit apporter trop d'attention dans ces fortes de recherches: nous voulons feulement qu’on redouble en- core fes foins dans les parties de l'opération qui contribuent le plus au fuccès. Il n'importe que la Pendule foit mife très- exactement fur l'heure, pourvü qu’elle mefure d’ailleurs avec précifion les parties du temps vrai, parce que fi l'on obferve un peu le Soleil au deflous du point D, on Fobfervera de Jautre côté, 12 heures après, un peu au deflus du point correfpondant 4, & cela fera une efpece de compenfation. Enfin en prenant k moitié de la quantité trouvée par le Micrometre, on n'aura ni la déclinaifon, ni l'amplitude, mais le petit arc £R de Fhorifon qui répond à la décii- naifon moyenne mefurée en £ D fur le Cercle horaire de 6 heures. I faudra donc encore réfoudre le petit triangle EDR, qu'on peut confidérer comme fphérique ou comme rectiligne à caufe de fa petitefle. On fera cette analogie ; le finus total, eft au petitarc ÆR, comme la fécante de la lati- tude, eft à la déclinaifon qu'on vouloit découvrir. On peut, comme on le voit, déterminer de cette forte Yinftant de l'Equinoxe dans tous les pays : mais nous ne - pouvons pas nous empêcher de le répéter, & même nous allons le prouver, que c’eft-fous l'Equateur, & aux environs de Equateur, que la méthode doit principalement réuffir.. Dans ces climats-ci tout le fuccès dépend de l'exactitude avec laquelle eft mefuré l'intervalle qu'on doit mettre entre les deux obfervations. Mais en cela même on peut tomber dans une erreur de plus d'une feconde ; & on en pourroit- commettre une plus grande, fans qu'il eft beaucoup plus facile de régler une Horloge fur le mouvement vrai que de la mettre exactement fur l'heure. On n’a en effet befoin que d'une Méridienne grofliérement tracée, pour pouvoir exa- miner l’état d'une Pendule par rapport aux. révolutions du go MEMGIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Soleil, ou à la durée des 24 heures vrayes, au lieu qu'il faut de tès-grandes précautions pour l'ajufter fur l'heure même, ou pour fçavoir combien elle en eft éloignée. Mais fi, après avoir d'abord obfervé le Soleil en 4, on fait, trompé par la Pendule, l'autre obfervation une feconde trop &ôt où trop tard, le Soleil {era éloigné du point D du quart d'une minute de degré, II fera par exemple en 7, & ül répondra au point À de Yhorifon, & au point F du cercle horaire de 6 heures : il fera cenfé ou fuppofé dans ce dernier point, puifqu'on groit l'obferver dans le cercle horaire. Ainfr on fe trompera de la petite quantité #D fur la diftance DE à l'Equateur, & il refte donc à fçavoir de combien eft cette petite quantité. Il eft évident, par la confidération du petit triangle DY, qu'on peut regarder ici comme rectiligne, que FD eft d’au- tant plus grande par rapport à /D, qui eft d'un quart de minute, que la tangente de la latitude du lieu de l'obfer- vation eft grande par rapport au finus total. Si lon étoit donc par 45 degrés de latitude, l'erreur FD feroit d'un quart de minute ou de 15 fecondes ; ici à Paris elle doit être un peu plus grande, elle doit être d'environ 17 ou 18 fecondes : cependant comme cette petite quantité fe diflribuë entre les deux obfervations, & qu'elle eft une erreur, non pas fur da déclinaifon, mais fur le double de Ia déclinaifon, ou fur la fomme de Od & de Ed, il réfulte qu'on ne peut fe tromper que de 8 ou 9 fecondes de degré dans la décli- naifon, & que l'erreur n'ira gueres qu'à un demi-quart d'heure dans la détermination de l'Equinoxe. Mais tranfpor- tons-nous vers l'Equateuf, & fuppofons que l'erreur foit toüjours la même du côté de la Pendule, qu'elle foit d’une feconde, & que le Soleil, au lieu d’être obfervé lorfqu'il eft en D, foit obfervé lorfqu’il eft en Z, à un quart de mi- nute de degré du point D. La Sphere devenant moins oblique, FD diminuera très-fubitement : cette petite quantité fera déja réduite à la moitié, lorfqu'on fera arrivé au Tro- pique ; ainfi on déterminera l'Équinoxe à un quart de quart d'heure DES SCrENCcE:s 41 d'heure près. En allant plus loin, par ro ou 12 desrés de datitude, l'erreur fera encore deux fois plus petite. Enfin fi l'on parvient à l’Equateur même, ou feulement à r ou 2 degrés de diftance de ce cercle, les deux points F7 & D fe confondront, & D deviendra nulle ou infenfible. I n'importera plus alors qu'on faffe les deux obfervations, je ne dis pas quelques fecondes trop tôt ou trop tard, mais même quelques minutes, parce que la Sphere étant droite, tous les points, comme /, où l’on pourra obferver le Soleil vers fon lever ou fon coucher, feront dans le même vertical, ‘ou répondront exactement au même point $ de l'horifon, dé forte que cet Aftre ne changera point de fituation par rapport au fil du Micrometre. I{ n’y aura outre cela plus rien à craindre de cette legere incertitude qui fe trouve dans la parallaxe, parce que fon effet fera entiérément détruit. Nos Lunettes contrepointées auront encorelun ufage qui paroîtra peut-être aflés confidérable. Elles ferviront, après qu'on fe fera aflüré par-plufieurs obfervations qu'on eft fur TEquateur terreftre, à tracer une portion de ce cercle, & à la prolonger actuellement de part & d'autre avec une pré- cifion qu'il n'eft pas, je crois , poffible d'atteindre par une autre voye. Elles contribueront même beaucoup à nous aflürer fr nous fonunes effectivement {ur l'Equateur ; car puifqu'elles nous donneront d’une maniére immédiate, au temps des Equinoxes, la déclinaifon du Soleil pour midi, nous n’aurons qu'à examiner, avec un inftrument d'un très- grand rayon, fi la diftance de cet Aftre au Zénith eft par- faitement égale à fa déclinaifon obfervée, & ce fera une marque que nous n'aurons point de latitude. Lorfqu'i s'agira enfuite de tracer l'Equateur, ou de tracer un Méridien , il eft certain qu'il n'y aura point de méthode qui n'ait fes difficultés. Entre ces méthodes, une des plus exactes eft celle quisemploye une Pendule bien réglée : maïs comme il ne fuffit pas d’avoir une Horloge qui marque exactement 1a durée des révolutions folaires, mais qu'il faut en avoir une qui marque l'heure même dans la derniére précifion , on Mem, 1735. Fig. I, 42 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE peut craindre une erreur de 2 fecondes, erreur qui peut en produire une très-grande dans la fituation de la Méridienne & de Ia ligne Eft & Oueft. En effet 2 fecondes dans l'heure donnent une demi-minute de degré dans la fituation du Soleil, c'eft-à-dire, que le Soleil fera fuppofé en Q au Méridien, lorfqu'il fera en q fur le cercle horaire 4 N qui fait un angle QN3g d'une demi-minute avec le Méridien Q N du lieu. Mais la ligne méridienne qu’on tracera fur le terrein, fera la projection de l’Azimuth Z 4, ou fera dans le plan de cet Azimuth, au lieu d'être dans le plan du Méridien QZ, & on fe trompera par conféquent dans la fituation de cette ligne de l'angle Q Z g. Ce dernier angle eft d'autant plus grand, par rapport à l'angle Q N 4 qui eft d’une demi- minute, que le finus de 4 N, complément de la déclinaifon ‘ du Soleil, eft plus grand que le finus de 9 Z, complément de la hauteuf de cet Aftre. Ainfi if eft certain que dans la Zone torride, 2 fecondes d'erreur fur l'heure, ou une feule demi-minute de degré fur la fituation du cercle horaire H7N, peut produire une erreur de plufieurs minutes dans la di- rection de Ja ligne méridienne, ou dans celle de a ligne équinoxiale qui lui eft perpendiculaire. Si le Soleil étoit encore plus proche du Zénith, qu’il füt, par exemple, fur le parallele Am, l'erreur tireroit encore plus à conféquence, elle feroit égale à l'angle A/Zm, & pourroit aller à quel- ques degrés. I eft vrai que rien de pareïl ne pourra arriver, aufli-tôt qu'on choifira les circonftances les plus favorables pour faire l'opération : mais il y aura cependant toûjours plus d’une minute d'erreur à craindre dans la Sphere droite, & l'on ne fera jamais bien für, en traçant la ligne Eft & Oueft, de ne pas s'éloigner de fa vraye direétion de plufieurs: pieds fur une longueur feulement de cinq à fix cens toiles. - Nos Lunettes nous fourniffent un moyen incomparable- ment plus exact. Nous fuppofons qu'après avoir obfervé YEquinoxe, on n'ait changé en rien la fituation de F'inftru- ment : le fil mobile du Micrometre eft encore éloigné du fl fixe du double de la déclinaifon qu'avoit le Soleil à midi [02 pets! 39 CT +4 :N CES . 3: ou à minuit. Sçachant cette déclinaifon , on fçait celle que le Soleil avoit fix heures après, & on fçait outre cela com- bien le bord de fon difque, auquel le fil du Micrometre touchoit, avoit plus où moins de déclinaifon que le centre. Dans l'exemple que nous avons fuppofé ci-devant , nous avons trouvé 7 ou8 minutes de déclinaifon pour midi; nous n'avons qu'à y adjoûter le changement que reçoit la déclinaïfon en 6 heures, & adjoûter encore ou fouftraire le * démi-diametre apparent du Soleil, & nous aurons la décli- naïfon qu'avoit le bord que nous avons obfervé. Ainfi il ne reftera plus qu'à faire reculer de cette derniére quantité le fil mobile du Micrometre vers le fil fixe ; il fe trouvera enfuite fur l'Equateur, & indiquera dans fhorifon à l'obfer- vateur qui appliquera l'œil à la Lunette, le point exact de l'Orient ou de Occident. On aura de cette forte une petite portion de l’Equateur, & on la prolongera encore fort aifé: ment, {on le veut. Il n’y aura qu'à faire tranfporter l'in- ftrument à ce point qui s'eft trauvé répondre exaétement à YOrient ou à l'Occident ; de ce point on pointera une des Lunettes fur l'endroit où l’on étoit d’abord, & vifant après cela par l'axe de Ia feconde Lunette, on trouvera dans l'ho- rifon un troifiéme point qui fera parfaitement en ligne droite avec les deux premiers, & il n'y aura qu'à continuer toû- jours de la même maniére, ” Toutes ces pratiques peuvent s’executer auffi fans Lunette, principalement l'obfervation de l'Equinoxe à laquelle nous revenons. Nous allons même rendre la méthode encore beaucoup plus immédiate, en réfervant pour l'obfervation toutes les opérations préparatoires dans lefquelles nous ne nous propofions que la rectification de l'inftrument. I n'y aura qu'à choifir un endroit uni , une plaine longue de deux ou trois cens toiles, dont on puife découvrir le lever & le coucher du Soleil. On élevera à l'extrémité de cet efpace deux longues-regles où perches PC & DE /Fig. 2.) de 18 ou 20 pieds de hauteur qu'on mettra verticalement, & le plus exaétement qu'on pour fur une ligne er DP, 1] Fig. 2. Fig, 2. 44 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE en les plaçant à une diflance l’une de l'autre qui foit telle qu'elles puiffent comprendre toute la largeur du Soleil pour un obfervateur fitué en À à l'autre extrémité. Cet intervalle {era d'environ 17 pieds, lorfque la diftance AB fera de 300: toifes. Au lieu des deux regles PC & DE, on pourra auffñ, fi on le veut, fe fervir de deux grofles cordes qu'on char- gera par en bas d’un aflés grand poids pour les rendre con- flimment verticales. Les chofes étant ainfi difpofées, l’obfer- vateur placé en À, lorfque le Soleil fe levera ou fe couchera, vifera à cet Aflre par un très-petit trou #7 fait dans une plaque de cuivre qui fera un peu courbée, & qui tournera fa convexité vers l'œil. Cette plaque pourra être renfermée dans un chaflis, mais je crois qu'il faudra toüjours qu'elle foit engagée dans une coulifie, afin qu'on puifie , en a fai- fant glifler, la porter vers la droite ou vers la gauche, juf- qu'à ce qu'on voye le difque du Soleil exaétement compris entre les deux termes verticaux PC & DE, II n'importe que l'intervalle DP foit un peu trop grand, pourvü qu'il ne le foit gueres trop: on jugera d'autant plus aïfément , à la vüë fimple, de l'égalité des deux petites diftances qui font aux deux côtés du Soleil, que le peu de largeur apparente qu'a cet Aftre, permet toùjours de voir fes deux bords, oppolés d’un feul coup d'oeil. Enfin on arrêtera la pinnule 4: il eft clair que ce fera précifément la même chofe que fi Yon avoit vilé au centre du Soleil par le point Æ qui eft au milieu des deux termes, - On voit aflés que nous n'obfervons ainfi les deux bords du difque en même temps que pour nous difpenfer d'entrer dans aucune difcuffion des diametres apparents, & que pour éluder l'effet de plufieurs autres caufes d'erreur. 11 n'importe ici que le Soleil paroiffe fous une forme très-elliptique, que {es bords foient ondoyants, que fon image foit trop aug- mentée dans le fond de nos yeux : tous ces accidents ne nous intéreflent pas, parce que les deux bords du difque y font également fujets. C'eft en fuivant auffi les mêmes vüës que nous avons tâché de rectifier lufage du Quartier Anglois DE st Sc IE N:'C Es 5 & de quelques autres inflruments dont on fe fert en Mer Fig 2. pour prendre hauteur. Nous avons montré dans le petit Traité que nous publiâmes en 1729 , qu'il ne faut jamais fe contenter, comme on l'a fait jufqu'à préfent, d’avoir égard à l'ombre feule du haut ou du bas des pinnules , malgré Ja. correétion qu'on fe propofe de faire enfuite pour le demi- diametre!apparent du Soleil, mais qu'il faut toûjours, pour une parfaite füreté , confidérer l'ombre entiére de tout le corps de la pinnule. Or c’eft ici la même chofe: on ne doit regarder les deux termes PC & DEÆ que comme une grande pinnule, quoiqu'ils foient éloignés l’un de l'autre de #7 pieds; &-neus avons encore cet avantage qu’au lieu de nous fervir de Fombre de notre pinnule, nous vifons à . FAftre même. Pour peu qu'il foit plus proche d’un terme que de Fautre, da diftance augmentera autant. d'u côté. qu'elle diminuera de l'autre : la différence {è trouvera. deux fois plus grande, & fe manifeftera par conféquent deux fois mieux. IL faut remarquer outre cela que comme le Soleil paroîtra monter ou defcendre avec lenteur entre les deux termes, on aura tout le temps de vérifier l'obfervation, & de la faire même vérifier à plufieurs perfonnes. brtoss ++ Mais enfin ce n’eft encore 1à que la premiére partie, de Yobfervation; il faudra, pour fe préparer à faire la feconde, placer depart & d'autre dé la pinnule Æ fur la Méridienne NL, les deux autres termes verticaux L A7 & NO, qu'on mettra auffr, {1 on le veut, à r7 pieds de diftance fun de l'autre. On fera principalement attentif à les placer à deux diftances égales de la pinnuleÆ. Enfin les 1.2 heures étant écoulées, le Soleil reviendra à Fhorifon, on fe tranfportera:en! 2, on viferæpar la pinnule Z, qui fera conftruite comme la premiére; &on la fera plifier vers la droite ou vers la gauche, jufqu'à ce qu'on voye le Soleil exactement placé-entre les deux derniers termes, L A7 & NO, Si la pinnule Z fe trouve au pointiÆ qui eft précifément au! milieu de 2€ & de DE, ce ferarune: marque. que-les points du lever & du coucher du Soleil font diamétralement oppolés; ce qui ne peut avoix- F ii Fig. 2. 46 MemoiREs DE L'ACADEMIE RoyALE lieu que lorfque f Equinoxe arrive précifément à midy ou à minuit, ou que lorfque le Soleil eft autant du côté du Nord dans une obfervation, qu'il eft du côté du Sud dans l'autre. Mais fi la pinnule fe trouve à quelque diftance du point #, il faudra, en réfolvant le triangle 4 #1, chercher Fangle A qui eft foûtenu par Æ/. Cet angle XH1 fera, comme il eft évident, la quantité dont il s'en manque que le lever & le coucher ne fe faflent précifément à l'oppolite Fun de Fautre. Cet angle fera égal à la fomme des deux différentes déclinaifons que le Soleil avoit le matin & le foir, & il n'y aura donc plus qu'à en prendre la moitié pour avoir la déclinaifon à midy où à minuit, ou au moins pour avoir l'argument de’ cette déclinaifon, fuppofé que lobfervateur n'ait pas exactement la Sphere droite. Il ne nous refte plus qu'à faire remarquer que comme la quantité Æ/, dont la pinnule 7 fera éloignée du milieu Æ des deux termes PC & DE, ne fera jamais que de quelques pieds, il fera toüjours très-facile de Ja mefurer exactement; il faudroit s’y tromper de plus d'une ligne, lorfque le rayon HK et de 300 toiles, pour commettre une erreur d'une feule feconde dans l'angle XH1, & ïl n’en réfulteroit encore qu'une d'une demi-feconde dans fa déclinaifon, puifque. l'angle X HI en eft le double. A l'égard de la longueur AK que nous fuppofons de oo toiles, il fera plus difficile de la mefurer, mais aufi il n’eft pas néceffaire qu’elle foit connuë avec tant de précifion. Il faudroit avoir abfolument réfolu de fe tromper, pour pouvoir fe méprendre de ro ou 1 1 pieds fur cette diftance, cependant cette grande erreur n'en produiroit qu'une d'üné feule feconde dans la déclinaifon, & n'en produiroit encore fouvent qu'une beaucoup plus petite. Tout cela nous per- - fuade qu'on peut, par cette méthode, déterminer la décli- naifon à un quart ou un tiers de feconde près, &-obtenir par conféquent linftant de l'Equinoxe avec quatre-vingt ou sent fois plus d'exactitude que par les autres moyens: : : SARA ciel Hdi et Mem. de Lead 1735. pli. pag. 45. PRE barvnr: ele, | È O (el Æ H 1! y “D VIN Vu Ÿ B |Z A Fig 2 L | À 4 ll | NP UT 0 "a, ‘ ART Û î # ! Disis::S\cT EN CES 47 DAUEA MANIERE » DONT LES ENFANTS TETENT. Par M PETIT. E Mémoire jü dans l'Affemblée par M. Maloet, con- 5 Mars 2 cernant un Enfant qui, né fans palais, eft mort, parce 1735+ qu'il n’a pû teter, m'a donné occafion de rappeler quelques . xéfléxions que j'avois faites fur cette fonétion: je les hafarde aujourd'hui d'autant plus volontiers qu’elles peuvent fervix de fuite aux Mémoires que j'ai déja donnés fur les fonctions de la Bouche. Le lait fort des mamelles par la fuccion & la compreffion_ que font les parties de la bouche de l'enfant fur le mamelon de fa nourrice; cette action fe nomme #erer. Quand une nourrice préfente la mamelle à fon enfant, elle a foin de lui élever la tête avec une de fes mains, pén-. dant qu'avec l'autre elle lui porte le mamelon à la bouche, en preffant doucement la mamelle, & difpofant ainfi le lait à pafler parlesouvertures qui font à l'extrémité du mamelon:; c'eft ce qui détermine Faétion des levres, de la langue, &. des mâchoires de l'enfant. Les levres en s'avançant, comme quand on fait la mouë, forment une ouverture ronde & une efpece de canal charnu garni de fibres circulaires & de fibres longitudinales. Les premiéres font celles du mufcle orbiculaire; les Iongitudi- males font fournies par les m fcles'incififs, canins, zygoma- tiques, buccinateurs, triangulaires & quarrés. "Ce canal embraffe tout le mamelon, & peut le compri- mer différemment par l'action combinée de fes fibres lon- gitudinales & circulaires. I peut agir par une compreflion: L totale, évale & uniforme, ou par une compreffion fucceffive, telle que quand les levres commencent à comprimer le bout 48 MrmoiREs DE L'ACADEMIE ROYALE «du mamelon, elles achevent d'agir fur fon milieu, & ne cefient point d'agir fur fon bout, qu'elles ne recommencent à le comprimer à fa racine. ! Les levres font dans cette derniére efpece de compreffion ce que font les mains de celles qui traient les vaches; fune de feurs mains gliflant le long du pis, ne Fabandonne à fon bout, que quand l'autre l'a repris à fa racine, pour glifier à fon tour, & agir ainfi alternativement avec la premiére. Le mamelon des nourrices eft plus large à fi bafe qu'à fa pointe, c'eft ce qui le difpofe toüjours à glifièr hors de la bouche; c'eft aufii ce qui fait que les vaifleaux laiteux ne peuvent être comprimés au point que Île cours du lait en {oit intercepté ; c'eft enfin par cette même difpofition que d'enfant, pour retenir le mamelon gliffant, eft excité aux mouvements les plus propres à faire couler le lait. En effet, malgré l'attention qu'ont les Nourrices de tenir da tête de leurs enfants proche de la mamelle, le mamelon s'échappe, fi les enfants ne le retiennent dans Ja bouche: inftruits par la Nature, ils fcavent fe fervir utilement de leurs levres, pour le retenir & le retirer par une efpece de mou- vement ondoyant ou vermiculaire. Au moyen des fibres circulaires internes du canal charnu fait par lallongement des levres, l'enfant arrête le mamelon ; enfuite il avance les fibres externes pour le faifir plus près de la mamelle, & alors les fibres circulaires internes ceffant d'agir fur le bout du mamelon, rien n'empêche que les fibres longitudinales ne le faffent entrer plus avant dans la bouche, en retirant à elles le bord externe du canal qui le tient ferré." Si ces premiers mouvements ne fuffifent pas pour faire entrer le mamelon, l'enfant les répete jufqu’à ce que le mamelon foit fuffifamment entré; & il ne peut répéter -ces mouvements, fans obliger le lait à fortir du mamelon. “On obferve même que pour tirer le mamelon plus promp- tement & plus avant dans la bouche, l'enfant, au lieu de le retenir, comme on a dit, avec les fibres internes, le retient avec les mâchoires, pendant qu’il élance les levres en dehors, : auffr _ Des PCÉÈEN CES auf près de la mamelle qu'il eft poñlible; puis il ouvre les mâchoirés pour lâcher le mamelon, afin que les levres, en fe retirant, le faflent entrer plus avant dans la bouche. La langue fert aufii aux enfants à retirer le mamelon par une efpece de fuccion ; mais pour cela il faut que les mâ- choires foient ouvertes, & que les levres ne foient appliquées que mollement au mamelon, fans quoi la langue, en fe retirant, ne pourroit aifément attirer à elle pour le faire rentrer dans la bouche, * Quand la langue à fait entrer fuffifamment le mamelon, elle ceffle de le tirer, fe place deflous, & s’y moulant en forme de goutiére, non feulement elle s'y applique & le retient fous la puiffance des levres, mais elle agit de concert avec elles par un mouvement vermiculaire, qu'elle execute fans cefler entiérement d’être appliquée au mamelon, puif- que fa furface s'y joint toüjours par quelques points, les uns ne s'en féparant que lorfque d’autres s’y font appliqués. Quelquefois la langue ainft appliquée au mamelon, pour le comprimer plus exactement, le tire jufques fous les mächoires, dont l'action eft plus forte; maïs qui n'étant garnies que de la chair des gencives, le preflent fans le bleffer : par cette preffion plus vive, le lait coule dans la bouche en plus grande abondance. Enfin la langue toüjours appliquée au mamelon, le tire quelquefois plus avant dans fa bouche &r le prefle contre le palais; c’eft-à que par fon mouvement vermiculaire ou ondoyant, allant & venant fucceflivement de {a bafe à la pointe, elle agit fur tout le mamelon, & qu'elle en exprime Îe fait avec plus de facilité, … Jufqu'ici les levres, les mâchoires ‘& la langue n’ont fait fortix du lait des mamelles que par la feule compreffion; & f: nous avons parlé de la fuccion, ce n’a été qu'en tant qu’elle fert à tirer le mamelon dans la bouche, pour le foumettre à la preflion des levres, de la langue & des gencives. Mais ce n’eft pas l'unique effet que nous puiflions attribuer à la fuccion; elle fufht évidemment par elle-même, pour faire Mem 1735: o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fortir le lait des mamelles, pourvû que les levres non feu- lement entourent, mais encore ferrent aflés exatement le mamelon, pour l'empêcher de fuivre la langue, lorfqu’elle viendra à être tirée vers le gofier : alors le lait fortira du mamelon, & occupera dans la bouche l'efpace qu'aura quitté Ja langue. La bouche dans ce cas fait l'office d’une vraye pompe, ainfi que je l'ai démontré dans les deux premiéres parties du Traité des fonétions de la Bouche. Si, pour que le lait ou tout autre liquide entre dans fa bouche , il fuffit que le mamelon ou le vaifleau contenant le liquide, foit exactement entouré par les levres, & qu'en- fuite la langue fe retire en arriére, ou que la mâchoire infé- rieure s'éloigne de la fupérieure, ft cela fufht, dis-je, il eft clair que la refpiration n’eft point toüjours néceffaire pour l'introduétion du liquide dans la bouche. L'expérience même le prouve d’une façon fenfible, puifqu'on peut ainf remplir fa bouche de liquide fans refpirer, & que, qui plus eft, on peut expirer dans le temps même que la bouche {e remplit de boiflon. Si l’on met l’un des bouts d’un fiphon dans de l'eau & l'autre dans la bouche, fi l'on tient en repos la mâchoire & la langue, & qu'on infpire naturellement fans effort, on ne fera point monter l’eau du fiphon jufques dans l bouche. Il eft vraï que fi on bouche les narines, en faifant quelque mouvement pour refpirer par le nés, l'eau du frphon entrera abondamment dans la bouche : il eft vrai auffi que quoique le nés ne foit point bouché, fi Fon fait un peu plus d'effort que l’on ne fait pour refpirer naturel- Iéfhent , l'eau montera plus haut dans le fiphon ; & que fr Yon fait le plus grand effort poffible, l’eau entrera dans Îa bouche, & y entrera d'autant plus que Fair, par la violence avec laquelle il fe préfentera aux narines, approchera les aîles du nés l'une de l'autre, & fe bouchera lui-même une partie de fon paffage; mais comme en bûüvant naturellement, on ne fait point d'épreuves femblables à celles dont je viens de faire mention, on peut dire que la poitrine n'a point de part D'Erst “SCA EIN CYELE, SI aux différentes façons de boire, fi ce n’eft dans l'efpece particuliére que l'on nomme le Aumer, & dont j'ai parlé dans mes premiers Mémoires. Quoique les différents mouvemertts que nous venons de parcourir, {oit des levres, foit des mâchoires, foit de la langue, puiflent chacun féparément exprimer le lait du ma- melon, ils ne peuvent pas toüjours le faire couler avec une certaine abondance, ni avec une certaine aïfance ; par exemple, le feul mouvement des levres ne feroit peut-être pas fuffifant pour fatisfaire un enfant avide ou affamé, non plus que la fuccion fimple, c'eft-à-dire, celle qui, fans la compreflion alternative des levres, peut tirer le lait des ma- melles. Ce n’eft que par le concours & la combinaifon de tous les mouvements , dont nous avons fait l'énumération, que l'enfant peut teter abondamment, & avec Îe moins de travail poffible. De toutes les façons de teter qui réfultent de cette com- binaifon de mouvements, la plus naturelle ou la plus com- mode pour l'enfant, c’eft celle qui s’'execute par la fucceffion alternative & prompte de la compreffion que tout le canal, formé par l'avance des levres, fait fur le mamelon , & de l'attraction de ce mamelon par la fuccion, mais par une fuccion telle que le bout de {a langue ne foit pas appliqué à l'extrémité du mamelon. La fuccion alors a le double avantage de tirer le lait par elle-même , en même temps qu'elle foumet le mamelon à la compreflion des levres &c des gencives. Ï eft encore une'autre façon de teter, qu'on peut regarder comme une efpece de repos & de délaffement que l'enfant prend en tetant. Ce cas arrive, lorfque les premiers fucce- ments ont procuré une telle dérivation de lait, que le ma- melon le fournit prefque de lui-même par le regorgement des vaifleaux laiteux. Alors une legere preffion des levres & des mächoires eft tout au plus néceflaire, & la langue ne fait que s’avancer pour recevoir ou ramafler le lait, & fe retirer en arriére pour le poufler dans le e È 1 52 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE Excepté dans ce dernier cas, Ja bouche dans l'aétion de teter fait le double office de pompe afpirante & foulante, Le bout antérieur de la langue, en fe retirant, fait le pifton de la premiére pompe, & attire le lait contenu dans le mamelon ; enfuité la partie poftérieure de la langue, en . preflant le lait contre le fond du palais, la cloifon du gofier, & le gofier même, & en fe retirant fur l'embouchure de l'œfophage, fait le pifton de la pompe foulante. Cette double action de la langue s’execute prefque dans le même inflant, fa racine n'ayant point achevé fon coup de pifton foulant, pour avaler, que déja fon bout à commencé celui de pifton afpirant, pour fuccer. Par tout ce qui a été dit jufqu'ici, il eft clair qu'un enfant né fans palais, non feulement peut exprimer le lait du mamelon par la fimple compreffion des levres, ainfi qu’on Ya expliqué ; mais encore que fa bouche peut faire la fonétion d'une pompe afpirante. Cette pompe, à la vérité, fera plus courte que dans l'état naturel, puifqu'elle n'aura que la 1on- gueur du canal charnu formé par l'avance des levres, mais fon jeu fera toüjours le mème. Ainfi l'enfant qui manque entiérement de palais, ne mourra point faute de pouvoir exprimer ou fuccer le lait du mamelon ; mais fi la bouche n'eft point capable de faire l'office de la pompe foulante, il doit néceflairement périr faute de pouvoir avaler. H n’en eft pas de même lorfqueles narines ne font ouvertes dans la bouche que par le feul écartement des os qui forment la voûte du palais : en effet j'ai vû plufieurs enfants avec écartement, mème confidérable, des os du palais, & avec fépa- ration de la cloifon charnuë ou valvule du gofier, fans que cette mauvaile conformation les ait entiérement empêché d'avaler. Dans ce cas la langue, en s'appliquant au palais, en bouchée la fente, & agit enfuite fur chacune des portions du palais, comme elle feroit fur le palais entier. Quand la cloifon charnuë fe trouve auffi féparée en deux, il eft bien vrai qu'une portion plus ou moins confidérable du lait pafle par le nés; mais cela n'empêche pas que la racine de la F7 DES SYNC EN C'ENSE Jangue, fur-tout lorfqu'elle fe retire précipitamment, ne faffe entrer une partie du.lait dans le canal de l'œfophage. On fent que dans ces différents vices de conformation, l'enfant eft obligé, pour teter, de faire des mouvements extraordinaires auxquels il ne peut pas toûjours s’habituer, ce qui le met en danger de périr. J'ai vü plus d’une fois, dans de femblables:cas, réchapper des enfants en leur don- nant le pis d'une Chevre. Pour le rendre propre à cette fonétion, on le vuide à demi avant que de le préfeniter à l’en- fant : la groffeur, la longueur & la flaccité ou la mollefle de ce pis, font qu'il fupplée au vice des organés , en rempliflant le vuide du palais & des narines. Le pis s’ajufte fi bien à toutes ces parties, & les ouvertures en font même fi exacte- ment bouchées, qu'à chaque inftant on eft obligé de retirer le pis, pour hifer refpirer l'enfant, G ij s4 Memoires DE L'ACADEMIE Royare S'UINIE : D'ENNELEUX AMEN DU KERME'S MINE RAL. Pa M GEOFFROY. hd donnai en 1734, un Mémoire divifé en deux parties, la premiére fur le Tartre émétique, l'autre fur le Kermès minéral. Cette feconde partie ne contenant pas un examen fufifant de cette préparation de l'Antimoine, il ma paru néceflaire d'y joindre le fupplément qui fuit. i J'y examine d’abord le Kermès fait par ébullition, enfuite le Kermès fait par la fonte, Fun & l'autre à l'aide des Sels alkalis ; après quoi j'efpere de faire voir que l'Antimoine traité par les acides fournit une préparation peu différente, quant à fes effets, des préparations qu'on obtient par les Alkalis. L’Antimoine, quoique déja analyfé par une main habile, peut fournir encore des faits qui, bien obfervés, ne feront que confirmer ce que feu M. Lémery en a déja publié, & l'examen chimique de ce Minéral en fera plus complet. Kermeès par ébullition. L'expérience qui fuit, exigeoit une patience bien obftinée, puifque c’eft une opération répétée foixante-dix-huit fois fur le même Antimoine, & avec la même leffive de Sel alkali. À Ia vérité, äl n’y a rien de brillant dans une telle opération, mais on eft fufhfamment récompenfé quand on a vérifié un fait qui pouvoit être douteux, c’eft-à-dire, quand on peut prouver qu'avec encore plus de patience que je n'en ai eu, il eft poffible de réduire tout lAntimoine en Kermès, à quelques réfidences près, qui feront examinées féparément. Je fais voir en même temps que le Kermès n'eft autre DES SCIE N C'Eis. 55 chofe qu'un magiftere ou précipité de la partie réguline de l'Antimoine divifée en particules extrêmement fines, toutes enduites d'une couche d'Aepar fulphuris, & par conféquent d’une efpece de Vernis compolé de Sel alkali nitreux & du Soufre groffier ou brülant du minéral ; que ce Sel alkali peut: fe détacher du Kermès, & qu'on. peut le rendre fen- fible, en le faifant fervir de: bafe pour régénérer le Nitre, le Sel marin, & pour former un Tartre vitriolé : qu'on fépare aufli du Kermès une Terre blanche, difficile à con- noître, & qui appartient ou au Sel alkali, ou à l’Antimoine, ou à ŸEau employée aux ébullitions, ou peut-être à tous les trois. | Pour faire ce magiftere, j'ai fuivi exactement 1e procédé publié par ordre du Roy, c'efl-à-dire, que j'ai pris une livre d'Antimoine de Hongrie, caflé en morceaux minces, {lon la direétion de fes aiguilles, 4 onces de liqueur de Nitre fixé par les charbons & bien filtrée, & une pinte d’eau de pluye. Après deux heures d’ébullition , on a filtré Ja liqueur chaude qui a laïffé précipiter le Kermès en fe refroidiffant. A une feconde ébullition on a adjoûté 3 onces de nouvelle liqueur de Nitre fixé & une pinte d'eau de pluye. À une troifiéme ébullition, on a remis fur da leflive décantée deux autres onces de la même liqueur alkaline & une pinte d’eau de pluye. Voilà le procédé du Roy executé à la rigueur ; j'en ai retiré un Kermès qui, bien édulcoré & féché, ne peloit qu'un gros 60 grains, quoique l Antimoine eût diminué de 2 gros. J'ai refait la même opération avec 4 livres de nouvel Antimoine, une livre de liqueur de Nitre fixé & 4 pintes d'eau de pluye, A la féconde & à la troifiéme ébullition j'ai fait adjoûter d'abord r 2 onces' de liqueur alkaline & 4 pintes d'eau, enfuite 8 onces de la même liqueur faline & 4 autres pintes d'eau. Ces trois cuites ont donné une once 2 gros de Kermès, & les quatre livres d'Antimoine ont diminué de 7 gros & demi. : : * Si le produit de ces deux opérations comparées eût (üivi 56 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la proportion des matiéres employées dans l'une & dans J'autre, je n'aurois dü avoir par la feconde opération que 7 gros 24 grains de Kermès, & les 4 livres d'Antimoine auroient dû diminuer d'une once. Maïs il y a quelque appa- rence que cette différence dans la diminution du poids de l Antimoine, vient de la différence des furfaces de ce minéral, qui dans la feconde opération ne s’eft pas trouvée quadruple de la fomme des furfaces de la premiére livre d’Antimoine employé dans la premiére opération; quant à l'augmentation de poids dans le Kermès de Ja feconde, ne pourroit-on pas dire, pour en rendre raifon , qu'une plus grande quantité de Sel alkali forme plus vite une plus grande quantité d'hepar? que plus il y a d'hepar, plus il fe détache de particules régulines , & que plus il y a de ces particules détachées, plus il y à de cet enduit ou de ce Vernis falin & fulphureux dont j'ai parlé, & par conféquent plus il y a de poids, plufieurs circonftances concourant pour laugmenter. D'ailleurs on {çait que le produit de beaucoup d'opérations, faites en petit, n’eft jamais égal en proportion au produit des mêmes opé- rations faites en grand. Pour découvrir encore mieux ce qui fe pañe dans l'opé- ration du Kermès, & quelles font les matiéres qui fe féparent du minéral, j'ai raflemblé l Antimoine des deux opérations précédentes, pefant $ livres moins les 9 gros & demi de diminution. J'ai pris auffi la liqueur du Nitre fixé qui avoit fervi aux fix précédentes ébullitions, & dont j'avois 2 livres x 3 onces ; & fans y rien adjoüter, à chaque opération, que de l’eau de pluye bien filtrée, j'ai fait faire trente ébullitions & autant de précipitations de fuite. I s’élevoit du vaiffean une vapeur fulphureufe qui noircifloit Argent qu'on foù- tenoit au deflus : on y pouvoit diftinguer auffi avec cette odeur de foufre, une odeur de leffive forte & mélée d’un peu d'urineux volatile, Cette vapeur condenfée & recueillie dans un chapiteau de verre, verdit le Sirop violat, rend très-legerement laiteufe ka fojution du fublimé corrofif, & précipite en un citron très-clair DES SCTENCES $» très-clair la diffolution du Mercure dans lefprit de Nitre. ” A chaque ébullition, la liqueur du Nitre fixé détachant, comme je l'ai déja dit dans mon premier Mémoire, des particules du Soufre groffier de l’Antimoine, il s’en eft com polé un hepar fulphuris. Cet hepar diflout ou divife Ja partie réguline du minéral, & cette divifion eft facilitée par le frottement des morceaux d’Antimoine que l'ébullition agite continuellement. Ce frottement caufé par l'ébullition, paroïtméceflaire dans cette opération du Kermès, parce que le Sel alkali de 1a leflive ne peut agir fur la partie réguline qu'après que le foufre groffier du minéral s'en eft détaché pour fe joindre à cet alkali, &former lhepar, qui eft le diflolvant de cette partie réguline : or fans ce frottement l'alkali ne pourroit former d’hepar qu'avec le Soufre des premiéres furfaces des morceaux de l'Antimoine. I y auroit peu d'hepar, & par conféquent peu de diffolution de la partie réguline. C’eft par cette raïfon que la premiére ébullition ne rend jamais autant de précipité que la feconde, & la feconde que la troifiéme, cette progreflion a ‘cependant fon terme. La liqueur alkaline étant fuffifamment chargée du Soufre & du Régule de l Antimoine, cefle d'agir, & il faut la filtrer, premiérement afin qu’elle fe débarrafle fur le filtre des parties grofliéres de l'Antimoine non décompolées, qui ont été détachées par les frottements répétés des morceaux de ce minéral pendant ébullition, & en fecond lieu, afin qu’elle dépole, en fe refroidiffant , les parties du même minéral qui ont été aflés divifées par hepar, & qui font devenuës aflés fines pour paffer avec la liqueur encore chaude au travers du filtre. ; * Tant que la liqueur eft chaude, elle eft dans un mou- vement aflés rapide pour empêcher les particules fines du Kermès de fe réunir en des molécules trop groffiéres : en "cet état, les particules traverfent les pores du papier avec la même facilité que la liqueur, mais à mefure que cette liqueur. fe refroidit, la rapidité du mouvement ceflant peu-à-peu, Mem. 1735: H 58 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ces mêmes particules fe raflemblent, s'aglutinent es unes aux autres, & compolent des molécules de telle maffe, qu’elles ne peuvent plus être foûtenuës dans le liquide, & tombent en un magiftere. I eft impoffble que la leffive ne perde à chaque ébulli- tion une petite portion de fon Sel alkali, puifque cette por- tion a dû être employée à compofer lhepar qui a corrodé Ja partie réguline de l Antimoine précipitée avec cette même portion d’hepar fous. la forme de magiftere rouge; car.on verra dans la fuite, beaucoup mieux que je ne l'ai fait voir dans mon premier Mémoire, que le Kermès eft un magiftere de régule d'Antimoine, uni au Soufre groflier de ce minéral & à une petite portion de Sel alkali qu'on peut.en détacher ; ou, fi l’on veut, c’eft encore un Antimoine qui, à la rigueur, n'eft pas détruit, mais dont on a feulement changé l'arran- gement.des parties, en détachant le Soufre groflier des pores qu'il occupoit, ce qui a caufé l'écroulement ou la rupture des parois de ces pores, qui en changeant & de fituation & de forme, fe mêlent avec le nouveau compofé de lhepar, & le font paroïtre un magiftere plus ou moins coloré, à proportion de la quantité d'Alkali & de Soufre qui eft unie avec lui. | Mais s'il eft impoffble que la liqueur alkaline ne perde pas une petite portion de fon fel: à chaque.ébullition, on concevra aifément qu'elle en. doit perdre peu à chaque fois, puifque fans. addition de nouveau fel, elle peut, après la filtration, agir de nouveau fur l Antimoine un .nombre de fois confidérable, & puifque les trente ébullitions répétées, des 5 livres d’Antimoine mifes enfemble, ont rendu 7 onces de Kermès toüjours auffi beau & auf fin que le Kermès, des fix premiéres ébullitions faites fur une livre, & enfuite fur 4 livres de ce minéral. Voyant qu'à la trente-fixiéme cuitte, cette liqueur alkaline agifloit prefque aufli-bien que dans les premiéres, je l'ai fait, fervir encore à vingt autres ébullitions, fans autre précau-: ton,que de mettre à.part les petites aiguilles d'Antimoine ? F DES SCTEN Ccr's ï reftoiént fur Le filtre, & dont la quantité angméntoit à mefure que les ébullitions fe multiplioient. Ces vingt nou- velles ébullitions m'oñt rendu encore $ onces 3 gros & demi de Kermès, au lieu que je n'en avois eu que 7 oncés des trente premiéres. | J'ai refait dix autres ébullitions, qui m'ont encore rendu À onces un gros & demi de Kermès. Aiïnfi ces trente der- niéres ébullitions m'ont donné 2 onces $ gros de Kermès de plus que les trente premiéres. Cette augmentation d'effet vient, comme je l'ai dit plus haut, de ce qu'en multipliant les frottements des morceaux del Antimoine, il fe découvre de nouvelles frfaces qui fourniffent un nouveau Soufre à la liqueur alkaline , & ce Soufre adjoûté rend T'hepar plus actif & plus pénétrant, ou, fi lon veut, refait de nouvel hepar à chaque nouvelle ébullition. H refte, comme je ai dit fur les filtres, une quantité affés confidérable d’aiguilles fmes mêlées avec une efpece de bourbe terreufe. J'ai fait bouillir douze fois cette bourbe, qui pefoit près de 8 onces, avec la même liqueur alkaline, & elle m'a fourni 2 onces 3 gros & demi de Kermès. Par ces 78 ébullitions, j'ai eu de mes $ livres d'Antimoine une livre 4 onces 4 gros 24 grains de Kermès. IL n’eft pas facile de dire au jufte combien l Antimoïne a perdu de fon poids, car ïil retient peut-être dans les interftices de fes ai- guilles une certaine quantité de Sel alkali, puifqu'il pefoit encore 3 livres 6 onces, qui jointes au poids de tout le Kermès retiré des 78 ébullitions, donne une augmentation de 2 onces 4 gros 24 grains, en y comprenant le poids de la matiére bourbeufe des filtres. Ainfi il eft évident, ou que cette augmentation doit être attribuée à Funion d’une por- tion du Sel alkali avec le refte des morceaux del Antimoine, - ou à l'union de ce même fel avec le magiftere précipité. If n'y a aucun doute que ce Sel alkali ne foit uni à ce magiftere; je l'ai dit dans mon prémier Mémoire, je le prouverai dans celui-ci, mais je ne puis pas prouver de même l'union de ce fel avec l'Antimoine, ainfi ce ne fera er du > \ F if sé Du 6o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Examinons la leffive qui m'eft reftée des 78 ébullitions;" je l'ai diftillée ; les premiéres vapeurs ont fourni une liqueur legerement fulphureufe , qui a donné des marques d'urineux volatile. J'en parlerai dans la fuite de ce Mémoire. A la moitié de la diftillation, il s'eft précipité un peu de terre blanche. Après la féparation de cette premiére terre, on a continué la diftillation de la liqueur reftante jufqu'à pellicule : il s’y eft formé des criftaux longs, dont les plus fins fufoient un peu fur les charbons, ils étoient par conféquent nitreux. Mais comme ces criftaux étoient encore mêlés avec une matiére bourbeufe, grafle & fale, j'en ai faït une nouvelle folution dans de l'eau de pluye, & il s’y eft précipité une feconde terre blanche, femblable à la premiére, qui pefoit 4 gros 60 grains. La liqueur qui avoit été féparée de cette terre, ayant été évaporcée, il s'y eft formé de nouveaux crifaux, mais figurés comme ceux d’une terre foliée, c'eft- à-dire, en feuillets plats, prefque tous quarrés, quelques-uns cependant triangulaires ; ils ne confervent cette figure que pendant qu'on les tient féchement, car auffi-tôt qu'ils font expofés à l'humidité de l'air, ils fe mettent aflés vite en deliquium, & alors ils fe recriftallifent de nouveau dans leur deliquium , len ement à la vérité, & reprennent, dans un fédiment gras qui fe dépofe, une forme de criftaux prifma- tiques, mais dont aucune partie ne fufe plus fur les charbons. Ts y petillent, & s’y brifent comme le Tartre vitriolé, fans que ce pétillement ait rien de femblable à la décrépitation du Sel marin. Quelque ardent qu’on rende le charbon en foufflant deflus, ils ne s’y fondent pas, mais ils s'y convertifient en une matiére terreufe, blanche, qui paroît femblable à la terre qui s'en étoit dépofée avant leur premiére & leur feconde criftallifation. Ces criftaux pri fmatiques s'étoient formés, comme j'ai dit, fans un fédiment gras & onétueux , provenant du deliquium & de l'eau - mere des criftaux en terre foliée, Examinons D'E sr; SC AE N CAE en. É maintenant cette Eau-mere par la diftillation. J'en ai employé ÿ onces. : é Elle m'a donné d’abord une liqueur aqueufe, qui avoit Yodeur des matiéres animales, lorfqu'on les diftille. IL eft venu enfuite un efprit urineux volatile,-aflés pénétrant, qui étoit d’un beau jaune, & qui pefoit 2 gros. Enfin il eft refté dans la cornuë 2 onces 2 grôs & demi d'un cput mortuum, qui pouffé à plus grand feu, nv'a rendu 6 grains de Sel vola- tile en forme concrete ou féche. Après avoir café la cornuë, J'y ai trouvé une mafle blanche & rouge, dont il s’exhaloit “une odeur ammoniacale pareille à celle qui fort des vaifléaux où l'on a fait des fublimations de Sel ammoniac. Cette mafle étant caflée, reflembloit à des fcories de Régule pleine de foufflures ou cavités qui étoient parfemées de petits grains de Régule fins & brillants, lefquels s’étoient reflufcités pendant le feu de fufion. Cette mafle faline ou de fcories, en shumeétant à l'air, a pris une couleur ver- dâtre, ayant une odeur d'hepar ; elle fe feroit entiérement mile en deliquium, fi je l'eufle laïflé long-temps expofée à humidité. Mais. pour aller plus vite, j'ai verfé deflus de Yeau bouïllante, qui eft devenuë d’un verd-brun. En la fil trant chaude, il eft refté fur le filtre une bouë verte qui étoit du foufre, & il a pañlé au travers des pores du papier une liqueur qui, en fe refroidiffant, a laiflé dépofer une quan- tité aflés confidérable de Kermès. Cettediqueur faline furnageant ce nouveau Kermès, étant évaporée m'a donné des criftaux d’une autre nature que le Sel prifmatique précédent ; ils fe mettent aflés vite en deliquium., & ils paroiflent étre un alkali criftallifé, ou un Sel alkali fulphureux qu'on pourroit nommer, lorfqu'il eft “encore en cet état, un Se/ d'hepar, car il a en même temps “un goût lixiviel & un goût d'hepar : mais fi on diflout ce Sel fulphureux avec de l'eau froide, il refte au fond de La folu- tion du véritable Taïtre vitriolé, Ce Sel fülphureux ou d'hepar bouillonne fur les char- : ‘bons ardents, & y devient jaune, preuve NT Soufre qu'il H iij Ga. MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE coMtient. H noircit & corrode la lame d'Argent fur laquelle on le fond au feu, il verdit le Sirop violat. Il précipite en orangé la {olution du Sublimé corrofif, & à la furface de la liqueur il laïfle furnager une pellicule fulphureufe qui, récueillie, brûle comme le Soufre commun : en un mot, äl a tous les caracteres néceffaires pour pouvoir être appellé Sel fulphureux où Sel d'hepar. W'eft différent du Sel qu'on peut retirer de la liqueur du Nitre fixé qui n’a point pañlé par les ébullitions avec l'Antimoine ; car de cette liqueur évaporée, je n'ai eu, outre quelques petits criflaux qui étoient encore nitreux, que des criftaux longs & prifmati- ques, femblables à ceux que j'ai décrits ci-deflus, & qui, comme eux, blanchifloient fur le feu, fans fufer ni décré- piter, & comme ‘eux fe rompoient en petillant. Revenons à la matiére blanche dépofée pendant la criftal- lifation du Sel fulphureux ou Sel d'hepar de la leffive des 78 ébullitions du Kermès. A la vüë, on lauroit prife pour de lAntimoine diaphorétique : mais ce n’en eft pas, parce que l'Eau régale a diflout, & ne touche pas au diaphoré- tique ordinaire : elle fermente avec l'acide du Nitre & du Vitriol, il s’en reflufcite un Régule fur les charbons ardents, & avant que de fe reflufciter, on en voit partir de petits éclairs de la couleur de la flamme du foufre, & qui s’éva- nouiffent dans l'inftant. Cette poudre, qui n’eft pas l'Anti- moine diaphorétique, n'eft pas non plus la Afateria perlata, puifque les acides n’agiffent pas plus fur cette dermiére pré- paration que fur le diaphorétique. Toutes les matiéres blan- ches que j'ai féparées de la fonte de l'Antimoine avec diffé- rents Sels alkalis, font de mème nature que celle dont je viens de parler ; & ne connoiflant point de préparation d'Antimoine à laquelle je puifle la comparer exactement, ne pourroit-on pas la nommer un Xermés blanc ou une Magnefie blanche: antimoniale, puifque d'ailleurs étant prife intérieurement en petite dofe, elle eft diaphorétique, & ne caufe point de naufées. Je reprends préfentement le nouvel examen du Kermès , je $ D ES, S,C:1 EN C'E-S 65 que je m'étois propofé de faire, & qui. devient un fupplément néceflaire à mon.premier Mémoire. Cette poudre fe trouve prefque toûjours de. différente couleur, à proportion que la liqueur alkaline qu’on a em- ployée a été plus ou moins concentrée. Si elle eft.fort chargée de fels, le Kermès fera d’un rouge très-foncé, ou, ce qui eft la même chofe, fi lébullition a duré peu de temps, le Kermès fera pâle, parce qu'il ne fe fera pas évaporé de là liqueur aflés de flegme pour concentrer les els. En voici la preuve, on n’a qu'à verfer fur le filtre. où l’on, a mis 14 liqueur bouillante qui contient le Kermès, de nouvelle eau pure bouillante, le Kermès fera beaucoup plus pâle qu'il n'auroit été fans cette addition d’eau. | Lorfqu'on fait tomber du Kermès, un gros, par exemple, dans 3 gros d'Eau régale faite par l’efprit de Nitre & l'efprit de Sel, la diflolution s’en faitavec grande ébullition & cha- leur vive ; il s'en éleve des vapeurs d'efprit de Nitre très- rouges : l'ébullition ceflant, l'odeur du mélange change, elle devient feulement fulphureufe. Après la fermentation tota- lement appailée, il eft refté un fédiment jaune furnagé d’une liqueur au deflus de laquelle if y avoit une pellicule fulphu- reufe qui, enlevée avec un petit morceau de papier, brûle comme le Soufre commun. J'ai lavé & defléché ce fédi- ment, &.j'y ai trouvé le lendemain un globule de Mercure coulant pefant un peu plus d’un quart de grain, En fuppofant que ce globule de Mercure fe foit trouvé là fans: aucun foupçon qui puiffe faire douter de fon exiftence antérieure dans lAntimoine, il ne feroit que la 2.8 8e partie-du gros de Kermès fur lequel j'aurais fait l'expérience que je viens de rapporter, ce qui.eft bien éloigné de la quantité de Mer- cure que plufieurs Auteurs prétendent qu'on peut extraire de l'Antimoine, en l'élevant en fleurs par le Sel ammoniac, &.en réduifant. ces fleurs. par des Sels fixes. Je puis affürer, en paflant, que les vaifleaux. de verre dont je me fuis férvi, . m’avoient jamais été employés à aucune opération où il fût entré du Mercure, mais.il faut que j'avoué en mème temps 64 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qu'ayant répété tout le procédé que je viens de rapporter; avec d’autres Kermès de même cuitte, & de l'Eau régale fem- blable, je n'ai pü revoir de Mercure. | La poudre blanche, au milieu de laquelle ce Mercure s’e trouvé, pefoit 42 grains. Je ai mife dans une cornuë pour en faire élever ce qu'elle pouvoit contenir de Soufre : ce Soufre a monté au premier feu, & s’eft attaché à la partie du col de la cornuë qui fortoit du fourneau, il eft venu enfuite un cercle noir, puis un troifiéme cercle blanc de fleurs d’Antimoine, ou plütôt de Régule, parfemées de petites aiguilles : {a liqueur du récipient étoit chargée de floccons fulphureux : enfin la maffe rouge du fond de la cornuë étoit une efpece de crocus metallormm , ou plütôt de magnefia opa- na, qui fe fait, comme on fçait, par le Nitre & le Sel marin. Or, dans cette expérience, j'ai employé une Eau régale compofée de Facide du Nitre & de l'acide du Sel marin. Ces deux acides ont repris une bafe dans le Sel alkali du Kermès, fe font régénérés, & ont opéré pendant la fonte, ce que ces deux {els, mélangés avec l’Antimoine, produifent dans l'opération ordinaire de la magnefia opalina. La régé- nération de ces deux fels, avec l’alkali du Kermès, fera encore mieux prouvée dans la fuite de ce Mémoire. Il réfulte dé tout ce détail, que l'Eau régale ne diflout pas toute la partie réguline du Kermès, qu’elle n’attaque apparemment que les particules de ce Régule, dont quelques facettes fe préfentent à nud à lation de cet acide; que celles qui font recouvertes d’un enduit non difcontinué de la matiére fulphureufe de l'hepar, réfiftent à l’action de l'Eau régale; qu'on ne peut, par le moyen de cet acide, féparer exactement la partie fulphureufe du Kermès, puifque la poudre blanche qui s'en précipite contient, avec le Soufre groffier, une portion confidérable de Régule, lequel pourroit bien faire la moitié ou environ de cette poudre ; mais ce- pendant, malgré cet inconvénient, l'Eau régale eft l'acide qui convient le mieux pour faire la féparation du Soufre groflier qui eft encore en nature dans le Kermès ; car fr jemploye DES SCIENCES. 6 j'employe lefprit de Sel pur, il corrode 11 partie réguline, lubtilife & attenuë fi fort ce Soufre, qu'il s'évapore pour la plus grande partie, en forte que lorfque je verfe de l'eau de pluye fur.ce diflolvant, tout le Régule du Kermès & ce qui y refte d'hepar & de Sel alkali fe précipitent confu- fément en une poudre blanche qui froit une véritable pou- dre d’Algaroth , fr on n’étoit en droit de foupçonner qu'il _ s'eft précipité avec elle une portion du Sel alkali du Kermès : enfin il ne fe fépare de ce précipité aucun foufre furnageant, comme cela arrive lorfque je me fers de l'Eau régale, Si, à la place de 'efprit de Sel, j'employe l'efprit de Nitre pur & concentré, if farvient, auffi-tôt qu'il eft verfé ur le Kermès, une effervefcence fi grande, qu'il n'y a aucun doute que ce mélange ne prit feu, fi Le principe huileux du Soufre groffier de cette poudre étoit plus dégagé de facide vitriolique qui le retient & l'appefantit. Les va- peurs rouges de Fefprit de Nitre fe chargent même d’une partie de ce foufre qui fe volatilife pendant leffervefcence, puifque recueillies par un chapiteau de verre, ou par quelque autre moyen, elles fe condenfent en un elprit de Nitre teint en verd. Mais malgré cette grande effervefcence , if ne fe fait aucune diffolution de la partie réguline du Kermës, puifque fi on laiffe repoftr le mélange après l'effervefcence appaifée, & qu'enfüuite on décante l'acide qui furnage {a poudre devenuë blanche, on ne précipite rien de ce Réoule en verfant deflus de Fhuile de Tartre, Ce Kermès devenu blanc par l'action de l'acide nitreux . étant pouflé au feu dans une cornuë, rend beaucoup de Soufre brülant, des fleurs rouges d'Antimoine, & laifle une mafle blancheâtre de chaux d'Antimoine; cependant cette mafle étant encore unie à une portion confidérable du foufre groflier de l'Antimoine qu’elle ne peut abandonner qu'avec peine, refte un peu jaune, & parfemée de points rouges à fa furface. Si on la poufle vivement au feu, elle f-vitrifie en partie, & l'acide du Soufre le plus fixe, ou, di l'on veut, le Soufre entier que le feu n'a pû totalement Mem, 1735. 66 MEMOIRES DE L'ACADEMYE RoYALE chafler, forme des aiguilles antimoniales avec le refte de la partie réguline qui ne s'eft pas vitrifice. En fubitituant à l'eau Régale, à l'efprit de Set, & à l'efprit de Nitre, une huile de Vitriol bien concentrée, il n’en réfulte qu'une odeur de foufre qui devient pénétrante, ou qui aug- mente par degrés à mefure que la fermentation augmente, mais il ne fe fépare point de Soufre groffier brûlant, comme il s’en fépare de l'eau Régale. Donc il faut employer un menftruë qui puifle difloudre la partie réguline du Kermès, fi l'on veut démontrer l’exiftence du Soufre groflier uni au Kermès, & ce menftruë ou diflolvant eft l'eau Régale. Pañlons préfentement à d'autres opérations. J'ai fait voir dans mon premier Mémoire, que d’un æthiops compofé de Kermès & de Mercure, j'avois eu du cinabre d'Antimoine, principalement lorfque j'employois un certain Kermès du nombre de ceux que j'avois fait acheter, Je puis dire préfentementavec uneefpece de certitude, que ce Kermès étoit altéré par une addition de Soufre commun, puifqu'avec le Mercure & du Kermès de mes 78 ébullitions, je n'ai pu fublimer de véritable cinabre, mais bien une matiére rouge fulphureufe ou bitumineufe qui, par un feu violent, fe fond & coule le long des parois de la cornuë, comme une cire d'Efpagne fonduë, à laquelle elle reffemble affés quant à fa couleur & à {on luifant. La même expérience m'a fait faire Yobfervation qui fuit. J'avois mêlé deux gros de mon Kermès & deux gros de Mercure bien pur ; on fe doute bien que pendant la titu- ration, qui dure fort long-temps, il à dû fe perdre quelque petit globule de Mercure; cependant en pouflant cet æthiops à feu violent, il s'eft reflufcité 2 gros $: grains de Mercure, On ne peut attribuer cette augmentation de poids qu'au Kermès, & je l'avois déja obfervé dans mes opérations de 4734, quoique je n'en ayé-pas fait Mention dans mon Mémoire. Je ne prétends pas en eonclurre que le Kermès ait fourni du Mercure au Mercure que j'employois mais qu'il s'eft fait un amalgame de $ grains de régule du Kermès CRC — — Ce Re } HI ANDÉERSN ST EUR E Nid EE 67 dec les 2 gros de Mercure La preuve eft que ce Mercure eft refté gras, moins brillant, & laïffant une queuë, comme tout Mercure allié de quelque fubftance métallique. Aïnfr ce feroit là un moyen, à Ia vérité un peu long, de faire l'amalgame de régule d'Antimoine & du Mercure, qu'on fçait être très- difficile, & pour lequel feu M. Homberg émployoit un régule d’Antimoine où il avoit fait entrer le cuivre. La mafñle de Kermès réduite en crocus metallorunr, qui étoit refté dans la cornuë, féparée de quelques parties de Soufre brülant fublimées, & de quelques Heurs antimoniales, ne pefoit qu'un gros 39 grains : on à fait bouillir deflus de Veau de pluye pour la défaler, & cétte leffive a précipité en jaune de Turbith la diflolution de Mercure dans l'efprit de Nitre. Or cette couleur jaune fait voir que je neame fuis pas trompé, lorfque j'ai avancé dans mon premier Mémoire, qu'à l'aide d’un grand feu, & par lintermede du Mercure, i cependant ne fert ici qu’à divifer les parties des matiéres différentes compofant le Kermès, on pouvoit dépaget du Soufre groflier uni à ce magiftere, une portion de l'acide vitriolique joint effentiellement à ce Soufre groffier, tranf porter cette portion d'acide fur une partie de Sel alkali de la même poudre, & former de cette nouvelleunion un Tartre vitriolé, puifque dans l'expérience préfente je précipite 1e Mercure 'en jaune de Turbith, comme je Ie ferois par une folution de Tartre: vitriolé ordinaire. La même mafle défalée ne pefoit plus que 84 grains £, ainfr il y avoit dans mes 2 gros de Kermès 27 grains de Sel que je ne puis affürer être tout entier un Tartre vitriolé, parce qu'il pourroïit y avoir encore une portion de Sel alkali qui n'auroit pas été faïfi par l'acide du Soufre. Mais cette précipitation du Mercure en jaune de Turbith, me’ fuffit pour prouver ce que j'ai dit ci-deflus, que l'acide peut être détaché du principe inflammable, puifque dans le cas préfent il fabandonne en partié pour $unir au Sel alkali du Kermès. Enfin, tant par cette expérience que par les’ | I ïj 68 MEMOIRES DE L'ACADEMHIE RoYALE précédentes, il eft démontré que le Kermès eft un mélange de Régule d'Antimoine, du Soufre groffier de ce minéral, & d'une portion affés fenfible de Sel alkali. H eft démontré auffi que ce Soufre groffier peut être décompolé par la fonte à grand feu, comme le Soufre commun fe décompofe dans l'opération de l'efprit de Soufre. De ce fait fe déduit aifé- ment la raifon pour laquelle on ne retire point du Cinabre de ce mélange de Kermès & de Mercure, c'eft que dans cette opération le foufre groffier de l'Antimoine ayant été décompolé par un grand feu, du moins pour la plus grande paie, l'acide qui, avec le bitume de la terre, ou fi lon veut, avec un principe huileux, compoloit du Soufre com- mun dans le minéral entier, a quitté cette matiére grafle pour s'unir avec le Sel alkali avide d'acide, & faire un T'artre vitriolé, pendant que le refte du Soufre non décompolé eft refté uni au furplus de Y'alkali fous la forme d’hepar : or tant que le Soufre reftera uni à un Sel fixe, il ne peut Yabandonner pour fe joindre au Mercure, & s'élever avec. lui en Cinabre. Voici encore une autre expérience déja rapportée dans: mon premier Mémoire, mais qu'il étoit néceffaire de répéter. J'ai pris un gros 9 grains, ou 81 grains de Kermès, & un gros & demi de Sublimé corrofif, le mélange bien broyé a été mis dans une cornuë, le beurre d'Antimoine a pafié,. le Mercure eft venu enfuite, il a été fuivi par un peu de Cinabre fublimé à la voute de la cornuë, & par un foufre excédent qui s'eft fublimé en fleurs jaunes, lefquelles ont brûlé fur le charbon. Le Mercure reflufcité pefoit 70 grains, ainfi il y avoit 3,8 grains d’acide concentré dans mes 108. grains de Sublimé corrofif, c’eft 2 $ grains + par gros, fans compter l'acide qui s’eft uni à l'alkali du Kermès, comme on va le voir. Il ne faut donc pas s'étonner fi le Sublimé eft la prépa- ration de Mercure la plus corrofive, puifque le précipité: rouge, par exemple, ne contient par gros que 7 grains. d'acide. La maffe d'un brun prefque noir, reftée au fond. SA j pets NS cr E (NT CIE Co: de fa cornuë, pefoit 3 2 grains +; quoiqu'elle reflemblät par fès ftries à un Antimoine fondu, elle contenoit encore 1 s grains de Sel, puifqu’après l'avoir édulcorée avec de l'eau diftilée, elle n’a plus pefé que 17 grains L; l'eau de cette L lotion a donné au Sirop violat une couleur verte-foncée, comme de fait la folution du Sel marin, quoique plus len- tement, elle fait un précipité blanc & abondant avec 1x diflolution du Mercure dans elprit de Nitre; elle ne canfe aucune altération à da folution du Sublimé corrofif, elle précipite l'Argent en lune cornée; enfin en fe criflallifant, elle donne un Sel cubique qui décrépite fur fes charbons; ainfi c’eft un Sel commun régénéré par Punion d'une portion de l'acide du Sel qui a abandonné le mercure du Sublimé corrofif avec une bafe alkaline, & cette bafe n'a pü être que le Sel alkali du Kermès : donc cette expérience eft encore une preuve furabondante de l'exiftence de ce Sel dans le Kermès. II s’agit de déterminer combien le Kermès conte- noït de chacun des: trois ingrédiens qui entrent dans fà compofition ; les expériences précédentes n'avoient pû me faire connoître cette proportion, la fuivanteane la donne avec une efpece d'exaétitude. J'ai fait broyer fur le Porphire 24 grains de limaille d’Aiguilles que j'ai mêlés enfuite dans un creufet avec un gros de Kermès minéral, la fufion s’en eft faite comme dans l'opération ordinaire du Régule, il s’y eft formé de mêmeune fcorie, mais pendant la fonte il s’'eft élevé aux bords du creufet, qui étoit couvert, une poudre aiguillée blanche, qui r'étoit autre chofe que dés fleurs de Régule. J'ai féparé le Régule des fcories, & j'en ai trouvé 10 grains +, ces fcories ayant été mifes dans l'efprit de Nitre, le Fer s’y eft diflous, & la partie fulphureufe du Kermès eft reftée féparée de la diffolution du Fer, j'ai furvuidé la liqueur, j'ai précipité le Fer par la Noix de Galle & le Soufre brülant mis à part; j'ai donc eu 10 grains ? de | Régule pur en culot, & près de 4 grains de fleurs Régulines, ce qui fait 14 grains + 4 Je compte tout au plus pour deux grains, la portiom E üj 1 À 7 LL 28,08 phure di #6 ddl RAS de à 28 À Lait à à de à à #2 Ai Lun 70 MEMOIRES DE L'ACADEMIE-RoYaALE réguline qui a pû refter dans les fcories; car elles ne m'ont paru contenir que du Fer, du Sel alkali & du Soufre, ainft il y auroit, felon cette expérience, 1.6 à 17 grains de Régule dans un gros de Kermès, 13 à 14 grains de Sel alkali, & 40 à 41 grains de Soufre commun. Je finis ici examen du Kermès fait par ébullition, pour pafler à celui de la même préparation qui fe peut faire par la fonte, plus vite que par les ébullitions, en obfervant ce- pendant & le choix & les proportions du Sel alkali, fans quoi le Kermès n'auroit pas la finefle, la legéreté, & la couleur qui lui font eflentielles. Li ‘2 1 DES SCrENCES 7t L2 METHODE DE DETERMINER SI LA TERRE.EST SPHERIQUE OÙ NON,. Ex le rapport de fes degrés entr'eux, rant fur les Méridiens que. fur l'E quateur à fes Paralliles. au Par M Cassinr l'OLLLREE 31 222 , [ ( TL féroit inutile de répéter ici toutes les tentatives qui ont L'été faites jufqu’à préfent pour déterminer la grandeur de la Terre & fa figure. 11 nous fufhra de dire que les deux principales méthodes qui y ont été émployées, ont été, la premiére, de mefureér géométriquement une certaine étenduë de terrein fur un Méridien; & de la comparer avec YArc du Ciel obfervé entre les #leux extrémités de cette mefure par le moyen des hauteurs méridiennes des Etoiles fixes. La feconde, qui n'a été pratiquée que dans ces derniers temps, a été de comparér auffr une mefure géométrique faite fur Terre fuivant un parallele, avec les degrés de longitude compris entre les extrémités de ces melures déterminées pat les obfervations des Satellites de Jupiter. ) Toutes ces deux méthodes demandent des obférvations aftronomiques ; & quoique dé notre temps elles ayent été portées à une très- grande précifion par Ja’ ne des inftruments qu'on y employe, & des méthodes que Fon a imaginées pour les rendrélexäctes , elles ne laïffent pas de former encore quelques doutes dans Pufige que Von en'fait pour déterrniner la figure dé 14 Terre ; Car pour ce qui oncerne les ‘obfervations des hauteurs des Etoiles ; on fçait qu'une erréür d'üne feconde en produitiune dé'r 6 toiles für eltérrein: Mais qui pèut s'affurer d'arriver à-la précifion d'ime féonde “dus “chäque’ obfervatton U'Et quand pourroit flatter d'y étre parvenu, Comment s’aflürer que: 11 Juin F735+ ÿ2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Vouvrier qui a conftrüit F'inftrument dont il fe fert, l'ait divifé avec une affés grande exactitude? Les plus grands inftruments que l'on a employés jufqu'à prefent, ont été de 10 pieds de rayon. Dans un inftrument de cette grandeur, un degré occupe 2 pouces, une minute 2 cinquiémes deligne, & une feconde la 1 $ 0. partie d’une ligne, ce qui eft hors de la portée de nos fens. Or pour déterminer un degré fur Terre, il eft néceflaire d'y faire des obfervations à fes deux extrémités; ainfi en n’y fuppofant qu'une feconde d'erreur dans chacune, on. ne peut avoir la grandeur du degré qu'à 31 ou 32 toifes près, qui eft la plus grande augmentation d'un degré à l'autre qu'on ait :obfervée dans l'étenduë de la France, qui, comme nous l'avons remarqué, eft dans fa fitua- tion la plus avantageufe pour cette recherche. Auffi n’a-t-on jamais Jugé que la mefure de deux degrés confécutifs fur Terre, füt fufhifante pour déterminer fa figure, que l'on pourroit cependant connoître avec plus d'exaétitude, en mefurant, comme l'en 2 fait, un plus grand nombre de ces degrés, & en comparant ceux du Midi avec ceux du Nord, Dans l'étenduë de la France, quicomprend 8 degrés & demi, la différence entre le degré le plus Méridional & le plus Septentrional s’eft trouvée, fuivant nos obfervations, de 262 toifes, & M. de Maupertuis a fait voir que quand même en fuppoferoit 4 fecondes d'erreur dans chaque obfervation des Etoiles fixes, il en réfulteroit tohjours que les degrés diminuëroient, en s'approchant du Pole, d'une quantité qui, dans cette étenduë,. monteroit à 93 toiles. À l'égard des obfervations que l'on employe pour déter- miner les Longitudes, on {çait que les plus favorables pour cette recherche, font celles des Immerfions & Emerfions des Satellites de Jupiter, que deux obfervateurs n'obfervent pas toûjours dans le même inftant, parce que leur lumiére aug- mente ou diminuë peu: à peu, en fortant de l'ombre, ou en y entrant, ,& qu'on ne commence ou cefle deyles voir que lorfque cette lumiére eft affés fenfible pour être apperçüé à la vüë; ce qui peut être remarqué quelques fecondes plütôt par DES ScrENcC ES". 73 par les uns que par les autres, fuivant les divers degrés de bonté de la Lunette, & la différente conflitution du temps plus ou moins ferein:; aufli n’a-t-on jamais pù parvenir par < moyen, à une précifion de plus de 4 fecondes d'heure, qui font une minute de degré, & 9 5 o toifes fur les degrés d'un grand cercle. Nous avons donc jugé devoir propofer, pour connoître Je rapport des degrés de la Terre & de fa figure, une Méthode qui ne demande aucune obfervation aftronomique, & qu'on pourra pratiquer en divers endroits de la Terre, mais avec “plus de fuccès fous l’Equateur, ou aux environs de cette ligne. On choïfira pour cet effet, une Montagne élevée d'où Jon puifle découvrir l'horifon de la Mer dans une étenduë de 90 degrés, de maniére qu'on y apperçoive le Midi ou le Nord, & l'Orient ou l'Occident. Nous en avons trouvé plufieurs dans cette expofition près des côtes du Rouffillon & du Languedoc, & il y a apparence qu’il n'en manquera pas vers les côtes du Perou près de Equateur, comme, par exemple, fi lon s'en rapporte à la Carte de ce Royaume, publiée par M. Délifle en 1703, le Mont de Quoquo qu'il place fous Equateur près de la Mer, d'où l’on découvre fon horifon au Nord & à Occident, & peut-être au Midi. On obfervera du haut de cette Montagne, l'abbaiflement de lhorifon de la Mer au-deflous de Fhorifon rationel du côté du Nord & du côté de l'Occident; fi ces deux abbaiïf. fements font égaux, c’eft une preuve que la Terre eft ronde; s'ils font inégaux, ladTerre eft Elliptique; allongée vers les Poles, fi l'abbaiffement vers le Midi ou le Nord eft moindre que vers l'Orient ou J'Occident; &, tout au contraire, applatie dans le même fens, fi l'abbaiflement vers le Midi ou le Nord æft plus grand que vers Orient ou Occident. C'eff ce qu'il Jaut démontrer. + Soit ADB, une Ellipf qui repréfente un Méridien de la Terre, que l'on fuppofera d'abord allongée vers les Poles, de maniere que A2 foit fon grand axe, & DT le diametre de l'Equateur. Nous avons démontré dans le Traité de la Mem, 1735. K Fig. Le Fig, r, 74 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE grandeur & de la figure de la Terre, que fuppofant que les poles de la Terre foient à l'extrémité du grand axe, les degrés des Méridiens doivent être plus grands, plus ils s'approchent de l'Equateur où eft le terme de leur plus grande étenduë, & que, fuivant nos obfervations, la différence du plus grand au plus petit degré, qui eft le plus près du Nord, eft de. 1795 toiles : que les degrés de Equateur qui, dans cette hypothefe, font tous égaux entr’eux, étoient de $ 68 17 toiles, plus petits de 1202 toifes que ceux du Méridien qui fe terminent à l'Equateur. Du centre C de l'Ellipf, & du rayon CD qui mefure le demi-diametre de l’Equateur, foit décrit un cercle DOT, que l'on fuppofe perpendiculaire au plan de l'Ellipfe ADBT. Ce cercle repréfentera la circonférence de l'Equateur dont la courbüre fera, comme l'on fçait, plus grande que celle de l'Ellipfe. Si l'on fuppofe donc une Montagne placée fous lEquateur, dont la hauteur foit repréfentée par DJ, & que Yon mene du point Z, à l'horifon de la Mer, deux tangentes IM & IO, la premiére du côté du Midi ou du Nord à TEllipfe À M B qui repréfente un Méridien de a Terre, & la feconde de l'Orient vers l'Occident, ou de Occident vers l'Orient, au cercle D OT qui repréfente l'Equateur, il eft évident que l'angle PZM qui mefure l'abbaiffement du rayon vifuel au-deflous de Fhorifon rationel obfervé dans la direttion du Méridien, fera plus petit que l'angle PZO qui mefure cet abbaiffement dans le fens de l'Equateur, & que le contraire doit arriver fi la Terre eft applatie vers les Poles, auquel cas À Z repréfente le diametre de fon équateur, ANB fa circonférence qui eft un cerdle circonfcrit à 'EI- lipfe À DB, & Yangle GHN l'abbaïffement du rayon vifuel fuivant Equateur, qui eft plus petit que l'angle GHQ de fon abbaiffement fuivant un Méridien. H s'agit préfentement de déterminer quel doit être le rapport de ces différents abbaïffements entr'eux, fuivant les différentes hypothefes que l'on a propoftes jufqu'à préfent fur la figure de la Terre, & fi les obfervations que l'on en th Fr A2 OD'EXS, SLcÉr EIN- CESR; RS peut faire fur diverfes Montagnes, font fufceptibles d'une affés grande précifion pour que lon puiffe y reconnoître le rapport entre ces axes, tel qu’il réfulte de ces différentes hypothefes. L'on n'employera d'abord pour cette recherche que des Montagnes dont la hauteur perpendiculaire fur fe niveau de a Mer foit d'environ $ 00 toiles. Il y en a plufieurs en France de cette hauteur, & au de-là, d’où l’on découvre la Mer dans une grande partie de horifon, & il y a apparence que l’on en trouvera dans le Perou de plus élevées, qui feront dans Yexpofition que nous fouhaitons. Suivant jcette élévation, Tabbaiflement de l'horifon de la Mer au deffous de lhorifon *ationel doit être d'environ un degré, faifant abftraétion de la refraction qui doit diminuer la quantité de cet angle, & dont nous parlerons ci-après. Nous fuppoferons ici que fous la Ligne, le degré de l’Equa- teur eft de 56817 toifes, & celui du Méridien de $ 8020, tels qu'on les a déterminés dans le Traité de Ia grandeur & de la figure de la Terre, & lon cherchera quel doit être J'angle P/ M qui mefure l'abbaiflement de l’horifon de la Mer dans la direétion du Méridien, lorfque l'angle PZ0O, qui mefure cet abbaiffement fuivant l'Equateur, a été ob- fervé d'un degré. . Soit pris de part & d’autre du point D les arcs DK, DS, chacun d’un demi-degré, & foit mené des points À & S des perpendiculaires ÂY, SF, à l'Elip{e, qui iront fe croifer au point }, où elles formeront un angle ÆYS d'un degré. La circonférence de l'Ellipfe pouvant être repardée comme compofée d'une infinité de petits arcs de cercle dont des rayons LV, KY, vont en augmentant à mefure qu'ils - s’approchent du petit diametre de f'Ellipfe ; on peut, fans - erreur fenfible, prendre l'arc XS pour la portion d’un cercle dont le centre eft Y, & dont le rayon eft mefuré par 2}, qui eft au rayon CD de l'Equateur dans la même proportion - que Farc du Méridien à l'arc de fEquateur, c'eft-à-dire, comme 58020 eft à 56817. : Des points C & F foient menées les lignes CO &Y,M K ï 76 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE erpendiculaires aux rayons vifuels ZO, ZM. Dans le Trian- gle CO1 rectangle en O; dont l'angle C0 à été obfervé de 894 oo", & le rayon CD ou CO, demi-diametre de Equateur, a été déterminé, fuivant nos obfervations, de 3255400 toifes, on trouvera le côté C7 de 3255896 toiles, dont la différence à CO ou CD eft de 496 toifes qui mefurent la hauteur de Ia Montagne DJ fur le niveau de la Mer. Le rapport de DY à CD étant, comme on la dit ci-deflus, comme $8020 à 56817, on aura DY ou FA, qui n'en differe pas fenfiblement par les raifons que Yon a dites, de 3324328. Y adjoûtant D7 de 496, on aura /Ÿ de 3324824 toiles, & dans le triangle ZMY rectangle en 47, dont les côtés Y M & 1Y font connus, on trouvera la valeur de Fangle YZ47 de 894 0° 38", dont le complément od $9' 22" mefure l'angle PZM de Fabbaïffe- ment de lhorifon fuivant le Méridien, qui doit être par conféquent plus petit de 38 fecondes que celui que l'on a obfervé fuivant l'Equateur, fuppofé que la proportion entre les deux axes de la Terre foit telle que nous l'avons trouvée par les obfervations de la Méridienne. I faut préfentement examiner fi cette différence eft fuff- fante pour être apperçüë par les obfervations, & fi les effets caufés par la refraction dont nous n'avons point encore tenu compte, y peuvent jetter quelque incertitude. I eft conftant par les obfervations que l’on à faites juf qu'à préfent fur es Montagnes dont la hauteur étoit connué, & d’où lon découvroit l'horifon de la Mer, que la refraétion éleve cet horifon au deflus de fa fituation véritable. Mon Pere en avoit fait d'abord plufieurs obfervations dans un voyage de Provence fur la Montagne de la Garde près de Marfeïlle, dont il avoit déterminé, avec une très - grande exactitude , la hauteur perpendiculaire fur le niveau de la Mer de 180 toiles & demi, & où il trouva l’abbaïfiement du rayon vifuel de 32° 30", moindre de 3' 48" qu'elle n’auroit dû être fuivant la grandeur de la Terre déterminée par M. Picard, M. de la Hire en rapporte aufii quelques-unes DEVS MAISON E |iNt c 'ENS: dans fes voyages fur d’autres Montagnes de Provence, & m4 en avons fait de femblables dans le voyage de la Méridienne fur des Montagnes du Rouffillon, qui nous ont fait voir que la refraétion horifontale élevoit toüjours l’horifon de 1 Mer d'une quantité plus où moins grande, qui pour l'ordinaire montoit à la ge ou 10€ partie de l’abbaiflement obfervé. Quoique ces fortes d'obfervations dont le P. Riccioli s’eft fervi pour déterminer la ‘grandeur de la Terre, ayent été jugées, avec raïfon , infufhfantes pour cet effet ; elles ne laiflent pas de pouvoir être employées utilement pour trou- ver la proportion des degrés du Méridien à ceux de l'Equa- teur ; car il ne s’agit pas de déterminer par leur moyen la grandeur des degrés, mais feulement leur rapport entr'eux, fuppofant que le degré du Méridien fous l'Equateur ait été connu par des obfervations immédiates, ou qu’on l'ait dé- duit de celles que l'on a faites en France. Or il y a bien de Tapparence que fi la refraction éleve la furface de la Mer dans 1a direction d’un Méridien, elle doit l'élever auffi de Ia même quantité fuivant la direction de l'Equateur. D'ailleurs on peut s'en affurer en répétant cette obfervation le matin, le foir, & à toutes les heures du jour, & choïfiffant les moments où l’on he trouvera pas, par exemple, de différence entre l'inclinaifon du rayon vifuel obfervée vers l'Orient, & celle qui eft à TOccident, fi lhorifon eft vifible de part & d'autre, parce qu'elle doit tre la même dans ces deux directions oppofées, = À l'égard de l'erreur de linftrument, elle ne doit être fenfible en aucune maniére ; car cette obfervation ne de- mande pas même qu'il foit divifé avec une grande précifion, il fuffit, en laiffant fon pied immobile, de le diriger à T'horifon de la Mer fuivant deux direétions perpendiculaires Tune à l'autre, & d'examiner da différence de hauteur. On pourroit même, pour une plus grande précifion, laifler toû- jours le cheveu perpendiculaire fur le même point de Ia divifion , & obferver avec un Micrometre placé dans la Lu- nette, la différence produite par la différente inclinaifon qu'on détermineroit à peu de fecondes près, Ki , MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Nous venons de déterminer quelle doit être la différence entre l'abbaiflement du rayon vifuel, en fuppofant le rap- port du degré du Méridien à celui de l'Equateur, tel qu'on Fa trouvé par les obfervations faites en France. Examinons préfentement quel doit être le rapport de ces deux degrés fuivant les inclinaifons différentes que l’on obfervera. Nous fuppoferons pour cet effet qu'ayant obfervé du haut d'une Montagne labbaïffement apparent de l'horifon de la Mer fuivant différentes directions , on l'ait trouvé dans le fens de l'Equateur de od 54’, & fuivant un Méridien de od53 50” avecune différence de 10 fecondes, qui par les raifons que nous avons déduites , doit s’'appercevoir facile- ment avec un Quart-de-cercle de médiocre grandeur. Adjoûtant, fuivant les expériences que lon en a faites, la ge partie de ces angles à ceux que l'on a obfervés, on aura l'abbaifement de l'horifon de la Mer corrigé par la refraction de 14 o'o" fuivant la direction de l'Equateur, & de od $9’ 49" fuivant un Méridien. ; Menant du point D la tangente D Z qui rencontre les rayons vifuels /Z O0, ZM, aux points S & Z, & joignant CS & YZ. Dans les triangles reétangles CDS, COS, les rayons CD & CO étant égaux, & l'hypoténufe CS commune, on aura DS égal à O S qui mefure la tan- gente de la moitié de l'arc DO, on trouvera de même que DZ mefure la tangente de la moitié de arc DM. Mais DS eft à DZ comme la tangente de l'angle DS com- plément de F'angle D 70 d'un degré, qu'on trouvera dans les Tables de 57299, eft à la tangente de l'angle DZ complément de l'angle P/Z de o 59° 49" qu’on trouvera de $7466, on aura donc le rapport de DS à DZ comme 57299 eft à 57466. Maintenant dans le triangle DCS rectangle en D, dont le côté DS eft connu, & F'angle DCS eft d'un demi-degré, on trouvera la valeur du rayon CD. Dans le triangle DZY rettangle en Z, dont le côté DZ eft connu, & l'angle DYZ de od 29° 54" 1 moitié de l'angle ZYM ou PM de 59" 49", on aura de même la N DES SCIENCES, . »o9 . valeur du rayon YD par rapport au rayon DC, Mais les rayons font aux rayons comme les arcs font aux arcs, Connoiffant donc Ia valeur du degré de Equateur qui eft exprimé par DO, & que l'on peut fuppofer de 56817 toifes, on aura fa valeur du degré du Méridien qui lui ré- pond de 57177 toifes, lorfque l'inclinaifon du rayon vifuel eft de ro fecondes, avec une différence feulement de 360 toiles, qui n’eft pas le tiers de celle que nous avons trouvée dans l'exemple précédent. On trouvera de la même maniére Je rapport des degrés du Méridien avec ceux de l'Equateur pour telle inclinaifon que lon voudra. Après avoir déterminé les différentes inclinaifons que l'on doit obferver fur Equateur dans l'hypothefe de Ja Terre allongée vers les Poles, nous avons crû devoir examiner ce qui doit réfulter fuivant celle de M. Newton, qui l'a jugée applatie vers les Poles, On a pour cet effet fuppofé le rap- . port du plus grand axe de 'Ellipfe qui dans cette hypothefe repréfente le diametre de ŸE quateur terreftre, à l'égard du petit axe qui pañle par les Poles, comme 230 à 229, & l'on a calculé, fuivant notre méthode, la valeur du premier degré de l'Equateur par rapport au grand axe, d’où nous avons déduit, de la maniére que nous l'avons expliquée, quelle doit être la différence de l'inclinaifon du rayon vifuel obfervé dans les deux directions du Méridien & de l'Equa- teur, & nous avons trouvé qu’en fuppofant la même hau- teur que dans Îes exemples précédents, en forte que l'incli- naifon obfervée fur le Méridien foit d'un degré, celle que Ton doit appercevoir fur l'Equateur doit être od 59 45" avec une différence de 1 5 fecondes, qui, fuivant ce que nous avons remarqué, doit être aflés fenfibie. On pourroit même, fi l'on fait ces obfervations fur des Montagnes plus élevées, y appercevoir quelque différence, quand même l’excentricité de la Terre ne feroit pas plus grande que celle qu'a fuppolée M. Huygens de la 79e partie de faxe de la Terre, & reconnoître ainfi par cette méthode, laquelle de toutes ces hypothefes s'accorde mieux à la véritable figure de la Terre. Fig. 2: So MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE I faut préfentement examiner quelle doit être la diffé- rence entre l'abbaiffement du rayon vifuel qui fe termine à Yhorifon de la Mer füuivant les différentes directions pour toutes les hauteurs du Pole données. | Soit l'Elipfe AG B qui repréfente un Méridien de fa Terre fur laquelle on cherche les différents abbaiffements du rayon vifuel pour une hauteur de Pole donnée, comme, par exemple, de 49 degrés. Soit fait l'angle À E 7 de 414 o” o" égal au complément de la hauteur du Pole donnée, & ayant mené du point F comme centre, & de l'intervalle 77 égal au grand axe AB un arc de cercle qui coupe £Jau point Z, joignés F7 qui ren- eontre l'Ellipfe au point G. IT a été démontré dans le Traité de la grandeur & de la figure de la Terre, que ce point G étoit à la diftance du Pole donnée, & l'on a trouvé que fuppofant l’excentricité CE ou CF de Ia Terre de 14400 parties, dont le rayon AC eft de 100000, cette Ellip{e repréfente aflés exactement la figure d’un Méridien , tel qu'il réfulte de nos dimenfions, fuivant lefquelles le degré com- pris entre fa hauteur du Pole de 48 & 49 degrés eft de $7005 toiles. Soit joint EG, & foit mené du point G la ligne GL qui partage en deux également l'angle EG F entre les deux foyers, & qui par la propriété de l’Ellip{e eft perpendiculaire à la tangente de cette Ellip{e au point G. Dans le triangle Z/F, les côtés EF & FT étant connus, & l'angle FEI de 1 3940" 0", fupplément de l'angle À EZ de 414 oo" donné, on trouvera l'angle EZF de $d25° 15" qui eft égal à l'angle £GL, lequel eft la moitié de l'angle £GF, qui fera par conféquent de 104 $0" 30". On aura aufir Yangle EF] de 3 543445", & l'angle FEG de 1 334 34° 45", & dans le triangle £7G, dont le côté EF & les angles EGF, EFG, font connus, on trouvera le côté EG de B9083 +. Dans le triangle ECG, les côtés EC, EG, étant connus, & l'angle compris CEG de 1334 34'45", on trouvera le côté PR CR " 3 + s- K &. ë * HD E: SMS CHE N CES 8r côté CG de 99558, l'angle ECG de 404 2423", & l'angle EGC de 64 0° 52", dont retranchant EGL de sl 2515", refte l'angle CGL de od3 537". Soit mené du point € au point L la figne CZ, que lon peut, à caufe de la petitefle de l'angle LCN, fuppofer égale au rayon CN ou CG, fans que cela puifle caufer aucune .… crreur fenfible, comme on le fera voir dans la fuite. On aura donc l'angle LCN de 14 1 1’ 14", l'adjoûtant à l'angle BCN ou ACG, qui a été trouvé de 40° 24 23", on aura l'angle BCL de 4143 5' 37". Soit circoncrit à l'Ellipfe ALB le cercle AD B, & foit mené par le point L la ligne D L F7 perpendiculaire au grand axe AB qui rencontre le cercle AD B au point D, Joignés CD, on aura JL à VD comme le petit axe de TEllip{e eft à fon grand axe; mais VL eft à JD comme la tangente de l'angle LCV de 4143 5'27" eft à la tangente de l'angle DCY, donc le petit axe de l'Ellipfe eft à fon grand axe comme la tangente de l'angle LCY, qui a été déterminé de 4143 5" 37", eft à la tangente de l'angle DCY, que l'on trouvera de 414 $ 3’ 30/1, & l'on fera comme le finus du complément de l'angle LC eft au finus du complément de l'angle DCY/; ainfi CD 100000 eft à CL, que l'on trouvera de 99 $ 3 6 Z plus petit de 22 parties que 4 rayon CN ou CG, qui a été trouvé de 995582. Le rapport des rayons CL & CG étant connu, on trou- vera dans le triangle GC L la valeur de l'angle GCL ou on fupplément LCN de 14 11° 14"2, plus grand feule- ment d'une demi-féconde qu'on ne l'avoit fuppoé d'abord. Cet angle étant connu, on peut, pour une plus grande précifion, recommencer le calcul autant de fois que lon voudra pour trouver la valeur du côtéCL, dont on appro- chera par ce moyen jufqu'à l'infini, & qu'on trouvera de la même quantité que par le premier calcul, avec une diffé- rence feulement de 3 pouces fur toute la longueur de CL. Müintenant dans le triangle LCG, dont les angles font connus, de même que les côtés CG, CL , on trouvera le Mem, 173 5. Fig. 2. 82 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE côté GL de 199084 qui mefure le grand axe de l'Ellipfe qui repréfente fur la Terre la perpendiculaire à la Méridienne pour la hauteur du Pole de 49 degrés. Pour déterminer la valeur du petit axe de cette Ellipfe, on divifera G L en deux parties égales au point O qui en marquera le centre, & lon joindra CO qu'on prolongera de côté & d'autre en Q & en Z. Soit élevé des points C & O fur le plan de l'Ellipfe AGBL | les perpendiculaires CX, O Ÿ, qui rencontrent l'Ellipfoïde de la Terre aux points X & Y. CX {era égale au petit demi- axe CM de l'Ellipfe AGBL, OY melurera le petit demi-axe de l'Ellipf dont le grand axe eft GL, & YX repréfentera une portion de YEllipfe Q Y XZ, dont le grand axe eft QZ., le petit axeCW, & qui eft dans un plan perpendicu- laire à celui de fElipfe AG 2 qui repréfente un Méridien de a Térre. On peut, à caufe de la petitefle de Y X, fup- pofer fans erreur fenfible qu'il eft Farc d’un cercle mefuré par l'angle CGO, & dont le rayon eft CG ; c'eft pourquoi lon fera comme le finus total eft au finus du complément de Yangle CGO de od 35° 37", ainfr CG 99558+ eft àG0 995533; dontla différence à CG eft de $ +, qui étant retranché de CX ou CM, petit demi-diametre de l'Ellipfe AGBL qui eft de 989 $7 +, donne le petit demi-diametre de l'Ellipfe qui mefure la perpendiculaire à la Méridienne de 98952. Comme fa méthode dont on s’eft fervi pour déterminer les deux axes de l'Ellipfe qui repréfente la perpendiculaire à fa Méridienne, ne l’a donnée que par approximation, on pourra y employer une méthode géométrique en cette maniére. Du centre C foit mené le rayon CP parallele à GL, & ayant tiré par le point P la ligne 7 PR perpendiculaire à AB qui rencontre le cercle 4 R BD circonfcrit à l'Ellipfe au point À foit joint CR. A caufe des paralleles CP, GL, on aura l'angle GCP égal à l'angle connu CGL; ladjoûtant à l'angle ACG aufli connu, on aura l'angle ACP. Dans les triangles CTP, CTR, reétangles en 7, on aura ; DES SCIENCES. 82 _TP eft à TR comme la tangente de l'angle ACP ou TCP £ft à la tangente de l'angle 7ZCR. Mais 7 P eft à T'R comme —…. le petit axe de l'Ellipe eft à fon grand axe, donc le petit KL} ch “ces Porte LEMART * EN Le | se axe de l'Ellipfe eft à fon grand axe comme {a tangente de Jangle TCP eft à la tangente de l'angle 7CR qui fera par conféquent connu, & l’on fera comme le finus du complé- mentide l'angle 7CP eft au fnus du complément de Fangle - TCR ; ainfi lé demi-axe AC ou CR eft à CP. On fera aufli comme le finus total eft au finus du complément de l'angle TCR ; ainfi CR eft à CT, & comme CT eft à CA; ainfi GA eft à CS. Joignés PS, & du centre C {oit menée QCZ,; parallele à PS, qui par la propriété de l'Ellipfe eft le diametre conjugué de CP, & partage en deux parties égales au point © la ligne GL parallele à CP. Nr Dans le triangle CPS, les côtés CP & CS, & T'angle compris ACP étant connus, on trouvera l'angle CSP qui à caufe des paralleles PS, CQ , eft égal à angle AC Q ou ACO. L'adjoûtant: à l'angle 4CG, ôn aura fangle GCO, & dans le triangle GCO, dont le côté CG & les angles GCO, CGO, font connus , on aura la valeur de CO & de l’ordonnée GO moitié deGZ, qui mefure le grand axe de l'Elliple qui repréfente da perpendiculaire à la Méridienne. … Pour trouver fon petit.axe qui, comme on l’a remarqué, eft mefuré par la digne O Y élevée perpendiculairement du point © fur le plan de l'Ellipfe AG B D. jufqu'à la furface de l'Ellipfoïde qui repréfente la Terre. H faut confidérer que cette Jigne OY mefure en même temps l’ordonnée au petit derni-diametre € X de l'Ellipfe Q XZ, dont le demi-axe QC eft égal à la racine de AC” plus CM moins CG”, & d'on fera comme QC* eft à C X° ou CM}, ainf le eétangle de QO par OZ ou de QC— CO x QC -+- CO eft au quarré de OF qui mefure le petit axe de l'Ellipfe qui repréfente Jperpendiculaire à la Méridienne. Ce qu'il falloit chercher. Soit préfentement l'Ellipfe GDN qui repréfènte la per- Fig. 3. “pendiculaire à la Méridienne pour Ja hauteur du Pole de 4x _ degrés, dont le grand demi-axe GC a été nd A 9955 1 84 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & le petit axe CD de 989 $ 2 parties, dont le grand demi- axe de l'Ellipfoïde de la Terre efl de r00000, on trouvera d'abord la diftance entre les foyers £ & F de cette Ellipfe de 10831 ; & calculant par la méthode prefcrite dans le Traité de la grandeur & de la figure de la Terre, la valeur du premier degré qui fe termine à l'extrémité G du grand axe GN, on le trouvera de $ 6477 toiles, plus petit de s 29 toiles que celui du Méridien de la Terre qui eft entre le 48, & 49e degré de latitude. Ce degré peut être pris fans erreur fenfible pour l'arc GO d’un cercle dont le rayon GR fera par conféquent connu. Pour m'en affürer, j'ai cherché la diftance GR du fommet G de cette Ellipfe au point R, où la perpendiculaire tirée à une diftince infiniment petite de l'axe DG doit rencontrer cet axe. Cette diftance G À mefure le rayon d’un arc de cercle infiniment petit qui fe confond avec l'Ellipfe, & je Tai trouvée à un cinquante milliéme près du rayon de lare GO fuppofé circulaire, ce qui eft une différence qu’on doit négliger. Si lon fuppofe que G M foit une portion de Ellipfe GMN qui repréfente un Méridien de la Terre, de maniére que GM comprenne le degré entre le 48 & le 49e de latitude que l’on a trouvé de $ 7006 toiles. Le degré GO de Ellipfe perpendiculaire à ce Méridien, ayant été trouvé de 56477 plus petit de s 29 toifes que le degré GA, ïl fuit que l'arc GO doit être au dedans de Farc GM ; & fup- pofant une Montagne G J telle que le rayon vifuel ZO qui fe termine à l’horifon de la Mer du côté de l'Orient où de Occident, faffe avec l’horifon rationnel / ? un angle P/O d'un degré, on trouvera dans le triangle À O 7 rectangle en © le rapport entre le rayon RO ou RG & R1, dont la différence eft exprimée par GZ. L’adjoûtant au rayon SG de l'arc GAZ, portion de la plus grande Ellip{e, on aura SZ, & dans le Triangle S A7 7 reétangle en 7, dont les côtés SM, SJ, font connus, on trouvera l'angle S 7 A dont le complément PZM mefure l'inclinaifon du rayon vifuel ZAZ pes Se TEAN CES 8s qui fe termine à l'horifon de la Mer dans la direction du Méridien, de o 59° 43", plus petit de 17 fecondes que l'angle PZO qui mefure cette inclinaifon fuivant un parallele, ce qui eft une différence aflés fenfible pour être apperçûé par des inftruments, puifque nous avons fait voir que dans ces fortes d’obfervations on peut parvenir à une précifion plus grande que celle de 10 fecondes. On doit trouver encore une plus grande différence entre Finclinaifon du rayon vifuel dans les parties les plus méri- dionales de la France, telles que la Provence, le Languedoc & le Rouflillon, où il y a des Montagnes d’où l’on découvre la Mer, encore beaucoup plus élevées que celles que nous avons employées dans cette recherche. Aïnfi Fon pourra pratiquer cette méthode avec fuccès en différents endroits de ce Royaume, pour reconnoître fi la Terre eft Sphérique où Elliptique, & en quel fens, fuppofé que l'inégalité entre les degrés foit telle que nous l'avons déterminée par les Triangles de la Méridienne. Nous avons fuppofé, dans les exemples précédents, l'in- clinaifon du rayon vifuel qui fe termine à l’horifon de Ia Mer d'un degré, tel qu’on doit l'appercevoir à la hauteur d'environ $ 00 toiles. Comme il convient de fçavoir, pour les différentes hauteurs où l’on obfervera, quelle doit être la différence d’inclinaifon fuivant la direétion du Méridien ou du Parallele, je l'ai calculée, & j'ai trouvé qu'elle n’aug- mentoit que fuivant [a proportion de la racine des hauteurs, en forte que fï, par exemple, à une élévation de $ 00 toifes il y a une différence de 40 fecondes, il faudra une hauteur de 2000 toiles pour que la différence foit le double, c’eft- à-dire, de 1’ 20”. Mais par la même raifon cette différence fera encore fort fenfible fur des Montagnes beaucoup moins élevées, où on la trouvera, par exemple, de 20 fecondes à da hauteur de 1 20 toiles, & de 10 fecondes à celle de 30 toifes. Ainfi il n’y aura gueres de Caps ou d'Ifles près de Equateur où lon ne puifle faire cette obfervation, & . s'appercevoir fi la Terre eft Sphérique ou non. Li 86 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE = Nous avons aufii calculé quelle doit être la différence entre cette inclinaifon fuivant le rapport des degrés des Méridiens avec ceux de l'Equateur ou de la Perpendiculaire, & nous avons trouvé qu'ils augmentoient ou diminuoient en proportion arithmétique , de forte que fi, parexemple, le rapport entre ces degrés étant de 49 à 50, la différence eft de 40 fecondes, elle ne le fera que de 20 fecondes, lorfque ce rapport fera comme 99 à 100. Dans toutes ces recherches nous avons confidéré les arcs de l'Ellipfe comme des portions de cercle, Cette fuppofition ne diflere pas fenfiblément de la véritable près de l Equateur ou des Poles, où la grandeur des degrés ne varie pas fenfi- blement de lun à l'autre, mais il peut y avoir quelque diffé- rence dans les degrés de la France, où leur variation monte à 31 toifes. Ce féroit même un moyen de reconnoitre la figure de la Terre, & en quel fens elle eft allongée, fi cette différence étoit aflés fenfible pour être apperçüë par les inftruments ; car comme la courbure d’un Méridien dans la fuppofition de la Terre allongée vers les Poles augmente à melure qu'on s'en approche, il eft certain que l'inclinaifon du rayon vifuel doit être plus grande vers le Nord que vers le Midi. Mais comme la différence entre la grandeur des degrés fous Equateur, qui eft de 1200 toifes, n’en produit qu'une de 3 8 fecondes dans la différence de l'inclinaifon, il ne doit y en avoir, fuivant la regle que nous avons indiquée, qu'une d'une feconde fur chaque degré du Midi au Nord, dont il eft impofñlible de s’'appercevoir, Cependant comme il convient de profiter de tous fes avantages, on aura foin, 1orfque lhorifon de la Mer fera vifible tant du côté du Nord que vers le Midi, de préférer le Midi lorfque l'abbaiflement eft plus grand dans le fens du Parallele que dans le fens du Méridien, auquel cas nous avons fait voir que la Terre étoit une Ellipfoïde, & de choifir le Nord lorfque cet abbaïfe- ment eft en fens contraire. FTIEUTXS Mem.de lAcad 173 pl 2 Pag 8 DIE SL SC REIN es 87 | +. OBSERVATIONS DM aLrE SP AR AME L I ES. Par M. DU FA. Æ premier Mai de l'année 1734, étant à la campagne, A j'apperçüs le plus beau Parhelie que j'euffe encore vü, " ou plütôt le feul auquel j’euffe fait jufques-là quelque atten- tion ; quelques'jours après jen vis un fecond qui differoit du premier à plufieurs égards. Cela m'a déterminé à obferver dans le refte de l'année tout ce qui m'a paru avoir quelque . rapport à ce Phénomene, ou plütôt à ce Météore, & je crois que fi l'on y faifoit attention, on trouveroit qu'il eft beau- coup plus ordinaire qu'on ne la cru jufqu'à préfent. M. de Mairan a déja dit qu'il y avoit apparence que tous Z%g. & l'A, les Parhelies étoient femblables , qu’ils n’étoient effective- :721:7: 8: ment que le même, & qu'ils ne différoient que parce que les uns font plus complets que les autres; d’où M. de Fon- “enelle conclut avec lui que fr on avoit le plus complet . de ces Météores qu'il foit poffble, il les repréfenteroit tous, & on les étudieroit tous dans celui-là feul. * Je crois qu'on peut étendre cette généralité à toutes ces apparences connués fous le nom de Halo , ou de Couronnes que l'on peut regarder comme des Parhelies incomplets, & - qui n’en différent effectivement que parce qu'il manque plus ou moins des circonftances néceffaires pour les rendre plus Mbparfais - 3 Je wais rendre compte d’un affés grand nombre de ces ” Couronnes ou Halo que j'ai obférvés dans le cours de cette - année, & j'y adjoûterai quelques obfervations femblables qui mont été communiquées par M. de Mufichenbroek, Profefleur de Mathématiques en l'Univerfité d'Utrecht, & … Correfpondant de l’Académie. Je rangerai les unes & les gg MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE autres fuivant l'ordre du temps dans lequel elles ont été faites ; mais comme je n'y ai pas apporté une attention bien füivie, il eft fort vrai-femblable qu'il y en a beaucoup qui m'ont échappé, en forte que ce météore eft peut-être un des plus communs de tous ceux que nous connoiflons. Le r5 Janvier, à 8 heures & demie, M. Muffchenbroek obferva à Utrecht une Couronne ou Halo autour de la Lune, le diametre de l'aire intérieure étoit de 464 24, la largeur de la zone étoit d'environ 2 degrés, & aflés mal terminée ; a Couronne, quoique parfaitement ronde, paroïfloit ovale à l'œil fimple ; la Lune en occupoit le centre, le cercle in- térieur paroifloit bleu, celui du milieu rouge & l'extérieur blanc ; l'aire intérieure étoit plus obfcure que le refte du Ciel qui étoit couvert de nuages, on apperçut cependant une Etoile de la 1'° grandeur ; la Couronne difparut à 10 heures. A Harlem, le 23 Février, à 10P 20’ du matin, le Soleil étant élevé fur l'horifon de 244 18, il parut entouré d’un Arc coloré, dont l'intérieur étoit rouge, le milieu bleu & Yextérieur jaunâtre ; le diametre de cet Arc étoit de 464. On vit en même temps fur cet Arc deux Parhelies, ou images du Soleil, qui étoient dans une ligne horifontale qui auroit paflé par le centre du Soleil. Ces images étoient. ovales, leur plus grand diametre étant parallele à l’horifon; cet allongement leur faifoit excéder la largeur du limbe coloré tant en dehors qu’en dedans , mais principalement en dehors; elles étoient colorées de même que Farc fur lequel elles étoient appliquées, mais les couleurs en étoïent plus vives, Îl s’étendoit de ces images une queuë ou traînée de lumiére parallele à Fhorifon, qui étoit longue d'environ 304, & qui avoit les mêmes couleurs que Farc, mais fi foibles, qu'on avoit peine à les diftinguer. Il y avoit en même temps un fecond arc coloré proche du Zénith, dont le cercle intérieur étoit rouge, celui du milieu bleu, & l'extérieur jaunâtre ; le diametre de ce fecond arc n'était: pas toüjours le même, car à 10h 20", il étoit de 244, à 114 de 30d, à 11h D'EUS SCIENCES 89 à rrh 20'de 284 30’, à 11h45’ de 27d 45’. Le centre de ce fecond cercle s'élevoit au deffus de l’horifon à melure ue la hauteur du Soleil devenoit plus grande ; à roh 20” il étoit élevé de 72 degrés, à 11h de73d 12’, à 11h 20° de 7343 8', à 11h45 de 744 s 8 ; le même changement fe faifoit dans le cercle qui avoit le Soleil pour centre, & par conféquent dans la diftance des Parhelies au Soleil qui, comme nous l'avons dit, étoit à ro 20’ de 23d; à rrr elle n’étoit plus que de 194 so’, à 11h 20° de 194, & à waha4s' de 184 30". A midi les couleurs de ces arcs & de tout le phénomene étoient tellement affoiblies qu'on ne pouvoit plus les diftinguer. A Leyde, le 19 Mars, on apperçut deux Parafelenes entourés de leurs cercles à l'ordinaire, mais cette obfervation ne fut faite qu’à la vûé fimple, & je n’en ai aucun détail. A Utrecht, le 14 Avril, fur les ro heures & demie du foir, il parut deux Couronnes autour de la Lune, elles étoient colorées, & n’étoient pas à plus de 2 dégrés de diftance l’une de l'autre ; le diametre de la plus grande étoit d'environ 1 2 degrés, la Lune étoit alors entourée d'une nüée aflés épaiffe qui fut entiérement diffipée, de même que les deux Cou- ronnes, fur les r r heures, Lex Mai, à 6 heures du foir, le vent au Nord-eft & le Ciel un peu embrumé, étant au Tremblay, qui eft à quatre lieuës de Paris vers le Nord-eft, nous apperçümes M. de la Condamine & moi, le phénomene qui a donné occafion à ce Mémoire; on voyoit un Cercle femblable à l’Arc-en- Ciel, qui environnoit le Soleil, les couleurs étoient difpofées en cette forte; le rouge étoit intérieur, l’orangé enfuite, le jaune , le verd & le bleu ; le Soleil étoit alors élevé fur horifon de 1 4 degrés 30 minutes, lerayon du Cercle dont de Soleil occupoit le centre, paroïfloit être de 25 degrés; “on voyoit plus de la moitié de ce Cercle, ou environ 220 degrés, fa partie inférieure fe perdoit abfolument dans les nuages ; tel qu'on le voit en 4, B. On voyoit en même “temps une portion d'environ 90 degrés d’un fecond Cercle Mem, 1735: M go MEMOIRES DE L'ACADEMIE-ROYALE C, D, concentrique au premier, dont il paroïfloit éloigné à peu-près de la longueur du rayon du Cercle intérieur, en forte que le rayon de ce fecond Cercle étoit double de celui du premier ; les couleurs étoient difpofées dans le même ordre que celles du premier Cercle, c'eft-à-dire, que le rouge étoit intérieur. Un troifiéme Cercle, dont le centre paroifloit au Zénith, touchoit ce fecond au point €, & avoit les couleurs dans un ordre renverfé, en forte que le rouge étoit extérieur, & venoit fe confondre avec le bleu du Cercle €, D ; le rayon de ce Cercle étoit d'environ 2 5 degrés, & on voyoit aflés diftinétement plus de la moitié de fa circonférence, tel qu'on le voit en £, F. A 6h 20! il parut dans le 1° Cercle 4, B, au point G, une image du Soleil aflés vive, mais dont le difque étoit mal terminé à caufe des nuages, & un inflant après il en parut une femblable dans le même Cercle en Æ, encore moins vive que celle du côté du Midi ; la ligne borifontale qu'on auroit tirée de Fun à l'autre de ces deux Soleils, auroit pafñlé au deflus du Soleil véritable, en forte que l'arc compris entre ces deux images m'étoit que d'environ 170 degrés. À 6h 25’ la portion du Cercle €, D, commençoit à s'effacer, & on n'en voyoit plus que quelques traces vers le point D. H parut alors un nouveau Soleil en Æ dans Ia partie fupérieure du Cercle 4, B ; il étoit encore plus mal terminé que les deux autres, & ne fe diflinguoit que par une lumiére qui de temps en temps étoit aflés vive, les Cercles s'effacerent enfuite peu-à-peu ; à 6h 42’ le Cercle A, B, l'étoit prefque entiérement, on appercevoit encore méantmoins le Soleil d'enhaut , & celui du côté du Midi: quelques minutes après le Cercle du Zénith difparut entié- zement, & peu après il ne refta plus aucune trace du phé- momene. Le pied de vent étoit Et & Oueft, & les nuages qui fe réunifioient en forme de rayons à lOueft, troubloient extrémement ces Cercles, & en faifoient difparoître de temps en temps des portions confidérables. Le Cerele À, 3, qui r" DESSIN EN CES 9x, environnoit le Soleil, & celui du Zénith, nous parurent conferver jufqu'à la fin leur même grandeur , mais la por- tion de Cercle C, D, s'étant affés promptement effacée, nous ne pûmes pas obferver fi, à mefure que le Soleil baïfloit, ce Cercle confervoit fon même diametre, & fi par conféquent il { détachoit du Cercle du Zénith, ou s'il continuoit de toucher ce Cercle, ce qu'il ne pouvoit faire qu'en augmentant de diametre à mefure que le Soleil appro- choit de l'horifon. Le 16 Mai j'obfervai à Paris un fecond Parhelie moins beau que le précédent, & qui en étoit un peu différent à quelques égards. A 6h 5 0’ du foir j'apperçus à la diftance d'environ 2 $ degrés au deflus du Soleil une lumiére vive qui fortoit d’un amas de nuages, & qui me parut affés fem- blable à ces images du Soleil que l'on voit dans les Parhelies, Quelques minutes après il parut une traînée de lumiére qui partoit du Soleil , & s’étendoit verticalement jufqu'à cette image : à 6h 55 cette image devint plus vive, & on apperçut diftinétement les couleurs de l'iris dans une por- tion d'arc de $ ou 6 degrés ; à 7h 2’ il parut à gauche, c'eft-à-dire vers le Midi, une portion du même are pareil- lement coloré, qui étoit d’abord d'environ 30 degrés, & qui varia enfuite, & fut tantôt de 40, de so, & s'étendit même quelquefois jufqu'à 90 degrés, éeft-à-dire, jufqu'à ce point lumineux qui confervoit toûjours fa même diftance au Soleil, & fa même vivacité. À 7h 20’ la trainée de lu- miére qui étoit au deflus du Soleil avoit difparu , mais fr lumiére fupérieure & Farc étoient encore fenfiblement colo- rés. À 7h 26’ cette lumiére difparut à fon tour, mais l'arc étoit encore vifible. À 7h 3 2! Ja traînée de lumiére a reparu, Yarc étoit encore fenfiblement coloré; le Soleil s’eft couché à 7h 36', la traînée de lumiére verticale étoit très-vive, & Yarc vifible. À 7h 40'le cercle étoit encore coloré vers le haut, mais le refte ne paroifloit plus, la lumiére verticale fubfifloit toûjours, & même augmentoit en vivacité. À 7h 42” onne voyoit plus rien du cercle, la ee ur i] 92 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fubfiftoit, & elle a été fenfible jufqu'à 7h s 1 ou $ 2° qu'elle s'eft entiérement confonduë avec le crépufcule ; les couleurs de cet arc étoient dans le même ordre que celles du Parhelie précédent, c'eft-à-dire que le rouge étoit en dedans. Je n'ai apperçu aucun autre cercle concentrique à celui-là, ni au Zénith, non plus que d'autre image du Soleil ; le Ciel étoit parfemé de nuages rares, & les couleurs étoient moins vives & plus fouvent interrompuës que dans le phénomene du premier de ce mois. Le 18 du même mois il parut auffi pendant une partie de la journée un Cercle entier autour du Soleil, je Fobfervai depuis 1 1° 2 du matin jufqu'à 4h + après midi. Ce Cercle paroifloit avoir environ 23 degrés de rayon, & étoit foi- blement coloré, mais on voyoit diftinétement que le rouge étoit intérieur , toute l'aire comprife dans la circonférence de ce Cercle paroïfloit plus brune que le refte du Ciel, le vent étoit au couchant, & le Ciel parfemé de nuages rares qui faifoient difparoître de temps en temps des portions de ce Cercle, & l'effacerent entiérement fur les quatre heures & demie. Le 7 Juin, à 6h21 du foir, on vit à Paris une foible apparence de Halo, ou Cercle coloré, autour du Soleil, qui difparut au bout d’un quart d'heure. Le lendemain, à $P + du foir, je vis à peu-près la même chofe, ce qui dura environ une demi-heure. - Le ro du même mois, à 3° +, il parut une portion de Cercle un peu plus grande, & qui dura à peu-près le même temps. Le r 2, à 6 heures du foir, le demi-Cercle entier a paru avec fes couleurs affés vives, il en a difparu de temps en temps des portions qui ont reparu enfuite. À 7 heures il étoit revenu à peu-près aufli entier qu'au commencement de l'obfervation, & il a demeuré en cet état jufqu'à 7h, Le 16 Juin, à $" 20’, étant au Tremblay, j'apperçus autour du Soleil quelques traces d’un Cercle coloré, 10 mi- putes après il étoit plus formé ; il a duré environ 2 heures, D} ESS CAEN CES augmentant de temps en temps. J'ai vû quelquefois le demi- Cercle entier, les couleurs étoient peu fenfibles & aflés mal terminées, cependant j'ai mefuré fon diametre avec un Sextant de 3 pieds de rayon, & il n'a paru avoir 45 degrés. Le lendemain, à 1 o heures du matin, j'apperçus un Cercle entier autour du Soleil, il étoit mieux terminé que celui de la veille, & les couleurs plus fenfibles ; je pris fon demi- diametre tant par la partie fupérieure que par l’'inférieure avec le Sextant, & il me parut affés exactement de 224 30°. Le même Cercle parut la plus grande partie de la journée, principalement à midi & à 3 heures ; le Ciel fut prefque toüjours embrumé, comme il left lorfqu'il y a des Halo ou des Parhelies. Le 18, fur les 6P À du foir, il parut à Ja droite & à la gauche du Soleil deux portions de Cercle coloré, chacune d'environ 1 8 à 20 degrés ; je mefurai le rayon de la portion vers le Sud, qui étoit le mieux terminée, & je la trouvai, comme à Fordinaire, de 224 30" à compter du centre du Soleil jufqu'au Cercle intérieur qui eft toûjours rouge. Dans toutes ces obfervations la Zone compolée des trois couleurs m'a paru large d'environ un degré & demi de grand cercle, Le 20, à 9h + du matin, j'apperçus deux portions de Cercle, lune d'environ 90 degrés qui étoit au deflus du Soleil, & l'autre au deflous qui avoit God ou environ; les couleurs en étoient difpofées à ordinaire, & fort diftinctes, . Ce Cercle ou Halo: étoit formé dans des nuages fi déliés qu'on avoit peine à les appercevoir, ils paroïfloient beau- coup plus élevés que les autres, & on en voyoit pañler fré- quemment d’aflés gros & blancs au deflous de ce Cercle, ce qui le faïoit difparoître & reparoître de temps en temps; je l'ai obfervé de la forte pendant environ une heure, après quoi le Ciel s'eft entiérement couvert. Le même jour l'arc reparut l'après-midi, il étoit beaucoup plus étendu, mais les couleurs en étoient moins vives & moins diftinétes. Le 29 Juin, un peu avant le coucher du Soleil, il parut une Lumiére pérpendiculaire qui aboutifloit par fà partie M üj 94 MEMOIREs DE L'ACADEMIE RoyALE inférieure à un endroit plus clair que le refte, & fupérieur au Soleil d'environ la diftance ordinaire à laquelle font les cercles colorés, cela dura plus d’une demi-heure ; ce phé- nomene étoit vifiblement une portion d’un femblable à celui que j'avois obfervé le 16 Mai. © Le rer Juillet, il parut fur les 2 heures après midi, plus des trois quarts d'un Cercle coloré aflés diftinétement, je n'eus pas occafion de le mefurer, mais il me parut de la grandeur ordinaire ; il dura environ une heure, le Ciel étoit embrumé de nuages rares, comme il left toûjours lors de ces apparences. Le 3 Juillet à 9 heures du matin, il y eut un pareil Cercle, mais moins coloré, parce que le Ciel étoit couvert de nuages plus opaques que ceux du 1°", Le ro du même mois, fur les 1 1 heures du matin, il parut un Cercle tout entier, de la grandeur ordinaire, Îles couleurs étoient aflés diftinétes, il dura près d’une heure, le Ciel étoit embrumé à l'ordinaire, Fintérieur du Cercle étoit plus brun que le refte du Ciel. | Le 14 fur les 6 heures du foir, il parut à plufieurs reprifes des portions de Cercle coloré à l'ordinaire, le Ciel étoit embrumé, mais chargé de gros nuages qui faifoient difparoître à tout moment quelque partie de ce Cercle. Le 16, le 19, & le 20 Août, il y a eu vers les 1 1 heur. du matin, des portions de Cercles colorez, plus ou moins grandes, & peu diftinétes, le Ciel fut embrumé pendant prefque tous ces trois jours, je n’avois rien apperçû de fem- blable depuis plus d’un mois, auffi le Ciel n’y avoit-il prefque jamais été propre. Le 24 Août à 6 heures après midi, je vis une portion de Cercle médiocrement coloré, il faïfoit alors un très- grand vent. Le 3 Septembre étant à Bruxelles, je vis fur les 2 heures après midi, quelques portions de Cercle coloré dont les couleurs étoient aflés diftinétes. Le lendemain à Brefcat , village qui eft à 2 lieuës au-delà el ge dam at AE fs j \ DES SCIENCES. LES . d'Anvers, j'apperçüs fur le midi, un Cercle prefque entier autour du Soleil, les couleurs en étoient vives & aflés diftinctes, Le $ à 10 heures du matin, étant fur un Vaifleau entre Yflelmonde & Rotterdam, je vis autour du Soleil le Cercle bien entier, avec les couleurs diftinétes. Le 14 Oétobre, M. Muffchembroeck vit à Utrecht a Lune entourée d'une Couronne dont le diametre intérieur étoit exactement de 44 degrés, mais la largeur du limbe ne püt être exactement oblervée, parce qu'elle étoit trop mal terminée. Le 23 Oétobre, proche Picquigny en Picardie, ur. les (x x heures du matin, il a paru une très-petite portion d’Arc coloré, mais qui l’étoit auffi vivement & auffi diftinétement que 'Are-en-Ciel left ordinairement, il avoit le Soleil pour centre, & il en étoit éloïgné de la diftance ordinaire de ces fortes de Cercles; cette portion d’Arc fut vifible pendant une demi-heure, toûjours également bien colorée, & fans occuper, du moins fenfiblement, un plus. grand, ou un moindre efpace; je n'ai vü aucun de ces Cercles, ou portions de Cercles dont les couleurs fuflent auffi vives. Le 8 Novembre, il parut à Paris furle midi, & pendant va heures enfuite, des portions de Cercle pl terminées, & peu colorées, elles parurent & difparurent à plufieurs reprifes, & étoient interrompués très-fré équemment, tant par le pañage des nuages fitués dans une région plus bafle, que par la diffipation de ceux mêmes qui formoient le Météore. Voilà donc depuis le 1 5 Janvier jufqu'au 8 Novembre, 127 de ces Météores, que l'on peutnommer Parhelies incorsplets, "& ibefktrès-poflible qu'il y en ait encore eu beaucoup d’autres -qui-m'ont échappé. I y 4 fouvent eu dans le cours de cette année, plufeurs jours de fuite où le Ciel étoit tellement couvert de nuages qu'il ne {e pouvoit former aueunes de ces apparènees ; un Ciektrès-ferein, & trop dénué de vapeurs . m'y eft pas plus propre que lorfqu’ F eft couvert, & fi je puis 4 “hafarder quelques conjettures fondées fur Les. obfervations 96 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE dont je viens de rendre compte, Je crois qu'on ne doit s'attendre à voir ces Météores, foit complets, foit incomplets, que lorfque le Ciel eft rempli de ces nuages rares qui ne couvrent point le Soleil, mais qui ne font qu'affoiblir un peu fes rayons, & fur-tout lorfque le Soleil approche de lhorifon, parce qu'il s'y rencontre en plus grande abondance des vapeurs propres à produire les réfléxions & les réfraétions néceflaires. Il eft vrai que quelquefois ces vapeurs font telle- ment répanduës par-tout, que l’on voit de ces Cercles colorés autour du Soleil, quoiqu'il foit à fa plus grande hauteur, mais il eft fi néceffaire que le Ciel foit embrumé de la maniére que nous venons de décrire, que toutes les fois que j'ai vü de pareils nuages, je n’ai pas manqué d’appercevoir quelques portions de Halo plus ou moins étenduës, & plus ou moins diftinétes, fuivant que les nuages étoient plus ou moins également diftribués autour du Soleil. J'adjoûterai encore une circonftance que je crois effentielle à la formation de ces Météores, c'eft qu'il me femble qu'il faut que les nuages dans lefquels ils font formés, foient à une certaine diftance de la Terre, & cette diftance me paroît plus grande que celle à laquelle font les nuages ordinaires, qui font plus opaques & plus denfes que ceux-là. Je fonde cette opinion fur ce que j'ai fouvent vü des nuages pafler au-deffous de cette brume colorée, & que je n’en aï jamais vû au-deffus, ce qui feroit très-aifé à diftinguer. Je crois donc que toutes les fois que le Ciel ne fera pas trop couvert de nuages, ou trop ferein, & qu'il fe trouvera de ces nuages déliés à une certaine diftance de la Terre, qui eft peut-être affignable, il fe formera des Parhelies, mais comme la nature des nuages eft telle qu'ils varient très-confidérablement de denfité, de pefanteur, & par conféquent de diftance à la Terre, le Parhelie, qui feroit complet fi tous ces nuages étoient à la diftance néceffaire pour former les réfraétions qui lui donnent la naïflance, n’eft qu'une Couronne blancheître, un Cercle, ou une portion de Cercle coloré, une trainée de Lumiére, une image du Soleil répetée, ou quelqu'autre apparence faifant partie Late .1735. pl. ET. PAg . asnsmusss | “ LT Mets, de ment Mere DES SCIENCES 97 dit is ? - A “ & x * 5 LE ê { * ri gd + l UE x, 1” A " M4 , Fe partie du Parhelie complet, fuivant que ces nuages feront répandus dans une plus grande, ou une moindre partie du Ciel. 1 , Si donc on réunifloit toutes les obfervations de Parhelies, ou de femblables phénomenes fur fexaétitude defquelles on peut compter, & qui ont quelque différence effentielle, ce froit alors que l’on pourroit tracer l'image de ce Parhelie complet, qui vrai-femblablement n’a jamais paru tout entier par da difficulté, ou peut-être l'impofñbilité qu’il y a que toutes les circonftances néceffaires fe puiffent rencontrer en- femble, mais que je regarde avec M. de Mairan comme 1a bafe ou le principe de tous ces Parhelies incomplets; & cela ferviroit fans doute à trouver avec plus de facilité, la caufe exacte de ce Météore, à toutes les apparences duquel il eft prefque impoffble de fatisfaire par l'ingenieux Sifleme de M: Huygens. Les Parafelenes tiennent certainement à la même caufe, mais je n’en parle point, n’ayant pas eu occafion d'en obferver cette année, & n’en ayant même jamais vû que des portions très-imparfaites. , 8 Juin 1735° 98 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE SUR LA FIGURE DE LA TERRE. Par M. DE MAUPERTUIS. I TE Ds l'année pafée dans nos Affemblées, un Mémoire dans lequel j'examinoiïs les moyens que 'Aftronomie & la Géographie fourniflent pour déterminer la figure de la Terre. Entr'autres Problemes qui fe trouvent dans ce Mémoire, j'y en donne un pour déterminer le rapport de Yaxe de la Terre au diametre de l'Equateur, par des mefures prifes fur un Méridien ; mais comme fa folution dépend des fuites infinies, en voici une beaucoup plus facile & plus pratiquable. .: + L’ingalité de deux arcs du Méridien dont on connoît les latitudes, étant connuë, ïl s’agit de déterminer la figure de l'Ellip{oïde, & ce Probleme une fois réfolu, on peut facilement réfoudre plufieurs queftions qui autrement ne pourroient être réfoluës que par de faufles pofitions & des calculs fort pénibles. Enfin, par la méthode que je vais donner, on verra ce qu'on peut compter fur les mefures aétuellement prifes pour décider la fameufe queftion qui partage aujourd’hui les Mathé- maticiens fur la figure de la T'erre. On verra quel doit être l'allongement ou l’applatiflément de la Terre, pour qu'il puifle être découvert avec certitude par des obfervateurs qui opérent dans des lieux donnés; & confidérant cet allongement ou applatiffement comme donné, on verra jufqu’où doivent aller des obfervateurs pour le découvrir d'une maniére certaine, Voici l’analife dont je me fers pour cela. IT. Soit la demi-Ellipfe PAp qui repréfente le Méridien d'un Ellipfoïde, dont l'axe eft Pp, & le diametre de lEqua- teur Aa ; foit CA— 1 &CP—=m, CN—x, EN=y. On a par la nature de l'Ellip{e y = m {1—xx) la DE SU:S1e FE NU ER 99: perpendiculaire EX = m ÿ{1—xx-+-mmxx), &le rayon 3 de la développée EC= + (1—xxmmxx)", P Soit maintenant le fmus de l'angle AXE qui eft l'angle de la latitude — f pour le rayon —1,on2a1. TE mV(I—xx + mmxx) . mV(1—xx), où xx — or —f ; , ETUI ; & mettant cette valeur dans l'expreffion du mm G—Sf+mmff) Comparant maintenant deux arcs du Méridien, l'un À D qui commence à l’Equateur avec un autre £ F quelconque, mais dont les amplitudes foient les mêmes, & ne foient pas andes comme deux arcs chacun d’un degré, on a AD, EF :: AB.ÆEG, ou (nommant À le 1° degré de latitude, & _Æ'le degré en E) on a A. E:: mm. 2"; G—[f-+nnff)* 3 ë A. E::(1— [+ mmff)x, où E=A x (1—ff HE air AE à) pur à Cette équation exprimant la relation entre le 1° degré de Jatitude, un degré quelconque, fa latitude, 1e diametre de N ji rayon de la développée, on a EG — Te 2 ou t6o MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE l'Equateur & l'axe, contient la folution de toutes les queftions qu'on peut faire fur cette matiére, en faifant varier celles qu'on voudra de ces cinq chofes, & voyant ce que deviennent les autres. IT. Mais pour rendre encore cette équation plus fimple, il faut remarquer que fi la Terre eft un Elliploïde, cet Ellipfoïde doit être fort approchant de la Sphere. Rien ne le prouve mieux que le doute où l'on eft encore, fi 'Ellip- foïde eft allongé ou applati vers les Poles. Si maintenant on éleve aétuellement la quantité 1 + + mm—1 ff à la puiflance — À, on aura £— À x [1—2(mm—1) ff + (mm—i1)/f — &c.] ou A— E==5 /mm—1) Af—*#$(mm—1) Af* + &c. Or =” différant fort peu de 1, on peut négliger dans cette fuite tous les termes qui font multipliés par les puiflances de mm—1, & notre équation, pour ce qui re- garde la Terre, devient 24—2£=— 3 {mm—1). AT, {oit que l'Ellipfoïde {oit allongé, foit qu'il foit applati, IV. Si l'on fuppofe la Terre applatie vers Jes Poles 1 > # & E>A, &Ton Per AA 3 (1—mm).2; d'où l'on tre ce que M. Newton a dit fur Yaugmentation des degrés de latitude. Sa propofition eft : Quod incrementum ponderis pergendo ab Æquatore ad Polos, fit quam proximé ut finus verfus latitudinis duplicatæ, vel quod perinde eff, ut qua- dratum finus reéti latitudinis, &r in eädem circiter ratione augentur arcus gradium latitudinis in Meridiano. Ce beau Théoreme fe trouve fans démonftration dans le Livre de M. Newton ; & même après ce qu'en a dit M. Gregori , il me femble qu'il avoit encore befoin d'être dé- montré, - Quoique ce qui regarde l'augmentation des poids foit facile à démontrer par une analyfe à peu-près femblable à celle que j'ai fuivie, je n'en parle point ici, parce que cette augmentation, comme l'a traitée M. Newton, dépend de fa DES SCIENCE IOH théorie de Attraction, & je reviens à mon Equation, qui eft indépendante de tout fyfteme. + M. Newton, pour conftruire fa Table des longueurs du Pendule & des degrés de latitude, avoit des moyens dont nous ne voulons point nous fervir ici, Sa théorie de la pe- fanteur lui donnoit le rapport des deux axes, & fà propo- fition lui donnoit le rapport dans lequel croifient les degrés de latitude ; cela lui fuffifoit pour conftruire facilement fa Table, Mais fi Ton ne veut partir d'aucun fyfteme, & qu'on veuille uniquement s’en rapporter aux obfervations, nous avons befoin d'une équation qui embraffe tous les éléments qui entrent dans cette matiére. Comme l'équation que nous avons trouvée contient le 1°* degré de latitude, un autre degré quelconque avec fon finus, le diametre de l'Equateur & l'axe, il eft facile d’en conclure jufqu'à quel point les voyages font utiles ou né- ceflaires, & jufqu'à quelle diffance ils doivent être faits , dès qu'on fera convenu de Ja plus grande erreur que puiflent commettre d’habiles obfervateurs. V. On peut commettre des erreurs de deux fortes dans la melure des degrés de la Terre ; les unes dans les angles qu'on obferve entre les objets terreftres, fous lefquelles je xange encore l'écart de la Ligne Méridienne; les autres dans Tobfervation de la diftance des Etoiles au Zénith. Pour remédier à ces derniéres, on en diminuë l'effet, en les répandant fur plufieurs degrés, fur chacun defquels elle ne peut caufer qu'une altération d'autant moindre, que le nombre des degrés qu'on prend entre les deux termes des obfervations eft plus grand. Si la Terre étoit parfaitement Sphérique, ce remede ne laifferoit, pour ainfi dire, rien à defirer. Mais fi elle ne left pas, fi fes degrés font tous in- égaux ; l'opération eft toûjours bonne pour trouver aflés exäétement la valeur du degré moyen entre tous ceux dont on a la Jongueur totale ; mais fi la Terre n’eft pas Sphérique, & que l'on veuille juger de Ja différence quil peut y avoir ïj 102 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE entre fes degrés, cette opération pourroit bien n'être pas la plus convenable. Il eft bien vrai que l'erreur qui réfulte de l'obfervation de la latitude, fe répandant fur plufieurs de- grés, fera diminuée fur chacun; mais l'opération même qui apporte le remede à ce genre d'erreur, produira une autre erreur, en ce qu'elle traite comme égaux des degrés qui ne le font pas. VI. I faut donc comparer l'effet de cette erreur à l'effet de la premiére, & examiner laquelle des deux eft la plus dangereufe, laquelle eft la plus capable de nous empêcher de découvrir fi les degrés de la Terre font inégaux. I faut voir, pouvant difpofer d’un certain arc du Méri- dien, dont on a la longueur aétuelle, & fur lequel on peut obferver les latitudes jufqu'à une certaine précifion, il faut voir lequel convient le mieux ; de partager cet arc en deux fommes de degrés fur lefquels on répandra l'erreur commif- fible dans les obfervations faites à leurs extrémités, ou de mefurer feulement chacun des degrés des extrémités de Farc du Méridien avec toute l'erreur commiflible dans les quatre opérations. Mais on peut partager l'arc total de bien des maniéres ; & fi au lieu de le partager en deux fommes égales de degrés, on le partage inégalement, on peut, par des raifonnements femblables aux précédents, comparer enfemble les différentes maniéres de le partager, & voir laquelle eft a plus avan- tageufe. VIT. Soient 8 degrés confécutifs a. a+ 6. a+8+« a+b+c+d, a+b+c+d+e. a+ b+c+d +e+f a+b+c+d+e+f+g a+ +e + d+e+-f+-g+ Ah, & erreur commiflible à chaque opération —= 1. Si l'on prend Ia différence du premier au dernier avec toute l'erreur commiflible, on trouvera à +- c + d +e+f+g+h—458; & fi lon fuppole que dans un arc de 8 degrés la différence d'un degré à l'autre ne | ynhetsiSNiCe LE Ne Gers 10 change pas fenfiblement, on aura pour la différence du 1°° degré au dernier, 7d— 48. 2.° Si l'on partage Farc total en deux fommes, telles _ que la 1" foit de 2 degrés, & la 24e de 6 degrés, on aura avec toute erreur commiffible le degré moyen de Ia re fomme— 22422 où ÉHIÈE, & Le degré moyen Ca+6b+éc+sd+aet3f+2g+h—2 de Ja de nn Ps Con ut roms j & ]a 3b+6c+sd+4e+3f+2g +8 différence entre ces 2 deg. fera , d—85 d—4% ou FE — ou 4 #8. 3° Mais fi on partage les 8 degrés en deux fommes égales, on aura le degré moyen de fa premiére fomme b d+2> — HE ENTCEET , Je degré moyen de la feconde 4 Fi 5 +29 +h—29 TZ 2e M A A Er 0 APT ds 4 +b+icH3d+a4et3f+ig+h—a entre ces 2 degrés — n ou 2 ou 4d—S, Prenons maintenant 4 pour 3 o toiles & 9 pour 64 toiles. La 1e opération donne pour la différence du 1° au dernier degré 7 d— 45 ou 210 — 256. D'où lon voit qu'elle éft infufhifante pour découvrir dans cette hypothefe l'inégalité des degrés, puifque ce qui réfulte de l'erreur commiffible peut être plus grand que ce qui réfulte des différences réelles. La 24e opération, qui eft à peu-près celle que M. Caffini à faite dans fa mefure de la Terre, nous a donné 44—#9; d’où l’on voit qu'elle eft fuffifante pour découvrir l'inégalité des degrés tant que 4S ne furpafiera pas 124, ou que S ne furpaffera pas 3 d; c'eft-à-dire, que fi la différence des degrés en France eft de 30 toiles, cette opération peut fupporter une erreur de 90 toifes à chaque obfervation de latitude, fans que la conclufion qu’on en tire pour l’'allon- gement ou Fapplatiffement en général foit fauffe. 104 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare Mais la 3e opération qui partage l'arc en deux fommés égales, nous a donné 44—8 ; d'où l'on voit qu'elle eft plus favorable pour découvrir l'inégalité des degrés, puif- du'elle peut fupporter une erreur de 120 toiles à chaque obfervation de latitude. Si donc on eût fait vers Bourges les mêmes opérations qu'on a faites à Paris, pour comparer les différences en latitude avec les diftances mefurées fur la Méridienne, les opérations euflent été plus avantageufes. VIIL. J'acheverai ce que j'avois à dire fur cette matiére par chercher le lieu de la Terre, où la différence entre deux degrés confécutifs, ou deux petits arcs quelconques d'une même amplitude, eft la plus grande. P EF repréfentant un degré de latitude, il faut chercher le point où EF eft un maximum, pendant que l'angle EGF ou __ demeure conftant. On a donc EG xdEF=EF EFxdEG & EF xdEËEG, ou dEF = DES = Wa ee ( à caufe de Er tonftant) dE F comme d EG, ddE F comme 44 EG; qui doit être — o, afin que Z£F foit un maximum. M faut donc qu'au point qu'on cherche, l'angle de contingencé q ï à 6 ge étant { PL A rm cEprte + ring mise. à Ms À 5e D'ris US CITE N° Cnil. 105 * étant conflant, la 24e différence du rayon de la développée foit — 0. Or (Arr: 11.) dans notre Éllipfoïde le rayon de a développée ft EC = "2%, où ( faifint Off +mnff)" mm—1=nr) EG—mm (in n) TE, & dEG comme ({1+-#n ff) x fdf, & dd EG. comme — (inf) xnmfaf, (inf) xaf, + (inf)? x fddf, ou (à caufe de af bre Va IT conftant, & de ddf— TES ddEG comme 3#nf* — 4nnff— 2 ff +1 —o, dont les racines donnent fe fnus de latitude du lieu où la différence entre deux degrés confécutifs eft la plus grande, & d’où l'on voit que lorfque l'Ellipfoïde approche de la Sphere, ce lieu ef proche du 45° degré, car alors (à caufe que #n eft fort petit) on a 2/[=1I. de 7) AE Res “To 106 MEMOIRES DE L'ACADEMIE-RoyALE SUR LE SEL AMMONIAC Par M. Du HAMEL. E's l'année 1716, M.Geoffroy communiqua à l'Aca- démie les recherches qu'il avoit faites fur la nature & k compofition du Sel ammoniac ; elles étoient fondées fur des obfervations fi juftes, que ce qu’il ne propofoit que comme de fimples conjeétures (dans un temps où la fabrique de. ce Sel étoit entiérement ignorée en Europe) s'eft trouvé prefque conforme avec ce qu'on a appris depuis fur ce fujet par différents Mémoires inftruéifs qui ont été envoyés à l'Académie, Le premier de ces Mémoires eft de M.le Maire, Conful au Caire, qui, en répondant à des queftions que lui avoit faites M, de Reaumur, détailla en 17 19 à l'Académie, avec autant d'exactitude que de précifion, ce qui s’obferve en Egypte dans fes Manufactures de Sel ammoniac. Environ deux années auparavant il avoit paru fur 1e même fujet une Diflertation qu’on avoit fait imprimer fous le nom du P. Sicard Jéfuite, & qui eft prefque auffi circonftanciée que celle dont nous venons de parler. Ces deux Mémoires paroiflent avoir été faits avec une grande exactitude, auffi y a-t-il beaucoup de conformité entre les faits qui y font rapportés, & je n'ai remarqué d'autre différence un peu confidérable entre ces deux relations, finon que M. le Maire prétend qu'on ne charge les ballons fublimatoires que de la Suye animale feule, au lieu que le P. Sicard dit qu'on méle du Sel marin & de J'Urine avec la Suye dont nous venons de parler. J'appréhenderois que l'Urine ne donnût au Sel ammoniac une odeur fétide que n’a point celui des boutiques. Pour ce qui eft du Sel marin, il eft vrai qu'il ne peut rien gâter, & que s’il ne fournit rien ni de fon acide ni de fon alkali, il pourra n'être pas entiérement inutile, & fervir | : ; EST CÉE NE CRUE toy . comme on employe quelquefois le Sable à rarefier les ma: tiéres pour faciliter le dégagement du Sel volatil, ce qui fuffroit pour autorifer quelques Manufaétures à faire ufage du Sel marin, pendant que dans d’autres on n'emploÿeroit que la Suye animale feule, ainfi la vérité des deux relations peut fubffter malgré cette différence. rat Maïs il n'en feroit pas de même, fi l'addition du Sel marin étoit néceffaire dans cette occafion , puifqu’il manqueroit une condition effentielle au Mémoire de M. le Maire, ce que je ne crois pas, non feulement parce qu'on a fait imprimer il y a environ douze ans, une autre Lettre du P, Sicard, qui eft tout-à-fait conforme à celle de M. le Maire, & dans las quelle on ne fait mention ni dé Sel marin ni de f'Urine, mais éncore parce que M. Granger, Correfpondant de Aca- démie, & qui a été envoyé par M. le Comte de Maurejsas pour faire dans le Levant des recherchés utiles à l'Hiftoire _ naturelle & à la Phyfique, a affuré à fon rétour qu'il avoit vüû faire le Sel ammoniac feulement avec la Suye animale, & fans aucune-addition. Le Mémoire qu'il à Haiffé fur celæ à l'Académie, explique fr clairement ce qui fe pale dans ces fortes de fabriques, que j'ai cru qu'on ne feroït pas fiché d'en trouver ici l'extrait. Biricé Voici donc comme s'explique M. Granger. H n'eft pas vrai que le Sel marin, non, plus que fUrine des Chaméaux, ait aucune part à la fabrique du Sel ammoniac , la Suye des cheminées feule, & fans aucun mélange , le fournit. Les cheminées, où Ton ne brüle que de là bouze de Vache, donnent la meiïlleure Suye; 26 livres de celle-ci fourniffent ordinairement 6 livres de Selammoniac. De toutes les opé« rations de Chimie, celle-ci eft fans contredit des plus fäciles, pue fçait graduer le feu; $o ou au plus ÿ2 héures tpour la faire. Les vaiffeaux dans lefquels on met 1a Suye, font des ballons d'un verre très-mince, ils fe terminent par un col de 1 5 à 1 6 lignes de long fur un pouce de dia- metre, mais ils ne font pas tous de la même grandeur. Les plus petits contiennent 1 2 livres dé Suyé, —. plus grands VI CI 108 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE so livres, n'étant pleins qu'aux trois quarts, ce qu'on ob- ferve pour laifler un efpace pour la fublimation. Le fourneau fur lequel on met ces ballons eft compofé d'abord de quatre murailles, qui fe joignant en équiére, forment un fourneau quarré. Celles des faces ont 10 pieds de large, celles des côtés en ont 9 ; la hauteur, qui eft par- tout égale, eft de 5 pieds fur ro pouces d’épaifieur. I y a dans le quarré que forment ces quatre muraïlles, trois arcades de la longueur de ce quarré, diftantes les unes les autres de 10 pouces, épaifles de 1 2, & hautes de 3 pieds 8 pouces. La bouche de ce fourneau eft faite en ovale, & a 2 pieds 4 pouces de haut fur 16 pouces de large, & eft fituée au milieu d’une des faces du fourneau. On place les ballons dans fentre-deux des arcades du fourneau qui tiennent lieu de gril pour les foûtenir; on en place ordinairement quatre dans l'entre-deux de chaque ar- cade, ce qui fait le nombre de feize pour un fourneau ; ils font diftants les uns des autres d'environ un demi-pied, où on les aflujettit avec des morceaux de brique & de la terre, & on a foin de laifler à découvert environ 4 pouces de la partie fupérieure des ballons pour faciliter la fublimation, auffi-bien que 6 de la partie inférieure, pour que le feu puifle mieux agir fur les matiéres. Les chofes ainfi difpofées, on donne d’abord un feu de paille, qu'on continuë pendant une heure, enfuite on y jette de la bouze de Vache réduite en motte quarrée, ce qui augmente la-violence du feu ; on le continué en cet état pendant 1 5 heures, enfin on l'augmente confidérablement pendant r $ autres heures, après quoi on le diminuë petit à petit. + Quand les matiéres contenuës dans les vaiffeaux, com- mencent à être échauffées, c’eft-à-dire, après 6 ou 7 heures de cuite, il en fort des fumées très-épaifles & de fort mau- vaife odeur, ce qui continuë pendant 1 $ heures ; on apper- çoit 4 heures après le Sel ammoniac qui s’éleve en fleurs blanches qui s'attachent à l'intérieur du col des vaiffeaux, & : DÉE US 1SMONILE: NC RÉ/ MM 10 ceux qui font chargés de cette opération, ont foin de paffer …_ dé temps en temps une verge de fer dans le col des ballons, - pour entretenirune ouverture* à la voute faline, afin de laifier une libre ifluë à des matiéres bleuâtres qui ne ceffent de fortirideswaifleaux que quand l'opération eft finie. - Outreledétail que nous venons de rapporter, M. Gran ger, au retour de fon premier voyage, avoit rapporté un peu de cette Suye qu'on employe dans de Levant pour faire le Sel ammmoniac, nous en avons eu par le moyen de M. du Fay environ une livre, fur laquelle nous avons fait quelques expériences que nous allons rapporter, en attendant que nous enayons reçü une plus grande quantité, ce qui.-nous mettra en-état del’examiner avec plus d'exaétitude. :! 27, 7 7 2 - Cette Suye eft fort noire, & fr fenfiblement falée, qu'on y reconnoît le goût du Sel ammoniac. Nous en avons mis dans une cornuë de verre d'Angleterre, & nous y avons adapté un grand récipient pour examiner ce qui pafferoit par la diftillation, maïs la cornuë s'étant caflée, lorfqu'il n’étoit encore prefque pañlé que du flegme, nous avons été obligé de ceffer le feu pour y fubftituer d’autres vaiffeaux. Nous remarquerons cependant que les vapeurs qui s’échappoient par les fentes de la cornué, avoient rempli le Laboratoire d’une odeur de Soufre aflés confidérable. | + Les vaiffeaux étant refroïdis ; nous achevâmes de rompre la cornuë, dans laquelle nous trouvâmes très- peu de Sel ammoniac féparé de la Suye, ce qui m'engagea à l’entonner dans un matras, pour la traiter à peu - près comme on le “ fait dans le Levant: nous féparâmes par ce moyen une affés bonne quantité de Sel ammoniac fort blanc, & ait fond-du matras il reftoit encore de la Suye fort noire & falée, ce qui . nous fait croire que je n'ai pas continué affés Iong-temps le feu pour épuifer tout le Sel que la Suye éonténoit, car il faut beaucoup -de feu pour élever le Sel ammoniac de la Suye ; & à en juger par le feu que j'ai fait, il faut que les mottes qu'on employe à cet 'ufage dans le‘Lévant foient capables’de produire uné chaleur aflés vive, 77°" O ii 110 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Ma Suye étant donc noire & falée, je voulus eflayer de Jui enlever, par une violente calcination, tout ce qu'elle contenoit de volatil, afin d'examiner de quelle nature feroit la partie fixe qui me refteroit ; pour cela je fa mis dans un creufet, & l’expofai à un feu violent ; après environ une heure de calcination, je retirai le creufet du feu pour exa- miner en quel état étoit la matiére, je la trouvai encore noirâtre à la fuperficie, mais l'ayant un peu remuée avec une fpatule de fer, le defious étoit jaune comme du Soufre & le fentoit beaucoup, mais cette couleur fe diffipoit en peu de temps, & elle devenoit d'une couleur brune tirant fur le rouge. Ce phénomene, joint à l'odeur de Soufre, me fit juger que la matiére grafle n'étoit pas entiérement diffipée, c'eft pourquoi je remis le creufet au feu pendant plufieurs heures. Le lendemain les vaifleaux étant refroiïdis, la poudre étoit grife, un peu teinte de rouge, je verfai de l’eau deflus pour l'édulcorer, je filtrai la leffive, & par une évaporation lente, j'ai eu une mafle faline rouge qui fentoit l'Hépar, & qui avoit fur la langue une ftipticité toute pareïlle à l'Encre la plus chargée de Vitriol. Cette mafle tomba en peu de temps en delquium, ce qui m'engagea à la filtrer de nouveau, & il me refta fur le filtre une matiére rouge, qui étant cal- einée, même fans addition de matiére grafle, étoit en bonne partie attirée par l'Aimant. J'évaporai de nouveau la liqueur filtrée, qui dépofa encore une poudre rouge, & il fe forma à la fuperficie de la liqueur, de même qu'aux parois du vaifleau , une croûte faline, au milieu de laquelle étoit une Eau-mere aflés claire. J'ai verfé fur cette Eau-mére de l'huile de Vitriol, ce qui a produit une grande effervéfcence avec chaleur, & a dé- gagé des vapeurs qui m'ont paru être de l'efprit de Sel, mais il s'eft fait en même temps un précipité blanc conf: dérable qui me paroît être de la nature de ces concrétions pierreufes qui font produites par l'union de l'acide vitriolique avec des terres de la nature de la Chaux. Ce précipité n'eft pas arrivé avec l'efprit de Nitre, au % 4 bi Li4 Va DRE AS SIC EN EnBSa hf ALI contraire la liqueur eft devenuë plus claire qu'auparavant , quoiqu'il n'ait paru auçune effervefcence {enfible, parce que, comme nous l'expliquerons plus au long lorfque nous par- lerons de la Chaux, l'acide nitreux, & encore mieux l'Eau régale diffolvent la Chaux , & la. foûtiennent en diflolution, au dieu, de faire, la concrétion pierreufe dont je viens de paler, & lefprit de Nitre, joint à l'acide du Sel marin qui eft dans cette réfidence, fait une vraye Eau-régale, L’Eau-mere dont nous parlons, contient encore beaucoup de,Fer, comme je m'en fuis aflüré en verfant deflus: de la teinture de Noix de Galle qui, a fait une Encre très-noire: à l'égard de la croûte faline, elle ne décrépite prefque pas fur la pelle rougie au feu, & paroît pour la plus grande partie alkaline, ; Suivant M. Granger & M. le Maire, & même fuivant Ja feconde Lettre du P. Sicard, & les expériences que je viens de rapporter, il eft donc certain que la Suye, animale con- tient & lalkali volatil & l'acide du Sel marin qui font né- ceflaires pour faire le Sel ammoniac, &. qu'on peut faire le Sel ammoniac avec elle fans l'addition du Sel marin. Mais, dira-t-on, peut-être qu'avec le Sel marin on retire plus de Sel ammoniac? c'eft dont je ne fuis pas non plus perfuadé ; * çax voudroit-on que le Sel. marin, étant joint au Sel ammo- miac, paflät dans la fublimation tout entier & fans étre dé- compofé! quelques Auteurs, à la vérité, lont crû, & cela ne répugne pas abfolument, puifque le Sel ammoniac em- porte avec lui dans la fublimation des matiéres aflés fixes. { ÿ Mais fi cela étoit, on devroit retrouver le Sel marin dans le Sel,ammoniac des Boutiques, ou fimplement par la criftal lifation, ou en verfant deflus de l'huile. de Vitriol. pour, former du Sel admirable de Glauber,, au lieu dé ce Sel am- moniacal vitriolique qu'on fait de cette maniére, & que 4 Glauber a appellé for Sel ammoniac fecrer. À ces preuves, qui font tirées de deux opérations affés ordinaires en Chimie, je joindrai une expérience que j'ai 112 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RôrALr faite pour m'affürer fi le Sel ammoniac peut, en fe fublimant, emporter avec Jui une portion de Sel marin. J'ai defiéché à une chaleur médiocre une once de Sel marin, & pareille quantité de Sel ammoniac, & après les avoir mêlé enfemble, j'ai mis le tout dans une cornuë, à laquelle j'ai adapté un récipient, & après avoir commencé par un feu doux, je l'ai augmenté par degrés jufqu’à un feu de bois que j'ai continué pendant plufieurs heures. Les vaifleaux étant refroidis, j'ai trouvé, à quelques grains près, le même poids de Sel ammoniac que j'avois employé, qui étoit fublimé au col de ma cornuë, & dans le fond il y avoit un peu plus d'une once de Sel marin qui s’étoit un peu élevé, & avoit quitté le fond de la cornuë environ d’un travers de doigt, ce, qui m'eft arrivé toutes les fois que j'ai répété cette expérience. Pour ne point obmettre les moindres circonftances de Fopération que je viens de rapporter, je remarquerai en pafant, que malgré le defléchement des matiéres, il étoit pañié quelques gouttes de liqueur dans le récipient, elle ne fentoit point l’efprit volatil, mais beaucoup le brülé, avec une legere odeur qu’on pouvoit à peine rapporter à l’efprit de Sel ; outre cela il y avoit au col & au fond de la cornuë des marques rouges & jaunes qui fe diffipoient quand on les expoloit à une violente chaleur, & il ne reftoit en ces endroits qu'une tache noire & luifante, comme fi on les eût peints avec de l’Encre de la Chine. Je ne rapporte ces petites circonftances que par occafion, car elles ne font rien à mon objet principal, il me fufht que expérience que je viens de rapporter, & que j'ai répétée plufieurs fois, prouve que bien-loin que le Sel ammoniac, en fe fublimant, puife enlever du Sel marin, le Sel marin au contraire rallentit la fublimation du Sel ammoniac, & en retient une petite portion qui ne lui peut être enlevée que par un feu confidé- rable ; & fi l’on fait attention à ce que M. Lémery dit dans fon Cours de Chimie fur la fublimation des Fleurs fimples de x hat D'ErSN Si chi ENT CEE 173 de Sel ammoniac, on reconnoîtra bien qu'il s’'eft apperçu de cette ténacité du Sel ammoniac dans le Sel marin ; d’où je condlus que fi on employe du Sel marin avec la Suye animale, il ne peut ètre enlevé avec le Sel ammoniac, du moins fans être décompofé, ainfr il refte à examiner fi dans cette opération le Sel marin fe peut décompoler pour fournir quelque chofe au Sel ammoniac. On fçait que les matiéres animales, du moins quand on les a expofées à la putréfaétion , ou qu’on les traite par le feu, donnent abondamment d’alkali volatil urineux ; on fçait d'ailleurs que l'acide du Sel ammoniac eft celui du Sel marin. Cela a fait penfer à quelques Chimiftes que fi on méloit le Sel marin avec la Suye animale, il fourniroit fon acide, qui fe joignant à l'alkali urineux qui fe trouve en quantité dans ces matiéres animales, formeroit le Sel ammoniac. Mais peut-on concevoir qu'un Sel alkali volatil puifle enlever x la bafe du Sel marin, que je crois être un Sel alkali fixe (comme j’effayerai de le démontrer dans une autre occafion ) un acide dont il eft en pofleffion ? Cela eft trop oppofé aux opérations ordinaires de Chimie, pour admettre un tel échange fans des preuves fondées fur des expériences faites exprès, d'autant que j'ai plufieurs fois eflayé inutile- ment de mêler des matiéres grafles avec le Sel marin pour lui enlever fon acide fans le fecours des intermedes vitrio- iques ; j'ai même fur cela quelques faits aflés finguliers que je vais rapporter dans un moment. Mais ne pourroiït-on pas *confidérer la chofé fous une autre face, & le Sel marin ne pourroit-il pas fe décompofer d’une autre maniére, qui le ‘endroit encore plus propre à entrer dans la compofition du . Selammoniac? Car fi une portion de la bafe du Sel marin “qui ef fixe, pouvoit, à l'aide de la Suye animale, devenir “volatil, non feulement cette portion alkaline pourroit alors être la bafe du Sel ammoniac, mais en même temps l'acide qui étoit engagé dans cette portion d’alkali fixe devenu “volatil, entreroit auffi dans la compofition du Sel ammoniac. » La difficulté fe renferme donc à fçavoir fi un Sel alkali Mem. 1735. 2 P 114 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fixe peut, à l’aide de la matiére grafle, être changé en Sel alkali volatil. Ce probleme de Chimie n'eft pas encore bien réfolu ; il eft vrai que M. Homberg prétend y être parvenu, en faifant un Savon, & que M. Lémery a démontré que ce changement fe faifoit dans les animaux , mais il s’en faut beaucoup que cette transformation fe faffe dans ces occafions d’une maniére auffi fimple & auffi prompte qu'il le faudroit pour d'opération du Sel ammoniac en queftion. Cependant comme la plüpart des Auteurs de Chimie, même ceux qui ont écrit depuis 1720, aflürent qu'on peut faire du Sel ammoniac avec du Sel marin joint ou à la Suye de bois, où à l'Urine, ou à d’autres matiéres, j'ai crû ne devoir pas négliger de faire encore fur cela quelques tenta- tives dont voici le détail. Je m'étois donc propofé d’effayer 1.” Si je pourrois, par le moyen des matiéres grafles, décompofer le Sel marin, ou en lui enlevant fon acide, ou en volatilifant fa bafe; & en fecond lieu, fi je pourrois, par le moyen de ces mêmes ma- tiéres, volatilifer les Sels fixes de Soude ou de Tartre. Je crus que fi je pouvois réuflir à décompofer 1e Sel marin, ce feroit en digérant long-temps le Sel marin avec les matiéres animales. Dans cette intention je pris de l'eau qui avoit fervie à deffaler de la Moruë, & de la Saumure de Chaircuitier très-vieille & puante, je les mis une & l'autre l'efpace de deux mois dans de grandes capfules de verre expofées au grand air & à {a chaleur du Soleil, pour effayer d'y exciter la fermentation autant que des matiéres aufli falées en étoient fufceptibles. Après ce temps j'évaporai June & l'autre dans une baffine de terre jufqu’à ficcité, & je mis les réfidences filines dans des cornuës de grès pour les diftiller , avec cette différence que j'avois mêlé à la réfidence de l'eau de Moruë environ le double de fon poids de Sablon d'Etampes, au lieu que je n’avois rien adjoûté à la réfidence de la Saumure de viande. Mais malgré ces précautions, & quoique j'aye donné un feu de bois très-vif & continué aflés Jong-temps, je n’ai eu qu'un très-petit veftige de Sel DES SC1EN CES rrs ‘ammoniac, non plus que de Sel volatil urineux, & à peu- rès ce que les matiéres animales m'auroient donné fans l'addition du Sel marin ; & par da leffive, je n'ai retiré de la Téte-morte qu'un beau Sel marin tout entier, & fans être en aucune maniére décompolé. Mais après tout, cela ne doit-il pas arriver? car le propre du Sel marin eft de préferver les corps de la comuption, il faut donc qu'il empêche la fer- mentation ; fans fon fecours cependant on ne peut guere efperer de produire fur le Sel marin l’altération que j'eflayois de lui procurer. Pour ce qui eft de la volatilifation des Sels alkalis, j'ai mis dans une cucurbite autant de Soude que de Potafle, & j'ai empli la cucurbite d’Urine fraîche. J'aïdaiffé le tout en digeftion pendant deux mois, comme dans les précédentes expériences ; j'ai enfuite évaporé da liqueur dans une bafline de fer preique jufqu'à ficcité, & je n'ai eu, comme dans Îes expériences précédentes, que très-peu de Sels volatils. Je ne crois donc pas qu'on puiffe efperer , par le mélange des parties animales avec le Sel marin dans la diftillation, ni de volatilifer la bafe du Sel marin pour augmenter celle du Sel ammoniac, ni de dégager l'acide du Sel marin pour qu'il puifle former avec l'alkali volatil que les parties ani- males contiennent, une quantité plus confidérable de Sel ammoniac que celle que ces matiéres animales contiennent par elles-mêmes; car c’eft l'acide du Sel marin qui manque principalement aux matiéres animales fermentées, & qui empêche qu’on n’en retire une quantité confidérable de Sel ammoniac , puifqu'ayant mis en diftillation avec de lefprit de Sel de l'Urine que je confervois depuis trois ou quatre ans épaiflie en confiflance de firop, j'en ai retiré beaucoup de Sel ammoniac. I n’eft pas furprenant que ceux qui ont écrit dans le temps ‘qu'on ne connoifloit pas bien la compofition du Sel ammo- niac, ayent penfé que le Sel marin étoit effentiel pour fa compofition, puifqu'ils croyoient que le Sel marin étoit tout _ entier dans le Sel ammoniac, & que c'étoit ce Sel qu'on Pi 116 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE retiroit, quand on diftille le Sel ammoniac avec le Sel de Tartre. Mais il me paroïît furprenant que depuis qu'on connoît f parfaitement la nature de ce Sel, depuis qu'on fçait qu'il n'y a que l'acide du Sel marin qui entre dans la compofition du Sel ammoniac, & que le Sel qu'on retire après la diftillation du Sel ammoniac avec le Sel de Tartre n'eft pas un vrai Sel marin, mais le Sel digeftif de Silvius qui s’eft compolé pendant l'opération ; je fuis, dis-je, furpris que depuis qu'on connoïît toutes ces chofes, on veuille s’obftiner à faire entrer le Sel marin dans la compofition du Sel ammoniac, & que de célebres Auteurs aflürent encore qu'on en puille retirer de F'Urine & de la Suye de bois neuf, pourvû quon y joigne le Sel marin. Je fuis cependant per- fuadé qu'il n’en feroit pas de même fr, Éomme M. Geoffroy le confeille dans le Mémoire que j'ai déja cité, on joignoit le Bol ou la Terre graffe au Sel marin & aux matiéres ani- males, car alors l’intermede vitriolique dégageant Yacide du Sel marin de fa bafe, il le mettroit en état de fe joindre au volatil urineux que les matiéres animales contiennent, fux- tout quand elles ont été ferméntées. Maïs je ne l'ai pas effayé, & j'appréhenderois encore qu'il ne fe formât dans cette occafion beaucoup de Soufre volatil. J'execute encore quelques expériences qui regardent le même fujet ; & comme elles font d’une longue execution, je ne les rapporterai pas pour le préfent. Aïnf, en attendant que je puifle rendre compte de leur produit, qui me mettra peut-être en état de parler plus pofitivement fur plufieurs chofes qui appar- tiennent à la compofition du Sel ammoniac, je rapporterai inceflamment quelques expériences que j'ai faites fur la diftil- lation de ce Sel, ce qui fournira le fujet de la feconde Partie de ce Mémoire. So RS 4 DE Sr SCT LE. Nr Enfers 117 "+ SUR LA NOUVELLE METHODE DE M CAS UN Pour connoître la FIGURE DE LA TERRE. Par M. CLAIRAUT. - gr que je donne dans ce Mémoire eft une nouvelle maniére de calculer les avantages qu'on peut tirer de la Méthode que M. Caffini propofa derniérement pour connoître la figure de la Terre. L En fuppofant qu'on foit fous l'E quateur. Soient À le fommet | de quelque Montagne qui foit fur lEquateur MGE, MFP un Mé- ridien quelconque, & AF la tangente menée de À à ce Méridien qui donne le point 47 le plus éloigné fur hori- fon que l’on puifle ap- percevoir à l'E ou à | lOueft. Soit de même la tangente À G à V'Equateur qui donne le point G le plus éloigné fur l’horifon que l’on puifle appercevoir au Nord ou au Sud. La méthode de M. Caffini confifte à comparer les angles MAF, MAG. Pour trouver le rapport de ces angles, en connoiffant celui des axes, je tranfporte le cercle A/G en A1G' für le plan du Méridien, & je remarque que la tangente A7 & la tangente ÀG' doivent fe terminer dans la droite 1G'Æ de forte que Az étant la même pour les angles AAF, P üïÿ f 118 MeEMmotRESs DE L'AcAD»M1E RoyaLe M AG, cette droite pourra fervir de rayon, pendant que les droites uF, nG', ferviront de tangentes. Appellant donc 7 & # ces tangentes, l'axe CP, 1, & l'autre —, on made n F2 EC :: CP: CM::m:1,ce qui donne une façon bien fimple de trouver l'angle A/4G, lorfque fon a l'angle 41A F, fuppofant connu le rapport des axes, & tout aufi facilement de trouver ce rapport des axes, lorfque l’on aura celui des angles A/4F, MAG. Si, au lieu de fe fervir des tangentes 7° & # des angles MAF, MAG, on veut fe fervir des co-tangentes, c’eft-à-dire, des tangentes des angles HAF, À LE HAG, que j'appellerai # & Comme les co-tangentes font en raïfon renverfée des tangentes, on aura V’:u::m:1;&comme #2? les angles AG, HAF, font fort petits, on peut regarder les tangentes }7 & # comme pro- portionnelles à ces angles, de forte que l'on peut dire que Vangle HAG, HAF ::m:1; & fi lon veut comparer - Yangle AG à l'angle FAG, qui eft la différence que l'on doit trouver par obfervation, on a HAG : FAG :: m M1. Si lon fuppofe que la Montagne eft élevée d'environ Is00toifes, ce qui peut donner à peu-près un degré à l'angle HAG, Yangle FA G fera la partie © d'un degré ; fr 711 E G’ F CP eft à CM comme 94 à 93, ce qui eft à peu-près le rapport des axes dans le Sphéroïde de M. Caffini, on a M—1 pour =, 5 d'où l'angle FAG eft la 9 4° partie d'un * un plan perpendi- E LADYE sim Soc e Nic! ES 119 degré, ou de 3600 fec. qui donne plus de 38 fecondes. Si l'on fait = qui eft le rapport des axes dans le Sphéroïde de M. Newton, on a FE = mn qui donne pour l'angle FAG, qui eft alors en deffous de AZ la 229 partie de 3 600 fec. c'eft-à-dire, environ 1 6 fec. Si m— 224 » qui eff Je rapport de M. Huygens, FAG ef d'environ 6 fecondes. IL. Pour une Larirude quelconque. Soient BMFP un Méridien & A1 un point quelcon- que de ce Méridien dont la latitude eft donnée. Soit de plus MG une fec- tion de la Terre par B culaire au Méridien & en 1, e’eft-à-dire, | que MG {oit l'Ellipfe qui fert de premier vertical. Selon la méthode de M. Caffini , ïl faudra fe fervir de la différence des angles GAM, MAF. Pour trouver cette différence, je confidere l'Ellipfe AFP comme un cercle dont le rayon À eft celui de la développée de cette Ellipfe au point /4. Et l'Ellip{e g Â/G comme un autre cercle dont le rayon r eft celui de la développée de cette feconde Ellipfe pour le même point -1. Je dis enfuite que la tangente de l'angle AA F, que j'appelle T, eft à la tangente de d'angle MAG, que j'appelle :, comme yR : yr. MH eft ailé d’en voir la raïfon dans la Figure feconde, la petitefle de AM fait que les touchantes AF & AG peuvent être regardées comme terminées par la même droite 7G'F, d'où les tan- gentes des angles AAF, MAG", font comme # F, aG', +20 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mais 27°—=2R. Mn & nG—2r. Mn, donc 1F:nG ou T:t::VR:Vr. M ne refte plus qu'à trouver À &r. En nommant l'axe CP, r, l'autre = , le demi-parametre fera —— & ES ou m*. MQ fera le rayon R de la mm SAT m* développée de l'Ellipfe BMFp pour le point #1. A flégard du rayon de la déve- B loppée de l'Ellipfe & CM que l'on ima- a Æ ginera dans la Fi- gure troifréme éle- vée perpendiculai- rement au deflus de MQ. Pour le trou- ver, je mene #17 p infiniment près & © Q parallele à 4ZR. J'imagine enfuite une petite droite élevée fur », perpendiculairement au plan de la Figure, qui ren- contre l’Ellipfe ou premier vertical 41G. Et je dis que cette petite droite fervant en même temps d’ordonnée @ cette Eïlip{e & au cercle élevé fur mr, ou, ce qui revient au mème, au cercle dont le rayon eft r, & au cercle dont le rayon eft JR, ïl faut que le rayon r foit à A/R comme mn: Mn, de forte que 7 a pour valeur TT . RM ou e «RM=—= MQ, à caufe que mn: Mn:: MQ:MR ; & il eft à remarquer que cette valeur de r eft bonne pour toute forte de Sphéroïde elliptique ou non. On 2 donc préfentement R=m*. MQ &r=MQ, d'où Ton tire T':#:: VR:Vr:: mmMQ : 1.1] faut mettre préfentement pour 4/Q une valeur qui dépende de la latitude, c’efl-à-dire, du finus de l'angle AT n ou RMP, Pour cela foit S ce finus, AP—x, PM— } On aura pour équation de FEliple yy = ——(1—xx) qui donne mm D'ÉTSIISACÎTIEEN CE SM got QR—=— x. On aura a x: V(1—xx) Vif), l'ob-dontiem it; mp à par conféquent Vi+ (nm) ff | R=—= CRUE FREE) & M— — S c e mVi+(mm—i)ff e mVi+(mm 1) Îf Donc 7':#:: = rem VT TE mm—1) ff Vi+ (mm—)ff ( LT. . \ nt Lorfque " differe très-peu de r, 4 + (m—i)/ff pourra être pris pour 1 + "=! ff, & ainfi dans ce cas je L] LEE] . m— on aura T':1::m: ment Au lieu de la raifon de m. 1 + "=" ff, on peut mettre celle de m7. 1 (m1) ff, parce que lorfque # differe très-peu de 1. 2"— M —1. - .On a donc T':#::m: 1 (m1) ff. Si au lieu de fe fervir des tangentes 7, #, des angles MAF, MAG, on veut fe fervir des tangentes des angles de complément AAF, HAG, en appellant ces co-tangentes 4 & V, on aura, à caufe que les.co-tangentes font en raifon.inverfe des tan- gentes, Wiu::m:1# (m1) ff, où HAG : HAF mit (m—1) ff, à caufe de la petitefle des angles HAG, HAF. LE à. © | Si on veut comparer l'angle GA F avec l'angle HAG, onaHAG:GAF::": M—1— (mi) ff :: m : (m—1). (1—/[[) ; de forte que regardant l'angle AA ; différe infiniment moins de D comme conflant, l'angle GAF fera comme (=). (1—ff) ou comme 1 — ff, c'eft-à-dire, que cet angle diminuera toûjours depuis Équateur, & fera en raifon du quarré du co-finus de la latitude. Si l'on prendune latitude de 4 5 degrés, 1 — -[f eff alorsT, de forte que l'angle F AG eft la moitié de ce qu'il feroit Mem, 1735. Q 122 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à l'Equateur; ainfi dans l'hypothefe de M. Caflini cet angle feroit de 19 fecondes environ ; dans celle de M. Newton 8 fecondes, & dans celle de M. Huygens 3 fecondes. : Pour une latitude quelconque, il faut donc faire cette analogie, le quarré du finus total eft au quarré du co-finus de la latitude comme la différence des angles 4A4G, HAF, ou l'angle F AG à l'Equateur / Fig. 1.) eft à l'angle FAG' (Big. 3.) que l'on doit trouver à la latitude donnée. Si l'on veut s'épargner la peine de quarrer les finus, on peut mettre à {a place des deux premiers termes le diametre & le finus verfe du double du complément de la latitude donnée. Par exemple, pour une latitude de 43 degrés dans le Sphéroïde de M. Caffini, il faudra dire, comme le diametre 200000 eft à 106975 finus verfe de 94, double du complément 47 de la latitude, ainfi 3 8 fecondes eft à #72 fecondes, qui fait environ 21. Pour une latitude de 36 degrés dans le même Sphéroïde, on a environ 26 fecondes, pour celle de 28 degrés, on a 3 1 fecondes. DES SCIENCES. 123 DESCRIPTION ANATOMIQUE DE L'ŒIL DU COQ-D'INDE. Par M. PETIT le Médecin. L y a quelques années que j'ai travaillé fur les Yeux du 7 Septemtre Coq-d'Inde & d'autres Oïleaux, pour en déterminer la 1735- différence. Je me fuis attaché à bien examiner la figure & la fituation de la Membrane noire qui eft au fond de lŒï, & que l'on appelle vulgairement Bourle des Oifeaux, j'en donnerai une delcription exacte. De tous les Oifeaux que j'ai diffequés, je n’en ai point trouvé qui ayent cette membrane d'une conformation pareille à celle qui eft décrite & repréfentée dans les Mémoires de H4°p.347) Phyfique de M. Perrault, & dans les anciens Mémoires de 7##° Fa J' Académie: l'on y affüre néantmoins qu’elle eft toute fem- 7er parr.y. blable à celle des Oifeaux, mais on ne dit point de quels page 9. Oifeaux. M. de la Hire, dans la feconde édition de l’hiftoire de l'Académie, donne les mêmes afiürances, quoique la pe 0: conformation de fa membrane foit tout-à-fait différente de celle de M. Perrault. Ils ont encore dit que Ia paupiére fupérieure des Yeux des Oifeaux n’a point de mouvement, parce qu’ils l'ont remarqué dans quelques-uns; on verra dans ce Mémoire & dans celui du Chat-huant, appellé Uula, qu'il y en a beaucoup dont la paupiére fupérieure fe baïfle &c fe releve. Je me fuis propolé de citer tous fes Auteurs qui ont donné quelque chofe de particulier fur les parties des Yeux que je décrirai. Je remarquerai les différences les plus con- fidérables que j'ai trouvées entre les Yeux du Coq-d'Inde, & ceux de fOye, du Canard, de la Poule, du Pigeon, & d'autres; & je nommerai les Oifeaux dans lefquels j'aurai trouvé ces particularités. Qi 1J Fig. 1. 124 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE Je les mettrai par renvois au bas des pages, pour ne point interrompre Îa fuite de la defcription de l'Œil du Cogq-d'Inde, & pour éviter les répétitions. J'y joindrai, felon ma coûtume, le poids & les dimenfions de chaque partie que j'aurai trouvée fur les Oifeaux les pius vieux de ceux que j'ai diflequés. La tête du Coq-d’Inde À, B, avec [a peau & les plumes, feparée du col entre le crâne & la premiére vertebre, pefoit s onces, elle avoit 4 pouces depuis l'extrémité antérieure du bec À jufqu'à la partie poftérieure de la tête B, 2 1 lignes d’épaiffeur mefurée à la partie poftérieure des deux orbites C, 2 3 lignes depuis le finciput D jufqu’au deflous de la gorge £, la mâchoire fupérieure À L longue de 17 lignes depuis fon extrémité antérieure À jufqu'au deflus des narines L, & 22 lignes de longueur jufqu'aux angles N que forme union de fa peau des deux mächoires *. Cette tête débarraffée de toutes les parties molles, peloit avec la mâchoire inférieure 4 gros (c'eft un dixiéme de ce * La tête d'Ove / Fig. >.) coupée comme celle du Coq-d’Inde, entre le crâne & la premiére vertebre, peloit avec les plumes 3 onces 7 gros ; elle avoit 4 pouces 7 lignes de longueur depuis l'extrémité antérieure du bec À jufqu'a la partie poltérieure de la tête B, 2 pouces 4 lignes depuis le finci- put D jufqu'au deffous de la gorge £, 21 lignes d’une oreille à l’autre C ; les mâchoires font jaunes , parce qu'elles font revêtuës d'une peau de cette cou- Jeur. La fupérieure AL avoit 28 lien. de longueur depuis le bout du bec À ju la partie fupérieure du nés L au défaut des plumes, & autant de- puis À jufqu'à l'angle que forme de chaque côté la rencontre des deux mâchoires V. Cette mächoire étoit large de 1 $ lignes près les plumes Z, & haute de 18 lignes, en y compre- pant la mâchoire inférieure ZW, La artié antérieure mefurée en À, à 6 ignes de l'extrémité du bec, ef large de 10 lignes ; elle eft arrondie à l’ex- trémité du bec À, & elle eft fillonnée en forme de lime à la partie interne des deux côtés. La mâchoire inférieure l'eft de même des deux côtés, maïs à fa partie externe elle ett emboîtée dans Ja mâchoire fupérieure: ces fillons fer- vent à broyer les aliments. Si l'on fait bouillir cette tête dans l’eau, lon en- leve facilement la peau jaune qui re- couvre les mâchoires, & il ne reite que l'os fort blanc, auquel on ne trouve plus de fillons, ils ne font que dans la peau. La tête { Fig. 4.) débarraflée de toutes les parties molles par l’ébulli- tion, pefoit avec la mâchoire infé- rieure, étant bien féche, 4 gros 37 grains ; elle étoit pour lors longue de 4 pouces 4 lignes depuis la partie an= térieure du bec À jufqu’à l’occiput 2, 23 lign. depuis le finciput 2 juiqu’au deffous de la mâchoire inférieure Æ, 20ligo, de l'extrémité d'uneapophyfe 0 ? DES S:c t'E N'C'E:S& 125$° qu'elle pefoit avec les parties molles) elle avoit 3 pouces 8 lignes de longueur depuis la partie antérieure du bec À jufqu'à J'occiput B, 1 9 dignes d’une apophyfe poftérieure F! de l'orbite de l'œil jufqu'à la même apophyfe poftérieure de: l'autre orbite; 1 8 lign. depuis le finciput D jufqu'au deffous de l'os de la mâchoire inférieure £ ; le bec 4 du Cog- d'Inde eft crochu & noir, & finit en pointe. L'œil eft logé dans une cavité offeufe que les Anatomiftes ont nommée orbite de l'œil, elle eft différente dans les diffé-: rents Animaux. Dans l'Hommé & quelques Animaux à poftérieure de l'orbite F à l’apophyfe, poftérieure de l’autre orbite; la mâ- choire fupérieure longue de 3 1 lign. depuis À jufqu’en L, large de 8 à 9 pas à fa partie fupérieure poité- rieure Z , de 8 lignes à fa partie anté+ rieure À, & de 13 lignes à fa partie poitérieure inférieure V. La tête du Canard avec fa peau & - fes plumes coupée entre le crâne & la premiére vertebre, pefoit 1 9 dragmes $ o grains; elle étoit longue de 4 pouc. 3 lign. depuis Ja partie antérieure du bec. jufqu'à Foceiput , elle avoit 21 lignes Z depuis le finciput jufqu’au defflous de la gorge, 16 lignes d'ime oréille à l'aurre. Dans un Canard fauvage, dont la tête étoit longue de 4 pouces 4 lignes, j'ai trouvé le bec long de 25 lignes depuis fon extrémité jufqu'à la pointe, de 1 8 jufqu’aux angles rentrants, & de 30 jufqu’à l’union des deux mâ- choïres, il avoit toute la partie fupé- rieure de la mâchoire fupérieure noire & les côtés de l’inférieure. Au refle elle étoit femblable au précédent. - La mâchoire fupérieure avoit 27 lignes de longueur depuis fon extré- mnité antérieure jufqu’a la partie fu- périeure du nés àla pointe de l’angle: faillant que forment les plumes au- deffus du nés, & 28 lign. jufqu’aux angles rentrants; elle avoit 27 lignes jufqu’à l’angle que forme de chaque côté la rencontre des deux mâchoires, 1 1 lignes + de largeur, autant de hau- teur depuis la partie fupérieure du nés jufqu’au deffous de la mâchoire infé- rieure. Cetemâchoire inférieure étoit emboîtée däns Ja fupérieure comme dans un étui. Elles étoient toutes deux fillonnéescomme dansl'Oye; ces fil- Jons leur fervent à broyer les aliments. Ce bec eft jaune comme celui de POye, mais noir à l’extrémité du bec” dela longueur deslign: &delalargeur de’4 ligns il! forme un triangle curvi- ligne. Lfeftencorenoiraux deux angles formés par la rencontre des deux mà-- choïres, maisce noir eft fur l’os même, il n’y. a point de peau en cet endroit. Cette tête { Fig. 5.) débarraffée de toutes les parties molles , bien fé- che, pefoit avec la mâchoire inférieure: 2 gros 32 grains; elle avoit 4 pouces de longueur depuis la partie antérieure du bec À jufqu'’au trou de l'os occi-: pital 2, 17 lien. depuis le finciput D *jufqu'à la partie inférieure poftéricure -de la mâchoire inférieure Æ, 12 lign. d’une oreille à l’autre P. La mâchoire. - fupérieure avoic2 $ lign, depuis fa par- tie antérièure À jufqu'a la partie potté- rieure L, &!22 lign: jufqu’a l'angle: queffait l'os du'nés L, cet angle n'eft pas bien repréfenté. L’os de la mà* * choiïre inférieure étoit long de 3 pouce! depuis la partie ‘antérieure du bec 1 olign. Toutle bec étoit fans filon. + Q i le Fig. 2, Fig. 2. 126 MEMOIRES DE L’ACADEMIE RoYyALE quatre pieds, elle eft formée par l'affemblage de plufieurs os du crâne, elle reflemble à peu-près à un cône dans l'Homme & dans le Singe, la bafe qui fait la partie anté- rieure de ce cône eft un cercle fort inégal; cette bafe eft à peu-près circulaire dans Ie Mouton, dans le Cheval, & d'autres, mais il n'y a point d'os à la partie inférieure &c oftérieure de Îeur orbite. | Dans le Chien-dogue, cette orbite eft plus irréguliére, la partie antérieure ne forme point de cercle, il n'y a point d'os à la partie latérale poftérieure, ni à la partie inférieure du fond de l'orbite. É Cette orbite eft encore plus différente dans le Coq-d’Inde & d'autres Oifeaux, c’eft une fofle inégale 1 qui a en- viron 1 6 lignes de diametre de devant en derriére depuis G jufqu'en €, elle ne fe termine pas en cône, le fond Æ 4 eft une cloifon offeufe, mince, à peu-près ovale, elle a 9 lignes + de grand diametre, 7 lignes de petit diametre, épaifle d’un quart de ligne; elle eft quelquefois en partie offeufe, & en partie cartilagineufe, un peu tranfparente lorf qu'elle eft féche; elle paroit continué avec l'os qui fait {a partie fupérieure & les parties latérales de l'orbite, elle fépare les deux orbites; il y a une échancrure Æ à fa partie pofté- rieure qui donne pañlage aux nerfs optiques, & au deflous un trou qui donne paflage au nerf de la cinquiéme paire qui fe divile en plufieurs branches dont les rameaux fe diftri- buent à l'œil, au nés, & aux deux mâchoires. On remarque à la partie fupérieure de l'orbite, une gou- tiére dans laquelle le nerf olfactif eft logé, ce nerf perce la partie poftérieure de l'orbite, pafle dans cette goutiére jufqu’à la partie antérieure où il perce l'orbite pour fe rendre dans le nés. On voit fur le bord antérieur & fupérieur de l'orbite, une épiphyfe G platte triangulaire attachée à l'orbite & à l'os du nés par fymphyfe; elle a $ lignes de longueur, dont la pointe ou l'angle inférieur s'avance obliquement de la partie antérieure à la partie poftérieure un peu inférieure, em DES SCtENCcESs 127 ‘s'éloignant de 2 lignes feulement de l'os coronal, On voit encore fur le bord extérieur & poftérieur, une apophyfe triangulaire FO, longue de 3 lign. À qui defcend obliquement de derriére en devant, les extrémités de ces deux productions font éloignées l'une de fautre de 1 2 lignes, & c'eft à ces extrémités que s'attache une membrane tendineufe qui fait le complément de l'orbite à cet endroit où l'os manque. On remarque à la partie poftérieure inférieure & interne de lorbite, une apophyfe /, longue de $ lignes, large de 4 lignes à fa bafe, elle fe termine en pointe émouflée qui n'eft qu'à 2 lignes de la cloifon qui fépare les deux orbites; elle eft plus faillante dans lOye & le Canard que dans le Coq-d'Inde. I n’y a point de partie offeufe à la partie inférieure de l'orbite, on voit feulement un filet d'os VN£ qui eft une continuité de la mâchoire fupérieure, & qui s'étend jufqu'à Vos de l'oreille, tout près de la cavité où s'articule la mâchoire inférieure, ce qui lui donne 20 lign. de longueur dans les gros Cogqs-d'Inde; cet os a trois quarts de ligne d’épaifieur, une Jigne de largeur, je l'ai quelquefois trouvé plus large d'un côté que de l'autre. j Ï y a au-deflus de cet os plufieurs mufcles qui fervent . aux mouvements de la mâchoire inférieure, ces mufcles ne rempliflent pas entiérement tout l'efpace que le globe de l'œil ‘y life, c'eft pourquoi l’on y trouve une vacuité dont nous (: -parlerons plus bas?; on trouve à la partie antérieure A/ du « Page 133. __ grand coin de l'orbite, des cartilages à reffort pofés fi obli- 4 quement qu'ils ne donnent point de parois au coin de cette …_ orbite*; il ya un de ces cartilages qui forme une foffe qui loge une partie de la groffe glande qui fe trouve au grand * L'orbite de l'Oye FG/Fig.4.) jufqu'à l'aponevrofe inférieure , qui elt de figure :voïde, le côté le plus tient lieu de partie inférieure de l’or- Jarge eit à fa partie poltérieure Æ bite, elle a 6 lignes de profondeur de- Cette orbite a à 2 lignes degrand dia- puis fon rebord fupérieur & poftérieur metre, o.depuis le grand coin G juf- jufqu’à Ia cloifon qui fépare les deux au petit coin F, 9 lignes de petit orbites. danvue depuis. fa partie fupérieure Il y a deux éminences ou proceflus eee cr a ARE né ne ET 128 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE coin, d'autres font relevés en bofle, & ont des cavités qui communiquent avec celle du nés. fur le bord extérieur de cette orbite, June au grand coin G, & l'autre au deflous du petit coin F. Celle du grand coin eft une épiphyfe attachée par {ymphyfe fur le rebord antérieur de lorbite ; c’eft une piéce d'os très- irréguliére qui a quatre côtés. Le côté fupérieur eit un peu convexe, il eft Jong de 8 lignes. Le côté antérieur eft droit, mais très-inéeal, long de 7 lign. Le côté poftérieur eft circulaire-con- cave, long de 7 lignes; il a une apo- phyfe très-petite à fa partie fupé- rieure. Le côté inférieur forme une ligne droite un peu inégale, longue de 3 lign. L’allongement des extrémités inférieures forme deux petites apo- phyfes, l’une antérieure, l’autre pofté- rieure. Il y a fous cette épiphyfe plu- fieurs cartilages à-reffort {emblables à ceux du Coq-d’Inde. L'autre éminence FO eft une apo- phyf qui eft une continuité de Ja partie poftérieure du crâne; fa direc- tion eft de haut en bas, &obliquement de la partie poftérieure à la partie an- térieure ; elle eft à peu-près triangu- laïre , & fe termine en pointe, elle eft Jongue de 6 lignes & large de cinq. Ii ya 8 lignes + de l'extrémité infe- rieure de cette apophyfe à l'extrémité inférieure de l’épiphyfe G dont nous venons de parler. Cet endroit et rempli par une aponevrofe qui va de l'extrémité de l'apophyfe à l'extré- mité de l’épiphyfe. Il y a encore une apophyfe Z à Ja partie poltérieure inférieure & in- terne de l'orbite ; c’eft une continuité d'un os fitué à la partie antérieure du trou de l'oreille. Cette apophyfe s’é- Îeve de la partie latérale antérieure de cet os. Sa direction eft oblique de bas en haut & vers le fond de l’orbite ; elle eft longue de 4 lien. +, largede4 lign. à {a bafe, épaiffe de deuxtiersde ligne; elle forme un triangle, & fe termine en pointe à fa partie fupérieure, a cloifon qui fépare les deux or- bites eft une lame entiérementoffeufe, un peu tranfparente , à caufe de fon peu d’épaiffeur, qu n’eft pas d’un quart de ligne. Elle eft à peu-près ronde, un peu inégale; elle paroît continuë avec l'os qui forme l'orbite ; elle a 7 lignes + de diametre. Elle a deux trous prefque ronds, un peu ovales à fa partie poftérieure ; le fu- périeur a une ligne + de diametre, il donne paflage au nerf optique. Le fecond trou donne paflage à la 3m° & 4m paire de nerfs, il a une.ligne de diametre, il eft au deffous du pre- mier trou. On voit à la partie fupérieure pof- térieure un trou à peu-près ovale, il a 3 lign. + de grand diametre, 2 lign.£ de petit diametre, il eft bouché d’une membrane, quelquefois d’un cartilage très-mince. Î y à un autre trou irré- gulier à la partie antérieure de celui que je viens de décrire, qui donne paflage au nerf olfactif, qui n’eft qu'une partie grife du cerveau, que Jon peut appeller proceffus mamil- laire, & qui continué fon chemin dans une rigole ou rainure creufée dans l’épaifleur de la partie fupérieure interne de l'orbite jufqu’à l’organe de lodorat, le proceflus mamillaire y eft enfermé au moyen d’une membrane qui couvre cette rigole. L'orbite du Canard { Fig. s.) eft femblable à celle de l'Oye. Toutes les parties qu’on y remarque font les mêmes & dans la même fituation ; elles font plus petites à proportion de leur grandeur. Je vais feulement mar- uer les différences qui s’y trouvent. L’épiphyfe (Fig. 5.) qui eft au grand coin de l'orbite G eft plus grande que celle de l'Oye. Lercôté La DE à LT MR du BE Soi NC 5 /8ù 129 1e La peau des paupiéres eft parfemée de petits paquets de poils qui refiemblent à de très-petites plumes, ce font des filets furmontés d'une aigrette formée par des poils, ils font: quelquefois en très-petite quantité, il y en a fur le rebord des paupiéres à Ja place des cils, Fextrémité de chacun de ces paquets fe termine en pointe, ils font en plus grande quantité, plus gros & plus longs à la paupiére fupérieure qu'à la paupiére inférieure; ils font longs à {a fupérieure de 2, 3 à 4 lignes, mais à la paupiére inférieure, ils n'ont qu'une ligne jufqu'à trois de longueur où ils font clair-femés, ils incommoderoient trop la paupiére, lorfqu’elle fe plifle pour s’abbaifler. He Le rebord des paupiére Ma paru godronné dans quel- ques jeunes Coqs-d’Inde, le fond de chaque godron étoit blanc & formoit une ligne blanche, la partie fupérieure du godron étoit noire & formoit une ligne noire*, J'ai mis tremper une de ces paupiéres dans l’eau commune pendant quelques jours, ce qui étoit noir eft devenu d'un rouge-cramoifi. Dans d’autres Coqs-d’Inde jeunes & vieux, ce godron étoit différent, il étoit plus fuperficiel, la ligne fupérieure étoit rougeâtre; je ne trouvois quelquefois point Supérieur eft long de 10 lignes à de demi-ligne. Il n’y avoit point de l'endroit où elle eft attachée. Le côté * antérieur eft long de 8 lignes, & eft circulaire -concave. Le côté pofté- rieur eft auffi circulaire-concave ; il eft long d’un angle à l’autre de 6 lign. La petite apophyfe qui elt à fa partie fupérieuxe, n’eft prefque pas appa- rente ; la partie inférieure eft large de 3 lignes. i L’apophyfe FO qui eft à Ia partie » inférieure du petit coin de l'orbite eft femblable à celle de l'Oye ; elle eft feulement longue de 4 fignes 2, & . n’eft éloignée de l'extrémité de l'épi- _ phyf que de 2 lignes +. * Dans lOye les deux paupiéres £toient bordées de jaune de la largeur Mem, 1735: cils, on ne voyoit que des plumes très-courtes qui garniflent les deux paupiéres. Î C’eft la même chofe dans le Ca- nard, il n’y a point de godron, non lus que dans ja Chapon & la Poule ; e grand angle eft éloigné de 5 lignes du petit angle. a Poule & Je Chapon n’ont que très-peu de une fur Je bord de la Fans inférieure, &un peu plus fur a paupiére fupérieure. Dans le Pigeon il n’y a point de poils ni de plumes, de Îa largeur de 2 lignes fur le bord de la paupiére fu- péeue & il n’y en avoir point de a largeur de 3 lignes fur le bord de la paupiére inférieure, Fig. 1, € Page 132 130 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de godron, outre cela il y avoit une ligne noire qui s’éten- doit d’un angle à l'autre fur la furface par laquelle les pau- piéres fe touchent. sé Le Coq-d’Inde wa point de cartilages * au rebord des paupiéres, comme il y en a à l'Homme & aux Animaux à quatre pieds. J'ai vü un cartilage très-mince © (ü reffemble à une membrane cartilagineufe très-flexible) ce cartilage eft enfermé entre la peau de la paupiére inférieure, & la conjonétive qui couvre cette peau, il eft rond, lifle, & un peu tranfparent, il a 4 lignes de diametre; on voit à fa partie inférieure des fibres mufculeufes /G qui fontsattachées d’un côté au grand coin de l'orbite tout près le point lacrymal inférieur, & de l'autre à l'extrémité de l'apophyfe FO qui eft au petit coim de l'orbiteb. : J'ai mis tremper ce cartilage pendant deux jours dans l'eau, après quoi j'ai obfervé qu'il eft compofé de fibres dures, rangées parallelement les unes à l'égard des autres; ce cartilage fert à rendre le rebord de 1a paupiére inférieure convexe lorfqu’il eft relevé par les fibres charnuës /G qui paffent par- deffous, comme on F'expliquera dans la fuite de ce Mémoire*. On voit avec la loupe les glandes fébacées de Meibomius dans le Dindon & l'Oye, elles ne font pas fi apparentes dans la Poule, le Chapon & le Canard, elles le font quelquefois plus à la paupiére fupérieure qu’à la paupiére inférieure. Je n'ai point vü de caroncule dans aucun de ces Oifeaux, ils n'en ont pas befoin. Les angles des paupiéres font éloignés de 7 lignes l'un de l’autre, ils font tous deux femblables, & l'on n’y remarque aucune des différences que l'on voit dans l'Homme & les animaux à quatre pieds, où le grand coin eft plus large que le petit coin, & fendu d’une maniére différente. Dans le 2 Je n’en ai point remarqué dans b J'ai vû ces fibres mufculeufes FQye, le Canard, le Chapon, la très-rouges dans le Chapon, & dans Poule & le Pigeon. Il eft peut-être une Oye que j’avois étranglée, elles fi mou dans ces Oifeaux, qu'il eft reflembloient à du fang caillé. imperçeptible, DES LS CITE NGC SOUL 7x vivant, ces paupiéres font écartées l'une de l'autre de 4 lign. #, & quelquefois moins, & pour lors Hi paupiére fupérieure n'a que peu de courbüre, & fait prefque une ligne droite, la paupiére inférieure fait une portion de cercle concave: il n'en eft pas de même lorfque le Coq-d’Inde eft mort, on trouve toüjours fes paupiéres fermées, bien jointes & unies enfemble?, cette union fe fait très-rarement en ligne droite, mais Je plus fouvent en ligne courbe, én forté que le rebord de la paupiére inférieure eft concavé, & celui de la paupiére fupérieure eft convexe, tel qu'il eft repréfenté . au côté gauche de fa r.r< Figure, À eft la paupiére fupérieure, B ef la paupiére inférieure, CD les angles des deux paupiéres, ces portions de cercles n’ont pas toûjours la même courbüre, il y en a dont le rayon eft de 8 lignes jufqu'à 12. Lorfque les deux paupiéres fe ferment, la paupiére infé- rieure s’éleve pour fe joindre à la paupiére fupérieure, fans que celle-ci faffe aucun mouvement. Ces deux paupiéres s’unifient par deux plans inclinés, larges de demi-ligne, celui de la paupiére fupérieure eft en dehors, celui de la paupiére inférieure eft en dedans, c'éft tout le contraire dans l'Homme. I! eft d'abord difficile de comprendre comment la paupiére inférieure s'éleve jufqu'à la paupiére fupérieure, car la paupiére fupérieure ne f baifle point du tout. Pour lever cétte difh- culté, j'ai d'abord fait les obfervations fuivantes. J'ai examiné les Yeux d'un Coq-d'Inde vivant, je n'ai vû aucun mouvement ni dans la paupiére fupérieure ni dans l'inférieure, il n’y a que la paupiére interne qui, par fes cille- ments, couvre l'œil de moment en moment. J'ai touché l'œil avéc un flilet, {a paupiére fupérieuré * Dans lOye les paupiéres font écartées dans le vivant, de 3 lign. £. Dans le Canard , de 3 lignes. Dans la Tourterelle, le Pigeon, le Serain, fe Chapon & la Poule, les paupiéres font fort arrondies dans lé vivant, & forment prefque un cercle. Les coins font très-peu faillants pert dant leur vie, mais forfqu'ils font morts ; Îes paupiéres font férmées comme dans le Coq-d’Inde. b Dans l'Oye, les furfaces par leF qe les deux paupiéres fe rouchént, ontjaunes, & n'ont pas Un quart de ligne de largeur. Ri Fig. 6. 132 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE n'a fait qu'un mouvement très-leger, & fi petit qu'elle n'a baiffé d'un demi-quart de ligne, & la paupiére inférieure s'eft élevée tout au plus d’une ligne, & quelque chofe que jaye fait, je n’ai pü obliger de s'élever plus haut, ce que j'ai pourtant fait, en la pouflant avec le doigt, la paupiére interne a fait ces cillements plus fréquents *. | * Après cela, j'ai étranglé un gros Coq-d'Inde, Ia paupiére inférieure s'eft élevée tranquillement peu à peu, & s'eft jointe à la fupérieure, à laquelle je n'ai remarqué aucun mouvement. Je nai trouvé d'autre mufcle dans les paupiéres que celui dont j'ai parlé ci-deflus,. qui pañie fous le cartilage rond O, ce mufcle /G, par @ contraétion, releve le cartilage, & oblige la paupiére inférieure de s'élever jufqu'à la fupérieure.. Il y a dans le Coq-d’Inde deux points lacrymaux 4Z/7, dont les ouvertures paroifient diftantes l'une de l'autre de demi-ligne, le premier & le plus grand M eft à la paupiére fupérieure FÆ, au grand angle que forme le concours des deux paupiéres, ce point lacrymal eft ouvert en fente longue de deux tiers de ligne, c’eft l'embouchure d’un canal long de 2 lignes +; le fecond point lacrymal Z, & le plus petit, eft à la paupiére inférieure G au-deffous du premier, il eft à deux tiers de ligne de l'angle, fa figure eft à peu-près ovale, c'eft l'embouchure d'un canal large d’une ligne +, & long comme le précédent ; ces deux canaux ne font féparés fun de l'autre que par une membrane très-fine, de Ia longueur & de la largeur des canaux, ils fe réunifient tous deux, & produifent un conduit G qui n’a d'abord que 2 lignes + de largeur, mais ik s'élargit peu à peu, c’eft le canal lacrymal, fait un contour qui forme une arcade dans la vacuité qui eft à la partie antérieure de l'œil vers le grand coin où ib * Tout ce que je viens de dire du mais dans le Pigeon, la Tourterelle, Mouvement des paupiéres & desmuf- le Serain, la paupiére füpérieure f& cles du Coq-d’Inde, je l’ai trouvé baïfle. Nous en parlerons dans le Mé- de même dans l'Oye, le Canard, le moïre de l'Œil du Chat-huant, dont: Coq; la Poule, le Merle & le Pinçon: la paupiére fupérieüre fe baïfle.. DE S SCIE N CES 134, forme une efpece de cul-de-fac A, & va finir dans le Jaeunar ar une embouchure de 4 ou 5 lignes du côté de la gorge; A largeur de ce conduit eft caufe que le Sang y pafle lorf- u’on égorge le Coq-d'Inde, & remonte jufques fur le globe de Fœil par les poînts lacrymaux, comme je l'ai vû plufieurs fois *. Pour bien voir ce canal, ül faut faire une ouverture au- deffous de la paupiére inférieure, on découvre auffi-tôt une vacuité, à la partie antérieure de laquelle on apperçoit le conduit lacrymal; cette vacuité eft très-irréguliére, elle à la figure d’un triangle dont la bafe à 20 lign. de longueur depuis la partie poftérieure du nés jufqu'à fa partie poftérieure inférieure de l'œil, le côté antérieur mefuré depuis l'angle antérieur jufqu'au deflus de l'arcade du conduit facryntal avoit 10 lignes +, le côté poflérieur mefuré dépuis l'angle: poftérieur jufqu'au deflus du trou de Farcade avoit 1 3 lign. la digne tirée depuis l'angle fupérieur jufqu'à la bafe du triangle étoit longue de 6 lignes, elle étoit profonde de 4 lignes +; cette vacuité eft caufée par la rondeur de l'œil, & par des mufcles de la mâchoire inférieure qui forment un plan à fa partie inférieure de la vacuité : ce qu'il y a de particulier à cette vacuité, c'eft que l'air extérieur n'y peut * LeCoq, la Poule & le Pigeon ent.ces points lacrymaux à peu-près- de la même forme que ceux du Cogq- d'Inde, mais. plus petits. Le canal Facrymal F2 fair. que très-peu de dé- tour pour fe terminer dans le lacunar. Dans le Pigeon le conduit lacry- mal pafie par deffus le coin de lor- Bite’; il fe continué directement vers Ja partie antérieure du nés, où il fe décharge. » Je n'ai trouvé dans l'Oye qu’un pointlacrymal au grand coin de l’œil,. tout pres de l'angle des paupiéres, Je mai pû y introduire qu’une fonde d’un quart de ligne de diametre , mais … il s’élargit peu-à-peu, & produit un . canal d’une ligne Æ de largeur ; il eft Tong de 8 lignes +, & va dans le nés ar un interitice de l'os du nés qui efb à 2 lignes ou environ de l'ouverture extérieure, . J'ai trouvé deux points lacrymaux. dans une Oye qui avoient chacun. leur conduit de 1 ligne Z de longueur, & formoient le canal Jacrymal. Le point lacrymal dans Je Canard eft fi petit, qu'il ne peut y entrer dus fonde d’un huitiéme de ligne e diametre, ' Le canal lacrymal eft large d’une. ligne & long de 9 ; il pafle par-deffus le grand coin de l'orbite comme celui. del’Oye, & va de même fe décharger- dans le nés, R ii 134 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE entrer par aucun endroit, elle ne communique point avec le nés, & ne contient aucune liqueur. Après avoir emporté la peau des paupiéres, on trouve une membrane blancheître, dure & épaifle, attachée tout le long de la partie fupérieure de Borbite depuis l'épiphyfeG qui eft à la partie antérieure jufqu'à l'apophyle FO qui eft à la partie poftérieure de l'orbite; cette aponevrofe eft moins blanche & moins cpaifle à fa partie fupérieure qu’à fa partie inférieure, en forte que l’on peut diftinguer deux fortes de membranes, & même lon voit que Îa partie inférieure fe continuë par deffous la partie fupérieure jufqu'à la partie interne de l'orbite, le tout large de 2 lignes & demie, elle eft attachée à a peau jufques fur le rebord dés paupiéres. M. du Vernet, ci-devant Profefeur au Jardin du Roy, fait mention dans un manufcrit que j'ai vû, d'une membrane épaiffe & blancheître qui ne paroît garnie d'aucune fibre charnuë: elle tient, dit-il, à toute la circonférence de l'orbite, & c'eft fans doute la même dont je viens de parler, mais il ne détermine point l’efpece d'Oifeau où il l'a trouvée, ce qui étoit néceffaire, parce que l'aponevrofe dont je parle ne fe trouve fous la paupiére fupérieure que dans le Coq- d'Inde; fa chofe eft bien différente dans l'Oye & dans Îe Canard, comme on le va voirh. IL y a une aponévrofe qui enveloppe la partie inférieure de l'œil, elle eft attachée tout du long de la partie inférieure * Dans l'Oye cette vacuité eft Tongue de 18 lignes, profonde de 4 lignes + , haute de 6 lignes; & fi l'on. y comprend la communication qu’elle a. par des détours avec la partie fupé- rieure antérieure de l'œil, elle a 10 lignes £ de hauteur, le-canal lacrymal n’y pale point : il y a des branches de nerf de la $° paire qui pañlent dans cette vacuité. Cette vacuité dans le Canard eft longue de 1 6 lignes, haute de quatre à fa partie moyenne qui eft au devant de l'œil, & plus étroite à fes extré- mités. La 3 me branche de Ja $.mée paire de nerf y pañle, & y fair une arcade, mais le canal laçrymal n’y pale point. Cette vacuité eff très- petite dans Te Chapon & dans le Pigeon. B I] y a dans la Poule & le Cha- pre une aponevrofe femblable & dans Ja même fituation que celle du Coq- d'Inde , large de 2 lignes ; elle elt très-fine dans le Pigeon. On trouve dans l’Oye une partie charnuë attachée tout du long de la . conique dont la pointe PAK 1 DAESS SctEeNérSs. F 7 35 de Ia paupiére inférieure depuis les cartilages à réflort du grand coin de l'œil jufqu'au mufele indignateur auquel ele eft adhérente jufqu'au nerf optique & à là partie ofléufe qui en eft proche; on voit près de cet endroit une partie char: nuë où il ne paroît aucune fibre, elle appartient À cette aponévrofe à faquellé elle eft adhérente, elle eft à peu-près quatrée, elle a 2 lign. de largeur, & demi-li gne d'épaifieur. On trouve dans les Oifeaux une membrane pliffée dans le grand coin de l'œil, & en cet état, elle a la figure d’un croifiant. ou froifiéme paupiere ; Mémoire. On voit Oilfeaux un Quelques Auteurs l'ont appelée paupiére interne, je décrirai cette paupiére dans un autre à fa partie interne de la Paupiére interne des mammelon, c’eft l’orifice d’un canal qui vient d'une glande conglomerée placée au cette glande tient par une aponévrofe grand coin de l'œil, à la Paupiére interne, elle s'étend entre le mufcle abbaiffeur de l'œil, & le mufcle pyriforme ; elle eft d’un blanc-rougeître, & jaune dans quel- ques Cogs-d’Inde, longue de 4 lignes, large de 3 lignes, & épaifle d'une ligne. J'ai trouvé cette glande différente dans préfque toutes les têtes que j'ai diflequées ; quelquefois partagée en deux lobes, l’une attachée à 11 face interne de Torbite, brune & très-irréguliére, l'autre attachée au côté fupérieur du mufcle oblique inférieur, elle étoit d’une figuré fe trouve à l'infértion de ce mufcle, & la bafe près le nerf optique, Je Fai vü Jaune dans les jeunes partie fupérieure externe de l’orbité en forme de croiffant, du grand coin au petit coin, & de l'extrémité de Tépiphyfe à l'extrémité de Papophyfe de l'orbite, dela longueur de 1 1 F elle eft large de 2 lignes? dans fon milieu, mais il ne paroît aucuné fibre : Li 19:29 dans cette partie charnuë ; il yaoutré . cela une aponevrofe qui fait une continuité avec la partie inférieure externe de cetre partie charnuë, & qui … mpiffe fa partie interne jufqu’à Forbite A: 3 ce, EX | F4 Fa Ôù elle fe continuë avec 14 membrane qui tapifle la fürfacé interne de Por: bite. Îl y a aufli une aponevrofe qui énvéloppe & foûtient la pattié infé- rieure de l'œil qu’elle tapifle jufqu’au nerf optique; elle eft attachée à ’épis phyfe & à l'apophyfe de l'orbite. Cette partie CHaauE & l’apone- vrofe fe trouvent de’1a même figuré & dans la même fituation dans le Ca= nard que dans lOye, longue de 7 Bgn, + & large d’une ligne 2. 136 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Dindons, longue de 7 lignes, large de 3 lignes à fa bafé, & épaiffe d’une ligne +. Cette glande produit un canal qui tranfporte la liqueur qu'elle a filtrée, & qui fe répand fous la paupiére interne, par le mammelon dont j'ai parlé. H y a au petit coin de l'œil, fous le bord de l'orbite une petite glande conglomerée, Jongue de 3 lignes, large de 2 lignes +, & épaifle de i de ligne, rougeitre, & placée entre l'indignateur & le releveur de l'œil *. Les Yeux du Coq-d'Inde ont fix mufcles deftinés pour eur mouvement, & deux qui fervent au mouvement de la paupiére interne. Des fix mulclies, il-y en a quatre droits & deux obliques, & comme ils ont la même fituation & le même ufage que ceux de l Homme & des animaux à 4 pieds, îls doivent avoir les mêmes noms ; il y a quelque différence au grand oblique. Le releveur de l'œil prend fon origine de 1a partie offeufe du fond de l'orbite, fous l’origine du mufcle abduéteur, que l'on nomme auffi éndignateur, à la partie latérale fupérieure À nage lie oi 3 * Dans l'Oye il y a au grand coin de l'œil une pareille glande, elle eftrougeâtre, fituée entre l'orbite de œil & les deux obliques depuis le côté interne du releveur de l'œil juf- qu'au côté interne du baïfleur. Elle a 7 lignes de longueur, 5 lignes.dans fa plus grande largeur, fouvent épaifle d’une ligne À. Cette glande a un canal pareil à celui du Cogq-d’Inde, & qui s’infere de Ja même maniére à la paupiére interne. J'ai trouvé quel- quefois une autre glande contiguë à celle que je viens de décrire, plus petite & moins épaifle. Il y a deux glandes au petit coin de l’œil de l’Oye; J’une blancheätre, tirant fur le jaune, elle elt femblable à de la graifle, longue de 2 lign.+, large d’une ligne +, épaifle de + de ligne. L'autre glande elt rouge, longue de 2 lignes £, large de 2 lignes & épaifle dé demi-ligne. Je n'ai trouvé quel- quefoïs qu'une de ces petites glandes. Ces glandes, tant celle du grand angle que du petit angle, font fouvent différentes dans les Oyes de pareille grandeur, mais encore dans la même Oye elles fe trouvent différentes à l'œil droit & à l'œil gauche. Dans le Canard la glande du grand coin de l'œil occupe la partie anté- rieure inférieure de ce coin, elle a 6 lignes de longueur , 3 lignes£ de largeur, 2 lignes d’épaifieur. Elle eft couchée dans fa longueur par le tra- vers de l'œil, où elle couvre le mufcle baifleur de l'œil & le mufcle oblique inférieur qui pafle dans une échan- crure de la glande. La petite glande occupe la partie antérieure du petit coin de l'œil ; elle a 2 lignes de longueur, une ligne £ de largeur, deux tiers de ligne d’épaiffeur. Dans le Chapon ces glandes font dans la même fituation , à peu-près de la même figure, mais elles font plus petites, : du A Car rt + Hd D. BISNSICITIENN CHENSMAl r3 ‘du nerf optique, par un principe qui a une ligne de largeur ; ce mufcle eft long de 9 lign. 1 du côté de l’oblique fupérieur, & de 7 lignes + du côté de lindignateur, il a une fituation prefque auffi oblique par rapport à F'axe de l'œil, que l’oblique fupérieur ; il s’infere obliquement à {a partie fupérieure de Y'œil, à 3 lignes + de la cornée par-deflus la partie poftérieure de l'infertion du grand oblique, à l'endroit où l'oblique fupé- rieur couvre le mufclemarfupial*, à 3 lign. + de la cornée, où ilcouvrele tendon de loblique fupérieur ; fon tendon eft large -de $ lign. +, & n'a que 2 lignes de longueur, ilreleve l'œil. * Le mufcle :abbaiffeur de Fœil prend fon origine de l'os du fond de l'orbite, fous l'origine des mufcles adducteur & abduéteur qui le recouvrent un peu à la partie poftérieure & latérale inférieure du nerf optique, par un principe large de 2 lignes+, il s’'infere un peu obliquement à 3 lignes 2 de la cornée où il eft large de 4 lign. £ fous l'infertion du petit oblique ou oblique inférieur, & par-deffus l’origine du mufcle pyriforme qu'il couvre en cet endroit; ce mufele eft long de 6 lignes +, & paroït dans une pofition un peu oblique, il baifie l'œil. Le mufcle adducteur prend fon origine de Fos du fond de l'oibite à 1a partie latérale antérieure du nerf optique, par un principe large de 4 lign. +, quelquefois moins; il s'étend fur l'origine du mufcle abbaifleur, & va s'inférer à 3 lignes du rebord courbe de 1a fclérotique, c'eft à 4 lignes de la cornée, entre les deux mufcles obliques, où il eft large de 5 lignes=, quelquefois moins, il eft long de 7 lignes +; il eft entre le globe de l'œil, & l'oblique fupérieur en partie au-deflous, il tire l'œil du côté du nés. Le mufcle abduéteur prend fon origine de l'os du fond _de l'orbite à la partie latérale poftérieure du nerf optique, auquel il eft adhérent par-defilus les mufcles abbaifleur & releveur, par un principe large de 2 lignes 1, & s'infere obliquement à une ligne du rebord courbe de {a {clérotique, * C’eft un mufcle de Ja paupiére interne à qui l'on a donné mal.à-propos le nom de quarré, Mem. 1735. ; S Fig. 7 & 8. D, Fig. y: &8. C Fig. ve & 8.B, 138 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE c'eft à 3 lignes de la cornée ‘entre les mufcles releveur & abbaifleur, il couvre une partie du tendon du pyriforme, il eft long de 7 lignes, & le plus droit de tous les mufcles de l'œil qu'il tire vers le petit angle. Le mufcle appellé grand oblique ou V'oblique fupérieur, prend fon origine entre l'os qui renferme le nerf olfaétif & da lame d'os qui fépare les deux yeux, à la partieantérieure de l'origine de l'oblique inférieur, & affés fouvent au-deflus,où ces mufcles font féparés l’un de l'autre; ce mufcle eft large dans fonprin- cipe de 2 lign. +, puis il-pafle par-deflus lemufcle adduéteur, & va s’inférer obliquement deffousl'infertion du releveur de l'œil où il eft large de lign. de forte que fon infertion ft entre le releveur de l'œil & le mufclemarfupial dont il couvre une grande partie, & donne des fibres qui fe croifent avec celles de ce mufcle; il eft long de7 lign. fon tendon n'a pas une ligne de longueur ; j'ai vü quelquefois le principe de,ce mufcle en pointe de cône dont l'infertion qui en étoit la bafe étoit large de 4 lign.+, il étoit long de:8 lignes, ce mufcle fait rouler l'œil fur fon axe de haut en bas, & en devant. Le mufcle appellé petir oblique ou Voblique iiférieur, prend fon origine de quelques membranes cartilagineufes qui fe trouvent au grand coin de l'œil, & de la partie antérieure de la lame d'os qui fépare des deux yeux au-deflous, quel- :quefois à côté de l’oblique fupérieur, par un- principe de 22 dign. + de largeur; ce mufcle a deux infertions dont l'une Æe fait fur la courbüûre de la fclérotique au-deffus de l’'infertion ‘du mufcle abbaifleur de Fœil où il a 3 lignes de longueur, <& l'autre:va s’attacher.en partie fur le mufcle abbaïfieur & le mufcle pyriforme, & en partie au nerf optique, il.eft Marge de 2 lignes 2, ce mufcle fait rouler l'œil fur fon axe -de bas en haut, & en devant *. tirer l'œil de maniére que la partie extérieure- qui eft au grand angle s’enfonce dans la partie. mtérieurede l'orbite, & met les oifeaux en état de Fig. 7. & 8.£, Fig. 7. & 8.F, * Tous.ces mufcles font les mêmes “dans POye & dans le Canard , & ont Ta même fituation , mais plus petits à xoportion de Ia groffeur des yeux. orfque les deux: mufcles :obliques agiflent en même temps, ils doivent voir des deux yeux les objets quifont à la partie antérieure du, bec, D'EISN IS CE NS EI SMEN +3 * Après avoir enlevé les fix mufcles qui font les mouve- ments du globe de Fœil, l'on tiouve encore deux mufles qui ne font ni dans l'Homme ni dans les animaux à quatre pieds. L'un de ces mufcles a été nommé le pyriforme, à caufe de fa figure, l'autre le quarré, dont il n'a certainement pas la figure, ce qui eft caufe que je lui ai donné lé nom de marfu- pial H; parce qu'il a la figure d’une gibeciére ; ufage de ces deux mufcles eft de tirer la paupiére interne fur l’œit, j'en donnerai la defcription dans le Mémoire que je donnerai exprès fur cette paupiére. * Quoique j'aye donné à ces mufcles, droits & obliques, le même ufage qu'ils ont dans l'Homme & dans les animaux à quatre pieds, je n'aï jamais apperçû ces mouvements dans les yeux du Coq-d’Inde, ni dans d’autres Oifeaux que j'ai exa- minés vivans, de quelque maniére que j'aye touché leurs yeux ; & de plus voyant le nerf optique fi court, il ne me paroifloit pas qu'il düt avoir un mouvement bien apparent, néantmoins je me fuis avifé de prefferle globe de l'œil fur fa circonférence, il a roulé fur le nerf optique, car fi je le preflois du côté du grand angle, il s'enfonçoit d'une digne 2 & fe relevoit d’üne ligne + du côté du petit angle, & fi je le preflois du côté du petit angle, il s'enfonçoit de même d'une ligne 1 au-deffous de l'orbite, & fe relevoit d’une ligne 2 au-deflus du grand angle, & en quelqu'endroit de la circonférence que je l'aye preffé, l'œil s’enfonçoit & fe relevoit de la même maniére. N s'eft enfoncé de même aux yeux de fOye, du Canard, de la Poule, du Pigeon, mais moins à proportion de leur groffeur; ainf quoique je n’aye apperçû aucun mou- “vement dans leurs yeux lor{qu'ils étoient vivans, il n’y a point de doute que leurs mufcles ne puiflent les mouvoir. _ Hfaut prendre garde que l'œil eft faillant environ d’une ligne + à la partie fupérieure de l'orbite & au petit angle, if eft un peu enfoncé au grand angle, & ceft la même ‘éhofe à lOye, au Canard, à la Poule, & au Pigeon, à proportion de la grandeur de leurs yeux. _ Fig. 7. & 8. G, H. Fig. 11. 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE La conjonétive eft noire, d'une ligne de largeur autour de la cornée;’elle eft blanche dans l'Oye & le Canard. Le globe de l'œil dépouillé de la conjonétive, des glandes, de la graifle, & des mufcles, pefe 1 gros $4 grains, il a 12 lignes de diametre horifontal, 1 1 lignes de diametre vertical, & 9 lignes d'axe. La cornée AK avoit $ lignes £ de diametre horifontal, & s lign. de diamètre vertical, elle étoit épaifle d'un demi- tiers de ligne, & avoit un tiers de ligne de bifeau. La convexité de la cornée faifoit la portion d’une fphere qui avoit 6 lignes de diametre, mefurée fur fon diametre horifontal, & $ lignes & demie mefurée fur fon diametre vertical. | Le cercle de cette cornée étoit excentrique au globe de Pœil ou de fon plus grand cercle, en forte que le centre de la cornée eft plus près d’une demi-ligne de l'extrémité du diametre horifontal du globe de l'œil, du côté du grand coin, que le centre du plus grand cercle du globe de l'œil; cette excentricité rend la partie antérieure de la fclérotique plus où moins large autour de [a cornée. Cette cornée fe trouve fouvent flétrie immédiatement après la mort du Coq-d'Inde, principalement fi on lui a coupé la gorge, parce que les vaiffeaux n'étant plus fr pleins de fang, les parties s’affaiflent *. L'endroit le plus étroit de Ia circonférence de Ia partie antérieure de la fclérotique eft un peu au-deflous du grand angle N, il eft de 3 lignes de largeur; Fendroit le plus large de cette même circonférence eft au-deflus du petit angle, il a 4 lign. de largeur; on ne peut mefurer ces endroits avec toute la précifion poffible, à caufe de la courbüre irréguliére * Dans l’Oye le globe de l'œil pefoit $2 grains, il avoit 9 hgnes + de diametre horifontal , 8 lignes + de diametre vertical, & 7 lign. + d’axe. La cornée avoit 4 lignes + de dia- metre horifontal, & 3 lignes + de dia- metre vertical, La convexité de cette cornée , mefurée fur fon diametre ho= rifontal, faifoit la portion d’une fphere de s lignes de diametre, mais étant ce Lie fur fon diametre Et elle aifoit la portion d’une fphere qui avoit Ÿ ne de anne é DIE: Su S CAE AN CE 4 14% de la fclérotique, cela eft fujet à quelques variations 2. J'ai trouvé 4 grains + d'humeur aqueufeb, outre cela on en trouve encore entre la rétine & l'humeur vitrée jufqu'à 46 grains, l'humeur vitrée G avoit la confiftence de blanc d'œuf, il faut pour cela ouvrir la membrane à la partie latérale du globe; j'en ai trouvé de même dans les Poiffons, 1. M. Antome, comme la Carpe, 1e Brochet, &c. En É La, fclérotique eft la membrane de l'œil la plus forte & Truirédesmala- la plus épaïffe, elle a + de ligne d’épaiffeur à fa païtie pofté- HE à on rieure ; ce n'eft pas la même chofe à fa partie antérieure, Ton y trouve deux membranes, la premiére eft extérieure, Fig.11.GG, blanche & opaque, épaifle d’un fixiéme de ligne, la feconde eft interne, elle a environ un douziéme de ligne d’épaiffeur, & eft tranfparente; elles renferment des parties offeufes, plattes & à peu-près quarrées, mais dont les côtés font irré- guliers, elles font jointes & unies les unes-avec les autres en forme de tuile, & forment une bande circulaire AB AD au- tour de la cornée C, on trouve pour l'ordinaire 1 $ piéces, quel- quefois plus, quelquefois moins, épaifies d’un quart de ligne jufqu’à un fixiéme, elles font prefque auffi larges que longues, mais irréguliéres, les unes le font de 2 lign. £, ce font celles qui font à la partie fupérieure, les autres ont 2 lign. ce font celles qui font à la partie inférieure, & entre celles-ci il y en a quelques-unes qui n'ont qu'une ligne À, principalement au- deffous du grand coin ; l’on voit quelques-unes de ces piéces Fig. 9. # Le cercle de Ia cornée eft excen- trique au plus grand cercle du globe de l'œil dans l’Oye, le Canard, la Poule & le Pigeon, mais moins que dans le Cogq-d’Inde à proportion de eur groffeur. Dans le Canard le globe de l'œil avoit/7 lignes de diametre horifontal, lignes ? de diametre vertical, & $: ign. + d’axe ; le alobe pefe 21 grains. La convexité de la LE la rtion d’une fphere qui a 4 lign. 4 fr fon PR eehénilonl, & 4lig. î fur fon diametre vertical. J'ai vû des yeux de gros Poulets qui avoient 8 lignes de diametre, & $ lignes d’axe. J'ai difféqué un Canard d'Inde, dont la cornée avoit 4 lignes Z de diametre horifontal & 4 lign. de dia- metre vertical. » Dans l’'Oye il y à trois grains d'humeur aqueufe , le criftallin pefe 3 grains & l'humeur vitrée avec la- quelle il y avoit del’humeur aqueufe. 34 grains. La fclérotiquea un nie de ligne d’épaiffeur. S üj V. du Hamel, hifl. Reg. Scient acad. p. 259: edit. 1701. Anc. Academ. tome IL. p. 24. & 114. ÿ42 MEMOIRES DE L’'ÂACADEMIE ROYALE qui couvrent des deux côtés les piéces qui font à leurs parties latérales, ce qu'on peut remarquer dans la‘figure en D, M. Mery a trouvé la fclérotique dans 'Autruche, com- pofée d’une double membrane, l'extérieure opaque, & l'in- térieure tranfparente; il a auffi fait voir que dans l'Aigle, le Cafoard, & le Corbeau, il y a un cercle offeux entre la fclérotique & la cornée, il paroît comme formé par des écailles femblables à celles des Poiflons, & placées de la même maniére les unes fur les autres, il n'entre pas dans un plus grand détail. Éune L'uvée eft d'un jaune rembruni à fa partie antérieure, & quelquefois très-brune, à peine pouvoit-on voir la prunelle à travers la cornéeb; je l'ai examinée après avoir enlevé la cornée, elle avoit une ligne de largeur du côté du grand angle, & une ligne + du côté du petit angle; aïnfi le cercle de fa prunelle eft excentrique © au cercle de la cornée, en s'approchant du grand coin de l'œil, & nous avons vü ci- deflus que le cercle de la cornée eft excentrique au plus grand cercle de l'œil, en s’'approchant du grand coin de Tœil, ce qui doit contribuer beaucoup à la perfe&tion de là vifion dans les Oïfeaux ; l'on apperçoit à la partie poftérieure de cette uvée, des rayons qui font très-fins, principalement Lorfqu’on la fait un peu bouillir dans l'eau; lorfque l'on a em- porté le mucus noir qui eft derriére l'uvée, elle refte blanche & tranfparente ; elle ne paroïfloit avoir qu’un vingtiéme de ligne d'épaiffeur, la prunelle avoit 2 lignes de diametre d. La choroïde eft toute noire dans fes deux furfaces, je Tai lavée, je n'ai pü Ôter tout l'enduit noir qui yétoit, on + L'Oye, le Canard, la Poule, le Pigeon ont lés mêmes piéces offeufes en même nombre, mais plus petites à proportion de leurs yeux. b L'uvééeft de couleur grifescendrée dans l'Oye & dans le Canard à fa par- te antérieure & poltérieure, car pour Yordinaire le mucus noir qui eft à la partie poftérieure, refte fur le criftallin & l'humeur vitrée, fur-tout àl’Oye. Dans le Coq, la Poule, l’uvée eft d’un jaune doré, fans mélange d’autre couleur. c Cette excentricité fe trouve dans FOye, le Canard, la Poule & le Pigeon. 4 La prunelle a 2 lignes de dia- metre dans l’Oye, de même dans le Canard d’Inde, DR SE SC LUE «M GUESS 143 y trouve point d'autre couleur ; elle eft de la même fineffe que luvée*, & eft toute rayonnée autour de l’uvée, de la dargeur de 2 lignes au-deflus du grand coin, puis ces rayons augmentent de longueur haut & bas jufqu’au petit coin, où lle { trouye rayonnée de da largeur de 3 lignesz. … Les proceflus & des ligaments font tous noirs, les uns qui font/les plus courts, paroiffent partir de luvée, les plus dongs paroïflent partir de la choroïde, ils font entre-mélés & font deux bandes circulaires aflés mal formées. La rétine n'a rien de particulier, elle eft plus épaifle que da choroïde. Le criflalin Z a 4 dignes + de diametre, & 2 dignes + d'épaifleur ou d'axe; j'en ai vû qui avoient 3 dignes 2 de diametre, & 2 lignes + d'axe; j'ai trouvé des criftallins qui mayoient que 3 lignes de diametre dans des yeux dont le globe étoit de 1 1 dignes de diametre; j'ai trouvé un grain d'humeur aqueufe fous fa capfule, dans d'autres moins, & même point du tout; le criftallin pefoit 4 grains La convexité de ce criftallin faifoit la portion d’une fphere à fa partie antérieure dont le diametre étoit de 6 lignes, & la convexité poftérieure faifoit la portion d’une fphere dont le diametre étoit de 4 lignes +; j'ai trouvé, mais rare- ment, dans d'autres Coqs-d’Inde une égale convexité, je l'ai une fois rencontré plus convexe à la partie antérieure qu'à da poftérieure; ce criftallin m'a paru rangé quelquefois obli- _quement, en forte qu'il fe trouvoit un peu plus enfoncé du ‘côté du grand coin de l'œil, & plus relevé du côté du petit coin, ce qui eft très-difhcile à obferver, parce que lorfque Won ouvre l'œil, on le prefle, & on a tout liéu de croire que l'on dérange le criftallin ; ainfi je ne donne pas ceci ‘comme une chofe bien prouvée, mais qui demande encore d'autres obfervations. - * On trouve dans l'Oye, le Ca- d'épaifleur. Sa convéxité faifoit [æ . mard & la Poule la même chofe que portion d’une fphere qui a 5 lignés: dans le Cogq-d'Inde. Le criftallin a dediamerre, & la poftérieure 3 lig: ?5 3 lignes + de diametre, & 2 lignes£ il éoit très-mou. Fig. 115 144 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe ® is ro. Les deux:nerfs optiques CD s'uniffent en £ fur la: felle tr. fphénoïde en fortant du cerveau, chacun de ces nerfs fe divife en quatre ou cinq cordons®, les cordons du nerf du côté droit paffent entre les cordons du nerf du côté gauche Fig. 11. en forme de fautoir ou croix de S.t André, puis ils fe réu- niflent chacun de leur côté pour former les mêmes nerfs, & dans ce paffage le nerf du côté droit devient le nerf du côté gauche, & va s’inférer à l'œil gauche, & le nerf du côté gauche devient le nerf du côté droit, & va s'inférer à l'œil droit, en paflant, chacun de fon côté, par le trou ovale qui eft à la partie poftérieure de la cloifon qui fépare les deux orbites, & dont j'ai parlé ci-deffus ; ces nerfs font longs de 2 lignes Z depuis l’angle antérieur qu'ils forment par leur union, jufqu’à leur infertion au globe de l'œil (il faut mefurer ces nerfs fur la tête même, car ils s’allongent en les difléquant) ces nerfs ne font pas tout-à-fait ronds, ils ont 2 lignes de grand diametre, & une ligne + de petit, ils s’inferent à la partie poftérieure, à une ligne + de l'extré- mité de fon axe obliquement de haut en bas; chaque. nerf perce la fclérotique qui lui fournit une enveloppe, & dans Fig. 10. cet endroit, diminuant des trois quarts de fa grofleur £ L, ce qui refte eft rond, & n'eft nullement applati, comme je l'ai fait voir ; lorfqu'il eft dans la capfüule que lui fournit la fclérotique, il fe détourne en s’allongeant de haut en bas & obliquement de derriére en devant dans le fond de l'œil, de la longueur de $ lignes felon la direétion du mufcle pyri- forme à la partie latérale poftérieure de ce mufcle; Fallon- gement de ce nerfb forme une ligne courbe, à caufe de la rondeur de l'œil, il diminuë peu à peu, & fe termine en pointe £; il eft fort adhérent dans fa capfule de la Iongueur de 3 lignes, il ne left point ou très-peu du côté de fa pointe de la longueur d’une ligne +. 3 Dans l'Homme ils fe divifent long de 2 lign. =, épais de 2 lignes. en.plufieurs lames. Voy. Mem. de Dans la Poule directement , je l’aï lAcad. 1726. p. 69. à 70. vû baïfler de haut en bas à la partie » Dans l'Oye le nerf optique eft latérale poftérieure du criftallin. Il fort DIESS ISICNE ENTG EN SMAN : DLs Il fort de la longueur de ce nerf une membrane noire entre la rétine & la choroïde, ce nerf paroît très-blanc aux deux côtés de ces membranes; cette membrane eft appellée Bourfe par quelques Auteurs qui ont crû qu’elle reffembloit à une bourfe, elle ne lui reflemble en aucume maniére dans le Coq-d'Inde, l'Oye, le Canard, la Poule & le Pigeon, -elle à la figure d’un trapezoïde, quelquefois celle d’un trapeze, comme elle eft repréfentée dans la figure, elle a s lignes de bafe, 3 lignes + de largeur à fa partie fupérieure, qui eft quel- quefois parallele à fa bafe, les deux autres côtés de cette membrane font longs de 2 lignes + chacun, le côté antérieur eft quelquefois plus long que le poftérieur ; elle eft compolée de fibres à peu-près paralleles dont la direction eft de Ia bafe à la partie fupérieure où elle eft plus épaifle, peut-être par un entrélacement de fes fibres les unes avec les autres, & * qui y forme une efpece de cordon épais d’un fixiéme de ligne, & la membrane paroifloit épaifle d’un douziéme de ligne, & quelquefois d’un feiziéme *, H fort de l'angle antérieur & fupérieur, un filet tranfpa- rent très-fin & blanc, qui s'attache à Ja partie latérale de Ia capfule du criftallin, & non pas au criftallin, comme l'a dit un Auteur*; il eft.très-difficile à appercevoir, à caufe de fa tranfparence & de fa finefle, je n’en ai quelquefois point trouvé, & j'ai vü l'angle antérieur de cette membrane attaché immédiatement à la capfule tout près de fa circonférence, elle traverfe l'humeur vitrée à laquelle elle eft très-adhérente par fon bord fupérieur, & très-peu par fes côtés; ces adhé- rences font caufe qu'elle change de figure {orfqu’on la dé- . barrafle de l'humeur vitrée, car le tiraïllement qu’on eft q obligé de faire, allonge fes côtés, & c'eft à quoi il faut bien prendre garde. Voilà une defcription de cette membrane, bien différente * Dans l’Oye la membrane noire fa partie fupérieure, & une ligne ? de étoit compofée de même que celle du hauteur. Elle avoit la même ftructure Coq-d’Inde & de la même figure; dans le Canard, la Poule, le Pigeon, elle avoit 3 lign. + debafe, 2lign.+à la Pie, le Corbeau, mais-plus petite. Mem. 1735: Fig. ro, EFG£L, Fig. 19 2 M. Perrault; Oeuvr. dePhyfiga tome 11. des Ani- maux, part, Ty Past 343" a V.des Oeuvres Phyfiques de M. Perrault, in 4.° ke 343-344: A Acad. tomellI. part.2. pag. 9 8. Reg. Scient. Academ. biflor. 1701. P: So7- b Ex ais Hafrienfibus , vol. 1.7.2. Ÿ Blafus , anat. aim. p.1 3 6. © V. Hiflor. Acad. du Han. an. 1701, PrSog: 146 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de celleque quelques Auteurs ont donnéez, Olaüs Borrichiusb, dans fon anatomie de lAïgle,-a parlé de cette membrane, voici ce qu'il en dit, membrana fubnigricans , € in plicas cor- rugata, nervoque optico in longum expanfo continua, medium digitum lata erats tota vafis diflintla fanguineis fecundum longi- tudinem rugarum. M. de la Hirec, de l Académie Royale des Sciences, croit que c’eft un mufcle dont les fibres charnuës vont toutes fe terminer à un filet qu'il appelle esdon, & qui, felon lui, tire le criftallin vers le fond de l'œil lorfque les Oïfeaux veulent voir les objets des deux yeux, avec perception. Si lon examine bien la fituation des fibres qui compofent cette membrane, on trouvera, : | 1. Qu'elles font paralleles, ou prefque paralleles, & fe terminent toutes au côté fupérieur. 2.° Que le cordon qu'on regarde comme un tendon, n’eft pas fi gros qu’une des fibres de cette membrane, & qu'il eft fi délicat qu'il fe rompt avec une très-grande facilité, ül n’auroit pas affés de force pour tirer à lui le côté du criftallin auquel, felon M. de la Hire, il eft attaché. 3.° Que tout le bord où fe terminent les fibres de cette membrane eft très-adhérent à la membrane hyaloïde, en forte que fi ces fibres étoient capables de contraction, elles tireroient l'humeur vitrée, & par conféquent le criftallin tout entier ; il n’y a pas d'apparence que cela fe puifie faire, parce que tout eft plein dans l'œil. 4." Les yeux d’Autruche, & de toutes les efpeces de Chat- huants font difpofés de maniére qu'ils peuvent facilement voir les objets des deux yeux, auffi-bien que l'Homme, ainft la membrane noire leur feroit inutile. s-" Les autres Oifeaux qui veulent voir avec perception, ne regardent les objets que d’un feul œil avec attention; toutes ces chofes prouvent affés non-feulement que ce n’eft pas un mufcle, mais encore qu'il eft inutile qu'il foit un mufcle. Pour trouver l'ufage de cette membrane, il faut r.° prendre garde qu'elle eft noire. DE:S S'IC'I EN CEST 14 2.° Qu'elle n'eft point recouverte par la rétine qui tapifle la choroïde qui eft auffi noire. 3° Qu'elle eft pofée obliquement par le travers du forid dé Fœï. ‘4: Que l'endroit où le nérf optique perce l'œil, eft très- poftérieur aux Oifeaux. 5 Que le criftallin eff plus convexe dans les Oifeaux que dans Homme. + 6.° Que l'axe de l'œil eft plus court du quart que fon diametre. 7° Que lorfque les deux mufcles obliques agiffent en înême temps avec le mufcle adduéteur, ils doivent faire tourner le globe en portant fon grand coin vers la partie interne du grand coin de l'orbite. Cela pofé, cette membrane eft capable par fa noirceur, d’abforber les rayons de lumiére qui partent des objets qui font à côté de latête, & qui entrent direétement dans les yeux. ‘ Lorfqu'un Oïfeau regarde un objet des deux yeux, les Yayons réfléchis de cet objet entrent obliquement dans les yeux, à caufe de la fituation_de 1a cornée & du criftallin, & vont fe rendre au fond de l'œil, & aux environs du nerf optique; maïs ces rayons y entrent par des lignes paralleles à la membrane, ils ne la rencontrent point ; les rayons qui entrent dans l'œil par des lignes perpendiculaires au plan de la cornée, rencontrent cette membrane, & y font abforbés, auffi-bien que ceux qui viennent de Ia partie latérale pofté- rieure; c'eft ce que j'ai fait voir à l’Académie dans un Œif artificiel dans lequel j'ai fait placer cette membrane dans la même fituation qu'elle fe trouve dans le Coq-d'Inde. On peut adjoûter à tout cela, que l'action des deux mufcles obliques qui tirent les yeux en même temps vers la partie interne de l'orbite, met des yeux en état dé recevoir moins -obliquement les rayons qui partent de la partie antérieure du bec; quoique cet ufage paroïfle vrai-femblable, ne laïfle pas d'y avoir des difficultés, je tâcherai de les applanir par mes obfervations & mes expériences. E5 148 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE EXPLICATION DES FIGURES.. La Figure 1, repréfente une Tête de Coq-d’Inde, avec ë eau & les plumes; on a ôté la mâchoire inférieure, Equé les paupiéres. Sale » » +» » PENSE %» l'extrémité antérieure du bec. la partie poftérieure de la tête. le côté extérieur de l'œil qui eft le petit coin. le finciput. le deflous de Ia gorge. les paupiéres fupérieure & inférieure rejettées vers le bec. les fibres charnuës qui relevent le cartilage ©. le point lacrymal inférieur qui eft au-deflous du grand coin des paupiéres. la partie fupérieure de la troifiéme paupiére. la partie fupérieure de la mâchoire fupérieure. le point lacrymal fupérieur qui eft au-defius du grand coin des paupiéres. le palais. le cartilage ovale de la paupiére inférieure, la partie poftérieure de l'oreille. la partie latérale externe du globe de œil. l'extrémité du tendon du mufcle pyriforme qui fe joint à la partie inférieure de la troifiéme paupiére. La petite Figure À BCD qui eft au côté gauche, repré- fente l'union des deux paupiéres. À, B, CD, la paupiére fupérieure. la paupiére inférieure. les deux angles des paupiéres. La Figure 2, repréfente le fquélet de la Tête, À, B, l'extrémité antérieure du bec. la partie poflérieure du crâne. DIE 5/8 coR EN CESAM: 149 C, le côté poftérieur de Forbite qui eft Ie petit coin de Forbite. | P D, le finciput. EN, le filet offeux qui eft une continuité de Ia m4- choire fupérieure. FO, Yapophyfe de la partie poftérieure de l'orbite, - CG, lorbite de l'œil. $ G, lépiphyfe de la partie antérieure au grand coin de l'orbite. GA FH, l'endroit où il n’y a que des cartilages. "1, 'apophyfe de l'os qui eft à la partie antérieure de l'oreille. le fond de l'orbite, c’eft la lame d'os qui fait {a cloifon qui fépare les deux orbites. #, le trou par où pañle le nerf optique à la partie pottérieure de cette lame d'os. de L, la partie fupérieure de la mâchoire fupérieure, * à. La Figure 3, repréfente Ja Tête de l'Oye avec la peau & les plumes. À, l'extrémité antérieure du bec. B, la partie poftérieure de la tête. C, le côté poftérieur de l'œil qui eft le petit coin de l'œil. D, le finciput. Æ, le deflous de la gorge. G, le côté antérieur de l'œil qui eft le grand coin de l'œil. L, la partie fupérieure de Ja mächoire fupérieure. \ N, le coin de la bouche. | La Figure 4, repréfente la Tête de lOye dénuée de fes —…. parties charnuës. Cette figure a les mêmes lettres: que la Fig. 2. & aux mêmes endroits, où l’on doit-avoir recours. La Figure: ç, repréfente la Tête du Canard dénuée de … {es parties charnuës. Cette figure a auffi les mêmes lettres | que la Fig. 2, & aux mêmes endroits. «ar … 5 Ti (ni : IL so MEMOIRES) DE L'ACADEMIE ROYALE sr J ya; de plus à chacune de ces deux figures lettre À qui dénote la largeur du bec. La Figure 6. xepréfente une Tête de Coq-d'Inde, F'on y voit la paupiére interne ou troifiéme paupiére tirée pour la plus grande partie fur l'œil & le cul-de-fac du canal lacrymal. A, B,C, D, L, N, P, R, «marquent les mêmes ob parties que l’on. voit dans la Fig. 1. KS, la troifiémepaupiére tirée fur le globe de l'œil, M, de point lacrymal fupérieur. 1, le point lacrymal inférieur. 1HG, le canal lacrymal, A, le cul-de-fac, G, fa partie inférieure ,\au-deffous de laquelle on voit fon débouchement par le palais #° La Figure 7, repréfente l'œil droit và par la partie pofté- #ieure, pour faire voir tous les mufcles en fituation ; les glandes ont été enlevées. F1 À, Te mulcle releveur. B, Yabducteur ou indignateur. C, Yadducteur ou lifeur. D, le baïfileur ou l'humble. Æ, Toblique pe deux fils ne font F, Yoblique inférieur. $ pas bien repréfèntés. G, le mufcle pyriforme. , le mufcle appellé guarré par les Auteurs, & que j'appelle marfupial. eu -La Figure 8, repréfente le même œil avec les mufcles difléqués, défignés par les mêmes lettres, où l'on a adjoûté Z pour: le tendon da pyriforme, :& L pour le nerf optique. © La Figure 9, repréfente les parties offeufes de la partie antérieure de la fclérotique. ABAD, la bande circulaire formée par les parties offeufes. C, la cornée. D, les parties offeufes les plus grandes, | D. , | 1 F L' L 4 ÉD SUSTENNE ACC EE NMTM pot La Figure 10, repréfente les nérfs optiques avec 1a membrane noire appellée Bourfe, & Finfertion dece nerf à la partie poftérieure des yeux. AB, les deux yeux vüs par Jeur partie poftérieure. C, les. nerfs optiques unis für la felle fphénoïde, & leurinfertion aux deux yeux, l'angle de cette union y eft repréfenté plus aigu & plus naturel qu'il n'eft dans la Fig. 71, DD, ces mêmes nerfs optiques au bout defquels on voit la partie EL tirée de la capfule que lui fournit la duplicature de fa fclérotique. ; EFGL, la membrane noie appellée Bourfe, qui fort du nerf optique. F, le filet de cette membrane qui s’'ättaché à la partie antérieure de la capfule du criflallin. La Figure r 1, repréfente une coupe horifontale des deux yeux laiffés en place fur la Tête du Coq-d'Inde, pour faire voir la véritable fituation de toutes leurs parties externes & internes, & principalement de la membrane noire appellée Bourfe; on y voit.auflia eloifon qui fépare les deux yeux, À, la partie antérieure du bec du Coq-d’Inde. B, la partie poftérieure de Ia tête. C, le nerf optique droit. D, le nerf optique gauche. s Æ, leur union, elle doit marquer l'angle plus aigu qu’il n’eftidans cette figure, elle eft mieux repréfentée dans la F9. 1 0, outre cela, ces nerfs font décrits trop longs & ne font pas affés gros, on s’en appercevra bien dans la defcription. , Ja membrane appellée Bourfe, elle s'étend jufqu'à la partie antérieure de la capfule du criftallin ° à laquelle le filet de cette membrane s'attache en L. On n’a pü bien repréfenter lobliquité de cette membrane qui eft plus de haut en bas que de derriére en devant ; l'on n'auroit pü lui donner que peu de largeur. es x52 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE GG, lhumeur vitrée. H, la cornée de l'œil gauche. , de criftallin. , la cornée de l'œil droit. le cerveau. la partie antérieure de la fclérotique plus large que la partie poftérieure: P,. ce qui marque Texcentricité du cercle de la cornée au plus grand cercle de la fclérotique, elle marque auffi {a partie antérieure de l'orbite où fe trouve la vacuité. 00, 1la chambre antérieure. L'uvée eft entre les 00 & les SS. Ces deux chambres contiennent SS, la chambre poftérieure. Phameur aqueufe. R, la prunelle. VV, la cloifon qui fépare les deux orbites. L'on n'a pè y mettre ces lettres. ESS ÆEXPERIENCES | à à À à *. S K Se S Ÿ $ S Ÿ Ÿ : Mem. de LAcad.1735 pu. Fe fP29:252 . Hem de Ctead. 3735 pl.5 pay as 5. pag 182 Fig IP imennaus Jralp à Mem. de Lie 3735. pl 6. P29 Mem. de Dead 3735. pl 6. pag 182 gx D Fig MI Ad RER by 2457 A , | sn LE ‘hat +. * DES SCTENCES. 153 ELA E LR ICE N°C: EPS SUR LA LONGUEUR DUVPENDULE À SECONDES ANR EAGRET S':: À J Avec des Remarques fur cette matiére, 7 fur quelques / autres qui S'y rapportent. Par veN "DLE INT AUT R AN: L y a tout lieu d'efpérer que la Queftion de la Figure 19 Novemb, À de la Terre fera bientôt décidée, foit par la mefure de 1735: plufieurs Paralleles de France commencée par M. Caffini, & continuée par M. Maraldi & Caffini fils, foit par la melure des degrés de l'Equateur terreftre, à laquelle M.rs | Godin, Bouguer & la Condamine font aétuellement occupés, À {oit enfin par les opérations géographiques & aftronomiques 1 que M.5 de Maupertuis & Clairaut vont incefflamment en- nn treprendre dans les parties les plus reculées du Nord. Comme «_ jene fuis pas un de ceux qui s’intéreflent le moins à cette —…._ fameufe Queftion, fur laquelle j'ai donné un Mémoire en 2720; & que les différentes longueurs du Pendule, qui . fe lient avec elle, & qui l'ont occafionnée dans le Siéde paf, feront encoré aujourd’hui l’un des principaux objets du voyage de nos Aftronomes, j'ai voulu m'afiürer par moi- - même, de la véritable longueur que doit avoir le Pendule - fimple à Paris, pour battre les fecondes, ou faire 3600 … vibrations en une heure de temps moyen. C'eft à quoi encore j'ai été invité par l'Académie, & par les Académiciens deftinés à la mefure de l’Equateur, qui n'ont pü, avant leur _ départ, faire cette expérience avec tout le loifir, & tout —… l'appareil qu'elle éxige : car il s'agit ici d’une précifion à _ laquelle on ne fçauroit arriver fans beaucoup de foins & D Men, 1735. V 154 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de précautions, que lon pourroit traiter de minuties, fi l'on ne fçavoit que la Queftion de la Figure de la Terre ne roule guére à cet égard que fur une ou deux lignes de différence dans {a longueur du Pendule obfervée à Paris, & fous l'E- quateur : & par conféquent qu'une très-petite partie de ligne, un $."€ ou un 1 0."€ par exemple, peuvent confidérablement influer fur les dimenfions de cette figure, & fur les conclufions que quelques Sçavants en ont tirées. J'avouë qu'après ce que Mrs Richer & Picard ont dit de la longueur du Pendule à Paris, & les épreuves qu'ils affurent en avoir faites, il ne paroît pas poffible qu’on puifle s'écarter bien fenfiblement de fa véritable mefure: Le premier cepen- dant fait cette longueur de 3 pieds 8 lignes & ?. Le fecond de 3 pieds 8 lignes & +, la différence eft d'un ro." de ligne. Ceux qui voudront mettre {a main à l'œuvre, fçauront bien- tôt combien il eft difficile de juger de quel côté eft l'erreur: Que fi une femblable erreur ou différence alloit jufqu'à un s-"° de igne, comme il eft très-poflible que cela arrive dans cette expérience, à moins qu'on n'y apporte beaucoup de précaution, & qu'on n'ait toutes les commodités du lieu, & des inftruments, on ne fera pas furpris que M. Picard ait pü trouver la même longueur du Pendule à Uranibourg qu’à Paris; car un $.mede ligneeft, felon la Table de M. Newton, tout ce qu'il faudroit y adjoüter de plus qu'à Paris, à la latitude d'Uranibourg, ou de Coppenhague. Du refte il y a grande apparence que M. Picard révoquoit en doute F'ac- courciflement obfervé par M. Richer à Cayenne, & qu'il Fattribuoit, avec M. de la Hire, à quelque circonftance dépen- dante du changement de climat. Mais il y a plus, ce n’eft pas feulement à l'égard de Paris, que M. Picard trouva la même longueur de Pendule à Uranibourg , ceft encore à l'égard du Port de Cette en Languedoc, où il avoit auffi fait l'expérience, c’eft-à-dire, à plus de $ degrés vers le Sud qu'à Paris, & plus de 12 qu'à Uranibourg. De forte que fi l'on fuppofe le Parallele de Cayenne ou del'Equateur, car c’eft prefque la mème chofe, DES SCIENCES, 151 égal à ro, celui de Cette vaudra 7: à peu-près, & celui d'Uranibourg environ 5 +, différence trop confidérable pour ne pas donner quelque chofe de fenfible, fi l'accourciflement du, Pendule fur l'Equateur .eft auffi marqué que le fait M. Richer. Cependant laT héorieinconteftable des Forces Centrifuges, quelque hypothefe que l’on embrafle fur Ja figure de la Terre, demande que le Pendule foit accourci en allant vers l'Equa- teur, & allongé en allant vers les Poles, à moins qu’il ne fe trouvât fur tous les Paralleles terreftres, une variation contraire & une compenfation correfpondante de la part de la Pefan- teur; ce qu'il eft difficile d'imaginer, & qu'on n’a eu jufqu’ici aucune raifon d’idmettre. D'ailleurs ni M. Richer, ni M. Picard ne nous ont donné a maniére dont ils avoient fait la vérification de la Jongueur du Pendule, & lon verra par la fuite de ces remarques, combien il éft facile de s’y méprendre par le nombre, & la qualité des petits élements qui entrent dans cette opération. Je ne fçache aucun des Aflronomes de ce temps-là, qui nous ait laiflé un détail plus circonftancié de fes expériences, & de fa Théorie fur ce fujet, que M. Mouton dans fon Livre des Diametres du Soleil & de la Lune, & dans le Traité de la Mefure univerfelle qu'il a mis à la fin de ce Livre: c'eft de M. Augonr qu'il tenoit le pied de Paris ou du Châtelet, & fon Pendule à expérience n’avoit qu'un pied. Mais foit qu'il n'eût pas apporté les précautions néceflaires à la mefure de ce Pendule, ou à fa fufpenfion, qui me paroït en effet très-fufpecte, foit qu'il ait négligé le poids du fi de fer dont il fe fervoit, quoique très-délié, ou plütôt qu'il en ait évalué es effets fur un trop haut pied, ou enfin qu'il ait manqué à quelqu'autre circonftance non moins effentielle à {a jufteffe de Yobfervation, il s’'enfuivroit de ce qu'il nous a donné l-defius, que le Pendule à fecondes n’auroit à Lyon, où il faifoit fes expériences, que 3 pieds 6 lignes &-À, ce qui eft affürement de beaucoup trop court, & plus court d’en- viron une ligne que ce que M. Richer a moe Cayenne. 1} 356 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Cette détermination du Pendule par M. Mouton à Lyon, s'accorderoit affés bien avec la longueur que lui a donnée le P. Féuillée en Amérique; mais le moyen de compter fur l'exactitude de celle-ci? Le P. Feuillée, connu d’ailleurs pour un bon Obfervateur, & Correfpondant de l’Académie, étant en 1704 à Porto-belo, 9° 33’ de Latitude Nord, & y ayant fait & répété plufieurs fois, avec beaucoup de foin, Yexpérience du Pendule à fecondes, ne le trouva que de 3 pieds s lignes Z. La même expérience réitérée avec les mêmes attentions à la Martinique, 14° 43° 9" de Latitude Nord, ne lui donne encore que 3 pieds $ lignes +2. Voilà donc le Pendule, à r4 ou 1 $ degrés de Latitude, de près de 3 lignes plus court qu'on ne le fait communément à Paris, tandis que M. Picard n’y apperçoit aucune différence de Paris, ou de Cette à Uranibourg, & que M. Richer n’y obferve, à 4° 5 6' de l'Equateur, que à de ligne de différence. Auffr ces déterminations de la longueur du Pendule à Porto-belo, & à la Martinique, ayant été inférées dans les Mémoires de l'Académie de 1708, furent-elles relevées comme fautives, par M. Newton, dans la feconde édition de fes Principes, après la Propofition où il a calculé la longueur du Pendule à fecondes pour tous les degrés de Latitude, dont il réfulte, qu'à Porto-belo, il devroit être de plus de 3 pieds 7 lignes +, ce qui ne fçauroit guére s’écarter de la vérité, à en juger par toutes les autres Obfervations faites dans le même pays. Cependant le P. Feuillée ayant publié lui-même ces derniéres en 1725, à la fuite de celles qu’il avoit données en 1714, les défend vivement contre M. Newton, & il les maintient plus que jamais füres & exactes. On ne fçauroit donc fe difpenfer de revenir à la vérif- cation de la longueur du Pendule, dans une occafion fr capable de réveiller la curiofité, & l'attention des Sçavants fur tout ce qui tient direétement ou indireétement à la mefure de la Terre, & aux effets de la Pefanteur fur les divers points de fa furface. | J'ai tâché d'abord de me procurer toutes les commodités D'E SM Se TE NC ENS 157 néceflaires pour Îa faire fans peine, cette vérification, & pour la répéter bien des fois, perfuadé que de pareilles commodités influent plus qu'on ne fçauroit croire fur les opérations délicates. Voici les principaux inftruments dont je me fuis fervi. Inffruments employés à ces Expériences. 1. Comme tout ce qu'ont fait M.'s Picard, Richer, & les autres Aftronomes de la Compagnie, tant fur lalongueur du Pendule, que fur la mefure de la Terre, eft rapporté au Pied-de-Roï, ou à la Toife du Chîtelet, mon premier foin a été d'avoir une Regle de fer d’une toife de long, bien jufte, divifée par pieds & pouces, & que j'ai vérifiée moi-même avec l’étalon qu'on en conferve au Chitelet; c’eft une Regle toute pareille à celle qui a été emportée au Pérou, &-dont on a laiffé le modele à l'Académie, excepté qu'au lieu que dans celle-ci les extrémités ne font coupées que fur la moitié de leur largeur, & que le refte furpañie la toife de part & d'autre d'environ un demi-pouce, pour les mieux conferver quand elles portent à terre, la mienne fe termine entiérement à Ja toife par chaque bout, & y eft parfaitement équarrie; on en verra bientôt la raifon. 2. J'ai fait faire une Pince d'acier, pour tenir le fl de fufpenfion dont la figure eft ci-jointe PCFG, trois ou quatre fois aufli grande que cette figure la repréfente; J/eft une vis 5 qui fert à l'ouvrir, & à la fermer ou à ferrer le fil, foit : qu'on le place en entre cette vis & l'extrémité CP, ou entre la vis V & la tige Æ, lorfqu'elle eft placée horifon- talement, foit enfin à fon extrémité entre C & P, fuppofé qu'on la fixàt perpendiculairement. Elle peut être fixée par trois vis en bois À, F;, G; mais d'ordinaire une feule fuffit en À, pourvü qu'elle foit un peu grofle, & que fa tête donne affés de prife pour a ferrer avec force contre [a piéce de bois où on l'applique; cette tête eft ici un anneau où l'on peut pafler un bâton ou un fer qui fait l'office de levier. Les deux lames ou regles qui forment la pince peuvent être chacune q A Vi if Fig. 1: 158 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de deux ou trois lignes d’épaifleur, elles doivent avoir été bien limées, bien dreflées, ajuftées & équarries enfemble, de maniére que les plans ou furfaces qui les terminent, foient parfaitement paralleles en tous fens, fur-tout par leur largeur, ou par leurs tranchans C£, PZ, afin que le tranchant fupé- rieur CE, par exemple, fe trouvant de niveau, l'inférieur PZ y foit de même. Un compas d'épaiffeurs fert à vérifier ou à perfectionner ce parallelifme, & un petit Niveau d'eau fervira à placer la pince horifontalement ; ce qui s'exécute avec facilité par le moyen de la vis À, qu'on ferre d’abord médiocrement, & qui permet à la pince de tourner fur cet axe à chaque coup qu'on lui donne avec la main, jufqu'à ce que la bulle d'air du niveau appliqué fur £C, s'arrète au milieu de fon tube. Avant que l'on foit bien afiuré du parallelifme de EC avec PZ, on peut encore placer le même niveau fur le côté PZ, l'inftrument pouvant avoir été fait à cette intention, & de maniére qu'on fe procure encore par ce renvérfement fa vérification du niveau même. . Après cette piéce qui eft une des plus-effentielles pour faire l'expérience du Pendule felon mes vüës, il s'agit d'avoir une bafe ou un plan bien uni BKYH, qui fera placé de niveau au-deffous du Pendule. J’avois depuis plufieurs années une piéce de bois de noyer très-ancien, très-dur, & très- compacte, & qui reçoit un beau poli, dont je me füuis fervi à cet ufage ; elle a un pied en quarré fur deux pouces d'é- païfleur; j'y ai fait adapter dans des écrous bien juftes, trois grofies vis, 1, 2, 3, comme on en met aux pieds d’un Quart- de-cercle, pour le haufler, ou le baiffer à volonté, & j'en ai fur-tout fait bien drefler & applanir la furface fupérieure, qui eft telle, que quand la bulle d'un niveau placé fur un endroit quelconque de cette furface s’eft une fois arrêtée au milieu du tube, elle y demeure de même, à quelqu'autre endroit de cette bafe qu'on le mette. 4 On voit bien qu'il eft indifpenfable d'avoir une bonne Pendule à fecondes, bien reglée, ou que l'on foit en état de retifier, tout au moins pour le jour de l'expérience; car IT DAEUS (SIC € NL CES 15 c'eft-à le terme de comparaifon d'où il faut partir, & l'on fçait que les erreurs qui s'y trouveroient, retomberoient fur les Iongueurs du Pendule en raifon doublée inverfe. J'avois mis ma Pendule long-temps d'avance avec le moyen mou- “ vement du Soleil, & j'ai tâché de y entretenir le plus qu'il - m'aété pofhible toutes les fois que j'ai répété ces expériences, “ ayant foin de la comparer avec le Ciel par le paffage des Fixes, dès que le temps a pü me le permettre; les rectifi- cations & les réduétions qu'il en faut faire fans cela, par rapport à la durée des vibrations du Pendule, lorfqu'elle s'écarte beaucoup du temps moyen, deviennent non-feule- ment incommodes, par la complication qu'elles introduifent dans le calcul, mais elles peuvent être encore par-là une fource de méprife & d'erreur, comme le font la plüpart des chofés pénibles qui reviennent fouvent. Je me füis fervi auffr dans quelques occafions d’une Pendule à demi-fecondes, reglée fur la précédente, & d’une machine de même efpece deftinée feulement à marquer, & à fonner les fecondes, & la: …_ jninute, &cette derniérem'aétéutile, principalement lorfque Ÿ par la nature de l'expérience que j'avois à faire, je ne pouvois voir, & comparer de l'œil les ofcillations du Pendule d’épreuve “ avec les vibrations de ma Pendule à fecondes. | RE Enfin je me fuis muni d'un Compas à verge de fer de 3 pieds 8 pouces, de plufieurs Spheres de plomb, de. cuivre, d'yvoire, & de criftal, de différentes groffeurs, de: = deuxou trois petits Niveaux d’eau, bien montés & vérifiés, . M & de quelques Inftruments qui n’ont rien de particulier, &c — dont je fpécifierai, autant qu'il fera néceffaire, la ftruéture — & les ufages, dans le détail même des expériences auxquelles “ ils m'ont fervi. Préparatifs pour la premiére Expérience. 0. 6: Sans m'étendre fur les différentes maniéres de faire l'expérience du Pendule, décrites dans les Livres modernes, À -& fur les inconvénients que j'ai remarqués dans la plüpart, «je dirai feulement que mon premier point de vüë a été dans x56o MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE celle-ci, & dans les fuivantes, d'éviter la multiplicité des dimenfions, & leur tranfport d’une mefure à une autre, d’une regle divifée, par exemple, à un compas, ou réciproquement, & de-là au fil du Pendule, ou à la potence qui le foûtient. T1 me fufhit d'en avoir.une fois averti le lecteur, & que ce n'a pas été fans avoir fait plufieurs eflais de ces différentes maniéres, tant à cet égard qu'à plufieurs autres, que j'a donné la préférence à celle qu'on va voir. 7 J'ai attaché la piéce PC FG, à la hauteur d'environ 6 pieds 3 pouces au-deffus du plancher, à un pilaftre de bois de chène, par le moyen de fa vis À, & j'en ai mis les regles de niveau, comme il eft expliqué ci-deflus, 7.° 2. Ce pilaftre eft à côté, & tout proche de ma Pendule. 8. J'ai placéau-deffous la bafe BK, décrite ci-deflus, 2.23, de maniére que la pince portoit à plomb à peu-près fur fon milieu, & parallelement à l’un de fes côtés, comme on le voit dans la figure, & par le moyen des vis 7, 2, 7, deftinées à la mettre de niveau, je l'ai haufiée jufqu'à ce qu’elle fût à a diftance d'une toife du tranchant inférieur de la pince; ce que j'ai fait en tenant la regle de fer à plomb au-deffous : c’eft ce qui doit être vérifié avant l'expérience avec plus de pré- cifion. Le poids d’une regle de fer éxige, comme on voit, une bafe {olide telle que celle-ci, & m'a fait renoncer à une glace que j'y appliquois d'abord, dans quelques expériences qui ont précédé celles que je vais donner : car outre que cette glace ne formoit pas toûjours un plan auffi parfait que celui que je me fuis procuré par la feule fuperficie de la bafe, elle plioit fouvent fous le poids de la regle, lorfque le maftic avec lequel je l'attachois ne la joignoit pas bien également. 9. J'ai pris enfuite une Sphere de plomb d'environ 6 lign. À de diametre, & pefant 400 grains; j'y ai attaché un fil de pite; ce que l'on fait aifément aux Spheres de plomb, en foulevant avec un burin, ou avec la pointe d’un-couteau, une petite lame de leur furface , fans l’en détacher, & enla rabattant après cela fur un nœud de l'extrémité du fil, qu'on a inféré au-deflous, 10. J'ai DE S"S CCE N CE MAOIMN OT 10. J'ai fufpendu le Pendule ZS, à 8 ou 9 lignes de Textrémité CP de la pince, en le prolongeant jufqu'à ce qu'il rafàt le plan de la bafe BK, à\une ou deux lignes près ; j'ai ferré la vis V’dans fon écrou, & j'ai laiflé le Pendule en cet état pendant deux ou trois jours, afin que le fil prît toute Textenfion que lui pouvoit donner le poids S. I s’eft un peu allongé le premier jour, après quoi je l'ai retrouvé fenfible- ment de la même longueur. 11. Ce Pendule étant, comme je fai dit, tout proche, & ” à la droite de ma Pendule à fecondes, j'en pouvois comparer tous les mouvements qui {e faifoient de droite à gauche, & de gauche à droite, & qui étoient perpendiculaires au plan de la Pince P Z, avec ceux du Pendule de la Pendule ou de Horloge, que j'appellerai à caufe de cela, Pendule de compa- raifon, pour le diftinguer de l'autre que je nommerai Pendule d'épreuve où d'expérience. 12. La direction la plus convenable 4 plan d'ofillation, dans lequel il faut faire mouvoir le Pendule d’épreuve , eft la direction perpendiculaire au plan des regles jumelles, & du tranchant de la pince PZ. Pour cet effet, & pour d’au- tres raifons que je dirai dans la fuite , la veille de l'expérience, le Pendule étant en repos , & à une demi-ligne de diftance ou environ du plan de la bafe, j'ai porté une bougie allumée au-deflus des points D, Q, 7, X, en mettant du mieux qu'il m'étoit poflible, les points X, Q, dans une direction parallele à PZ ; & par le moyen de ombre du fil de fufpenfion ZL, J'ai tracé avec de la craye fur le plan PX, les lignes DT, QX, qui s'y coupent à peu près à angles droits. On voit donc que ces lignes doivent donner à peu près le plan du tranchant * inférieur PZ de la pince dans lequel eft le fil du Pendule, le “plan perpendiculaire à celui-ci, & qui fera Z plan d'ofcillation, & enfin la ligne du Pendule par leur interfeétion réciproque. 13. Avant que de mettre le Pendule en mouvement, J'ai vérifié avec grand foin le niveau de la bafe B X, par le moyen de mes niveaux d’eau placés au-deflus en plufieurs Mens; j'ai vérifié de même la Étui d’une toile, par Mem. 1735. 162 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE rapport au tranchant inférieur de Ja pince PZ : ce que j'ai fait en élevant ma toife à plomb fur cette bafe, & faifant porter un de fes bouts un peu à côté de la ligne Q X, ou 7D, proche de leur point d’interfeétion, & à la diftance du demi- diametre de la Sphere S; prenant garde en même temps que le bout fupérieur rafit le tranchant de la pince PZ, fans y rien forcer, & que la toile ou regle de fer foutenué ainffr par fon propre poids, & en équilibre, fe trouvät fenfible- ment parallele au fil du Pendule, par celle de fes arêtes qui en étoit le plus proche. Le concours de ces circonftances m'aflüre tout à la fois, & que le plan BK eft parfaitement de niveau, & que le bout de la regle de fer qui appuye deflus, eft exactement coupé à angles droits, & enfin que la diftance de la bafe à la pince eft précifément égale à Îa longueur de cette regle. 14. Comme par cette méthode j'ai laiffé une démi-ligne, ou une ligne de diftance de la Sphere S'au plan BX, pour le jeu du Pendule, il s’agit de prendre une telle diftance avec exactitude. IF femble qu'il n’y auroït pour cela qu’à hauffer ou baïffer le Pendule fur une lame d’épaiffeur connuë, placée au-deffous entre le plan B Æ & la Sphere S'; & c’eft bien ce que je faifois d’abord : mais il arrive fouvent pendant cette opération, que la partie du fil qui a été comprimée & affoi- blie en /, & qui frotte contre les tranchants fupérieurs & inférieurs des regles de Îa pince, en hauflant & baiflant , vient à rompre, ce qui arrête abfolument l'expérience, & la renvoye au lendemain , pour laïffer au fil le temps de re- prendre toute fon extenfion ; fans compter qu'on ne fçauroit guére foûtenir & fixer fi jufte le poids du Pendule fur la lame qui eft deflous, qu'il ne defcende encore un peu après ‘elle eft Ôtée. Pour éviter donc ces inconvénients, j'ai raflemblé plufieurs morceaux de verre & de glace de miroir plans, & de différentes épaiffeurs ; jen préfente quelques- uns fucceflivement au-deflous par un de leurs angles, en les appuyant ferme fur la bafe, jufqu’à ce que j'en aye trouvé un fur lequel la Sphere Sporte, mais fi librement, qu'elle y PENE SRE D'E.S\ S, Cr E NICE S 165 puifle faire quelques vibrations malgré l'attouchement du verre. Un peu de pratique rendra cela fort aifé. Je prends enfuite l'épaifleur de cette partie de la lame de verre ou de glace, par le moyen d'une loupe, fur une regle ou échelle de cuivre de demi-pied, où les lignes du dernier pouce font divifées en 20 parties chacune , par des tranfverfales, comme cela fe pratique fur les regles vulgairement appellées de mille parties. 15- C'eft fur cette même échelle que j'avois pris le dia- metre de 1a Sphere S, avec un compas d’épaifieur, ou mieux encore, ce me femble, avec l'inftrument connu fous le nom dé regles paralleles, en mettant la Sphere au-dedans à la hau- teur d’un de fes diametres, & en portant enfuite cette ou: verture des regles par leur tranchant inférieur fur l'échelle des tranfverfales. 16. Tout étant ainfi prêt pour l'expérience, il eftà pro- de prendre la température a@tuelle de Y'air, pour prévenir les fujets de doute qui pourroient naître à cette occafion, tant par rapport à l'extenfion qu’en peuvent recevoir les mefures dont on fe fert, & les Pendules d'épreuve, & de comparaifon , qu'à l'accélération, & au retardement qu'une différente conftitution du milieu où ils fe meuvent pourroit apporter à leurs ofcillations. C’eft tout auprès du lieu de expérience, & à côté de ma Pendule que fe trouvoient déja placés les inflruments néceffaires pour cela. Je n'y ai employé qu'un Barometre fimple, & un Thermometre à efprit de Vin, qui æft celui de M. de Reaumur, & que j'ai préféré à tout autre, non feulement par l'opinion que j'ai de fon excellente conftruétion, mais encore parce que c'eft wraifemblablement le {eul dont nos Obfervateurs fe ferviront dans le Pérou, & en Suéde, par rapport à cette expérience, .& à plufeurs autres. X à « 264 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE EXPÉRIENCE I. Pendule d'environ 6 pieds de longueur ; Balle de plomb de 6 lignes + de diametre ; Fil de pire. 17. Enfin j'ai mis le Pendule en mouvement, en le retirant d'abord de la ligne Q X, d'environ un pouce & demi, & en le laiffant aller de droite à gauche fur la ligne ou dans le plan d’ofcillation DT, à F'inftant que la Pen- dule achevoit la 20€ feconde, après 9" 59’ du matin, le 2 1 Avril de cette année 173 5. On fait mouvoir le Pen- dule dans un arc vertical, & dans un plan d’ofcillation DT, qui pañle par / L, lorfqu'après avoir mené des lignes telles que DT, QX, dont l'interfection répond à 7 Z, on lâche la Sphere S, qu'on avoit tirée de la perpendiculaire Z L, en voyant que le fil de fufpenfion couvre en partie une de ces lignes, DT, par exemple, ou fe confonde avec elle, fans quoi le Pendule rifqueroit de faire des @ftillations coniques ; & nous verrons bientôt qu'il eft bon de les éviter. 18. I faut prendre garde auf en lâchant le Pendule, & voulant compter fes vibrations, qu’on doit dire o, & non pas 1, à la feconde complette de la Pendule d'où l'on part;- parce que l'ofcillation n’eft pas achevée, & qu'elle ne le fera qu'à la fin du premier battement, ou au commencement du fecond. .19+ J'ai commencé de compter à r0P o'0" du matin, & j'ai compté 1000 battements ou ofcillations de-là jufqu'à 10h 23° 17" complettes, c'eft-à-dire, que le Pendule d'ex- périence n’a fait que 1000 vibrations, tandis que le Pendule de comparaifon en a fait 1397,ouen 1397", parceque ma Pendule s'accordoit fenfiblement avec le temps moyen. 20. Voici préfentement une récapitulation de tous ces éléments du calcul que nous allons faire, & où je réduis les pieds, pouces & lignes, en rooms de ligne, ou 1200m6s de pouce, DIERSNISTONNE AUCHERSMINT AY Récapiulation à calcul de la premiére Expérience. 21. Diftance abfoluë de la bafe BK au point de fufpenfion /, 6 pieds, ou, en HOERNTOMIEnE ALU ALLIE, Hu 864004 Rayon de la Sphere de plomb ..... 342. Diftance de la bafe à la Sphere... 42. SOMENEN 1e Men METee 1e 3 84 Otant cette fomme. . . . . . . ... d'ail 384 de la diftance abfoluë, ïl refe . . . . . 86016. qui font la lon gueur du Pendule d'expérience. Batteménts ou ofcillations du Pendule d'expé- HENCer EL AIMENT 1000. Battements (ou fecondes) du Pendule de com- à Parano EL 00 NUS 1397. Les quarrés de ces battements font, fcavoir, du Pendule d'expérience. . . . . . . . 1000000. du Pendule de comparaïifon . . . . . . 1951609. Le Barometre étoit ledit jour 2 1 Avril 173 5, à 27 pouc. 6 lignes +. Le Thermometre à $ degrès au-deflus de la congélation, ce que je défignerai par + $, vent Sud violent. Faifant maintenant l’analogie, dont le premier terme fera Je quarré du nombre d’ofcillations du Pendule de comparai- fon ou de la Pendule; le fecond, le quarré du nombre d’ofcit- lations faites en même temps, du Pendule d'expérience ; & . 1e troifiéme, la longueur obfervée de ce Pendule ; on aura comme "on fçait, la longueur du Pendule à fecondes dans le quatriéme. Analogie. Le L à ji To00000 x 86016 1951609 : ROApER :: 86016 ner — 44074 EE, qui valent 3 pieds 8 lignes & + 1166675 ; : oréeg d'un 100.m€ de ligne, X iij 166 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE Mais ayant obfervé, & reétifié la Pendule le foir même du jour de l'expérience, par les Fixes, & trouvé qu'elle avan- coit d'environ une feconde par jour fur le temps moyen, il faut adjoûter à la longueur du Pendule trouvée ci-defus, environ -1— de ligne, ainfi que je l'expliquerai dans la fuite. Ce qui réduit cette longueur à 3 pieds 8 lignes, & plus de #, REMARQUES. Maniére de compter fans peine, à" avec exactitude, un grand nombre d'Ofcillarions ; Importance de certe exac- tirude. Longueur du Pendule, &* groffeur de fon poids les plus convenables. 4 22. La peine de compter fans relâche les ofcillations du Pendule fimple, lorfque fa longueur excéde ainfi celle du Pendule de l'horloge avec lequel on 1e compare, &c la diffi- culté de juger fi l'ofcillation eft entiére dans l'un, en même temps qu'elle eft achevée dans l'autre, lorfqu'on veut com- mencer ou finir l'opération, rendent, à mon avis, cette ef- pece d'expérience peu fufceptible de répétition, & même douteufe. Car la facilité de fe tromper y eft, pour ainfi dire, en raifon compolée de cette peine, & de ces difficultés. Ce n'eft pas que je n’aye répété celle-ci, & que je n'ayeretrouvé toüjours à peu-près les mêmes dimenfions pour le Pendule à fecondes, mais cet à peu-près ne va que jufqu'à environ un 10€ de ligne plus ou moins; ce qui emporte toute la précifion que nous cherchons ici. 23. Le premier moyen auquel j'ai eu recours pour y remédier, a été de me fervir d'un Pendule d'expérience, qui approchit beaucoup de celui qui bat les fecondes, & dont il eft bien certain que Îa longueur à Paris, eft au-deffus de 3 pieds, entre 8 & 9 lignes. Un tel Pesdule, s'il eft plus court que le Pendule fimple auquel répondent les ofcillations de celui de l'Horloge, ne gagnera un battement fur lui qu’a- près un temps confidérable, après un quart- d'heure, par exemple, ou une demi-heure, & au contraire il le perdraen 2 VO DES de ds = k D ETS USICTIEN CHÉIOMAM 6e temps égal, sil eft plus long, en raifon inverfe des quarrés de leurs longueurs. On pourra donc après avoir obfervé quelque temps à Ja vüé les balancements des deux Pendules qu'on a fait partir enfemble, & du même côté, d’abord fenfi- blement ifochrones, peu de temps après hétérochrones, & ænfuite de retour à lifochronifme apparent, & après s être aflüré par la Pendule tout proche de laquelle fe fait cette obfervation, du nombre de minutes qu’il faut qui s'écoulent avant ce retour, on pourra, dis-je, fans qu’il foit néceflaire de compter les vibrations, &c en regardant de temps en temps au Cadran de la Pendule, d'heure en heure, par exemple, ou même à la fin de toute l'opération, juger du nombre d’of- cillations que le Pendule d'expérience aura gagné ou perdu, par rapport au Pendule de Horloge & de comparaifon. “ 24. Oùifaut prendre garde, 1.° Que ce que j'ai appellé ci-deflus du terme impropre d’ifochronifine, & que je nomme yai dans la fuite moment de concours, où fimplement concours, n'eft que la chûte commune & inftantanée qui fe fait de même part dans Îes deux Pendules, au moment qu'ils partent ‘du repos, par exemple , de droite à gauche. 2.° Que le retour complet des deux Pendules à Ia même ‘ direétion de mouvement, ou au concours, après un certain nombre de vibrations, emporte deux battements de plus ou ‘de moins, dans le Pendule d’obfervation , felon qu'il eft plus “court, ou plus long que celui de F'Horloge. Car après que e premier a paffé de fon concours primitif, à un mouvement contraire, il a dès-lors gagné ou perdu un battemeut, & il faut qu’il en gagne ou qu'il en perde un fecond für 1e Pendule de Horloge, pour concourir de nouveau avec lui. Cet inf “ant de chûte en fens contraire, je l'appellerai moment d ‘op- pofition des deux Pendules, ou fimplement loppofirion. 3° Que, toutes chofes d'ailleurs égales, plus l'intervalle entre les concours fera grand, ou que plus on aura obfervé de concours pour déterminer cet intervalle, plus l’obfervation fera exaête: car fuppofé que l'on fe füt trompé dans le jugement . que l'on a porté de F'inftant du premier concours, par une 368 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE faufe eftimation de la premiére vibration, ou de l'inftant du dernier, par une faufle eftimation de la derniére, ou de toutes les deux, en les regardant comme complettes, tandis qu'elles ne l'étoient pas, l'erreur fe trouvera d'autant moindre qu'elle fera répanduë fur un plus grand nombre de minutes, d'heures, ou de concours. Cette attention eft plus importante qu'on ne le penferoit d'une premiére vüë, une partie aliquote d’ofcillation n’eft pas ici à négliger, & l'erreur pour l'ordinaire n'en feroit pas petite, parce qu'elle rejailliroit en raifon doublée inverfe, fur la longueur cherchée du Pendule. Par exemple, fi dans lobfervation précédente, nous nous étions trompés d’un quart de vibration fur le Pendule d'expérience, & qu'au lieu de 1000 que nous en avons compté, pendant que l'Horloge en a battu 1397, nous en euflions compté 1000 +, nous aurions trouvé la longueur du Pendule fimple à fecondes de plus de 4409 6 centiémes de ligne, au lieu de 44074 que nous en a donné Fanalogie formée fur 1000 vibrations juftes. Nous aurions donc jugé par-là le Pendule fimple de-2£ plus long que nous n'avons fait, c’eft-à-dire, de plus d’un $.° de ligne : car par les éléments de ce calcul, 86016 x 10007 ___ 857536 . 1951609 — 44096 1951609 ° 4° I faut prendre garde que malgré les inconvénients des Pendules, qui différent beaucoup de celui de l'Horloge, leur longueur doit en différer cependant affés fenfiblement, pour qu'on ne puifle équivoquer à cet égard, & prendre en excès dans le concours, Îles deux battements qui feroient peut-être en défaut, ou au contraire; fans compter qu’en voulant faire par cette voye, par le tâtonnement, la longueur du Pendule d'expérience, tout-à-fait égale à celle du Pendule de comparaifon, on s’expofe à y revenir cent fois fans y réuffir, & à voir finir fon mouvement dans le doute d’un concours mal décidé, ou d’une oppofition imparfaite, 25. Deux chofes contribuent à la durée du mouvement d'un Pendule Simple, la grandeur du poids, & la longueur du fil, abftraétion faite de fa réfiftance ; car la grandeur du poids Le p8 cit t DES -S.CL'E N CE réé poids de la Sphere, par exemple, à raifon de fa furface, dimi- nuë d'autant la réfiftance relative de Fair dans lequel elle fe meut, & la longueur du Pendule produit encore un effet femblable, en faifant mouvoir le poids fur un arc ou fur ur plan de même longueur plus incliné, & en diminuant par-là fa vitefle. Cependant un trop grand poids a fes inconvénients, il fait rompre le fil de pite, ou, fi l’on fe fert de quelqu'autre fubftance, il la fait fenfiblement, & continuellement allon ger, foit par l’action continuë de la pefanteur, foit par celle de 1a force centrifuge, que lui impriment fes balancements. J'en excepte le fil de métal, mais il exige des attentions dont nous n'avons pas encore parlé, 1l a un poids, & un manque de fléxibilité qui apportent beaucoup d'équivoque & d'erreur dans lobfervation. L’mconvénient du poids du fil balance donc l'avantage de la longueur du Pendule, fi la Sphere qui y eff attachée, n'a elle-même un poids dont Île rapport à celui-ci foit très-grand. C’eft un défaut, ou du moins un fujet de correction à l'expérience précédente, ainf que nous y aurons égard, & que nous l'expliquerons en fon lieu. 26. En attendant, je remarque qu'une Sphere de léton d'environ un pouce de diametre, fait aflés jufte le poids qui convient à un fil de pite prefqu'aufli délié qu'un cheveu ; & c'eft à quoi je me fuis arrêté dans l’expérience qui fuit, Lepoids de la Sphere dont je me fuis fervi eft de 3 onces moins 2 1 grains, ou de 1707 grains ; du refte auffi parfaite, & aufli polie qu'il a été poffible. Son diametre vaut 1226 1200 de pouce, ou environ be, & partant fon rayon eft de-613 1200 " : . . + 3 _de pouce, en centiémes de digne, & de de pouce, 240 en vingtiémes de ligne. Cette boule ainfi mue par toute fa furface , n'ayant ni anneau ni crochet, je l'ai attachée au fil de fufpenfion par le moyen d’une petite mouche de tafe- tas bien enduite de colle, après avoir percé cette mouche à fon centre, & y avoir fait paffer le bout du fil, qui fe replie fur la colle, & s'attache avec elle fur la furface de la boule, … “ "à 4 Mem. 17355 Y 370 MÉMOIRES DE L’'ACADEMIE ROyALeE EXPÉRIENCE IL Pendule d'environ 3 pieds 8 lign. Sphere de Léron d'environ un pouce de diametre. Fil de pire. 27. Le 10 Mai 1735, au matin, Barometre 27 pouc. rilign. Thermometre + 8. Il faut fe fouvenir que c’eft toüjours le degré du Thermometre dans le lieu de l'expé- rience, & non au dehors. Vent Sud-Oueft. Diftance abfoluë de la bafe B K, au point de fufpenfion, chatte en PR cu FEU Mar 44069 6- Rayon de la Sphere. . . . . = DIS Diftance de la bafe à la Sphere . . . . 86. Somme. 4. +: . +, .'. « 699, ci 690: qui étant ôtée de la diftance abfoluë, il refte pour la longueur du Pendule. . . . . . . 439 97° lequel eft un peu moins de 3 pieds 8 lignes, & fürement plus court que le Pendule de com- paraifon. Le fufdit Pendule d'expérience a été lâché, ou mis en mouvement de la maniére décrite ci-deflus, à 7h 45'; il s'eft trouvé d’abord un peu en défaut, & en retardement apparent, par rapport à celui de la Pendule; mais j'ai jugé qu'il l'avoit atteint au bout de 2 minutes. Donc 1. Concours obfervé & jugé à . . . 7h47. 2.M€ Concours . . . + + après » « + 8 34 g-"e Concburs + 4 "VAN 6 6, +, 9022 4-"e Concours . « . . .jufleà. .« « 10 9 Les trois intervalles de ces quatre Concours ne différant entreux chacun en particulier, que d'un tiers de minute, alternativement en plus & en moins, & donnant tout jufte 47 + d'intervalle moyen , comme on le tire de leur fommé totae, 2h 22, divifée par 3, il y a apparence qu'ils ont 1 DES SCIENCES. 71 . été bien obfervés, & qu’on peut prendre fans erreur fenfi- ble 47° + pour cet intervalle, ou . « . ... 2840". Auxquelles répondent *, . . ......,. 2842... * ( Battements du Pendule d'expérience, ainft qu'il a été expliqué ci-deflus. ) Le quarré du premier nombre eft . . . . . 8065600: Le quarré du fecond. . . . .,..... 8076964. Analogie. 8065 600 : 8076964 :: 43997: eos rare | 62185108 8a30B - ONE RTE LEE RER 44058 Re » qu peut être 065600 3 ; è L , pris pour 440 59, & qui donne 2 pieds 8 lignes D & +, mais qui {e reduira à + de moins, ou 3 pieds 8 lignes + L È, parce que le foir même, ma Pendule qui n'avoit 1,1 s = ï £ Ï ’eft pas été corrigée depuis quelques jours, s’'eft trouvée retar- der d'environ une feconde par jour fur le temps moyens REMARQUES Sur la Correétion à faire en confequence de l'avancement, … ou du retardement de l’Horloge; à fur l'erreur que + pourroient produire les excès de matiére, ou les Joufflires … qui fe rrouvervient dans le poids du Pendule. Maniére © de prendre les dimenfions, &c. 28. Je prends dans cette expérience, comme j'ai fait dans la précédente, un 100€ de ligne, pour la feconde de correction par jour, qu'il faut faire à la Pendule, fçavoir, en plus ou en addition ; lorfque la Pendule avance, & au contraire, lorfqu'elle retarde; ce que l’on peut pratiquer fans crainte d'erreur fenfible, jufqu'à $ à 6”, & au-delà, … Car 1° La longueur cherchée du Pendule qui bat tout jufte 3 600 fois en une heure, ou 86400 fois en un jour, réfulte dans l’Analogie du produit de {a longueur du Pen- dule d'expérience par le quarré de fes ofcillations, divilé par in - +72 MEmOIRES DE L'ÂACADEMIE RoyaLe le quarré de celles du Pendule de comparaifon ou de 'Hor- loge. Or fi Horloge avance, fon Pendule a donc fait plus de vibrations pendant l'expérience, qu'il n'en devoit faire; donc le divifeur de l'Analogie, fon premier terme, efttrop grand, & par conféquent fon quatriéme terme trop petit, & la longueur cherchée du Pendule, d'autant moindre qu'elle ne devoit être, ou au contraire fi l'horloge retarde. Donc il faut augmenter cette longueur dans le premier cas, & fa diminuer dans le fecond. 2.° Qu'un centiéme de ligne de plus ou de moins ré- ‘ponde à environ une feconde de retardement, ou d'avance- ment par jour, de la Pendule, & réciproquement, c'eft ce que lon voit par le calcul. Le voici pour linverfe , ou pour fçavoir ce que donneroit par jour un Pendule plus long que le véritable Pendule à fecondes d'un root de ligne, en fuppofant celui-ci de 440$ 5 de ces centiémes. » ; 3 (a . _7464960000 x 440$$ 44055 + 1 : 86400 :: 44055 : EE = 1282 t La pense _ 7460476785 8 pe L EME racine approchée ; & le nombre de vibrations qu'a fait un tel Pendule en un jour, eft 86398 -Ê%, lorfque le vérita- ble en a battu 86400, qui valent réellement des fecondes: c'eft donc 1 +5, où 1 + À vibr. de moins qu'il ne falloit. D'où l’on voit qu’une feconde jufte par jour de Horloge répond à très-peu près, à un centiéme de ligne fur la longueur du Pendule. | 3° Enfin on verra par un femblable calcul appliqué à des nombres différents, que, malgré l’Analogie fondée fur les quarrés des temps, on peut prendre fans crainte, les mul- tiples de ce réfultat, pour 2, 3, 4, &c, ou un plus grand nembre de ces fecondes, ou de ces centiémes, en défaut, ou en excès; parce que le rapport qu'ont entr'eux les quarrés 86400 , 86400 H 1, 86400 2, &c. ne différe pas affés de celui de leurs racines, pour donner ici une erreur D'Es: S Cr EN om EAMr 173 - gonfidérable. De maniére que 10" d'avancement de la Pen- dule, par exemple, ne donneront guére que le décuple de ce que donneroit 1” fur la diminution de Ia longueur du ‘Pendule cherché, où 7 — -5 de ligne, & enfin une digne entiére d’allongement donnera 1° 38”, qui font à 14" près, le centuple du retardement qui répond a = de ligne ; . comme on peut s’en éclaircir par un calcul tout femblable à celui qu'on vient de voir ci-deflus. C’eft ce que j'ai cru “devoir mettre ici, comme des préalables dont il eft bon d'être muni, quand on entreprend ces expériences ,. pour fçavoir toüjours ce que lon fait, ce que l'on y néglige, & ce que lon y peut négliger. 29. Pour continuer dans le même efprit, éclairciffons un doute qui doit venir naturellement fur cette matiére. Quelle erreur apporteroit à la longueur cherchée, un excès de poids adjoüté à la furface de la boule du Pendule d’expé- rience, par exemple, un crochet, ou un anneau pour la fuf- “pendre plus commodément, ou un défaut de poids dans fon intérieur, tel que celui qui viendroit de quelque fouffüre, qui s’y feroit gliflée pendant la fufion? Pour appliquer à cette queftion la formule connuë du centre d'ofcillation des Pendules compolés, & dans le cas le plus nuifible à l'expérience, ou qui devroit caufer le plus _ grand changement à la longueur cherchée, fuppofons que a fouffûre, comme le poids adjoûté, foient fur la furface de la Sphere, & dans la ligne même de fufpenfion. Car if eft évident que plus elle s’écarteroit de cette ligne, & qu'elle . s'approcheroit du centre d’ofcillation de la Sphere , que nous prenons ici pour fon centre de figure, moins elle apporteroit d'erreur à l'opération dont il s'agit. Nous pouvons auffi ; . | pour fimplifier le calcul, prendre une fouffûre pour un excès de poids, ou de matiére dé même mafle, placé à Textrémité oppofée du diametre au bout duquel on la fup- pole, & réciproquement. 4 | _! Cela pofé, foit SC, un Pendule de 3 pieds 8 lignes, ou _ de 440 lignes, dont le poids P, eft fuppoié ren au point C; Fu “A Ale Me Fig. 24 374 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & foit en D, ou en B, par exemple, 10 lignes au -deffus ; ou au-deffous de C, un autre poids plus petit p, attaché à la même verge SP, infléxible, & fans pefanteur, lequel ait un rapport donné avec P, par exemple, de 1 à 1000. Cette fuppofition revient au même, que fi l'on imaginoit une Sphere F, de 8000 lignes cubiques de folidité, attachée en C, & une autre de 8, attachée en D. 2 mt PU EUR EE ES On aura donc = £ Pr NE ENSC LEE D 2 2 | ne nés (IOOD A 440, CE SAR SET (dans le cas de + 10) a 1000 *x 440 + 1 x 440 E 20 19600000 + 202$00 ___ 19802500 __. 450 —————_————————_—_— mt = [e] 440000 + 450 . 4404$0 440 + 44045 = 440 + rs OÙ ENVIrON ÿg de ligne; & dans le #5° 193600000 + 184900 _ 1937840900 __ cas de Ta DO 440000 + 430 SEA 440430 — 439 + Fe —= 440 lignes ——"u, Où environ de ligne. De forte que la longueur du Pendule fimple 8 5 P'es qui réfulte des deux poids P, p, fe trouvera par-là égale = So à SC — -—=Co: Où il faut remarquer, 1.° Que fi, au lieu de prendre Je diametre de la boule de 20 lignes, on ne avoit pris que de 10, l'abbaiflement Cæ du centre d’ofcillation, ou le hauflement Co, ne fe feroit trouvé que d'environ la moitié 1 Li , aol te 06 32:15 , en raifon directe des diametres; L 102 77 —=Cw. du précédent, fçavoir Co — : DL 6z 25 12 ag ou très-approchant. 2.° Que le poids P, double, triple, ou décuple de ce que nous l'avons fuppolé, p demeurant toüjours — 1, donne Co, & Co, deux fois, trois fois, ou dix fois plus petits, en raifon inverfe; & tout cela par une raïfon femblable à celle qui a été donnée ci-deflus, en pareille rencontre, art. 29, 5. °. D'E'SVIS OPEN CHSMEN V7 » 3.° Qu'on peut donc recevoir comme une zegle très- exacte dans la pratique de ces expériences, que les inegalités de matiere, en excès, ou en défaut, placées fur la ligne de fufe penfion, dans les poids des Pendules, par exemple, dans les Spheres, - ou dans telle autre efpece de corps que l'on voudra, écartent leur centre d'ofcillation de leur centre de gravité en raifon directe des diflances de ces inégalités à leur centre de gravité, à en raifon inverfe de leurs poids abfolus. 4° Que cet écartement fera encore en raifon inverfe des lon- eurs du Pendule, en ce fens que, toutes chofes d’ailleurs égales, un Pendule plus fong ou plus court que le Pendule à fecondes, donne toûjours à peu-près la même quantité; par exemple, dans le cas de CD — 10, P— 1000, p—1, & de SC = 440 x 2 — 880, on a encore Co —-, & qui, dans le cas de SC = 440, étoit = =. Or on peut concevoir que cette quantité eft : dans le premier 102 x 440 cas, & L dans 1e fecond. sor x 880 5" Que les fouffiüres au-deflus de C vers D font plus nuifibles que les excès de matiére; & au contraire au-defious vers B, parce qu'une foufflüre vers D ef l'équivalent d'un excès de matiére vers : car Co fe trouve toûjours plus grand que Co, quoiquéce foit, à mon avis, d’une quantité qui eft ici de nulle confidération. 6." Enfin s'il y a plufieurs inégalités, plufeurs foufflüres, ar exemple, difperfées çà & 1à dans da matiére du poids du Pendule, äl eft clair qu'elles fe compenferont plus on _ moins, & que leur effettotal, ou des Co, Co, feront d'autant _ moindres. On voit par cette théorie, & par les éxemples dont elle éftaccompagnée, qu'il eft beaucoup moins à:craindre, qu'on ne l'auroît cru peut-être, que l'inconvénient que nous venons : , d'éxaminer puifle nuire à notre recherche. Par éxemple, . : dansda boule dont nous nous fommes fervi pour l'expérience | précédente, & qui a été décrite, art. 26, une inégalité de 2 ge Fig. 3. r76 MEmoiREs DE L'ACADEMIE Royare matiére de la valeur d’un grain, qui eft tout ce que peut pefer un petit anneau que j'ai fait fouder à fa furface, ne {çauroit à l'avenir, felon la regle énoncée ci-deflus, haufler le centre d’ofcillation du Pendule, ou donner Co que de ++ de ligne tout au plus. 30. La diftance abfoluë de la bafe à la pince, dans l'expérience précédente, a été prife par le moyen de la regle de fer, en la mettant perpendiculairement fur cette bafe, & en l'appliquant par derriére contre les regles de la pince. Prenant enfuite la diftance de la pince au milieu de la regle ou toife de fer, c’eft-à-dire, à la divifion des 3 pieds, avec un compas, j'ai rapporté cette mefure fur une autre regle où il y a quelques pouces divifés par tranfverfales en 20.mes & A4o.mss de ligne; d’où j'ai conclu la diftance totale. Mais cette double opération me paroïffant pénible, & toujours moins fûüre, & moins exacte que ne l'auroit été une feule, je me fuis déterminé à faire divifer la regle même de fer en 2o.m6 de ligne, fcavoir le pouce N, qui eft le fecond au-deflus de la divifion du milieu 47, ou des 3 pieds. Cette regle étant enfuite appliquée, comme ci-devant, contre celle de la pince, perpendiculairement fur la bafe, & tout proche de la ligne QX, je prends une bougie, &z une loupe, & j'obferve fur la divifion AW, la ligne & la partie de ligne que m'indique le tranchant PZ; c'eft comme fi j'obfervois für un Quart-de-cercle d'environ 2 pieds 4 pouc.+ de rayon, le degré, la minute, & la partie de minute que m'indiqueroit le cheveu : car nos 24 tranfverfales par pouce, ont ici à peu-près la même diftance entr'elles, que les 12 par degré qui détermineroient les minutes de $ en $ fur un pareil Quart-de-cercle, & comme l’on y pourroit affés bien diftin- guer les+, & quelquefois les + & les + de minutes, on verra ici à peu-près de même, les +, les #, & quelquefois les + de 20.mes de ligne. Le pouce O au-deflous de A7, & les pouces qui répondent à V, O, &c. de Fautre côté de la regle, ont été divifés en ro.mes, 1 2.m65, &c. pour le même ufhge, ou pour d'autres dont il eft inutile de faire le détail, Du refte, : D EF SAS (6 ER caremeM 177 Du refte, le feul pouce N divifé par tranfverfales, fatisfait à toutes les expériences où la Iongueur du Pendule d’épreuve approche de celle du Pendule qui bat les fecondes, lequel certainement ne s'écarte guére de 3 pieds 8 lignes l; car adjoûtant à cette longueur le rayon inférieur de {a Sphere, füt-il de ro lignes, il reftera encore plus de s lignes pour la diftance de la bafe à la furface inférieure dela Sphere, fans que PZ pale au-deflus du pouce N}; & ne fût-il que de 3 lignes, & la diflance de la bafe à Ia Sphere de Z ligne, il s'en faudra encore 1 ligne ou environ, que PZ ne tombe au-deflous. 3 1. Cette divifion de la regle de fer, & la maniére de prendre avec elle la diftance abfoluë de la bafe à a pince, - fourniflent un moyen de mefurer plus immédiatement la longueur du Pendule, fans qu'on ait befoin de prendre 1a diftance de Ia bafe à la furface inférieure de la Sphere; car la regle étant fuppolée debout fur la bae, il n'y a qu'à haufler ou baiffer cette bafe, par le moyen de fes trois vis, jufqu'à ce qu'elle touche jufle la furface inférieure de la Sphere; & Von verra par-à tout d'un coup quelle eft fa diftance à la pince, Nous prendrons prefque toûjours les dimenfions dans ces expériences en 20." de ligne, & nous les exprimerons de même, excepté dans {es analogies, & dans leurs réfultats, lorfque la petitefle des fractions l'éxigera. paré EXPÉRIENCE III. ne. Pendule d'environ 3 pieds 10 lignes; Boule de Leton : 128S Fil de pie. PRET ki "1 Wyz. Le 13 Mai au matin Therm. + 8 _ Barometre, 28 pouc. o dign. Ré HG . . del Sphere à h pince, en 20.6 deligne. 8970 » Rayon de la Sphere à Ôter Le ne. sat 2 2 . Refle fa longueur du Pendule 2 4. 2188484 ne Mem. 1735. Z >]V1 fus . 178 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE qui font 3 pieds 10 lignes +, & par confé- quent un Pendule plus Iong que le Pendule à fecondes. Ayant abbaïflé la bafe, j'ai mis le Pendule en mouvement à 8h 20°. 1. Concours obfervé à . . . .. .. Shane Oppoñition obfervée à . . . . . . .. 8 42 30. 2.me Concours obfervé à . . . . .. R'BNFR Te 7.0 Concours obfervé à . . . . + . . LO: ME 0. 8.me Concours obfervé, & conclu par la fin & le commencement apparents des oppofitions, au milieu defquelles il | devoit {etrouver, à 1.012.221, 40. rora7age. Otant de cette heure celle du 1." concours, 8 34 oo. II refle pour les 7 intervalles . . . . . 1 $3 30. ou 6810"; & divifant cette fomme par 7, ona972" 2 pour chaque inter- valle, mais à caufe de la fraétion £, il vaut autant prendre le ‘nombre même de la fomme, ou les 68 10", pendant lefquelles le Pendule d'expérience doit avoir perdu 7 x 2, où 14 battements; il vient donc pour le nombre de fes ofcillations correfpondantes, 679 6. Le quarré du premiernombre, 6810, et 46376100. Et celui du fecond, 6796, et . . . . 46185616. Analogie. 46376100 : 46185616 :: 8848 : A ts = He = DDET TR qui valent un peu moins de 44059 centiémes, & par conféquent 3 pieds 8 lignes+, & près de -L, ou 3 pieds 8 lign. + moins 2. Cette expérience a été faite avec beaucoup de foin, & de fuccès, le Pendule s'étant trouvé après les 679 6 ofcilla- DES SiC/I/E N C'Æ SAM 179 tions, précifément de la même longueur qu'auparavant ; mais ma Pendule retardant par l'obférvation du foir, d’en- viron 2 fecondes par jour, il faut réduire la longueur trou- vée à 44057. é EXPÉRIENCE IV. Ofüillarions coniques ; Pendule de 3 pieds & : lignes 2. 33- Le tout demeurant en l’état où il étoit à la fin de l'expérience précédente, j'ai retiré le Pendule de fà ligne ZZ, & je l'ai pouffé felon la direction R X, perpendiculairement à QX, à environ 1 + pouce de diftance de 7 D, & d'une telle force que la Sphere S décrivoit fenfiblement des cercles autour du point d'interfeétion des lignes TD, QX. On voit bien qu'il va naître de ce mouvement, ce que l'on appelle des Ofcillations ou Circulations coniques , que l'on fçait, par le IX.me Théoreme de M. Huguens, devoir être égales entr'elles, lorfqu'elles font fort petites, & à de doubles Oféillations latérales, fort petites aufi, comme étoient celles des expériences précédentes, où elles fe faifoient dans un plan qui pañle par la ligne ZZ ; c’eft-à-dire, que chaque Circula- tion complete, ou chaque retour du Pendule au même point d'où il étoit parti, vaut deux Ofcillations latérales. Pour voir ce que l'on en pouvoit efpérer dans Ia pratique, ou plütôt quelle erreur il y avoit à craindre de Ia part dé - ces fortes d’ofcillations, quand elles viennent à fe méler avec les latérales, ou auparavant, lorfque de circulaires, elles de- viennent (étant projettées fur le plan de la bafe) des efpeces d'Ellip{oïdes, j'ai compté 300 circulations fenfiblement circulaires ou Ellipfoïdes fort courtes, pendant lefquelles Je Pendule de comparaifon a battu 60 1”, ce qui donne pour Yanalogie, 6o1 (361201) : 600 (3 60000) :: 8848 ns Bèrs » qui étant prifes pour 8816, feroient tout jufte 3 pieds 8 lignes & 4. 180 MEMOIRES DE LÂCADEMIE ROYALE REMARQUES Sur les inconvénients des Ofcillarions coniques , à la maniére de les évirer. 34 Quoique cette longueur furpañle tout au moins d'un cinquiéme de ligne, celle du Pendule à fecondes, l'erreur n'eft pourtant pas auffi confidérable que je F'aurois cru : car il entre ici bien des caufes d'irrégularité. 1. La force centrifuge qui fe complique avec le poids du Pendule, eft toute différente dans les ofcillations coniques, plus petite en un fens, mais plus conftante que dans les laté- rales ; puifque dans celles-ci elle augmente toüjours pendant l'accélération de la defcente du poids, & diminuë dans le retardement de la montée, au lieu que dans les autres elle eft la même pendant toute la circulation, où la vitefle ne change pas, ce qui doit tendre & peut-être allonger le fil tout différemment. 2° Au lieu qu'il ne fe fait qu'un pli au fif tout proche du tranchant de la Pince, à chaque ofcillation latérale, ce fil au contraire, eft contraint de fe tordre un peu, & de fe détordre alternativement à chaque ofcillation conique, & apparemment un peu plus loin de ce tranchant; ce qui doit faire l'effet d’un Pendule plus court, produire un plus grand nombre d’ofcillations, & donner un Pendule à fecondes plus Jong dans l’analogie, où ce nombre eft multiplié par la longueur obfervée. 3° On ne fçauroit obferver long-temps les circulations coniques, parce que le poids du Pendule décrit quelque temps après qu'on l'a mis en mouvement, des Ellipfoïdes fort allongées, qui doivent être d'autant plus ifochrones entre elles, & avec les latérales, que tenant un milieu entre celles-ci, & les circulations réguliérement coniques, elles approchent davantage des premiéres ; & le Pendule fe renferme enfin dans un plan où il ne fait plus que des vibrations latérales. Cela doit être ainfi, & je l'ai prefque toûjours éprouvé, à caufe DES SCIENCES, 187: de l'applatiffement du fil au tranchant de a pince, & dans la même direétion que les deux lames qui la compofent. Cependant lorfque le fil de pite qui eft ordinairement un peu plat, fe trouve pris, par hafard, à-la pince en fens - contraire, ce changement d'ofcillations coniques en‘latérales n'eft pas ft prompt; mais on a toûjours de la peine à diflin- guer les unes des autres fur la fin du mouvement du Pendule. s: Quoi qu'il en foit de l'ifochronifme de toutes ces fortes d’ofcillations, que je ne prétends pas difcuter ici davan- tage, les lignes QX, TD (Sup. art. 1 2.) & un peu d’atten- tion à lâcher le Pendule dans la derniére /T D), préviendront comme on voit, les inconvénients qui pourroient arriver de leur mêlange avec les latérales dans les expériences ordi- naires. Mais fr, au lieu de fil de pite, on fe fert d’un fil tors, de chanvre ou de foye, quelque bien ciré qu’il foit, & quel- que temps qu'on lui ait laiflé pour fe détordre, & s’allonger jufqu’à fon point, les derniéres ofcillations du Pendule, d’or- dinaire les plus exactes, & celles dont il convient le mieux de f frvir, feront toüjours équivoques, & pafleront quel- quefois alternativement du conique au latéral, & du latéral au conique, par une variation continuelle jufqu’à fon entier repos. « 6. C’eft fans doute d’un pareïl fi que l'on s’étoit fervi dans l’Académie de Florence, en faifant l'expérience du … Pendule, puifque pour éviter les ofcillations coniques, ou la Spirale ovaliforme, par où on avoit pris garde qu’il finifloit . prefque toûjours, on fe détermina à y employer un fil double, comme on le voit ici Fig. 4, afin de retenir par-à - la Sphere dans un même plan d'ofcillation. Voici une expé- . rience de cette efpece. Dis EXPÉRIENCE .V. ‘% ki Fil double, à la maniére de l’Académie de Florence. 1 37e Ler8 Mair173 5, Therm. + 9. Barom. 28 pouc. Da ligne. Vent Nord. HE k Z ii Fig. 4. 182 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE J'ai fait pañler librement le fl F4 L par Fanneau À de Ja Sphere S, la même que ci-deffus, en écartant les deux bouts 7, L, d'environ 4 pouces. C’eft encore d’un fi de pite dont je me fuis fervi, ne croyant pas qu'on pût y employer en füreté le chanvre ou la foye. La longueur du Pendule, où la diftance ZS du centre à la pince, s’eft trouvée, toutes déductions faites, d… . . . . . . . .. «+ . . . 8802, c'eft-à-dire, de 3 pieds 8 lignes & -£; plus court par confé- quent que le Pendule à fecondes. De deux ou trois Expériences que j'en ai faites, je préfére celle qui m'a donné 1861 ofcillations fur 1 860", dont les quarrés font 3463321, 3459600; & d'où l'on tire la £ Does 3463321 x 8802 longueur du Pendule à fecondes —= 3459600 = SBII A ; d'où il faudra retrancher l'effet du poids du fil double. REMARQUES Sur la complication de la Pefanteur du Fil avec celle du poids proprement dit du Pendule. Formule pour en évaluer les effets. Correction des Expériences précédentes à cet égard. Manière de compter les Ofüillarions des longs Pendules. 38. Cette méthode a fa commodité. Je crois cependant que celle que nous avons pratiquée avec un fil fimple, ui eft préférable : car outre que le fil double en augmente d’au- tant le poids, le Pendule fe meut moins de temps, ayant à faire plier près de la pince, à chacune de fes ofcillations, deux fils au lieu d’un, & trouvant à cet égard deux fois autant de réfiftance dans d'air: ce qui empêche de compter É q plufieurs concours, & diminuë à proportion l’éxactitude de l'opération. 39. Puifque le poids du fi entre encore ici pour quel- que chofe, & qu'il devra être compté dans les expériences que nous allons faire d'un Pendule beaucotip plus long que DE; Su: SSC,ATE AN GES 183 les précédents, & dans celles où nous nous fervirons d’un fil de métal, il eft temps d'éxaminer quel peut être l'effet de ce poids dans toutes nos expériences, & d'apprétier l'erreur qu'il pourroit y apporter. Cette queftion n'eft-pas fans dif culté. La formule du centre d'ofcillation de deux ou de plu- fieurs poids finis, attachés à une verge infléxible, & fans pefanteur, ne peut fervir à la réfoudre qu'avec des reftrictions & par des opérations, dont on ne voit peut-être pas d’abord toute Vanalogie. Le fil eft une verge fléxible, & pefante dans tous fes points, ce qui fait un Pendule compolé d’une infinité de poids infiniment petits. Il eft vrai qu’on peut fe difpenfer d'avoir égard à cette fléxibilité, parce qu'il eft impoffible qu’elle produife jamais d'effet fenfible, dans le cas dont il-s’agit, d’un Pendule qui fait des ofcillations de 2 ou 3 pouces, & dont le poids qui eft au bout, furpafe plus de cent, ou de mille fois celui du fil auquel il eft attaché, Mais la circonftance du poids de ce fil répandu fur toute fa longueur, & confidéré en tant qu'il doit haufler le centre d’ofcillation commun de toutes les parties du Pendule, peut devenir ici d'une très-grande importance : car tandis qu'une foufflüre, ou un excès de matiére fur la furface de Ia boule, équivalents à la r00."€ partie de fa pefanteur, ne donnent ce hauflement dans un Pendule de 3 pieds 8 lignes +, que d'environ un 10." de ligne, comme il a été expliqué ci- defflus, un pareil poids dans le fl de fufpenfion le donnera fept à huit fois plus grand, & d'environ + de ligne; ce qui augmentera encore avec la longueur du Pendule, en raifon directe de cette longueur. _ 40. Pour nous faire là-deffus une Formule propre au fujet, & d'une application aifée, j'adopterai la théorie de M: Bernoulli, expliquée dans les Mémoires de l Académie, & dans les Aétes de Leipfick, année r7 14, où cet illuftre Géométre donne une méthode déduite des principes de méchanique les plus fimples, & infiniment générale, par laquelle il trouve le centre d’ofcillation d’un Pendule com- polé quelconque. Cette méthode confifte principalement à 184 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE chercher ce centre par le centre de gravité commun des moments de chacun des poids, qu'il traite comme les poids mêmes, dans les queftions ordinaires du centre de gravité. Fig. $. Cela polé, foit SP le fil d’un Pendule confidéré comme une ligne inflexible, & également pefante dans toute fa longueur, & dont le poids total repréfentant l'unité, foit fous-multiple d’un plus grand poids P, attaché & réuni à l'ex- trémité inférieure 2. On fçait que le centre de percuffion, où d’ofcillation d’une ligne SP, mobile autour du point S, & qu'on imagine comme compofée d’une infinité de points pefans également diftribués fur fa longueur, eft en 7, à la diftance+ SP. Confidérant donc la fomme des momens en 7, comme un poids /+SP,) & le moment au point P, comme un autre poids / P x SP); multipliant le premier par la diflance commune 7 P,(+SP, vec divifant le produit par leur fomme, on aura, conformement à la regle des centres de Li Li x Nr Ge aps PC, difance du 3. Cettemême M. Huguens, D'où il eft arrivé qu'ils ont donné des diftances mé 1735: du centre d'ofcillation des Solides, toüjours trop petites, & qu'ils ont traité quelquefois le corps formé par la révo- lution d’un plan fur fon axe de figure, comme le plan même, & trouvé la même intégrale, ou le même centre d’ofcilla- tion pour lun que pour l'autre; ainf qu'ils ont fait, par exemple, à l’évard du cylindre & du rectangle de la révo- lution duquel on peut concevoir qu'il réfulte. Car la diftance du centre d’ofcillation de tout Sphéroïde ou corps engendré par la révolution d’une figure plane quelconque, doit par- ticiper de lofcillation du plan générateur agité es plan ou fur un axe qui lui eft parallele, & de côté ou fur un axe qui lui eft perpendiculaire, ce qui fait les cas extrêmes, & aufli fur des axes dans toutes les pofitions intermédiaires par rapport aux deux précédentes, ce qui fait les cas moyens. Mais ce n'eft pas ici le lieu de pouffer plus loin ce détail: il me fuffit d'avoir indiqué & relevé comme je l'ai dû faire, une erreur qui pouvoit devenir capitale fur la matiére que DES/SCIENCE,S, , T97 je traite. Et puifqu'il s'agit d'expériences dans ce Mémoire, je ne le finirai pas, fans en donner quelqu'une du centre d’ofcillation de la Sphere, & peut-être auffr de quelqu'autre MAL EIT 44286% corps régulier. Les Auteurs les plus fameux, & notamment M. ÆHuguens, n'ont pas dédaigné cette efpece de preuves dans leurs fpéculations les plus profondes, EXPÉRIENCE XIII. Boule de cuivre de 16 lignes ? de diametre ; Pendule de 3 pieds, &c. Fil de métal employé comme aux Expériences X, XI, XII 5 6. Ler 6Juin, Therm.-+- 1 8. Barom. 28 pouc. olign.?, Vent Nord-oüeft. La Pendule retardant de 1’ "par jour. Diflance de la bafe & de la furface inférieure de la Sphere ar Pince En 20.65 cree JP CUS, 9021+ Rayon de la Sphere à ôter. .......... 164% : Hauflement produit par le poids du fil, (Sup. 41.) à Oter.. 2. Dole cmalet die etai _ Somme ...... MIE AU À TR RON 1647. qui étant Ôtées de la diftance ci-deflus, ilrefte..… 88 LE 0 AK; 2 Par 4 PA À quoi il faut en RE He 53792 qui valent à peu-près 1 + T3 Chi se se 14. Hi: MSomme & véritable longueur du Pendule. ..,:. 8858 F4 ee Pendule ayant été mis en mouvement, j'en ai obfervé ou conclu I2 concours en 2h 38° n30"=8910" » qui a joies pour deux, . concours, ci, 24 A5 3 LOUd ANUS résosse 1485 qui répondent à (ofcill. du Pendule JrmssteoeL48 1 car un feul concours auroit une fraction qu'il vaut mieux éviter. 1 | Quarrés de ces nombres. ......,,,,,.,. APATÉ b ii 198 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Analogie. À AS . 8858 x 219336r 2205225 :219336r 4: 8858 : axe 759488 MAT A EE mes Fe — 8810 Er TU qui, réduites en 100.5, font environ 440 5 1 +, qui par [a correction de la Pendule fe réduifent 2 Me as le eee duels Det A LOIS REMARQUE. 57 Quoique je penfe devoir compter fur cette expé- rience autant que fur aucune autre, par les attentions que J'y ai apportées, il faut convenir cependant que la fongueur qu'elle donne au Pendule à fecondes differe de près de de ligne, de ce que lui donnent quelques-unes des précé- dentes, fur-tout lorfqu’on aura adjoûté à leur réfultat la cor- rection ÆO du centre d’ofcillation. Mais cela ne doit point furprendre, dès que je me füis fervi ici d’une autre Sphere: il arrivera quelque chofe de pareil toutes les fois qu'on en changera, ou qu'on employera quelques inftruments diffé- rents. Car quelle précifion dans leur fabrique, ou dans l'ufage que lon en fait, pourroit prévenir l'erreur de quelque cen- tiéme de ligne? Ce ne fera auffi que d’une moyenne Arith- métique prife de toutes nos expériences enfemble, que je conclurai la vraye fongueur du Pendule à fecondes, quoique, à dire vrai, je fufle porté à donner la préférence à celles qui ont été faites avec une petite Sphere, par les raifons que j'en donnerai bien-tôt. EXPÉRIENCE. XI V. Boule d'Yvoire d'environ 19 lignes de diametre ; Pendule de 3 pieds, èrc. Fil de méral. Le lendemain, à" dans les mêmes circonftances que la précédente. 58. Toutes déduétions faites, cette expérience m'a donné Ja longueur du Pendule à fecondes de......... 44055: DE s3S CL E :N° C'E'S EXPÉRIENCE XV. 197 Sphere de Criffal de j pouces + de diametre ; Pendule de 3 pieds, à”c. Fil d'Archal, dont les 3 pieds pefens environ 29 grains =, employé comme l'enfeigne l'ari. 49. 59. Le 2 Juillet, Thermometre+- 1 8. Barometre 27 pouces 9 lignes. Vent Sud. La Pendule retardant de $ à 6” depuis deux jours. Diflance de la bafe & de la furface inférieure de la Sphere Aa PINCe, 2 OMS LS RS bois eo écoie oo 01e « à 0 e > D'où il faut Ôter le rayon de la Sphere, fçavoir 634, & la partie dont le poids du fil haufle le centre d’ofcillation, laquelle fera d'environ + (art. 41), le poids de la Sphere, qui eft de 97200 grains, valant près de 3 300 fois celui du fil, ou, ce qui revient au même, donnant P= 3300. II reftera donc...:.:...4:.. ‘ À quoi il faut adjoûter la partie XQ, dont le centre d’ofcillation eft abbaifié, =! ST _ 2 2 * 684 DORSALE La 5e = FEB EE Quai 21 ÿ; Ou à pEu-prés, ce qui donnéra enfin pour la véritable longueur du Pendule ...:...3 ... CREER) Php Ayant été mis en mouvement à 7° du matin, on en pouvoit encore compter les ofcillations à midi 2 $’ ou 26”. J'ai compté par obfervation ‘immédiate ou par induétion 1 $ concours en 4h 25° 30", où 15930”, qui donnent pour chacun 1062", & pour chaque oppoñition. .. A quoi répondent (ofcillat. du Pendule) ....…. 281961 ‘ dont les quarrés font... #7 80000 9508+ 88234 8845 531" 53° 200 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE Analogie. : 281961 : 280900 :: 8845 : 5x 200000 Le 881187 ÊC, qui, réduites en 100.6, feront environ 44058 À, & d'où Ôtant les 2 ? pour les $ à 6” en deux jours de la Pendule, il reftera 440 5 6. REMARQUES. Inconvénient des groffes Spheres ; préférence à donner aux petites , à à la figure fphérique , pour le poids du Pen- dule, à au fil de Pire fur tous les autres fils, © fur toute autre efpece de fufpenfion. 6o. Quoiqu'une Sphere de 6 pouces de diametre, par éxemple, dont quelques diametres different entre eux de demi-ligne, puifle être regardée comme deux fois plus régu- liére, & plus parfaite par proportion qu'une Sphere d’un pouce, dont quelques. diametres ne différeroient que d’un 6.me de ligne; cependant l'irrégularité abfoluë d'une demi- ligne devant entrer fans reftriétion dans les dimenfions du Pendule d'expérience , comme on peut voir dans les éxem- ples précédents, elle y produira abfolument une erreur qui {eroit triple de celle que pourroït y produire l'imperfeétion de la petite Sphere. Ainfi la grandeur des inftruments n’eft pas toüjours ici, comme dans la plüpart des obférvations aflronomiques, un moyen d'exactitude. Le meilleur remede à cet inconvénient, lorfqu'on jugera à propos de fe fervir d'une grofle Sphere, c’eft de ne tenir compte, pour établir fon vrai diametre, que de celui qui eft dans la ligne de fufpenfion du Pendule ; car c’eft en ce fens-là qu'on Ôte le rayon de la Sphere de Ia diftance de fa furface au point de fufpenfion. é 61. Quelque fléxible que foit le fil de pite en compa- raifon du fil de métal, il participera toüjours un peu de l'inconvénient que nousavous remarqué dans l'art. 48. Mais c'eft, DES ScCirxrNC)r Si, as c'eft, à mon avis, une très-petite erreur , qu'il froit dan- gereux de vouloir prévenir, & qui eft, pour ainfr dire, né- ceflaire, puifque ceux qui ont fait des expériences de la lon- gueur du Pendule, ou qui en feront à avenir, fe font fervis, ou fe ferviront de quelque chofe d’équivalent. Un Pendule à couteau avec une verge de métal, comme on l'a appliqué à quelques Pendules Angloifes, feroit fujet à de beaucoup plus grandeserreurs ; car outre qu'on ne fçauroit guere fe promettre la parfaite uniformité de figure & de matiére de cette verge, très-capable cependant d'influer dans nos expé- riences, j'ai éprouvé pendant quelques années qu'une pareille fufpenfion appliquée à une Pendule à fecondes, la faifoit plus reflentir du froid & du chaud, & des divers changements de temps, que la foye ordinaire dont on fe fert. Et après avoir bien penfé à la caufe de cet effet, toutes déductions faites des accefloires qui pouvoient la compliquer, je me perfuade que le couteau, &Fentaille d’acier fur laquelle il porte, {e trouvant plus ou moins compactes, avec des pores plus ou moins refferrés, & par-là fe touchant par des furfaces plus ou moins polies, felon qu'il fait plus froïd ou plus chaud, font d'autant plus ou d'autant moins fufceptibles de frotte- ment ; d’où s'enfuit le rallentiffement où l'accélération, & des vibrations plus ou moins grandes dans le Pendule. 62. Je ne connois donc rien de plus propre à la fufpen- fion du Pendule pour l'expérience dont il s’agit ici, que le fil de pite, & je crois que l'on doit convenir de s’en fervir dans tous les lieux de la Terre où l'on voudra faire cette expérience ; car la conformité, &, s'il fe pouvoit, l'identité des inftruments, eft plus néceffaire en cette rencontre qu’en »toute autre. Par cette même raifon, je crois qu'on doit fe borner à une Sphere de cuivre d'environ un pouce de dia- metre. Une d’or pourroit être auffr pefante, & plus petite, mais tous les obfervateurs n’ont pas la commodité d’en avoir; & à l'égard des autres figures que la Sphere, telles, par exem- ple, que les Sphéroïdes oblongs ou applatis, les Conoïdes, ou les deux Cones oppoés par leurs bafes, & le Cylindre, Mem, 1735: . Ce 202 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE je les crois de beaucoup inférieures, tant par quelques effais que j'en ai faits, que par la feule infpection de la chofe. Je donnerois cependant la préférence , après la Sphere d'environ un pouce de diametre, à un Cylindre d'environ 10 lignes de hauteur, & autant de bafe. Récapiularion à Réfultar de routes les Expériences précédentes. . 63: N'y ayant donc plus, que je fçache, de correction à défirer aux expériences que nous venons de voir, il ne me refte que d'en donner une récapitulation, & le réfultat. Centiémes de lignes. ExPÉRIENCE IL. Art. 21, 42, feréduit à... 44055 La correction de Art. $4, n'y a pas lieu. ExPÉRIENCE IT. Art. 27, 42, donne 440 s 6%; Aït. 54, 440$ 0H 35e 44060 ExPÉRIENCE III. Art. 32, 42 & 54..... 44059 ExPÉRIENCE IV. Art. 33, elle n'eft point comptée ici, par les raifons expofées dans les Remarques qui la fuivent. EXPÉRIENCE V. Art. 37, évaluée en room: fe réduit par l'Art. 41 à 440543, & par Art. 54, der eauo maine se » à 00» mie. e 2 0 0 44057 ExPÉRIENCE VI. Art. 44, 54, environ.... 44059+ ExPÉRIENCE VIT. Art. 45, 54, environ... 44054+ EXPÉRIENCE HS 47, ne font point mifes ici ExpériENcE IX, (| enlignedecomptepar Art.48. EXPÉRIENCE X. Art. 50, S4- sus 440 58% + ExPÉRIENCE XI. Art. 50, gæesssssusse 4405 5+ ExPéRIENCE XII Art. 50, sg... 44060 + Expérience XIII. Art. 56....... LUE « 440 50% ExpÉRIENCE XIV. Art. 58............. 440 5 5 ExPÉRIENCE XV. Art. 59-.....ucssee 44056. SOMME des 12 Expériences... 528681 DES" Stc're Nic Een) 20% * Laquelle étant divifée par 1 2, nombre des Expériences, donne 440 56À + pour chacune; ou, négligeant les fraélions, 440 5 7 centiémes de lignes pour la longueur du Pendule à fecondes, à Paris; ce qui revient à 3 pieds 8 lignes +, & environ -Z-— ae qui, à caufe de ce qui manque aux -Z., valent +, ou environ $, qu'il faut adjoûter à 8 lignes. 64: Tout ce que je puis donc recueillir de plus approchant du vrai dans la mefure du Pendule à fecondes à Paris dans le vieux Louvre au fecond étage, c'eft qu'il doit avoir 3 pieds 8 lign. +7. La longueur déterminée par M. Picardeft 8 lign. tout jufte, ou +; celle de M. Richer 8 3 ou 8 +3; la nôtre tient un milieu entre les deux, en approchant pourtant davantage de la mefure de M. Richer. Mais ce fera aflés d'ordinaire pour la pratique, qu'on fçache que la Jongueur du Pendule à fe- condes à Paris, eft plütôt au-delà de 3 pieds 8 lignes +, ou plus exactement, de 8 $, qu'en-decà; cette derniére ex- preflion n'étant au-deflous de 1a véritable 8 37, que d'en- viron + At Te à _I < e Ls peut étre mis à -- de ligne. Or ++ Effèrs de l'élévation du lieu. 6$. Un terrein fort élevé, tel que feroit celui d’une montagne de 1000 toifes, par exemple, ou même de 100 toifes feulement , produiroit une différence fenfible dans Yobfervation de la longueur du Pendule à fecondes, com- parée à celle qui feroit faite tout proche dans un lieu bas, ou fur le bord de la mer. Car fuppofant, ce qui eft commu- nément reçü aujourd'hui, que la force accélératrice, ou l'in< tenfité de la pefanteur à différentes diflances du centre, au- deflus de la furface de la terre, füit la raifon inverfe des quarrés de ces diftances, & que les longueurs du Pendule font en même raifon que les intenfités de la pefanteur; foit le demi-diametre de Ja Terre, conformément aux mefures de M: Picard, de 3269297 toiles, la hauteur donnée qu'il faut adjoûter à ce demi-diametre 1000 toiles, la Jongueux CE ER 204 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE du Pendule au bord de la mer 88 1 1 vingtiémes de ligne, & la longueur qu'on cherche L. On aura 2 3269297 + 1000 : 8811:: 3269297. L. ee ,4p . 326929 x 8811 — 94174549395755499 ù = 22 = D'où l'on tire L=— ie 10694532 506B209 ==1680 5 te qu'on peut prendre pour 8805 À. H s'en faudroit donc $ + vingtiémes, ou plus d'un quart de ligne que le Pendule à fecondes ne fût auffi long fur une hauteur de 1000 toiles, que fur le bord de la mer; & cela, abftraction faite du furcroît de force centrifuge que recevroit ce point de {a furface de la terre, par les 1000 toifes adjoûtées à fon rayon : ce qui feroit autant d'ôté à l'effet de la pefanteur. Si l'on applique le même calcul à 100 toifes, on ne trouvera qu'environ = de ligne, ou la ro.me partie de Taccourcifflement qui répond à 1000; & en gé- néral on verra que tous les accourciflements que peuvent fournir de pareils exemples, font fenfiblement en raifon directe des hauteurs, & cela à caufe de la petite différence qui regne entre les quarrés de l’analogie. Les 4 s à 46 toifes qui font l'élevation de la grande falle de l'Obfervatoire au- deffus du niveau de la mer, ne donneroient donc qu'environ 3> dedigne, & l'élevation du fecond étage du vieux Louvre, que je compte par le niveau de la Seine, & par quelques autres obfervations, de 10 à 1 2 toifes au-deflous de la grande falle de lObfervatoire, ne donneroit par-là que +. Il n’eft pas inutile que les Obfervateurs foient avertis de cette fource d'erreur : il feroit même à fouhaiter que ceux qui ont été fur de hautes Montagnes, ou dans des Mines profondes, dont ils avoient mefuré la hauteur, ou la profondeur, y euffent pris auffi la longueur du Pendule à fecondes, foit immédia- tement de la maniére que nous venons de le pratiquer, foit en y tranfportant un Pendule connu, invariable, & à verge de fer, dont les ofcillations au bas de la montagne fuffent auffi connuës. Le P. Féuillée, par exemple, qui a été à : ve DE Su SACILE NAC ENS 20$ fur le Pic de Tenerif, & qui en a déterminé la hauteur à 2213 toiles, y auroit pû trouver le Pendule à fecondes auffi court que M. Richer l'avoit trouvé à Caïenne tout proche de l'Equateur, & confirmer par cette expérience la théorie des intenfités de la pefanteur que nous avons fuppo- fées : c'eft peut-être le feul moyen de les vérifier par obler- vation immédiate, fur la furface de la Terre. EXP ER ILE.N CE S:::.° Sur le centre d'ofcillarion de la Sphere à du Cylindre. DE LA SPHERE. 66. La connoiffance du centré d’ofcillation de la Sphere nous a fervi à déterminer avec plus de précifion la longueur du Pendule à fecondes; la longueur du Pendule connuë, nous fournira à fon tour à décider, par voye d'expérience, la queftion du centre d'ofcillation de la Sphere, & de quelques autres COTPS, fur laquelle, comme nous avoris vü, de fçavants Géometres fe font écartés de {a doctrine de M. Huguens, & en même temps de la vérité. 67 J'ai fufpendu la Sphere de criftal 2, / Fig. 9.) dé- crite ci-deflus (arr. 5 2.) à la pince PZ, par le moyen de 10 à 12 fils de foye aflés fins FT, que j'ai aflemblés, & que j'ai fait pañler par le trou 7, par où on fufpend cette boule au chandelier ou luftre dont elle avoit été tirée. Cette fufpenfion par un fil redoublé, femblable à celle de l'expé- rience V, (art. 37. fig. 4.) eft la plus commode pour faire mouvoir fürement une auffi groffe Sphere que celle-ci, & fi près de la pince, dans un feul plan, ou fur un axé de rotation. Après avoir donné le temps aux foyes de prendre toute leur extenfion, la diftance de la furface fupérieure à la pince s'éfltrouvée de . . . . .: Da Ne des o DA A quoi adjoûtant le rayon de la Sphere . . . 684 On a la fomme & la diftance abfoluë du centre : de gravité «+ 0 ee 0 » 3 + + + 721 DTA Cc iüj Fig. 9» 206 MEMOIRES.DE L'ACADEMIE Royar£ Pour avoir maintenant la diftance du centre d'ofillation; ou la quantité KO, { Fig. 8.) qui doit être adjoûtée à la _ diflance précédente, il faut faire, felon M. Huguens, & —1 comme il a été expliqué (art. 54.) + x es ù + 37 PL EE PAR NET ELITE 2017 e Ve ne ET TRE TT ae LA 360$ ORDER ou un pouce & une ligne; & felon M. Carré, & ceux qui ——2 68 2611 4437 — 179360 dente, & par conféquent environ demi-pouce & demi- ligne. La diftance abfoluë du centre d’ofcillation de Ia Sphere ainfi fufpenduë (Fig. 9.) ou, ce qui revient au même, la longueur du Pendule fimple, dont les vibrations lui feroient ifochrones, fera donc, dans le 1-Tcas72r+ 2591 . . . . . . 9807, & danslefecond721+ 1292 ...... 85oi. La différence eft de plus d’un demi-pouce fur 4 pouces 1 ligne du total. Voyons prefentement fequel des deux cas fera juftifié par Y'expérience. 4 638. Comme un Pendule fi court donne des vibrations fort promptes, & qu'il feroit prefque impoffible de les compter de fuite fans s'y méprendre, je ne compte celles-ci que de deux en deux, par le retour de la Sphere vers le même côté, & je ne les compte ces doubles vibrations, que jufqu'à dix, à caufe des monofyllabes un, deux, trois, quatre, Cinq y fix, &c. & à chaque dixaine je donne un coup de crayon fur une carte que je tiens à la main, jufqu’à ce que le mou- vement du Pendule foit fur fa fm, & qu'une double vibra- tion tombe jufte avec le battement d’une Pendule à demi- fecondes, ou avec celui du timbre de la machine à fecondes, dont j'ai fait mention (art. 4.). Après quoi je vois combien il y a de dixaines marquées, qu'il faut multiplier par 20, & combien de doubles vibrations de plus, s'il yena, qu'il l'ont fuivi, + x — , moitié de la précé- DES SCTENCESs 307 faut multiplier par 2, & leur total me donne fe nombre de vibrations fimples qu'a battu le Pendule d'expérience pendant les minutes & les fecondes, ou les demi-fecondes comptées fur l'Horloge qni fait le Pendule de comparaifon. . 69. Cela poé, j'ai mis en mouvement la Sphere Y. Elle a fait, vibrations fimplés: à: 5. « . . 716 en 4 minutes complettes, où en . . . .... 240" _ Les quarrés de ces nombres étant $ 12656 & 57600, je dis, fi s12656 quarré du nombre de vibrations du …__ Pendule d'expérience, donne 8811 vingtiémes de ligne, Iongueur du Pendule de comparaifon, que donnera $7600 quarré des fecondes, ou des vibrations de ce Pendule, & je trouve. Analogie. s12620:78xx:: 57600:985A7ie, qu'on peut prendre pour 9 86 vingtiémes de ligne, qui valent 4 pouces 1 ligne & -£, pour la diftance du centre d’of- cillation de la Sphere 2, ou pour le Pendule fimple qui lui feroit ifochrone. | - 7o. Or, ce Pendule ne différe de celui que donne le premier cas, & Îa théorie que nous avons adoptée, que d'environ Æ de ligne, dont ïül eft plus long, tandis qu'il furpañle de demi-pouce & plus d'une ligne, la quantité qui réfulte du fecond cas, & de la théorie que nous avons rejettée. Et l'on voit bien que les -£ de ligne de différence doivent venir de quelqu'erreur inévitable, foit dans la mefure des —. longueurs, foit dans le compte des ofcillations où äl y aura eu quelque fraction de plus ou de moins, & dont on n’a pà —…—. avoir qu'un petit nombre, à caufe de la prompte ceffation — du mouvement d'un Pendule fi court: IL ÿ à lieu au con- traire de s'étonner que l'opération ait pû être d’une fi grande * jufteffe; car elle a dû donner en effet quelque chofe de plus . que la Formüle, par la défeGuofité de la matiére en 7 équivalente à un excès en Æ, qui doit ( art, 29.) allonger | le Pendule , ou la diftance du centre d’ofcillation. Auffi en . Fig. 10. s x PK 208 MEMOIRES DA L'ÂCADEMIE ROYALE ai-je fait quelques autres expériences qui fe font un peu moins approchées du vrai, quoiqu'aucune ne s’en foit jamais écartée de la valeur d’une ligne. Mais la différence de 7 lignes que donne le fecond cas, & la Formule T7 a , au lieu de 2*AK comme il eft expliqué (art. $4. $ 5.) RER: qu'il eft impofhble qu’elle réfulte de limperfeétion des in- ftrumens, ou de l'erreur de l'opération , dans une expérience médiocrement bien faite. Or, c’eft-là tout ce qu’on peut fe flater d'obtenir des expériences fur pareiïlles matiéres : jamais des déterminations fixes & précifes, une telle jufteffe n’ap- partient qu'à la fpéculation & au calcul; mais elles doivent donner en plufieurs rencontres, & celle-ci eft du nombre, l'exclufion parfaite & non douteufe de toute détermination qui fuit d'un mauvais principe. Di Ci I LUN, DEF 71. Entre plufieurs expériences que j'ai faites avec des Cylindres de différente longueur par rapport à leurs bafes, avec le cône, & avec un conoïde parabolique, je ne rap- porterai que celle-ci, comme la plus fimple dans l'exécution, la plus exacte, & la plus décifive. J'ai fait faire un Cylindre de bois d'orme À / DR, dont le diametre de la bafe AR, égal à fa hauteur 4/= XX, étoit de $ pouces 2 lignes, & +, ou de 1244 vingtiémes de ligne. La moitié AX ou ÆR, ou le rayon de la bafe était donc de 622. Il pefoit au fortir du tour, & lorfque j'en fis des expériences, 7 marcs r once & gros. |! Ayant creufé un peu le centre Æ'de la bafe fupérieure BZ; jy enfonçai un piton ou fiche pointuë en forme de clou, ou plütôt de vis, dont la tête verticalement platte, & percée en anneau, rafoit de telle maniére le plan de cette bafe, qu'ayant paflé un fil d’archal bien poli, & de la groffeur d’une petite épingle, dans cet anneau, & ayant fufpendu par-là le Cylindre, il pouvoit faire exactement fes ofcillations fur le centre #, & fin: DES) SCT EN CEE ‘20 …_ für un des diametres de la bafe, par exemple, fur AR, comme : axe de rotation. } . 1,7 . .) 72. Ce Cylindre ayant été mis en mouvement, j'ai . compté par la méthodeexpliquée ci-deffus, (art. C8.) 462 à ofcillations fimples, fur 1 55’, ouen 2° 35" comptées fur 4 : : desde à ——) 4 k Pendule, Ce qui donne 462 — 213444, 155 — 24025, dont on tire l’analogie fuivante, en fuppofant | R longueur du Pendule à fecondes de 88 r 1 vingtiémes de 1 À Lun, : ? 161271 $ ligne, 213444 : 24025 :: 8811 : 091 uotes OU énviron 992 vingtiémes, pour la diftance du centre de percuffion du Cylindre X/D.. “ai _ 73. Selon M. Huguens, ce centre, dans un Cylindre qui fe meut, comme celui-ci, fur un diametre AR de fa bafe fupérieure, eft éloigné de cet axe de balancement des + de fa hauteur, plus une quantité dont la moitié eft au rayon de a bafe, comme le rayon de Ia bafe eft à- Ia hauteur, ou, fi l'on veut, rommant À toute cette difance, A 2XX Mais. KA 1244 KR =.-622,; &. KR —= — 386884 Donc on aura A 2? x 1244 + Er MT TEE NES— 9842 ou 985$, qui ne différe . _ de la diflance trouvée par l'expérience, que de Z, ou un …_ peu plus de? de ligne : tandis que la diftance du centre de …. percuffion donnée par M. Carré, & par ceux qui l'ont füivi, É ‘n'eft que+ KX — 829+, moindre que la précédente de | toutela quantité RE ts 5 + vingtiémes, qui font plus ._ de7lignes£: ce qui différedu réfültat de l'expérience de plus * de 8 lignes, & qui, dans un Cylindre dé ro lignes dé hau- ‘+ teur, fur une bafe de même diametre, dont on fe feroit fervi. _ pour trouver la longueur du Pendule à fecondes, produiroit … uneerreur fenfble, & plus confidérable que celle de la Sphere: 14 Men. 1735: , 210 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'un pouce de diametre, à peu-près en raifon de 3 à 2. 4 D REMARQUES. 74 1. Soit imaginé le Cylindre X/D, tout réuni à fon axe KW, & réduit à une ligne pefante. I eft évident (art. 40.) & Von en convient, que la diftance du centre de percuflion de cette ligne, ou d’un Cylindre dont la bafe eft infiniment petite, fufpendu & balancé en Æ, fera aux + de fa iongueur. 2.° Soit le Cylindre Æ7D, réduit à fa bafe BZ., ou d’une hauteur infiniment petite. Il n’eft pas moins évident, & l’on n’en fçauroit difconvenir, pour peu qu’on y veuille réfléchir, que le centre d'ofcillation d’un tel Cylindre fera à une diftance infinie de fa bafe, ou de fon centre, #, par où on Ie fuppofe fufpendu & balancé : car c’eft le cas de l'équilibre perpétuel, puifqu'en quelque fens que l’on pofe, ou que lon eflaye de balancer la bafe ou cercle BZ fur fon propre centre, qui devient le centre de gravité d’un tel Cylindre, & fur un de fes diametres quelconques A2, il en réfultera fans cefle le repos. Or, on peut comparer le repos à des ofcillations d’une durée & d’une lenteur infinies. Donc la longueur du Pendule auquel elles répondent, ou, ce qui eft fa même chofe, la diftance du centre d’ofcillation fera infinie. Je dis prefentement ; dans le Cylindre Æ/D, de bafe, & de hauteur finies, la diftance du centre d’ofcillation ou de percuffion , ne tiendra-t-elle pas un milieu entre l'infini &c les 2 de fa hauteur? & ce milieu ne devra-t-il pas toûjours être déterminé par le diametre de la bafe, ou affecté de quelqu'une de fes fonctions ? J'avouë que cette confidération me paroît fi fimple, que je ne comprends pas comment les Géometres qui ont voulu déterminer le centre de percuffion du Cylindre, même avant M. Huguens, & avant l'invention des nouveaux calculs, ont pû s'y méprendre au point d’en faire toûjours indiftinétement la diftance égale aux + de fa hauteur, & il me femble que DES SctrrNCcEes. 217 . ceux qui étoient privés de ces fecours, fe trouvant par-1là plus obligés à penfer aux circonftances du Probleme, & à le réfoudre de tête, n'en devoient être que plus à couvert de l'erreur dont il s’agit. Sans compter, ce qui ef digne de remarque, que le grand Defcartes avoit long -temps aupa- _ravant ouvert la carriére fur le centre de percuflion des folides, qu'il avoit parfaitement diftingué les deux fortes d'ofcillations d’un plan, l’une fur un axe parallele à ce plan, l'autre fur un axe qui lui eft perpendiculaire , & qu'il avoit jetté fur toute cette matiére les fondemens d'une théorie très-fublime. Jes Lettres 8 5, 86, dr fuiv. Tom. 3. 75+ Voici encore quelques propriétés du Cylindre à cet égard, qui m'ont paru curieufes, & que l'on découvrira aifément du point de vüë où nous venons de mettre cette matiére, fans qu'il foit néceflaire que j'en donne les dé- monftrations. 1. Puifque le Cylindre réduit à fa bafe BZ, ou infini- ment court, a fon centre de percuffion infiniment loin, fa bafe demeurant toûjours la même ; fi l'on imagine le Cylindre continuellement croiffant en longueur, la diftance de fon centre de percuffion diminuera continuellement jufqu’à un certain point, où elle commencera de croître avec la hauteur ou longueur du Cylindre. 2.° Le centre de percuffion ainfi confidéré, eft donc toü- jours au-deflous & hors du Cylindre jufqu'à ce point de fon _ allongement où il eft fur fa bafe inférieure; après quoi il ne » fort plus du Cylindre. C’eft-à-dire, que pendant l'accroiffe- ment de hauteur du Cylindre depuis o, fa bafe inférieure s'éloignant continuellement de la fupérieure, à mefure que : centre de percuflion s'en approche, il y a néceffairement - wnpoint, & un inflant où la bafe inférieure, & le centre de ércuffion fe confondent, & fe trouvent à même diftance e; & qu'après cet inftant le centre de percuflion s'é- continuellement des deux bafes du Cylindre, fçavoir, : fupérieure en defcendant, & de l'inférieure en montant Dd ji 212 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par rapport à elle, ou en defcendant moins, jufqu'à ce qu'il arrive aux + de leur diflance commune, ou à + de la fupé- rieure, & + de l'inférieure; ce qui eff le cas de la longueur infinie. 3° Soit le rayon de la bafe KR — 1000. Le Cylindre XFQ, dont le centre de percuffion eft fur a bafe infé- rieure FQ, à une diftance égale à fa hauteur QR, aura pour 2 hauteur la racine des à du quarré du rayon de fa bafe, Z ou QR—ViKR — Vi1000000, qui vaut environ it 1224 4. Le Cylindre KEP, dont le centre de percuffion eft à la moindre diftance de fa bafe BZ, a pour hauteur, la racme des À du quarré du rayon de fa bafe; ainf PR—Y. TKR —= (en füuppofant toûjours XR — 1000) Vi 1000000 — 866. Et par conféquent cette hauteur eft à celle du Cylindre XFQ, dont le centre de percuflion fe confond avec la bafe inférieure, comme y2 à 74, ou comme y/r eft à V2, ou en raifon du côté du quarré à fa diagonale. 5 La diflance du centre de percuflion du Cylindre précédent, où le minimum des diftances des centres de per- cuffion de tous les Cylindres poffibles fur la bafe BZ, eft 1154 +, & tel, que les + de fa hauteur font égaux au quarré du rayon de fa bafe, divifé par le double de la hauteur : ainf 2 PR— RP s771 = S, 6. La Courbe des centres de percuffion du Cylindre, telle, par éxemple, que FA1V, dont lesab{cifies RP, RQ, RD, &c. prifes fur un axe RD, donnent les hauteurs des Cylindres AP, AQ, AD, &c. faits fur la même bafe BZ, & dont les ordonnées PM, QN, DO, GV, &c. donnent les diftances correfpondantes de leurs centres de percuffon, eft une hyper- boleentre les afymptotes RS, AT, dont l'angle compris RS DÉEUSLASECLEN NC ELS, 213 vaut environ 5 6 degrés +, & dont l'une, RS, pañfe par le plan de bas de fufpenfion, ou fe confond avec l'axe de rotation AR, fur lequel on imagine que fe font les ofcit- htions. On voit bien, fans que je le dife, que ce que nous venons de remarquer ici fur le Cylindre, aura lieu, toutes proportions & limitations gardées, pour des Cones, pour les Conoïdes, & même pour les feoments de Sphere, & de Sphéroïde, fufpendus par leur fommet, ou par leur bafe; cette bafe étant fuppofée conftante, & Ieur hauteur variable, Sur l'exrenfion des Métaux par la chaleur. 76. La connéxion de cette recherche avec celle des longueurs du Pendule à fecondes en différents Païs, m'a engagé à faire là-deflus quelques expériences, en même temps que celles dont je viens de rendre compte dans ce Mémoire. Je me füis attaché principalement aux effets de la chaleur du Soleil fur le fer, & fur le cuivre jaune, en poïtant de longues verges de ces métaux, d'un lieu clos, tempéré, ou froid, au grand Soleil, en les laiffant expoftes pendant plu- fieurs heures à fes rayons, & en prenant après cela leur allongement par le moyen du compas à verge dont il a été parlé (arr. s.), & à Tune des couliffes duquel j'ai fait adapter un Micrometre. Le plus fouvent c’eft le compas à verge lui-même que je mettois au Soleil, après avoir fixé fes deux pointes à la diftance de 3 pieds 8 fignes +, & je voyois enfuite fur ma toife, & en faifant tourner l'index du Micro- metre, de combien la chaleur du Soleil, mefurée par le … Thermometre, les avoit écartées, & avoit augmenté cette _ diflance. Car la chaleur du Soleil m'a paru avoir plus de _ proportion qu'aucune autre avec la différente température des divers climats de la Terre. J'ai effayé auffi de 1a chaleur . de l'eau bouillante, en y plongeant, dans une grande chau- + diére, du fer de différente forte, du cuivre jaune, & du - cuivre rouge, & quelques autres fubftances, ee que du ‘à ii 57 Decemb. 4735 214 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RovALE criftal d'Angleterre, de la matiére dont on fait les glaces de France, &c. & j'ai fait cette expérience chés M. du Fay, qui a bien voulu me fournir tout l'attirail qu'elle éxige, & m'y aider de fes lumiéres. Mais outre que ce détail nous meneroit ici trop loin, j'avouë que tout cela n’eft pas encore affés en ordre, & n'a point été affés remanié, pour mériter d’être donné à l Académie. H me fuffra de dire que 1 5, ou 20 degrés de chaleur de plus, où le Soleil faifoit monter le Ther- mometre ( c’eft toüjours celui de M. de Rcaumur), par rapport au lieu clos où il étoit auparavant, ont toüjours fait allonger fenfiblement la verge de fer qui étoit expofée à fes rayons, par éxemple, d'un 3 0.me, ou d’un 22." deligne fur 3 pieds 8 lignes & + de longueur : ce qui montre aflés combien les expériences de la fongueur du Pendule à fecondes, ou leurs réfultats, font dépendants du lieu, & des faifons où elles font faites, & combien il eft néceffaire d’y fpécifier ces circonftances. Le cuivre jaune s’eft conftamment plus dilaté au Soleil que le fer, mais il ne s’eft étendu que de la même quantité à l’eau bouillante. Du refte, cette extenfion caufée par l'eau bouillante, fur 3 pieds 8 lignes & + de longueur, dans le mois de Juillet, & le Thermometre étant à 2 2 degrés au-deflus de la congélation, ne va guére qu'à + de ligne. E'CLAIRCISSEMENT Sur un article du Mémoire précédent, touchant la longueur du Pendule, à'c. D Es perfonnes intelligentes dans l’Académie ayant trouvé que je ne m'étois pas aflés expliqué fur la Formule que j'ai donnée { Art. 40. Fig. $.) pour déterminer le centre d'of- cillation d’un Pendule dont le poids eft fuppolé à l'extrémité d'une ligne pefamte, & que la folution d'un Probleme fi délicat méritoit d’être mieux développée, je me fuis rendu à leur avis, & j'ai cru devoir B-deflus un éclairciffement au lecteur. DIE IS NNSTEMLE NC EN SNL, 27 6 …_ 2(r.) Toute la difficulté fe réduit, fi je ne me trompe, … à bien concevoir l'application de la théorie citée de M. Bernoulli , à Ja queftion prefente, & comment il s'enfuit de cette théorie que le poids du fil confidéré en, aux + de Ia ligne SP, devient + SP. Car après cela, il n’y a plus, ceme 2 SPx+SP sSP+PxSP , ne foit exacte, & ne fuive des principes femble, de raifon de douter que la Formule — 6 Un P+HX pofés. On pouvoit fans doute s’en convaincre par d’autres voyes, & réfoudre le Probleme par le calcul diffé. rentiel & intégral : mais il n’eft queftion prefen- tement que de la route que j'ai indiquée dans mon Mémoire, & qui m'a paru, & me paroît toûjours très-propre à éclairer l'efprit fur ce fujet. . _(2.) Soit d'abord imaginée la ligne SP fans pefanteur, mais chargée fucceffivement d'un, deux, trois, quatre, &c. poids, À, B, E, D, &c. en tel nombre qu'on voudra, égaux entr'eux, & à diftan- ces égales lun de l'autre, SA— AB—BE, &c. (3) Par la Formule connuë de M. Huguens, dontileft bon de voir l'analogie avec la méthode que j'ai adoptée, le centre d'ofcillation de ce - Pendule compofé, fa diftance du point S autour … duquel on fuppofe qu’il fe meut, ou la longueur . du Pendule fimple dont les ofcillations lui feroient —2 —2 —2 TR Ax SA + BxSB + Ex SE + &c. : chron 5 A, î Ro anse a LT # . ——: . Savoir, pour un feul poids À, ) On aura donc par-là, comme on va voir, les mêmes déterminations que donne la méthode ou la Formule de M. Hugues, excepté feulement qu'au lieu que celle-ci indique le centre d’ofcillation par fa diftance au point de fufpenfion, Yautre le donnera par le complément & par les quantités 47 (= 0) {€ réduira à celle-ci À DimISMASAC EAN CLELEMAN Dr _(—0) BK, EL, DM(=DE) &c. dont les poids fupérieurs o, 4, B, E, &c. hauflent ce centre par rapport à Tinférieur qui eft le dernier dans le cas pofé. Ainfr pour *X I o un feul BE en À, on trouvera NET y =— 0: DO er OT RER 4 ==} BK} pour trois PRES 224 sé 2£L; pour quatre À Hi — 19 ro 1 1 — DM — DE, &c. & ainfi de fuite jufqu'en P, & au-delà, fr l'on veut prolonger la ligne SP. (6.) Où l'on peut remar quer que le lee fu de cha- cune de ces fractions eft toüjours le produit de a fomme des moments du nombre des poids fuppolés, moinsle der- nier, par la diftance du dernier au centre d’ofcillation des précédents; & leur dénominateur, cette fomme , plus le moment du dernier. (7.) Cela polé, foit r — 00, & imaginons la ligne SP, dpi fon ‘point de fufpenfion S, jufqu'à fon extrémité 2, chargée d'une infinité de ces petits poids égaux, à diftances égales & infiniment petites l'un de l'autre. Il eft clair que chacuné de ces diftances fera — SP, & que les moments qui Len réfultent par la diftance de chacun des poids au pu S, rot SP, £ se SP, SP, &c. ou — SP, + SP, + SP, &c. Ce qui donne une fuite de ions de le ae croit, felon la fuite naturelle _ des nombres, avec un dénominateur (n) conftant, & infini. Mais fa fomme de cetté {tie ou progreflion arithmétique More jufqu'à fon pénultiéme , ou:à fon dernier terme; ER revient ici au même dans le cas de l'infini, eft TX 3 S?. Donc la fomme de tous les mo- hs. % la . pefante ou du fil SP, eft L SP; gi eft | c'que j'avois principalement à démontrer. Mem. 1735. Ee 218 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYaLE 1 (8.) Le refte ne fçauroit plus faire de difficulté : car multipliant + SP, par la diflance du centre d’ofcillation, qu'on fçait être par rapport à l'extrémité P, + SP, & qui fait la diftance commune entre le poids repréfenté par + SP, & un dernier poids quel- conque, réuni en P, & divifant par leur fomme 7 SP + P x SP, comme l'éxige la regle SP x + SP ESP+ P x SP LP ASP DoV ef tte Formule dont il s’agit. (9-) Je viens de fuppofer, d’après la connoif- fance qu'on a d’ailleurs du centre d’ofcillation d'une ligne pefante, que la diflance commune entre les deux poids, cette quantité, + S'?, par laquelle il faut multiplier l'un des deux, étoit + SP, & je l'ai fuppofé dans mon Mémoire. Mais ileft bon préfentement de faire voir, & cela devient fort aifé, qu’on a aufli cette même quantité, & le centre d'ofcillation de la ligne pefante, par la feule méthode dont nous avons fait ufage pour tout le refte. Car remarqués que cette quantité, dans les fractions ou formules ci-deffus /#.° ;.) qui expriment les diftances des centres d’ofcillation, pour un nombre dé- terminé de petits poids égaux, dontune ligne feroit chargée à diftances égales, croît felon cette loi 1,1 ++, 1 ++, 1-2, &c. ce qui, par tout ce que nous venons de dire, fe réduit à cette férie ou progreflion arithmétique à, +, À, £, &c. ou plütôt à celle-ci, (à caufe des SA— AB— + SP) 3 SP, SP, <= SP, SP, &c. dont le dernier (Sup. n° 4.), on aura — a DES" :S C'1.E N CES) 219 ou l'infinitiéme terme fera SP — SP, & partant, &c. (10.) Et à l'égard du centre d'ofcillation de la ligne pefante, abftraétion faite de toute autre recherche, on a encore par cette voye. Car la derniére Fraétion ou Formule de la férie, celle qui doit donner la diftance PT, pour une 1 # sunxSPx=xSP Ca sunx SP infinité de petits poids égaux, devient ——2 sSPxSSP __ + SP io bsuoa rare comme il eft aifé de s'en appercevoir, les dénominateurs des termes de la férie font toûjours des nombres triangu- laires, dont le dernier, qui n’eft autre chofe que la fomme de a progreflion naturelle des nombres, ef—+#,. : (zr.) I auroit fuffi fans doute pour le but de mon Mémoire, & pour tout éclaircifiement, de renvoyer à M. Huguens, qui a donné la folution du Probleme dont il s’agit, & dont j'avois befoin dans l'article cité. Elle fe trouve à la fin de fon Æorologium ofcillatorium*, avec une Formule de la diftance au point de fufpenfion SC, qui revient à celle de PC, & d’où l'on tire notre Formule, par la fimple fouftraction, Mais j’avouë que je l'ignorois d’abord, ou que je Vavois oublié, cette queftion n'étant traitée dans M. Huguens, qu'à l’occafion d’une autre, & fous un autre titre. Cepen- dant ayant voulu m'éclaircir & m'inftruire à-deflus, en eflayant de réfoudre moi-même le Probleme, qui mavoit paru en effet aflés délicat, je pris une route différente, & telle qu'on vient de voir. Je me contentai enfuite de l'in- diquer , ou d'en donner un court énoncé dans mon Mé- moire; & j'ai cru enfin, en me rendant à l'avis des gens éclairés qui y trouvoient de lobfcurité, que je ne pouvois mieux faire ici, que de rapporter en détail le procedé que j'ai fuivi fur ce fujet. ou == +JP, à caufe que, Ee ij * Part. Æ: Prop. A'XIII. 220 MEMOIRES DÉ L'ACADEMIE ROYALE (12.) Aurefte, comme il n'y agien dechangé $ dans l'application de la Théorie précédente, foit qu'on imagine, ainfi que nous venons de faire, & comme a fait M. Huguens, le centre de gravité du poids du Pendule à l'extrémité P du fil pefant SP, foit qu'on le fuppofe plus bas, & au centre de figure p, ou d'olcillation æ {Arr. 54.), de maniére que le prolongement Pp, ou Pr de Ja ligne SP, foit éxempt de Pefanteur ; il eft évident qu'on pourra avoir égard à la grofieur du poids du Pendule dans tous les cas de pratique “qui l'éxigeront, & que pour y ramener notre formule, il ne faudra que tenir compte du prolongement Pp, où Pæ, dont la diftance commune PT des T deux poids, ou des deux moments a été aug- mentée. ns = = - Mie : cor En Mem de Licrd 735pl 7- pay 120 f el | ill Fig.2 ( S à L | | Æig.1 | | | | l | || | | | | | | | || | | À _—_}— : | | = = _ Æ | | == 2 — [es ||| Le | LL ll | D DEN SNS CUTE UN CE 270) h ANALISE CHIMIQUE DU ZINC. | SECOND MEMOIRE. Par M. HELLOT. ANS le premier Mémoire que j'ai 1û à la Compagnie, 16 Juillet j'ai détaillé le plus exactement qu'il m'a été pofible, 1735. les différences que j'ai remarquées dans les diflolutions du Zinc par tous les acides. On a vû quels ont été les réfultats de ces diflolutions : cette premiére partie du travail que je me füis propolé, eft prefque confommée. La feconde partie concerne le mélange de ce minéral avec les métaux, tant par la voye humide que par le feu ; & comme fes.effets fur Or ont quelque chofe d’affés fingulier, _ c'eft le détail de ces effets qui eft l’objet de ce Mémoire. Je n’y rapporte que des faits, parce que toute théorie réfultante - des premiers examens d’une matiére auffi peu connuë que “ le Zinc, feroit expofée à trop de difcuffions. + Lorfque je lüs le premier Memoire, je citai le Livre des (Rares Expériences fur l'Efprit minéral, & je dis que Refpour "qui en eft l'Auteur, prétendoit obtenir, à l’aide du Zinc, le .menftruë univerfel des corps métalliques. Une telle promeffe -demandoit qu’on vérifiât fon procédé, & qu'en travaillant fur ce minéral, on fit connoître en même temps ce qu'on _pouvoit efpérer de ce prétendu Alkaeft, afin de détromper, “s'il eft poffible, ceux qui ont tant de confiance à toutes les —… promefles de cet Auteur, & de profiter de celles qui ont quel- n_ queréalité. Car je ne crois pas qu'il foit utile au progrès de … Chimie, de méprifer les écrits de ces Alchimiftes, jufqu'au « point de ne les pas lire. Ce font, à la vérité, les Romans de = la Chimie : mais comme l’hiftoire doit à nos anciens Romans _ des faits hiftoriques qui auroient été perdus peut-être fans leur … cours, ilen pourroit être de même de ces Livres méprifés. t Ee ïij hi fa) RE ÿ 222 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Les collections de plufieurs de ces T'raités, qu’on a publiées fous différents titres, font des Recueils qu'il eft bon de con- ' fulter quelquefois: car nous voyons fouvent préfenter au public comme une nouveauté, des produétions de l'art qui étonnent, des remédes qui s’acquiérent un crédit brillant, du moins pour un temps, parce que ceux qui les mettent au jour, ont grand foin d'en cacher la fource, & que ceux qui devroient être les juges du mérite de la découverte, ou ne font pas confultés, ou manquent de cette érudition chimique qui ferviroit à confondre ceux qui en impofent au public. Je crois donc qu'il feroit très-avantageux de vérifier certains procédés finguliers de ces Auteurs ; mais afin que le choix en fût facile, il faudroit les rafiembler dans un ordre qui füt commode, tel que celui de nos Diétionnaires. Un répertoire de cette efpece ferviroit en même temps à détruire plus que tout autre moyen, le Charlatanifme des gens à fecrets; & le public qui court aux nouveautés, mépriferoit bien vite ce qu'on lui démontreroit n'être pas nouveau, parce qu'il ne l'eftimoit auparavant que comme tel. Quant à l'Alkaeft de Refpour (ce diflolvant qui doit réduire tous les métaux en leur premiére matiére), ce n’eft autre chofe que le Nitre fixé par les fleurs de Zinc; en fimpli- fiant le procédé de l'Auteur, lopération fe fait ainfi. On broye & tamife enfemble une partie de fleur de Zinc avec deux parties de Nitre bien pur & bien fec. On met fe tout dans un creufet autour duquel on arrange quelques charbons allumés pour deflécher plus exactement le mélange. Enfuite on couvre le creufet afin d'empêcher que quelque charbon tombant dedans, ne fafle fulminer le Nitre, & on augmente le feu pour faire fondre ce Sel. On le tient en fonte bouillante & dans un feu de roue jufqu'à ce que le creufet paroifie commencer à fe vitrifier; alors on le retire du feu. J'ai fait cette opération avec une livre & demie de mê- lange, felon les dofes de l'Auteur, & le culot falin que j'en ai retiré encore un péu chaud, ne pefoit que 13 onces: DES, :$ CT EN CES 223 ainfi tant en flegme évaporé qu'en parties falines imbibées dans la terre poreufe du creufet , il s’eft perdu le poids de 11 onces. Ce culot falin étoit enduit tout autour d'une pellicule werte qui {e levoit par écailles. A la partie fupérieure du culot il y avoit une couche d’une matiére compacte & comme émaillée d'un jaune citron. J'ai caflé cette mafle, & je l'ai trouvée pourpre dans l'intérieur. C’eft l'indice marqué par YAuteur pour la réuffite de l'opération , laquelle n’a rien de fingulier que Ja couleur pourpre ou tirant fur le pourpre, que le Nitre prend dans cette calcination. J'ai féparé cette mafle en deux portions égales; j'ai mis lune dans une capfule fur la fenêtre, & quoique le temps füt fec & de gelée, cette portion s'y eftmife en deliquium ; premiére preuve que le Nitre étoit bien alkalifé, quoiqu'il n’eût pas fulminé. Ce deliquium étant filtré, m'a donné une liqueur jaune qui avec le temps à pris une couleur plus foncée, & tirant fur le rouge, & les fleurs de Zinc font reftées fur le filtre. Sur l'autre portion de la maffe faline, j'ai verfé du Vinaigre diftllé, qui s’eft teint fur le champ en un beau rouge. Je Yai furvuidé au bout de 30 heures de digeftion, pour en remettre d'autre, & ces 6 onces & demie de mafle faline ont fourni de la teinture à 48 onces de Vinaigre. J'ai diftillé lentement ce Vinaigre prefqu'à fec : il m’eft reflé une ma- tiére gommeufe qui s’eft mife très-vite en deliquium. Je l'ai filtrée, & j'ai eu 6 onces & demie d’une liqueur rouge, obfcure, très-äcre, & très-cauftique. C’eft-là l'A/kaeft de Refpour, je la nommerai ainfi dorefnavant. : H paroït donc par cette opération que le Nitre s’alkalife avec les fleurs du Zinc fans fulminer fenfiblement, & feule- iment par la violence du feu. Pendant cette calcination qui dure près de 12 heures, le contaét immédiat des parties du Nitre étant interrompu par l'interpoñition des parties du Zinc, les particules du feu s'y infinuent plus aifément, & Talkalifation du Sel s’opere auffi-bien que fi on eût employé 1 poudre du Charbon de bois pour faire fulminer le Nitre. 224 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Peut-être aufli qu'un refle de principe huileux, uni encore aux fleurs de Zinc, contribue à la caufticité de ce Sel; du moins c’eft à ce refle de principe huileux qu’on doit attribuer la couleur prefque rouge que prend le deliquium de ce Nitre fixé par les fleurs de Zinc; puifque celui qui a été fixé par le Charbon, à la maniére ordinaire, ne donne à fon deli- quium qu'une teinte jaunâtre , foible, ou couleur de paille. Je crus qu'en fixant le Nitre par le Zinc employé fous fa forme métallique, il fe chargeroit d’une bien plus grande quantité de ce principe huiïleux. Pour m'en aflürer, je mis 6 onces de Nitre en fonte dans un creufet, j'y jettai un petit morceau de Zinc qui tomba d’abord au fond ; peu de temps après il remonta à la furface, & s’y foûtint. Il augmenta tellement de volume, que ce morceau qui, lorfque je le jettai dans le creufet, étoit gros au plus comme un grain de bled, devint de la groffeur d’une petite noix. Je le pris avec une pince, il refta mol tant qu'il fut chaud, & redevint dur & caflant en refroïdiflant. I étoit dans fa caflure réduit en petits grains fans facettes, fans aucun brillant, & fes ‘interftices étoient remplis du Nitre qui s'étoit infinué dans fes pores élargis. Je le rejettai fur le Nitreen fufion, où ïl continua de furnager, jufqu'à ce que ce Sel liquefié fût rouge de feu; alors il fe précipita dedans, & auffi-tôt qu'il eût atteint le fond du creufet, il y fulmina avec explofon, parce que la flamme du Zinc avoit à traverfer une colomne de liquide de plus de 3 pouces de haut. Après cette fulmi- nation finie, je jettai d'autres petits morceaux de Zinc, qui fulminérent comme le premier, mais fans remonter à la fur- face, parce que la grande chaleur du fond du creufet ne leur donnoit -pas le temps de fe tuméfier & d'augmenter de vo- lume. Je continuai d'en faire tomber dans le Nitre liquefié, jufqu'à ce que ce Sel s'étant épaifit par l'addition du Zinc qui, en fulminant, fe convertifloit en fleurs, le nouveau Zinc que j'adjoütois, ne pouvoit plus s’enfoncer, & reftoit à la furface prefque fans aucun changement. Le deffus de l matiére paroïfloit verdâtre, & il en fortoit des vapeurs nitreufes D'.Fis 1810 /T'EUN Er, 225 «nitreufes que je n’avois pas apperçües en calcinant le Nitre avec les fleurs de Zinc. * Je retirai le creufet du feu, croyant que le Nitre étoit fixé; la matiére faline qui, chaude, étoit verdâtre à fa fur- face, prit en fe refroidjflant, une couleur cendrée, & je -n'eus point la couleur pourpre. Je l’expofai à l'air humide, mais elle ne s'y humecta pas, comme celle de l'opération r les fleurs de Zinc, ce qui m'obligea de Ia difloudre dans de l'eau chaude. Après avoir filtré cette folution pour en féparer les fleurs de Zinc, & concentré la liqueur faline par l'évaporation, il s’y forma des criftaux parfaitement nitreux. J'examinai da liqueur décantée de deflus ces criftaux, mais elle ne donna aucune des marques ordinaires d’Alkali fixe: au contraire elle précipita, quoiqu'avèc lenteur, la folution du fublimé corrofif en blanc, ce qui a été reconnu jufqu'à préfent comme un indice d’Alkali volatil : mais il eft bon de faire obferver que cet indice d’Alkali volatil eft dans le ‘cas préfent, un indice trompeur; car ayant répété l'expérience pour avoir une plus grande quantité de ce précipité blanc, je l'ai lavé, féché & mis fur une plaque de cuivre rougie au feu où il a refté fixe fans fumer. Je l'ai placé enfüite au Microfcope, & j'ai reconnu que c'étoit des fleurs de Zine d'une fineffe extrême, qui avoient été retenuës par le Nitre, quoique la folution de ce Sel eût été filtrée; l'acide du Sel marin de fa folution du Sublimé corrofif a précipité ces fleurs difloutes peut-être par une petite portion de Nitre alkalifé, fans que le mercure de cette folution fe foit pré- cipité lui-même, n’y ayant pas dans la folution du Nitre aflés d’Alkali pour féparer ce métal de fon diffolvant. Je viens de dire qu'il pouvoit y avoir dans cette liqueur ou folution de Nitre, une portion de Zinc difloute par une petite portion de Nitre alkalifée; mais je ne l'ai point dit au hafard, car ce minéral que tous les acides diflolvent, eft diflout auffi par les Alkalis fixes & volatils, à la vérité avec une lenteur extrême, lorfque ces Afkalis font en liqueur. Je ferai voir quelque jour de ces difiolutiogs par les Alkalis, Mem, 1735. FE 226 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE J'étois tenté de conclurre de la mauvaife réuffite de mon opération par le Zinc employé fous fa forme métallique, que par fon moyen on ne pouvoit pas fixer le Nitre, comme par l'intermede des fleurs de Zinc : mais une perfonne de cette Compagnie que j'ai confultée, m'a fait des objections qui m'ont fait répéter l'opération. J'ai procedé comme da premiére fois, & fur 3 onces de Nitre, j'ai fait tomber peu à peu une once & demie de Zinc rompu en petits morceaux ; au lieu deretirer le creufet du feu lorfque les vapeurs nitreufes ont commencé à fe faire fentir, je l'ai tenu dans un feu de xouë pendant 10 heures; la mafle faline retirée du creufet avoit perdu près de la moitié de fon poids, parce que la terre de ce creufet étoit fort poreufe. J'ai verfé fur les mor- ceaux concafiés du creufet, de l’eau bouillante qui, filtrée & évaporée, m'a donné une liqueur de Nitre fixé peu coloré: aufli peut-on Îa regarder comme la liqueur d'un Nitre fixé, autant par les charbons avec lefquels le Nitre fulminoit par les dehors du creufet dont la porofité & quelques fentes le laïfloient fuinter, que par le Zinc réduit en fleurs dans l'inté- rieur de ce creufet ; cette liqueur confervée à part, donne toutes les marques d’un véritable Alkali fixe. A l'égard de la mafle faline qui n'avoit qu'une couleur cendrée, je l'ai expofée à l'air aprèsl'avoir fenduë par le milieu; l'extérieur de cette mafle, c'eft-à-dire, la partie qui touchoit au creufet, s'eft mife très-vite en déliquium, elle étoit bien alkalifée : en trois jours elle s’'eft humeétée jufqu’à l’épaifieur de 4 lign. ou environ; j'ai emporté tout ce qui s'étoit humecté, en le raclant avec un morceau de verre, je l'ai étendu dans de l'eau pour le filtrer, & l'ayant évaporé, il eft refté une liqueur alkaline fixe un peu plus colorée que {a précédente, mais moins que la liqueur du Nitre fixé par les fleurs de Zinc. J'ai verfé de l’eau chaude fur la partie faline du milieu de la mafle qui ne s’étoit point humectée à Fair, la folutior filtrée & évaporéé, m'a donné 7 gros de Nitre bien criftallifé, avec quelques gouttes d’une liqueur prefque aufli alkaline que les deux précédentes, ; D His SAC TE UN, EF :9 227 -. Je pourrois prefque conclurre de cette expérienice répétée, que fi l'on pouvoit avoir des creufets d’une terre aflés com- pacle pour retenir le Nitre en fufion fans qu'il fuintât par {es pores, il feroit très-difhcile de fixer le Nitre par le Zinc employé fous fa forme métallique, & qu'apparemment l Au= teur que j'ai cité a reconnu cette difhculté, puifque pour fixer fon Nitre, il employe les fleurs de Zinc déja faites, au lieu du Zinc en métal : ainfi fil Alkaeft de Refpour étoit de quelque utilité bien démontrée, il conviendroit de # préparer felon fon procedé, & non felon le mien; ce qu'il étoit bon de vérifier. ” Mais en employant le Zinc en métal, il fe développe des vapeurs nitreufes, épaifles & rougeîtres; ces vapeurs ne font prefque pas fenfibles fr on employe les fleurs pour fixer le Nitre: cette obfervation pourroit faire foupçonner un acide vitriolique dans le Zinc, mais la preuve de fon exiftence feroit difficile à démontrer, ainfr il eft plus fimple d’attribüer le développement de l'acide nitreux à là partie inflammable abondante dans le Zinc en métal qui agit ici à peu-près comme le charbon de bois dans opération du Nitre fixé ordinaire, mais le Zinc s'enflammant différemment que le Charbon, & fa flamme ne durant qu'un inftant, le Nitre n'a pas le temps de fufer, & l'alkalifation de ce Sel ne s'opére pas comme avec le Charbon; les fleurs de Zinc n'ont plus cette partie fulphureufe aifée à enflammer dans le Zinc, elle s'et diffipée en flamme pendant leur préparation, ainfr elles ne peuvent développer ces parties nitreufes d’une maniére aufli fenfible, & fr le Nitre s’alkalife mieux avec ces fleurs qu'avec le Zinc, c’eft que par la trituration qui a précédé, les parties du Nitre font tenués féparées les unes desautres par les fleurs du Zinc, & que dans une calcination de ro: à 12 heures, les parties de feu ont plus de facilité à s’intro- duire dans les parties du Sel divifées par ces fleurs également diftribuées, qu’elles n’en ont quandle Zincemployé en métaf &c déflagrant au milieu du Nitre liquefié, l'épaiffit & le réduit peu à peu en des mafles qui uni Ne a 1 ïj 228 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Outre les marques ordinaires d’Alkali fixe que donnent . les deux liqueurs provenant du deliquium du Nitre fixé par les fleurs de Zinc, on va voir préfentement quels font leurs effets fur l'Or; les autres effets de ces deux liqueurs feront rapportés à chaque article des métaux traités avec {e Zinc. Sur une diflolution d'Or bien chargée de ce métal, & faite par une Eau régale compofée de 4 mefures d'efprit de Nitre, & d'une mefure d’efprit de Sel (ce qui donne un &folvant dont l'aétion eft très-prompte), j'ai fait tomber de F'Alkaeft de Refpour, c’eft-à-dire, de la teinture faline & fulphureufe communiquée au Vinaigre diftillé par le Nitre fixé en employant les fleurs de Zinc, il s’eft précipité une chaux d'Or, couleur de café qui, en ro jours, eft devenuë noire, à l'exception d'une partie d'Or revivifié dont je vais parler. Sur une femblable diflolution d'Or, j'ai verfé peu à peu autant de la liqueur fimple du Nitre fixé par les fleurs de Zinc, qu'il en falloit pour précipiter tout l'Or; j'ai couvert les, deux verres, & je les ai laiflés pendant 15 jours en expérience. Dans le dernier, la chaux d'Or précipitée eft devenuë noire comme dans le précédent, & dans tous les deux verres, des parties de Or fe font dégagées de leur diffolvant, & fe font élevées à la furface de la liqueur qu'elles ont couverte d’une pellicule d'Or, plus brillante & plus vive dans le verre où la précipitation avoit été faite par l’Alkaeft de Refpour, moins belle, mais plus épaiffe dans celui où Or étoit précipité par la liqueur alkaline fimple. I y a grande apparence que la revivification de ces par- tücules d'Or, ou plütôt leur réunion, eft düë au principe huileux uni aux deux Alkalis précipitans; lun ne contient que le refte du principe fulphureux du Zinc qui n’eft pas totalement féparé des fleurs de ce minéral, puifque l'huile de Vitriol verfée fur ces fleurs, & tenuë chaudement fur un bain de fable, donne une odeur de Soufre brûlant; l'autre, c'eft-à-dire, l Alkaeft de Refpour, outre ce principe fulphu- reux du Zinc, contient auffi la partie inflammable du Vin, Hi DES" Slcr E NTc Emma 229! qui exifte toüjours réellement dans le Vinaigre. Il y a d’autres expériences déja connuës, qui rendent cette conjecture: encore plus probable. : Verfés fur une diflolution d'Or autant d'Efprit de vin qu'il en faut pour la dulcifier, en forte qu'elle n'ait plus qu'une légére acidité : expofés le vaifleau au Soleil, & le couvrés d’un papier pour le garantir de la poufliére, vous verrés l'Or s'élever en petits feuillets déliés & brillants, & fe placer à la furface de la liqueur qui, au bout de quelques jours, fe trouvera couverte d’une pellicule du plus bel Or du monde. If faut remarquer que cette revivification per afcenfum, fe fait beaucoup mieux au Soleil qu'à un feu de digeftion de même degré, qui feroit placé fous le vaiffeau. On peut enlever avec un morceau de verre mince, cette pellicule d'Or à mefure qu’elle fe forme, & lui conferver préfque tout fon éclat, en la mettant fur le champ dans de l'eau commune diftillée, & l’agitant pour la faire tomber au fond. Je crois que cette poudre d'Or reflufcitée ainf par l'Efprit de vin, ou par le Vin blanc qui réuffit de même, étant appli- quée fur la Porcelaine par une main habile, feroit un plus bel effet que la chaux d'Or précipitée du départ ordinaire, qu'on employe pour dorer les filets & contours des fleurs. A l'égard des deux chaux noires & non reflufcitées de TOr précipité par la liqueur fimple du Nitre fixé & par YAlkaeft de Refpour, je les ai lavées l’une & Fautre dans: une même quantité d’eau diftillée; la premiére chaux, c'eft- à-dire, le précipité par la liqueur alkaline fimple, n’a pas fulminé fur le feu, mais elle a décrépité fans flamme, comme un Sel marin, & tout l'Or s'eft diflipé; l’autre chaux préci- pitée par lAlkaeft de Refpour, n’a ni fulminé ni décrépité: la partie huïleufe du Vinaigre unie à ce précipité, empêche ici. le décrépitement, comme le Soufre qu’on brüle fur lOr le. plus fulminant, empêche fa fulmination. * Les pellicules d'Or reffufcitées ne fulminent pas non plus, ce qui n'eft pas étonnant, puifqu'elles ne font plus unies à des Sels, | NO Ffij 230 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE J'ai refait ces expériences avec Îa liqueur du Nitre fixé par les Charbons, cet Alkaeft de Glauber a précipité Or en chaux noire, comme la liqueur fimple du Nitre fixé par les fleurs de Zinc, & cette chaux noire lavée & féchée, a décrépité de même. Il y a cependant une différence entre les effets de l'une & l'autre liqueur; celle du Nitre fixé par les fleurs de Zinc, reflufcite très-vite une partie de l'Oren pellicules dorées; celle du Nitre fixé par les Charbons ne le fait pas, du moins ce n'eft qu'en l'expofant au Soleil, & au bout d’un mois, qu'on y apperçoit un commencement de pellicule qui refte pendant long-temps d’une couleur cuivreufe. Après ces expériences, il convenoit de fçavoir ce que le Zinc lui-même opéreroit fur lOr diflout. J'ai fait tomber, dans une diflolution d'Or concentrée par évaporation au Soleil, un petit morceau de Zinc qui y a refté près de 1 5 minutes fans être attaqué; j'ai affoibli le diflolvant, en adjoûtant peu à peu jufqu'à trois parties d'eau, alors les bulles d'air fe font élevées, la diflolution du Zinc s’eft faite avec lenteur, & Or s’eft précipité en une chaux couleur de café, c’eft ici une précipitation femblable à la précipitation connuë d’une folution d'Argent ou d’une folution d'Or par la lame de Cuivre. Quant à la couleur brune que prend Ia chaux d'Or en fe précipitant dans cette expérience, elle ne peut être attribuée qu’au Zinc dont quelques atomes font entraînés & retenus par l'Or; car fi on refond cette chaux bien édulcorée avec un peu de Borax, on a un culot d'Or qui eft aigre & qui fe gerce fous le marteau, & l’on eft obligé de le refondre de nouveau avec le Nitre, pour réduire en fcories, la portion. du Zinc qui s’étoit incorporée avec l'Or, & qui le rendoit caflant: on verra bientôt, qu'une partie de Zinc fuffit pour aigrir 80 parties d'Or, & peut-être davantage. ; Si, après que cette chaæx d'Or eft précipitée par le Zinc, & que la liqueur furnageante n’eft plus teinte de jaune, on donnoit le temps à l'eau adjoûtée de s'évaporer, l'Eau régale reprendroit fon premier degré d'acidité, lOr feroit diffout ts De DES S Cr EN CES ‘gg sde nouveau, & il arriveroit qu'il méleroit éxa@ement avec de Zinc, & qu’en le précipitant par un Alkali fixe ou volatil, on précipiteroit enfemble les deux fubftances métal- Jiques, comme je le ferai voir inceflamment en parlant de -mon Or violet. - ; La même chofe arrive quand on précipite la diflolution “d'Or par l’Etain fin, car fi dans une diffolution d'Or affoi- blie, on fait tremper un morceau d'Etain, la liqueur fe trouble & paroît d’abord préfque noire, mais quelques heures après elle devient d’un beau pourpre; cela eft connu de tous des Chimiftes ; cetteliqueur réftera de cétte couleur tant que TEau régale fera aflés affoïblie ou aflés aqueufe pour tenir d'Etain en diflolution. Mais expofés le vaiffeau à Pair pour faire évaporer l'eau adjoûtée, l'Eau régale s'étant rencontrée difloudra 1Or de nouveau, réprendra une-couleur jaune, la couleur pourpre s'évanouira, &:il fe fera un précipité blanc qui vraifemblablement eft une chaux ou magiftere d'Etain; ce que je n'ofe pourtant aflürer, parce que je ne l'ai pas encore examiné, + AE : Affoiblifiés une feconde fois cette nouvelle diffohition d'Or par de l’eau commune, & faites-y tremper un morcean d'Etain, vous verrés reparoître auffi-tôt la couléur pourpre foncée ; car l'Etain eft la pierre de touche de TOr, c'éft- à-dfie, comme Kunckél l'a déja remarqué, ‘qué ce métal * fert à s'affürer de la préfence de l'Or dans la difiolution d’un mélange métallique où on le foupçonne ; la liqueur ætherée de Frobenius eft encore un moyen, au moins auffi certain, pour avoir cette preuve ; j'en parlerai avant la fin de cè Mémoire. SRE LOT … Left bon d’avertir que l'expérience de’ces changements de couleur de jaune en pourpre, de pourpre en jaune, &c. téuffit infmiment mieux en fe fervant d’un morceau d'Etain, qu'en employant une diflolution déja faite de-ce rnétal dans TEau régale. Quand für mme diflolution d'Or, on-verfe une difloluition de Zinc faite par fEau régale & filtrée (car il y furnage 232 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE toüjours une écume qu'il en faut féparer), la couleur de Ia diflolution d'Or ne fubit d'autre changement que celui de devenir un peu moins jaune, mais il ne fe fait aucun pré- cipité ni de l'Or ni du Zinc, parce qu'ici chaque quantité de l'Eau régale a fait fa fonétion, c'eft-i-dire, qu'elle eft fuffifamment chargée de tout ce qu’elle a pü difloudre, une d'Or, l'autre de Zinc. Ne pourroit-on pas fe fervir de cette expérience pour prouver que le Zinc ne contient pas d'Etain, comme M. Homberg le foupçonnoit! Car s’il en contenoit, la difolution d'Or touchée par la diflolution du Zinc, pren- droit une couleur pourpre, ce qu'elle ne fait pas. De plus, fi fur les diflolutions d'Or & de Zinc mêlées enfemble, je verfe de la diflolution d’Etain, la couleur pourpre paroït, mais plus foible que fi l'Or eût été feul. I étoit à préfumer qu'un mélange de diflolution d'Or & de diflolution de Zinc, étant précipité par un Sel alkali, ne donneroit pas, après les lotions ordinaires, un Or fulmi- nant, à caufe de l'interpofition des parties du Zinc, il falloit cependant s'en aflürer. Ainfi fur un mélange de 100 gouttes de chacune de ces deux difiolutions, lune & l’autre autant chargées de métal qu’elles le pouvoient être, j'ai verfé jufqu'à 80 gouttes d’efprit volatil de Sel ammoniac fait par la chaux, pour précipiter parfaitement la chaux métallique; cette chaux compofée d'Or & de Zinc, après avoir été lavée & féghée, a été expolée au feu dans une petite cuillier de fer bien nette, il s’eft fait un petit décrépitement fourd, fans aucun fautille- ment fenfible des parties de la poudre, & pendant ce petit décrépitement, la chaux a pris peu à peu une belle couleur de violet fin. J'ai répété cette expérience entiére trois fois de fuite, & elle a toüjours réuffi de même : ainfi voilà encore un nouveau moyen de donner la couleur pourpre aux émaux & au flux pour le Rubis imité, décrit par Kunckel & Caflius, & par conféquent une découverte qui peut être utile aux Peintres en émail & aux Jouaïlliers. J’ai donné de cet Or violet à M. Barier graveur du Roi fur pierre, & qui fait de très-beaux ouvrages en Or émaillé, if en a fait l'effai avec DB MISAOENN CHHISMAN LS ävec le Talc de verre de Venife:, & avec le Fondant: d'é - mailb, & il a eu un fort beau pourpre. + +: 4 J'ai fait la même expérience avec l'Etain. Sur une égale quantité de diflolution d'Or & de diflolution d'Etain un peu affoiblie par de Feau'commune, j'ai verfé de l'éfprit volatil ordinaire de Sel ammoniac, il s’eft fait de même un précipité des deux métaux qui, bien édulcoré, n’a pas ful- miné non plus que le précédent; ce précipité a pris fur le feu une couleur bleuë obfcure, femiblable à de l’Inde en pains. Aüinfi lOr qui, précipité par l'Etain feul, auroit été d’un beau pourpre, a pris, lorfqu'il à été précipité avec l'Etain par l'efprit volatil, une couleur fale ou: d’un bleu: obfeur; au lieu que l'Or qui, étant précipité par le Zinc feul, prend une couleur tannée fale, devient d’un très-beau violet, quand il eft précipité avec le Zinc par le mêmeefprit volatil. Pour-faire voir que cé font les particules interpofées du Zinc ou dé l'Etain.qui, dans la premiére expérience, ‘dimi- nuent, ; & dans la feconde, :ernpêchent là fulminiation.-de lOr,rjai verfé far 100 gouttes de diflolution d'Or pur & fans mélange, 46 gouttes du mêmeiefprit de Sel:ammoniac fait par la Chaux ; j'ai préféré pour cette: précipitation, un Alkali volatil à un -Alkali fixe parce que j'ai obfervé, & M. Grofle l'a obfervéavant moi, que quand FOr eft diflout par Je mélange de l’efprit.de Nitre & de lefprit de Sek,la précipitation de Or qu'on veut avoir fülminant, réuflit mieux lorfqu'on employe lefprit volatil de Sel ammoniac; que fi on fe fervoit de l'huile de Tartre par défaillance, 1& que le contraire arrive lorfque FOr 4 été diflout parun efprit de Nitre régalifé pat le Sel ammoniac. Dans ce dernier cas; Or paroît être plus fulminant, fi an le -précipite par l'huile de Tartre, que fr on Favoit précipité par un efprit volatil. Cette obfervation mérite d’être approfondie, & elle [= C'eft du Verre de Venife 3 dont ! LE CetunV érreentuhe, de cou- on ffoufflé un globe très-mince; &, eur d'épale aifé à fondre, qui ferts u'onya réduit enfuite en poudre. étant-broyé ;,.à introduire; dans | Le FA Jetrs vendent cette poudre! Emaux, les couleurs qu'on tire di nte routelpréparée, 1:10 2122 & Chaux: métalliques: : 31 22 109 Mem, 1735: G£ 234 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE ut développer une nouvelle théorie de 11 fulmination de Or fulminant, mais je n'ai pas encore fait fur cela un affés grand nombre d'expériences pour me hazarder préfentement à en parler davantage. J'ai édulcoré mon Or précipité avec une quantité d’eau proportionnée à la quantité d’eau qui avoit été employée à daver le précipité provenant du mêlange de l'Or & du Zinc qui a donné l'Or violet, afm qu'il ne püût refler aucun doute fur le plus ou le moins de l’'édulcoration. J'ai fait l'effai de ce précipité fur un feu placé dans un lieu obfcur, & la portion que j'avois mife dans la cuillier a fulminé très-vite, &'avec une fort belle flamme ; ainfi c’eft l’interpofition des parties du Zinc qui, dans l’une desexpériences précédentes, a réduit prefque à rien la fulmination de l'Or, parce qu'il étoit pré- cipité avec ce minéral. H y a pourtant un cas où l'addition du Zinc, même en plus grande dofe que dans les expériences que j'ai décrites, n'empêche ‘pas la fulmination de Or, quelque lavé que foit le précipité; c'eft quand on fe fert d’un efprit ivolatil très-concentré & diftillé fans addition d’eau, j'en donnerai exemple à la fin de ce Mémoire. | Curieux de fçavoir quel feroit l'effet de l'Or fulminant pur & fans mélange, étant employé avec le fondant d'émail après fa fulmination, j'ai pris une portion de cet Or, & Tayant étendu bien mince entre deux feuilles de papier re- pliées par les bords, j'ai échauffé ce papier partie à partie fur un réchaud de feu, la fulmination s'en eft faite ficcef. fivement & à petit bruit; le papier ayant été déplié, j'y ai trouvé des particales de chaux d'Or de couleur pourpre qui, broyées avec le fondant d'émail, donnent aufli une aflés belle couleur cramoifie, ce qui dépend'cependant de da re- euite de l'ouvrage émaillé. L'Or fondu avec le Zinc à parties égales, donne un régule extrèémement aigre, très-dur, & qui ufé & poli, prend un grand brillant, réfléchiflant ou peignant les objets avec beau coup de netteté, Je l'indique à ceux qui voudroient en faire » Lp'E st Sr ME NCEBANLOMNT pe . a: dépenfe, & avoir un miroir: à lunettes de réfléxion. qui fût exempt de foufflüre, & peut-être moins fujet à préndre de l'humidité de Fair, ce terni auquel font fujets les mirotré dont le cuivre eft la bafe; mais la fabrique dé ces miroirs n'étant pas à préfent mon objet, je reviens au procedé de ce régule. J'aï pris un morceat d'Or, au titre des Ducats de Hol- lande, qui pefoit 67 grains, j'ai fondu dans'un creufet, un pareil poids de Zinc purifié par une fonte précédente, & ÿ ayant fait tomber l'Or, ül s'eft fondu très-vite. Dans Linftant de la fonte de l'Or, ül s’eft fait une fulmination du Zinc, pendant laquelle il s’en eft exhalé tant en flamme, qu'en fumée &c-en fleurs, le poids de r 6 grains, car le régule owculot que j'ai détaché du creufet, refroidi, ne pefoit plus que 118 grains; ce culot s’eft caflé en huit morceaux aw prémier coup de marteau, & dans fa caflüre, Or n'a paru bienuni avec le Zine, puifqu'au microfcope, je n’ai apperç® aucune différence dé couleur, & que le tout enfemble formoit une matiére réguline blaricheâtre, fans couches diftinguées, & dont le grain étoit très-fin. 1 J'ai mis ce régule en poudre, & j'ai verfé defüs de l'Eau forte pour en faire le départ; comme on fait celui de lOr & de l'Argent, l'Or eft refté précipité en ur chaux brune, Ba diflolution du Zinc furnageante ayant été décantée, & la chaux d'Ordavée, puis fonduéavec le Borax, j'en ai retiré un culot d'Or pefant 60 grains ; j'ai trouvé ce culot aigre fous le marteau, preuve que lOr avoit retenu du Zinc, quoi- qu'il’eut laiffé le refte dé fon autre alliage dans l'Eau forte du départ, qui étoit verdâtre. J'ai réfondu ce culot aigre avec le Salpêtre pour fcorifier le Zinc refté, & le nouveau culot devenu doux, n’a plus pefé que 59 grainsZ. Donc une partie de Zinc fufft pour aïgrir 80 parties d'Or; ce dérniér culot arpañlé par la-coupelle d’Antimoine, d'où je l'ai retiré très- Haut'en couleur, & fans diminution fenfiblé dé poids, ainfr ilceft Or à 24 Karats. On peut faire aufii le départ décerégule, pulvérifé bien fin; Gei * Page 19. 236 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par le Vinaïgre diftillé qui, comme on fçait, diffout le Zinc & ne touche pas à l'Or, mais ce que l'Eau forte a fait en o heures, Îe Vinaigre ne l'a fait qu'en 28 jours. J'ai fondu un autre morceau d'Or pefant 134 grains, avec trois fois fon poids de Zinc, le culot a été très-dur, mais plus coriace ou plus difficile à caffer que le précédent, où il n'y avoit que parties égales d'Or & de Zinc, fon grain étoit aufli fin, quoique plus terreux, & d’une couleur plus grife. Mon objet, dans cette expérience, étoit d'examiner fi le Zinc en fe convertiflant en fleurs, enleveroit quelques parties de l'Or, comme feu M. Stahl Fa dit dans fa Difler- tation fur les Sels des métaux*. Or cette converfion du Zinc en fleurs eft fort difficile quand-ce minéral eft uni à Or; fi le feu eft moderé, il ne fe fait aucune féparation; s'il eft extrème, le mêlange eft dans une ébullition continuelle, & le Zinc cherchant à s'échapper & à fe convertir en fleurs, fait fautiller de petits globules du régule entier que la flamme du Zinc emporte avec elle à travers les jointures du creufet & de fon couvercle, j'ai même recueilli quelques petites. parties de ce régule en préfentant une petite cuillier de fer au dard de cette flamme. À Comme dans cette opération, il s’étoit attaché à la furface intérieure du couvercle, un peu de fleurs colorées en jaune, cela m'a engagé à recommencer l'opération avec un pareil poids de mélange; mais pour ne pas perdre mon régule, je me fuis fervi de deux creufets renverfés lun fur l'autre qui s'emboîitoient, & dont le fupérieur avoit un-trou à fon fond, pour que la matiére eût une communication avec l'air exté- rieur, fans quoi la fulmination du Zinc ne pourroit fe faire; jai tenu cette matiére au feu de forge pendant 6 heures, cependant je n'ai recueilli au haut du creufet fupérieur que 8 grains de fleurs colorées. ofti J'ai verfé für. ces fleurs, de l'Eau régale qui s’eft teinte en jaune. Dans une partie de cette folution décantée, j'ai trempé un fil de verre chargé d'environ un quart de goutte de diflo- lution d'Etain fm, & j'ai eu du pourpre. O # { 1 4 Î Lx si e re SP RE, + Ç DES ScrTEe N' CE si")! 23m + Sur l'autre partie de la même folution, j'ai verfé un peu” de liqueur æthérée de Frobenius, la féparation de YOr s’eft, faite dans l'inftant, & le diffolvant eft refté fans couleur : car on fçait que c’eft une des propriétés finguliéres de cette liqueur, de faïfir l'Or qui fe trouve dans la diffolution d’un mélange de plufieurs métaux, & de l'en tenir féparé, laiflant les autres métaux dans le diffolvant. I eft donc prouvé qu'à Yaide d’un feu violent, le Zinc enleve l'Or en fe convertifant en fleurs, comme M. Stahl l’a avancé; mais comme on le voit il ne l'enleve qu'en très-petite quantité, 11 faut encore faire obferver que le creufet fupérieur dans lequel s’eft faite cette fublimation de fleurs colorées, étoit teint en haut d’une légére couleur pourpre, & au-deffous d'une teinte verdâtre, ce qui femble indiquer que la partie fulphureufe ou inflammable du Zinc pourroit être recueillie. J'ai fait faire des cornuës de deux pieces avec lefquelles je tenterai de diftiller le Zinc à grand feu & fans addition; fr je réuffis, je ferai part du fuccès à la Compagnie. J'ai employé le refte de mon régule à d’autres effais, & je l'ai divifé en trois portions; deux de ces portions m'ont fervi à tenter {a réduction de l'Or par deux moyens diffé- rents, & la troifiéme à en faire un Or fulminant, par lequel je finirai ce Mémoire. La premiére portion qui pefoit r 18 grains a été fonduë avec trois fois fon poids de régule d’Antimoine : mais j'ai été obligé de fouffler pendant $ heures dans le creufet couché & échancré où étoit le mélange, pour chaffer tout l'Anti- moine & tout le Zinc, il m'eft refté un bouton d'Or pefant . 22 grains +, haut en couleur, très-doux, & qui, dans une feconde coupelle d'Antimoine, n’a rien perdu de fon poids. * La feconde portion du régule d'Or & de Zinca été purifiée par le Salpètre, il en a fallu mettre jufqu'à fept fois le poids du régule en différentes fois, pour réduire tout le Zinc en fcories qui, dans le feu, euflent un flux tranquille & glacé à fa furface ; le bouton d'Or trouvé au fond du creufet refroidi, étoit haut en couleur, mais il fe gerçoit encore fous Gg ii 238 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE le marteau, ce qui m'a obligé de le refondre, & de jetter defius un peu de Sublimé corrofif pour le purifier davantage, Toute l'opération n'a duré qu'une heure, ainfr Or uni au Zinc s'en fépare beaucoup plus vite & plus aifément par le. Salpétre que par l'Antimoine, La troifiéme portion de mon régule a été difloute par VEau régale, & précipitée par un elprit volatil tiré du Se ammoniac en me fervant des fleurs de Zinc pour intermede; mais avant que de parler de cet Or fulminant qui eft plus violent que celui qu’on précipite par Fefprit volatil fait par a Chaux, il eft bon de décrire quelques circonftances de fa diftillation de cet efprit volatil. J'ai fait un mélange exact de 4 onces-de fleurs de Zinc, & de 2 onces. de Sel ammoniac, je l'ai diftillé à feu aug- menté par degrés jufqu'à faire rougir la cornuë vers la fin de l'opération. Les vaifleaux étant démontés, j'ai trouvé près de 5 gros d'un efprit volatil très-pénétrant, & qui avoit une couleur louche ou laiteufe, parce qu'il avoit enlevé avec lui quelque portion des fleurs du Zinc. Il y avoit à la partie fupérieure du récipient, une petite couche de Sel volatil en forme concrete, fur lequel j'ai fait pafler l'efprit pour le dif- foudre ; j'ai retiré du col de lacornuë, un gros & quelques ains de fleurs qui, diffoutes dans l’eau, puis filtrées, ont Biflé des fleurs de Zinc fur le filtre ; leur folution évaporée a donné une criftallifation ammoniacale. I] y avoit encore une autre fublimation de Sel ammoniac à l'entrée du.col vers la voute dé lacornué, mais plus dure, plus tenace, & plus fale que celle du col; la maffe reftée au fond de la cornuë étoit dure, compacte, comme vitrifiée, & d’une cauflicité fi grande, que l'ayant touchée du bout de la langue, elle m'y fit une ampoule. J'ai prié M. Morand d'en faire quelques effais, & de la fubftituer au cauftique qu'il employe ordi- nairement, & il a remarqué qu'elle réuflifloit fort bien. J'ai mis une partie de cette matiére cauftique dans: un creufet, je l'ai pouflée à feu de forge, il s’en eft developpé d'abord des vapeurs urineufes, parce qu'il y reftoit encore DES $SCr1ENCE2S | 239 beaucoup de Sel ammoniac, puis il.en eft forti une fumée aifle, ayant une agréable odeur de Safran, qui eft toûjours odeur de l'efprit de Sel lorfqu'il eft uni à quelque matiére métallique; tout l'acide du Sel marin ayant été chañfé par cette violente calcination, il eft refté une mafe de fleurs de Zinc fixes, & qui n’avoient plus de cauflicité. Quant au refte de ma matiére cauftique, je l'ai expofée à l'air où elle s'eft mufe aflés vite en deliquium, j'ai filtré ce deliquium, qu'on peut nommer Auile de Zinc, dans le même fens qu'on nomme huile de Chaux, le deliquium de la tète-morte de la diftilation de l'efprit volatil du Sel ammo- niac fait par la Chaux. ‘ Si fon verfe fur cette huile de Zinc, quelques pouttes d'huile de Vitriol, il fe fait fur le champ un coagulum , comme Torfqu'on verfe le même acide fur l'huile de Chaux, & il s'en éleve aufli des vapeurs d'efprit de Sel, mais qui ontune odeur un peu huileufe. | Cependant voici une différence bien confidérable entre ces deux coagulums qui, à la vüë, paroiflent femblables: celui de lhuile de Chaux eft indifloluble dans l’eau froide & dans l’eau chaude : celui de l'huile de Zinc fe diffout fur le champ quand on verfe deflus de l’eau froide, parce qu'alors on affoiblit aflés le diflolvant pour le mettre en état de re- difloudre les fleurs de Zinc qui faifoient l'épaiffifiement du . coagulum ; l'huile de Vitriol trop concentrée ne diffout point ces fleurs, comme je l'ai déja fait remarquer dans mon pre- mier Mémoire, il faut l'affoiblir pour.en faire la diflolution. = J'aï mis dans un verre, la liqueur de ce coagulum rediflout, & ïl s’y eft formé des criftaux en éguilles qui, vûs au Microf- cope, paroiflent femblables aux criftaux qui fe font formés dans un autre verre où j'avois mis quelques gouttes d'huile de Vitriol fur une folution de Sublimé corrofif. Je crois que M. Grofe eft le premier qui ait obfervé cette derniére criftallifation : c'eft à lui qu'il appartient de faire part à TAcadémie, des fuites ou des conféquences qu’on peut tirer de cette obfervation, ainfi je n’en parlerai pas davantage, 2401 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RotALE mais je ferai obferver que lorfque la liqueur de mon coagulum redifiout a été fuffifamment évaporée, il s’eft formé de nou- veau deux petites mafles femblables, tant par leur couleur blanche, que par leur confiftance, au premier coagulum, & dans ces deux mafles il paroït depuis huit jours, des couches criftallines angulaires qui donneront un Sel vitriolique, fans qu'il fe détruile rien ‘de l’autre Sel d'abord aiguillé. Si je prends du beurre de Zinc, c'eft-à-dire, cette mañle jaunâtre qui refte au fond de la cornuë lorfqu'on veut faire {a concentration de l’efprit de Sel, en rediftillant une diflo- lution des fleurs de Zinc dans cet acide; fi après avoir diflout ce beurre de Zinc dans un peu d’eau, je verfe deflus de l'huile de Vitriol, je n'ai point de coagulum : donc pour avoir ce coagulum, il faut qu'il y ait une matiére grafle, & cette matiére grafle eft celle du Sel ammoniac qui eft reftée unie à la mafle cauftique réduite depuis en deliquium par l'humidité de l'air, & dont j'ai eu cette liqueur que jai nommée huile de Zinc. Sur une autre portion de la même huile de Zinc, j'ai verfé de l'huile de Tartre par défaillance, qui a développé une odeur urineufe, & dans l'inftant il s’eft fait un coagulum blanc que l'eau adjoûtée n’a point diflout, parce que c'eft un précipité des fleurs de Zinc qui ne pouvoient plus être tenuës en diflolution, lacide du Sel marin étant détruit par TAlkali. La liqueur furnageante a été décantée, & après une éva- poration libre, il s’y eft formé des criftaux cubiques de Sel marin regénéré, & dont les fix côtés ou furfaces font par- faitement planes. lue J'ai employé lefprit volatil diflillé par lintermede des fleurs de Zinc à précipiter la folution de la troifréme portion de mon régule d'Or & de Zinc : en faifant lentement la précipitation, il s’eft excité une effervefcence ou chaleur fr grande que ma main ne pouvoit plus tenir le vaifleau ; ce qui n'arrive pas, du moins fi fenfiblement, lorfqu'on pré: cipite une diflolution d'Or aveg un efprit volatil de Sel : : ammoniac DYS SCIENCES 247 &mmoniac diftillé par la chaux, parce que pour avoir ce dernier efprit, on adjoûte l'eau, & qu'il eft par conféquent bien moins concentré que celui que j'employois. Cette concentration du volatil urineux a fans doute été caufe que malgré l'interpofition des parties du Zinc qui, “dans ce précipité, étoient près de trois contre une d'Or, & malgré les lotions répétées de ce précipité, même avec de l'eau chaude, je n’ai pû l'empêcher d'être toüjours très-ful- minant, quoique fans flamme. On avoit cru autrefois que l’action de l'Or fulminant fe failoit en enbas. Depuis, on a cru reconnoître qu’elle fe failoit égalément en tous fens, parce qu’en mettant un Ecu fur de l'Or fulminant, qu'on a arrangé en un tas dans une pétite cuillier pofée fur le feu, on voit fauter l’Ecu dans l'inflant de Ja fulmination. Je crois pourtant que, des expé- riences que je vais rapporter, il réfultera que cette action n'eft pas exactement égale en tous fens, & qu'elle eft plus vive, ou, pour m'expliquer mieux, que le plus grand effet de la force agiflante de l'Or fulminant dans l’inftant de 1a fulmination, eft dans les points du contaét de cette poudre fur le corps qui la foûtient, ou qui la touche. Le détail de mes expériences fera mieux entendré ce que je veux dire. J'ai étendu fur une feuille de papier, trois grains de mon Or fulminant, j'ai rabattu deflus l'autre moitié de la feuille, je les ai pliées enfemble par les bords, puis je les ai tenu tenduës avec les deux mains, afin que les deux feuilles fuflent paralleles autant qu'il étoit poffible; j'ai échauffé Ientement . cet Or fur un réchaud de feu, il a peté, non fucceflivement comme celui d'une expérience que j'ai rapportée ci-devant, mais enun feul coup, & avec un bruit auffi fort que celui dé ces fufées que tirent les enfants; le feuillet de deffous s'eft caflé en plufieurs endroits, celui de deflus s’eft gonflé dans lexplofion par la rarefaction fubite de l'air, mais il n’y a paru aucune caflüre. J'ai refait cette expérience avec poids égal du même Or fulminant, & ayant étendu de même entre deux feuilles Mem. 1735. Hh 242 MEMOIRES DE L'ACGADEMIE ROYALE de papier que je tenois auffi bien tenduës ; j'ai fait pañler par-deffus une pelle chaude à la diftance de 6 à 7 pouces, il eft parti de même en un feul coup, le feuillet fupérieur s'eft gonflé, mais fans aucune caflüre; celui de deffous s'eft ouvert dans prefque toute fa longueur. Les objections qu'on m'a faites à l'occafion de ces deux expériences, m'ont obligé de les répéter chacune trois fois; la premiére, c'eft-à-dire, celle où le feu fe trouvoit deffous a toûjours réüfli comme je l'ai décrite; la feconde où je mets le feu par-deflus, a réüfli deux fois comme je l'ai rapporté, mais une troifiéme fois, la feuille de papier s’eft crevée par le côté, c'eft-à-dire, qu'il s'eft trouvé d’ouvert autant de la feuille de deflus que de celle de deflous ; ce qui peut venir de ce que quelques parties de Ia poudre s’étoient dérangées en pliant les bords du papier. Pour éviter ce déplacement de la poudre, j'ai paflé fur trois feuilles de papier fimple, un pinceau trempé dans de l'eau légérement gommée, j'ai faupoudré de F'Or fulminant fur ces trois feuilles, puis je les ai fecouées lorfqu'’elles ont été féches, afin qu'il ne reflit de cette poudre que dans l'endroit qui avoit été gommé. J'ai pañlé une des trois feuilles fur un réchaud de feu, la feuille qui, dans cette expérience, étoit entre Or & le feu a ‘crevé dans l'inftant du bruit, & la partie touchée par : la poudre en a été prefque entiérement détachée, La feconde feuille a été rompuë de même en paffant une pelle chaude par-deflus la poudre, le papier étant deffous. Sur la troifiéme déja préparée comme je l'ai dit, j'ai “appliqué un feuillet de papier humeété d'eau gommée, je les ai tenu l'un & l'autre en prefle entre deux gros livres, afin que ces deux feuilles fe collaffent exaétement enfemble, & que le contact de la poudre füt autant égal qu'il étoit ffible, tant à l'une qu'à l’autre feuille : lorfqu'elles ont été féches, je les ai pañlées fur le réchaud, le bruit a été plus violent que dans les expériences précédentes, & la feuille fupérieure, auffi-bien que l'inférieure, ont été rompuës, & l'endroit qui touchoit à la poudre a été prefque détaché dans lune & l'autre feuille, mes AT DIR Sn IC NE SN Ca SAM 234$ _ Ainfi je crois qu'on peut conclure de toutes ces expé- riences, que lation de lOr fülminant eft plus vive ou plus violente dansW'endroit oùfelle touche’le corps qui fs foûtient, que dans tout autre. Voilà ce que j'ai de fint, quant à préfent, de plufieurs expériences que fai faités én combinant d'Or ätéc de Zinc Il y en a encore quelqu s autres fur ces deux matiéres, qui .dépendent du temps; ta joindrat à cèlles-ci, Îï ce que je Lefpere me réuflit. Dans quelque temps je reridrai compte à l’Académie, des autres Expériences qui concernent Île mélange du Zinc avec les autres métaux. TOTIT M 1 : » à * Xp è 4 / «! 1j Le : ot 1109 : HI ! L pie Ÿ, SA = He à TH 23 1 -$ea TI tof Sbérr | ? pa ” Frot : r PA ra cri &2 burn (# Fer: DES È CT Hu0og ai À ,23119d p& > CAR ET ER LR AE RRS ins AUOT 3 ‘à YievHo à LU: 294 x2 Mars 2735- 244 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE OPRIS EI PAT FO NE SUR LES DISTRIBUTIONS ET LES DE'PENSES DES, 16.4; 0x, Avec des Regles pour déterminer leurs mefures en pouces © lignes. Par M. PITorT. Le pouce d'Eau eft la commune mefure de toutes les Eaux courantes, tant pour leurs diftributions & leurs dépenfes, que pour la jauge des Fontaines, &c. On entend communément par un pouce d'Eau, la quantité qui s'en écoule par une ouverture circulaire d’un pouce de diametre; mais cette mefure eft encore indéterminée, il faut avoir égard à la viteffe de l'Eau ou à la hauteur de fa chûte au-deflus de l'ouverture : car il eft évident que la quantité d'Eau qui pafléra par cette ouverture d'un pouce circulaire fera toûjours proportionnelle à fa vitefle. Les Fontainiers ont bien connu la neceffité d’avoir égard à la hauteur de la chûte, qu'ils nomment /a charge de l'Eau. Maïs comme il eft très-difficile de s’aflürer au jufte de cette hauteur, ils font encore incertains fur la vraye valeur d'un pouce d'Eau. M. Mariotte, pour lever toute difficulté, a pris le parti d’appeller un pouce d'Eau, Eau qui, coulant pendant l’efpace d’une minute, donne 14 pintes mefure de Paris, pefant 2 livres chacune. Voilà une mefure du pouce d'Eau déterminée, que tous les Fon- tainiers peuvent adopter, & qui et même très-commode pour regler toutes les mefures des Eaux : car, par exemple, fur cette mefure, une ligne d'Eau donne un demi-muid en 24 heures, & un pouce 72 muids. Les furfaçes des ouvertures par où . s'écoule, étant DES SCIENCES. 245 connuës ou données, fi ces ouvertures étoient horifontales, faites au fond des refervoirs, pour mefurer les dépenfes ou les quantités d'Eau écoulées dans un temps donné, par ces mêmes ouvertures, il fufhroit de connoître les vitefles de l'Eau à fa fortie : car dans ce cas, la vitefle étant la même à tous les points de la furface, il feroit aifé de mefurer le folide d'Eau écoulé dans ce même temps donné. Mais les vitefles des Eaux ne provenant que de leurs chûtes, fi les ouvertures font verticales, les vitefles font neceflairement inégales aux différents points de hauteur de la furface des ouvertures, ce qui demande de nouvelles confidérations, Les hauteurs des chûtes d'Eau étant données, pour con- noître {es vitefles en pieds par fecondes de temps, nous avons dit dans les Mémoires de l'Académie de l'année 1730 *, que prenant les hauteurs des chûtes pour les abfcifies d’une parabole dont le parametre eft de 56 pieds, les ordonnées marqueront les vitefles de l'Eau en pieds par fecondes, ainfi AD étant fa hauteur d'un réfervoir, les ordonnées de 1a parabole 4 Æ, marqueront toutes les vitefles de l'Eau en pieds par fecondes, l'ordonnée au point 2 marquera la vitefe par la chûte 4 B, l'ordonnée au point C marquera la vitefle par la chûte AC. Or ayant une ouverture GHRO, fi toutes les vitefles aux différents points de hauteurs étoient égales à celle de la bafe de l'ouverture ou du point €, qui et CÆ pour avoir la quantité ou la mafle d'Eau écoulée dans une feconde de temps, il fufhroit de prendre la valeur du folide “parallelepipede GHIKSLOR, d'où il eft clair qu'il ne faut prendre que la partie de ce folide renfermée dans le plan de la parabole. Pour cet effet, ayant nommé la hauteur "AB, b; celle de fouverture BC, a; fa largeur GA, c; fi l'on fuppofe que l'ouverture eft divifée en tranches infiniment petites A7PN, & qu'on nomme BP, x, & le parametre de la parabole p — 56 pieds, la vitefle au point P fera PQ = Vpb + px; multipliant AN par PQ, on aura £ V? 6 +- px pour la furface d'une tranche du folide qu'il | Hh iÿ * p. 5374 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE faut trouver, & il eft clair que multipliant cette- tranche par dx, on aura TEE du folide cd x vb —-p*, dont l'intégrale = = xbp+px x Vig-tpe— Vin qui donne, re x — a, le folide entier \ te be Vpb+pa — Ve. * . Si Touverture commence au haut du réfervoir, c’eft-à-dires fi le point Z tombe au point À, dans ce cas L— 0, & la valeur du folide ou de la mafle d’eau écoulée dansune feconde de temps, efl + AV an p. Voilà le feul cas que je trouvé dans M. Mariotte & les autres Auteurs qui ont écrit fur les dépenfes des Eaux. a Pour trouver à préfent les dépenfes des Eaux par des ouvertures circulaires qui font, pour ainfi dire, les feules dont on fait ufage dans les diftributions des Eaux, nous prendrons d'abord D cas le plus fimple, ou que le haut de l'ouverturé ou l'extrémité À de fon diametre eft à la même hauteur que le niveau de l'eau du réfervoir. Il eft évident que fi la vitefle de l’eau à toutes les hauteurs À P du diametre étoit égale à CG, expreffion de fa vitefle au point C, la quantité d’eau écoulée à chaque feconde de temps féroit égale à [a foli- dité du cylindre ACGH ; mais à caufe des différentes vitefles, il ne faut prendre que la folidité de l'onglet AEGCMUN, c'eft pourquoi ayant nommé le diametre AC, 2a; AP, x; on aura lordonnée de fa parabole PE, Vpx ; celle du cercle P44, V2 ax—xx; donc la tranche de Fonglet fera PE x NM =Vpx x 2 Vaax—xx, la multipliant par 4x, on aura 2dx V?x Vaax—xx pour l'élément de fa folidité, que je change ainfi, 29 x dx V/2a—x. Pour trouver f intégrale de cetélément, je fais Vaa—x = & & opérant à l'ordinaire, je trouve que l'intégrale eft — —— x 24— x Vza—x - Di ES; + SAGAIIPEN CES LU - buy "PÈRE 24 ma V/ a—x. Faifant x=— 0 pour voi Me x 2x, V2 Xe = 0 pour voir fi cette intégrale eft complette, je trouve —-neaVes qu’il faut adjoûter à l'intégrale trouvée pour la rendre com- 8avp 3 plette, & elle devient — X 24—x V2a—% ù és VD V2 FRÉCIR > CPR) VID PE a FES lorfque le point P tombe en C, ou que x — 24, la valeur de l'onglet eft peer fur quoi je remarque en paffant, que la valeur de tout le folide, ou de l'onglet eft égale à Ja quantité qu'il a fallu adjoûter à l'intégrale pour la rendre complette, & l’on a dans ce cas la cubature de l'onglet Cy- lindrique coupé par une parabole. Pour trouver la quantité d’eau écoulée dans une feconde de temps par l'ouverture circulaire BMCN, faite au-deflous du niveau de l'eau du réfervoir, ce qui eft le cas le plus ordinaire, il eft clair que cette quantité fera égale à Ia portion ._ de cylindre BIGCMN. Or le diametre BC étant 24, BP, x; AP fera V4 p + px; NM 2 Vans PE la tranche ou le plan de NZ par PE fera V4 p px x 2 Vacniz xx ; ainfi l'élément du folide qu'il faut trouver fera 2 dx V4 P+px V2ax xx, cette différentielle ou cet élément n eft point intégrable. Pour le rendre plus fimple, je nomme AC, b; CP, x; & BC, a; alors AP—b— x, NM—= 2 VAL: PE—Vp—px, & l'élément devient 24x Wax—xx »« VEp—px, ou 2 dx Vpx xVb—+, dont on ne peut encore trouver l'intégrale que par appro- ximation. Mais je remarque ici en pañlant que fi, après ce dernier changement, on fuppofe que l'extrémité 2 du dia- metre foit au niveau de l’eau du réfervoir, ou au point À, alors b— a, & l'élément eft 2 dx Vpx | RENE x Va», 248 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royer ou 2dx Vpx x 4—X, Où 2dxaVpx—2xdxVpx, dont APE] on trouve très-fimplement que l'intégrale eft + ap° x* ait us , — — #p° x°, ce qui donne lorfque x — 4, + aaVap, & fi lon met 24, au lieu de a, 32 4aV2 ap, la même que nous avons trouvée ci-deflus. Muis il s’agit de trouver par approximation, ou la fuite qui eft l'intégrale de 2 4x Vpx Va— x Vh— x. Voici la méthode qui m'a paru la plus fimple. Je prends par la formule de M. Newton, la fuite infinie qui eft la valeur de OT & va»: & jai * #4 «3 Vas = Va ie on Be: SSI æ x+ + Vi—x = vb — 20 SV 165”? &c. Je multiplie les deux fuites l'une par l'autre, ce qui me donne une nouvelle fuite, qu’il eft inutile de décrire ici. Je multiplie chaque terme de cette nouvelle fuite par 2 dx V?x, après quoi j'integre chaque terme, & il me vient une fuite qui eft l'intégrale de 24% VDx Va —xV4— x. Enfin je fais x — «a, & réduifant tous les termes femblables en un feul, pour avoir la valeur approchée de l'intégrale cherchée, ou du folide BIGCMN par cette fuite ÿp x 125 aa vb 1260 6043 a 41012 - at 16023 CARE &c TT 27720 vb 1153177 DV 1235520 pb ? 4 - dont tous les termes font multipliés par ÿp. On peut, pour abréger les calculs, la changer en celle-ci, fans caufer aucune 2 2 3 4 erreur fenfible, ÿp x La T —6r 15 a 1000 ph ? &c. RS Hs SUR * Men. de l'Acad.173 5. pl. 9 - PaJ 248. 8 Mon. de Utead 1735. pl. 9. par 24 DHE:5, (SC 1 EN CE 249 4 CUROLA REUNION DES DEUX BOUTS D'UN INTESTIN, Une certaine portion du Canal étant détruite. Par M MoRaAND. L eft très-difficile de concilier le fentiment des Anciens 9 Août fur les playes des Inteflins, avec les obfervations qui 1735- prouvent que non-feulement un Inteftin entamé peut fe réunir, mais mème qu'une portion du canal inteftinal étant détruite, les deux bouts peuvent fe réunir auffi, & rétablir la continuité du canal interrompuë par la portion détruite. En effet, fi on prend à la lettre le texte d'Hippocrate, Si quod Inteffinorum gracilium difcindatur, non coale[cit, 1 femble que les Inteftins grêles divifés ne peuvent fe reprendre ; cependant les exemples du contraire font en grand nombre, & comme cette réunion eft plütôt düë à la Nature qu'à Y'Art, il n'eft pas vrai-femblable que du temps d'Hippocrate, ïl ne foit pas arrivé que la Nature ait quelquefois démenti Yaphorifme, & que les Inteftins {e foient réunis contre l'ef. pérance même des Anciens. he Quoi qu'il en foit, fi c’'eft un miracle, ïl n’eft plus fi rare, mu jleft peu de Chirurgiens qui pratiquent, qui n’en ayent vû. … Je pourrois fur cela rapporter plufieurs obfervations, mais » je ne pourrois pas en citer de plus finguliéres ni de plus — utiles que celles qui ont été publiées par l’Académie. — On y trouve non-feulement des faits dont il réfulte qu’on —…._ peut guérir quelqu'un à qui on a coupé, ou qui a perdu ar la pourriture, une grande portion du Canal inteftinal, mais encore des méthodes particuliéres d'opérer pour aider la Nature en pareïlle circonftance à faire la réunion; il eft néceflaire d'en donner ici le précis. Dans les Mémoires de 1701, M. Méry fait l'hifoire Mem. 1735. Ti 550 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'une Hernie où la pourriture étant furvenuë, il fut obligé d'emporter quatre à cinq pieds au moins d’Inteftin grêle, Fouverture de l'nteftin s'unit dans Faîne, & il y refta un anus; voilà d'abord un exemple qui authorife à couper lIn- teftin gangrené, y en eüt-il même plufieurs pieds. M. Méry abandonna à la Nature feule le foin du recolle- ment; mais s'il y avoit lieu de craindre l'épanchement des matiéres dans leventre, on trouve dans les Mémoiresder 700, un moyen de le prévenir. M. Littre dit qu’il faut pour cela diftinguer le bout continu au duodenum, d'avec le bout continu au rectum , lier celui-ci, & le repouffer dans la capa- cité, ayant foin de tenir le fil aflujetti extérieurement aux environs de la playe, jufqu’à ce que la ligature foit tombée ; enfuite faire trois points d’aiguille au bout continu au duo- denum, de forte que les fils partagent fa circonférence en trois parties égales, & tiennent l'extrémité de l'Inteftin ap- prochée du bord interne de la playe du ventre, jufqu'à ce qu'elle sy fit collée. M. Littre paroït avoir obmis la façon de lier le bout continu au rectum, il y a lieu de croire que c’eft en le fron- çant circulairement pour le tenir tout-à-fait fermé, & cela füuppofe un projet de former un anus. Mais dans PHiftoire de 1723, M. La Peyronie qui n’eft que défigné dans lob- fervation, difpofe les parties à fe rencontrer mutuellement, en les aflujettiflant vis-à-vis l'une de l'autre par un pli fait à la partie du méfentere qui foûtient la partie altérée de l'Inteftin, & un point d'aiguille qui le tient dans cette fituation. M. La Peyronie, en pratiquant ce moyen, n’efpé- roit pas une réunion parfaite des deux bouts, cependant le fuccès pafla fes efpérances, & les deux bouts d’Inteftin ainfr approchés fe réunirent en un mois. * Si on adjoûte à ces différents expédients, celui qui a été employé par M. Ramdhore premier Chirurgien du Duc de Brunfwick, on aura tous les moyens capables de fatisfaire aux différentes conjonétures. On lit dans une Difiertation en forme de Thefe foûtenuë DES SCrÉNCENSHyAN 2h par M. Moecbius fous la préfidence de M. Heïfler, qu'en 1727, M. Ramdhore fut appellé pour fecourir une Femme de Volfembutel, qui avoit une Hernieabcédée, & un morceau d'Inteftin long de 2 pieds pendant au dehors de l'ouverture extérieure : ce morceau étant prefque entiérement fphacelé, il le coupa avec la portion du méfentere altérée qui lui répondoit ; enfuite il mit les deux bouts de FInteftin l'un dans l'autre, c’'eft-à-dire, le bout qui vient du duodenum dans celui qui va au reétum, & les retint dans cette fituation par un point d’aiguille dont le fil fut médiocrement ferré; la malade fut aflés promptement guérie, vécut encore un an, . & mourut d'une pleuréfie. Par l'ouverture du cadavre, on trouva le Canal inteftinal rétabli, & a cicatrice de l'inteftin adhérente à celle de la playe extérieure. : * L'Auteur marque qu'il eflaya de faire cette expérience fur un Chien, après lui avoir Ôté deux pouces d’Inteftin grêle; mais que les Inteflins grêles du Chien font ft étroits qu’il ne pût faire entrer les bouts l'un dans l'autre. Il fut obligé de coudre les deux bouts enfemble, mais les aliments tom- bérent dans le ventre, & le Chien mourut. Le fait de la réunion des deux bouts d’Inteftins étant fuffifamment conftaté, je vais tâcher d'expliquer comment fe fait cette réunion. Le fluide & Fair qui coulent dans les Inteftins, tenant toüjours leurs parois plus ou moins diftenduës, il eft probable qu'un Inteftin fimplement entamé ne fe réuniroit pas, fi la playe faite à l'Inteftin ne trouvoit parallelement à elle quel- qu'autre partie fanglante entamée en même temps, comme une autre portion d'Inteftin, Fépiploon, le péritoine, pour s'y coller, & rétablir entr'elles une circulation commune. I n'eft prefque pas poffible d'imaginer une playe à l’In- tefin, telle qu'elle ne rencontre aucune autre partie; auffi les “divifions fimples & peu étenduës guériflent-elles commu- nément & par adhérence, comme lon fçait, c’eft-à-dire, par une cicatrice commune à lInteftin bleffé & à la partie parallele, plûtôt que par une sn AND c'efkä-dire, ji ij Fig. 1. Fig. 2. >52 MEMOÏRES DE L'ACADEMIE ROYALE par la jonétion fimple d'une levre de la playe à l'autre. Pour expliquer la réunion d’un orifice d’Inteftin à un autre orifice, fuppofant une plus ou moins grande quantité du milieu détruite, il faut auffi des adhérences : il faut que ces adhérences foient de quelques points de la circonférence de chaque orifice aux parties voifines, & enfin que par le moyen de ces adhérences, les deux portions foient aflujetties dans une difpofition propre à fe répondre par leurs cavités. Si l'Inteflin eft fuppolé flottant dans le bas-ventre, cela ne pourra avoir lieu, & c'eft la vraye raifon pour laquelle Y'expérience de M. Moecbius fur un Chien ne réuflit pas: mais fi lInteftin eft pris dans une Hernie inguinale, 'adhé- . rence de.quelque portion de l’Inteftin au péritoine qui revêt les bords de l'anneau, ou à l'anneau même, pourra former des points d’aflujettiffement ; & fi l'Inteflin pafle au travers d’une playe faite au bas-ventre, & que la réduction ne foit point faite d’abord, les points d’aflujettiffement feront les points inflammatoires de l'Inteftin contigu à ceux des levres de la playe: car l'on fçait que deux parties enflammées fe collent enfemble, même fans être divifées. Il eft pourtant vrai de dire que cela doit arriver plus fouvent dans le cas de la Hernie, que dans celui de la playe. Pour bien entendre la différence de la pofition naturelle avec la pofition contre nature qui occafionne ladhérence & Y'aflujettiflement : Soit À B CD une portion d’Inteflin flottant dans le bas- ventre, fi on fuppofe la portion CD emportée, il eft facile de voir que la réunion ne fe fera pas, parce que les deux portions du méfentere £, paralleles à CD, tiendront les deux bouts AC, BD, plus où moins écartés l'un de l'autre, & que ces deux bouts ne feront point aflujettis. Soit la même portion d’Inteftin C D), pañlée au travers de l'anneau dont le plan eft en Æ, l'Inteftin fera aflujetti en plufieurs points, le bout AC pourra toucher le bout BD par le côté qui répond au méfentere Æ, & être aflujetti par l'autre côté au péritoine voifin de Fanneau F, bDES SctENcESs 2 Yanneau 7, nous aurons au lieu d’un canal continu, comme dans les Figures 1 & 2, deux tuyaux ouverts, AC venant du duodenum, & portant les matiéres qui coulent dans le canal au dehors de l'ouverture ©, & DB allant au reétum, & demeurant fans fonétions, jufqu'à ce que les matiéres puiflent couler de C en D. Suivant préfentement ce qui doit réfulter des différents points d'adhérence des deux orifices CD, nous en déduirons tous les cas poffibles. r. Si orifice C n’eft adhérent nulle part, il doit £ re- tirer au-deflus de l'anneau F, auquel cas la matiére tombera dans le ventre, & la mort fera certaine. 2. Si ce même orifice C s'attache à J'anneau Æ fans Torifice D, l'approche des deux bouts fera impoñlible, Ja matiére coulera toute par l'orifice C dans la playe extérieure; & le malade confervera toute fa vie, dans cet endroit, un fecond anus dont il y a tant d'exemples. 3. Si les deux orifices C D adhérent enfemble à l'an- neau F, de façon que l'anneau les embrafle par un cercle commun, les deux bouts pourront fe réunir, & rétablir la continuité du canal interrompuë dans cet endroit. Voilà l'utilité des adhérences, mais elles ne fuffifent pas, ar fi dans l’état où nousavons laïffé l'Inteftin, {es fibres étoient fans action, il n’y auroit rien de fait pour l’efpece de réunion que j'explique: il faut encore que les fibres longitudinales & circulaires concourent à cette réunion, chaque ordre de fibres y contribuant d’une façon particuliére, . 1.° L’anneau ayant bien moins de diametre que chacun des orifices ie ouverts, l'adhérence ne fe fera aux re- bords de f'anneau que moyennant une diminution plus ou . moins grande du diametre de f'Inteftin; & cela arrivera par le froncement que doivent produire les fibres circulaires, les orifices CD feront donc plus étroits que le refte du canal, comme dans la Figure 4. 2.° Il eft néceffaire qu'une des parois de chaque bout Li üj Soit enfin toute la partie C DE emportée au-deflous à j Fig. 3° Fig. 4. Fig. 5. 2 2354 MEMOIRES DE L'ACADEMTE RoxALE d’inteftin change de difpofition, car tant qu’ils feront commé dans la Figure 3, le recollement ne fe fera pas. Ce ne feront point les parois externes GA, car elles font adhérentes au point Æ, & ce n’eft qu'à la faveur de ces adhé- rences que les orifices font affujettis ; ce feront les parois internes unies en /, & ces parois s’'éloigneront de l'anneau F par la contraction des fibres longitudinales qui ne peut avoir d'effet que de ce côté. Alors la matiére qui fortoit toute par le bout € fe partagera: une partie continuëra de fortir par la playe extérieure, mais une autre partie renvoyée au dedans par l'appareil, commencera à enfiler la route naturelle de C en D. Par fa fuite, il en coulera moins par la playe exté- rieure, & ilen coulera plus par le bout continu au retum; alors la playe extérieure étant moins mouillée par les excré- ments fe réunira, & il reftera dans l'endroit de l'union, un tuyau coudé & étranglé qui, toute la vie, fera attaché au péritoine, où même à l'anneau & à la cicatrice extérieure : en même temps, il fera plus étroit que le refte du Canal inteftinal. C’eft ainfi que je l'ai obfervé plufieurs fois dans les cadavres de ceux qui, plufieurs années avant la mort, avoient éprouvé cet accident. Le rétréciflement fubfiftant en cet endroit du canal, donne Ja caufe des coliques qu'ils fouffrent long-temps après la guérifon, & indique de grands ménagements pour leur confervation : car ils doivent manger peu à la fois, choifx des aliments d’une confiftence molle, & éviter ceux qui font capables d’exciter des vents, fans quoi ils font expolés, non- feulement à de vives douleurs de colique, mais encore au danger du déchirement de l’Inteftin dans l'endroit étranglé. C'eft un accident funefte que j'ai vû arriver, il y a quelques années, à une Femme à qui j'avois fait l'opération d'une Hernie gangrénée, avec Îes accidents les plus graves: j'avois été obligé de couper quatre doigts d’Inteftin, & j'avois abandonné le refte à la Nature; cette Femme, après avoir rendu les matiéres par la playe pendant deux mois, fut guérie fans ouverture extérieure. Quelques années après, elle mourut é Mem. de HOME TE re 254. ÆSS Mem. de lcad 1735.pl. 10 pag.254 De se] TP (salle 4 Ü Pmonneau Jul CL détruit to jun “ FL This SC TENN CE 255$ … dune colique d'indigeftion en peu de jours; je l’ouvris, je … trouvai les aliments & les remedes tombés dans le ventre, …. & l'Inteftin ouvert dans le point de l’étranglement par où les matiéres s'étoient épanchées dans la capacité. Je ne crois pas devoir faire ici mention des changements que la pourriture de Fnteflin doit apporter dans le manuel de l'opération ; c'eft un détail purement chirurgical, & mon objet eflentiel étoit d'expliquer comment fe fait la réunion dans le cas propolé. SECONDE METHODE DE DÉTERMINER S1 LA TERRE EST SPHERIQUE OÙ NON, Indépendamment des Obfervations Aftronomiques. Par M. Cassin. 1): NS la Méthode que l'on a propofée pour déterminer la figure de la Terre par l'obfervation de l'inclinaifon ‘du rayon vifuel dirigé à l'horifon de la Mer en divers fens, on a fait voir que la différence de cette inclinaifon obfervée vers l'Equateur étoit aflés fenfible pour reconnoître fi elle …. … étoit Sphérique ou non, pourvüû que la réfraétion élevit éga- lement 1a furface de Ia Mer en tous les {ens différents, tant au Midi & au Nord qu'à l'Orient & à l'Occident, & ïl ÿ a bien de l'apparence que cette fuppofition fe vérifiera par Fexpérience, {1 lon a foin de faire ces fortes d’obférvations à l'heure du Midi, ou à un aflés grand intervalle de temps … du lever & du coucher du Soleil pour que les vapéurs n'y puiflent caufer aucune altération. Cependant comme dans unë récherche d’uné auffi grande _ wtilité qu'eft celle de la figuré de la Terre, on ne ro employer trop de moyens pour parvenir à la découvrir, j'a cru devoir propofer une autre Méthode qui, de même qué 6 Aoû 1739 £56 MEMOIRES DE L'ACABEMIE Rorarr la précédente, ne fuppofe aucunes obfervations aftronomi- ques, & où la réfraétion doit faire un effet beaucoup moins {enfible. On choifira pour cet effet une Montagne d'où l’on puifie découvrir le fommet à la plus grande diftance qui fera poffi- ble en deux fens différents, au Nord ou au Midi, & à l'Orient ou à l'Occident. 11 convient, fi elle eft fort élevée, d’en fçavoir à peu-près l'élévation fur le niveau de la Mer, qu'il fufhra de déterminer par la hauteur du Barometre, car cette Méthode ne demande pas qu'on connoifle les hauteurs avec précifion, mais feule- ment que l'on connoifle géométriquement les diftances entre les lieux requis pour les obfervations que l’on fe propofe d'y faire. On obfervera donc des deux lieux, Fun placé à l'Orient ou à l'Occident, & autre au Midi ou au Nord de cette Montagne, fa hauteur apparente au deflus de Fhorifon ra- tionnel, & l'on ira enfuite fur cette Montagne, d'où l’on obfervera la hauteur ou labbaiflement des lieux d'où on Ja découvert, car il n'importe pas non plus pour cette recherche que ces lieux foient élevés ou bas, quoiqu'il convienne mieux qu'ils foient élevés pour éviter l'eflet des réfractions. Soit A7 une Montagne dont Je fommet eft /; B le fommet d'une autre Montagne ou Tour placée à fon égard dans le fens du Méridien, d’où l'on apper- çoit le point /, & qui en foit vû réciproquement; £ un autre objet placé à peu-près à la c même hauteur dans le fens de Equateur, d'où lon a apperçû le point Z, & qui en a été vû aufli réciproquement; /B, ZE, les diftances entre le point Z & les objets 8 & Æ déterminées géométriquement, & que l’on fuppofe d'abord égales entr'elles. Dans u Het { | "à ST D SPD ANS les triangles CB7, DEL, les côtés BI & LE étant # LE L' id ss AU à C& er,” Se J Oh Hair: ie ASS TOR cr SL M D ÉMS CT EN € PEU A LU “éonnus, & les angles C/B, 1BC, E1D, DEL, ayant été obfervés, on trouvera la valeur des angles BCI, ED. Si ces angles font égaux entreux, c'eft une preuve que la Terre eft Sphérique; s'ils font inégaux, elle eft Elliptique, allongée vers les Poles, fi l'angle ZCB eft plus petit que Tangle ZDE, & applatie au contraire s’il eft plus grand. On 2 fuppofé d'abord que les diftances, tant dans le {ens du Méridien que dans le fens de l'Equateur , étoient égales, mais cette fuppofition n’eft nullement néceflaire, car fi ces diflances font inégales, il fufhra de faire, comme 1a plus petite diftance eft à la plus grande, ainfi l'angle conclu dans la plus petite diftance eft à la valeur d’un autre angle que lon comparera avec lé plus grand angle déterminé dans fa plus grande diftance, ce qui doit donner la même différence que fi les obfervations avoient été faites de part & d'autre à pareille diftance. : L'on a auffi fuppofé que les élévations des points B&E fur le niveau de {a Mer étoient égales, ce qui eft encore indifférent, car fuppofé qu'une des obférvations ait été faite au pied ou au fommet de Ia Montagne BG, on aura toù- jours le même angle au centre /CB, il conviendra feulement ‘alors de réduire la diftance Z B déterminée entre les deux fommets / & B à la diflance /G qui n'en differe pas d’une quantité fenfible, à moins que la hauteur GB n’excede de * beaucoup celle des Montagnes ordinaires. Car fuppofant, par exemple, 47 & GB de 500 toiles, & la diflance B 7 de 57000, l'angle au centre étant alors d'un degré, les angles C/ZB & CB] feront chacun de 894 30/0", &G1 ne différera de B7 que de deux toiles, qui ne font que Ia huitiéme partie d’une feconde de la circonférence de la Terre, ce qui eft abfolument infenfible; H faut préfentement examiner à quel point de précifion on! peut arriver par cette Méthode. ; On fuppofera pour cet effet qu'on ait trouvé vers l E‘qua- teur trois Montagnes dans Ja”treétion requile, de maniére KKk Mer. LE À Po 258 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE que les deux qui lont à l'égard de Ja troifiéme dans fa di- rection de l’Equateur & du Méridien en foient éloignées de 56817 toiles que l'on fuppofera mefurer un degré fur l'E quateur. Il eft évident que fr ces obfervations font exaétes & exemptes des réfraétions, l'angle £ DJ compris entre les perpendiculaires Z D & Æ D fera le fupplément des angles E1D, DEI, obfervés à 180 degrés, & mefüurera un arc de l'Equateur d'un degré, & qu'à pareille diftance du côté du Nord ou du Midi cet angle ne fera que de $ 8°#4", car comme il s'en manque 1202 toiles que cet arc ne comprenne un degré entier fur le Méridien que l'on fuppofera de s 80 19, convertiflant ces 1202 toiles en minutes & fecondes de degré, on aura 1’ 16" qui melureront la différence entre la fomme des angles D/E, DEL, & des angles CZB, CBI, obfervés de part & d'autre. Cette différence eft double de celle que l'on a trouvée fur l'Equateur par Ja premiére Méthode à pareille diftance, & doit être par conféquent beaucoup plus fenfible dans tous les endroits de la Terre où on l’obfervera. Mais il faut avouer qu'au lieu que la premiére ne demande que deux obferva- tions faites dans un même lieu par le mème inftrument, il faut, fuivant cette Méthode, les faire en trois lieux différents, _tranfporter les inftruments, & vérifier dans chaque lieu s'ils ne fe font point dérangés, fans quoi on ne pourroit pas compter fur {a précifion de ces obfervations. À l'égard des réfraäétions, elles y font beaucoup moins fujettes que celles" que l'on apperçoit à lhorifon de la Mer, car au lieu que dans celles-ci la furface de la Mer paroîït toüjours plus élevée qu'elle ne left en effet, d’une quantité qui monte à la gme ou 10m partie de l’abbaiffement apparent du rayon vifuel qui sy termine ; la réfraction eft nulle ou infenfible dans des objets un peu élevés fur l’horifon, & l'on n'y apperçoit point ou fort peu de variétés caufées par les vapeurs qui font à lhorifon. Nous en avons un exemple remarquable dans une Cheminée fife à Charenton, dont le fommet eft aflés exaéte- ment au niveau de l'appartement fupérieur de l'Obfervatoire, < fi D'ASIUSIG TE N CES 25 _ & dont l’on fe fert pour vérifier les Inftruments. On la fouvent examinée par le renverfement de l'inflrument, & on Va trouvée au vrai niveau fans que la réfraction l'ait élevée dans des temps plus que dans d’autres. Cependant comme il pourroit y avoir une réfraction conftante, de läquelle it ne feroit pas poflible de s'appercevoir, on pourra s’en affürer én cette maniére. On obfervera, par exemple, de quelque endroit éloigné d'où l'on découvre lObfervatoire ou les Tours de Nôtre- Dame, leur hauteur apparente, & ayant laiffé une marque ou fignal à l'endroit précis où étoit placé l'inftrument, on _ obfervera du:haut de l'Obfervatoire ou des Tours de Nôtre- Dame, la hauteur de ce fignal, où lon pourra faire un feu & pofer un fanal pour le diftinguer avec plus d’évidence. La diftance entre ces objets étant connuë, on aura l'arc de la circonférence de la T'erre intercepté entre les deux objets, qui joints aux deux angles qui y ont été obfervés, doivent faire précilément 180 degrés au cas qu'il n'y ait point de réfractions. Comme cette opération demande que Tinftrument foit bién réglé, on pourra le vérifier par le fen- verfement, ou par une autre méthode que l’on pourra prati- quer aifément en bien des endroits. On placera à une diftance -connuë de 100 ou 200 toiles, mefurée fur le terrein, deux piquets avec une carte au deflus, de maniére qu'ils foient à peu-près à la hauteur de la Lunette du Quart-de-cercle placée horifontalement. On élevera ou abbaïffera dans a premiére ftation le pied du Quart-de-cercle , en forte que le centre de la Lunette rafe exactement la partie fupérieure de cette carte, & dans cet état on obfervera la hauteur apparente de la partie fupérieure de la carte qui eft fur le piquet dans la feconde ftation. On y tranfportera enfuite le Quart-de-cercle, & ayant placé fon centre à la hauteur précife de cette feconde carte, on obfer- vera la hauteur apparente de celle qui eft à la premiéreftation. + Convertiflant en fecondes la diftance entre les deux objets à raifon de 1 5 toif. $ pieds 1 pouce par feconde, & l'adjoûtant Kk ij 260 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE à ia fomme des angles oblervés, on aura 1 80 degrés fi fin. - ftrument eft bien réglé. S'il y a quelque différence, on la partagera en deux pour avoir l'erreur de linftrument, qu'il faut retrancher de la hauteur obfervée pour avoir la véritable fi la fonîme des angles eft moindre de 1 80 degrés, & qu'il faut y adjoûter au contraire fi elle eft plus grande. IFeft aifé de voir qu'il n’eft pas néceflaire de connoître avec une grande précifion la diftance entre les lieux où l'on a obfervé, puifqu'une erreur de 1 6 toiles fur cette diftance, que l'on ne fuppofe au plus que de 300 toifes, n'en peut produire qu’une d’une feconde fur la fomme des angles, & d’une demi-feconde fur les divifions de l’inftrument. A l'égard de la hauteur du centre de la Lunette du Quart- de-cercle, qui doit être égale à celle du fommet des piquets, cela demande une plus grande précifion, une erreur d’une ligne en produifant une d'une feconde à la diftance de 250 toiles, mais il eft très-aifé de la prendre avec une très-grande exaclituile. Ayant, par les moyens que nous venons d'indiquer, re- commu s'il y a quelque réfraction danMes objets terreftres élevés fur l'horifon, on trouver: avec affés de précifion, au cas qu'ils n'y foient point fujets, fi la figure de la Terre eft telle qu'elle réfulte des Triangles de la Méridienne, puifque quand même on fuppoferoit dans chacune des obferva- tions, une erreur de 10”, & qu'elles fuffent toutes en fens contraire, la différence entre l'inclinaifon du rayon vifuel à la diftance d'environ un degré qu'on y doit trouver étant de 116", il y aura toûjours dans la fomme des angles obfervés de part & d'autre une différence de 46 fecondes, ce qui eft affés {enfible pour que l'on puifie s'en appercevoir. On pour- roit même par cette méthode trouver avec plus d'évidence que par la premiére fi la Terre eft Sphérique ou non, quand même les objets terreftres feroient fujets à quelque réfraction, pourvû que les obfervations fuflent faites à la mème diftance &. à la même hauteur ; car la réfration élevant de part & d'autre les objets d'une égale quantité, on aura des hauteurs “ MO di VÉRTAnEE SAN PRE ue VA L apparentes qui différeront des hauteurs véritables d'une quan: _ tité à peu-près égale, ce qui donnera par conféquent la même différence entre la fomme des hauteurs obfervées réciproques ment d’un lieu à l'autre. : Une des plus grandes difficultés qui s’y rencontre eft de trouver des objets éloignés qui fe voyent réciproquement un de l'autre, & qui foient dans la pofition requife. H s’en eft rencontré un à peu-près dans cette expofition dans le voyage que nous avons fait l’année derniére, qui eft la Mon- tagne de Thonn dans les Vofges, d'où nous avons vû le Moulin de Brulé à l'Occident, à la diftance de plus de 0000 toifes, & que l'on apperçoit auffi de fort loin du côté du Nord. Mais il n'eft pas abfolument néceffaire que ces objets foient précifément dans la direction du Méridien & d’un parallele. Car l'on pourra toüjours, par fa Méthode que j'ai donnée, calculer les axes des différentes Ellipfes qui font dans la direction obfervée, & fçavoir par conféquent quelle doit être la différence entredes fommes des angles obférvés fuivant les différentes directions. En tout cas, on a jugé devoir.indiquer cette Méthode , & examiner les avantages _ & les inconvénients qu'il peut y avoir dans fon execution, - afin qu'on püt l'employer fi l’occafion s’en préfente, & re- - connoître quelle eft la figure de la Terre qui en réfuite. * mms Sie N°c E SUV ED 262 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE =NOUVEL ECLAIRCISSEMENT 42 Novemb. 1735: SUR L'ALUN, SUR LES VITRIOLS, Et parriculiérement fur la Compofition naturelle, à jufqu'a préfenc ignorée, DU VITRIOL BLANC ORDINAIRE. PREMIER MÉMOIRE. Par M. LÉMERY. A confidérer la difficulté qu’on éprouve, & les différentes routes qu'il faut tenir pour arriver à la découverte de tout ce qui entre dans la compofition de plufieurs mixtes naturels, on diroit que la Nature n'eft perpétuellement occupée qu'à fe dérober à nos regards, & qu'elle fait pour cela autant d'efforts que nous en faifons de notre côté pour pénétrer dans l'intérieur de fes ouvrages, malgré les obftacles qu'elle nous y fait trouver à chaque pas, & qui font tels, que quand elle a été forcée de fe laiffer voir pleinement par quelque endroit, les parties mêmes qui ont été miles en évidence, fervent quelquefois à en recouvrir & cacher beau coup d’autres, qui faute d'être apperçüës, font tout -à-fait ignorées, & par cela même peuvent donner lieu de croire qu'un Mixte qui n'eft encore connu qu’en partie, l'eft en entier, & qu'il ne contient que ce qu'on y a découvert. Il fuit de la réfléxion qui vient d'être faite, que fr nous ne nous tenons pas fur nos gardes, les connoïffances mêmes que la Chimie nous aura fait, ou nous fera acquérir fur la compofition d'un Mixte, toutes füres & certaines qu'elles feront, pourront nous en impofer fur ce que nous ne fçavons point encore de ce Mixte, & cela en nous le repréfentant plus fimple qu'il ne l'eft en effet, & nous entretenant dans cette ML] WE dE UE + a Li RATER Etat # Fe 10 D ETS A SUCALE N 2C EM) 24 | erreur, jufqu'à ce qu'un nouveau procédé, fouvent indiqué par le hazard, & mis en exécution, fépare & dévoile des parties qui mavoient pü l'être par‘le premier’procédé, & qu'on ne foupçonnoit pas même, ou de fe trouver dans le Mixte, ou de s'y trouver dans la quantité où elles y font. Pour fuivre ce que la réfléxion précédente vient de nous Auggérer , ou plûtôt ce que de nouvelles expériences qui ont fait naître cette réfléxion, indiquent naturellement, nous diftinguerons dans les Vitriols, & même dans l'Alun, deux fortes de parties ; les unes qui y abondent, & qui en font : da bafe & la vertu principale ; les’autres qui y {ont en moindre quantité, & qui par cela même font f1'bien recouvertes & cachées par des premiéres, que jufqu'ici on ne $'étoit pas même avifé de les y foupçonner, quoiqu'elles y fuffent, & fur-tout dans certains vitriols, en une quantité aflés grande. Pour arriver à ces parties, & pour donner une idée la plus … diftinéte & la plus complette qu'il eft poffible de ce qui entre ‘dans la compofition des Mixtes qui font l’objet de ce Mé- moire, il faut commencer par celles qui par leur abondance fe préfentent fi fort à découvert, & au deffus des autres, qu'il n'eft pas étonnant qu'elles les cachent, & qu'elles ayent été _ apperçüës les premiéres. Je vais dire un mot de ce qu'on en _çait, & j'y joindrai plufieurs réfléxions & expériences nou- * welles qui ne paroïtront peut-être pas inutiles, tant pour la - confirmation de ce qui eft connu, & pour une connoiflance plus parfaite de ce qui left moins, que pour fe préferver de l'erreur oùles apparences trompeufes de quelques expériences - pourroient induire fur la nature du Vitriol blanc ordinaire, Ce préliminaire qui:fera un premier Mémoire fur les Vitriols maturels & fur l'Alun, fervira à faire mieux comprendre ce - que nous avons à dire dans le fecond , non feulement fur les parties cachées &c jufqu'à préfent ignorées dans les Mixtes, * dont il aura été parlé dans le premier Mémoire, mais encore fur la compofition du Vitriol blanc ordinaire, dont la con- noïflance fera une fuite de la découverte des parties cachées dont il s’agit, A 2 264 Memorres De L’'AcADrMIE Royarr . La Chimie nous apprend que l'acide vitriolique, incorporé dans une matiére grafle, dans du Fer, dans du Cuivre, dans une matiére terreufe, forme un Bitume, un Sel vert, un Sel, bleu, un Sel blanc, & l’analyfe nous fait connoître que ces mêmes compofés que l'Art fait dans nos Laboratoires, Ja Nature les fait auffi dans les entrailles de fa terre; avec le mème acide vitriolique, & avec les mêmes matiéres propres à recevoir & contenir cet acide. d La propriété inflammable du Soufre commun, eft feule une preuve inconteftable de la matiére grafle qu'il contient, puifque les feules matiéres de cette nature font inflammables ; & dans le temps que la partie grafle de ce bitume enflammé fe détruit & fe confume, & par-là donne lieu à l'acide qui y eft joint, de fe débarraffer des liens qui l'enveloppoient, on fçait que fi la vapeur qui s'éleve alors du Soufre décom- poié, trouve les parois, où d’un grand entonnoir, ou d’une cloche, ou d’un balon de verre, elle s'y condenfe, & en découle fous la forme d’un efprit acide qui ne différe point du tout des efprits d'Alun & de Vitriol, & qui eft aufi-bien qu'eux un acide vitriolique. On fçait, & l’on verra encore par la fuite, que l'Alun pouflé par le feu, fe réduit en un acide vitriolique, & en une:terre blanche. Mais pour d'y réduire totalement, il faut un feu violent continué tel pendant plufieurs jours, au bout defquels on n'obtient, pour la connoïflance de l'Alun, que ce qu'on peut obtenir plus aifément, plus promptement, & fans le fecours du feu, avec du fel ou de l’huile de Tartre par défaillance, verfée fur une diffolution d’Alun, dont les acides abandonnent auffi-tôt leur matrice terreufe pour le Sel alkali; & cette terre livrée à elle-même, & fans diflol- vant, fe précipite au fond du vaifleau, où elle fe life voir en plein; & à l'égard de l'acide de l'Alun engagé dans le {el de Tartre, il forme avec lui un Tartre vitriolé où Arcanum duplicatum, ce qui caractérife & fait parfaitement connoître la nature de cet acide : car celui auquel on a donné le nom de vitriolique, eft feul capable de faire avec un Sel fixe alkali, un DES" S'e HE N.C Es]! 265$ . _ un Sel moyen, de la nature du Tartre vitriolé, ou de L Arcanum duplicatum, & les acides du Nitre, ou du Sel commun, pro- duifent en cas pareils, des Sels moyens tout différents. 1 Le fel de T'artre mêlé de même avecune folution de Vitriol vert, ou de Vitriol bleu, devient auffli un Arcanum duplicatum, & déclare par-là le caraétére de l'acide de ces deux Vitriols, déja connus par leur diftillation. Mais ce Sel alkali ne mani- à fefte pas aufli évidemment la bafe métallique de ces Vitriols, ; qu'il fait la bafe terreufe de l'Alan : car il ne produit avec | le Vitriol vert, qu’une efpece de coagulum verdätre, &'avec ‘ le Vitriol bleu, un cagulum bleuâtre : ce qui refte même dans la cornuë, après la diftilation de ces deux Vitriols, indé- pendamment des Sels, qu'on peut tirer par la lotion de cette mafle reflante, éft encore mêlé d'acides, c'eft une efpece de rouille dans laquelle le métal ne fe fait pas voir auffi à décou- vert, que le fait la terre blanche qui refte après Ja diftillation de l'Alun. C'eft-là ce qui avoit fait ignorer a nature du caput mortuum du Vitriol vert, qu’on ne régardoit, après en avoir tiré par la lotion tout le fel qui y étoit refté, que comme une fimple terre, qui portoit même le nom de Terre douce de Vitriol. Mais prévenu par la compofition & l'analyle du Vitriol vert artificiel, que la prétenduë terre qui refte après la diftillation du Vitriol vert naturel, étoit un Fer véritable, trop chargé encore d'acides pour donner pañlage en cet état _ à la matiére magnétique, & pouvoir être attiré par une lame d’Acier aimantée ; pour me convaincre davantage de cette vérité, & pour en avoir une efpece de démonftration, je pouflai en 1706, par un feu de fonte très-violent, une por- tion de ce qu'on appelle Zérre douce de Vitriol vert, & cela jufqu'à l’expulfion totale ou prefque totale de fes acides, & j'eus par-là une matiére noire & ferrugineufe, qui redevint auffi attirable par l'Aiman qu'elle l’avoit été avant que d'avoir été pénétrée par des acides. è “Jai fat voir en 1707 que le Vitriol bleu, poufié de . même par un feu de fonte, fe réduit en une maffe fondu, grife en defflus, & rougeâtre en deflous, qui du moins pour Mem, 1735. L1 266 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE la plus grande partie eft du Cuivre. J'eufle pü, fans le fecours du feu, & par une voye plus courte, plus facile, & ufitée en pareil cas, m'aflürer du Cuivre qui fait la bafe du Vitriol bleu, & cela en préfentant une plaque de Fer à une diflo- lution de Vitriol bleu, dont les acides abandonnent Je Cuivre pour le Fer qui fe préfente, & dont ils fe chargent en place du Cuivre qu’on trouve précipité au fond du vaifleau. C'ett parce que le Cuivre diflout par un acide cede toû- jours fa place au Fer qu’on préfente à cet acide, que quand une mafie de Vitriol vert contient un alliage de Cuivre, où plûtôt de Vitriol bleu, & qu'on frotte une lame de Fer avec ce Vitriol, il sy forme auffi-1ôt une trace d’un jaune foncé ou rougeâtre, qui n'eft autre chofe que du Cuivre précipité & étendu fur la lame de Fer, dont une petite portion, répondante à celle du Cuivre précipité, s’eft unie dans le temps de fa précipitation, aux acides qui le tenoient diffout auparavant. Peut-être dira-t-on, que comine les Sels n'agiflent qu'au- tant qu'ils font diffous, & que le Vitriol dont on frotte la lame de Fer ne l'eft pas, on ne conçoit pas comment lors de ce frottement il fe feroit à la fois une diflolution de Fer par les acides du Vitriol, & une précipitation du Cuivre que ces acides auroient abandonné. Mais on concevra le tout, fi l'on fait attention qu'aucun Sel criftallifé ne conferve une fi grande quantité de parties aqueufes que le Vitriol vert dans une mafle duquel il y à plus de moitié d’eau, ce qui fufhit pour mettre en action, dans le temps du frottement, les acides qui étoient chargés de parties cuivreufes. Pour revenir préfentement au Vitriol vert naturel, ff lon veut un moyen plus aifé que celui du feu pour reconnoître dans l'inftant le Fer qui fait la bafe de ce Vitriol, & de tous ceux foit naturels, foit artificiels, où le Fer eft entré plus où moins abondamment , en voici un dont je ferai ufage dans la fuite, & qui eft dû à une-découverte chimique que j'ai faite & publiée en 1707. J'y ai fait voir inconteftablement DIE AS LISE NE (NTIC 26? que Îa couleur noire qui réfulte fubitement du mélange du Vitriol vert, avec plufieurs matiéres végétales, telles que 14 Noix de galle, ne venoit que de la prompte révivification du Fer contenu dans ce Vitriol: que de cette révivificatio haifloit aufhi-tôt une efpece de teinture de Fer parfaitement femblable à celle qui fe fait avec la limaille de Fer ou d’Acier) & plufieurs fucs végétaux ; que la Noix de galle fans Vitriol vert, & feulement avec le Fer qui eft la partie de ce Vitriol qui produit la couleur noire, formoit uñe pareille teinture, qui eft de Encre; que quand le Fer a été infiniment divifé, & qu'il n'a point acquis d'acides, ‘ou qu'il a été privé de ceux qu'il contenoit auparavant, il eft naturellement très- noir en cet état, & que c'eft ainfi, c’eft-à-dire fous la formé d’une pouffiére très-fine & très-noire, qu'il fe préfente dans Ja plüpart des teintures ferrugineufes faites avec des fucs végétaux ; que le Vitriol bleu ni aucune autre diflolution métallique, que celle du Fer, ne font d'Encre avec la Noix de galle, & que toutes les diffolutions de Fer faites avec quelques acides que ce puife être, font toüjours de l'Encré quand on leur préfente quelques-unes des matiéres végétales propres à cet effet. D'où lon peut conclurre, fans crainte de fe tromper, que le noir qui fe répand tout d'un coup dans une liqueur ou fur une matiére faline, par le mélange d’une décottion de Noix de galle, eft un indice certain du Fer contenu dans cette matiére, & l'on verra dans la fuité que le degré de noir produit par le Vitriol, eft plus où moins fort, fuivant que le Fer qui en fait la bale yeft'en plus où moins grande quantité, c'eft-à-dire, fuivant qu'il y ef mêlé avec plus où moins d’autres parties qui en font auffi la bafe: A ce leger extrait du Mémoire que j'ai donné il y a 28 ans fur les Encres vitrioliques, j'adjoûterai une expérience faite depuis ce Mémoire, & qui toute fimple qu'elle eft, n'a paru mériter d'être rapportée, tant pour fervir de preuve com- plette à ce qui a été dit fur a couleur noire que le Fer acquiert par la feulé divifion, que pour l'utilité dont lé produit dé cette expérience peut être dans la pratique de la AE : 1] Page 41. 268 MEMOIRES DE L'ACADEMI:E ROYALE Prenés dela limaille de Fer; mettés-en à difcrétion dans un pot de terre non vernifié ; verfés deflus de l'eau claire, de maniére qu'elle furpafie de trois ou quatre doigts le deflus de la limaille. Remués cette limaille tous les jours où tous les deux jours avec une fpatule de Fer, pour empêcher la réunion des grains ferrugineux qui arrive fouvent alors, & qui'eft telle, qu'on a bien de la peine, à force de coups de maïteau, de réduire en poudre le corps dur & folide formé par la réunion de tous ces grains métalliques. A mefure que l'eau qui eft au-deflus du Fer, ou s'évapore, ou S'y incorpore, & en augmente le volume, car Fun.& autre arrivent, verfés-y de nouvelle eau qui furnage toüjours le haut- de la mafle du Fer, qui ne manqueroit pas de fe rouiller , fi l’eau cefloit de le recouvrir, & permettoit à l'air de le frapper immédiatement. Continués fa même manœuvre, & remettés toûjours de nouvelle eau fur là limuaille jufqu'à ce qu'elle ait perdu fa forme brillante & métallique, & qu'elle {oit: devenuë une poufliére très-fine, & fr noire que l'Encre ne l'eft pas davantage, & que quand on y touche, les doigts fe teignent prefque aufli fortement de noir que s'ils avoient été trempés dans de FEncre. On voit aflés que cette expérience fournit une preuve inconteftable de la couleur noire dont le Fer eft fufceptible, quand il a acquis un certain point de divifion. A l'égard de l'utilité dont ce métal ainfi alkoolifé peut être pour la Méde- cine, comme les plus grands Médecins préferent , & avec raifon, la fimple Limaille de Fer ou d'Acier à tous les Crocus de Mars, & fur-tout à ceux qui ont paffé par le feu, & qui ont perdu par cet agent toute leur vertu médicinale; ce que jai prouvé clairement dans les Mémoires de l'Académie de année 1713, la feule préparation qu'on demande à la limaille de Fer ou d’Acier, c’eft d’être réduite en parties plus fubtiles qu’elle ne l'eft fous fa forme de limaille, & cela pour n'être point en état de choquer rudement par la mafle & l'efpece de tranchant de chacune de fes parties, les fibres de l'eflomach, & pour donner par le nombre des furfaces que D'E8 :$+c'i7 E'N CE s. 269 l divifion lui aura fait acquérir, plus de prife fur elle-même aux fucs de l'eftomach. Or la limaille convertie dans la poudre noire dont il s’agit, eft premiérement auffi attirable par l'Ai- man qu'elle l'étoit auparavañt, ce qui marque qu'elle eft toüjours eflentiellement la même, & que rien de nouveau & de capable d'interrompre le cours de la matiére magnétique dans {es pores ne s’y eft introduit. Cette limaille uniquement travaillée par l'eau commune, ne devient donc différente de ce qu'elle étoit que par la fineffe extrême de fes parties, qui ne pourroit être renduë telle par aucun inftrument mécha- nique qu'après beaucoup de temps & de peine, encore n’en viendroit-on peut-être pas à bout. Quoi qu’il en oit, je fais avec fuccès un très-grand ufage de cette préparation médi- cinale du Fer à la dofe de fept à huit grains chaque jour. Le prix & la rareté du Chalcitis ou Vitriol rouge ne n’ont pas permis de faire, du moins en grand, certaines expériences que la curiofité auroit pü fuggérer fur ce Vitriol. C’eft pour cela qu'au lieu d’en faire d’abord la diftillation pour diftin- guer la nature de fon acide, & de poufler enfuite le réfrdu . de la diftillation par un feu de fonte pour reconnoître la: bafe de ce Vitriol, j'en fis fondre il y a plufieurs années cinq ou fix petits morceaux fucceffivement au Miroir ardent de feu M. le Duc d'Orléans, & chaçun de ces petits mor- eaux, qui étoient d’un rouge brun, s'y réduifirent en une petite boule noire ferrugineule , & très-aifément attirable par le couteau aimanté ; ce qui annonce déja parfaitement qu'au moins la plus grande partie de la matrice du Vitriol rouge naturel eft du Fer. J'ai eu depuis un autre morceau de vrai Chalitis, où Von appercevoit à la fois des traces de vert, de blanc, de jaune & de rouge. J'ai féparé autant que je l'ai pû, & j'ai mis à part quelques parties vertes, blanches & jaunes de cette male, & j'ai jetté fur chacune de ces petites portions de différentes couleurs, un peu de décoction de Noix de galle, qui a fait à l’inftant avec toutes, de Encre d'un noir parfait, & telle qu'une diflolution de pur Fer, ou de Fer très-peu mélangé d’autres parties, eft ns “ee produire. Hi 270 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE avec la Noix de palle. J'ai verfé de plus de l'huile de Tartre par défaillance fur une diflolution d’un petit morceau du même Chakitis, dont je n’avois pas féparé les parties de différentes couleurs, & qui les contenoit toutes, mais beaucoup plus de parties blanches que d’autres, comme le refte de la mafle, il s'eft fait auffi-tôt une efpece de caillé verdâtre, de même que quand on jette de l'huile de Tartre-fur la folution du Vitriol vert, ou de celui qui a été calciné en blancheur. La couleur noire, & le degré de noirceur qui réfulte du mélange de la décoétion de Noix de galle & de notre Chal- citis de différentes couleurs, confirme parfaitement ce que la premiére expérience faite fur un autre Chakitis plus rougetré par-tout, & fondu au Miroir ardent, avoit déclaré, c’eft-à-dire, que la matrice, ou du moins que la matrice principale du Chalciris , c'eft du Fer ; car fi le Fer n’y entroit qu’en petite quantité par rapport à d’autres parties, la couleur noire que donne ce Vitriol ne feroit pas, à beaucoup près, aufii forte qu'elle left. La couleur verte que produit l'huile de Tartre verfée fur le dernier Chakitis, eft encore une confirmation parfaite de la même vérité, car il n'y a que le Vitriol vert, c'eft-à-dire, celui qui contient un acide vitriolique, & une bafe ferrugi- neufe qui fafle de même un coagulum verdâtre avec l'huile de Tartre, & cela lors même que ce Vitriol eft devenu blanc par la calcination ; & l’on verra par la fuite que lorfque le Fer ne fait qu'une petite partie de la bafe du Vitriol, l'huile de Tartre ne le précipite plus fous une couleur verte ; ce qui prouve que puifque le Chalitis produit un caillé verdâtre avec l'huile de Tartre, le Fer domine beaucoup dans a compofition de fa bafe. Enfin l'examen des différentes couleurs de notre dernier Chalcitis conduit non feulement à la connoiflance de fa com pofition, mais encore à celle de Ia maniére dont il a acquis fa forme particuliére dans les entrailles de la terre ; car le couleur verte, la jaune & la rouge dont il eft parfemé en quelques endroits, & le blanc qui domine dans ce Vitriol, RES en N: APE nn ESP DIE: 54258 101 EUN CIELS - 27% marquent qu'il étoit originairement vert, & que Ja calcina- tion l’a fait d'abord devenir blanc, à l'exception de quelques parties qui ont encore confervé leur premiére couleur, de mème que les parties du Vitriol vert ne le deviennent par Je feu ou à l'air queles unes après les autres, en telle forte que fi, par exemple, on calcine lentement, foit au feu, foit au Soleil, un morceau de Vitriol vert, & qu'après un certain temps requis.pour la calcination de la plus grande partie de ce morceau de Vitriol, on l'examine, on trouvera que prefque tout le Vitriol vert fera devenu blanc, mais entremélé de quelques parties vertes qui cefferont de l'être par la conti- nuation de la calcination : & comme ce Vitriol, devenu tout-à-fait blanc, forme toûjours, ainfi qu’il a déja été remar- qué, un coagulum verdâtre avec l'huile de Tartre, ce qui feul pourroit fervir, comme on le fera voir inceflamment, de preuve convaincante que ce Vitriol blanc étoit originaire- ment vert, quand on ne le fçauroit pas d'ailleurs ; de même auffi le coagulum verdâtre qui réfulte du mélange de la por- tion blanche de notre Chakitis avec de l'huile de Fartre, fuffroit pour faire voir inconteftablement que cette portion blanche étoit auparavant verte, & cela indépendamment des marques verdâtres qui font dans ce Chalcitis, & qui indiquent ce qu'étoient les parties qui ne font plus de la même couleur. Or fi ce Chaliris eft originairement du Vitriol vert, comme nous fcavons que ce dernier Vitriol, en devenant blanc, & même rouge, conferve toûjours la même nature d'acides & Ja même bafe, nous pouvons dire la même chofe de notre Chalitis, &-par conféquent que puifque le Vitriol vert na- turel eft compolé d’un acide vitriolique, & d’une matiére - ferrugineufe qui en fait la bafe principale , notre €haliis, qui à d'abord été Vitriol vert, contient auñfr les mêmes principes. Enfin le jaune clair, & le jaune plus foncé, où le rouge, qu'on remarque en plufieurs endroits de notre mafle de Clalitis, font les deux derniers états où quelques parties de: rotreChalcitis, vertes d'abord, blanches enfuite comme les: autres, font enfin arrivées les premiéres par la continuation: 272 MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE du feu de la calcination, où elles ont été plus expofées qué les autres dans les entrailles de la terre; ce qui {e rapporte parfaitement avec ce que nous obfervons tous les jours dans nos Laboratoires, lorfqu'on calcine du Vitriol vert, qui commence toûjours par devenir blanc, & dont les parties qui fe trouvent les plus à portée de la chaleur, de blanches deviennent rouges, pendant que celles qui font plus éloignées de l'action du feu, ne font encore que blanches. Et comme les parties du Vitriol vert calciné qui font encore blanches, deviennent rouges comme les autres, quand on continué toûjours Ja calcination, de même y at-il lieu de croire que fi notre Chakitis fût demeuré plus long-temps dans le lieu où la Nature l'avoit déja préparé jufqu'à un certain point, elle auroit achevé fon ouvrage, & toutes, ou prefque toutes des parties blanches de ce Chalcitis, n’auroient pas manqué de devenir rouges comme les premiéres : & en effet j'ai éprouvé qu'en faifant fur une portion de ce Chakitis, ce que Ha Nature y auroit fait, c'eft-à-dire, en le calcinant de nou- veau, la blancheur de fes parties s’eft évanouie, & le jaune, & le rouge lui ont fuccedé. On voit par ce qui a été dit fur le Soufre commun, & fur les Sels vitrioliques que nous venons d'examiner, que ce que les expériences nous ont appris jufqu'ici fur les prin- cipes, ou les matériaux dont ils font formés, eft d'autant plus certain qu’il eft vérifié à la fois par la voye de l'analyfe, & par celle de la compofition, dont la réunion & Faccord fur un même mixte, font toüjours un für garant de la vérité. H eût été à fouhaiter que le Vitriol blanc ordinaire, fe füt laiffé appercevoir de même par la Chimie, qui nous à laiflé ignorer jufqu'ici les fubftances dont il eft compolé, & dont il tire les propriétés qui lui font particuliéres, on ne feroit pas tombé au fujet de ce Vitriol, dans une erreur où j'ai donné comme les autres, dans un Mémoire imprimé dans le Tome de l Académie de l'année 1707. I a déja été dit que le Vitriol vert n’avoit befoin que de calcination pour devenir blanc, d'où l'on a conclu que le Vitriol DES SCrEenNcEs. 2 73 " Vitriol blanc ordinaire n'eft qu'un Vitriol vert calciné en * blancheur dans les entrailles de la terre. Il eft vrai, & nous : venons de faire voir, qu’on trouve quelquefois des morceaux de Chaliitis, dont la plus grande partie eft blanche, & n’eft devenuë telle que par la calcination qu'elle a reçûüë de 1a Nature, & au moyen de laquelle F Art convertit auffi le Vitriol vert en Vitriol blanc. Mais j'ai reconnu par les expériences füivantes, que cette efpece de Vitriol blanc eft tout-à-fait différente du Vitriol blanc ordinaire, & l'on reconnoîtra d'où part cette différence, lorfque nous ferons voir la compofition du Vitriol blanc ordinaire, En attendant, il faut fçavoir, 1." Que quand on verfe de la décodtion de Noix de galle fur une folution de Vitriol blanc par calcination, l'Encre qui ‘en réfulte aufli-tôt, eft très-noire, & des meilleures; mais qu'elle eft fimplement d’un noir brun-rougeâtre, quand c’eft la folution du Vitriol blanc ordinaire dont on s’eft fervi. 2.” Que huile de Tartre par défaillance qui, avec Îa folution du Vitriol blanc par calcination naturelle ou arti- ficielle, produit un coagulum verdâtre, fait avec 1a folutiôn du Vitriol blanc ordinaire, un précipité tout aufli blanc que Je Vitriol même. _ 3. Qu après avoir diflout dans de l'eau, du Vitriol blanc ordinaire, on évapore enfüite la liqueur, le fel qui refte après l'évaporation n’eft pas moins blanc qu'il l'étoit auparavant, & le feroit plûtôt davantage. Le Vitriol, au contraire, qui a été calciné en blancheur, & diflout enfüite dans l'eau, fe réduit par l'évaporation de la liqueur en criftaux qui ne font plus blancs, mais verdâtres; ce qui marque très- ‘évidemment toute la différence qu'il y aentreles deuxVitriols blancs dont il s’agit. - Jerapporterai à l'occafion decette différence, une remarque qui m'a paru finguliére, & digne d’être communiquée : c'eft que le Vitriol, dont la bafe principale eft du Fer pénétré par un acide vitriolique, eft toüjours blanc, quand il eft . dépouillé jufqu'à un certain point de parties aqueufes, & qu'il … cft toûjours vert quand if contient dans {es pores, ou entre L à H { \ Mem, 1735. - Mn Lu + L 274 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fes parties une certaine quantité d'eau ; la preuve de ce que j'avance fe tire d’abord du Vitriol vert mis en calcination. TL eft notoire, & il a déja été dit, qu'une livre de Vitriol vert contient au moins une demi-livre d’eau; que tant que ee Vitriol la contient, il eft toüjours vert; qu'il devient blanc, dès qu’il l'a perduë par la calcination, & que pour le faire redevenir vert, il n'y a qu'à lui rendre par la diflolution, les parties aqueufes qu'il contenoit auparavant : car comme ce Sel en eft une efpece d’éponge, & qu'il trouve bien le fcret d’en cacher à nos yeux une grande quantité, quoique fous une forme folide, on conçoit que quand on le préci- pite par le fel de Tartre, ou qu’on le réduit en criftaux, par l'évaporation de la liqueur jufqu'à pellicule, il entraîne toù- jours avec lui, & fépare du liquide qui le tenoit en diflo- fution, toute la quantité de parties aqueufes qu'il eft capable de contenir entre {es parties, & qui lui redonnent une couleur verte, qu’il fera toûjours aifé de détruire par une nouvelle calcination, ou exficcation du Vitriol, qui ne manquera pas de redevenir blanc par-là, pourvû qu'il ne cefle point d’être fe, c'eft-à-dire, difloluble par de nouvelle eau : car à force de le calciner, & de le difloudre, il y a toüjours quelque portion de ce Vitriol qui fe décompole à demi, c’eft-à-dire, qui perd une partie de {es acides, & qui en conferve pourtant encore aflés, pour n'être point attirable en cet état par le couteau aimanté, comme il le devient quand le refte de fes acides en a été chaflé par un feu de fonte: or ce Vitriol, dépouillé ainfi qu’il a été dit, d’une partie de fes acides, & converti dans une véritable rouille jaunâtre, qui n'eft plus difloluble par de nouvelle eau, comme l’étoit le Vitriol en fon entier, ne peut plus puifer & amafler dans ce liquide, les parties aqueufes, fans lefquelles on a vü qu'il ne pouvoit devenir vert. Enfin la propriété des parties aqueufes à l'évard de La couleur du Vitriol vert, fe trouve encore parfaitement con- frmée par une obfervation chimique que j'ai faite, il y a déja plufieurs années, & qui ne pouvoit être placée plus à propos qu'elle va l'être. xs M ASIE, | oRdallét er LAN ANA AE cé RS SRE RSC, DES SCrE NCES 275 Mettés dans un petit pot de grès une once ou une once & demie de limaille de Fer bien pure, & qui ne foit point rouillée ; mettés-en autant dans un autre petit pot femblable, verfés fur chaque portion de limaille 3 onces d'huile deVitriof bien forte & bien concentrée, c'eft-à-dire, qui contienne autant d'acides, qu'elle contiendra peu de parties aqueufes, au moyen de quoielle ne fera rien fur cette limaille, ou du moins elle y fera très-peu de chofe, & feulement encore dans les premiers inftants ; après quoi le Fer reftera plufieurs jours au fond de ce diflolvant , fans en recevoir Ja moindre altération. Mais fi, fans attendre, & aufli-tôt que l'huile de Vitriol & la limaille ont été mélés enfemble, on verfe dans Tun des deux pots, une quantité d’eau fuffifante pour faire agir les acides de l'huile de Vitriol trop concentrés, & privés par-là de leur véhicule néceflaire, on verra auffi-tôt paroître ‘un trouble, une agitation, & une fermentation confidérable, qui fera le contrafte véritable de la tranquillité regnante dans de pot où l'on n'aura point adjoûté d’eau ; ce trouble, & # cette fermentation continuéront jufqu’à ce que tout le Fer ait été entiérement pénétré & réduit en Vitriol, & s'il y a aflés d’eau pour tenir ce Vitriol nouveau fait en diflolution, tout le Fer qui s'y fera converti, difparoïîtra du fond du vaifleau où il étoit, & fe trouvera confondu dans le liquide ue ce nouveau mélange fera devenir verdâtre, * Maïs fi l'on n'a adjoûté à l'huile de Vitriol que la quantité d'eau que le Vitriol qui va fe former fera en état d’abforber & de contenir quand ce Vitriol fera fait, on n’appercevra plus de liqueur, elle fera totalement recouverte & cachée . par les parties des criftaux verts & folides que le mélange de l'acide vitriolique & du Fer aura fait naître, & fr l’on chaffé enfuite par la chaleur du Soleil ou du feu, les parties aqueufes de ces criftaux, ils fe réduiront dans une poudre blanche, . comme le fait en pareil cas le Vitriol vert naturel. A l'égard de l'autre mélange de Fer & d’huile de Vitriol, auquel il n’a point été adjoûté d’eau, quand il a été un certain temps fans donner de marque de fermentation, elle s’y fait Mn ij 276. MEMOIRES:DE L'ACADEMIE ROYALE enfin tout d'un coup appercevoir, & voici ce qui y donne lieu. J'ai déja remarqué ailleurs, que l'huile de Vitriol expofée à l'air dans un pot qui n’a point été couvert, s'approprie fi bien les humidités que l'air dont elle eft immédiatement frappée y porte, que fon volume en ef fenfiblement & plus où moins augmenté, fuivant que l'air eft plus ou moins hu mide : c’eft ainfi que lhuile de Vitriol de notre mélange, dont il eft bon de faire remarquer que le vaifleau qui le contient, doit aufli être tenu à découvert pour le fuccès de l'expérience, fait par-là chaque jour une récolte de parties aqueufes, qui n'opére rien de fenfible fur ce mélange jufqu’à ce qu'elle ait été portée à un certain point; mais dès qu'elle y eft parvenuë, les acides vitrioliques commencent alors tout d'un coup, & dans le temps qu'on s'y attend Je moins, à agir fur le Fer; & ce qu'il faut ici remarquer, pour l'intel- ligence phyfique de l'expérience, c'eft que la fource aërienne où ces acides puifent leurs parties aqueufes, ne leur en four- niflant que petit à petit, & à la longue, ils n'ont précifément dans 'inftant que commence leur aétion fur le Fer, que la quantité jufte de parties aqueufes qu'il leur faut pour cela, de maniére que fr on en retranchoit la moindre partie, ils n’agiroient plus. Or cette quantité, jointe à toute celle qui peut encore arriver de la part de l'air aux acides de l'huile de Vitriol, pendant toute la fuite de leur action fur le Fer, eft toûjours fort au-defious de celle que contient naturelle- ment un pareil volume, ou d’efprit de Vitriol, ou d'huile de Vitriol, à laquelle on a mêlé auparavant la quantité d’eau néceffaire pour faire une liqueur acide du même poids dans lAréometre de M. Homberg, que l'efprit de Vitriol, capable de communiquer en même dofe la même quantité d'acides au fel de Tartre, de fermenter avec la même force, & de produire de même avec le Fer un Vitriol vert. Et fi Yon doute que l'huile de Vitriol, après avoir été expofée à l'air, ainfi qu'il a été dit, contienne infiniment moins de parties aqueufes que lefprit de Vitriol ordinaire, ou que l'huile de Vitriol à laquelle on a mêlé aflés d'eau, pour être de niveau DE TS) NS CNE NT C EN SHU NN 22 à cet égard avec Fefprit, voici la maniére de vérifier ce qui en eft. J'ai mis dans un vaifleau de fayence, trois onces d'huile de Vitriol, que j'y ai laiflées à découvert pendant tout le temps que trois autres onces de la même huile de Vitriol. que j'avois verfées dans un autre pot fur une once de limaille de Fer, y ont féjourné & fermenté; par l'augmentation de volume furvenué aux trois onces d'huile de Vitriol, par les parties aqueufes qui y ont paflé dans l’efpace de témps que la liqueur a été expolée à l'air, on peut juger de la quantité de celles qui fe font introduites dans les trois autres onces d'huile de Vitriol, placées fur le Fer, & frappées de même immédiatement par Fair extérieur. J'ai fait quelques expé- riences fur les trois onces d’huile de Vitriol expofées à Pair fans avoir été fur du Fer, & j'ai reconnu 1° qu'elle pefoit quelques grains de moins dans l Aréometre de M. Homberg, qu'avant qu'elle eut été expofée à l'air, & cela par les parties aqueufes qu'elle contenoit de plus, & par les acides qu’elle contenoit de moins qu'auparavant, à raifon de fon volume. .,2.° L'augmentation de volume arrivée aux trois onces | d'huile de Vitriol pendant leur expofition à Fair, étoit fi peu de chofe en comparaifon de celle qu'avoient acquife trois autres onces d'huile de Vitriol, mêlées à autant d’eau qu'il en avoit fallu pour former une liqueur parfaitement fem- blable à de l'efprit de Vitriol que j'avois fait moi-même à la maniére ordinaire, que ces deux augmentations n’étoient.. nullement comparables. UT 3.° Pendant que F Aréometre de M. Homberg, plein de » Jhuile de Vitriol qui avoit été expofée à l'air, pefoit r once q P P 3 dragmes 40 grains, le même Aréometre plein de mon efprit de Vitriol, ne pefoit que 1 once 1 dragme 52 grains; on voit par cette expérience, de combien la derniére liqueur. furpañle fa premiére en parties aqueufes, & lui eft inférieure. en acides, ce qui va encore être prouvé par l'expérience … fuivante. 4° Poux faouler d'acides vitrioliques une certaine dofe Mm ii 278 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de fel de Tartre, ïl a fallu de mon efprit dé Vitriol, le double de ce que j'avois employé d'huile de Vitriol expofée à l'air, pour faouler la même quantité de fel de Tartre. On peut conclurre de toutes les expériences qui viennent d’être rapportées, que quoique l'huile de Vitriol reçoive de l'air une fuffifante quantité de parties aqueufes pour pouvoir enfüite agir fur le Fer, elles s’y amafñlent toûjours en bien moindre quantité, qu'elles ne fe trouvent dans l'efprit de Vitriol ordinaire, ou, ce qui revient au même, dans un mélange d'eau & d'huile de Vitriol, dont les proportions font telles que dès que ce mélange eff verfé fur de la limaille de Fer, il y agira fortement, & la convertira tout de fuite en un Vitriol vert: car on va voir par la fuite que la vivacité avec laquelle les acides vitrioliques agiffent fur le Fer, & 1a vouleur verte du Vitriol qui en réfulte, annoncent toute la quantité des parties aqueufes qui accompagnoient ces acides. La petite quantité de celles qui accompagnent les acides de l'huile de Vitriol, qu'on a fimplement expofée à l'air, donne lieu à deux obfervations fur l'effet de l'huile de Vitriol mêlée dans l'état qui vient d’être dit avec le Fer: c’eft 1 .° que la force avec laquelle les acides de cette liqueur agiffent für le métal, eft proportionnée à la quantité du véhicule aqueux qui les poule, c'eft-äi-dire, qu'ils agiflent alors bien plus foiblement, & qu'il leur faut aufli bien plus de temps pour difloudre la limaïlle qu'ils ont à convertir en Vitriol, que quand ïls ont d'abord été mélés à ce qu'il eur faut d’eau pour agir avec toute la force dont ils font capables. 2.° Que les acides de l'huile de Vitriol ne peuventencore porter & introduire des parties aqueufes dans le Fér, où ils s'incorporent, qu'à proportion de ce qu'ils en ont avec eux, & comme le nombre en eft fort petit, & qu'ils entrent prefque feuls dans ce métal, ils en communiquent aufli peu au Vitriol qui en eft le produit, qui les acides de l'efprit de Vitriol Ini en communiquent beaucoup en pareil cas. Par conféquent le Fer qui devient vert par le mélange, & par Faétion de l'efprit de Vitriol, doit devenir blanc par le mélange À LA nl 2. ‘5 - D'E-S, SCIE NCE S..j\ 279 &. par l'action de l'huile de Vitriol : auffi dans le, cours de cette derniére diflolution du Fer, qui fe faifant affés lentement, ne permet que mieux d'en obferver toute la fuite, on il’ap- perçoit pas la moindre apparence de vert, & l’on remarque au contraire que tout ce que les acides pénétrent, fe convertit aufli-tôt en une matiére blanche qui commence d’abord à fe faire voir par des fufées qui s’élevent lentement du fond du vaifleau, ou de la mafle de Fer, & viennent fe perdre à la furface du liquide, où elles. s’épanouiffent en une mafle ronde & blanche comme de la Chaux en poudre & détrem- pée : ces fufées fe renouvellent, & continuent plufieurs jours, & cela jufqu'à ce que tout le Fer ait été pénétré; & fi, pendant la fuite de la diflolution,, on confidére chaque jour la matiére qui eft au fond du vaifleau, on verra d'abord que quelque portion de cette matiére eft blanche, pendant que le refte conferve encore la couleur de fa limaille; qu’à mefure que le blanc augmente par la continuation de la diflolution de cette limaille, le noir diminuë, ce qui fait un mélange ! de parties noires, & de parties blanches, à côté les unes des autres; qu'enfin le noir totalement difparu, on ne voit plus qu'une matiére épaifle & blanche précifément comme de la bouillie, cette matiére fe convertit ou en petits grains fort blancs, ou quelquefois auffi en criftaux blancs, dont cepen- -dant le poli & le luifant, diminuënt un peu l’excès de blan- cheur qu'ils avoient, lorfqu'ils étoient fous la forme d’une bouillie. Voici donc un nouveau moyen de faire tout d’un coup, -& fans paffer par la voye de la calcination, un Vitriol blanc avec du Fer, & un acide vitriolique; & quoique ce moyen _différe de celui où lon employe la calcination, le produit de lun & de l’autre qui eft le même, c’eft-à-dire, du Vitriol blanc, fuppofe toujours auffi le même principe. Dans l'un . des deux procedés, on enleve, comme il a déja été dit, au Vitriol une grande quantité de parties aqueufes fuperfluës. qui, par la couleur verte qu'elles lui procuroient, couvroient + & cachoïent totalement la blanche, qu’il a naturellement 280 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & par lui-même, quand rien d'étranger ne l'altere. Dans l'autre procedé, on n'a point eu de parties aqueufes à Ôter au Vitriol, puifqu'on ne lui en a point communiqué de fu- perfluës ; les matériaux dont on s'eft fervi pour le faire, & qui contenoient trop peu de parties d'eau pour la produétion d’un Vitriol vert, n'ont produit qu'un Vitriol blanc. En un mot, dans l'un & dans l’autre cas, la couleur blanche qui eft l'effet naturel de la compofition particuliére du Vitriof dont il s'agit, eft apparente, & fubfifte par le défaut des parties aqueufes, foit qu’elles ayent été féparées de ce Vitriol, foit qu'on n’y en ait point introduit en le formant, ce qui revient au même, puifque ce Vitriol qui n’a point commencé par être vert, peut le devenir comme celui qui a été calciné en blancheur, & cela en lui fourniflant de même les nouvelles parties aqueufes dont il a befoin pour être vert. EXAMEN 114 TOp SIMAGAS/r EN ETÉTEMAM CR EX AMEN Des différentes Ofiillarions qu'un corps fifrendu par un fil, " peur faire lorfqu'on lui donne une impulfion quelconque. Part MCE ATR A UT. Our le monde fçait que le fondement des expériences 23 Decemb, 4 qui déterminent la longueur d’un Pendule qui fait fes 1735: vibrations dans un temps donné, eft l'égalité de la durée des ofcillations, lorfque les arcs parcourus font d’un petit nombre de degrés; c'eit pourquoi lorfque l’on met le Pendule en mouvement, on obferve de l'éloigner très-peu de la ver- ticale, & de le laïffer aller fans lui donner aucune impulfion, afin qu’il décrive de petits arcs de cercle verticaux qui puiffent être pris fans erreur fenfible pour des arcs de cycloïde, dans lefquels fe trouve le parfait ifochronifme. Comme il eft aflés difficile de ne donner aucune impul- fion au corps en le faifant ofciller, il arrive fouvent qu’au lieu de fe mouvoir feulement dans un plan vertical, il décrit des arcs en partie verticaux & en partie horifontaux, & fait fes ofcillations en forme de mouvements coniques. II y a même telle vitefle & telle direction à donner au corps en le faifant partir, qui au lieu de le faire aller verticalement, lui fait parcourir un cercle horifontal, comme on le peut voir par une propofition du Traité de Horol. Ofcill. de M. Huygens. Quelquefois même le corps a commencé à fe mouvoir dans un plan vertical, que le moindre accident le fait participer du mouvement horifontal. Dans ce cas lon pourroit croire que la durée des ofcillations en feroit changée par la grande variété des contours que le poids fait alors, du moins paroït-il néceflaire d'examiner ce qui en eft ; c’eft ce que j'entreprends: de faire dans ce Mémoire, où je donne la nature des Courbes Mem, 1735. Nn 282 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE de ces Ofcillations, & le temps que le corps met à fes par- courir. La maniére dont je les traite m’a conduit à démontrer que toutes les Olcillations qu’un corps peut faire, foit coni- ques, foit autres, peuvent être regardées comme ifochrones lorfque les ares parcourus font petits, ou plütôt je donne la différence qu'il y a entr'elles, & elle fe trouve telle qu’on peut la négliger abfolument. De plus lorfque les arcs que décrit le Pendule font plus confidérables, je montre de com- bien il s’en faut qu'elles ne foient ifochrones, & par-là je trouve la longueur jufqu'à laquelle on peut étendre les arcs des vibrations pour que l'Ifochronifme ne foit pas fenfible- ment dérangé, ou que l'erreur ne pafle pas une quantité don- née. Au refte j'avouerai que je dois la premiére idée de mon travail à la lecture du Mémoire que M. de Mairan nous a donné derniérement. C’eft cet Académicien qui a penfé le premier à voir fi toutes les différentes efpeces d'Ofcillations coniques qu'un corps peut faire, lorfque l’on ne le fait pas partir fans aucune impulfion , étoient de même durée que les autres ; & parmi les belles recherches dont fon Mémoire eft rempli, on trouve plufieurs expériences qui confirment parfaitement la théorie que je donne dans ce Mémoire. TL. Soit un corps B attaché à l'extrémité d'un fil CB qui tient par l'autre extrémité à un point fixe €, on demande la nature de la Courbe que ce corps décrira fur la furface de la fphere qui a le fl CB pour rayon, fi on le fait partir avec une impulfion quelconque ; on demande de plus le temps des Ofcillations que ce corps fera , 7 d'en tirer comme des cas particuliers le temps des Ofillations ordinaires faites dans un plan vertical, ér celles qui Jont parfaitement coniques , dont M. Huygens a parlé dans fon Traité de Horol. Ofcill. Suppofons que CB foit la fituation du fil, lorfque Ia direétion de Ja courbe eft horifontale, c’eft-à-dire, que le petit côté B à ef perpendiculaire au plan CAB ; foit BD la hauteur d'où le corps 2 auroit dû tomber pour acquérir la vitefle avec laquelle il parcourt 4. Soient de plus CN DES :S'CT'EIN C'ES" 283 une fituation quelconque du fil, AA la projection de Ja ‘courbe cherchée BN für un plan horifontal paffant par ©; Cm, mn, cn, les mêmes lignes pour le point » que CA, MN, CN, pour le point N; ME— AD, EP— BD. On aura ÿ EN pour la vitefle du corps Z en N, & par x É Nn - conféquent En PO le dr où petit temps employé à parcourir y, mais ce temps par la prop. $ 5. Gb. 1, princip, Mathem. de M. Newton, doit être proportionnel au petit fecteur MCm ; car cette propofition apprend que fi un corps décrit fur un conoïde quelconque une courbe par le moyen d’une force qui tende continuellement vers un point de l'axe de révolution de ce conoïde, cette courbe aura pour pro- jeétion une courbe À # dont les aires C A M feront pro- portionnelles aux temps. Si l'on ne vouloit pas recourir au Livre de M. Newton pour la démonftration de cette propofition, rien ne feroit plus aifé à démontrer que cette propofition dans ce cas-ci. Pour cela foit y le petit côté que le corps décriroit pen- dant un inftant égal à celui qu'il a employé à parcourir Ar, fi le fi & la gravité n’agifloient point fur ce corps: IH ef clair que la projeétion du point y fur le plan horifontal CM% feroit w, de maniére que le triangle Cm feroit égal au triangle CMm ; ox l'aétion de la gravité agiflant verticale- ment, ne peut point empêcher le corps d’être dans le plan du triangle Cy m, de même le fil agiffant fuivant Cv, ne peut pas faire fortir le corps du plan du triangle Cyx, c'eft- à-dire, que la projeétion du point où le corps fe trouvera, fera fur Cu comme en o. I fe fera donc néceffairement que le point », en fuivant le corps #1 dont ïl eft la projection, fe meuve comme s'il étoit continuellement attiré vers le centre c, ceft-à-dire, qu'il décrive des arcs AM tels que les aires CA/ foient proportionnelles aux temps. Pour exprimer le petit temps employé à parcourir Va où Mm (füuppofant qu'un corps AZ parcoure Ia projection AM dans lé même temps que M parcoure BN) je dirai ni} | Fig 1, 84 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Aa MC xrm donc AC x Aa: MCxrmii : 2, je mets VBD pour la vitefle en À, parce qu'elle doit être égale à L # MC xrm celle du corps 2 par Bb, on a ainfi DEN = LE Mr +rr +Sr 174 MC xrm EN Se AGIR BD * V(Mr+Sn°)x ACxVBD ; 2 2 TL PAS AU OR nl PR PE Et 1? eft Ia diffé- WMCxEN—AC" BD) * TA mr +sSr) rentielle d’un arc dont VM eft le finus, & CN ou CB le x CBxSN y rayon, on peut donc mettre à ka place——, ainfi rm AC.VBD. Sn. CB — CMCUMC.EN—AC.BD" Si l'on fait préfentement CB =r, CA=6, AB—=c, BD=kh, PN—=37, & par conféquent CM = V[rr — (c+ 37) ] = V(bb—2c7— 77), on aura rm d'où l'on tire rm — ou deu À rh VR. dy = TV(bb= a ég tu) N Lbb— ace qe. (UE 4) EAU rh V4. dy Hp Enr V(bbg—2cht—2crt hu Tv) ? A conféquent 2” 3re Où l'angle MCm........... rbdz VA « , ce qui Her Ve achg— ser ht) donne l'équation & la conflruction de la courbe 447, & par conféquent de la courbe BN. IT. Pour avoir l'expreflion de CG qui eft le plus petit ou le plus grand rayon de la courbe AZ, felon que la viteffe donnée en Z fait monter ou defcendre le corps ; & pour fçavoir les cas où le corps monte, & ceux où il defcend, il faut remarquer deux cas dans la quantité VT(bb—2ch)7 —((26+4-h)7 — 7], le premier lorfque bb— 26h eft pofitif, le ÉAES lorfqu'il eft négatif. Lorfque 4b — 26h eft pofitif, c'eft-à-dire, lorfque 48 > 2ch, 7 ne peut avoir aucune valeur négative plus petite que 4, fans que la quantité radicale ne devienne imaginaire, de forte que tant que #6 > 264, le corps defcend de 8 en W. DES :S CIE N CES, !{ 28% Pour fçavoir jufqu'où il peut defcendre, ce qui donne en même temps le plus petit rayon CG, il faut connoître uelle eft la plus grande valeur de 7 ; pour cela il faut faire VIOb—26ch); —(2c+h)73— 3] = 0, &l'on aura GG — 2 che 2h) ]—— (et 4h) per de-h laquelle toute valeur de 7 rendra le figne radical imaginaire. . Si bb—2ch eftnégatif, c'eft-à-dire, que bb<2c4, la quantité radicale eft toüjours imaginaire, à moins que 7 ne foit négatif, d'où on voit que le corps monte; pour fça- voir jufqu'où il peut monter, il ny a qu'à mettre — pour z dans le radical, & il deviendra y [/2c4h—56)z — (2c+h)73+ 7], & en l'ésalant à zero, on aura a—=c— 45h VIH) —(2ch— 086]. . I paroîtroit d'abord qu'il y auroit deux valeurs de 7, une en prenant le figne radical en +, l'autre en —, mais il eft aifé de voir qu'il faut rejetter le figne +, parce que toutes les valeurs de 7 qui font entre c—1#—y [+ za) —(2ch—0b)] & c++ VTC Eh ach—0b)}, donnent pour l'expreffion V[{2ch—04)7—({2c+4)7z —- 7° | une quantité imaginaire, & que la valeur c + 14 + VTGHEA) —(2ch—086)], & à plus forte raifon toutes celles qui la furpañleroient, feroient plus grandes que 4, ce qui feroit monter le corps plus haut que le point d’où il étoit tombé. Si la quantité 2b eft égale à 264, 7 ne peut être jamais que zero, d'où le corps ne defcend ni ne monte, & fait par conféquent des ofcillations dans un cone droit circulaire CBOZB dont C eft le fommet, & l'axe une parallele CH à AB. C'eft feulement de ces fortes d’ofcillations parfaite- ment coniques dont M. Huygens a parlé dans fon Traité de Horol. Ofcill. | . Lorfque 4 — 0, rm devient zero, & par conféquent la courbe A/7 s’eft changée en une ligne droite, &la courbe BN n'eft plus qu'un grand cercle vertical B/Z-/Fig. 4.). . II: Nousallons examiner à préfent la nature & les diffé- rentes branches dela courbe BN, en fuppofant que le corps n ii Fig, $e Fig. Xe Fig. 3 286 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE defcende en allant de Z vers N. Tout ce que nous dirons fe pourra appliquer enfuite au cas où la courbe monte, c’eft abfolument la même chofe. On va voir d'abord que le corps Z, après être arrivé de B en O au point le plus bas de la courbe, remonte par une autre branche égale & femblable à la premiére. Pour le démontrer, fuppofons que le corps 2 lorfqu'il eft en O, au lieu de continuer fon chemin, rebroufle vers B avec la même viteffe, nous verrons qu'il parcourra la même courbe ONB: car par la folution précédente, fi fon cherchoit l'équation de la courbe qu’il devroit décrire, on trouveroit . . . . WMMr+ Sr). CG. 0Q VMC. EN—CG:.0Q) niveau avec D, & par conféquent 7CQ la vitefle du corps en ©. Or cette équation fera la même que rm — V(Mr + Sr). AC. VBD à à , IMC-EN CE ED) fr AC”. BD=—=0G". 0Q;.ceit ce qui eft effectivement, puifque LO qui eft la plus grande valeur de 7 fe trouve en égalant à zero ÿ{/bb— 2ch)z — (264 h)73— 7%], où WMC. EN— AC. BD) qui eft alors y/CG°. OQ — AC*. BD), & donne par conféquent CG”. 0Q— AC". BD. Donc la courbe que le corps décriroit en revenant fur fes pas, ou qu'il continuë de décrire enfuite, eft la même qu'en allant de B en O. Donc pour avoir Ja continuation de la courbe de pro- jeétion de la courbe BN, ïl faut retourner l'efpace ou feéteur ACG en CGH, & le point A fera la projection de celui qui ef le plus haut où le corps ait remonté; après quoi le corps defcendant fait une troifiéme partie de la courbe égale aux deux autres, dont la projection fe trouvera en retournant encore le feéteur GCH en HCI, & alors le corps fera revenu aufli bas qu'il étoit en O, & en retournant conti- nuellement les feéteurs ACG, CGH, HIC, ICK, KCL, &c. on aura une efpece de fpirale qui fera la projection de Ja courbe cherchée qui n’approchera jamais plus du centre que CG, & ne sen éloignera pas plus que de CA, FI » Q étant le point qui eft de RSPIPNGP EEE SRE ARE ET RETE DOHÉCACT EEE, EE en DIE Su S CAE ciminuinN à8 IV. Pour donner un exemple de ces efpeces de fpirales, je choifirai le cas où 4 differe de ue d'une quantité fort petite, par exemple, de — où +5 du rayon, alors rbdzvh lexpreMon de | (bb—2cr—t) VI(b—2ch)z— (2044) 1 —7] Vangle A1cm {art. 1.) peut fans erreur fenfible, être réduite \ rVhdz rVhdyz Tree Del! ae ex La petitefle de 7 dans ce cas-là fait que 2c7—7z eft une quantité fi petite auprès de 24, & le.terme 7? auprès des deux autres, qu'on peut les négliger, de forte que Ia valeur de l'angle AC eft alors DITES multiplié par Bb—2ch Jangle dont z eft le finus verfe, = étant le rayon, & lorfque 7 eft le plus grand qu'il puiffe être, c’eft-à-dire, | égal à vI86 —2ch+(c+11)] —(c+ +1), qui né différe pas fenfiblement de 24 | 2c+ A , cet angle qui eff alors ACG eft exprimé par 2 D. FE (D veut dire un angle droit). Si À a une valeur, telle que TTL foit un nombre rationnel, l'angle À CG aura pour lors un rapport de nombre à nombre avec un angle droit; d’où la courbe reviendra au même point au bout d'un certain nombre de branches ou de fpires, au moins approcherat-elle de revenir au même point, & d'être géométrique à mefure que 24 fera près d'être égal à 2ch. I eft vrai que dans ce cas, la courbe approche extrêmement d’être un cercle, puifqu'alors CG ne differe jamais que très-peu de CA, maïs on peut affürer cependant qu'elle eft compofée de plufieurs fpires, ainfi que la Figure 3 peut le faire voir. V. Nous avons fuppofé dans le commencement de ce Probleme, qu'on avoit le point Z de la courbe cherchée où le petit côté 28 eft horifontal, mais le Probleme que Fig. J4 288 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nous nous étions propofé, étoit de trouver la courbe BW, en fuppofant qu'on n’eüt de donné que la premiére impulfion que le corps reçoit avec la direction de cette impulfion. Pour réfoudre entiérement le Probleme, il faut donc trouver 1x fituation du triangle CA B à l'égard du point où l'impulfion a été donnée au corps. Pour cela fuppofons que CN foit la fituation du fl dans le moment de cette impulfion, AN & MC feront par conféquent donnés. La vitefle du corps W, caufée par cette impulfion étant donnée, EN fera connuë, & comme la pofition de Nr & de Am font données auffr, il faudra que le rapport de Sr à rm foit donné : car ce rapport eft celui qui eft entre la tangente de l'angle que Vr fait avec l'horifon & le fnus de l'angle # Mr. ACYBD,CB MCYMC'.EN—AC:.BD) or cette quantité étant donnée, aufli-bien que AC, EN, CB, on en tirera la valeur de ACVBD, & lorfque l'on aura ACV BD, ayant d’ailleurs 4 D qui eft PN— EN, on trouvera BD & AC, & le Probleme fera entiérement réfolu. VI. Après avoir examiné Ja courbe BA, il faut chercher Texpreflion du temps que le corps À met à la parcourir en faifant fes ofcillations. Pour cela, il faut revenir à 1a valeur es 1.) de df, ou du petit temps em- ployé à parcourir y, mettant dans cette valeur pour 41C, AC, vBD & rm leurs valeurs, on aura 147 rd7 GE) EN VU) ee) dont l'intégrale marquera Île temps employé à parcourir Tarc BN, & en donnant dans cette intégrale à 7 fa plus grande valeur que nous avons trouvée ci-deflus, on aura le temps employé à parcourir arc entier BO terminé par le point le plus haut & le plus bas. VII Si lon veut que le corps Z dans fes ofcillations ne parcoure jamais que de très-petits arcs, comme on le pratique dans Maiïsle rapport = eft exprimé par DES" :S CAEN CES EN ‘2fig dans les expériences fur le Pendule, Ia valeur du temps des ofcillations peut fe réduire beaucoup : car, comme alors n’eft jamais qu'une très-petite quantité, le terme z? devient fi petit auprès des deux autres termes /bb— 254) 7— (2c—+-h)37, qu'on peut le négliger, & la valeur de 44 rdz Y[(Bb—2ch) x —(2c+A/2t] rdt d Des iZ. r ————————— 5 ———————-— dont linté ale TR RE TT Ver VO. 10) BTE 77 7) dz £ ; Bb—2ch ÎTE n) dépend d un angle dont DENT eft le c+Ah QG eft alors que je mets fous cette forme rayon, & z eft le finus. Cet angle devient deux droits lorfque 7 eft le plus grand qu'il puifle être, c'eft-à-dire, égal à [db — 2ch + (gs LA) ]— (c++ 24) (arr. 2.) ou, ce qui ‘en differe infiniment peu, à ra, Donc TSEED (D veut dire un angle droit, ou le quart du cercle divifé par le rayon). VIIL En faifant dans cette quantité /— 0, on a lexpreffion du temps par l'arc BO eft 2 D. ? LA ESS mettroit à aller de 2 en 7 / Fig. 4.) par le cercle vertical B1Z, c'eft-à-dire, la moitié d'une ofcillation ordinaire. . 2 D qui exprime à très-peu-près le temps que le corps IX. Le temps par la courbe BO eft donc au temps par le cercle vertical 87 / Fig. 4.) à peu-près dans Ia raifon de Le à CT VESTE Or comme 4 eft très-petit à propor- tion de 26, ces deux quantités peuvent pafler l'une pour lautre, & lon peut regarder comme Ifochrones les diffé- rentes courbes à double courbure B O que le corps peut décrire, quelque impulfion qu'on lui donne lorfque AC qui marque la plus grande diftance du fil à la verticale eft fort petite. | | -X. Quand même AC feroit comparable à la Iongueur du Pendule fi la vitefle en 2 égale, à 74 étoit telle que Mem. 1735. Oo 290 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE les z fuflent toüjours fort petits, ce qui arrive fi 4 differe | peu de 2, lexpreffion précédente 7. 21) mar- | queroit toüjours le temps employé à parcourir BO, & | lorfque 4 — 2, c'eft-à-dire, lorfque la vitefie en Z eft | q Ée q celle qui fait faire des ofcillations parfaitement coniques, la 2DrVc valeur -2D où 77-77; exprime exactement le ass) temps par l'arc BO. XI. Pour faire voir comment cette valeur du temps | employé à parcourir l'arc BO, s'accorde avec le 7.m° des | Théoremes de la Force centrifuge du Traité de Horol. Ojcil]. qui apprend que toutes les ofcillations coniques font égales | lorfque la hauteur des cones eft la même, quel que foit le : Fig. $. 1aÿon, nous remarquerons que ET n'exprime de lofcillation conique entiére que la même partie que l'angle BHO ou ACG eft de la circonférence. Il faut donc cher- cher quelle partie l'arc BO eft de Ia circonférence pour avoir le temps de l'ofcillation entiére. Pour cela nous nous rappellerons que nous avons trouvé (art. 4. ) y pour la valeur de l'angle ACG, lorfque . LYS 4 x bb caen \ 2D7y k approchoit fort d'être égale à —, d'où RS V2 eft bb la valeur de l'angle ACG lorfque 4 = —— ; en faifant donc 2C cette proportion TT HET EE. 4D Vic, on aura 4 D V2c pour la valeur du temps employé à par- courir le cercle entier BOZB ou le temps de l'ofcillation conique, & cette valeur fait voir que toutes les ofcillations coniques font égales quand a hauteur CÆ ou 4 B /c) du çcone eft la mème, Je ne donne pas ceci comme une nouvelle démonftration du Théoreme de M. Huygens, car rien n’eft plus aifé à dé- montrer que cette propofition, muis j'ai prétendu feulement DES SCIE N C:ESs, 294 faire voir que ma folution générale s’accordoit avec la pro- pofition de M. Huygens. XII On peut aflés voir par le calcul précédent que le temps employé à parcourir la courbe à double courbure 2O, approche infiniment d'être égal au temps des ofcillations ordinaires verticales lorfque ces arcs BO font petits. Mais comme on peut être curieux de fçavoir de combien elles en différent, je vais donner un calcul plus exaét que le précé- dent pour Îe faire voir. ‘Pour cela foit-repris /art.6.) Véquation . . .. . . DR nes en VI (bb—2ch)—rr(2c+h)—v] forme , je lui donne cette 747 VV ch + (+ (CHU TG) que je change en celle-ci. tee Evan AU) etre Msed cd : PAU A rd7 Vache +] (CH EU VV ch (CHR) ] c+ 4x où je fais pour abbréger ÿ[08 — 2ch+{c+4+1h)] —(c +4) = & c++ VTbb—2ch + (c+-24)] Hior 5. rde rd7 1 a &j re-v vero Ve * Var 0: Préfentement, à caufe de la petitefle de 7 par rapport à a, je mettrai une quantité à la place de 7arg Vi en différera infiniment peu, & qui rendra la quantité intégrable “où du moins réductible-aux arcs de cercles, & donnera une expreffion de lofcillation bien plus exacte qu'auparavant. Mais avant que d'aller plus loin, il eft bon d'examiner ce que c'eft que a & &; à ou Vbb—2ch+fc+3h)] —(c+-5h) eft la plus grande valeur que 7 puifle avoir, qui n'eft cependant qu'une quantité très-petite, puifqu’elle ne peut jamais être plus grande que C&— CA, ce qui dans des ofcillations ordinaires qui feront, par exemple, d'environ 4 pouces fur un Pendule de 3 pieds, n’eft pas la 640.me partie du rayon, & eft fouvent beaucoup moindre. … Cette expreffion y[0b—2ch+-{c+ 14) — (+27) Oo o ij. 292 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE peut fe réduire tellement qu'il fera inutile de mettre aucune lettre à la place pour l'abbréger. Premiérement à caufe de la petitefle de bb— 26h en comparaifon de {+ 14)*, on peut mettre à la place de la quantité radicale c++4 + Bi—ice , & alors on ne néglige qu'une quantité propor- k , Bb—2ch tionnelle au quarré de = Ta OÙ 540" partie du rayon. Par la même raifon, Db—2ch 2C+h ? , c'eft-à-dire, plus petite que à . _bb 55 au lieu de on peut mettre = —#, où =-—#, on ne néglige alors que des quantités de l'efpece de tes qui font fürement négligeables, car il n'y a point d'échelle qui puïffe les faire voir. La quantité à où VIbb—2ch+ (c++ 2h) ] — (ce 24) fe réduit donc à 22 — h. De la même maniére la quantité a ou Y[&b—2ch+fc+ih)]—(c+ 2) bb Ê atsce - fera 2 c+- —- qui peut s'écrire plus fimplement, en chaflant une des lettres « ou #, puifque lune dépend de Fautre, c étant égal à ÿ{rr— bb). La petitefle de 55 auprès de rr fait que ÿ{rr— bb) peut pañer pour r — 2 d'où la 5, 5 b 1 quantité 2 c + 2 devient 2r — _. Mettant préfente- ment dans lexpreflion de dt pour &, & a les valeurs 35 __} &2r—ŸÀ, où e— 4 &2r—6(nommante 27 27 la quantité 2 qui eft l'excès de CB fur AB) on aura #r rd7 V+r. dz en TZ 1) = ;; OU = VL—#)3—20 VOer+—t) V[(E—4)1—14] vh+—) à caufe de la petitefle du terme ©=—<, on peut mettre, au j 1 ent d i ad lieu de , VA +R), & enfuite 1 + = 27 Dueisi SSD CITE: N, CGELS 293 à la place de {1 +-<), d'où notre expreffion deviendra a 4 4rdz —7d7+tdr re ar. V[(e—#)z—12] — À 0: +edt—+hdr—7d7 grd? + +e dr ++ hdz Per, 4r rene cal VICE—4)z—22] 2 don l'intégrale A VEr. VEN z— 22] He... a/1 AT++e+ TA d7 Var 47 Jess par l'arc B N, & en faifant 7 —4, où € — À qui eft fa valeur au point O, cette expreflion fe réduit à . . . . . Cr el J Û HET, ÿir. 2 D, ( D veut direun angle droit) ou que je mets fous cette forme qui exprime le temps 4T 2DVEr + er D qui exprime le temps par l'arc BO. XIII. Et fi l’on fait dans cette valeur A— 0, elle devient 2DV5r+- TR qui exprime Île temps par l'arc de cercle vertical B7 (Fig. 4.) ou la demi-ofcillation ordinaire. XIV. Après avoir vû la petite différence qu'il peut y avoir entre le temps employé à parcourir la courbe à double courbure BO, & le temps à parcourir Farc de cercle ver- tical B 1, ou la demi-ofcillation ordinaire , il faut voir de ‘combien il s'en faut que le temps par l'arc 27 foit égal à celui que le corps mettroit à faire des ofcillations infiniment petites, qui font les feules parfaitement ifochrones, rien n’eft plus facile en fe fervant de l'expreflion 2D v£r+ Tr D. En faifant e —o dans cette valeur, elle devient 2 D y47 qui exprime le temps d'une demi - ofcillation infiniment petite, de forte que er eft fi petit auprès de 2D y17, quand BZ r’eft que d'environ 4 ou $ pouces, comme on . le pratique dans les expériences du Pendule, que lon peut le négliger entiérement. Tout le monde fçavoit bien que des ofcillations de cette nature pouvoient être regardées comme Oo iij 294 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ifochrones, mais peut-être n’avoit-on pas cherché à calculer en quoi confifloit la petite différence de leur durée. C’eft ce qui fe voit bien facilement par l'expreffion précédente, û à ce > eD E 1 puifque la proportion entre = & 2D Vzr, où entre 6 & 8r, fait voir la petitefle de la différence de ces ofcilla- tions à celles qui font parfaitement ifochrones, XV. De même l'expreflion 2 D V+r + TE D (art. 12.) fait voir que le temps par la courbe à double courbüre ZO ne differe du temps par l'arc de cercle ver- : #D . ] tical B7 que du terme Ar qui eft fi petit auprès de 2 D VFr + En L , où fimplement auprès de 2DV+r, qu'on peut fans fcrupule lenégliger; car TI tà2Dyir comme # à 8r: or 4 qui, dans les ofcillations dont il s'agit ici, d'environ 4 pouces fur 3 pieds de Pendule, n'eft jamais bb b6 plus grande que ==" =— 2#, ne fçauroit être tout au plus que la 640.° partie du rayon, d'où ce qu'on né- glige alors n'eft pas la $ 120.me de l'ofcillation. Nous pou- vons donc regarder comme démontré préfentement, que le temps que le Pendule met à parcourir la courbe à double courbûre BO, peut être pris, fans erreur fenfible, pour le temps qu’il mettroit à arriver à la fituation verticale CZ, en décrivant l'arc de cercle BJ, lorfque la longueur 2Z eft petite par rapport au rayon CO, qu'elle n'eft, par exemple, que de 4 ou $ pouces, le rayon étant de 3 pieds. Si l'on vouloit que BZ füt encore plus petite, la différence entre le temps par BO & par B1 feroit beaucoup moindre encore. XVI. Le calcul précedent pourroit s'appliquer à des ofcillations plus grandes, par exemple, jufqu'à 6, 7 ou 8 4 - : xs 3 pouces, -— exprimeroit toüjours la différence entre le temps pu 20, & le temps par B7; car les quantités que l'on a 11! :mrisS ICT EN CES 295 négligées dans le calcul précédent, parce qu’elles étoient de même efpece que le quarré de €, feroient encore négligeables. Si lon vouloit que la différence entre le temps par 2O, & le temps par 2/ne paflät pas une quantité donnée, comme des» Too” 70597 SC. On trouveroit aifément la grandeur de 21, ou l'étenduë de Fofcillation, pour que cette différence ne pût pas être plus grande que cette quantité; par exemple, en donnant à BZ environ 8 pouces, l'arc BO & Varc B1 feront ifochrones à 75e près au moins, & plus approchants encore d’être ifochrones, à mefure que # fera plus petite que €, cefl-à-dire, que la courbe BO s’approchera d’être verticale. XVII. IL refte encore une chofe à prouver, pour que nous ayons entiérement démontré, comme nous nous le . fommes propofé dans ce Mémoire, que forfqu’en examinant le nombre de battements d’un Pendule pendant un temps donné, le corps vient à faire des ofcillations coniques, on peut compter ces ofcillations à la place des autres, fans erreur fenfible, à caufe qu'elles font à peu-près de même durée. Car quoique nous ayons fait voir que les arcs à double courbüûre BO, renfermés entre le point 2 le plus haut de _ Tofcillation, & le point O le plus bas, font fenfiblement M ifochrones avec Farc 7 vertical; s'il fe trouvoit que l'angle … ACG qui marque l’étendué de la demi-ofcillation fût fen- … fiblement plus grand qu'un droit, il arriveroit que les quatre “ branches égales à BO, qui équivaudroient enfemble pour … 11 durée à l'allée & la venué du Pendule dans les ofcillations ordinaires, feroient confidérablement plus grandes que quatre … droits, c'eft-à-dire, que le Pendule après deux ofcillations fe feroit écarté de fa premiére fituation, & l'Obfervateur, en |« comptant les ofcillations, pourroit fe méprendre facilement. nn … XVIII Hi faut donc prouver préfentement que cet angle … CAG ne differe qu'infiniment peu d'un angle droit dans 1h les petitesofcillations, & par conféquent que le corps revient à peu-près à la même place à la feconde ofcillation, ce qui - 296 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE eft fort commode pour compter les battements, & eft bien moins fujet à erreur, que de juger du point le plus haut & le plus bas où fe trouve le corps. 3 Ê ; AC. VB D. Sn. CB Soit repris pour cela l’équat. rm — (art. 1.), ou dy et NN let Ps MA | sin Net (en VMrr—ax) VEre Mrr—ax) —c+h— 004] nommant #r, dy; Mc, x). Nousallons chercher à réduire cette expreffion, en la rendant particuliére aux petites ofcilla- tions, comme /ZC, x eft toüjours petit lorfque la diftance du fil de la verticale eft peu confidérable, (4/C)° eft par conféquent infiniment plus petit. On peut donc, au lieu du terme V/rr— xx), mettre fimplement r, mais uniquement dans le premier membre du dénominateur ; car dans l'autre Vxx. Wrr—xx)—c+-h 5864], on ne peut pas le faire, parce que ce que l'on négligeroit alors feroit une quantité auffi confidérable que tout ce qui eft fous le figne radical. On peut réduire cependant ce fecond membre du dénominateur ; pour cela, il faut mettre à la place de ÿ/rr—xx), r—%, à la place de c, Hoi ou r— 6; pour bb, 2re, & VTxx. V{rr—xx)—c+h—0b}] devient . .. Vax.(e— +) arch], où V{exx— s + hxx—2reh), ou V[ CNRS RES LEE pe Donc l'équation dy — rbVhdx Vrr—8s) v fee Vr—a) = ch Là] dx we erreur fenfible pour dy = ou _ — —="d*"h _____, dont Fintégrale doit être la + V(are— xx) Vxx—2rÀ) | valeur de l'angle AC, il ne s'agit donc plus que de voir fi cette valeur intégrée donneroit un angle droit, ou très- approchant, en mettant pour x fa valeur Iorfque le point A1 devient G, MC v(MC*. EN—AC*. BD) peut être prife fans . Mais.” | DES SCIENCES |! 207 Maïs on peut s'épargner la peine d'intégrer cette quantité, ou plütôt de la réduire à des arcs de cercle, en fe rappellant l'équation de F'Ellipfe par rapport à des ordonnées partant du centre, on verra que l’équat. = — 1 dE à x V(276— xx) V(xx—2rh) exprime une Ellipfe dont le grand axe eft AC—5=—7y/2r6); & le petit ÿ/2r4)— CG, ce qui fait voir tout de fuite ce que nous voulions démontrer, & fournit une remarque affés finguliére fur les courbes BO, qui ont fait l’objet de ce Mémoire, c'eft que lorfque l'efpace qu'elles occupent, eff petit par rapport à la longueur du Pendule, leur courbe de pro- jecfion, 7 par confequent elles-mêmes approchent fort d'être des Ællipfes : ce font toüjours en rigueur géometrique, des efpeces de Spirales, comme nous l'avons expliqué ci-deflus, mais dont les fpires approchent tellement de revenir au même point, qu'on peut les regarder comme rentrant en elles- mêmes. : XIX. De ce que la courbe AG & la courbe BO peuvent être prifes fans erreur fenfible, pour des Ellipfes lorfque les ofcillations font petites, on pourroit tirer aifément une nouvelle démonftration de Flfochronifme des ofcillations coniques quelconques infiniment petites. Car comme nous avons vû au commencement de ce Mémoire, que les efpaces ACM font proportionnels aux temps, on pourra regarder le point 7, comme un corps qui feroit parti de À avec la vitefle V4 que le poids du Pendule a en Z, & qui feroit attiré continuellement par une force centrale vers € qui agiroit en raifon directe des diftances /Woyés Propofit. 1 0. lv. 1. de M. Newton), & ü s'en fuivra /Corollaire 2. de la méme Propolition), que les temps périodiques feront tous égaux, pourvü que lon fafle voir que non-feulement Ia ten- dance de 7 vers Ceft en raïfon directe des diftances, pen- dant qu'il décrit la même courbe BO, mais qu’en comparant deux différentes courbes comme 20, décrites par le même Pendule, la tendance de 4 vers C fera toûjours en raifon Mem. 1735. Pp 298 MEMOIRES DE L'ACAD EMIE ROYALE directe de la diftance au centre, c'eft ce qui eft ail à dé- montrer en cherchant l'expreflion de la force centrale dans le point À où la direction de la courbe eft perpendiculaire à AC. La force centripete doit être le quarré de la viteffe divifé par le rayon de la développée, le quarré de la vitefle en 4 eft k, le rayon de la développée, fi la courbe 4C approche fort d’être une Ellipfe dont les demi-axes foient ÿ/2re), A : 2rh 7 PS 2 : V{2rh) peut être pris pour 7757, d'où la force centripete eft comme de == , ou comme ÿ/2re)/—= AC, c'eft-à-dire, proportionnelle à la diftance, Mm. de L'scad.1785. pl. 21. Pag.298. Lg. 2 2 RE ——— 27 Nm de Lau 1735 pl. 1. pag 298 Pig 2 ms, n Jimonnens Jeugr pi fi DES SCIENCES 299 ve * DEUX OBSERVATIONS ; ANATOMIQUES, LA PREMIÉRE, - Sur une contorfion involontaire de la Téte. LA SECONDE, Sur une roideur douloureufe du côté droit du Col, avec un grand battement de la Carotide, à une efpece de cliquetis au fond de la Gorge. Par M. WINsLo w. E commençail’annéer 7 19, à faire de nouveauun examen 20 Aw particulier des Mouvements mufculaires & des Articu- 1735: lations, auquel examen M. l'Abbé Bignon m'avoit quelque temps auparavant engagé, à l'occafion d’un accident arrivé à une perfonne de fa connoiffance. Cette entreprife me parut d'abord également ftérile & difficile ; flérile par rapport à YAnatomie, en ce que l’expofition & la connoiffance des Os & des Mufcles, paroïfloient fi triviales aux Curieux, qu'ils les abandonnoïent aux Ecoles & aux Amphithéatres; difficile à l'égard de certains phénomenes déja mal expliqués, & fur lefquels plufieurs illuftres Anatomiftes phyficiens avoient employé beaucoup de travail, fans en être venus . à bout : mais comme j'avois déja expérimenté que par un M. examen fcrupuleux fouvent réitéré, & par une perfeverance non interrompuë, j'étois parvenu à trouver ce que je n’ef- | pérois plus pouvoir découvrir, je m'y livraï, & cela d'autant _ mieux que je m'y fentois naturellement porté. Depuis ce temps-là, jai produit à la Compagnie plufieurs eflais de mon entreprife, & J'avouë que le contentement particulier que Pp ÿ 300 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE feu M. Varignon témoigna fur mes premiéres tentatives, m'encourageoit beaucoup. Mais ce qui m'a fur-tout pouffé à continuer ce travail, malgré la flérilité & la difficulté, ce font les grands avantages que j'en ai tirés dans la Médecine & dans la Chirurgie, ayant vü & démontré en plufieurs occafions, qu’on avoit pris une incommodité pour une autre, & que d’un côté, on avoit employé quantité de remedes inutiles, & même par cette raifon quelquefois très-dangereux, pendant que d’un autre côté, on avoit privé entiérement de tout fecours, des malades dont la guérifon auroit été très- facile, & même très-prompte. $ L'année 1720, à la fin d'un Mémoire fur l'action des Mufcles en général, & fur l’ufage de plufieurs en particulier, je promis un effai de Myologie qui feroit naturelle, ailée & très-favorable aux recherches en Phyfique & en Médecine. Je l'ai donné dans le Traité de l’Expofition anatomique de la ftruure du Corps humain, & je m'applique aétuellement à recueillir les obfervations médicinales & chirurgicales qui prouvent évidemment, & l'utilité, & la néceflité des recherches & des expériences qui s’y trouvent. Les deux obfervations qui font le fujet du Mémoire que je préfente aujourd’hui, ferviront d'exemples. La premiére auroit dû être placée à la fuite de mon Mémoire de 1730, fur les mouvements de la Tête, du Col & de l'Epine du dos, en ayant fait le rapport à la Compagnie immédiatement avant la lecture de ce Mémoire ; & quoique deux ans après, fça- voir 1732, j'en aye donné l'abbrégé dans une Thefe de Médecine, j'ai cru devoir la rapporter tout au Iong dans les Mémoires de l Académie des Sciences, comme une piéce qui y appartient originairement, & qui y fera mieux en dépôt pour l'utilité du Public, que dans une piéce volante, La feconde eft faite depuis peu. ee LUE ele ÉD 17 DES S'CcrENCES. 301 PREMIERE OBSERVATION. M. le Marquis de Magnane me pria d'aller avec lui voir une Dame de Proviice, qu'on croyoit avoir le col difloqué, parce que fa tête tomboit toûjours malgré elle fur l'épaule gauche, & en même temps étoit contournée de maniére que le menton étoit continuellement appuyé contre cette épaule. On le croyoit d'autant plus qu'on fentoit für les vertébres du col, aû côté oppolé, une efpece de tumeur dure avec gonflement du mufcle fterno-maftoïdien de ce côté. Elle ne pouvoit redreffer fa tête que par le fecours de fes mains, ni la retenir dans une autre attitude qu'avec fes mains, ou moyennant les mains d’une autre perfonne, car auffi-tôt que les mains quittoient, Ka tête tournoit fur le champ, & re- tomboit fur l'épaule, excepté quand elle étoit appuyée fur quelque chofe, comme fur le dos d’une chaife, ou fur le chevet du lit On me dit que cet accident lui étoit arrivé après des voyages qu'elle avoit été obligée de faire pendant un hiver rude, & qu'il y avoit environ deux ans qu'elle étoit affligée de cette incommodité, fe portant d’ailleurs pañlable- ment bien, excepté qu'elle étoit fujette au rumatifme. On adjoûta que depuis ce temps-là on avoit appliqué toutes fortes de remedes fur la tumeur qu’on fentoit au col à l'oppo- fite du menton contourné, & qui, au lieu de ceder à ces remedes, paroifloit devenir par degrés plus confidérable avec inflammation des parties circonvoifines & de la peau qui la couvroit. J'examinai d'abord avec toute Fattention poflible, & à plufieurs reprifes, cette incommodité particuliére, & je dé- couvris à la fin, que par une méprife continuelle, on avoit toûjours depuis le commencement jufqu’alors, laiflé entiére- ment fans fecours le côté malade, & tourmenté fans ceflé par quantité de topiques, dont plufieurs étoient très-atifs, le côté qui étoit fain d'abord, & qui, par ces topiques, étoit devenu enflammé, tumefié, roide & douloureux. Je foup- gonnai enfuite qu'on avoit regardé cette incommodité comme Pp ïij 302 MEMOIRES DE L'ACADEMIE,ROYALE une efpece de paralyfie d’un côté du col, mais qu'on s'étoit mépris du côté attaqué, en ayant jugé felon l'idée qu'on auroit euë de {a paralyfie qui arrive à Eu de la bouche, laquelle dans ce cas, refte toüjours pluëtôu moins tirée; vers le côté fain. On: fçait que cela dépend de ce que les mufcles du côté paralytique ayant perdu leur reflort, ne contre: balancent plus les mufcles du côté fain qui, par ce défaut, étant plus en contraction qu’à l'ordinaire, tirent la bouche vers leur côté, de forte qu'elle paroït alors plus défigurée du côté fain que du côté malade. Sur cette idée, ceux mêmes qui connoiflent & qui. ont difléqué plufieurs fois les mufcles qui fervent aux mouvements de la Tête, pourroient fe mé- prendre très-facilement dans le cas expolé, faute de bien {çavoir, ou de bien confidérer toute lœconomie des actions relatives de ces mufcles, chofe nullement embarraffante poux ceux qui éxaminent avec patience, obfervent fans prévention, & comparent très-attentivement à plufieurs reprifes ce qu'ils ont remarqué fur les mufcles difléqués dans un Cadavre, avec toutes les fonctions, tant fimples que combinées, de ces mêmes mufcles examinées dans toutes fortes d’attitudes d'un Corps vivant, & qui fe porte bien. Parmi le grand nombre de mufcles, par le moyen defquels fe font les diffé, rents mouvements de la tête, il y en a quatre qui, par leur arrangement oblique, forment quatre angles, fçavoir, deux angles en haut derriére les oreilles, fur les éminences offeufes, appellées Apophyfes maffoïdes, deux angles en bas, dont l'un eft en devant au bas de la gorge fur le fternum, & l'autre en arriére au bas de l’épine du col; ainf par leurs directions & par leurs rencontres obliques, ces quatre mufcles repré: fentent deux compas médiocrement ouverts & polés de façon que les extrémités de Fun touchent les extrémités de l'autre, & la tête de l’un eft écartée de la tête de l’autre. Les deux mufcles antérieurs appellés communément Æafloidiens, où Srerno-mafloïdiens, font beaucoup plus épais & plus forts que les deux poftérieurs; ils {ont pour l'ordinaire très-apparents par leur faillie, fur-tout dans des gens maigres. Les Deflinateurs, £ DES SCIENCES. 303) les Peintres & les Sculpteurs ont grand foin de repréfenter ces deux mufcles très-vivement, & quelquefois trop; ce qui Jeur arrive aflés fouvent auffi à l'égard du plus grand nom- bre des mufcles du Corps humain, comme je de ferai voir “ dans une autre occafion, au fujet des figures anatomiques. Les deux poftérieurs appelés Spemius, font plats, moins - forts & moins fenfibles dans les vivants. Je ne m'étendrai pas ici fur plufieurs phénomenes des différentes fonétions de ces mufcles ; il fufht pour le préfent de faire obferver que par l'alternative de leur direction oblique autour du col, ces quatre mufcles, indépendamment d’une vin gtaine d’autres ï s’y trouvent, pourroient feuls fufhire pour toutes fortes d'attitudes & de mouvements de la tête, en avant, en arriére, fur les côtés, directement, obliquement, en quelque maniére de pivot, &c. Les deux mufcles antérieurs, quand ils agiflent enfemble également, portent dans certaines attitudes ducorps, la tête direétement en devant vers la poitrine; les deux poftérieurs la portent en arriére ; un des antérieurs, & celui des poftérieurs qui lui eft le plus voifin, portent enfemble « latète vers l'épaule du même côté; un feul des antérieurs « fimplement dirigé par les voifms, porte la tête obliquement . vers l'intervalle du fternum & de l'épaule du même côté; un feul des poftérieurs la porte obliquement vers l'intervalle de l'épaule & du dos; un antérieur feul d'un côté avec un poftérieur feul de l'autre côté, la tourne comme fur un pivot en portant le menton vers l'épaule oppofée; par exemple, quand Pantérieur ou Maftoïdien du côté droit, agit en même temps que le poftérieur ou Splenius du côté gauche, il tourne … avec lui la tête, de maniére que lé menton fe porte vers le “… côté gauche. On peut aifément imiter & repréfenter tous . ces mouvements, par le moyen de quatre cordages attachés dans lé même arrangement à une tête de carton, ou à une . boule de bois, &c. renduë mobile für un bloc par une efpece . de jointuré ou articulation en genou , {lon le langage com- - mun des ouvriers. Aïnfi quand par quelque accident l'un de —… ces deux mufcles antérieurs a perdu fon reflort, l’autre doit i 304 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Roy4re néceflairement & naturellement faire contourner la tête vers le côté du mufcle malade, & non pas vers le côté fain comme dans {a Paralyfie d’un côté de Ja bouche. C’eft ce qui m'a paru d’abord être arrivé dans le cas rapporté, & que j'ai trouvé effectivement après l'avoir bien examiné ; car le Sterno-maftoïdien du côté de la pente & de la tournure de la tête de cette Dame, paroifloit fort amaigri, & celui du côté oppolé paroifloit groffi & comme endurci, en partie par la contraétion naturelle de {es fibres, & en partie par le Iong ufage indifcret des topiques. | Pour y remédier, ou plûütôt pour foulager la Dame, en attendant quelque chofe de mieux, je confeillai d'abord d'employer pour le côté malade & négligé les mêmesremedes avec lefquels on avoit jufqu'à ce préfent f1 mal-à-propos tourmenté le côté qui {e portoit naturellement bien. Enfuite après avoir un peu réfléchi pour trouver le moyen de foûtenir & de contenir la tête dans fon attitude naturelle, j'imaginai un bandage très-fimple pour fuppléer au défaut du Mufcle relâché, & pour fervir à deux fins, fçavoir à retourner la tête en devant, & à l'arrêter dans cette fituation felon a com- modité. Voici comme j'y réufñs. Je pris un ruban large d'un pouce & long d'une aulne & demie. J'en appliquai une extrémité en travers fur le haut du front, de maniére que cette extrémité regardoit le vrai côté malade, où je l'arrêtai avec une main, pendant qu'avec l'autre je conduifois le ruban derriére l'oreille du côté fain, puis fous le derriére de la tête, enfuite derriére l'oreille du côté malade, & de-à jufqu'au front, où l'ayant paflé par deflus l'extrémité du ruban, j'eus foin de bien arrêter cette extrémité par plufieurs tours femblables, afin que le ruban ne glifsät point. Après quoi j'en pañfai le refte fur l'oreille du côté fain, je le conduifis derriére l'épaule du même côté, & le fis paffer fous le creux de l’aiffelle vers le devant de la poitrine, où je le tirai peu à peu, & par-là au moyen de l’obliquité de ce paflage de- puis le front jufques derriére l'épaule, je fis tout à la fois réuflir trois chofes, fçavoir , relever la tête panchée, la tourner | DES SCIENCES! 305! tourner en devant, & la maintenir dans cette attitude contre l'effort continuel du Sterno-maftoïdien fain. Je fis plus, car en continuant à tirer le ruban, je fis tourner au degré que je voulois, le vifage vers le côté fain; & réciproquement à mefure que je lächois le ruban, le Sterno-maftoïdien fit re- tourner le vifage vers le côté malade. Je mis enfuite, pour imiter cette opération , le ruban dans la main gauche de {a Dame, qui par ce moyen, avec beaucoup d’aifance, & encore avec plus dejoye, releva, tourna, arrêta, lâcha & conduifit elle-même fa tête. Ayant enfin arrêté avec une épingle le xuban fur le devant de fon habit, elle fe trouva entiérement en état de tenir la tête ferme dans l'attitude ordinaire, fans avoir befoin d'autre maintien.Quelqu'un pourroit foupçonner que le ruban étant placé du même côté que le mufcle fain, ne pourroit pas tenir lieu du mufcle malade, ni en faire la ‘fonction ; mais ce foupçon fera bien-tôt diffipé, quand on aura fait attention que la direction du ruban eft tout-à-fait à contre-fens de la direétion du mufcle fain, & que ces deux directions fe croifent obliquement. Les Figures, avec leur explication, font placées après la feconde Obfervation. NoTA. Ontrouve à peu-près le même cas dans un Livre intitulé : Obfervationes Medicæ de Affedtibus omiffis, auctore Arnoldo Bootio, M. D. &c. imprimé à Londres, 1 649. in r 2. & à Helmftad 1 664. in-4.° avec une Préface dé Meibomius. C’eft dans le Chap. V. de Capiris Diflortione. L’Auteur en rapporte deux exemples, obfervés par lui-même dans le cours de fa Pratique. É Le premier exemple eft d’une femme d'Irlande, à qui cet accident étoit arrivé après s'être frotté le col avec un onguent mercurial d'un charlatan. En voici Fexpofition originale: Caput ei ad finifirum latus prorfus defletebatur , inque eo fitu emper manebat , nifi manu in dire(fam aut in contrariam partem impelleretur ; quod facile ac nullo negotio fieri poterat : [ed ablaté Mem. 1735. Qq 306 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE manu flatin in alterum illum ac difformem Jitum revertebatur. Ob hoc judicavi diflortionem illam capitis non fieri à diffentione nervorum mufculorumque ejus lateris , in quod vergebat caput (à cujufmodi diflentione feu convulfione in anteriora trahitur in Em- proffhotono, ficut in Opiflhotono ad poleriora ) fed potids à pa- ralytic& eorum refolutione in latere oppofito. L’ Auteur dit enfuite que la femme fut entiérement guérie au bout de deux femaines par lufage des Tifanes fudorifiques, & de l'application fré- quente des fomentations, des onguents, &c. fur le col ; mais que peu de temps après cela, ayant eu limprudence de mettre fur la nuque du col l'onguent d’un charlatan , la même con- torfion revint, & étant négligée pendant quelque temps, augmenta, &c. de forte que ni les remedes déja employés ni aucun autre ne réuflirent. Le fecond exemple eft d’une femme de Paris, à laquelle ‘une pareille contorfion de la tête vers le côté gauche étoit arrivée après plufieurs accidents occafionnés par une chûte fur l'os facrum, qu'elle avoit faite plus de trois mois aupa- ravant. L’Auteur dit que cette incommodité de la tête parut ceder un peu de temps à fes remedes, mais qu’elle revint toûjours, de forte qu'il abandonna {a malade au bout de deux mois. Il adjoûte que depuis ce temps-là, malgré plufieurs tentatives de différents Médecins & Chirurgiens, la contor- fion refta comme elle avoit été dès le commencement. II finit ces deux hiftoires en citant, des obfervations deRiviére, un cas qui en partie y paroît avoir quelque rapport. Les deux obfervations de Bootius ont aflés de reflem- blance avec la mienne, quant à la contorfion de la tête; mais on voit par fon premier expolé, 1.” Qu'il s'étoit mépris au fujet des mufcles, comme ceux qui avoient traité avant moi la Dame mentionnée. 2.° Que le petit fuccès de fon traitement dépendoit de l'application des topiques autour de tout le col, de forte que le côté malade en avoit fa part aufli-bien que le côté fain, au lieu que ceux dont j'ai parlé avoient feulement panfé le côté fain & pañlé le côté malade, DES SCIENCES. 307 o . À . 3° Que fans le moyen de retenir la tête dans une attitude convenable, & d'empêcher l'allongement des mufcles para» lytiques ou affoiblis, aucun remede ne réuffroit. ÿ SECONDE OBSERVATION. Un homme fort appliqué à copier pendant toute la journée depuis très-long-temps, fut à la fin attaqué d’une incommo- dité particuliére de la gorge & du côté droit du cou. IH fentoit de temps en temps dans la gorge près le larynx quel- que chofe branler, comme quelque petite partie dérangée & prête à fe détacher, fur-tout quand ïl avaloit, & ce branle- ment étoit fouvent accompagné ou fuivi d’un certain bruit fourd comme d’une efpece de cliquetis. Le côté droit du cof étoit un peu enflé avec une tenfion ou dureté douloureufe depuis l'oreille jufqu’à la clavicule, mais principalement vers le creux de la gorge, immédiatement au deflus du fternum. L'artere carotide du même côté paroïfloit battre plus forte- ment que celle de Fautre côté. L’ayant bien examiné & queftionné, deux circonftancesattirerent principalement mon attention. 1. Qu'il avoit l'habitude de tenir le col ferré par la cravate, 2.° Qu'il étoit journellement occupé à copier de grands cayers placés prefque tout-à-fait à côté de fon bras gauche, & très-élevés, de forte qu'il étoit obligé de tourner beaucoup la tête vers ce côté, & de la lever de temps en temps fort en haut, ce qu'il faifoit avec beaucoup de promp- titude & comme par fecoufles. Ces deux chofes me parurent enfuite non feulemeñt avoir occafionné les incommodités expofées, mais aufli les avoir entretenuëés, & même rendu inutiles tous les remedes qu'il avoit employés depuis quel- ques mois. L’Anatomie me porta à en être perfuadé par les “raifons fuivantes : 1. On fçait que pour tourner la tête vers le côté gauche, %e mufcle fterno- maftoïdien droit fe met en contraction. Ainfi ce mufcle ayant été forcé & comprimé par le ferrement de la cravatte, fes fibres avoient fouffert autant de petites meurtriflures qu'il avoit fait de mouvements de contraction, Qqi 308 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE lefquelles petites meurtiffures, fi fouvent réitérées, lui avoient caufé la dureté & la tenfion douloureufe. 2.° Ce mufcle ainfi tendu, & étant avec cela comprimé par le ferrement de la cravatte, comprimoit aufli extraordi- nairement lartere carotide toutes les fois qu’il étoit en con- traction pour tourner la tête vers le côté gauche ; ce qui aurôit pû à la fin affoiblir les membranes de cette artere au point d'en rendre le battement plus fenfible qu'à l'ordinaire. 3.” On fçait que deux mufcles très-minces &très-étroits, appellés communément Coraco-hyoïdiens, & que je nomme Omo-hyoïidiens , attachés par un bout à los hyoïde vers la racine de la langue, & par l’autre bout au haut de l'épaule, paflent immédiatement derriére les mufcles Sterno-maftoï- diens, & croifent avec eux en maniére d’X romain. Ainfr un de ces mufcles Omo-hyoïdiens, ayant été dans le cas. dont il s’agit ici, continuellement frappé par lation fré- quente du mufcle Sterno-maftoïdien du même côté, & l'autre ayant été en même temps prefque toûjours lâche par le peu: d'action du mufcle Sterno-maftoïdien voifin, il eft à foup- çonner que leur reflort étoit par - là devenu inégal, & que dans certains mouvements du gofier, du larynx & du pha- rynx, fur-tout dans l'action d’avaler, cette inégalité de leur- reflort occafionnoit une efpece de foubrefaut à quelque por- tion cartilagineufe du larynx à l'entrée du gofier vers le fond. du pharynx, par la connexion de ces parties avec l'os hyoïde,. auquel les mufcles omo-hyoïdiens font attachés. Je lui confeillai de quitter tous remedes, & feulement d'avoir grand foin de ne pas ferrer le col ni le jour ni la nuit,. & d'éviter toutes les attitudes qui obligent de tourner la tête: vers le côté gauche. If le fit, & peu de jours après il y eut: déja moins d’enflure, moins de dureté & moins de batte-- ment. Je ne fçais ce qu'il eft devenu dans la fuite. -p 4, €, a, b,c, € f, &, &. profil. ESS CiE N°CES“1M og EXPLICATION DES FIGURES Qui appartiennent à la premiére Obfervarion de ce Mémoire. FIGURE PREMIÉRE . La Tête en contorfion, & panchée fur l'épaule gauche. le trajet du Mufcle Sterno-Maftoïdien gau- che, relâché. . en le trajet du Mufcle Sterno-Maftoïdien droit, étant en contraction involontaire, & tournant la tête à gauche. fe trajet d'une portion du Mufcle Splenius où Maftoïdien poftérieur du côté droit, conformément à cette attitude. Ficure IL L'application du Bandage ou Ruban à fa tête panchée.. comme dans la Figure premiére. d, d, d, les premiers tours du Ruban. la continuation du Ruban fur l'oreille droites. le paffage du Ruban derriére l'épaule droite. le paflage du Ruban fous l'aifielle du bras droit. AA , l'extrémité du Ruban tirée en devant vers: le milieu de Ia poitrine, Ficure IIl La Tête redreffée par le Bandage ou Ruben, & vië de: Les lettres marquent ici les mêmes chofes que celles: de I premiére Figure, excepté a qui ne peut: Qa ii 310 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE marquer dans cette attitude que l'extrémité infé- rieure du Mufcle Sterno-Maftoïdien gauche ou malade. FreuRrE EV. La Tête redreflée, & vüûë de front. Les mêmes lettres que dans la Figure IIT, avec cette différence, que les deux Mufcles Sterno-Maftoi- diens font ici tracés comme dans l'état naturel de leur équilibre, & excepté la lettre c, qui ne pou- vant ici répondre au Mufcle Splenius, eft obmile. # fa * # Mer. de Licad.1738. pl.12.p 810. F: 7 DE TK AN À 4) \ AU \Y ii 11 ne ZA CZ = DES SCIENCES. 311! DERNIERE PARTIE DU SECOND ME MOIRE MASON TON CUBA CAT ET ROME S. SA PRÉPARATION PAR LAFONTE. Pa M. GEOFFROY—. PS uR n'avoir rien à défirer dans l'examen chimique de ce remede, il me reftoit encore à imiter quelques ‘Chimiftes qui ont fubftitué à l'ébullition de ? Antimoineavec … un Sel alkali, la fonte de ce minéral avec le même fel, & + rien perdre des matiéres qui pouvoient fe féparer du mêlange ” pendant la fonte. Enfin après les expériences où j'ai employé . T’Antimoine, je lui ai fubftitué fon régule, & je l'ai fondu de même avec le Sel alkali. Une once d’Antimoine porphirifé, & une demi-once de » Nitre fixé par les charbons & bien fec, ayant été bien mêlés …_ & mis dans une cornuë, ont donné du flegme, des vapeurs … blanches & épaifles; la furface de la matiére a pris au bout … de quelque temps, une couleur rouge, marque certaine que » le foufre groffier de l'Antimoine commençoit à sunir au Sel alkali, & à former un hepar; enfuite il a diftillé quel- ques gouttes d’une liqueur jaune, puis il a paru dans le col k. de la cornuë un fel volatil concret, aufii pénétrant que le à Sel volatil ammoniac ordinaire, 312 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Si l'on veut féparer ce fel, il faut ôter la cornuë du feu aufh-tôt qu'il eft formé, fans quoi la chaleur qui continué & les vapeurs nitreufes qui furviennent, le font difparoître, & la liqueur du récipient n'étant plus ni acide, ni alkali, ne fent que l’empireume. Si après avoir retiré le fel volatil, pour en faire les eflais, & s’aflürer qu'il en a toutes les propriétés, on rémet a cornuë au feu, & qu'on l'augmente peu à peu, la matiére fe gonfle, toute fa furface prend une couleur d’un rouge vif, enfin il s'éleve au haut de fa cornuë, quelques fleurs farineufes & blanches. Cette proportion de deux parties d’Antimoine fur une de Nitre fixé, ne laifle point de régule au fond de la:cornuë, -je m'en. fuis aflüré en répétant l'opération cinq ou fix fois. Mais fi on employe parties égales d'Antimoine & de Nitre fixé; par exemple, une once de chacun, la mafle prend plus vite la couleur rouge à fa furface, elle fe fond plus égale- ment fans fe gonfler, & l’on trouve à fa bafe un régule qui, à cette dofe, pefe ordinairementr8à1 9 grains, fans compter les petits grains non réunis au culot, qui reftent épars dans les fcories falines & fulphureufes, qu'on trouve au-deffus de Ja petite mafle réguline. En faifant la mème opération avec deux parties, ou une once d'Antimoine, & trois parties, ou une once & demie du mème Alkali nitreux, on trouvera par once d’Antimoine 49 grains de régule, fans compter les particules difperfées. Il eft à remarquer qu'il s’éleve plus de vapeurs blanches avec cette proportion qu'avec les deux précédentes, & qu'on en retire aufli plus de fel volatil concret. Afin que le détail des procedés de ces Kermès fûtcomplet, j'ai tenté la fonte de lAntimoine avec d'autres Sels alkalis fubftitués au Nitre fixé par les charbons. Je fçavois bien que tous formeroient un hepar avec le foufre groflier du minéral, mais il étoit néceflaire de fçavoir s’il n’y auroit pas des différences, & fi les produits feroient uniformes. J'ai d'abord employé le Nitre fixé par le Tartre; ce fel alkali avoit été diflout, filtré, & réduit enfuite en mafle faline, DES Sci1ENCESs ÉRE faline, féche & blanche. J'ai mêlé demi-once de celui-ci avec une once d'Antimoine, réduit, comme je l'ai dit, en poudre fubtile : après le flegme, il s’eft élevé des vapeurs rouges ayant lodeur & le goût de F'efprit de Nitre, qui n'ont pas duré long-temps, enfuite des vapeurs blanches, puis du fel volatil en forme féche : lorfque j'ai levé le dôme du fourneau, je me fuis apperçü que, quoique le fel que j'em- ployois eût donné dans les effais ordinaires, toutes les marques d'un véritable Alkali fixe, il y avoit encore plufieurs parties du Nitre qui n'avoient pas été alkalifées par la détonation de ce fel avec le Tartre, puifqu'elles fufoient de nouveau avec le foufre de ’'Antimoine, & s’allumoient les unes après les autres. Cette fulmination a été beaucoup plus fenfiblé dans une autre expérience où j'avois employé quatre fois la dofe de ce mélangé, & j'y ai remarqué de plus que dans les endroits où le Nitre fulminoit, il y laïfloit des taches blanches qui, enlevées avec attention, étoient un Antimoine diaphorétique : je n’ai pas befoin de m'étendre davantage fur cette obfervation. + Enfin la mafñfe reflée dans la cornuë ne m'a pas donné de régule raflemblé, non plus que dans la premiére opéra- tion faite dans les mêmes proportions avec le Nitre fixé par les charbons ; lorfque j'ai augmenté les dofes du Nitre fixé par le Tartre, j'ai retrouvé du régule comme dans les pré- cédentes expériences. | ne) Ainficesdeux Alkalis provenant tous les deux du Nitre fixé, ou par les charbons, ou par le Tartre, ne font appercevoir aucune différence dans leurs actions fur Antimoiïne :1cela devoit être, mais il étoit bon de s'en aflürer par l’expérience. Paflons à l'épreuve du Sel de Tartre : c'eft, comme l'on fçait, le plus pur des Sels alkalis. Lorfqu’il eft bien fait, on n’y trouve point de fel étranger ni de fel volatil, comme on en trouve prefque toüjours dans le Nitre, de quelque maniére qu’il foit alkalifé. Ce fel de Tartre, lorfque je l'ai employé au poids de 4 gros avec une once d’Antimoine, n'a point féparé de régule, mais toutes les fois que j'ai répété Men. 1735. URE 314 MENOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE l'opération avec 6 gros ou une once de ce fel, j'ai toüjours retiré 40 à 49 grains de régule bien net de chaque once d'Antimoine. Dans cette opération il ne fe fublime point de {el volatil, parce que j'employe un alkali fixe pur, au lieu qu'en me {ervant de Nitre fixé ou par le charbon ou par le T'artre, if fe trouve des parties non alkalifées qui contiennent encore tout leur acide. Ces parties du Nitre achevant de fe décom- pofer, abandonnent leur {el alkali à l'acide du Soufre dont ï {e fait une efpece de Tartre vitriolé, & la portion de l'acide nitreux qui s'en dégage, s'unit à une autre portion du prin- cipe inflammable du Soufre, & forme avec elle le Sel vo- latil que j'ai trouvé, & dont j'ai parlé ci-deflus. Peut-être feroit-il plus fimple de fuppofer un Ammoniacal dans leNitre; en ce cas l'explication que je viens de donner feroit inutile. Le Sel extrait par leflive des cendres gravelées, puis fëché & calciné, doit être un alkali pur, de même nature que le fel de Tartre, puifqu'il a une origine prefque femblable ; auffi ce fel étant fondu avec l'Antimoine, n'a-t-il produit rien de différent. IL a paru, comme dans l'expérience, avec le fel deTartre une vapeur blanche, quelques fleurs farineufes & une liqueur falée légerement urineufe. J'en avois eu une femblable de l'opération avec le fel de Tartre : l'une & l’autre précipitent en blanc la diffolution ordinaire de Mercure dans l'efprit de Nitre, & ce précipité devient grisâtre. Comme je n'avois employé qu'une demi -once de ce fel des cendres gravelées avec une once d’Antimoine, je n’ai point trouvé de régule féparé ; mais en mettant 6 gros de ce fel, il a réduit, comme avoient fait les 6 gros de fel de Tartre, un poids égal de 40 grains de régule. H me refloit à {çavoir l'effet que produiroit le fel de Po- tafle : une demi-once de ce fel qui avoit été purifié par fa fonte dans l’eau froide pour en {parer tout le T'artre vitriolé qu'il contient, ayant été ainfi purifié & féché, puis mêlé avec une once d'Antimoine, n’a donné aucun indice de Set volatil. Mais la folle farine ou poudre qui s'eft fublimée DIE: 5, :S CL E:N CE Se 315 comme dans les précédentes expériences, étoit orangée : ce qui dénote une petite différence entre ce fel & les autres fels alkalis que j’avois employés précédemment. La liqueur reçüë dans le petit balon avoit une odeur volatile foible, elle a précipité la diflolution de Mercure en un caïllé blanc, qui prend enfuite la couleur jaune du Turbith, d’où l'on peut conclurre qu’elle contient un peu de l'acide du Soufre qui s’eft développé pendant la fonte du mélange, & qu'outre cet acide äl y a auffi dans la liqueur un peu d'efprit volatil urineux, puifqu'elle précipite en blanc la diflolution du Sublimé cor- rofif: d’ailleurs après la précipitation faite, il fe forme fur la liqueur une pellicule ayant les couleurs de fris, ce qui ef toûjours la marque aflurée d'un acide fulphureux. Dans cette opération d'une partie de fel de Potafié contre deux d’An- timoine, il ne s'eft point féparé de régule. Sçachant donc que cette proportion de Sel alkali, quel qu'il fût, ne donnoit point de régule ; qu’en laugmentant, il s’en raffembloit une mañle aflés fenfible , j'ai voulu vor ce qu'il arriveroit fi je la diminuois. Ainfi je n’ai employé le {el de Tartre qu'à 2 gros contre une once d’Antimoine. 3} I ne s’eft fublimé aucuné matiére fulphureufe, I y a toüjours eu quelques vapeurs blanches, & le peu de liqueur qui a pañé dans le récipient a toûjours été légerement uri- neufe, La mafñle fonduë dans la cornuë étoit à demi-vitrifiée, & les aiguilles de l'Antimoine totalement détruites. On la peut comparer à ces foyes d’Antimoine préparés pour les chevaux, & dans la préparation defquels on a: épargné le Nitre, en ne mettant pas la dofe ordinaire qui eft de parties égales de ce fel & d'Antimoine. + Pour faire voir que cette comparaifon eft aflés exacte, j'ai fait fondre dans un creufet une once de Nitre avec 4 onces d'Antimoine : le Nitre, en fulminant, a enlevé au minéral ‘une portion de fon foufre, & même de fa partie réguline, puifqu'il s’eft élevé des fleurs pendant la détonation, & que ces fleurs étoient très-rouges. Enfin la détonation étant Rri 316 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RÔYALE appaifée , j'ai tenu le mélange quelque temps en fonte, & if eft refté un crocus metallorum pareil à celui de mon opération par la cornuë : mais ce dernier n’avoit rien perdu ni de fon foufre ni de fa partie réguline, parce que j'y ai employé un {el alkali qui ne fulmine point , au lieu que dans l'expérience faite dans le creufet je m’étois fervi du Nitre qui fulmine. En augmentant la dofe des Sels alkalis jufqu'à 3 gros fur une once d’Antimoine, j'ai eu par a cornuë une mafle rou- getre qui approchoit de la couleur du foye d'Antimoine ordinaire. Elle s’eft trouvée intérieurement à facettes ftriées en aiguilles comme la Pierre hematite. Aïnfi ces proportions de deux & de trois parties fur huit d’Antimoine font trop foibles pour ouvrir fufffamment l’Antimoine, car la mafle qu'on en retire après la fonte ne prend aucune humidité à l'air. I faut qu'il-y ait au moins quatre parties de Sel alkali contre huit d'Antimoine, pour que la mafle fonduë foit fo- luble, & l'on voit aifément qu'il faut qu'elle foit foluble, &c foluble dans toutes fes parties, pour pouvoir enfuite en pré- cipiter le Kermès par ébullition dans l'eau commune, fans qu'il s'en fépare des parties régulines. Cette proportion étant devenuë la proportion certaine par toutes les expériences que jai faites, & dont j'ai fupprimé la plus grande partie, pour ne pas allonger inutilement ce Mé- moire, je vais pafler à l'examen du Kermès précipité des mafles qui font folubles. Je les ai fait bouillir pendant deux heures ou environ dans deux pintes d’eau de pluye, & lorfque la liqueur a été ré- duite à la moitié ou au quart, je l'ai filtrée. Il faut remar- quer que pendant ébullition la liqueur avoit une odeur fort fulphureufe, & à donné des marques d’urineux volatil comme dans l'opération fimple du Kermès fait à l'ordinaire par ébullition. La liqueur ayant été filtrée toute bouillante par un double papier fur une jatte de porcelaine où j'avois eu la précaution de mettre deux pintes d'eau bouillante pour les raifons que je dirai ci-après, il s’en eft précipité à l'ordinaire une poudre D'ESLLSACIIEIN CES 17 rouge en refroidiffant. J'ai décanté & filtré la liqueur froide, “& l'ai reverfée de nouveau fur le marc avec lequel je l'ai fait bouillir. J'ai filtré. Enfin j'ai répété cette ébullition & cette filtration jufqu'à trois fois. A l'égard des mafles qui ne deviennent point humides à Tair, telles que celles où je n’avois mis fur une once d’An- timoine que trois gros de Sel alkali, il ne s’en eft précipité, après une longue ébullition, qu'un magiftere groffier & de couleur d’ocre, qui eft toûjours la couleur d’un Kermès mal préparé, foit qu'il foit fait par la fonte, ou à l'ordinaire par fimple ébullition. Ce qui prouve que cette proportion de trois gros de Sel alkali fur une once d’Antimoine n’eft pas la bonne. La maffe qui en réfulte, doit être regardée comme un crocus metallorum , puifque d’ailleurs on retrouve fur le filtre des particules qui ui reflemblent. Il eft vrai que fi on ré- étoit les ébullitions , & qu'à chacune on adjoëtât un peu de Sel alkali, on parviendroit à réduire toute la maffe en Kermès coloré ; mais ce feroit un travail auffi long que celui dont j'ai parlé dans mon précédent Mémoire, & les Chimiftes qui préparent le Kermès par la fonte, n'ont d'autre objet que d’abbréger ce travail. Cependant quoique cette dofe ne fuffife pas pour réduire TAntimoine en Kermès, elle l'ouvre affés pour qu'il foit de quelque utilité dans les T'ifannes fudorifiques des bois, où Ton fait bouillir ordinairement l’Antimoine crud, enfermé dans un nouet, fans confidérer qu’il ne peut rien communi- quer-à la décoétion, s’il n'eft ouvert auparavant par quelque * Sel ou acide ou alkali. C’eft pour cette raïfon qu'un Empi- rique fameux, dont les T'ifannes ont eu pendant fa vie une grande réputation, préparoit fon Antimoine par la fonte avec 1e fel d'Abfinthe, & le faifoit bouillir enfuite avec les bois. Si avant que de filtrer la liqueur , on la trop évaporée, il fe fait, en refroidiffant, un précipité groffier femblable à un mucilage grumeleux, parce que le Kermès n'eft pas étendu dans une fufhfante quantité de liqueur pour fe précipiter Rr ii 318 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE partie à partie : d'ailleurs dans ce cas de concentration de la liqueur alkaline, faline, fulphureufe & réguline, la grande quantité de Soufre raflemblé dans un trop petit efpace eft bien plus difpofé à fe réunir, & les molécules de ce foufre rapprochées, forment malgré les lotions, fur la maffe des magifteres, une efpece d’enduit réfineux & luifant très-fenfible à la vûë après l’exficcation. Mais la proportion du Sel alkali étant telle qu'il convient, & telle que mes expériences me l'ont apprile, il ne fe forme que la quantité d'hepar néceffaire pour divifer la partie régu- line, la réduire en particules fines qui puiflent traverfer les pores du filtre, & tenir ces particules nettes & libres de cet enduit glutineux qui les réuniroit en des molécules grofliéres, & rendroit la précipitation grumeleufe. De plus, s'il y a trop de Sel alkali, l'excédent de ce {el devient le réduétif du régule, & ce régule réduit eft en pure perte pour le Kermès dont on a l'opération en vüé. Pour remédier à l'inconvénient du rapprochement trop fubit des particules du Kermès, je mets, comme je l'ai dit, de l’eau bouillante dans la jatte placée fous le filtre, afin que fi l'évaporation de la liqueur a été pouffée trop loin, le fel, qui par cela feul fe trouveroit trop concentré, puifle s'étendre de nouveau dans cette eau chaude, & y tenir mieux divifées les parties d'Antimoine qu'il a attenuées. Ce moyen que je propofe retarde la condenfation occafionnée par le froid de l'air extérieur, qui, fans cela, feroit trop prompte. Enfin l'ex- périence m'a convaincu que par ce même moyen le Kermès { précipitoit beaucoup plus fm & d’une couleur plus vive que lorfque je ne mettois point d’eau bouillante dans la jatte. Il faut de plus faire fécher à l'ombre le Kermès, parce qu'à une chaleur trop vive les particules du Soufre fe rapprochent & forment ce Vernis dont j'ai parlé plus haut. Je ne prononcerai point en faveur d'aucun des Sels alkalis que j'ai employés dans ces procédés du Kermès par {a fonte, parce qu'avec tous j'ai eu ce magiftere également beau, lorf- que je les ai employés à une même dofe. D HIS USAGATIENN C'E!S. 319 J'ai obfervé auffi que quelque Sel alkali que j’employafle, foit dans la préparation du Kermès par ébullition, foit dans fa préparation par la fonte, il s’eft toûjours féparé du mélange mis en diflolution dans l'eau bouillante une quantité aflés confidérable de terre blanche. J'ai parlé de cette terre dans a premiére partie de ce Mémoire. De tout ce que je viens de dire, il fembleroiït que la dofe précile d’une partie de Sel alkali qu'il faut mêler avec deux parties d'Antimoine pour le réduire en beau Kermès par la fonte, ne peut fe trouver que par des eflais. J'avoué que c'eft ainfi que je m'en fuis aflüré ; mais j'aurois dû la trouver auffi en réfléchiflant fur l'analogie que cette opération doit avoir avec la maniére dont on fait l'hepar fulphuris ordinaire, qui quand il eft bien fait, doit difloudre l'Or par la fonte, & le rendre, pour ainfi dire, foluble, enforte qu'il puiffe paffer par le filtre lorfque le mélange a été fondu dans l'eau ; or cette proportion d’un /epar bien fait eft de parties égales de Sel alkali & de Soufre fondus enfemble, & la mafle entiére ui en réfulte fe fond totalement dans l'eau fans qu'aucune partie du Soufré s’en fépare. Cela eft connu ; maïs pour que Y'analogie ou plütôt le rapport des deux opérations fût exact, il falloit fçavoir, du moins à peu-près, quelle eff la quantité ‘de Soufre brûlant que l’Antimoine peut contenir. On ne le peut faire autrement qu'en cherchant par différents eflais quelle eft la quantité de Soufre commun qu'il faut rendre à un régule purifié pour le remettre en Antimoine bien ai- guillé : c'eft ce que j'ai fait. Je fupprime les détails, mais je me füis afluré, en faifant tous mes eflais dans des cornuës pour ne rien perdre du mélange, que fr l'on mêle 2 gros de Soufre avec une once de Régule, on trouvera un pain d'Antimoine régénéré en belles aiguilles, & qui ne differe int de Ÿ Antimoine de Hongrie bien choïfi, fans qu'il fe fublime aucune partie de Soufre au col de a cornuë, ce qui arrive lorfqu'on en met davantage. 1 y a encore un autre moyen de s’affürer de cette proportion du Soufre contenu ‘dans l'Antimoine, mais je le réferve pour un autre Mémoire Lie: 320 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe que je donnerai après celui-ci, & qui contiendra la maniéré d'éprouver l'Antimoine & de connoître fa pureté. Non content d'avoir régénéré le régule en Antimoine; par une proportion de Soufre convenable & exactement déterminée (relativement à un morceau d’Antimoine de Hongrie bien choïfr, auquel je voulois Je comparer), je me fuis fervi de cet Antimoine régénéré pour en faire le Kermès par la fonte; j'en ai pris une once réduite en poudre, à laquelle j'ai joint une demi-once de Nitre fixé par les char- bons, & j'ai eu les mêmes fublimations & les mêmes mafles que j'avois euës en me fervant de F’Antimoine de Hon- grie; toute la différence que je crois avoir remarquée, c'eft que la matiére n'a paru plus dure à fondre, que la mafle s'eft trouvée plus brune que les autres; mais lorfque je lai fait difloudre dans l'eau bouillante, il s'en eft précipité un magiftere prefque auf beau que les précédents. Après la précipitation entiére du Kermès, Ia liqueur ou leffive na donné une terre blanche parfaitement femblable à celle dont j'ai parlé ci-devant. La preuve que j'avois rendu au régule, la proportion de Soufre qui lui étoit néceffaire pour en refaire de l'Antimoine, c'eft que s'il n’y en eût pas eu afés, j'aurois trouvé du régule en fondant cet Antimoine avec demi-partie de Sel alkali, parce que le Sel alkali ne détruit point le régule, lorfqu’il agit feul, & s'il y avoit eu trop de Soufre, l'excédent fe feroit fublimé en fleurs pendant la régénération : or pour faire voir que le Sel alkali feul n’attaque point le régule purifié, & n’en peut féparer un magiftere femblable au Kermès, c’eft que fi l'on fond du régule réduit en poudre, & mêlé avec du Nitre fixé, il n’y a que la partie non fixée de ce fel qui agifle en fulminant légérement, & qui réduife les parties du régule qui la touchent, en une poudre jaunâtre, qui eft une efpece de diaphorétique ; le refte du régule fe fond & s'éleve au-deflus du fel en gouttelettes qui, raffemblées par la folu- tion du fel dans l'eau bouillante, ont prefque le poids du régule employé; ce qui s'en manque eft Ja partie du régule qui ls, Le RS 4 y Ce D ESS ct E Nic E1$. 327 _quia été réduite en diaphorétique par les détonations mo- mentanées, & de la folution du fel, il ne fe précipite aucune articule de Kermès. Toute l'opération fe fait fans aucune perte fenfible du régule, fi à la place du Nitre fixé, on em- * ploye un Sel alkali plus pur, tel que le fel de Tartre; mais les détonations momentanées, prouvent que dans l'opération ordinaire du régule, le régule, quelque purifié qu’il foit par des fontes répétées, contient encore une portion confidé- rable de matiére fulphureufe, plus fubtile, à la vérité, que le foufre groffier & brülant qu'on en a féparé, mais qui fuffit pour faire fulminer le Nitre qui n'eft pas alkalifé, & vrai- 1emblablement c’eft ce principe fulphureux qui eft le véhicule des parties roides de la terre vitrifrable, & qui les aide à picoter, & à irriter le genre nerveux, irritation qui eft fuivie du vomiflement. Ayant donc fait voir que la partie alkalifée du Nitre fixé, . n’attaque point le régule dans Îa fonte, on ne fera pas fur- pris de ce que le liquium du même fel n’agit pas davantage fur ce même régule dans l’ébullition, & de ce que d'une livre de régule, à peine en peut-il détacher un grain de Kermès. : De tout ce que je viens de dire, je conclus que pour avoir le Kermès par la fonte, il faut employer un Sel alkali fixe bien pur; que la proportion de ce fel eft d’une partie contre deux parties d'Antimoine bien pulvérifé, afin que _ Je mélange s'en fafle mieux; que la mafle qu'on retire du mêlange fondu, étant pulvérifée chaude, doit être mife & laiffée dans l’eau bouillante pendant une heure ou deux, avant que de la filtrer; qu'il doit y avoir de l'eau bouillante dans Ja jatte ou terrine qui reçoit cette liqueur faline & antimo- niale, pour les raifons que j'ai dites plus haut; que chaque once d’Antimoine traité ainfi, rend après trois ébullitions + dé la maffe fonduë dans l'eau, depuis $ gros 60 grains juf- qu'à 6 gros 30 grains de Kermès, prefque aufli beau que celui qui eft fait par ébullition, {lon le procédé publié par - ordre du Roy; que cependant il n’eft pas fi doux au toucher, & qu'il lui manque cette efpece de velouté qui fera toüjours Mem. 1735. 322 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyarEr reconnoître celui qui eft fait fimplement par ébullition : quant aux eflets de l'un & de l'autre, confidérés comme remede diaphorétique, je les crois parfaitement femblables. J'ai dit au commencement de là premiére partie de ce fecond Mémoire, que de J’Antimoine traité par les acides, on pouvoit avoir un remede.qui, en petite dofe, faifoit les mêmes effets que le Kermès : comme la préparation en eft très-facile, elle pourroit lui être fubftituée, fur-tout dans les Hôpitaux. Voici à cette occafion de quelle maniére les acides agiflent fur ce minéral. J'ai pris pour mes expériences, de l'Antimoine de Hon- grie fendu en lames, felon la direétion de fes aiguilles, afin de mieux obferver ce qui fe pafferoit. Ni l'huile de Vitriol blanche & concentrée, ni éelle qui a été affoiblie par de l'eau commune, n’agiflent point à froid fur ces lames d'Antimoine, ni fur les morceaux de régule, cet acide obfcurcit feulement le brillant des facettes de ce dernier, mais fi on met dans une cornuë un demi-gros de femblable régule bien pur, & par-deflus quatre parties ou 2 gros d'huile de Vitriol blanche & concentrée; au premier degré de chaleur, l'huile de Vitriok deviendra brune, il s’en élevera une odeur de Soufre très-fuffoquante, qui augmentera à mefure que le récule fera pénétré & corrodé par l'acide, car il ne s'en fait pas de véritable difiolution. En augmentant le feu, il s'en fépare une matiére qui paroïtmucilagineufe, & lorfque l'huile a commencé à bouillir, le régule fe réduit en une maffe faline blanche, comme cela arrive au Mercure dans l'opération du Turbith minérai, i fe fublime au col de la cornuë un véritable Soufre, enfin toute l'huile de Vitriol pañle dans le récipient, & laifle dans la cornuë, le récule réduit en une mafie blanche, tumefiée & faline; le feu étant éteint, on a féparé la cornuë de fon récipient, & aufli-tôt que l'air extérieur a pü y entrer, il en eff forti une vapeur fulphureufe, blanche & épaiffe comme la liqueur fumante qui eft préparée avec le Sublimé corrofif & l'Etain. 40] RE DES} SC { E NICMIS 1! ges La mafle blanche & faline de la cornuë pefoit 70 grains, donc elle avoit augmenté de 34 grains, augmentation qui ne peut venir que de l'acide vitriolique qui s’étoit concentré dans le régule, & l'huile de Vitriol reçüë dans 1e récipient; avoit fait à peu-près cette perte, & de plus elle s'étoit adoucie confidérablement. 1 . Cette maffe faline m'a paru trop cauftique, pour pouvoir être employée intérieurement. Je n'ai point fait cette expérience avec l'Antimoine, parce qu'elle eft décrite dans les obfervations de Frederic Hoffman, & que je n'aurois pû en rien dire de plus que ce qu'il en a rapporté. L'efprit de Sel le plus pur n’agit point fenfiblement far lAntimoine, ni fur fon régule, mais il détache de l’Anti- moine en morceaux, quoique lentement, quelques flocons legers & fulphureux. I n'en eft pas de même de l'acide du Nitre, il attaque peu à peu ces fames d’Antimoine, il s’en éleve une grande quantité de bulles d'air; lefprit de Nitre, pendant cette fermentation, prend peu à peu une couleur verdâtre tirant fur le bleu, & fi on n'a pas mis dans le vaifleau plus de cet efprit acide qu'il n’en faut, il s’imbibe prefque totalement dans ces lames, les pénétre & les écarte felon la direction de leurs aiguilles ; s’il y a trop de cet acide, c’eft-à-dire, - sil furnage l’Antimoine, il détruit ces lames, & les réduit en poudre blanche. Mais fi limbibition de l'acide s’eft faite lentement, on découvre entre ces lames gonflées, dé petits criflaux falins & tranfparents, qui végetent peu à peu, à la maniére des Pyrites, dans lefquelles on apperçoit affés fouvent des petits criftaux de Vitriol qui n’ont pas encore de figures bien dé- terminées ; ces petits criflaux des lames antimoniales {ôht entremêlés de parties jaunés qui, détachées avec foin, brülent comme le Soufre commun. J'ai fait ce que j'ai pû pour féparer une certaine quantité de ces petits criflaux, mais je n'ai pû y pod car ils ij Page 2 724 324 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Roy4LE difparoiffent peu de temps après qu'ils font formés, & font recouverts apparemment par la poudre blanche ou magiftere qui {e forme fucceflivement, à mefure que l'acide du Nitre délie & fépare les particules aiguillées de l'Antimoine. Mais quoique je ne puifle faire voir de ces petits criftaux formés de l'union de l’efprit de Nitre avec l’Antimoine, la formation de ce {el nitreux antimonial n’en eft pas moins réelle, & d’ailleurs j'en retrouve de femblable, fi à l'Antimoine, je fubftituë fon régule. Il faut cependant beaucoup d'attention pour féparer ces criflaux ; aufli-tôt que l'air les frappe, ils perdent leur tranfparence, & fi on laifle le réoule fe réduire en magiftere jufqu’à un certain point, on ne les peut plus reconnoître. Ainfi pour bien obferver ces criftaux, il faut caffer le régule en morceaux, les mettre dans une capfule de verre, & verfer de l'efprit de Nitre jufqu'à la moitié de la hauteur de ces morceaux, en forte qu'ils n’y foient point noyés. Cet acide les pénetre, les exfolie en écailles blanches, & c’eft fur Ja furface de ces écailles que les criftaux fe forment d’un blanc mat. Ces criflaux végetent & croiflent en forme de choux- fleurs dans l’efpace de deux ou trois jours : c'eft alors qu'il faut les retirer pour qu’ils ne foient pas confondus dans le magiflere blanc qui continuë de fe former, & qui ne per- mettroit plus de les diftinguer. L’efprit de Sel qui feul ne paroît pas attaquer lAntimoine, le réduit cependant en magiftere blanc lorfqu'on y a adjoûté lefprit de Nitre, mais le mélange de ces deux acides ne forme avec ce minéral aucune apparence de criftaux. Les lames d’Antimoine deviennent jaunes en peu de temps, ül s'en éleve des vapeurs nitreufes très-fétides , cependant la liqueur acide ne paroït pas retenir beaucoup de parties du minéral, ou, ce qui revient au même, elle précipite très- vite ce qu'elle en avoit retenu, & lorfqu'elle l'a précipité, l'huile de Tartre qu'on verfe deffus ne fait plus avec elle aucun précipité. Ainfi ce n'eft pas aflés de dire, comme quelques Chimiftes vofE su rentre Niict Efs: LE ÿhatol Pont écrit, que l'Eau-régale eft le diflolvant de 1a partie ré- guline de l’Antimoine, il faut adjoûter que F Eau régale doit être verfée fur l’Antimoine & fur fon régule en grande quan- tité; d’ailleurs l'Eau -régale qui fait cette diflolution, doit être compolée de quatre melures d’efprit de Nitre & d’une melure d'efprit de Sel. L’efprit de Nitre régalifé par le Sel am- moniac ne diflout pas fans précipitation comme le fait cette Eau-régale. | Dans deux onces d'une Eau-régale compolée, comme je viens de le dire, j'ai diflous jufqu'à un gros de régule rompu en petits morceaux, & il faut, pour que [a difiolution fe fafle fans précipité, attendre qu'un petit morceau foit tota- lement diflous avant que d'en remettre un autre ; l'expérience dure du temps, mais on fçait qu’il faut avoir recours à tous les moyens de s'aflürer d’un fait qui pourroit être contefté. IL faut auffi faire obferver que cette liqueur, à mefure qu'elle fe charge du régule, prend une belle couleur d'or qu'elle perd infenfiblement par l'évaporation des vapeurs blanches qui s'en élevent continuellement. La même Eau-régale diflout auffi dans l’'Antimoine, & avec les mêmes précautions, la partie réguline qui eft dans les morceaux de ce minéral qu'on y jette les uns après les autres. Le diflolvant ayant enlevé cette partie réguline, le refte des morceaux d'Antimoine, devenu par-là plus léger, furnage ; qu'on les enleve & qu'on les examine, on verra que c’eft la partie du Soufre que l'Antimoine contenoit. Je nai trouvé jufqu’à préfent que cette Eau-régale, com- . pofée, comme je l'ai dit, de quatre mefures d’efprit de Nitre & d'une mefure d’efprit deSel employée au poids de 1 6 gros fur un gros de régule & fur un poids un peu moins fort d’Antimoine, qui fafle une diflolution totale ou complette du régule, au lieu que l’efprit de Nitre, régalifé par le Sel ammoniac, abandonne & laifle précipiter aflés vite la petite partie de régule qu'il a difloute, comme feu M. Lémery Fa obfervé. M. Lémery avoit fait plufieurs res avec ces Si 326 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royarr magifteres, & je m'étonne qu'on n’en ait pas confervé l ufage dans les Hôpitaux & dans les campagnes, où ce remede qui coûte peu, & dont la préparation eft facile, pourroit être fubftitué à beaucoup d’autres remedes antimoniaux plus diff- ciles à préparer. J'ai obfervé plufieurs fois que le précipité de l'Antimoine fait par l’efprit de Nitre, étant bien édulcoré par plufieurs eaux bouïllantes, purge & fait vomir comme le Kermès à la dofe de trois ou quatre grains ; que celui qui eft fait par l'Eau-régale ordinaire, étant de même bien lavé, purge par les felles à la même dofe, & que donné à Ia dofe d'un grain, il agit comme diaphorétique : plufieurs petits Enfants de pauvres gens, attaqués de maladies d’obftructions & de fiévres, ont été d’abord foulagés, & enfüuite guéris par ce remede pris à la dofe d’un grain, on le leur fait avaler beaucoup plus aïfément qu'aucun autre qui auroit du dégoût, ou qui feroit en plus grand volume. messnsSod'E Nommer San SI SUA ES D'UNE THEORIE NOUVELLE D E POMPES. Par M. PIToT. T Es Pompes tiennent le premier rang entre toutes les À _à: Machines dont on fe fert pour élever de l’eau. Leur utilité & le grand ufage qu'on en fait dans tous les Pays, ont porté de très-bons Méchaniciens à travailler à leur perfection, & à en faire un Traité particulier. C'eft ce que M. Mariotte s'étoit propolé, au rapport de M. de la Hire, dans la Préface qu'il a mile à la tête du Traité du Mouvement des Eaux, œuvre poftume de M. Mariotte. M. de la Hire adjotite dans cette Préface, qu'il n’a rien trouvé dans Îes Mémoires & Papiers de M. Mariotte fur les Pompes, qui fût en état d’être donné au Public ; on trouve cependant dans le Traité du Mouvement des Eaux, quelques regles fur les Pompes. M. Parent a beaucoup travaillé fur cette matiére ; il paroït même qu’il a compofé une Théorie des Pompes aflés com- plette, mais fa mort ne lui ayant pas donné le temps de donner cet ouvrage au Public, les recherches que nous avons faites, auffi-bien que plufieurs autres perfonnes, pour avoir des nouvelles de ce AU D ont été inutiles. M. Parent annonce ce Traité dans le 3."° tome de fes Recherches de Phyfique & de Mathématique, après avoir propofé aux Sçavants, huit Problemes fur les mefures les plus parfaites des Pompes; & il adjoûte qu’il n'a pas feint de traiter les huit Problemes de nouveaux, & de les propoler à réfoudre aux Sçavants de l'Europe, comme du moins auffi dignes de leur application qu'aucun Probleme de Géométrie ou d'Algebre. li adjoûte encore que M. Mariotte, dans fon Traité du 23 Novemb ERX Pagersn Page 624 Fig. 1. 328 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Mouvement des Eaux, à la page que nous venons de citer, n'a envifagé qu'une efpece de Pompe qui eft condamnée généralement de tous les connoifleurs, comme ne pouvant être d'aucun ufage, & qu'il la nommée, à caufe de cela, Pompe imparfaite, dans fon Traité des Pompes. Du refte, tout ce qu'on trouve fur les Pompes, foit dans le Traité du Chevalier Morlan, foit ailleurs, ne font que des defcriptions dans lefquelles les vrais principes de ces Machines ne font pointétablis. C'eft cependant de ces principes qu'on peut déduire les moyens de rendre les Pompes les plus parfaites pour en tirer le plus grand effet poffible. Nous donnons dans ce Mémoire les principes généraux & les regles pour toutes fortes de Pompes, en les confidérant d'abord comme n'ayant ni efpace vuide ni afpirant, nous expliquons enfuite les prin- cipes & les regles particuliéres de celles qui ont un efpace vuide, & les regles de celles qui ont un efpace vuide & un afpirant. Enfin nous terminerons ce Mémoire par la folution des huit Problemes propolés par M. Parent. PREMIER, PRIN CAPE. I. Les forces néceffaires pour mouvoir le pifton d’un corps de Pompe avec la même vitefle, ou dans le même temps, font entr'elles en raifon doublée réciproque des furfaces des différentes ouvertures des foupapes ou clapets. Suppofons qu’au bas d'un même corps de Pompe il y ait deux ouvertures ou deux foupapes différentes € & D, & que pendant que le pifton À B afpire ou refoule l'eau par l'une des ouvertures, l’autre foit fermée exaétement ; fi l’on nomme aa la furface du pifton, à & celle de l'ouverture C, & cc celle de l'ouverture D ; il eft évident que la vitefle de Jeau à fon pañlage par l'une des ouvertures comme C, eft plus grande que celle du pifton dans le rapport de la furface de la bafe du pifton à la furface de l’ouverture ; ainfi fera J'expreffion de la vitefle de l’eau à fa fortie par l'ouverture C, mais les forces de eau à fa fortie par des ouvertures différentes DES SCIENCES, 329 différentes avec différentes vitefles, font entr’elles comme les quarrés des vitefles multipliés par les furfaces des ouvertures. Prenant donc le quarré de Te ou = , & le multipliant par db, on aura < pour l'expreffion de la force de l’eau à fa fortie par l'ouverture €’; & fi on met la furface ce de Touverture D à la place de 46, on aura auffi = pour l'ex preffion de la force de l'eau à fa fortie par l'ouverture D. If eft de plus évident que le rapport de la force qui meut le pifton, à la force de l'eau à fon paffage par une ouverture, ft le même que celui de la furface de la bafe du pifton à RP Sr © gr ainfi celle de l'ouverture, on dira donc, 86 : aa 9: rs fera l’expreflion de la force qui meut le pifton pour l'ouverture C, & =: l'expreffion de celle qui meut le pifton J . 6 pour l'ouverture D. Mais < : _ rit: :0t, donc 1a force du pifton pour afpirer ou refouler l’eau par l’ouver- ture C, eft à la même force par l'ouverture D, comme le quarré de la furface de l'ouverture D eft au quarré de Îa furface de l'ouverture C. IT. H fuit de ce principe, que fi deux Pompes ne différent entrelles que par les ouverturés des clapets & foupapes ; pour donner les mêmes quantités d’eau, il faut que les forces des puiflances qui les font agir, foient en raifon doublée réci- proque des furfaces des ouvertures : ce qui paroît un para- doxe, & fait voir combien il eft important de faire ces ouver- tures les plus grandes qu'il eft poflible. JT. On peut déduire encore, en fuivant le même raifon- nement, que fi les ouvertures des clapets font égales & les furfaces des piftons inégales, les forces des puiffances qui meu- vent les piftons font entr’elles comme les cubes des furfaces des piftons ; car fi aa & dd font les deux furfaces des piftons, _& bb celle des ouvertures égales, on aura, comme ci-deflus, 3e : Mem, 173$e | Te 6 G Mes ef Je 330 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE IV. Enfin fi les furfaces des piftons & celles des ouver- tures font inégales, les forces des puifances feront entr'elles en raifon compofée de la triplée des furfaces des piftons, & de la doublée réciproque de celle des ouvertures, car ôn PRE MEET IC APS CTSIRE aura g © 57 4€ EN mi SECOND PRINCIPE. V. Soit que l'on afpire ou que lon refoule Feau dans un corps de Pompe au moyen d'un pifton 42, les vitefles diffé rentes de l’eau, en entrant ou en fortant du corps de Pompe par l'ouverture C, font en raifon foufdoublée des forces em ployées à tirer ou à pouffer le pifton. L Car fi lon nomme P & p les poids ou les forces em- ployées à mouvoir le pifton, Q & q les forces de l'eau à fon paflage par l'ouverture C, & enfin F &u fes vitefles à lh même ouverture; il eft évident que P: Q::p :gq, ou P:p::@Q:9; mais les forces de l'eau à fa fortie par une même ouverture font entr'elles comme les quarrés des vitefles, ce qui donne Q:9:: WV:uu, donc P:p:: VW: uu & V:u::VP:Vp. | TROISIEME PRINCIPE VI. La vitefle de Feau à fon paflage par différentes ou- vertures de clapets ou de foupapes eft toüjours la même, lerf qu'elle eft afpirée ou refoulée par une mème force de pifton. Nonmant p la force de la puiffance qui meut le pifton, aa la fiuface de fa bafe, & x x celle de l'ouverture quel- conque, il eft évident que la force du pifton eft à celle de l'eau à fon pañlage par l'ouverture quelconque de la foupape comme aa eft à xx. Faïfant donc aa : xx ::p: Pr, ce Aume terme fera l'expreffion de la force de l'eau à fon pañlage par l'ouverture x x Si de plus on nomme # fa vitefle, pre- nant le quarré de cette vitefle, & le multipliant par la fur- face de l'ouverture, on aura xx #4 pour une feconde expref fion de la force de l’eau à fon pañlage par l'ouverture xx, > + DÉS SCIENCES 331 1 —xxuH, ce qui donne 4 = VE }; or V2 donc étant une quantité conftante, la vitefle # le fera aufli : ce .que lon peut voir d’ailleurs, car la force du pifton peut être regardée comme le poids Are colomne d’eau contenuë dans le corps de Pompe, & dont la bafe feroit égale à celle du pifton. Divifant le poids p de cette colomne d’eau par fa Dale aa, on aura £ — pour Texpreffion dela hauteur de l’eau ‘dans le corps de Pompe au deflus de l'ouverture; mais les pitees font comme les racines des hauteurs, donc 1 — VE. © VIL I faut obferver que fi dans ce cas les vitefles ” ea: par différentes ouvertures, font toûjours les mêmes, p$2a . 43 Ttij Memories de l'Acad.172$3 P. 87 332 MEMOIRES Dr L'ACADEMIE RoyALE EXEMPLE. Soit la force qui meut le pifton ou le poids p— 4o livres, & la bafe du pifton aa — 1 pied ; fubflituant fes valeurs dans u = V{ le on trouvera la vitefle 4 — 6 piéds 4 pouces 8 lignes par feconde. IX. II fuit du principe & de la regle précédente, que pour connoître la quantité d'eau élevée par une Pompe, il fufht de fçavoir la grandeur du diametre du pifton, celle de lou- verture des clapets, avec la force qui meut le pifton ; car on trouvera la vitefle de l'eau pour toutes fortes d'ouvertures de clapets, après quoi, par le diametre des mêmes clapets &- la vitefle de l'eau, on trouvera la quantité d’eau élevée; & enfin par le rapport entre la furface de la bafe du pifton & celle du clapet, on connoitra la vitefle du pifton. EXEMPLE. Le pifton ayant 1 pied de diametre, & la force p étant de 40 livres, nous venons de trouver que la vitefle de l'eau fera de 6 pieds 4 pouces 6 lignes par feconde, pour telle ou- verture de clapet qu'on voudra; donnons-lui ici 3 pouces de diametre, fa furface fera = de celle d’un pied cylindrique, ainfi pour faire un pied cylindrique, ou $ $ livres, il faut une longueur de 1 6 pieds, mais dans une feconde de temps on a une longueur de 6 pieds 4 pouces 6 lignes, & par conféquent une minute donne 3 82 pieds 6 pouces, dont le poids, à raifon de $ s livres pour r 6 pieds de Tong, eft de 1314liv. 1 3 onces+, ce qui donne par heure 788 80 liv. 10 onc. qui font 1 40 muids£, fr la Pompe eft double, ou qu'elle poufle l'eau continuellement, car autrement elle ne donneroit que la moitié de cette quantité, ou 70 muids À par heure. ! Si l’on veut à préfent connoître la vitefle du pifton, il faut obferver que fa furface étant 16 fois plus grande que celle de l'ouverture du clapet, fa viteffe par feconde ne doit être que la 16.me partie de celle de Feau, ou de 6 pieds = Fi k 4 } i LE £ N Run DE Sr ISNELAUE Nr Cas x 333. Mgr ART 4 pouces 6 lignes, ce qui donne 4 pouces 10 lignes 2 par feconde, pour le chemin ou la vitefle du pifton. X. La furface du piflon, celle de l'ouverture des Joupapes ou clapets, avec la viteffe du piffon, étant données ; regle pour trouver la force qui meut le piflon. ‘ oO à Je nomme aa la furface du pifton, 44 celle des ouver- tures des foupapes ou clapets, la viteffe du pifton, & p la force de la puiflance qui meut le pifton. | H faut en\ premier lieu, trouver la vitefle de l'eau à fa fortie par l'ouverture des clapets ou foupapes: or il.eft évi- dent que cette vitefle eft à celle du pifton en raifon réci proque de celle des furfaces 44 & bb. On dira donc 46 aan ne la vitefle de l'eau à fa fortie par lou: Verturé bb. is La viteffe de l’eau étant connuë, il faut en fecond lieu, trouver fa force : or on fçait que cette force eft égale au poids d’un folide d’eau qui auroit pour bafe celle de l'ou- verture, & pour hauteur celle d’où l’eau devroit tomber pour acquérir cette vitefle, & lon trouve fa hauteur d’où l’eau dévroit tomber pour acquérir une viteflé donnée, en! divifant le quarré de la vitefle par s 6, nombre abfolu ; aïnff H hauteur de ce folide fera EE. Multipliant cette hau- dun 566% du folide d’eau, dont le poids, à raifon de s s livres le pied teur par a bafe aa du pifton, on aura pour la valeur, cylindrique, eft égal à la force p qui meut le pifton ; ainft s auu multipliant ce folide par 5, on aura HE y, EE xXE M PLE. | Si le piffon a 9 poucés de diametre, louverture des clapets 3 pouces, & que la vitefle du pifton foit de 2 pieds par feconde, on aura a — À de pied, b—+, & u— 2. 0 : . Subfituant ces valeurs dans RU RT on trouvera la force p qui meut le pifton, de RABANIES Re SNA Le.) clé 7 ji Tt üj 334 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE = XI: On peut obferver ici que la grandeur ou le chemin du pifton étant connuë ou donnée, celle de la quantité d'eau que la-Pompe peut fournir eft aufli connuë, ainfi on peut réduire fa queftion précédente à celle-ci, une Pompe étant donnée, dont les dimenfions font éonnuës, trouver quelle force il faut appliquer au piflon, pour qu'elle donne une telle quantité d'eau dans un temps donné ! XII. Les diametres des piffons de deux Pompes étant donnés, avec les diametres des foupapes ou clapets ; regle pour trouver le rapport entre les quantités d'eau que ces deux Pompes donneront dans un temps donné, les piffons étant müs avec la méme force. Soit a le diametre du piflon de la premiére Pompe; 2 celui de fes foupapes ou clapets, « le diametre du pifton de la feconde Pompe, & 4 celui de fes foupapes, &-enfin pa force motrice qui meut les piflons. Suivant le troifiéme Principe, la vitefle de l'eau à fon paffage par les ouvertures des clapets, fera exprimée à la premiére Pompe par y£., & à la feconde Pompe par y. Si fon multiplié ces vitefles par les furfaces des ouvertures des clapets ou foupapes,. on aura l'expreffion des cylindres d'eau qui auront paflé par les mêmes ouvertures des clapets ou foupapes, & comme les temps font égaux, les longueurs de ces cylindres feront eñtr’elles comme les vitefles, & il eft évident que les quan tités d’eau écoulées font exprimées par ces cylnidres : or le cylindre d'eau de la premiére Pompe eft 287, & célui de la feconde Pompe eft d4_E.. Donc les quantités d'eut fournies par chaque Pompe dans un temps donné, font entr'elles comme #0 y : dd 2 :: La 4. hhc:add. a € D'où il fuit que les quantités d’eau élevée en même temps ar deux Pompes dont les puiffances ou les forces motrices nt égales, font entr'elles en raifon compofée de la raifon directe des furfaces des ouvertures des clapets ou foupapes, LATE SNS NO A1 ET CT ET SM MI &'de Ia raïfon renverfée des diametres des piftons. Sï les quantités d’eau font égales, on aura bbc—add, & a te .t: db: dd, c'eft-à-dire, que les furfaces des ouvertures des clapets font, dans ce cas, en même raifon que les diametres des piftons. ; ; f'OTIPT SEM EE à: EXEMPLE Les diametres des piflons 7 des ouvertures des foupapes 08 clapets de deux Pompes étant donnés, trouver le rapport, des quantités d'eau élevée par ces deux Pompes daus un tenps donné, par des forces motrices égales ! à Dual je - Si le diametre du pifton de fa premiére Pompe eft de x2 pouces, celui des ouvertures des foupapes de 8 pouce le diametre du pifton de Ja feconde Pompe de 6 pouces, celui des ouvertures des foupapes ou clapets de 4 pouces, EU A ee A ee 2 SP de 5 OU ph: … .: Subftituant ces valeurs dans les expreffions des qüantités d'eau élevée bbc & add, on aura bbc 3 84, &'add—19 3; aïnfi les quantités d'eau élevée feront entr’elles comme 3 84 à 192, ou comme 2 à 1; d'où il fuit que la quantité d'eait élevée par la premiére & plus grañide Pompe feroit, dans ce _ cas, double def quantité élevée par la petite, Mais il faut . obferver que la ‘petite ou féconde Pompé pourroit élever A Feau à une hauteur beaucoup plus grande que celle où la “ premiére Pompe pourroit l'élever; & il eft aifé de voir que ces hauteurs font en raïfon réciproque des furfaces des bafes Rides piffônsiit) © VOWol HS D Sao! RD GOUT HS HE ER OV AP IA TREQ! de EN 1 4 o . Cet exemple approche beaucoup de la comparaïfon des 4 (Lo d'eau élevée par deux Pompes, dont l'expérience N: ut faite cette année, ;au Jardin du Roy, en préfence » des Commiflaires nommés par l'Académie ; a plus grande | étoit une Pompe nouvelle, préfentée par les S.'s Douffans — & Puignere, Provençaux, & la petite étoit une Pompe des Wäffeaux que M. Meinier avoit fait conftruire pour en faire h comparaifon. NORETEItE }5 0) 07e AURAS ES i e LOC aû R, 336 MEMmoires DE L'ACADEMIE RoyaLe Le pifton de la premiére Pompe avoit'un pied de dis- metre, & celui de la Pompe des Vaifleaux $ pouc. s lign. +. Quatre hommes firent agir ces deux Pompes, la quantité d'eau élevée par la nouvelle:& plus grande Pompe, fut à raifon de 87 muids par heure, pendant que la Pompe de la Marine, que les mêmes hommes firent agir, n'en donna que 44 muids par heure, ou, à peu-près, la moitié de ce que la premiére avoit donné. Je me propofai dès-lors de démontrer que cet effet double d’une Pompe fur l'autre, venoit principalement des proportions de grandeur des dia- metres des piftons, & des ouvertures des foupapes ou clapets. XIII. La hauteur à laquelle on veut élever l'eau avec une Pompe, la force motrice qui la fait agir, &r Ja viteffe étant connuës ou données ; regle pour connoître la plus grande quantité d'eau que les Pompes les plus parfaites puiffent élever dans un temps donné. : Je nomme p la force motrice connuëen divres pefant, v fa vitefle ou fon chemin en pieds par feconde de temps, À la hauteur du corps de Pompe, ou la hauteur à laquelle on veut élever l’eau, xx la furface quelconque du pifton du corps de Pompe, & enfin v la viteffe avec laquelle l'eau {e dégorgera dans le réfervoir à fa fortie du corps de Pompe. Si lon multiplie la bafe du pifton xx par la hauteur 4, il eft clair que 4xx fera l'expreflion du volume d’eau müû à a fois par le pifton. Multipliant ce volume par 70 livres, poids d’un pied cube d’eau, on aura 70 hxx pour a valeur en livres pefant de la colomne d’eau foulevée par le pifton, ou du poids mû par la Machine avec:la vitefle v. Or, par la loi fondamentale des Méchaniques, dans toutes Machines, les quantités de mouvements font toûjours égales ; c'eft-à-dire, que le produit de la force motrice par fa vitefle eft toüjours égal au produit du poids mü par la Machine, multiplié par fa vitefle, on aura donc pv—70hxxu : d'où l'on tire la vîtefle avec laquelle l’eau fera élevée & fe dégorgera dans le réfervoir en 4 — —27 Multipliant 7ohxx * cette vitefle par la bafe de la colomne d’eau élevée, qui eft la bafe DES, S © re Ne ris. 337 la bafe même du pifton, on aura CAF pour le volume en partie de pieds cubes d’eau élevée dans une feconde de temps, lequel étant multiplié par le temps donné pour une minute, quel < pie p P P 6o0pv 6pv à à 360pvy on QU OU 774. , & pour une heure, O1 aura pu va pour le nombre de pieds cubes, ou partie de pieds cubes d'eau élevée : Enfin un muid contenant 8 pieds cubes, fe ) : ee D , à 3r0 ; l'on divife ces quantités d’eau par 8, on aura Fr pour l'expreflion des muids d’eau élevée dans une minute, & je pour celle des muids d’eau élevée dans une heure, où nous obferverons que les expreffions des quantités d’eau élevée, font générales pour toutes fortes de grandeurs de Pompes, puifqu’elles ne renferment pas même les expreffions des furfaces des piftons. EXEMPLE LIL On 2 éprouvé qu'un homme en tirant, ou en pouflant horifontalement, fait une force d'environ 25 livres; mais lorfqu'il tire, ou qu'il pouffe verticalement de haut en bas, comme il agit alors en grande partie par le poids de fon corps, il peut, dans ce cas, travailler un certain temps avec une force de 40 à 50 livres, ainfi nous prendrons dans ce même cas, la force de quatre hommes, de 1 50 livres, ce qui eft 37 livres 1 pour chacun. À l'égard de la vitefle, lorfque les hommes travaillent pour une épreuve d'une Pompe ou de toute autre machine, & qu'on veut rendre cette épreuve avantageule, elle peut être prife d'environ 3 pieds par feconde. Ceci pofé, voyons quelle devroit être la quantité des muids d’eau par heure, que là Pompe la plus parfaite qu'il foit poffible, éleveroit à la hauteur de 1 8 pieds, on aura p— 1 50 liv. 2 — 3 pieds par feconde, 4 — 18 pieds. Subftituant ces valeurs dans h, ET , on trouvera cette quantité de 160 muids À par * der … heure, fi la Pompe agifloit continuellement, ou qu’elle eût Mem 1735. ; Vu & MEMOIRES DE L'ACADÈMIE RoYALE un double pifton; car s'il ya la moitié du temps perdu par la defcente du pifton, elle ne donneroit que 80 muids par heure. ExE M PILE II La force motrice étant de 12 hommes, ou de 450 liv. fur le même pied que ci-deflus, la vitefle w de 3 pieds par féconde, & la hauteur 4 de 1 8 pieds. Pour trouver la quan- tité des muids d'eau élevée dans une minute de temps, on fubftituëra cès valeurs dans 245, & l’on trouvera la quantité des muids d’eau élevée dans une minute, de 8 muids —. d 28 PRTINOTPRSOET RE CEA Pour l'élevarion de l'eau dans les Pompes qui ont un efpace vuide. XIV. Les principes que nous venons d'établir, font généraux pour toutes fortes de Pompes, aufli-bien que les regles que nous venons de donner; mais les Pompes qui ont un éfpace vuide, ou un efpace d'air entre le pifton & le clapet qui eft au bas du corps de Pompe, demandent des confidérations particuliéres dans lefquelles nous allons entrer. Tous les Phyficiens fçavent r.° Que le poids de l'Atmo- fphere fait équilibre à une colomne d’eau d'environ 3 2 pieds e hauteur. 2.° Que l'air par fon reffort, fait équilibre aux poids dont il eft chargé. 3.° Que les degrés de fa conden- fation font proportionnels aux mêmes poids; d’où il fuit que l'air près de terre, ou que nous refpirons, doit être regardé comme chargé d’un poids égal à celui d'environ 3 2 pieds de hauteur d’eau, ou environ 27 pouces de Mercure, & que fi l’on en prend un certain volume, pour le condenfer & Île réduire à la moitié, au tiers, ou au quart de fon pre- mier volume, il faut le charger d’un poids égal à une fois, deux fois, ou trois fois le poids de 3 2 pieds de hauteur d’eau, le tout fur la même bafe; & qu’au contraire fi on dilate ce même volume d'air, & qu'on lui fafñle occuper deux fois, DES ScrrNcGESs, 33 ou trois fois, ou quatre fois plus de place, cet air dilaté ne fera plus équilibre par fon reflort qu'à un poids égal à Ia moitié, au tiers, où au quart du poids de FAtmofphere, ou d'environ 3 2 pieds de hauteur d’eau. . XV. Soit maintenant-dans un corps de Pompe ZC, Ia hauteur de lefpace vuide ou rempli d'air groffier, À B Ja hauteur du jeu du pifton, & D le clapet. Lorfqu’on élevera le pifton de B en À, Fair BC fera forcé de fe dilater, & en cet état, ne pouvant plus faire équilibre au poids de l’Atmo- . fphere, l'air extériéur forcera l'eau à monter dans le corps de Pompe jüfqu'à une certaine hauteur CE, ‘en forte que fi la quantité où le volume d'air dilaté AE éft double du vo- lume de l'air condenfé BC, avant qu’on eût tiré le pifton, cet air dilaté ne pouvant plus faire équilibre qu'avec la moitié du poids de ? Atmofphere, il faudroit que la hauteur de l’eau CE, dans le corps de Pompe, fût de 16 pieds, moitié du poids de l'Atmofphere. Mais, en général, fr lon nomme a hauteur À B du jeu du pifton a; celle du vuide BC, b ; celle où l’eau montera au premier coup de pifton, ou CE, x; l'air dilaté AE fera a+ b—x, & la hauteur de la colomne d’eau que cet air dilaté peut foûtenir fera 32 pieds moins x, ou, en faifant , 32—=f, f—x, & lon aura cette proportion ab —x :b::f:f—x, d'où lon tiré xx— fx — ax —5Dx nc. Si la hauteur du jeu du pifton 4a— 2 pieds, celle du vuide b— 8 pieds, on trouvera la hauteur C Æ où l'eau fera élevée par le premier coup de pifton, x=—= 1 pied 7 pouces. XVI. Si lon veut voir à préfent à quelle hauteur il fau- droit élever le pifton, ou le jeu qu’il faudroit lui donner, . pour que d'eau foit élevée par un premier coup de pifton de la hauteur du vuide CB ; alors CE fera égal à CB, & d'air rarefié fera égal à la hauteur du jeu du pifton AB, que je nomme x ; & nommant toûjours la hauteur du vuide -CB, la proportion précédente {e changera dé celle-ci, x 58 u 1 Fig. 3. 4460 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE :: f: f—b, d'où lon tire x — 5; & prenant encore 4 de 8 pieds, on aura x —10 pieds£. D'où lon voit que pour élever Feau par un feul coup de pifton à la hauteur de l'efpace vuide BC de 8 pieds, il faudroit que le jeu du pifton fût de 10 pieds 8 pouces. XVII. Mais on peut diminuer cette grande hauteur du jeu du pifton, en failant fon diametre plus grand, comme lon voit à la Figure 3 ; car fi le diametre du pifton eft double du diametre Z7 de l'efpace vuide, il eft évident qu'un pied de hauteur du pifton en vaudra quatre de celle de lefpace vuide, & l’on peut voir aifément que pour trouver le dia- metre qu'il faut donner au pifton, afin de réduire a hauteur de fon jeu à une autre plus petite, il faut multiplier le quarré du diametre 27 de l'efpace vuide par la grande hauteur du jeu du piflon, divifer le produit par la petite hauteur qu'on veut lui donner, & tirer la racine quarrée du quotient ; ainft Ja hauteur qu’il faudroit donner au pifton, étant de ro pieds? & le diametre B7 de l'efpace vuide de 6 pouces ou + pied, fi l'on veut réduire le jeu du pifton à 2 pieds, il faut prendre le quarré de + qui eft +, le multiplier par 104, ce qui donne £ : divifant par 2, il vient +, dont la racine eft ‘1 pied ou 1 pied 1 pouce 9 lignes pour le diametre qu'il faudroit donner au pifton. XVIHI. Le jeu du piflon AB à la hauteur BC de l'efpace vuide étant donnes , il faut voir x.° Si par plufieurs coups de piflon on parviendra à faire élever l'eau à la hauteur CB , afin qu'il ne reffe plus d'air dans le corps de Pompe. 2° Si l'eau ne peut parvenir en B, trouver la plus grande hauteur où l'on puifle la faire élever. 3° Trouver auff la hauteur d'eau CF qu'il fau- droit mettre dans le corps de Pompe, afin de pouvoir enfuite la faire monter jufqu'en B par plufieurs coups de piflon. Nommant toûjours a le jeu du pifton, 4 l’efpace vuide, & x la plus grande hauteur CF où Von puifie élever l'eau par un grand nombre de coups de pifton, ou bien la hau- teur d’eau CF qu'il faudroit mettre dans le corps de Pompe, ms SO À JE Ne Cm valu 1 1: 34 . Œar ces deux queftions fe réfolvent à la fois. Cela polé, if eft évident qu'au dernier coup de pifton, l’eau étant fuppofée élevée en F, la quantité d'air condenfé {era B Fou b—x, & l'air rarefié fera À Fou a+ b— x, car on fuppofe que le dernier coup de pifton n’a pü augmenter l'élevation de Yeau, on aura donc cette proportion a-b—x : b—x :: f > f—x, d'où l'on tire x De de VER — àf1. On voit aifément que les deux valeurs de x, ou les deux racines, ne peuvent être que pofitives ou imaginaires. Lorf qu'elles font pofitives , la plus petite donne la plus grande hauteur où l'on puifie élever l'eau, en continuant de pomper, & réfout par conféquent la premiére queftion, & la plus grande donne la hauteur d’eau qu'il faut mettre dans le corps de Pompe, afin de pouvoir enfuite la faire élever jufqu'au pifton, ce qui réfout la feconde queftion. On voit auffi que plus fa quantité 4, ou le jeu du pifton, fera grande par rapport à l'efpace vuide 2, plus la hauteur où lon pourra élever l'eau fera grande ; or on ne peut rendre les racines imaginaires que par l'augmentation de la quantité a. Donc lorfque les racines font imaginaires, c’eftune marque que l’eau peut toûjours être élevée jufqu’au pifton. Si le jeu du pifton & eft de 2 pieds, la hauteur 2 de l'efpace vuide de 20 pieds, la petite racine fera d'environ 3 pieds Z., qui marque qu’en continuant de pomper, on ne fçauroit faire monter l'eau plus haut de 3 pieds Z, & lorfqu'elle feroit parvenué à cette hauteur, le clapet D ne s’ouvriroit plus. La plus grande racine 1 8 pieds -£, marque que pour faire par- venir l’eau jufqu’au pifton, il faudroit remplir d’eau l'efpace vuide BC, au moins jufqu'à la hauteur de 1 8 pieds-£. . Le jeu du pifton a étant toûjours de 2 pieds, fi l'efpace vuide à eft de 12 pieds, on aura x —=7 —E y/49 — 64), ‘& les deux racines étant imaginaires, c’eft une marque, comme nous avons dit, qu'en continuant de pomper, on élevera l'eau jufqu'au pifton. Mais fi avec ce même jeu de pifton de qpel, l'efpace u ii Fig. 4 & Se ' 42 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE vuide à eft de 14 pieds, on aura x—8 + yo qui marque qu'en continuant de pomper, l'eau pourra, dans ce cas, être élevée jufqu’à la hauteur de 8 pieds, & que de plus on ne fçauroit jamais la faire élever plus haut, quand même on mettroit d'abord 8 pieds de hauteur d’eau dans fefpace vuide ; mais que fi l’on en met un peu plus que des 8 pieds; alors on léleveroit en pompant jufqu'au pifton, ce que M. Mariotte a fort bien remarqué. PRINCIPES Er REGLES De l'élévarion de l'eau dans les Pompes qui ont un efpace vuide à un afpirant. Ayant nommé, comme ci-deflus, le jeu du pifton 4B, a; l'efpace vuide BC, b ; nous nommerons l'afpirant CL, c; & x la hauteur inconnuë où l’eau fera élevée par le jeu du pifton. Nous fuppoferons dans la fuite, qu’on a réduit par l'art. 1 6 le diametre du pifton & celui de l’efpace vuide au diametre de l'afpirant, lorfque la longueur de l'afpirant eft connué, ou réciproquement qu'on a réduit le diametre de l'afpirant à celui de l'efpace vuide, ou à celui du pifton, ce qui eft toù- jours très-facile. Si lon veut avoir {a hauteur x, où l’eau fera élevée dans lafpirant par un premier coup de pifton, il eft évident que l'air condenfé fera bc, &V'air rarefié fera a+ c—*, & lon aura par l'art. 14 cette proportion a b+c—x; :bc:: f: f—x, d'où lon tire cette équation xx —fx — ax — bx—cx— — af, de laquelle on déduira aifément la valeur de x. Si lon fait c—x, c'eft-à-dire, fi l'on veut que la lon- gueur de fafpirant foit telle que l'eau puifle être élevée juf- qu'au clapet D par un feul coup de pifton, on aura enr E —x. Cette longueur de l'afpirant feroit fort petite ; voyons à préfent quelle eft la plus grande longueur qu'on puifle lui donner. Or il eft évident que pour que la Pompe puifle faire | nr DES: S.C-L'E NN, GES 343 fon effet, il faut que par le jeu du pifton on puifle faire élever l’eau, au moins jufqu'au clapet, ou, ce qui eft le même, que la hauteur x, où l’on peut faire élever l'eau, foit au moins égale à la longueur de l'afpirant ; fuppofons-les égales, on aura, fuivant ce qui a été dit, l'air condenfé B+-c—x—4, & Vair raréfié a+—b+c—x—a+ tb, puifque nous fuppofons x — c, on aura donc cette proportion a + :b::f:f—x, c'eft-à-dire, qu'en toute Pompe afpirante a fomme du jeu du pifton & de l'efpace vuide eft à l’efpace vuide, comme 32 pieds, hauteur de la colomne d'eau, égale äu poids de l’Atmofphere, eft à la même colomne moins la plus grande hauteur qu'on puifle donner à l'afpirante ; d’où l'on peut conclurre en général, qu'une Pompe fera d'autant meilleure, ou, pour me fervir de l’expreflion de M. Parent, d'autant plus parfaite, que l'afpirant_& l'efpace vuide feront moindres par rapport au jeu du pifton. … C'eft principalement de cette proportion que nous allons déduire très-aifément les réfolutions des huit Problemes de M. Parent, dont nous prendrons les énoncés dans les propres termes qu'il les a propolés. PROBLEME, I » Etant données les hauteurs du jeu du piffon 7 du vuide du corps de Pompe , trouver tant © de Ji parfaites Pompes qu'on voudra ! En nommant, comme ci-deflus, 4 le jeu du pifton, Z Yefpace vuide, f la colomne d’eau égale au poids de l'At- mofpheré, & x la hauteur inconnuë de lafpirant, on aura, par la proportion ci-deffus, a :8::f: f—x, d'où lon tire un nXe _ Sia—8, b—2, f—32, on trouvera la valeur de x, où la plus grande longueur qu'on puifle donner à l'afpirant, de 25 +, ainfi tous les nombres au deflous de 2 5 +, comme 45, 20, &c. étant pris pour afpirant, compoferont, avec 8 pour jeu du pifton & 2 pour l'efpace vuide, une pompe _ parfaite, & d'autant plus parfaite, que le nombre pris pour , . 344 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE afpirant fera au deflous de 2 5 &. Voilà la pratique numérique de M. Pärent. IL eft clair que fi x—4a+-6, on aura auffi ÿ/af —a+-b). PROBLEME IL Etant données les hauteurs du jeu du piflon ér de l'afpirant trouver tant à de fi parfaites Pompes qu'on voudra ! Ayant nommé la hauteur du jeu du pifton a, celle de Tafpirant c, & la hauteur inconnuë de l'efpace vuide x, la proportion ci-deflus fera ax : x :: f: f—c; d’où lon tre EE = x. Si a=8; = 268,132 ‘on toire Z) pour la plus grande hauteur qu'on puifle donner à l'efpace vuide, ainfi tous les nombres moindres que 2, comme +, +, 1, &c. étant pris pour l’efpace vuide, compoferont avec 8 pour jeu du pifton, & 25 & pour afpirant, une Pompe parfaite, & d'autant plus parfaite que le nombre pris pour efpace vuide fera au-deflous de 2, cç qui eft la pratique numérique de M. Parent. P R:O0-B L' EM:E": LIE Etant données les hauteurs de l'afpirant à du vuide réduit à la groffeur de l'afpirant, trouver tant © de fi parfaites Pompes qu'on voudra ! Nommant la hauteur du vuide 4, celle de l’afpirant c; & la hauteur inconnuë du jeu du pifton x, on aura + x y MEN PR Ê Be nes-1nE :b::f:f—c; d'où l'on tire = = * Si b— 2, c—25 À. Subftituant ces valeurs, on aura la hauteur du jeu du pifton x —=8, & tout nombre au- deflus de 8 compofera, avec le vuide 2 & F'afpirant 25 à, une Pompe parfaite, & d'autant plus parfaite que le nombre au-deflus de 8 fera grand, ce qui eft la pratique numérique indiquée par M. Parent. PROBLEME IV. pen aBnO ENT Cirèmal ag PROBLEME IV. … Etant données les hauteurs du jeu du piflon, à la fomme des hauteurs de l'afpirant &r du vuide, le tout réduit à la groffeur de l'afpirant, trouver tant à de fi parfaites Pompes qu'on voudra ! Soit 4 le jeu du pifton, à la fomme des hauteurs du vuide & de l'afpirant, & x la hauteur du même afpirant, b—x fera celle du vuide, & la proportion fera a b—x : b—x 2: f: f—x; d'où l'on tirera la hauteur de lafpixant, ou {a valeur de x —-2+? + VIE) af]: Otant cette valeur de 2, il reflera celle du vuide égale . à 2e (HE) 0f]. Subftituant enfin les valeurs de # b & f, on tombera dans la pratique numérique de M. Parent. PROBLEME V. Etant données la hauteur de l'afpirant, 7 la Jomme des hauteurs du jeu du pifion &r du vuide, trouver tant à de fi parfaites Pompes qu'on voudra ! Soit c la hauteur de Fafpirant, 8 la fomme du jeu du pifton & du vuide, & x la hauteur inconnué du jeu du pifton, b— x fera celle du vuide, & la proportion fera à : b—x safie pe d'où lon tire x = += qui donne la pratique numérique de M. Parent. : PROBLEME VI. Etant données la hauteur du vuide avec la fomme des hauteurs » de l'afpirant & du jeu du piflon, trouver tant 7 de fi parfaites —. Pompes qu'on voudra! _ Si b eft la hauteur du vuide, à la fomme de Ia hauteur de l'afpirant & du jeu du pifton, & x la hauteur de F'afpi- xant, celle du jeu'du pifton fera a— x, d'où il eft aïfé de » voir que la proportion fera a—x +0 : b::f:f—x; d'où lon tire x — rat EE — af]: Mem. 1735. Xx 46 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Or la hauteur de l'afpirant étant connuë, on trouvera auffr celle du jeu du pifton. PROBLEME VIl Eïant données la hauteur de l'afpirant, avec la Jomme du vuide dr de la moitié du jeu du pifion, trouver tant € de fi parfaites Pompes qu'on voudra ! Soit c la hauteur de Tafpirant, à la fomme de la moitié du jeu du pifton & du vuide entier, & x le vuide entier, b—— x fera la moitié du jeu du pifton, & la fomme du jeu du pifton & du vuide fera 24— x. Cela polé, il eft évident que la proportion fera 26—x:x::f:f—c; d'où lon 2bf—2bc Taf—e métriquement ou en ligne, on trouvera la pratique géomé- trique que M. Parent a donnée. PR QRHIE.ME. ); V ILE Etant données les fommes de la moitié du jeu du piflon 7 du vuide entier, 7 de la même moitié du jeu du piflon &r de l'afpirant entier, trouver tant 7 de f parfaites Pompes qu'on voudra ! Je nomme a la fomme de la moitié du jeu du pifton & du vuide entier, à la fomme de la moitié du jeu du pifton & de Fafpirant entier, & x la moitié du jeu du pifton ; donc la hauteur du vuide fera a—x, celle de l'afpirant fera b—+, la fomme du jeu du pifton & du vuide fera 2x4 a—x, ou ax Cela pofé, ïl eft évident que la proportion fra ax :a—x::f:f—tdb+4x; d'où l'on tirera ps TA, pts 06 On peut conftruire cette égalité géométriquement par plufieurs méthodes, dont l'une donnera la pratique géomé- trique propofée par M. Parent, aïnfi que nous l'avons vérifié, mais il nous a paru qu'il feroit très-inutile d'entrer ici dans les détails de fa conftruétion, en employant la même figure dont il s’eft fervi. tirera x — . Si Pon conftruit cette égalité géo- PNIEINS Men. de lead 17385. pl33. pag 3 46 , Men de Elad 1788 pls3. pag 346 2 724 " DES SCciENcESs, 347 RECU E. RC HE. S SUR LA LUMIFRE DES DIAMANTS, ET DE PLUSIEURS AUTRES MATIÉRES. Par M. pu Fay. S: L eft vrai de dire que la maniére exacte & fcrupuleufe 14 Decemb, 7 dont on étudie préfentement la Phyfique, a fait difpa- 1735: roître la plüpart de ces expériences fabuleufes qui fe trou- vent dans les Ecrits des Anciens, il faut avouer néantmoins que nous avons fouvent pris pour fables, des faits finguliers qui n'étoient pas aflés détaillés, pour que nous puffions aifément les vérifier, ou’ qui nous paroifloient fi peu vrai- femblables, qu'il fmbloit y avoir trop de crédulité à en faire l'épreuve. M: de Reaumur a déja rétabli honneur de Pline en . Mémoires de plufieurs occafions, & principalement dans fon Mémoire a 1 fur les Dails, où il fait voir que ce qui fe trouve dans Pline, au fujet de la lumiére que ces Coquillages produifent dans kb Fobfcurité, eft exactement vrai. Je pourrois citer plufieurs autres exemples de faits qui, après avoir été long-temps foupçonnés de faufleté, ou du moins d’une exagération ex- ceflive, fe font trouvés en tous points conformes à la vérité, mais ce détail ne feroit pas fort utile, & il vaut mieux en venir à un exemple plus récent de ces efpeces de prodiges qui, ayantété non-feulement révoqués en doute, mais encore trop méprifés pour que perfonne daignât les réfuter, fe trouvent enfm vérifiés par l'expérience. Pline rapporte qu'il y a des Pierres dans lefquelles on voit … briller une efpece de lumiére ou de flamme, & qu'il y en Mu a d'autres qui paroiflent quelquefois remplies d’étincelles … lumineufes, #7 Phlegontide intus ardere quædam videtur flamma ; 1 374 ; Xx ij L Ÿ Cap. 37. Lib. 8.c.22. de natura ani- #al, fa. lb, r 6. Cap, 17: 348 MEMOIRES Dr L'ACADEMIE RoyALE quæ non exeat. Et plus bas : in Anthracitide fcintillæ difeurrere aliquando videntur. Solin parle à peu-près dans les mêmes termes de ces deux Pierres qu'il nomme cependant un peu différemment, il dit: Phlogites offentat intra Je quafi flammas æfluantes ; Anthracias corufcat velut [cintillantibus flellis. W n'eft pas queftion main- tenant de difcuter quelles font les Pierres dont ces Auteurs entendent parler; tous les Commentateurs de ces Naturaliftes y ont travaillé fans pouvoir s’accorder fur ce point, & nous verrons dans la fuite, que cette propriété de rendre de Îa lumiére, qui eft ce qui fait aétuellement notre objet prin- cipal, n'eft pas, à beaucoup près, capable de caractérifer ces fortes de pierres; d’ailleurs il paroït par la fuite du pañage de Pline que nous venons de citer, qu'il n'avoit pas été témoin oculaire de ces faits, & même qu'il nétoit pas convaincu de leur vérité. Ælien raconte qu'une femme de Tarente, nommée Heracleis, ayant guéri une Cigogne qui s'étoit caflé la jambe, Ja Cigogne touchée de reconnoiffance revint l'année füivante, & s'étant approchée de cette femme, laïfla tomber dans fon fein une Pierre qui étoit fi lumineufe pendant la nuit, qu’elle éclairoit la maifon, comme s’il y eût eu plufieurs flambeaux allumés. , Hfidore de Seville parle d’une maniéreun peu plus détaillée, de la Pierre appellée Ceraunia ou Pierre de foudre, & ce qu'il en dit auroit pû nous conduire à quelques découvertes, ff cet Auteur avoit mérité plus de confiance, & qu'il n'eût pas mêlé indiftinétement les fables les plus extravagantes avec des récits véritables, il dit : Cerauniorum duo genera funt, unum quem Carmania mittit cryffallini fimilem, fplendet tamen cæruleo, © fi fub divo pofitus fuerit, fulgorem rapit fidereum, ce qui femble défigner une pierre bleuâtre, tranfparente & criftalline qui, étant expofée à la lumiére du jour, simpregne des rayons de lumiére, & la conferve dans l’obfcurité. I parle enfuite des Efcarboucles, & dit qu'il y en a de douze efpeces, qui font lumineux dans les ténébres ; que celui appellé Lignis, me - DE: Sr S Cod EUNI-C BST TT 349 étant expolé au Soleil, ou frotté avec les doigts, pañfe pour attirer les pailles ou les fils déliés; qu'un autre appellé Chryfoprafe paroît d’or le jour, & tout de feu pendant la nuit; le refle n'eft qu’un amas de merveilles ridicules, maïs on voit dans ce que nous venons de rapporter, quelques traces des . expériences dont nous rendrons compte dans la fuite. Des Auteurs plus modernes, & incomparablement plus exaéts, ont parlé bien différemment, & femblent douter extrémement de toutes ces merveilles rapportées par les Anciens. Laët, en parlant des Anthraces, des Pyropes, & de TEfcarboucle, dit que l’on croit communément que ces pierres brillent dans les ténébres-comme un charbon ardent, mais qu'il n’a jamais reconnu cette vertu dans aucune Pierre, quoique cela foit avancé témerairement par quelques Auteurs. Vulgo creditum fuit carbonis inflar in tenebris lucere, quod tamen de nulla Gemma habemus deprehenfum , licet à qui- bufdam temere jaéfetur. On voit par-là qu'il s’en falloit beau- coup qu'il fût perfuadé de la vérité de cette propriété des Efcarboucles. Louis Vartoman rapporte que le Roy de Pegu porte des Efcarboucles fi gros & fi brillants, que quiconque regarde ce Roy dans Îles ténébres, le voit lumineux comme s’il étoit éclairé du Soleil, mais cet Auteur n’en parle que fur le rapport . dequelques Voyageurs, & Boëtius de Boot qui cite ce paflage de Vartoman, & un autre de Garcias ab horto, fx un fait à peu-près femblable, doute qu'il y ait des pierres qui foient Zumineufes dans l'obfcurité; il_ne dit pas cependant que la chofe foit impoffible, mais il ne croit pas que perfonne ofe raflürer qu'il.a vû une pierre précieufe lumineufe pendant la nuit. Verum hattenus nemo unquam vere afferere aufus fuit fe uGemmam noce lucentem vidiffe. CA | .« Pierre de Rofnel, dans fon Mercure Indien, dit pofitive- ment qu'il n’y a point d'Efcarboucles, ou de pierres lumi- meufes dans l’obfcurité, & il croit que celle qui portoit ce nom chés les Anciens, n’eft autre chofe que le Grenat-cabochon, ou la Vermeille. Louis de Berguen eft du même fentiment X x ii Laët de Casa bunc. à Rubirs Boëtius de Boot, kb.2. cap. 8. de Lapid. 7 Gem; in Jpecie, % Les merveilles des Indes Orien- tales à Occiden- sales, Berivenuto Céllini, lib. 1. P- 10. dell'arte del gioellare. o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & croit que l'Efcarboucle, ou l'Anthrax des Grecs, n'eft proprement qu'un Grenat. Ï n'y a rien jufqu'ici qui puifle nous porter à croire qu'il exifte réellement des pierres lumineufes dans l'obfcurité; les Auteurs anciens qui le rapportent, ne difent rien d’aflés précis pour nous y déterminer; ceux auxquels on feroit le plus tenté d’adjoûter foi, n’en parlent eux-mêmes, qu’en infinuant qu’ils en doutent extrémement ; & ceux qui en parlent affr- mativement, font tombés dans un tel difcrédit, par les fables: ridicules dont leurs Ecrits font remplis, qu'il n’y a qu'une crédulité exceffive qui puifle engager à tenter quelque expé- rience fur leur parole. Je ne crois pas devoir compter parmi les autorités favo= rables à l’exiftence des Efcarboucles, ce que les Auteurs. Arabes nous en racontent dans leurs Romans ingénieux, ils n'ont certainement pas eu intention de nous faire croire ce qu'ils en ont dit. Mais ne peut-on pas foupçonner que quelque chofe de réel a donné lieu aux defcriptions mer- veilleufes qu’ils en font? du moins voit-on par-là que l'idée des Pierres brillantes dans l'obfcurité, a été affés univerfelle- ment répanduë, & qu'il y en a des traces dans tous les lieux & dans tous les temps où lon a eu la connoïffance des Pierres précieufes. Voyons maintenant ce qui eft rapporté en faveur de ces Pierres par des Auteurs qui méritent plus de confiance. Benvenuto Cellini, Sculpteur & Orfévre à Florence, dit qu’ y a des Rubis qui font naturellement blancs, fans que ce foit par le fecours du feu, comme cela fe pratique à l'égard de plufieurs pierres; que la blancheur n’en eft pas parfaite, mais livide & à peu-près femblable à celle de la Calcédoine; que cette pierre n'a nulle beauté, & n'eft d'aucune utilité,) mais que fa feule dureté la fait mettre au rang des Rubis. H'adjoûte enfuite qu'ayant promis de dire quelque chofe: de 'Efcarboucle, qu'il appelle en Italien Carbonchio, il va dire cé qu'il en fçait pofitivement. I'aflüre que du temps de Clement V I], il vit un Efcarboucle entre les mains d'u DATES SAS UCA'E At Cm M 35% æarchand de Ragufe, que cette pierre étoit d'un blanc livide pareil à celui dont il vient de parler à l'occafion des Rubis blancs, & quelle retenoit en elle-même une umiére fi admirable, qu'on la voyoit briller dans les ténébres. A4 siteueva in fe un fulgente tauto piacevole & mirabile, che egli refpleudeva nelle tenebre. M adjoûte que cette fumitré n’étoit. pas aufii vive que celle des Efcarboucles de couleur, mais qu’il avoit vüë dans l'obfcurité, briller comme un feu qui commence un peu à séteindre. Il dit enfuite qu'il n'a jamais vû d'Efcarboucles de couleur, mais qu'un Gentilhomme Romain, fort expérimenté en matiére de Pierreries, lui avoit raconté qu'un certain Jacques Cola, à la faveur del'obfcurité deda nuit, en avoit trouvé un dans fa vigne, qu'un Ambafia- deur de Venife l’avoit acheté dix écus dece payfan, & l'avoit wendu cent mille écus à un Empereur dès Turcs. | -: Cette derniére hiftoire n'étant rapportée ‘par Cellini, que : comme un fait qu'il a entendu dire, peut bien être révoquée en doute, mais on ne peut pas dire la même chofe de celui dont il aflure avoir été témoin oculaire, & la façon avan- tageufe dont Boyle parle, en plufieurs endroits, de Céllini, auroit dû donner plus de poids à fon témoignage ; cepen- dant nous ne voyons pas que cela ait engagé perfonne à faire les expériences néceflaires pour s'afitrer f1 la chofe ‘étoit véritable. 4 J'ai rapporté dans mon fixiéme Mémoire fur l'Eleétricité, | es principaux phénomenes que M. Boyle avoit obfervés fur un Diamant qui appartenoit à M. Clayton, de qui le Roy Charles Il. Vacheta. M. Boyle, dans fa Lettre au Chevalier Robert Morus, parle de ce Diamant comme d’une pierre unique, & femble avoir ignoré ce qui étoit rapporté à ce fujet par Cellini, ou du moins il n’a pas cru que cela dût s'entendre du Diamant, ou des Pierres précienfes ordinaires; il eft vrai -que dans la fuite, M. Boyle trouva quelques autres Diamants Se faifoient à peu-près les mêmes effets que celui de M. - Clayton, maïs il dit en avoir eflayé plufieurs, fans y avoir _Jien découvert de femblable, ) © AM. du Hamel, Phil. ver. 7 nov. Phyfic. part, 2: differs.2.cap.r. pag. 280. Hif. de l'Ac. . 1707: pr 2: Hifl. de l'Ac. x724.p.58. s2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE M. Bernoulli envoya à l'Académie en 1707, quelques obfervations qu’il avoit faites fur la lumiére que rendent les Diamants étant frottés, M. Caffini le fils vérifia ces obfer- vations, & y en adjoûta d’autres dont il rendit compte à l’Académie ; les unes & les autres fe trouvent en peu de mots dans l'Hiftoire, &c il n’ÿ eft queftion que de la fumiére des Diamants frottés fur le Verre, la Fayence, les Métaux, & divers autres corps folides. Je ne doute pas qu'on ne trouve encore plufieurs autres Auteurs qui ayent parlé de la lumiére des Diamants, ou de quelques autres Pierres ; le Phofphorus Smaragdinus, connu depuis long-temps, & le Phofphore de Berne qui fut envoyé en 1724 à l'Académie par M. Bourguet, peuvent être mis ‘dans cette clafle. Ayant été chargé par l Académie de l'exa- men de ce dernier, je trouvai plufieurs Pierres: précieufes qui, étant chauffées plus ou moins vivement, rendoient de ha lumiére dans les ténébres ; n’ayant point alors d'autre objet que celui de vérifier les expériences du Phofphore de Berne, je ne pouffai pas mes recherches plus loin, & je me contentai de décrire quelques obfervations qui y avoient rapport, & dont il fut fait mention dans l’hiftoire de Ÿ Académie. Ce qui me paroït de plus fingulier, eft que ces différentes expériences, & principalement celles de M. Boyle, ne m'ayent pas alors conduit plus loin, mais fouvent les idées qui fembleroient devoir fe préfenter le plus naturellement, fe refufent à nous dans un temps, & viennent s’y offrir d'elles-mêmes au moment que nous y penfons le moins. Qui ne feroit furpris de ce que M. Boyle qui a imaginé de chauffer le Diamant de M. Clayton à la flamme d'un flam- beau, fur un fer chaud, dans l'eau bouillante, n'ait pas penfé à l'expoler au Soleil? il a cru, fans doute, que la chaleur étoit néceflaire pour le mettre en état de rendre de la lumiére, & il n’a pas foupçonné que celle du Soleil pût être aflés confidérable. J'ai été d’abord dans la même opinion par rapport à Îa chaleur, & après avoir vérifié fur plufieurs Diamants, les expériences _—_——s " DB IGCTIEEN CET EU 353 - expériences rapportées par M. Boyle, j'ai bien reconnu qu'il m'étoit pas néceffaire que le Diamant füt échauffé pour con- tracter une lumiére paflagére, telle que celle qu'il produit étant frotté fur le verre, ou fur les métaux; mais je penfois qu’il devoit être échauffé fenfiblement pour acquérir cette Jumiére permanente & durable, qui fubfiftoit pendant plu- fieurs minutes lorfque le Diamant avoit été approché d’un flambeau allumé, ou expofé à quelqu'’autre chaleur. C’eft dans cette vüë que j'expofai à un Soleil très-ardent pendant g2 minutes, plufieurs Diamants, fçavoir, un blanc d'une très-belle eau, deux jaunes, dont lun étoit moins coloré que l'autre, & du poids d'environ 60 grains, un couleur de rofe, un vert, & un couleur d'amethyfte. J'examinai enfuite tous ces Diamants dans l’obfcurité, & je ne trouvai que les deux jaunes de lumineux, mais ils d'étoient extrêmement, & principalement le plus petit qui étoit le plus haut en couleur; ïls l'étoient même au point qu'ils éclairoïent les autres qui étoient auprès, en forte qu'il _ ame fallut tirer ces deux-1à de l'écrain, pour n'aflürer que les autres n'étoient point lumineux : ces deux diamants jaunes gardérent leur lumiére très-fenfiblement pendant plus de 42 minutes. Quoique tout le monde fçache combien ïl eft néceflaire que ces expériences foient faites dans l’obfcurité la plus par- faite qu'il eft pofñble, je crois qu'il ne fera pas inutile de dire ici un mot des précautions qu’il faut prendre pour voir ces expériences dans toute leur beauté, fans quoi on pourroit . me foupçonner quelquefois d’exagération dans la defcription » que j'en fais, parce que fans ces précautions, les mêmes . expériences réuflifient beaucoup moins parfaitement. Il faut . donc obferver de demeurer au moins un quart-d’heure dans Yobfcurité la plus parfaite qu’il fera poffible, avant que de fe faire apporter les Diamants qui auront été expofés au Soleil; il eft néceffaire d'y être ce temps-là, pour faire ceffer l'ébran- À Jement que la lumiére du jour caufe dans les yeux, & pour que la prunelle, qui s’'étoit extrémement rétrécie pour ne … Mm 1735. Yy 354 MEMOIRES'DE L'ACADEMIE RoyAre laifier entrer qu'une certaine quantité de rayons, tandis qu'on étoit expofé à la lumiére, ait le temps de fe dilater aflés pour en recevoir le plus qu'il eft poflible, des objets les moins lumineux, ou les moins éclairés. Il n'y a perfonne qui n'ait obfervé plufieurs fois en fa vie, que lorfqu’on fort du grand jour, & qu'on entre dans un lieu obfcur, on n’y découvre aucun des objets qu’on y voit facilement au bout d’un quart- d'heure, lorfque les yeux ne fe reflentent plus de l'impreffion du jour. Muis je ne fçais fi d’autres ont remarqué avant moi le peu de relation & l'indépendance qu'il y a à cet égard entre les deux yeux; car fi l'on en ferme un pendant un quart-d'heure, & que l’autre demeure ouvert, la lumiére des Diamants, & des autres Phofphores de femblable nature, fera vüë très-diftinétement de l'œil qui a été fermé, tandis ue l'autre ne l'appercevra en aucune façon, ce qui prouve que cet éblouiffement caufé par le grand jour, & qui rend l'œil infenfible à une foible fumiére, agit fur chaque œil en particulier, & que fon action cefle avant la réunion des deux nerfs optiques de chaque œil. II réfulte de cette obfervation une aflés grande commodité pour la pratique de toutes ces expériences, car on peut fermer un œil fans que cela empêche de faire toutes les petites préparations néceflaires, & dont il eft fouvent difficile de laïfler le foin à une autre perfonne; ce qu'il y a de certain, c’eft qué cette obfervation m'a été d’un grand fecours depuis que j'en ai fait la découverte. Pour connoître à coup für fi mes yeux étoient dans Ia difpofition convenable pour voir parfaitement la lumiére des Diamants, je prenois avec moi un morceau d’ambre que je frottois de temps en temps, & lorfque j'en voyoisla lumiére bien vive, & à peu-près égale à celle qui en fort pendant la nuit, je concluois que mes yeux étoient en état de juger exactement de celle des Diamants, & alors je me les faifois apporter, prenant bien garde d'ouvrir les yeux, tandis qu'on ouvroit la porte pour entrer dans l'endroit où j'étois. J Si l'on veut faire ces expériences avec plus de commodité, TIAYOTE SAT É NC EN CIE IS 355 &, pour ainfi dire, fans s'appercevoir de toutes ces précau- tions, il n’y a qu'à fe faire apporter les Diamants le matin fi-tôt que l'on eft éveillé, & avant que de s'être expolé à la lumiére du jour, les yeux font alors parfaitement repofés, & fenfibles à la moindre lumiére, ainfi l’on verra très-aifé- ment quels Diamants, ou quels autres corps font lumineux, fans qu'il foit néceflaire de prendre les mefures que nous venons de prefcrire, qui ne laiflent pas d'être quelquefois difficiles, & tout au moins ennuyeufes. Ce n'eft qu'à regret que je fuis entré dans un détail auffi circonftancié d’une obfervation des plus triviales, mais elle eft fi nécefaire pour la réuflite des expériences qui font la bafe de ce Mémoire, que j'ai cru ne pas pouvoir m'en dif. penfer. D'ailleurs ces expériences font fi fort à la portée de tout le monde, que je fuis perfuadé que fi-tôt qu’elles feront connuës, elles feront éprouvées par bien des gens à qui ces obfervations ne font pas auffi familiéres qu’à ceux qui font au fait des expériences fur la lumiére. Je fcais même que fur le peu que j'ai dit fur cette matiére, dans le dernier Mémoire que je lûs à la rentrée publique de l'Académie, quelques perfonnes ont tenté d'en faire l'épreuve, & n'y ont pas réuffi, parce qu'ils ont obmis ces précautions dont je n'avois pas cru alors qu'il füt néceflaire d'avertir, c’eft ce qui m'a engagé aujourd'hui à cette digreflion qui ne fera peut-être pas inutile à bien des leéteurs. + Comme ÿj'avois remarqué dans la premiére expérience que je viens de rapporter, que les Diamants, pour avoir été ‘22 minutes au Soleil, n’avoient pas acquis de chaleur fen- ble, ce qu'on reconnoifloit en les appliquant fur le vifage, sj'eflayai de les expofer au Soleil pendant moins de temps, jernedes y laïffai que pendant 10 minutes; il y avoit deux gros Diamants blancs, du poids de 70 à 80 grains, deux bleus, dont l'un du poids de 1 8 grains, & l'autre plus petit & plus foncé en couleur, un vert, un couleur de rofe, & . deux jaunes; les deux Diamants blancs ne prirent point de mmiére, ni le plus foncé des deux bleus, le vert, & le couleur: À Yyi 356 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de rofe en prirent un peu, mais deux petits Diamants de carat qui étoient autour de l'anneau d’une de ces bagues, les deux jaunes, & fur-tout le gros Diamant bleu-clair, parurent très-lumineux, & leur lumiére dura 1 2 où 13 minutes, ne s'affoibliffant que par degrés infenfibles. J'eflayai enfuite plufieurs autres Diamants de différentes groffeurs, & de toutes les couleurs que je pus rencontrer, & j'en trouvai plufieurs fort lumineux, & d’autres qui ne l'étoient point du tout. Mais jufqu'à préfent, je n'ai reconnu aucune différence à cet égard, que l'on puiffe attribuer à la couleur feule de la pierre, fi ce n’eft que tous les Diamants jaunes que j'ai eflayés, ont tous été lumineux; il y en avoit à la vérité, qui l'étoient beaucoup plus que les autres, mais ce n'étoit pas toüjours ceux dont la couleur étoit la plus foncée. Indépendamment d'un grand nombre de Diamants jaunes, depuis le poids de 8 à ro grains jufqu'à celui de 80, que j'ai eflayés, j'ai eu occafion d'avoir entre les mains en- viron quatre cêns Diamants de carat jaunes, & il n’y en avoit aucun qui ne füt lumineux, ainfi on pourroit avancer comme : une loi générale, que tous les Diamants jaunes étant expolés à la lumiére, s'en imprégnent tellement, qu'ils la confervent dans lobfcurité pendant un temps confidérable. Je ne m'en fuis pas tenu, comme on le juge bien, à J’examen des Diamants, j’aiexpofé au Soleil un Rubis d'Orient, un Rubis balais, un Rubis fpinelle, une T'opafe d'Orient, un Saphir d'Orient, & une Emeraude; toutes ces pierres étoient d’une beauté & d'une netteté parfaite, mais aucune n'a pris de la lumiére, quoïqu’elles en rendiffent toutes lorf- qu'on les frottoit dans l'obfcurité. J'ai enfuite eflayé de fem- blables pierres beaucoup moins belles, & dont quelques-unes étoient bruttes, & je n'ai pas été peu furpris de trouver une feule Emeraude brutte, parmi une vingtaine d'autres, qui étoit lumineufe, je lexaminai avec foin, & je n’y trouvai rien de particulier, à quoi je püffe attribuer cette différence. Cette obfervation me détermina à effayer au hafard, toutes les pierres dont j'ai connoïflance, puifque je voyois que rien DEL SNA S1CNEINECNESNUN Sr mé me pouvoit conduire dans le choix des épreuves. Je travaille depuis plufieurs années à former un cabinet de Pierres fines, de Jafpes, d’Agathes, de Primes, de Criftalli- fations finguliéres ; toutes ces différentes matiéres font ran gées dans des tiroirs divifés par compartiments, cela m'a été d’une grande commodité pour faire à la fois, & fans perdre de temps, un grand nombre d'expériences; j'expolois l'un après l'autre tous ces tiroirs au Soleil, & je me les faifois apporter dans l’obfcurité; ff j'appercevois quelque chofe de lumineux, je l'ôtois de fa place, & je l'examinois enfüite à doifir. Parmi ce grand nombre de pierres, j'en aï trouvé beau- _ coup moins de lumineufes que je ne l'avois efperé, & celles qui l'ont été, n’étoient certainement pas celles que j'en aurois : foupçonnées. Celle dont I lumiére à été Ia plus vive, étoit un affés gros morceau d’une Criftallifation mêlée de beauco up de Topafe, deplufieurs petits criftaux verdätres, & de très-peu de couleur d’amethyfte; cette pierre pefoit une demi-livre, elle n’avoit dans fa plus grande épaiffeur qu'environ un pouce, & devenoit beaucoup plus mince vers les bords; elle étoit tellement pénétrée des rayons de lumiére, qu’elle étoit auffi brillante dans fa partie de deflous, qui n’avoit point été expofée au jour, que par-deflus, en forte qu’elle fembloit étre tranf. parente, il ne paroifloit même aucune différence dans les endroits qui avoient le plus d’épaifleur, ils étoient auffi lu- mineux que les autres, tant par-deflus que par-deflous, & la lumiére qui fortoit de cette pierre, étoit telle qu’elle éclairoit les objets autour d'elle à environ 2 pouces de diftance; elle à cependant ceflé d'être lumineufe au bout de 7 ou 8 minutes. Un morceau de Mine de Plomb mêlé de gangue, de gros criftaux cubiques de couleur d’aigue-marine, & de quelques etits criftaux hexagones blancs, étoit aufli très-lumineux, il ne l’étoit pas cependant tout entier comme Île précédent, les criftaux d’aigue-marine Fétoient le plus, & quelques-uns des blancs l’étoient un peu, mais fa partie de Plomb & la . gangue ou croûte blanche & criftalline qui le touchoit im- médiatement, ne l'étoient point du tout. Y y ii 358 MEmorREs DE L'ACADEM1E RoYALE Un troifiéme morceau plus petit, qui n'étoit formé que d’une feule piéce de criftal vert tirant fur le bleu, entrecoupé _ feulement de quelques fèlures difpofées réguliérement, & couvert d'un côté d’une croûte de petits criftaux blancs, & d’une marcaffite pâle aufii criftallifée, étoit pour le moins auffi lumineux que la premiére criftallifation dont j'ai parlé, & cette derniére a confervé fa lumiére un peu plus long- temps. Il y avoit encore un quatriéme morceau de Mine de Plomb couvert en partie d’une criftallifation blanche qui étoit lu- mineufe vers un de fes angles, mais dont la lumiére étoit très-foible. Je n'ai pas effayé un plus grand nombre de ces Criftalli fations qui font aflés communes, & connuës de tout le monde ; on donne ordinairement à celles qui font colorées, le nom de Primes d'Emeraudes, d'Amethyfles, où de Topafes, faivant la couleur qui y domine. If ne laifie pas d'être fingulier que ces pierres qui font, pour la plüpart, fort tendres, foient à l'égard de la lumiére, dans le même cas que le Diamant, tandis que les Pierres de couleur les plus dures, que l’on nomme communément Orientales, ne font aucun efet. On ut donc inférer de-fà, que cette propriété finguliére ne dépend ni de la dureté, ni de la couleur. Jai fait la même épreuve fur diverfes autres Pierres, comme les Criflaux de roche, les Tales, la Pierre de Boulogne avant que d’être calcinée, les Sélénites, différentes efpeces de Marbre, aucune de ces matiéres ne s'eft imbibée de la lumiére ; le Phofphoré de Berne qui eft une pierre tranfparente, très-blanche & tendre, a pris de la lumiére, & la confervée affés long-temps: mais rien ne m'a plus furpris que le Lapis Layuli, je n'aurois certainement pas penfé à en faire l'épreuve, sil ne fe füt trouvé dans le nombre des Pierres qui étoient dans les tiroirs que j'expolois fucceffivement au Soleil; fa grande opacité} fon peu de dureté, les veines métalliques qui s'y rencontrent, étoient autant de raïfons, à ce qu'il me fembloit, pour ne pas foupçonner qu'il püt être lumineux, il left cependant, DIE: 8.49 CA EN C:E $ 359 _ &affés confidérablement, quoique très-inégalement; le plus beau, où du moins le plus eftimé, c’efl-à-dire, celui qui eft d’un beau bleu-foncé, qui eft le plus dur, & prend un beau poli, eft celui qui eft le plus lumineux; celui qui eft pâle, ou mêlé de taches blanches l’eft beaucoup moins: cependant on y découvre toûjours quelques parties brillantes, & fi on marque d’un point d'encre ces parties brillantes, on voit que ce font celles qui font d’une plus belle couleur que les autres; j'en ai cependant trouvé d'un très-beau bleu qui ne donnoit prefque point de lumiére: en général, elle n’eft pas aufli vive que celle des Diamants, & je n'ai jamais apperçû la moindre lumiére fur les taches blanches, non plus que fur les veines de métal ou de marcaflite qui s’y rencontrent. Cette expérience fur le Lapis me conduifoit naturellement à effayer quel effet feroit l'Outre-mer, je m’attendois à le trouver lumineux après ce que j'avois obfervé dans le Lapis; cependant il ne l'a point été, quoiqu'il foit demeuré pendant plus d'une heure expolé à la lumiére. Je dirai à cette occafion que les matiéres qui, pendant une minute, n'ont point pris de lumiére, n'en prennent pas davantage, lorfqu’elles ont été expofées pendant un temps beaucoup plus confidérable. + On voit par ce que nous venons de rapporter, combien il y a encore de connoiflances à acquérir fur cette matiére, il ne s'offre aucun principe fur lequel on puifle afeoir fon jugement, ni même former de conjeétures; car voilà des Pierres de toutes efpeces, de toutes couleurs, de degrés de dureté très-inégaux, enfin de nature très-différente, felon toutes les apparences, qui produifent deseffets tout femblables, tandis que d’autres qui femblent avoir beaucoup de rapport entr'elles, & même tout celui dont nous pouvons juger par des fens, font des effets abfolument différents; car j'ai obfervé que parmi plufieurs Diamants entiérement femblables, il y en avoit qui rendoient de la lumiére, &c d’autres qui n’étoient point lumineux. C’eft à ces différents effets d'une Pierre qui paroïfloit la même de tous points, ou, pour parler plus exactement, de deux Pierres entiérement femblables, autant 360 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE que nous fommes capables d'en juger, que je me fuis parti- culiérement attaché; mais avant que de parler des expériences que j'ai faites à ce fujet, je dois rendre compte de quelques faits qui regardent en général tous les Phofphores de cette efpece. J'ai dit plus haut que je n’avois laiffé que pendant 10 minutes expofées au Soleil, les Pierres dont j'avois voulu faire l'épreuve, & qu'elles m'avoient paru auffi lumineufes que lorfqu'elles y avoient demeuré un temps beaucoup plus confidérable. J'ai eflayé enfuite de ne les point mettre au Soleil, mais à la fimple lumiére du jour ; leur lumiére a été pour le moins aufli vive, & ce fait a beaucoup de rapport avec ce qui a été remarqué de la Pierre de Boulogne, qui eft qu’elle prend plus de lumiére lorfqw'elle eft expofée au jour, & lorfque le temps eft couvert, que lorfqw'elle eft éclairée des rayons du Soleil. Je voulus voir enfuite quel étoit le temps néceffaire pour qu'un Diamant, capable de devenir lumineux, pût fe charger fenfiblement de la lumiére du jour, je ne l’expofai d'abord que pendant 4 minutes, enfuite pendant une feulement, & je ne trouvai pas que cela fit la moindre diminution dans l'éclat de fa lumiére; enfin je diminuai toüjours la durée de l'expofition, & je vis qu’il étoit bien inutile de lui faire recevoir la lumiére auffr long-temps que j'avois fait d'abord, car en une feconde, & moins encore, s'il eft poffible, il prenoit une lumiére très- vive; il eft vrai qu'elle m’a paru un peu moindre que lorfqu'il avoit demeuré au jour pendant 8 ou 10 fecondes, mais je ne voudrois pas affürer que cette différence fût réelle, & je ne l'ai obfervée avec quelque certitude, que fur des Pierres moins lumineufes que les autres. Comme M. Homberg recommande d’expofer Ja Pierre de Boulogne à air libre, j'ai voulu voir fi cela faifoit une différence fur les Diamants; j'en ai expofé proche de la fenêtre d'ane chambre dont les vitres & les rideaux, qui étoient de toile blanche, étoient fermés, les Diamants ont ris de la lumiére comme à l'air libre; il eft vrai qu'elle étoit plus foible, & proportionnée à celle qu'ils avoient reçüé. J'ai k ME ;S: SCENE 361 . J'ai expolé à l'air pendant rune feconde ou deux, de la Pierre de Boulogne, de la Belemnite & de la Topafe com- mune, qui étoient calcinées depuis plus de cinq ans; je les ai toutes trouvées lumineufes, & il eft à obferver qu'elles - n'avoient été confervées pendant tout ce temps que dans un papier blanc polé fur une table à la campagne, & qu'elles » avoient été expofées à l'air à plufeurs reprifes; d'où il réfulte que les premiers Auteurs qui ont écrit fur cette Pierre, prefcrivoient une infinité de précautions très-inutiles, foit pour la maniére de la préparer, comme je l'ai fait remarquer dans mon Mémoire fur plufieurs efpeces de Phofphores Mémoires de nouveaux, foit pour la conferver, comme on le voit par À F4 0, ce que je viens de rapporter. Ayant reconnu que les Diamants n’avoient pas befoin de la lumiére immédiate du jour pour devenir lumineux, j'en ai enfermés plufieurs dans des boîtes auxquelles un verre coloré fervoit de couvercle, cela ne les a pas empêché de prendre de {a lumiére, & même auffi promptement, à ce * quejen ai pù juger, que s'ils euflent été expofés à l'air libre, mais cette lumiére ne m'a pas paru participer en aucune " façon à la couleur du verre par lequel elle avoitété tranfmife. “ Toutes ces Pierres plongées dans l’eau, & expofées à la … lumiére, font devenués lumineufes, comme elles auroient “ faità la maniére ordinaire. La même chofe eft arrivée fous le lait, quoiqu'il y en eût 7 ou 8 lignes au-deflus des Dia- mants, & que même ils y euffent paflé la nuit, ce qui avoit donné le temps à la crême de s'élever. & de s’épaiffnr. J'ai plongé des Diamants dans l'encre, & ils n'ont pris aucune lumiére lorfque j'ai expolé le vaifleau au jour, fans doute parce que les rayons de lumiére n’ont pü pénétrer cette liqueur opaque pour parvenir jufqu’aux Diamants. J'ai crû que cette Adulte qu'avoit la lumiére de traverfer l'encre, me fourniroit un moyen de conferver pendant quelque temps celle qu'auroient acquife les Diamants, j'ai fait prendre la lumiére à celui de tous mes Diamants qui s’en chargeoit le plus abondamment, & auffi-tôt je l'ai plongé dans l'encre; Mem, 1735. Zz 362 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au bout de cinq heures, lorfque la nuit fut venuë, je le retirai, & je le regardai dans l’obfcurité, ïl étoit encore très- fenfiblement lumineux; il faut néantmoins, pour que cette expérience réuffifle, que le Diamant foit plongé affés pro- fondément dans l'encre, & même qu'il foit recouvert de coton aufhi imbibé d'encre, car je voulus répéter la même opération, en me fervant d’un petit vaifleau dans lequel if n'y avoit que de l'encre liquide qui furnageoit d'environ 6 lignes, je laiflai le Diamant dans cet état pendant douze heures, & au bout de ce temps, je trouvai qu'il ne rendoit plus aucune lumiére. J'effayai auffi d'envelopper des Diamants dans différentes étoffes & dans des papiers, pour voir fi leur lumiére fe con- ferveroit, & je n’ai pas pû y réuffr, non plus que dans la cire d'Efpagne amollie. Je me fuis fervi avec plus de fuccès de la cire molle & noire dont on fe fert pour tirer l'em- preinte des gravüres, les Diamants que j'y ai enfermés, avoient encore de la lumiére au bout de fix heures. Je ne doute point qu'il ne füt poflible de trouver quelqu'autre maniére de conferver la lumiére des Diamants, ou des autres corps femblables, beaucoup plus long-temps, mais ayant d’autres objets qui me paroïfloient plus curieux à examiner, je n'ai pas porté mes recherches plus loin à cet égard. J'ai cru que ce qui méritoit d'être examiné le plus par- ticuliérement, étoit pourquoi de deux Diamants qui étoient en apparence entiérement femblables, l'un étoit capable de devenir lumineux, étant expofé à la lumiére du jour, & Fautre ne le devenoït point : voici les tentatives que j'ai faites pour tâcher d’avoir quelque éclairciffement fur ce fait, & quoiqu'elles ayent été infructueufes, je ne dois pas négli- ger de les rapporter. : Je fçavois qu'il y a beaucoup de Diamants que l’on brüle avant que de les expofer en vente, cela les blanchit ordi- nairement, fur-tout lorfque la teinte jaune ou brune qu'ils ont quelquefois, vient de quelque portion d'huile qui, en les poliffant, s’eft infinuée dans les petites félures imperceptibles DES SCIENCES. 36 qui fe rencontrent fouvent dans les bords de la pierre, le feu brûle cette huile, & il ne refte plus que de très-petits points noirs qui diminuent beaucoup moins l'éclat du Dia- : mant que la teinte jaunâtre qui étoit occafionnée par l'huile; je penlois donc que les Diamants lumineux pouvoient être ceux qui avoient été calcinés, ou peut-être ceux qui ne . Javoient point été, ou que cela pouvoit venir du degré de chaleur qu'ils avoient eu, qu'enfin ce phénomene bizarre pouvoit tenir à quelque caufe de cette nature. Pour m'en éclaircir, je choïfis dix Diamants, dont quatre étoient fort lumineux, & fix ne l'étoient point; je les donnai à brûler à un Diamantaire, & lorfqu’il me les rendit, je n’y trouvai aucun changement. Je voulus faire moi-même cette opération, & pour cela j'en pris deux à peu-près de même poids, tous deux d'une blancheur parfaite, enfin très-femblables en appa- rence, mais dont l’un étoit fort lumineux, & l'autre ne l'étoit point du tout, je les enveloppai tous deux enfemble dans du blanc d'Efpagne délayé avec un peu d’eau ; ayant formé de cette pâte une boule, au centre de laquelle étoient les Diamants, je la laiai fécher à l'ombre, je la mis enfuite dans un creufet bien lutté, & je donnäi au creufet pendant une demi-heure une chaleur un peu moindre que celle qui eft néceflaire pour fondre de l’Argent ; je laïflai refroidir mon creufet, & l'ayant délutté, j'eus beaucoup de peine à retirer les. Diamants de la, boule de blanc d'Efpagne qui s'étoit extraordinairement durcie; ils étoient tous deux dé- polis, c'eft-à-dire, que toutes les facettes étoient devenuës laiteufes,. ou à peu-près femblables à a croûte des Diamants bruttes, il ne leur étoit arrivé d’aïlleurs aucun autre chan- gement, car celui qui étoit lumineux avant cette opération, / Tétoit également après, & l'autre ne l'étoit point devenu: Je fis repolir mes Diamants, & je réfolus de leur donner un beaucoup plus grand degré de chaleur, mais je voulus de faire avec toutes les précautions que prennent les Diaman- taires pour éviter que les Pierres fe dépoliffent; pour cela, je les empâtai dans un mélange de parties égales de blanc Zz ij 364 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'Efpagne & de cendres tamifées, & j'en fis une boule que je mis fécher à l'ombre; j'enduifis légérement de ce mélange l'intérieur d’une tête de pipe, je mis enfuite au fond de cette tête de pipe du charbon pilé, j'y pofai ma boule, & je remis d'autre charbon pilé par-deflus, je couvris ma pipe d’une petite plaque de fer ronde que je ferrai & aflujettis bien avec du fil de fer; je luttai enfuite exaétement toutes les jointures avec le même mélange de cendres & de blanc, parce que les ouvriers n''avoient aflüré que le feul moyen d'empêcher les Diamants de fe dépolir, étoit de bien fermer tout le paflage à l'air; j'éprouvai néantmoins en cette occa- fion, où que ce n’en eft pas là un moyen bien afüré, ou qu'il eft très-difficile dans la pratique: car ayant laiffé fécher ma tête de pipe, & même remis fur les jointures une feconde couche de mélange, je la mis au milieu d’un creufet rempli de fable, & fermé d’un couvercle à fordinaire, j'expofai enfuite ce creufet pendant deux heures à un feu tel que le couvercle & le creufet étoient vitrifiés dans tout leur exté- rieur, & joints enfemble, en forte qu'ils ne faifoient qu'une mañle; après qu'il fut refroidi, je retirai mes Diamants que je trouvai encore dépolis; ils l'étoient, à la vérité, d'une façon aflés différente de la premiére, car quelques-unes de leurs facettes n’avoient reçû aucune altération, & les autres paroifloient couvertes d'une croûte ou pelliculé noire qui étoit très-mince en apparence, mais tellement adhérente, que je les frottai inutilement avec la pierre-ponce, il fallut les faire repolir, & le Diamantaire à qui je les donnai, m'aflüra que cet accident leur arrivoit quelquefois, & que cela venoit de ce qu'ils avoient eu un peu d'air : Quoi qu'il en foit, ce n'eft point ici le lieu d'examiner la caufe de ce fait, mon objet étoit de voir s’il feroit arrivé quelque changement par rapport à la lumiére, il n’y en avoit aucun, l’un n'étoit point devenu lumineux, & l'autre l'étoit toüjours également. Je n'imagine pas quelle autre expérience on peut faire fur les Diamants, de laquelle on puifle efpérer quelque éclairciflement: car fi une chaleur auffi violente que celle: DE sILS CT ENT CHENSMAN 30% qu'ils ont efluyée dans cette opération, n’y a apporté aucun changement, que peut-on attendre des efprits corrofifs & des autres matiéres actives, que l’on fçait ne faire aucune impreflion fur le Diamant! J'ai donc abandonné cette re- cherche, parce que je n’imaginois aucun moyen d'y réuffir, & j'ai tourné mes vüës du côté des autres Pierres qui, fans être aufli dures & auffi intraitables que le Diamant, ont cependant les mêmes propriétés par rapport à la lumiére. Nous avons vü que la plüpart des Pierres précieufes ren. dent de la lumiére étant frottées, qu’il y en a quelques-unes qui deviennent lumineufes étant expofées à la lumiére du jour, & que d'autres Île deviennent lorfqu’elles font chauffées, comme la Prime d'Emeraude d'Auvergne, ’'Améthyfle de Catalogne, & plufieurs autres dont je rendis compte à {’Aca. démie en 1724, à l'occafion du Phofphore de Berne, & que l’on peut voir dans l'Hiftoire de l'Académie de cette même année. Parmi toutes ces Pierres, il y en a qui n’ont qu'une de ces propriétés; le Rubis, par exemple, rend de la lumiére étant frotté, mais expolé au jour, il ne devient point lumineux, non plus que fi on le chauffe; d’autres ont deux de ces propriétés fans en avoir la troifiéme ; le Criftaf de Roche eft dans ce cas-là, il ne prend point de lumiére au jour, mais il en prend s'il eft chauffé, & en rend lorf. . qu'on le frotte; enfin quelques autres Pierres, & le Diamant plus éminemment qu'aucune, réuniflent ces trois propriétés. Nous avons vü que Boyle en avoit découvert deux, mais {a plus finguliére lui a échappé, & d'ailleurs il croyoit d'abord qu'il n’y avoit que le Diamant de M. Clayton qui eût ces deux qualités, & il étoit bien éloigné de penfer qu'elles fuffent communes à prefque tous les Diamants, & à un très-grand nombre de Pierres. . Voyons maintenant ce que ces trois propriétés ont de commun, fi elles tiennent à dés principes différents, ou ff elles ne peuvent pas être regardées comme venant d’une . même caufe qui, relativement à fa force ou à fon abondance, oduit une, deux, ou ces trois propriétés. J'ai vérifié avec ” » pa Z I} ‘ 366 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE beaucoup d’exactitude, que le Diamant prend de 1x lumiére par la feule chaleur, car je craignois d'abord que ce ne fût la lumiére du feu fur lequel je le faifois chauffer, qui le rendit lumineux, mais je me fuis aflüré du contraire, ca j'ai fait chauffer une cuillier d'Argent, & me létant fait apporter dans lobfcurité, j'y ai mis un Diamant qui, un inftant après, eft devenu lumineux, il augmentoit de lumiére à mefure qu’il s'échauffoit, mais cette lumiére ne dure pas, à beaucoup près, fi long-temps que celle qu'il tire du jour, car elle diminuoit à mefure que la cuillier fe refroidifioit, & elle a difparu entiérement avant qu’elle fût tout-à-fait refroidie. … Je fis enfuite bouillir de l’eau dans un vaiffeau couvert, & j'y plongeai un Diamant dans l'obfcurité, il devint lumi- neux avant que d’avoir atteint le fond du vaifleau, fa lumiére étoittrès-vive, mais elle dura peu, & lon cefla de l'apper- cevoir, quoique l'eau füt encore aflés chaude pour ne pas pouvoir y tenir la main; cette expérience femble avoir été connuë d'Albert le grand, qui dit que le Diamant prend de la lumiére, fi l’on verfe deflus de l’eau chaude bien claire; la lumiére que le Diamant acquiert dans ces deux cas, eft d'une beaucoup moindre durée que celle qu'il tire d’un jour même très-foible, car fi l’on a porté à {on doigt dans le cours de la journée, un Diamant capable de s'imprégner des rayons de la lumiére, & qu’on entre dans un lieu obfcur, environ une heure, ou même plus après le coucher du Soleil, on verra très-diftinétement que ce Diamant donne encore une lumiére blancheître, en forte qu'il faut plus de temps pour qu'elle foit entiérement diffipée, qu'il n’en faut pour que les yeux foient remis de l’ébranlement & de l'éblouifie- ment que leur caufe la lumiére du jour. Je fuis même furpris qu'une expérience auffi commune, & qui fe fait fans qu'on y apporte la moindre attention, n'ait pas été remarquée par une infinité de gens, car il ne faut pour cela qu’entrer dans un lieu obfcur, après avoir été expolé à l'air pendant quel- que temps vers la fin de la journée. IL eft vrai que cette 4 DES SCIENCES, $67 Jumiére eft très-foible en comparaifon de celle que prennent les Diamants en plein jour, lorfque l'on obferve toutes les circonftances que nous avons détaillées au commencement de ce Mémoire. Ayanttrouvé dans les Diamants les plus femblables entre eux, cette différence fi remarquable, je voulus voir s'il ny en avoit pas auffi dans quelques autres Pierres: je pris feize morceaux de Criftal de Roche taillés & un peu plus gros que des pois, il y en avoit de très-blancs, d’autres tirant un peu fur le jaune, le vineux, ou le céléfte; je les mis chauffer fur un réchaud dans une cuillier d'Argent, j'obfer- vai peu de temps après, en tranfportant da cuillier dans Yobfcurité, qu'il y avoit quelques-unes de ces Pierres qui étoient très-fenfiblement lumineufes, je les tai & les mis à part; je fis chauffer de nouveau da cuillier, & plus forte- ment que la premiére fois, & j'en trouvai trois ou quatre qui, n'ayant point été renduës lumineufes par un degré de chaleur plus foible, ’étoient devenués par ce fecond, je les féparai encore des autres, & ayant fait chauffer da cuillier éncore davantage, il y en eut une qui devint lumineufe, des autres ne le devinrent point, quoique j'euffe (chauffé 1a ‘cuillier autant qu'elle le pouvoit être fans rougir. Ï étoit inutile de pouffer l'expérience plus loin, car fi j'eufle fait rougir la cuillier, on n'auroit pas pü déméler la lumiére propre des Pierres, fi elles en avoient eu, de celle qui auroit réfuité de la cuillier rouge; j'examinai enfuite au jour, celles qui avoient été lumineufes les premiéres, celles qui avoient eu befoin d’un plus grand degré de.chaleur, enfin celles qui mavoient pu en tout le devenir, & je reconnus que cela m'avoit aucun rapport avec la couleur de la Pierre, & que parmi les plus lumineufes, il y en avoit de très-blanches "& de colorées, de même que parmi celles qui-n’avoient pu e devenir. Ayant répété quelques-unes de ces expériences, il me parat qu'après avoir chauffé trois ou quatre fois la même Pierre, fa dumiére étoit moins vive que la premiére fois, 368 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & en cela je leur trouvois beaucoup d'analogie avec Îe Phofphore de Berne, & quelques-unes des Pierres que j'avois examinées en 1724. Je voulus donc voir fi l'action du feu feroit fur le Criflal de Roche plus d’eflet qu'elle n’en avoit fait fur les Diamants; j'en choifis deux morceaux à peu-près égaux, dont l'un étoit des plus lumineux lorfqu’il avoit été chauffé, & l’autre ne l’étoit point, je les mis enfemble dans un creufet dans lequel je voulois faire fondre de l’Argent; je donnai le feu tel qu'il étoit néceflaire pour fondre lAr- gent, & lorfqu'il fut fondu, je retirai le creulet, je le laïffai refroidir dans un lieu obfcur, & j'obfervai avec attention fi les morceaux de Criftal qui étoient à demi plongés dans le culot d'Argent, conferveroient leur lumiére, ou plütôt leur rouge plus long-temps que le creufet, mais il n'arriva sien de femblable, je ceffai de les appercevoir lorfqu'ils ceflérent d’être rouges, & depuis ce temps j'ai eu beau les chauffer; celui qui, avant cette opération, étoit un des plus lumineux, ne l'a pas été depuis. Voilà donc un changement réel que la violence du feu a produit dans cette Pierre, & la même chofe m'étoit arrivée en 1724, à l'égard du Phof phore de Berne, de la fauffe Emeraude d'Auvergne, & des autres Phofphores de même nature, lorfqu'ils avoient été expofés trois ou quatre fois à une chaleur beaucoup moindre que celle que j'ai donnée à mes deux Criftaux, ils ne rendoient plus aucune lumiére. Pour voir fi le feu feroit le mème effet fur les Pierres qui deviennent lumineufes en les expolant au jour, j'ai pris un aflés gros morceau de Phofphore de Berne, je l'ai caffé en deux, & ai mis chauffer dans un creufet où-je l'ai tenu pendant plus d’une demi-heure, le tranfportant de temps en temps dans l'obfcurité, jufqu'à ce qu’il ne parüût plus en lui aucune lumiére. Je penfois qu'ayant perdu par le feu la propriété de devenir lumineux par la chaleur, il auroit pe pareillement celle de e devenir par l'expofition à {a umiére du jour, mais je reconnus bien-tôt que ces deux propriétés n'étoient pas auffr étroitement liées l'une à l'autre, qu'on " DES SCTENCES.: 369 qu'on Fauroit pu croire; car l'ayant expofé au jour avec l'autre portion du même morceau, pour mieux juger de fa différence, en cas qu'il s’y en trouvât, il me parut, à très- peu de chofe près, aufli lumineux qu'auparavant. Je réfolus de le calciner de nouveau, & de lui donner un degré de chaleur beaucoup plus violent ; je Îe tins donc pendant trois quarts d'heure dans un creufet, à une chaleur à peu-près telle qu’il la faut pour fondre l'Argent, je trouvai après qu’il fat refroidi, qu'il avoit un peu changé de couleur, car au lieu d'un œil bleuâtre ou célefte qu'il avoit auparavant, ïl avoit contracté une légére teinte rougeitre dont on ne s’appercevoit pourtant bien, qu'en le comparant au premier morceau dont il avoit été féparé; fa furface étoit outre cela, un peu dépolie, & paroiïfloit plus opaque, mais cette opacité ne pénétroit point au dedans de la Pierre, comme je l'ai reconnu en la caflant ; ayant alors expolé cette Pierre au jour, elle ne s’eft plus imprégnée de lumiére, ainfi par un feu violent, elle a été dépouillée de cette feconde propriété, tandis qu'une chaleur beaucoup moindre avoit été capable de la dépouiller de la premiére. J'ai répété cette expérience fur une Prime d'Emeraude, & une autre Pierre criftalline qui, par fa couleur, peut être nommée Prime d'Aigue-marine ; Yune & l'autre étant expo- fées au jour, prenoient une très- belle lumiére; j'ai chauffé des frigments de Yune & de l'autre très-vivement, & juf- qu'à ce qu'étant tranfportés dans lobfcurité, ils ne rendiffent plus aucune lumiére , ïls fe trouvérent encore lumineux après les avoir expolés au jour, & je ne parvins à les dé- pouiller de cette feconde propriété, qu'en leur donnant une chaleur beaucoup plus violente, & telle qu'ils étoient en païtie vitrifiés au fond du creufet. 1 demeure donc pour conftant, que ces deux propriétés ont beaucoup de rapport enfémble, puifqu'on parvient à les enlever fune & l'autre par Le feu, mais qu'elles différent en ce que l'une fe perd par un degré de chaleur beaucoup moindre que l'autre. Mem, 1735. A aa 370 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare Si je n'ai pas pu parvenir à faire les mêmes expériences fut le Diamant, c'eft peut-être qu’il faudroit pour cela un feu de Verrerie, ou même un feu encore beaucoup plus violent; peut-être tous les Diamants, ainfi que plufieurs autres Pierres, ont-ils originairement cette propriété, & que ce n'eft que ceux qui fe font trouvés dans des Volcans, ou des feux foûterrains qui en ont été dépouillés. On fent bien que ce n'eft-là qu'une conjecture très-lévere, mais comme elle n'eft pas dénuée de toute probabilité, j'ai cru pouvoir la hafarder, En fuivant Fanalogie des différents Phofphores, j'avois lieu de croire que la Pierre de Boulogne, la Bélemnite, les Gyps, le Phofphore de Balduinus, & tous les autres de même nature, deviendroient lumineux en les chauffant, & ue par une violente calcination, ils perdroient leur qualité de Phofphore, de même que ceux dont je viens de rendre compte; mais l'expérience m'a fait voir tout le contraire, car premiérement aucun de ces Phofphores ne prend de ia lumiére par la fimple chaleur; & en fecond lieu, la plus violente calcination n’a pü leur enlever la propriété de deve-+ nir lumineux, étant expols au jour. Que peut-on conclurre de ces contradictions apparentes? finon que cette matiére eft encore trop nouvelle, que nous fommes frappés de cer- tains rapports apparents qui dans le fonds, font très-éloignés, & que ce n’eft que par un grand nombre d'expériences combinées d’une infinité de maniéres, que l’on pourra par- venir à trouver quelque explication plaufible de faits au finguliers. Comme la plûpart des Pierres qui font lumineufes, foit par la chaleur, foit par lexpofition au jour, rendent de la lumiére lorfqu’on les frotte fur des étoffes de foye ou de laine, fur du verre, de la fayence, des métaux, &c. j'ai eflayé fr ces mêmes Pierres, après avoir été dépouillées par la calci- mation, des deux premiéres propriétés, le feroient aufli de la troifiéme, mais je nai p en faire l'expérience que fur le Phofphore de Berne, parce que la plüpart des autres que D'ES :$ CH E:N C-E- 371 _j'ai-effayées, fautent en éclats, & fe réduifept en petits frag- ments par a calcination. J'ai donc frotté Je Phofphore de Berne fur la fayence & fur le verre, il a rendu de la luiniére, de même qu'il faifoit avant la calcination, ce qui femblé Piouver que cette troifiéme façon de rendre de la lumiére Pa aucun rapport aux deux autres; peut-être eft-ce la feule qui tiénne à l'Electricité, &, ce qui peut encore favorifer cette conjédure, c'ét que le verre, la porcelaine, les Pierrés précieufes de couleur, & ‘quelques attres matiéres n’ont point les deux premiéres propriétés, mais feulement 1a troifémé; & que néantmoins ce font-là les corps qui font reconnus pour tre les plus électriques. Je n'ai garde de donner ces obfervations comme des prin- cipes conftants, car dans le nombre prodigieux de matiéres qui ont une ou plufieurs de cés propriétés, il pourroit s’en trouver qui dérangeroïent éntiérément mon hypothele. Je ne vois déja que trop de faits dont l'explication me paroît prefque impofñble, & qui femblent même contradictoires, car de deux Diamants entiérement femblables à la vûë, Jun eft tiès-lümineux, l'autre ne T’eft point du tout. La Topafe d'Auvergne la plus commune s’imprégne des rayons de la lumiére, taridis que celles d'Orient, d'Inde, de Boheme, ne font rien de femblable. Il én eft de même de l Emeraude de Cartagene & de celle d'Auvergne, il n'y a que la derniére qui prenne de la lumiére par le jour, ou par la chaleur du feu. La Pierre de Boulogne, & une infinité d’autres, ont befoin d’une violente calcination pour devenir lumineufes. Au contraire, le Phofphore de Berne, les Primes, &c. perdent cette propriété par la calcination; ces derniéres, de même que le Diamant, confervent toûjours leur faculté de s'imprégner de la lumiére, en forte qu'il femble qu’elle eft inépuifable : cependant la Pierre de Boulogne, le Phofphore de Balduinus, & les autres de même nature la perdent peu à peu, & d'autant plus promptement, qu’on les expofe plus fréquemment au jour. On voit combien de différents effets À aa ij 372 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE dans des matiéres qu'on croiroit femblables, & combien de différentes circonftances dans celles qui paroiflent devoir produire les mêmes effets. Contentons-nous donc, quant à préfent, de faire des expériences, de raflembler des faits, d'en: bien examiner tous les détails, tous les rapports, & attendons que le temps, & un travail aflidu, nous ayent fait découvrir la liaifon de ces faits entr’eux, & les principes d'où ils dérivent, fr ces principes ne font pas du nombre de ceux dont il ne nous eft pas poflible de connoïtre la nature, ni de nous former une idée exacte. DÉELSNAS CNE ANT eBSaus M Sa OBSERVATION *“ SUR UN NOUVEAU PHENOMENE Concernant la ffruiture du fruit d'une efpece de Prunier. Par M. MARCHANT. D Epuis que la Botanique, fi utile & fi néceflaire à la Médecine, a prêté fon fecours à l'Agriculture, cet art * a fait de grands progrès, comme il paroït non feulement par la diverfité prodigieufe des Arbres fruitiers, dont les efpeces font devenuës très-nombreufes, mais particuliérement par l'ufage varié de la Greffe, aujourd’hui connuë & prati- quée chés prefque toutes les Nations. Par ces opérations l’on s’eft efforcé à l'envi, & l’on eft parvenu à rendre les fruits de quantité d'Arbres plus beaux, plus abondants & plus délicieux, en opérant aufli les uns * hàtifs, les autres au contraire moins paflagers, pour nous en … prolonger la jouiflance, & enfin les moyens de conferver “ ” certains fruits jufqu’au de-là des premiéres récoltes du Prin- “temps fuivant, ainfi que l’enfeignent plufieurs Traités d’Agri- culture. Mais comme le fujet de ce Mémoire regarde plus la * théorie des Plantes que l'ufage de la Greffe, je me reftraindrai » à mon obfervation, & je ne parlerai ici que d'un phénomene » (curieux qui concerne purement la phyfique des Plantes, le- quel je fis voir à la Compagnie il y a quelque temps, dans “ une efpece de Prune dont je ne fçais point que perfonne ait écrit. Je donnerai d’abord une légere idée de ce fruit; enfuite je ferai voir en quoi il differe par fa ftruéture intérieure des “… autres efpeces de fruits de fon genre, fuivant loccafion que . j'ai eu d'en faire l'analyle. | SR pr < Aa ij 17 Decemb; 1735 MÉMOIRES DE L'ACADEMI1E RoyALE Le fruit dont il s’agit eft une Prune qui meurit vers fa fin du mois deJuiliet. Alors fa furface eft fraiche & fleurie : elle eft à peu-près de la grofleur, de la couleur & de la faveur du Damas noir. Elle a en quelque façon la figure d’un petit œuf À, Kgérerment marquée, fuivant fa longueur, d’un filon peu apparent L. On Louvre facilement , étant ferme & {o- lide, ainfi que les bonnes efpeces de Primes. Sa chair ou pulpe BB a une légere teinte rougeâtre fur un fond de cou- leur verd-pâle, au milieu de laquelle l'on ne trouve toüjours qu'une fimple amande € de figure ‘oblongue, mais ronde dans cette longueur, & nullement platte, comme les amandes ordinaires, dont le diametre a'quatre lignes d’épaifieur-dans le milieu fur cinq à fix lignes de longueur, un peu terminée en pointe obtufe. Cette amande eft couverte d’une peau roufsâtre en dehors D, rayée de fibres paralleles à fa 1on< gueur, rude au toucher, plus pâle & liffe en dedans, & fous cette péau on trouve une pellicule Æ fort blanche, claire, fine & tranfparente. La chair de amande Æ, contenuë fous cette pellicule, eft aufli fort blanche, dure & duifante, & étant ouverte en deux lobes, Fon y voit ainfi que dans les autres efpeces d'amandes, le germe ou radicule G par lequel les Arbres commencent à produire leur végétation. Cette amande a la faveur & l'odeur des amandes de Prunes & autres fruits à noyau, qu'on appelle ordinairement odeur faveur d'amande amere, & fa peau rayée eft environnée de la pulpe ou chair du fruit, laquelle eft un peu adhérente à cette même peau, mais infmiment moins qu'elle ne l’eft dans les efpeces de Prunes qui ne quittent point le noyau. Une chofe encore plus particuliére à remarquer dans ce fruit, eeft qu'on y trouve toujours, uniquement d’un feul côté de chaque amande, un petit corps, que nous nommerons portion ou fegment de cercle HH, à caufe de fa figure courbée en faucille, très-dur & ofleux, tantôt plus tantôt moins erénelé de petites dents aiguës fur fa partie convexe, gros d'une ligne de diametre fur fix à huit lignes de longueur, fans ètre nullement adhérent à l'amande. Es 4 ANRT RS SOON DURE Sr LE “ - L'on doit obferver qu'il faut ouvrir ce fruit à l'endroit du petit filon L qui paroït légerement fur fa furface, pour voir ce fegment de cercle dans fa pofition naturelle, toüjours xéguliérement fitué à gauche, ainfi qu'il eft repréfenté en Z fur l'amande, entre l'empattement de Ia queuë du fruit & le haut de lamande, fa partie inférieure finiflant à l'extrémité ou pointe de lamande, étant d’ailleurs fort enveloppé de 1a pulpe du fruit fans y être attaché, ce qui eff particulier à cette Prune, ainfi qu'on l'a dit. « - 1 . de fa fleur, ni dans fes autres parties. Une chofe embarraflante au füjet de ce phénomene, c'eft qu'on ne fçait point jufqu'à préfent, qu'on ait trouvé par Fopération de la greffe, ni par aucune autre préparation, le moyen de priver le Prunier de la partie ligneufe ou noyau qui ordinairement enveloppe lamande de fon fruit, ni qu'on - ait dépouillé d’autres Arbres fruitiers de cette même partie Jigneufe, quoique par le moyen de la greffel'on change, pour -ainfi dire, la nature d'un Arbre en un. autre Arbre, laquelle is comme l'on fcait, eft très-ancienne , puifqu’elle pour y réuflir dès avant le temps de ces Hifloriens. » On trouve bien dans Le Catalogne du Jardin de Leyde, “compolé {ur la fin du dernier Siécle par Paul Hermans, une “étoit en ufage dès Je temps de Columelle, il y.a près de Come; » deux mille ans, ainf que le confirme Pline; lelquels Auteurs #” # ? #- rapportent prefque toutes les maniéres. de greffer qui font nat. liv, 17) ayourd'hui en pratique, & les précautions qu'on prenoit juyuu 194 tome 1, 376 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE elpece dé Cerilier, cité fous le nom dé Cerafus hortenfs; Jrudtu fine officulis, mais cette dénomination ne paroït pas affés décifive par rapport à notre fujet, d'autant qu'elle nous donne non feulement l’idée d’un Cerifier fans noyau, mais auffi fans amande, ce que nous n'avons pü examiner, ne fçachant perfonne qui cultive ici cette efpece de Cerifier, & qui d’ailleurs n'auroit pas un jufte rapport à notre Prunier, qui porte la principale partie d’un Arbre, laquelle, comme lon fçait, eft l'amande, & conféquemment la graine, par laquelle cet Arbre paroît devoir fe perpétuer. Sans vouloir aflürer des ufages des Noyaux qui renfer- ment les amandes des fruits, nous dirons que le fentiment le plus raifonnable à fuivre touchant ces enveloppes ou pro- ductions de la Nature, eft que ces parties folides fervent non feulement à conferver lamandé, étant dans la terre, contre la trop grande humidité qui pourroit la faire pourrir, & contre les rigueurs de Hiver, mais encore à la garantir de Fattaque de plufieurs animaux, qui fouvent la mangent ou la détruifent. Que de plus le Noyau, par fa dureté ligneufe, conferve à l'amande les parties huileufes & fulphureufes qu'elle contient, & qui en apparence contribuent à la fer- mentation & au développement de fes organes dans les pre- miers inflants de fa végétation. Enfin le Noyau, de fon côté, venant à pourrir après un certain temps, fe convertit, comme Yon fçait, en une efpece de terre ou pouffiére très-fine, la- quelle fert d’aliment au germe de l'amande, & contribuë auffr, avec les fucs de l'amande, à là production du jeune Arbre. Ce fentiment, tout-à-fait oppolé à celui qu'on doit avoir à l'égard de la ftruéture du fruit d'un Arbre tel que notre Prunier fans noyau, & qui nous préfente d’autres vüës de la Nature fur l'ufage qu'on vient d'attribuer aux noyaux, doit nous faire concevoir une infinité de moyens différents que k Nature émploye pour fes productions, & d’une phyfique qui ne nous eft pas encore parfaitement connuë, à l'égard de l’ufage des Noyaux, concernant la végétation des Arbres & des Plantes, iQ 1914199 HE 1 Hal - Ce us dédstit m'Es "Score NiCESNAN $7y - Ce phénomene eft devenu un probleme, dont la folution roit de fçavoir fi la pulpe du fruit de notre Arbre n'étant - que fort légerement adhérente à la peau de l’'amande, cette peau, dis-je, doit tenir lieu de noyau ; ou fi au contraire le fegment de cercle étant offeux, peut faire les fonctions de noyau. Mais fi ni l'une ni l’autre de ces parties ne peuvent tenir lieu ni faire les fonctions de noyau, comme il y'a toute apparence, alors il faut remonter à l'origine de notre Axbre. Car notre Prunier ayant d’abord été Sauvageon, puis après greffé d’une ente d’Arbre portant des Prunes fans noyau, il faut qu'il y ait eu d’autres Arbres de cette elpece avant celui-ci, à moins qu'il n’eût été le premier & ul individu de cette efpece: Mais auff, s’il nous eft permis - dele die, il femble qu'il ne feroit pas impoffible que par “ des combinaifons, il arrivât à de certains Arbres ce qui {e + pale à l'égard de la génération des Mulets & des Jumars; _& de même qu'il fe pourroit faire auffi entre quantité d’autres plus petits Animaux de diférent genre ou efpece, lefquels mous ne connoîtrions qu'imparfaitement. Ainfi de deux Arbres de différent genre greffés enfemble, feroit pro- venu Île premier des Pruniers qui a porté des Prunes fans noyau ; ce qui feroit une convenance entre la génération des Animaux & ceHe des Plantes, d'autant plus que les Mulets & les Jumars n'engendrent point, ainfi qu’on le fcait, ou, pour mieux dire, n’engendrent que très-rarement, comme _ fait en quelque façon notre Prunier, dont nous avons tiré _ des Greffes, que nous avons fait appliquer fur des Sauva- … geons, & piquer en terre des boutures de cet Arbre pendant 4 _plufieurs années confécutives, fans qu'aucune de ces opéra- - tions nous ait réufll. …. Cependant la ftructure extraordinaire du fruit de notre … Arbre ayant toûjours été conftante & uniforme en toutes {es - parties, & fon amande ayant germé, nous avons cru devoir - conftituer en fa faveur une efpece de Prunier que nous - mettrons au rang des autres, mais que nous nommerons Prunus fine nucleo, amygdalä fegmento circuli offeo comitaté, Men 1735: Bbb A 378 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyArE Car quoique l'on foit aflés aujourd'hui dans l'opinion que les Animaux & les Plantes ont été organifés dès leur origine, cependant il faut demeurer d'accord que la Nature s'eft tel- lement enveloppée dans cette organifation, que fouvent nous n’en connoillons qu'imparfaitement le méchanifme : il arrive même des efpeces de productions ou développements fi extraordinaires, qu’elles paroiflent renverfer plulieurs dé: couvertes qu'on a faites fur différents fujets, témoin la végé- tation particuliére fur le Tan, rapportée dans les Mémoires de l'Académie de lannée 1727, & le fegment de cercle dont nous venons de parler, & defquels nous n'avons pü découvrir ni les fonétions ni l'ufage ; mais toutesfois il fem- ble qu’on pourroit dire, en faveur de cette derniére obfer- vation, que la Nature, par un effet de fon immenfe fécondité, a voulu nous donner un Arbre qui tint le milieu entre les Arbres à noyau & les Arbres à pépin : dans cette hypothele, notre fruit ne fera ni à noyau ni à pépin, ce qui donneroit la folution du probleme. Cependant nous ne laiflerons pas de continuer nos remarques fur les jeunes Arbres que nous avons élevés, des Amandes de celui dont on vient de donner la defcription , lefquels pourroïent encore produire quelques nouvelles connoiflances au fujet de ce phénomene, dont nous rendrons compte à la Compagnie ; la Végétation des Plantes & leurs différentes modifications ne dépendant pas de nous, mais d'un certain développement progreffif & fucceffif, quoique fouvent affés lent ou caché à notre égard, & enfin tel qu'il plaît à la Nature de nous laïffer plus ow moins facilement pénétrer dans fes Secrets. + PE oh. : : M: Men. de lead 1786 pl.14 . pag. 378 . « Jine nacko, A7 g al) ; . à $ A erto Circule off, Comtata . D — . S _———— _ 3 d fé: . SSSR : Meme Utard 1736 pl.14 pag. 338 E Se n] n ? A runus Sine nucteo, ant vg dal ) La > : ] s 1 Jegmento Crcul of%, Corner ŒE e Le Ed 1 PT LA ET nr The Ld “ À T7 Cu : à | L … S DES :S CT ENCE Su! 379 E X AM EN DE F4 | QUELQUES PARTIES D'UN SINGE. Par M. HunaAuULzp. J "Ar eu occafon de difféquer un Singe; mais comme 20 Decemb, a) il y avoit déja quelque temps qu'il étoit mort, je n'ai 1735- . pû m'attacher à toutes les chofes que j'eufle été bien-aife d'examiner. Je me fuis prefque entiérement borné à la dif feétion des parties dont nous avons la defcription dans la 2de _ partie du 3° tome des anciens Mémoires de l'Académie, xéimprimés en 1733- I m'a paru que l'Académie répétoit volontiers les obfervations qu’elle a faites, pour les confirmer de nouveau, ou pour les corriger, . LeSinge que j'ai difléqué, m'a paru à peu-près de l'efpece (du fecond dont il eft fait mention dans les Mémoires que je viens de citer ; la feule différence que j'y ai trouvée à l'exté- sieur, cc'eft que les oreilles du mien étoient tout -à- fait #emblables dans leur configuration à celles de l'Homme. JL étoit un peu moins grand que celui de nos Mémoires, peut-être parce qu'il n'étoit pas encore parvenu au térme de fa grandeur. Ses épiphyfes bien marquées, & une diftin- Æion fenfible entre les os pubis, ifchium & des iles, prouvent fa jeuneffe. | ns Avant que d'ouvrir le ventre de mon fujet, je foupçonnai «que la Figure, qui dans lés anciens Mémoires repréfente la q fin de l'inteflin ileon & le commencement des gros inteftins, …— nedevoit pas être conforme à la nature. Mon foupçon s'ef =. «trouvé bien fondé. On a gravé fur l'ileon une dés bandes _ Aigamenteufes qui ne doivent fe trouver que fur le colon, c'eft ce qui m'a engagé à faire faire une F ue plus exacie ÿ Fig. 1. Page 58. Page 61. 380 MEMoIRES DE L'ACADEMIE Royarr de ces parties ; je les ai fait deffiner avant que de les en- lever du fujet, & après les avoir foufflées. On a marqué dans l'ileon des points pour repréfenter les glandes difpofées par paquets, qu'on apperçoit facilement vers la fin de cet inteftin au travers de fes membranes. Du premier coup d'œil on apperçoit dans le Singe les trois bandes du colon. Il n’y en avoit anciennement que deux bien connuës dans l'Homme. Avant M. Morgagni & Valfalva, on ne faifoit pas ordinairement mention de la troifiéme, qui eft cachée par l’attache du mefocolon. Cependant ïl paroît par nos anciens Mémoires, que cette derniére bande étoit connuë en France il y avoit déja long-temps, car voici ce qu'on lit dans la Defcription anatomique des Singes: Lecæcum alloit en pointe, © étoit fortifié par trois ligaments, à la maniere que le colon l'eff dans l'Homme pour y former des cellules. W y a environ deux Siécles que Sylvius avoit trouvé dans le cadavre d’une Femme, morte en couche, les trois bandes du colon & leur épanouiffement fur le reétum. Voici fes termes: Colon tres villorum reforum ordines habuit, fingulos parvi digiti latitudine : qui ubi rectum inteflinum minus colo capax attigerunt, id undique cingunt. (Settio varior. Corpor.) J'ai remarqué dans le Singe que j'ai difléqué, que l'épi- ploon n’étoit pas attaché précifément le long du fond de leftomac, mais beaucoup plus vers fa face antérieure. J'ai trouvé Finfertion du canal coledoque & du canal pancréatique, comme elle fe trouve dans fHomme ; nos anciens Mémoires difent que dans les Singes qu’on a difléqués, ces deux canaux ne s'ouvroient pas dans le même endroit de l’inteftin. Les parties de la génération, difent nos Mémoires, etoient Jfemblables à celles de la Femme, car le col de la matrice avoit un grand nombre de fibres charnuës qui venoient du fphincfer de l'anus, &c. On voit qu'on a donné le nom de co] de la matrice à l’orifice du vagin, car il eft clair que ce n'eft point le col de la matrice qui avoit ces fibres, mais l’orifice du DR SNSAC IT EI EMI A8N de la Femme. On lit dans les mêmes Mémoires, que le grand dentelé qui dans f Homme ne prend fon origine que de lomoplatte, naïfloit encore dans le Singe de a 4me, $me & 6me vertebre du col. I femble qu'on veut dire par-la que les portions du grand dentelé, qui viennent des vertebres du col, vont aux côtes. On voit facilement que cela ne doit pas être ainfi, & que les fibres du grand dentelé qui viennent des vertebres, ainfr que celles qui viennent des côtes, vont toutes égale- ment à l'omoplatte. La difpofition de ce mufcle eft la même dans le Singe, dans le Chien & dans d’autres animaux. J'ai fait deffiner ce Mufcle du Singe, quoiqu'il n'ait rien de par- ticulier dans cet animal, ainfi que je viens de le dire, mais parce que fa ftruéture en général peut fournir matiére à quelques réfléxions. Dans cette Figure, l’omoplatte eft écartée des côtes, & elle fe préfente par fa face concave. On voit que toutes les fibres du grand dentelé ont une attache à la bafe de Yomoplatte; que les fibres qui viennent de Ia partie infé- rieure & de la partie moyenne de cette bafe, s’attachent aux côtes par des digitations, & que les fibres qui ont leur attache vers l'angle fupérieur de fomoplatte, vont par fept digitations étroites, aux apophyfes tranfverfes des vertebres du col. Sans entrer dans tout ce qu'on 2 dit fur les ufages de ce - qu'il a dans le Singe & les quadrupedes, ïl fert avec fon ” pareil à foûtenir toute la partie antérieure de leur corps. Le » tronc dans les quadrupedes n’eft point articulé par fa partie … antérieure avec les os des extrémités deftinées à le foûtenir, … de même qu'il eft articulé par fa partie poftérieure avec les … deux femur. Il n’y a que des mufcles qui fafent cette union, . & parmi ces mufcles, les deux grands dentelés doivent être …— regardés comme deux fangles qui font attachées d’une part 4 | Bbb iij vagin, fi la ftruéture de ces parties étoit femblable à celles. Mufcle dans l'Homme, on en peut remarquer un important . Page 6 ÿa Fig, 2, 82 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoyALE aux côtes, & de Fautre à la bafe des omoplattes, & qui tiennent toute la partie antérieure de leur corps comme fuf- penduë fur les omoplattes. Ainfi ces deux mufcles font dans une perpetuelle action dans les quadrupedes, tandis qu'ils font fur leur quatre jambes, pour foûtenir la partie la plus confidérable du poids de leur corps, & les fardeaux dont on les charge. Si on veut fcavoir quel peut être l'ufage de cette portion du grand dentelé qui ne fe trouve point dans l'Homme, & qui dans quelques quadrupedes va des apophyfes tranfverfes des vertebres du col à la bafe de lomoplatte, il faut faire attention que dans beaucoup de cas les omoplattes font pouffées en arriére par les extrémités antérieures ; on conçoit aflés que cela arrive dans plufieurs circonftances, fans qu'il foit néceffaire de les détailler : alors la portion, dont il s’agit, des grands dentelés retient les omoplattes fixées. C'eft appa- remment pour le même ufage que le rhomboïde, qui dans l'Homme ne s'attache pas au deflus de la $me vertebre du col, monte dans le Singe, le Chien, &c. jufqu’à la 1'° ver- tebre du col. Dans le Singe que j'ai difléqué, les mufcles du larynx & du pharynx ne reflemblent pas auffi parfaitement à ceux de l'Homme, que le difent nos Mémoires. J'ai trouvé des diffé- rences dont je ne ferai pas le détail, parce que la corruption de mon fujet ne m'a pas permis d’en faire un examen fuff- fant pour en donner la defcription. Les mufcles fternohyoï- diens & fternothyroïdiens ont leur attache au flernum de même façon à peu-près que dans le Chien. J'ai apperçû plufieurs mufcles cutanés, dont je n’ai trouvé nulle part aucune mention. J'ai difléqué avec promptitude es mufcles de l'extrémité antérieure , la plüpart ont aflés de reflemblance avec ceux de l'Homme. Le mufcle biceps qui n’a qu’une tête dans le Chien, en a deux dans le Singe’, ainfi que dans l'Homme; auffi dans le Singe dl y a une apophyfe coracoïde qui manque + LAVDTEX SMS ICE 2 CmimNI)! 388 dans le Chien. L’efpece de conformité des mufcles de l'extré- mité antérieure du Singe avec l'extrémité fupérieure de Homme, m'a fait penfer qu'elle pourroit fe trouver de même dans les nerfs ; en effet je l'ai trouvée par rapport aux nerfs principaux, qui font les feuls que j'ai parcourus. Chaque os maxillaire eft divifé en deux dans le Singe que jai nouvellement difléqué. Il y a apparence qu'avec l’âge cette divifion eùût difparu. H y a des variétés dans trois têtes de Singe que jai, aux os propres du nés. Dans une de ces têtes il y a deux os. Dans une autre il y en a un troifiéme placé plus haut. Dans le Singe que j'ai difléqué il n’y a qu'un feul os plat. Je n'entre point dans le détail des Os du Singe, nous en avons plufieurs ie Voici feulement quelques cir- conftances. Nos anciens Mémoires ne font aucune mention des deux ns d'os fefamoïdes fort confidérables qui fe trouvent fur a partie poftérieure des condyles du femur, & qu’on connoit d'ailleurs. Cafferius dit que le Singe n’a point d’ Pete dans l'organe ‘de ’ouie ; on lit la même chofe dans des Livres bien plus modernes. Nos anciens Mémoires n'en parlent point. On — çaitaflés que les Singes ne font pas dépourvüs de ces oflelets. Les os pubis ne m'ont pas paru concourir à la formation des cavités cotyloïdes ; c’eft ce qu'on ne peut découvrir que dans un jeune Singe tel que le mien, dont les os innominés paroïffent encore bien fenfiblement compofés de trois os. “EXPLICATION DES FIGURES. à à Û FIGURE PREMIÉRE. A, le Colon foufflé, & lié en 3. _C, le Cæcum. D: D E, Ylleon. Les points marqués fur lIleon repréfentent 4 les Glandes par paquets qui paroifloient au travers des membranes de cet inteftin. 5 384 MEMoIRESs Dr L’'ÂACADEMIE RoYALExE FIGURE SECONDE. A, le Sternum. B, lOmoplatte écartée des côtes, & renverfée ; ainfi c'eft fa face concave qui fe préfente. Bb, la bafe de lOmoplatte. CC, les digitations du grand Dentelé, qui partent des neuf côtes fupérieures pour aller à la bafe de lOmoplatte. D, les digitations du grand Dentelé qui viennent des apophyfes tranfverfes des fept vertebres du col, & qui s’attachent à la partie fupérieure de la bafe de l'Omoplatte. SECOND 736. pl25 par 384. Te F F ME ns Jnonnea El DE: 52 18 :C\ IE ‘IN C JEUS 38$ SECOND M EMOTRE LIRE Su ERA 'O LS Et particuliérement fur le Vüriol blanc ordinaire. Par M. LÉMERY. . PRE's avoir fuffifamment examiné dans mon premier - Mémoire, ce qui fait la bafe principale de l’Acide vitriolique dans Ÿ Alun & dans tous les Vitriols, à l'exception néantmoins du Vitriol blanc ordinaire, fur la compofition naturelle duquel nous tâcherons de donner quelques éclair- cifflements à la fin de ce Mémoire ; il s’agit préfentement de fçavoir fi les parties qui conftituent la bafe principale de chacun des Mixtes dont on vient de parler, ne font pas fouvent & même toûjours mêlées à d’autres parties moins abondantes, chargées du même acide vitriolique. Ce qui juftifie. la recherche de ces parties moins abondantes, c’eft d’abord: un fait connu dont il a déja été parlé. Certains Vitriols naturels, dont la bafe principale eft du Fer, ne laifient pas de donner des marques certaines de Cuivre ; d’où lon voit que dans la formation de ce Vitriol, le Fer étoit mélé d'un peu de Cuivre, & c’eft pour cela que les deux métaux diflous à la fois par le même diflolvant, ont formé une mafñe d'un verd mélé d’un peu de bleu ; & fi la chofe fe pañie ainfi à Tégard du Vitriol vert, fi ce Vitriol contient du Cuivre, pour- … quoile Vitriol bleu ne contiendroit-il pas du Fer? Il en auroit » déja donné des marques, fi le Fer diffout fe précipitoit quand … ondui préfente du Cuivre, comme le Cuivre fe précipite . quand'on lui préfente du Fer. I y a donc fieu de croire que …. 4e Vitriol bleu naturel, outre le Cuivre qui domine dans fa = compofition ,. contient encore du Fer, & même d’autres nn Men 1735. Ccc 386 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RôyarE parties qui fe trouvent dans les autres Vitriols plus abondans- ment qu'on ne l'auroit jamais imaginé. Quand on n’auroit pas, dans certains Vitriols verts, mélés d'un peu de Cuivre, une preuve inconteftable de l’alliage de différentes matiéres chargées d’un même acide vitriolique, & réunies dans une même mafle de Vitriol ; quand nous ne trouverions pas la mème preuve dans quantité d'autres Mixtes naturels, & entre autres dans le Soufre commun, qui fait fouvent voir dans fon analyfe un peu de métal, ce qui marque que la plus grande partie de l’acide vitriolique de la maffe de Soufre commun analyfée avoit eu pour bafe une matiére grafle, mais qu'une légere portion de cet acide s’étoit auffx engagée dans un peu de métal, & avoit formé une quantité de Vitriol affés petite pour difparoître dans la mafle de Soufre commun, où ce Vitriol s'étoit trouvé mêlé & confondu ; quand enfin nous manquerions entiérement d'exemples qui puñlent attefler l'alliage que nous fuppofons dans plufieurs Mixtes naturels, la confidération de la maniére dont ces Mixtes fe forment dans les entrailles de la terre, fuffroit pour nous convaincre pleinement de la vérité de Ia chofe. | Quoique la Chimie naturelle fe fafle dela même maniére, c'eft-à-dire, par les mêmes agens, & avec les mêmes maté- riaux que la nôtre, & qu'il réfulte de l’une & de l'autre un très-grand nombre de compofés parfaitement femblables , il eft cependant très-vrai que la Nature, dans fes travaux chimi- ques, ne s'occupe point du tout à féparer les différentes fubflances qui fe trouvent mêlées enfemble, & expofées à la rencontre & à l'action d’un même agent : au lieu que ft le Chimifte veut faire, par exemple, du Vitriol vert, ou du Vitriol bleu, il a grand foin que la limaille de Fer ou celle de Cuivre foient bien pures, & fi elles ne le font point affés, il les purifie de fon mieux avant que de procéder à leur dif- folution. De-là vient que certains Mixtes naturels font bien plus chargés d’alliage que des Mixtes femblables, qui font l'ouvrage de l'Art ; & lorfque cet alliage fera tel dans les DE St MONO VE NC ES, 387. Mixtes naturels, que certaines parties l'emporteront de beau- coup fur les autres par leur quantité, ces parties dominantes feront alors auffi aifées à découvrir, que les autres le feront peu. Mais lorfque toutes les parties feront à peu-près en nombre égal, elles fe nuiront réciproquement par le déoui- fement mutuel qu'elles fe procureront, & fr elles ne fe font pas entiérement méconnoître en cet état, du moins les effais propres à les dévoiler déclareront-ils alors bien moins évidemment les différentes parties du compofé, que fi cha- cuné de ces parties euffent été expofées féparément à l'action de ces effais. Quoique les réfléxions que nous venons de faire, foient d'autant mieux fondées, que l'expérience en confirme par- faitement la vérité, il faut cependant avouer, à ma honte, qu'elles ne n'ont infpiré ni le deffein de découvrir de nou- velles parties dans les Vitriols, ni le procedé néceflaire pour en venir à bout. Je dois lun & l'autre à une obfervation dans laquelle le hazard qui me fa fait faire, ne m'a laiflé d'autre mérite que celui de profiter des nouvelles lumiéres & des vüës qui m'ont été offertes ; & ce n’eft que depuis qu'elles ont eu tout leur effet, que font venués les réfléxions qui ont précédé cet aveu, & le détail que je vais faire de ma derniére découverte fur les Vitriols, & fpécialement fur le Vitriol blanc ordinaire, dont la compofition jufqu'ici in- connuë, a été mal-à-propos confonduë, ainfr qu'il a déja été dit, avec celle du Vitriol calciné en blancheur, foit naturel, foit artificiel. | On fçait qu'après la diftillation ordinaire du Vitriol vert, on retire par la lotion, la filtration & l'évaporation , un Sel blancheître de ce qu'on appelle Zée-morte, ou Colotar, c'eft-à-dire, de ce qui eff refté dans la cornuë après la diftil- lation de l'acide vitriolique. Ce Sel a été appellé 57 fixe de Vitriol, & a été regardé par quelques-uns comme une efpece - deGilla Virrioli, ou de Vitriol blanc purifié, tant à caufe de: . fa couleur que de fa vertu émétique, qui eft à peu-près la. même que celle du Gilla. D’autres ont . que ce fel étoit cc ij 388 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d’une autre nature que le Vitriol, & cela fur quelque petite différence que le goût y faifoit appercevoir, fans qu'aucun Auteur, que je fçache, f foit avilé de chercher dans l'inté- rieur de ce Sel, fi fa compofition naturelle étoit véritable- ment différente de celle du Vitriol vert. C’eft apparemment à ce qui a fait que fans avoir égard à ce qui avoit été annoncé fur cette différence, plufieurs Chimiftes du premier ordre, dans ces derniers temps, en parlant de ce Sel, ont avancé que ce n'étoit qu'un refte de Vitriol vert, quele feu n'avoit point encore entamé, qu'il avoit feulement calciné en blancheur, & qu'il auroit réduit en Efprit acide & en Colcotar comme il avoit fait l'autre partie de ce Vitriol, fi ce feu eût été continué avec toute la force & tout le temps néceflaire pour cela. J'avouë que ce dernier fentiment m'avoit paru d'autant plus vrai-femblable, que le Sel qu’on retire de la Tête-morte de l’Alun diftillé, étant de véritable Alun compofé de même d'un acide vitriolique & d’une terre blanche, il étoit naturel de croire que le Sel refté après la diftillation du Vitriol vert, étoit auffi du Vitriol. Enfin cette analogie, qui m'avoit tenu lieu de preuve en faveur du fentiment où j'étois fur le Sel dont il s’agit, m'en avoit fait regarder la vérification expérimentale comme une chofe tout-à-fait inutile; & fi j'ai fait dans la fuite uelques expériences qui m'ont appris ce que je devois penfer Fe fa compofition naturelle, ce n'a pas été dans la vüë de cet éclairciffement, fur lequel je ne croyois pas avoir rien à defirer : du moins la premiére de ces expériences qui a été la fource de toutes les autres, n’a-t-elle été faite que pour avoir fur le champ un peu d'Encre dont j'avois befoin, & pour la formation de laquelle m’étant fervi d’une forte décoction de Noix de galle que j'avois toute faite, & d’un Sel tiré de a Tête-morte du Vitriol vert que je trouvai fous ma main, & avec lequel je comptois faire d’auffi bonne Encre qu'avec le Vitriol vert lui-même; je fus bien furpris quand je vis que le mêlange ne noircifloit pas le moins du monde. Je répétai plufieurs fois Ja même expérience avec d'autre décoction de piers #18 CAEN CHE rs NI 89 Noix de galle, & je vis toûjours la même chofe. J'apperçüs dès-lors que le Fer n'étoit pas la matrice de ce Sel, comme il T'eft du Vitriol vert. Je le reconnus encore par le mêlange de l'huile de Tartre, qui auroit dû produire un wagum ver- dâtre avec la folution de ce Sel, fi {a bafe eût été du Fer, & qui ne produifit qu'une précipitation d’une terre blanche, comme celle que dépofe l'Alun mêlé avec l'huile de Tartre. Le Borax, qui eft auffi un Sel alkali, produifit de même, avec notre Sel, un précipité blanc & terreux, tout fembiable à celui qu'il excite quand on le verfe far une diflolution d'Alun. Enfin la décompofition de ce Sel faite au feu ou au foleil, donne précifément les mêmes fubftances que Y'Alun, ce qui ne laifle aucun lieu de douter que ce Sel ne foit un véritable Alun, naturellément mêlé avec le Vitriol vert, & dont on ne s’étoit point geo avifé jufqu’ici de foupçonner le mêlange avec ce Vitriol. Si l'on eft curieux de fçavoir pourquoi ce qui refte dans la cornuë, après la diftillation ordinaire du Vitriol vert na- turel, ne donne aucune marque de Vitriol non décompolé, & difloluble dans eau, & que tout ce que l’eau en enleve . eft de l’Alun, ainfi que nous venons de le découvrir, on en trouvera la véritable raifon dans une obfervation que j'ai faite plus d’une fois fur de FAlun & du Vitriol artificiel compolfé d'un acide vitriolique & de limaille de Fer, autant pure & dégagée qu'elle pouvoit l'être de parties étrangeres, J'ai remarqué qu'une mafle d’Alun demandoit beaucoup plus de temps & de feu, pour être réduite en acide & en terre, qu'un poids égal de Vitriol artificiel, pour donner de même fon acide, & ne laïfier dans la cornuë qu'une mafie rou- geître & indifloluble dans l'eau ; de maniére que quand on pouffe par un même feu, & dans deux cornuës différentes, les deux mafles égales d’Alun & de Vitriol, & cela feule- - ment pendant le temps requis pour la réduétion de toute {a - matrice du Vitriol en une matiére indifloluble, & privée « par la perte de fes acides, de la forme faline qu'elle avoit - auparavant. Si fon examine alors la mafle d'Alun, on en Ccc ij 390 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE trouvera peut-être plus de moitié qui n'aura point été dé- compolée, & qui fera toüjours de ’Alun, à une petite diffé- rence près, c’eft que l’Alun avec la folution de fa Noix de galle verdit, & que le Sel tiré de la tête-morte d’Alun ne verdit point avec la même folution ; or cette couleur verte pourroit indiquer dans lAlun un petit mélange de Cuivre ou plûtôt de Vitriol bleu ; car j'ai obfervé que cette folution mélée avec le Vitriol bleu, produifoit une couleur de verd de mer ; & fuppolé qu'il y ait dans l’Alun un petit mêlange de Vitriol bleu, on conçoit que le feu, en enlevant une artie des acides de ce Vitriol, rend par-là fa bafe métallique indifloluble à l’eau, qui ne diffout plus alors que le pur Alun qui a réfifté à l'effort du feu, & dE eft devenu par-là d’au- tant plus propre à être employé intérieurement dans la Mé- decine, qu'il eft plus dégagé de parties de Cuivre, dont on doit toüjours redouter l'ufage érieur IL paroïtra peut-être fngulier, & il n'en eft cependant pas moins vrai, que l’eau qui tient de l'Alun en difiolution pendant long-temps, y produit à la fin ce que nous venons de remarquer que le feu de la calcination produifoit fur le même fel : voici ce qui m'a donné lieu d’appercevoir ce fait, & de quelle maniére je le conçois. Je fis fondre, il y a cinq à fix mois, dans une chopine d’eau ou environ, ce qu'elle püt difloudre d’Alun ordinaire; la liqueur étant coulée, j'en employai auffi-tôt une partie aux différentes expériences que j'avois à faire, & entrautres, à celle de la Noix de galle mêlée avec ce fel, ce qui me fit appercevoir la couleur verte dont il s’agit. Mes expériences faites, cette diflolution d'Alun eft reftée cinq à fix mois à découvert dans fa bouteille, fans que j'en aye fait aucun ufage. Au bout de ce temps, voulant répéter l'expérience de lAlun & de la Noix de galle, avec mon ancienne diflolution d'Alun, je fus bien furpris de voir qu’elle n’excitoit pas plus de vert avec la Noix de galle, que le faifoit avec un pareil mêlange, lAlun calciné : cet effet inattendu, & tout différent de celui de cette même diflo= lution d'Alun lorfqu'elle étoit nouvelle, me fit juger que DYE SUIS OT ENN GE st “ pendant qu'elle avoit été gardée, elle avoit fouffert quelque » altération particuliére d’où étoit venuë cette différence d'effet. Pour m'en aflürer, je fis difloudre une petite portion du même Alun dont je m'étois fervi fix mois auparavant, & cette folution nouvelle, mêlée avec la décoétion de Noix de galle, produifit la couleur verte, qu'avoit produit fix mois auparavant l’autre folution, & qu'elle étoit devenuë inca- pable de produire dans la fuite. : La maniére dont j'imagine cette différence, en fuppofant toûjours que la petite quantité de Vitriol bleu mêlée natu- rellement avec l’Alun, eft la caufe de la couleur verte qu’il produit avec la Noix de galle, c’eft que l'eau qui tient du Vitriol en diflolution, en enleve continuellement des acides qui fe répandent dans a liqueur, pendant que chaque petite partie de la bafe métallique de ce Vitriol, auxquelles ces acides viennent d’être arrachés, fe précipitent avec ceux qu'elles ont confervés, & qui ne fufhifent plus pour les rendre diflolubles par l'eau. Pour peu qu'on conferve en diffolution quelque Vitriol, on voit bien-tôt naître & augmenter ce précipité, qui ne tarde guére à troubler la limpidité de Ia liqueur. A l'égard de l'Alun, fa matrice terreufe lâche plus difficilement les acides dont elle eft chargée, que ne fait la bafe métallique des Vitriols, ce qui fait que ce fel diffout fe conferve plus Zong-temps en entier dans l'eau, & toutes chofes égales, fournit bien moins de précipité que les Vitriols. + Cela étant, quand de 'Alun a été tenu long-temps en _ diflolution, toutes ou prefque toutes les parties du Vitriol bleu qui y étoient jointes, ont eu Îe temps de fe décompofer jufqu'à un certain point, & de fe précipiter ; de maniére que - fi quelques parties propres de PAlun, fe font aufli décom- _ pofées, & ont abandonné Ie liquide, il y en eft toüjours refté a plus grande partie dépouillée du Vitriol bleu, par “…. Je moyen duquel elle ne peut plus, comme auparavant, produire une liqueur verte avec [a Noix de galle. __ La découverte de l’Alun contenu dans le Vitriol vert naturel, & l’obfervation fur ’Alun & le Vitriol artificiel de 392 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoyALE Mars, dans laquelle on trouve toute la théorie de cette dé- couverte, fourniflent un procedé raïfonné, non-feulement pour l'extraction de l'Alun mélé avec le Vitriol naturel, mais encore pour en féparer le plus d’Alun qu’il eft poffible: car fi dans la diftillation, ou {a calcination de ce Vitriol, qui font l’une ou l'autre le procedé néceffaire pour la fépa- ration de l’Alun qui y eft mélé, on laïfle ce Vitriol plus long-temps expolé à l’ardeur du feu, qu'il ne le faut pour réduire en matiére indifloluble, toute fa bafe ferrugineufe, il doit fe décompofer toüjours pendant ce furplus de temps, quelque portion d’Alun, & par conféquent il doit s'en re- trouver moins dans le colcotar du Vitriol, que fi le feu eût été ceflé plütôt : c'eft pour cela qu’au lieu de poufler pen- dant 80 heures à un feu violent, dans trois cornuës, & au même fourneau, trois portions également calcinées, & de rolivres chacune, de Vitriol d'Angleterre, de Vitriol d’Alle- magne, & de Vitriol blanc ordinaire, de chacun defquels je voulois retirer une plus grande quantité d’Alun non décompolé, que le temps ordinaire de la diftillation de ces Vitriols ne pourroit le permettre, je me fuis contenté de faire durer cette diflillation perdant 60 heures ou environ, après quoi j'ai leffivé le colcotar de chacun de ces Vitriols; celui du Vitriol d'Angleterre, m'a donné 3 onces un gros d'Alun; celui du Vitriol d'Allemagne, 1 r onces; & celui du Vitriol blanc, 30 onces 2 gros. Comme on ne diftille guére le Vitriol blanc ordinaire, & qu'on pourroit ignorer la nature de fon acide, je remarquera ici qu’il eft parfaitement femblable à celui des autres Vitriols naturels. J'eufle pù examiner le Vitriol bleu, comme j'ai fait les trois autres Vitriols, c’eft-à-dire, par rapport à l’Alun qu'il peut contenir, mais j'en réferve l'examen pour un autre Mémoire, dans lequel je rapporterai quelques expériences que j'ai déja faites, & que je veux répéter encore, tant fur les bafes des trois Vitriols qui ont été diftillés enfemble, que für celle du Vitriol bleu. Quoique nous ayons abbrégé dans la difillation de ces trois DE S2,S 01€ N°€ ESS Vi 1. 9 trois Vitriols, le temps qu'on a coûtume d’y employer, & cela pour retrouver dans le réfidu de ces trois diftillations, une plus grande quantité d’Alun, que nous n’euffions fait fans cette précaution, nous ne prétendons pourtant pas pour cela, que ces trois Vitriols ne contiennent d’Alun que ce qu'ils nous en ont donné; il eft impoffible qu'un feu de près de 60 heures, auquel ils ont été expolés, n’ait pas décompolé une aflés bonne quantité de leur Alun ; & pour pouvoir évaluer par une efpece de mefure expérimentale, la quantité de cet Alun décompofé, je me fervirai d’une expérience que _ j'avois faite pour plufieurs ufages, & qui convient parfaite- ment à celui-ci. En faifant diftiller à un même fourneau & à un même feu les trois Vitriols dont il a été parlé, j'avois diftillé auffi par le même feu & au même fourneau, qui étoit _ de quatre cornuës, 6 livres d’Alun, dont 4 livres à peu-près ont été décompolées, & ont donné leur acide, pendant que deux autres livres font reftées dans la cornuë , & ont été - féparées par la lotion, la filtration & l'évaporation. D'où je conclus que fi le feu employé pour la diftillation des trois * Vitriols, a décompofé les deux tiers de l'Alun expolé au » même feu, & en a laïflé un troifiéme tiers entier, la même * chofe pourroit bien être arrivée à Alun contenu dans cha- _cun des Vitriols, c’eft-à-dire, que comme les deux livres . * d'Alun qui ont réfifté à l'effort du feu, font un tiers des fix livres d’Alun employées, & annoncent en quelque forte _ deux autres tiers que le feu a décompofés ; de mème auffr ce qu'on a trouvé d’Alun dans chacune des tètes-mortes des | Vitriols, pourroit bien être le tiers de deux autres tiers au 14 moins analyfés par le feu, & qui ne fe retrouvent plus. Par - conféquent ro livres de Vitriol d'Angleterre, qui après la _diflillation ont donné 3 onces 1 gros d’Alun, auroient dû. en contenir 9 onces au moins & 3 gros ; 10 livres de Vitriof d'Allemagne, de la tête-morte defquelles on a retiré 1 1 onces -d'Alun, auroient dû en contenir naturellement 3 3 onces au moins; & les dix livres de Vitriol blanc qui ont fourni après. “ Ja difillation trente onces 2 gros d’Alun non décompofé, Mem. 1735: D dd 394 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE RoyarE auroient dû être chargées de 90 onces 6 gros d’Alun. Quoi qu'il en foit, on peut toüjours conclurre de la quan: tité d'Alun tirée de chacun des trois Vitriols, que celui d'Angleterre en contient naturellement bien moins que des deux autres ; que celui d'Allemagne en contient près de trois fois plus que le Vitriol d'Angleterre, & près de deux fois moins que le Vitriol blanc ; & comme le Vitriol d'Alle- magne, outre les parties d'Alun, en quoi il furpañle fi fort celui d'Angleterre, contient encore, ainfi qu'il a déja été prouvé, du Vitriol bleu, qu'on n'apperçoit pas demèême dans le Vitriol d'Angleterre, il en rélulte que ce dernier Vitriol contient en parties de Vitriol vert ou de Mars, ce que l’autre Vitriol contient de plus que lui en parties d'Alun & de Vitriol bleu, & qu'ainfi il y a bien plus de Vitriol de Mars dans une maffe de Vitriol d'Angleterre, qu'il n’y en a dans une mafle d’un poids égal de Vitriol d'Allemagne, Par confé- quent dans tous les cas où un alliage d’Alun & de Vitriof bleu au Vitriol de Mars, ne fera pas à craindre, & fera même convenable, le Vitriol d'Allemagne pourra être placé, & même préféré à celui d'Angleterre, qui fera à fon tour pré- férable à l’autre dans l'ufage intérieur, où le Cuivre fur-tout eft toüjours fufpeét & à redouter. Au refle les différentes quantités d’Alun que nous avons apperçüës dans les trois Vitriols analyfés, nous fourniflent un éclairciflement parfait, non feulement fur les différents effets que produifent ces Vitriols mêlés avec la Noix de galle & l'huile de Tartre, mais encore fur la compofition du Vitriol blanc ordinaire, qui n'auroit pas refté ft Iong-temps ignorée, fi Von eût plütôt découvert le mélange naturel & plus où moins abondant de l’Alun avec le Vitriol de Mars formé dans les entraïlles de la terre. Quoique la quantité d'Alun contenuë dans le Vitriol d'Angleterre, toute inférieure qu'elle eft à ce qu'en con- tiennent les deux autres Vitriols, paroifie néantmoins toù- jours d'autant plus confidérable qu'on ne s’avifoit pas de l'y foupçonner, non plus que toute celle dont les autres Vitriols DES S°c TE NICE 0€ font chargés ; cependant quand on compare ce qu'il y à dans le Vitriol d'Angleterre de parties d'Alun & de Vitriol de Mars, dont les unes, qui font celles du Vitriol de Mars, font à l'égard des autres comme quinze & plus eft à un ped moins d'un, on voit d'abord pourquoi l'huile de Taïtré qui blanchit Ha folution d'Alun, & en précipité üne matiéré blanche & terreufe, ne païoït rien faire de femblable avec FAlun contenu dans le Vitriol d'Angleterre ; car quoique PAlun féparé de ce Vitriol, foit réellement fufceptible, avec Vhuile de Fartre, de la même altération que l Alun ordinaire, & qu'il le foit toûjours encore aufli réellement, lors même qu'il éft confondu avec ce Vitriol, que quand'il en eft féparé, comme on le verra clairement par la fuite ; céperidant les parties blanches que Alun mêlé avec huile de Fartre ré: pand alors dans la liqueur, font fi peu de chofe en compa- raïfon du coagulum verdâtre dans lequel lhuile de Tartré ‘convertit dans le même temps les parties infiniment plus abondantes deVitriol de Mars, que les unes recouvertes 8e enveloppées par les autres, difparoiflent à la vûé, & laiffent * voir en plein celles du Vitriol de Mars. L . C’eft par la même raifon que le noir que produit la dé: coction de la Noix de galle mêlée à celle du Vitriol d’An- gleterre, ne paroït pas différer de celui qui réfulte du mé- lange de la même décoétion de Noix de galle avec celle d’un Vitriol dé Mars artificiel , fait avec une limaïlle d’Acier bien dégagée de toutes parties étrangeres ; car quoique les parties d'Alun contenuës dans le Vitriol d'Angleterre, non {eulément ne contribuent en rien à la couleur noire , mais encore occupent la place de parties de Vitriol de Mars qui y contribueroient, & quoiqu'enfin l'Encre produite par le * Vitriol d'Angleterre, foit réellement moins noire que celle qui fa été par le Vitriol dé Mars artificiel dont on vient de : parler , cependant la différence de ces deux Encres doit être - & eft en effet fi petite, qu'il faudroit avoir des yeux bien fins & bien clairvôyants pour l’appercevoir. … Pour ce qui regarde le Vitriol d'Allemagne, és abondant D ij 396 MEMOIRESs DE L'ACADEMIE RoyaLre en parties d'Alun que le Vitriol d'Angleterre, & däns le: quel, à fupputer la quantité qu’il en contient, non urique- ment par ce qu'on en retire, mais par ce que l'expérience précédemment rapportée nous y en fait juger & admettre, ces parties d'Alun font à peu-près à l'égard de celles du Vitriol de Mars comme 3 à 13. On conçoit que quoique l'huile de Tartre verfée fur la folution de ce Vitriol, donne lieu au développement d’une beaucoup plus grande quantité de parties blanches & terreufes, qu'elle ne le fait quand c’eft fur le Vitriol d'Angleterre qu'elle agit, cependant trois de ces parties blanches ont toüjours à faire, dans le Vitriol d'Allemagne, à treize parties vertes, dont le nombre trop grand encore par rapport au leur, accable, noye & difperfe fi fort les parties blanches, que la vüé n'eft pas capable de les diftinguer en cet état. [m'a pourtant paru que le coagulum verdâtre produit par l'huile de Tartre verfée fur le Vitriol d'Allemagne, étoit d'un verd moins brun & plus clair que celui du Vitriol d'Angleterre, ce qui peut être imputé, tant aux parties blanches qui éclairciflent le verd du coëgulum , qu'aux parties de Cuivre qui font que ce coagulum tire un peu fur le bleu. A l'égard de l'aétion de la Noix de galle fur le Vitriol d'Allemagne, comme la couleur noire de l'Encre ordinaire eft uniquement dûë au Fer contenu dans le Vitriol dont on s'eft fervi pour cela, & que celui pour lequel on n’a employé qué de la limaille de Fer bien pure, & qui par-là eft tout entier Vitriol de Mars, fait de l'Encre plus noire qu'aucun : autre; on conçoit que le Vitriol d'Allemagne, dans lequel de feize parties, il n'y en a pas treize de Vitriol de Mars, fera toûjours avec la Noix de salle, de l'Enicre affés confi- dérablement moins noire que celle du Vitriol artificiel, & ue le degré de noirceur de moins qu’aura l’Encre faite avec le Vitriol d'Allemagne, fera proportionné & relatif à a quantité des parties d’Alun & de Vitriol bleu qui s'y trou- vent, & qui ne fervent qu'à diminuer &s altérer la couleur noire de cette Encre. Cependant comme cette couleur eft DES SC LE N16 E; 6 397. encore affés forte malgré le Vitriol bleu, & l’Alun' que contient le Vitriol d'Allemagne, & qui, dans le cas préfent, ne peuvent faire un plus grand effet par rapport à leur quantité, & à celle des parties de Vitriol de Mars, avec lefquelles ils fe trouvent Joints dans le même Mixte; fi pour juger du degré de la couleur noire de l'Encre dont il s'agit, en la comparant avec la plus noire de toutes les Encres vitrioliques, je veux dire avec celle qui a été faite avec du Vitriol de Mars artificiel, on fe contente d'examiner chacune de ces deux Encres dans leur vaifleau, peut-être leur diffé- : rence paroïtra-t-elle aflés peu fenfible dans cet état, ou fi elle eft apperçüë, elle le fera encore davantage, en écrivant avec ces deux Encres fur du papier également blanc, & examinant enfuite les deux écritures en deux temps, fçavoir lorfqu’elles viennent d’être faites, & après avoir demeuré expolées quelque temps à l'air. . Les proportions d’Alun & de Vitriol de Mars qui fe trou- vent dans les deux Mixtes appellés Virriol d'Angleterre, & d'Allemagne, & qui font telles que l'huile de Tartre, & Ia décoction de Noix de galle, qui manifeftent clairement le Vitriol de Mars de ces deux Mixtes, ne feroient appercevoir dans aucun des deux le moindre indice d’Alun, fi on ne fçavoit pas d’ailleurs toute la quantité qu'il y en a, fur- …._ tout dans le Vitriol d'Allemagne : ces proportions, dis-je, d'Alun & de Vitriol de Mars, fe trouvant très-différentes . dans le Vitriol blanc ordinaire, il en doit réfulter, & il en réfulte auffi des effets tout-à-fait différents. . I a déja été remarqué que 10 livres de Vitriol blanc, + avoient donné après la diflillation, 30 onces 2 gros d’Alun, . &.fi l'on évaluë, fuivant le calcul fuggéré par l’expérience précédemment rapportée, ce qu'il y a eu d’Alun décompofé . pendant la diftillation, ce fera le double de ce qu'on en a retiré, c’eft-à-dire, 60 onces 4-gros, qui jointes aux 30 . onces & 2 gros, trouvées après la diftillation, font 90 onc. 6 gros, qui, fuivant-ce calcul, font contenuëés dans les 10 … livres de Vitriok blanc, & qui font plus de moitié du poids Ddd ij 8 MEMOIRES DE L'ACADEMÏIE ROYALE de ce Vitriol. Mais fuppofons qu'il y ait autant de Vitriol de Mars que d'Alun, & par conféquent que dans +6 parties de Vitriol blanc, il y en ait huit d'Alun, & huit de Vitriof de Mars, quand on verfera de la décoétion de Noix de galle für le tout, il n’y aura que les huït parties de Vitriol de Mars - fur lefquelles elle agira, & qui formeront une poudre noire fufpenduë dans {a liqueur. Mais comme les particules noires qui y nageront, ne feront pas réunies, & que chacune dé ces particules fe trouveront à côté d'autant d'autres particules ‘d'Alun qui ne feront pas noires, & qui écarteront les par- ticules noires les unes des autres, il en réfültera non un véritable noir comme avec les Vitriols d'Angleterre & d'A lemagne, mais une efpece de noir brun. Voilà d’abord ce que les différentes proportions d'Alun & de Vitriol de Mars contenus dans le Vitriol blanc ordinaire, produifent de par: ticulier avec la Noix dé galle. A l'égard de Fhuile de Fartre, il a déja été dit que quand on la verfe féparément fur de V'Alun & du Vitriol d'Allemagne, elle fait avec l'un un préz cipité blanc, & avec l'autre un cougulum verdâtre, malgré le nombre des parties d'Alun que contient ce Vitriol. Mais quand on mêle cette huile avec le Vitriol blanc ordinaire, le Vitriol de Mars dont ïl eft chargé, & qui avec la Noix de galle fe faifoit appercevoir clairement, fe devine à peine avec l'huile de Tartre, car le verd qu'il produit naturellement avec cette huile, & qu'il produiloit dans le Vitriol d’Alle> magne même, il ne le produit plus dans le Vitriol blanc, & au lieu d'un coagulum verdètre, qui dans cette expérience étoit le caractere fpécifique du Vitriol de Mars, c’éft un coagulum blanc & épais qu'on voit paroître, & cela, foit que la poudre blanche qui vient de V’'Alun, furpañle aflés en quan< tité les parties vertes qui viennent du Vitriol de Mars, pour : les recouvrir totalement , & les faire difparoître, foit que le vérd ne puiffe pas tenir contre le blanc, quand if s’y trouve feulement mêlé en parties égales. Quoi qu'il en foït, ce qui dénote le Vitriol de Mars dans le mêlange de huile de Tartré & du Vitriol blanc ordinaire, c’eit l’elpece de blancheur du a 12. DIE 48 On ÉAL'E Na © En Be précipité fenfiblement moindre que ne l'eft celle du précipité de l'Alun ordinaire, ou de l’Alun même tiré du Vitriol blanc, & féparé par-là du Vitriol de Mars, avec lequel nous fçavons d'ailleurs qu'il y étoit joint, & auquel par conféquent nous avons droit d'attribuer le moins de blancheur qu'a le préci- pité du Vitriol blanc. or, Quoique ce qui a été dit fur la compofition naturelle du Vitriol blanc, & fur quelques effets caractériftiques de ce Vitriol, foit d'autant plus vrai qu'il eft fondé fur une fuite d'expériences analytiques, qui n'ont pas feulement été faites fur ceVitriol, mais encore fur ceux d'Angleterre & d’Alle- magne, & fur l'Alun, ce qui forme un aflemblage de faits qui conduifent & concourent tous à la connoïffance du Vitriol blanc; cependant comme cette connoïffance, jufqu’à préfent ignorée, eft une efpece de probleme en Chimie, & mérite d'autant plus notre attention, qu'un Mixte dont on fe fert avec beaucoup de fuccès dans la pratique de la Méde- cine, & qui entre dans plufieurs Eaux minérales fort ufitées, | ne peut jamais être trop connu, je vais faire fervir la voye _ de la compofition à la vérification de ce que celle de analyfe m'a fait découvrir fur le Vitriol blanc. On fçait que c’eft-là le feul moyen de lever tous les doutes qui pourroient refter fur ce fujet, & que fi quelque chofe mérite en Phyfique le mot de démonftration, c'eft une vérité réfultante du témoignage » & de l'accord parfait de ces deux fources de lumiéres. . J'ai fait fondre dans de l'eau ce qu'elle a pû contenir d’un Vitriol de Mars que j'avois fait avec de la limaille de Fer - bien pure, & de l'efprit de Vitriol, D'un autre côté j'ai fait - fondre auffi de l’Alun ordinaire, de Y'Alun calciné & du Sel … tiré de la tête-morte du Vitriol blanc, dans ce qu'il a fallu » d'eau pour la diflolution de chacun de ces Sels. J'ai verfé fur la folution du Vitriol de Mars un peu de celle d'Alun, j'ai … bien mêlé le tout, j'en ai féparé deux portions, fur l'une def- …. quelles j'ai verfé de la décoction de Noix de galle, & fur + Jautre de l'huile de Tartre par défaïllance, & il en a réfulté . de J'Encre à peu-près aufh noire, &un caillé à peu-près auffi 400 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE vert que fi la folution du Vitriol de Mars n'eût point été mêlée d’Alun. J'ai adjoûté de nouvelle folution d’Alun fur celle du Vitriol de Mars, & cela par degrés, & à plufieurs reprifes, éprouvant toûjours à chacune, l'effet de la décoétion de Noix de galle & de l'huile de Tartre fur deux petites por- tions que j'en avois féparées, & j'ai remarqué qu'à mefure que j'allois en avant, l'Encre devenoit moins noire, & le caïllé moins vert. Enfin quand les proportions convenables d'Alun & de Vitriol de Mars fe font rencontrées, ce qui ne m'a jamais paru arriver que quand l’Alun a furpaffé en quantité le Vitriol de Mars, & cela plus ou moins, fuivant des circonftances que je n'ai pas encore bien démélées, & qui m'ont femblé exiger en différents temps une dofe plus ou moins forte d’Alun au de-là de celle du Vitriol de Mars; quoi qu’il en foit, toutes les fois que m'étant fervi de folutions de Vitriol & d’Alun, anciennement & nouvellement faites, je fuis parvenu à mêler avec celle du Vitriol de Mars, ce qu'il falloit alors de celle d’Alun, pour réprimer jufqu'à un certain point l'effet de noir & de verd que contraéloit le mélange par l'addition de la décoction de Noix de galle ou de l'huile de Tartre, ce n'a plus été ni du noir ni du verd, mais un noir brun, & du blanc que la décoction de Noix de galle & l'huile de Tartre ont fait naître dans la liqueur ; & ce blanc, de même que celui du Vitriol blanc, Fa toüjours été moins que le précipité de l'Alun par l'huile de Tartre, & cela à caufe du mélange du Vitriol vert qui ne fe trouve point dans l'Alun, & qui dans notre Vitriol blanc artificiel, comme dans le naturel, altere toüjours la couleur blanche du précipité de V'Alun contenu dans ces deux Vitriols ; & en effet qu’on verfe de l'huile de Tartre fur le Sel ou l'efpece d’Alun tiré de la tête-morte du Vitriol blanc, ce Sel débarraffé du Vitriol de Mars avec lequel il étoit joint, donnera alors un précipité fort blanc, au lieu d’un précipité d’un blanc fale qu'il donnoit, & qu'ileût continué de donner, s’il eût toûjours refté comme il étoit auparavant, c'eft-à-dire, fous la forme de Vitriol blane ordinaire, TES Bi OP Ga ER GE 970 2 ordinaire, & avec le Vitriol de Mars naturel qui en faifoit partie. -C'eft ainfi qu'avec de l'Alun & du Vitriol de Mars, que différents effais analytiques, tels que la diftillation, la dé- -coction de la Noix de galle, l'huile de Tartre, m'avoient fait découvrir dans le Vitriol blanc naturel, j'en ai fait d'arti- ficiel, dont les propriétés effentielles font les mêmes que celles du naturel, ce qui eft la réfolution de Ia plus grande partie du Probleme chimique fur la compofition naturelle du Vitriol blanc ordinaire. Je dis de la plus grande partie de ce Probleme, car quoi- qu'on ne puifie difconvenir que nous ne foyons parvenus à la connoifiance des deux principaux matériaux de la com- pofition du Vitriol blanc ordinaire, & que ce ne foit en conféquence de la proportion particuliére de ces deux maté- riaux, que le Vitriol blanc forme du noir-brun avec la Noix de galle, & un blanc-fale avec l'huile de T'artre ; cependant nous ne prétendons pas pour cela, qu'il n’y ait plus rien à . découvrir dans ce Vitriol. Quand on a trouvé fe moyen de faire avec de la limaille de Fer, & de l’efprit de Vitriol, un Mitriol vert, qui par fa couleur, par un grand nombre d'eflais connus, par fon acide vitriolique, par fa bafe métallique, & par fes vertus médicinales, reflembloit on ne peut davan- tage, au Vitriol vert naturel ; ft fur cela on eût prétendu qu'il n'y avoit plus rien à découvrir fur ce Vitriol, on en ._ auroit été démenti par ’Alun qu'on n’y avoit point apperçü, » & qu'on a vû que j y ai découvert depuis. - Il en peut être de même du Vitriol blanc ordinaire, & Ë ne. lieu de le croire fur quelques expériences, & _ éntr'autres fur la fuivante. n - Quand on fait du Vitriol blanc artificiel avec de‘Ÿ Alun ordinaire, ou avec de lAlun calciné, ou, ce qui revient au … même, avec du fel tiré de la tête-morte de l'un des trois ” Witriols, & qu'on compare l'effet de la décoétion de Noix de galle fur ces deux Vitriols artificiels, avec celui de Ia même décottion fur le Vitriol blanc naturel, on trouve qu'ils Mem 1735. Eee 402 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE font tous un noir-brun : mais le noir-brun de celui qui eft fait avec l'Alun ordinaire, eft un peu verdâtre, parce que YAlun non calciné produit, ainf qu'il a déja été remarqué, une couleur verte avec la Noix de galle, ce qui me l'a fait foupçonner de contenir alors un peu de Vitriol bleu, & cela fur un effet pareil du Vitriol bleu, mêlé avec la décoétion de Noix de galle. Et ce qui appuye cette conjecture, c’eft que quand, par une forte calcination de Ÿ Alun, on a donné le temps à la petite quantité de Vitriol bleu, qu'on lui fuppofe alliée, de fe décompofer, & de n’être plus difloluble par l'eau avec le refte de l'Alun qui left encore, le Vitriol blanc artificiel fait avec cet Alun calciné, & dépouillé du peu de parties de Vitriol bleu qu’il contenoit, fait bien, ainfi qu'il a été dit, avec la Noix de galle, du noir-brun, mais ce noir-brun n'eft plus verdâtre, il n’eft que noïr-brun, & tel qu'il doit être lorfqu'il n'entre d'autres parties dans la compofition du Vitriol blanc, que celles de l'Alun & du Vitriol de Mars. Or comme le Vitriol blanc naturel ne fait avec Ja Noix de galle, ni un noir-brun verdâtre, ni un noir-brun pur, maïs rougeâtre, cette addition de rouge qui n’eft attribuable dans le cas préfent, ni à 'Alun, ni au Vitriol de Mars, fuppofe vrai-femblablement dans ce Vitriol, un troifiéme corps dont la découverte s'offre à notre curiofité. 1 eft vrai que ce troifiéme corps entre pour peu de chofe dans la compofition du Vitriol blanc : car comme ce qui fait le verdâtre du noiïr-brun dans le Vitriol blanc artificiel fait avec l'Alun mon calciné, eft très-peu de chofe, ce qui fait le rougeitre du noir-brun dans le Vitriol blanc naturel, doit être très-peu de chofe auffi; mais plus ce troifiéme corps y fera en petite quantité, plus il fera difficile à déterrer de la multitude des parties d'Alun & de Vitriol de Mars, dans lefquelles il fera enféveli. Le É É +. nie S, SCA EN Ç Ki 41 . 403 DE LA PERPENDICULAIRE +. À LA MERIDIENNE DE PARIS, . Décrie à la diffance de 60000 Toifes de l'Obfervaroire vers le Mid. Par M DE THuRry. [NN a rendu compte au Public, dans les deux années à précédentes, des opérations qui avoient été faites pour déterminer la Perpendiculaire à la Méridienne de Paris juf- qu'aux extrémités orientales & occidentales du Royaume, Cet ouvrage, joint à celui qui avoit été déja exécuté pour décrire la Méridienne de Paris depuis Dunkerque jufqu’à Collioure, pouvoit paffer pour le plus complet qui ait été jamais entrepris pour la perfection de la Géographie, & l'on ‘auroit pû s’en contenter, fi lon n’avoit eu deflein que de rectifier la Carte de la France fans afpirer à la derniére pré- cifion , puifqu’on avoit, par ce moyen, déterminé géométri- qüement un grand nombre de Villes & d'objets remarqua- bles dans prefque toutes les Provinces de Ia France, aux- «quelles on auroït pü rapporter tous les autres, fans courir xifque de tomber dans de grandes erreurs. Cependant comme ce qui avoit été exécuté jufqu’alors ne compoloit encore qu'une partie du projet que le Miniftere avoit formé, de détérminer tous les lieux de la France par des mefüures géo- métriques & invariables ( projet qui avoit paru immenfe dans “on exécution, mais que le bien de l'Etat, & l'avantage qui ‘en devoit réfulter pour le Commerce, avoit fait entreprendre) ‘on jugea à propos de continuer ce travail, en préférant toù- jours les endroits dont ïl importoit le plus de connoître exactement la fituation. Dans le Voyage qui fut entrepris par mon Pere en 175 3, ee ij 12 Novemb, 1735° 404 MEMOGIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pour déterminer le parallele de Paris du côté de Occident, on trouva que ce parallele fe terminoit à Granville fur Ja Côte occidentale de la Normandie , & nous prolongeimes nos opérations jufqu'a St Malo, parce qu'en travaillant à la defcription de la Carte de la France, nous avions des vüës plus étenduës, néceflaires à la Géographie en général & à la Navigation, qui étoient de déterminer la grandeur des degrés de longitude fur le parallele de Paris, de la même maniére que l'on avoit déterminé la grandeur des degrés de latitude fur le Méridien de cette Ville pour en conclurre la figure de la Terre ; recherche qui a été jugée fi utile au progrès desSciences, que plufieurs Aftronomes & Géometres de l'Académie, M's Godin, Bouguer & de la Condamine, ont entrepris cette année le Voyage du Perou pour s’en affürer par la comparaifon de leurs Obfervations avec les nôtres, pendant que M" de Maupertuis & Clairaut fe dif pofent avec le même zele pour aller faire de femblables Ob- fervations vers les parties les plus feptentrionales de la Terre. On fçait que pour retirer le plus d'avantage des Obfer- vations aflronomiques dans Ja détermination des degrés, tant en latitude qu'en longitude, on doit choilir celles qui font faites dans les lieux les plus éloignés ; s'il s’y rencontre quel- que erreur, elle n’eft que de {a même quantité fur une plus grande ou plus petite étenduë comprife entre ces obferva- tions; d’où il fuit que plus cette étenduë eft grande, moins il en réfulte d'erreur fur chaque degré, & plus l'on connoît leur grandeur avec précifion. Ainfr comme Ja plus grande étenduë de Ja France, de l'Orient vers l'Occident, eft depuis Surafbourg jufqu'à Breft, & que nous avions déterminé l'an- née derniére la diftance de Paris à Strafbourg, on jugea qu'il falloit continuer ce travail, en décrivant une Perpendiculaire à [a Méridienne de Paris, à la diftance de 60000 toiles vers le Midi, qui devoit fe terminer vers les Côtes méridionales de la Bretagne, & que lon prolongeroit jufqu'à Bref. On avoit principalement en vüë de déterminer géomé- triquement la fituation de cette Ville, pour la comparer aux DES SCIENCES | 40$ Obfervations aftronomiques qui avoient été faites autrefois par Ms Picard & de la Hire avec tout le foin & l'exactitude _ poffible. On avoit deffein de déterminer en même temps le cours de la Loire depuis Orléans jufqu'à fon embouchure dans la Mer, étant très-important, pour l'avantage dû Com: merce, d'avoir la defcription exacte de cette Riviére, qui de toutes celles de [a France eft navigable dans une plus grande étenduë de terrein, & traverfe un plus grand nombre de fes Provinces. On fe pr@poloit auffi de déterminer géo- métriquement les principaux points: de la Côte de Bretagne, fur-tout ceux où aborde la plus grande partie des Navires, tant ceux qui font deftinés pour te Commerce, que ceux qui contribuent à la füreté de l'Etat ; car quoiqu'on eût déja fait diverfes opérations géométriques pour déterminer la pofi- tion de ces Côtes, on ne convenoit pas unanimement de leur précifion, on avoit même quelque peine à les concilier aux Obfervations aftronomiques, & il étoit néceflaire de les vérifier, fi elles avoient été exactes, ou de les rectifier, s'il S'y étoit gliflé quelques erreurs. M cle - Ce font-fà les principaux motifs du Voyage dont nous allons faire le rapport à l'Académie, & que j'ai fait de soncert avec Mrs Maraldi, l'Abbé de Ia Grive, le Roy & Chevalier. Nous avions déja travaillé enfemble avec mon + … Pere à la defcription de la Perpendiculaire de lObfervatoire de Paris, & leur zele pour le travail, joint à leur érudition, lui avoit fait juger qu'avec leur fecours nous pourrions réuffir dans notre entreprife, joint à cela que l'union qui étoit entre - nous ne devoit pas peu contribuer au fuccès de cet ouvrage; . & quoiqu'ils y ayent eu du moins autant de part que moi par les peines qu'ils fe font données pour l'exécuter, & fur- monter toutes les difficultés qui fe font préfentées,, ils ont bien voulu me donner le foin d’en rendre compte à cette Académie, pour m'acquitter envers elle d’un devoir qu'exige dé moi l'honneur qu'elle à bien voulu me faire, de me re- cevoir pendant mon abfence dans fa Compagnie. Dans le Voyage que nous avions fait en 1733, on avoit ce ii 406 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE été obligé de s’écarter du parallele de Paris vers le Midi, aux environs de Chartres, à caufe des Forefts qui nous empéchérent de fuivre notre premiére direétion. Comme on s’étoit, par ce moyen, approché d'Orléans qui avoit été déterminé autrefois par les obfervations de la Méridienne, nous jugeâmes qu’il falloit commencer par nous y rejoindre, afin de comparer enfemble la pofition de cette Ville déter- minée en deux maniéres, la premiére par les Triangles de fa Méridienne, la feconde par ceix de la Perpendiculaire ; il étoit d’ailleurs important de fçavoir avec quelle précifion on pouvoit revenir au même point par de longs circuits, en s'écartant de la direction que l’on s’étoit d’abord propofée. Nous allâmes donc d’abord obferver à Chartres, & par le moyen de quatre objets, nous eûmes lieu de vérifier deux bafes communes aux deux fuites de Triangles, fçavoir celle de Pithiviers à Orléans, & celle d'Orléans à Chaumont. Quoique nous n’ayons trouvé aucune différence fenfible dans le réfultat de ces deux bafes qui s’accordoient, à quelques pieds près, fur une diftance de 20000 toiles, il y en a eu une confidérable dans le réfultat des diftances à la Perpen- diculaire & à la Méridienne; celle d'Orléans à la Perpen- diculaire déterminée par les Triangles de la Méridienne, s'étant trouvée plus petite de 1 r toifés que celle qui réfulte de nos opérations, & la diftance à la Méridienne plus grande de 27 toiles On avoit dans cette recherche, calculé les diftances tant à la Méridienne qu'à la Perpendiculaire, fans avoir égard à la fphéricité de la Terre qui devoit y caufer quelque différence. Nous examinâmes donc à combien elle fe pouvoit monter, & nous trouvâmes qu'elle ne pouvoit produire qu'une erreur de 3 toiles; ce qui nous fit juger qu'une partie de cette différence pouvoit être attribuée à Tinégalité du terrein dont on ne tient point compte, à moins que les obfervations n'ayent été faites fur des lieux fort élevés, parce qu’elles font trop petites chacune féparément, mais que jointes enfemble, elles doivent donner les diflances plus grandes qu'elles ne font en eflet, niEist18/CA En CES tM Lex Après avoir ainfi déterminé da pofition d'Orléans, nous allâmes reconnoïître Îles objets que nous avions découverts du côté de l'Occident, & nous fuivimes aflés exaétement * da direction de notre Perpendiculaire jufqu’à la Ville de Troo, où ayant rencontré des Bois, nous fümes obligés de nous en écarter vers le Midi, & de fuivre les côteaux de la Loire. Il ne nous auroit pas été fort difficile de furmonter ces premiéres difficultés par le moyen des Signaux & des mé- thodes que nous avions pratiquées en pareilles occafions ; mais comme nous avions reconnu qu'en s'écartant confidé- rablement de fa premiére direction pour la reprendre enfuite, il ne pouvoit y avoir que quelques toifes d'erreur, dont on ‘pouvoit même tenir compte par la méthode que nous avons eu l'honneur d'envoyer à l Académie, nous jugeàmes à pro- pos de fuivre la Loire, où l’on devoit, fuivant les apparences, trouver un plus grand nombre d’objets bien expoñés, & par conféquent plus propres à former une fuite de Triangles, que dans un Païs plus couvert, tel que celui qui fe trouvoit pré- cifément dans notre premiére direction. Nous continuâmes donc nos opérations de part & d’autre de cette Riviére, en déterminant les Villes & principaux endroits qui y font fitués, & les différentes directions de fon cours. Lorfque nous fümes aux environs de Saumur, nous nous attachâmes à chercher des objets d’où l’on pût découvrir le » Clocher de Brion, où M. Picard avoit fait autrefois des Obfervations aftronomiques pour déterminer fa latitude. II nous étoit important de déterminer cet endroit, pour voir J'accord de nos opérations avec les obfervations aftronomi- ques, d'autant plus que cet Aflronome ayant trouvé la lati- tude de ce lieu de 47° 26° 25", elle réfultoit plus grande . de2' 1 2"par a comparaifon d'uneObfervation de la hauteur de Mars faite en même temps à Paris & à Brion. Cette différence, qui montoit à plus de 2000 toiles, dans un lieu aflés près de fa Loire, pouvoit caufer quelque erreur confidé- rable fur {a pofition de fon cours, ainfi il étoit néceffaire de la vérifier , & nous trouvâmes que la premiére détermination 408 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE étoit parfaitement conforme à ce qui réfüultoit de nos opéra- tions géométriques, ce qui fait voir qu'elles peuvent en certains cas rectifier les obfervations aftronomiques, fur-tout lorfqu'il y à lieu de former quelques doutes fur leur pré- cifion. x La vüë de Brion, quoique fitué à mi-côte, eft fort étenduë, & nous donna la pofition de plufieurs points confi- dérables qui nous conduïfirent à Angers, où nous nous rapprochämes de notre Perpendiculaire. Nous continuâmes enfuite nos Triangles par le fecours de divers fignaux, les côteaux qui bordent l1 Loire de part & d'autre, étant trop près les uns des autres pour que {eurs diftances nous don- naflent des bafes d'une grandeur fuffifante, & nous arrivämes à Nantes, où M. Picard avoit fait autrefois des Obfervations aftronomiques, tant pour les longitudes que pour lesatitudes. Celle des Longitudes réfultoit d’une immerfion du pre- mier Satellite de Jupiter, qui avoit été obfervée à Nantes le 14 Décembre de l'année 1679 à 4b 31° 10" du foir, & dont la correfpondante étoit arrivée à Obfervatoire à 4h 46" 40", c'étoit à l'entrée de la nuit, qui devoit alors être moins ob{cure à Nantes, tant à caufe que le Soleil s’y couche plus tard en hiver qu'à Paris, que parce que cette Ville eft plus occidentale de 1 $ à 1 6’ d'heure. Aiïnfr on avoit dû voir l'émerfion à Nantes plus tard qu'elle n’eft arrivée en effet, ce qui donne la différence des Méridiens plus petite qu'elle ne l'eft en effet. Cette différence pouvoit être la caufe, du moins en partie, de celle que l'on avoit remarquée dans la diftance de Nantes à Breft, déterminée autrefois par des opérations géométriques, qui f trouvoit plus grande que celle qui réfultoit des Oblfervations aftronomiques faites dans ces deux Villes. Comparant d’un autre côté la pofition de Nantes avec celle de la Flèche déterminée par M. Picard, on la trouvoit plus grande par les mefures itinéraires les plus exactes, que par les obfervations aftronomiques, ainfi il étoit important d'y pouvoir obferver quelques Eclipfes des Satel- lites de Jupiter, & il nous réuffit d'en faire une de l'émerfion du fecond ; 14 DES SCIENCES 409 _ du fecond Satellite, que M. Maraldi obferva par un temps fort ferein le 4 Août à 10h 1 1° 24" du foir. La correfpon- dante fut obfervée à Paris par mon Pere à roh 27'1 9% ce qui donne la différence des Méridiens de 1 $’ 55 > plus grande de 25 fecondes qu'on ne lavoit trouvée autrefois, Comparant la différence des Méridiens qui réfulte de notre Obfervation, avec la diftance que nous avons trouvée de cette Ville à la Méridienne de Paris de 1 51116, on trouve la grandeur du degré de longitude fur le parallele de Nantes de 37973 toiles, plus petite de 78 1 toifes que celle qui refulteroit de la Sphéricité de la Terre, ce qui paroît favo- rable à l'hypothele de la Terre Elliptique allongée vers les Poles : on auroit trouvé une différence en fens contraire par TObfervation de M. Picard, à laquelle nous n’aurions eu garde de préférer notre propre Oblervation fans les circon- flances dont nous venons de rendre compte, & qui n’ont pas permis à cet Aftronome d'y aj porter toute la précifion requife. Ds -… A égard de la diftance de Nantes à la Perpendiculaire, nous lavons trouvée de 28537 toiles, ce qui donne la latitude de cette Ville à la Cathédrale de 47° 1 3’ 8", & de 47° 12° 50" dans l'endroit où M. Picard l'a obfervée, plus petite feulement de 14" qu'il ne l’avoit déterminée. Ce fut à Nantes que M. Dionis, Commifaire général de la Marine, & les principaux Négociants de cette Ville, nous priérent de déterminer le cours de la Loire jufqu’à fon embouchure, & principalement Psinbeuf où abordent les Vaifleaux Nantois. - On ne découvroit du haut des Tours de 1a Cathédrale aucun objet fitué fur les bords de la Riviére à da diftance de plus de deux lieuës, ce qui rendoit cette entreprife difficile ; cependant l'envie que nous avions de réuffir dans un ouvrage auquel nous étions doublement portés par l'utilité que le Public en retireroit, & par la part que M. le Comte de Maurepas y prenoit, nous engagea à nous donner tous les mouvements néceflaires pour y parvenir, & nous détermi- Mem. 1735. ÊFE gro MEMOIRES DE L'ACADEMIE Rorare nâmes Painbeuf, S.' Nazaire, & enfin tous les Bourgs & Villages qui bordent la Loire depuis Nantes jufqu'à fon em- bouchure. A la détermination du cours de la Loire devoit fuccéder celle des Côtes de la Bretagne, ouvrage pour le moins auffx intéreffant pour le Public, & d'autant plus néceffaire, que, comme nous l'avons déja remarqué, on avoit quelque doute fur la pofition de quelques points fitués fur les Côtes de cette Province, nous primes donc le parti d’y déterminer tous les objets remarquables, tant Ifles que Rochers, avec leur diffé- rente configuration , en prenant leurs termes ou limites vüës de différents endroits pour en avoir toute l'étenduë. Nous prolongeimes en même temps nos Triangles le long de cette Côte, & nous rejoignimes notre Perpendiculaire, que nous trouvâmes pafler par lIfle de Groix, où nous allâmes faire nos obfervations à un Moulin qui eft fur la partie orientale de cette Iffe, qui n’eft éloignée que de quelques toifes de cette Perpendiculaire vers le Midi, à la diftance de222831 toiles de Paris. Cette lfle eft placée au Sud-oueft du Port- Louis & d'Orient, où abordent les Vaiffeaux de la Com- pagnie des Indes, & nous donna la pofition de ces deux Villes. Nous nous écartâmes enfuite de la Perpendiculaire vers le Nord pour remonter vers Breft, dont nous détermi- nâmes fa diftance à la Méridienne de Paris de 2 593 3 1 toif. & à notre Perpendiculaire de 45 386 toifes. Ce fut dans cette derniére Ville que Mrs les Officiers de Marine nous demanderent la pofition de FIfle d'Oueflant, qui eft le pre- mier objet remarquable que l'on découvre dela Mer lorfqu'’on eft près d'arriver à terre, & dont il étoit par conféquent très- eflentiel de connoître exaétement la fituation. Nous déter- minâmes donc la pofition du Fanal de cette Ifle, que nous trouvâmes éloignée de la Méridienne de Paris de plus de 280000 toifes. C’eft le terme le plus occidental de nos mefüres où nous fommes parvenus par une fuite non inter- rompuë de $7 Triangles, à compter depuis Orléans, après avoir déterminé toutes les Villes de là Loire, de même que 1H SGS cran ex: Ati elles de Ja Côte méridionale de la Bretagne, & plus de s00 Bourgs, Villages & objets remarquables, qui feront d’une très-grande utilité pour la defcription exacte de la Carte des Provinces où ils font fitués ; & comme l'on avoit employé pour cette détermination un grand nombre de Triangles, on crut les devoir vérifier par une bafe de 1 8ootoifes, qui fut mefurée fur le bord de la Mer, & qui fe trouva fort appro- chante de celle qui réfultoit de la fuite des Triangles. Nous aurions fouhaité, pendant notre féjour dans {a baffe Bretagne, d'y pouvoir faire quelques obfervations des Satel- dites de Jupiter, & celle de fEclipfe de Lune qui devoit arriver le premier du mois d'Octobre; nous étions pour cet “effet allés, les uns à Kimper, pendant que les autres étoient reftés à Breft pour y faire cette obfervation, au cas que le Ciel eût été plus ferein dans un de ces lieux que dans l'autre, mais le mauvais temps que nous avons efluyé pendant pref- -que tout notre Voyage, nous priva de cette obfervation, de même que de plufieurs autres que nous nous étions difpofés + à faire. Au défaut de ces obfervations, nous en avons d’au- tres qui, comme nous Favons déja remarqué, ont été faites autrefois par MY Picard & de la Hire, & dont la précifion ft du moins auffi grande que de celles que nous aurions pu y faire. On peut voir dans les Mémoires de Académie, les -foins que ces Aftronomes fe font donnés pour régler leurs Pendules. Ils y obferverent une immerfion du premier Sa- tellite le ro Septembre de l'année 1679 à oh 22' 30"1 - après minuit, dont la correfpor pations Mo ont'empêché de de faire : cependant Yobfervation queje viens'c de: rapporter, im'étoit toüjours: préfenie à à'efprits amais ayant apprisà Londres, ce mois de Septembre dernier, ietout le Sel volatil qu'on fait en Angleterre, ‘fe fait avec a Craye, je ne doutai plus qu on n’en püt faire auf en France avec cet intermede de la même! maniére: : BE roisiif}b el 209 La premiére expérience que j'ai faite à ce fujet ; ‘depuis «mon retour;d'Angleterre:, arété.avec:trois parties de Craye nor bien defléchée ;‘furcune de: Sel: aïmoniac aufit “defféché. ‘Le tout étant en poudre, je lé mis dansune rnué de grès, à laquelle j'adaptai um-grand balon, & je %# fi les vaifleaux ainfrlutés pendant 24theures, pour donner” _ detemps aux matiéres! qui_étoient féches:,» d'agir d'une fr . autre Je commençai le Iendemäin là difillation par un | _ feu-très-lent; qué:je Continuai ‘pendant: plufreurs heures ;1je Mem 1735. Ggg 418 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'augmentai enfuite, & finis par un feu de bois affés violent, Au commencement de l'opération, il tomba du bec de la cornuë des gouttes de liqueur affés épaifies, qui fe figerent au fond du balon ; il vint enfuite beaucoup de vapeurs blan- ches qui s'attacherent aux parois du récipient, & l'obfcur- cirent au point qu'on ne pouvoit plus appercevoir le bec de la cornuëé, Le lendemain les vaifleaux étant refroidis, je trouvai au fond du récipient une mafle de Sel volatil aflés confidérable, & les paroïs de ce récipient qui étoit fort grand, en étoient auffi incruftées de l’'épaifieur d’une piéce de douze fols, ce qui fait une bonne quantité de Sel volatil pour une demi-livre de Sel ammoniac que j'avois employé, mais je ne püs pefer précifément combien j'en avois eu, à caufe qu'il étoit tombé dans le balon un peu de {a terre qui avoit fervi à luter les vaifleaux ; cet accident m’engagea à rectifier une partie de mon fel pour l'avoir plus pur & plus pénétrant, car il ne l’étoit pas beaucoup. Pour cela je mis dans une cornuë de verre la portion de mon fel volatil où il étoit tombé du lut, & par une chaleur affés douce, je retirai environ les deux tiers de mon {el volatil qui étoit fort blanc, beaucoup'plus pénétrant que le premier, mais je fus furpris de trouver au fond de mon récipient une maffe rouffe qui contenoit une bonne portion de la terre du lut que j'ai dit qui étoit tombée dans mon fel volatil ; je penfai bien que le marc qui eft en bonne quantité dans ces terres à luter, pouvoit bien contribuer à la faire paffer dans la diftillation. J'ai auffi quelquefois eu un peu de cette terre ferrugineufe, fans qu'il y fût tombé du lut, apparemment qu’elle étoit dans la Craye, mais cela n'arrive pas toûjours, & il y a des Crayes qui donnent tout le Sel fort blanc. Cet accident ne me fut pas inutile, il m'engagea à examineravec plus d'attention fi, comme quelques Auteurs l'ont foupçonné, une portion des matiéres qu'on employe pour la diftillation du Sel volatil ammoniac, ne font pas.en partie emportées avec ces fels dans la diffillation, ce qui m'a fourni, comme on le verra dans la fuite, plufieurs obfervations finguliéres, ac bass mi dé: "fn inblité DES SCTENCESs. 4t9 D'ailleurs la poïtion du Sel volatil de ma premiére opé- ration, qui étoit attachée aux parois du récipient, étoit blan- che & opaque, ce qui me failoit encore foupçonner qu'elle contenoit de la Craye; n’y auroit-il pas lieu d’efpérer qu'on en retireroit une bonne partie, en reétifiant ce Sel volatil par une feconde fublimation? La Craye n'étant pas volatile par elle-même, & n'étant emportée dans la fublimation que par 'alkali volatil, ne doit-on pas juger qu'il en reftera une portion en arriére ! Cette réfléxion m'engagea à rectifier dans une petite cornuë deux onces du Sel volatil dont je viens de parler, qui s’étoit attaché aux parois de mon balon dans la premiére opération , mais par un feu d’abord aflés doux & enfuite plus aëtif, tout ce qui étoit dans la cornuë a pañlé dans le récipient, & il ne m'eft refté dans la cornuë qu'une incruftation charbonneufe, fort légere, qui avoit une odeur de brûlé très-defagréable , & le Sel volatil avoit auffi contracté cette mauvaile odeur, & n'étoit pas plus volatil qu'avant la rectification : oœæ qui prouve 38 , r 1% Que s'il y à de la Craye dans ce Sel volatil, elle fui ef jointe bien intimement, puifqu’elle ne l'abardonne pas dans des fublimations réitérées. tra -+ 2°. Que quand on rectifie ces Sels, il ne faut employer qu'un feu doux & modéré, pour ne point brûler la matiére grafle qui accompagne toûjours les Sels volatils. 17 3°. Que fi par cette redification on fe propofe de fes ‘avoir plus pénétrants, il n’en faut retirer que les déux tiers ou les trois quarts par un feu fort lent, parce que le plus -volatil monte toûjours le premier. | 01 J'aitrépété ‘cette même expérience avec 6 onces de Sel ammoniac, & 18 onces de Craye bien defléchée ; j'en ai retiré 6-oncés s gros + de Sel volatil très-blanc. : r'iJ'ai dit que j'avois employé dans ma premiére diftifation avec la Craye trois parties de Craye fur une de Sel ammo- 5 rs _ miac, mais il n'eft pas für que cette proportion foit la meïl: étre, c’efli pourquoi Jai répété cette même opération, en ‘éttant quatre/partiés de Craÿe fur deux de Sel ammioniac, Gegi 420 MEMOIRES DE L'ACABEMIE RoyALE ayant pareillement eu la précaution de bien deflécher mes. matiéres , & j'en ai retiré trois partiés de bon Sel volatil urineux, ce qui prouve inconteftablement qu'il pafle beau- coup de Craye dans le Sel volatil en queftion. Cette maniére de difliller le Sel-volatil ammoniac, que j'ai communiquée à M. Grofe, lui a paru aflés finguliére pour l'engager à la faire exécuter dans fon Laboratoire, & de deux onces. de Sel ammoniac, tantôt avec fix onces , &'tantôt avec quatre onces de Craye de Champagne non calcinée, if a également retiré 14 gros de Sel volatil. J'ai diten 1733, à l'oceafion d’un Mémoire fur le Tartre foluble, que M. Groffe avoit plufieurs fois fubftitué la Craye à la Chaux pour la diftillation de l'Efprit volatil ammoniac, mais on fent bien que cela n'eft pas f: fingulier que d'avoir du Sel volatil ammoniac en forme concrette par le moyen de cette terre. Je conviens qu'il ne manquoit à M. Grofle que de.ne, point adjoûter d'eau à ces autres. matiéres ; cir- conftance à la vérité fort légere, maïs qu’on auroit-peine à imaginer, parce qu'il ne femble pas qu'un el puifle rien pro- duire avec. une terre féche & aride, à moins qu'il ne foit difiout. M. du Fay a depuis fait auffi cette diftillation dans le Laboratoire de Chantilly, & d’une livre de Sel ammoniac avec pareille quantité de Craye, il a retiré huit onces de bon Sel volatil. Les opérations de M. du Fay & de M. Cat ne Fa pas feulement à confirmer celles que je viens de rapporter, elles me donnent encore occafion de faire quelques réflé-. xions qui ne feront pas inutiles à ceux qui voudront faire du Sel volatil deïcette façon. 1°. Ces deux Meffieurs ont employé la Craye de Chan pagne, & moi celle de Meudon, ainfi ces deux Crayes réu£ fifent également ; je lai auffi employée avec fuccès dans plufieurs de mes expériences. 2°. M. Grofie n'a pas eu autant de Sel volatil que moi, parce qu'il a fait fa diftillation au bain de fable, comme il: | AE St COTE NE Ets 258 convient de la faire pour avoir un bon Sel volatil qui ne fente pas le brûlé, au lieu que j'ai fait les expériences que je viens de rapporter, à feu nud, le donnant même afés vif fur la fin, parce que mon deflein étoit de retirer le plus de Sel volatil qu'il me feroit poflible. 3% Quand j'ai employé deux parties de Craye fur une de Sel ammoniac, j'ai eu un peu de Sel ammoniac fublimé au col de ma cornué , ce qui n’eft pas arrivé à M. Grofke, à ce que je crois, parce qu'il a fait fa diftillation au bain de fable, car la mienne étant à feu nud, une petite flamme du charbon aura pû donner fur la cornuë , & l'échauffer trop vivement au commencement de l'opération, ce: qui aura enlevé du Sel ammoniac qui étoit dans la cornuë à la partie füpérieure, & qui n'étoit pas recouverte de Craye, c’eft pour- quoi il convient, quand on a mis ces matiéres dans da cornuë, de mettre un peu de Craye en poudre par deflüs. 4°. Enfin M. du Fay n'a retiré que très-peu de Sel volatit pour la quantité de Sel ammoniac qu'il a employé, peut-être parce que cette partie égale de Craye n’eft pas fufhfante ; fi cela eft, il s'eft peut-être fublimé une portion de fon Sel ammoniac à la voûte de la comnué , ce qu'il faut éviter, parce qu'elle eft prefque en pure perte pour l'artifte. th Quoi qu'il en foit , voilà une maniére d’avoir à très-peu de frais, un fort bon Sel alkali volatil plus commodément qu'avec, les Sels fixes, & qui cependant n’eft décrite par aucun Auteur que je connoifle. Mais la grande quantité de Sel volatil que je retirois du Sel ammoniac en le diftillant avec la Craye, me fit efperer d'en pouvoir auffi retirer avec la Chaux , quoique tous les Auteurs aflürent la chofe impoffible, & que je l'euffe déja . tenté plufieurs fois fans aucun fuccès. 3 k ___… Jem'imaginai donc que fi je pouvois efperer d’y parvenir, ce feroit non feulement en retranchant l'eau qu’on à coûtume d'employer, mais même en defféchant mes matiéres comme _J'avois fait dans mes expériences avec la Craye. Ainfi je pris une once de Sel ammoniac defléché & en poudre, que je dia | _Géei 1 422 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mis dans une cornuë avec trois onces de Chaux, qui depuis trois ans étoit refté expolée à l'air, & que j'avois auffi def {échée à une médiocre chaleur ; les vaifleaux étant bien lutés, je laiffai le tot fe digérer pendant 24 heures, après quoi je diftilai d’abord à feu doux , & enfuité à un bon feu de charbon, jufqu’à fondre la cornuë qui étoit de verre; mais fans pouvoir jamais obtenir un atôme de Sel volatil, il y avoit feulement au fond du récipient, qui étoit reflé clair endant toute l'opération, tout au plus une demi - once d'Efprit volatil des plus pénétrants. Le peu de fuccès de cette expérience ne me rebuta pas, & je voulus voir fi les différentes Chaux produiroient lé mème effet; pour cela je pris de la Chaux d'Ecaille d'Huîtres, que je defléchai aufli bien que le Sel ammoniac , mais je n'en retirai non plus que de l'Efprit volatil, & point de Sel, En réfléchifiant fur les expériences que je viens de rap- porter, je me reffouvins de deux expériences que j'avois faites fur la Chaux ; l'une qui prouve que la Chaux fe chargé confidérablement de l'humidité de l'air, & l’autre que quand une fois elle s'en eft chargée, il lui faut donner une calci- nation des plus violentes pour la lui faire perdre entiérement. Cette expérience eff aflés finguliére , mais le fait que je viens de rapporter, eft fuffhifant pour faire comprendre avec quelle force la Chaux rétient l'humidité dont elle s'eft chargée; je réferve le détail & les circonftances de cette expérience pour un Mémoire d’obfervations für la Chaux, auquel je travaille, Je reviens donc à mon fujet. J'ai dit que quand je diftillois Ja Crayé avec le Sel am moniac, tous deux bien defféchés, je n’avoïs point d'Efprit volatil, mais beaucoup de Sel concret , & qu'au contraire avec la Chaux je n’avois point de Sel, maïs toûjours un peu d'Efprit; cela me fit croire que la chaleur que j'avois em- ployée pour deflécher mes matiéres, & qui étoit aflés forte pour'emporter à la Craye fon humidité, n'étoit pas à beau< coup près aflés vive pour en priver la Chaux auffi exaéte: ment qu'il le falloit pour la réuffite de l'opération, & qu'ainfi En RE à 0 ES en, M 2 Cr ne nn De en TE & JA DE Gr 29 CE AN GE Ge 4. elle contenoït encore aflés d'humidité pour en fournir au peu d'Efprit volatil que j'en avois retiré ; je jugeai donc qu'il ne feroit pas hors de propos de voir ce que la Chaux pro- duiroit avec le Sel ammoniac , lun & l'autre étant autant privés d'humidité qu'il me feroit poffible. 2. Pour cela je pris de la Chaux fortant du fourneau, & je fis-deffécher mon Sel ammoniac le mieux qu’il me fut pofi- ble, mais le feu qui avoit été aflés violent pour fondre ma cornuë qui étoit de verre, ne put pas enlever un atôme de Sel volatil, il diftilla feulement quelques gouttes d'Efprit très-pénétrant ; je remarquai de plus qu'il ne s’étoit point fublimé de Sel ammoniac à la voûte de ma cornuë, mais _ que toute la tête-morte avoit quitté le fond de la cornuë, ” & s'étoit élevée en une mafle jufqu'à {on col où elle étoit reftée. + Maintenant fi on fait attention à Ja petite quantité d'Efprit volatil que j'ai retiré de cette opération, on reconnoïtra, je crois, que dans la diftillation du Sel ammoniac avec 1a Chaux, le volatil ne pañe qu'à l'aide de l'humidité qui eft contenuë dans les matiéres, & qu'on y adjoûte, fans quoi & l'acide & l'alkali reftent tellement unis avec la Chaux, qu'un feu fort actif ne les en peut féparer. I faut donc adjoûter un peu d'eau quand on diftille e Sel ammoniac avec la Chaux, fans quoi on perdroit beau- coup d'Efprits, & cette remarque ne fera pas inutile, puif- qu'il y a des Auteurs qui recommandent de prendre de 1a Chaux vive, de la laiffer feulement deux ou trois jours à Yair, & d'en charger la cornuë avec le Sel ammoniac, fans ‘y adjoûter d'eau; je crois que les expériences que je viens de rapporter, prouvent le contraire : il faut cependant ob- ferver.en cela un jufte milieu dans la quantité d’eau qu'on y adjoûte, car fi on y en met trop, l'Efprit volatil fera trop -foible, à moins qu'on y remédiât, en ne diftillant pas toute - Thumidité, mais en finiflant l'opération, quand le plus volatil 1 -eft enlevé: au contraire, fi on en met trop peu, il reftera _ beaucoup d'Efprits volatils dans da tête-morte, comme le 424 MEMOYRES DE L'ACADEMIE Rovarg prouvent encore mieux les expériences fuivantes. 4 1°. Si on verfe de l’ezu fur cette tête- morte, elle s'é chauffe beaucoup, & répand une odeur urineule. à 2°. Si on la laifle à l'air, elle s'y humecte & répand Ja même odeur. ia 3°. Ayant verfé fur dix onces de cette tête-morte, deux onces d’eau, j'en ai retiré une once un gros & demi d’Efprit volatil d’une médiocre force. j Au refte, nous voilà plus perfuadé que jamais, de l'im- poflbilité qu'il y a d'avoir un Sel volatil ammoniac en forme concrette par la Chaux. Si on y adjoûte de l'eau, on a de lElprit volatil, à la vérité très-pénétrant. Sion retranche toute humidité, on ne retire rien, car les gouttes d'Efprit volatil que j'ai retirées avec la Chaux nouvellement calcinée, doivent être attribuées au peu d'humidité qui refte : indifpenfablement dans le Sel ammoniac, à caufe qu’on n'ofe le deflécher parfaitement, de peur qu'en l’expofant trop au feu, il ne fe diffipe en fumée, ou même à l'humidité qui entre dans la Chaux, immédiatement après fa calcination. à Je voulus maflürer encore fi ce n'étoit pas le degré de feu qui empèêchoit qu'on n’eût du Sel volatil avec la Chaux; & comme j'avois remarqué que la tête-morte de cette dis ftillation quitte fouvent le fond de la cornuë, & s'enleve en une mafle jufqu'à fon col, je me propofai de pouffer cette diftillation à un degré de feu des plus violents. Pour celaÿ je mis dans une carnuë de terre à creufet, une partie où trois onces de Sel ammoniac Hégérement defféché, & trois parties ou neuf onces de Chaux vive, qui n'étoit fortie du fourneau que depuis une huitaine de Jours, & qui étoit encore en pierre; je montai ma cornué fur.un fourneau fait exprès, qui recevoit beaucoup d’air par le cendrier; dont. le foyer étoit fort large, pour tenir plus de bois, & le labos ratoire étoit plus reflerré, pour augmenter l'action du feu en cet endroit où la cornuë étoit pofée; au-deflus de la cornuë étoit une tour aflés élevée, pleine de charbon, & couverte d'un dôme au milieu duquel étoit une cheminée: affés DES ScrEeEnNces 425 afiés large: mes vaifieaux étant bien lutés, je graduai le feu, ‘& le pouffai enfin au plus haut degré que ce fourneau le æpouvoit permettre ; j'ai eu, par ce moyen, un peu plus d’une once d’Efprit volatil, & il s'attacha au haut du balon, une très-petite quantité d’une matiére grafle qui y formoit une tache de la largeur de deux écus. Je crois qu’on peut regarder ‘cette matiére comme un Sel volatil imparfait, car elle fer- mentoit avec les moindres acides, mais elle ne fe fondoit que très-difficilement dans l'eau, & reffembloit plus à une gelée qu'à un Sel concret. Cependant la Craye qui, comme alkali terreux, produit en tant d'occafions les mêmes effets que la Chaux, donne néantmoins avec le Sel ammoniac beaucoup de Sé volatil, en quoi confifte la différence? Après ce que nous avons dit au commencement de ce Mémoire fur les parties du feu concentrées dans {a Chaux, il eft naturel de penfer que Îa différence confifte en ce que la Chaux a été expofée à une yiolente calcination, au lieu que la Craye n’a pas paffé par le feu; & fi cela eft, en calcinant la Craye, en la réduifant en Chaux, elle ne doit plus donner de Sel volatil avec le Sel ammoniac. C'eft dans cette intention que j'ai calciné à un feu de forge, une livre de Craye de Champagne ; quand J'ai jugé qu'elle étoit réduite en Chaux, je l'ai laifé refroidir, & avant que de l'employer, j'en ai mis un morceau dans de l'eau, pour voir fi effectivement elle étoit réduite en Chaux, elle Sy eft difloute avec bruit & chaleur, & l’eau furnageante avoit ce goût âcre qui caraclérife fi-bien l'eau de Chaux. Bien affüré, par les eflais que je viens de rapporter, que cette Dis -Craye étoit réduite en Chaux, j'en ai mis neuf onces dans une cornuë avec trois onces de Sel ammoniac, ce qui m'a d'äbord donné un peu d’Efprit volatil, & prefque dans le même temps un peu de Sel qui tapiffoit l'intérieur de.mon récipient, de belles aïguilles très-tranfparentes ; mais ma cor- . muë ayant café au commencement de l'opération, j'ai été _ obligé de la recommencer. 2 Mem 1735. Hhk - 426 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare Je remarquerai cependant qué comme il y’ avoit une autre cornuë lutée fur le même fourneau, je fis continuer le feu comme s'il n'étoit pas arrivé d'accident ; la violenæ du feu fit détacher dés morceaux de la cornuë caflée, & répandre dans les cendres une portion de ce qui étoit de- dans, & je remarquai que dans le temps où la chaleur étoit la plus violente, qu'elle s’entonnoit, pour ainfi dire, dans la cornuë caflée, & pafloit jufques dans le récipient, le Sel volatil y devenoit plus apparent, & qu’au contraire il difparut entiérement, quand les vaifleaux furent refroïdis. Les petits veftiges de Sel volatil, dont je viens de parler, me firent appréhender que ma Craye n'eût pas été aflés calcinée, & qu'elle ne fût pas parfaitement réduite en Chaux, ce qui mengagea à la calciner plus vivement pour l'expé- rience que j'étois obligé de recommencer. J'en mis, de même que la premiére fois, neuf onces dans une cornuë avec trois onces de SE ammoniac: il vint d’a- bord de l'Efprit volati, il s’éleva enfuite une petite quantité de Sel vb fort beau & fort tranfparent , mais qui ne s'attachoit qu'aux endroits où le balon étoit échauffé par le fourneau, ainfi la portion du récipient qui étoit du côté du sitio, étoit aflés chargée de Sel volatil, pendant qu'à Yautre partie il n'y en avoit pas le moindre veflige, & quand le balon fut refroidi, tout le Sel difparut, de forte que le Tendemain je ne trouvai dans mon récipient, que cinq gros d'Efprit volatil très-pénétrant, ce qui eft bien peu pour trois onces de Sel ammoniac que j'avois employé, auffi la tête-morte pefoit-elle onze onces, au lieu de neuf, qui étoit le poids de fa Craye, & à mefure que cette tête-morte s’humectoit à l'air, elle répandoït une odeur urineufe con- fidérable. On voit par cette expérience, que la même Craye qui, avant que d'être calcinée, donnoit plus dé Sel volatil que le poids du Sel ammoniac qu'on avoit employé, non feu- lement n’en donne que très-peu après la calcination, mais cette petite portion de Sel volatil ne peut fe foûtenir que k n 11 DT M Bu 39 N EUN CH I 4a7 jant que les vaiffeaux font chauds, & fe réfoud en liqueur à melure qu'ils fe refroidiflent. Ce n'eft pas tout, au liey d'être emportée en partie par le volatil urineux, comme cela arrivoit avant la calcination, elle retient, étant calcinée, beaucoup de Sel volatil, de même que la Chaux, & n’en life échapper que ce qui eft emporté par l'humidité qui fe trouve dans les matiéres. . À l'égard de l'objeétion qu'on pourroit tirer de la petite quantité de Sel volatil qui a paru pendant l'opération, on pourroit dire que la Craye, qui ne fait jamais une très-bonne Chaux, ne fe charge pas dans les plus violentes calcinations, d'une auffi grande quantité de parties de feu que les Pierres dures qui, communément, foufniflent de meilleure Chaux. Cette expérience paroît donc être très-favorable aux par ties de feu; cependant fi ce font elles qui donnent Ja liqui- dité à ces Sels, pourquoi ne s’eft-il formé de Sel concret que dans la partie de mon récipient qui étoit expolée à la chaleur du fourneau? en augmentant la caufe de la fluidité, gen doit-il fuivre la fécherefle? Cela peut arriver en certains gas, mais qui ne paroifloient pas avoir d'application ici. : Quoi qu'il en foit, l'effet fingulier que la calcination avoit produit fur la Craye, m'a fait naître l'envie de fçavoir ge qu'elle produiroit fur les Sels alkalis fixes, car enfin fi ce font les parties de feu que la calcination a portées dans la Craye, qui empêchentles Sels volatils qu’on diftille avec cette Chaux, de prendre une forme concrette qui foit durable, “un Sel fixe vivement calciné doit, ce me femble, produire à peu-près le même effet, iii: IL ne paroït pas douteux que ces Sels fe puifent charger de parties de feu, puifqu'on a recours à cet élement con- centré dans leurs fubftances, pour expliquer leur qualité auftique & brülante; eflayons-donc d'en charger ces Sels _- slkalis le plus qu’il nous fera pofhble, & voyons s'ils con- - tinuéront après cela à nous donner du Sel volatil en forme £oncrette. -:. J'ai, dans cette intention, mis dans une petite cornué, Hbb j 458 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE quatre gros de Verre de Borax, & deux gros de Sel ammoniac, & je n'en ai point eu de Sel volatil, mais feulement environ: le quart d’une cuillerée d'Efprit volatil fort pénétrant : le: Borax eft cependant un vrai Sel alkali, M. Lémery la dé: montré, il contient même une portion d’un alkali volatil, comme le prouve le Sel fédatif de M. Homberg, & encore mieux le Mémoire que M. Geoffroy a donné fur ce Sel ; cependant il n'a point donné ce Sel urineux volatil avec le Sel ammoniac; qui ne feroit pas porté à croire que c’eft- encore un effet de la violente calcination qu’on a donnée à ce Sel en le vitrifiant! Cependant, comme je ne fçais pas qu'on employe le Borax pour la diftillation du Sel ammoniac, j'ai cru devoir m'aflürer avant que de rien décider, de ce que ce Sel fim- plement defféché, & fans avoir été calciné, produiroit avec le Sel ammoniac. Aïnfi j'ai mis dans une cornuë, avec une demi-once de Sel ammoniac, une once & demie de Borax que j'avois fimplement defléché dans un creufet, mais je n'ai prefque point eu non plus de Sel volatil, même peu d'Efprit, & la meilleure partie de mon Sel ammoniac étoit fublimée à la voûte de ma cornuë en une mafle dure & criftalline. | J'ai encore appréhendé d'avoir trop calciné mon Borax, car je ne pouvois pas comprendre pourquoi je ne retirois prefque pas de Sel volatil avec un Sel auffi inconteftablement alkali. J'ai donc mis deux onces de Borax dans un creulét, & fi-tôt qu'il a été fondu, je Fai verfé fur un marbre pour le laïfler refroidir, & neuf gros de ce Borax avec trois gros de Sel ammoniac n'ont donné fix gros & demi d'Efprit volatil d'une médiocre force, & il eft refté dans la cornuë cinq gros de tète-morte avec un demi-gros de Sel ammoniac qui étoit fublimé à la voûte de la cornuë. Il eft vrai que ce Sel ammoniac fentoit l’urineux, ce qui pourroit faire croire qu'il étoit un peu allié de Sel volatil, mais cette odeur peut venir auffi d’une portion d’'Efprit volatil qui fera refté engagée dans le Sel ammoniac. Ces expériences offrent plufieurs chofes dignes d'attention. : DES ScrENCESs 429 - 1°. Le Borax, quoique prefque tout alkali fixe, ‘ne donne point, ou très-peu de Sel volatil quand on lemploye pour intermede dans la diftillation du Sel ammoniac. + 2°. Trois parties de Borax ne fuffifent pas pour retenix une partie de Sel ammoniac. °. Quand les matiéres ont été defféchées, j'ai eu très- peu d'Efprit, mais au lieu que la Chaux retient le Sel am- moniac, le Borax le laifle échapper. 4°. Quand on ne defléche pas les matiéres, on retire une aflés grande quantité d’Efprit, à la vérité affés foible, parce que le Borax & le Sel ammoniac contiennent beau- coup d'humidité. Ces expériences méritent bien d'être réité- rées & examinées encore de plus près, mais il refte pour conftant, que ce n’étoit pas la calcination qui m'empéchoit d'avoir du Sel volatil, ce qui rendoit ces opérations inutiles pour le but que je m'étois propofé, & me détermina à ne pour mon expérience le Sel de T'artre qu’on fçait qui doi du Sel volatil avec le Sel ammoniac ; je crus cependant devoir y joindre la Soude, à caufe de la reflemblance de on Sel avec le Borax. Je chargeai donc une petite cornuë de quatre gros de Sef ‘ammoniac, & d’une once & demie de Sel de Tartre que javois calciné à un violent feu de foufflets, & je mis dans une autre cornuë une pareille quantité de Sel ammoniac avec une once & demie de Soude que j'avois calcinée jufqu’à un ‘commencement de vitrification, mais malgré les calcinations | jai retiré de l'une & l'autre cornuë quatre gros de bon Sel “volatil. Ainfi bien loin que la calcination s’oppofe ici à la for- mation du Sel volatil, elle paroït plütôt la favorifer, puifque je ne fçache aucun Auteur qui dife avoir retiré comme moi auffi pefant de Sel volatil qu'il avoit employé de Sel am- moniac. ; + En r700, M. de Tournefort rapporte, comme une chofe fnguliére, qu’il avoit retiré ro onces de Sel volatil, plus 3 onces d'Efprit de 1 5 onces de Sel ammoniac; & en 1723, H bk üj 430 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royazr M. Geoffroy dit qu'en defléchant fes matiéres, & n'em< ployant pour toute humidité que de l'Efprit de Vin, il res tira 1 3 onces de Sel volatil de 1 6 onces de Sel ammoniac, c'eft-à-dire, plus des trois quarts de la pefanteur du Sel am- moniac qu’il avoit employé, au lieu des deux tiers que M. de Tournefort avoit eus: & moi, en retranchant l’Efprit de Vin, je retire autant & même plus pefant de Sel volatil que j'em- ploye de Sel ammoniac. Il eft vrai que quand on employe l'Efprit de Vin, le Sel volatil a toûjours une meilleure odeur, & ne fent point le brûlé ; d’ailleurs je prouverai dans la fuite que quand on veut avoir un Sel volatil bien pénétrant, il ne faut pas tendre à en retirer le plus qu'il eft poñfible, Ces remarques peuvent être utiles à ceux qui auront à diftiller le Sel volatil ammoniac, mais il faut revenir à notre objet, & examiner fi les expériences que j'ai rapportées dans Mémoire, ne peuvent pas jetter quelques lumiéres fur la Btion que je me fuis propofé d'examiner, & fournir quel- que caufe particuliére qui puifle du moins concourir avec celles qui ont été propofées pour l'explication du phénomene que nous eflayons d'éclaircir, pour cela je prie qu'on fafle attention : 1°. A la petite quantité d'Efprit volatil que j'ai retiré avec la Chaux, quand j'ai employé des matiéres bien deflé- chées par un feu des plus violents, je n'en ai eu que quelques gros d’une quantité affés confidérable de matiéres, 2°. A la facilité avec laquelle on retire cet Efprit quand on employe de l'eau, il ne faut prefque point de feu, 3°. À la grande quantité de Sel volatil que j'ai retiré avee Je Sel de Tartre & la Craye, mes matiéres étant bien defé- chées, j'ai eu au moins auf pefant de Sel volatil que j'avois employé de Sel ammoniac. D'où on peut conclurre que l'urineux de Sel ammoniac ne | peut pañler feul dans la difillation, puifque dans toutes les diftiations du Sel ammoniac nous voyons toüjours cet uri- neux engagé dans quelque autre matiére. Quand on employe un intermede avec lequel il ne DES SCIENCES. £ontraéte aucune union, comme le Sable, le Sel marin, même de Borax, le Sel ammoniac n’eft point décompolé, & durineux monte avec l'acide du Sel marin. D'autres fois il abandonne fon acide à l’intermede qu’on Jui préfente, mais en même temps lurineux s’unit intime- Ment à une portion de cet intermede qu'il emporte, quelque fixe qu'il foit de fa nature. Nous en avons vû des exempies dans les diftiliations avec la Craye, avec le Sel de Tartre & 1 Soude. Enfin dans la diftillation de F'Efprit volatil par la Chaux, ün le voit pafler avec l'eau qui eft contenuë dans les matiéres, ou qu'on y adjoûte à deflein. A -t-on foin de retrancher toute l'humidité? plus ni d'Efprit ni de Sel volatil. Ce {ont-là des faits inconteftables. Voici les conféquences qu'on en peut tirer. 1°. Toutes les fois que l'urineux ammoniac paroît dans l difillation en forme concrette, c'eft qu'il a emporté avec lui une portion concrette de l'intermede avec lequel on la diftillé, 2°. Toutes les fois qu'on a cet urineux en forme d'Efprit, c'eft qu'il a paflé dans la diftillation avec l'eau qui étoit contenuë dans les matiéres, & qu'au lieu d’être joint à une fubftance folide qui lui donne du corps, il l'efl à une liquide qui le fait paroïtre fous cette forme qui lui eft propre. Après les expériences que nous venons de rapporter, tout tela ne fouffre plus de difficulté ; mais pourquoi la Craye fle-t-elle avec l’urineux dans la diflillation, & que la Chaux réfifle fi puifflamment à fes efforts ? Quelque probables que me paroiffent les raifons que j'en vais donner , il s'en faut cependant beaucoup qu’elles foient auffi certaines que les faits que je viens de rapporter, je ne les propole denc que comme dés conjeétures, fur ce pied-là les voici. La Chaux eft une terre à laquelle la calcination a enlevé prefque toute fon humidité, prefque tous fes acides & tout te qu'elle contenoit dé gras, foit que ce gras appartint à quelques parties animales, comme cela arrive dans les Pierres 432 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE qui font compofées de coquillages, foit que ce gras foi£ bitumineux, comme cela peut arriver en d’autres occafions: la Chaux a cependant de l'âcreté, & eft brülante; c’eft aux parties de feu concentrées dans cette terre, que M. Lémery attribuë ces derniéres propriétés. Je ne crois pas qu'on puifie -en général donner une idée plus jufte de la Chaux. Il ef -queftion maintenant d'examiner ce qu'elle doit produire, en la fuppofant telle que nous venons de lexpofer. 1°. Elle doit être très-avide de l'humidité, & s'en charger quand on l'y expole. 2°. Elle doit abforber les acides, & les retenir puiflam- ment. 3°. Elle doit auffi s'unir avec les matiéres grafes, & faire avec elles une efpece de Savon. L'expérience d’ailleurs juftifie toutes ces propriétés, c’eft pourquoi je me crois en droit de dire que la Chaux n'agit pas feulement fur l'acide du Sel ammoniac qu'elle retient fr puiffamment , que la plus violente aétion du feu ne le lui peut faire abandonner, comme je le prouverai par des expé- riences particuliéres , mais encore que la Chaux agit fur la matiére grafle qui accompagne toüjours les Sels alkalis vo- latils, ce qui décompofe totalement le Sel ammoniac. De-à la grande tenacité du Sel ammoniac avec la Chaux, le feu le plus actif ne l’en peut féparer ; de-là encore cette grande déperdition d'alkalis urineux que j'ai déja prouvée, & que je démontrerai encore mieux par des expériences que je rapportérai dans la fuite ; & il eft inconteftable que tous ces effets font des fuites de la calcination, puifqu’en calcinant de la Craye, en la réduifant en Chaux , elle ne donne plus de Sel volatil. Mais de même qu'en calcinant de la Craye, on en fait de la Chaux, ne pourroit-on pas détruire dans la Chaux les effets de Ia calcination, & la rendre femblable à la Craye? C'eft dans ce deffein que j'ai quelquefois employé dans mes expériences de la vieille Chaux éteinte à l'air de- puis trois à quatre ans, mais on a yü qu'elle ne donne point de Sel volatil. J'en aï pris pareïllement qui, depuis plufieurs années, ; FIÉMDE SANS TONTUE NNCAE’S: 433 années, étoit reflée à l'air, ayant d’abord été éteinte dans Teau ; celle-ci a donné un peu de Sel volatil pendant lopé- ration, mais qui s’eft diflipé fi-tôt que les vaifleaux ont été . xefroidis, & ïl s’eft réduit en liqueur. Enfin j'ai leffivé pendant quatre mois de la Chaux, pañlant tous les jours de l'eau chaude deflus, & emportant celle qui » fürnageoit avec la croûte criftalline qui ne manque pas de _. s'y former, & ayant laiflé pendant deux ans cette Chaux à … Fombre, je l'ai employée avec le Sel ammoniac, & elle m'a donné aflés raifonnablement de Sel volatil très-tranfparent, & qui me paroifloit criftallifé en cube. Je Favois mis dans une bouteille pour l'apporter à l'Académie, mais en quinze ‘jours de temps il s’eft prefque tout réduit en liqueur, & la forme des criftaux eft méconnoiïffable. Voilà donc de Ia Chaux prefque redevenuë femblable à la Craye ; elle a ce- pendant confervé encore beaucoup d’âcreté fur la langue, _ aufr ne donne-t-elle pas tant de Sel volatil que la Craye, _& ce Sel volatil a plus de difpofition à fe réduire en liqueur. * Les matiéres abforbantes fe chargent toüjours par préfé- ‘rence des graifles groffiéres, le raffinage du Sucre & de fa Créme de Tartre le prouvent, auffi-bien que la rectification des Huiles fétides par la Chaux, cependant les Huiles les plus tenuës, celles qui font, pour ainfï dire, les plus élémentaires, eur échappent ordinairement; de-là la grande volatilité de _ TEfprit volatil ammoniac diftillé avec la Chaux qui a retenu a partie la plus groffiére du volatil urineux. Je ne crois pas qu'on puifle révoquer en doute ce que je viens d'avan- cer, je ne négligerai cependant pas de rapporter quelques expériences qui le confirment, d'autant qu'elles me mettront en état de répondre à deux objections que je fens bien qu'on . pourroit me faire. É - ” 1°. J'ai pouflé à un feu très-violent la diftillation du Sel … ammoniac avec fa Chaux, fans pouvoir retirer de la T'ête- . morte ni l'acide du Sel marin qui y refle très-certainement, | nila matiére graffe que la Chaux a retenue du Sel ammoniac ; … mais en verfant fur cette Tête-morte de Huile de Vitriol, Men, 1735. lii Rat MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE lun & l'autre fe font manifeftés, l'acide du Sel marin a pañié par la diftillation, & la matiére grafle a fait avec l'acide vitriolique un Soufre volatil des plus pénétrants. Qu'on ne foit pas furpris de cette ténacité de l'acide du Sel marin dans la Chaux, puifqu'ayant mis une bonne quantité de cet acide fur de la Chaux, un feu affés violent pour fondre ma cornuë n'a pü l'en détacher. A l'égard de la matiére grafle, on fçait que dans les vaifieaux clos le plus grand feu ne la peut dé- tacher des matiéres terreufes auxquelles elle eft jointe, le charbon fort de la cornuë tel qu’on Fy a mis. 2°. J'ai pris de l'Efprit volatil diftillé avec la Chaux, je Yai repañlé plufieurs fois fur de nouvelle Chaux vive, j'ai toûjours perdu de mon Efprit volatil, & la Chaux reftoit fi fenfiblement chargée de graifle, qu’il m'auroit été inutile de m'en aflürer en verfant deflus de l’Huile de Vitriol, il fufffoit de la calciner dans un creufet, ou d’en mettre fur une pelle rouge pour la reconnoître à l'odeur de graifle brülée qui s'en échappoit. L Si cela eft cependant, en faoulant, pour ainfi dire, la Chaux de cette matiére grafle dont elle eft fr avide, ne pourroit-on pas enfin efperer d’avoir avec elle un Sel volatil en forme concrette ? Nous avons fait plufieurs expériences pour nous en affürer, mais nous en réfervons le détail pour la troifiéme Partie de nos recherches fur le Sel ammoniac. at ON mt 2 TROISIEME MEMOIRE + SUR LES HE MORRAGIES. Par ML PIE Tr 17 D ANs les Mémoires précédents j'ai traité de Ia maniére dont s'arrête le fang des Arteres qui font entiérement coupées, comme lorfque l'on fait lamputation de quelque membre : dans celui-ci, j'examinerai f1 le fang des Arteres qui ne font que fimplement ouvertes ( comme il arrive quel- quefois en fäifant la Saignée) s'arrête de même par un Caïllot, & s'il eft plus ou moins facile d'arrêter le fang dans un cas que dans l'autre. 3 . Quand on a vû le Caïllot qui fe forme à l’extrémité des ‘Arteres entiérement coupées, on conçoit facilement qu'un cylindre de fang congelé, qui à quelquefois cinq ou fix lignes _ de longueur, & qui dans toute cette étenduë eft devenu adhérent à Îa furface intérieure du vaifleau qui lui a fervi de _ moule; on conçoit, dis-je, qu'un tel caïllot, foûtenu d’un _bandage compreffif, eft capable d'arrêter 'Hémorragie. Mais -on ne croira peut-être pas avec la même facilité, qu'un caïllot puiffe arrêter folidement le fang d’une Artere qui n’eft que . fimplement ouverte. » Ce doute paroït fondé fur ce que dans les amputations + des membres, comme on n’a plus befoin de vailleaux au _deflous de l'endroit coupé, on fait fur l'extrémité des arteres - une compreffion qui intercepte totalement le paflage du fang ; + au lieu que hémorragie de l'artere, qui n’eft que fimplement … ouverte, doit être arrêtée de façon à ne point intercepter k le cours naturel du fang , fans quoi le membre tomberoit . en mortification. …_ De ce que dans ce dernier cas la compreffion doit fe faire F # liii “ip DE s,/ So rie Nic sr UT 4 20 Decemb, 1735: 436. MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE de maniére que le fang ne cefle point de couler dans le vaifleau, pendant même la formation du caillot, lon peut conclure que le caïllot qui fe forme à l'artere fimplement ouverte, ne doit point déborder la paroi intérieure de lar- tere, ni avancer dans la cavité du vaifleau qui doit refter libre pour le paflage du fang. La partie du caillot, que j'ai appellée le Bouchon, ne peut donc avoir dans les arteres ouvertes, que l'épaifleur de la membrane de l'artere, au lieu qu’à embouchure des arteres entiérement coupées, le caillot a quelquefois cinq ou fix lignes de profondeur. Cette confidération pouvoit bien me faire douter que dans le cas de l'artere fimplement ouverte, le caillot eût en lui-même les conditions néceflaires pour arrêter fürement l'hémorragie ; aflüré néantmoins par une obfervation con- flante, que le caillot eft le moyen univerfel dont la Nature fe fert pour arrêter non feulement les hémorragies ordinaires, mais encore celles qui fe font dans les cavités de la poitrine ou du bas-ventre, & qui, quoique fouvent confidérables, s'axrêtent fans autres fecours ; ayant d’ailleurs vü plufieurs fois dans les animaux les hémorragies dépendantes de fa feule ouverture du vaiffeau , s'arrêter de même par un caillot, j'ai cru ne rien hazarder, en avançant que dans les arteres ou- vertes , ainfi que dans les arteres coupées, le fang qui fort s'épanche au voifmage de l'ouverture, qu'il s'y coagule, & qu'il y forme le caillot qui arrête hémorragie. I s’agit maintenant d'examiner s'il eft vrai que le fang . s'arrête plus facilement quand l'artere eft entiérement cou- pée, que lorfqu'elle n’eft que fimplement ouverte. C'eft le fentiment de bien des gens, fentiment confirmé par la pra- tique de quelques Anciens, qui, après avoir tenté fans fuccès tous les T'opiques ufités de leur temps, ont eu recours . à la fection totale de l'artere pour parvenir à arrêter l'hé- morragie. J'adjoûterai ce que j'ai obfervé moi-même fur la fin du | DES SAG LINE NC ES. 497 … fiécle pañlé, ayant été témoin des expériences que les S.rs Rabel, Piot & quelques autres firent alors de leurs Eaux & Poudres ftiptiques, tant aux Invalides & à la Charité, que dans plufieurs maifons particuliéres. Ils coupoient l’'Artere crurale d’un Chien avec un couteau pointu, ou avec une _ épée tranchante, & pour arrêter le fang, ils appliquoient leurs ftiptiques, qui, felon eux, étoient fpécifiques contre hémorragie, même après les amputations. Dans ce dernier _ cas, le fuccès ne répondit point à leurs promefles, mais lorfqu'ils fe contentoient de plonger le couteau dans un membre, j'ai vü qu'à plufieurs des Chiens ainfi bleflés, ils . arrêtoient le fang avec affés de facilité. Plufreurs auf mou- rurent d'hémorragie ; je les difféquai, & je trouvai que 'ar- tere, au lieu d’être totalement coupée, n'étoit que fimple- ment ouverte. Ces obfervations n’ont rien de furprenant, lorfqu'on confidere que le mince & foible bouchon, faifant partie du eaillot de lartere ouverte, eft d'autant moins capable de _ S'oppoler à l'hémorragie , que la compreffion qu'on y fait, & qui, fi elle étoit forte, pourroit foûtenir le caillot , eft au contraire beaucoup plus foible que celle que l’on fait à Tlhémorragie des arteres entiérement coupées : dans celle-ci, comme nous l'avons déja dit , il faut néceflairement com- primer, jufqu’à effacer la cavité de lartere que lamputation . du membre rend inutile ; au contraire dans Fartere fimple- ment ouverte, la compreffion doit être modérée, de façon qu'elle n'interrompe point le cours naturel du fang dans le vaiffeau, qui pendant, comme après la guérifon, doit porter - … la nourriture à la partie à laquelle il eft deftiné. … Cette efpece de compreffion, qui n'abolit point Ia fonc- tion du vaifleau, ne peut gueres avoir lieu que dans le cas où l'ouverture de F'artere eft médiocre ; car lorfque le vaiffeau eft confidérablement ouvert, le caillot ne pouvant alors que très-difficilement faire canal avec ce qui en refte , il faut prefque toûjours agir de la même maniére ne fi le vaifleau ii ii = - 438 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE étoit totalement coupé, c’eft-à-dire, qu’il faut entiérement boucher le canal, & empêcher que le fang y pañle : fi fon vouloit dans ce cas comprimer foiblement, le fang chafleroit continuellement le caillot, & lhémorragie fubfifteroit. II n’en ft pas de même lorfqu’il n’y a que le quart, & encore mieux la cinquiéme ou la fixiéme partie du vaifleau qui foit ouverte, alors le caïllot pouvant être foütenu par un ban- dage modéré, ne fera point chaflé, & bouchera l'ouverture pendant que le fang coulera dans le vaiffeau prefqu’à l’ordi- naire. Dans ce cas même la partie du caillot que j'ai appellée le couvercle, fuppléant à la foibleffe du bouchon, l'hémorragie pourra n'être pas plus difficile à arrêter que dans le cas de l'artere entiérement coupée. ê Il y à en effet cette différence entre le caillot des arteres ouvertes, & celui des arteres coupées, que dans celles-ci le bouchon eft plus confidérable que le couvercle, & que dans Îles autres le couvercle eft plus confidérable que le bouchon ; ce que j'avance peut non-feulement fe voir, mais eft une fuite néceflaire de l’état des chofes ; lartere étant coupée, tout le fang arrêté dans la cavité du vaifleau eft employé à former le bouchon, fans que rien foit capable d'en retrancher la moindre partie. Le cylindre de fang coagulé qui s’y forme, a, comme on fa dit, toute l'étenduë de la cavité du vaifleau, depuis l'endroit bouché jufqu’à la branche collatérale dans laquelle le fang circule; au lieu que . dans l'artere qui n’eft que fimplement ouverte, le bouchon ne peut avoir d'étenduë que lépaifleur des membranes de J'artere, puifque s’il étoit poffible qu’il s'étendit plus avant dans la cavité du vaifleau, äl feroit, pour ainfi dire, rogné, ou raccourci à chaque inftant, par le fang qui y pañle con- tinuellement, & avec rapidité. A l'égard du couvercle, on conçoit bien qu'il ne peut . pas être confidérable à l’artere coupée, parce que la com- preffion qu'on eft obligé de faire pour boucher le vaifleau, eft fi forte, qu'elle éloigne & difperfe une partie du fang D'IENSA IS LC ENT CE :S 9 qui pourroit le former; & d’ailleurs f1 la bouche du vaifieau eft exactement comprimée, elle ne peut en fournir de nou- veau. Mais aux arteres qui ne font qu'ouvertes, le couvercle doit être beaucoup plus fort, parce que la compreffion qu'on y fait eft beaucoup plus foible, elle écarte & difperfe beau- coup moins le fang extravafé. De plus, comme cette com- préffion n'intercepte point la circulation dans l'artere, les gouttes de fang qui peuvent s'échapper, fortifient le cou- vercle d'inftant à autre, jufqu'à ce que le bouchon entiére- ment formé, puifle boucher exactement l'ouverture : cette efpece de compenfation de la foibleffe du bouchon par la force du couvercle, & de la foiblefle du couvercle par la force du bouchon, fait que toutes chofes d’ailleurs étant égales, il ne doit pas, ce femble, y avoir plus de difficulté d'arrêter le fang d'une artere fimplement ouverte, que d’ar- _rêter celui de fartere entiérement coupée. Quand je dis toutes chofes étant égales, j'entends que fi de deux arteres d'un égal diametre, l’une eft entiérement coupée, & que Yautre ne foit que fimplement ouverte, le fang de celle-ci s'arrêtera auffi facilement que celui de l'autre. à IL eft même un cas dans lequel le couvercle du caillot . de Fartere ouverte, eft fr folidement placé, qu'il fuffiroit feul pour arrêter l'hémorragie, c’eft lorfque le fang s’eft logé » dans lé tiflu cellulaire qui enveloppe l'artere ; il eft même . ordinaire que cela arrive ainfi toutes les fois que l’artere a été ouverte par un inftrument piquant & tranchant, tel . qu'une Lancette, parce que la Lancette fait une plus grande | ouverture aux membranes de l'artere qui ont quelque foli- dité, qu'elle n’en fait au tiflu cellulaire qui n’en peut éviter 4 1 & par fon peu d'adhérence à la membrane externe de l'artere, » Or fi l'ouverture de l'artere eft plus grande que celle du tiflu 4 cellulaire, il eft clair que le fang venant à fortir avec impé- tuofité, fe logera dans ce tiflu cellulaire, & que s’y coagulant, “il formera un couvercle d'autant plus propre à retenir le :,8) 440 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE bouchon, qu'il fera lui-même retenu par les membranes de toutes les cellules dans lefquelles if s'eft engagé, c’eft ce qui n'arrive point aux arteres entiérement coupées. De tout ce que j'ai dit, on peut conclurre, 1°. Que l’hémorragie de l'artere fimplement ouverte, eft arrêtée par un caillot, comme celle de l'artere entiérement coupée. 2°. Que fi lon arrête plus difficilement l’hémorragie de l'artere fimplement ouverte, que celle de l'artere coupée, c’eft feulement lorfque l'artere eft confidérablement ouverte, ou que la partie du caïllot qui forme le couvercle, n’eft pas fituée auffi avantageufement que dans le cas dont j'ai parlé. 3°. Enfin que fi l'on doit, autant qu'ileft poffible, arrêter lhémorragie de l'artere fimplement ouverte, en comprimant de façon à conferver la fonétion du vaiffeau, on a pour reflource aflürée ( dans le cas où lon ne peut arrêter ainfr Jhémorragie) de traiter l’artere fimplement ouverte, comme on traiteroit l'artere entiérement coupée. Après toutes les obfervations que j'ai faites fur la maniére dont s'arrête l'hémorragie, je n'ai pû m'empêcher de confi- dérer le caïllot comme un corps formé de l'aflemblage des parties du fang qui font deftinées à la nourriture & à la réparation des parties, c’eft-à-dire, de cette fubftance qui s’épanche dans les playes, & qui les réunit en quatre ou cinq heures, fi on a eu foin d’en rapprocher les bords ; ce qu'il y a de certain, c'eft que nous trouvons ce caillot auffx fortement attaché au bord de l'ouverture de l'artere, que les chairs qui forment les cicatrices, le font aux levres des playes. Je ne prétends pas prouver ici que l’organifation de ce caillot foit précifément la même que celle des chairs qui fe régénérent dans les playes, & qui forment leur cicatrice, mais aufli on auroit bien de fa peine à prouver le contraire. M Je laïffe à part cette difcuffion, il-me fuffit d’être aflüré que M ce n | ne DES M STE NICE ASNNTT LAR _ &e caïllot, ou cette portion de fuc nourricier épaïffie, étant - une fois intimement unie à l’ouverture ou coupüre de lar- tere, non-feulement empêche le fang de fortir pendant la cure de la maladie, mais encore qu'elle refte après la gué- rifon, & qu’elle ne diminuë que comme les cicatrices dimi- nuënt, je veux dire, à mefure qu'elles s’affermifient. Ce que j'avois cru pouvoir affürer, fondé fur la feule analogie, je l'ai démontré à l’Académie. Le mercredi 3 Décembre 1732, & le famedi fuivant, jy fs voir Yartere du bras d'un Homme qui étoit mort fubitement deux mois après avoir été parfaitement guéri de l'ouverture de cette artere ; je montrai alors que les levres de la playe de l'artere n’étoient point réunies l'une à l'autre, mais que le fang avoit été arrêté par un caïllot qui bouchoit Youverture, & qui étoit adhérent à toute fa circonférence. J'ai fait defliner cette piéce fuivant les différents côtés par lefquels elle fut examinée. La premiére Figure repréfente le tronc de lartere brachiale fa bifurcation, À eft la partie externe du caïllot que j’ap- elle Le couvercle, qui excede Ia furface extérieure de l'artere, B eft le tronc de fartere, CC font deux de fes branches. La féconde Figure repréfente cette même artere que j'ai ouverte dans fa longueur, pour voir le caïllot du côté de la cavité de l'artere, au point À on apperçoit la partie du _ caillot que j'appelle le Zouchon, laquelle ne furpañle point Ja ._ furface interne de l'artere; on remarque feulement qu'autour . du caïllot, la cavité de l'artere y eft un peu élargie. © - . La troifiéme Figure repréfente le bouchon & le couvercle l re l'on avoit poufié du dehors de l'artere dans fa cavité, “ ce que repréfente la quatriéme Figure aù point A. … Si je n'ai pas donné plûtôt ce Mémoire à l Académie, D, em. 1735. | Kkk qui avoit été bleflée dans fon tronc, fix lignes au-deflus de : de forte que le couvercle ne paroïfloit plus au dehors, c'eft | _ » F fr ’ . 442 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE c'eft parce que je voulois faire quelques expériences qui püñent confirmer, ou détruire les idées que j'avois fur fa nature & la durée du caïllot ; fa premiére expérience a été de faire tremper cette artere dans l'eau pendant deux mois, changeant d’eau deux ou trois fois par jour : au bout de ce temps, je trouvai le caïllot auffi ferme & aufir adhérent à l'ouverture de lartere, qu’il l'étoit le premier jour. La feconde expérience a été de le mettre dans l'eau-de-vie, & depuis près de trois ans qu'il trempe dans cette liqueur, j'ai montré que le caillot n'avoit rien perdu de fa confiftance, ni de fon adhérence à l'ouverture de l'artere; d’où l’on peut conclurre que le caillot eft une fubftance analogue à celle des cicatrices, c'eft ce que je voulois prouver. Mer. de Ltd. 2735pl.30 pag.442. S Sans \ TS & RS PRE KERE M = _ Min 7. T - | " RS ee ISA I 42 Feg. 4 9 CA nn. 3 KP # 2 PEN ë = | à ét ind je " DETTES TEE | a É | DES: 198 C1 EN E:E:8 443 Ne Li, EE DE Edo ou D FORGES, Et principalement de la Source appellée da ROYALE. d Par M. BouLzpuc : | OUT E tous les remédes, dont la Médecine tant ancienne " que moderne fait ufage, il n’y en a aucun qui ait eu plus de fuccès dans tous les temps que es Eaux minérales, fur-tout dans les maladies chroniques. : «Les Membres de cette Académie, deftinés à éclaircir cette partie de la Phyfique, fe font dès {on établiffement appliqués | particuliérement à reconnoître quels pouvoient être les prin- cipes par lefquels ces Eaux opéroient leurs effets, afin que ces principes étant mieux connus, on püt plus fürement diftin- _guer les maladies dans lefquelles elles pourroient être utile- _* ment employées. | 1 ET 0 Mais il eft arrivé dans ce travail ce qui arrive ordinaire mênt à ceux, qui les premiers entreprennent l'examen d'un füujet inconnu ; ils ne font que le débrouiller, &, pour ainfi dire, dégroffir la matiére, fans nous donner des notions ou des idées bien claires & bien diftinétes. La Nature eft trop cachée dans fes: opérations, & les proportions & combi- maïfons des matiéres qu’elle employe, font ft variées, que | fimsumtravaibaffiqdu, fivi & répété, & mémeipar des voyes . différentes, il eft prefque impofhble de parvenir à Jes con- notre. Tout ce que nous avons pü recueillir du travail de _ cuxqui sy font appliqués jufqu'ici, c’eft de connoître qu'il … était néceflaire derprendre mn autreichemin que celui qu'ils ontipris: J'avouë pourtant, que fi je n'avois pas profité de * deurtrawail,pouren fentir de défaut &le:manque de précifion, D ï Kkk ij 12 Novemb, 1735: 444 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE je me ferois égaré de même, & mes fautes ne feroient peut- être pas fi profitables qu'ont été les leurs. Muni de ces connoifiances, j'ai tenté l'analyfe des Eaux de Pafly près Paris, qui font du genre des Acidules, & jy ai été invité par la facilité d'en avoir commodément, & en grande quantité, ayant reconnu de refte limpoffibilité de bien déméler & retirer féparément & fans confufion, les différents principes qui font l'efficacité des Eaux minérales, lorfque l'on travaille fur une petite quantité. Après ce pre- mier Effai que je communiquai à l'Académie en 1726, le Voyage que fit un grand Prince à Bourbon’ Archambaut, &c le fecours d'un habile homme de la Profeflion qui l'accom- pagnoit, & auquel je communiquai mes vüës, me donnérent le moyen d'avoir une grande quantité de ces Eaux concen- trées en un petit volume; je réçüs auffi par la même voye, des Eaux telles qu'elles venoient de la Source & fans avoir été travaillées, que l'on m'envoya promptement, & avèc toutes les précautions convenables : ces facilités me furent un moyen de donner une Analyfe de ces Eaux Thermales en 1729. | Enfin cette année, j'ai faifi l’occafion d'examiner les Eaux de Forges, dont l'ancienne réputation étoit une raifon plus que fuffifante pour m’engager à ce travail, quand je n'y eufle point été porté par un motif bien plus intéreffant, qui étoit l'ufage que la Reine alloit en faire, par le confeil de M. Helvetius fon premier Médecin, & Membre de cette Académie. La fagefle de ce confeil a été bien juftifiée par le füccès qu'elles ont eu pour le parfait rétablifiement de la fanté de cette Princefie. Je fus dans cette occafion chargé d'envoyer fur les lieux un homme attentif, afin d’avoir chaque jour de ces Eaux en auffi peu de temps qu'il étoit poffible, & avec toutes les précautions néceffaires pour en éviter l'altération. H y a à Forges, comme l'on fait, trois fources d’Eaux minérales qui font diftinguées par des dénominations diffé- rentes, fçavoir, la Royale, la Cardinale, & Va Reinette. La 1} DIE SN STC'LE NC En Shi: dass Royale eft celle qui eft le plus ordinairement employée ; on regarde la Cardinale comme trop forte & trop dure, & … peu d’eftomacs s'en accommodent ; pour la Reinette, comme la plus foible des trois, elle eft quelquefois employée par les buveurs, pour boiflon ordinaire dans les repas, mêlée avec du Vin. C'eft la Royale, dont la Reine s’eft fervie, & c'eft auffi celle fur laquelle j'ai travaillé. L'homme, que j'avois chargé d'envoyer chaque jour les Eaux pour la Reine, en a évaporé à lente chaleur fur les lieux mêmes 750 bouteilles, chaque bouteille tenant 34 onces, ce qui fait la quantité de 1593 livres & 12 onces, que lon a réduite à la quantité de 4 à s livres. … On m'a auffi amaffé féparément une certaine quantité du Jédiment qui fe précipite naturtilement & s’accumule chaque jour dans les Rigoles par lefquelles les Eaux s’écoulent. -: J'ai de plus examiné par moi-même chaque jour, à far- rivée des Eaux, & avant que d'en faire prendre à la Reine, la teinte que prenoient ces Eaux par la Noix de galle; j'ai auffi examiné le fédiment précipité au fond des bouteilles felon qu’elles étoient plus ou moins gardées; & outre cela j'ai fait différentes expériences & obfervations fur ces Eaux, dont je vais avoir l'honneur de rendre compte à l’Académie. Ces Eaux font à leur fource, & dans les bouteilles qui en viennent par relais, trèsxclaires, limpides & fans dépôt; elles ont une faveur ferrugineufe & légérement aftringeante, qui approche de celle d'une Encre foible ; elles ont auffi une petite odeur aflés agréable, que quelques Auteurs ont comparée à celle du Vin. ++ Mais quand on les garde quelques jours, elles n’ont plus ni faveur ni odeur, ce que l'on attribuë communément à la perte & diffipation d’un efprit très-volatil que l’on croit que ” des acidules en général ont naturellement, & alors il fe trouve un-petit dépôt jaunâtre au fond des bouteilles. - Dans des temps chauds, ou auprès du feu, on voit À diflinétement, qu'à mefure qu'elles jettent des peiies bulles Kkk ii 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royarr d'air qui crévent à la furface, même dans des bouteïlles exactement bouchées, elles perdent leur limpidité, & de- viennent un peu laiteufes; & quand la petite effervefcence finit , elles s'éclaircifient de nouveau, & font un dépôt. J'ai voulu d’aboïd examiner ces Eaux de la même ma- niére que j'avois employée pour celles de Pafly, pour avoir chaque mixte qu'elles contiennent féparément, & autant qu'il froit poffible, dans fon état naturel, mais je n’y ai pas pè réuffir auffi aifément que je l’efpérois. | Les épreuves que j'ai faites pour preflentir quelques-uns de leurs mixtes par Argent diflous, par Ie Mercure diflous, par Huile de Chaux, le Vinaigre diftillé, la teinture de Violettes, & d’autres, ne m'ont rien offert de bien fenfible, toutes ces matiéres n'ayant prefque pas agi, ou du moins fr peu, que je n’en ai pas pü tirer des conféquences jufles. L’Huile de Tartre par défaillance trouble un peu lente- ment ces Eaux, mais cela ne fignifie pas grand’chofe, puif que ces Eaux deviennent facilèment troubles toutes feules, fur-tout dans des vaifleaux ouverts. I n’y a que le Lait & la Noix de galle qui ayent dénoté quelque chofe d'avance : le Lait bouilli avec ces Eaux ne fe caille point, & la Noix de galle leur donne une couleur rouge ; je parle des Eaux prifés à la fource ou venues par relais, car celles qui ont déja fait un dépôt par quelque féjour, ne teïgnent plus ou prefque plus avec la Noïx de galle. “Mais quand ces Eaux font concentrées au point d’être de- venués jaunes, elles précipitent promptement l Argent diflous en grumeaux avec une différence notable, c'eft que les pre- miers qui tombent font très-blancs, & deviennent parle feu un Argent corné, & les deuxiémes font violets , qui ne fe fondent pas, mais deviennent noirs & comme brülés. 1 Par la diftillation, je n'ai eu de ‘ces Eaux qu'un flegme infipide & fans odeur, & une réfidence confufe & jaunâtre. L’Efprit de Vin, par lequel je cherchois de féparer promp- tement les Sels que je foupçonnois dans ces Eaux, ne m'a pas réuffr. DR SMS OM ELM CBS 247 .… L'évaporation, quelque modérée qu'elle ait été, ne m'a rien fait voir de bien clair & de diftinét : après une légere. effervefcence, dont j'ai fait mention, j'ai à la vérité apperçû à la furface des Eaux de petites pellicules comme argentines, féparées les unes des autres, mais à la fin elles fe font mélées avec le refte des matiéres de la réfidence, & le tout a formé fur da fin une mafle jaune & très-confufe, qui avoit pourtant un petit goût falé. | N'ayant pas réuffi felon mon {ouhait dans ce travail, j'ai tourné mes vüës fur le fédiment qui fe trouve dans la rigole, par où les Eaux s’écoulent à Forges, & qu'on appelle fur les lieux la rouille de la Fontaine, à caufe de quelque reflem- blance qu'elle a par fa couleur avec le Fer rouillé: j'ai penfé que ce fédiment devoit être formé des matiéres grofféres que les Eaux, en s’écoulant & en s'évaporant naturellernent à l'air, laiflent en arriére, & que par-là je connoïtrois quel- que chofe qui me guideroit davantage dans mon analyfe, & en effet je ne m'y fuis pas trompé : ce fédiment étant bien féché, à l'air feulement, contient déja des parcelles de Fer que l'Aimant attire ; & quand if eft un peu calciné, l'Aimant en attire davantage : donc il contient du Fer, qui fait la cou- leur de rouille. | ” Ce fédiment jetté dans la teinture de Violettes, la verdit; & quand on verfe fur ce fédiment des acides foit minéraux _ ou végétaux, il fermente vivement avec eux, & s’y diflout en grande partie, donc il contient une matiére abforbante & aikaline. La fermentation ceflée, j'y ai apperçü une concré- tion criftallinetrès-particuliére, que j'ai appellée dans d’autres . occafions Sélénite, après de fçavants Auteurs, particuliérement Anglois, qui ne fe font plus de fcrupule de nommer certaines | Eaux, qui ne fourniflent prefque que cette matiére, des … Eaux Séféniticales. Quand cette matiéreeft une fois bien fé- - chée, elle n'obéit pas aux acides, & très-difficilement à l’eau _ fimple, quoiqu'’elle y fût auparavant en diflolution. _ Voilà donc trois différentes fubftances que le fédiment de Ja rigole m'a fait connoître; mais je voulois les avoir diflinétes 448 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ‘ & féparées les unes des autres, & j'en fuis affés bien venu à bout par une fimple, mais fréquente lotion d’eau ordinaire: Ce qui eft fimplement terreux dans ce fédiment, eft très-fin & très-léger, ainfi dans l'eau remuée ou agitée quelque temps la terre fe foütient, & on peut la furvuider à propos ; quand elle eft affaiflée & féchée, elle eft blancheître & très-abfor- bante. Le Fer ou la rouille plus pefante que la terre, mais moins pefante que la Sélénite, fe foüleve aufir dans l'eau agitée, & on peut également la furvuider à propos pour lavoir féparément, de forte qu'à la fin ïl ne refte prefque que la Sélénite toute feule & bien criftalline. Après avoir retiré féparément & diftinétement ces trois matiéres du fédiment de la rigole où elles fe trouvoient aupa- ravant confonduës, je devois penfer que je les trouverois aufii dans l’évaporation que je ferois de ces Eaux, & de plus que je trouverois les matiéres falines que je fuppoois devoir y être. Aïnfi j'ai recommencé l’évaporation des Eaux récem- ment arrivées par relais, mais autrement conduite que ci- devant, & à mefure qu'il s’eft préfenté quelque matiére, je Yai examinée féparément, & rapportée aux phénomenes énoncés ci-deflus. Ces Eaux récemment arrivées, mifes dans une baffine d'argent, ont à peine fenti la chaleur d’un feu très-modéré, qu'elles ont jetté des bulles d'air, & fe font troublées. J'ai alors retiré la bafline du feu, & l'ai laifé refroidir, il s’eft fait un petit dépôt jaunûtre ; j'ai furvuidé l'Eau, & ai amafñlé le dépôt dans un filtre que j'ai lavé avec de l'Eau diftillée, Ce dépôt féché à Fair devient plus rouge, & lAimant en attire des parcelles, & quand on le calcine légerement , il devient rouge-brun, &l’Aimant en attire davantage ; preuve inconteftable du Fer, Mais ce Fer ne peut être feul, quelque fin qu’on le fup- pole, pour fe foûtenir dans l'Eau , il faut qu'il foit difious par quelque acide pour qu'il s'y foûtienne, autrement la Noix de galle ne teindroit pas les Eaux , & il ne peut l'être dans cette occafion que par l'acide vitriolique, ce qui . ailé DV ENS IS CHEN CES MaN. gap _ aïfé à concevoir. Les Eaux dans leur cours trouvant des marcaflites vitrioliques martiales qu'elles arrofent, qu'elles -détrempent, fe chargent de leur Vitriol, qui leur donne le goût & l’odeur qu'elles ont, & qui les teint plus où moins en rouge ou violet avec la Noix de galle : elles contiennent donc du Vitriol naturellement. + Mais comment peut-il arriver qu'on ne puifle pas avoir ce Vitriol en fubflance, qui a donné occafion à tant de . conteftations entre les Auteurs qui ont écrit ou ex profeffo, . Ou par occafion fur ces Eaux? comment ces Eaux peuvent- elles perdre fi aifément leur odeur. & leur faveur? nous le verrons dans un moment, après que j'aurai parlé des fuites . de mon évaporation recommence. . Ayant retiré le Fer, j'ai remis l’eau à évaporer doucement, . & j'ai bientôt apperçü à la furface, des pellicules blanches . & luifantes, & en même temps une matiére blantheâtre & terne, qui fe dépoloit au fond de la baffine; j'aurois voulu . en féparer les pellicules, mais il-n’y avoit pas moyen par rapport à leur grande fineffe ; elles font pourtant devenuës . plus épaifles. par la fuite, & font tombées par leur propre poids: alors j'ai laïffé refroidir l'eau, & l'ai furvuidée, amaflant le dépôt dans un filtre que j'ai lavé avec de l'eau diftillée, . & c'eft avec cetté même eau diftillée que j'ai fait toutes mes lotions pour ne point perdre les Sels. Les matiéres, reftées für le filtre, étant féches, je les ai triées & féparées par des lotions ; la matiére blancheätre & terne s’eft féparée par fa légéreté d’avec les pellicules blanches plus pefantes; cette - matiére étant féche, fermente avec tous les acides, & s'y diflout : c'eft donc une terre alkaline & abforbante, c’eft elle . qui verdit le Syrop violat, c’eft elle qui défend le lait contre * Timpreffion du Vitriol, pour qu'il ne fe caille pas. On fçait …. qu'un peu de Vitriol étant feul, peut cailler beaucoup de lait ® chauffé; c'eft encore cette terre qui décompofe le Vitriol des “Faux avec une petite effervefcence, & qui donne occafion … déles priver de leur odeur & faveur. . On peut s'aflürer de ces deux derniers. faits. auand on Men. 1735: LIl +. 450 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE * prend'une difiolution foible de Vitriol martial, qui a un peu de ftipticité & un peu d'odeur, qui dépendent du Fer bien divifé; fi l’on y jette quelque terre abforbante, comme Craye, Chaux, ou des Yeux d'Ecrevifles, &c. on voit.que l'acide du Vitriol excite, en faififlant tes terres, une légére efler- vefcence, & quitte fon Fer; après quoi cette diflolution n'a plus d'odeur ni fa premiére faveur; ainfi, fi à la rigueur, les Eaux de Forges avoient effeétivement un acide volatil, comme on le fuppofe, & comme il y en a dans quelques Acidules, il ne pourroit pas fe diffiper des bouteilles ; la terre abforbante qui y eft, & même très-abondante, Far- rêteroit ou compoferoit avec lui un Sel très-différent du Vitriol. Je pañle aux pellicules blanches qui fe font fortifiées dans la fuite de l'évaporation, & font devenuës, du moins les premiéres, luifantes & argentines; cette concrétion parti- culiére s'appelle Sélerite, & eft un Sel difficile à difioudre quand il eft une fois hors de l’eau, & bien féché ; il eft compofé de l'acide vitriolique & de beaucoup de terre, ap- paremment calcaire : cette furcharge de terre fait qu'il diflout difficilement. J'ai prouvé dans une autre occafion fa qualité faline par la décompofition, mais préfentement je puis la prouver comme à priori & par compofition. Quand je verfe fur l'Huile de Chaux une diflolution de Sel de Glauber, l'acide vitriolique de ce Sel quitte fa bafe, sunit avec la Chaux contenuë dans ladite Huile, & forme avec elle de la Selenite; & fi lon veut la faire bien criftalline, on peut verfer doucement de l'Huïle de Vitriol blanche, bien étenduë ou affoiblie par l’eau, fur l’'Huile de Chaux, & laïfler repofer le mêlange quelques jours, on trouve alors des criftaux bien blancs, raifonnablement gros, fermes & - refplendiffants ; ils fe font formés de l’Huile de Vitriol & de la terre de la Chaux, dont cet acide a chafé PEfprit du Sel marin. Pour ce qui regarde la folubilité de la Sélénite de nos Eaux, j'en dirai encore un mot dans la fuite. Je reviens à mon évaporation, plus je lai continuée, ; MADPE SUMS TG TE NC TE SI 4 - plus j'ai trouvé de Sélénite, mais fucceflivement très-roufle : il m'eft même arrivé qu'ayant laiflé inopinément deffécher la liqueur qui étoit alors fort jaune, il a été néceflaire de a difloudre de nouveau avec de l'Eau, & de la filtrer; cette Eau à encore donné de la Sélénite : donc elle s’étoit difloute dans l'Eau, & avoit paflé avec elle au travers du filtre. L'Eau de mes éväporations étant bien jaune, je l'ai tenuë fur des cendres chaudes, & peu à peu il s’eft préfenté du . Sel marin en cubes parfaits, dont les premiers, au nombre d'üne douzaine, étoient très-blancs, mais tout le refle que j'ai amañlé fucceflivement, étoit fort roux : ce Sel retiré, bien égouté & féché, a pelé 3 gros, ainfi fi l'on en fait la repartition fur les 1 593 livres d'Eau que j'ai employée, il s'en trouve environ un huitiéme de grain par livre d'Eau. - C’eft ce Sel marin qui, dans les épreuves, a précipité YArgent'difious en grumeaux, dont une partie, qui eff la blanche, s’eft aifément fonduë en Argent corné. Dans une autre Eau minérale que j'ai examinée ci-devant, le Sel de Glauber s'étant préfenté le premier, j'ai foupçonné qu'il y auroit aufli du Sel marin, & je l'ai trouvé. Ici j'ai _ fait le réciproque; le Sel marin s'étant fait voir le premier, j'ai auguré que ces Eaux ne feroient pas entiérement fans Sel de Glauber, & l'évenement a vérifié ma penfée : quand jai . verfé une goutte de la derniére portion d’eau très-concentrée fur un peu d'Huile de Chaux, ïl s'eft bientôt fait une feuille ou pellicule félénitique, ainfi j'ai voulu continuer de l'éva- “porer, pour en retirer le Sel de Glauber, mais je n'y ai pas pà réuflir : ce Sel s'eft précipité au fond du vaifleau en maniére d'un fable fin & criftallin par la plus douce chaleur des cendres chaudes, alors j'ai étendu la liqueur dans un peu d'Eau diftillée, pour redifloudre ces petits criftaux, & l'ai Jaiffé évaporer à l'air, ce qui fe fait très-lentement, mais à ‘Ja fin j'en ai retiré des criflaux aflés gros de Sel de Glauber, bien figuré, & de leurs propriétés connuës ; étant fecs, ils ont pelé près de 24 grains, ainfi fi l'on en fait la repartition fur cette grande quantité d'Eau de Forges que Le employée, 1] F 452 MEMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE | il s'en trouve environ + de grain par livre d'Eau; ‘quelle petite quantité: La portion de liqueur qui refle après le Sel de Glauber,, eft d’un rouge-foncé, elle paroït un peu onétueufe au toucher, elle a une petite amertume défagréable, & fe coagule très- difficilement ; enfin quand on la force par le feu jufqu'aw point de la brüler, elle répand une odeur de bitume allumé, auffi eft-ce un bitume qui eft liquide dans les Eaux, & accompagne le Sel marin prefque par-tout où il s'en trouve. C’eft ce bitume qui a rouffi une partie de la Sélénite, & la plus 8 grande partie du Sel marin, c'eft aufli lui qui, dans la précipitation de l'Argent, a rendu quelques grumeaux violets, & les à empêchés de fe fondre en Ar gent corné, il a enveloppé & adouci les acides qui s’uniffent à l’Argent dans la précipitation, & a ainfi empêché leur action immé- diate fur ce métal, enfin il s'eft brülé, & a repréfenté l’Ar- gent noir. Voilà toutes les matiéres que j'ai trouvées dans Tes Eaux de Forges, de la maniére que je viens de les expofer, elles: font les mêmes que celles que j'ai vüës dans les nouvelles Eaux de Pafy, mais en pr oportions différentes, fur-tout les deux derniers Sels qui y font en très- petite quantité, Cependant les Eaux de Forges ont opéré de très-bonnes guérifons de maladies de différentes efpeces, comme on peut le voir dans le Livre que M. la Rouviere ci-devant Inten-. dant de ces Eaux a fait à leur fujet, par l’ordre de feu M., Fagon, & l'expérience confirme encore leur utilité tous: les jours. Enfin, tout bien confidéré, je crois pouvoir conclurre. que. les Eaux de Forges produifent leurs bons efets en. délayant beaucoup, en abforbant & adoucifiant l'âcreté des. humeurs, en réfolvant celles qui font tenaces & caufent des: embarras ou obftructions dans les vaifleaux, & en fortifiant: les parties affoiblies. EN) D'E sui Star E N'c:E SUN est à DE LA REVOLUTION DU SOLEIL DIET DES PLANETES PARU TNO USRMARDNE VENTE DNRENPA"XVE": + Er de la maniére que l'on peut concilier, dans le Sifleme des Tourbillons , la vireffe avec laquelle les Planeres fe - - meuvent à leur furface, avec celle que l'Ether ou le Fluide qui les environne, doit avoir fuivant la regle de Képler. Par M. CaAssinr. Epurs la découverte des Taches dans le Soleil & eñ 23 Juillet diverfes Planetes, on a reconnu que ces Aftres faifoient, 1735: de même que la Terre dans le Sifleme de Copernic, leurs -_ révolutions autour de leur Axe en des temps différents ; le - Soleil en 2 5 jours & demi à l'égard des Etoiles fixes, Jupiter _ en9h 56", Marsen 23f 40"; & Venus, felon M. Bianchini, ° en23 jours, &, fuivant mon Pere, en 23 heures. Nous ne nous arrêterons point ici à difcuter laquelle de ces deux opinions doit prévaloir ; cela a été déja examiné dans un Mémoire Iü à l'Académie en 173 2, dont le Public doit être le juge, & qui fert à concilier les Obfervations que ces Aftronomes ont employées dans des déterminations fr différentes; cela ne fait rien au fujet dont il eft ici queftion. I nous fuffira de remarquer que Île temps que ces Planetes employent à faire leurs révolutions autour de leur Axe, n’eft nullement proportionné ni à leur grandeur, ni à leur diftance au Soleil ; ce que l’on peut attribuer aux différentes incli- naïfons des Axes des Planetes à l'égard de l'Equateur du Soleil, jointes aux différentes denfités de la matiére dont elles font compolées. La principale difficulté qui {e préfente dans j Sifteme des: LU ïj MEMOIRES DE L'AÂCADEMIE ROYALE |! Tourbillons fur le temps que le Soleil & les Planetes em- ployent à faire leurs révolutions autour de leur Axe, confifte à expliquer pourquoi la vitefle avec laquelle ces Aftres fe meuvent autour de leur Axe à leur furface, n’eft pas d'une quantité égale à celle que l'éther. ou le fluide qui y eft con- tigu doit avoir fuivant la regle de Képler. Pour mettre cette difhculté dans un plus grand jour, on remarquera que, fuivant la regle de Képler, tes temps des révolutions des Planetes autour du Soleil, & des Satellites autour des Planetes principales, font entre eux dans la pro- portion des racines quarrées des cubes de leur diftance au Soleil ou aux Planetes principales ; d'où il réfulte que leurs vitefles réelles dans leurs orbes font entre elles dans la raifon inverfe de la racine quarrée de ces diftances ; & comme dans le Sifteme des Tourbillons les Planetes font emportées autour du Soleil avec le même degré de vitefle que le fluide dans lequel elles nagent, il fuit que la vitefle de ce fluide doit avoir le même rapport à l'égard de fa diftance au centre du Soleil ; ce qui doit s’obferver auffi dans les différentes couches du fluide qui compofe ce Tourbillon. Suivant cette proportion, on trouvera la vitefle du.fluide qui touche immédiatement la furface du Soleil en cette ma- niére : Le demi-diametre du Soleil vû de la Terre dans fa moyenne diflance, étant de od 16" $", on fera comme le fmus de od 16° $" eft au fmus total, aïnfi 1 eft à la diftance du Soleil à la Terre que l’on trouvera de 2 20 demi-diametres du Soleil. Prenant le cube de r & de 220, on aura 1 & 10648000 dont la racine quarrée eft r & 3263, ainfile fluide qui eft à la circonférence du Soleil, doit achever fa révolution 3 263 fois plus vite que celui par lequel fa Terre eft emportée autour du Soleil dans Fefpace d'une année. Divifant 365 jours & un quart ou 8766 heures par 3263, on aura 2h 41" qui mefurent le‘temps que le fluide, qui eft contigu à Ja furface du Soleil, doit employer à faire fa révo- lution fuivant la regle de Képler. Mais la révolution du Soleil autour de fon Axe fe fait en 25 jours & demi, les divifant 0 0 HU. - DEN SACAFIE NN: C'ELN s par 2h41", on aura 228 pour la vitefle dont le fluide en- trainé par le tourbillon du Soleil près de fa furface, furpañle la vitefle du mouvement de chaque point de cette furface. On trouvera de la même maniére que le rapport de là witefle de chaque point de Ja furface de la Terre avec celle du fluide qui la touche immédiatement, qui réfulte du temps périodique de a révolution de la Lune autour de la Terre, doit être comme r à 17, & qu'ainf la furface de la Terre fait fa révolution autour de fon Axe avec beaucoup plus de lenteur que l'éther ou le fluide qui lui eft contigu. Si l'on compare de même le temps que Jupiter employe à faire fa révolution autour de fon Axe avec celui de la ré- volution de fes Satellites, on trouvera que chaque point de la furfacè de cette Planete fe meut un peu plus de trois fois plus lentement que le fluide qui l'environne immédiatement. Si donc la Terre & les Planetes font emportées par le tourbillon du Soleil autour de cet Aftre, de mème que les Satellites autour des Planetes principales, avec des degrés de vitefle qui fuivent la regle de Képler, comme il eft conftant par les Obfervations, de quelle maniére peut-on expliquer l'inégalité qui en réfulte entre la viteffe du fluide qui touche immédiatement leur furface, & la vitefle de chaque point de cette furface, qui, comme nous l'avons calculé, fe trouve dans le Soleil comme r à 228 , dans la Terre comme 1 à A7 & dans Jupiter comme 1 à 3. - On a déja tenté divers moyens pour réfoudre cette diffi- eulté ; mais fans entrer dans la difcuffion des différentes explications qu'on en a données , j'ai cru en devoir propofer une qui m'a paru accorder parfaitement les vitefles des rota- tions des Planetes avec la regle de Képler, en ne fuppofant que des principes dont nous avons des exemples connus dans la Nature. L'on fuppofera d’abord que le Soleil & les Planetes prin- cipales ont une Atmofphere qui les environne, & s'étend à une très-grande diftance de la furface de ces Aftres. Cette fuppofition doit être admile à l'égard de ka Terre, où j'ai N° ve 456 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE fait voir par la comparaifon des Obfervations du Barometre faites fur le Pic de Ténérif & en diverfes Montagnes 14 ‘4 Pyrénées, qu'on peut, avec bien de Ja raifon , lui attribuer une Atmofphere d’une très-grande étenduë. - Pour ce qui eft du Soleil, la Lumiére Zodiacale décou- verte par mon Pere en 1680, qui eft, felon les apparences, une émanation de quelques particules du Soleil, a donné lieu de conjeéturer que cet Aftre a une Atmolphere qui s'étend à une très-grande diftance. A l'égard de Mars, les Obfervations qui ont été faites d’une Etoile de la 5." grandeur, qui a difparu en s'appro- chant de cette Planete, ont fait Juger qu’elle avoit une Atmofphere qui s’étendoit au moins à la diftance de deux tiers de fon diametre. £ Nous en avons aufli reconnu une autour de Saturne, comme on le peut voir dans les Mémoires de l’Académie de l'année 171 5 : car ayant obfervé fur le difque de cette Planete, des bandes obfcures qui n'avoient pas la même courbüre apparente que fi ç'eût été des Zones placées fur la furface de cette Planete, & qui lui fuffent adhérentes, nous avons jugé que c'étoit l'effet des nuages foûtenus dans TAtmofphere de cette Planete à une diftance de fa furface au moins égale à celle de la partie extérieure de fon anneau, c'eft-à-dire, de 34 parties dont le demi-diametre de Saturne eft de 29. IL eft vrai que dans les autres Planetes principales, on n’a pas encore obfervé aucune marque affés fenfible de leur Atmofphere, pour pouvoir s'en affürer. Cependant l'analogie qu’elles ont entr'elles, ne laïffe prefque aucun lieu de croire u'elles en foient entiérement dépourvüës. L'on fuppofe en fecond lien que les Planetes entraînent par leurs révolutions autour de leur Axe, leur Atmofphere, de mème que fi elles ne failoient, pour ainfi dire, qu'un même corps avec elle. FT Cela s’eft remarqué fur les plus hautes Montagnes, où l'on a fait des expériences du Barometre, & où nonobftant ñ que DES SENTE NC ES 457 que l'air y füt très-raréfié, comme, par exemple, fur le Pic de Ténérif, où le mercure qui fe tient fufpendu au niveau de la Mer, à la hauteur de 28 pouces ou environ, ne fe foûtenoit plus qu'à celle de 19 pouces; on ne s’eft cependant point apperçû d'aucun vent violent de l'Orient vers lOcci- dent, comme il auroit dû arriver fi ’Atmofphere n'avoit pas eu précifément le même mouvement que celui de la Terre autour de fon Axe. Car comme la Terre décrit par fa révolution 9 000 lieuës dans l'efpace de 24 heures, ce qui eft à raifon de 375 lieuës en une heure, de 6 lieuës en une minute, & de 2 3 0 toifes en une feconde ; fi la matiére qui compofe l'Atmofphéfe ne fuivoit pas la Terre dans fa révolution autour de fon Axe, & reftoit immobile, on fentiroit un vent continuel de l'Orient vers l'Occident qui furpafieroit plus de 20 fois _en force & en vitefle, celles des vents les plus impétueux qui fe foient jamais fait fentir fur la Terre. On dira peut-être que notre Atmofphere fe meut à la vérité conjointement avec la Terre, & avec les mêmes degrés de vitefle à la diftance de deux ou trois mille toifes au-deflus de la furface de la Terre, mais qu’il n’en eft pas de même à des diftances beaucoup plus grandes où l'air devenant raréfié de plus en plus, ne peut être entraîné par le mou- vement de la Terre autour de fon Axe. ” Maisil eff aifé de répondre que l'expérience du Barometre faite fur les Montagnes les plus élevées, où la hauteur du mercure a diminué de o pouces au-deffous de celle où ïl {e trouve fufpendu au niveau de la Mer, fait voir que l'air … peut y être beaucoup plus raréfié que fur la furface de la Terre, _ fans que cependant on y apperçoive aucune impreffion de Jair de l'Orient vers l'Occident, telle qu'on a devroit fentir … fi la viteffe de 'Atmofphere n'y étoit pas la même que celle - de la furface de la Terre, & qu'ainfi il y a apparence que _ Le plus ou le moins de dilatation de l'air n'empêche pas que . notre Atmofphere ne fe meuve conjointement avec la Terre, . de même que s'ils ne faifoient enfemble qu'un même corps. Mem, 1735: - Mmm 458 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE On en fera encore plus convaincu, fi indépendamment de la révolution de la Terre autour de fon Axe, on fait attention à ce qui doit rélulter de fon mouvement autour du Soleil, qui s'acheve dans l’efpace d'une année; car la cir- conférence de l'Orbe annuel étant d'environ 200 millions de lieuës que la Terre décrit dans l'efpace de 365 jours & un quart, ce qui eft à raifon de 540000 lieuës par jour, de 22500 par heure, de 375 par minute, & de plus de 6 lieuës en une feconde ; fi notre Atmofphere, quoique dilatée, ne fuivoit pas exactement le mouvement de la Terre, elle l'auroit bientôt laifié en arriére, & abandonné entiére- mênt, fans efpérance de pouvoir fe rétablir. Sur ce fondement, examinons préfentement quelle doit être la hauteur de notre Atmofphere pour que fa derniére couche fe meuve, fuivant la regle de Képler, avec le même degré de vitefle que-les parties de l'éther ou du fluide qui lenvironne immédiatement. La Lune qui, dans le Sifteme de Copernic, doit être confidérée comme un Satellite de la Terre, eft emportée par fon mouvement propre en 27 jours & 8 heures autour de la Terre, qui, avec fon Atmofphere, fait fa révolution au- tour de fon Axe en un jour. Prenant le quarré de 27 &+, on aura 747, dont la racine cubique eft o & un peu plus. Ainfi la diftance moyenne de la Lune à la Ferre étant de 90000 lieuës, on aura, fuivant cette regle, le demi - diametre de l'Atmofphere qui environne la Terre d'environ: 10000 lieuës, qui fera telle que chaque point de fa furface aura un mouvement égal à celui que le fluide immédiate- ment contigu à cette furface doit avoir fuivant la regle Képler. m3 L'étenduë de cette Atmofphere éft à la vérité beaucoup plus grande que celle qu'on lui a attribuée autrefois , mais: elle ne doit point furprendre, fi lon fuit attention aux réflé: xjons que j'ai faites en 1733 fur la hauteur du Barometré obfervé fur diverfes Montagnes, où, en fuppofant que l'éten- duë de l'Atmofphere qui répond à la derniére ligne de * ME Se SN CURE Au d'USO UT e «Rdmh ie mercure eft de $o0 lieuës, on ne fatisfait pas encore en- tiérément à la dilatation qui réfulte des diverfes Obfervations que l'on y a faites. Fe Si donc on donne à notre Atmofphere une étenduë convenable qui excede 6 à 7 fois le demi-diametre de Ia "Ferre qui eft de 1 500 lieuës, nulle difficulté d'expliquer, dans le Sifteme des Tourbillons, pourquoi la Lune faifant fa révolution autour de la Terre en 27 jours & un tiers, la Terre avec fon Atmofphere n’en doit employer qu'un à faire fa révolution autour de fon Axe, en confervant toû- jours dans chaque couche de fon tourbillon la vitefle qui réfulte de la regle de Képler, & qui dans la derniére de ces couches eft précifément égale à celle de la furface dé cette . Atmofphere qui la touche immédiatement. 6 Si au lieu de fuppoftr que le mouvement de notre At- mofphere fuit précifément celui de la Terre, de même que feroit un corps folide qui lui feroit adhérent, comme nous croyons l'avoir démontré, on juge qu'il eft retardé par la matiére fluide ou éthérée qui le pénetre; en ce cas il faudra donner à cette Atmofphere une étenduë aflés grande pour que la vitefle de chaque partie de fa furface ainfi retardée doit égale à celle de l'éther ou du fluide qui l'environne, ce qui fufhra pour concilier le Sifteme des T'ourbillons avec da regle de Képler. Pour rendre ceci plus fenfible, je fuppofe, par exemple, que l’Atmofphere de la Terre foit pénétrée par une affés grande quantité de matiére fluide ou éthérée, pour que l'air qui fe trouve à fa furface ne conferve plus que la huitiéme partie de la vitefle qu'il devroit avoir, s'il ne failoit qu'un même corps avec la Terre, en ayant perdu fept huitiémes. __ En ce cas il faudra donner à cette Atmofphere le qua- L: … druple de l’étenduë qu'on lui avoit attribuée, en la fuppofant …. de 40000 lieuës, & l’on aura la vitefle de l'air qui eft à fa …_ finface, égale à celle du fluide qui l'environne. Car par Ia regle de Képler, la vitefle des fluides étant en raifon inverfe …_ de la racine quarrée des diftances, celle du fluide qui fe 14 à Mmm ij 460 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE trouveroit à la furface de cette nouvelle Atmofphere, feroit. comme la racine de 1 à celle de 4, c'eft-à-dire, comme: ‘1 eft à 2; tout au contraire l’étenduë de cette Atmofphere. étant quatre fois plus grande, la vitefle avec laquelle chaque point de fa furface auroit dû fe mouvoir, fi elle avoit été. adhérente à la Terre , auroit été quatre fois plus grande que celle qui étoit à la furface de notre Atmofphere dans la. premiére hypothefe. Muitipliant 4 par 2, on aura 8 pour la vitefle dont chaque point de la nouvelle Atmofphere doit furpañler celle du fluide qui l'environne. Aïnfi quand même: le mouvement de cette Atmofphere auroit été retardé de fept huitiémes par le fluide qui l'auroit pénétré ; il lui feroit. toûjours refté un degré égal de vitefle à celui que le fluide. immédiatement contigu à fa furface, doit avoir fuivant la regle de Képler.. Examinons préfentement quelle doit être, dans la pre miére hypothele, la hauteur de l'Atmofphere du Soleil & de diverfes autres Planetes , pour que chaque point de leur. furface fe meuve avec les mêmes degrés de vitefle que les parties du fluide du tourbillon, qui font contiguëés à ces furfaces, doivent avoir fuivant la regle de Képler. Nôus avons dit ci-deffus que le Soleil faifoit fa révolution: autour de fon Axe en 25 jours r2 heures; & comme la. Terre employe 365 jours & demi à décrire l'Orbe annuel, on aura la proportion entre ces deux révolutions comme 25+à 3 6.5 +, c’eft-à-dire, comme 1 à 14+. Prenant le quarré de 14+, on aura 206, dont la racine cubique eft un peu moins de 6.. Divifant la diftance de la Terre au Soleil, qui eft de 220 demi-diametres du Soleil par cette quantité, on aura 37 de ces demi-diametres. qui mefurent l'étenduë que doit avoir fon Atmofphere, pour que les parties qui font à fa furface ayent le même degré de vitefle que le fluide qui le touche immédiatement. J'ai tâché de prévenir ci-deflus l’objeétion que l’on auroit. pû me faire fur ce que j'ai été obligé de donner à la Terre D'ÉSUS CFE Nic ms 467 . une Atmofphere dont l'étenduë eft beaucoup plus grande que celle qu'on lui attribuë ordinairement. Je crains qu'on ne me fafle ici une objection contraire fur le trop peu d'étenduë que l'Atmofphere du Soleil doit avoir fuivant les mêmes principes. On fçait qu'il ÿ a autour du Soleil une Lumiére Zodia- cale, qui s'étend même jufqu'aux régions de la Terre, & dont M. de Mairan s’eft fervi pour expliquer d’une maniére très-fçavante & très-ingénieufe les Aurores Boréales que l'on appercçoit ici depuis un certain nombre d'années: Cette Lumiére a été regardée par divers Auteurs comme une Atmofphere qui environne le Soleil. Ainfi on pourra me demander la raifon pour laquelle je n'attribuë à fon Atmofphere que la fixiéme partie de la diftance de la Terre au Soleil. Mais il eft aifé de répondre que de la même ma- niére que dans notre Atmofphere il y a des vapeurs qui s'élevent de la Terre, & font d’une matiére différente de l'air qui compofe cette Atmofphere, de même il y a des parties qui s’élevent du Soleil, & forment cette Lumiére Zodiacale dont la matiére n'eft pas fa même que celle qui compofe FAtmofphere du Soleil. On: peut même fuppofer avec aflés de vraifemblance que ces parties lumineufes émanées du Soleil s'étendent beaucoup au de-là de cette Atmofphere, parce que les parties de la lumiére font portées, comme l'on | fçait, à des diftances immenfes & avec une extrême rapidité, tribuer à l'Atmofphere du Soleil, une étenduë aflés grande … pour comprendre les Orbes des Planetes qui en font les plus proches, telles que Mercure, Venus & la Terre, parce que 1e mouvement de l'Atmofphere entraînée avec le corps de cet Aftre, pourroit altérer le mouvement du fluide qui … réfulte de la regle de Képler, qui s'obferve auf réguliérement dans les Planetes inférieures & les plus proches du Soleil, que dans les fupérieures ; au lieu que, fuivant la mefure que … nous avons donnée à cette Atmofphere, fes limites font ie | - Mmum iij, H pourroit y avoir d’ailleurs quelque inconvénient d’at- 462 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE beaucoup en de-çà de F'Orbe de Mercure dans une propor- tion qui eft à peu-près comme 10 à 22. | En appliquant à Jupiter les principes que nous avons établis, on trouve que fon Atmofphere ne doit s'élever au- deffus de la furface de cette Planete, qu'un peu plus d'un de fes demi-diametres. Car la révolution du premier Satellite de Jupiter s’achevant en 15 18h 29°, & celle de Jupiter autour de fon Axe en oh 5 6”, ce qui eft à peu-près en raifon de 42+à 10, où de 4+ à 1. Prenant le quarré de 4+, on aura 18 -—, dont la racine cubique eft 2-£5. Ainfi la diflance du premier Satellite de Jupiter au centre de cette Planete ayant été déterminée de $ & + de fes demi-diametres, on aura la diftance de la furface de cette Atmofphere à fon centre d’un peu plus de deux de fes demi-diametres, ou plus exaétement de 2 & +, d'où il réfulte que l Atmofphere de Jupiter s'éleve au-deflus de fa furface à une diftance qui eft à fon demi-diametre comme 8 à 7. On a trouvé que le demi-diametre de Jupiter étoit dix fois plus grand que celui de la Terre, ainfr on aura l’élevation de l’'Atmofphere de Jupiter au-deflus de la furface de cette Planete, de 17 à 18 lieuës, près du double plus grande que celle que nous avons déterminée pour la Terre. Ayant ainfi déterminé la hauteur de lAtmofphere de Jupiter, il femble qu'on peut rendre aifément raifon des diverfés apparences que l’on remarque dans fes bandes. On en a vû Jufqu'au nombre de $s, & elles varient de figure & en quantité, de forte que quelquefois on n’en apperçoit que trois, & même deux, ce qui donna lieu à mon Pere de conjeéturer que les variétés qu'il y avoit obfervées, pou- voient avoir quelque analogie aux débordements des eaux qui arrivent fur la Terre. | … Dans le Traité qu'il fit imprimer dans le temps de Ja découverte des Taches de Jupiter, il remarqua que le 16 Décembre de l'année 1 690, à 6h 3 8’ du foir, il parut une bande oblique qui pafloit par le centre de Jupiter, & ne fe NF CANAFE IENIN ENT ENT EEE A voyoit que dans la partie occidentale, déclinant du côté du Midi, qui eft la premiére qu'il avoit obfervée avec une obli- quité fi fenfible, ce qui lui fit connoître que non-feulernent il y a des bandes interrompuës qui retournent par fa révo- lution de Jupiter autour de fon Axe, mais qu'il s’en forme de nouvelles d'un jour à l'autre. Si toutes les bandes de Jupiter, adjoûte-t-il, étoient auf variables, on pourroit fuppofer que ces bandes font dans une Atmofphere qui environne Jupiter, de là maniére que les nuages {ont dans l'air qui environne la T'erre ; mais la bande Méridionale qui eft la plus proche du centre, & Ia plus large, fe voyant toûjours dans Jupiter fans être inter- rompuë, donne lieu de fuppofer qu'elle eft plütôt analogue à une Mer qui paroît dans le globe de Jupiter, qu'à un nuage étendu dans une Atmofphere. * Ne pourroit-on pas concilier ces. deux opinions, & rendre raifon de ces apparences, en fuppofant qu'il y a fur le difque de Jupiter, des bandes permanentes analogues aux ers qui font fur la Terre, & d’autres variables que l'on pourroit comparer aux nuages qui, vûs de quelqu'endroit du Ciel, doivent former auffi des bandes fur lesdifque de Ba Terre, fujette à divers changements. En effet, comme FÉquateur de la révolution de Jupiter autour de fon Axe, p'eit incliné que de peu de degrés au plan de fon Orbite, d'où il fuit qu'il doit y avoir peu de variété dans les faifons; n'y auroit-il pas plus lieu d'attribuer fes changements fubits que l'on obferve dans fes bandes, aux différentes difpofitions “de fes nuages dans fon Atmofphere, qu'à des variations qui arriveroient réellement fur fa furface, lefquelles ne fe pour- “ roient faire que par une fucceflion de temps confidérable. Ces changements de Saïfon, tels que de l'Eté à l’Hiver, -m'arrivant dans Jupiter qu'après l'intervalle de fix années. … Ce que nous avons dit de lAtmofphere de Jupiter, peut . s'appliquer auffi à Saturne, avec d’autant plus de fondement … que les obfervations que lot a déja faites fur fes bandes, 464 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE - donnent lieu de conjecturer que cette Planete a une Atmo- fphere, dont l'étenduë eft du moins aufli grande que celle de fon Anneau. On na pas pü découvrir jufqu'à préfent le temps que cette Planete employe à faire fa révolution autour de fon Axe, parce qu’on n’a pü appercevoir fur fon difque, aucune Tache que l'on pût prendre pour le terme de cette révolution. Cependant fi l’on fuppofe que l'étenduë de cette Atmofphere eft égale au demi-diumetre de l Anneau, on pourra, fuivant nos principes, déterminer la durée de cette révolution; car la diftance de la circonférence exté- rieure de l’Anneau au centre de Saturne étant à celle du premier Satellite au même centre comme 3 à 4, ou 1 à #. Prenant le cube de #, on aura ##, dont la racine quarrée eft de qui eft à 1, comme 1j 21" 18", temps que le pre- 5 imier Satellite employe à faire fa révolution autour de Saturne, eft à 15 SP 19° qui mefurent le temps que cette Planete doit employer à faire fa révolution autour de fon Axe, c'eft ce qu'on tâchera de vérifier s’il s’en préfente quelque occafion favorable. Nous n’étendrons pas davantage nos conje@ures fur l'At- mofphere"des autres Planetes, parce qu’on n’y a pas encore découvert de Satellites dont ïl feroit nécefaire de connoître la révolution, pour y appliquer nos principes. Il nous fuffra d'avoir fait voir dans ce Mémoire, qu'on peut concilier aifément dans le Sifleme des Tourbillons, les périodes des révolutions des Planetes autour de leur Axe, avec celles que les Fluides qui les environnent, doivent avoir fuivant la regle de Képler, ce que l'on a regardé comme une des plus fortes objections contre ce Sifteme. SUR AR EE QT DES Sci1ENCES. 465 SUR LA MANIERE DE CONSERVER D'E S'G'OTS. Pa M DE REAUMUR. ‘ds S douceurs aétuelles de la vie des habitants des pays civilifés, viennent d’une infinité de petites commodités & d'agréments qu'on a trouvé peu-à-peu les moyens de leur procurer. Sans parler de tout ce que les Arts font pour nous dans ce genre, de combien de Fruits délicieux ferions- nous privés en France, f1 nous n'avions que ceux que la terre y produifoit, lorfqu’elle étoit prefque- couverte de ces grands Chènes fi refpectés par nos anciens Gaulois? C’eft prefque de nos jours qu'une nouvelle & très-bonne efpece d'Oifeaux, celle des Dindons, s’eft établie chés nous, & qu'elle s’y eft multipliée à un tel point, que nous fommes près d'oublier qu'ellenous eft étrangere. On travaille depuis quelques années à y naturalifer les Pintades, avec apparence ‘y réuffir. Ce qui n'étoit d’abord que pour les tables les plus recherchées, devient par la fuite un mets commun. T'out ce qui peut contribuer au mieux être d'un grand nombre d'hommes, quelque peu qu’il y contribuë, eft un objet digne de notre attention. C’eft ce qui fait que je n’héfite point à parler encore une fois de la maniére de conferver les Œufs, & à donner quelques fuppléments à ce que j'en ai dit dans le premier Mémoire du fecond Volume de lHifloire des Infectes, parce que la confommation des Œufs, qui ef faite par gens de tous états, eft confidérable. J'airapporté dans ce Mémoire des expériences qui prou- vent inconteftablement que les œufs peuvent être confervés pendant plufieurs mois, pendant des annéës, dans l’état où ils étoient lorfqu'ils ont été pondus ; qu'un œuf de plufieurs mois peut être d’un aufli bon goût, auffi frais, qu'un œuf pondu du jour, L'œuf qui étoit plein quandileft forti du corps , Mens 1735 Nan 466 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de la Poule, le devient de moins en moins à mefure qu'il vieillit. Quelque compacte que nous paroiffe fa coque, elle eft criblée d'une imfinité de trous qui échappent à nos-yeux par leur petitefle, mais dont l'exiftence eft affés démontrée par le vuide qui {e fait, & qui augmente journellement dans l'intérieur de l'œuf. Une humeur aqueufe tranfpire conti- nuéllement au travers de la coque, & elle tranfpire plus abondamment dans les temps chauds que dans les temps froids. Sur le champ on peut faire échapper de l'œuf aflés de liqueur pour mouiller fa coque, il ne faut pour cela que le mettre dans une machine pneumatique, & en pomper Yair. Or pour conferver l'œuf dans l'état d'œuf frais , il ne s'agit que de le conferver plein, d'y arrêter la tranfpiration; & on Farrête en bouchant les pores avec une matiére qui ne peut être difloute par une liqueur aqueufe. En ün mot nous avons prouvé que tout Vernis à Efprit de vin, étendu fur la coque, empêchoit l'œuf de fe corrompre. Nous fommes entrés même dans les détails de calculs néceffaires pour faire voir que cette façon ne rencheriroit pas beaucoup les œufs. Mais quelque peu qu’elle puifle coûter, & quelque certain qu'en foit le fuccès, elle ne deviendra utile au Public, que lorfqu'on y aura recours pour conferver une très - grande quantité d'œufs, que quand on en vernira affés pour fournir à la confommation journaliére ; & c’eft ce qui ne peut être fait que par les, gens de la campagne ; au lieu qu'ils n’en- voyent prefqu'aux villes que des œufs vieux, il faudroit qu'ils n'y envoyaflent que des œufs frais, que des œufs vernis. Quelque fimple que foit la compofition du Vernis & la maniére de l'appliquer, le tout peut paroître trop embarraffant à des gens de campagne, à des payfans; ce font pourtant eux qu'il faut mettre en état de nous conferver les œufs. Il n'a toüjours déplû de les avoir laiflés dans la néceflité de faire ou d'acheter du Vernis, qui eft une efpece de drogue qu'ils ne connoiflent aucunement. Mais les expériences que j'ai faites depuis, n'ont appris qu'on pouvoit fubftituer au Vernis une matiére moins chere, plus connuë, & aifée à avoir Brest Sicu Ein casa ii 46% par-tont ; que toute graifle dure étoit capable de produire ici l'effet du Vernis. II n’eft point de campagne où l'on ne _ puifle avoir aifément de la Graifle de Mouton ; & j'ai éprouvé que les œufs qui ont été enduits de cette graifle, fe confer- vent frais auflr long-temps que ceux qui ont été vernis. Le Suif ordinaire, celui dont on fait les chandelles, réuffiroit tout aufli-bien que fa graiffe de Mouton , le meïlleur n'eft qu'un mélange de cette graifle avec celle de Bœuf. Mais on a généralement du dégoût pour le Suif ; des imaginations délicates pourroient être bleffées, lorfqu’on leur préfenteroit des œufs fur lefquels elles fçauroïent qu'il y auroit eu du füif, quoiqu'il n’en reftât pas même la plus légere trace, ni la moindre odeur, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'œuf. H vaut donc mieux fe fervir de graifie de Mouton fraiche, qui ne coûtera prefque rien de plus que le fuif ordinaire. Ceux qui voudront conferver des œufs , acheteront quelques livres de cette graifle chés les Bouchers , & pour être plus fûrs de avoir pure, ils acheteront de celle qui n'a pas été fonduë ; ils la feront fondre eux-mêmes, & après avoir rendu liquide, ils la feront pafier au travers d’un linge; en fortant elle fera reçûë dans un pot de terre, dans lequel on la gardera pour s’en fervir toutes les fois qu'on en aura be- foin. Un pot de terre qui contiendra quatre à cinq livres de cette graïfle, en contiendra une provifion fufffante pour enduire bien des œufs. Chaque fois qu'on en voudra faire ufage, on approchera Je pot d’un petit feu, & on l'y laiflera jufqu'à ce que la graifle foit redevenué liquide, c'eft Paffaire d’un inftant ; on Ôtera alors le pot du feu, on plongera un œuf dans cette graifle, & on le retirera fur le champ ; s'il étoit bien frais, le voilà en état d'être confervé pendant plus d'une année: & ainf fucceflivement on plongera dans la graifle tous les ‘œufs qu'on aura ce jour-là à enduire. La graifle fe tient fluide pendant un temps aflés long pour qu'on ait celui d’en enduire un bon nombre les uns après les autres. Le lendemain on Nan ij 468 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fe fervira, fi fon veut, au même ufage, de celle qui fera reftée dans le pot, & ainfi de fuite. La feule difhculté, & qui n’eft pas grande, c’eft de plonger Tœuf dans la graifle, de maniére qu'elle le touche par-tout ; ou plütôt de maniére que lorfqu'il en fera retiré, il emporte la graifle néceflaire pour arrêter la tranfpiration dans tous les endroits de fa furface. Si pour le plonger, on le tenoit avec une pince, les endroits touchés par la pince ne pourroient l'être par la graifle. Le remede pourtant feroit fimple ; on pourroit avoir des Pinces dont l'attouchement ne fe feroit que dans deux points, & quand la graiflé feroit figée fur tous les autres endroits, rien ne feroit plus facile & plus prompt que de porter avec une plume ou un pinceau une petite goutte de graifle liquide fur les deux endroits qui font reftés découverts. Mais pour n'avoir plus à revenir à l'œuf après qu'il a été tiré du pot, on trouvera peut-être plus commode de donner à chaque œuf un lien d'un brin de fil long de fix à fept pouces ; on entourera l'œuf vers fon milieu , c'eft-à-dire, à diftance à peu-près égale de fes deux bouts, avec ce fil; on lui fera une ceinture arrêtée par un double nœud, lequel nœud fe trouvera très-près d'un des bouts de ce fil; c’eft par l'autre bout du fil qu'on tiendra l'œuf fufpendu pour le plonger dans la graifle liquide. Celle qui s’attachera fur Ja partie du fil qui entoure l'œuf, arrêtera auffi- bien toute évaporation dans cet endroit, que celle qui fera immédiate- ment appliquée contre la coquille. On imaginera peut-être qu'il eft plus difhcile qu'il ne l'eft réellement, de mettreun œuf en équilibre fur un tour de fil, de faire que cet œuf ne s'échappe pas ; qu'on l'éprouve, & bien-tôt ce procédé n'embarrafiera aucunement. L’œuf n’a befoin de refter aïnfr en équilibre qu'un inftant, que celui où on le trempe dans la graifle; dès qu'on l'en retire, la graiffe qui fe fige arrête le fl, & ce fil peut fervir à pendre où l'on voudra l'œuf enduit, à des clouds, à des cerceaux , &c. Rien n'exige | DES, SCcTENCES... 468 pourtant qu'on le pende ainfi, on peut remplir des paniers, des tonneaux, &c. d'œufs fur lefquels la graifle eft figée. Qu'une payfanne ait donc fon pot de graifle, & la voilà en état d'enduire chaque jour les œufs que fes Poules lui donneront. Mais ce à quoi il faut être attentif, c'eft d'en- duire les œufs au moins le jour même qu'ils auront été pondus, & le plûtôt qu'il fera poflible dans ce jour. Si on différe de quelques jours à enduire un œuf, non-feulement l'enduit ne le rendra pas frais, mais il ne confervera pas aufii par- faitement cet œuf tel qu'il eft, qu'il confervera l'œuf frais; le vuide qui y eft, permet à la fermentation de fe faire juf- qu'à un certain point. On fcait, & fur-tout dans les cuifines, que fi on examine un œuf vis-à-vis une lumiére, on voit un cercle près du bout de l'œuf qui n’eft pas parfaitement frais; ce cercle eft d'autant plus grand que Fœuf eft plus vieux, il eft la féparation du plein & du vuide. Avant que de couvrir de fuif des œufs que j'avois fait acheter, & qu'on avoit vendu pour œufs frais, je cherchai fi j'y trouverois des cercles de grandeur fenfible. J'ai enduit des œufs qui n'avoient point de cercle, ou qui les avoient extrèmement petits, & j'en ai enduit d'autres qui avoient des cercles aflés grands. Au bout de trois à quatre mois, j'ai fait cuire des uns & des autres; les premiers ont été trouvés tels en tout que font les œufs pondus du jour même, & les autres, quoi- qu'ils euflent du lait, & un blanc très-blanc, avoient un goût qui paroifloit défagréable à gens médiocrement délicats. IH n’eft pas néceffaire de recommander d'arranger avee foin les œufs enduits dans les paniers dans lefquels on veut Les tranfporter ; on comprend aflés qu'il importe que la graiffe qui les couvre ne foit pas emportée : mais ceci ne demandera prefque aucune précaution de plus que celles qu'on prend pour le tranfport des œufs ordinaires, on fait en forte qu'ils ne puiflent pas balotter pendant le tranfport, on en fçait le rifque. Un des avantages de l'enduit de graiffe fur celui de vernis, c'eft que les œufs qui l’ont reçü, cuifent à peu-près auffi il Nan ii 470 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoÿaL®r vite que les œufs frais ordinaires. Dès que l'œuf fe trouve dans l’eau bouillante, la graifle fe fond, la tran{piration: néceffaire pour la cuiflon fe fait librement & fur le champ, au lieu qu'elle eft retardée par un vernis qui ne peut être que” ramolli, & qui ne peut être rendu liquide par la chaleur de l'eau: Quand on retire de l'eau bouillante l'œuf qui avoit été couvert de graïfle, le deflus de la coquille n’eft qu'un peu gras, & il eft aifé, en le frottant avec un linge, d'em- porter toute trace de graïfle, de rendre la coquille très-féche. Des gens délicats la pourroient même faire frotter avec du fon ; mais ce qui doit leur paroître effentiel, c’eft que l'œuf eft excellent, & qu'il n'eft point de palais, quelque fin qu'il foit, qui puifle leur trouver le plus léger goût de graiffe. C'eft fur-tout par rapport aux œufs que l'on voudra conferver pour les faire couver, que l’enduit de graifie doit être préféré à celui de vernis. J'ai prouvé dans le Mémoiré que j'ai cité au commencement de celui-ci, que tant que Yœuf refte dans l'état d'œuf frais, lembrion y vit; mais les mêmes expériences qui l'ont démontré, ont fait voir qu'il étoit extrêmement difficile de venir à bout de dévernir les œufs aflés bien pour les mettre en état d’être couvés, pour qu'ils puiflent tranfpirer fuffifamment fous la Poule. L’enduit de graifle eft bien plus aïfé à enlever que celui de vernis; on pourroit tremper pendant un inftant un œuf dans l'eau chaude, fans que l'embrion en fouffrit, fans que la chaleur qui auroît fuffr pour fondre la graifle, eût le temps de fe faire trop fentir dans l’intérieur de œuf. Mais probablement, on pourra s’en tenir à emporter le gros de l’enduit en ratiflant Tœuf, le refte s’'achevera fous-la Poule. Si la chaleur qu'elle donne à l'œuf, n’eft pas capable de rendre la graifle bien liquide, au moins la ramollira-t-elle ; elle Ia mettra en état de céder aux efforts que font alors les parties renfermées dans l'intérieur de Fœuf pour s'en échapper. Dès qu'il eft certain que les œufs qui ont été enduits de graifle, peuvent être couvés avec fuccès, nous pouvons efpérer de voir naître dans le Royaume, un grand nombre d'efpeces d'Oifeaux DÉELS LC ATUENN Ci ES à LE: dpt des Pays étrangers, & peut-être d'y en voir plufeurs s’y maturalifer. 1 n'y a nulle comparaifon pour les Voyageurs, entre la difficulté d'apporter des œufs qui ne demandent que peu de place-& de foin, & celle d'apporter des Oifeaux qu'il faut loger commodément, & nourrir, & qui périfient fouvent en route, malgré toutes les peines qu'on à prifes pour les faire vivre: Les. Perroquets ne font pas feulement - des Oifeaux beaux à voir; n'y a-t-il pas lieu de croire, fi on les failoit naître chés nous, d'œufs qui y auroient été apportés, qu'ils s'y perpétueroient ? ils font déja conftitués de maniére à y vivre long-temps. On pourroit alors aflortir des mûles avec des femelles de leur efpece, ce qui jufqu'ici a été très-difhcile, non-feulement parce qu'on n’a pas aflés à choïfir, mais fur-tout parce que les différentes efpeces de Perroquets ne nous font pas aflés connuës, & que nous ne fçavons pas aflés diftinguer les mâles des femelles. Dès que nous fommes parvenus à multiplier fi fort dans le Royaume des Oifeaux aufi délicats que le font les Serins de Canarie, ne pouvons-nous pas efpérer de pouvoir y naturalifer des Poules, telles que celles d'Egypte & de la Chine, des Faifans, des Canards, des Perdrix d’efpeces que nous n'avons point, &c. Quand on aura des œufs de ces Oifeaux en état d’être couvés : par des Poules, on parviendra à les faire naître chés nous, & avec des foins à les y perpétuer. | Si j'infifte fur l'ufage de la Graiffe dure pour conferver les œufs, c'eft qu'elle eft peut-être de toutes les matiéres qu’on y peut employer, la plus aifée à avoir en tous lieux, une de celles qui fera à meilleur marché, & des plus faciles à ôter de deflus l'œuf. Du refte, ileft évident que toute autre matiére dure qui arrêtera la tranfpiration de l'œuf, le con- fervera. Je dis matiére dure, parce que l'Huile, par exemple, dans laquelle un œuf trempe, peut bien diminuer la tranf- piration d’une matiére aqueufe, maïs elle ne fçauroit l'arrêter prefque totalement, comme il le faut ; car les parties de l'huile peu liées enfemble, ne réfiftent pas affés à l'effort que fait la vapeur aqueufe pour fortir de l'œuf, J'ai éprouvé que des. + 272 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE œufs enduits de la Cire dans laquelle ils ont été trempés; pendant qu’elle étoit fonduë, fe confervent auffi-bien que les œufs vernis. Mais cette efpece d’enduit coûteroit plus que celui de fuif, parce qu'il ne faudroit pas s'attendre que ceux qui feroient cuire les œufs, ramafleroient pour eurs maîtres, la cire qui viendroit furnager l'eau. Un mélange de Cire & de Poix réfine feroit à meilleur marché que la cire pure, on pourroit le rendre à aufli bon marché que la graifle, & il réuffit bien ; mais‘ feroit peut-être difficile d'accoûtumer les payfans à s’en fervir, & il feroit plus difficile à ôter de deflus l'œuf que la cire. Toutes les Gommes diflolubles à Veau, comme la Colle de Poiflon, la Gomme Arabique, pourroient faire que l'œuf fur lequel elles feroient étenduës fe corromproit moins vite que celui dont la coque eft nuë, mais elles ne fçauroient conferver l'œuf aufii long-temps que le confervent les matiéres fur lefquelles l'humidité n'a point de prife. Elles fe laïfleroïient mouiller par la liqueur aqueufe qui tend à s'échapper de l'œuf, & ce feroit autant d'ôté de dedans l'œuf, Il eft pourtant à croire que ce ne feroit qu'à la longue que les œufs enduits de certaines Gommes, & de certaines Colles fe corromproient. Au refle, ce que nous avons dit en général, par rapport à la confervation des œufs, peut être d'ufage pour la con- fervation de matiéres de bien des efpeces différentes qui ont de la difpofition à fermenter ; c’eft fur quoi nous avons fait des expériences que nous pourrons rapporter dans un autre temps. OBSERVATION ABIMBLSICTEN CES II 47 OBSERVATION De l'Eclipfe de Lune du 2 Octobre de cette année 1735, faite à Thury. Par TN) SC'AS SE NL : Ciel qui avoit été prefque toûjours couvert les jours récédents, a été favorable pendant prefque toute Ja Fr de cette EclipR, que nous avons obfervée à Thury avec M. de Maupertuis & Clairaut, par une Lunette de 8 pieds, montée {ur une Machine par allaétique, & garnie d'un Micrometre à réticules, dont douze Fos enoient exacte- ment le PRE de la Lune. Le 2 Oétobre à où 18’ 18” du matin, Commencement Ù douteux. o 19 18 Commencement certain. o 2$ 8 Undoigt. o 33 34 Deux doigts. o 35 3 L'ombre à Tycho. o 36 49 Tycho eft entiérement dans lombre. o 43 9 Trois doigts. . o 53 20 L'ombre à Grimaldi, 0 53:55 Quatre doigts. 1 6 o Cinq doigts.. x 25 50 Grimaldieftentiérement forti de ombre, qui na pas éclip{é cette Tache entiére- ment. 1 35 35 L'ombre au Promontoire aigu. Mem, 1735: Ooo 474 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE La Lune eft éclipfée de 6 doigts 10 minutes, que lon a eftimé être la pius grande Ecliple. A 2h 10° 23" Cinq doigts. 22 $3 Quatre doigts. 29 23 Tycho commence à fortir. 11 Trois doigts. 36 10 La Lune fe cache dans les nuages. 55 55 La Lune fe découvre un peu entre les nuages, & paroît éclipfée. Elle fe cache enfuite entiérement. Bb b R b (en ww Cette Obfervation a été précédée par celle d’une Emer- fion du premier Satellite de Jupiter, que j'ai cru devoir rapporter ici, parce qu'elle a été faite en même temps à Paris par M. le Monnier le fils, & qu'il eft important de fçavoir la précifion avec laquelle les Aftronomes qui fe préparent pour aller dans des Pays éloignés, s’accordent dans ces fortes d'Obfervations, qui font des plus. difficiles à faire exaétement, & en même temps les plus utiles pour déterminer les Lon- gitudes. J'obfervai cette Emerfion le r Oétobre à 8h 6’ 16” à ma Pendule, qui retardoit alors de 6’ 7”, qui y étant ad- joûtées, donnent l’heure véritable à 8h 12° 23". | Elle fut obfervée à Paris par M. le Monnier le fils à 8h 1228". La différence eft de $ fecondes d'heure dont Thury eft plus occidental que Paris. Suivant les opérations géométriques que nous avons faites ces Vacances avec M.'s de Maupertuis & Clairaut, nous avons trouvé Îa diftance à la Méridienne de Paris, de la Tour où nous avons fait nos Obfervations aftronomiques, de 860 toiles, qui réduites en heures, font un peu moins de 6 fecondes dont ce lieu eft plus occidental que Paris. Nous lavions trouvée par notre Obfervation, de $ fecondes vers le même fens. Ainfi ces deux Obfervations s'accordent 3 DES" 1S CO EN GS 475$ dans la feconde , ce qui eft une précifion beaucoup plus grande qu'on ne peut fe le promettre dans ces fortes d'Ob- fervations. Nous avons auffi reçû l'Obfervation de l'Eclipfe de Lune faite à Bologne par M. Euftache Zanetti, que M. Manfredi nous a communiquée, avec celle de l'Emerfion du premier Satellite de Jupiter, qui l'a précédée, Le commencement y a été obfervé à . . . oh 51’ 52" LUTTE 1 RARE NAESRE NANTES ARE EE .. 13 34 40 Ce: qui donne la durée de . . . « . . . . 2 42 58 MIE MEUAS à 2 Du bte DU IETENS COÈR ES La grandeur de l'Eclipfe a été obfervée de 6 doigts 6 mi- nutes, & l'on a déterminé à oh 3 5’ le diametre de la Lune de 30° 35". Entre diverfes Taches dont on a obfervé l'entrée dans Tombre, il y a celle de T'ycho dont le commencement eft arrivé à Bologne à. . . . . . . . 2. CAC NME 1128 1 OS do Et TImmerfion totale à. . - .-. . « . . . 1 13 13 Les comparant à notre Obférvation, on trouve la diffé- Et par la fÉéondés del UT, 0, 30 2% Cette détermination, que lon déduit des Obfervations correfpondantes des Taches, eft, comme on l'a déja remar- qué plufieurs fois, préférable à celles qui réfultent du com- mencement & de la fm de l'Eclipfe, qu'il eft ordinairement très-difhcile de déterminer avec précifion, à caufe de la penombre qui fe confond avec l'ombre véritable, L’Emerfion du premier Satellite de Jupiter a été auf obfervée à Bologne par une Lunette de 22 pieds, de Cam- At dore AA Es 8h48 so" … Elle a été obfervée à Thury à . . 8 12 23 . Ja différence eft de . . . . . . . o 36 27 à laquelle ie HAE 476 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE il faut adjoûter quelques fecondes, parce qu’on a dû voir VEmerfion plütôt par une Lunette de 2 2 pieds que par celles de 1 5 pieds dont nous nous fommes fervis dans cette Ob- fervation. Nous avons auffi reçü lObfervation de cette Eclipfe faite à Touloufe avec une Lunette de $ pieds par M. Garipni, dont nous ne rapporterons ici que les principales phafes. Commencement de l'Edipfe à . . . . : . ohr4 o" Fin de TEclipf . . ........... 2 $$ 10 Ce qui donne la durée de . . . . . . . . 2 41 10 Et lemileuà.....,.....1... 1 34 35 DES SctrEenNces 477 OBSERVATION DE L'ECLIPSE PARTIALE DE LA LUNE Du 2 Odobre 1735. Par M. GRANDIEAN DE FoucHy. r ,E Ciel s'étant trouvé très-découvert, & l'air très-fereir le foir du 1° Oétobre, je préparai, pour obferver TEclipfe, une Lunette de $ pieds, armée d’un Micrometre pour déterminer la grandeur de lEclipfe, & une autre Lunette de 7 pieds pour déterminer le pañlage de l'ombre fur les Taches qui devoient être couvertes. Temps vrai. Doists éclipfés, À oh 16’ o” Commencement. 21 $o L'ombre à Schikardus, 29\:0:EEdlipié eft de . ... 19 20/ 31 10 Au bord de Mare Humorum. 33 55 Au bord oriental de T'ycho. 3$ 35 Au bord occidental de Tycho. B9 30 L'Ecliple eft de . . . .. 3 18 44 7 À Bouillaud S4 9 Le commencement de Grimaldi. 54 40 L’Eclipfe eft de . . . .. 4 21 $ r$ Le commencement de Fracaftor. 7 40 Tout Fracaftor. 13 30 L'Éclipfe eft de ... . . . s 33 1$ 45 Parle milieu de Mare Nettaris. 25 Oo Grimaldi fort de ombre. 28 o Langrenus. 31 30 Reinholdus au bord de ombre. 34 40 Dionyfius entre. 39 15 L'Eclipf eft de . .... 6 30 478 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Rorazs A 2h 2° o”Dionyfius fort. Lo : Par le milieu de Mare Humorum, o É o L’Eclipfe eft de . . ... SAT 9 o Mare Humorum eft forti de l'ombre, 9 3o Bouillaud ef fort. 13 o Schikardus eft forti. 28 : e EFepéieftide hu" 4 13 28 10 Tycho au bord de l'ombre. 29 15 Tycho eft forti. 33 o L'Eclipfe eft de . .... 3 s$ 43. 0: L'Edlipfe eft de: « à: 4:32: BE 44 10 Mare Nedlarÿ eft forti de Fombre. : Les nuages qui furvinrent enfuite ne me permirent plus de rien obferver. Le milieu de F'Eclipfe conclu des phafes correfpondantes,, a été à 1h 36’ 10”, & la grandeur de 64 30°. DES SCcrENCES 479 OBSE RATIO N De l'Eclipfe partiale du 2 Oftobre 1735 au matin, faite au College de Harcourt. Par Mr LE MONNIER Pere & Fils. E 1e Odtobre au foir, nous fimes les Obfervations fuivantes, 1. À 8h 12° 28", temps vrai, nous obfervâmes une Emerfion du premier Satellite de Jupiter, avec une bonne Lunette de 15 pieds. $ 2.° Nous obfervimes le diametre de la Lune à différentes hauteurs, & avec différentes Lunettes : nous l’obfervimes auffi au Méridien à la hauteur apparente du centre de 44° 10° 30", & nous conclümes que ce diametre corrigé par la différence des réfraétions, étoit exactement de 30° 50”. Nous déterminämes auffi fort exaétement le pañlage du dia- metre horifontal de la Lune par le Méridien qui fut trouvé de 2° 6”, qui valent d’un grarid cercle de la Sphere 30" 29", ainfi le diametre horifontal de la Lune vû du centre de Ia Terre, étoit pour lors de 30° 20", ceft-à-dire 21° plus - petit que le diametre vertical vü de Ia furface, ce qui donne le rapport du diametre de la Lune à celui de la Terre, comme 100 à 3652, & la Parallaxe qui convient à la hauteur méridienne apparente du centre de la Lune de 39° 58”, & par conféquent fi on Ôte de cette Parallaxe, Ja réfraction qui, fuivant la Table de M. Caffini, eft d'une minute pour cette hauteur, il reftera 38" 5 8”, qui étant adjoûtées à la hauteur méridienne apparente du centre de la Lune, don- | néront fa hauteur vraye de 44° 49’ 28", & fa déclinaifon _ feptentrionale de 3° 39° 48"; le paffage du centre de la _ Lune au Méridien arriva à 1h $6’ o", ainfi il eff ailé d'en conclurre la vraye longitude & latitude au moment du Palage obfervé au Méridien. 480 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Le Ciel fut fort ferein pendant tout le jour, & une grande artie de Ja nuit, ce qui nous donna occafion de déterminer plufieurs diftances de Taches de la Lune, tant entre elles, qu'au bord du difque apparent, pour en déduire, fuivant nos méthodes ordinaires, les principaux élements de Ia Libration & de la Sélénographie. Toutes réductions faites, tant de la part des réfraétions, que de la quantité dont le diametre de la Lune a augmenté depuis 9 heures du foir jufqu'à fon pañlage au Méridien, nous avons conclu, . Que la Tache appellée Procus, par le P. Riccioli dans fon Almagefte, paroifloit diftante de la circonférence du difque apparent, de . . . . . . . . . . . .. HA Z" Et que la Tache nommée 7ÿcho, étoit diftante _ de la circonférence du même difque, de . . . 4 49 Mais ces deux Taches ont paru fous un angle de 21 10 Donc arc d’un grand cercle de la Lune compris entre Tycho & Proclus fexa par cette obfervation de 86° 49° so’ Et fi fon imagine un grand cercle de Ia 7: Lune dont le pole feroit le centre du difque , apparent, la diftance de Proclus à l'égard de ce grand ceréle,feraide fe ce tee 37 16 50 Et la diflance de Tycho au même grand cercle; era ide AT ere de ce . 46 44 20 Ce qui donne la Libration pour ce jour-là aufli exaéte: ment qu'on le puifle fouhaiter. Obfervation de lEclipfe. A obr19" o" Nous jugeimes l'Ecliple commen« o 22 28 L'ombre au bord de Schikardus. 23 38 Schikardus entiérement dans l'ombre. 215 481 LEclipie de. 5.58, tone CO 28 28 .L'Eclipf de, . ......:%. 1 30 seau LEElpE, de; ue NE 2 19! 33 23 L'ombre au bord oriental de Mare Humorum 35. 18 L'ombre au bord'oriental de Tycho. © CUC 020 0 oh # H : OO 000000 D + NA dr LE COR CS CC D bi DES SCIENCES. 48t 37: 8" Tycho totalement dans l'ombre, dLEciple des aise nl. de et 24 30 ” LÉcible de ane). en 2 44 SH cup de: he, 121 2541 A obple de fi ae" 2 à 2 48 L'ombre au milieu de Bouillaud. 13 28 24 18 8 L'Eclip{e de . . sole +181, 30 L'EdbE d O RSdére 4 o LEdhipfé desde ua SUR. 4 41 as de Denon loue 4 5 L'Echple (de, Lors 2085 2 sûr & les trois quarts de Grimaldi dans l’'om« bre. Nous avons remarqué que l'ombre a ceflé de defcendre, & que peu de temps après elle a remonté. Lédine del 4aierilenéets LS D6 L’Eclip{e de . ee. ee + + + + » S 18 LBcipleden us, see Be 26e 1e j 2% RS ER M A A L’Eclipfe de . . She Grimaldi toplcmEns ue a Panbres L'ombre au bord de Langrenus. L'Eclipiside patentes. à 6 5 L'ÉCRAN NC ME Langrenus entiérement dans ombre. L'Ecliple dé a 6 08 L'Echple des ARR us ae 6 20: L'ombre au Promontorium acutum. L'Eclipée dede cute sie 6 24 LEchple delete tit 6 18 L Ediple décroiît fenfiblement. L'Ecliple de: uen 16. 2) L'Echple des Men de. 6 o ÉEichpEsden a etes arte s 46 LéEchpéider. Ver suuiers' he. s 30 L'Eclipf de . d'a duluuy due pes 1735 Ppp 432 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE A 2h13" 18" L'Ecliple de . 2 2 2 b bb KW D D D pb LS 16 19 211 23 25 L'Eclipe de L'Eclipte de L’Eclipfe de Nuages. L'Eclipfe de Tycho hors de L'Edlipfe de L'Eclipfe de L'Eclipfe de . L'Eclipfe de L’Eclipfe de L'Eclipfe de L'ombre étoit L'Eclip{e de 0 e e e e To DEN ee LE Cat PET: ee L] L2 L2 L1 L 1 L1 *. L2 mbre. CCC) si o! .…... 4 43 30 1 353% Sp) 0 2 30 o 1 46 I 30 1 16 Des nuages épais empéchérent d’obferver k fin de lEclipfe. DES ScrENGES 383 SUITE DES RECHERCHES SUR EVE SEE 1 A M MO N'1 AC Troifiéme Partie. Par M. pu HAMEL NTOus avons fait voir dans la feconde Partie de ces Re- cherches, que quand on diffille le Sel ammoniic avec Ta Chaux, elle fe charge d’une graiffe groffiére qui décompofe en partie le volatil urineux , & nous avons cru que c'étoit principalement cette propriété de la Chaux qui failoit qu'elle produifoit des effets fi différents de Ja Craye dans la diftil- lation du Sel ammoniac. Mais fi cela eft, en faoulant, pour ainfi dire, la Chaux de cette matiére graffe dont elle eft fr avide, ne pourroit-on pas enfin efpérer d’avoir avec elle un Sel volatil en forme concrette ? les deux expériences füuivantes m'ont paru propres à nous en aflürer. . J'ai mis dans une petite cornuë 4 gros d’Efprit volatil fur un gros feulement de Chaux, & quoique j'aye fait fur la fin un grand feu, je n'ai retiré que 3 gros? d'Efprit, & la tête-morte étoit augmentée de poids prefque d’un demi- gros; cependant il y avoit quelques grains de Sel volatil en Fo concrette qui s'étoient arrêtés dans le col de la cornuë, parce qu'il étoit fong & étroit. J'ai voulu répéter cette expérience avec d'autre Chaux, & je nai pas eu de Sel vo- latif concret, quoiqu'il y eût un peu de Chaux d'enlevée avec YEfprit volatil, elle ne formoit pas de Sel. Ce petit vertige de Sel volatil me fit juger que je pourrois avoir un peu de Sel volatil, en mettant beaucoup de Sel ammoniac fin peu de Chaux. Ainfr je diftillaï 4 gros de Sel ; Pppi 484 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE ammoniac feulement avec un gros de Chaux, & j'en a retiré, ayant donné fur la fin un feu très-vif, un gros de bon Efprit volatil, 3 gros moins quelque chofe de Sel am moniac, & un gros & demi de tête-morte avec un gros d'une matiére faline qui s’étoit arrêtée au bec de la cornué, & qui paroifloit contenir du Sel volatil. J'ai cependant voulu répéter encore cette expérience d'une autre maniére, qui n'a pas réuflr; la voici. J'ai mis dans une cornuë 9 onces de Chaux avec 3 onces de Sel ammoniac & 10 onces d’eau, dont j'ai retiré $ onces 4 gros d'Efprit volatil. J'ai verfé fur la tête-morte 3 gros de Sel ammoniac - diffout dans 8 onces d'eau, d’où j'ai retiré 1 r onces d'Efprit volatil. Enfin j'ai encore remis fur la même tète-morte 3 onces de Sel ammoniac diflout dans 8 onces d'eau, d’où j'ai retiré 7 onces d'Efprit volatil aflés foible, mais ma cornuë s'eft caflée en cent morceaux avant que j'eufle pü donner un feu un peu confidérable, J'ai trouvé dans ma cornuë une mafle extrêmement dure, qui s’humeétoit cependant à l'air, mais qui étant très-adhérente à la cornuë, avoit occafionné la rupture; je l'entonnai dans une autre cornuë pour eflayer de la poufler à un feu un peu vif qui püt enlever ou um peu de Sel volatil, ou du moins du Sel ammoniac, car il eft für que cette tête-morte en étoit fort chargée; j'y mêlaï même un peu de fable pour empêcher cette tête-morte de fe mettre en mafle, mais tout cela ne me fervit de rien, & après avoir retiré quelques onces d'eau infipide, la cornuë cafla comme la premiére fois, & je trouvai pareillement la tête-morte endurcie, ce qui arrive pareïllement quand on met dans un creufet du Sel ammoniac avec de la Chaux pour faire le Phofphore à la maniére de M. Homberg, & c'eft pour cela que dans la diftillation du Sel ammoniac il faut mettre plütôt trois parties de Chaux contre une de Sel am- moniac, que deux contre une pour empêcher que les ma- tiéres ne fe durciffent trop dans la cornuë, & ne la faflent caler, & il me paroît plus avantageux de fe fervir de Chaux éteinte à l'air, que de Chaux trop vive, parce que quand Ja MATE SR ONCE NT CNE" 485$ Chaux eft trop vive, les vaifleaux ne manquent gueres de fe rompre avant la fin de l'opération. Il n'eft inutile, après ce que j'ai dit, d'infifter fur les conféquences qu’on peut tirer des deux premiéres expériences, il ne faut qu'un peu d'attention pour en faire une jufte application aux principes que nous avons établis. Mais s’il étoit vrai que la Chaux, quand elle eft une fois faoulée de la graifle urineufe du Sel ammoniac, donnât un peu de Sel volatil, la Craye qui en donne fi abondamment avec le Sel ammoniac, ne doit-elle pas, en La diftillant avec TEfprit volatil fait avec la Chaux , donner un Sel volatil en forme concrette? Elle eft propre à être enlevée par le volatil urineux ; c’eft prefque tout ce qu’il faut, fuivant moi, pour faire un Sel volatil concret. Il eft vrai que dans l'Efprit fait avec Ja Chaux, la partie la plus grafle de lurineux volatif eft reftée dans la Chaux , & que le refte eft déja étendu dans de l'eau, & que cet urineux pafle plus aïfément par la diftil- lation quand il eft joint avec de l'eau, que quand il eff joint à une terre, parce que l’eau eft moins fixe que la terre, ce qui fait que l'Efprit pafle toüjours au commencement de [a . diftillation , au lieu que le Sel volatil concret ne vient qu'à la fin. Mais l'expérience que j'ai rapportée de la diftillation du Sel ammoniac avec la Chaux , qui nva paru donner un petit veftige de Sel volatil, me fit efpérer que j'en aurois à plus forte raifon avec la Craye, & que tout ce qui en arri- veroit, feroit que j'aurois peu de Sel volatil, & que FEfprit que je retirerois, feroit moins fort à caufe de l’alkali urineux que la Craye auroit retenu. J'ai donc fait cette expérience avec 4 gros de Craye de Champagne non calcinée, & un gros d'Efprit volatil fait avec la Chaux, & j'ai trouvé dans mon récipient prefqu’un gros d'Efprit avec fi peu de Sel volatil, que je n'ofe afürer que cette opération réuflifle. Je crois donc que la différence qu'il y a entre l'Efprit & 1e Sel volatil, confifte principalement en ce que pour faire le: Sel, il eft incorporé dans une matrice fixe & concrette, & Ppp ij 486 Memoires DE L'ACADEMIE RoyArE que ce qui fait que les Efprits volatils font plus pénétrants que les Sels, c'eft non feulement l’Huile groffiére que Ja Chaux leur enleve, mais encore parce qu'ils fe dégagent plus aïfément du liquide que de la bafe fixe, dans laquelle ils peu- vent être tellement engagés qu'on ne les apperçoive prefque plus à l’odorat ; l'un favorife le développement de l'urineux, & l'autre s’y oppole, ce qui me paroït aflés bien prouvé par les expériences fuivantes. J'ai mis dans une petite cornuë une once & demie de Se de Tartre bien fec avec une demi-once de Sel ammoniac, & après avoir faiflé les matiéres en digeftion pendant 3 6 heures, échauffant de temps en temps les vaifleaux , j'ai enfin diftilé, & donné un bon feu fur la fin de F'opération. J'ai par ce moyen retiré 6 gros tant de Sel que d’Efprit volatil, c'eft-à-dire, 2 gros de plus que la quantité du Sel ammoniac que j'avois employé, ainfi il faut qu'il y ait plus de 2 gros de Sel de Tartre qui ayent été emportés par le volatil urineux, puifque l'acide du Sel ammoniac & un peu de la graifle la plus grofliére reftent dans la cornuë. M. Grofie m'a dit à cette occafion , avoir retiré deux fois différentes 9 onces de Sel volatil de 8 onces de Sel ammo- niac qu'il avoit diflillé avec le Sel de Tartre. Quoi qu'il en'foit, le Sel que j'avois retiré n'étoit pas d'une odeur très-pénétrante, j'en pris cependant 2 gros que je mis dans une cornuë avec un gros de Sel de Tartre, &c j'en retirai un peu plus de 2 gros de Sel volatil ; auffi ma tète-morte peloit-elle un peu moins d'un gros, qui fentoit un goût de graifle brülée fort defagréable, Le Sel volatil étoit extrêmement fec, fentoit un peu le brûlé, il fe briloit entre les doigts, & devenoit comme du fable, & après avoir été quelque temps à Fair, il avoit prefque perdu fon goût de brülé, & ne fentoit prefque point le volatil urineux, ce qui me fit douter s'il feroit encore volatil, mais en ayant mis fur une pelle rougie au feu, il s’eft diffipé totalement en fumée. J'ai fait la même expérience avec du Sel volatil fait avec la Craye, & elle a pareïllement réuffr. DHEA S,0 1'E UN, EE Ve 487 Je fens bien qu'on pourroit demander, pourquoi la Chaux agit dans cette occafion fi différemment des Sels alkalis fixes, même calcinés ? peut-être cela vient-if de ce que la Chaux étant extrêmement féche, aride & fort chargée de parties de feu, elle agit trop brufquement fur la partie huileufe des Sels urineux qu'elle décompofe, pendant que les Sels fixes, qui probablement contiennént déja un peu de matiére grafe, fe joignent plus intimement, quoiqu'avec plus de douceur, à l'urineux, qui n'étant point décompolé, en entraîne une portion avec lui : mais ce ne font là que des conjectures, qui ne m'empécheront pas d'effayer d’éclaircir ce fait pour lexpli- quer d'une maniére plus démonftrative. Il eft encore bon de faire attention que la Craye par la calcination change de nature, qu'elle devient de la Chaux, au lieu que les Sels alkalis ne fouffrent pas par la calcination d’altération confi- dérable, jufqu’à ce qu'ils fe vitrifient. Cependant le Sel de Tartre, & même la Craye, font-ils par ce moyen véritablement volatilifés, & s’eft-il fait une telle union entre Furineux & ces fubftances fixes, qu'il en réfulte un tout qui fafle ce que nous appellons le Sz7 vofaril concret ! où fi ces fubftances fixes ne font jointes que fuper- ficiellement avec l’urineux qui les a emportées dans Ja fubli- mation, comme le Sel ammoniac emporte le Fer, l Hématite, lAntimoine , le Cuivre, la Chaux d'Etain, &c. c’eft une nouvelle queftion qui mérite bien d'être difcutée, elle nous apprendra peut-être quelque chofe fur les Sels ‘volatilsih 10. J'ai déja dit qu'en mettant fur une pelle rouge les Sels volatils les plus chargés de Sels fixes, tout fe diflipe. 2°, Si on y met pareillement un Sel volatil bien fait avec la Craye, il ne refte prefque rien non plus fur la pelle; je dis du Sel-volatil bien fait , car fi on met beaucoup de Craye avec le Sel ammoniac, & qu'on diftille à grand feu, le Set volatil fe furcharge , pour ainfi dire, de Craye, & il en entraîne une portion qui ne lui eft unie que fuperficielle- ment, & qu’il abandonne très-aifément. 3°. J'ai fait remarquer pareillement qu'un Sel volatil fort 88 M£moires DE L'ACADEMIE RoYALE chargé de Sel alkali fixe, non feulement fe fublimoit tota- lement, quand on le mettoit dans une cornuë avec de nouveau Sel de Tartre, mais même qu'il emportoit encore avec lui un peu du Sel fixe avec lequel on le mettoit en cohobation. 4°. J'ai pareïllement rapporté une expérience qui prouve ue le Sel volatil fait avec la Craye, pafle totalement dans la diflillation, & ne Jaiffe dans la cornuë qu'une légere in- cruftation charbonneufe. Toutes ces expériences prouvent l'union intime de Furi- neux volatil avec les fubftances fixes qui leur donnent du corps, quel feroit cependant le moyen de les defunir ? L'un étant volatil, & l’autre fixe, la chofe ne paroît pas difficile, il n’y a qu'à étendre ces Sels volatils concrets dans l'eau, & diftiller lentement, le volatil doit naturellement pafier dans les premiéres portions de liqueur , & laiffer le Sel fixe ou la Terre dans la derniére portion. Suivant cette théorie, j'ai diffous dans 3 onces d’eau difillée 6 gros de Sel volatil fait avec le Sel de Tartre, & que je fçavois qui en contenoit environ 2 gros; J'ai mis cette diflolution dans une grande cornuë , à laquelle j'ai adapté un grand récipient. J’efperois donc que par la diftillation le volatil urineux pañleroit avec l'eau, & que le Sel fixe refteroit au fond de la cornuË, mais tout a paflé, & il n'eft refté dans la cornuë qu'une tache faline très-légere, quoique j'euffe fait cette opération au baïa de fäble, & à un feu fort léger. J'ai cependant appréhendé d’avoir agi avec trop de pré- cipitation , c’eft pourquoi j'ai reverfé dans la cornuë ce qui étoit pañlé par la diftllation, & afin d'étendre davantage lurineux & le Sel fixe pour faciliter leur defunion , j'y at adjoûté encore 3 onces d’eau diftillée, & j'ai procédé à une diftillation encore plus fente que la premiére, mais malgré toutes ces précautions, je n'ai eu pour toute réfidence que deux grains d’un Sel fixe fort gras. J'ai pareillement mis dans de petites capfules des folutions de quelques gros de Sel volatil fait avec la Craye, & d’autres que j'avois recohobé fur | DES SCIENCES 489 fur du Sel de Tartre , & je n'ai eu pareillement que de très- légeres réfidences terreufes ou falines. J'ai fait plus, j'ai laiflé à l'air pendant fix femaines 4 gros de Sel volatil diftillé avec la Soude, efpérant que le volatil s'évaporeroit, pour ainfi dire , tout feul, & me laïfferoit un “Sel fixe en arriére ; j'y avois même adjoûté un peu d’eau de pluye, pour que le Sel volatil étant diflout, l'urineux püt fe dégager avec plus de facilité. Malgré toutes ces précau- tions, ayant enfin évaporé l'humidité, je n’ai gueres retiré plus de Sel fixe que dans les autres expériences. Mais après-tout, ce que je viens de rapporter eft fort femblable à ce qui fe pañle dans toutes les diftillations des Sels volatils, où fi on adjoûte de l'eau au Sel ammoniac & aux Sels alkalis, prefque tout le Sel volatil paffe diflout dans la liqueur. La concentration par la gelée pourroît peut-être produire quelque chofe de plus avantageux, c’eft ce dont je ne puis pas répondre, ne l'ayant pas eflayé. Mais M. Boulduc m'a dit y avoir expofé une folution de Sel volatil pour en examiner la criftallifation, ce qui lui avoit bien réuffr, fans roduire aucune décompofition du Sel volatil. Mais fi le Sel de Tartre ou la Craye ne font pas unis à un tel point, qu’on foit obligé de les regarder avec le volatil urineux comme un compofé nouveau qui réfifte en cet état aux efforts de l'art qui les veut féparer; fi au contraire cette union n’eft pas intime, fi elle n’eft que fuperficielle, j'ai cru pouvoir féparer le fixe du volatil par le moyen de l'acide du Sel marin ou du Vitriol, fondant mon efpérance fur ce que ces acides font avec les matiéres fixes des fubftances extrèmement fixes, pendant qu'avec les volatiles ils en font de très-volatiles. Qu'on joigne lacide du Sel marin avec le Sel de Tartre, on aura le Sel digeftif de Siliius, qui ref femble beaucoup au Sel marin, & qui réfifte à la plus vio- lente action du feu. Qu'on joigne ce même acide à la Craye, on aura une mafle faline qui y réfifte pareillement ; à l'égard de l'acide vitriolique, il fera ou le Tartre vitriolé, ou un Sel pierreux. Voilà ce qui regarde les matiéres fixes ; mais fr om Mem. 1735. Q qq 499 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE les joint à une matiére volatile, ils font ou un Sel ammoniac, ou l'Ammoniacal fecret de Glauber , qu'on fçait qui fe fu- blime aflés aifément. Je m'étois donc perfuadé qu’en verfant de l'Efprit de Sel ou de l'Huile de Vitriol fur du Sel volatil fait, par exemple, avec le Sel de Tartre, une portion de ces acides fe jetteroit fur la portion d'alkali emportée par le volatil urineux, & me donneroit ou un Sel digeftif de Silvius, ou un Tartre vitriolé, pendant que l'autre régénéreroit un Sel ammoniac avec l'alkali volatil. J'ai choifi pour cette expérience un Sel volatil que je fçavois qui contenoit beaucoup de Sel de Tartre, cependant prefque tout s’eft fublimé en Sel ammoniac, & il ne m'eft refté, ayant à la vérité donné un bon feu, qu'une très-petite quantité de matiére fixe. Mais comme cette expérience avoit été faite fort en petit, j'ai cru la devoir répéter fur une plus grande quantité, J'ai donc diffous dans 6 à 7 onces d’eau diftillée environ ro gros de Sel volatil fait avec le Sel de Tartre, ou avec la Soude ; j'ai enfuite verfé deflus de 'Efprit de Sel jufqu'à ceflation de fermentation, & j'ai laiflé le tout fe digerer pendant cinq ou fix jours. Après ce temps je les ai mis dans une cornuë , il a paffé de l'Efprit de Sel dans le récipient, ä s'eft fublimé du Sel ammoniac, & il eft refté fi peu de chofe dans la cornuë, que je n'ai pü reconnoître par la criftal- lfation fi cette réfidence étoit du Sel digeftif de Silvius. De toutes les expériences que je viens de rapporter, & dans lefquelles je m'étois propofé de retirer du Sel volatil ammoniac la portion de l'intermede fixe qu'on employe pour fa diftillation, & que j'ai démontré qui eft enlevé par lalkali volatil, j'avois toûjours adjoùûté beaucoup d’eau diftillée, efpérant qu'elle favoriferoit la féparation que je cherchoïs; mais n'ayant pas eu le fuccès que j'en efpérois, je me déter- minai à faire une autre expérience, dans laquelle je retran- cherois le plus d'humidité qu’il me feroit poflible , ce qui m'a effectivement mieux réuffi# on en pourra juger par le détail que je vais faire de cette expérience. DES SCIENCES 0€ Le ro Juin 1735 je mis dans une capfule de verre”umne once de Sel volatil ammoniac fait avec la Craye ; je couvris la capfule avec une gaze, & je lammis entre deux chaffis, afin qu'elle füt à l'air fans être expofée ni à la pluye ni # la pouflére. Le ro Août fuivant je vifitai la éaplule, & if y refloit un demi-gros feulement de matiére qui paroïfloié terreufe , mais qui fentoit encore un peu le volatil urineux & avoit beaucoup de faveur fur la langue; j'en: mis für une pelle roupie, & il ne s'en diffipa qu'une partie: | : Le r8 Novembre 1736 je vifitai encore ma capfüule, la: matiére qui étoit au fond, né fentoit plus lurineux, ceperi- dant elle avoit beaucoup-de faveur ; J'en mis fur une pelle: rougie, il ne me parut pas s’en difliper beaucoup, maïs il y en eut une portion qui fe brûla, & répandit une odeur de’ graifle, & ce qui refla fur la pelle étoit par cette raïfon: nôirci, &'confervoit encore beaucoup’de faveur; ainfr voilà une efpece: de: changement d’akali volatil en alkali fixe , d'autant que ce qui étoit dans ma capfüle, s'étoit chargé de! l'humidité de l'air: cette circonftance m'engagea à verfer de l’eau chaude dans cette capfule, pour voir ce qui fe difloudroit de la réfidence en queftion'; il s’en eff diffous effetivement une petite portion, mais la principale s’eft précipitée au fond, & étoit de la Craye toute pure. {53 * Onivoit par l'expérience que je viens de rapporter, qu'on! peut retirer du moins une portion de l'intermede fixe qui eft emporté par le volatil urmeux pour la formation des Sels volatils concrets. Line * Mais je m'étois propolé outre cela d’éclaircir une'queftion ‘qui a excité la curiofité de beaucoup de Chimiftes. Elle confifte à fçavoir dans quelle proportion l'acide & lalkali fe trouvent dans un Sel'ammoniac bien fait. * Ts ont cru pouvoir la décider par Ja décompofition du Seb ammoniac , eflimant qu'il ne pouvoit y avoir d'acide’ dans le Sel ammoniac, que le furplus du poids de Yalkali qu'ils rétiroient par la diflillation; mais puifqu'il eft prouvé” par nos expériences, que lé volitil'urineux emporte avec lüi' ( Je Expérience, 492 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE une portion de Fintermede, le moyen qu’ils ont employé devient infufffant. Je crus qu'on pouvoit réfoudre cette queftion par une voye toute oppofée, par la compofition, obfervant combien je retirerois de Sel ammoniac d’une certaine quantité d'acide & d’alkali volatil que j'employerois pour en faire, & j'ai fait à cette occafion, plufieurs expériences qui ne m'ont fervi à rien pour l’éclaircifiement que je n'étois propofé. Premiére- ment, il eft prefqu'impoffible de trouver le point précis de faturation du Sel volatil, & en fecond lieu nos acides étant en liqueur , leur degré de concentration eft incertain, & lorfque la liqueur vient à pafler dans la diflillation , elle emporte toüjours avec elle une portion de Sel ammoniac diflout, ce qui rend cet autre moyen aufli peu exact que le premier, & le probleme refte irréfolu. Je crois cependant qu'on pourroit y réuffir par le moyen d’une Balance hydroftatique, car ayant une fois la pefanteur d'un morceau de Sel volatil lun & l'autre relativement à une liqueur, par exemple, à de l'Efprit de Vin, l'excès de la pefanteur du Sel ammoniac fur le Sel volatil, donneroit la quantité d'acides contenus dans le Sel ammoniac. Mais quoique les expériences que j'ai faites fur la régéné- ration de différents Sels ammoniacaux foient inutiles pour le but que je m'étois propofé, je ne crois pas pour cela devoir négliger de les rapporter, les expériences ayant toù- jours cela d'avantageux, que fi elles ne fervent pas à une chofe, rarement manquent-elles d’être utiles à d’autres égards. J'ai mis dans une cucurbite de verre une demi-once de Sel volatil urineux, & j'ai verfé peu-à-peu par deffus une once d'Huile de Vitriol blanche & concentrée. IL s'eft excité une grande effervefcence avec chaleur, peu de fumée, mais de mauvaife odeur, & les gouttes qui avoient rejailli le long de la cucurbite, s’y étoient criftallifées , tant la liqueur étoit chargée de Sel, T'alkali paroiflant plus que raffafié par cette quantité d'acide ; j'ai entonné le tout dans une cornuë de verre, & l'ai mis en diftillation d'abord au bain de fable, & enfuite à feu nud, IR ADDE SIN SENTE W'OCT ETC OM L'opération finie, 1.° il y avoit dans le récipient 7 gros + de liqueur qui paroïfloit falée fur la langue, mais qui répan- doit une odeur de Soufre volatil fi pénétrant, que quelque attention que j'eufle pour éviter fes vapeurs, elles me cau- ferent une toux avec un hoquet qui m'incommoda aflés long- temps. 2.° Il s'étoit fublimé dans le col de la cornuë 2 gros: de beau Sel fecret de Glauber. Ce Sel eft fort picquant fur la langue ; il petille un peu quand on le met fur une pelle rougie au feu, mais enfuite il fe diffipe en fumée. - J'ai mis dans une petite cornuë de verre un gros de ce Sel ammoniac vitriolique avec 2 gros de Craye, & je n’en ai retiré que 1 5 grains de Sel volatil concret, il m'a paru picquant fur la langue & d’une nature finguliére ; la tête- morte étoit aufli fort picquante fur la langue, ce qui me fait croire qu'elle contenoit encore de l'alkali volatil, car a. Yacide vitriolique joint à une terre n’a pas cette acidité : ce ; Sel volatil aufli-bien que la tète-morte, me paroïfient donc dignes d'attention, mais comme cela n’a aucun rapport à mon objet principal, je ne m'y arréterai pas davantage pour le préfent. 3°. Il étoit refté au fond de la cornuË 4 grains d'une réfidence infipide, qui m’a paru de la nature de ces Sels pierreux dont nous avons parlé en plufieurs occafions. : Voilà une réfidence terreufe un peu plus confidérable que celle que j'avois eüë, en étendant mes matiéres avec beau- coup d’eau diftiée, mais je crois qu'il sen faut beaucoup : que je ne retire encore toute la Craye qui eft dans le demi- gros deSel volatil que j'ai employé. Que devient donc cette: terre, & qu’eft-ce qui la détermine à pañler dans la diftila- : tion ? Je ne crois pas que l'alkali volatil puiffe le faire quand il fera faoulé de acide vitriolique ; cet acide ne peut pas non plus emporter, mais il me paroît affés probable qu'il f fait ici une nouvelle diftillation d’une petite portion du Sel ammoniac régénéré, dans laquelle une petite partie de la Craye eft de nouveau emportée par le volatil urineux, Voici Qaa ii ‘ 494: MEMOIRES DE L'ACADEMIE Rorazr Y].de Expérience. donc comme je conçois là chofe: Quand la plus grande potion de l'humidité que l'Huile de Vitriol a fournie, eft pañlée par la diftillation, & que les matiéres s'épaiflfient dans la cornuë , la portion de Craye qui étoit contenuë dans la. demi-once de Sel volatit, fe trouve unie avec beaucoup de Sel ammoniac régénéré ; or que doit-il fe pañler dans cette occafion ? il: efk naturel de: penfer qu'une portion de cette Craye fe chargera d’un peu de l'acide de ce Selammoniac, & dégagera. un peu de volatil urineux, qui paflant dans la. diftillation, doit encore emporter avec lui un peu de Craye, & fuivant cette conjecture, il:ne reftera dans la cornuë que la portion de la: Craye qui fe fer jointe à l'acide-vitriolique.. Encore une chofe qui m'a farpris dans cette expérience, c'étoit la petite quantité de Seliammoniac que j'avois retirée: d'une demi-once de Sel volatil: avec une: once d'Huile de: Vitriol; car, füivant les expériences de M. Homberg, une: once d'Huile deVitriol contient 4 gros 6 $ grains d'acide, ce qui joint avec un: demi-gros d'alkali volatil, devroit faire: une once de Sebammoniac, au lieu que je n’en ai trouvé que: 2: gros + de fublimé dans le col:de ma cornuë. Qu'’eft done: devenu le furplus & de mon acide & de mon alkali volatil ? Jepenfaï d'abord qu'il-y en avoitune partie qui étoit pafiée tout difloute dans la liqueur que j'avois diftillée, &effecti- vement par févaporation de: cette liqueur, j'en ai retiré affés. confidérablements Mais ce: qui fait bien certainement un déchet qui doit être fenfible, c’'eft ce qui a formé le Soufre: volatil‘dont j'ai parlé, puifque de r2.gros, tant de Sel vo-. latil: que d'acide, je n'ai retiré que 7: gros +.de liqueur, 2:gros + de Sel ammoniac, & 4 grains de réfidence, ce qui: ne fait que 10 gros 4: grains, au lieu.de 1,2 gros de matiéres:, que j'avois employées, ainfr je crois qu'il y a eu un gros: 68 grains qui fe font diffrpés en Soufre volatil. J'ai cru qu'il ne feroit pas inutile de répéter cette même expérience, en employant de l'Efprit volatil: fait avec 1. Chaux, au lieu du Sel volatil concret. Pour cela je choïfis- un Efprit volatil extrêmement concentré, & j'en mis-une- D'Eis S'CTE-N CE s) 1]. ‘go démi-once dans une cucurbite de verre, & jy adjoûtai peu à peu 3 gros d'Huile de Vitriol ; à chaque fois que je verois un peu d'Huile de Vitriol , il s’excitoit dans la cucurbite une effervefcence & un bruit femblable à un fer rouge qu'on plonge dans l'eau ; des gouttes de liquèur réjaïllifioient ju. ques hors de l .cucurbite;: d'où il fortoit auffi me famée blanche très - épaifle ; qui avoit une odeur urineufe que j'eflayois de retenir, en fermant la cucurbite avec la paurie de la main. À chaque fois que je verfois l'Huiïle de Vitriol, je remarquai qu'une partie des gouttes qui rejaïllifloient aux parois de a cucurbite, y laifloïent une tache faline, ce qui venoit de la grande concentration, tant de l' Huile de Vitriof que de l'Efprit volatil. Après avoir verfé mes 3 gros d'Huile de Vitriol fur lés 4 gros d'Efprit volatil, je goûtai le mélange qui me parut très-acide, .ce qui me détermina à ne pas adjoûter davantage d'Huile de Vitriol, quoiqu'il excitât toûjours une violente effervefcence DR TAR fois que j'adjoûtois un peu de cét acide, parce que cette effervefcence fe peut faire indépen- demment de tout alkali, puifqu’elle arrive pareillement quand on verfe de l'Huile deVitriol très-concentrée dans de l'eau, ou même fur un Efprit deVitriol un peu foible. J'entonnai donc Îe tout dans une cornuë & au bain de fable, il me paffa une liqueur qui fentoit extrêmement {e Soufre volatil; je donnai enfuite un feu plus confidérable, xpofant ma cornuë à un feu vif, la cornuë & le récipient s'emplirent de vapeurs blanches très- épaifles ; enfin il fe fublima plus d’un gros & demi de Sel ammoniac vitriolique, qui étoit très-blanc, criftallin, dur & compaét, mais fort picquant fur la langue. _ Il étoit refté une réfidence fi légere, qu'elle ne formoit prefque qu'une tache au fond dé la coïnuë, cépendant elle étoit acide. Je jugeai qu'il y avoit encore du S4 amimoniac dans la r qui avoit paflé dans Ja diflilation , c’éft pourquoi je R mis dans une autre cornuë pour effayer d'en rétirer une * III,me Expérience, 496 MeMoires DE L'ACAdrMIe Royire partie par une autre diftiation, mais elle n’a prefque point : donné! de Sel ammoniac , & ül n’eft refté dans la cornuë aucune réfidence. J'avois fait cette expérience principalement dans la vüé de connoïtre lequel me fourniroit plus de Sel ammoniac, du Sel volatil ou de FEfprit , mais la difficulté qu'il y a à trouver jufte le point de faturation, ce qui fe diffipe en Soufre volatil, & ce qui refte de Sel ammoniac dans la liqueur qui pañle par la diftillation, empêche d'avoir rien de très-précis, cependant il me paroït que les Sels volatils donnent, généralement parlant, plus de Sel ammoniac que lEfprit volatil le plus concentré. Voyons maintenant ce que l'acide du Sel marin produira tant avec le Sel qu'avec l'Efprit volatil. Je commence par le Sel. J'ai mis, comme dans l'expérience précédente, demi-once de Sel volatil fait avec la Craye, avec une once d'Efprit de Sel, il s'eft excité une grande effervefcence avec une fumée. épaiffe & blancheître, fentant l'Efprit de Sel, ce qui m’en- gagea à n'en point mettre davantage, quoiqu'il s’excitàt une effervefcence toutes les fois que j'en adjoütois. J'entonnai le tout dans une cornuë, & par un feu de fable affés ménagé, il pañla une liqueur qui fentoit le volatil urineux; je mis la cornuë à feu vif, il s'éleva 3 gros de Sel ammoniac qui fentoit l'Efprit de Sel, ce qui eft affés fingulier, car le Sel ammoniac & l'Efprit de Sel fe joignent très-volontiers en- femble ; cependant il étoit paflé au commencement de l'opé- ration du volatil urineux, quoiqu'il reflât encore de V'Efprit de Sel qui ne s’étoit pas engagé dans lalkali volatil, puifque le Sel ammoniac avoit l'odeur de l'Efprit de Sel : il reftoit environ un demi-gros de réfidence dans la cornuë, je la caflai pour examiner cette réfidence , elle fentoit lEfprit de Sel, & étoit picquante fur la langue ; je la mis dans un creufet, & l'expofai à un grand feu , elle fuma beaucoup, répandant une odeur d’Efprit de Sel & de Soufre brûlant; Cette derniére odeur vient-elle du mélange de l'acide du Sel marin D) Es: SCT ENN (CIE: Sn à: 497 » marin avec une matiére grafle? où foupçonneroit-on que. … mon Efprit de Sel auroit contenu un peu d'acide vitriolique ? L'un & l'autre peut être, car il m'a paru en plufieurs occa- fions, que l'Efprit de Sel mêlé avec une matiére inflammable, répandoit une odeur qui approchoit de celle du Soufre; mais je crois que la fumée épaifle qui s’'échappoit, étoit en- core du Sel ammoniac qui s'évaporoit. Après la calcination, . une portion de ma réfidence étoit d’un rouge très-éclatant, & l’autre de couleur de Soufre, elle s’eft humectée un peu à l'air; & il eft bon de remarquer que quoique l'Efprit de Sel ne foit pas un acide auffi fort que l'Huile de Vitriol, fur-tout quand elle eft aufli concentrée que celle que j'ai ‘employée dans la premiére expérience, j'ai cependant retiré avec l'Éfprit de Sel 3 gros de Sel ammoniac, au lieu qu'avec Huile de Vitriol je n'en ai eu que 2 gros , fans compter \ dans une ni l'autre expérience ce qui refte de Sel ammoniac dans la liqueur qui a pañlé dans la diftillation. : . : Comme je l'avois fait avec l'acide vitriolique, je misune IV. demi-once d'Efprit volatil diftillé avec la Chaux , avec 3 gros Expérience. d'Efprit de Sel, ce qui me donna un gros 1 de Sel ammoniac: à il eft vrai que Îa liqueur qui pañla par la difillation, avoit le goût de Sel ammoniac, & fentoit lurineux. Dans cette expérience j'ai eu à peu-près la même quantité d’'ammoniac que j'en ai euë lorfque j'ai employé l'acide vitriolique , mais toûjours beaucoup moins que. quand j'employe le Sel am- À moniac concret au lieu de l'Efprit. J'ai voulu tenter les mêmes expériences avec l'acide du, _ V."e Expérience; Nitre & le même Sel volatil, ainff j'ai mêlé enfemble 4 gros: de Sel volatil avec une once d’Efprit de Nitre, ce qui a. été; plus que fufffant pour raflafier le Sel volatil, de forte qu'il * ne s'excitoit plus aucune fermentation quand j'adjoûtois. de! TEfprit de Nitre, Il ne laiffe pas d’être fingulier qu'une once. dÉfprit de Nitre qui n'étoit pas fort concentré, ait raflafié _ unédémi-once d'alkali volatil, pendant que la même quantité, … d'Efpritkde Sel & même d’Huile de Vitriol la plus concen-. - , _ trée, n'ont pas été fuffifantes pour produire cette faturations! Mem 1735: Rire Nine Expérience. 4983 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyarE la fumée qui fortoit pendant le mélange étoit blancheître, & cependant fentoit l'Efprit de Nitre. Le tout mis en diftillation comme dans les autres expé- riences, a donné d’abord une fiqueur qui ne fentoit prefque pas l'Efprit de Nitre ; ül s’eft formé au fond du matras-une maflé roufle & comme réfineufe, & ayant augmenté le feu, il s’eft fublimé dans le col de la cornuë environ 25 à 30 grains de Sel ammoniac nitreux, ce qui eft bien peu pour la quantité de matiéres que j'avois employée : il faut donc qu'il refle beaucoup d’ammoniac dans la liqueur. Pour m'en : ailürer, j'ai féparé la liqueur en deux portions, l’une que j'ai évaporée lentement, qui n\a donné un peu d’ammoniac, & jai verlé fur l'autre un alkali fixe du Nitre fixé, qui n’en a pas fait échapper de vapeurs urineufes bien fenfibles, quoi-- qu'il fe foit excité une effervefcence aflés confidérable. J'ai mis le mêlange en dittillation, & la liqueur qui a pailé en premier lieu, fentoit l'urineux. Dans la premiére opération il refloit fort peu de réfidence au fond de la cornuë, & beaucoup moins que dans la premiére & la troifiéme expé- rience, ce qui n’eit pas furprenant quand on (çait que l'acide nitreux emporte avec lui dans la diflillation une portion des matiéres terreufes qu'il a difloutes; le peu de réfidence, qui ne pefoit pas deux grains, reflembloit à du Bol. Quatre gros d Efprit volatil ammoniac avec 3 gros d'acide nitreux, n'ont point donné de Sel ammoniac, tout a pañlé par la diftillation à un feu afiés doux, cependant la liqueur eft falée, & paroît contenir du Sel ammoniac ; mais pourquoi a-t-on tant de peine à retirer le Sel ammoniac du mêlange de l'acide nitreux avec l’alkali volatil! Ne pourroit-on pas dire que l'acide nitreux, qui devient fi volatil quand il ef joint avec: les matiéres grafles, pafle dans la diftillation avec le flegme ? au lieu que jés autres acides reftent en bonne partie dans fa cornuë, & ne s'élevent avec l'urineux que quand le flegme eft pafté » parce qu il faut plus de feu pour enlever le Sek + ammoniac qu'il n'en faut pour réduire leau en vapeurs 4 là faire er par la diftillation. r Di ES: #9 € /T EN: GE: Ga ne] 499 + Enfin j'ai voulu voir ce que le Vinaigre diftillé produiroit yrrme avec le Sel volatil ; & comme cet acide ef très-foible, j'en Expérience. ai mêlé 2 onces avec une demi-once de Sel volatil, ce qui n'a pas fuffr pour raflafier l'alkali ; il s’eft élevé des vapeurs foibles, eu égard à leur denfité, mais pénétrantes. Par Ja diftilation , il a pañlé d'abord une liqueur qui avoit une odeur defagréable, mais mêlée d’urineux, & qui picquoit fur la langue comme fi ç'eût été du Poivre d'Inde, fans avoir ue - À la fin de l'opération il fe fublima un Sel à Ja voute de la cornuë; je crus que c'étoit de fammoniac, mais quand les vaifleaux furent froids, il difparut. Je remis la cornuë au feu pour voir s’il réparoitroit, & effectivement il s’en fublima - encore un peu, mais moins que la premiére fois. CeSel eft-il ammoniacal ? ou eft-ce un peu du Sel concret qui s'eft fublimé ? L'un & l’autre peuvent être, mais j'incli- nerois pour fa premiére opinion, 1.” parce que fi c'étoit un -$el volatil, il paferoit jufques dedans le récipient, & ne sarréteroit pas. au col d'une. cornuë qui. eft expolée à un feu vif. 2.° C'eft qu'il eft probable qu'un Sel ammoniacal fait avec le Vinaigre, doit tomber en dliquium comme le fait la Terre foliée. Je me propofe de refaire cette expé- -rience, en employant beaucoup de Vinaigre, & diftillant très-lentement au commencement de l'opération ; car fi je puis avoir une quantité un peu confidérable de ce Sel, je F'éutersi les vaifleaux tout chauds, & j'examinerai le Sel quand il fera tombé en deliquium. Mais revenons à notre fujet ; & pour faire tout lufage qu'il nous fera poflible de nos expériences, il ne fera pas, je crois; hors de propos, de rapporter ici quelques. obfervations que j'ai faites fur l'adhé- * rence du Sel ammoniac avec les différentes matiéres avec ‘efquelles je l'ai employé. Te: * 1.° MH y a des matiéres avec. lefquelles il ne contracte aucune union ; f1 on le-mêle avec du fable, il s'en dégage fans peine, & s'éleve en fleurs. bn teiorog 113 3 24° Ï y enja d'autres qui Je retiennent jufqu'à un certain tr ij soo MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE point. Il faut plus de feu pour le dégager totalement du Sel : marin, il l'entraîine même un peu, & l’éleve dans la cornuë de deux travers de doigts, après quoi il abandonne, & fe fublime feul, en abandonnant au Sel marin un peu de fi : graifle. 3° Nous avons dit qu’en diftillant un gros d’Efprit vo- latil fait avec la Chaux, avec 4 gros de Craye de Cham- pagne, il y a eu un peu de ma Craye qui a été emporté; mais nous adjoûterons encore que le refte de la Craye avoit été enlevé le long des parois de la cornuë où elle formoit une -convéxité creufe au milieu comme une efpece de grotte. 4° Enfin nous avons dit qu’un feu fort actif ne dégageoit prefque rien du Sel ammoniac mêlé avec la Chaux, quand les matiéres étoient bien defléchées, mais qu’il ne laïfloit pas que d'enlever toute la mafle jufqu’au col de la cornuë. Pour rendre raifon de ces obfervations, il faut faire atten- tion à quelques propriétés des matiéres que nous employons, fçavoir à la fixité des unes, à la volatilité des autres, & au degré de force qui les unit les uns aux autres. : Car s'il n’y a pas d'union entre le Sel ammoniac & l'in- termede, il s'en dégagera fans peine, & fe fublimera en fleurs. C'’eft ce qui arrive quand on le mêle avec le Sable, 1e Verre pilé, &c. Mais s'il contraéte quelque union avec l'intermede, s'il s'y joint avec un certain degré de force qui foit toutefois inférieure à la gravité ou à la fixité de l’intermede, il réfiftera d'abord à l'action du feu, & cela jufqu’à ce que cette aétion foit fupérieure à la force qui les unit ; il pourra même en- lever un peu de l'intermede, mais enfin il labandonnera; c'eft ce qui arrive dans la fublimation-des fleurs fimples du Sel ammoniac avec le Sel marin, où 1e Sel ammoniac réfifte à la premiére action du feu , & enleve même un peu le Sel marin, après quoi il l'abandonne, & fe fublime feul. Si je me propofois de découvrir ce qui produit cette union, j'en pourrois chercher la raifon ou dans l'analogie qu'il y a entre la partie acide de ces deux Sels, qui eft effectivement | DE TS? SNCITÉE NUE ENS: sot. . 1 même, ou dans celle que l'expérience prouve, qui eft entre l'acide du Sel marin & la matiére graffe qui abonde dans le Sel ammoniac, d'autant que dans cette opération le Sel marin refte toûjours chargé d’un peu de cette graifle qu'un feu violent ne lui peut enlever dans des vaiffeaux clos; mais je ne me propofe pas de donner ici des raifons phy- fiques de ces affinités, je me renferme à rapporter fimple- ment les faits. Nous avons vü que l'alkali urineux produifoit encore plus . d'effet fur la Craye, il en entraîne une portion qu'il vola- tilife, & avec laquelle il forme un Sel concret, ainfi le degré. de volatilité de F'urineux & le degré d’union entre cet uri- neux & la Craye, font fupérieurs à la fixité de la Craye, il n’en volatilife cependant qu'une partie, & après avoir enlevé le refte jufqu'à la voute de la cornuë, il l'ibandonne. - Enfin fi la fixité de l'intermede & l'affinité entre les ma- tiéres eft fupérieure à la volatilité du Selammoniac, l'inter- - mede retiendra le Sel ammoniac, qui après avoir fait fes efforts pour enlever lintermede, & l'avoir même enlevé jufqu'à la voute de la cornuë, fera obligé de céder à la fixité de l'intermede qui le retient, & l'empêche de fe fublimer, c'eft ce que nous avons vû qui arrive quand on diftille le Sel ammoniac bien fec avec la Chaux encore vive & nou- vellement calcinée. Que cette union vienne de lation des arties de feu fur la matiére graffe, ou du double lien qui unit a Chaux, & à l'acide & à la matiére graffe du Sel ammoniac, ou d’une efpece de fonte qui arrive quand on expofe à un feu affés violent la Chaux avec le Sel ammoniac, ce qu’on reconnoît bien quand on fait le Phofphore de M. Homberg ; c'eft ce que je ne me propofe pas d'examiner pour le pré- ent, il me fuffit que l'union exifte, que le Sel ammoniac _ foit retenu par la Chaux, c'efl-là ce que prouve mon expé- | yxience. Maintenant pour terminer ce Mémoire, qui excede déja létenduë qui convient aux diflertations académiques, je vais rapporter, le plus en abbrégé qu'il me fera es quelques é Rrr ii . $o2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE expériences qui ne feront pas inutiles pour la diftillation du Sel volatil ammoniac, car toutes les matiéres ne font pas ropres à cette diftillation ; outre qu'il faut qu'elles puiffent abforber l'acide du Sel ammoniac, il eft effentiel qu'elles ne contiennent ni l'acide du Nitre, ni celui du Vitriol. L’acide nitreux pourroit détonner avec la matiére grafle du Sel ammoniac, & brifer les vaifleaux : cela ne m’eft pas arrivé dans la diftillation du Sel volatil avec l'Efprit de Nitre, parce que l'ammoniac ne fe trouve point à fec, ainfi il pañfe avec l'humidité qui l'empêche de fufer, mais l'acide du Vitriof eft fur-tout bien à craindre; non feulement il peut désager une portion du Sel marin qui fe rejoint au Sel volatil,, mais il forme encore avec la matiére grafle un Soufre volatil des plus defagréable, & avec le Sel alkali volatil le Sel fecret de Glauber, qui n’eft autre chofe qu'un ammoniacal vitrio= lique. C’eft ce que j'ai reconnu en diftillant partie égale d’Alun calciné & de Sel ammoniac, car j'ai trouvé dans mon réci- pient une liqueur aigre qui contenoit du Sel marin, & qui avoit une odeur infupportable de Soufre volatil, & les deux tiers de mon Alun étoient fublimés à la voute de ma cornuë, cependant je me propofe de recommencer cette expérience plus en grand; elle me paroît digne d'attention. Le Gyps pareillement m'a donné une liqueur fumante; d’une odeur infupportable, & qui n'étoit prefque que de: l'Efprit de Sel; les deux tiers de mon Sel ammoniac étoient fublimés dans le col de la cornuë. Avec cette Terre de raffinerie qu'on apporte de Rouen; j'ai eu un peu d’Efprit de Sel très-foible ; la moitié de mon Sel ammoniac a été fublimé, ayant quelques marques jaunes roufles , & la tète-morte étoit rouge, ce qu'if faut attribuer à une portion de Fer que le Sel ammoniac a manifefté dans cette Terre qui eft blanche, & ne paroït pas en contenir. : Avec la Terre qu'on employe pour blanchir la Crème dé Tartre, aux environs de Montpellier, j'ai eu un peu d’Efprit de Sel très-foible, tout mon Selammoniac étoit fublimé, le DRE US SICIT/E NLCMIONT/T so8 … tte-morte étoit blanche & infipide, j'ai feulement remarqué que le Sel ammoniac fublimé étoit marqué de taches jaunes & rouges, ce qui peut venir d’un peu de Fer contenu dans cette Terre. Le Bol donne fur-tout un compofé fort bizarre, car on a par fon moyen de Y'Efprit de Sel, du Soufre volatil, de TElprit volatil urineux, du Sel volatil urineux, des fleurs de Sel ammoniac martiales, & , à ce que je crois, le Sel am- moniac fecret deGlauber. Le Bol contient l'acide vitriolique, du Fer, & une terre abforbante ; ainfr l'acide vitriolique produit le dégagement de l'Efprit de Sel, il forme avec la - matiére grafle le Soufre volatil. Il fait avec l’alkali volatil le Sel ammoniac fecret de Glauber, pendant que la Térre forme ‘avec le volatil le Sel volatil, & occafionne le dégagement de l'Efprit volatil ; enfin une partie fuperfluë de Sel ammo- niac fe dégage, & entraîne avec elle une portion du Mars contenu dans le Bol. Voilà tout le produit de mon opération. - Je ne connois donc point encore d'autres Terres que 1x … Craye, qui foient propres à la diftillation du Sel volatil am- moniac, encore y a-t-il des Crayes qui font meilleures les - unés que les autres ; tous les Sels alkalis n'y font pas propres non plus, & nous avons déja vû que le Borax ne réuffit pas bien, fans que nous fçachions précifément à quoi en attribuer la caufe. H y a des Potafles qui pourroient auffi être mau- vaïfes, à moins qu'on ne les privât du Tartre vitriolé qu'eiles contiennent, qui pourroit donner du Soufre volatil qui ren= droit encore l'Efprit volatil d'une odeur très. defagréable, comme je le prouverai par une expérience curieuie que M. Boulduc m’a communiquée. . . I n'y a pas cela à craindre de la Soude, le Sel moyen qu'elle contient le plus abondamment, eft le Sel marin, qui _ ne peut porter aucun préjudice en cette occafion ; il ef . néantmoins eflentiel de la calciner vivement avant que de l'employer à cet ufage, car elle contient une graifle & même un fulphureux qui donne une odeur fort defagréable au Sel _volatil, ce qu'elle ne fait pas quand on l'a bien caicinée, on so4 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE quand on prend le Sel de Soude bien blanc & bien criftallifé, Mais j'ai remarqué qu'on retiroit à peu-près autant deSel volatil quand on employoit la Soude calcinée que quand on n'employoit que le Sel, ainfi ce feroit dommage de fe donner la peine d'en extraire le Sel, mais cela n'a fait juger que dans cette occafion la partie terreufe pouvoit, auffi-bien que la faline, entrer dans la compofition du Sel volatil. Pour m'en aflürer, j'ai édulcoré des Cendres avec grand foin, & en ayant mis 6 gros dans une cornuë avec 2 gros de Sel ammoniac, j'en ai retiré 2 gros deSel volatil, & je crois que j'aurois pü en retirer encore davantage, car la tête- morte avoit encore de la faveur. Aïnfi quand on manquera de Craye, on y pourra fuppléer en employant les Cendres dont on aura même auparavant retiré le Sel pour d’autres ufages. J'ai promis de rendre compte d'une expérience curieufe que M. Boulduc m'a bien voulu communiquer ; comme if ne m'en a fait part que quand mon Mémoire a été écrit, je ne l'ai pas pû inférer dans le corps de ma différtation, ainfr c'eft par-là que je la terminerai. M. Boulduc 2 diftillé le Sel ammoniac avec le Tartré vitriolé, & il en a retiré une liqueur acide & un Soufre volatil très-pénétrant. Cette liqueur acide étoit de l'Efprit de Soufre volatilifé par le flogiftique de lalkali urineux, mais comment l'acide du Vitriol peut-il quitter fa bafe, qui eft un Sel alkali fixe? Le Soufre volatil dévoile tout le myftere, & montre un effet bien fenfible de la grande affinité de l'acide vitriolique avec . Les matiéres grafles. = DES SCIENCES. 50 LRANNL ON G'U, EUR AOC PAEEN: D U.IKE ES, I PL E; _ QUI BAT LES SECONDES DU TEMPS MOYEN, Obfervée à Paris &r au Petit Goave en l'Ifle Saint-Domingue: * Pa M Gopin. N° nous fommes propofé d'obferver, dans le Voyage $ Septembre que nous faifons, les différentes longueurs du Pendule 1735. à fecondes à différentes Latitudes, autant que le féjour que » Au nous pourrons faire dans chaque lieu nous le permettra. "Gone: On ne peut pas douter aujourd’hui que le Pendule à {e- condes ne foit plus court vers Equateur qu’à des Latitudes plus grandes ; mais on trouve dans les obfervations qui en ont été faites depuis la découverte de ce phénomene par M. .. Richer, une différence qu'il eft important d'éclaircir, & il y a lieu de perifer que ces obfervations répétées avec plus de commodité & par plus de perfonnes, acquerront le degré de précifion & de certitude dont cette matiére peut être fufceptible. DR Avant mon départ de Paris, je voulus en faire quelque expérience, au moins pour prévoir, autant qu'il me feroit poflble, ce dont je pourrois avoir befoin, & les précautions _ qu'il me faudroit prendre pour les faire fort exactement ailleurs. Je voulois outre cela me mettre bien au fait d’une Ma- chine deftinée particuliérement à cette expérience, que M. Graham, habile & fçavant Horloger de Londres & Membre de la Société Royale, m'avoit envoyée, femblable à une que Javois vûé chés lui, & de laquelle dl avoit fait ufage pour déterminer la longueur du Pendule à Londres. - Je fis donc cette expérience de deux maniéres : Premié- Mem. 1735. SR Le Pendule fimple à fecondes à Paris. 506 MemoiRes DE L'ACADEMIE ROYALE rement je cherchai fa Jongueur du Pendule fimple à fecondes avec la Machine de M. Graham, dont je comparois les ofcil- lations à une Pendule à fecondes faite de fa main, que je réglois chaque jour par une Etoile fixe. Je cherchai enfuite la longueur du Pendule à doubles fecondes, en n’employant qu'un feul fil de Pite d’où pendoit un poids. Je fis celle-ci dans une des Serres du Jardin du Roy, où l'on avoit placé une Pendule à fecondes, que je réglois de même à une Etoile fixe. | J'avouë que je ne compte pas beaucoup fur ces expériences; le peu de temps qui me reftoit, & l'embarras que me cau- foient les préparatifs du voyage, m'empécherént de les ré- péter auffi long-temps & autant de fois que j’aurois fouhaité, & peut-être d'apporter toute l'exactitude néceflaire ; e’étoit plûtôt un effai qu'une détermination exaéte : d’ailleurs outre que cette longueur du Pendule à Paris avoit déja été déter- minée par plufieurs perfonnes de l’Académie, M..de Mairan la répétoit alors, & y employoit toutes fortes de précautions, & je fçavois bien que l'on pouvoit compter fur ce qu'il en déduiroit. J'écrivis cependant ce que je trouvaï, & je conftatai toutes les mefures dont j'avois befoin; & le féjour que nous avons fait ici, m’ayant laiffé quelque temps, j'en aï déduit la Jon- gueur du Pendule fimple à fecondes à Paris, comme je vais le rapporter. La Pendule à fecondes étoit placée & en mouvement dès le 16 Mars, & je la comparai à une Etoile jufqu'au $ Avril. Ces obfervations me firent connoître qu’elle retardoit de 2 3" par jour, par rapport aux Etoiles fixes, ou qu’elle accéléroit de 3° 33" en 24 heures à l'égard du temps Solaire moyen. Le 5 Avril, je mis le Pendule fimple de la Machine en mouvement, fes vibrations étoient d’un pouce & demi, ou d'environ 2 degrés de chaque côté de la Perpendiculaire: ce Pendule eft compofé en général d’un fil de cuivre, d'une: boule de même matiére à un de fes bouts, & d’une piéce: d'acier taillée en couteau à l'autre bout, qui eft celui. de: DIE SN IS CI EN c'es Vox fufpenfion-: ce couteau porte fur deux montants d'acier en deux points qui défignent l'axe du mouvement du Pendule. Toutes les piéces qui compofent la Machine entiére font wès-bien faites. J'ai vü ce Pendule aller pendant 1 8 heures, fans que j'y touchafle, & peut-être iroit-il plus long-temps; ce que je remarque afin de donner en pañlant, une preuve de la liberté de fon mouvement. Ce Pendule mis en mouvement depuis quelque temps, pañoit par fon point de repos en même inftant que la palete de ma Pendule échappa pour marquer 1 1h $7' o" du ma- tin. Je faifis ce terme pour le commencement de ma com- paraïfon, & le Pendule allant de ce point de repos vers la droite, je comptai, comme je dirai tout à l'heure, fes vibrations pendant un certain temps, après lequel je ceffai : de compter, remarquant feulement s’il gagnoit ou perdoit fur l'Horloge ; & je pouvois juger de cette différence à un quart de feconde près, parce que la Pendule échappoit net, & qu'au bas de la verge du Pendule fimple, il y avoit une petite regle qui en approchoit jufqu'à un quart de ligne de diftance, fur laquelle les vibrations du Pendule étoient par- “tagées en quatre parties. Je n'obfervai la marche du Pendule que jufqu'à 4h 8’ 0" du foir, marquées à Horloge. Dans ce moment, le Pen- _dule pañloit encore exaétement par fon point de repos en allant vers la droite, comme:il étoit- arrivé le matin lorfque j'avois commencé Ia comparaifon. Alors, c’eft-à-dire, à 4h 8’ de l'Horloge, le Pendule fimple avoit perdu 44", ou retardé de cette quantité par rapport à l'Horloge. J’avois -obfervé en particulier depuis 11h $7’ jufqu'à 12h 37’ 7", -& pendant cet intervalle j'avois compté 2400 vibrations du Pendule fimple; par conféquent ce Pendule en 40’ 7” de l'Horloge avoit tardé de 7”, ce qui donne 10"2+ de re- tardement par heure. * J'avois remarqué de plus qu'à 12 $7' de l'horloge, le Pendule étoit précifément à l'extrémité de fa vibration, ou à {on point le plus haut vers la gauche: en cet endroit le S{f 508 .MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Pendule marquoit un nombre impair de fecondes, & une demi-feconde de plus, & ce ne pouvoit être, à compter depuis 11h $7' que 3 589 + Donc en une heure de l'hor- loge, le Pendule fimple tardoit de r0"+, c’eft pourquoi en 4 heures 11 minutes de lhorloge, qui s’étoient écoulées depuis 11P $7’ jufqu'a 4h 8’, le Pendule avoit retardé de 44" par rapport à l'horloge, & il n’avoit fait que 15016 vibrations. Mais l'horloge accéléroit de 3° 3 3" en 24 heures fur le temps Solaire moyen ; donc pendant les 4h 1 1° de l'expérience, marquées à l'horloge, il ne s’étoit effectivement écoulé en temps moyen que 4h 10" 23", pendant lefquelles le Pendule avoit fait 15016 vibrations, au lieu qu'il en: auroit dû faire r$023 — 4h 1023", fi ce Pendule avoit été le vrai Pendule fimple à fecondes de temps moyen. Il retardoit donc de 7" pendant ces 4h 10" 23", & ïl étoit plus long qu'il ne falloit. Le Thermometre de M. de Reaumur marquoit alors à midi 1008 + de la divifion qui eft à gauche. Je mefurai enfüite fa longueur avec une toife bien éta- onnée à celle du Châtelet de Paris, la même que je porte en Amérique, & fur laquelle nous fonderons nos mefures. La longueur du Pendule depuis le point de fufpenfon: jufqu'à l'extrémité inférieure de la boule étoit de 38 pouces lignes =, le diametre de la boule étoit de 4 s lignes juftes. J'avois d'abord trouvé, par une façon particuliére de mefurer ce diametre, qu'il étoit, toutes réduétions faites, égal à 625. de 6 pouces. Je m'apperçûs enfuite que cette fraction fe réduifoit à 45 lignes du pied de Paris. Je trouvai en-efet la même quantité en me fervant d'une mefure en lignes. M. Graham, en m'envoyant la Machine, nravoit marqué que cette boule avoit de diametre 3.9 94 de pouces Anglois,. c'eft à de ligne du pied de Paris près, la même chofe que: 45 lignes, en fuivant le rapport que j'ai trouvé entre les. mefures Angloifes & Françoifes, qui n'eft pas tout-à-fait de 1350 à 1440, comme on fa pris jufqu'ici, mais de 1351+à 1440, fuivant une obfervation que M. Bouguer & moi en avons faite, & que je rapporterai ailleurs. + DES SE CON 7 AN EN Se 509: Retranchant le demi-diametre de la boule 22 4 lignes de la mefure prife ci-deflus, 38 pouces 7 lignes 2, {e refte 36 pouces 9 lignes + eft la longueur du Pendule depuis le point de fufpenfion jufqu'au centre de figure de la boule. Le refte des mefures néceflaires pour trouver le centre d’of cillation de ce Pendule, confifte à connoître le poids de Ia boule, & celui de la verge, ou au moins leur rapport; ce rapport eft de 23 $ à 3. Avec cela, fi on nomme 4 la lon- gueur du Pendule jufqu'au centre de figure, 8 le demi- , diametre de la boule, Ple poids de la boule, & p celui de +p++Pxb—ïpxab+ a mn 1 ha verge, on aura pour la quantité +p+Prxa—2:ip dont le centre d’ofcillation de ce Pendule eft au-deflous du centre de figure on de la boule ; cette quantité devient négative ici, & le calcul fait, on la trouve égale à o pouc. 22 de ligne qu’il faut retrancher de la longueur trouvée depuis le point de fufpenfion jufqu'au centre de 13 boule, c’eft pourquoi de 36 pouces 9 lignes +, ou 441. 40 cen- tiémes de ligne, Otant o. 52, le refte 440. 88 exprime. en centiémes de ligne, la jufte Iongueur du Pendule qui a fervi à l'expérience. : Mais ce Pendule, comme je l'ai remarqué ci-deflus, tardoit de 7" en 4h 10° 23° de temps moyen. En faifant la regle, en trouvera qu'il étoit en ce cas trop long de #% de ligne, ainfi les ôtant de 440. 88, le refle 440. 47 fera la lon- gueur jufte du Pendule fimple qui bat les fecondes de temps. moyen à Paris, qui, réduit en pouces & en lignes, vient de 36 pouces 8 lignes 47. 100° + N'ayant pas chés moi de lieu commode pour mettre en expérience un Pendule à doubles fecondes qui devoit avoir: #2 pieds & plus, je choïfis une des Serres du Jardin du Roy, où cette hauteur fe trouvoit commodément ; j'y avois: placer une Pendule à fecondes, & fixer une Lunete à Sirius pour regler cette Pendule. Je la comparai aux retours de cette Etoile depuis le 22 Mars jufqu'au 6 Avril, & je | S ff ii Le Pendule fimple à dou- bles fecondes, à Paris, sro MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE connus par-là qu'elle retardoit de 20" en 24 heures à l'égard du temps moyen. Je fixai dans le mur une pince qui portoit Je Pendule fimple, compofé d’un fil de Pite très-délié, & d’un poids fait de deux cones égaux joints par leur bag, que j'avois fait faire pour ces expériences, par l'avis de M. Bouguer. Je plaçai verticalement derriére le Pendule, une regle de fapin de 1 3 pieds de long, qui n'étoit éloignée du Pendule que d'un peu plus du demi-diametre du poids, & j j'avois marqué fur la regle bien verticale en tous fens, le point qui répondoit à celui de fufpenfion, & le point qui répondoit au fommet du cone fupérieur, c’eft-à-dire, au point où le fil tenoit au cone. Ce Pendule ainfi préparé, je le laïflai fufpendu environ 24 heures, afin que s’il avoit à He , il le fit avant mon expérience. Le 6 Avril:735, ayant vérifié de nouveau la pofition de la regle, & les points que j'avois marqués deflus, je mis le Pendule en mouvement, & à 7h 7’ o" de l'horloge, il étoit exaétement au bout d'une vibration, ou dans le plus haut de fon mouvement à gauche. Je comptai alors gero, & continuai de compter les vibrations de ce Pendule; après 1811 vibrations juites, la Pendule échappa encore, &elle marquoit 8h 7' o", de forte qu’en une heure mefurée à l'horloge, le Pendule avoit fait 1811 vibrations ; ou parce que l'horloge retardoïit de 20" en 24 heures, ou de 50" en une heure à l'égard du moyen mouvement, le Pendule avoit fait 1 8x x vibrations pendant 1h o' 0" $0"" de temps moyen. Comme je ne voulois obferver & compter qu'une heure, j'avois un aide qui devoit m'avertir, & compter les fecondes au bout de l'heure depuis 8h 6° 50”, en s'arrêtant à 58“ que je me réfervois d’ entendre feulement par échappement de l'horloge qui étoit à côté du Pendule fimple ; & ayant pris fur moi le foin de compter les vibrations du Pendule, . J'étois attentif à ces deux derniéres fecondes, & à juger en. DES SC1iENCES!: À su quel point de la vibration le fit du Pendule fe trouveroit à l'inflant de l'échappement de la 60.me, heureufement il étoit à une extrémité. Ses vibrations n’étoient que de 1 lignes de part & d'autre du point de repos. Le Thermo- metre de M. de Reaumur qui refte toûjours dans la Serre du Jardin du Roy, marquoit à 9 heures du foir r008. Je mefurai enfuite par deux fois, avec la toife & un compas à verge, la diftance entre les deux points que j'avois marqués fur la regle, lorfque je les avois vérifiés après 24 heures de fufpenfion du Pendule, & je la trouvai de 1 2 pieds o© pouces 8 lignes & 228 parties du Micrometre que j'ai fait appliquer à une des extrémités de mon compas à verge. Ce Micrometre donne 240 parties pour une ligne, en forte que les 228 parties que je trouvai, donnent précifément 12 de ligne. La hauteur du double cone étoit de ro lignes +, fa demi- hauteur $ © lign. l'adjoûtant à la longueur trouvée für 1a regle, la fomme 1 2 pieds 1 pouce 2 lign. Left Ja longueur du Pendule avec lequel j'ai fait l'expérience; car je néglige ici la différence entre les centres de figure & d’ocillation, qui eft infenfible dans le double cone, à cette longueur de Pendule, & qui eft compenfée par le poids du fil. Ce Pendule réduit en centiémes de lignes, eft de 174205, je réduis rh o’ o" 50” en tierces, il vient 2 1 60 50” de temps moyen, je réduis auffr 1 8 r r vibrations du Pendule en tierces, il vient 217320", telles que le Pendule les à marquées. Pour trouver donc la Tongueur du Pendule qui bat exacte- ment les doubles fecondes, il n’y a qu'à faire cette regle de proportion, 216050 : 217320 :: 174205. eft à un 4meterme, il viendra 1762. 59, qui exprime en centiémes de lignes, la longueur du Pendule à doubles fecondes à Paris, tirée de mon expérience. La réduction faite, elle vient de 12 pieds 2 pouces ro lignes 7%, & le Pendule à fecondes qui en eft le quart, fera un 6 pouc. 8 lign. 77%, ou adjoû- tant 5 pour da facilité du calcul, 36 pouc. 8 lign. .. s12 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE C'eft, fi je ne me trompe, la plus grande longueur qu'on ait encore trouvée au Pendule fimple à Paris. 4% M. Picard la donne de..... 36P8lier #5. M: Varin & Deshayes .... 36 8 À 90° M. Huyghens & Richer... 36 8 3. Mon expérience ci-deflus... 36 8 3. Mais auffi celle que j'ai faite avec la Machine de M. Gra- ham, donne cette longueur la plus courte de 36 pouces 8 lignes #2, les deux miennes différent même beaucoup entrelles, fçavoir de 56; mais je fuis certain, par les cir- conftances de ma premiére expérience, que la longueur que j'ai trouvée eft trop courte: cependant, prenant un milieu, il donnera 36 pouc. 8 lign. 2, de même que M." Varin & Deshayes ont trouvé à lObfervatoire Royal en 1682. C'eft celle aufli que M. Newton a adoptée dans la Table des longueurs du Pendule, inférée dans fes Principes. M. Graham, que j'ai déja cité, a trouvé à Londres en 1722, & depuis en 173$, à loccafion de la Machine que je l'ai prié de me faire conflruire fur le modéle de fa fienne, que Îa longueur du Pendule y étoit de 39. 1 26 de pouces Angloïis, c’eft 3 6 pouces 8 lignes # du pied du Châtelet, fuivant Îe rapport des mefures que j'ai donné plus haut, En réduifant a fraétion en ro000.m65, c'eft 36 pouces 8 lignes 52%. Mais par la Table de M. Bradley, inférée dans les Tranfa&tions Philofophiques, publiées à la fin de 1734, le Pendule doit être plus court à Paris qu’à Londres de À, il fera donc à Paris de 36 pouc. 8 lign. 72. & réduifant de nouveau la fraction en 90.6 de ligne pour la comparer aux grandeurs données ci-deflus, il viendra 3 6 pouces 8 lignes 2, ou $., à = de ligne près la même que j'ai trouvée par le Pendule à doubles fecondes, & ce feroit-R la plus grande longueur du Pendule fimple à Paris. Au petit Goave à la Côte feptentrionale de fIfle Saint- Domingue, aufi-tôt que j'ai vü que nous y ferions quelque féjour, 2 rar Este SGEN Chine 513 l _- jour, j'ai cherché à déterminer la longueur du Pendule | Longueur | fimple. J'en ai fait trois ou quatre expériences dont je ne D de L rapporterai ici que deux, parce que les autres n'étoïent pas 18° 27 de b fi exactes. L - latit. Nord. D. Je connoiflois l'état de ma Pendule depuis le 2 Août | qu'elle étoit en mouvement jufqu'au 24, que je fis pour la premiére fois cette expérience ; elle retardoit alors de 11 à 12 fecondes à l'égard du temps moyen en 24 heures. Le 24 Août, ayant enfoncé une pince à vis dans un mur folide à côté de ma Pendule, ‘jy fufpendis un fil de Pite qui portoit une boule de cuivre de 1 2 lignes de diametre, Je me fervis pour fufpendre cette boule au fl, d’un moyen fe que M. de Mairan m'a fait voir qu'il pratiquoit : on enfile üne mouche de taffetas à l'extrémité du fil, & repliant le bout de ce fil en deux ou trois doubles, on colle la mouche fur la boule, en la mouillant fimplement, comme lorfqu'on veut l'appliquer à quelqu'endroit du vifage ; après lavoir laifé fécher quelque temps, la boule tient affés au fil poux ne s’en pas détacher, quoique cela arrive quelquefois par différentes circonftances; je collois une femblable mouche à l'extrémité oppofée de la boule, afin de conferver la fitua- tion des centres. Ayant mis mon Pendule fimple en mouvement, jecomptaï à commencer d'une vibration qui s’accordoit avec une autre de l'horloge, & je continuai de compter jufqu'à 7684 vibrations, dont la derniére tomboit jufte avec une vibra- tion de la Pendule. J’avois commencé de compter à 8h 13/0”, & je ceflaià roh 210": doncen 2h 8, ou 7680" le Pendule avoit fait 7684 vibrations, ou il avoit avancé de 4" fur l'horloge. Mais puifque mon horloge retardoit _ dé12" en 24heures, je prends que pendant les 21 8’, il ait etardé de 1": donc pendant ce même temps, le Pen- dule m'aura avancé que de 3/ fur le temps moyen; ainf en 7680" de temps moyen, il.a battu 7683”. Je mefurai la longueur de ce Pendule depuis le point de fafpenfion jufqu'à la partie fupérieure de Hi boule, y compris Mem, 1735: e Tit 14 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Î épaifleur de la mouche, & je trouvai 36 pouces & #5 de ligne; y adjoûtant 6 + lign. pour le demi-diametre de fa boule, & -= de ligne pour la quantité dont le centre d'of cillation eft au-deflous du centre de figure, la fomme fera 36 pouces 6 lignes 2 pour la longueur totale du Pendule que j'ai expérimenté; la réduifant en 60.6 de lignes, elle vient de 26339. Il n'y a qu'à faire cette regle, 7680":7683":: V263 39 eft à la racine de la longueur jufte du Pendule à fecondes. Cette longueur, toutes ré- duétions faites, fe trouve de 36 pouces 7 lignes £2+, où à très-peu près un tiers. Je répétai cette expérience fur d’autres longueurs affés différentes, mais il furvint divers inconvénients : le fil fe rompoit, la mouche, après s'être defféchée, fe décolloit, mais plus fouvent lorfque j'y mettois des mouches de taffetas fin, le fil les coupoit fuivant un rayon, & par-là faifoit quitter la boule, & fort fouvent auffi le milieu de la mouche quittoit un peu la boule, & formoit une tetine qui changeoït la longueur & la figure du Pendule. D'ailleurs je n’étois pas aflés content de la maniére dont je mefurois le Pendule; je me fervois pour cela du compas à verge, mais les pointes quoique fmes à leur bout, devenoient tout d’un coup trop grofles, & celle qui étoit enbas, touchoit la boule avant que le fommet pût rencontrer l'endroit où le fil fe joignoit à la boule, de forte que je craignois que cela ne me donnût une mefure trop courte, malgré les précautions que je prenois pour y remédier ; je changeai donc & le poids & la maniére de mefurer. . . Pour le poids, au lieu de boule, je fis ufage du double cone dont je m'étois fervi à Paris dans l'expérience du Pen- dule à doubles fecondes, & pour la mefure, j'employai une regle de cuivre compofée de deux piéces, dont une eft beau- coup plus grande que l'autre, elles fe joignent par une entaille faite à te fur chacune, & elles font retenuës dans £ DIE 8: SLC-AINE, NLCiE, Si it SE cette fituation par des clous qui les traverfent, & qui les prefient l'une contre l'autre, mais de maniére que la moindre regle peut couler fur la plus grande, & augmenter ou dimi- nuer la longueur totale de deux à trois pouces, parce qu'il y 2 des entailles faites à la moindre regle qui reçoivent les clous rivés à la plus grande; ce mouvement fe fait par une vis qui tient à la plus grande regle, & qui pafle dans deux écrous fixés à la moindre, ainfi on peut allonger ou dimi- nuer la longueur totale de la regle fort commodément, les deux bouts de la regle totale font taillés en bifeau fin. - Le 3 1 Août je mis le Pendule fimple en expérience, & je le laiffai deux ou trois heures en cet état, afin deluk donner le temps de prendre tout l'allongement dont il étoit fufcep- tible. Je le mis enfuite en mouvement, & à 8h 14° 40” le Pendule étoit au plus haut de fa vibration à droite en même temps que la palette échappa. Les deux Pendules, le fimple .& celui de l'Horloge, alloient de même fens. "Je comptai 20 1 2 vibrations du Pendule fimple, & à Ja derniére l'Horloge échappa encore, & marquoit 88 49" 12". Je ceflai alors de compter, & parce que je vis qu’en 34'3 2" le Pendule perdoit une minute jufte, j'attendis à 34° 32" encore après, & à 9h 23' 44" les deux Pendules battoient encore enfemble & du même fens. Mon Pendule étoit à l'abri du vent, & à côté del'Horloge: j'étois vis-à-vis Fun & l'autre; précautions que j'avois prifes dans les autres expériences. Je comptois les vibrations de- puis 1 jufqu'à r00 , & à chaque centaine je mettois un jetton fur une table à côté de moi. Les autres fois j'avois une plume ou un crayon à la main, & je faifois un trait fur du papier, mais il me falloit y regarder & perdre de vüé le Pendule, ce que j'évitois par la derniére façon. A 9h25" j'arrétai le Pendule, & le mefurant auffi-tôt avec la regle dont j'ai parlé, que j'appliquai enfuite fur {a toile, _ je trouvai 3 8 pouces 5 lignes juftes depuis le point de fu£ penfion jufqu'au fommet du cone fupérieur. J'avois pris, comme on voit, une longueur beaucoup plus Titi 516 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE grande que celle du Pendule à fecondes, & cela parce que ma regle ne pouvoit pas s’accourcir jufqu'à n'avoir que 37 pouces. L’ufage auquel elle étoit deftinée le demandoit aïnfi ; mais je m'apperçüs , comme je l'avois déja remarqué aupa- ravant , que je pouvois y gagner, car il feroit peut-être mieux de faire Fexpérience avec un Pendule de quelques pouces plus long ou plus court que celui qu'on veut connoître, & qui eft fynchrone avec Horloge, qu'avec un Pendule effecti- vement fynchrone. Éa raifon en eft, que fi le Pendule eft prefque de la longueur requife pour battre les fecondes, par exemple , lorfqu'on le compare à une Pendule qu'on regle ordinairement pour ce fujet au moyen mouvement, ou qui n’en differe que peu, ce Pendule fimple ne gagne où ne perd fur FHorloge que très-peu de fecondes en bexucoup de temps, de forte que fi l'on a d’abord fait battre les deux Pendules en même inftant , il fera aflés difficile enfuite de difcerner dans quel autre inftant précis le Pendule fimple, après avoir gagné ou perdu une ou deux ou plus de fecondes, s'accordera encore à battre en même temps que le Pendule: de l'Horloge, au lieu que fi les Pendules font fort inégaux,: on faifira cèt inftant dans a feconde. En tout cas, il eft bon: de l'effayer de ces différentes maniéres; car June a cet incon- vénient de moins, mais elle oblige auffi de compter, & de compter plus long-temps, & on rifque de fe tromper dans cette opération. A Îa grandeur trouvée ci-deflus, 3 8 pouces s lignes, j’ad- joûte $ lignes = pour la demi-hauteur du poids, & = pour la diftance entre les centres de figure & d'ofcillation , négli- geant le poids du-fil depite. La fomme réduite en r90.me* de ligne, eft 88 560 pour la vraye longueur du Pendule expérimenté ; la racine de ce nombre eft#2?#27, ma Pen- dule retardoit cependant fur le temps moyen deg" par 24h, c'eft 1 1” dont elle avoit tardé pendant les 3 4’ 3 2" que j'avois comptées d'abord. Ces 34’ 3 2" réduites en tierces , égalent 124320"; adjoûtant r 1 que le temps moyen ‘avoit mar- quées de plus, il vient 124331 ; de mème les 2012 l'140bR sie Sea NEGIENS LT sy vibrations du Pendule fimple multipliées par 60, donnent 120720 tierces de ce Pendule. | . Pour trouver donc la longueur du Pendule à fecondes de temps moyen, il n'y a qu'à faire cette regle : 124331 de temps moyen | . Sont à 120720" du Pendule fimple expérimenté, Comme #2%#?7 racine de la longueur du Pendule expérimenté Eft à22722% racine de la longueur du Pendule fimple ä4 à fecondes. Ce dernier terme vient après toutes les réductions, Lo til 36p-71-5. J'avois trouvé par Fexpérience précédente 36 p. 71. 227. La différence entre mes deux réfüultats eft de 27, ou à 00 ? très-peu près = de ligne, dont la derniére longueur trouvée furpañe l'autre. La longueur moyenne eft 36 pouc. 7 lign. & : je m'y arrête, perfuadé qu'on n’y trouvera pas beaucoup à changer . dans la fuite, à moins que les caufes ne changent elles-mêmes. M. Bouguer à fait auffi de fon côté la même expérience ici, qu'il a répétée plufeurs fois &c de différentes maniéres. Les deux expériences auxquelles il adjoûte le plus de foi, lui -donnent 36 pouc. 7 lign. Z & 36 pouc. 7 lign. #4; de forte qu'il penfe qu’on peut prendre 3 6 pouc. 7 lign. + pour 1 longueur du Pendule ; nous ne différons donc l'un de Yautre que de - de ligne, ce qui eft tout-à-fait infenfible dans la méthode que nous avons employée. Pendant nos expériences de Ia longueur du Pendule ici, c'eft-à-dire, depuis le 24 Août jufqu'au 4 Septembre, le _ degré de chaleur à été à peu-près uniforme : au lever duSoleil 1e Thermometre de M. de Reaumur a prefque toüjours mar- qué 1023, & le foir depuis 3° jufqu'à $, qui eft le temps. de la plus grande chaleur , il montoit à 1027. … Maintenant nous fçavons par les expériences qui ont été faites à la Jamaïque, à 1 8 degrés de latitude Nord , que Ia longueur du Pendule mefurée par le feul rene d'une: tt üj 513 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Horloge, ayant égard à ce que peut produire le différent de-. gré de chaleur, y eft de -# de pouce Anglois plus courte qu’à Londres , c'eft-à-dire, feulement plus courte de MES de pouce Anglois qu'à Paris; & réduifant en fraction du pied de Paris, on trouvera que le Pendule doit être plus court à la Jamaïque qu'à Paris de 1 ligne =. | Mais fi lon s'arrête à quelqu’une des mefures du Pendule à Paris, par exemple, à 3 6 pouc. 8 lign. #2, ôtant de cette longueur 1 ligne, il refte 36 pouces 7 lign. # pour la longueur du Pendule au petit Goave, qui eft à très-peu près par la même latitude que la Jamaïque. Je le trouve de 36 pouces 7 lignes $# ; la différence eft environ + deligne dont Oo ? je le trouve plus court que l'oblervation de la Jamaïque ne demande. gasti Mais en général on voit bien que les obfervations faites à la Jamaïque & au petit Goave s'accordent ; celles-là don-. neroient un accourciflement au Pendule depuis Paris jufqu’à 18° de latitude Nord de 1 ligne, & les nôtres, en pre- nant à Paris 3 6 pouc. 8 lign. 2, & au petit Goave 3 6 pouc. 7 lign. #, donneroient un accourcifiement de 1 ligne DS M. Deshayes trouva en 1 699 & 1700, que la longueur. du Pendule en F'ffle S.t Domingue étoit de 3 6 pouc. 7 lign, Il y a entre fes obfervations & les nôtres + de ligne de diffé. rence qui efl fenfible dans cette expérience; mais je ne puis comprendre comment le P. Feuillée a trouvé à la Martinique 36 pouc. 5 lign. +, & à Porto-belo 3 6 pouces s lign. Z. Quoique nous n'ayons pas fait cette expérience à la Marti-- nique, où nous ne pümes pas feulement régler une Pendule à caufe du mauvais temps, & que nous n’ayons pas encore été à Porto-belo, où je ne fçais fi nous la ferons, je puis bien affürer que ces mefures ne fçauroient fubfifter ; il eft vrai que la maniére dont il rapporte les deux obfervations qu'il a faites, n'infpire pas beaucoup de confiance, & j'en fais étonné, parce que je fçais d’ailleurs qu’il obfervoit bien, Je n'ai point fait ici l'expérience du Pendule à doubles fecondes, plufieurs raifons m'en ont empêché, & j'ai cru que DES SCrENCES |" ro je pouvois m'en tenir à ce que celles de M. Bouguer & lés miennes fur le Pendule fimple à fecondes nous donnoïient ; mais comme je compte la faire fous l'Equateur même, je dirai ici en peu de mots la maniére dont je réfolus dès Paris de m'y prendre, afin de n'avoir rien à craindre de {a part de la mefure actuelle, qui eft la partie la plus eflentielle & la plus difficile de cette expérience. Je comptois emporter avec moi Ja piéce dont je vais parler, & elle étoit déja commencée par l'ouvrier à qui je l’avois commandée à Paris, mais je m'en avifai un peu tard, & l’ouvrier ne m'ayant pas tenu parole pour le temps, il fallut partir, & remettre à la faire executer dans une autre occafion. Je prends une Regle de fer poli de 13 pieds de long, divifée en pieds, pouces & lignes ; cette Regle eft foûtenuë dans toute fa longueur par une autre Regle mife de chan, & attachée derriére Ja premiére ou à vis ou à rivet. Au haut de Ja regle ïl y aura une pince qui pourra être ferrée ou deflerrée par une vis, & les deux joues de cette pince por- teront chacune une oreille à leur partie fupérieure. Ces oreilles feront percées, & recevront un tourillon fur lequel on gar- nira le filet du Pendule , afin de pouvoir le raccourcir ou T'allonger commodément comme une corde de viole ou de clavecin ; on pourra même l'accourcir ou 'allonger d’une quantité connuë , en adjoûtant à la tête du tourillon une petite platine ronde divifée en parties égales avec un index, comme aux micrometres ordinaires. Bans l'épaifleur d'une des joués de la pince ïl faudra pra- tiquer une petite rainüre où l'on puifle placer une aiguille fine, qui y fera retenuë par un collet, & dont la pointe ira fe loger dans un point ou trou fin marqué fur la regle ; il faut faire en forte que ce point & le bord de Ia pince foient _ exactement de niveau lorfque la regle fera dans une fituation verticale. Pour cela on tracera fur a reple une ligne droite dans le milieu de fa largeur, & tirant une perpendiculaire à cette ligne par le point où élle eft rencontrée par le bord de la pince, on marquera fur cette ligne le point où doit 520 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoraLE porter l'aiguille. Ce point doit être un peu éloigné de Jonction de la pince ; celle-ci répondra äu milieu de la regle, & le point fe trouvera plus près du bord, & l’on tracera une ligne par ce point qui fera parallele à celle qui paffe par le milieu de la pince & de la regle, & c’eft fur cette ligne plus proche du bord de la regle, que je marquerai les divifions de fa longueur par des points les plus fins qu’il fera poffble, - il fufht qu'ils foient de pouce en pouce. Je joindrai enfuite à cette regle une poupée à coulifie, garnie de lames à reflorts dans les endroïts où elle touchera aux côtés de la regle, le long defquels elle doit couler : cette poupée portera un plateau bien uni, bien d’équerre à la regle, & ce plateau, lorfque la poupée fera arrêtée contre la regle, pourra s'élever ou s’abbaifler par une vis retenuë entre deux collets fixes, à la maniére des micrometres ordinaires ; cette vis aura de même une platine-& un index pour marquer les tours & les parties de tour, tellement que je connoiïtrai par-là au moins la 300." partie d’une ligne. Il y aura un filet délié, de ceux qui fe mettent au foyer des Lunetes ; lequel fervira d'index à ce plateau, & par le moyen d'une Loupe qui tiendra à la machine, on jugera fort exaétement de a quantité de tours qu’il faudra faire faire à la vis pour que ce filet attrappe le point le plus proche de ceux qui feront fur la ligne divifée. Comme cette regle doit avoir 1 3 pieds, & que cette longueur eft fort incommode à tranfporter, if faut fe réfoudre à la brifer, au moins en deux parties de 7 pieds chacune , afin de les faire endenter l’une fur l’autre d'un pied. | 4 Ë Pour conferver la Iongueur précife une fois marquée, je ne vois rien de mieux que de laïfler à une des portions deux oreilles un peu faillantes, mais dans le même plan que la face de la regle, de marquer en cet endroit deux points fins, & lorfque la regle fera toute montée une fois, & qu'on voudra fa divifer, on marquera fur l'autre portion un troi- fiéme point qui fera en ligne droite avec les deux autres : un filet étant tendu par ces deux premiers points, on verra, toutes pds mg - *1LDIE:S S'CTE N'CE SG 28 toutes les fois qu’on remontera la regle entiére, fi ce filet pafle encore juftement par le troifiéme point de l’autre por- tion de la regle : ‘s’il y pafle, la même Jongueur fe fera confervée ; s’il n’y pafle pas, on approchera ou l’on éloignera une des regles de l'autre par une vis qui fera pratiquée der- riére à cet effet. Cela n'empêchera pas qu'on n'applique toûjours dans l'expérience une mefure actuelle qui contiendra des pouces, & le furplus des pouces fera pris avec le micrometre qui tient à la poupée. Ce qui pourra s’executer avec autant d'exactitude que fi la regle entiére reftoit effectivement toû- jours de la même longueur, & n'étoit pas brifée. Je n'ai pas deffein de décrire plus au long & de mettre toutes les précautions que je prétends prendre dans cette machine, avant que j'en aye fait ufage : j'en ai dit aflés pour À faire connoître, & je n’en aurois pas parlé avant que de avoir mife en pratique, fi je n’y avois été obligé par quet- ques confidérations. On fçait que le mérite de ces fortes d'expériences confifte principalement dans les précautions que l'on prend pour les bien faire ; & fi celles que je veux prendre , & defquelles on peut juger en gros par ce que je wiens de dire, font bonnes, je ne ferai pas fâché d'y avoir fongé le premier. - & Moi” Mem. 153$ DRE szz MEMoirEs DE L'AcADEMYE ROYALE in:# EXTRAIT -D'UNE LETTRE fee DE M. Boucuezr, du Ecrire à M. DE REAUMUR, du Perir Goave dans l'Ifle de Saint-Domingue, le 26 O&obre 1735 , SUR LA LONGUEUR DU PENDULE. - nf OuT ce que nous avons pü faire pour nous moins impatienter du féjour que nous avons été obligés de faire ici, a été d'en tirer parti. Nous avons pris un grand nombre de hauteurs, & fait les obfervations néceflaires pout la détermination des Longitudes. 3 Outre ces travaux généraux, je me füis attaché plus par- ticuliérement aux Réfraétions aftronomiques & aux expé- riences de Ja pefanteur de l'Air. J'en rends compte à M. du Fay par une Lettre que je le prie de communiquer à Académie, Vous voudrés bien auffi que j'aye l'honneur de vous faire part de mes tentatives pour déterminer fa longueur qu'a au petit Goave, qui eft par 18° 27! de Jatitude, le Pendule fimple à fecondes. #4 s- le ferrât exactement, parce que les pointes qu'on a‘un peu. forcées, fe rapprochent par leur reflort quand on retire e, corps ; il y a de plus la difficulté de rapporter l'ouverture d'un compas courbe fur les divifions de la Toife. Ces raifons m'ont déterminé à me fervir, pour mefurer le diametre de la boule, du compas à verge, fur es poupéés duquel j'ai fait attacher à vis deux plaques de cuivre pofées d'équerre avec un bizeau qui portoit für la face du compas où font mar- quées les divifions ; les deux plaques, qui par le moyen de la vis du Micrometre pouvoient s'approcher & s'éloigner, fe touchoïent par leurs bizeaux fans laïfler d'intervalle. C’eft entre ces deux bizeaux que j'ai mefüuré plufieurs fois l'épaiffeur de la boule par le diametre qui avoit été vertical dans l'expé- rience, & en prenant un milieu entre les petites différences ; je l'ai trouvé de r 2 lignes £. Je fuppofe que le centre de gravité de [a boule qui a fervi à l'expérience, ne différe pas fenfiblement du centre de figure, &il y a lieu.de le préfumer, fur ce que deux boules de la même matiére & du même calibre peloient également. Ce feroit un hazard bien fingulier, que le volume des foufflüres füt égal dans lune & dans l'autre; d’ailleurs M. Bouguer a - trouvé qu'une ligne cube de vuide dans une boule d’un pouce de diametre, quand ce vuide feroit fitué à la plus grande diftance poffible de la ligne de direction , fuppofition qui excede la vraifemblance, ne dérangeroit le centre de gravité que d’une fi petite quantité, qu’ellé eft entiérement à négliger. La longueur moyenne du fil dans mes expériences du Pendule à doubles fecondes, étoit de 2 toif. $ pouc. 5 lignes. Le poids de fa boule, de 6 onces 1 gros 1 6 grains; & en -ÿ joignant celui des Mouches qui y étoient collées, 6 onces 4 gros 18 grains. Le poids du fil, 5 de grain. Maintenant fi on appelle P le poids de la boule, a fon rayon, p le poids du fil, £ la longueur du fil augmentée du rayon de fa boule , & qu'on cherche l'expreffion de la petite Men, 1735. Yyy 538 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE quantité, dont le centre commun d’ofcillation de 1a boule & du fil eft au deflus du centre de la boule, on trouvera TE TRE pp X dd ' : NOVEMB.|Ther.f DECEMB. Then] SANVIE R|Thér. FEVRIER.|Ther. 17 34 | Jo. | Degr. Jo. | Dégr.$ 1735: Fo! 1123 1ÈE 1| : 2] 242 2|2$ 2 AE 31253 3 4 4| 24 À Lx. 5: _5|242 ns 6 6 25 6 A 7| 26 7 8 8| Id. ! 8 9 9| 14. 9 10 10 14. F4 Gi 24, Lerr,à 6h 12 | Panel 13 13| Id. rh 234, le plu ds 14 12. a ee 15 15| 14. |mois Hé 16| 23 € 17 17 25 18 18| 24 Â 19 19! 247 20 20| 14. 21 21/25 22, 22 24 Ê l 2 22| 2 Lé:6Jan- i 3 1) 24 vier , coùp \24 24 Id. pepe qui tle tourdu 25 23123 ECompas. Le 26 26| 23 :}Barometre defcendit à 27 27| 25 18h du matin 28 281 26 |à 25 pouces “0 fignes ; il #9. 291,25. 2l4t ordinai- 30 30 26 frementä26|30 564 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE 1! 25 16° 2e 2 Id, 17 25 + 3 25 18 25 à 4 25: 19 Id. $ 26 © NN a La fuite eft obfervée fur Mer. Nous n'avons dans cette Table & dans les précédentes, que peu d'obfervations faites le matin ; M. Coffigny en a pourtant fait plufieurs vers le lever du Soleil, & il nous a d'abord écrit, & nous a dit depuis, que les plus grandes variations qu’il ait obfervées du matin à l'après-midi font de 4 à 5 degrés, & que pour l'ordinaire elles ne font que de 2 à 3 degrés. De-là il eft aifé de voir que la fomme des degrés de chaud d’un mois de l'Ifle de France furpafferoit confidérablement la fomme des degrés de chaud d’un mois de ce pays, où la chaleur auroit monté auffi haut chaque jour qu'à lle de France, ou qu'à FIfle de Bourbon. Le 19 Août 1735 par exemple, la liqueur eft montée à Paris à 25+, & le matin elle n'étoit qu'à 14. La fomme eft 391, & le degré moyen 19 Z. Le jour. où la liqueur fe fera élevée à l'Ile de Bourbon à 2 $ degrés + après midi, elle aura été le h f D 1 4 | | 4 … Dies S:C:1/E N° CE di 56 matin pour le moins à 20 degrés +. La fomme eft donc 46, & alors le degré moyen eft 23, & peut-être même 24 ou 24+, pendant qu'il n’eft à Paris que de 194. M. Coffigny partit de lIfle de France le 19 Mars 173 5. Nous allons rapporter la fuite des obfervations qu'il a faites en Mer depuis ce jour jufqu'au 1 1 Juillet qu'il entra dans le Port de l'Orient, & jour où l'on lui caffa le Thermometre qui lui avoit fervi jufques-là.. Obfervarions faites fur le Vaiffeau le Comte de Touloufe, partant de l'Ifle de France pour l'Orient en Bretagne. MARS. Vents. [Longitude] Latitude. |Therm, Sud. : 1735+ [Jours Deg. M. Des. M. Degr. +) obf. 20 52 | 24 obf: 22 $4 | 23 obf. 24 3 | Id. 566 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Latitude. Sud. LipEs SCIENCES “ 567 14. 6 ] 4 3 2 I e) Nord. Q [e) 1 2 . 4 5 6 2 et ten née D à io re 568 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROyALe Latitude: Nord. Therm. Vents. |Longitude Deg. M. Degrés. | 4 E| 352 44 4N|35114 Id. | 349 43 . EZXE.| 348 47 NÉE 7 II 346 55 a Point de hau- teur obfervée, le Soleil étant au Zénith. CR D = = mn VA à Lo SC L'E NM cm rzM sn Latitude. atitude Them cf. 16 13 | 47 7 1. | . Cette derniére Table des Obfervations de M. Coffigny nous coffirme ce que fes premiéres Obfervations, imprimées dans les Mémoires de 173 3, nous avoient déja appris, qu'on peut pafler la Ligne fans être expofé à de violentes chaleurs. On voit dans cette derniére Table, que pendant que M. Coffigny s'eft trouvé fous la Ligne, la liqueur du Thermo- metre a monté au plus à 24 degr.+; cependant dans l'année 1735, dont les chaleurs ont été modérées à Paris, il y a eu des jours où la liqueur du Thermometre s'eft élevée juf- qu'à 25 degrés. La même Table paroït prouver que dans des lieux qui ont à peu-près une même latitude, la chaleur en général eft moins grande fur Mer que fur Terre ; c'eft ce que Von peut conclurre des obfervations faites par M. Coffigny, depuis le 46 jufqu'au 47" degré de Latitude Nord, com- parées avec celles que nous avons faites à Paris dans le même temps. M. Taitebont, ci-devant Colonel de 1a Ville de Paris, ayant paflé au Confulat d'Alger avec un grand defix de nous Mem, 1735: | LCcE ÿ70 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE faire part de tout ce que le pays qu'il alloit habiter, pourroït fournir de propre à étendre nos connoiffances fur la Phyfique, il n'y a pas été plütôt arrivé, qu'il a commencé à faire avec foin les obfervations du Fhermometre. On va trouver ci- deflous la fuite de celles qu'il açommencées le premier Juin 1735, & qu'il a continuées pendant les mois fuivants de Ja même année. 11 ne nous a envoyé pour les mois de Juin & de Juillet que des obfervations faites vers les 3 heures après-midi. Il a redoublé d'attention pour les mois fuivants, pendant lefquels il a obfervé le Thermometre vers le lever du Soleil, & une ou deux autres fois encore avant midi; ül Fa obfervé à midi, & deux ou trois fois après midi jufqu'à 4 à s heures. Nous ne rapporterons pourtant pour chaque jour de ces derniers mois que la premiére de fes obfervations du matin, & celle de midi ou de peu après. Ce-qui nous fait choifir celles de cette derniére heure, c’eft qu'il paroît que c’eft le temps où la chaleur eft la plus grande à Alger; fouvent la liqueur du Thermometre y commence à defcendre dès une heure après-midi, : b FD ES. SGUEN CES.) s7f ANT faites à ALGER en 173$, par M. Taircbout, A il de la Nation Françoife. mm AOUST. AR D SE SR À 6" du matin, | À 3h après-midi. Degrés.} Jours. Degrés. Degré, Jaurs. Degrés À Jours. Se 12438 2423 À Mots se AAA SAS. 24i ARR Dee da ASSIS. (ED 4 sunmie 19 D 3icross De ses eose lors. 237 de sosrere lues. 23 z ‘ perai6h..122 . 23% MARAIS T TE Cr: . 244 Ta. hi 222 0 amidie 4 25 L DTA à 8......, 212] +++... 24 Dererous 21%] cesse, 24 des es parce que l’air de la cour étoit échaufté par un fourneau à Eau-de-vie. Mons ide se LE TE KDE evte sr UT 184,5 Vers 19R-reer 82 BORD ee er 2e ele BE Dre las 22e rre 227% Bts 22 2gus ve dote 24 2h vel 262.03 set 23 BAeltie dois 223 BNC rA 29e... 237 30e 0 me EL CNE 7 2 572 MEMOÔIRES DE L'ACADEMIE ROYALE AG ER NIr2 OCTOBRE. Peu après midi, SEPTEMBRE. A 6" du matin. | Peu après midi. À 7h du matin. Jours. | Degrés. Degrés. Jours. 3 Desrés. |, Degrén NÉ AG CODEX de 2 1-à7h..à20 | à .+... 4 23 Dates Ce LUE, (RACE + 24 é . DE Srertee 29 rose 21 eee es sise 22 duos 21% 5 Lars 21+ LR rue 22 AT oc De tirer 21 De sr ee 20% 10 , 194 re te 20 IP ss ar 420 18: te 20 4e s ses.) 20 M os-tane ee 20 165 1.020 | Gt De 16. É7s s'ote ton 20 Peters 221| 17%.4::,:20-| :....: 24 Be ce. 20%) 2%..4u..:221 0 18m .4%.:202] 6.....- 222 19.27 | e...... 22 20 v000::203) és. 23 28 66:20 dde robsls Se 221 22...,:::20 te hiale are 22% 23e... 19% Mer cui 24m cesse 190| sc... .. 20% 2$+++... 19 sure... 22 26. ga) RE DEC 27. 0 5% 8er ter. 028 28% 08 Ba Eee 22 294 see à ES MARNE LT PPS NOR 21% CR SRER CT 2! DEEP + 21 es mflensn SC É UE NT @N Seu:E M ‘97 AdnGiERe 173$. À 7h dumatin |. A-midi. Jours.” | Pegrés: S | Derés. 8h... à14 .|à midi. à r'6 # Le 144 se 14 | 3 CAPE Ve) 74 MENOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Il paroît par les obfervations précédentes, qu'il n’y a pas eu à Alger en 173$, de jours plus chauds que ceux de nos étés ordinaires ; que les paflages du chaud au froid s'y font peu à peu, & non par d' auffi grands fauts que dans ce pays; mais le degré de chaleur moyenne y eft beaucoup plus confi= dérable par la même raifon, Communément la liqueur ne parcourt à Alger que 2 à 3 degrés par jour, au Jieu qu'il y : a tel jour où élle parcourt dans ce pays-ci plus de 1 2 degrés, ce qui arrive fur-tout en été. On trouve même dans nos obfervations du mois d'Oétobre, que le 13 la liqueur par courut 1 $ degrés; le matin elle étoit à o , Je vis de la glace sadans la campagne ; & à 3 heures elle s'éleva à à 15 degrés. Des caufes particuliéres concourent à praduire les variations confidérables de froid & de chaud ; ces variations différentes en différentes faifons ; ne dépendent pas précifément de Îa Jongueur des jours ou-de celle des nuits, puifque nous avons des variations dans les moïs de Septembre dont on n’a point d'exemple à Alger, à lle de Bourbon ‘ou àd']fle de France. Nous fommes fitués de maniére que les Vents, felon le côté d'où ils viennent, donnent à notre Atmofphére une tem- pérature fort différente de celle qu’elle prendroit fi c'étoit toûjours le même air qui füt échauffé par la préfence du Soleil, ou refroidi par fon abfence. 11 et bien bizarre, par exemple, que le 20 Juillet, temps de l'année où il dez vroit faire le plus chaud chés nous, la mes du Thermo= metre ne fe foit élevée qu'à ro degrés 2 ; & que le 17 de Décembre à 7 heures du matin, un se jours & une des heures de l'année où il devroit faire plus froid , la liqueur fütà ro degrés+, c'eft-à-dire, qu'il fit à peu-près my chaud que le 20 Juillet. Enfin le 30 Novembre à 2 heures, fa liqueur.du Thermometre étoit à 12 degrés, & par confés quent fa chaleur ‘toit fenfiblement plus grande que le 20 Juillet à 3 heures. Nous aurons ARE 2 obfervations faites avec bien de l'exactitude, fur la chaleur des climats les plus chauds de FAmérique: 5 E 1 les devrons au voyage-du Perou qui a été Li san ST SIC ATEN Erreur IN Ds entrepris par trois desnos Académiciens, pour déterminer la figure de la Terre, & au féjour qu'ils feront obligés de faire prefque fous da Ligne ; ils font partis, de Paris bien fournis de Thermometres. Nous mavons pas encore le détail des obfervations qu'ils ont faites pendant leur! route ,:mais nous en avons déja quelques rélultats. M. Bouguer m'a écrit-de Saint-Domingue , que quoiqu'il y ait fait des-chaleurs diff- ciles à foûtenir, la liqueur du Thermometre n’a jamais monté plus haut qu'elle a monté à Paris dans certains jours d'été, . qui aufli y ontété regardés comme exceflivement chauds, c'eft-à-dire, aux environs de 29 degrés + ou au plus à 30. Mais dans ce pays nous nous dérobons aifément à l'action d’une telle chaleur, qui n’y dure que pendant quelques jours, ou même pendant quelques heures ; elle n'a pas lé temps de pénétrer dans nos maifons & dans nos appartements. Il n’en eft pas de même à Saint-Domingue, où non feulement une _ pareille chaleur dure pendant plufieurs jours, mais où la cha- leur ne diminuë pas pendant la nuit, d'autant à beaucoup près- qu'elle diminuë dans ce pays, & où par conféquent, quand Yair commence à s'échauffer le jour füuivant, il agit fur des. corps qui f font peu refroidis. M. Godin a écrit du même endroit, que pendant plufieurs jours où il a été occupé à faire les expériences de la longueur du Pendule, le Thermometre étoit le matin à environ 2 3 degrés, & l'après-midi à environ 27 degrés, c'étoit dans le mois de Septembre. La liqueur duThermometre ne parcouroit alors que 4 degrés pour arri- ver à 27, & dans ce pays, quand la liqueur monte l’après- midi à 27 degrés, elle parcourt au moins 10 à 1 2 degrés en montant , & la nuit fuivante elle en parcourt autant en defcendant. 3 0 degrés de chaleur approchent apparemment beaucoup du terme de la plus grande chaleur qui fe fafle fentir dans: les plus chauds jours des pays habités. Nous avons ditailleurs,. qu'une Poule qui couve, ne fait prendre à fes Œufs que 3 2 degrés ; d'où il eft certain qu'il n’y a aucun pays connu & he Dec . 376 MEMBIRES DE L'ACADEMIE RoyALE habité où la chaleur tienne la liqueur du Thermometre à 32 degrés pendant 2 1 jours, car il y auroit des pays où les Poulets éclorroient fans avoir été couvés. Les œufs d'Oifeaux plus petits, & qui-ne demandent pas à être couvés pendant un temps aufli long que ceux des Poules, nous prouvent -encore qu'il n’y a pas de pays où la chaleur de 32 degrés dure pendant le temps néceflaire pour les faire éclorre. EXAMEN _ DES SCIENCES À Sy EXAMEN De la Réponfe de M. FONTAINE à mes objections contre fa Méthode pour trouver une Courbe qui rouche continuellement les côtés d'un Angle conflant , dons le Jommer glifé dans une Courbe donnée. Par M. CLAIRAUT. C£ MME jétois en Lapponie lorfque M. Fontaine a 18 Janvier donné cette Réponife, & que je n’en ai été inftruit que 1738- long-temps après, je n'ai pas été à portée de faire mes re- marques pour les faire inférer dans le même volume. Depuis mon retour ayant Iü la réponfe de M. Fontaine, elfe m'a fourni les réfléxions fuivantes. Avant que de les examiner, je prie les Lecteurs de vouloir bien relire Ia So- lution de M. Fontaïîne, p. $ 27, année 1734, mes objections p- 531, &faréponfe p. s 38. Ce f&roit groffir inutilement ce Mémoire que de répéter ces trois articles. La réponfe de M. Fontaine étant rappellée, voici mes. réfléxions. 1.” M. Fontaine, fans rendre juftice à la force de mes objections, corrige, ou du moins change fa Solution, puif- qu'il fe reftréint à prendre pour Q un radical. If dit que cela doit être ainfi par fon Lemme premier, cependant dans ce Lemme, il dit pofitivement , page $ 28, ligne r, que l’on peut donner à Q telle valeur qu'on voudra, ce qui convient | tant aux quantités rationnelles qu'aux irrationnelles. M. Fon- taine changeant quelque chofe à fa Solution, devoit, ce me femble, au moins convenir de ce. que j'avois avancé dans mes objections pour l'état où étoit fa Solution avant cette correction. ! s .: 2.° Mais ce changement à Ia Solution de M. Fontaine ne me paroit pas fufhfant. Voici ce que j'y trouve encore à objecter. : Mem, 1735: D Ddd Fig 1e Fig. 2. 78 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Soit À M la Courbe donnée que le fommet 47 de l'anole conftant doit parcourir pendant que les côtés AC, MD, touchent la Courbe cherchée CD. M. Fontaine prend le fnus de l'angle TMC où TMD = LT vQ —— y{m—p. Q+2pun).(Je mets ici Q au + 7 2V(p—m) lieu de Q, à caufe que M. Fontaine veut que Q foit un radical). Et par fon Lemme 2, il trouve aifément la Courbe qui touche les côtés AC & MD. A caufe des fignes + des deux radicaux de cette valeur, il paroït d’abord que M. Fontaine doit avoir deux parties CD, cd, d'une même Courbe , touchées par les angles conftants a""MC, a"Md, quoïque les Courbes CD, cd, ne foient touchées chacune en particulier que par les angles CMD, cmd, qui ne font pas conftants, mais qui font la différence de deux angles dont la fomme eft conftante, ainfi que je l'ai fait voir, page 53 5, ligne 14. Si l'on fait attention enfuite que le cofinus de l'angle CMT EE ; TR 7 € dont la valeur eft == 2 yQ ai) V{m—p. Q + 2pnn) a quatre valeurs, à caufe de Ia liberté qu'on a de prendre en + ou en —— les fignes radicaux, on ne verra plus évidemment, comme au premier coup d'œil, que les deux Courbes CD, c d, font exprimées par la même équation, car il fe pourroit bien faire que les quatre valeurs du finus de TMC fuflent Ab, ME, Mb", Mb", pen- dant que celles des cofinus feroïent 46, a’ b', a" 4, a"°4"", ce qui ne donneroit alors que les mêmes côtés MC, MD, prolongés, la courbe c d de la Fig. re n’exifteroit plus, & la feule courbe CD ne fatisferoit pas au Probleme, puifque nous avons démontré que l'angle CAD n'eft pas conflant, comme il étoit requis. Cependant ce raifonnement n’eft qu'un doute fur fa Solu- tion de M. Fontaine, il a befoin d'être levé pour qu'on puifle. être für de la bonté de cette Solution, mais il ne décide pas UE PINBE SU ST ME NC ENLON TN eg contre. Pour n'avoir rien à défirer, nous ferons comme dans la page 5 34, ligne s, de nos remarques, nous chercherons l'expreffion de l'angle par fes tangentes, fi nous voyons que pour un même rayon /f 4 on ait quatre tangentes af, af, af", af'”, nous ne douterons nullement qu'il n'y ait deux courbes CD, cd, exprimées par la même équation. | ; PVIPP—9) eff Ja tangente de l'angle dont le cofinus } eft @; mettant donc pour @ fa valeur ; on aura Pom P PU). VQ = EVE meps Q AE Pr" Re (Ce Q+-2pun) pour fa tangente de l'angle CAT dans a Courbe de M. Fontaine. La liberté de prendre Îes fignes + des radicaux qui font dans cette valeur, paroît d’abord n€ laïffer aucun doute qu'il n'y ait quatre valeurs, & que fa Solution ne foit [a bonne; mais fi l'on fait attention que le numérateur de cette quantité eft-un multiple du dénominateur, &. que Ia divifion étant faite, cette quantité f réduit à pu (p+n) + = Uu— pr QQ+ 2punQ) es Q—nn On n'aura plus alors qu'un feul radical, & par conféquent, rien que deux valeurs qui ne donnent que la courbe HD, touchées par les côtés d’un angle CMD qui n’eft pas conf: tant, mais qui eft la différence.de deux angles dont la fomme eft conftante. Car fi l’on fubffituë les deux valeurs - (p+ mn). ares : Vm—p.QQ<+-2pnnQ) Q—nn É Mot). pres V(m—p.QQ+-2pn1Q) Q—ur DDdd ji _ Fig. 4 rue Fu t ol 580 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE que Fon a pour les tangentés af & af” dans la formule pt+pt p—tr angles dont les tangentes font # & #', on aura qui exprime la tangente de a fomme de deux PVY(pp=—mm) m qui eft conftant. Donc la fomme de CMT & de D MT eft conftante, au lieu de fa différence. Donc la Solution de M. Fontaine, dans le nouvel état où ïl la mife, n’eft pas encore Îa vraye. Je finirai par rappeller un exemple très - fimple que j'ai donné dans mes premiéres remarques fur la Solution de M. Fontaine, parce que cet exemple convient encore à fa So- lution dans fon nouvel état. : Suppofons que la courbe A foit une ligne droite, & que l'angle C MD foit droit, la valeur précédente de fa tangente de l'angle TMD fe réduira à ee dans laquelle Q eft un® quantité quelconque compolfée- de AM. : | +p SEE Si l'on fait donc Q ee cette valeur fe réduira à z + V{xz— pp). Or nous avons fait voir, pag. 536: & 537, que cette expreflion de la tangente de l'angle TMC ou 7ZMD donnoit une parabole dont À eft le foyer, & que cette parabole étoit touchée par les côtés de l'angle CMD qui n’eft pas droit, mais tel que ZMf + TMf eff droit. - È ER Donc, &c, + E Lg ” LE a ‘at Men. de lAcad.1736. pl.18 pag 680 277 Ê Le Tiiad 1736. pl pag & \D Fig. 4 Mem er | PONT APE" à CORRE 7x ve ca snabdir pis Soiemezs 1" $8t + OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES faires à Utrecht pendant l'année 1735. (Extraites d'une Lettre de ÂM MUSSCHENBROEK. Par M. pu Fay. ti plus grande hauteur du Barometre a été à Utrecht en 1735 ; le 14 Février à midi il étoit à 29 pouces 7 lignes +, il avoit été le matin & la veille d’un quart de ligne plus haut, cela revient à 28 pouces 7 lignes + de pied de Roi. Sa moindre hauteur a été à 27 pouces 5 lignes, ou 26 pouces 5 lignes de notre mefure le 19 Janvier au foir. M. Mufichenbroek décrit dans fa Lettre une Tempête arrivée ce jour-là, qui fut affés confidérable pour mériter que nous en faflions mention. I[ commença à pleuvoir à 11; heures du matin ; le vent qui avoit été très-violent toute la matinée , augmenta toüjours, & étoit à midi dans fa plus grande force, il étoit accompagné d’une pluye très-abondante, qui augmenta de même que la tempête juiqu'à 3 heures ; la pluye diminua alors, en forte qu'à 4 heures il n’en tomboit prefque plus. Le vent diminua auffi un peu, mais il redoubla enfuite jufqu’à 6 heures; ce fut alors, & jufqu'à 7 heures, qu'il devint plus furieuxqu'il n’avoit été, il enleva le comble de lufieurs maifons, déracina de très-gros arbres, & fit une infinité d’autres dommages. Le Mercure fut dans ce moment plus bas que dans tout le refte du jour , & même de l’année. Depuis 7 heures jufqu'à 8 le vent parut s'appaifer un peu, mais alors il redoubla fubitement, & fut pendant une demi- heure d’une telle violence, qu’il renverfa les cheminées qui avoient été épargnées la premiére fois, mais il s'appaifa un peu après 9 heures dudoir, & fut toüjours depuis en dimi- “puant jufqu'au lendemain matin. Cette tempête venoit du Sud-oueft, & caufa une perte | DDdd ii $ E + PE 9% MEMOIRES DE YACADEMIE ROYALE * infinie à la Hollande, car dans le Zuyder-zée près du T'exel il périt dix-huit navires, & il en échoua plus de vingt-cinq fur le rivage; tous les autres bâtiments, qui étoient en grand nombre, perdirentdeurs mûts, leurs cables, leurs ancres, & furent extrêmement endommagés. Dix bâtiments échouérent fur le rivage auprès de la Brill, deux vaiffeaux périrent proche de la Zélande, deux auprès d'Anvers, & deux près le Fort. S.: Philippe. La tempête fut horrible auffi aux environs de Lille en Flandres, il y eut non feulement plufieurs maifons d'endommagées dans la Ville, mais plus de cent mille arbres dans les Campagnes voifines furent déracinés : il tonna beau- coup à Bruxelles, ce tonnerre fut accompagné de grèle & de pluye, plufieurs cheminées furent abbatues, il y eut quelques maifons renverfées, & plufieurs perfonnes furent écrafées fous leurs ruines. Quarante-deux arbres très-vieux & très-gros furent arrachés dans le territoire appellé Herpark ; le defordre fut général dans prefque toutes les Villes des Provinces-Unies, mais il fut plus confidérable dans celles qui étoieñt plus proche de la Mer. Cette tempête fe fit aufir fentir en Alle- magne ; on dit qu'à Cleves le vent fut fi violent, qu'on foupçonna qu'il s'y étoit joint un tremblement de terre, parce que plufieurs maifons furent renverfées ; deux bateaux périrent fur le Rhin auprès du Fort de Skenk ; le vent fit à peu-près les mêmes ravages dans 1e Duché d'Hanovre. Les Côtes d'Angleterre ne furent pas exemptes de cette tempête , il y périt un grand nombre de bâtiments, dont les uns furent fubmergés, & les autres allerent échouer contre les rochers &cÎe rivage. Il y'eut à Briftol un tonnerre affreux, accompagné de grêle & de pluye. I! y en eut auffr en Zé- lande & à Bruxelles, mais dans la plüpart des autres endroits on ne s'en apperçut point, en forte que ce terrible phério- mene fut fujet à plufieurs variétés. L'heure à laquelle Ia tempête fut dans fa plus grande violence, varia pareillèment en divers endroits, ce fut entre 3 heures + & 4 heures que fut fa plus grande force à Leyde ; à Magdebourg ce fut à 4 heures, & fur les 6 où 7 heures à Utrecht; Ia hauteur 4 :: DES SCI:E N CE:s 83 du Barometre fut moindre à Leyde qu’à Utrecht. Nous allons donner ici la Table de ces hauteurs obfervées dans l'une & l'autre de ces Villes perdant la durée de cette tempête, tant par M. Muffchenbroek que par M." fon Frere qui demeure à Leyde. A UTRECHT. ï À LEYDE. ‘A midi le Barometre À 2 heures après-midi le Mercure F- ER , Pouces. Mignes. 1e) | pouces. lignes LOI. afalstetete a 27 II ÉPICES Te a 27 6 à 3 heures....à 27 7 a 24HENTES 2 00 à 27 ss & vu... 27) 010 Dit irhe si ON 27) 4% SAS EE ACRE 27. $? neloeleleis des embarras dans la veine ombilicale, ou dans fon cours, um entortillement du Fœtus à fon cordon, un viée dans l'efprit feminal du pére, où dans le fuc nourricier de la mere, qui l'empêche de: pénétrer le tiflu trop ferré de 'Embryon, quoi . qu'il puifle pénétrer celui de l'arriére-faix (qui eft plus en état de fe conferver que l'animal, à mefure qu'il eft moins éloigné de fa conception.) côomme:une'infinité d’autres caufes don£ la cornoïiflance feroit auffi inutile pour en prévenir les effets que pour nous faire connoître la. caufe de chaque Mole en particulier, :«: : 5 Ce feroit-donc fans fondement qu'on voudroit nier Les véritables Moles, puifque fr quelque chofe doit nous füur- prendre à leur égard, c'eft de: ce qu'elles-né font pas plus fié< quentes.. Ge n'eft pas aufi l'exiftence.de celle-ci'qui a donné occafion à ce Mémoire ; mais, ce, font des circonftances. qui l'ont accompagnée, & qui la rendent aflés finguliére,»comme font, le temps. qu'elle a refté dans la matrice de cette femme fans donner aucun figne de fa préfence, Ja dureté qu elle yæ acquile ; &lige auiquel la mere l'a conçüë,-& s'en eft délis vrée. C'eft ce qui noûs refte à développer; 1! LR ya DÉS S'C'TE N Ce. 593 - H y a tout lieu de préfumer par ce qui a précédé, que cette femme conçut à l’âge de cinquante-quatre ans, & que la füppreffion de fes Regles qui furvint alors tout d'un coup, fut une fuite de cette conception. Le temps auquel l'Em- bryon ou le Fœtus périt, eft aufii incertain & difhcile à affigner que la caufe qui le fit périr, mais il eft très-certain qu'il mourut, (s’il eft permis de me fervir de ce terme) & fut oblitéré dans la fuite, car il n’y auroit pas eu autrement de Mol, & c’eft en conféquence que le fameux Paré dit que c'éff chofe affürée que toute Mole, comme une méchante à cruelle bête, tuë toéjaurs le Fœtus avec lequel elle eff liée. Quant à ce que l'animal mort ne fe corrompit point, celui de Tou- Joufe dont l'hiftoire eft fi connuë, & celui dont il eft parlé dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, qui demeurerent fi long-temps dans le ventre de.leur mere, & qu'on y trouva pétrifiés, font bien pour le moins auffi furprenants. à L’arriére-faix de ce Fœtus, que nous appellerons préfen- tement Mol, profita ainfi feul de toute la nourriture que lui fournit la mere, de forte que cette Mole fut bien-tôt en état ar fon accroiffement, de remplir toute la cavité de la matrice dans laquelle elle étoit enfermée. La matrice pour lors, par une application immédiate de toute fa furface intérieure fur extérieure de la Mole encore mollaffe lui fervit de moule, &. lui donna fa figure telle qu'on la voit deffinée, Cette application immédiate (c’eft-à-dire feulement con- tiguë ) de la Mole à la matrice, l'expofa à toute l'action de cette derniére, qui par les contraétions de fes fibres mufcu- leufes , les ofcillations de fes vaiffeaux & le fecours d'autres puiffances étrangeres, comprima fi fort ce corps qu'elle en rendit l'intérieur inaltérable par la folidité & la dureté qu'elle lui procura, dans le temps que la furface de cette Mole, à l'épaifleur d'environ deux lignes, conferva un certain degré de molleffe par 1e moyen des liqueurs qui couloient dans les vaiffeaux qui la tenoient fufpenduë à la matrice, & qui en . Mem 1735: FFff 594 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE faifoient la communication. D'aïlleurs le peu de fuc qui pou- voit pénétrer dans l’intérieur de ce corps, & fervir à fa nour- riture, devoit être extrêmement divilé, & par-là propre à ÿ conferver la folidité, & même à laugmenter.en s’y uniflant par des fuperficies très-grandes par rapport à la mafle. Ainfi voilà un corps qui en fe nourriflant, devenoit plus dur tous les jours ,& s’il y avoit reflé davantage, il {e feroit fans doute pétrifié. , Si cette Mole a eu par-là l'avantage de refter long-temps dans cette matrice fans fe corrompre, elle a eu auffi celui de s y cacher par l’attache de tous fes petits vaifleaux à la furface interne de la matrice, qui tenant ce corps également fufpendu, empêchoient qu'il ne pefit fur aucun côté de la matrice, & qu'il ne preflât pas les parties voifines, & par-là cette Mole étoit hors d'état de produire aucun des fymptômes qui pou- voient la faire foupçonner. Elle y feroit peut-être encore cachée, fi dans la maladie qui furvint à la mere, la fiévre, les faignées & les émétiques n'avoient contribué à l'en détacher, & ce fut pour lors que Jes douleurs & la perte commencerent. Les douleurs durerent quelque temps, parce que la Mole ne fe détacha que peu à peu, & dès qu’elle le fut fuffifamment pour comprimer le rectum & le col de la vefñe, elle occafionna le tenefme & l'ifcurie. Enfin il arriva que le lendemain au foir du jour que jy étois revenu, cette femme fe délivra de ce corps. : Comme elle n'avoit pas pü uriner de tout le jour, & que la veffie étoit fort tenduë, cette grande tenfion de la veffie occafionna fans doute de fortes contractions dans tous les mufcles & fibres charnuës qui pouvoient la comprimer, & en exprimer l'urine qui y étoit contenu&; en effet l'obftacle fut furmonté, & la malade urina beaucoup ; mais comme ces puiflances qui avoient comprimé la veflie, furent foûtenuës quelque temps dans le même état par la forte impreffion qui les avoit miles en action, & à portée de comprimer égale- ment la matrice, elles agirent auffi fur elle & fux a Mole qui Mern. de Ltead.1785 pl. 10. pag. 594. CETTE STE LL 4 ATOS WALES 1 CL CZ 2 LL PE LE Z 2 Z NN Wu 1 } Jemonneau Seulp. | li {AA A \ANI\L NN PPT 75 J'me neau Jeslp k y étoit contenuë , laquelle trouvant moins de réfiftance pour fortir depuis que la veflie étoit vuidée & applatie , fut mife dehors. Cet accouchement eut les mêmes fuites qu'ont les accouchements les plus naturels. Preuve certaine que ce cor Tps ne tenoit à la matrice que comme un arriére-faix, & qu'en étant féparé, il remettoit la matrice dans fon état RU & . la mere en parfaite fanté. ; FIN. Fautes à corriger dans les Mémoires de 1734. Page $ 33, ligne derniére, il faut une virgule au lieu d'un point. Page $ 35, lignes 7 dr 9 : Uifés, TIR. au lieu Ze peter rP—t de cotan ie . Lignes 7 à 11: lifés, tangente, au lieu Dans les Mémoires de cette année 1735. Page 481,1. 29:lif.x 38 58, audleu dx 38 56.. DES ONG D UEUN) C IS s95. Ter 20 SamETNUTL obrastfufié aa il à w dE 2 LE Ba i 5. NOR : À DRE ET pe abat fs AREAS ne À a . a eu Baup sais) svt lsrué lg iles 7 ns'up 3 elfes oi srlliuob/sup.s0béer 160 . A Bu 1 uolatieb ssuams st sicnerma 1 pe ee ail ee u3 ét sui “4 DEN srl VE (te A à SEE M y AE RE , si y —© rare \ \ ÿ of & . K Lo “à x de at 7È ni ETS ROBE | ÿ è NEA 1 $ LR PE HA tré 2 Hu oct FT RECT Dur Stso ob: miomiM e2l zu | ° De LE FES nlimr 6 7 1 QE: LE + a ” 4